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51
p. 66-83
Nouvelles d'Angleterre, & de Hollande.
Début :
Les Lettres de Londres du 16. Octobre portent qu'on [...]
Mots clefs :
Angleterre, Paix, Flotte, Guerre, Vaisseau, Carthagène, France, Traité de paix, Roi
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles d'Angleterre, & de Hollande.
Nouvellesd'Angleterre
& de Hollande.
Les Lettres de Londres
du 1 6.Octobre portent
qu'on en avoit reçu de la
Jamayque par lesquelles on
aprenoit que le Capitaine
Littleton
,
Commandant
une Escadre de 1JX Vaisseaux
de Guerre y étant arrivé
le 22.Juillet eut avis
que Mr du Casse
,
étoit du
côté de Cartagene
,
& qu'il
n' avoit que trois Vaisseaux
de guerre&deux Fregates,
cequi ': le fit résoudre de
l'aller attaquer ; que dans ce
dessein il fit voile le 29. &
que le 6. Août il vit terre à
huit où dixlieuës à l'Orient
de Cartagene. Que le même
jour un Vaisseau qu'il avoit
envoyé à là découverte
fit signal qu'il voyoit cinq,
Varîteaux à Boca Chica,qui
est à l'entrée du Port de Cartagene
;que le7aumatinil
découvrit quatre Navires à
qui *1 ctojhna chasse&cle soit
il en prit un grandqu'il crut
estre un Gallion,&une Parache
; qu'il résolutensuite de
retourner à la Jamaïque afin
defortifier sonEscadre du
Vaisseau le Medway,&d'aller
attendre Mr du Casse, au
bout Occidentalde l'Isle de
Cuba,paroùil devoitpasser
pour aller àla Havane;
mais que l'on n'avoit eûdepuisaucunes
nouvelles de Mr
de Littleton, & qu'on avoit
seulementapris de la Jamaïque
qu'on n'avoit trouvény
or ny argent dans les deux
Bastimens pris, ce quifaisoit
croire que Mr du Casse, les
avoitEnvoyez pour amuser
ce Capitaine pendant qu'il
prendroit une aurre route
'avcc les Gallions.
Celles du20 disent que
Je Colonel Clayton,aporta
le 16.la Relation de l'entrepriseformée
sur Quebec
qui portoiten substance
que la Flotte aprés avoir été
retenuë plusd'unmois à
Bastondansla nouvelle Angleterre
, en partit le roi
Aoûrdernier;qu'elle arriva
le 19. à l'entrée delà grande
,îiviere' de Saint Laurent Otr,
elle fut obligée par unvent
de Nordoüest tres violent
de moüiller dans , la Baye de
Gaspé;que le premier Septembre
ilsentrerent dans la
riviere ou ils avancèrent environ
quarente lieuës, aprés
quoy ils se trouverent incomodez
d'une brume fort
épaisse & d'un grand vent
d'Est-sud-Est; que vers les
huit heures du soir le Chevalier
Hovendon Walker
,
qui commandoit la Flotte,
fie signal aux Vaisseaux de se
tenir serrez, & deporrer au
Sud
,
les Pilotes qu'il avotjE
pris à Baston, dont le Gouverneur
luy avoit répondu
de la capacité, ne connissant
pas -lesmoiiiIlagcs.; que quoy
qu'il eustpriscetteprécaution
,
les Courants ne laisserent
pas de porter la Flotte
vers la coste du Nord où elle
donna sur des rochers qui
firent périr deux Vaisseaux
chargez de provisions
,
&
huit autres chargez devingt
six Compagnies de Troupes
réglées ; que néanmoins il
ne se perdit aucun Vaisseau
de guerre;quele lendemain
4 la Flotte demeura au meme
endroit pour secourir
ceux qui s'étoient fauvcz sur
les débris; que le r: on tint
Conseil de Guerre dans lequelilfut
résolud'abandonner
l'entreprise, parce que
la perte qu'on venoit de
faire en rendoit l'excution
plus difficile, & que d'ailleurs
la faison étoit siavancée,
qu'on avoir tout lieu de
craindre de pareils accidens,
par le peu de connoissance
des Pilotes;qu'ainsi on mie
à la voile pour décendre la
Riviere;que la Flottearriva
!~ 1 5. àla Baye des Espagnols
gnols, dans l'Isle du Cap
Breton; que le19on cinc
un autre Conseil de guerre
pour délibérer si on arraqueroit
le Fort de Plaisance
dans l'Isle de Terre-Neuve-,
suivant l'ordre. qu'on en
avoit en cas querentreprise
sur Quebec ne réüssitpas;
mais qu'il futrésolu de rc+
tourner en Angleterre, parce
qu'on n'avoitpassuffisament
de vivres.Que d'autres
Lettres écritespardes Officiers,
font monter la perte à
, quatorze Navires, à prés de
deux mille hommes
,
&
disentqu'on étoit en peine
du Colonel Nicholson,qui
ayoit ordre lorsquela Flotte
partie de Baston de s'avancer
de la New- YorK avec
3000. horameSjCe qu'il pouroit
rassembler de Sauvages
pourattaquer l'Isle de Mont
rcal sçituée vers le haut de
la Rivicre de Saint Laurent,
parce que la Flotte devant
luy fournir des vivres, on ne avoir pas comment il auroit
pû se retirer & résister
aux François & aux Sauva-
,
ges leurs amis.
Les Lettres du 30. de la
même Ville, portent que le
Chevalier Hovendon Walker,
étoit arrivé à la Rade de
Sainte Helene prés l'Isle de
Wight avec la Flotte qui étoit
allée en Canada;que les
Troupes qui étoient dessus
avoient esté distribuées en
quartier de rafraichissement
dans les lieuxvoisins; que le :16. le feu ayant pris par accidentauVaisseaurl'Edgar
do
>7°.pieces deCanons, sauta
> en l'air avec cinq cens hommes
qui étoient dessus, dont
aucun ne se sauva qu'un Matelot
qui étoit dans la Chaloupe
, & trois Officiers qui
avoient mis pied à terre;
qu'il y avoit sur ce Vaisseau
quelques Habitans de Port smouth
qui eurent la même
destinée que l'Equipage.
Que le 24. on publia les
Préliminaires dont on assuroit
que la France & l'Angleterre
estoient convenus
pour parvenir à une Paix génerale
,qui contiennent que
le Roy Très -
Chrestien reconnoistra
la Reine de la
Grande-Bretagne en cette
qualité, & la Succçflion à
la Couronne,selon qu'elle
est à present establie-qu'il
consentira de bonne foy
qu'onprennetoures les mefurcs
justes-&raisonnables
pour empêcher que les Coutonnes
de France & d',E[-
pagne ne soient jamais réü.
nies en la personned'un me-N
me Prince; que l'intention
duRoyest que tous lesPrinces
& Etats engagez dans
cette guerre, sans aucune
,
exception trouvent une satisfaction
raisonnable dans
le Traitéde Paix,& que le
Commerce soit rétably &; 1
maintenu à l'avantage de la
Grande Bretagne, de la Hol.
lande & des autres Nations,
que comme le Roy veut exa.
ctement observer la Paix
quand elle fera concluë, ôc
que l'objetqu'il se propose
etf d'assurer les Frontières de
son Royaume sansinquieter
en aucune maniéré les Etats
de ses voisins ,il promet de
consentir par le Traité qui
se fera que les Hollandois
soient mis en possession des
Places fortesqui y sont specifiées,
&qui serviront à l'avenir
de bariere pour assurer
le repos de la République de
Hollande ;que le Roy consent
aussi qu'on forme une
barrière seure &convenable
pour l'Empire & la Maison
d'Autriche;que quoyque le
Roy ait dépensé de grandes
sommes pour l'acquisition&
&les fortifications de Dunkerque,
Sa Majesté s'engage
à les faire raser aprèslaconclufion
de la Paix, moyens
nant un équivalent à sa fatisfaction
& comme les Anglois
ne peuvent le fournir,
la discution en fera remise
aux Conferences pour la
Négociation de la Paix. &
que lors que les Conférences
seront commencées on y
examinera à l'amiable & de
bonne foy les prétentions
des Princes & Etats engagez
dans cette Guerre, & on
n'obmettra rien pour les
terminer à la fatisfactondes
Parties.
On a appris par les Lettres
de la Haye du zi. Octobre
que sur le bruit qui s'y estoit
répandu que la Paix se négocioic
en Angleterre avoir
obligé les Etats Generaux à
y envoyer Mr Buys, Penfionnaire
d'Amsterdam en
qualité d'Envoyé Extraordinaire
: que le
1 6. il partit
pour aller s'embarquer sur
un Yacht de l'Etat que
le Comte de Strafford Ambassadeur
d'Angleterre arriva
le ii. à la Haye
,
&
que le lendemain matinil
eut une conférence avec le
Pensionnaire Heinfius.
Celles du29 portent qu'-
on ne doutoit plus des Negociations
de la Paix commencées
entre l'Angleterre
&la France;que comme
elle etoit ardemmeut souhaitée
le Publicq n'avoit
point d'autre attention; que
depuisl'arrivée du Comte
de Strafford
,
Ambassadeur
& Plénipotentiaire d'Angleterre,
il avoit toujours cil
des Conférences avec le
Pensionnaire Heinfius,&
sept Dépurer des Etats Généraux
qui s'étoient aussi
assemblez extraordinairement
pour déliberer sur ce
qu'il avoit communiqué.
Celles du5. Novembre
disent que tous les Ministres
des Puissances Alliées
,
lene
avoient dépêché des Courriers
pour les informer de
ces Propositions Préliminaires,
afin de recevoir leurs
ordres.
& de Hollande.
Les Lettres de Londres
du 1 6.Octobre portent
qu'on en avoit reçu de la
Jamayque par lesquelles on
aprenoit que le Capitaine
Littleton
,
Commandant
une Escadre de 1JX Vaisseaux
de Guerre y étant arrivé
le 22.Juillet eut avis
que Mr du Casse
,
étoit du
côté de Cartagene
,
& qu'il
n' avoit que trois Vaisseaux
de guerre&deux Fregates,
cequi ': le fit résoudre de
l'aller attaquer ; que dans ce
dessein il fit voile le 29. &
que le 6. Août il vit terre à
huit où dixlieuës à l'Orient
de Cartagene. Que le même
jour un Vaisseau qu'il avoit
envoyé à là découverte
fit signal qu'il voyoit cinq,
Varîteaux à Boca Chica,qui
est à l'entrée du Port de Cartagene
;que le7aumatinil
découvrit quatre Navires à
qui *1 ctojhna chasse&cle soit
il en prit un grandqu'il crut
estre un Gallion,&une Parache
; qu'il résolutensuite de
retourner à la Jamaïque afin
defortifier sonEscadre du
Vaisseau le Medway,&d'aller
attendre Mr du Casse, au
bout Occidentalde l'Isle de
Cuba,paroùil devoitpasser
pour aller àla Havane;
mais que l'on n'avoit eûdepuisaucunes
nouvelles de Mr
de Littleton, & qu'on avoit
seulementapris de la Jamaïque
qu'on n'avoit trouvény
or ny argent dans les deux
Bastimens pris, ce quifaisoit
croire que Mr du Casse, les
avoitEnvoyez pour amuser
ce Capitaine pendant qu'il
prendroit une aurre route
'avcc les Gallions.
Celles du20 disent que
Je Colonel Clayton,aporta
le 16.la Relation de l'entrepriseformée
sur Quebec
qui portoiten substance
que la Flotte aprés avoir été
retenuë plusd'unmois à
Bastondansla nouvelle Angleterre
, en partit le roi
Aoûrdernier;qu'elle arriva
le 19. à l'entrée delà grande
,îiviere' de Saint Laurent Otr,
elle fut obligée par unvent
de Nordoüest tres violent
de moüiller dans , la Baye de
Gaspé;que le premier Septembre
ilsentrerent dans la
riviere ou ils avancèrent environ
quarente lieuës, aprés
quoy ils se trouverent incomodez
d'une brume fort
épaisse & d'un grand vent
d'Est-sud-Est; que vers les
huit heures du soir le Chevalier
Hovendon Walker
,
qui commandoit la Flotte,
fie signal aux Vaisseaux de se
tenir serrez, & deporrer au
Sud
,
les Pilotes qu'il avotjE
pris à Baston, dont le Gouverneur
luy avoit répondu
de la capacité, ne connissant
pas -lesmoiiiIlagcs.; que quoy
qu'il eustpriscetteprécaution
,
les Courants ne laisserent
pas de porter la Flotte
vers la coste du Nord où elle
donna sur des rochers qui
firent périr deux Vaisseaux
chargez de provisions
,
&
huit autres chargez devingt
six Compagnies de Troupes
réglées ; que néanmoins il
ne se perdit aucun Vaisseau
de guerre;quele lendemain
4 la Flotte demeura au meme
endroit pour secourir
ceux qui s'étoient fauvcz sur
les débris; que le r: on tint
Conseil de Guerre dans lequelilfut
résolud'abandonner
l'entreprise, parce que
la perte qu'on venoit de
faire en rendoit l'excution
plus difficile, & que d'ailleurs
la faison étoit siavancée,
qu'on avoir tout lieu de
craindre de pareils accidens,
par le peu de connoissance
des Pilotes;qu'ainsi on mie
à la voile pour décendre la
Riviere;que la Flottearriva
!~ 1 5. àla Baye des Espagnols
gnols, dans l'Isle du Cap
Breton; que le19on cinc
un autre Conseil de guerre
pour délibérer si on arraqueroit
le Fort de Plaisance
dans l'Isle de Terre-Neuve-,
suivant l'ordre. qu'on en
avoit en cas querentreprise
sur Quebec ne réüssitpas;
mais qu'il futrésolu de rc+
tourner en Angleterre, parce
qu'on n'avoitpassuffisament
de vivres.Que d'autres
Lettres écritespardes Officiers,
font monter la perte à
, quatorze Navires, à prés de
deux mille hommes
,
&
disentqu'on étoit en peine
du Colonel Nicholson,qui
ayoit ordre lorsquela Flotte
partie de Baston de s'avancer
de la New- YorK avec
3000. horameSjCe qu'il pouroit
rassembler de Sauvages
pourattaquer l'Isle de Mont
rcal sçituée vers le haut de
la Rivicre de Saint Laurent,
parce que la Flotte devant
luy fournir des vivres, on ne avoir pas comment il auroit
pû se retirer & résister
aux François & aux Sauva-
,
ges leurs amis.
Les Lettres du 30. de la
même Ville, portent que le
Chevalier Hovendon Walker,
étoit arrivé à la Rade de
Sainte Helene prés l'Isle de
Wight avec la Flotte qui étoit
allée en Canada;que les
Troupes qui étoient dessus
avoient esté distribuées en
quartier de rafraichissement
dans les lieuxvoisins; que le :16. le feu ayant pris par accidentauVaisseaurl'Edgar
do
>7°.pieces deCanons, sauta
> en l'air avec cinq cens hommes
qui étoient dessus, dont
aucun ne se sauva qu'un Matelot
qui étoit dans la Chaloupe
, & trois Officiers qui
avoient mis pied à terre;
qu'il y avoit sur ce Vaisseau
quelques Habitans de Port smouth
qui eurent la même
destinée que l'Equipage.
Que le 24. on publia les
Préliminaires dont on assuroit
que la France & l'Angleterre
estoient convenus
pour parvenir à une Paix génerale
,qui contiennent que
le Roy Très -
Chrestien reconnoistra
la Reine de la
Grande-Bretagne en cette
qualité, & la Succçflion à
la Couronne,selon qu'elle
est à present establie-qu'il
consentira de bonne foy
qu'onprennetoures les mefurcs
justes-&raisonnables
pour empêcher que les Coutonnes
de France & d',E[-
pagne ne soient jamais réü.
nies en la personned'un me-N
me Prince; que l'intention
duRoyest que tous lesPrinces
& Etats engagez dans
cette guerre, sans aucune
,
exception trouvent une satisfaction
raisonnable dans
le Traitéde Paix,& que le
Commerce soit rétably &; 1
maintenu à l'avantage de la
Grande Bretagne, de la Hol.
lande & des autres Nations,
que comme le Roy veut exa.
ctement observer la Paix
quand elle fera concluë, ôc
que l'objetqu'il se propose
etf d'assurer les Frontières de
son Royaume sansinquieter
en aucune maniéré les Etats
de ses voisins ,il promet de
consentir par le Traité qui
se fera que les Hollandois
soient mis en possession des
Places fortesqui y sont specifiées,
&qui serviront à l'avenir
de bariere pour assurer
le repos de la République de
Hollande ;que le Roy consent
aussi qu'on forme une
barrière seure &convenable
pour l'Empire & la Maison
d'Autriche;que quoyque le
Roy ait dépensé de grandes
sommes pour l'acquisition&
&les fortifications de Dunkerque,
Sa Majesté s'engage
à les faire raser aprèslaconclufion
de la Paix, moyens
nant un équivalent à sa fatisfaction
& comme les Anglois
ne peuvent le fournir,
la discution en fera remise
aux Conferences pour la
Négociation de la Paix. &
que lors que les Conférences
seront commencées on y
examinera à l'amiable & de
bonne foy les prétentions
des Princes & Etats engagez
dans cette Guerre, & on
n'obmettra rien pour les
terminer à la fatisfactondes
Parties.
On a appris par les Lettres
de la Haye du zi. Octobre
que sur le bruit qui s'y estoit
répandu que la Paix se négocioic
en Angleterre avoir
obligé les Etats Generaux à
y envoyer Mr Buys, Penfionnaire
d'Amsterdam en
qualité d'Envoyé Extraordinaire
: que le
1 6. il partit
pour aller s'embarquer sur
un Yacht de l'Etat que
le Comte de Strafford Ambassadeur
d'Angleterre arriva
le ii. à la Haye
,
&
que le lendemain matinil
eut une conférence avec le
Pensionnaire Heinfius.
Celles du29 portent qu'-
on ne doutoit plus des Negociations
de la Paix commencées
entre l'Angleterre
&la France;que comme
elle etoit ardemmeut souhaitée
le Publicq n'avoit
point d'autre attention; que
depuisl'arrivée du Comte
de Strafford
,
Ambassadeur
& Plénipotentiaire d'Angleterre,
il avoit toujours cil
des Conférences avec le
Pensionnaire Heinfius,&
sept Dépurer des Etats Généraux
qui s'étoient aussi
assemblez extraordinairement
pour déliberer sur ce
qu'il avoit communiqué.
Celles du5. Novembre
disent que tous les Ministres
des Puissances Alliées
,
lene
avoient dépêché des Courriers
pour les informer de
ces Propositions Préliminaires,
afin de recevoir leurs
ordres.
Fermer
Résumé : Nouvelles d'Angleterre, & de Hollande.
Le texte traite des événements militaires et diplomatiques impliquant l'Angleterre et la Hollande. En octobre, des lettres de Londres rapportent que le capitaine Littleton, à la tête d'une escadre de dix vaisseaux de guerre, a appris la présence de Monsieur du Casse près de Carthagène avec trois vaisseaux de guerre et deux frégates. Littleton a décidé de l'attaquer mais a choisi de retourner en Jamaïque pour renforcer son escadre avant de se diriger vers l'ouest de Cuba pour attendre du Casse. Aucune nouvelle de Littleton n'a été reçue depuis, et les deux bâtiments capturés ne contenaient ni or ni argent, suggérant que du Casse les avait envoyés pour détourner Littleton. Le colonel Clayton a rapporté une expédition contre Québec. La flotte, partie de Boston, a été retardée et repoussée par des conditions météorologiques défavorables, perdant plusieurs navires et hommes. La flotte a ensuite décidé de retourner en Angleterre en raison du manque de vivres et de la saison avancée. Des lettres du 30 octobre indiquent que le chevalier Hovendon Walker est arrivé à Sainte-Hélène avec la flotte, et qu'un accident a causé l'explosion du vaisseau l'Edgar, tuant cinq cents hommes. Le 24 octobre, des préliminaires de paix entre la France et l'Angleterre ont été publiés, reconnaissant la reine d'Angleterre et établissant des mesures pour prévenir les conflits futurs. La France s'engage à raser les fortifications de Dunkerque et à former des barrières pour assurer la paix en Hollande et dans l'Empire. À La Haye, les États généraux ont envoyé Monsieur Buys en Angleterre pour les négociations de paix, et le comte de Strafford a eu des conférences avec le pensionnaire Heinsius et des députés des États généraux. Les négociations de paix entre l'Angleterre et la France sont confirmées, et les ministres des puissances alliées ont été informés des propositions préliminaires.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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52
p. 49-97
Discours nouveau sur l'origine, la Genealogie, & la Maison de Montmorency.
Début :
Tout le monde est persuadé de l'antiquité de l'illustre [...]
Mots clefs :
Généalogie, Maison de Montmorency, Noces, Origine, Alliances, France, Angleterre, Duc, Comte, Roi, Femme, Duchesse, Empereur, Branches, Armes, Mémoire, Paris, Royaume, Europe, Occident, Église, Guerre, Honneur, Seigneurs de Montmorency
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Discours nouveau sur l'origine, la Genealogie, & la Maison de Montmorency.
Discours nouveausur ïoriginey
1-t Genealogie, &la mal4
son de Montmorency. -% Tout le monde est persuadédel'antiquité
de l'illustre
Maison de Montmorency,&
personne ne
doute qu'elle ne soit une
des plus anciennes du
Royaume , la qualité de
premiersBarons Chrétiens
en France, avec lecry de
Guerre (Dieu aide au premier
Chrestien ) en marque la
grande antiquité. Mais la
révolution des siecles passez
a fait perdre les vieux
Titres
,
la negligence des
Historiens en dérobent
la memoire, & il est mal
aisé de sçavoir la verité de
son origine.
Celuy auquel nous avons
obligation de la connoissance
de cette Maison est
le fameux André Duchesne
qui par ses soins nous a
laisse dans un gros volume
toute sa posterité depuis
Bouchard I. qui vivoit en jj -' 954. maisil ne s'est pas embarrassé
de rapporter ceux
qui l'ont precedé
,
n'en
:t
ayant point trouvé de
preuves certaines; il rapporte
feulement ce que
d'anciens Autheurs ont dit
des premiers Seigneursde
Montmorency.
Ildit qu'il se trouve dans lapartiedes Gaules qu'on
appelle France deux insignes
commencemens de
conversion ; la premiere
par saint Denis premier
Evesque de Paris, qui a1 procuré la conversion des Gauloisla seconde saint par Remy, Archevesque
de Paris, qui convertit les
François; ces deux conversions
sont cause de deux
opinions touchant l'Autheur
d'une si nobleextraétion.
La premiere
, que LisbiusChevalierdune
tresgrande
Noblesse & d'autorité
parmy les Parisiens
estoit Seigneur de Mont-,
morency proche de cette
Ville, & fut le premier des
Gaulois qui embrassa la
Religion Chrestienne à la
prédication de saint Denis
vers l'an centième de nostre
Redemption, supposé
que ce fut saint Denis
l'Areopagite qui avoir esté
converty par saint Paul
Apostre : mais si l'on fuie
le sentiment de Gregoire
de Tours qui rapporte l'arrivée
de saint Denis dans
les Gaules sousle Coniulac
de Decius & de Gratus, la
conversion de Lisbius ne
pourroit estre que vers l'an
tJ3*
La seconde opinion qui
est de Robert Cenal, Evesque
d'Avranches, au premier
Livre de ses Remarques
Gau loises, & de Claude
Fauchée, au second Livre
de ses AntiquitézFrançoisesdisent
i que ce luy
qui a donné origine à la
Maison de Montmorency
nefutpas lefameux Gaulois
Lisbius,maisun Grand
Baron François nomme
Lisoie (lequel quand Clovis
premier Roy Chrestien
de France, fut baptisé par
saint Remy à Rheims en
499. ) fut le premier des
Seigneurs de sa suite
,
qui
se jetta dans la Cuve des
Fonds après luy
, en memoire
dequoy ses descendansmasles
ontestéhonorez
du titre de premiers
Barons Chrestiens deFrance
,
& ont tousjours eu depuis
pour cry de Guerre ,
Dieu aide au premier Chressien.
Quoy qu'il en soit, on
ne peut douter que les
deux qualitez qui ont tousjours
esté dans cetts illustre
Maison
,
de premier
Chrestien
, & de premier
Baron Chrestien en France,
n'ayent une origine
tres ancienne, &tr.--s illustre,
qui marque que les
anciens Seigneurs de
Montmorency eftoienc
des plus puissants du Royaume
: mais comme la
succession depuis Lisbius,
ou de Lisoie,n'apû se conserver
jusques à nous ,
il
faut s'en tenir à ce que
nous avons de plus asseuré,
& suivre ce qu'en a efcric
Duchesne auquel je renvoye
le Lecteur, qui commence
l'histoire de cette
Maison à Bouchard premier
, comme j'ay dit cydevant,
& quinous a donné
la suite desa posterité,
qui est rapportée dans la
Carte Chronologique de
cette Maison
, par MonsieurChevillard
qui donne
à ce Bouchard premier
un pere , un ayeul,
& un bisayeul
, que Duchesne
ne rapporte pas
mais les ayant trouvez
dans un autheur
)
il les a
rapportez pour faire connoistre
les alliances illustres
qu'ils avoient contractées,
puisque Jean Seigneur
de Montmorency pere de
Bouchard premier, qui vivoit
en 940. avoit épousé
Jeanne fille de Berenger
Comte de Beauvais, fils
d'AdolpheComte de Vermandois
, Everard Sei- j
gneur de Montmorency,
qui vivoit en 892. pere de
Jean & ayeul de Bouchard
premier, épousa Brunelle
fille deGaultier Comte de
Namur, & Leuto ou Leutard
Seigneur de Montmorency
qui vivoit en 845.
avoir épousé Everarde fille
d'un Comte de Ponchieu,
ce Leuto estoit pere d'Everard
& bisayeul de Bouchard
premier, c'est à luyqu'il
commence cet arbre
genealogique, afin defaire
connoistre les trois divers
changements qu'il y
a eus dans les Armes de la
Maison de Montmorency.
Ceux de cette Maison
avoient pris d'abord pour
leurs Armes, comme premiers
Chrestiens, d'or à la
croix de gueules;Bouchard
premier la cantonna de
quatre aiglettes ou allerions
d'azur, pour conservet
la memoire de quatre
Enseignes Impériales prises
à la victoire qu'il remporta
sur l'armée de tEmpereur
Othon II. Matthieu
II. dit le Grand, augmenta
les quatre allerions
de douze autres, en mémoire
de douze autres Enfeignes
Imperiales qui furent
prises à la bataille de
Bouvines sur l'Empereur
OthonIV. en1214 Ainsi
depuis ce temps- là les Seigneurs
de Montmorency
ont tousjours porté d'or à
la croix de gueules, cantonnée
de seize allerions
d'azur; & comme cette
Maison a formé quantité
de branches, ils ont brifé
leurs Armes differemment,
comme on le voit dans la
Carte genealogique, mais
à present comme labranche
aisnéeest éteinteenla
personne de Philippe de
Moutmorency Seigneur
de Nivelle, ôc Comte de
Horne décapité en 1^8.
auquel la branche de Fosfeux
a succedéàl'aisnesse,
toutes les autres branches
des Seigneurs de certe
Maison ont quitté leurs
brisures, & ont retenu les
Armes pleinesqu'ils portent
presentement.
La Maison de Montmorency
s'est separée en
quantité de branches, il y
en a eu plusieurs anciennes
qui font éteintes, mais
elle a conservé son nom
jusqu'à aujourd'huy, par la
succession de la branche
aisnée,dans plusieurs branches
qui subsistent,& quoy
qu'il paroisse de grandes
branches sorties de Mathieu
II. dit le Grand, Seigneur
de Montmorency
il n'y , a eu que la posterité
de son filsaisné Bouc hard
VI. qui ait retenule nom
de Montmorency, parce
que ion fils cadet Guyde
Montmorency fut Seigneur
de Laval, qui comme
heritier desa mereEme
de Laval, sortie d'une tres
noble & tres illustre Maison,
en atransmis le nom
à ses Descendans qui le retiennent
encore aujourd'huy,
ayant retenu les Armes
de Montmorency
,
la
Croix chargée de cinq coquilles
d'argent pour brisure,
comme cadets de sa
Maison.
Quant aux honneurs de
cette Maison, on ne peut
disconvenir qu'elle est des
plus illustrées
, tant dans
les alliances qu'ils ont contractées,
que dans les charges
qu'ils ont possedées,
les honneursqu'ils onteus
par leurs alliances, les font
toucher de près à tout ce
qu'il y a eu de Testes couronnées
dans l'Europe, &
pour le faire connoistre il
faut distinguer ses alliances
en trois manieres. Premierement
,
dans son ancienneté
: Secondement,
depuis
depuis la separation de ses
deux Branches, les Alliances
que celle de la Branche
de Montmorency a contractées
:
Troisiémement,
celle que la Branche de Laval
aeuës. Premierement, les Alliances
qu'ils ont eues anciennement
sont trcs considerables
puisque la premiere
qui estrapportée par
Duchesneestl'épouse qu'il
donne à Bouchard I.Elle
se nommoit Hildegarde,
& estoit fille de Thibaud I.
Comte de Chartres & de
de Bipis,ôc de Ledegarde
de Vermandois. Elle avoit
pour frere Eudes I. Comte
de Chartres & de Blois,
pere de Eudes II. Comte
de Champagne, duquel
sont forcis tous les Comtes
de Champagne; & pour
soeur Emme,femme de
GuillaumeIII. Duc de
Guyenne
, mere de Guillaume
IV. Ducde Guyenne
,
élu Roy d'Italie
, &
Empereur des Romains
duquel sont desçendus les,
Ducs deGuyenne,&Agnés
femme de l'Empereur
Henry III.
-
Hildegarde avoit pour
alliances du costé de sa
mere Ledgarde de Vermandois,
qui estoit fille de
Herbert II. Comte de Vermandois,&
d'une soeur de
Hugues le Grand, Duc de
France
,
& Comte de Paris
, pere du Roy Hugues
Capet; & aussi soeur d'Emme
,
Reine de France,
femme de Raoul, Duc de
Bourgogne, & Roy de
France, si bien qu'elle estoit
cousine du second au
troisiéme degré du Roy
Hugues Capec
,
chef de la
n'oineme Race des Rois
de France qui subsiste aujourd'huy.
Mathieu I. Seigneur de
Montmorency, Connestable
de France, épousa Aline
,
fille de Henry I. Roy
d'Angleterre, &en fecondes
nôces il épousa Alix de
Savoye
, veuve du Roy
Loüis VI. dit le Gros, mere
duRoy Loüis le Jeune, si
bien qu'il avoit l'honneur
d'estre beaupere du Roy
pour lors regnant.
BouchardV.s'alliaavec
Laurence, fille de Baudoüin,
Comte deHainaut,
descendu par les Comtes
de Flandres, de l'Empereur
Charlemagne; elle
estoit tante de BaudoüinV.
Comte de Flandres
, &
Empereur de Constantinople
,
d'Isabeau de Hainaut
,
Epouse du Roy de
France Philippe-Auguste,
& d'Ioland de Hainaut
Impératrice de Constanti-,
nople, femme de Pierre
de Courtenay, auquel elle
porta la Couronne
@
Imperiale.
Matthieu II. avoit épouse
en premières noces Gertrude
de Néelle
,
fille de Thomas Chastelain de ,
Bruges en Flandres
, &
d'une soeur d'Yves, Comte
de Soissons
,
Seigneur de
Néelle.C'estde cetteDame
quetoute la Maison de
Montmorency d'aujourd'huy
descend, parce que
Matthieu II épousa en secondes
noces Emme de
Laval qui luy donna pour
fils Guy de Montmorency,
Seigneur de Laval, comme
jelediray cy-aprés ; cette
Dame estoit soeur aisnée
d'Isabeau de Laval, femme
de Bouchard VI.Seigneur
de Montmorency, fils aisné
du premier lit de Mathieu
IL ainsi l'on peut dire
que dans la separation des
deux branches de Montmorency,
& de Laval, ils
ont les mesmes alliances,
puisque par les mariages
de ces deux Dames de la
Maison de Laval,ils se
trouvoient alliez des Maisons
de France ,
d'Angleterre,
d'Ecosse, de Castille,
des Comtes deThoulouse,&
de quantité d'autres
Maisons tres- considerables.
Secondement
,
les alliances
que la Maison de
Montmorency a contractéesdepuis
sa separation
d'avec la branche de Laval,
sont celles que Mathieu
III. contracta avec
Jeanne de Brienne fille de
Jean Roy de Jerusalem,
qui estoit fille de Henry
Comte de Champagne
Roy de Jerusalem. Cette
alliance leur en donna de
nouvelles avec la Maison
de France,puisque Henry
Comte
Comte de Champagne
Roy de Jerusalem
,
avoit
pour mere Marie de France
fille du Roy Loüis le
Jeune, avec les Roys de
Navarre de la Maison de
Champagne
, & avec les
Roys de Jerusalem & de
Chypre, de la Maison de
Lefignen.
Mathieu IV.ditle Grand,
Seigneur de Montmorency
,
fils de Mathieu III.
s'allia avec Marie de
Dreux Princesse du sang
de France, fille de Robert
IV. Comte de Dreux,
qui avoit pour quatriéme
ayeul Robert de France
Comte de Dreux fils du
Roy Loiiis le Gros. D'ailleurs
elle estoit sa parente
par trois endroits,d'abord
au quatriéme degré du
costé maternel par laMaison
de Craon , parce que
Maurice Seigneur de
Craon fut pere de Havoise
de Craon,femme de Guy
VI. Seigneur de Laval, qui
estoit pere d'Isabeau de Laval
mar iée à Bouchard VI.
Seigneur de Montmorency
ayeul de MathieuIV.
Et d'Amaury de Craon,
pere de Jeanne de Craon
femme de Jean Comte de
Montfort ayeulle maternelle
de ladite Dame Marie
de Dreux, par la Maison
de Montfort. Elle estoit
sa parente du quatriéme
au cinquiémedegré,
& par celle de Coucy du
cinquiéme au sixiéme.
Ce ne seroit jamais fait
si on vouloit particularifcr
toutes les alliances les unes
aprés les autres, on se renferme
aux trois recentes; sa
premiereest celle queHenry
Duc de Montmorency
II. du nom,Pair, Marechal
& Amiral de France,
contractaavec Marie Felice
des Ursins en 1612 par
l'entremise du Roy Louis
XIII. & de la Reine Marie
de Medicis sa mere 3,
pour lorsRegente du Royaume
)
qui estoit sa parente
du deuxiéme au troisiéme
degré, puisque la
Reine avoir pour pere
François deMedicisGrand
Duc de Toscane
,
qui estoit
frere d'Elisabeth de
Medicis femme de Paul
des Ursins Duc de Bracciano,
ayeul de Madame la
Duchesse de Montmorency
: ainsil'on peut voir par
cette alliance, l'estime que
le Roy Louis XIII. d'heureuse
memoire,faifoic de
cetteMaison,puisqu'il faisoitépouserà
Monsieur le
Duc de Montmorency sa
parenteau troisiéme degré.
La féconde alliance des
trois ausquelles on s'est retranché
,
est celle de Charlote
Marguerite de Montmorency
,soeur & heritiere
de HenryII. Duc de
Montmorency mort sans
posterité
,
laquelle épousa
en 1609. Henry de Bourbon
II. du nom Prince de
Condé. Cette Princesse
aprés la , mort de son frere
, herita du Duché de
Montmorency, & de plusieurs
autres biens qui sont
entrez parcette alliance
dans laMaison de Condé.
La troisiéme alliance est
celle que fit François Henry
de Montmorency Duc
de Piney -
Luxembourg,
forti de la branche de Bouteville,
quiépousaen 1661.
Magdelaine- Charlotte-
Bonne-Therese de Clermont
Duchesse de Piney-
Luxembourg,fille de Charles-
Henry de C lermont-
Tonnerre, & de Marie de
Luxembourg Duchesse de
Piney
,
qui se défit de sa
Duché en mariant sa fille, àcondition que son époux
porteroit le nom & les Armes
de Luxembourg
,
luy
transmettant le droit de sa
Duché femelle, afin de
conserver le nom de cette
illustre Maison, qui a donné
plusieurs Empereurs
des Romains, des Roys de
Boheme, des Reines de
France, & à d'autres Couronnes
de l'Europe.
Ayant cy-dessus distingué
les alliances de la Maison
de Montmorency en
trois manieres. Premierement
, dans son commencement.
Secondement, depuis la separation de ses
deux grandes branches, &
en troisiéme lieu, en celle
que la branche de Laval a
euë depuis sa separation
d'avec celle de Montmorency.
J'en rapporte quatre
qui sont d'une tresgrande
îllustration. La premiereest
celle que Guy X.
Comte de Laval contracta
en 1347. avec Beatrix
fille d'Artus Duc de Bretagne
, &dont l'arriere petite
filleIsabeau de Laval
épousa Loüis de Bourbon
Comte de Vendôme. C'est
cette seconde alliance qui
doit aujourd'huy faire plus
de plaisir à la Maison de
Montmorency; puisque
c'est de cette Isabeau de
Laval que descend toute la
Maison Royalle de Bourbon,
estant la sixémeayeulle
paternelle de nostre
grand Monarque Loüis
XIV. à present regnant;
qui voit en cette presente
année 1711. son Throfne
affermi dans sa Maison
pour plusieursannées par
la naissance de ses arriere
petits fils Monseigneur le
Duc de Bretagne, &Monseigneur
le Duc d'Anjou,
&par cette alliance toutes
les Testes couronnées de
l'Europe qui regnent aujourd'huy
,
sont alliéesà la
Maison de Montmorency,
La troisiéme alliance
qui fait encore honneur à
cette Maison, c'estdevoir
René d'Anjou Roy de Na",
ples & de Jerusalem
,
qui
épousa Jeanne de Laval en
fecondes noces, mais cette
Reine n'en ayant point eu
d'enfans ,il n'est resté à sa
famille que le plaisir de
s'en souvenir.
La quatriéme & demiere
alliance est celle de
Charlotte d'Arragon fille
de Federic d'Arragon Roy
deNaples, qui fut femme
de Guy XVI. Comte de
Laval; ils eurent plusieurs
enfans, entre autres deux
filles, dont l'aisnée Catherine
de Laval épousa Claude
Sire de Rieux,qui porta
dans la Maison deColigny
le Comté de Laval,
qui a présl'excinction de
cette branche,est tombé
dans celle de sa soeur cadette
Anne de Laval qui
épousa François de la
Tremoille Vicomte de
Thouars,dont est descendu
Monsieur le Duc de la
Tremoille qui possedeaujourd'huy
le Comté de Laval,&
quiàcause de cette
alliance,faitses protcftations
à tous les Traitez de
Paix
,
où il envoye une
personne pour le reprefen"-
ccr , prétendant au Royaume
de Naples comme
heritier d'Anne de Laval
sa quatriéme ayeulle.
-
Sans s'attacher à toutes
les alliances souveraines
de cette illustre Maison,
je diray qu'il y en a quantité
d'autres tres conGderablesquiluy
sont alliées,
& le grand nombre de
Maisons qui y ont pris des
femmes, tient à honneur
d'en estre descendu
,
& se
font un plaisir d'arborer les;
Armes de Montmorency
dansleursalliances.
L'on voit parmy les 1
Grands Officiers du Royaume
de France plus de
Seigneurs de laMaison de
Montmorency que d'aucuneautreMaisons
l'on y
compte deux grands Senéchaux,
six Connestables,&
un Connestable d'Hibcrnie,
neufMaréchaux,quatre
Grands Amiraux, trois
Grands Maistres de la
Maison du Roy, trois
Grands Chambellans,deux
Grands Bouteillers ou Eschansons,
& deux Grands
Pannetiers.
Plusieurs Connestables,
& autres Grands Officiers
de France, sont sortis de
cette Maison tres illustre,
ouenontépousédesfilles,
outre que cette Maison a
aussi produit plusieursDucs
&DuchelTes.
Quoy que la vertu & la
Religion ayent tousjours
esté le partage des Seigneurs
de Montmorency
neanmoins l'on , en voit
tres peu qui ayent estérevestus
de Dignitez Ecclesiastiques;
l'on en voitcependant
un Archevesque
Duc de Reims, des Evesques
d'Orleans, & peu
d'autres.
ilsontencore l'honneur
d'avoir un Saint reconnu
par l'Eglise,donton revere
la memoire aux Vaux
de Cernay enBeauce,c'est
saint Thibaud de Mont-
-
morency Seigneur deMarly,
fils de Mathieu premier,
&
dAline d'Angleterre, lequel
se croisa en 1173. pour
le voyage de la Terre sainte.
A son retour il se fit
Religieux de l'Ordre de
Cisteaux, en l'Abbaye du
Val, puis ilfut Abbé des
Vaux de Cernay à quatre
lieuës de Versailles, entre
Chevreuse &: Ramboüillet,
où il mourut saintementvers
l'an 1189.
Enfin tant de grandeur
dans une Maisonfaitassez
connoistre que la valeur a
esté hereditaire dans l'âme
des Seigneurs de Montmorency,
& leur a tait meriter
tous ces honneurs,
pour avoir tousjours refpandu
leur fang pour la
deffensede leurs Roys, &
de leur patrie, s'estant tousjours
trouvez à la teste des
Armées qu'ils commandoient
en chef, où ils ont
fait paroistre leur courage
avec éclat au milieu des
plus grands perils.
Je n'en veux point un
plus grand exemple que
celuy d'Anne de Montmorency
Duc, Pair, Marechal
,
Connestable
, k,
Fi
Grand Maistre de France,
lequel aprèsavoirblanchi
fous le harnois militaire,
pour la deffenseduRoy,
& de la patrie, remporta
dans le tombeau la gloire
d'estre mort au lit d' honneur
,
puisque commandant
l'Armée Royalle à la
Bataille de saint Denis, il
y receut huit coups mortels
,
dont il mourut deux
jours aprés en son Hostel
de Montmorency à Paris,
estant âgé de prés de quatre
vingt ans, comblant
par ce moyen les derniers
jours de sa vie d'une fin
tres glorieuse, a prés avoir
servy cinq Roys, & après
avoir passé par tous les degrez
d'honneur, & s'estre
trouve à huitBatailles, en
ayant commandé quatre
en chef; aussi le Roy Charles
1X. voulant honorer la
memoire de ce grand Chef
de Guerre
,
ordonna que
sa Pompe funebre fust faite
en l'Eglise de Nostreme
de Paris,avec toute la
magnificencepossible, où
toutes les Cours souveraines
assisterent par ordre du
Roy. De là son corps fut
porté en l'Eglise de saint
Martin de Montmorency,
& son coeur en celle des
Celestins de Paris, où il
futmis dans un Caveau,
proche de celuy du Roy
HenryII. Il estoit bien
juste qu'un coeur quiavoit
esté aimé de son Prince,
& qui avoit eu part à ses
plus im portantes affaires,
fust après son trépas inhumé
proche de celuy qui
luy avoit fait tant d'honneur
durant sa vie,
Mr Chevillard vient de
mettre au jour une Carte
qui a pour Titre: Succession
Chronologique des Empereurs,
&des Impératrices d'Occident,
depuis Charlemagnejusqu'à
present.
On n'entreprend point
de rapporter dans cette
Carte les Empererus Romains,
ni les Empereurs
d'Orient, on s'est borné
à rapporter la Chronologie
des Empereurs, & des
Imperatrices d'Occident,
qui sont ceux qui ont regnéen
Europe depuis l'an
800. On commence par
Charlemagne que l'erreur
commune fait le restaurateur
de l'Empired'Occident
, quoyqu'il soit vray
qu'il estoitEmpereur avant
qu'il cust eHé reconnu tel
par les Romains estantEmpereur
par sa feule qualité
de Roy des François, l'Empire
d'Occident ou du
moins celuy des Gaules
ayant este cedé à Clovis en
508. & confirmé à ses petitsfils
par l'Empereur Justinien.
Il eftvrayque depuis
l'an875. on n'a reconnu
pour Empereurs que
ceux qui ont esté reconnus
tels par les Papes, que mesme
les Rois de Germanie;
& d'autres qui ont esté couronnezEmpereurs,
n'ayant
priscetitre, du moins jusqu'ausiecle
dernier, qu'après
ce couronnement, se
contentant, jusqu'à cette
ceremonie
,
de celuy de
Roy desR omains ou d'Empereurélu.
On met neanmoins
dans cette Carte
ceux que l'erreur publique
reconnoist pour Empereurs
ou qui ont ~estéélus
im Empereurs,
Empereurs
, par des partis,
pour les opposer à ceux
qui avoient esté légitimément
élûs,ilssont distinguez
par des Couronnes
differentes.
1-t Genealogie, &la mal4
son de Montmorency. -% Tout le monde est persuadédel'antiquité
de l'illustre
Maison de Montmorency,&
personne ne
doute qu'elle ne soit une
des plus anciennes du
Royaume , la qualité de
premiersBarons Chrétiens
en France, avec lecry de
Guerre (Dieu aide au premier
Chrestien ) en marque la
grande antiquité. Mais la
révolution des siecles passez
a fait perdre les vieux
Titres
,
la negligence des
Historiens en dérobent
la memoire, & il est mal
aisé de sçavoir la verité de
son origine.
Celuy auquel nous avons
obligation de la connoissance
de cette Maison est
le fameux André Duchesne
qui par ses soins nous a
laisse dans un gros volume
toute sa posterité depuis
Bouchard I. qui vivoit en jj -' 954. maisil ne s'est pas embarrassé
de rapporter ceux
qui l'ont precedé
,
n'en
:t
ayant point trouvé de
preuves certaines; il rapporte
feulement ce que
d'anciens Autheurs ont dit
des premiers Seigneursde
Montmorency.
Ildit qu'il se trouve dans lapartiedes Gaules qu'on
appelle France deux insignes
commencemens de
conversion ; la premiere
par saint Denis premier
Evesque de Paris, qui a1 procuré la conversion des Gauloisla seconde saint par Remy, Archevesque
de Paris, qui convertit les
François; ces deux conversions
sont cause de deux
opinions touchant l'Autheur
d'une si nobleextraétion.
La premiere
, que LisbiusChevalierdune
tresgrande
Noblesse & d'autorité
parmy les Parisiens
estoit Seigneur de Mont-,
morency proche de cette
Ville, & fut le premier des
Gaulois qui embrassa la
Religion Chrestienne à la
prédication de saint Denis
vers l'an centième de nostre
Redemption, supposé
que ce fut saint Denis
l'Areopagite qui avoir esté
converty par saint Paul
Apostre : mais si l'on fuie
le sentiment de Gregoire
de Tours qui rapporte l'arrivée
de saint Denis dans
les Gaules sousle Coniulac
de Decius & de Gratus, la
conversion de Lisbius ne
pourroit estre que vers l'an
tJ3*
La seconde opinion qui
est de Robert Cenal, Evesque
d'Avranches, au premier
Livre de ses Remarques
Gau loises, & de Claude
Fauchée, au second Livre
de ses AntiquitézFrançoisesdisent
i que ce luy
qui a donné origine à la
Maison de Montmorency
nefutpas lefameux Gaulois
Lisbius,maisun Grand
Baron François nomme
Lisoie (lequel quand Clovis
premier Roy Chrestien
de France, fut baptisé par
saint Remy à Rheims en
499. ) fut le premier des
Seigneurs de sa suite
,
qui
se jetta dans la Cuve des
Fonds après luy
, en memoire
dequoy ses descendansmasles
ontestéhonorez
du titre de premiers
Barons Chrestiens deFrance
,
& ont tousjours eu depuis
pour cry de Guerre ,
Dieu aide au premier Chressien.
Quoy qu'il en soit, on
ne peut douter que les
deux qualitez qui ont tousjours
esté dans cetts illustre
Maison
,
de premier
Chrestien
, & de premier
Baron Chrestien en France,
n'ayent une origine
tres ancienne, &tr.--s illustre,
qui marque que les
anciens Seigneurs de
Montmorency eftoienc
des plus puissants du Royaume
: mais comme la
succession depuis Lisbius,
ou de Lisoie,n'apû se conserver
jusques à nous ,
il
faut s'en tenir à ce que
nous avons de plus asseuré,
& suivre ce qu'en a efcric
Duchesne auquel je renvoye
le Lecteur, qui commence
l'histoire de cette
Maison à Bouchard premier
, comme j'ay dit cydevant,
& quinous a donné
la suite desa posterité,
qui est rapportée dans la
Carte Chronologique de
cette Maison
, par MonsieurChevillard
qui donne
à ce Bouchard premier
un pere , un ayeul,
& un bisayeul
, que Duchesne
ne rapporte pas
mais les ayant trouvez
dans un autheur
)
il les a
rapportez pour faire connoistre
les alliances illustres
qu'ils avoient contractées,
puisque Jean Seigneur
de Montmorency pere de
Bouchard premier, qui vivoit
en 940. avoit épousé
Jeanne fille de Berenger
Comte de Beauvais, fils
d'AdolpheComte de Vermandois
, Everard Sei- j
gneur de Montmorency,
qui vivoit en 892. pere de
Jean & ayeul de Bouchard
premier, épousa Brunelle
fille deGaultier Comte de
Namur, & Leuto ou Leutard
Seigneur de Montmorency
qui vivoit en 845.
avoir épousé Everarde fille
d'un Comte de Ponchieu,
ce Leuto estoit pere d'Everard
& bisayeul de Bouchard
premier, c'est à luyqu'il
commence cet arbre
genealogique, afin defaire
connoistre les trois divers
changements qu'il y
a eus dans les Armes de la
Maison de Montmorency.
Ceux de cette Maison
avoient pris d'abord pour
leurs Armes, comme premiers
Chrestiens, d'or à la
croix de gueules;Bouchard
premier la cantonna de
quatre aiglettes ou allerions
d'azur, pour conservet
la memoire de quatre
Enseignes Impériales prises
à la victoire qu'il remporta
sur l'armée de tEmpereur
Othon II. Matthieu
II. dit le Grand, augmenta
les quatre allerions
de douze autres, en mémoire
de douze autres Enfeignes
Imperiales qui furent
prises à la bataille de
Bouvines sur l'Empereur
OthonIV. en1214 Ainsi
depuis ce temps- là les Seigneurs
de Montmorency
ont tousjours porté d'or à
la croix de gueules, cantonnée
de seize allerions
d'azur; & comme cette
Maison a formé quantité
de branches, ils ont brifé
leurs Armes differemment,
comme on le voit dans la
Carte genealogique, mais
à present comme labranche
aisnéeest éteinteenla
personne de Philippe de
Moutmorency Seigneur
de Nivelle, ôc Comte de
Horne décapité en 1^8.
auquel la branche de Fosfeux
a succedéàl'aisnesse,
toutes les autres branches
des Seigneurs de certe
Maison ont quitté leurs
brisures, & ont retenu les
Armes pleinesqu'ils portent
presentement.
La Maison de Montmorency
s'est separée en
quantité de branches, il y
en a eu plusieurs anciennes
qui font éteintes, mais
elle a conservé son nom
jusqu'à aujourd'huy, par la
succession de la branche
aisnée,dans plusieurs branches
qui subsistent,& quoy
qu'il paroisse de grandes
branches sorties de Mathieu
II. dit le Grand, Seigneur
de Montmorency
il n'y , a eu que la posterité
de son filsaisné Bouc hard
VI. qui ait retenule nom
de Montmorency, parce
que ion fils cadet Guyde
Montmorency fut Seigneur
de Laval, qui comme
heritier desa mereEme
de Laval, sortie d'une tres
noble & tres illustre Maison,
en atransmis le nom
à ses Descendans qui le retiennent
encore aujourd'huy,
ayant retenu les Armes
de Montmorency
,
la
Croix chargée de cinq coquilles
d'argent pour brisure,
comme cadets de sa
Maison.
Quant aux honneurs de
cette Maison, on ne peut
disconvenir qu'elle est des
plus illustrées
, tant dans
les alliances qu'ils ont contractées,
que dans les charges
qu'ils ont possedées,
les honneursqu'ils onteus
par leurs alliances, les font
toucher de près à tout ce
qu'il y a eu de Testes couronnées
dans l'Europe, &
pour le faire connoistre il
faut distinguer ses alliances
en trois manieres. Premierement
,
dans son ancienneté
: Secondement,
depuis
depuis la separation de ses
deux Branches, les Alliances
que celle de la Branche
de Montmorency a contractées
:
Troisiémement,
celle que la Branche de Laval
aeuës. Premierement, les Alliances
qu'ils ont eues anciennement
sont trcs considerables
puisque la premiere
qui estrapportée par
Duchesneestl'épouse qu'il
donne à Bouchard I.Elle
se nommoit Hildegarde,
& estoit fille de Thibaud I.
Comte de Chartres & de
de Bipis,ôc de Ledegarde
de Vermandois. Elle avoit
pour frere Eudes I. Comte
de Chartres & de Blois,
pere de Eudes II. Comte
de Champagne, duquel
sont forcis tous les Comtes
de Champagne; & pour
soeur Emme,femme de
GuillaumeIII. Duc de
Guyenne
, mere de Guillaume
IV. Ducde Guyenne
,
élu Roy d'Italie
, &
Empereur des Romains
duquel sont desçendus les,
Ducs deGuyenne,&Agnés
femme de l'Empereur
Henry III.
-
Hildegarde avoit pour
alliances du costé de sa
mere Ledgarde de Vermandois,
qui estoit fille de
Herbert II. Comte de Vermandois,&
d'une soeur de
Hugues le Grand, Duc de
France
,
& Comte de Paris
, pere du Roy Hugues
Capet; & aussi soeur d'Emme
,
Reine de France,
femme de Raoul, Duc de
Bourgogne, & Roy de
France, si bien qu'elle estoit
cousine du second au
troisiéme degré du Roy
Hugues Capec
,
chef de la
n'oineme Race des Rois
de France qui subsiste aujourd'huy.
Mathieu I. Seigneur de
Montmorency, Connestable
de France, épousa Aline
,
fille de Henry I. Roy
d'Angleterre, &en fecondes
nôces il épousa Alix de
Savoye
, veuve du Roy
Loüis VI. dit le Gros, mere
duRoy Loüis le Jeune, si
bien qu'il avoit l'honneur
d'estre beaupere du Roy
pour lors regnant.
BouchardV.s'alliaavec
Laurence, fille de Baudoüin,
Comte deHainaut,
descendu par les Comtes
de Flandres, de l'Empereur
Charlemagne; elle
estoit tante de BaudoüinV.
Comte de Flandres
, &
Empereur de Constantinople
,
d'Isabeau de Hainaut
,
Epouse du Roy de
France Philippe-Auguste,
& d'Ioland de Hainaut
Impératrice de Constanti-,
nople, femme de Pierre
de Courtenay, auquel elle
porta la Couronne
@
Imperiale.
Matthieu II. avoit épouse
en premières noces Gertrude
de Néelle
,
fille de Thomas Chastelain de ,
Bruges en Flandres
, &
d'une soeur d'Yves, Comte
de Soissons
,
Seigneur de
Néelle.C'estde cetteDame
quetoute la Maison de
Montmorency d'aujourd'huy
descend, parce que
Matthieu II épousa en secondes
noces Emme de
Laval qui luy donna pour
fils Guy de Montmorency,
Seigneur de Laval, comme
jelediray cy-aprés ; cette
Dame estoit soeur aisnée
d'Isabeau de Laval, femme
de Bouchard VI.Seigneur
de Montmorency, fils aisné
du premier lit de Mathieu
IL ainsi l'on peut dire
que dans la separation des
deux branches de Montmorency,
& de Laval, ils
ont les mesmes alliances,
puisque par les mariages
de ces deux Dames de la
Maison de Laval,ils se
trouvoient alliez des Maisons
de France ,
d'Angleterre,
d'Ecosse, de Castille,
des Comtes deThoulouse,&
de quantité d'autres
Maisons tres- considerables.
Secondement
,
les alliances
que la Maison de
Montmorency a contractéesdepuis
sa separation
d'avec la branche de Laval,
sont celles que Mathieu
III. contracta avec
Jeanne de Brienne fille de
Jean Roy de Jerusalem,
qui estoit fille de Henry
Comte de Champagne
Roy de Jerusalem. Cette
alliance leur en donna de
nouvelles avec la Maison
de France,puisque Henry
Comte
Comte de Champagne
Roy de Jerusalem
,
avoit
pour mere Marie de France
fille du Roy Loüis le
Jeune, avec les Roys de
Navarre de la Maison de
Champagne
, & avec les
Roys de Jerusalem & de
Chypre, de la Maison de
Lefignen.
Mathieu IV.ditle Grand,
Seigneur de Montmorency
,
fils de Mathieu III.
s'allia avec Marie de
Dreux Princesse du sang
de France, fille de Robert
IV. Comte de Dreux,
qui avoit pour quatriéme
ayeul Robert de France
Comte de Dreux fils du
Roy Loiiis le Gros. D'ailleurs
elle estoit sa parente
par trois endroits,d'abord
au quatriéme degré du
costé maternel par laMaison
de Craon , parce que
Maurice Seigneur de
Craon fut pere de Havoise
de Craon,femme de Guy
VI. Seigneur de Laval, qui
estoit pere d'Isabeau de Laval
mar iée à Bouchard VI.
Seigneur de Montmorency
ayeul de MathieuIV.
Et d'Amaury de Craon,
pere de Jeanne de Craon
femme de Jean Comte de
Montfort ayeulle maternelle
de ladite Dame Marie
de Dreux, par la Maison
de Montfort. Elle estoit
sa parente du quatriéme
au cinquiémedegré,
& par celle de Coucy du
cinquiéme au sixiéme.
Ce ne seroit jamais fait
si on vouloit particularifcr
toutes les alliances les unes
aprés les autres, on se renferme
aux trois recentes; sa
premiereest celle queHenry
Duc de Montmorency
II. du nom,Pair, Marechal
& Amiral de France,
contractaavec Marie Felice
des Ursins en 1612 par
l'entremise du Roy Louis
XIII. & de la Reine Marie
de Medicis sa mere 3,
pour lorsRegente du Royaume
)
qui estoit sa parente
du deuxiéme au troisiéme
degré, puisque la
Reine avoir pour pere
François deMedicisGrand
Duc de Toscane
,
qui estoit
frere d'Elisabeth de
Medicis femme de Paul
des Ursins Duc de Bracciano,
ayeul de Madame la
Duchesse de Montmorency
: ainsil'on peut voir par
cette alliance, l'estime que
le Roy Louis XIII. d'heureuse
memoire,faifoic de
cetteMaison,puisqu'il faisoitépouserà
Monsieur le
Duc de Montmorency sa
parenteau troisiéme degré.
La féconde alliance des
trois ausquelles on s'est retranché
,
est celle de Charlote
Marguerite de Montmorency
,soeur & heritiere
de HenryII. Duc de
Montmorency mort sans
posterité
,
laquelle épousa
en 1609. Henry de Bourbon
II. du nom Prince de
Condé. Cette Princesse
aprés la , mort de son frere
, herita du Duché de
Montmorency, & de plusieurs
autres biens qui sont
entrez parcette alliance
dans laMaison de Condé.
La troisiéme alliance est
celle que fit François Henry
de Montmorency Duc
de Piney -
Luxembourg,
forti de la branche de Bouteville,
quiépousaen 1661.
Magdelaine- Charlotte-
Bonne-Therese de Clermont
Duchesse de Piney-
Luxembourg,fille de Charles-
Henry de C lermont-
Tonnerre, & de Marie de
Luxembourg Duchesse de
Piney
,
qui se défit de sa
Duché en mariant sa fille, àcondition que son époux
porteroit le nom & les Armes
de Luxembourg
,
luy
transmettant le droit de sa
Duché femelle, afin de
conserver le nom de cette
illustre Maison, qui a donné
plusieurs Empereurs
des Romains, des Roys de
Boheme, des Reines de
France, & à d'autres Couronnes
de l'Europe.
Ayant cy-dessus distingué
les alliances de la Maison
de Montmorency en
trois manieres. Premierement
, dans son commencement.
Secondement, depuis la separation de ses
deux grandes branches, &
en troisiéme lieu, en celle
que la branche de Laval a
euë depuis sa separation
d'avec celle de Montmorency.
J'en rapporte quatre
qui sont d'une tresgrande
îllustration. La premiereest
celle que Guy X.
Comte de Laval contracta
en 1347. avec Beatrix
fille d'Artus Duc de Bretagne
, &dont l'arriere petite
filleIsabeau de Laval
épousa Loüis de Bourbon
Comte de Vendôme. C'est
cette seconde alliance qui
doit aujourd'huy faire plus
de plaisir à la Maison de
Montmorency; puisque
c'est de cette Isabeau de
Laval que descend toute la
Maison Royalle de Bourbon,
estant la sixémeayeulle
paternelle de nostre
grand Monarque Loüis
XIV. à present regnant;
qui voit en cette presente
année 1711. son Throfne
affermi dans sa Maison
pour plusieursannées par
la naissance de ses arriere
petits fils Monseigneur le
Duc de Bretagne, &Monseigneur
le Duc d'Anjou,
&par cette alliance toutes
les Testes couronnées de
l'Europe qui regnent aujourd'huy
,
sont alliéesà la
Maison de Montmorency,
La troisiéme alliance
qui fait encore honneur à
cette Maison, c'estdevoir
René d'Anjou Roy de Na",
ples & de Jerusalem
,
qui
épousa Jeanne de Laval en
fecondes noces, mais cette
Reine n'en ayant point eu
d'enfans ,il n'est resté à sa
famille que le plaisir de
s'en souvenir.
La quatriéme & demiere
alliance est celle de
Charlotte d'Arragon fille
de Federic d'Arragon Roy
deNaples, qui fut femme
de Guy XVI. Comte de
Laval; ils eurent plusieurs
enfans, entre autres deux
filles, dont l'aisnée Catherine
de Laval épousa Claude
Sire de Rieux,qui porta
dans la Maison deColigny
le Comté de Laval,
qui a présl'excinction de
cette branche,est tombé
dans celle de sa soeur cadette
Anne de Laval qui
épousa François de la
Tremoille Vicomte de
Thouars,dont est descendu
Monsieur le Duc de la
Tremoille qui possedeaujourd'huy
le Comté de Laval,&
quiàcause de cette
alliance,faitses protcftations
à tous les Traitez de
Paix
,
où il envoye une
personne pour le reprefen"-
ccr , prétendant au Royaume
de Naples comme
heritier d'Anne de Laval
sa quatriéme ayeulle.
-
Sans s'attacher à toutes
les alliances souveraines
de cette illustre Maison,
je diray qu'il y en a quantité
d'autres tres conGderablesquiluy
sont alliées,
& le grand nombre de
Maisons qui y ont pris des
femmes, tient à honneur
d'en estre descendu
,
& se
font un plaisir d'arborer les;
Armes de Montmorency
dansleursalliances.
L'on voit parmy les 1
Grands Officiers du Royaume
de France plus de
Seigneurs de laMaison de
Montmorency que d'aucuneautreMaisons
l'on y
compte deux grands Senéchaux,
six Connestables,&
un Connestable d'Hibcrnie,
neufMaréchaux,quatre
Grands Amiraux, trois
Grands Maistres de la
Maison du Roy, trois
Grands Chambellans,deux
Grands Bouteillers ou Eschansons,
& deux Grands
Pannetiers.
Plusieurs Connestables,
& autres Grands Officiers
de France, sont sortis de
cette Maison tres illustre,
ouenontépousédesfilles,
outre que cette Maison a
aussi produit plusieursDucs
&DuchelTes.
Quoy que la vertu & la
Religion ayent tousjours
esté le partage des Seigneurs
de Montmorency
neanmoins l'on , en voit
tres peu qui ayent estérevestus
de Dignitez Ecclesiastiques;
l'on en voitcependant
un Archevesque
Duc de Reims, des Evesques
d'Orleans, & peu
d'autres.
ilsontencore l'honneur
d'avoir un Saint reconnu
par l'Eglise,donton revere
la memoire aux Vaux
de Cernay enBeauce,c'est
saint Thibaud de Mont-
-
morency Seigneur deMarly,
fils de Mathieu premier,
&
dAline d'Angleterre, lequel
se croisa en 1173. pour
le voyage de la Terre sainte.
A son retour il se fit
Religieux de l'Ordre de
Cisteaux, en l'Abbaye du
Val, puis ilfut Abbé des
Vaux de Cernay à quatre
lieuës de Versailles, entre
Chevreuse &: Ramboüillet,
où il mourut saintementvers
l'an 1189.
Enfin tant de grandeur
dans une Maisonfaitassez
connoistre que la valeur a
esté hereditaire dans l'âme
des Seigneurs de Montmorency,
& leur a tait meriter
tous ces honneurs,
pour avoir tousjours refpandu
leur fang pour la
deffensede leurs Roys, &
de leur patrie, s'estant tousjours
trouvez à la teste des
Armées qu'ils commandoient
en chef, où ils ont
fait paroistre leur courage
avec éclat au milieu des
plus grands perils.
Je n'en veux point un
plus grand exemple que
celuy d'Anne de Montmorency
Duc, Pair, Marechal
,
Connestable
, k,
Fi
Grand Maistre de France,
lequel aprèsavoirblanchi
fous le harnois militaire,
pour la deffenseduRoy,
& de la patrie, remporta
dans le tombeau la gloire
d'estre mort au lit d' honneur
,
puisque commandant
l'Armée Royalle à la
Bataille de saint Denis, il
y receut huit coups mortels
,
dont il mourut deux
jours aprés en son Hostel
de Montmorency à Paris,
estant âgé de prés de quatre
vingt ans, comblant
par ce moyen les derniers
jours de sa vie d'une fin
tres glorieuse, a prés avoir
servy cinq Roys, & après
avoir passé par tous les degrez
d'honneur, & s'estre
trouve à huitBatailles, en
ayant commandé quatre
en chef; aussi le Roy Charles
1X. voulant honorer la
memoire de ce grand Chef
de Guerre
,
ordonna que
sa Pompe funebre fust faite
en l'Eglise de Nostreme
de Paris,avec toute la
magnificencepossible, où
toutes les Cours souveraines
assisterent par ordre du
Roy. De là son corps fut
porté en l'Eglise de saint
Martin de Montmorency,
& son coeur en celle des
Celestins de Paris, où il
futmis dans un Caveau,
proche de celuy du Roy
HenryII. Il estoit bien
juste qu'un coeur quiavoit
esté aimé de son Prince,
& qui avoit eu part à ses
plus im portantes affaires,
fust après son trépas inhumé
proche de celuy qui
luy avoit fait tant d'honneur
durant sa vie,
Mr Chevillard vient de
mettre au jour une Carte
qui a pour Titre: Succession
Chronologique des Empereurs,
&des Impératrices d'Occident,
depuis Charlemagnejusqu'à
present.
On n'entreprend point
de rapporter dans cette
Carte les Empererus Romains,
ni les Empereurs
d'Orient, on s'est borné
à rapporter la Chronologie
des Empereurs, & des
Imperatrices d'Occident,
qui sont ceux qui ont regnéen
Europe depuis l'an
800. On commence par
Charlemagne que l'erreur
commune fait le restaurateur
de l'Empired'Occident
, quoyqu'il soit vray
qu'il estoitEmpereur avant
qu'il cust eHé reconnu tel
par les Romains estantEmpereur
par sa feule qualité
de Roy des François, l'Empire
d'Occident ou du
moins celuy des Gaules
ayant este cedé à Clovis en
508. & confirmé à ses petitsfils
par l'Empereur Justinien.
Il eftvrayque depuis
l'an875. on n'a reconnu
pour Empereurs que
ceux qui ont esté reconnus
tels par les Papes, que mesme
les Rois de Germanie;
& d'autres qui ont esté couronnezEmpereurs,
n'ayant
priscetitre, du moins jusqu'ausiecle
dernier, qu'après
ce couronnement, se
contentant, jusqu'à cette
ceremonie
,
de celuy de
Roy desR omains ou d'Empereurélu.
On met neanmoins
dans cette Carte
ceux que l'erreur publique
reconnoist pour Empereurs
ou qui ont ~estéélus
im Empereurs,
Empereurs
, par des partis,
pour les opposer à ceux
qui avoient esté légitimément
élûs,ilssont distinguez
par des Couronnes
differentes.
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Résumé : Discours nouveau sur l'origine, la Genealogie, & la Maison de Montmorency.
Le texte traite de la Maison de Montmorency, une des plus anciennes et illustres familles du Royaume de France, reconnue comme les premiers Barons Chrétiens avec le cri de guerre 'Dieu aide au premier Chrétien'. La révolution des siècles passés et la négligence des historiens ont obscurci les vieux titres et l'origine exacte de cette maison. André Duchesne est l'historien ayant le plus contribué à sa connaissance, retraçant sa postérité depuis Bouchard I, vivant en 954. Deux opinions principales existent sur son origine : la première attribue son origine à Lisbius, un noble gaulois converti par saint Denis, tandis que la seconde la rattache à Lisoie, un grand baron francique converti par saint Remy. La Maison de Montmorency a toujours revendiqué les qualités de premier Chrétien et de premier Baron Chrétien, marquant ainsi son ancienne et illustre origine. La succession depuis Lisbius ou Lisoie n'a pas pu être conservée jusqu'à nos jours. Duchesne commence l'histoire de cette Maison à Bouchard I, et Chevillard ajoute des ancêtres supplémentaires pour montrer les alliances illustres contractées par la famille. Les armes de la Maison de Montmorency ont évolué, passant d'une croix de gueules sur fond d'or à une croix cantonnée de seize aiglettes d'azur. La Maison s'est séparée en plusieurs branches, certaines éteintes, mais le nom de Montmorency a été conservé jusqu'à aujourd'hui. Les alliances de la Maison de Montmorency sont extrêmement prestigieuses, incluant des mariages avec des membres des familles royales de France, d'Angleterre, et d'autres maisons nobles. Les alliances plus récentes incluent des mariages avec des membres de la Maison de Condé et de la Maison de Luxembourg. La Maison de Montmorency compte de nombreux Grands Officiers du Royaume de France, tels que des Sénéchaux, Connétables, Maréchaux, Amiraux, Maîtres de la Maison du Roi, Chambellans, Bouteillers, et Pannetiers. Plusieurs membres ont également été Ducs et Duchesses. La famille a produit des dignitaires ecclésiastiques, dont un Archevêque Duc de Reims et des Évêques. Saint Thibaud de Montmorency, Seigneur de Marly, est un membre notable, ayant participé à la croisade et fondé l'abbaye des Vaux de Cernay. La valeur et le courage des Seigneurs de Montmorency sont soulignés, notamment à travers l'exemple d'Anne de Montmorency, Duc, Pair, Maréchal, Connétable et Grand Maître de France, qui mourut glorieusement après avoir commandé l'armée royale à la bataille de Saint-Denis. La mémoire de ce grand chef de guerre fut honorée par une pompe funèbre magnifiquement organisée par le roi Charles IX.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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53
p. 25-44
« M. le Dauphin étoit le vingt-uniéme Dauphin de la Maison de France [...] »
Début :
M. le Dauphin étoit le vingt-uniéme Dauphin de la Maison de France [...]
Mots clefs :
Savoie, Dauphin, Famille, Roi, Duc, France
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « M. le Dauphin étoit le vingt-uniéme Dauphin de la Maison de France [...] »
.le Dauphin étoit
le vingt- uniéme Dauphin de la Maiſons dea
France, depuis la ceffion
du Dauphiné par Humbert dernier Dauphin de
Viennois , en 1349. lequelHumbertfe voyant
veuf& fans enfans , difpoſa de ſes Etats en fayeur des fils aînez &prefomptifs heritiers de la
Couronne de France ,
à la charge & condition
qu'ils en porteroient le
Fév. 1712.
C
26 MERCURE
nom & les armes ; & le
premier qui a porté cette qualité a été Charles
de France , fils du Roy
Jean , qui lui fucceda à
la couronne en 1364.
fous le nom de Charles
V. De ces vingt & un
Dauphins il y en a eu
neuf qui ont été Rois ,
les douze autres étant
morts fans être parvenus à la couronne. Ceux
qui ont été Rois ont été
Charles cinq , Charles
GALANT. 27
EJ
fix, Charles fept , Louis
onze , Charles huit ,
Henryfecond, François
fecond , Louis treize, &
Louis quatorze. Il ya
eu neuf Dauphins ma
riez étant Dauphins , &
dix Dauphines , parce
que Louis onze a été
marié deux fois étant
Dauphin. Sa premiere
femme, Marguerite d'Ecoffe , mourut Dauphne; & fafeconde, Charlotte de Savoye , devint
Cij
28 MERCURE
Reine. De ces dix Dauphines il n'y en a eu que
cinq de Reines : Içavoir , Jeanne de Bourbon , femme du Roy
Charles cinq 3 Marie
d'Anjou, femmedu Roy
Charles fepts Charlotte
de Savoye , feconde
femme du Roy Louis
onze; Catherine de Medicis , femme du Roy
Henry fecond ; & Marie Stuart , femme du
Roy François ſecond,
GALANT. 29
Cette trifte morto de
M. le Dauphin fait que
M. le Duc de Bretagne
devient le vingt - deu
xiéme Dauphin. Il eft
trés fingulier de voir
qu'en dix mois & quatre jours nous voyons
trois Dauphins:fçavoir,
Louis cinq , Dauphin
de Viennois, mort le 14.
Avril 1711 perede Louis
fix , auffi Dauphin de
Viennois , qui vient de
mourir , connu ci - deC iij
30 MERCURE
vant fous le titre de Duc
de Bourgogne , & auffi
pere de M. le Duc des
Bretagne , à prefent
Dauphin au lieu de M.
fon pere. Les dix Dauphines qu'il yaeu font,
une de la Maifon de
Bourbon , une de Bourgogne , deux de Bavière, une d'Anjou, deux
de Stuart , une de Medicis , & deux de Savoye ,
la derniere défquelles
eft celle qui vient de
GALANT.I/ 31
mourir , Marie - Adelayde de Savoye , fille
de Victor- Amé, fecond
du nom , Duc de Savoye , & de DameAnne
d'Orleans , fille de Philippe de France , Duc
d'Orleans , Frere unique du Roy, & d'HenFiette - Anne d'Angleterre , fa premiere femme. Cette Dame meurt
à vingt - fix ans , deux
mois & cinq jours étant
née le 6. Octobre 1685.
C iiij
32 MERCURE
& aprés quatorze ans ,
deux mois & cinq jours
de mariage , la celebration s'étant faite à Ver
failles le 6. Octobre
1697. Elle a eutrois en
fans: fçavoir, deux Ducs
deBretagne , & un Duc
d'Anjou. Le premier eft
mort âgé de neuf mois
& dix- neufjours , le 13.
Avril 1705. le fecond à
preſent vivant , eft M.
le Dauphin , & le troifiéme, qui eft M. le Duc
GALANT 33
d'Anjou, vit auffi.
CetteDameétoit d'u
ne des plus anciennes -
Maiſons fouveraines de
l'Europe , puifque la
Maifon de Savoye eft
fortie de celle de Saxe,
& elle a commencé à
regner en Savoye il y a
fept fiecles en vingttrois generatios &trente- quatre Princes , qui
fe font fuccedez les uns
aux autres avec tant de
bonheur , que lorfque
と
34 MERCURE
quelqu'un eftmort fanst
enfans , la couronne
n'eft jamais paffé à un
degré plus éloigné, que
du frere ou du petit ne
veu au grand oncle.bang
Le premier qui a com
mencé à regner en Savoye a été Berold , en
l'an 1000. Il étoit iffu de
Vvitichind le Grand
Duc de Saxe , & de lui
eft defcenduë toute la
Maiſon.de Savoye , qui
a donné degrands hom
GALANT. 35
mes. Amé ſept fut élû
Pape au Concile de Bâle
contre le Pape Eugene
3
quatre en 1439. fous le
nom de Felix cinq. Eu
gene quatre étant mort,
& Nicolas cinq ayant
été élu , Felix fe demit
du Pontificat, à la priere
du Roy de France , pour
donner la paix à l'Egli
fe , fe contentant de la
qualité de Doyen du
Sacré College , qu'il
garda juſques à fa mort,
36 MERCURE
arrivée en 1451.
Ils portent la qualité,
de Rois de Cypre , par
la donation qui leur a
été faite par Charlotte ,
Reinede Cypre, fille &
heritiere de Jean fecond
dunom , RoydeCypre.
Cette Reine fut mariée
deux fois la premiete ,
à Jean Prince de Portugal ; 2 , à Louis de Savoye , Comte de Geneve , frere d'Amedée neuviéme du nom , Duc de
:
GALANT. 37
Savoye , defquels elle
n'eut point de pofterité.
LeRoy Jean , fon pere ,
étant mort fans enfans
mâles legitimes , le
Royaume lui échut :
mais il lui fut difputé
par Jacques de Cypre,
fon frere naturel , qui
s'empara du Royaume,
avec l'affiftance du Soudan d'Egypte , & de
Marc Cornaro, Gentilhomme Venitien , quí
lui fit épouſer ſa fille ,
38 MERCURE
& qui fut adoptée par
la Seigneurie de Veniſe,
qui lui conftitua une
grande dot. Jacques étant mort à trente-trois
ans , laiffa fa femme enceinte, & la declara fon
heritiere en cas qu'elle
furvêquit au fruit qu'-
elle portoit. Elle accoucha d'un fils , qui mourut deux ans aprés : ainſi
elle demeura Reine de
Cypre , avec la protection de la Republique
GALANT. 39
de Venife , à laquelle
elle abandonna le gouvernement de l'Etat , lui
faifant don de la couron,
ne , fe retirant à Venife, où elle paffa le reſte
1.
de les jours.
Tout ceci ſe paffa au
préjudice de la Reine
Charlotte , qui fut contrainte de fe retirer à
Rome où elle mourat
penfionaire du Pape, &
voyant qu'elle ne pouvoit rentrer dans fes
40 MERCURE
2
Etats , elle fit don de
fon Royaume en préfence du Pape & des
Cardinaux à Amedée
neuvième , Duc de Savoye, fon beau- frere , &
à fes fucceffeurs. Sous le
pontificat du Pape Clement 7. lorſqu'il couronnal'Empereur Charlescinqà Boulogne, cette donation fut examinéeen preſence duPape & de l'Empereur, qui
adjugerentce Royaume
aux
GALANT 40
aux Ducs de Savoye
mais Selim Empereur
des Turcs termina le
differend du Duc de Savoye & des Venitiens
s'étant emparé de ce
Royaume en 1571.
Leurs alliances font
trés- confiderables , tant
par les femmes qu'ils
ont données , en ayant
eu trois de la Maiſon de
France , trois de celle
d'Orleans , quatre de
Bourbon, trois de BourFév.1712.
D
42 MERCURE
gogne , une de Berry's
& quantité d'autres de
Mailons trés - illuftres.
Ils ont donné une
femme à Louis le Gros
Roy de France , unc
à Rodolphe Duc de
Souabe, Empereur ; une
à Alfonfe premier , Roy
de Portugal , une à Andronic Paleologue Empereur de Conftantinople , une à Louis d'Airjou Roy de Naples &
de Sicile , une à Federic
GALANT. 43
d'Arragon Roy de Naples ; une Reine de Por
tugal denos jours , femme de Pierre Roy de
Portugal ; une au Roy
Louis onze , Roi de
France ; une aà Charles
d'Orleans, Comte d'Angoulême , qui a été
Louiſe de Savoie , mere
du Roi de France François premier. Ce ne fe
roit jamais fait , s'il faloit particularifer toutes leurs alliances ; ce
Dij
44 MERCURE
qui ne fe pourroit faite
qu'en faifant la Genea,
logie de cette Maiſon.
Pour la fucceffion des
Dauphins de la Maiſon
de France , on les peut
voir dans la Carte que
Monfieur Chevillard ,
Genealogifte du Roi &
Hiftoriographede France , en a donnée au public en 1700.
le vingt- uniéme Dauphin de la Maiſons dea
France, depuis la ceffion
du Dauphiné par Humbert dernier Dauphin de
Viennois , en 1349. lequelHumbertfe voyant
veuf& fans enfans , difpoſa de ſes Etats en fayeur des fils aînez &prefomptifs heritiers de la
Couronne de France ,
à la charge & condition
qu'ils en porteroient le
Fév. 1712.
C
26 MERCURE
nom & les armes ; & le
premier qui a porté cette qualité a été Charles
de France , fils du Roy
Jean , qui lui fucceda à
la couronne en 1364.
fous le nom de Charles
V. De ces vingt & un
Dauphins il y en a eu
neuf qui ont été Rois ,
les douze autres étant
morts fans être parvenus à la couronne. Ceux
qui ont été Rois ont été
Charles cinq , Charles
GALANT. 27
EJ
fix, Charles fept , Louis
onze , Charles huit ,
Henryfecond, François
fecond , Louis treize, &
Louis quatorze. Il ya
eu neuf Dauphins ma
riez étant Dauphins , &
dix Dauphines , parce
que Louis onze a été
marié deux fois étant
Dauphin. Sa premiere
femme, Marguerite d'Ecoffe , mourut Dauphne; & fafeconde, Charlotte de Savoye , devint
Cij
28 MERCURE
Reine. De ces dix Dauphines il n'y en a eu que
cinq de Reines : Içavoir , Jeanne de Bourbon , femme du Roy
Charles cinq 3 Marie
d'Anjou, femmedu Roy
Charles fepts Charlotte
de Savoye , feconde
femme du Roy Louis
onze; Catherine de Medicis , femme du Roy
Henry fecond ; & Marie Stuart , femme du
Roy François ſecond,
GALANT. 29
Cette trifte morto de
M. le Dauphin fait que
M. le Duc de Bretagne
devient le vingt - deu
xiéme Dauphin. Il eft
trés fingulier de voir
qu'en dix mois & quatre jours nous voyons
trois Dauphins:fçavoir,
Louis cinq , Dauphin
de Viennois, mort le 14.
Avril 1711 perede Louis
fix , auffi Dauphin de
Viennois , qui vient de
mourir , connu ci - deC iij
30 MERCURE
vant fous le titre de Duc
de Bourgogne , & auffi
pere de M. le Duc des
Bretagne , à prefent
Dauphin au lieu de M.
fon pere. Les dix Dauphines qu'il yaeu font,
une de la Maifon de
Bourbon , une de Bourgogne , deux de Bavière, une d'Anjou, deux
de Stuart , une de Medicis , & deux de Savoye ,
la derniere défquelles
eft celle qui vient de
GALANT.I/ 31
mourir , Marie - Adelayde de Savoye , fille
de Victor- Amé, fecond
du nom , Duc de Savoye , & de DameAnne
d'Orleans , fille de Philippe de France , Duc
d'Orleans , Frere unique du Roy, & d'HenFiette - Anne d'Angleterre , fa premiere femme. Cette Dame meurt
à vingt - fix ans , deux
mois & cinq jours étant
née le 6. Octobre 1685.
C iiij
32 MERCURE
& aprés quatorze ans ,
deux mois & cinq jours
de mariage , la celebration s'étant faite à Ver
failles le 6. Octobre
1697. Elle a eutrois en
fans: fçavoir, deux Ducs
deBretagne , & un Duc
d'Anjou. Le premier eft
mort âgé de neuf mois
& dix- neufjours , le 13.
Avril 1705. le fecond à
preſent vivant , eft M.
le Dauphin , & le troifiéme, qui eft M. le Duc
GALANT 33
d'Anjou, vit auffi.
CetteDameétoit d'u
ne des plus anciennes -
Maiſons fouveraines de
l'Europe , puifque la
Maifon de Savoye eft
fortie de celle de Saxe,
& elle a commencé à
regner en Savoye il y a
fept fiecles en vingttrois generatios &trente- quatre Princes , qui
fe font fuccedez les uns
aux autres avec tant de
bonheur , que lorfque
と
34 MERCURE
quelqu'un eftmort fanst
enfans , la couronne
n'eft jamais paffé à un
degré plus éloigné, que
du frere ou du petit ne
veu au grand oncle.bang
Le premier qui a com
mencé à regner en Savoye a été Berold , en
l'an 1000. Il étoit iffu de
Vvitichind le Grand
Duc de Saxe , & de lui
eft defcenduë toute la
Maiſon.de Savoye , qui
a donné degrands hom
GALANT. 35
mes. Amé ſept fut élû
Pape au Concile de Bâle
contre le Pape Eugene
3
quatre en 1439. fous le
nom de Felix cinq. Eu
gene quatre étant mort,
& Nicolas cinq ayant
été élu , Felix fe demit
du Pontificat, à la priere
du Roy de France , pour
donner la paix à l'Egli
fe , fe contentant de la
qualité de Doyen du
Sacré College , qu'il
garda juſques à fa mort,
36 MERCURE
arrivée en 1451.
Ils portent la qualité,
de Rois de Cypre , par
la donation qui leur a
été faite par Charlotte ,
Reinede Cypre, fille &
heritiere de Jean fecond
dunom , RoydeCypre.
Cette Reine fut mariée
deux fois la premiete ,
à Jean Prince de Portugal ; 2 , à Louis de Savoye , Comte de Geneve , frere d'Amedée neuviéme du nom , Duc de
:
GALANT. 37
Savoye , defquels elle
n'eut point de pofterité.
LeRoy Jean , fon pere ,
étant mort fans enfans
mâles legitimes , le
Royaume lui échut :
mais il lui fut difputé
par Jacques de Cypre,
fon frere naturel , qui
s'empara du Royaume,
avec l'affiftance du Soudan d'Egypte , & de
Marc Cornaro, Gentilhomme Venitien , quí
lui fit épouſer ſa fille ,
38 MERCURE
& qui fut adoptée par
la Seigneurie de Veniſe,
qui lui conftitua une
grande dot. Jacques étant mort à trente-trois
ans , laiffa fa femme enceinte, & la declara fon
heritiere en cas qu'elle
furvêquit au fruit qu'-
elle portoit. Elle accoucha d'un fils , qui mourut deux ans aprés : ainſi
elle demeura Reine de
Cypre , avec la protection de la Republique
GALANT. 39
de Venife , à laquelle
elle abandonna le gouvernement de l'Etat , lui
faifant don de la couron,
ne , fe retirant à Venife, où elle paffa le reſte
1.
de les jours.
Tout ceci ſe paffa au
préjudice de la Reine
Charlotte , qui fut contrainte de fe retirer à
Rome où elle mourat
penfionaire du Pape, &
voyant qu'elle ne pouvoit rentrer dans fes
40 MERCURE
2
Etats , elle fit don de
fon Royaume en préfence du Pape & des
Cardinaux à Amedée
neuvième , Duc de Savoye, fon beau- frere , &
à fes fucceffeurs. Sous le
pontificat du Pape Clement 7. lorſqu'il couronnal'Empereur Charlescinqà Boulogne, cette donation fut examinéeen preſence duPape & de l'Empereur, qui
adjugerentce Royaume
aux
GALANT 40
aux Ducs de Savoye
mais Selim Empereur
des Turcs termina le
differend du Duc de Savoye & des Venitiens
s'étant emparé de ce
Royaume en 1571.
Leurs alliances font
trés- confiderables , tant
par les femmes qu'ils
ont données , en ayant
eu trois de la Maiſon de
France , trois de celle
d'Orleans , quatre de
Bourbon, trois de BourFév.1712.
D
42 MERCURE
gogne , une de Berry's
& quantité d'autres de
Mailons trés - illuftres.
Ils ont donné une
femme à Louis le Gros
Roy de France , unc
à Rodolphe Duc de
Souabe, Empereur ; une
à Alfonfe premier , Roy
de Portugal , une à Andronic Paleologue Empereur de Conftantinople , une à Louis d'Airjou Roy de Naples &
de Sicile , une à Federic
GALANT. 43
d'Arragon Roy de Naples ; une Reine de Por
tugal denos jours , femme de Pierre Roy de
Portugal ; une au Roy
Louis onze , Roi de
France ; une aà Charles
d'Orleans, Comte d'Angoulême , qui a été
Louiſe de Savoie , mere
du Roi de France François premier. Ce ne fe
roit jamais fait , s'il faloit particularifer toutes leurs alliances ; ce
Dij
44 MERCURE
qui ne fe pourroit faite
qu'en faifant la Genea,
logie de cette Maiſon.
Pour la fucceffion des
Dauphins de la Maiſon
de France , on les peut
voir dans la Carte que
Monfieur Chevillard ,
Genealogifte du Roi &
Hiftoriographede France , en a donnée au public en 1700.
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Résumé : « M. le Dauphin étoit le vingt-uniéme Dauphin de la Maison de France [...] »
Le texte aborde l'histoire des Dauphins de France, en se concentrant sur le vingt-et-unième Dauphin et les événements récents liés à cette lignée. Le Dauphiné a été intégré à la France en 1349 par Humbert, dernier Dauphin de Viennois. Le premier Dauphin de France fut Charles de France, fils du roi Jean, qui accéda au trône sous le nom de Charles V en 1364. Sur les vingt-et-un Dauphins, neuf sont devenus rois : Charles V, Charles VI, Charles VII, Louis XI, Charles VIII, Henri II, François II, Louis XIII et Louis XIV. Douze autres Dauphins sont décédés sans accéder au trône. Neuf Dauphins se sont mariés en tant que tels, et il y a eu dix Dauphines, dont cinq sont devenues reines. La mort récente du Dauphin Louis a conduit le Duc de Bretagne à devenir le vingt-deuxième Dauphin. Le texte évoque également les origines et les alliances de la Maison de Savoie, dont Marie-Adélaïde, épouse du Dauphin Louis, était issue. Cette Maison est l'une des plus anciennes d'Europe, remontant à l'an 1000 avec Berold, issu de la Maison de Saxe. La Maison de Savoie a également des liens avec le royaume de Chypre et a conclu de nombreuses alliances prestigieuses.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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54
p. 133-144
Le deüil de la France. ODE. Par Mr de la Motte.
Début :
Prince que de ses mains sacrées [...]
Mots clefs :
Paix, France, Deuil, Prince, Vie, Mort, Dauphin, Dauphine
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Le deüil de la France. ODE. Par Mr de la Motte.
LedeüildelaFrance.
',. - ODE.
Par Mr de la A/Lotte,
Pr INCE que de ses
'-
- mainssacrées*
A formé la Religion,
Loin de toy les douleurs
outrées,
* Le commencement de cette Odea,
tfté fait après la rr:Oi"t de-Madame la
Dauphine
,
& adressé à Monfeignsur
le Dauphin avantque la France ïetyt
f€Pdl4,
-. -
Fruits amers dela Passion.
Tes yeux pleuroient encore un Pere,
Et des jours d'une Epouse
chere
Tu viens devoir trancher
lefil
:
Mais de la Foy,sublime
Eleve
,1
-
Dans l'instant qui te les
enleve
,
Tu vois la fin de leurexil.
L'un & l'autre a
fourny
sa course,
Prescrite par l'ordre éternel
;
Tous deux rappelez à leur
source,
Dieu leur ouvre un sein
paternel.
Jamais nostre mort n'est
trop prompte,
Quand les jours que le Ciel
nous compte
A ses yeuxsontassez remplis;
Il mesure nos destinées,
Non, par le nombre des
annees, - Mais par les devoirs accomplis.
- Ainsi l'Auteur de ta naiC
sance,
L'amour del'Empire François,
Fuc- donné par la Providence
Pour modelle aux enfansdes Rois.
RefpeétueuxJfidele &tendre
,
Tous ses jours ont dû leur
apprendre
Ce qu'est un Pere cou1
ronné ;
D'un zele auiïï rare que
,
juste
, -
11cft long-tempsl'exemple
2uguffe
Et meurt , quand l'exem-
-
ple est donné.
Ainsi
-
cette Epousè cherie
Que
Que tu pris des mains de la
Paix,
A de sa nouvelle patrie,
Comblé les plus ardents
souhaits.
C'estoit sa tendresse feconde
Qui devoit enrichir le
monde
De Princes nez pour t'imiter.
Quel est l'éloge digne
d'elle?
Tes pleurs. Sa vie estassez
belle,
Puisqu'elle a
sçû les meriter.
Mais, cherPrince,si tli.
nous aimes,
Commande à
ton csr-u-r
-tes yeux;
Songes que par nos pertes
mesmes
Tu nous deviens plus précieux.
- Que pour nous ton amour
redouble;
A la nature qui Ce trouble,
Que cet amour fasse la Loy;
Un plus grand objett'inte-
-
resTe,
Craint en allarmantsa tendresse
, D'exposer ton Pere & ton
-
Roy. -
O Ciel! quelles plaintes
soudaines !
Quels cris ! tous les yeux
sonten pleurs!
Le fang s'est glacé dans
mes veines;
Je crains dapprendre nos
malheurs.
L'esperance est-elle ravie!
Te perdons-nous; & pour
ta vie
Fais-je icy des vœux superflus?
Aux larmes que je voy
répandre,
Prince,je le dois tendre;trop en-
Je te console, & tu n'es plus!
i
C'en est fait; une mort fatale
A l'Epouse a
rejoint l'Epoux;
Je voy la couche nuptiale
Se changer *
en tombeau pour
vous. Au séjour des divinesflâmes
Tandis que s'envolent vos a-pmes,
Vos cendres vont se réünir.
O ciel! eft- ce grace ou vengeance ?
Fil-ce hasterleurrécompense,
Ou te haster de nous punir?
Je le voy trop ta main severe
Punit notre indocilité ;
Tu nous reprends dans ta colere
,
Les dons que nous fit ta bonté;
Tu punis un peuple volage,
Vain des succès deson courage
Ou par les revers abbattu;
Un peuple, l'esclave duvice,
Qui pour tout reste de justice,
Sçait loüer encor la vertu.
Nous élevons presque des Temples
AuPrince que tu nous ravis,
Contents de loüer ses exemples,
Mieuxloüez s'ils'estoientsuivis.
L'humanité compatissante,
La justice perseverante,
Le zèle ardent de tes Autels.
Et cette active vigilance
D'un Prince qui croit laPuiC.
sance
Comtableauxbesoins desmortels.
Digne chef d'oeuvre de ~14
Grace!
Combiendevertusenluy feûtj
C'est en luyquepournostre
race
Devoit revivre son ayeul.
Jaloux d'un Heroisme utile,
Il eût pleuré le jour sterile
Que ses dons n'auroient pû
marquer. -
Prince; ainsi la Francetelouê,
Ainsi l'Univers l'en avouë ;
Je fais plus, j'oset'invoquer.
Ouy
,
sans qu'un miracle
m'atteste
Ta nouvelle félicité,
Je tecroy de la cour celestle
,
Sur la foy de ta Pieté.
Que là
,
notre interest t'inspire,
Faisque LOU I Sde cet empire
,
Soit encore long-temps l'appuy;
Obtienspqu'au gré de nostre en-
Dieumesme commande à la
Vie
-D'étendre ses bornes pour luy.
Soutiens nos prieres des tiennes;
De la Paix haste le lien:
Assez long-temps les mains
chrestiennes
Ontrespandu le sangchrestien.
Que la Paternelle tendresse
Pour tes fils encor t'interesse
C'estl'espoir d'un peuple allarmé:
Que tes vertus en eux renaissent
:
Et que pour t'imiter, ils croissent
Sous les yeux qui t'avoient formé.
Pour qui se r'ouvre encor la
tombe?
Chaque instant aigrit nostre
fort;
Avec les époux le fils tombe !
Arresteinsatiable Mort.
Ettoy qui rends les faits cé-
-
lebres
IVole
,
repands ces sons suncbres
Dont ma lire a
frappé les airs:
Que jusques aux dernieres races Cemonument denosdisgraces
Attendrissetout l'univers.
',. - ODE.
Par Mr de la A/Lotte,
Pr INCE que de ses
'-
- mainssacrées*
A formé la Religion,
Loin de toy les douleurs
outrées,
* Le commencement de cette Odea,
tfté fait après la rr:Oi"t de-Madame la
Dauphine
,
& adressé à Monfeignsur
le Dauphin avantque la France ïetyt
f€Pdl4,
-. -
Fruits amers dela Passion.
Tes yeux pleuroient encore un Pere,
Et des jours d'une Epouse
chere
Tu viens devoir trancher
lefil
:
Mais de la Foy,sublime
Eleve
,1
-
Dans l'instant qui te les
enleve
,
Tu vois la fin de leurexil.
L'un & l'autre a
fourny
sa course,
Prescrite par l'ordre éternel
;
Tous deux rappelez à leur
source,
Dieu leur ouvre un sein
paternel.
Jamais nostre mort n'est
trop prompte,
Quand les jours que le Ciel
nous compte
A ses yeuxsontassez remplis;
Il mesure nos destinées,
Non, par le nombre des
annees, - Mais par les devoirs accomplis.
- Ainsi l'Auteur de ta naiC
sance,
L'amour del'Empire François,
Fuc- donné par la Providence
Pour modelle aux enfansdes Rois.
RefpeétueuxJfidele &tendre
,
Tous ses jours ont dû leur
apprendre
Ce qu'est un Pere cou1
ronné ;
D'un zele auiïï rare que
,
juste
, -
11cft long-tempsl'exemple
2uguffe
Et meurt , quand l'exem-
-
ple est donné.
Ainsi
-
cette Epousè cherie
Que
Que tu pris des mains de la
Paix,
A de sa nouvelle patrie,
Comblé les plus ardents
souhaits.
C'estoit sa tendresse feconde
Qui devoit enrichir le
monde
De Princes nez pour t'imiter.
Quel est l'éloge digne
d'elle?
Tes pleurs. Sa vie estassez
belle,
Puisqu'elle a
sçû les meriter.
Mais, cherPrince,si tli.
nous aimes,
Commande à
ton csr-u-r
-tes yeux;
Songes que par nos pertes
mesmes
Tu nous deviens plus précieux.
- Que pour nous ton amour
redouble;
A la nature qui Ce trouble,
Que cet amour fasse la Loy;
Un plus grand objett'inte-
-
resTe,
Craint en allarmantsa tendresse
, D'exposer ton Pere & ton
-
Roy. -
O Ciel! quelles plaintes
soudaines !
Quels cris ! tous les yeux
sonten pleurs!
Le fang s'est glacé dans
mes veines;
Je crains dapprendre nos
malheurs.
L'esperance est-elle ravie!
Te perdons-nous; & pour
ta vie
Fais-je icy des vœux superflus?
Aux larmes que je voy
répandre,
Prince,je le dois tendre;trop en-
Je te console, & tu n'es plus!
i
C'en est fait; une mort fatale
A l'Epouse a
rejoint l'Epoux;
Je voy la couche nuptiale
Se changer *
en tombeau pour
vous. Au séjour des divinesflâmes
Tandis que s'envolent vos a-pmes,
Vos cendres vont se réünir.
O ciel! eft- ce grace ou vengeance ?
Fil-ce hasterleurrécompense,
Ou te haster de nous punir?
Je le voy trop ta main severe
Punit notre indocilité ;
Tu nous reprends dans ta colere
,
Les dons que nous fit ta bonté;
Tu punis un peuple volage,
Vain des succès deson courage
Ou par les revers abbattu;
Un peuple, l'esclave duvice,
Qui pour tout reste de justice,
Sçait loüer encor la vertu.
Nous élevons presque des Temples
AuPrince que tu nous ravis,
Contents de loüer ses exemples,
Mieuxloüez s'ils'estoientsuivis.
L'humanité compatissante,
La justice perseverante,
Le zèle ardent de tes Autels.
Et cette active vigilance
D'un Prince qui croit laPuiC.
sance
Comtableauxbesoins desmortels.
Digne chef d'oeuvre de ~14
Grace!
Combiendevertusenluy feûtj
C'est en luyquepournostre
race
Devoit revivre son ayeul.
Jaloux d'un Heroisme utile,
Il eût pleuré le jour sterile
Que ses dons n'auroient pû
marquer. -
Prince; ainsi la Francetelouê,
Ainsi l'Univers l'en avouë ;
Je fais plus, j'oset'invoquer.
Ouy
,
sans qu'un miracle
m'atteste
Ta nouvelle félicité,
Je tecroy de la cour celestle
,
Sur la foy de ta Pieté.
Que là
,
notre interest t'inspire,
Faisque LOU I Sde cet empire
,
Soit encore long-temps l'appuy;
Obtienspqu'au gré de nostre en-
Dieumesme commande à la
Vie
-D'étendre ses bornes pour luy.
Soutiens nos prieres des tiennes;
De la Paix haste le lien:
Assez long-temps les mains
chrestiennes
Ontrespandu le sangchrestien.
Que la Paternelle tendresse
Pour tes fils encor t'interesse
C'estl'espoir d'un peuple allarmé:
Que tes vertus en eux renaissent
:
Et que pour t'imiter, ils croissent
Sous les yeux qui t'avoient formé.
Pour qui se r'ouvre encor la
tombe?
Chaque instant aigrit nostre
fort;
Avec les époux le fils tombe !
Arresteinsatiable Mort.
Ettoy qui rends les faits cé-
-
lebres
IVole
,
repands ces sons suncbres
Dont ma lire a
frappé les airs:
Que jusques aux dernieres races Cemonument denosdisgraces
Attendrissetout l'univers.
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Résumé : Le deüil de la France. ODE. Par Mr de la Motte.
Le poème 'LedeüildelaFrance' de Monsieur de la A/Lotte est écrit après la mort de Madame la Dauphine et adressé à Monseigneur le Dauphin, avant un malheur qui frappe la France. Le texte évoque la formation de la religion par des mains sacrées et l'absence de douleurs excessives. Le poème décrit la douleur du Dauphin, qui pleure encore son père et doit faire face à la mort de son épouse. Cependant, il entrevoit la fin de leur exil et leur retour à leur source divine. Dieu, selon le poème, mesure les destinées non par le nombre des années, mais par les devoirs accomplis. Le Dauphin est présenté comme un modèle pour les enfants des rois, respectueux, fidèle et tendre. L'épouse du Dauphin est décrite comme ayant comblé les souhaits de sa nouvelle patrie et possédant une tendresse féconde qui devait enrichir le monde de princes pour imiter le Dauphin. Le poète exprime sa douleur face à la perte du Dauphin et de son épouse, se demandant si l'espérance est ravie et s'il fait des vœux superflus. Le texte mentionne également la punition divine pour l'indocilité du peuple et la perte d'un prince vertueux. Le poète invoque le Dauphin pour qu'il intercesse auprès de Dieu afin que Louis règne encore longtemps et que la paix soit rétablie. Le poème se termine par une supplique pour arrêter la mort et pour que les vertus du Dauphin renaissent en ses fils.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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55
p. 156-158
SERENISSIMI GALLIARUM DELPHINI ET DELPHINAE EPITAPHIUM.
Début :
Hîc quos aeterno deflebit Gallia luctu [...]
Mots clefs :
Épitaphes, France, Dauphin, Mort
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SERENISSIMI GALLIARUM DELPHINI ET DELPHINAE EPITAPHIUM.
SERENISSIMI
GALLIARUM DELPHINI
ET DELPHINÆ
EPITAPHIUM.
Hie(\uosatcrnodefhbit
Gallia luctu
Conjugu atque viripulvis & umbra jacent.
Hisidem tumulus> qui-
bus unum pettns
amore,
Ereptis morbopr&cipitique nece.
O crudele nimis satum !
mediâ cecidere jut'fJenta
Nostraque cum Mis, heu!
gaudiaspesque cadunt.
Hos immica rapitfors
quos-rnodo regna manebant;
Imperio meritis major
uterque fuis.
Hæc Delphinafuit w-
tute ~&sanguine clara,
Hic Delphinusamorgentisy & omne deem.
jtibftuht bunc nobis florentibusAtropos annis,
hiha quem optabantgloria nostra ruit.
Huicnumquam fuerat
neque par pietate futUYW,
Hunc Musastudiisinstitucre (ÙiJ.
Huncmors invidit Regem,il'lrvidrfJet & orbisj
Luctibus huic nostrisvita perenniserit
GALLIARUM DELPHINI
ET DELPHINÆ
EPITAPHIUM.
Hie(\uosatcrnodefhbit
Gallia luctu
Conjugu atque viripulvis & umbra jacent.
Hisidem tumulus> qui-
bus unum pettns
amore,
Ereptis morbopr&cipitique nece.
O crudele nimis satum !
mediâ cecidere jut'fJenta
Nostraque cum Mis, heu!
gaudiaspesque cadunt.
Hos immica rapitfors
quos-rnodo regna manebant;
Imperio meritis major
uterque fuis.
Hæc Delphinafuit w-
tute ~&sanguine clara,
Hic Delphinusamorgentisy & omne deem.
jtibftuht bunc nobis florentibusAtropos annis,
hiha quem optabantgloria nostra ruit.
Huicnumquam fuerat
neque par pietate futUYW,
Hunc Musastudiisinstitucre (ÙiJ.
Huncmors invidit Regem,il'lrvidrfJet & orbisj
Luctibus huic nostrisvita perenniserit
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Résumé : SERENISSIMI GALLIARUM DELPHINI ET DELPHINAE EPITAPHIUM.
Le texte est une épitaphe dédiée au Dauphin et à la Dauphine de Gaule, décédés prématurément. Leur mort soudaine et brutale plonge la Gaule dans le deuil. Unis par un amour profond, ils étaient appréciés pour leur noblesse et leurs mérites. Leur décès prive la nation de leur gloire espérée et laisse une vie de deuil.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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56
p. 293-295
« Le 4. de ce mois les Plenipotentiaires des Alliez firent [...] »
Début :
Le 4. de ce mois les Plenipotentiaires des Alliez firent [...]
Mots clefs :
Plénipotentiaires, France, Délibérations
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 4. de ce mois les Plenipotentiaires des Alliez firent [...] »
nipotentiaires des Alliezfi-
lent deux Conférences particulieres; l'une le matin, &
l'autre le soir, où ils reglerent entre-eux les réponses
qu'ils feroient aux Plenipotentiaires deFrance, &leurs
Délibérations furent rédigées en Mémoires particuliers,dont ils firent partaux
Plénipotentiaires de France
à chacun en particulier, &
qui n'ont pas encore esté
renduës publiques; on croit
qu'on y
répondra vers le
4. ou le 5. d'Avril. On a
fçu pourtant icy que quelques unes ayant paru d'a-
bord fort excessives; on cft
convenu qu'on entreroit en
Négociation sur ce qu'étiez
contiennent, & l'on doit
même faire aujourd'huy
pour cela une Conférence
extraordinaire; enfin nous
pouvons esperer que tout
tournera bien.
lent deux Conférences particulieres; l'une le matin, &
l'autre le soir, où ils reglerent entre-eux les réponses
qu'ils feroient aux Plenipotentiaires deFrance, &leurs
Délibérations furent rédigées en Mémoires particuliers,dont ils firent partaux
Plénipotentiaires de France
à chacun en particulier, &
qui n'ont pas encore esté
renduës publiques; on croit
qu'on y
répondra vers le
4. ou le 5. d'Avril. On a
fçu pourtant icy que quelques unes ayant paru d'a-
bord fort excessives; on cft
convenu qu'on entreroit en
Négociation sur ce qu'étiez
contiennent, & l'on doit
même faire aujourd'huy
pour cela une Conférence
extraordinaire; enfin nous
pouvons esperer que tout
tournera bien.
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Résumé : « Le 4. de ce mois les Plenipotentiaires des Alliez firent [...] »
Les plénipotentiaires des Alliés ont tenu deux conférences pour préparer leurs réponses aux plénipotentiaires de France. Les mémoires rédigés ont été distribués individuellement et secrètement. Les réponses sont attendues vers le 4 ou le 5 avril. Une conférence extraordinaire a été prévue pour discuter de certains mémoires jugés excessifs. Malgré les difficultés, les négociations devraient aboutir favorablement.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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57
p. 284-306
Harangue de la Reine d'Angleterre, prononcée le 17. Juin 1712.
Début :
Milords & Messieurs C'est une prérogative indubitable de la Couronne [...]
Mots clefs :
Reine d'Angleterre, Harangue, Guerre, Paix, Négociations de paix internationales, Espagne, Allemagne, Sicile, Hannovre, France
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Harangue de la Reine d'Angleterre, prononcée le 17. Juin 1712.
Haranguede la Reine d'Angleterre , prononcée le 17.
Juin 1712.
Milords & Meffieurs
2
C'eft une prérogative indu
bitable de la Couronne , de
faire la Guerre & la Paix
cependant, je mer une
grande confiance en vous
que je voulus bien declarer
au commencement de cette
Seffion , qu'on eft entré en
Negociation pour une Paix
Generale , &depuis , je vous
GALANT. 281
ay fait connoître de ma part
quejevous communiquerois
les Termes de la Paix , avant
qu'elle fut conclue.
Selon cette promfſe , je
viens prefentement vous
faire fçavoir , fur quel pied
la Paix Generale peut cftre
faite.
Il n'eft pas neceffaire de
parler des difficultez qui fe
trouvent dans la nature de
la chofe même. Il n'eſt que
trop évident que ces difficultez ont efté augmentées
par des obftacles artificieufe
ment formez pour empe-
186 MERCURE
cher cette bonne & grande
œuvre, cependant rien n'a
pû m'empecher de pourfuivre, conftament en premier
licu les veritables interefts de
mes Royaumes ; & enfuirté
je n'ay rienobmis de ce qui
pouvoit procurerà tous nos
Alliez ce qui leur eft conve
nable , ou pour les Traitez,
& ce qui eft neceffaire pour
leur furetét
Comme je n'ay rien plus
à cœur que d'affurer la fuc
ceffion proteftantes à ces
Royaumes, comme elle eft
établie par les loir , dans la
GALANT 287
·
maifon d Hannover : Ona
pris un foin particulier
non feulement de faire reconnoiftre de la maniere la
plus forte , mais auffi de l'affurer en éloignant des Etats
du Roy de France , la per
fonne qui a pretendu troubler cet établiffement.
La principale rafon pour
commencer cette Gurre a
efté que la crainte que l'Ef
pagne &les Indes Occiden
rales , ne fuffent jointes à la
France ; le principe que j'ay
pofé au commencement de
ee Traité a cfté de prévenir
288 MERCURE " the
feurement une telle union.
Les exemples du paffé
& les negotiations en dernier lieu , montrent affez
combien il eft difficile de
trouver les moyens d'effectuer cet ouvrage , je n'ay
pas voulu me contenter de
ceux qui font fimplement
fpeculatifs , & qui dependent des traitez feulement ,
jay infifté fur ce qui eft
folide , & d'avoir en main le
pouvoir d'executer ce qui
aura été conclu.
Je puis donc vous dire
prefentement qu'enfin la
France
GALANT: 289
France , a été portée d'offrir
que le Duc d'Anjou renoncera pour luy & pour fes
defcendans à toujours à la
Couronne de France , &
afin que cet article important ne foit point exposé à
aucun hazard, l'execution
doit accompagner la promeffe.
En mefme tems la fucceffion à la Couronne de
France doit eftre declarée
apartenir apres la mort du
prefent Dauphin & de fes
fils , au Duc de Berry & fes
fils , au Duc d'Orleans fos
Juin 1912.
Bb
1,0 MERCURE
fils, & ainfi fucceffivement
à tout le refte de la Maiſon
de Bourbon.
Et pour ce qui regarde
Efpagne & les Indes , la
fucceffion aprés le Duc
d'Anjou & fes enfans doir
defcendre à tel Prince dont
on conviendra dans le traité
à l'exclufion pour toujours
du refte de la Maifon de
Bourbon.
Pour confirmer les renonciations & les établiffements
cy- deffus , on offre de les
faire ratifier de la maniere la
plus forte & la plus folem-
GALANT. 291
nelle en France & en Efpagne , & que ces Royaumes.
ainfi que toutes les autres
Puiffances engagées dans
cette guerre en feront garents.
La nature de cette propofition cft telle qu'elle
s'execute d'elle meſme , il
eft de l'intereft de l'Espagne
de la foutenir, & en France
les perfonnes que la fucceffion regarde feront toujours
prefts &affez puiffans pour
maintenir leur droit Ja
France & l'Espagne font
actuellement plus divifcz
B bij
292 MERCURE
la que jamais , & ainfi par
Benediction de Dieu , la veritable balance du pouvoir
fera fixée en Europe & expofée à auffi peu d'accidens
les affaires humaines le que
peuvent eftre.
On a entamé un traité
de commerce entre ces Royaumes & la France , mais
les droits exceffifs mis fur
certaines marchandiſes , &
la deffenfe d'entrée de
quelqu'autre , empêchent
que cet ouvrage ne finiffe
auffitôt qu'il feroit à fouhaiter. Ona pris foin cepen-
GALANT. 197
dant d'établir une methode
pour regler cette affaire , &
on eft convenu que les
mefmes privileges & avantages qui feront accordez à
aucunenation par la France
nous feront accordez de
la mefme maniere.
La divifion de l'Ile Saint
1
Chriftophe entre nous &
les François ayant porté
beaucoup d'incommodité
& dommage à mes fujets ,
j'ay demandé qu'on me ce◄
dât entierement toute cette
Ifle , & la France accorde
cette demande. Nous avons
Bb iij
194 MERGURE
un filgrand intereft dans le
commerce du Nord de l'Amerique , que j'ay tâché
avec tout le foin poffible
d'ajufter cet article de la
maniere la plus avantageufe.
La France conſent de nous
rendre la Baye entiere & le
Détroit d'Hulfon , de nous
livrer l'Ifle.ou Terre- neuve,
Plaifance, & de ceder entic
ment, Anapolis avecle refte
de la nouvelle Ecoffe ou
Acadie.
Noftra.commerce fur nos
coftes fera beaucoup plus
affuré par la démolition de
Dunkerque.....
GALANT. 295
Rien ne peut plus affurer
nôtre commerce dans la
MerMediterranée & les in
fluences des Anglois dans
ces quartiers que la poffeffion de Gibraltar & du'
Port- Mahon avec toute
Ifle de Minorque , qu'on
offre de laiffer entre mest
mains ; on peut regler le
commerce general en Ef
pagne& aux Indes occiden
tales fur le pied qu'il étoit
dansle tems du dernier Roy
d'Efpagne Charles II. & on
a ftipulé particulierement
que tous les avantages,
Bbiiij
296 MERCURE
droits ou privileges qui ont
été ou feront d'orefnavant
accordé par l'Espagne à aucune autre Nation ne feront
de la mefme maniere au fujet de la Grande Bretagne.
Mais comme la part que
nous avons à foutenir cetta
guerre nous donne droit de
pretendre à quelque diftinction dans les conditions de
la Paix , j'ay infifté & obtenu que l'Affiento ou
Contrat pour fournir des
Negres aux Indes Occidentales fera fait par nous
pour l'efpace de trente
"
CALANT. 297
ans de la mefme maniere
que les Francois en ont jouy
pendant ces dix dernieres
années.
Je n'ay pas entrepris de
déterminer les interefts de
nos Alliez; ils doivent eftre
ajuftez au Congrés d'U
trecht oùj'employeray tous
mes foins comme, je l'ay
conftament fait jufqu'icy,
pour procurer à chacun
d'eux une jufte & raiſonnable fatisfaction.
Cependant je trouve à
propos de vous declarer que
la France offre de faire la
298 MERCURE
Rhin la Barriere de l'Empire
de ceder Brifac, le fort de
Kell & Landau, & de rafer
toutes les Fortereffes qui
fontdel'autre côté du Rhin
& celles qui font dans cerre
même Riviere:
Pour ce qui regarde les
interefts des Proteftans
d'Allemagne , il n'y aura
point d'objection de la part
de la France pour empêcher
qu'ils ne foient rétablis fur
le pied du Traité de Weftphalie.
Les Pais bas Espagnols
peuvent aller à S. M. Impe
GALANT 299
-
riale , les Royaumes de Naples , de Sardaigne , le Du
ché de Milan ; & les places
appartenant à l'Eſpagne fur
les côtes de Tofcane feront
cedées auffi à l'Empereur
par le traité de Paix..
Premierement le Ro
yaume de Sicile quoy qu'il
ne reste plus de difficulté
touchant la fucceffion de la
part du Duc d'Anjou , ce
pendant on ne s'eft pas en
core determiné touchant la
difpofition.
On confent aux intereſts
dès Erats Generaux par rap-
300 MERCURE
port au Commerce comme
ils l'ont demandé par leur
Miniftere,à l'exception feulement de quelques efpeces
de marchandifes & à leur
Barriere entiere comme elle
a été demandée par les Etats
en 1709. excepté tout au
plus deux ou trois places , &
pour ces exceptionson a propofé plufieurs expedients ;
& je ne doute point que
cette Barriere peut etre tellement établie que la Repu
blique fera entierement af
furée contre les entréprifes
de la France; ce qui eft le
GALANT. 301
fondement de tous mes engagemens avec les Etats fur
cet article.
Les demandes du Portugal dépendant de la difpofition d'Espagne , & cer
Article ayant été long- tems
en difpute , il n'a pas été
poffible jufqu'icy de faire
de grand progrez dans cette
negotiation : mais mes Plenipotentiaires auront préfentement occafion d'affifter ce Roy , dans fes pretentions.
Cellesdu Roy de Pruffefont
telles qu'elle n'admettront,
302 MERCURE
j'efpere , que peu de difficul
té de la part de la France , &
je n'obmettray rien pour
procurer tous les avantages
que je pourray à un fibon
Allié.
La difference eft tres-peu
confiderable entre la Barriere , demandée en 1709.
pour le Duc de Savoye , &
les offres que la Fance fait
prefentement. Mais ce Prince s'étant fignalé gloriculement pour le bien de la cau
fe commune, je travaille encore à luy procurer de plus
grands avantages.
GALANT. 303
La France a confenti que
l'Electeur de Palatin , confervera le rang dont il jouit
*
actuellement parmy les Electeurs , & demeurera en poffeffion du haut Palatinar.
La dignité Electorale eft
femblablement reconnue
dans la maifond'Hannover,
felon l'Article inferé à la
priere de ce Prince , dans
mes demandes.
•
Et pour le refte des Allicz ,je ne fais aucune doute
d'affurer leur differents in-
-terests.
304 MERCURE
w
Milords , & Meffieurs. D
+
Je vous ay maintenant
communiqué non - feulement les conditions de Paix,
qui peuvent eftre obtenuës
par le Traité futur , pour
mes fujets. Mais auffi lespropofitions de la France , pour
fatisfaire les Alliez : les premieres font telles que j'ay
raifon d'attendre , de pous
voit donner quelque fatisfaction à mon Peuple , pour
le grand & trop peſant fardeau qu'ils ont fupportez
GALANT 305.
pendant le cours de cette
Guerre , & je veux efperer
qu'aucun de nos Confederez
&principalement ceux dont
les Etats & le pouvoir aug
mente fi fort par la Paix ,
n'envieront pas à l'Angleterre , fa part dans la gloire
& l'avantage qu'elle ap- "
porte.
Les dernieres ne font pas
encore fi parfaitement ajuf
tées , comme un peu plus
detemps auroit pû le faire,
mais étant neceffaire à cauſe
de la faiſon , que cette Seffion finiffe ; je n'ay pas
Juin 1712 Cc
306 MERGURE
voulu differer plus longtemps à vous communiquer
tout cecy.
Je ne doute point que
vous ne foyez pleinement
perfuadez , que je ne negli
geray rien dans le progrez
de cette negotiation pour
amener la Paix , à une fin
prompte & heureufe , &je
m'attend que vous vous
confierez entierement en
moy , & concourrerez agreablement avec moy,
Juin 1712.
Milords & Meffieurs
2
C'eft une prérogative indu
bitable de la Couronne , de
faire la Guerre & la Paix
cependant, je mer une
grande confiance en vous
que je voulus bien declarer
au commencement de cette
Seffion , qu'on eft entré en
Negociation pour une Paix
Generale , &depuis , je vous
GALANT. 281
ay fait connoître de ma part
quejevous communiquerois
les Termes de la Paix , avant
qu'elle fut conclue.
Selon cette promfſe , je
viens prefentement vous
faire fçavoir , fur quel pied
la Paix Generale peut cftre
faite.
Il n'eft pas neceffaire de
parler des difficultez qui fe
trouvent dans la nature de
la chofe même. Il n'eſt que
trop évident que ces difficultez ont efté augmentées
par des obftacles artificieufe
ment formez pour empe-
186 MERCURE
cher cette bonne & grande
œuvre, cependant rien n'a
pû m'empecher de pourfuivre, conftament en premier
licu les veritables interefts de
mes Royaumes ; & enfuirté
je n'ay rienobmis de ce qui
pouvoit procurerà tous nos
Alliez ce qui leur eft conve
nable , ou pour les Traitez,
& ce qui eft neceffaire pour
leur furetét
Comme je n'ay rien plus
à cœur que d'affurer la fuc
ceffion proteftantes à ces
Royaumes, comme elle eft
établie par les loir , dans la
GALANT 287
·
maifon d Hannover : Ona
pris un foin particulier
non feulement de faire reconnoiftre de la maniere la
plus forte , mais auffi de l'affurer en éloignant des Etats
du Roy de France , la per
fonne qui a pretendu troubler cet établiffement.
La principale rafon pour
commencer cette Gurre a
efté que la crainte que l'Ef
pagne &les Indes Occiden
rales , ne fuffent jointes à la
France ; le principe que j'ay
pofé au commencement de
ee Traité a cfté de prévenir
288 MERCURE " the
feurement une telle union.
Les exemples du paffé
& les negotiations en dernier lieu , montrent affez
combien il eft difficile de
trouver les moyens d'effectuer cet ouvrage , je n'ay
pas voulu me contenter de
ceux qui font fimplement
fpeculatifs , & qui dependent des traitez feulement ,
jay infifté fur ce qui eft
folide , & d'avoir en main le
pouvoir d'executer ce qui
aura été conclu.
Je puis donc vous dire
prefentement qu'enfin la
France
GALANT: 289
France , a été portée d'offrir
que le Duc d'Anjou renoncera pour luy & pour fes
defcendans à toujours à la
Couronne de France , &
afin que cet article important ne foit point exposé à
aucun hazard, l'execution
doit accompagner la promeffe.
En mefme tems la fucceffion à la Couronne de
France doit eftre declarée
apartenir apres la mort du
prefent Dauphin & de fes
fils , au Duc de Berry & fes
fils , au Duc d'Orleans fos
Juin 1912.
Bb
1,0 MERCURE
fils, & ainfi fucceffivement
à tout le refte de la Maiſon
de Bourbon.
Et pour ce qui regarde
Efpagne & les Indes , la
fucceffion aprés le Duc
d'Anjou & fes enfans doir
defcendre à tel Prince dont
on conviendra dans le traité
à l'exclufion pour toujours
du refte de la Maifon de
Bourbon.
Pour confirmer les renonciations & les établiffements
cy- deffus , on offre de les
faire ratifier de la maniere la
plus forte & la plus folem-
GALANT. 291
nelle en France & en Efpagne , & que ces Royaumes.
ainfi que toutes les autres
Puiffances engagées dans
cette guerre en feront garents.
La nature de cette propofition cft telle qu'elle
s'execute d'elle meſme , il
eft de l'intereft de l'Espagne
de la foutenir, & en France
les perfonnes que la fucceffion regarde feront toujours
prefts &affez puiffans pour
maintenir leur droit Ja
France & l'Espagne font
actuellement plus divifcz
B bij
292 MERCURE
la que jamais , & ainfi par
Benediction de Dieu , la veritable balance du pouvoir
fera fixée en Europe & expofée à auffi peu d'accidens
les affaires humaines le que
peuvent eftre.
On a entamé un traité
de commerce entre ces Royaumes & la France , mais
les droits exceffifs mis fur
certaines marchandiſes , &
la deffenfe d'entrée de
quelqu'autre , empêchent
que cet ouvrage ne finiffe
auffitôt qu'il feroit à fouhaiter. Ona pris foin cepen-
GALANT. 197
dant d'établir une methode
pour regler cette affaire , &
on eft convenu que les
mefmes privileges & avantages qui feront accordez à
aucunenation par la France
nous feront accordez de
la mefme maniere.
La divifion de l'Ile Saint
1
Chriftophe entre nous &
les François ayant porté
beaucoup d'incommodité
& dommage à mes fujets ,
j'ay demandé qu'on me ce◄
dât entierement toute cette
Ifle , & la France accorde
cette demande. Nous avons
Bb iij
194 MERGURE
un filgrand intereft dans le
commerce du Nord de l'Amerique , que j'ay tâché
avec tout le foin poffible
d'ajufter cet article de la
maniere la plus avantageufe.
La France conſent de nous
rendre la Baye entiere & le
Détroit d'Hulfon , de nous
livrer l'Ifle.ou Terre- neuve,
Plaifance, & de ceder entic
ment, Anapolis avecle refte
de la nouvelle Ecoffe ou
Acadie.
Noftra.commerce fur nos
coftes fera beaucoup plus
affuré par la démolition de
Dunkerque.....
GALANT. 295
Rien ne peut plus affurer
nôtre commerce dans la
MerMediterranée & les in
fluences des Anglois dans
ces quartiers que la poffeffion de Gibraltar & du'
Port- Mahon avec toute
Ifle de Minorque , qu'on
offre de laiffer entre mest
mains ; on peut regler le
commerce general en Ef
pagne& aux Indes occiden
tales fur le pied qu'il étoit
dansle tems du dernier Roy
d'Efpagne Charles II. & on
a ftipulé particulierement
que tous les avantages,
Bbiiij
296 MERCURE
droits ou privileges qui ont
été ou feront d'orefnavant
accordé par l'Espagne à aucune autre Nation ne feront
de la mefme maniere au fujet de la Grande Bretagne.
Mais comme la part que
nous avons à foutenir cetta
guerre nous donne droit de
pretendre à quelque diftinction dans les conditions de
la Paix , j'ay infifté & obtenu que l'Affiento ou
Contrat pour fournir des
Negres aux Indes Occidentales fera fait par nous
pour l'efpace de trente
"
CALANT. 297
ans de la mefme maniere
que les Francois en ont jouy
pendant ces dix dernieres
années.
Je n'ay pas entrepris de
déterminer les interefts de
nos Alliez; ils doivent eftre
ajuftez au Congrés d'U
trecht oùj'employeray tous
mes foins comme, je l'ay
conftament fait jufqu'icy,
pour procurer à chacun
d'eux une jufte & raiſonnable fatisfaction.
Cependant je trouve à
propos de vous declarer que
la France offre de faire la
298 MERCURE
Rhin la Barriere de l'Empire
de ceder Brifac, le fort de
Kell & Landau, & de rafer
toutes les Fortereffes qui
fontdel'autre côté du Rhin
& celles qui font dans cerre
même Riviere:
Pour ce qui regarde les
interefts des Proteftans
d'Allemagne , il n'y aura
point d'objection de la part
de la France pour empêcher
qu'ils ne foient rétablis fur
le pied du Traité de Weftphalie.
Les Pais bas Espagnols
peuvent aller à S. M. Impe
GALANT 299
-
riale , les Royaumes de Naples , de Sardaigne , le Du
ché de Milan ; & les places
appartenant à l'Eſpagne fur
les côtes de Tofcane feront
cedées auffi à l'Empereur
par le traité de Paix..
Premierement le Ro
yaume de Sicile quoy qu'il
ne reste plus de difficulté
touchant la fucceffion de la
part du Duc d'Anjou , ce
pendant on ne s'eft pas en
core determiné touchant la
difpofition.
On confent aux intereſts
dès Erats Generaux par rap-
300 MERCURE
port au Commerce comme
ils l'ont demandé par leur
Miniftere,à l'exception feulement de quelques efpeces
de marchandifes & à leur
Barriere entiere comme elle
a été demandée par les Etats
en 1709. excepté tout au
plus deux ou trois places , &
pour ces exceptionson a propofé plufieurs expedients ;
& je ne doute point que
cette Barriere peut etre tellement établie que la Repu
blique fera entierement af
furée contre les entréprifes
de la France; ce qui eft le
GALANT. 301
fondement de tous mes engagemens avec les Etats fur
cet article.
Les demandes du Portugal dépendant de la difpofition d'Espagne , & cer
Article ayant été long- tems
en difpute , il n'a pas été
poffible jufqu'icy de faire
de grand progrez dans cette
negotiation : mais mes Plenipotentiaires auront préfentement occafion d'affifter ce Roy , dans fes pretentions.
Cellesdu Roy de Pruffefont
telles qu'elle n'admettront,
302 MERCURE
j'efpere , que peu de difficul
té de la part de la France , &
je n'obmettray rien pour
procurer tous les avantages
que je pourray à un fibon
Allié.
La difference eft tres-peu
confiderable entre la Barriere , demandée en 1709.
pour le Duc de Savoye , &
les offres que la Fance fait
prefentement. Mais ce Prince s'étant fignalé gloriculement pour le bien de la cau
fe commune, je travaille encore à luy procurer de plus
grands avantages.
GALANT. 303
La France a confenti que
l'Electeur de Palatin , confervera le rang dont il jouit
*
actuellement parmy les Electeurs , & demeurera en poffeffion du haut Palatinar.
La dignité Electorale eft
femblablement reconnue
dans la maifond'Hannover,
felon l'Article inferé à la
priere de ce Prince , dans
mes demandes.
•
Et pour le refte des Allicz ,je ne fais aucune doute
d'affurer leur differents in-
-terests.
304 MERCURE
w
Milords , & Meffieurs. D
+
Je vous ay maintenant
communiqué non - feulement les conditions de Paix,
qui peuvent eftre obtenuës
par le Traité futur , pour
mes fujets. Mais auffi lespropofitions de la France , pour
fatisfaire les Alliez : les premieres font telles que j'ay
raifon d'attendre , de pous
voit donner quelque fatisfaction à mon Peuple , pour
le grand & trop peſant fardeau qu'ils ont fupportez
GALANT 305.
pendant le cours de cette
Guerre , & je veux efperer
qu'aucun de nos Confederez
&principalement ceux dont
les Etats & le pouvoir aug
mente fi fort par la Paix ,
n'envieront pas à l'Angleterre , fa part dans la gloire
& l'avantage qu'elle ap- "
porte.
Les dernieres ne font pas
encore fi parfaitement ajuf
tées , comme un peu plus
detemps auroit pû le faire,
mais étant neceffaire à cauſe
de la faiſon , que cette Seffion finiffe ; je n'ay pas
Juin 1712 Cc
306 MERGURE
voulu differer plus longtemps à vous communiquer
tout cecy.
Je ne doute point que
vous ne foyez pleinement
perfuadez , que je ne negli
geray rien dans le progrez
de cette negotiation pour
amener la Paix , à une fin
prompte & heureufe , &je
m'attend que vous vous
confierez entierement en
moy , & concourrerez agreablement avec moy,
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Résumé : Harangue de la Reine d'Angleterre, prononcée le 17. Juin 1712.
Le 17 juin 1712, la Reine d'Angleterre adresse une harangue à ses sujets pour les informer des négociations en cours visant à établir une paix générale. Elle explique que la guerre a été déclenchée par la crainte d'une union entre l'Espagne, les Indes Occidentales et la France. La reine souligne qu'elle a toujours cherché à protéger les intérêts de ses royaumes ainsi que ceux de ses alliés. Les principales conditions de paix incluent la renonciation du Duc d'Anjou et de ses descendants à la couronne de France. La succession de la couronne française doit revenir aux Ducs de Berry, d'Orléans et aux autres membres de la Maison de Bourbon. Pour l'Espagne et les Indes, la succession après le Duc d'Anjou et ses enfants doit revenir à un prince désigné dans le traité, excluant le reste de la Maison de Bourbon. La France accepte de céder plusieurs territoires, notamment Dunkerque, l'île Saint-Christophe, la baie d'Hudson, Terre-Neuve, Plaisance, Annapolis et l'Acadie. La reine insiste également sur la possession de Gibraltar et du Port-Mahon pour sécuriser le commerce en Méditerranée. Des accords commerciaux et des concessions territoriales sont prévus pour divers alliés, tels que les Pays-Bas espagnols, le Portugal, la Prusse et le Duc de Savoie. La reine exprime son espoir de voir la paix conclue rapidement et de manière avantageuse pour tous les confédérés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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58
p. 217-219
Ordonnance du Roy pour la publication du Traité de suspension d'armes entre la France & l'Angleterre.
Début :
On fait à sçavoir à tous qu'il appartiendra, qu'il [...]
Mots clefs :
Ordonnance du roi, Suspension d'armes, France, Angleterre, Traite
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texteReconnaissance textuelle : Ordonnance du Roy pour la publication du Traité de suspension d'armes entre la France & l'Angleterre.
Ordonnance du Roy four U
publication duTraitédtfif.
pension d'armes entre fil
France
&ïjirizUtêtre. i
On faità sçâvoir à tous<
.iu"il appartiendra,cju'il;y.
àsuspension d'armes générale, & detous a&esd'hoG
tilité,'tâsit par terre-que par
i.ner.,èntÉé tres-haut/tre'spuissant, & trés
-
excellent
prince LÔULS., parlà grâce de Dieu Roy de Francè
'& de Navarre, nôtre souverain Seigneur; & trés-
haute, très-puissante, '.8Ç
très
-
excellente Princesse
ÀNNJ^, Reine delaGrande Bretagne, leursvassaux,
sujets,serviteurs, en tous
leurs Royaumes,Pays, Terres & Seigneuriesde leur
obeissance ,pendant le
temps de quatre mois,a
commencer,levingt-deuxiéme jour dupresentmois
d'Août,&sinissantlevingt- dçu.iç,dù- de Décembre prochain: pendant
lequel temps de quatre
mois il est défenduaux fîijets de Sa Majefté^dequel-
que qualité & condition
qu'ilssoient, d'exercer contreceux de la Reine de la
Grande Bretagne aucun
.'aéte d'hostilité par terre,
parmer,surles rivierès,
ou autres eaux
,
Se de leur
causer aucunprejudice ni
dommage, à peine d'être
punis severement comme
perturbateurs du repospublic. Fait àFontainebleau le
vingt-uniémeAoûtmil sept
cent douze. Signé, LOUIS,
& plus bas, Co LBEKT
publication duTraitédtfif.
pension d'armes entre fil
France
&ïjirizUtêtre. i
On faità sçâvoir à tous<
.iu"il appartiendra,cju'il;y.
àsuspension d'armes générale, & detous a&esd'hoG
tilité,'tâsit par terre-que par
i.ner.,èntÉé tres-haut/tre'spuissant, & trés
-
excellent
prince LÔULS., parlà grâce de Dieu Roy de Francè
'& de Navarre, nôtre souverain Seigneur; & trés-
haute, très-puissante, '.8Ç
très
-
excellente Princesse
ÀNNJ^, Reine delaGrande Bretagne, leursvassaux,
sujets,serviteurs, en tous
leurs Royaumes,Pays, Terres & Seigneuriesde leur
obeissance ,pendant le
temps de quatre mois,a
commencer,levingt-deuxiéme jour dupresentmois
d'Août,&sinissantlevingt- dçu.iç,dù- de Décembre prochain: pendant
lequel temps de quatre
mois il est défenduaux fîijets de Sa Majefté^dequel-
que qualité & condition
qu'ilssoient, d'exercer contreceux de la Reine de la
Grande Bretagne aucun
.'aéte d'hostilité par terre,
parmer,surles rivierès,
ou autres eaux
,
Se de leur
causer aucunprejudice ni
dommage, à peine d'être
punis severement comme
perturbateurs du repospublic. Fait àFontainebleau le
vingt-uniémeAoûtmil sept
cent douze. Signé, LOUIS,
& plus bas, Co LBEKT
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Résumé : Ordonnance du Roy pour la publication du Traité de suspension d'armes entre la France & l'Angleterre.
Le 21 août 1712, le roi Louis publie une ordonnance annonçant une suspension générale des armes entre la France et la Grande-Bretagne. Cette trêve, d'une durée de quatre mois, commence le 22 août 1712 et se termine le 22 décembre 1712. Pendant cette période, il est interdit aux sujets des deux monarques de se livrer à des actes d'hostilité par terre, mer ou sur les rivières, sous peine de sanctions sévères. L'ordonnance s'adresse à tous les vassaux, sujets et serviteurs des deux monarques dans leurs royaumes respectifs. Elle vise à maintenir la paix et à éviter tout préjudice ou dommage entre les deux parties.
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Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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59
p. 241-260
Traduction de la Protestation des Seigneurs de la Chambre Haute.
Début :
Nous jugeons qu'il est necessaire d'avoir la seureté [...]
Mots clefs :
Chambre haute, Conditions de Paix, France, Négociation, Compensation, Alliés, Maison de Bourbon, Rhin, Portugal, Protestation, Angleterre, Offres de la France, Patrie, Traduction
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Traduction de la Protestation des Seigneurs de la Chambre Haute.
Traduction de la Protestation
des Seigneurs de la Chambre/
Haute.
N r-,
Ous jugeons qu'il
estnecessaired'avoir
la seureté proposée, -1dune
garantie mutuelle, parce que
Nous, concevons que les
Conditions delaPaix quoti
a
offertes, procedentd'une Nt'-
gociationséparée conduiteparles
Ministresavecla France ,sans
la participation des principaux
jdihe^
,
particulierement des
Etats GenerAUX) comme ils
le disent dans leur Lettre à
la Reine: Eux dont Sa
Majesté regarde les interests
comme inséparablesdusien,
ainsi qu'Elles'en est expliquée àce Parlement. Et
Nous concevons que' cette
Negociation est contraire à
ces ordres que S. M. déclara
avoir donnez, dans la réponrgrendit à f'Aj
dresse de cette Chambre,
qu'Elleavoit charge ses Plenipotentiaires,àUtrecht de
concerterjW-ec çeux des Alht
Elle estencorecontraire àla
Résolution contenuëd ans
le M:(Taaedu.iiJanvier',
qu„ BUe.CMfnvoy^ çettq Chambre,de l'Union étroite
où Elle se proposoit d'entrer
avec Eux, pour obtenir, une
bonne P~~ pour
Tdntir& la ma.Z.Ptenir-uni
qu'Elle l'avoit déclarédans
son discours àl'ouverture
de cerrç^eflion,'x^Elie.m}
treroit avec Eux dans les Engagemens les plusétroits,pour
continuer ïalliance, afin de
rendreIfPa>x generale, (Iflt
0* durable. De plus, Nous
jugeons cette Négociation
contraire au VIII. Article
de la Grande Alliance, qui
oblige expressement tous les
AiltcTide ne traiter que
conjointement & du cçmmm
consentement de toutes les
Partiës.
Nous concevons que le
refus qu'on fait d'ajoûter ces
paroles, peut estre çonfideré
par les Alliez comme une
approbation que cette Chambre
donneroit à cette Methode
qu'on a
prise de traiter avec la
France,qui peut teur pafroiftre Coramt tendant à
une Paixseparée, contre laquelle S. M. a
temoigné
son juvctjtoh, & qui 2Çilé
de plus reconnu dans cette
Chambre comme une chose
folle,scelerate ~0* de mauvaise
foi; - quiseroitde fascheuse consequence pour ce
Royaume, &qui empêcheroit certe Garantie de la
Paix par les Alliez, laquelle
est absolument necessaire
pour leur fureté mutuelle;
ce qui Nouslaisseroitexposé
au pouvoir de la France, n'y
ayant point de raison d'attendre
,
du secours d'eux à
l'avenir, aprèsune si grande
violation de lafoi publique.
'j4'Il'nous ^arbift encore,
cjlietertemanierede traStcr
séparement peur excitet une
si grande méfiance entre les
/Ult^'qtj'èik^eèc-lè^ijette
dans la tentationdeprendre
de pareilles mesures, & donner parcemoyen occasion
ai.fôFranéede romprecette
Uhien: qui nous a
esléfl
utile juTcjuà présent, & si
formidable pour Elle, &
iJoht-'+âjjafence fcule peut
l'encourager, ou àdifférer
la conclusion de la Paix, ou
en imposer aux Alliez dans
le cours de ce Traité. :
Il Nous paroit qu'une
Union parfaite entre les Alliez est d'autant plus necefïùire dans le cas present, que
le fondement de coûtes les
Offres de la France qui regardent tant la Grande
-
Bretagne que les Alliezetbasti
sur la Renonciation du Duc
d'A njou à
ce Royaume là:
Renonciation qui,à nôtre avis,
est si rrom?tu(r, qu'aucunHomme raisonnable, beaucoupmoins des Nationsentieres, ne peuvent la confidc-
ici comme unesureté vala- J
ble. L'experience suffit pour j
Nous convaincre,combien j
peu Nous devons Nous |
exposer sur les Renonciations
de la MaisondeBourbon; Et
quoi qu'il arrivât,que le
present Ducd'Anjou secrût
lié par son present Aéte,
( ce que son Grand Pere n'a
pas fait;) il ne fera pas
j
moinslibreà sesDescendans
de dire, qu'aucun A£le desa
façon ne pouvoit les priver
d'un Droit que la Naissance
leur donne; sur tout quand
ce Droit est tel, que de l'avis
de tous les François il doit
estre maintenu inviolablement
selon la Constitutionfondamentale du Royaume de France,
Nous ne croyons pas
qu'il soit sur de dépendre
& de faire fonds sur cette
partie principale du Traité,
de fupofcr qu'il s'execute de
lui-mesme, ~e que cejl l'interess de la France de la maintenir; puisqu'au contraire,
il est manife ste qu'Elle a
fait
des effortsconstans depuis
le Traité de Pirenées) pour
unir ensemble les Monarchies de France &d'Efpagne>
laquelleUnionElleregarde ;
comme son plus grand a1
vantage, & commele 1
moyen le plus efficace pour
établir la MonarchieUniverJelle dans la Maison de 1
13ourbolJ. •
1nd mesmeon pourroit raisonablement se pro-
-
|
mettre,que les deux Couronnes de France & d'Es- |
pagne resteroient separées 1
dans des Branches de la |
Misson de Bourbon;cependant, cela est contraire à la
Grande Alliance mefme^
<quiexposel'Vfutpttion que
le Roy de France a
fait de la
Monarchie d'Espagne pour
le Ducd'Anjou, comme la
principale cause de la Guerre.
Et pour ce qui est du
Port-Mabon; de Gibraltar,
dè'V'ïdfïentoyÔC des autres
avantages que laFrance offre à la Grande-Bretagne;
outre qu'ils sont précaires.
Sc' qu'il fera au pouvoir de
la Francede Nous les oster
quand il luy plaira, vû la
situation de cesRoyaumes
& les vastes Richesses&
forces qu'on leur làiflera*:
Nous concevons qu'il est
impossible qu'aucun Homme puisse les envisager, en
aucun degré comme une
Compensation à la Grande
Bretagne pour l'Éspagne &
les Indes, qu'on laisse à la
MaisondeBourbon; ce q4*-
enrr'autres confcquencessatales, fera extrêmement préjudiciableànos Manufactures de.Laines, s'il ne les
ruine pas entièrement.
-.
Qpant à la démolition
de Dunkerque, quoi- que
Nous avoüons qu'elle contribura beaucoup à la
furetédenostreCommerce,
cependant, Nous avons raison de craindre, par ce qui
a
esté dit dans le Débat,
qu'on siest pas encoreconvenu de le démolit,que
moyennant un
Equivalent
qui soit à la satisfaction du
J^oydeFïance, 'r:
[ Pour ce quiregarde en
particulier les interests des
-pliiez, quoy qu'ils ne soient pas encore arreftezj
cependantpar ce qui pa- roist, les Alliez courent
risque d'estre laissez dans un
état,exposé,qui nesçauroit
du tout consister
avec nostre
propre lufcté.-
Le Rhin qu'on propose
pour Barrièredel'Empire
a1lie Strjj^jurg ,&Hannii
nghen entreles mains de la
France & la premiere de ces
P.laççs a
citéregardée comme la Clefdel'Empire..
Les propositionss de,l3
France touchant la Barriere
des Etats.Généraux,neles
privent pasfçulçrncnc, de
toutes lesPlaces quiot}t ejle
prisès depuisl'année1709.
Jpais, aussi dre deup.- outrois
fym^o/nftrifcssans£s.Ç)jv
pimclcsifrentlejr ftalf
Généraux en atteAnnée-la;
ce qui rendra leur Barrière
entièrement insuffisante, &
ce qui, par const queac, a
foiblit considerablement la
fureté de la Grande
Bretagne.
- Le Portugal paroist entièrement abandonné au
pouvoir de l'Espagne, no.
nobstant les grands avantages que Nous avons reçu
de ce Royaume, parraport à nostre Commerce, pendant cette Guerre, laquelle
pourrait nous estre encore
extrêmement, avantageuse,
Sur le tout, il y a une
différence si petite & si peu
considerableentré ces Offres
de la France, &ceux qu'Elle
fit le 11.Février N. S. à
Vtrecht, qui éroient signées
Huxelles,qu'il Nous paroist,
en les comparant ensemble,
que tant les uns que les
autres font l'effetd'uneNego.
tion Jecrete e particulière
avec Id France. Et cette
Chambre ayant alors unamimement concouru a
témoigner à la Reinefin plus
grand resentiment contre les
Conditions offertes à S.M.
& à ses Alliez par les Plenipotentiaires de France, &
S. M. ayant favorablement
reçu cette Adresse, & ayant
recompensé cette marque
d'obeïssance & de zele par
de sinceres remercimens de sa
part; le Respect que Nous
avons pour S. M. & la
justice que Nous devons à
nostre Patrie, ne Nous permettent pas de retracter
nostre sentiment, ny do
croire les Conclusions presentement bonnes pour Nous
& pour les, Alliez, ny de
donner
-
quelque aprobation
aparente à
ce qui futreçu
alors par la Chambre & par
les Alliez avec mépris &
detelfattons.
Pour ces raisons, Nous
sommes d'avis que les
Offres de la France fonc
trompeuses, & cachent des
pièges; qu'elles ne sont en
aucune maniéré proportionnées aux avantages que S.
M. peut justement attendre, |
pour Ces Royaumes & pour
!
ses Alliez, des grands fuc- j
césdont il a
plû à Dieu de
È
bénir leurs Armes pendant
t
-
w
le cours de cette Guerre;
que ces Offres ne font pas
necessaires pour conserverla
Balance du Pouvoir dans
l'Europe, ni pour la fureté
future de S. M. & de ses
Alliez,quand mesme elles
feroient exactement accomplies, & que telles qu'elles
sont, elles ne renferment
aucune fureté pour leur
execution; ce qui rend
absolument necessaire la
-
Proposition; que Nous
avons faite, qu'onprenne des
de concert avec les Allie%,
afin de les porter à se joindre à
S. M. dans une Garantie
mutuelle.
Cette Protestation se
trouve signée par lesDucs
de Sommerset de Devonsbire,
de Bolton, de Marlbourough,
de Ritiland & de Montait:
le Marquis de Dorchester:
les Comtes de Berklery, de
-
Godilpbin, de Carlisle, de
Scarborough, de Bridgewater,
de Lincoln ÔC de Bradfort,
le Vicomte de Townshend:
les Evesques d'Ely, de St
j4[apb9 d'Oxfort, & de
Banger: les Barons de Haversbam, de Mohum., &
Cowper
des Seigneurs de la Chambre/
Haute.
N r-,
Ous jugeons qu'il
estnecessaired'avoir
la seureté proposée, -1dune
garantie mutuelle, parce que
Nous, concevons que les
Conditions delaPaix quoti
a
offertes, procedentd'une Nt'-
gociationséparée conduiteparles
Ministresavecla France ,sans
la participation des principaux
jdihe^
,
particulierement des
Etats GenerAUX) comme ils
le disent dans leur Lettre à
la Reine: Eux dont Sa
Majesté regarde les interests
comme inséparablesdusien,
ainsi qu'Elles'en est expliquée àce Parlement. Et
Nous concevons que' cette
Negociation est contraire à
ces ordres que S. M. déclara
avoir donnez, dans la réponrgrendit à f'Aj
dresse de cette Chambre,
qu'Elleavoit charge ses Plenipotentiaires,àUtrecht de
concerterjW-ec çeux des Alht
Elle estencorecontraire àla
Résolution contenuëd ans
le M:(Taaedu.iiJanvier',
qu„ BUe.CMfnvoy^ çettq Chambre,de l'Union étroite
où Elle se proposoit d'entrer
avec Eux, pour obtenir, une
bonne P~~ pour
Tdntir& la ma.Z.Ptenir-uni
qu'Elle l'avoit déclarédans
son discours àl'ouverture
de cerrç^eflion,'x^Elie.m}
treroit avec Eux dans les Engagemens les plusétroits,pour
continuer ïalliance, afin de
rendreIfPa>x generale, (Iflt
0* durable. De plus, Nous
jugeons cette Négociation
contraire au VIII. Article
de la Grande Alliance, qui
oblige expressement tous les
AiltcTide ne traiter que
conjointement & du cçmmm
consentement de toutes les
Partiës.
Nous concevons que le
refus qu'on fait d'ajoûter ces
paroles, peut estre çonfideré
par les Alliez comme une
approbation que cette Chambre
donneroit à cette Methode
qu'on a
prise de traiter avec la
France,qui peut teur pafroiftre Coramt tendant à
une Paixseparée, contre laquelle S. M. a
temoigné
son juvctjtoh, & qui 2Çilé
de plus reconnu dans cette
Chambre comme une chose
folle,scelerate ~0* de mauvaise
foi; - quiseroitde fascheuse consequence pour ce
Royaume, &qui empêcheroit certe Garantie de la
Paix par les Alliez, laquelle
est absolument necessaire
pour leur fureté mutuelle;
ce qui Nouslaisseroitexposé
au pouvoir de la France, n'y
ayant point de raison d'attendre
,
du secours d'eux à
l'avenir, aprèsune si grande
violation de lafoi publique.
'j4'Il'nous ^arbift encore,
cjlietertemanierede traStcr
séparement peur excitet une
si grande méfiance entre les
/Ult^'qtj'èik^eèc-lè^ijette
dans la tentationdeprendre
de pareilles mesures, & donner parcemoyen occasion
ai.fôFranéede romprecette
Uhien: qui nous a
esléfl
utile juTcjuà présent, & si
formidable pour Elle, &
iJoht-'+âjjafence fcule peut
l'encourager, ou àdifférer
la conclusion de la Paix, ou
en imposer aux Alliez dans
le cours de ce Traité. :
Il Nous paroit qu'une
Union parfaite entre les Alliez est d'autant plus necefïùire dans le cas present, que
le fondement de coûtes les
Offres de la France qui regardent tant la Grande
-
Bretagne que les Alliezetbasti
sur la Renonciation du Duc
d'A njou à
ce Royaume là:
Renonciation qui,à nôtre avis,
est si rrom?tu(r, qu'aucunHomme raisonnable, beaucoupmoins des Nationsentieres, ne peuvent la confidc-
ici comme unesureté vala- J
ble. L'experience suffit pour j
Nous convaincre,combien j
peu Nous devons Nous |
exposer sur les Renonciations
de la MaisondeBourbon; Et
quoi qu'il arrivât,que le
present Ducd'Anjou secrût
lié par son present Aéte,
( ce que son Grand Pere n'a
pas fait;) il ne fera pas
j
moinslibreà sesDescendans
de dire, qu'aucun A£le desa
façon ne pouvoit les priver
d'un Droit que la Naissance
leur donne; sur tout quand
ce Droit est tel, que de l'avis
de tous les François il doit
estre maintenu inviolablement
selon la Constitutionfondamentale du Royaume de France,
Nous ne croyons pas
qu'il soit sur de dépendre
& de faire fonds sur cette
partie principale du Traité,
de fupofcr qu'il s'execute de
lui-mesme, ~e que cejl l'interess de la France de la maintenir; puisqu'au contraire,
il est manife ste qu'Elle a
fait
des effortsconstans depuis
le Traité de Pirenées) pour
unir ensemble les Monarchies de France &d'Efpagne>
laquelleUnionElleregarde ;
comme son plus grand a1
vantage, & commele 1
moyen le plus efficace pour
établir la MonarchieUniverJelle dans la Maison de 1
13ourbolJ. •
1nd mesmeon pourroit raisonablement se pro-
-
|
mettre,que les deux Couronnes de France & d'Es- |
pagne resteroient separées 1
dans des Branches de la |
Misson de Bourbon;cependant, cela est contraire à la
Grande Alliance mefme^
<quiexposel'Vfutpttion que
le Roy de France a
fait de la
Monarchie d'Espagne pour
le Ducd'Anjou, comme la
principale cause de la Guerre.
Et pour ce qui est du
Port-Mabon; de Gibraltar,
dè'V'ïdfïentoyÔC des autres
avantages que laFrance offre à la Grande-Bretagne;
outre qu'ils sont précaires.
Sc' qu'il fera au pouvoir de
la Francede Nous les oster
quand il luy plaira, vû la
situation de cesRoyaumes
& les vastes Richesses&
forces qu'on leur làiflera*:
Nous concevons qu'il est
impossible qu'aucun Homme puisse les envisager, en
aucun degré comme une
Compensation à la Grande
Bretagne pour l'Éspagne &
les Indes, qu'on laisse à la
MaisondeBourbon; ce q4*-
enrr'autres confcquencessatales, fera extrêmement préjudiciableànos Manufactures de.Laines, s'il ne les
ruine pas entièrement.
-.
Qpant à la démolition
de Dunkerque, quoi- que
Nous avoüons qu'elle contribura beaucoup à la
furetédenostreCommerce,
cependant, Nous avons raison de craindre, par ce qui
a
esté dit dans le Débat,
qu'on siest pas encoreconvenu de le démolit,que
moyennant un
Equivalent
qui soit à la satisfaction du
J^oydeFïance, 'r:
[ Pour ce quiregarde en
particulier les interests des
-pliiez, quoy qu'ils ne soient pas encore arreftezj
cependantpar ce qui pa- roist, les Alliez courent
risque d'estre laissez dans un
état,exposé,qui nesçauroit
du tout consister
avec nostre
propre lufcté.-
Le Rhin qu'on propose
pour Barrièredel'Empire
a1lie Strjj^jurg ,&Hannii
nghen entreles mains de la
France & la premiere de ces
P.laççs a
citéregardée comme la Clefdel'Empire..
Les propositionss de,l3
France touchant la Barriere
des Etats.Généraux,neles
privent pasfçulçrncnc, de
toutes lesPlaces quiot}t ejle
prisès depuisl'année1709.
Jpais, aussi dre deup.- outrois
fym^o/nftrifcssans£s.Ç)jv
pimclcsifrentlejr ftalf
Généraux en atteAnnée-la;
ce qui rendra leur Barrière
entièrement insuffisante, &
ce qui, par const queac, a
foiblit considerablement la
fureté de la Grande
Bretagne.
- Le Portugal paroist entièrement abandonné au
pouvoir de l'Espagne, no.
nobstant les grands avantages que Nous avons reçu
de ce Royaume, parraport à nostre Commerce, pendant cette Guerre, laquelle
pourrait nous estre encore
extrêmement, avantageuse,
Sur le tout, il y a une
différence si petite & si peu
considerableentré ces Offres
de la France, &ceux qu'Elle
fit le 11.Février N. S. à
Vtrecht, qui éroient signées
Huxelles,qu'il Nous paroist,
en les comparant ensemble,
que tant les uns que les
autres font l'effetd'uneNego.
tion Jecrete e particulière
avec Id France. Et cette
Chambre ayant alors unamimement concouru a
témoigner à la Reinefin plus
grand resentiment contre les
Conditions offertes à S.M.
& à ses Alliez par les Plenipotentiaires de France, &
S. M. ayant favorablement
reçu cette Adresse, & ayant
recompensé cette marque
d'obeïssance & de zele par
de sinceres remercimens de sa
part; le Respect que Nous
avons pour S. M. & la
justice que Nous devons à
nostre Patrie, ne Nous permettent pas de retracter
nostre sentiment, ny do
croire les Conclusions presentement bonnes pour Nous
& pour les, Alliez, ny de
donner
-
quelque aprobation
aparente à
ce qui futreçu
alors par la Chambre & par
les Alliez avec mépris &
detelfattons.
Pour ces raisons, Nous
sommes d'avis que les
Offres de la France fonc
trompeuses, & cachent des
pièges; qu'elles ne sont en
aucune maniéré proportionnées aux avantages que S.
M. peut justement attendre, |
pour Ces Royaumes & pour
!
ses Alliez, des grands fuc- j
césdont il a
plû à Dieu de
È
bénir leurs Armes pendant
t
-
w
le cours de cette Guerre;
que ces Offres ne font pas
necessaires pour conserverla
Balance du Pouvoir dans
l'Europe, ni pour la fureté
future de S. M. & de ses
Alliez,quand mesme elles
feroient exactement accomplies, & que telles qu'elles
sont, elles ne renferment
aucune fureté pour leur
execution; ce qui rend
absolument necessaire la
-
Proposition; que Nous
avons faite, qu'onprenne des
de concert avec les Allie%,
afin de les porter à se joindre à
S. M. dans une Garantie
mutuelle.
Cette Protestation se
trouve signée par lesDucs
de Sommerset de Devonsbire,
de Bolton, de Marlbourough,
de Ritiland & de Montait:
le Marquis de Dorchester:
les Comtes de Berklery, de
-
Godilpbin, de Carlisle, de
Scarborough, de Bridgewater,
de Lincoln ÔC de Bradfort,
le Vicomte de Townshend:
les Evesques d'Ely, de St
j4[apb9 d'Oxfort, & de
Banger: les Barons de Haversbam, de Mohum., &
Cowper
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Résumé : Traduction de la Protestation des Seigneurs de la Chambre Haute.
Les seigneurs de la Chambre Haute ont exprimé leur protestation contre les conditions de paix proposées par la France. Ils soulignent que ces conditions résultent de négociations séparées menées par les ministres français sans la participation des États Généraux, ce qui est contraire aux ordres du roi et à la Grande Alliance. Cette dernière stipule que les traités doivent être conclus conjointement et avec le consentement de toutes les parties. Les signataires craignent que le refus d'ajouter certaines paroles dans les négociations puisse être interprété comme une approbation de la méthode française, ce qui pourrait être vu comme une paix séparée. Ils redoutent que cela n'entraîne une méfiance accrue et des violations de la foi publique, exposant ainsi le royaume au pouvoir de la France. La protestation met également en garde contre la renonciation du Duc d'Anjou au trône de Grande-Bretagne, jugée peu fiable. De plus, les offres françaises concernant des territoires comme Port-Mahon et Gibraltar sont considérées comme précaires et insuffisantes pour compenser la perte de l'Espagne et des Indes. Les seigneurs estiment que les propositions françaises sont trompeuses et cachent des pièges, et qu'elles ne sont pas proportionnées aux avantages attendus par le roi et ses alliés. Ils insistent sur la nécessité d'une garantie mutuelle entre les alliés pour assurer la sécurité future. La protestation est signée par plusieurs ducs, marquis, comtes, vicomtes, évêques et barons.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
60
p. 277-291
Suspension d'Armes entre la France & l'Angleterre.
Début :
Comme il y a lieu d'esperer un heureux succés [...]
Mots clefs :
Suspension d'armes, France, Angleterre, Conférences d'Utrecht, Négociations de paix internationales, Guerre anglo-française, Armes, Traité de paix, Grande-Bretagne, Reine de Grande-Bretagne, Troupes, Espagne, Garnisons, Ratifications
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Suspension d'Armes entre la France & l'Angleterre.
jpension d*Armes
entrelaFrance &
>
l'Angleterre. cOmme il y a
lieu d'esperer un heureux succés des Conférences établies
à Ucrecht par les foins de
leurs Majestez Très-Chrétienne & Britannique, pour
le rétablissement de la Paix
generale
,
& qu'elles ont
jugé necessaire de prévenir
tous les évenemens de guerre
,
capables de troubler
l'étatoù la négociation se
trouve presentement;leursdites Majestez, attentives
au bon heur de la Chrétienté, sont convenuës d'une
suspension d'armes, comme
du moyen le plus sur pour
parvenir au bien général
qu'Elles fc proposent. Et
quoy que jusqu'à present
Sa Majesté Britannique
,
nait pû persuader ses Alliez
d'entrer dans ces mêmes
sentimens
,
le refus qu'ils
font de les suivre n'estanc
pas une raisonsuffisante
pour empescher Sa Majesté
Très
-
Chrétienne de mar-
quer par des preuves cffectives, le desitqu'Elle a
de
rétablir au plutôt une parfaire amitié, & une sincere
correspondance entre Elle
& la Reine de la GrandeBretagne, les Royaumes,
Etats & Sujets de L L. MM.
Saditc Majesté Trés-Chrétienne après avoir confié
aux troupes Angloises la
garde des Ville, Citadelle,
!& Forts de Dunkerque,,
pour marque de sa bonne
foy, consent & promet,
comme la Reine de la Grande-Bretagne promet aussi
de sa part.
I
Qu'il y aura suspension
générale de routes entreprises & faits d'armes, & generalement de tous Actes
d'hostilitez entre les Armées,
Troupes, Flotes
,
Escadres
& Navires de leurs Majestez
Très-Chrétienne & Britannique, pendant le terme
de quatre mois, à commencer du vingt-deuxième du
present mois d'Aoust, jusqu'au vingt
-
deuxième du
mois de Décembre pro- -chain..)
II.
<
*
*
La même
V
suspension fera
établie entre les garnisons,
& gens de guerre, que leurs
Majestez tiennent pour la
deffense & garde de leurs
Places, dans tous les lieux
où leurs armes agissent, ou
peuventagir, tant par Terre
que par Mcr,o-U autres eaux:
en forte que s'il arrivoit quc pendant le temps de la suspension, on y contrevint
de part ou d'autre
,
par
la prise d'une ou plusieurs
Places, soit par attaque
,
surprise
,
ou intelligence se.
crette
,
en quelque endroit
du monde que ce fut,qu'on
fit des prisonniers ou quelques autres actes d'hostilité,
par quelque accident imprévû30 de. la nature de ceux
quon ne peut prévenir,
contraires àla presente cessation d'Armes;cette conavention se réparera de
part & d'autre, de bonne
soy, sans delay, ni difficulté,
restituant sans aucune diminution, ce qui aura esté pris,
& mettant les prisonniers
en liberté, sans demander
aucune chose pour leur ran
çon, ni pour leur dépense.
III.
Pour prévenir pareillement
tous sujets de plaintes, &
contestations quipourroient
naistre à l'occasion des Vaisseaux
,
Marchandises
,
ou
autres effets qui seroient pris
J. par Mer,pendant le temps
de la suspension, on est
convenu réciproquement
»
que lesdits Vaisseaux
,
Marl, chandifes & effets qui seroient pris dans laManche,
& dans les Mers du Nord,
après l'espace de douze
jours, à compter depuis la
signarure dela susditeSuspension
,
feront de part &
d'autres restituez réciproquement.
Que le terme fera de six
semaines pour les prises faites depuis la Manche, les
Mers Britanniques & les
Mers du Nord, jusqu'au
Cap Saint Vincent.
-
Et pareillement de six
semaines, depuis &au-delà
de ce Cap jusqu'à la Ligne,
fpiidana-,j}'Ocean) foit dans
la Mer Méditerranée.
Enfin de six mois au- delà de la Ligne, & dans tous
les autres endroits du mon
de, sans aucune exception
ny autre diflinâtoti plus
particulière de temps & de
lieu.
¿
IV.
Comme la même Suspension fera observée entre les
Royaumes déjà GrandeBretagne & d'Espagne
;
Sa
Majesté Britannique promet
qn'aucun de ses Navires de
guerre ou Marchands,Bar-
,
ques ou autres Bastiments
,
appartenans à Sa Majesté
Britannique ou à ses Sujets,
ne seront désormais employez à transporter, ou
convoyer en Portugal, en
Catalogne, ny dans aucun
des lieux où la guerre sesait
presentement,des Troupes,
Chevaux, Armes,Habits,
& en general toutes munitions de Guerre & de bouche.
V.
Toutesfois il fera libre à
Sa Majesté Britannique, de
faire transporter des Troupes,
des munitions de guerre & de bouche, & autres
provisions dans les Placesde
Gilbraltar, & de Port- Mahon,actuellement occupées
par ses Armes, & dont la
possession luy doit demeurer
par le Traité de Paix qui
interviendra, comme aussi
de retirer d'Espagne le?
troupes Angloises & generalement tous les effets qui
luy appartiennent dans ce
Royaume, soit pour les
faire passer dans l'Isle de
Minorque, soit pour lescon-
duire dans la Grande Bretagne
,
sans que lesdits transports soient fenfez contrairesà la su spension.
VI.
:
1
La Reine de la GrandeBretagne pourra pareillement sans y
contrevenir
prester ses Vaisseaux, pour
transporter en Portugalles
Troupes de cette Nation,
qui sont actuellement en
Catalogne
,
& pour transporter en Italie les Troupes j
Allemandes qui. sont aussi
dans
dans la même Province.
VII.
Immédiatement aprèsque
le present Traité de Suspension aura esté declaré en
Espagne, le Roy se fait sort
que le blocus de Gibraltar
fera levée, & que la garnison
Angloisesaussi bien que les
Marchands qui se trouveront dans cette Place, pourront en toute liberté vivre,
traiter & négocier avec les
Espagnols.
vm.
Les ratifications du prenne Traité se ront échangées de parer d'autre dans
je terme de quinze jours,
ou plustost si faire se peut.
ENFOYde quoy,&en
vertu de ces Ordres & pou.
voirs queNous soussignez
avons reçu du Roy TrèsChrétien & de la Reinede
la Grande-Bretagne
,
ryx
Maistre & Maistresse, avons
signé les presentes & y
avonsfait apposer les Sceaux
de nos Armes. Fait à Paris
le dixneuvième Aoust mil
;
sep cent douze.
(L. S.) COLBERT DETORCY.
! (L. S. ) BOLINGBROkE.
entrelaFrance &
>
l'Angleterre. cOmme il y a
lieu d'esperer un heureux succés des Conférences établies
à Ucrecht par les foins de
leurs Majestez Très-Chrétienne & Britannique, pour
le rétablissement de la Paix
generale
,
& qu'elles ont
jugé necessaire de prévenir
tous les évenemens de guerre
,
capables de troubler
l'étatoù la négociation se
trouve presentement;leursdites Majestez, attentives
au bon heur de la Chrétienté, sont convenuës d'une
suspension d'armes, comme
du moyen le plus sur pour
parvenir au bien général
qu'Elles fc proposent. Et
quoy que jusqu'à present
Sa Majesté Britannique
,
nait pû persuader ses Alliez
d'entrer dans ces mêmes
sentimens
,
le refus qu'ils
font de les suivre n'estanc
pas une raisonsuffisante
pour empescher Sa Majesté
Très
-
Chrétienne de mar-
quer par des preuves cffectives, le desitqu'Elle a
de
rétablir au plutôt une parfaire amitié, & une sincere
correspondance entre Elle
& la Reine de la GrandeBretagne, les Royaumes,
Etats & Sujets de L L. MM.
Saditc Majesté Trés-Chrétienne après avoir confié
aux troupes Angloises la
garde des Ville, Citadelle,
!& Forts de Dunkerque,,
pour marque de sa bonne
foy, consent & promet,
comme la Reine de la Grande-Bretagne promet aussi
de sa part.
I
Qu'il y aura suspension
générale de routes entreprises & faits d'armes, & generalement de tous Actes
d'hostilitez entre les Armées,
Troupes, Flotes
,
Escadres
& Navires de leurs Majestez
Très-Chrétienne & Britannique, pendant le terme
de quatre mois, à commencer du vingt-deuxième du
present mois d'Aoust, jusqu'au vingt
-
deuxième du
mois de Décembre pro- -chain..)
II.
<
*
*
La même
V
suspension fera
établie entre les garnisons,
& gens de guerre, que leurs
Majestez tiennent pour la
deffense & garde de leurs
Places, dans tous les lieux
où leurs armes agissent, ou
peuventagir, tant par Terre
que par Mcr,o-U autres eaux:
en forte que s'il arrivoit quc pendant le temps de la suspension, on y contrevint
de part ou d'autre
,
par
la prise d'une ou plusieurs
Places, soit par attaque
,
surprise
,
ou intelligence se.
crette
,
en quelque endroit
du monde que ce fut,qu'on
fit des prisonniers ou quelques autres actes d'hostilité,
par quelque accident imprévû30 de. la nature de ceux
quon ne peut prévenir,
contraires àla presente cessation d'Armes;cette conavention se réparera de
part & d'autre, de bonne
soy, sans delay, ni difficulté,
restituant sans aucune diminution, ce qui aura esté pris,
& mettant les prisonniers
en liberté, sans demander
aucune chose pour leur ran
çon, ni pour leur dépense.
III.
Pour prévenir pareillement
tous sujets de plaintes, &
contestations quipourroient
naistre à l'occasion des Vaisseaux
,
Marchandises
,
ou
autres effets qui seroient pris
J. par Mer,pendant le temps
de la suspension, on est
convenu réciproquement
»
que lesdits Vaisseaux
,
Marl, chandifes & effets qui seroient pris dans laManche,
& dans les Mers du Nord,
après l'espace de douze
jours, à compter depuis la
signarure dela susditeSuspension
,
feront de part &
d'autres restituez réciproquement.
Que le terme fera de six
semaines pour les prises faites depuis la Manche, les
Mers Britanniques & les
Mers du Nord, jusqu'au
Cap Saint Vincent.
-
Et pareillement de six
semaines, depuis &au-delà
de ce Cap jusqu'à la Ligne,
fpiidana-,j}'Ocean) foit dans
la Mer Méditerranée.
Enfin de six mois au- delà de la Ligne, & dans tous
les autres endroits du mon
de, sans aucune exception
ny autre diflinâtoti plus
particulière de temps & de
lieu.
¿
IV.
Comme la même Suspension fera observée entre les
Royaumes déjà GrandeBretagne & d'Espagne
;
Sa
Majesté Britannique promet
qn'aucun de ses Navires de
guerre ou Marchands,Bar-
,
ques ou autres Bastiments
,
appartenans à Sa Majesté
Britannique ou à ses Sujets,
ne seront désormais employez à transporter, ou
convoyer en Portugal, en
Catalogne, ny dans aucun
des lieux où la guerre sesait
presentement,des Troupes,
Chevaux, Armes,Habits,
& en general toutes munitions de Guerre & de bouche.
V.
Toutesfois il fera libre à
Sa Majesté Britannique, de
faire transporter des Troupes,
des munitions de guerre & de bouche, & autres
provisions dans les Placesde
Gilbraltar, & de Port- Mahon,actuellement occupées
par ses Armes, & dont la
possession luy doit demeurer
par le Traité de Paix qui
interviendra, comme aussi
de retirer d'Espagne le?
troupes Angloises & generalement tous les effets qui
luy appartiennent dans ce
Royaume, soit pour les
faire passer dans l'Isle de
Minorque, soit pour lescon-
duire dans la Grande Bretagne
,
sans que lesdits transports soient fenfez contrairesà la su spension.
VI.
:
1
La Reine de la GrandeBretagne pourra pareillement sans y
contrevenir
prester ses Vaisseaux, pour
transporter en Portugalles
Troupes de cette Nation,
qui sont actuellement en
Catalogne
,
& pour transporter en Italie les Troupes j
Allemandes qui. sont aussi
dans
dans la même Province.
VII.
Immédiatement aprèsque
le present Traité de Suspension aura esté declaré en
Espagne, le Roy se fait sort
que le blocus de Gibraltar
fera levée, & que la garnison
Angloisesaussi bien que les
Marchands qui se trouveront dans cette Place, pourront en toute liberté vivre,
traiter & négocier avec les
Espagnols.
vm.
Les ratifications du prenne Traité se ront échangées de parer d'autre dans
je terme de quinze jours,
ou plustost si faire se peut.
ENFOYde quoy,&en
vertu de ces Ordres & pou.
voirs queNous soussignez
avons reçu du Roy TrèsChrétien & de la Reinede
la Grande-Bretagne
,
ryx
Maistre & Maistresse, avons
signé les presentes & y
avonsfait apposer les Sceaux
de nos Armes. Fait à Paris
le dixneuvième Aoust mil
;
sep cent douze.
(L. S.) COLBERT DETORCY.
! (L. S. ) BOLINGBROkE.
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Résumé : Suspension d'Armes entre la France & l'Angleterre.
Le document est une convention de suspension d'armes entre la France et l'Angleterre, motivée par l'espoir d'un succès des conférences de paix à Utrecht et par le désir de prévenir les événements de guerre qui pourraient perturber les négociations. Les deux majestés, attentives au bien de la chrétienté, ont convenu de cette suspension comme moyen de parvenir à la paix générale. La suspension d'armes est effective pendant quatre mois, du 22 août au 22 décembre. Elle concerne toutes les hostilités entre les armées, troupes, flottes et navires des deux nations. En cas de violation, les parties doivent restituer ce qui a été pris et libérer les prisonniers sans rançon. Pour les prises en mer, les vaisseaux, marchandises et autres effets doivent être restitués réciproquement après des délais spécifiques selon les zones géographiques. La suspension est également observée entre la Grande-Bretagne et l'Espagne. La Grande-Bretagne s'engage à ne pas transporter des troupes ou des munitions de guerre vers les lieux où la guerre sévit actuellement, sauf pour Gibraltar, Minorque et Port-Mahon. Les ratifications du traité doivent être échangées dans un délai de quinze jours. Le document est signé à Paris le 19 août 1712 par Colbert de Torcy pour la France et Bolingbroke pour l'Angleterre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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61
p. 208-216
Supplément de la Relation de la descente de Monsieur du Clerc à Rio de Janeiro, donnée dans le Mercure de May dernier.
Début :
Avant de partir du Bresil, j'avois reçû de Monsieur [...]
Mots clefs :
Supplément, Rio de Janeiro, Monsieur du Clerc, La Reine des Anges, Vaisseau, Cayenne, Brésil, France
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Supplément de la Relation de la descente de Monsieur du Clerc à Rio de Janeiro, donnée dans le Mercure de May dernier.
Supplément de la Relation de
la defiente de Monfieur
du Clerc à Rio de Janeiro,
donnée dans le Mercure de
May dernier.
Avant de partir du Brefil , j'avois reçûde Monfieur
du Guay un ordre de fervir
d'Officier fur le vaiffeau la
Reine des Anges , qui avoit
été pris dans la baye de Rio
de Janeiro, & que l'on a
voit
GALANT 209
voit chargé de fucre du
pays , pour l'amener en
France : mais nous étions
armez fi à la hâte , & avec
fi peu de précaution , que
fitôt que nous fûmes à la
mer le vaiffeau fit beaucoup d'eau , & qu'au premier coup devent que nous
reçûmes nous eûmes, une
partie de nos voiles empor
tées.
Nous étions fi fort chargez , qu'il ne nous fut pas
poffible de fuivre l'efcadre :
ainfi Monfieur du Guay në
jugeant pas à propos
Sept. 17.12.
S
de
1/210
MERCURE
14
nousattendre,àcauſe du re
tardement cófiderable que
nous aurions caufé à tous les
autres vaiffeaux,nous affifta
du mieux qu'il fut poffible
avant de nous quitter , &
donna ordre au Chevalier
de la Rufiniere , qui commandoit la Reine des Anges , de relâcherpen cas
d'incommodité, à une des.
Iles de la Martinique, pour
y prendre les chofes qui lui
feroient neceffaires & fe
mettre en état d'arriver en
France. Il détacha auffi la
fregate du Roy l'Aigle i
GALANT. 211
commandée par Monfieur
de la Marre de Caen , pour
› nous convoyer ; & nous
donnertousles fecours dont
* nous aurions befoin.
Le Capitaine de l'Aigle
fe trouvant Commandant
des deux navires , en ver
-tu de la Commiſſion de
Lieutenant de vaiffeau ,
nous amena relâcher à l'Ifle
de Cayenne : mais n'ayant
pû ycarenner le navire , &
n'y ayant trouvé ni les vivres , ni les autres chofes
qui nous manquoient , on
fur obligé de defarmer la
Sij
212 MERCURE
Reine des Anges , & de la
laiffer a Cayenne avec fa
cargaiſon. Nous étions deftinez , aprés cet accident ,
de paffer fur la fregate du
Roy l'Aigle mais par un
malheur inattendu elle fe
perdit la nuit du 6. au 7. Fe-
::
vrier 1712. par une tourmente de vent nordnordeft , qui la porta fur un
banc , où elle a été enticrement crevée..
44
Aprés un coup fi funeſte , il a falu avoir recours
à la Reine des Anges , qui
étoit déja échouée fur les
1
GALANT
213
vales. On s'eft mis en devoir de la raccommoder
du débris de l'Aigle , dont
on a fauvé une grande partie des vivres , & tous les
grés. On ne fçait pas encore fi on pourra la mettre en état d'aller en France ; fi cela n'eft pas poffible , on tâchera au moins
de la mener à la Martinique afin d'y paffer les
troupes , & les équipages
des deux navires , qui
incommoderoient
derablement la colonie
de Cayenne , s'ils étoient
confi-
214 MERCURE
obligez d'y refter longtemps.
રે
Cependant Monfieur de
la Marre de Caen étant
chargé de plus de monde
-qu'il n'en pouvoit conte
nir dans la Reine des Anges , a jugé à propos de:
-faire un detachement de
foldats & d'Officiers
nombre defquels j'ai été,
pour paffer en France , fur
un petit navire Marchand
de Saint Malo , nommé
le faint Jean Baptiſte , qui
étoit prêt à partir , & ila.
*
du
V
JGALANTA $215
donné un ordre au Sieur
des Vaux , Capitaine du
dit vaiffeau , de nous donner paffage. Nous fommes partis de Cayenne le
Mercredi dixiéme Février
mil fept cent douze , &
fommes arrivez au Portlouis le onziéme Avril.
Voila , Monſeigneur
害
un compte fidele de toute
ma conduite , & de ce qui
s'eft paffé , à peu prés , de
plus memorable dans les
lieux où je me fuis trouvé , depuis le dixiéme May
216 MERCURE
mil ſept cent dix , qui fut
le jour que l'efcadre de
Monfieur du Clerc partit:
de la Rochelle.
la defiente de Monfieur
du Clerc à Rio de Janeiro,
donnée dans le Mercure de
May dernier.
Avant de partir du Brefil , j'avois reçûde Monfieur
du Guay un ordre de fervir
d'Officier fur le vaiffeau la
Reine des Anges , qui avoit
été pris dans la baye de Rio
de Janeiro, & que l'on a
voit
GALANT 209
voit chargé de fucre du
pays , pour l'amener en
France : mais nous étions
armez fi à la hâte , & avec
fi peu de précaution , que
fitôt que nous fûmes à la
mer le vaiffeau fit beaucoup d'eau , & qu'au premier coup devent que nous
reçûmes nous eûmes, une
partie de nos voiles empor
tées.
Nous étions fi fort chargez , qu'il ne nous fut pas
poffible de fuivre l'efcadre :
ainfi Monfieur du Guay në
jugeant pas à propos
Sept. 17.12.
S
de
1/210
MERCURE
14
nousattendre,àcauſe du re
tardement cófiderable que
nous aurions caufé à tous les
autres vaiffeaux,nous affifta
du mieux qu'il fut poffible
avant de nous quitter , &
donna ordre au Chevalier
de la Rufiniere , qui commandoit la Reine des Anges , de relâcherpen cas
d'incommodité, à une des.
Iles de la Martinique, pour
y prendre les chofes qui lui
feroient neceffaires & fe
mettre en état d'arriver en
France. Il détacha auffi la
fregate du Roy l'Aigle i
GALANT. 211
commandée par Monfieur
de la Marre de Caen , pour
› nous convoyer ; & nous
donnertousles fecours dont
* nous aurions befoin.
Le Capitaine de l'Aigle
fe trouvant Commandant
des deux navires , en ver
-tu de la Commiſſion de
Lieutenant de vaiffeau ,
nous amena relâcher à l'Ifle
de Cayenne : mais n'ayant
pû ycarenner le navire , &
n'y ayant trouvé ni les vivres , ni les autres chofes
qui nous manquoient , on
fur obligé de defarmer la
Sij
212 MERCURE
Reine des Anges , & de la
laiffer a Cayenne avec fa
cargaiſon. Nous étions deftinez , aprés cet accident ,
de paffer fur la fregate du
Roy l'Aigle mais par un
malheur inattendu elle fe
perdit la nuit du 6. au 7. Fe-
::
vrier 1712. par une tourmente de vent nordnordeft , qui la porta fur un
banc , où elle a été enticrement crevée..
44
Aprés un coup fi funeſte , il a falu avoir recours
à la Reine des Anges , qui
étoit déja échouée fur les
1
GALANT
213
vales. On s'eft mis en devoir de la raccommoder
du débris de l'Aigle , dont
on a fauvé une grande partie des vivres , & tous les
grés. On ne fçait pas encore fi on pourra la mettre en état d'aller en France ; fi cela n'eft pas poffible , on tâchera au moins
de la mener à la Martinique afin d'y paffer les
troupes , & les équipages
des deux navires , qui
incommoderoient
derablement la colonie
de Cayenne , s'ils étoient
confi-
214 MERCURE
obligez d'y refter longtemps.
રે
Cependant Monfieur de
la Marre de Caen étant
chargé de plus de monde
-qu'il n'en pouvoit conte
nir dans la Reine des Anges , a jugé à propos de:
-faire un detachement de
foldats & d'Officiers
nombre defquels j'ai été,
pour paffer en France , fur
un petit navire Marchand
de Saint Malo , nommé
le faint Jean Baptiſte , qui
étoit prêt à partir , & ila.
*
du
V
JGALANTA $215
donné un ordre au Sieur
des Vaux , Capitaine du
dit vaiffeau , de nous donner paffage. Nous fommes partis de Cayenne le
Mercredi dixiéme Février
mil fept cent douze , &
fommes arrivez au Portlouis le onziéme Avril.
Voila , Monſeigneur
害
un compte fidele de toute
ma conduite , & de ce qui
s'eft paffé , à peu prés , de
plus memorable dans les
lieux où je me fuis trouvé , depuis le dixiéme May
216 MERCURE
mil ſept cent dix , qui fut
le jour que l'efcadre de
Monfieur du Clerc partit:
de la Rochelle.
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Résumé : Supplément de la Relation de la descente de Monsieur du Clerc à Rio de Janeiro, donnée dans le Mercure de May dernier.
Après avoir reçu l'ordre de servir sur le vaisseau 'La Reine des Anges', capturé à Rio de Janeiro et destiné à être ramené en France, l'officier a dû faire face à plusieurs difficultés. Le vaisseau, chargé à la hâte, a commencé à prendre l'eau et a subi des dommages aux voiles. En raison de sa charge excessive, il a été abandonné par Monsieur du Guay, qui a ordonné au Chevalier de la Rufinière de se ravitailler aux Îles de la Martinique et a détaché la frégate 'L'Aigle' pour l'escorter. La frégate a tenté de relâcher à l'île de Cayenne, mais a dû désarmer 'La Reine des Anges' et la laisser sur place faute de vivres et de réparations. 'L'Aigle' s'est perdue lors d'une tempête le 7 février 1712. 'La Reine des Anges' a été réparée avec les débris de 'L'Aigle'. Si le vaisseau ne pouvait être remis en état, il serait dirigé vers la Martinique pour débarquer les troupes et les équipages. Monsieur de la Marre de Caen a organisé un détachement de soldats et d'officiers, dont l'auteur, pour les envoyer en France sur un navire marchand de Saint-Malo, 'Le Saint Jean Baptiste'. Ils sont partis de Cayenne le 10 février 1712 et sont arrivés à Port-Louis le 11 avril 1712. Le texte se conclut par un compte rendu des événements survenus depuis le départ de l'escadre de Monsieur du Clerc de La Rochelle le 10 mai 1710.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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62
p. [2]74-284
Nouvelles d'Angleterre.
Début :
La Reine a donné un Regiment au General Santhope qui [...]
Mots clefs :
Angleterre, Régiment, Passeports, France, Tamise, Cameroniens, Vaisseaux marchands
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles d'Angleterre.
Nouvelles d'Angleterre.
La Reine adonné unRegiment au General Stanhope
qui a prêté les fermens.
Le Comte de Lexincton
GALANT 275
partit le 24. Septembre de
Londres pour aller s'embarquer à Porfmouth , fur un
Vaiffeau de guerre qui le
doit tranſporter à la Corogne , d'où il fe rendra à
Madrid.
On prepare à3 Londres
l'Hôtel de Leiceſter pour le
Duc d'Aumont , qu'on y
attend dans peu.
Il eſt arrivé de France un
grand nombre de paffeports
pour les Vaiffeaux Mat
chands , & on en a envoyé
un pareil nombre en France.
Les Vaiffeaux François vien
276 MERCURE
nent librement dans les
ports d'Angleterre.
Les lettres de Jerſey por
tent que les habitans de cette
Ifle recommençoient à negocier avec ceux de Saint
Malo. Il y a fur la Tamife
un fort grand nombre de
Navires chargez de blé pour
aller negocier en France , il
y en a trente prêtes à faire
voile vers Bordeanx pour y
acheter des vins & des eaux
de vie.
Les lettres d'Edimbourg
la fufpenfion aflurent que
d'armes par mer & par terre
GALANT. 277
pour quatre mois avec la
France & l'Espagne , avoit
été publiée en Ecoffe , que
les Cameroniens qui s'étoient aſſemblez en grand
nombre dans les champs
fous pretexte de prier Dieu
à leur maniere fanatique ,
s'étoient difperfez , fitôt
qu'ils eurent appris qu'on
venoit à eux dans le deffein
de les attaquer.
On mande de Porfmouth
que le Comte de Lexincton
avoit fait voile le 26. Septembre avec un vent favo
rable , comme il continue
278 MERCURE
# longtemps , on ne doute
point qu'il ne foit arrivé
prefentement en Eſpagne.
Le Comte de Portmore
qui commandoit les troupes Angloifes en Portugal,
eft arrivé à Londres avec
plufieurs Officiers , Les Chevaliers Lake & Willaker y
font auffi revenus des Dunes
ils ont laiffé le Commandement de leurs Efcadres au
Chevalier Wagger, on croit
que ces Vaiffeaux feront
defarmez dans peu ; plufieurs Officiers des troupes
de terre ont obtenu la per-
GALANT. 279
miffion de fe demettre de
deurs charges qui ont été
remplies par des perfonnes
affectionnées
nement prefent.
au GouverOn a appris par quatre
Vaiffeaux Marchands venans des Ifles de S. Chrif
tophle , que le fieur Caffare
avec fon Efcadre avoit debarqué trois mille hommes
dans l'ifle de Montferat ,
s'en étoit emparé , à la réferve d'un Fort fitué fur le
haut d'une montagne efcarpée. qu'il avoit brulé tous
les Vaiffeaux qu'il y avoit
1
280 MERGURE
tronvé , & qu'il avoit demeuré plufieurs jours dans
I'lle , qu'il paroiffoit avoir
deffein d'attaquer les Ifles
de Nieves , de S. Chrofto
phle & d'Antigoa Ổn avoit
envoyé plufieurs Corvettes
au devant de la Flote du
Brefil , qui font revenues
du Cap faint Vincent parce
que plufieurs Armatenrs
François & dix ou douze
Vaiffeaux Algeriens croifoient fur les côtes du Royaume d'Algarve.
On mande de Lisbone
que toutes les lettres de Gi
GALANT. 281
braltar portent que les
Troupes Hollandoiſes qui
y eftoient en garniſon , étoient embarquées , & qu'-
elles n'attendoient qu'un
vent favorable pour retourner en Hollande ; La Reine
de la grande Brergane a
fait fçavoir au Roy de Portugalla fufpenfion d'armes.
qu'elle avoit conclue avec
la France & l'Espagne ; ce
Prince luy a repondu que
comme il ne s'étoit engagé
dans cette guerre qu'à fa
confideration il luy remet
toit fes interefts entre les
A a
282 MERCURE
mains & qu'il confentoit a
la fufpenfion d'armes.
Milord Godolfin , cy devant grand Treforier d'Angleterte qui avoit efté nommé en 1678. par le Roy
Charles II. l'un des Seigneurs de la Treforerie ,
principal Secretaire d'Etat
en 1684. & enfuite premier
Commiſſaire de la Treforeric , fut créé Baron d'Angleterre la mêmeannée fous
le titre de Baron de Godolfin Rialton fous le Regne
du Roy Jacques II. il fut
Chambellan de la Reine &
GALANT 283
refta l'un des Commiffaires
de la Treforerie lorfque
le Prince d'Orange debarqua en 1688. il fut l'un des
Commlffaires pour aller
traiter avec ce Prince
lors qu'il fut clevé fur la
Trône , ce Seigneur fut
&
continué dans la place de
Commiffaire de la Treforerie & fait Confeiller du
Confeil privé , aprés avoir
efté quatre fois un des Seigneurs Jufticiers d'Angle
terre fous le Regne du Roy
Guillaume & de la Reine
Anne , il fut fait grand
a
284 MERCURE
Chancelier d'Angleterre ,
puis Chevalier de la Jartiere
en 1704. il fut l'un des
Commiffaires nommez en
1706. pour traiter de l'union entre l'Angleterre &
Ecoffe , & la mefme année
fut crée Vicomte de Rialton
& Comte de Godolfin ; il
mourut de la pierre le 26.
Septembre 1712. dans la
maifon du Duc de Marlebouroug à S. Albans , agé
d'environ 67. ans. Milord
Rialton fon fils , Gendre de
Milord Marlebouroug luy
fuccede dans fest titres &
dans fes biens.
La Reine adonné unRegiment au General Stanhope
qui a prêté les fermens.
Le Comte de Lexincton
GALANT 275
partit le 24. Septembre de
Londres pour aller s'embarquer à Porfmouth , fur un
Vaiffeau de guerre qui le
doit tranſporter à la Corogne , d'où il fe rendra à
Madrid.
On prepare à3 Londres
l'Hôtel de Leiceſter pour le
Duc d'Aumont , qu'on y
attend dans peu.
Il eſt arrivé de France un
grand nombre de paffeports
pour les Vaiffeaux Mat
chands , & on en a envoyé
un pareil nombre en France.
Les Vaiffeaux François vien
276 MERCURE
nent librement dans les
ports d'Angleterre.
Les lettres de Jerſey por
tent que les habitans de cette
Ifle recommençoient à negocier avec ceux de Saint
Malo. Il y a fur la Tamife
un fort grand nombre de
Navires chargez de blé pour
aller negocier en France , il
y en a trente prêtes à faire
voile vers Bordeanx pour y
acheter des vins & des eaux
de vie.
Les lettres d'Edimbourg
la fufpenfion aflurent que
d'armes par mer & par terre
GALANT. 277
pour quatre mois avec la
France & l'Espagne , avoit
été publiée en Ecoffe , que
les Cameroniens qui s'étoient aſſemblez en grand
nombre dans les champs
fous pretexte de prier Dieu
à leur maniere fanatique ,
s'étoient difperfez , fitôt
qu'ils eurent appris qu'on
venoit à eux dans le deffein
de les attaquer.
On mande de Porfmouth
que le Comte de Lexincton
avoit fait voile le 26. Septembre avec un vent favo
rable , comme il continue
278 MERCURE
# longtemps , on ne doute
point qu'il ne foit arrivé
prefentement en Eſpagne.
Le Comte de Portmore
qui commandoit les troupes Angloifes en Portugal,
eft arrivé à Londres avec
plufieurs Officiers , Les Chevaliers Lake & Willaker y
font auffi revenus des Dunes
ils ont laiffé le Commandement de leurs Efcadres au
Chevalier Wagger, on croit
que ces Vaiffeaux feront
defarmez dans peu ; plufieurs Officiers des troupes
de terre ont obtenu la per-
GALANT. 279
miffion de fe demettre de
deurs charges qui ont été
remplies par des perfonnes
affectionnées
nement prefent.
au GouverOn a appris par quatre
Vaiffeaux Marchands venans des Ifles de S. Chrif
tophle , que le fieur Caffare
avec fon Efcadre avoit debarqué trois mille hommes
dans l'ifle de Montferat ,
s'en étoit emparé , à la réferve d'un Fort fitué fur le
haut d'une montagne efcarpée. qu'il avoit brulé tous
les Vaiffeaux qu'il y avoit
1
280 MERGURE
tronvé , & qu'il avoit demeuré plufieurs jours dans
I'lle , qu'il paroiffoit avoir
deffein d'attaquer les Ifles
de Nieves , de S. Chrofto
phle & d'Antigoa Ổn avoit
envoyé plufieurs Corvettes
au devant de la Flote du
Brefil , qui font revenues
du Cap faint Vincent parce
que plufieurs Armatenrs
François & dix ou douze
Vaiffeaux Algeriens croifoient fur les côtes du Royaume d'Algarve.
On mande de Lisbone
que toutes les lettres de Gi
GALANT. 281
braltar portent que les
Troupes Hollandoiſes qui
y eftoient en garniſon , étoient embarquées , & qu'-
elles n'attendoient qu'un
vent favorable pour retourner en Hollande ; La Reine
de la grande Brergane a
fait fçavoir au Roy de Portugalla fufpenfion d'armes.
qu'elle avoit conclue avec
la France & l'Espagne ; ce
Prince luy a repondu que
comme il ne s'étoit engagé
dans cette guerre qu'à fa
confideration il luy remet
toit fes interefts entre les
A a
282 MERCURE
mains & qu'il confentoit a
la fufpenfion d'armes.
Milord Godolfin , cy devant grand Treforier d'Angleterte qui avoit efté nommé en 1678. par le Roy
Charles II. l'un des Seigneurs de la Treforerie ,
principal Secretaire d'Etat
en 1684. & enfuite premier
Commiſſaire de la Treforeric , fut créé Baron d'Angleterre la mêmeannée fous
le titre de Baron de Godolfin Rialton fous le Regne
du Roy Jacques II. il fut
Chambellan de la Reine &
GALANT 283
refta l'un des Commiffaires
de la Treforerie lorfque
le Prince d'Orange debarqua en 1688. il fut l'un des
Commlffaires pour aller
traiter avec ce Prince
lors qu'il fut clevé fur la
Trône , ce Seigneur fut
&
continué dans la place de
Commiffaire de la Treforerie & fait Confeiller du
Confeil privé , aprés avoir
efté quatre fois un des Seigneurs Jufticiers d'Angle
terre fous le Regne du Roy
Guillaume & de la Reine
Anne , il fut fait grand
a
284 MERCURE
Chancelier d'Angleterre ,
puis Chevalier de la Jartiere
en 1704. il fut l'un des
Commiffaires nommez en
1706. pour traiter de l'union entre l'Angleterre &
Ecoffe , & la mefme année
fut crée Vicomte de Rialton
& Comte de Godolfin ; il
mourut de la pierre le 26.
Septembre 1712. dans la
maifon du Duc de Marlebouroug à S. Albans , agé
d'environ 67. ans. Milord
Rialton fon fils , Gendre de
Milord Marlebouroug luy
fuccede dans fest titres &
dans fes biens.
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Résumé : Nouvelles d'Angleterre.
Le document décrit plusieurs événements politiques et militaires en Angleterre et en Europe. La Reine a accordé un régiment au Général Stanhope, qui a prêté serment. Le Comte de Lexington a quitté Londres le 24 septembre pour se rendre à Portsmouth, d'où il a embarqué pour Madrid via La Corogne. À Londres, l'Hôtel de Leicester est préparé pour l'arrivée du Duc d'Aumont. Un grand nombre de passeports pour les vaisseaux marchands ont été échangés entre la France et l'Angleterre, permettant aux vaisseaux français de naviguer librement dans les ports anglais. Les habitants de Jersey ont repris leurs négociations avec ceux de Saint-Malo. De nombreux navires chargés de blé sont prêts à partir pour Bordeaux afin d'y acheter du vin et des eaux-de-vie. En Écosse, la suspension des armes avec la France et l'Espagne a été publiée, et les Cameroniens se sont dispersés après avoir appris qu'ils seraient attaqués. Le Comte de Lexington a quitté Portsmouth le 26 septembre pour l'Espagne. Le Comte de Portmore, commandant des troupes anglaises au Portugal, est revenu à Londres avec plusieurs officiers. Des nouvelles des îles de Saint-Christophe indiquent que le sieur Caffare a débarqué trois mille hommes à Montserrat et a brûlé plusieurs vaisseaux. À Lisbonne, les troupes hollandaises à Gibraltar sont prêtes à retourner en Hollande, et le roi du Portugal a accepté la suspension des armes. Le document mentionne également la carrière et la mort de Milord Godolfin, ancien grand trésorier d'Angleterre, survenue le 26 septembre 1712.
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63
p. 251-258
DONS DU ROY.
Début :
Le premier Novembre le Roy donna l'Abbaye de Guitres [...]
Mots clefs :
Dons, Roi, France, Abbayes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DONS DU ROY.
DONS DU ROT.
Le premier Novembre
le Roy donna l'Abbaye de
Guitres Ordre de saintBe-
noît fous l'invocationdela
Vierge, Diocese de Bordeaux, à N. de la Goguée.
Cette Abbaye estsiuee sur
la rivière de l'isle trois
lieuesau-dessusde Libourne dans la Guyenne.
L'Abbaye de TonnayCharente, Ordre de laine
Benoît, Diocese de Xaintes, vacante par la mort
du Sieur Maupoinr, à N.
du Solier. Tonnay
-
Charente est une petite ville de
France dans la Saintonge,
en Latin TonneA. On l'ap-
pelle ainsi à causequ'elle
est sur la Charence, & on ladistinguepar là d'une autre ville de cette même Pro- -
vince nommée TonnayBoutonne, qui en est éloignée de trois lieues, & qui
est à la mêmedistance de
saint Jean d'Angely. TonMay-Bouronnea pris son
nom de sa situation sur la
riviere de Boutonne.
L'Abbave de S. Michel
de Dourlans, Ordre de saint
Benoît,Diocele d'Amiens,
la. Dame de Sericourt
d'Efclainvilliers,Religieuse
de laditre Abbaye.
Dourlans est une villede
Picardiedans l'Amienois,
en Latin Dulendium elle est
située sur la riviere d'An..
thie, vers les frontières de
l'Artois, à cinq ou six lieuës
d'Amiens, & un peu moins
de saint Riquier. C'est une
ville assez forte que l'on
divise en haute & basles
& qui appartenoit autrefois aux Comtes de Ponthieu.
: L'Abbaye de la Caigno.
", te Ordredefaine Benoir,
Diocesed'Acqs à N. du
Vigier.
r
L'Abbaye de Villersde
Canivet, Ordre deCîteaux.,
Diocese de Séez
?
à N. de
Montgommery
,
Abbesse
deMoncé.
L'Abbaye de Moncé,
Ordre de Cîteaux) Diocese
de Tours, à la Dame des
Espinez, Religieuse du même Ordre.
L'Abbaye des Prez,dans
la ville de Doiiay, à la Da.
me de Los, Religieuse de
ladite Abbaye.
Etl'Abbayedesaintjust,
Ordre de saint François,
Diocese de Beauvais,àDa-1
meN.deMailly,Religieuse;
à Longchamps
,
sœur de
l'Archevêque de Reims.
La Mailon de Mailly est
une des plus anciennes Maifons de la Province de Picardie. Elleatire sonnom
de la Terre de Mailly, prés
d'Amiens,&n'est pas moins
illustre par les grandshommes
mes qui font sortis de ces
branches differentes
,
que
par ses grandes alliances.
Anselme de Mailly est le
premier de ce nomdont
parlent les Historiens, vers
le milieuduonzième siecle: mais le rangdistingué
qu'ils lui attribuent dans
sa Province, & la grande
part qu'il eut aux affaires
de son temps, prouvent
incontestablement qu'il n'y
avoit point de ce temps-là
même detablissement en
Picardie plus ancien que ce.
lui des Seigneurs de Mailly.
- Malbrancq, en faisant
mention d'Anselme de
MaiIly, & du Seigneur de
Coucy, témoigne qu'ils étoient tous deux Picardici
Janguinis Procerc
Le premier Novembre
le Roy donna l'Abbaye de
Guitres Ordre de saintBe-
noît fous l'invocationdela
Vierge, Diocese de Bordeaux, à N. de la Goguée.
Cette Abbaye estsiuee sur
la rivière de l'isle trois
lieuesau-dessusde Libourne dans la Guyenne.
L'Abbaye de TonnayCharente, Ordre de laine
Benoît, Diocese de Xaintes, vacante par la mort
du Sieur Maupoinr, à N.
du Solier. Tonnay
-
Charente est une petite ville de
France dans la Saintonge,
en Latin TonneA. On l'ap-
pelle ainsi à causequ'elle
est sur la Charence, & on ladistinguepar là d'une autre ville de cette même Pro- -
vince nommée TonnayBoutonne, qui en est éloignée de trois lieues, & qui
est à la mêmedistance de
saint Jean d'Angely. TonMay-Bouronnea pris son
nom de sa situation sur la
riviere de Boutonne.
L'Abbave de S. Michel
de Dourlans, Ordre de saint
Benoît,Diocele d'Amiens,
la. Dame de Sericourt
d'Efclainvilliers,Religieuse
de laditre Abbaye.
Dourlans est une villede
Picardiedans l'Amienois,
en Latin Dulendium elle est
située sur la riviere d'An..
thie, vers les frontières de
l'Artois, à cinq ou six lieuës
d'Amiens, & un peu moins
de saint Riquier. C'est une
ville assez forte que l'on
divise en haute & basles
& qui appartenoit autrefois aux Comtes de Ponthieu.
: L'Abbaye de la Caigno.
", te Ordredefaine Benoir,
Diocesed'Acqs à N. du
Vigier.
r
L'Abbaye de Villersde
Canivet, Ordre deCîteaux.,
Diocese de Séez
?
à N. de
Montgommery
,
Abbesse
deMoncé.
L'Abbaye de Moncé,
Ordre de Cîteaux) Diocese
de Tours, à la Dame des
Espinez, Religieuse du même Ordre.
L'Abbaye des Prez,dans
la ville de Doiiay, à la Da.
me de Los, Religieuse de
ladite Abbaye.
Etl'Abbayedesaintjust,
Ordre de saint François,
Diocese de Beauvais,àDa-1
meN.deMailly,Religieuse;
à Longchamps
,
sœur de
l'Archevêque de Reims.
La Mailon de Mailly est
une des plus anciennes Maifons de la Province de Picardie. Elleatire sonnom
de la Terre de Mailly, prés
d'Amiens,&n'est pas moins
illustre par les grandshommes
mes qui font sortis de ces
branches differentes
,
que
par ses grandes alliances.
Anselme de Mailly est le
premier de ce nomdont
parlent les Historiens, vers
le milieuduonzième siecle: mais le rangdistingué
qu'ils lui attribuent dans
sa Province, & la grande
part qu'il eut aux affaires
de son temps, prouvent
incontestablement qu'il n'y
avoit point de ce temps-là
même detablissement en
Picardie plus ancien que ce.
lui des Seigneurs de Mailly.
- Malbrancq, en faisant
mention d'Anselme de
MaiIly, & du Seigneur de
Coucy, témoigne qu'ils étoient tous deux Picardici
Janguinis Procerc
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Résumé : DONS DU ROY.
Le 1er novembre, le roi fit plusieurs donations d'abbayes. L'abbaye de Guitres, dédiée à la Vierge et située sur la rivière de l'Isle en Guyenne, fut donnée à N. de la Goguée. L'abbaye de Tonnay-Charente, en Saintonge, fut attribuée à N. du Solier. L'abbaye de Saint-Michel de Dourlans, en Picardie, fut donnée à la Dame de Sericourt d'Éclainvilliers. L'abbaye de la Caignotte fut attribuée à N. du Vigier. L'abbaye de Villers-de-Canivet, de l'ordre de Cîteaux, fut donnée à N. de Montgomery. L'abbaye de Moncé, également de l'ordre de Cîteaux, fut attribuée à la Dame des Espinez. L'abbaye des Prez, située à Douai, fut donnée à la Dame de Los. Enfin, l'abbaye de Saint-Just, de l'ordre de Saint-François, fut attribuée à la Dame N. de Mailly, religieuse à Longchamps et sœur de l'archevêque de Reims. La Maison de Mailly est une des plus anciennes familles de Picardie, mentionnée au milieu du onzième siècle par Anselme de Mailly.
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64
p. 265-280
Traité de Suspension d'Armes entre la France & l'Espagne, d'une part; & le Portugal, de l'autre. Conclu à Utrecht le septiéme Novembre 1712.
Début :
NOUS Plenipotentiaires de Sa Majesté le Roy Tres-Chrestien, & [...]
Mots clefs :
Traite, Suspension d'armes, France, Espagne, Portugal, Plénipotentiaires, Troupes, Couronnes, Vaisseaux, Passeports
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texteReconnaissance textuelle : Traité de Suspension d'Armes entre la France & l'Espagne, d'une part; & le Portugal, de l'autre. Conclu à Utrecht le septiéme Novembre 1712.
Traite de Suspension
d'Armes entre la
France & TEfpagne,
d'une part; & le
Portugal ,de l'autre.
Conclu à Vrrecht le Jêptiémâ
Novembre1712.
NOUSPlénipotentiaires de Sa Majesté
le Roy Très-Chrcftien,
& de SaMajesté le Roy
de Portugal
,
Tommes
convenus:
1
, QjjiL y aura une Suspension generale de toutes
Actions Militaires par
Terre & par Mer entre les
deux Couronnes de France
&d'Espagne, d'une part;
& celle de Portugal, de
l'autre; leurs Sujets, Armées, Troupes, Flottes,
Escadres & Vaisseaux, tant
en Europe que dans tout
autre Pays du monde: laquelle durera l'espace de
quatre mois, à commencer
au quinziéme du present
mois de Novembre, jufqu'au quinzième du mois de
Mars que 1 on comptera
1713.& Sa Majesté TresChrestienne se fait fort
qu'elle feraobservée par la
Couconne d'Espagne.
II
EN vertu du prefenc
Traité tousActesd'hostitlité
cesteront entre ces trois
Couronnes de chaque costé
pendant ledit espace de
quatre mois, tant par Terre
luc par Mer &autres Eaux;
en force que s'ilarrivoit que
pendant le cours de ladite
Suspensionon y
contrevinst:
de part ou d'autre,soit ouVertement, parquelquestntreprises ou autre fait d'armes,soit par surprise ou intelligence secretre en quelque endroicdu monde que
ce fût, mesme par quelque
accident imprévû, cette
contravention se reparera de part & d'autre de bonne
foy) sansdelay ni difficulté.
LesPlacesVaisseaux &
:MaKhandifefc feront rendes
•>
incessamment, & les Prifonniersmis en liberté,fane
qu'on demande aucune
chose pour tcurrançonm
pour leur dépense.
(
III.
AFIN de prévenir tous
sujets deplaintes&conteflations qui pourroient naicro
à l'occasion des Prises faites
sur Mer pendant le terme
de la Surpensionon est convenu que les Vaisseaux de
part & d'autre qui feioient
plis après l'expiration des
termes cydessus marquez,
à
commencer du jour de la
signature de ce Traité, feront entierement rendus,
avec le monde, l'Equipage,
les Marchandées, & autres
effetsqu'on y aura trouvez.
sans la moindre exceptionysçavoir,ceux qu'on aura pris
depuis les Costes de Portugal jusqu'à la hauteur des
Isles des Açores & Détroit
de Gibraltar, après l'espace
de vingt-cinq jours; depuis
le mesme Décroitjusqu'à
tous les Ports de la Mediterrannée, après l'espace de
quarante jours depuis les
susdites Costes de Portugal
vers les Mers du Nord, &
dans lesdites Mers du Nord
,
aprés cinquante jours; depuis la hauteur des Isles des
Adores jusqu'au vingtcinquièmedegré du costé
du Sud, après cinquante
jours; & enfin aprèsledit
vingt-cinquièmedegré vers
toute autre partie du monde, après six mois: Bien
entendu que dans les endroits où la Suspension ne
peut avoir lieu que dans six
mois, il ca stipulé que la-
dite Suspension ne ^comK
mençant qu'aprés les susdits
six mois, elle ne finira par
consequent que dans dix
mois. Et à l'égard des
autres endroits, on observera la mesme chose à proportion des termes mar-
,
quez, afin que l'on y
ait
connoissance de ladite Suspension d'Armes.
IV.
Tous Vaisseaux &
Bastimens desdites trois
Couronnes pourront navi-
ger librement & 10Ulr de la
presente Suspension depuis
les termes cy -
dessus marquez,, sans estremunis
d'aucres Passeports que de
.ceux de leurs Souverains;
,&,cn cas que les Marchands
souhaitent d'en avoir d'aur
très, on leur en accordera
réciproquement.
; V.
;
SA Majené Très-Chrétiennepromet que les Articlescydeilus de la Ceiïatiori
d'Armes par Mer feront
observez par tous les Capitaines desVaisseaux & autres
Bastimensquiontouauront
commission de ses Alliez:
Et Sa MajestéPortugaise
promet que de sa partilsseront pareillement observez
à l'égard de tous les Alliez
de Sa MajestéTrès-Chrétienne.
VI
EN vertu de la presente
Suspension d'Armes, les
Troupes que Sa Majesté
Portugaile a
presentement
en Catalogne retourneront
enPortugalle plustost qu'il
sera possible,&afin que Sa
Majesté Portugaise ait le
temps d'envoyer, ses ordres
au General qui commande
lesdites Troupes, ladite
Suspension d'Armes ne
commencera pour elles que
le i1 Decembre prochain, auquel jour elles seront & demeureront dans l'inaction
jusqu'à leur départ,sans pouvoir servir ni directementni
indirectement contre les 2.
Couronnes. Et en cas que
leur retraite se fasse par
Terre, des Commissaires
Espagnols se trouverontsur
la Frontiere dans les premiets jours de Decembre
prochain pour concerter,
avec le General desdites
Troupes Portugaisle jour.
de leur départ & toutes les
mesures necessaires, afin
que leur marche au travers
des Etats de la Couronne
d'Espagne soit la pluscourte & la plus commode
qu'il fera possible, & que
leurs logemens soient reglez dans la route: Bien entendu que pendant ladite
marche on leur donnera
aussi des Commissaires pour
les garantir de toutes infultcs-& pour leur faire fournir les vivres, aussi bien que
'! tout ce qui leur fera necessaire, au prix commun &.
ordinaire dans le Pays. Sa
Majesté TrèsChrestienne
se fait fort qu'on aura toute
l'attention possible pour la
fureté desdites Troupes,
& que si par quelque accident imprévu, il arrivoit
que les termes de quatre
moisdelaSuspension vinst
à expirer pendant leur passage par Terre ou par Mer;
en ce cas la Suspension
d'Armes ne laissera pas de
continuer à l'égard de ces
Troupes seulement jusqu'a
ce qu'elles soient arrivées en
Portugal.
VIL
LesRatifications du
present Traité seront échangées de part & d'autre
dans le terme de quarante
jours, ou plustosrsi faire (e
peut nonobsfant que la Suspension doive commencer
du
1 5. du present mois de
Novembre. En foy de
quoy & en vertu des ordres
&pleins pouvoirs que nous
soussïgnez avons reçûs de
nos Maîstres le Roy TresChrestien & le Roy de
Portugal, avons figné le
present Traité, & y avons
fait apposer les Sceaux de
de nos Armes. Fait à
Utrecht le fepriéme Novembre mil sept cens douze.
Estoit figné
(L.S.) HUXELLES.
(L.S,.) L'ABBE DE
POLIGNAC.
(L.S=):M,ENAGER. I
(L.S.) J COMTE DE
TAROUCA.
(L. S) D. Louis DACUNHA.
d'Armes entre la
France & TEfpagne,
d'une part; & le
Portugal ,de l'autre.
Conclu à Vrrecht le Jêptiémâ
Novembre1712.
NOUSPlénipotentiaires de Sa Majesté
le Roy Très-Chrcftien,
& de SaMajesté le Roy
de Portugal
,
Tommes
convenus:
1
, QjjiL y aura une Suspension generale de toutes
Actions Militaires par
Terre & par Mer entre les
deux Couronnes de France
&d'Espagne, d'une part;
& celle de Portugal, de
l'autre; leurs Sujets, Armées, Troupes, Flottes,
Escadres & Vaisseaux, tant
en Europe que dans tout
autre Pays du monde: laquelle durera l'espace de
quatre mois, à commencer
au quinziéme du present
mois de Novembre, jufqu'au quinzième du mois de
Mars que 1 on comptera
1713.& Sa Majesté TresChrestienne se fait fort
qu'elle feraobservée par la
Couconne d'Espagne.
II
EN vertu du prefenc
Traité tousActesd'hostitlité
cesteront entre ces trois
Couronnes de chaque costé
pendant ledit espace de
quatre mois, tant par Terre
luc par Mer &autres Eaux;
en force que s'ilarrivoit que
pendant le cours de ladite
Suspensionon y
contrevinst:
de part ou d'autre,soit ouVertement, parquelquestntreprises ou autre fait d'armes,soit par surprise ou intelligence secretre en quelque endroicdu monde que
ce fût, mesme par quelque
accident imprévû, cette
contravention se reparera de part & d'autre de bonne
foy) sansdelay ni difficulté.
LesPlacesVaisseaux &
:MaKhandifefc feront rendes
•>
incessamment, & les Prifonniersmis en liberté,fane
qu'on demande aucune
chose pour tcurrançonm
pour leur dépense.
(
III.
AFIN de prévenir tous
sujets deplaintes&conteflations qui pourroient naicro
à l'occasion des Prises faites
sur Mer pendant le terme
de la Surpensionon est convenu que les Vaisseaux de
part & d'autre qui feioient
plis après l'expiration des
termes cydessus marquez,
à
commencer du jour de la
signature de ce Traité, feront entierement rendus,
avec le monde, l'Equipage,
les Marchandées, & autres
effetsqu'on y aura trouvez.
sans la moindre exceptionysçavoir,ceux qu'on aura pris
depuis les Costes de Portugal jusqu'à la hauteur des
Isles des Açores & Détroit
de Gibraltar, après l'espace
de vingt-cinq jours; depuis
le mesme Décroitjusqu'à
tous les Ports de la Mediterrannée, après l'espace de
quarante jours depuis les
susdites Costes de Portugal
vers les Mers du Nord, &
dans lesdites Mers du Nord
,
aprés cinquante jours; depuis la hauteur des Isles des
Adores jusqu'au vingtcinquièmedegré du costé
du Sud, après cinquante
jours; & enfin aprèsledit
vingt-cinquièmedegré vers
toute autre partie du monde, après six mois: Bien
entendu que dans les endroits où la Suspension ne
peut avoir lieu que dans six
mois, il ca stipulé que la-
dite Suspension ne ^comK
mençant qu'aprés les susdits
six mois, elle ne finira par
consequent que dans dix
mois. Et à l'égard des
autres endroits, on observera la mesme chose à proportion des termes mar-
,
quez, afin que l'on y
ait
connoissance de ladite Suspension d'Armes.
IV.
Tous Vaisseaux &
Bastimens desdites trois
Couronnes pourront navi-
ger librement & 10Ulr de la
presente Suspension depuis
les termes cy -
dessus marquez,, sans estremunis
d'aucres Passeports que de
.ceux de leurs Souverains;
,&,cn cas que les Marchands
souhaitent d'en avoir d'aur
très, on leur en accordera
réciproquement.
; V.
;
SA Majené Très-Chrétiennepromet que les Articlescydeilus de la Ceiïatiori
d'Armes par Mer feront
observez par tous les Capitaines desVaisseaux & autres
Bastimensquiontouauront
commission de ses Alliez:
Et Sa MajestéPortugaise
promet que de sa partilsseront pareillement observez
à l'égard de tous les Alliez
de Sa MajestéTrès-Chrétienne.
VI
EN vertu de la presente
Suspension d'Armes, les
Troupes que Sa Majesté
Portugaile a
presentement
en Catalogne retourneront
enPortugalle plustost qu'il
sera possible,&afin que Sa
Majesté Portugaise ait le
temps d'envoyer, ses ordres
au General qui commande
lesdites Troupes, ladite
Suspension d'Armes ne
commencera pour elles que
le i1 Decembre prochain, auquel jour elles seront & demeureront dans l'inaction
jusqu'à leur départ,sans pouvoir servir ni directementni
indirectement contre les 2.
Couronnes. Et en cas que
leur retraite se fasse par
Terre, des Commissaires
Espagnols se trouverontsur
la Frontiere dans les premiets jours de Decembre
prochain pour concerter,
avec le General desdites
Troupes Portugaisle jour.
de leur départ & toutes les
mesures necessaires, afin
que leur marche au travers
des Etats de la Couronne
d'Espagne soit la pluscourte & la plus commode
qu'il fera possible, & que
leurs logemens soient reglez dans la route: Bien entendu que pendant ladite
marche on leur donnera
aussi des Commissaires pour
les garantir de toutes infultcs-& pour leur faire fournir les vivres, aussi bien que
'! tout ce qui leur fera necessaire, au prix commun &.
ordinaire dans le Pays. Sa
Majesté TrèsChrestienne
se fait fort qu'on aura toute
l'attention possible pour la
fureté desdites Troupes,
& que si par quelque accident imprévu, il arrivoit
que les termes de quatre
moisdelaSuspension vinst
à expirer pendant leur passage par Terre ou par Mer;
en ce cas la Suspension
d'Armes ne laissera pas de
continuer à l'égard de ces
Troupes seulement jusqu'a
ce qu'elles soient arrivées en
Portugal.
VIL
LesRatifications du
present Traité seront échangées de part & d'autre
dans le terme de quarante
jours, ou plustosrsi faire (e
peut nonobsfant que la Suspension doive commencer
du
1 5. du present mois de
Novembre. En foy de
quoy & en vertu des ordres
&pleins pouvoirs que nous
soussïgnez avons reçûs de
nos Maîstres le Roy TresChrestien & le Roy de
Portugal, avons figné le
present Traité, & y avons
fait apposer les Sceaux de
de nos Armes. Fait à
Utrecht le fepriéme Novembre mil sept cens douze.
Estoit figné
(L.S.) HUXELLES.
(L.S,.) L'ABBE DE
POLIGNAC.
(L.S=):M,ENAGER. I
(L.S.) J COMTE DE
TAROUCA.
(L. S) D. Louis DACUNHA.
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Résumé : Traité de Suspension d'Armes entre la France & l'Espagne, d'une part; & le Portugal, de l'autre. Conclu à Utrecht le septiéme Novembre 1712.
Le traité de suspension d'armes entre la France, l'Espagne et le Portugal a été signé à Utrecht le 1er novembre 1712. Ce traité prévoit une suspension générale des actions militaires par terre et par mer entre les couronnes de France et d'Espagne, d'une part, et celle du Portugal, d'autre part. Cette suspension, garantie par la France, durera quatre mois, du 15 novembre 1712 au 15 mars 1713. Pendant cette période, tous les actes d'hostilité entre les trois couronnes cesseront, et toute contravention sera réparée de bonne foi sans délai. Le traité stipule également la restitution des vaisseaux et des marchandises capturés après la signature du traité, avec des délais spécifiques selon les zones géographiques. Par exemple, les prises entre les côtes du Portugal et les Açores seront rendues après 25 jours. Les vaisseaux des trois couronnes pourront naviguer librement pendant la suspension, sans besoin de passeports supplémentaires. La France et le Portugal s'engagent à ce que leurs alliés respectent également les termes de la suspension d'armes. Les troupes portugaises en Catalogne devront retourner au Portugal dès que possible, avec une suspension d'armes commençant le 11 décembre 1712. Des commissaires espagnols assureront leur sécurité et leur approvisionnement pendant leur retraite. Les ratifications du traité seront échangées dans un délai de quarante jours, bien que la suspension commence dès le 15 novembre 1712. Le traité a été signé par les plénipotentiaires des rois de France et de Portugal à Utrecht le 1er novembre 1712.
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65
p. 25-70
LETTRE A M. le Marquis de *** Sur un Livre intitulé, Les Soûpirs de l'Europe.
Début :
Vous croyez, Monsieur, que tous les soûpirs sont reservez pour [...]
Mots clefs :
Soupirs, Europe, France, Couronne, Empereur, Guerre, Paix, Monarchie, Puissances, Autriche, Hollande, Espagne, États du Royaume, Renonciations, Alliance, Projet, Intérêts, Testament, Tranquilité, Malheurs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE A M. le Marquis de *** Sur un Livre intitulé, Les Soûpirs de l'Europe.
LETTREA M.
-
le Marquis de***
Sur un Livre intitulé, Les
Soûpirs de l'Europe.
VOus croyez,Monsieur,
que tous les soûpirs sont
reservez pour l'amour, &
qu'il n'y a que le beau sexe
qui ait droit d'en exiger.
Je vous envoye un livre
nouveau qui vous apprendra que l'Europe loûfirc
aprésd'autres objets. Cest
a vous, Monsieur, à juger
si l'auteur est bien fondé à
faire joüer le personnage
d'Heraclite à la plus belle
partie du monde: mais prenez garde de rire dans le
temps que les autres sont
affligez; ce seroit un manque de charité de ne se pas
conformer au precepte de
saint Paul, qui veut qu'on
pleure avec ceux qui pleurent.
L'objet qui excite les [où.
pirs de l'Europe, est la Harangue de la Reine d'Angleterre à son Parlement
sur le projet d'une paix génerale. Vous ferez surpris,
Monsieur, qu'on fasse soûpirer l'Europe à rafpeél:
d'un projet de paix, dans
le temps que tous les peuples concourent par leurs
vœux à obtenir du Ciel ce
qui fait le bonheur de la
terre.
La Reine de la Grande
Bretagne, plus sensible aux
vrais malheurs de l'Europe
qu'à ses pretendus soûpirs,
ayant enfin ouvert les yeux
sur les motifs qui ont, mis
la Chrétienté en combus-
tion, a reconnu que les desfeins ambitieux de deux
Puissances ont produit cet
embrasèmenr, ceux de la
Maison d'Autriche d'un côté
y
& ceux des Etats Generaux des Provinces Unies
de l'autre.
L'habileté de ces deux
Puissances avoir trouvé le
fecrer d'armer pour leur
querelle une partie desPrinces de l'Europe, pour combattre le chimérique projet de la Monarchie universelle dont elles accufoienr
la France,pendanr que dans
leurs trairez publics & secrets elles ne pensoient
qu'à leur agrandissement
particulier
,
aux dépens du
bien des autres Princes qui
s'étoientliguez avec elles.
Bien des années s'étoient
écoulées, sans que le voile
qui cachoit cet artifice eût
été tiré. Deux grands Capitaines en tenoient les
deux bouts, & empêchoient
par leurs soins que la PuiC
sance qui fournissoit leplus
à l'entretien de la guerre,
& qui y
prositoit le moins,
ne pût découvrir le myC.
tere de l'Empereur & des
Hollandois.
Ce n'est pas une chose
nouvelle de voir la Maison
d'Autriche attentive à son
agrandissement
:
mais c'en
est une de voir les principaux membres de l'Empire
travailler à leur propre deftruction.
Les Hollandois n'ont pas
moins manifesté leur ambition, quoy qu'ils l'ayent
conduite d'une maniere
plus couverte. Personne n'ignore que depuis l'établissement de leur Souverai-
netéparles secours des Rois
de France Henry IV. Louis
XIII. & LouisXIV.il n'y a
pas de partie dans le monde
où ils ne soient parvenus à
fonder leur domination,
fous pretexte de leur commerce
,
& même aux dépens de ceux qui sont aujourd'hui leurs plus grands
amis ôc leurs plus chers alliez.
e Pendant que l'Espagne a
été comme en brassiere sous
le regne de Charles II. les
Hollandois ont profité d-e
cet état d'impuissance pour
augmenter leur barriere-,
& tirer avantage du négoce des Indes Occidentales. Depuis ce temps-là il
ne paroît aucun traité, soit
de commerce, foit de guerre, danslequel les Etats Géneraux n'ayent glisse des
clauses nouvelles à leur
avantage ;
& c'estsapolitique dangereuse qui vient
d'êtredémarquée, c'est ce
manege qui vient d'engager la Reine d'Angleterre
& le nouveau Ministere a
ouvrir les yeux sur les véritables intérêts de leur na-
tion, en écoutant avec plus
de sagesse que ceux qui
gouvernent la Hollande,
les proportions du Roy de
France, quoique beaucoup
inférieures à celles que ce
Prince avoit fait presenter
à la Haye en 1709. &à Gertruidemberg en 1710.
Le systême de la grande
alliance n'a étéque d'en,
gager la Maison d'Autriche dans de si grandes entreprises, afin qu'après la
paix demeurant Titulaire
des Pays-Bas, & ne se trouvant pas en état de rem-
bourser les avances de la
Hollande,ilsalûtlaisser à
cette République, par engagemenr, les meilleures
places de ces Provinces qui
auroient eu le même fort
que la ville de Mastricht
& qui jointes à la barriere,
qu'on pretendoit de la France
,
auroit rendu dans la
fuite lesHollandoisSouverains des dix-sept Provinces. Ajoutez à cela que si
l'Empereur etoit devenu
maître de l'Espagne & des
Indes, ce Prince n'étant pas
en etat de faire le com-
merce de la mer, il auroit
étécontraint de s'enrapporter à eux, & par ce
moyen ils auroient éloigné
toute autre nation du com.
merce de l'Amerique.
Voila, Monsieur, la découverte que laReine d'Angleterre & son nouveau Ministere ont faite, qui devient pour les Hollandois
un veritable sujet de soûpirer.
L'Auteur du livre des
soûpirs de l'Europe auroit
parlé plus juste s'il avoit intitulé son ouvrage, les soû-
pirs de la Hollande, en
comparant les négociations d'Utrecht avec celles
de la Haye & deGertruidemberg
,
& en reflechissant sur les suites sacheuses
de la victoire de IJenain)
la prise de Marchiennes,
magasin de toute leur campagne, de la levée du siege
de Landreci, de la conquête de Douay
,
de celle
du Quesnoy, du renversement de toutes leurs grandes esperances, ôc de n'être pas en sûreté au milieu
de leur domination; eux qui
deux mois auparavant se
vantoient de mettre Paris
fous contribution, & de
faire hyverner leurs troupes au milieu de la France.
Le livre auquel jerépons
n'a pour fondement que la
renonciation de MarieTherese d'Autriche à la
Couronne d'Espagne. C'est
une piece produite au procés après l'arrêt rendu.
L'affaireestdecidée, Philippe V. restera sur le Trône d'Espagne, l'Angleterre
le reconnoît.
Tous ceux qui liront la
Harangue de la Reine à
son Parlement sans prévention, feront surpris du
mauvais sens que les alliez
donnent à cette déclaration
:
mais ils le feront encore davantage des efforts
que fait l'Auteur des Soûpirs, pour persuader au Public que les alliez n'ont jamais eu la moindre connoissance des projets de la
Reine touchant la paix generale.
Cet auteur a
oublié que
le livre de la conduite des
alliez a
désavoue son dis-
cours, puisque depuis un
an ils n'ont pas cessé de faire
agir leurs émissaires en Angleterre.
Si après toutes ces tentatives instructueuses on
veut faire semblant d'ignorer un fait rendu public
par des communications (ï
solemnelles, on veut prendre le monde pour dupe; il
est permis de ne les pas approuver: maisil est honceux de soûtenir qu'on ne
l'a pas sçû.
Dans les principes de
l'Empereur & des Etats Ge-
neraux le droit sur les Couronnes ne doit plus être réglé ni sur la proximité du
sang, ni sur lestitres les plus
autentiques, mais seulement sur ce qui peut convenir à l'intérêt de la Cour
de Vienne & des Hollandois:il leur suffira de craindre ragrandissement d'une
Puissance, pour armer toute
l'Europe contre un Prince
que la nature declare, &
que la Providence établit
héritier de ses ancêtres.
Dans une justice reglée
où l'équité decide, & non
la
la violence, il seroit aisé de
faire connoître que les Couronnes d'Espagne appartiennent légitimement à
Philippe V. & dans un pays
sensé où la raison gouverne, & non la passion, il ieroit aisé de démontrer qu'-
on ne peur les lui arracher.
La premiere se prouve,
parce que ses droits sont
fondez sur la nature, sur la
loy du pays, sur la coûtume
,
& sur le testament de
Charles II. confirmé par le
suffrage de tous les Etats
de la Monarchie, à qui,
selon l'auteur des Soûpirs,
il appartient de confirmer,
ou d'infirmer toutes disposrtions faites par les Rois
d'Espagne.L'Empereurn'opose à de si justes titres que
Ia- renonciation de MarieTherese d'Autriche,filleaînée de Philippe IV. maisil
y a
long-temps qu'on afait
toucher au doigt la nullité
de cet acte, & il suffit de
renvoyer aux livres imprimez celui qui voudra sçavoir & approfondir cette
matiere.Pourmoy, qui n'en
veux dire qu'un mot, mais
unmot peremptoire, je me
,
contenterai des mêmes argumens que l'auteur des
Soupirsemployepour prouver que si la renonciation
de MarieTheresed'Autriche est bonne, le testament deCharles II.estbon,
& que si le testament est
nul, la renonciation est encore plus nulle; par consequent ledroit naturel, le
droit du fang étant du côté
de Philippe V.la Couronne
d'Espagne lui appartient incontestablement
-,
donc la
guerre qu'on lui faitest injuste. - Dij
Car si par les remarques
de l'auteur des Soûpirs, p.
1 26. les Rois d'Espagne ne
possedant point le Royaume ex domino, ne peuvent
ni vendre, ni donner, ni
aliener leurs peuples comme un troupeau de moutons, par une même consequence les Rois d'Espagne peuvent encore moins
obliger leurs enfans à vendre, a
ceder,&àfaire quelque alienation que ce soit
des droits naturels qu'ils
ont sur la Couronne.
L'auteur rapporte plu-
sieurs exemples qui prouvent que tous actes qui
n', ., 1 ont point été approuvez
par les Etats du Royaume
n'ont jamais eu leur effet.
L'Empereur ne peut disconvenir ( & toute l'Europe
en est témoin) que le sesia..
ment de Charles II. n'ait
été approuve par tous les
Etats du Royaume d'Espagne,puisque d'abord après
la mort de Charles II. il y
eut une deputation solemnelle enFrance, pour prier
le Roy d'accorderà FEfpagne le Ducd'Anjou, fuu
vant la derniere volonté de
Charles II.
L'Empereur doit avouer
encore qu'avec toutes les
forces des alliez, & toutes
les profperitez imaginables,
il n'a jamais pu se faire reconnoîtreRoyparces peuples, quoyqu'il ait été deux
fois maître de Madrid.
Je voudrois donc bien
que l'auteur des Soûpirs
nous dît quel titre il fautavoir pour être legitimement Roy d'Espagne. Est-,
ce la loy du pays ?
elleest.
pour nous. Est-cel'usage ?
ilest pour nous. Est-ce un
testament ? nous l'avons.
Est-ce l'acclamation des
peuples? certainement nul
autreque Philippe V. ne
s'en peut vanter; elle a
été
universelle a son avenement, elle a
duré trois ans
entiers sans aucune contradiction. Cen'est qu'à force
d'intrigues qu'on lui a
débauché dans la fuite quelques sujets, convaincus par
là derébellion manifeste,
puis qu'ils ont violé leurs
premiers sermens.
Mais pourquoy l'auteur,
dans sa vaste érudition, ôc
dans le reüeil des pieces
qu'il rapporte
,
ne dit-il pas
un seul mot des testamens
fameux de Charles-Quint
& de Philippe second ? C'est
qu'ils l'égorgent, & qu'il
n'est pas payé pour alleguer
la vérité contre l'intention
de ceux qui le font écrire.
Or ces deux testamens renferment une substitution
graduelle lX. perpétuelle de
la Couronne d'Espagne, en
preferant les mâles aux
femelles, & au défaut des
mâles, les fillesaînées aux
cadet-
cadettes dans toute leur
posterité. Je dis donc: Ou
la successiond'Espagne doit
être reglée par les dispositions des Rois, ou elle ne
peut l'être que par le droit
du sang;enunmot oucette
Couronne elt alienable, ou
elle ne l'est pas: si elle effc
alienable, lasubstitution étant faite par les anciens
Rois de la Maison d'Autriche, leurs descendans n'ont
pû la changer; par consequent ni testamens posterieurs, ni renonciations, ni
autres dispositions quelcon-
ques ne peuvenc la détruire.
L'aureur est tropgrandJurisconsulte pour ignorer les
premiers élemens du Droit.
Si laCouronne n'estpasalienable, les testamens de
Charles-Quint & de Philippe II. ajoutez.y, si vous
voulez, celui deCharles Il
etoient inutiles, puis qu'ils
ne disent que ce que la loy
disoit avant eux: mais les
rciramens de Philippe III.
&de Philippe IV. contraires à la loy, sont nuls de
plein droit, & les renonciations d'Anne & deMarie.
Therese, contraires à la
loy,sont nulles de plein,
droit auili"; par consequent
les testamens des trois Monarques, par lesquels Philippe V. est appellé, ne sont
bons& respectables qu'autantqu'ils sont conformes
à laloyfondamentale de
TEcac: d'oùil s'enfuit que
-il Philippe IV. & MarieTherese safille avoient eu
la moindre autorité pour
exclure quelqu'un de leurs
descendans
,
contre toute
forte de justice, Charles II.
n'enavoit pas moins pour
les rétablir dansl'ordre de
la justicemême. Si le pere
a
ptt faire un mal
,
le fils à
plus forte raison a
pu le reparer;& voila precisément
en quoy la disposition de
Charles11. a
été legitime,
c'cft qu'elle a
remis les cho-
* ses dans leur état naturel;
c'est qu'elle a marqué en
quoy les renonciations étoient valables, je veux dire
dans le point d'incompatibilité de deux Couronnes:
& en quoy elles ne l'étoient
pas, je veux dire dans l'ex..
clusion du scul & veritable
,
héritier.
Ainsi Philippe V. ne vient
pas à la Couronne du droit
de la grandmere, ni du
droit de son bisayeul maternel
,
mais du sien propre. Il ne les represente
point pour être tenu de leurs
faits
;
il vient comme ap,
pellé par les loix,par le sang,
par la nature. CharlesII.
ne l'a pas proprement institué
;
il n'a fait que le désigner encre les vrais successeurs, parce que les autres
étoient destinez à porter la
Couronne de France, &c
qu'il convenoitpour le bien
des deux Royaumes, qu'ils
cussent deux Rois separez.
Voila ce qui s'appelle des
raisons ausquelles je défie
l'auteur en question de répondre autrement que par
des soûpirs: mais ce qu'il y
a
de plus curieux dans foii»
livre,c'est qu'après être
convenu des principes, il;
nie toutesles conséquences.
Les dispositions personnelles, selon lui, sont des chansons:mais les renonciations.
font des loix fondamental
les, comme si les renonciationsnetoient pas des dis-
goûtions personnelles.
Je voudrois bien lui de^
mander si les Cortes en 1618.
avoient plus d'autorité pour
renverserles anciennes, que
les Cortes en 1709. en avoient pour s'y conformer.
Les premieres ont exclules
enfans d'Anne, les fecondes ontjuré que Philippe V.
&[on filsétaient les veritables Rois. Si les premieres
ont pû faire une loy ,les lecondes en ont pu faire une
aussi. Quelle différence y
at-il donc entrç les deux?
C'estque la loy pretendue
de 1618. etoitcontradictoire
aux loix irrevocables de la
Monarchie, & que celles
de 1709. n'en croient que le
renouvellement & l'application. Remarquez en paffane) je vous prie
,
avec
quelle affectation les PrincesAurtrichiensont prissoin
de faire toujours renoncer
les Princesses qui pouvoient
porter ailleurs des droitssur
l'EÍpagne) Anne, MarieTherese
,
l'Archiduchesse
Electrice de Baviere; & jamais celles qui pouvoient la
porter dansla branche d'Al..
lemagne. Ne voit-on pas
que c'étoit uniquement
pourfixer ce patrimoine
chez eux,3malgréOles regles
qu'ilsleur avoient données,
la reconnoissant feminine
pour leur Maison
,
&masculine pourle reste du monde. C'étoir faire violence à
la nature ôc forcer la Providence
;
aussi, comme
vous voyez, la Providence
s'en est moquée, & la nature a
repris le dessus. Rien
n'est donc plus solidement
établi que le droit de Philippe V. & rien de plus mal
fondé que la prétention de
l'Empereur. Ilme reste à
prouver que laplus folle de
toutesles chimeresferoit de
s'obstiner au détrônement
de ce Roy,
Que n'a-t- on point fait
pour en venir à bout?combien de fang répandu?combien de trésors dissipezpour.
arriver à
ce but tant desiré,
par toutes les Puissances liguées?Esperet-on de plus
grandssuccés que ceux qui
nont servià rien? Tant que lesEspagnols feront fideles,
on gagneroit vingt batailles!.
de Sarragosse, on prendroit
vingt fois Madrid
,
qu'il
faudroir se retirer & s'enfuir.
Les alliez ont été sur
l'Espagne, comme les Chymisses sur la pierre philo-,
sophale;ilsonttoûjourscrû
la tenir, elle leur a
toûjours
échapé;la premiere matiere leur manquoit, c'est;
le cœur des peuples.
Mais, me dira l'auteur
des Soûpirs, vous accusez
donc laReine de s'être flatée mal à propos, lors qu'-
ellea déclarétantdefois
à son Parlement qu'il faloit
continuer la guerre jusqu'à
ce qu'on eût mis laMaison
d'Autriche en possession del'Espagne & des Indes?
Je répons à cela qn'il faut
distinguer.
1. Pendant que
l'Empereur Joseph étoit encore plein de vie, on pouvoirregarder les deux branches de cette Maison comme separées,de la même
façon qu'on regardeaujourd'hui celle de Bourbon: mais depuis sa mort,
sansensans mâles, tout eflr
sur unemême tête; & quoy
qu'en dise l'auteur avec ses
calculs frivoles, tant de
puissance entre les mains
d'un seul Prince, pour le
moins aussi fier & aussi ambitieux qu'aucun de ses predecesseurs, seroit enorme.
La Reine a
donc grande
raiion de penser differemment depuis le mois d'Avril 1711.2. L'experienceapprend quelque chose en ce
monde.Pouvoit-on deviner d'abord que Philippe
V. se feroit tellement aimer
de ses sujets, qu'il trouve,
roit toujours en eux des
ressources contre les plus
grands revers de la fortune,& que son rival neseroit
jamais moins maîtrede l'Espagne que lors qu'il en occuperoit la Capitale? Ce
sont des évenemens si merveilleux, qu'il faut les avoir
éprouvez pour les croirez
mais les éprouver deux fois,
sans les croire,c'est un aveuglement.
Nous n'avons plus qu'une choie à examiner,si l'Europe doit plutôt soûpirer
d'une paix
faite
sur le plan
de la Reine, que d'une
guerre éternelle faite sur le
,plan des Imperiaux & des
Hollandois.
Passons le lieu commun, f
qui dit qu'une
mauvaise paix vaut mieux
quunebonne guerre::
mais voyons un moment
avec l'auteur si la paix
qu'on veut faire n'estpas
meilleure que la guerre
qu'on veut continuer.
Mais si elle est mauvaise,
les hautsalliez ont eu
grand tort quand ilsont
fait en 1701. leur traitéde
la grande alliance
; car ils
ont par ce projet de pai:c
tour ce qu'ils souhaitoient
alors, & tout ce qu'ils se
sont propoiez de plus avantageux en prenant les armes. C'est proprement dans
retraite que la Reine de la
Grande Brctagne a
puisé les
articles de la satisfaction.
commune. Si l'Empereur &
les Hollandois n'ont pas eu
foin de leurs intérêts dans
un temps où rien ne les empêchoit de stipuler tout ce
qu'ils voutoient,c'est à
eux
seuls qu'ils doivent s'en
prendre: mais, dit l'auteur,
ils
ont eu depuis bien plus d'apperit,& ils pleureront si, on
ne les contente pas; ils se
sont flatez d'enlever une
Couronne, & de partager
l'autre. Ici je veux lui faire
une derniere question,& le
prier avec tous les écrivains
de libelles contre la France, de vouloir bien me définir,une fois pour tout,
sur quel pied on doit regarder cette Couronne. Ils
entreprennent ordinairement d'établir deux choses
contr'elle. La premiere;
qu'il fautabsolument dé-
truire sa puissance; !a~-
conde, qu'on lepeut facilement. Ces deux suppositions leur paroissent necessaires pour exciteren même temps la haine &,ree..
perancer: mais malheureusement ils tombent dans
une contradiction puerile;
car pour prouver l'une, ils
disent que la France a
des
forces redoutables, des tréfors infinis, & que si l'on n'y
prend garde, elle va tout
engloutir. Pour prouver
l'autre,ils disent que la
France cft aux abois, qu",.,
elle n'a plus qu'un souffle de
vie ,& qu'il ne faut qu'un
coup de collier pour la mettre à bas. Celane s'accorde
point, & il est aisé de leur
répondre.Sielleestsifoible,
pourquoy la craignez-vous
tant? si elleest si forte, comment l'abattrez-vous? Les
sages, qui n'aiment pas l'exaggeration, se contentent
de dire là dessus une chose
qui est vraye; c'est que la
France estassezpuissante
pour resister aux plus
grands effortsde ses ennemis, & qu'elle nel'est pas
assez pour attenter à la Ii.
berté de tout le monde. Si
elle a
songé às'étendre il y
a quarante ou cinquante
ans, c'est que Paris étoit un
peu trop prés de sa frontiere. Le PrinceEugene en
conviendra, puis qu'enassiegeant Landrecy
,
il promettoit à son armée de U
faire hyverner dansl'Isle de
France, & que le Major ge-:-
neral Grovestein avoir déja
marqué les logis. Ce n'est
donc pas avoir une ambition demesurée
,
que de
vouloir couvrir son Royau-
me par le côté qui le serre
le plus: mais c'en est une
que de vouloir posseder en
même temps l'Allemagne,
les Pays-Bas', la Hongrie,
la Boheme, l'Italie, l'Espagne, & les Indes.
Concluons donc, qu'une
guerre qui ne serviroit, en
reüssissant, qu'à doubler le
Domaine des Hollandois,
& qu'à quadrupler celui de
l'Empereur
,
& qui pourroir, en ne reüssissant pas,
donner à la France plus d'Etats qu'elle n'en veut ellemême, est une guerre qu'il
cft temps de finir;qu'au;
contraire une paix qui laisse
les deux grandes Maisons
dans un juste équilibre, &
qui rend àl'Europeaffligée
par tant de. malheurs une
tranquilité parfaire, -
ne peut
faire soûpirer que les perturbateurs durepos public.:
ôcles ennemis du genre hu*
main. Je suis, &c.
De Valenciennes le 8.
d'Oflobrc i711
-
le Marquis de***
Sur un Livre intitulé, Les
Soûpirs de l'Europe.
VOus croyez,Monsieur,
que tous les soûpirs sont
reservez pour l'amour, &
qu'il n'y a que le beau sexe
qui ait droit d'en exiger.
Je vous envoye un livre
nouveau qui vous apprendra que l'Europe loûfirc
aprésd'autres objets. Cest
a vous, Monsieur, à juger
si l'auteur est bien fondé à
faire joüer le personnage
d'Heraclite à la plus belle
partie du monde: mais prenez garde de rire dans le
temps que les autres sont
affligez; ce seroit un manque de charité de ne se pas
conformer au precepte de
saint Paul, qui veut qu'on
pleure avec ceux qui pleurent.
L'objet qui excite les [où.
pirs de l'Europe, est la Harangue de la Reine d'Angleterre à son Parlement
sur le projet d'une paix génerale. Vous ferez surpris,
Monsieur, qu'on fasse soûpirer l'Europe à rafpeél:
d'un projet de paix, dans
le temps que tous les peuples concourent par leurs
vœux à obtenir du Ciel ce
qui fait le bonheur de la
terre.
La Reine de la Grande
Bretagne, plus sensible aux
vrais malheurs de l'Europe
qu'à ses pretendus soûpirs,
ayant enfin ouvert les yeux
sur les motifs qui ont, mis
la Chrétienté en combus-
tion, a reconnu que les desfeins ambitieux de deux
Puissances ont produit cet
embrasèmenr, ceux de la
Maison d'Autriche d'un côté
y
& ceux des Etats Generaux des Provinces Unies
de l'autre.
L'habileté de ces deux
Puissances avoir trouvé le
fecrer d'armer pour leur
querelle une partie desPrinces de l'Europe, pour combattre le chimérique projet de la Monarchie universelle dont elles accufoienr
la France,pendanr que dans
leurs trairez publics & secrets elles ne pensoient
qu'à leur agrandissement
particulier
,
aux dépens du
bien des autres Princes qui
s'étoientliguez avec elles.
Bien des années s'étoient
écoulées, sans que le voile
qui cachoit cet artifice eût
été tiré. Deux grands Capitaines en tenoient les
deux bouts, & empêchoient
par leurs soins que la PuiC
sance qui fournissoit leplus
à l'entretien de la guerre,
& qui y
prositoit le moins,
ne pût découvrir le myC.
tere de l'Empereur & des
Hollandois.
Ce n'est pas une chose
nouvelle de voir la Maison
d'Autriche attentive à son
agrandissement
:
mais c'en
est une de voir les principaux membres de l'Empire
travailler à leur propre deftruction.
Les Hollandois n'ont pas
moins manifesté leur ambition, quoy qu'ils l'ayent
conduite d'une maniere
plus couverte. Personne n'ignore que depuis l'établissement de leur Souverai-
netéparles secours des Rois
de France Henry IV. Louis
XIII. & LouisXIV.il n'y a
pas de partie dans le monde
où ils ne soient parvenus à
fonder leur domination,
fous pretexte de leur commerce
,
& même aux dépens de ceux qui sont aujourd'hui leurs plus grands
amis ôc leurs plus chers alliez.
e Pendant que l'Espagne a
été comme en brassiere sous
le regne de Charles II. les
Hollandois ont profité d-e
cet état d'impuissance pour
augmenter leur barriere-,
& tirer avantage du négoce des Indes Occidentales. Depuis ce temps-là il
ne paroît aucun traité, soit
de commerce, foit de guerre, danslequel les Etats Géneraux n'ayent glisse des
clauses nouvelles à leur
avantage ;
& c'estsapolitique dangereuse qui vient
d'êtredémarquée, c'est ce
manege qui vient d'engager la Reine d'Angleterre
& le nouveau Ministere a
ouvrir les yeux sur les véritables intérêts de leur na-
tion, en écoutant avec plus
de sagesse que ceux qui
gouvernent la Hollande,
les proportions du Roy de
France, quoique beaucoup
inférieures à celles que ce
Prince avoit fait presenter
à la Haye en 1709. &à Gertruidemberg en 1710.
Le systême de la grande
alliance n'a étéque d'en,
gager la Maison d'Autriche dans de si grandes entreprises, afin qu'après la
paix demeurant Titulaire
des Pays-Bas, & ne se trouvant pas en état de rem-
bourser les avances de la
Hollande,ilsalûtlaisser à
cette République, par engagemenr, les meilleures
places de ces Provinces qui
auroient eu le même fort
que la ville de Mastricht
& qui jointes à la barriere,
qu'on pretendoit de la France
,
auroit rendu dans la
fuite lesHollandoisSouverains des dix-sept Provinces. Ajoutez à cela que si
l'Empereur etoit devenu
maître de l'Espagne & des
Indes, ce Prince n'étant pas
en etat de faire le com-
merce de la mer, il auroit
étécontraint de s'enrapporter à eux, & par ce
moyen ils auroient éloigné
toute autre nation du com.
merce de l'Amerique.
Voila, Monsieur, la découverte que laReine d'Angleterre & son nouveau Ministere ont faite, qui devient pour les Hollandois
un veritable sujet de soûpirer.
L'Auteur du livre des
soûpirs de l'Europe auroit
parlé plus juste s'il avoit intitulé son ouvrage, les soû-
pirs de la Hollande, en
comparant les négociations d'Utrecht avec celles
de la Haye & deGertruidemberg
,
& en reflechissant sur les suites sacheuses
de la victoire de IJenain)
la prise de Marchiennes,
magasin de toute leur campagne, de la levée du siege
de Landreci, de la conquête de Douay
,
de celle
du Quesnoy, du renversement de toutes leurs grandes esperances, ôc de n'être pas en sûreté au milieu
de leur domination; eux qui
deux mois auparavant se
vantoient de mettre Paris
fous contribution, & de
faire hyverner leurs troupes au milieu de la France.
Le livre auquel jerépons
n'a pour fondement que la
renonciation de MarieTherese d'Autriche à la
Couronne d'Espagne. C'est
une piece produite au procés après l'arrêt rendu.
L'affaireestdecidée, Philippe V. restera sur le Trône d'Espagne, l'Angleterre
le reconnoît.
Tous ceux qui liront la
Harangue de la Reine à
son Parlement sans prévention, feront surpris du
mauvais sens que les alliez
donnent à cette déclaration
:
mais ils le feront encore davantage des efforts
que fait l'Auteur des Soûpirs, pour persuader au Public que les alliez n'ont jamais eu la moindre connoissance des projets de la
Reine touchant la paix generale.
Cet auteur a
oublié que
le livre de la conduite des
alliez a
désavoue son dis-
cours, puisque depuis un
an ils n'ont pas cessé de faire
agir leurs émissaires en Angleterre.
Si après toutes ces tentatives instructueuses on
veut faire semblant d'ignorer un fait rendu public
par des communications (ï
solemnelles, on veut prendre le monde pour dupe; il
est permis de ne les pas approuver: maisil est honceux de soûtenir qu'on ne
l'a pas sçû.
Dans les principes de
l'Empereur & des Etats Ge-
neraux le droit sur les Couronnes ne doit plus être réglé ni sur la proximité du
sang, ni sur lestitres les plus
autentiques, mais seulement sur ce qui peut convenir à l'intérêt de la Cour
de Vienne & des Hollandois:il leur suffira de craindre ragrandissement d'une
Puissance, pour armer toute
l'Europe contre un Prince
que la nature declare, &
que la Providence établit
héritier de ses ancêtres.
Dans une justice reglée
où l'équité decide, & non
la
la violence, il seroit aisé de
faire connoître que les Couronnes d'Espagne appartiennent légitimement à
Philippe V. & dans un pays
sensé où la raison gouverne, & non la passion, il ieroit aisé de démontrer qu'-
on ne peur les lui arracher.
La premiere se prouve,
parce que ses droits sont
fondez sur la nature, sur la
loy du pays, sur la coûtume
,
& sur le testament de
Charles II. confirmé par le
suffrage de tous les Etats
de la Monarchie, à qui,
selon l'auteur des Soûpirs,
il appartient de confirmer,
ou d'infirmer toutes disposrtions faites par les Rois
d'Espagne.L'Empereurn'opose à de si justes titres que
Ia- renonciation de MarieTherese d'Autriche,filleaînée de Philippe IV. maisil
y a
long-temps qu'on afait
toucher au doigt la nullité
de cet acte, & il suffit de
renvoyer aux livres imprimez celui qui voudra sçavoir & approfondir cette
matiere.Pourmoy, qui n'en
veux dire qu'un mot, mais
unmot peremptoire, je me
,
contenterai des mêmes argumens que l'auteur des
Soupirsemployepour prouver que si la renonciation
de MarieTheresed'Autriche est bonne, le testament deCharles II.estbon,
& que si le testament est
nul, la renonciation est encore plus nulle; par consequent ledroit naturel, le
droit du fang étant du côté
de Philippe V.la Couronne
d'Espagne lui appartient incontestablement
-,
donc la
guerre qu'on lui faitest injuste. - Dij
Car si par les remarques
de l'auteur des Soûpirs, p.
1 26. les Rois d'Espagne ne
possedant point le Royaume ex domino, ne peuvent
ni vendre, ni donner, ni
aliener leurs peuples comme un troupeau de moutons, par une même consequence les Rois d'Espagne peuvent encore moins
obliger leurs enfans à vendre, a
ceder,&àfaire quelque alienation que ce soit
des droits naturels qu'ils
ont sur la Couronne.
L'auteur rapporte plu-
sieurs exemples qui prouvent que tous actes qui
n', ., 1 ont point été approuvez
par les Etats du Royaume
n'ont jamais eu leur effet.
L'Empereur ne peut disconvenir ( & toute l'Europe
en est témoin) que le sesia..
ment de Charles II. n'ait
été approuve par tous les
Etats du Royaume d'Espagne,puisque d'abord après
la mort de Charles II. il y
eut une deputation solemnelle enFrance, pour prier
le Roy d'accorderà FEfpagne le Ducd'Anjou, fuu
vant la derniere volonté de
Charles II.
L'Empereur doit avouer
encore qu'avec toutes les
forces des alliez, & toutes
les profperitez imaginables,
il n'a jamais pu se faire reconnoîtreRoyparces peuples, quoyqu'il ait été deux
fois maître de Madrid.
Je voudrois donc bien
que l'auteur des Soûpirs
nous dît quel titre il fautavoir pour être legitimement Roy d'Espagne. Est-,
ce la loy du pays ?
elleest.
pour nous. Est-cel'usage ?
ilest pour nous. Est-ce un
testament ? nous l'avons.
Est-ce l'acclamation des
peuples? certainement nul
autreque Philippe V. ne
s'en peut vanter; elle a
été
universelle a son avenement, elle a
duré trois ans
entiers sans aucune contradiction. Cen'est qu'à force
d'intrigues qu'on lui a
débauché dans la fuite quelques sujets, convaincus par
là derébellion manifeste,
puis qu'ils ont violé leurs
premiers sermens.
Mais pourquoy l'auteur,
dans sa vaste érudition, ôc
dans le reüeil des pieces
qu'il rapporte
,
ne dit-il pas
un seul mot des testamens
fameux de Charles-Quint
& de Philippe second ? C'est
qu'ils l'égorgent, & qu'il
n'est pas payé pour alleguer
la vérité contre l'intention
de ceux qui le font écrire.
Or ces deux testamens renferment une substitution
graduelle lX. perpétuelle de
la Couronne d'Espagne, en
preferant les mâles aux
femelles, & au défaut des
mâles, les fillesaînées aux
cadet-
cadettes dans toute leur
posterité. Je dis donc: Ou
la successiond'Espagne doit
être reglée par les dispositions des Rois, ou elle ne
peut l'être que par le droit
du sang;enunmot oucette
Couronne elt alienable, ou
elle ne l'est pas: si elle effc
alienable, lasubstitution étant faite par les anciens
Rois de la Maison d'Autriche, leurs descendans n'ont
pû la changer; par consequent ni testamens posterieurs, ni renonciations, ni
autres dispositions quelcon-
ques ne peuvenc la détruire.
L'aureur est tropgrandJurisconsulte pour ignorer les
premiers élemens du Droit.
Si laCouronne n'estpasalienable, les testamens de
Charles-Quint & de Philippe II. ajoutez.y, si vous
voulez, celui deCharles Il
etoient inutiles, puis qu'ils
ne disent que ce que la loy
disoit avant eux: mais les
rciramens de Philippe III.
&de Philippe IV. contraires à la loy, sont nuls de
plein droit, & les renonciations d'Anne & deMarie.
Therese, contraires à la
loy,sont nulles de plein,
droit auili"; par consequent
les testamens des trois Monarques, par lesquels Philippe V. est appellé, ne sont
bons& respectables qu'autantqu'ils sont conformes
à laloyfondamentale de
TEcac: d'oùil s'enfuit que
-il Philippe IV. & MarieTherese safille avoient eu
la moindre autorité pour
exclure quelqu'un de leurs
descendans
,
contre toute
forte de justice, Charles II.
n'enavoit pas moins pour
les rétablir dansl'ordre de
la justicemême. Si le pere
a
ptt faire un mal
,
le fils à
plus forte raison a
pu le reparer;& voila precisément
en quoy la disposition de
Charles11. a
été legitime,
c'cft qu'elle a
remis les cho-
* ses dans leur état naturel;
c'est qu'elle a marqué en
quoy les renonciations étoient valables, je veux dire
dans le point d'incompatibilité de deux Couronnes:
& en quoy elles ne l'étoient
pas, je veux dire dans l'ex..
clusion du scul & veritable
,
héritier.
Ainsi Philippe V. ne vient
pas à la Couronne du droit
de la grandmere, ni du
droit de son bisayeul maternel
,
mais du sien propre. Il ne les represente
point pour être tenu de leurs
faits
;
il vient comme ap,
pellé par les loix,par le sang,
par la nature. CharlesII.
ne l'a pas proprement institué
;
il n'a fait que le désigner encre les vrais successeurs, parce que les autres
étoient destinez à porter la
Couronne de France, &c
qu'il convenoitpour le bien
des deux Royaumes, qu'ils
cussent deux Rois separez.
Voila ce qui s'appelle des
raisons ausquelles je défie
l'auteur en question de répondre autrement que par
des soûpirs: mais ce qu'il y
a
de plus curieux dans foii»
livre,c'est qu'après être
convenu des principes, il;
nie toutesles conséquences.
Les dispositions personnelles, selon lui, sont des chansons:mais les renonciations.
font des loix fondamental
les, comme si les renonciationsnetoient pas des dis-
goûtions personnelles.
Je voudrois bien lui de^
mander si les Cortes en 1618.
avoient plus d'autorité pour
renverserles anciennes, que
les Cortes en 1709. en avoient pour s'y conformer.
Les premieres ont exclules
enfans d'Anne, les fecondes ontjuré que Philippe V.
&[on filsétaient les veritables Rois. Si les premieres
ont pû faire une loy ,les lecondes en ont pu faire une
aussi. Quelle différence y
at-il donc entrç les deux?
C'estque la loy pretendue
de 1618. etoitcontradictoire
aux loix irrevocables de la
Monarchie, & que celles
de 1709. n'en croient que le
renouvellement & l'application. Remarquez en paffane) je vous prie
,
avec
quelle affectation les PrincesAurtrichiensont prissoin
de faire toujours renoncer
les Princesses qui pouvoient
porter ailleurs des droitssur
l'EÍpagne) Anne, MarieTherese
,
l'Archiduchesse
Electrice de Baviere; & jamais celles qui pouvoient la
porter dansla branche d'Al..
lemagne. Ne voit-on pas
que c'étoit uniquement
pourfixer ce patrimoine
chez eux,3malgréOles regles
qu'ilsleur avoient données,
la reconnoissant feminine
pour leur Maison
,
&masculine pourle reste du monde. C'étoir faire violence à
la nature ôc forcer la Providence
;
aussi, comme
vous voyez, la Providence
s'en est moquée, & la nature a
repris le dessus. Rien
n'est donc plus solidement
établi que le droit de Philippe V. & rien de plus mal
fondé que la prétention de
l'Empereur. Ilme reste à
prouver que laplus folle de
toutesles chimeresferoit de
s'obstiner au détrônement
de ce Roy,
Que n'a-t- on point fait
pour en venir à bout?combien de fang répandu?combien de trésors dissipezpour.
arriver à
ce but tant desiré,
par toutes les Puissances liguées?Esperet-on de plus
grandssuccés que ceux qui
nont servià rien? Tant que lesEspagnols feront fideles,
on gagneroit vingt batailles!.
de Sarragosse, on prendroit
vingt fois Madrid
,
qu'il
faudroir se retirer & s'enfuir.
Les alliez ont été sur
l'Espagne, comme les Chymisses sur la pierre philo-,
sophale;ilsonttoûjourscrû
la tenir, elle leur a
toûjours
échapé;la premiere matiere leur manquoit, c'est;
le cœur des peuples.
Mais, me dira l'auteur
des Soûpirs, vous accusez
donc laReine de s'être flatée mal à propos, lors qu'-
ellea déclarétantdefois
à son Parlement qu'il faloit
continuer la guerre jusqu'à
ce qu'on eût mis laMaison
d'Autriche en possession del'Espagne & des Indes?
Je répons à cela qn'il faut
distinguer.
1. Pendant que
l'Empereur Joseph étoit encore plein de vie, on pouvoirregarder les deux branches de cette Maison comme separées,de la même
façon qu'on regardeaujourd'hui celle de Bourbon: mais depuis sa mort,
sansensans mâles, tout eflr
sur unemême tête; & quoy
qu'en dise l'auteur avec ses
calculs frivoles, tant de
puissance entre les mains
d'un seul Prince, pour le
moins aussi fier & aussi ambitieux qu'aucun de ses predecesseurs, seroit enorme.
La Reine a
donc grande
raiion de penser differemment depuis le mois d'Avril 1711.2. L'experienceapprend quelque chose en ce
monde.Pouvoit-on deviner d'abord que Philippe
V. se feroit tellement aimer
de ses sujets, qu'il trouve,
roit toujours en eux des
ressources contre les plus
grands revers de la fortune,& que son rival neseroit
jamais moins maîtrede l'Espagne que lors qu'il en occuperoit la Capitale? Ce
sont des évenemens si merveilleux, qu'il faut les avoir
éprouvez pour les croirez
mais les éprouver deux fois,
sans les croire,c'est un aveuglement.
Nous n'avons plus qu'une choie à examiner,si l'Europe doit plutôt soûpirer
d'une paix
faite
sur le plan
de la Reine, que d'une
guerre éternelle faite sur le
,plan des Imperiaux & des
Hollandois.
Passons le lieu commun, f
qui dit qu'une
mauvaise paix vaut mieux
quunebonne guerre::
mais voyons un moment
avec l'auteur si la paix
qu'on veut faire n'estpas
meilleure que la guerre
qu'on veut continuer.
Mais si elle est mauvaise,
les hautsalliez ont eu
grand tort quand ilsont
fait en 1701. leur traitéde
la grande alliance
; car ils
ont par ce projet de pai:c
tour ce qu'ils souhaitoient
alors, & tout ce qu'ils se
sont propoiez de plus avantageux en prenant les armes. C'est proprement dans
retraite que la Reine de la
Grande Brctagne a
puisé les
articles de la satisfaction.
commune. Si l'Empereur &
les Hollandois n'ont pas eu
foin de leurs intérêts dans
un temps où rien ne les empêchoit de stipuler tout ce
qu'ils voutoient,c'est à
eux
seuls qu'ils doivent s'en
prendre: mais, dit l'auteur,
ils
ont eu depuis bien plus d'apperit,& ils pleureront si, on
ne les contente pas; ils se
sont flatez d'enlever une
Couronne, & de partager
l'autre. Ici je veux lui faire
une derniere question,& le
prier avec tous les écrivains
de libelles contre la France, de vouloir bien me définir,une fois pour tout,
sur quel pied on doit regarder cette Couronne. Ils
entreprennent ordinairement d'établir deux choses
contr'elle. La premiere;
qu'il fautabsolument dé-
truire sa puissance; !a~-
conde, qu'on lepeut facilement. Ces deux suppositions leur paroissent necessaires pour exciteren même temps la haine &,ree..
perancer: mais malheureusement ils tombent dans
une contradiction puerile;
car pour prouver l'une, ils
disent que la France a
des
forces redoutables, des tréfors infinis, & que si l'on n'y
prend garde, elle va tout
engloutir. Pour prouver
l'autre,ils disent que la
France cft aux abois, qu",.,
elle n'a plus qu'un souffle de
vie ,& qu'il ne faut qu'un
coup de collier pour la mettre à bas. Celane s'accorde
point, & il est aisé de leur
répondre.Sielleestsifoible,
pourquoy la craignez-vous
tant? si elleest si forte, comment l'abattrez-vous? Les
sages, qui n'aiment pas l'exaggeration, se contentent
de dire là dessus une chose
qui est vraye; c'est que la
France estassezpuissante
pour resister aux plus
grands effortsde ses ennemis, & qu'elle nel'est pas
assez pour attenter à la Ii.
berté de tout le monde. Si
elle a
songé às'étendre il y
a quarante ou cinquante
ans, c'est que Paris étoit un
peu trop prés de sa frontiere. Le PrinceEugene en
conviendra, puis qu'enassiegeant Landrecy
,
il promettoit à son armée de U
faire hyverner dansl'Isle de
France, & que le Major ge-:-
neral Grovestein avoir déja
marqué les logis. Ce n'est
donc pas avoir une ambition demesurée
,
que de
vouloir couvrir son Royau-
me par le côté qui le serre
le plus: mais c'en est une
que de vouloir posseder en
même temps l'Allemagne,
les Pays-Bas', la Hongrie,
la Boheme, l'Italie, l'Espagne, & les Indes.
Concluons donc, qu'une
guerre qui ne serviroit, en
reüssissant, qu'à doubler le
Domaine des Hollandois,
& qu'à quadrupler celui de
l'Empereur
,
& qui pourroir, en ne reüssissant pas,
donner à la France plus d'Etats qu'elle n'en veut ellemême, est une guerre qu'il
cft temps de finir;qu'au;
contraire une paix qui laisse
les deux grandes Maisons
dans un juste équilibre, &
qui rend àl'Europeaffligée
par tant de. malheurs une
tranquilité parfaire, -
ne peut
faire soûpirer que les perturbateurs durepos public.:
ôcles ennemis du genre hu*
main. Je suis, &c.
De Valenciennes le 8.
d'Oflobrc i711
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Résumé : LETTRE A M. le Marquis de *** Sur un Livre intitulé, Les Soûpirs de l'Europe.
La lettre du Marquis de*** examine les tensions politiques en Europe, telles que décrites dans le livre 'Les Soupirs de l'Europe'. L'auteur de la lettre réfute l'idée que les 'soupirs' de l'Europe soient uniquement dus à l'amour, affirmant qu'ils résultent des ambitions des grandes puissances. La Reine d'Angleterre a reconnu que les guerres en Europe sont le fruit des ambitions de la Maison d'Autriche et des États Généraux des Provinces Unies, qui cherchent à étendre leur influence au détriment des autres princes. La lettre critique la politique de la Maison d'Autriche et des Hollandais, soulignant leur ambition et leur manipulation des autres nations. Elle révèle que la Reine d'Angleterre et son nouveau ministère ont découvert les véritables intérêts des Hollandais, qui visent à dominer les Pays-Bas et le commerce des Indes. La lettre conteste la guerre contre Philippe V pour le trône d'Espagne, affirmant que ses droits sont légitimes et fondés sur la loi du pays, la coutume et le testament de Charles II. L'auteur de la lettre argue que les testaments de Charles-Quint et Philippe II établissent une succession masculine, et que les renonciations d'Anne et de Marie-Thérèse sont nulles. Il conclut que Philippe V est le légitime héritier du trône d'Espagne, appelé par les lois, le sang et la nature. Le texte discute également des conflits dynastiques et des droits successoraux en Espagne, mettant en lumière les contradictions dans les arguments de l'auteur des 'Soupirs'. Il critique les renonciations personnelles et les lois fondamentales, soulignant que les Cortes de 1618 et de 1709 ont toutes deux légitimé leurs décisions, bien que contradictoires. Il souligne également les manœuvres des Princes Autrichiens pour maintenir leur influence en Espagne, malgré les règles de succession. Le texte défend le droit de Philippe V au trône d'Espagne, affirmant que les efforts des puissances alliées pour le détrôner ont échoué en raison du soutien des Espagnols. Il compare les alliances européennes à des Chimères, incapables de contrôler l'Espagne sans le soutien des peuples. L'auteur distingue les périodes avant et après la mort de l'Empereur Joseph, notant que la concentration de pouvoir entre les mains d'un seul prince est dangereuse. Il critique les calculs frivoles de l'auteur des 'Soupirs' et souligne l'importance de l'expérience et du soutien populaire. Enfin, le texte examine la question de la paix versus la guerre, affirmant que la paix proposée par la Reine est préférable à une guerre éternelle. Il critique les contradictions dans les arguments des ennemis de la France, qui la décrivent tour à tour comme faible et puissante. L'auteur conclut que la guerre ne servirait qu'à augmenter les domaines de l'Empereur et des Hollandais, tandis qu'une paix équilibrée apporterait la tranquillité à l'Europe.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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66
p. 278-281
PROCLAMATION De la Prorogation de la Suspension d'Armes entre la France & l'Angleterre. DE PAR LE ROY.
Début :
On fait à sçavoir à tous qu'il appartiendra que [...]
Mots clefs :
Proclamation, Prorogation, Suspension d'armes, Angleterre, France
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PROCLAMATION De la Prorogation de la Suspension d'Armes entre la France & l'Angleterre. DE PAR LE ROY.
PROCLAMATION
De la Prorogation de la Suspension d'Armes entre la
France & l'Anglerre.
DE PAR LE Roy.
ON faità sçavoiràtous
qu'il
-
appartiendra,
que la Suipenhon d'Armes accordée levingt-deuxième du mois d'Aoust
dernier, entre Tres-Haut,
Très- Excellent, & TresPuissant Prince, LOUIS,
par la grâce de Dieu, Roy
de France & de Navarre,
nôtre Souverain Seigneur:
Et Tres-Haute, Tres- Excellente & Tres-Puissante
Princesse,ANNE, Reine
de la Grande Bretagne,
leurs Vassaux, Sujets, Serviteurs, en tous leurs
Royaumes, Pays, Terres
& Seigneuries de leut
obéïssance, pour durer pendant le temps de quatre
mois,commençant le vingtdeuxiéme jour dudit mois
dJAoull:1dCrJuer, & finissant le vingt deuxiéme du
present mois de Décembre,
aétéprorogée & continuée contlnue~
pour l'espace de quatre autres mois,commençant ledir jour vingt-deuxième du
prefenc mois de Décembre,
& hntÍfaot le vingt deuxiéme Avril prochain 1713.
Pendant lequel temps il est
défendu aux Sujets de Sa
Majesté de quelque qualité
& condition qu'ils soient,
d'exercer eontre ceux de la
Reine de la Grande Bretagne, aucun Acted'hostilité
par
par Terre, par Mer, sur
les Rivieres ou autres Eaux,
& de leurcauser aucun préjudice ni dommage, à peine d'estrepunissévérement
comme pertubateurs du repos public. Et afin que personne n'en prérende cause
d'ignorance
,
ordonne Sa
Majesté que la Presente sera lûë, publiée & affichée
par tout ou besoin fera.
Fait à Versailles le quinziéme Décembre 1711.
Signé, LOUIS.
Et plus bas:
,.
COLBERT
De la Prorogation de la Suspension d'Armes entre la
France & l'Anglerre.
DE PAR LE Roy.
ON faità sçavoiràtous
qu'il
-
appartiendra,
que la Suipenhon d'Armes accordée levingt-deuxième du mois d'Aoust
dernier, entre Tres-Haut,
Très- Excellent, & TresPuissant Prince, LOUIS,
par la grâce de Dieu, Roy
de France & de Navarre,
nôtre Souverain Seigneur:
Et Tres-Haute, Tres- Excellente & Tres-Puissante
Princesse,ANNE, Reine
de la Grande Bretagne,
leurs Vassaux, Sujets, Serviteurs, en tous leurs
Royaumes, Pays, Terres
& Seigneuries de leut
obéïssance, pour durer pendant le temps de quatre
mois,commençant le vingtdeuxiéme jour dudit mois
dJAoull:1dCrJuer, & finissant le vingt deuxiéme du
present mois de Décembre,
aétéprorogée & continuée contlnue~
pour l'espace de quatre autres mois,commençant ledir jour vingt-deuxième du
prefenc mois de Décembre,
& hntÍfaot le vingt deuxiéme Avril prochain 1713.
Pendant lequel temps il est
défendu aux Sujets de Sa
Majesté de quelque qualité
& condition qu'ils soient,
d'exercer eontre ceux de la
Reine de la Grande Bretagne, aucun Acted'hostilité
par
par Terre, par Mer, sur
les Rivieres ou autres Eaux,
& de leurcauser aucun préjudice ni dommage, à peine d'estrepunissévérement
comme pertubateurs du repos public. Et afin que personne n'en prérende cause
d'ignorance
,
ordonne Sa
Majesté que la Presente sera lûë, publiée & affichée
par tout ou besoin fera.
Fait à Versailles le quinziéme Décembre 1711.
Signé, LOUIS.
Et plus bas:
,.
COLBERT
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Résumé : PROCLAMATION De la Prorogation de la Suspension d'Armes entre la France & l'Angleterre. DE PAR LE ROY.
La proclamation annonce la prorogation de la suspension d'armes entre la France et l'Angleterre. Initialement accordée le 22 août 1711 pour une durée de quatre mois, cette suspension a été prolongée de quatre mois supplémentaires, du 22 décembre 1711 au 22 avril 1713. Pendant cette période, il est interdit aux sujets du roi Louis de France et de la reine Anne d'Angleterre d'exercer des actes d'hostilité par terre, par mer ou sur les rivières, sous peine de sévères punitions. La proclamation ordonne également la lecture, la publication et l'affichage de ce texte partout où nécessaire. Elle a été signée à Versailles le 15 décembre 1711 par Louis, avec la signature de Colbert en dessous.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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67
p. 259-273
RENONCIATION de Monseigneur le Duc de BERRY à la Couronne d'Espagne.
Début :
Charles fils de France, Duc de Berry, d'Alençon, d'Angoulesme, etc. [...]
Mots clefs :
Renonciation, France, Espagne, Philippe, Équilibre, Maison, Succession, Europe
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RENONCIATION de Monseigneur le Duc de BERRY à la Couronne d'Espagne.
RENONCIATION
de Monseigneur le Duc de
BERRY a la Couronne
d'Espagne.
CHarles fils de France;
Duc de Berry, d'Alençon,
d'Angoulesme,&c. A tous
les Roys, Princes, & Republiques
: Sçavoir faisons
que toutes les Puissances do
l'Europe le trouvant presque
ruinées à loccafion
des presentes guerres qui
ont porté la desolation
dans les Provinces fronde..
res, & plusieurs autres parties
des plus puissantes Monarchies,
on est convenu
dans les Congrez & Traittez
de paix qui senegocient
avec la Grande Bretagne,
d'establir un équilibre &
des limites politiques entre
les Royaumes dont les in-»
terestontesté ,& sontencore
le triste sujet d'une
sanglante dispute de tenie,
pour maxime fondamentale
de la conservation de
cette paix, que l'on pourvoit
à ce que les forces de
ces Royaumes ne soient
point à craindre,&ne pua:
sent causer aucune jalousie,
ce que l'on a creu ne pouvoir
establir plus solidement
qu'en lesempefefunt
de s'eitendre.
Pour cet effet le Roy
nostre très-honoréSeigneur
& Ayeul, & le Roy
d'Espagne nostre tres-cher
Frere, sont convenus avec
la Reine de la Grande Brc;,
tagne ,
qu'il fera fait des
renonciations réciproques
par tous les Princes presents
& futurs de la Couronne
de France , & d'Espagne
à tous droits qui
peuvent appartenir à chacun
d'eux sur la succession
de l'un ou de l'autre Royaume,
pour maintenirl'équilibre
qu'on veut mettre
dans l'Europe, & partant
à particulariser tous les cas
preveus de l'union; il a esté
nuHi convenu & accordé
entrele Roy très- Chreffien
nostre tres-honoré SeK
gneur & Ayeul
,
le Roy
Philippe V. nostre Frère,
& la Reine de la Grande
Bretagne, que ledit Roy
Philippe renoncera pour
luy & pour tous ses descendants
à l'esperance de
succeder à la Couronne de
France
, que de nostre coCi
té nous renoncerons aussi
pour nous 6c nos descendants
à la Couronne d'EL:
pagne;que le Duc d'Orleans
nostre cher oncle fera
la mesme chose,desorté
que toutes les lignes de
France & d'Espagne respectivement
feront excluses
pour tousjours de tous
les droits que les lignes de
France pourroient avoir à
la Couronne d'Espagne,&
les lignes d'Espagne à la
Couronne de France, Se
enfin quel'onempeschera
que fous prétextedesdites
renonciations,nisous quelque
autre prétexte que ce
soit la Maison d'Austriche
n'exerce les prétentions
qu'elle pourroit avoir à la
successiond'Efpâgnejdaii-:
tintqu'en unifiant cette
Monarchie auxPays&Estats
tats héréditaires de cette
Maison
,
elle seroit trop
formidable aux autres Puit:
fances quisontentre deux,
ce qui détruiroit l'égalité
qu'on establit aujourd'hui,
pour établir plus parfaitement
la paix de la Chrestienté
qui est la fin qu'on
se propose par cet équilibre
politique en éloignant
toutescesbranches,appellant
à la Couronne d'Espagne
au deffaut des lignes
du Roy Philippe nostre
Frere
,
la Maison du Duc
deSavoye qui descend de
l'infante Catherine fille de
Philippe second, ayant esté
confideré qu'en faisant
ainsi succeder immédiatement
ladite Maison de San
voye,on peut establir comme
dans son centre cette
égalité& cet équilibre entre
les trois Puissances.
Voulant donc concourir
par nostre desistement
de tous nos droits pour
nous,nos successeurs
, &
nos descendants, àestablir
le repos universel de l'Europe,
parce que nous croyons
que ce moyen est le
plus seur dans les terribles
circonstances de ce temps,
nous avons resolu de renoncer
à la succession de
la Couronne d'Espagne, &
afin que cette resolution
aietoutsoneffet nous nous
declarons & tenons maintenant,
nous, nos enfants
& descendants pour exclus
&inhabiles absolument&à
jamais à succeder à la Couronncdfpagne
; nous
voulons & consentons
pour nous, nos enfants &
de[cendants,que des maintenant&
pour tousjours on
nous tienne - nous &eux
en consequence des Presentes
, pour exclus & inhabiles,
de mesme que tous
les descendants de la Maisond'Auftriche,
qui comme
il a esté rapporté &
supposé
,
doivent estre exclus
en quelque degré que
nousnoustrouvions les uns
les autres, que par cette
raison le Royaume d'Espagne
soit censé devolu à
qui la succession doit en
te l cas estre devoluë &
transférée en quelque
temps que ce soit , nous
ni nos descendants ne devons
plus estre considerez
comme ayant aucun fondement
de representation
active ou passive
, ou faisant
une consideration de
ligne effective ou contentieuse
de substance
,
fang
ou qualitez, ni mesme tirer
droit de nostre descendance.
Nous renonçons
pareillement au droit
qui nous peut appartenir à
nous & à nos descendants
en vertu du testament du
Roy Charles II. qui nonobstant
ce qui est rapportécy
dessus nous appelle à
la succession de la Couronne
d'Espagne, la ligne
de Philippe V. venant à
manquer, nous nous desistons
donc de ce droit.
& y renonçons pour nous
& nos enfans & nos descendants
, promettons &
nous obligeons pour nous
& nos enfans & nos descendants
de nous employer
de tout nostre pouvoir
pour faire accomplir
ce présent Adet sans permettre
nisouffrir que directement
ni indirectement
on revienne contre,
soiten cout/bic en partie;&
pour plus grande seureté
de ce que nous disons Se
promettons pour nous si
nos enfans,&nos descendants,
nous jurons solemnellement
sur les Evangiles
contenus au Mitrel)
sur lequel nous mettons
la main droite que nous
le garderons
,
maintiendrons
& accomplirons en
tout & par tout, nous ne
demanderons jamais de
nous en faire relever, &
nous faisons d'abondant
cet autre ferment que celui-
cy subsistera & demeurera
tousjours, quelques
dispenses qu'on puisse nous
accorder
, nous jurons &
promettons aussi que nous
n'avons fait ni ferons ni en
public,ni en particulier, ni
en secrét, de protestation
contraire qui puisse empescher
ce qui est contenu
en ces Presentes ou en diminuer
la force.
En foy dequoi
,
& pour
ces Presentes authentiques
elles ont estépassees pardevant
Meilleurs Alexandre
le Fevre, & Anthoine
le Moyne Conseiller du
Roy, Notaires Gardes Notes
de Sa Majesté, & Gardes-
scelsauChasteletdeParis,
soussignez, lesquels ont
tous délivré le presentActe.
de Monseigneur le Duc de
BERRY a la Couronne
d'Espagne.
CHarles fils de France;
Duc de Berry, d'Alençon,
d'Angoulesme,&c. A tous
les Roys, Princes, & Republiques
: Sçavoir faisons
que toutes les Puissances do
l'Europe le trouvant presque
ruinées à loccafion
des presentes guerres qui
ont porté la desolation
dans les Provinces fronde..
res, & plusieurs autres parties
des plus puissantes Monarchies,
on est convenu
dans les Congrez & Traittez
de paix qui senegocient
avec la Grande Bretagne,
d'establir un équilibre &
des limites politiques entre
les Royaumes dont les in-»
terestontesté ,& sontencore
le triste sujet d'une
sanglante dispute de tenie,
pour maxime fondamentale
de la conservation de
cette paix, que l'on pourvoit
à ce que les forces de
ces Royaumes ne soient
point à craindre,&ne pua:
sent causer aucune jalousie,
ce que l'on a creu ne pouvoir
establir plus solidement
qu'en lesempefefunt
de s'eitendre.
Pour cet effet le Roy
nostre très-honoréSeigneur
& Ayeul, & le Roy
d'Espagne nostre tres-cher
Frere, sont convenus avec
la Reine de la Grande Brc;,
tagne ,
qu'il fera fait des
renonciations réciproques
par tous les Princes presents
& futurs de la Couronne
de France , & d'Espagne
à tous droits qui
peuvent appartenir à chacun
d'eux sur la succession
de l'un ou de l'autre Royaume,
pour maintenirl'équilibre
qu'on veut mettre
dans l'Europe, & partant
à particulariser tous les cas
preveus de l'union; il a esté
nuHi convenu & accordé
entrele Roy très- Chreffien
nostre tres-honoré SeK
gneur & Ayeul
,
le Roy
Philippe V. nostre Frère,
& la Reine de la Grande
Bretagne, que ledit Roy
Philippe renoncera pour
luy & pour tous ses descendants
à l'esperance de
succeder à la Couronne de
France
, que de nostre coCi
té nous renoncerons aussi
pour nous 6c nos descendants
à la Couronne d'EL:
pagne;que le Duc d'Orleans
nostre cher oncle fera
la mesme chose,desorté
que toutes les lignes de
France & d'Espagne respectivement
feront excluses
pour tousjours de tous
les droits que les lignes de
France pourroient avoir à
la Couronne d'Espagne,&
les lignes d'Espagne à la
Couronne de France, Se
enfin quel'onempeschera
que fous prétextedesdites
renonciations,nisous quelque
autre prétexte que ce
soit la Maison d'Austriche
n'exerce les prétentions
qu'elle pourroit avoir à la
successiond'Efpâgnejdaii-:
tintqu'en unifiant cette
Monarchie auxPays&Estats
tats héréditaires de cette
Maison
,
elle seroit trop
formidable aux autres Puit:
fances quisontentre deux,
ce qui détruiroit l'égalité
qu'on establit aujourd'hui,
pour établir plus parfaitement
la paix de la Chrestienté
qui est la fin qu'on
se propose par cet équilibre
politique en éloignant
toutescesbranches,appellant
à la Couronne d'Espagne
au deffaut des lignes
du Roy Philippe nostre
Frere
,
la Maison du Duc
deSavoye qui descend de
l'infante Catherine fille de
Philippe second, ayant esté
confideré qu'en faisant
ainsi succeder immédiatement
ladite Maison de San
voye,on peut establir comme
dans son centre cette
égalité& cet équilibre entre
les trois Puissances.
Voulant donc concourir
par nostre desistement
de tous nos droits pour
nous,nos successeurs
, &
nos descendants, àestablir
le repos universel de l'Europe,
parce que nous croyons
que ce moyen est le
plus seur dans les terribles
circonstances de ce temps,
nous avons resolu de renoncer
à la succession de
la Couronne d'Espagne, &
afin que cette resolution
aietoutsoneffet nous nous
declarons & tenons maintenant,
nous, nos enfants
& descendants pour exclus
&inhabiles absolument&à
jamais à succeder à la Couronncdfpagne
; nous
voulons & consentons
pour nous, nos enfants &
de[cendants,que des maintenant&
pour tousjours on
nous tienne - nous &eux
en consequence des Presentes
, pour exclus & inhabiles,
de mesme que tous
les descendants de la Maisond'Auftriche,
qui comme
il a esté rapporté &
supposé
,
doivent estre exclus
en quelque degré que
nousnoustrouvions les uns
les autres, que par cette
raison le Royaume d'Espagne
soit censé devolu à
qui la succession doit en
te l cas estre devoluë &
transférée en quelque
temps que ce soit , nous
ni nos descendants ne devons
plus estre considerez
comme ayant aucun fondement
de representation
active ou passive
, ou faisant
une consideration de
ligne effective ou contentieuse
de substance
,
fang
ou qualitez, ni mesme tirer
droit de nostre descendance.
Nous renonçons
pareillement au droit
qui nous peut appartenir à
nous & à nos descendants
en vertu du testament du
Roy Charles II. qui nonobstant
ce qui est rapportécy
dessus nous appelle à
la succession de la Couronne
d'Espagne, la ligne
de Philippe V. venant à
manquer, nous nous desistons
donc de ce droit.
& y renonçons pour nous
& nos enfans & nos descendants
, promettons &
nous obligeons pour nous
& nos enfans & nos descendants
de nous employer
de tout nostre pouvoir
pour faire accomplir
ce présent Adet sans permettre
nisouffrir que directement
ni indirectement
on revienne contre,
soiten cout/bic en partie;&
pour plus grande seureté
de ce que nous disons Se
promettons pour nous si
nos enfans,&nos descendants,
nous jurons solemnellement
sur les Evangiles
contenus au Mitrel)
sur lequel nous mettons
la main droite que nous
le garderons
,
maintiendrons
& accomplirons en
tout & par tout, nous ne
demanderons jamais de
nous en faire relever, &
nous faisons d'abondant
cet autre ferment que celui-
cy subsistera & demeurera
tousjours, quelques
dispenses qu'on puisse nous
accorder
, nous jurons &
promettons aussi que nous
n'avons fait ni ferons ni en
public,ni en particulier, ni
en secrét, de protestation
contraire qui puisse empescher
ce qui est contenu
en ces Presentes ou en diminuer
la force.
En foy dequoi
,
& pour
ces Presentes authentiques
elles ont estépassees pardevant
Meilleurs Alexandre
le Fevre, & Anthoine
le Moyne Conseiller du
Roy, Notaires Gardes Notes
de Sa Majesté, & Gardes-
scelsauChasteletdeParis,
soussignez, lesquels ont
tous délivré le presentActe.
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Résumé : RENONCIATION de Monseigneur le Duc de BERRY à la Couronne d'Espagne.
Le texte relate la renonciation du Duc de Berry à la couronne d'Espagne. Les guerres en Europe ont causé des ravages dans plusieurs provinces et monarchies, incitant les puissances à négocier la paix et à établir un équilibre politique. Pour éviter les jalousies et les disputes, le Roi de France, le Roi d'Espagne et la Reine de Grande-Bretagne ont convenu de renonciations réciproques. Le Roi Philippe V renonce à la couronne de France, tandis que le Duc de Berry renonce à la couronne d'Espagne, ainsi que tous leurs descendants. Cette décision vise à empêcher la Maison d'Autriche d'exercer des prétentions sur la succession espagnole, ce qui pourrait perturber l'équilibre européen. En cas de défaut de succession, la Maison de Savoie est appelée à succéder. Le Duc de Berry déclare solennellement qu'il et ses descendants sont exclus de la succession espagnole et renoncent à tous leurs droits, y compris ceux issus du testament du Roi Charles II. Cette renonciation est jurée et garantie par un acte notarié.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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68
p. 52-66
SOMMAIRE des Traitez de Paix & de Commerce entre la France, et les Estats Generaux des Provinces-Unies, conclus à Utrecht le 11. Avril 1713.
Début :
ARTICLE I. La Declaration de la Paix, & la cessation de tous actes d'hostilité, &c. [...]
Mots clefs :
Paix, Articles, Roi, Catholique, France, Espagne, Clauses, Namur, Guerre, Bavière
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SOMMAIRE des Traitez de Paix & de Commerce entre la France, et les Estats Generaux des Provinces-Unies, conclus à Utrecht le 11. Avril 1713.
SOMMAIRE
des Traitez de Paix & de
Commerce entre la France,
0* les Estats Généraux des
Provinces - Unies> conclus
àVtrech le 11.Avril1713.
ARTICLE I. LADeclaration de la.<
, Paix, & la cessation de tous
actes d'hostilite, &c.
II.
L'oubli & l'amnistie ge;
nerale pour tous les Sujets
de part & d'autre, & le
restablissèment dans leurs
biens.
III.
é Restitution
,
des prises
dans la mer Baltique du
Nord
,
&c. dans quatre (emaines,
de la Manche jusqu'au
Cap saint Vincent;
dans six semaines, de la
Medirerranée jusques à la
Ligne dans dix semaines,
& dans huit mois par delà
la Ligne, &c.
I V. V. & V I.
Sincere
,
ferme & perpetuelle
amitié, & bonne
correspondance par mer
& par terre, & restitution
des biens aux premiers propriétaires,
&c. E iij
VII.
On remet aux Essars
Généraux en faveur de la
Maison d'autriche
, pour
barriere les Pay- Bas appessez
Espagnols
,
conformément
au Traité de Riswich,
fauf ce que possede
le Roy de Prusse
,
à qui il
fera remis de plus Lammanie
de KirKembech
avec,&c. Plus il fera reservé
dans le Duché de Luxembourg
ou de Limbourg
, une Terre de valeur
de trente.milleécus
de revenu, qui fera érigée.
en Principauté en faveur
de la Princesse des Ursins,
& héritiers, &c. VIII.
En consequence Sa Majessé
Tres-Chrestenne remet
aux Sieurs Estats Généraux,
Namur, Charleroy
,
Nieuport, &c.
IX.
Sa Maiesté Catholique
ayant cédé à Son Altesse
Eleaorale de Baviere let
dits Pays- Bas Espagnols,
Sa Màjesté Tres-Chrestienne
s'engage de faire
donner un acte de cession
de ses droits sur lesdits
Pays Bas&c. SOQAIreiTc
retenant la Souveraineté,
revenus, &c. du Duché &
Vilie de Luxembourg,la
Ville & Comté de Namur,
la ville de Charleroy, &c.
jusqu'à ce qu'elle ait esté
restablie, dans ses Etats ,
&c. à l'exception du haut
Palatinat, & remise dans
le rang de neuvième Electeur
&en possession du
Royaume de Sardaigne &
du titre de Roy &c.
L'article X. ne contient que
desfaits 0* conditions sur
l'Article précedent, qui font
trop écendus pour un Sommaire.
XI.
Le Roy de France cede
Menin, & la Ville & Citadelle
de Tournay, &c.
excepté Sr. Amand &.
Le Prince d'Epinoy rentre
dans la possession de la terre
dantoin, &c.
XII.
On cede à la MaiTon
d'Aufiriche Furnes- Ambagt,
le Fort de Knoque,
Loo,Dixmude,Yprcs,&c.
XIII.
La Navigation de la Lis
fera libre.
XIV.
Qu'aucune partie des
Pays-Bas Espagnols ne
pourra jamais erre transportée
à la Couronne
-
de
France,&c.
XV.
On rend à la France la
Ville & Citadelle de Lile
avec toute saChastelnie,
&c. Orchies, le Pays de
Lalo,la Gourgue, lesVilles
& Places d'Aire,Bctune,Sr.
Venant, le Fort François,
&c.
XVI.
Luxembourg, Namur, Charleroy
,
Nieuport &
toutes les Places, & Forts
possedez parle Roy de
France & lesEleéteurs de
Cologne & de Baviere feront
remis avec les Canons
Artilerie,&c. quiy étoient
au decés du feu Roy Catholique
Charle Il Lile
Aire, le Fort François, &c.
avecCanons,Artillerie,&c.
qui y étoienc au temps de la
prise. Ypres avec50. pieces
de Canon.
: XVII.
La retraite des troupes
dé part ôcd'autre.
XVIII.
Les droitsperçus de pa; t
& d'autre, continués seulement
jurqu'au jour de l'E.
change des ratifications.
XIX.
Détailde l'Amnistie de
parc & d'autre.
X X.
LibertédeDomiciles &
de Commerce réciproquement.
XXI.
Restablissement des dignirés,
honneurs, benesices,
&c.& tenue des Jugemens
rendus pendant la
guerre, &c.
XXI1.
Clause pour les Rentes
v afectées sur la Generalité
de quelques Provinces des
Païs Bas. XXIII.
Les benefïcesaccordez
& légitimement conferez
pendant la guerre,laissez à
ceux qui les possedent, &
tout ce qui concerne la Religion
Catholique Romaine
confervé dans son érar,
libertez, franchises.,droirs
honneurs,&c. ainsi que
devant.
- XXIV.
Pour l'exercice de la Re-
- ligion Protestante par les
troupes que les Estats
Généraux auront dans les
Places desditsPaysBas Espagnols,
&c. on se conforme
au Reglement fait
avec l'Electeur de Baviere
Gouvreneur des PaysBas.
Espagnols, fous le regne
de Charles II.
XXV.
1
Conservation des Privilèges,
Coutumes, Droits
&c. par les Communautés
, Habitans. &c.
XXVI.
Garnisons desEstatsCeneraux
qui se trouvent à
Huy &Citadelle de Liege
yresteront,auxdépens desdits
Sei gneurs, Estats; Fortifications
de Bonne rasez.
XXVII.
Tous Prisonniers de
guerre feront délivrez, &c.
XXVIII.
Levée de Contributions
de part &d'autre continuée
jusquau jour del'Eschacge
des Ratifications.
XXIX.
Renonciation réciproque
à routes anciennes pretentions,
au préjudice du
present Traité, &c.
XXX.
Les voyes de lajustice
ordinaire ouvertes; selon
les Loys de chaque Pays,
&c.
XXXI.
Précautions prises, &
confirmées pourempêcher
que les Couronnes deFrance
& d'Espagne ne puissent
amais estre unies sur la
ête d'un mesme Roy &c.
XXXII.
Commerce & Navigation
en Espagne, ou dans
les Indes Espagnoles,comme
e lles étoient fous Charles
IL
XXXIII.
Tout ce qui regardera
dans le Traité à faire avec
l'Empire,l'estat de Religion,
fera conforme à
la teneur des Traités de
Westphalie, & Rhinfels
,
&S. Goard, demeurant au
Landgrave deHesseCassel,
& moyennant un équivalent,
à payer au Prince de
Hesse Rheinfels
,
à condition
quelaReligion Catholique
Romaine y soit
exercée.
Les Articles suivans ne
contiennent que des formalités
,
publications &
actes, & quelquesclauses,
en cas de contravention,
qui n'auront pas lieu de nos
jours, puisque cette heureuse
paix fera durable.
des Traitez de Paix & de
Commerce entre la France,
0* les Estats Généraux des
Provinces - Unies> conclus
àVtrech le 11.Avril1713.
ARTICLE I. LADeclaration de la.<
, Paix, & la cessation de tous
actes d'hostilite, &c.
II.
L'oubli & l'amnistie ge;
nerale pour tous les Sujets
de part & d'autre, & le
restablissèment dans leurs
biens.
III.
é Restitution
,
des prises
dans la mer Baltique du
Nord
,
&c. dans quatre (emaines,
de la Manche jusqu'au
Cap saint Vincent;
dans six semaines, de la
Medirerranée jusques à la
Ligne dans dix semaines,
& dans huit mois par delà
la Ligne, &c.
I V. V. & V I.
Sincere
,
ferme & perpetuelle
amitié, & bonne
correspondance par mer
& par terre, & restitution
des biens aux premiers propriétaires,
&c. E iij
VII.
On remet aux Essars
Généraux en faveur de la
Maison d'autriche
, pour
barriere les Pay- Bas appessez
Espagnols
,
conformément
au Traité de Riswich,
fauf ce que possede
le Roy de Prusse
,
à qui il
fera remis de plus Lammanie
de KirKembech
avec,&c. Plus il fera reservé
dans le Duché de Luxembourg
ou de Limbourg
, une Terre de valeur
de trente.milleécus
de revenu, qui fera érigée.
en Principauté en faveur
de la Princesse des Ursins,
& héritiers, &c. VIII.
En consequence Sa Majessé
Tres-Chrestenne remet
aux Sieurs Estats Généraux,
Namur, Charleroy
,
Nieuport, &c.
IX.
Sa Maiesté Catholique
ayant cédé à Son Altesse
Eleaorale de Baviere let
dits Pays- Bas Espagnols,
Sa Màjesté Tres-Chrestienne
s'engage de faire
donner un acte de cession
de ses droits sur lesdits
Pays Bas&c. SOQAIreiTc
retenant la Souveraineté,
revenus, &c. du Duché &
Vilie de Luxembourg,la
Ville & Comté de Namur,
la ville de Charleroy, &c.
jusqu'à ce qu'elle ait esté
restablie, dans ses Etats ,
&c. à l'exception du haut
Palatinat, & remise dans
le rang de neuvième Electeur
&en possession du
Royaume de Sardaigne &
du titre de Roy &c.
L'article X. ne contient que
desfaits 0* conditions sur
l'Article précedent, qui font
trop écendus pour un Sommaire.
XI.
Le Roy de France cede
Menin, & la Ville & Citadelle
de Tournay, &c.
excepté Sr. Amand &.
Le Prince d'Epinoy rentre
dans la possession de la terre
dantoin, &c.
XII.
On cede à la MaiTon
d'Aufiriche Furnes- Ambagt,
le Fort de Knoque,
Loo,Dixmude,Yprcs,&c.
XIII.
La Navigation de la Lis
fera libre.
XIV.
Qu'aucune partie des
Pays-Bas Espagnols ne
pourra jamais erre transportée
à la Couronne
-
de
France,&c.
XV.
On rend à la France la
Ville & Citadelle de Lile
avec toute saChastelnie,
&c. Orchies, le Pays de
Lalo,la Gourgue, lesVilles
& Places d'Aire,Bctune,Sr.
Venant, le Fort François,
&c.
XVI.
Luxembourg, Namur, Charleroy
,
Nieuport &
toutes les Places, & Forts
possedez parle Roy de
France & lesEleéteurs de
Cologne & de Baviere feront
remis avec les Canons
Artilerie,&c. quiy étoient
au decés du feu Roy Catholique
Charle Il Lile
Aire, le Fort François, &c.
avecCanons,Artillerie,&c.
qui y étoienc au temps de la
prise. Ypres avec50. pieces
de Canon.
: XVII.
La retraite des troupes
dé part ôcd'autre.
XVIII.
Les droitsperçus de pa; t
& d'autre, continués seulement
jurqu'au jour de l'E.
change des ratifications.
XIX.
Détailde l'Amnistie de
parc & d'autre.
X X.
LibertédeDomiciles &
de Commerce réciproquement.
XXI.
Restablissement des dignirés,
honneurs, benesices,
&c.& tenue des Jugemens
rendus pendant la
guerre, &c.
XXI1.
Clause pour les Rentes
v afectées sur la Generalité
de quelques Provinces des
Païs Bas. XXIII.
Les benefïcesaccordez
& légitimement conferez
pendant la guerre,laissez à
ceux qui les possedent, &
tout ce qui concerne la Religion
Catholique Romaine
confervé dans son érar,
libertez, franchises.,droirs
honneurs,&c. ainsi que
devant.
- XXIV.
Pour l'exercice de la Re-
- ligion Protestante par les
troupes que les Estats
Généraux auront dans les
Places desditsPaysBas Espagnols,
&c. on se conforme
au Reglement fait
avec l'Electeur de Baviere
Gouvreneur des PaysBas.
Espagnols, fous le regne
de Charles II.
XXV.
1
Conservation des Privilèges,
Coutumes, Droits
&c. par les Communautés
, Habitans. &c.
XXVI.
Garnisons desEstatsCeneraux
qui se trouvent à
Huy &Citadelle de Liege
yresteront,auxdépens desdits
Sei gneurs, Estats; Fortifications
de Bonne rasez.
XXVII.
Tous Prisonniers de
guerre feront délivrez, &c.
XXVIII.
Levée de Contributions
de part &d'autre continuée
jusquau jour del'Eschacge
des Ratifications.
XXIX.
Renonciation réciproque
à routes anciennes pretentions,
au préjudice du
present Traité, &c.
XXX.
Les voyes de lajustice
ordinaire ouvertes; selon
les Loys de chaque Pays,
&c.
XXXI.
Précautions prises, &
confirmées pourempêcher
que les Couronnes deFrance
& d'Espagne ne puissent
amais estre unies sur la
ête d'un mesme Roy &c.
XXXII.
Commerce & Navigation
en Espagne, ou dans
les Indes Espagnoles,comme
e lles étoient fous Charles
IL
XXXIII.
Tout ce qui regardera
dans le Traité à faire avec
l'Empire,l'estat de Religion,
fera conforme à
la teneur des Traités de
Westphalie, & Rhinfels
,
&S. Goard, demeurant au
Landgrave deHesseCassel,
& moyennant un équivalent,
à payer au Prince de
Hesse Rheinfels
,
à condition
quelaReligion Catholique
Romaine y soit
exercée.
Les Articles suivans ne
contiennent que des formalités
,
publications &
actes, & quelquesclauses,
en cas de contravention,
qui n'auront pas lieu de nos
jours, puisque cette heureuse
paix fera durable.
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Résumé : SOMMAIRE des Traitez de Paix & de Commerce entre la France, et les Estats Generaux des Provinces-Unies, conclus à Utrecht le 11. Avril 1713.
Le texte présente un résumé des traités de paix et de commerce entre la France et les États Généraux des Provinces-Unies, signés à Utrecht le 11 avril 1713. Les points essentiels incluent la déclaration de paix et la cessation des hostilités, avec un engagement à mettre fin à tous les actes d'hostilité. Une amnistie générale est accordée, oubliant les actions passées et rétablissant les sujets dans leurs biens. La restitution des prises maritimes est prévue dans des délais spécifiques selon les zones géographiques. Les parties s'engagent à une amitié sincère et perpétuelle, avec restitution des biens aux premiers propriétaires. La France cède plusieurs villes et places fortes aux États Généraux et à la Maison d'Autriche, notamment Namur, Charleroi, Nieuport, Menin, et Tournay. La navigation sur la Lys est déclarée libre, et aucune partie des Pays-Bas espagnols ne peut être transférée à la Couronne de France. La France rend également des villes comme Lille, Aire, Béthune, et le Fort François. Les troupes des deux camps doivent se retirer, et les droits perçus de part et d'autre sont continués jusqu'à l'échange des ratifications. La liberté de domicile et de commerce est réciproquement garantie, et les privilèges, coutumes et droits des communautés et habitants sont conservés. Tous les prisonniers de guerre doivent être délivrés, et les parties renoncent réciproquement à toutes anciennes prétentions au préjudice du présent traité. Des mesures sont prises pour empêcher l'union des couronnes de France et d'Espagne sur une même tête. Le commerce et la navigation en Espagne et dans les Indes espagnoles sont maintenus comme sous Charles II. Enfin, les dispositions concernant la religion doivent être conformes aux traités de Westphalie, de Rijnfels et de Saint-Goar.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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69
p. 71-72
« O donnera dans le Mercure du mois prochain un Extrait tres [...] »
Début :
O donnera dans le Mercure du mois prochain un Extrait tres [...]
Mots clefs :
Traité de paix et de commerce, France, Angleterre, États-généraux, Europe
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « O donnera dans le Mercure du mois prochain un Extrait tres [...] »
0 donnera dans le
Mercure du mois prochain
un Extrait tresabbregé
de tous les Arcs
ticles des autres Traitez
de Paix & de Commerce
entre la France & tous
les nouveaux Alliez,
comme on a donné ceux
des Trairez avec l'Angleterre
£>C les Estats Generaux
, avec quelques
détails particuliers sur
cette matiere qui fait à
present l'attention de
toute l'Europe.
Mercure du mois prochain
un Extrait tresabbregé
de tous les Arcs
ticles des autres Traitez
de Paix & de Commerce
entre la France & tous
les nouveaux Alliez,
comme on a donné ceux
des Trairez avec l'Angleterre
£>C les Estats Generaux
, avec quelques
détails particuliers sur
cette matiere qui fait à
present l'attention de
toute l'Europe.
Fermer
70
p. 49-64
Extrait du Traité de Paix, entre la France & la Prusse, conclu à Utrecht le 11. Avril, [titre d'après la table]
Début :
Au nom de la tres-Sainte Trinité. Soit notoire à tous [...]
Mots clefs :
Traité de paix, Utrecht, Prusse, France, Louis XIV, Frédéric Guillaume, Hostilité, Amnistie, Ratification
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texteReconnaissance textuelle : Extrait du Traité de Paix, entre la France & la Prusse, conclu à Utrecht le 11. Avril, [titre d'après la table]
On a donné dans le dernier
Mercure les Extraits des
Traitez de Paix avec l'Angleterre
&laHollande:
Voici un Extrait de celui
qu'on a publié entre la
France& la Prusse, conclu
à Utrecht le i1. Avril
1713.
41.
Au nom de la tres- Sainte
Trinité. sOit notoire à tous, &c.
quependant le cours
d'une guerre longue & sanglante,
dont l'Europe a été
affligée pendant plusieursannées;
il a plû à la Divine
Providence de préparer à la
Chrétienté la fin de (es maux
en conservant un ardent dé
sir de la Paix dans les coeurs
de Trés- Haut Très- Exccl-
*lenc & Très - Puissant Prince
LOUISXIV.par Ja Grace
de Dieu, Roy de France 8l;.
de Navarre, &c. &
-
de
Très-Haut Très-Excellent
& Très-Puissant Prince
FRÉDÉRIC /; GUILLAUME ,
Par la Grace de Dieu, Roj^
de Prude, Margrave de BrandebourgArchi
Chambdan,
& Prince Electeur du Saint
Empire, Prince Souverain
d'Orange,&c.
ARTICEI.
Cessation de tous Actes
d'hostilité, & promesses de
se garantir réciproquement
de tour dommage, & de fc
procurer toutes sortes d'avantages.
II
Promesse par le Roy de
Prude de retirer de bonne
foy toutes ses Troupes,
tant des Pays- bas que d'ailleurs,
& de ne les faire servir
durant la pre fente guerre
contre le Roy Trés-Chrétien,
fous quelque pretexte
que ce soit, au delà du contingent
qu'il cft obligé de
fournir en qualité de membre
de l'Empire.
III. &IV.
Oubli & amnistie reciproque
pour les Vassaux & Sujeu.,
,
V.
Prisonniers de guerre delivrez
sans rançon de parc
& d'autre.
VI.
Continuation & exécution
du Traité de Vestphalie
rant pour le spirituel que
pour le temporel
,
&c.
VII
Gueldres., Espagnoles que
poflcde le Roy de Prusse &
tous droits, &c. cédée à perpétuité
par Sa Majestétrès-
Chrétienne, en vertu du
pouvoir qu'elle en a du Roy
Cat holique, cette cession
avec la claure expresse
que l'Etac de la ReliligionCatholiquesubsistera
dans lesdits lieux cedez tel
qu'il étoit avanr leur occupation,
& sous la domination
des Roys d'Espagne,
sans qu'on y puisse rien
changer.
VIII.
Le Roy de France cede
à perpétuité au Roy de
Prusse dans le haut quartier
de Gueldres,lePays de Kessel,
& le bailliage de Kric-
Kenbech: avec appartenances
& dépendances, &c. à
condition que l'Etat de lareligion
Catholiquesubsistera
dans lesdits pays& baillage,
&c. comme dans l'Article
ci-dessus, Sa MajestéTres-
Chrétienne promet de faire
fournir la ratification du Roy
Catholique de cet Article &
du septiémequi le précède,
& de la délivrer dans deux
mois.
IXLe
Roy TrèsChrétien reconnoistra
le Roy de Prusse
pour souverain de la Principauté
de Neuschâtel & Valengen,
&c. & en bissera
joüir les habitans, dans tout
le Royaume de France & des
mesmes immuaitez, pfivikges,&
c. dont jouissent ceux,
des autres Pays de la Suisse
&c. : X
En équivalent desdires
cesssions cy dessus le Roy de
Prusse renonce par le present
Article tant pour luy que
pour ses successeurs&à perpétuité,
en faveur du Roy
trés-Chrétien & de ses successeurs,
à tout droit sur la
Principauté d'Orange &sur
les Seigneuries & lieux de la
succession de Châalons&
de Chastelbelin, situéesen-
France dans la Comté de
Bourgogne, avec les charges
aussibien qu'avec les émolumens
presens & futurs sans
rien reserver, &c. Et pour
plus grande validité de ladite
renonciation, le Roy cte
Prusse se charge de satisfaire
les héritiers du feu Prince de
Nasseau Friseau (ujet de leur
prétention sur ladite principauté
& lesdits biens énoncez
cy dessus moyenantun
équivalent; & au surplus
il fera libre au Roy de Prusse
de revêtir du nom de Principauté
d'Orange, la partie
de Gueldres qui luy est cedéc
par leTraité sait aujourd'huy
&d'cn retenir le Titre
& les Armes.
XI.
Le Roy de France & le
Roy de Prusse confentenc
que la Reine de la Grande
Bretagne qui a tant contribué
a la conclusion de la
Paix, & tous autres Potentats
ou Princes qui voudront
entrer dans de pareils cngagemens,
puissent donner au
Roy de France& au Roy de
Prusse leurs promesses & obligations
de garantie de
l'execution & observation
de tout le contenu du present
Traité.
XII.
Tous les treize Cantons
Suites avec tous leurs Alliez
nommément la Principauté
de Neuschâtel & Valengen,
la République & Cité de
Genève, &c.lesVilles de S.
Gal & de Mulhausen &c.les
trois lignes Grises, dépendances,
&c. feront compris,
dans le present Traité.
XIII
Cette Paix ainsi concluë,
les soussignez Ambassadeurs
Extraordinaires & Plenipotentiaires,
promettent de la
faire ratifier pour sa Majesté
trés-Chrétienne & par Sa
Majesté Prussienne, & d'en
fournir & faire échanger ici
les AGtes. de
ratification
dans l'espace de quatre Temaines
, ou plustost si faire
fc peut.
En foy dequoy & pour
plus grande force,lesdits
Ambassadeurs '- Extraordinaires
& Plenipotentiaires
ont souscrit de leurs mairtë
propres, le presentTraité ,
& Lut ap oser leurs cachets.
Faic à Uttreche le onzième
jou; d'A ril, l'an de Grace
mil sept cent treize.
Signé,
L. S.HUXELLES.
L.S. MESSAGER.
L. S. O. M. DE DONHOFF.
L. S. J. A. MARSCHALCH.
DE BIEBERSTEIN.
ArticlefefAré.
Le Roy de France ayant
reconnu le Roy de Prusse &
lui voulant bien accorder
tous les honneurs attachez
à la dignité Royale, &c.
promettant pour luy que
pour ses successeurs & de la
part de Philippe V. Roy
d'E[pagnc &.. Successeurs
ayant pouvoir de Sa Majessé
Catholique, &c. Ils
donneront déformais à perpétuité
au Roy de Prusse &
successeurs, &c. le titre de
Majesté, & feront rendre
à leurs Ministres du premier
& fécond ordre les mesmes
,
honneurs, anciens & nouveaux,
qu'on rend aux autres
nMéinisetress d.es testes couron- .,'.r
Autre Articleséparé.
Que le Roy de Prusse évacucra
la Ville de Rhirftberg
après la conclusion de
la Paix prochaine del'Empire
sans préjudicedesprétentions,
moyennant liquidation
& satisfaction à Sa
MajestéPrussienne.
Mercure les Extraits des
Traitez de Paix avec l'Angleterre
&laHollande:
Voici un Extrait de celui
qu'on a publié entre la
France& la Prusse, conclu
à Utrecht le i1. Avril
1713.
41.
Au nom de la tres- Sainte
Trinité. sOit notoire à tous, &c.
quependant le cours
d'une guerre longue & sanglante,
dont l'Europe a été
affligée pendant plusieursannées;
il a plû à la Divine
Providence de préparer à la
Chrétienté la fin de (es maux
en conservant un ardent dé
sir de la Paix dans les coeurs
de Trés- Haut Très- Exccl-
*lenc & Très - Puissant Prince
LOUISXIV.par Ja Grace
de Dieu, Roy de France 8l;.
de Navarre, &c. &
-
de
Très-Haut Très-Excellent
& Très-Puissant Prince
FRÉDÉRIC /; GUILLAUME ,
Par la Grace de Dieu, Roj^
de Prude, Margrave de BrandebourgArchi
Chambdan,
& Prince Electeur du Saint
Empire, Prince Souverain
d'Orange,&c.
ARTICEI.
Cessation de tous Actes
d'hostilité, & promesses de
se garantir réciproquement
de tour dommage, & de fc
procurer toutes sortes d'avantages.
II
Promesse par le Roy de
Prude de retirer de bonne
foy toutes ses Troupes,
tant des Pays- bas que d'ailleurs,
& de ne les faire servir
durant la pre fente guerre
contre le Roy Trés-Chrétien,
fous quelque pretexte
que ce soit, au delà du contingent
qu'il cft obligé de
fournir en qualité de membre
de l'Empire.
III. &IV.
Oubli & amnistie reciproque
pour les Vassaux & Sujeu.,
,
V.
Prisonniers de guerre delivrez
sans rançon de parc
& d'autre.
VI.
Continuation & exécution
du Traité de Vestphalie
rant pour le spirituel que
pour le temporel
,
&c.
VII
Gueldres., Espagnoles que
poflcde le Roy de Prusse &
tous droits, &c. cédée à perpétuité
par Sa Majestétrès-
Chrétienne, en vertu du
pouvoir qu'elle en a du Roy
Cat holique, cette cession
avec la claure expresse
que l'Etac de la ReliligionCatholiquesubsistera
dans lesdits lieux cedez tel
qu'il étoit avanr leur occupation,
& sous la domination
des Roys d'Espagne,
sans qu'on y puisse rien
changer.
VIII.
Le Roy de France cede
à perpétuité au Roy de
Prusse dans le haut quartier
de Gueldres,lePays de Kessel,
& le bailliage de Kric-
Kenbech: avec appartenances
& dépendances, &c. à
condition que l'Etat de lareligion
Catholiquesubsistera
dans lesdits pays& baillage,
&c. comme dans l'Article
ci-dessus, Sa MajestéTres-
Chrétienne promet de faire
fournir la ratification du Roy
Catholique de cet Article &
du septiémequi le précède,
& de la délivrer dans deux
mois.
IXLe
Roy TrèsChrétien reconnoistra
le Roy de Prusse
pour souverain de la Principauté
de Neuschâtel & Valengen,
&c. & en bissera
joüir les habitans, dans tout
le Royaume de France & des
mesmes immuaitez, pfivikges,&
c. dont jouissent ceux,
des autres Pays de la Suisse
&c. : X
En équivalent desdires
cesssions cy dessus le Roy de
Prusse renonce par le present
Article tant pour luy que
pour ses successeurs&à perpétuité,
en faveur du Roy
trés-Chrétien & de ses successeurs,
à tout droit sur la
Principauté d'Orange &sur
les Seigneuries & lieux de la
succession de Châalons&
de Chastelbelin, situéesen-
France dans la Comté de
Bourgogne, avec les charges
aussibien qu'avec les émolumens
presens & futurs sans
rien reserver, &c. Et pour
plus grande validité de ladite
renonciation, le Roy cte
Prusse se charge de satisfaire
les héritiers du feu Prince de
Nasseau Friseau (ujet de leur
prétention sur ladite principauté
& lesdits biens énoncez
cy dessus moyenantun
équivalent; & au surplus
il fera libre au Roy de Prusse
de revêtir du nom de Principauté
d'Orange, la partie
de Gueldres qui luy est cedéc
par leTraité sait aujourd'huy
&d'cn retenir le Titre
& les Armes.
XI.
Le Roy de France & le
Roy de Prusse confentenc
que la Reine de la Grande
Bretagne qui a tant contribué
a la conclusion de la
Paix, & tous autres Potentats
ou Princes qui voudront
entrer dans de pareils cngagemens,
puissent donner au
Roy de France& au Roy de
Prusse leurs promesses & obligations
de garantie de
l'execution & observation
de tout le contenu du present
Traité.
XII.
Tous les treize Cantons
Suites avec tous leurs Alliez
nommément la Principauté
de Neuschâtel & Valengen,
la République & Cité de
Genève, &c.lesVilles de S.
Gal & de Mulhausen &c.les
trois lignes Grises, dépendances,
&c. feront compris,
dans le present Traité.
XIII
Cette Paix ainsi concluë,
les soussignez Ambassadeurs
Extraordinaires & Plenipotentiaires,
promettent de la
faire ratifier pour sa Majesté
trés-Chrétienne & par Sa
Majesté Prussienne, & d'en
fournir & faire échanger ici
les AGtes. de
ratification
dans l'espace de quatre Temaines
, ou plustost si faire
fc peut.
En foy dequoy & pour
plus grande force,lesdits
Ambassadeurs '- Extraordinaires
& Plenipotentiaires
ont souscrit de leurs mairtë
propres, le presentTraité ,
& Lut ap oser leurs cachets.
Faic à Uttreche le onzième
jou; d'A ril, l'an de Grace
mil sept cent treize.
Signé,
L. S.HUXELLES.
L.S. MESSAGER.
L. S. O. M. DE DONHOFF.
L. S. J. A. MARSCHALCH.
DE BIEBERSTEIN.
ArticlefefAré.
Le Roy de France ayant
reconnu le Roy de Prusse &
lui voulant bien accorder
tous les honneurs attachez
à la dignité Royale, &c.
promettant pour luy que
pour ses successeurs & de la
part de Philippe V. Roy
d'E[pagnc &.. Successeurs
ayant pouvoir de Sa Majessé
Catholique, &c. Ils
donneront déformais à perpétuité
au Roy de Prusse &
successeurs, &c. le titre de
Majesté, & feront rendre
à leurs Ministres du premier
& fécond ordre les mesmes
,
honneurs, anciens & nouveaux,
qu'on rend aux autres
nMéinisetress d.es testes couron- .,'.r
Autre Articleséparé.
Que le Roy de Prusse évacucra
la Ville de Rhirftberg
après la conclusion de
la Paix prochaine del'Empire
sans préjudicedesprétentions,
moyennant liquidation
& satisfaction à Sa
MajestéPrussienne.
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Résumé : Extrait du Traité de Paix, entre la France & la Prusse, conclu à Utrecht le 11. Avril, [titre d'après la table]
Le traité de paix entre la France et la Prusse, signé à Utrecht le 11 avril 1713, met fin à une guerre longue et sanglante en Europe. Les points essentiels du traité incluent la cessation des hostilités, avec un engagement réciproque des deux parties à garantir la sécurité contre tout dommage. Le roi de Prusse s'engage à retirer ses troupes des Pays-Bas et d'autres régions, sauf celles nécessaires en tant que membre de l'Empire. Un oubli et une amnistie réciproques sont accordés aux vassaux et sujets des deux royaumes, et les prisonniers de guerre sont libérés sans rançon. Les dispositions spirituelles et temporelles du traité de Westphalie sont maintenues. La France cède à perpétuité au roi de Prusse des territoires en Gueldres, incluant le pays de Kessel et le bailliage de Krickenbech, à condition que la religion catholique subsiste dans ces régions. Le roi de France reconnaît le roi de Prusse comme souverain de la Principauté de Neuchâtel et Valengin, accordant aux habitants les mêmes immunités que celles des autres pays suisses. Le roi de Prusse renonce à tout droit sur la Principauté d'Orange et d'autres seigneuries en France. La reine de Grande-Bretagne et d'autres potentats peuvent garantir l'exécution du traité. Les ambassadeurs s'engagent à faire ratifier le traité dans un délai de quatre semaines. Le traité est signé par les ambassadeurs extraordinaires et plénipotentiaires des deux royaumes à Utrecht le 11 avril 1713.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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71
p. 84-99
Nouvelles.
Début :
Les lettres de Berlin portent que les preliminaires touchant les [...]
Mots clefs :
Général, Prince, Armée, Troupes, Holstein, Suède, France, Fortifications, Assemblée de Brunswick, Vienne, Berlin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles.
Nouvelles,
Les lettres de Berlin portent
que les preliminaires
touchant les Estats de Holstein
- Gotrorp y avoient
été reglez de la maniere
suivante. Que Tonningen
fera ravitaillé de quinze en
quinze jours; que les autres
points seront renvoyez à
l'assemblée de Brunsvvich
,
ôc que durant le cours des
negociations le Prince Administrateur
,
qui est encore
à Lubek avec la Princesse
son épouse, ne sollicitera
point le secours de la
Suede, ni d'aucune autrç
Puissance.Celles de Stralzund
portent que les troupes
Suedoises qui yavoient
été embarquées avoient
fait voile vers la Suede
ainsi , que le General Meyerfeldt
Gouverneur de Pomeranie.
Que le General
Ducker, Gouverneur de
Stralzund ,en devoir partir
incessamment, ayant été
mandé par la Regence de
Stokolm, pour s'informer
de l'état auquel se trouvoient
les affaires de Pomeranie,
& que le Major general
Lubindevoit venir
commander en sa place.
Les lettres de Suede portent
qu'on y fait de grands
preparatifs, & qu'on y leve
de tous cotez des troupes
pour former une armée capable
de s'opposer aux entreprises
des Danois & des
Moscovites,qui continuent
de fortifier en Finlande les
places qu'ils y ont occupées;
& qu'on y rassembloit
tous les prisonniers Moscovices,
parmi lesquels il y a
plusieurs Officiers de distinction,
pour les échanger
avec les troupes de l'armée
du General Steinbock,
qui sont encor retenuës das
leHolstein. On mande de
Leopold, que le grand General
de la Couronne avoit
fait p artir avec les Envoyez
Turc &Tartare le Sieur de
la Meer Colonel Saxon,
avec des lettres du Roy Auguste
pourle Kan des Tartares,
& il lui a ordonné
de demeurer auprés de ce
Prince en qualité de Rendent;
que le grand General
avoit detaché le Colonel
Kalinovvski, avec cinquante
compagnies des
troupes de la Couronne,
pour aller renforcer celles
qui sont en Ukraine, &
pourvoirles villes de Niemirovv
& de Bialacerkievv
d'artillerie, de munitions,
ôc detoutes les autres choses
necessaires
> que le regimcw:
giment Saxon deSecken--
dorf, qui étoit dans le Palatinat
de Cracovie, où il
faisoit de grands desordres,
est allé prendre ses quartiers
d'hyver dans le Comté
de Sepufe en Hongrie. Les
lettres de Hongrie confirment
que les Tartares fc
font retirez, & que l'armée
Ochomane s'étoit mise
en marche vers le Danube
; ce qui a fait cesse*r la
crainte où l'on est de la
guerre avec les Turcs: ce
qu'on craint toûjours, sçachant
que leur armée n'avoir
pas traverse le Danube,
& qu'elle avoit été distribuée
en quartier d'hyver
au-deçà de ce fleuve, en
Vvalaquie Ôc en Moldavie:
que les Turcscontinuoient
de faire des nouvelles levées,
d'augmenter les fortifications
de Choczin, &
d'y faire de grands magasins,
ainsi qu'en d'autres
lieux; & que le grand General
a été averti de plufleurs
endroits de se tenir
sur ses gardes. On mande
de Hambourg
, que le Roy
de DanemarK avoit permis
de faire entrer dans Tonningena,
de quinze en quinze
jours, des provisions suffisantes
pour la subsistance
de la garnison & des habitans
: mais qu'il pretendoit
demeurer en possession des
Estats du Duc de Holstein-
Gottorp, jusqu'a ce que
cette affaire ait été reglée
dans l'assemblée de Brunsvvich,
qui doit commencer
le 14. de ce mois. On
écrit de Berlin, que le Rc.y
de Prusse avoit donné au
General Natzmar la charge
de Colonel des gardes
du corps, vacante par le
decés du GeneralTettau,
mort depuis peu de jours,
& qu'il avoit fait le Major
general Lilien Commandant
de Berlin.
On mande de Vienne,
qu'étant dans l'incertitude
du succés des conferences
de Rastadt, cette Cour continuë
de solliciter la Diete
Se lee Princes de l'Empire
de faire les preparatifs necessaires
pour la continuation
de la guerre ; qu'on travallaii
à lever des recrues,
& chercher les moyens de
trouver de l'argent
; que
les Estats de la basse Autriche
avoient declaré qu'il
leur etoit impossible de
fournir toutes les sommes
qui leur avoient été demandées,
à cause du pitoyable
état où le pays est
reduit par la guerre & par
la contagion ; que le Comte
Othon-Henry de Sinzendorf,
aîné de cette maison,
étoit mort dans son châteaud'Eckenberg
en Moravie,
sans Jaiilir d'en sans mâles ;
& par consequent son frere
, grandChambellan de
l'Archiduc, heritc de tous
ses biens.
On écrit de Londres,
que les Commissaires François
devoient s'assembler
dans peu avec ceux d'Angleterre,
qui ont été nommez
pour travailler à regler
les difficultez qui restent
sur le traité de commerce
avec la France;que
le Sieur d'Iberville, Envoyé
extraordinaire de France,
avoit eu le 31. Décembre sa
premiere audiance de la
Reine; que le courier envoyé
en France étoit arrivé
avec la ratification du traité
fait pour le commerce
des lettres; de forte qu'on
recevra les lettres de part
& d'autre par Douvres &
Calais: que les Commissaires
avoient été nommez -
pour visiter & faire le plan
desterresqu'ils jugeront
necessaires pour les fortifications
de Portmouth, de
Chattam & de Harvvich.
Que le Sieur Voisley, qui
doit aller en Portugal en
qualité d'Envoyé extraordinaire
, avoir reçû ses int
structions pour partir aprés
F
les fêtes, & que Milord
Bingley, qui doit aller en
Espagne en la même qualité,
ne partiroit qu'aprés
l'arrivée de Milord Lexington,
qui doir arriver ici
dans quinze jours.
Les lettres de Cologne du
5. Janvier portent que le
Prince de Holstein
,
qui
commande un regimentau
service de l'Archiduc, det:
cendant le Rhin le premier
de ce mois avec une escorte
de trente hommes, avoit
ers attaqué au dessus de
Bonne par un parti François
çois de trois cens homlleS;
& qu'aprés quelque resistance,
le Prince fut obligé
de se sauver au -
delà du
Rhin: mais que ses bagages
,
ses équipages & sa
vaisselle d'argent avoient
été pris par les François,
qui ont fait un butin de plus
de cent mille florins; qu'ils
avoient pris la Princesse son
épouse & le Prince son fils,
qu'ils avoient renvoyez.
Les dernieres lettres de
Fribourg portent que le
Chevalier d'Hasfeld
,
qui y
commande, avoitdetaché
le 2 4,
Décembre le Sieur
Ceberet avec dix compagnies
de grenadiers, & quarante
hommes de chacun
des douze bataillons de sa
garnison
, pour aller attaquer
le bourg deNeustadt,
à quatre lieuës de la droite
deVillingen, où il yavoit
trois cens hommes qui empêchoient
une partie de la
Forêt Noire de contribuer.
Le Sieur Ceberet y arriva
le 25. & fit attaquer par trois
endroits le bourg, qui fut
forcé aprés une assez belle
resistance:plusieurs des en- i
nemis furenttuez, le Conu
mandant ôc environ cent
soldats oût^éte' faits prisonniers,
&le reste avoit pris
la fuite.:
Les lettres de Berlin portent
que les preliminaires
touchant les Estats de Holstein
- Gotrorp y avoient
été reglez de la maniere
suivante. Que Tonningen
fera ravitaillé de quinze en
quinze jours; que les autres
points seront renvoyez à
l'assemblée de Brunsvvich
,
ôc que durant le cours des
negociations le Prince Administrateur
,
qui est encore
à Lubek avec la Princesse
son épouse, ne sollicitera
point le secours de la
Suede, ni d'aucune autrç
Puissance.Celles de Stralzund
portent que les troupes
Suedoises qui yavoient
été embarquées avoient
fait voile vers la Suede
ainsi , que le General Meyerfeldt
Gouverneur de Pomeranie.
Que le General
Ducker, Gouverneur de
Stralzund ,en devoir partir
incessamment, ayant été
mandé par la Regence de
Stokolm, pour s'informer
de l'état auquel se trouvoient
les affaires de Pomeranie,
& que le Major general
Lubindevoit venir
commander en sa place.
Les lettres de Suede portent
qu'on y fait de grands
preparatifs, & qu'on y leve
de tous cotez des troupes
pour former une armée capable
de s'opposer aux entreprises
des Danois & des
Moscovites,qui continuent
de fortifier en Finlande les
places qu'ils y ont occupées;
& qu'on y rassembloit
tous les prisonniers Moscovices,
parmi lesquels il y a
plusieurs Officiers de distinction,
pour les échanger
avec les troupes de l'armée
du General Steinbock,
qui sont encor retenuës das
leHolstein. On mande de
Leopold, que le grand General
de la Couronne avoit
fait p artir avec les Envoyez
Turc &Tartare le Sieur de
la Meer Colonel Saxon,
avec des lettres du Roy Auguste
pourle Kan des Tartares,
& il lui a ordonné
de demeurer auprés de ce
Prince en qualité de Rendent;
que le grand General
avoit detaché le Colonel
Kalinovvski, avec cinquante
compagnies des
troupes de la Couronne,
pour aller renforcer celles
qui sont en Ukraine, &
pourvoirles villes de Niemirovv
& de Bialacerkievv
d'artillerie, de munitions,
ôc detoutes les autres choses
necessaires
> que le regimcw:
giment Saxon deSecken--
dorf, qui étoit dans le Palatinat
de Cracovie, où il
faisoit de grands desordres,
est allé prendre ses quartiers
d'hyver dans le Comté
de Sepufe en Hongrie. Les
lettres de Hongrie confirment
que les Tartares fc
font retirez, & que l'armée
Ochomane s'étoit mise
en marche vers le Danube
; ce qui a fait cesse*r la
crainte où l'on est de la
guerre avec les Turcs: ce
qu'on craint toûjours, sçachant
que leur armée n'avoir
pas traverse le Danube,
& qu'elle avoit été distribuée
en quartier d'hyver
au-deçà de ce fleuve, en
Vvalaquie Ôc en Moldavie:
que les Turcscontinuoient
de faire des nouvelles levées,
d'augmenter les fortifications
de Choczin, &
d'y faire de grands magasins,
ainsi qu'en d'autres
lieux; & que le grand General
a été averti de plufleurs
endroits de se tenir
sur ses gardes. On mande
de Hambourg
, que le Roy
de DanemarK avoit permis
de faire entrer dans Tonningena,
de quinze en quinze
jours, des provisions suffisantes
pour la subsistance
de la garnison & des habitans
: mais qu'il pretendoit
demeurer en possession des
Estats du Duc de Holstein-
Gottorp, jusqu'a ce que
cette affaire ait été reglée
dans l'assemblée de Brunsvvich,
qui doit commencer
le 14. de ce mois. On
écrit de Berlin, que le Rc.y
de Prusse avoit donné au
General Natzmar la charge
de Colonel des gardes
du corps, vacante par le
decés du GeneralTettau,
mort depuis peu de jours,
& qu'il avoit fait le Major
general Lilien Commandant
de Berlin.
On mande de Vienne,
qu'étant dans l'incertitude
du succés des conferences
de Rastadt, cette Cour continuë
de solliciter la Diete
Se lee Princes de l'Empire
de faire les preparatifs necessaires
pour la continuation
de la guerre ; qu'on travallaii
à lever des recrues,
& chercher les moyens de
trouver de l'argent
; que
les Estats de la basse Autriche
avoient declaré qu'il
leur etoit impossible de
fournir toutes les sommes
qui leur avoient été demandées,
à cause du pitoyable
état où le pays est
reduit par la guerre & par
la contagion ; que le Comte
Othon-Henry de Sinzendorf,
aîné de cette maison,
étoit mort dans son châteaud'Eckenberg
en Moravie,
sans Jaiilir d'en sans mâles ;
& par consequent son frere
, grandChambellan de
l'Archiduc, heritc de tous
ses biens.
On écrit de Londres,
que les Commissaires François
devoient s'assembler
dans peu avec ceux d'Angleterre,
qui ont été nommez
pour travailler à regler
les difficultez qui restent
sur le traité de commerce
avec la France;que
le Sieur d'Iberville, Envoyé
extraordinaire de France,
avoit eu le 31. Décembre sa
premiere audiance de la
Reine; que le courier envoyé
en France étoit arrivé
avec la ratification du traité
fait pour le commerce
des lettres; de forte qu'on
recevra les lettres de part
& d'autre par Douvres &
Calais: que les Commissaires
avoient été nommez -
pour visiter & faire le plan
desterresqu'ils jugeront
necessaires pour les fortifications
de Portmouth, de
Chattam & de Harvvich.
Que le Sieur Voisley, qui
doit aller en Portugal en
qualité d'Envoyé extraordinaire
, avoir reçû ses int
structions pour partir aprés
F
les fêtes, & que Milord
Bingley, qui doit aller en
Espagne en la même qualité,
ne partiroit qu'aprés
l'arrivée de Milord Lexington,
qui doir arriver ici
dans quinze jours.
Les lettres de Cologne du
5. Janvier portent que le
Prince de Holstein
,
qui
commande un regimentau
service de l'Archiduc, det:
cendant le Rhin le premier
de ce mois avec une escorte
de trente hommes, avoit
ers attaqué au dessus de
Bonne par un parti François
çois de trois cens homlleS;
& qu'aprés quelque resistance,
le Prince fut obligé
de se sauver au -
delà du
Rhin: mais que ses bagages
,
ses équipages & sa
vaisselle d'argent avoient
été pris par les François,
qui ont fait un butin de plus
de cent mille florins; qu'ils
avoient pris la Princesse son
épouse & le Prince son fils,
qu'ils avoient renvoyez.
Les dernieres lettres de
Fribourg portent que le
Chevalier d'Hasfeld
,
qui y
commande, avoitdetaché
le 2 4,
Décembre le Sieur
Ceberet avec dix compagnies
de grenadiers, & quarante
hommes de chacun
des douze bataillons de sa
garnison
, pour aller attaquer
le bourg deNeustadt,
à quatre lieuës de la droite
deVillingen, où il yavoit
trois cens hommes qui empêchoient
une partie de la
Forêt Noire de contribuer.
Le Sieur Ceberet y arriva
le 25. & fit attaquer par trois
endroits le bourg, qui fut
forcé aprés une assez belle
resistance:plusieurs des en- i
nemis furenttuez, le Conu
mandant ôc environ cent
soldats oût^éte' faits prisonniers,
&le reste avoit pris
la fuite.:
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Résumé : Nouvelles.
Les nouvelles de Berlin rapportent que les préliminaires concernant les États de Holstein-Gottorp ont été réglés. Tonningen sera ravitaillé tous les quinze jours, et les autres points seront discutés lors de l'assemblée de Brunswick. Le Prince Administrateur, actuellement à Lübeck avec la Princesse, ne sollicitera pas le secours de la Suède ou d'autres puissances durant les négociations. Les lettres de Stralsund indiquent que les troupes suédoises ont quitté la ville pour la Suède. Le Général Meyerfeldt, Gouverneur de Poméranie, et le Général Ducker, Gouverneur de Stralsund, ont été appelés à Stockholm pour des informations sur l'état des affaires en Poméranie. Le Major général Lubin doit prendre le commandement à la place de Ducker. Les nouvelles de Suède mentionnent des préparatifs militaires importants pour former une armée capable de résister aux Danois et aux Moscovites, qui fortifient leurs positions en Finlande. La Suède rassemble également des prisonniers moscovites pour les échanger avec des troupes retenues au Holstein. Les lettres de Léopold rapportent que le grand Général de la Couronne a envoyé le Sieur de la Meer, Colonel Saxon, auprès du Khan des Tartares avec des lettres du Roi Auguste. Le Colonel Kalinovski a été détaché avec des troupes pour renforcer les positions en Ukraine et fournir des munitions aux villes de Niemirov et de Bialacerkiev. Le régiment Saxon de Seckendorf, ayant causé des désordres en Palatinat de Cracovie, a été déplacé en Hongrie. Les nouvelles de Hongrie confirment le retrait des Tartares et la marche de l'armée ottomane vers le Danube, réduisant la crainte d'une guerre avec les Turcs. Cependant, les Turcs continuent de renforcer leurs fortifications et de faire des levées de troupes. Les lettres de Hambourg indiquent que le Roi de Danemark a permis l'entrée de provisions à Tonningen tous les quinze jours, mais il entend rester en possession des États du Duc de Holstein-Gottorp jusqu'à la résolution de l'affaire à l'assemblée de Brunswick. Les nouvelles de Berlin mentionnent que le Roi de Prusse a nommé le Général Natzmar Colonel des gardes du corps et le Major général Lilien Commandant de Berlin. Les lettres de Vienne rapportent que la Cour continue de préparer la guerre en raison de l'incertitude des conférences de Rastadt. Les États de la basse Autriche déclarent leur incapacité à fournir les sommes demandées en raison des ravages de la guerre et de la contagion. Le Comte Othon-Henry de Sinzendorf est décédé sans héritier mâle, laissant son frère héritier de ses biens. Les nouvelles de Londres indiquent que les Commissaires français et anglais doivent se réunir pour régler les difficultés restantes sur le traité de commerce. Le Sieur d'Iberville, Envoyé extraordinaire de France, a eu sa première audience de la Reine. Des Commissaires ont été nommés pour les fortifications de Portsmouth, Chatham et Harwich. Le Sieur Voisley doit partir pour le Portugal et Milord Bingley pour l'Espagne après l'arrivée de Milord Lexington. Les lettres de Cologne rapportent qu'un parti français a attaqué le Prince de Holstein près de Bonne, capturant ses bagages et sa vaisselle d'argent, et prenant la Princesse et le Prince son fils, qui ont ensuite été renvoyés. Les dernières lettres de Fribourg mentionnent que le Chevalier d'Hasfeld a détaché des troupes pour attaquer le bourg de Neustadt, où plusieurs ennemis ont été tués ou capturés.
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72
p. 225-227
PRIERE DE LA FRANCE à Dieu pour le Roy.
Début :
DIEU Puissant, quand LOUIS, dans cette horrible Guerre, [...]
Mots clefs :
Dieu, Roi, France, Prière
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texteReconnaissance textuelle : PRIERE DE LA FRANCE à Dieu pour le Roy.
PRIERE DE LA FRANCE
à Dieu pour le Roy.
DIEU Puiffant , quand
LOUIS , dans cette
horrible Guerre
Combatoit pour ton culte
& l'intereft des ROYS ,
Quand de fon Sang Auguſ226
MERCURE
te il fouftenoit les droits ,
Pourquoy , contre luy feul ,
armer toute la Terre ?
Pourquoy .. mais puifqu'ainfi
tes ordres l'ont
permis
>
Sans doute , tu voulois éprouver
fa conſtance ;
Il n'a pas murmuré contre
ta Providence
,
De tant d'heureux fuccez ,
qu'ont eu fes Ennemis.
Seigneur avec la Paix
que ta bonté me donne ,
Conferve moy mon Roy ,
protege fa Couronne
Et de fa pieté récompenſe
GALANT. 227
les foins
En prolongeant fes jours ,
de dix luftres au moins.
à Dieu pour le Roy.
DIEU Puiffant , quand
LOUIS , dans cette
horrible Guerre
Combatoit pour ton culte
& l'intereft des ROYS ,
Quand de fon Sang Auguſ226
MERCURE
te il fouftenoit les droits ,
Pourquoy , contre luy feul ,
armer toute la Terre ?
Pourquoy .. mais puifqu'ainfi
tes ordres l'ont
permis
>
Sans doute , tu voulois éprouver
fa conſtance ;
Il n'a pas murmuré contre
ta Providence
,
De tant d'heureux fuccez ,
qu'ont eu fes Ennemis.
Seigneur avec la Paix
que ta bonté me donne ,
Conferve moy mon Roy ,
protege fa Couronne
Et de fa pieté récompenſe
GALANT. 227
les foins
En prolongeant fes jours ,
de dix luftres au moins.
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Résumé : PRIERE DE LA FRANCE à Dieu pour le Roy.
Une prière pour le roi Louis demande la protection divine durant une guerre. Elle reconnaît les efforts du roi pour défendre le culte et les intérêts royaux, malgré les attaques adverses. La prière implore Dieu de prolonger la vie du roi de dix lustres pour ses actions pieuses.
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73
p. 328-331
LOGOGRYPHE d'une espece particuliere, dont la difficulté n'est pas seulement d'en trouver le mot, mais toutes les explications.
Début :
De six piéces formé, je designe un Empire ; [...]
Mots clefs :
France
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texteReconnaissance textuelle : LOGOGRYPHE d'une espece particuliere, dont la difficulté n'est pas seulement d'en trouver le mot, mais toutes les explications.
LOG O G R TP HE A' une espece p*r-\
ticuliere , dont la difficulté n*eft p u feu
lement d'en trouver le mot , mais touteslet
explications.
j
DE six piéces formé , je designe un Em»
pire;
La derniere de moins je fuis homme fans fard; '.
Remets*
FEVRIER. 17 ?o. ils
ièmets tout , & fans chef daigne à présent
f me lire,
tu pourras m'ajuiìrer avec de bon vieux lard s
Ote mon second chef, & je me trouve utilff
Aux seaux , aux panniers , aux chau«í
drons,
I -Voyons , pour me trouver en changement
I fertile
Comme quoi nous nous y prendrons.
Bon. Chiffre mes six parts , 8c me fuis à U?
" - trace ,
je vais te dévoiler mes divers chargemens,
h Et t'exposer le tout aussi clair qu'une glace,.
Dans ces divers arrangemens.
Trois , quatre , six , je fuis Rossignol d' Arca-
' die,.
Trois , quatre, cinq , deux , fix , alors j'expose
aux yeux
Dís S ça vans & des Curieux
Prose 8c Vers, & de plus je peins la mélo»
die j
Si je fais de la Chine, on en fait des Tableaux,
n même arrangement , j'arrête les Vaisseaux.-
Ûn , trois , deux , six , la nuit j'éclaire au
bord des eaux.
Cinq , trois , six . quatre , alors Ville de $oiV
mandie.
Puis un » six , cinq , trois « quatre , une riche
%r Abbaye.
Quatre , six , deux , trois , cinq , Ville près de
Bordeaux,
F iiij Cinq
3?o MERCURE DE FRANCE:
Cinq , deux , trois , quatre , six , je couvre Ia!
cervelle.
Trois , deux > cinq peut armer les Indiens
& l' Amour;
Autre ; trois , cinq , deux , six , j'ai le goût de
prunelle.
Cinq , trois > deux , je me vis presque prescrit
• un jour.
Item , un j trois , cinq , six , je fuis utv gro*
visage í "
)Et deux , trois , quatre , cinq , un Peintre re
cherché.
Plus un , trois , deux » cinq , six , mon ordi
naire usage
Est d'amuser le Peuple au milieu d'un marché.
Trois j quatre, cinq , six , deux , en latin, ma
parole
A jadis des Gaulois sauvé le Capitole.
En François , un , six , deux ; je fuis un dur
métal.
"Cinq , six , deux , un , je fuis chassé par la
Noblesse.
Quatre , trois , cinq , deux , six , Coquille
d'une espece
Auflì brillante qu'un cristal.
Et cinq , trois , quatre , six , je soutiens la
vieillesse.
Bref , quatre , six , deux , un , je fais mouvoir
les doigts >
Les yeux , les pieds , les bras , en avant , en
arriére*
Puis
FEVRIER. 1730. 33 1
Puis trois , deux , quatre , six , je fuis une Ri
vière.
Cinq , trois , deux , quatre , six 1 coin de pierre
ou de bois , j
Ou d'un volet , ou d'une cheminée.
Quatre , trois , un , deux , six , est drogûe
raffinée ,
Dont contre les vapeurs femme use quelque- ^
fois.
Et cinq , trois , un , deux > six , Peuple à sau
vages Loix.
Cinq , trois , quatre > un > deux , six » drogue
d'Apoticaire
Qu'avec de l'Eau de vie on mêle assez sou
vent.
Cinq , deux , troh , quatre enfin , dent de la
crémaillère ,
Ou d'un cri, si l'on veut. Devinez à présent.
ticuliere , dont la difficulté n*eft p u feu
lement d'en trouver le mot , mais touteslet
explications.
j
DE six piéces formé , je designe un Em»
pire;
La derniere de moins je fuis homme fans fard; '.
Remets*
FEVRIER. 17 ?o. ils
ièmets tout , & fans chef daigne à présent
f me lire,
tu pourras m'ajuiìrer avec de bon vieux lard s
Ote mon second chef, & je me trouve utilff
Aux seaux , aux panniers , aux chau«í
drons,
I -Voyons , pour me trouver en changement
I fertile
Comme quoi nous nous y prendrons.
Bon. Chiffre mes six parts , 8c me fuis à U?
" - trace ,
je vais te dévoiler mes divers chargemens,
h Et t'exposer le tout aussi clair qu'une glace,.
Dans ces divers arrangemens.
Trois , quatre , six , je fuis Rossignol d' Arca-
' die,.
Trois , quatre, cinq , deux , fix , alors j'expose
aux yeux
Dís S ça vans & des Curieux
Prose 8c Vers, & de plus je peins la mélo»
die j
Si je fais de la Chine, on en fait des Tableaux,
n même arrangement , j'arrête les Vaisseaux.-
Ûn , trois , deux , six , la nuit j'éclaire au
bord des eaux.
Cinq , trois , six . quatre , alors Ville de $oiV
mandie.
Puis un » six , cinq , trois « quatre , une riche
%r Abbaye.
Quatre , six , deux , trois , cinq , Ville près de
Bordeaux,
F iiij Cinq
3?o MERCURE DE FRANCE:
Cinq , deux , trois , quatre , six , je couvre Ia!
cervelle.
Trois , deux > cinq peut armer les Indiens
& l' Amour;
Autre ; trois , cinq , deux , six , j'ai le goût de
prunelle.
Cinq , trois > deux , je me vis presque prescrit
• un jour.
Item , un j trois , cinq , six , je fuis utv gro*
visage í "
)Et deux , trois , quatre , cinq , un Peintre re
cherché.
Plus un , trois , deux » cinq , six , mon ordi
naire usage
Est d'amuser le Peuple au milieu d'un marché.
Trois j quatre, cinq , six , deux , en latin, ma
parole
A jadis des Gaulois sauvé le Capitole.
En François , un , six , deux ; je fuis un dur
métal.
"Cinq , six , deux , un , je fuis chassé par la
Noblesse.
Quatre , trois , cinq , deux , six , Coquille
d'une espece
Auflì brillante qu'un cristal.
Et cinq , trois , quatre , six , je soutiens la
vieillesse.
Bref , quatre , six , deux , un , je fais mouvoir
les doigts >
Les yeux , les pieds , les bras , en avant , en
arriére*
Puis
FEVRIER. 1730. 33 1
Puis trois , deux , quatre , six , je fuis une Ri
vière.
Cinq , trois , deux , quatre , six 1 coin de pierre
ou de bois , j
Ou d'un volet , ou d'une cheminée.
Quatre , trois , un , deux , six , est drogûe
raffinée ,
Dont contre les vapeurs femme use quelque- ^
fois.
Et cinq , trois , un , deux > six , Peuple à sau
vages Loix.
Cinq , trois , quatre > un > deux , six » drogue
d'Apoticaire
Qu'avec de l'Eau de vie on mêle assez sou
vent.
Cinq , deux , troh , quatre enfin , dent de la
crémaillère ,
Ou d'un cri, si l'on veut. Devinez à présent.
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74
p. 531-532
EXPLICATION du Logogryphe du Mercure de Fevrier.
Début :
Combinons tous les mots qui se trouvent dans France, [...]
Mots clefs :
France
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXPLICATION du Logogryphe du Mercure de Fevrier.
EXPLICATION du Logogryphe
du Mercure de Fevrier.
C
Ombinons tous les mots qui fe trouvent dans
France ,
D'abord pour préluder , voici Franc , Ance &
Rance ,
En calculant je trouve Ane , Ancre , Fare,Caën,
J'apperçois enfuite Fecan ,
Nerac , Crâne , Arc , joint avec Acre ,
Car , Face , Farce , Ranc , Ancre , Fer , Cerf
& Nacre 2
CATE
552 MERCURE DE FRANCE.
Cane , Arne , Carne , Nerf, Nafre , Canfre , &
pais Cran.
Ma foi fur un feul mot jamais je n'en vis tant.
Par M. d'Orvilliers le fils , de Vernon .
du Mercure de Fevrier.
C
Ombinons tous les mots qui fe trouvent dans
France ,
D'abord pour préluder , voici Franc , Ance &
Rance ,
En calculant je trouve Ane , Ancre , Fare,Caën,
J'apperçois enfuite Fecan ,
Nerac , Crâne , Arc , joint avec Acre ,
Car , Face , Farce , Ranc , Ancre , Fer , Cerf
& Nacre 2
CATE
552 MERCURE DE FRANCE.
Cane , Arne , Carne , Nerf, Nafre , Canfre , &
pais Cran.
Ma foi fur un feul mot jamais je n'en vis tant.
Par M. d'Orvilliers le fils , de Vernon .
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75
p. *536-536
« Le mot du Logogryphe du mois de Fevrier est France, 1. 2. 3. 4. 5. 6. [...] »
Début :
Le mot du Logogryphe du mois de Fevrier est France, 1. 2. 3. 4. 5. 6. [...]
Mots clefs :
France, Lettre de change, Lune
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le mot du Logogryphe du mois de Fevrier est France, 1. 2. 3. 4. 5. 6. [...] »
Le mot du Logogryphe du mois de
Fevrier eft France , 1. 2. 3. 4.5 6. 1.2 . 3.456.
On a dû expliquer les deux Enigmes ,
par la Lettre de Change & la Lun
Fevrier eft France , 1. 2. 3. 4.5 6. 1.2 . 3.456.
On a dû expliquer les deux Enigmes ,
par la Lettre de Change & la Lun
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76
p. 731-732
EXPLICATION du Logogryphe du Mercure de Fevrier, sur les mêmes Rimes.
Début :
Le Royaume des Lys est un puissant Empire, [...]
Mots clefs :
France
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXPLICATION du Logogryphe du Mercure de Fevrier, sur les mêmes Rimes.
EXPLICATION du Logogryphe du
Mercure de Fevrier, fur les mêmes Rimes.
LE Royaume des Lys eft un puiſſant Empire , ”
Ou bienheureux qui trouve un coeur franc & lans
fard ,
Au fond duquel il puiffe lire.
Pour rance , il convient au vieux lard
Chacun fçait que l'ance eft utile ,
Aux fceaux , aux paniers , aux chaudrons ;
Chiffrons ce Logogriphe en changemens fertile
Voyons pour deviner comment nous nous prendrons
;
Je vais donc le ſuivre à la trace ,
Malgré les divers changemens ,
Et rendre plus clairs qu'une glace ,
Tous les obfcurs arrangemens.
L'Afne eft Roffignol d'Arcadie ;
L'Ancre fçait expofer aux yeux
Des Sçavans & des Curieux
Profe , Poëme & Melodie ;
>
Quand elle eft de la Chine on en fait des Tableaux.
Une Ancre arrête les Vaiffeaux ;
Caën , eft Ville de Normandie ,
Un Fare éclaire au bord des Eaux ;
E ij Fecan
A
732 MERCURE DE FRANCE
Fecan , eft très-bonne Abbaye ,
Et Nerac eft près de Bourdeaux.
Le Crâne couvre la cervelle ;
L'Arc fert aux Indiens, auffi - bien qu'à l'Amour;`
Très-acre , eft le goût de Prunelle ;
Peu s'enfallut que Car ne fût profcript un jour.
Une Face eft un gros viſage ;
C Rane eft un Peintre recherché ;
i Les Charlatans font dans l'uſage ,
D'executer leur Farce au milieu d'un Marché.
Ancer , Oye en François jadis par fa parole ,
Ou plutôt par fes cris fauva le Capitole.
Le Fer eft un très -dur métal ;
Et le Cerf à la chaffe exerce la Nobleſſe,
C
Nacre eft Coquille d'une espece
Auffi brillante que criftal.
Cane ou Canne eft l'appui de la foible vieilleffe ;
Le Nerf fait remuer les doigts ,
Ainfi que tout le corps en avant , en arriere
Je crois qu'Arne eft une Riviere ;
Angle ou Carne fe dit de la pierre , du bois ,
D'un volet , d'une Table, ou d'une cheminée,
Nafre, beaucoup mieux Naffe,eft drogue raffinée,
Utile aux femmes quelquefois,
Le Cafre ne connoît que de barbares loix.
Le Canfre eft en tous lieux drogue d'Apoticaire
Dont on fe fert affez fouvent ;
On dit Cran de la Crémaillere ;
En France l'on peut voir tous ces mots à prefent.
Mercure de Fevrier, fur les mêmes Rimes.
LE Royaume des Lys eft un puiſſant Empire , ”
Ou bienheureux qui trouve un coeur franc & lans
fard ,
Au fond duquel il puiffe lire.
Pour rance , il convient au vieux lard
Chacun fçait que l'ance eft utile ,
Aux fceaux , aux paniers , aux chaudrons ;
Chiffrons ce Logogriphe en changemens fertile
Voyons pour deviner comment nous nous prendrons
;
Je vais donc le ſuivre à la trace ,
Malgré les divers changemens ,
Et rendre plus clairs qu'une glace ,
Tous les obfcurs arrangemens.
L'Afne eft Roffignol d'Arcadie ;
L'Ancre fçait expofer aux yeux
Des Sçavans & des Curieux
Profe , Poëme & Melodie ;
>
Quand elle eft de la Chine on en fait des Tableaux.
Une Ancre arrête les Vaiffeaux ;
Caën , eft Ville de Normandie ,
Un Fare éclaire au bord des Eaux ;
E ij Fecan
A
732 MERCURE DE FRANCE
Fecan , eft très-bonne Abbaye ,
Et Nerac eft près de Bourdeaux.
Le Crâne couvre la cervelle ;
L'Arc fert aux Indiens, auffi - bien qu'à l'Amour;`
Très-acre , eft le goût de Prunelle ;
Peu s'enfallut que Car ne fût profcript un jour.
Une Face eft un gros viſage ;
C Rane eft un Peintre recherché ;
i Les Charlatans font dans l'uſage ,
D'executer leur Farce au milieu d'un Marché.
Ancer , Oye en François jadis par fa parole ,
Ou plutôt par fes cris fauva le Capitole.
Le Fer eft un très -dur métal ;
Et le Cerf à la chaffe exerce la Nobleſſe,
C
Nacre eft Coquille d'une espece
Auffi brillante que criftal.
Cane ou Canne eft l'appui de la foible vieilleffe ;
Le Nerf fait remuer les doigts ,
Ainfi que tout le corps en avant , en arriere
Je crois qu'Arne eft une Riviere ;
Angle ou Carne fe dit de la pierre , du bois ,
D'un volet , d'une Table, ou d'une cheminée,
Nafre, beaucoup mieux Naffe,eft drogue raffinée,
Utile aux femmes quelquefois,
Le Cafre ne connoît que de barbares loix.
Le Canfre eft en tous lieux drogue d'Apoticaire
Dont on fe fert affez fouvent ;
On dit Cran de la Crémaillere ;
En France l'on peut voir tous ces mots à prefent.
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Résumé : EXPLICATION du Logogryphe du Mercure de Fevrier, sur les mêmes Rimes.
Le texte explique un logogryphe, un puzzle littéraire publié dans le Mercure de février. Il décrit le Royaume des Lys comme un puissant empire valorisant la franchise. Divers mots et leurs significations sont énumérés, souvent en lien avec des lieux ou des objets. Par exemple, l'anse est utile pour divers récipients, l'afne est un rossignol d'Arcadie, et l'ancre arrête les vaisseaux. Le texte mentionne également Caen, une ville de Normandie, et Sécan, une abbaye. Il explore les significations multiples des mots, comme le crâne qui couvre la cervelle, ou l'arc utilisé par les Indiens et dans l'amour. Le texte se termine par une liste de mots et leurs définitions, allant de la nacre, une coquille brillante, au nerf qui fait bouger les doigts, en passant par le canfre, une drogue d'apothicaire.
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77
p. 942-944
LETTRE écrite de Chambery, à l'Auteur du Mercure de France, le 26. Mars 1730.
Début :
Si vous continuez, Monsieur, à donner des Logogryphes pareils à celui qu'on lit dans votre [...]
Mots clefs :
Logogriphe, France, Interprète de logogriphe, Famille
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite de Chambery, à l'Auteur du Mercure de France, le 26. Mars 1730.
LETTRE écrite de Chambery , à l'Auteur
du Mercure de France , le 26.
Mars 1730.
I vous continuez , Monfieur , à donner des
Logogryphes pareils à celui qu'on lit dans votre
Mercure de Fevrier , il faudra que je renonce
au plaifir de le faire venir , ou que je deſerte ma
maifon auffi-tôt qu'il y paroîtra. Je n'avois pas
encore éprouvé ce que peut une femme qui s'érige
en interprete de Logogryphe ; mais la mienne
vient de m'en faire faire une trifte experience,
malheureuſement pour moi , je n'ai pû par la fuite
éviter fa premiere impétuofité , étant retenu dans
mon fauteuil par la goute. Ma fille brochant fur
le tout , & raffinant fur les impertinences de fa
mere , foutenoit qu'il étoit ridicule que l'Auteur
du Logogryphe fe fût avifé d'en latinifer le mot
à fon 31 Vers , comme s'il vouloit le mettre par
ce moyen hors de la portée des Dames ; elles font
cependant , difoit ma fille , les juges naturels de
ces fortes d'Ouvrages ; & leur imagination plus
vive que celle des hommes , femble leur donner
un privilege exclufif pour dévoiler ces myſteres.
Ces raifonnemens m'alloient faire perdre patience
, lorfqu'un de mes amis eft furvenu , qui en
nous découvrant le mot cherché , a fini heureufment
la querelle ; il eft vrai que le3 1 Vers dont
je viens de parler , & qui femble n'avoir été mis
que pour troubler la paix de mon ménage , occafionna
encore mille fots difcours. Mon âne de
fils , qui eft en cinquiéme , ne s'avifa - t- il pas de
remarquer , je ne fçai comment , que le mot latin
Ancer , s'écrivant par une S , on ne pouvoit lui
C
appliquer
MAY. 1730.
943
appliquer ce Vers ; ma fille charmée de l'objection
, l'adopta de tout fon coeur , & mon ami eut
bien de la peine à la faire taire , en l'affurant que
c'étoit une licence permife.
Je vous ennuyerois , Monfieur , fi je vous dé~
taillois tout ce qui s'eft paffé chez moi à ce fujet,
mais je veux vous faire part d'une chofé qui vous
paroîtra finguliere ; toutes les differentes faces
que vous faites prendre au mot France ,
font appliquables
avec jufteſſe à ma famille , c'eſt ce qui
a donné lieu à l'Ouvrage que vous allez lire ; je
lui donne ce nom , faute de lui en fçavoir d'autre,
peut- être pourroit- on l'appeller des Bouts - donnez,
ils ont occafionné ces Vers fans rime , je conviens
que l'efpece eft profcrite depuis long-temps, & réfervée
au feul Pierrot de la Comédie Italienne ; je
doute donc fort que ceci foit du reffort de votre
Mercure ; ma femme foutient qu'il n'y a pas plus
de raifon que de rime , & que jamais vous ne vous
aviferez d'en faire part au Public , l'interêt qu'elle
y prend , la fait, fans doute, parler ainfi , mais je
ne ferois pas fâché qu'elle en eût le démenti , efperant
que ce feroit un moyen de l'indifpofer
contre les Logogryphes , de façon à ne fe plus
mêler de les e quer; il n'y auroit pas un grand
mal que je fuffele feul de ma maifon qui voulût
profiter de votre Livre ; cependant quelqu'ufage
que vous faffiez de ce que je vous envoye , je ferai
toûjours content , pourvû que vous foyez per-
Luadé que l'application que je fais de votre Logogryphe
à ma famille eft très -veritable , & que je
fuis , &c.
Jean fe croit plus heureux qu'aucun homme de
France ;
Vivant content du fort , l'efprit guai , le coeur
Franc.
E ij J'ai
944 MERCURE DE FRANCE
J'ai fept fils , une fille ayant teint de lard Rance,
Mon fecond fils eft fot comme un panier fans Ance
Le fixiéme eft un petit
Dont les doigts font toûjours teints d'
Le Cadet toûjours faute & s'appelle fan
Mon aîné fait fon Droit à
Le cinquiéme eft Moine à
Ane ,
Ancre ,
Fare .
Can
Fecan.
Le troifiéme eft allé voir fa tante à Nerac.
Le quatriéme ne peut rien fourer fous fon Cráne,
Et n'eft bon qu'à tirer de l'
Arc .
Ma femme eft d'une humeur revêche , mordante,
Sous fa protection elle a pris le mot
Acre ;
Car,
Elle doit au bon vin fa rubiconde
Face ;
Il eft vrai qu'elle peint prefque auffi-bien queRanc,
C'eft une veritable Farce ,
Que de voir ma fille d' Ancer ,
Ayant les pieds d'Oifon & fouple comme Fer.
Cerf,
Mon fils Fanfare , étourdi comme un
Vient de caffer Tabatiere de
Mais je l'ai régalé d'un bon coup de ma
Dont on dit qu'il tire le
Nacre ;
Cane,
Nerf.
A vingt ans je fus prêt à me noyer dans l'Arne .
Je me caffai la tête un jour contre une
Carne,
Je reviens à ma femme , elle me ruine en Nafre ;
On peut dire qu'elle eft auffi propre qu'un Cafre,
Affis auprès du feu , les pieds frottez de Canfre
J'écris ceci fur mon E
Cran
du Mercure de France , le 26.
Mars 1730.
I vous continuez , Monfieur , à donner des
Logogryphes pareils à celui qu'on lit dans votre
Mercure de Fevrier , il faudra que je renonce
au plaifir de le faire venir , ou que je deſerte ma
maifon auffi-tôt qu'il y paroîtra. Je n'avois pas
encore éprouvé ce que peut une femme qui s'érige
en interprete de Logogryphe ; mais la mienne
vient de m'en faire faire une trifte experience,
malheureuſement pour moi , je n'ai pû par la fuite
éviter fa premiere impétuofité , étant retenu dans
mon fauteuil par la goute. Ma fille brochant fur
le tout , & raffinant fur les impertinences de fa
mere , foutenoit qu'il étoit ridicule que l'Auteur
du Logogryphe fe fût avifé d'en latinifer le mot
à fon 31 Vers , comme s'il vouloit le mettre par
ce moyen hors de la portée des Dames ; elles font
cependant , difoit ma fille , les juges naturels de
ces fortes d'Ouvrages ; & leur imagination plus
vive que celle des hommes , femble leur donner
un privilege exclufif pour dévoiler ces myſteres.
Ces raifonnemens m'alloient faire perdre patience
, lorfqu'un de mes amis eft furvenu , qui en
nous découvrant le mot cherché , a fini heureufment
la querelle ; il eft vrai que le3 1 Vers dont
je viens de parler , & qui femble n'avoir été mis
que pour troubler la paix de mon ménage , occafionna
encore mille fots difcours. Mon âne de
fils , qui eft en cinquiéme , ne s'avifa - t- il pas de
remarquer , je ne fçai comment , que le mot latin
Ancer , s'écrivant par une S , on ne pouvoit lui
C
appliquer
MAY. 1730.
943
appliquer ce Vers ; ma fille charmée de l'objection
, l'adopta de tout fon coeur , & mon ami eut
bien de la peine à la faire taire , en l'affurant que
c'étoit une licence permife.
Je vous ennuyerois , Monfieur , fi je vous dé~
taillois tout ce qui s'eft paffé chez moi à ce fujet,
mais je veux vous faire part d'une chofé qui vous
paroîtra finguliere ; toutes les differentes faces
que vous faites prendre au mot France ,
font appliquables
avec jufteſſe à ma famille , c'eſt ce qui
a donné lieu à l'Ouvrage que vous allez lire ; je
lui donne ce nom , faute de lui en fçavoir d'autre,
peut- être pourroit- on l'appeller des Bouts - donnez,
ils ont occafionné ces Vers fans rime , je conviens
que l'efpece eft profcrite depuis long-temps, & réfervée
au feul Pierrot de la Comédie Italienne ; je
doute donc fort que ceci foit du reffort de votre
Mercure ; ma femme foutient qu'il n'y a pas plus
de raifon que de rime , & que jamais vous ne vous
aviferez d'en faire part au Public , l'interêt qu'elle
y prend , la fait, fans doute, parler ainfi , mais je
ne ferois pas fâché qu'elle en eût le démenti , efperant
que ce feroit un moyen de l'indifpofer
contre les Logogryphes , de façon à ne fe plus
mêler de les e quer; il n'y auroit pas un grand
mal que je fuffele feul de ma maifon qui voulût
profiter de votre Livre ; cependant quelqu'ufage
que vous faffiez de ce que je vous envoye , je ferai
toûjours content , pourvû que vous foyez per-
Luadé que l'application que je fais de votre Logogryphe
à ma famille eft très -veritable , & que je
fuis , &c.
Jean fe croit plus heureux qu'aucun homme de
France ;
Vivant content du fort , l'efprit guai , le coeur
Franc.
E ij J'ai
944 MERCURE DE FRANCE
J'ai fept fils , une fille ayant teint de lard Rance,
Mon fecond fils eft fot comme un panier fans Ance
Le fixiéme eft un petit
Dont les doigts font toûjours teints d'
Le Cadet toûjours faute & s'appelle fan
Mon aîné fait fon Droit à
Le cinquiéme eft Moine à
Ane ,
Ancre ,
Fare .
Can
Fecan.
Le troifiéme eft allé voir fa tante à Nerac.
Le quatriéme ne peut rien fourer fous fon Cráne,
Et n'eft bon qu'à tirer de l'
Arc .
Ma femme eft d'une humeur revêche , mordante,
Sous fa protection elle a pris le mot
Acre ;
Car,
Elle doit au bon vin fa rubiconde
Face ;
Il eft vrai qu'elle peint prefque auffi-bien queRanc,
C'eft une veritable Farce ,
Que de voir ma fille d' Ancer ,
Ayant les pieds d'Oifon & fouple comme Fer.
Cerf,
Mon fils Fanfare , étourdi comme un
Vient de caffer Tabatiere de
Mais je l'ai régalé d'un bon coup de ma
Dont on dit qu'il tire le
Nacre ;
Cane,
Nerf.
A vingt ans je fus prêt à me noyer dans l'Arne .
Je me caffai la tête un jour contre une
Carne,
Je reviens à ma femme , elle me ruine en Nafre ;
On peut dire qu'elle eft auffi propre qu'un Cafre,
Affis auprès du feu , les pieds frottez de Canfre
J'écris ceci fur mon E
Cran
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Résumé : LETTRE écrite de Chambery, à l'Auteur du Mercure de France, le 26. Mars 1730.
La lettre, datée du 26 mars 1730, est adressée à l'auteur du Mercure de France. L'auteur exprime son mécontentement face aux logogryphes publiés dans le Mercure de février, car ils provoquent des disputes au sein de sa famille. Sa femme et sa fille interprètent ces logogryphes, ce qui entraîne des discussions animées. Un ami révèle finalement le mot cherché, mettant fin à la querelle. La famille discute ensuite des vers latins et des licences poétiques. L'auteur mentionne que les différentes interprétations du mot 'France' dans les logogryphes s'appliquent à sa famille. Il envoie un ouvrage intitulé 'Les Bouts-donnés', composé de vers sans rime, qu'il doute de voir publié dans le Mercure. Sa femme est sceptique quant à la publication de cet ouvrage. L'auteur espère que la publication de cet ouvrage dissuadera sa famille de s'intéresser aux logogryphes. La lettre se conclut par une description humoristique de chaque membre de la famille, utilisant des jeux de mots et des allitérations. Par exemple, il décrit ses fils et sa fille avec des traits physiques ou des comportements spécifiques, et mentionne des incidents personnels, comme un accident où il s'est cogné la tête contre une 'Carne'.
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78
p. [1479]-1484
LA DOUCEUR, ODE.
Début :
Vertu que l'Arbitre du Monde, [...]
Mots clefs :
Douceur, Coeurs, Prince, Bourbons, France
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA DOUCEUR, ODE.
LA DOUCEUR,
O DE.
Ertu que l'Arbitre du Monde ,
Préfere à tant d'autres vertus
>
Qui tiens dans une paix profonde ,
Les coeurs par des Traits abbatus ,
Fille du Ciel , Douceur charmante
Aux Chanfons , que pour toi j'enfante ,
Viens mêler tes charmes puiffants :
A ij
Que
+480 MERCURE DE FRANCE
Que fur ma Lyre harmonieuſe ,
Une tendreffe précieuſe ,
Immortalife mes accens.
L'Efperance par toi conduite ,
Rentre chez les triftes Humains :
Quels biens n'as- tu pas à ta fuite ?
Tu les répands à pleines mains.
Tu nous donnes les récompenfes ,
Et quand tu punis les offenſes ,
On aime ta féverité.
Parmi les bienfaits que tu places ,
Les refus tiennent lieu de graces ;
Tout part de la même bonté.
Ainfi lorfqu'au Printems de l'âge ,
Par d'inévitables attraits ,
Une Beauté brillante & fage ,
Aux jeunes coeurs lance fes Traits
De fa candeur infinuante ,
Ses Amans , Troupe impatiente ,
Refpectent l'accueil gracieux :
A l'Amour fon ame rebelle ,
Vers l'Amitié tendre & fidele ,
Tourne la douceur de ſes yeux.
Loin de moi , Fierté fourcilleufe ;
Qui des plus intimes amis.
JUILLET. 1730. 148 *
Par une hauteur pointilleuſe ,
Fais d'implacables ennemis :
Je laiffe à des ames vulgaires
Tes faveurs toujours mercenaires
C'eſt un appas trop dangereux :
Avec dédain , je les néglige ,
Les refpects que ton fafte exige ,
Me font un tribut onereux.
Dans une puiffance modefte ;
Qui craint d'étaler ſon pouvoir ,
Je reconnoîs l'Eſprit celefte ;
Tout m'avertit de mon devoir.
Mais d'une humeur fiere & hautaine
Je hais l'affectation vaine ,
Qui me refuſe ſes regards :
Je ris d'une grandeur farouche ,
Qui dédaigne d'ouvrir la bouche ,
Pour applaudir à mes égards.
Mortels , devenez plus traitables ,
Et nous tombons à vos genoux :
Oui , vous nous êtes fecourables ,
Mais , vous , que feriez - vous fans nous ?
Ecartez ces fombres nuages ,
Qui de vos auguftes viſages ,
Banniffent la férenité ;
A iij
Et
1482 MERCURE DE FRANCE
Et par des hommages finceres ,
Vous verrez nos coeurs moins féveres ,
Reprendre leur vivacité ,
A ceux mêmes qu'un fort fantafque
'Affervit à nos volontez ,
Epargnons du moins la bourrafque ,
De nos caprices indomptez.
Que notre bras , qui les châtie ,
Dans le temps qu'il les humilie
Les traite comme nos égaux :
Fuyons ces aigreurs offençantes
Et ces paroles foudroyantes ,
Qui ne font qu'irriter leurs maux.
Non , rien n'arrofe mieux la terre ,
Que l'eau qui coule fans fracas :
L'Onde qu'enfante le Tonnerre ,
Caufe toûjours d'affreux dégats ;
Tout cede au caprice terrible ,
Tout hait la rigueur inflexible ,
D'un furieux , d'un emporté :
Mais les coeurs avec confiance ,
Suivent l'aimable violence ,
D'une paiſible autorité.
Qu'apperçois-je ? Mars & Bellone ,
Egorgent
JUILLET. 1730. 1483
"
gorgent les Romains tremblans :
Les Lauriers qu'Augufte moiffonne ,
Ne font que des Lauriers fanglants ;
Sous fon bras , les Villes rangées ,
Pleurent , dans le fang fubmergées ,
Leurs plus fideles deffenfeurs ,
Et fon triomphe imaginaire ,
N'eft qu'un fpectacle fanguinaire
Où je vois d'affreufes couleurs.
C'eft toi , Douceur compatiffante
Qui viens arrêter tant d'excès : -
De la victoire menaçante ,
Tu bornes les cruels fuccès :
Par tes foins l'Abondance heureufe
Bientôt de l'ardeur belliqueufe ,
Va réparer les vains exploits :
Déja le Vainqueur redoutable ,
Prête ſa main infatigable ,
Pour foufcrire à tes faintes Loix
Ah ! pour la veritable gloire ,
Ne ceffons jamais d'être ardens
Et ne vivons pas dans l'Hiftoire ,
Pour effrayer nos deſcendans .
Ceft là que , devant tous les hommes ,
Nous paroîtrons tels que nous fommes ,
A iiij Affables
1484 MERCURE DE FRANCE
'Affables , durs , mauvais ou bons ;
Que dans cet avenir immenſe ,
Par des actions de clemence ,
Les Humains connoiffent nos nóms.
FRANCE, c'eft par là que l'on vante ,
L'augufte Sang de tes BOURBONS :
L'aimable Vertu que je chante ,
Eft l'ame de leurs actions.
Que cette bonté magnanime ,
Pour ton PRINCE à jamais anime ;
La tendreffe de fes Sujets ;
Et que les Filles de Mémoire ,
Forment , pour celebrer ſa gloire ;
Tous les jours de nouveaux projets .
DE LA RUE , ancien Profeffeur de
Rhéthorique.
O DE.
Ertu que l'Arbitre du Monde ,
Préfere à tant d'autres vertus
>
Qui tiens dans une paix profonde ,
Les coeurs par des Traits abbatus ,
Fille du Ciel , Douceur charmante
Aux Chanfons , que pour toi j'enfante ,
Viens mêler tes charmes puiffants :
A ij
Que
+480 MERCURE DE FRANCE
Que fur ma Lyre harmonieuſe ,
Une tendreffe précieuſe ,
Immortalife mes accens.
L'Efperance par toi conduite ,
Rentre chez les triftes Humains :
Quels biens n'as- tu pas à ta fuite ?
Tu les répands à pleines mains.
Tu nous donnes les récompenfes ,
Et quand tu punis les offenſes ,
On aime ta féverité.
Parmi les bienfaits que tu places ,
Les refus tiennent lieu de graces ;
Tout part de la même bonté.
Ainfi lorfqu'au Printems de l'âge ,
Par d'inévitables attraits ,
Une Beauté brillante & fage ,
Aux jeunes coeurs lance fes Traits
De fa candeur infinuante ,
Ses Amans , Troupe impatiente ,
Refpectent l'accueil gracieux :
A l'Amour fon ame rebelle ,
Vers l'Amitié tendre & fidele ,
Tourne la douceur de ſes yeux.
Loin de moi , Fierté fourcilleufe ;
Qui des plus intimes amis.
JUILLET. 1730. 148 *
Par une hauteur pointilleuſe ,
Fais d'implacables ennemis :
Je laiffe à des ames vulgaires
Tes faveurs toujours mercenaires
C'eſt un appas trop dangereux :
Avec dédain , je les néglige ,
Les refpects que ton fafte exige ,
Me font un tribut onereux.
Dans une puiffance modefte ;
Qui craint d'étaler ſon pouvoir ,
Je reconnoîs l'Eſprit celefte ;
Tout m'avertit de mon devoir.
Mais d'une humeur fiere & hautaine
Je hais l'affectation vaine ,
Qui me refuſe ſes regards :
Je ris d'une grandeur farouche ,
Qui dédaigne d'ouvrir la bouche ,
Pour applaudir à mes égards.
Mortels , devenez plus traitables ,
Et nous tombons à vos genoux :
Oui , vous nous êtes fecourables ,
Mais , vous , que feriez - vous fans nous ?
Ecartez ces fombres nuages ,
Qui de vos auguftes viſages ,
Banniffent la férenité ;
A iij
Et
1482 MERCURE DE FRANCE
Et par des hommages finceres ,
Vous verrez nos coeurs moins féveres ,
Reprendre leur vivacité ,
A ceux mêmes qu'un fort fantafque
'Affervit à nos volontez ,
Epargnons du moins la bourrafque ,
De nos caprices indomptez.
Que notre bras , qui les châtie ,
Dans le temps qu'il les humilie
Les traite comme nos égaux :
Fuyons ces aigreurs offençantes
Et ces paroles foudroyantes ,
Qui ne font qu'irriter leurs maux.
Non , rien n'arrofe mieux la terre ,
Que l'eau qui coule fans fracas :
L'Onde qu'enfante le Tonnerre ,
Caufe toûjours d'affreux dégats ;
Tout cede au caprice terrible ,
Tout hait la rigueur inflexible ,
D'un furieux , d'un emporté :
Mais les coeurs avec confiance ,
Suivent l'aimable violence ,
D'une paiſible autorité.
Qu'apperçois-je ? Mars & Bellone ,
Egorgent
JUILLET. 1730. 1483
"
gorgent les Romains tremblans :
Les Lauriers qu'Augufte moiffonne ,
Ne font que des Lauriers fanglants ;
Sous fon bras , les Villes rangées ,
Pleurent , dans le fang fubmergées ,
Leurs plus fideles deffenfeurs ,
Et fon triomphe imaginaire ,
N'eft qu'un fpectacle fanguinaire
Où je vois d'affreufes couleurs.
C'eft toi , Douceur compatiffante
Qui viens arrêter tant d'excès : -
De la victoire menaçante ,
Tu bornes les cruels fuccès :
Par tes foins l'Abondance heureufe
Bientôt de l'ardeur belliqueufe ,
Va réparer les vains exploits :
Déja le Vainqueur redoutable ,
Prête ſa main infatigable ,
Pour foufcrire à tes faintes Loix
Ah ! pour la veritable gloire ,
Ne ceffons jamais d'être ardens
Et ne vivons pas dans l'Hiftoire ,
Pour effrayer nos deſcendans .
Ceft là que , devant tous les hommes ,
Nous paroîtrons tels que nous fommes ,
A iiij Affables
1484 MERCURE DE FRANCE
'Affables , durs , mauvais ou bons ;
Que dans cet avenir immenſe ,
Par des actions de clemence ,
Les Humains connoiffent nos nóms.
FRANCE, c'eft par là que l'on vante ,
L'augufte Sang de tes BOURBONS :
L'aimable Vertu que je chante ,
Eft l'ame de leurs actions.
Que cette bonté magnanime ,
Pour ton PRINCE à jamais anime ;
La tendreffe de fes Sujets ;
Et que les Filles de Mémoire ,
Forment , pour celebrer ſa gloire ;
Tous les jours de nouveaux projets .
DE LA RUE , ancien Profeffeur de
Rhéthorique.
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Résumé : LA DOUCEUR, ODE.
Le poème 'La Douceur', publié dans le Mercure de France en juillet 1730, célèbre la vertu de la douceur. Cette qualité est présentée comme une fille du ciel, capable de charmer les cœurs et de répandre des bienfaits. La douceur est décrite comme une force qui guide l'espérance et qui, même en punissant, est aimée pour sa sévérité juste. Elle s'oppose à la fierté et à l'affectation vaine, et est associée à une puissance modeste et céleste. Le poème encourage les mortels à être plus conciliants et à éviter les aigreurs offensantes. La douceur est comparée à une eau qui arrose la terre sans fracas, contrairement à la violence destructrice. Elle est également capable d'arrêter les excès de la guerre et de promouvoir la véritable gloire à travers des actions de clémence. Le texte se conclut par une louange à la vertu des Bourbons, dont la bonté et la tendresse envers leurs sujets sont célébrées.
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79
p. 2417-2419
ODE SUR LA NAISSANCE DE MONSEIGNEUR LE DUC D'ANJOU.
Début :
Approchez, Enfans de la Lyre ; [...]
Mots clefs :
Naissance, Duc d'Anjou, Roi, Monarque, France, Dieu
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ODE SUR LA NAISSANCE DE MONSEIGNEUR LE DUC D'ANJOU.
ODE
SUR LA NAISSANCE
DE MONSEIGNEUR
LE DUC D'ANJOU
APprochez , Enfans de la Lyre ;
Uniffez vos fons à mon chant :
Un Dieu redoutable m'infpire
D'annoncer un Héros naiffant.
Lucine à qui la France eſt chere ,
Au préfent qu'elle vient de faire
Ajoute de nouveaux bienfaits.
Оные
2418 MERCURE DE FRANCE
Que l'Anjou treffaille de joye ;
Un Prince que le Ciel envoye
Comble en ce jour tous les fouhairs
Agde qu'on vit fi plein de zele
Pour le premier né de LOUIS ,
Que ton ardeur ſe renouvelle
A l'afpect de fon fecond fils.
L'un précieux fruit de nos larmes
Vint au plus fort de nos allarmes
Calmer notre jufte frayeur.
Digne objet de notre tendreffe ,
Celui- ci naît dans l'allegreffe
Pour confirmer notre bonheur.
Pour le Monarque , pour le Trône ,
Qu'avons-nous à craindre aujourd'hui a
De fon Sceptre , de ſa Couronne
Les Dieux font eux - mêmes l'appui.
C'est par leur faveur falutaire
Que LOUIS eft devenu pere
Du Dauphin , l'objet de nos voeux
Si fon augufte Race augmente ,
Peuple , c'eft à leur main paillante
Que tu dois ce fæccès heureur.
Grand Dieu , ce que ta main commence ;
Elle feule peut l'achever ;
Tu
NOVEMBRE. 1730. 2419
Tu donnes des Rois à la France ;
C'eft à toi de les conferver.
Fais croître ces Enfans aimables
Qui fur des Peuples redoutables
Feront un jour regner tes Loix :
Et dès leur plus tendre jeuneffe
Infpire -leur cette fageffe
Qui feule forme les grands Rois.
L'Abbé L.. d'Agde:
SUR LA NAISSANCE
DE MONSEIGNEUR
LE DUC D'ANJOU
APprochez , Enfans de la Lyre ;
Uniffez vos fons à mon chant :
Un Dieu redoutable m'infpire
D'annoncer un Héros naiffant.
Lucine à qui la France eſt chere ,
Au préfent qu'elle vient de faire
Ajoute de nouveaux bienfaits.
Оные
2418 MERCURE DE FRANCE
Que l'Anjou treffaille de joye ;
Un Prince que le Ciel envoye
Comble en ce jour tous les fouhairs
Agde qu'on vit fi plein de zele
Pour le premier né de LOUIS ,
Que ton ardeur ſe renouvelle
A l'afpect de fon fecond fils.
L'un précieux fruit de nos larmes
Vint au plus fort de nos allarmes
Calmer notre jufte frayeur.
Digne objet de notre tendreffe ,
Celui- ci naît dans l'allegreffe
Pour confirmer notre bonheur.
Pour le Monarque , pour le Trône ,
Qu'avons-nous à craindre aujourd'hui a
De fon Sceptre , de ſa Couronne
Les Dieux font eux - mêmes l'appui.
C'est par leur faveur falutaire
Que LOUIS eft devenu pere
Du Dauphin , l'objet de nos voeux
Si fon augufte Race augmente ,
Peuple , c'eft à leur main paillante
Que tu dois ce fæccès heureur.
Grand Dieu , ce que ta main commence ;
Elle feule peut l'achever ;
Tu
NOVEMBRE. 1730. 2419
Tu donnes des Rois à la France ;
C'eft à toi de les conferver.
Fais croître ces Enfans aimables
Qui fur des Peuples redoutables
Feront un jour regner tes Loix :
Et dès leur plus tendre jeuneffe
Infpire -leur cette fageffe
Qui feule forme les grands Rois.
L'Abbé L.. d'Agde:
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Résumé : ODE SUR LA NAISSANCE DE MONSEIGNEUR LE DUC D'ANJOU.
L'ode célèbre la naissance du Duc d'Anjou, fils du roi Louis, en novembre 1730. L'auteur, l'abbé d'Agde, invite les poètes à proclamer cet événement joyeux. La France est bénie par cette naissance, qui apporte joie et sécurité. Le Duc d'Anjou est décrit comme un prince céleste destiné à combler les désirs et apaiser les craintes. Sa venue est perçue comme un signe de bonheur et de continuité pour le trône. Les dieux sont appelés à protéger et guider le jeune prince, afin qu'il devienne un roi sage et redoutable, capable de régner sur la France et de faire respecter les lois divines.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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80
p. 2425-2432
Histoire generale de Languedoc, &c. [titre d'après la table]
Début :
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC, avec des Notes & les Pieces justificatives, [...]
Mots clefs :
Languedoc, Histoire, Province, France, Narbonne, Ouvrage, Événements
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Histoire generale de Languedoc, &c. [titre d'après la table]
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC ,
avec des Notes & les Pieces juftificatives ,
compofée fur les Auteurs & les Titres
originaux & enrichie de divers Monu-
E mens
2
2426 MERCURE DE FRANCE .
mens , par deux Religieux Benedictins de
la Congrégation de S. Maur. Tome premier
, vol. in-folio de 758. pages , fans
des Preuves & la Table generale des noms
& des Matieres , qui en contiennent 214.
A Paris , chez Jacques Vincent , rue S.Severin
, à l'Ange , M. DCC. XXX.
Une Hiftoire entiere & exacte de la
Province de Languedoc mérite fans
doute une attention finguliere . Le Languedoc
eft une des plus belles & des plus
grandes Provinces du Royaume , des
mieux fituées, & peut- être la plus féconde
en Evenemens.En effet ce Pays comprend ,
outre prefque toute la Narbonnoife I. une
partie confiderable de l'Aquitaine I , avec
une portion de la Viennoife & de la No.
vempopulanie , Régions qui n'ayant été
unies pour former un même corps ,
que vers le commencement du XIII. fie
cle , il n'a pas été poffible , en rapportang
les Evenemens qui s'y font paffez , de ne
pas parler jufqu'à ce temps -là , à caufe
de la neceffité de leur liaiſon , de ceux
des anciennes Provinces, dont ils faifoient
autrefois partie.
Il faut d'ailleurs remarquer que pendant
plufieurs ficcles , Narbonne a été la
Métropole de toute la Narbonnoife &
Toulouſe , en trois differens temps , la Capitale
d'un Royaume fort étendu ; que le
DoNOVEMBRE.
1730. 2427
at
12
&
Ca
le
Domaine des Ducs de Septimanie ou Mar
quis de Gothie & des Comtes de Tou
loufe renfermoit une partie confiderable
des Provinces voifines ; enfin, que depuis
que le nom de Languedoc fut mis en
ufage au XIII . fiecle , on comprit fous
cette domination , jufqu'au regne de Char
les VII. prefque la moitié de la France, ce
qui fait que cette nouvelle Hiftoire eft
plutôt celle de la Partie Méridionale du
Royaume , que celle d'une Province particuliere
. C'eft auffi ce qui a engagé nos
Auteurs à remplir une vafte carriere, fans
qu'on puiffe leur reprocher d'avoir paffé
au-delà des bornes de leur fujet .
*
Il y a lieu , au reſte , de s'étonner que
ce même fujet fi vafte , fi noble , fi intereffant
, fi digne enfin de former un
beau corps d'Hiftoire , ait été négligé juſqu'au
point qu'on peut dire , que ceux qui
jufqu'ici ont travaillé à l'Hiſtoire de Languedoc
, n'en ont donné que des ébauches
très- imparfaites.
Un projet mieux concerté , fuivi d'une
execution parfaite , étoit réfervé à des
temps plus heureux & à des hommes plus
capables de s'en acquitter. Les RR . PP.
D. Gabriel Marcland , & D, Pierre Auzieres
, Benedictins de la Congrégation
de S. Maur , furent d'abord chargez de
ce grand Ouvrage en l'année 1709. Les
E ij RR ,
2428 MERCURE DE FRANCE
RR.PP.D. Claude de Vic , & D. Jofeph
Vaiffete , de la même Congrégation , leur
furent fubftituez en l'année 1715. & font
venus enfin heureufement à bout de l'executer.
Une Préface affez étendue , & qui n'ennuye
point , inftruit le Lecteur de plufieurs
chofes neceffaires à fçavoir , avant
que d'entreprendre la lecture de cette
Hiftoire ; elle en contient auffi le Plan
general , & on remarque en particulier
La reconnoiffance des fçavans Auteurs
envers toutes les perfonnes qui ont concouru
, foit par leur protection , ſoit par
des fecours litteraires , à l'avancement &
à la perfection de leur Ouvrage : entre
les premiers on diftingue MM. de la Berchere
& de Beauveau , fucceffivement Archevêques
de Narbonne, & Préfidens - nez
des Etats de la Province de Languedoc.
Ce premier volume eft divifé en dix
Livres , qui commencent ou finiffent tous
par quelque Epoque remarquable. Le prémier
comprend l'Hiftoire de la Tranfmigration
& des Expeditions des Tectofages
& de leur établiffement dans la Galarie.
Le fecond & le troifiéme contiennent
les Révolutions arrivées dans la Province,
tandis qu'elle fut entierement foumise à
la République Romaine,ou qu'elle fit partie
de l'Empire.
L'enNOVEMBRE.
1730. 2420
3
L'entrée & l'établiffement des Viligots
dans les Gaules , la fondation de leur
Royaume de Touloule , & la conquête
qu'ils firent enfin de toute la Narbonnoife
premiere , font la príncipale matiere
du quatriéme Livre.
१
Le cinquiéme reprefente ces Peuples
Maîtres de prefque tout le Languedoc
jufqu'au commencement du VI fiecle
que les François leur enleverent une partie
de cette Province , avec tout ce qu'ils
poffedoient en Aquitaine. On y voit aufft
la tranflation du Siege de leur Royaume
au- delà des Pyrenées .
Le Vie & le VIIe renferment les divers
évenemens arrivez dans le Languedoc
, pendant le temps que cette Provin
ce étoit partagée entre les François & les
Vifigots, jufqu'à la deftruction du Royaume
de ces derniers , par l'invafion des Sarrafins.
L'Hiftoire de la Province fous le regne
des Sarafins , fait la matiere du VIII Li
vre. On y voit leurs differentes incurfons
dans les Gaules , leur expulfion pat
Charles Martel & par Pepin le Bref ; l'u
nion que fit ce dernier de Septimanie à
La Couronne , & enfin la réunion du reſte
du Languedoc.
Le I Xe Livre commence par l'érection
que fit Charlemagne de l'Aquitaine ent
Eiij Royau
•
2430 MERCURE DE FRANCE
Royaume. Touloufe en fut la Capitale ,
& la Septimanie en fit long- temps partie
, ce qui a engagé nos Hiftoriens à s'étendre
fur les évenemens qui s'y font paffez
& qui font tout- à-fait de leur fujet .
Le X Livre finit par la réunion de ce
Royaume au refte de la Monarchie , &
l'extinction de ſes Rois particuliers, après
la mort de Charles le Chauve. C'eſt- là le
Plan de ce premier volume, qui eft écrit
d'un ftile noble & fimple tout enfemble ,
avec une diction pure,& qui attache agréablement
le Lecteur.
On n'a rien épargné , au refte , pour
orner cet Ouvrage , mais tous les ornemens
y font utiles & inftructifs.
Outre une bonne Carte de toute la Gaule
Narbonnoiſe , des Deffeins exacts & trèsbien
gravez , des Antiquitez dont on *
voit encore les reftes à Nifmes , & le Plan
& élevation du fameux Pont du Gard ,
on voit à la tête de chaque Livre & au
commencement des Notes , qui font un
corps d'ouvrage féparé à la fin de l'Hiftoire,
on voit , dis-je, une fort belle Eftampe
en Vignette , qui en reprefente le principal
fujer. D'habiles Peintres , comme
MT Cazes , Retout , &c. en ont donné les
Deffeins , & des Graveurs de réputation
* Le Temple de Diane , la Maiſon Quarrés,
Amphiteatre,
les
NOVEMBRE. 1730. 2431
les ont executez . Deux de ces Eftampes
nous ont particulierement frappés. La premiere
eft à la tête du III Livre, & reprefente
la dédicace du fameux Autel de
Narbonne , érigé en l'honneur d'Augufte,
furquoi nos Hiftoriens ont dit des chofes
très-curieufes ; le Deffein eft de M. Cazes,
& la feconde à la tête du corps des Notes
, peint admirablement bien le Port de
Cette. Elle eft de l'invention de M. Rigaud
de Marfeille , qui excelle particulierement
dans les Marines , & qui l'a
auffi fort bien gravée.
Nous ne dirons rien des Lettres grifes ,
autre ornement d'une bonne main , qui
fe trouve à la tête de chaque Livre , &
qui n'eft pas moins agréable qu'inftructif.
On en voit l'explication à la fin de la
Préface , page xx .
Il nous refte à dire que ce premier Volume
, qui fera fuivi de plufieurs autres ,
eft dédié aux Etats de la Province de Languedoc
, dont on voit la Sale & l'ordre
de leur Affemblée generale , repréfentée
dans une belle Eftampe qui eft à la tête
d'une Epitre Dédicatoire , digne du fujet
& des Hiftoriens qui l'ont traitée. Les De
putez des Etats , ayant à leur tête M. de
Beauveau , Archevêque de Narbonne
Préfident , curent l'honneur de le préſenter
au Roi le 30. Août dernier , jour de
E iiij la
2432 MERCURE DE FRANCE
la Naiffance de M. le Duc d'Anjou , &
S. M. le reçut avec des marques de fatisfaction
& de bonté.
avec des Notes & les Pieces juftificatives ,
compofée fur les Auteurs & les Titres
originaux & enrichie de divers Monu-
E mens
2
2426 MERCURE DE FRANCE .
mens , par deux Religieux Benedictins de
la Congrégation de S. Maur. Tome premier
, vol. in-folio de 758. pages , fans
des Preuves & la Table generale des noms
& des Matieres , qui en contiennent 214.
A Paris , chez Jacques Vincent , rue S.Severin
, à l'Ange , M. DCC. XXX.
Une Hiftoire entiere & exacte de la
Province de Languedoc mérite fans
doute une attention finguliere . Le Languedoc
eft une des plus belles & des plus
grandes Provinces du Royaume , des
mieux fituées, & peut- être la plus féconde
en Evenemens.En effet ce Pays comprend ,
outre prefque toute la Narbonnoife I. une
partie confiderable de l'Aquitaine I , avec
une portion de la Viennoife & de la No.
vempopulanie , Régions qui n'ayant été
unies pour former un même corps ,
que vers le commencement du XIII. fie
cle , il n'a pas été poffible , en rapportang
les Evenemens qui s'y font paffez , de ne
pas parler jufqu'à ce temps -là , à caufe
de la neceffité de leur liaiſon , de ceux
des anciennes Provinces, dont ils faifoient
autrefois partie.
Il faut d'ailleurs remarquer que pendant
plufieurs ficcles , Narbonne a été la
Métropole de toute la Narbonnoife &
Toulouſe , en trois differens temps , la Capitale
d'un Royaume fort étendu ; que le
DoNOVEMBRE.
1730. 2427
at
12
&
Ca
le
Domaine des Ducs de Septimanie ou Mar
quis de Gothie & des Comtes de Tou
loufe renfermoit une partie confiderable
des Provinces voifines ; enfin, que depuis
que le nom de Languedoc fut mis en
ufage au XIII . fiecle , on comprit fous
cette domination , jufqu'au regne de Char
les VII. prefque la moitié de la France, ce
qui fait que cette nouvelle Hiftoire eft
plutôt celle de la Partie Méridionale du
Royaume , que celle d'une Province particuliere
. C'eft auffi ce qui a engagé nos
Auteurs à remplir une vafte carriere, fans
qu'on puiffe leur reprocher d'avoir paffé
au-delà des bornes de leur fujet .
*
Il y a lieu , au reſte , de s'étonner que
ce même fujet fi vafte , fi noble , fi intereffant
, fi digne enfin de former un
beau corps d'Hiftoire , ait été négligé juſqu'au
point qu'on peut dire , que ceux qui
jufqu'ici ont travaillé à l'Hiſtoire de Languedoc
, n'en ont donné que des ébauches
très- imparfaites.
Un projet mieux concerté , fuivi d'une
execution parfaite , étoit réfervé à des
temps plus heureux & à des hommes plus
capables de s'en acquitter. Les RR . PP.
D. Gabriel Marcland , & D, Pierre Auzieres
, Benedictins de la Congrégation
de S. Maur , furent d'abord chargez de
ce grand Ouvrage en l'année 1709. Les
E ij RR ,
2428 MERCURE DE FRANCE
RR.PP.D. Claude de Vic , & D. Jofeph
Vaiffete , de la même Congrégation , leur
furent fubftituez en l'année 1715. & font
venus enfin heureufement à bout de l'executer.
Une Préface affez étendue , & qui n'ennuye
point , inftruit le Lecteur de plufieurs
chofes neceffaires à fçavoir , avant
que d'entreprendre la lecture de cette
Hiftoire ; elle en contient auffi le Plan
general , & on remarque en particulier
La reconnoiffance des fçavans Auteurs
envers toutes les perfonnes qui ont concouru
, foit par leur protection , ſoit par
des fecours litteraires , à l'avancement &
à la perfection de leur Ouvrage : entre
les premiers on diftingue MM. de la Berchere
& de Beauveau , fucceffivement Archevêques
de Narbonne, & Préfidens - nez
des Etats de la Province de Languedoc.
Ce premier volume eft divifé en dix
Livres , qui commencent ou finiffent tous
par quelque Epoque remarquable. Le prémier
comprend l'Hiftoire de la Tranfmigration
& des Expeditions des Tectofages
& de leur établiffement dans la Galarie.
Le fecond & le troifiéme contiennent
les Révolutions arrivées dans la Province,
tandis qu'elle fut entierement foumise à
la République Romaine,ou qu'elle fit partie
de l'Empire.
L'enNOVEMBRE.
1730. 2420
3
L'entrée & l'établiffement des Viligots
dans les Gaules , la fondation de leur
Royaume de Touloule , & la conquête
qu'ils firent enfin de toute la Narbonnoife
premiere , font la príncipale matiere
du quatriéme Livre.
१
Le cinquiéme reprefente ces Peuples
Maîtres de prefque tout le Languedoc
jufqu'au commencement du VI fiecle
que les François leur enleverent une partie
de cette Province , avec tout ce qu'ils
poffedoient en Aquitaine. On y voit aufft
la tranflation du Siege de leur Royaume
au- delà des Pyrenées .
Le Vie & le VIIe renferment les divers
évenemens arrivez dans le Languedoc
, pendant le temps que cette Provin
ce étoit partagée entre les François & les
Vifigots, jufqu'à la deftruction du Royaume
de ces derniers , par l'invafion des Sarrafins.
L'Hiftoire de la Province fous le regne
des Sarafins , fait la matiere du VIII Li
vre. On y voit leurs differentes incurfons
dans les Gaules , leur expulfion pat
Charles Martel & par Pepin le Bref ; l'u
nion que fit ce dernier de Septimanie à
La Couronne , & enfin la réunion du reſte
du Languedoc.
Le I Xe Livre commence par l'érection
que fit Charlemagne de l'Aquitaine ent
Eiij Royau
•
2430 MERCURE DE FRANCE
Royaume. Touloufe en fut la Capitale ,
& la Septimanie en fit long- temps partie
, ce qui a engagé nos Hiftoriens à s'étendre
fur les évenemens qui s'y font paffez
& qui font tout- à-fait de leur fujet .
Le X Livre finit par la réunion de ce
Royaume au refte de la Monarchie , &
l'extinction de ſes Rois particuliers, après
la mort de Charles le Chauve. C'eſt- là le
Plan de ce premier volume, qui eft écrit
d'un ftile noble & fimple tout enfemble ,
avec une diction pure,& qui attache agréablement
le Lecteur.
On n'a rien épargné , au refte , pour
orner cet Ouvrage , mais tous les ornemens
y font utiles & inftructifs.
Outre une bonne Carte de toute la Gaule
Narbonnoiſe , des Deffeins exacts & trèsbien
gravez , des Antiquitez dont on *
voit encore les reftes à Nifmes , & le Plan
& élevation du fameux Pont du Gard ,
on voit à la tête de chaque Livre & au
commencement des Notes , qui font un
corps d'ouvrage féparé à la fin de l'Hiftoire,
on voit , dis-je, une fort belle Eftampe
en Vignette , qui en reprefente le principal
fujer. D'habiles Peintres , comme
MT Cazes , Retout , &c. en ont donné les
Deffeins , & des Graveurs de réputation
* Le Temple de Diane , la Maiſon Quarrés,
Amphiteatre,
les
NOVEMBRE. 1730. 2431
les ont executez . Deux de ces Eftampes
nous ont particulierement frappés. La premiere
eft à la tête du III Livre, & reprefente
la dédicace du fameux Autel de
Narbonne , érigé en l'honneur d'Augufte,
furquoi nos Hiftoriens ont dit des chofes
très-curieufes ; le Deffein eft de M. Cazes,
& la feconde à la tête du corps des Notes
, peint admirablement bien le Port de
Cette. Elle eft de l'invention de M. Rigaud
de Marfeille , qui excelle particulierement
dans les Marines , & qui l'a
auffi fort bien gravée.
Nous ne dirons rien des Lettres grifes ,
autre ornement d'une bonne main , qui
fe trouve à la tête de chaque Livre , &
qui n'eft pas moins agréable qu'inftructif.
On en voit l'explication à la fin de la
Préface , page xx .
Il nous refte à dire que ce premier Volume
, qui fera fuivi de plufieurs autres ,
eft dédié aux Etats de la Province de Languedoc
, dont on voit la Sale & l'ordre
de leur Affemblée generale , repréfentée
dans une belle Eftampe qui eft à la tête
d'une Epitre Dédicatoire , digne du fujet
& des Hiftoriens qui l'ont traitée. Les De
putez des Etats , ayant à leur tête M. de
Beauveau , Archevêque de Narbonne
Préfident , curent l'honneur de le préſenter
au Roi le 30. Août dernier , jour de
E iiij la
2432 MERCURE DE FRANCE
la Naiffance de M. le Duc d'Anjou , &
S. M. le reçut avec des marques de fatisfaction
& de bonté.
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Résumé : Histoire generale de Languedoc, &c. [titre d'après la table]
L'ouvrage 'Histoire générale de Languedoc' a été rédigé par deux religieux bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur et publié à Paris en 1730. Il s'agit d'une histoire détaillée de la province de Languedoc, l'une des plus grandes et des plus fertiles du Royaume de France, située dans le sud du pays. Le Languedoc englobe des parties de la Narbonnaise, de l'Aquitaine, de la Viennoise et de la Novempopulanie, régions unies au début du XIIIe siècle. L'histoire du Languedoc est marquée par plusieurs périodes significatives. Narbonne fut autrefois la métropole de la Narbonnaise, tandis que Toulouse était la capitale d'un royaume étendu. Le domaine des Ducs de Septimanie et des Comtes de Toulouse incluait une partie importante des provinces voisines. À partir du XIIIe siècle, le nom de Languedoc désignait presque la moitié de la France, faisant de cette histoire celle de la partie méridionale du Royaume plutôt que d'une province spécifique. L'ouvrage est structuré en dix livres, couvrant des époques remarquables allant de la migration des Tectosages à la réunion du Languedoc au reste de la monarchie après la mort de Charles le Chauve. Chaque livre est enrichi de cartes, de dessins précis, d'antiquités et de vignettes illustrant les sujets principaux. L'ouvrage est dédié aux États de la province de Languedoc et a été présenté au roi le 30 août 1730.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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81
s. p.
PRIVILEGE DU ROY.
Début :
LOUIS, par la grace de Dieu, Roi de France & [...]
Mots clefs :
France, Brevet, Chevalier, Avenir, Ordre militaire de Saint Louis, Ouvrage, Lettres de Privilège, Examinateur , Obéissance, Exemplaires
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PRIVILEGE DU ROY.
LIBRABYRIVILEGE
$
35165
ASTOR, LENOX AND
TILDEN FOUNDATIONS
1005
-
DU RO r.
•
>
LOUTS ,par la race de Dieu , Roi de France & de Navarre à nos Amez & Feaux Confeillers , les
Gens tenans nos Cours de Parlement , Maitres des
Requêtes ordinaires de nôtre Hôtel , Grand - Confeil
Baillifs , Senéchaux , leurs Lieutenans Civils , & autres
nos Officiers & Jufticiers qu'il appartiendra, SA--
LUT : l'applaudiffement que reçoit le MERCURE DE
FRANCE , Cy devant appellé le Mercure Galant
compofé depuis l'année 1672. par le fieur de Vifé , &
autres Auteurs , nous fait croire que le fieur Dufreni
Titulaire du dernier Brevet étant decedé , il ne convient
pas que le Public foit à l'avenir privé d'un ou
vrage auffi utile qu'a réable , tant à nos fujets qu'aux
étrangers ; c'eft dans cette vûë que bien informé des
talens , & de la fageffe du fieur ANTOINE DE LA ROQUE ,
Ecuyer , ancien Gendarme dans la Compagnie des
Gendarmes de notre Garde ordinaire , & Chevalier
de nôtre Ordre Militaire de Saint Louis ; nous l'avons
choisi pour compoſer à l'avenir exclufivement à tout
autre ledit Ouvrage , fous le titre de MERCURE DE
FRANCE , & nous lui en avons à cet effet accordé nôtre
Brevet le 17. Octobre dernier , pour l'execution du.
quel ledit fieur de la Roque nous a fait fupplier de
lui accorder nos Lettres de Privilege fur ce neceffai.
res :A CES CAUSES , conformément audit Brevet , Nous
lui avons permis & permettons par ces Prefentes de
compofer & donner au Public à l'avenir tous les mois ,
à lui feul exclufivement , ledit Mercure de France, qu'il
pourra faire imprimer en tel volume , forme , marge ,
caractere , conjointement , ou ſeparement , & autant
de fois que bon lui femblera , chaque mois , & de le
faire vendre & débiter par tout nôtre Royaume, & ce
pendant le temps de douze années confecutives , à
compter du jour de la datze des Prefentes ; à condi
tion neanmoins que chaque volume portera fon Approbation
expreffè de l'Examinateur , qui aura été com.
9
9
9
mis à cet effet. Faifons défenfes à toutes fortes de
perfonnes , de quelques qualitéz & conditions qu'elles
foient , d'en introduire d'inpreilions étrangeres dans
aucun lieu de nôtre obéi fance , comme auffi à tous
Libraires , Imprimeurs , Graveurs , & autres d'inprimer
, faireimprimer , graver , vendre , faire vendre,
débiter ni contrefaire ledit Livre, ou planches , en tout
ou en parce , ni d'en faire aucun Extrait , fous quel
que prétexte que ce foit , d'augmenta ion corrections
, changement de titre , ou autrement fans la
permiffion expreffe & par écrit de l'Expofant , ou de
ceux qui auront droit de lui ; le tout à peine de confifcation
des exemplaires contrefaits , de 6000. livres
d'amende , payables fans déport par chacun des contrevenans
, dont un ciers à Nous , un tiers à l'Hôtel-
Dieu de Paris , l'autre tiers à l'Expofant , ou à ceux
q i auront droit de lui , & de tous dépens ,
dommages
& interefts ; à la charge que ces Prefentes feront
enregistrées tout au long fur le Regiftre de la Communauté
des Libraires & Imprimeurs de Paris , & ce
dans trois mois de la datte d'icelles ; que l'impretion
de ce Livre fera faite dans notre Royaume , & non
ailleurs , en fin papier , & en beau caractere , conformément
aux Reglemens de la Librairie ; & qu'avant
de l'expofer en vente , le manufcrit ou imprimé qui
aura fervi de copie à l'impreflion dudit Livre fora
remis dans le même état où les Approbacions y au❤
ront été données , ès mains de nôtre très-cher &
Feal Chevalier , Garde des Sceaux de France , le
fieur FLEURIAU D'ARM NON VILLA, Commandeur de nos
ordres , & qu'il en fera enfuite remis deux Exemplai.
res de chacun dans nôtre Bibliotheque publique , un
dans celle de nôtre Château du Louvre , & un dans
celle de notredit très- cher & feal Chevalier , Garde
des Sceaux de France ; le tout à peine de nullité des
Prefentes , du contenu deſquelles Vous enjoignons de
faire jouir ledit Expofant , ou fes ayans caufe pleinement
& paifiblement , fans fouffrir qu'il leur foit fait
aucuns troubles & empêche nens , & à cet effet nous
avons revoqué & revoquons tous autres Privileges
qui pourroient avoir été donnez cy -devant à d'autres
qu'audit Expofant ; Voulons que la copie des Prefentes
qui fera imprimée tout au long au commence nent ou
à la fin dudit Livre foit tenue pour dúëment fignifiée ,
& qu'aux copies collationnées par l'un de nos Amez
& Feaux Confeillers. Secretaires, foy ſoit ajoûtée, &c.
$
35165
ASTOR, LENOX AND
TILDEN FOUNDATIONS
1005
-
DU RO r.
•
>
LOUTS ,par la race de Dieu , Roi de France & de Navarre à nos Amez & Feaux Confeillers , les
Gens tenans nos Cours de Parlement , Maitres des
Requêtes ordinaires de nôtre Hôtel , Grand - Confeil
Baillifs , Senéchaux , leurs Lieutenans Civils , & autres
nos Officiers & Jufticiers qu'il appartiendra, SA--
LUT : l'applaudiffement que reçoit le MERCURE DE
FRANCE , Cy devant appellé le Mercure Galant
compofé depuis l'année 1672. par le fieur de Vifé , &
autres Auteurs , nous fait croire que le fieur Dufreni
Titulaire du dernier Brevet étant decedé , il ne convient
pas que le Public foit à l'avenir privé d'un ou
vrage auffi utile qu'a réable , tant à nos fujets qu'aux
étrangers ; c'eft dans cette vûë que bien informé des
talens , & de la fageffe du fieur ANTOINE DE LA ROQUE ,
Ecuyer , ancien Gendarme dans la Compagnie des
Gendarmes de notre Garde ordinaire , & Chevalier
de nôtre Ordre Militaire de Saint Louis ; nous l'avons
choisi pour compoſer à l'avenir exclufivement à tout
autre ledit Ouvrage , fous le titre de MERCURE DE
FRANCE , & nous lui en avons à cet effet accordé nôtre
Brevet le 17. Octobre dernier , pour l'execution du.
quel ledit fieur de la Roque nous a fait fupplier de
lui accorder nos Lettres de Privilege fur ce neceffai.
res :A CES CAUSES , conformément audit Brevet , Nous
lui avons permis & permettons par ces Prefentes de
compofer & donner au Public à l'avenir tous les mois ,
à lui feul exclufivement , ledit Mercure de France, qu'il
pourra faire imprimer en tel volume , forme , marge ,
caractere , conjointement , ou ſeparement , & autant
de fois que bon lui femblera , chaque mois , & de le
faire vendre & débiter par tout nôtre Royaume, & ce
pendant le temps de douze années confecutives , à
compter du jour de la datze des Prefentes ; à condi
tion neanmoins que chaque volume portera fon Approbation
expreffè de l'Examinateur , qui aura été com.
9
9
9
mis à cet effet. Faifons défenfes à toutes fortes de
perfonnes , de quelques qualitéz & conditions qu'elles
foient , d'en introduire d'inpreilions étrangeres dans
aucun lieu de nôtre obéi fance , comme auffi à tous
Libraires , Imprimeurs , Graveurs , & autres d'inprimer
, faireimprimer , graver , vendre , faire vendre,
débiter ni contrefaire ledit Livre, ou planches , en tout
ou en parce , ni d'en faire aucun Extrait , fous quel
que prétexte que ce foit , d'augmenta ion corrections
, changement de titre , ou autrement fans la
permiffion expreffe & par écrit de l'Expofant , ou de
ceux qui auront droit de lui ; le tout à peine de confifcation
des exemplaires contrefaits , de 6000. livres
d'amende , payables fans déport par chacun des contrevenans
, dont un ciers à Nous , un tiers à l'Hôtel-
Dieu de Paris , l'autre tiers à l'Expofant , ou à ceux
q i auront droit de lui , & de tous dépens ,
dommages
& interefts ; à la charge que ces Prefentes feront
enregistrées tout au long fur le Regiftre de la Communauté
des Libraires & Imprimeurs de Paris , & ce
dans trois mois de la datte d'icelles ; que l'impretion
de ce Livre fera faite dans notre Royaume , & non
ailleurs , en fin papier , & en beau caractere , conformément
aux Reglemens de la Librairie ; & qu'avant
de l'expofer en vente , le manufcrit ou imprimé qui
aura fervi de copie à l'impreflion dudit Livre fora
remis dans le même état où les Approbacions y au❤
ront été données , ès mains de nôtre très-cher &
Feal Chevalier , Garde des Sceaux de France , le
fieur FLEURIAU D'ARM NON VILLA, Commandeur de nos
ordres , & qu'il en fera enfuite remis deux Exemplai.
res de chacun dans nôtre Bibliotheque publique , un
dans celle de nôtre Château du Louvre , & un dans
celle de notredit très- cher & feal Chevalier , Garde
des Sceaux de France ; le tout à peine de nullité des
Prefentes , du contenu deſquelles Vous enjoignons de
faire jouir ledit Expofant , ou fes ayans caufe pleinement
& paifiblement , fans fouffrir qu'il leur foit fait
aucuns troubles & empêche nens , & à cet effet nous
avons revoqué & revoquons tous autres Privileges
qui pourroient avoir été donnez cy -devant à d'autres
qu'audit Expofant ; Voulons que la copie des Prefentes
qui fera imprimée tout au long au commence nent ou
à la fin dudit Livre foit tenue pour dúëment fignifiée ,
& qu'aux copies collationnées par l'un de nos Amez
& Feaux Confeillers. Secretaires, foy ſoit ajoûtée, &c.
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Résumé : PRIVILEGE DU ROY.
Le document est un privilège royal émanant du roi de France et de Navarre, accordant la publication exclusive du 'Mercure de France'. Le roi reconnaît la valeur de cet ouvrage, initialement composé par le sieur de Visé et d'autres auteurs depuis 1672. À la suite du décès du titulaire du dernier brevet, le roi désigne le sieur Antoine de La Roque, écuyer et chevalier de l'Ordre militaire de Saint-Louis, pour composer et publier le 'Mercure de France'. Ce privilège accorde à La Roque le droit exclusif de composer et de publier cet ouvrage mensuellement pour une durée de douze années consécutives. Chaque volume doit obtenir l'approbation expresse de l'examinateur. Le document interdit à toute personne d'imprimer, vendre ou contrefaire le livre sans autorisation, sous peine de confiscation et d'amende. Le privilège doit être enregistré auprès de la communauté des libraires et imprimeurs de Paris, et l'impression doit se faire dans le royaume, en respectant les règlements de la librairie. Deux exemplaires de chaque volume doivent être remis à la bibliothèque publique, au château du Louvre, et au Garde des Sceaux de France.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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82
p. 508-525
Recueil de Pieces d'Histoire et de Litterature, &c. [titre d'après la table]
Début :
RECUEIL de Pieces. d'Histoire et de Litterature, Tome 1. [...]
Mots clefs :
Recueil, Histoire, Littérature, Mahomet, Temps, France, Mecque, Trésor
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Recueil de Pieces d'Histoire et de Litterature, &c. [titre d'après la table]
RECUEIL de Pieces. d'Histoire et de
Litterature , Tome 1. vol. in 12. de 224.
pages , sans les Préfaces. A Paris , chez
Chaubert , à l'entrée du Quay des Augustins , du côté du Pont S. Michel , 1731. ~
L'Auteur de ce Recueil s'est proposé
comme il le dit dans sa Préface , de plaire
à l'esprit et de l'orner des connoissances
solides ; on peut dire qu'il a réussi dans
ce premier volume , et qu'il tient plus
qu'il ne nous a promis. Il paroît trèsmodeste surson article et même sur celui
de
MARS. 1732. 509.
de la Nation Françoise , à laquelle il préfere les Anglois pour le goût et les in-1
clinations , selon la coûtume d'un certain cercle de personnes qui prennent aujourd'hui à tâche de proner les grandes ,
perfections de la Nation Angloise , aux:
dépens même de la leur , et qui rabaise
sent souvent leur Patrie pour donner à
la Nation Britannique plus de lustre et
de réputation qu'il ne lui enest legitime,
ment dû.
Ce Volume contient les Pieces suivan- ,
tes , toutes ayant leur mérite. Lettre de
M. D...à un de ses amis , sur la nouvelle Edition des Oeuvres de M. l'Abbé.
de S. Real , servant de Préface à la premiere Piece de ce Recueil.
Panegyrique de la Régence de Madame
Royale Marie J. B. de Savoye.
Refléxions nouvelles de M. de la R.
Histoire du Mahometisme.
Remarques sur l'administration des Fi
nances des Romains , traduites de l'Anglois.
Dissertation touchant la part qu'eut
le Pape. Zacharie à la déposition de Chil- deric.
Dissertation , si la grandeur temporelle de l'Eglise n'est point contraire à la
Loy de Dieu , et aux maximes des temps
Apostoliques. Eij Da
o MERCURE DE FRANCE
De la maniere de compter par siecles.
Du commencement et de la fin de chaque
siecle.
Nous ne donnerons aucun Extrait des.
deux premieres Pieces de ce Recueil
nous dirons seulement que le Panegyrique est une fort belle Piece , dont le sujet est traité avec beaucoup d'éloquence.
Les Refléxions diverses qui suivent
cette Piece , sont neuves et délicates.
Elles regardent la confiance , la difference
des esprits , les goûts , la societé , la conversation , le faux , l'air et les manieres.
Nous renvoyons encore au Recueil même
ceux qui en voudront connoître la solidiré et la justesse.
Nous passerons à l'Histoire du Mahometisme , qui est une des Pieces de ce
Recueil ; il paroît d'abord que cette Histoire doive être considerable. Elle l'est en
effet , mais moins par son étenduë que
par la maniere dont elle est traitée. Elle
est divisée en trois Parties. La premiere
est employée à l'Histoire de Mahomet er
de sa Secte. La seconde rapporte les Fables principales que des Auteurs mal informez ont debitées sur Mahomet. L'Auteur réfute en peu de mots dans la troisiéme les principes de cette fausse Religion,Donnons quelque idée de cette Histoire.
MAR-S; 1732 Sar
L'Auteur a puisé les circonstances qu'il
rapporte dans son Discours , dans les
meilleurs Auteurs Mahométan's dans
Abulfeda , Elmacin , Abuljacer , et autres.
Il s'est servi aussi des sçavans Chrétiens
qui ont écrit sur l'Histoire Orientale ,
tels qu'Abulfarage , qu'on peut mettre
de ce nombre, puisqu'il embrassa le Christianisme avant que de mourir , les sçavans Maronites , Gabriël Sionita , Jean
Hesronita , et Abraham Ecchellensis , le
F. Maracci , Hottinger , d'Herbelot , que
Imprimeur nomme Berthelot , et autres.
Mahomet pâquit à la Mecque, Ville
d'Arabie , dans le temps que l'Eglise
Orientale,aussi-bien que l'Empire,étoient
agitez par un très grand nombre de Sectes
et de divisions. Ses parens étoient d'une
naissance illustre parmi les Arabes , mais
pauvres. Il fut orphelin de pere et de
mere à 7. ans. Son oncle l'éleva au commerce des Syriens ; et à l'âge de 28. aps
il épousa une veuve jaune et riche , dont'
il avoit conduit en Syrie pendant trois
ans les Marchandises qu'elle y envoyoit.
Il se vit par un Mariage si avantageux
en état de faire valoir les grandes qualitez de son esprit, sa bravoure dans les
dangers , sa fermeté , sa pénetration et
ses manieres affables et complaisantes. Il
étoit
i
E iij
312 MERCURE DE FRANCE
pour
étoit naturellement éloquent , et il se serIvit bien dans la suite de ce talent. Il
contrefit dès l'année 606. de J. C. l'homme rêveur et contemplatif , et fit passer
des révelations et des communications avec l'Ange Gabriël , les attaques
du mal caduc , dont il étoit agité assez
souvent. Il s'appliqua de bonne heure à
réunir les trois Religions qui regnoient
en Arabie , la Chrétienne , la Juive et
l'ancienne des Arabes.
La Religion Chrétienne étoit plutôt alors une confusion de Sectes et de superstitions , qu'une Religion. Les Juifs et
les Ismaëlites paroissoient pouvoir être
aisément réunis , puisque les uns et les
autres reconnoissoient Abraham pour leur
"Pere commun. Enfin les Arabes étoient
presque tous Idolâtres et adoroient les
Astres dans leur fameux Temple de la
Mecque , qu'ils croyoient ( comme ils le
croyent encore fort abusivement ) plus.
ancien que celui de Salomon.
Mahomet pour profiter de ces divisions.
et pour réunir toutes ces Sectes en une
seule , pose pour principal fondement
qu'il n'y a qu'un Dieu digne de nos adorations ; ce principe établi avec les Chrétiens et avec les Juifs , il tâche d'y amener aussi les Ismaëlites ou les Arabes , en
les:
MARS. 17320 Sis
.
les faisant souvenir qu'ils sont Enfans d'Abraham , et qu'Abraham n'a jamais adoré
qu'un seul Dieu. Il soutient en faveur
des Juifs , qu'il n'y a point de Trinité
queDieu n'a point de fils et qu'il ne s'est
point incarné , ce qui réunissoit encore
plusieurs Sectes, Nestoriens, Ariens et autres. Il dit avec les Chrétiens , que la
Loi de Dieu , qui avoit été confiée aux
Juifs , ayant été corrompue par eux , if
falloit que Dieu suscitât un autre Prophete plus excellent que les autres. Il
avoue que c'est J. C. qu'il est né d'une
Vierge , qu'il est le Verbe de Dieu , que les
Juifs l'ont voulu crucifier , mais qu'il fut
: enlevé dans le Ciel, et que les Juifs ne
-crucifierent que sa Figure , ce qui étoit
Pheresie des Ebionites. Enfin après avoir
déclaré ces trois Religions insuffisantes ,
il ajoûte en sa faveur que le temps dư
Consolateur promis par J. C. est arrivé ,
: et que la promesse s'accomplit en sa pro
-pre personne. Il accompagna tout cela
de fables qui avoient quelques fondemens dans l'Histoire Sainte , ou qu'il tiroit des Histoires apocriphes , et des
Traditions populaires , mais dont les Arabes ne pouvoient reconnoître la fausseté,
tant leur ignorance étoit grossiere. De
temps-en-temps Mahomet faisoit descenÈ iiij dre
514 MERCURE DE FRANCE
dre du Ciel quelques Cahiers qu'il composoit selon les conjectures où il se trouvoit. On les recueillit après sa mort , et
c'est ce qu'on appelle Alcoran. * Et comme il faut quelqu'exterieur dans une Religion , il ordonna le Jeûne de Ramadan,
il laissa la Circoncision qui étoit en usage en Arabie , et établit des Fêtes , des
Pelerinages , des purifications et d'autres
ceremonies tirées du Christianisme , du
Judaisme et de la pratique ordinaire de
la Nation Arabe.
Il fut cependant 12. ou 13. ans suivi
d'un très-petit nombre de Disciples. La
14. année près de 80. Disciples se joignirent aux premiers , ce qui fit du bruit
dans la Mecque. Les Magistrats en craignirent quelqu'émotion et le chasserent
de la Ville. C'est à cette année de la fuite
de Mahomet , qu'il se réfugia à Medine ,
que commence la celebre Epoque des Mahométans , qu'ils nomment Hegire , c'està-dire Fuite, ce fut Omar oncle de Mahomet, qui 17 ans après cette fuite l'érigea
solemnellement en Epoque et la fitinserer
dans tous les Actes publics. Elle tombe
aur 22. Juillet de l'année 622. de J. C.
Peu de temps après cette fuite , Ma-
* Aloran , composé de deux mots Arabes , signifie l'Ecriture par excellence.
homet
MARS. 1732. SI5
homet eut recours à l'épée , qui lui réüssit encore mieux que la parole. Un Ca
hier descendit du Ciel , qui lui ordonna
d'exterminer tous ceux qui ne suivroient
pas sa doctrine. Les Historiens comptent
12. Batailles qu'il a gagnées pendant sa
vie. Enfin il assiegea la Mecque , à la
tête de 10000. hommes , s'en rendit le
maître et fit passer par le fil de l'épée
tous ceux qui ne se soumirent pas à la
doctrine de l'Alcoran. Voilà en peu de
mots l'Histoire de ce celebre Imposteur.
Il eut , selon quelques- uns , 17. femmes ,
selon d'autres , 21. mais il n'en eut point
d'enfans mâles. Il mourut âgé de 63. ans
dans la 11 année de l'Hegire , et fut enterré à Médine , lieu de sa retraite.
Les fables que l'auteur du Discours historique réfute sont les Miracles que l'on
supose avoir été faits par Mahomet, soit en
naissant , soit dans le cours de sa prétendue Mission . C'est une suite de ces fables
de dire que le Temple de la Mecque ait été bâti en l'honneur de Mahomet. De
son temps même on croyoit que ce Temple subsistoit depuis Abraham, outre que les Mahométans n'y vont que pour adorer Dieu. La suspension en l'air du Tom-- beau de Mahomet est encore une fable ,
mais il ne faut pas la mettre sur le compte
Ev dess
2
16 MERCURE DE FRANCE
des Mahometans , qui la rejettent absoJument. Autre fable, que ce que quelquesuns ont écrit que Mahomet fut choisi
pour le Chef de ceux qui se révolterent
contre Heraclius , et qu'il alla au-devant
de cet Empereur lorsqu'il revenoit de:
Perse. Jamais Mahomet n'a yû Heraclius.
ni n'a combattu contre lui.
Les Villes d'Arabie , ajoûte l'Auteur,
étoient alors régies comme des Républiques ;.
le Cherif, c'est- à- dire , Senior , commandoit:
et l'on n'y avoit nul rapport avec l'Empe-·
reur. Ici notre Auteur nous permettra de
ne pas adopter son Explication du nom de:
Cherif. Ce terme Arabe ne signifie nulle-
-mentSenior Pancien,mais il signifieNoble,
nom qui ne se donne qu'aux Descendans
de Mahomet par Ali , son gendre et par
sa fille Fathime , parce que ceux- là sont
censez de la plus haute naissance qui appartiennent à cette Branche de la Race de
leur Prophete. C'est le seul titre dont le Prince de la Mecque se pare , ainsi que
celui de Medine ; les Rois de Maroc se
font aussi une gloire de porter ce nom ,
regardant comme un des plus beaux ti- tres de noblesse de descendre de MahoLes Arabes expriment ce terme par Scheik ,
qui signifie aussi un Gouverneur , un Chef, uns
Docteur, &c..
met
MARS. 17321 517
4
met par Fathime. Il y a en cet endroit
une autre méprise ; car quoiqu'il soit vrai
que Cherif signifie Noble , et qu'il semble que les Nobles du Pays ayent dû le
gouverner , nous ne voyons cependant
pas que les Villes d'Arabie , à l'exception des deux qu'on vient de nommer
ayent été gouvernées par des Cherifs.
C'est encore une fable de dire que Mahomet ait pris Damas. Fable que son corps
ait été mangé par les chiens. Une autre
fable adoptée par Constantin Porphyrogenete , par Euthymius , Cedrene et autres , c'est d'attribuer aux Mahometans
le culte de Lucifer , de Venus ou de la
-Lune , en leur faisant dire , Alla , oita
Kubar , Deus et Luna seu magna ; au lieu
de Alla ou Akubar, ô Deus maximus
qui sont les premieres paroles qu'on crie
du haut des Mosquées , &c.
oйa
Nous ne suivrons point l'Auteur dans
l'examen , concis à la verité , mais bien
touché, qu'il fait de la Doctrine de Mahomet; il ruine en peu de mots beaucoup
de ses principes. Ce court examen pour--
roit servir de plan à une réfutation com
plette du Mahométisme. Passons à la V.
Piece de ce Recueil , qui contient des Remarques traduites de l'Anglois sur l'administration des Finances des Romains.
En Voici le précis Evi fuc
18 MERCURE DE FRANCE
L'Histoire fournit aux Rois des lumie
res pour soutenir leurs Etats dans la splendeur , en profitant des maximes qui ont
contribué à la grandeur des Empires , et
en évitant ce qui a causé leur décadence.
Rome fut redevable de sa puissance à
une sage dispensation de ses revenus ;
leur dissipation entraîna sa ruine.
y
Valerius-Publicola fut le premier qui
ordonna que le revenu appartenant à la
République seroit déposé dans le Temple
de Saturne , afin que la sainteté du licu
rendît ce dépôt encore plus sacré ; il
avoit deux Trésors ; l'un destiné aux besoins journaliers de la République , l'autre aux pressantes nécessitez. On portoit
dans le premier les Tributs et les Impôts
ordinaires , et dans l'autre l'or de l'Impôt
du vingtiéme sur les Esclaves ; on l'appelloit pour ce sujet Aurum vicesimarium.
Pendant quelques siecles la République
n'eut pas besoin d'argent ; ce ne fut qu'au
Siege de Veïes 350. ans après la fondation de Rome , que les Troupes commeacerent à recevoir une solde. Les Romains
persuadez que rien n'étoit plus important que de ne point surcharger le Peuple d'Impôts et d'avoir un fonds capable de maintenir l'Etat en temps, de guerte
et de paix , firent porter dans le Trésor
public
MARS. 1732 $39
public toutes les richesses qu'ils emportoient par leurs victoires. Ainsi les richesses de Carthage , de Sicile , des Villes de
Macédoine , d'Asie et des autres Provinces conquises , furent déposées par les
Generaux dans le Temple de Saturne
avec un désinteressement admirable , qui
duroit encore quelque temps après la
derniere guerte punique.
›
Dans le siecle suivant cette integrité
fut alterée , mais ce ne fut jamais que
par des ambitieux qui tramoient la servitude et la ruine de la République. Ce
pendant le Trésor public ne laissoit pas
d'être enrichi continuellement par les richesses immenses que la République tiroit de ceux de qui elle triomphoit. Scipion l'Africain fit payer aux Carthaginois
30. millions de livres dans l'espace de 50.
ans , et il obligea le Roi Antiochus en lui
accordant la paix , de payer à la Répablique 24.. millions. Titus Q. Flaminius
Coptraignit Philippe , Roi de Macedoine,
de donner à la Rep. 3. millions ; il n'accorda la Paix à Nabis , Tyran de Sparte .
qu'en exigeant de lui près d'un million.
Il ajoûta encore aux sommes immenses
dont il avoit déja enrichi le Trésor , six
cent quarante millions de livres en lingots d'argent ; 79. millions quatre cens
-
cin-
* 20 MERCURE DE FRANCE
· "
cinquante- deux mille livrés en monnoye
d'argent , et deux millions quatre cent
vingt mille livres en Pieces d'or. On peut
encore voir d'autres exemples de ce désinteressement des Generaux Romains
dans ces Remarques.
C'est donc par cette conduite des Ro-
'mains à l'égard de ceux dont ils triomphoient et par l'integrité et le desinteressement de ces grands Hommes que Rome s'est élevée si haut et qu'elle s'est soutenuë si long- temps. Car il n'est pas pos.
sible qu'un Etat puisse soutenir de lonque ques guerres sans autre fonds celui
de son propre revenu. En effet tant que
les Romains ne perdirent point de vûë
ce systême, ils furent heureux dans leurs
Expeditions. Auguste laissa des sommes
si considerables dans le Trésor public ,
qu'on les fait monter jusqu'à 202 , millions de notre monnoye. Aussi , remarque l'Auteur Anglois , avoit- il une qualité qui ne manque jamais d'enrichir un
Prince , c'étoit d'examiner avec soin les
comptes publics. Mais Caligula dépensa
ses immenses richesses en moins d'un an
au rapport de Suetone. L'Auteur prouve
ensuite que le salut de l'Etat dépend de
- Padministration des Finances , et que la
prodigalité des Princes, et leur inatter- tion
MARS. 1732. JA
tion à veiller sur l'usage et l'emploi de
feurs richesses , en entraînent la dissipa-`
tion et peu à peu la ruine de leurs Etats.
Il fait ensuite remarquer que la cruauté
de plusieurs Empereurs de Rome n'est
venuë que des necessitez ausquelles leur
prodigalité les avoit réduits , qu'ils n'étoient pas cruels d'abord, et que ce n'a été
qu'une suite de leur inattention à veiller
sur leurs Finances ; négligence qui les
contraignoit d'exiger des Peuples avec
dureté des Impôts multipliez et à les
vexer en mille manieres ; funestes fruits
des conseils pernicieux de leurs Courti
sans qui ne manquoient pas de leur inspirer du dégoût et de l'éloignement pour
les affaires et sur tout pour celles qui regardent les Finances.
L'Empereur Caracalla fut le premier
qui altera les Monnoyes et qui donna des pieces d'étain et de cuivre pour des
pieces d'or et d'argent , sur quoi on peut
remarquer en general que durant la décadence de l'Empire les Monnoyes furent
fortalterées , la necessité poussant le Prin
ce à donner aux Especes une plus grande valeur à proportion de leur rareté 35
d'où l'on peut conclure avec l'Auteur
des Remarques , que les Especes sont comme le pouls d'un Etat ; , s'il bat irréguliere-- ment
522 MERCURE DE FRANCE
rement , onjuge par ce symptome que le corps
politique est attaqué de quelque maladie
dangereuse ; que si le Prince se trouve obligé
d'affaiblir les Especes , c'est un indice qu'on
commence à les faire sortir du Royaume ; s'il
est dans la nécessité de substituer quelqu'autre
matiereà l'or et àl'argent, comme fit Caracalla , on peut inferer de- là qu'unegrande par
tie de l'argent en est déja sortie que s'il ar
rive que les Especes soient entierement enlevées on universellement alterées comme
cela se fit dans la décadence de l'Empire Remain , on en peut augurer la raine prochaine
de l'Etat. On trouve dans cette Piece un
grand nombre de traits curieux que les bornes d'un Extrait ne nous permettent
pas de rapporter. Nou ne dirons rien des
deux Dissertations qui suivent sur la déposition de Childeric e sur la compatibilité de la grandeur temporelle avec la
puissance spirituelle ; ces deux Pieces sont
P'une et l'autre remplies de choses Cu
rieuses et qui se font lire avec plaisir.
La derniere Piece de ce Recueil regarde une dispute qui s'éleva vers la fin du
dernier siecle ; les uns prétendoient que
Pannée 1700. devoit commencer le sie--
cle suivant , desorte que du même moment que l'on pouvoit compter 1700. la :
centiéme année devoit être accomplie ,.
et
MARS. 1732. 5232
麵
et la premiere année du siecle suivant devoit commencer. Les autres sontenoient au contraire que l'année 1700.
devoit terminer le 17. siecle , mais de façon que ce ne pouvoit être qu'après da
révolution entiere de cette année que le
siecle suivant devoit commencer. L'Auteur de cette Dissertation embrassa alors.
cé dernier parti. Il fait voir dans cette
Piece que puisqu'on entend par un siecle
l'espace de cent ans , on ne compte le
siecle achevé ou révolu que lorsque la
centiéme année est révolue , comme un
homme à qui on devroit cent pistoles , ne
seroit pas content de 99. et de la ceatiéme commencée. Que l'on compte , ditil , les années , les mois , les semaines et
les jours de la même maniere qu'on dit
qu'il est Lundi , qu'il est le mois de Janvier , la premiere semaine de l'Avent du
Carême quoique Lundy ou le mois deJanvier ou la premiere semaine de l'Avent ne fassent que commencer.
,
Les anciens Actes disent communément le mois courant ou l'année courante.
Ainsi on comptoit déja une telle année
avant qu'elle fût achevée. Les Marchands
mettent en titre dans leurs Registres
Janvier ou Mars ou Avril , avant que
le premier jour de ces mois soit achevé.
Un
$24 MERCURE DE FRANCE
•
Un Sçavant met le 2. ou 3. ou 6. Livre
en composant son Ouvrage , dès qu'il
commence le 2. 3. ou6. Livre.Le Voyageur
dans ses Fournauxde Voyages,écrit la premiere , seconde , troisiéme journée , dès le
matin de chaque journée et si son voyage
a duré 15. jours et qu'il arrive le 16 à midi
dans une Ville , il dira qu'il est arrivé lat
16 journée , quoiqu'elle ne soit pas finie.
Les Historiens Ecclesiastiques mettent
dans la premiere année de l'Ere Chré
rienne plusieurs faits arrivez long-temps
avant la fin de cette premiere année , tels
que la Circoncision , l'Adoration des Ma-
-ges , la Fuite en Egypte , le Meurtre des
Innocens , &c. Les Rois dattent de la
premiere année de leur regne les Edits
qu'ils ont donnez pendant les 12. premiers mois. Dès que Jerusalem fut délivrée de la persecution d'Antiochuset
qu'il fut permis de battre de la monnoye,
on marqua cette Epoque ainsi : L'anpremier sous Simon , anno primo sub Simone.
F. Machab. 13. comme on le voit encore
dans plusieurs Médailles.
Dans le temps de la correction du
: Calendrier par Jules-Cesar l'an 709. de
Rome , dès le commencement de cette
Epoque en Janvier , on a compté l'an
premier. Cette année commença avec.
cle
4.
MARS. 1732. 525
Consulat de Jules-Cesar et de Lepide,
le Consulat duroit depuis Janvier jusqu'en Décembre. Ainsi puisqu'on comptoit les années courantes comme on comp
toit les Consulats , l'année se comptoit
aussi dès qu'elle commençoit , coinme
l'on comptoit le Consulat dès qu'il commençoit. Enfin dès le commencement de
l'Ere de Diocletien ou des Martyrs , que
les Chrétiens ont suivie , même pour dresser les Cicles Paschaux , jusqu'à- ce que
Denis le Petit ait fait succeder l'Ere de
l'Incarnation , on compta l'an 1. car elle
commença exactement avec le premier
jour du Regne de Diocletien. Aussi quand
S. Ambroise datte quelques faits par les
années de cette Ere , il dit toûjours l'am
depuis le premier jour du Regne de Diocletien. De tout celà il est aisé de conclure
que l'on a dû compter l'année 1700. dès
qu'elle a commencé, et par consequent que
le premier Janvier 1700. fut le premier
jour de la derniere année du XVII. secle
Litterature , Tome 1. vol. in 12. de 224.
pages , sans les Préfaces. A Paris , chez
Chaubert , à l'entrée du Quay des Augustins , du côté du Pont S. Michel , 1731. ~
L'Auteur de ce Recueil s'est proposé
comme il le dit dans sa Préface , de plaire
à l'esprit et de l'orner des connoissances
solides ; on peut dire qu'il a réussi dans
ce premier volume , et qu'il tient plus
qu'il ne nous a promis. Il paroît trèsmodeste surson article et même sur celui
de
MARS. 1732. 509.
de la Nation Françoise , à laquelle il préfere les Anglois pour le goût et les in-1
clinations , selon la coûtume d'un certain cercle de personnes qui prennent aujourd'hui à tâche de proner les grandes ,
perfections de la Nation Angloise , aux:
dépens même de la leur , et qui rabaise
sent souvent leur Patrie pour donner à
la Nation Britannique plus de lustre et
de réputation qu'il ne lui enest legitime,
ment dû.
Ce Volume contient les Pieces suivan- ,
tes , toutes ayant leur mérite. Lettre de
M. D...à un de ses amis , sur la nouvelle Edition des Oeuvres de M. l'Abbé.
de S. Real , servant de Préface à la premiere Piece de ce Recueil.
Panegyrique de la Régence de Madame
Royale Marie J. B. de Savoye.
Refléxions nouvelles de M. de la R.
Histoire du Mahometisme.
Remarques sur l'administration des Fi
nances des Romains , traduites de l'Anglois.
Dissertation touchant la part qu'eut
le Pape. Zacharie à la déposition de Chil- deric.
Dissertation , si la grandeur temporelle de l'Eglise n'est point contraire à la
Loy de Dieu , et aux maximes des temps
Apostoliques. Eij Da
o MERCURE DE FRANCE
De la maniere de compter par siecles.
Du commencement et de la fin de chaque
siecle.
Nous ne donnerons aucun Extrait des.
deux premieres Pieces de ce Recueil
nous dirons seulement que le Panegyrique est une fort belle Piece , dont le sujet est traité avec beaucoup d'éloquence.
Les Refléxions diverses qui suivent
cette Piece , sont neuves et délicates.
Elles regardent la confiance , la difference
des esprits , les goûts , la societé , la conversation , le faux , l'air et les manieres.
Nous renvoyons encore au Recueil même
ceux qui en voudront connoître la solidiré et la justesse.
Nous passerons à l'Histoire du Mahometisme , qui est une des Pieces de ce
Recueil ; il paroît d'abord que cette Histoire doive être considerable. Elle l'est en
effet , mais moins par son étenduë que
par la maniere dont elle est traitée. Elle
est divisée en trois Parties. La premiere
est employée à l'Histoire de Mahomet er
de sa Secte. La seconde rapporte les Fables principales que des Auteurs mal informez ont debitées sur Mahomet. L'Auteur réfute en peu de mots dans la troisiéme les principes de cette fausse Religion,Donnons quelque idée de cette Histoire.
MAR-S; 1732 Sar
L'Auteur a puisé les circonstances qu'il
rapporte dans son Discours , dans les
meilleurs Auteurs Mahométan's dans
Abulfeda , Elmacin , Abuljacer , et autres.
Il s'est servi aussi des sçavans Chrétiens
qui ont écrit sur l'Histoire Orientale ,
tels qu'Abulfarage , qu'on peut mettre
de ce nombre, puisqu'il embrassa le Christianisme avant que de mourir , les sçavans Maronites , Gabriël Sionita , Jean
Hesronita , et Abraham Ecchellensis , le
F. Maracci , Hottinger , d'Herbelot , que
Imprimeur nomme Berthelot , et autres.
Mahomet pâquit à la Mecque, Ville
d'Arabie , dans le temps que l'Eglise
Orientale,aussi-bien que l'Empire,étoient
agitez par un très grand nombre de Sectes
et de divisions. Ses parens étoient d'une
naissance illustre parmi les Arabes , mais
pauvres. Il fut orphelin de pere et de
mere à 7. ans. Son oncle l'éleva au commerce des Syriens ; et à l'âge de 28. aps
il épousa une veuve jaune et riche , dont'
il avoit conduit en Syrie pendant trois
ans les Marchandises qu'elle y envoyoit.
Il se vit par un Mariage si avantageux
en état de faire valoir les grandes qualitez de son esprit, sa bravoure dans les
dangers , sa fermeté , sa pénetration et
ses manieres affables et complaisantes. Il
étoit
i
E iij
312 MERCURE DE FRANCE
pour
étoit naturellement éloquent , et il se serIvit bien dans la suite de ce talent. Il
contrefit dès l'année 606. de J. C. l'homme rêveur et contemplatif , et fit passer
des révelations et des communications avec l'Ange Gabriël , les attaques
du mal caduc , dont il étoit agité assez
souvent. Il s'appliqua de bonne heure à
réunir les trois Religions qui regnoient
en Arabie , la Chrétienne , la Juive et
l'ancienne des Arabes.
La Religion Chrétienne étoit plutôt alors une confusion de Sectes et de superstitions , qu'une Religion. Les Juifs et
les Ismaëlites paroissoient pouvoir être
aisément réunis , puisque les uns et les
autres reconnoissoient Abraham pour leur
"Pere commun. Enfin les Arabes étoient
presque tous Idolâtres et adoroient les
Astres dans leur fameux Temple de la
Mecque , qu'ils croyoient ( comme ils le
croyent encore fort abusivement ) plus.
ancien que celui de Salomon.
Mahomet pour profiter de ces divisions.
et pour réunir toutes ces Sectes en une
seule , pose pour principal fondement
qu'il n'y a qu'un Dieu digne de nos adorations ; ce principe établi avec les Chrétiens et avec les Juifs , il tâche d'y amener aussi les Ismaëlites ou les Arabes , en
les:
MARS. 17320 Sis
.
les faisant souvenir qu'ils sont Enfans d'Abraham , et qu'Abraham n'a jamais adoré
qu'un seul Dieu. Il soutient en faveur
des Juifs , qu'il n'y a point de Trinité
queDieu n'a point de fils et qu'il ne s'est
point incarné , ce qui réunissoit encore
plusieurs Sectes, Nestoriens, Ariens et autres. Il dit avec les Chrétiens , que la
Loi de Dieu , qui avoit été confiée aux
Juifs , ayant été corrompue par eux , if
falloit que Dieu suscitât un autre Prophete plus excellent que les autres. Il
avoue que c'est J. C. qu'il est né d'une
Vierge , qu'il est le Verbe de Dieu , que les
Juifs l'ont voulu crucifier , mais qu'il fut
: enlevé dans le Ciel, et que les Juifs ne
-crucifierent que sa Figure , ce qui étoit
Pheresie des Ebionites. Enfin après avoir
déclaré ces trois Religions insuffisantes ,
il ajoûte en sa faveur que le temps dư
Consolateur promis par J. C. est arrivé ,
: et que la promesse s'accomplit en sa pro
-pre personne. Il accompagna tout cela
de fables qui avoient quelques fondemens dans l'Histoire Sainte , ou qu'il tiroit des Histoires apocriphes , et des
Traditions populaires , mais dont les Arabes ne pouvoient reconnoître la fausseté,
tant leur ignorance étoit grossiere. De
temps-en-temps Mahomet faisoit descenÈ iiij dre
514 MERCURE DE FRANCE
dre du Ciel quelques Cahiers qu'il composoit selon les conjectures où il se trouvoit. On les recueillit après sa mort , et
c'est ce qu'on appelle Alcoran. * Et comme il faut quelqu'exterieur dans une Religion , il ordonna le Jeûne de Ramadan,
il laissa la Circoncision qui étoit en usage en Arabie , et établit des Fêtes , des
Pelerinages , des purifications et d'autres
ceremonies tirées du Christianisme , du
Judaisme et de la pratique ordinaire de
la Nation Arabe.
Il fut cependant 12. ou 13. ans suivi
d'un très-petit nombre de Disciples. La
14. année près de 80. Disciples se joignirent aux premiers , ce qui fit du bruit
dans la Mecque. Les Magistrats en craignirent quelqu'émotion et le chasserent
de la Ville. C'est à cette année de la fuite
de Mahomet , qu'il se réfugia à Medine ,
que commence la celebre Epoque des Mahométans , qu'ils nomment Hegire , c'està-dire Fuite, ce fut Omar oncle de Mahomet, qui 17 ans après cette fuite l'érigea
solemnellement en Epoque et la fitinserer
dans tous les Actes publics. Elle tombe
aur 22. Juillet de l'année 622. de J. C.
Peu de temps après cette fuite , Ma-
* Aloran , composé de deux mots Arabes , signifie l'Ecriture par excellence.
homet
MARS. 1732. SI5
homet eut recours à l'épée , qui lui réüssit encore mieux que la parole. Un Ca
hier descendit du Ciel , qui lui ordonna
d'exterminer tous ceux qui ne suivroient
pas sa doctrine. Les Historiens comptent
12. Batailles qu'il a gagnées pendant sa
vie. Enfin il assiegea la Mecque , à la
tête de 10000. hommes , s'en rendit le
maître et fit passer par le fil de l'épée
tous ceux qui ne se soumirent pas à la
doctrine de l'Alcoran. Voilà en peu de
mots l'Histoire de ce celebre Imposteur.
Il eut , selon quelques- uns , 17. femmes ,
selon d'autres , 21. mais il n'en eut point
d'enfans mâles. Il mourut âgé de 63. ans
dans la 11 année de l'Hegire , et fut enterré à Médine , lieu de sa retraite.
Les fables que l'auteur du Discours historique réfute sont les Miracles que l'on
supose avoir été faits par Mahomet, soit en
naissant , soit dans le cours de sa prétendue Mission . C'est une suite de ces fables
de dire que le Temple de la Mecque ait été bâti en l'honneur de Mahomet. De
son temps même on croyoit que ce Temple subsistoit depuis Abraham, outre que les Mahométans n'y vont que pour adorer Dieu. La suspension en l'air du Tom-- beau de Mahomet est encore une fable ,
mais il ne faut pas la mettre sur le compte
Ev dess
2
16 MERCURE DE FRANCE
des Mahometans , qui la rejettent absoJument. Autre fable, que ce que quelquesuns ont écrit que Mahomet fut choisi
pour le Chef de ceux qui se révolterent
contre Heraclius , et qu'il alla au-devant
de cet Empereur lorsqu'il revenoit de:
Perse. Jamais Mahomet n'a yû Heraclius.
ni n'a combattu contre lui.
Les Villes d'Arabie , ajoûte l'Auteur,
étoient alors régies comme des Républiques ;.
le Cherif, c'est- à- dire , Senior , commandoit:
et l'on n'y avoit nul rapport avec l'Empe-·
reur. Ici notre Auteur nous permettra de
ne pas adopter son Explication du nom de:
Cherif. Ce terme Arabe ne signifie nulle-
-mentSenior Pancien,mais il signifieNoble,
nom qui ne se donne qu'aux Descendans
de Mahomet par Ali , son gendre et par
sa fille Fathime , parce que ceux- là sont
censez de la plus haute naissance qui appartiennent à cette Branche de la Race de
leur Prophete. C'est le seul titre dont le Prince de la Mecque se pare , ainsi que
celui de Medine ; les Rois de Maroc se
font aussi une gloire de porter ce nom ,
regardant comme un des plus beaux ti- tres de noblesse de descendre de MahoLes Arabes expriment ce terme par Scheik ,
qui signifie aussi un Gouverneur , un Chef, uns
Docteur, &c..
met
MARS. 17321 517
4
met par Fathime. Il y a en cet endroit
une autre méprise ; car quoiqu'il soit vrai
que Cherif signifie Noble , et qu'il semble que les Nobles du Pays ayent dû le
gouverner , nous ne voyons cependant
pas que les Villes d'Arabie , à l'exception des deux qu'on vient de nommer
ayent été gouvernées par des Cherifs.
C'est encore une fable de dire que Mahomet ait pris Damas. Fable que son corps
ait été mangé par les chiens. Une autre
fable adoptée par Constantin Porphyrogenete , par Euthymius , Cedrene et autres , c'est d'attribuer aux Mahometans
le culte de Lucifer , de Venus ou de la
-Lune , en leur faisant dire , Alla , oita
Kubar , Deus et Luna seu magna ; au lieu
de Alla ou Akubar, ô Deus maximus
qui sont les premieres paroles qu'on crie
du haut des Mosquées , &c.
oйa
Nous ne suivrons point l'Auteur dans
l'examen , concis à la verité , mais bien
touché, qu'il fait de la Doctrine de Mahomet; il ruine en peu de mots beaucoup
de ses principes. Ce court examen pour--
roit servir de plan à une réfutation com
plette du Mahométisme. Passons à la V.
Piece de ce Recueil , qui contient des Remarques traduites de l'Anglois sur l'administration des Finances des Romains.
En Voici le précis Evi fuc
18 MERCURE DE FRANCE
L'Histoire fournit aux Rois des lumie
res pour soutenir leurs Etats dans la splendeur , en profitant des maximes qui ont
contribué à la grandeur des Empires , et
en évitant ce qui a causé leur décadence.
Rome fut redevable de sa puissance à
une sage dispensation de ses revenus ;
leur dissipation entraîna sa ruine.
y
Valerius-Publicola fut le premier qui
ordonna que le revenu appartenant à la
République seroit déposé dans le Temple
de Saturne , afin que la sainteté du licu
rendît ce dépôt encore plus sacré ; il
avoit deux Trésors ; l'un destiné aux besoins journaliers de la République , l'autre aux pressantes nécessitez. On portoit
dans le premier les Tributs et les Impôts
ordinaires , et dans l'autre l'or de l'Impôt
du vingtiéme sur les Esclaves ; on l'appelloit pour ce sujet Aurum vicesimarium.
Pendant quelques siecles la République
n'eut pas besoin d'argent ; ce ne fut qu'au
Siege de Veïes 350. ans après la fondation de Rome , que les Troupes commeacerent à recevoir une solde. Les Romains
persuadez que rien n'étoit plus important que de ne point surcharger le Peuple d'Impôts et d'avoir un fonds capable de maintenir l'Etat en temps, de guerte
et de paix , firent porter dans le Trésor
public
MARS. 1732 $39
public toutes les richesses qu'ils emportoient par leurs victoires. Ainsi les richesses de Carthage , de Sicile , des Villes de
Macédoine , d'Asie et des autres Provinces conquises , furent déposées par les
Generaux dans le Temple de Saturne
avec un désinteressement admirable , qui
duroit encore quelque temps après la
derniere guerte punique.
›
Dans le siecle suivant cette integrité
fut alterée , mais ce ne fut jamais que
par des ambitieux qui tramoient la servitude et la ruine de la République. Ce
pendant le Trésor public ne laissoit pas
d'être enrichi continuellement par les richesses immenses que la République tiroit de ceux de qui elle triomphoit. Scipion l'Africain fit payer aux Carthaginois
30. millions de livres dans l'espace de 50.
ans , et il obligea le Roi Antiochus en lui
accordant la paix , de payer à la Répablique 24.. millions. Titus Q. Flaminius
Coptraignit Philippe , Roi de Macedoine,
de donner à la Rep. 3. millions ; il n'accorda la Paix à Nabis , Tyran de Sparte .
qu'en exigeant de lui près d'un million.
Il ajoûta encore aux sommes immenses
dont il avoit déja enrichi le Trésor , six
cent quarante millions de livres en lingots d'argent ; 79. millions quatre cens
-
cin-
* 20 MERCURE DE FRANCE
· "
cinquante- deux mille livrés en monnoye
d'argent , et deux millions quatre cent
vingt mille livres en Pieces d'or. On peut
encore voir d'autres exemples de ce désinteressement des Generaux Romains
dans ces Remarques.
C'est donc par cette conduite des Ro-
'mains à l'égard de ceux dont ils triomphoient et par l'integrité et le desinteressement de ces grands Hommes que Rome s'est élevée si haut et qu'elle s'est soutenuë si long- temps. Car il n'est pas pos.
sible qu'un Etat puisse soutenir de lonque ques guerres sans autre fonds celui
de son propre revenu. En effet tant que
les Romains ne perdirent point de vûë
ce systême, ils furent heureux dans leurs
Expeditions. Auguste laissa des sommes
si considerables dans le Trésor public ,
qu'on les fait monter jusqu'à 202 , millions de notre monnoye. Aussi , remarque l'Auteur Anglois , avoit- il une qualité qui ne manque jamais d'enrichir un
Prince , c'étoit d'examiner avec soin les
comptes publics. Mais Caligula dépensa
ses immenses richesses en moins d'un an
au rapport de Suetone. L'Auteur prouve
ensuite que le salut de l'Etat dépend de
- Padministration des Finances , et que la
prodigalité des Princes, et leur inatter- tion
MARS. 1732. JA
tion à veiller sur l'usage et l'emploi de
feurs richesses , en entraînent la dissipa-`
tion et peu à peu la ruine de leurs Etats.
Il fait ensuite remarquer que la cruauté
de plusieurs Empereurs de Rome n'est
venuë que des necessitez ausquelles leur
prodigalité les avoit réduits , qu'ils n'étoient pas cruels d'abord, et que ce n'a été
qu'une suite de leur inattention à veiller
sur leurs Finances ; négligence qui les
contraignoit d'exiger des Peuples avec
dureté des Impôts multipliez et à les
vexer en mille manieres ; funestes fruits
des conseils pernicieux de leurs Courti
sans qui ne manquoient pas de leur inspirer du dégoût et de l'éloignement pour
les affaires et sur tout pour celles qui regardent les Finances.
L'Empereur Caracalla fut le premier
qui altera les Monnoyes et qui donna des pieces d'étain et de cuivre pour des
pieces d'or et d'argent , sur quoi on peut
remarquer en general que durant la décadence de l'Empire les Monnoyes furent
fortalterées , la necessité poussant le Prin
ce à donner aux Especes une plus grande valeur à proportion de leur rareté 35
d'où l'on peut conclure avec l'Auteur
des Remarques , que les Especes sont comme le pouls d'un Etat ; , s'il bat irréguliere-- ment
522 MERCURE DE FRANCE
rement , onjuge par ce symptome que le corps
politique est attaqué de quelque maladie
dangereuse ; que si le Prince se trouve obligé
d'affaiblir les Especes , c'est un indice qu'on
commence à les faire sortir du Royaume ; s'il
est dans la nécessité de substituer quelqu'autre
matiereà l'or et àl'argent, comme fit Caracalla , on peut inferer de- là qu'unegrande par
tie de l'argent en est déja sortie que s'il ar
rive que les Especes soient entierement enlevées on universellement alterées comme
cela se fit dans la décadence de l'Empire Remain , on en peut augurer la raine prochaine
de l'Etat. On trouve dans cette Piece un
grand nombre de traits curieux que les bornes d'un Extrait ne nous permettent
pas de rapporter. Nou ne dirons rien des
deux Dissertations qui suivent sur la déposition de Childeric e sur la compatibilité de la grandeur temporelle avec la
puissance spirituelle ; ces deux Pieces sont
P'une et l'autre remplies de choses Cu
rieuses et qui se font lire avec plaisir.
La derniere Piece de ce Recueil regarde une dispute qui s'éleva vers la fin du
dernier siecle ; les uns prétendoient que
Pannée 1700. devoit commencer le sie--
cle suivant , desorte que du même moment que l'on pouvoit compter 1700. la :
centiéme année devoit être accomplie ,.
et
MARS. 1732. 5232
麵
et la premiere année du siecle suivant devoit commencer. Les autres sontenoient au contraire que l'année 1700.
devoit terminer le 17. siecle , mais de façon que ce ne pouvoit être qu'après da
révolution entiere de cette année que le
siecle suivant devoit commencer. L'Auteur de cette Dissertation embrassa alors.
cé dernier parti. Il fait voir dans cette
Piece que puisqu'on entend par un siecle
l'espace de cent ans , on ne compte le
siecle achevé ou révolu que lorsque la
centiéme année est révolue , comme un
homme à qui on devroit cent pistoles , ne
seroit pas content de 99. et de la ceatiéme commencée. Que l'on compte , ditil , les années , les mois , les semaines et
les jours de la même maniere qu'on dit
qu'il est Lundi , qu'il est le mois de Janvier , la premiere semaine de l'Avent du
Carême quoique Lundy ou le mois deJanvier ou la premiere semaine de l'Avent ne fassent que commencer.
,
Les anciens Actes disent communément le mois courant ou l'année courante.
Ainsi on comptoit déja une telle année
avant qu'elle fût achevée. Les Marchands
mettent en titre dans leurs Registres
Janvier ou Mars ou Avril , avant que
le premier jour de ces mois soit achevé.
Un
$24 MERCURE DE FRANCE
•
Un Sçavant met le 2. ou 3. ou 6. Livre
en composant son Ouvrage , dès qu'il
commence le 2. 3. ou6. Livre.Le Voyageur
dans ses Fournauxde Voyages,écrit la premiere , seconde , troisiéme journée , dès le
matin de chaque journée et si son voyage
a duré 15. jours et qu'il arrive le 16 à midi
dans une Ville , il dira qu'il est arrivé lat
16 journée , quoiqu'elle ne soit pas finie.
Les Historiens Ecclesiastiques mettent
dans la premiere année de l'Ere Chré
rienne plusieurs faits arrivez long-temps
avant la fin de cette premiere année , tels
que la Circoncision , l'Adoration des Ma-
-ges , la Fuite en Egypte , le Meurtre des
Innocens , &c. Les Rois dattent de la
premiere année de leur regne les Edits
qu'ils ont donnez pendant les 12. premiers mois. Dès que Jerusalem fut délivrée de la persecution d'Antiochuset
qu'il fut permis de battre de la monnoye,
on marqua cette Epoque ainsi : L'anpremier sous Simon , anno primo sub Simone.
F. Machab. 13. comme on le voit encore
dans plusieurs Médailles.
Dans le temps de la correction du
: Calendrier par Jules-Cesar l'an 709. de
Rome , dès le commencement de cette
Epoque en Janvier , on a compté l'an
premier. Cette année commença avec.
cle
4.
MARS. 1732. 525
Consulat de Jules-Cesar et de Lepide,
le Consulat duroit depuis Janvier jusqu'en Décembre. Ainsi puisqu'on comptoit les années courantes comme on comp
toit les Consulats , l'année se comptoit
aussi dès qu'elle commençoit , coinme
l'on comptoit le Consulat dès qu'il commençoit. Enfin dès le commencement de
l'Ere de Diocletien ou des Martyrs , que
les Chrétiens ont suivie , même pour dresser les Cicles Paschaux , jusqu'à- ce que
Denis le Petit ait fait succeder l'Ere de
l'Incarnation , on compta l'an 1. car elle
commença exactement avec le premier
jour du Regne de Diocletien. Aussi quand
S. Ambroise datte quelques faits par les
années de cette Ere , il dit toûjours l'am
depuis le premier jour du Regne de Diocletien. De tout celà il est aisé de conclure
que l'on a dû compter l'année 1700. dès
qu'elle a commencé, et par consequent que
le premier Janvier 1700. fut le premier
jour de la derniere année du XVII. secle
Fermer
Résumé : Recueil de Pieces d'Histoire et de Litterature, &c. [titre d'après la table]
Le texte présente un recueil d'histoires et de littérature intitulé 'Recueil de Pièces d'Histoire et de Littérature', publié en 1731 à Paris. L'auteur vise à plaire et à enrichir l'esprit avec des connaissances solides. Le premier volume contient plusieurs pièces, dont une lettre sur la nouvelle édition des œuvres de l'abbé de Saint-Réal, un panégyrique de la régence de Marie Jeanne Baptiste de Savoie, des réflexions diverses, une histoire du mahométisme, des remarques sur l'administration des finances des Romains, et des dissertations sur des sujets religieux et historiques. L'histoire du mahométisme est divisée en trois parties : la vie de Mahomet, les fables le concernant, et les principes de l'islam. Mahomet, né à La Mecque, a uni les religions chrétienne, juive et arabe en prônant un dieu unique. Il a compilé ses révélations dans l'Alcoran et a instauré des pratiques religieuses comme le jeûne du Ramadan et la circoncision. Après des années de prédication, il a conquis La Mecque par la force, établissant ainsi l'hégire en 622. Le texte réfute plusieurs fables sur Mahomet, telles que celles concernant des miracles à sa naissance ou des batailles contre des empereurs. Il mentionne également des erreurs sur la gouvernance des villes arabes et le culte des mahométans. Le texte aborde ensuite l'intégrité et la gestion financière de la République romaine après la dernière guerre punique. Pendant un siècle, cette intégrité fut maintenue, bien que des ambitieux cherchassent à servir leurs intérêts. Le Trésor public s'enrichit grâce aux tributs imposés aux vaincus. Par exemple, Scipion l'Africain fit payer 30 millions de livres aux Carthaginois sur 50 ans, et Antiochus fut contraint de payer 24 millions. Titus Q. Flaminius obtint également des sommes importantes de Philippe de Macédoine et de Nabis de Sparte. Ces généraux romains enrichirent le Trésor sans s'enrichir personnellement, contribuant ainsi à la puissance et à la durabilité de Rome. Le texte souligne que Rome put soutenir de longues guerres grâce à ce système financier. Auguste laissa un Trésor public considérable, estimé à 202 millions. Cependant, des empereurs comme Caligula dilapidèrent ces richesses. La prodigalité et la négligence des finances publiques menèrent à la cruauté de certains empereurs, contraints d'imposer des taxes lourdes et vexatoires pour combler leurs besoins. L'Empereur Caracalla fut le premier à altérer la monnaie, remplaçant l'or et l'argent par de l'étain et du cuivre. Cette pratique se poursuivit durant la décadence de l'Empire, indiquant une crise financière. Le texte compare les espèces monétaires au pouls d'un État, soulignant que leur altération ou leur disparition annonce la ruine de l'État. Enfin, le texte aborde une dispute sur le début du XVIIIe siècle. Certains estimaient que l'année 1700 marquait le début du nouveau siècle, tandis que d'autres soutenaient qu'il fallait attendre la fin complète de l'année pour commencer le nouveau siècle. L'auteur adopte la seconde position, illustrant son argument par divers exemples historiques et pratiques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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83
p. 611-620
MORTS, NAISSANCES et Mariages.
Début :
Le 9 Février 1732. mourut à Paris en son Hôtel, [...]
Mots clefs :
Marquis, France, Général, Cavalerie, Chevalier des Ordres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS, NAISSANCES et Mariages.
MORTS, NAISSANCES
et Mariages.
,
E 9. de Février 1732. mourut à Paris
en son Hôtel , M. Jean de Vins d'A
goult de Montauban, Chevalier , Marquis
de Vins et de Savigny, Baron de Forqualqueret, de S. Savournin , de Rous
sillon , de Castelnau , &c. Lieutenant General des Armées du Roy , Gouverneut
pour S. M. des Pays , Ville et Citadelle :
de Broüage , cy-devant Capitaine- Lieute
nant de la seconde Compagnie des Mousquetaires de la Garde du Roy, un des plus
anciens Officiers de guerre du Royaume
et le dernier de sa Maison. Il étoit second
fils de Melchier , Marquis de Vins , et de
Dame Laurence de Paulien de Veyrac. Il
avoit été reçû Chevalier de Malte ; il étoit
Iv prêct
612 MERCURE DE FRANCE
prêt à faire ses vœux , lorsque son frere
aîné , François de Vins , fut tué dans une
Occasion près d'Utrech en 1672. l'un et
l'autre avoient fait leurs premieres Campagnes en Hongrie, et l'aîné étant repassé en
France , le Cadet demeura pendant quelque temps au service de l'Empereur.
Il se trouva en 1665. à la tête d'une
Compagnie de Cavalerie Allemande , à la
Bataille de Montesclaros en Portugal, où il
fut blessé dangereusement , et c'est la seule
fois qu'il l'ait été. Depuis il alla à Malte et
fit ses Caravanes. Il eut une Compagnie de
Cavalerie en 1667. It servit en 1672.
dans le Regiment de Cavalerie de son
frere aîné , qui fut tué , comme on vient
de le dire; par-là devenu l'aîné , il eut
l'agrément pour un Régiment de Cavalerie , qu'il acheta.
L'Espagne jalouse des progrès de la
France , lui déclara la guerre après la
Prise de Mastric , et le Marquis de Vins
passa en Catalogne avec son Régiment.
Il épousa en 1674. Mad. Lavocat , et
traita de la Lieutenance de la seconde
Compagnie des Mousquetaires , où il a
servi , soit en cette qualité , soit en celle
de Capitaine- Lieutenant, pendant 43 ans.
On peut se représenter les Batailles , les
Assauts et les autres occasions où il s'est
trouvé
MARS. 17326 613
trouvé étant dans ce Corps , les Sieges de
Besançon , de Condé , d'Aire , de Valenciennes , d'Ypre , de Gand , la Bataille de
Cassel. Il fut fait Brigadier des Armées
du Roy à la prise de Valenciennes , où
les Mousquetaires se signalerent d'une
maniere si surprenante , qu'il entrerent
pêle mêle dans la Place avec les ennemis.
Le Marquis de Vins les contint par sa
prudence , et empêcha qu'ils ne se répandissent dans la Ville ; on a toûjours vanté
son intrépidité et ce sang froid qu'il conservoit dans les actions les plus périlleuses.
Il fut fait Maréchal de Camp au mois
d'Août 1688. et comme il devoit commander le Détachement de la seconde
Compagnie des Mousquetaires qui accompagna MONSEIGNEUR , le Roy lui fit
l'honneur de le présenter à ce Prince avec
cet éloge , que c'étoit un des plus sages Officiers de son Royaume , et que Monseigneur
pouvoit prendre ses conseils et les suivre.
Cette Campagne est la derniere qu'il ait
faite avec les Mousquetaires , il a toûjours
servi depuis comme Officier General.
Il fut envoyé en 1689 .. en Bresse , pour
y commander. Il avoit très- peu de mon.
de , mais sa prudence suppléoit à tout;
c'est le témoignage que lui a rendu souI vj vent
614 MERCURE DE FRANCE
vent le Maréchal de Catinat. Il y a peu
de Troupes de ce côté- là , écrit- il , le Marquis de Vins y est , et j'ai l'esprit en repos.
En 1690. M. de S. Ruth et le Marquis
de Vins , s'avançerent dans la Tarentaise,
entre Conflans et Monstier , où ils forcerent le Baron de Sales , qui s'y étoit retranché avec un Corps considerable de
Troupes ; ils le défirent et le prirent
lui-même prisonnier : après ce Combat
ils soumirent presque toute la Savoye ,
et l'année suivante il servit seul de Maréchal de Camp sous M. de Catinat au
Siege de Nice.
Cette même année il fut nommé par
le Roi pour couvrir les Frontieres de Dauphiné et de Provence, Il battit le Sicur
Julien dans la Vallée de Barcelonete , et
soumit toutes ces Montagnes , prit Sos
pelle , Broglio , Saorgio , et autres Places,
jusqu'à la Mer et au Col de Tende.
op
Pendant que le Maréchal de Catinat
veilloit en 1692. sur tous les Passages des
Montagnes , le Marquis de Vins étoit
posé avec un Camp volant , aux desseins
du Duc de Savoye et de ses Alliez , qur
ne se proposoient pas moins que d'envahir le Dauphiné et la Provence; avec fort
peu de Troupes , il rendit leurs efforts
inutiles ou très- peu efficaces.
Cette
1
MAR S. 1732. 615
Cette année lui fut fatale ; il fut fait
Capitaine-Lieutenant de la seconde Compagne des Mousquetaires , par le décès
de M. de Jonvelle , qui la commandoit ,,
mais il perdit son fils unique , jeune Seigneur d'une très-grandees perance, lequel
fut tué au Combat de Steinkerque , à sa
quatriémeCampagne.Ilavoit servi l'année
précédente d'Ayde- de-Camp à son Pere
qui en avoit été très- content. Le Marquis de Vins eut besoin de tout son courage et de toute sa religion pour soutenir
ce-coup , qu'il a senti toute sa vie.
Il fut fait Lieutenant General des Ar
mées du Roy en 1593. et en cette quafité , il commanda l'aîle droite à la Bataille de la Marsaille. Le Duc de Vendôme
voulut être à l'aile gauche , et chargea
Paîle droite des Ennemis avec cette va
leur , que tout le monde lui connoissoit,
et il la chargea jusqu'à quatre fois. Il
trouva toûjours pareille résistance ; le
Corps de Bataille où étoit le Maréchal de
Catinat , qui commandoit l'Armée , souffroit beaucoup. Il pressoit le Marquis de
Vins , qui s'ébranla si à propos , et fit
donner, la Bayonnette au bout du fusil,
avec tant de vigueur , que toute l'aîle
gauche des Ennemis plia et fut entierement défaite , ce qui décida de la Victoire.
Si
616 MERCURE DE FRANCE
Si Asdrubal a reproché à Annibal qu'il
sçavoit vaincre , mais qu'il ne sçavoit pas.
profiter de la victoire , on peut dire du
Marquis de Vins , qu'il servoit bien
mais qu'il ne sçavoit pas faire valoir ses
services ; ennemi de tout faste et de toute
ostentation , modeste à l'excès , il parloit
peu et jamais de lui ni contre personne ;
ayant en horreur les cabales et les intri
guesde quelque genre que ce fût. Il étoit
d'une droiture et d'une probité à toute
épreuve , mettant l'homme d'honneur et
le Chrétien beaucoup au-dessus du Capitaine et du General d'Armée.
Content des biens considerables qu'il
avoit eus de ses Peres , il ne se soucioit
pas d'en avoir davantage , et il croyoit
qu'il suffisoit de bien faire pour mériter
les graces. Jamais il ne s'est plaint de la
Fortune , c'étoit une Divinité qu'il ne
connoissoit pas. Toujours prêt d'aller audevant des besoins de ses amis , il n'at--
tendoit pas qu'ils lui demandassent des
secours pour les soulager. Tel étoit l'hon-,
nête homme, mais le Chrétien alloit bien
plus loin. Il donnoit à son rang tout ce
que la bienséance pouvoit exiger ; sa Maison reglée comme il convenoit,ayant beaucoup d'ordre et d'arrangement dans ses.
affaires , son superflu étoit considerable
et
MAR S. 1732. 617
et tout étoit pour les pauvres ; de-là ses
liberalitez aux Hôpitaux et des Fondations d'Ecoles Chrétiennes dans toutes ses
Terres ; à peine s'y sentoit-on des années de calamité , tant il avoit soin que
la veuve et l'orphelin et generalement
tous les nécessiteux fussent soulagez, sans
que jamais la main gauche sçût ce que faisoit la droite.
Après la Paix de Riswick , il envoya
dans les Vallées de Barcelonete et autres lieux où il avoit fait la guerre , des
sommes considerables pour aider aux Habitans à se rétablir. Lorsqu'en 1717. il
se démit de la Compagnie des Mousquetaires , on lui offrit une pension de douze
mille livres. Il remercia , et dit qu'il n'en
avoit pas besoin , et qu'il valoit mieux
la distribuer à de pauvres Officiers.
Pendant la Peste de Provence , il envoya des sommes considerables dans les
Terres qu'il avoit en ce Pays-là. Dans
toutes ces bonnes œuvres il étoit secondé
par son Epouse ; jamais il n'y eut une plus
grande conformité de sentimens , et l'on
peut trouver dans la maniere dont ils ont
vécu ensemble pendant 58.ans de mariage,
l'idée de la plus parfaite union conjugale.
Tant de vertus ont été récompensées d'une
longue vie. Il est mort âgé de 9o. ans, munide
348 MERCURE DE FRANCE
-de tous les Sacremens, avec cette édification qu'on devoit attendre d'un homme
qui avoit vécu comme il à fait."
Il a institué le Comte du Luc , de la
Maison de Vintimille , son parent et son
ami particulier , son Légataire universel,
avec substitution pour son fils et son petit fils.
Dme Marie- Renée de Berthemet , veuve de M
Gilbert Colbert de S. Poüanges , Commandeur er
Grand Trésorier des Ordres du Roy, mourut à
Paris , le 28 de Fevrier , âgée d'eviron 85 ans.
et M. Pierre Chirac, Premier Medecin du Roy
Sur-Intendant du Jardin Royal des Plantes ,
Associé Libre de l'Academie Röyale des Scien
ces , mourut à Marly, le 1 de ce mois , âgé de 82 ans. Il avoit été Premier Médecin de feue S.
A. R. M. le Duc d'Orleans.
I
Dne Charlote- Angelique Courtin , veuve de
Jacques Roque , Chevaher , Marquis de Varan
geville , Seigneur de Galleville , Dendeville , & ct
Ambassadeur de France à Venise , mourut le 6 ≤
Mars , âgée de 73 ans...
Jean-Baptiste, François Johanne , Marquis de
Saumery , Baron de Chemerol , &c. Chevalier de
S. Louis, Maréchal des Camps et Armées du Roy,
Gouverneur des Isles de sainte Marguerite et de
S. Honorat de Lerins , Gouverneur du Château :
Royal de Chambord , mourut le 19 , âgé d'envi- ron 5 ans.
François Comte d'Esteing , Marquis de Murole , Baron de Spoix , &c. Chevalier des Ordres du
Roy, Lieutenant General des Armées de S. M.
Gouverneur de Douay et de la Ville de Châlons
sur Marne , mourut à Paris , le 20 de ce mois ,
âgé de près de 81 ans.
Alexan
MARS. 17328
Alexandre- César de Cauchon , Baron de la
sainte Ampoule , Seigneur de Neuflize , mourut
le 22 Mars , dans la 57 année de son âge , et fur inhumé à S. Eustache. On prie les Personnes qui
sçavent quelle est l'origine des Barons de la sain
te Ampoule, de vouloir bien en instruire le public.
Dane Marie- Anne Françoise de Montmorin ,
Epouse de Pierre de Champon , Marquis d'Arbouville , Capitaine des Grenadiers au Regiment
des Gardes Françoises , accoucha le 21 Mars ,
d'un Fils , qui fut nommé Pierre-Nicolas , par
Nicolas de Campon , Mestre de Camp , Lieute- .
nant des Grenadiers , et par Dme Angelique Cecile de Montmorin , veuve de-François d'Har
ville , Marquis de Pailoiseau.
François Michel- César le Tellier , Marquis de
Montmirel , Capitaine Colonel des Cent Suisses
de la Garde du Roy , fils mineur de François
Macé le Tellier , Marquis de Louvois , &c. et de :
Dme Anne- Louise de Noailles , épousa le 25 Fé- vrier , Dme Loüise- Antonine de Gontault de Bi- .
ton , fille mineure d'Armand de Gontault , Duc
de Biron , Pair de France , Colonel du Regiment
d'Anjou Cavalerie, Brigadier des Armées du Roy;
et de Dme Adelaide de Grammont , Dame du Palais de la Reine.
Joachim-Louis de Montaigu , Marquis de Bouzol , &c. Lieutenant General de la Province de la
Basse- Auvergne , fils mineur de feu Joseph de
Montaigu , Comte de Bouzol , Maréchal de
Camp , Inspecteur general de la Cavalerie , et des
Dragons , et de Dme Jeanne- Henriette Doreilhet
de Colombines , epousa le 11 Mars , Dme Laure
Fitz-James, fille mineure de M. Jacques , Duc
de Fitz-James de Beryick , Xezica, et de Liria Pair
820 MERCURE DE FRANCE
Pair et Maréchal de France , Genéral des Armées
du Roy, Grand - d'Espagne , Chevalier des Ordres de S. M. de la Toison d'Or , et de la Jarretiere , Gouverneur et Lieutenant General du
Haut et Bas Limousin , et de la Ville de Strasbourg , et de Dme Anne Bulkeley
et Mariages.
,
E 9. de Février 1732. mourut à Paris
en son Hôtel , M. Jean de Vins d'A
goult de Montauban, Chevalier , Marquis
de Vins et de Savigny, Baron de Forqualqueret, de S. Savournin , de Rous
sillon , de Castelnau , &c. Lieutenant General des Armées du Roy , Gouverneut
pour S. M. des Pays , Ville et Citadelle :
de Broüage , cy-devant Capitaine- Lieute
nant de la seconde Compagnie des Mousquetaires de la Garde du Roy, un des plus
anciens Officiers de guerre du Royaume
et le dernier de sa Maison. Il étoit second
fils de Melchier , Marquis de Vins , et de
Dame Laurence de Paulien de Veyrac. Il
avoit été reçû Chevalier de Malte ; il étoit
Iv prêct
612 MERCURE DE FRANCE
prêt à faire ses vœux , lorsque son frere
aîné , François de Vins , fut tué dans une
Occasion près d'Utrech en 1672. l'un et
l'autre avoient fait leurs premieres Campagnes en Hongrie, et l'aîné étant repassé en
France , le Cadet demeura pendant quelque temps au service de l'Empereur.
Il se trouva en 1665. à la tête d'une
Compagnie de Cavalerie Allemande , à la
Bataille de Montesclaros en Portugal, où il
fut blessé dangereusement , et c'est la seule
fois qu'il l'ait été. Depuis il alla à Malte et
fit ses Caravanes. Il eut une Compagnie de
Cavalerie en 1667. It servit en 1672.
dans le Regiment de Cavalerie de son
frere aîné , qui fut tué , comme on vient
de le dire; par-là devenu l'aîné , il eut
l'agrément pour un Régiment de Cavalerie , qu'il acheta.
L'Espagne jalouse des progrès de la
France , lui déclara la guerre après la
Prise de Mastric , et le Marquis de Vins
passa en Catalogne avec son Régiment.
Il épousa en 1674. Mad. Lavocat , et
traita de la Lieutenance de la seconde
Compagnie des Mousquetaires , où il a
servi , soit en cette qualité , soit en celle
de Capitaine- Lieutenant, pendant 43 ans.
On peut se représenter les Batailles , les
Assauts et les autres occasions où il s'est
trouvé
MARS. 17326 613
trouvé étant dans ce Corps , les Sieges de
Besançon , de Condé , d'Aire , de Valenciennes , d'Ypre , de Gand , la Bataille de
Cassel. Il fut fait Brigadier des Armées
du Roy à la prise de Valenciennes , où
les Mousquetaires se signalerent d'une
maniere si surprenante , qu'il entrerent
pêle mêle dans la Place avec les ennemis.
Le Marquis de Vins les contint par sa
prudence , et empêcha qu'ils ne se répandissent dans la Ville ; on a toûjours vanté
son intrépidité et ce sang froid qu'il conservoit dans les actions les plus périlleuses.
Il fut fait Maréchal de Camp au mois
d'Août 1688. et comme il devoit commander le Détachement de la seconde
Compagnie des Mousquetaires qui accompagna MONSEIGNEUR , le Roy lui fit
l'honneur de le présenter à ce Prince avec
cet éloge , que c'étoit un des plus sages Officiers de son Royaume , et que Monseigneur
pouvoit prendre ses conseils et les suivre.
Cette Campagne est la derniere qu'il ait
faite avec les Mousquetaires , il a toûjours
servi depuis comme Officier General.
Il fut envoyé en 1689 .. en Bresse , pour
y commander. Il avoit très- peu de mon.
de , mais sa prudence suppléoit à tout;
c'est le témoignage que lui a rendu souI vj vent
614 MERCURE DE FRANCE
vent le Maréchal de Catinat. Il y a peu
de Troupes de ce côté- là , écrit- il , le Marquis de Vins y est , et j'ai l'esprit en repos.
En 1690. M. de S. Ruth et le Marquis
de Vins , s'avançerent dans la Tarentaise,
entre Conflans et Monstier , où ils forcerent le Baron de Sales , qui s'y étoit retranché avec un Corps considerable de
Troupes ; ils le défirent et le prirent
lui-même prisonnier : après ce Combat
ils soumirent presque toute la Savoye ,
et l'année suivante il servit seul de Maréchal de Camp sous M. de Catinat au
Siege de Nice.
Cette même année il fut nommé par
le Roi pour couvrir les Frontieres de Dauphiné et de Provence, Il battit le Sicur
Julien dans la Vallée de Barcelonete , et
soumit toutes ces Montagnes , prit Sos
pelle , Broglio , Saorgio , et autres Places,
jusqu'à la Mer et au Col de Tende.
op
Pendant que le Maréchal de Catinat
veilloit en 1692. sur tous les Passages des
Montagnes , le Marquis de Vins étoit
posé avec un Camp volant , aux desseins
du Duc de Savoye et de ses Alliez , qur
ne se proposoient pas moins que d'envahir le Dauphiné et la Provence; avec fort
peu de Troupes , il rendit leurs efforts
inutiles ou très- peu efficaces.
Cette
1
MAR S. 1732. 615
Cette année lui fut fatale ; il fut fait
Capitaine-Lieutenant de la seconde Compagne des Mousquetaires , par le décès
de M. de Jonvelle , qui la commandoit ,,
mais il perdit son fils unique , jeune Seigneur d'une très-grandees perance, lequel
fut tué au Combat de Steinkerque , à sa
quatriémeCampagne.Ilavoit servi l'année
précédente d'Ayde- de-Camp à son Pere
qui en avoit été très- content. Le Marquis de Vins eut besoin de tout son courage et de toute sa religion pour soutenir
ce-coup , qu'il a senti toute sa vie.
Il fut fait Lieutenant General des Ar
mées du Roy en 1593. et en cette quafité , il commanda l'aîle droite à la Bataille de la Marsaille. Le Duc de Vendôme
voulut être à l'aile gauche , et chargea
Paîle droite des Ennemis avec cette va
leur , que tout le monde lui connoissoit,
et il la chargea jusqu'à quatre fois. Il
trouva toûjours pareille résistance ; le
Corps de Bataille où étoit le Maréchal de
Catinat , qui commandoit l'Armée , souffroit beaucoup. Il pressoit le Marquis de
Vins , qui s'ébranla si à propos , et fit
donner, la Bayonnette au bout du fusil,
avec tant de vigueur , que toute l'aîle
gauche des Ennemis plia et fut entierement défaite , ce qui décida de la Victoire.
Si
616 MERCURE DE FRANCE
Si Asdrubal a reproché à Annibal qu'il
sçavoit vaincre , mais qu'il ne sçavoit pas.
profiter de la victoire , on peut dire du
Marquis de Vins , qu'il servoit bien
mais qu'il ne sçavoit pas faire valoir ses
services ; ennemi de tout faste et de toute
ostentation , modeste à l'excès , il parloit
peu et jamais de lui ni contre personne ;
ayant en horreur les cabales et les intri
guesde quelque genre que ce fût. Il étoit
d'une droiture et d'une probité à toute
épreuve , mettant l'homme d'honneur et
le Chrétien beaucoup au-dessus du Capitaine et du General d'Armée.
Content des biens considerables qu'il
avoit eus de ses Peres , il ne se soucioit
pas d'en avoir davantage , et il croyoit
qu'il suffisoit de bien faire pour mériter
les graces. Jamais il ne s'est plaint de la
Fortune , c'étoit une Divinité qu'il ne
connoissoit pas. Toujours prêt d'aller audevant des besoins de ses amis , il n'at--
tendoit pas qu'ils lui demandassent des
secours pour les soulager. Tel étoit l'hon-,
nête homme, mais le Chrétien alloit bien
plus loin. Il donnoit à son rang tout ce
que la bienséance pouvoit exiger ; sa Maison reglée comme il convenoit,ayant beaucoup d'ordre et d'arrangement dans ses.
affaires , son superflu étoit considerable
et
MAR S. 1732. 617
et tout étoit pour les pauvres ; de-là ses
liberalitez aux Hôpitaux et des Fondations d'Ecoles Chrétiennes dans toutes ses
Terres ; à peine s'y sentoit-on des années de calamité , tant il avoit soin que
la veuve et l'orphelin et generalement
tous les nécessiteux fussent soulagez, sans
que jamais la main gauche sçût ce que faisoit la droite.
Après la Paix de Riswick , il envoya
dans les Vallées de Barcelonete et autres lieux où il avoit fait la guerre , des
sommes considerables pour aider aux Habitans à se rétablir. Lorsqu'en 1717. il
se démit de la Compagnie des Mousquetaires , on lui offrit une pension de douze
mille livres. Il remercia , et dit qu'il n'en
avoit pas besoin , et qu'il valoit mieux
la distribuer à de pauvres Officiers.
Pendant la Peste de Provence , il envoya des sommes considerables dans les
Terres qu'il avoit en ce Pays-là. Dans
toutes ces bonnes œuvres il étoit secondé
par son Epouse ; jamais il n'y eut une plus
grande conformité de sentimens , et l'on
peut trouver dans la maniere dont ils ont
vécu ensemble pendant 58.ans de mariage,
l'idée de la plus parfaite union conjugale.
Tant de vertus ont été récompensées d'une
longue vie. Il est mort âgé de 9o. ans, munide
348 MERCURE DE FRANCE
-de tous les Sacremens, avec cette édification qu'on devoit attendre d'un homme
qui avoit vécu comme il à fait."
Il a institué le Comte du Luc , de la
Maison de Vintimille , son parent et son
ami particulier , son Légataire universel,
avec substitution pour son fils et son petit fils.
Dme Marie- Renée de Berthemet , veuve de M
Gilbert Colbert de S. Poüanges , Commandeur er
Grand Trésorier des Ordres du Roy, mourut à
Paris , le 28 de Fevrier , âgée d'eviron 85 ans.
et M. Pierre Chirac, Premier Medecin du Roy
Sur-Intendant du Jardin Royal des Plantes ,
Associé Libre de l'Academie Röyale des Scien
ces , mourut à Marly, le 1 de ce mois , âgé de 82 ans. Il avoit été Premier Médecin de feue S.
A. R. M. le Duc d'Orleans.
I
Dne Charlote- Angelique Courtin , veuve de
Jacques Roque , Chevaher , Marquis de Varan
geville , Seigneur de Galleville , Dendeville , & ct
Ambassadeur de France à Venise , mourut le 6 ≤
Mars , âgée de 73 ans...
Jean-Baptiste, François Johanne , Marquis de
Saumery , Baron de Chemerol , &c. Chevalier de
S. Louis, Maréchal des Camps et Armées du Roy,
Gouverneur des Isles de sainte Marguerite et de
S. Honorat de Lerins , Gouverneur du Château :
Royal de Chambord , mourut le 19 , âgé d'envi- ron 5 ans.
François Comte d'Esteing , Marquis de Murole , Baron de Spoix , &c. Chevalier des Ordres du
Roy, Lieutenant General des Armées de S. M.
Gouverneur de Douay et de la Ville de Châlons
sur Marne , mourut à Paris , le 20 de ce mois ,
âgé de près de 81 ans.
Alexan
MARS. 17328
Alexandre- César de Cauchon , Baron de la
sainte Ampoule , Seigneur de Neuflize , mourut
le 22 Mars , dans la 57 année de son âge , et fur inhumé à S. Eustache. On prie les Personnes qui
sçavent quelle est l'origine des Barons de la sain
te Ampoule, de vouloir bien en instruire le public.
Dane Marie- Anne Françoise de Montmorin ,
Epouse de Pierre de Champon , Marquis d'Arbouville , Capitaine des Grenadiers au Regiment
des Gardes Françoises , accoucha le 21 Mars ,
d'un Fils , qui fut nommé Pierre-Nicolas , par
Nicolas de Campon , Mestre de Camp , Lieute- .
nant des Grenadiers , et par Dme Angelique Cecile de Montmorin , veuve de-François d'Har
ville , Marquis de Pailoiseau.
François Michel- César le Tellier , Marquis de
Montmirel , Capitaine Colonel des Cent Suisses
de la Garde du Roy , fils mineur de François
Macé le Tellier , Marquis de Louvois , &c. et de :
Dme Anne- Louise de Noailles , épousa le 25 Fé- vrier , Dme Loüise- Antonine de Gontault de Bi- .
ton , fille mineure d'Armand de Gontault , Duc
de Biron , Pair de France , Colonel du Regiment
d'Anjou Cavalerie, Brigadier des Armées du Roy;
et de Dme Adelaide de Grammont , Dame du Palais de la Reine.
Joachim-Louis de Montaigu , Marquis de Bouzol , &c. Lieutenant General de la Province de la
Basse- Auvergne , fils mineur de feu Joseph de
Montaigu , Comte de Bouzol , Maréchal de
Camp , Inspecteur general de la Cavalerie , et des
Dragons , et de Dme Jeanne- Henriette Doreilhet
de Colombines , epousa le 11 Mars , Dme Laure
Fitz-James, fille mineure de M. Jacques , Duc
de Fitz-James de Beryick , Xezica, et de Liria Pair
820 MERCURE DE FRANCE
Pair et Maréchal de France , Genéral des Armées
du Roy, Grand - d'Espagne , Chevalier des Ordres de S. M. de la Toison d'Or , et de la Jarretiere , Gouverneur et Lieutenant General du
Haut et Bas Limousin , et de la Ville de Strasbourg , et de Dme Anne Bulkeley
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Résumé : MORTS, NAISSANCES et Mariages.
En février et mars 1732, plusieurs personnalités notables décédèrent. Le 9 février 1732, à Paris, M. Jean de Vins d'Agoult de Montauban, Chevalier, Marquis de Vins et de Savigny, Baron de Forqualqueret, de Saint-Savournin, de Roussillon, de Castelnau, Lieutenant Général des Armées du Roi, Gouverneur de Broüage, et ancien Capitaine-Lieutenant des Mousquetaires, s'éteignit à l'âge de 90 ans. Second fils de Melchier, Marquis de Vins, et de Dame Laurence de Paulien de Veyrac, il fut destiné à devenir Chevalier de Malte mais dut reprendre du service après la mort de son frère aîné en 1672. Il participa à de nombreuses campagnes, notamment en Hongrie, au Portugal, et en Catalogne. Il épousa Madame Lavocat en 1674 et servit pendant 43 ans dans les Mousquetaires. Promu Brigadier des Armées du Roi à la prise de Valenciennes, il devint Maréchal de Camp en 1688. Il commanda ensuite en Bresse, en Tarentaise, et en Savoie, où il remporta plusieurs victoires. En 1693, il fut nommé Lieutenant Général des Armées du Roi et joua un rôle crucial à la bataille de la Marsaille. Connu pour sa modestie et sa probité, il laissa une fortune considérable aux pauvres et aux nécessiteux. Il institua le Comte du Luc, de la Maison de Vintimille, comme son légataire universel. D'autres décès notables incluent Dame Marie-Renée de Berthemet, veuve de Gilbert Colbert de Saint-Pouanges, et M. Pierre Chirac, Premier Médecin du Roi. Plusieurs naissances et mariages sont également mentionnés, notamment celui de François Michel-César Le Tellier, Marquis de Montmirel, et de Dame Louise-Antonine de Gontault de Biron. Le texte énumère également trois entités distinctes : le Haut et Bas Limousin, la Ville de Strasbourg, et Dame Anne Bulkeley. Ces éléments sont mentionnés sans contexte supplémentaire ni explication.
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84
p. 875-882
PARODIE de la premiere Ode d'Horace, à S. E. M. le Cardinal de Fleury. / Ode.
Début :
Seigneur, tous tant que nous sommes, [...]
Mots clefs :
Horace, Esprit, France, Estime, Cardinal de Fleury, Mécène
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PARODIE de la premiere Ode d'Horace, à S. E. M. le Cardinal de Fleury. / Ode.
PARODIE de la premiere Ode d'Horace
à S. E. M. le Cardinal de Fleury..
Espoir
des bons et le mien
Si ce n'est impertinence ,
De se mettre en concurrenceAvec tant de gens de bien. )
Cardinal , dont les épaules ,
A supporter un grand poids ,
Par son seul et digne choix ,
Aident au Maître des Gaules ;
Pour délasser un moment
L'Atlas que chargent nos Poles ,
De mes simples babioles ,
Prenez en gré l'enjoüment ,
Et souffrez que je vous trace
En traits marquez et suivis ,
De l'ingenieux Horace ,
Le Mecenas atavis.
ODE
$76 MERCURE DE FRANCE
Seigneur ,
O D E.
Eigneur tous tant que nous sommes
Chaque esprit a ses objets ;
Chaque cœur chez tous les hommes ,
Forme differens projets :
L'ambition dominante ,
Est des Grands qu'elle régente ,.
La fougueuse passion ,
Pendant que la Petitesse ,
Soupire après la Richesse,
Ou la réputation.,
L'un , qui d'un desir modeste ,
N'eut jamais le cœur atteint ,
Voudroit voir- briller sa veste
Du Portrait de l'Esprit Saint.
Une secrete amertume ,
Le devore et le consume ;
C'est sa tribulation ,
De voir cet honneur sublime ,
Orner des gens qu'il estime
D'une moindre extraction.
L'autre respire la guerre ;:
C'est son ébat , c'est son jeu;
Aux quatre coins de la Terre ,
IF
MAY.
1732. 877
I brule de voir le feu.
La longue Paix qui nous berce ,
Est une longue traverse ,
Pour son esprit martial ,
Qui ne méditant que Palmes ,
Se promet en temps moins calmes ,"
Un Bâton de: Maréchal..
Ce troisiéme qui s'adonne ,
A des desseins plus pieux ;
C'est un suppôt de Sorbonne ,
Beau parleur , air gracieux :-
Approuvé de l'Ordinaire
H se fourre dans la Chaire ,
Habile homme et prêchant mal ,
Et flatant sa suffisance ;
Pour sa moindre récompense ,
D'un riche Anneau Pastoral..
Vous , que les doctes Pucelles ,
N'ont point honte d'ennuyer ,
Leurs promesses infidelles ,
Ne tendent qu'à vous jouer ;
Montez sur vos grands Cothurnes ,
De vos fatigues nocturnes
Les fruits seront corrompus ;
Car malgré vos longues veilles ,
Des
178 MERCURE DE FRANCE
Des Racines , des Corneilles ,
Les grands moules sont rompus.
Celui-cy paroît plus sage,
Qui se picquant moins d'esprit
Ne donne qué sur bon gage,
Les sornettes qu'il écrit. ~
Tout coup vaille ; rien n'importe ;
Pourvû qu'on paye à la porte ,.
Tout lui semble indifferent ;.
Permis à de plus habiles ,
De fronder les Vaudevilles ,
De la Foire S. Laurent.
Tel d'une Idolé adorée ,
Fait tout son amusement ,-
Et des jeux de Cytherée ,
Son plaisir et son tourment.
Tel autre dans sa misere,
Croupit et se desespere ,
Pour entasser force écus
,
;
Pendant qu'un Beuveur se flatte ;
De trouver Perse et Surate
Dans la Tonne de Bacchus.
* Allusion à la maniere des Hollandois de
compter les richesses par Tonnes d'or. Surate est un
Port fameux du Mogol , où se fait le plus riche
Commerce de l'Orient.
J'aurois
MAY. 1732.
879
J'aurois , Seigneur , trop d'affaires ,
Si j'essayois d'imiter ,
Tous les divers caracteres,
Qu'Horace aime à debiter ;
Cette stérile abondance ,
Lasseroit la patience ,
Et me rendroit odieux,;
Pour acquerir quelque estime ,
Le sage Orateur supprime ,
Tout verbiage ennuyeux.
Oque j'aurois d'éloquence ,
S'il m'étoit permis un jour,
De détailler à la France ,
Votre zele et votre amour?
Mais quoi ! votre modestie ,
Prendroit ma Muse à partie ,
Et la feroit échouer.
Fiere vertu , qui s'offense
Et nous impose silence ,
Quand nous osons vous louer.
Mais tandis que je me tuë,
A rimer , tant bien que mal ,
Je sens que je perds de vuë ,
Mon charmant Original.
Notre Horace રેà son Mecens
Sou-
880 MERCURE DE FRANCE
Soutient que de l'hyppocrene ,
Le bien seul l'enrichira ,
Et qu'un homme qui s'applique ,
A devenir bon Lyrique ,
Aux Etoiles touchera.
Pour moi qui du cher Parnasse ,
Me suis toujours défié ,
Comme on fait d'un tas de glace ,
Où l'on affeoit mal son pié;
Mon Style le plus superbe ,
Fût-il Racan ou Malherbe ,
Mes plus pathétiques traits ,
N'ont jamais eu la puissance ,
D'augmenter mon opulence ,
D'une charge de Cotrets.
Souhaitons par compagnie,
Non pas,
illustre FLEURY ,
D'Euterpe ou de Polymnie ,
D'être estimé favori :
Ma Muse est bien plus discrete ;
Mais tout ce qu'elle souhaite ,
Son unique ambition ,
C'est , dans cette âpre froidure ,
D'obtenir une doublure ,
Pour ma mince Pension .
Que
MA Y.. 1732.
882
Que si vous m'êtes propice ,
LOUIS , le meilleur des Rois ,
Par faveur ou par justice,
Ecoutera votre voix ;
Remontrez- lui , grand Ministre ,
Que l'hyver sera sinistre ,
Pour les Vieillards.catherreux ;
Pour qui les severes Parques ,
Ont cotté sur leurs Remarques. ,
Huit fois dix et cinq fois deux.
DE SENECE.
à S. E. M. le Cardinal de Fleury..
Espoir
des bons et le mien
Si ce n'est impertinence ,
De se mettre en concurrenceAvec tant de gens de bien. )
Cardinal , dont les épaules ,
A supporter un grand poids ,
Par son seul et digne choix ,
Aident au Maître des Gaules ;
Pour délasser un moment
L'Atlas que chargent nos Poles ,
De mes simples babioles ,
Prenez en gré l'enjoüment ,
Et souffrez que je vous trace
En traits marquez et suivis ,
De l'ingenieux Horace ,
Le Mecenas atavis.
ODE
$76 MERCURE DE FRANCE
Seigneur ,
O D E.
Eigneur tous tant que nous sommes
Chaque esprit a ses objets ;
Chaque cœur chez tous les hommes ,
Forme differens projets :
L'ambition dominante ,
Est des Grands qu'elle régente ,.
La fougueuse passion ,
Pendant que la Petitesse ,
Soupire après la Richesse,
Ou la réputation.,
L'un , qui d'un desir modeste ,
N'eut jamais le cœur atteint ,
Voudroit voir- briller sa veste
Du Portrait de l'Esprit Saint.
Une secrete amertume ,
Le devore et le consume ;
C'est sa tribulation ,
De voir cet honneur sublime ,
Orner des gens qu'il estime
D'une moindre extraction.
L'autre respire la guerre ;:
C'est son ébat , c'est son jeu;
Aux quatre coins de la Terre ,
IF
MAY.
1732. 877
I brule de voir le feu.
La longue Paix qui nous berce ,
Est une longue traverse ,
Pour son esprit martial ,
Qui ne méditant que Palmes ,
Se promet en temps moins calmes ,"
Un Bâton de: Maréchal..
Ce troisiéme qui s'adonne ,
A des desseins plus pieux ;
C'est un suppôt de Sorbonne ,
Beau parleur , air gracieux :-
Approuvé de l'Ordinaire
H se fourre dans la Chaire ,
Habile homme et prêchant mal ,
Et flatant sa suffisance ;
Pour sa moindre récompense ,
D'un riche Anneau Pastoral..
Vous , que les doctes Pucelles ,
N'ont point honte d'ennuyer ,
Leurs promesses infidelles ,
Ne tendent qu'à vous jouer ;
Montez sur vos grands Cothurnes ,
De vos fatigues nocturnes
Les fruits seront corrompus ;
Car malgré vos longues veilles ,
Des
178 MERCURE DE FRANCE
Des Racines , des Corneilles ,
Les grands moules sont rompus.
Celui-cy paroît plus sage,
Qui se picquant moins d'esprit
Ne donne qué sur bon gage,
Les sornettes qu'il écrit. ~
Tout coup vaille ; rien n'importe ;
Pourvû qu'on paye à la porte ,.
Tout lui semble indifferent ;.
Permis à de plus habiles ,
De fronder les Vaudevilles ,
De la Foire S. Laurent.
Tel d'une Idolé adorée ,
Fait tout son amusement ,-
Et des jeux de Cytherée ,
Son plaisir et son tourment.
Tel autre dans sa misere,
Croupit et se desespere ,
Pour entasser force écus
,
;
Pendant qu'un Beuveur se flatte ;
De trouver Perse et Surate
Dans la Tonne de Bacchus.
* Allusion à la maniere des Hollandois de
compter les richesses par Tonnes d'or. Surate est un
Port fameux du Mogol , où se fait le plus riche
Commerce de l'Orient.
J'aurois
MAY. 1732.
879
J'aurois , Seigneur , trop d'affaires ,
Si j'essayois d'imiter ,
Tous les divers caracteres,
Qu'Horace aime à debiter ;
Cette stérile abondance ,
Lasseroit la patience ,
Et me rendroit odieux,;
Pour acquerir quelque estime ,
Le sage Orateur supprime ,
Tout verbiage ennuyeux.
Oque j'aurois d'éloquence ,
S'il m'étoit permis un jour,
De détailler à la France ,
Votre zele et votre amour?
Mais quoi ! votre modestie ,
Prendroit ma Muse à partie ,
Et la feroit échouer.
Fiere vertu , qui s'offense
Et nous impose silence ,
Quand nous osons vous louer.
Mais tandis que je me tuë,
A rimer , tant bien que mal ,
Je sens que je perds de vuë ,
Mon charmant Original.
Notre Horace રેà son Mecens
Sou-
880 MERCURE DE FRANCE
Soutient que de l'hyppocrene ,
Le bien seul l'enrichira ,
Et qu'un homme qui s'applique ,
A devenir bon Lyrique ,
Aux Etoiles touchera.
Pour moi qui du cher Parnasse ,
Me suis toujours défié ,
Comme on fait d'un tas de glace ,
Où l'on affeoit mal son pié;
Mon Style le plus superbe ,
Fût-il Racan ou Malherbe ,
Mes plus pathétiques traits ,
N'ont jamais eu la puissance ,
D'augmenter mon opulence ,
D'une charge de Cotrets.
Souhaitons par compagnie,
Non pas,
illustre FLEURY ,
D'Euterpe ou de Polymnie ,
D'être estimé favori :
Ma Muse est bien plus discrete ;
Mais tout ce qu'elle souhaite ,
Son unique ambition ,
C'est , dans cette âpre froidure ,
D'obtenir une doublure ,
Pour ma mince Pension .
Que
MA Y.. 1732.
882
Que si vous m'êtes propice ,
LOUIS , le meilleur des Rois ,
Par faveur ou par justice,
Ecoutera votre voix ;
Remontrez- lui , grand Ministre ,
Que l'hyver sera sinistre ,
Pour les Vieillards.catherreux ;
Pour qui les severes Parques ,
Ont cotté sur leurs Remarques. ,
Huit fois dix et cinq fois deux.
DE SENECE.
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Résumé : PARODIE de la premiere Ode d'Horace, à S. E. M. le Cardinal de Fleury. / Ode.
Le texte est une parodie de la première Ode d'Horace dédiée à S. E. M. le Cardinal de Fleury. L'auteur commence par exprimer son espoir de ne pas être impertinent en se comparant à des personnes de bien. Il loue ensuite le Cardinal pour son soutien au roi de France et lui offre une œuvre légère destinée à le divertir. L'auteur décrit diverses ambitions humaines, telles que l'ambition des grands, le désir de richesse, la quête de réputation, l'aspiration à des honneurs religieux, ou encore le goût pour la guerre et les distinctions militaires. Il critique également ceux qui se consacrent à des études doctes mais stériles. L'auteur conclut en exprimant son admiration pour Horace et son mécène, tout en soulignant modestement que ses propres écrits n'ont jamais enrichi leur auteur. Il souhaite simplement obtenir une augmentation de sa pension pour mieux affronter l'hiver.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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85
s. p.
ODE A M. l'Evêque de Metz, Duc et Pair de France.
Début :
Scavantes Nymphes du Permesse, [...]
Mots clefs :
France, Coeur, Amour, Évêque de Metz, Louange, Temple
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texteReconnaissance textuelle : ODE A M. l'Evêque de Metz, Duc et Pair de France.
ODE
A M. l'Evêque de Metz , Duc et Pair
S
de France,
Cavantes Nymphes du Permesse ,
Secondez-moi de vos leçons ;
Je veux soutenir la Noblesse ,
De vos immortelles Chansons ;
Dans le doux transport qui m'inspire ,
Je pense déja que ma Lyre,
Traîne les Rochers et les Bois ;
Et que de la Mozelle au Gange ,
A ij Elle
2100 MERCURE DE FRANCE
Elle va porter la loüange ,
Du grand Prélat dont j'ai fait choix.
Coislin , l'ornement de notre âge.
Cefut pour nous un grand bonheur
Quand des Monarques le plus sage
Te choisit pour notre Pasteur ;
D'abord ta sage vigilance ,
Loin de toi bannit l'ignorance ,
Qui se glissoit dans ton Clergé ;
Qui ne sait que dans tes Ecoles ,
Nourri des divines paroles ,
Dans peu de temps il fut changé ?a
Tendre Pere pour tes ouailles ,
Tu ne bornes pas là tes soins ;
Leurs maux déchirant tes entrailles ,
Tu pourvois à tous leurs besoins,
Pour tirer la Fille égarée ,
D'un lieu qui l'a deshonorée ,
Tu fais élever un Saint lieu ;
C'est là que , grace au bon exemple ,
Son cœur souillé devient le Temple ,
De l'amour qu'on doit au vrai Dicu.
Bientôt en faveur du malade ,
Denué de soulagement ,
Ta
OCTOBRE. 1732. 2101
·
Ta charité te persuade,
De faire un vaste logement s
Là , par ta sage prévoyance
I1 reçoit avec abondance ,
Les secours les plus précieux ;
Pour prix de cet amour si tendre ,
N'es-tu pas en droit de prétendre
Une couronne dans les Cieux ?
Par les voix de la Renommée ,
Qui vole en cent climats divers ,
Ta vertu se trouve semée
Dans tous les coins de l'Univers.
Pour la garantir des naufrages,
Qui peuvent suivre les orages ,
Du vaste Ocean où tu cours
La Piété te sert de guide ,
Et te prete un secours solide ,
Contre les vices de nos jours.
Dans ses yeux , la grace allumée ,
D'un feu pur et rempli d'appas
Te fait d'inutile fumée ,
Traiter tous les biens d'ici-bas.
>
Ton cœur ne connoît leur usage ,
Que par le genereux partage ,
Qu'il en accorde aux malheureux ;
A iij Come
2102 MERCURE DE FRANCE
Combien languiroient dans les chaînes,
Qui sont délivrez de leurs peines ,
Par tes dons répandus ( 1 ) sur eux ?
Icy je vois un Seminaire ,
Fondé pour le Clerc indigent ;
Là , des Temples tombez par terre
Relevez par ton zele ardent.
Tel que , dans sa vaste carriere
Le Soleil porte sa lumiere ,
Aux differentes Nations ;
Telles tes bontez secourables ,
S'étendent sur les misérables ,
De toutes les conditions.
Des doux effets de ta largesse ,
Quels sont ces nouveaux monumens !
J'admire ta haute sagesse ,
Dans ces suberbes ( 2 ) bâtimens :
C'est peu d'embellir notre Ville ;
Ils servent de frein et d'azile ;
Le Soldat s'y tient rassemblé ;
( 1 ) Ala naissance de Monseigneur le Dauphin,
il a payé les dettes d'un grand nombre de Prisonniers , qui ont été mis en liberté.
( 2 ) Il afait construire deux grands Corps de
Cazernes , qui forment avec leurs Pavillons , une Place magnifique.
Par
5
OCTOBRE. 1732.
2103 Par tes soins la foible innocence ,
N'est plus en proye à la licence ;
Notre sommeil n'est plus troublé.
Mais de quelle affreuse misere ,
L'humble Artisan est délivré !
Il est maître de son salaire ,
Du Soldat jadis ( 1 ) dévoré ;
Tranquille , à couvert des insultes ;
De cet Hôte , ami des tumultes ,
Il benit l'auteur de son sort ;
Et dans un sort si favorable ,
Il baise la main secourable
Qui l'a fait entrer dans le Port.
C'est pour consacrer la mémoire
De tant de celebres bienfaits ,
Qu'au Ciel nous élevons ta gloire ,
Qui ne s'effacera jamais ;
Parmi des accords magnifiques ,
On n'entend que sacrez Cantiques
Dans les Temples du Dieu jaloux ,
Là, nos cœurs , d'une sainte audace ,
Lui demandent pour toute grace
Que tu vives cent ans pour nous.
( 1 ) Avant qu'il y eut des Cazernes , on fourpissoit aux Soldats le logement , le lit , le bois , la chandelle et toutes les ustancilles du ménage.
Aiiij Dans
2104 MERCURE DE FRANCE
>
Dans ce jour de réjouissance
Qui ne s'empresse avec ardeur
A marquer la reconnoissance
Qui le pénétre jusqu'au cœur
On ne voit que Tables riantes ,
Que Feux dont les flammes brillantes ,
Font de la nuit un nouveau jour.
Mais tous nos efforts pour te plaire ,
Ne sont qu'une image légere
Des sentimens de notre amour.
O toy , dont le ferme courage ,
A travers les Ondes du Rhin ,
Se fit un glorieux passage ,
Qui nous mit les Palmes ( 1 ) en main ;
Que dis- tu des travaux illustres
Qui sans cesse depuis sept lustres ,
Occupent ton sage héritier ?
Digne fils d'un si noble Pere ,
De la vertu la plus austere ,
Il suit le pénible sentier.
Que dis-tu quand tu consideres
Ce prodige d'humilité
Y
( 1 ) En 1672. son pere Armand du Cambout ;
Duc de Coislin, Pair de France , et Lieutenant General des Armées du Roy , se signala avec éclat an
fameux passage duRhin.
Se
OCTOBRE. 1732 2105
Se plaindre des respects sinceres ,
Que nous rendons à sa bonté ? ,
Dans sa contenance modeste ,
Eclate une vertu celeste ,
En qui nous mettons notre appui
Quel témoignage plus fidele
Qu'un jour il sera le modele ,
De ceux qui viendront après lui
A M. l'Evêque de Metz , Duc et Pair
S
de France,
Cavantes Nymphes du Permesse ,
Secondez-moi de vos leçons ;
Je veux soutenir la Noblesse ,
De vos immortelles Chansons ;
Dans le doux transport qui m'inspire ,
Je pense déja que ma Lyre,
Traîne les Rochers et les Bois ;
Et que de la Mozelle au Gange ,
A ij Elle
2100 MERCURE DE FRANCE
Elle va porter la loüange ,
Du grand Prélat dont j'ai fait choix.
Coislin , l'ornement de notre âge.
Cefut pour nous un grand bonheur
Quand des Monarques le plus sage
Te choisit pour notre Pasteur ;
D'abord ta sage vigilance ,
Loin de toi bannit l'ignorance ,
Qui se glissoit dans ton Clergé ;
Qui ne sait que dans tes Ecoles ,
Nourri des divines paroles ,
Dans peu de temps il fut changé ?a
Tendre Pere pour tes ouailles ,
Tu ne bornes pas là tes soins ;
Leurs maux déchirant tes entrailles ,
Tu pourvois à tous leurs besoins,
Pour tirer la Fille égarée ,
D'un lieu qui l'a deshonorée ,
Tu fais élever un Saint lieu ;
C'est là que , grace au bon exemple ,
Son cœur souillé devient le Temple ,
De l'amour qu'on doit au vrai Dicu.
Bientôt en faveur du malade ,
Denué de soulagement ,
Ta
OCTOBRE. 1732. 2101
·
Ta charité te persuade,
De faire un vaste logement s
Là , par ta sage prévoyance
I1 reçoit avec abondance ,
Les secours les plus précieux ;
Pour prix de cet amour si tendre ,
N'es-tu pas en droit de prétendre
Une couronne dans les Cieux ?
Par les voix de la Renommée ,
Qui vole en cent climats divers ,
Ta vertu se trouve semée
Dans tous les coins de l'Univers.
Pour la garantir des naufrages,
Qui peuvent suivre les orages ,
Du vaste Ocean où tu cours
La Piété te sert de guide ,
Et te prete un secours solide ,
Contre les vices de nos jours.
Dans ses yeux , la grace allumée ,
D'un feu pur et rempli d'appas
Te fait d'inutile fumée ,
Traiter tous les biens d'ici-bas.
>
Ton cœur ne connoît leur usage ,
Que par le genereux partage ,
Qu'il en accorde aux malheureux ;
A iij Come
2102 MERCURE DE FRANCE
Combien languiroient dans les chaînes,
Qui sont délivrez de leurs peines ,
Par tes dons répandus ( 1 ) sur eux ?
Icy je vois un Seminaire ,
Fondé pour le Clerc indigent ;
Là , des Temples tombez par terre
Relevez par ton zele ardent.
Tel que , dans sa vaste carriere
Le Soleil porte sa lumiere ,
Aux differentes Nations ;
Telles tes bontez secourables ,
S'étendent sur les misérables ,
De toutes les conditions.
Des doux effets de ta largesse ,
Quels sont ces nouveaux monumens !
J'admire ta haute sagesse ,
Dans ces suberbes ( 2 ) bâtimens :
C'est peu d'embellir notre Ville ;
Ils servent de frein et d'azile ;
Le Soldat s'y tient rassemblé ;
( 1 ) Ala naissance de Monseigneur le Dauphin,
il a payé les dettes d'un grand nombre de Prisonniers , qui ont été mis en liberté.
( 2 ) Il afait construire deux grands Corps de
Cazernes , qui forment avec leurs Pavillons , une Place magnifique.
Par
5
OCTOBRE. 1732.
2103 Par tes soins la foible innocence ,
N'est plus en proye à la licence ;
Notre sommeil n'est plus troublé.
Mais de quelle affreuse misere ,
L'humble Artisan est délivré !
Il est maître de son salaire ,
Du Soldat jadis ( 1 ) dévoré ;
Tranquille , à couvert des insultes ;
De cet Hôte , ami des tumultes ,
Il benit l'auteur de son sort ;
Et dans un sort si favorable ,
Il baise la main secourable
Qui l'a fait entrer dans le Port.
C'est pour consacrer la mémoire
De tant de celebres bienfaits ,
Qu'au Ciel nous élevons ta gloire ,
Qui ne s'effacera jamais ;
Parmi des accords magnifiques ,
On n'entend que sacrez Cantiques
Dans les Temples du Dieu jaloux ,
Là, nos cœurs , d'une sainte audace ,
Lui demandent pour toute grace
Que tu vives cent ans pour nous.
( 1 ) Avant qu'il y eut des Cazernes , on fourpissoit aux Soldats le logement , le lit , le bois , la chandelle et toutes les ustancilles du ménage.
Aiiij Dans
2104 MERCURE DE FRANCE
>
Dans ce jour de réjouissance
Qui ne s'empresse avec ardeur
A marquer la reconnoissance
Qui le pénétre jusqu'au cœur
On ne voit que Tables riantes ,
Que Feux dont les flammes brillantes ,
Font de la nuit un nouveau jour.
Mais tous nos efforts pour te plaire ,
Ne sont qu'une image légere
Des sentimens de notre amour.
O toy , dont le ferme courage ,
A travers les Ondes du Rhin ,
Se fit un glorieux passage ,
Qui nous mit les Palmes ( 1 ) en main ;
Que dis- tu des travaux illustres
Qui sans cesse depuis sept lustres ,
Occupent ton sage héritier ?
Digne fils d'un si noble Pere ,
De la vertu la plus austere ,
Il suit le pénible sentier.
Que dis-tu quand tu consideres
Ce prodige d'humilité
Y
( 1 ) En 1672. son pere Armand du Cambout ;
Duc de Coislin, Pair de France , et Lieutenant General des Armées du Roy , se signala avec éclat an
fameux passage duRhin.
Se
OCTOBRE. 1732 2105
Se plaindre des respects sinceres ,
Que nous rendons à sa bonté ? ,
Dans sa contenance modeste ,
Eclate une vertu celeste ,
En qui nous mettons notre appui
Quel témoignage plus fidele
Qu'un jour il sera le modele ,
De ceux qui viendront après lui
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Résumé : ODE A M. l'Evêque de Metz, Duc et Pair de France.
Le texte est une ode dédiée à Armand de Coislin, évêque de Metz, Duc et Pair de France. L'auteur invoque les muses pour célébrer la noblesse et la vertu de l'évêque. Il loue la sagesse et la vigilance de Coislin, qui a banni l'ignorance dans son clergé et a fondé des écoles pour former les fidèles. L'évêque est décrit comme un père attentionné pour ses ouailles, prenant soin de leurs besoins spirituels et matériels. Il a construit des lieux saints pour les filles égarées et des logements pour les malades. Sa charité et sa piété sont soulignées, ainsi que son dévouement envers les malheureux et les indigents. L'auteur mentionne également des actions spécifiques de Coislin, comme la fondation d'un séminaire pour les clercs pauvres et la reconstruction de temples. Il admire la sagesse et la générosité de l'évêque, qui a embelli la ville et construit des casernes pour protéger les habitants. L'ode se termine par une prière pour que l'évêque vive longtemps et par des louanges à son fils, qui suit les traces de son père avec humilité et vertu.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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86
s. p.
LE PROGRÈS DE L'ART DES JARDINS, Sous le Régne de Louis XIV.
Début :
Quelque éclat que LOUIS ait acquis [...]
Mots clefs :
Prière, Roi, France, Progrès, Art des jardins, Louis XIV, Spectacle
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE PROGRÈS DE L'ART DES JARDINS, Sous le Régne de Louis XIV.
LE PROGRES
DE L'ART
DES JARDINS,
Sous le Régne de Louis XIV.
Q+
Velque éclat que Lours ait acquis
par la Guerre ,
Il n'étoit pas toujours armé de sor Tonnere :
Quand la paix importoit au bien de ses Etats ,
Son cœur à ses douceurs ne se refusoit pas.
Aij Ma
2312 MERCURE DE FRANCE
Mais prenant son devoir de plus en plus pous
guide ,
D'un loisir paresseux il abhorroit le vuide ,
Et sans cesse occupé de mille soins nouveaux
Il ne se délassoit qu'à changer de travaux.
Ainsi , lorsque la paix trop long-tems fugi tive
Venoit à ses Lauriers marier son Olive ,
Egalant tour à tour les deux premiers Cé
sars ,
D'un regard favorable il honoroit les Arts.
Que dis- je même au fort des fureurs de Bel
lone
Il les faisoit fleurir à l'abri de son Trône ,
Et comblant les Sçavans et d'honneurs et dø biens ,
Il se les attachoit par les plus doux liens.
Eh! combien d'Arts aussi sous son heureux Ema
pire
A leur perfection n'a- t- on pas sçu conduire
Combien en a- t- on fait éclore d'inconnus ,
Et revenir au jour qui n'étoient déja plus ?
Les fruits presque étouffez au point de leur nais sance
Marquoient de nos Jardins la sterile impuis- sance ,
Ou par un sort semblable à la sterilité ,
Ils ne parvenoient point à leur maturité ;
Ils ne contractoient point ce coloris aimable
Le
NOVEMBRE. 1732. 2319
Le charme des regards , l'ornement de la Tag ble ,
Ni de ce goût exquis les savoureux appas
Dignes de contenter les palais délicats.
A
, peine , à peine même en la saison now
velle >
Par des légumes vils la térre payoit-elle
Des tristes Jardiniers les inutiles soins ;
Et le Ciel dédaignoit la voix de nos besoins.'
LOUIS veut y pourvoir , Lours dont la pruž dence
Egale la grandeur et la vaste puissance
Et dont l'esprit doüé d'un fin discernement
Sçait des talens divers profiter sagement.
Il voit la Quintynie , il le goûte , il l'ad
nime
Par les gages flateurs de la plus haute es time >
Et de ses propres yeux éclairant ses essais ,
Bien-tôt sur ses Jardins il en vit le succês.
Oui , bien-tôt il y vit ces fertiles Parterres ,
Ces Vergers fructueux , ces odorantes Serres ,
Et de ces Espaliers les dons appétissans ,
Par qui la volupté s'offroit à tous les sens.
Mais non c'étoit trop peu que , de la Quin
tynie ,
Ces fortunez Enclos montrassent le génie ,
Louis , qu'un cœur sublime en ses desseins con
duit ,
Aiij Veut
2314 MERCURE DE FRANCE.
Veut que toute la France en partage le fruit.
Aux ordres de son Roi ce grand homme est f
dele ;
D'un Jardinier parfait devenu le modele ,
Il en consigne l'Art dans un Livre fameux ,
Qui jusqu'aux derniers tems instruira nos Ne veux.
C'est là que penetrant jusqu'aux causes pre mieres ?
Au sein de la Nature il porte ses lumieres ,
Et de l'expérience empruntant le secours.
Des antiques erreurs désabuse nos jours.
C'est là qu'il nous prescrit la méthode pr dente
De choisir un terrain propre pour chaque
plante ;
Le moyen d'en connoître et d'en guérir log.
maux ,
Soulager les besoins , corriger les défauts.
C'est là que l'on apprend quelle adroite cul
ture
Peut hâter les progrès de la lente Nature ,
Ou , des Arbres trompeurs prévenant les af- fronts ,
Contraindre leurs rameaux à devenir féconds ;
Rameaux (qui l'auroit crû ) dont la séve as servie
Va se distribuer au gré de notre envie ,.
Et présente les fruits tellement dispersez ,
Qu'à peine avec la main on les eut mieux pla C'est
NOVEMBRE. 1732 2315
' est là qu'on va puiser la divine Science ,
Qui des Astres malins corrige l'influence ,
Par qui sur les Jardins l'hyyer n'a plus da
droits ,
Et dont la Terre enfin semble prendre des
loix.
Mais quelques dons qu'en soi le même esprig
rassemble ,
Il ne peut renfermer tous les talens ensemble.
Embrassant des Jardins la seule utilité ,
Ce Sçavant n'en avoit qu'ébauché la beauté.
Pour couronner l'ouvrage il en falloit u
autre 11
UA
D'un goût fin , délicat , tel enfin que le No
11201
Qui d'un Art enchanteur déployant les se
crets
A la Nature même, ajoutat des attraits.
Vous l'avez éprouvé , Fontainebleau , Versail les :
De vos Palais dorez les pompeuses murail
Jes ,
Et la riche splendeur de vos appartemens
J
Ne font pas tout l'objet de nos ravissemens ;
Et sans vanter ici les insignes spectacles ,
Dont à mille autres Arts vous devez les min
cles ,
L'Art sur qui ce grand Maître a porté le flame beau
tale en vos Jardins un spectacle aussi beau.
A iij C'est
316 MERCURE DE FRANCE
C'est à lui que l'on doit la galante parure
De ces Ifs qu'à son gré l'habile main
gure ,
Et de ces Boulingrains les tapis toujour verds ,
Par qui nous oublions l'outrage des hivers :
C'est à lui que l'on doit ces tentures fleu ries ,
Dont le riant aspect flatte nos rêveries •
Et ces voutes d'Ormeaux , dont le feuillage
épais
Au milieu des chaleurs nous fait goûter le
frais.
C'est à lui que l'on doit ces Cascades bril lantes ,
Et ces superbes Eaux jusqu'au Ciel jaillissan tes ;
Illustres Monumens où nos yeux éblouis
Reconnoissent le Régne et les soins de LOUIS
Priere pour le Roy.
Grand Dieu , qui dans le Roi que la France
pour Maître ,
As versé toutes les vertus
Qui le rendent dignes de l'être ;
Conserve-nous long- tems ce moderne Titus
Augmente d'année en année
Les fruits de son tendre hymenée;
Et fais à nos derniers Neveux ,
( En
NOVEMBRE. 1732. 2317.
( En transmettant son Trône à sa Lignée au
guste )
Goûter l'Empire doux et juste ,
Qui comble aujourd'hui tous nos vœux,
Arboribus morem imposuit Populisque.
Varier. Præd. Rust.
DE L'ART
DES JARDINS,
Sous le Régne de Louis XIV.
Q+
Velque éclat que Lours ait acquis
par la Guerre ,
Il n'étoit pas toujours armé de sor Tonnere :
Quand la paix importoit au bien de ses Etats ,
Son cœur à ses douceurs ne se refusoit pas.
Aij Ma
2312 MERCURE DE FRANCE
Mais prenant son devoir de plus en plus pous
guide ,
D'un loisir paresseux il abhorroit le vuide ,
Et sans cesse occupé de mille soins nouveaux
Il ne se délassoit qu'à changer de travaux.
Ainsi , lorsque la paix trop long-tems fugi tive
Venoit à ses Lauriers marier son Olive ,
Egalant tour à tour les deux premiers Cé
sars ,
D'un regard favorable il honoroit les Arts.
Que dis- je même au fort des fureurs de Bel
lone
Il les faisoit fleurir à l'abri de son Trône ,
Et comblant les Sçavans et d'honneurs et dø biens ,
Il se les attachoit par les plus doux liens.
Eh! combien d'Arts aussi sous son heureux Ema
pire
A leur perfection n'a- t- on pas sçu conduire
Combien en a- t- on fait éclore d'inconnus ,
Et revenir au jour qui n'étoient déja plus ?
Les fruits presque étouffez au point de leur nais sance
Marquoient de nos Jardins la sterile impuis- sance ,
Ou par un sort semblable à la sterilité ,
Ils ne parvenoient point à leur maturité ;
Ils ne contractoient point ce coloris aimable
Le
NOVEMBRE. 1732. 2319
Le charme des regards , l'ornement de la Tag ble ,
Ni de ce goût exquis les savoureux appas
Dignes de contenter les palais délicats.
A
, peine , à peine même en la saison now
velle >
Par des légumes vils la térre payoit-elle
Des tristes Jardiniers les inutiles soins ;
Et le Ciel dédaignoit la voix de nos besoins.'
LOUIS veut y pourvoir , Lours dont la pruž dence
Egale la grandeur et la vaste puissance
Et dont l'esprit doüé d'un fin discernement
Sçait des talens divers profiter sagement.
Il voit la Quintynie , il le goûte , il l'ad
nime
Par les gages flateurs de la plus haute es time >
Et de ses propres yeux éclairant ses essais ,
Bien-tôt sur ses Jardins il en vit le succês.
Oui , bien-tôt il y vit ces fertiles Parterres ,
Ces Vergers fructueux , ces odorantes Serres ,
Et de ces Espaliers les dons appétissans ,
Par qui la volupté s'offroit à tous les sens.
Mais non c'étoit trop peu que , de la Quin
tynie ,
Ces fortunez Enclos montrassent le génie ,
Louis , qu'un cœur sublime en ses desseins con
duit ,
Aiij Veut
2314 MERCURE DE FRANCE.
Veut que toute la France en partage le fruit.
Aux ordres de son Roi ce grand homme est f
dele ;
D'un Jardinier parfait devenu le modele ,
Il en consigne l'Art dans un Livre fameux ,
Qui jusqu'aux derniers tems instruira nos Ne veux.
C'est là que penetrant jusqu'aux causes pre mieres ?
Au sein de la Nature il porte ses lumieres ,
Et de l'expérience empruntant le secours.
Des antiques erreurs désabuse nos jours.
C'est là qu'il nous prescrit la méthode pr dente
De choisir un terrain propre pour chaque
plante ;
Le moyen d'en connoître et d'en guérir log.
maux ,
Soulager les besoins , corriger les défauts.
C'est là que l'on apprend quelle adroite cul
ture
Peut hâter les progrès de la lente Nature ,
Ou , des Arbres trompeurs prévenant les af- fronts ,
Contraindre leurs rameaux à devenir féconds ;
Rameaux (qui l'auroit crû ) dont la séve as servie
Va se distribuer au gré de notre envie ,.
Et présente les fruits tellement dispersez ,
Qu'à peine avec la main on les eut mieux pla C'est
NOVEMBRE. 1732 2315
' est là qu'on va puiser la divine Science ,
Qui des Astres malins corrige l'influence ,
Par qui sur les Jardins l'hyyer n'a plus da
droits ,
Et dont la Terre enfin semble prendre des
loix.
Mais quelques dons qu'en soi le même esprig
rassemble ,
Il ne peut renfermer tous les talens ensemble.
Embrassant des Jardins la seule utilité ,
Ce Sçavant n'en avoit qu'ébauché la beauté.
Pour couronner l'ouvrage il en falloit u
autre 11
UA
D'un goût fin , délicat , tel enfin que le No
11201
Qui d'un Art enchanteur déployant les se
crets
A la Nature même, ajoutat des attraits.
Vous l'avez éprouvé , Fontainebleau , Versail les :
De vos Palais dorez les pompeuses murail
Jes ,
Et la riche splendeur de vos appartemens
J
Ne font pas tout l'objet de nos ravissemens ;
Et sans vanter ici les insignes spectacles ,
Dont à mille autres Arts vous devez les min
cles ,
L'Art sur qui ce grand Maître a porté le flame beau
tale en vos Jardins un spectacle aussi beau.
A iij C'est
316 MERCURE DE FRANCE
C'est à lui que l'on doit la galante parure
De ces Ifs qu'à son gré l'habile main
gure ,
Et de ces Boulingrains les tapis toujour verds ,
Par qui nous oublions l'outrage des hivers :
C'est à lui que l'on doit ces tentures fleu ries ,
Dont le riant aspect flatte nos rêveries •
Et ces voutes d'Ormeaux , dont le feuillage
épais
Au milieu des chaleurs nous fait goûter le
frais.
C'est à lui que l'on doit ces Cascades bril lantes ,
Et ces superbes Eaux jusqu'au Ciel jaillissan tes ;
Illustres Monumens où nos yeux éblouis
Reconnoissent le Régne et les soins de LOUIS
Priere pour le Roy.
Grand Dieu , qui dans le Roi que la France
pour Maître ,
As versé toutes les vertus
Qui le rendent dignes de l'être ;
Conserve-nous long- tems ce moderne Titus
Augmente d'année en année
Les fruits de son tendre hymenée;
Et fais à nos derniers Neveux ,
( En
NOVEMBRE. 1732. 2317.
( En transmettant son Trône à sa Lignée au
guste )
Goûter l'Empire doux et juste ,
Qui comble aujourd'hui tous nos vœux,
Arboribus morem imposuit Populisque.
Varier. Præd. Rust.
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Résumé : LE PROGRÈS DE L'ART DES JARDINS, Sous le Régne de Louis XIV.
Sous le règne de Louis XIV, le roi, connu pour ses conquêtes militaires, appréciait également la paix et les arts. Lors des périodes de tranquillité, il se consacrait au développement des arts et des jardins, honorant les artistes et les savants en leur accordant des honneurs et des biens. Avant l'intervention de Louis XIV, les jardins français étaient stériles et improductifs, avec des fruits rares et de mauvaise qualité. Le roi, avec sa prudence et sa puissance, décida de remédier à cette situation en découvrant et soutenant La Quintinie, un expert en jardinage. Grâce à La Quintinie, les jardins du roi devinrent fertiles et productifs, offrant des parterres, des vergers, des serres et des espaliers. La Quintinie consigna son art dans un livre célèbre, instruisant les générations futures sur la culture des jardins, le choix du terrain, le soin des maladies et les techniques pour hâter la croissance des plantes. Cependant, La Quintinie se concentrait principalement sur l'utilité des jardins. Pour ajouter beauté et charme, un autre expert, probablement André Le Nôtre, fut nécessaire. Ce dernier apporta un goût fin et délicat aux jardins, créant des paysages enchanteurs avec des parures galantes d'ifs, des tapis de boulingrins, des tentures fleuries, des voûtes d'ormeaux, des cascades brillantes et des eaux jaillissantes. Ces éléments devinrent des monuments illustres du règne de Louis XIV. Le texte se termine par une prière pour le roi, demandant à Dieu de conserver Louis XIV et de transmettre son trône à sa lignée auguste, afin que les générations futures puissent continuer à profiter de son règne doux et juste.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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87
p. 2738-2761
EXTRAIT des Plaidoyers prononcez au College de Louis le Grand.
Début :
On continue à faire dans ce College tous les ans avec un succès constant [...]
Mots clefs :
Collège de Louis le Grand, Plaidoyers, Père de la Santé, Délibération, Luxe, Rhétorique, Duel, Combat, Citoyens, Oisiveté, Indépendance, Prince, Discours, France
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT des Plaidoyers prononcez au College de Louis le Grand.
EXTRAIT des Plaidoyers prononcer
an College de Louis le Grand.
Ο
N continue à faire dans ce College
tous les ans avec un succès constant
des Plaidoyers François , qui pour l'or- dinaire se font sur des sujets propres à
former l'esprit et le cœur de la jeune
Noblesse qu'on y éleve .
Le Pere de la Sante , Jesuite , l'un des
Professeurs de Rhétorique , en fit réciter
un le 27. d'Août dernier , dont nous allons donner l'Extrait , et dont voici le
sujet tel qu'il étoit dans le Programme
imprimé.
II. Vol. DE-
DECEMBRE. 1732. 2739
DELIBERATION concernant la
jeune Noblesse d'un Etat. Sujet traité
en forme de Plaidoyer François , par
les Rhétoriciens du College de Louis
LE GRAND.
Le jeune Casimir , Prince des plus verò
tueux qu'ait eûs la Pologne , indigné des désordres qui commençoient à s'introduire parmi la jeune Noblesse de sa Cour , pressa
fortement le Roy son pere de réprimer cette
licence par des Loix salutaires. Le Roy
Casimir III. surnommé le Grand , établit
pour cet effet une Commission , à la tête de
laquelle il mit le Prince son fils , avec plein.
pouvoir de regler tout ce qu'il jugeroit de
plus convenable au bien public , après avoir
entendu les discours et pris les avis des Commissaires.
Casimir nomme pour la discussion de cette
importante affaire,quelques Seigneurs des plus
reglez et des mieux instruits de la conduite
des jeunes gens ; il leur ordonne de proposer
en sa présence ce qui leur semble le plus
répréhensible , et même d'indiquer les moyens
qui leur paroissent les plus capables d'ar
rêter le cours du mal ; il leur promet au
nom du Roy une place plus ou moins distinguée dans le Conseil d'Etat , suivant
Putilité plus ou moins grande de la découII. Vol A v verte
2740 MERCURE DE FRANCE
verte qu'ils feront et de la Loy qu'ils suggereront en cette Seance.
Le premier qui parle , porte sa plainte contre le Luxe ou les folles dépenses.
Le second contre le Duel on le faux
point d'honneur.
Le troisieme , contre l'oisiveté ou la fai
neantise.
Le quatrième , contre l'indépendance des
jeunes Seigneurs.
Chacun d'eux prétend que le desordre qu'il
releve, mérite le plus l'attention du Prince ,
et la séverité des Loix. Casimir dresse les
articles de la Loy , décide sur l'ordre qu'on
·garderà dans l'execution, et regle le rang que
les quatre Commissaires tiendront dans le
Conseil d'Etat. Tel est l'objet de cette déliberation et dujugement qui la doit suivre.
Casimir , dans un Discours Préliminaire , fait voir quelle doit être la vigilance d'un Prince sur tous les Membres d'un Etat et particulierement sur la
conduite de la jeune Noblesse , dont les
exemples sont d'une utile ou dangereuse
consequence, parce que donnant des Maîtres au Peuple , elle doit aussi lui donner des modelles. Il invite les Seigneurs
qui composent son Conseil à l'éclairer de
leurs lumieres dans la délibération qui
doit préceder le Reglement general.
II. Vol. Ex-
DECEMBRE. 1732. 2741
}
EXTRAIT DU I. DISCOURS.
Contre le Luxe.
Les Partisans du Luxe employent deux
prétextes pour colorer leurs folles dépenses ; 1. elles sont , disent- ils , nécessaires pour soutenir leur rang. 2 ° . Elles
contribuent même à la gloire et à l'utilité de la Nation. Le jeune Orateur employe deux veritez pour réfuter ces deux
prétextes ; 1º . le Luxe , bien loin de
mettre la jeune Noblesse en état de soutenir son rang , ruine les esperances des
plus grandes Maisons. 2 ° . Le Luxe , bien
loin d'être glorieux et utile à la Nation
épuise les plus sures ressources.
Premiere Partie.
Sur quoi est fondée l'esperance d'une
grande Maison sur opulence qu'elle
possede ou qu'elle attend. Le Luxe épuise
l'une et met hors d'état d'acquerir l'autre. Sur le mérite de ceux qui la compo-.
sent ? Un homme livré au luxe n'a gueres d'autre mérite que celui de bien arranger un repas , et d'autre talent que
celui de se ruiner avec éclat sur les places distinguées qu'elle peut occuper ? mais
ou ces places sont venales , et alors ces
II. Vol. A vj jeunes
2742 MERCURE DE FRANCE
jeunes dissipateurs trouveront-ils de quoi
les acheter ? ou c'est la liberalité du Prince
qui en fait la récompense de la capacité
et de l'application d'un sujet habile et
laborieux ; sont- ils de ce caractere sur
les alliances honorables qu'elle peut former mais où les trouver ? parmi des
égaux ? qui d'entre eux voudra courir les
risques de voir des biens , le fruit de ses
sueurs , devenir la proye d'un prodigue
qui en a déja tant dissipé ... pour soutenir une maison chancelante; il faudra
donc la dégrader , et mêlant un sang
illustre avec celui de quelqu'une de ces
familles ennoblies par une rapide et suspecte opulence , acheter des biens aux dépens de l'honneur , et former des nœuds
peu sortables , qui font la honte des Nobles et le ridicule des Riches ... Qu'estce qui a forcé tant de familles illustres
tombées par l'indigence dans une espece
de roture , à s'ensevelir dans le sombre
réduit d'une Campagne ignoré ? quest- ce
qui a confondu avec les fils des Artisans
les descendans de tant de Héros , dont
les mains enchaînées par la pauvreté , ne
peuvent plus manier d'autre fer que celui
des vils instrumens de leur travail ! remontons à la source : c'est un Pere ou un
Ayeul prodigue qui a donné dans tous les
II. Vol. travers
DECEMBRE. 1732. 2743
travers du faste. Posterité nombreuse que
vous êtes à plaindre ! faut- il qu'un Pere
dissipateur enfante tant de miseres et dé
sole tant de miserables ? .. Le luxe n'est .
pas moins préjudiciable à l'Etat dont il
épuise les ressources.
Seconde Partie.
Il est certaines occasions d'éclat qui authorisent une magnificence extraordinaire: elle est alors légitime pour le particu .
lier , et glorieuse pour la nation. Mais
que ces mêmes Seigneurs n'écoutant que
leur passion pour le luxe , dissipent en
dépenses frivoles et le bien qu'ils ont , et
celui qu'ils doivent , et celui qu'ils esperent ; c'est un abus criminel , c'est une injustice criante contre les droits du Prince,
de leurs créanciers , de leurs enfans et de
la nation entiere , dont elle ruine le commerce , et dont par - là elle épuise les ressources.
"
Il est certains besoins qui obligent le
Prince à demander des secours pour la
conservation de tout le corps de l'Etat :
si les particuliers prodiguent leurs fonds ,
comment préteront ils leur ministere au maintien de tout ce corps ? le commerce
nesera-t-il pas détruit,quand le marchand,
faute d'être payé, sera hors d'état de payer
II. Fol lui
2744 MERCURE DE FRANCE
lui-même , et quand obligé de faire une
banqueroute imprévue , il fera succomber ses correspondants sous ses ruines ,
comment pourvoira un dissipateur à l'éducation de ses enfans , dont il risque sur
une carte la fortune et la subsistance ? les
domestiques d'un tel maître , renvoyez
sans gages après plusieurs années de services , ne sont-ils pas réduits à la plus déplorable mendicité...Quelle inhumanité,
quede se repaître les yeux des larmes ameresque l'on fait verser à tant de misérables ?
Que ne trempe-t-il ses mains parricides
dans leur sang? que ne leur arrache- t il la
vie , puisqu'il les prive de toutes ses douceurs.
Ce furent ces considérations qui firent
autrefois proscrire le luxe de toutes les Républiques bien réglées , comme une des
principales sources du renversement des
Empires...L'Orateur conclut à réprimer
par une severité sans adoucissement une
licence qui est sans bornes ; et à faire , s'il
le faut , un malheureux pour le mettre
hors d'état d'en faire des millions d'autres.
EXTRAIT DU II. DISCOURS.
Contre le Duel.
Le duel , disent ses partisans , est une
II. Vol. voie
DECEMBRE. 1732. 2745
-voie glorieuse pour réparer l'honneur outragé et c'est , ajoutent- ils, un moyen des
plus éficaces pour former des braves à
l'Etat. Pour détruire ces deux idées chimériqués , l'Orateur en établit deux réelles , par lesquelles il prouve 1 ° . que le
duel à plus de quoi deshonorer un ´homme que de quoi lui faire honneur. 2°.Que
l'Etat y perd beaucoup plus qu'il n'y gagne.
Premiere Partie.
La premiere proposition doit paroître
aux duelistes paradoxe , on en établit la
verité sur les causes et les suites du duel.
Les unes et les autres deshonorent la raison , et doivent le faire regarder comme
une insigne folie et comme l'opprobre de
l'humanité.
De quelles sources partent d'ordinaire
ces combats singuliers ? consultons les acteurs de ces scenes tragiques ; c'est selon
eux courage, intrépidité, grandeur d'ame.
Consultons l'expérience , c'est fureur ,
emportement , petitesse d'esprit qui ne.
peut digerer une raillerie , ce sont tous les
vices qui font les lâches. Tel voudroit passer pour un Achille , qui n'est au fond
qu'un Thersite decidé. On brave le peril
quand il est éloigné; approche-t- il ? la pa- 11. Vol. leur
2746 MERCURE DE FRANCE
leur peinte sur le visage des champions
annonce le trouble de leur esprit. Les uns
cherchent un lieu écarté, pour n'avoir aucun témoin qui les censure , les autres
cherchent un lieu frequenté pour avoir
des amis officieux qui les separent. Les
separe-t-on ! on blâme en public comme
un mal dont on doit se plaindre , ce qu'en
secret on regarde comme un bien dont on
se felicite. A- t -on eu du dessous dans le
combat? les glaives étoient inégaux , un
hazard imprévu a decidé la querelle &c.
D'autres vont au combat avec moins
de lâcheté y vont- ils avec moins de folie ? Quel sujet les arme communément ?
un étranger paroît dans la ville ; il passe
pour brave , on veut être son ennemi. Il
faut du sang pour cimenter la connoissance, et pour paroître brave devenir inhu
main. Cent autres sujets plus legers armcnt cent autres combatans plus coupables. Quelles horreurs ! deux rivaux se
font un divertissement de ces combats
sanguinaires on en a vu autrefois s'enfermerdans des tonneaux où ils ne pouvoient
reculer et là renouveller les scenes effrayantes des cruels Andabates , qui se portoient
des coups à l'aveugle , comme pour ne pas
voi la mortq'ils s'entredonnoient Onen
a vu d'autres s'embrasser avant que de
II. Vol. s'égorger
DECEMBRE. 1732: 27+7 27+7
s'égorger , et le symbole de l'amitié devenir le signal d'un assassinat.
Je n'attaque jamais le premier, dira quelqu'un: Je vous loue; mais pourquoi vous
attaque-t-on ? que n'êtes vous plus humain , plus poli , plus complaisant ? On
m'attaque sans raison : pourquoi accepter
le cartel ? n'est- il point d'autre voye pour
vous faire justice ? mais si je refuse , je suis deshonoré ; ouy , si vous n'êtes scrupuleux que sur l'article du duel... mais l'usa
ge le veut dites l'abus. Si vous vous trouviés dans ces contrées barbares, où la loi de
l'honneur veut qu'on se jette dans la flamme du bucher , sur lequel se consume le
corps mort d'un ami , croiriez- vous pouvoir sans folie vous assujettir à une si étran
ge coutume ? ... mais je compte icy donner la mort et non pas la recevoir. Combien d'autres l'ont reçue en comptant la,
donner ? Du moins avoués, ou que vous la
craignez , et deslors vous êtes lâche , ou
que vous la cherchez de sang froid , et
deslors vous êtes insensé , et que vous y
exposant contre les loix de la conscience ,
vous êtes impie.
Quant aux effets du duel, il n'y a qu'à jetter les yeux sur ses suites infamantes.L'indignation du Prince, la perte de la liberté,
de la noblesse,des biens, de la vie; l'indiII. Vol. gence
2748 MERCURE DE FRANCE
gence , l'inominie qu'il attire sur la posterité du coupable , tout cela ne suffit il
pas pour faire voir combien le duël flétrit
l'honneur du Vivant et du Mort, du vainqueur et du vaincu : mais quel tort ne faitil pas à l'Etat ? c'est ce qui reste à exami- ner.
Seconde Partie.
Prétendre le duel forme des Braves que
à l'Etat , c'est ne pas avoir une juste idée
de la veritable bravoure. Elle consiste dans
un courage intrépide animépar le devoir,
soutenu par la justice , armé par le zele
pour la deffense de la Patrie . La valeur
des Duelistes a- t'elle ces caracteres ? Au
lieu de produire dans l'ame cette fermeté
tranquille qu'inspire la bonté du parti
pour lequel on combat , elle n'y enfante.
que le trouble et ces violens transports
qui suivent toujours les grands crimes. Au
lieu d'allumer dans le cœur et dans les
yeux ce beau feu qui fait reconnoître les
Heros , elle répand sur le visage une sombre fureur qui caracterise les assassins.
Le Duel est une espece d'image de la
Guerre civile ; le nombre des combattans
en fait presque l'unique difference. Il est
moindre dans le Duel , mais le péril n'en
est que plus certain. Ignorent-ils donc
II. Vol. qu'ils
DECEMBR E. 1732. 2749
qu'ils doivent leur sang au service du
Prince ? Leur est-il permis d'en disposer
au gré de leur haine ? et tourner leurs armes contre les Citoyens , n'est- ce pas les
tourner contre le sein de la Patrie , leur
Mere commune.
En vain veulent - ils s'authoriser par
l'exemple des anciens Heros. Leurs combats singuliers n'étoient rien moins que
des Duels , puisqu'ils ne s'agissoit point
entr'eux de vanger des injures particulieres , mais d'épargner pour l'interêt de
la Patrie le sang de la multitude. Tel fut
le combat des trois Horaces , et des trois
Curiaces. Les Romains qui lui ont donné
de si justes éloges , étoient les ennemis
les plus déclarez du Duel. On sçait combien l'ancienne Rome cherissoit le sang
de ses Citoyens de là ces Couronnes civiques pour quiconque avoit sauvé la vie
à un de ses Enfans : de là ces peines décernées contre tout Citoyen convaincu d'en
avoir appellé un autre dans la lice sanglan
te; on cessoit dès- lors d'être Citoyen , et
la profession de Dueliste conduisoit au
rang d'esclave gladiateur.
Les Maures dans un siecle plus barbare
avoient conçû une telle horreur pour ces
sortes de combats , qu'ils ne les permettoient qu'aux valets chargés du bagage de
II. Vol.
l'Ar-
2750 MERCURE DE FRANCE
l'Armée quel modele pour nos Duelistes ?
:
C'est donc ce monstre qu'il faut exterminer de la Pologne par une loy aussi severe dans son exécution , qu'immuable
dans sa durée. Punir certains crimes , c'est
prévenir la tentation de les commettre.
Une punition sévere dispense d'une punition fréquente. Après tout , le plus sûr
moyen d'abolir le duel dépend des particuliers. Qu'ils écoutent la raison aidée de
l'honneur et de la foi ; qu'ils soient hommes et Chrétiens , et ils cesseront d'être
Duelistes.
EXTRAIT DU III. DISCOURS,
Contre P'Oisiveté
L'Oisiveté fait trop d'heureux en idée
pour ne point avoir de Partisans. Que ne
doit pas craindre l'Etat d'un vice qui est
la source de tous les autres. Plus elle a
d'attraits qui la rendent dangereuse , plus
on doit empêcher qu'elle ne devienne
commune ; pour mieux connoîtte ce qu'on
doit en penser , il faut voir ce qu'on en
peut craindre. 10. Un homme oisif est un
citoyen inutile à la République. 20. il ne
peut lui être inutile sans devenir bien- tôt
pernicieux.
II. Vol. Pre-
DECEMBRE. 1732. 2758
Premiere Partie.
Je ne suis , dit un oisif , coupable d'au
eun vice qui me deshonore : je le veux
pourroit- on lui répondre ; mais votre fai
néantise ne vous rend- elle pas capable de
tous les vices ? Vous n'entrés dans aucune
Societé mauvaise ; à la bonne heure : mais
quel rang tenez- vous dans la Societé.humaine ? Vous n'êtes point un méchant
homme , soit : mais êtes- vous un homme?
Membres d'une même famille, Sujets d'un
même Roi , Parties d'une même Societé
nous avons des devoirs à remplir à leur
égard un oisif peut - il s'en acquitter ?
?
Comment veut-on qu'un jeune effeminé , toujours occupé à ne rien faire , ou
à faire des riens , soutienne le crédit de sa
famille pourra- t'il acquerir de la réputa
tion dans un Etat ? elle est le prix du
travail ; rendre des services aux amis atta
chez à sa maison ? il n'interromproit pas son repos pour ses interêts , le sacrifierat'il aux interêts d'autrui ? Eterniser les
vertus de ses peres , et le souvenir de leurs
travaux il faudroit une noble émulation , la mollesse en a éteint le feu dans
son cœur sa famille se flattoit qu'il seI. Vol. roit
#752 MERCURE DE FRANCE
roit son appui à peine sçait- il qu'il en est
membre.
:
Est- il plus utile à la Société civile ? la
Noblesse doit être comme l'ame de tout
ce corps de citoyens : le goût d'un Seigneur qui gouverneune Province en donne à tous ceux qui l'habitent : les Sciences , les beaux Arts , tout s'anime à sa
vûë , tout prend une forme riante : à sa
place substituer un homme oisif; quel
changement ! tout languit , tout s'endort
avec lui ; non- seulement il ne fait aucun
bien , mais il rend inutile le bien qu'on
avoit fait.
Que peuvent attendre le Prince et l'Etat , d'un homme qui se regarde comme
l'unique centre où doivent aboutir tous
ses sentimens , et toutes ses pensées ? quel
poste important lui confiera- t'on ? Sçaurat'il remettre ou entretenir dans une Province le bon ordre , prévoir et réprimer
les mauxque l'on craint ? quel embarras !
il ne craint d'autre mal que le sacrifice
de son repos. Chargera t'on ses foibles
mains de cette balance redoutable , qui
pese les interêts des hommes ? quel fardeau ! il faut s'en décharger dans une
main étrangere aux dépens de son honneur
et de nos fortunes. Lui confiera- t'on la
conduite des armées ? quel tumulte ! La
II. Vol. Guerre
DECEMBRE. 1732. 1732. 2753
Guerre s'accommoda t'elle jamais avec la
mollesse ? Ainsi l'oisif devient, tout à la
fois la honte de sa famille qu'il dégrade ,
de la Societé qu'il deshonore , de l'Etat
qu'il trahit : mais son portrait n'est encore qu'ébauché , il ne peut être citoyen.
inutile sans devenir citoyen perni
cieux.
>
Seconde Partie.
Dès que le poison de l'oisiveté s'est glis
sé dans un jeune cœur , il en glace toute
l'ardeur , il dérange tous ses ressorts , il
arrête tous ses mouvemens vers le bien
il en fait le theatre de ses passions et le
jouer des passions d'autrui. C'est par là
que l'oisiveté devient funeste aux jeunes
Seigneurs , et ne les rend presque jamais
inutiles qu'elle ne les rende en même
tems pernicieux à l'Etat.
Se refuser au bien , c'est presque tou
jours se livrer au mal. Qu'une Maison , où
ces Heros de la mollesse trouvent accès
est à plaindre que de vices , un seul vice
n'y fera t'il pas entrer ! ces discours ne feront ils point baisser les yeux à la sage
Retenue , à la timide Pudeur ? La Tem
pérance et la Sobrieté seront-elles respectées dans ses repas ? mais surtout , que ne
II.Vol. doin
4754 MERCURE DE FRANCE
doit pas craindre la République en général ?
Semblables à ces Insectes odieux , qui
ne subsistent qu'aux dépens de la république laborieuse des Abeilles , et la troublent sans cesse dans ses travaux utiles
ils vivent délicieusement dans le sein et
aux frais de la Patrie , et se servent souvent de leur aiguillon contre elle. Ils boivent les sucurs des citoyens laborieux , et
s'enyvrent quelquefois de leur sang.
Ce qui doit armer le plus les loix contre l'Oisiveté , c'est qu'elle réunit ce que
les trois autres vices qui entrent en concurrence avec elle ont de plus odieux . Un
jeune oisif qui confie le soin de sa maison
à un perfide Intendant dont il n'éxige
presque aucun compte , ne perd- il pas
souvent plus de biens par sa négligence ,
que le prodigue n'en dissipe par son luxe ? Ne le verra- t- on pas secouer bien-tôt
le joug de la contrainte qui gêne son humeur , et voulant donner à tous la loy ,
ne la recevoir que de son caprice ? L'amour des oisifs pour la vie douce est un
préservatif contre la tentation du duel ;
mais la seule idée que l'on a conçue de
leur peu de courage, n'engagera-t'elle pas
de jeunes Duelistes à les attaquer , ne futII. Vol. ce
DECEMBRE. 1732 2755
ce que pour se faire une réputation aux
dépens de la leur.
L'Orateur conclut à bannir de toutes
charges ceux qui seront convaincus de ce
vice , et à les noter par quelque punition
qui caracterise leur défaut.
EXTRAIT DU IV. DISCOURS.
Contre l'Indépendance.
L'ame du bon gouvernement c'est le
bon ordre ; le bon ordre ne subsiste que
par la subordination. L'Indépendance en
sappe tous les fondemens ; quand elle se
trouve dans les jeunes Seigneurs , 1º elle
les accoûtume à braver l'autorité ; 20 elle
les porte à prétendre mêmeau droit d'impunité.
Premiere Partie.
Pour connoître le danger de l'indépen
dance, il faut voir comment elle se forme
dans la jeune Noblesse , et jusqu'où elle
peut étendre ses progrès contre l'autorité
légitime. La naissance et l'éducation , voilà
ses sources. Comment éleve- t'on les jeunes Seigneurs ? L'or sous lequel ils rampent dans l'enfance éblouit leurs yeux ; le
faste qui les environne enfle leur esprit ;
les plaisirs qu'on leur procure corrom- II. Vol.
B pent
2755 MERCURE DE FRANCE
pent leur cœur : mollesse d'éducation qui
fait les délices de l'enfance , et prépare
les révoltes de la jeunesse.
,
La raison est à peine éclose , qu'ils ferment les yeux à sa lumiere , et les oreilles
à sa voix. Les Maîtres veulent- ils les rap.
peller aux devoirs? les flatteurs les en écartent , et leur apprennent qu'ils sont plus
nés pour commander que pour obéïr ; à
force de donner la loy, on s'habituë à ne la
plus recevoir. Veut-on s'opposer au mal ,
et les confier à des Maîtres plus amis du
devoir que de la fortune ? ils ne plient
que pour se redresser bien- tôt avec plus
de force dès qu'ils en auront la li
berté.
Quel bonheur pour un jeune Indépen
dant , s'il a auprès de lui un Mentor qui
craignant beaucoup moins pour la vie
que pour l'innocence de son Telemaque ,
aime mieux se précipiter avec lui du haut
d'un affreux Rocher , que de le voir se
précipiter dans l'abîme du vice ! Mais
trouve-t'on beaucoup de Gouverneurs de
ce caractere ? Combien flattent leur Eleve dans ses desirs , se mettent de moitié
avec lui pour ses plaisirs ; et devant être
ses maîtres , deviennent ses esclaves ! détestable éducation qui d'un indépendant
fait quelquefois un scelerat.
II. Vol.
L'In-
DECEMBRE.
873202757
L'Indépendance conduit à la révolte ,
l'Eleve intraitable devient fils rebelle ;
combien en a-t'on vû braver l'autorité
paternelle , outrager la Nature , et d'indépendans qu'ils étoient , n'avoir besoin
que de changer de nom pour devenir dénaturés ? Mauvais fils sera- t'il bon sujet ?
peut- on s'en flatter surtout dans un
Royaume électif, où l'on est quelquefois
tenté , de faire avec audace , ' ce qu'on croit
pouvoir faire avec avantage ?
,
La plus florissante République de la
terre , Rome la maîtresse du monde pres- -qu'entier , se vit sur le point d'être saccagée et réduite en cendres. Qui alluma
l'incendie ? une cabale de jeunes factieux ,
conduits par Catilina , et possedés du
démon de l'indépendance. Que de sang
ne fallut- il pas répandre pour éteindre ce
feu ? Autorité domestique et publique
loix divines et humaines , tout est sacrifié
à l'impérieux désir de se rendre indépendant. La loi violée s'arme- t'elle du glaive
pour vanger ces attentats ? Après avoir bravé ses réglemens , ils bravent ses menaces , et s'arrogent le droit d'impunité.
Seconde Partie.
Si l'on en croit les jeunes Seigneurs indépendans , leur jeunesse et leur condi11. Vol.
Bij tion
4758 MERCURE DE FRANCE
tion les mettent à couvert des loix et do
la punition qu'elles prescrivent.
La jeunesse est l'âge où le feu des passions s'allume ; c'est donc aussi le tems.
où l'on doit s'appliquer à l'éteindre. Fautil attendre que l'incendie ait pris des forces et se soit communiqué ? trop de severité , il est vrai , révolte et fait hair le
devoir , mais tropd'indulgence enhardit ,
et fait violer la loi.
- La Noblesse est l'état où les exemples
sont plus contagieux ; mais c'est donc
aussi l'etat où les punitions sont plus
- nécessaires. Les sujets d'un moindre étage regardent ces jeunes Seigneurs autant
comme leurs modéles que comme leurs
maîtres. Un coupable de la sorte impuni
fait un million de coupables dans l'espé
rance de l'impunité.
Aussi Rome et Sparte punissoient- elles
séverement l'indépendance et le mépris
des loix dans les jeunes gens de qualité.
Deux Chevaliers Romains furent autrefois dégradés de leur ordre , et mis au
rang des Plebéïens , pour n'avoir pas assez promptement obéï à un Proconsul.
peu de roture parut alors un excellent
remède contre le vertige de l'indépendance. Comme l'élévation du rang produit les fumées de l'orgueil , l'humilia
Un
tion les dissipe
DECEMBRE. 1732 2750
EXTRAIT DU V. DISCOURS.
Fait par le Prince après les Plaidoyers:
Casimir après avoir entendu les discours
des Parties , fait sentir le fort et le foible
des raisons alleguées , et en ajoute plu
sieurs nouvelles dont le détail seroit long.
Il établit pour principe que le premier
desordre contre lequel doive sévir le Législateur , est celui qui porte un plus
grand préjudice au plus grand nombre des
sujets ; c'est à dire , celui qui est le plus
considérable en lui- même et le plus étendu
dans ses suites. Sur ce principe il éxamine
les quatres desordres proposez , et les balance long-tems par une infinité de preu
ves que nous sommes fâchez d'omettre
mais que ne nous permet pas la brièveté
que nous nous sommes prescrite dans les
extraits. Il résulte de cet examen que les
jeunes Seigneurs independans sont les
plus coupables , sur tout parce qu'ils violent la loi fondamentale de l'ordre politique, c'est- à- dire l'obéïssance et la soumission : et nous pouvons , dit le Juge , espe- rer de mettre un frein à l'amour des folles
dépenses , à la manie du faux point-d'hon- neur , à l'indolence et à l'oisiveté des faineans par de bons et salutaires Edits : mais
II. Vol. Biij pour
260 MERCURE DE FRANCE
2
,
cepenpour l'indépendant , si son caprice le porte à être dissipateur , dueliste , et indolent de profession , en vertu de son systeme et de ses principes d'indépendance , il
se maintiendra en possession de ces trois
desordres , et ses maximes favorites nous
répondent par avance qu'il comptera pour
rien la loi que nous allons porter contre
lui et contre ses consorts. Portons - la
dant cette loi , &c.
Là- dessus le Prince prononce , 1° contre
l'Indépendance , 2 ° contre l'Oisiveté , 3 ° .
contre le Duel , 4° contre le Luxe , et il
rend raison de l'ordre qu'il observe en ce
Jugement. Ensuite il porte differentes loix
qu'il croit les plus propres à remedier à
chaque desordre , et telles à peu près qu'Athenes en porta contre l'Indépendance ,
Lacedemone contre l'Oisiveté , Rome
contre le Luxe , et la France avec une partie de l'Europe contre le Duel.
Enfin M. d'Aligre qui avoit été complimenté par M. le Pelletier de Rosambo sur
la noblesse et la dignité avec laquelle il
avoit présidé à ce Jugement , le felicita à
son tour de la finesse et de la délicatesse
d'esprit qui avoit éclaté dans son discours ;
il fit aussi compliment à M. de Bussy sur
son éloquence et sur son talent à parler
en public; à M. Petit, sur son beau feu
II. Vol. d'imagina
DECEMBRE. 1732. 2761
d'imagination ; à M. de Verac sur l'élegance de son Plaidoyer et les graces de sa prononciation . L'illustre Assemblée souscrivit sans peine à la justice de ces éloges.
an College de Louis le Grand.
Ο
N continue à faire dans ce College
tous les ans avec un succès constant
des Plaidoyers François , qui pour l'or- dinaire se font sur des sujets propres à
former l'esprit et le cœur de la jeune
Noblesse qu'on y éleve .
Le Pere de la Sante , Jesuite , l'un des
Professeurs de Rhétorique , en fit réciter
un le 27. d'Août dernier , dont nous allons donner l'Extrait , et dont voici le
sujet tel qu'il étoit dans le Programme
imprimé.
II. Vol. DE-
DECEMBRE. 1732. 2739
DELIBERATION concernant la
jeune Noblesse d'un Etat. Sujet traité
en forme de Plaidoyer François , par
les Rhétoriciens du College de Louis
LE GRAND.
Le jeune Casimir , Prince des plus verò
tueux qu'ait eûs la Pologne , indigné des désordres qui commençoient à s'introduire parmi la jeune Noblesse de sa Cour , pressa
fortement le Roy son pere de réprimer cette
licence par des Loix salutaires. Le Roy
Casimir III. surnommé le Grand , établit
pour cet effet une Commission , à la tête de
laquelle il mit le Prince son fils , avec plein.
pouvoir de regler tout ce qu'il jugeroit de
plus convenable au bien public , après avoir
entendu les discours et pris les avis des Commissaires.
Casimir nomme pour la discussion de cette
importante affaire,quelques Seigneurs des plus
reglez et des mieux instruits de la conduite
des jeunes gens ; il leur ordonne de proposer
en sa présence ce qui leur semble le plus
répréhensible , et même d'indiquer les moyens
qui leur paroissent les plus capables d'ar
rêter le cours du mal ; il leur promet au
nom du Roy une place plus ou moins distinguée dans le Conseil d'Etat , suivant
Putilité plus ou moins grande de la découII. Vol A v verte
2740 MERCURE DE FRANCE
verte qu'ils feront et de la Loy qu'ils suggereront en cette Seance.
Le premier qui parle , porte sa plainte contre le Luxe ou les folles dépenses.
Le second contre le Duel on le faux
point d'honneur.
Le troisieme , contre l'oisiveté ou la fai
neantise.
Le quatrième , contre l'indépendance des
jeunes Seigneurs.
Chacun d'eux prétend que le desordre qu'il
releve, mérite le plus l'attention du Prince ,
et la séverité des Loix. Casimir dresse les
articles de la Loy , décide sur l'ordre qu'on
·garderà dans l'execution, et regle le rang que
les quatre Commissaires tiendront dans le
Conseil d'Etat. Tel est l'objet de cette déliberation et dujugement qui la doit suivre.
Casimir , dans un Discours Préliminaire , fait voir quelle doit être la vigilance d'un Prince sur tous les Membres d'un Etat et particulierement sur la
conduite de la jeune Noblesse , dont les
exemples sont d'une utile ou dangereuse
consequence, parce que donnant des Maîtres au Peuple , elle doit aussi lui donner des modelles. Il invite les Seigneurs
qui composent son Conseil à l'éclairer de
leurs lumieres dans la délibération qui
doit préceder le Reglement general.
II. Vol. Ex-
DECEMBRE. 1732. 2741
}
EXTRAIT DU I. DISCOURS.
Contre le Luxe.
Les Partisans du Luxe employent deux
prétextes pour colorer leurs folles dépenses ; 1. elles sont , disent- ils , nécessaires pour soutenir leur rang. 2 ° . Elles
contribuent même à la gloire et à l'utilité de la Nation. Le jeune Orateur employe deux veritez pour réfuter ces deux
prétextes ; 1º . le Luxe , bien loin de
mettre la jeune Noblesse en état de soutenir son rang , ruine les esperances des
plus grandes Maisons. 2 ° . Le Luxe , bien
loin d'être glorieux et utile à la Nation
épuise les plus sures ressources.
Premiere Partie.
Sur quoi est fondée l'esperance d'une
grande Maison sur opulence qu'elle
possede ou qu'elle attend. Le Luxe épuise
l'une et met hors d'état d'acquerir l'autre. Sur le mérite de ceux qui la compo-.
sent ? Un homme livré au luxe n'a gueres d'autre mérite que celui de bien arranger un repas , et d'autre talent que
celui de se ruiner avec éclat sur les places distinguées qu'elle peut occuper ? mais
ou ces places sont venales , et alors ces
II. Vol. A vj jeunes
2742 MERCURE DE FRANCE
jeunes dissipateurs trouveront-ils de quoi
les acheter ? ou c'est la liberalité du Prince
qui en fait la récompense de la capacité
et de l'application d'un sujet habile et
laborieux ; sont- ils de ce caractere sur
les alliances honorables qu'elle peut former mais où les trouver ? parmi des
égaux ? qui d'entre eux voudra courir les
risques de voir des biens , le fruit de ses
sueurs , devenir la proye d'un prodigue
qui en a déja tant dissipé ... pour soutenir une maison chancelante; il faudra
donc la dégrader , et mêlant un sang
illustre avec celui de quelqu'une de ces
familles ennoblies par une rapide et suspecte opulence , acheter des biens aux dépens de l'honneur , et former des nœuds
peu sortables , qui font la honte des Nobles et le ridicule des Riches ... Qu'estce qui a forcé tant de familles illustres
tombées par l'indigence dans une espece
de roture , à s'ensevelir dans le sombre
réduit d'une Campagne ignoré ? quest- ce
qui a confondu avec les fils des Artisans
les descendans de tant de Héros , dont
les mains enchaînées par la pauvreté , ne
peuvent plus manier d'autre fer que celui
des vils instrumens de leur travail ! remontons à la source : c'est un Pere ou un
Ayeul prodigue qui a donné dans tous les
II. Vol. travers
DECEMBRE. 1732. 2743
travers du faste. Posterité nombreuse que
vous êtes à plaindre ! faut- il qu'un Pere
dissipateur enfante tant de miseres et dé
sole tant de miserables ? .. Le luxe n'est .
pas moins préjudiciable à l'Etat dont il
épuise les ressources.
Seconde Partie.
Il est certaines occasions d'éclat qui authorisent une magnificence extraordinaire: elle est alors légitime pour le particu .
lier , et glorieuse pour la nation. Mais
que ces mêmes Seigneurs n'écoutant que
leur passion pour le luxe , dissipent en
dépenses frivoles et le bien qu'ils ont , et
celui qu'ils doivent , et celui qu'ils esperent ; c'est un abus criminel , c'est une injustice criante contre les droits du Prince,
de leurs créanciers , de leurs enfans et de
la nation entiere , dont elle ruine le commerce , et dont par - là elle épuise les ressources.
"
Il est certains besoins qui obligent le
Prince à demander des secours pour la
conservation de tout le corps de l'Etat :
si les particuliers prodiguent leurs fonds ,
comment préteront ils leur ministere au maintien de tout ce corps ? le commerce
nesera-t-il pas détruit,quand le marchand,
faute d'être payé, sera hors d'état de payer
II. Fol lui
2744 MERCURE DE FRANCE
lui-même , et quand obligé de faire une
banqueroute imprévue , il fera succomber ses correspondants sous ses ruines ,
comment pourvoira un dissipateur à l'éducation de ses enfans , dont il risque sur
une carte la fortune et la subsistance ? les
domestiques d'un tel maître , renvoyez
sans gages après plusieurs années de services , ne sont-ils pas réduits à la plus déplorable mendicité...Quelle inhumanité,
quede se repaître les yeux des larmes ameresque l'on fait verser à tant de misérables ?
Que ne trempe-t-il ses mains parricides
dans leur sang? que ne leur arrache- t il la
vie , puisqu'il les prive de toutes ses douceurs.
Ce furent ces considérations qui firent
autrefois proscrire le luxe de toutes les Républiques bien réglées , comme une des
principales sources du renversement des
Empires...L'Orateur conclut à réprimer
par une severité sans adoucissement une
licence qui est sans bornes ; et à faire , s'il
le faut , un malheureux pour le mettre
hors d'état d'en faire des millions d'autres.
EXTRAIT DU II. DISCOURS.
Contre le Duel.
Le duel , disent ses partisans , est une
II. Vol. voie
DECEMBRE. 1732. 2745
-voie glorieuse pour réparer l'honneur outragé et c'est , ajoutent- ils, un moyen des
plus éficaces pour former des braves à
l'Etat. Pour détruire ces deux idées chimériqués , l'Orateur en établit deux réelles , par lesquelles il prouve 1 ° . que le
duel à plus de quoi deshonorer un ´homme que de quoi lui faire honneur. 2°.Que
l'Etat y perd beaucoup plus qu'il n'y gagne.
Premiere Partie.
La premiere proposition doit paroître
aux duelistes paradoxe , on en établit la
verité sur les causes et les suites du duel.
Les unes et les autres deshonorent la raison , et doivent le faire regarder comme
une insigne folie et comme l'opprobre de
l'humanité.
De quelles sources partent d'ordinaire
ces combats singuliers ? consultons les acteurs de ces scenes tragiques ; c'est selon
eux courage, intrépidité, grandeur d'ame.
Consultons l'expérience , c'est fureur ,
emportement , petitesse d'esprit qui ne.
peut digerer une raillerie , ce sont tous les
vices qui font les lâches. Tel voudroit passer pour un Achille , qui n'est au fond
qu'un Thersite decidé. On brave le peril
quand il est éloigné; approche-t- il ? la pa- 11. Vol. leur
2746 MERCURE DE FRANCE
leur peinte sur le visage des champions
annonce le trouble de leur esprit. Les uns
cherchent un lieu écarté, pour n'avoir aucun témoin qui les censure , les autres
cherchent un lieu frequenté pour avoir
des amis officieux qui les separent. Les
separe-t-on ! on blâme en public comme
un mal dont on doit se plaindre , ce qu'en
secret on regarde comme un bien dont on
se felicite. A- t -on eu du dessous dans le
combat? les glaives étoient inégaux , un
hazard imprévu a decidé la querelle &c.
D'autres vont au combat avec moins
de lâcheté y vont- ils avec moins de folie ? Quel sujet les arme communément ?
un étranger paroît dans la ville ; il passe
pour brave , on veut être son ennemi. Il
faut du sang pour cimenter la connoissance, et pour paroître brave devenir inhu
main. Cent autres sujets plus legers armcnt cent autres combatans plus coupables. Quelles horreurs ! deux rivaux se
font un divertissement de ces combats
sanguinaires on en a vu autrefois s'enfermerdans des tonneaux où ils ne pouvoient
reculer et là renouveller les scenes effrayantes des cruels Andabates , qui se portoient
des coups à l'aveugle , comme pour ne pas
voi la mortq'ils s'entredonnoient Onen
a vu d'autres s'embrasser avant que de
II. Vol. s'égorger
DECEMBRE. 1732: 27+7 27+7
s'égorger , et le symbole de l'amitié devenir le signal d'un assassinat.
Je n'attaque jamais le premier, dira quelqu'un: Je vous loue; mais pourquoi vous
attaque-t-on ? que n'êtes vous plus humain , plus poli , plus complaisant ? On
m'attaque sans raison : pourquoi accepter
le cartel ? n'est- il point d'autre voye pour
vous faire justice ? mais si je refuse , je suis deshonoré ; ouy , si vous n'êtes scrupuleux que sur l'article du duel... mais l'usa
ge le veut dites l'abus. Si vous vous trouviés dans ces contrées barbares, où la loi de
l'honneur veut qu'on se jette dans la flamme du bucher , sur lequel se consume le
corps mort d'un ami , croiriez- vous pouvoir sans folie vous assujettir à une si étran
ge coutume ? ... mais je compte icy donner la mort et non pas la recevoir. Combien d'autres l'ont reçue en comptant la,
donner ? Du moins avoués, ou que vous la
craignez , et deslors vous êtes lâche , ou
que vous la cherchez de sang froid , et
deslors vous êtes insensé , et que vous y
exposant contre les loix de la conscience ,
vous êtes impie.
Quant aux effets du duel, il n'y a qu'à jetter les yeux sur ses suites infamantes.L'indignation du Prince, la perte de la liberté,
de la noblesse,des biens, de la vie; l'indiII. Vol. gence
2748 MERCURE DE FRANCE
gence , l'inominie qu'il attire sur la posterité du coupable , tout cela ne suffit il
pas pour faire voir combien le duël flétrit
l'honneur du Vivant et du Mort, du vainqueur et du vaincu : mais quel tort ne faitil pas à l'Etat ? c'est ce qui reste à exami- ner.
Seconde Partie.
Prétendre le duel forme des Braves que
à l'Etat , c'est ne pas avoir une juste idée
de la veritable bravoure. Elle consiste dans
un courage intrépide animépar le devoir,
soutenu par la justice , armé par le zele
pour la deffense de la Patrie . La valeur
des Duelistes a- t'elle ces caracteres ? Au
lieu de produire dans l'ame cette fermeté
tranquille qu'inspire la bonté du parti
pour lequel on combat , elle n'y enfante.
que le trouble et ces violens transports
qui suivent toujours les grands crimes. Au
lieu d'allumer dans le cœur et dans les
yeux ce beau feu qui fait reconnoître les
Heros , elle répand sur le visage une sombre fureur qui caracterise les assassins.
Le Duel est une espece d'image de la
Guerre civile ; le nombre des combattans
en fait presque l'unique difference. Il est
moindre dans le Duel , mais le péril n'en
est que plus certain. Ignorent-ils donc
II. Vol. qu'ils
DECEMBR E. 1732. 2749
qu'ils doivent leur sang au service du
Prince ? Leur est-il permis d'en disposer
au gré de leur haine ? et tourner leurs armes contre les Citoyens , n'est- ce pas les
tourner contre le sein de la Patrie , leur
Mere commune.
En vain veulent - ils s'authoriser par
l'exemple des anciens Heros. Leurs combats singuliers n'étoient rien moins que
des Duels , puisqu'ils ne s'agissoit point
entr'eux de vanger des injures particulieres , mais d'épargner pour l'interêt de
la Patrie le sang de la multitude. Tel fut
le combat des trois Horaces , et des trois
Curiaces. Les Romains qui lui ont donné
de si justes éloges , étoient les ennemis
les plus déclarez du Duel. On sçait combien l'ancienne Rome cherissoit le sang
de ses Citoyens de là ces Couronnes civiques pour quiconque avoit sauvé la vie
à un de ses Enfans : de là ces peines décernées contre tout Citoyen convaincu d'en
avoir appellé un autre dans la lice sanglan
te; on cessoit dès- lors d'être Citoyen , et
la profession de Dueliste conduisoit au
rang d'esclave gladiateur.
Les Maures dans un siecle plus barbare
avoient conçû une telle horreur pour ces
sortes de combats , qu'ils ne les permettoient qu'aux valets chargés du bagage de
II. Vol.
l'Ar-
2750 MERCURE DE FRANCE
l'Armée quel modele pour nos Duelistes ?
:
C'est donc ce monstre qu'il faut exterminer de la Pologne par une loy aussi severe dans son exécution , qu'immuable
dans sa durée. Punir certains crimes , c'est
prévenir la tentation de les commettre.
Une punition sévere dispense d'une punition fréquente. Après tout , le plus sûr
moyen d'abolir le duel dépend des particuliers. Qu'ils écoutent la raison aidée de
l'honneur et de la foi ; qu'ils soient hommes et Chrétiens , et ils cesseront d'être
Duelistes.
EXTRAIT DU III. DISCOURS,
Contre P'Oisiveté
L'Oisiveté fait trop d'heureux en idée
pour ne point avoir de Partisans. Que ne
doit pas craindre l'Etat d'un vice qui est
la source de tous les autres. Plus elle a
d'attraits qui la rendent dangereuse , plus
on doit empêcher qu'elle ne devienne
commune ; pour mieux connoîtte ce qu'on
doit en penser , il faut voir ce qu'on en
peut craindre. 10. Un homme oisif est un
citoyen inutile à la République. 20. il ne
peut lui être inutile sans devenir bien- tôt
pernicieux.
II. Vol. Pre-
DECEMBRE. 1732. 2758
Premiere Partie.
Je ne suis , dit un oisif , coupable d'au
eun vice qui me deshonore : je le veux
pourroit- on lui répondre ; mais votre fai
néantise ne vous rend- elle pas capable de
tous les vices ? Vous n'entrés dans aucune
Societé mauvaise ; à la bonne heure : mais
quel rang tenez- vous dans la Societé.humaine ? Vous n'êtes point un méchant
homme , soit : mais êtes- vous un homme?
Membres d'une même famille, Sujets d'un
même Roi , Parties d'une même Societé
nous avons des devoirs à remplir à leur
égard un oisif peut - il s'en acquitter ?
?
Comment veut-on qu'un jeune effeminé , toujours occupé à ne rien faire , ou
à faire des riens , soutienne le crédit de sa
famille pourra- t'il acquerir de la réputa
tion dans un Etat ? elle est le prix du
travail ; rendre des services aux amis atta
chez à sa maison ? il n'interromproit pas son repos pour ses interêts , le sacrifierat'il aux interêts d'autrui ? Eterniser les
vertus de ses peres , et le souvenir de leurs
travaux il faudroit une noble émulation , la mollesse en a éteint le feu dans
son cœur sa famille se flattoit qu'il seI. Vol. roit
#752 MERCURE DE FRANCE
roit son appui à peine sçait- il qu'il en est
membre.
:
Est- il plus utile à la Société civile ? la
Noblesse doit être comme l'ame de tout
ce corps de citoyens : le goût d'un Seigneur qui gouverneune Province en donne à tous ceux qui l'habitent : les Sciences , les beaux Arts , tout s'anime à sa
vûë , tout prend une forme riante : à sa
place substituer un homme oisif; quel
changement ! tout languit , tout s'endort
avec lui ; non- seulement il ne fait aucun
bien , mais il rend inutile le bien qu'on
avoit fait.
Que peuvent attendre le Prince et l'Etat , d'un homme qui se regarde comme
l'unique centre où doivent aboutir tous
ses sentimens , et toutes ses pensées ? quel
poste important lui confiera- t'on ? Sçaurat'il remettre ou entretenir dans une Province le bon ordre , prévoir et réprimer
les mauxque l'on craint ? quel embarras !
il ne craint d'autre mal que le sacrifice
de son repos. Chargera t'on ses foibles
mains de cette balance redoutable , qui
pese les interêts des hommes ? quel fardeau ! il faut s'en décharger dans une
main étrangere aux dépens de son honneur
et de nos fortunes. Lui confiera- t'on la
conduite des armées ? quel tumulte ! La
II. Vol. Guerre
DECEMBRE. 1732. 1732. 2753
Guerre s'accommoda t'elle jamais avec la
mollesse ? Ainsi l'oisif devient, tout à la
fois la honte de sa famille qu'il dégrade ,
de la Societé qu'il deshonore , de l'Etat
qu'il trahit : mais son portrait n'est encore qu'ébauché , il ne peut être citoyen.
inutile sans devenir citoyen perni
cieux.
>
Seconde Partie.
Dès que le poison de l'oisiveté s'est glis
sé dans un jeune cœur , il en glace toute
l'ardeur , il dérange tous ses ressorts , il
arrête tous ses mouvemens vers le bien
il en fait le theatre de ses passions et le
jouer des passions d'autrui. C'est par là
que l'oisiveté devient funeste aux jeunes
Seigneurs , et ne les rend presque jamais
inutiles qu'elle ne les rende en même
tems pernicieux à l'Etat.
Se refuser au bien , c'est presque tou
jours se livrer au mal. Qu'une Maison , où
ces Heros de la mollesse trouvent accès
est à plaindre que de vices , un seul vice
n'y fera t'il pas entrer ! ces discours ne feront ils point baisser les yeux à la sage
Retenue , à la timide Pudeur ? La Tem
pérance et la Sobrieté seront-elles respectées dans ses repas ? mais surtout , que ne
II.Vol. doin
4754 MERCURE DE FRANCE
doit pas craindre la République en général ?
Semblables à ces Insectes odieux , qui
ne subsistent qu'aux dépens de la république laborieuse des Abeilles , et la troublent sans cesse dans ses travaux utiles
ils vivent délicieusement dans le sein et
aux frais de la Patrie , et se servent souvent de leur aiguillon contre elle. Ils boivent les sucurs des citoyens laborieux , et
s'enyvrent quelquefois de leur sang.
Ce qui doit armer le plus les loix contre l'Oisiveté , c'est qu'elle réunit ce que
les trois autres vices qui entrent en concurrence avec elle ont de plus odieux . Un
jeune oisif qui confie le soin de sa maison
à un perfide Intendant dont il n'éxige
presque aucun compte , ne perd- il pas
souvent plus de biens par sa négligence ,
que le prodigue n'en dissipe par son luxe ? Ne le verra- t- on pas secouer bien-tôt
le joug de la contrainte qui gêne son humeur , et voulant donner à tous la loy ,
ne la recevoir que de son caprice ? L'amour des oisifs pour la vie douce est un
préservatif contre la tentation du duel ;
mais la seule idée que l'on a conçue de
leur peu de courage, n'engagera-t'elle pas
de jeunes Duelistes à les attaquer , ne futII. Vol. ce
DECEMBRE. 1732 2755
ce que pour se faire une réputation aux
dépens de la leur.
L'Orateur conclut à bannir de toutes
charges ceux qui seront convaincus de ce
vice , et à les noter par quelque punition
qui caracterise leur défaut.
EXTRAIT DU IV. DISCOURS.
Contre l'Indépendance.
L'ame du bon gouvernement c'est le
bon ordre ; le bon ordre ne subsiste que
par la subordination. L'Indépendance en
sappe tous les fondemens ; quand elle se
trouve dans les jeunes Seigneurs , 1º elle
les accoûtume à braver l'autorité ; 20 elle
les porte à prétendre mêmeau droit d'impunité.
Premiere Partie.
Pour connoître le danger de l'indépen
dance, il faut voir comment elle se forme
dans la jeune Noblesse , et jusqu'où elle
peut étendre ses progrès contre l'autorité
légitime. La naissance et l'éducation , voilà
ses sources. Comment éleve- t'on les jeunes Seigneurs ? L'or sous lequel ils rampent dans l'enfance éblouit leurs yeux ; le
faste qui les environne enfle leur esprit ;
les plaisirs qu'on leur procure corrom- II. Vol.
B pent
2755 MERCURE DE FRANCE
pent leur cœur : mollesse d'éducation qui
fait les délices de l'enfance , et prépare
les révoltes de la jeunesse.
,
La raison est à peine éclose , qu'ils ferment les yeux à sa lumiere , et les oreilles
à sa voix. Les Maîtres veulent- ils les rap.
peller aux devoirs? les flatteurs les en écartent , et leur apprennent qu'ils sont plus
nés pour commander que pour obéïr ; à
force de donner la loy, on s'habituë à ne la
plus recevoir. Veut-on s'opposer au mal ,
et les confier à des Maîtres plus amis du
devoir que de la fortune ? ils ne plient
que pour se redresser bien- tôt avec plus
de force dès qu'ils en auront la li
berté.
Quel bonheur pour un jeune Indépen
dant , s'il a auprès de lui un Mentor qui
craignant beaucoup moins pour la vie
que pour l'innocence de son Telemaque ,
aime mieux se précipiter avec lui du haut
d'un affreux Rocher , que de le voir se
précipiter dans l'abîme du vice ! Mais
trouve-t'on beaucoup de Gouverneurs de
ce caractere ? Combien flattent leur Eleve dans ses desirs , se mettent de moitié
avec lui pour ses plaisirs ; et devant être
ses maîtres , deviennent ses esclaves ! détestable éducation qui d'un indépendant
fait quelquefois un scelerat.
II. Vol.
L'In-
DECEMBRE.
873202757
L'Indépendance conduit à la révolte ,
l'Eleve intraitable devient fils rebelle ;
combien en a-t'on vû braver l'autorité
paternelle , outrager la Nature , et d'indépendans qu'ils étoient , n'avoir besoin
que de changer de nom pour devenir dénaturés ? Mauvais fils sera- t'il bon sujet ?
peut- on s'en flatter surtout dans un
Royaume électif, où l'on est quelquefois
tenté , de faire avec audace , ' ce qu'on croit
pouvoir faire avec avantage ?
,
La plus florissante République de la
terre , Rome la maîtresse du monde pres- -qu'entier , se vit sur le point d'être saccagée et réduite en cendres. Qui alluma
l'incendie ? une cabale de jeunes factieux ,
conduits par Catilina , et possedés du
démon de l'indépendance. Que de sang
ne fallut- il pas répandre pour éteindre ce
feu ? Autorité domestique et publique
loix divines et humaines , tout est sacrifié
à l'impérieux désir de se rendre indépendant. La loi violée s'arme- t'elle du glaive
pour vanger ces attentats ? Après avoir bravé ses réglemens , ils bravent ses menaces , et s'arrogent le droit d'impunité.
Seconde Partie.
Si l'on en croit les jeunes Seigneurs indépendans , leur jeunesse et leur condi11. Vol.
Bij tion
4758 MERCURE DE FRANCE
tion les mettent à couvert des loix et do
la punition qu'elles prescrivent.
La jeunesse est l'âge où le feu des passions s'allume ; c'est donc aussi le tems.
où l'on doit s'appliquer à l'éteindre. Fautil attendre que l'incendie ait pris des forces et se soit communiqué ? trop de severité , il est vrai , révolte et fait hair le
devoir , mais tropd'indulgence enhardit ,
et fait violer la loi.
- La Noblesse est l'état où les exemples
sont plus contagieux ; mais c'est donc
aussi l'etat où les punitions sont plus
- nécessaires. Les sujets d'un moindre étage regardent ces jeunes Seigneurs autant
comme leurs modéles que comme leurs
maîtres. Un coupable de la sorte impuni
fait un million de coupables dans l'espé
rance de l'impunité.
Aussi Rome et Sparte punissoient- elles
séverement l'indépendance et le mépris
des loix dans les jeunes gens de qualité.
Deux Chevaliers Romains furent autrefois dégradés de leur ordre , et mis au
rang des Plebéïens , pour n'avoir pas assez promptement obéï à un Proconsul.
peu de roture parut alors un excellent
remède contre le vertige de l'indépendance. Comme l'élévation du rang produit les fumées de l'orgueil , l'humilia
Un
tion les dissipe
DECEMBRE. 1732 2750
EXTRAIT DU V. DISCOURS.
Fait par le Prince après les Plaidoyers:
Casimir après avoir entendu les discours
des Parties , fait sentir le fort et le foible
des raisons alleguées , et en ajoute plu
sieurs nouvelles dont le détail seroit long.
Il établit pour principe que le premier
desordre contre lequel doive sévir le Législateur , est celui qui porte un plus
grand préjudice au plus grand nombre des
sujets ; c'est à dire , celui qui est le plus
considérable en lui- même et le plus étendu
dans ses suites. Sur ce principe il éxamine
les quatres desordres proposez , et les balance long-tems par une infinité de preu
ves que nous sommes fâchez d'omettre
mais que ne nous permet pas la brièveté
que nous nous sommes prescrite dans les
extraits. Il résulte de cet examen que les
jeunes Seigneurs independans sont les
plus coupables , sur tout parce qu'ils violent la loi fondamentale de l'ordre politique, c'est- à- dire l'obéïssance et la soumission : et nous pouvons , dit le Juge , espe- rer de mettre un frein à l'amour des folles
dépenses , à la manie du faux point-d'hon- neur , à l'indolence et à l'oisiveté des faineans par de bons et salutaires Edits : mais
II. Vol. Biij pour
260 MERCURE DE FRANCE
2
,
cepenpour l'indépendant , si son caprice le porte à être dissipateur , dueliste , et indolent de profession , en vertu de son systeme et de ses principes d'indépendance , il
se maintiendra en possession de ces trois
desordres , et ses maximes favorites nous
répondent par avance qu'il comptera pour
rien la loi que nous allons porter contre
lui et contre ses consorts. Portons - la
dant cette loi , &c.
Là- dessus le Prince prononce , 1° contre
l'Indépendance , 2 ° contre l'Oisiveté , 3 ° .
contre le Duel , 4° contre le Luxe , et il
rend raison de l'ordre qu'il observe en ce
Jugement. Ensuite il porte differentes loix
qu'il croit les plus propres à remedier à
chaque desordre , et telles à peu près qu'Athenes en porta contre l'Indépendance ,
Lacedemone contre l'Oisiveté , Rome
contre le Luxe , et la France avec une partie de l'Europe contre le Duel.
Enfin M. d'Aligre qui avoit été complimenté par M. le Pelletier de Rosambo sur
la noblesse et la dignité avec laquelle il
avoit présidé à ce Jugement , le felicita à
son tour de la finesse et de la délicatesse
d'esprit qui avoit éclaté dans son discours ;
il fit aussi compliment à M. de Bussy sur
son éloquence et sur son talent à parler
en public; à M. Petit, sur son beau feu
II. Vol. d'imagina
DECEMBRE. 1732. 2761
d'imagination ; à M. de Verac sur l'élegance de son Plaidoyer et les graces de sa prononciation . L'illustre Assemblée souscrivit sans peine à la justice de ces éloges.
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Résumé : EXTRAIT des Plaidoyers prononcez au College de Louis le Grand.
Le texte relate un plaidoyer prononcé au Collège de Louis le Grand, où les élèves de rhétorique abordent des sujets destinés à former l'esprit et le cœur de la jeune noblesse. Le sujet choisi est la délibération concernant la jeune noblesse d'un État, inspirée par le prince Casimir de Pologne. Indigné par les désordres parmi la noblesse, Casimir demande à son père, le roi Casimir III, d'établir une commission pour réprimer ces excès. Le roi nomme des seigneurs pour discuter des problèmes et proposer des lois. Les quatre principaux désordres identifiés sont le luxe, le duel, l'oisiveté et l'indépendance des jeunes seigneurs. Chaque orateur argue que son désordre mérite la plus grande attention et sévérité. Casimir dresse ensuite les articles de la loi, décide de l'ordre d'exécution et règle le rang des commissaires dans le Conseil d'État. Dans le premier discours, contre le luxe, l'orateur réfute les prétextes des partisans du luxe, affirmant que celui-ci ruine les grandes maisons et épuise les ressources de la nation. Il souligne que le luxe empêche la jeune noblesse de soutenir son rang et est préjudiciable à l'État. Le luxe est décrit comme une injustice criante contre les droits du prince, des créanciers, des enfants et de la nation entière. Dans le deuxième discours, contre le duel, l'orateur démontre que le duel déshonore plus qu'il n'honore et que l'État y perd plus qu'il n'y gagne. Il critique les motivations des duels, souvent basées sur la fureur et la petitesse d'esprit, et non sur le véritable courage. Le duel est comparé à une forme de guerre civile et est jugé impie et insensé. L'orateur conclut en appelant à la répression sévère de ces désordres pour le bien public. Le texte aborde également l'oisiveté, décrite comme la source de nombreux autres vices. Un homme oisif est inutile à la République et devient rapidement pernicieux. L'oisiveté est comparée à un poison qui glace l'ardeur des jeunes cœurs et les rend funestes à l'État. Les oisifs vivent aux dépens de la patrie et troublent les travaux utiles des citoyens laborieux. L'indépendance est également critiquée. Elle s'enracine dans une éducation malsaine qui enseigne aux jeunes nobles à commander plutôt qu'à obéir. Cette indépendance conduit à la révolte et au mépris des lois. Les jeunes indépendants se croient au-dessus des lois et des punitions. Le texte cite l'exemple de la République romaine, où l'indépendance a failli la détruire. Les punitions sévères sont nécessaires pour dissuader les jeunes nobles de leur comportement rebelle. Enfin, le texte mentionne un discours du Prince qui examine quatre désordres : l'indépendance, l'oisiveté, le duel et le luxe. Il conclut que les jeunes seigneurs indépendants sont les plus coupables car ils violent la loi fondamentale de l'ordre politique, l'obéissance et la soumission. Le Prince prononce des lois contre ces quatre maux, en commençant par l'indépendance. Le document mentionne également des compliments échangés lors d'un jugement. M. d'Aligre a été félicité pour la noblesse et la dignité avec lesquelles il a présidé au jugement. Il a ensuite complimenté plusieurs personnes pour leurs talents respectifs. L'assemblée a approuvé ces éloges.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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88
p. 1413-1415
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Neufchâtel le 4. May 1733. au sujet d'un nouveau Journal, &c.
Début :
Vous voulez absolument que je vous donne des nouvelles de ce Pays-cy, [...]
Mots clefs :
Français, Suisse, Abbé, Mercure suisse, Muralt, Lettres sur les Anglais et les Français, France, Nouvelles littéraires, Bon sens
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Neufchâtel le 4. May 1733. au sujet d'un nouveau Journal, &c.
EXTRAIT d'une Lettre écrite de
Neufchâtel le 4. May 1733. au sujet
d'un nouveau Journal , & c.
V
Ous voulez absolument que je vous
donne des nouvelles de ce Pays- cy,
et sur tout des Nouvelles Litteraires ;
vous ne pensez donc pas comme beaucoup
de gens de votre Pays , qui s'imaginent
qu'en Suisse la Litterature est toutà
- fait négligée ; d'autres en outrant les
choses , nous disputent encore la poli- .
tesse , le bon sens et presque la raison.
On a eu le même préjugé à l'égard des
Orientaux en general , et à l'égard des
Turcs en particulier ; mais ceux- cy se
trouvent pleinement justifiez sur leur
ignorance prétendue , dans une Piece
nous avons lûe avec plaisir dans le Mercure
de France du mois dernier . Nous.
ne serons pas surpris que quelque Apologiste
prenne aussi un jour notre deffense
en main et désabuse du moins un
certain Public , de la mauvaise prévention
dont le vulgaire est rempli contre
la Nation Suisse.
que
En attendant , et pour commencer en
quelque façon cette Apologie , je vous
dirai qu'on imprime ici depuis le mois de
II. Vol.
Dé1414
MERCURE DE FRANCE
Décembre 1732. un Mercure Suisse , ou
Recueil de Nouvelles Historiques , Politi
ques , Litteraires et Curieuses , dont on paroît
assez content. Voici un petit Extrait
de celui du mois de Mars dernier ,
que
j'ai estimé digne de votre curiosité.
» En l'année 1726. l'Abbé D ... publia
» une Critique des Lettres de M. de Mu-
» ralt , sur les Moeurs des François et des
»
Anglois , sous ce titre : Apologie du ca-
» ractere des Anglois et des François , ou
Observations sur le Livre intitulé , Lettre
» sur les Anglois et les François , et sur les
»Voyages ; avec la deffense de la sixième
» Satyre de M. Despreaux , et la justificantion
du bel esprit François .
» Cet Abbé commence peu poliment
son Livre par ces mots : Dès que les
» Lettres sur les Anglois et les François
» et sur les Voyages , parurent , je les lûs
» avec une attention curieuse , et je fus bien
» aise de voir un Suisse penser. C'étoit loüer
le judicieux Auteur de ces Lettres , ( qui
» est Suisse ) d'une maniere peu convena-
» ble , et faire en même-temps insulte à
» toute sa Nation . Pour venger les Suis-
» ses , un d'entre eux , aussi peu poli que
» cet Abbé , et ami de M. de Muralt ,
»composa les Vers suivans. On nous prie
» de les inserer ici , parce qu'on ne les
II. Vol. >> a.
JUIN. 1733. 1415
a point encore vûs dans aucun Recueil,
mais on avertit que l'on n'y a nullement
en vûë tous les Auteurs François
en general. On sçait distinguer en Suisse
, tout comme ailleurs , le petit nombre
de bons Ecrivains , de la foule immense
des mauvais.Cette Epigramme ne
regarde donc aucun autre François que
les Auteurs de la classe de l'Abbé D ...
etit Abbé , le sçavoir vivre ,
'est point chez vous en lieu natal
t votre orgueil n'enfante un Livre ,
Que pour lancer un trait brutal .
ous pensiez donc , froid Satirique ,
Qu'avant Muralt , tout Helvetique ,
Ne pensoit point , ou pensoit mal ;
Et vous pensiez comme un cheval .
François , quittez vos fiers caprices ,
Connoissez mieux vos bons voisins .
Si vous pensiez , esprits trop vains ,
Autant , aussi bien que maints Suisses ;
Au lieu de vos tas d'Ecrivains ,
Pour la plupart fades Narcisses ,
La France auroit plus d'Esprits sains
Et qui pourvûs en hommes sages ,
Du bon sens des Treize Cantons ,
Ne produiroient que peu d'Ouvrages ;
Mais ces Ouvrages seroient bons.
Neufchâtel le 4. May 1733. au sujet
d'un nouveau Journal , & c.
V
Ous voulez absolument que je vous
donne des nouvelles de ce Pays- cy,
et sur tout des Nouvelles Litteraires ;
vous ne pensez donc pas comme beaucoup
de gens de votre Pays , qui s'imaginent
qu'en Suisse la Litterature est toutà
- fait négligée ; d'autres en outrant les
choses , nous disputent encore la poli- .
tesse , le bon sens et presque la raison.
On a eu le même préjugé à l'égard des
Orientaux en general , et à l'égard des
Turcs en particulier ; mais ceux- cy se
trouvent pleinement justifiez sur leur
ignorance prétendue , dans une Piece
nous avons lûe avec plaisir dans le Mercure
de France du mois dernier . Nous.
ne serons pas surpris que quelque Apologiste
prenne aussi un jour notre deffense
en main et désabuse du moins un
certain Public , de la mauvaise prévention
dont le vulgaire est rempli contre
la Nation Suisse.
que
En attendant , et pour commencer en
quelque façon cette Apologie , je vous
dirai qu'on imprime ici depuis le mois de
II. Vol.
Dé1414
MERCURE DE FRANCE
Décembre 1732. un Mercure Suisse , ou
Recueil de Nouvelles Historiques , Politi
ques , Litteraires et Curieuses , dont on paroît
assez content. Voici un petit Extrait
de celui du mois de Mars dernier ,
que
j'ai estimé digne de votre curiosité.
» En l'année 1726. l'Abbé D ... publia
» une Critique des Lettres de M. de Mu-
» ralt , sur les Moeurs des François et des
»
Anglois , sous ce titre : Apologie du ca-
» ractere des Anglois et des François , ou
Observations sur le Livre intitulé , Lettre
» sur les Anglois et les François , et sur les
»Voyages ; avec la deffense de la sixième
» Satyre de M. Despreaux , et la justificantion
du bel esprit François .
» Cet Abbé commence peu poliment
son Livre par ces mots : Dès que les
» Lettres sur les Anglois et les François
» et sur les Voyages , parurent , je les lûs
» avec une attention curieuse , et je fus bien
» aise de voir un Suisse penser. C'étoit loüer
le judicieux Auteur de ces Lettres , ( qui
» est Suisse ) d'une maniere peu convena-
» ble , et faire en même-temps insulte à
» toute sa Nation . Pour venger les Suis-
» ses , un d'entre eux , aussi peu poli que
» cet Abbé , et ami de M. de Muralt ,
»composa les Vers suivans. On nous prie
» de les inserer ici , parce qu'on ne les
II. Vol. >> a.
JUIN. 1733. 1415
a point encore vûs dans aucun Recueil,
mais on avertit que l'on n'y a nullement
en vûë tous les Auteurs François
en general. On sçait distinguer en Suisse
, tout comme ailleurs , le petit nombre
de bons Ecrivains , de la foule immense
des mauvais.Cette Epigramme ne
regarde donc aucun autre François que
les Auteurs de la classe de l'Abbé D ...
etit Abbé , le sçavoir vivre ,
'est point chez vous en lieu natal
t votre orgueil n'enfante un Livre ,
Que pour lancer un trait brutal .
ous pensiez donc , froid Satirique ,
Qu'avant Muralt , tout Helvetique ,
Ne pensoit point , ou pensoit mal ;
Et vous pensiez comme un cheval .
François , quittez vos fiers caprices ,
Connoissez mieux vos bons voisins .
Si vous pensiez , esprits trop vains ,
Autant , aussi bien que maints Suisses ;
Au lieu de vos tas d'Ecrivains ,
Pour la plupart fades Narcisses ,
La France auroit plus d'Esprits sains
Et qui pourvûs en hommes sages ,
Du bon sens des Treize Cantons ,
Ne produiroient que peu d'Ouvrages ;
Mais ces Ouvrages seroient bons.
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Neufchâtel le 4. May 1733. au sujet d'un nouveau Journal, &c.
En mai 1733, un correspondant de Neufchâtel réfute les préjugés selon lesquels la littérature suisse serait négligée ou inférieure. Il compare ces préjugés à ceux existant envers les Orientaux et les Turcs, justifiés par une œuvre publiée dans le Mercure de France. Il espère qu'un jour, un apologiste défendra la Suisse contre ces mauvaises préventions. L'auteur mentionne la publication, depuis décembre 1732, du journal 'Mercure Suisse', contenant des nouvelles historiques, politiques, littéraires et curieuses. Il partage un extrait du Mercure Suisse de mars 1733, relatant une controverse littéraire de 1726. L'Abbé D... avait critiqué les 'Lettres de M. de Muralt' sur les mœurs des Français et des Anglais de manière impolie. Un Suisse, ami de M. de Muralt, avait répondu par une épigramme. L'auteur précise que cette épigramme ne vise pas tous les auteurs français, mais seulement ceux de la classe de l'Abbé D..., et que les Suisses savent distinguer les bons écrivains des mauvais.
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89
p. 2011-2021
MEMOIRE pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres, dans la République des Lettres, &c. Tom. 20 et 21. A Paris, chez Briasson, ruë S. Jacques, à la Science. 1732.
Début :
Le premier de ces deux volumes contient les changemens, les corrections et [...]
Mots clefs :
Pontus de Tyard, Paris, Lyon, France, Jean de Tournes, Ouvrage, Volumes, Savants, Écrit, Traité, Français, Mamert Patisson
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texteReconnaissance textuelle : MEMOIRE pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres, dans la République des Lettres, &c. Tom. 20 et 21. A Paris, chez Briasson, ruë S. Jacques, à la Science. 1732.
MEMOIRE pour servir à l'Histoire des Hommes
Illustres, dans la République des Let
tres, & c. Tom. 20 et 21. A Paris , chez.
Briasson , rue S. Jacques , à la Science..
173.2.
Le premier de ces deux volumes contient
les changemens , les corrections et
les additions que l'Auteur a trouvées à
propos de faire pour les Tomes 11. 11 .
13. 14. 15. 16. 17. et 18. précedens . Ony
remarque par tout son exactitude et
son amour pour la verité ; et qu'il ne
tient pas à ses soins infatigables , que
nous n'ayons en ce genre un Ouvrage
parfait. Ce vingtiéme tome contient aussi
trois Tables qui sont d'une grande utilité
dans un pareil Recueil ; sçavoir , une
Table Générale des Matiéres qni ont été
traitées par les Auteurs dont il est parlé
dans les neuf volumes précédens ; une
Table alphabétique des Auteurs , contenus
dans les 20 volumes de ces Mémoires;
et une Table Nécrologique, qui marque
la date de la mort des Sçavans contenus
dans les neuf volumes précédens.
Le
1012 MERCURE DE FRANCE
Le 21. dont nous avons icy à rendrè
compte , contient les Noms , l'Eloge et
le Catalogue raisonné de 36 Sçavans , qui
ont vécu en différens temps , et qui se
sont distinguez pour la plupart , dans la
République des Lettres. Tels sont , entre
les autres , le Cardinal Bessarion
Pontus de Tyard, Philippe Cluvier , Jean
Louis Vivés , Edouard Pocock , Nicolas
Rigault , Gilles - André de la Roque, Jean
Fronteau , et Louis Boivin.Pour ne point
exceder certaines bornes , nous nous contenterons
de rapporter icy ce que l'Auteur
expose au sujet de Pontus de Tyard .
PONTus de Tyard , Seigneur de Bissy ,
nâquit vers l'an 1521. au Château de Bissy
, dans le Diocèse de Mâcon , de Jean
de Tyard , Lieutenant General au Bailliage
du Mâconnois, et de Jeanne de Ganay
, fille d'un Chancelier de France.
Son nom est écrit tantôt Tyard , et
tantôt Thiard ; mais cette orthographe
est vicieuse il doit s'écrire Tyard ; c'est
ainsi que les meilleurs Auteurs l'ont écrit,
-et c'est ainsi qu'il l'a écrit lui- même.
Pour ce qui est du nom de Ponthus
c'est celui d'un Héros fabuleux , sur lequel
on a un Roman , qui est fort peu
connu , et qui se trouve dans le Catalogue
de la Bibliotheque de M. du Fay ,
Sous
SEPTEMBRE , 1733. 2013
Bous ce titre: Le Roman du noble Roy Ponthus
, fils du Roy de Galice , et de la belle
Sidoine, fille du Roy de Bretagne , in 4.sans
date , en Lettre Gothique . On étoit autrefois
dans l'usage de donner de semblables
noms aux Enfans ; ainsi Jamin , Poëte
comtemporain de Pontus de Tyard ,
a porté celui d'Amadis , dont le Roman
n'est ignoré de personne. M. de la Monnoye
, qui nous apprend ces particularitez
dans ses Additions , aux Jugemens des
Sçavans de Baillet , rapporte dans le Ménagiana
, tom. I. pag. 236. une plaisanterie
sur ce sujet , qu'il ne faut pas omettre,
Pontus de Tyard étant , dit- il , à la
» cérémonie d'un Baptême, en qualité de
>>Parrain ; le Curé faisoit difficulté de
» nommer l'Enfant , Pontus , sur ce qu'il
» ne connoissoit point de Saint de ce
» nom- là. Comment , lui dit l'Evêque 2
M. le Curé ,vous ne songez donc pas au
» Saint , dont l'Eglise fait mention dans
» l'Hymne : Quem terra , Pontus, athera ?
» A ces mots , le bon Curé , qui ne s'étoit
jamais fort chargé de latin ; Monsei-
» gneur , lui dit- il , je vous demande par
» don , il est vrai que je n'y songeois pas.
» Et là- dessus il baptisa l'enfant sous ce
» nom.
2014 MERCURE DE FRANCE
Il fut instruit avec beaucoup de soin ,
dès son enfance, dans les Langues Latine
et Grecque , et même dans l'Hebraïques
mais quoiqu'il affecte de faire parade de
cette derniere, dans son Traité : De recta
nominum impositione , ce qu'il en sçavoit
étoit fort peu de chose ; ce peu lui a fait
cependant trouver place dans la Gallia
Orientalis , de Colomies , parmi les Sçavans
Hébraïsans François.
La Poësie Françoise l'occupa aussi dans
sa jeunesse , et il acquit par là de la réputation.
Ronsard lui attribuë même la
gloire d'avoir le premier introduit les
Sonnets en France. Mais la fortune n'a
point été dans la suite aussi riante à l'égard
de ses Poësies, qu'elle le fut d'abord.
Il a contribué lui-même à les faire disgracier
, par le mépris qu'il en fit ,et qu'il
en inspira aux autres dans un âge plus
mûr.
Il quitta la Poësie , pour se donner
à des Etudes plus sérieuses , et passa à
la Philosophie , aux Mathématiques , et
enfin à la Théologie. La plupart de ses
Ouvrages sont des preuves des connoissances
qu'il avoit acquises dans toutes
ses Sciences. Mais elles étoient alors si
imparfaites , ou la maniere dont on s'y
prenoit pour les apprendre étoit si mauvaise
,
SEPTEMBRE. 1733. 2015
yaise , que tout ce qui nous reste de lui
est un cahos d'érudition mal dirigée , où
Il n'y a presque rien à apprendre.
passa quelques années à la Cour
Roy Henri III . qui conçut de l'afection
pour lui , et lui donna l'Evêché
de Châlons sur Saone , dont il prit possession
le 16. Juin 1578. après avoir été
quelques années Archidiacre de cette
Église et Protonotaire Apostolique.
S'étant trouvé le premier des Dépu
tez de sa Province , dans l'Assemblée
des Etats qui fut tenuë à Blois l'an 1588.
il soutint l'autorité du Roy contre le
reste du Clergé , qui favorisoit la ligue ,
et il parla en sa faveur avec tant de force
et de dignité , qu'il fit de fortes impressions
sur l'esprit de ceux qui assistoient
à cette Assemblée , et en ramena
plusieurs à leur devoir,
Après 20. ans d'Episcopat , se voyant
accablé par les années et affligé des troubles
qui agitoient le Royaume , il se démit
de son Evêché et en fit pourvoir
Cyrus de Tyard , son neveu . S'étant ensuite
retiré dans une de ses Terres , il
ne s'occupa plus que du soin de son saat
. Ce fut là qu'il mourut le 23. Sepembre
1605. âgé de 84. ans.
Il exprima ses sentimens sur sa mort
dans
2018 MERCURE DE FRANCE
dans ces Vers , qu'il composa lui - même
avant que de mourir .
Non teneor longe dulcisque cupidine vita
Sat vixit , cui non vita pudenda fuit.
Nec fama illustris me tangit gloria , forsan ;
Per genium vivent sat mea scripta suum.
Nil
que moror quo sint mea membra tegenda se
pulchro ;
Hac propria baredis sit pia cura mei.
Sed cupio ut tandem mens Christo inixa levetur;
Peccati duro pondere , ad Astra vehar.
Ces Vers ont été gravez sur un Monument
qu'on lui a rigé dans le Choeur
de l'Eglise Cathédrale de Châlons , avec
ces mots au bas .
Pontus Tyardaus Bissianus Ep. Cabil.
Extremum hoc voveb, scribebat,
Il conserva jusqu'à la fin de sa vie là
vigueur de son corps et de son esprit.
Comme il avoit un grand corps et qu'il
étoit assidu à l'étude , il mangeoit beaucoup
et bûvoit de- même , sans mettre
jamais d'eau dans son vin , si violent que
soient ceux qui croissent sur le bord de
La Saône. Ce qu'il y a de singulier , c'est
qu'en se mettant au lit , il avaloit toûjours
un grand verre de vin pur , sans
que
SEPTEMBRE. 1733. 2017
uc sa santé en fût jamais alterée. Baillet et
1x qui l'ont suivi , ont trouvé que ce
coit point assez , et ont substitué mal
propos , au grand verre dont parle
M. Thou , un pot , en disant qu'il avoit
coûtume de boire un pot de vin pur
avant que de s'endormir..
Catalogue de ses Ouvrages.
1. Erreurs Amoureuses. Lyon , Jean de
Tournes , 1549 . in 8.Il n'a pas mis son nom
à cet Ouvrage , qui contient plusieurs
Sonnets , divisez en trois Livres.
2. Solitaire premier , ou Prose des Mu
ses et de la Fureur Poëtique . Avec des Vers
Lyriques sur la fin . Lyon , Jean de Tournes
, 1552. in fol.
3. Solitaire second , on Prose des Muses.
Avec des Vers Lyriques sur la fin .
Lyon , Jean de Tournes , 1552. in 8.
4. Les Oeuvres Poëtiques de Pontus de
Tyard. A sçavoir , trois Livres des Erreurs,
Amoureuses. Un Livre de Vers
Lyriques. Un Recueil de ses nouvelles
Euvres Poëtiques . Paris , Galiot du Pré,
1573. in 4, Tout cela n'est plus recher
ché , ni presque connu de personne.
5. Leon Hebreu , de l'Amour , Dialo
gue, Lyon , Jean de Tournes
, issi.
in 8. Il parut la même année une autre
Tra
2018 MERCURE DE FRANCE
Traduction de l'Ouvrage de Leon , sous
ce titre La sainte Philosophie de l'Amour
de Leon Hebreu , traduite de l'Italien
par le sieur du Parc (Denis Sauvage.)
Lyon , Guillaume Roville , 1551. in 8.
Ce Livre ne méritoit pas qu'on prît tant
de peine pour lui.
6. Discours du Temps , de l'An et de
ses parties. Lyon , Jean de Tournes, 1556.
in & . It. Paris , et Mamert Patisson , 1556.
in 4. C'est l'Edition que du Verdier a
mise mal à propos , in folio.
7. L'Univers , on Discours des parties
et de la nature du Monde. Lyon , Jean
de Tournes , 1557. in 4. Il y a dans ce
Livre , au rapport de du Verdier , quelques
pages prises et traduites mot à mot
du Livre du Monde de Philon , Juif.
L'Auteur l'ayant depuis revû et augmenté
, le publia de nouveau sous le
titre suivant.
8. Deux Discours de la nature du Mon
de et de ses parties ; à sçavoir , le premier
Curieux , traitant des choses matérielles ; et
le second Curieux , des intellectuelles. Paris,
Mamert Patisson , 1578. in 4. On voit
à la tête un avant- Discours par J. D. du
Perron , Professeur du Roy aux Langues,
aux Mathématiques et en la Philosophic,
qui fut ensuite Cardinal.
9.
SEPTEMBRE 1733. 2019
9. Mantice , on Discours de la verité
divination par Astrologie. Lyon , Jean
de Tournes , 1558. in 4.
to. Ephemerides Octava Sphere , seu
Tabelle Diaria Ortus , Occasus , et mediationis
coeli illustrium stellarum inerransium
, pro universâ Galliâ , et his regionibus
que Polum Boreum elevatum habent
ad so, grad. Lugduni , Joan. Torà
39.
pasius
, 1562.
in
fol.
11. De Coelestibus Asterismis Poematium
ad Petrum Ronsardum. Paris , apud
Galeotum à Prato , 1573. in 4.
12. Homelies sur les Evangiles. Paris ;
Mamert Patisson , 1586. in 8.
13. Duodecim Fabula Fluviorum vel
Fontium : unà cum Descriptione pro Pictura
et Epigrammatis. Paris , Joan . Richer,
1586. in 8. Je ne sçai ce que c'est que
cet Ouvrage , ni en quelle Langue il est
écrits le P. Louis Jacob en rapporte ainsi
le titre , mais sans marquer s'il est écrit
en Latin ou en François.
14. Les Discours Philosophiques de Pontus
de Tyard. Paris , 1587. in 4. C'est un
Recueil des Ouvrages que j'ai marquez
au N° 2. 3. 6. E. 9.
15. Homelies sur le Décalogue. Paris ,
1588. in 8.
16. Extrait de la Généalogie de Hugues
Capes
2020 MERCURE DE FRANCE
Capet , Roy de France , et des premiers
Successeurs de la Race de Charlemagne en
France. Paris , Mamert Patisson , 1594.
in 8. M. de Thou , dans le 77. Livre de
son Histoire , attribue à Pontus de Tyard
cet Ouvrage , qui est anonyme , et Duchêne
, à la page 30. de sa Bibliotheque
des Historiens de France , dit qu'il l'a
fait pour servir de Réponse au Livre de
François de Rosieres, intitulé : Stemmata
Ducum Lotharingia. Paris , 1580. in fol.
17. Derecta nominum impositione . Lugduni
, Jacobus Roussin ; 1603. in 8 .
Pontus de Tyard , marque dans l'Epitre
à Louis de Tyard , son neveu , qui est
à la tête de ce petit Traité , que dans
le commencement des troubles de la
France , il avoit traduit du Grec deux
Opuscules de Philon , et qu'il avoit composé
ce Traité pour servir de Préface à
sa Traduction ; mais que Fréderic Morel
l'ayant prévenu en publiant une Version
Latine d'un de ces mêmes Opuscules
, et en promettant la Version de
l'autre , il avoit supprimé la sienne , et
sé contentoit de donner au Public l'Ouvrage
qu'il lui adressoit , avec quelques
Notes sur les Livres qu'il avoit traduits.
18. Annotationes in Libros Philonis Judai
, de Transnominatis , et Allegoria Sa
STR.
SEPTEMBRE . 1733. 2021
cra . A la suite du Traité précedent .
19. Fragmentum Epistola pii cujusdam
Episcopi , quo Pseudo -Jesuita Caroli , et
ejs Congerronum maledicta repellit. Hanovix
, 1604. in 8. A la suite de Caroli
Molinai Consilium super commodis et in-
Commodis nova Secta Jesuitarum . Item.
dans la Bibliothecâ Pontificia , editâ à
Joanne Scherzero, Lipsiæ , 1677. in 4.
avec la Souscription P. T. E. C. qui signifie
Pontus Tyardaus Episcopus Cabilonensis.
Item. Traduit en François à la
page 378. du Livre de David Homme
intitulé : Le Contr' Assassin. Lyon , 1612 .
Illustres, dans la République des Let
tres, & c. Tom. 20 et 21. A Paris , chez.
Briasson , rue S. Jacques , à la Science..
173.2.
Le premier de ces deux volumes contient
les changemens , les corrections et
les additions que l'Auteur a trouvées à
propos de faire pour les Tomes 11. 11 .
13. 14. 15. 16. 17. et 18. précedens . Ony
remarque par tout son exactitude et
son amour pour la verité ; et qu'il ne
tient pas à ses soins infatigables , que
nous n'ayons en ce genre un Ouvrage
parfait. Ce vingtiéme tome contient aussi
trois Tables qui sont d'une grande utilité
dans un pareil Recueil ; sçavoir , une
Table Générale des Matiéres qni ont été
traitées par les Auteurs dont il est parlé
dans les neuf volumes précédens ; une
Table alphabétique des Auteurs , contenus
dans les 20 volumes de ces Mémoires;
et une Table Nécrologique, qui marque
la date de la mort des Sçavans contenus
dans les neuf volumes précédens.
Le
1012 MERCURE DE FRANCE
Le 21. dont nous avons icy à rendrè
compte , contient les Noms , l'Eloge et
le Catalogue raisonné de 36 Sçavans , qui
ont vécu en différens temps , et qui se
sont distinguez pour la plupart , dans la
République des Lettres. Tels sont , entre
les autres , le Cardinal Bessarion
Pontus de Tyard, Philippe Cluvier , Jean
Louis Vivés , Edouard Pocock , Nicolas
Rigault , Gilles - André de la Roque, Jean
Fronteau , et Louis Boivin.Pour ne point
exceder certaines bornes , nous nous contenterons
de rapporter icy ce que l'Auteur
expose au sujet de Pontus de Tyard .
PONTus de Tyard , Seigneur de Bissy ,
nâquit vers l'an 1521. au Château de Bissy
, dans le Diocèse de Mâcon , de Jean
de Tyard , Lieutenant General au Bailliage
du Mâconnois, et de Jeanne de Ganay
, fille d'un Chancelier de France.
Son nom est écrit tantôt Tyard , et
tantôt Thiard ; mais cette orthographe
est vicieuse il doit s'écrire Tyard ; c'est
ainsi que les meilleurs Auteurs l'ont écrit,
-et c'est ainsi qu'il l'a écrit lui- même.
Pour ce qui est du nom de Ponthus
c'est celui d'un Héros fabuleux , sur lequel
on a un Roman , qui est fort peu
connu , et qui se trouve dans le Catalogue
de la Bibliotheque de M. du Fay ,
Sous
SEPTEMBRE , 1733. 2013
Bous ce titre: Le Roman du noble Roy Ponthus
, fils du Roy de Galice , et de la belle
Sidoine, fille du Roy de Bretagne , in 4.sans
date , en Lettre Gothique . On étoit autrefois
dans l'usage de donner de semblables
noms aux Enfans ; ainsi Jamin , Poëte
comtemporain de Pontus de Tyard ,
a porté celui d'Amadis , dont le Roman
n'est ignoré de personne. M. de la Monnoye
, qui nous apprend ces particularitez
dans ses Additions , aux Jugemens des
Sçavans de Baillet , rapporte dans le Ménagiana
, tom. I. pag. 236. une plaisanterie
sur ce sujet , qu'il ne faut pas omettre,
Pontus de Tyard étant , dit- il , à la
» cérémonie d'un Baptême, en qualité de
>>Parrain ; le Curé faisoit difficulté de
» nommer l'Enfant , Pontus , sur ce qu'il
» ne connoissoit point de Saint de ce
» nom- là. Comment , lui dit l'Evêque 2
M. le Curé ,vous ne songez donc pas au
» Saint , dont l'Eglise fait mention dans
» l'Hymne : Quem terra , Pontus, athera ?
» A ces mots , le bon Curé , qui ne s'étoit
jamais fort chargé de latin ; Monsei-
» gneur , lui dit- il , je vous demande par
» don , il est vrai que je n'y songeois pas.
» Et là- dessus il baptisa l'enfant sous ce
» nom.
2014 MERCURE DE FRANCE
Il fut instruit avec beaucoup de soin ,
dès son enfance, dans les Langues Latine
et Grecque , et même dans l'Hebraïques
mais quoiqu'il affecte de faire parade de
cette derniere, dans son Traité : De recta
nominum impositione , ce qu'il en sçavoit
étoit fort peu de chose ; ce peu lui a fait
cependant trouver place dans la Gallia
Orientalis , de Colomies , parmi les Sçavans
Hébraïsans François.
La Poësie Françoise l'occupa aussi dans
sa jeunesse , et il acquit par là de la réputation.
Ronsard lui attribuë même la
gloire d'avoir le premier introduit les
Sonnets en France. Mais la fortune n'a
point été dans la suite aussi riante à l'égard
de ses Poësies, qu'elle le fut d'abord.
Il a contribué lui-même à les faire disgracier
, par le mépris qu'il en fit ,et qu'il
en inspira aux autres dans un âge plus
mûr.
Il quitta la Poësie , pour se donner
à des Etudes plus sérieuses , et passa à
la Philosophie , aux Mathématiques , et
enfin à la Théologie. La plupart de ses
Ouvrages sont des preuves des connoissances
qu'il avoit acquises dans toutes
ses Sciences. Mais elles étoient alors si
imparfaites , ou la maniere dont on s'y
prenoit pour les apprendre étoit si mauvaise
,
SEPTEMBRE. 1733. 2015
yaise , que tout ce qui nous reste de lui
est un cahos d'érudition mal dirigée , où
Il n'y a presque rien à apprendre.
passa quelques années à la Cour
Roy Henri III . qui conçut de l'afection
pour lui , et lui donna l'Evêché
de Châlons sur Saone , dont il prit possession
le 16. Juin 1578. après avoir été
quelques années Archidiacre de cette
Église et Protonotaire Apostolique.
S'étant trouvé le premier des Dépu
tez de sa Province , dans l'Assemblée
des Etats qui fut tenuë à Blois l'an 1588.
il soutint l'autorité du Roy contre le
reste du Clergé , qui favorisoit la ligue ,
et il parla en sa faveur avec tant de force
et de dignité , qu'il fit de fortes impressions
sur l'esprit de ceux qui assistoient
à cette Assemblée , et en ramena
plusieurs à leur devoir,
Après 20. ans d'Episcopat , se voyant
accablé par les années et affligé des troubles
qui agitoient le Royaume , il se démit
de son Evêché et en fit pourvoir
Cyrus de Tyard , son neveu . S'étant ensuite
retiré dans une de ses Terres , il
ne s'occupa plus que du soin de son saat
. Ce fut là qu'il mourut le 23. Sepembre
1605. âgé de 84. ans.
Il exprima ses sentimens sur sa mort
dans
2018 MERCURE DE FRANCE
dans ces Vers , qu'il composa lui - même
avant que de mourir .
Non teneor longe dulcisque cupidine vita
Sat vixit , cui non vita pudenda fuit.
Nec fama illustris me tangit gloria , forsan ;
Per genium vivent sat mea scripta suum.
Nil
que moror quo sint mea membra tegenda se
pulchro ;
Hac propria baredis sit pia cura mei.
Sed cupio ut tandem mens Christo inixa levetur;
Peccati duro pondere , ad Astra vehar.
Ces Vers ont été gravez sur un Monument
qu'on lui a rigé dans le Choeur
de l'Eglise Cathédrale de Châlons , avec
ces mots au bas .
Pontus Tyardaus Bissianus Ep. Cabil.
Extremum hoc voveb, scribebat,
Il conserva jusqu'à la fin de sa vie là
vigueur de son corps et de son esprit.
Comme il avoit un grand corps et qu'il
étoit assidu à l'étude , il mangeoit beaucoup
et bûvoit de- même , sans mettre
jamais d'eau dans son vin , si violent que
soient ceux qui croissent sur le bord de
La Saône. Ce qu'il y a de singulier , c'est
qu'en se mettant au lit , il avaloit toûjours
un grand verre de vin pur , sans
que
SEPTEMBRE. 1733. 2017
uc sa santé en fût jamais alterée. Baillet et
1x qui l'ont suivi , ont trouvé que ce
coit point assez , et ont substitué mal
propos , au grand verre dont parle
M. Thou , un pot , en disant qu'il avoit
coûtume de boire un pot de vin pur
avant que de s'endormir..
Catalogue de ses Ouvrages.
1. Erreurs Amoureuses. Lyon , Jean de
Tournes , 1549 . in 8.Il n'a pas mis son nom
à cet Ouvrage , qui contient plusieurs
Sonnets , divisez en trois Livres.
2. Solitaire premier , ou Prose des Mu
ses et de la Fureur Poëtique . Avec des Vers
Lyriques sur la fin . Lyon , Jean de Tournes
, 1552. in fol.
3. Solitaire second , on Prose des Muses.
Avec des Vers Lyriques sur la fin .
Lyon , Jean de Tournes , 1552. in 8.
4. Les Oeuvres Poëtiques de Pontus de
Tyard. A sçavoir , trois Livres des Erreurs,
Amoureuses. Un Livre de Vers
Lyriques. Un Recueil de ses nouvelles
Euvres Poëtiques . Paris , Galiot du Pré,
1573. in 4, Tout cela n'est plus recher
ché , ni presque connu de personne.
5. Leon Hebreu , de l'Amour , Dialo
gue, Lyon , Jean de Tournes
, issi.
in 8. Il parut la même année une autre
Tra
2018 MERCURE DE FRANCE
Traduction de l'Ouvrage de Leon , sous
ce titre La sainte Philosophie de l'Amour
de Leon Hebreu , traduite de l'Italien
par le sieur du Parc (Denis Sauvage.)
Lyon , Guillaume Roville , 1551. in 8.
Ce Livre ne méritoit pas qu'on prît tant
de peine pour lui.
6. Discours du Temps , de l'An et de
ses parties. Lyon , Jean de Tournes, 1556.
in & . It. Paris , et Mamert Patisson , 1556.
in 4. C'est l'Edition que du Verdier a
mise mal à propos , in folio.
7. L'Univers , on Discours des parties
et de la nature du Monde. Lyon , Jean
de Tournes , 1557. in 4. Il y a dans ce
Livre , au rapport de du Verdier , quelques
pages prises et traduites mot à mot
du Livre du Monde de Philon , Juif.
L'Auteur l'ayant depuis revû et augmenté
, le publia de nouveau sous le
titre suivant.
8. Deux Discours de la nature du Mon
de et de ses parties ; à sçavoir , le premier
Curieux , traitant des choses matérielles ; et
le second Curieux , des intellectuelles. Paris,
Mamert Patisson , 1578. in 4. On voit
à la tête un avant- Discours par J. D. du
Perron , Professeur du Roy aux Langues,
aux Mathématiques et en la Philosophic,
qui fut ensuite Cardinal.
9.
SEPTEMBRE 1733. 2019
9. Mantice , on Discours de la verité
divination par Astrologie. Lyon , Jean
de Tournes , 1558. in 4.
to. Ephemerides Octava Sphere , seu
Tabelle Diaria Ortus , Occasus , et mediationis
coeli illustrium stellarum inerransium
, pro universâ Galliâ , et his regionibus
que Polum Boreum elevatum habent
ad so, grad. Lugduni , Joan. Torà
39.
pasius
, 1562.
in
fol.
11. De Coelestibus Asterismis Poematium
ad Petrum Ronsardum. Paris , apud
Galeotum à Prato , 1573. in 4.
12. Homelies sur les Evangiles. Paris ;
Mamert Patisson , 1586. in 8.
13. Duodecim Fabula Fluviorum vel
Fontium : unà cum Descriptione pro Pictura
et Epigrammatis. Paris , Joan . Richer,
1586. in 8. Je ne sçai ce que c'est que
cet Ouvrage , ni en quelle Langue il est
écrits le P. Louis Jacob en rapporte ainsi
le titre , mais sans marquer s'il est écrit
en Latin ou en François.
14. Les Discours Philosophiques de Pontus
de Tyard. Paris , 1587. in 4. C'est un
Recueil des Ouvrages que j'ai marquez
au N° 2. 3. 6. E. 9.
15. Homelies sur le Décalogue. Paris ,
1588. in 8.
16. Extrait de la Généalogie de Hugues
Capes
2020 MERCURE DE FRANCE
Capet , Roy de France , et des premiers
Successeurs de la Race de Charlemagne en
France. Paris , Mamert Patisson , 1594.
in 8. M. de Thou , dans le 77. Livre de
son Histoire , attribue à Pontus de Tyard
cet Ouvrage , qui est anonyme , et Duchêne
, à la page 30. de sa Bibliotheque
des Historiens de France , dit qu'il l'a
fait pour servir de Réponse au Livre de
François de Rosieres, intitulé : Stemmata
Ducum Lotharingia. Paris , 1580. in fol.
17. Derecta nominum impositione . Lugduni
, Jacobus Roussin ; 1603. in 8 .
Pontus de Tyard , marque dans l'Epitre
à Louis de Tyard , son neveu , qui est
à la tête de ce petit Traité , que dans
le commencement des troubles de la
France , il avoit traduit du Grec deux
Opuscules de Philon , et qu'il avoit composé
ce Traité pour servir de Préface à
sa Traduction ; mais que Fréderic Morel
l'ayant prévenu en publiant une Version
Latine d'un de ces mêmes Opuscules
, et en promettant la Version de
l'autre , il avoit supprimé la sienne , et
sé contentoit de donner au Public l'Ouvrage
qu'il lui adressoit , avec quelques
Notes sur les Livres qu'il avoit traduits.
18. Annotationes in Libros Philonis Judai
, de Transnominatis , et Allegoria Sa
STR.
SEPTEMBRE . 1733. 2021
cra . A la suite du Traité précedent .
19. Fragmentum Epistola pii cujusdam
Episcopi , quo Pseudo -Jesuita Caroli , et
ejs Congerronum maledicta repellit. Hanovix
, 1604. in 8. A la suite de Caroli
Molinai Consilium super commodis et in-
Commodis nova Secta Jesuitarum . Item.
dans la Bibliothecâ Pontificia , editâ à
Joanne Scherzero, Lipsiæ , 1677. in 4.
avec la Souscription P. T. E. C. qui signifie
Pontus Tyardaus Episcopus Cabilonensis.
Item. Traduit en François à la
page 378. du Livre de David Homme
intitulé : Le Contr' Assassin. Lyon , 1612 .
Fermer
Résumé : MEMOIRE pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres, dans la République des Lettres, &c. Tom. 20 et 21. A Paris, chez Briasson, ruë S. Jacques, à la Science. 1732.
Le texte présente deux volumes d'une œuvre intitulée 'Mémoire pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres, dans la République des Lettres'. Le vingtième volume inclut des corrections et des additions pour les tomes précédents, ainsi que trois tables utiles : une Table Générale des Matières, une Table alphabétique des Auteurs et une Table Nécrologique. Le vingt-et-unième volume éloge 36 savants, dont Pontus de Tyard. Pontus de Tyard, né vers 1521 au Château de Bissy, reçut une éducation précoce en langues anciennes et en poésie. Il est reconnu pour avoir introduit les sonnets en France. Par la suite, il se consacra à des études plus sérieuses telles que la philosophie, les mathématiques et la théologie. Sa carrière le mena à la cour de Henri III, où il obtint l'évêché de Châlons-sur-Saône. Il soutint l'autorité royale lors des États de Blois en 1588. Après vingt ans d'épiscopat, il se retira et mourut en 1605 à l'âge de 84 ans. Le texte mentionne également plusieurs des œuvres de Tyard, qui couvrent une large gamme de genres, allant des poèmes à des traités théologiques et philosophiques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
90
p. 2427-2435
Monumens de la Monarchie Françoise &c. [titre d'après la table]
Début :
MONUMENS DE LA MONARCHIE FRANCOISE, &c. Par le R. P. Dom Bernard de [...]
Mots clefs :
Charles IX, Henri IV, Henri II, France, Roi, Huguenots, Duc de Guise, Spectacles, Guerre, Reine
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Monumens de la Monarchie Françoise &c. [titre d'après la table]
MONUMENS DE LA MONARCHIE FRANÇOISE
, &c. Par le R. P. Dom Bernard de
Montfaucon , tom . 5. fol. chez Giffart et
J. Michel Gandoüin , 1733 .
Ce cinquième et dernier tome comprend
les Regnes d'Henry II. de François
II . de Charles IX . d'Henry III . et
d'Henry IV .
On ne vit jamais'de si grands spectacles
aux Entrées des Rois que sous Henry II.
Lyon se signala à la venue du Roy et de
la Reine , par un Palais superbe , construit
sur la Riviere dans de grands Bâteaux
; Rouen par des Chars où étoient
attellées des Licornes ; par des Elephans
qui portoient sur leurs dos des Tours
pleines de Seigneurs et de Dames. L'in
dustrie avoit ainsi métamorphosé des
Chevaux en ces Animaux presque inconnus
dans nos Climats. Mais ces grands
Spectacles furent comme effacez par ce
qu'on appella le Triomphe de la Riviere:
Dans ce tems où le beau Pont de Pierre
subsistoit encore à Rouen , on vit la Seine
converte de Divinités Marines . Neptune
alloit avec pompe dans son Char
sur les Eaux de la Riviere . Les Naïades
et les Néréïdes flottoient sur des Tritons
´et des Monstres Marins .
Paris se distingua aussi par des Repré-
E ij
sen1448
MERCURE DE FRANCE
sentations magnifiques ; mais on n'a pû
trouver que ccs Arcades superbes , faites
à l'endroit le plus large de la rue S. Antoine
, sur lesquelles on avoit élevé de
grands Appartements richement meublez ,
dignes de la Majesté Royale. Tout cela
se voit représenté dans ce volume , tiré
d'Estampes gravées dans le tems même.
La Guerre qui survint causa d'autres
spectacles , qui attirerent l'attention de
toute l'Europe, Henri II. d'intelligence
avec plusieurs Princes Allemans se saisit
de Mets , Toul et Verdun , l'Empereur
Charles - Quint vint avec une Armée
formidable assieger Mets , qui fut si bien
deffendu par le Duc de Guise, secondé des
plus braves de la Nation , qu'après un
long Siége Charles- Quint fut obligé de
se retirer avec une grande perte de ses
gens. Henri II, remporta encore un avantage
considerable à Renti sur l'Armée de
l'Empereur ; la victoire auroit été complette
si le Connêtable fut venu assez à
tems.
Une tréve de cinq ans mal-à- propos
rompuë , fut cause de bien des malheurs :
et la perte de la Bataille de S. Quentin
mit la France en grand péril . Mais le Duc
de Guise revenu d'Italie , rétablit les
choses et la Paix se fit ensuite. Elle fut
très
NOVEMBRE. 1733. 2.4.29
12
,
très-désavantageuse à la France selon
la plupart des Historiens , fondez sur
ce qu'on rendit une centaine de places
aux Ennemis. Mais le P. de Montfaucon
prouve que ce grand nombre de places ,
presque toutes , ou dans le Piémont , ou
dans l'Isle de Corse , furent renduës au
grand bonheur de la France : cela mit fin
aux Guerres d'Italie , cause des malheurs
arrivez au Royaume pendant quatre Regnes.
Par cette Paix Henri fut maintenu
dans la possession de Mets , Toul , Verdun
et de Calais , Places qu'il avoit conquises
et qui étoient fort à sa bienséance,
On passe legerement sur ce qui suit , et
sur le Tournois où Henri II. fut blessé
à mort. On le voit ici dans son lit mourant
, d'après une Estampe gravée dans
ce même tems.
Le Regne de François II. qui fut fort
court , ne fut remarquable que par ia
conjuration d'Amboise , premier acte
d'hostilité que les Calvinistes firent : elle
est ici gravée d'après un original , où
l'on apprend plusieurs choses que les
Historiens ne disent pas.
Ce fut sous le Regne de Charles IX.
que la Guerre civile commença , et donna
des spectacles qu'on peut comparer à ce
qu'il y a de plus tragique dans les Histoi-
E iij
res
430 MERCURE DE FRANCE
res. On voulut d'abord accorder les deux
parties au Colloque de Poissi , qu'on voit
ici représenté en graveure : mais comme
il arrive souvent , ils se séparerent plus
animez qu'auparavant les uns contre les
autres. Le premier signal de la Guerre
civile fut le massacre de Vassi , où quel,
ques Huguenots furent tuez par
les gens
du Duc de Guise. Cela mit toute la Fran
ce en feu ; les Huguenots se saisirent de
plusieurs Villes , ruinerent les Eglises
massacrerent les Prêtres , les Moines ,
tous ceux qui s'opposoient à leurs violen
ces , les Catholiques leur rendirent la pan
reille . Ils reprirent la plupart des places
que les Huguenots avoient occupées , et
taillerent en pieces tous ceux d'entre eux
qu'ils purent attraper.
Tout le Royaume se vit alors plein de
sang et de carnage. On se mit en campagne
de part et d'autre ; l'Armée Royale
reprit Bourges et Rouen , Villes que les
Huguenots avoient occupées Après, vint
la Bataille de Dreux , qui fut la plus disputée
; mais enfin l'Armée des Huguenots
fut mise en déroute : et le Duc de
Guise assiegea Orleans , où il fut tué traitreusement
par Jean Poltrot , et après sa
mort on fit la Paix de l'Isle aux Boeufs.
On passe legerement sur des faits si con
nus
NOVEMBRE . 1733 2431
nus. Ce qu'il y a de plus instructif dans
cet Ouvrage , c'est que toutes ces principales
actions y sont représentées en fi-/
gure d'après des Estampes originales , et
de ce tems-là.
Selon l'opinion commune Catherine
de Medicis cherchoit à perdre les Chefs
des Huguenots : ils prirent de nouveau
les armes , tâcherent en vain de se saisir
du Jeune Roy Charles IX. et perdirent
la Bataille de S. Denis : après quoi , assis
tez des Allemans, ils assiégerent Chartres.
Pendant ce Siége , se fit la seconde Paix ,
qui fut de peu de durée. La Reine persistant
toujours dans le dessein de faire
périr les Chefs des Huguenots, ils prirent
les armes , le Duc d'Anjou gagna sur eux
la Bataille de Jarnac , où le Prince de
Condé fut tué. Une puissante armée
d'Allemans étant venue au ' secours de
l'Amiral de Coligni , il assiégea Poitiers,
fut obligé de lever le Siége , et perdit la
Bataille de Moncontour après laquelle
il se retira ; et augmentant toujours ses
Troupes dans sa longue route , il se rendit
enfin à Arnay -le -Duc. Il y eut là un
combat , où l'avantage fut presque égal
de part et d'autre. On vint enfin à un
Traité de Paix, et cette Paix feinte donna
lieu à Catherine d'éxécuter son projet par
E iiij
le
2432 MERCURE DE FRANCE
le massacre de la S. Barthelemy. Un dé
tail même abregé de tout ce que nous
venons de dire feroit un volume entier.
On fit ensuite le Siége de la Rochelle :
pendant lequel Henri Duc d'Anjou fut
élû Roy de Pologne. Il alla prendre possession
de son Royaume , et peu de tems
après Charles IX. mourut , non sans
soupçon de poison . On le voit ici représenté
avec les Grands du Royaume , on
peut remarquer l'habit des Gentilshommes
de ce tems là , qui est fort singulier.
Henri s'échappa de la Pologne pour
venir prendre possession du Royaume de
France. On avoit conçu de ce Prince de
grandes espérances . Les belles actions
qu'il avoit faites n'érant que Duc d'Anjou,
lui avoient attiré l'amour et l'estime des
François, qui s'attendoient qu'il brilleroit
encore plus , lorsqu'il auroit l'autorité
Souveraine. Mais sa vie molle et effeminée
, et ses mignons , le rendirent méprisable.
Il s'attira aussi la haine du public
par les Edits Bursaux qu'il faisoit tous les
jours à la charge du peuple. Les Processions
, les Confreries de pénitens , des
Actes de Dévotions mêlez avec des choses
d'un genre si different, augmenterent
le
NOVEMBRE. 1733. 2433
le mépris qu'on avoit pour lui, On l'ac
Cusoit, quoiqu'à tort, de favoriser les Huguenots.
Ce fut sur ce faux soupçon ,que se forma
la Ligue qui causa tant de maux à la
France ; quoique le Roy s'en fut déclaré
Chef, cette Ligue se tourna contre luì .
Le Duc de Guise fomentoit ce parti à
dessein de suplanter le Roy et de se mettre
en sa place , à ce qu'on disoit . Sa valeur
le rendoit recommandable. Le peu
ple , et sur tout les Parisiens , l'aimoient
et l'estimoient autant qu'ils méprisoient
le Roy. On cabala enfin contre Henti
et à la journée des Barricades , il fut obligé
pour sa sûreté de s'enfuir de Paris. I
assembla depuis les Etats à Blois ; et le
Duc de Guise continuant ses menées , il
lé fit tuer .
Peu de jours après sa mort , la Reine »
Mere Catherine de Medicis déceda . Le
Portrait de cette Princesse , et l'emploi
qu'elle faisoit de l'Art Magique pour découvrir
l'avenir , se trouvent ici dépeints
dans des Piéces originales , qui n'avoient
point encore vû le jour.
Henri III. après le meurtre du Duc de
Guise , abandonné de presque toutes les
Villes du Royaume , fut obligé de se
joindre à Henri Roy de Navarre. Il assié- ·
Ev
2434 MERCURE DE FRANCE
gea Paris , et fut tué au commencement
du Siége par Jacques Clement. Entre les
Estampes de ce Regne on voit celle de
l'Institution de l'Ordre du S. Esprit , et
plusieurs autres fort remarquables ; celles
des Courtisans qui se rendoient au Louvre
à cheval portant en croupe ou quelque
ami , ou quelque Demoiselle. Celles
des Mousquetaires, des Gardes du Corps,
des Suisses , celle des Pages et des Laquais.
L'Histoire d'Henri IV. est trop con
nue pour s'y arrêter long- tems ; ses grandes
actions et ses Victoires remportées
sur le Duc de Mayenne et sur les Ligueurs
lui auroient difficilement procuré l'entrée
dans Paris s'il ne s'étoit converti à la
Religion Catholique . Ces Ligueurs animez
par des Prédicateurs furieux et Fanatiques
donnerent une scene des plus
extraordinaires . Ce fut la Procession de
la Ligue de l'An 1591. où les Capucins ,
Cordeliers , Carmes , Dominicains , Feüillans
et d'autres Religieux , marchoient
après la Croix , armez de Mousquets
d'Epées , de Piques et de Hallebardes
faisant quelquefois des décharges , comme
pour deffendre la Religion Catholique.
On voit dans ce tome cette Prócession
exactement représentée d'après un
original
NOVEMBRE. 1733 2435
original du tems . La conversion d'Henri
IV. ramena bien des gens , il entra dans
Paris en 1594. On voit ici l'Estampe de
cette Entrée. Après la Réduction de Paris
, les autres Villes suivirent son exemples
, et le Roy se trouva enfin paisible
possesseur de tout le Royaume. La surprise
d'Amiens par les Espagnols jetta
d'abord la terreur dans la France ; mais
la Ville fut bien- tôt reprise , et peu de
tems après on fit la Paix de Vervins qui
fut très-avantageuse. Nous passons legerement
sur ce qui suit ; sur la Guerre de
Savoye qui se termina au souhait d'Henri
IV. sur la conspiration du Maréchal de
Biron , qui eut la tête tranchée ; et enfin
sur la grande Entreprise d'Henri IV. ligué
avec plusieurs Princes de l'Europe ;
entreprise dont on n'a jamais sû le véritable
objet que par conjectures dans le
tems que ce Prince faisoit marcher ses
'Armées il fut assassiné par François
Ravaillac , comme tout le monde sçait.
Et là finit le cinquième et dernier Tome
d'un Ouvrage dont on ne sçauroit assez
louer l'entreprise et l'exécution .
, &c. Par le R. P. Dom Bernard de
Montfaucon , tom . 5. fol. chez Giffart et
J. Michel Gandoüin , 1733 .
Ce cinquième et dernier tome comprend
les Regnes d'Henry II. de François
II . de Charles IX . d'Henry III . et
d'Henry IV .
On ne vit jamais'de si grands spectacles
aux Entrées des Rois que sous Henry II.
Lyon se signala à la venue du Roy et de
la Reine , par un Palais superbe , construit
sur la Riviere dans de grands Bâteaux
; Rouen par des Chars où étoient
attellées des Licornes ; par des Elephans
qui portoient sur leurs dos des Tours
pleines de Seigneurs et de Dames. L'in
dustrie avoit ainsi métamorphosé des
Chevaux en ces Animaux presque inconnus
dans nos Climats. Mais ces grands
Spectacles furent comme effacez par ce
qu'on appella le Triomphe de la Riviere:
Dans ce tems où le beau Pont de Pierre
subsistoit encore à Rouen , on vit la Seine
converte de Divinités Marines . Neptune
alloit avec pompe dans son Char
sur les Eaux de la Riviere . Les Naïades
et les Néréïdes flottoient sur des Tritons
´et des Monstres Marins .
Paris se distingua aussi par des Repré-
E ij
sen1448
MERCURE DE FRANCE
sentations magnifiques ; mais on n'a pû
trouver que ccs Arcades superbes , faites
à l'endroit le plus large de la rue S. Antoine
, sur lesquelles on avoit élevé de
grands Appartements richement meublez ,
dignes de la Majesté Royale. Tout cela
se voit représenté dans ce volume , tiré
d'Estampes gravées dans le tems même.
La Guerre qui survint causa d'autres
spectacles , qui attirerent l'attention de
toute l'Europe, Henri II. d'intelligence
avec plusieurs Princes Allemans se saisit
de Mets , Toul et Verdun , l'Empereur
Charles - Quint vint avec une Armée
formidable assieger Mets , qui fut si bien
deffendu par le Duc de Guise, secondé des
plus braves de la Nation , qu'après un
long Siége Charles- Quint fut obligé de
se retirer avec une grande perte de ses
gens. Henri II, remporta encore un avantage
considerable à Renti sur l'Armée de
l'Empereur ; la victoire auroit été complette
si le Connêtable fut venu assez à
tems.
Une tréve de cinq ans mal-à- propos
rompuë , fut cause de bien des malheurs :
et la perte de la Bataille de S. Quentin
mit la France en grand péril . Mais le Duc
de Guise revenu d'Italie , rétablit les
choses et la Paix se fit ensuite. Elle fut
très
NOVEMBRE. 1733. 2.4.29
12
,
très-désavantageuse à la France selon
la plupart des Historiens , fondez sur
ce qu'on rendit une centaine de places
aux Ennemis. Mais le P. de Montfaucon
prouve que ce grand nombre de places ,
presque toutes , ou dans le Piémont , ou
dans l'Isle de Corse , furent renduës au
grand bonheur de la France : cela mit fin
aux Guerres d'Italie , cause des malheurs
arrivez au Royaume pendant quatre Regnes.
Par cette Paix Henri fut maintenu
dans la possession de Mets , Toul , Verdun
et de Calais , Places qu'il avoit conquises
et qui étoient fort à sa bienséance,
On passe legerement sur ce qui suit , et
sur le Tournois où Henri II. fut blessé
à mort. On le voit ici dans son lit mourant
, d'après une Estampe gravée dans
ce même tems.
Le Regne de François II. qui fut fort
court , ne fut remarquable que par ia
conjuration d'Amboise , premier acte
d'hostilité que les Calvinistes firent : elle
est ici gravée d'après un original , où
l'on apprend plusieurs choses que les
Historiens ne disent pas.
Ce fut sous le Regne de Charles IX.
que la Guerre civile commença , et donna
des spectacles qu'on peut comparer à ce
qu'il y a de plus tragique dans les Histoi-
E iij
res
430 MERCURE DE FRANCE
res. On voulut d'abord accorder les deux
parties au Colloque de Poissi , qu'on voit
ici représenté en graveure : mais comme
il arrive souvent , ils se séparerent plus
animez qu'auparavant les uns contre les
autres. Le premier signal de la Guerre
civile fut le massacre de Vassi , où quel,
ques Huguenots furent tuez par
les gens
du Duc de Guise. Cela mit toute la Fran
ce en feu ; les Huguenots se saisirent de
plusieurs Villes , ruinerent les Eglises
massacrerent les Prêtres , les Moines ,
tous ceux qui s'opposoient à leurs violen
ces , les Catholiques leur rendirent la pan
reille . Ils reprirent la plupart des places
que les Huguenots avoient occupées , et
taillerent en pieces tous ceux d'entre eux
qu'ils purent attraper.
Tout le Royaume se vit alors plein de
sang et de carnage. On se mit en campagne
de part et d'autre ; l'Armée Royale
reprit Bourges et Rouen , Villes que les
Huguenots avoient occupées Après, vint
la Bataille de Dreux , qui fut la plus disputée
; mais enfin l'Armée des Huguenots
fut mise en déroute : et le Duc de
Guise assiegea Orleans , où il fut tué traitreusement
par Jean Poltrot , et après sa
mort on fit la Paix de l'Isle aux Boeufs.
On passe legerement sur des faits si con
nus
NOVEMBRE . 1733 2431
nus. Ce qu'il y a de plus instructif dans
cet Ouvrage , c'est que toutes ces principales
actions y sont représentées en fi-/
gure d'après des Estampes originales , et
de ce tems-là.
Selon l'opinion commune Catherine
de Medicis cherchoit à perdre les Chefs
des Huguenots : ils prirent de nouveau
les armes , tâcherent en vain de se saisir
du Jeune Roy Charles IX. et perdirent
la Bataille de S. Denis : après quoi , assis
tez des Allemans, ils assiégerent Chartres.
Pendant ce Siége , se fit la seconde Paix ,
qui fut de peu de durée. La Reine persistant
toujours dans le dessein de faire
périr les Chefs des Huguenots, ils prirent
les armes , le Duc d'Anjou gagna sur eux
la Bataille de Jarnac , où le Prince de
Condé fut tué. Une puissante armée
d'Allemans étant venue au ' secours de
l'Amiral de Coligni , il assiégea Poitiers,
fut obligé de lever le Siége , et perdit la
Bataille de Moncontour après laquelle
il se retira ; et augmentant toujours ses
Troupes dans sa longue route , il se rendit
enfin à Arnay -le -Duc. Il y eut là un
combat , où l'avantage fut presque égal
de part et d'autre. On vint enfin à un
Traité de Paix, et cette Paix feinte donna
lieu à Catherine d'éxécuter son projet par
E iiij
le
2432 MERCURE DE FRANCE
le massacre de la S. Barthelemy. Un dé
tail même abregé de tout ce que nous
venons de dire feroit un volume entier.
On fit ensuite le Siége de la Rochelle :
pendant lequel Henri Duc d'Anjou fut
élû Roy de Pologne. Il alla prendre possession
de son Royaume , et peu de tems
après Charles IX. mourut , non sans
soupçon de poison . On le voit ici représenté
avec les Grands du Royaume , on
peut remarquer l'habit des Gentilshommes
de ce tems là , qui est fort singulier.
Henri s'échappa de la Pologne pour
venir prendre possession du Royaume de
France. On avoit conçu de ce Prince de
grandes espérances . Les belles actions
qu'il avoit faites n'érant que Duc d'Anjou,
lui avoient attiré l'amour et l'estime des
François, qui s'attendoient qu'il brilleroit
encore plus , lorsqu'il auroit l'autorité
Souveraine. Mais sa vie molle et effeminée
, et ses mignons , le rendirent méprisable.
Il s'attira aussi la haine du public
par les Edits Bursaux qu'il faisoit tous les
jours à la charge du peuple. Les Processions
, les Confreries de pénitens , des
Actes de Dévotions mêlez avec des choses
d'un genre si different, augmenterent
le
NOVEMBRE. 1733. 2433
le mépris qu'on avoit pour lui, On l'ac
Cusoit, quoiqu'à tort, de favoriser les Huguenots.
Ce fut sur ce faux soupçon ,que se forma
la Ligue qui causa tant de maux à la
France ; quoique le Roy s'en fut déclaré
Chef, cette Ligue se tourna contre luì .
Le Duc de Guise fomentoit ce parti à
dessein de suplanter le Roy et de se mettre
en sa place , à ce qu'on disoit . Sa valeur
le rendoit recommandable. Le peu
ple , et sur tout les Parisiens , l'aimoient
et l'estimoient autant qu'ils méprisoient
le Roy. On cabala enfin contre Henti
et à la journée des Barricades , il fut obligé
pour sa sûreté de s'enfuir de Paris. I
assembla depuis les Etats à Blois ; et le
Duc de Guise continuant ses menées , il
lé fit tuer .
Peu de jours après sa mort , la Reine »
Mere Catherine de Medicis déceda . Le
Portrait de cette Princesse , et l'emploi
qu'elle faisoit de l'Art Magique pour découvrir
l'avenir , se trouvent ici dépeints
dans des Piéces originales , qui n'avoient
point encore vû le jour.
Henri III. après le meurtre du Duc de
Guise , abandonné de presque toutes les
Villes du Royaume , fut obligé de se
joindre à Henri Roy de Navarre. Il assié- ·
Ev
2434 MERCURE DE FRANCE
gea Paris , et fut tué au commencement
du Siége par Jacques Clement. Entre les
Estampes de ce Regne on voit celle de
l'Institution de l'Ordre du S. Esprit , et
plusieurs autres fort remarquables ; celles
des Courtisans qui se rendoient au Louvre
à cheval portant en croupe ou quelque
ami , ou quelque Demoiselle. Celles
des Mousquetaires, des Gardes du Corps,
des Suisses , celle des Pages et des Laquais.
L'Histoire d'Henri IV. est trop con
nue pour s'y arrêter long- tems ; ses grandes
actions et ses Victoires remportées
sur le Duc de Mayenne et sur les Ligueurs
lui auroient difficilement procuré l'entrée
dans Paris s'il ne s'étoit converti à la
Religion Catholique . Ces Ligueurs animez
par des Prédicateurs furieux et Fanatiques
donnerent une scene des plus
extraordinaires . Ce fut la Procession de
la Ligue de l'An 1591. où les Capucins ,
Cordeliers , Carmes , Dominicains , Feüillans
et d'autres Religieux , marchoient
après la Croix , armez de Mousquets
d'Epées , de Piques et de Hallebardes
faisant quelquefois des décharges , comme
pour deffendre la Religion Catholique.
On voit dans ce tome cette Prócession
exactement représentée d'après un
original
NOVEMBRE. 1733 2435
original du tems . La conversion d'Henri
IV. ramena bien des gens , il entra dans
Paris en 1594. On voit ici l'Estampe de
cette Entrée. Après la Réduction de Paris
, les autres Villes suivirent son exemples
, et le Roy se trouva enfin paisible
possesseur de tout le Royaume. La surprise
d'Amiens par les Espagnols jetta
d'abord la terreur dans la France ; mais
la Ville fut bien- tôt reprise , et peu de
tems après on fit la Paix de Vervins qui
fut très-avantageuse. Nous passons legerement
sur ce qui suit ; sur la Guerre de
Savoye qui se termina au souhait d'Henri
IV. sur la conspiration du Maréchal de
Biron , qui eut la tête tranchée ; et enfin
sur la grande Entreprise d'Henri IV. ligué
avec plusieurs Princes de l'Europe ;
entreprise dont on n'a jamais sû le véritable
objet que par conjectures dans le
tems que ce Prince faisoit marcher ses
'Armées il fut assassiné par François
Ravaillac , comme tout le monde sçait.
Et là finit le cinquième et dernier Tome
d'un Ouvrage dont on ne sçauroit assez
louer l'entreprise et l'exécution .
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Résumé : Monumens de la Monarchie Françoise &c. [titre d'après la table]
Le cinquième et dernier tome de l'ouvrage 'Monumens de la monarchie françoise' du R. P. Dom Bernard de Montfaucon, publié en 1733, couvre les règnes d'Henri II, François II, Charles IX, Henri III et Henri IV. Sous Henri II, les entrées royales furent marquées par des spectacles grandioses, notamment à Lyon et Rouen, avec des représentations de divinités marines et des animaux exotiques. La guerre contre Charles Quint et les sièges de Metz et de Saint-Quentin sont également détaillés. Le règne de François II fut court et marqué par la conjuration d'Amboise. Sous Charles IX, les guerres de religion débutèrent, avec des massacres et des sièges, notamment à Dreux et Orléans. Catherine de Médicis est souvent accusée de vouloir éliminer les chefs huguenots, menant au massacre de la Saint-Barthélemy. Henri III dut faire face à la Ligue et fut assassiné. Henri IV, après sa conversion au catholicisme, pacifia le royaume et conclut la paix de Vervins. Son règne se termina par son assassinat. L'ouvrage est enrichi d'estampes contemporaines illustrant ces événements.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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91
p. 383-384
ARMÉE D'ITALIE,
Début :
Les travaux commencez le 30 Janvier, devant le Château de Tortonne pour l'établissement [...]
Mots clefs :
Château de Tortone, Batteries, Bastions, France, Tortone, Canon, Battre, Prince de Wurtemberg
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ARMÉE D'ITALIE,
ARMEE D'ITALIE >
Es travaux commencez le 30 Janvier , devant
LE
le Château de Tortonne pour l'établissement
des Batteries , furent perfectionnés les jours suivans.
On en dressa deux de 6 Piéces de Canon ,
pour battre les faces des Bastions de Sainte Barbe
et de Saint Laurent ; deux autres de quatre ,
pour battre les Flancs de ce's Bastions , et une de
quinze , contre la branche de l'Ouvrage à Corne
, et ces cinq Batteries tirerent la nuit du 1 au
2 de ce mois , avec tant de succès , que le landemain
les faces des Bastions commencerent à s'écrouler
Les Batteries de Mortiers établies depuis,
et qui furent en état de tirer le 4 , firent tant
d'effet , que le s , à deux heures après midi le
Gouverneur du Château demanda à capituler.Le
même jour le Duc de la Trémoille partit du
Camp pour aller en France , porter au Roy la
nouvelle de la prise du Château de Tortonne ,
dont
384 MERCURE DE FRANCE
dont la Garnison , composée de 1200 hommes ,
doit sortir avec les honneurs de la Guerre , et se
retirer à Mantouë . Le sieur de la Garde , Capitaine
de Grenadiers , dans le Régiment de Médoc
, a été tué à ce Siége ; il y a eu quatre Officiers
de blessez , vingt Soldats de tuez , et environ
quarante de blessez .
Le 29 du mois dernier , le Prince de Wirtemberg
sortit de Mantoue avec un détachement
d'Infanterie , de Cavalerie et de Dragons de
4000 hommes , et il prit à Goïto du Canon , des
Pontons et 200 Travailleurs , qu'on croit qu'il
vouloit employer à rompre le Pont que les
Troupes du Roy de France ont fait sur l'Oglio
à Gazolo . Ce détachement se presenta la nuit au
Gué de S.Michel , et ensuite à celui de Marcaria.
Mais le Prince de Wirtemberg ayant trouvé ces
Postes bien gardez , il se retira à Capitello , d'où
il est entré dans Mantovë , sans avoir rien entrepris
. Le Maréchal de Villars qui étoit parti le
25 du mois dernier pour aller à Farme,, en est
revenu icy avanthier.
Es travaux commencez le 30 Janvier , devant
LE
le Château de Tortonne pour l'établissement
des Batteries , furent perfectionnés les jours suivans.
On en dressa deux de 6 Piéces de Canon ,
pour battre les faces des Bastions de Sainte Barbe
et de Saint Laurent ; deux autres de quatre ,
pour battre les Flancs de ce's Bastions , et une de
quinze , contre la branche de l'Ouvrage à Corne
, et ces cinq Batteries tirerent la nuit du 1 au
2 de ce mois , avec tant de succès , que le landemain
les faces des Bastions commencerent à s'écrouler
Les Batteries de Mortiers établies depuis,
et qui furent en état de tirer le 4 , firent tant
d'effet , que le s , à deux heures après midi le
Gouverneur du Château demanda à capituler.Le
même jour le Duc de la Trémoille partit du
Camp pour aller en France , porter au Roy la
nouvelle de la prise du Château de Tortonne ,
dont
384 MERCURE DE FRANCE
dont la Garnison , composée de 1200 hommes ,
doit sortir avec les honneurs de la Guerre , et se
retirer à Mantouë . Le sieur de la Garde , Capitaine
de Grenadiers , dans le Régiment de Médoc
, a été tué à ce Siége ; il y a eu quatre Officiers
de blessez , vingt Soldats de tuez , et environ
quarante de blessez .
Le 29 du mois dernier , le Prince de Wirtemberg
sortit de Mantoue avec un détachement
d'Infanterie , de Cavalerie et de Dragons de
4000 hommes , et il prit à Goïto du Canon , des
Pontons et 200 Travailleurs , qu'on croit qu'il
vouloit employer à rompre le Pont que les
Troupes du Roy de France ont fait sur l'Oglio
à Gazolo . Ce détachement se presenta la nuit au
Gué de S.Michel , et ensuite à celui de Marcaria.
Mais le Prince de Wirtemberg ayant trouvé ces
Postes bien gardez , il se retira à Capitello , d'où
il est entré dans Mantovë , sans avoir rien entrepris
. Le Maréchal de Villars qui étoit parti le
25 du mois dernier pour aller à Farme,, en est
revenu icy avanthier.
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Résumé : ARMÉE D'ITALIE,
Le 30 janvier, les travaux pour établir des batteries devant le Château de Tortonne débutèrent. Cinq batteries furent installées : deux de six pièces pour attaquer les faces des bastions de Sainte-Barbe et de Saint-Laurent, deux autres de quatre pièces pour les flancs, et une de quinze pièces contre la branche de l'ouvrage à corne. Ces batteries tirèrent avec succès la nuit du 1 au 2 février, provoquant l'effondrement des faces des bastions le lendemain. Les batteries de mortiers, opérationnelles le 4 février, causèrent suffisamment de dégâts pour que le gouverneur demande à capituler le même jour. Le Duc de la Trémoille informa le roi de la prise du château. La garnison, composée de 1200 hommes, se retira à Mantoue avec les honneurs. Le siège coûta la vie au sieur de la Garde et fit quatre officiers blessés, vingt soldats tués et environ quarante blessés. Le 29 janvier, le Prince de Wirtemberg tenta sans succès de rompre un pont français sur l'Oglio à Gazolo. Le Maréchal de Villars revint à Farme le 28 janvier.
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92
p. 395-405
MORTS, NAISSANCES et Mariages.
Début :
Le dix-neuf Janvier Dame Marie-Magdelene Baudin, Epouse de Mathias Goudin, Conseiller [...]
Mots clefs :
Paris, France, Mort, Seigneur, Âge, Conseiller au Parlement, Dame, Roi, Fille, Chevalier, Secrétaire, Marquis, Comte, Président, Louis Milon de Rigny, Pierre de Brilhat, Pierre-Maurille Boulard, René-Charles-Elisabeth de Coëtlogon, Marie-Celse-Antoinette de Cugnac, Louis-Charles de Gouffier, Catherine-Angélique d'Albert de Luynes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS, NAISSANCES et Mariages.
MORTS , NAISSANCES
et Mariages.
LBA
Edix- neuf Janvier Dame Marie -Magdelene
Baudin , Epouse de Mathias Goudin , Conseilde
ler en la Cour des Aydes de Paris , et qui avoit
été mariée le 18 Fevrier 1732.mourut en couches
de son deuxième enfant , agée de 27. ans.
>
Le 24. Janvier M. Louis Milon , Evêque et
Seigneur de Condom Prieur des Prieurés de
S. Marcel , de Villiers S. Sepulchre , et des deux
Gemeaux , Docteur en Théologie de la Faculté
11
de
396 MERCURE DE FRANCE
de Paris du 4. Juillet 1685. mourut en son Château
à deux lieuës de Condom , agé d'environ
76. ans , et dans la 41. année de son Episcopat ,
ayant été nommé à l'Evêché de Condom , Suffra
(gant de Bourdeaux , le 1. Novembre 1693 et sacré
le 14. Fevrier 1694. Il avoit été auparavant
Chanoine de l'Eglise de Saint Martin de Tours,
et Aumônier du Roi . Ce Prêlat qui est fort regretté
dans son Diocèse , a fondé à Condom un Hôpital
, dans lequel les pauvres sont emploïés à
divers Arts et Métiers , et il a confié l'administration
de cette Maison aux Soeurs appellées de
la Foy. Il a établi les mêmes Soeurs à Nérac ,
pour instruire et cathechiser les jeunes Filles de
la Religion protestante , a retabli les Eglises de
Monchenit , et de Puge , que les Religionaires
avoient entierement detruites , et a achevé son Palais
Episcopal qui avoit été deja commencé à
grands frais . Il assista en 1705. à l'Assemblée
générale du Clergé , en qualité d'un des Députés
de la Province de Bourdeaux . Ce Prélat étoit
deuxième Fils d'Alexandre Milon , Seigneur de
la Borde , Mesne Amnon &c. Président , Trésorier
General de rance en Berri , mort le 10.
May 1687. et de Françoise Palla , morte le 26.
May 1703. Il avoit pour Frere aîné Aléxandre
Milon , Maîtte des Requêtes Honoraire de l'Hôtel
du Roi , qui vient d'entrer dans la 82. année
de son age , et qui est veuf depuis le 6. Janvier
1700. de Marie - Magdelene Thérese Coicault de
Chevigny , de laquelle il avoit eu Françoise- Elizabeth
Milon , Fille unique , mariée le 19. Fevrier
1700. avec Louis- Charles de Machault ,
Seigneur d'Arnouville , Conseiller d'Etat ordinaire
, et morte le 22. Janvier 1720. laissant un
Fils unique , qui est Maître des Requêtes depuis
1728
1
FEVRIER . 1734 397
1718. L'Eveque de Condom avoit pour frere
puîné Henry Milon , Seigneur de Mesne , Intendant
General des Turces et levées de France ,
et Grand-Maître des Eaux et forêts de France en
Touraine , puis en Poitou , Auni , Saintonge ,
Engoumois , Limosin , haute et basse Marche ,
Bourbonnois , et Nivernois , mort depuis plusieurs
années , ayant laissé de Jeanne - Françoise
Angelique Collin sa femme , trois Fils , dont l'un ,
après avoir été Capitaine dans le Regiment du
Roi , s'étoit retiré à Condom auprès de l'Evêque
son Oncle ; un autre connu sous le nom du sieur
de Mesne , resident à Tours , et un troisiéme qui
est Alexandre Milon , né à Paris le 13. Juin 1688 .
Docteur en Théologie de la Faculté de Paris du
18. Octobre 1714. ci-devant Aumônier du Roi ,
et à présent Evêque de Valence en Dauphiné qui
a été nommé à cet Evêché le 7. May 1725 .
et sacré le 31. Mars 1728. et qui a obtenu au
mois de May 1728. l'Abbaye de Leoncel,Ordre
de Citaux , Diocèse de Die.
Le 25. Janvier M. Pierre de Brilhat , Vicomte,
de Geneay en Poitou , Seigneur de Nouzières en
ngoumois , Premier President au Parlement de
Bretagne , mourut à Paris agé de 67. ans , étant
né le 26. Janvier 1667. Il étoit dans la 31. année
de l'éxercice de sa Charge de Premier Président,
en laquelle il avoit été reçu le 16. Juin 1703
étant auparavant Conseiller au Parlement de
Paris , depuis le 27. Fevrier 1688. Il étoit Fils
ainé de Nicolas de Brilhat , Seigneur de Nouzieres
, Vicomte de Geneay , Conseiller au Parlement
de Paris , et de Jeanne Auzanne , et avoit
épousé en premieres noces le 17. Septembre 1693 ,
Marie-Anne de Chouet, Fille de Pierre de Choüett
Seigneur de Gevreau , Conseiller au Parlement
I v de
398 MERCURE DE FRANCE
de Bretagne , et de Marie du Moley ; et en se
condes noces Pelagie- Constance de Lys , Fille
d'un Conseiller au même Parlement. Cette derniere
mourut de la petite verole à Paris le 11 .
Novembre 1731. agée d'environ 43. ans. Il a
laissé des Enfans de l'une et de l'autre.
:
Le même jour Emanuel Pierre-Claude Raymond
, Ecuyer , Sieur de Marcest , Lieuter ne
au Regiment de Rosnyvinen , Dragons , File
feu Pierre Raymond, Ecuyer , Seigneur de
cest , Lieutenant de Roy en la Province de Bo
bonnois , et auparavant Lieutenant au Régime :
des Gardes Françoises , mort le 8. Juillet 12
59. ans ; et de Dame Elizabeth River sa YouT
mourut d'une maladie de poitrine à Paris , gé
21. ans f . mois 24. jours. Il avoit fait sa pa
miere Campagne l'année derniere en Allem
à
"
Gabriel-Jean Nicolas, Seigneur de la Reyre , er
de Tralage , Fils de feu Gabriel Nicolas , Signeur
de-la Reynie de Tralage , et de Vic , Conseiller
d'Etat ordinaire , et Sous- Doyen du Conseil
, et auparavant Lieutenant General de Police
de la Ville de Paris , mort le 14. Juin 1709 .
l'age de 84. ans , et de Gabrielle de Garibal
mourut à Rome , le 26. Janvier , où il s'étoit
retiré depuis plusieurs années. Il n'avoit point
été marié.
Le 28 , Janvier Dame Marie- Therese Poyrel
de Grandval , veuve depuis le 24. Juin 1724. de
Jean du Puis , Ecuyer, Conseiller, Tresorier General
de la Maison du Roi , mourut à Paris ,
agé de 68. ans . mois , laissant un Fils qui est
Pierre du Puis , reçu Conseiller au Parlement de
Paris le 27. Janvier 1712.puis Président au Grand
Conseil le 9. Fevrier 1720. qui a épousé l'Ainée
des trois Filles de feu Charles Ruau du Tronchot,
Seigneur
FEVRIER 1734. 399
Seigneur de Ville - Dieu &c. Chevalier de l'Ordre
du Roi, Secretaire de S. M. Maison , Couronne
de France , et de ses Finances , Ancien Fermier
General , mort le 20. Juillet 1729. et de Marie-
Anne Lépinau , de laquelle il a des enfans.
Dame Anne-Magdelaine Adelaide de Maupeou,
Fille de René- Charles de Maupeou , Marquis de
Motangle , et de Montigny , President à Mortier
au Parlement de Paris , et d'Anne-Victoire de
Lamoignon de Courson , et Epouse de François-
Louis de Louvet de Murat , Comte de Nogaret ,
de Cauvisson , Capitaine de Cavalerie dans le
Regiment Dauphin ; mariée le 22. Novembre
1731. mourut le 28. Janvier en couches de son
premier enfant , mort incontinent après , agé de
19. ans 5. jours , fort regrettée . Elle fut inhumée
le lendemain aux Cordeliers.
La nuit du 30. au 31. Janvier , Charles - Her
cules d'Albert , Chevalier de Luynes , Chef d'Escadre
des Armées Navales du Roi depuis 1422,
et Capitaine des Gardes du Pavillon , Amiral
qui avoit servi en dernier lieu , en qualité de Chef
d'Escadre sur l'Escadre qui a été envoiée l'année
derniere dans la Mer Baltique , sous les ordres du
Marquis de la Luzerne , Lieutenant General ,
mourut à Paris , dans la 60. année de son age ,
étant né le 8. Mars 1674. Il étoit second Fils de
Louis - Charles d'Albert , Duc de Luynes , Paix
de France , mort le 20. Octobre 1690. et d'Anne
de Rhohan de Montbason ,sa deuxième femme ,
morte le 29. Octobre 1684. et grand oncle de
Charles- Philippe d'Albert , aujourd'huy Duc de
Luynes , Pair de France.
Le premier Fevrier , Louis le Gendre , Prêtre,
natif de Rouen , Chanoine du 15. Avril 1690 .
et Sous-Chantre de l'Eglise Métropolitaine de
I vi
Paris
400 MERCURE DE FRANCE
·
Paris du .Juillet 1723.et Abbé Commandataire
de l'Abbaïe Roiale deN.D. de Claire - Fontaine
O.S.A.Diocèse de Chartres du mois de Decembre
1724.mourut en sa MaisonCanoniale, agé de 78.
ans. Il étoit Auteur d'une Histoire de France , imprimée
d'abord en plusieurs volumes in 12. puis
en dernier lieu en 3. vol. in fol . à laquelle est
joint un ouvrage intitulé Mours des François ,
dont il y a aussi une Edition in 12. morceau estimé.
On a encore de lui une Histoire du Cardinal
d'Amboise , 3. vol . in 12. et 1. vol . in 4º. On a
de plus de lui , une Vie Latine de François de
Harlay , Archêveque de Paris , son Bienfaicteur ,
le tout écrit d'un bon Stile .
>
Jean Baptiste du Moustier , Clerc du Diocèse
de Bayeux, Abbé Commandataire de l'Abbaie de
la Victoire , O.S A Diocèse de Senlis , depuis
le 8. Janvier 172 1. et auparavant de celle de Saint
Sauveur de Blaye , O. S. B. Diocèse de Bourdeaux
depuis le 6 Novembre 1717. aussi Prieur
d'Huriel , Aumônier du Duc de Bourbon , et
Secretaire de ses commandemens ; et ci-devant
Instituteur de la jeunesse de ce Prince , mourut
à l'Hôtel de Condé , le 1, Fevrier , après une longue
maladie.
Le neuf Fevrier Dame Marguerite-Charlote de
la Roche de Fontenilles , Fille de feu François de
la Roche , Marquis de Fontenilles , mort en 1728.
et de Dame Marie- Therese de Mesme , et Epouse
depuis le 16. Avril 1733. de Simon -Joseph de
Raousset , Marquis de Seillon , Conseiller au
Parlement de Provence , mourut en couches ,
agée d'environ 33. ans.
D. marie Anne le Bault de Langy , Fille ainée
de Gilbert - François le Bault , Chevalier Seigneur
de Langy en Nivernois , et de D. Anne-Radegonde
FEVRIER. 1734. 401
gonde Charpentier de Crecy , mourut en la ville
de Saint Saulge en la même Province , le 10. Fevrier
, agée d'environ 30. ans. La famille de le
Bault de Langy , ancienne Noblesse de Nivernois,
porte de gueules au chevron d'or , accompagné
de trois Merlettes de sable.
M. Pierre-Maurice Boulard , Ecuyer , Chevalier
, Commandeur , Secretaire General , et Greffier
de l'Ordre Royale Militaire et Hospitalier
de Notre- Dame de Mont- Carmel et de Saint
Lazare de Jerusalem , et Intendant et Secretairedes
commandemens de S. A.S. Monseigneur le
Prince de Conty , mourut le 18. Janvier 1734.
agé d'environ 62. ans. Il étoit Fils de Pierre
Boulard , qui a été emploié pendant plus de 30.
années en qualité de premier Secretaire des Ambassades
du feu Comte d'Avaux , tant à Venize
au Traité de paix de Nimegue en Holande ,qu'en
Irlande à la suite de Jacques I I. Roi d'Angletaire.
N. Boulard son Fils , a commencé en l'année
1701. à servir le Roy en la même qualité ,
sous le même ministere en Holande , et à continué
à son retour en France , de travailler aux
mêmes affaires jusqu'à la mort du Comte d'Avaux
, arrivée en 1709. Il fut depuis choisi pour
Premier Secretaire de l'Ambassade du feu Marechal
d'Uxelles , Plenipotentiaire aux Conferences
de Gertrudemberg , et ensuite Premier Secretaire
de M. de Mesme , Premier Président du Parlement.
Il a été reçu Chevalier de l'Ordre Militaire
et Hospitalier de Saint Lazare , le 9. Octobre
1716. Commandeur et Secretaire General ,
et Greffier du mêine Ordre , le 15. Juillet 1728,
Le Roi pour recompenser les services du Sieur
Boulard , et de son Pere lui avoit accordé des Lertres
de Noblesse pour lui et sa posterité , par Lettres
402 MERCURE DE FRANCE
tres Patentes du mois de Fevrier 1719. et depuis
La mort de M. de Mesme , Premier President ,
feu S. A. S. Monseigneur le Prince de Conty ,
connoissant la probité , capacité , et le désinteressement
du Sieur Boulard , l'a choisi pour le
mettre à la tête des affaires de sa Maison en qualité
de son Intendant General , et Secretaire de
ses Commandemens , et il a toujours été honnoré
de la confiance de ce Prince , et de celle de
Madame la Princesse, et de Monseigneur le Prince
de Conty leur Fils , qui ont donné des preuves
éclatantes de leur satisfaction . Le merite d'un si
digne sujet , le fait regretter universellement.
René- Charles -Elizabeth de Coëtlogon, Comte
de Loyat , Châtelain de-la Gaudinaye , Sindic General
des Etats de- la Province de Bretagne , mourut
à Paris le 19. Fevrier agé de 60. ans , Il étoit
Neveu de feu Alain- Emanuel de Coëtlogon,Maréchal
et Vice- Amiral de France , Chevalier des
Ordres du Roi , Grand - Croix de l'Ordre Militaire
de Saint Louis &c. mort le 7. May 1730*
à l'age de 83. ans, et il avoit épousé Anne Auvril ,
Fille unique de René Auvril , Seigneur de la
Roche et de Genevieve Menardo, de laquelle il
a laissé Louis de Coëtlogon , Lieutenant dans le
Regiment du Roi , puis reçu Cornette dans la scconde
Compagnie des Mousquetaires le 30. May
1731. Emanuel- Louis de Coëtlogon , Capitaine
de Dragons dans le Regiment , Mestre de Camp
General ; Emanuel Marie , Chevalier de Coërlogon
, Lieutenant de Vaisseaux ; et René- Anne
Elizabeth de Coetlogon , Abbé Commandataire
de l'Abbaie de Saint Memin près de Châlons sur
Marne , depuis le mois d'Octobre 1729. La Genealogie
de la Maison de Coëtlogon , du Dio
cèse de Saint Brieuc , en basse Bretagne , est raportée
FEVRIER 1734. 403
portée dans la nouvelle Edition des Grands Offi
ciers de la Couronne , article des Maréchaux de
France tome 7. page 717. où elle est remontée
jusqu'à la fin du 12. Siecle. Ses Armes sont de
Gueules à trois Ecussons d'Hermines passées.
2. et I.
On mande de Bourgogne , que le nommé
Jean Coquelay , du village de Presle , Bailliage
d'Avallon , Intendance de Dijon , étoit mort depuis
peu , agé de 106 ans ; étant né le 15. Septembre
1627. Il avoit conservé son bon sens jusqu'à
sa mort ; il marchoit encore très - bien deux
jours auparavant , et il ne se souvenoit pas d'avoir
jamais été malade ; il a vû sa cinquième
Generation , dont il subsiste encore plusieurs
Enfans.
Il y a dans ce village , et aux environs , des
Habitans qui ont plus de 90. ans , qui travaillent
journellement . Ce n'est pas seulement parmi les
villagois , mais il y a aussi plusieurs Gentils- Hommes
dans ces Cantons , qui sont de même age
et qui vont tous les jours à la Chasse , soit
pied ou à cheval : l'Air y est extrémement pur ,
et il n'y a presque jamais de malades.
Le 25. Fevrier 1734. a été baptisée à S.Sulpice
Marie-Celse-Antoinette , née le jour précedent
fille de Jean - Baptiste - François de Cugnac , appellé
le Marquis de Dampierre , Baron d'Huisseau
, Mestre de Camp de Cavalerie , cy-devant
Cornette des Chevaux Legers de Berry , et de
D. Françoise- Charlotte de Langhac , qui ont
été mariez le 7 Juillet 1732. elle a été tenuë
sur les Fonts par Mrs Michel Celse Roger de
Rabutin , Comte de Bussy , Evêque de Luçon,
l'un des 40 de l'Académie Françoise son parent
paternel
404 MERCURE DE FRANCE
paternel et maternel , et par D. Marie-Magdelaine
-Henriette de Lagny son ayeule paternelle,
veuve depuis 1724. de François de Cugnac ,
Marquis de Dampierre , Baron d'Huisseau ,
d'Hautevenne , & c .
Le 13 Janvier a été célebré dans la Chapelle
de l'Hôtel de Pontchartrain le Mariage de
Louis -Charles de Gouffier , Marquis d'Heilly,
Ribemont &c. né du vingt - sept Septembre
1698. Mestre de Camp du Régiment de Condé
Cavalerie , par Commission du 24 Novembre
1719. Fils de feu Charles- Antoine de Gouffier
, Marquis d'Heilly , Enseigne des Gendarmes
de la Garde du Roy , Maréchal de Camp
de ses Armées , et Chevalier de l'Ordre Militaire
de S. Louis , mort à l'âge de 33 ans , des
blessures qu'il avoit receues a la Bataille de Ramillies
, le 23 May 1706. et de Dame Catherine-
Angelique d'Albert de Luynes , sa veuve ,
avec Dile Marie- Catherine Phelypeaux , fille
mineure , et unique héritiere de feu François
Phelypeaux , Chevalier Seigneur d'Outreville
Maître des Requêtes ordinaire de l'Hôtel du
Roy , mort le 19 Décembre 1715 , dans la ! 26
année de son âge , et de feue D. Marie - Catherine
Voisin sa femme , fille d'un Conseiller au
Parlement de Rouen , morte âgée de 39 ans
le 2 Février 1717. la Mariée est petite niéce de
feu Louis Phelypeaux de Pontchartrain , Chancelier
de France . La Généalogie de la Maison
de Gouffier , dont il subsiste encore plusieurs
branches est rapportée dans l'Histoire des
Grands Officiers de la Couronne , à l'Art . des
Duchez non Pairies Tom. f . pag. 605 .
+6
Le 26 Janvier , Angelique - François de Renoüard
,
FEVRIER. 1734 405
豎
nouard , Chevalier , Comte de Villayer et d'Auteuil
, Seigneur de Drouges , Couvrau , &c . Maftre
des Requêtes Ordinaire de l'Hôtel du Roy ,
depuis 1719. et auparavant Conseiller au Parlement
de Paris, où il avoit été reçu en 1716. fils
unique , né posthume de feu Jean - Jacques de
Renouard , Comte de Villayer , Conseiller au
Parlement de Bretagne ; et de deffunte Dame
Michelle-Lucrece Chappel , morte le 22 Janvier
1717. et petit- fils de Jean - Jacques de Renouard
, Comte de Villayer , mort Doïen du
Conseil d'Etat du Roy , et l'un des quarante de
l'Académie Françoise , les Mars 1691. âgé de
86 ans , a été marié avec Dame Angelique- Clau
de de Marescot , Dame de Thoiry , àgée de 29
ans , du 7 du même mois de Janvier , et veuve
depuis le Novembre 1731. d'Adrien Claude de
Baussan , son cousin germain , Ecuyer du Roy ,
dont elle a un fils unique. Elle est fille et seule
heritiére de feu Gilles - Michel de Marescot , Seigneur
de Thoiry , de Morgue , &c. Mestre de
Camp de Cavalerie , Maréchal General des Logis
de la Cavalerie Legere de France , Chevalier
de l'Ordre Militaire de S Louis , mort le 8
Mars 1714 et de feue Angelique Dappougny , sa
femme , morte le 9 Janvier 1705. Les Armes de
la famille de la Mariée sont de Gueules à trois
faces d'argent à un Lion Léopardé , brochant sur
Le tout , et un Chef de même , chargé d'un Aigle ,
Couronné de sable , et pour Cimier un Léopard ,
surmonté d'un Aigle couronné, qui sont les Armes
des Marescotti de Boulogne en Italie , qui ont
reconnu les Marescot de France pour leurs pa
>
rens. La famille de Renouard - Villayer est de
Bretagne , et porte pour armes , d'Argent à une
Quinte-feuille , percée de Gueules.
et Mariages.
LBA
Edix- neuf Janvier Dame Marie -Magdelene
Baudin , Epouse de Mathias Goudin , Conseilde
ler en la Cour des Aydes de Paris , et qui avoit
été mariée le 18 Fevrier 1732.mourut en couches
de son deuxième enfant , agée de 27. ans.
>
Le 24. Janvier M. Louis Milon , Evêque et
Seigneur de Condom Prieur des Prieurés de
S. Marcel , de Villiers S. Sepulchre , et des deux
Gemeaux , Docteur en Théologie de la Faculté
11
de
396 MERCURE DE FRANCE
de Paris du 4. Juillet 1685. mourut en son Château
à deux lieuës de Condom , agé d'environ
76. ans , et dans la 41. année de son Episcopat ,
ayant été nommé à l'Evêché de Condom , Suffra
(gant de Bourdeaux , le 1. Novembre 1693 et sacré
le 14. Fevrier 1694. Il avoit été auparavant
Chanoine de l'Eglise de Saint Martin de Tours,
et Aumônier du Roi . Ce Prêlat qui est fort regretté
dans son Diocèse , a fondé à Condom un Hôpital
, dans lequel les pauvres sont emploïés à
divers Arts et Métiers , et il a confié l'administration
de cette Maison aux Soeurs appellées de
la Foy. Il a établi les mêmes Soeurs à Nérac ,
pour instruire et cathechiser les jeunes Filles de
la Religion protestante , a retabli les Eglises de
Monchenit , et de Puge , que les Religionaires
avoient entierement detruites , et a achevé son Palais
Episcopal qui avoit été deja commencé à
grands frais . Il assista en 1705. à l'Assemblée
générale du Clergé , en qualité d'un des Députés
de la Province de Bourdeaux . Ce Prélat étoit
deuxième Fils d'Alexandre Milon , Seigneur de
la Borde , Mesne Amnon &c. Président , Trésorier
General de rance en Berri , mort le 10.
May 1687. et de Françoise Palla , morte le 26.
May 1703. Il avoit pour Frere aîné Aléxandre
Milon , Maîtte des Requêtes Honoraire de l'Hôtel
du Roi , qui vient d'entrer dans la 82. année
de son age , et qui est veuf depuis le 6. Janvier
1700. de Marie - Magdelene Thérese Coicault de
Chevigny , de laquelle il avoit eu Françoise- Elizabeth
Milon , Fille unique , mariée le 19. Fevrier
1700. avec Louis- Charles de Machault ,
Seigneur d'Arnouville , Conseiller d'Etat ordinaire
, et morte le 22. Janvier 1720. laissant un
Fils unique , qui est Maître des Requêtes depuis
1728
1
FEVRIER . 1734 397
1718. L'Eveque de Condom avoit pour frere
puîné Henry Milon , Seigneur de Mesne , Intendant
General des Turces et levées de France ,
et Grand-Maître des Eaux et forêts de France en
Touraine , puis en Poitou , Auni , Saintonge ,
Engoumois , Limosin , haute et basse Marche ,
Bourbonnois , et Nivernois , mort depuis plusieurs
années , ayant laissé de Jeanne - Françoise
Angelique Collin sa femme , trois Fils , dont l'un ,
après avoir été Capitaine dans le Regiment du
Roi , s'étoit retiré à Condom auprès de l'Evêque
son Oncle ; un autre connu sous le nom du sieur
de Mesne , resident à Tours , et un troisiéme qui
est Alexandre Milon , né à Paris le 13. Juin 1688 .
Docteur en Théologie de la Faculté de Paris du
18. Octobre 1714. ci-devant Aumônier du Roi ,
et à présent Evêque de Valence en Dauphiné qui
a été nommé à cet Evêché le 7. May 1725 .
et sacré le 31. Mars 1728. et qui a obtenu au
mois de May 1728. l'Abbaye de Leoncel,Ordre
de Citaux , Diocèse de Die.
Le 25. Janvier M. Pierre de Brilhat , Vicomte,
de Geneay en Poitou , Seigneur de Nouzières en
ngoumois , Premier President au Parlement de
Bretagne , mourut à Paris agé de 67. ans , étant
né le 26. Janvier 1667. Il étoit dans la 31. année
de l'éxercice de sa Charge de Premier Président,
en laquelle il avoit été reçu le 16. Juin 1703
étant auparavant Conseiller au Parlement de
Paris , depuis le 27. Fevrier 1688. Il étoit Fils
ainé de Nicolas de Brilhat , Seigneur de Nouzieres
, Vicomte de Geneay , Conseiller au Parlement
de Paris , et de Jeanne Auzanne , et avoit
épousé en premieres noces le 17. Septembre 1693 ,
Marie-Anne de Chouet, Fille de Pierre de Choüett
Seigneur de Gevreau , Conseiller au Parlement
I v de
398 MERCURE DE FRANCE
de Bretagne , et de Marie du Moley ; et en se
condes noces Pelagie- Constance de Lys , Fille
d'un Conseiller au même Parlement. Cette derniere
mourut de la petite verole à Paris le 11 .
Novembre 1731. agée d'environ 43. ans. Il a
laissé des Enfans de l'une et de l'autre.
:
Le même jour Emanuel Pierre-Claude Raymond
, Ecuyer , Sieur de Marcest , Lieuter ne
au Regiment de Rosnyvinen , Dragons , File
feu Pierre Raymond, Ecuyer , Seigneur de
cest , Lieutenant de Roy en la Province de Bo
bonnois , et auparavant Lieutenant au Régime :
des Gardes Françoises , mort le 8. Juillet 12
59. ans ; et de Dame Elizabeth River sa YouT
mourut d'une maladie de poitrine à Paris , gé
21. ans f . mois 24. jours. Il avoit fait sa pa
miere Campagne l'année derniere en Allem
à
"
Gabriel-Jean Nicolas, Seigneur de la Reyre , er
de Tralage , Fils de feu Gabriel Nicolas , Signeur
de-la Reynie de Tralage , et de Vic , Conseiller
d'Etat ordinaire , et Sous- Doyen du Conseil
, et auparavant Lieutenant General de Police
de la Ville de Paris , mort le 14. Juin 1709 .
l'age de 84. ans , et de Gabrielle de Garibal
mourut à Rome , le 26. Janvier , où il s'étoit
retiré depuis plusieurs années. Il n'avoit point
été marié.
Le 28 , Janvier Dame Marie- Therese Poyrel
de Grandval , veuve depuis le 24. Juin 1724. de
Jean du Puis , Ecuyer, Conseiller, Tresorier General
de la Maison du Roi , mourut à Paris ,
agé de 68. ans . mois , laissant un Fils qui est
Pierre du Puis , reçu Conseiller au Parlement de
Paris le 27. Janvier 1712.puis Président au Grand
Conseil le 9. Fevrier 1720. qui a épousé l'Ainée
des trois Filles de feu Charles Ruau du Tronchot,
Seigneur
FEVRIER 1734. 399
Seigneur de Ville - Dieu &c. Chevalier de l'Ordre
du Roi, Secretaire de S. M. Maison , Couronne
de France , et de ses Finances , Ancien Fermier
General , mort le 20. Juillet 1729. et de Marie-
Anne Lépinau , de laquelle il a des enfans.
Dame Anne-Magdelaine Adelaide de Maupeou,
Fille de René- Charles de Maupeou , Marquis de
Motangle , et de Montigny , President à Mortier
au Parlement de Paris , et d'Anne-Victoire de
Lamoignon de Courson , et Epouse de François-
Louis de Louvet de Murat , Comte de Nogaret ,
de Cauvisson , Capitaine de Cavalerie dans le
Regiment Dauphin ; mariée le 22. Novembre
1731. mourut le 28. Janvier en couches de son
premier enfant , mort incontinent après , agé de
19. ans 5. jours , fort regrettée . Elle fut inhumée
le lendemain aux Cordeliers.
La nuit du 30. au 31. Janvier , Charles - Her
cules d'Albert , Chevalier de Luynes , Chef d'Escadre
des Armées Navales du Roi depuis 1422,
et Capitaine des Gardes du Pavillon , Amiral
qui avoit servi en dernier lieu , en qualité de Chef
d'Escadre sur l'Escadre qui a été envoiée l'année
derniere dans la Mer Baltique , sous les ordres du
Marquis de la Luzerne , Lieutenant General ,
mourut à Paris , dans la 60. année de son age ,
étant né le 8. Mars 1674. Il étoit second Fils de
Louis - Charles d'Albert , Duc de Luynes , Paix
de France , mort le 20. Octobre 1690. et d'Anne
de Rhohan de Montbason ,sa deuxième femme ,
morte le 29. Octobre 1684. et grand oncle de
Charles- Philippe d'Albert , aujourd'huy Duc de
Luynes , Pair de France.
Le premier Fevrier , Louis le Gendre , Prêtre,
natif de Rouen , Chanoine du 15. Avril 1690 .
et Sous-Chantre de l'Eglise Métropolitaine de
I vi
Paris
400 MERCURE DE FRANCE
·
Paris du .Juillet 1723.et Abbé Commandataire
de l'Abbaïe Roiale deN.D. de Claire - Fontaine
O.S.A.Diocèse de Chartres du mois de Decembre
1724.mourut en sa MaisonCanoniale, agé de 78.
ans. Il étoit Auteur d'une Histoire de France , imprimée
d'abord en plusieurs volumes in 12. puis
en dernier lieu en 3. vol. in fol . à laquelle est
joint un ouvrage intitulé Mours des François ,
dont il y a aussi une Edition in 12. morceau estimé.
On a encore de lui une Histoire du Cardinal
d'Amboise , 3. vol . in 12. et 1. vol . in 4º. On a
de plus de lui , une Vie Latine de François de
Harlay , Archêveque de Paris , son Bienfaicteur ,
le tout écrit d'un bon Stile .
>
Jean Baptiste du Moustier , Clerc du Diocèse
de Bayeux, Abbé Commandataire de l'Abbaie de
la Victoire , O.S A Diocèse de Senlis , depuis
le 8. Janvier 172 1. et auparavant de celle de Saint
Sauveur de Blaye , O. S. B. Diocèse de Bourdeaux
depuis le 6 Novembre 1717. aussi Prieur
d'Huriel , Aumônier du Duc de Bourbon , et
Secretaire de ses commandemens ; et ci-devant
Instituteur de la jeunesse de ce Prince , mourut
à l'Hôtel de Condé , le 1, Fevrier , après une longue
maladie.
Le neuf Fevrier Dame Marguerite-Charlote de
la Roche de Fontenilles , Fille de feu François de
la Roche , Marquis de Fontenilles , mort en 1728.
et de Dame Marie- Therese de Mesme , et Epouse
depuis le 16. Avril 1733. de Simon -Joseph de
Raousset , Marquis de Seillon , Conseiller au
Parlement de Provence , mourut en couches ,
agée d'environ 33. ans.
D. marie Anne le Bault de Langy , Fille ainée
de Gilbert - François le Bault , Chevalier Seigneur
de Langy en Nivernois , et de D. Anne-Radegonde
FEVRIER. 1734. 401
gonde Charpentier de Crecy , mourut en la ville
de Saint Saulge en la même Province , le 10. Fevrier
, agée d'environ 30. ans. La famille de le
Bault de Langy , ancienne Noblesse de Nivernois,
porte de gueules au chevron d'or , accompagné
de trois Merlettes de sable.
M. Pierre-Maurice Boulard , Ecuyer , Chevalier
, Commandeur , Secretaire General , et Greffier
de l'Ordre Royale Militaire et Hospitalier
de Notre- Dame de Mont- Carmel et de Saint
Lazare de Jerusalem , et Intendant et Secretairedes
commandemens de S. A.S. Monseigneur le
Prince de Conty , mourut le 18. Janvier 1734.
agé d'environ 62. ans. Il étoit Fils de Pierre
Boulard , qui a été emploié pendant plus de 30.
années en qualité de premier Secretaire des Ambassades
du feu Comte d'Avaux , tant à Venize
au Traité de paix de Nimegue en Holande ,qu'en
Irlande à la suite de Jacques I I. Roi d'Angletaire.
N. Boulard son Fils , a commencé en l'année
1701. à servir le Roy en la même qualité ,
sous le même ministere en Holande , et à continué
à son retour en France , de travailler aux
mêmes affaires jusqu'à la mort du Comte d'Avaux
, arrivée en 1709. Il fut depuis choisi pour
Premier Secretaire de l'Ambassade du feu Marechal
d'Uxelles , Plenipotentiaire aux Conferences
de Gertrudemberg , et ensuite Premier Secretaire
de M. de Mesme , Premier Président du Parlement.
Il a été reçu Chevalier de l'Ordre Militaire
et Hospitalier de Saint Lazare , le 9. Octobre
1716. Commandeur et Secretaire General ,
et Greffier du mêine Ordre , le 15. Juillet 1728,
Le Roi pour recompenser les services du Sieur
Boulard , et de son Pere lui avoit accordé des Lertres
de Noblesse pour lui et sa posterité , par Lettres
402 MERCURE DE FRANCE
tres Patentes du mois de Fevrier 1719. et depuis
La mort de M. de Mesme , Premier President ,
feu S. A. S. Monseigneur le Prince de Conty ,
connoissant la probité , capacité , et le désinteressement
du Sieur Boulard , l'a choisi pour le
mettre à la tête des affaires de sa Maison en qualité
de son Intendant General , et Secretaire de
ses Commandemens , et il a toujours été honnoré
de la confiance de ce Prince , et de celle de
Madame la Princesse, et de Monseigneur le Prince
de Conty leur Fils , qui ont donné des preuves
éclatantes de leur satisfaction . Le merite d'un si
digne sujet , le fait regretter universellement.
René- Charles -Elizabeth de Coëtlogon, Comte
de Loyat , Châtelain de-la Gaudinaye , Sindic General
des Etats de- la Province de Bretagne , mourut
à Paris le 19. Fevrier agé de 60. ans , Il étoit
Neveu de feu Alain- Emanuel de Coëtlogon,Maréchal
et Vice- Amiral de France , Chevalier des
Ordres du Roi , Grand - Croix de l'Ordre Militaire
de Saint Louis &c. mort le 7. May 1730*
à l'age de 83. ans, et il avoit épousé Anne Auvril ,
Fille unique de René Auvril , Seigneur de la
Roche et de Genevieve Menardo, de laquelle il
a laissé Louis de Coëtlogon , Lieutenant dans le
Regiment du Roi , puis reçu Cornette dans la scconde
Compagnie des Mousquetaires le 30. May
1731. Emanuel- Louis de Coëtlogon , Capitaine
de Dragons dans le Regiment , Mestre de Camp
General ; Emanuel Marie , Chevalier de Coërlogon
, Lieutenant de Vaisseaux ; et René- Anne
Elizabeth de Coetlogon , Abbé Commandataire
de l'Abbaie de Saint Memin près de Châlons sur
Marne , depuis le mois d'Octobre 1729. La Genealogie
de la Maison de Coëtlogon , du Dio
cèse de Saint Brieuc , en basse Bretagne , est raportée
FEVRIER 1734. 403
portée dans la nouvelle Edition des Grands Offi
ciers de la Couronne , article des Maréchaux de
France tome 7. page 717. où elle est remontée
jusqu'à la fin du 12. Siecle. Ses Armes sont de
Gueules à trois Ecussons d'Hermines passées.
2. et I.
On mande de Bourgogne , que le nommé
Jean Coquelay , du village de Presle , Bailliage
d'Avallon , Intendance de Dijon , étoit mort depuis
peu , agé de 106 ans ; étant né le 15. Septembre
1627. Il avoit conservé son bon sens jusqu'à
sa mort ; il marchoit encore très - bien deux
jours auparavant , et il ne se souvenoit pas d'avoir
jamais été malade ; il a vû sa cinquième
Generation , dont il subsiste encore plusieurs
Enfans.
Il y a dans ce village , et aux environs , des
Habitans qui ont plus de 90. ans , qui travaillent
journellement . Ce n'est pas seulement parmi les
villagois , mais il y a aussi plusieurs Gentils- Hommes
dans ces Cantons , qui sont de même age
et qui vont tous les jours à la Chasse , soit
pied ou à cheval : l'Air y est extrémement pur ,
et il n'y a presque jamais de malades.
Le 25. Fevrier 1734. a été baptisée à S.Sulpice
Marie-Celse-Antoinette , née le jour précedent
fille de Jean - Baptiste - François de Cugnac , appellé
le Marquis de Dampierre , Baron d'Huisseau
, Mestre de Camp de Cavalerie , cy-devant
Cornette des Chevaux Legers de Berry , et de
D. Françoise- Charlotte de Langhac , qui ont
été mariez le 7 Juillet 1732. elle a été tenuë
sur les Fonts par Mrs Michel Celse Roger de
Rabutin , Comte de Bussy , Evêque de Luçon,
l'un des 40 de l'Académie Françoise son parent
paternel
404 MERCURE DE FRANCE
paternel et maternel , et par D. Marie-Magdelaine
-Henriette de Lagny son ayeule paternelle,
veuve depuis 1724. de François de Cugnac ,
Marquis de Dampierre , Baron d'Huisseau ,
d'Hautevenne , & c .
Le 13 Janvier a été célebré dans la Chapelle
de l'Hôtel de Pontchartrain le Mariage de
Louis -Charles de Gouffier , Marquis d'Heilly,
Ribemont &c. né du vingt - sept Septembre
1698. Mestre de Camp du Régiment de Condé
Cavalerie , par Commission du 24 Novembre
1719. Fils de feu Charles- Antoine de Gouffier
, Marquis d'Heilly , Enseigne des Gendarmes
de la Garde du Roy , Maréchal de Camp
de ses Armées , et Chevalier de l'Ordre Militaire
de S. Louis , mort à l'âge de 33 ans , des
blessures qu'il avoit receues a la Bataille de Ramillies
, le 23 May 1706. et de Dame Catherine-
Angelique d'Albert de Luynes , sa veuve ,
avec Dile Marie- Catherine Phelypeaux , fille
mineure , et unique héritiere de feu François
Phelypeaux , Chevalier Seigneur d'Outreville
Maître des Requêtes ordinaire de l'Hôtel du
Roy , mort le 19 Décembre 1715 , dans la ! 26
année de son âge , et de feue D. Marie - Catherine
Voisin sa femme , fille d'un Conseiller au
Parlement de Rouen , morte âgée de 39 ans
le 2 Février 1717. la Mariée est petite niéce de
feu Louis Phelypeaux de Pontchartrain , Chancelier
de France . La Généalogie de la Maison
de Gouffier , dont il subsiste encore plusieurs
branches est rapportée dans l'Histoire des
Grands Officiers de la Couronne , à l'Art . des
Duchez non Pairies Tom. f . pag. 605 .
+6
Le 26 Janvier , Angelique - François de Renoüard
,
FEVRIER. 1734 405
豎
nouard , Chevalier , Comte de Villayer et d'Auteuil
, Seigneur de Drouges , Couvrau , &c . Maftre
des Requêtes Ordinaire de l'Hôtel du Roy ,
depuis 1719. et auparavant Conseiller au Parlement
de Paris, où il avoit été reçu en 1716. fils
unique , né posthume de feu Jean - Jacques de
Renouard , Comte de Villayer , Conseiller au
Parlement de Bretagne ; et de deffunte Dame
Michelle-Lucrece Chappel , morte le 22 Janvier
1717. et petit- fils de Jean - Jacques de Renouard
, Comte de Villayer , mort Doïen du
Conseil d'Etat du Roy , et l'un des quarante de
l'Académie Françoise , les Mars 1691. âgé de
86 ans , a été marié avec Dame Angelique- Clau
de de Marescot , Dame de Thoiry , àgée de 29
ans , du 7 du même mois de Janvier , et veuve
depuis le Novembre 1731. d'Adrien Claude de
Baussan , son cousin germain , Ecuyer du Roy ,
dont elle a un fils unique. Elle est fille et seule
heritiére de feu Gilles - Michel de Marescot , Seigneur
de Thoiry , de Morgue , &c. Mestre de
Camp de Cavalerie , Maréchal General des Logis
de la Cavalerie Legere de France , Chevalier
de l'Ordre Militaire de S Louis , mort le 8
Mars 1714 et de feue Angelique Dappougny , sa
femme , morte le 9 Janvier 1705. Les Armes de
la famille de la Mariée sont de Gueules à trois
faces d'argent à un Lion Léopardé , brochant sur
Le tout , et un Chef de même , chargé d'un Aigle ,
Couronné de sable , et pour Cimier un Léopard ,
surmonté d'un Aigle couronné, qui sont les Armes
des Marescotti de Boulogne en Italie , qui ont
reconnu les Marescot de France pour leurs pa
>
rens. La famille de Renouard - Villayer est de
Bretagne , et porte pour armes , d'Argent à une
Quinte-feuille , percée de Gueules.
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Résumé : MORTS, NAISSANCES et Mariages.
En janvier et février 1734, plusieurs décès, naissances et mariages ont été enregistrés. Le 9 janvier, Dame Marie-Magdeleine Baudin, épouse de Mathias Goudin, est décédée en couches à l'âge de 27 ans. Elle avait été mariée le 18 février 1732. Le 24 janvier, M. Louis Milon, évêque et seigneur de Condom, est mort à son château à l'âge d'environ 76 ans. Il avait été nommé à l'évêché de Condom en 1693 et avait fondé un hôpital à Condom ainsi qu'une école pour les jeunes filles protestantes à Nérac. Il avait également rétabli des églises et achevé son palais épiscopal. Le même jour, M. Pierre de Brilhat, vicomte de Geneay en Poitou, seigneur de Nouzières en Angoumois, et premier président au Parlement de Bretagne, est décédé à Paris à l'âge de 67 ans. Le 26 janvier, Gabriel-Jean Nicolas, seigneur de la Reyre et de Tralage, est mort à Rome à l'âge de 60 ans. Le 28 janvier, Dame Marie-Thérèse Poyrel de Grandval, veuve de Jean du Puis, est décédée à Paris à l'âge de 68 ans. Le même jour, Dame Anne-Magdeleine Adélaïde de Maupeou, épouse de François-Louis de Louvet de Murat, est morte en couches à l'âge de 19 ans. La nuit du 30 au 31 janvier, Charles-Hercule d'Albert, chevalier de Luynes et chef d'escadre, est décédé à Paris à l'âge de 60 ans. Le 1er février, Louis le Gendre, prêtre et chanoine de Paris, est mort à l'âge de 78 ans. Il était l'auteur de plusieurs ouvrages historiques. Le même jour, Jean-Baptiste du Moustier, abbé commandataire de l'abbaye de la Victoire, est décédé à l'Hôtel de Condé après une longue maladie. Le 9 février, Dame Marguerite-Charlotte de la Roche de Fontenilles, épouse de Simon-Joseph de Raousset, marquis de Seillon, est morte en couches à l'âge d'environ 33 ans. Le 10 février, Dame Marie-Anne le Bault de Langy est décédée à Saint-Saulge à l'âge d'environ 30 ans. Le 18 janvier, M. Pierre-Maurice Boulard, secrétaire général et greffier de l'Ordre de Notre-Dame de Mont-Carmel et de Saint-Lazare de Jérusalem, est mort à l'âge d'environ 62 ans. Le 19 février, René-Charles-Élisabeth de Coëtlogon, comte de Loyat, est décédé à Paris à l'âge de 60 ans. Il était syndic général des États de la province de Bretagne et avait épousé Anne Auvril. Enfin, Jean Coquelay, un habitant du village de Presle en Bourgogne, est décédé à l'âge de 106 ans. Le 25 février, Marie-Celse-Antoinette, fille de Jean-Baptiste-François de Cugnac, Marquis de Dampierre, et de Françoise-Charlotte de Langhac, a été baptisée à Saint-Sulpice. Le 13 janvier, Louis-Charles de Gouffier, Marquis d'Heilly, a épousé Dile Marie-Catherine Phelypeaux dans la chapelle de l'Hôtel de Pontchartrain. Le 26 janvier, Angelique-François de Renouard, Chevalier et Comte de Villayer, a épousé Dame Angelique-Claude de Marescot.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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93
p. 972-979
EXTRAIT du Protocole de la Diete de l'Empire, contenant les raisons alleguées par les Ministres de Baviere, pour s'opposer à la Déclaration de guerre contre la France.
Début :
Quelque déplorable que soit la Guerre actuellement allumée entre Sa Majesté Imperiale et la [...]
Mots clefs :
Saint Empire romain, Guerre, États, Cercles, Défense, Déclaration de guerre, Couronne, France, Commission, Pologne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT du Protocole de la Diete de l'Empire, contenant les raisons alleguées par les Ministres de Baviere, pour s'opposer à la Déclaration de guerre contre la France.
EXTRAIT du Protocole de la Diete
de l'Empire , contenant les raisons alleguées
par les Ministres de Baviere ,
pour s'opposer à la Déclaration de
guerre contre la France.
Velque déplorable que soit la Guerre actuelle
Y
ment allumée entre Sa Majesté Imperiale et l'a
Couronne de France , il est néanmoins évident
même par la Déclaration qu'il a plû à S. M. Imp.
de faire à l'Empire au commencement de son Deeret
de Commission , ainsi que par la Piece intitulée,
Motifs de Résolution du Roy , jointe audit De
eret , que la présente Guerre survenue entre ces deux
Hautes-Puissances, prénd sa source dans l'affaire de
Election d'un Roy de Pologne, mais que quelque
soit l'affaire de cette Election , et quelque fondé et
incontestable qne puisse être tout ce qu'on a publié
touchant les intrigues pratiquées à ce sujet , ( car il
ne s'agit pas ici d'entrer dans aucune discussion par
rapport à l'agresseur , ni dans aucun examen par
rapport aux Traitez précedemment faits à l'insc
de l'Empire , avec des Puissances Etrangeres ) il
est toujours certain que l'Empire n'ayant ni allian.
ce ni engagement special avec le Royaume de Pologne
, doit regarder cette affaire én quelque façon
comme étrangere, et à laquelle il n'est point oblige
de prendre part. Il s'agit donc présentement de dé
liberer
MAY. 1734. 973
liberer si , vu les motifs representez par S. M. Im.
ala Diete , l'Empire doit generalement consentirà
une Déclaration de Guerre contre la France.
Les Loix de l'Empire établissent suffisamment
ce qu'il convient de faire pour sa deffense , en cas
de quelque attaque ennemie , personne ne l'ignore ;
mais comme le Saint Empire Romain est en paix
avec toutes les Puissances étrangeres , et que la
Couronne de France même, après s'être emparée du ..
Fort de Kell , afait déclarer par écrit le 14. Octobre
dernier à tous les Electeurs , Frinces et Etats
du Saint Empire Romain , par M. Blondel , son
Ministre,ainsi qu'il paroît par la Piece annexée au
Decret Imperial de Commission , qu'elle n'a rien
plus à coeur que de maintenir la Paix avec l'Empire
et d'observer les Traitez , sans vouloirfaire des
conquêtes , promettant en consequence de rendre ce
Fort de Kell ; on ne voit pas que l'Empire puisse
avoir aucune raison suffisante d'entrer en guerre ;
d'ailleurs c'est une chose notoire aux Electeurs ,
Princes et Etats , que pendant le peu d'années de
Paix dont on a joui , l'Empire , et en particulier les
Cercles , qui durant la derniere Guerre et tant d'au
tres qui l'ont précedée , se sont trouvez les plus èxposez
aux attaques ennemies , et n'ont pû éviter les
degâts et la destruction qui accompagnent toujours
les Armes , ne se sont pas encore assez bien rétablis
des pertes qu'ils ont soufertes , pour qu'on les expose
de nouveau aux mêmes inconveniens , et cela pour
une affaire étrangere à laquelle ils n'ont aucune
part , et pour qu'on exige d'eux qu'ils contribuent
aux frais d'une guerre qui durera peut -être plu
sieurs années ; car si l'on considere avec attention
les suites onereuses d'une rupture , on trouvera ,
l'experience nous le montre, que lorsqu'elle est entamée,
il est bien difficile d'en prévoir les évenemens et
dejuger de sa durée.
"
et
Après
974 MERCURE DE FRANCE
>
Apr's cela quelqu'heureuse que pût être cette
Guerre , et quand meme on pourroit obliger la Partie
adverse à consentir à une Paix durable et avantageuse
, la méme experience nous fait voir que
toute l'utilité qui en resultera aux Etats du Saint
Empire Romain , sera qu'on leur rende leurs Pays
mais désolez , et dans un état plus triste encore que
celui où leurs Sujets et leurs Pays se trouvent actuellement
sans pouvoir esperer aucun agrandissement
, puisqu'on a vu que tous les efforts qu'on a
faits jusqu'à pretent pour cela , ont toujours été infructueux.
C'est pourquoi , et dautant S. M. I.
par son Decret de Commission , a non seulement recommandé
le fait aux Etats , mais que méme elle
demande gracieusement leur conseil et avis , ilparoit
qu'on doit murement déliberer si avant que de
parler d'aucune Déclaration de Guerre , il ne seroit
pas con enable la Diette songeat aux moyens
d'éviter un aussigrand mal qu'est une Guerre offensive
; il paroit que c'est l'unique moyen de conserver
la tranquillitéparmi les Etats de l'Empire et de
les mettre en état de mieux servir S. MI. et la
Patrie
que
que
que
>
Aussi-tôt S. A. E. de Baviere comme
Membre du Cercle de Suabe, en vertu des Terres et
Seigneuries qu'elle y possede , eût appris que ce Cercle
et les autres Cercles associez devoient s'assembler
, elle donna ordre de leur representer la necessité
qu'il y avoit de mettre promptement leurs Pays
dans un état convenable de deffense , sans préjudice
de qui que ce fut.
C'est un pareil état de deffense conformement aux
résolutions prises dans l'Assemblée desdits Cercles
que S. A. E. souhaite de la part des Electeurs
Princes et Etats de l'Empire , et elle le regarde
comme un point si necessaire et si important dans la
circons
MAY 1724. 975
sirconstance présente des affaires , que bien loin de
vouloir s'en élo gner iant soit peu , elle est disposée ,
en conformité de sa Naissance et ae son devoir ,
contribuer de tout son pouvoir à tout ce qui peut
tendre à la conservation du Sant Empire Romain
en general, et de chaqueEtat en particulier,mais elle
croit qu'il faut éviter toute offense et qu'il est bien
piur convenable de songer un quement à la defense
et à la conservation dudit Saint Empire Romain et
de ses Etass particuliers .
I •. Parce que toute personne qui voudra se donner
la peine d'examiner sans partialité et sans prévention
la source et la cause de la presente Guerre
, verra facilement en consequence des raisons al.
leguées ci- dessus , qu'elle ne peut originairement regarder
en aucune maniere le Saint Empire Romain,
puisque les Hautes Parties Belligerantes ont pour
principal motif le soin de vanger reciproquement leur
honneur qu'elles croyent offensé.
·
>
2 Farce qu'on ne sçauroit conseiller ni approuver
que pour une cause étrangere , à laquelle le
Saint Empire Romain n'a aucune part , on veüil-
Le prizer de la douce Paix rétablie en dernier lieu
et acquise aux dépens de tant de sang répandu , et
qu'on cherche à l'engager dans une nouvelle Guerre
onereuse , dont l'is në et la durée sont si incertaines
et dont tout le poids tomberoit sur ces Cercles , qui
par leur situation se trouvent les plus exposés au danger
, et par consequent à une ruine inévitable sans
Pavoir meritée Les Pactes entre la très - Illustre
Maison Archiducale de l'Empereur et la Couronne
de Pologne , subsistent depuis plusieurs années ,
ayant été établis sous le gouvernement de l'Archiduc
Albert et du Roi Casimir , et confirmés dernie➡
rement par 1 En pereur Leopold,de glorieuse memoi-
Fe ; ils ont pour objet la défense mutuelle de leurs
Royaumes ,
976 MERCURE DE FRANCE
Royaumes , ainsi que de leur Commerce ; mais ce
n'est pas en qualité d'Empereurs et du consentement
de l'Empire , que les Princes de la Maison d'Autriche
ont contracté ces Alliances ; ils ne l'ontfait
que pour leur propre interêt , et à cause de la proximité
de leurs Terres et Provinces , par consequent
Le Saint Empire. Romain n'y a aucune part.
3°. Comme Sa Majeste Imperiale , pendant son
glorieux Regne , a donnéplusieurs preuves éclatantes
du desir qu'elle a de maintenir et de conserver
le repos et le salut du Saint Empire Romain , et
que de tout tems on a regardé la tranquillité genevale
comme le bien le plus desirable , Elle peut d'autant
moins trouver mauvais que les Etats se
mettent simplement dans un état de défense , qu'elle
a tout lieu d'avoir une entiere confiance dans le
Saint Empire Romain , et qu'elle n'ignore pas les
tristes suites que la Guerre entraîne après elle . Il est
d'ailleurs à remarquer que d'autres Puissances
quoiqu'étroitement unies et alliées avec Š. M. I.
auxquelles on aura sans doute communiqué tout ce
qui s'est passé dans l'affaire de Pologne , et qui par
consequent n'ignorent pas laquelle des deux Hautes
Parties doit être considerée comme l'Agresseur dans
la presente Guerre , n'ont pas encore jusqu'à present
jugé à propos de se déclarer contre la France ,
soit par le desir de conserver quelques uns de leurs
Etats et Sujets , ou pour d'autres raisons , quoique
quelques unes de ces Puissances se mettent sur
leurs gardes , ce n'est apparemment que pour mieux
maintenir et conserver la tranquillité.
Si le Saint Empire Romain se trouvoit frustré de
Passistance de ces Puissances, le poids de la presente
Guerre lui seroit difficile à supporter , et le danger
plus grand et plus évident sur tout si S. M. I.
alloit retirer en tout ou en partie , les Troupes qu'elle
a fur
MAY. 1734
977
vaisur
le Rhin pour les envoyer à la défense de ses
autres Etatt et qu'elle laissat aux Cercles le soin de
la défense de l'Empire. Cette crainte n'est pas
neni chimerique , elle est fondée sur l'experience de
se qui s'est passé pendant la derniere Guerre , où
P'on a vu les Troupes Imperiales quitter le Rhin , et
les Cercles seuls obligés de défendre leurs Terres ,
leur grand préjudice , et à la ruine de leurs Pays.
Deplus , les Actes de l'Empire font foi que d'un
côté les Etats ne voulurent pas dans la derniere
Guerre s'engager avant que les deux Puissances
Maritimes se fussent alliés avec Sa Majesté Imperiale
; et que d'un autre côté , aussi- tôt que lesdites
Puissances se furent separées de la grande Alliance
, les mêmes Etats jugerent à propos d'accepter
les conditions du Traité de Rastadt , donnant
par-1
-là clairement à connoître combien il leur étoit
impossible de continuer la Guerre sans la concurrence
des Puissances Maritimes. C'est pourquoi le
Saint Empire Romain , et en particulier les Cercles
les plus exposés , qui certainement ne se sont pas encore
rétablis des pertes souffertes , feroient bien de
senger à épargner et ménager leurs forces chancellantes
pour des occasions plus importantes qui pourroient
survenir , et qui dépendent de la viciffitude
des choses , sans quoi on pourroit bien s'en repentir ,
mais peut-être trop tard.
4°. La Couronnede France ne peut trouver mau
vais que l'Empire employe pour sa défense tous les
moyens necessaires et conformes au droit naturel ;
puisque dans la Déclaration qu'elle a fait faire par
son Ministre , et qui se trouve attachée au Decret
Imperial de Commission ci - desus mentionné , Elle
promet solemnellement sous la Foi publique qu'elle
se prêtera à tout ce qui peut maintenir la tranquil-
Jité du SaintEmpire Romain : Or , rien n'y pens
G plus
978 MERCURE DE FRANCE
plus contribuer qu'un Etat convenable de défense ?
d'ailleurs cette même Couronne У déclare qu'elle
fera bonifier , si cela n'a étéfait , les Contributions
qu'elle a été obligée d'exiger sur les Terres de l'Empire
, et qu'elle fera restituer le Fort de Kehl dont
elle s'est emparée , ou qu'elle le fera garder par des
Troupes Neutres jusqu'à la Paix , afin que le Saint
Empire Romain n'en prenne aucun ombrage.
›
Pour toutes les raisons alleguées ci- dessus , S. A.
E. quelque affectionnée et fidele qu'elle soit à S. M.
I. ne sçauroit conformément à son devoir conseiller
que le Saint Empire Remain doive s'engager
dans une Guerre generale si dangereuse et si ruineuse
, qui occasionnera dans la suite l'effusion de
tant de sang Chrétien et la désolation des Terres
qui pourront être foulées autant par les Troupes qui
viendront à son secours que par celles des Ennemis.
Elle espere au contraire , que S. M. I. qui a donné
tant de preuves de son amour pour la Justice et la
Paix , voudra bien en consequence de cet amour
et vú les presentes circonstances dangereuses approuver,
ainsi qu'on vient de le proposer , que le Saint
Empire Romain se mette dans un état naturel et
convenable de défense , et qu'elle regardera d'un
oil favorable tout ce qui a été allegué à ce sujet ,
comme provenant d'un coeur sincere et affectionné
pour le bien de la Patrie. S. A. E. souhaite de
plus , conformément aux Loix établies par la Paix
de Vestphalie , que les Etats de l'Empire , avani
que de prendre les Armes , tentent les voyes d'ac
commodement au moyen d'une mediation generale
du Saint Empire Romain , ainsi que cela s'est pratiqué
ci-devant , sous le Regne des Predecesseurs de
S. M. I. et en particulier en l'année 1673. on
pourroit peut-être par ce moyen terminer le tout à
Pamiable. Mais si cette proposition , quoique fondée
5267
MAY. 1734. 9-9
ser les Loix fondamental es du Traité de Paix n'est
point acceptée , S. A. E. de Baviere persiste toujours
dans son opinion , que dans la situation presente
des affaires il ne convient pas au Saint Empire
Romain de donner occasion à de nouvelles hostilités
de la part de la France ; et quoiqu'on doive
s'attendre que cette Couronne maintiendra la déclaration
faite par M. Blondel , son Miniftre , et
que conformément à ses promesses , Elle ne troublera
pas la paix et la tranquillité de l'Empire , à
moins qu'elle n'y soit provoquée. S. A. E. croit
néanmoins que le Saint Empire en general et chaque
Etat en particulier , doivent conformement à ce
qui a été résolu dans l'Assemblée des Cercles associés
, se mettre en bon état de se défendre , sans préjudice
de qui que ce soit. Ulteriora reservando.
de l'Empire , contenant les raisons alleguées
par les Ministres de Baviere ,
pour s'opposer à la Déclaration de
guerre contre la France.
Velque déplorable que soit la Guerre actuelle
Y
ment allumée entre Sa Majesté Imperiale et l'a
Couronne de France , il est néanmoins évident
même par la Déclaration qu'il a plû à S. M. Imp.
de faire à l'Empire au commencement de son Deeret
de Commission , ainsi que par la Piece intitulée,
Motifs de Résolution du Roy , jointe audit De
eret , que la présente Guerre survenue entre ces deux
Hautes-Puissances, prénd sa source dans l'affaire de
Election d'un Roy de Pologne, mais que quelque
soit l'affaire de cette Election , et quelque fondé et
incontestable qne puisse être tout ce qu'on a publié
touchant les intrigues pratiquées à ce sujet , ( car il
ne s'agit pas ici d'entrer dans aucune discussion par
rapport à l'agresseur , ni dans aucun examen par
rapport aux Traitez précedemment faits à l'insc
de l'Empire , avec des Puissances Etrangeres ) il
est toujours certain que l'Empire n'ayant ni allian.
ce ni engagement special avec le Royaume de Pologne
, doit regarder cette affaire én quelque façon
comme étrangere, et à laquelle il n'est point oblige
de prendre part. Il s'agit donc présentement de dé
liberer
MAY. 1734. 973
liberer si , vu les motifs representez par S. M. Im.
ala Diete , l'Empire doit generalement consentirà
une Déclaration de Guerre contre la France.
Les Loix de l'Empire établissent suffisamment
ce qu'il convient de faire pour sa deffense , en cas
de quelque attaque ennemie , personne ne l'ignore ;
mais comme le Saint Empire Romain est en paix
avec toutes les Puissances étrangeres , et que la
Couronne de France même, après s'être emparée du ..
Fort de Kell , afait déclarer par écrit le 14. Octobre
dernier à tous les Electeurs , Frinces et Etats
du Saint Empire Romain , par M. Blondel , son
Ministre,ainsi qu'il paroît par la Piece annexée au
Decret Imperial de Commission , qu'elle n'a rien
plus à coeur que de maintenir la Paix avec l'Empire
et d'observer les Traitez , sans vouloirfaire des
conquêtes , promettant en consequence de rendre ce
Fort de Kell ; on ne voit pas que l'Empire puisse
avoir aucune raison suffisante d'entrer en guerre ;
d'ailleurs c'est une chose notoire aux Electeurs ,
Princes et Etats , que pendant le peu d'années de
Paix dont on a joui , l'Empire , et en particulier les
Cercles , qui durant la derniere Guerre et tant d'au
tres qui l'ont précedée , se sont trouvez les plus èxposez
aux attaques ennemies , et n'ont pû éviter les
degâts et la destruction qui accompagnent toujours
les Armes , ne se sont pas encore assez bien rétablis
des pertes qu'ils ont soufertes , pour qu'on les expose
de nouveau aux mêmes inconveniens , et cela pour
une affaire étrangere à laquelle ils n'ont aucune
part , et pour qu'on exige d'eux qu'ils contribuent
aux frais d'une guerre qui durera peut -être plu
sieurs années ; car si l'on considere avec attention
les suites onereuses d'une rupture , on trouvera ,
l'experience nous le montre, que lorsqu'elle est entamée,
il est bien difficile d'en prévoir les évenemens et
dejuger de sa durée.
"
et
Après
974 MERCURE DE FRANCE
>
Apr's cela quelqu'heureuse que pût être cette
Guerre , et quand meme on pourroit obliger la Partie
adverse à consentir à une Paix durable et avantageuse
, la méme experience nous fait voir que
toute l'utilité qui en resultera aux Etats du Saint
Empire Romain , sera qu'on leur rende leurs Pays
mais désolez , et dans un état plus triste encore que
celui où leurs Sujets et leurs Pays se trouvent actuellement
sans pouvoir esperer aucun agrandissement
, puisqu'on a vu que tous les efforts qu'on a
faits jusqu'à pretent pour cela , ont toujours été infructueux.
C'est pourquoi , et dautant S. M. I.
par son Decret de Commission , a non seulement recommandé
le fait aux Etats , mais que méme elle
demande gracieusement leur conseil et avis , ilparoit
qu'on doit murement déliberer si avant que de
parler d'aucune Déclaration de Guerre , il ne seroit
pas con enable la Diette songeat aux moyens
d'éviter un aussigrand mal qu'est une Guerre offensive
; il paroit que c'est l'unique moyen de conserver
la tranquillitéparmi les Etats de l'Empire et de
les mettre en état de mieux servir S. MI. et la
Patrie
que
que
que
>
Aussi-tôt S. A. E. de Baviere comme
Membre du Cercle de Suabe, en vertu des Terres et
Seigneuries qu'elle y possede , eût appris que ce Cercle
et les autres Cercles associez devoient s'assembler
, elle donna ordre de leur representer la necessité
qu'il y avoit de mettre promptement leurs Pays
dans un état convenable de deffense , sans préjudice
de qui que ce fut.
C'est un pareil état de deffense conformement aux
résolutions prises dans l'Assemblée desdits Cercles
que S. A. E. souhaite de la part des Electeurs
Princes et Etats de l'Empire , et elle le regarde
comme un point si necessaire et si important dans la
circons
MAY 1724. 975
sirconstance présente des affaires , que bien loin de
vouloir s'en élo gner iant soit peu , elle est disposée ,
en conformité de sa Naissance et ae son devoir ,
contribuer de tout son pouvoir à tout ce qui peut
tendre à la conservation du Sant Empire Romain
en general, et de chaqueEtat en particulier,mais elle
croit qu'il faut éviter toute offense et qu'il est bien
piur convenable de songer un quement à la defense
et à la conservation dudit Saint Empire Romain et
de ses Etass particuliers .
I •. Parce que toute personne qui voudra se donner
la peine d'examiner sans partialité et sans prévention
la source et la cause de la presente Guerre
, verra facilement en consequence des raisons al.
leguées ci- dessus , qu'elle ne peut originairement regarder
en aucune maniere le Saint Empire Romain,
puisque les Hautes Parties Belligerantes ont pour
principal motif le soin de vanger reciproquement leur
honneur qu'elles croyent offensé.
·
>
2 Farce qu'on ne sçauroit conseiller ni approuver
que pour une cause étrangere , à laquelle le
Saint Empire Romain n'a aucune part , on veüil-
Le prizer de la douce Paix rétablie en dernier lieu
et acquise aux dépens de tant de sang répandu , et
qu'on cherche à l'engager dans une nouvelle Guerre
onereuse , dont l'is në et la durée sont si incertaines
et dont tout le poids tomberoit sur ces Cercles , qui
par leur situation se trouvent les plus exposés au danger
, et par consequent à une ruine inévitable sans
Pavoir meritée Les Pactes entre la très - Illustre
Maison Archiducale de l'Empereur et la Couronne
de Pologne , subsistent depuis plusieurs années ,
ayant été établis sous le gouvernement de l'Archiduc
Albert et du Roi Casimir , et confirmés dernie➡
rement par 1 En pereur Leopold,de glorieuse memoi-
Fe ; ils ont pour objet la défense mutuelle de leurs
Royaumes ,
976 MERCURE DE FRANCE
Royaumes , ainsi que de leur Commerce ; mais ce
n'est pas en qualité d'Empereurs et du consentement
de l'Empire , que les Princes de la Maison d'Autriche
ont contracté ces Alliances ; ils ne l'ontfait
que pour leur propre interêt , et à cause de la proximité
de leurs Terres et Provinces , par consequent
Le Saint Empire. Romain n'y a aucune part.
3°. Comme Sa Majeste Imperiale , pendant son
glorieux Regne , a donnéplusieurs preuves éclatantes
du desir qu'elle a de maintenir et de conserver
le repos et le salut du Saint Empire Romain , et
que de tout tems on a regardé la tranquillité genevale
comme le bien le plus desirable , Elle peut d'autant
moins trouver mauvais que les Etats se
mettent simplement dans un état de défense , qu'elle
a tout lieu d'avoir une entiere confiance dans le
Saint Empire Romain , et qu'elle n'ignore pas les
tristes suites que la Guerre entraîne après elle . Il est
d'ailleurs à remarquer que d'autres Puissances
quoiqu'étroitement unies et alliées avec Š. M. I.
auxquelles on aura sans doute communiqué tout ce
qui s'est passé dans l'affaire de Pologne , et qui par
consequent n'ignorent pas laquelle des deux Hautes
Parties doit être considerée comme l'Agresseur dans
la presente Guerre , n'ont pas encore jusqu'à present
jugé à propos de se déclarer contre la France ,
soit par le desir de conserver quelques uns de leurs
Etats et Sujets , ou pour d'autres raisons , quoique
quelques unes de ces Puissances se mettent sur
leurs gardes , ce n'est apparemment que pour mieux
maintenir et conserver la tranquillité.
Si le Saint Empire Romain se trouvoit frustré de
Passistance de ces Puissances, le poids de la presente
Guerre lui seroit difficile à supporter , et le danger
plus grand et plus évident sur tout si S. M. I.
alloit retirer en tout ou en partie , les Troupes qu'elle
a fur
MAY. 1734
977
vaisur
le Rhin pour les envoyer à la défense de ses
autres Etatt et qu'elle laissat aux Cercles le soin de
la défense de l'Empire. Cette crainte n'est pas
neni chimerique , elle est fondée sur l'experience de
se qui s'est passé pendant la derniere Guerre , où
P'on a vu les Troupes Imperiales quitter le Rhin , et
les Cercles seuls obligés de défendre leurs Terres ,
leur grand préjudice , et à la ruine de leurs Pays.
Deplus , les Actes de l'Empire font foi que d'un
côté les Etats ne voulurent pas dans la derniere
Guerre s'engager avant que les deux Puissances
Maritimes se fussent alliés avec Sa Majesté Imperiale
; et que d'un autre côté , aussi- tôt que lesdites
Puissances se furent separées de la grande Alliance
, les mêmes Etats jugerent à propos d'accepter
les conditions du Traité de Rastadt , donnant
par-1
-là clairement à connoître combien il leur étoit
impossible de continuer la Guerre sans la concurrence
des Puissances Maritimes. C'est pourquoi le
Saint Empire Romain , et en particulier les Cercles
les plus exposés , qui certainement ne se sont pas encore
rétablis des pertes souffertes , feroient bien de
senger à épargner et ménager leurs forces chancellantes
pour des occasions plus importantes qui pourroient
survenir , et qui dépendent de la viciffitude
des choses , sans quoi on pourroit bien s'en repentir ,
mais peut-être trop tard.
4°. La Couronnede France ne peut trouver mau
vais que l'Empire employe pour sa défense tous les
moyens necessaires et conformes au droit naturel ;
puisque dans la Déclaration qu'elle a fait faire par
son Ministre , et qui se trouve attachée au Decret
Imperial de Commission ci - desus mentionné , Elle
promet solemnellement sous la Foi publique qu'elle
se prêtera à tout ce qui peut maintenir la tranquil-
Jité du SaintEmpire Romain : Or , rien n'y pens
G plus
978 MERCURE DE FRANCE
plus contribuer qu'un Etat convenable de défense ?
d'ailleurs cette même Couronne У déclare qu'elle
fera bonifier , si cela n'a étéfait , les Contributions
qu'elle a été obligée d'exiger sur les Terres de l'Empire
, et qu'elle fera restituer le Fort de Kehl dont
elle s'est emparée , ou qu'elle le fera garder par des
Troupes Neutres jusqu'à la Paix , afin que le Saint
Empire Romain n'en prenne aucun ombrage.
›
Pour toutes les raisons alleguées ci- dessus , S. A.
E. quelque affectionnée et fidele qu'elle soit à S. M.
I. ne sçauroit conformément à son devoir conseiller
que le Saint Empire Remain doive s'engager
dans une Guerre generale si dangereuse et si ruineuse
, qui occasionnera dans la suite l'effusion de
tant de sang Chrétien et la désolation des Terres
qui pourront être foulées autant par les Troupes qui
viendront à son secours que par celles des Ennemis.
Elle espere au contraire , que S. M. I. qui a donné
tant de preuves de son amour pour la Justice et la
Paix , voudra bien en consequence de cet amour
et vú les presentes circonstances dangereuses approuver,
ainsi qu'on vient de le proposer , que le Saint
Empire Romain se mette dans un état naturel et
convenable de défense , et qu'elle regardera d'un
oil favorable tout ce qui a été allegué à ce sujet ,
comme provenant d'un coeur sincere et affectionné
pour le bien de la Patrie. S. A. E. souhaite de
plus , conformément aux Loix établies par la Paix
de Vestphalie , que les Etats de l'Empire , avani
que de prendre les Armes , tentent les voyes d'ac
commodement au moyen d'une mediation generale
du Saint Empire Romain , ainsi que cela s'est pratiqué
ci-devant , sous le Regne des Predecesseurs de
S. M. I. et en particulier en l'année 1673. on
pourroit peut-être par ce moyen terminer le tout à
Pamiable. Mais si cette proposition , quoique fondée
5267
MAY. 1734. 9-9
ser les Loix fondamental es du Traité de Paix n'est
point acceptée , S. A. E. de Baviere persiste toujours
dans son opinion , que dans la situation presente
des affaires il ne convient pas au Saint Empire
Romain de donner occasion à de nouvelles hostilités
de la part de la France ; et quoiqu'on doive
s'attendre que cette Couronne maintiendra la déclaration
faite par M. Blondel , son Miniftre , et
que conformément à ses promesses , Elle ne troublera
pas la paix et la tranquillité de l'Empire , à
moins qu'elle n'y soit provoquée. S. A. E. croit
néanmoins que le Saint Empire en general et chaque
Etat en particulier , doivent conformement à ce
qui a été résolu dans l'Assemblée des Cercles associés
, se mettre en bon état de se défendre , sans préjudice
de qui que ce soit. Ulteriora reservando.
Fermer
Résumé : EXTRAIT du Protocole de la Diete de l'Empire, contenant les raisons alleguées par les Ministres de Baviere, pour s'opposer à la Déclaration de guerre contre la France.
Le Protocole de la Diète de l'Empire présente les arguments des ministres de Bavière contre une déclaration de guerre contre la France. La guerre en cours entre l'Empire et la France résulte de l'élection d'un roi de Pologne, mais l'Empire n'a ni alliance ni engagement spécifique avec la Pologne, considérant donc cette affaire comme étrangère. Les ministres soulignent que l'Empire est en paix avec toutes les puissances étrangères et que la France a exprimé son désir de maintenir la paix et de respecter les traités, notamment en promettant de rendre le fort de Kehl. Les ministres estiment que l'Empire n'a aucune raison suffisante d'entrer en guerre, surtout que les États de l'Empire n'ont pas encore récupéré des pertes précédentes. Ils soulignent également que les conséquences d'une guerre sont incertaines et coûteuses. La Bavière recommande donc de se préparer à la défense sans provoquer de nouvelles hostilités et de chercher des voies d'accommodement par une médiation générale. Elle espère que l'Empereur approuvera cette position, visant à préserver la tranquillité au sein de l'Empire. Par ailleurs, une résolution adoptée lors de l'Assemblée des Cercles associés prévoit de se mettre en état de défense sans causer de préjudice à quiconque. La phrase 'Ulteriora reservando' indique que des points supplémentaires sont réservés pour une discussion ou une décision ultérieure.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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94
p. 1339-1349
PREMIERES ARMES présentées à Monseigneur l[e] Dauphin.
Début :
La Ville de Paris ayant demandé au Roy la permission de présenter [...]
Mots clefs :
Dauphin, Armes, Ville de Paris, Main, Vertus, Couronne, France, Palmes, Pieds, Guerre, Fleurs, Boucliers, Épée
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texteReconnaissance textuelle : PREMIERES ARMES présentées à Monseigneur l[e] Dauphin.
PREMIERES ARMES
présentées à Monseigneur la Dauphin.
L
A Ville de Paris ayant demandé
au Roy la permission de présenter
à Monseigneur le Dauphin ses premieres
Armes , conformément à un ancien usage
interrompu depuis que que temps ,
le Corps de Ville , en Robbe de ceremonie
, se rendit à Versailles le 6. de
ce moi ; et le Duc de Gesvres , Gouverneur
de Paris étant à la tête , il fut
conduit avec lès ceremoni s ordinaires
à l'Audience de Monseigneur le Dauphin
. Le Corps de Ville eut l'honneur
de présenter à ce Prince une Epée , un
Fusil et dux Pistolets d'un travail par
fait . Le Président Turgot , Prévô: des
Mirchinds , porta la prole cr complimenta
Monseigneur le Dauphin , qui
reçut avec beauco 'P de bonté cet e marque
que la Ville d Paris et empressée
de donner à ce Prince de son resp ce
et de son z le
C'est un droit aussi ancien que glorieux
pour la Ville de Paris , de présenter aux
Dauphins France leurs premi res Ar-
D vj mes
II. Vol.
1340 MERCURE DE FRANCE
mes ; soit récompense de son zéle et de
son affection envers ses Princes , soit prérogatives
flateuses pour la Capitale du
Royaume , soit l'un et l'autre ensemble,
elle a toujours joui de ce privilége et a fait
de cet avantage le premier de ses Titres.
Aujourd'hui que dans la joye commune
à toute la France elle voit croître sous
de si heureux auspices Monseigneur le
Dauphin , elle a encore en particulier
celle de lui pouvoir rendre cet hommage,
et elle a crû ne devoir rien oublier pour
s'acquiter d'un devoir aussi flateur et aussi
honorable pour elle.
Tout FOuvrage des Pistolets, est d'acier,
enrichi partie de reliefet de ciselure , dont
tous les fonds sont d'or perlé, partie d'or en
raport et en bosse , dont les fonds sont
d'acier ce qui fait un contraste aussi
agréable qu'il est riche . Les bois sont or
nez de figures en or gravées en Tailledouce
, et de filigrames d'or qui en font
les accompagnements , et laissent à peine
appercevoir les fonds.
Sur l'un des canons de Pistolets on a
representé en ciselure un Point du Jour,
ou un Soleil naissant : c'est un jeune en
fant sur la pente d'une coline , couché
sur un gazon fleuri , au pied d'un arbre
zoefu . Il semble se réveiller et sortir d'un
IL Vola
doux
JUIN. 1734. 1348
doux sommeil . Derriere la coline sort un
Soleil , dont on n'apperçoit encore que
les premiers raïons. Des deux côtez on
voit des Palmes et des Lauriers qui se
joignent , et s'entrelassent à leurs extré
mitez , soutiennent une Couronne de
Dauphin.
"
L'autre canon représente un jeune
Hercule qui écrase , encore au berceau ,
les deux Dragons qui vouloient le dévo
rer. Sa force montre son origine ; des
Lauriers et des Palmes ainsi que sur l'au
tre canon , mais par des contours differens
, vont se mêler ensemble par leurs
sommitez, et sont terminez par une Cou
ronne d'Etoiles. L'immortalité est la récompense
de ses vertus .
La cizelure n'occupe que la moitié des
canons ; le reste est travaillé en or de
rapport on y a representé les quatre
Parties du Monde , que ce Soleil Levant
va parcourir et éclairer dans sa course
brillante , et que ce jeune Héros doit
remplir du bruit de ses exploits et de ses
vertus. Ily a deux symboles de vertus sur
chaque canon. Elles sont assises sur une
Sphere du monde et representées sous les
attributs et avec les caractéres qui leur
sont propres. AAuu--ddeessssuuss , sont deux
cornes d'abondance renversées, qui répan-
11. Vola dent
342 MERCURE DE FRANCE
dent toutes les richesses et les fruits que
produit chacune des Parties de l'Univers
On voit aussi divers animaux selon la
natute de ces diférentes contrées . Du côté
de l'Europe on n'a pas oublié l'oyseau
avant- coureur du Soleil : il tient un Lys
en son bec.
Sur chacune des deux ovales des calottes
, on a representé un jeune Héros
sur l'une il est debout , un arc à la main,
sur lequel il s'appuye ; un Lion et une
massuë d'Hercule à ses pieds ; derriere
lui s'éleve un Palmier dont les branches
se recourbent au - dessus de sa tête , er lui
servent de Couronne . Sur l'autre il est
appuyé sur un casque , et tient un javelot
à la main .
,
2 Autour des calottes des Pistolets
voit Vulcain dans son antre for
geant des armes pour ce jeune Héros ;
le Dieu Mars les lui présente ; Minerve
paroît avec les instruments , et les Symbols
des differents Arts qu'elle met sous
sa protection , et Mercure aîlé , le ca
ducée à la main , est prêt à exécuter ses
or tres . Chacune de ces Divinitez a ses
trophées et ses attribute.
L'un des Porre vis , représente
le jeune Apollon qui tue le Serpent
Pithon Ce monstre déjà percé d'une
$… ]II. Vol. Altche
JUIN. 1734 7343
Béche mortelle , semble se rouler sur
la poussiere , mordant le dard qui l'a
blessé à l'autre on voit Eole , assis sur
un rocher , qui commande aux vents et
aux tempêtes de se calmer ; sous ses pieds
est la caverne où ils sont renfermez.
Les sous gardes sont ornées par deux
Zephirs aîlez qui portent sur leurs têtes
une corbeille de fleurs. Les pontets sont
soutenus d'un côté sur un Dragon aîlé ,
vuidé à jour , dont la queüe va , en se perdant
par dessous , servir à l'autre côté
de soutien et de base . Sur les pontets sont
deux jeunes Cupidons , dont l'un renverse
des cornes d'abondance l'autre
terrasse un Lion qu'il est prêt de percer
d'un javelot. Le reste des sous- gardes est
enrichi de differents trophées de guerre
et autres ornements.
Sur les corps des platines sont deux
Génies guerriers , dont l'un assis sur un
tas de trophées, porte un faisceau d'armes,
l'autre aussi au milieu de plusieurs instru
ments de guerre s'exerce à battre des
timbales .
Sur le canon du fusil paroît un Dauphin
, entouré de cornes d'abondance
et de guirlandes de fleurs qui vont par
differents contours se joindre par le haut
à une Couronne de Laurier et de Chêne
.. II. Vol.
entre344
MERCURE DE FRANCE
entrelassez. Au - dessous est un jeune Achìle
qui court aux armes ; il tient d'une
main une épée , et de l'autre il arrache
un bouclier d'un Palmier où sont attachées
toutes les armes qui lui sont nécessaires
pour combattre ; un riche tro
phée de guerre sert de Couronnement.
Tout cet Ouvrage est en relief ; le fond
en est d'or perlé et occupe environ la
moitié du canon. La visiere est composée
de plusieurs coquilles accolées , la plupart
à jour et attachées les unes aux autres par
des guirlandes de fleurs. Le reste est en or
de raport avec une suite d'ornements et
d'attributs convenables au sujet.
La plaque est à huit oreilles , toutes
terminées par des coquilles de formes
differentes ; sur le devant est un retour
de chasse un jeune Chasseur assis à
Fombre sur le gazon , foulant aux pieds
un Sanglier qu'il a tué , tenant un fuzil
à la main et entouré de ses chiens , se re
pose des fatigues de la chasse . Sous la
plaque on a mis un Dauphin avec des
palmes autour où sont attachées des arnes
, des ancres , des gouvernails , et au
milieu un trident d'où pend une Couronne
rostrale:
La platine représente un Triton sur le
rivage de la mer , un Dauphin attiré par
IL Vel. la
JUIN. 1734. 8343
la douceur du chant , se joue sur les ondes
d'où il semble sortir.
:
Sur chacun des côtez de la crosse dur
fusil est un Dauphin en or , gravé en
Taille - douce , accompagné de quatre
Génies de même ouvrage et de pareille
matiere l'un porte une Couronne de
Dauphin ; l'autre une corbeille des plus
belles fleurs ; le troisiéme , une Palme
ornée de toutes les differentes Couronnes
dont on récompensoit chez les anciens
les differentes vertus ; enfin le dernier lui
présente un gouvernail et un trident
comme des symboles de son Empire.
On n'entre pas dans un plus grand
'détail sur le reste des ornements de ces
précieux Ouvrages , tels que sont les coquillages
, rocailles , feüillages , architectures
, frises &c. qui servent comme d'accompagnements
et de bordures à tous ces
differents tableaux , et qui , outre la ri
chesse et la magnificence de l'ouvrage ,
sont encore nécessaires pour le contour
et la forme des differentes piéces.
Le Sieur Laroche , Armutier du Roy,
demeurant à Paris sur le Pont Marie
est l'Auteur de ces trois morceaux , dont
l'exécution est admirable.
Toute l'épée est d'or et compose dans son
11. Vol
ensem1346
MERCURE DE FRANCE
ensemble , un seul trophée d'armes , sans
que cette idée exactement suivie dans
toutes les differentes parties. de cet Ouvrage
, en change en rien la forme et les
proportions ordinaires.
La Garde est composée de deux Boucliers,
appellez dans l'antiquité, des Pettes,
comme ils étoient d'usage sous le Regne
et dans les Armées d'Alexandre le Grand:
c'est une époque qu'on a crû devoir choisir
entre plusieurs autres ; ces Boucliers
étoient ornez de bas reliefs et représentoient
des fruits heroïques. Ils avoient
pour la plupart des têtes de Lions aux
deux extrémitez ; on en a suivi en tout
exactement la forme et le dessein . Dans
les quatre bas - reliefs on a representé
les vertus attachées à Monseigneur le
Dauphin dès sa naissance.
L'un de ces Boucliers , du côté de la
Lame , représente les vertus heroïques * ;
c'est un Hercule avec sa massue et cɔuvert
de la peau de Lion ; il terrasse sous
ses pieds l'Hydre qu'il a domptée et tient
en sa main trois pommes du jardin
des Hesperides ; à l'entour sont ses differents
trophées et les divers travaux qui
ont exercé sa valeur et illustré son nom.
Sur l'autre Bouclier et du même côté ,
est la gloire des Princes, accompagnée de
II. Vol.
leurs
i 1347 JUIN. 1734.
leurs victoires , et le prix de leurs vertus :
c'est une femme richement vetuë , ayant
ure Couronne d'or sur sa tête et en sa
main droite une Couronne de Laurier ;
elle soutient de la gauche une forte et rithe
piramide ; à ses pieds est un corner
d'abondance , symbole de la magnificence
et de la generosité des grands Princes.
ve ,
et
De l'autre côté et en dedans de l'un
des Boucliers est representé une Miner-
Deèsse des Sciences militaires et des
Beaux Arts , le Compas à la main ; elle
trace et mesure sur un Globe , un terrain
convenable à fortifier une place de
guerre ; à ses pieds paroît sur un rouleau
déployé , un Plan de fortifications
dans le lointain on voit les dehors d'une
forteresse entourée de palissades . Sur l'autre
Bouclier parallele est une Pallas
Deèsse de la guerre : elle tient une lance
d'une main comme sur le point de combattre
et de l'autre son Egide , elle est
entourée de plusieurs instruments de
guerre au - dessus desquels on voit
flotter dans les airs des Drapeaux et des
Etendarts.
›
A l'endroit où se joignent les deux
Boucliers on a placé un Globe terrestre
qui sera un jour le théatre des vertus et
des exploits de nôtre jeune Prince. Sur
¿ II. Vol. ce
1348 MERCURE DE FRANCE
,
ce Globe , malgré sa petitesse , on a régulierement
tracé en relief les differentes
parties de l'Univers ; ce Globe est surmonté
par une massuë d'Hercule du
bas de laquelle s'éleve un faisceau de
Palmes , qui , en l'entourant jusqu'au
haut et la laissant cependant entrevoir
par les differents jours et les differents
vuides , forme la poignée de l'épée ; ce
qui fait un ouvrage des plus légers et des
plus délicats. Au haut de cette massuë, est
un Casque françois , et c'est ce qui fornic
le pomeau . Ce Casque est enrichi d'un
mufle de Lion et d'autres ornemens
relief ; la visiere en est levée.
sà
Une Palme gracieusement recourbée ,
se détachant par le bas des autres Palmes,
va ensuite en remontant et en s'éloignant
de la poignée , former la branche ; elle
n'en forme cependant que la moitié . De
la pointe sort une fleur de Lys à quatre
faces , production plus belle que toutes
les dattes fleuries dont elle est chargée
ainsi que les autres Palmes. Une autre
Palme qui déscend d'en haut et de dessus
le Casque , vient par un même contour
la rejoindre et s'entrelasser , de telle sorte
que couvrant toute la fleur de Lys , elle
n'en cache rien .
Du bas de la poignée, sort un Dauphin
II. Vol. des
JUIN. 7734
134
و
des mêmes Palmes , au milieu desquelles
il semble se jouer , et forme le tillon dans
le même contour à l'usage des Epées
qui se font à présent. La Lame est aussi
d'or , enrichie de moulures : elle a le
même ressort qu'une Lame d'acier. Le
Fourreau est d'écaille noire, incrustée sur
un fond qui lui donne de la solidité et
arrêté par deux moulures d'or très déli-"
cates ; toute l'écaille est piqué en or d'un
dessein très -riche.
La Chappe , le Crochet et le bout de
l'Epée sont des piéces si petites et qui
la sent si peu de champ ,qu'il n'a pas été
possible de représenter des attributs , ni
rien de symbolique. On a taché par des
petits morceaux d'architectures , des palmettes
des entrelas , des filets des
canneaux de feüillages , et autres ornemens
qui ont raport au sujet, d'y supléer,
et on les a parse mez de plusieurs fleurs
de Lys radieuses et vuidées à jour.
,ر <
Ce beau morceau est de la main de
M. Germain , Orfévre du Roy , si connu
par la perfection de ses Ouvrages et par
la délicatesse de son goût.
présentées à Monseigneur la Dauphin.
L
A Ville de Paris ayant demandé
au Roy la permission de présenter
à Monseigneur le Dauphin ses premieres
Armes , conformément à un ancien usage
interrompu depuis que que temps ,
le Corps de Ville , en Robbe de ceremonie
, se rendit à Versailles le 6. de
ce moi ; et le Duc de Gesvres , Gouverneur
de Paris étant à la tête , il fut
conduit avec lès ceremoni s ordinaires
à l'Audience de Monseigneur le Dauphin
. Le Corps de Ville eut l'honneur
de présenter à ce Prince une Epée , un
Fusil et dux Pistolets d'un travail par
fait . Le Président Turgot , Prévô: des
Mirchinds , porta la prole cr complimenta
Monseigneur le Dauphin , qui
reçut avec beauco 'P de bonté cet e marque
que la Ville d Paris et empressée
de donner à ce Prince de son resp ce
et de son z le
C'est un droit aussi ancien que glorieux
pour la Ville de Paris , de présenter aux
Dauphins France leurs premi res Ar-
D vj mes
II. Vol.
1340 MERCURE DE FRANCE
mes ; soit récompense de son zéle et de
son affection envers ses Princes , soit prérogatives
flateuses pour la Capitale du
Royaume , soit l'un et l'autre ensemble,
elle a toujours joui de ce privilége et a fait
de cet avantage le premier de ses Titres.
Aujourd'hui que dans la joye commune
à toute la France elle voit croître sous
de si heureux auspices Monseigneur le
Dauphin , elle a encore en particulier
celle de lui pouvoir rendre cet hommage,
et elle a crû ne devoir rien oublier pour
s'acquiter d'un devoir aussi flateur et aussi
honorable pour elle.
Tout FOuvrage des Pistolets, est d'acier,
enrichi partie de reliefet de ciselure , dont
tous les fonds sont d'or perlé, partie d'or en
raport et en bosse , dont les fonds sont
d'acier ce qui fait un contraste aussi
agréable qu'il est riche . Les bois sont or
nez de figures en or gravées en Tailledouce
, et de filigrames d'or qui en font
les accompagnements , et laissent à peine
appercevoir les fonds.
Sur l'un des canons de Pistolets on a
representé en ciselure un Point du Jour,
ou un Soleil naissant : c'est un jeune en
fant sur la pente d'une coline , couché
sur un gazon fleuri , au pied d'un arbre
zoefu . Il semble se réveiller et sortir d'un
IL Vola
doux
JUIN. 1734. 1348
doux sommeil . Derriere la coline sort un
Soleil , dont on n'apperçoit encore que
les premiers raïons. Des deux côtez on
voit des Palmes et des Lauriers qui se
joignent , et s'entrelassent à leurs extré
mitez , soutiennent une Couronne de
Dauphin.
"
L'autre canon représente un jeune
Hercule qui écrase , encore au berceau ,
les deux Dragons qui vouloient le dévo
rer. Sa force montre son origine ; des
Lauriers et des Palmes ainsi que sur l'au
tre canon , mais par des contours differens
, vont se mêler ensemble par leurs
sommitez, et sont terminez par une Cou
ronne d'Etoiles. L'immortalité est la récompense
de ses vertus .
La cizelure n'occupe que la moitié des
canons ; le reste est travaillé en or de
rapport on y a representé les quatre
Parties du Monde , que ce Soleil Levant
va parcourir et éclairer dans sa course
brillante , et que ce jeune Héros doit
remplir du bruit de ses exploits et de ses
vertus. Ily a deux symboles de vertus sur
chaque canon. Elles sont assises sur une
Sphere du monde et representées sous les
attributs et avec les caractéres qui leur
sont propres. AAuu--ddeessssuuss , sont deux
cornes d'abondance renversées, qui répan-
11. Vola dent
342 MERCURE DE FRANCE
dent toutes les richesses et les fruits que
produit chacune des Parties de l'Univers
On voit aussi divers animaux selon la
natute de ces diférentes contrées . Du côté
de l'Europe on n'a pas oublié l'oyseau
avant- coureur du Soleil : il tient un Lys
en son bec.
Sur chacune des deux ovales des calottes
, on a representé un jeune Héros
sur l'une il est debout , un arc à la main,
sur lequel il s'appuye ; un Lion et une
massuë d'Hercule à ses pieds ; derriere
lui s'éleve un Palmier dont les branches
se recourbent au - dessus de sa tête , er lui
servent de Couronne . Sur l'autre il est
appuyé sur un casque , et tient un javelot
à la main .
,
2 Autour des calottes des Pistolets
voit Vulcain dans son antre for
geant des armes pour ce jeune Héros ;
le Dieu Mars les lui présente ; Minerve
paroît avec les instruments , et les Symbols
des differents Arts qu'elle met sous
sa protection , et Mercure aîlé , le ca
ducée à la main , est prêt à exécuter ses
or tres . Chacune de ces Divinitez a ses
trophées et ses attribute.
L'un des Porre vis , représente
le jeune Apollon qui tue le Serpent
Pithon Ce monstre déjà percé d'une
$… ]II. Vol. Altche
JUIN. 1734 7343
Béche mortelle , semble se rouler sur
la poussiere , mordant le dard qui l'a
blessé à l'autre on voit Eole , assis sur
un rocher , qui commande aux vents et
aux tempêtes de se calmer ; sous ses pieds
est la caverne où ils sont renfermez.
Les sous gardes sont ornées par deux
Zephirs aîlez qui portent sur leurs têtes
une corbeille de fleurs. Les pontets sont
soutenus d'un côté sur un Dragon aîlé ,
vuidé à jour , dont la queüe va , en se perdant
par dessous , servir à l'autre côté
de soutien et de base . Sur les pontets sont
deux jeunes Cupidons , dont l'un renverse
des cornes d'abondance l'autre
terrasse un Lion qu'il est prêt de percer
d'un javelot. Le reste des sous- gardes est
enrichi de differents trophées de guerre
et autres ornements.
Sur les corps des platines sont deux
Génies guerriers , dont l'un assis sur un
tas de trophées, porte un faisceau d'armes,
l'autre aussi au milieu de plusieurs instru
ments de guerre s'exerce à battre des
timbales .
Sur le canon du fusil paroît un Dauphin
, entouré de cornes d'abondance
et de guirlandes de fleurs qui vont par
differents contours se joindre par le haut
à une Couronne de Laurier et de Chêne
.. II. Vol.
entre344
MERCURE DE FRANCE
entrelassez. Au - dessous est un jeune Achìle
qui court aux armes ; il tient d'une
main une épée , et de l'autre il arrache
un bouclier d'un Palmier où sont attachées
toutes les armes qui lui sont nécessaires
pour combattre ; un riche tro
phée de guerre sert de Couronnement.
Tout cet Ouvrage est en relief ; le fond
en est d'or perlé et occupe environ la
moitié du canon. La visiere est composée
de plusieurs coquilles accolées , la plupart
à jour et attachées les unes aux autres par
des guirlandes de fleurs. Le reste est en or
de raport avec une suite d'ornements et
d'attributs convenables au sujet.
La plaque est à huit oreilles , toutes
terminées par des coquilles de formes
differentes ; sur le devant est un retour
de chasse un jeune Chasseur assis à
Fombre sur le gazon , foulant aux pieds
un Sanglier qu'il a tué , tenant un fuzil
à la main et entouré de ses chiens , se re
pose des fatigues de la chasse . Sous la
plaque on a mis un Dauphin avec des
palmes autour où sont attachées des arnes
, des ancres , des gouvernails , et au
milieu un trident d'où pend une Couronne
rostrale:
La platine représente un Triton sur le
rivage de la mer , un Dauphin attiré par
IL Vel. la
JUIN. 1734. 8343
la douceur du chant , se joue sur les ondes
d'où il semble sortir.
:
Sur chacun des côtez de la crosse dur
fusil est un Dauphin en or , gravé en
Taille - douce , accompagné de quatre
Génies de même ouvrage et de pareille
matiere l'un porte une Couronne de
Dauphin ; l'autre une corbeille des plus
belles fleurs ; le troisiéme , une Palme
ornée de toutes les differentes Couronnes
dont on récompensoit chez les anciens
les differentes vertus ; enfin le dernier lui
présente un gouvernail et un trident
comme des symboles de son Empire.
On n'entre pas dans un plus grand
'détail sur le reste des ornements de ces
précieux Ouvrages , tels que sont les coquillages
, rocailles , feüillages , architectures
, frises &c. qui servent comme d'accompagnements
et de bordures à tous ces
differents tableaux , et qui , outre la ri
chesse et la magnificence de l'ouvrage ,
sont encore nécessaires pour le contour
et la forme des differentes piéces.
Le Sieur Laroche , Armutier du Roy,
demeurant à Paris sur le Pont Marie
est l'Auteur de ces trois morceaux , dont
l'exécution est admirable.
Toute l'épée est d'or et compose dans son
11. Vol
ensem1346
MERCURE DE FRANCE
ensemble , un seul trophée d'armes , sans
que cette idée exactement suivie dans
toutes les differentes parties. de cet Ouvrage
, en change en rien la forme et les
proportions ordinaires.
La Garde est composée de deux Boucliers,
appellez dans l'antiquité, des Pettes,
comme ils étoient d'usage sous le Regne
et dans les Armées d'Alexandre le Grand:
c'est une époque qu'on a crû devoir choisir
entre plusieurs autres ; ces Boucliers
étoient ornez de bas reliefs et représentoient
des fruits heroïques. Ils avoient
pour la plupart des têtes de Lions aux
deux extrémitez ; on en a suivi en tout
exactement la forme et le dessein . Dans
les quatre bas - reliefs on a representé
les vertus attachées à Monseigneur le
Dauphin dès sa naissance.
L'un de ces Boucliers , du côté de la
Lame , représente les vertus heroïques * ;
c'est un Hercule avec sa massue et cɔuvert
de la peau de Lion ; il terrasse sous
ses pieds l'Hydre qu'il a domptée et tient
en sa main trois pommes du jardin
des Hesperides ; à l'entour sont ses differents
trophées et les divers travaux qui
ont exercé sa valeur et illustré son nom.
Sur l'autre Bouclier et du même côté ,
est la gloire des Princes, accompagnée de
II. Vol.
leurs
i 1347 JUIN. 1734.
leurs victoires , et le prix de leurs vertus :
c'est une femme richement vetuë , ayant
ure Couronne d'or sur sa tête et en sa
main droite une Couronne de Laurier ;
elle soutient de la gauche une forte et rithe
piramide ; à ses pieds est un corner
d'abondance , symbole de la magnificence
et de la generosité des grands Princes.
ve ,
et
De l'autre côté et en dedans de l'un
des Boucliers est representé une Miner-
Deèsse des Sciences militaires et des
Beaux Arts , le Compas à la main ; elle
trace et mesure sur un Globe , un terrain
convenable à fortifier une place de
guerre ; à ses pieds paroît sur un rouleau
déployé , un Plan de fortifications
dans le lointain on voit les dehors d'une
forteresse entourée de palissades . Sur l'autre
Bouclier parallele est une Pallas
Deèsse de la guerre : elle tient une lance
d'une main comme sur le point de combattre
et de l'autre son Egide , elle est
entourée de plusieurs instruments de
guerre au - dessus desquels on voit
flotter dans les airs des Drapeaux et des
Etendarts.
›
A l'endroit où se joignent les deux
Boucliers on a placé un Globe terrestre
qui sera un jour le théatre des vertus et
des exploits de nôtre jeune Prince. Sur
¿ II. Vol. ce
1348 MERCURE DE FRANCE
,
ce Globe , malgré sa petitesse , on a régulierement
tracé en relief les differentes
parties de l'Univers ; ce Globe est surmonté
par une massuë d'Hercule du
bas de laquelle s'éleve un faisceau de
Palmes , qui , en l'entourant jusqu'au
haut et la laissant cependant entrevoir
par les differents jours et les differents
vuides , forme la poignée de l'épée ; ce
qui fait un ouvrage des plus légers et des
plus délicats. Au haut de cette massuë, est
un Casque françois , et c'est ce qui fornic
le pomeau . Ce Casque est enrichi d'un
mufle de Lion et d'autres ornemens
relief ; la visiere en est levée.
sà
Une Palme gracieusement recourbée ,
se détachant par le bas des autres Palmes,
va ensuite en remontant et en s'éloignant
de la poignée , former la branche ; elle
n'en forme cependant que la moitié . De
la pointe sort une fleur de Lys à quatre
faces , production plus belle que toutes
les dattes fleuries dont elle est chargée
ainsi que les autres Palmes. Une autre
Palme qui déscend d'en haut et de dessus
le Casque , vient par un même contour
la rejoindre et s'entrelasser , de telle sorte
que couvrant toute la fleur de Lys , elle
n'en cache rien .
Du bas de la poignée, sort un Dauphin
II. Vol. des
JUIN. 7734
134
و
des mêmes Palmes , au milieu desquelles
il semble se jouer , et forme le tillon dans
le même contour à l'usage des Epées
qui se font à présent. La Lame est aussi
d'or , enrichie de moulures : elle a le
même ressort qu'une Lame d'acier. Le
Fourreau est d'écaille noire, incrustée sur
un fond qui lui donne de la solidité et
arrêté par deux moulures d'or très déli-"
cates ; toute l'écaille est piqué en or d'un
dessein très -riche.
La Chappe , le Crochet et le bout de
l'Epée sont des piéces si petites et qui
la sent si peu de champ ,qu'il n'a pas été
possible de représenter des attributs , ni
rien de symbolique. On a taché par des
petits morceaux d'architectures , des palmettes
des entrelas , des filets des
canneaux de feüillages , et autres ornemens
qui ont raport au sujet, d'y supléer,
et on les a parse mez de plusieurs fleurs
de Lys radieuses et vuidées à jour.
,ر <
Ce beau morceau est de la main de
M. Germain , Orfévre du Roy , si connu
par la perfection de ses Ouvrages et par
la délicatesse de son goût.
Fermer
Résumé : PREMIERES ARMES présentées à Monseigneur l[e] Dauphin.
Le 6 juin 1734, la Ville de Paris a reçu l'autorisation du roi de présenter au Dauphin ses premières armes, suivant un ancien usage interrompu. Le Corps de Ville, en robe de cérémonie, s'est rendu à Versailles où le Duc de Gesvres, Gouverneur de Paris, a conduit la délégation à l'audience du Dauphin. Le Président Turgot, Prévôt des Marchands, a porté les compliments et présenté une épée, un fusil et deux pistolets d'un travail parfait. Ce privilège permet à la Ville de Paris de présenter aux Dauphins de France leurs premières armes, soit en récompense de son zèle et de son affection envers les Princes, soit comme prérogative flatteuse pour la capitale du Royaume. La Ville de Paris a donc saisi cette occasion pour honorer le Dauphin et s'acquitter de ce devoir flateur et honorable. Les pistolets, entièrement en acier enrichi de reliefs et de ciselures, présentent des fonds d'or perlé et des bois ornés de figures en or gravées en taille-douce et de filigranes. Les canons des pistolets représentent des scènes symboliques : l'un montre un jeune enfant sur une colline au lever du soleil, l'autre un jeune Hercule écrasant des dragons. Les symboles de vertus et les cornes d'abondance sont également présents, ainsi que des représentations des quatre parties du monde. Le fusil arbore un Dauphin entouré de cornes d'abondance et de guirlandes de fleurs, ainsi que des scènes de chasse et des symboles maritimes. Les ornements incluent des génies guerriers, des trophées de guerre et des attributs divers. L'épée, entièrement en or, est composée d'un seul trophée d'armes. La garde est inspirée des boucliers utilisés sous le règne d'Alexandre le Grand et représente les vertus héroïques et la gloire des Princes. Les bas-reliefs montrent Hercule terrassant l'Hydre et une femme symbolisant la victoire et la générosité. La poignée de l'épée est ornée de palmes et de lys, et le fourreau est en écaille noire incrustée d'or. Ces œuvres, réalisées par le Sieur Laroche pour les pistolets et le fusil, et par M. Germain pour l'épée, témoignent d'une exécution admirable et d'une grande richesse artistique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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96
p. 7-30
IDÉES DES PROGRÈS De la Philosophie en France.
Début :
La Philosophie est de toutes les sciences celle qui a fait les progrès les plus [...]
Mots clefs :
Philosophie, France, Progrès, Esprit, Système, Newton, Descartes, Physique, Nature, Philosophes, Géométrie, Découvertes, Observations
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IDÉE DES PROGRES
Les
De la Philofophie en France.
a
A Philofophie eft de toutes les fciences
celle qui a fait les progrès les plus
rapides de nos jours ; les autres connoif-
Lances n'ont pas été portées à un dégré de
perfection plus haut que dans les beaux
fécles de la Grece & de Rome. Les reffources
de l'art font bornées ; l'efprit humain
ne faifant que fe replier fur lui - même ,
a bientôt parcouru la petite fphere de fes
idées , & trouvé les limites que la main
éternelle a prefcrites à fon activité. Au
lieu que la nature eft un abyfme où l'oeil
du Philofophe fe perd fans en trouver jamais
le fond ; c'eft une carriere immenfe
& dont l'immenfité femble augmenter à
mefure qu'on y pénétre plus avant . Les
Philofophes modernes , qui femblent avoit
marché à pas de géans dans cette carriere
, & qui ont laiffé les anciens fi
loin derriere eux , n'ont fait que nous
montrer le but ; les nouvelles lumieres
qu'ils ont portées dans la nuit de la nature
n'ont pas été affez vives pour nous conduire
à la vérité , & n'ont guere fervi qu'à
A iiij
8 MERCURE DE FRANCE.
nous éclairer fur l'intervalle énorme qui
nous en féparoit encore. Mais fi le méchanifme
de l'univers eft toujours un fecret
pour nous , du moins pouvons- nous
nous flatter d'être fur la bonne route pour
le découvrir ou pour fentir l'impoffibilité
d'y réuffir. Les François ne font pas ceux
qui ont eu le moins de part aux progrès
de la philofophie ; le grand Defcartes qui
a fi bien mérité d'en être appellé le pere ,
a ouvert le premier la carriere , & a fervi
de guide aux philofophes qui l'ont fuivi .
On fçait affez le defpotifme avec lequel
la philofophie d'Ariftote regnoit fur les
bancs de l'école ; le fanatifme pour fes décifions
étoit monté au plus haut point de
l'extravagance ; on ne cherchoit plus à
concilier fes principes avec les phénomenes
de la nature qui les contredifoient ,
c'étoit les phénomenes que l'on vouloit
adapter à ces principes. Quelques bons efprits
avoient connu les abfurdités du péripatetime
, & avoient fait de vains efforts
pour en réformer les abus : cette philofophie
qu'on avoit eu raifon d'admirer
dans des fiécles d'engourdiffement & de
barbarie de l'efprit humain , avoir été
confacrée par le tems , l'ignorance & le
pédantifme. Bacon parut ; ce grand homme
vit les entraves que cette fuperfti
DECEMBRE . 1754.
tion ridicule mettoit à la raifon ; il ofa
propofer de refondre le fyftême des connoillances
humaines , & démontra la néceffité
d'une nouvelle méthode pour étudier
la nature. Ce que l'illuftre Anglois
n'avoit fait qu'entrevoir , Defcartes l'exécuta
: il détruifit de fond en comble le péripatétifme
, & chercha à élever un nouveau
fyftême fur d'autres fondemens.
Il n'y avoit alors que l'aftronomie & les
mathématiques qui fuffent cultivées avec
fuccès , les autres parties de la philofophie
étoient prefque abandonnées ; d'ailleurs
elles étoient entierement détachées
les unes des autres , & traitées féparément :
un aſtronome n'étoit qu'aftronome , un
géometre n'étoit que geometre , un médecin
n'étoit que médecin , un métaphyficien
n'étoit rien . Defcartes apperçut les
rapports qui lioient ces différentes connoiffances
, & les fecours qu'elles devoient fe
prêter l'une à l'autre ; il rapprocha ces
membres épars , & n'en fit qu'un feul corps
de fcience.
Il appliqua l'algebre à la géométrie , &
la géométrie à la phyfique : c'est à cette
idée fublime , à ce coup de génie qu'il faut
rapporter les progrès étonnans qu'on a fait
dans les fciences phyfico-mathématiques.
On peut dire qu'il a créé la métaphysique ,
A v
10 MERCURE DE FRANCE.
par la diftinction auffi fimple que lumineu
fe des deux fubſtances ; diſtinction qui
anéantit les difputes frivoles & ridicules
des métaphyficiens fcholaftiques fur la nature
de l'ame , & par fon admirable méthode
, à laquelle nous devons peut- être
cet efprit philofophique qui s'eſt développé
dans fon fiécle , & a fait des progrès fi
fenfibles dans le nôtre. Il a pris la géomé
trie où les anciens l'avoient laiffée , & en
a reculé bien loin les limites . Enfin il 2
répandu une nouvelle lumiere par- tout ;
mais elle n'a guere fervi qu'à ceux qui
font venus après lui , & ne l'a pas empêché
de s'égarer. Il auroit deviné la nature
fi elle avoit pû fe deviner ; mais il
falloit l'obferver , & il n'en a pas eu le
tems fes erreurs appartiennent à la foi
bieffe de l'humanité & à l'ignorance de fon
fiécle ; mais fes découvertes ne font qu'à
lui ainfi en abandonnant fes idées fauffes
, refpectons toujours fon génie , admi
rable même lorfqu'il s'eft trompé . L'hy
pothefe brillante des tourbillons , fi célé→
bre , fi combattue , & fi bien détruite par
les nouvelles obfervations , ne feroit fûrement
pas entrée dans la tête d'un hommemédiocre
; fon fyftême fur l'ame des bêtes ,
regardé communément comme une plaifanterie
, & ridicule aux yeux de bien des
DECEMBRE. 1754 .
gens , eft à mon avis une idée plus férieufe
, & qui s'étend plus loin qu'on ne penfe ,
lorfqu'on la confidere dans tous fes rapports
: demandez- le à Bayle , & au médecin
Lami.
Je me fuis beaucoup étendu fur Defcartes
, parce qu'on commence à oublier
tout ce qu'on lui doit. Comme la plupart
de fes ouvrages ne font plus d'une grande
utilité , parce qu'on a été plus loin que
lui , on ne fe fouvient plus que fans lui ,
peut-être on feroit encore dans les ténébres.
Lorfqu'il a paru , la philofophie étoit
une terre en friche : elle n'a pas produit
beaucoup de fruits fous fes mains ; mais il
en a arraché les ronces , il l'a préparée , &
a appris à là rendre féconde : en eft - ce trop
peu pour mériter notre reconnoiffance ?
Je ne peux m'empêcher de le regarder comme
un homme rare , qui fubjugué par l'impulfion
du génie , étoit né pour faire une
révolution , & dont les découvertes feront
une des plus brillantes époques de l'hiftoire
de l'efprit humain.
Gaffendi , contemporain de Descartes",
mérite auffi une place honorable dans l'hiftoire
de la philofophie , quoiqu'il n'ait pas'
travaillé avec beaucoup de fuccès pour elle.
Né avec un génie extrêmement méthodique
& une fagacité peu commune , il fue
Avj
12 MERCURE DE FRANCE.
révolté , comme Defcartes , des abfurdités
de la fcholaftique : il la combattit avec vivacité
, & voulut relever le fyftême d'Epicure
, pour l'établir fur les débris de celui
d'Ariftote . Il employa beaucoup d'adreffe
& de fubtilité pour expliquer la
formation & la confervation de l'univers
par le mouvement direct & la déclinaifon
des atômes . Il donna à cette hypotheſe un
vernis d'orthodoxie , & toute la probabi
lité dont elle étoit fufceptible ; mais cette
fecte des atomiftes modernes ne fut pas
nombreuſe ; chimere pour chimere , on
garda celle qui étoit déja établie , quoique
plus abfurde encore .
Le cartéfianifme n'eut pas le même fort ,
parce qu'il étoit mieux fondé ; il fit une
fortune étonnante dans toute l'Europe , il
eut les adverfaires & les fectateurs les plus
diftingués ; il fut profcrit en France , rétabli
enfuite , & adopté avec empreffement
dès qu'il fut mieux connu .
Mrs Rohault & Regis furent les premiers
qui le profefferent en France , & ils
le firent avec un fuccès & des applaudiffemens
finguliers. Mais le plus illuftre partifan
de Defcartes fut fans doute le P. Malebranche
, de l'Oratoire , phyficien , géometre
, & plus grand métaphyficien encore
; il ne prit que les principes de fon
2
I
a
DECEMBRE. 1754. 13
maître , & s'en fervit en homme de génie.
Il adopta fon fyftême des tourbillons ,
après y avoir reformé beaucoup de choſes ,
& le défendit avec vigueur. Dans la métaphyfique
il alla beaucoup plus loin que
Defcartes ; fes principes le conduifirent à
nier l'existence des corps , & s'il l'admit ,
ce fut parce que l'Ecriture Sainte le lui enfeignoit
: quelque finguliere que foit cette
conclufion , on ne peut prefque pas douter
qu'il n'ait été de la meilleure foi du monde .
Il prétendit démontrer que nous nepouvions
pas voir les objets hors de nous , encore
inoins dans nous , & que nous ne pouvions
les appercevoir que dans Dieu. Il étaya ces
idées abftraites de la métaphyfique la plus
fubtile, d'une élocution pleine de force & de
nobleffe , & de l'imagination la plus brillante
: mais malgré ces avantages , la profondeur
&l'obfcurité de fes idées garantirent de
la féduction. Il faut une grande contention
d'efprit & un grand goût de métaphyfique
pour le fuivre dans fes fpéculations ; ce
font des espéces de points indivisibles , dit M.
de Fontenelle : fi on ne les attrappe pas toutà-
fait jufie , on les manque tout - à -fait . Aufli
le P. Mallebranche fe plaignit-il beaucoup
de n'être pas compris par ceux qui le critiquoient.
On fçait que M. Arnaud attaqua
fon fyftême avec un acharnement des
14 MERCURE DE FRANCE.
moins philofophiques . M. Arnaud ne m'en.
tend pas , difoit Mallebranche : cb qui voulez
- vous donc qui vous entende ? lui répondit-
on .
Le mallebranchifme a fait naître la fecte
des immatérialistes , fort peu reçue en France
, mais qui a fait plus de progrès en Angleterre
; ces philofophes nient l'existence
de la matiere , telle que nous la concevons
, & même fa poflibilité ; les illufions
des fens font leur grand argument : ils
prouvent très-bien que les qualités que
nous regardons comme inhérentes aux
corps , telles que la couleur , l'étendue ,
&c. ne font que de pures idées de notre
ame, qui n'exiftent point hors d'elle , & qui
n'ont aucune analogie avec la nature des
objets qui les excitent en nous. Les dialogues
de Berkeley , ouvrage fingulier , où
Fon trouve une logique fubtile avec beaucoup
de fimplicité , font voir combien ce
fyftême eft féduifant, quelque abfurde qu'il
paroiffe au premier coup d'oeil , & combien
font preffans les argumens fur lef- ,
quels il est établi. Quelques-uns pouffent
encore ces idées plus loin , & prétendent
que chaque individu n'eft fûr que de fa
propre exiftence , & qu'il pourroit avoir
routes les idées & les fenfations dont il eft
affecté , fans qu'il y eût aucun autre être
DECEMBRE. 1754. 15
hors de lui ; c'eft la fecte des Egorftes : quel
que inacceffible qu'elle foit aux traits de
la métaphyfique , elle révolte trop les notions
les plus fimples pour trouver beaucoup
de fectateurs.
M. de Fontenelle a peut-être mieux mérité
de la philofophie que beaucoup de
ceux qui l'ont enrichie de découvertes. On
ne voit que des dévots qui dégoûtent de la dévotion
, dit un de nos moraliſtes. Avant
M. de Fontenelle on voyoit des philofophes
qui dégoûtoient de la philofophie ;
il fit voir que ce n'étoit pas la faute de la
philofophie : il la dépouilla de cet air fauvage
qui la rendoit fi peu trairable ; il l'embellit
des graces de fon imagination , & il
fit naître des fleurs où l'on ne foupçonnoit
que des épines : fon livre de la pluralité
des mondes eft un monument qui lui
fera autant d'honneur qu'à l'efprit de la
nation.
Qu'on me permette une digreffion à
laquelle je ne peux me refufer , & que
l'efprit de patriotifme m'arrache. Il y a
long- tems qu'on accufe les François d'être
legers & fuperficiels , & de ne faire qu'effleurer
les fciences : les Anglois , dit- on ,
font bien plus philofophes que nous : pourquoi
? parce qu'ils traitent la philofophie:
d'un air grave & ferieux. Et moi je crois
"
16 MERCURE DE FRANCE.
que nous le fommes pour le moins autant
qu'eux , précisément parce que nous la traitons
légèrement ; il faut polléder bien nettement
une matiere philofophique , pour la
dégager des termes barbares , des idées abtrules
, & des épines du calcul fous lef
quels d'autres font obligés de l'envelopper
, & pour la réduire à un raifonnement
fimple , à des images fenfibles , & aux expreflions
les plus communes , pour lui prêter
même des ornemens : c'est ce que M.
de Fontenelle , & d'autres après lui ont fait
avec fuccès. Il y a des gens qui croyent
que la féchereffe eft effentielle aux ouvra
ges fcientifiques , comme il y en a eu jadis
qui ne croyoient pas qu'on pût être philofophe
fans avoir une barbe fale & un
manteau déchiré. Cet efprit de fuperficie
qu'on nous reproche , n'eft que le vernis de
nos ouvrages qui ne nuit point à leur folidité.
La raifon toute nue a fouvent l'air
rebutant ; nos écrivains la rendent aimable
en la parant de fleurs : c'eft le vaſe dont
on frotte les bords de miel , pour faire ava
ler à un enfant un reméde falutaire : aux
yeux du philofophe , les hommes ordinaires
font- ils autre chofe que des enfans ?
Le cartéfianifme commençoit à être reçu
affez généralement , fur tout en France
lorfque le newtonianiſme parut , & vint
DECEMBRE. 1754. 17
partager les efprits. Comme les ouvrages
de Newton paroiffoient inacceffibles fans le
fecours de la plus fublime géométrie , fon
fyftême ne fut pas répandu d'abord , & refta
quelque tems entre les mains de quelques
adeptes. M. de Maupertuis a été le premier
qui en a donné quelques effais dans
notre langue ; mais il étoit réfervé à un
homme qui ne s'étoit fait qu'un jeu de la
phyfique & de la géométrie , de le produire
au grand jour c'eft M. de Voltaire . Il
donna fes Elémens de la philofophie de Newton
, ouvrage écrit avec la précifion , l'élégance
& la netteté qui lui font propres.
Ce livre fit une fenfation prodigieufe , &
par le nom de l'Auteur , & par les nouveautés
philofophiques qu'il mettoit fous
les yeux du public. D'abord les géometres
que M. de V. humilioit , & les beaux efprits
qu'il avoit humiliés dès long - tems ,
fe déchaînerent à l'uniflon contre lui ; il
paroiffoit inconcevable qu'un homme qui
avoit fait de beaux vers pût être géometre
& phyficien : on ne peut pas mieux
parler , difoit-on , de ce qu'on n'entend
pas ; comme fi l'efprit , en philofophie ,
pouvoit fuppléer aux lumieres. Pour apprécier
le mérite de cet ouvrage & la prévention
ridicule de certaines gens qui ne
font pas même en état de le lire , il faut
18 MERCURE DE FRANCE.
jetter les yeux fur les critiques qu'on en
fit dans le tems. Cette multitude de fautes
énormes qu'on devoit mettre au grand jour ,
fe réduisirent à des erreurs légeres , à quelques
mauvaifes épigrammes , à des ob
jections vagues , & dont la plupart tomboient
fur Newton , & non pas fur M. de
Voltaire . D'ailleurs quand il n'auroit pas
bien faifi Newton dans quelques détails ,
quel eft le phyficien qui puiffe fe flatter
de ne l'avoir jamais manqué : Le reproche
le mieux fondé qu'on ait fait à M. de Voltaire
, c'est peut-être fur la maniere peu
avantageufe dont il a parlé de Deſcartes :
je ne peux pas mieux faire que de rapporter
ici quelques reflexions du P. Caftel à
ce fujet ( Mem. de Trev . Octob. 1739. )..
» M. de Voltaire a fi fort honoré notre
» nation par fes propres talens , qu'elle
peut bien lui pardonner le peu d'hon .
neur qu'elle lui enleve en rabaiffant
» Defcartes. En faveur de M. de Voltaire
» poëte , on devroir juger moins rigoureu-
» fement M. de Voltaire philofophe ; &
»en prenant les chofes du bon côté , en-
>>core eft- ce une louable entrepriſe d'avoir
» ofé s'enfoncer i avant dans des matie-
» res fi épineufes , au mépris de toutes ces
» fleurs qu'il pouvoit s'amufer à cueillir fi
agréablement , & toujours prêtes à éclore
ود
DECEMBRE . 1754 IS
fous fa main ; & n'eft-ce rien que la célébrité
qu'il a donnée à la philofophie ,
» & par conféquent aux philofophes ; l'oc-
» cafion même qu'il donne aux cartéfiens
de triompher du grand Newton ?
Le Newtonianifme une fois mis au
grand jour , fit fur les efprits des impreffions
bien différentes ; il fut adopté des
ans & attaqué par d'autres avec une égale
vivacité. Comme il battoit en ruine le cartéfianifme
, les Carréfiens fe mirent fur la
défenfive . M. Privat de Molieres , bon géometre
& affez fubtil phyficien , fut celui
qui défendit les tourbillons avec le plus de
faccès : il fentit bien qu'ils étoient en défaut
dans beaucoup de phénomenes , & il les réforma
en habile homme ; il les adapta aux
nouvelles expériences avec adreffe , & ii
fit fervir à confirmer fon fyftême les mê
mes obfervations que les Newtoniens apportoient
pour le détruire. Malgré tous
fes efforts cependant , les tourbillons tom
berent dans un difcrédit total , & on peut
dire qu'ils ont pouffé les derniers foupirs
entre les mains de M. de Fontenelle , dont
la Théorie des tourbillons fera vraisemblablement
le dernier ouvrage qu'on fera en leur
faveur.
Quelque abfurdités métaphyfiques que
le Newtonianifme entraîne après lui , on
20 MERCURE DE FRANCE.
ne peut nier que ce fyftême ne foit bien
féduifant ; il ſemble n'être fondé que fur
des faits & des démonftrations. La facilité
admirable avec laquelle il explique les mouvemens
des corps céleftes & beaucoup de
phénomenes julques- là inacceffibles , la fineffe
& la mutitude des obfervations qui en
font la bafe , & un grand étalage de calcul ,
en ont impofé ; on n'a pas voulu voir l'illufion
de quelques expériences , & le peu
de liaifon de certains faits avec les inductions
que Newton en tire pour établir fes
principes ; enfin la ruine des tourbillons
& la néceffité d'un fyftême pour le vulgaire
des philofophes , tout cela a beaucoup favorifé
l'établiffement de la nouvelle phyfique.
Peu de tems après , Madame la Marquife
du Chaſtelet vint auffi fe mettre fur
les rangs , & oppofer Leibnitz à Newton.
Leibnitz , commenté par M. Wolf , avoit
fait beaucoup de fortune en Allemagne ;
quelques idées métaphyfiques , de fimples
projections éparfes dans fes ouvrages , fe
font étendues fous la main de M. Wolf,
& ont donné matiere à beaucoup de gros
volumes , dans lefquels il a remis en honneur
le goût des définitions , & les termes
barbares de l'école combinés avec une méthode
féchement géométrique. Leibnitz
DECEMBRE. 1754. 21
n'a pas été fi heureux en France , quoique
Madame du Chaſtelet lui eût donné un
air plus François dans fes Inftitutions de
physique. Cet ouvrage et écrit avec beaucoup
de méthode , de nobleffe & de précifion
; mais il ne fit pas beaucoup de profélites
, & on ne jugea pas à propos de
croire aux Monades fur la parole de Madame
du Chaftelet . Cette femme illuftre a
laiffé entre les mains de M. de Clairault
une traduction Françoife du grand ouvrage
de Newton , avec des commentaires
très -profonds fur ce que les mathématiques
ont de plus fublime : ce livre eft prêt
à paroître. Madame du Chaftelet & cette
célébre Mlle Agnefi, qui profeffe les mathé
matiques à Boulogne , & qui a donné il y
quelques années un excellent ouvrage d'analyfe
, font des phénomenes qui feront
honneur au beau fexe , à la géométrie &
notre fiécle.
Quoique Newton l'ait emporté fur Defcartes
& Leibnitz , il s'en faut cependant
bien qu'il ait fubjugué tous les efprits ; il a
encore enFrance des adverfaires bien redoutables.
Il y a trop de chofes dans fon ſyſ
tême qui font de la peine à la raifon , pour
ne pas révolter tous ceux qui croyent encore
que la méthode de Defcartes eft la
feule qui puiffe nous conduire à la vérité,
22 MERCURE DE FRANCE.
1
s'il nous eft donné d'y atteindre .
1 Toutes ces difputes philofophiques ont
éclairé les efprits , le goût des fyftêmes
s'eft perdu , & a fait place à un fcepticifme
raifonné & modéré , fort généralement
répandu , & d'autant mieux établi qu'il
n'eft ni l'effet de l'ignorance , ni une affectation
de fingularité ; c'eft peut- être auffi
ce qui nuira le plus aux progrès de la philofophie.
Il faut donner l'effor à l'imagi
nation pour aller loin : les plus grandes
découvertes de fpéculation ne font gueres
que des heureuſes témérités du génie ,
& les plus habiles philofophes ont été des
gens à fyftêmes : ce n'eft qu'à force de s'égarer
en effayant differentes routes , que
l'on rencontrera la bonne.
Il est vrai que la voye des expériences ,
quoique la plus lente , eft bien plus sûret
& plus commode ; c'eft auffi celle qu'a
prife l'Académie des Sciences : elle a déclaré
qu'elle n'adoptoit aucun fyftême. Le
tems d'en faire un n'eft pas encore arrivé ,
il faut attendre que l'on ait affez de matériaux
pour bâtir un fyftême général de l'univers
; ce n'eft qu'en amaffant des obfervations
& en établiffant des faits , que l'on
pourra y parvenir. On s'eft donc jetté principalement
du côté de la phyfique expéri
mentale , comme la partie de la philo
1
I
1
DECEMBRE. 1754. 23
fophie dont l'utilité eft plus fenfible.
Bacon , Galilée & Torricelli ont jetté les
fondemens de la phyfique expérimentale ;
le premier par des vues neuves & fublimes
; Galilée par fa théorie de l'accéléra
tion du mouvement dans la chûte des
corps ; & Torricelli par fes expériences fur
la pefanteur de l'air. Ces découvertes importantes
ont porté dans la phyfique une
nouvelle lumiere , que les Boyle , les Pafcal
, les Newton , &c . ont encore étendue
bien au-delà : ce font des veines heureuſes
qui ont conduit à des mines fécondes .
Le goût des expériences s'eft répandu
chez toutes les nations fçavantes , & il eft
cultivé aujourd'hui avec beaucoup de foin
& de fuccès. Parmi ceux qui peuvent être
cités dans ce genre , on s'attend bien à voir
le nom de M. de Reaumur , qui a fait des
recherches approfondies fur plufieurs parties
de la phyfique , & principalement fur
l'hiftoire naturelle. Obfervateur exact &
infatigable , les plus petits détails n'échap
perent pas à la fineffe & à la fagacité qu'it
porte dans tous fes procédés : fon Hiftoire
des infectes , avec beaucoup de longueurs ,
eft remplie de chofes neuves , utiles & délicates
. Zélé pour le bien public , il n'a pas
dédaigné de confacrer fes talens à des objets
, petits en apparence , mais qui tendent
14 MERCURE DE FRANCE.
à perfectionner les arts méchaniques , ou
prévenir quelques befoins de la fociété .
Les moyens de faire une nouvelle teintud'augmenter
la fécondité des terres ,
de garantir les étoffes des teignes , de conferver
des oeufs frais pendant trois à quatre
mois , voilà les objets de fa curiofité & de
fon travail. Des vues auffi fages & auffi
eſtimables devroient fervir d'exemple à
beaucoup de fçavans , qui croiroient s'avilir
par de femblables détails , & qui facrifient
à des recherches brillantes des recherches
plus utiles , mais obfcures . M. de Reaumur
ne trouve pas dans tous fes concitoyens
les mêmes difpofitions à rendre juſtice à
fes travaux , mais il les trouvera dans fa
nation ; & fa réputation ne peut être bleffée
par les petites épigrammes & le mépris
affecté de quelques perfonnes qui , ce
me femble , n'ont pas pris confeil de leurs
lumieres & de leur philofophie.
C'eft bien ici le lieu de rendre à un philofophe
citoyen l'hommage que méritent
fes talens & l'emploi refpectable qu'il en
fait ; je parle de M. Duhamel , de l'Académie
des Sciences , à qui nous devons
l'excellent Traité de la culture des terres ,
dont les principes font fi peu connus & mériteroient
tant de l'être. Il a réuni fes lumieres
& fes obfervations aux découvertes
des
DECEMBRE. 1754. 25
des Anglois , qui dans cette partie effentielle
font bien faits pour être nos maîtres
& nos modeles. Il a cherché les moyens de
conferver les grains dans les greniers ; il
a imaginé une charrue d'une conftruction
neuve & fort commode , qui abrege beaucoup
les travaux des laboureurs , cette portion
du peuple la plus néceffaire & la plus
miférable. Les principes de M. Duhamel
font fimples & évidens ; on lui a rendu
juftice : mais c'eſt peu d'être loué , il veut
être utile ; & ce ne feroit pas la premiere
fois qu'un philofophe auroit parlé , qu'on
auroit trouvé qu'il a raifon , & que fes
avis n'auroient été fuivis. Quoiqu'il
en foit , on ne doit pas fe laffer de travailler
à la perfection de l'agriculture , qui en
ouvrant dans l'Etat une nouvelle fource
de richeffes réelles & permanentes , donneroit
à notre commerce le plus grand
avantage , & prefque le feul qui lui manque
fur celui de nos voisins .
pas
Si quelqu'un a eu l'efprit de fyftême
dans notre fiécle , je crois que c'eft M. de
Buffon : une tête philofophe , des vûes
grandes , une imagination forte & lumineufe
, & l'art de faifir les analogies ; voilà
ce qu'il m'a femblé appercevoir dans l'Hiftoire
naturelle , & ce qui forme , fi je ne
me trompe , l'efprit de fyftême. M. de Buf-
II.Vol. B
26 MERCURE DE FRANCE.
fon , qui par un ftyle riche , élégant , har
monieux , plein de nobleſſe & de poëfie ,
efface Platon & Mallebranche , & donne
à la philofophie un éclat qu'elle n'avoit
pas encore eu , n'a pas été plus heureux
que Deſcartes dans fes conjectures fur l'origine
du monde & la génération des animaux.
Mais fi l'hiftoire de notre globe par
M. de Buffon eft un roman , c'eft celui
d'un habile phyficien : fon hypotheſe fur
la génération marque les bornes de nos
lumieres dans cette matiere ténébreuſe , le
defefpoir de la phyfique : fes obfervations
microfcopiques fi délicates & fi fingulieres,
feront peut-être plus utiles , parce qu'il
eft toujours utile de détruire des erreurs.
Les anciens avoient cru , fur de fimples apparences
peu approfondies , que la corruption
pouvoit engendrer des animaux.
Lorfque le microfcope , qui a élargi l'univers
aux yeux des philofophes , eut découvert
à Hartzoeker & à Lewenhoek les animalcules
qui fe meuvent dans les liqueurs ,
on fe moqua beaucoup des anciens , & il
ne parut plus douteux que tous les êtres
vivans font déja organifés dans la femence
, & qu'ils ne font que fe développer &
augmenter de volume. Mais ce principe
reçu fans conteftation & avancé avec ce
ton de confiance que donne trop fouvent
DECEMBRE . 1754. 29
la chaleur des premieres découvertes , s'eſt
trouvé en défaut dans la reproduction merveilleufe
des polypes , & il eft anéanti
aujourd'hui par les expériences de MM. de
Buffon & de Needham ; la production des
petites anguilles qu'ils ont vû fe former
dans le bled niellé & dans d'autres infufions
, remet en honneur l'opinion des anciens
; nous avons cru voir une étincelle
de lumiere , & nous rentrons dans une nuit
plus fombre. Les animalcules fpermatiques
ne font plus que de petites machines or
ganifées & fans vie ; il eft vrai que les obfervations
microfcopiques font trop fuf
ceptibles d'illufion pour qu'on ne s'en dépas
: celles de Lewenhoek ont été détruites
par celles de M. de Buffon , cellesci
peuvent être détruites par d'autres ; dans
cette matiere obfcure on finit , comme dans
prefque toutes les autres , par douter.
fie
Les fectateurs de la philofophie corpufculaire
ne pardonneront pas aifément à
M. de Buffon d'avoir établi la poffibilité
de fes moules intérieurs fur la ruine du méchaniſme
univerfel , & d'avoir mieux ainé
expliquer la circulation du fang , le jeu des
muſcles , en général toute l'économie animale
par des qualités occultes femblables
aux caufes de la pefanteur , des attractions
magnétiques , &c. que par des principes
Bij
28 MERCURE DE FRANCE.
purement méchaniques ; cela pourroit faire
craindre , difent- ils , le retour du fiécle
d'Ariftote. Epicure créa la phyfique corpufculaire
; ne voyant dans la nature que
de la matiere & du mouvement , il ne
chercha pas d'autres caufes pour expliquer
tous les phénomenes ; mais n'ayant pas encore
affez de faits & d'obſervations , ce
principe lui manqua dans l'application ;
on crut pour lors que ce qu'on ne pouvoit
pas expliquer par les loix du méchanifme
ne s'opéroit pas par ces loix ; de là
l'horreur du vuide , de- là l'attraction , &c.
L'attraction , ce monftre métaphysique ,
dont on ne peut plus fe paffer dans la phy-.
fique célefte , s'eft introduite auffi dans la
chymie. Les affinités de M. Geoffroi ne
font que le même terme déguifé ; elles paroiffent
préfenter une idée plus fimple , &
n'en font pas moins inintelligibles . Nous
devons aux Anglois cet abus de l'attraction ,
auffi bien que celui du calcul : ils réduifent
tout en problêmes algébriques ; l'antique
fuperftition fur la fcience mystérieuse
des nombres femble renaître . Jean Craig
a ofé calculer les dégrés de probabilité
des principes du chriftianifme , & le décroiffement
de cette probabilité : felon fes
calculs , la religion ne peut plus durer que
1400 ans. L'eſtimable auteur de l'Hiftoire
DECEMBRE . 1754 29
critique de la philofophie a calculé auffi les
dégrés de force de la certitude morale . Le
Chevalier Petty , créateur de l'arithmétique
politique , a cru pouvoir foumettre à
l'algebre l'art même de gouverner les hommes.
Le résultat de quelques -uns de fes
calculs peut faire juger de leur folidité ;
il croit avoir démontré que le grand nombre
des impôts ne fçauroit être nuifible à
la fociété & au bien d'un Etat . Il a calculé
ce que valoit un homme en Angleterre ,
& il l'a évalué à 1300 livres environ de
notre monnoie. Un Philofophe fublime
qui connoît bien le prix des hommes , ajoute
qu'il y a des pays où un homme ne
vaut rien , & d'autres où il vaut moins
que rien ( a ) . La médecine n'a pas été à
l'abri des excurfions de la géométrie : aux
aphorifmes d'Hypocrate & de Boerhaave
on a fubftitué des formules algébriques ;
on a voulu évaluer le mouvement des fluides
dans le corps humain , la force des
nerfs & des mufcles confidérés comme des
cordes , des leviers d'un certain genre ,
des piftons , &c. Mais qu'avons nous gagné
à ces abus de la géométrie on l'a
détournée de fon véritable objet , & elle a
eu le fort de l'efprit de notre nation : elle
( a ) Efprit des loix , liv. XXIII . chap. XVII,
Bij
30 MERCURE DE FRANCE.
a perdu en profondeur ce qu'elle a gagné
en fuperficie , & je ne doute pas qu'elle
ne touche au moment de fa décadence ,
qui vient d'être prédite par un homme de
beaucoup d'efprit . Cette fcience qui n'étoit
qu'un inftrument entre les mains de Defcartes
& de Newton , & qui n'eft faite
que pour en fervir , étoit devenue une
fcience orgueilleufe qui s'étoit élevée fur
les débris des autres , fur ceux de la métaphyfique
fur tout , parce qu'il eft bien
plus facile d'apprendre à calculer qu'à raifonner.
Il est bien à fouhaiter que le goût
abufif du calcul ne fafle plus d'obſtacle au
retour de la métaphyfique , dont le flambeau
peut feul nous éclairer fur les nouvelles
erreurs que de faufles lumieres ont
introduites , & qui retardent fenfiblement
les progrès de la philofophie.
Les
De la Philofophie en France.
a
A Philofophie eft de toutes les fciences
celle qui a fait les progrès les plus
rapides de nos jours ; les autres connoif-
Lances n'ont pas été portées à un dégré de
perfection plus haut que dans les beaux
fécles de la Grece & de Rome. Les reffources
de l'art font bornées ; l'efprit humain
ne faifant que fe replier fur lui - même ,
a bientôt parcouru la petite fphere de fes
idées , & trouvé les limites que la main
éternelle a prefcrites à fon activité. Au
lieu que la nature eft un abyfme où l'oeil
du Philofophe fe perd fans en trouver jamais
le fond ; c'eft une carriere immenfe
& dont l'immenfité femble augmenter à
mefure qu'on y pénétre plus avant . Les
Philofophes modernes , qui femblent avoit
marché à pas de géans dans cette carriere
, & qui ont laiffé les anciens fi
loin derriere eux , n'ont fait que nous
montrer le but ; les nouvelles lumieres
qu'ils ont portées dans la nuit de la nature
n'ont pas été affez vives pour nous conduire
à la vérité , & n'ont guere fervi qu'à
A iiij
8 MERCURE DE FRANCE.
nous éclairer fur l'intervalle énorme qui
nous en féparoit encore. Mais fi le méchanifme
de l'univers eft toujours un fecret
pour nous , du moins pouvons- nous
nous flatter d'être fur la bonne route pour
le découvrir ou pour fentir l'impoffibilité
d'y réuffir. Les François ne font pas ceux
qui ont eu le moins de part aux progrès
de la philofophie ; le grand Defcartes qui
a fi bien mérité d'en être appellé le pere ,
a ouvert le premier la carriere , & a fervi
de guide aux philofophes qui l'ont fuivi .
On fçait affez le defpotifme avec lequel
la philofophie d'Ariftote regnoit fur les
bancs de l'école ; le fanatifme pour fes décifions
étoit monté au plus haut point de
l'extravagance ; on ne cherchoit plus à
concilier fes principes avec les phénomenes
de la nature qui les contredifoient ,
c'étoit les phénomenes que l'on vouloit
adapter à ces principes. Quelques bons efprits
avoient connu les abfurdités du péripatetime
, & avoient fait de vains efforts
pour en réformer les abus : cette philofophie
qu'on avoit eu raifon d'admirer
dans des fiécles d'engourdiffement & de
barbarie de l'efprit humain , avoir été
confacrée par le tems , l'ignorance & le
pédantifme. Bacon parut ; ce grand homme
vit les entraves que cette fuperfti
DECEMBRE . 1754.
tion ridicule mettoit à la raifon ; il ofa
propofer de refondre le fyftême des connoillances
humaines , & démontra la néceffité
d'une nouvelle méthode pour étudier
la nature. Ce que l'illuftre Anglois
n'avoit fait qu'entrevoir , Defcartes l'exécuta
: il détruifit de fond en comble le péripatétifme
, & chercha à élever un nouveau
fyftême fur d'autres fondemens.
Il n'y avoit alors que l'aftronomie & les
mathématiques qui fuffent cultivées avec
fuccès , les autres parties de la philofophie
étoient prefque abandonnées ; d'ailleurs
elles étoient entierement détachées
les unes des autres , & traitées féparément :
un aſtronome n'étoit qu'aftronome , un
géometre n'étoit que geometre , un médecin
n'étoit que médecin , un métaphyficien
n'étoit rien . Defcartes apperçut les
rapports qui lioient ces différentes connoiffances
, & les fecours qu'elles devoient fe
prêter l'une à l'autre ; il rapprocha ces
membres épars , & n'en fit qu'un feul corps
de fcience.
Il appliqua l'algebre à la géométrie , &
la géométrie à la phyfique : c'est à cette
idée fublime , à ce coup de génie qu'il faut
rapporter les progrès étonnans qu'on a fait
dans les fciences phyfico-mathématiques.
On peut dire qu'il a créé la métaphysique ,
A v
10 MERCURE DE FRANCE.
par la diftinction auffi fimple que lumineu
fe des deux fubſtances ; diſtinction qui
anéantit les difputes frivoles & ridicules
des métaphyficiens fcholaftiques fur la nature
de l'ame , & par fon admirable méthode
, à laquelle nous devons peut- être
cet efprit philofophique qui s'eſt développé
dans fon fiécle , & a fait des progrès fi
fenfibles dans le nôtre. Il a pris la géomé
trie où les anciens l'avoient laiffée , & en
a reculé bien loin les limites . Enfin il 2
répandu une nouvelle lumiere par- tout ;
mais elle n'a guere fervi qu'à ceux qui
font venus après lui , & ne l'a pas empêché
de s'égarer. Il auroit deviné la nature
fi elle avoit pû fe deviner ; mais il
falloit l'obferver , & il n'en a pas eu le
tems fes erreurs appartiennent à la foi
bieffe de l'humanité & à l'ignorance de fon
fiécle ; mais fes découvertes ne font qu'à
lui ainfi en abandonnant fes idées fauffes
, refpectons toujours fon génie , admi
rable même lorfqu'il s'eft trompé . L'hy
pothefe brillante des tourbillons , fi célé→
bre , fi combattue , & fi bien détruite par
les nouvelles obfervations , ne feroit fûrement
pas entrée dans la tête d'un hommemédiocre
; fon fyftême fur l'ame des bêtes ,
regardé communément comme une plaifanterie
, & ridicule aux yeux de bien des
DECEMBRE. 1754 .
gens , eft à mon avis une idée plus férieufe
, & qui s'étend plus loin qu'on ne penfe ,
lorfqu'on la confidere dans tous fes rapports
: demandez- le à Bayle , & au médecin
Lami.
Je me fuis beaucoup étendu fur Defcartes
, parce qu'on commence à oublier
tout ce qu'on lui doit. Comme la plupart
de fes ouvrages ne font plus d'une grande
utilité , parce qu'on a été plus loin que
lui , on ne fe fouvient plus que fans lui ,
peut-être on feroit encore dans les ténébres.
Lorfqu'il a paru , la philofophie étoit
une terre en friche : elle n'a pas produit
beaucoup de fruits fous fes mains ; mais il
en a arraché les ronces , il l'a préparée , &
a appris à là rendre féconde : en eft - ce trop
peu pour mériter notre reconnoiffance ?
Je ne peux m'empêcher de le regarder comme
un homme rare , qui fubjugué par l'impulfion
du génie , étoit né pour faire une
révolution , & dont les découvertes feront
une des plus brillantes époques de l'hiftoire
de l'efprit humain.
Gaffendi , contemporain de Descartes",
mérite auffi une place honorable dans l'hiftoire
de la philofophie , quoiqu'il n'ait pas'
travaillé avec beaucoup de fuccès pour elle.
Né avec un génie extrêmement méthodique
& une fagacité peu commune , il fue
Avj
12 MERCURE DE FRANCE.
révolté , comme Defcartes , des abfurdités
de la fcholaftique : il la combattit avec vivacité
, & voulut relever le fyftême d'Epicure
, pour l'établir fur les débris de celui
d'Ariftote . Il employa beaucoup d'adreffe
& de fubtilité pour expliquer la
formation & la confervation de l'univers
par le mouvement direct & la déclinaifon
des atômes . Il donna à cette hypotheſe un
vernis d'orthodoxie , & toute la probabi
lité dont elle étoit fufceptible ; mais cette
fecte des atomiftes modernes ne fut pas
nombreuſe ; chimere pour chimere , on
garda celle qui étoit déja établie , quoique
plus abfurde encore .
Le cartéfianifme n'eut pas le même fort ,
parce qu'il étoit mieux fondé ; il fit une
fortune étonnante dans toute l'Europe , il
eut les adverfaires & les fectateurs les plus
diftingués ; il fut profcrit en France , rétabli
enfuite , & adopté avec empreffement
dès qu'il fut mieux connu .
Mrs Rohault & Regis furent les premiers
qui le profefferent en France , & ils
le firent avec un fuccès & des applaudiffemens
finguliers. Mais le plus illuftre partifan
de Defcartes fut fans doute le P. Malebranche
, de l'Oratoire , phyficien , géometre
, & plus grand métaphyficien encore
; il ne prit que les principes de fon
2
I
a
DECEMBRE. 1754. 13
maître , & s'en fervit en homme de génie.
Il adopta fon fyftême des tourbillons ,
après y avoir reformé beaucoup de choſes ,
& le défendit avec vigueur. Dans la métaphyfique
il alla beaucoup plus loin que
Defcartes ; fes principes le conduifirent à
nier l'existence des corps , & s'il l'admit ,
ce fut parce que l'Ecriture Sainte le lui enfeignoit
: quelque finguliere que foit cette
conclufion , on ne peut prefque pas douter
qu'il n'ait été de la meilleure foi du monde .
Il prétendit démontrer que nous nepouvions
pas voir les objets hors de nous , encore
inoins dans nous , & que nous ne pouvions
les appercevoir que dans Dieu. Il étaya ces
idées abftraites de la métaphyfique la plus
fubtile, d'une élocution pleine de force & de
nobleffe , & de l'imagination la plus brillante
: mais malgré ces avantages , la profondeur
&l'obfcurité de fes idées garantirent de
la féduction. Il faut une grande contention
d'efprit & un grand goût de métaphyfique
pour le fuivre dans fes fpéculations ; ce
font des espéces de points indivisibles , dit M.
de Fontenelle : fi on ne les attrappe pas toutà-
fait jufie , on les manque tout - à -fait . Aufli
le P. Mallebranche fe plaignit-il beaucoup
de n'être pas compris par ceux qui le critiquoient.
On fçait que M. Arnaud attaqua
fon fyftême avec un acharnement des
14 MERCURE DE FRANCE.
moins philofophiques . M. Arnaud ne m'en.
tend pas , difoit Mallebranche : cb qui voulez
- vous donc qui vous entende ? lui répondit-
on .
Le mallebranchifme a fait naître la fecte
des immatérialistes , fort peu reçue en France
, mais qui a fait plus de progrès en Angleterre
; ces philofophes nient l'existence
de la matiere , telle que nous la concevons
, & même fa poflibilité ; les illufions
des fens font leur grand argument : ils
prouvent très-bien que les qualités que
nous regardons comme inhérentes aux
corps , telles que la couleur , l'étendue ,
&c. ne font que de pures idées de notre
ame, qui n'exiftent point hors d'elle , & qui
n'ont aucune analogie avec la nature des
objets qui les excitent en nous. Les dialogues
de Berkeley , ouvrage fingulier , où
Fon trouve une logique fubtile avec beaucoup
de fimplicité , font voir combien ce
fyftême eft féduifant, quelque abfurde qu'il
paroiffe au premier coup d'oeil , & combien
font preffans les argumens fur lef- ,
quels il est établi. Quelques-uns pouffent
encore ces idées plus loin , & prétendent
que chaque individu n'eft fûr que de fa
propre exiftence , & qu'il pourroit avoir
routes les idées & les fenfations dont il eft
affecté , fans qu'il y eût aucun autre être
DECEMBRE. 1754. 15
hors de lui ; c'eft la fecte des Egorftes : quel
que inacceffible qu'elle foit aux traits de
la métaphyfique , elle révolte trop les notions
les plus fimples pour trouver beaucoup
de fectateurs.
M. de Fontenelle a peut-être mieux mérité
de la philofophie que beaucoup de
ceux qui l'ont enrichie de découvertes. On
ne voit que des dévots qui dégoûtent de la dévotion
, dit un de nos moraliſtes. Avant
M. de Fontenelle on voyoit des philofophes
qui dégoûtoient de la philofophie ;
il fit voir que ce n'étoit pas la faute de la
philofophie : il la dépouilla de cet air fauvage
qui la rendoit fi peu trairable ; il l'embellit
des graces de fon imagination , & il
fit naître des fleurs où l'on ne foupçonnoit
que des épines : fon livre de la pluralité
des mondes eft un monument qui lui
fera autant d'honneur qu'à l'efprit de la
nation.
Qu'on me permette une digreffion à
laquelle je ne peux me refufer , & que
l'efprit de patriotifme m'arrache. Il y a
long- tems qu'on accufe les François d'être
legers & fuperficiels , & de ne faire qu'effleurer
les fciences : les Anglois , dit- on ,
font bien plus philofophes que nous : pourquoi
? parce qu'ils traitent la philofophie:
d'un air grave & ferieux. Et moi je crois
"
16 MERCURE DE FRANCE.
que nous le fommes pour le moins autant
qu'eux , précisément parce que nous la traitons
légèrement ; il faut polléder bien nettement
une matiere philofophique , pour la
dégager des termes barbares , des idées abtrules
, & des épines du calcul fous lef
quels d'autres font obligés de l'envelopper
, & pour la réduire à un raifonnement
fimple , à des images fenfibles , & aux expreflions
les plus communes , pour lui prêter
même des ornemens : c'est ce que M.
de Fontenelle , & d'autres après lui ont fait
avec fuccès. Il y a des gens qui croyent
que la féchereffe eft effentielle aux ouvra
ges fcientifiques , comme il y en a eu jadis
qui ne croyoient pas qu'on pût être philofophe
fans avoir une barbe fale & un
manteau déchiré. Cet efprit de fuperficie
qu'on nous reproche , n'eft que le vernis de
nos ouvrages qui ne nuit point à leur folidité.
La raifon toute nue a fouvent l'air
rebutant ; nos écrivains la rendent aimable
en la parant de fleurs : c'eft le vaſe dont
on frotte les bords de miel , pour faire ava
ler à un enfant un reméde falutaire : aux
yeux du philofophe , les hommes ordinaires
font- ils autre chofe que des enfans ?
Le cartéfianifme commençoit à être reçu
affez généralement , fur tout en France
lorfque le newtonianiſme parut , & vint
DECEMBRE. 1754. 17
partager les efprits. Comme les ouvrages
de Newton paroiffoient inacceffibles fans le
fecours de la plus fublime géométrie , fon
fyftême ne fut pas répandu d'abord , & refta
quelque tems entre les mains de quelques
adeptes. M. de Maupertuis a été le premier
qui en a donné quelques effais dans
notre langue ; mais il étoit réfervé à un
homme qui ne s'étoit fait qu'un jeu de la
phyfique & de la géométrie , de le produire
au grand jour c'eft M. de Voltaire . Il
donna fes Elémens de la philofophie de Newton
, ouvrage écrit avec la précifion , l'élégance
& la netteté qui lui font propres.
Ce livre fit une fenfation prodigieufe , &
par le nom de l'Auteur , & par les nouveautés
philofophiques qu'il mettoit fous
les yeux du public. D'abord les géometres
que M. de V. humilioit , & les beaux efprits
qu'il avoit humiliés dès long - tems ,
fe déchaînerent à l'uniflon contre lui ; il
paroiffoit inconcevable qu'un homme qui
avoit fait de beaux vers pût être géometre
& phyficien : on ne peut pas mieux
parler , difoit-on , de ce qu'on n'entend
pas ; comme fi l'efprit , en philofophie ,
pouvoit fuppléer aux lumieres. Pour apprécier
le mérite de cet ouvrage & la prévention
ridicule de certaines gens qui ne
font pas même en état de le lire , il faut
18 MERCURE DE FRANCE.
jetter les yeux fur les critiques qu'on en
fit dans le tems. Cette multitude de fautes
énormes qu'on devoit mettre au grand jour ,
fe réduisirent à des erreurs légeres , à quelques
mauvaifes épigrammes , à des ob
jections vagues , & dont la plupart tomboient
fur Newton , & non pas fur M. de
Voltaire . D'ailleurs quand il n'auroit pas
bien faifi Newton dans quelques détails ,
quel eft le phyficien qui puiffe fe flatter
de ne l'avoir jamais manqué : Le reproche
le mieux fondé qu'on ait fait à M. de Voltaire
, c'est peut-être fur la maniere peu
avantageufe dont il a parlé de Deſcartes :
je ne peux pas mieux faire que de rapporter
ici quelques reflexions du P. Caftel à
ce fujet ( Mem. de Trev . Octob. 1739. )..
» M. de Voltaire a fi fort honoré notre
» nation par fes propres talens , qu'elle
peut bien lui pardonner le peu d'hon .
neur qu'elle lui enleve en rabaiffant
» Defcartes. En faveur de M. de Voltaire
» poëte , on devroir juger moins rigoureu-
» fement M. de Voltaire philofophe ; &
»en prenant les chofes du bon côté , en-
>>core eft- ce une louable entrepriſe d'avoir
» ofé s'enfoncer i avant dans des matie-
» res fi épineufes , au mépris de toutes ces
» fleurs qu'il pouvoit s'amufer à cueillir fi
agréablement , & toujours prêtes à éclore
ود
DECEMBRE . 1754 IS
fous fa main ; & n'eft-ce rien que la célébrité
qu'il a donnée à la philofophie ,
» & par conféquent aux philofophes ; l'oc-
» cafion même qu'il donne aux cartéfiens
de triompher du grand Newton ?
Le Newtonianifme une fois mis au
grand jour , fit fur les efprits des impreffions
bien différentes ; il fut adopté des
ans & attaqué par d'autres avec une égale
vivacité. Comme il battoit en ruine le cartéfianifme
, les Carréfiens fe mirent fur la
défenfive . M. Privat de Molieres , bon géometre
& affez fubtil phyficien , fut celui
qui défendit les tourbillons avec le plus de
faccès : il fentit bien qu'ils étoient en défaut
dans beaucoup de phénomenes , & il les réforma
en habile homme ; il les adapta aux
nouvelles expériences avec adreffe , & ii
fit fervir à confirmer fon fyftême les mê
mes obfervations que les Newtoniens apportoient
pour le détruire. Malgré tous
fes efforts cependant , les tourbillons tom
berent dans un difcrédit total , & on peut
dire qu'ils ont pouffé les derniers foupirs
entre les mains de M. de Fontenelle , dont
la Théorie des tourbillons fera vraisemblablement
le dernier ouvrage qu'on fera en leur
faveur.
Quelque abfurdités métaphyfiques que
le Newtonianifme entraîne après lui , on
20 MERCURE DE FRANCE.
ne peut nier que ce fyftême ne foit bien
féduifant ; il ſemble n'être fondé que fur
des faits & des démonftrations. La facilité
admirable avec laquelle il explique les mouvemens
des corps céleftes & beaucoup de
phénomenes julques- là inacceffibles , la fineffe
& la mutitude des obfervations qui en
font la bafe , & un grand étalage de calcul ,
en ont impofé ; on n'a pas voulu voir l'illufion
de quelques expériences , & le peu
de liaifon de certains faits avec les inductions
que Newton en tire pour établir fes
principes ; enfin la ruine des tourbillons
& la néceffité d'un fyftême pour le vulgaire
des philofophes , tout cela a beaucoup favorifé
l'établiffement de la nouvelle phyfique.
Peu de tems après , Madame la Marquife
du Chaſtelet vint auffi fe mettre fur
les rangs , & oppofer Leibnitz à Newton.
Leibnitz , commenté par M. Wolf , avoit
fait beaucoup de fortune en Allemagne ;
quelques idées métaphyfiques , de fimples
projections éparfes dans fes ouvrages , fe
font étendues fous la main de M. Wolf,
& ont donné matiere à beaucoup de gros
volumes , dans lefquels il a remis en honneur
le goût des définitions , & les termes
barbares de l'école combinés avec une méthode
féchement géométrique. Leibnitz
DECEMBRE. 1754. 21
n'a pas été fi heureux en France , quoique
Madame du Chaſtelet lui eût donné un
air plus François dans fes Inftitutions de
physique. Cet ouvrage et écrit avec beaucoup
de méthode , de nobleffe & de précifion
; mais il ne fit pas beaucoup de profélites
, & on ne jugea pas à propos de
croire aux Monades fur la parole de Madame
du Chaftelet . Cette femme illuftre a
laiffé entre les mains de M. de Clairault
une traduction Françoife du grand ouvrage
de Newton , avec des commentaires
très -profonds fur ce que les mathématiques
ont de plus fublime : ce livre eft prêt
à paroître. Madame du Chaftelet & cette
célébre Mlle Agnefi, qui profeffe les mathé
matiques à Boulogne , & qui a donné il y
quelques années un excellent ouvrage d'analyfe
, font des phénomenes qui feront
honneur au beau fexe , à la géométrie &
notre fiécle.
Quoique Newton l'ait emporté fur Defcartes
& Leibnitz , il s'en faut cependant
bien qu'il ait fubjugué tous les efprits ; il a
encore enFrance des adverfaires bien redoutables.
Il y a trop de chofes dans fon ſyſ
tême qui font de la peine à la raifon , pour
ne pas révolter tous ceux qui croyent encore
que la méthode de Defcartes eft la
feule qui puiffe nous conduire à la vérité,
22 MERCURE DE FRANCE.
1
s'il nous eft donné d'y atteindre .
1 Toutes ces difputes philofophiques ont
éclairé les efprits , le goût des fyftêmes
s'eft perdu , & a fait place à un fcepticifme
raifonné & modéré , fort généralement
répandu , & d'autant mieux établi qu'il
n'eft ni l'effet de l'ignorance , ni une affectation
de fingularité ; c'eft peut- être auffi
ce qui nuira le plus aux progrès de la philofophie.
Il faut donner l'effor à l'imagi
nation pour aller loin : les plus grandes
découvertes de fpéculation ne font gueres
que des heureuſes témérités du génie ,
& les plus habiles philofophes ont été des
gens à fyftêmes : ce n'eft qu'à force de s'égarer
en effayant differentes routes , que
l'on rencontrera la bonne.
Il est vrai que la voye des expériences ,
quoique la plus lente , eft bien plus sûret
& plus commode ; c'eft auffi celle qu'a
prife l'Académie des Sciences : elle a déclaré
qu'elle n'adoptoit aucun fyftême. Le
tems d'en faire un n'eft pas encore arrivé ,
il faut attendre que l'on ait affez de matériaux
pour bâtir un fyftême général de l'univers
; ce n'eft qu'en amaffant des obfervations
& en établiffant des faits , que l'on
pourra y parvenir. On s'eft donc jetté principalement
du côté de la phyfique expéri
mentale , comme la partie de la philo
1
I
1
DECEMBRE. 1754. 23
fophie dont l'utilité eft plus fenfible.
Bacon , Galilée & Torricelli ont jetté les
fondemens de la phyfique expérimentale ;
le premier par des vues neuves & fublimes
; Galilée par fa théorie de l'accéléra
tion du mouvement dans la chûte des
corps ; & Torricelli par fes expériences fur
la pefanteur de l'air. Ces découvertes importantes
ont porté dans la phyfique une
nouvelle lumiere , que les Boyle , les Pafcal
, les Newton , &c . ont encore étendue
bien au-delà : ce font des veines heureuſes
qui ont conduit à des mines fécondes .
Le goût des expériences s'eft répandu
chez toutes les nations fçavantes , & il eft
cultivé aujourd'hui avec beaucoup de foin
& de fuccès. Parmi ceux qui peuvent être
cités dans ce genre , on s'attend bien à voir
le nom de M. de Reaumur , qui a fait des
recherches approfondies fur plufieurs parties
de la phyfique , & principalement fur
l'hiftoire naturelle. Obfervateur exact &
infatigable , les plus petits détails n'échap
perent pas à la fineffe & à la fagacité qu'it
porte dans tous fes procédés : fon Hiftoire
des infectes , avec beaucoup de longueurs ,
eft remplie de chofes neuves , utiles & délicates
. Zélé pour le bien public , il n'a pas
dédaigné de confacrer fes talens à des objets
, petits en apparence , mais qui tendent
14 MERCURE DE FRANCE.
à perfectionner les arts méchaniques , ou
prévenir quelques befoins de la fociété .
Les moyens de faire une nouvelle teintud'augmenter
la fécondité des terres ,
de garantir les étoffes des teignes , de conferver
des oeufs frais pendant trois à quatre
mois , voilà les objets de fa curiofité & de
fon travail. Des vues auffi fages & auffi
eſtimables devroient fervir d'exemple à
beaucoup de fçavans , qui croiroient s'avilir
par de femblables détails , & qui facrifient
à des recherches brillantes des recherches
plus utiles , mais obfcures . M. de Reaumur
ne trouve pas dans tous fes concitoyens
les mêmes difpofitions à rendre juſtice à
fes travaux , mais il les trouvera dans fa
nation ; & fa réputation ne peut être bleffée
par les petites épigrammes & le mépris
affecté de quelques perfonnes qui , ce
me femble , n'ont pas pris confeil de leurs
lumieres & de leur philofophie.
C'eft bien ici le lieu de rendre à un philofophe
citoyen l'hommage que méritent
fes talens & l'emploi refpectable qu'il en
fait ; je parle de M. Duhamel , de l'Académie
des Sciences , à qui nous devons
l'excellent Traité de la culture des terres ,
dont les principes font fi peu connus & mériteroient
tant de l'être. Il a réuni fes lumieres
& fes obfervations aux découvertes
des
DECEMBRE. 1754. 25
des Anglois , qui dans cette partie effentielle
font bien faits pour être nos maîtres
& nos modeles. Il a cherché les moyens de
conferver les grains dans les greniers ; il
a imaginé une charrue d'une conftruction
neuve & fort commode , qui abrege beaucoup
les travaux des laboureurs , cette portion
du peuple la plus néceffaire & la plus
miférable. Les principes de M. Duhamel
font fimples & évidens ; on lui a rendu
juftice : mais c'eſt peu d'être loué , il veut
être utile ; & ce ne feroit pas la premiere
fois qu'un philofophe auroit parlé , qu'on
auroit trouvé qu'il a raifon , & que fes
avis n'auroient été fuivis. Quoiqu'il
en foit , on ne doit pas fe laffer de travailler
à la perfection de l'agriculture , qui en
ouvrant dans l'Etat une nouvelle fource
de richeffes réelles & permanentes , donneroit
à notre commerce le plus grand
avantage , & prefque le feul qui lui manque
fur celui de nos voisins .
pas
Si quelqu'un a eu l'efprit de fyftême
dans notre fiécle , je crois que c'eft M. de
Buffon : une tête philofophe , des vûes
grandes , une imagination forte & lumineufe
, & l'art de faifir les analogies ; voilà
ce qu'il m'a femblé appercevoir dans l'Hiftoire
naturelle , & ce qui forme , fi je ne
me trompe , l'efprit de fyftême. M. de Buf-
II.Vol. B
26 MERCURE DE FRANCE.
fon , qui par un ftyle riche , élégant , har
monieux , plein de nobleſſe & de poëfie ,
efface Platon & Mallebranche , & donne
à la philofophie un éclat qu'elle n'avoit
pas encore eu , n'a pas été plus heureux
que Deſcartes dans fes conjectures fur l'origine
du monde & la génération des animaux.
Mais fi l'hiftoire de notre globe par
M. de Buffon eft un roman , c'eft celui
d'un habile phyficien : fon hypotheſe fur
la génération marque les bornes de nos
lumieres dans cette matiere ténébreuſe , le
defefpoir de la phyfique : fes obfervations
microfcopiques fi délicates & fi fingulieres,
feront peut-être plus utiles , parce qu'il
eft toujours utile de détruire des erreurs.
Les anciens avoient cru , fur de fimples apparences
peu approfondies , que la corruption
pouvoit engendrer des animaux.
Lorfque le microfcope , qui a élargi l'univers
aux yeux des philofophes , eut découvert
à Hartzoeker & à Lewenhoek les animalcules
qui fe meuvent dans les liqueurs ,
on fe moqua beaucoup des anciens , & il
ne parut plus douteux que tous les êtres
vivans font déja organifés dans la femence
, & qu'ils ne font que fe développer &
augmenter de volume. Mais ce principe
reçu fans conteftation & avancé avec ce
ton de confiance que donne trop fouvent
DECEMBRE . 1754. 29
la chaleur des premieres découvertes , s'eſt
trouvé en défaut dans la reproduction merveilleufe
des polypes , & il eft anéanti
aujourd'hui par les expériences de MM. de
Buffon & de Needham ; la production des
petites anguilles qu'ils ont vû fe former
dans le bled niellé & dans d'autres infufions
, remet en honneur l'opinion des anciens
; nous avons cru voir une étincelle
de lumiere , & nous rentrons dans une nuit
plus fombre. Les animalcules fpermatiques
ne font plus que de petites machines or
ganifées & fans vie ; il eft vrai que les obfervations
microfcopiques font trop fuf
ceptibles d'illufion pour qu'on ne s'en dépas
: celles de Lewenhoek ont été détruites
par celles de M. de Buffon , cellesci
peuvent être détruites par d'autres ; dans
cette matiere obfcure on finit , comme dans
prefque toutes les autres , par douter.
fie
Les fectateurs de la philofophie corpufculaire
ne pardonneront pas aifément à
M. de Buffon d'avoir établi la poffibilité
de fes moules intérieurs fur la ruine du méchaniſme
univerfel , & d'avoir mieux ainé
expliquer la circulation du fang , le jeu des
muſcles , en général toute l'économie animale
par des qualités occultes femblables
aux caufes de la pefanteur , des attractions
magnétiques , &c. que par des principes
Bij
28 MERCURE DE FRANCE.
purement méchaniques ; cela pourroit faire
craindre , difent- ils , le retour du fiécle
d'Ariftote. Epicure créa la phyfique corpufculaire
; ne voyant dans la nature que
de la matiere & du mouvement , il ne
chercha pas d'autres caufes pour expliquer
tous les phénomenes ; mais n'ayant pas encore
affez de faits & d'obſervations , ce
principe lui manqua dans l'application ;
on crut pour lors que ce qu'on ne pouvoit
pas expliquer par les loix du méchanifme
ne s'opéroit pas par ces loix ; de là
l'horreur du vuide , de- là l'attraction , &c.
L'attraction , ce monftre métaphysique ,
dont on ne peut plus fe paffer dans la phy-.
fique célefte , s'eft introduite auffi dans la
chymie. Les affinités de M. Geoffroi ne
font que le même terme déguifé ; elles paroiffent
préfenter une idée plus fimple , &
n'en font pas moins inintelligibles . Nous
devons aux Anglois cet abus de l'attraction ,
auffi bien que celui du calcul : ils réduifent
tout en problêmes algébriques ; l'antique
fuperftition fur la fcience mystérieuse
des nombres femble renaître . Jean Craig
a ofé calculer les dégrés de probabilité
des principes du chriftianifme , & le décroiffement
de cette probabilité : felon fes
calculs , la religion ne peut plus durer que
1400 ans. L'eſtimable auteur de l'Hiftoire
DECEMBRE . 1754 29
critique de la philofophie a calculé auffi les
dégrés de force de la certitude morale . Le
Chevalier Petty , créateur de l'arithmétique
politique , a cru pouvoir foumettre à
l'algebre l'art même de gouverner les hommes.
Le résultat de quelques -uns de fes
calculs peut faire juger de leur folidité ;
il croit avoir démontré que le grand nombre
des impôts ne fçauroit être nuifible à
la fociété & au bien d'un Etat . Il a calculé
ce que valoit un homme en Angleterre ,
& il l'a évalué à 1300 livres environ de
notre monnoie. Un Philofophe fublime
qui connoît bien le prix des hommes , ajoute
qu'il y a des pays où un homme ne
vaut rien , & d'autres où il vaut moins
que rien ( a ) . La médecine n'a pas été à
l'abri des excurfions de la géométrie : aux
aphorifmes d'Hypocrate & de Boerhaave
on a fubftitué des formules algébriques ;
on a voulu évaluer le mouvement des fluides
dans le corps humain , la force des
nerfs & des mufcles confidérés comme des
cordes , des leviers d'un certain genre ,
des piftons , &c. Mais qu'avons nous gagné
à ces abus de la géométrie on l'a
détournée de fon véritable objet , & elle a
eu le fort de l'efprit de notre nation : elle
( a ) Efprit des loix , liv. XXIII . chap. XVII,
Bij
30 MERCURE DE FRANCE.
a perdu en profondeur ce qu'elle a gagné
en fuperficie , & je ne doute pas qu'elle
ne touche au moment de fa décadence ,
qui vient d'être prédite par un homme de
beaucoup d'efprit . Cette fcience qui n'étoit
qu'un inftrument entre les mains de Defcartes
& de Newton , & qui n'eft faite
que pour en fervir , étoit devenue une
fcience orgueilleufe qui s'étoit élevée fur
les débris des autres , fur ceux de la métaphyfique
fur tout , parce qu'il eft bien
plus facile d'apprendre à calculer qu'à raifonner.
Il est bien à fouhaiter que le goût
abufif du calcul ne fafle plus d'obſtacle au
retour de la métaphyfique , dont le flambeau
peut feul nous éclairer fur les nouvelles
erreurs que de faufles lumieres ont
introduites , & qui retardent fenfiblement
les progrès de la philofophie.
Fermer
Résumé : IDÉES DES PROGRÈS De la Philosophie en France.
Le texte discute des progrès rapides de la philosophie en France, notant que les autres sciences n'ont pas atteint le niveau de perfection des époques grecques et romaines. La philosophie moderne, bien que prometteuse, n'a pas encore révélé toutes les vérités de la nature. René Descartes, considéré comme le père de la philosophie moderne, a joué un rôle crucial en révolutionnant la pensée en détruisant l'aristotélisme et en proposant une nouvelle méthode pour étudier la nature. Il a uni différentes branches des sciences, comme l'astronomie, les mathématiques et la physique, et a appliqué l'algèbre à la géométrie et à la physique. Ses contributions ont marqué une époque brillante dans l'histoire de l'esprit humain. D'autres philosophes, comme Gassendi, ont combattu la scolastique et tenté de réformer la philosophie en s'inspirant d'Épicure. Le cartésianisme, bien que controversé, a gagné en popularité en Europe avec des partisans influents comme Rohault, Regis et Malebranche. Ce dernier a développé des idées métaphysiques complexes et a défendu le système des tourbillons de Descartes, donnant naissance à la secte des immatérialistes qui nient l'existence de la matière telle que nous la concevons. Fontenelle est loué pour avoir rendu la philosophie accessible et agréable, dépouillant ses aspects austères. Le texte compare les approches françaises et anglaises de la philosophie, soulignant que les Français traitent la philosophie de manière légère mais efficace, la rendant accessible et agréable. Le livre de Voltaire a suscité des réactions variées dans la communauté philosophique et scientifique. Les géomètres et les esprits éclairés, initialement humiliés, critiquèrent Voltaire, trouvant inconcevable qu'un poète puisse exceller en géométrie et en physique. Les critiques se réduisirent à des erreurs mineures et des épigrammes vagues, souvent dirigées contre Newton plutôt que contre Voltaire. Le Newtonianisme divisa les esprits, les cartésiens défendant les tourbillons avec acharnement, mais ces derniers tombèrent en disgrâce grâce aux efforts de M. de Fontenelle. Malgré certaines absurdités métaphysiques, le système newtonien fut adopté pour sa base factuelle et démonstrative, expliquant les mouvements des corps célestes et divers phénomènes. Madame du Châtelet soutint Leibnitz contre Newton, mais son ouvrage, bien que méthodique et précis, ne fit pas beaucoup de prosélytes. Elle laissa également une traduction de Newton avec des commentaires profonds. D'autres figures, comme Mlle Agnesi et M. de Reaumur, contribuèrent à la philosophie et à la physique expérimentale, cette dernière étant privilégiée par l'Académie des Sciences. Le texte critique l'approche de M. de Buffon, qui a proposé des explications pour la circulation du sang et l'économie animale en utilisant des qualités occultes similaires aux causes de la pesanteur et des attractions magnétiques, plutôt que des principes mécaniques. Cette méthode est comparée à celle d'Épicure, qui a créé la physique corpusculaire mais manquait de faits et d'observations pour l'appliquer correctement, menant à des concepts comme l'horreur du vide et l'attraction. Le texte dénonce également l'abus de l'attraction en chimie et l'influence des Anglais qui réduisent tout en problèmes algébriques. La médecine n'est pas épargnée, avec des formules algébriques remplaçant les aphorismes d'Hippocrate et de Boerhaave. Enfin, le texte déplore que la géométrie, autrefois un instrument au service de la philosophie, soit devenue une science orgueilleuse, détournée de son véritable objet.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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97
p. 228-237
« Il a paru successivement plusieurs Ecrits, qui ont pour objet la [...] »
Début :
Il a paru successivement plusieurs Ecrits, qui ont pour objet la [...]
Mots clefs :
France, Angleterre, Acadie, Traité, Frontières, Amérique, Canada, Troubles politiques, Déclaration du roi, Abbé de la Chateigneray
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Il a paru successivement plusieurs Ecrits, qui ont pour objet la [...] »
La paru fucceffivement plufieurs Ecrits , qui ont
pour objet la grande question agitée entre la
France & l'Angleterre , fur les anciennes limites
de l'Acadie. Le premier eft une Lettre de M. ... a
M. de & ne contient que onze pages . Celui qui
eft intitulé Hiftoire Géographique de la nouvelle
Ecoffe , c. contient la defcription du Pays auquel
les Anglois donnent ce nom , & on y.expofe les
avantages propofés par la Nation à ceux qui voudront
Y tormer des établiffemens. C'eft une traduction
à laquelle on a feulement joint quelques
notes dans lesquelles le fyftême anglois eft réfuté.
La conduite des François par rapport à la nouvelle
Ecoffe , depuis le premier établiffement de cette
Colonie jufqu'à nos jours , &c. eft auffi traduite
de l'Anglois , & il eft aifé de le reconnoître . Ce
n'eft qu'un ouvrage polémique dans lequel l'Auteur
a marqué peu de retenue & même de politeffe
dans les expreffions dont il fe fert , en parlant
tant de la France , que de quelques François
en particulier. Les argumens qu'il employe n'ont
pas paru affez redoutables pour les déguifer , &
l'Auteur François n'a pu mieux défendre la caufe
de fa patrie , qu'en expofant par une traduction.
fidelle les objections de fon adverfaire , & en rétabliffant
feulement le véritable état de la queſtion
par des notes fuccinctes .
La difcuffion fommaire fur les anciennes limites
de l'Acadie , & fur les ftipulations du Traité d'U
trecht qui y font relatives , eft un ouvrage fran
OCTOBRE. 1755. 229
çois. C'eft proprement l'extrait des Mémoires refpectifs
des Commiffaires des deux Nations : l'Auteur,
après y avoir examiné la queftion , fuivans les
principes de droit & la teneur des Traités , ajoute
quelques réflexions fur la politique des Anglois
en général , & fur l'équilibre des puiffances en
Amérique. Comme ces réflexions font très - courtes
, & que l'objet en eſt différent de celui du refte
de la differtation , nous croyons qu'il fera plus
aifé de les tranſcrire , que de les extraire.
Toutes les raifons & les confidérations que
l'on vient d'expofer , peuvent fervir à dévoiler les
raifons qui doivent engager la France à ne ſe
point défifter des ftipulations du Traité d'Utrecht
qui bornent la ceffion de l'Acadie , à celle de
Pancienne Acadie ; qui n'ajoutent à cette ceffion
que celle de Port- Royal & nullement celle de
la Baye- Françoife , ni de la côte des Etchemins ;
qui par le gilement des ôtes , déterminent l'étendue
des mers de l'Acadie , depuis le Sable jufqu'à
la hauteur du Cap Fourchu ; qui déclarent
que toutes les Illes quelconques fituées dans l'embouchure
& le Golfe S. Laurent appartiennent à
la France ; qui par - là excluent les Anglois de rien
prétendre fur les côtes de ce même Golfe , & en
même tems fuppofent évidemment , que le Golfe
appartient en entier à la France.
On ne craint point de dire que l'objet des Anglois
ne fe borne pas aux Pays qu'ils reclament
fous le nom d'Acadie , & qui la plupart font
ingrats , ftériles & fans commerce. Leur objet
eft d'envahir le Canada en entier , & de ſe préparer
par- là le chemin à l'empire univerfel de
P'Amérique , & des richeffes dont elle eft la fource
la plus abondante.
Leurs prétentions d'une part , annoncées par
30 MERCURE DE FRANCE.
leurs Livres & leurs Cartes ; de l'autre , les entre
prifes projettées dans leurs colonies de l'Amérique
, & qui viennent d'éclore , pour attaquer en
même tems le Canada de tous les côtés , avec des
forces très -fupérieures ( ce qui ne juftifie que
trop la fageffe des mefures qui ont déterminé la
France à y faire paffer des Troupes ) ces mêmes
entrepriſes autorifées & fomentées par le Gouvernement
d'Angleterre , dans le tems qu'il affuroit
la France des difpofitions les plus pacifiques ,
& qu'il auroit voulu l'amufer par de vaines négociations
toutes ces circonstances prouvent le
projet formé de s'emparer du Canada & s'ils
parvenoient à y réuffir , rien ne feroit plus capable
de mettre un frein à leur cupidité.
Actuellement leurs prétentions fur les poffeffions
des Efpagnols en Amérique , dorment : il
ne feroit pas de leur prudence de provoquer en
même tems la France & l'Eſpagne ; mais leurs
vues fur une partie de la Floride , fur la Baye de
Campeche , & fur le pays des Mofquites , ne font
ignorées de perfonne ; & leur maniere de foutenir
leurs prétentions fait connoître qu'ils ne manqueront
jamais de prétexte pour envahir ce que
leur cupidité pourra leur faire defirer. Quelles en
feront les bornes ? En connoît - elle ?
Il fuffit de lire la Relation du voyage de l'Amiral
Anfon , pour connoître que leurs valtes projets
embraffent toute l'Amérique Espagnole , &
que leur efprit ne ceffe de travailler fur les
moyens de dépouiller toutes les autres Nations de
ce qui eft à leur convenance. Ils ne leur font
grace que de ce dont ils ne fe foucient point , ou
de ce qui ne pourroit pas contribuer à l'augmentation
de leurs richeffes ; & encore même dans
te cas , nulle Nation n'eft affurée de ne point
OCTOBRE. 1755. 231
reflentir les effets de leur hauteur & de leur defpotifme.
La Cour de Vienne en a plus d'une fois
fait l'épreuve , lorfqu'il lui eft arrivé feulement
de balancer à entrer dans leurs vues.
Quant aux Hollandois , les entrepriſes faites
en dernier lieu par les Anglois , pour leur enlever
la Pêche & le commerce du Harang ; les infractions
qu'ils ont ites dans tous les tems à la
neutralité du pavillon Hollandois , contre les ftipulations
les plus formelles & les plus précifes
des Traités , fuivant lefquels le pavillon doit
couvrir la marchandife ; leurs interprétations
arbitraires des principes du droit des Gens ,
concernant la vifite des navires en mer , fuivant
que leurs intérêts & les circonftances les ont déterminés
à étendre ou à reftreindre ces principes ;
tout prouve qu'il n'y a ni alliance , ni amitié , ni
Traités , ni principes qui puiflent contenir leur
cupidité. Heureux les Hollandois , s'ils fçavoient
fe méfier des alliances Angloiſes ; fi convaincus de
la chimere & du danger d'une barriere éloignée
& étrangere , ils s'enveloppoient dans leurs eaux ,
comme les Suiffes aimés & refpectés de toute
P'Europe , le font dans leurs montagnes ; fi ne
s'intéreffant au fyftême des autres Puiffances , que
relativement à la confervation de leur République
& à celle de leur commerce , ils n'avoient fait
ufage de leurs forces & de leurs richeffes , que
pour affurer leur liberté & leur indépendance , &
faire refpecter leur neutralité & leur Pavillon ;
leur nation riche , puiffante & accréditée , ne fe
trouveroit pas vraisemblablement dans un épuife
ment , dont elle ne parviendra peut-être à fe relever
qu'en recourant aux principes par lesquels
elle auroit pu s'en garantir.
Il faudroit s'aveugler volontairement , pour ne
232 MERCURE DE FRANCE.
pas appercevoir que dans les troubles que les An
glois viennent d'exciter , ils ne cherchent d'abord
qu'à fe débarraffer des obftacles que la France
peut leur oppofer ; & qu'enfuite & fucceffivement
viendra le tour de l'Espagne & de toutes les autres
Nations qui ont des poffeffions en Amérique , &
qui refuferont de baiffer la tête fous le joug. C'eſt
par la deftruction de la liberté & de l'indépendance
de l'Amérique , qu'ils fe propofent de parvenir
au projet de dicter la Loi à toute l'Europe.
Cette derniere brochure fe trouve chez Prault fils ,
quay de Conty, ainfi que l'Hifloiregéographique.
Le 27 Août , le Roi donna , pour proroger les-
Séances du Parlement , une Déclaration dont voici
la teneur. « LOUIS , par la grace de Dieu , &c .
>> Notre Cour de Parlement nous ayant fait repréfenter
qu'il feroit néceffaire , pour l'avantage
» de nos Sujets , de continuer pendant les Vaca-
» tions de la préfente année ſes Séances ordinai
>> res ; Nous avons reçu les Supplications qu'elle
nous a fait faire à ce fujet , avec autant plus de
» fatisfaction , que notre intention fera toujours
» de contribuer par notre autorité à tout ce qui
» peut accélérer la juftice que nous devons à nos
» peuples. A CES CAUSES , ... Nous avons conti-
» nué , & continuons les Séances ordinaires de
» notre Cour de Parlement , nonobftant l'époque
» de la ceffation defdites Séances . Voulons que
» toutes les affaires , dont notredite Cour a droit
» de connoître, y foient valablement traitées & dé-
» cidées , comme elles le feroient pendant le cours
» de fes Séances ordinaires , dérogeant à cet effet
» à toutes Loix à ce contraires. SI DONNONS , &c.
>>
Madame fe réveilla le 30 Août au matin avec
de violentes douleurs de colique . On donna à
cette Princeffe quelque fecours , qui parurent la
OCTOBRE. 1755 231
foulager , & elle s'affoupit. Mais bientôt on eut
de nouveaux fujets d'inquiétude . A un fommeil
d'une heure & demie fuccéda une agitation extraordinaire
de pouls . La fievre augmenta confidérablement
le 31. Pendant la journée du premier
Septembre , la maladie devint de plus en plus dangereufe
, & Madame mourut à minuit. Cette Princeffe
étoit âgée de cinq ans & fix jours , étant née
le 26 Août 1750. Quelques inftans avant la mort ,
l'Abbé de Chabannes , Aumônier du Roi en Quar
tier , lui a fuppléé les cérémonies du Baptême.
Elle a eu pour Mareine la Comteffe de Marfan ,
Gouvernante des Enfans de France ; pour Parein
le Prince Ferdinand de Rohan ; & elle a été nommée
Marie-Zephirine.
Le Roi , ayant appris la mort de Madame ;
revint à Verſailles le 2 Septembre .
Le 3 , le Roi , la Reine , Monfeigneur le Dauphin
, Madame la Dauphine , Monfeigneur le Duc
de Bourgogne , Monfeigneur le Duc de Berry , &
Mefdames de France , ainfi que le Roi de Pologne
Duc de Lorraine & de Bar , reçurent , à l'occafion
de cette mort , les complimens des Princes &
Priceffes du Sang.
On célébra le premier Septembre dans l'Eglife
de l'Abbaye Royale de faint Denis le Service fo
lemnel qui s'y fait tous les ans pour le repos de
l'ame de Louis XIV ; & l'Evêque de Rieux y offi
cia pontificalement. Le Comte d'Eu & le Due de
Penthiévre y affifterent , ainfi que plufieurs perfonnes
de diftinction .
Le Roi de Pologne a repris le 4 la route de
Luneville .
Le 2 Septembre , le Corps de feue Madame ,
fut apporté de Verfailles au Palais des Tuilleries .
Après y avoir été expofé à vifage découvert , il a
234 MERCURE DE FRANCE .
été embaumé , & mis dans le cercueil. Les , jour
fixé pour le conduire à l'Abbaye Royale de faint
Denis , le Convoi fe mit en marche fur les fept
heures du foir , dans l'ordre fuivant . Deux carrosfes
du Roi , remplis par les femmes de chambre
de la Princeffe ; un troisieme carroffe de Sa Majeſté
, dans lequel étoient les huit Gentilshommes
ordinaires deftinés à porter le cercueil & les quatre
coins du poèle qui le couvroit ; un détachement
de chacune des deux Compagnies des Moufquetaires
; un détachement de ce le des Chevauxlégers
; plufieurs Pages de la Reine & de Madame
la Dauphine ; vingt - quatre Pages de la Grande &
de la Petite Ecurie du Roi. Les Officiers des céré
monies étoient à cheval devant le carroffe ou
étoit le corps de Madame. Plufieurs valets de pied
de Leurs Majeftés entouroient ce carofie , après
lequel marchoient le détachement des Gardes du
Corps & le détachement des Gendarmes. L'Abbé
de la Châteigneraye , Aumônier du Roi , étoit
dans le carroffe à la droite , & il portoit le coeur
de la Princeffe . La Princeffe Douairiere de Conty,
nommée par le Roi pour accompagner le corps ,
étoit à la gauche , ayant avec elle la Princeffe de
Chimay. La Comteffe de Marfan , Gouvernante
des Enfans de France , étoit vis - a - vis du corps .
La Dame de Butler , Sous- Gouvernante , & l'Abbé
de Barral , Aumônier du Roi , étoient aux portieres.
Les carroffes de la Princefle de Conty &
ceux de la Comteffe de Marfan fermoient la marche.
Le Convoi étant arrivé à l'Abbaye de faint
Denis vers les dix heures du foir , l'Abbé de la
Châteigneraye préfenta le corps au Prieur de l'Abbaye
, l'on fit Pinhumation avec les cérémonies
accoutumées . On porta enfuite le coeur avec
le même cortège à l'Abbaye Royale du Val de
Grace.
4
OCTOBRE. 1755. 235
Les Fermiers Généraux ont offert cent dix
millions au Roi pour le bail prochain , ce qui fait
une augmentation de plus de fept millions par
an. Ils s'engagent de faire à Sa Majefté , à commencer
du premier Octobre prochain , une avance
de foixante millions , dont l'intérêt leur fera
payé à quatre pour cent. La propofition a été acceptée
par Sa Majefté. En conféquence , le Bail
des Fermes générales vient d'être renouvellé , fans
augmentation de nouveaux droits ou impôts. Le
Roi a réuni toutes les Sous-Fermes à la Ferme
générale , laiffant les Fermiers Généraux les maîtres
d'en faire la régie pour leur plus grand avan-
& de difpofer pleinement & entierement
de tous les emplois Sa Majefté a jugé à propos
d'augmenter le nombre de fes fermiers Généraux
, & l'a fixé à foixante pour le nouveau Bail.
L'Efcadre commandée par le Comte du Guay ,
eft rentrée le 3 Septembre à Breft. Le Roi ayant été
informé qu'une des Frégates de cette Eſcadre avoit
arrêté , en revenant de Cadix , la Frégate Angloife
le Blandfort ; Sa Majesté a envoyé fur le champ
ordre de relâcher cette Frégate , & de renvoyer
en même tems le fieur Lidleton , Gouverneur de
la Caroline , qui s'y étoit embarqué en Angleterre
, pour paffer à fon gouvernement .
La Demoiſelle Marie-Anne Androl eft morte
à Paris le 3 Septembre, âgée de quatre-vingt- dixhuit
ans, cinq mois & quinze jours. Depuis l'année
elle jouiffoit de vingt- fix mille fept cens
foixante-quinze livres de rente , pour le montant
de la neuvieme claffe de la feconde Tontine ,
établie par Edit du mois de Février 1696 , dans
laquelle elle avoit deux Actions produifant originairement
cinquante livres de rente.
La nuit du 4 au 5 Septembre , le feu prit chez
23% MERCURE DE FRANCE.
un Braffeur dans le village de Homblieres , fitué
à une lieue de Saint Quentin ; & dix - huit maifons
, en trois quarts d'heure , furent embrasées
de façon à ne pouvoir recevoir de fecours . Un
des premiers Laboureurs du lieu a perdu , avec
tous fes bâtimens , la plus riche moiffon qu'il
eût faite depuis un grand nombre d'années . Plufieurs
autres habitans font de même totalement
ruinés , & il ne leur refte de reffource , que dans
la commifération publique .
Le 8 , M. le Comte de Saint-Florentin , Miniftre
& Secrétaire d'Etat , préfenta au Roi une Députation
du Clergé. Elle étoit compofée du Cardinal
de la Rochefoucauld , de l'Archevêque de
Narbonne , de deux Evêques , de quatre Députés
du fecond Ordre , & des deux Agens Généraux .
Le 15 , le Maréchal Duc de Duras prêta ferment
entre les mains de Sa Majefté , pour le
Gouvernement de Franche- Comté , que le Roi
lui a accordé . Ce Maréchal s'étant démis du Gouvernement
de Château- Trompette , le Roi en a
difpofé en faveur du Duc de Duras , Lieutenant-
Général des Armées de Sa Majeſté , & ſon Ambaffadeur
extraordinaire auprès du Roi d'Efpagne.
Sa Majesté a érigé en Pairie le Duché de
Duras , qui n'étoit qu'héréditaire.
Le Roi a nommé l'Abbé Comte de Bernis , fon
Ambaffadeur extraordinaire auprès du Roi d'Efpagne
, & le Marquis de Durfort fon Ambaffadeur
ordinaire auprès de la République de Venife.
Sa Majefté a accordé le Régiment d'Infanterie
de Monfeigneur le Dauphin , vacant par la démiffion
du Comte de Grammont , au Marquis
de Boufflers , Lieutenant des Gardes du Corps du
Roi de Pologne , Duc de Lorraine & de Bar.
Il paroît un Arrêt du Confeil d'Etat , qui proOCTOBRE.
1755. 237
roge jufqu'au premier Juillet 1760 la furféance
accordée au Clergé , pour rendre les foi & hommage
, & fournir les déclarations du temporel des
Bénéfices, tenant lieu d'aveux & dénombremens .
Le 18 Septembre , les Actions de la Compagnie
des Indes étoient à treize cens quatre-vingt - quinze
livres. Les billets de la premiere Lotterie royale
, & ceux de la feconde Lotterie n'avoient point
de prix fixe .
pour objet la grande question agitée entre la
France & l'Angleterre , fur les anciennes limites
de l'Acadie. Le premier eft une Lettre de M. ... a
M. de & ne contient que onze pages . Celui qui
eft intitulé Hiftoire Géographique de la nouvelle
Ecoffe , c. contient la defcription du Pays auquel
les Anglois donnent ce nom , & on y.expofe les
avantages propofés par la Nation à ceux qui voudront
Y tormer des établiffemens. C'eft une traduction
à laquelle on a feulement joint quelques
notes dans lesquelles le fyftême anglois eft réfuté.
La conduite des François par rapport à la nouvelle
Ecoffe , depuis le premier établiffement de cette
Colonie jufqu'à nos jours , &c. eft auffi traduite
de l'Anglois , & il eft aifé de le reconnoître . Ce
n'eft qu'un ouvrage polémique dans lequel l'Auteur
a marqué peu de retenue & même de politeffe
dans les expreffions dont il fe fert , en parlant
tant de la France , que de quelques François
en particulier. Les argumens qu'il employe n'ont
pas paru affez redoutables pour les déguifer , &
l'Auteur François n'a pu mieux défendre la caufe
de fa patrie , qu'en expofant par une traduction.
fidelle les objections de fon adverfaire , & en rétabliffant
feulement le véritable état de la queſtion
par des notes fuccinctes .
La difcuffion fommaire fur les anciennes limites
de l'Acadie , & fur les ftipulations du Traité d'U
trecht qui y font relatives , eft un ouvrage fran
OCTOBRE. 1755. 229
çois. C'eft proprement l'extrait des Mémoires refpectifs
des Commiffaires des deux Nations : l'Auteur,
après y avoir examiné la queftion , fuivans les
principes de droit & la teneur des Traités , ajoute
quelques réflexions fur la politique des Anglois
en général , & fur l'équilibre des puiffances en
Amérique. Comme ces réflexions font très - courtes
, & que l'objet en eſt différent de celui du refte
de la differtation , nous croyons qu'il fera plus
aifé de les tranſcrire , que de les extraire.
Toutes les raifons & les confidérations que
l'on vient d'expofer , peuvent fervir à dévoiler les
raifons qui doivent engager la France à ne ſe
point défifter des ftipulations du Traité d'Utrecht
qui bornent la ceffion de l'Acadie , à celle de
Pancienne Acadie ; qui n'ajoutent à cette ceffion
que celle de Port- Royal & nullement celle de
la Baye- Françoife , ni de la côte des Etchemins ;
qui par le gilement des ôtes , déterminent l'étendue
des mers de l'Acadie , depuis le Sable jufqu'à
la hauteur du Cap Fourchu ; qui déclarent
que toutes les Illes quelconques fituées dans l'embouchure
& le Golfe S. Laurent appartiennent à
la France ; qui par - là excluent les Anglois de rien
prétendre fur les côtes de ce même Golfe , & en
même tems fuppofent évidemment , que le Golfe
appartient en entier à la France.
On ne craint point de dire que l'objet des Anglois
ne fe borne pas aux Pays qu'ils reclament
fous le nom d'Acadie , & qui la plupart font
ingrats , ftériles & fans commerce. Leur objet
eft d'envahir le Canada en entier , & de ſe préparer
par- là le chemin à l'empire univerfel de
P'Amérique , & des richeffes dont elle eft la fource
la plus abondante.
Leurs prétentions d'une part , annoncées par
30 MERCURE DE FRANCE.
leurs Livres & leurs Cartes ; de l'autre , les entre
prifes projettées dans leurs colonies de l'Amérique
, & qui viennent d'éclore , pour attaquer en
même tems le Canada de tous les côtés , avec des
forces très -fupérieures ( ce qui ne juftifie que
trop la fageffe des mefures qui ont déterminé la
France à y faire paffer des Troupes ) ces mêmes
entrepriſes autorifées & fomentées par le Gouvernement
d'Angleterre , dans le tems qu'il affuroit
la France des difpofitions les plus pacifiques ,
& qu'il auroit voulu l'amufer par de vaines négociations
toutes ces circonstances prouvent le
projet formé de s'emparer du Canada & s'ils
parvenoient à y réuffir , rien ne feroit plus capable
de mettre un frein à leur cupidité.
Actuellement leurs prétentions fur les poffeffions
des Efpagnols en Amérique , dorment : il
ne feroit pas de leur prudence de provoquer en
même tems la France & l'Eſpagne ; mais leurs
vues fur une partie de la Floride , fur la Baye de
Campeche , & fur le pays des Mofquites , ne font
ignorées de perfonne ; & leur maniere de foutenir
leurs prétentions fait connoître qu'ils ne manqueront
jamais de prétexte pour envahir ce que
leur cupidité pourra leur faire defirer. Quelles en
feront les bornes ? En connoît - elle ?
Il fuffit de lire la Relation du voyage de l'Amiral
Anfon , pour connoître que leurs valtes projets
embraffent toute l'Amérique Espagnole , &
que leur efprit ne ceffe de travailler fur les
moyens de dépouiller toutes les autres Nations de
ce qui eft à leur convenance. Ils ne leur font
grace que de ce dont ils ne fe foucient point , ou
de ce qui ne pourroit pas contribuer à l'augmentation
de leurs richeffes ; & encore même dans
te cas , nulle Nation n'eft affurée de ne point
OCTOBRE. 1755. 231
reflentir les effets de leur hauteur & de leur defpotifme.
La Cour de Vienne en a plus d'une fois
fait l'épreuve , lorfqu'il lui eft arrivé feulement
de balancer à entrer dans leurs vues.
Quant aux Hollandois , les entrepriſes faites
en dernier lieu par les Anglois , pour leur enlever
la Pêche & le commerce du Harang ; les infractions
qu'ils ont ites dans tous les tems à la
neutralité du pavillon Hollandois , contre les ftipulations
les plus formelles & les plus précifes
des Traités , fuivant lefquels le pavillon doit
couvrir la marchandife ; leurs interprétations
arbitraires des principes du droit des Gens ,
concernant la vifite des navires en mer , fuivant
que leurs intérêts & les circonftances les ont déterminés
à étendre ou à reftreindre ces principes ;
tout prouve qu'il n'y a ni alliance , ni amitié , ni
Traités , ni principes qui puiflent contenir leur
cupidité. Heureux les Hollandois , s'ils fçavoient
fe méfier des alliances Angloiſes ; fi convaincus de
la chimere & du danger d'une barriere éloignée
& étrangere , ils s'enveloppoient dans leurs eaux ,
comme les Suiffes aimés & refpectés de toute
P'Europe , le font dans leurs montagnes ; fi ne
s'intéreffant au fyftême des autres Puiffances , que
relativement à la confervation de leur République
& à celle de leur commerce , ils n'avoient fait
ufage de leurs forces & de leurs richeffes , que
pour affurer leur liberté & leur indépendance , &
faire refpecter leur neutralité & leur Pavillon ;
leur nation riche , puiffante & accréditée , ne fe
trouveroit pas vraisemblablement dans un épuife
ment , dont elle ne parviendra peut-être à fe relever
qu'en recourant aux principes par lesquels
elle auroit pu s'en garantir.
Il faudroit s'aveugler volontairement , pour ne
232 MERCURE DE FRANCE.
pas appercevoir que dans les troubles que les An
glois viennent d'exciter , ils ne cherchent d'abord
qu'à fe débarraffer des obftacles que la France
peut leur oppofer ; & qu'enfuite & fucceffivement
viendra le tour de l'Espagne & de toutes les autres
Nations qui ont des poffeffions en Amérique , &
qui refuferont de baiffer la tête fous le joug. C'eſt
par la deftruction de la liberté & de l'indépendance
de l'Amérique , qu'ils fe propofent de parvenir
au projet de dicter la Loi à toute l'Europe.
Cette derniere brochure fe trouve chez Prault fils ,
quay de Conty, ainfi que l'Hifloiregéographique.
Le 27 Août , le Roi donna , pour proroger les-
Séances du Parlement , une Déclaration dont voici
la teneur. « LOUIS , par la grace de Dieu , &c .
>> Notre Cour de Parlement nous ayant fait repréfenter
qu'il feroit néceffaire , pour l'avantage
» de nos Sujets , de continuer pendant les Vaca-
» tions de la préfente année ſes Séances ordinai
>> res ; Nous avons reçu les Supplications qu'elle
nous a fait faire à ce fujet , avec autant plus de
» fatisfaction , que notre intention fera toujours
» de contribuer par notre autorité à tout ce qui
» peut accélérer la juftice que nous devons à nos
» peuples. A CES CAUSES , ... Nous avons conti-
» nué , & continuons les Séances ordinaires de
» notre Cour de Parlement , nonobftant l'époque
» de la ceffation defdites Séances . Voulons que
» toutes les affaires , dont notredite Cour a droit
» de connoître, y foient valablement traitées & dé-
» cidées , comme elles le feroient pendant le cours
» de fes Séances ordinaires , dérogeant à cet effet
» à toutes Loix à ce contraires. SI DONNONS , &c.
>>
Madame fe réveilla le 30 Août au matin avec
de violentes douleurs de colique . On donna à
cette Princeffe quelque fecours , qui parurent la
OCTOBRE. 1755 231
foulager , & elle s'affoupit. Mais bientôt on eut
de nouveaux fujets d'inquiétude . A un fommeil
d'une heure & demie fuccéda une agitation extraordinaire
de pouls . La fievre augmenta confidérablement
le 31. Pendant la journée du premier
Septembre , la maladie devint de plus en plus dangereufe
, & Madame mourut à minuit. Cette Princeffe
étoit âgée de cinq ans & fix jours , étant née
le 26 Août 1750. Quelques inftans avant la mort ,
l'Abbé de Chabannes , Aumônier du Roi en Quar
tier , lui a fuppléé les cérémonies du Baptême.
Elle a eu pour Mareine la Comteffe de Marfan ,
Gouvernante des Enfans de France ; pour Parein
le Prince Ferdinand de Rohan ; & elle a été nommée
Marie-Zephirine.
Le Roi , ayant appris la mort de Madame ;
revint à Verſailles le 2 Septembre .
Le 3 , le Roi , la Reine , Monfeigneur le Dauphin
, Madame la Dauphine , Monfeigneur le Duc
de Bourgogne , Monfeigneur le Duc de Berry , &
Mefdames de France , ainfi que le Roi de Pologne
Duc de Lorraine & de Bar , reçurent , à l'occafion
de cette mort , les complimens des Princes &
Priceffes du Sang.
On célébra le premier Septembre dans l'Eglife
de l'Abbaye Royale de faint Denis le Service fo
lemnel qui s'y fait tous les ans pour le repos de
l'ame de Louis XIV ; & l'Evêque de Rieux y offi
cia pontificalement. Le Comte d'Eu & le Due de
Penthiévre y affifterent , ainfi que plufieurs perfonnes
de diftinction .
Le Roi de Pologne a repris le 4 la route de
Luneville .
Le 2 Septembre , le Corps de feue Madame ,
fut apporté de Verfailles au Palais des Tuilleries .
Après y avoir été expofé à vifage découvert , il a
234 MERCURE DE FRANCE .
été embaumé , & mis dans le cercueil. Les , jour
fixé pour le conduire à l'Abbaye Royale de faint
Denis , le Convoi fe mit en marche fur les fept
heures du foir , dans l'ordre fuivant . Deux carrosfes
du Roi , remplis par les femmes de chambre
de la Princeffe ; un troisieme carroffe de Sa Majeſté
, dans lequel étoient les huit Gentilshommes
ordinaires deftinés à porter le cercueil & les quatre
coins du poèle qui le couvroit ; un détachement
de chacune des deux Compagnies des Moufquetaires
; un détachement de ce le des Chevauxlégers
; plufieurs Pages de la Reine & de Madame
la Dauphine ; vingt - quatre Pages de la Grande &
de la Petite Ecurie du Roi. Les Officiers des céré
monies étoient à cheval devant le carroffe ou
étoit le corps de Madame. Plufieurs valets de pied
de Leurs Majeftés entouroient ce carofie , après
lequel marchoient le détachement des Gardes du
Corps & le détachement des Gendarmes. L'Abbé
de la Châteigneraye , Aumônier du Roi , étoit
dans le carroffe à la droite , & il portoit le coeur
de la Princeffe . La Princeffe Douairiere de Conty,
nommée par le Roi pour accompagner le corps ,
étoit à la gauche , ayant avec elle la Princeffe de
Chimay. La Comteffe de Marfan , Gouvernante
des Enfans de France , étoit vis - a - vis du corps .
La Dame de Butler , Sous- Gouvernante , & l'Abbé
de Barral , Aumônier du Roi , étoient aux portieres.
Les carroffes de la Princefle de Conty &
ceux de la Comteffe de Marfan fermoient la marche.
Le Convoi étant arrivé à l'Abbaye de faint
Denis vers les dix heures du foir , l'Abbé de la
Châteigneraye préfenta le corps au Prieur de l'Abbaye
, l'on fit Pinhumation avec les cérémonies
accoutumées . On porta enfuite le coeur avec
le même cortège à l'Abbaye Royale du Val de
Grace.
4
OCTOBRE. 1755. 235
Les Fermiers Généraux ont offert cent dix
millions au Roi pour le bail prochain , ce qui fait
une augmentation de plus de fept millions par
an. Ils s'engagent de faire à Sa Majefté , à commencer
du premier Octobre prochain , une avance
de foixante millions , dont l'intérêt leur fera
payé à quatre pour cent. La propofition a été acceptée
par Sa Majefté. En conféquence , le Bail
des Fermes générales vient d'être renouvellé , fans
augmentation de nouveaux droits ou impôts. Le
Roi a réuni toutes les Sous-Fermes à la Ferme
générale , laiffant les Fermiers Généraux les maîtres
d'en faire la régie pour leur plus grand avan-
& de difpofer pleinement & entierement
de tous les emplois Sa Majefté a jugé à propos
d'augmenter le nombre de fes fermiers Généraux
, & l'a fixé à foixante pour le nouveau Bail.
L'Efcadre commandée par le Comte du Guay ,
eft rentrée le 3 Septembre à Breft. Le Roi ayant été
informé qu'une des Frégates de cette Eſcadre avoit
arrêté , en revenant de Cadix , la Frégate Angloife
le Blandfort ; Sa Majesté a envoyé fur le champ
ordre de relâcher cette Frégate , & de renvoyer
en même tems le fieur Lidleton , Gouverneur de
la Caroline , qui s'y étoit embarqué en Angleterre
, pour paffer à fon gouvernement .
La Demoiſelle Marie-Anne Androl eft morte
à Paris le 3 Septembre, âgée de quatre-vingt- dixhuit
ans, cinq mois & quinze jours. Depuis l'année
elle jouiffoit de vingt- fix mille fept cens
foixante-quinze livres de rente , pour le montant
de la neuvieme claffe de la feconde Tontine ,
établie par Edit du mois de Février 1696 , dans
laquelle elle avoit deux Actions produifant originairement
cinquante livres de rente.
La nuit du 4 au 5 Septembre , le feu prit chez
23% MERCURE DE FRANCE.
un Braffeur dans le village de Homblieres , fitué
à une lieue de Saint Quentin ; & dix - huit maifons
, en trois quarts d'heure , furent embrasées
de façon à ne pouvoir recevoir de fecours . Un
des premiers Laboureurs du lieu a perdu , avec
tous fes bâtimens , la plus riche moiffon qu'il
eût faite depuis un grand nombre d'années . Plufieurs
autres habitans font de même totalement
ruinés , & il ne leur refte de reffource , que dans
la commifération publique .
Le 8 , M. le Comte de Saint-Florentin , Miniftre
& Secrétaire d'Etat , préfenta au Roi une Députation
du Clergé. Elle étoit compofée du Cardinal
de la Rochefoucauld , de l'Archevêque de
Narbonne , de deux Evêques , de quatre Députés
du fecond Ordre , & des deux Agens Généraux .
Le 15 , le Maréchal Duc de Duras prêta ferment
entre les mains de Sa Majefté , pour le
Gouvernement de Franche- Comté , que le Roi
lui a accordé . Ce Maréchal s'étant démis du Gouvernement
de Château- Trompette , le Roi en a
difpofé en faveur du Duc de Duras , Lieutenant-
Général des Armées de Sa Majeſté , & ſon Ambaffadeur
extraordinaire auprès du Roi d'Efpagne.
Sa Majesté a érigé en Pairie le Duché de
Duras , qui n'étoit qu'héréditaire.
Le Roi a nommé l'Abbé Comte de Bernis , fon
Ambaffadeur extraordinaire auprès du Roi d'Efpagne
, & le Marquis de Durfort fon Ambaffadeur
ordinaire auprès de la République de Venife.
Sa Majefté a accordé le Régiment d'Infanterie
de Monfeigneur le Dauphin , vacant par la démiffion
du Comte de Grammont , au Marquis
de Boufflers , Lieutenant des Gardes du Corps du
Roi de Pologne , Duc de Lorraine & de Bar.
Il paroît un Arrêt du Confeil d'Etat , qui proOCTOBRE.
1755. 237
roge jufqu'au premier Juillet 1760 la furféance
accordée au Clergé , pour rendre les foi & hommage
, & fournir les déclarations du temporel des
Bénéfices, tenant lieu d'aveux & dénombremens .
Le 18 Septembre , les Actions de la Compagnie
des Indes étoient à treize cens quatre-vingt - quinze
livres. Les billets de la premiere Lotterie royale
, & ceux de la feconde Lotterie n'avoient point
de prix fixe .
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Résumé : « Il a paru successivement plusieurs Ecrits, qui ont pour objet la [...] »
Le texte traite de plusieurs écrits concernant la dispute entre la France et l'Angleterre sur les anciennes limites de l'Acadie. Parmi ces écrits, on trouve une lettre de M.... à M. de, une traduction de l'*Histoire Géographique de la nouvelle Écosse* avec des notes réfutant le système anglais, et une traduction de la conduite des Français en Nouvelle-Écosse, marquée par un ton polémique. Un autre ouvrage, *Diffusion sommaire sur les anciennes limites de l'Acadie*, examine la question selon les principes de droit et les traités, avec des réflexions sur la politique anglaise et l'équilibre des puissances en Amérique. Les traités d'Utrecht stipulent que la cession de l'Acadie concerne uniquement l'ancienne Acadie, incluant Port-Royal mais excluant la baie Françoise et la côte des Etchemins. Les limites des mers de l'Acadie sont définies depuis le Sable jusqu'au Cap Fourchu, et toutes les îles dans le golfe Saint-Laurent appartiennent à la France, excluant ainsi les prétentions anglaises sur ces côtes. Les Anglais visent à envahir le Canada pour établir leur empire en Amérique et accéder à ses richesses. Leurs ambitions incluent également les possessions espagnoles. Les Hollandais sont mis en garde contre les alliances anglaises, souvent violatrices de la neutralité et des traités. Le texte mentionne également des événements à la cour de France, notamment la mort de Madame, fille du roi, âgée de cinq ans, et les cérémonies funéraires qui ont suivi. Les Fermiers Généraux ont proposé une offre de cent dix millions pour le prochain bail, acceptée par le roi. Une escadre commandée par le Comte du Guay a relâché une frégate anglaise arrêtée en mer. En septembre 1755, plusieurs événements notables ont eu lieu. Le gouverneur de la Caroline, M. Lidleton, s'est embarqué pour l'Angleterre. La demoiselle Marie-Anne Androl est décédée à Paris à l'âge de 98 ans, percevant une rente de 25 765 livres. Un incendie a détruit dix-huit maisons à Homblieres, près de Saint Quentin. Le comte de Saint-Florentin a présenté au roi une députation du clergé. Le maréchal duc de Duras a prêté serment pour le gouvernement de Franche-Comté. Le roi a nommé l'abbé comte de Bernis ambassadeur extraordinaire auprès du roi d'Espagne et le marquis de Durfort ambassadeur ordinaire auprès de la République de Venise. Le régiment d'infanterie du Dauphin a été attribué au marquis de Boufflers. Un arrêt du Conseil d'État a prolongé jusqu'en 1760 la surseance accordée au clergé pour rendre les foi et hommage. Enfin, les actions de la Compagnie des Indes étaient cotées à 1 395 livres, tandis que les billets des lotteries royales n'avaient pas de prix fixe.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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98
p. 181-189
Détail de la bataille donnée le 5 Novembre entre l'armée combinée de l'Empire & de France, & l'armée Prussienne, avec la liste des Officiers non compris dans celle du 19 de ce mois.
Début :
L'armée du Roi, combinée avec celle de l'Empire, ayant reçu [...]
Mots clefs :
Bataille, France, Empire, Prusse, Bataillons, Ennemis, Généraux, Marquis, Camps, Mouvements des troupes, Cavalerie, Régiments, Artillerie, Colonels, Chevaliers, Capitaines, Lieutenants, Officiers, Liste des prisonniers, Liste des blessés
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texteReconnaissance textuelle : Détail de la bataille donnée le 5 Novembre entre l'armée combinée de l'Empire & de France, & l'armée Prussienne, avec la liste des Officiers non compris dans celle du 19 de ce mois.
Détail de la bataille donnée le 5 Novembre entre
l'armée combinée de l'Empire & de France , &
l'armée Pruffienne , avec la lifte des Officiers
non compris dans celle du 19 de ce mois.
L'armée du Roi , combinée avec celle de l'Empire
, ayant reçu un renfort de vingt bataillons &
de dix-huit efcadrons conduits par le Duc de Broglie
, après être reftée quelques jours en cantonnement
entre l'Unftrutt & la Sala , depuis Mul→
haufen & Langen- Saltza jufqu'à Dornbourg , fe
mit en mouvement le 23 Octobre pour marcher à
l'ennemi.
Celle de l'Empire fe porta en avant de la Sala
fur l'Eftertt , précédée d'un détachement des deux
armées aux ordres du Comte de Saint - Germain
& celle de France qui la fuivoit fe trouva raffemblée
le 28 à Numbourg & aux environs.
Pendant cette marche , le Roi de Pruffe s'étoit
retiré fur l'Elbe , laiffant à Léipfik un Corps commandé
par le Maréchal Keith, mais il revint tout-à
coup dans cette Ville le 26.
Les deux Généraux ne jugeant pas qu'il fût praticable
del'y attaquer de vive force, ni de le mettre
entre Léiplik & Torgauw en marchant par leur
182 MERCURE DE FRANCE.
droite , réfolurent de repaffer la Sala , pour fe
porter vers Hall & Bernbourg. Ce paffage s'exécura
le 30 à Weiffenfel , après avoir replié tous
les poftes qui avoient été avancés jufqu'à Lutzen .
Le Roi de Pruffe , averti de cette marche , fortit
de Léipfick , & fit attaquer le 31 au matin la
Ville de Weiffenfels. Il y étoit refté quatre bataillons
Impériaux & dix- fept compagnies de Grenadiers
François , commandés par M. le Marquis de
Crillon ; ces troupes fe retirerent en mettant le
feu au pont.
Les Pruffiens firent enfuite marcher des corps
fur Merfbourg & fur Hall , dont les ponts furent
pareillement brûlés par les détachemens de l'armée
combinée , qui occupoient ces deux Villes.
Le premier Novembre , le Prince de Soubife
marcha à Merfbourg dans le deffein de foutenir
cette Ville : mais ne pouvant garder tous les paffages
de la Sala , il préféra de venir camper à
Mulchen , où les Impériaux le joignirent le 2 .
Le lendemain 3 , l'armée Pruffienne paffa la
Sala à Weiflenfels où elle avoit déja jetté des
ponts ; fes Huffards poufferent ceux de l'Empire
jufques fur le terrein où les Généraux faifoient
marquer un champ de bataille , & l'armée combinée
fortit de fon camp à l'entrée de la nuit pour venir
l'occuper. Les Pruffiens camperent vis - à- vis fur
une hauteur , & tirerent pendant la nuit plufieurs
coups de canon.
Le 4 à la pointe du jour , on vit déboucher
plufieurs efcadrons de Cavalerie Pruffienne , qui fe
retirerent auffi- tôt que l'armée eut fait un mouvement
en avant. Le reste de la journée ſe paſſa à
tirer quelques volées de canon , & l'armée cainpa
fur le terrein où elle avoit paffé la nuit précé .
dente fous les armes.
JANVIER. 1758. 183
Les , elle marcha parfa droite pour le porter
furle flanc gauche de celle du Roi de Pruffe, laif
fant M. le Comte de Saint- Germain avec deux brigades
d'infanterie & autant de cavalerie , pour ob
ferver les mouvemens des Pruffiens. Cette marche
fe fit fur trois colones , dans le même ordre où les
troupes étoient campées ; la colonne de la gauche
étoit formée de la premiere ligne , celle du
centre de la réſerve , & celle de la droite de la feconde
ligne.
Lorfque l'armée eut dépaffé le flanc gauche de
Pennemi , on fit halte vers les deux heures aprèsmidi
, & les deux Généraux ayant pris la réfolution
d'attaquer , on continua la marche en abaiffant
la droite , pour le mettre en bataille en
équerre fur le flanc gauche de l'armée Pruffienne .
Jufques-là l'ennemi étoit reſté dans fon camp ,
mais dans le moment on le vit détendre fes tentes,
monter à cheval , fe mettre en bataille & marcher
par fa gauche fur le même front par lequel on fe
préfentoit à lui ; le tout avec une fi grande promp
ritude , que toute fa cavalerie , compofée de
quarante efcadrons , ayant été quelque temps à
couvert d'un rideau , fe trouva tout d'un coup
avoir dépaffé celle de l'Empire , qui fermoit l'aîle
droite de l'armée combinée , & la chargea en
en flanc avant qu'elle eût pu fe déployer devant
elle.
Le Prince de Soubife n'eut le temps que de raffembler
la cavalerie de la réferve , compotée de
dix efcadrons des régimens de Penthievre , Saluces
, Lameth , Lufignan & De cars , qui fe formerent
en potence dans l'intervalle entre les deux
lignes . I foutint à la tête de cette cavalerie
l'effort de la premiere ligne de celle des Pruffiens
, qui fut auffi repouffée par les cuiraffiers
184 MERCURE DE FRANCE.
Autrichiens ; mais il ne put réfifter à la feconde
ligné. Huit efcadrons des régimens de Bourbon
de Bauvilliers , de Fitz -James & de Raugrave , tirés
de l'aile gauche , rétablirent le combat pendant
quelques momens , & enfuite furent obligés
de céder de même à la fupériorité du nombre.
Pendant cette charge de cavalerie , la gauche
de l'infanterie Pruffienne avoit gagné le flanc
droit de celle de l'armée combinée . Nos bataillons
, qui s'étoient formés en colonne , ne pouvant
foutenir le feu de l'artillerie & de la moufqueterie
des Pruffiens , furent alors obligés de
plier,&entraînerent le refte des deux lignes . M.lé
Comte de Saint-Germain , qui arriva dans cette
conjoncture , favorifa la retraite qui fe fit fur
Freybourg, où l'armée repafla, pendant la nuit, à
la gauche de l'Unftrutt , fans être pourſuivie .
Le 6 l'armée de l'Empire marcha à Kofen ,
pour fe retirer fur Arnftatt , & celle de France
s'en fépara pour fe rapprocher des quartiers de
l'armée du Maréchal Duc de Richelieu par Laucha
, Saxembourg , Northaufen & Duderſtatt ,
où elle eft arriée le 14.
On ne peut dire au jufte la perte que l'armée
Françoile a faite en cette occafion , parce qu'il y
revient journellement des Officiers & des Soldats
par bandes ; mais il paroît qu'elle ne fera pas
à beaucoup près auffi confidérable qu'on l'avoit
cru d'abord
JANVIER. 1758. 185
a
Lifte des Officiers tués , bleffés , prisonniers , ou
dont on ignore le fort , des Régimens qui fe font
trouvés à la bataille dus Novembre , & qui ne
font pas compris dans la lifte du 19 de ce mois ,
parce qu'on n'avoit point alors reçu les états détaillés
des Régimens.
Régiment de Piedmont. Colonel . M. Le Comte
Defparbès , bleffé . Lieutenant-Colonel. M. de
Creft , bleffé & prifonnier . Commandans de Bataillon
. MM. de la Corderie & Sermont , bleffés
& prifonniers, M. Defplaffes , manque. Major:
M. Broca , bleflé . Aides- Majors. MM . Malaru &
Bagnon , bleffés . M. de la Chevalerie , bleffé & prifonnier.
Capitaines de Grenadiers . M. Malaufat ,
bleffé & prifonnier. M. Darmiffan manque.
Capitaines. MM. Marans , Noblet , la Lauremie
, Beauregard , Fondras. , tués. MM. Flavi
gny , Mondenard , Grely , Dragoue , Braffant ,
Chevalier de Montaut , Mondenart , de Bieve ,
la Touche , Chevalier de Tilly , Dupleffis ,
Freftomdam , bleffés . MM. Bretigny , la Combe,
Marigny , du Vergier , Tilly , Brugaflargues ,
de Mons , Bezançon , Verneuil , Rachaife ,
Baubert , Pafcal , Duvallon , Boifſfondain , la
Perrere , Dauffonnes , bleffés & prifonniers.
MM. Darmiffan , la Papotiere , David , Duclufelle
, Montaut , Dumans , & Valoir , manquent.
Lieutenans . M. le Chevalier de Montaud, M. Lefpare
& M. le Chevalier de Batquier tués.
MM. Meſnard , la Foreftille , Dadriffard , Fontaine
, Chevalier de Ponfargues , Colonſbié , Ravifict
, & Lecuyer , bleifés . MM. Leharivel ,
Faure , Rabignan , Daliat , Kardavant , Biufort,
Langlade , Barer , & Saint-Serdos , bleffts &
"
186 MERCURE DE FRANCE.
>
prifonniers. MM. Martillon , Pernon , Pelifferey
, Sairigné , Montaclard , & Peliot Maître
de mathématiques , manquent . Régiment de Royal
Rouffillon . Capitaines de Grenadiers . M Delons ,
bleffe . Lieutenans . M. Soreau , tleflé . Régiment de
Caftellas , Suiffe . Lieutenant - Colonel . M. Diefenthaler
, bleflé & prifonnier Capitaines de Crenadiers
.M. Reich , tué. M. Waldener bleflé . Lieutenans.
M. Muller , tué . , M. Krieg , bleflé . Régiment de
Planta , Suiffe. Lieutenant- Colonel . M. Darbon
nier , bleffé & prifonnier . Commandant de Bataillon.
M Joflaud , bleffé & prifonnier. M. Arder ,
manque. Aide-Major M. Viclandt manque. Capitaines
de Grenadiers . MM . Grenut , & Affleger
bleffés & prifonniers. Capitaines. MM. Turtin ,
Gallatin, Bertenfchalg , Boufcard & Faller , bleffés
& prifonniers. Lieutenans. MM . Defgranges
Hoeclin , Reynald , Fatis, Ceberg & Chriftin ,
bleffés & prifonniers . Régiment de Reding , Suif
fe. Capitaines. MM. Reynold & Montaudon
bleffés. MM . Schatzel & Witz , bleffés & prifonniers.
Lieutenans. MM. d'Entrague , & Baumain
, bleffés . MM . Geutil , Techiemain , Gau-.
guin , & Odelieu , bleffés & prifonniers . M. Muller,
manque. Régiment de Salis , Grifon. Capitaine.
M. Caftelberg , tué . Enfeigne. M. Scouhe manque.
Régiment de Touraine . Lieutenans. M. de
Moyencourt , bleffé & prifonnier . Régiment de
Saint Germain. Lieutenans. M. Bitremant , bleflé
& prifonnier.
•
Officiers qui étoient marqués dans la derniere feuille
comme manquans , & qu'on a appris depuis êtra
prifonniers , & dont la plupart font bleſsés.
Régiment de Mailly. Lieutenant- Colonel . M. de
Boifrenard. Capitaines . MM. Montbel , l'aîné ,
JANVIER. 1758. 187
>
Garcigny , Vilhaut , Chevalier de Montbel ,
Boilrenault , Coquebert , M. Treville , Capitai
ne Aide-Major , & la Motte. M. Catenay , Capitaine
, dont on n'avoit point encore fait mention
, prifonnier. M. Rouani , Lieutenant. Régiment
de Poitou. M. de Saint - Mefinin , Commandant
de Bataillon . M. du Roffart , Capitaine Aide-
Major. MM. de Muffan , de Pally , Fontenaille
Dangé , des Anfiers , Sorelle , Galleou , Capitaines
, prifonniers ; ainfi que MM . Sablo & Pichon
, dont on ignoroit le fort. Lieutenans. MM.
d'Aldeguier , du Perrete , Ding , Leroy, & Saint-
Oin , prifonniers , ainfi que MM. la Montafe ,
du Rougeat , & de Laure , dont on n'avoit pas encore
fait mention . Régiment de Saint Chamont.
Capitaines. MM . de la Mothe , & Chatelier , qui
n'étoient pas dans la premiere lifte , & MM.
Droify , de Malhautier, Montignac , Chevalier de
Vignier , & de Saint- Florent . Lieutenans . MM . de
la Grolée , de Bo flambert , de Buffan , & Bouret
. Régiment de Rohan. Capitaines. MM . de Wolbock
, & Coquerel. Lieutenans. MM. la Live &
Liffac , qui n'étoient point dans la derniere feuille .
Regiment de Beauvoifis. Capitaines, MM . la Molere
, Champau , du Bourdet , du Lignon , & de
Fougeres. Aide- Major. M. Raoult. Lieutenans.
MM . Rozan , la Roque , & Peignefort . Régi .
ment de Briffac. Colonel. M. le Duc de Coffé. Lientenant-
Colonel. M. de Mauclerc. Capitaine . M.
Bonneval. Lieutenant. M. Morel . Régiment de
Provence. Lieutenant -Colonel. M. Durivier. Ca
pitaines. MM. Thioumon , de Teffot , Dutertre ,
de Varignan , Thuifi , & Eclapier , qui n'étoient
dans la derniere feuille . Lieutenans . MM. Iffambon
, & de Romas , qui n'étoient pas dans
la derniere lifte. Régiment de Vittmer , Suiffe.
pas
188 MERCURE DE FRANCE.
>
Commandant de Bataillon. M. Gallati . Capitaines.
MM. Suriet , Perier , Zeng , & Reynoldt. Lieu
tenans. MM. de Gallati , Dilleny , Bayard &
Jacobel Régiment de Diefback , Suiffe . Capitaines.
MM. Balthazard , & de Borard , dont le dernier
n'étoit pas dans la précédente lifte . Lieutenant.
M. de Nervoft , & l'Aumonier du Régiment
Régiment de la Marck. Capitaines. MM. Deyrolles
, Trichard , des Baraux , de Munlt l'aîné
Delefnau , qui n'étoit pas dans la derniere feuille ,
Dufort , Liotey , Grandchamp , & Dehauffen.
Lieutenans. MM. Bramion & Scitz .
CAVALERIE.
Régiment de la Reine. Major . M. le Chevalier
de Galifet. Régiment de Bourbon. Capitaines. MM.
de Chanay & Chambon. M. la Bare , Cornette.
Régiment de Penthievre. Colonel. M. le Comte
de Saluce , bleffé & prifonnier . Capitaines. M. le
Marquis de Langle , MM . Lardevoin , & Traverlay.
Lieutenans. MM. du Breuil , & de Gay ,
bleffé & prifonnier , qui n'étoit pas dans la derniere
feuille. MM . de Geraldin , Major , & du
Saillon , Cornette , bleflés & reftés à Yena , d'où
l'on compte qu'ils rejoindront inceffamment . Ré
giment de Lufignan. Capitaines. M. de Real & Circey
, bleffés & prifonniers . M. de Janfon , Liextenant.
Régiment de Beauvilliers . Colonel . M. le
Duc de Beauvilliers . Lieutenant. M. de la Buifiere.
Cornettes. MM. Echoupe & de Luigny . Régiment
deLameth.Lieutenant -Colonel.M . Monjouvan.Capitaines.
MM . de Contriffon, Dancreville , & Frednand.
Régiment de Saluces. Colonel. M. le Marquis
de Saluces. Capitaine . MM . Cauzet , Flogny , Caftelnau,
& Fautrieres , bleffés & prifonniers. Lieute
nans . MM. la Fond , Mordal , & Lepant. M. de la
>
JANVIER. 1758. 189
.
Faye , Cornette. Régiment de Filtz -James. M. Nugent
, Capitaine. M. Coulahan , Lieutenant . M.
de Mores , Cornette. Frifonniers non Militaires.
M. Martinfort , Directeur des vivres , & fon domeftique.
N. Monget , Commis des vivres . Un
Boulanger des vivres.
On a oublié dans la premiere lifte d'employer
comme prifonnier M. le Chevalier d'Ailly , Maréchal
de camp.
M. le Chevalier des Bares , Capitaine au Régiment
Defcars Cavalerie , mis au nombre des
Officiers tués , a donné de fes nouvelles . Il eft
prifonnier & bleffé de douze coups de fabre.
Le Roi a difpofé en faveur de M. le Vicomte de
Choifeul , du Régiment de Poitou , vacant par la
mort de M. le Comte de Revel.
Du Régiment Royal-Barrois , vacant par la
mort de M. le Comte de Baffompierre , en faveur
de M. le Marquis de Baffompierre , fon pere ,
Brigadier des armées du Roi , & Sous- Lieutenant
des Chevaux- Légers d'Orléans,
De trois places de Colonels dans le Régiment
des Grenadiers de France , en faveur de M. le
Comte de la Fayette , Capitaine réformé à la fuite
du régiment de Cavalerie de la Rochefoucault ,
de M. le Comte de Danois , Capitaine réformé á
la fuire du régiment Royal de Cravates ; & de
M. le Comte de Broglie , Enfeigne dans le régiment
de Poitou :
Et de deux Guidons vacans dans la Gendarmerie;
l'un en faveur de M. le Comte de Noé , Capitaine
réformé à la fuite du régiment de Cavalerie de la
Viefville ; l'autre pour N, le Marquis de Crenolles,
Lieutenant dans le régiment du Roi Infanterie.
l'armée combinée de l'Empire & de France , &
l'armée Pruffienne , avec la lifte des Officiers
non compris dans celle du 19 de ce mois.
L'armée du Roi , combinée avec celle de l'Empire
, ayant reçu un renfort de vingt bataillons &
de dix-huit efcadrons conduits par le Duc de Broglie
, après être reftée quelques jours en cantonnement
entre l'Unftrutt & la Sala , depuis Mul→
haufen & Langen- Saltza jufqu'à Dornbourg , fe
mit en mouvement le 23 Octobre pour marcher à
l'ennemi.
Celle de l'Empire fe porta en avant de la Sala
fur l'Eftertt , précédée d'un détachement des deux
armées aux ordres du Comte de Saint - Germain
& celle de France qui la fuivoit fe trouva raffemblée
le 28 à Numbourg & aux environs.
Pendant cette marche , le Roi de Pruffe s'étoit
retiré fur l'Elbe , laiffant à Léipfik un Corps commandé
par le Maréchal Keith, mais il revint tout-à
coup dans cette Ville le 26.
Les deux Généraux ne jugeant pas qu'il fût praticable
del'y attaquer de vive force, ni de le mettre
entre Léiplik & Torgauw en marchant par leur
182 MERCURE DE FRANCE.
droite , réfolurent de repaffer la Sala , pour fe
porter vers Hall & Bernbourg. Ce paffage s'exécura
le 30 à Weiffenfel , après avoir replié tous
les poftes qui avoient été avancés jufqu'à Lutzen .
Le Roi de Pruffe , averti de cette marche , fortit
de Léipfick , & fit attaquer le 31 au matin la
Ville de Weiffenfels. Il y étoit refté quatre bataillons
Impériaux & dix- fept compagnies de Grenadiers
François , commandés par M. le Marquis de
Crillon ; ces troupes fe retirerent en mettant le
feu au pont.
Les Pruffiens firent enfuite marcher des corps
fur Merfbourg & fur Hall , dont les ponts furent
pareillement brûlés par les détachemens de l'armée
combinée , qui occupoient ces deux Villes.
Le premier Novembre , le Prince de Soubife
marcha à Merfbourg dans le deffein de foutenir
cette Ville : mais ne pouvant garder tous les paffages
de la Sala , il préféra de venir camper à
Mulchen , où les Impériaux le joignirent le 2 .
Le lendemain 3 , l'armée Pruffienne paffa la
Sala à Weiflenfels où elle avoit déja jetté des
ponts ; fes Huffards poufferent ceux de l'Empire
jufques fur le terrein où les Généraux faifoient
marquer un champ de bataille , & l'armée combinée
fortit de fon camp à l'entrée de la nuit pour venir
l'occuper. Les Pruffiens camperent vis - à- vis fur
une hauteur , & tirerent pendant la nuit plufieurs
coups de canon.
Le 4 à la pointe du jour , on vit déboucher
plufieurs efcadrons de Cavalerie Pruffienne , qui fe
retirerent auffi- tôt que l'armée eut fait un mouvement
en avant. Le reste de la journée ſe paſſa à
tirer quelques volées de canon , & l'armée cainpa
fur le terrein où elle avoit paffé la nuit précé .
dente fous les armes.
JANVIER. 1758. 183
Les , elle marcha parfa droite pour le porter
furle flanc gauche de celle du Roi de Pruffe, laif
fant M. le Comte de Saint- Germain avec deux brigades
d'infanterie & autant de cavalerie , pour ob
ferver les mouvemens des Pruffiens. Cette marche
fe fit fur trois colones , dans le même ordre où les
troupes étoient campées ; la colonne de la gauche
étoit formée de la premiere ligne , celle du
centre de la réſerve , & celle de la droite de la feconde
ligne.
Lorfque l'armée eut dépaffé le flanc gauche de
Pennemi , on fit halte vers les deux heures aprèsmidi
, & les deux Généraux ayant pris la réfolution
d'attaquer , on continua la marche en abaiffant
la droite , pour le mettre en bataille en
équerre fur le flanc gauche de l'armée Pruffienne .
Jufques-là l'ennemi étoit reſté dans fon camp ,
mais dans le moment on le vit détendre fes tentes,
monter à cheval , fe mettre en bataille & marcher
par fa gauche fur le même front par lequel on fe
préfentoit à lui ; le tout avec une fi grande promp
ritude , que toute fa cavalerie , compofée de
quarante efcadrons , ayant été quelque temps à
couvert d'un rideau , fe trouva tout d'un coup
avoir dépaffé celle de l'Empire , qui fermoit l'aîle
droite de l'armée combinée , & la chargea en
en flanc avant qu'elle eût pu fe déployer devant
elle.
Le Prince de Soubife n'eut le temps que de raffembler
la cavalerie de la réferve , compotée de
dix efcadrons des régimens de Penthievre , Saluces
, Lameth , Lufignan & De cars , qui fe formerent
en potence dans l'intervalle entre les deux
lignes . I foutint à la tête de cette cavalerie
l'effort de la premiere ligne de celle des Pruffiens
, qui fut auffi repouffée par les cuiraffiers
184 MERCURE DE FRANCE.
Autrichiens ; mais il ne put réfifter à la feconde
ligné. Huit efcadrons des régimens de Bourbon
de Bauvilliers , de Fitz -James & de Raugrave , tirés
de l'aile gauche , rétablirent le combat pendant
quelques momens , & enfuite furent obligés
de céder de même à la fupériorité du nombre.
Pendant cette charge de cavalerie , la gauche
de l'infanterie Pruffienne avoit gagné le flanc
droit de celle de l'armée combinée . Nos bataillons
, qui s'étoient formés en colonne , ne pouvant
foutenir le feu de l'artillerie & de la moufqueterie
des Pruffiens , furent alors obligés de
plier,&entraînerent le refte des deux lignes . M.lé
Comte de Saint-Germain , qui arriva dans cette
conjoncture , favorifa la retraite qui fe fit fur
Freybourg, où l'armée repafla, pendant la nuit, à
la gauche de l'Unftrutt , fans être pourſuivie .
Le 6 l'armée de l'Empire marcha à Kofen ,
pour fe retirer fur Arnftatt , & celle de France
s'en fépara pour fe rapprocher des quartiers de
l'armée du Maréchal Duc de Richelieu par Laucha
, Saxembourg , Northaufen & Duderſtatt ,
où elle eft arriée le 14.
On ne peut dire au jufte la perte que l'armée
Françoile a faite en cette occafion , parce qu'il y
revient journellement des Officiers & des Soldats
par bandes ; mais il paroît qu'elle ne fera pas
à beaucoup près auffi confidérable qu'on l'avoit
cru d'abord
JANVIER. 1758. 185
a
Lifte des Officiers tués , bleffés , prisonniers , ou
dont on ignore le fort , des Régimens qui fe font
trouvés à la bataille dus Novembre , & qui ne
font pas compris dans la lifte du 19 de ce mois ,
parce qu'on n'avoit point alors reçu les états détaillés
des Régimens.
Régiment de Piedmont. Colonel . M. Le Comte
Defparbès , bleffé . Lieutenant-Colonel. M. de
Creft , bleffé & prifonnier . Commandans de Bataillon
. MM. de la Corderie & Sermont , bleffés
& prifonniers, M. Defplaffes , manque. Major:
M. Broca , bleflé . Aides- Majors. MM . Malaru &
Bagnon , bleffés . M. de la Chevalerie , bleffé & prifonnier.
Capitaines de Grenadiers . M. Malaufat ,
bleffé & prifonnier. M. Darmiffan manque.
Capitaines. MM. Marans , Noblet , la Lauremie
, Beauregard , Fondras. , tués. MM. Flavi
gny , Mondenard , Grely , Dragoue , Braffant ,
Chevalier de Montaut , Mondenart , de Bieve ,
la Touche , Chevalier de Tilly , Dupleffis ,
Freftomdam , bleffés . MM. Bretigny , la Combe,
Marigny , du Vergier , Tilly , Brugaflargues ,
de Mons , Bezançon , Verneuil , Rachaife ,
Baubert , Pafcal , Duvallon , Boifſfondain , la
Perrere , Dauffonnes , bleffés & prifonniers.
MM. Darmiffan , la Papotiere , David , Duclufelle
, Montaut , Dumans , & Valoir , manquent.
Lieutenans . M. le Chevalier de Montaud, M. Lefpare
& M. le Chevalier de Batquier tués.
MM. Meſnard , la Foreftille , Dadriffard , Fontaine
, Chevalier de Ponfargues , Colonſbié , Ravifict
, & Lecuyer , bleifés . MM. Leharivel ,
Faure , Rabignan , Daliat , Kardavant , Biufort,
Langlade , Barer , & Saint-Serdos , bleffts &
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prifonniers. MM. Martillon , Pernon , Pelifferey
, Sairigné , Montaclard , & Peliot Maître
de mathématiques , manquent . Régiment de Royal
Rouffillon . Capitaines de Grenadiers . M Delons ,
bleffe . Lieutenans . M. Soreau , tleflé . Régiment de
Caftellas , Suiffe . Lieutenant - Colonel . M. Diefenthaler
, bleflé & prifonnier Capitaines de Crenadiers
.M. Reich , tué. M. Waldener bleflé . Lieutenans.
M. Muller , tué . , M. Krieg , bleflé . Régiment de
Planta , Suiffe. Lieutenant- Colonel . M. Darbon
nier , bleffé & prifonnier . Commandant de Bataillon.
M Joflaud , bleffé & prifonnier. M. Arder ,
manque. Aide-Major M. Viclandt manque. Capitaines
de Grenadiers . MM . Grenut , & Affleger
bleffés & prifonniers. Capitaines. MM. Turtin ,
Gallatin, Bertenfchalg , Boufcard & Faller , bleffés
& prifonniers. Lieutenans. MM . Defgranges
Hoeclin , Reynald , Fatis, Ceberg & Chriftin ,
bleffés & prifonniers . Régiment de Reding , Suif
fe. Capitaines. MM. Reynold & Montaudon
bleffés. MM . Schatzel & Witz , bleffés & prifonniers.
Lieutenans. MM. d'Entrague , & Baumain
, bleffés . MM . Geutil , Techiemain , Gau-.
guin , & Odelieu , bleffés & prifonniers . M. Muller,
manque. Régiment de Salis , Grifon. Capitaine.
M. Caftelberg , tué . Enfeigne. M. Scouhe manque.
Régiment de Touraine . Lieutenans. M. de
Moyencourt , bleffé & prifonnier . Régiment de
Saint Germain. Lieutenans. M. Bitremant , bleflé
& prifonnier.
•
Officiers qui étoient marqués dans la derniere feuille
comme manquans , & qu'on a appris depuis êtra
prifonniers , & dont la plupart font bleſsés.
Régiment de Mailly. Lieutenant- Colonel . M. de
Boifrenard. Capitaines . MM. Montbel , l'aîné ,
JANVIER. 1758. 187
>
Garcigny , Vilhaut , Chevalier de Montbel ,
Boilrenault , Coquebert , M. Treville , Capitai
ne Aide-Major , & la Motte. M. Catenay , Capitaine
, dont on n'avoit point encore fait mention
, prifonnier. M. Rouani , Lieutenant. Régiment
de Poitou. M. de Saint - Mefinin , Commandant
de Bataillon . M. du Roffart , Capitaine Aide-
Major. MM. de Muffan , de Pally , Fontenaille
Dangé , des Anfiers , Sorelle , Galleou , Capitaines
, prifonniers ; ainfi que MM . Sablo & Pichon
, dont on ignoroit le fort. Lieutenans. MM.
d'Aldeguier , du Perrete , Ding , Leroy, & Saint-
Oin , prifonniers , ainfi que MM. la Montafe ,
du Rougeat , & de Laure , dont on n'avoit pas encore
fait mention . Régiment de Saint Chamont.
Capitaines. MM . de la Mothe , & Chatelier , qui
n'étoient pas dans la premiere lifte , & MM.
Droify , de Malhautier, Montignac , Chevalier de
Vignier , & de Saint- Florent . Lieutenans . MM . de
la Grolée , de Bo flambert , de Buffan , & Bouret
. Régiment de Rohan. Capitaines. MM . de Wolbock
, & Coquerel. Lieutenans. MM. la Live &
Liffac , qui n'étoient point dans la derniere feuille .
Regiment de Beauvoifis. Capitaines, MM . la Molere
, Champau , du Bourdet , du Lignon , & de
Fougeres. Aide- Major. M. Raoult. Lieutenans.
MM . Rozan , la Roque , & Peignefort . Régi .
ment de Briffac. Colonel. M. le Duc de Coffé. Lientenant-
Colonel. M. de Mauclerc. Capitaine . M.
Bonneval. Lieutenant. M. Morel . Régiment de
Provence. Lieutenant -Colonel. M. Durivier. Ca
pitaines. MM. Thioumon , de Teffot , Dutertre ,
de Varignan , Thuifi , & Eclapier , qui n'étoient
dans la derniere feuille . Lieutenans . MM. Iffambon
, & de Romas , qui n'étoient pas dans
la derniere lifte. Régiment de Vittmer , Suiffe.
pas
188 MERCURE DE FRANCE.
>
Commandant de Bataillon. M. Gallati . Capitaines.
MM. Suriet , Perier , Zeng , & Reynoldt. Lieu
tenans. MM. de Gallati , Dilleny , Bayard &
Jacobel Régiment de Diefback , Suiffe . Capitaines.
MM. Balthazard , & de Borard , dont le dernier
n'étoit pas dans la précédente lifte . Lieutenant.
M. de Nervoft , & l'Aumonier du Régiment
Régiment de la Marck. Capitaines. MM. Deyrolles
, Trichard , des Baraux , de Munlt l'aîné
Delefnau , qui n'étoit pas dans la derniere feuille ,
Dufort , Liotey , Grandchamp , & Dehauffen.
Lieutenans. MM. Bramion & Scitz .
CAVALERIE.
Régiment de la Reine. Major . M. le Chevalier
de Galifet. Régiment de Bourbon. Capitaines. MM.
de Chanay & Chambon. M. la Bare , Cornette.
Régiment de Penthievre. Colonel. M. le Comte
de Saluce , bleffé & prifonnier . Capitaines. M. le
Marquis de Langle , MM . Lardevoin , & Traverlay.
Lieutenans. MM. du Breuil , & de Gay ,
bleffé & prifonnier , qui n'étoit pas dans la derniere
feuille. MM . de Geraldin , Major , & du
Saillon , Cornette , bleflés & reftés à Yena , d'où
l'on compte qu'ils rejoindront inceffamment . Ré
giment de Lufignan. Capitaines. M. de Real & Circey
, bleffés & prifonniers . M. de Janfon , Liextenant.
Régiment de Beauvilliers . Colonel . M. le
Duc de Beauvilliers . Lieutenant. M. de la Buifiere.
Cornettes. MM. Echoupe & de Luigny . Régiment
deLameth.Lieutenant -Colonel.M . Monjouvan.Capitaines.
MM . de Contriffon, Dancreville , & Frednand.
Régiment de Saluces. Colonel. M. le Marquis
de Saluces. Capitaine . MM . Cauzet , Flogny , Caftelnau,
& Fautrieres , bleffés & prifonniers. Lieute
nans . MM. la Fond , Mordal , & Lepant. M. de la
>
JANVIER. 1758. 189
.
Faye , Cornette. Régiment de Filtz -James. M. Nugent
, Capitaine. M. Coulahan , Lieutenant . M.
de Mores , Cornette. Frifonniers non Militaires.
M. Martinfort , Directeur des vivres , & fon domeftique.
N. Monget , Commis des vivres . Un
Boulanger des vivres.
On a oublié dans la premiere lifte d'employer
comme prifonnier M. le Chevalier d'Ailly , Maréchal
de camp.
M. le Chevalier des Bares , Capitaine au Régiment
Defcars Cavalerie , mis au nombre des
Officiers tués , a donné de fes nouvelles . Il eft
prifonnier & bleffé de douze coups de fabre.
Le Roi a difpofé en faveur de M. le Vicomte de
Choifeul , du Régiment de Poitou , vacant par la
mort de M. le Comte de Revel.
Du Régiment Royal-Barrois , vacant par la
mort de M. le Comte de Baffompierre , en faveur
de M. le Marquis de Baffompierre , fon pere ,
Brigadier des armées du Roi , & Sous- Lieutenant
des Chevaux- Légers d'Orléans,
De trois places de Colonels dans le Régiment
des Grenadiers de France , en faveur de M. le
Comte de la Fayette , Capitaine réformé à la fuite
du régiment de Cavalerie de la Rochefoucault ,
de M. le Comte de Danois , Capitaine réformé á
la fuire du régiment Royal de Cravates ; & de
M. le Comte de Broglie , Enfeigne dans le régiment
de Poitou :
Et de deux Guidons vacans dans la Gendarmerie;
l'un en faveur de M. le Comte de Noé , Capitaine
réformé à la fuite du régiment de Cavalerie de la
Viefville ; l'autre pour N, le Marquis de Crenolles,
Lieutenant dans le régiment du Roi Infanterie.
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Résumé : Détail de la bataille donnée le 5 Novembre entre l'armée combinée de l'Empire & de France, & l'armée Prussienne, avec la liste des Officiers non compris dans celle du 19 de ce mois.
Du 23 octobre au 5 novembre, l'armée combinée de l'Empire et de la France, renforcée par des troupes du Duc de Broglie, affronta l'armée prussienne. Après plusieurs manœuvres, les deux armées se retrouvèrent près de Weissenfels. Le 3 novembre, les Prussiens traversèrent la Saale, et les préparatifs pour la bataille commencèrent. Le 5 novembre, la bataille éclata. Les Prussiens repoussèrent la cavalerie combinée et gagnèrent le flanc droit, forçant les bataillons à se replier. L'armée combinée se retira à Freybourg, puis traversa l'Unstrutt sans être poursuivie. Le 6 novembre, l'armée de l'Empire se retira vers Arnstadt, tandis que l'armée française se rapprocha des quartiers du Maréchal Duc de Richelieu. La bataille entraîna des pertes significatives, avec une liste publiée des officiers tués, blessés, prisonniers ou manquants. Les régiments affectés incluaient ceux de Piedmont, Royal-Roussillon, Castellas, Planta, Reding, Salis, Touraine, Saint-Germain, Mailly, Poitou, Saint-Chamont, Rohan, Beauvoisis, Brissac, Provence, Diesbach, La Marck, et plusieurs régiments de cavalerie. Certains officiers initialement portés disparus furent ensuite confirmés comme prisonniers. Par ailleurs, plusieurs nominations et promotions furent annoncées au sein de l'armée française. Le Régiment Royal-Barrois, vacant après le décès du Comte de Baffompierre, fut attribué au Marquis de Baffompierre. Trois places de Colonels dans le Régiment des Grenadiers de France furent attribuées au Comte de la Fayette, au Comte de Danois et au Comte de Broglie. Deux guidons vacants dans la Gendarmerie furent attribués au Comte de Noé et au Marquis de Crenolles.
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99
p. 15-19
ODE SUR LA PAIX.
Début :
DEs antres glacés de l'Ourse, [...]
Mots clefs :
Paix, Plaisirs, Enfants, France
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texteReconnaissance textuelle : ODE SUR LA PAIX.
ODE SUR LA PAIX.
DESEs antres glacés de l'Ourſe
Borée , au fein du Printemps ,
Vient fouvent tarir la fource ,
Qui fertilife nos champs .
L'on voit fécher la verdure
Et les fruits encore en fleur :
Tout languit , & la Nature
Semble expirer de douleur.
Le Cultivateur foupire ;
Et Dieu fait vers les enfans
Sur les aîles du Zéphire
Planer de riches torrens ;
Leurs eaux forment une voute
Qui pour combler nos defirs ,
Nous diftile goute- à- goute
L'abondance & les plaifirs.
16 MERCURE DE FRANCE.
Tel le plus tendre des Pères
Et le plus humain des Rois ,
Louis ! qui de nos mifères
Plus que nous reffent le poids ,
Brulant de rendre la France
Heureufe par fes bienfaits ,
Y fait voler l'opulence
Sur les aîles de la Paix.
Peuples calmez vos allarmes ;
Ce grand Roi peut aujourd'hui
Quitter ces funeftes Armes ,
Qu'il prit toujours malgré lui .
A vos compagnes ſi chères
Volez , fidéles Epoux ;
Près de vos tremblantes mères
Chers Enfans raffemblez-vous.
Puiffe à jamais dans la France
Vivre comblé de faveurs ,
Ce Sage que fa prudence
Vient de graver dans nos coeurs !
De fon Maître pacifique ,
Faifant refpecter la voix ,
Sa profonde politique
Triomphe des plus grands Rois.
Riche , dont la main avare
Enfouit fecrettement ,
JANVIER. 1763. 17
Cet or que tu rends fi rare
Pour le Public indigent ;
Ne crains plus qu'on te l'enléve
Pour en nourrir le Soldat ; *
Laiffe circuler la féve
Qui fera fleurir l'Etat.
Mais quel merveilleux ſpectacle
Vient exciter mes tranſports ?
Mille vaiffeaux fans obſtacles
Quittent nos pailibles bords.
Bravant d'un oeil intrépide
La fureur des élémens ,
Je les vois d'un vol rapide
Fendre les flots écumans.
**
Que le poifon de l'Envie
Ne fafcine plus vos yeux ,
Fiers Difciples d'Uranie ,
Pilotes chéris des Cieux :
Cet Etre puilfant & ſage
Qui nous commande la Paix ,
Peut fans dépouiller CARTHAGE ,
Combler ROME de bienfaits.
O délices de la Tèrre ,
Douce & raviflante Paix ,
* Cette injufte crainte a toujours été le honteux appana
ge de l'avarice.
** Les Anglois.
18 MERCURE DE FRANCE.
Peut-on préférer la Guèrre ,
A res folides attraits ?
Toujours les Palmes fanglantes ,
S'acherent par des ſoupirs ;
Tes mains toujours bienfaiſantes
Sement partout les plaifirs.
Je les vois avec les graces ,
Les jeux , les aimables ris ,
Naître en foule fur tes traces
Et charmer tous lesfoucis ;
Les Arts pour les faire éclore
N'attendoient que tes faveurs;
Telle des pleurs de l'Aurore
La Tèrre engendre des fleurs.
Tendres Enfans du Génie ,
B- AUX- ARTS , éífuyez vos yeux ;
Ne craignez plus la furie
Du Soldat victorieux :
Dans les fers de l'indigence
Ne craignez plus de languir ;
Arrofés par l'opulence
Vos beaux jours vont refleurir.
Et toi qu'un noble délire
Rendit l'émule des Dieux ,
Génie , au feu qui m'inſpire
Viens rallumer tous tes feux !
JANVIER. 1763. 19
Viens par l'éclat de tes flâmes ,
Faire briller les talens ,
Et pour embrâfer nos âmes ,
Viens enchanter tous nos fens .
GRAND ROI , dont les mains propices
Nous ont fait un fort fi doux ,
Et qui faites vos délices
Des biens répandus fur nous ;
Puille une gloire immortelle
Dans la fource des plaifirs ,
D'une douceur éternelle
Combler vos fages defirs !
DESBORDES.
DESEs antres glacés de l'Ourſe
Borée , au fein du Printemps ,
Vient fouvent tarir la fource ,
Qui fertilife nos champs .
L'on voit fécher la verdure
Et les fruits encore en fleur :
Tout languit , & la Nature
Semble expirer de douleur.
Le Cultivateur foupire ;
Et Dieu fait vers les enfans
Sur les aîles du Zéphire
Planer de riches torrens ;
Leurs eaux forment une voute
Qui pour combler nos defirs ,
Nous diftile goute- à- goute
L'abondance & les plaifirs.
16 MERCURE DE FRANCE.
Tel le plus tendre des Pères
Et le plus humain des Rois ,
Louis ! qui de nos mifères
Plus que nous reffent le poids ,
Brulant de rendre la France
Heureufe par fes bienfaits ,
Y fait voler l'opulence
Sur les aîles de la Paix.
Peuples calmez vos allarmes ;
Ce grand Roi peut aujourd'hui
Quitter ces funeftes Armes ,
Qu'il prit toujours malgré lui .
A vos compagnes ſi chères
Volez , fidéles Epoux ;
Près de vos tremblantes mères
Chers Enfans raffemblez-vous.
Puiffe à jamais dans la France
Vivre comblé de faveurs ,
Ce Sage que fa prudence
Vient de graver dans nos coeurs !
De fon Maître pacifique ,
Faifant refpecter la voix ,
Sa profonde politique
Triomphe des plus grands Rois.
Riche , dont la main avare
Enfouit fecrettement ,
JANVIER. 1763. 17
Cet or que tu rends fi rare
Pour le Public indigent ;
Ne crains plus qu'on te l'enléve
Pour en nourrir le Soldat ; *
Laiffe circuler la féve
Qui fera fleurir l'Etat.
Mais quel merveilleux ſpectacle
Vient exciter mes tranſports ?
Mille vaiffeaux fans obſtacles
Quittent nos pailibles bords.
Bravant d'un oeil intrépide
La fureur des élémens ,
Je les vois d'un vol rapide
Fendre les flots écumans.
**
Que le poifon de l'Envie
Ne fafcine plus vos yeux ,
Fiers Difciples d'Uranie ,
Pilotes chéris des Cieux :
Cet Etre puilfant & ſage
Qui nous commande la Paix ,
Peut fans dépouiller CARTHAGE ,
Combler ROME de bienfaits.
O délices de la Tèrre ,
Douce & raviflante Paix ,
* Cette injufte crainte a toujours été le honteux appana
ge de l'avarice.
** Les Anglois.
18 MERCURE DE FRANCE.
Peut-on préférer la Guèrre ,
A res folides attraits ?
Toujours les Palmes fanglantes ,
S'acherent par des ſoupirs ;
Tes mains toujours bienfaiſantes
Sement partout les plaifirs.
Je les vois avec les graces ,
Les jeux , les aimables ris ,
Naître en foule fur tes traces
Et charmer tous lesfoucis ;
Les Arts pour les faire éclore
N'attendoient que tes faveurs;
Telle des pleurs de l'Aurore
La Tèrre engendre des fleurs.
Tendres Enfans du Génie ,
B- AUX- ARTS , éífuyez vos yeux ;
Ne craignez plus la furie
Du Soldat victorieux :
Dans les fers de l'indigence
Ne craignez plus de languir ;
Arrofés par l'opulence
Vos beaux jours vont refleurir.
Et toi qu'un noble délire
Rendit l'émule des Dieux ,
Génie , au feu qui m'inſpire
Viens rallumer tous tes feux !
JANVIER. 1763. 19
Viens par l'éclat de tes flâmes ,
Faire briller les talens ,
Et pour embrâfer nos âmes ,
Viens enchanter tous nos fens .
GRAND ROI , dont les mains propices
Nous ont fait un fort fi doux ,
Et qui faites vos délices
Des biens répandus fur nous ;
Puille une gloire immortelle
Dans la fource des plaifirs ,
D'une douceur éternelle
Combler vos fages defirs !
DESBORDES.
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Résumé : ODE SUR LA PAIX.
L'ode sur la paix célèbre la fin des conflits et les bienfaits de la paix en France. Elle décrit les effets bénéfiques du printemps, qui fertilise les champs et permet la croissance des cultures, contrastant avec les périodes de froid et de stérilité. Le texte loue Louis, le roi de France, pour ses efforts en faveur de la paix et de la prospérité, soulignant que ses actions permettent à la France de connaître l'opulence et la tranquillité. Le poème invite les peuples à se rassembler et à profiter de cette période de paix, mettant en avant les avantages économiques et sociaux qu'elle apporte. Il mentionne également la circulation des richesses et le développement des arts, encouragés par la paix. Enfin, il exalte le roi pour ses actions bienfaisantes et souhaite une gloire immortelle pour ses contributions à la prospérité et au bonheur du peuple.
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100
p. 19-42
LES QUIPROQUO, OU Tous furent contens. NOUVELLE.
Début :
A PEINE Damon fut épris de Lucile, que déja il lui avoit dit cent fois : je vous [...]
Mots clefs :
Marquise , France, Amour, Doute, Rival, Silence, Embarras, Quiproquo
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LES QUIPROQUO, OU Tous furent contens. NOUVELLE.
LES QUIPRO QUO ,
O U
Tous furent contens.
NOUVELLE.
PEINE Damon fut épris de Lucile ,
que déja il lui avoit dit cent fois : je vous
aime. Six mois après que Lucile aimoit
Damon , elle ne le lui difoit pas encore .
D'où provenoit une conduite fi oppofée
? D'une oppofition de caractère en20
MERCURE DE FRANCE.
,
core plus grande. Damon étoit vif , impétueux
, impatient , plutôt tourmenté
qu'occupé de ce qu'il projettoit . Lucile
étoit douce , modérée , timide , affervie
à certains confeils qui la dirigeoient
impérieuſement. Elle étoit née tendre
mais elle fçavoit ne paroître que fenfible
; elle fçavoit même encore mitiger
ces apparences de fenfibilité. Tant de
retenue mettoit Damon hors de lui - même.
Non difoit-il , jamais on ne porta
l'indifférence auffi loin ; c'eft un marbre
que rien ne peut échauffer! Oublions Lucile
, & formons quelque intrigue beaucoup
plus fatisfaifante qu'un amour métaphyfique
& fuivi . Il étoit fortifié dans
ces idées par Dorval , jeune homme àpeu-
près de même âge , mais infiniment
plus expérimenté que lui . Dorval étoit
devenu petit-maître par fyftême autant
que par goût. Il en préféroit le ton à
tout autre , parce qu'il le croyoit le plus
propre à tout faire paffer. Il aimoit à
donner un air d'importance à des bagatelles
, & un air de bagatelle aux chofes
les plus importantes. Il s'occupoit auffi
volontiers des unes que des autres ; &
étoit capable , tout à la fois , d'actions
fublimes , de procédés bifarres & de
menües tracafferies. Il confervoit une
JANVIER . 1763 .
21
humeur toujours égale , parce qu'il ignoroit
les paffions vives ; & , ce qui n'eſt
pas moins rare , il excufoit le contraire
dans autrui. Damon étoit plus réfléchi
en apparence , & , peut-être , au fonds
moins folide . Son férieux étoit plus triſte
que philofophique. Une feule paffion
fuffifoit pour abforber toutes fes idées ;
& fes idées n'étoient fouvent que frivoles
. En un mot , il reftoit peu de chemin
à faire au Philofophe pour devenir
Petit - maître , & au Petit- maître pour
devenir Philofophe.
C'étoit auffi ce dernier qui dirigeoit
l'autre. Quoi ! Lui difoit ce prétendu
Mentor , tu te laiffes gouverner par un
enfant ? pour moi je gouverne jufqu'aux
Douairières les moins dociles & les plus
rufées . Le temps n'eft plus où l'on vieilliffoit
à ébaucher une intrigue. Les rives
de la Seine différent en tous points de
celles du Lignon , Crois - moi , voltige
quelque temps & me laiffe le foin de
former l'innocente Lucile. Mais Damon
ne vouloit point d'un pareil précepteur
auprès de fa Maîtreffe . Il aimoit , &
par cette raiſon , étoit un peujaloux . Il
avoit d'ailleurs affez bonne opinion
de lui-même , pour efpérer de vaincre
enfin la timidité de Lucile ; car il avoit
,
22 MERCURE
DE FRANCE
.
peine à fe perfuader qu'elle pût être indifférente.
<
Mais cette timidité vaincue , Damon
eût encore trouvé d'autres obftacles .
Lucile vivoit à une petite diftance de
Paris , fous la tutelle d'une tante qui , à
quarante ans, confervoit toutes les prétentions
qu'elle eut à vingt , & vouloit
que fa niéce n'en eût aucune à feize .
Tout homme eft trompeur , lui difoitelle
, ou ne peut manquer de le devenir.
Croyez-en mon expérience , & fuyczen
la trifte épreuve . Ce difcours , ou
quelque autre équivalent à celui – là ,
étoit fi fouvent répété, qu'il impatientoit
Lucile , toute modérée que la Nature l'eût
fait naître. Cependant il faifoit une vive
impreflion fur fon âme. Il faut bien en
croire ma tante , difoit- elle triftement !
elle eft plus inftruite que moi fur ces
fortes de matières . Elle a fans doute
été bien des fois trompée , ( ce qui étoit
vrai ) mais , fans doute , ajoutoit Lucile,
qu'elle ne le fera plus. Or , en cela
Lucile fe trompoit elle-même.
Cinthie ( c'est le nom qu'il faut donner
ic à cette tante ) avoit des vues fecrettes
fur Damon ; je dis fecrettes , par
la raifon qu'elle ne vouloit point que -
Dorval en prit ombrage. Elle croyoit
JANVIER. 1763. 23
tenir ce dernier dans fes liens , parce
qu'il avoit la complaifance de le lui laiffer
croire . Mais elle le trouvoit un peu
trop diffipé : elle fe fut mieux accommodé
du férieux apparent de Damon.
C'eſt-là ce qui la portoit à envier cette
conquête à fa niéce. Auffi leur laiffoitelle
rarement l'occafion de s'entretenir
feuls. Elle étoit préfente à prèfque toutes
leurs entrevues ; ce qui mettoit l'impatient
Damon hors de lui -même . A peine
répondoit- il aux queftions qu'elle fe
plaifoit à lui faire. Il ne parloit que pour
Lucile & ne regardoit qu'elle mais
Lucile, les yeux baiffés , n'ofoit pas même
regarder Damon . Elle écoutoit , fe taifoit
, trouvoit Damon fort aimable &
fa tante fort ennuyeufe .
Les pauvres enfans ! Difoit un jour
Dorval , en lui - même ils ont mille
chofes à fe dire , & ne peuvent fe parler.
Peut-être n'en diront -ils pas davantage ;
mais n'importe , il faut , du moins , les
mettre à portée de foupirer à leur aife.
Il y réuffit . Ayant imaginé un prétexte
qui oblige Cinthie à s'éloigner , il laiffe
lui-même les deux amans tête- à - tête.
Lucile étoit contente , mais interdite.
Pour Damon il ne perdoit pas fi facilement
la parole. Il vouloit déterminer
24 MERCURE DE FRANCE .
Lucile à s'expliquer nettement ; & de fon
côté , elle fe propofoit bien de n'en
rień faire . Elle parut même vouloir s'éloigner
aux premiers mots que Damon
lui adreffa. Il la retint & ne fit qu'accroître
fon trouble . Serez - vous donc
toujours infenfible , ou diffimulée ? lui
difoit-il. Quoi ! pas un mot qui puiffe
me fatisfaire , ou me raffurer ? Vous
raffurer ! reprit naïvement Lucile . Eh
mais ! ...croyez vous que je fois bien raffureé
moi-même ? ... Dites moi le fujet de
vos craintes ? ... Je l'ignore : mais quel
peut être celui des vôtres ? ... Je crains
que vous ne m'aimiez pas. Lucile rougit
& ne répondit rien . Parlons fans feinte ,
ajoutoit Damon , & fouffrez que je
m'explique fans détour : je vous aime
charmante Lucile .... Oh ! reprenoitelle
, je ne veux pas que vous me le difiez
! ... Mais , ingrate ! vous ne m'aimez
donc pas ? ... Je ne fuis pas ingrate ....
Vous m'aimez donc ? je n'ai point dit
cela . Ciel ! ... s'écria l'emporté Damon
je le vois trop , ma préfence vous eft
à charge , il faut vous en délivrer : il
faut renoncer à vous pour jamais. A
ces mots Lucile changea de couleur ,
baiffa la vue , & refta interdite . Son
filence étoit très - éloquent. Tout autre
que
JANVIER. 1763. 25
que Damon fut tombé à fes genoux ;
mais il vouloir quelque chofe de plus
qu'un aveu tacite ; il vouloit que la
timide , la douce , la tendre Lucile
s'expliquât fans réſerve , & mît dans
fes difcours autant d'impétuofiité que
lui - même . Heureufement Cinthie vint
la tirer d'embarras. Ce fut peut- être là
l'unique fois que fon arrivée caufa
quelque joie à fa niéce . Pour Damon ,
il ne put diffimuler la mauvaiſe humeur
qui le dominoit : ce qui donna beaucoup
de fatisfaction à Cinthie.
En vérité , difoit Lucile en elle- même
, Damon fe comporte finguliérement.
Que veut- il de plus ? N'en ai-je
pas déja trop dit ? Ne peut-il rien deviner
? Ah ! fans doute , il veut m'entendre
lui dire que je l'aime pour ne plus
l'écouter par la fuite. Hé bien ! il l'apprendra
fi tard que du moins il le defirera
longtemps. Ma tante me l'a dit cent
fois , les hommes n'aiment qu'eux , &
ne veulent être aimés que pour eux,que
pour fatisfaire leur amour-propre . En
vérité , ma tante a bien raifon !
Dorval s'étoit bien apperçu que le
tête-à-tête qu'il avoit procuré au jeune
couple avoit été perdu à difputer. C'est
toujours un pas vers la conclufion
, di-
I. Vol.
B
26 MERCURE DE FRANCE .
fait- il ; une rixe , en amour , vaut mieux
que le filence. Mais Damon ne calculoit
pas ainfi . Obligé de fe contraindre en
préfence de Cinthie , il ne put longtems
foutenir cette épreuve. Il part fous un
faux prétexte & fe retire chez lui . Là ,
il fe livre aux réfléxions les plus emportées.
Un obftacle étoit pour lui un fupplice
: Il lui êtoit le repos , F'appétit &
la raifon . Celui-ci lui ôta jufqu'à la
fanté. Il n'auroit pas été affez patient
pour fuppofer trois jours des maladies ;
il fut réellement faifi d'une fiévre
qui le retint beaucoup plus longtems
chez lui. Dorval le trouva dans cette fituation
& fut très - furpris d'en apprendre
la caufe. N'eft- ce que cela ? lui ditil
, d'un ton ironique ; j'entreprends cette
cure. J'irai parler à ton inhumaine , je
lui peindrai ton amoureux défefpoir.
Ce n'eft plus de nos jours l'ufage d'être
inéxorable. Je fuis für que Lucile fera
des veux pour ta fanté & ta perfévérance
.
Damon fut plutôt piqué que confolé
par ce Difcours. Je ne veux point de
toi pour médiateur , difoit-il à Dorval;
de pareils agens ne travaillent guère que
pour eux-mêmes. Continue à voltiger
& laiffe-moi aimer à ma mode ; furtout
JANVIER . 1763. 27
point de concurrence. Oh ! ne crains
rien , reprit Dorval. Lucile eft fort aimable
; mais je n'aime que quand &
autant que je veux. Je te promets de ne
devenir ton rival qu'au cas que tu ayes
befoin d'un vengeur. Damon voulut répondre
; mais Dorval avoit déja diſparu.
L'abfence de Damon étonnoit beaucoup
Cinthie , & affligeoit encore plus
fa niéce. Lucile regardoit cette abſence
comme une preuve de légéreté ; elle
s'applaudiffoit triftement de n'avoir
point laiffé échapper l'aveu que Damon
avoit voulu lui arracher. Que feroit- ce ,
difoit-elle , s'il étoit certain de fon triomphe
, puifque n'en étant fûr qu'à demi
il vole déja à de nouvelles conquêtes ?
En vérité, ma tante a bien raifon ! L'inf
tant d'après furvient Dorval , qui lui apprend
que Damon eft affez enfant pour
être malade , qu'il féche , qu'il languit ,
confumé par l'amour & la fiévre. Ce
récit allarme & touche vivement la tendre
Lucile. Elle paroît un inftant douter
du fait ; mais ce n'eft que pour mieux
s'en affurer, & Dorval le lui affirme de
manière à l'en convaincre. Il n'eft pourtant
pas vrai , difoit Lucile en elle- même
, que Damon foit inconftant & qu'il
n'aime que lui ; on n'eſt point touché de
Bij
28 MERCURE DE FRANCE.
la forte de ce qu'on ne defire que par
vanité. Mais ces réfléxions ne fervoient
qu'à rendre fa perplexité plus grande .
Elle n'entrevoyoit d'ailleurs aucun
moyen de raffurer Damon. Elle continuoit
à garder le filence. Dorval que
rien n'embarraffoit , & qui prenoit toujours
le ton le plus propre à fauver aux
autres tout embarras , éxhorte Lucile à
réparer le mal qu'elle a fait. Quel, mal ?
Lui demanda-t-elle..... Celui d'avoirconduit
le fidéle Damon au bord de la
tombe....Qui ? Moi ! ... Vous-même .
C'est un homicide dont vous voilà chargée.
Croyez -moi , écrivez à ce pauvre
moribond , ordonnez -lui de vivre. Il eſt
trop votre esclave pour ofer vous défobéir
! ... Oh ! pour moi , je n'écrirai
point... Il le faut .... Mais , Monfieur
fongez - vous bien à la démarche que
vous faites ? ... N'en doutez-pas . C'eft
un trait d'Héroïsme qui doit fervir d'éxemple
à la postérité. Je voudrois pouvoir
y tranfmettre vos charmes , elle jugeroit
encore mieux de la grandeur du
facrifice . Au furplus , je ne prétends pas
faire de tels prodiges en vain . Ou déterminez
-vous à aimer , à confoler Da
mon , ou fouffrez que je vous aime,
L'alternative parut des plus fingulie
JANVIER. 1763. 29
pas
res à Lucile. Cependant elle n'héfitoit
fur le choix : elle ne balançoir que
fur la démarche où Dorval prétendoit
l'engager. Ce feroit , difoit Lucile en
fon âme , ce feroit bien mal profiter
des avis de ma tante . Quoi ! Ecrire
tandis qu'elle me défend de parler ?
Mais , après tout , fi le doute où je laiffe
Damon eft la feule caufe de fa maladie
; fi un mot peut le guérir ? Si faute
de ce mot fon mal augmente ? Que
n'aurois- je pas à me reprocher ? Que ne
me reprocherois je pas ? ... En vérité ,
ma tante pourroit bien avoir tort .
Dorval devinoit une partie de ce qui
fe paffoit dans l'âme de Lucile. Le temps
preffe , lui dit- il ; chaque minute pourfoit
diminuer mon zéle , & augmente à
coup für le mal de Damon . Mais , Montfieur
, reprenoit Lucile que voulezvous
que j'écrive ? ... Ce que le coeur
vous dictera ; que la main ne faffe qu'obéir
, & tout ira bien .... Oh ! je vous
protefte que mon coeur ne s'eft encore
expliqué pour perfonne ..... Il s'expliquera.....
Point du tout , reprit Lucile
toute troublée , je ne fais par où
commencer .... Je vois bien , s'écria
Dorval , qu'il faut m'immoler fans réferve
. Hé bien ! Ecrivez , je vais dicter.
B iij
30 MERCURE DE FRANCE.
Lucile prit la plume en tremblant , &
Dorval lui dicta ce qui fuit :
Votre abfence m'inquiétoit , & cepen
dant , j'en ignorois la vraie caufe . Maintenant
que je la fais , cette inquiétude
redouble ...
Mais ; Monfieur , interrompit Lucile
, après toutefois , avoir écrit , cela
n'eft- il pas bien fort ? Point du tout
reprit froidement Dorval , il n'y a point
de prude qui voulût fe contenter d'expreffions
fi mitigées . Continuez , fans
rien craindre ... Mais cela doit , du moins
fuffire... Laiffez -moi faire... Lucile continua
donc à écrire , & Dorval à dicter.
*
On m'a dit que vous vous croyez mal-
-heureux ; fachez qu'il n'en eft rien ....
En vérité , Marquis , interrompit encore
Lucile , vous me faites dire là des
chofes bien furprenantes ! Bagatelle !
reprit Dorval ; rien de plus fimple que
cette maniere d'écrire . Encore une phrafe
, & nous finiffons ... De grace , grace , Monfieur
, fongez bien à ce que vous allez
me dicter ? ... Repofez-vous- en fur
moi. Voici quelle fut cette phrafe.
Ceffez d'être ingénieux à vous tourJANVIER.
1763. 31
menter , & confervez-vous pour la tendre
LUCILE...
Oh ! je vous jure , s'écria-t- elle , que
je n'écrirai jamais ces derniers mots ! Il
le faut cependant , repliqua Dorval ...
Je vous protefte que je n'en ferai rien !..
Il le faut , vous dis-je ; autrement le fecours
fera trop foible , & demain je
vous livre Damon trépaffé... Comment ;
Monfieur , vous prétendez m'arracher
un aveu de cette nature ? ... Eh quoi ?
Mademoiselle , qu'a donc cet aveu de fi
extraordinaire ? Savez-vous que je ménage
prodigieufement votre délicateſſe ?
Avec plus d'expérience vous me rendriez
plus de juftice . Je vous jure qu'on
ne s'eft jamais acquité fi facilement envers
moi ; j'éxige en pareil cas , les expreffions
les plus claires , les plus propres
, les plus authentiques . Pour moi ,
repliqua Lucile , je ne veux point écrire
des chofes de cette efpéce. Belle Lucile ,
dit alors Dorval , de l'air du monde le
plus férieux , je fens que ma fermeté
chancéle ; ne préfumez point trop de
mes forces. Encore un peu de réfiſtance
de votre part , & je croirai que Damon
n'a plus rien à prétendre ; je renoncerai
à fes intérêts pour m'occuper des miens .
Fiv
32 MERCURE DE FRANCE.
Oui , pourfuivit-il , je tombe à vos genoux
, & c'est encore pour lui que j'y
tombe ; mais fi vous perfiftez dans vos
refus , j'y refterai pour moi.
Lucile , quoique très - agitée , avoit
peine à garder fon férieux. Elle craignoit
, d'ailleurs , que fa tante fa tante , occupée
alors à conférer avec un célébre
Avocat fur un procès prêt à fe juger , &
dont le gain où la perte devoit accroître
ou diminuer confidérablement fa
fortune ; Lucile , dis -je , craignoit que
Cinthie ne vînt les furprendre , & ne
trouvât Dorval dans cette attitude. C'eft
de quoi elle avertit ce dernier mais il
parut inébranlable. Il fallut donc fe laiffer
vaincre en partie ; c'est-à-dire , que
des quatre mots Lucile confentit à en
écrire trois. Dorval diſputa encore beaucoup
avant de fe relever. Il ne put ,
toutefois , empêcher que l'épithète de
tendre ne fût fupprimée . La Lettre finiffoit
ainfi Confervez- vous pour Lucile.
C'en étoit bien affez ; mais pour l'inquiet
Damon c'étoit encore trop peu.
Dorval entra chez lui avec cet air de
fatisfaction qui annonce le fuccès . Tiens ,
lui dit-il , voilà qui vaut mieux pour toi
que tous les Aphorifmes d'Hipocrate.
Damon étonné , fe faifit avidement de
JANVIER. 1763. 33
la Lettre & la dévore plutôt qu'il ne la
parcourt. Un mouvement de joie avoit
paru le tranfporter : quelle fut la furprife
de Dorval en voyant cette joie fe
ralentir tout-à- coup ! Quoi ? lui dit-il ,
quel eft cet air morne & glacial ? Efpérois-
tu qu'au lieu d'une lettre je t'amenaffe
Lucile en perfonne ? Je doute
que de tous les héros de l'amitié aucun
ait porté le zéle jufques-là. Ah ! mon
cher Dorval , s'écrie Damon , je ne
vois que de la pitié dans cette lettre : j'y
voudrois de l'Amour . Un je vous aime ,
eft ce que j'exige , & ce que je n'ai encore
pu obtenir ; ce qu'il ne m'eft pas
même permis de prononcer. Eh , qu'importe
, reprit Dorval , que Lucile s'éffraye
du mot , pourvu qu'elle fe familiarife
avec la chofe ? Combien de femmes
à qui la chofe eft inconnue & le
mot trop familier !
Tandis que Dorval raffuroit ainfi
Damon Cinthie queftionnoit & impatientoit
fa Niéce . Elle vouloit juger
de l'effet que l'abfence & la maladie
.de Damon produifoient fur fon âme.
Mais Lucile qu'elle avoit inftruite à diffimuler
, ufà de ce fecret contre ellemême.
Elle fe garda bien , furtout
d'avouer qu'elle eût écrit à Damon. Ce
By
34 MERCURE DE FRANCE.
n'eft pas qu'elle n'eût quelque inquiétude
de s'être ainfi fiée à Dorval ; mais
cette refléxion lui étoit venue trop-tard.
Elle réfolut d'attendre l'événement. Damon
, au bout de quelque jours , reparut
chez Cinthie. Il avoit l'air extrêmement
abbatu . Lucile en fut vivement
' touchée . Elle ne douta prèfque plus de la
fincérité de fon amour. Une feule preuve
de cette efpéce fait plus d'impreffion
fur une âme tendre , que des proteftations
fans nombre. Il étoit naturel
que Damon témoignât fa reconnoiffance
à Lucile. Mais lui - même s'y
croyoit peu obligé. Ses réfléxions n'avoient
fait qu'accroître fes doutes. Il
ne regardoit la lettre de Lucile que
comme l'effet d'une fimple politeffe ,
ou des perfécutions de Dorval. De fon
côté Lucile fe reprochoit d'en avoir
trop
fait. Elle attribuoit cette froideur
de Damon au trop d'empreffement &
de fenfibilité qu'elle avoit laiffé voir à
la lettre qu'elle avoit écrite. C'eſt à
ce coup , difoit- elle , que l'inconſtant
ne va plus fe contraindre . Sa vanité
eft fatisfaite ; il va lui chercher de nouvelles
victimes. Ainfi Lucile reprend un
air timide & compofé qui difoit beaucoup
moins que n'avoit dit la lettre ,
JANVIER. 1763 . 35
& infiniment plus encore qu'elle n'eût
fouhaité . Ah Dieu ! difoit à fon tour
en lui -même l'impatient Damon , ne
l'avois-je pas deviné ? Cette lettre eftelle
autre chofe qu'une froide politeffe
? Une démarche qui ne fignifie
rien , ou qui , peut-être fignifie trop !
Lucile n'a fait que céder aux perfécutions
de Dorval. Qui fçait même fi
ce n'eft point un jeu concerté entre- elle
& lui?
A l'inftant même furvient Dorval,
Eh quoi ? Dit-il , au couple confterné ,
vous voilà froids comme deux fimulachres
! N'avez - vous plus rien à vous
dire , ou vous fuis-je encore néceffaire ?
De tout mon coeur ! ... Soyez moins
zélè , reprit Damon , avec une forte
d'impatience. Suis donc toi -même plus
ardent , répliqua vivement Dorval. Je
ne prétends pas qu'on gâte ainſi mon
ouvrage. Queft-ce que cela veut dire ?
Reprit Damon. Que fi vous n'êtes d'accord
l'un & l'autre , ajouta Dorval , je
me croirai par honneur obligé de vous
féparer. Ma méthode n'eft pas de rien
entreprendre en vain . J'ai décidé que
Lucile deviendroit fenfible : elle le fera
, ou pour toi , ou pour moi.
Lucile faurit malgré elle. Damon fré-
B vj
36 MERCURÉ DE FRANCE.
mit de la voir fourire . La déclaration
n'eft pas maladroite , dit-il avec dépit.
Elle n'eft pas nouvelle , reprit Dorval ;
je ne fais que répéter en ta préfence ce
que j'ai déja dit à Lucile en particulier.
On ne m'a jamais vu dérober la victoire.
Je veux bien cependant ne te la difputer
qu'autant que tu continueras d'attaquer
comme quelqu'un qui ne veut
pas vaincre. Ah ! c'en eft trop ! s'écria
Damon... L'arrivée de Cinthie l'empêcha
lui -même d'en dire davantage . Cinthie
venoit d'achever fa toilette , à laquelle
depuis quelques années perfonne n'étoit
plus admis . Dorval , qui ne ſe laffoit
ni de perfiffler , ni de fervir Damon
, crut l'obliger en propofant d'aller
l'après- dînée aux François . Il avoit
accoutumé Cinthie à ne jamais le contredire
; elle fouferivit à ce qu'il vouloit
. Lucile applaudiffoit tacitement ;
mais Dorval fut bien furpris de voir
Damon s'y refufer. Cet amant bifarre
méditoit un projet qui ne l'étoit guè
res moins . Peu affuré que Lucile foit
fenfible , il veut éprouver fi elle fera
jaloufe. C'est ce qui le porte à rejetter
la partie qu'on lui propofe , fous prétexte
qu'il eft engagé avec la Marquife
de N... Cette Marquife étoit une
JANVIER. 1763. 37
jeune veuve débarraffée depuis peu d'un
mari vieux & jaloux . Elle ufoit très-amplement
de la liberté que cette mort
lui avoit laiffée . Elle ne manquoit ni
d'agrémens , ni d'envie de plaire . Auffi
fa cour étoit-elle nombreufe. Cinthie &
fa niéce la connoiffoient. A peine Damon
l'eut-il nommée que la premiere
rougit de dépit , & que la feconde foupira
de douleur . Damon s'applaudit en
voyant Lucile s'allarmer. Il s'affermit de
plus en plus dans fon deffein , & partit
pour fon prétendu rendez-vous . Ce départ
étoit pour Dorval un problême, une
fource de conjectures. Sans doute , concluoit-
il , que Damon rectifie fa maniere
d'aimer , qu'il fe produit , fe partage , en
un mot qu'il fe forme. Il a raifon. Mais la
trifteffe de Lucile laiffoit facilement defelon
elle , Damon avoit tort.
Cinthie n'étoit cependant pas la moins
piquée. Elle concevoit bien comment
la Marquife pouvoit l'emporter fur une
rivale auffi inexpérimentée , auffi novice
que fa niéce ; mais elle ne concevoit
pas comment on ne lui donnoit point à
elle - même la préférence & ſur fa niéce
& fur la Marquife.
viner que ,
L'heure du Spectacle arrive , on s'y
rend , & Cinthie felon fa méthode , fe
3
38 MERCURE DE FRANCE .
place dans une loge des plus apparentes
. Elle avoit relevé ce qui lui reftoit
de charmes par une extrême parure.
Lucile , au contraire , étoit dans
une forte de négligé ; mais ce négligé
même fembloit être un art , tant la nature
avoit fait pour elle. Un fond de
trifteffe , un air languiffant la rendoient
encore plus touchante. Tous les Petits
Maîtres , jeunes & vieux , la lorgnoient ;
toutes les femmes belles , ou laides , la
cenfuroient , quand Damon parut avec
le Marquife. Soit hazard , foit deffein
la loge où ils fe placerent étoit oppofée
en face à celle de Cinthie. Damon
la falua , ainfi que fa Niéce , avec une
aifance étudiée & qui lui coutoit. Cinthie
n'eut guères moins de peine à cacher
fon dépit & Lucile fon trouble.
Mais à force de faillies , Dorval leur
en fournit les moyens. Il parvint même
à les égayer véritablement. L'amour-
propre dont une Belle , fi jeune
& fi novice qu'elle foit , eft rarement
éxempte , vint à l'appui des difcours
de Dorval , & fit prendre à Lucile un
air de fatisfaction qu'au fond elle ne
reffentoit pas . Mais à mefure que fa
gaieté fembloit renaître , on voyoit s'évanouir
celle de Damon. Il ne répon
JANVIER. 1763. 39
"
doit plus que par monofyllabes aux difcours
de la Marquife.Il releva même affez
brufquement quelques mots qui fembloient
tendre à ridiculifer Lucile , &
qui ne tendoient qu'à l'éprouver luimême.
La Marquife avoit affez d'attraits
pour pardonner à celles qui en
poffédoient beaucoup ; elle avoit une
cour affez nombreufe pour ne point
chercher à dépeupler celle d'autrui.
C'étoit d'ailleurs , une de ces femmes
qui ne traitent point l'amour férieufement
, pour qui cette paffion n'eft
guères qu'un caprice , & chez qui un
caprice n'eft jamais une paffion ; en
un mot , c'étoit une Petite - Maîtreffe ,
digne d'entrer en parallèle avec Dorval
& plus propre à lui plaire qu'à
fixer & captiverDamon. Auffi ambitionnoit
- elle moins la conquête de celuici
que de l'autre . Elle le connoiffoit &
en étoit fort connue. Il ne doutoit point
qu'elle ne fût très-propre à débarraffer
Damon de fes premiers liens. Mais elle
ne vifoit qu'à défoler cet Amant jaloux
; à quoi elle réuffit parfaitement.
Dorval , fans le vouloir , la fecondoit
de fon mieux. Il achevoit de déſeſpérer
Damon , "lorfqu'il croyoit ne faire
que confoler Lucile. Le perfide , difoit40
MERCURE DE FRANCE.
il , ceffe de fe contraindre ; il ne garde
plus aucuns ménagemens envers moi ;
il fe déclare hautement mon rival ....
Eh bien ! c'eft en rival qu'il faudra le
traiter.
On repréfentoit Zaïre.Les foupçons &
la jaloufie d'Orofmane donnoient beau
jeu aux plaifanteries de la Marquife , &
encore plus de matière aux réfléxions de
Lucile. La fituation de Zaire lui arrachoit
des larmes ; elle y trouvoit quelque rapport
avec la fienne : elle s'en laiffoit d'autant
plus pénétrer. Une âme ingénue
s'émeut facilement. Ce n'eft point fur
des coeurs blafés que les Zaïres & les
Monimes éxercent leur pathétique empire
. Lucile fut encore plus affectée par
la petite Piéce . On eût dit que ces rencontres
fortuites étoient l'effet d'un arrangement
prémédité. On repréfentoit
Ja charmante Comédie de l'Oracle, La
Fée , difoit Lucile , voudroit
que Lucinde
ignorât ce que c'eft qu'un Homme:
Cinthie me défend de les écouter.
Les raifons de la Fée ne pouvoient
fans doute être mauvaiſes. Et pour ce
qui eft de ma tante , les fiennes me
paroiffent affez bonnes.
Le Spectacle fini , Dorval accompagna
& la tante & la niéce jufques chez
JANVIER. 1763. 4.I
elles. Damon reste avec la Marquife . Il
frémit de la loi qu'il s'eft lui même repofée.
Il fe repréfentoit Dorval mettant
à profit , pour le fupplanter , les momens
qu'il lui laiffoit. Pour combler
fon embarras , il y avoit fouper chez la
Marquife & il fe vit contraint d'y affifter.
Les convives étoient tous d'une hu
meur très-analogue à celle de l'hôteffe.
La converfation fut vive & enjouée ;
mais Damon y mit peu du fien . Il repouffa
même fort mal tous les traits que
la Marquife lui lança , ou lui fit lançer.
Rentré chez lui , il ne put dormir ; &
dès le jour fuivant , après avoir beaucoup
héfité , il reparoît chez Cinthie. Il
eft fort furpris d'en être bien reçu , &
fort affligé d'éprouver le même accueil
de la part de Lucile ; rien n'annonçoit
en elle aucun reffentiment , aucune atteinte
de jaloufie. Ce n'eft pas qu'elle en
fût éxempte. Mais les ordres de Cinthie ,
& furtout fa préfence , l'obligeoient à
diffimuler. Peut-être auffi un peu d'orgueil
, bien fondé , fe joignoit-il à toutes
ces raifons. Mais dans tout cela Damon
n'appercevoit que l'ouvrage de Dorval ;
il n'imputoit qu'à lui l'indifférence dont
Lucile faifoit parade ; il le croyoit fon
rival , & fon rival préféré. Les réfolu
tions les plus violentes s'offroient à fon
42 MERCURE DE FRANCE .
efprit : l'amitié les combattoit . Obfédé
par Cinthie , il ne pouvoit s'expliquer
avec Lucile. Peut-être même en eût-il
fui l'occafion fi elle fe füt offerte ; peutêtre
la vanité eût- elle impofé filence à
fa jaloufie .
Inquiet , troublé , mais attentif à
me point le paroître , il fort & laiffe
Lucile perfuadé plus que jamais de fon
inconftance . L'envie de fe diffiper l'entraîne
chez la Marquife. Il y trouve
fon prétendu rival & le Chevalier de
B.... leur ami commun . Sçais- tu bien ,
difoit ce dernier à Dorval , que la Niéce
eft jolie ? A quoi fonge la Tante, de la
placer en perfpective à côté d'elle ? It
y a là bien de la mal-adreffe & de la préfomption
! ... A propos , pourſuivoit- il,
en s'adreffant à Damon , tu femblois
deftiné à former ce jeune Sujet ? mais
cet honneur me paroît réfervé à Dor
val on voit que la petite perfonne
eft très difpofée à mettre à profit ſes
documens. Dorval ne contredit en rien
ce difcours ; c'eût été déroger au ton
que lui- même avoit adopté. Mais fon
filence acheva de rendre Damon furieux.
Dès-lors , il fe réfout à en venir
aux dernieres extrémités , à fe battre contre
lui.
Le reste au Mercure prochain.
O U
Tous furent contens.
NOUVELLE.
PEINE Damon fut épris de Lucile ,
que déja il lui avoit dit cent fois : je vous
aime. Six mois après que Lucile aimoit
Damon , elle ne le lui difoit pas encore .
D'où provenoit une conduite fi oppofée
? D'une oppofition de caractère en20
MERCURE DE FRANCE.
,
core plus grande. Damon étoit vif , impétueux
, impatient , plutôt tourmenté
qu'occupé de ce qu'il projettoit . Lucile
étoit douce , modérée , timide , affervie
à certains confeils qui la dirigeoient
impérieuſement. Elle étoit née tendre
mais elle fçavoit ne paroître que fenfible
; elle fçavoit même encore mitiger
ces apparences de fenfibilité. Tant de
retenue mettoit Damon hors de lui - même.
Non difoit-il , jamais on ne porta
l'indifférence auffi loin ; c'eft un marbre
que rien ne peut échauffer! Oublions Lucile
, & formons quelque intrigue beaucoup
plus fatisfaifante qu'un amour métaphyfique
& fuivi . Il étoit fortifié dans
ces idées par Dorval , jeune homme àpeu-
près de même âge , mais infiniment
plus expérimenté que lui . Dorval étoit
devenu petit-maître par fyftême autant
que par goût. Il en préféroit le ton à
tout autre , parce qu'il le croyoit le plus
propre à tout faire paffer. Il aimoit à
donner un air d'importance à des bagatelles
, & un air de bagatelle aux chofes
les plus importantes. Il s'occupoit auffi
volontiers des unes que des autres ; &
étoit capable , tout à la fois , d'actions
fublimes , de procédés bifarres & de
menües tracafferies. Il confervoit une
JANVIER . 1763 .
21
humeur toujours égale , parce qu'il ignoroit
les paffions vives ; & , ce qui n'eſt
pas moins rare , il excufoit le contraire
dans autrui. Damon étoit plus réfléchi
en apparence , & , peut-être , au fonds
moins folide . Son férieux étoit plus triſte
que philofophique. Une feule paffion
fuffifoit pour abforber toutes fes idées ;
& fes idées n'étoient fouvent que frivoles
. En un mot , il reftoit peu de chemin
à faire au Philofophe pour devenir
Petit - maître , & au Petit- maître pour
devenir Philofophe.
C'étoit auffi ce dernier qui dirigeoit
l'autre. Quoi ! Lui difoit ce prétendu
Mentor , tu te laiffes gouverner par un
enfant ? pour moi je gouverne jufqu'aux
Douairières les moins dociles & les plus
rufées . Le temps n'eft plus où l'on vieilliffoit
à ébaucher une intrigue. Les rives
de la Seine différent en tous points de
celles du Lignon , Crois - moi , voltige
quelque temps & me laiffe le foin de
former l'innocente Lucile. Mais Damon
ne vouloit point d'un pareil précepteur
auprès de fa Maîtreffe . Il aimoit , &
par cette raiſon , étoit un peujaloux . Il
avoit d'ailleurs affez bonne opinion
de lui-même , pour efpérer de vaincre
enfin la timidité de Lucile ; car il avoit
,
22 MERCURE
DE FRANCE
.
peine à fe perfuader qu'elle pût être indifférente.
<
Mais cette timidité vaincue , Damon
eût encore trouvé d'autres obftacles .
Lucile vivoit à une petite diftance de
Paris , fous la tutelle d'une tante qui , à
quarante ans, confervoit toutes les prétentions
qu'elle eut à vingt , & vouloit
que fa niéce n'en eût aucune à feize .
Tout homme eft trompeur , lui difoitelle
, ou ne peut manquer de le devenir.
Croyez-en mon expérience , & fuyczen
la trifte épreuve . Ce difcours , ou
quelque autre équivalent à celui – là ,
étoit fi fouvent répété, qu'il impatientoit
Lucile , toute modérée que la Nature l'eût
fait naître. Cependant il faifoit une vive
impreflion fur fon âme. Il faut bien en
croire ma tante , difoit- elle triftement !
elle eft plus inftruite que moi fur ces
fortes de matières . Elle a fans doute
été bien des fois trompée , ( ce qui étoit
vrai ) mais , fans doute , ajoutoit Lucile,
qu'elle ne le fera plus. Or , en cela
Lucile fe trompoit elle-même.
Cinthie ( c'est le nom qu'il faut donner
ic à cette tante ) avoit des vues fecrettes
fur Damon ; je dis fecrettes , par
la raifon qu'elle ne vouloit point que -
Dorval en prit ombrage. Elle croyoit
JANVIER. 1763. 23
tenir ce dernier dans fes liens , parce
qu'il avoit la complaifance de le lui laiffer
croire . Mais elle le trouvoit un peu
trop diffipé : elle fe fut mieux accommodé
du férieux apparent de Damon.
C'eſt-là ce qui la portoit à envier cette
conquête à fa niéce. Auffi leur laiffoitelle
rarement l'occafion de s'entretenir
feuls. Elle étoit préfente à prèfque toutes
leurs entrevues ; ce qui mettoit l'impatient
Damon hors de lui -même . A peine
répondoit- il aux queftions qu'elle fe
plaifoit à lui faire. Il ne parloit que pour
Lucile & ne regardoit qu'elle mais
Lucile, les yeux baiffés , n'ofoit pas même
regarder Damon . Elle écoutoit , fe taifoit
, trouvoit Damon fort aimable &
fa tante fort ennuyeufe .
Les pauvres enfans ! Difoit un jour
Dorval , en lui - même ils ont mille
chofes à fe dire , & ne peuvent fe parler.
Peut-être n'en diront -ils pas davantage ;
mais n'importe , il faut , du moins , les
mettre à portée de foupirer à leur aife.
Il y réuffit . Ayant imaginé un prétexte
qui oblige Cinthie à s'éloigner , il laiffe
lui-même les deux amans tête- à - tête.
Lucile étoit contente , mais interdite.
Pour Damon il ne perdoit pas fi facilement
la parole. Il vouloit déterminer
24 MERCURE DE FRANCE .
Lucile à s'expliquer nettement ; & de fon
côté , elle fe propofoit bien de n'en
rień faire . Elle parut même vouloir s'éloigner
aux premiers mots que Damon
lui adreffa. Il la retint & ne fit qu'accroître
fon trouble . Serez - vous donc
toujours infenfible , ou diffimulée ? lui
difoit-il. Quoi ! pas un mot qui puiffe
me fatisfaire , ou me raffurer ? Vous
raffurer ! reprit naïvement Lucile . Eh
mais ! ...croyez vous que je fois bien raffureé
moi-même ? ... Dites moi le fujet de
vos craintes ? ... Je l'ignore : mais quel
peut être celui des vôtres ? ... Je crains
que vous ne m'aimiez pas. Lucile rougit
& ne répondit rien . Parlons fans feinte ,
ajoutoit Damon , & fouffrez que je
m'explique fans détour : je vous aime
charmante Lucile .... Oh ! reprenoitelle
, je ne veux pas que vous me le difiez
! ... Mais , ingrate ! vous ne m'aimez
donc pas ? ... Je ne fuis pas ingrate ....
Vous m'aimez donc ? je n'ai point dit
cela . Ciel ! ... s'écria l'emporté Damon
je le vois trop , ma préfence vous eft
à charge , il faut vous en délivrer : il
faut renoncer à vous pour jamais. A
ces mots Lucile changea de couleur ,
baiffa la vue , & refta interdite . Son
filence étoit très - éloquent. Tout autre
que
JANVIER. 1763. 25
que Damon fut tombé à fes genoux ;
mais il vouloir quelque chofe de plus
qu'un aveu tacite ; il vouloit que la
timide , la douce , la tendre Lucile
s'expliquât fans réſerve , & mît dans
fes difcours autant d'impétuofiité que
lui - même . Heureufement Cinthie vint
la tirer d'embarras. Ce fut peut- être là
l'unique fois que fon arrivée caufa
quelque joie à fa niéce . Pour Damon ,
il ne put diffimuler la mauvaiſe humeur
qui le dominoit : ce qui donna beaucoup
de fatisfaction à Cinthie.
En vérité , difoit Lucile en elle- même
, Damon fe comporte finguliérement.
Que veut- il de plus ? N'en ai-je
pas déja trop dit ? Ne peut-il rien deviner
? Ah ! fans doute , il veut m'entendre
lui dire que je l'aime pour ne plus
l'écouter par la fuite. Hé bien ! il l'apprendra
fi tard que du moins il le defirera
longtemps. Ma tante me l'a dit cent
fois , les hommes n'aiment qu'eux , &
ne veulent être aimés que pour eux,que
pour fatisfaire leur amour-propre . En
vérité , ma tante a bien raifon !
Dorval s'étoit bien apperçu que le
tête-à-tête qu'il avoit procuré au jeune
couple avoit été perdu à difputer. C'est
toujours un pas vers la conclufion
, di-
I. Vol.
B
26 MERCURE DE FRANCE .
fait- il ; une rixe , en amour , vaut mieux
que le filence. Mais Damon ne calculoit
pas ainfi . Obligé de fe contraindre en
préfence de Cinthie , il ne put longtems
foutenir cette épreuve. Il part fous un
faux prétexte & fe retire chez lui . Là ,
il fe livre aux réfléxions les plus emportées.
Un obftacle étoit pour lui un fupplice
: Il lui êtoit le repos , F'appétit &
la raifon . Celui-ci lui ôta jufqu'à la
fanté. Il n'auroit pas été affez patient
pour fuppofer trois jours des maladies ;
il fut réellement faifi d'une fiévre
qui le retint beaucoup plus longtems
chez lui. Dorval le trouva dans cette fituation
& fut très - furpris d'en apprendre
la caufe. N'eft- ce que cela ? lui ditil
, d'un ton ironique ; j'entreprends cette
cure. J'irai parler à ton inhumaine , je
lui peindrai ton amoureux défefpoir.
Ce n'eft plus de nos jours l'ufage d'être
inéxorable. Je fuis für que Lucile fera
des veux pour ta fanté & ta perfévérance
.
Damon fut plutôt piqué que confolé
par ce Difcours. Je ne veux point de
toi pour médiateur , difoit-il à Dorval;
de pareils agens ne travaillent guère que
pour eux-mêmes. Continue à voltiger
& laiffe-moi aimer à ma mode ; furtout
JANVIER . 1763. 27
point de concurrence. Oh ! ne crains
rien , reprit Dorval. Lucile eft fort aimable
; mais je n'aime que quand &
autant que je veux. Je te promets de ne
devenir ton rival qu'au cas que tu ayes
befoin d'un vengeur. Damon voulut répondre
; mais Dorval avoit déja diſparu.
L'abfence de Damon étonnoit beaucoup
Cinthie , & affligeoit encore plus
fa niéce. Lucile regardoit cette abſence
comme une preuve de légéreté ; elle
s'applaudiffoit triftement de n'avoir
point laiffé échapper l'aveu que Damon
avoit voulu lui arracher. Que feroit- ce ,
difoit-elle , s'il étoit certain de fon triomphe
, puifque n'en étant fûr qu'à demi
il vole déja à de nouvelles conquêtes ?
En vérité, ma tante a bien raifon ! L'inf
tant d'après furvient Dorval , qui lui apprend
que Damon eft affez enfant pour
être malade , qu'il féche , qu'il languit ,
confumé par l'amour & la fiévre. Ce
récit allarme & touche vivement la tendre
Lucile. Elle paroît un inftant douter
du fait ; mais ce n'eft que pour mieux
s'en affurer, & Dorval le lui affirme de
manière à l'en convaincre. Il n'eft pourtant
pas vrai , difoit Lucile en elle- même
, que Damon foit inconftant & qu'il
n'aime que lui ; on n'eſt point touché de
Bij
28 MERCURE DE FRANCE.
la forte de ce qu'on ne defire que par
vanité. Mais ces réfléxions ne fervoient
qu'à rendre fa perplexité plus grande .
Elle n'entrevoyoit d'ailleurs aucun
moyen de raffurer Damon. Elle continuoit
à garder le filence. Dorval que
rien n'embarraffoit , & qui prenoit toujours
le ton le plus propre à fauver aux
autres tout embarras , éxhorte Lucile à
réparer le mal qu'elle a fait. Quel, mal ?
Lui demanda-t-elle..... Celui d'avoirconduit
le fidéle Damon au bord de la
tombe....Qui ? Moi ! ... Vous-même .
C'est un homicide dont vous voilà chargée.
Croyez -moi , écrivez à ce pauvre
moribond , ordonnez -lui de vivre. Il eſt
trop votre esclave pour ofer vous défobéir
! ... Oh ! pour moi , je n'écrirai
point... Il le faut .... Mais , Monfieur
fongez - vous bien à la démarche que
vous faites ? ... N'en doutez-pas . C'eft
un trait d'Héroïsme qui doit fervir d'éxemple
à la postérité. Je voudrois pouvoir
y tranfmettre vos charmes , elle jugeroit
encore mieux de la grandeur du
facrifice . Au furplus , je ne prétends pas
faire de tels prodiges en vain . Ou déterminez
-vous à aimer , à confoler Da
mon , ou fouffrez que je vous aime,
L'alternative parut des plus fingulie
JANVIER. 1763. 29
pas
res à Lucile. Cependant elle n'héfitoit
fur le choix : elle ne balançoir que
fur la démarche où Dorval prétendoit
l'engager. Ce feroit , difoit Lucile en
fon âme , ce feroit bien mal profiter
des avis de ma tante . Quoi ! Ecrire
tandis qu'elle me défend de parler ?
Mais , après tout , fi le doute où je laiffe
Damon eft la feule caufe de fa maladie
; fi un mot peut le guérir ? Si faute
de ce mot fon mal augmente ? Que
n'aurois- je pas à me reprocher ? Que ne
me reprocherois je pas ? ... En vérité ,
ma tante pourroit bien avoir tort .
Dorval devinoit une partie de ce qui
fe paffoit dans l'âme de Lucile. Le temps
preffe , lui dit- il ; chaque minute pourfoit
diminuer mon zéle , & augmente à
coup für le mal de Damon . Mais , Montfieur
, reprenoit Lucile que voulezvous
que j'écrive ? ... Ce que le coeur
vous dictera ; que la main ne faffe qu'obéir
, & tout ira bien .... Oh ! je vous
protefte que mon coeur ne s'eft encore
expliqué pour perfonne ..... Il s'expliquera.....
Point du tout , reprit Lucile
toute troublée , je ne fais par où
commencer .... Je vois bien , s'écria
Dorval , qu'il faut m'immoler fans réferve
. Hé bien ! Ecrivez , je vais dicter.
B iij
30 MERCURE DE FRANCE.
Lucile prit la plume en tremblant , &
Dorval lui dicta ce qui fuit :
Votre abfence m'inquiétoit , & cepen
dant , j'en ignorois la vraie caufe . Maintenant
que je la fais , cette inquiétude
redouble ...
Mais ; Monfieur , interrompit Lucile
, après toutefois , avoir écrit , cela
n'eft- il pas bien fort ? Point du tout
reprit froidement Dorval , il n'y a point
de prude qui voulût fe contenter d'expreffions
fi mitigées . Continuez , fans
rien craindre ... Mais cela doit , du moins
fuffire... Laiffez -moi faire... Lucile continua
donc à écrire , & Dorval à dicter.
*
On m'a dit que vous vous croyez mal-
-heureux ; fachez qu'il n'en eft rien ....
En vérité , Marquis , interrompit encore
Lucile , vous me faites dire là des
chofes bien furprenantes ! Bagatelle !
reprit Dorval ; rien de plus fimple que
cette maniere d'écrire . Encore une phrafe
, & nous finiffons ... De grace , grace , Monfieur
, fongez bien à ce que vous allez
me dicter ? ... Repofez-vous- en fur
moi. Voici quelle fut cette phrafe.
Ceffez d'être ingénieux à vous tourJANVIER.
1763. 31
menter , & confervez-vous pour la tendre
LUCILE...
Oh ! je vous jure , s'écria-t- elle , que
je n'écrirai jamais ces derniers mots ! Il
le faut cependant , repliqua Dorval ...
Je vous protefte que je n'en ferai rien !..
Il le faut , vous dis-je ; autrement le fecours
fera trop foible , & demain je
vous livre Damon trépaffé... Comment ;
Monfieur , vous prétendez m'arracher
un aveu de cette nature ? ... Eh quoi ?
Mademoiselle , qu'a donc cet aveu de fi
extraordinaire ? Savez-vous que je ménage
prodigieufement votre délicateſſe ?
Avec plus d'expérience vous me rendriez
plus de juftice . Je vous jure qu'on
ne s'eft jamais acquité fi facilement envers
moi ; j'éxige en pareil cas , les expreffions
les plus claires , les plus propres
, les plus authentiques . Pour moi ,
repliqua Lucile , je ne veux point écrire
des chofes de cette efpéce. Belle Lucile ,
dit alors Dorval , de l'air du monde le
plus férieux , je fens que ma fermeté
chancéle ; ne préfumez point trop de
mes forces. Encore un peu de réfiſtance
de votre part , & je croirai que Damon
n'a plus rien à prétendre ; je renoncerai
à fes intérêts pour m'occuper des miens .
Fiv
32 MERCURE DE FRANCE.
Oui , pourfuivit-il , je tombe à vos genoux
, & c'est encore pour lui que j'y
tombe ; mais fi vous perfiftez dans vos
refus , j'y refterai pour moi.
Lucile , quoique très - agitée , avoit
peine à garder fon férieux. Elle craignoit
, d'ailleurs , que fa tante fa tante , occupée
alors à conférer avec un célébre
Avocat fur un procès prêt à fe juger , &
dont le gain où la perte devoit accroître
ou diminuer confidérablement fa
fortune ; Lucile , dis -je , craignoit que
Cinthie ne vînt les furprendre , & ne
trouvât Dorval dans cette attitude. C'eft
de quoi elle avertit ce dernier mais il
parut inébranlable. Il fallut donc fe laiffer
vaincre en partie ; c'est-à-dire , que
des quatre mots Lucile confentit à en
écrire trois. Dorval diſputa encore beaucoup
avant de fe relever. Il ne put ,
toutefois , empêcher que l'épithète de
tendre ne fût fupprimée . La Lettre finiffoit
ainfi Confervez- vous pour Lucile.
C'en étoit bien affez ; mais pour l'inquiet
Damon c'étoit encore trop peu.
Dorval entra chez lui avec cet air de
fatisfaction qui annonce le fuccès . Tiens ,
lui dit-il , voilà qui vaut mieux pour toi
que tous les Aphorifmes d'Hipocrate.
Damon étonné , fe faifit avidement de
JANVIER. 1763. 33
la Lettre & la dévore plutôt qu'il ne la
parcourt. Un mouvement de joie avoit
paru le tranfporter : quelle fut la furprife
de Dorval en voyant cette joie fe
ralentir tout-à- coup ! Quoi ? lui dit-il ,
quel eft cet air morne & glacial ? Efpérois-
tu qu'au lieu d'une lettre je t'amenaffe
Lucile en perfonne ? Je doute
que de tous les héros de l'amitié aucun
ait porté le zéle jufques-là. Ah ! mon
cher Dorval , s'écrie Damon , je ne
vois que de la pitié dans cette lettre : j'y
voudrois de l'Amour . Un je vous aime ,
eft ce que j'exige , & ce que je n'ai encore
pu obtenir ; ce qu'il ne m'eft pas
même permis de prononcer. Eh , qu'importe
, reprit Dorval , que Lucile s'éffraye
du mot , pourvu qu'elle fe familiarife
avec la chofe ? Combien de femmes
à qui la chofe eft inconnue & le
mot trop familier !
Tandis que Dorval raffuroit ainfi
Damon Cinthie queftionnoit & impatientoit
fa Niéce . Elle vouloit juger
de l'effet que l'abfence & la maladie
.de Damon produifoient fur fon âme.
Mais Lucile qu'elle avoit inftruite à diffimuler
, ufà de ce fecret contre ellemême.
Elle fe garda bien , furtout
d'avouer qu'elle eût écrit à Damon. Ce
By
34 MERCURE DE FRANCE.
n'eft pas qu'elle n'eût quelque inquiétude
de s'être ainfi fiée à Dorval ; mais
cette refléxion lui étoit venue trop-tard.
Elle réfolut d'attendre l'événement. Damon
, au bout de quelque jours , reparut
chez Cinthie. Il avoit l'air extrêmement
abbatu . Lucile en fut vivement
' touchée . Elle ne douta prèfque plus de la
fincérité de fon amour. Une feule preuve
de cette efpéce fait plus d'impreffion
fur une âme tendre , que des proteftations
fans nombre. Il étoit naturel
que Damon témoignât fa reconnoiffance
à Lucile. Mais lui - même s'y
croyoit peu obligé. Ses réfléxions n'avoient
fait qu'accroître fes doutes. Il
ne regardoit la lettre de Lucile que
comme l'effet d'une fimple politeffe ,
ou des perfécutions de Dorval. De fon
côté Lucile fe reprochoit d'en avoir
trop
fait. Elle attribuoit cette froideur
de Damon au trop d'empreffement &
de fenfibilité qu'elle avoit laiffé voir à
la lettre qu'elle avoit écrite. C'eſt à
ce coup , difoit- elle , que l'inconſtant
ne va plus fe contraindre . Sa vanité
eft fatisfaite ; il va lui chercher de nouvelles
victimes. Ainfi Lucile reprend un
air timide & compofé qui difoit beaucoup
moins que n'avoit dit la lettre ,
JANVIER. 1763 . 35
& infiniment plus encore qu'elle n'eût
fouhaité . Ah Dieu ! difoit à fon tour
en lui -même l'impatient Damon , ne
l'avois-je pas deviné ? Cette lettre eftelle
autre chofe qu'une froide politeffe
? Une démarche qui ne fignifie
rien , ou qui , peut-être fignifie trop !
Lucile n'a fait que céder aux perfécutions
de Dorval. Qui fçait même fi
ce n'eft point un jeu concerté entre- elle
& lui?
A l'inftant même furvient Dorval,
Eh quoi ? Dit-il , au couple confterné ,
vous voilà froids comme deux fimulachres
! N'avez - vous plus rien à vous
dire , ou vous fuis-je encore néceffaire ?
De tout mon coeur ! ... Soyez moins
zélè , reprit Damon , avec une forte
d'impatience. Suis donc toi -même plus
ardent , répliqua vivement Dorval. Je
ne prétends pas qu'on gâte ainſi mon
ouvrage. Queft-ce que cela veut dire ?
Reprit Damon. Que fi vous n'êtes d'accord
l'un & l'autre , ajouta Dorval , je
me croirai par honneur obligé de vous
féparer. Ma méthode n'eft pas de rien
entreprendre en vain . J'ai décidé que
Lucile deviendroit fenfible : elle le fera
, ou pour toi , ou pour moi.
Lucile faurit malgré elle. Damon fré-
B vj
36 MERCURÉ DE FRANCE.
mit de la voir fourire . La déclaration
n'eft pas maladroite , dit-il avec dépit.
Elle n'eft pas nouvelle , reprit Dorval ;
je ne fais que répéter en ta préfence ce
que j'ai déja dit à Lucile en particulier.
On ne m'a jamais vu dérober la victoire.
Je veux bien cependant ne te la difputer
qu'autant que tu continueras d'attaquer
comme quelqu'un qui ne veut
pas vaincre. Ah ! c'en eft trop ! s'écria
Damon... L'arrivée de Cinthie l'empêcha
lui -même d'en dire davantage . Cinthie
venoit d'achever fa toilette , à laquelle
depuis quelques années perfonne n'étoit
plus admis . Dorval , qui ne ſe laffoit
ni de perfiffler , ni de fervir Damon
, crut l'obliger en propofant d'aller
l'après- dînée aux François . Il avoit
accoutumé Cinthie à ne jamais le contredire
; elle fouferivit à ce qu'il vouloit
. Lucile applaudiffoit tacitement ;
mais Dorval fut bien furpris de voir
Damon s'y refufer. Cet amant bifarre
méditoit un projet qui ne l'étoit guè
res moins . Peu affuré que Lucile foit
fenfible , il veut éprouver fi elle fera
jaloufe. C'est ce qui le porte à rejetter
la partie qu'on lui propofe , fous prétexte
qu'il eft engagé avec la Marquife
de N... Cette Marquife étoit une
JANVIER. 1763. 37
jeune veuve débarraffée depuis peu d'un
mari vieux & jaloux . Elle ufoit très-amplement
de la liberté que cette mort
lui avoit laiffée . Elle ne manquoit ni
d'agrémens , ni d'envie de plaire . Auffi
fa cour étoit-elle nombreufe. Cinthie &
fa niéce la connoiffoient. A peine Damon
l'eut-il nommée que la premiere
rougit de dépit , & que la feconde foupira
de douleur . Damon s'applaudit en
voyant Lucile s'allarmer. Il s'affermit de
plus en plus dans fon deffein , & partit
pour fon prétendu rendez-vous . Ce départ
étoit pour Dorval un problême, une
fource de conjectures. Sans doute , concluoit-
il , que Damon rectifie fa maniere
d'aimer , qu'il fe produit , fe partage , en
un mot qu'il fe forme. Il a raifon. Mais la
trifteffe de Lucile laiffoit facilement defelon
elle , Damon avoit tort.
Cinthie n'étoit cependant pas la moins
piquée. Elle concevoit bien comment
la Marquife pouvoit l'emporter fur une
rivale auffi inexpérimentée , auffi novice
que fa niéce ; mais elle ne concevoit
pas comment on ne lui donnoit point à
elle - même la préférence & ſur fa niéce
& fur la Marquife.
viner que ,
L'heure du Spectacle arrive , on s'y
rend , & Cinthie felon fa méthode , fe
3
38 MERCURE DE FRANCE .
place dans une loge des plus apparentes
. Elle avoit relevé ce qui lui reftoit
de charmes par une extrême parure.
Lucile , au contraire , étoit dans
une forte de négligé ; mais ce négligé
même fembloit être un art , tant la nature
avoit fait pour elle. Un fond de
trifteffe , un air languiffant la rendoient
encore plus touchante. Tous les Petits
Maîtres , jeunes & vieux , la lorgnoient ;
toutes les femmes belles , ou laides , la
cenfuroient , quand Damon parut avec
le Marquife. Soit hazard , foit deffein
la loge où ils fe placerent étoit oppofée
en face à celle de Cinthie. Damon
la falua , ainfi que fa Niéce , avec une
aifance étudiée & qui lui coutoit. Cinthie
n'eut guères moins de peine à cacher
fon dépit & Lucile fon trouble.
Mais à force de faillies , Dorval leur
en fournit les moyens. Il parvint même
à les égayer véritablement. L'amour-
propre dont une Belle , fi jeune
& fi novice qu'elle foit , eft rarement
éxempte , vint à l'appui des difcours
de Dorval , & fit prendre à Lucile un
air de fatisfaction qu'au fond elle ne
reffentoit pas . Mais à mefure que fa
gaieté fembloit renaître , on voyoit s'évanouir
celle de Damon. Il ne répon
JANVIER. 1763. 39
"
doit plus que par monofyllabes aux difcours
de la Marquife.Il releva même affez
brufquement quelques mots qui fembloient
tendre à ridiculifer Lucile , &
qui ne tendoient qu'à l'éprouver luimême.
La Marquife avoit affez d'attraits
pour pardonner à celles qui en
poffédoient beaucoup ; elle avoit une
cour affez nombreufe pour ne point
chercher à dépeupler celle d'autrui.
C'étoit d'ailleurs , une de ces femmes
qui ne traitent point l'amour férieufement
, pour qui cette paffion n'eft
guères qu'un caprice , & chez qui un
caprice n'eft jamais une paffion ; en
un mot , c'étoit une Petite - Maîtreffe ,
digne d'entrer en parallèle avec Dorval
& plus propre à lui plaire qu'à
fixer & captiverDamon. Auffi ambitionnoit
- elle moins la conquête de celuici
que de l'autre . Elle le connoiffoit &
en étoit fort connue. Il ne doutoit point
qu'elle ne fût très-propre à débarraffer
Damon de fes premiers liens. Mais elle
ne vifoit qu'à défoler cet Amant jaloux
; à quoi elle réuffit parfaitement.
Dorval , fans le vouloir , la fecondoit
de fon mieux. Il achevoit de déſeſpérer
Damon , "lorfqu'il croyoit ne faire
que confoler Lucile. Le perfide , difoit40
MERCURE DE FRANCE.
il , ceffe de fe contraindre ; il ne garde
plus aucuns ménagemens envers moi ;
il fe déclare hautement mon rival ....
Eh bien ! c'eft en rival qu'il faudra le
traiter.
On repréfentoit Zaïre.Les foupçons &
la jaloufie d'Orofmane donnoient beau
jeu aux plaifanteries de la Marquife , &
encore plus de matière aux réfléxions de
Lucile. La fituation de Zaire lui arrachoit
des larmes ; elle y trouvoit quelque rapport
avec la fienne : elle s'en laiffoit d'autant
plus pénétrer. Une âme ingénue
s'émeut facilement. Ce n'eft point fur
des coeurs blafés que les Zaïres & les
Monimes éxercent leur pathétique empire
. Lucile fut encore plus affectée par
la petite Piéce . On eût dit que ces rencontres
fortuites étoient l'effet d'un arrangement
prémédité. On repréfentoit
Ja charmante Comédie de l'Oracle, La
Fée , difoit Lucile , voudroit
que Lucinde
ignorât ce que c'eft qu'un Homme:
Cinthie me défend de les écouter.
Les raifons de la Fée ne pouvoient
fans doute être mauvaiſes. Et pour ce
qui eft de ma tante , les fiennes me
paroiffent affez bonnes.
Le Spectacle fini , Dorval accompagna
& la tante & la niéce jufques chez
JANVIER. 1763. 4.I
elles. Damon reste avec la Marquife . Il
frémit de la loi qu'il s'eft lui même repofée.
Il fe repréfentoit Dorval mettant
à profit , pour le fupplanter , les momens
qu'il lui laiffoit. Pour combler
fon embarras , il y avoit fouper chez la
Marquife & il fe vit contraint d'y affifter.
Les convives étoient tous d'une hu
meur très-analogue à celle de l'hôteffe.
La converfation fut vive & enjouée ;
mais Damon y mit peu du fien . Il repouffa
même fort mal tous les traits que
la Marquife lui lança , ou lui fit lançer.
Rentré chez lui , il ne put dormir ; &
dès le jour fuivant , après avoir beaucoup
héfité , il reparoît chez Cinthie. Il
eft fort furpris d'en être bien reçu , &
fort affligé d'éprouver le même accueil
de la part de Lucile ; rien n'annonçoit
en elle aucun reffentiment , aucune atteinte
de jaloufie. Ce n'eft pas qu'elle en
fût éxempte. Mais les ordres de Cinthie ,
& furtout fa préfence , l'obligeoient à
diffimuler. Peut-être auffi un peu d'orgueil
, bien fondé , fe joignoit-il à toutes
ces raifons. Mais dans tout cela Damon
n'appercevoit que l'ouvrage de Dorval ;
il n'imputoit qu'à lui l'indifférence dont
Lucile faifoit parade ; il le croyoit fon
rival , & fon rival préféré. Les réfolu
tions les plus violentes s'offroient à fon
42 MERCURE DE FRANCE .
efprit : l'amitié les combattoit . Obfédé
par Cinthie , il ne pouvoit s'expliquer
avec Lucile. Peut-être même en eût-il
fui l'occafion fi elle fe füt offerte ; peutêtre
la vanité eût- elle impofé filence à
fa jaloufie .
Inquiet , troublé , mais attentif à
me point le paroître , il fort & laiffe
Lucile perfuadé plus que jamais de fon
inconftance . L'envie de fe diffiper l'entraîne
chez la Marquife. Il y trouve
fon prétendu rival & le Chevalier de
B.... leur ami commun . Sçais- tu bien ,
difoit ce dernier à Dorval , que la Niéce
eft jolie ? A quoi fonge la Tante, de la
placer en perfpective à côté d'elle ? It
y a là bien de la mal-adreffe & de la préfomption
! ... A propos , pourſuivoit- il,
en s'adreffant à Damon , tu femblois
deftiné à former ce jeune Sujet ? mais
cet honneur me paroît réfervé à Dor
val on voit que la petite perfonne
eft très difpofée à mettre à profit ſes
documens. Dorval ne contredit en rien
ce difcours ; c'eût été déroger au ton
que lui- même avoit adopté. Mais fon
filence acheva de rendre Damon furieux.
Dès-lors , il fe réfout à en venir
aux dernieres extrémités , à fe battre contre
lui.
Le reste au Mercure prochain.
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Résumé : LES QUIPROQUO, OU Tous furent contens. NOUVELLE.
Le texte narre l'histoire d'amour complexe entre Damon et Lucile, marquée par des différences de caractère et des obstacles extérieurs. Damon, vif et impétueux, est épris de Lucile, douce et timide, qui ne lui avoue pas ses sentiments. Frustré par cette retenue, Damon envisage de l'oublier et de chercher une autre intrigue, influencé par Dorval, un jeune homme expérimenté et manipulateur. Lucile, sous la tutelle de sa tante autoritaire Cinthie, est mise en garde contre les tromperies des hommes. Cinthie, secrètement attirée par Damon, empêche les deux amants de se voir en privé. Dorval, observant leur situation, organise un tête-à-tête entre Damon et Lucile. Lors de cette rencontre, Damon cherche à obtenir des aveux clairs de Lucile, mais leur conversation reste confuse et incomplète. Damon, frustré, tombe malade et se retire chez lui. Dorval convainc Lucile d'écrire une lettre à Damon pour le rassurer. Lucile, après hésitation, accepte et écrit sous la dictée de Dorval, exprimant son inquiétude et son affection pour Damon. Cinthie interroge Lucile sur ses sentiments pour Damon, mais Lucile reste évasive. Damon, doutant de la sincérité de Lucile, envisage de la rendre jalouse en fréquentant la Marquise de N..., une jeune veuve. Lors d'une sortie au théâtre, Damon et la Marquise assistent à une représentation en face de Cinthie et Lucile, provoquant la jalousie de cette dernière. Dorval tente de réconforter Lucile tout en désespérant Damon. La Marquise cherche à séduire Dorval plutôt que Damon. Damon est partagé entre des résolutions violentes et l'amitié, et il est empêché de s'expliquer avec Lucile par la présence de Cinthie. Il décide de se rendre chez la Marquise, où il rencontre Dorval et le Chevalier de B..., un ami commun. Le Chevalier mentionne la beauté de la nièce de la Marquise et suggère que Dorval est destiné à l'éduquer. Dorval reste silencieux, ce qui exaspère Damon et le pousse à envisager un duel avec Dorval. La suite des événements est annoncée pour le prochain numéro du Mercure.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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