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1
p. 274-299
Ce qui s'est passé pendant toute la Campagne entre l'Armée du Roy commandée par M. le Baron de Monclar, & celle des Cercles. [titre d'après la table]
Début :
J'en aurois de grandes pour m'étendre sur la Campagne [...]
Mots clefs :
Baron de Monclar, Troupes, Cercles, Saxe, Maréchal de Créquy, Officiers allemands, Ennemis, Bataille, Armée, Strasbourg, Camp, Campagne, Eisenach, Combat
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texteReconnaissance textuelle : Ce qui s'est passé pendant toute la Campagne entre l'Armée du Roy commandée par M. le Baron de Monclar, & celle des Cercles. [titre d'après la table]
J'en auroisde grades pour m'é- tendre ſur la Campagne de M. le Baron de Monclar, fi l'accablementde la matiere qui m'a fait attendre juſqu'à aujour- d'huy à vous en parler , nem'o- bligeoit à la reſſerrer en peu de mots. Vousſcavez que l'Armée qu'il commande eſtoit oppoſée à celle Cercles , compoſée des Troupes de tantd'Etats , qu'elle
pourroit ſeule tenir teſte à un Roy moins puiſſant que celuy deFrance. Il y a plufieursCer-
-
Hv
178 LE MERCVRE
cles , comme ceux de la Baffe
Saxe , de Franconie , de Suabe,
de Baviere , juſqu'au nombre de dix, &pluſieurs Provinces font
ſous chaque Cercle. Le Prince
de Bade-Dourlach fut leurdernier General. Apres ſa mort il
en falut nommer un nouveau.
L'Affaire fut miſe en déliberation àla Diete de Ratiſbonne..
Pluſieurs grands Generauxdes plus Illuftres Maiſons d'Alle- magne y pretendoient ; mais enfin le choix tomba fur le
Prince de Saxe-Eyfenach, de la Maiſon de Saxe. Le voilà donc
ſaiſi du Commandement de
cette Armée. Le ſeul Nom en
prometbeaucoup. Lesuns l'ap- pellent l'Armée des Cercles de 'Empire ,les autres l'Armée de l'Empire , &la plupart l'Armée des Cercles duHautRhin.Pl
Y
GALANT. 179
fieurs Officiers Generaux , en
grande confideration chez les
Allemands , font nommez pour y fervir. Le Comte de Dune- vald , Officier d'un fort grand merite , eſt du nombre. Ondeſtine fon Regiment pour groffir les Troupes de cette Armée ,
auſquelles pour reconnoiſſance du Generalat , le Prince d'Eyſe- nach en joint beaucoup , auffi bien que les Ducs de Saxe- Gotha, & de Vveïmar. Toutes
ces Troupes ſe mettent en mar- che vers Strasbourg. A leur
approche le Magiſtrat proteſte qu'il ne les laiſſera point paſſer fur fon Pont ; mais on reconnoît l'intelligence fi -toſt qu'el- les font en veuë , il feint qu'il ne peut refifter , &leurpermet le paſſage. Cette Armée étant au delà du Rhin , & ayant eu
Hvj
180 LE MERCVRE
grande peine à y ſubſiſter quel- que temps , elle prenddu Pain pour dix jours, s'avance vers les Montagnes , vient juſqu'à une lieuë de Scheleftat ; & appre- nant qu'il eſt fortifié , qu'il y a
onze Redoutes de pierre,&que Mle Baronde Monclareft derriere avec des Troupes , elle noſe prendre la réſolution de l'attaquer. Dans cet embarras,
le Prince d'Eyfenach marche vers Colmar , où le bon ordre
que les François mettent par tout à leurs affaires le réduit à
faire demander une ſomme aux
Etats de Suabe pour la fubfi- ſtance de ſes Troupes. Il eſt contraint de tirer des Munitions de Philifbourg que le Ma- giſtrat de Strasbourg luienvoye querir avec une Eſcorte.Pendat
se tempsMr de Monclar couvre
GALANT. 181
fi bien toutes ſes Places , qu'à peine les Ennemis voyent - ils jour à ſurprendre le moindre Chaſteau. Ils veulent prendre celuyde Sainte Croix auprés de Colmar. M' du Fay Comman- dantde Briſac y envoyequatre- vingt-hommes. Ils le font ſommer , le Gouverneur ne veut
point ſe rendre. M de Vifſac Lieutenant de Roy de Briſac,
trouve moyen de ſe jetter de- dans avec quatre cens hommes,
malgré toute l'Armée ennemie,
& ce Chaſteau n'eſt point pris.
Enfin le Prince d'Eyſenach voyant qu'il n'avoit encor pû réüffir de ce coſté ,fait venir de
Fribourg dequoy faire un Pont de Bateaux vers Bafle. M. de
Monclar paſſe dans le Briſgau pour obſerver ſes mouvemens,
&apprend qu'il s'eſt allé cam
182 LE MERCVRE
per pres de Bafle , apres avoir fait ravager les Bleds des envi- rons de Colmar, contre ce qu'il avoit promis aux Habitans qui luy avoient donné de l'argent pour s'en garantir. C'eſt le ſeul Exploit deſa Campagne , encor ne l'auroit-il pas fait s'il n'euſt manqué de parole. Il campe ſous Bafle à Hunninguen, fait achever fon Pont de Bateaux ,
&ſe retire à Bafle ſurpris d'une Fiévre-tierce que ſes mauvais fuccés ont pûluy cauſer. M.de Monclar reçoit un renfort qui luy eſt envoyé par M. le maref- chal deCréquy, &fait repentir ceux qui ont fourny quelque ſubſiſtance aux Ennemis. Ils
font travailler àdes Retranchemens aux deux coſtez de leur
Pont. Les Noſtres favoriſent
un Convoy d'argent qui va à
GALANT. 183 Brifac, fans qu'un Détachement du Prince d'Eyſenach entre- prennede s'y oppoſer. CePrin- ce fait baſtir une Redoute dans
une Iſle pour maintenir ſon Pont, &perſonne n'oſe ſortirde fon Camp, On leur rend dans leBriſgau les violences qu'ils ont exercé autour de Ruffac.
M. de monclar avance à trois
lieuës d'eux; ils ſont venus nous
chercher , & on les cherche.
Les Païfans ſont employez àdes Redoutes pour couvrir leur Pont. Onvoit par là qu'ils fu- yent le Combat. On ſe retran- che auſſi . Cependant les Gene- raux & les Offciers ſe traitent
les uns les autres àBafle. мебſieurs les marquis de Lambert,
de Nefle & de Feuquiere, y ré- galent le Baron de Noſtits- Schirein , & d'autres Officiers
184 LE MERCVRE Allemans. En ſortant de la
Ville les Partis s'entrechargent les uns les autres. Pendant
qu'on a ainſi occafion de ſe voir
àBafle, le Comte deDunevald
pratique un Officier François nommé M de la Madelaine ,
Major du Chaſteau de Lanf- cron, qui luy doit livrer la Place moyennantdix mille eſcus. Ce Major en avertit M. de Siffredy quiy commandoit. Le Comte de Dunevald vient à l'heure
marquée avec le Neveu du Prince de Saxe,le Colonel Rofe,&des Troupes. Il s'apper- çoit qu'il eſt découvert , prend la fuite , & reçoit un coup de Mouſquet qui luy emporte fon Chapeau & fa Perruque. Plu- ſieurs y perdent la vie. Ceux qui ontpaffe la Herſe ſont faits Pri- fonniers , & il en couſte dix
GALANT. 185 mille eſcus aux Allemans. Le
Prince d'Eyſenach comméçant à ſe mieux porter, &les Trou- pes des Cercles &celles que j'ay marquées ne luy fuffiſant pas , trois nouveaux Regimens le viennent joindre. Il eſt har- celé de la Garniſon de Brifac.
Apres unemarche de huit heu- res Me deMonclar ſurprend un des Quartiers des Ennemis ,
fait quatre cens Priſonniers,
prend cinq cens Chevaux, fe rend maiſtre du Chaſteau de
Plotzeim , ſe poſte avantageu- ſement pour obſerverles Enne- mis, ſe ſaiſit d'une Hauteur, fait travailler à une Redoute qui
voit dans leur Camp & y met duCanon. Monfieur le Comte
de la Mote- Moudancourt Meftre de Camp de Cavalerie ,Ne- veu du Marefchal de ce nom,
186 LE MERCVRE
ayant l'avantgarde compoſée de quatre cens Chevaux , ren- contre un pareil nombre des Ennemis qui en couvroient un fort grand de Fourrageurs fans avoir eſté avertis de fa marche.
Il les défait, &prend ſept à huit cens Fourrageurs ou Cavaliers.
Le reſte fuit. On leur envoye huit censChevaux pourles foû- tenir. M. le Comte de la Mote
avec une vigueur incroyable ,
pouffe & défait encor ces huit
cens Chevaux, &demeure fer- me fur le champ de Bataille ,
éloigné feulement d'une demy lieuë duCampdes Ennemisfans qu'il en forte depuis aucun ſe- cours , c'eſt à dire qu'avec qua- tre cens Chevaux ilen renverſe
douze cens , ſans compter les Fourrageurs. Ce font d'illuftres commencemens , & ce jeune
GALAN T. 187 Comte ne ſçauroit marcher plus dignement ſur les pas du fameux Mareſchal dont il eſt
Neveu. Depuis cette Action on a toûjours coupé tous les Fourrages aux Ennemis , pour les obliger à repaffer tout-à-fait le Rhin, ou àſebattre. Onleur attaque en ſuite une Redoute paliſſadée &un Logement dont on ſe rend maiſtre , & on les
oblige à fe refferrer dans leur Camp. M. le Marquis de Noailles Colonel de Cavalerie
défait leur grande Garde. II fait conftruire une Redoute
pour les incommoder , & foû- tient les Travailleurs. M. de
Monclar en fait élever deux autres. M. de Caumont major de Cavalerie bat deux de leurs
Eſcadrons aux enviros deBafle.
Les Ennemis commencent à
188 LE MERCVRE
fonger à leur Retraite. Noftre Arméeeſt à la portéedu Canon de la leur. On voit tout cequi ſe paſſe dans leur Camp, fans quils puiffent voir ce qui ſe fait dans le noftre. On les
oblige de tirer du Fourrage par leur Pont, noftreCanon les defole. Onpouſſe leur Garde , on leur tuë beaucoup de monde,
&on fait quartier au Baronde Noſtits. Ils prennent toutes les précautions imaginables pour nous cacher leur Retraite. Ils
font d'abord repaſſer leur gros Bagage,& repaffent eux-mémes quelque temps apres à la faveur d'un grand Brouillard qui les empeſche d'eſtre apperceus.
Ondécouvre le matin qu'ils ont abandonné leur Redoute ; &
comme on les voit qui ſe reti- rent encor , favoriſez d'un Ca
GALAN T. 189
non qu'ils ont poſté de l'autre coſte du Rhin , M² de Monclar enfait poſter du fien ,&les oblige par là à ſe retirer avec une précipitation qui eſt cauſe que beaucoup d'entr'eux ſont noyez. Ils nous laiſſent tout les Bateaux du gros bras du Rhin ,
&s'échapent apres avoir brûlé tous ceux qui estoient par delà- 1 Ifle , auffi-bien que quelques piles de Foin , mais nous profi- tons du Fourrage qui eſt dans leur Champ. Les Ennemis ne repaſſent chez eux que pour y
eſtre battus , & c'eſt par ce Combatque finit la Campagne de l'Armée des Cercles , avant
que d'eſtre incorporée à celle du Prince Charles. Le Pont
qu'avoit fait conſtruire le Prin- ced'Eyfenach ne luy ayant fer- vy qu'aſe retirer apres enavoir
190 LE MERCVRE perdu la moitié , Monfieur de Monclar paſſe ſur celuy de Bri- fac , & entre dans le Briſgau.
M.le Marquis de la Valette le joint auſſi-toſt apres avec ſa Bri- gade. leGeneral ennemy en eſt • furpris , &plus encor d'apren- dre queM' le MareſchaldeCréquy fait conſtruire un Pont à
Rhenau pour paſſer le Rhin. II réſout de s'y oppoſer. M. de Monclar qui obferve ſes mou- vemens,envoye M.de Caumont,
Capitaine & major du Regi.. ment de Belport, avecdeux Ef- cadrons , pourſe ſaiſir d'unPaf- ſage. Ils font pouſſez par ſept des Ennemis , &ſe tirent pour- tant d'affaires ſans perdre qu'un ſeul Capitaine. Le Prince d'Ey- fenach veut gagner le Poſte de Capelqui eſt vis-à-vis de Rhe- nau ,mais il eſt embaraſſé par
GALANT. 191
L
un nouveau General. Il croit
que M. de monclar fonge à ſe faifir d'Offembourg. Cette pen- ſée luy fait diviſer ſes forces. Il y
envoye du monde , & à Fribourg ; & pendant ce temps ,
Monfieur de Créquy ſe rend maiſtre du Poſte que le Prince d'Eyſenach avoit eu deſſein d'occuper. C'eſt ce que beau- coup de Relations n'ont pas aſſez ny marqué , ny éclaircy.
M. de Créquy voulant donner de l'inquietude au Ennemis ,
- laiſſe ſes Ordres à Monfieur le
Comtede Maulevrier - Colbert
- Lieutenant General , pour faire paffer l'Armée ſur le Pont du Rhin,&fait marcher les Briga- - des de la Valete & de Dugas ,
avec les Regimens de Dragons de Liſtenay & de Theſſe, entre Strafbourg & Offembourg. Il
192 LE MERCVRE
s'avance pres de Vilſtet. Il ap- prend que les Ennemis y vien- nent camper , & juge à propos d'y attendre un plus grand CorpsdeTroupes pour paſſerla Riviere devant eux. Il n'a pas le temps de le faire. Un Party lui rapporte que le Prince d'Ey- fenach veut gagner le Fort de Kill , ce qui luy eſt bien-toſt apres confirmé par une grande pouffiere. Il croit qu'il faut ten- ter le Paſſage par des guez,quoy que difficiles, m' le marquis de Genlis fait les Détachemens de
la premiere Colomne , Monfieur le Comte de Roye ceux de la
ſeconde , & M. de monclar ſoûtient ces deux Lignes. м. lе маг- quis de Riverolles ſe met à la
teſte des Gens detachez , paffe l'eau , & tâche d'ébranler les Ennemis. Ils font grand feu fur
luy ,
Y
GALANT. 193 193
4
luy , il retourne à la charge , il eſt bleſſé ,&M. de Monteſquiou Capitainedans ſon Regiment ,
tué. Les Dragons de Liſtenay s'aprochent des hayes , mettent pied à terre , & rendent les abords de la Riviere plus faciles. M'les marquis de Ranes
de Lambert , & de Bouflairs ,
pouffent quelques Troupes , &
apres les premieres eſcarmou- ches , ébranlent les Ennemis ,
qui à la faveurd'une Digue ſe placent aſſez prés des Noſtres.
Monfieur le mareſchal de Créquy fait auſſitôt avancerlesRe- gimensde la Valete, deCayeux,
&de Villars. Le marquis de ce nom , qui en eſt Colonel , ſe met àla teſte des premiersEſca- drons , montre une vigueur ex- traordinaire , & les anime par ſon exemple. IldéfaitunegranTome VIII. I
194 LE MERCVRE deGarde des Ennemis , &pouf- ſe pluſieurs Efcadrons deCui- raffiers. M les marquis deRa- nes , de Lambert , & de Bouflairs , placent les Dragons de Theſſe & de Liſtenay le long de la Digue. Ils font voir une activité ſurprenante , & char- gent les Enriemis avec tant de vigueur&de courage , que les ayant mis en deſordre , ils les auroient entierement défaits ,
ſansl'arrivée de la nuitqui fa- voriſa leur Retraite. Pluſieurs
de leursOfficies furent tuez ,&
ils laiſſferent plus de fix cens Hommesſur la place , ſans plus de fix- vingt Chariots qu'ils abandonnerent. Cette occafion
nenouscouſtapas vingtHom- mes. M. de Roquefeüille Corne- te desGardes de M. le marefchal deCréquy ,&M. deBriail
GALANT. 195 le l'un de ſes Pages , y furent bleſſez , le dernier à la jambe ,
&l'autre au bras d'un coup de Piſtolet qu'il y reçeut. Avant le Combat , M. deGaſſion cher- chantàreconnoiſtre les Ennemis , tomba dans la Colomne de
leur premiere Ligne , &foûtint toute leur Cavalerie qui le pouſſa.Il neperditque fixHom- mes , & s'en eſtant glorieuſe- ment retiré , on peut dire que c'eſt preſque contre toute une Armée qu'il acombatu. On n'a peut-eſtre pas reflechy ſur une choſe qui fait en deux mots I'Eloge de M. le Mareſchal de Créquy. L'Armée de l'Empe- reur eftant venuë juſqu'àMou- zon ,a eſté obligée de s'en re- tourner ſans avoir rien fait ; &
M.de Créquy faitune fi extra- ordinaire diligence , qu'il eſt I ij
196 LE MERCVRE
dans les Terres de l'Empire plûtoſt qu'elle , &bat l'Armée des Cercles avantqu'aucune de ſes Troupes ſoit arrivée. C'eſt
tout ceque peutfaire &la plus ſage conduite ,& la plus exacte prévoyance. Cette déroute fut doublement ſenſible au Prince
deSaxe-Eyfenach. Meſſieurs de Strasbourg qui craignent &
cherchent àménager les Vain- queurs qui ne font pas éloi- nez n'oferent recevoir des
Troupes batuës, &celles- cy fu- rent contraintes de ſe refugier dans une Iſle appellée l'Iſle du Pont de Strasbourg. Elles s'y trouverent fort incommodées.
Elles nepouvoient aller au fou- rage, & elles eſtoient encor ſi épouvantéesdela manieredont elles avoient veu combatre les
François, qu'elles nevouloient
,
GALANT. 197 point fortir de cette Ifle ſans Sauf - conduit. Le ſeul expe- dient que le Prince d'Eyſenach trouva pourſe dégager, fut de prier M'de Strasbourg d'aller enCorps chez le Refident du
Roy, &de l'engager à joindre K
-ſes prieres aux leurs pour obte -nir unPaſſeport de Monfieurle Mareſchal de Créquy. L'ex- pedient eft nouveau , &ne pa- roiſtroit pas croyable dans un Roman. Monfieurdu Pré Réſident de France écrivit. La Lettre fut envoyée par un Trom- pete au nom de la Republique de Strasbourg , & ce qu'onde- mandoit fut accordé. Les François ſont auffi honneſtes que braves , & ne refuſent rien
quand on ſe ſoûmet. Vous avez veu lePaſſeport , il eſt imprimé dans la Gazete. Le lendemain
4
I iij
198 LE MERCVRE
du Combat , Monfieur de Créquy ſçachant que les Ennemis ayoient fait un grand amas de Fourrages dans Vilſtet , crût qu'il eſtoit de conſequence d'envoyer brûler les Magaſins & toutes les Maiſons dans lefquelles il y en avoir. M le Comte de la mothe fut détaché avec trois cens Chevaux
pour faire cette Expédition.
Apres avoir pouffé quelques Troupes qu'il rencontra en chemin , il ſe rendit à Vilſtet & fut fupris de trouver Gar- niſon dans le Chafteau. C'eſt
une Tour de grandes pierres quarrés , & environnées d'un bon Foffe. Il envoya un Trom- pete fommer laGarniſon de ſe rendre , & fur le refus qu'elle en fit, il donna ordre qu'ondiſt au Commandant , que s'il ſe
6
GALANT. 199 défendoit , il le feroit pendre à
la Porte , fans aucun quartier pour les Soldats. Ils voulurent
compofer , &ayant inutilement demandé à fortir avec armes &
bagages, ils ne furét reçeus qu'à difcretion. Il avoit fait mettre
pied àterre à ſes Cavaliers , &
quand ils le virent en reſolution de les attaquer , ils ſe rendirent.
Il envoya la Garniſon à M. de Créquy , fit mettre le feu au Chaſteau , & àtoutes les maіſons oùil y avoit du Fourrage ,
& enſuite aux magaſins de Foin qui estoient fort conſidérables.
C'eſt l'uſage de la Guerre , &
il n'y a point de voye plus prompte pour chaffer un En- nemy , quede luy oſterles mo- yens de fubfifter. Cette raiſon a
obligé Monfieur le mareſchal de Créquy à faire brûler beau I iij
200 LE MERCVRE
coup de Fourrages &de mou- linsen deçadu Rhin , & M. de Monclar a fait la meſme choſe
dans le marquiſat de Bade ,
dans les Bourgs du Briſgau, &
dans tous les Lieux où les Ennemis pouvoient prendre des Quartiers d'Hyver. C'eſt par où il a finy la Campagne , l'Ar- mée qu'il commandoit en Chef ayant eu ordre de ſe joindre à
celle de M. de Créquy , pour n'en plus compoſer qu'une fous le Commandement de се ма
refchal.
pourroit ſeule tenir teſte à un Roy moins puiſſant que celuy deFrance. Il y a plufieursCer-
-
Hv
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cles , comme ceux de la Baffe
Saxe , de Franconie , de Suabe,
de Baviere , juſqu'au nombre de dix, &pluſieurs Provinces font
ſous chaque Cercle. Le Prince
de Bade-Dourlach fut leurdernier General. Apres ſa mort il
en falut nommer un nouveau.
L'Affaire fut miſe en déliberation àla Diete de Ratiſbonne..
Pluſieurs grands Generauxdes plus Illuftres Maiſons d'Alle- magne y pretendoient ; mais enfin le choix tomba fur le
Prince de Saxe-Eyfenach, de la Maiſon de Saxe. Le voilà donc
ſaiſi du Commandement de
cette Armée. Le ſeul Nom en
prometbeaucoup. Lesuns l'ap- pellent l'Armée des Cercles de 'Empire ,les autres l'Armée de l'Empire , &la plupart l'Armée des Cercles duHautRhin.Pl
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GALANT. 179
fieurs Officiers Generaux , en
grande confideration chez les
Allemands , font nommez pour y fervir. Le Comte de Dune- vald , Officier d'un fort grand merite , eſt du nombre. Ondeſtine fon Regiment pour groffir les Troupes de cette Armée ,
auſquelles pour reconnoiſſance du Generalat , le Prince d'Eyſe- nach en joint beaucoup , auffi bien que les Ducs de Saxe- Gotha, & de Vveïmar. Toutes
ces Troupes ſe mettent en mar- che vers Strasbourg. A leur
approche le Magiſtrat proteſte qu'il ne les laiſſera point paſſer fur fon Pont ; mais on reconnoît l'intelligence fi -toſt qu'el- les font en veuë , il feint qu'il ne peut refifter , &leurpermet le paſſage. Cette Armée étant au delà du Rhin , & ayant eu
Hvj
180 LE MERCVRE
grande peine à y ſubſiſter quel- que temps , elle prenddu Pain pour dix jours, s'avance vers les Montagnes , vient juſqu'à une lieuë de Scheleftat ; & appre- nant qu'il eſt fortifié , qu'il y a
onze Redoutes de pierre,&que Mle Baronde Monclareft derriere avec des Troupes , elle noſe prendre la réſolution de l'attaquer. Dans cet embarras,
le Prince d'Eyfenach marche vers Colmar , où le bon ordre
que les François mettent par tout à leurs affaires le réduit à
faire demander une ſomme aux
Etats de Suabe pour la fubfi- ſtance de ſes Troupes. Il eſt contraint de tirer des Munitions de Philifbourg que le Ma- giſtrat de Strasbourg luienvoye querir avec une Eſcorte.Pendat
se tempsMr de Monclar couvre
GALANT. 181
fi bien toutes ſes Places , qu'à peine les Ennemis voyent - ils jour à ſurprendre le moindre Chaſteau. Ils veulent prendre celuyde Sainte Croix auprés de Colmar. M' du Fay Comman- dantde Briſac y envoyequatre- vingt-hommes. Ils le font ſommer , le Gouverneur ne veut
point ſe rendre. M de Vifſac Lieutenant de Roy de Briſac,
trouve moyen de ſe jetter de- dans avec quatre cens hommes,
malgré toute l'Armée ennemie,
& ce Chaſteau n'eſt point pris.
Enfin le Prince d'Eyſenach voyant qu'il n'avoit encor pû réüffir de ce coſté ,fait venir de
Fribourg dequoy faire un Pont de Bateaux vers Bafle. M. de
Monclar paſſe dans le Briſgau pour obſerver ſes mouvemens,
&apprend qu'il s'eſt allé cam
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per pres de Bafle , apres avoir fait ravager les Bleds des envi- rons de Colmar, contre ce qu'il avoit promis aux Habitans qui luy avoient donné de l'argent pour s'en garantir. C'eſt le ſeul Exploit deſa Campagne , encor ne l'auroit-il pas fait s'il n'euſt manqué de parole. Il campe ſous Bafle à Hunninguen, fait achever fon Pont de Bateaux ,
&ſe retire à Bafle ſurpris d'une Fiévre-tierce que ſes mauvais fuccés ont pûluy cauſer. M.de Monclar reçoit un renfort qui luy eſt envoyé par M. le maref- chal deCréquy, &fait repentir ceux qui ont fourny quelque ſubſiſtance aux Ennemis. Ils
font travailler àdes Retranchemens aux deux coſtez de leur
Pont. Les Noſtres favoriſent
un Convoy d'argent qui va à
GALANT. 183 Brifac, fans qu'un Détachement du Prince d'Eyſenach entre- prennede s'y oppoſer. CePrin- ce fait baſtir une Redoute dans
une Iſle pour maintenir ſon Pont, &perſonne n'oſe ſortirde fon Camp, On leur rend dans leBriſgau les violences qu'ils ont exercé autour de Ruffac.
M. de monclar avance à trois
lieuës d'eux; ils ſont venus nous
chercher , & on les cherche.
Les Païfans ſont employez àdes Redoutes pour couvrir leur Pont. Onvoit par là qu'ils fu- yent le Combat. On ſe retran- che auſſi . Cependant les Gene- raux & les Offciers ſe traitent
les uns les autres àBafle. мебſieurs les marquis de Lambert,
de Nefle & de Feuquiere, y ré- galent le Baron de Noſtits- Schirein , & d'autres Officiers
184 LE MERCVRE Allemans. En ſortant de la
Ville les Partis s'entrechargent les uns les autres. Pendant
qu'on a ainſi occafion de ſe voir
àBafle, le Comte deDunevald
pratique un Officier François nommé M de la Madelaine ,
Major du Chaſteau de Lanf- cron, qui luy doit livrer la Place moyennantdix mille eſcus. Ce Major en avertit M. de Siffredy quiy commandoit. Le Comte de Dunevald vient à l'heure
marquée avec le Neveu du Prince de Saxe,le Colonel Rofe,&des Troupes. Il s'apper- çoit qu'il eſt découvert , prend la fuite , & reçoit un coup de Mouſquet qui luy emporte fon Chapeau & fa Perruque. Plu- ſieurs y perdent la vie. Ceux qui ontpaffe la Herſe ſont faits Pri- fonniers , & il en couſte dix
GALANT. 185 mille eſcus aux Allemans. Le
Prince d'Eyſenach comméçant à ſe mieux porter, &les Trou- pes des Cercles &celles que j'ay marquées ne luy fuffiſant pas , trois nouveaux Regimens le viennent joindre. Il eſt har- celé de la Garniſon de Brifac.
Apres unemarche de huit heu- res Me deMonclar ſurprend un des Quartiers des Ennemis ,
fait quatre cens Priſonniers,
prend cinq cens Chevaux, fe rend maiſtre du Chaſteau de
Plotzeim , ſe poſte avantageu- ſement pour obſerverles Enne- mis, ſe ſaiſit d'une Hauteur, fait travailler à une Redoute qui
voit dans leur Camp & y met duCanon. Monfieur le Comte
de la Mote- Moudancourt Meftre de Camp de Cavalerie ,Ne- veu du Marefchal de ce nom,
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ayant l'avantgarde compoſée de quatre cens Chevaux , ren- contre un pareil nombre des Ennemis qui en couvroient un fort grand de Fourrageurs fans avoir eſté avertis de fa marche.
Il les défait, &prend ſept à huit cens Fourrageurs ou Cavaliers.
Le reſte fuit. On leur envoye huit censChevaux pourles foû- tenir. M. le Comte de la Mote
avec une vigueur incroyable ,
pouffe & défait encor ces huit
cens Chevaux, &demeure fer- me fur le champ de Bataille ,
éloigné feulement d'une demy lieuë duCampdes Ennemisfans qu'il en forte depuis aucun ſe- cours , c'eſt à dire qu'avec qua- tre cens Chevaux ilen renverſe
douze cens , ſans compter les Fourrageurs. Ce font d'illuftres commencemens , & ce jeune
GALAN T. 187 Comte ne ſçauroit marcher plus dignement ſur les pas du fameux Mareſchal dont il eſt
Neveu. Depuis cette Action on a toûjours coupé tous les Fourrages aux Ennemis , pour les obliger à repaffer tout-à-fait le Rhin, ou àſebattre. Onleur attaque en ſuite une Redoute paliſſadée &un Logement dont on ſe rend maiſtre , & on les
oblige à fe refferrer dans leur Camp. M. le Marquis de Noailles Colonel de Cavalerie
défait leur grande Garde. II fait conftruire une Redoute
pour les incommoder , & foû- tient les Travailleurs. M. de
Monclar en fait élever deux autres. M. de Caumont major de Cavalerie bat deux de leurs
Eſcadrons aux enviros deBafle.
Les Ennemis commencent à
188 LE MERCVRE
fonger à leur Retraite. Noftre Arméeeſt à la portéedu Canon de la leur. On voit tout cequi ſe paſſe dans leur Camp, fans quils puiffent voir ce qui ſe fait dans le noftre. On les
oblige de tirer du Fourrage par leur Pont, noftreCanon les defole. Onpouſſe leur Garde , on leur tuë beaucoup de monde,
&on fait quartier au Baronde Noſtits. Ils prennent toutes les précautions imaginables pour nous cacher leur Retraite. Ils
font d'abord repaſſer leur gros Bagage,& repaffent eux-mémes quelque temps apres à la faveur d'un grand Brouillard qui les empeſche d'eſtre apperceus.
Ondécouvre le matin qu'ils ont abandonné leur Redoute ; &
comme on les voit qui ſe reti- rent encor , favoriſez d'un Ca
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non qu'ils ont poſté de l'autre coſte du Rhin , M² de Monclar enfait poſter du fien ,&les oblige par là à ſe retirer avec une précipitation qui eſt cauſe que beaucoup d'entr'eux ſont noyez. Ils nous laiſſent tout les Bateaux du gros bras du Rhin ,
&s'échapent apres avoir brûlé tous ceux qui estoient par delà- 1 Ifle , auffi-bien que quelques piles de Foin , mais nous profi- tons du Fourrage qui eſt dans leur Champ. Les Ennemis ne repaſſent chez eux que pour y
eſtre battus , & c'eſt par ce Combatque finit la Campagne de l'Armée des Cercles , avant
que d'eſtre incorporée à celle du Prince Charles. Le Pont
qu'avoit fait conſtruire le Prin- ced'Eyfenach ne luy ayant fer- vy qu'aſe retirer apres enavoir
190 LE MERCVRE perdu la moitié , Monfieur de Monclar paſſe ſur celuy de Bri- fac , & entre dans le Briſgau.
M.le Marquis de la Valette le joint auſſi-toſt apres avec ſa Bri- gade. leGeneral ennemy en eſt • furpris , &plus encor d'apren- dre queM' le MareſchaldeCréquy fait conſtruire un Pont à
Rhenau pour paſſer le Rhin. II réſout de s'y oppoſer. M. de Monclar qui obferve ſes mou- vemens,envoye M.de Caumont,
Capitaine & major du Regi.. ment de Belport, avecdeux Ef- cadrons , pourſe ſaiſir d'unPaf- ſage. Ils font pouſſez par ſept des Ennemis , &ſe tirent pour- tant d'affaires ſans perdre qu'un ſeul Capitaine. Le Prince d'Ey- fenach veut gagner le Poſte de Capelqui eſt vis-à-vis de Rhe- nau ,mais il eſt embaraſſé par
GALANT. 191
L
un nouveau General. Il croit
que M. de monclar fonge à ſe faifir d'Offembourg. Cette pen- ſée luy fait diviſer ſes forces. Il y
envoye du monde , & à Fribourg ; & pendant ce temps ,
Monfieur de Créquy ſe rend maiſtre du Poſte que le Prince d'Eyſenach avoit eu deſſein d'occuper. C'eſt ce que beau- coup de Relations n'ont pas aſſez ny marqué , ny éclaircy.
M. de Créquy voulant donner de l'inquietude au Ennemis ,
- laiſſe ſes Ordres à Monfieur le
Comtede Maulevrier - Colbert
- Lieutenant General , pour faire paffer l'Armée ſur le Pont du Rhin,&fait marcher les Briga- - des de la Valete & de Dugas ,
avec les Regimens de Dragons de Liſtenay & de Theſſe, entre Strafbourg & Offembourg. Il
192 LE MERCVRE
s'avance pres de Vilſtet. Il ap- prend que les Ennemis y vien- nent camper , & juge à propos d'y attendre un plus grand CorpsdeTroupes pour paſſerla Riviere devant eux. Il n'a pas le temps de le faire. Un Party lui rapporte que le Prince d'Ey- fenach veut gagner le Fort de Kill , ce qui luy eſt bien-toſt apres confirmé par une grande pouffiere. Il croit qu'il faut ten- ter le Paſſage par des guez,quoy que difficiles, m' le marquis de Genlis fait les Détachemens de
la premiere Colomne , Monfieur le Comte de Roye ceux de la
ſeconde , & M. de monclar ſoûtient ces deux Lignes. м. lе маг- quis de Riverolles ſe met à la
teſte des Gens detachez , paffe l'eau , & tâche d'ébranler les Ennemis. Ils font grand feu fur
luy ,
Y
GALANT. 193 193
4
luy , il retourne à la charge , il eſt bleſſé ,&M. de Monteſquiou Capitainedans ſon Regiment ,
tué. Les Dragons de Liſtenay s'aprochent des hayes , mettent pied à terre , & rendent les abords de la Riviere plus faciles. M'les marquis de Ranes
de Lambert , & de Bouflairs ,
pouffent quelques Troupes , &
apres les premieres eſcarmou- ches , ébranlent les Ennemis ,
qui à la faveurd'une Digue ſe placent aſſez prés des Noſtres.
Monfieur le mareſchal de Créquy fait auſſitôt avancerlesRe- gimensde la Valete, deCayeux,
&de Villars. Le marquis de ce nom , qui en eſt Colonel , ſe met àla teſte des premiersEſca- drons , montre une vigueur ex- traordinaire , & les anime par ſon exemple. IldéfaitunegranTome VIII. I
194 LE MERCVRE deGarde des Ennemis , &pouf- ſe pluſieurs Efcadrons deCui- raffiers. M les marquis deRa- nes , de Lambert , & de Bouflairs , placent les Dragons de Theſſe & de Liſtenay le long de la Digue. Ils font voir une activité ſurprenante , & char- gent les Enriemis avec tant de vigueur&de courage , que les ayant mis en deſordre , ils les auroient entierement défaits ,
ſansl'arrivée de la nuitqui fa- voriſa leur Retraite. Pluſieurs
de leursOfficies furent tuez ,&
ils laiſſferent plus de fix cens Hommesſur la place , ſans plus de fix- vingt Chariots qu'ils abandonnerent. Cette occafion
nenouscouſtapas vingtHom- mes. M. de Roquefeüille Corne- te desGardes de M. le marefchal deCréquy ,&M. deBriail
GALANT. 195 le l'un de ſes Pages , y furent bleſſez , le dernier à la jambe ,
&l'autre au bras d'un coup de Piſtolet qu'il y reçeut. Avant le Combat , M. deGaſſion cher- chantàreconnoiſtre les Ennemis , tomba dans la Colomne de
leur premiere Ligne , &foûtint toute leur Cavalerie qui le pouſſa.Il neperditque fixHom- mes , & s'en eſtant glorieuſe- ment retiré , on peut dire que c'eſt preſque contre toute une Armée qu'il acombatu. On n'a peut-eſtre pas reflechy ſur une choſe qui fait en deux mots I'Eloge de M. le Mareſchal de Créquy. L'Armée de l'Empe- reur eftant venuë juſqu'àMou- zon ,a eſté obligée de s'en re- tourner ſans avoir rien fait ; &
M.de Créquy faitune fi extra- ordinaire diligence , qu'il eſt I ij
196 LE MERCVRE
dans les Terres de l'Empire plûtoſt qu'elle , &bat l'Armée des Cercles avantqu'aucune de ſes Troupes ſoit arrivée. C'eſt
tout ceque peutfaire &la plus ſage conduite ,& la plus exacte prévoyance. Cette déroute fut doublement ſenſible au Prince
deSaxe-Eyfenach. Meſſieurs de Strasbourg qui craignent &
cherchent àménager les Vain- queurs qui ne font pas éloi- nez n'oferent recevoir des
Troupes batuës, &celles- cy fu- rent contraintes de ſe refugier dans une Iſle appellée l'Iſle du Pont de Strasbourg. Elles s'y trouverent fort incommodées.
Elles nepouvoient aller au fou- rage, & elles eſtoient encor ſi épouvantéesdela manieredont elles avoient veu combatre les
François, qu'elles nevouloient
,
GALANT. 197 point fortir de cette Ifle ſans Sauf - conduit. Le ſeul expe- dient que le Prince d'Eyſenach trouva pourſe dégager, fut de prier M'de Strasbourg d'aller enCorps chez le Refident du
Roy, &de l'engager à joindre K
-ſes prieres aux leurs pour obte -nir unPaſſeport de Monfieurle Mareſchal de Créquy. L'ex- pedient eft nouveau , &ne pa- roiſtroit pas croyable dans un Roman. Monfieurdu Pré Réſident de France écrivit. La Lettre fut envoyée par un Trom- pete au nom de la Republique de Strasbourg , & ce qu'onde- mandoit fut accordé. Les François ſont auffi honneſtes que braves , & ne refuſent rien
quand on ſe ſoûmet. Vous avez veu lePaſſeport , il eſt imprimé dans la Gazete. Le lendemain
4
I iij
198 LE MERCVRE
du Combat , Monfieur de Créquy ſçachant que les Ennemis ayoient fait un grand amas de Fourrages dans Vilſtet , crût qu'il eſtoit de conſequence d'envoyer brûler les Magaſins & toutes les Maiſons dans lefquelles il y en avoir. M le Comte de la mothe fut détaché avec trois cens Chevaux
pour faire cette Expédition.
Apres avoir pouffé quelques Troupes qu'il rencontra en chemin , il ſe rendit à Vilſtet & fut fupris de trouver Gar- niſon dans le Chafteau. C'eſt
une Tour de grandes pierres quarrés , & environnées d'un bon Foffe. Il envoya un Trom- pete fommer laGarniſon de ſe rendre , & fur le refus qu'elle en fit, il donna ordre qu'ondiſt au Commandant , que s'il ſe
6
GALANT. 199 défendoit , il le feroit pendre à
la Porte , fans aucun quartier pour les Soldats. Ils voulurent
compofer , &ayant inutilement demandé à fortir avec armes &
bagages, ils ne furét reçeus qu'à difcretion. Il avoit fait mettre
pied àterre à ſes Cavaliers , &
quand ils le virent en reſolution de les attaquer , ils ſe rendirent.
Il envoya la Garniſon à M. de Créquy , fit mettre le feu au Chaſteau , & àtoutes les maіſons oùil y avoit du Fourrage ,
& enſuite aux magaſins de Foin qui estoient fort conſidérables.
C'eſt l'uſage de la Guerre , &
il n'y a point de voye plus prompte pour chaffer un En- nemy , quede luy oſterles mo- yens de fubfifter. Cette raiſon a
obligé Monfieur le mareſchal de Créquy à faire brûler beau I iij
200 LE MERCVRE
coup de Fourrages &de mou- linsen deçadu Rhin , & M. de Monclar a fait la meſme choſe
dans le marquiſat de Bade ,
dans les Bourgs du Briſgau, &
dans tous les Lieux où les Ennemis pouvoient prendre des Quartiers d'Hyver. C'eſt par où il a finy la Campagne , l'Ar- mée qu'il commandoit en Chef ayant eu ordre de ſe joindre à
celle de M. de Créquy , pour n'en plus compoſer qu'une fous le Commandement de се ма
refchal.
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Résumé : Ce qui s'est passé pendant toute la Campagne entre l'Armée du Roy commandée par M. le Baron de Monclar, & celle des Cercles. [titre d'après la table]
Le texte relate la campagne militaire du Baron de Monclar contre l'Armée des Cercles, composée de troupes de divers États allemands. Cette armée, initialement dirigée par le Prince de Bade-Dourlach, est ensuite commandée par le Prince de Saxe-Eyfenach après la mort du premier. L'Armée des Cercles, également appelée Armée de l'Empire ou Armée des Cercles du Haut-Rhin, se dirige vers Strasbourg mais est empêchée de traverser le Rhin par le magistrat local. Après avoir traversé, elle se dirige vers Schelestat mais recule face aux fortifications. Le Prince de Saxe-Eyfenach se rend ensuite à Colmar, où il demande des fonds aux États de Suabe pour subvenir aux besoins de ses troupes. Pendant ce temps, le Baron de Monclar défend efficacement les places françaises, empêchant les ennemis de prendre des châteaux stratégiques comme celui de Sainte-Croix près de Colmar. L'armée des Cercles, après avoir ravagé les environs de Colmar, se retire à Bâle en raison de la maladie du Prince de Saxe-Eyfenach. Les deux armées s'affrontent près de Bâle, avec des escarmouches et des constructions de retranchements. Plusieurs officiers français et allemands se rencontrent à Bâle, mais les combats continuent. Une tentative de trahison par un officier français est déjouée. Les troupes françaises, sous le commandement du Baron de Monclar et du Maréchal de Créquy, harcèlent et battent les ennemis, les forçant à se retirer. Les Français construisent des redoutes et harcèlent les ennemis, les obligeant à se retirer précipitamment et à abandonner leurs positions. Le texte décrit également plusieurs affrontements où les troupes françaises, dirigées par des officiers comme le Marquis de Noailles et le Comte de la Mote, infligent des pertes significatives aux ennemis. La campagne se conclut par la retraite des troupes des Cercles, qui repassent le Rhin en laissant derrière eux des pertes humaines et matérielles. Par ailleurs, l'Armée de l'Empereur, arrivée à Mouzon, dut se retirer sans action notable. Le maréchal de Créquy, par une diligence exceptionnelle, battit l'Armée des Cercles avant l'arrivée de ses propres troupes. Cette défaite fut particulièrement dure pour le Prince de Saxe-Eyfenach. Les habitants de Strasbourg, craignant les vainqueurs, refusèrent d'accueillir les troupes battues, qui se réfugièrent sur l'Île du Pont de Strasbourg, où elles furent très inconfortables et refusèrent de quitter l'île sans sauf-conduit. Le Prince d'Eysenach demanda au représentant de France à Strasbourg d'obtenir un passeport du maréchal de Créquy, ce qui fut accordé. Le lendemain de la bataille, le maréchal de Créquy envoya le comte de la Mothe brûler les magasins de fourrage et les maisons à Vilstet. Après avoir repoussé quelques troupes ennemies, le comte de la Mothe surprit une garnison dans le château de Vilstet. Après une négociation, la garnison se rendit et fut envoyée au maréchal de Créquy. Le château et les magasins de fourrage furent incendiés. Cette stratégie, visant à priver l'ennemi des moyens de subsistance, fut également appliquée par le maréchal de Créquy et le marquis de Monclar dans diverses régions. La campagne se termina par la jonction des armées sous le commandement du maréchal de Créquy.
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2
p. 762-763
NOUVEAU MEMOIRE du Sieur de la Gache, sur le Mouvement perpetuel, &c.
Début :
Il a été parlé dans le Mercure de France du [...]
Mots clefs :
Mouvement perpétuel, Instrument mathématique, Quadrature, Cercles, Modèle, Pesanteur, Machine, Société royale des arts mécaniques
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texteReconnaissance textuelle : NOUVEAU MEMOIRE du Sieur de la Gache, sur le Mouvement perpetuel, &c.
NOUVEAU MEMOIRE du Sieur de
la Gache, fur le Mouvement perpetuel, &c.
Il a été parlé dans le Mercure de France da
mois de Juillet 1730. d'un instrument de Mathématique
, déja annoncé dans les Mercures de
Mars et Novembre 1729. avec lequel on trouve
sur le champ la quadrature de toute sorte de
cercles , les jeaugeages de toute sorte de tonneaux
et cubes , et encore la racine quarrée de toute sorte
de plombs et figures Géométriques ; cet instrument
f
AVRIL. 1731. 753
trument étant marqué de toutes les mesures ne
cessaires pour les operations qu'on vient de dire.
Le même Mercure de Juillet 1730. parle aussi
d'une idée du mouvement perpetuel, du même Auteur
, laquelle ayant été examinée à Paris , plusieurs
connoisseurs ont jugé qu'on ne pouvoit
bien trouver le mouvement perpetuel que par ce
principe.
Depuis ce temps-là l'Auteur a fait un nouveau
modele à peu près sur le même principe , mais l'execution
en est beaucoup plus facile, il n'y a point
de chambres comme au premier,il est plus simple
et plus naturel , puisqu'il n'y a pas de frottement
même des deux pivots , et que les chutes des pesanteurs
, ou des leviers s'en font comme des boules
, qui tombent d'enhaut l'une sur l'autre de fortprès
, et remontent par leur centre , pour redescendre
continuellement par la circonference ou
l'extrémité du cercle , et donner ainsi le mouve,
ment à toute la machine.
L'Auteur offre d'envoyer à Paris ce nouveau
modele de mouvement perpetuel à MM . de la
Societé Royale des Arts Mechaniques , pour
P'examiner et en faire l'expérience , esperant de
leur présenter encore les autres découvertes qu'il
a ci-devant faites. Il n'y a point d'artiste , habile
et curieux, qui ne se fasse un plaisir d'executer ce
dernier mouvement , il n'y aura que de la justesse
à observer. Le modele en question est de
cuivre , et n'a que cinq pouces de diametre , les
boules d'étain sont plates , et l'arbre ou livots
surquoi la machine tourne , d'acier. Le tout ne
pese pas plus de trois ou quatre livres. Signé ,
LA GACH E.
la Gache, fur le Mouvement perpetuel, &c.
Il a été parlé dans le Mercure de France da
mois de Juillet 1730. d'un instrument de Mathématique
, déja annoncé dans les Mercures de
Mars et Novembre 1729. avec lequel on trouve
sur le champ la quadrature de toute sorte de
cercles , les jeaugeages de toute sorte de tonneaux
et cubes , et encore la racine quarrée de toute sorte
de plombs et figures Géométriques ; cet instrument
f
AVRIL. 1731. 753
trument étant marqué de toutes les mesures ne
cessaires pour les operations qu'on vient de dire.
Le même Mercure de Juillet 1730. parle aussi
d'une idée du mouvement perpetuel, du même Auteur
, laquelle ayant été examinée à Paris , plusieurs
connoisseurs ont jugé qu'on ne pouvoit
bien trouver le mouvement perpetuel que par ce
principe.
Depuis ce temps-là l'Auteur a fait un nouveau
modele à peu près sur le même principe , mais l'execution
en est beaucoup plus facile, il n'y a point
de chambres comme au premier,il est plus simple
et plus naturel , puisqu'il n'y a pas de frottement
même des deux pivots , et que les chutes des pesanteurs
, ou des leviers s'en font comme des boules
, qui tombent d'enhaut l'une sur l'autre de fortprès
, et remontent par leur centre , pour redescendre
continuellement par la circonference ou
l'extrémité du cercle , et donner ainsi le mouve,
ment à toute la machine.
L'Auteur offre d'envoyer à Paris ce nouveau
modele de mouvement perpetuel à MM . de la
Societé Royale des Arts Mechaniques , pour
P'examiner et en faire l'expérience , esperant de
leur présenter encore les autres découvertes qu'il
a ci-devant faites. Il n'y a point d'artiste , habile
et curieux, qui ne se fasse un plaisir d'executer ce
dernier mouvement , il n'y aura que de la justesse
à observer. Le modele en question est de
cuivre , et n'a que cinq pouces de diametre , les
boules d'étain sont plates , et l'arbre ou livots
surquoi la machine tourne , d'acier. Le tout ne
pese pas plus de trois ou quatre livres. Signé ,
LA GACH E.
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Résumé : NOUVEAU MEMOIRE du Sieur de la Gache, sur le Mouvement perpetuel, &c.
Le mémoire du Sieur de la Gache, publié dans le Mercure de France de juillet 1730, présente deux inventions. La première est un instrument mathématique capable de déterminer la quadrature des cercles, le jaugeage des tonneaux et des cubes, ainsi que la racine carrée de diverses figures géométriques. Cet instrument est équipé de toutes les mesures nécessaires pour ces opérations. La seconde invention concerne une idée de mouvement perpétuel. Après un examen à Paris, des experts ont jugé ce principe prometteur. L'auteur a depuis créé un nouveau modèle plus simple, sans chambres ni frottement des pivots. Les poids ou leviers fonctionnent comme des boules tombant les unes sur les autres et remontant par leur centre pour redescendre continuellement. L'auteur propose d'envoyer ce modèle à la Société Royale des Arts Mechaniques à Paris pour examen. Le modèle, en cuivre, mesure cinq pouces de diamètre et pèse entre trois et quatre livres. Les boules sont en étain et l'arbre sur lequel la machine tourne est en acier. L'auteur espère que les artistes habiles et curieux trouveront plaisir à exécuter ce mouvement perpétuel.
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3
p. 477-482
DIFFICULTÉ sur le mouvement annuel du Flux et Reflux de la Mer.
Début :
Il est surprenant que les Philosophes qui se picquent d'une si grande exactitude [...]
Mots clefs :
Flux et reflux, Mer, Lune, Tropiques, Équateur, Nouvelles lunes, Pleines lunes, Lunes, Mouvement, Explication, Solstices, Annuel, Menstruel, Terre, Cercles
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texteReconnaissance textuelle : DIFFICULTÉ sur le mouvement annuel du Flux et Reflux de la Mer.
DIFFICULT E' sur le mouvement
annuel du Flux et Reflux de la Mer.
L est surprenant que les Philosophes
Iquise piequent d'une si grande prac
titude dans l'explication de tous les mouvemens
de la Mer , qu'ils défient de proposer
aucune difficulté contre leur sistême
, qu'ils ne dissipent aussi -tôt , n'en
ayent pas encore apperçu une qui saute
aux yeux dans l'explication qu'ils donnent
du mouvement annuel : c'est qu'elle
paroît fondée sur un principe dont tout
le monde convient, que l'Equateur est le
plus grand de tous les cercles de laTerre ,
et que les deux Tropiques lui sont considérablement
inférieurs , principe incontestable
, mais qui est mal appliqué dans
leur systême. Pour le démontrer , il ne
faut que l'examiner et l'application qu'ils
en font . Mais auparavant il est bon d'établir
l'état de la question.
478 MERCURE DE FRANCE
On distingue trois sortes de mouvements
différents dans les eaux de la Mer,
le Diurne , le Menstruel , et l'annuel.
Le Diurne est celui par lequel les eaux
de la Mer se débordent sur nos Rivages
et s'en retirent deux fois le jour , ensorte
toutefois que ces inondations arrivent
tous les jours près de 48 min. plus tard
que le jour précédent.
Le mouvement Menstruel est ainsi
appellé , parce que les Marées sont plus
fortes aux nouvelles et pleines Lunes de
chaque mois que dans les Quadratures.
Enfin le mouvement annuel est celui
par lequel les eaux de la Mer se gonflent
plus considérablement aux nouvelles et
pleines Lunes des Equinoxes, qu'aux nouvelles
et pleines Lunes des Solstices.
Il ne s'agit ici que du mouvement annuel
, et c'est précisément l'explication
qu'on en donne communément que je
me propose de refuter icy . Voici donc
comme on l'explique.
•
Dans les nouvelles et pleines Lunes des
Equinoxes, la Lune répond à l'Equateur
terrestre qui est le plus grand de tous
les cercles de la Terre. Dans les nouvelles
et pleines Lunes des Solstices elle répond
aux deux Tropiques qui sont de beaucoup
plus petits que l'Equateur ; par
conMARS.
1734 479
conséquent quand la Lune se trouve directement
sur l'Equateur , il y a une
plus grande convexité sur la terre par
rapport à la Lune , une bosse plus considérable
, que quand elle répond aux
Tropiques, ainsi la distance qui se trouve
depuis la circonférence de l'Equateur
jusqu'à la partie inférieure de la Lune ,
étant beaucoup moins grande que celle
qui se trouve entre les Tropiques et la
même partie inférieure de la Lune
lit se trouve plus retréci dans cet endroit
que
que si elle répondoit aux Tropiques ;
donc la matiere céleste a beaucoup plus
de peine à passer donc elle comprime
davantage les eaux , et par conséquent
les Marées doivent être plus grandes dans
les nouvelles et pleines Lunes des Equi
noxes que dans celles des Solstices.
و
, le
Cette explication seroit merveilleuse
si elle ne péchoit point , comme je l'ai
dit dans l'application du principe. Il est
bien vrai que l'Equateur est le plus grand
de tous les cercles de la terre que les
Tropiques lui cédent en grandeur , mais
il est faux d'en conclure que la Lune
répond à un moindre cercle quand elle
se trouve sur les Tropiques que quand
elle se trouve sur l'Equateur , et je soutiens
, de l'aveu même des Auteurs du
systême
480 MERCURE DE FRANCE.
systême , que dans l'un et l'autre cas
la Lune répond à des cercles égaux entr'eux.
Pour le prouver il ne faut
que considerer
la situation des Tropiques par
rapport à la Lune dans les nouvelles et
pleines Lunes des Solstices , et faire attention
que pour lors elle ne répond pas
précisément au centre des Tropiques , mais
à un cercle dont le centre est la terre ,
et que ce cercle se prend d'un Tropique
à l'autre , c'est - à - dire , d'un point , par
exemple,du Tropique du Cancer sur nô
tre horizon au point duCapricorne qui lui
est directement opposé chez nos Antipodes;
la raison en est qu'en quelqu'endroit
que se trouve la Lune , elle presse toujours
vers la partie qui lui est directement
opposée : or quand elle se trouve
sur un Tropique , le cercle que je viens
de décrire lui est directement opposé ; et
c'est dont ces Auteurs du systême conwiennent
eux -mêmes , et dont ils se servent
pour expliquer pourquoi nous
avons aussi -tôt la Marée , quand la Lune
se trouve au Tropique du Capicorne
sous nôtre horizon , que quand elle se
rencontre au Tropique du Cancer sur
nôtre horizon ; ils en conviennent donc
eux-mêmes : or le cercle que je viens de
déMARS
1734. 481
, que
décrire, etl'Equateur sont égaux entr'eux;
car ils coupent tous deux la terre
nous supposons avec eux ronde , en deux
parties égales : suivant les principes de
Geométrie deux cercles qui coupent un
même Globe en deux parties égales sont
égaux entr'eux ; donc de l'aveu méme de
nos adversaires , l'Equateur et le Cercle
que je viens de décrire et auquel ils
avotient que répond la Lune aux nouvelles
et pleines Lunes des Solstices , sont
égaux entr'eux ; donc il n'y a point de
plus grande convexité sur la surface de
la terre par rapport à la Lune dans l'un
que
dans l'autre cas ; d'où il s'ensuit
que
la matiere céleste ne se trouvant point
plus gênée , ne doit pas davantage comprimer
les eaux de la Mer ; et ainsi suivant
cette explication , les Marées ne
doivent pas être plus grandes dans les
nouvelles Lunes des Equinoxes que dans
celles des Solstices ; ce systême ne vaut
donc rien pour expliquer le mouvement
annuel . J'avoue qu'il peut arriver qu'on
donne une véritable et solide explication
de ce mouvement ; mais je soutiens que
celle que je viens de refuter est insoutenable
; et cependant elle est à la mode
chez tous les Philosophes , qui toujours
accoutumez à distinguer un Equateur et
D des
482 MERCURE DE FRANCE
des Tropiques ; ne font nulle attention
à la situation respective de ces cercles par
rapport
à la Lune.
annuel du Flux et Reflux de la Mer.
L est surprenant que les Philosophes
Iquise piequent d'une si grande prac
titude dans l'explication de tous les mouvemens
de la Mer , qu'ils défient de proposer
aucune difficulté contre leur sistême
, qu'ils ne dissipent aussi -tôt , n'en
ayent pas encore apperçu une qui saute
aux yeux dans l'explication qu'ils donnent
du mouvement annuel : c'est qu'elle
paroît fondée sur un principe dont tout
le monde convient, que l'Equateur est le
plus grand de tous les cercles de laTerre ,
et que les deux Tropiques lui sont considérablement
inférieurs , principe incontestable
, mais qui est mal appliqué dans
leur systême. Pour le démontrer , il ne
faut que l'examiner et l'application qu'ils
en font . Mais auparavant il est bon d'établir
l'état de la question.
478 MERCURE DE FRANCE
On distingue trois sortes de mouvements
différents dans les eaux de la Mer,
le Diurne , le Menstruel , et l'annuel.
Le Diurne est celui par lequel les eaux
de la Mer se débordent sur nos Rivages
et s'en retirent deux fois le jour , ensorte
toutefois que ces inondations arrivent
tous les jours près de 48 min. plus tard
que le jour précédent.
Le mouvement Menstruel est ainsi
appellé , parce que les Marées sont plus
fortes aux nouvelles et pleines Lunes de
chaque mois que dans les Quadratures.
Enfin le mouvement annuel est celui
par lequel les eaux de la Mer se gonflent
plus considérablement aux nouvelles et
pleines Lunes des Equinoxes, qu'aux nouvelles
et pleines Lunes des Solstices.
Il ne s'agit ici que du mouvement annuel
, et c'est précisément l'explication
qu'on en donne communément que je
me propose de refuter icy . Voici donc
comme on l'explique.
•
Dans les nouvelles et pleines Lunes des
Equinoxes, la Lune répond à l'Equateur
terrestre qui est le plus grand de tous
les cercles de la Terre. Dans les nouvelles
et pleines Lunes des Solstices elle répond
aux deux Tropiques qui sont de beaucoup
plus petits que l'Equateur ; par
conMARS.
1734 479
conséquent quand la Lune se trouve directement
sur l'Equateur , il y a une
plus grande convexité sur la terre par
rapport à la Lune , une bosse plus considérable
, que quand elle répond aux
Tropiques, ainsi la distance qui se trouve
depuis la circonférence de l'Equateur
jusqu'à la partie inférieure de la Lune ,
étant beaucoup moins grande que celle
qui se trouve entre les Tropiques et la
même partie inférieure de la Lune
lit se trouve plus retréci dans cet endroit
que
que si elle répondoit aux Tropiques ;
donc la matiere céleste a beaucoup plus
de peine à passer donc elle comprime
davantage les eaux , et par conséquent
les Marées doivent être plus grandes dans
les nouvelles et pleines Lunes des Equi
noxes que dans celles des Solstices.
و
, le
Cette explication seroit merveilleuse
si elle ne péchoit point , comme je l'ai
dit dans l'application du principe. Il est
bien vrai que l'Equateur est le plus grand
de tous les cercles de la terre que les
Tropiques lui cédent en grandeur , mais
il est faux d'en conclure que la Lune
répond à un moindre cercle quand elle
se trouve sur les Tropiques que quand
elle se trouve sur l'Equateur , et je soutiens
, de l'aveu même des Auteurs du
systême
480 MERCURE DE FRANCE.
systême , que dans l'un et l'autre cas
la Lune répond à des cercles égaux entr'eux.
Pour le prouver il ne faut
que considerer
la situation des Tropiques par
rapport à la Lune dans les nouvelles et
pleines Lunes des Solstices , et faire attention
que pour lors elle ne répond pas
précisément au centre des Tropiques , mais
à un cercle dont le centre est la terre ,
et que ce cercle se prend d'un Tropique
à l'autre , c'est - à - dire , d'un point , par
exemple,du Tropique du Cancer sur nô
tre horizon au point duCapricorne qui lui
est directement opposé chez nos Antipodes;
la raison en est qu'en quelqu'endroit
que se trouve la Lune , elle presse toujours
vers la partie qui lui est directement
opposée : or quand elle se trouve
sur un Tropique , le cercle que je viens
de décrire lui est directement opposé ; et
c'est dont ces Auteurs du systême conwiennent
eux -mêmes , et dont ils se servent
pour expliquer pourquoi nous
avons aussi -tôt la Marée , quand la Lune
se trouve au Tropique du Capicorne
sous nôtre horizon , que quand elle se
rencontre au Tropique du Cancer sur
nôtre horizon ; ils en conviennent donc
eux-mêmes : or le cercle que je viens de
déMARS
1734. 481
, que
décrire, etl'Equateur sont égaux entr'eux;
car ils coupent tous deux la terre
nous supposons avec eux ronde , en deux
parties égales : suivant les principes de
Geométrie deux cercles qui coupent un
même Globe en deux parties égales sont
égaux entr'eux ; donc de l'aveu méme de
nos adversaires , l'Equateur et le Cercle
que je viens de décrire et auquel ils
avotient que répond la Lune aux nouvelles
et pleines Lunes des Solstices , sont
égaux entr'eux ; donc il n'y a point de
plus grande convexité sur la surface de
la terre par rapport à la Lune dans l'un
que
dans l'autre cas ; d'où il s'ensuit
que
la matiere céleste ne se trouvant point
plus gênée , ne doit pas davantage comprimer
les eaux de la Mer ; et ainsi suivant
cette explication , les Marées ne
doivent pas être plus grandes dans les
nouvelles Lunes des Equinoxes que dans
celles des Solstices ; ce systême ne vaut
donc rien pour expliquer le mouvement
annuel . J'avoue qu'il peut arriver qu'on
donne une véritable et solide explication
de ce mouvement ; mais je soutiens que
celle que je viens de refuter est insoutenable
; et cependant elle est à la mode
chez tous les Philosophes , qui toujours
accoutumez à distinguer un Equateur et
D des
482 MERCURE DE FRANCE
des Tropiques ; ne font nulle attention
à la situation respective de ces cercles par
rapport
à la Lune.
Fermer
Résumé : DIFFICULTÉ sur le mouvement annuel du Flux et Reflux de la Mer.
Le texte traite des mouvements annuels des marées, soulignant une difficulté dans l'explication courante de ce phénomène. Les philosophes, bien qu'ils aient expliqué avec précision les mouvements diurnes et mensuels des eaux marines, n'ont pas résolu la question du mouvement annuel. Les trois types de mouvements des marées sont le mouvement diurne, le mouvement mensuel et le mouvement annuel. Le mouvement diurne se caractérise par des marées qui se produisent deux fois par jour, avec un décalage de 48 minutes chaque jour. Le mouvement mensuel est marqué par des marées plus fortes aux nouvelles et pleines lunes de chaque mois. Le mouvement annuel, quant à lui, se manifeste par des marées plus importantes aux équinoxes qu'aux solstices. L'explication traditionnelle du mouvement annuel repose sur le principe que l'équateur est le plus grand cercle de la Terre, tandis que les tropiques sont plus petits. Selon cette explication, la Lune, en se trouvant sur l'équateur aux équinoxes, crée une plus grande convexité terrestre, comprimant ainsi davantage les eaux et augmentant les marées. Cependant, le texte conteste cette explication en affirmant que la Lune répond à des cercles égaux, que ce soit sur l'équateur ou sur les tropiques. Ainsi, la différence de convexité et de compression des eaux ne peut expliquer les variations des marées entre les équinoxes et les solstices. Le texte conclut que cette explication est insoutenable et qu'une autre explication doit être trouvée pour le mouvement annuel des marées.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 972-979
EXTRAIT du Protocole de la Diete de l'Empire, contenant les raisons alleguées par les Ministres de Baviere, pour s'opposer à la Déclaration de guerre contre la France.
Début :
Quelque déplorable que soit la Guerre actuellement allumée entre Sa Majesté Imperiale et la [...]
Mots clefs :
Saint Empire romain, Guerre, États, Cercles, Défense, Déclaration de guerre, Couronne, France, Commission, Pologne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT du Protocole de la Diete de l'Empire, contenant les raisons alleguées par les Ministres de Baviere, pour s'opposer à la Déclaration de guerre contre la France.
EXTRAIT du Protocole de la Diete
de l'Empire , contenant les raisons alleguées
par les Ministres de Baviere ,
pour s'opposer à la Déclaration de
guerre contre la France.
Velque déplorable que soit la Guerre actuelle
Y
ment allumée entre Sa Majesté Imperiale et l'a
Couronne de France , il est néanmoins évident
même par la Déclaration qu'il a plû à S. M. Imp.
de faire à l'Empire au commencement de son Deeret
de Commission , ainsi que par la Piece intitulée,
Motifs de Résolution du Roy , jointe audit De
eret , que la présente Guerre survenue entre ces deux
Hautes-Puissances, prénd sa source dans l'affaire de
Election d'un Roy de Pologne, mais que quelque
soit l'affaire de cette Election , et quelque fondé et
incontestable qne puisse être tout ce qu'on a publié
touchant les intrigues pratiquées à ce sujet , ( car il
ne s'agit pas ici d'entrer dans aucune discussion par
rapport à l'agresseur , ni dans aucun examen par
rapport aux Traitez précedemment faits à l'insc
de l'Empire , avec des Puissances Etrangeres ) il
est toujours certain que l'Empire n'ayant ni allian.
ce ni engagement special avec le Royaume de Pologne
, doit regarder cette affaire én quelque façon
comme étrangere, et à laquelle il n'est point oblige
de prendre part. Il s'agit donc présentement de dé
liberer
MAY. 1734. 973
liberer si , vu les motifs representez par S. M. Im.
ala Diete , l'Empire doit generalement consentirà
une Déclaration de Guerre contre la France.
Les Loix de l'Empire établissent suffisamment
ce qu'il convient de faire pour sa deffense , en cas
de quelque attaque ennemie , personne ne l'ignore ;
mais comme le Saint Empire Romain est en paix
avec toutes les Puissances étrangeres , et que la
Couronne de France même, après s'être emparée du ..
Fort de Kell , afait déclarer par écrit le 14. Octobre
dernier à tous les Electeurs , Frinces et Etats
du Saint Empire Romain , par M. Blondel , son
Ministre,ainsi qu'il paroît par la Piece annexée au
Decret Imperial de Commission , qu'elle n'a rien
plus à coeur que de maintenir la Paix avec l'Empire
et d'observer les Traitez , sans vouloirfaire des
conquêtes , promettant en consequence de rendre ce
Fort de Kell ; on ne voit pas que l'Empire puisse
avoir aucune raison suffisante d'entrer en guerre ;
d'ailleurs c'est une chose notoire aux Electeurs ,
Princes et Etats , que pendant le peu d'années de
Paix dont on a joui , l'Empire , et en particulier les
Cercles , qui durant la derniere Guerre et tant d'au
tres qui l'ont précedée , se sont trouvez les plus èxposez
aux attaques ennemies , et n'ont pû éviter les
degâts et la destruction qui accompagnent toujours
les Armes , ne se sont pas encore assez bien rétablis
des pertes qu'ils ont soufertes , pour qu'on les expose
de nouveau aux mêmes inconveniens , et cela pour
une affaire étrangere à laquelle ils n'ont aucune
part , et pour qu'on exige d'eux qu'ils contribuent
aux frais d'une guerre qui durera peut -être plu
sieurs années ; car si l'on considere avec attention
les suites onereuses d'une rupture , on trouvera ,
l'experience nous le montre, que lorsqu'elle est entamée,
il est bien difficile d'en prévoir les évenemens et
dejuger de sa durée.
"
et
Après
974 MERCURE DE FRANCE
>
Apr's cela quelqu'heureuse que pût être cette
Guerre , et quand meme on pourroit obliger la Partie
adverse à consentir à une Paix durable et avantageuse
, la méme experience nous fait voir que
toute l'utilité qui en resultera aux Etats du Saint
Empire Romain , sera qu'on leur rende leurs Pays
mais désolez , et dans un état plus triste encore que
celui où leurs Sujets et leurs Pays se trouvent actuellement
sans pouvoir esperer aucun agrandissement
, puisqu'on a vu que tous les efforts qu'on a
faits jusqu'à pretent pour cela , ont toujours été infructueux.
C'est pourquoi , et dautant S. M. I.
par son Decret de Commission , a non seulement recommandé
le fait aux Etats , mais que méme elle
demande gracieusement leur conseil et avis , ilparoit
qu'on doit murement déliberer si avant que de
parler d'aucune Déclaration de Guerre , il ne seroit
pas con enable la Diette songeat aux moyens
d'éviter un aussigrand mal qu'est une Guerre offensive
; il paroit que c'est l'unique moyen de conserver
la tranquillitéparmi les Etats de l'Empire et de
les mettre en état de mieux servir S. MI. et la
Patrie
que
que
que
>
Aussi-tôt S. A. E. de Baviere comme
Membre du Cercle de Suabe, en vertu des Terres et
Seigneuries qu'elle y possede , eût appris que ce Cercle
et les autres Cercles associez devoient s'assembler
, elle donna ordre de leur representer la necessité
qu'il y avoit de mettre promptement leurs Pays
dans un état convenable de deffense , sans préjudice
de qui que ce fut.
C'est un pareil état de deffense conformement aux
résolutions prises dans l'Assemblée desdits Cercles
que S. A. E. souhaite de la part des Electeurs
Princes et Etats de l'Empire , et elle le regarde
comme un point si necessaire et si important dans la
circons
MAY 1724. 975
sirconstance présente des affaires , que bien loin de
vouloir s'en élo gner iant soit peu , elle est disposée ,
en conformité de sa Naissance et ae son devoir ,
contribuer de tout son pouvoir à tout ce qui peut
tendre à la conservation du Sant Empire Romain
en general, et de chaqueEtat en particulier,mais elle
croit qu'il faut éviter toute offense et qu'il est bien
piur convenable de songer un quement à la defense
et à la conservation dudit Saint Empire Romain et
de ses Etass particuliers .
I •. Parce que toute personne qui voudra se donner
la peine d'examiner sans partialité et sans prévention
la source et la cause de la presente Guerre
, verra facilement en consequence des raisons al.
leguées ci- dessus , qu'elle ne peut originairement regarder
en aucune maniere le Saint Empire Romain,
puisque les Hautes Parties Belligerantes ont pour
principal motif le soin de vanger reciproquement leur
honneur qu'elles croyent offensé.
·
>
2 Farce qu'on ne sçauroit conseiller ni approuver
que pour une cause étrangere , à laquelle le
Saint Empire Romain n'a aucune part , on veüil-
Le prizer de la douce Paix rétablie en dernier lieu
et acquise aux dépens de tant de sang répandu , et
qu'on cherche à l'engager dans une nouvelle Guerre
onereuse , dont l'is në et la durée sont si incertaines
et dont tout le poids tomberoit sur ces Cercles , qui
par leur situation se trouvent les plus exposés au danger
, et par consequent à une ruine inévitable sans
Pavoir meritée Les Pactes entre la très - Illustre
Maison Archiducale de l'Empereur et la Couronne
de Pologne , subsistent depuis plusieurs années ,
ayant été établis sous le gouvernement de l'Archiduc
Albert et du Roi Casimir , et confirmés dernie➡
rement par 1 En pereur Leopold,de glorieuse memoi-
Fe ; ils ont pour objet la défense mutuelle de leurs
Royaumes ,
976 MERCURE DE FRANCE
Royaumes , ainsi que de leur Commerce ; mais ce
n'est pas en qualité d'Empereurs et du consentement
de l'Empire , que les Princes de la Maison d'Autriche
ont contracté ces Alliances ; ils ne l'ontfait
que pour leur propre interêt , et à cause de la proximité
de leurs Terres et Provinces , par consequent
Le Saint Empire. Romain n'y a aucune part.
3°. Comme Sa Majeste Imperiale , pendant son
glorieux Regne , a donnéplusieurs preuves éclatantes
du desir qu'elle a de maintenir et de conserver
le repos et le salut du Saint Empire Romain , et
que de tout tems on a regardé la tranquillité genevale
comme le bien le plus desirable , Elle peut d'autant
moins trouver mauvais que les Etats se
mettent simplement dans un état de défense , qu'elle
a tout lieu d'avoir une entiere confiance dans le
Saint Empire Romain , et qu'elle n'ignore pas les
tristes suites que la Guerre entraîne après elle . Il est
d'ailleurs à remarquer que d'autres Puissances
quoiqu'étroitement unies et alliées avec Š. M. I.
auxquelles on aura sans doute communiqué tout ce
qui s'est passé dans l'affaire de Pologne , et qui par
consequent n'ignorent pas laquelle des deux Hautes
Parties doit être considerée comme l'Agresseur dans
la presente Guerre , n'ont pas encore jusqu'à present
jugé à propos de se déclarer contre la France ,
soit par le desir de conserver quelques uns de leurs
Etats et Sujets , ou pour d'autres raisons , quoique
quelques unes de ces Puissances se mettent sur
leurs gardes , ce n'est apparemment que pour mieux
maintenir et conserver la tranquillité.
Si le Saint Empire Romain se trouvoit frustré de
Passistance de ces Puissances, le poids de la presente
Guerre lui seroit difficile à supporter , et le danger
plus grand et plus évident sur tout si S. M. I.
alloit retirer en tout ou en partie , les Troupes qu'elle
a fur
MAY. 1734
977
vaisur
le Rhin pour les envoyer à la défense de ses
autres Etatt et qu'elle laissat aux Cercles le soin de
la défense de l'Empire. Cette crainte n'est pas
neni chimerique , elle est fondée sur l'experience de
se qui s'est passé pendant la derniere Guerre , où
P'on a vu les Troupes Imperiales quitter le Rhin , et
les Cercles seuls obligés de défendre leurs Terres ,
leur grand préjudice , et à la ruine de leurs Pays.
Deplus , les Actes de l'Empire font foi que d'un
côté les Etats ne voulurent pas dans la derniere
Guerre s'engager avant que les deux Puissances
Maritimes se fussent alliés avec Sa Majesté Imperiale
; et que d'un autre côté , aussi- tôt que lesdites
Puissances se furent separées de la grande Alliance
, les mêmes Etats jugerent à propos d'accepter
les conditions du Traité de Rastadt , donnant
par-1
-là clairement à connoître combien il leur étoit
impossible de continuer la Guerre sans la concurrence
des Puissances Maritimes. C'est pourquoi le
Saint Empire Romain , et en particulier les Cercles
les plus exposés , qui certainement ne se sont pas encore
rétablis des pertes souffertes , feroient bien de
senger à épargner et ménager leurs forces chancellantes
pour des occasions plus importantes qui pourroient
survenir , et qui dépendent de la viciffitude
des choses , sans quoi on pourroit bien s'en repentir ,
mais peut-être trop tard.
4°. La Couronnede France ne peut trouver mau
vais que l'Empire employe pour sa défense tous les
moyens necessaires et conformes au droit naturel ;
puisque dans la Déclaration qu'elle a fait faire par
son Ministre , et qui se trouve attachée au Decret
Imperial de Commission ci - desus mentionné , Elle
promet solemnellement sous la Foi publique qu'elle
se prêtera à tout ce qui peut maintenir la tranquil-
Jité du SaintEmpire Romain : Or , rien n'y pens
G plus
978 MERCURE DE FRANCE
plus contribuer qu'un Etat convenable de défense ?
d'ailleurs cette même Couronne У déclare qu'elle
fera bonifier , si cela n'a étéfait , les Contributions
qu'elle a été obligée d'exiger sur les Terres de l'Empire
, et qu'elle fera restituer le Fort de Kehl dont
elle s'est emparée , ou qu'elle le fera garder par des
Troupes Neutres jusqu'à la Paix , afin que le Saint
Empire Romain n'en prenne aucun ombrage.
›
Pour toutes les raisons alleguées ci- dessus , S. A.
E. quelque affectionnée et fidele qu'elle soit à S. M.
I. ne sçauroit conformément à son devoir conseiller
que le Saint Empire Remain doive s'engager
dans une Guerre generale si dangereuse et si ruineuse
, qui occasionnera dans la suite l'effusion de
tant de sang Chrétien et la désolation des Terres
qui pourront être foulées autant par les Troupes qui
viendront à son secours que par celles des Ennemis.
Elle espere au contraire , que S. M. I. qui a donné
tant de preuves de son amour pour la Justice et la
Paix , voudra bien en consequence de cet amour
et vú les presentes circonstances dangereuses approuver,
ainsi qu'on vient de le proposer , que le Saint
Empire Romain se mette dans un état naturel et
convenable de défense , et qu'elle regardera d'un
oil favorable tout ce qui a été allegué à ce sujet ,
comme provenant d'un coeur sincere et affectionné
pour le bien de la Patrie. S. A. E. souhaite de
plus , conformément aux Loix établies par la Paix
de Vestphalie , que les Etats de l'Empire , avani
que de prendre les Armes , tentent les voyes d'ac
commodement au moyen d'une mediation generale
du Saint Empire Romain , ainsi que cela s'est pratiqué
ci-devant , sous le Regne des Predecesseurs de
S. M. I. et en particulier en l'année 1673. on
pourroit peut-être par ce moyen terminer le tout à
Pamiable. Mais si cette proposition , quoique fondée
5267
MAY. 1734. 9-9
ser les Loix fondamental es du Traité de Paix n'est
point acceptée , S. A. E. de Baviere persiste toujours
dans son opinion , que dans la situation presente
des affaires il ne convient pas au Saint Empire
Romain de donner occasion à de nouvelles hostilités
de la part de la France ; et quoiqu'on doive
s'attendre que cette Couronne maintiendra la déclaration
faite par M. Blondel , son Miniftre , et
que conformément à ses promesses , Elle ne troublera
pas la paix et la tranquillité de l'Empire , à
moins qu'elle n'y soit provoquée. S. A. E. croit
néanmoins que le Saint Empire en general et chaque
Etat en particulier , doivent conformement à ce
qui a été résolu dans l'Assemblée des Cercles associés
, se mettre en bon état de se défendre , sans préjudice
de qui que ce soit. Ulteriora reservando.
de l'Empire , contenant les raisons alleguées
par les Ministres de Baviere ,
pour s'opposer à la Déclaration de
guerre contre la France.
Velque déplorable que soit la Guerre actuelle
Y
ment allumée entre Sa Majesté Imperiale et l'a
Couronne de France , il est néanmoins évident
même par la Déclaration qu'il a plû à S. M. Imp.
de faire à l'Empire au commencement de son Deeret
de Commission , ainsi que par la Piece intitulée,
Motifs de Résolution du Roy , jointe audit De
eret , que la présente Guerre survenue entre ces deux
Hautes-Puissances, prénd sa source dans l'affaire de
Election d'un Roy de Pologne, mais que quelque
soit l'affaire de cette Election , et quelque fondé et
incontestable qne puisse être tout ce qu'on a publié
touchant les intrigues pratiquées à ce sujet , ( car il
ne s'agit pas ici d'entrer dans aucune discussion par
rapport à l'agresseur , ni dans aucun examen par
rapport aux Traitez précedemment faits à l'insc
de l'Empire , avec des Puissances Etrangeres ) il
est toujours certain que l'Empire n'ayant ni allian.
ce ni engagement special avec le Royaume de Pologne
, doit regarder cette affaire én quelque façon
comme étrangere, et à laquelle il n'est point oblige
de prendre part. Il s'agit donc présentement de dé
liberer
MAY. 1734. 973
liberer si , vu les motifs representez par S. M. Im.
ala Diete , l'Empire doit generalement consentirà
une Déclaration de Guerre contre la France.
Les Loix de l'Empire établissent suffisamment
ce qu'il convient de faire pour sa deffense , en cas
de quelque attaque ennemie , personne ne l'ignore ;
mais comme le Saint Empire Romain est en paix
avec toutes les Puissances étrangeres , et que la
Couronne de France même, après s'être emparée du ..
Fort de Kell , afait déclarer par écrit le 14. Octobre
dernier à tous les Electeurs , Frinces et Etats
du Saint Empire Romain , par M. Blondel , son
Ministre,ainsi qu'il paroît par la Piece annexée au
Decret Imperial de Commission , qu'elle n'a rien
plus à coeur que de maintenir la Paix avec l'Empire
et d'observer les Traitez , sans vouloirfaire des
conquêtes , promettant en consequence de rendre ce
Fort de Kell ; on ne voit pas que l'Empire puisse
avoir aucune raison suffisante d'entrer en guerre ;
d'ailleurs c'est une chose notoire aux Electeurs ,
Princes et Etats , que pendant le peu d'années de
Paix dont on a joui , l'Empire , et en particulier les
Cercles , qui durant la derniere Guerre et tant d'au
tres qui l'ont précedée , se sont trouvez les plus èxposez
aux attaques ennemies , et n'ont pû éviter les
degâts et la destruction qui accompagnent toujours
les Armes , ne se sont pas encore assez bien rétablis
des pertes qu'ils ont soufertes , pour qu'on les expose
de nouveau aux mêmes inconveniens , et cela pour
une affaire étrangere à laquelle ils n'ont aucune
part , et pour qu'on exige d'eux qu'ils contribuent
aux frais d'une guerre qui durera peut -être plu
sieurs années ; car si l'on considere avec attention
les suites onereuses d'une rupture , on trouvera ,
l'experience nous le montre, que lorsqu'elle est entamée,
il est bien difficile d'en prévoir les évenemens et
dejuger de sa durée.
"
et
Après
974 MERCURE DE FRANCE
>
Apr's cela quelqu'heureuse que pût être cette
Guerre , et quand meme on pourroit obliger la Partie
adverse à consentir à une Paix durable et avantageuse
, la méme experience nous fait voir que
toute l'utilité qui en resultera aux Etats du Saint
Empire Romain , sera qu'on leur rende leurs Pays
mais désolez , et dans un état plus triste encore que
celui où leurs Sujets et leurs Pays se trouvent actuellement
sans pouvoir esperer aucun agrandissement
, puisqu'on a vu que tous les efforts qu'on a
faits jusqu'à pretent pour cela , ont toujours été infructueux.
C'est pourquoi , et dautant S. M. I.
par son Decret de Commission , a non seulement recommandé
le fait aux Etats , mais que méme elle
demande gracieusement leur conseil et avis , ilparoit
qu'on doit murement déliberer si avant que de
parler d'aucune Déclaration de Guerre , il ne seroit
pas con enable la Diette songeat aux moyens
d'éviter un aussigrand mal qu'est une Guerre offensive
; il paroit que c'est l'unique moyen de conserver
la tranquillitéparmi les Etats de l'Empire et de
les mettre en état de mieux servir S. MI. et la
Patrie
que
que
que
>
Aussi-tôt S. A. E. de Baviere comme
Membre du Cercle de Suabe, en vertu des Terres et
Seigneuries qu'elle y possede , eût appris que ce Cercle
et les autres Cercles associez devoient s'assembler
, elle donna ordre de leur representer la necessité
qu'il y avoit de mettre promptement leurs Pays
dans un état convenable de deffense , sans préjudice
de qui que ce fut.
C'est un pareil état de deffense conformement aux
résolutions prises dans l'Assemblée desdits Cercles
que S. A. E. souhaite de la part des Electeurs
Princes et Etats de l'Empire , et elle le regarde
comme un point si necessaire et si important dans la
circons
MAY 1724. 975
sirconstance présente des affaires , que bien loin de
vouloir s'en élo gner iant soit peu , elle est disposée ,
en conformité de sa Naissance et ae son devoir ,
contribuer de tout son pouvoir à tout ce qui peut
tendre à la conservation du Sant Empire Romain
en general, et de chaqueEtat en particulier,mais elle
croit qu'il faut éviter toute offense et qu'il est bien
piur convenable de songer un quement à la defense
et à la conservation dudit Saint Empire Romain et
de ses Etass particuliers .
I •. Parce que toute personne qui voudra se donner
la peine d'examiner sans partialité et sans prévention
la source et la cause de la presente Guerre
, verra facilement en consequence des raisons al.
leguées ci- dessus , qu'elle ne peut originairement regarder
en aucune maniere le Saint Empire Romain,
puisque les Hautes Parties Belligerantes ont pour
principal motif le soin de vanger reciproquement leur
honneur qu'elles croyent offensé.
·
>
2 Farce qu'on ne sçauroit conseiller ni approuver
que pour une cause étrangere , à laquelle le
Saint Empire Romain n'a aucune part , on veüil-
Le prizer de la douce Paix rétablie en dernier lieu
et acquise aux dépens de tant de sang répandu , et
qu'on cherche à l'engager dans une nouvelle Guerre
onereuse , dont l'is në et la durée sont si incertaines
et dont tout le poids tomberoit sur ces Cercles , qui
par leur situation se trouvent les plus exposés au danger
, et par consequent à une ruine inévitable sans
Pavoir meritée Les Pactes entre la très - Illustre
Maison Archiducale de l'Empereur et la Couronne
de Pologne , subsistent depuis plusieurs années ,
ayant été établis sous le gouvernement de l'Archiduc
Albert et du Roi Casimir , et confirmés dernie➡
rement par 1 En pereur Leopold,de glorieuse memoi-
Fe ; ils ont pour objet la défense mutuelle de leurs
Royaumes ,
976 MERCURE DE FRANCE
Royaumes , ainsi que de leur Commerce ; mais ce
n'est pas en qualité d'Empereurs et du consentement
de l'Empire , que les Princes de la Maison d'Autriche
ont contracté ces Alliances ; ils ne l'ontfait
que pour leur propre interêt , et à cause de la proximité
de leurs Terres et Provinces , par consequent
Le Saint Empire. Romain n'y a aucune part.
3°. Comme Sa Majeste Imperiale , pendant son
glorieux Regne , a donnéplusieurs preuves éclatantes
du desir qu'elle a de maintenir et de conserver
le repos et le salut du Saint Empire Romain , et
que de tout tems on a regardé la tranquillité genevale
comme le bien le plus desirable , Elle peut d'autant
moins trouver mauvais que les Etats se
mettent simplement dans un état de défense , qu'elle
a tout lieu d'avoir une entiere confiance dans le
Saint Empire Romain , et qu'elle n'ignore pas les
tristes suites que la Guerre entraîne après elle . Il est
d'ailleurs à remarquer que d'autres Puissances
quoiqu'étroitement unies et alliées avec Š. M. I.
auxquelles on aura sans doute communiqué tout ce
qui s'est passé dans l'affaire de Pologne , et qui par
consequent n'ignorent pas laquelle des deux Hautes
Parties doit être considerée comme l'Agresseur dans
la presente Guerre , n'ont pas encore jusqu'à present
jugé à propos de se déclarer contre la France ,
soit par le desir de conserver quelques uns de leurs
Etats et Sujets , ou pour d'autres raisons , quoique
quelques unes de ces Puissances se mettent sur
leurs gardes , ce n'est apparemment que pour mieux
maintenir et conserver la tranquillité.
Si le Saint Empire Romain se trouvoit frustré de
Passistance de ces Puissances, le poids de la presente
Guerre lui seroit difficile à supporter , et le danger
plus grand et plus évident sur tout si S. M. I.
alloit retirer en tout ou en partie , les Troupes qu'elle
a fur
MAY. 1734
977
vaisur
le Rhin pour les envoyer à la défense de ses
autres Etatt et qu'elle laissat aux Cercles le soin de
la défense de l'Empire. Cette crainte n'est pas
neni chimerique , elle est fondée sur l'experience de
se qui s'est passé pendant la derniere Guerre , où
P'on a vu les Troupes Imperiales quitter le Rhin , et
les Cercles seuls obligés de défendre leurs Terres ,
leur grand préjudice , et à la ruine de leurs Pays.
Deplus , les Actes de l'Empire font foi que d'un
côté les Etats ne voulurent pas dans la derniere
Guerre s'engager avant que les deux Puissances
Maritimes se fussent alliés avec Sa Majesté Imperiale
; et que d'un autre côté , aussi- tôt que lesdites
Puissances se furent separées de la grande Alliance
, les mêmes Etats jugerent à propos d'accepter
les conditions du Traité de Rastadt , donnant
par-1
-là clairement à connoître combien il leur étoit
impossible de continuer la Guerre sans la concurrence
des Puissances Maritimes. C'est pourquoi le
Saint Empire Romain , et en particulier les Cercles
les plus exposés , qui certainement ne se sont pas encore
rétablis des pertes souffertes , feroient bien de
senger à épargner et ménager leurs forces chancellantes
pour des occasions plus importantes qui pourroient
survenir , et qui dépendent de la viciffitude
des choses , sans quoi on pourroit bien s'en repentir ,
mais peut-être trop tard.
4°. La Couronnede France ne peut trouver mau
vais que l'Empire employe pour sa défense tous les
moyens necessaires et conformes au droit naturel ;
puisque dans la Déclaration qu'elle a fait faire par
son Ministre , et qui se trouve attachée au Decret
Imperial de Commission ci - desus mentionné , Elle
promet solemnellement sous la Foi publique qu'elle
se prêtera à tout ce qui peut maintenir la tranquil-
Jité du SaintEmpire Romain : Or , rien n'y pens
G plus
978 MERCURE DE FRANCE
plus contribuer qu'un Etat convenable de défense ?
d'ailleurs cette même Couronne У déclare qu'elle
fera bonifier , si cela n'a étéfait , les Contributions
qu'elle a été obligée d'exiger sur les Terres de l'Empire
, et qu'elle fera restituer le Fort de Kehl dont
elle s'est emparée , ou qu'elle le fera garder par des
Troupes Neutres jusqu'à la Paix , afin que le Saint
Empire Romain n'en prenne aucun ombrage.
›
Pour toutes les raisons alleguées ci- dessus , S. A.
E. quelque affectionnée et fidele qu'elle soit à S. M.
I. ne sçauroit conformément à son devoir conseiller
que le Saint Empire Remain doive s'engager
dans une Guerre generale si dangereuse et si ruineuse
, qui occasionnera dans la suite l'effusion de
tant de sang Chrétien et la désolation des Terres
qui pourront être foulées autant par les Troupes qui
viendront à son secours que par celles des Ennemis.
Elle espere au contraire , que S. M. I. qui a donné
tant de preuves de son amour pour la Justice et la
Paix , voudra bien en consequence de cet amour
et vú les presentes circonstances dangereuses approuver,
ainsi qu'on vient de le proposer , que le Saint
Empire Romain se mette dans un état naturel et
convenable de défense , et qu'elle regardera d'un
oil favorable tout ce qui a été allegué à ce sujet ,
comme provenant d'un coeur sincere et affectionné
pour le bien de la Patrie. S. A. E. souhaite de
plus , conformément aux Loix établies par la Paix
de Vestphalie , que les Etats de l'Empire , avani
que de prendre les Armes , tentent les voyes d'ac
commodement au moyen d'une mediation generale
du Saint Empire Romain , ainsi que cela s'est pratiqué
ci-devant , sous le Regne des Predecesseurs de
S. M. I. et en particulier en l'année 1673. on
pourroit peut-être par ce moyen terminer le tout à
Pamiable. Mais si cette proposition , quoique fondée
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MAY. 1734. 9-9
ser les Loix fondamental es du Traité de Paix n'est
point acceptée , S. A. E. de Baviere persiste toujours
dans son opinion , que dans la situation presente
des affaires il ne convient pas au Saint Empire
Romain de donner occasion à de nouvelles hostilités
de la part de la France ; et quoiqu'on doive
s'attendre que cette Couronne maintiendra la déclaration
faite par M. Blondel , son Miniftre , et
que conformément à ses promesses , Elle ne troublera
pas la paix et la tranquillité de l'Empire , à
moins qu'elle n'y soit provoquée. S. A. E. croit
néanmoins que le Saint Empire en general et chaque
Etat en particulier , doivent conformement à ce
qui a été résolu dans l'Assemblée des Cercles associés
, se mettre en bon état de se défendre , sans préjudice
de qui que ce soit. Ulteriora reservando.
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Résumé : EXTRAIT du Protocole de la Diete de l'Empire, contenant les raisons alleguées par les Ministres de Baviere, pour s'opposer à la Déclaration de guerre contre la France.
Le Protocole de la Diète de l'Empire présente les arguments des ministres de Bavière contre une déclaration de guerre contre la France. La guerre en cours entre l'Empire et la France résulte de l'élection d'un roi de Pologne, mais l'Empire n'a ni alliance ni engagement spécifique avec la Pologne, considérant donc cette affaire comme étrangère. Les ministres soulignent que l'Empire est en paix avec toutes les puissances étrangères et que la France a exprimé son désir de maintenir la paix et de respecter les traités, notamment en promettant de rendre le fort de Kehl. Les ministres estiment que l'Empire n'a aucune raison suffisante d'entrer en guerre, surtout que les États de l'Empire n'ont pas encore récupéré des pertes précédentes. Ils soulignent également que les conséquences d'une guerre sont incertaines et coûteuses. La Bavière recommande donc de se préparer à la défense sans provoquer de nouvelles hostilités et de chercher des voies d'accommodement par une médiation générale. Elle espère que l'Empereur approuvera cette position, visant à préserver la tranquillité au sein de l'Empire. Par ailleurs, une résolution adoptée lors de l'Assemblée des Cercles associés prévoit de se mettre en état de défense sans causer de préjudice à quiconque. La phrase 'Ulteriora reservando' indique que des points supplémentaires sont réservés pour une discussion ou une décision ultérieure.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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p. 124
PROBLÉME DE GEOMÉTRIE.
Début :
Un triangle isocéle étant circonscrit à deux cercles contigus, dont les diamètres [...]
Mots clefs :
Triangle isocèle, Cercles, Diamètres, Circonférence, Côtes
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texteReconnaissance textuelle : PROBLÉME DE GEOMÉTRIE.
PROBLEME DE GEOMÉTRIE.
Un triangle ifocéle étant circonfcrit
à deux cercles contigus , dont les diamètres
font m & n ; de manière que fa
bafe touche la grande circonférence ,
& chacun de fes côtés , celle-ci & la
petite on demande quel eft dans ce
triangle le rapport de la bafe aux côtés.
Proposé par ALBERT , Etudiant en
Mathématique, fous M. BAUBÉ à Lyon.
A Lyon , ce 28 Mars 1763.
Un triangle ifocéle étant circonfcrit
à deux cercles contigus , dont les diamètres
font m & n ; de manière que fa
bafe touche la grande circonférence ,
& chacun de fes côtés , celle-ci & la
petite on demande quel eft dans ce
triangle le rapport de la bafe aux côtés.
Proposé par ALBERT , Etudiant en
Mathématique, fous M. BAUBÉ à Lyon.
A Lyon , ce 28 Mars 1763.
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