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1
p. [1479]-1484
LA DOUCEUR, ODE.
Début :
Vertu que l'Arbitre du Monde, [...]
Mots clefs :
Douceur, Coeurs, Prince, Bourbons, France
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texteReconnaissance textuelle : LA DOUCEUR, ODE.
LA DOUCEUR,
O DE.
Ertu que l'Arbitre du Monde ,
Préfere à tant d'autres vertus
>
Qui tiens dans une paix profonde ,
Les coeurs par des Traits abbatus ,
Fille du Ciel , Douceur charmante
Aux Chanfons , que pour toi j'enfante ,
Viens mêler tes charmes puiffants :
A ij
Que
+480 MERCURE DE FRANCE
Que fur ma Lyre harmonieuſe ,
Une tendreffe précieuſe ,
Immortalife mes accens.
L'Efperance par toi conduite ,
Rentre chez les triftes Humains :
Quels biens n'as- tu pas à ta fuite ?
Tu les répands à pleines mains.
Tu nous donnes les récompenfes ,
Et quand tu punis les offenſes ,
On aime ta féverité.
Parmi les bienfaits que tu places ,
Les refus tiennent lieu de graces ;
Tout part de la même bonté.
Ainfi lorfqu'au Printems de l'âge ,
Par d'inévitables attraits ,
Une Beauté brillante & fage ,
Aux jeunes coeurs lance fes Traits
De fa candeur infinuante ,
Ses Amans , Troupe impatiente ,
Refpectent l'accueil gracieux :
A l'Amour fon ame rebelle ,
Vers l'Amitié tendre & fidele ,
Tourne la douceur de ſes yeux.
Loin de moi , Fierté fourcilleufe ;
Qui des plus intimes amis.
JUILLET. 1730. 148 *
Par une hauteur pointilleuſe ,
Fais d'implacables ennemis :
Je laiffe à des ames vulgaires
Tes faveurs toujours mercenaires
C'eſt un appas trop dangereux :
Avec dédain , je les néglige ,
Les refpects que ton fafte exige ,
Me font un tribut onereux.
Dans une puiffance modefte ;
Qui craint d'étaler ſon pouvoir ,
Je reconnoîs l'Eſprit celefte ;
Tout m'avertit de mon devoir.
Mais d'une humeur fiere & hautaine
Je hais l'affectation vaine ,
Qui me refuſe ſes regards :
Je ris d'une grandeur farouche ,
Qui dédaigne d'ouvrir la bouche ,
Pour applaudir à mes égards.
Mortels , devenez plus traitables ,
Et nous tombons à vos genoux :
Oui , vous nous êtes fecourables ,
Mais , vous , que feriez - vous fans nous ?
Ecartez ces fombres nuages ,
Qui de vos auguftes viſages ,
Banniffent la férenité ;
A iij
Et
1482 MERCURE DE FRANCE
Et par des hommages finceres ,
Vous verrez nos coeurs moins féveres ,
Reprendre leur vivacité ,
A ceux mêmes qu'un fort fantafque
'Affervit à nos volontez ,
Epargnons du moins la bourrafque ,
De nos caprices indomptez.
Que notre bras , qui les châtie ,
Dans le temps qu'il les humilie
Les traite comme nos égaux :
Fuyons ces aigreurs offençantes
Et ces paroles foudroyantes ,
Qui ne font qu'irriter leurs maux.
Non , rien n'arrofe mieux la terre ,
Que l'eau qui coule fans fracas :
L'Onde qu'enfante le Tonnerre ,
Caufe toûjours d'affreux dégats ;
Tout cede au caprice terrible ,
Tout hait la rigueur inflexible ,
D'un furieux , d'un emporté :
Mais les coeurs avec confiance ,
Suivent l'aimable violence ,
D'une paiſible autorité.
Qu'apperçois-je ? Mars & Bellone ,
Egorgent
JUILLET. 1730. 1483
"
gorgent les Romains tremblans :
Les Lauriers qu'Augufte moiffonne ,
Ne font que des Lauriers fanglants ;
Sous fon bras , les Villes rangées ,
Pleurent , dans le fang fubmergées ,
Leurs plus fideles deffenfeurs ,
Et fon triomphe imaginaire ,
N'eft qu'un fpectacle fanguinaire
Où je vois d'affreufes couleurs.
C'eft toi , Douceur compatiffante
Qui viens arrêter tant d'excès : -
De la victoire menaçante ,
Tu bornes les cruels fuccès :
Par tes foins l'Abondance heureufe
Bientôt de l'ardeur belliqueufe ,
Va réparer les vains exploits :
Déja le Vainqueur redoutable ,
Prête ſa main infatigable ,
Pour foufcrire à tes faintes Loix
Ah ! pour la veritable gloire ,
Ne ceffons jamais d'être ardens
Et ne vivons pas dans l'Hiftoire ,
Pour effrayer nos deſcendans .
Ceft là que , devant tous les hommes ,
Nous paroîtrons tels que nous fommes ,
A iiij Affables
1484 MERCURE DE FRANCE
'Affables , durs , mauvais ou bons ;
Que dans cet avenir immenſe ,
Par des actions de clemence ,
Les Humains connoiffent nos nóms.
FRANCE, c'eft par là que l'on vante ,
L'augufte Sang de tes BOURBONS :
L'aimable Vertu que je chante ,
Eft l'ame de leurs actions.
Que cette bonté magnanime ,
Pour ton PRINCE à jamais anime ;
La tendreffe de fes Sujets ;
Et que les Filles de Mémoire ,
Forment , pour celebrer ſa gloire ;
Tous les jours de nouveaux projets .
DE LA RUE , ancien Profeffeur de
Rhéthorique.
O DE.
Ertu que l'Arbitre du Monde ,
Préfere à tant d'autres vertus
>
Qui tiens dans une paix profonde ,
Les coeurs par des Traits abbatus ,
Fille du Ciel , Douceur charmante
Aux Chanfons , que pour toi j'enfante ,
Viens mêler tes charmes puiffants :
A ij
Que
+480 MERCURE DE FRANCE
Que fur ma Lyre harmonieuſe ,
Une tendreffe précieuſe ,
Immortalife mes accens.
L'Efperance par toi conduite ,
Rentre chez les triftes Humains :
Quels biens n'as- tu pas à ta fuite ?
Tu les répands à pleines mains.
Tu nous donnes les récompenfes ,
Et quand tu punis les offenſes ,
On aime ta féverité.
Parmi les bienfaits que tu places ,
Les refus tiennent lieu de graces ;
Tout part de la même bonté.
Ainfi lorfqu'au Printems de l'âge ,
Par d'inévitables attraits ,
Une Beauté brillante & fage ,
Aux jeunes coeurs lance fes Traits
De fa candeur infinuante ,
Ses Amans , Troupe impatiente ,
Refpectent l'accueil gracieux :
A l'Amour fon ame rebelle ,
Vers l'Amitié tendre & fidele ,
Tourne la douceur de ſes yeux.
Loin de moi , Fierté fourcilleufe ;
Qui des plus intimes amis.
JUILLET. 1730. 148 *
Par une hauteur pointilleuſe ,
Fais d'implacables ennemis :
Je laiffe à des ames vulgaires
Tes faveurs toujours mercenaires
C'eſt un appas trop dangereux :
Avec dédain , je les néglige ,
Les refpects que ton fafte exige ,
Me font un tribut onereux.
Dans une puiffance modefte ;
Qui craint d'étaler ſon pouvoir ,
Je reconnoîs l'Eſprit celefte ;
Tout m'avertit de mon devoir.
Mais d'une humeur fiere & hautaine
Je hais l'affectation vaine ,
Qui me refuſe ſes regards :
Je ris d'une grandeur farouche ,
Qui dédaigne d'ouvrir la bouche ,
Pour applaudir à mes égards.
Mortels , devenez plus traitables ,
Et nous tombons à vos genoux :
Oui , vous nous êtes fecourables ,
Mais , vous , que feriez - vous fans nous ?
Ecartez ces fombres nuages ,
Qui de vos auguftes viſages ,
Banniffent la férenité ;
A iij
Et
1482 MERCURE DE FRANCE
Et par des hommages finceres ,
Vous verrez nos coeurs moins féveres ,
Reprendre leur vivacité ,
A ceux mêmes qu'un fort fantafque
'Affervit à nos volontez ,
Epargnons du moins la bourrafque ,
De nos caprices indomptez.
Que notre bras , qui les châtie ,
Dans le temps qu'il les humilie
Les traite comme nos égaux :
Fuyons ces aigreurs offençantes
Et ces paroles foudroyantes ,
Qui ne font qu'irriter leurs maux.
Non , rien n'arrofe mieux la terre ,
Que l'eau qui coule fans fracas :
L'Onde qu'enfante le Tonnerre ,
Caufe toûjours d'affreux dégats ;
Tout cede au caprice terrible ,
Tout hait la rigueur inflexible ,
D'un furieux , d'un emporté :
Mais les coeurs avec confiance ,
Suivent l'aimable violence ,
D'une paiſible autorité.
Qu'apperçois-je ? Mars & Bellone ,
Egorgent
JUILLET. 1730. 1483
"
gorgent les Romains tremblans :
Les Lauriers qu'Augufte moiffonne ,
Ne font que des Lauriers fanglants ;
Sous fon bras , les Villes rangées ,
Pleurent , dans le fang fubmergées ,
Leurs plus fideles deffenfeurs ,
Et fon triomphe imaginaire ,
N'eft qu'un fpectacle fanguinaire
Où je vois d'affreufes couleurs.
C'eft toi , Douceur compatiffante
Qui viens arrêter tant d'excès : -
De la victoire menaçante ,
Tu bornes les cruels fuccès :
Par tes foins l'Abondance heureufe
Bientôt de l'ardeur belliqueufe ,
Va réparer les vains exploits :
Déja le Vainqueur redoutable ,
Prête ſa main infatigable ,
Pour foufcrire à tes faintes Loix
Ah ! pour la veritable gloire ,
Ne ceffons jamais d'être ardens
Et ne vivons pas dans l'Hiftoire ,
Pour effrayer nos deſcendans .
Ceft là que , devant tous les hommes ,
Nous paroîtrons tels que nous fommes ,
A iiij Affables
1484 MERCURE DE FRANCE
'Affables , durs , mauvais ou bons ;
Que dans cet avenir immenſe ,
Par des actions de clemence ,
Les Humains connoiffent nos nóms.
FRANCE, c'eft par là que l'on vante ,
L'augufte Sang de tes BOURBONS :
L'aimable Vertu que je chante ,
Eft l'ame de leurs actions.
Que cette bonté magnanime ,
Pour ton PRINCE à jamais anime ;
La tendreffe de fes Sujets ;
Et que les Filles de Mémoire ,
Forment , pour celebrer ſa gloire ;
Tous les jours de nouveaux projets .
DE LA RUE , ancien Profeffeur de
Rhéthorique.
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Résumé : LA DOUCEUR, ODE.
Le poème 'La Douceur', publié dans le Mercure de France en juillet 1730, célèbre la vertu de la douceur. Cette qualité est présentée comme une fille du ciel, capable de charmer les cœurs et de répandre des bienfaits. La douceur est décrite comme une force qui guide l'espérance et qui, même en punissant, est aimée pour sa sévérité juste. Elle s'oppose à la fierté et à l'affectation vaine, et est associée à une puissance modeste et céleste. Le poème encourage les mortels à être plus conciliants et à éviter les aigreurs offensantes. La douceur est comparée à une eau qui arrose la terre sans fracas, contrairement à la violence destructrice. Elle est également capable d'arrêter les excès de la guerre et de promouvoir la véritable gloire à travers des actions de clémence. Le texte se conclut par une louange à la vertu des Bourbons, dont la bonté et la tendresse envers leurs sujets sont célébrées.
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