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1
p. 198
Monseigneur le Dauphin & la Reyne en témoignent leur joye à Madame. [titre d'après la table]
Début :
Monseigneur le Dauphin fit là-dessus dés le mesme jour [...]
Mots clefs :
Visite, Dauphin, Madame
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texteReconnaissance textuelle : Monseigneur le Dauphin & la Reyne en témoignent leur joye à Madame. [titre d'après la table]
Mon- ſeigneur le Dauphin fit là-deſ- fusdés le meſme iour une viſite toute obligeante à Mada- me. E
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2
p. 178-183
Reception faite à Monseigneur le Dauphin dans le Chasteau de Ioüy, par M. & Madame Berthelot. [titre d'après la table]
Début :
Puis que nous sommes encor à la Campagne, vous voulez [...]
Mots clefs :
Dauphin, Berthelot, Terre de Joüy, Collation, Pavillon
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texteReconnaissance textuelle : Reception faite à Monseigneur le Dauphin dans le Chasteau de Ioüy, par M. & Madame Berthelot. [titre d'après la table]
uis que nous ſommes en- cor à la Campagne , vous vou- lez bien, adame , que je vous mene à la Chaſſe , vous y trouverez bonne Compagnie.
Monſeigneur le Dauphin ,
quiſe plaiſt fort àcelle desRe- nards , ayat eſté averty qu'il y
en avoit àune petite lieuë de
GALANT. 125 Verſailles , dans le Parc de la
Terre de Joüy , dont Monfieur Berthelot eſt Seigneur , y alla prendre ce divertiſſement l'un
des premiers jours de ce mois ,
accompagné de Meffieurs les Princes de Conty , de Mon- fieur le Duc de Montaufier
ſon Gouverneur , de Monfieur le Duc de Curfol , & de plufieurs Officiers de ſa Maiſon.
Il arriva dans ce Parc , où
Mr &Mª Berthelot , avec leur
Fils aiſné , Sous - Lieutenant
des Chaffes de S. Germain ,
eurent l'honneur de le recevoir. En pafſant devant un Pavillon qui venoit d'eſtre bâ- ty fur la Fontaine du Parc , &
qu'on commençad'appeller le Pavillon Dauphin, il fut fuplié d'y vouloir entrer avec ceux qui l'accompagnoient. Il y
Lij
126 LE MERCVRE
trouva une fortbelle Collation
de toute forte de Fruits , apres laquelle il alla pourſuivre un Renardqui ſe fit chaffer , mais qui s'échapa en ſe terrant. Ce
jeune Prince retourna trois jours apres au meſme lieu , &
avec la meſme Compagnie. Il defcendit au Chaſteau , s'y promenade tous les coſtez , &
paſſant dans le Salon , il y fut régalé d'une Collation magni- fique. Il demeura quelque temps à table , & eftant allé en ſuite chaffer dans le Parc ,
où l'un de ſes Gens tua un Lievre , il donna ordre qu'on le portaſt à Madame Berthelot ,
qui faisoit les honneurs de fa Maiſon. Deuxjours furent en- cor à peine écoulez , qu'il ſe rendit pour la troifiéme fois dans ce meſme Parc , où Mon
GALANT. 127 fieur le Duc du Lude ſe rencontra. Le Fils aifné de Monfieur Berthelot luy preſenta deux grands Barils de Bois de
Cedre , remplis de Poudre. Ils eſtoienttres-curieuſementtravaillez , & enrichis d'argent cizelé , avec des Dauphins d'argent au deſſus. Ce Preſent eſt galant pourun Officier des Chaſſes, àunPrince qui aime
à chaſſer. La Collation luy fut fervie dans le Pavillon Dauphin , &préceda le Divertiſſe- ment de la Chaſſe du Renard,
qui courut longtemps de part & d'autre , & s'alla terrer. II
falut le bêcher pour le pren- dre. Le plaifir en fut grand , &
Monſeigneur le Dauphinfor- tit de celieu tres-fatisfait
Monſeigneur le Dauphin ,
quiſe plaiſt fort àcelle desRe- nards , ayat eſté averty qu'il y
en avoit àune petite lieuë de
GALANT. 125 Verſailles , dans le Parc de la
Terre de Joüy , dont Monfieur Berthelot eſt Seigneur , y alla prendre ce divertiſſement l'un
des premiers jours de ce mois ,
accompagné de Meffieurs les Princes de Conty , de Mon- fieur le Duc de Montaufier
ſon Gouverneur , de Monfieur le Duc de Curfol , & de plufieurs Officiers de ſa Maiſon.
Il arriva dans ce Parc , où
Mr &Mª Berthelot , avec leur
Fils aiſné , Sous - Lieutenant
des Chaffes de S. Germain ,
eurent l'honneur de le recevoir. En pafſant devant un Pavillon qui venoit d'eſtre bâ- ty fur la Fontaine du Parc , &
qu'on commençad'appeller le Pavillon Dauphin, il fut fuplié d'y vouloir entrer avec ceux qui l'accompagnoient. Il y
Lij
126 LE MERCVRE
trouva une fortbelle Collation
de toute forte de Fruits , apres laquelle il alla pourſuivre un Renardqui ſe fit chaffer , mais qui s'échapa en ſe terrant. Ce
jeune Prince retourna trois jours apres au meſme lieu , &
avec la meſme Compagnie. Il defcendit au Chaſteau , s'y promenade tous les coſtez , &
paſſant dans le Salon , il y fut régalé d'une Collation magni- fique. Il demeura quelque temps à table , & eftant allé en ſuite chaffer dans le Parc ,
où l'un de ſes Gens tua un Lievre , il donna ordre qu'on le portaſt à Madame Berthelot ,
qui faisoit les honneurs de fa Maiſon. Deuxjours furent en- cor à peine écoulez , qu'il ſe rendit pour la troifiéme fois dans ce meſme Parc , où Mon
GALANT. 127 fieur le Duc du Lude ſe rencontra. Le Fils aifné de Monfieur Berthelot luy preſenta deux grands Barils de Bois de
Cedre , remplis de Poudre. Ils eſtoienttres-curieuſementtravaillez , & enrichis d'argent cizelé , avec des Dauphins d'argent au deſſus. Ce Preſent eſt galant pourun Officier des Chaſſes, àunPrince qui aime
à chaſſer. La Collation luy fut fervie dans le Pavillon Dauphin , &préceda le Divertiſſe- ment de la Chaſſe du Renard,
qui courut longtemps de part & d'autre , & s'alla terrer. II
falut le bêcher pour le pren- dre. Le plaifir en fut grand , &
Monſeigneur le Dauphinfor- tit de celieu tres-fatisfait
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Résumé : Reception faite à Monseigneur le Dauphin dans le Chasteau de Ioüy, par M. & Madame Berthelot. [titre d'après la table]
Le texte décrit plusieurs visites du Dauphin au parc de la Terre de Joüy, propriété de Monsieur Berthelot. Lors de la première visite, le Dauphin, accompagné de plusieurs princes et ducs, fut accueilli par les Berthelot et leur fils aîné. Ils se rendirent au Pavillon Dauphin pour une collation avant une chasse au renard, qui s'échappa en se terrant. Trois jours plus tard, le Dauphin revint, visita le château et participa à une chasse où un lièvre fut tué et offert à Madame Berthelot. Deux jours après, le Dauphin revint une troisième fois, accompagné du Duc du Lude. Le fils aîné de Monsieur Berthelot offrit au Dauphin deux barils de poudre de cèdre décorés. Une collation fut servie avant une nouvelle chasse au renard, qui dut être déterré. Le Dauphin quitta les lieux très satisfait.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 281-292
SUR L'EDUCATION de Monseigneur le DAUPHIN, & le soin que prend le ROY de dresser luy-mesme les Memoires de son Regne, pour servir d'instruction à ce jeune Prince.
Début :
Mille remercîmens, Madame, de ceux que vous me faites [...]
Mots clefs :
Académie française, Dauphin, Empire, Éducation, Pièces galantes, Prix, Leçons, France, Héros, Successeur
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texteReconnaissance textuelle : SUR L'EDUCATION de Monseigneur le DAUPHIN, & le soin que prend le ROY de dresser luy-mesme les Memoires de son Regne, pour servir d'instruction à ce jeune Prince.
Mille remercîmens , Madame, de ceuxque vous me fai- tes de la part de vos Amies pour le Marqués de Monfieur de Fontenelle que je vous en- voyay la derniere fois. Je ſuis bien aiſe que vous luy ayez fait rendre juſtice dans voſtre Province , & fatisferay avec joye à l'ordre que vous me donnez de ramaſſer tout ce
queje pourray trouverdePie- ces Galantes de ſa façon. Ne croyez pas cependant qu'il ne ſoit propre qu'au Stile badin.
Quoyqu'il convienne mieux à
fon âgeque le ſérieux , voyez,
4
198 LE MERCURE
jevous prie, comme il ſe tire d'affaires quand il a de grandes matieres à traiter. Ses Amis
luy ayant conſeillé de travail- lerſur celle que Meſſieurs de l'Academie Françoiſe avoient choiſie pour le Prix qui s'y donne touslesdeux ans, il leur
envoya les Vers qui fuivent.
SUR L'EDUCATION
deMonſeigneur le DAUPHIN, &
✔le ſoin que prend le ROY de dreffer luy-meſme les Memoires
de fon Regne , pour ſervir d'in- ſtruction à ce Prince.
:
CRANCE , de ton pouvoir . F temple l'étenduë
conVoy de tes Ennemis l'Union confondue;
Ils n'ont fait après tout par leurs
vains attentats
Que
GALANT. 199 Que te donner le droit de dompter
leurs Etats.
Floriſſante au dedans , au dehors redoutée,
Enfin au plus haut point ta grandew estmontée.
Maisce rare bonheur , France , dont tujoüis;
Niroit pas au delà du Regne de
Loüis;
Ton Empire chargée des Donsde la
Victoire ,
Succomberoit un jour ſous l'amas de
fagloire,
Si Loüis dont les soins embraſſent l'avenir , [Soûtenir.
Ne te formoit un Roy qui ſçeuſt la Il faut tout un Héros pour le rang qu'il poſſede ,
Amoins qu'on ne l'imite en vain on
luyfuccede.
Que le Sceptre est pénible apres qu'il l'aporté!
Partant d'Etatsfoûmissonpoids s'est augmenté;
イ
Etpar unsi grand Royces Provinces conquiſes,
Tome VI. S
200 LE MERCURE
Dans les mains d'un grand Roy veu- lent estreremiſes.
Peut-estre estoit-ce affez pour remplir cedeſtin,
Quele Sangde Loüis nousdonnât
UN DAUPHIN.
Sorty d'une origine &fi noble &fi
pure,
Que de vertus en lay promettoit la Nature ,
Etqui nese fûtpas repoféſurſafoy?
Mais commeelle auroit pû nefaire en luy qu'unRoy,
Loüis fait un Héros si digne de l'Empire,
Que nous l'élirions tous s'il fe devoie
élire.
Peuples , le croirez-vous ? de cette mesmemain Dont le Foudre vangeur ne part jamaisen vain ,
Sous qui l'audace tremble , & l'or.
gueil s'humilie ,
Iltrace pource Fils l'Histoire de ſa
vie,
Ce long enchaînement bautsFaits,
ce tiffu de
GALANT. 201
Qu'aucuns momens oyſifs n'interrom
pentjamais ;
Ne nousfigurons point qu'il la borne àdécrire
Vn Empire nouveauqui groſſit nostre
Empire ,
Nos Drapeauxarborezfur ces fuper- bes Forts
D'où Cambray défioit nos plus vail lans efforts,
Etd'Espagnolsdéfaits ces Campagnes
couvertes,
Et la riche Sicile adjoûtée à leurs
pertes, [laiſfer Exploits trop publiez, &dont il veur L'exemple à tous les Roiss'ils l'ofent embraffer.
Maisles profondsſecrets desa baute Sagesse,
Ce n'est qu'àſon DAUPHIN que ce Hérosteslaiffe:
Tousces vaftes deffeins qu'execute un
instant,
Etdontil nenousvient que le bruit éclatant,
Lesyeux seulsde fon Fils découvrens teurnaiſſance.
Sij
202 LE MERCVRE
Il les voit lentement meurir dans le
filence,
Et recevoir toûjours d'inſenſiblesprogrés,
'Tant que tout à l'envy réponde dis Succés,
Etque de tous coſtez la Fortunefoû- mise Se trouve hors d'état de trahir l'entrepriſe.
Tremblez, fiers Espagnols; Belges,
reconnoissez Dequoyparces Leçons vous estes me-.
nacez.
Quand Loüis affrontant vos feux
vos machines ,
Devos murs abbatus entaſſe lesruïnes,
Querien nese dérobe àson juste conroux ,
Peut- estre n'est-il pas plus à craindre
pourvous ,
Que quand avec les Soins de l'amour paternelle ,
Ils'attache àformer fon Fils furfon
modele.
Dans ce Present qu'il fait àſes i en plescharmez2
GALANT. 203 Combien d'autres Preſensse trouvent
renfermez!
Ilnousdonne en luyfeuldes Victoires certaines,
Ilnous donne l'Ibere accablé de nos
chaînes.
Combien, heureuxFraçois,devez-vous
àLoüis 7
Pour toutes les vertus dont il orne co
Fils!
Maiss'il falloit encor, qu'à cesvertus
guerrieres ,
LesMuses, tes beaux Artspretaffent
leurslumieres,
Combienluy devez-vous pourlegrand
Montaufier,
Qu'à ce noble travail ildaigne af- focier!
Il est cent ¢ Rois dont peut-eftre l'Histoire,
Dans lafoule desRoiscacheroit lame
moire,
Si de leurs Succeſſeurs l'indigne lacheté, [pas merité;
Ne leur donnoit l'éclat qu'ils n'ont
Princés de qui les Noms avec gloire furvivent,
Sij
204 LE MERCURE
Parce qu'on les compare avec ceux qui lesſuivent.
Quelquefois mesme un Roy qui ne se répond pas Qued'affez longs regrets honorentfon trépas ,
Par un tourpolitiqueen ſecretſeménage D'un indigne Heritier le honteux .
anantage. [defau's;
Tibere deût l'Empire à ses beurenxx
Anguste eust pû d'ailleurs craindre pen de Rivaux;
1
<
Maisenfin aux Romainssa vertufut plus chere Quand elle eutleſecours desvicesde
Tibere :
Tudédaignes , Loüis , ces Maximes d'Etat,
Tu veux qu'un Succeffeur augmente ton éclat
Mais loin qu'à ses dépens ton grand Nomſe ſoutienne ,
Tu veux queparsagloire il augmente la tienne.. Animé de ton Sang, formé par tes Leçons
GALANT. 20
DeDisciple &de Fils reüniſſant les Noms ,
Quelleshautes vertuspeut- ilfaire pa- rolltre ,
Qu'il n'herite d'un Pere,ou n'apprenned'un Maistre?
Les Peuples conteront aurang de tes
bien-faits Lebonheurdontfamain comblera leurs Souhaits ;
Etpar fon bras vainqueur nos Ennemis en fuite ,
N'imputeront qu'à toy beur Puiſſance
détruite.
Déjatous nos François Spectateurs de
tes Soins ,
Dans ces voix d'allegreffe àl'envy se
font joins.
Noftre jeune DAUPHINdes beauxde
firs s'enflame,
1
Loüis par ses Leçons luy transmet
-fagrande ame Il attend qu'il le ſuive un jour d'un
pas égal,
Et dans son propre Filsſepromet un Rinal.
MBLANTR
queje pourray trouverdePie- ces Galantes de ſa façon. Ne croyez pas cependant qu'il ne ſoit propre qu'au Stile badin.
Quoyqu'il convienne mieux à
fon âgeque le ſérieux , voyez,
4
198 LE MERCURE
jevous prie, comme il ſe tire d'affaires quand il a de grandes matieres à traiter. Ses Amis
luy ayant conſeillé de travail- lerſur celle que Meſſieurs de l'Academie Françoiſe avoient choiſie pour le Prix qui s'y donne touslesdeux ans, il leur
envoya les Vers qui fuivent.
SUR L'EDUCATION
deMonſeigneur le DAUPHIN, &
✔le ſoin que prend le ROY de dreffer luy-meſme les Memoires
de fon Regne , pour ſervir d'in- ſtruction à ce Prince.
:
CRANCE , de ton pouvoir . F temple l'étenduë
conVoy de tes Ennemis l'Union confondue;
Ils n'ont fait après tout par leurs
vains attentats
Que
GALANT. 199 Que te donner le droit de dompter
leurs Etats.
Floriſſante au dedans , au dehors redoutée,
Enfin au plus haut point ta grandew estmontée.
Maisce rare bonheur , France , dont tujoüis;
Niroit pas au delà du Regne de
Loüis;
Ton Empire chargée des Donsde la
Victoire ,
Succomberoit un jour ſous l'amas de
fagloire,
Si Loüis dont les soins embraſſent l'avenir , [Soûtenir.
Ne te formoit un Roy qui ſçeuſt la Il faut tout un Héros pour le rang qu'il poſſede ,
Amoins qu'on ne l'imite en vain on
luyfuccede.
Que le Sceptre est pénible apres qu'il l'aporté!
Partant d'Etatsfoûmissonpoids s'est augmenté;
イ
Etpar unsi grand Royces Provinces conquiſes,
Tome VI. S
200 LE MERCURE
Dans les mains d'un grand Roy veu- lent estreremiſes.
Peut-estre estoit-ce affez pour remplir cedeſtin,
Quele Sangde Loüis nousdonnât
UN DAUPHIN.
Sorty d'une origine &fi noble &fi
pure,
Que de vertus en lay promettoit la Nature ,
Etqui nese fûtpas repoféſurſafoy?
Mais commeelle auroit pû nefaire en luy qu'unRoy,
Loüis fait un Héros si digne de l'Empire,
Que nous l'élirions tous s'il fe devoie
élire.
Peuples , le croirez-vous ? de cette mesmemain Dont le Foudre vangeur ne part jamaisen vain ,
Sous qui l'audace tremble , & l'or.
gueil s'humilie ,
Iltrace pource Fils l'Histoire de ſa
vie,
Ce long enchaînement bautsFaits,
ce tiffu de
GALANT. 201
Qu'aucuns momens oyſifs n'interrom
pentjamais ;
Ne nousfigurons point qu'il la borne àdécrire
Vn Empire nouveauqui groſſit nostre
Empire ,
Nos Drapeauxarborezfur ces fuper- bes Forts
D'où Cambray défioit nos plus vail lans efforts,
Etd'Espagnolsdéfaits ces Campagnes
couvertes,
Et la riche Sicile adjoûtée à leurs
pertes, [laiſfer Exploits trop publiez, &dont il veur L'exemple à tous les Roiss'ils l'ofent embraffer.
Maisles profondsſecrets desa baute Sagesse,
Ce n'est qu'àſon DAUPHIN que ce Hérosteslaiffe:
Tousces vaftes deffeins qu'execute un
instant,
Etdontil nenousvient que le bruit éclatant,
Lesyeux seulsde fon Fils découvrens teurnaiſſance.
Sij
202 LE MERCVRE
Il les voit lentement meurir dans le
filence,
Et recevoir toûjours d'inſenſiblesprogrés,
'Tant que tout à l'envy réponde dis Succés,
Etque de tous coſtez la Fortunefoû- mise Se trouve hors d'état de trahir l'entrepriſe.
Tremblez, fiers Espagnols; Belges,
reconnoissez Dequoyparces Leçons vous estes me-.
nacez.
Quand Loüis affrontant vos feux
vos machines ,
Devos murs abbatus entaſſe lesruïnes,
Querien nese dérobe àson juste conroux ,
Peut- estre n'est-il pas plus à craindre
pourvous ,
Que quand avec les Soins de l'amour paternelle ,
Ils'attache àformer fon Fils furfon
modele.
Dans ce Present qu'il fait àſes i en plescharmez2
GALANT. 203 Combien d'autres Preſensse trouvent
renfermez!
Ilnousdonne en luyfeuldes Victoires certaines,
Ilnous donne l'Ibere accablé de nos
chaînes.
Combien, heureuxFraçois,devez-vous
àLoüis 7
Pour toutes les vertus dont il orne co
Fils!
Maiss'il falloit encor, qu'à cesvertus
guerrieres ,
LesMuses, tes beaux Artspretaffent
leurslumieres,
Combienluy devez-vous pourlegrand
Montaufier,
Qu'à ce noble travail ildaigne af- focier!
Il est cent ¢ Rois dont peut-eftre l'Histoire,
Dans lafoule desRoiscacheroit lame
moire,
Si de leurs Succeſſeurs l'indigne lacheté, [pas merité;
Ne leur donnoit l'éclat qu'ils n'ont
Princés de qui les Noms avec gloire furvivent,
Sij
204 LE MERCURE
Parce qu'on les compare avec ceux qui lesſuivent.
Quelquefois mesme un Roy qui ne se répond pas Qued'affez longs regrets honorentfon trépas ,
Par un tourpolitiqueen ſecretſeménage D'un indigne Heritier le honteux .
anantage. [defau's;
Tibere deût l'Empire à ses beurenxx
Anguste eust pû d'ailleurs craindre pen de Rivaux;
1
<
Maisenfin aux Romainssa vertufut plus chere Quand elle eutleſecours desvicesde
Tibere :
Tudédaignes , Loüis , ces Maximes d'Etat,
Tu veux qu'un Succeffeur augmente ton éclat
Mais loin qu'à ses dépens ton grand Nomſe ſoutienne ,
Tu veux queparsagloire il augmente la tienne.. Animé de ton Sang, formé par tes Leçons
GALANT. 20
DeDisciple &de Fils reüniſſant les Noms ,
Quelleshautes vertuspeut- ilfaire pa- rolltre ,
Qu'il n'herite d'un Pere,ou n'apprenned'un Maistre?
Les Peuples conteront aurang de tes
bien-faits Lebonheurdontfamain comblera leurs Souhaits ;
Etpar fon bras vainqueur nos Ennemis en fuite ,
N'imputeront qu'à toy beur Puiſſance
détruite.
Déjatous nos François Spectateurs de
tes Soins ,
Dans ces voix d'allegreffe àl'envy se
font joins.
Noftre jeune DAUPHINdes beauxde
firs s'enflame,
1
Loüis par ses Leçons luy transmet
-fagrande ame Il attend qu'il le ſuive un jour d'un
pas égal,
Et dans son propre Filsſepromet un Rinal.
MBLANTR
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Résumé : SUR L'EDUCATION de Monseigneur le DAUPHIN, & le soin que prend le ROY de dresser luy-mesme les Memoires de son Regne, pour servir d'instruction à ce jeune Prince.
L'auteur d'une lettre et d'un poème exprime sa satisfaction que la dame à qui il écrit ait rendu hommage au marquis de Fontenelle dans sa province. Il accepte de rassembler des pièces galantes de Fontenelle, soulignant que ce dernier est capable de traiter des sujets sérieux malgré son style badin. Le poème, intitulé 'Sur l'éducation de Monseigneur le Dauphin', célèbre les vertus et les réalisations du roi Louis XIV et de son fils, le Dauphin. Il met en avant les succès militaires de la France sous Louis XIV, notamment la prise de Cambrai et de la Sicile. Le poème souligne également les soins que le roi prend pour éduquer le Dauphin, lui transmettant ses connaissances et ses victoires. Cette éducation vise à former le Dauphin selon le modèle de son père, afin qu'il puisse continuer et augmenter la gloire de la France. Le texte insiste sur l'importance de cette éducation, espérant que le Dauphin suivra les pas de son père et continuera à apporter bonheur et victoire à la France. Le poème se conclut par cet espoir, soulignant la transmission des valeurs et des succès militaires de Louis XIV à son fils.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
s. p.
A MONSEIGNEUR LE DUC DE MONTAUSIER, PAIR DE FRANCE, &c. Gouverneur de Monseigneur le DAUPHIN.
Début :
MONSEIGNEUR, Quoy que le Mercure Galant semble estre devenu le [...]
Mots clefs :
Livre, Article, Dauphin, Éducation, Sentiments politiques, Art de régner, Armes
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texteReconnaissance textuelle : A MONSEIGNEUR LE DUC DE MONTAUSIER, PAIR DE FRANCE, &c. Gouverneur de Monseigneur le DAUPHIN.
A MONSEIGNEUR
LE DUC
DE
MONTAVSIER,
PAIR DE FRANCE, &c.
Gouverneur de Monfeigneur LE DAUPHIN.
ME ONSEIGNEUR ,
Quoyque le Mercure Galantſemble eſtre devenule Livre de tout le monde,
celuy que je prens la liberté de vous offrir eft tellement à vous , que j'ay crû que vous ne defaprouveriez pas que je luyfiſſe porter votre Illustre Nom. Ce qu'il contient deplus relevé regarde l'E- ducationde MonseigneurleDAUPHIN
2
aij
EPISTRE.
C'est l'Article le plus étendu , parce qu'il est impoſſible de renfermer en peu de paroles le prétieux Sujet de tant de veilles & de tant de foins ; Etquel au..
tre que Vous , MONSEIGNEUR, a
autant de part que vous en avezàcette merveilleuse Education qui nous fait admirer dans ce jeune Prince toutes les
qualitez qui le pouvoient rendre digne d'étre Fils de LOUIS LE GRAND ?
C'est Vous qui luy inspirez les Vertus
qui font particulieres aux Perſonnes de SonRing. C'est Vousqui lefaites entrer dans les Sentimens Politiques qui dơi vent eftre la principale Einde des Son- verains ; Et le Roy luydonnant lesve- ritables Regles dugrandArt de regner,
parles Memoiresqu'il prendſoin de luy dreffer de sa vie, C'eſt Vous qui luy ren- dezces secoursſenſibles , &luy appre- nez à meriter parluy-méme les avan- tagesqui luy fontdeſtinez parsa Naif Sance. L'honneurque vous avez reçen
par le choix que cet incomparable Mo- narque afait de Vous pour vous confier ce qu'apres Luy la France a de plus cher &deplus Auguste aestéfait par
EPISTRE.
d'autres Rois en differens Siecles aux
plus confiderables de l'Etat ; mais ces Rois qui les ont choiſts n'estoient point LOUIS XIV. &comme ils n'avoient
pas cette vive source de lumieres dont il
est éclairé dans tout-ce qu'ilfait, ils ont pû donner à lafaveur, ce que l'expe rience nousfait vairque vous vous estes
attirépar leplusfolide merite. Cette
gloire,MONSEIGNEUR,eftfi écla
tante &fiparticuliere pour Kous , que quoy que toute votre viefoit une ma- tiere inépuisable d'Eloges; Dire que le
Royvous a fait Gouverneur de Mon.
Seigneurle DAUPHIN, &que lesbautes Idéesque vous luy avezfaitprendre decequ'il est né,l'ontrendu ce que nons
Levoyons,c'est dire plus que les Panegyriques les plus achevez,nepourroient faire concevoir des plus Grands Hommes. C'est auffi àcettefeule lanange que je m'arreste ,&quelque liberté que je prenne devouspreſentercette Partiedu Mercure,je me trouve en méme temps contraint d'avoüer que le Mercure, ne doit point estre pour Vous. Il est lenpar tout,&on l'estime parce qu'en faisant
a iij
EPISTRE.
connoîtreles merveilles que produittous lesjours la France ,ilya pen de Pais Etrangers oùil ne donneſujet de l'ad- mirer ; Mais , MONSEIGNEUR,
quand ildira que vous estes d'une des plusnobles &plus anciennes Maiſons du Royaume , que vous avez l'Esprit auſſi grand que la naiſſance,que vôtre Courage les égale l'un &l'autre, &que malgré l'attachement que vous avez toûjours en pour lesBelles Lettres, vous n'avezlaiſſé échaper aucune occaſionde vousfignalerparles Armes ,que dira- t-il quinefoit connudanstous les lieux oùsabonnefortune luy afait trouver de V'accés ? L'Italie ne vous a-t- elle pas veu aux Siegesde Roſignan &de Cafal donnerdés vôtrejeuneâgedes marques
decette Valeur dont la Lorraine a de
puis esté témoin, &que l'Alsacen'apu s'empécher en suite d'admirer, quand
vous trouvantfous lefeu DucdeVuei- mar àl'attaque de la Ville&Forteresse de Brisac,vous yfiſtes tout cequ'onpeut attendre d'un Homme à qui les grandes Occafions inspirent la plus impatiente urdeur defediftinguer ? Io neparleny
EPISTRE.
C
des autres Sieges, ny d'une infinitéde Rencontresqui ont toutes fervyàfaire éclater vôtre Courage. Ielaiſſe laBa- tailledeCerné,dans laquelle vous prites devôtremain trois Etendars de CavaLerie. Avec quelle gloire n'avez- vous pas chalcombatu deCampendeAllemagne l' Arméeque ,feulcomman Maré-EELDE
doit feu Monfieur le Mareſchal Lyc Guebriant ? La Haute & Baffle Al /893 *
dont le Royvous avoit confié le Com mandement, n'oublieront jamais l'intre- pidité avec laquelle vous avez tenute fie aux Ennemis,dont enfin vous nepû- teséviterd'étrefait Prisonnier deguer re,apres vous étre exposépar tout oùle plus preſſant péril vous appelloit. Voilà de grandes Actions , MONSEIGNEUR! Nos Histoires qui en fe rontpleinesvous répondent de l'Immor- valitéque vous avezsi bien meritée ,
mesfoibles expreſſions ne pouvant rien pour vêtre gloire, je ne découvre plus dans ceque je me hazarde à vous offrir,
qu'un ambitieux motifd'amour propre,
qui mefait souhaiter que tout le monde fçache la gracequevous me faites de
EPISTR E.
m'honorer de vôtre protection , &d'a gréerqueje me diſe avec le zele le plus respectueux ,
MONSEIGNEUR,
Voltre tres-humble & tres- obeif
fantServiteur,D
LE DUC
DE
MONTAVSIER,
PAIR DE FRANCE, &c.
Gouverneur de Monfeigneur LE DAUPHIN.
ME ONSEIGNEUR ,
Quoyque le Mercure Galantſemble eſtre devenule Livre de tout le monde,
celuy que je prens la liberté de vous offrir eft tellement à vous , que j'ay crû que vous ne defaprouveriez pas que je luyfiſſe porter votre Illustre Nom. Ce qu'il contient deplus relevé regarde l'E- ducationde MonseigneurleDAUPHIN
2
aij
EPISTRE.
C'est l'Article le plus étendu , parce qu'il est impoſſible de renfermer en peu de paroles le prétieux Sujet de tant de veilles & de tant de foins ; Etquel au..
tre que Vous , MONSEIGNEUR, a
autant de part que vous en avezàcette merveilleuse Education qui nous fait admirer dans ce jeune Prince toutes les
qualitez qui le pouvoient rendre digne d'étre Fils de LOUIS LE GRAND ?
C'est Vous qui luy inspirez les Vertus
qui font particulieres aux Perſonnes de SonRing. C'est Vousqui lefaites entrer dans les Sentimens Politiques qui dơi vent eftre la principale Einde des Son- verains ; Et le Roy luydonnant lesve- ritables Regles dugrandArt de regner,
parles Memoiresqu'il prendſoin de luy dreffer de sa vie, C'eſt Vous qui luy ren- dezces secoursſenſibles , &luy appre- nez à meriter parluy-méme les avan- tagesqui luy fontdeſtinez parsa Naif Sance. L'honneurque vous avez reçen
par le choix que cet incomparable Mo- narque afait de Vous pour vous confier ce qu'apres Luy la France a de plus cher &deplus Auguste aestéfait par
EPISTRE.
d'autres Rois en differens Siecles aux
plus confiderables de l'Etat ; mais ces Rois qui les ont choiſts n'estoient point LOUIS XIV. &comme ils n'avoient
pas cette vive source de lumieres dont il
est éclairé dans tout-ce qu'ilfait, ils ont pû donner à lafaveur, ce que l'expe rience nousfait vairque vous vous estes
attirépar leplusfolide merite. Cette
gloire,MONSEIGNEUR,eftfi écla
tante &fiparticuliere pour Kous , que quoy que toute votre viefoit une ma- tiere inépuisable d'Eloges; Dire que le
Royvous a fait Gouverneur de Mon.
Seigneurle DAUPHIN, &que lesbautes Idéesque vous luy avezfaitprendre decequ'il est né,l'ontrendu ce que nons
Levoyons,c'est dire plus que les Panegyriques les plus achevez,nepourroient faire concevoir des plus Grands Hommes. C'est auffi àcettefeule lanange que je m'arreste ,&quelque liberté que je prenne devouspreſentercette Partiedu Mercure,je me trouve en méme temps contraint d'avoüer que le Mercure, ne doit point estre pour Vous. Il est lenpar tout,&on l'estime parce qu'en faisant
a iij
EPISTRE.
connoîtreles merveilles que produittous lesjours la France ,ilya pen de Pais Etrangers oùil ne donneſujet de l'ad- mirer ; Mais , MONSEIGNEUR,
quand ildira que vous estes d'une des plusnobles &plus anciennes Maiſons du Royaume , que vous avez l'Esprit auſſi grand que la naiſſance,que vôtre Courage les égale l'un &l'autre, &que malgré l'attachement que vous avez toûjours en pour lesBelles Lettres, vous n'avezlaiſſé échaper aucune occaſionde vousfignalerparles Armes ,que dira- t-il quinefoit connudanstous les lieux oùsabonnefortune luy afait trouver de V'accés ? L'Italie ne vous a-t- elle pas veu aux Siegesde Roſignan &de Cafal donnerdés vôtrejeuneâgedes marques
decette Valeur dont la Lorraine a de
puis esté témoin, &que l'Alsacen'apu s'empécher en suite d'admirer, quand
vous trouvantfous lefeu DucdeVuei- mar àl'attaque de la Ville&Forteresse de Brisac,vous yfiſtes tout cequ'onpeut attendre d'un Homme à qui les grandes Occafions inspirent la plus impatiente urdeur defediftinguer ? Io neparleny
EPISTRE.
C
des autres Sieges, ny d'une infinitéde Rencontresqui ont toutes fervyàfaire éclater vôtre Courage. Ielaiſſe laBa- tailledeCerné,dans laquelle vous prites devôtremain trois Etendars de CavaLerie. Avec quelle gloire n'avez- vous pas chalcombatu deCampendeAllemagne l' Arméeque ,feulcomman Maré-EELDE
doit feu Monfieur le Mareſchal Lyc Guebriant ? La Haute & Baffle Al /893 *
dont le Royvous avoit confié le Com mandement, n'oublieront jamais l'intre- pidité avec laquelle vous avez tenute fie aux Ennemis,dont enfin vous nepû- teséviterd'étrefait Prisonnier deguer re,apres vous étre exposépar tout oùle plus preſſant péril vous appelloit. Voilà de grandes Actions , MONSEIGNEUR! Nos Histoires qui en fe rontpleinesvous répondent de l'Immor- valitéque vous avezsi bien meritée ,
mesfoibles expreſſions ne pouvant rien pour vêtre gloire, je ne découvre plus dans ceque je me hazarde à vous offrir,
qu'un ambitieux motifd'amour propre,
qui mefait souhaiter que tout le monde fçache la gracequevous me faites de
EPISTR E.
m'honorer de vôtre protection , &d'a gréerqueje me diſe avec le zele le plus respectueux ,
MONSEIGNEUR,
Voltre tres-humble & tres- obeif
fantServiteur,D
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Résumé : A MONSEIGNEUR LE DUC DE MONTAUSIER, PAIR DE FRANCE, &c. Gouverneur de Monseigneur le DAUPHIN.
L'épître est adressée à Monseigneur le Duc de Montausier, Gouverneur du Dauphin. L'auteur souligne que le Mercure Galant, bien que public, est dédié au Duc en raison de son rôle crucial dans l'éducation du Dauphin. Le Duc est loué pour ses qualités et ses mérites, notamment pour inspirer au Dauphin les vertus nécessaires à sa future royauté. Il transmet également les règles de gouvernement à travers les mémoires du roi Louis XIV. Le Duc est également reconnu pour son courage et ses exploits militaires. Il a participé aux sièges de Rosignan, Casal, et Brisac, ainsi qu'à la bataille de Cérisols, où il a capturé trois étendards de cavalerie. Son commandement en Alsace est également mentionné. Malgré sa capture lors d'une bataille, son courage et son dévouement sont soulignés. L'épître se conclut par l'expression de la gratitude de l'auteur pour la protection et l'honneur que lui accorde le Duc.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 212-228
Tout ce qui s'est passé dans l'Academie Françoise le jour de la Distribution des Prix, avec plusieurs particulartiez qui regardent l'Education de Monseigneur le Dauphin, & les grandes qualitez de ce Prince. [titre d'après la table]
Début :
Les Articles précedens vous ayant appris la mort & vous [...]
Mots clefs :
Académie française, Article, Prix, Médailles d'or, Excellents ouvrages, Grand homme, Abbé Tallement, Directeur, Compagnie, Lectures, Château de S. Germain, Monsieur de S. Aignan, Dauphin, Esprit, Graver
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texteReconnaissance textuelle : Tout ce qui s'est passé dans l'Academie Françoise le jour de la Distribution des Prix, avec plusieurs particulartiez qui regardent l'Education de Monseigneur le Dauphin, & les grandes qualitez de ce Prince. [titre d'après la table]
Les Articles précedens vous ayant appris la mort , & vous ayant fait connoiſtre le merite dedeux Perſonnes auffi Illuſtres
par leur grande vertu que par Léclat de leur naiſſance,je vais dans un ſeul Article vous par- ler d'une partie de ce que la France a de plus conſidérable du coſté de l'Eſprit, &vous en tretenir de ce qu'elle a de plus
134 LE MERCVRE relevé du coſté de la Naiſſan
ce,&des merveilleuſes qualitez qui rendent les Grands Hom- mes recommandables. Vous ju- gez bien , Madame , que c'eſt de Article de l'Académie Françoiſe dont je vous vais entrete- nir pour m'acquiter de ma pa- role.
J'avois eu ſoin de prendre une Copie de la Piece deVers qu'elle a jugée digne du Prix,
mais je ne vous l'envoyeray point,puis que vous memandez que vous l'avez veüe. Je vous entretiendrayſeulementde l'In- ftitution de ces Prix(carje vous aydéja fait ſçavoir qu'il y en a
deux ) & des cerémonies qui s'obſervēt le jour qu'on les don- ne. Ils fontchacunde la valeur
de trente Piſtoles ,&confiftent
en deuxMedailles d'or,dont l'u
GALANT. 135 ne repreſente un Saint Loüis,&
: l'autre le Portrait du Roy. Lex Prix de Proſe a eſté fondé par
- feu Mr de Balzac qui estoit de cet Illuſtre Corps. Lesexcellens Ouvrages qu'il nous a laiſſez ſe liſenttous les jours avecadmira- tion , &c'eſt avec beaucoupde justice qu'on l'a fait paffer pour le plus EloquentHommede fon temps. Comme l'argent qu'il a
laiſſe pour cela, ne produitpas chaque annéeun intereſt affez fort pour remplir la valeur du Prix, on ne le donne que tous les deuxans ; &à l'imitation de ce Grand Homme , unAcadé- micien d'autant plus genéreux qu'il neveutpoint ſe faire con- noiſtre , a fourny juſqu'icy la mefme fomme pour le Prix des Vers.. Meffieurs de l'Académic
enchoiſiſſent le Sujet,auffi-bien
136 LE MERCVRE que de la Profe. Ils en avertif fent le Publicunan auparavant par quelques Affiches ; & ceux qui travaillentſur ces matieres,
font obligez d'envoyer leurs Piecesdans le dernier jourd'A-- vril, ſans ſe nommer, afin que n'en connoiſſant point lesAu- teurs , cesMeffieurs les puiſſent examiner ſans aucune préoccu- pation qui les faſſe plutoſt pan- cher vers fun que vers l'autre.. Les Prixſe donnent publique+
ment; & comme ils ont choify le Jourde S. Loüis pour en faire la diſtribution , le Roy a com mencé cette année d'en augmenter la folemnité pour eux,
endonnantſes ordres pour leur faire chanter la Meſſe en Mufi-.
que, &prononcer le Panegyri- quede ceGrand Saint..Ainſi la Meffe fut celebrée ce Jour-là
T
GALANT. 137
- pour leur Compagnie par M
l'Abbé du Pont Chapelain du Louvre.M' Oudotqui a faittant d'agreables chofes , y fit admi- rer fonGénie pour la Muſique.
Tout cequi s'y chanta eftoit de luy. M' L'Abbéde S. Martin fit lePanégyrique du Saint,&mar- qua d'une maniere fort ingé nieuſe tout ceque le Roy faifoit pour élever un Corps auffi Il- luſtre que celuy devant lequel il parloit. Il euſt eſté diffici- le de luy choiſirdes Auditeurs qui ſe connuſſent mieux aux belles Choſes; &puis qu'il les satisfit tous,on ne peut douter qu'il ne fuſtdignedes applaudif- ſemens qu'il reçeut. L'apreſdî- née on tint Affemblée publi- que , où se trouverent quantité d'Eveſques &deGensde la pré- miere Qualité. M' l'Abbé Tal
#38 LE MERCVR lemant le jeune , comme Dire- teur de la Compagnie, expli- qua d'abord en peudemots la maniere dont on s'eſtoit fervy pour juger des Pieces qui a- voientmerité le Prix, &les don na à lire àM l'Abbe Regnier. Il commença par celle de Profe,
&perſonne ne s'eſtant preſen- té pour en déclarer l'Autheur,
il leut en ſuite celle de Vers. El
le ſe trouvadigne de l'approba- tionquevous luy avez donnée;
&apres que la lecture en eur eſté faite ,Ml'AbbéTallemant fit connoiſtrequ'on venoitd'ap- prendre qu'elle estoit deM² de La Monnoye Correcteur des Comptes àDijon. Je croy ,Ma- dame , que les Prix n'ont encor eſté donnez que trois fois , &
e'eſt le trofiéme qu'il a déja remporté pourlesVers.. Il feroit
GALANT. 139
1
àſouhaiter pour ceux qui ont entré enconcurrence avec luy,
que Meſſieurs de l'Académie Luydonnaffent la premierePla- ee vacante. Comme la qualité de Juge ne laiſſeroit plus rece-- voir ſes Ouvrages , les autres auroient plus de courage àtravailler. Cesdeux Pieces ayant eſté leuës, Mª Cordemoy qui eft de leur Corps , & Lecteur de
Monseigneur le Dauphin leutdeux autres deProfe 2
CNTHEOUT
fur des
d'un SujetsPreſident diferens.&Elles d'un Avecat
de Soiſſons qu'on ne ma pû nommer , & avoient eſté en voyées par l'Académiede cette meſme Ville , qui doit ce tribut àcelledeParis par une des Loix de ſon Etabliſſement. Ilyen a une autre qui l'oblige àne pren- dre pour fon Protecteur qu'un
1780
140 LE MERCVRE
보
des Quarante qui compoſent l'Academie Françoiſe , &c'eſt ce qui luy a fait choifir Mon- ſieur le Cardinal d'Eſtrées qui en eſt. Ces Lectures furent fuivies d'un panegyrique du Roy que fit Me l'Abbé Tallemant,
en décrivant toute la Campa- gne. Il parla avec une liberté qui faiſoit voir qu'il eſtoit mai- ſtre de ſes penſées , &qu'il ne cherchoit point ce qu'il diſoit Il s'exprima par des termes fi choiſis , & tout ce qu'ildit fur prononcé avec tant de grace,
qu'il auroir pu faire valoir des choſes médiocres ; mais outre qu'on n'en peut dire ſur unefi éclatante matiere , jamais iln'y eut Difcours ſi éloquent. Les grandes Actions duRoy furent peintesavecles plus vives cou leurs. Tout estoit également
GALANT. 141
11
1
1
fort, rien d'ennuyeux , rien de languiſſant. La joye eſtoit mar- quée ſur le viſage de ſes Audi- teurs ; &il eut cellede ſe voir obligé plus d'une fois de s'in terrompre luy meſme pour laif- fer finir les applaudiſſemens qu'il recevoit. Enfin , Madame,
fi le Royne ſe rendoit tous les jours loiable par uue infinité d'endroits nouveaux qui fur- prennent autant qu'ils donnent fujet de l'admirer , je ne croy pas que perſonne oſaſt entre- prendre de le loüer apres M
IAbbéTallemant. Aufſi, quand il eut finy , il eut beau deman- der, comme on fait ordinairement, ſi quelqu'un des Acadé- miciens n'avoit rien àlire , chacun ſe leva , &dit tout haut,
qu'apres ce qu'on venoit d'en- tendre ,onnepourroit plus rien
142 LE MERCVRE trouver de beau ,&qu'il en falloit demeurer là. J'ay bien de la joye ,Mada- me, devoir par vos Remarques ſurl'Ouvrage de M'dela Mon- noye , que vous eſtes tombée dans mes ſentimens. Tous les
endroits que vous loüez m'a- voientextrémementplû, &j'ay trouvé comme vous ſa Poëfic
toute riante. Il eſt vray que la matiere en eſtoitbienfavorable,
&que l'Education deMonſei- gneur le Dauphin qu'on avoit choifie cette année pour Sujer de laPiece de Vers, offroit de grandes idées àl'Eſprit. Que ce jeunePrince ena ! &qu'il eſtoit difficile que la Nature aidée du fecours des plus habiles Maiſtres que laFranceluyaitpûdonner,
nefiſtpas enluyundeſesChef- d'œuvres les plus accomplis !
GALANT. 143 Ce n'eſt point aſſez de dire qu'il n'ignore rien , on peut adjoûter fans flaterie qu'il excelle dans tout ce qu'il ſçait. Il a une ſi par- faite connoiſſance des Fables,
que dés ſes premieres années il ne voyoit point de Tapifferie qui en repreſentaft quelqu'une,
qu'il ne l'expliquaſt auſſi -toſt. Il ſçait tres-bien les Matemati- ques, il deffigne & grave admi- rablement , & on fut furpris un jour qu'eſtant entré chez M Sylveftre , en paſſant par les Galleries du Louvre , il prit un Burin , & grava fur le champ un Païfage qui me- ritoit toutes les loüanges qu'il reçeut. Il a gravé le Chaſtean deS. Germain , dont ayantdon- né une Eſtampe à Monfieur de S.Aignan, ce Duc à qui la vi- vacité d'Eſprit n'a jamais man
144 LE MERCVRE que,fit cet Inpromptu pour luy rendre graces d'un fi agreable Préfent.
par leur grande vertu que par Léclat de leur naiſſance,je vais dans un ſeul Article vous par- ler d'une partie de ce que la France a de plus conſidérable du coſté de l'Eſprit, &vous en tretenir de ce qu'elle a de plus
134 LE MERCVRE relevé du coſté de la Naiſſan
ce,&des merveilleuſes qualitez qui rendent les Grands Hom- mes recommandables. Vous ju- gez bien , Madame , que c'eſt de Article de l'Académie Françoiſe dont je vous vais entrete- nir pour m'acquiter de ma pa- role.
J'avois eu ſoin de prendre une Copie de la Piece deVers qu'elle a jugée digne du Prix,
mais je ne vous l'envoyeray point,puis que vous memandez que vous l'avez veüe. Je vous entretiendrayſeulementde l'In- ftitution de ces Prix(carje vous aydéja fait ſçavoir qu'il y en a
deux ) & des cerémonies qui s'obſervēt le jour qu'on les don- ne. Ils fontchacunde la valeur
de trente Piſtoles ,&confiftent
en deuxMedailles d'or,dont l'u
GALANT. 135 ne repreſente un Saint Loüis,&
: l'autre le Portrait du Roy. Lex Prix de Proſe a eſté fondé par
- feu Mr de Balzac qui estoit de cet Illuſtre Corps. Lesexcellens Ouvrages qu'il nous a laiſſez ſe liſenttous les jours avecadmira- tion , &c'eſt avec beaucoupde justice qu'on l'a fait paffer pour le plus EloquentHommede fon temps. Comme l'argent qu'il a
laiſſe pour cela, ne produitpas chaque annéeun intereſt affez fort pour remplir la valeur du Prix, on ne le donne que tous les deuxans ; &à l'imitation de ce Grand Homme , unAcadé- micien d'autant plus genéreux qu'il neveutpoint ſe faire con- noiſtre , a fourny juſqu'icy la mefme fomme pour le Prix des Vers.. Meffieurs de l'Académic
enchoiſiſſent le Sujet,auffi-bien
136 LE MERCVRE que de la Profe. Ils en avertif fent le Publicunan auparavant par quelques Affiches ; & ceux qui travaillentſur ces matieres,
font obligez d'envoyer leurs Piecesdans le dernier jourd'A-- vril, ſans ſe nommer, afin que n'en connoiſſant point lesAu- teurs , cesMeffieurs les puiſſent examiner ſans aucune préoccu- pation qui les faſſe plutoſt pan- cher vers fun que vers l'autre.. Les Prixſe donnent publique+
ment; & comme ils ont choify le Jourde S. Loüis pour en faire la diſtribution , le Roy a com mencé cette année d'en augmenter la folemnité pour eux,
endonnantſes ordres pour leur faire chanter la Meſſe en Mufi-.
que, &prononcer le Panegyri- quede ceGrand Saint..Ainſi la Meffe fut celebrée ce Jour-là
T
GALANT. 137
- pour leur Compagnie par M
l'Abbé du Pont Chapelain du Louvre.M' Oudotqui a faittant d'agreables chofes , y fit admi- rer fonGénie pour la Muſique.
Tout cequi s'y chanta eftoit de luy. M' L'Abbéde S. Martin fit lePanégyrique du Saint,&mar- qua d'une maniere fort ingé nieuſe tout ceque le Roy faifoit pour élever un Corps auffi Il- luſtre que celuy devant lequel il parloit. Il euſt eſté diffici- le de luy choiſirdes Auditeurs qui ſe connuſſent mieux aux belles Choſes; &puis qu'il les satisfit tous,on ne peut douter qu'il ne fuſtdignedes applaudif- ſemens qu'il reçeut. L'apreſdî- née on tint Affemblée publi- que , où se trouverent quantité d'Eveſques &deGensde la pré- miere Qualité. M' l'Abbé Tal
#38 LE MERCVR lemant le jeune , comme Dire- teur de la Compagnie, expli- qua d'abord en peudemots la maniere dont on s'eſtoit fervy pour juger des Pieces qui a- voientmerité le Prix, &les don na à lire àM l'Abbe Regnier. Il commença par celle de Profe,
&perſonne ne s'eſtant preſen- té pour en déclarer l'Autheur,
il leut en ſuite celle de Vers. El
le ſe trouvadigne de l'approba- tionquevous luy avez donnée;
&apres que la lecture en eur eſté faite ,Ml'AbbéTallemant fit connoiſtrequ'on venoitd'ap- prendre qu'elle estoit deM² de La Monnoye Correcteur des Comptes àDijon. Je croy ,Ma- dame , que les Prix n'ont encor eſté donnez que trois fois , &
e'eſt le trofiéme qu'il a déja remporté pourlesVers.. Il feroit
GALANT. 139
1
àſouhaiter pour ceux qui ont entré enconcurrence avec luy,
que Meſſieurs de l'Académie Luydonnaffent la premierePla- ee vacante. Comme la qualité de Juge ne laiſſeroit plus rece-- voir ſes Ouvrages , les autres auroient plus de courage àtravailler. Cesdeux Pieces ayant eſté leuës, Mª Cordemoy qui eft de leur Corps , & Lecteur de
Monseigneur le Dauphin leutdeux autres deProfe 2
CNTHEOUT
fur des
d'un SujetsPreſident diferens.&Elles d'un Avecat
de Soiſſons qu'on ne ma pû nommer , & avoient eſté en voyées par l'Académiede cette meſme Ville , qui doit ce tribut àcelledeParis par une des Loix de ſon Etabliſſement. Ilyen a une autre qui l'oblige àne pren- dre pour fon Protecteur qu'un
1780
140 LE MERCVRE
보
des Quarante qui compoſent l'Academie Françoiſe , &c'eſt ce qui luy a fait choifir Mon- ſieur le Cardinal d'Eſtrées qui en eſt. Ces Lectures furent fuivies d'un panegyrique du Roy que fit Me l'Abbé Tallemant,
en décrivant toute la Campa- gne. Il parla avec une liberté qui faiſoit voir qu'il eſtoit mai- ſtre de ſes penſées , &qu'il ne cherchoit point ce qu'il diſoit Il s'exprima par des termes fi choiſis , & tout ce qu'ildit fur prononcé avec tant de grace,
qu'il auroir pu faire valoir des choſes médiocres ; mais outre qu'on n'en peut dire ſur unefi éclatante matiere , jamais iln'y eut Difcours ſi éloquent. Les grandes Actions duRoy furent peintesavecles plus vives cou leurs. Tout estoit également
GALANT. 141
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fort, rien d'ennuyeux , rien de languiſſant. La joye eſtoit mar- quée ſur le viſage de ſes Audi- teurs ; &il eut cellede ſe voir obligé plus d'une fois de s'in terrompre luy meſme pour laif- fer finir les applaudiſſemens qu'il recevoit. Enfin , Madame,
fi le Royne ſe rendoit tous les jours loiable par uue infinité d'endroits nouveaux qui fur- prennent autant qu'ils donnent fujet de l'admirer , je ne croy pas que perſonne oſaſt entre- prendre de le loüer apres M
IAbbéTallemant. Aufſi, quand il eut finy , il eut beau deman- der, comme on fait ordinairement, ſi quelqu'un des Acadé- miciens n'avoit rien àlire , chacun ſe leva , &dit tout haut,
qu'apres ce qu'on venoit d'en- tendre ,onnepourroit plus rien
142 LE MERCVRE trouver de beau ,&qu'il en falloit demeurer là. J'ay bien de la joye ,Mada- me, devoir par vos Remarques ſurl'Ouvrage de M'dela Mon- noye , que vous eſtes tombée dans mes ſentimens. Tous les
endroits que vous loüez m'a- voientextrémementplû, &j'ay trouvé comme vous ſa Poëfic
toute riante. Il eſt vray que la matiere en eſtoitbienfavorable,
&que l'Education deMonſei- gneur le Dauphin qu'on avoit choifie cette année pour Sujer de laPiece de Vers, offroit de grandes idées àl'Eſprit. Que ce jeunePrince ena ! &qu'il eſtoit difficile que la Nature aidée du fecours des plus habiles Maiſtres que laFranceluyaitpûdonner,
nefiſtpas enluyundeſesChef- d'œuvres les plus accomplis !
GALANT. 143 Ce n'eſt point aſſez de dire qu'il n'ignore rien , on peut adjoûter fans flaterie qu'il excelle dans tout ce qu'il ſçait. Il a une ſi par- faite connoiſſance des Fables,
que dés ſes premieres années il ne voyoit point de Tapifferie qui en repreſentaft quelqu'une,
qu'il ne l'expliquaſt auſſi -toſt. Il ſçait tres-bien les Matemati- ques, il deffigne & grave admi- rablement , & on fut furpris un jour qu'eſtant entré chez M Sylveftre , en paſſant par les Galleries du Louvre , il prit un Burin , & grava fur le champ un Païfage qui me- ritoit toutes les loüanges qu'il reçeut. Il a gravé le Chaſtean deS. Germain , dont ayantdon- né une Eſtampe à Monfieur de S.Aignan, ce Duc à qui la vi- vacité d'Eſprit n'a jamais man
144 LE MERCVRE que,fit cet Inpromptu pour luy rendre graces d'un fi agreable Préfent.
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Résumé : Tout ce qui s'est passé dans l'Academie Françoise le jour de la Distribution des Prix, avec plusieurs particulartiez qui regardent l'Education de Monseigneur le Dauphin, & les grandes qualitez de ce Prince. [titre d'après la table]
Le texte décrit la remise des prix de l'Académie Française, qui récompense des œuvres littéraires en prose et en vers. Les prix se composent de deux médailles d'or et de trente pistoles, et sont remis lors d'une cérémonie solennelle le jour de la Saint-Louis. Le prix de prose, fondé par le défunt Monsieur de Balzac, est attribué tous les deux ans en raison des intérêts insuffisants générés par le fonds. Un académicien anonyme complète la somme nécessaire pour le prix de poésie. Les sujets des concours sont choisis par les académiciens et annoncés au public. Les œuvres doivent être soumises anonymement avant le dernier jour d'avril. La cérémonie de remise des prix inclut une messe en musique et un panégyrique du roi. En 1680, la messe a été célébrée par l'abbé du Pont, et la musique a été composée par Monsieur Oudot. L'abbé de Saint-Martin a prononcé le panégyrique, suivi d'une assemblée publique où les prix ont été annoncés. Les prix ont été décernés trois fois jusqu'alors. Monsieur de La Monnoye a remporté le prix de poésie pour la troisième fois consécutive. D'autres œuvres en prose ont été lues, dont celles de Monsieur Cordemoy et d'un avocat de Soissons. L'Académie de Soissons envoie des œuvres à l'Académie Française en vertu de ses lois d'établissement. L'abbé Tallemant a également prononcé un panégyrique du roi, décrivant ses actions militaires avec éloquence et liberté. Le texte se termine par des éloges sur l'éducation et les talents du Dauphin, soulignant ses compétences en fables, mathématiques, dessin et gravure.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 229-230
SUR LE CHASTEAU DE S. GERMAIN, Gravé par Monseigneur le Dauphin.
Début :
Graveur Auguste & sans égal, [...]
Mots clefs :
Dauphin, Château de S. Germain, Peindre, Renommée
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUR LE CHASTEAU DE S. GERMAIN, Gravé par Monseigneur le Dauphin.
SUR LE CHASTEAU
DE S. GER MAIN ,
Gravé par Monſeigneur le Dauphin.
Raveur Auguste fans égal,
Gonapres Le Grand Louis
l'Univers admire ,
Quand on vous verroit peindre &gra- ver affez mal ,
Quel Cenfeur oferoit y trouver à re- dire?
Maisonvous voit brillant comme un autre Soleil
Effacer le renomde Liſippe &d'Apelle ;
Vous trouver toujours fans pareil.
N'estpas une chose nouvelle.
Pourmoyje ne sçaurois , à moins d'un Inpromptu,
Vanter
GALANT.
145 Vanter le beau Preſent qu'il vousplaist de mefaire ,
Le langage des Dieux , de la haute
Vertu
Est la récompense ordinaire.
Simondefſſein est un peu temeraire ,
I'en obtiendraypeut- estre lepardon Envousdiſant d'une voix animée Qu'un jour malgré les coups, lapoudre,
lafumée,
Lescris , l'acier luiſant, &lebruit du Canon ,
Vousgraverezencor mieuxvoſtre Nors
AuTemple de la Renommée.
DE S. GER MAIN ,
Gravé par Monſeigneur le Dauphin.
Raveur Auguste fans égal,
Gonapres Le Grand Louis
l'Univers admire ,
Quand on vous verroit peindre &gra- ver affez mal ,
Quel Cenfeur oferoit y trouver à re- dire?
Maisonvous voit brillant comme un autre Soleil
Effacer le renomde Liſippe &d'Apelle ;
Vous trouver toujours fans pareil.
N'estpas une chose nouvelle.
Pourmoyje ne sçaurois , à moins d'un Inpromptu,
Vanter
GALANT.
145 Vanter le beau Preſent qu'il vousplaist de mefaire ,
Le langage des Dieux , de la haute
Vertu
Est la récompense ordinaire.
Simondefſſein est un peu temeraire ,
I'en obtiendraypeut- estre lepardon Envousdiſant d'une voix animée Qu'un jour malgré les coups, lapoudre,
lafumée,
Lescris , l'acier luiſant, &lebruit du Canon ,
Vousgraverezencor mieuxvoſtre Nors
AuTemple de la Renommée.
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Résumé : SUR LE CHASTEAU DE S. GERMAIN, Gravé par Monseigneur le Dauphin.
Le texte est une dédicace poétique au Dauphin, louant Louis XIV. Il compare la grandeur du roi à celle d'un soleil éclatant et à celle des artistes antiques comme Lisippe et Apelle. Simon, un artiste, prédit que Louis XIV gravera son nom au Temple de la Renommée malgré les dangers symbolisés par les armes et les cris.
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7
p. 231-245
« Ce Quatrain est de Mr de Tierceville-Mahaut, à qui [...] »
Début :
Ce Quatrain est de Mr de Tierceville-Mahaut, à qui [...]
Mots clefs :
Prince, Dauphin, Esprit, Naissance, Monsieur de Montausier, Evêque de Condom, Précepteur, Ouvrages, Monsieur Blondel, Enseigner
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texteReconnaissance textuelle : « Ce Quatrain est de Mr de Tierceville-Mahaut, à qui [...] »
Ce Quatrain eſt de M de Tierceville-Mahaut,àqui Monfieurle DucdeMontaufier,qui a pour luy beaucoup d'eſtime & de bienveillance , avoit faitvoir ce petit Ouvrage de Mon- ſeigneur le Dauphin. C'eſt un Gentilhomme que ſon merite rend affez connu. Quand une infinité de Sonnets , de Madrigaux , &d'autres Pieces galan- tes qu'on a veuës de luy , n'au- roient pas fait connoiſtre qu'il a
autantdefeu que de delicateſſe
dans l'Eſprit , il ne faudroit que l'entendre pour en eſtre perſua- dé. Sa converſation eſt fort agreable , & on eft afſuré de ne s'ennuyer jamais avec luy. Le ſoin que daigne prendre le Roy
GALANT. 147 I
de dreſſer des Memoires de ſa
main pour I inſtruction de Mon-- ſeigneur le Dauphin , eſt une ſenſible marquede l'amourqu'il a pour ſes Peuples , à qui par cette bonté qui luy eſt ſi natu- relle poureux , il voudroit laif- fer, s'il ſe pouvoit , un Succef- ſeur qui allaſt encor au delà de ſes grandes qualitez. Sa Maje- THEOUD
ontTIA
ſté qui a toûjours eu de particulieres conſidératiós pour toutes les Perfonnes qui l'honneur d'eſtre de fon Sang fait élever avec luy Meſſieurs les Princes de Conty & de la Roche-fur-Yon. Quelque hau- te que ſoit leur Naiſſance , on peut dire qu'elle n'eſt pas le plus grand de leurs avantages. Leur Eſprit ſembleeſtre encor au def- ſus,&ils ſe montrentpar làdi- gnes Fils de feu Monfieur le
Gij
148 LE MERCVRE Prince de Conty leur Pere , qui en avoit infiniment; & dignes Neveux de Son Alteſſe Sereniffime Monfieur le Prince , dont
les grandes lumieres nefont pas moins l'admiration de tout le
monde, que fon extraordinaire
valeur. On a veu encoraupres deMonſeigneurle Dauphindes Enfans d'honneurd'une grande qualité, mais qui n'eſtoientpas moins conſidérables par les ta- lens qui les accompagnoient.
Ainſi ce jeune Prince n'ayant jamais veu que de l'Eſprit dans tout ce qui l'a environné,eftant fort éclairé de luy-meſime &
ayant pour Gouverneur Mon- fieur le Ducde Montaufier , &
MonfieurBoffuet ancien Evefque de Condom pour Prece- pteur , on n'a point à douter qu'iln'atteigne cedegréde per-
:
GALANT. 149
1
fection que Sa Majesté luy fou- haite. Vous avez entendu par- ler ſi avantageuſement de l'un &de l'autre , que je ne puis preſque vous en riendire quine vous foit déjatres-connu. Mon- fieurdeMoutaufierpoffede tou- tes les qualitez d'un grand Homme. Ila une rectitude d'amequi le rend auffi peu com- plaiſantpourceux qui font mal,
qu'il ſe montre zele Protecteur
de laVertu. Ilprendtoûjours le party de la Juſtice avec une ar- deur incroyable, &ne loüe que ce qui merite veritablement d'eſtre loué, mais ſes loüanges ne ſont point des paroles , ce fontdes chofes de fait dont tou
telaCourretentit. Vousſçavez qu'il eſt de laMaiſonde Sainte- Maure,dont l'ancienneté jufti- fie aſſez la grandeur. Dés l'an Güj
150 LE MERCVRE
mil dix il paroiſt que Gofſelin de Sainte- Maure eſtoit un des
plusgrands Seigneurs duRoyau- me; & en 1334. on a veu un Guillaume de Sainte- Maure
Chancelier de France. Leur Poſterité qui s'eſt divisée en plu- fieurs Branches , & qui ayant toûjours pris de tres-grandes Alliances, enadonné aux plus Illuftres Maiſons , s'eſt conti- nuée par vingtdegrés de décen te directe de mafle en mafle,
juſqu'à Monfieur de Montau- fier , à qui le Marquiſat qui por- te cenom, érigé enDuché , ap- partient enpropre. Il fut tranf mis il y a pres de quatre cens ans à laMaiſonde Sainte-Maure par une des Filles d'un Duc d'Angoulefme. Je ne vous par- leray nyde fon courage , ny de ſa valeur. La France en a eſté
)
GALANT témoin , auffi-bien que l'Italie,
la Lorraine , l'Alface, & l'Alle- magne. Dans les derniers Mou- vemens fomentez par les Enne- mis de la Couronne , non ſeulement ilmaintint dans l'obeïffance du Roy les Provinces de Xaintonge & d'Angoulmois dontil eſtoit Gouverneur ; mais
apres avoir rejetté avecune fi- delité inviolable les Propoſitions -avantageuſes qui luy furentfai- -tes pour l'obliger d'entrer dans -lepartydes Rebelles , il chaffa -lesEnnemis des Places de Xaintes, de Taillebourg , & de Tal- lemont, dont ils s'eſtoient em- parez; & les ayant pourſuivis,
quoy que fort inégal en nom- bre , ilchargea &défit une par- tie de leur Armée à Montanić
enPérigord, fans qu'une bleffu- re qu'il reçeut aubras, &dont Giv
152 LE MERCVRE il eſt demeuré eſtropić , luy fie rienrelâcher de la vigueur avee laquelle il ſe ſignala dans une fi glorieuſe occafion. LeGouvernement de Normandie ayant vaqué par lamort defenMon- fieurde Longueville,Sa Majesté l'en gratifia , tant en conſidera- tiondeſesſervices, quede ceux qu'Hector de Sainte Maure fon
Frere aifné avoit rendus àl'E
tat, non ſeulement en défendantRofignan dansleMontferrat contre le Marquis de Spino- Ja, mais en pluſieurs autres oc- cafions, &fur tout dans la Valteline , où il fut tué enforçant les Bains deBorino , & menant
l'Avantgarde de l'Armée que commandoit feu Monfieur le
Duc de Rohan.
.2
Monfieur l'Eveſque deCon- dom qui a fuccedé à feu M le
GALANT. 153
1
1
1
Preſident de Perigny dans la Charge de Precepteur deMon- ſeigneur le Dauphin , a prêché longtemps avec un ſuccés qui P'a rendu dignede la réputation qu'il s'eſt acquiſe. Il mene une vie fort exemplaire , &n'ayant pas moins de pieté que de do- trine , il ne peut inſpirer à ce jeune Prince que des ſentimens conformes au deſſein pour le- quel le Roy luy a fait l'honneur de le choiſir. Il a beaucoup de douceur , des manieres aiſees &
infinuantes , qui jointes aux fa- vorables diſpoſitions qu'il a
trouvées dans l'Eſprit de cet AuguſteDiſciple , y font paſſer adroitement , & fans qu'il ait lieu de s'en rebuter , toutes les connoiſſances qui peuvent étre de fon employ. Il eſt de l'Aca- demieFrançoiſe ,auffi bien que Gv
154 LE MERCVRE Mr Huet Sous-Précepteur de
ce Prince. C'eſt un Homme
d'une fort grande érudition , à
qui nous devons pluſieurs Ma- nufcrits des Ouvrages d'Ori- gene , qui n'avoient jamais eſté publiez. Vous vous plaindriez,
Madame , ſi je finiſſois l'Article de l'Education de monſeigneur le Dauphin, ſans vous parlerde M. Milet qui en eſt le SousGouverneur. Les Négociations dans leſquelles il a eſté em- ployé par m' le Cardinal de Richelieu & par м le Cardinal Mazarin, tant dedans que de- hors le Royaume, font une mar- que incontestable de fon merite. Il eſt mareſchal desCamps &Arméesdu Roy, &a eſté en- voyé par Sa majeſté en Allema- gne & en Pologue , où il a tres- utilement ſervy.
GALANT. 155
C M' Blondel qui enſeigne les Mathématiques à Monſeigneur leDauphin , eſt auſſi mareſchal deCamp. Onl'a employéquel- que temps aux Indes. Il a eſté Capitaine de Galere & de Vaif- feau , & Envoyé extraordinaire à Conſtantinople , en Suéde, &
aupres de l'Electeur de Brande- bourg. Il a beaucoupde litte- rature , &a fait pluſieurs Livres qui n'en laiſſent point douter.
Il en a mis au jour quelques au tres de Fortifications &de маthématiques , fort eſtimez des François & des Etrangers. Il a
travaillé en particulier aupres du Roy,qui le confidere. C'eſt luy qui a fait le nouveau Plan de Paris , & qui a donné les Deffeins des nouvelles Portes,
&du nouveauRamparten for medeCours.
Gvj
156 LE MERCVRE
Je ne vous diray rien deM
Sylvestre , qui a montré àdeffi- gner à Monſeigneur le Dau- phin, & qui eſt un tres habile Homme dans fon Art,auffi-bien
quetous les autres Maiſtres qui ont de l'employ aupres de ce jeune Prince.
autantdefeu que de delicateſſe
dans l'Eſprit , il ne faudroit que l'entendre pour en eſtre perſua- dé. Sa converſation eſt fort agreable , & on eft afſuré de ne s'ennuyer jamais avec luy. Le ſoin que daigne prendre le Roy
GALANT. 147 I
de dreſſer des Memoires de ſa
main pour I inſtruction de Mon-- ſeigneur le Dauphin , eſt une ſenſible marquede l'amourqu'il a pour ſes Peuples , à qui par cette bonté qui luy eſt ſi natu- relle poureux , il voudroit laif- fer, s'il ſe pouvoit , un Succef- ſeur qui allaſt encor au delà de ſes grandes qualitez. Sa Maje- THEOUD
ontTIA
ſté qui a toûjours eu de particulieres conſidératiós pour toutes les Perfonnes qui l'honneur d'eſtre de fon Sang fait élever avec luy Meſſieurs les Princes de Conty & de la Roche-fur-Yon. Quelque hau- te que ſoit leur Naiſſance , on peut dire qu'elle n'eſt pas le plus grand de leurs avantages. Leur Eſprit ſembleeſtre encor au def- ſus,&ils ſe montrentpar làdi- gnes Fils de feu Monfieur le
Gij
148 LE MERCVRE Prince de Conty leur Pere , qui en avoit infiniment; & dignes Neveux de Son Alteſſe Sereniffime Monfieur le Prince , dont
les grandes lumieres nefont pas moins l'admiration de tout le
monde, que fon extraordinaire
valeur. On a veu encoraupres deMonſeigneurle Dauphindes Enfans d'honneurd'une grande qualité, mais qui n'eſtoientpas moins conſidérables par les ta- lens qui les accompagnoient.
Ainſi ce jeune Prince n'ayant jamais veu que de l'Eſprit dans tout ce qui l'a environné,eftant fort éclairé de luy-meſime &
ayant pour Gouverneur Mon- fieur le Ducde Montaufier , &
MonfieurBoffuet ancien Evefque de Condom pour Prece- pteur , on n'a point à douter qu'iln'atteigne cedegréde per-
:
GALANT. 149
1
fection que Sa Majesté luy fou- haite. Vous avez entendu par- ler ſi avantageuſement de l'un &de l'autre , que je ne puis preſque vous en riendire quine vous foit déjatres-connu. Mon- fieurdeMoutaufierpoffede tou- tes les qualitez d'un grand Homme. Ila une rectitude d'amequi le rend auffi peu com- plaiſantpourceux qui font mal,
qu'il ſe montre zele Protecteur
de laVertu. Ilprendtoûjours le party de la Juſtice avec une ar- deur incroyable, &ne loüe que ce qui merite veritablement d'eſtre loué, mais ſes loüanges ne ſont point des paroles , ce fontdes chofes de fait dont tou
telaCourretentit. Vousſçavez qu'il eſt de laMaiſonde Sainte- Maure,dont l'ancienneté jufti- fie aſſez la grandeur. Dés l'an Güj
150 LE MERCVRE
mil dix il paroiſt que Gofſelin de Sainte- Maure eſtoit un des
plusgrands Seigneurs duRoyau- me; & en 1334. on a veu un Guillaume de Sainte- Maure
Chancelier de France. Leur Poſterité qui s'eſt divisée en plu- fieurs Branches , & qui ayant toûjours pris de tres-grandes Alliances, enadonné aux plus Illuftres Maiſons , s'eſt conti- nuée par vingtdegrés de décen te directe de mafle en mafle,
juſqu'à Monfieur de Montau- fier , à qui le Marquiſat qui por- te cenom, érigé enDuché , ap- partient enpropre. Il fut tranf mis il y a pres de quatre cens ans à laMaiſonde Sainte-Maure par une des Filles d'un Duc d'Angoulefme. Je ne vous par- leray nyde fon courage , ny de ſa valeur. La France en a eſté
)
GALANT témoin , auffi-bien que l'Italie,
la Lorraine , l'Alface, & l'Alle- magne. Dans les derniers Mou- vemens fomentez par les Enne- mis de la Couronne , non ſeulement ilmaintint dans l'obeïffance du Roy les Provinces de Xaintonge & d'Angoulmois dontil eſtoit Gouverneur ; mais
apres avoir rejetté avecune fi- delité inviolable les Propoſitions -avantageuſes qui luy furentfai- -tes pour l'obliger d'entrer dans -lepartydes Rebelles , il chaffa -lesEnnemis des Places de Xaintes, de Taillebourg , & de Tal- lemont, dont ils s'eſtoient em- parez; & les ayant pourſuivis,
quoy que fort inégal en nom- bre , ilchargea &défit une par- tie de leur Armée à Montanić
enPérigord, fans qu'une bleffu- re qu'il reçeut aubras, &dont Giv
152 LE MERCVRE il eſt demeuré eſtropić , luy fie rienrelâcher de la vigueur avee laquelle il ſe ſignala dans une fi glorieuſe occafion. LeGouvernement de Normandie ayant vaqué par lamort defenMon- fieurde Longueville,Sa Majesté l'en gratifia , tant en conſidera- tiondeſesſervices, quede ceux qu'Hector de Sainte Maure fon
Frere aifné avoit rendus àl'E
tat, non ſeulement en défendantRofignan dansleMontferrat contre le Marquis de Spino- Ja, mais en pluſieurs autres oc- cafions, &fur tout dans la Valteline , où il fut tué enforçant les Bains deBorino , & menant
l'Avantgarde de l'Armée que commandoit feu Monfieur le
Duc de Rohan.
.2
Monfieur l'Eveſque deCon- dom qui a fuccedé à feu M le
GALANT. 153
1
1
1
Preſident de Perigny dans la Charge de Precepteur deMon- ſeigneur le Dauphin , a prêché longtemps avec un ſuccés qui P'a rendu dignede la réputation qu'il s'eſt acquiſe. Il mene une vie fort exemplaire , &n'ayant pas moins de pieté que de do- trine , il ne peut inſpirer à ce jeune Prince que des ſentimens conformes au deſſein pour le- quel le Roy luy a fait l'honneur de le choiſir. Il a beaucoup de douceur , des manieres aiſees &
infinuantes , qui jointes aux fa- vorables diſpoſitions qu'il a
trouvées dans l'Eſprit de cet AuguſteDiſciple , y font paſſer adroitement , & fans qu'il ait lieu de s'en rebuter , toutes les connoiſſances qui peuvent étre de fon employ. Il eſt de l'Aca- demieFrançoiſe ,auffi bien que Gv
154 LE MERCVRE Mr Huet Sous-Précepteur de
ce Prince. C'eſt un Homme
d'une fort grande érudition , à
qui nous devons pluſieurs Ma- nufcrits des Ouvrages d'Ori- gene , qui n'avoient jamais eſté publiez. Vous vous plaindriez,
Madame , ſi je finiſſois l'Article de l'Education de monſeigneur le Dauphin, ſans vous parlerde M. Milet qui en eſt le SousGouverneur. Les Négociations dans leſquelles il a eſté em- ployé par m' le Cardinal de Richelieu & par м le Cardinal Mazarin, tant dedans que de- hors le Royaume, font une mar- que incontestable de fon merite. Il eſt mareſchal desCamps &Arméesdu Roy, &a eſté en- voyé par Sa majeſté en Allema- gne & en Pologue , où il a tres- utilement ſervy.
GALANT. 155
C M' Blondel qui enſeigne les Mathématiques à Monſeigneur leDauphin , eſt auſſi mareſchal deCamp. Onl'a employéquel- que temps aux Indes. Il a eſté Capitaine de Galere & de Vaif- feau , & Envoyé extraordinaire à Conſtantinople , en Suéde, &
aupres de l'Electeur de Brande- bourg. Il a beaucoupde litte- rature , &a fait pluſieurs Livres qui n'en laiſſent point douter.
Il en a mis au jour quelques au tres de Fortifications &de маthématiques , fort eſtimez des François & des Etrangers. Il a
travaillé en particulier aupres du Roy,qui le confidere. C'eſt luy qui a fait le nouveau Plan de Paris , & qui a donné les Deffeins des nouvelles Portes,
&du nouveauRamparten for medeCours.
Gvj
156 LE MERCVRE
Je ne vous diray rien deM
Sylvestre , qui a montré àdeffi- gner à Monſeigneur le Dau- phin, & qui eſt un tres habile Homme dans fon Art,auffi-bien
quetous les autres Maiſtres qui ont de l'employ aupres de ce jeune Prince.
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Résumé : « Ce Quatrain est de Mr de Tierceville-Mahaut, à qui [...] »
Le texte présente un quatrain de M. de Tierceville-Mahaut dédié au duc de Montaufier, qui a montré un ouvrage du dauphin. Le duc est décrit comme un gentilhomme de mérite, connu pour ses sonnets, madrigaux et autres pièces galantes. Sa conversation est agréable et il ne s'ennuie jamais en sa compagnie. Le roi, par son amour pour ses peuples, rédige des mémoires pour l'instruction du dauphin, souhaitant lui léguer un successeur exceptionnel. Le dauphin est entouré de personnes d'esprit, notamment les princes de Conty et de La Roche-sur-Yon, dignes fils et neveux de leurs pères respectifs. Le duc de Montaufier, gouverneur du dauphin, est loué pour sa rectitude et son zèle pour la vertu. Il appartient à la maison de Sainte-Maure, illustre par son ancienneté et ses alliances prestigieuses. Le duc a montré son courage et sa valeur en France, en Italie, en Lorraine, en Alsace et en Allemagne, notamment en défendant les provinces de Saintonge et d'Angoulême. Le gouvernement de Normandie lui a été confié en reconnaissance de ses services et de ceux de son frère Hector. L'évêque de Condom, précepteur du dauphin, est reconnu pour sa piété et sa doctrine. Il est aidé par M. Huet, sous-précepteur et membre de l'Académie française. M. Milet, sous-gouverneur, est un diplomate expérimenté. M. Blondel, enseignant les mathématiques, est un érudit et un ingénieur réputé, ayant travaillé sur le nouveau plan de Paris. Enfin, M. Sylvestre, maître en dessin, est également mentionné pour son habileté.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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8
p. 193-243
Tout ce qui s'est passé à Fontainebleau pendant le Sejour que Leurs Majestez y ont fait. Cet Article contient ceux des Comedies, Opéra, Bals, Plan d'une Collation, Chasses, & la maniere dont les Dames ont esté parées dans tous ces Divertissemens. [titre d'après la table]
Début :
Enfin, Madame, je passe à un Article dont je n'aurois [...]
Mots clefs :
Pierreries, Fontainebleau, Plaisirs, Cour, Habits, Roi, Château, Comédie, Hôtel de Bourgogone, Opéra, Musique, Reine, Habillement, Dames, Bals, Divertissement, Dauphin, Chasse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Tout ce qui s'est passé à Fontainebleau pendant le Sejour que Leurs Majestez y ont fait. Cet Article contient ceux des Comedies, Opéra, Bals, Plan d'une Collation, Chasses, & la maniere dont les Dames ont esté parées dans tous ces Divertissemens. [titre d'après la table]
Enfin , Madame , je paſſe à
tin Article dont je n'aurois pas manqué à vous entretenir dés l'autre Mois , fi le Roy n'euft paffé que quinze jours à Fon- tainebleau , comme on l'avoit crû d'abord. Vous ſçavez qu'il n'en eſt party que le dernier de Septembre, &il nefaut pass'é- tonner s'il n'a pûquitter ſi toſt un ſi agreable ſejour. Ce fu- perbe &fpacieux Chaſteau qui en pourroit compoſer pluſieurs,
eſt une Maiſon vrayment Roya le. On ſe perd dans le grand nombre de Courts , d'Apartes mens , de Galeries , & de Jardins qui s'y rencontrent de tous coſtez ; & comme on y trouve par tout ſujet d'admirer , on a
dequoy exercer long-temps l'ad- miration. Ce fut dans ce magnifique Lieu , où le Chaſteau
!
2
Fiij
126 LE MERCVRE
ſeul pourroit eſtre pris pour une Ville ,qu'il plûr au Royd'aller paffer quelques - uns des der- niers beaux jours de l'Eté. Il avoit fait de grandes Conque- ſtes pendant l'Hyver. Sa pru- dence aidée de ſon Conſeil, à
qui nous n'avons jamais veu predrede fauſſes meſures, avoir diffipé les defſeins de toute l'Eu- rope , fait lever le Siege de Charleroy, & obligé les Impé- riaux à retourner ſur les bords.
du Rhin.. Il eſtoit bien juſte qu'apres des ſoins de cette im.
portance, cegrand Prince cher- chaſt à ſe delaffer , & il auroit
eu peine à le faire plus agrea- blement qu'à Fontainebleau.
Tout le temps qu'il réſolut d'y demeurer, fut deſtiné aux Plaifirs. On en prépara de toutes les fortes, & on ne chercha à
GALANT.. 127 - fenvy qu'à paroiſtre magnifique dans une Cour que la magnifi cence ne quite jamais.Monfieur le Prince de Marfillac Grand
Maiſtre de la Garderobe , ſça
chant qu'on devoit changer de Divertiſſemens chaque jour, &
quetoutlemonde ſongeoit à ſe mettre en étatde ſe faire remarquer , fit faire fans en rien dire auRoy, une douzaine d'Habits extraordinaires , outre ceux qui avoient eſté ordonnez. Sa Majeſté ayant veu le premier , les voulut voir tous , & les trouva
_auſſi beaux que galamment imaginez. Le Roy en eut encor d'autres qui auroient peur-eftre contribué quelque choſe à la bonne mine de l'Homme du
monde le mieux fait , mais qui ne pûrent augmenter l'admira-.
tion qu'on a pour un Monarque
Fij
128 LE MERCVRE
7
qui tire de luy-meſme tout fon eclat. Je croy , Madame , que vous n'attendez rien demoy fur ce qui regarde M' le Princede Marfillac, & que n'ignorantpas qu'il eſt Fils deMale Duc de la Rochefoucaut vous fçavez
qu'une fi glorieuſe naifſance ne luya pû inſpirer que des ſenti- mens dignes de luy. Onnepeut la mieux foûtenir qu'il a toû- jours fait. Iln'a pointeud'occa- fion de fignaler ſon courage &
de faire paroiſtre ſon eſprit, qu'il n'ait donné d'avantageuſes mar- quesde l'un &de l'autre,& il n'y a guére de Dames qui ne l'ayết trouvé auffi Galant que nosEn- nemis l'ont connu Brave. Jugez combien d'Avantures agreables nous ſçaurions de luy , s'il eſtoit auſſi peu difcret qu'il eſt favo- rablement reçeu du beau Sexe.
GALANT. 129 SesAmis ne l'employentjamais,
qu'il ne leur donne ſujer de ſe loüer de ſes ſoins ; &toutes ſes
belles qualitez ſont devenuës publiques &incontestables par l'eſtime qu'en fait un Roy ,qui ne voyant rien dans toute la Terre que la naiſſance puiſſe mettre au deſſus de luy , trouve tout au deſſous de la penetra- tionde fon eſprit &de la force de fon difcernement. Le pre- mierdes Divertiſſemens que Sa Majesté a voulu ſe donner à
Fontainebleau , fut celuy de la Comédie. Elle y fut jouée tous les jours alternativement avec l'Opéra. Voicy les Pieces qu'y reprefenta l'Hoſtel de Bourgogne.
Iphigénie , avec Criſpin Me-.. decin.
Le Menteur.
Ev
230 LE MERCVRE
Mariane , avec l'Apres-Son- pédes Auberges.
L'Avare..
Pompée ,avec les Nican- dres.
Mitridate..
Le Miſantrope..
Horace , avec le Deüil.
Bajazer, avec les Fragmens deMoliere.. 2
Phedre & Hippolyte.. Oedipe, avec les Plaideurs.. Jodelet Maiſtre..
Venceflas , avec le Baron de
laCraffe.
1
Cinna , avec l'Ombrede Moliere.
L'Ecole desFemmes..
Nicomede , avec le Soupé mal-apprefté.
Parmy tant de Comédies , on n'a repreſenté que trois Opéra,
àſçavoir, Alceste , Thesée &
GALANT. 131 Athis. Ils ont eſté chantez par la ſeule Muſique du Roy , aug- mentée exprés de plufieurs Per- fonnes, &entr'autres de Mademoiſelle de la Garde & deMa..
demoiselle Ferdinand. Elles ont
fait connoiſtre en peu dejours,
qu'on leur avoit rendu juſtice en les choiſiſſant pour en eſtre,
&on peut dire à leur avantage que c'eſt de plus d'unemaniere qu'elles ont plû. On.ne peut rien ajoûter aux applaudiffe- mens qu'a reçeuş M. de Saint Chriftophle , non ſeulement pour avoir bien chanté , mais poureſtreentrée dans la paffion rantoſt de la plus forte maniere,
&tantoft de la plus totichante,
felon que la diverfité du ſujet le demandoit. Le reſte de la
Muſique du Roy a fait àfon or- dinaire. Il eſt impoſſible qu'el Fvj
13.2 LE MERCVRE le faſſe mal. Elle eft compoſée des meilleures Voix de France,
&fous un Maiſtre tel que Mr de Lully , les moins habiles le deviennent en peu de temps.. Les Danfeurs qui s'y font fait admirer , ont extraordinairement fatisfait dans leurs Entrees; & ce qui n'en laiſſe pas douter , c'eſt que les SieursFa- vier,Letang, Faure, Magny , &
cinq autres , ont eu de grandes.
gratifications , outre leurs pen- fions ordinaires. De pareilsEco-- liers à qui de Beauchamp a
donné &donne encor tous les
jours des Leçons , quoy qu'ils foientdéja grands Maiſtres,font voir qu'il eſt dans ſon Art un
des plus habiles Hommes du
monde. Aufſi a -t- il eul'honneur de montrer autrefois à Sa
Majeſté. Les trois Maſcarades
GALANT. 133
remplies d'Entrées croteſques
qui ont paru parmy ces Diver- tiſſemens , estoient de fon in- vention. Elles furent ajoûtées pour nouveau Plaifir aux Re- préſentations des dernieres Co- médies qu'on joua ; &ceux qui en furent, ayant eu l'avantage de divertir le Royd'une manie- re auffi plaiſante qu'agreable,
reçeurent. beaucoup de louan- ges. M. Philibertdans le Recit d'un Suiffe qui veurparler Fra- çois ſans le ſçavoir, fitfort rire les plus ſérieux & par ces po- ſtures , & par ſon langage Suif- ſe Franciſé. Les Plaiſirs n'ont
pas eſté bornez à tout ce que je viens de vous dire. Il y a eu deux Bals où toute la Cour a
paru dans unéclat merveilleux.
LesPierreries ontbrille de tou
134 LE MERCVRE
ves parts , &jamais on n'ena
tant ver..
Le Roy s'y fir voir avec un Habitde lames d'or, fur lequel il y avoitune broderie or &ar- gent, l'arrangement de ſes Pier- reries eſtoit enboucles de Baudrier. Vous aurez de la peine à
bien concevoirles brillans effets
qu'elles produiſentainſi arran- gées. La beauté en redouble d'autant plus , que cette maniere donne lieu de les meſſer ſelonlesgroffeurs;&quelque prix qu'ayent les choſesd'elles-mefmes, vous ſçavez que l'induſtrie desHommes nelaiffe pas quel quesfois d'y contribuer. Outre
toutes ces Pierreries , le Roy portoitune Epée ſur laquelleil y en avoit pour plus de quinze censmille livres..
GALANT. 135 La Reyne en ſembloit eſtre toute couverte. Elle en avoit
d'une groffeur extraordinaire.
Son Habit eſtoit noir , & fon
Etofe ne ſervantqu'àenrelever Héclat , on peut dire qu'elle ébloüiffoit..
L'ajustementde Monſeigneur leDauphin eſtoitd'une grande magnificence. Rien ne pouvoit eftre mieux imaginé ; & ce qu'il y avoitd'avantageux pour luy ,
e'eſt qu'il'en effaçoit l'éclat par la vivacité de ſon teint, &par les autres charmes de fa Per--
fonne..
Monfieur, qui réüffit entou- tes choſes , &àqui la galanterie eſt naturelle , ſe met toûjours d'un fi bon air , qu'il ne faut pas eſtre ſurpris s'il ſe fit admi rerde tout le monde. Son Habit eftoit tout couvert de Pier
136 LE MERCVRE reries arrangées , comme le font les longues Boutonnieres des Caſaques à la Brandebourg.
r. On ne peut eftre mieuxqu'e- ſtoient Madame & Mademoifelle. Tout brilloit en elles , tout
yeſtoit riche & bien enten.
du.
Je me fuis fervy juſqu'icydes termes de magnifique , de bril- lant, &d'éclatant, &j'encher- che inutilement quelqu'un qui fignifie plus que tout cela pour exprimer cequ'eſtoitMademoi- felle de Blois dans l'ün & dans
l'autre Bal. Jamais parure ne fit de fi grands effets. Vous n'en douterez point , quand vous ſçaurez que cette jeune Prin- ceffe, quoy qu'elle foit une des plus belles Perſonnes du mon- de , laiſſa perdre des regards qu'attiroient de temps en temp's
GALANT. 137 la richeffe de ſon Habillement,
&l'air tout particulier dont elle
eftoit miſe. Ce fut un amas de
Pierreries le premier jour , qui ne ſe peut concevoir qu'en le voyant;&elle en eſtoit fi cou
verte , que lebas de ſa Robe en eſtoit chargé tout autour. Elle
parut en gris de lin dans le ſe- cond Bal , & toûjours avec
avantage.
Vous pouvez juger que les Dames en general n'avoient rien épargnépourparoiftrema- gnifiques. Elles eſtoient toutes coifées avec une groſſe nate fort large , ou avec une corde, ayant les cheveuxfriſez juſqu'au mi- lieu de la teſte , qui paroif- foit toute en boucles. Elles en
avoient deux ou trois grandes inégales qui leur pendoient de chaque coſté avec une autre ex
138 LE MERCVRE trémement longue. Toute la coifure eſtoit accompagnée de Poinçons de Pierreries , &d'au- tres faits de Perles. Des nœuds
de toutes fortes de Pierreries &
de Perles qui tenoient lieu de Rubans, en garnifſfoient les co- ſtez. D'autres y faifoient des Bouquets , & le Rond de quel- ques-unes eſtoit garny comme le devant. Celles dont les cheveux pouvoient s'accommoder de la poudre , en avoient beau- coup. Pour leurs Habits , comme en Campagne elles enpeu- vent porter de couleur à la Cour ,elles en avoient preſque toutes de gris , qui ne laiſſoient -pourtant pas d'eſtre diferens.Les uns eſtoient d'un gris perlé , &
les autres d'un gris cendré , avec de petites Broderies fines &des plus belles , ou de petits Bou
GALAN T. 139 quetsde broderie appliquez par leBrodeur, ou brodez ſur l'E
tofe mefme.Ces Habits estoient
tous chamarrezde Pierreries fur
- les Echarpes ouTailles , &elles en avoient de gros nœuds de- vant. Des Attaches de Pierre
ries , des Chatons , &des Boutons , ornoient leurs manches
de diférentes manieres.Toutle
devantde leurs Jupes eſtoit auſſi chamarré , & de groſſes Atta- ches de Diamans les retrouf
foient enquelques endroits.Plu- fieurs Pierreries formoient le
nœud de derriere , &il y avoit quelques Robes quien estoient chamarrées par demy lez Les manches de deſſous eſtoient de
Point de France , tailladées en
long , & relevées par le basavec un Point de France godronné.
Ily avoit des Pierreries entre les
140 LEMERCVRE
godrons , &des noœuds de Pier- reries deſſous les mancheres. La
plûpart enavoientdes Bracelets tout autour,&toutes des Co
lerêtes comme on enmet quand on eſt en Habitgris. Si ce mot deColerete n'eſt pas remis en vſage , corrigez-moy je vous prie. Jetraite une matiere où vous devez eſtre plus ſçavante que je ne fuis , &je ne répons pas que ce ſoit leſeul terme que jaye mal appliqué. LesDames n'ont pas eſte ſeulement ainfi parées pour les deux grands Bals , qui ont faitparoiſtre avec tant d'éclat la magnificence &
la galanterie de la premiere Courdu monde; elles ſe ſont
trouvées tous les ſoirs à la Co- médie , ou à l'Opéra , dans le meſme ajustement où je viens de vous les dépeindre , & il
GALAN T. 141
1
1
redoubla dans les jours de la Naiſſance duRoy &dela Rey- : ne , qui ſe rencontrerent le ( meſme Mois , ſur tout à l'égard des Pierreries. Le nombre en
eſtoitpreſque infiny ; &comme il n'y en avoit que de fines , on peut jugerdu merveilleux effet qu'elles firent toutes enſemble,
quand tous ceux qui s'eſtoient parez pourdanſer furent aſſemblez ; car vous remarquerez ,
Madame , que chez le Roy il n'yaperſonne de nommé pour le Bal , & qu'il ſuffit d'eſtre d'une Qualité conſidérable pour avoir la libertéd'y danſer.
Le Roy mena la Reyne ; mon- ſeigneur leDauphin , мадетоі- felle ; Monfieur , мадате ; м. le
Prince de Conty , Mademoiselle de Blois ; M. de мопmouth, маdame la Comteſſe de Gramont;
142 LE MERCVRE M. le Comte d'Armagnac , ма- dame la Princeſſe d'Elbeuf; м.
le Comte de Brionne , madame
la marquiſe de la Ferté ; M. de Tilladet, Madamede Soubiſe'; м.
le Comtede Louvigny,Madame de Louvois ; M' de Beaumont,
Madame de Ventadour ; м² le
Chevalier de Chaſtillon , Madame de S. Valier; & M. le
Comte de Fieſque , Mademoi- ſelle de Grance. Il ſeroit difficile de ſçavoir les noms de tous ceux qui furent de ces deux Bals , & le rang qu'ils eurent à
danſer. Les uns ſe trouverent
au premier,les autres au ſecond,
&beaucoup àtous les deux.On y vit Madame la Ducheſſe de Chevreuſe , Mademoiselle de
Thiange , Mademoiſelle des
Adrets , & Mademoiselle de
Beauvais. Ces deux dernieres
{ GALANT. 143
ſont Filles d'Honneurde Madame. Onyvit encor M. le Duc de Vermandois , Monfieur le Chevalier de Lorraine M.
de Vendoſme , M. le marquis de мігероїх, м.Ле marquis de Rho- des , & quelques autres. Vous ſerez aiſément perfuadée que le Roy s'y fit diftinguer. Son grand air ,& la grace qui l'ac- compagne entoutes chofes, font des avantages qui ne ſont com- muns à perſonne; & quand il ne ſeroit point ce qu'il eſt , je vous jure , madame, que je ne m'empeſcherois point de vous dire qu'il donna ſujet de l'admi- rer au deſſus de tous les autres.
La Colation du premier Bal fut
fuperbe , la France augmente tous les jours en magnificence,
&peut- eſtre ne s'eſt-il jamais tien veude pareil. Comme je
144 LE MERCVRE ſçay que vous aimez tout ce qui marque de la grandeur, j'ay crû que vous me ſçauriez bon gré du Plan quejevous ay fait graver de cette Royale Cola-.
tion. Prenez la peine de jetter les yeux deſſus , le voicy; vous comprendrez plus aisément en le regardant, ce que j'ay àvous en dire. Les grands Quarrez qui font marquez Gradins, por- toient par le bas huit grandes Corbeilles de Fruit cru. Il y
avoit de petits Ronds de Con- fitures ſeches dans les encognures. Le ſecond rang portoit en- cor quatre Corbeilles , & les encognures eſtoient remplies comme celles du premier. Un grand Quarré de Fruit portant deux pieds de hauteur, faiſoit le deffus. Tous les Ronds &
Ovales marquez estoient de
Fruit
GALANT. 145 Fruit cru , &des Confitures ſe- ches rempliſſoient tous les
Quarrez qui font le tour de la Table. Par tout où vous voyez
de petits &de grāds Ronds noirs ( c ) maginez-vous des Flam- beaux dans les premiers , &des Girandoles dans les autres. La
meſime choſe des petits & des grands Ronds qui font blancs,
( OO ) Des Soucoupes de cri- ſtal garnies de quantité deGo- belets pleins d'Eaux glacées,te- noient la place des grands ; &
les petits que vous remarquez dans tout le tour de la Table ,
eſtoient des Porcelaines fines
en hors d'œuvre , remplies de toutes fortes de Compotes. Je puis abufer de quelques termes,
pardonnez- le moy. Une Balu- ſtrade un peu éloignée de la Table , la tenoit comme enferTome VIII. G
146 LE MERCVRE mée , &il y avoit des Bufets au delà. Je voudrois bien ſçavoir ce que voſtre imagination vous repreſente de toutes ces cho- ſes. Les yeux en devoient eſtre charmez , & je ne ſçay s'ils les pouvoient long-temps ſuporter.
Peignez-vous bien cet ébloüif- fant amas de Lumieres qui s'ai- doient les unes les autres,quand celles des Flambeaux donnant
fur le criftal des Girandoles, &
celles desGirandoles fur l'or des
Flambeaux, elles trouvoient encor à s'augmenter par ce qui réjallifſoit d'éclat des Caramels déja brillans d'eux-meſmes , &
du candy des Confitures per- lées. Adjoûtez - y ce que les Fruits diverſement colorez , les Rubans des Corbeilles , & le
Criftal des Soucoupes , en pou- voient avoir , &àtout cela joi
GALANT. 147
gnez l'effet que produiſoient les Pierreries de Leurs Maje- ſtez , & celles de quarante Da- mes qui estoient à table , &
qu'on en voyoit toutes couver- tes , il eſt impoſſible que vous ne conceviezquelque choſe au delà de tout ce qu'on a jamais veu de plus éclatant. LesHom- mes qui s'eſtoient mis tous en Juft-au-corps , ne brilloient pas moins de leur coſté. On n'en
pouvoit aſſez admirer la brode- rie , qui paroiſſoit d'autant plus,
que ce n'eſtoit que lumiere par tout. Ils eſtoient derriere les
Dames , & elles leur faifoient
partde tout ce qu'il y avoit fur laTable. Il faut rendre juſtice àM' BigotControlleur ordinai- redelaMaiſon du Roy. Il n'y a point d'Homme plus ineelli- gent, ny qui ſçache mieux re Gij
148 LE MERCVRE
gler ces fortes de choſes. Tout le temps qu'on a paffé à Fon- tainebleau, atellement eſté don- né aux Plaiſirs , que les jour de Media noche , quand l'Opéra ou la Comédie finiſſoit trop toſt , il y avoit de petits Bals particu- liers juſqu'à minuit. Vous ſca- vez , madame, ceque veut dire Medianoche,&que c'eſtunemo- dequinous eſt venuëd'Eſpagne,
où l'on attend àSouper en vian- de , que le Samedy ou un au -
tre jour d'abſtinence , s'il ſe ren- contre das quelque Semaine, ſoit expiré. Parmy tant de Divertif- ſemens , la Chaſſe n'a pas eſté oubliée. Ily en a eu tour à tour de pluſieurs fortes. Un jour apres que le Roy fut arrivé à
Fontainebleau , il les commen- ça par celle du Lievre avec la Meute deMonſeigneurleDau-
GALANT. 149 phin , commandée par M. de Selincourt. Sa Majeſté témoi- gna eſtre fort fatisfaite del'équi- page. Le lendemain Elle courut le Cerf avec une Meute nouvelle qu'Elle avoit faite Elle- meſme des trois meilleures
qu'on luy avoit pû choiſir. La Chaffe du Sanglier ſuivit. Le Roy entua trois à coupsd'Epée;
&ces diferentes Chaſſes ſuccederent pendant quelques jours .
lune à l'autre , tantoſt avec les
Chiens deMonfeigneurle Dau- phin , tantoſt avec les Chiens de Monfieur , & quelquefois ;
avec ceux de M. l'Abbé de
Sainte-Croix. En ſuite il ne fe
paſſa point de jour où l'on ne couruft le Cerf. Le's Chiens de
Sa majeſté on eu l'avantage. Ils en ont pris quinze; les Chiens de Monfieur , neuf; ceux de M.
Giij
IJO LE MERCVRE de Vendoſme , neuf; &ceux de
M. l'Abbé de Sainte-Croix,dix.
Le Roy a eſté tirerdes Faifans,
&couru une fois leChevreüil.
Il arriva unjour aux Toiles dans le temps qu'un Cerf que les Chiens de M. de Sainte-Croix
couroient fort loin de là , vint
s'y mettre , comme s'il euſt eu deſſeindedonnerle plaifir de ſa fin àSa Majefté. C'eſtoitle plus grand qui euſt eſté pris à Fon- minebleau. La teſte en a eſté
trouvée ſi belle , que le Roy l'a fait mettre dans la Galerie des
Cerfs. Je vous ay trop de fois nommé M. l'Abbé de SainteCroix, pourne vous le faire pas connoiftre. Il eſt Fils de feu M.
le Premier Prefident molé ,Garde des Sceaux , Frere de M. le
Prefident de Champlaſtreux ,
& maiſtre des Requeſtes. On ne
GALAN Τ. 151I
R
peut voir un plus honneſte- Homme, ny un meilleur Amy.
Toutes ſes manieres font enga- geantes , & ſes dépenſes d'un grand Seigneur. Dans la dernie- re Chaſſe le Roy laiſſa courre un Cerf à ſa troiſiéme teſte ,
qui dura preſque tout le jour. Il yen a eu detres-méchans &qui ont tuébien des Chiens. Il s'eſt
fait encor une Chafſe extraordinaire à l'occafion de Monfieur
deVerneüil, qui eſtantvenu au Leverdu Roy, eut l'honneurde
luydonner ſa Chemiſe. Sa Majeſté s'eſtant divertie àluy par- ler de pluſieurs choſes , tomba fur la Chaffe , & luy dit qu'Elle luy en vouloit donner le plaifir le lendemain. Monfieur deSoye- courGrand-Veneurde France,
reçeut l'ordre , & fit préparer
deux Cerfs au lieu d'un. La
Giiij
152 LE MERCVRE Reyne a veu une fois la Chaf- ſe en Carroffe , &Monſeigneur leDauphin les a fait toutes avec leRoy. Il n'y a rien de ſi ſurpre- nant que l'adreſſe &la vigueur qu'a fait paroiſtre cejeunePrin- ceau delà de ce que ſon âge luy devroit permettre. Mada- me s'est fait admirer à ſon ordinaire. C'eſt un Charme que de la voir à cheval. Rien ne
l'étonne , elle fait ſon plaifirde la fatigue ; & fon Sexe ne luy permettant pas d'aller àlaGuer- re , elle en va voir les Images ,
comme je l'ay déja marqué. Ce n'eſt pas ſeulementpar làqu'el- le merite d'eſtre estimée Tous
les Ouvrages d'eſprit la tou- chent. Elle carreſſe les Autheurs, &juge mieux que per- fonne de tout ce qu'on voit de
beau au Theatre. Madame la
GALANT. 153 Ducheffe de Toſcane s'eſt auſſi
trouvée à ces Parties. On ne
peutmontrer plus d'eſprit qu'el- le en fait paroiſtre. Elle fait tout avec grace , eft bonne , gené- reuſe , & fidelle Amie , &n'oublie jamais dans l'éloignement ceux qu'elle hon ore de ſa bien- veillance. Il n'est pas beſoin de vous dire qu'elle eft.Fille de feu
M. le Duc d'Orleans , Oncle du
Roy. Monfieur le Prince de Conty , quoy que jeune encor ,
n'a pas eſté un des moins ardens
pour cet Exercice.J'aurois peine àvous exprimer combien M.
le Duede Monmouth y amontré de vigueur. C'eſtoit quelque choſe de fi bouillant , qu'on l'en a veu quelquefois emporté juf- que parmy les Rochers. Il a
beaucoup paru au Bal , & on lny a trouvé un air tout-à-fair- G
154 LE MERCVRE digne de ce qu'il eſt. Vous pou- vez croire que Madame la Du- cheſſe de Boüillon aimant autant laChaffe qu'elle fait ,laiſſa échaper peu d'occaſionsd'y fui- vre le Roy. Elle a une adreſſe merveilleuſe en tout ce qu'elle
veut faire , & jamais on n'a mieux tiré en volant. Vous avez
eſté charmée des agrémens de ſa Perſonne , & de la vivacité
de ſon teint ; mais vous la ſeriez
encor davantage , fi vous con- noiſliez parfaitement la force &
la délicateſſe de ſon Eſprit. Elle l'a penetrant ; & comme il eſt
capablede toutes les belles con- noiffances , elle a un attachement inconcevable pourles Li- vres ,&va juſqu'à ce qui s'ap- pelle ſçavoir les chofes profon- dement. Mademoiſelle deGrancé a eſtédu nombre de ces Il-
GALANT. 155
:
:
Huſtres Chaſſereſſes. Elle eſt belle , ade la bonté , & un Efprit qui répond à ſa Naiſſance. Ma- demoiſelle des Adrets a fait auſſi
voir que la fatigue qui fuit ces fortes de Plaiſirs , ne l'étonne
pas. Je n'ay point ſçeu le nom des autres. J'ay apris feulement que les Dames ont eſté à la Chaſſe en Jupes , Juſt-au-corps de broderie , &Coifures de Plumes. Jenepuis m'empeſcherde vous dire encor que Mademoi- felle dança tres-bien , & fe fir admirer au Bal. Quelques autres , tant Hommes que Femmes , s'y firent auſſi diſtinguer.
Mais ma Lettre eſt déja ſi lon- gue , que je paſſe au Te-Deum de M. Lully , qui peut eſtre compté parmy les Plaiſirs de Fontainebleau. Ille fit chanter
devant le Roy le jour que Sa Gvj
136 LE MERCVRE Majesté luy fit l'honneur de nommer fon Fils. Toutes fortes
d'Inftrumens l'acompagnerent ;
les Tymbales & les Trompetes n'y furent point oubliez. Il eſtoit deMonfieur Luvy, c'eſt tout di-- re. Ce qu'on y admira particu- lierement , c'eſt que chaque Couplet eſtoit de diferente Mu- fique. Le Roy le trouva fi beau,
qu'il voulut l'entendre plus d'une fois.
tin Article dont je n'aurois pas manqué à vous entretenir dés l'autre Mois , fi le Roy n'euft paffé que quinze jours à Fon- tainebleau , comme on l'avoit crû d'abord. Vous ſçavez qu'il n'en eſt party que le dernier de Septembre, &il nefaut pass'é- tonner s'il n'a pûquitter ſi toſt un ſi agreable ſejour. Ce fu- perbe &fpacieux Chaſteau qui en pourroit compoſer pluſieurs,
eſt une Maiſon vrayment Roya le. On ſe perd dans le grand nombre de Courts , d'Apartes mens , de Galeries , & de Jardins qui s'y rencontrent de tous coſtez ; & comme on y trouve par tout ſujet d'admirer , on a
dequoy exercer long-temps l'ad- miration. Ce fut dans ce magnifique Lieu , où le Chaſteau
!
2
Fiij
126 LE MERCVRE
ſeul pourroit eſtre pris pour une Ville ,qu'il plûr au Royd'aller paffer quelques - uns des der- niers beaux jours de l'Eté. Il avoit fait de grandes Conque- ſtes pendant l'Hyver. Sa pru- dence aidée de ſon Conſeil, à
qui nous n'avons jamais veu predrede fauſſes meſures, avoir diffipé les defſeins de toute l'Eu- rope , fait lever le Siege de Charleroy, & obligé les Impé- riaux à retourner ſur les bords.
du Rhin.. Il eſtoit bien juſte qu'apres des ſoins de cette im.
portance, cegrand Prince cher- chaſt à ſe delaffer , & il auroit
eu peine à le faire plus agrea- blement qu'à Fontainebleau.
Tout le temps qu'il réſolut d'y demeurer, fut deſtiné aux Plaifirs. On en prépara de toutes les fortes, & on ne chercha à
GALANT.. 127 - fenvy qu'à paroiſtre magnifique dans une Cour que la magnifi cence ne quite jamais.Monfieur le Prince de Marfillac Grand
Maiſtre de la Garderobe , ſça
chant qu'on devoit changer de Divertiſſemens chaque jour, &
quetoutlemonde ſongeoit à ſe mettre en étatde ſe faire remarquer , fit faire fans en rien dire auRoy, une douzaine d'Habits extraordinaires , outre ceux qui avoient eſté ordonnez. Sa Majeſté ayant veu le premier , les voulut voir tous , & les trouva
_auſſi beaux que galamment imaginez. Le Roy en eut encor d'autres qui auroient peur-eftre contribué quelque choſe à la bonne mine de l'Homme du
monde le mieux fait , mais qui ne pûrent augmenter l'admira-.
tion qu'on a pour un Monarque
Fij
128 LE MERCVRE
7
qui tire de luy-meſme tout fon eclat. Je croy , Madame , que vous n'attendez rien demoy fur ce qui regarde M' le Princede Marfillac, & que n'ignorantpas qu'il eſt Fils deMale Duc de la Rochefoucaut vous fçavez
qu'une fi glorieuſe naifſance ne luya pû inſpirer que des ſenti- mens dignes de luy. Onnepeut la mieux foûtenir qu'il a toû- jours fait. Iln'a pointeud'occa- fion de fignaler ſon courage &
de faire paroiſtre ſon eſprit, qu'il n'ait donné d'avantageuſes mar- quesde l'un &de l'autre,& il n'y a guére de Dames qui ne l'ayết trouvé auffi Galant que nosEn- nemis l'ont connu Brave. Jugez combien d'Avantures agreables nous ſçaurions de luy , s'il eſtoit auſſi peu difcret qu'il eſt favo- rablement reçeu du beau Sexe.
GALANT. 129 SesAmis ne l'employentjamais,
qu'il ne leur donne ſujer de ſe loüer de ſes ſoins ; &toutes ſes
belles qualitez ſont devenuës publiques &incontestables par l'eſtime qu'en fait un Roy ,qui ne voyant rien dans toute la Terre que la naiſſance puiſſe mettre au deſſus de luy , trouve tout au deſſous de la penetra- tionde fon eſprit &de la force de fon difcernement. Le pre- mierdes Divertiſſemens que Sa Majesté a voulu ſe donner à
Fontainebleau , fut celuy de la Comédie. Elle y fut jouée tous les jours alternativement avec l'Opéra. Voicy les Pieces qu'y reprefenta l'Hoſtel de Bourgogne.
Iphigénie , avec Criſpin Me-.. decin.
Le Menteur.
Ev
230 LE MERCVRE
Mariane , avec l'Apres-Son- pédes Auberges.
L'Avare..
Pompée ,avec les Nican- dres.
Mitridate..
Le Miſantrope..
Horace , avec le Deüil.
Bajazer, avec les Fragmens deMoliere.. 2
Phedre & Hippolyte.. Oedipe, avec les Plaideurs.. Jodelet Maiſtre..
Venceflas , avec le Baron de
laCraffe.
1
Cinna , avec l'Ombrede Moliere.
L'Ecole desFemmes..
Nicomede , avec le Soupé mal-apprefté.
Parmy tant de Comédies , on n'a repreſenté que trois Opéra,
àſçavoir, Alceste , Thesée &
GALANT. 131 Athis. Ils ont eſté chantez par la ſeule Muſique du Roy , aug- mentée exprés de plufieurs Per- fonnes, &entr'autres de Mademoiſelle de la Garde & deMa..
demoiselle Ferdinand. Elles ont
fait connoiſtre en peu dejours,
qu'on leur avoit rendu juſtice en les choiſiſſant pour en eſtre,
&on peut dire à leur avantage que c'eſt de plus d'unemaniere qu'elles ont plû. On.ne peut rien ajoûter aux applaudiffe- mens qu'a reçeuş M. de Saint Chriftophle , non ſeulement pour avoir bien chanté , mais poureſtreentrée dans la paffion rantoſt de la plus forte maniere,
&tantoft de la plus totichante,
felon que la diverfité du ſujet le demandoit. Le reſte de la
Muſique du Roy a fait àfon or- dinaire. Il eſt impoſſible qu'el Fvj
13.2 LE MERCVRE le faſſe mal. Elle eft compoſée des meilleures Voix de France,
&fous un Maiſtre tel que Mr de Lully , les moins habiles le deviennent en peu de temps.. Les Danfeurs qui s'y font fait admirer , ont extraordinairement fatisfait dans leurs Entrees; & ce qui n'en laiſſe pas douter , c'eſt que les SieursFa- vier,Letang, Faure, Magny , &
cinq autres , ont eu de grandes.
gratifications , outre leurs pen- fions ordinaires. De pareilsEco-- liers à qui de Beauchamp a
donné &donne encor tous les
jours des Leçons , quoy qu'ils foientdéja grands Maiſtres,font voir qu'il eſt dans ſon Art un
des plus habiles Hommes du
monde. Aufſi a -t- il eul'honneur de montrer autrefois à Sa
Majeſté. Les trois Maſcarades
GALANT. 133
remplies d'Entrées croteſques
qui ont paru parmy ces Diver- tiſſemens , estoient de fon in- vention. Elles furent ajoûtées pour nouveau Plaifir aux Re- préſentations des dernieres Co- médies qu'on joua ; &ceux qui en furent, ayant eu l'avantage de divertir le Royd'une manie- re auffi plaiſante qu'agreable,
reçeurent. beaucoup de louan- ges. M. Philibertdans le Recit d'un Suiffe qui veurparler Fra- çois ſans le ſçavoir, fitfort rire les plus ſérieux & par ces po- ſtures , & par ſon langage Suif- ſe Franciſé. Les Plaiſirs n'ont
pas eſté bornez à tout ce que je viens de vous dire. Il y a eu deux Bals où toute la Cour a
paru dans unéclat merveilleux.
LesPierreries ontbrille de tou
134 LE MERCVRE
ves parts , &jamais on n'ena
tant ver..
Le Roy s'y fir voir avec un Habitde lames d'or, fur lequel il y avoitune broderie or &ar- gent, l'arrangement de ſes Pier- reries eſtoit enboucles de Baudrier. Vous aurez de la peine à
bien concevoirles brillans effets
qu'elles produiſentainſi arran- gées. La beauté en redouble d'autant plus , que cette maniere donne lieu de les meſſer ſelonlesgroffeurs;&quelque prix qu'ayent les choſesd'elles-mefmes, vous ſçavez que l'induſtrie desHommes nelaiffe pas quel quesfois d'y contribuer. Outre
toutes ces Pierreries , le Roy portoitune Epée ſur laquelleil y en avoit pour plus de quinze censmille livres..
GALANT. 135 La Reyne en ſembloit eſtre toute couverte. Elle en avoit
d'une groffeur extraordinaire.
Son Habit eſtoit noir , & fon
Etofe ne ſervantqu'àenrelever Héclat , on peut dire qu'elle ébloüiffoit..
L'ajustementde Monſeigneur leDauphin eſtoitd'une grande magnificence. Rien ne pouvoit eftre mieux imaginé ; & ce qu'il y avoitd'avantageux pour luy ,
e'eſt qu'il'en effaçoit l'éclat par la vivacité de ſon teint, &par les autres charmes de fa Per--
fonne..
Monfieur, qui réüffit entou- tes choſes , &àqui la galanterie eſt naturelle , ſe met toûjours d'un fi bon air , qu'il ne faut pas eſtre ſurpris s'il ſe fit admi rerde tout le monde. Son Habit eftoit tout couvert de Pier
136 LE MERCVRE reries arrangées , comme le font les longues Boutonnieres des Caſaques à la Brandebourg.
r. On ne peut eftre mieuxqu'e- ſtoient Madame & Mademoifelle. Tout brilloit en elles , tout
yeſtoit riche & bien enten.
du.
Je me fuis fervy juſqu'icydes termes de magnifique , de bril- lant, &d'éclatant, &j'encher- che inutilement quelqu'un qui fignifie plus que tout cela pour exprimer cequ'eſtoitMademoi- felle de Blois dans l'ün & dans
l'autre Bal. Jamais parure ne fit de fi grands effets. Vous n'en douterez point , quand vous ſçaurez que cette jeune Prin- ceffe, quoy qu'elle foit une des plus belles Perſonnes du mon- de , laiſſa perdre des regards qu'attiroient de temps en temp's
GALANT. 137 la richeffe de ſon Habillement,
&l'air tout particulier dont elle
eftoit miſe. Ce fut un amas de
Pierreries le premier jour , qui ne ſe peut concevoir qu'en le voyant;&elle en eſtoit fi cou
verte , que lebas de ſa Robe en eſtoit chargé tout autour. Elle
parut en gris de lin dans le ſe- cond Bal , & toûjours avec
avantage.
Vous pouvez juger que les Dames en general n'avoient rien épargnépourparoiftrema- gnifiques. Elles eſtoient toutes coifées avec une groſſe nate fort large , ou avec une corde, ayant les cheveuxfriſez juſqu'au mi- lieu de la teſte , qui paroif- foit toute en boucles. Elles en
avoient deux ou trois grandes inégales qui leur pendoient de chaque coſté avec une autre ex
138 LE MERCVRE trémement longue. Toute la coifure eſtoit accompagnée de Poinçons de Pierreries , &d'au- tres faits de Perles. Des nœuds
de toutes fortes de Pierreries &
de Perles qui tenoient lieu de Rubans, en garnifſfoient les co- ſtez. D'autres y faifoient des Bouquets , & le Rond de quel- ques-unes eſtoit garny comme le devant. Celles dont les cheveux pouvoient s'accommoder de la poudre , en avoient beau- coup. Pour leurs Habits , comme en Campagne elles enpeu- vent porter de couleur à la Cour ,elles en avoient preſque toutes de gris , qui ne laiſſoient -pourtant pas d'eſtre diferens.Les uns eſtoient d'un gris perlé , &
les autres d'un gris cendré , avec de petites Broderies fines &des plus belles , ou de petits Bou
GALAN T. 139 quetsde broderie appliquez par leBrodeur, ou brodez ſur l'E
tofe mefme.Ces Habits estoient
tous chamarrezde Pierreries fur
- les Echarpes ouTailles , &elles en avoient de gros nœuds de- vant. Des Attaches de Pierre
ries , des Chatons , &des Boutons , ornoient leurs manches
de diférentes manieres.Toutle
devantde leurs Jupes eſtoit auſſi chamarré , & de groſſes Atta- ches de Diamans les retrouf
foient enquelques endroits.Plu- fieurs Pierreries formoient le
nœud de derriere , &il y avoit quelques Robes quien estoient chamarrées par demy lez Les manches de deſſous eſtoient de
Point de France , tailladées en
long , & relevées par le basavec un Point de France godronné.
Ily avoit des Pierreries entre les
140 LEMERCVRE
godrons , &des noœuds de Pier- reries deſſous les mancheres. La
plûpart enavoientdes Bracelets tout autour,&toutes des Co
lerêtes comme on enmet quand on eſt en Habitgris. Si ce mot deColerete n'eſt pas remis en vſage , corrigez-moy je vous prie. Jetraite une matiere où vous devez eſtre plus ſçavante que je ne fuis , &je ne répons pas que ce ſoit leſeul terme que jaye mal appliqué. LesDames n'ont pas eſte ſeulement ainfi parées pour les deux grands Bals , qui ont faitparoiſtre avec tant d'éclat la magnificence &
la galanterie de la premiere Courdu monde; elles ſe ſont
trouvées tous les ſoirs à la Co- médie , ou à l'Opéra , dans le meſme ajustement où je viens de vous les dépeindre , & il
GALAN T. 141
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redoubla dans les jours de la Naiſſance duRoy &dela Rey- : ne , qui ſe rencontrerent le ( meſme Mois , ſur tout à l'égard des Pierreries. Le nombre en
eſtoitpreſque infiny ; &comme il n'y en avoit que de fines , on peut jugerdu merveilleux effet qu'elles firent toutes enſemble,
quand tous ceux qui s'eſtoient parez pourdanſer furent aſſemblez ; car vous remarquerez ,
Madame , que chez le Roy il n'yaperſonne de nommé pour le Bal , & qu'il ſuffit d'eſtre d'une Qualité conſidérable pour avoir la libertéd'y danſer.
Le Roy mena la Reyne ; mon- ſeigneur leDauphin , мадетоі- felle ; Monfieur , мадате ; м. le
Prince de Conty , Mademoiselle de Blois ; M. de мопmouth, маdame la Comteſſe de Gramont;
142 LE MERCVRE M. le Comte d'Armagnac , ма- dame la Princeſſe d'Elbeuf; м.
le Comte de Brionne , madame
la marquiſe de la Ferté ; M. de Tilladet, Madamede Soubiſe'; м.
le Comtede Louvigny,Madame de Louvois ; M' de Beaumont,
Madame de Ventadour ; м² le
Chevalier de Chaſtillon , Madame de S. Valier; & M. le
Comte de Fieſque , Mademoi- ſelle de Grance. Il ſeroit difficile de ſçavoir les noms de tous ceux qui furent de ces deux Bals , & le rang qu'ils eurent à
danſer. Les uns ſe trouverent
au premier,les autres au ſecond,
&beaucoup àtous les deux.On y vit Madame la Ducheſſe de Chevreuſe , Mademoiselle de
Thiange , Mademoiſelle des
Adrets , & Mademoiselle de
Beauvais. Ces deux dernieres
{ GALANT. 143
ſont Filles d'Honneurde Madame. Onyvit encor M. le Duc de Vermandois , Monfieur le Chevalier de Lorraine M.
de Vendoſme , M. le marquis de мігероїх, м.Ле marquis de Rho- des , & quelques autres. Vous ſerez aiſément perfuadée que le Roy s'y fit diftinguer. Son grand air ,& la grace qui l'ac- compagne entoutes chofes, font des avantages qui ne ſont com- muns à perſonne; & quand il ne ſeroit point ce qu'il eſt , je vous jure , madame, que je ne m'empeſcherois point de vous dire qu'il donna ſujet de l'admi- rer au deſſus de tous les autres.
La Colation du premier Bal fut
fuperbe , la France augmente tous les jours en magnificence,
&peut- eſtre ne s'eſt-il jamais tien veude pareil. Comme je
144 LE MERCVRE ſçay que vous aimez tout ce qui marque de la grandeur, j'ay crû que vous me ſçauriez bon gré du Plan quejevous ay fait graver de cette Royale Cola-.
tion. Prenez la peine de jetter les yeux deſſus , le voicy; vous comprendrez plus aisément en le regardant, ce que j'ay àvous en dire. Les grands Quarrez qui font marquez Gradins, por- toient par le bas huit grandes Corbeilles de Fruit cru. Il y
avoit de petits Ronds de Con- fitures ſeches dans les encognures. Le ſecond rang portoit en- cor quatre Corbeilles , & les encognures eſtoient remplies comme celles du premier. Un grand Quarré de Fruit portant deux pieds de hauteur, faiſoit le deffus. Tous les Ronds &
Ovales marquez estoient de
Fruit
GALANT. 145 Fruit cru , &des Confitures ſe- ches rempliſſoient tous les
Quarrez qui font le tour de la Table. Par tout où vous voyez
de petits &de grāds Ronds noirs ( c ) maginez-vous des Flam- beaux dans les premiers , &des Girandoles dans les autres. La
meſime choſe des petits & des grands Ronds qui font blancs,
( OO ) Des Soucoupes de cri- ſtal garnies de quantité deGo- belets pleins d'Eaux glacées,te- noient la place des grands ; &
les petits que vous remarquez dans tout le tour de la Table ,
eſtoient des Porcelaines fines
en hors d'œuvre , remplies de toutes fortes de Compotes. Je puis abufer de quelques termes,
pardonnez- le moy. Une Balu- ſtrade un peu éloignée de la Table , la tenoit comme enferTome VIII. G
146 LE MERCVRE mée , &il y avoit des Bufets au delà. Je voudrois bien ſçavoir ce que voſtre imagination vous repreſente de toutes ces cho- ſes. Les yeux en devoient eſtre charmez , & je ne ſçay s'ils les pouvoient long-temps ſuporter.
Peignez-vous bien cet ébloüif- fant amas de Lumieres qui s'ai- doient les unes les autres,quand celles des Flambeaux donnant
fur le criftal des Girandoles, &
celles desGirandoles fur l'or des
Flambeaux, elles trouvoient encor à s'augmenter par ce qui réjallifſoit d'éclat des Caramels déja brillans d'eux-meſmes , &
du candy des Confitures per- lées. Adjoûtez - y ce que les Fruits diverſement colorez , les Rubans des Corbeilles , & le
Criftal des Soucoupes , en pou- voient avoir , &àtout cela joi
GALANT. 147
gnez l'effet que produiſoient les Pierreries de Leurs Maje- ſtez , & celles de quarante Da- mes qui estoient à table , &
qu'on en voyoit toutes couver- tes , il eſt impoſſible que vous ne conceviezquelque choſe au delà de tout ce qu'on a jamais veu de plus éclatant. LesHom- mes qui s'eſtoient mis tous en Juft-au-corps , ne brilloient pas moins de leur coſté. On n'en
pouvoit aſſez admirer la brode- rie , qui paroiſſoit d'autant plus,
que ce n'eſtoit que lumiere par tout. Ils eſtoient derriere les
Dames , & elles leur faifoient
partde tout ce qu'il y avoit fur laTable. Il faut rendre juſtice àM' BigotControlleur ordinai- redelaMaiſon du Roy. Il n'y a point d'Homme plus ineelli- gent, ny qui ſçache mieux re Gij
148 LE MERCVRE
gler ces fortes de choſes. Tout le temps qu'on a paffé à Fon- tainebleau, atellement eſté don- né aux Plaiſirs , que les jour de Media noche , quand l'Opéra ou la Comédie finiſſoit trop toſt , il y avoit de petits Bals particu- liers juſqu'à minuit. Vous ſca- vez , madame, ceque veut dire Medianoche,&que c'eſtunemo- dequinous eſt venuëd'Eſpagne,
où l'on attend àSouper en vian- de , que le Samedy ou un au -
tre jour d'abſtinence , s'il ſe ren- contre das quelque Semaine, ſoit expiré. Parmy tant de Divertif- ſemens , la Chaſſe n'a pas eſté oubliée. Ily en a eu tour à tour de pluſieurs fortes. Un jour apres que le Roy fut arrivé à
Fontainebleau , il les commen- ça par celle du Lievre avec la Meute deMonſeigneurleDau-
GALANT. 149 phin , commandée par M. de Selincourt. Sa Majeſté témoi- gna eſtre fort fatisfaite del'équi- page. Le lendemain Elle courut le Cerf avec une Meute nouvelle qu'Elle avoit faite Elle- meſme des trois meilleures
qu'on luy avoit pû choiſir. La Chaffe du Sanglier ſuivit. Le Roy entua trois à coupsd'Epée;
&ces diferentes Chaſſes ſuccederent pendant quelques jours .
lune à l'autre , tantoſt avec les
Chiens deMonfeigneurle Dau- phin , tantoſt avec les Chiens de Monfieur , & quelquefois ;
avec ceux de M. l'Abbé de
Sainte-Croix. En ſuite il ne fe
paſſa point de jour où l'on ne couruft le Cerf. Le's Chiens de
Sa majeſté on eu l'avantage. Ils en ont pris quinze; les Chiens de Monfieur , neuf; ceux de M.
Giij
IJO LE MERCVRE de Vendoſme , neuf; &ceux de
M. l'Abbé de Sainte-Croix,dix.
Le Roy a eſté tirerdes Faifans,
&couru une fois leChevreüil.
Il arriva unjour aux Toiles dans le temps qu'un Cerf que les Chiens de M. de Sainte-Croix
couroient fort loin de là , vint
s'y mettre , comme s'il euſt eu deſſeindedonnerle plaifir de ſa fin àSa Majefté. C'eſtoitle plus grand qui euſt eſté pris à Fon- minebleau. La teſte en a eſté
trouvée ſi belle , que le Roy l'a fait mettre dans la Galerie des
Cerfs. Je vous ay trop de fois nommé M. l'Abbé de SainteCroix, pourne vous le faire pas connoiftre. Il eſt Fils de feu M.
le Premier Prefident molé ,Garde des Sceaux , Frere de M. le
Prefident de Champlaſtreux ,
& maiſtre des Requeſtes. On ne
GALAN Τ. 151I
R
peut voir un plus honneſte- Homme, ny un meilleur Amy.
Toutes ſes manieres font enga- geantes , & ſes dépenſes d'un grand Seigneur. Dans la dernie- re Chaſſe le Roy laiſſa courre un Cerf à ſa troiſiéme teſte ,
qui dura preſque tout le jour. Il yen a eu detres-méchans &qui ont tuébien des Chiens. Il s'eſt
fait encor une Chafſe extraordinaire à l'occafion de Monfieur
deVerneüil, qui eſtantvenu au Leverdu Roy, eut l'honneurde
luydonner ſa Chemiſe. Sa Majeſté s'eſtant divertie àluy par- ler de pluſieurs choſes , tomba fur la Chaffe , & luy dit qu'Elle luy en vouloit donner le plaifir le lendemain. Monfieur deSoye- courGrand-Veneurde France,
reçeut l'ordre , & fit préparer
deux Cerfs au lieu d'un. La
Giiij
152 LE MERCVRE Reyne a veu une fois la Chaf- ſe en Carroffe , &Monſeigneur leDauphin les a fait toutes avec leRoy. Il n'y a rien de ſi ſurpre- nant que l'adreſſe &la vigueur qu'a fait paroiſtre cejeunePrin- ceau delà de ce que ſon âge luy devroit permettre. Mada- me s'est fait admirer à ſon ordinaire. C'eſt un Charme que de la voir à cheval. Rien ne
l'étonne , elle fait ſon plaifirde la fatigue ; & fon Sexe ne luy permettant pas d'aller àlaGuer- re , elle en va voir les Images ,
comme je l'ay déja marqué. Ce n'eſt pas ſeulementpar làqu'el- le merite d'eſtre estimée Tous
les Ouvrages d'eſprit la tou- chent. Elle carreſſe les Autheurs, &juge mieux que per- fonne de tout ce qu'on voit de
beau au Theatre. Madame la
GALANT. 153 Ducheffe de Toſcane s'eſt auſſi
trouvée à ces Parties. On ne
peutmontrer plus d'eſprit qu'el- le en fait paroiſtre. Elle fait tout avec grace , eft bonne , gené- reuſe , & fidelle Amie , &n'oublie jamais dans l'éloignement ceux qu'elle hon ore de ſa bien- veillance. Il n'est pas beſoin de vous dire qu'elle eft.Fille de feu
M. le Duc d'Orleans , Oncle du
Roy. Monfieur le Prince de Conty , quoy que jeune encor ,
n'a pas eſté un des moins ardens
pour cet Exercice.J'aurois peine àvous exprimer combien M.
le Duede Monmouth y amontré de vigueur. C'eſtoit quelque choſe de fi bouillant , qu'on l'en a veu quelquefois emporté juf- que parmy les Rochers. Il a
beaucoup paru au Bal , & on lny a trouvé un air tout-à-fair- G
154 LE MERCVRE digne de ce qu'il eſt. Vous pou- vez croire que Madame la Du- cheſſe de Boüillon aimant autant laChaffe qu'elle fait ,laiſſa échaper peu d'occaſionsd'y fui- vre le Roy. Elle a une adreſſe merveilleuſe en tout ce qu'elle
veut faire , & jamais on n'a mieux tiré en volant. Vous avez
eſté charmée des agrémens de ſa Perſonne , & de la vivacité
de ſon teint ; mais vous la ſeriez
encor davantage , fi vous con- noiſliez parfaitement la force &
la délicateſſe de ſon Eſprit. Elle l'a penetrant ; & comme il eſt
capablede toutes les belles con- noiffances , elle a un attachement inconcevable pourles Li- vres ,&va juſqu'à ce qui s'ap- pelle ſçavoir les chofes profon- dement. Mademoiſelle deGrancé a eſtédu nombre de ces Il-
GALANT. 155
:
:
Huſtres Chaſſereſſes. Elle eſt belle , ade la bonté , & un Efprit qui répond à ſa Naiſſance. Ma- demoiſelle des Adrets a fait auſſi
voir que la fatigue qui fuit ces fortes de Plaiſirs , ne l'étonne
pas. Je n'ay point ſçeu le nom des autres. J'ay apris feulement que les Dames ont eſté à la Chaſſe en Jupes , Juſt-au-corps de broderie , &Coifures de Plumes. Jenepuis m'empeſcherde vous dire encor que Mademoi- felle dança tres-bien , & fe fir admirer au Bal. Quelques autres , tant Hommes que Femmes , s'y firent auſſi diſtinguer.
Mais ma Lettre eſt déja ſi lon- gue , que je paſſe au Te-Deum de M. Lully , qui peut eſtre compté parmy les Plaiſirs de Fontainebleau. Ille fit chanter
devant le Roy le jour que Sa Gvj
136 LE MERCVRE Majesté luy fit l'honneur de nommer fon Fils. Toutes fortes
d'Inftrumens l'acompagnerent ;
les Tymbales & les Trompetes n'y furent point oubliez. Il eſtoit deMonfieur Luvy, c'eſt tout di-- re. Ce qu'on y admira particu- lierement , c'eſt que chaque Couplet eſtoit de diferente Mu- fique. Le Roy le trouva fi beau,
qu'il voulut l'entendre plus d'une fois.
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Résumé : Tout ce qui s'est passé à Fontainebleau pendant le Sejour que Leurs Majestez y ont fait. Cet Article contient ceux des Comedies, Opéra, Bals, Plan d'une Collation, Chasses, & la maniere dont les Dames ont esté parées dans tous ces Divertissemens. [titre d'après la table]
Le texte relate le séjour prolongé du roi à Fontainebleau, initialement prévu pour quinze jours et étendu jusqu'au 30 septembre. Le château, vaste et somptueux, impressionne par ses nombreuses cours, appartements, galeries et jardins. Après des conquêtes hivernales et des décisions stratégiques, le roi cherchait à se détendre. Son séjour fut marqué par divers divertissements préparés avec magnificence. Le Prince de Marillac, Grand Maître de la Garderobe, fit confectionner des habits extraordinaires pour le roi, qui les apprécia. Les divertissements incluaient des représentations théâtrales et des opéras à l'Hôtel de Bourgogne, avec des pièces comme 'Iphigénie', 'Le Menteur' et 'L'Avare'. La musique du roi, augmentée de nouvelles voix, fut particulièrement applaudie. Les danseurs reçurent des gratifications pour leurs performances. Des mascarades et des spectacles comiques, comme celui de M. Philibert, ajoutèrent à l'ambiance festive. Deux bals magnifiques furent organisés, où la cour apparut dans des tenues somptueuses ornées de pierreries. Le roi, la reine, le Dauphin, Monseigneur, Madame et Mademoiselle portèrent des habits richement décorés. Les dames se parèrent de nattes, de boucles et de pierreries, avec des habits gris brodés. Les bals furent l'occasion de montrer l'éclat et la magnificence de la cour, avec une participation libre pour ceux de qualité considérable. Le roi se distingua par son air et sa grâce. La collation du premier bal à Fontainebleau fut particulièrement somptueuse, soulignant la magnificence croissante de la France. La table était ornée de fruits frais et de confitures, avec des flambeaux et des girandoles illuminant l'ensemble. Les convives, y compris le roi et quarante dames, étaient parés de pierreries, et les hommes en justaucorps brodé admiraient la broderie. M. Bigot, contrôleur ordinaire de la Maison du Roi, est loué pour son intelligence et son savoir-faire dans l'organisation de ces événements. Pendant le séjour à Fontainebleau, les plaisirs étaient nombreux, avec des bals jusqu'à minuit et diverses chasses, notamment celles du lièvre, du cerf et du sanglier. Le roi et plusieurs nobles, dont le Dauphin et Madame, participèrent activement à ces activités. La présence de Madame la Duchesse de Toscane et de Monsieur le Prince de Conti, ainsi que la vigueur de Monsieur le Duc de Monmouth, furent notées. La Duchesse de Bouillon et Mademoiselle de Grancey se distinguèrent par leur adresse et leur esprit. Le Te Deum de Monsieur Lully, composé pour l'occasion, fut particulièrement apprécié par le roi.
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9
p. 174-179
Monseigneur le Dauphin monte pour la premiere fois des Chevaux d'Ecole, & apprend à faire des Armes. [titre d'après la table]
Début :
La délicatesse qui paroist en celle de Monseigneur le Dauphin [...]
Mots clefs :
Dauphin, Cheval, Exercices, Armes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Monseigneur le Dauphin monte pour la premiere fois des Chevaux d'Ecole, & apprend à faire des Armes. [titre d'après la table]
La délicateſſe qui paroît en celle de Monſeigneur le Dau- phin , ſemble en quelque façon incompatible avec les Exercices
violens. Cependant il a com- mencé à faire voir depuis quelques jours , qu'il a toute la force neceſſaire pour les ſuporter , en montant des Chevaux d'Ecole.
Il ne ſecontenta pas du premier qu'il monta , nommé Favory,
qui eſt unCheval fort adroit, &
qui a beaucoup de ſcience & de
vigueur , il en monta encor un autre avec l'applaudiſſement de
For LE MERCVRE
toute la Courqui fut ſurpriſe de voir que dés la premiere fois il fuſt ſi bien à cheval. Monfieur
le Comte de Brionne reçeu en furvivance de la Charge de GrandEcuyer , luy preſenta la Gaule. Le Roy en fut tres-faris- fait. II demeura preſent àtoutle Manege , & ordonna qu'on fift une Loge pourla Reyne. Ainfi lesDames auront la fatisfaction
à l'avenir d'admirer l'adreſſe de
ce jeune Prince , & la bonne grace qu'il a dans tout ce qu'il fait. M de Bournonville &du
Pleffis , Ecuyers de la grande Ecurie, auront l'honneurde luy enſeigner tour àtour cetExerci- ce. Lepremier eft malade, &je ne ſeay s'il aura affez deſanté pour luy venir donner ſes Le- çonspendantſa quinzaine.C'eſt un Gentilhomme d'un merite
GALANT. III
=
1
e
1
eut
e particulier. Il montre , à la grande Ecurie , & le choix duRoy en fait l'Eloge. M.duPleſſis dont le nomeft fi connu,&qui avoit rendu fon Académie ſi celebre
en faiſant les meilleurs Ecoliers
de France , a eu l'avantage de mettre Monſeigneur le Dau- phin àcheval. M. de la Touche,
choiſy par le Roy pour luyen- ſeigner à faire des Armes ,
celuyde les luy mettre àla main lemeſime jour. Il eſt le premier qui ait réduit cet Arten Science ,& il ne faut point douter
que ce qu'il enſeignera à cejeu- ne Prince , ne le rende bientoft
auſſi parfait dans ce qui la regar- de , qu'il l'eſt dans tout ce qu'il a
déja appris par les foinsdeMon- fieur le Duc de Montaufier.Cela paroiſt par les marques qu'il donne tous les jours d'eſprit ,de
112 LE MERCVRE
jugement &de memoire. Deux Exercices de vigueur commen- cezdans le meſme temps , &qui vonteſtre continuez de la mefme forte , font voir non ſeulement la force & l'adreſſe naturelle de Monſeigneur le Dau- phin , mais l'ardeur qu'il a pour tout ce qui luy peutſervir àmar- cher fur les glorieuſes traces qu'il brûle d'impatience de ſui- vre. Monfieur le Prince deConty qui a eſté élevé avec luy , a
commencé auſſi à monter àcheval le meſmejour. Il a de grands exemples domeſtiques , & aur- cune Qualité ne luy manque pour répondre dignement à ce qu'il eſt né. Ainfi on en peut attendre un jour des prodiges pour la Guerre.
violens. Cependant il a com- mencé à faire voir depuis quelques jours , qu'il a toute la force neceſſaire pour les ſuporter , en montant des Chevaux d'Ecole.
Il ne ſecontenta pas du premier qu'il monta , nommé Favory,
qui eſt unCheval fort adroit, &
qui a beaucoup de ſcience & de
vigueur , il en monta encor un autre avec l'applaudiſſement de
For LE MERCVRE
toute la Courqui fut ſurpriſe de voir que dés la premiere fois il fuſt ſi bien à cheval. Monfieur
le Comte de Brionne reçeu en furvivance de la Charge de GrandEcuyer , luy preſenta la Gaule. Le Roy en fut tres-faris- fait. II demeura preſent àtoutle Manege , & ordonna qu'on fift une Loge pourla Reyne. Ainfi lesDames auront la fatisfaction
à l'avenir d'admirer l'adreſſe de
ce jeune Prince , & la bonne grace qu'il a dans tout ce qu'il fait. M de Bournonville &du
Pleffis , Ecuyers de la grande Ecurie, auront l'honneurde luy enſeigner tour àtour cetExerci- ce. Lepremier eft malade, &je ne ſeay s'il aura affez deſanté pour luy venir donner ſes Le- çonspendantſa quinzaine.C'eſt un Gentilhomme d'un merite
GALANT. III
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1
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1
eut
e particulier. Il montre , à la grande Ecurie , & le choix duRoy en fait l'Eloge. M.duPleſſis dont le nomeft fi connu,&qui avoit rendu fon Académie ſi celebre
en faiſant les meilleurs Ecoliers
de France , a eu l'avantage de mettre Monſeigneur le Dau- phin àcheval. M. de la Touche,
choiſy par le Roy pour luyen- ſeigner à faire des Armes ,
celuyde les luy mettre àla main lemeſime jour. Il eſt le premier qui ait réduit cet Arten Science ,& il ne faut point douter
que ce qu'il enſeignera à cejeu- ne Prince , ne le rende bientoft
auſſi parfait dans ce qui la regar- de , qu'il l'eſt dans tout ce qu'il a
déja appris par les foinsdeMon- fieur le Duc de Montaufier.Cela paroiſt par les marques qu'il donne tous les jours d'eſprit ,de
112 LE MERCVRE
jugement &de memoire. Deux Exercices de vigueur commen- cezdans le meſme temps , &qui vonteſtre continuez de la mefme forte , font voir non ſeulement la force & l'adreſſe naturelle de Monſeigneur le Dau- phin , mais l'ardeur qu'il a pour tout ce qui luy peutſervir àmar- cher fur les glorieuſes traces qu'il brûle d'impatience de ſui- vre. Monfieur le Prince deConty qui a eſté élevé avec luy , a
commencé auſſi à monter àcheval le meſmejour. Il a de grands exemples domeſtiques , & aur- cune Qualité ne luy manque pour répondre dignement à ce qu'il eſt né. Ainfi on en peut attendre un jour des prodiges pour la Guerre.
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Résumé : Monseigneur le Dauphin monte pour la premiere fois des Chevaux d'Ecole, & apprend à faire des Armes. [titre d'après la table]
Le texte décrit les premiers pas du Dauphin dans les exercices équestres. Malgré une apparence fragile, il a montré sa force et son adresse en montant des chevaux d'école. Il a débuté avec Favory, un cheval habile et vigoureux, puis a monté un autre cheval, impressionnant la cour par sa maîtrise rapide. Le Comte de Brionne, Grand Écuyer, lui a remis la gaule, et le roi a ordonné la construction d'une loge pour la reine afin qu'elle puisse observer les progrès du Dauphin. Les écuyers Bournonville et du Plessis sont chargés de son instruction. Bournonville, bien que malade, est reconnu pour son mérite, tandis que du Plessis, célèbre pour son académie, a initié le Dauphin à l'équitation. Le même jour, La Touche, expert en armes, a commencé à enseigner au Dauphin. Les progrès du Dauphin révèlent son esprit, son jugement et sa mémoire. Le Prince de Conti, élevé avec le Dauphin, a également commencé à monter à cheval le même jour, montrant des aptitudes prometteuses pour la guerre.
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10
p. 67-85
COMPLIMENT A MONISEUR LE CHANCELIER.
Début :
Vous ne serez pas moins contente du Compliment que Mr / Le juste choix que le Roy a fait de vostre Personne [...]
Mots clefs :
Chancelier, Compliment, Faculté de droit, Université de Paris, Honneur, Campagne, Action, Académie française, M. Doujat, Dauphin
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texteReconnaissance textuelle : COMPLIMENT A MONISEUR LE CHANCELIER.
Vous ne ſerez pas moins contente du Compliment que M' Doujat eut l'honneur defai- re à Monfieur le Chancelier ,
lors qu'il le fut ſalüer pour la Faculté de Droit de l'Univerfité de Paris, dont il eſt le plus
46 LE MERCVRE ancien Docteur Régent. Il étoit accompagné de ſes Collègues,
&fut preſenté par Monfieur Pelletier Conſeiller d'Etat, comme il l'avoit eſté en pareille rencontre par M' de Lamoignon à feu Monfieur Daligre.
COMPLIMENT
A MONSIEVR
LE CHANCELIER.
MONSEIGNEUR,
Lejuſte choix que le Roy afaitde voftre Personne, pour l'élever à laplus.
haute Dignitéde la Robe, eſt ſans dou- te laplus infaillible marque d'un merite achevé. Mais c'est encore une preuve bien convainquante , que ce merite eft
GALANT. 47
generalement reconnu , de voir que les Loix, qui ordinairement font muettes au milieu des Armes, prennent d'abord un tel éclat entre vos mains, qu'on n'entend de tous coſtez que desacclama- tions &des applaudiſſemens , pour une action pacifique , dans un temps où les Triomphes de nostre invincible Monarquefont tant de bruit en tous lieux,par des miracles de guerre fi continuels &
fiſurprenans.
Onpeut bien , Monseigneur , lesap- pellerSurprenans ,puis qu'ils n'ont point d'exemple dans toute l'Antiquité,
que l'on n'agueres moins de peine àles croire apres qu'ils font arrivez, qu'à les imagineravant qu'ils arrivent. En effet , iln'y apersonne qui ſoit capable de les concevoir , que cet incomparable
Génie qui ſeul les ſçait executer. Car enfin peut-oncomprendre cetteſage con duite qui pourvoit àtout ; cette activité qui estpar tout; cette intrépidité heroï- que qui anime tout ; &enfin cette au- guste presence qui vient à bout de
tout ?
Mais peut-on affez admirer les pro
48 LE MERCVRE digesque ces grands refforts ontproduit dansle coursde cetteseule Année, qui n'est pas encore finis ? une Campagne qui en vaut pluſieurs,ſi hautement ache- vée, en la Saiſon qu'on l'ouvroit àpei- ne autrefois ; &recommencée avec un pareilfuccés, auſſi-toſt que les Ennemis ontfiny les marches & les contremar- ches qu'ils ont appellées leur Campagne:
pluſieurs Placesqu'on n'avoit osé atta- quer , ou qu'on avoit attaquées inutile- ment en divers temps, emportées dans peude jours : une Bataille gagnée par un autre Soy-mesme pendant deux Sie ges; ces Bravesde toutes Nationsfor- cez en un moment derriere leurs plus forts Remparts , auſſi-bien qu'en rafe Campagne; & leurs prodigieuses Ar- mées également défaites en combatant &fans combatre ?
4 Vostre Zelepour leſervice &pour la gloire du Roy , me fait esperer, Mon- Seigneur, que vousexcuſerezfacilement cette diſgreſſion ſur un Sujet fi agrea- ble, &où vous &les Vostres avez toujours en tant de part. Nous voyons,Monseigneur , dans
VOS
GALANT. 49 wosfages Conseils, dans vosfoins vigi- lans &fideles,&dans toute voſtre Vie,
-degrandes matieres de pluſieurs Pane- gyriques; & nous voudrions bien nous pouvoiracquiterde ce qui vous est deû en cette occafion. Mais le temps d'un Compliment , dontje vois bien que j'ay déjapassé les bornes , ne mepermet pas deſuivre cette juſte inclination ; &je connois trop ma foibleſſe ,pour meha- zarder àune fi difficile entrepriſe. Il meſuffira de dire , en paſſant, ce qui est connudetout le monde , que vous ſça- vez joindre admirablement bien des chosesqui nesetrouvent gueres d'accord que dans les Hommes extraordinaires ;
unEspritpenétrant , avec un jugement folide ; une modération fans exemple,
avec une éminente fortune ; &une pro.
bitéinfléxible,qui neconfidereperſonne quand il faut juger , avec une affabili_ té obligeante qui ne rebute personne ,
-quand ilfaut écouter.
Ainfi,Monseigneur , la justice que leRoyvientdefaire àvoſtre vertu ,
&à vos longs &importans Services,
estunmoyen aſſurépour la rendre par
Tome X. C
5o LE MERCVRE uneseule action , au reſte deſes Sujets ;
&la connoiſſance que l'on a de cette verité ,dont on voit déja les effets , ré- panddans tous les Cœurs une ioyequi n'estpas concevable.
Cependant, Monseigneur , la Faculté de Droit oſeſe flater de l'espérance que
dans cette commune allegreſſe vous au- rez la bonté de distinguer ſon zele parmyceluy des autres Corps , qui ont eu •déja,ou qui auront en ſuite l'honneur de rendre de ſemblables devoirs à Voftre
Grandeur.
Pour nous attirer cet avantage , il Suffiroit de l'attachement particulier qu'exige de nous la profeſſion des Loix,
dont vous estes l'Oracle &l'appuy tout ensemble.
Mais outre cette dépendance auſſi glorieuse que neceſſaire, aux obligations de laquelle nous tâchons de répondre paruneprofondevéneration , &pardes vœux ardens & finceres; que ne de.
vons-nous pas à V. G. pour l'inclina- tion qu'elle a toûjours témoignéede voir rétablir l'Etude de la Iurisprudence ;
qui vous est chere , parce que vous la
GALANT. SI poffedez parfaitement , & parce que vous enconnoiffez mieux que perſonne l'importance &la neceſſité ? Vous ſça- vez, Monseigneur, combien elle est dé- cheuë de sapremiere ſplendeur dans ce Royaume où on l'a venë si florifſfante pendantplusieurs Siecles.
Maintenant que vous eſtes en étar de la vanger dumépris iniurieux qu'en font ceux à qui elle est inconnuë ; que pouvons-noussouhaiter deplushonora_ ble pour V. G. &deplus utile pour le Public,fi ce n'est l'entier accompliſſe ment de vos grands &loüables def- Seins; &que pour en avoir l'effet, vous puiſſiez Servirle Roy & l'Etat dans les nobles fonctions d'une Dignité si éminenteauffi longuement que dans cel- lesde tous les autres Emplois que vous avezfi dignement remplis ?
Monfieur le Chancelier reçeut cette Députation d'une maniere toute obligeante. Le merite particulier de M' Dou- jat luy eſtoit connu,& il ſçavoit Cij
52 LE MERCVRE la reputation qu'il a permy tous ceux qui eftiment les belles Lettres. La place qu'on luy a
*donnée dans l'Académie Françoiſe en eſt une marque. Il eſt originaire de Toulouſe, defcen du d'un Loüis Doujat , qui fut pourveu le premier ily a envi- ron 160. ans de la Charge d'A- vocat General du Grand Confeil,cette Compagnie n'en ayant point eu avant luy. Un de ſes Fils ſe fit Conſeiller au
Parlement de Toulouſe , l'autre
demeura à Paris , & depuis ce temps-là il y a toûjours eu des Officiers de ce nomdans quelqu'une des Cours Souveraines
de ces deux Villes.
Apres la mort de M. du No- zet, Auditeurde Rote, M. l'Ab- bé Doujat dont je vous parle ,
fut propofé par M. de Marca
GALANT. 53
Archeveſque de Toulouſe,pour eſtre envoyé àſa place , &feu M. le Cardinal Mazarin, inſtruit
de ſa haute capacité , luy avoit faitdire qu'il ſetinſt preſt à par- tir ; mais les grandes Alliances &les correſpondances queM
deBourlemont avoient en Italie , jointes à quelques autres confiderations importantes , fi- rent tourner les chofes , fur la
priere de M' l'Eveſque de Ca- ſtres depuis Archeveſque de Toulouſe , en faveur de Monfieur ſon Frere qui s'eſt digne- ment acquité de cet Employ dans des conjonctures affez difficiles. Ce changementn'eut pas lieu de le chagriner , puis qu'il fut cauſedel'honneur qu'il reçeut d'eſtre employé par feu M le Prefident de Perigny , à
donneràMonſeigneur le DauCij
34 LE MERCVRE phin les premieres teintures de 'Hiſtoire & dela Fable. Il fut
furpris des talens extraordinai- res qui éclatoient en cejeune Prince dés l'âge de fix ans. Il s'a- giſſoit deles cultiver, & celaluy donna occafion de compoſer un Abregé de l'Hiſtoire Gré- que & Romaine ſur Velleïus Paterculus. Cet Ouvrage me- rite l'approbation que luy a
donnée le Public. Il a fait imprimer depuis ce temps- là un Recüeil en Latin de tout ce qui regarde le Droit Eccleſiaſtique particulier à la France, & enfui- te une Hiſtoire du Droit Ca.-
non. Il travaille preſentement à celle du Droit Civil qui pa- roiſtra bien- toſt, & à.des Notes fur Tite-Live pour l'uſage de Monſeigneur le Dauphin. On les imprime; & comme le Païs
GALANT. 55 Latin n'eſt pas un Païs incon- nu pour vous , je me perfuade,
Madame , que vous ne manque- rez pas de curioſité pour les voir.
lors qu'il le fut ſalüer pour la Faculté de Droit de l'Univerfité de Paris, dont il eſt le plus
46 LE MERCVRE ancien Docteur Régent. Il étoit accompagné de ſes Collègues,
&fut preſenté par Monfieur Pelletier Conſeiller d'Etat, comme il l'avoit eſté en pareille rencontre par M' de Lamoignon à feu Monfieur Daligre.
COMPLIMENT
A MONSIEVR
LE CHANCELIER.
MONSEIGNEUR,
Lejuſte choix que le Roy afaitde voftre Personne, pour l'élever à laplus.
haute Dignitéde la Robe, eſt ſans dou- te laplus infaillible marque d'un merite achevé. Mais c'est encore une preuve bien convainquante , que ce merite eft
GALANT. 47
generalement reconnu , de voir que les Loix, qui ordinairement font muettes au milieu des Armes, prennent d'abord un tel éclat entre vos mains, qu'on n'entend de tous coſtez que desacclama- tions &des applaudiſſemens , pour une action pacifique , dans un temps où les Triomphes de nostre invincible Monarquefont tant de bruit en tous lieux,par des miracles de guerre fi continuels &
fiſurprenans.
Onpeut bien , Monseigneur , lesap- pellerSurprenans ,puis qu'ils n'ont point d'exemple dans toute l'Antiquité,
que l'on n'agueres moins de peine àles croire apres qu'ils font arrivez, qu'à les imagineravant qu'ils arrivent. En effet , iln'y apersonne qui ſoit capable de les concevoir , que cet incomparable
Génie qui ſeul les ſçait executer. Car enfin peut-oncomprendre cetteſage con duite qui pourvoit àtout ; cette activité qui estpar tout; cette intrépidité heroï- que qui anime tout ; &enfin cette au- guste presence qui vient à bout de
tout ?
Mais peut-on affez admirer les pro
48 LE MERCVRE digesque ces grands refforts ontproduit dansle coursde cetteseule Année, qui n'est pas encore finis ? une Campagne qui en vaut pluſieurs,ſi hautement ache- vée, en la Saiſon qu'on l'ouvroit àpei- ne autrefois ; &recommencée avec un pareilfuccés, auſſi-toſt que les Ennemis ontfiny les marches & les contremar- ches qu'ils ont appellées leur Campagne:
pluſieurs Placesqu'on n'avoit osé atta- quer , ou qu'on avoit attaquées inutile- ment en divers temps, emportées dans peude jours : une Bataille gagnée par un autre Soy-mesme pendant deux Sie ges; ces Bravesde toutes Nationsfor- cez en un moment derriere leurs plus forts Remparts , auſſi-bien qu'en rafe Campagne; & leurs prodigieuses Ar- mées également défaites en combatant &fans combatre ?
4 Vostre Zelepour leſervice &pour la gloire du Roy , me fait esperer, Mon- Seigneur, que vousexcuſerezfacilement cette diſgreſſion ſur un Sujet fi agrea- ble, &où vous &les Vostres avez toujours en tant de part. Nous voyons,Monseigneur , dans
VOS
GALANT. 49 wosfages Conseils, dans vosfoins vigi- lans &fideles,&dans toute voſtre Vie,
-degrandes matieres de pluſieurs Pane- gyriques; & nous voudrions bien nous pouvoiracquiterde ce qui vous est deû en cette occafion. Mais le temps d'un Compliment , dontje vois bien que j'ay déjapassé les bornes , ne mepermet pas deſuivre cette juſte inclination ; &je connois trop ma foibleſſe ,pour meha- zarder àune fi difficile entrepriſe. Il meſuffira de dire , en paſſant, ce qui est connudetout le monde , que vous ſça- vez joindre admirablement bien des chosesqui nesetrouvent gueres d'accord que dans les Hommes extraordinaires ;
unEspritpenétrant , avec un jugement folide ; une modération fans exemple,
avec une éminente fortune ; &une pro.
bitéinfléxible,qui neconfidereperſonne quand il faut juger , avec une affabili_ té obligeante qui ne rebute personne ,
-quand ilfaut écouter.
Ainfi,Monseigneur , la justice que leRoyvientdefaire àvoſtre vertu ,
&à vos longs &importans Services,
estunmoyen aſſurépour la rendre par
Tome X. C
5o LE MERCVRE uneseule action , au reſte deſes Sujets ;
&la connoiſſance que l'on a de cette verité ,dont on voit déja les effets , ré- panddans tous les Cœurs une ioyequi n'estpas concevable.
Cependant, Monseigneur , la Faculté de Droit oſeſe flater de l'espérance que
dans cette commune allegreſſe vous au- rez la bonté de distinguer ſon zele parmyceluy des autres Corps , qui ont eu •déja,ou qui auront en ſuite l'honneur de rendre de ſemblables devoirs à Voftre
Grandeur.
Pour nous attirer cet avantage , il Suffiroit de l'attachement particulier qu'exige de nous la profeſſion des Loix,
dont vous estes l'Oracle &l'appuy tout ensemble.
Mais outre cette dépendance auſſi glorieuse que neceſſaire, aux obligations de laquelle nous tâchons de répondre paruneprofondevéneration , &pardes vœux ardens & finceres; que ne de.
vons-nous pas à V. G. pour l'inclina- tion qu'elle a toûjours témoignéede voir rétablir l'Etude de la Iurisprudence ;
qui vous est chere , parce que vous la
GALANT. SI poffedez parfaitement , & parce que vous enconnoiffez mieux que perſonne l'importance &la neceſſité ? Vous ſça- vez, Monseigneur, combien elle est dé- cheuë de sapremiere ſplendeur dans ce Royaume où on l'a venë si florifſfante pendantplusieurs Siecles.
Maintenant que vous eſtes en étar de la vanger dumépris iniurieux qu'en font ceux à qui elle est inconnuë ; que pouvons-noussouhaiter deplushonora_ ble pour V. G. &deplus utile pour le Public,fi ce n'est l'entier accompliſſe ment de vos grands &loüables def- Seins; &que pour en avoir l'effet, vous puiſſiez Servirle Roy & l'Etat dans les nobles fonctions d'une Dignité si éminenteauffi longuement que dans cel- lesde tous les autres Emplois que vous avezfi dignement remplis ?
Monfieur le Chancelier reçeut cette Députation d'une maniere toute obligeante. Le merite particulier de M' Dou- jat luy eſtoit connu,& il ſçavoit Cij
52 LE MERCVRE la reputation qu'il a permy tous ceux qui eftiment les belles Lettres. La place qu'on luy a
*donnée dans l'Académie Françoiſe en eſt une marque. Il eſt originaire de Toulouſe, defcen du d'un Loüis Doujat , qui fut pourveu le premier ily a envi- ron 160. ans de la Charge d'A- vocat General du Grand Confeil,cette Compagnie n'en ayant point eu avant luy. Un de ſes Fils ſe fit Conſeiller au
Parlement de Toulouſe , l'autre
demeura à Paris , & depuis ce temps-là il y a toûjours eu des Officiers de ce nomdans quelqu'une des Cours Souveraines
de ces deux Villes.
Apres la mort de M. du No- zet, Auditeurde Rote, M. l'Ab- bé Doujat dont je vous parle ,
fut propofé par M. de Marca
GALANT. 53
Archeveſque de Toulouſe,pour eſtre envoyé àſa place , &feu M. le Cardinal Mazarin, inſtruit
de ſa haute capacité , luy avoit faitdire qu'il ſetinſt preſt à par- tir ; mais les grandes Alliances &les correſpondances queM
deBourlemont avoient en Italie , jointes à quelques autres confiderations importantes , fi- rent tourner les chofes , fur la
priere de M' l'Eveſque de Ca- ſtres depuis Archeveſque de Toulouſe , en faveur de Monfieur ſon Frere qui s'eſt digne- ment acquité de cet Employ dans des conjonctures affez difficiles. Ce changementn'eut pas lieu de le chagriner , puis qu'il fut cauſedel'honneur qu'il reçeut d'eſtre employé par feu M le Prefident de Perigny , à
donneràMonſeigneur le DauCij
34 LE MERCVRE phin les premieres teintures de 'Hiſtoire & dela Fable. Il fut
furpris des talens extraordinai- res qui éclatoient en cejeune Prince dés l'âge de fix ans. Il s'a- giſſoit deles cultiver, & celaluy donna occafion de compoſer un Abregé de l'Hiſtoire Gré- que & Romaine ſur Velleïus Paterculus. Cet Ouvrage me- rite l'approbation que luy a
donnée le Public. Il a fait imprimer depuis ce temps- là un Recüeil en Latin de tout ce qui regarde le Droit Eccleſiaſtique particulier à la France, & enfui- te une Hiſtoire du Droit Ca.-
non. Il travaille preſentement à celle du Droit Civil qui pa- roiſtra bien- toſt, & à.des Notes fur Tite-Live pour l'uſage de Monſeigneur le Dauphin. On les imprime; & comme le Païs
GALANT. 55 Latin n'eſt pas un Païs incon- nu pour vous , je me perfuade,
Madame , que vous ne manque- rez pas de curioſité pour les voir.
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Résumé : COMPLIMENT A MONISEUR LE CHANCELIER.
M. Doujat, Docteur Régent de la Faculté de Droit de l'Université de Paris, a été présenté par M. Pelletier, Conseiller d'État, lors d'une cérémonie officielle. Dans son discours, M. Doujat a adressé un compliment au Chancelier de France, le félicitant pour sa nomination par le roi. Il a souligné le mérite et le talent du Chancelier pour faire briller les lois, même en période de guerre. M. Doujat a également exprimé son admiration pour les succès militaires récents du roi et a espéré que le Chancelier excuserait cette digression sur un sujet agréable. M. Doujat a vanté les qualités du Chancelier, notamment son esprit pénétrant, son jugement solide, sa modération, sa fortune éminente, sa probité et son affabilité. Il a exprimé l'espoir que le Chancelier distinguerait la Faculté de Droit parmi les autres corps qui lui rendent hommage. Le Chancelier a reçu cette députation avec obligeance, connaissant le mérite et la réputation de M. Doujat, notamment sa place à l'Académie Française. Le texte mentionne également l'origine de M. Doujat, originaire de Toulouse, et sa famille d'officiers dans les cours souveraines. Il évoque son refus d'un poste à la Rote et son travail avec le Dauphin pour lui enseigner l'histoire et la fable. M. Doujat a également publié des ouvrages sur le droit ecclésiastique et canonique, et travaille actuellement sur une histoire du droit civil et des notes sur Tite-Live pour le Dauphin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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11
p. 171-225
Tout ce qui s'est fait le jour qu'ils ont esté à l'Audience du Roy à Versailles, les Ceremonies qui ont esté observées avec les complimens qu'ils ont faits à la pluspart des Princes & Princesses de la Maison Royale, [titre d'après la table]
Début :
Le Roy estant guery de la Fiévre-quarte, dont il [...]
Mots clefs :
Roi, Roi de Siam, Trône, Audience, Ambassadeur, Ambassadeurs, Gardes du corps, Prince, Galerie, Duc de La Feuillade, Dauphin, Gardes de la porte, Suisses, Bonnets, Fleurs, Inclinations, Religion, Parler, France, Officiers, Versailles, Gardes françaises, Louvre, Trompettes, Compliments, Cérémonies, Maison royale
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texteReconnaissance textuelle : Tout ce qui s'est fait le jour qu'ils ont esté à l'Audience du Roy à Versailles, les Ceremonies qui ont esté observées avec les complimens qu'ils ont faits à la pluspart des Princes & Princesses de la Maison Royale, [titre d'après la table]
Le Roy estant guery de
la Fiévre- quarte , dont il
ayoit eu quelques accés ,
declara qu'il donneroit
Audience aux Ambaſſadeus
le premier jour de
Septembre . Ce jour - là
M'le Maréchal Duc de la
Feuillade, M'de Bonneuil,
Introducteur des Ambaffadeurs
, &M* Giraut, qui
맥 l'accompagne toujours
dans cette fonction , les
Pij
172 Voyage des Amb.
allerent prendre à l'Ho
ſtel des Ambaſſadeurs ,
dans les Caroffes du Roy,
& de Madame la Dauphine
, avec pluſieurs autres
Caroſſes de ſuite. M.
de la Feuillade leur marqua
la joye qu'il avoit de
les venir querir pour les
mener à l'Audience du
Roy , & leur dit qu'il auroit
l'honneur deles conduire
à toutes les Audiences
que leur donneroit Sa
Majefté. Le premier Amde
Siam.
173
.
a
baffadeur luy fit connoiſtre
l'extrême paffion qu'-
ils avoient de voir le Roy,
&luy dit, Que cet heureux
jour, pour lequel ils avoient
traverſé tant de Mers ,
estoit enfin arrivé Ils monterent
enfuite dans le Caroffe
du Roy , qui fut environné
de pluſieurs Va-
Iets de pied de Sa Majeſté
, & précedé par ceux
de M. de la Feuillade. Ils
s'entretinrent pendant la
plus grande partie du che-
Pij
174 Voyage des Amb.
min de la Religion des Siamois
, dont M. de la Feuillade
demanda les particularitez
. L'Ambaffadeur
luy répondit avec beaucoup
d'eſprit , Que tout ce
qu'on diſoit d'une Religion
inconnuë devoit d'abord
paroiftre ridicule à des per
Sonnes qui n'en avoient
nulle connoiffance , & qui
en profefforent une autre ,
parce qu'il eft naturel de
croire toûjours la Religion
que l'on a embraßee , 04
deSiam.
175
汇
dans laquelle on est né , la
1 meilleure de toutes , esqu'-
+ enfin il falloit plus de temps
pour parler à fond fur une
Afi grande matiere, &entrer
dans des details qui de
mandoient plus d'application
qu'ils n'en pouvoient
alors donner; qu'autrement
201
e
01
les choses les plus réelles pa-
* roiſſoient fans fondement
Es sans vray -Semblance..
Aprés cela ilsentrerent.en
10
conversation, & l'Ambaf_
fadeur ayant expliqué à
Pij
176 Voyage des Amb.
peu prés les chofes que je
vous ay déja marquées ſur
leur Religion , en ajoûta
trois , qu'il dit en eſtre les
trois principaux points ,
qui font, l'Amour des Ennemis
, l'Humilité , & la
Penitence.
Comme on ne peut aller
à Versailles fans voir
Saint Cloud & Meudon ,
& que ces Maiſons paroiffent
beaucoup , on dit
à l'Ambaſſadeur que l'une
appartenoit à Monfieur,
deSiam. 177
1
Frere unique de Sa Majeſté
, & l'autre à M. de
Louvois , Miniſtre d'Etat .
Il dit qu'il ne s'étonnoit
point de voir de fi belles
- Maiſons dans le Royaume,
Essur tout aprés le haut
point de gloire où le Roy avoit
mis la France. Enfin
on arriva à Versailles par
la grande avenuë, aprés
une converſation toute
pleine d'eſprit. Il y avoit
e dans la premiere Court
r mille hommes du Regi
178 Voyage des Amb.
ment des Gardes Françoi
fes& Suiffes ſous les armes
. Ils estoient tous veftus
en Juſteau corps rouges
brodez , & formoient
cinq files de chaque cofté,
Enſeignes déployées , &
tous lesOfficiers laPique à
la main. Les Suiffes eftoiet
à droite , & les François
à gauche , mais fans qu'ils
changent de diſpoſition ,
les François fe trouvent à
la droite de ceux qui fortent
du Chafteau , & les
de Siam. 179
S
ر
a
es
Suiffes à la gauche . On dit
aux Ambaſſadeurs que
c'eſtoit la Garde ordinaire
de dehors , qui monte
tous les trois jours. On
trouva les Gardes de la
Porte, qui formoient deux
hayes au delà de la porte
de la feconde Court . Ces
Gardes font pour ouvrir
la porte à ceux dont les
Caroffes ont droit d'enrrer
dans le Louvre ; ils
ne la gardent point la
nuit , & à fix heures du
180 Voyage des Amb.
ſoir les Gardes du Corps
en prennent poffeffion .
Les Ambaſſadeurs furent
conduits dans une Salle
appellée la Salle de Def
cente. C'est un lieu où l'on
mene tous les Ambaſſadeurs
en attendant l'heure
de l'Audience . On leur
fervit à déjeuner , mais ils
ne voulurent point manger
; ils ſe laverent feulement
, car ils font d'une
propreté extraordinaire .
Ils mirent enfuire les Bonde
Siam. 181
nets qui marquent leur
Dignité , & dont je vous
ay déja parlé. Ils ont au
bas de ces Bonnets , des
Couronnes d'or larges de
deux à trois doigts , d'où
fortent des fleurs faites de
feuilles d'or tres- minces ,
au milieu deſquelles font
1 quelques Rubis à la place
de la graine . Comme les
feüilles d'or qui forment
ces fleurs font fort lege-
-fres , elles ont un mouvement
qui les fait paroiſtre
e.
182 Voyage des Amb.
toûjours agitées. Le troifiéme
Ambaſſadeur n'a
point de ces fleurs autour
de ſa Couronne , il n'a
qu'un Cercle d'or large
de deux grands doigts &
cizelé. Lors qu'ils faifoient
travailler à ces Couronnes
par un Orphévre de
Paris , cét Orphévre leur
ayant dit qu'elles eſtoient
bien legeres , le premier
Ambaſſadeur répondit ,
Qu'ils les faisoient faire
pour des hommes, & quefi
de Siam. 183
10
هللا
be
elles estoient plus lourdes, il
les faudroit donner à porter
àdesBeftes . Leshuit Mandarins
qui accompagnent
les Ambaſsadeurs,ont une
pareille coëfure de Moufſeline
, mais il n'y a point
de Couronne autour de
leurs Bonnets. Ceux à qui
ces marquesde dignitéont
eſté données , n'oferoient
paroiftre devant le Roy
de Siam ſans les avoir,
L'heure de l'Audience étant
venuë , l'Introduce
184 Voyage des7
Amb.
teur des Ambassadeurs les
vint avertir que le Roy étoit
preſt á ſe mettre dans
fon Trône , & qu'il eſtoit
temps de partir. Il faut remarquer
que la Salle où
ils eftoient , regarde prefque
l'Eſcalierpar lequel ils
devoient monter chez le
Roy , & que pour ſe rendre
à cét Efcalier , il falloit
qu'ils traverſaffent la
Court. Ils trouverent en
haye dans cette Court les
Gardes de la Prevoſté, &
de Siam. 185
lesCent- Suiſses en approchant
de l'Eſcalier . M
Giraut marchoit à la teſte
des Domeſtiques des Ambassadeurs
; M' de Blainville
, grand Maiſtre des
Ceremonies , M. de Bon-
1 neuil Introducteur des
Ambassadeurs , & M
- Stolff Gentilhomme or-
Idinaire de la Maiſon du
| Roy , & nommé par Sa
Majesté pour les accom- el
pagner pendant tout le
| temps qu'ils feront ent
உ
186 Voyage des Amb.
France , venoient enfuite.
La Lettre du Roy de Siam
eſtoit portée par douze
Suifses dans la mesme
machine qui estoit à la
ruelle du Lit du premier
Ambassadeur , & que je
vous ay déja fait voir
gravée , & l'on portoit
quatre Parasols pour
couvrir cette Machine.
On avoit ordonné que
pour faire honneur à cette
Lettre , ily auroit au pied
de l'Escalier , en dehors ,
1
1
de Siam. 187
e
trente-fix Tambours , &
و
vingt - quatre Trompetes.
Les trois Ambaſsa
deurs marchoient de
front avec M² de la Feuillade
, & l'on portoit auprés
d'eux les marques de
leur dignité , qui font de
grandes Boetes rondes cizelées
avec des couvercles
relevez . C'eſt le Roy
de Siam qui les donne , &
l'on ne paroiſt jamais de--
vant luy ſans les avoir..
Elles font differentes auf
4
Qij
188 Voyage des Amb.
fi- bien que les Couronnes
, & font connoiſtre le
rang de ceux à qui elles apartiennent.
LesCours du
Chasteau estoient toutes
remplies de monde pour
voir paffer les Ambaffadeurs
. Ils trouverent deux
hayes desCent Suiffes, fur
le grand Efcalier , dont les
Eaux joüoient & faifoient
plufieurs napes dans le
milieu. Ils le traverſerent
au bruit des Fanfares des
yingt- quatre Trompetes
de Siam.
197
a
les falüa auffi. On ne
ſçauroit rien repreſenter
où le reſpect puiſse eftre
plus marqué , qu'il
l'eſtoit fur le viſage des
Ambassadeurs & de tous
ceux de leur fuire. Ils l'imprimerent
dans tous les
coeurs , & cette extreme
veneration qu'ilsfirent paroiſtre
pour laPerſonne de
Sa Majesté, leur attira de
S
S
grandes loüanges. Le Roy
avoit à la droite de fon
Trône Monſeigneur le
Riij
198 Voyage des Amb.
Dauphin , Monfieur le
Duc de Chartres , Monfieur
le Duc de Bourbon,
& Monfieur le Comte
de Toulouſe ; & à fa gauche,
Monfieur , Monfieur
le Duc , & Monfieur le
Ducdu Maine . Sonhabit
eftoit brodé à plein. Il y
avoit deſsus pour plufieurs
millions de Pierreries
, leſquelles formoient
en beaucoup d'endroisles
ornemens de la broderie.
Tous les Princes avoient
de Siam.
199
۲
د
des habits ou brodez , ou
de brocards d'or tous
couverts de Pierreries.Celuy
de Monfieur eftoit
noir , à cauſe que ce Prince
porte le deuil, & cette
couleur donnant un plus
vif éclat aux Diamans
dont il eſtoit remply, il n'y
avoit rien de plus brillant..
L'habit de Monfieur le
Duc du Maine estoit auffi
【
S
diftingué par un tresgrand
nombre de Rubis .Tous les
حا
grands Officiers du Roy
ו
Riiij
200 Voyage des Amb.
M.le Duc de Montaufier,
& ceux qui ont des Survivances
, eſtoient derriere
Sa Majesté , & derriere
ces Princes. Aprés
les troifiémes inclinations
dont je vous viens de parler
, le premier Ambaffadeur
commença ſa Harangue
. Quand il eut achevé,
M'l'Abbé de Lionne
, qui l'avoit traduire ,
la lût en François . Comme
c'eſt une Piece qui
peut eftre dérachée , je la
de Siam. 201
referve pour la fin de cette
Relation , afin de n'interrompre
pas les particularitez
de l'Audience.
M² l'Abbé de Lionne
ayant ceffé de parler ,
le premier Ambaſſadeur
monta pour remettre la
Lettre du Roy de Siam
entre les mains de SaMajeſté.
Les deux autres l'accompagnerent
, mais ils
laifferent toûjours une
marche entre eux , & le
premier Ambaſſadeur; ain202
Voyagedes Amb.
fi ils n'approcherent pas fi
prés . Le Roy ſeleva pour
prendre la Lettre , & la
reçeut debout , &découvert.
Enfuite Sa Majesté
appella M² l'Abbé de
Lionne , & luy dit qu'il
demandaſt à l'Ambaffadeur
des nouvelles de la
Santé du Roy de Siam, &
en quel eſtat il l'avoit
laiſsé quandil eſtoit party.
Le Roy demanda auſſi des
nouvelles de la Santé de
la Princeſse Reyne , & a
de Siam. 203
1
prés les réponſes de l'Ambaſsadeur,
Sa Majesté luy
ba
dit , Que s'il avoit quelque
choſe à luy propoſer , il le
pouvoitfaire,esqu Elle l'écouteroit.
L'Ambassadeur
demeura fi penetré des
bontez du Roy , qu'il ne
répondit qu'en ſe profternant
le plus bas qu'il put,
Ils recommencerent tous
juſqu'à trois fois les mefmes
inclinations qu'ils avoient
faires en s'approchant
du Trône du Roy,
204 Voyage des Amb.
& fe retirerent ayant toujours
les mains jointes, &
marchant à reculons jufqu'au
bout dela Galerie .
Ils ne ſe retournerent que
lors qu'ils ne pûrent plus
voir le Roy , qui demeura
dans ſon Trônejuſqu'à ce
qu'ils fuſsent fortis de la
Galerie. Comme ils avoient
traverſé tous les
Appartemens fans tourner
les yeux d'aucun coſté
, ſe croyant à tous momens
fur le point de pa
de Siam. 189
2
S
qui ſuivirent. Quand on
fut au haut de l'Efcalier ,
le premier Ambaffadeur
prit dans la Machine un
Vaſe où l'on avoit mis la
Boëte d'or qui renfermoit
la Lettre du Roy fon
Maistre , & le donna à
porter au troifiéme Ambaſſadeur
, puis l'on entra
dans la premiere Salle
des Gardes . Les Gardes du
Corps estoient en haye,
& fort ferrez des deux
coftez des deux premieres
190 Voyage des Amb.
Salles du grand Aparte
ment du Roy . M'le Duc
de Luxembourg les receut
à la porte de la premiere
avec trente Officiers
des Gardes fort lettes
& en jufte-au- corps bleu.
Le compliment de M'de
Luxembourg eftant finy ,
il accompagna les Ambaffadeurs
avec tous les Officiers
de ſa fuite , juſques
au bout de la Galerie où
eſtoir le Trône du Roy ,
& les Trompetes qui é
de Siam. 191
toient entrez avec les
meſmes Ambaffadeurs
pour accompagner la Lettre
du Roy de Siam,&luy
faire plus d'honneur,joue
rent juſques au bout de
la ſeconde Salle où les
Gardes du Corps eſtoient
en haye , & ne pafferent
point dans le reſte de l'Appartement,
que tous ceux
que je vous ay marquez
traverſerent. Ils entrerent
enfuite dans le Salon qui
eſt au bout de l'Apparte
192 Voyage des Amb.
ment , & par lequel on
va dans la Galerie , &
dés qu'ils furent ſous la
grande Arcade qui la ſepare
de ce Salon , & d'où
l'on pouvoit voir le Roy
en face , ils firent trois
profondes inclinations , &
tenant leurs mains jointes
, ils les éleverent autant
de fois juſques à leur
front . Ils firent la meſme
choſe au milieu de la Galerie,
dans laquelle étoient
environ quinze cens perſonnes
deSiam.
193
ſonnes , ce quiformoit fix
à fept rangs de chaque
cofté,& malgré cette foule
M'le Duc d'Aumont,
premier Gentilhomme de
la Chambre d'année , &
qui en cette qualité commandoit
dans lesAppartemens
avoit fi bien pris
ſes meſures , que fix perſonnes
pouvoient paffer
de front dans l'eſpace qui
reftoit vuide au milieu de
la Galerie . Le Trône d'argent
du Roy estoit poſé
د
R
194 Voyage des Amb.
fur une Eſtrade elevée de
neuf marches , & les marches
eftoient couvertes
d'un Tapis à fonds d'or.
Il y en avoit encore un
plus riche ſur l'eſplanade
, & autour de ce Tapis
eftoit une campanne
en broderie qui débordoit
fur la neuvième marche.
Les coſtez de ces neuf
marches eftoient garnis
de grandes Torcheres
d'argent de neuf pieds de
haut,&par delà les mar
de Siam. 195
ches , en élargiſſant toujours
, il y en avoit environ
dans l'eſpace de quatorze
ou quinze pieds de
long, entremelez de grandes
Buires , & de grands
Vaſes d'argent . Cet efpace
eſtoit pour mettre la
fuite des Ambaſſadeurs .
Comme elle precedoit ,
elley fut rangée à droite
& à gauche par M'Giraut ,
& ceux qui la compofoient
ſe profternerent
auffi - toft .Ils auroient toû-
Rij
196 Voyage des Amb.
jours eu le viſage contre
terre , fi le Roy n'euſt
permis qu'ils le regardaffent.
Lors qu'on en parla
à Sa Majesté , Elle dit,
Qu'ils estoient venus de
trop loin pour ne leur pas
permettre de le voir Quand
les trois Ambaſſadeurs furent
au pied de l'Eſtrade ,
ils firent leurs troiſiémes
inclinations , & les firent
fi profondes , qu'on
peut dire , que leur tefte
toucha la terre ; le Roy
de Siam.
205
roiſtre devant le Roy, la
beauté & la richesse des
Appartemens les furprirent
en fortant, & cedant
alors à la curiofité , ils ſe
détacherent pour en regarder
les Meubles . On
leur dit qu'on les ameneroit
tout exprés , afin qu'-
ils pûffent les voir à loifir ,
& le premier Ambaffadeur
répondit , Que c'eftoient
des choses à voir plus
d'une fois. Ils furent reconduits
dans la Salle où
206 Voyage des Amb.
,
ils eftoient defcendus en
arrivant ; & aprés qu'ils
s'y furent un peu repoſez ,
& qu'ils eurent ofté leurs
Bonnets de Ceremonie ,
on les mena dans une autre
Salle , où l'on avoit
ſervy un magnifique Difné.
Ils estoient tout remplis
de l'air majestueux &
delabontédu Roy , & en
parlement avec admiration
pendant la plus grande
partie du Repas ; ce
qu'ils font encore tous
de Siam .
T
0
207
les jours. M'de la Feüillade
diſna avec eux , &
fut placé à la droite entre
le premier , & le fecond
Ambaſſadeur . A la gauche
eſtoient le ſecond Ambaffadeur,
& M² de Bonneüil
enfuite ; à la droite M.
Stolf, à la gauche M. le
Chevalier de Chaumont;
à la droite les huit Mandarins
, à la gauche & vis
à vis , M' Delrieu , Maiftre
d'Hoſtel ordinaire de
la Maiſon du Roy , M.
r
208 Voyage des Amb.
l'Abbé de Lionne , & M.
Giraut. La Table estoit à
Pans,& comme elle estoit
extrémement grande , &
qu'il auroit eſté impoffible
que le plus grand
homme euſt placé des
plats juſques au milieu ,
on yavoit mis cinq Corbeilles
d'argent remplies
des plus belles fleurs, qui
toutes enſemble formoient
une piramide tresagreable.
Les plats furent
portez par les Cent Suif
de Siam. 209)
fes du Roy, ayant en tefte
M² de Riveroles , Controleur
de la Maiſon de Sa
Majeſté. Il y eur trois Services
,fans celuy du Fruit,,
& chaque fervice fut de
trente grands Plats , fans.
comprer les Hors- d'oen--
vre , & les Salades . Le
Defferr eſtoit parfaites
ment beau , & de pirami--
des fort élevées , & le
coloris des fruits , des
fleurs , & des confitures
1
ſeches faifoir un effer
2
S
210 Voyage des Amb.
plaiſant à la veuë. On fervit
quantité de Sous- coupes
, les unes remplies de
differentes liqueurs , &
les autres couvertes de
Taffes , remplies de toutes
fortes d'Eaux glacées ,
Onferviten meſme temps
une autre Table dans un
autre endroit , pour les
Secretaires , & les autres
Perſonnes de la fuite des
Ambaſſadeurs , fans celle
qui fut fervie pour les
Domestiques.Les Ambaf
deSiam. 211
fadeurs & les Mandarins
allerent en fortant de ta--
ble prendre leurs Bonnets.
de Ceremonie , parce que
c'eſtoit l'heure marquée:
pour l'Audience qu'ils de--
voient avoir de Monfeigueur
le Dauphin. Ils fe
rendirent chez ce Prince,
conduits par les mcfmess
Perſonnes qui les avoient
accompagnez à l'Audien
ce du Roy , & pafferent
au travers d'une double
S
e
es
1 haye de Gardes du Corps..
S. ij
212 Voyage des Amb.
Dés qu'ils apperçeûrent
Monſeigneur le Dauphin,
ils firent les meſmes inclinations
qu'ils avoient
faires chez leRoy.Le ſujet
du Compliment de l'Ambaſſadeur
fut fur ce que
le Roy Son Maistre regardoit
ce Prince comme le
digne Fils du plus grand
Roy de l'Europe , & dont
les grandes qualitez,
les Victoires s'estoient fait
connoistre jusques aux extrémite,
z de l'Univers , &
de Siam.
213
que mesme dans le temps
que le Roy faisoit des choses
qui paroiffent incroyables à
Ses Sujets-mefmes , le Roy
Son Maistre avoit eu le
bonheur de les apprendre ,
& d'en recevoir les confirmations
. Ilajoûta , que ce
mesme Roy esperoit que
Monseigneur le Dauphin
eftant forty d'un Sang ft
glorieux es fi genereux ,
-estant luy - mesme si bien-
- faisant , luy accorderoit les
= mesmes avantages , & la
214 Voyage des Amb.
misme amitié que le Roy
Son Pere , esqu'il estoit faché
de n'avoir pas eu le
temps de chercher dans toutes
les Indes des chofes plus
curieuses que celles qu'il luy
envoyoit. Monfcigneur le
Dauphin remercia non
ſeulement le Roy de
Siam , & les Ambaffadeurs
dans fa réponſe;
mais ce Prince fit auffi
connoiſtre qu'il leur donneroit
des marques de ſa
reconnoiffance . Les mou
deSiam. 215
vemens de leurs viſages
montrerent combien ils
eſtoient ſenſibles à des paroles
fi obligeantes , & ils
n'oferent y répondre
qu'en ſe profternant le
plus bas qu'il leur fut
poffible. Ils ſe retirerent
de la même maniere qu'ils
avoient fait chez le Roy.
Ils n'eurent point Audience
de Madame la Dauphine
, parce qu'elle eftoir
accouchée le jour precedent,&
en fortant de chez
216 Voyage des Amb.
Monteigneur le Dauphin,
ils allerent chez Monfeigneur
le Duc de Bourgogne.
Les meſmes Ceremonies
y furent obfervées.
Je ne les repereray
point , & vous diray feulement
qu'elles ont eſté
égales pour toute la Maifon
Royale. L'Ambaffadeur
dit à Monſeigneur le
Duc de Bourgogne , Que
le Roy de Siam s'estoit réjozy
de fon heureuse Naif-
Sance, &les avoit chargez,
de
de Siam. 217
2
de l'en afſeurer; que la Princeffe
Reine luy envoyoit de
petites bagatelles pour le divertir
quelques momens ,
&quefi elles luy plaiſoient,
elle auroit ſoin de luy en envoyer
d'autres. Ils firent à
peu prés le meſme compliment
chez Monfeigneur
le Duc d'Anjou ,
& pafferent enfuite dans
la Chambre de Monfeigneur
le Duc de Berry.
L'Ambaſſadeur luy dit
Qu'il ne pouvoit que Sou-
T
218 Voyage des Amb.
haitertoutessortes de profperitez
à un Prince qui ne
Sçavoit pas encore parler,
qu'il estoit persuadé qu'il
feroit un jour un tres- grand
Prince, puis qu'il ſembloit
n'eſtre né que pour donner
ſa premiere Audience
à des Ambaſſadeurs venus
defix mille lieuës , & d'un
Païs d'où il n'en estoit point
encore venu en France, &
qu'il ne doutoit pas que lors
qu'il feroit plus grand , le
Roy Son Maistre ne luy
de Siam. 219
fuft connu , & qu'il ne s'en
Souvinſt, puis qu'on avoit
foin d'écrire l'Histoire des
Princes , &que l'Audience
qu'ils avoient ,ſeroit le premier
évenement qu'il rencontreroit
dans la fienne aprés
ſa Naiſſance. Madame
la Mareſchale de la
Mothe, Gouvernantedes
Enfans de France, répondit
à tous ces Complimens
avec l'eſprit qu'on ſçait
qu'elle a toûjours fait paroiſtre
en de pareilles oc-
Tij
220 Voyagedes Amb.
cafions. Ils traverſerent
enfuite la Galerie qui conduit
à l'Appartement de
Monfieur. Ils furent reçûs
par le Capitaine , &
les Officiers deſes Gardes ,
& pafferent la premiere
Sale au travers d'une
double haye des Gardes
du Corps de fon Alteſſe
Royale , & aprés avoir
traverſé pluſieurs Chambres
ils trouverent ce
Prince environné de toude
ſa Cour qui estoit fort
de Siam. 220
nombreuſe. Le Premier
Ambaffadeur , aprés avoir
felicité Monfieur fur les
Villes qu'il a prifes , & fur
le gain de la Bataille de
Caffel , s'étendit ſur la
parfaite union qui eſt en-
:
tre le Roy & ce Prince ,
& qui fait que les Ennemis
du Roy tont les fiens. IL
ajoûta , Qu'il ne doutoit
point que cette union &cette
conformité defentimens
ne fust cauſe qu'il n'eust
pour le Roy Son Maſtre les
Tij
222 Voyage des Amb.
mesmes sentimens que le
Roy avoit pour ce Monarque
, & qu'il eſperoit
que les Amis du Roy Son
Frere seroient ſes Amis,
commeſes Ennemis étoient
devenus lesſiens. Monfieur -
ayant fait à ce compliment
une réponſe auſſi favorable
que les Ambaffadeurs
la pouvoient attendre
, ils allerent chez
Madame, & pafferent encore
au travers d'une
double haye de Gardes
de Siam. 223
du Corps rangez dans la
premiere Salle . Madame
eſtoit accompagnée d'un
grand nombre de Princeffes
& de Ducheffes , & des
principales Dames de fa
Mailo Maiſon , dont les habits
eſtoient tout garnis de
pierreries. Il dit à Madame
, Que c'estoit pour eux
un honneurfort grand , que
de pouvoirfalüer une Heroïne
, Femme d'un Heros
quiestoit Frere d'un grand
5 invincible Monarque ..
Tij (
224 Voyage des Amb.
Es qu'ils mettroient ce jour
là au nombre des plus heureux
de leur vie. Aprés cette
Audience on les reconduifit
dans la Salle où ils
eſtoient defcendus d'abord.
Ilsy quiterent leurs
Bonnets de ceremonie , &
on leur prefenta la Collation
, mais ils ne mangerent
point. Ils monterent
enfuire en Caroffe pour
s'en retourner , & pafferent
encore entre les
Compagnies Françoiſes &
de Siam. 22.5
Suiffes de Garde qui eftoient
fous les Armes. Le
reſte du jour ils ne parlerent
que du Roy , de fa
bonne mine,de ſa taille,&
de la bonté qu'il mefle fi
dignement avec la fierté
Royale qu'un Monarque
doit avoir.
la Fiévre- quarte , dont il
ayoit eu quelques accés ,
declara qu'il donneroit
Audience aux Ambaſſadeus
le premier jour de
Septembre . Ce jour - là
M'le Maréchal Duc de la
Feuillade, M'de Bonneuil,
Introducteur des Ambaffadeurs
, &M* Giraut, qui
맥 l'accompagne toujours
dans cette fonction , les
Pij
172 Voyage des Amb.
allerent prendre à l'Ho
ſtel des Ambaſſadeurs ,
dans les Caroffes du Roy,
& de Madame la Dauphine
, avec pluſieurs autres
Caroſſes de ſuite. M.
de la Feuillade leur marqua
la joye qu'il avoit de
les venir querir pour les
mener à l'Audience du
Roy , & leur dit qu'il auroit
l'honneur deles conduire
à toutes les Audiences
que leur donneroit Sa
Majefté. Le premier Amde
Siam.
173
.
a
baffadeur luy fit connoiſtre
l'extrême paffion qu'-
ils avoient de voir le Roy,
&luy dit, Que cet heureux
jour, pour lequel ils avoient
traverſé tant de Mers ,
estoit enfin arrivé Ils monterent
enfuite dans le Caroffe
du Roy , qui fut environné
de pluſieurs Va-
Iets de pied de Sa Majeſté
, & précedé par ceux
de M. de la Feuillade. Ils
s'entretinrent pendant la
plus grande partie du che-
Pij
174 Voyage des Amb.
min de la Religion des Siamois
, dont M. de la Feuillade
demanda les particularitez
. L'Ambaffadeur
luy répondit avec beaucoup
d'eſprit , Que tout ce
qu'on diſoit d'une Religion
inconnuë devoit d'abord
paroiftre ridicule à des per
Sonnes qui n'en avoient
nulle connoiffance , & qui
en profefforent une autre ,
parce qu'il eft naturel de
croire toûjours la Religion
que l'on a embraßee , 04
deSiam.
175
汇
dans laquelle on est né , la
1 meilleure de toutes , esqu'-
+ enfin il falloit plus de temps
pour parler à fond fur une
Afi grande matiere, &entrer
dans des details qui de
mandoient plus d'application
qu'ils n'en pouvoient
alors donner; qu'autrement
201
e
01
les choses les plus réelles pa-
* roiſſoient fans fondement
Es sans vray -Semblance..
Aprés cela ilsentrerent.en
10
conversation, & l'Ambaf_
fadeur ayant expliqué à
Pij
176 Voyage des Amb.
peu prés les chofes que je
vous ay déja marquées ſur
leur Religion , en ajoûta
trois , qu'il dit en eſtre les
trois principaux points ,
qui font, l'Amour des Ennemis
, l'Humilité , & la
Penitence.
Comme on ne peut aller
à Versailles fans voir
Saint Cloud & Meudon ,
& que ces Maiſons paroiffent
beaucoup , on dit
à l'Ambaſſadeur que l'une
appartenoit à Monfieur,
deSiam. 177
1
Frere unique de Sa Majeſté
, & l'autre à M. de
Louvois , Miniſtre d'Etat .
Il dit qu'il ne s'étonnoit
point de voir de fi belles
- Maiſons dans le Royaume,
Essur tout aprés le haut
point de gloire où le Roy avoit
mis la France. Enfin
on arriva à Versailles par
la grande avenuë, aprés
une converſation toute
pleine d'eſprit. Il y avoit
e dans la premiere Court
r mille hommes du Regi
178 Voyage des Amb.
ment des Gardes Françoi
fes& Suiffes ſous les armes
. Ils estoient tous veftus
en Juſteau corps rouges
brodez , & formoient
cinq files de chaque cofté,
Enſeignes déployées , &
tous lesOfficiers laPique à
la main. Les Suiffes eftoiet
à droite , & les François
à gauche , mais fans qu'ils
changent de diſpoſition ,
les François fe trouvent à
la droite de ceux qui fortent
du Chafteau , & les
de Siam. 179
S
ر
a
es
Suiffes à la gauche . On dit
aux Ambaſſadeurs que
c'eſtoit la Garde ordinaire
de dehors , qui monte
tous les trois jours. On
trouva les Gardes de la
Porte, qui formoient deux
hayes au delà de la porte
de la feconde Court . Ces
Gardes font pour ouvrir
la porte à ceux dont les
Caroffes ont droit d'enrrer
dans le Louvre ; ils
ne la gardent point la
nuit , & à fix heures du
180 Voyage des Amb.
ſoir les Gardes du Corps
en prennent poffeffion .
Les Ambaſſadeurs furent
conduits dans une Salle
appellée la Salle de Def
cente. C'est un lieu où l'on
mene tous les Ambaſſadeurs
en attendant l'heure
de l'Audience . On leur
fervit à déjeuner , mais ils
ne voulurent point manger
; ils ſe laverent feulement
, car ils font d'une
propreté extraordinaire .
Ils mirent enfuire les Bonde
Siam. 181
nets qui marquent leur
Dignité , & dont je vous
ay déja parlé. Ils ont au
bas de ces Bonnets , des
Couronnes d'or larges de
deux à trois doigts , d'où
fortent des fleurs faites de
feuilles d'or tres- minces ,
au milieu deſquelles font
1 quelques Rubis à la place
de la graine . Comme les
feüilles d'or qui forment
ces fleurs font fort lege-
-fres , elles ont un mouvement
qui les fait paroiſtre
e.
182 Voyage des Amb.
toûjours agitées. Le troifiéme
Ambaſſadeur n'a
point de ces fleurs autour
de ſa Couronne , il n'a
qu'un Cercle d'or large
de deux grands doigts &
cizelé. Lors qu'ils faifoient
travailler à ces Couronnes
par un Orphévre de
Paris , cét Orphévre leur
ayant dit qu'elles eſtoient
bien legeres , le premier
Ambaſſadeur répondit ,
Qu'ils les faisoient faire
pour des hommes, & quefi
de Siam. 183
10
هللا
be
elles estoient plus lourdes, il
les faudroit donner à porter
àdesBeftes . Leshuit Mandarins
qui accompagnent
les Ambaſsadeurs,ont une
pareille coëfure de Moufſeline
, mais il n'y a point
de Couronne autour de
leurs Bonnets. Ceux à qui
ces marquesde dignitéont
eſté données , n'oferoient
paroiftre devant le Roy
de Siam ſans les avoir,
L'heure de l'Audience étant
venuë , l'Introduce
184 Voyage des7
Amb.
teur des Ambassadeurs les
vint avertir que le Roy étoit
preſt á ſe mettre dans
fon Trône , & qu'il eſtoit
temps de partir. Il faut remarquer
que la Salle où
ils eftoient , regarde prefque
l'Eſcalierpar lequel ils
devoient monter chez le
Roy , & que pour ſe rendre
à cét Efcalier , il falloit
qu'ils traverſaffent la
Court. Ils trouverent en
haye dans cette Court les
Gardes de la Prevoſté, &
de Siam. 185
lesCent- Suiſses en approchant
de l'Eſcalier . M
Giraut marchoit à la teſte
des Domeſtiques des Ambassadeurs
; M' de Blainville
, grand Maiſtre des
Ceremonies , M. de Bon-
1 neuil Introducteur des
Ambassadeurs , & M
- Stolff Gentilhomme or-
Idinaire de la Maiſon du
| Roy , & nommé par Sa
Majesté pour les accom- el
pagner pendant tout le
| temps qu'ils feront ent
உ
186 Voyage des Amb.
France , venoient enfuite.
La Lettre du Roy de Siam
eſtoit portée par douze
Suifses dans la mesme
machine qui estoit à la
ruelle du Lit du premier
Ambassadeur , & que je
vous ay déja fait voir
gravée , & l'on portoit
quatre Parasols pour
couvrir cette Machine.
On avoit ordonné que
pour faire honneur à cette
Lettre , ily auroit au pied
de l'Escalier , en dehors ,
1
1
de Siam. 187
e
trente-fix Tambours , &
و
vingt - quatre Trompetes.
Les trois Ambaſsa
deurs marchoient de
front avec M² de la Feuillade
, & l'on portoit auprés
d'eux les marques de
leur dignité , qui font de
grandes Boetes rondes cizelées
avec des couvercles
relevez . C'eſt le Roy
de Siam qui les donne , &
l'on ne paroiſt jamais de--
vant luy ſans les avoir..
Elles font differentes auf
4
Qij
188 Voyage des Amb.
fi- bien que les Couronnes
, & font connoiſtre le
rang de ceux à qui elles apartiennent.
LesCours du
Chasteau estoient toutes
remplies de monde pour
voir paffer les Ambaffadeurs
. Ils trouverent deux
hayes desCent Suiffes, fur
le grand Efcalier , dont les
Eaux joüoient & faifoient
plufieurs napes dans le
milieu. Ils le traverſerent
au bruit des Fanfares des
yingt- quatre Trompetes
de Siam.
197
a
les falüa auffi. On ne
ſçauroit rien repreſenter
où le reſpect puiſse eftre
plus marqué , qu'il
l'eſtoit fur le viſage des
Ambassadeurs & de tous
ceux de leur fuire. Ils l'imprimerent
dans tous les
coeurs , & cette extreme
veneration qu'ilsfirent paroiſtre
pour laPerſonne de
Sa Majesté, leur attira de
S
S
grandes loüanges. Le Roy
avoit à la droite de fon
Trône Monſeigneur le
Riij
198 Voyage des Amb.
Dauphin , Monfieur le
Duc de Chartres , Monfieur
le Duc de Bourbon,
& Monfieur le Comte
de Toulouſe ; & à fa gauche,
Monfieur , Monfieur
le Duc , & Monfieur le
Ducdu Maine . Sonhabit
eftoit brodé à plein. Il y
avoit deſsus pour plufieurs
millions de Pierreries
, leſquelles formoient
en beaucoup d'endroisles
ornemens de la broderie.
Tous les Princes avoient
de Siam.
199
۲
د
des habits ou brodez , ou
de brocards d'or tous
couverts de Pierreries.Celuy
de Monfieur eftoit
noir , à cauſe que ce Prince
porte le deuil, & cette
couleur donnant un plus
vif éclat aux Diamans
dont il eſtoit remply, il n'y
avoit rien de plus brillant..
L'habit de Monfieur le
Duc du Maine estoit auffi
【
S
diftingué par un tresgrand
nombre de Rubis .Tous les
حا
grands Officiers du Roy
ו
Riiij
200 Voyage des Amb.
M.le Duc de Montaufier,
& ceux qui ont des Survivances
, eſtoient derriere
Sa Majesté , & derriere
ces Princes. Aprés
les troifiémes inclinations
dont je vous viens de parler
, le premier Ambaffadeur
commença ſa Harangue
. Quand il eut achevé,
M'l'Abbé de Lionne
, qui l'avoit traduire ,
la lût en François . Comme
c'eſt une Piece qui
peut eftre dérachée , je la
de Siam. 201
referve pour la fin de cette
Relation , afin de n'interrompre
pas les particularitez
de l'Audience.
M² l'Abbé de Lionne
ayant ceffé de parler ,
le premier Ambaſſadeur
monta pour remettre la
Lettre du Roy de Siam
entre les mains de SaMajeſté.
Les deux autres l'accompagnerent
, mais ils
laifferent toûjours une
marche entre eux , & le
premier Ambaſſadeur; ain202
Voyagedes Amb.
fi ils n'approcherent pas fi
prés . Le Roy ſeleva pour
prendre la Lettre , & la
reçeut debout , &découvert.
Enfuite Sa Majesté
appella M² l'Abbé de
Lionne , & luy dit qu'il
demandaſt à l'Ambaffadeur
des nouvelles de la
Santé du Roy de Siam, &
en quel eſtat il l'avoit
laiſsé quandil eſtoit party.
Le Roy demanda auſſi des
nouvelles de la Santé de
la Princeſse Reyne , & a
de Siam. 203
1
prés les réponſes de l'Ambaſsadeur,
Sa Majesté luy
ba
dit , Que s'il avoit quelque
choſe à luy propoſer , il le
pouvoitfaire,esqu Elle l'écouteroit.
L'Ambassadeur
demeura fi penetré des
bontez du Roy , qu'il ne
répondit qu'en ſe profternant
le plus bas qu'il put,
Ils recommencerent tous
juſqu'à trois fois les mefmes
inclinations qu'ils avoient
faires en s'approchant
du Trône du Roy,
204 Voyage des Amb.
& fe retirerent ayant toujours
les mains jointes, &
marchant à reculons jufqu'au
bout dela Galerie .
Ils ne ſe retournerent que
lors qu'ils ne pûrent plus
voir le Roy , qui demeura
dans ſon Trônejuſqu'à ce
qu'ils fuſsent fortis de la
Galerie. Comme ils avoient
traverſé tous les
Appartemens fans tourner
les yeux d'aucun coſté
, ſe croyant à tous momens
fur le point de pa
de Siam. 189
2
S
qui ſuivirent. Quand on
fut au haut de l'Efcalier ,
le premier Ambaffadeur
prit dans la Machine un
Vaſe où l'on avoit mis la
Boëte d'or qui renfermoit
la Lettre du Roy fon
Maistre , & le donna à
porter au troifiéme Ambaſſadeur
, puis l'on entra
dans la premiere Salle
des Gardes . Les Gardes du
Corps estoient en haye,
& fort ferrez des deux
coftez des deux premieres
190 Voyage des Amb.
Salles du grand Aparte
ment du Roy . M'le Duc
de Luxembourg les receut
à la porte de la premiere
avec trente Officiers
des Gardes fort lettes
& en jufte-au- corps bleu.
Le compliment de M'de
Luxembourg eftant finy ,
il accompagna les Ambaffadeurs
avec tous les Officiers
de ſa fuite , juſques
au bout de la Galerie où
eſtoir le Trône du Roy ,
& les Trompetes qui é
de Siam. 191
toient entrez avec les
meſmes Ambaffadeurs
pour accompagner la Lettre
du Roy de Siam,&luy
faire plus d'honneur,joue
rent juſques au bout de
la ſeconde Salle où les
Gardes du Corps eſtoient
en haye , & ne pafferent
point dans le reſte de l'Appartement,
que tous ceux
que je vous ay marquez
traverſerent. Ils entrerent
enfuite dans le Salon qui
eſt au bout de l'Apparte
192 Voyage des Amb.
ment , & par lequel on
va dans la Galerie , &
dés qu'ils furent ſous la
grande Arcade qui la ſepare
de ce Salon , & d'où
l'on pouvoit voir le Roy
en face , ils firent trois
profondes inclinations , &
tenant leurs mains jointes
, ils les éleverent autant
de fois juſques à leur
front . Ils firent la meſme
choſe au milieu de la Galerie,
dans laquelle étoient
environ quinze cens perſonnes
deSiam.
193
ſonnes , ce quiformoit fix
à fept rangs de chaque
cofté,& malgré cette foule
M'le Duc d'Aumont,
premier Gentilhomme de
la Chambre d'année , &
qui en cette qualité commandoit
dans lesAppartemens
avoit fi bien pris
ſes meſures , que fix perſonnes
pouvoient paffer
de front dans l'eſpace qui
reftoit vuide au milieu de
la Galerie . Le Trône d'argent
du Roy estoit poſé
د
R
194 Voyage des Amb.
fur une Eſtrade elevée de
neuf marches , & les marches
eftoient couvertes
d'un Tapis à fonds d'or.
Il y en avoit encore un
plus riche ſur l'eſplanade
, & autour de ce Tapis
eftoit une campanne
en broderie qui débordoit
fur la neuvième marche.
Les coſtez de ces neuf
marches eftoient garnis
de grandes Torcheres
d'argent de neuf pieds de
haut,&par delà les mar
de Siam. 195
ches , en élargiſſant toujours
, il y en avoit environ
dans l'eſpace de quatorze
ou quinze pieds de
long, entremelez de grandes
Buires , & de grands
Vaſes d'argent . Cet efpace
eſtoit pour mettre la
fuite des Ambaſſadeurs .
Comme elle precedoit ,
elley fut rangée à droite
& à gauche par M'Giraut ,
& ceux qui la compofoient
ſe profternerent
auffi - toft .Ils auroient toû-
Rij
196 Voyage des Amb.
jours eu le viſage contre
terre , fi le Roy n'euſt
permis qu'ils le regardaffent.
Lors qu'on en parla
à Sa Majesté , Elle dit,
Qu'ils estoient venus de
trop loin pour ne leur pas
permettre de le voir Quand
les trois Ambaſſadeurs furent
au pied de l'Eſtrade ,
ils firent leurs troiſiémes
inclinations , & les firent
fi profondes , qu'on
peut dire , que leur tefte
toucha la terre ; le Roy
de Siam.
205
roiſtre devant le Roy, la
beauté & la richesse des
Appartemens les furprirent
en fortant, & cedant
alors à la curiofité , ils ſe
détacherent pour en regarder
les Meubles . On
leur dit qu'on les ameneroit
tout exprés , afin qu'-
ils pûffent les voir à loifir ,
& le premier Ambaffadeur
répondit , Que c'eftoient
des choses à voir plus
d'une fois. Ils furent reconduits
dans la Salle où
206 Voyage des Amb.
,
ils eftoient defcendus en
arrivant ; & aprés qu'ils
s'y furent un peu repoſez ,
& qu'ils eurent ofté leurs
Bonnets de Ceremonie ,
on les mena dans une autre
Salle , où l'on avoit
ſervy un magnifique Difné.
Ils estoient tout remplis
de l'air majestueux &
delabontédu Roy , & en
parlement avec admiration
pendant la plus grande
partie du Repas ; ce
qu'ils font encore tous
de Siam .
T
0
207
les jours. M'de la Feüillade
diſna avec eux , &
fut placé à la droite entre
le premier , & le fecond
Ambaſſadeur . A la gauche
eſtoient le ſecond Ambaffadeur,
& M² de Bonneüil
enfuite ; à la droite M.
Stolf, à la gauche M. le
Chevalier de Chaumont;
à la droite les huit Mandarins
, à la gauche & vis
à vis , M' Delrieu , Maiftre
d'Hoſtel ordinaire de
la Maiſon du Roy , M.
r
208 Voyage des Amb.
l'Abbé de Lionne , & M.
Giraut. La Table estoit à
Pans,& comme elle estoit
extrémement grande , &
qu'il auroit eſté impoffible
que le plus grand
homme euſt placé des
plats juſques au milieu ,
on yavoit mis cinq Corbeilles
d'argent remplies
des plus belles fleurs, qui
toutes enſemble formoient
une piramide tresagreable.
Les plats furent
portez par les Cent Suif
de Siam. 209)
fes du Roy, ayant en tefte
M² de Riveroles , Controleur
de la Maiſon de Sa
Majeſté. Il y eur trois Services
,fans celuy du Fruit,,
& chaque fervice fut de
trente grands Plats , fans.
comprer les Hors- d'oen--
vre , & les Salades . Le
Defferr eſtoit parfaites
ment beau , & de pirami--
des fort élevées , & le
coloris des fruits , des
fleurs , & des confitures
1
ſeches faifoir un effer
2
S
210 Voyage des Amb.
plaiſant à la veuë. On fervit
quantité de Sous- coupes
, les unes remplies de
differentes liqueurs , &
les autres couvertes de
Taffes , remplies de toutes
fortes d'Eaux glacées ,
Onferviten meſme temps
une autre Table dans un
autre endroit , pour les
Secretaires , & les autres
Perſonnes de la fuite des
Ambaſſadeurs , fans celle
qui fut fervie pour les
Domestiques.Les Ambaf
deSiam. 211
fadeurs & les Mandarins
allerent en fortant de ta--
ble prendre leurs Bonnets.
de Ceremonie , parce que
c'eſtoit l'heure marquée:
pour l'Audience qu'ils de--
voient avoir de Monfeigueur
le Dauphin. Ils fe
rendirent chez ce Prince,
conduits par les mcfmess
Perſonnes qui les avoient
accompagnez à l'Audien
ce du Roy , & pafferent
au travers d'une double
S
e
es
1 haye de Gardes du Corps..
S. ij
212 Voyage des Amb.
Dés qu'ils apperçeûrent
Monſeigneur le Dauphin,
ils firent les meſmes inclinations
qu'ils avoient
faires chez leRoy.Le ſujet
du Compliment de l'Ambaſſadeur
fut fur ce que
le Roy Son Maistre regardoit
ce Prince comme le
digne Fils du plus grand
Roy de l'Europe , & dont
les grandes qualitez,
les Victoires s'estoient fait
connoistre jusques aux extrémite,
z de l'Univers , &
de Siam.
213
que mesme dans le temps
que le Roy faisoit des choses
qui paroiffent incroyables à
Ses Sujets-mefmes , le Roy
Son Maistre avoit eu le
bonheur de les apprendre ,
& d'en recevoir les confirmations
. Ilajoûta , que ce
mesme Roy esperoit que
Monseigneur le Dauphin
eftant forty d'un Sang ft
glorieux es fi genereux ,
-estant luy - mesme si bien-
- faisant , luy accorderoit les
= mesmes avantages , & la
214 Voyage des Amb.
misme amitié que le Roy
Son Pere , esqu'il estoit faché
de n'avoir pas eu le
temps de chercher dans toutes
les Indes des chofes plus
curieuses que celles qu'il luy
envoyoit. Monfcigneur le
Dauphin remercia non
ſeulement le Roy de
Siam , & les Ambaffadeurs
dans fa réponſe;
mais ce Prince fit auffi
connoiſtre qu'il leur donneroit
des marques de ſa
reconnoiffance . Les mou
deSiam. 215
vemens de leurs viſages
montrerent combien ils
eſtoient ſenſibles à des paroles
fi obligeantes , & ils
n'oferent y répondre
qu'en ſe profternant le
plus bas qu'il leur fut
poffible. Ils ſe retirerent
de la même maniere qu'ils
avoient fait chez le Roy.
Ils n'eurent point Audience
de Madame la Dauphine
, parce qu'elle eftoir
accouchée le jour precedent,&
en fortant de chez
216 Voyage des Amb.
Monteigneur le Dauphin,
ils allerent chez Monfeigneur
le Duc de Bourgogne.
Les meſmes Ceremonies
y furent obfervées.
Je ne les repereray
point , & vous diray feulement
qu'elles ont eſté
égales pour toute la Maifon
Royale. L'Ambaffadeur
dit à Monſeigneur le
Duc de Bourgogne , Que
le Roy de Siam s'estoit réjozy
de fon heureuse Naif-
Sance, &les avoit chargez,
de
de Siam. 217
2
de l'en afſeurer; que la Princeffe
Reine luy envoyoit de
petites bagatelles pour le divertir
quelques momens ,
&quefi elles luy plaiſoient,
elle auroit ſoin de luy en envoyer
d'autres. Ils firent à
peu prés le meſme compliment
chez Monfeigneur
le Duc d'Anjou ,
& pafferent enfuite dans
la Chambre de Monfeigneur
le Duc de Berry.
L'Ambaſſadeur luy dit
Qu'il ne pouvoit que Sou-
T
218 Voyage des Amb.
haitertoutessortes de profperitez
à un Prince qui ne
Sçavoit pas encore parler,
qu'il estoit persuadé qu'il
feroit un jour un tres- grand
Prince, puis qu'il ſembloit
n'eſtre né que pour donner
ſa premiere Audience
à des Ambaſſadeurs venus
defix mille lieuës , & d'un
Païs d'où il n'en estoit point
encore venu en France, &
qu'il ne doutoit pas que lors
qu'il feroit plus grand , le
Roy Son Maistre ne luy
de Siam. 219
fuft connu , & qu'il ne s'en
Souvinſt, puis qu'on avoit
foin d'écrire l'Histoire des
Princes , &que l'Audience
qu'ils avoient ,ſeroit le premier
évenement qu'il rencontreroit
dans la fienne aprés
ſa Naiſſance. Madame
la Mareſchale de la
Mothe, Gouvernantedes
Enfans de France, répondit
à tous ces Complimens
avec l'eſprit qu'on ſçait
qu'elle a toûjours fait paroiſtre
en de pareilles oc-
Tij
220 Voyagedes Amb.
cafions. Ils traverſerent
enfuite la Galerie qui conduit
à l'Appartement de
Monfieur. Ils furent reçûs
par le Capitaine , &
les Officiers deſes Gardes ,
& pafferent la premiere
Sale au travers d'une
double haye des Gardes
du Corps de fon Alteſſe
Royale , & aprés avoir
traverſé pluſieurs Chambres
ils trouverent ce
Prince environné de toude
ſa Cour qui estoit fort
de Siam. 220
nombreuſe. Le Premier
Ambaffadeur , aprés avoir
felicité Monfieur fur les
Villes qu'il a prifes , & fur
le gain de la Bataille de
Caffel , s'étendit ſur la
parfaite union qui eſt en-
:
tre le Roy & ce Prince ,
& qui fait que les Ennemis
du Roy tont les fiens. IL
ajoûta , Qu'il ne doutoit
point que cette union &cette
conformité defentimens
ne fust cauſe qu'il n'eust
pour le Roy Son Maſtre les
Tij
222 Voyage des Amb.
mesmes sentimens que le
Roy avoit pour ce Monarque
, & qu'il eſperoit
que les Amis du Roy Son
Frere seroient ſes Amis,
commeſes Ennemis étoient
devenus lesſiens. Monfieur -
ayant fait à ce compliment
une réponſe auſſi favorable
que les Ambaffadeurs
la pouvoient attendre
, ils allerent chez
Madame, & pafferent encore
au travers d'une
double haye de Gardes
de Siam. 223
du Corps rangez dans la
premiere Salle . Madame
eſtoit accompagnée d'un
grand nombre de Princeffes
& de Ducheffes , & des
principales Dames de fa
Mailo Maiſon , dont les habits
eſtoient tout garnis de
pierreries. Il dit à Madame
, Que c'estoit pour eux
un honneurfort grand , que
de pouvoirfalüer une Heroïne
, Femme d'un Heros
quiestoit Frere d'un grand
5 invincible Monarque ..
Tij (
224 Voyage des Amb.
Es qu'ils mettroient ce jour
là au nombre des plus heureux
de leur vie. Aprés cette
Audience on les reconduifit
dans la Salle où ils
eſtoient defcendus d'abord.
Ilsy quiterent leurs
Bonnets de ceremonie , &
on leur prefenta la Collation
, mais ils ne mangerent
point. Ils monterent
enfuire en Caroffe pour
s'en retourner , & pafferent
encore entre les
Compagnies Françoiſes &
de Siam. 22.5
Suiffes de Garde qui eftoient
fous les Armes. Le
reſte du jour ils ne parlerent
que du Roy , de fa
bonne mine,de ſa taille,&
de la bonté qu'il mefle fi
dignement avec la fierté
Royale qu'un Monarque
doit avoir.
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Résumé : Tout ce qui s'est fait le jour qu'ils ont esté à l'Audience du Roy à Versailles, les Ceremonies qui ont esté observées avec les complimens qu'ils ont faits à la pluspart des Princes & Princesses de la Maison Royale, [titre d'après la table]
Après sa guérison de la fièvre quarte, le roi de France annonça qu'il recevrait les ambassadeurs siamois le 1er septembre. Le maréchal Duc de la Feuillade, accompagné de M. de Bonneuil et M. Giraut, se rendit à leur hôtel pour les escorter. Durant le trajet vers Versailles, les ambassadeurs discutèrent de la religion des Siamois, soulignant que chaque religion peut sembler ridicule à ceux qui en ignorent les détails. À Versailles, les ambassadeurs furent accueillis par des gardes en uniforme et traversèrent plusieurs cours avant d'être conduits dans la salle de descente. Ils refusèrent de déjeuner mais se préparèrent en mettant leurs bonnets de dignité ornés de couronnes d'or et de rubis. Escortés par plusieurs dignitaires, ils furent conduits à l'escalier du roi. La lettre du roi de Siam, portée par douze Suisses, fut accompagnée de tambours et de trompettes. Les ambassadeurs traversèrent les cours remplies de monde, montèrent l'escalier au son des fanfares et firent des inclinations profondes en entrant dans la galerie. Le roi, vêtu d'un habit brodé de pierreries, était entouré de princes et de grands officiers. Après la harangue de l'ambassadeur, traduite par l'abbé de Lionne, le roi reçut la lettre debout et découvert. Il demanda des nouvelles du roi de Siam et de la reine, puis invita l'ambassadeur à faire des propositions. Les ambassadeurs se retirèrent en faisant des inclinations et en marchant à reculons jusqu'à ce qu'ils ne puissent plus voir le roi. Les ambassadeurs exprimèrent leur admiration pour la beauté et la richesse des appartements royaux. Ils furent invités à un dîner somptueux, avec une table décorée de fleurs et de nombreux plats. Après le repas, ils rencontrèrent le Dauphin, qui répondit favorablement à leurs compliments. Ils rendirent également visite au duc de Bourgogne, au duc d'Anjou, et au duc de Berry, en leur adressant des compliments appropriés. Ils rencontrèrent également Monsieur et Madame, exprimant leur admiration pour leurs exploits et leur union avec le roi. Tout au long de leur visite, les ambassadeurs montrèrent une grande déférence et furent reçus avec des honneurs égaux pour toute la maison royale.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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12
p. 309-313
Description du Cabinet d'Armes du Roy. [titre d'après la table]
Début :
Dans le mesme Logis où sont les Meubles, il y [...]
Mots clefs :
Cabinet d'armes du roi, Armes, Roi, Armure, Présent, Dauphin, Épée, Japon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Description du Cabinet d'Armes du Roy. [titre d'après la table]
Dans le meſme Logis
de Siam. 309
où font les Meubles , il y
a une fort grande chambre
, appellée le Cabinet
d' Armes du Roy . Elle en
eſt toute remplie , & ce
qui eft furprenant , c'eſt
qu'il n'y a rien que de rare
,& que ce font autant
de chefs d'oeuvres de l'Art.
On y voit l'Armure que
François I. porta au Siege
de Pavie , & fur laquelle
fes Conquestes font cizelées
; celle qu Henry II.
avoit lors que l'éclat de
310 Voyage des Amb.
la Lance du Comte de
Montgommery luy donna
dans la vifiere , au
Tournoy fur le Pont Noftre
Dame ; celle dont
Louis XIII . fe fervoit;
celle dont les Venitiens
ont fait preſent à Sa Majefté
, & où ſes Conqueſtes
font gravées ; celle
que le Roy a portée en
Flandre, & celle de Monſeigneur
le Dauphin . On
voit auſſi l'Epée d'Henry
I V. fur la garde de la
de Siam.
31
quelle eft fon Portrait; il
s'eſt ſervy de cette Epée
en quatre- vingt Batailles,
ou autres Occafions remarquables.
Il y a une
Armure du Japon , fort
legere , qui garantit des
fléches , & l'on y trouve
des Sabres de la pluſpart
des Nations du monde ,
&entre autres de Turquie
, du Japon , du Tonquin
, & de la Chine. Les
Ambaffadeursnommerent
d'abord tous les Païs
312 Voyage des Amb.
d'où cesSabresſontvenus .
Ily a auffi pluſieurs Arbaleftes,&
quantitéde Fufils
tres- rares,parmy leſquels
ils envirent un qui porte
juſqu'à neuf cens pas ; on
lepeut encore tirer deux
autres coups defuire,dont
T'un porte fix cens pas ,
& l'autre trois cens . On
leur en montra un autre
qui tire quatre coups dans
l'eau . Celuv dont la Ville
a fait preſent à Monfeigaeur
le Dauphin , & qui
eft
de Siam. 313
eft de Me Piraube, eſt tresbeau.
Il y a auſſi beaucoup
de Piques & de Maſſes
d'Armes , & mefme de
petites Coulevrines. Les
Ambaſſadeurs manierent
preſque tout ce qu'il y a
de plus curieux dans ce
Cabinet , &fe firent expliquer
beaucoup de chofes.
de Siam. 309
où font les Meubles , il y
a une fort grande chambre
, appellée le Cabinet
d' Armes du Roy . Elle en
eſt toute remplie , & ce
qui eft furprenant , c'eſt
qu'il n'y a rien que de rare
,& que ce font autant
de chefs d'oeuvres de l'Art.
On y voit l'Armure que
François I. porta au Siege
de Pavie , & fur laquelle
fes Conquestes font cizelées
; celle qu Henry II.
avoit lors que l'éclat de
310 Voyage des Amb.
la Lance du Comte de
Montgommery luy donna
dans la vifiere , au
Tournoy fur le Pont Noftre
Dame ; celle dont
Louis XIII . fe fervoit;
celle dont les Venitiens
ont fait preſent à Sa Majefté
, & où ſes Conqueſtes
font gravées ; celle
que le Roy a portée en
Flandre, & celle de Monſeigneur
le Dauphin . On
voit auſſi l'Epée d'Henry
I V. fur la garde de la
de Siam.
31
quelle eft fon Portrait; il
s'eſt ſervy de cette Epée
en quatre- vingt Batailles,
ou autres Occafions remarquables.
Il y a une
Armure du Japon , fort
legere , qui garantit des
fléches , & l'on y trouve
des Sabres de la pluſpart
des Nations du monde ,
&entre autres de Turquie
, du Japon , du Tonquin
, & de la Chine. Les
Ambaffadeursnommerent
d'abord tous les Païs
312 Voyage des Amb.
d'où cesSabresſontvenus .
Ily a auffi pluſieurs Arbaleftes,&
quantitéde Fufils
tres- rares,parmy leſquels
ils envirent un qui porte
juſqu'à neuf cens pas ; on
lepeut encore tirer deux
autres coups defuire,dont
T'un porte fix cens pas ,
& l'autre trois cens . On
leur en montra un autre
qui tire quatre coups dans
l'eau . Celuv dont la Ville
a fait preſent à Monfeigaeur
le Dauphin , & qui
eft
de Siam. 313
eft de Me Piraube, eſt tresbeau.
Il y a auſſi beaucoup
de Piques & de Maſſes
d'Armes , & mefme de
petites Coulevrines. Les
Ambaſſadeurs manierent
preſque tout ce qu'il y a
de plus curieux dans ce
Cabinet , &fe firent expliquer
beaucoup de chofes.
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Résumé : Description du Cabinet d'Armes du Roy. [titre d'après la table]
Le texte présente un cabinet d'armes situé dans un logis en Siam, renfermant des armes rares et précieuses. Parmi les pièces exposées figurent les armures de François I, Henri II et Louis XIII, ainsi que celles offertes par les Vénitiens et utilisées en Flandre et par le Dauphin. L'épée d'Henri IV, ayant servi dans quatre-vingts batailles, est également présente avec son portrait. Le cabinet abrite aussi une armure légère du Japon et des sabres provenant de la Turquie, du Japon, du Tonquin et de la Chine. Les ambassadeurs ont identifié les pays d'origine de ces sabres. On y trouve également plusieurs arbalètes et fusils rares, certains capables de tirer jusqu'à neuf cents pas. Des armes telles que des piques, des masses d'armes et des coulevrines complètent la collection. Les ambassadeurs ont examiné et manipulé les pièces les plus remarquables, se faisant expliquer leurs caractéristiques.
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13
p. 316-319
Cabinet des Curiositez de Monseigneur le Dauphin, [titre d'après la table]
Début :
Monseigneur le Dauphin ayant marqué son bon goût pour tout [...]
Mots clefs :
Cabinet des curiosités, Dauphin, Cabinet, Curieux, Cabinets, Pierre Mignard
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Cabinet des Curiositez de Monseigneur le Dauphin, [titre d'après la table]
Monſeigneur le Dauphin
ayant marqué ſon bon goût
pour tout ce qui eft curieux,
dans un temps où ceux de
des Amb. de Siam. 303
l'âge que ce Prince avoit alors
, ſçavent à peine le nom
d'aucune des choſes antiques
& modernes qui compoſent
les Cabinets des ſçavans Curieux
, a pris plaiſir à en faire
un digne de luy. Lorſque
les Ambaſſadeurs allerent voir
ce Cabinet , Me de Joyeux
premier Valet de Chambre
de Monseigneur , & dont
l'activité eſt extraordinaire
pour le ſervice de ce Prince ,
leur montra non ſeulement
tout ce qu'il contient; mais
comme il ſçait parfaitement
l'hiſtoire de chaque Piece an
tique (fil'on peut parler ainfi)
304 Suite du Voyage
il fatisfit pleinement à toutes
les demandes des Ambaffadeurs
, & c'eſt beaucoup dire.
Il leur dit même le prix de
beaucoup de choſes , dont ils
defirerent d'apprendre la valeur
, & ils ne laiſſerent rien
à examiner dans ce Cabinet ,
quoy qu'il confifte en trois
Pieces qui pourroient ſeparément
eftre appellées Cabinets
, & qui toutes enſemble
renferment ce qu'on nomme
Cabinet de Monſeigneur.
L'Ambaſſadeur en trouva le
Parquet de Marqueterie admirable
, & voulut ſçavoir à
combien en revenoit la toiſe.
des Amb. de Siam. 305
Il monta fur un échaffaut qui
eſt dans le même lieu , pour
voir un Plafonds auquel M
Mignard travailloit. Il dit en
fortant , Qu'il ne s'étonnoit pas
de voir de grandes choses & de
grandes richeffes en France , ny
que Monseigneur eust mesme des
Treſors ; mais qu'il y avoit à
s'étonner de ce que les Indes eftoient
plus dans fon Cabinet , que
dans les Indes meſmes , puiſqu'on
y voyoit l'élite de tout ce qu'elles
pouvoient avoir jamais eu de plus
beau.
ayant marqué ſon bon goût
pour tout ce qui eft curieux,
dans un temps où ceux de
des Amb. de Siam. 303
l'âge que ce Prince avoit alors
, ſçavent à peine le nom
d'aucune des choſes antiques
& modernes qui compoſent
les Cabinets des ſçavans Curieux
, a pris plaiſir à en faire
un digne de luy. Lorſque
les Ambaſſadeurs allerent voir
ce Cabinet , Me de Joyeux
premier Valet de Chambre
de Monseigneur , & dont
l'activité eſt extraordinaire
pour le ſervice de ce Prince ,
leur montra non ſeulement
tout ce qu'il contient; mais
comme il ſçait parfaitement
l'hiſtoire de chaque Piece an
tique (fil'on peut parler ainfi)
304 Suite du Voyage
il fatisfit pleinement à toutes
les demandes des Ambaffadeurs
, & c'eſt beaucoup dire.
Il leur dit même le prix de
beaucoup de choſes , dont ils
defirerent d'apprendre la valeur
, & ils ne laiſſerent rien
à examiner dans ce Cabinet ,
quoy qu'il confifte en trois
Pieces qui pourroient ſeparément
eftre appellées Cabinets
, & qui toutes enſemble
renferment ce qu'on nomme
Cabinet de Monſeigneur.
L'Ambaſſadeur en trouva le
Parquet de Marqueterie admirable
, & voulut ſçavoir à
combien en revenoit la toiſe.
des Amb. de Siam. 305
Il monta fur un échaffaut qui
eſt dans le même lieu , pour
voir un Plafonds auquel M
Mignard travailloit. Il dit en
fortant , Qu'il ne s'étonnoit pas
de voir de grandes choses & de
grandes richeffes en France , ny
que Monseigneur eust mesme des
Treſors ; mais qu'il y avoit à
s'étonner de ce que les Indes eftoient
plus dans fon Cabinet , que
dans les Indes meſmes , puiſqu'on
y voyoit l'élite de tout ce qu'elles
pouvoient avoir jamais eu de plus
beau.
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Résumé : Cabinet des Curiositez de Monseigneur le Dauphin, [titre d'après la table]
Le texte relate la visite des ambassadeurs de Siam au cabinet de curiosités du Dauphin. Le Dauphin, passionné par les objets rares, avait rassemblé une collection impressionnante. Me de Joyeux, premier valet de chambre du Dauphin, guida les ambassadeurs à travers les trois pièces du cabinet. Il expliqua l'histoire de chaque pièce antique et indiqua le prix de nombreuses œuvres. Les ambassadeurs furent particulièrement impressionnés par le parquet de marqueterie et le plafond, œuvre de Mignard. Ils admirèrent la richesse et la diversité des objets, soulignant que le cabinet abritait les trésors les plus prestigieux des Indes.
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14
p. 162-180
Les Ambassadeurs sont invités aprés leur Voyage de Flandres à une Feste donnée par Monsieur à Saint Cloud. Description de cette grande Feste. [titre d'après la table]
Début :
Deux jours aprés que les Ambassadeurs furent de retour de [...]
Mots clefs :
Monsieur, Madame, Dauphin, Dauphine, Saint-Cloud, Fête, Salon, Chambre, Ambassadeurs, Temps, Heures, Personnes, Collation, Girandoles, Tables, Appartements, Qualité, Lustres, Duchesses, Cour
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Les Ambassadeurs sont invités aprés leur Voyage de Flandres à une Feste donnée par Monsieur à Saint Cloud. Description de cette grande Feste. [titre d'après la table]
Deux jours aprés que les
Ambaſſadeurs furent de retour
de leur Voyage de Flandre
, ils furent invitez à une
Feſte que Monfieur donnoit
dans ſa Maiſon de S. Cloud.
Comme cette Feſte ſe faifoit
au dedans du Château , le
Premier Gentilhomme de la
Chambre y commandoit, de
meſme que le Capitaine des
Gardes à tout ce qui ſe fait
hors desAppartemens, &mêdesAmb.
de Siam. 163
:
me aux Comedies & aux Ва-
lets qui ſe font dans les Sales
deſtinées pour ces fortes de
Spectacles ; car lors qu'on en
donne dans les Appartemens,
c'eſt toûjours du Premier
Gentilhomme de la Chambre
qu'on reçoit les ordres.
Ainfi M le Comte de Tonnerre,
l'un des PremiersGentilshommes
de la Chambre
deMonfieur, & fervant alors
auprés de ce Prince, les donnoit
dans cette Feſte , pour
empeſcher la confufion qui
eft inſeparable des divertiſſemens
de cette nature. Ils
O ij
164 IV. P. du Voyage
commencerent à trois heures
aprés midy , & Monſeigneur
leDauphin,Madame laDauphine,
Monfieur & Madame
qui en faifoient les honneurs,
& les perſonnes de la premiere
qualité qui en avoient
eſté conviées, ayant traversé
toutes les Sales des Gardes,
Anti -Chambres & Cabinets
qui estoient magnifiquement
meublez de trés- belles Tapifferies
& autres meubles
nouvellement arrivez d'Alemagne
, & dont Madame a
herité de feuë Madame l'Electrice
Palatine ſa Mere , ils
des Amb. de Siam 165
paſſerent par le Salon, & par
la Galerie , l'un & l'autre
peints par M Mignard , &
allerent dans le petit Salon
de Diane , qui eſt à l'autre
bout de la Galerie , où il y
avoit un fort beau Concert
composé de Claveſſins, Violes
, Tuorbes , & Deffus de
Violon. On y demeura plus
d'une heure , & pendant ce
temps on fervit une Collation
magnifique des plus
beaux fruits de la Saifon ,
parmy leſquels il y en avoit
de fort rares , parceque leur
faiſon eftoit paffée. Le jour
166 IV. P. du Voyage
commençant à finir, on éclai
ra les Appartemens par lefquels
on venoit de paſſer. Ils
eſtoient tous garnis de Luftres,
Girandoles, Chandeliers
&Flambeaux d'argent , dont
le nombre eſtoit fort grand.
Au fortir du Concert , toute
l'Aſſemblée ſe rendit dans le
Salon où tout avoit eſté dif
posé pour le Bal. Monfeigneur
le Dauphin & Madame
la Dauphine , Monfieur
& Madame le commencerent.
Toutes les Princeſſes &
Ducheſſes formoient un cercle,
dans lequel on dança. Il
des Amb. de Siam. 167
y avoit auſſi beaucoup de
perſonnes de la premiere qualité.
Mrs les Ambaſſadeurs
de Siam eſtoient auprés des
Ducheſſes , à main droite de
Monſeigneur leDauphin. Ce
Prince leur parla ; & comme
pour luy marquer une plus
profonde veneration , ils avoient
les mains jointes ,.
Monſeigneur eut la bonté
de leur dire qu'ils pouvoient
nese point géner en les tenant
en cet état , & que dans un
temps de divertiſſement, ils pouvoient
prendre un air plus libre.
Ils répondirent par de pro168
IV. P. du Voyage
fondes inclinations , puis ils
dirent que quoyqu'ils n'euffent
pas apporté leurs Bonnets de ceremonie
, qu'ils n'oftent jamais,
& qui font mesme attachez,
ceux qu ils avoient apportezpouvoient
leur en tenir lieu , &
meſme qu'ils leur estoient toutà-
fait précieux , puisque c'estoit
un Preſent du Roy.
Ily eut beaucoup de perfonnes
de diftinction qui
vinrent de Paris pour voir ce
divertiſſement. M l'Envoyé
de Baviere , qui estoit venu
en cette Cour pour faire des
Complimens fur l'heureux
AccoudesAmb
de Siam. 169
Accouchement de Madame
laDauphine, eſtoit auſſi placé
derriere les Ducheſſes . On
dança au ſon des Violons
& des Hauts - bois . Il y
avoit environ deux heures
que le Bal eſtoit commencé,
lorſqu'on fervit une Collation
féche dans cinquante
Corbeilles remplies de toutes
fortes de Fruits , de Limes
douces, d'Oranges de la Chine,
de Confitures ſéches, de
Maſſepains, & de toute forte
de petite Patiſſerie. Quand
toute cette Collation eut
paffé devant Monſeigneur le
P
770 IV. P.du Voyage
Dauphin,&Madame laDau
phine , elle fut preſentée aux
Ducheffes , & fit le tour du
Cercle ; aprés quoy chacun
de ceux qui compofoient
l'Aſſemblée eut liberté d'en
prendre. On apporta enſuite
plus de trente petites Tables
de la Chine, que l'on appelle
Cabarets, chargées de huit ou
dix Porcelaines chacune , les
unes remplies de Chocolat,
& les autres de Thé & de
Caffé , dont chacun choiſit
felon fon goût. Toute cette
Collation fut portée par les
Officiers de la Chambre , &
1
des Amb. de Siam. 171
par ceux de la Garderobe
de Monfieur. Aprés que cha
cun eut pris ce qu'il fouhaitoit
, on recommença à dancer.
Tant que leBal dura les
Officiers du Gobelet & d'Echançonnerie
de Monfieur,
ſe tinrent dans un Veſtibule
qui eſt proche du Salon , &
donnerent àboire à tous ceux
qui en voulurent. Dans la
Sale qui eſt au deſſus de ce
Veſtibule, du côté de l'Orangerie
, il y avoit des Tables
pour toutes fortes deJeux, &
les perſonnes de la premiere
qualité, qui ne vouloient pas
Pij
172 IV. P. du Voyage
dancer, s'y divertirent à jouer.
Monſeigneury prit ce divertiffement
quelque temps avant
la fin du Bal, & y joia
au Reverſi . A coſté du lieu
où l'on joüoit , eſtoit une
Chambre où l'on alloit
boire toutes fortes de Liqueurs,
ainſi que du Chocolat,
du Thé & du Caffé, que
l'on offroit mefme à tout le
monde ; de forte que ceux
qui n'eſtoientvenus que pour
voir la Fefte , aufli bien que
ceux qui en estoient , pûrent
autant qu'ils le voulurent fatisfaire
leur forf&leur goût.
desAmb. de Siam. 173
Le Bal finit à ſept heures
&demie, & l'on pafla du Salon
où l'on avoit dancé , &
de la Chambre où l'on avoit
joüé, dans l'Orangerie , qui
eftoit éclairée par une infinité
de Luftres & de Girandoles
garnies de bougies ; &
ces Luftres & ces Girandoles
eſtant ſuſpendus entre lesOrangers,
formoient une grande
Allée toute brillante de
Criſtaux & de lumieres , qui
donnant un vif éclat à la
vetdure,produiſoient un trés
agreable effet. Cependant ce
lieu , quoyque ſi bien orné
Piij
174 IV. P. du Voyage
& fi magnifique , ne ſervoit
que de paſſage pour aller à
la Sale de la Comedie , qui
eftoit encore toute éclatante
de lumieres. On y reprefenta
Bajazet , de Mr Racine,
Treforier de France . Les Ambaſſadeurs
eurent le meſme
rang qu'ils avoient eu au Bal,
& toûjours à la droite de
Monſeigneur le Dauphin . Ils
comprirent fi bien le noeud
de la Piece , par les chofes
qu'on leur expliqua , qu'ils
entrerent dans la beauté du
ſujet, dont ils parlerent juſte,
auffi bien que du jeu des
des Amb de Siam. 175
la
Acteurs ; ce qui fut pluſieurs
fois rapporté à Monſeigneur
le Dauphin , à Madame
Dauphine , à Monfieur & à
Madame , pendant la Comedie
. Cela leur fit donner
beaucoup de loüanges & admirer
la juſteſſe de leur goût,
& la penetration de leur efprit
. La Comedie eſtant finie
à dix heures & demie, on
traverſa l'Orangerie, le grand
Salon & les Appartemens par
où l'on eſtoit venu , & enſuite
l'on entra dans le petit
Appartement de Madame, &
dans l'ancien Salon peint par
Piiij
176 IV. P. du Voyage
feu M Noiret . Le Buffet qui
eſtoit dreſſé en face , frapa
d'abord les yeux. Il avoit 25
pieds de haut fur 30 de large
, & eſtoit tout remply de
trés- beaux Ouvrages d'Argenterie
& de vermeil doré,
& il y en avoit meſme quelques-
uns d'or. Parmy cette
Argenterie on remarquoit
beaucoup de grandes Cuvettes
, de Vaſes , d'Urnes , de
Girandoles & de Flambeaux
d'argent , le tout d'un trésbeau
travail & trés -bien cizelé.
Il y avoit quatre Tables
de pareille grandeur, dans les
desAmb. de Siam. 177
quatre coins du Salon. Elles
eſtoient de 25 Couverts chacune,&
furent toutes quatre
ſervies à quatre Services, également
beaux , & en meſime
temps. Monſeigneur le Dauphin
mangea à la premiere,
Madame la Dauphine à la
ſeconde , Monfieur à la troifiéme
, & Madame à la qua
triéme ; de maniere que tous
ceux qui furent placez à ces
quatre Tables , curent l'honneur
de manger avec l'un de
ces Princes , ou l'une de ces
Princeſſes . LesDames eſtoient
magnifiquement parées , &
178 IV. P. du Voyage
elles avoient toutes enſemble
pour pluſieurs millions de
Pierreries . Les Violons jouërent
pendant le Repas. Les
Ambaſſadeurs de Siam, aprés
avoir vû la difpofition du
lieu,& le foupé, furent conduits
par le Premier Maiſtre
d'Hoſtel de Madame , dans
un lieu où ils trouverent une
Table ſervie auſſi avec beau
coup de magnificence. On
en ſervit en meſme temps
dix ou douze autres , pour
tous les Seigneurs de la Cour,
pour les perſonnes les plus
qualifiées , & pour les Offi-
১
des Amb. de Siam. 179
ciers de la Maiſon Royale.
Ainſi tous ceux qui estoient
de la Feſte, & ceux qui n'en
eſtoient que ſpectateurs , furent
tous ſplendidement regalez
, quoyque l'Affemblée
fuſt trés-nombreuſe. Monfeigneur
le Dauphin , Madame
la Dauphine , Monfieur &
Madame , avec toute leur
Cour, retournerent à Verfailles
un peu avant minuit , &
trouverent en ſortant tous
les dehors du Château éclairez
par un nombre infiny de
lumieres, qui avoient eſté posées
en divers endroits , &
180 IV . P. du Voyage
particulierement ſur les Ba
luſtrades, fur les grilles, & fur
tous les lieux élevez . Les Ambaſſadeurs,
aprés avoir confideré
cette illumination , prirent
le chemin de Paris,
pleins de la magnificence,
bontez & de la grandeur de
Monfieur , qui foûtient avec
tout l'éclat poffible le rang
glorieux où la naiſſance l'a
mis.
Ambaſſadeurs furent de retour
de leur Voyage de Flandre
, ils furent invitez à une
Feſte que Monfieur donnoit
dans ſa Maiſon de S. Cloud.
Comme cette Feſte ſe faifoit
au dedans du Château , le
Premier Gentilhomme de la
Chambre y commandoit, de
meſme que le Capitaine des
Gardes à tout ce qui ſe fait
hors desAppartemens, &mêdesAmb.
de Siam. 163
:
me aux Comedies & aux Ва-
lets qui ſe font dans les Sales
deſtinées pour ces fortes de
Spectacles ; car lors qu'on en
donne dans les Appartemens,
c'eſt toûjours du Premier
Gentilhomme de la Chambre
qu'on reçoit les ordres.
Ainfi M le Comte de Tonnerre,
l'un des PremiersGentilshommes
de la Chambre
deMonfieur, & fervant alors
auprés de ce Prince, les donnoit
dans cette Feſte , pour
empeſcher la confufion qui
eft inſeparable des divertiſſemens
de cette nature. Ils
O ij
164 IV. P. du Voyage
commencerent à trois heures
aprés midy , & Monſeigneur
leDauphin,Madame laDauphine,
Monfieur & Madame
qui en faifoient les honneurs,
& les perſonnes de la premiere
qualité qui en avoient
eſté conviées, ayant traversé
toutes les Sales des Gardes,
Anti -Chambres & Cabinets
qui estoient magnifiquement
meublez de trés- belles Tapifferies
& autres meubles
nouvellement arrivez d'Alemagne
, & dont Madame a
herité de feuë Madame l'Electrice
Palatine ſa Mere , ils
des Amb. de Siam 165
paſſerent par le Salon, & par
la Galerie , l'un & l'autre
peints par M Mignard , &
allerent dans le petit Salon
de Diane , qui eſt à l'autre
bout de la Galerie , où il y
avoit un fort beau Concert
composé de Claveſſins, Violes
, Tuorbes , & Deffus de
Violon. On y demeura plus
d'une heure , & pendant ce
temps on fervit une Collation
magnifique des plus
beaux fruits de la Saifon ,
parmy leſquels il y en avoit
de fort rares , parceque leur
faiſon eftoit paffée. Le jour
166 IV. P. du Voyage
commençant à finir, on éclai
ra les Appartemens par lefquels
on venoit de paſſer. Ils
eſtoient tous garnis de Luftres,
Girandoles, Chandeliers
&Flambeaux d'argent , dont
le nombre eſtoit fort grand.
Au fortir du Concert , toute
l'Aſſemblée ſe rendit dans le
Salon où tout avoit eſté dif
posé pour le Bal. Monfeigneur
le Dauphin & Madame
la Dauphine , Monfieur
& Madame le commencerent.
Toutes les Princeſſes &
Ducheſſes formoient un cercle,
dans lequel on dança. Il
des Amb. de Siam. 167
y avoit auſſi beaucoup de
perſonnes de la premiere qualité.
Mrs les Ambaſſadeurs
de Siam eſtoient auprés des
Ducheſſes , à main droite de
Monſeigneur leDauphin. Ce
Prince leur parla ; & comme
pour luy marquer une plus
profonde veneration , ils avoient
les mains jointes ,.
Monſeigneur eut la bonté
de leur dire qu'ils pouvoient
nese point géner en les tenant
en cet état , & que dans un
temps de divertiſſement, ils pouvoient
prendre un air plus libre.
Ils répondirent par de pro168
IV. P. du Voyage
fondes inclinations , puis ils
dirent que quoyqu'ils n'euffent
pas apporté leurs Bonnets de ceremonie
, qu'ils n'oftent jamais,
& qui font mesme attachez,
ceux qu ils avoient apportezpouvoient
leur en tenir lieu , &
meſme qu'ils leur estoient toutà-
fait précieux , puisque c'estoit
un Preſent du Roy.
Ily eut beaucoup de perfonnes
de diftinction qui
vinrent de Paris pour voir ce
divertiſſement. M l'Envoyé
de Baviere , qui estoit venu
en cette Cour pour faire des
Complimens fur l'heureux
AccoudesAmb
de Siam. 169
Accouchement de Madame
laDauphine, eſtoit auſſi placé
derriere les Ducheſſes . On
dança au ſon des Violons
& des Hauts - bois . Il y
avoit environ deux heures
que le Bal eſtoit commencé,
lorſqu'on fervit une Collation
féche dans cinquante
Corbeilles remplies de toutes
fortes de Fruits , de Limes
douces, d'Oranges de la Chine,
de Confitures ſéches, de
Maſſepains, & de toute forte
de petite Patiſſerie. Quand
toute cette Collation eut
paffé devant Monſeigneur le
P
770 IV. P.du Voyage
Dauphin,&Madame laDau
phine , elle fut preſentée aux
Ducheffes , & fit le tour du
Cercle ; aprés quoy chacun
de ceux qui compofoient
l'Aſſemblée eut liberté d'en
prendre. On apporta enſuite
plus de trente petites Tables
de la Chine, que l'on appelle
Cabarets, chargées de huit ou
dix Porcelaines chacune , les
unes remplies de Chocolat,
& les autres de Thé & de
Caffé , dont chacun choiſit
felon fon goût. Toute cette
Collation fut portée par les
Officiers de la Chambre , &
1
des Amb. de Siam. 171
par ceux de la Garderobe
de Monfieur. Aprés que cha
cun eut pris ce qu'il fouhaitoit
, on recommença à dancer.
Tant que leBal dura les
Officiers du Gobelet & d'Echançonnerie
de Monfieur,
ſe tinrent dans un Veſtibule
qui eſt proche du Salon , &
donnerent àboire à tous ceux
qui en voulurent. Dans la
Sale qui eſt au deſſus de ce
Veſtibule, du côté de l'Orangerie
, il y avoit des Tables
pour toutes fortes deJeux, &
les perſonnes de la premiere
qualité, qui ne vouloient pas
Pij
172 IV. P. du Voyage
dancer, s'y divertirent à jouer.
Monſeigneury prit ce divertiffement
quelque temps avant
la fin du Bal, & y joia
au Reverſi . A coſté du lieu
où l'on joüoit , eſtoit une
Chambre où l'on alloit
boire toutes fortes de Liqueurs,
ainſi que du Chocolat,
du Thé & du Caffé, que
l'on offroit mefme à tout le
monde ; de forte que ceux
qui n'eſtoientvenus que pour
voir la Fefte , aufli bien que
ceux qui en estoient , pûrent
autant qu'ils le voulurent fatisfaire
leur forf&leur goût.
desAmb. de Siam. 173
Le Bal finit à ſept heures
&demie, & l'on pafla du Salon
où l'on avoit dancé , &
de la Chambre où l'on avoit
joüé, dans l'Orangerie , qui
eftoit éclairée par une infinité
de Luftres & de Girandoles
garnies de bougies ; &
ces Luftres & ces Girandoles
eſtant ſuſpendus entre lesOrangers,
formoient une grande
Allée toute brillante de
Criſtaux & de lumieres , qui
donnant un vif éclat à la
vetdure,produiſoient un trés
agreable effet. Cependant ce
lieu , quoyque ſi bien orné
Piij
174 IV. P. du Voyage
& fi magnifique , ne ſervoit
que de paſſage pour aller à
la Sale de la Comedie , qui
eftoit encore toute éclatante
de lumieres. On y reprefenta
Bajazet , de Mr Racine,
Treforier de France . Les Ambaſſadeurs
eurent le meſme
rang qu'ils avoient eu au Bal,
& toûjours à la droite de
Monſeigneur le Dauphin . Ils
comprirent fi bien le noeud
de la Piece , par les chofes
qu'on leur expliqua , qu'ils
entrerent dans la beauté du
ſujet, dont ils parlerent juſte,
auffi bien que du jeu des
des Amb de Siam. 175
la
Acteurs ; ce qui fut pluſieurs
fois rapporté à Monſeigneur
le Dauphin , à Madame
Dauphine , à Monfieur & à
Madame , pendant la Comedie
. Cela leur fit donner
beaucoup de loüanges & admirer
la juſteſſe de leur goût,
& la penetration de leur efprit
. La Comedie eſtant finie
à dix heures & demie, on
traverſa l'Orangerie, le grand
Salon & les Appartemens par
où l'on eſtoit venu , & enſuite
l'on entra dans le petit
Appartement de Madame, &
dans l'ancien Salon peint par
Piiij
176 IV. P. du Voyage
feu M Noiret . Le Buffet qui
eſtoit dreſſé en face , frapa
d'abord les yeux. Il avoit 25
pieds de haut fur 30 de large
, & eſtoit tout remply de
trés- beaux Ouvrages d'Argenterie
& de vermeil doré,
& il y en avoit meſme quelques-
uns d'or. Parmy cette
Argenterie on remarquoit
beaucoup de grandes Cuvettes
, de Vaſes , d'Urnes , de
Girandoles & de Flambeaux
d'argent , le tout d'un trésbeau
travail & trés -bien cizelé.
Il y avoit quatre Tables
de pareille grandeur, dans les
desAmb. de Siam. 177
quatre coins du Salon. Elles
eſtoient de 25 Couverts chacune,&
furent toutes quatre
ſervies à quatre Services, également
beaux , & en meſime
temps. Monſeigneur le Dauphin
mangea à la premiere,
Madame la Dauphine à la
ſeconde , Monfieur à la troifiéme
, & Madame à la qua
triéme ; de maniere que tous
ceux qui furent placez à ces
quatre Tables , curent l'honneur
de manger avec l'un de
ces Princes , ou l'une de ces
Princeſſes . LesDames eſtoient
magnifiquement parées , &
178 IV. P. du Voyage
elles avoient toutes enſemble
pour pluſieurs millions de
Pierreries . Les Violons jouërent
pendant le Repas. Les
Ambaſſadeurs de Siam, aprés
avoir vû la difpofition du
lieu,& le foupé, furent conduits
par le Premier Maiſtre
d'Hoſtel de Madame , dans
un lieu où ils trouverent une
Table ſervie auſſi avec beau
coup de magnificence. On
en ſervit en meſme temps
dix ou douze autres , pour
tous les Seigneurs de la Cour,
pour les perſonnes les plus
qualifiées , & pour les Offi-
১
des Amb. de Siam. 179
ciers de la Maiſon Royale.
Ainſi tous ceux qui estoient
de la Feſte, & ceux qui n'en
eſtoient que ſpectateurs , furent
tous ſplendidement regalez
, quoyque l'Affemblée
fuſt trés-nombreuſe. Monfeigneur
le Dauphin , Madame
la Dauphine , Monfieur &
Madame , avec toute leur
Cour, retournerent à Verfailles
un peu avant minuit , &
trouverent en ſortant tous
les dehors du Château éclairez
par un nombre infiny de
lumieres, qui avoient eſté posées
en divers endroits , &
180 IV . P. du Voyage
particulierement ſur les Ba
luſtrades, fur les grilles, & fur
tous les lieux élevez . Les Ambaſſadeurs,
aprés avoir confideré
cette illumination , prirent
le chemin de Paris,
pleins de la magnificence,
bontez & de la grandeur de
Monfieur , qui foûtient avec
tout l'éclat poffible le rang
glorieux où la naiſſance l'a
mis.
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Résumé : Les Ambassadeurs sont invités aprés leur Voyage de Flandres à une Feste donnée par Monsieur à Saint Cloud. Description de cette grande Feste. [titre d'après la table]
Deux jours après le retour des ambassadeurs de Flandre, ceux-ci furent invités à une fête organisée par Monseigneur dans sa maison de Saint-Cloud. La fête se déroula à l'intérieur du château, sous la supervision du Premier Gentilhomme de la Chambre et du Capitaine des Gardes. Le Comte de Tonnerre, Premier Gentilhomme de la Chambre, donna les ordres nécessaires pour éviter toute confusion. Les festivités commencèrent à trois heures de l'après-midi. Le Dauphin, la Dauphine, Monseigneur et Madame accueillirent les invités, qui traversèrent des salles magnifiquement décorées de tapisseries et de meubles récemment arrivés d'Allemagne. Ils se dirigèrent vers le petit Salon de Diane pour un concert, suivi d'une collation de fruits rares. Les appartements furent ensuite éclairés avec des lustres, girandoles, chandeliers et flambeaux en argent. Après le concert, l'assemblée se rendit dans le Salon pour le bal, inauguré par le Dauphin, la Dauphine, Monseigneur et Madame. Les ambassadeurs de Siam, placés près des duchesses, furent invités à se détendre par Monseigneur. Le bal fut suivi d'une collation de fruits, limons, oranges, confitures et pâtisseries. Des tables chargées de porcelaines remplies de chocolat, thé et café furent ensuite apportées. Pendant le bal, des officiers servirent des boissons, et une salle de jeux fut mise à disposition pour ceux qui ne souhaitaient pas danser. Monseigneur joua au reversi. À la fin du bal, l'assemblée se dirigea vers l'orangerie éclairée, puis vers la salle de comédie où fut représentée 'Bajazet' de Racine. Les ambassadeurs apprécièrent la pièce et en discutèrent avec les princes. Après la comédie, les invités traversèrent l'orangerie et le grand Salon pour entrer dans le petit appartement de Madame, où un buffet somptueux fut servi. Les ambassadeurs furent conduits à une table magnifiquement dressée. Tous les invités, y compris les spectateurs, furent splendidement régalés. La fête se termina peu avant minuit, avec une illumination spectaculaire des extérieurs du château. Les ambassadeurs retournèrent à Paris, impressionnés par la magnificence et la grandeur de Monseigneur.
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15
p. 3-7
Mort de MONSEIGNEUR.
Début :
Les Peuples le pleurent, les Grands sont penetrez de douleur [...]
Mots clefs :
Bonté, Dauphin, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Mort de MONSEIGNEUR.
Es Peuples le
pleurent, les
Grands sont pe-
A. netrez de douleur par
sa mort; quel éloge
pourun Prince! sa grandeur
d'ame, sa valeur,
& tant d'autres vertus
se sont fait admirer en
luy:mais on le pleure
parce qu'il estoit bon
sa bonté , ne s'est jamais
démentie; cette bonté
luy estoit naturelle, elle
estoit attachée à son
sang, illa tenoit d'un
Pere, un Fils la tient
de luy&laseuleconsolation
dont nous
soyons capables en considerant
ce que nous
avons perdu, c'estl'e[-
perance de posseder
long-temps ce qui nous
reste.
MONSEIGNEUR,
LoüisDauphin est mort
à Meudon de la petite
Verole, le Mardy 14.
d'Avril1711. sur les onzeheuresdu
soir,âgé de
quarante-neufans,cinq
mois & quatorze jours
estant né à Fontaine-
Bleau le premier Novembre
1661. Il avoit
épousé en 1680. MarieAnne
deBaviere,&il
a eu de ce mariageMon- <
seigneur le Duc de j
Bourgogne ; le1Roy
d'Espagne & Monsei- J
gneur le Duc de Berry. >
Ilavoit toutes les grandes
quaHtez, convena- j
bles a sa haute Naissance,
un fonds d'amour
qu'il avoit naturellement,
pour les vertus éminentes,
cotribuoitencor
plus que les liensdu
sang, à former en luy
1
cet attachement plein
detendresse & de respect
qu'il a toûjours eu
pour le Roy son pere.
Le Roy a donné à
Monseigneur le Dnc
de Bourgogne le tître
de Dauphin.
Voicy un Mémoire
tres curieux sur l'origine
des premiers Dauphins
de France, je le
tiens d'un illustre Auteur
qui a donné un ouvrage
excellent sur
spareilles matieres. Uivant lesTraités
pleurent, les
Grands sont pe-
A. netrez de douleur par
sa mort; quel éloge
pourun Prince! sa grandeur
d'ame, sa valeur,
& tant d'autres vertus
se sont fait admirer en
luy:mais on le pleure
parce qu'il estoit bon
sa bonté , ne s'est jamais
démentie; cette bonté
luy estoit naturelle, elle
estoit attachée à son
sang, illa tenoit d'un
Pere, un Fils la tient
de luy&laseuleconsolation
dont nous
soyons capables en considerant
ce que nous
avons perdu, c'estl'e[-
perance de posseder
long-temps ce qui nous
reste.
MONSEIGNEUR,
LoüisDauphin est mort
à Meudon de la petite
Verole, le Mardy 14.
d'Avril1711. sur les onzeheuresdu
soir,âgé de
quarante-neufans,cinq
mois & quatorze jours
estant né à Fontaine-
Bleau le premier Novembre
1661. Il avoit
épousé en 1680. MarieAnne
deBaviere,&il
a eu de ce mariageMon- <
seigneur le Duc de j
Bourgogne ; le1Roy
d'Espagne & Monsei- J
gneur le Duc de Berry. >
Ilavoit toutes les grandes
quaHtez, convena- j
bles a sa haute Naissance,
un fonds d'amour
qu'il avoit naturellement,
pour les vertus éminentes,
cotribuoitencor
plus que les liensdu
sang, à former en luy
1
cet attachement plein
detendresse & de respect
qu'il a toûjours eu
pour le Roy son pere.
Le Roy a donné à
Monseigneur le Dnc
de Bourgogne le tître
de Dauphin.
Voicy un Mémoire
tres curieux sur l'origine
des premiers Dauphins
de France, je le
tiens d'un illustre Auteur
qui a donné un ouvrage
excellent sur
spareilles matieres. Uivant lesTraités
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Résumé : Mort de MONSEIGNEUR.
Le texte rend hommage à Louis, Dauphin de France, décédé à Meudon le 14 avril 1711 à l'âge de quarante-neuf ans, cinq mois et quatorze jours. Né à Fontainebleau le 1er novembre 1661, il était marié à Marie-Anne de Bavière et avait trois enfants : le Duc de Bourgogne, le Roi d'Espagne et le Duc de Berry. Le Dauphin était admiré pour sa grandeur d'âme, sa valeur et sa bonté naturelle, héritée de son père. Sa mort a suscité une grande douleur parmi les peuples et les grands. Le Roi a accordé au Duc de Bourgogne le titre de Dauphin. Le texte mentionne également un mémoire sur l'origine des premiers Dauphins de France, provenant d'un auteur illustre.
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16
p. 8-31
« Suivant les Traités faits en 1343. & 1344. entre Philippe [...] »
Début :
Suivant les Traités faits en 1343. & 1344. entre Philippe [...]
Mots clefs :
Roi, Dauphin, Duc de Normandie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Suivant les Traités faits en 1343. & 1344. entre Philippe [...] »
Voicy un Mémoire
tres curieux sur l'origine
des premiers Dauphins
de France, je le
tiens d'un illustre Auteur
qui a donné un ouvrage
excellent sur
spareilles matieres. Uivant lesTraités
faits en 1543. & 1344.,
entre Ph- il-ippe de Val-ois &
le Dauphin Humbert. CeluidesenfansdeFrancequi
estoit appelle â la fuccJ.
sion de Humbert riypouvoir
pretendre qu'après sa.
mort, encore n'estoit-ce
que fous des conditions
dont l'évenement estoit
incertain: mais le dessein
d'entrer en religion qu'il
formât en 1349. rendit inutiles
toutes ces clauses,
voulant renoncer au monde,
&'ne songeant plus à
consenver la jouissancede
sesEtats,son Successeur
devoitenestremis déslors
en possession, & y estre reconnu
pour Souverain. Le
Royneût pas plûtôt appris
la disposition où il se
trouvoit,&les esperances
qu'il donnoit d'une prochaineabdication,
qu'illui
envoya des Députés pour
le confirmer de plus en
plus dans cette lituation
par de nouvelles offres:
Ceux
- cy s'estant rendus
à Tournon deslemois de
Février y eurent avec ce
Prince des conferences secretes
dont on ne fçût le
resultat que sur la fin du
même mois; ce fut alors
feulement qu'il declara le
party qu'il avoit pris, &
dans le quel il persista malgré
les effortsqu'on fit
pour l'en détournera negociation
fut continuée
à Romans pendant tout
le mois de Mars, c'est là
que rAtte de Transport
reçût la derniere main, il
fût ligné par le Dauphin
& par les Commissaires
du Roy & du Duc de Normandie,
on ne s'y attacha
pas absolument à suivre
les dispositions contenues
dans lestraités precedens
sur , tout à l'égard de la personne
du Succeueur. Le
choix tomba sur Charles,
fils aîné du Duc de Normandie,
pour estre revêtu
déslors des Droits de la
Souveraineté fans- reserves
& sans conditions. Si
on en excepte la remission
des fonds en Terre & en
argent qui devoit estre
faite au Dauphin par le
même Acte.
Il manquoit encore une
solemnité a ce Traité pour
estre dans toute sa. perfection
;
l'entrevûë des parties
paroissoit necessaire
pour donner elles-mêmes
un consentementauthentique
a tout ce qui avoit
esté promis en leur nom;
on convint d'un rendezvous
àLyon au mois de
Juillet suivant, où le Duc,
de Normandie & Charles
son fils aîné devoient se
-
trouver avec le Dauphin,
le dernier s'y rendit quelques
jours auparavant: Dans une Assemblée solemnelle
qui s'y tint le 16.
Juillet où estoient le Duc
de Normandie & plusieurs
Seigneurs de faiuite,
Humbert lit- une cefsion
pure&simpls de ses
Etats à Charles fils aîné
de ce Duc, il l'en mit en
possession par la tradition
du Sceptre,de l'Anneau,
de la Banniere & de l'Epée
ancienne de Dauphiné:
Les Comtes, Barons 8c
Seigneurs qui estoient
presens, dont laplupart
estoient intervenus comme
témoins dans TAde
public qui en fût dressé
prêterent hommage en
même temps au nouveau
Dauphin,& luy firent ferment
de fidelité
;
le Duc
de Bourbon, le Comte
d'Armagnac, le Comte
d'Auxerre & Jacques de
Bourbon, qui n'estoient
pas ses vassaux, en furent
exceptez. Les Baillifs &
les Chatelains de Dauphiné
Suivirentl'exemple de
ces premiers;le lendemain
quelquesautres Seigneurs
satisfirent au même devoir
; on peut voir à la
fuite de cet Acte le nom
-
de la plupart des nobles
du Viennois qui vinrent
reconnoistreleurnouveau
Seigneur, on envoya des
., lettres dans tous les Bailliages
pour informer les
Peuples du changement
arrivé dans le Gouvernement,
& pour leur faire
connoistre le nouveau
Maistre, à qui ils feroient
désormais tenus d'obéir,
ri ils apprirent ensuite par
une Déclaration de Humbert
qu'ils ne devoient
plus le regarder comme
leur Souverain,&qu'ils
estoientaffranchis à son
égard de tous leurs fermens
; c'estainsi que ce
Prince, pour ne se point
démenrir, voulut établir
l'autorité de son Succes.
leur sur le débris de la
sienne, il quitta le monde
dés le lendemain du transport
qu'il avoit fait de ses
Etats, & prit à Lyon ce
jour-là mêmel'Habit de
saint Dominique dans le
Convent des Freres Prêcheurs.
Les
Les chosesen cet: état,
le Duc de Normandie partit
pour retourner à Paris,
oùil rendit compte au Roy
du succés de son voyage; illuy representa en même
temps les consequences
avantageuses du Traité,
qu'il venoit de conclure
avec le Dauphin, &la necessité
de le rendre ferme
ôc stable, en détournant
tout ce qui pourroital'avenir
y donner quelque
atteinte: c'est par cette
confédération qu'il le porta
à faire renoncer Philippes
son second fils aux
esperances qu'il auroit pu
fonder sur la nomination
que Humbert avoir faite
en sa faveur par raéte de
1343. Ce Prince pour se
conformer aux volontez
du Roy,qui eut foin de le
dédommager d'ailleurs,
declara, par des Lettres du
mois de Septembre, que
non feulement il se départoit
de toutes les pretentions
qu'il pouvoit avoir
sur le Dauphiné, comme
héritier designé par Humbert,
mais aussi qu'il approuvoit
&ratifioit le nouvel
acte fait par le même,
en faveur de Charles son
Neveu, à qui il cedoit tous
les droits que les Traitez
precedenspouvoient luy
avoir acquis. Le Roy,qui
l'avoitautorisé pourl'acceptation
du Don, confirma
pareillement la renonciation
qu'il en fit pour la
rendre plus autentique.
Charles prit la qualité
de Dauphin après que les
droits luy en eurent esté
confirmez par l'acte du 16
Juillet, voulant se montrer
àses nouveaux sujets
il parcourut ses principales
Villes: Vienne fut la
premierequ'il visita, après
y avoir fait quelque séjour
il se rendit à Tain,
& de là à Romans, où il ;tomba malade
;
sa santé
s'estant rétablie sur la fin
de l'Automne, il se disposa
à faire son Entrée dans
sa Capitale; il y arriva
quinze jours avant la feste
de Noël, l'ancien Dauphin
s'y trouva dans le
même temps, fous l'habit
de Jacobin, & faisant sa
demeure parmyles Religieux
de cet Ordre. Dans
à une Assemblée où estoit
laprincipale Noblesse du
Bailliage de Graisivaudan,
Humbert declara publiquement
qu'il avoit fait
,
choix de Charles, fils aîné
du premier fils de France
pour estre son successeur,
que luy ayant remis les
•
droits & les honneurs de
la Souveraineté, c'estoit
le seul désormaisqu'ils devoient
reconnoître pour
leur Prince légitimer,&à
qui ils devoient jurer d'estre
toujours obéissans &
fîdeles,sousl'obligation
réciproque où il seroit envers
eux de garder leurs
Loix & leurs Coustumes,
& de conserver sur tout les
Privilèges de la NabletTe;
c'est ce que Charles jura
sur les Saints Evangiles
d'observerinviolablement
en ayant esté requis au
nom detoute l'Assemblée,
par Hugues Allemand,
Disdier deSassenage
,
6c
Estienne d'Arvillars; quelques
jours, après le nou-
,, veau Dauphin fut proclame
solemnellement dans
la même Ville, & reçut le
Serment de fidélité des
habitans
;
plusieurs Seigneurs
des environs s'empresserent
de luy venir
rendre leurs Hommages,
tout le reste du temps que
le Prince passa à Grenoble
fut employéauxaffaires
publiques.
L'Acte d'Investiture des
Estats de Humbert, qui
fut passé à Lyon le 16 Juillet
en execution du tranf-
,
port qu'il avoit fait de ses
Etats le 30. Mars precedent,
contient une clausè
qui merite d'estreremarquée
,il est porté expressement
que Humbertsedefsaisit
ie dévestitréelment
& corporelment, & de
fait desdizd'Alphiné. &
de toutes ses autres Terres,
Seigneuries & Noblesses
& , en saisi & vestireelment
& corporelment (3*
de fait, ledit Charles present
& acceptantpourli &
ses hoirs & Successeurs,present
ledit Monsieur le Duc
son pere, &àce consentant,
& transporta encore audit
CharCharles
jei boirs. &faccesseurs
-&.Ceauls qui murent
Gtufe deliperpetuelment &
heritablement,etsaisine &
propriétéplaine
,
ledit À'Al-,
]>hiné,&toutes lesautresTerres
dessus nomées
:
Il semble
qu'ona voulu expliquer
ces mots Successeurs ècAuvent
cause
, en faveur des.
:
premiers nez de France
- sqeunitesreuls pouvoient reprele
Dauphin Charles
& estre regardez comme
ses Successeurs fous cette
qualité, & non fous celle
de Roy qu'iln'avaitpas
alors: on s'est persuadé
que la condition estoit tacitement
renfermée dans
les termes de rAéteJ &
quoyquelle n'y fut pas
clairement exprimée, que
l'intention du Donateur
ne s'y faisoit pas moins appercevoir
; en effet on a
consideré depuis les premiers
Fils de France comme
Successeurs légitimes
des Dauphins;ils en ont
toûjours porté le titre, qui.
se trouvant réuni en leur
personne à celuy d'heritiers
de la Couronne, a
rendu le nom beaucoup
plus grand & plus auguste,
& l'a mis au-dessus de
toutes les autres Dignitez
du Royaume.
S'il faut chercher l'interpretation
des clauses
qu'on vient de rapporter
dans lexecution qu'elles
ont eu fous les Regnes
suivans, il semble qu'il n'y
a point eu d'usage constant,
qui puisse servir de
Loy sur cet article; les
Roys ont cedé quelquefois
cet état à leurs fils
aînez pour y exercer tous
les droits de la Souveraineté;
quelquefois ils en
ont joüi par eux-mêmes,
& se sont contentezde leur
en donner le Titre,il fèroit
aisé de citer plusieurs
exemples qur fontassez
connoistre qu'ils ont crû
pouvoir en user sur ce
point comme ils le jugeoient
à propos pour le
bien de leurs affaires, &
suivant les dispositions où ils
se trouvoient de gratîfierleurs
filsaînezj8c(ans qu'il
soit necessaire d'entrer sur
cela dans une plus longue
discussion
, on peut dire
qu'ils remplirent euxmêmes
les principales de
ces conditions, comme il
estoit porté par les Actes
du Transport,que le nom
&les Armes des Dauphins
feroient conservez par
ceux qui leur succede.
roientà perpétuité
5
& que
leur état seroit toûjours
possedé separément de la
Couronne de France, à
moins que l'Empire n'y
fût réuni. On ne peut douter
que les Rois nayent
eu en vûë de se conformer
à cette disposition dans
l'usage qu'ils ont toujours
suivi à l'égard des Declarations
& autres Lettres
expediées pour le Dauphinois
n'y ordonnent l'execution
de leur volonté
qu'en qualité de Dauphins
& fous le sceau & les Armes
des anciens Princes
de ce nom. D'ailleurs
quoyque leursOrdonnances
puissent estre générales
pour tout le Royaume
,
elles ne sont reçues
dans cette Province que
comme dans un état separé,
lorsqu'elles portent
les marques particulières
de leur autorité.
tres curieux sur l'origine
des premiers Dauphins
de France, je le
tiens d'un illustre Auteur
qui a donné un ouvrage
excellent sur
spareilles matieres. Uivant lesTraités
faits en 1543. & 1344.,
entre Ph- il-ippe de Val-ois &
le Dauphin Humbert. CeluidesenfansdeFrancequi
estoit appelle â la fuccJ.
sion de Humbert riypouvoir
pretendre qu'après sa.
mort, encore n'estoit-ce
que fous des conditions
dont l'évenement estoit
incertain: mais le dessein
d'entrer en religion qu'il
formât en 1349. rendit inutiles
toutes ces clauses,
voulant renoncer au monde,
&'ne songeant plus à
consenver la jouissancede
sesEtats,son Successeur
devoitenestremis déslors
en possession, & y estre reconnu
pour Souverain. Le
Royneût pas plûtôt appris
la disposition où il se
trouvoit,&les esperances
qu'il donnoit d'une prochaineabdication,
qu'illui
envoya des Députés pour
le confirmer de plus en
plus dans cette lituation
par de nouvelles offres:
Ceux
- cy s'estant rendus
à Tournon deslemois de
Février y eurent avec ce
Prince des conferences secretes
dont on ne fçût le
resultat que sur la fin du
même mois; ce fut alors
feulement qu'il declara le
party qu'il avoit pris, &
dans le quel il persista malgré
les effortsqu'on fit
pour l'en détournera negociation
fut continuée
à Romans pendant tout
le mois de Mars, c'est là
que rAtte de Transport
reçût la derniere main, il
fût ligné par le Dauphin
& par les Commissaires
du Roy & du Duc de Normandie,
on ne s'y attacha
pas absolument à suivre
les dispositions contenues
dans lestraités precedens
sur , tout à l'égard de la personne
du Succeueur. Le
choix tomba sur Charles,
fils aîné du Duc de Normandie,
pour estre revêtu
déslors des Droits de la
Souveraineté fans- reserves
& sans conditions. Si
on en excepte la remission
des fonds en Terre & en
argent qui devoit estre
faite au Dauphin par le
même Acte.
Il manquoit encore une
solemnité a ce Traité pour
estre dans toute sa. perfection
;
l'entrevûë des parties
paroissoit necessaire
pour donner elles-mêmes
un consentementauthentique
a tout ce qui avoit
esté promis en leur nom;
on convint d'un rendezvous
àLyon au mois de
Juillet suivant, où le Duc,
de Normandie & Charles
son fils aîné devoient se
-
trouver avec le Dauphin,
le dernier s'y rendit quelques
jours auparavant: Dans une Assemblée solemnelle
qui s'y tint le 16.
Juillet où estoient le Duc
de Normandie & plusieurs
Seigneurs de faiuite,
Humbert lit- une cefsion
pure&simpls de ses
Etats à Charles fils aîné
de ce Duc, il l'en mit en
possession par la tradition
du Sceptre,de l'Anneau,
de la Banniere & de l'Epée
ancienne de Dauphiné:
Les Comtes, Barons 8c
Seigneurs qui estoient
presens, dont laplupart
estoient intervenus comme
témoins dans TAde
public qui en fût dressé
prêterent hommage en
même temps au nouveau
Dauphin,& luy firent ferment
de fidelité
;
le Duc
de Bourbon, le Comte
d'Armagnac, le Comte
d'Auxerre & Jacques de
Bourbon, qui n'estoient
pas ses vassaux, en furent
exceptez. Les Baillifs &
les Chatelains de Dauphiné
Suivirentl'exemple de
ces premiers;le lendemain
quelquesautres Seigneurs
satisfirent au même devoir
; on peut voir à la
fuite de cet Acte le nom
-
de la plupart des nobles
du Viennois qui vinrent
reconnoistreleurnouveau
Seigneur, on envoya des
., lettres dans tous les Bailliages
pour informer les
Peuples du changement
arrivé dans le Gouvernement,
& pour leur faire
connoistre le nouveau
Maistre, à qui ils feroient
désormais tenus d'obéir,
ri ils apprirent ensuite par
une Déclaration de Humbert
qu'ils ne devoient
plus le regarder comme
leur Souverain,&qu'ils
estoientaffranchis à son
égard de tous leurs fermens
; c'estainsi que ce
Prince, pour ne se point
démenrir, voulut établir
l'autorité de son Succes.
leur sur le débris de la
sienne, il quitta le monde
dés le lendemain du transport
qu'il avoit fait de ses
Etats, & prit à Lyon ce
jour-là mêmel'Habit de
saint Dominique dans le
Convent des Freres Prêcheurs.
Les
Les chosesen cet: état,
le Duc de Normandie partit
pour retourner à Paris,
oùil rendit compte au Roy
du succés de son voyage; illuy representa en même
temps les consequences
avantageuses du Traité,
qu'il venoit de conclure
avec le Dauphin, &la necessité
de le rendre ferme
ôc stable, en détournant
tout ce qui pourroital'avenir
y donner quelque
atteinte: c'est par cette
confédération qu'il le porta
à faire renoncer Philippes
son second fils aux
esperances qu'il auroit pu
fonder sur la nomination
que Humbert avoir faite
en sa faveur par raéte de
1343. Ce Prince pour se
conformer aux volontez
du Roy,qui eut foin de le
dédommager d'ailleurs,
declara, par des Lettres du
mois de Septembre, que
non feulement il se départoit
de toutes les pretentions
qu'il pouvoit avoir
sur le Dauphiné, comme
héritier designé par Humbert,
mais aussi qu'il approuvoit
&ratifioit le nouvel
acte fait par le même,
en faveur de Charles son
Neveu, à qui il cedoit tous
les droits que les Traitez
precedenspouvoient luy
avoir acquis. Le Roy,qui
l'avoitautorisé pourl'acceptation
du Don, confirma
pareillement la renonciation
qu'il en fit pour la
rendre plus autentique.
Charles prit la qualité
de Dauphin après que les
droits luy en eurent esté
confirmez par l'acte du 16
Juillet, voulant se montrer
àses nouveaux sujets
il parcourut ses principales
Villes: Vienne fut la
premierequ'il visita, après
y avoir fait quelque séjour
il se rendit à Tain,
& de là à Romans, où il ;tomba malade
;
sa santé
s'estant rétablie sur la fin
de l'Automne, il se disposa
à faire son Entrée dans
sa Capitale; il y arriva
quinze jours avant la feste
de Noël, l'ancien Dauphin
s'y trouva dans le
même temps, fous l'habit
de Jacobin, & faisant sa
demeure parmyles Religieux
de cet Ordre. Dans
à une Assemblée où estoit
laprincipale Noblesse du
Bailliage de Graisivaudan,
Humbert declara publiquement
qu'il avoit fait
,
choix de Charles, fils aîné
du premier fils de France
pour estre son successeur,
que luy ayant remis les
•
droits & les honneurs de
la Souveraineté, c'estoit
le seul désormaisqu'ils devoient
reconnoître pour
leur Prince légitimer,&à
qui ils devoient jurer d'estre
toujours obéissans &
fîdeles,sousl'obligation
réciproque où il seroit envers
eux de garder leurs
Loix & leurs Coustumes,
& de conserver sur tout les
Privilèges de la NabletTe;
c'est ce que Charles jura
sur les Saints Evangiles
d'observerinviolablement
en ayant esté requis au
nom detoute l'Assemblée,
par Hugues Allemand,
Disdier deSassenage
,
6c
Estienne d'Arvillars; quelques
jours, après le nou-
,, veau Dauphin fut proclame
solemnellement dans
la même Ville, & reçut le
Serment de fidélité des
habitans
;
plusieurs Seigneurs
des environs s'empresserent
de luy venir
rendre leurs Hommages,
tout le reste du temps que
le Prince passa à Grenoble
fut employéauxaffaires
publiques.
L'Acte d'Investiture des
Estats de Humbert, qui
fut passé à Lyon le 16 Juillet
en execution du tranf-
,
port qu'il avoit fait de ses
Etats le 30. Mars precedent,
contient une clausè
qui merite d'estreremarquée
,il est porté expressement
que Humbertsedefsaisit
ie dévestitréelment
& corporelment, & de
fait desdizd'Alphiné. &
de toutes ses autres Terres,
Seigneuries & Noblesses
& , en saisi & vestireelment
& corporelment (3*
de fait, ledit Charles present
& acceptantpourli &
ses hoirs & Successeurs,present
ledit Monsieur le Duc
son pere, &àce consentant,
& transporta encore audit
CharCharles
jei boirs. &faccesseurs
-&.Ceauls qui murent
Gtufe deliperpetuelment &
heritablement,etsaisine &
propriétéplaine
,
ledit À'Al-,
]>hiné,&toutes lesautresTerres
dessus nomées
:
Il semble
qu'ona voulu expliquer
ces mots Successeurs ècAuvent
cause
, en faveur des.
:
premiers nez de France
- sqeunitesreuls pouvoient reprele
Dauphin Charles
& estre regardez comme
ses Successeurs fous cette
qualité, & non fous celle
de Roy qu'iln'avaitpas
alors: on s'est persuadé
que la condition estoit tacitement
renfermée dans
les termes de rAéteJ &
quoyquelle n'y fut pas
clairement exprimée, que
l'intention du Donateur
ne s'y faisoit pas moins appercevoir
; en effet on a
consideré depuis les premiers
Fils de France comme
Successeurs légitimes
des Dauphins;ils en ont
toûjours porté le titre, qui.
se trouvant réuni en leur
personne à celuy d'heritiers
de la Couronne, a
rendu le nom beaucoup
plus grand & plus auguste,
& l'a mis au-dessus de
toutes les autres Dignitez
du Royaume.
S'il faut chercher l'interpretation
des clauses
qu'on vient de rapporter
dans lexecution qu'elles
ont eu fous les Regnes
suivans, il semble qu'il n'y
a point eu d'usage constant,
qui puisse servir de
Loy sur cet article; les
Roys ont cedé quelquefois
cet état à leurs fils
aînez pour y exercer tous
les droits de la Souveraineté;
quelquefois ils en
ont joüi par eux-mêmes,
& se sont contentezde leur
en donner le Titre,il fèroit
aisé de citer plusieurs
exemples qur fontassez
connoistre qu'ils ont crû
pouvoir en user sur ce
point comme ils le jugeoient
à propos pour le
bien de leurs affaires, &
suivant les dispositions où ils
se trouvoient de gratîfierleurs
filsaînezj8c(ans qu'il
soit necessaire d'entrer sur
cela dans une plus longue
discussion
, on peut dire
qu'ils remplirent euxmêmes
les principales de
ces conditions, comme il
estoit porté par les Actes
du Transport,que le nom
&les Armes des Dauphins
feroient conservez par
ceux qui leur succede.
roientà perpétuité
5
& que
leur état seroit toûjours
possedé separément de la
Couronne de France, à
moins que l'Empire n'y
fût réuni. On ne peut douter
que les Rois nayent
eu en vûë de se conformer
à cette disposition dans
l'usage qu'ils ont toujours
suivi à l'égard des Declarations
& autres Lettres
expediées pour le Dauphinois
n'y ordonnent l'execution
de leur volonté
qu'en qualité de Dauphins
& fous le sceau & les Armes
des anciens Princes
de ce nom. D'ailleurs
quoyque leursOrdonnances
puissent estre générales
pour tout le Royaume
,
elles ne sont reçues
dans cette Province que
comme dans un état separé,
lorsqu'elles portent
les marques particulières
de leur autorité.
Fermer
Résumé : « Suivant les Traités faits en 1343. & 1344. entre Philippe [...] »
Le mémoire examine l'origine des premiers Dauphins de France, s'appuyant sur des traités de 1543 et 1344 entre Philippe de Valois et le Dauphin Humbert. Humbert, fils de France, envisageait de renoncer à ses droits en entrant en religion en 1349, rendant les clauses des traités inutiles. Informé de cette décision, le roi envoya des députés à Tournon pour confirmer Humbert dans sa résolution. Des négociations secrètes suivirent, et Humbert déclara son intention de renoncer à ses États. En mars 1349, un acte de transport fut rédigé à Romans, désignant Charles, fils aîné du Duc de Normandie, comme successeur sans conditions. Une cérémonie solennelle à Lyon le 16 juillet 1349 officialisa cette décision, où Humbert céda ses États à Charles en présence de nobles et de seigneurs. Humbert quitta le monde le lendemain en prenant l'habit de saint Dominique. Le Duc de Normandie retourna à Paris pour informer le roi, qui fit renoncer Philippe, son second fils, à ses prétentions sur le Dauphiné. Charles, confirmé dans ses droits, parcourut ses principales villes et fut proclamé Dauphin à Grenoble. L'acte d'investiture stipulait que Humbert se dépossédait réellement et corporellement de ses États, les transmettant à Charles et à ses successeurs. Les premiers fils de France furent alors considérés comme successeurs légitimes des Dauphins, portant ce titre en plus de celui d'héritiers de la Couronne. Les rois utilisèrent ce titre selon leurs besoins politiques et dynastiques, conservant les noms et armes des Dauphins dans leurs déclarations et ordonnances.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
17
p. 31-43
SUITE DES ENFANS de France, qui ont porté le titre de Dauphins.
Début :
Le premier Dauphin de France, comme on vient de l'établir [...]
Mots clefs :
Dauphin, Roi, Prince
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUITE DES ENFANS de France, qui ont porté le titre de Dauphins.
SUITE DES ENFANS
de France, qui ont porte
le titre de Dauphins, LE premier Dauphin
de France,commeon
vient de l'établir par les
actes du transport de Dauphiné,
fut Charles fils aîné
du Duc Jean de Normandie;
illuy succeda au Royaume
de France en 1364.
f1ous le nom de Charles V.
Charles, fils aîné de
Charles V. fut le second
qui porta le nom de Dauphin
du vivant du Roy
son Pere, sans que pourtant
la remission du Dauphiné
luy ait jamais esté
faite; il estvray que l'Empereur
Charles de Bohelue,
estant à Paris, l'établit
par une Bulle du mois
de Janvier 1378. Vicaire
de l'Empire en Dauphiné
& dans les Evêchez de
Valence ôc de Dye, quoiqu'il
ne fût alors âgéque
de dix ansLe
troisieme Dauphin
fut Loüis
,
fils aîné de
ClurlesVI. Le Roy, par
une Declaration du mois
de Janvier 1410. ajouta au
titre de Dauphin, qu'il
portoit déja, la remission
actuelle de cette Province,
dont il prit possession
le 19*,d'Avril [tiivant;-il
confirmaen cette qualité
Reynier Pot, dans le gouvernement
de Dauphiné.
Le même destituaen
1414$.Reynier Pot,&nomma
en sa pl ace Jean d'Angenes
, Seigneur de la
Loupe, après la mort du
DauphinLouis, arrivée le
18. Septembre 1415.Le Roy
commit le Conseil Delphinal
aux fondrions du
Gouvernement.
Le quatrième, fut Jean
puisné de Charles VI. qui
succeda en la possession
adluelledeDauphiné à
son frere Loüis, estant au
Quenoy en 1416. il nomma
Henry de Sassenage
pour exercer les fonctions
degouverneur de Dauphiné
: Ce même Prince ne
joüit pas long-temps du
Titre de Dauphin,estant
mort le 5. d'Avril1417.
On ne compte point
deux autres fils de Charles
VI. qui porterent auni
le-nom de Dauphin, parce
qu'ils moururent fort
jeunes, ¿k qu'il n'en est
point parlé dans l'hstoire.
Le sixiéme Dauphin fut
Charles, autre Fils de
Charles V I. Quclques
jours aprés la mort du
Dauphin Jean son frere le
Roy lui ceda le Dauphiné
par lettres du 18. Avril,
pour en joüir fous le meme
Titre; il confirma
en même temps Henryde
Sassenage dans les
fonctions du Gouvernemenacemême
Prince parvint
ensuiteàla Couronne
souslenom deCharlesVII.
Le sixieme fut Loüis fils
aîné deCharles VII.Quoi-,
qu'il n'eût encore que 5.
ans le Roy son pere lui remit
le Dauphiné le 16.
Juillet 1416. il confirma
ensuite en 1440. le 13. du
mois de Juin5 la cession
qu'il luy en avoit faite
en 1416. Ce n'est que de
ce temps que le Dauphin
Louis commença d'exercer
les droits de la Souveraineté
dans cette Provkw
ce: c'est le même qui eC
tant devenuRoy, est connu
sous le nom de Louis
XI. Depuis ce temps il ne
paroist pas que les Rois
ayent cedé la jouissance
actuelle decette Province
à leurs fils aînez;ils leur ont
feulement donné le Titre
& s'en sont reservélapos
session suivant la facutté
qu'ils en avoient.
Leseptiéme a esté Charles,
fils aisné de Loüis
XI. qui luy a succedé enfuite
sous le nom de Charles
VIII. Il porta le nom
de Dauphin pendant la
vie du Roy Loüis son pere,
sans avoir jamais esté
revêtu de la Souveraineté,
comme quelques-uns de
ceux qui l'avoient précedé.
Oh ne met pas dans le
Rang des Dauphins deux
enfans qu'eut ce Prince de
• son mariage avec Anne
de Bretagne, qui ne vecurent
que peu de jours, &
n'eurent point de nom de
Bâtême.
Charles VIII. & Loüis
XII. son successeurestant
morts sans enfans, la Courone
passa à FrançoisComte
d'Angoulême,quirégna
fous le nom de François I.
François fils de François
I. doit estre compté pour
le huitième des Dauphins
de France; il mourut en
1536. du vivant du Roy son
pere, n'estant encore âgé
que de 19. ans.
Henry II. fils de François
I. succeda au Titre & à
-
la qualité de Dauphin a-
prés la mort de François
son frere aîné
: C'est le
même qui estant devenu
Roy, porta le nom de
Henry II..
François fils aîné de1
Henry II. avoit le Titre
de Dauphin, lorsqu'il (uc-.rceda
au Roy son pere , estans
mort un an ou en-
viron aprèsqu'il fut mon- =
té sur le Trône,il n'y eut
point de son temps de
Prince qui porta le nom
de Dauphin non plus ,
que fous les Régnés de
CharCharles
1 X. &: de Henry
III. ses freres, qui moururent
comme luy sans ensans.
La Couronne ayant passé
dans la Maison de Bourbon
, en la personne de
Henry VI. on n'a point vû
de Dauphins en France
jusqu'àl'aîné de sesenfans
qui futrevêtu de ce
,Titre.
Louis qui esté depuis
Roy, sous le nom
de Louis XIII. est l'onzième
des Princes del'Auguste
Maison. de France, qui
a porté le nom de Dauphin
: il le quitta en 1610.
pour monter sur le Trône.
Ce na esté qu'en 1638.
que le titre de Dauphin a
esté rempli par l'heureue
naissance de Louis XIV.
qui regne apresent;il efl: .;
le douziéme des Dauphins
de France.
Louis, dont nous regrettons
la perte, a occupé
le rang de treizième
Dauphin de France. 1
Louis, petit-fils deLouis
le Grand remplit à pre- ;I
sent la place du 14. Dauphin
: Il est né le
& a esté nommé à cetitre
le Avril 17n.
de France, qui ont porte
le titre de Dauphins, LE premier Dauphin
de France,commeon
vient de l'établir par les
actes du transport de Dauphiné,
fut Charles fils aîné
du Duc Jean de Normandie;
illuy succeda au Royaume
de France en 1364.
f1ous le nom de Charles V.
Charles, fils aîné de
Charles V. fut le second
qui porta le nom de Dauphin
du vivant du Roy
son Pere, sans que pourtant
la remission du Dauphiné
luy ait jamais esté
faite; il estvray que l'Empereur
Charles de Bohelue,
estant à Paris, l'établit
par une Bulle du mois
de Janvier 1378. Vicaire
de l'Empire en Dauphiné
& dans les Evêchez de
Valence ôc de Dye, quoiqu'il
ne fût alors âgéque
de dix ansLe
troisieme Dauphin
fut Loüis
,
fils aîné de
ClurlesVI. Le Roy, par
une Declaration du mois
de Janvier 1410. ajouta au
titre de Dauphin, qu'il
portoit déja, la remission
actuelle de cette Province,
dont il prit possession
le 19*,d'Avril [tiivant;-il
confirmaen cette qualité
Reynier Pot, dans le gouvernement
de Dauphiné.
Le même destituaen
1414$.Reynier Pot,&nomma
en sa pl ace Jean d'Angenes
, Seigneur de la
Loupe, après la mort du
DauphinLouis, arrivée le
18. Septembre 1415.Le Roy
commit le Conseil Delphinal
aux fondrions du
Gouvernement.
Le quatrième, fut Jean
puisné de Charles VI. qui
succeda en la possession
adluelledeDauphiné à
son frere Loüis, estant au
Quenoy en 1416. il nomma
Henry de Sassenage
pour exercer les fonctions
degouverneur de Dauphiné
: Ce même Prince ne
joüit pas long-temps du
Titre de Dauphin,estant
mort le 5. d'Avril1417.
On ne compte point
deux autres fils de Charles
VI. qui porterent auni
le-nom de Dauphin, parce
qu'ils moururent fort
jeunes, ¿k qu'il n'en est
point parlé dans l'hstoire.
Le sixiéme Dauphin fut
Charles, autre Fils de
Charles V I. Quclques
jours aprés la mort du
Dauphin Jean son frere le
Roy lui ceda le Dauphiné
par lettres du 18. Avril,
pour en joüir fous le meme
Titre; il confirma
en même temps Henryde
Sassenage dans les
fonctions du Gouvernemenacemême
Prince parvint
ensuiteàla Couronne
souslenom deCharlesVII.
Le sixieme fut Loüis fils
aîné deCharles VII.Quoi-,
qu'il n'eût encore que 5.
ans le Roy son pere lui remit
le Dauphiné le 16.
Juillet 1416. il confirma
ensuite en 1440. le 13. du
mois de Juin5 la cession
qu'il luy en avoit faite
en 1416. Ce n'est que de
ce temps que le Dauphin
Louis commença d'exercer
les droits de la Souveraineté
dans cette Provkw
ce: c'est le même qui eC
tant devenuRoy, est connu
sous le nom de Louis
XI. Depuis ce temps il ne
paroist pas que les Rois
ayent cedé la jouissance
actuelle decette Province
à leurs fils aînez;ils leur ont
feulement donné le Titre
& s'en sont reservélapos
session suivant la facutté
qu'ils en avoient.
Leseptiéme a esté Charles,
fils aisné de Loüis
XI. qui luy a succedé enfuite
sous le nom de Charles
VIII. Il porta le nom
de Dauphin pendant la
vie du Roy Loüis son pere,
sans avoir jamais esté
revêtu de la Souveraineté,
comme quelques-uns de
ceux qui l'avoient précedé.
Oh ne met pas dans le
Rang des Dauphins deux
enfans qu'eut ce Prince de
• son mariage avec Anne
de Bretagne, qui ne vecurent
que peu de jours, &
n'eurent point de nom de
Bâtême.
Charles VIII. & Loüis
XII. son successeurestant
morts sans enfans, la Courone
passa à FrançoisComte
d'Angoulême,quirégna
fous le nom de François I.
François fils de François
I. doit estre compté pour
le huitième des Dauphins
de France; il mourut en
1536. du vivant du Roy son
pere, n'estant encore âgé
que de 19. ans.
Henry II. fils de François
I. succeda au Titre & à
-
la qualité de Dauphin a-
prés la mort de François
son frere aîné
: C'est le
même qui estant devenu
Roy, porta le nom de
Henry II..
François fils aîné de1
Henry II. avoit le Titre
de Dauphin, lorsqu'il (uc-.rceda
au Roy son pere , estans
mort un an ou en-
viron aprèsqu'il fut mon- =
té sur le Trône,il n'y eut
point de son temps de
Prince qui porta le nom
de Dauphin non plus ,
que fous les Régnés de
CharCharles
1 X. &: de Henry
III. ses freres, qui moururent
comme luy sans ensans.
La Couronne ayant passé
dans la Maison de Bourbon
, en la personne de
Henry VI. on n'a point vû
de Dauphins en France
jusqu'àl'aîné de sesenfans
qui futrevêtu de ce
,Titre.
Louis qui esté depuis
Roy, sous le nom
de Louis XIII. est l'onzième
des Princes del'Auguste
Maison. de France, qui
a porté le nom de Dauphin
: il le quitta en 1610.
pour monter sur le Trône.
Ce na esté qu'en 1638.
que le titre de Dauphin a
esté rempli par l'heureue
naissance de Louis XIV.
qui regne apresent;il efl: .;
le douziéme des Dauphins
de France.
Louis, dont nous regrettons
la perte, a occupé
le rang de treizième
Dauphin de France. 1
Louis, petit-fils deLouis
le Grand remplit à pre- ;I
sent la place du 14. Dauphin
: Il est né le
& a esté nommé à cetitre
le Avril 17n.
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Résumé : SUITE DES ENFANS de France, qui ont porté le titre de Dauphins.
Le texte expose la succession des Dauphins de France, titulaires du titre de Dauphin et héritiers présomptifs du trône de France. Le premier Dauphin fut Charles, fils aîné du Duc Jean de Normandie, qui devint roi en 1364 sous le nom de Charles V. Son fils aîné, également nommé Charles, fut le second Dauphin, établi par une bulle impériale en 1378. Le troisième Dauphin fut Louis, fils de Charles VI, qui reçut la remise du Dauphiné en 1410. Jean, autre fils de Charles VI, fut le quatrième Dauphin en 1416. Charles, fils de Charles VI, devint le cinquième Dauphin après la mort de son frère Jean en 1417 et accéda au trône sous le nom de Charles VII. Louis, fils de Charles VII, fut le sixième Dauphin en 1416 et devint roi sous le nom de Louis XI. Charles, fils de Louis XI, fut le septième Dauphin et succéda à son père sous le nom de Charles VIII. François, fils de François I, fut le huitième Dauphin. Henry II, fils de François I, devint le neuvième Dauphin après la mort de son frère François. François, fils aîné de Henry II, fut le dixième Dauphin mais mourut peu après son accession au trône. La couronne passa ensuite à la Maison de Bourbon avec Henry IV. Louis, fils de Henry IV, fut le onzième Dauphin et devint roi sous le nom de Louis XIII. Louis XIV fut le douzième Dauphin en 1638. Louis, fils de Louis XIV, fut le treizième Dauphin. Enfin, Louis, petit-fils de Louis XIV, fut le quatorzième Dauphin, né en avril 1711.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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18
p. 80-82
Services pour feu Monseigneur. [titre d'après la table]
Début :
Le zele des François pour Monseigneur le Dauphin égale leur [...]
Mots clefs :
Dauphin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Services pour feu Monseigneur. [titre d'après la table]
Le zele des François.
pour MonseigneurleDairphin
égale leur affliction
pour la perte d'unsi grand
Prince. Le nombre des
prieres & des Services
qu'on fait pour Iuy1 estsi
grande tant à Paris que
dans les Provinces, que
toutece VolumenefufBrok
pas pour placer les mémoires
qu,'onm'e, nenvoye.
On prépare ausside
tous costez des Oraisons
Funebres. La premiere
qu'on air faite dans Parisa
este prononcée par Mr
delaPause-Margon.Quoiqu'il
ne soit âgé que de21.
an,cette Piece d'Eloquenceaestétrouvée
dignedes
Orateurs les plus consomniez
& les plus célèbres:
Mr l'Abbé de la Paufe est:
£ls de Mr de Màrgorr,
Brigadier des Armées du-
Roy de Lis-uten-aiu deRoy
de la Province de
Languedoc.
pour MonseigneurleDairphin
égale leur affliction
pour la perte d'unsi grand
Prince. Le nombre des
prieres & des Services
qu'on fait pour Iuy1 estsi
grande tant à Paris que
dans les Provinces, que
toutece VolumenefufBrok
pas pour placer les mémoires
qu,'onm'e, nenvoye.
On prépare ausside
tous costez des Oraisons
Funebres. La premiere
qu'on air faite dans Parisa
este prononcée par Mr
delaPause-Margon.Quoiqu'il
ne soit âgé que de21.
an,cette Piece d'Eloquenceaestétrouvée
dignedes
Orateurs les plus consomniez
& les plus célèbres:
Mr l'Abbé de la Paufe est:
£ls de Mr de Màrgorr,
Brigadier des Armées du-
Roy de Lis-uten-aiu deRoy
de la Province de
Languedoc.
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Résumé : Services pour feu Monseigneur. [titre d'après la table]
Suite à la perte d'un grand prince, les Français manifestent leur affliction et leur zèle par de nombreuses prières et services religieux à Paris et en province. La première oraison funèbre à Paris a été prononcée par Monsieur de la Pause-Margon, âgé de 21 ans, fils de Monsieur de Margon, brigadier des armées du roi et lieutenant du roi en Languedoc. Cette oraison a été jugée digne des orateurs les plus expérimentés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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19
p. 88-90
A MONSEIGNEUR LE DAUPHIN.
Début :
MONSEIGNEUR, Voicy le premier hommage que le Clergé a l'honneur [...]
Mots clefs :
Dauphin, Royaume, Dieu, Clergé
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A MONSEIGNEUR LE DAUPHIN.
AMONSEIGNEUR.
IE, - DAUPHIN.
'MONSEIGNEUR,
Voicy le premierhommage
que le Cjlergé a l'honneurde -'
vous rendre encenmonie,mais
ce n'rft pas le premier que cba-;
cun de nous vous 4 rendu en,
particulier
, ~&c >
= Quel bonheur pour
nous , & pour tout le
Royaume, de voir un
Prince né pour le gouver- n'erunjour,ci-nploycrla"
pénétration & l'élevation
- -
de
de son esprit à se convaincre
de cette grande vérité,
quetant de Princes ignorent
, que le premier devoir
des Souverains efi defaire rf-.
gner Dieu dans leurs Efiats,
Quenedoit-on
pas attendre
de cet espritde justice
,
de cet Amour pour U
regle,~&c.de cettecharitéardente
qui vous rend
si sensible à la misere des
pauvres, &c. Enfin, de
vostre attachementpour leRoy,
qui trouve envousunfils
aussi sournis, aussi tendre,
& aussi occu pé du desir de
luy plaire que l'estoitceluy
qu'il a perdu, &c.
IE, - DAUPHIN.
'MONSEIGNEUR,
Voicy le premierhommage
que le Cjlergé a l'honneurde -'
vous rendre encenmonie,mais
ce n'rft pas le premier que cba-;
cun de nous vous 4 rendu en,
particulier
, ~&c >
= Quel bonheur pour
nous , & pour tout le
Royaume, de voir un
Prince né pour le gouver- n'erunjour,ci-nploycrla"
pénétration & l'élevation
- -
de
de son esprit à se convaincre
de cette grande vérité,
quetant de Princes ignorent
, que le premier devoir
des Souverains efi defaire rf-.
gner Dieu dans leurs Efiats,
Quenedoit-on
pas attendre
de cet espritde justice
,
de cet Amour pour U
regle,~&c.de cettecharitéardente
qui vous rend
si sensible à la misere des
pauvres, &c. Enfin, de
vostre attachementpour leRoy,
qui trouve envousunfils
aussi sournis, aussi tendre,
& aussi occu pé du desir de
luy plaire que l'estoitceluy
qu'il a perdu, &c.
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Résumé : A MONSEIGNEUR LE DAUPHIN.
Le clergé adresse une lettre au Dauphin, futur roi de France, exprimant son honneur et son bonheur de lui rendre hommage. Ils louent sa pénétration d'esprit, son sens de la justice, sa charité envers les pauvres et son dévouement au roi. Le Dauphin comprend que régner implique de servir Dieu.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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20
p. 92
Service pour Monseigneur. [titre d'après la table]
Début :
Le 18. Juin on fit dans l'Eglise de l'Abbaye Royale [...]
Mots clefs :
Dauphin, Abbaye royale de Saint-Denis, Église
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Service pour Monseigneur. [titre d'après la table]
Le 18. Juin on fit dans
l'Eglise de l'AbbayeRoyaledeSaint-
Denis leService
solemnel pourle repos
de lame de feu Monseigneur
le Dauphin. On n'a
pas pu encore me donner
le détail decerte cérémonie,
ce fera pour le mois
prochain.
l'Eglise de l'AbbayeRoyaledeSaint-
Denis leService
solemnel pourle repos
de lame de feu Monseigneur
le Dauphin. On n'a
pas pu encore me donner
le détail decerte cérémonie,
ce fera pour le mois
prochain.
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21
p. 85-103
Service pour feu Monseigneur le Dauphin.
Début :
Le 18. Juin on fit dans l'Eglise de l'Abbaye Royale [...]
Mots clefs :
Dauphin, Duc, Princes, Écussons, Musique, Service, Oraison funèbre, Choeur, Religieux, Autel
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Service pour feu Monseigneur le Dauphin.
Service pour feu Mon-
Seigneur ledaepl-lyn.
Le 18. Juin on fit dans
l'Eglise de l'Abbaye Royale
deS. Denis le Service
solemnel pour le repos de
l'Ame de feu Monfeigcur
le Dauphin.
Toutes les Portes de la
Ville estoienttenduës de
noir sans Ecussons ; celle
de l'entrée du Parvis estoit
ornée deCartouches & de
petitsEcussons, entre lesquelsil
y en avoit de
grands aux Armes de
Monseigneur. Les trois
grandes Portes de l'Eglise
estoient renduës,ainsi que
toute la largeur du Portail
jusques aux petites Tourelles.
La Nefestoit couverte
jusqu'à dix ou douze
pieds de la voute, ainsi
que les bas costez,&ornée
de plusieurs rangs de Car
touches & d'Ecussons.
Audessus delaGrille
ou des Jubez, pendoit depuis
la voute un grand
Tapis noir qui garnissoit
tout l'espace d'entre les
piliers. Au dessous de ce
Tapis on avoit appliqué à
la grille un Jubé de menuiserie
qui avançoit d'environvingt
pieds dans la
Nef, & dans lequel la Musique
fut placée. De chaque
cofté du Choeur au..
dessus des hautes Chaises,
regnoient jusqu'à l'Autel,
six grandes pieces quarrées
de drap noir bordées
d'Hermine, & ornées
dans le haut & dans le bas
d'une Bande de trois
rangs enQuinconge semée
de Larmes d'argent
de Dauphins,& de Fleursde-
Lys d'or. Entre chacun
de ces grands quarrez
estoient des bandes en forme
de pilastres aussisemer
de Larmes, de Dauphins,
& deFleurs de-lys. Dans
le milieu de ces pilastres
estoient de grands Ecussons
aux Armes & aux
, Chiffres de Monseigneur
alternativement,ainsi que
sur les Corniches qui estoient
surmonrées d'un
grand Luminaire qui regnoit
tout autour du
Choeur. Vis- à-vis des
Ecussons
Ecussons qui eftoienc au
dessous de la Cornic he
d'enhaut,onavoir attaché
des Girandoles garnies
de Cierges.
La Representationestoit
élevée de huit degrez
sur un Champ quarré de
deux, pieds & demi de
haut, sousun Dais soufie.
nu de quatre Colomnes.
Au dessus deceDaisestoit
uneCouronne fermée de
dix Dauphins herissez de
pointes où l'on avoit mis
desCierges qui formoient
unGroupe de Luminaire
dont l'effet estoit fort
beau. Du milieu de ce
Groupe sortoit unCierge
qui estoit beaucoup plus
élevé que les autres, &les
degrez de la Representation
estoient tout couverts
deChandeliers.
Il n'yen avoir que six
sur le Grand Autel ,&six
au dessus du Contre-Table,
à la hauteur duquel
partoic des deux costez,
desCourtines de velours
garnies de franges d'argent
& d'Ecussons,& il y
avoit des Rideauxde satin
qui estoient attachez aux
Colonnes de l'Autel.
Au dessous du Contre,
Table estoit une grande
Croix de Moire avec quatre
grands Ecussonssur du
velours,surmontée d'un
Dais avec ses Rideaux ar
restez,qui cachoit entierement
l'espacedepuisle
ContreTable jusques à1$
hauteur du Luminaire
d'enhaut, lyavoità costé
de ce Dais deuxespecesde
Pilastres semez deLarmé$
d'argent,de Dauphins ôc
de Fleurs-de-lys d'or
,
ôç
accotez de deux Consoles
sur lesquelles il y avoit des
Cierges.
On commença à allumer
le Luminaire à dix
heures & un quart.
Monseigneur le Dauphin
estant arrivé avec
Monseigneur le Duc de
Berry & S. AR. Monsieur
le Duc d'Orleansces Princes
furent conduits dans
l'Appartement qui leur
aVoic£&e préparé au bouc
de la premiere partie de
l'ancien Cloistre. L'Escalier
estoit tout tendu de
Drap noir, ainsi que le
passage jusqu'à l'Appartement
où il y avoit un Dais.
Aprés que ces Princes y
eurent esté habillez,ils
allerent prendre leurs places
dans les trois Chaises
hautes du Choeur les plus
proches de celle qui est
destinée pourl'Abbé,&c
qui est tousjours vacante
lorsqu'il n'y en a point.
Le Requiem fut entonné
par les cinq Chantres,&
continué parla Musique
du Roy, & ensuiteKyrie
eleison; & les Prélats en
entrant dans le Choeur,
saluerent la Representation
,
les Princes, la
Representation de Loüis
XIII.&l'Autel. LeCelebrant
estoit M. l'Archevesque
de Reims; ôc les
Assistans, M.l'Evesque de
Quebec ; M. l'Evesque
d'Auxerre; M. l'Evesque
de Séez
,
& M.l'Evesque
d'Autun.
Dans le Sanctuaire à
droite ,du costé de l'Evangile,
estoitunAmphithéâtre
garni de Bancs
pour les Religieux de
1
la
Maison, qui avoient psalmodié
Prime,Tierce, &
None dés six heures & demie,
dans la Chapelle du
Chevet derrière le Grand
Autel,du costé de l'Epistre
il y avoit des Bancs
pour le Clergé, vis-à-vis
desquels estoient cinq sauteüils
de velours, pour
l'Archevesque& pour les
quatre Evesques assistans.
L'Epistre fut chantée par
Dom Taveroles
,
Religieux,
Sous-Diacre,&l'Evangile
parDomQuenet,
Religieux, Diacre, deux
des Evesques alIifianseL:
dantDiacre,&SousDiacre
d'honneur. Le Graduel
fut chanté pirie's
cinq ChantresReligieux.
& la Prose par la Musique.
L'Offertoire estant finie,
Monseigneur leDauphin
allaà l'Offrande précede
du Maistre desCeremonies,
qui fit les Reverences
àl'Autel du bas des degrez
du Sanctuaire, aux Princes,
aux Cours Supérieures
,& au Clergé,&il alla
baiser l'Anneau du Celebrant
aprèsavoirpresenté
le
le Cierge. Il y avoit dix
pieces d'or à celuy de
Monseigneur le Dauphin,
huit à celuy deMonseigneur
le Duc de Berry,
& six à celuy deMonsieur
le Duc d'Orleans.
L'Oraison Funebre fut
prononcée par Mr l'Evesque
d'Angers. Ilprit pour
Texteles 13 & 17. Versets
du 3. Chapitre des Proverbes
dont il ne fit qu'un,
pour l'apliquer à Monseigneur.
Beatus homo qui inrectæ
, omnes semitæ ejus
pacificæ. Heureux l'homme
rempli de sagesse & de
prudence,ses voyes sont
toujours droires &ne tendent
qu'à Ja paix,
On ne donnera, point les
Extraits des Oraisons Fune-
Ines, parce qu'elles sontimpri
mées Cm aujji parce qu'ilyen
aura troppourentreprendre de
les donner toutes , que de
donnerseulement les plus belles
ce feroit marquer qu'on
llime moins les autres.
Monseigneur le Dauphin,
Monseigneur leDuc
deBerry,& Monsieur le
Duc d'Orleans sortirent;
del'Eglileun peu avant
quatre heures pour aller
se deshabiller, & ils sortirent
de leurs Apartements
à quatre heures trois
quarts par la grande porte
de l'Eglise,suivis du
Prieur,de plusieursReligieux
& de leurs Officiers
; & ces Princesmonterent
tous trois dans le
mesine Carosse pour retourner
à Marly,.Il y avoit
plusieurs Compagnies
des Gardes rangées obli-.
quement en haye depuis
1,2 premiere porte du parvis
jusques danslarue qui
conduir hors de Saint Denis
par le chemin dePa*.
ris.
Il y eut de si vives contestations
entre les Cent-
Suisses & les Gardes du
Corps au sujet de la barriere,
qu'il fallut, envoyer
un exprés à Marly pour
sçavoit à qui elle devoit
appartenir. La question
futdecidée en faveur des
Gardes du Corps qui la
îirent enlever.
Le 3. Juillet on fit aufll un
Service solemnel pour le reposdeL'Ame
de feu Monseigneur
leDauphin, dans l'Eglise
de Notre Dame. Mon.
sieur le Cardinal de Noailles
y officia pontificalement; &
lePeredelaRue Jesuite y prononça
l'Oraison Funebre.
Monseigneur le Dauphin, accompagné de Monseigneur
le Duc de Berry & de Monsieur
le Ducd'Orleans )efioit'
à la relte du Deuil ainsiqu'à
celuy de S. Denis; & le Clergé,
le Parlement, la Chambre
des Comptes, la Cour des Aides,
l'U niverfité & le Corps
de Villeyaissisterent. Ils y avoient
esté invitez de la tirt
du Roy par Mr. des Granges
Maistre des Ceremonies. Monsieurle
Cardinal de Noailles
donna à disneraux trois Princes
après le Service.
On ne parlera point de laCeremonie de Notre-
Dame
,
ni de la Sainte
Chapelle
,
ni par consequent
desautresquisesont
faites par route la France.
!i Ces Ceremonies n'tfl
tant presque que des repetitions
les unes des autres
, & de plus il faudroit
des Volumes entiers pour
bien marquer jusqu'où
les François ont porté
leur zele pour honorer
la memoire du grand
Prince qu'ils ont perdu..,)
Seigneur ledaepl-lyn.
Le 18. Juin on fit dans
l'Eglise de l'Abbaye Royale
deS. Denis le Service
solemnel pour le repos de
l'Ame de feu Monfeigcur
le Dauphin.
Toutes les Portes de la
Ville estoienttenduës de
noir sans Ecussons ; celle
de l'entrée du Parvis estoit
ornée deCartouches & de
petitsEcussons, entre lesquelsil
y en avoit de
grands aux Armes de
Monseigneur. Les trois
grandes Portes de l'Eglise
estoient renduës,ainsi que
toute la largeur du Portail
jusques aux petites Tourelles.
La Nefestoit couverte
jusqu'à dix ou douze
pieds de la voute, ainsi
que les bas costez,&ornée
de plusieurs rangs de Car
touches & d'Ecussons.
Audessus delaGrille
ou des Jubez, pendoit depuis
la voute un grand
Tapis noir qui garnissoit
tout l'espace d'entre les
piliers. Au dessous de ce
Tapis on avoit appliqué à
la grille un Jubé de menuiserie
qui avançoit d'environvingt
pieds dans la
Nef, & dans lequel la Musique
fut placée. De chaque
cofté du Choeur au..
dessus des hautes Chaises,
regnoient jusqu'à l'Autel,
six grandes pieces quarrées
de drap noir bordées
d'Hermine, & ornées
dans le haut & dans le bas
d'une Bande de trois
rangs enQuinconge semée
de Larmes d'argent
de Dauphins,& de Fleursde-
Lys d'or. Entre chacun
de ces grands quarrez
estoient des bandes en forme
de pilastres aussisemer
de Larmes, de Dauphins,
& deFleurs de-lys. Dans
le milieu de ces pilastres
estoient de grands Ecussons
aux Armes & aux
, Chiffres de Monseigneur
alternativement,ainsi que
sur les Corniches qui estoient
surmonrées d'un
grand Luminaire qui regnoit
tout autour du
Choeur. Vis- à-vis des
Ecussons
Ecussons qui eftoienc au
dessous de la Cornic he
d'enhaut,onavoir attaché
des Girandoles garnies
de Cierges.
La Representationestoit
élevée de huit degrez
sur un Champ quarré de
deux, pieds & demi de
haut, sousun Dais soufie.
nu de quatre Colomnes.
Au dessus deceDaisestoit
uneCouronne fermée de
dix Dauphins herissez de
pointes où l'on avoit mis
desCierges qui formoient
unGroupe de Luminaire
dont l'effet estoit fort
beau. Du milieu de ce
Groupe sortoit unCierge
qui estoit beaucoup plus
élevé que les autres, &les
degrez de la Representation
estoient tout couverts
deChandeliers.
Il n'yen avoir que six
sur le Grand Autel ,&six
au dessus du Contre-Table,
à la hauteur duquel
partoic des deux costez,
desCourtines de velours
garnies de franges d'argent
& d'Ecussons,& il y
avoit des Rideauxde satin
qui estoient attachez aux
Colonnes de l'Autel.
Au dessous du Contre,
Table estoit une grande
Croix de Moire avec quatre
grands Ecussonssur du
velours,surmontée d'un
Dais avec ses Rideaux ar
restez,qui cachoit entierement
l'espacedepuisle
ContreTable jusques à1$
hauteur du Luminaire
d'enhaut, lyavoità costé
de ce Dais deuxespecesde
Pilastres semez deLarmé$
d'argent,de Dauphins ôc
de Fleurs-de-lys d'or
,
ôç
accotez de deux Consoles
sur lesquelles il y avoit des
Cierges.
On commença à allumer
le Luminaire à dix
heures & un quart.
Monseigneur le Dauphin
estant arrivé avec
Monseigneur le Duc de
Berry & S. AR. Monsieur
le Duc d'Orleansces Princes
furent conduits dans
l'Appartement qui leur
aVoic£&e préparé au bouc
de la premiere partie de
l'ancien Cloistre. L'Escalier
estoit tout tendu de
Drap noir, ainsi que le
passage jusqu'à l'Appartement
où il y avoit un Dais.
Aprés que ces Princes y
eurent esté habillez,ils
allerent prendre leurs places
dans les trois Chaises
hautes du Choeur les plus
proches de celle qui est
destinée pourl'Abbé,&c
qui est tousjours vacante
lorsqu'il n'y en a point.
Le Requiem fut entonné
par les cinq Chantres,&
continué parla Musique
du Roy, & ensuiteKyrie
eleison; & les Prélats en
entrant dans le Choeur,
saluerent la Representation
,
les Princes, la
Representation de Loüis
XIII.&l'Autel. LeCelebrant
estoit M. l'Archevesque
de Reims; ôc les
Assistans, M.l'Evesque de
Quebec ; M. l'Evesque
d'Auxerre; M. l'Evesque
de Séez
,
& M.l'Evesque
d'Autun.
Dans le Sanctuaire à
droite ,du costé de l'Evangile,
estoitunAmphithéâtre
garni de Bancs
pour les Religieux de
1
la
Maison, qui avoient psalmodié
Prime,Tierce, &
None dés six heures & demie,
dans la Chapelle du
Chevet derrière le Grand
Autel,du costé de l'Epistre
il y avoit des Bancs
pour le Clergé, vis-à-vis
desquels estoient cinq sauteüils
de velours, pour
l'Archevesque& pour les
quatre Evesques assistans.
L'Epistre fut chantée par
Dom Taveroles
,
Religieux,
Sous-Diacre,&l'Evangile
parDomQuenet,
Religieux, Diacre, deux
des Evesques alIifianseL:
dantDiacre,&SousDiacre
d'honneur. Le Graduel
fut chanté pirie's
cinq ChantresReligieux.
& la Prose par la Musique.
L'Offertoire estant finie,
Monseigneur leDauphin
allaà l'Offrande précede
du Maistre desCeremonies,
qui fit les Reverences
àl'Autel du bas des degrez
du Sanctuaire, aux Princes,
aux Cours Supérieures
,& au Clergé,&il alla
baiser l'Anneau du Celebrant
aprèsavoirpresenté
le
le Cierge. Il y avoit dix
pieces d'or à celuy de
Monseigneur le Dauphin,
huit à celuy deMonseigneur
le Duc de Berry,
& six à celuy deMonsieur
le Duc d'Orleans.
L'Oraison Funebre fut
prononcée par Mr l'Evesque
d'Angers. Ilprit pour
Texteles 13 & 17. Versets
du 3. Chapitre des Proverbes
dont il ne fit qu'un,
pour l'apliquer à Monseigneur.
Beatus homo qui inrectæ
, omnes semitæ ejus
pacificæ. Heureux l'homme
rempli de sagesse & de
prudence,ses voyes sont
toujours droires &ne tendent
qu'à Ja paix,
On ne donnera, point les
Extraits des Oraisons Fune-
Ines, parce qu'elles sontimpri
mées Cm aujji parce qu'ilyen
aura troppourentreprendre de
les donner toutes , que de
donnerseulement les plus belles
ce feroit marquer qu'on
llime moins les autres.
Monseigneur le Dauphin,
Monseigneur leDuc
deBerry,& Monsieur le
Duc d'Orleans sortirent;
del'Eglileun peu avant
quatre heures pour aller
se deshabiller, & ils sortirent
de leurs Apartements
à quatre heures trois
quarts par la grande porte
de l'Eglise,suivis du
Prieur,de plusieursReligieux
& de leurs Officiers
; & ces Princesmonterent
tous trois dans le
mesine Carosse pour retourner
à Marly,.Il y avoit
plusieurs Compagnies
des Gardes rangées obli-.
quement en haye depuis
1,2 premiere porte du parvis
jusques danslarue qui
conduir hors de Saint Denis
par le chemin dePa*.
ris.
Il y eut de si vives contestations
entre les Cent-
Suisses & les Gardes du
Corps au sujet de la barriere,
qu'il fallut, envoyer
un exprés à Marly pour
sçavoit à qui elle devoit
appartenir. La question
futdecidée en faveur des
Gardes du Corps qui la
îirent enlever.
Le 3. Juillet on fit aufll un
Service solemnel pour le reposdeL'Ame
de feu Monseigneur
leDauphin, dans l'Eglise
de Notre Dame. Mon.
sieur le Cardinal de Noailles
y officia pontificalement; &
lePeredelaRue Jesuite y prononça
l'Oraison Funebre.
Monseigneur le Dauphin, accompagné de Monseigneur
le Duc de Berry & de Monsieur
le Ducd'Orleans )efioit'
à la relte du Deuil ainsiqu'à
celuy de S. Denis; & le Clergé,
le Parlement, la Chambre
des Comptes, la Cour des Aides,
l'U niverfité & le Corps
de Villeyaissisterent. Ils y avoient
esté invitez de la tirt
du Roy par Mr. des Granges
Maistre des Ceremonies. Monsieurle
Cardinal de Noailles
donna à disneraux trois Princes
après le Service.
On ne parlera point de laCeremonie de Notre-
Dame
,
ni de la Sainte
Chapelle
,
ni par consequent
desautresquisesont
faites par route la France.
!i Ces Ceremonies n'tfl
tant presque que des repetitions
les unes des autres
, & de plus il faudroit
des Volumes entiers pour
bien marquer jusqu'où
les François ont porté
leur zele pour honorer
la memoire du grand
Prince qu'ils ont perdu..,)
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Résumé : Service pour feu Monseigneur le Dauphin.
Le 18 juin, un service solennel fut organisé à l'Abbaye Royale de Saint-Denis pour le repos de l'âme du défunt Dauphin. La ville était en deuil, avec toutes les portes tendues de noir, sauf celle de l'entrée du parvis, ornée de cartouches et d'écussons, certains aux armes du Dauphin. L'église était également décorée de noir, avec des cartouches et des écussons sur la nef et le chœur. Un grand tapis noir couvrait l'espace entre les piliers, et un jubé de menuiserie abritait la musique. Le chœur était orné de pièces de drap noir bordées d'hermine et décorées de larmes d'argent, de dauphins et de fleurs-de-lis d'or. Des girandoles garnies de cierges étaient suspendues au-dessus des écussons. La représentation du Dauphin était élevée sur un champ carré, sous un dais soutenu par quatre colonnes, surmonté d'une couronne de dauphins et de cierges. Le service commença à dix heures et un quart, avec l'arrivée du Dauphin, du Duc de Berry et du Duc d'Orléans, conduits dans un appartement préparé pour eux. Le requiem fut entonné par les chantres et continué par la musique du roi. L'archevêque de Reims célébra la messe, assisté de plusieurs évêques. L'oraison funèbre fut prononcée par l'évêque d'Angers, qui cita les Proverbes. Après la messe, les princes sortirent de l'église pour se déshabiller et quittèrent Saint-Denis vers quatre heures et demie, escortés par des compagnies de gardes. Le 3 juillet, un autre service solennel eut lieu à l'église Notre-Dame, officié par le cardinal de Noailles, avec la présence des mêmes princes et de diverses autorités invitées par le roi. Le cardinal de Noailles offrit ensuite un dîner aux princes. Les cérémonies dans d'autres lieux de France ne sont pas détaillées, car elles étaient similaires et nécessiteraient des volumes entiers pour être décrites en détail.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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22
s. p.
MORT DE MONSEIGNEUR le Dauphin & de Madame la Dauphine.
Début :
Ils ne sont plus ; le Dauphin n'a pû survivre à son Epouse ; [...]
Mots clefs :
Dauphin, Dauphine, Mort, Deuil
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORT DE MONSEIGNEUR le Dauphin & de Madame la Dauphine.
MORT DE MONSEIGNEUR
le Dauphin & de Madame
la Dauphine.
Ls ne font plus ;
le Dauphin n'a
pû furvivreàfon
Epouſe ; il n'a pû fupporter fa perte , coma ij
MORT
ment pourrons - nous
fupporter la noftre. Toute la France eft muette
& confternée fi fa douleur ne va pas juſqu'au
defefpoir. Quelle ref
fource de confolation
faut- il qu'elle ait trouvée
dans fon Roy? Cette image de fes vertus nous eſt
donc enlevée ; que d'affictions depuis un tems.
Nous nous fommes atti
ré des coups fi terribles :
mais le Ciel a épuisé fur
de Monfeigneur , &c.
nous toute la cólere. Quy
fans doute , fa main s'eft
laffée à force de nous
chaſtier ; elle va ſe repofer pour long- temps.
Madame la Dauphine
Marie Adelaide de Savoye,
mourut à Verfailles le 12.
de ce mois en fa vingtfixiéme année.
Monseigneur le Dauphin , Louis de France ,
mourut à Marly le 18. en
la trentiéme année de fon
âge , eftant né le 6. Aouft
1682.
le Dauphin & de Madame
la Dauphine.
Ls ne font plus ;
le Dauphin n'a
pû furvivreàfon
Epouſe ; il n'a pû fupporter fa perte , coma ij
MORT
ment pourrons - nous
fupporter la noftre. Toute la France eft muette
& confternée fi fa douleur ne va pas juſqu'au
defefpoir. Quelle ref
fource de confolation
faut- il qu'elle ait trouvée
dans fon Roy? Cette image de fes vertus nous eſt
donc enlevée ; que d'affictions depuis un tems.
Nous nous fommes atti
ré des coups fi terribles :
mais le Ciel a épuisé fur
de Monfeigneur , &c.
nous toute la cólere. Quy
fans doute , fa main s'eft
laffée à force de nous
chaſtier ; elle va ſe repofer pour long- temps.
Madame la Dauphine
Marie Adelaide de Savoye,
mourut à Verfailles le 12.
de ce mois en fa vingtfixiéme année.
Monseigneur le Dauphin , Louis de France ,
mourut à Marly le 18. en
la trentiéme année de fon
âge , eftant né le 6. Aouft
1682.
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Résumé : MORT DE MONSEIGNEUR le Dauphin & de Madame la Dauphine.
Le Dauphin Louis de France, né le 6 août 1662, et son épouse Marie Adelaide de Savoie sont décédés respectivement le 18 et le 12 avril, à l'âge de 30 et 26 ans. La France est plongée dans la douleur. Le roi exprime sa consolation et mentionne les récentes afflictions et la colère divine.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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23
s. p.
MEMOIRES sur ces deux morts.
Début :
Le Vendredy 12. Février 1712. Marie-Adelaïde de Savoye, Epouse de [...]
Mots clefs :
Dauphin, Dauphine, Gardes, Princesse, Duc d'Orléans, Corps du prince, Carrosse, Choeur, Saint-Denis, Évêque de Senlis, Mort, Duchesse, Armes, Lit de parade, Versailles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MEMOIRES sur ces deux morts.
MEMOIRES
fur ces deux morts.
LeVendredy 12. Février
1712. Marie-Adelaïde da
Savoye , Epoufe de Monfeigneur Louis , Dauphin
de France , mourut aprés
avoir receu fes Sacrements
le jour précedent avec une
parfaite refignation auxvolontez de Dieu & de grands
fentiments de pieté. Sitoft
qu'elle fut décédée ce mefme jour 12. Février à huit
heures & demie du foir , le
Roy fe retira à Marly où
de Mon(Eignearlyfetc
f'on tranfporta Monfeis
gneur le Dauphin malade
le Samedy 13. Février à
fept heures du matin. La
mort d'une Epoufe quiluy
eftoitfi chere rendit la ma
ladie mortelle ; il expira le
Jeudy 18. du mefme mois.
Parlons d'abord de ce
qui fe paffa au premier de
ces deux funeftes évenements. Ce ne furent que
cris & que larmes dans
tout le Chasteau de Verfailles. On peigna la Prin
ceffe , onla coëffa en linger
uni avec des rubans noirs
MORTA
& blancs , & en cet eftat
elle fut exposée au public
tout le Samedyfuivant.
Le Samedy 13. au ſoir
fort tard , elle fut enfevelie
& mife dans fon cercuel
par Madame la Ducheffe
du Lude , & Madame la
Marquile de Mailly , cellelà tenant la tefte , celle- cy
les pieds.
Elle refta tout le Dimanche fur fon lit dans fon
cercueil fans aucun appareil que fix cierges , parce
qu'on préparoit dans la
chambre d'auprés fon lit
de Monfeigneur, & c.
de parade où elle fut mife
le Lundy 15. & exposée au
public.
1
Le Jeudy 18. Monfei
gneur le Dauphin n'ayant
fait paroiftre d'autre in
quietude pendant toute la
nuit précedente que celle
de parvenir aumoment au
quelil pourroit entendre la
Meffe & recevoir le Saint
Sacrement, fon inquietude
ceffa quandil eut fatisfait à
ces deux devoirs , il mou
rut ( aprés avoir recom
mandéfon ameà Dieu , &
l'avoir ptié de conſerver
MORTAS
long temps la perfonne fa
crée du Roy , pour l'intel
reft de les peuples, ) à huit
heures & demie du matin.
Le Roy fe retira dans le
penultiéme Pavillon de
Marly à gauche , & dés que
Monfeigneur le Dauphin
pur eftre enseveli , on l'ap.
porta à Versailles , & on le
mit dans le mefme lit de
parade avec Madame la
Dauphine. Les deux grilles
de Versailles eftoient ten
dues de noir fans écuffons.
Toutes les arcades du ve
fabule , le grand efcalier ,
de Monfeigneur, &c.
la premiere Salle des Gar
des & tout l'appartement
de Madame la Dauphine
eftoient tendus jufqu'au
plafond : deux bandes d'E
cuffons regnoient depuis
les dehors de la Cour juf
ques à la Chambre où le
Prince & la Princeffe ef
toient expoſez.h mung
Un concours infini de
peuple , vint pendant tout
le temps que les corps du
Prince & de la Princeffe
furent expoſez , & paffoit
au travers du Salon , par
la Galerie , jufques à une
MORT
barriere qu'on avoit faite
pour ne donner paffago
que par l'autre Salle des
Gardes , & cela dura juf
qu'au Mardyà midy , qua
tre Pores de la Miffion
quatre Peres Feuillants , &
quatre Peres Recollets ,
avoient veillé jour & nuit
autour du lit de parade ,
& fur les cinq heures du
foir du Mardy 23. Mon
feigneur le Duc d'Orleans
qui avoit efté Mercredyi
17.. donner l'eaubenifte au
Corps de Madame la Dauphine , deyant conduire la
pompe
de Monfeigneur , &c.
"
pompe funebre , vint en
donner avant la levée des
corps du Prince & de la
Princeffe. Meffeigneurs les
Evefques ayant auffi donné
de l'eau benite fur lescorps
du Prince & de la Princeffe , Monfeigneur l'Evef
que de Senlis, accompagné
de Meffeigneurs les Evel
ques de Montauban , de
Tournay , & d'Autun , des
Aumofniers du Curé de
la Paroiffe de Versailles en
furplis & en étole , ayant
entonné Exultabunt , plufieurs Peres de la Miffion ,
Février 1712 .
A
MORTb
commencerent à chanter
le Miferere. Monseigneur
le Duc d'Orleans , Monfieur le Marquis de Dangeau , Chevalier d'Honneur , Monfieur
le Maréchal de Teffé , premier
Ecuyer, les Dames d'Honneur , & les Dames du
Palais qui estoient dans
la Chambreoù la Princeffe
s'avancerent eftoit morte ,
dans celle du lit de parade :
fçavoir , Madame la Ducheffe du Lude , & Madame la Comteffe de Mailly ,
Dames d'Honneur, les Da-
de Monfeigneur , &c.
mes du Palais , Meldames
Ja Marquifel de Dangeau,
deRoucyde Nogaret,d'O,
de Mongon , de Levy, d'Eftrées , ayant à leur tefte
Madame la Grande Ducheffe , Madame la Prin
ceffe de Conty , Madame
la Ducheffe de Vendofme,
&Mademoiſelle de la Roche-fur-Yon. Toutes cés
Dames fuivoient les corps
du Prince & de la Princeffé, portez par dix Gardes
-dusCorps à chaque cercueil , & deux à chaque
quaiffe , où eftoient renA ij
MORT
fermées les entrailles ; lorf
qu'ils furent fur l'escalier ,
la Mufique entonna un De
profundis en faux bourdon ,
qui dura à peu prés le
temps que les deux cercueils & les deux quaiffes
furent pofez dans le Char
funebre , les Gardes Françoifes & Suiffes eftoient
fous les armes alors on
commença à défiler en cet
ordre. Premierement:
Cent Pauvres habillez
d'une cape grife & claire ,
pliffée , qui leur deſcendoit
jufqu'aux pieds , avec un
de Monfeigneur , &c.
cocluchon & une ceintures
ayant chacun un flambeau
ala main. Une Compagnie
des Gardes du Corps; cent
Vingt Moufquetaires , foixante de chaque Compa
gnie , fuivis de celles des
Gendarmes & ChevauxLegers , aprés lefquels fuivoient lesCaroffes de deuil,
de Meffieurs les Officiers ,
de Monfeigneur le Duc
d'Orleans , ceux de Monfeigneur le Dauphin, & de
Madame la Dauphine , fuivis de leurs Valets de pied ;
tous ces Caroffes eftoient à
huit chevaux. A iij.
MORTAM
Premier Caroffe de Madame la Dauphine.
S. A. S. Madame la Du
cheffe Pa
Madame la Ducheſſe du
Lude, Dame d'Honneur.
Madame la Ducheffe d'Harcour.
Madame la Ducheffe de
Duras.
Madame la Marquife de
Rouffy, Damedu Palais.
Madame la Marquise de
Mailly , Dame du Palais.
Madame la Marquife de
Laigle , Dame d'Honneur de
Madame la Ducheſſe.
de Monfeigneur, &c.
Second Caroffe.me
S. A. S. Madame la Ducheffe de Vendofme.
Madame la Ducheffe d'E
firées.od
Madame la Princeffe de
Chimay.
Madame de Nogaret.
Madame de Moufereaut.
Madame la Marquife de
Braffac, Dame d'Honneur de
Madame de Vendofme.
Troifiéme Caroffe.
S. A. S. Mademoiſelle de
Conti.
Madame la Duchesse de
Sully
N
A iiij
MORT
Madame la Duchesse de
la Ferté.
Madame la Marquise de
Nangy.
Madame la Marquife de
la Vrilliere
Madame la Marquife da
Liftenay.
Quatriéme Carolfe.
S.AS. Mademoiſelle de la
Rochefur Yon.
Madamela Comtesse d'Egmont.
Madame la Princesse de
Talmont.
Madame de Clermont
Madame la Marquise de
Polignac.
de Monfeigneur, &c.
Madame la Marquife de
la Vrilliere.
Madame la Marquife de
Chambouard.
Cinquiéme Caroffe.
Madame la Grand-Duchefse feule dans le fond avec
Madamela Comteffe de Mail
ly.
Et enfuite fuivirent les Pages de Monfeigneur le
Dauphin &de Madame la
Dauphine. Le Garoffe en
fuite de Monſeigneur le
Ducd'Orleans , où il eftoit
feul dans le fond avec
Monfienr le Marquis de
MORT
la Fare fon premier Capitaine des Gardes , &Mon.
fieur le Comte d'Estampes
fecond Capitaine des Gardes. Dans les autres Caroffes de fa fuite , eftoient
Meffieurs d'Armentieres ,
de Simiane , de Marivat.
Tousces équipages & corteges furent fuivis des Pa
du Roy avec les livrées
du Roy fans deüil , ayant
tous unflambeauà la main,
auffi bien que Meffieurs les
Moufquetaires , Gendarál
Chevaux Legers
ges
mes
qui tous avoient leur ha
de Monseigneur, &c.
bit d'ordonnance, à la tefte
de ce défilé , les caroffes
dans lefquels eftoient Mr
l'Evefque de Senlis , premier Aumofnier de Mada
me la Dauphine , Mr l'Evefque de Tournay , Mr.
l'Evefque de faint Omer ,
Mr. l'Evefque de Montau
ban, & Mrl'Evefque d'Au
tun , au milieu Mr le Curé
de Verfailles en Eftole d'un
cofté , le Pere de la Ruë de
le Pere Martineau, celuy
là Confeffeur de Madame
la Dauphine , celui- cy de
Monfeigneur le Dauphing
MORT
de l'autre cofté: enfuite parurent les quatre Heraults
d'armes avec le Roy d'ar
mes à leur tefte. Le Char
eftoit accompagné de qua
tre Aumofniers en rochet ,
manteau & bonnet carré,
tous quatre à cheval , te
nants chacun un des quatre coins dupoële , ce Char
eftoit attelé de huit cheyaux caparaçonnez. Les
Recollets de Verſailles accompagnerent le convoy
juſqu'à l'avenuë. Il entra
dans Paris à deux heures &
demie aprés minuit, toute
de Monfeigneur, & c.
la rue faint Honoré, où les
Feuillants , les Capucins ,
les Quinze - vingts , faint
Honoré, firent leurs Prieres avec chacun leur Clergé, ayant leurs Croix &
leurs chandeliers , fe prefenterent au paffage pour
chanter un De profundis.
Sitoft qu'on apperceut de
faint Denys les premiers
flambeaux, l'on fonna un
bourdon durant un quart
d'heure pour fignal à toutes les Eglifes de faint Denys , Collegiales , Paroil
fest & Communautez
MORTASÍ
,
d'hommes pour ſe préparer à aller au devant avec
les Religieux de faint De
nys. Tout le Clergé des
autres Eglifes s'eftant rendu dans celle de l'Abbaye ,
on fonna une ſeconde fois
un bourdon feul , pour fe
préparer àpartir. On avoit
commenceà dire des baffes
Meffes dés quatre heures
du matin , dans les Chapelles du Chevet , Chever
c'eft la partie haute de l'Eglife de faint Denys , derriere le chœur , & le lieu
oùferont expoſez pendant
de Monseigneur , &c.
quarante jours les corps du
Prince & de la Princeffe ,
tout le cortege paroiffoir
s'approcher le Clergé de
faint Denys , ayant les Religieux à leur tefte , en formerent un confiderable ,
& allerent au devant du
convoy juſques à la porte
de Paris , qui cftoit tendue avec deux rangées d'Ecuffons , auffi bien que la
premiere porte d'entrée
fur le parvis. Le Convoy
ayant joint , ils entonnerent le Libera Tout défila
furla place oùeftoient plu-
SM ORTA A
Leurs Compagnies des
Gardes Françoiles & Suif
fes ,fous les armes , les pauvres entrerent dans l'Eglife avec leurs flambeaux.
Monfieur de Dreux ; &
Monfieur Defgranges , fi
rent difpofer les fieges &
les carreaux dans le Chœur.
pour les Dames.
Monseigneur le Duc
d'Orleans , Monfieur le
Marquis de Dangeau , &
Monfieur le Maréchal de
Teffé , s'allerent placerd'abord au Choeur ; enfin le
Clergé & les Religieux
eftant
de Monfeigneur, &c.
eftant entrés, le Char eftant
arrivé devant la porte de
l'Eglife , Mr. l'Evefque de
Senlis emchape & en mitre, le Prieur de Saint Denis
enchape , accompagné de
deux Religieux en Dalmatiques , attendirent que les
deux cercueils fuffent apportés fur deux tables l'un
auprés de l'autre , placés
au milieu , fous la plateformeàl'entrée pour com
mencer leurs Harangues.
Ces deux harangues finies , Madame la grande
Ducheffe eftant revenue
Février 1712.
B
MaO RUTAsh
du Chœur au lieu où elles
fe firent pour reprefenter
auprés de Madame la Dauphine, on avoit mis fur les
cercueils de plomb enfermez dans un cercueil de
bois de chefne , & couvert
d'un velours croisé d'une
moire d'argent , à travers
lequel paffoient trois an
neaux de chaque cofté ,
un poëlle noir avec une
Croix herminée , tout le
poëfle bordé d'hermine de
la hauteur de dix pouces ,
& par deffus ce poëlle une
autre de drap d'or avec les
de Monfeigneur, c.
Ecuffons brodez de Mon
feigneur le Dauphin , auf
quels eftoient jointes les
Armes de Madamela Dau
phine fans brifures , n'y
ayant que celles deSavoye
qui font de gueules à und
Croixd'argent, ainfi qu'el
les paroiffoient alternativement dans les Ecus de
velours , chargez d'Ecuffons qui regnoient autour
du Chœur jufqu'à l'Autel,
celles de Monfeigneur le
Dauphin feuls , alternati
A
vement jointes à celles de
Madame la Dauphine. En
Bij
MAORT..
07
fuite on avança' dans le
Chœur, les Gardesducorps
eurent ordre du Maiftre
des ceremonies , de prendre le corps de Madame la
Dauphine le premier, pour
le porter fur une eftrade de
trois degrez qui eftoit dans
le Choeur, & celuy de Monfeigneur le Dauphin , lef
quels eftant placez fur deux
tables , le poëfle de drap
d'or feulement eſtendu
deffus , cinq douzaines de
cierges autour , furmonté
d'un dais en l'air . le Mifer
rere achevé , on chanta le
.
de Monfeigneur,&C.
Subvenite , Kyrie eleifon , Pa
ter nofter , pendant quoy
Mr l'Evefque de Senlis jetta l'eau benifte autour, en
cenfa, & le Pere Prieur enfuite, & Mrde Senlis ayant
fini l'Abfolution , ce qui
conduifit jufqu'à fept heu
res trois quarts ; on s'alla
repofer une demi - heure
aprés laquelle Mr de Senlis vint commencer la
grand Meffe qui dura juſ
ques à neuf heures trois
1quarts.
MORTV
Les cœurs de Monfeigneur.le Dauphin , & de
Madamela Dauphine , fu
rent portez au Val de Gras
ce le Vendredy au foir. Ils
yarriverent à minuit.de
En attendant un détail
de cette ceremonie voicy
le Difcours que fit Mada+
me l'Abbeffe du Val de
Grace en les recevant
fur ces deux morts.
LeVendredy 12. Février
1712. Marie-Adelaïde da
Savoye , Epoufe de Monfeigneur Louis , Dauphin
de France , mourut aprés
avoir receu fes Sacrements
le jour précedent avec une
parfaite refignation auxvolontez de Dieu & de grands
fentiments de pieté. Sitoft
qu'elle fut décédée ce mefme jour 12. Février à huit
heures & demie du foir , le
Roy fe retira à Marly où
de Mon(Eignearlyfetc
f'on tranfporta Monfeis
gneur le Dauphin malade
le Samedy 13. Février à
fept heures du matin. La
mort d'une Epoufe quiluy
eftoitfi chere rendit la ma
ladie mortelle ; il expira le
Jeudy 18. du mefme mois.
Parlons d'abord de ce
qui fe paffa au premier de
ces deux funeftes évenements. Ce ne furent que
cris & que larmes dans
tout le Chasteau de Verfailles. On peigna la Prin
ceffe , onla coëffa en linger
uni avec des rubans noirs
MORTA
& blancs , & en cet eftat
elle fut exposée au public
tout le Samedyfuivant.
Le Samedy 13. au ſoir
fort tard , elle fut enfevelie
& mife dans fon cercuel
par Madame la Ducheffe
du Lude , & Madame la
Marquile de Mailly , cellelà tenant la tefte , celle- cy
les pieds.
Elle refta tout le Dimanche fur fon lit dans fon
cercueil fans aucun appareil que fix cierges , parce
qu'on préparoit dans la
chambre d'auprés fon lit
de Monfeigneur, & c.
de parade où elle fut mife
le Lundy 15. & exposée au
public.
1
Le Jeudy 18. Monfei
gneur le Dauphin n'ayant
fait paroiftre d'autre in
quietude pendant toute la
nuit précedente que celle
de parvenir aumoment au
quelil pourroit entendre la
Meffe & recevoir le Saint
Sacrement, fon inquietude
ceffa quandil eut fatisfait à
ces deux devoirs , il mou
rut ( aprés avoir recom
mandéfon ameà Dieu , &
l'avoir ptié de conſerver
MORTAS
long temps la perfonne fa
crée du Roy , pour l'intel
reft de les peuples, ) à huit
heures & demie du matin.
Le Roy fe retira dans le
penultiéme Pavillon de
Marly à gauche , & dés que
Monfeigneur le Dauphin
pur eftre enseveli , on l'ap.
porta à Versailles , & on le
mit dans le mefme lit de
parade avec Madame la
Dauphine. Les deux grilles
de Versailles eftoient ten
dues de noir fans écuffons.
Toutes les arcades du ve
fabule , le grand efcalier ,
de Monfeigneur, &c.
la premiere Salle des Gar
des & tout l'appartement
de Madame la Dauphine
eftoient tendus jufqu'au
plafond : deux bandes d'E
cuffons regnoient depuis
les dehors de la Cour juf
ques à la Chambre où le
Prince & la Princeffe ef
toient expoſez.h mung
Un concours infini de
peuple , vint pendant tout
le temps que les corps du
Prince & de la Princeffe
furent expoſez , & paffoit
au travers du Salon , par
la Galerie , jufques à une
MORT
barriere qu'on avoit faite
pour ne donner paffago
que par l'autre Salle des
Gardes , & cela dura juf
qu'au Mardyà midy , qua
tre Pores de la Miffion
quatre Peres Feuillants , &
quatre Peres Recollets ,
avoient veillé jour & nuit
autour du lit de parade ,
& fur les cinq heures du
foir du Mardy 23. Mon
feigneur le Duc d'Orleans
qui avoit efté Mercredyi
17.. donner l'eaubenifte au
Corps de Madame la Dauphine , deyant conduire la
pompe
de Monfeigneur , &c.
"
pompe funebre , vint en
donner avant la levée des
corps du Prince & de la
Princeffe. Meffeigneurs les
Evefques ayant auffi donné
de l'eau benite fur lescorps
du Prince & de la Princeffe , Monfeigneur l'Evef
que de Senlis, accompagné
de Meffeigneurs les Evel
ques de Montauban , de
Tournay , & d'Autun , des
Aumofniers du Curé de
la Paroiffe de Versailles en
furplis & en étole , ayant
entonné Exultabunt , plufieurs Peres de la Miffion ,
Février 1712 .
A
MORTb
commencerent à chanter
le Miferere. Monseigneur
le Duc d'Orleans , Monfieur le Marquis de Dangeau , Chevalier d'Honneur , Monfieur
le Maréchal de Teffé , premier
Ecuyer, les Dames d'Honneur , & les Dames du
Palais qui estoient dans
la Chambreoù la Princeffe
s'avancerent eftoit morte ,
dans celle du lit de parade :
fçavoir , Madame la Ducheffe du Lude , & Madame la Comteffe de Mailly ,
Dames d'Honneur, les Da-
de Monfeigneur , &c.
mes du Palais , Meldames
Ja Marquifel de Dangeau,
deRoucyde Nogaret,d'O,
de Mongon , de Levy, d'Eftrées , ayant à leur tefte
Madame la Grande Ducheffe , Madame la Prin
ceffe de Conty , Madame
la Ducheffe de Vendofme,
&Mademoiſelle de la Roche-fur-Yon. Toutes cés
Dames fuivoient les corps
du Prince & de la Princeffé, portez par dix Gardes
-dusCorps à chaque cercueil , & deux à chaque
quaiffe , où eftoient renA ij
MORT
fermées les entrailles ; lorf
qu'ils furent fur l'escalier ,
la Mufique entonna un De
profundis en faux bourdon ,
qui dura à peu prés le
temps que les deux cercueils & les deux quaiffes
furent pofez dans le Char
funebre , les Gardes Françoifes & Suiffes eftoient
fous les armes alors on
commença à défiler en cet
ordre. Premierement:
Cent Pauvres habillez
d'une cape grife & claire ,
pliffée , qui leur deſcendoit
jufqu'aux pieds , avec un
de Monfeigneur , &c.
cocluchon & une ceintures
ayant chacun un flambeau
ala main. Une Compagnie
des Gardes du Corps; cent
Vingt Moufquetaires , foixante de chaque Compa
gnie , fuivis de celles des
Gendarmes & ChevauxLegers , aprés lefquels fuivoient lesCaroffes de deuil,
de Meffieurs les Officiers ,
de Monfeigneur le Duc
d'Orleans , ceux de Monfeigneur le Dauphin, & de
Madame la Dauphine , fuivis de leurs Valets de pied ;
tous ces Caroffes eftoient à
huit chevaux. A iij.
MORTAM
Premier Caroffe de Madame la Dauphine.
S. A. S. Madame la Du
cheffe Pa
Madame la Ducheſſe du
Lude, Dame d'Honneur.
Madame la Ducheffe d'Harcour.
Madame la Ducheffe de
Duras.
Madame la Marquife de
Rouffy, Damedu Palais.
Madame la Marquise de
Mailly , Dame du Palais.
Madame la Marquife de
Laigle , Dame d'Honneur de
Madame la Ducheſſe.
de Monfeigneur, &c.
Second Caroffe.me
S. A. S. Madame la Ducheffe de Vendofme.
Madame la Ducheffe d'E
firées.od
Madame la Princeffe de
Chimay.
Madame de Nogaret.
Madame de Moufereaut.
Madame la Marquife de
Braffac, Dame d'Honneur de
Madame de Vendofme.
Troifiéme Caroffe.
S. A. S. Mademoiſelle de
Conti.
Madame la Duchesse de
Sully
N
A iiij
MORT
Madame la Duchesse de
la Ferté.
Madame la Marquise de
Nangy.
Madame la Marquife de
la Vrilliere
Madame la Marquife da
Liftenay.
Quatriéme Carolfe.
S.AS. Mademoiſelle de la
Rochefur Yon.
Madamela Comtesse d'Egmont.
Madame la Princesse de
Talmont.
Madame de Clermont
Madame la Marquise de
Polignac.
de Monfeigneur, &c.
Madame la Marquife de
la Vrilliere.
Madame la Marquife de
Chambouard.
Cinquiéme Caroffe.
Madame la Grand-Duchefse feule dans le fond avec
Madamela Comteffe de Mail
ly.
Et enfuite fuivirent les Pages de Monfeigneur le
Dauphin &de Madame la
Dauphine. Le Garoffe en
fuite de Monſeigneur le
Ducd'Orleans , où il eftoit
feul dans le fond avec
Monfienr le Marquis de
MORT
la Fare fon premier Capitaine des Gardes , &Mon.
fieur le Comte d'Estampes
fecond Capitaine des Gardes. Dans les autres Caroffes de fa fuite , eftoient
Meffieurs d'Armentieres ,
de Simiane , de Marivat.
Tousces équipages & corteges furent fuivis des Pa
du Roy avec les livrées
du Roy fans deüil , ayant
tous unflambeauà la main,
auffi bien que Meffieurs les
Moufquetaires , Gendarál
Chevaux Legers
ges
mes
qui tous avoient leur ha
de Monseigneur, &c.
bit d'ordonnance, à la tefte
de ce défilé , les caroffes
dans lefquels eftoient Mr
l'Evefque de Senlis , premier Aumofnier de Mada
me la Dauphine , Mr l'Evefque de Tournay , Mr.
l'Evefque de faint Omer ,
Mr. l'Evefque de Montau
ban, & Mrl'Evefque d'Au
tun , au milieu Mr le Curé
de Verfailles en Eftole d'un
cofté , le Pere de la Ruë de
le Pere Martineau, celuy
là Confeffeur de Madame
la Dauphine , celui- cy de
Monfeigneur le Dauphing
MORT
de l'autre cofté: enfuite parurent les quatre Heraults
d'armes avec le Roy d'ar
mes à leur tefte. Le Char
eftoit accompagné de qua
tre Aumofniers en rochet ,
manteau & bonnet carré,
tous quatre à cheval , te
nants chacun un des quatre coins dupoële , ce Char
eftoit attelé de huit cheyaux caparaçonnez. Les
Recollets de Verſailles accompagnerent le convoy
juſqu'à l'avenuë. Il entra
dans Paris à deux heures &
demie aprés minuit, toute
de Monfeigneur, & c.
la rue faint Honoré, où les
Feuillants , les Capucins ,
les Quinze - vingts , faint
Honoré, firent leurs Prieres avec chacun leur Clergé, ayant leurs Croix &
leurs chandeliers , fe prefenterent au paffage pour
chanter un De profundis.
Sitoft qu'on apperceut de
faint Denys les premiers
flambeaux, l'on fonna un
bourdon durant un quart
d'heure pour fignal à toutes les Eglifes de faint Denys , Collegiales , Paroil
fest & Communautez
MORTASÍ
,
d'hommes pour ſe préparer à aller au devant avec
les Religieux de faint De
nys. Tout le Clergé des
autres Eglifes s'eftant rendu dans celle de l'Abbaye ,
on fonna une ſeconde fois
un bourdon feul , pour fe
préparer àpartir. On avoit
commenceà dire des baffes
Meffes dés quatre heures
du matin , dans les Chapelles du Chevet , Chever
c'eft la partie haute de l'Eglife de faint Denys , derriere le chœur , & le lieu
oùferont expoſez pendant
de Monseigneur , &c.
quarante jours les corps du
Prince & de la Princeffe ,
tout le cortege paroiffoir
s'approcher le Clergé de
faint Denys , ayant les Religieux à leur tefte , en formerent un confiderable ,
& allerent au devant du
convoy juſques à la porte
de Paris , qui cftoit tendue avec deux rangées d'Ecuffons , auffi bien que la
premiere porte d'entrée
fur le parvis. Le Convoy
ayant joint , ils entonnerent le Libera Tout défila
furla place oùeftoient plu-
SM ORTA A
Leurs Compagnies des
Gardes Françoiles & Suif
fes ,fous les armes , les pauvres entrerent dans l'Eglife avec leurs flambeaux.
Monfieur de Dreux ; &
Monfieur Defgranges , fi
rent difpofer les fieges &
les carreaux dans le Chœur.
pour les Dames.
Monseigneur le Duc
d'Orleans , Monfieur le
Marquis de Dangeau , &
Monfieur le Maréchal de
Teffé , s'allerent placerd'abord au Choeur ; enfin le
Clergé & les Religieux
eftant
de Monfeigneur, &c.
eftant entrés, le Char eftant
arrivé devant la porte de
l'Eglife , Mr. l'Evefque de
Senlis emchape & en mitre, le Prieur de Saint Denis
enchape , accompagné de
deux Religieux en Dalmatiques , attendirent que les
deux cercueils fuffent apportés fur deux tables l'un
auprés de l'autre , placés
au milieu , fous la plateformeàl'entrée pour com
mencer leurs Harangues.
Ces deux harangues finies , Madame la grande
Ducheffe eftant revenue
Février 1712.
B
MaO RUTAsh
du Chœur au lieu où elles
fe firent pour reprefenter
auprés de Madame la Dauphine, on avoit mis fur les
cercueils de plomb enfermez dans un cercueil de
bois de chefne , & couvert
d'un velours croisé d'une
moire d'argent , à travers
lequel paffoient trois an
neaux de chaque cofté ,
un poëlle noir avec une
Croix herminée , tout le
poëfle bordé d'hermine de
la hauteur de dix pouces ,
& par deffus ce poëlle une
autre de drap d'or avec les
de Monfeigneur, c.
Ecuffons brodez de Mon
feigneur le Dauphin , auf
quels eftoient jointes les
Armes de Madamela Dau
phine fans brifures , n'y
ayant que celles deSavoye
qui font de gueules à und
Croixd'argent, ainfi qu'el
les paroiffoient alternativement dans les Ecus de
velours , chargez d'Ecuffons qui regnoient autour
du Chœur jufqu'à l'Autel,
celles de Monfeigneur le
Dauphin feuls , alternati
A
vement jointes à celles de
Madame la Dauphine. En
Bij
MAORT..
07
fuite on avança' dans le
Chœur, les Gardesducorps
eurent ordre du Maiftre
des ceremonies , de prendre le corps de Madame la
Dauphine le premier, pour
le porter fur une eftrade de
trois degrez qui eftoit dans
le Choeur, & celuy de Monfeigneur le Dauphin , lef
quels eftant placez fur deux
tables , le poëfle de drap
d'or feulement eſtendu
deffus , cinq douzaines de
cierges autour , furmonté
d'un dais en l'air . le Mifer
rere achevé , on chanta le
.
de Monfeigneur,&C.
Subvenite , Kyrie eleifon , Pa
ter nofter , pendant quoy
Mr l'Evefque de Senlis jetta l'eau benifte autour, en
cenfa, & le Pere Prieur enfuite, & Mrde Senlis ayant
fini l'Abfolution , ce qui
conduifit jufqu'à fept heu
res trois quarts ; on s'alla
repofer une demi - heure
aprés laquelle Mr de Senlis vint commencer la
grand Meffe qui dura juſ
ques à neuf heures trois
1quarts.
MORTV
Les cœurs de Monfeigneur.le Dauphin , & de
Madamela Dauphine , fu
rent portez au Val de Gras
ce le Vendredy au foir. Ils
yarriverent à minuit.de
En attendant un détail
de cette ceremonie voicy
le Difcours que fit Mada+
me l'Abbeffe du Val de
Grace en les recevant
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Résumé : MEMOIRES sur ces deux morts.
En février 1712, Marie-Adélaïde de Savoie, épouse du Dauphin Louis de France, décéda après avoir reçu les sacrements avec résignation et piété. Le roi se retira à Marly, et le Dauphin, gravement affecté par la perte de son épouse, mourut le 18 février. Les funérailles de Marie-Adélaïde eurent lieu le 13 février. Elle fut exposée au public, habillée de lingerie unie avec des rubans noirs et blancs. Le Dauphin, quant à lui, mourut après avoir reçu les derniers sacrements et recommandé son âme à Dieu. Les corps furent exposés à Versailles, avec des grilles et des arcades tendues de noir. Un grand concours de peuple vint voir les dépouilles. Les cérémonies funéraires inclurent des messes et des prières, avec la participation de nombreux ecclésiastiques et dignitaires. Les corps furent ensuite transportés à l'abbaye de Saint-Denis, où ils furent inhumés après des harangues et des prières. Les cœurs du Dauphin et de Marie-Adélaïde furent portés au Val-de-Grâce.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
24
p. 25-44
« M. le Dauphin étoit le vingt-uniéme Dauphin de la Maison de France [...] »
Début :
M. le Dauphin étoit le vingt-uniéme Dauphin de la Maison de France [...]
Mots clefs :
Savoie, Dauphin, Famille, Roi, Duc, France
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « M. le Dauphin étoit le vingt-uniéme Dauphin de la Maison de France [...] »
.le Dauphin étoit
le vingt- uniéme Dauphin de la Maiſons dea
France, depuis la ceffion
du Dauphiné par Humbert dernier Dauphin de
Viennois , en 1349. lequelHumbertfe voyant
veuf& fans enfans , difpoſa de ſes Etats en fayeur des fils aînez &prefomptifs heritiers de la
Couronne de France ,
à la charge & condition
qu'ils en porteroient le
Fév. 1712.
C
26 MERCURE
nom & les armes ; & le
premier qui a porté cette qualité a été Charles
de France , fils du Roy
Jean , qui lui fucceda à
la couronne en 1364.
fous le nom de Charles
V. De ces vingt & un
Dauphins il y en a eu
neuf qui ont été Rois ,
les douze autres étant
morts fans être parvenus à la couronne. Ceux
qui ont été Rois ont été
Charles cinq , Charles
GALANT. 27
EJ
fix, Charles fept , Louis
onze , Charles huit ,
Henryfecond, François
fecond , Louis treize, &
Louis quatorze. Il ya
eu neuf Dauphins ma
riez étant Dauphins , &
dix Dauphines , parce
que Louis onze a été
marié deux fois étant
Dauphin. Sa premiere
femme, Marguerite d'Ecoffe , mourut Dauphne; & fafeconde, Charlotte de Savoye , devint
Cij
28 MERCURE
Reine. De ces dix Dauphines il n'y en a eu que
cinq de Reines : Içavoir , Jeanne de Bourbon , femme du Roy
Charles cinq 3 Marie
d'Anjou, femmedu Roy
Charles fepts Charlotte
de Savoye , feconde
femme du Roy Louis
onze; Catherine de Medicis , femme du Roy
Henry fecond ; & Marie Stuart , femme du
Roy François ſecond,
GALANT. 29
Cette trifte morto de
M. le Dauphin fait que
M. le Duc de Bretagne
devient le vingt - deu
xiéme Dauphin. Il eft
trés fingulier de voir
qu'en dix mois & quatre jours nous voyons
trois Dauphins:fçavoir,
Louis cinq , Dauphin
de Viennois, mort le 14.
Avril 1711 perede Louis
fix , auffi Dauphin de
Viennois , qui vient de
mourir , connu ci - deC iij
30 MERCURE
vant fous le titre de Duc
de Bourgogne , & auffi
pere de M. le Duc des
Bretagne , à prefent
Dauphin au lieu de M.
fon pere. Les dix Dauphines qu'il yaeu font,
une de la Maifon de
Bourbon , une de Bourgogne , deux de Bavière, une d'Anjou, deux
de Stuart , une de Medicis , & deux de Savoye ,
la derniere défquelles
eft celle qui vient de
GALANT.I/ 31
mourir , Marie - Adelayde de Savoye , fille
de Victor- Amé, fecond
du nom , Duc de Savoye , & de DameAnne
d'Orleans , fille de Philippe de France , Duc
d'Orleans , Frere unique du Roy, & d'HenFiette - Anne d'Angleterre , fa premiere femme. Cette Dame meurt
à vingt - fix ans , deux
mois & cinq jours étant
née le 6. Octobre 1685.
C iiij
32 MERCURE
& aprés quatorze ans ,
deux mois & cinq jours
de mariage , la celebration s'étant faite à Ver
failles le 6. Octobre
1697. Elle a eutrois en
fans: fçavoir, deux Ducs
deBretagne , & un Duc
d'Anjou. Le premier eft
mort âgé de neuf mois
& dix- neufjours , le 13.
Avril 1705. le fecond à
preſent vivant , eft M.
le Dauphin , & le troifiéme, qui eft M. le Duc
GALANT 33
d'Anjou, vit auffi.
CetteDameétoit d'u
ne des plus anciennes -
Maiſons fouveraines de
l'Europe , puifque la
Maifon de Savoye eft
fortie de celle de Saxe,
& elle a commencé à
regner en Savoye il y a
fept fiecles en vingttrois generatios &trente- quatre Princes , qui
fe font fuccedez les uns
aux autres avec tant de
bonheur , que lorfque
と
34 MERCURE
quelqu'un eftmort fanst
enfans , la couronne
n'eft jamais paffé à un
degré plus éloigné, que
du frere ou du petit ne
veu au grand oncle.bang
Le premier qui a com
mencé à regner en Savoye a été Berold , en
l'an 1000. Il étoit iffu de
Vvitichind le Grand
Duc de Saxe , & de lui
eft defcenduë toute la
Maiſon.de Savoye , qui
a donné degrands hom
GALANT. 35
mes. Amé ſept fut élû
Pape au Concile de Bâle
contre le Pape Eugene
3
quatre en 1439. fous le
nom de Felix cinq. Eu
gene quatre étant mort,
& Nicolas cinq ayant
été élu , Felix fe demit
du Pontificat, à la priere
du Roy de France , pour
donner la paix à l'Egli
fe , fe contentant de la
qualité de Doyen du
Sacré College , qu'il
garda juſques à fa mort,
36 MERCURE
arrivée en 1451.
Ils portent la qualité,
de Rois de Cypre , par
la donation qui leur a
été faite par Charlotte ,
Reinede Cypre, fille &
heritiere de Jean fecond
dunom , RoydeCypre.
Cette Reine fut mariée
deux fois la premiete ,
à Jean Prince de Portugal ; 2 , à Louis de Savoye , Comte de Geneve , frere d'Amedée neuviéme du nom , Duc de
:
GALANT. 37
Savoye , defquels elle
n'eut point de pofterité.
LeRoy Jean , fon pere ,
étant mort fans enfans
mâles legitimes , le
Royaume lui échut :
mais il lui fut difputé
par Jacques de Cypre,
fon frere naturel , qui
s'empara du Royaume,
avec l'affiftance du Soudan d'Egypte , & de
Marc Cornaro, Gentilhomme Venitien , quí
lui fit épouſer ſa fille ,
38 MERCURE
& qui fut adoptée par
la Seigneurie de Veniſe,
qui lui conftitua une
grande dot. Jacques étant mort à trente-trois
ans , laiffa fa femme enceinte, & la declara fon
heritiere en cas qu'elle
furvêquit au fruit qu'-
elle portoit. Elle accoucha d'un fils , qui mourut deux ans aprés : ainſi
elle demeura Reine de
Cypre , avec la protection de la Republique
GALANT. 39
de Venife , à laquelle
elle abandonna le gouvernement de l'Etat , lui
faifant don de la couron,
ne , fe retirant à Venife, où elle paffa le reſte
1.
de les jours.
Tout ceci ſe paffa au
préjudice de la Reine
Charlotte , qui fut contrainte de fe retirer à
Rome où elle mourat
penfionaire du Pape, &
voyant qu'elle ne pouvoit rentrer dans fes
40 MERCURE
2
Etats , elle fit don de
fon Royaume en préfence du Pape & des
Cardinaux à Amedée
neuvième , Duc de Savoye, fon beau- frere , &
à fes fucceffeurs. Sous le
pontificat du Pape Clement 7. lorſqu'il couronnal'Empereur Charlescinqà Boulogne, cette donation fut examinéeen preſence duPape & de l'Empereur, qui
adjugerentce Royaume
aux
GALANT 40
aux Ducs de Savoye
mais Selim Empereur
des Turcs termina le
differend du Duc de Savoye & des Venitiens
s'étant emparé de ce
Royaume en 1571.
Leurs alliances font
trés- confiderables , tant
par les femmes qu'ils
ont données , en ayant
eu trois de la Maiſon de
France , trois de celle
d'Orleans , quatre de
Bourbon, trois de BourFév.1712.
D
42 MERCURE
gogne , une de Berry's
& quantité d'autres de
Mailons trés - illuftres.
Ils ont donné une
femme à Louis le Gros
Roy de France , unc
à Rodolphe Duc de
Souabe, Empereur ; une
à Alfonfe premier , Roy
de Portugal , une à Andronic Paleologue Empereur de Conftantinople , une à Louis d'Airjou Roy de Naples &
de Sicile , une à Federic
GALANT. 43
d'Arragon Roy de Naples ; une Reine de Por
tugal denos jours , femme de Pierre Roy de
Portugal ; une au Roy
Louis onze , Roi de
France ; une aà Charles
d'Orleans, Comte d'Angoulême , qui a été
Louiſe de Savoie , mere
du Roi de France François premier. Ce ne fe
roit jamais fait , s'il faloit particularifer toutes leurs alliances ; ce
Dij
44 MERCURE
qui ne fe pourroit faite
qu'en faifant la Genea,
logie de cette Maiſon.
Pour la fucceffion des
Dauphins de la Maiſon
de France , on les peut
voir dans la Carte que
Monfieur Chevillard ,
Genealogifte du Roi &
Hiftoriographede France , en a donnée au public en 1700.
le vingt- uniéme Dauphin de la Maiſons dea
France, depuis la ceffion
du Dauphiné par Humbert dernier Dauphin de
Viennois , en 1349. lequelHumbertfe voyant
veuf& fans enfans , difpoſa de ſes Etats en fayeur des fils aînez &prefomptifs heritiers de la
Couronne de France ,
à la charge & condition
qu'ils en porteroient le
Fév. 1712.
C
26 MERCURE
nom & les armes ; & le
premier qui a porté cette qualité a été Charles
de France , fils du Roy
Jean , qui lui fucceda à
la couronne en 1364.
fous le nom de Charles
V. De ces vingt & un
Dauphins il y en a eu
neuf qui ont été Rois ,
les douze autres étant
morts fans être parvenus à la couronne. Ceux
qui ont été Rois ont été
Charles cinq , Charles
GALANT. 27
EJ
fix, Charles fept , Louis
onze , Charles huit ,
Henryfecond, François
fecond , Louis treize, &
Louis quatorze. Il ya
eu neuf Dauphins ma
riez étant Dauphins , &
dix Dauphines , parce
que Louis onze a été
marié deux fois étant
Dauphin. Sa premiere
femme, Marguerite d'Ecoffe , mourut Dauphne; & fafeconde, Charlotte de Savoye , devint
Cij
28 MERCURE
Reine. De ces dix Dauphines il n'y en a eu que
cinq de Reines : Içavoir , Jeanne de Bourbon , femme du Roy
Charles cinq 3 Marie
d'Anjou, femmedu Roy
Charles fepts Charlotte
de Savoye , feconde
femme du Roy Louis
onze; Catherine de Medicis , femme du Roy
Henry fecond ; & Marie Stuart , femme du
Roy François ſecond,
GALANT. 29
Cette trifte morto de
M. le Dauphin fait que
M. le Duc de Bretagne
devient le vingt - deu
xiéme Dauphin. Il eft
trés fingulier de voir
qu'en dix mois & quatre jours nous voyons
trois Dauphins:fçavoir,
Louis cinq , Dauphin
de Viennois, mort le 14.
Avril 1711 perede Louis
fix , auffi Dauphin de
Viennois , qui vient de
mourir , connu ci - deC iij
30 MERCURE
vant fous le titre de Duc
de Bourgogne , & auffi
pere de M. le Duc des
Bretagne , à prefent
Dauphin au lieu de M.
fon pere. Les dix Dauphines qu'il yaeu font,
une de la Maifon de
Bourbon , une de Bourgogne , deux de Bavière, une d'Anjou, deux
de Stuart , une de Medicis , & deux de Savoye ,
la derniere défquelles
eft celle qui vient de
GALANT.I/ 31
mourir , Marie - Adelayde de Savoye , fille
de Victor- Amé, fecond
du nom , Duc de Savoye , & de DameAnne
d'Orleans , fille de Philippe de France , Duc
d'Orleans , Frere unique du Roy, & d'HenFiette - Anne d'Angleterre , fa premiere femme. Cette Dame meurt
à vingt - fix ans , deux
mois & cinq jours étant
née le 6. Octobre 1685.
C iiij
32 MERCURE
& aprés quatorze ans ,
deux mois & cinq jours
de mariage , la celebration s'étant faite à Ver
failles le 6. Octobre
1697. Elle a eutrois en
fans: fçavoir, deux Ducs
deBretagne , & un Duc
d'Anjou. Le premier eft
mort âgé de neuf mois
& dix- neufjours , le 13.
Avril 1705. le fecond à
preſent vivant , eft M.
le Dauphin , & le troifiéme, qui eft M. le Duc
GALANT 33
d'Anjou, vit auffi.
CetteDameétoit d'u
ne des plus anciennes -
Maiſons fouveraines de
l'Europe , puifque la
Maifon de Savoye eft
fortie de celle de Saxe,
& elle a commencé à
regner en Savoye il y a
fept fiecles en vingttrois generatios &trente- quatre Princes , qui
fe font fuccedez les uns
aux autres avec tant de
bonheur , que lorfque
と
34 MERCURE
quelqu'un eftmort fanst
enfans , la couronne
n'eft jamais paffé à un
degré plus éloigné, que
du frere ou du petit ne
veu au grand oncle.bang
Le premier qui a com
mencé à regner en Savoye a été Berold , en
l'an 1000. Il étoit iffu de
Vvitichind le Grand
Duc de Saxe , & de lui
eft defcenduë toute la
Maiſon.de Savoye , qui
a donné degrands hom
GALANT. 35
mes. Amé ſept fut élû
Pape au Concile de Bâle
contre le Pape Eugene
3
quatre en 1439. fous le
nom de Felix cinq. Eu
gene quatre étant mort,
& Nicolas cinq ayant
été élu , Felix fe demit
du Pontificat, à la priere
du Roy de France , pour
donner la paix à l'Egli
fe , fe contentant de la
qualité de Doyen du
Sacré College , qu'il
garda juſques à fa mort,
36 MERCURE
arrivée en 1451.
Ils portent la qualité,
de Rois de Cypre , par
la donation qui leur a
été faite par Charlotte ,
Reinede Cypre, fille &
heritiere de Jean fecond
dunom , RoydeCypre.
Cette Reine fut mariée
deux fois la premiete ,
à Jean Prince de Portugal ; 2 , à Louis de Savoye , Comte de Geneve , frere d'Amedée neuviéme du nom , Duc de
:
GALANT. 37
Savoye , defquels elle
n'eut point de pofterité.
LeRoy Jean , fon pere ,
étant mort fans enfans
mâles legitimes , le
Royaume lui échut :
mais il lui fut difputé
par Jacques de Cypre,
fon frere naturel , qui
s'empara du Royaume,
avec l'affiftance du Soudan d'Egypte , & de
Marc Cornaro, Gentilhomme Venitien , quí
lui fit épouſer ſa fille ,
38 MERCURE
& qui fut adoptée par
la Seigneurie de Veniſe,
qui lui conftitua une
grande dot. Jacques étant mort à trente-trois
ans , laiffa fa femme enceinte, & la declara fon
heritiere en cas qu'elle
furvêquit au fruit qu'-
elle portoit. Elle accoucha d'un fils , qui mourut deux ans aprés : ainſi
elle demeura Reine de
Cypre , avec la protection de la Republique
GALANT. 39
de Venife , à laquelle
elle abandonna le gouvernement de l'Etat , lui
faifant don de la couron,
ne , fe retirant à Venife, où elle paffa le reſte
1.
de les jours.
Tout ceci ſe paffa au
préjudice de la Reine
Charlotte , qui fut contrainte de fe retirer à
Rome où elle mourat
penfionaire du Pape, &
voyant qu'elle ne pouvoit rentrer dans fes
40 MERCURE
2
Etats , elle fit don de
fon Royaume en préfence du Pape & des
Cardinaux à Amedée
neuvième , Duc de Savoye, fon beau- frere , &
à fes fucceffeurs. Sous le
pontificat du Pape Clement 7. lorſqu'il couronnal'Empereur Charlescinqà Boulogne, cette donation fut examinéeen preſence duPape & de l'Empereur, qui
adjugerentce Royaume
aux
GALANT 40
aux Ducs de Savoye
mais Selim Empereur
des Turcs termina le
differend du Duc de Savoye & des Venitiens
s'étant emparé de ce
Royaume en 1571.
Leurs alliances font
trés- confiderables , tant
par les femmes qu'ils
ont données , en ayant
eu trois de la Maiſon de
France , trois de celle
d'Orleans , quatre de
Bourbon, trois de BourFév.1712.
D
42 MERCURE
gogne , une de Berry's
& quantité d'autres de
Mailons trés - illuftres.
Ils ont donné une
femme à Louis le Gros
Roy de France , unc
à Rodolphe Duc de
Souabe, Empereur ; une
à Alfonfe premier , Roy
de Portugal , une à Andronic Paleologue Empereur de Conftantinople , une à Louis d'Airjou Roy de Naples &
de Sicile , une à Federic
GALANT. 43
d'Arragon Roy de Naples ; une Reine de Por
tugal denos jours , femme de Pierre Roy de
Portugal ; une au Roy
Louis onze , Roi de
France ; une aà Charles
d'Orleans, Comte d'Angoulême , qui a été
Louiſe de Savoie , mere
du Roi de France François premier. Ce ne fe
roit jamais fait , s'il faloit particularifer toutes leurs alliances ; ce
Dij
44 MERCURE
qui ne fe pourroit faite
qu'en faifant la Genea,
logie de cette Maiſon.
Pour la fucceffion des
Dauphins de la Maiſon
de France , on les peut
voir dans la Carte que
Monfieur Chevillard ,
Genealogifte du Roi &
Hiftoriographede France , en a donnée au public en 1700.
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Résumé : « M. le Dauphin étoit le vingt-uniéme Dauphin de la Maison de France [...] »
Le texte aborde l'histoire des Dauphins de France, en se concentrant sur le vingt-et-unième Dauphin et les événements récents liés à cette lignée. Le Dauphiné a été intégré à la France en 1349 par Humbert, dernier Dauphin de Viennois. Le premier Dauphin de France fut Charles de France, fils du roi Jean, qui accéda au trône sous le nom de Charles V en 1364. Sur les vingt-et-un Dauphins, neuf sont devenus rois : Charles V, Charles VI, Charles VII, Louis XI, Charles VIII, Henri II, François II, Louis XIII et Louis XIV. Douze autres Dauphins sont décédés sans accéder au trône. Neuf Dauphins se sont mariés en tant que tels, et il y a eu dix Dauphines, dont cinq sont devenues reines. La mort récente du Dauphin Louis a conduit le Duc de Bretagne à devenir le vingt-deuxième Dauphin. Le texte évoque également les origines et les alliances de la Maison de Savoie, dont Marie-Adélaïde, épouse du Dauphin Louis, était issue. Cette Maison est l'une des plus anciennes d'Europe, remontant à l'an 1000 avec Berold, issu de la Maison de Saxe. La Maison de Savoie a également des liens avec le royaume de Chypre et a conclu de nombreuses alliances prestigieuses.
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25
p. 75-78
Sur la Mort de M. le Dauphin, & de Madame la Dauphine.
Début :
Quel coup vient d'accabler la France ! [...]
Mots clefs :
Dauphin, Dauphine, Bienfaits, Ciel
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Sur la Mort de M. le Dauphin, & de Madame la Dauphine.
Sur la Mort de M. le Dau.
bphin, & de Madame
wole la Dauphine.hove
Velcoup vient d'accabler la France !
3Le Ciel qui nousflatoit de
l'espoir le plus doux ,
D'un double trait de fon
courroux
Nous a ravi notre effe- Suders rance.
Gij
76 MERCURE
Louis ! Adelaide ! ab
mortelles douleurs !
Helas que nous perdons
de vertus & de
charmes ,
Que nous allons verfer
de pleurs.
Grand Dieu ! vous qui
caufez, nos larmes ,
Lorfquefenfible à nosfou
baits,
Vous vouliez vous montrer notre Dieu tutelaire ,
Nous ne meritionspas de
firares bienfaits:
GALANT. 77
Maispar quels horribles
forfaits
Meritons-nous tant de
colere?
Mais quoy le coup af
freux qui nous
confondus
Va-t-il mettre le comble
à nôtre ingratitude?
Ce même Ciel enfin qui
nous tient abattus ,
Nous conferveaumilien
d'une épreuvefi rude
Lafource detant de vertus.
Gij
78 MERCURE
Non il n'est point d'ame
? affez noire
Pour oublier ainsi le plus
grand des bienfaits.
Qu'il puiffe auffi longtemps regnerfurfes
fujets ,
Qu'il doit regner dans
leur memoire.
Vous peuples , jouiſſez
enpaix
Et de fes jours , & de
fa gloire:
Mais ne vous confolez
jamais.
bphin, & de Madame
wole la Dauphine.hove
Velcoup vient d'accabler la France !
3Le Ciel qui nousflatoit de
l'espoir le plus doux ,
D'un double trait de fon
courroux
Nous a ravi notre effe- Suders rance.
Gij
76 MERCURE
Louis ! Adelaide ! ab
mortelles douleurs !
Helas que nous perdons
de vertus & de
charmes ,
Que nous allons verfer
de pleurs.
Grand Dieu ! vous qui
caufez, nos larmes ,
Lorfquefenfible à nosfou
baits,
Vous vouliez vous montrer notre Dieu tutelaire ,
Nous ne meritionspas de
firares bienfaits:
GALANT. 77
Maispar quels horribles
forfaits
Meritons-nous tant de
colere?
Mais quoy le coup af
freux qui nous
confondus
Va-t-il mettre le comble
à nôtre ingratitude?
Ce même Ciel enfin qui
nous tient abattus ,
Nous conferveaumilien
d'une épreuvefi rude
Lafource detant de vertus.
Gij
78 MERCURE
Non il n'est point d'ame
? affez noire
Pour oublier ainsi le plus
grand des bienfaits.
Qu'il puiffe auffi longtemps regnerfurfes
fujets ,
Qu'il doit regner dans
leur memoire.
Vous peuples , jouiſſez
enpaix
Et de fes jours , & de
fa gloire:
Mais ne vous confolez
jamais.
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Résumé : Sur la Mort de M. le Dauphin, & de Madame la Dauphine.
Le poème funèbre annonce la mort du Dauphin et de la Dauphine, un événement qui a profondément affecté la France. Le poète exprime la douleur et la perte ressenties par la nation, soulignant la perte de vertus et de charmes. Il interroge Dieu sur les raisons d'une telle colère divine et déplore l'ingratitude humaine face aux bienfaits reçus. Malgré la tragédie, le poète appelle les sujets à se souvenir des vertus du Dauphin et à continuer de jouir de sa gloire, tout en restant en paix. Le texte se termine par un appel à ne jamais se consoler pleinement de cette perte.
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26
p. 19-24
MORT du dernier Dauphin.
Début :
Le 8. de Mars Monseigneur le Dauphin se trouvant en [...]
Mots clefs :
Dauphin, Aumônier, Corps, Duchesse de Ventadour, Carrosse, Mort
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORT du dernier Dauphin.
MORT
:
du dernier Dauphin.,
Le 8. de Mars Mon seigneur le Dauphin se trouvant en grand peril de mort,
reçut les Cérémonies du
Biptesme par les mains de
l'Evvesque de Mets, premier
Aumônier
;
il fut nommé
Louis par le Comte de la
Motte & par Madame la
Duchesse de Ventadour
Gouvernante des Enfans de
France, & il mourut le même jour.
Le 10. son corps fut porté à Saint Denis,avec un
cortege de trois Carosses &
de six-vingt flambeaux,
portez par plusieurs Gardes
du Corps & par plusieurs
Pages; dans ïun desquels
estoit le corps.
Mrl'Evsque deMets qui
portoit le cœur.
Madame la Duchesse de
Ventadour.
Mr le Duc de Mortcmar,
premier Gentilhomme de la
Chambre.
Medela Lande Sous gouvernante.
Mrl'Abbédu Cambour,
Aumônier du Roy.
M' le Curé de Versailles.
Un autre Carosse où
estoient huit Gentilshommes ordinaires, qui avoient
porté le cercuëil
,
qui étoient:
Mr de Saint-Olon.
Mrde Chasteau du Bois,
M' Roland.
Mr Charmois.
Mr de la Bussiere.
Mr de la Quiche.
MrBour delin.
Mr Messier.
Suivoit le Carosse des
Femmes de Chambre.
Ces trois Carrossesétoient
suivis de ceux de M. l'Eves-
<|ue de Mets ;de c la Duchesse de Ventadour, & d-c
Mr le Duc de Mortemar.
-:.:
L'Evêque de Mets presenta leCorps au Prieur de l'A'Q.
biye,>ôc fit un très -
beau
Discours
;
après quoy il fie
l'inhumation.
On avoit preparé une
estrade de trois degrez
,
avec un Pavillon de satin
blanc
,
l'espace seulement
depuis Charles le Chauve,
jjjfques aux premiers degrez du Sanctuaire, garnie
de tapis blancs; le Corps
placé sur cette Repre fcnia
tion - on chantaDomini efi
terra. Aprés quoy Mr l E
vesgue de Mets ayant chanté l'Oraison convenable&
mis un peu de terre sur le
Poesse qui envelopoit le
Çerçiicil
,
sans Requiem ny
Kyrie eleïson
,
on descendit
le Corps du Dauphin avec
ses entrailles dans le Caveau,
& fut placé auprès du Corps
de Monseigneur le Duc de
Bretagnesonaîné*, mort le
à 3. Avril 1705.
Les Religieux retirent le
Poëste qui eU de moëre d'argent.
Mr l'Evêque de Mets &
Me la Duchesse de Ventadour à peu-prés avec le
mesme cortege, avec lequel
on y a
porté ceux de
Monseigneur le Dauphin
& deMadame la Dauphine,
porterent en partant de S.
Denis à dix heures du soir,
le cœur du Dauphinau Valde- Grace.
:
du dernier Dauphin.,
Le 8. de Mars Mon seigneur le Dauphin se trouvant en grand peril de mort,
reçut les Cérémonies du
Biptesme par les mains de
l'Evvesque de Mets, premier
Aumônier
;
il fut nommé
Louis par le Comte de la
Motte & par Madame la
Duchesse de Ventadour
Gouvernante des Enfans de
France, & il mourut le même jour.
Le 10. son corps fut porté à Saint Denis,avec un
cortege de trois Carosses &
de six-vingt flambeaux,
portez par plusieurs Gardes
du Corps & par plusieurs
Pages; dans ïun desquels
estoit le corps.
Mrl'Evsque deMets qui
portoit le cœur.
Madame la Duchesse de
Ventadour.
Mr le Duc de Mortcmar,
premier Gentilhomme de la
Chambre.
Medela Lande Sous gouvernante.
Mrl'Abbédu Cambour,
Aumônier du Roy.
M' le Curé de Versailles.
Un autre Carosse où
estoient huit Gentilshommes ordinaires, qui avoient
porté le cercuëil
,
qui étoient:
Mr de Saint-Olon.
Mrde Chasteau du Bois,
M' Roland.
Mr Charmois.
Mr de la Bussiere.
Mr de la Quiche.
MrBour delin.
Mr Messier.
Suivoit le Carosse des
Femmes de Chambre.
Ces trois Carrossesétoient
suivis de ceux de M. l'Eves-
<|ue de Mets ;de c la Duchesse de Ventadour, & d-c
Mr le Duc de Mortemar.
-:.:
L'Evêque de Mets presenta leCorps au Prieur de l'A'Q.
biye,>ôc fit un très -
beau
Discours
;
après quoy il fie
l'inhumation.
On avoit preparé une
estrade de trois degrez
,
avec un Pavillon de satin
blanc
,
l'espace seulement
depuis Charles le Chauve,
jjjfques aux premiers degrez du Sanctuaire, garnie
de tapis blancs; le Corps
placé sur cette Repre fcnia
tion - on chantaDomini efi
terra. Aprés quoy Mr l E
vesgue de Mets ayant chanté l'Oraison convenable&
mis un peu de terre sur le
Poesse qui envelopoit le
Çerçiicil
,
sans Requiem ny
Kyrie eleïson
,
on descendit
le Corps du Dauphin avec
ses entrailles dans le Caveau,
& fut placé auprès du Corps
de Monseigneur le Duc de
Bretagnesonaîné*, mort le
à 3. Avril 1705.
Les Religieux retirent le
Poëste qui eU de moëre d'argent.
Mr l'Evêque de Mets &
Me la Duchesse de Ventadour à peu-prés avec le
mesme cortege, avec lequel
on y a
porté ceux de
Monseigneur le Dauphin
& deMadame la Dauphine,
porterent en partant de S.
Denis à dix heures du soir,
le cœur du Dauphinau Valde- Grace.
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Résumé : MORT du dernier Dauphin.
Le 8 mars, le Dauphin, fils du roi de France, fut baptisé par l'évêque de Metz et nommé Louis par le comte de la Motte et la Duchesse de Ventadour, avant de décéder le même jour. Le 10 mars, son corps fut transporté à l'abbaye de Saint-Denis dans un cortège composé de trois carrosses et de soixante flambeaux, portés par des Gardes du Corps et des Pages. L'évêque de Metz portait le cœur du Dauphin. Le cortège incluait également la Duchesse de Ventadour, le duc de Mortemar, Madame Lande, l'abbé du Cambour et le curé de Versailles. Un autre carrosse transportait huit gentilshommes ayant porté le cercueil. L'évêque de Metz remit le corps au prieur de l'abbaye, qui prononça un discours avant l'inhumation. Le corps du Dauphin, avec ses entrailles, fut placé dans le caveau auprès du duc de Bretagne, son aîné, décédé en 1705. Après la cérémonie, l'évêque de Metz et la Duchesse de Ventadour transportèrent le cœur du Dauphin au Val-de-Grâce.
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27
p. 133-144
Le deüil de la France. ODE. Par Mr de la Motte.
Début :
Prince que de ses mains sacrées [...]
Mots clefs :
Paix, France, Deuil, Prince, Vie, Mort, Dauphin, Dauphine
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Le deüil de la France. ODE. Par Mr de la Motte.
LedeüildelaFrance.
',. - ODE.
Par Mr de la A/Lotte,
Pr INCE que de ses
'-
- mainssacrées*
A formé la Religion,
Loin de toy les douleurs
outrées,
* Le commencement de cette Odea,
tfté fait après la rr:Oi"t de-Madame la
Dauphine
,
& adressé à Monfeignsur
le Dauphin avantque la France ïetyt
f€Pdl4,
-. -
Fruits amers dela Passion.
Tes yeux pleuroient encore un Pere,
Et des jours d'une Epouse
chere
Tu viens devoir trancher
lefil
:
Mais de la Foy,sublime
Eleve
,1
-
Dans l'instant qui te les
enleve
,
Tu vois la fin de leurexil.
L'un & l'autre a
fourny
sa course,
Prescrite par l'ordre éternel
;
Tous deux rappelez à leur
source,
Dieu leur ouvre un sein
paternel.
Jamais nostre mort n'est
trop prompte,
Quand les jours que le Ciel
nous compte
A ses yeuxsontassez remplis;
Il mesure nos destinées,
Non, par le nombre des
annees, - Mais par les devoirs accomplis.
- Ainsi l'Auteur de ta naiC
sance,
L'amour del'Empire François,
Fuc- donné par la Providence
Pour modelle aux enfansdes Rois.
RefpeétueuxJfidele &tendre
,
Tous ses jours ont dû leur
apprendre
Ce qu'est un Pere cou1
ronné ;
D'un zele auiïï rare que
,
juste
, -
11cft long-tempsl'exemple
2uguffe
Et meurt , quand l'exem-
-
ple est donné.
Ainsi
-
cette Epousè cherie
Que
Que tu pris des mains de la
Paix,
A de sa nouvelle patrie,
Comblé les plus ardents
souhaits.
C'estoit sa tendresse feconde
Qui devoit enrichir le
monde
De Princes nez pour t'imiter.
Quel est l'éloge digne
d'elle?
Tes pleurs. Sa vie estassez
belle,
Puisqu'elle a
sçû les meriter.
Mais, cherPrince,si tli.
nous aimes,
Commande à
ton csr-u-r
-tes yeux;
Songes que par nos pertes
mesmes
Tu nous deviens plus précieux.
- Que pour nous ton amour
redouble;
A la nature qui Ce trouble,
Que cet amour fasse la Loy;
Un plus grand objett'inte-
-
resTe,
Craint en allarmantsa tendresse
, D'exposer ton Pere & ton
-
Roy. -
O Ciel! quelles plaintes
soudaines !
Quels cris ! tous les yeux
sonten pleurs!
Le fang s'est glacé dans
mes veines;
Je crains dapprendre nos
malheurs.
L'esperance est-elle ravie!
Te perdons-nous; & pour
ta vie
Fais-je icy des vœux superflus?
Aux larmes que je voy
répandre,
Prince,je le dois tendre;trop en-
Je te console, & tu n'es plus!
i
C'en est fait; une mort fatale
A l'Epouse a
rejoint l'Epoux;
Je voy la couche nuptiale
Se changer *
en tombeau pour
vous. Au séjour des divinesflâmes
Tandis que s'envolent vos a-pmes,
Vos cendres vont se réünir.
O ciel! eft- ce grace ou vengeance ?
Fil-ce hasterleurrécompense,
Ou te haster de nous punir?
Je le voy trop ta main severe
Punit notre indocilité ;
Tu nous reprends dans ta colere
,
Les dons que nous fit ta bonté;
Tu punis un peuple volage,
Vain des succès deson courage
Ou par les revers abbattu;
Un peuple, l'esclave duvice,
Qui pour tout reste de justice,
Sçait loüer encor la vertu.
Nous élevons presque des Temples
AuPrince que tu nous ravis,
Contents de loüer ses exemples,
Mieuxloüez s'ils'estoientsuivis.
L'humanité compatissante,
La justice perseverante,
Le zèle ardent de tes Autels.
Et cette active vigilance
D'un Prince qui croit laPuiC.
sance
Comtableauxbesoins desmortels.
Digne chef d'oeuvre de ~14
Grace!
Combiendevertusenluy feûtj
C'est en luyquepournostre
race
Devoit revivre son ayeul.
Jaloux d'un Heroisme utile,
Il eût pleuré le jour sterile
Que ses dons n'auroient pû
marquer. -
Prince; ainsi la Francetelouê,
Ainsi l'Univers l'en avouë ;
Je fais plus, j'oset'invoquer.
Ouy
,
sans qu'un miracle
m'atteste
Ta nouvelle félicité,
Je tecroy de la cour celestle
,
Sur la foy de ta Pieté.
Que là
,
notre interest t'inspire,
Faisque LOU I Sde cet empire
,
Soit encore long-temps l'appuy;
Obtienspqu'au gré de nostre en-
Dieumesme commande à la
Vie
-D'étendre ses bornes pour luy.
Soutiens nos prieres des tiennes;
De la Paix haste le lien:
Assez long-temps les mains
chrestiennes
Ontrespandu le sangchrestien.
Que la Paternelle tendresse
Pour tes fils encor t'interesse
C'estl'espoir d'un peuple allarmé:
Que tes vertus en eux renaissent
:
Et que pour t'imiter, ils croissent
Sous les yeux qui t'avoient formé.
Pour qui se r'ouvre encor la
tombe?
Chaque instant aigrit nostre
fort;
Avec les époux le fils tombe !
Arresteinsatiable Mort.
Ettoy qui rends les faits cé-
-
lebres
IVole
,
repands ces sons suncbres
Dont ma lire a
frappé les airs:
Que jusques aux dernieres races Cemonument denosdisgraces
Attendrissetout l'univers.
',. - ODE.
Par Mr de la A/Lotte,
Pr INCE que de ses
'-
- mainssacrées*
A formé la Religion,
Loin de toy les douleurs
outrées,
* Le commencement de cette Odea,
tfté fait après la rr:Oi"t de-Madame la
Dauphine
,
& adressé à Monfeignsur
le Dauphin avantque la France ïetyt
f€Pdl4,
-. -
Fruits amers dela Passion.
Tes yeux pleuroient encore un Pere,
Et des jours d'une Epouse
chere
Tu viens devoir trancher
lefil
:
Mais de la Foy,sublime
Eleve
,1
-
Dans l'instant qui te les
enleve
,
Tu vois la fin de leurexil.
L'un & l'autre a
fourny
sa course,
Prescrite par l'ordre éternel
;
Tous deux rappelez à leur
source,
Dieu leur ouvre un sein
paternel.
Jamais nostre mort n'est
trop prompte,
Quand les jours que le Ciel
nous compte
A ses yeuxsontassez remplis;
Il mesure nos destinées,
Non, par le nombre des
annees, - Mais par les devoirs accomplis.
- Ainsi l'Auteur de ta naiC
sance,
L'amour del'Empire François,
Fuc- donné par la Providence
Pour modelle aux enfansdes Rois.
RefpeétueuxJfidele &tendre
,
Tous ses jours ont dû leur
apprendre
Ce qu'est un Pere cou1
ronné ;
D'un zele auiïï rare que
,
juste
, -
11cft long-tempsl'exemple
2uguffe
Et meurt , quand l'exem-
-
ple est donné.
Ainsi
-
cette Epousè cherie
Que
Que tu pris des mains de la
Paix,
A de sa nouvelle patrie,
Comblé les plus ardents
souhaits.
C'estoit sa tendresse feconde
Qui devoit enrichir le
monde
De Princes nez pour t'imiter.
Quel est l'éloge digne
d'elle?
Tes pleurs. Sa vie estassez
belle,
Puisqu'elle a
sçû les meriter.
Mais, cherPrince,si tli.
nous aimes,
Commande à
ton csr-u-r
-tes yeux;
Songes que par nos pertes
mesmes
Tu nous deviens plus précieux.
- Que pour nous ton amour
redouble;
A la nature qui Ce trouble,
Que cet amour fasse la Loy;
Un plus grand objett'inte-
-
resTe,
Craint en allarmantsa tendresse
, D'exposer ton Pere & ton
-
Roy. -
O Ciel! quelles plaintes
soudaines !
Quels cris ! tous les yeux
sonten pleurs!
Le fang s'est glacé dans
mes veines;
Je crains dapprendre nos
malheurs.
L'esperance est-elle ravie!
Te perdons-nous; & pour
ta vie
Fais-je icy des vœux superflus?
Aux larmes que je voy
répandre,
Prince,je le dois tendre;trop en-
Je te console, & tu n'es plus!
i
C'en est fait; une mort fatale
A l'Epouse a
rejoint l'Epoux;
Je voy la couche nuptiale
Se changer *
en tombeau pour
vous. Au séjour des divinesflâmes
Tandis que s'envolent vos a-pmes,
Vos cendres vont se réünir.
O ciel! eft- ce grace ou vengeance ?
Fil-ce hasterleurrécompense,
Ou te haster de nous punir?
Je le voy trop ta main severe
Punit notre indocilité ;
Tu nous reprends dans ta colere
,
Les dons que nous fit ta bonté;
Tu punis un peuple volage,
Vain des succès deson courage
Ou par les revers abbattu;
Un peuple, l'esclave duvice,
Qui pour tout reste de justice,
Sçait loüer encor la vertu.
Nous élevons presque des Temples
AuPrince que tu nous ravis,
Contents de loüer ses exemples,
Mieuxloüez s'ils'estoientsuivis.
L'humanité compatissante,
La justice perseverante,
Le zèle ardent de tes Autels.
Et cette active vigilance
D'un Prince qui croit laPuiC.
sance
Comtableauxbesoins desmortels.
Digne chef d'oeuvre de ~14
Grace!
Combiendevertusenluy feûtj
C'est en luyquepournostre
race
Devoit revivre son ayeul.
Jaloux d'un Heroisme utile,
Il eût pleuré le jour sterile
Que ses dons n'auroient pû
marquer. -
Prince; ainsi la Francetelouê,
Ainsi l'Univers l'en avouë ;
Je fais plus, j'oset'invoquer.
Ouy
,
sans qu'un miracle
m'atteste
Ta nouvelle félicité,
Je tecroy de la cour celestle
,
Sur la foy de ta Pieté.
Que là
,
notre interest t'inspire,
Faisque LOU I Sde cet empire
,
Soit encore long-temps l'appuy;
Obtienspqu'au gré de nostre en-
Dieumesme commande à la
Vie
-D'étendre ses bornes pour luy.
Soutiens nos prieres des tiennes;
De la Paix haste le lien:
Assez long-temps les mains
chrestiennes
Ontrespandu le sangchrestien.
Que la Paternelle tendresse
Pour tes fils encor t'interesse
C'estl'espoir d'un peuple allarmé:
Que tes vertus en eux renaissent
:
Et que pour t'imiter, ils croissent
Sous les yeux qui t'avoient formé.
Pour qui se r'ouvre encor la
tombe?
Chaque instant aigrit nostre
fort;
Avec les époux le fils tombe !
Arresteinsatiable Mort.
Ettoy qui rends les faits cé-
-
lebres
IVole
,
repands ces sons suncbres
Dont ma lire a
frappé les airs:
Que jusques aux dernieres races Cemonument denosdisgraces
Attendrissetout l'univers.
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Résumé : Le deüil de la France. ODE. Par Mr de la Motte.
Le poème 'LedeüildelaFrance' de Monsieur de la A/Lotte est écrit après la mort de Madame la Dauphine et adressé à Monseigneur le Dauphin, avant un malheur qui frappe la France. Le texte évoque la formation de la religion par des mains sacrées et l'absence de douleurs excessives. Le poème décrit la douleur du Dauphin, qui pleure encore son père et doit faire face à la mort de son épouse. Cependant, il entrevoit la fin de leur exil et leur retour à leur source divine. Dieu, selon le poème, mesure les destinées non par le nombre des années, mais par les devoirs accomplis. Le Dauphin est présenté comme un modèle pour les enfants des rois, respectueux, fidèle et tendre. L'épouse du Dauphin est décrite comme ayant comblé les souhaits de sa nouvelle patrie et possédant une tendresse féconde qui devait enrichir le monde de princes pour imiter le Dauphin. Le poète exprime sa douleur face à la perte du Dauphin et de son épouse, se demandant si l'espérance est ravie et s'il fait des vœux superflus. Le texte mentionne également la punition divine pour l'indocilité du peuple et la perte d'un prince vertueux. Le poète invoque le Dauphin pour qu'il intercesse auprès de Dieu afin que Louis règne encore longtemps et que la paix soit rétablie. Le poème se termine par une supplique pour arrêter la mort et pour que les vertus du Dauphin renaissent en ses fils.
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28
p. 156-158
SERENISSIMI GALLIARUM DELPHINI ET DELPHINAE EPITAPHIUM.
Début :
Hîc quos aeterno deflebit Gallia luctu [...]
Mots clefs :
Épitaphes, France, Dauphin, Mort
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texteReconnaissance textuelle : SERENISSIMI GALLIARUM DELPHINI ET DELPHINAE EPITAPHIUM.
SERENISSIMI
GALLIARUM DELPHINI
ET DELPHINÆ
EPITAPHIUM.
Hie(\uosatcrnodefhbit
Gallia luctu
Conjugu atque viripulvis & umbra jacent.
Hisidem tumulus> qui-
bus unum pettns
amore,
Ereptis morbopr&cipitique nece.
O crudele nimis satum !
mediâ cecidere jut'fJenta
Nostraque cum Mis, heu!
gaudiaspesque cadunt.
Hos immica rapitfors
quos-rnodo regna manebant;
Imperio meritis major
uterque fuis.
Hæc Delphinafuit w-
tute ~&sanguine clara,
Hic Delphinusamorgentisy & omne deem.
jtibftuht bunc nobis florentibusAtropos annis,
hiha quem optabantgloria nostra ruit.
Huicnumquam fuerat
neque par pietate futUYW,
Hunc Musastudiisinstitucre (ÙiJ.
Huncmors invidit Regem,il'lrvidrfJet & orbisj
Luctibus huic nostrisvita perenniserit
GALLIARUM DELPHINI
ET DELPHINÆ
EPITAPHIUM.
Hie(\uosatcrnodefhbit
Gallia luctu
Conjugu atque viripulvis & umbra jacent.
Hisidem tumulus> qui-
bus unum pettns
amore,
Ereptis morbopr&cipitique nece.
O crudele nimis satum !
mediâ cecidere jut'fJenta
Nostraque cum Mis, heu!
gaudiaspesque cadunt.
Hos immica rapitfors
quos-rnodo regna manebant;
Imperio meritis major
uterque fuis.
Hæc Delphinafuit w-
tute ~&sanguine clara,
Hic Delphinusamorgentisy & omne deem.
jtibftuht bunc nobis florentibusAtropos annis,
hiha quem optabantgloria nostra ruit.
Huicnumquam fuerat
neque par pietate futUYW,
Hunc Musastudiisinstitucre (ÙiJ.
Huncmors invidit Regem,il'lrvidrfJet & orbisj
Luctibus huic nostrisvita perenniserit
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Résumé : SERENISSIMI GALLIARUM DELPHINI ET DELPHINAE EPITAPHIUM.
Le texte est une épitaphe dédiée au Dauphin et à la Dauphine de Gaule, décédés prématurément. Leur mort soudaine et brutale plonge la Gaule dans le deuil. Unis par un amour profond, ils étaient appréciés pour leur noblesse et leurs mérites. Leur décès prive la nation de leur gloire espérée et laisse une vie de deuil.
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29
p. 295-300
PENSIONS données par le Roy.
Début :
Le Roy touché des pertes qu'ont fait ceux qui étoient [...]
Mots clefs :
Pensions, Roi, Dauphin
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texteReconnaissance textuelle : PENSIONS données par le Roy.
PENSIONS
données par le Roy.
Le Roy touché des pertes
qu'ont fait ceux qui étoient
attachez à Messeigneurs les
Dauphins & à Madame la
Dauphine, a
déjàdonné à
plusieurs des pensions, dont
la somme monte à deux
cens cinquante mille livres,
juste.
Sa Majesté
a
donné à MC
la Duchessedu Lude, Dame
d'honneur de Madame la
Dauphine, izooo. liv.
A MC la Marquise de
Mailly, Dame d'honneur
de Madame la Dauphine,
9ooo.liv.
A neuf Dames du Palais
de Madame la Dauphine,
chacune 6000.liv.
A Mr le Mareschal de
Tessé, premier Efcuycr de
Madame la Dauphine,
nooo.iiv.
A Mr le Marquis de
Dangeau, Chevalier d'honneur de Madame la Dau- phine,12000 k
A Mr le Marquis de
Villacerf, premier Maistre
d'Hôtel de Madame le
Dauphine, 6000 l.
A neuf Menins de
Monseigneur le Dauphin,
chacun 6000 l.
A Mr le Marquis de
Mimure, 3000 l.
A Mr de la Chenaye,
3000 l.
A M Quentin première
femme de Chambre de
Madame la Dauphine,
6000 l.
A douze femmes de
Chambre de Madame la
Dauphine chacune 900 l.
A MC de la Borde sa
pensionancienne conservée
à ses enfans. Elle est de
2ooo. liv.
A Mc de Montsouris?
2000. liv.
A Mr Domingue, PorteManteau de Madame la
Dauphine, 3000.liv.
A Mr Boudin, premier
Médecin de Mon seigneur le
Dauphin & de Madame la
Dauphine, 9ooo.liv.
AMr Dionis, premier
Chirurgien de Monseigneur
le Dauphin & de Madame
la Dauphine, 3000.liv.
A Mr Dodart, premier
Medecin de Monseigneur
le Dauphin dernier mort
,
9000. liv.
A Mr Gervais, premier
Chirurgien deMonseigneur
le Dauphin dernier mort
,
3000. liv.
A Mr Caussin, 2500. liv.
A deux Huissiers de
Chambre, chacun 800.livi
- A Mr Desfossez, Huissier
du Cabinet, 900.IIV.
A six Valets de Chambre,chacun 600.liv,
A un Porte- Arquebuze,
600liv.
A un Porte- Manteau,
600.liv.
A quatre Valets de Garderobe,chacun 600.liv.
A douze autres Garçons
de la Chambre
,
chacun
500. L.
A plusieurs Valets de pied
& autres Officiers
,
chacun
400. liv
données par le Roy.
Le Roy touché des pertes
qu'ont fait ceux qui étoient
attachez à Messeigneurs les
Dauphins & à Madame la
Dauphine, a
déjàdonné à
plusieurs des pensions, dont
la somme monte à deux
cens cinquante mille livres,
juste.
Sa Majesté
a
donné à MC
la Duchessedu Lude, Dame
d'honneur de Madame la
Dauphine, izooo. liv.
A MC la Marquise de
Mailly, Dame d'honneur
de Madame la Dauphine,
9ooo.liv.
A neuf Dames du Palais
de Madame la Dauphine,
chacune 6000.liv.
A Mr le Mareschal de
Tessé, premier Efcuycr de
Madame la Dauphine,
nooo.iiv.
A Mr le Marquis de
Dangeau, Chevalier d'honneur de Madame la Dau- phine,12000 k
A Mr le Marquis de
Villacerf, premier Maistre
d'Hôtel de Madame le
Dauphine, 6000 l.
A neuf Menins de
Monseigneur le Dauphin,
chacun 6000 l.
A Mr le Marquis de
Mimure, 3000 l.
A Mr de la Chenaye,
3000 l.
A M Quentin première
femme de Chambre de
Madame la Dauphine,
6000 l.
A douze femmes de
Chambre de Madame la
Dauphine chacune 900 l.
A MC de la Borde sa
pensionancienne conservée
à ses enfans. Elle est de
2ooo. liv.
A Mc de Montsouris?
2000. liv.
A Mr Domingue, PorteManteau de Madame la
Dauphine, 3000.liv.
A Mr Boudin, premier
Médecin de Mon seigneur le
Dauphin & de Madame la
Dauphine, 9ooo.liv.
AMr Dionis, premier
Chirurgien de Monseigneur
le Dauphin & de Madame
la Dauphine, 3000.liv.
A Mr Dodart, premier
Medecin de Monseigneur
le Dauphin dernier mort
,
9000. liv.
A Mr Gervais, premier
Chirurgien deMonseigneur
le Dauphin dernier mort
,
3000. liv.
A Mr Caussin, 2500. liv.
A deux Huissiers de
Chambre, chacun 800.livi
- A Mr Desfossez, Huissier
du Cabinet, 900.IIV.
A six Valets de Chambre,chacun 600.liv,
A un Porte- Arquebuze,
600liv.
A un Porte- Manteau,
600.liv.
A quatre Valets de Garderobe,chacun 600.liv.
A douze autres Garçons
de la Chambre
,
chacun
500. L.
A plusieurs Valets de pied
& autres Officiers
,
chacun
400. liv
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Résumé : PENSIONS données par le Roy.
Le texte évoque les pensions attribuées par le Roi aux personnes ayant subi des pertes en lien avec les Dauphins et la Dauphine. Le montant total des pensions s'élève à deux cent cinquante mille livres. Les bénéficiaires sont divers membres de la cour et du personnel au service des Dauphins et de la Dauphine. Parmi les sommes notables, la Duchesse du Lude, Dame d'honneur de la Dauphine, a reçu 12 000 livres, et la Marquise de Mailly, également Dame d'honneur, 9 000 livres. Neuf Dames du Palais ont chacune obtenu 6 000 livres. D'autres bénéficiaires incluent des officiers, des médecins, des chirurgiens, des huissiers, des valets de chambre et divers serviteurs, avec des montants allant de 400 à 9 000 livres. Certaines pensions antérieures ont été maintenues pour les enfants des bénéficiaires, comme dans le cas de Mme de la Borde.
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30
p. 224-260
POMPE FUNEBRE.
Début :
Samedy 16. Avril on transporta les Corps de Monseigneur le Dauphin [...]
Mots clefs :
Dauphin, Dauphine, Pompe funèbre, Corps, Croix, Mort
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POMPE FUNEBRE.
POMPE FUNEBRE.
Samedy16. Avril on
rranfporta les Corps de
Monfcigncur le Dauphin
&de Madame laDauphine,
du Chevet dans leChœur
sous la representation dont
nous allons parler, leursentrailles avoient déja été
mises dans le Caveau avant
qu'on l'eut refermé à lamort
du dernier Dauphin.
Le Dimanche
1 7. sur les
quatre heures, on chanta
Vefprcs des morts, ausquelles assista pontificalement
Monseigneur l'Evesque de
Mets, premier Aumonier
du Roy.
Madame la Duchesse du
Lude, Madame la Marquise
de Mailly, & les Dames
d'Atour & du Palais avec
toure la maison de Madame
la Qauphine,
y
assisterent,
ik auxVigilesà trois Noc.
turnes qui se dirent ensuite.
ausquels le premier Aumônier n"affiri pas.
*
Ensuite les Religieuxchanterent les Vêpres du Dimart.,
che, aprèslesquelles, depuis
six heures & demijusques à
huit oti laissa les portes du
Chœurouvertes
pour lepeuple; l'Autel estoit tendu dé
l'ornementnoir, sur lequel
bruloient des cierges autour dela representation,
Ifi roefnic quantité qu'ily
"en avoit eu lorsque les
Corps estoient au Chevet;
ils y
avoient resté dans une
Chapelle ardente qui tenoit tout le derriere de
l'Eglise,depuis le 24 Mars
qu'ils furent aportez à Saint
Denis, jour & nuit deux
Religieux venoient veiller &
prier, prés des Corps, &
on y
chantoit tous les matins une grande Me(Te solemnelle à laquelle tous les
Officiers de la maison assistoient, desGardes du Corps
se relevants pour garder
chacun à leur tour.
A sept heures &-demy
deux Religieux vinrent disposerl'Autel, en oster les
ornemens noirs, puis mirent
des Napes, ensuite on y
mit des cierges sur dix-huit
Chandeliers d'argent avec
la Croix, outre celle d'or
quiestau-dessus, sixauhaut
de la contre-table, six sur le
gradin, & six sur la table.
-
La Façade au-dcdùe &à
coiteconvoie en un grand
dossier ou tapis garni d'une
Croix cantonnée de quatre
grands écussons, les deux
premiers aux -1
Armes de
Monseigneurle Dauphin, &'
ceux d'au dessous aux Armes
de Monseigneur le Dauphin
& de Madame la Dauphine)
ceux
-
cy environnez de
feüilles d'Acante, ce tapis
surmonté d'un Dais dont
les pentes étoientd'orées,'
avec des Houpes à toutesles
quatres, au fond une Croix
avec de pareils écussons;
mais plus petits à proportion. Ce Dais étoit furmonté de quatre grandes
Aigrettes de plumes noires
& blanches.
Au-dessus jufqucs à la
Voute étoit un tapis noir;
auxdeuxcôtez tout-du long
regnoit un corps à la Mosaïque doré,& cette Façade
se terminoit par un quarré
long de, la mesme hauceui;
qui écoit formé d'un tapis
noir avec quatre bandes
herminées, suivant sa hauteur & sa longeur, dans lequel s'élevait une Piramide doréeaussi à la Mosaïque &ornée depuis le bas
jusqu'au haut des deux côtez de Ciergos & de Girandolcs
; une magnifique
>
corniche regnoit tout autour duChœur,au dessusde
six Arcades de chaque côté
& des deux Arcades au
clet:
sus du Jubé, qui par devant
en face du Mausoléeétoient
traversées par un balustre.
Au dessus de cette corniche
regnoit une pleinte avec des
moulures dorées sur du ve- lours noit & semées de fleurs
<ic lis.) larmes, Dauphins &
Croix, les Dauphins & les
fleursde-lis d'or, les larmes
& les Croix d'argent , ce qui
estoit mêlél'un dansl'autre *"
en quinconge.De chaque arcade partoient alternativement des rideaux fleurs delifez d'oren dessus,herminez
en dessous; dans la premiere
Arcade de chaquecosté en
retour de la Façade de
l'Autel
,
les rideaux étoient
surmontez d'un grand èeuf
son des Armes; simples de
Monseigneur leDauphin,
au1milieu des, deux rideaux ( 1
renoüez par les costez
contre les pilastres) au- desfous de l'ecuuon partoit
une chute de-mesme étoile
que les rideaux,
au
milieu
del'Arcade paroissoit une -
Médaille qui renfermoit,
uneVertu quisapliquoit,
aux qualitez de Monseigneur le Dauphin, au bas
de l'Arcade estoit une espece de terrasse qui estoie
garnie de bobéchesdorées
pour tenir des bougies sur
de petites consoles renverfées. Cette terrasse prenoit des deux extremitez
de l'arcade & s'élevoit par
le milieu, & par gradation
de chaque costé. La seconde
arcade de chaque costé étoit
aussi garnie de idéaux faille
fiiK l'effet d'un Pavillon,
donc les rideaux estoient
retroussez en festons. Et
fous etc Pavillon au milieu
de l'arcade étoit un Ecusson double des Armes do
Monseigneurle Dauphin &
de Madame la Dauphine,
éclairé de c
haque cosse d'une
girandole & de plusieurs
bougies, au-dessus & au bas
de l'Arcade en dedans estoit
un corps qui prenoir dans
la largeur de ladite arcade,
& s'élevoit par le milieu, representant des Médailles
tfHiefogkÉKjue* futs les
V K!
vertus du Prince & de 11
Princesse, & sur l'épaisseur
étoit des bougies allumées
qui suivoient la forme de
ce corps, tout autour entre
chaque arcade estoient des
pilastres marbrez, avec
chacun trois girandoles
,
celle du milieu soutenuë par
un pied d'éstal.
Toutes ces arcades étoient
autant d'Amphiteatres où
estoient placées les personnes dedistinction.Au-dessous de ces arcades regnoit
une autre pleinte tout autour du Chœur de velours
semé, comme j'ay dit, de
fleurs- de-lis d'or, croix
d'argent, Dauphins d'or,
larmes d'argent.
A cette pleinte d'en bas
pendoit une pente d'hermine plissée d'espace en espace
,
& sur la largeur de
chaque ply une Medaille.
Tour, hors cette décoration
estoit tendu de noir jusques
à la Voute.
Le Mausoléeestoit grand.
magnifique; mais sans confusion, c'estoit quatre
Courbes en consoles surun
pied d'estaL Ces consoles
soûtenoient une corniche
,
sur laquelle estoit une calotte, d'où partoient des
pentes avec leurs houpes.
Au dessus de la calotte
estoit un quarré surmonté
d'une Couronne, environnée de girandoles.
Des Voûtesparroit un
grand Dais avec ses rideaux;
le tout or & blanc, excepté
la calotte quiestoit noire, Se
sur laquelle étoient des Trophées
-
d'Armes. Chaque
grande Courbe estoitornée
à trois endroits de trois urJies jSe tout le long re-
gnoient des ciergesqui ùu
soient l'effet des feuilles d'Achanthes.
Sur une Estrade de cinq
gradins estok une forme de
tombeau rout doré, Coûtc.,
nu de griffes de Lyon. Sur
ce massifestoient lejs Cerceuik de Monfeigncur le
Dauphin & de Madame la
Dauphine, donc on a
parlé
ailleurs.
, Sur ces deux Cerecüils
estoie le Poësle de la Couronne de drap d'or hermine
par le bas. A la teste estoit
une Couronne sur un C&*
reau
,
le Cordon bleu sur
celuy de. Monseigneur le
Dauphin, & aux pieds par
dessus le drap d'or estoit un
Manteau Royal de velours
violet semé de fleurs delis
d'or. La Chaire de l'Oraison Funebre estoit au bout
des hautes chaises à gauche en entrant par la prio*
cipale Porte;l'entrée & la
Nefétaient tenduës jusques
aux fenestres avec dtua
rangées de petits écussons &
chiffres, ces deux rangées
separées des grands écusons
aux Armes de Monseigneur
& de Madame la Dauphine
auprèsdesquels étoient des
plaques dorées.
- A dix heures &demy
Monseigneur ,
le Duc de
Berry arriva avec Madame la Duchesse de Berry.
,
Le Parlement, toutes les
Cours Souveraines étant
assemblées, les Evcesques qui
étoient à la teste du Clergé,
étoient Monsieur l'Evesque
de Condon l'ancien, l'ancien Evesque de Tulles, l'Evesque deSenlis, l'Evesque
de Lombés,assemblez au son
des clochettes des Crieurs.
Mon,..
Monseigneur le Duc de
Berry, Madame la Duchesse
de Berry, Monseigneur le
Duc d'Orléans qui arriva
peu -
aprés. Madamela Duchesse d'Orleans, Monsieur
le Comte de Charolois, se
rendirent à l'Eglise sur les
onze heures & demie; on
commença le Requiem en Plein-chant les Instrumens
faisant le contrepoint.
Sur les onze heures Mr
l'Evesque de Mers premier
Aumônier Célébrant accompagné de Mrs les Evesqucs d'Auxerre, de Saine
O/ner,deSées,,deX«M#tçst !
deux en D4nwjque$$5
deux en Chapes,cescinq
Prelats precedezduMaistre
des Ceremonies, du, Royj
d'Armes& desHcçauts,
Turiferaire,desAcolithes,
des Religieux Induits, de*
Religieux.Di^çre 84, Soudiacre, quichanterentselon
leur fonction l'Epicre&, l'Evangile, vinrent, à. l;AAçç\
pendanc, l'Intr.Qïç cJ?&o'té
par la musique placée aiu( Jubé,rEvefquç Célébrant
aprésavoirfini à l'AqffiL*
lirçtix>«& IfcKyjîtfç r-in-)
gca^ avec les quatre Evêques
assistans du costé proche ta
petit AuicldcComtiautîiôiv
vis- à-vis la Clorgé,d'où ili
chanta l'CDrailgD &lueYW->
vangile, & ne montaà
l'Autel que pour la confa-.j
cration.
¡
Pendant l'Introït, Monsieurl'Evesque de Mets4
premier Aumônier accompagné de Monseigneur l'Evesqued'Auxerre, de Mbn-J
seigneur de Saint OrtK:r/
de Monseigneur de Sées &
de Monseigneur cfe Xaintes,
précedez des Religieux
Diacre & Soudiacre, des
Induits, des Turiferaircs,
des Acolithes, de la Croix,
les Acolithes ayant poséles
chandeliers, Monsieur l'Evesque de Mets Célébrant,
chanta l'Oraison de sa place
devant le petit Autel, auquelles Religieux communioienc fous les deux
Especes où on avoit rangé
cinq fauteuils pour l'Evêquc
Célébrant & les Officiants.
en Chapes. Le Religieux
Sou-diacre chanta l'Epitre.
Le Graduel étant chanté
par les Religieux en Chape,
le Chantre ayant son bâton
Cantoral garni d'un Crêpe,
fut suivi du Dies iræ dies illay
en Musique.
:
Le Religieux Diacre après
avoir reccu la Benediction
de Monseigneur l'Evesque,
de Mets, chanta l'Evangile,
& l'Offertoire chanté par
la Musique, en plainchanc
les violons faisans le contrepoids Le Roy d'Armes vint
faire les reverences, & en
fuite s'étant rangé le Roy
d'Armes presenta la represensation de LOUIS XIII.
il attendit queMonsieur de
DÏCUX eut fait sesrevercnces, ôd orfilut Monsieur
^cXXucdc Bcny eutfait les
siennes & futvenuà l'Offrande, les Evesquesrangez
toutcinqîlefiiont au milieu
du Sanctuaire, la face vers
Jafleinblîée, Mr le Duc de
Iktry en manteau &chapetenant ro,Mrdelamain, Sainre&.Maure saqueuë lujr
portée par Mrs de Sainrc
.Agnan,dcroyc&,Bctune,
v
IX Heraut d'Armesdonna le Cierge d'Offrande à
Mr le Marquis de Dreux
qui le donna à Mrde Berry,
Mrde Mets l'ayant receu
tfefetiama^rés'l'Offrande5
Mt Dtfgran^cs fitfcstcvcsen'ees,câpres unautreHtfâ'ût d'Af> & Madame
la Duchesse de Berry,Voit
faireles siennes aprés lestjucltes .:cette Princesse vint àl'Offrandeen grande
Mante, Mrs dt Roucy &
Birotv, pcfrtotem'(a quctre)
& Mrde Coëtenfau luy
ttofmoit la main
,
irn
grandvoile qui couvroit
fan visage,qu'elle
ne levast
'<Ji3Clorfqt^dlc' fut arrivée
vers le Célébrant; elle se
mità genoux sur un Careau
& ayant receu le Cierge
d'Offrande duMaistre des
Ceremonies & donnné à
l'Evesque, leva son voile
&s'en alla à sa place.
Monsieur le Duc d'Orleans fie la même ceremo- nie, la queuë portée par M*4-
d'Ecampes & Plavaux, &
Mr Darmencieres tenant la
main. Madame la Duchesse
suivoit. Mr Dusot tenoit sa
main, && M" de Montipaut
sa queuë; Mademoisellede Bourbon, Monsieur le Comte de Charol-
lois,firent les mêmes cercmonies, leur queuë portée
selon leur rang par leurs
Officiers.
1
Toutes ces reverences
faites
,
Mr l'Evêque d'Alec
monta en Chaire & commença son Ocaison, Fune.
bre.
L'Oraison Funebre finie,
Mr l'Evêquede Mets continua le grande Messe, il
estoitdeux heures & demie,
leDiscours avoit duré cinq
quarts d'heure; au Sanctus
douze Religieux en Tuniques vinrent à l'Autel avec
chacunun grandflambeau
depoing. La Messe fut achevée, aprèslaquelle se firent
les encensemens & lesaspersions. Ensuiteles Evêques
s'approcheront tdta Caveau,
on montaensuite sur TEftrade &Ccrciieils pour
ôter les Couronnes
,
les
Crospes, fc Cordon hlfcu,
&les Carreaux sur lesquels
lesCouronnesestoient posées, ensuitele Manteau
Royal. Le Drapd'or en
estantôté paroissoit encore
un Podte noir avecune
Croix de iaioirc d'argent.
CesCercüeils furent ôcez
de defltjs cette forme de
Tombeau par douze Gardes du Corps qui monterentsurl'Esttrade & apporrerent les Cercueilsprésdu
Caveau. Mr l'Evêquc: de
Mers chantaaprès le Kyrie
[llxïfon,PateT rJoftcr, puis
j'Oratfon;H encensa enco-
.Ie-&'jctta,de l'Eau benite.
Après cela il mit sur l'un &
sur1l'autre Cercüeil de la
1erne^u'on avoit tenuprés
sur une paële, puis ayantentonnéEgosum, lesReligieux
commencerent leBenedictus,
qui estant chanté les Evêves s'assurent au même endroit. Les Corps du Prince
& de la Princesseestant descendus, le Roy d'Armes dit
tout haut: Heraultss'Armes,
.'Vtne'{faire DOS Charges, lesquels s'estant approchez
comme luy de l'entrée du
Caveau, fie à haute voir
l'appel des principaux Officiers de Monseigneur le
Dauphin & de ceux de Madame la Dauphine,encet
ordre:
Mr le Marquis de Maillebois, Maistre de la Garde-
robe du Roy
,
apportez le
Manteau à la Royale de
Monseigneur le Dauphin.
Mr le Duc deBeauvilier,
Premier Gentilhomme de la
Chambre de Monseigneur
le Dauphin, apportez sa
Couronne.
Mr le Marquis de Villa-
-
cerf, Premier Maistre d'Hôtel; & vous, Messieurs les
Maistres d'Hôtel de Madame la Dauphine, apportez
vos Bâtons.
Mr le Marquis de Villacerf avança le premier avec
son Bâtor garni d'un crespe,
suividuMaistred'Hôtelordinaire
,
& des autres Ma!*
tresd'Hôtel. Ces Officiels
apportent leurs Bâtons &
les laissent entre les mains
d'un Herault d'Armes à
l'entrée du Caveau.
Le Roy d'Armes continuë. :-
Mt laMànq^isd:Qc,. qoi.
faites 1& fonction de Rre?-
mier Ecuyer dfc MadaroieIlvi
Dauphine
,
appoiiEcjs foflr;
ManteauàlaRoyale;
MrleMarcehaldeTessé,
qui faites la fonction de•
Chevalier difetoweur de
Madame la Dauphile,apportez la Couronne.
Mr le Maréchal de Ttfre,,
ayantdéposélaCouronne,
comme avoient fait les autres Officiers, les marques
de leurs Charges, dit aussi
àhaute voix:
Madame la Dauphineest
morte, Messieurs les OB;
ciers
,
vous pouvez vouç
pourvoir,nous n'avonsplus
d'Offices.
Apresquoy leRoy d'Antpes^répéta deux fois, Très*
Hauc,,T?esPtjtf!anc& Ex-
«lientBrmce>Monf:c%ignoui
Louis Dauphin ; & TresHaute, Tres- Puissante &
Verrueuse Princesse, MarieAdelaïde de Savoye, font
morts. Priez Dieu pour leurs
Ames.
Les Evêques se leverent
& allerent à la Sacristie,&
une partie du monde elbnc
sorti duChœur, Monseigneur le Duc de Berry,
Monsieur le Duc d'Orléans,
Monsieur le ComtédeCha-.
rollois, precedez des quatre
Heraults d'Armes & du Roy
d'Armes àleur teste,sortirent par la grande portedu
Chœur, & passerent par la
partie duCloistre opposée à
l'ancien Dortoir, &allerent
dans leur Appartement
,
dont l'Escalier, les Chambres
,
& le Corridor estoient
tendus sans Ecussons. Madame la Duchesse deBerry,
Madame la Duchesse,&Mademoiselle de Bourbon, se
retiterent dans leur Appartement tendu de meme,
prés la porte del'Abbaye.
Les Corps du Dauphin
& de la Dauphine, furent
rangez dans le Caveau fut
un berceau de (cr) à hauteur
d'appui, oncrc feu Manpiiigneur & le derniermort
le 8 Mars 1712. & son
aîné le Oiac de Bretagne, à
la fmue d'HenryIV, de
MâTîede Medicis fia femme,
d'Anne d'Autriche, Reine
de France,femme de Louis
XIII. de Marie-Therefc,
Reine de France, femme
de Louis. XIV. deMadame
laDauphinemorte en :1.'9 o.
&de Monseigneur.
,
A gauche ce sont les
Corps des freres & Cœurs 82
enfants de Henry 1111 de
Louis XIII) & de Louis
XIV: LoursXIII.enest
"éloigne parce qu'il est au
bas du degré en ertrant,
fous la Voute sur laquelle
partit Isa representationqui
repond tsts dtiïOî's»
LeJeudy 21. dumesme
^hbis,l'Aanniverfattc de
Monseigneur sesit avec h
mesme apareil, tout 11
mbnt luminaire renouvelé,
à la reservequ'on avoitosté
les armes deMadame la
Dâûjpfaitic, & les feuler
tlmts duDauphin resterent,
l'onChaire. avoie aussi, ôsté la
La décoration de la
Pompe Funebre, est de Mr
Berrin
Samedy16. Avril on
rranfporta les Corps de
Monfcigncur le Dauphin
&de Madame laDauphine,
du Chevet dans leChœur
sous la representation dont
nous allons parler, leursentrailles avoient déja été
mises dans le Caveau avant
qu'on l'eut refermé à lamort
du dernier Dauphin.
Le Dimanche
1 7. sur les
quatre heures, on chanta
Vefprcs des morts, ausquelles assista pontificalement
Monseigneur l'Evesque de
Mets, premier Aumonier
du Roy.
Madame la Duchesse du
Lude, Madame la Marquise
de Mailly, & les Dames
d'Atour & du Palais avec
toure la maison de Madame
la Qauphine,
y
assisterent,
ik auxVigilesà trois Noc.
turnes qui se dirent ensuite.
ausquels le premier Aumônier n"affiri pas.
*
Ensuite les Religieuxchanterent les Vêpres du Dimart.,
che, aprèslesquelles, depuis
six heures & demijusques à
huit oti laissa les portes du
Chœurouvertes
pour lepeuple; l'Autel estoit tendu dé
l'ornementnoir, sur lequel
bruloient des cierges autour dela representation,
Ifi roefnic quantité qu'ily
"en avoit eu lorsque les
Corps estoient au Chevet;
ils y
avoient resté dans une
Chapelle ardente qui tenoit tout le derriere de
l'Eglise,depuis le 24 Mars
qu'ils furent aportez à Saint
Denis, jour & nuit deux
Religieux venoient veiller &
prier, prés des Corps, &
on y
chantoit tous les matins une grande Me(Te solemnelle à laquelle tous les
Officiers de la maison assistoient, desGardes du Corps
se relevants pour garder
chacun à leur tour.
A sept heures &-demy
deux Religieux vinrent disposerl'Autel, en oster les
ornemens noirs, puis mirent
des Napes, ensuite on y
mit des cierges sur dix-huit
Chandeliers d'argent avec
la Croix, outre celle d'or
quiestau-dessus, sixauhaut
de la contre-table, six sur le
gradin, & six sur la table.
-
La Façade au-dcdùe &à
coiteconvoie en un grand
dossier ou tapis garni d'une
Croix cantonnée de quatre
grands écussons, les deux
premiers aux -1
Armes de
Monseigneurle Dauphin, &'
ceux d'au dessous aux Armes
de Monseigneur le Dauphin
& de Madame la Dauphine)
ceux
-
cy environnez de
feüilles d'Acante, ce tapis
surmonté d'un Dais dont
les pentes étoientd'orées,'
avec des Houpes à toutesles
quatres, au fond une Croix
avec de pareils écussons;
mais plus petits à proportion. Ce Dais étoit furmonté de quatre grandes
Aigrettes de plumes noires
& blanches.
Au-dessus jufqucs à la
Voute étoit un tapis noir;
auxdeuxcôtez tout-du long
regnoit un corps à la Mosaïque doré,& cette Façade
se terminoit par un quarré
long de, la mesme hauceui;
qui écoit formé d'un tapis
noir avec quatre bandes
herminées, suivant sa hauteur & sa longeur, dans lequel s'élevait une Piramide doréeaussi à la Mosaïque &ornée depuis le bas
jusqu'au haut des deux côtez de Ciergos & de Girandolcs
; une magnifique
>
corniche regnoit tout autour duChœur,au dessusde
six Arcades de chaque côté
& des deux Arcades au
clet:
sus du Jubé, qui par devant
en face du Mausoléeétoient
traversées par un balustre.
Au dessus de cette corniche
regnoit une pleinte avec des
moulures dorées sur du ve- lours noit & semées de fleurs
<ic lis.) larmes, Dauphins &
Croix, les Dauphins & les
fleursde-lis d'or, les larmes
& les Croix d'argent , ce qui
estoit mêlél'un dansl'autre *"
en quinconge.De chaque arcade partoient alternativement des rideaux fleurs delifez d'oren dessus,herminez
en dessous; dans la premiere
Arcade de chaquecosté en
retour de la Façade de
l'Autel
,
les rideaux étoient
surmontez d'un grand èeuf
son des Armes; simples de
Monseigneur leDauphin,
au1milieu des, deux rideaux ( 1
renoüez par les costez
contre les pilastres) au- desfous de l'ecuuon partoit
une chute de-mesme étoile
que les rideaux,
au
milieu
del'Arcade paroissoit une -
Médaille qui renfermoit,
uneVertu quisapliquoit,
aux qualitez de Monseigneur le Dauphin, au bas
de l'Arcade estoit une espece de terrasse qui estoie
garnie de bobéchesdorées
pour tenir des bougies sur
de petites consoles renverfées. Cette terrasse prenoit des deux extremitez
de l'arcade & s'élevoit par
le milieu, & par gradation
de chaque costé. La seconde
arcade de chaque costé étoit
aussi garnie de idéaux faille
fiiK l'effet d'un Pavillon,
donc les rideaux estoient
retroussez en festons. Et
fous etc Pavillon au milieu
de l'arcade étoit un Ecusson double des Armes do
Monseigneurle Dauphin &
de Madame la Dauphine,
éclairé de c
haque cosse d'une
girandole & de plusieurs
bougies, au-dessus & au bas
de l'Arcade en dedans estoit
un corps qui prenoir dans
la largeur de ladite arcade,
& s'élevoit par le milieu, representant des Médailles
tfHiefogkÉKjue* futs les
V K!
vertus du Prince & de 11
Princesse, & sur l'épaisseur
étoit des bougies allumées
qui suivoient la forme de
ce corps, tout autour entre
chaque arcade estoient des
pilastres marbrez, avec
chacun trois girandoles
,
celle du milieu soutenuë par
un pied d'éstal.
Toutes ces arcades étoient
autant d'Amphiteatres où
estoient placées les personnes dedistinction.Au-dessous de ces arcades regnoit
une autre pleinte tout autour du Chœur de velours
semé, comme j'ay dit, de
fleurs- de-lis d'or, croix
d'argent, Dauphins d'or,
larmes d'argent.
A cette pleinte d'en bas
pendoit une pente d'hermine plissée d'espace en espace
,
& sur la largeur de
chaque ply une Medaille.
Tour, hors cette décoration
estoit tendu de noir jusques
à la Voute.
Le Mausoléeestoit grand.
magnifique; mais sans confusion, c'estoit quatre
Courbes en consoles surun
pied d'estaL Ces consoles
soûtenoient une corniche
,
sur laquelle estoit une calotte, d'où partoient des
pentes avec leurs houpes.
Au dessus de la calotte
estoit un quarré surmonté
d'une Couronne, environnée de girandoles.
Des Voûtesparroit un
grand Dais avec ses rideaux;
le tout or & blanc, excepté
la calotte quiestoit noire, Se
sur laquelle étoient des Trophées
-
d'Armes. Chaque
grande Courbe estoitornée
à trois endroits de trois urJies jSe tout le long re-
gnoient des ciergesqui ùu
soient l'effet des feuilles d'Achanthes.
Sur une Estrade de cinq
gradins estok une forme de
tombeau rout doré, Coûtc.,
nu de griffes de Lyon. Sur
ce massifestoient lejs Cerceuik de Monfeigncur le
Dauphin & de Madame la
Dauphine, donc on a
parlé
ailleurs.
, Sur ces deux Cerecüils
estoie le Poësle de la Couronne de drap d'or hermine
par le bas. A la teste estoit
une Couronne sur un C&*
reau
,
le Cordon bleu sur
celuy de. Monseigneur le
Dauphin, & aux pieds par
dessus le drap d'or estoit un
Manteau Royal de velours
violet semé de fleurs delis
d'or. La Chaire de l'Oraison Funebre estoit au bout
des hautes chaises à gauche en entrant par la prio*
cipale Porte;l'entrée & la
Nefétaient tenduës jusques
aux fenestres avec dtua
rangées de petits écussons &
chiffres, ces deux rangées
separées des grands écusons
aux Armes de Monseigneur
& de Madame la Dauphine
auprèsdesquels étoient des
plaques dorées.
- A dix heures &demy
Monseigneur ,
le Duc de
Berry arriva avec Madame la Duchesse de Berry.
,
Le Parlement, toutes les
Cours Souveraines étant
assemblées, les Evcesques qui
étoient à la teste du Clergé,
étoient Monsieur l'Evesque
de Condon l'ancien, l'ancien Evesque de Tulles, l'Evesque deSenlis, l'Evesque
de Lombés,assemblez au son
des clochettes des Crieurs.
Mon,..
Monseigneur le Duc de
Berry, Madame la Duchesse
de Berry, Monseigneur le
Duc d'Orléans qui arriva
peu -
aprés. Madamela Duchesse d'Orleans, Monsieur
le Comte de Charolois, se
rendirent à l'Eglise sur les
onze heures & demie; on
commença le Requiem en Plein-chant les Instrumens
faisant le contrepoint.
Sur les onze heures Mr
l'Evesque de Mers premier
Aumônier Célébrant accompagné de Mrs les Evesqucs d'Auxerre, de Saine
O/ner,deSées,,deX«M#tçst !
deux en D4nwjque$$5
deux en Chapes,cescinq
Prelats precedezduMaistre
des Ceremonies, du, Royj
d'Armes& desHcçauts,
Turiferaire,desAcolithes,
des Religieux Induits, de*
Religieux.Di^çre 84, Soudiacre, quichanterentselon
leur fonction l'Epicre&, l'Evangile, vinrent, à. l;AAçç\
pendanc, l'Intr.Qïç cJ?&o'té
par la musique placée aiu( Jubé,rEvefquç Célébrant
aprésavoirfini à l'AqffiL*
lirçtix>«& IfcKyjîtfç r-in-)
gca^ avec les quatre Evêques
assistans du costé proche ta
petit AuicldcComtiautîiôiv
vis- à-vis la Clorgé,d'où ili
chanta l'CDrailgD &lueYW->
vangile, & ne montaà
l'Autel que pour la confa-.j
cration.
¡
Pendant l'Introït, Monsieurl'Evesque de Mets4
premier Aumônier accompagné de Monseigneur l'Evesqued'Auxerre, de Mbn-J
seigneur de Saint OrtK:r/
de Monseigneur de Sées &
de Monseigneur cfe Xaintes,
précedez des Religieux
Diacre & Soudiacre, des
Induits, des Turiferaircs,
des Acolithes, de la Croix,
les Acolithes ayant poséles
chandeliers, Monsieur l'Evesque de Mets Célébrant,
chanta l'Oraison de sa place
devant le petit Autel, auquelles Religieux communioienc fous les deux
Especes où on avoit rangé
cinq fauteuils pour l'Evêquc
Célébrant & les Officiants.
en Chapes. Le Religieux
Sou-diacre chanta l'Epitre.
Le Graduel étant chanté
par les Religieux en Chape,
le Chantre ayant son bâton
Cantoral garni d'un Crêpe,
fut suivi du Dies iræ dies illay
en Musique.
:
Le Religieux Diacre après
avoir reccu la Benediction
de Monseigneur l'Evesque,
de Mets, chanta l'Evangile,
& l'Offertoire chanté par
la Musique, en plainchanc
les violons faisans le contrepoids Le Roy d'Armes vint
faire les reverences, & en
fuite s'étant rangé le Roy
d'Armes presenta la represensation de LOUIS XIII.
il attendit queMonsieur de
DÏCUX eut fait sesrevercnces, ôd orfilut Monsieur
^cXXucdc Bcny eutfait les
siennes & futvenuà l'Offrande, les Evesquesrangez
toutcinqîlefiiont au milieu
du Sanctuaire, la face vers
Jafleinblîée, Mr le Duc de
Iktry en manteau &chapetenant ro,Mrdelamain, Sainre&.Maure saqueuë lujr
portée par Mrs de Sainrc
.Agnan,dcroyc&,Bctune,
v
IX Heraut d'Armesdonna le Cierge d'Offrande à
Mr le Marquis de Dreux
qui le donna à Mrde Berry,
Mrde Mets l'ayant receu
tfefetiama^rés'l'Offrande5
Mt Dtfgran^cs fitfcstcvcsen'ees,câpres unautreHtfâ'ût d'Af> & Madame
la Duchesse de Berry,Voit
faireles siennes aprés lestjucltes .:cette Princesse vint àl'Offrandeen grande
Mante, Mrs dt Roucy &
Birotv, pcfrtotem'(a quctre)
& Mrde Coëtenfau luy
ttofmoit la main
,
irn
grandvoile qui couvroit
fan visage,qu'elle
ne levast
'<Ji3Clorfqt^dlc' fut arrivée
vers le Célébrant; elle se
mità genoux sur un Careau
& ayant receu le Cierge
d'Offrande duMaistre des
Ceremonies & donnné à
l'Evesque, leva son voile
&s'en alla à sa place.
Monsieur le Duc d'Orleans fie la même ceremo- nie, la queuë portée par M*4-
d'Ecampes & Plavaux, &
Mr Darmencieres tenant la
main. Madame la Duchesse
suivoit. Mr Dusot tenoit sa
main, && M" de Montipaut
sa queuë; Mademoisellede Bourbon, Monsieur le Comte de Charol-
lois,firent les mêmes cercmonies, leur queuë portée
selon leur rang par leurs
Officiers.
1
Toutes ces reverences
faites
,
Mr l'Evêque d'Alec
monta en Chaire & commença son Ocaison, Fune.
bre.
L'Oraison Funebre finie,
Mr l'Evêquede Mets continua le grande Messe, il
estoitdeux heures & demie,
leDiscours avoit duré cinq
quarts d'heure; au Sanctus
douze Religieux en Tuniques vinrent à l'Autel avec
chacunun grandflambeau
depoing. La Messe fut achevée, aprèslaquelle se firent
les encensemens & lesaspersions. Ensuiteles Evêques
s'approcheront tdta Caveau,
on montaensuite sur TEftrade &Ccrciieils pour
ôter les Couronnes
,
les
Crospes, fc Cordon hlfcu,
&les Carreaux sur lesquels
lesCouronnesestoient posées, ensuitele Manteau
Royal. Le Drapd'or en
estantôté paroissoit encore
un Podte noir avecune
Croix de iaioirc d'argent.
CesCercüeils furent ôcez
de defltjs cette forme de
Tombeau par douze Gardes du Corps qui monterentsurl'Esttrade & apporrerent les Cercueilsprésdu
Caveau. Mr l'Evêquc: de
Mers chantaaprès le Kyrie
[llxïfon,PateT rJoftcr, puis
j'Oratfon;H encensa enco-
.Ie-&'jctta,de l'Eau benite.
Après cela il mit sur l'un &
sur1l'autre Cercüeil de la
1erne^u'on avoit tenuprés
sur une paële, puis ayantentonnéEgosum, lesReligieux
commencerent leBenedictus,
qui estant chanté les Evêves s'assurent au même endroit. Les Corps du Prince
& de la Princesseestant descendus, le Roy d'Armes dit
tout haut: Heraultss'Armes,
.'Vtne'{faire DOS Charges, lesquels s'estant approchez
comme luy de l'entrée du
Caveau, fie à haute voir
l'appel des principaux Officiers de Monseigneur le
Dauphin & de ceux de Madame la Dauphine,encet
ordre:
Mr le Marquis de Maillebois, Maistre de la Garde-
robe du Roy
,
apportez le
Manteau à la Royale de
Monseigneur le Dauphin.
Mr le Duc deBeauvilier,
Premier Gentilhomme de la
Chambre de Monseigneur
le Dauphin, apportez sa
Couronne.
Mr le Marquis de Villa-
-
cerf, Premier Maistre d'Hôtel; & vous, Messieurs les
Maistres d'Hôtel de Madame la Dauphine, apportez
vos Bâtons.
Mr le Marquis de Villacerf avança le premier avec
son Bâtor garni d'un crespe,
suividuMaistred'Hôtelordinaire
,
& des autres Ma!*
tresd'Hôtel. Ces Officiels
apportent leurs Bâtons &
les laissent entre les mains
d'un Herault d'Armes à
l'entrée du Caveau.
Le Roy d'Armes continuë. :-
Mt laMànq^isd:Qc,. qoi.
faites 1& fonction de Rre?-
mier Ecuyer dfc MadaroieIlvi
Dauphine
,
appoiiEcjs foflr;
ManteauàlaRoyale;
MrleMarcehaldeTessé,
qui faites la fonction de•
Chevalier difetoweur de
Madame la Dauphile,apportez la Couronne.
Mr le Maréchal de Ttfre,,
ayantdéposélaCouronne,
comme avoient fait les autres Officiers, les marques
de leurs Charges, dit aussi
àhaute voix:
Madame la Dauphineest
morte, Messieurs les OB;
ciers
,
vous pouvez vouç
pourvoir,nous n'avonsplus
d'Offices.
Apresquoy leRoy d'Antpes^répéta deux fois, Très*
Hauc,,T?esPtjtf!anc& Ex-
«lientBrmce>Monf:c%ignoui
Louis Dauphin ; & TresHaute, Tres- Puissante &
Verrueuse Princesse, MarieAdelaïde de Savoye, font
morts. Priez Dieu pour leurs
Ames.
Les Evêques se leverent
& allerent à la Sacristie,&
une partie du monde elbnc
sorti duChœur, Monseigneur le Duc de Berry,
Monsieur le Duc d'Orléans,
Monsieur le ComtédeCha-.
rollois, precedez des quatre
Heraults d'Armes & du Roy
d'Armes àleur teste,sortirent par la grande portedu
Chœur, & passerent par la
partie duCloistre opposée à
l'ancien Dortoir, &allerent
dans leur Appartement
,
dont l'Escalier, les Chambres
,
& le Corridor estoient
tendus sans Ecussons. Madame la Duchesse deBerry,
Madame la Duchesse,&Mademoiselle de Bourbon, se
retiterent dans leur Appartement tendu de meme,
prés la porte del'Abbaye.
Les Corps du Dauphin
& de la Dauphine, furent
rangez dans le Caveau fut
un berceau de (cr) à hauteur
d'appui, oncrc feu Manpiiigneur & le derniermort
le 8 Mars 1712. & son
aîné le Oiac de Bretagne, à
la fmue d'HenryIV, de
MâTîede Medicis fia femme,
d'Anne d'Autriche, Reine
de France,femme de Louis
XIII. de Marie-Therefc,
Reine de France, femme
de Louis. XIV. deMadame
laDauphinemorte en :1.'9 o.
&de Monseigneur.
,
A gauche ce sont les
Corps des freres & Cœurs 82
enfants de Henry 1111 de
Louis XIII) & de Louis
XIV: LoursXIII.enest
"éloigne parce qu'il est au
bas du degré en ertrant,
fous la Voute sur laquelle
partit Isa representationqui
repond tsts dtiïOî's»
LeJeudy 21. dumesme
^hbis,l'Aanniverfattc de
Monseigneur sesit avec h
mesme apareil, tout 11
mbnt luminaire renouvelé,
à la reservequ'on avoitosté
les armes deMadame la
Dâûjpfaitic, & les feuler
tlmts duDauphin resterent,
l'onChaire. avoie aussi, ôsté la
La décoration de la
Pompe Funebre, est de Mr
Berrin
Fermer
Résumé : POMPE FUNEBRE.
Le texte décrit les cérémonies funéraires du Dauphin et de la Dauphine, Louis et Marie-Adélaïde de Savoie, décédés en 1712. Le 16 avril, leurs corps furent transportés du chevet au chœur de la basilique de Saint-Denis. Le lendemain, des vêpres des morts furent chantées par Monseigneur l'Évêque de Metz, premier aumônier du roi, en présence de la Duchesse du Lude, de la Marquise de Mailly, et des Dames d'Atour et du Palais. Les vigiles se déroulèrent à trois nocturnes, suivies des vêpres du dimanche. Les portes du chœur restèrent ouvertes pour le peuple de six heures et demie à huit heures. L'autel était orné de noir, avec des cierges autour d'une représentation des défunts. Les cérémonies incluaient une chapelle ardente depuis le 24 mars, avec des religieux veillant et priant jour et nuit, et une messe solennelle chaque matin. À sept heures et demie, deux religieux préparaient l'autel, retirant les ornements noirs et ajoutant des nappes et des cierges. La façade était décorée d'un grand dossier ou tapis garni d'une croix et des armes du Dauphin et de la Dauphine, surmonté d'un dais avec des aigrettes de plumes noires et blanches. La corniche du chœur était ornée de moulures dorées et de fleurs de lys. Pendant l'introït, Monseigneur l'Évêque de Metz, accompagné d'autres évêques, célébra l'oraison. Les religieux communièrent sous les deux espèces. Le chantre chanta le Dies iræ en musique, suivi de l'évangile et de l'offrande. Le Roy d'Armes présenta la représentation de Louis XIII. Les évêques se levèrent et allèrent à la sacristie, tandis que les princes et princesses se retirèrent dans leurs appartements. Les corps du Dauphin et de la Dauphine furent placés dans un caveau, aux côtés des autres membres de la famille royale. Le 21 avril, l'anniversaire du Dauphin fut célébré avec le même appareil, à l'exception des armes de la Dauphine qui furent retirées.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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31
p. 217-253
CEREMONIES funebres.
Début :
Le Mardy dixiéme May se fit à Nostre-Dame le Service [...]
Mots clefs :
Dauphin, Madame la Dauphine, Marbre, Service funèbre, Devises, Église
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CEREMONIES funebres.
CEREMONIES
funebres.
Le Mardy dixiéme May
fe fit à Noftre - Dame
Service de feu MonfeiMay 1712.
T
218 MERCURE
gneur le Dauphin , & de
feue Madame la Dauphi
ne: je ne vous en ferayicy
aucun détail parce que la
cérémonie a efté toute pareille à celle de S. Denys.
Al'occafionde cette ceremonie, on donneicyune
peinture plus exacte de la
decoration du Chœur de
faint Denys , qui a paru
affez belle pour meriter
qu'on reforme dans ce
Mercure-cy ce qu'on en
avoit dit dans l'autre.
En entrant dans le Chœur
faifoit face une grande re-
GALANT. 219
preſentation en forme de
baldaquin , eflevé devingtcinq à vingt- fix pieds fur
douze pieds de large , &
dix huit de long.
L'Eftrade formoit un
quarré long , dont les pans
eftoient coupez par des
piedeftaux , & fe terminoit en eſcalier de cinq
marches , faifant un plan
ovale par les deux bouts.
Lefdits piedeftaux faifoient reffaut & plan rond
fur lesquels eftoient quatre
courbes en forme de confoles fort enlevées , &quaTij
220 MERCURE
tre grandesfigures de mar
bre blanc au pied de chaque confole fur les reffauts
des piedeſtaux , ces figures reprefentoient quatre
Vertus ; fçavoir la Reli
gion , la Charité , la Prudence , & la Juſtice.
Toute l'Eftrade eftoit de
marbre noir veiné de
blanc , & de blanc veiné
de noir. Les piedeſtaux ornez de mefme d'agraffes
& cartouches de bronze
doré les coftez de l'Eftrade eftoient auffi ornez de
medailles & trophez,
GALANT. 221.
Adroite eftoit les Chiffres de Monfeigneur le
Dauphin, & àgauche ceux
de Madame la Dauphine,
de bronze doréfur du marbre.
Les confoles eftoient de
marbre blanc , & les corps
de porte or, qui formoient
des panneaux ornez de feftons de laurier, portant des
chapiteaux Ioniques qui
couronnoient lesdites confoles. Sur les premieres
courbes eftoient des Dauphins, dont la queue couloit le long des confoles ,
T iij
222 MERCURE
&portoientfur la tefte chacun une girandole_ronde en forme de vaſe qui
portoit beaucoup de lauriers.
Les confoles par le bas
formoient une grande volute qui portoit une tefte
de Cherubim , les ailes levez fur la tefte comme fi
elles fouftenoient les confoles , & d'autres ailes en
forme d'agraphes qui embraffoient les volutes , du
milieu defquelles partoit
de chaque cofté une grande girandole à cinq brang
GALANT. 223
ches garnies de flambeaux.
Les confoles eftoientprofilez de petites branches
portant chacunes un lys
dans lequel eftoit un flambeau qui faifoit une grande lumiere.
Les confoles portoient
une corniche architravede
marbre blanc orné de modillons de bronze doré.
Ladite corniche eſtoit à
pans , & portoit un focle
de marbre de brayer d'où
partoit un doſme qui faifoit mefme plan orné de
bandeaux & trophez d'or
Tiiij
224 MERCURE
fur des fonds de marbre
blanc & noir.
Le focle dudit dofme faifoit reffaut fur les pans , &
portoit quatre vafes de vermeil tout à jour, d'où partoiết quantité de lumieres.
Au deffus du doſme eftoit un dez orné d'agraphes en forme de confoles qui portoit une couronne de Dauphins en or.
Sur les quatre faces de la
corniche eftoit un grand
cartouche de bronze doré
orné de teftes de morts
&autres attributs,
GALANT.
225
1
Lefdits cartouches eftoient couronnez d'une
groffe girandole à cinq
Branches portant des lumieres. 4
Au deffous de la corniche entre les confoles, pendoit une pente en broderie
d'or,
enrichie de fleurs de
lys , de Dauphins , & de
gros glands d'or.
Le fond du dolme eftoit
noir fleurdelylé d'or , &
d'une croix de moire d'argent.
Le dedans des confoles
formoit un corps de mar
226 MERCURE
bre noir fleurdelisé d'or.
Dans le milieu de l'eftrade , on avoit enlevé un
tombeau de porte d'or fur
un focle enrichi de confoles qui fe terminoit par
des griffes qui portoient
fur le focle du cofté droit
les armes de Monseigneur
le Dauphin en relief, ornées des colliers & couronnes; & du cofté gauche les
armes de mefme de Madame la Dauphine.
Sur les coftez de l'eftrade , il y avoit une herſe en
vermeil , ornée de fleurs
GALANT. 227
de lys , & de branches qui
portoient quantité de flambeaux.. Lefdites herfes fe
terminoient par les bouts
par une groffe girandole
en forme d'agraffe qui portoit plufieurs lumieres , &
une groffe fleur de lys qui
portoit auffi plufieurs lumieres , deforte que cela
faifoit une clarté , & donnoitungrandéclat au tombeau.
Sur ledit tombeau on
avoit posé les deux cercuëils fçavoir Monfeigneur le Dauphin à droite,
>
228 MERCURE
de
& celuy de Madame la
Dauphine à gauche. Elle
eftoit couverte d'un poil
noir couvert d'une grande
croix de moire d'argent ,
& brodé d'hermine; celuy
Monfeigneur le Dauphin eftoit couvert de poële de la Couronne, qui eft
de drap d'or , couvert de
deux grandes armes à droite,de Monfeigneur le Dauphin , & à gauche, deux de
Madame la Dauphine
brodé en or,avec une grandecroix demoire d'argent,
& bordé d'hermine , lequel
GALANT. 229
couvroit les deux corps.
Sur chaque corps eftoit
un manteau à la Royale de
velours violet , avec quatre
rangs de fleurs de lys d'or ;
fur celuy de Monfeigneur
le Dauphin eftoit fon collier de l'Ordre & fa couronne fur un carreau couvert d'un crefpe , & fur celuy de Madame la Dauphi
ne eftoit fa couronne couverte de mefme.
Au deffus eftoit ungrand
pavillon à pans dorez , femé par deffus de fleurs de
lys d'or.
230 MERCURE
Il y avoit autour unë
grande pente en broderie
d'or, où pendoient de gros
glands d'or.
Quatre grandes queuës
fortoient de deffous femées
de fleurs de lys d'or , &
doublées d'hermine retrouffée enl'air par les quatre coins avec un gros
nœud.
Dans le fond dudit pavillon eftoit une grande
croix de moire d'argent ,
avec quatre grandes armes
dans les quatre coins.
Il y avoit deffus quatre
GALANT. 231
grands bouquets de plumesnoires & blanches.
Aux quatre coins du
corps eftoient quatre Heraults d'armes & quatre
Gardes fous les armes , devant eftoit le Roy d'armes
entre les deux Maiftres des
ceremonies.
En face eftoit l'Autel orné de fes ornemens ordinaires , qui eft d'or , garny
detrois groffes pierres prétieuſes. Dans le milieu en
haur eftoit une grande
croix d'or émaillée, & garnie auffi de tres- groffes
1
232 MERCURE
pierres
fines.
Au deffus eftoit ungrand
dais garni de pentes en
broderie d'or dedans & dehors , garni de gros glands
d'or , dont le fond eftoit
garni d'une croix de moire
d'argent avec quatre grandes armes , deux de Monfeigneur le Dauphin , &
deux de Madame la Dauphine.
Aux deux coftez eftoient
deux grands rideaux noirs
fleurdelifez en or , doublez
d'hermine , retrouffez par
de grands cordons d'or
garnis
GALANT. 235
garnis de gros glands fur
deux pillaftres qui portoient ledit dais ; il eftoit
femé par deffus de fleurs.
de lys d'or , & garni de ,
huit gros bouquets de plumes blanches & noires.
Lefdits pillaftres eftoient
d'or, qui portoient chacun
deux medailles, où eftoient.
en haut celles de Monfeigneur le Dauphin , & en
bas celles de Madame la
Dauphine , le champeſtoit
femé de fleurs de lys , &
chaque medaille portoit
unegirandole à cinq bran,
May. 1712. V
234 MERCURE
ches. Aux deux coftez eftoient deux grandes piramides en or , avec unfond
de mofaïque de fleurs de
lys , qui portoient chacune
une grande arme de Monfeigneur le Dauphin , au
bas defquels eftoient une
grande girandole à plufieurs branches , & quantité de branches qui portoient des lumieres.
A la pointe de la piramide eftoit une groffe fleur
de lys , qui portoit une
groffe girandole à cinq
branches.
GALANT. 235
Au deffus eftoit un architrave doré qui regnoit
tout autour du Chœur avec
un lay de velours ſemé de
fleurs de lys , de larmes , de
Dauphins, &decroix blanches, qui eftoient attachez
à une grande corniche dorée qui regnoit autour de
l'Eglife qui formoit une
frife.
Sur les pentes & rideaux
eftoient les armes , en haut
de Monſeigneur le Dauphin , & en bas fur les rideaux , celles de Madame
la Dauphine le tout brodé
en or, Vij
236 MERCURE
Le tour du Chœur eftoit
tout garni de noir jufqu'
aux vitraux. Au deffus des
ftates eftoit un lay d'hermine par feftons , qui re
gnoit autour du Chœur
fur lequel , de diſtance en
diſtance , eftoient les chiffres de Monfeigneur & de
Madamela Dauphinedans
des medailles dorées.
Au deffus du lay d'hermine eftoit un lay de velours femé de fleurs de lys ,
de larmes , de Dauphins,
& de croix blanches , qui
eftoit attaché à une corni
GALANT. 237
che, qui portoit des girandoles à cinq branches , &
tout le long eftoient des
fleurs de lys garnies de lumieres.
Au deffus eftoient fix arcades de chaque colté , &
deux dans le Jubé , dans
lefquels eftoient des amphitheatres , où eftoient
placez des gens de quali
té. Ladite décoration eftoit composée de quatorze
arcades , avec des pillaftres :
de vingt pieds de haut fur
quatre pieds de large, de›
marbre blanc , avec des
238 MERCURE
panneaux dans les milieux,
de marbre pal or, avec des
moulures d'or. Ils portoient chacun une grande
medaille où eſtoient reprefentées treize Vertus , à la
gloire du Prince & de la
Princeffe , le tour en or.
Les Vertus eftoient la
Foy chreftienne , la Picté ,
l'acte vertueux , Defirs envers Dicu, Juftice invioli :
ble , Commandement fur
foy- melme , Sageffe humaine , Concorde , Concorde conjugale , Gloire
des Princes , Egalité, Bien-
GALANT. 239
veillance , & Amour de la
patrie , ils portoient chacunes une grande girandole de plufieurs lumieres.
Au bas de chaque pilaf
tre eftoit un fcabellon doré, qui portoit une girandole à cinq branches.
-
Et au deffus des pilaftres
regnoit un architrave doré , qui portoit le ſecond
lay de velours qui fermoit
une frife , fur laquelle eftoient femées des fleurs de
lys , des Dauphins, des larmes, & des croix , attachée
à lagrandecornichequi re-
240 MERCURE
gnoit à l'entour du Chœur,
dorée, qui portoit au deffus
au droit des pilaftres un›
couronnement en forme
de medaille furunfocle de
marbre blanc , enrichi de:
feftons & de chiffres de
Monſeigneur , & de Madame la Dauphine alternativement , & le long de ladite corniche eftoient des:
fleurs de lys & lys garnis
de lumieres. Les pilaftres;
fe terminoient fous l'ar--
chitrave parune agraffe en
formedeconfole, qui portoit unegrande girandole.
Dans
GALANT. 241
Dans les angles de l'Autel & du Jubé eftoient deux
pilaftres chacuns , qui faifoient retour, fçavoir ceux
de l'Autel eftoient comme ceux qui portoient le
grand Dais , & ceux du
Jubé portoient feulement.
chacun une medaille où
eftoit un chiffre de Monfeigneur le Dauphin, & de
Madame la Dauphine , attaché à des feftons de
feuilles , le tout en or.
Au milieu de chaque arcade , eftoit , fçavoir aux
deux premieres du cofté.
May, 17120 X
242 MERCURE
de l'Autel , une grande arme de Monfeigneur le
Dauphin fort ellevée ſouftenue par deux Renommées, enrichies de trophez
de bronze doré , au deffous
defquels eftoient deux
grands rideaux noirs ſemez de fleurs de lys , &
doublez d'hermine retrouſſez en feftons fur les
deux arriere-corps , & au
bas des armes pendoit une
cheute defdits rideaux , ſemez de fleurs de lys , &
doublez d'hermine.
Au bas defdites armes
GALANT. 243
pendoit à chacune une
grande medaille en or , où
eftoient reprefentées, dans
une, la pureté , & dans l'autre , la Religion , & au bas
une girandole à pluſieurs
branches.
Aux deux fecondes arcades eftoit un grand pavillon de relief fort eflevé ,
couronné d'une couronne
de Dauphin , avec des pentes en broderie d'or , où
pendoient de gros glands ,
au deffous defquels fortoient deux grands rideaux
retrouſſez par feftons ſur
$
X ij .
244 MERCURE
les deux arriere. corps , fe
mez auffi de fleurs de lys ,
& doublez d'hermine.
Au deffous deſdits pavillons eftoient de grandes
armes de Madame la Dauphine , garnies de palmes
& de lauriers , & fouftenuës par deux Anges , au
bas defquels eftoient à cha
cun deux girandoles à plu--
fieurs branches , le tout de
bronze doré.
Au deffous des armes
cftoit un timpan bas de
marbre blanc , & les mouleures d'or , qui fervoient
GALANT. 245
comme d'appuy , où eftoit
repreſentée une groffe tefte de mort avec les attributs , & des feftons de cyprez , le fond defdits timpans eftoit femé de larmes
d'argent fur un fond de
marbre noir , & tout le refte en or.
Ils portoient au deffus un
vafe en forme de lampe
antique avec deux groffes
lumieres , & eftoient lesdits
timpans profilez de branches de lumieres en grand
nombre.
༡
Aux deux troifiémes arX iij
246 MERCURE
cades eftoit de meſme eflevée fort haut une grande
arme , d'où fortoient de
grands rideaux retrouffez ,
au bas defquels eftoit un
grand timpan de marbre
blanc avec des mouleures
d'or , où eftoit un chiffre
de Monſeigneur le Dauphin , & de Madame la
Dauphine , entrelaffé avec
des lauriers & des palmes ,
fouftenu par deux enfans
qui pleuroient , & qui eftoient entrelaffez de feftons de cyprez , & deux
gros Dauphins fur les proX
GALANT. 247
fils defdits timpans , fur
leſquels eftoient attachées
des branches qui portoient
des lumieres , & au deffus
eftoit une groffe fleur de
lys , qui portoit une lumie+
les autres.
re plus forte que
Aux deux coftez eſtoient
deux vafes qui portoient
de mefme deux lumieres
plus fortes que les autres.
Aux quatrièmes arcades
recommençoient les pavillons avec les armes de
Madame la Dauphine
comme cy devant , & aux
cinquièmes, des armes de
X iiij
248 MERCURE
Monſeigneur le Dauphin ,
de mefme qu'au troiſième.
Aufixiéme des pavillons
les armes de Madame la
Dauphine , & aux deux
feptièmes au deffus du Jubé, les armes de Monfeigneurle Dauphin , ellevés
comme les autres avec des
rideaux retrouffez fans timpans deffous à cauſe de la
mufique.
Devant le Jubé eftoit
une balustrade de marbre
blanc veiné , dans le milieu de laquelle eftoient les
chiffres de Monfeigneur le
E
GALANT. 249
Dauphin , avec des trophez.
Les balustrades eftoient
dorées fort richement.,
Servicefolemnel à Notre Da
me de Paris. j
Le dix de ce mois on fit
dans l'Eglife Metropolitai
ne un Service folemnel
pour Monſeigneur le Dauphin , & Madame la Dauphine. Le Cardinal de
Noailles Archevefque de
Paris officia , & le Pere
Gaillard Jefuite prononça
l'Oraifon funebre. Mon-
250 MERCURE
feigneur le Duc de Berry ,
Madame la Ducheffe de
Berry , Monfieur le Duc
d'Orleans , Monfieur le
Comte de Charolois , Mademoiſelle de Bourbon ,
& Mademoiſelle de Charolois , eftoient les Princes
& Princeffes du dueil , &
ils allerent àl'offrande chacun felon fon rang , conduits alternativement par
le Marquis de Dreux Maiftre des ceremonies.
Le Parlement , la Chambre des Comptes , la Cour
des Aydes, l'Univerfité &
GALANT. 251
le Corps de Ville y affifterent , ayant efté invitez par
ordre du Roy.
Laceremonie faite Monfieur le Cardinal de Noailles eut l'honneur de donner à difner dans l'Archevefché à Monfeigneur le
Duc de Berry , à Madame
la Ducheffe de Berry , accompagnez de Monfieur
'le Duc d'Orleans, de Monfieur le Comte de Charolois , de Mademoiſelle de
Bourbon , &de Mademoifelle de Charolois : le repas
fut magnifique , & fort
252 MERCURE
bien fervi , les Princes &
les Princeffes en furent fort
contents , il y eut auffi plufieurs tables fervies pour
les Seigneurs , & principaux Officiers de leur
fuite.
Enfin Monfieur le Cardinal de Noailles agit en
cette occafion , comme il
agit en toutes felon fon
caractere. On fçait qu'il
eft auffi noble & auffi magnifique pour les autres ,
qu'il eft fimple & modefte
en ce qui ne regarde que
La perfonne.
319
GALANT. 253
pour
On a celebré le fept de
ce mois ,un Service folemnel dans l'Eglife du College de Louis Le Grand ,
Monteigneur le Dauphin & Madame la Dauphine ; le Pere Sanadon ,
un des Profeffeurs de Rhetorique , prononça le foir
l'Eloge funebre en latin ,
avec beaucoup de fatisfaction de toute l'affemblée ,
?
compofée de plufieurs Prélats & autres perfonnes de
diſtinction , la Salle eftoit
éclairée de quantité de lumieres,&ornée de devifes
funebres.
Le Mardy dixiéme May
fe fit à Noftre - Dame
Service de feu MonfeiMay 1712.
T
218 MERCURE
gneur le Dauphin , & de
feue Madame la Dauphi
ne: je ne vous en ferayicy
aucun détail parce que la
cérémonie a efté toute pareille à celle de S. Denys.
Al'occafionde cette ceremonie, on donneicyune
peinture plus exacte de la
decoration du Chœur de
faint Denys , qui a paru
affez belle pour meriter
qu'on reforme dans ce
Mercure-cy ce qu'on en
avoit dit dans l'autre.
En entrant dans le Chœur
faifoit face une grande re-
GALANT. 219
preſentation en forme de
baldaquin , eflevé devingtcinq à vingt- fix pieds fur
douze pieds de large , &
dix huit de long.
L'Eftrade formoit un
quarré long , dont les pans
eftoient coupez par des
piedeftaux , & fe terminoit en eſcalier de cinq
marches , faifant un plan
ovale par les deux bouts.
Lefdits piedeftaux faifoient reffaut & plan rond
fur lesquels eftoient quatre
courbes en forme de confoles fort enlevées , &quaTij
220 MERCURE
tre grandesfigures de mar
bre blanc au pied de chaque confole fur les reffauts
des piedeſtaux , ces figures reprefentoient quatre
Vertus ; fçavoir la Reli
gion , la Charité , la Prudence , & la Juſtice.
Toute l'Eftrade eftoit de
marbre noir veiné de
blanc , & de blanc veiné
de noir. Les piedeſtaux ornez de mefme d'agraffes
& cartouches de bronze
doré les coftez de l'Eftrade eftoient auffi ornez de
medailles & trophez,
GALANT. 221.
Adroite eftoit les Chiffres de Monfeigneur le
Dauphin, & àgauche ceux
de Madame la Dauphine,
de bronze doréfur du marbre.
Les confoles eftoient de
marbre blanc , & les corps
de porte or, qui formoient
des panneaux ornez de feftons de laurier, portant des
chapiteaux Ioniques qui
couronnoient lesdites confoles. Sur les premieres
courbes eftoient des Dauphins, dont la queue couloit le long des confoles ,
T iij
222 MERCURE
&portoientfur la tefte chacun une girandole_ronde en forme de vaſe qui
portoit beaucoup de lauriers.
Les confoles par le bas
formoient une grande volute qui portoit une tefte
de Cherubim , les ailes levez fur la tefte comme fi
elles fouftenoient les confoles , & d'autres ailes en
forme d'agraphes qui embraffoient les volutes , du
milieu defquelles partoit
de chaque cofté une grande girandole à cinq brang
GALANT. 223
ches garnies de flambeaux.
Les confoles eftoientprofilez de petites branches
portant chacunes un lys
dans lequel eftoit un flambeau qui faifoit une grande lumiere.
Les confoles portoient
une corniche architravede
marbre blanc orné de modillons de bronze doré.
Ladite corniche eſtoit à
pans , & portoit un focle
de marbre de brayer d'où
partoit un doſme qui faifoit mefme plan orné de
bandeaux & trophez d'or
Tiiij
224 MERCURE
fur des fonds de marbre
blanc & noir.
Le focle dudit dofme faifoit reffaut fur les pans , &
portoit quatre vafes de vermeil tout à jour, d'où partoiết quantité de lumieres.
Au deffus du doſme eftoit un dez orné d'agraphes en forme de confoles qui portoit une couronne de Dauphins en or.
Sur les quatre faces de la
corniche eftoit un grand
cartouche de bronze doré
orné de teftes de morts
&autres attributs,
GALANT.
225
1
Lefdits cartouches eftoient couronnez d'une
groffe girandole à cinq
Branches portant des lumieres. 4
Au deffous de la corniche entre les confoles, pendoit une pente en broderie
d'or,
enrichie de fleurs de
lys , de Dauphins , & de
gros glands d'or.
Le fond du dolme eftoit
noir fleurdelylé d'or , &
d'une croix de moire d'argent.
Le dedans des confoles
formoit un corps de mar
226 MERCURE
bre noir fleurdelisé d'or.
Dans le milieu de l'eftrade , on avoit enlevé un
tombeau de porte d'or fur
un focle enrichi de confoles qui fe terminoit par
des griffes qui portoient
fur le focle du cofté droit
les armes de Monseigneur
le Dauphin en relief, ornées des colliers & couronnes; & du cofté gauche les
armes de mefme de Madame la Dauphine.
Sur les coftez de l'eftrade , il y avoit une herſe en
vermeil , ornée de fleurs
GALANT. 227
de lys , & de branches qui
portoient quantité de flambeaux.. Lefdites herfes fe
terminoient par les bouts
par une groffe girandole
en forme d'agraffe qui portoit plufieurs lumieres , &
une groffe fleur de lys qui
portoit auffi plufieurs lumieres , deforte que cela
faifoit une clarté , & donnoitungrandéclat au tombeau.
Sur ledit tombeau on
avoit posé les deux cercuëils fçavoir Monfeigneur le Dauphin à droite,
>
228 MERCURE
de
& celuy de Madame la
Dauphine à gauche. Elle
eftoit couverte d'un poil
noir couvert d'une grande
croix de moire d'argent ,
& brodé d'hermine; celuy
Monfeigneur le Dauphin eftoit couvert de poële de la Couronne, qui eft
de drap d'or , couvert de
deux grandes armes à droite,de Monfeigneur le Dauphin , & à gauche, deux de
Madame la Dauphine
brodé en or,avec une grandecroix demoire d'argent,
& bordé d'hermine , lequel
GALANT. 229
couvroit les deux corps.
Sur chaque corps eftoit
un manteau à la Royale de
velours violet , avec quatre
rangs de fleurs de lys d'or ;
fur celuy de Monfeigneur
le Dauphin eftoit fon collier de l'Ordre & fa couronne fur un carreau couvert d'un crefpe , & fur celuy de Madame la Dauphi
ne eftoit fa couronne couverte de mefme.
Au deffus eftoit ungrand
pavillon à pans dorez , femé par deffus de fleurs de
lys d'or.
230 MERCURE
Il y avoit autour unë
grande pente en broderie
d'or, où pendoient de gros
glands d'or.
Quatre grandes queuës
fortoient de deffous femées
de fleurs de lys d'or , &
doublées d'hermine retrouffée enl'air par les quatre coins avec un gros
nœud.
Dans le fond dudit pavillon eftoit une grande
croix de moire d'argent ,
avec quatre grandes armes
dans les quatre coins.
Il y avoit deffus quatre
GALANT. 231
grands bouquets de plumesnoires & blanches.
Aux quatre coins du
corps eftoient quatre Heraults d'armes & quatre
Gardes fous les armes , devant eftoit le Roy d'armes
entre les deux Maiftres des
ceremonies.
En face eftoit l'Autel orné de fes ornemens ordinaires , qui eft d'or , garny
detrois groffes pierres prétieuſes. Dans le milieu en
haur eftoit une grande
croix d'or émaillée, & garnie auffi de tres- groffes
1
232 MERCURE
pierres
fines.
Au deffus eftoit ungrand
dais garni de pentes en
broderie d'or dedans & dehors , garni de gros glands
d'or , dont le fond eftoit
garni d'une croix de moire
d'argent avec quatre grandes armes , deux de Monfeigneur le Dauphin , &
deux de Madame la Dauphine.
Aux deux coftez eftoient
deux grands rideaux noirs
fleurdelifez en or , doublez
d'hermine , retrouffez par
de grands cordons d'or
garnis
GALANT. 235
garnis de gros glands fur
deux pillaftres qui portoient ledit dais ; il eftoit
femé par deffus de fleurs.
de lys d'or , & garni de ,
huit gros bouquets de plumes blanches & noires.
Lefdits pillaftres eftoient
d'or, qui portoient chacun
deux medailles, où eftoient.
en haut celles de Monfeigneur le Dauphin , & en
bas celles de Madame la
Dauphine , le champeſtoit
femé de fleurs de lys , &
chaque medaille portoit
unegirandole à cinq bran,
May. 1712. V
234 MERCURE
ches. Aux deux coftez eftoient deux grandes piramides en or , avec unfond
de mofaïque de fleurs de
lys , qui portoient chacune
une grande arme de Monfeigneur le Dauphin , au
bas defquels eftoient une
grande girandole à plufieurs branches , & quantité de branches qui portoient des lumieres.
A la pointe de la piramide eftoit une groffe fleur
de lys , qui portoit une
groffe girandole à cinq
branches.
GALANT. 235
Au deffus eftoit un architrave doré qui regnoit
tout autour du Chœur avec
un lay de velours ſemé de
fleurs de lys , de larmes , de
Dauphins, &decroix blanches, qui eftoient attachez
à une grande corniche dorée qui regnoit autour de
l'Eglife qui formoit une
frife.
Sur les pentes & rideaux
eftoient les armes , en haut
de Monſeigneur le Dauphin , & en bas fur les rideaux , celles de Madame
la Dauphine le tout brodé
en or, Vij
236 MERCURE
Le tour du Chœur eftoit
tout garni de noir jufqu'
aux vitraux. Au deffus des
ftates eftoit un lay d'hermine par feftons , qui re
gnoit autour du Chœur
fur lequel , de diſtance en
diſtance , eftoient les chiffres de Monfeigneur & de
Madamela Dauphinedans
des medailles dorées.
Au deffus du lay d'hermine eftoit un lay de velours femé de fleurs de lys ,
de larmes , de Dauphins,
& de croix blanches , qui
eftoit attaché à une corni
GALANT. 237
che, qui portoit des girandoles à cinq branches , &
tout le long eftoient des
fleurs de lys garnies de lumieres.
Au deffus eftoient fix arcades de chaque colté , &
deux dans le Jubé , dans
lefquels eftoient des amphitheatres , où eftoient
placez des gens de quali
té. Ladite décoration eftoit composée de quatorze
arcades , avec des pillaftres :
de vingt pieds de haut fur
quatre pieds de large, de›
marbre blanc , avec des
238 MERCURE
panneaux dans les milieux,
de marbre pal or, avec des
moulures d'or. Ils portoient chacun une grande
medaille où eſtoient reprefentées treize Vertus , à la
gloire du Prince & de la
Princeffe , le tour en or.
Les Vertus eftoient la
Foy chreftienne , la Picté ,
l'acte vertueux , Defirs envers Dicu, Juftice invioli :
ble , Commandement fur
foy- melme , Sageffe humaine , Concorde , Concorde conjugale , Gloire
des Princes , Egalité, Bien-
GALANT. 239
veillance , & Amour de la
patrie , ils portoient chacunes une grande girandole de plufieurs lumieres.
Au bas de chaque pilaf
tre eftoit un fcabellon doré, qui portoit une girandole à cinq branches.
-
Et au deffus des pilaftres
regnoit un architrave doré , qui portoit le ſecond
lay de velours qui fermoit
une frife , fur laquelle eftoient femées des fleurs de
lys , des Dauphins, des larmes, & des croix , attachée
à lagrandecornichequi re-
240 MERCURE
gnoit à l'entour du Chœur,
dorée, qui portoit au deffus
au droit des pilaftres un›
couronnement en forme
de medaille furunfocle de
marbre blanc , enrichi de:
feftons & de chiffres de
Monſeigneur , & de Madame la Dauphine alternativement , & le long de ladite corniche eftoient des:
fleurs de lys & lys garnis
de lumieres. Les pilaftres;
fe terminoient fous l'ar--
chitrave parune agraffe en
formedeconfole, qui portoit unegrande girandole.
Dans
GALANT. 241
Dans les angles de l'Autel & du Jubé eftoient deux
pilaftres chacuns , qui faifoient retour, fçavoir ceux
de l'Autel eftoient comme ceux qui portoient le
grand Dais , & ceux du
Jubé portoient feulement.
chacun une medaille où
eftoit un chiffre de Monfeigneur le Dauphin, & de
Madame la Dauphine , attaché à des feftons de
feuilles , le tout en or.
Au milieu de chaque arcade , eftoit , fçavoir aux
deux premieres du cofté.
May, 17120 X
242 MERCURE
de l'Autel , une grande arme de Monfeigneur le
Dauphin fort ellevée ſouftenue par deux Renommées, enrichies de trophez
de bronze doré , au deffous
defquels eftoient deux
grands rideaux noirs ſemez de fleurs de lys , &
doublez d'hermine retrouſſez en feftons fur les
deux arriere-corps , & au
bas des armes pendoit une
cheute defdits rideaux , ſemez de fleurs de lys , &
doublez d'hermine.
Au bas defdites armes
GALANT. 243
pendoit à chacune une
grande medaille en or , où
eftoient reprefentées, dans
une, la pureté , & dans l'autre , la Religion , & au bas
une girandole à pluſieurs
branches.
Aux deux fecondes arcades eftoit un grand pavillon de relief fort eflevé ,
couronné d'une couronne
de Dauphin , avec des pentes en broderie d'or , où
pendoient de gros glands ,
au deffous defquels fortoient deux grands rideaux
retrouſſez par feftons ſur
$
X ij .
244 MERCURE
les deux arriere. corps , fe
mez auffi de fleurs de lys ,
& doublez d'hermine.
Au deffous deſdits pavillons eftoient de grandes
armes de Madame la Dauphine , garnies de palmes
& de lauriers , & fouftenuës par deux Anges , au
bas defquels eftoient à cha
cun deux girandoles à plu--
fieurs branches , le tout de
bronze doré.
Au deffous des armes
cftoit un timpan bas de
marbre blanc , & les mouleures d'or , qui fervoient
GALANT. 245
comme d'appuy , où eftoit
repreſentée une groffe tefte de mort avec les attributs , & des feftons de cyprez , le fond defdits timpans eftoit femé de larmes
d'argent fur un fond de
marbre noir , & tout le refte en or.
Ils portoient au deffus un
vafe en forme de lampe
antique avec deux groffes
lumieres , & eftoient lesdits
timpans profilez de branches de lumieres en grand
nombre.
༡
Aux deux troifiémes arX iij
246 MERCURE
cades eftoit de meſme eflevée fort haut une grande
arme , d'où fortoient de
grands rideaux retrouffez ,
au bas defquels eftoit un
grand timpan de marbre
blanc avec des mouleures
d'or , où eftoit un chiffre
de Monſeigneur le Dauphin , & de Madame la
Dauphine , entrelaffé avec
des lauriers & des palmes ,
fouftenu par deux enfans
qui pleuroient , & qui eftoient entrelaffez de feftons de cyprez , & deux
gros Dauphins fur les proX
GALANT. 247
fils defdits timpans , fur
leſquels eftoient attachées
des branches qui portoient
des lumieres , & au deffus
eftoit une groffe fleur de
lys , qui portoit une lumie+
les autres.
re plus forte que
Aux deux coftez eſtoient
deux vafes qui portoient
de mefme deux lumieres
plus fortes que les autres.
Aux quatrièmes arcades
recommençoient les pavillons avec les armes de
Madame la Dauphine
comme cy devant , & aux
cinquièmes, des armes de
X iiij
248 MERCURE
Monſeigneur le Dauphin ,
de mefme qu'au troiſième.
Aufixiéme des pavillons
les armes de Madame la
Dauphine , & aux deux
feptièmes au deffus du Jubé, les armes de Monfeigneurle Dauphin , ellevés
comme les autres avec des
rideaux retrouffez fans timpans deffous à cauſe de la
mufique.
Devant le Jubé eftoit
une balustrade de marbre
blanc veiné , dans le milieu de laquelle eftoient les
chiffres de Monfeigneur le
E
GALANT. 249
Dauphin , avec des trophez.
Les balustrades eftoient
dorées fort richement.,
Servicefolemnel à Notre Da
me de Paris. j
Le dix de ce mois on fit
dans l'Eglife Metropolitai
ne un Service folemnel
pour Monſeigneur le Dauphin , & Madame la Dauphine. Le Cardinal de
Noailles Archevefque de
Paris officia , & le Pere
Gaillard Jefuite prononça
l'Oraifon funebre. Mon-
250 MERCURE
feigneur le Duc de Berry ,
Madame la Ducheffe de
Berry , Monfieur le Duc
d'Orleans , Monfieur le
Comte de Charolois , Mademoiſelle de Bourbon ,
& Mademoiſelle de Charolois , eftoient les Princes
& Princeffes du dueil , &
ils allerent àl'offrande chacun felon fon rang , conduits alternativement par
le Marquis de Dreux Maiftre des ceremonies.
Le Parlement , la Chambre des Comptes , la Cour
des Aydes, l'Univerfité &
GALANT. 251
le Corps de Ville y affifterent , ayant efté invitez par
ordre du Roy.
Laceremonie faite Monfieur le Cardinal de Noailles eut l'honneur de donner à difner dans l'Archevefché à Monfeigneur le
Duc de Berry , à Madame
la Ducheffe de Berry , accompagnez de Monfieur
'le Duc d'Orleans, de Monfieur le Comte de Charolois , de Mademoiſelle de
Bourbon , &de Mademoifelle de Charolois : le repas
fut magnifique , & fort
252 MERCURE
bien fervi , les Princes &
les Princeffes en furent fort
contents , il y eut auffi plufieurs tables fervies pour
les Seigneurs , & principaux Officiers de leur
fuite.
Enfin Monfieur le Cardinal de Noailles agit en
cette occafion , comme il
agit en toutes felon fon
caractere. On fçait qu'il
eft auffi noble & auffi magnifique pour les autres ,
qu'il eft fimple & modefte
en ce qui ne regarde que
La perfonne.
319
GALANT. 253
pour
On a celebré le fept de
ce mois ,un Service folemnel dans l'Eglife du College de Louis Le Grand ,
Monteigneur le Dauphin & Madame la Dauphine ; le Pere Sanadon ,
un des Profeffeurs de Rhetorique , prononça le foir
l'Eloge funebre en latin ,
avec beaucoup de fatisfaction de toute l'affemblée ,
?
compofée de plufieurs Prélats & autres perfonnes de
diſtinction , la Salle eftoit
éclairée de quantité de lumieres,&ornée de devifes
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Résumé : CEREMONIES funebres.
Le texte relate les cérémonies funèbres du 10 mai 1712 à Notre-Dame, en mémoire du Dauphin et de la Dauphine. La cérémonie, similaire à celle tenue à Saint-Denis, se déroula dans un chœur somptueusement décoré. Une grande représentation en forme de baldaquin, haute de vingt-cinq à vingt-six pieds, était ornée de marbre noir et blanc, de bronze doré, et comportait des figures de Vertus (Religion, Charité, Prudence, Justice) ainsi que des emblèmes des Dauphin et Dauphine. L'estrade, en forme de carré long, se terminait par un escalier de cinq marches et était ornée de médailles et de trophées. Les consoles, en marbre blanc, portaient des dauphins et des girandoles. Le dôme, en marbre de Bray, était décoré de bandeaux et de trophées d'or. Au-dessus du dôme, une couronne de dauphins en or surmontait une croix de moire d'argent. Le tombeau, placé au centre de l'estrade, était orné de herse en vermeil et de girandoles. Les cercueils du Dauphin et de la Dauphine étaient recouverts de poêles et de manteaux violets brodés de lys d'or, surmontés d'un grand pavillon doré fermé par des lys d'or. L'autel, orné de ses ornements ordinaires, était garni de pierres précieuses et d'une croix d'or émaillée. Un dais, garni de pentes en broderie d'or, surmontait l'autel. Des rideaux noirs fleurdelisés en or doublés d'hermine encadraient l'autel, flanqué de pyramides en or avec les armes du Dauphin. Le chœur était entièrement garni de noir jusqu'aux vitraux, avec des lés d'hermine et de velours semés de lys, de larmes, de dauphins et de croix blanches. Des arcades et des amphithéâtres accueillaient des personnes de qualité. Les pilastres, en marbre blanc, portaient des médailles représentant des Vertus. Des girandoles et des fleurs de lys garnies de lumières ornaient l'ensemble de la décoration. Le 10 mai, un service solennel fut organisé dans l'église métropolitaine, officié par le Cardinal de Noailles, archevêque de Paris. Le Père Gaillard, jésuite, prononça l'oraison funèbre. Les princes et princesses du deuil, incluant Monseigneur le Duc de Berry, Madame la Duchesse de Berry, Monsieur le Duc d'Orléans, Monsieur le Comte de Charolais, Mademoiselle de Bourbon et Mademoiselle de Charolais, assistèrent à l'offrande. Le Parlement, la Chambre des Comptes, la Cour des Aydes, l'Université et le Corps de Ville étaient également présents. Après la cérémonie, le Cardinal de Noailles invita les princes et princesses à dîner à l'archevêché, où un repas magnifique fut servi. Le 27 mai, un autre service solennel fut célébré dans l'église du Collège de Louis Le Grand, avec un éloge funèbre en latin prononcé par le Père Sanadon, professeur de rhétorique.
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32
p. 300-303
Nouvelles de Paris.
Début :
Le vingt-deux de ce mois l'Abbé Fagon fut sacré [...]
Mots clefs :
Paris, Évêque, Rhin, Dauphin, Dauphiné
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de Paris.
Nouvelles de Paris.
Le vingt-deux de ce
mois l'Abbé Fagon fut
facré Evefque de Lombez dans la Chapelle de
l'Archevefché , par le
Cardinal de Noailles ,
Archevefque de Paris ,
GALANT. 301
qui eut pour Affiftans
l'ancien Evefque de
Condom , & l'Evefque
de Saint Omer.
On a eu avis que le
Capitaine Bournonville
ayant paffé le Rhin avco
deux cent cinquante
hommesdes compagnies
franches du Brigadier
la Croix , étoit tombé la
nuitdu trente Avrildans
la Vveteravie , fur le
quartier de cinqe regimensde l'Archiduc, qu'il
302 MERCURE
avoit mis en un trésgrand defordre , y en
ayant eudans la ſurpriſe
pluſieurs tuez & bleſſez ;
& qu'il s'étoit retiré avec environ · foixante
chevaux , avec une perte peu confiderable ,
n'ayant eu en cette occaſion qu'un homme tué
& quelques bleffez.
Le vingt- quatre on
celebra un Service folemnel à la Sainte Chapelle du Palais pour
GALANT. 303,
Monſeigneur le Dauphin & Madamela Dauphine. L'Abbé de Champigny , Treſorier decette Eglife , officia pontificalement. Le Pere de
la RueJefuite prononçar
l'Oraifon funebre. La
Chambre des Comptes.
y affifta en Corps.
Le vingt-deux de ce
mois l'Abbé Fagon fut
facré Evefque de Lombez dans la Chapelle de
l'Archevefché , par le
Cardinal de Noailles ,
Archevefque de Paris ,
GALANT. 301
qui eut pour Affiftans
l'ancien Evefque de
Condom , & l'Evefque
de Saint Omer.
On a eu avis que le
Capitaine Bournonville
ayant paffé le Rhin avco
deux cent cinquante
hommesdes compagnies
franches du Brigadier
la Croix , étoit tombé la
nuitdu trente Avrildans
la Vveteravie , fur le
quartier de cinqe regimensde l'Archiduc, qu'il
302 MERCURE
avoit mis en un trésgrand defordre , y en
ayant eudans la ſurpriſe
pluſieurs tuez & bleſſez ;
& qu'il s'étoit retiré avec environ · foixante
chevaux , avec une perte peu confiderable ,
n'ayant eu en cette occaſion qu'un homme tué
& quelques bleffez.
Le vingt- quatre on
celebra un Service folemnel à la Sainte Chapelle du Palais pour
GALANT. 303,
Monſeigneur le Dauphin & Madamela Dauphine. L'Abbé de Champigny , Treſorier decette Eglife , officia pontificalement. Le Pere de
la RueJefuite prononçar
l'Oraifon funebre. La
Chambre des Comptes.
y affifta en Corps.
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Résumé : Nouvelles de Paris.
Le 22 avril, l'Abbé Fagon fut nommé évêque de Lombez par le Cardinal de Noailles, archevêque de Paris, en présence de l'ancien évêque de Condom et de l'évêque de Saint Omer. Le 30 avril, le capitaine Bournonville, à la tête de 250 hommes des compagnies franches du Brigadier la Croix, traversa le Rhin et attaqua le quartier de cinq régiments de l'Archiduc, causant un grand désordre et plusieurs pertes parmi les ennemis. Bournonville se retira avec environ soixante chevaux, subissant une perte minime avec un homme tué et quelques blessés. Le 24 avril, un service solennel fut célébré à la Sainte-Chapelle du Palais en mémoire du Dauphin et de la Dauphine. L'Abbé de Champigny officia et le Père de la Rue, jésuite, prononça l'oraison funèbre. La Chambre des Comptes assista à cette cérémonie.
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33
p. 207-224
Pour M. le Dauphin, au sujet d'une avanture entre luy & le petit Marquis de Brancas.
Début :
Muses, prenez vos plus brillans atours, [...]
Mots clefs :
Muses, Dauphin, Prince, Marquis de Brancas, Cour, Rencontre , Majesté, Hommage, Repentir, Réconciliation
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Pour M. le Dauphin, au sujet d'une avanture entre luy & le petit Marquis de Brancas.
PourM. le Dauphin, ausujet
d'une avanture entre luy
& le petit Marquis de
Brancas.
mures,Prenez
vos plus
brillans atours,
Vos patins neufs, vos habits
des bons jours,
Vos beaux pendants, soyez
proprettes & blanches,
Telle qu'un jour de Feste
ou deDimanche.
Il faut partir dés demain
pour la Cour,
Un jeune Prince aussi beau
que l'amour
Enfant , des Dieux, par ses
graces, exige
De tous les coeurs un juste
hommage-lige;
Chacun s'empresse à luy
rendre le sien,
Portez luy viste &levostre
& le mien.
C'est ce Dauphin,seul
gage
gage ouinousrcite,
D'un pere helas ! que le
courroux celeste
Malgré les cris des peuples
gemissans,
Nous enleva dans la fleur
de ses ans.
Fasse le Ciel, appaifant sa
colere,
Qu'un jour le fils nous remplace
le pere,
Nous ne pouvons souhaitter
aujourd'huy, ;;
Rien de plus doux ny pour
nous , ny pour luy.
Mais arresté
, que vois-je
icy ma Mufe
,
Vous qui d'abord estonnée
& confuse,
Et dans le coeur murmurant
contre moy Vousdeffendiez d'a,cceprer
cet employ
Au tendre nom du Dau..
phin de la France,
Vous reprenez toute vostre
assurance,
Et semblez mesmeà vôtre
air vif& gay,
Ne demander qu'à partir
sans délay.
Je vois le point, & je crois
vous entendre,
Pour un enfant dans l'âge
le plus tendre,
Et qui ne compte encore
que trois moissons,
Me dites-vous, faut-iltant
de façons?
Muse, tout doux,qui vous
laisseroit faire
Vous me feriez à la Cour
quelque affaire;
Je crois vous voir prompte
à vous oublier,
D'un pas leger & d'un air
familier
Vers le Dauphin pour debut
d'ambassade
Les bras , ouverts courir à
l'embrassade.
Autant en fit dans un fern-J
blable cas
Jeune Marquis que vous ne
valez pas.
Autant en fit & compta
sans son hoste,
Retenez-en Muse, & n'y
faites faute,
Toute l'Histoire. AuPrince
certain jour
Ce jeune enfant alloit faire
: sa cour.
Sa cour, que dis- je, helas !
c'est un langage
Dont à trois ans on ignore
l'usage.
Sans tant tourner disons
qu'ill'alloit voir
Plus par instinct mesme
que par devoir.
Le coeur qui fut son guide
&son genie
Ne connoist point tant de
ceremonie.
Depuis long temps flaté
deceplaisir,
- Le pauvre enfant brusloit
d'un vray desir
De voir le Prince, & disoit
à toute heure,
Quand le verrai- je ? il se
tourmente, il pleure,
Il veut le voir; soyez sage
&demain,
Luy disoit on,vous le verrez
soudain.
Il s'appaifoir, une telle promesse
Plus letouchoit que bonbons
ny carresse.
Arriveenfin ce jour tant
souhaitté,
Long-temps promis, te souvent acheté,
D'attendre au moins un
moment qu'on l'instruise :
Point denouvelle,il faut
qu'on l'y conduise.
Sans differer
,
enfin pour
faire court,
On l'y conduit,ou plutôt
il y court.
En le voyant il ne se sent
pas d'aise,
Il vole à luy, iauce à son
col, le baise
Detout soncoeur; quin'en
,
feroit autant?
Si l'on osoit,n'en faites rien
pourtant,
Un tel debut quoyqu'assez
pardonnable ,
Muse,n'eut pas un succez
favorable.
Bientost le Prince estant
debarrassé
Des petits bras qui l'avoient
embrassé,
Sur l'embrasseur jette une
oeillade;
Et reculant quatre pas en
arriere,
Son petit coeur, mais noble
& qui se sent,
Est tout émû de ce trait
indecent.
Que fera-t il? il s'agite, il
secouë
Avec depit ce baiser de sa
Jouë;
Et de sa main il semble
s'efforcer
S'il est possible au moins
de l'effacer.
A tous ces traits d'un courroux
roux respectable,
Que dit, que fit
, que devint
le coupable,
Coupable, oüy qu'il soit
ainsinommé, [
Mais feulement pour avoir
trop aimé.
Le pauvre enfant dans une
allarmeextreme
Se fit d'abord son procez
à luy mesme, -
Ses yeux baissez,immobile,
- - interdit,
Il reconnut sa faute, il en
rougit,
Son repentir repara son
1 1.
audace,
Par son res pect il mérite sa
grâce,
Et s'approchant humblement
du Dauphin
Il fit sa paix en luy baisant
la main:
De tout cecy vous parois-
,
sez surprise,
Et vostreesprit raisonnant
à sa guise,
Se dit tout bas, Prince tant
c
foitil grande
Sijeune encor envieroit-il sonrang»
Dés son berceau touchant
,.
à laCouronne
Diftinguc.-exill!éclat qui
rr
l'environne,
Et de Louis présomptif
successeur
De son destin comme il a
la grandeur;
Muse, il la sent, s'il ne sçait
la connoistre
, Dans les Heros que pour
regner fit naistre
Des grands Bourbons la
Royalle Maison,
Le fang inspire & prévient
la raison,
Le noble instinct qui dans
leur coeur domine,
Rappelle en eux leurceleste
origine,
Et de ce sangreceu de tant deRoys
La majesté reclame tous
fès droits.
Allez donc, Muses, & deformais
infiruite
Sur ces leçons reglez vostreconduite,
De cesoleil [DUS l'enfance
éclipsé,
N'approchez point d'un air
trop empressé,
Sans affecter des airs de
confiance,
Qu'une modeste & naïve
asseurance
Gagne le Prince & puisse
de la part
Vous attirer quelque tendre
regard:
Haranguez peu, mais que
vostre visage,
De vostre coeur exprime
le langage,
Je ne dis pas qu'un petit
compliment
Assaisonné du sel de l'enjoüement,
N'eust qon merite & mesme
ne pust plaire;
Mais l'embarras, Muse, est
de le bien faire,
Le tout defpend des momens
& du tour,
Vous l'apprendrez des
Rhereurs de la Cour;
Point ne connois pour l'art
de la parole
De plus adroite & plus
subtile école.
Le beau par ler vint au
monde en ce lieu,
Et Compliment est leur
Croix de ParDieu.
L'air du pays qui de luymesme
inspire,
Vous dictera ce que vous
devez dire.
Si cependant vous doutez
du succez
Retranchez , - vous à faire
dessouhaits;
C'est un encens qui fut
toujours de mise,
Mais faites-les en Muse
bien apprise,
Vous trouverez de quoy
dans le Dauphin,
Et surson compte on en
feroit sans fin.
Souhaittez - luy les vertus
de son Pere,
Adjoustez y les graces de
sa Mere,
L'ame &le coeur du Dauphin
son ayeul,
De Louis tout, il comprend
tout luy seul.
Luy fouhaitter qu'àLouis
il ressemble,
C'est le doüer de tous les
dons ensemble.
S'il demandoit, comme il
faut toutprévoir,
Pourquoy ne suis-je moymesme
allé le voir?
Vous luy direz àl'oreille,
mon Prince,
Je croi qu'il a quelque affaire
en province,
Mais en tour cas à luy ne
tiendra point.
Que ne soyez obëi sur ce
point.
d'une avanture entre luy
& le petit Marquis de
Brancas.
mures,Prenez
vos plus
brillans atours,
Vos patins neufs, vos habits
des bons jours,
Vos beaux pendants, soyez
proprettes & blanches,
Telle qu'un jour de Feste
ou deDimanche.
Il faut partir dés demain
pour la Cour,
Un jeune Prince aussi beau
que l'amour
Enfant , des Dieux, par ses
graces, exige
De tous les coeurs un juste
hommage-lige;
Chacun s'empresse à luy
rendre le sien,
Portez luy viste &levostre
& le mien.
C'est ce Dauphin,seul
gage
gage ouinousrcite,
D'un pere helas ! que le
courroux celeste
Malgré les cris des peuples
gemissans,
Nous enleva dans la fleur
de ses ans.
Fasse le Ciel, appaifant sa
colere,
Qu'un jour le fils nous remplace
le pere,
Nous ne pouvons souhaitter
aujourd'huy, ;;
Rien de plus doux ny pour
nous , ny pour luy.
Mais arresté
, que vois-je
icy ma Mufe
,
Vous qui d'abord estonnée
& confuse,
Et dans le coeur murmurant
contre moy Vousdeffendiez d'a,cceprer
cet employ
Au tendre nom du Dau..
phin de la France,
Vous reprenez toute vostre
assurance,
Et semblez mesmeà vôtre
air vif& gay,
Ne demander qu'à partir
sans délay.
Je vois le point, & je crois
vous entendre,
Pour un enfant dans l'âge
le plus tendre,
Et qui ne compte encore
que trois moissons,
Me dites-vous, faut-iltant
de façons?
Muse, tout doux,qui vous
laisseroit faire
Vous me feriez à la Cour
quelque affaire;
Je crois vous voir prompte
à vous oublier,
D'un pas leger & d'un air
familier
Vers le Dauphin pour debut
d'ambassade
Les bras , ouverts courir à
l'embrassade.
Autant en fit dans un fern-J
blable cas
Jeune Marquis que vous ne
valez pas.
Autant en fit & compta
sans son hoste,
Retenez-en Muse, & n'y
faites faute,
Toute l'Histoire. AuPrince
certain jour
Ce jeune enfant alloit faire
: sa cour.
Sa cour, que dis- je, helas !
c'est un langage
Dont à trois ans on ignore
l'usage.
Sans tant tourner disons
qu'ill'alloit voir
Plus par instinct mesme
que par devoir.
Le coeur qui fut son guide
&son genie
Ne connoist point tant de
ceremonie.
Depuis long temps flaté
deceplaisir,
- Le pauvre enfant brusloit
d'un vray desir
De voir le Prince, & disoit
à toute heure,
Quand le verrai- je ? il se
tourmente, il pleure,
Il veut le voir; soyez sage
&demain,
Luy disoit on,vous le verrez
soudain.
Il s'appaifoir, une telle promesse
Plus letouchoit que bonbons
ny carresse.
Arriveenfin ce jour tant
souhaitté,
Long-temps promis, te souvent acheté,
D'attendre au moins un
moment qu'on l'instruise :
Point denouvelle,il faut
qu'on l'y conduise.
Sans differer
,
enfin pour
faire court,
On l'y conduit,ou plutôt
il y court.
En le voyant il ne se sent
pas d'aise,
Il vole à luy, iauce à son
col, le baise
Detout soncoeur; quin'en
,
feroit autant?
Si l'on osoit,n'en faites rien
pourtant,
Un tel debut quoyqu'assez
pardonnable ,
Muse,n'eut pas un succez
favorable.
Bientost le Prince estant
debarrassé
Des petits bras qui l'avoient
embrassé,
Sur l'embrasseur jette une
oeillade;
Et reculant quatre pas en
arriere,
Son petit coeur, mais noble
& qui se sent,
Est tout émû de ce trait
indecent.
Que fera-t il? il s'agite, il
secouë
Avec depit ce baiser de sa
Jouë;
Et de sa main il semble
s'efforcer
S'il est possible au moins
de l'effacer.
A tous ces traits d'un courroux
roux respectable,
Que dit, que fit
, que devint
le coupable,
Coupable, oüy qu'il soit
ainsinommé, [
Mais feulement pour avoir
trop aimé.
Le pauvre enfant dans une
allarmeextreme
Se fit d'abord son procez
à luy mesme, -
Ses yeux baissez,immobile,
- - interdit,
Il reconnut sa faute, il en
rougit,
Son repentir repara son
1 1.
audace,
Par son res pect il mérite sa
grâce,
Et s'approchant humblement
du Dauphin
Il fit sa paix en luy baisant
la main:
De tout cecy vous parois-
,
sez surprise,
Et vostreesprit raisonnant
à sa guise,
Se dit tout bas, Prince tant
c
foitil grande
Sijeune encor envieroit-il sonrang»
Dés son berceau touchant
,.
à laCouronne
Diftinguc.-exill!éclat qui
rr
l'environne,
Et de Louis présomptif
successeur
De son destin comme il a
la grandeur;
Muse, il la sent, s'il ne sçait
la connoistre
, Dans les Heros que pour
regner fit naistre
Des grands Bourbons la
Royalle Maison,
Le fang inspire & prévient
la raison,
Le noble instinct qui dans
leur coeur domine,
Rappelle en eux leurceleste
origine,
Et de ce sangreceu de tant deRoys
La majesté reclame tous
fès droits.
Allez donc, Muses, & deformais
infiruite
Sur ces leçons reglez vostreconduite,
De cesoleil [DUS l'enfance
éclipsé,
N'approchez point d'un air
trop empressé,
Sans affecter des airs de
confiance,
Qu'une modeste & naïve
asseurance
Gagne le Prince & puisse
de la part
Vous attirer quelque tendre
regard:
Haranguez peu, mais que
vostre visage,
De vostre coeur exprime
le langage,
Je ne dis pas qu'un petit
compliment
Assaisonné du sel de l'enjoüement,
N'eust qon merite & mesme
ne pust plaire;
Mais l'embarras, Muse, est
de le bien faire,
Le tout defpend des momens
& du tour,
Vous l'apprendrez des
Rhereurs de la Cour;
Point ne connois pour l'art
de la parole
De plus adroite & plus
subtile école.
Le beau par ler vint au
monde en ce lieu,
Et Compliment est leur
Croix de ParDieu.
L'air du pays qui de luymesme
inspire,
Vous dictera ce que vous
devez dire.
Si cependant vous doutez
du succez
Retranchez , - vous à faire
dessouhaits;
C'est un encens qui fut
toujours de mise,
Mais faites-les en Muse
bien apprise,
Vous trouverez de quoy
dans le Dauphin,
Et surson compte on en
feroit sans fin.
Souhaittez - luy les vertus
de son Pere,
Adjoustez y les graces de
sa Mere,
L'ame &le coeur du Dauphin
son ayeul,
De Louis tout, il comprend
tout luy seul.
Luy fouhaitter qu'àLouis
il ressemble,
C'est le doüer de tous les
dons ensemble.
S'il demandoit, comme il
faut toutprévoir,
Pourquoy ne suis-je moymesme
allé le voir?
Vous luy direz àl'oreille,
mon Prince,
Je croi qu'il a quelque affaire
en province,
Mais en tour cas à luy ne
tiendra point.
Que ne soyez obëi sur ce
point.
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Résumé : Pour M. le Dauphin, au sujet d'une avanture entre luy & le petit Marquis de Brancas.
La lettre invite la Muse à se préparer pour une visite à la cour du Dauphin. La Muse doit se vêtir de ses plus beaux atours pour rencontrer le Dauphin, un jeune prince décrit comme un enfant des dieux par sa beauté et ses grâces. Le Dauphin est présenté comme le seul héritier d'un père enlevé prématurément, et le texte exprime l'espoir que le fils puisse un jour remplacer le père. La Muse, d'abord hésitante, se montre ensuite enthousiaste à l'idée de partir. Le narrateur la met en garde contre un comportement trop familier, rappelant l'exemple du petit Marquis de Brancas. À trois ans, cet enfant avait couru embrasser le Dauphin de manière inappropriée et avait été réprimandé par une œillade du Dauphin. Le narrateur conseille à la Muse de se comporter avec modestie et assurance, en évitant les compliments excessifs. Il suggère de souhaiter au Dauphin les vertus de son père, les grâces de sa mère, et l'âme de son aïeul. Le texte se termine par une recommandation de prudence et de respect envers le Dauphin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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34
p. 356-363
Journal de ce qui s'est passé à Versailles depuis le retour de Marly jusqu'au voyage de Fontainebleau. [titre d'après la table]
Début :
Le Roy arriva à Versailles le 11. La Cour n'a jamais esté [...]
Mots clefs :
Roi, Duc d'Orléans, Duchesse de Berry, Reine d'Angleterre, Dauphin, Sa Majesté, Fontainebleau, Versailles
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texteReconnaissance textuelle : Journal de ce qui s'est passé à Versailles depuis le retour de Marly jusqu'au voyage de Fontainebleau. [titre d'après la table]
Le Roy arriva à Versailles
le II. La Cour n'a jamais esté
si grosse que depuis son retour.
Le 14. Sa Majesté donna
Audiance à l'Envoyé de
Holstein Gottorp
,
qui l'eût
'enfujtc de Monseigneur le
Dauphin., de Madame laDucheflede
Berry, de Madame,
de M.le Duc d'Orléans, & de
Madame la DuchessedOrleans
Le même jour Sa Majesté
se rendit à deux heures ÔC
demie à la Chapelle accompagnée
de Madame la Duchesse.
de Berry,de Madame,de M.
le Duc d'Orléans, ils entendirent
les Vespres chantéespar
la Musique. Le 15.leRoy se
rendit aussiàla même heure
à la Chapelle accompagnéde
Madame la Duchesse de Berry;
de M. le Duc d'Orléans, de
tous les Princes & Princesses
duSang, ils entendirent les
Vespres chantées par laMusique
: ensuite on commença la
Procession. Le Roy pendant
la.marche avoit àson costé
droitM.le Cardinal de Rohan
Grand Aumônier,&àsa gauche
M. l'Abbé d'Enttagues
Aumônier, & M.leCardinal
de Polignac. Immédiatement
après le Roy suivoit Madame
la Duchesse de Berry, ayant
d'un côté M. l'Abbé de Castres,
& de l'autre M. l'Abbé
de Rouget ses Aumôniers. Ensuitevenoient
Madame la Duchesse,
Madame la Princesse
de Conty, Mademoiselle àc.
Charolois. Le Roy estoit precedé
de M. le Duc d'Orleans,
qui avoit à ses costez M. l'Abbé
deTrissan & M. l'Abbé
Malet ses Aumôniers. Devant
M.le Ducd'Orléansmarchoit
M. le Duc, M. le Comte de
Charolois.
>
M. le Prince de
Comy,M.le Prince de Dombes,
& M.le Comte d'Eu. Le
17. Madame l'Ambassadrice
d'Hollande prie le Tabouret
pour la premièrefoischezMadame
la Duchesse de Berry
,
ÔC
au souper chez le Roy. Le 17.
onapprit que la Reine d'Angleterre
estoit morte le 12.&
que le Duc d'Hanovre avoit
estéproclaméRoy de laGrande
Bretagne. Le 19 M.le Maréchal
de Villars prit congé du
Roy &assura Sa Majesté qu'il
arriveroit à Bade le 25. Le même
jourlePrevost des Marchands
accompagné des Echevins
presenta le scrutinauRoy;
M. Clement harangua S. M.
ensuiteils allerentchez M. le
Dauphin,chezMadame laDuchesse
de Berry,&: chez Madame.
Le 20. les Ambassadeurs
du Royde Sicile&
d'Hollande eurent Audiance
deMadamelaDuchessedeBerry
qu'ilscomplimentèrent.
Celuy dHollanderemit àcettePrincesse
uneLettredesEtats-
Generaux. Le mesme jourle
General desBarnabites accompagnéde20.
Religieuxde son
Ordre
Ordre eûtaussi Audiance du
Roy,de M. le Dauphin
,
&
de Madame laDuchesse de Berry
,
qui l'a donnée à tous les
Ambassadeurs dans une chambre
tenduë dedrap noir Cette
Princesse alla aprèsl'Audiance
à la Messe
,
&traversa les appartemens
portant une robe
de drap noir de neuf aulnes
de long avec un voile long de
dix aulnes, dont la queuë étoit
portée pat son Porte manteau
& quatre de ses Pages. Le 21.
M. Prior notifia à S. M. la
mort dela Reine d'Angleterre
sa maîtresse ,& luy remit une
Lettre de la Regence. Le 22. lesDeputez des Etats de Languedoc
ayants à leur teste M.
le Duc du Maunte Gouverneur
dela Province & M. le Marquis
de la Vrillesse Secretaire
d'Etatpresenterent le Cahier
auRoy :l'Evesque d'Aletharangua.
Ils allerent ensuite
chez M. te Dauphin,chezMadamela
Duchesse d-cberryc-à"
leCercleestoittrès grand; 8c
oùle meemePrelatharangua.
L'onpeut dire que ce Prelat
futapplaudi de toutela Cour.
L'apresdînée on fit joüer les j
eaux en leur faveur. Le 2.J.-,1
,• :
arrivaunCourrier deBarcelonne,&
le24Roy pritle
deüil pour la Reine d'Angleterre
,& M. le Dauphin parue
cejour-là pourla premierefois
encolo1 nne&avec l1'.épée. Lr -e
25. ily eût un concours infini
de peuple pourvoir S. M. &
voir joüer les eaux Le29 le
Roy partit pourallercoucher
à Petit-Bourg
le II. La Cour n'a jamais esté
si grosse que depuis son retour.
Le 14. Sa Majesté donna
Audiance à l'Envoyé de
Holstein Gottorp
,
qui l'eût
'enfujtc de Monseigneur le
Dauphin., de Madame laDucheflede
Berry, de Madame,
de M.le Duc d'Orléans, & de
Madame la DuchessedOrleans
Le même jour Sa Majesté
se rendit à deux heures ÔC
demie à la Chapelle accompagnée
de Madame la Duchesse.
de Berry,de Madame,de M.
le Duc d'Orléans, ils entendirent
les Vespres chantéespar
la Musique. Le 15.leRoy se
rendit aussiàla même heure
à la Chapelle accompagnéde
Madame la Duchesse de Berry;
de M. le Duc d'Orléans, de
tous les Princes & Princesses
duSang, ils entendirent les
Vespres chantées par laMusique
: ensuite on commença la
Procession. Le Roy pendant
la.marche avoit àson costé
droitM.le Cardinal de Rohan
Grand Aumônier,&àsa gauche
M. l'Abbé d'Enttagues
Aumônier, & M.leCardinal
de Polignac. Immédiatement
après le Roy suivoit Madame
la Duchesse de Berry, ayant
d'un côté M. l'Abbé de Castres,
& de l'autre M. l'Abbé
de Rouget ses Aumôniers. Ensuitevenoient
Madame la Duchesse,
Madame la Princesse
de Conty, Mademoiselle àc.
Charolois. Le Roy estoit precedé
de M. le Duc d'Orleans,
qui avoit à ses costez M. l'Abbé
deTrissan & M. l'Abbé
Malet ses Aumôniers. Devant
M.le Ducd'Orléansmarchoit
M. le Duc, M. le Comte de
Charolois.
>
M. le Prince de
Comy,M.le Prince de Dombes,
& M.le Comte d'Eu. Le
17. Madame l'Ambassadrice
d'Hollande prie le Tabouret
pour la premièrefoischezMadame
la Duchesse de Berry
,
ÔC
au souper chez le Roy. Le 17.
onapprit que la Reine d'Angleterre
estoit morte le 12.&
que le Duc d'Hanovre avoit
estéproclaméRoy de laGrande
Bretagne. Le 19 M.le Maréchal
de Villars prit congé du
Roy &assura Sa Majesté qu'il
arriveroit à Bade le 25. Le même
jourlePrevost des Marchands
accompagné des Echevins
presenta le scrutinauRoy;
M. Clement harangua S. M.
ensuiteils allerentchez M. le
Dauphin,chezMadame laDuchesse
de Berry,&: chez Madame.
Le 20. les Ambassadeurs
du Royde Sicile&
d'Hollande eurent Audiance
deMadamelaDuchessedeBerry
qu'ilscomplimentèrent.
Celuy dHollanderemit àcettePrincesse
uneLettredesEtats-
Generaux. Le mesme jourle
General desBarnabites accompagnéde20.
Religieuxde son
Ordre
Ordre eûtaussi Audiance du
Roy,de M. le Dauphin
,
&
de Madame laDuchesse de Berry
,
qui l'a donnée à tous les
Ambassadeurs dans une chambre
tenduë dedrap noir Cette
Princesse alla aprèsl'Audiance
à la Messe
,
&traversa les appartemens
portant une robe
de drap noir de neuf aulnes
de long avec un voile long de
dix aulnes, dont la queuë étoit
portée pat son Porte manteau
& quatre de ses Pages. Le 21.
M. Prior notifia à S. M. la
mort dela Reine d'Angleterre
sa maîtresse ,& luy remit une
Lettre de la Regence. Le 22. lesDeputez des Etats de Languedoc
ayants à leur teste M.
le Duc du Maunte Gouverneur
dela Province & M. le Marquis
de la Vrillesse Secretaire
d'Etatpresenterent le Cahier
auRoy :l'Evesque d'Aletharangua.
Ils allerent ensuite
chez M. te Dauphin,chezMadamela
Duchesse d-cberryc-à"
leCercleestoittrès grand; 8c
oùle meemePrelatharangua.
L'onpeut dire que ce Prelat
futapplaudi de toutela Cour.
L'apresdînée on fit joüer les j
eaux en leur faveur. Le 2.J.-,1
,• :
arrivaunCourrier deBarcelonne,&
le24Roy pritle
deüil pour la Reine d'Angleterre
,& M. le Dauphin parue
cejour-là pourla premierefois
encolo1 nne&avec l1'.épée. Lr -e
25. ily eût un concours infini
de peuple pourvoir S. M. &
voir joüer les eaux Le29 le
Roy partit pourallercoucher
à Petit-Bourg
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Résumé : Journal de ce qui s'est passé à Versailles depuis le retour de Marly jusqu'au voyage de Fontainebleau. [titre d'après la table]
Le roi arriva à Versailles le 11 mai. La cour était particulièrement nombreuse. Le 14, il reçut l'envoyé de Holstein Gottorp et assista aux vêpres avec des membres de la famille royale. Le 15, il se rendit à la chapelle avec la duchesse de Berry, le duc d'Orléans et d'autres princes. Le 17, l'ambassadrice d'Hollande demanda le tabouret pour la duchesse de Berry et la mort de la reine d'Angleterre fut annoncée, ainsi que la proclamation du duc d'Hanovre comme roi de Grande-Bretagne. Le 19, le maréchal de Villars prit congé pour se rendre à Bade. Le 20, les ambassadeurs du roi de Sicile et d'Hollande eurent audience avec la duchesse de Berry. Le 21, la mort de la reine d'Angleterre fut notifiée au roi. Le 22, les députés des États de Languedoc présentèrent leur cahier au roi. Le 24, le roi prit le deuil pour la reine d'Angleterre et le dauphin apparut en col blanc et avec l'épée. Le 25, une grande foule se rassembla pour voir le roi et les jeux d'eau. Le 29, le roi partit pour coucher à Petit-Bourg.
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35
p. 49-75
RÉJOUISSANCES faites à Djon. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville.
Début :
Nous apprimes l'heureuse nouvelle le 7. de Septembre ; elle n'eut pas été plutôt [...]
Mots clefs :
Réjouissances, Dijon, Ville, Instruments, Église, Vin, Tambours, Hautbois, Joie, Nuit, Musiciens, Fête, Dauphin
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texteReconnaissance textuelle : RÉJOUISSANCES faites à Djon. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville.
ME'JOVl S S ANCES faites k Òijon.
Extrait d'une Lettre écrite de cettfi
rnu*
NOus apprîmes l'heureuse nouvelle le 77
de Septembre» elle n'eut pas été plu
tôt annoncée par une triple décharge de l' Ar
tillerie de la Ville & du Château , qu'on"
entendit de toutes parts le son des Cloches
& les acclammations des Hábitans. Il n'est'
pas possible de vous décrire les transports"
que produisit ce grand événement. On fortoit
des maisons en foule ; on couroit dé
porte en porte pour apprendre à son pa
rent , à son ami une nouvelle qu'il sçavoie
déja , & qu'il avoicla même passion de dé
biter.
Le Comte de Tavanes qui commande dans"
la Province , ne pouvoit manquer une fi'
belle occasion de- faire éclater son zele , &
l'ardeur héréditaire qu'il a pour le service
de Sa Majesté. Son spacieux Hôtel parut tout
en feu dès l'entrée de la nuit ; la porte &
h façade ornées deRstons, de Dauphins, dé
Fleurs de Lys , les bougies & les Lampions
étoient répandus par fout , & principale
ment fur la belle Terrasse fur la rrtë. Grand
feu au milieu de.Ja Place , grand festin dans
l'interieur de la maison, fonraines de via
su dedans Se au dehors de la Cour , Bal
Ì>our les personnes qualifiées , danses parmt
e Peuple &c.
Eeno#)t les «ois semaines, 4e nos princf-
. .. ' gales
ço MERCURE OE FRANCE,
pales Réjouissances , ce Seigneur a fçu va
rier tous les repas qu'il a donnés ; & lotî
tes les illuminations ; on étoit sûr de trou-
Ver toujours chez lui quelque chose de bril
lant & de nouveau nous appellerions cela.,
des Fêtes dans toutes les formes y. ce n'étoic
pourtant que lc prélude de celle qu'il taéditoit.
Le Parlement étant séparé à cause des va
cations , il ne pût se rassembler que le Sa*'
riiedi. cette illustre Compagnie parut aussi
complète que dans le tems des pleines fean—-
ces. M. de Berbiscy » Premier Président étoit
à la tê'-e ; les Huissiers le précedoient com
me à l'ordinaire , les Avocats & les Procu*
reurs en grand nombre faifoient cortège *
la Maréchaussée bordoit les rangs ; le 2>
T3eum fut chanté dans laSale du Palais.L'Abbá
Bouhîer , Doyen de la Sainte Chapelle, déíigné
pour être notre premier Evêque , offi
cia y la symphonie fut merveilleuse , la Mu
sique excellente, & M. Michel , Maître de la
même Sinte Chapelle , se surpassa.
Les Musiciens qu'il avoit. employez conti
nuèrent ce jour là à se donner mutuellement
des Concerts comme ils avoient fait les jour*
précedens ; ils- illuminèrent les lieux où il»
se régaloient ; & si l'on doit en juger par lesÉfréquentes
décha ges d'une douzaine de pe
tites piéces de Canons dont ils s'étoient pour
vus , & aiisque's on mecroit le feu toutes
les fois q 'ils celébroient lu santé du Rqi
ou de quelque Prince de la Maison Royale»-
en ne peut douter qu'ils ne s'y jíKeressaliene;
infiniment. x~ j
Le Dimanche suivant , les erdres, de las
Geur aiiivs.íûîj & cc foc alors que. la joye
, monta
JANVIE Ft. \7j<s: <v
irsonta ï son comble ; pendant trois jottrs con-:
sécutifs les Cloches sonnèrent , le Canon tli
ra j il y eut des feux devant toutes les por*
tes i des lumières fur toutes les Fenêtres ,
lès Clochers mêmes furent éclaires. Le Lun
di on rit tous les Ouvriers occupés, à sus
pendre des Guirlandes , ì attachtr des A . moi
nes > à élever des Loges de verdure de cent"
figures différentes . tout le Peuple enfin se
livrer à la joye. Nos Comédiens joiierent
pour lui gratis.
mu vM.j —— 1« , w ..y «.f'Srfi^noiv ....
les Boëtes , ni les Fusées , rri les Han-beaux,
ni tous ces autres agrémens que le coeur'
& le bon goût peuvent inspirer ; le détait
de tout cela feroit immense , & j'ai d'ailléurs
à ouvrir une scène plus grande & plus
pompeuse.
C'est M. le Premier Président du Parlement '
qui donna la première Fêre solemnelle le
Lundi m Septembre. El'e commença par une
illumination générale de tcut son quartier »
&■ particulièrement de son Hôtel , non seu
lement la fact.' , mais les Cours, Us Appartemens
& les Jardins ; il y eut un Concert
exécuté par des Musiciens du premier ordre,
un repas splendirie oû les personnes de la
première considération se trouvèrent. II fit
distribuer , ou plutôt prodiguer au Peuple
le pain , le vin & la viande . & il disposa
en differens endroits des Inlîrumens , au son
desquels on dansa jusqu'au jour. En un mor,
on peut dire qu'il n'omit rien de ce que
son inclination pouvoir, demander & s„ Dignité
permetue.
ft MERCURE^ DE FRANCE.
Le lendemain > on chanta , sur les cinq
Beures du soir, à la Sainte Chapelle , un "tt
Deum qui fut annoncé par le Ion des Clo
ches & par le bruit du Canon ; le Parlement
& la Chambre des Comptes y assistèrent en
Robes de cérémonie, avec toutes les Com
pagnies qui ont droit de s'y trouver ; M.
de Tavanes s'y rendit aussi. La plupart des
Communautés Ecclésiastiques , en consé
quence du Mandement de M. l'Evêque de
íangres , firent la même cérémonie ce jourlá.
Les Chevaliers de l'Arbalête firent chanter
le lendemain aux Carmes un Te Deum en
Musique, au bruit des. Boètes •• & quoique là
Ville eut renouvelle le soir ses Illuminations
& ses Feux , ils remportèrent íur tous les
autres , en- éclairant leurs Maisons , jus
qu'aux Jardins , de Bougies , de Lampions-,
&c. & ils donnèrent un grand Repas.
les dehors de leur magnifique Collège fu
ient ornés & éclairés avec gout > mais Ië
plus bel aspect fut celui du seu qu'ils allu
mèrent au milieu de leur grande Cour en
tourée de Bâtimens à tross étages , dont les
Fenêtres étoient également chargées de lu.
mieres. Ge qu'ils eurent de plus singulier %
fut une Armée de nouvelle levée , ce fiic
une Milice brillante, qui fit plusieurs évolutions
dans cette Cour , s'y rangea en bataille > &
y fit des décharges. Oh eut le plaisir de
voir pendant trois jours /Cette belle jeunefle
parcourir les lieux les plus apparens de la
Ville , portant 3e maniant les_armes avec au-
Leí Jésuites se distinguèrent
jÁNVfER- 171^.
te 14. les Bouchers qui ont toujours pr-i»
parc aux Réjouissances publiques > mêlèrent
les Musettes aux Tambours . les uns passè
rent la journée- fous les armes ; les autres
ayant choisi deux jeunes filles , les habillè
rent en Bergères , & au son des Instrumens,
les conduisirent en grand cortège chez la
Comte de Tavanes , à qui elles eurent l'honneur.
de présenter un Agneau , orné de ru^
bans & de guirlandes , qui. fut très- gracieu
sement & très- noblement reçu. Us s'apliquerent
ensuite à embellis les Loges qu'ils svoient
déja construites , à tapifler leurs Boutiques
à décorer d'arbustes , de Festons , de Gui
dons & d'armoiries les Ponts qu'ils avoient
jettes fur leur ruë , & qu'ils illuminoient tous
ícs soirs
Cependant dés Veaux & des Moutons en
tiers se rotissoient au milieu des Places aux
dépens des mêmes Bouchers ; les Hautbois
& les Tambours retentissoient de toutes parts»
les Tables étoient dressées , & parurent trèsbien
servies. M. de Tavanes voulut être té
moin de leurs plaisirs ; Madame de Tavanes
y mit le comble , en les animant elle-mê*
me , & c'est principalement à fa présence &
à îexcellent vin qu'elle envoyoit avec pro
fusion , que ceux qui se donnoient en spec
tacle durent la vivacité de leurs Réjoúi£
sances.
M. Baudor, notre Vicomte- Mayeur , qui
fa vigilance portoit de cous côtés , crut que
la Police même étoit intéressée à entretenir
cette ardeur » son bon vin de Champagne &
de Bourgogne le suivoit par tout , & c'est"
de cette source féconde que coulèrent tane'
d'heureux impromptus à fa louange &c
MERCURE t)Ê FRANCE.
Ce même jour 14. Septembre fut marqliér
par Tune des plus belles Fêtes: que nous
ayons vûës ; je veux parler de celre- d& M. le*
Comte deTavanes; comme il delìroit que touc
répondit à la grandeur de ses idées, íbri Hôtels
tout vaste qu'il est , lui parut trop resserré,-
& il se détermina pour le jeu de l'Arquebuse.
C'est un Bâtiment de 30. toises d'éten
due , íìtué à la Porte de la Ville , Sí
Composé de deux grandes Galeries l'une fut
l'autre , terminées par deux Pavillons quartés.
On y anive par une avenue de ioo.'
pas de longueur , bordée de chaque côté par
deux raogs d'arbres 1 avec un fossé , fur le*
bords duquel règnent des charmiiles à hau
teur d'apui;on entre par une grande porte de fer
placée au milieu de la galerie d'en bai, q^ur
du côté du Jardin est ouverte en peristile.
Ce Jardin est un quarré long , clos de mu«
railles couvertes par tout d'une palissade cîe
Charmes de s ro. pieds d'élévation 5 bV
est coupé en deux portions égales par un
canal , & acompagné de deux grandes allées*
d'Arbres en Berceau , dont le rang exté
rieur a son apui de Charmilles ausli-bien'
que l'avenaë. Les retours qui font au bout
des Allées forment quatre beaux quarrés
pareillerríent enfermés- d'Arbres & de Char
milles ; derrière le canal de cent toises de
longueur , est une esplanade qui fait face â
une niche adossée au mur de' clôture , per
cée par les côtés , & couverte d'une demiè
coupole , fous laquelle est le Buste de M. le
Duc. La distance entre les Allées & lesr
murs de côté est d'environ quarante pas ,
& c'est dans ces vuides qu'on a coutume
de placer les buts pour l'exeicice de l'Ar
quebuse». Devant
JAtfVfER. 1729. ff
Devant la Porte de fer, dans ('endroit ouV"
l'avenuë forme une demi- lune, on avoir
élevé fur des Pillièrs de 1 f. pieds de hau
teur un Edifice de charpente , dont l'Enta-*
blement étoit orné des Ecussons des Armes*
du Roi , de la Reine , de Monseigneur les
Dauphin & du Duc de Bourbon ;-ces Arnioiries
étoient ornées de fleurs , dont 1er
Guirlandes defeendoient jusqu'à terre , St
tournoient autour des Pillieis de l'Edifice.
Sur la Plate forme étoit un petit Acrotêre'
ou Piédestal & cinq Piramides soutenues par
des Dauphins , décorées de Devises & de
Cartouches ; la plus haute de ces Piramides'
portoit un Soleil rempli d'artifice ; les qua
tre autres Piramides étoient surmontées d'au-'
tant de Grenades.
Quatre rangs de Terrines on de lampions
f;arnissoient toute la longueur de l' A venue j
e premier rang étoit posé sur le terrain ,
Te fécond à hauteur d'ápuî"; dans le Jardins'
il y en avoit trois étages 5 !es premiers étoient
rangés le long du canal , les seconds fur les
Charmilles d'apui , & les troisièmes fur les
palissades. Tout fut allumé avec une promtitude
inconcevable ; la Niche parut toute
hérissée de.Bougies ; ses deux côtés- en étoient
pareillement garnis pour termii.er les Allées,
ainsi que toutes les Fenêtres de- la Gallerie
& des Pavillons & le Cordon du Bâtiment
des quatre faces 5 c'étoit un coup d'ceif
charmant , & aussi surprenant de loin qu'il'
paroissoit galant & magnifique de près; la
réflexion de Peau faifoit fur tout un effet
admirable, en multipliant les objets.
Cependant l'illustre Compagnie s'étant as
semblée dans la Gallerie haute ,; on lui donrià*
une
■f4 MERCURE DE FRANCÊ.
une Cantate à grand Choeur , dont les sca
roles avoient été composées par le P. Adam,"
de la Compagnie de Jésus , & la Musique
par le S. Leplivet. Ce Divertissement duraune
heure , & fut reçû avec beaucoup de
satisfaction.
A peine étoit-il fini qu'or» donna le signât
pour tirer le Feu d'artifice par une salve de
vingt pieces de Canon rangées au bas des»
Pilliers de l'Edifice ; aussi tôt Madame l'Intendante
, au bruit des timbales & des trom-:
pettes , mit le feu à la mèche , & fit partirun
Dauphin enflams , qui courant avecrapidité
à l'une des faces , communiqua sesflammes
à trois autres Dauphins qui s'éle
vèrent en même-tem:s des trois autres faces,-
& y revinrent avec la même impétuosité p
tout s'enflamma- à leur retour ; ce ne fut plus
que tonnerre & que feu ; les Serpentau*
Voioient fur la terre , les Fusées s'élevoienc
dans l'air &c. Le Ciel devint en mêmetems
fort obscur, & son obscurité contri
bua encore à rendre le feu- plus éclatant St
^Illumination plus brillante.- On ne vit ja«*
mais rien en ce genre de mieux exécuté, &£■
de plus iultement. applaudi.
On servit ensuite le souper. Il y avoît
quatre Tables , une de 40. Couverts dans
l'un des Pavillons , trois de 30. Couverts cha
cune dans la Gallerie d'en haut , toutes
quatre servies avec un ordre, une abondan
ce . une délicatesse , une propreté qui paíîê
toute expression } cent sortes de ragoûts
nouveaux & recherchés , viandes exquises ,
Vins de tous les Climats , liqueurs de tou
tes les sortes ; on epargnok aux Convives la
peine de demander ï on prívcnoit , on devinoie
JANVIER. 1730.
ío'it les souhaits. Ce qu'on admira fur tout
ce fut le Fruit, & principalement celui qui
étoit destiné pour les Dames ; il n'est pas
possible d'imaginer comment on avoit pè
ramatìér tant de fruits délicieux , tant de
confitures exquises ; l'-ceil , l' odorat , le
gouc , tout y étoit satisfait. 80. pieces de
porcelaines & de cristaux qui contenoient ce
Dessert j rangées avec une simétrie & un art
infini , faisojent dire à tout le monde que
c'étoit dommage d'y toucher. Un de nos
Poètes qui a assisté à toute cette Fête l'a
dépeinte par les Vers que voici :
Vulcain, sans doute, avoit cùniuit les feux;
Apollon avoit fait les Vers & la Musique i
JBacchus se trouva bienheureux
Pe faire les honneurs d'un Busftt magnifique;
Diane & Pan qni fournirent les mets ,
jivoient épuisé les Forés Si
Cornus mime d' intelligence,
~ùt ee Banquet superbe avoit fris Vintindanee
,
Pour donner tant de fleurs , pour donner tant
de fruits ,
fleurs de toutes faisons , fruits d'Eté , fruits
d?Automne ,
flore avec son Zephir , Vertumne avec Ptu
tnone
Avoient pasié plut d'une nuit.
Le Peuple eut part à la somptuosité d«
M. de Tavanes ; on lui fit de grandes distri
butions depwn &dc viande» ; pour le vmi
3 8 MERCURE DE FRANCE,
il n'y avoit qu'à prendre, on en avoit 3iC~
posé six fontaines en six endroits differens./
deux A côté des Pilaltres qui font le com-
.mencement de l' Avenue , les quatre autre*
au commencement Si au bout des Allées da
Jardin ; outre cette profusion , on en donnait
„«ncore à tous ceux qui en demandoient %
de forte qu'il n'étoit pas plus rare que l'eatt
,jqui remplit le canal.
Dès qu'on eut fait guelqu&s tours de proçtnenade
pour voir ^Illumination de plus près»
& ce nombre infini de gens de tous étages,
.:qui dansoient en vingt endroits difíerens j,
au son des tambours & des -hautbois ; on
enleva les Tables , & le Comte de Tavanes
-remontant à la GaUerie , ouvrit un Bal , où
les RafraîchiíTemens furent prodigués ; ce
,Bal dura lì long-tems que le Soleil en vint
éclairer une partie. • *
Le Jeudi t 5 Septembre , les Chevaliers
du Jeu de l' Arquebuse , precedés de leurs
.trompettes & de leurs timballes > allèrent
prendre M. le Comte de Saulx , qu'ils ont
l'honneur d'avoir pour Capitaine , & i'ao
xompagnerent aux Jacobins , où en pré
sence de M. le Comte de Tavanes son pere^
& de M. Baudot , Vicomte - Mayeur , Se
•Chef des Armes , il fit chanter avec matnificence
un Te Deum par un grand nombre
e Musiciens ; il se trouva aussi quelques
-jours après au grand repas qui fut donné
dans u;i Salon de verdure , élevé exprès à
«ôté du .canal dont -on a parlé:; tous les
Bâtimens & le Jardin même furent illumi
nés.
Le i4. les Trésoriers de France celebre-
SH|t Jeux Fête ; ïk n'eoeploycreBi pas cette
: • grande
f AN VIE R. 1730. 59
grande foule de Musiciens qui se trouvè
rent aux autres solemnirez ; leur Chapelle
•n'auroit pas pû les con tenir ; mais ils a voient
,d£S voix & des Instrumens d'élite , & s'il*
■n'eurenf pas la gloire de la magnificence»
jls eurent celle du goût & de ia délica
tesse. _ Ô
, í-e Dimanche pg. fut marqué par une Pro
cession generale du Clergé Séculier & Ré
gulier de la Ville , à laquelle lev Doyen de
Ja Sainte Chapelle présida ; le Parlement r
assista en Robes rouges , & M. de Tavanejs
marcha conjointement cn habit de ceremo-
,»ie.
Les Chevaliers de l'Arc firent les hon»
jieurs du lendemain ; le Te D eu m à grand
choeur qu'ils chantèrent aux Cordeliers , lc
repas qui succéda , & la parure des lieuy
où ils tiennent leur Assemblée ont fait hon
neur à la Ville.
M M. de la Chamòre des Comptes qui
■n'avoiént Ras moins cfe zele & d'empresse
ment .que les autres Corps, choisirent le u.
du mime mois , & la Sainte Chapelle pour
ie lieu de leur Cérémonie; la face de l'Eglisc
fut dscorée & éclairée , la Nef & les
deux Tribunes furent tapissées comme aux
jours les plus folemnels 5 on éleva dans ce
Choeur jusqu'aux premières Galleries trois
rangs de festons de verdures &c.
L'Autel étoit paré des ornemens les plus
précieux j l'Mumination repondoit à la pa
rure j car outre le grand nombre de cierges
dont le Maître- Autel étoit chargé , outre
la multitude de Lustres qui étoient diíhi»
Jbuez dans toute l'étenduè de l'Eglise , les
deux Galleries da Choeur, le* deu*. Tribu
nes
v
MERCURE DE FRANCF.
mes & la Balustrade qui règne le long des
tìtales étoient bordées de Bougies. Les pre
mières Galleries de la Nef étoient garnies
d'une infinité de Pots à feu , où pour évi
ter l'incommodité de la fumée > il n'étoie.
Srefque entré que de Ja cire. C'-e'toit un brilint
inconcevable . & toutes ces lumières que
ia tapisserie & renfoncement des Galleries
faisoienc sortir , parurent d'un gout nou
veau , qui satisfit; également & ceux qui se
piquent, de se connoître en ces choses , 8c
ceux qui ne s'y connoissent pas.
•M M. de la Chambre des Comptes vinrent
à l'Eglise» precedez de leurs Huissiers , &
suivis d'un grand nombre deComptables qu'ils
avoient appeíiés à la Cérémonie. Le Comte
de Tavanes qui s'étoit rendu dans leur Salle
d'Assemblée . marchoit entre le Premier 8e
l'ancien Président . precedé de la Maréchausfée
& de ses Gardes. On entra au bruic
des timbales & des trompettes , & M. Mi
chel donna un troisième TeDeum, qui quoi
que d'un gouc diffèrent» ne parut pas.moins
beau que les deux autres > la Musique
fut exécutée avec la derniere précision j
on ne s'étoit pas contenté des Musiciens
de la Ville , quoiqu'ils soient très - nom.
breux > on en avoir fait venir d'Etrangers,
M. le Doyen de la Sainte Chapelle fitl'Office
, & on finit par la Prière pour le Roi &
pour le Dauphin.
Le ii, notre Vicomte- Mayeur , qui avoir,
envoyé de grandes aumônes aux Hôpitaux,
aux Prisonniers , aux Pauvres honteux , &
même aux Religieux Mendians j se rendicavec
toute la Magistrature & les Officiers
des Paioifics chez M. le Comte de Tavanes >
: •• pour
JANVIER. i7?o. 6i
Çavtt raccompagner au Te Deum de la Villes
oici Tordre de la marche.
Les deux Sergens de Bande , revêtus de
leurs casaques d'écarlate , galonées d'argent,
la hallebarde à la main. Les Sergens des
sept Paroisses, tous en uniforme i luivoienc
deux à deux , pareillement avec des halle
bardes qu'ils porcoient fur Tépaule. Les Offi
ciers de la Milice Bourgeoise » distingues
suivant leurs Paroisses , ayant chacun leurs
Tambours leur Fifre , leurs Hautbois 8c
leur Drapeau. Les Capitaines , Lieutenans ,
Majors & Dizeniers marchoient lts premiers,
avec TEiponton ; les Apointtz étoitnt derjiere
avec la Pertuiíàne. Nous appelions
Apointez certains 'Officiers subalternes qui
fervent fous les Dizeniers. Ils faiíoient un
Corps d'environ roo. hommes , tous trèslestes
& ttès proprement habillez. Les Trem
pettes de la Ville , puis les Gardes de M. de
Tavanes d'un côté , & les Sergens de Mairie
de l'autre. M. de Tavanes vêtu d'un habit de
drap «i'or , avec un manteau noir , doublé pajeillement
de drap d'or , étoit acompagné de
M- le Maire, qui étoit revêtu de fa Robe de
.velours violet ,, doublée de velours cramoisi,
bordée d'une fourure blanche ; les Echevins
avoient aussi leurs Robes de cérémonie, de
moire violette. Le Procureur Syndic étoit à
la fuite avec la même parure , en tête de
les Substituts , &de tout ce qui compose le
Corps dé Ville. La marche étoit fermée par
un Détachement des Sergens des Paroisles ,
pour empêcher la foule.
La grande Porte des Jacobins étoît -ornée
de tapis , de festons &c. & éclairée de bou
ffies ; leur vaste £oui l'itoit des deux cô-
D «B
<Í2 MERCURE DE FRANCE,
tez par des Terrines & des Pots à feu »
Portail étoit aussi illumine ,& on avoit éle
vé fur la principale Porte le tableau d'un
Peintre fameux .représentant le Dauphin de
Viennois, qui cède fa Principauté au Ros
PhiKpcs VI. Tout étoit éclairé en Lustres
& en Girandoles dans i'Eglise. Le Grand-
Autel i de même que ceux des Chapelles ,
étoit fi chargé de cierges , qu'on n'auroit ja
mais p& en augmenter le nombre ; les hauts
fieges du Choeur étoient pareillement cou
ronnez de cierges > mêlez de Grenadiers 8f
"d'Orangers On enrra dans I'Eglise au (on
des Cloches & des Trompettes , & au bruit
d'une décharge genevale de 1" Artillerie de la
Ville & du Château. M., le Comte de Ta>.
vanes prit fa place fur un Prie-Djeu qu'on
lui avoit préparé a ia droite du Chceur.
M. le Vicomte- Mayeur étoit ì droite daps
les hauts fieges , ayant devant lui un tapis
de velours cramoisi ayee deux carreaux ;
tout ce qui compofoit l'Hòtel de Ville ft
"plaça à droite & à gauche dans les mêmes
fieges qu'occupent ordinairement les Reli»
gieux.
Les Pères Jacobins , les uns revêtus de
Chapes , les autres en Tuniques , entonne»
rent le Te Dtum , qui fut chanté par les
mêmes Musiciens qui avoient exécuté celui
de la Chambre des Comptes , & qu'on avoit
placez fur un Amphithéâtre dressé au mi
lieu de I'Eglise , & tout illuminé. La fin d*
la Cérémonie fut marquée comme le com
mencement par le bruit des Instrumens , le foa
des Cloches & par une salve de l' Artillerie.
De I'Eglise des Jacobins on marcha à la
fliçc Royale ; cite a la figure d'un Arc „
donc
JANVIER. 17 î o. *ï
Sont la Maison du Roi fait la corde > le de
mi cercle est composé de 41. Portiques d'une
tr.es b;-lie exécution , & surmontez d'une Ba
lustrade de pierre fort bien travaillée , la
quelle règne auili sur les murs de la Terîasle
du «Louvre. On .avoir, élevé í'Edifice
destiné pour le Feu entre les deux rnës qui
aboutissent à la Place Royale. •
Cet Edifice «toit un Arc de triomphe â
quatre Portiqaes de .a. y. piés de hauteur st*r
10 de laigtur ,, dont les quaire angles exté
rieurs étoient coupez pour -recevoir des Pi
lastres d'Ordre Ionique & autant de col orn
ées isolées à .Baies & Chapiteaux dorez ,
posées iur des Piédestaux élevez fur de*
.Zocles. L' entablement répondoit à Tordre ,
Sc le milieu des Architraves étoit eouvetï
de Cartouches aux Armes de Sa Majesté.
Sur cec Entablement regnoit une Balustrade
avec quatre auctes Piédestaux à l'aplomb
des colomnes qui portoient des urnes feintes
de porphire. Sur la première Plateforme étoit
élevé un .Zocle de sept pieds & demi de
hauteur , & de douze de diamètre , qui formoit
la seconde Plateforme , de laquelle
sortoit un Baldaquin circulaire , & d'Ordre
Corinthien, à huit colomnes grouppées , dont
les Bases & les Chapiteaux étoient pareil
lement dorez , & qui portoient huit Dau
phins surmontez d'un Soleil. Sous le Dôme
étoient placées plusieurs Statues ; celle de la
Félicité qui fe faisoit un plaisir de donner un
Dauphin à la France , celle de Ja France
-qui le recevort avec respect , celle de la
Ville de Dijon qui y applaudissent avec ad
miration. Au dessus de ces Figures voioit le
Génie de la France» qui femoit des lau-
D ij riers
*4 MERCURE DE FRANCE;
ciers fur le nouveau Prince. Toutes les par»
ties de cet Edifice étoient peintes en marr
bre & ornées de Devises & d'Inscriptions,
En arrivant: à la Place s toutes les Trou
pes formèrent un grand cercle autour du '
Théâtre > laissant entre ' elles & ce même
Théâtre un assez grand espace pour que le
Comte de Tavanes & tous ceux qui com
posent la Magistrature, fisient les trois tours
ordinaires avant que de mettre le feu aux
mèches. Plus de cinquante instrumens de
toutes les façons , place* fur la Terrafle qui
ferme le logis du Roi, se mêlèrent au bruit
des tambours , des hautbois & des Fifres •
qui étoient i la tête des Troupes.
Après les trois tours , M. le Comte de
Tavanes & M. le Vicomte- Mayeur , mirent
le feu aux deux mèches qu'on avoit prepar
rées ; le feu se communiqua par tout dans
l'instant , les Fusées, les Lances à feu , les
Saucissons , les Soleils , les Dragons > les
Grenades éclatèrent de toutes parts , & don
nèrent lieu à cet autre Enthousiasme Pojétjque.
■
La veille pendant mon repos
0n m avoit transporté dam Piste de Lemnosi
Là , du milieu des fournaises ardentes
Coulaient des torrens de métaux ,
Et les enclumes gémissantes
Tlioient fous tesson des marteaux.
Ze Cycbpe attentif k l'ordre de son Maître ,
Mêle avec le charbon le souphre & le salpêtre.
Joint au feu , joint au vent h huit & le
fracas ,
Et
Janvier. 1730. g)
$f itút te qui du foudre anime les éclats i
Mais il n'y mêle peint la mort éf les allar*
mes ,
Jl ne le trempe peint dans le sang , dans let
larmes ;
L'ouvrage n est point fait pour nuire (y peut
troubler i
U est fait pour surprendre , il est fait pour
briller,
Ên effet > quoique le vacarme fût grand ,
te qu'il redoublât encore par l'écho de cette
Place spacieuse , quoique les flammes nous
enyelopaflTent de tous côtez , non feulement
nous n'eûmeS point de mal , mais on n'eut
pas même |a moindre peur.
Le feu fini , on continua 1* marche jus
qu'à l'Hôtel de Ville » qui étoit entièrement
illuminé ; fur la Porte on avoit placé le por
trait du Roi fous un Dais. Cependant on
avoit distribué du pain à plusieurs reprises
pendant la journée , les Fontaines de via
li'avoicnt ceflé de couler. Un festin splen
dide attendoit la Compagnie , pour laquelle
on avoit préparé trois Tables dans la grande
Salle de cet Hôtel , une au fond où e'toic
M. de Tavanes avec M. le Vicomte- Mayeuc
& les personnes les plus qualifiées , les deux
autres en long & à côté pour les Eche
vins , les Citoyens & les Etrangers qui
avoient été invites j il y eut plusieurs íer~
vices differens , tous également bien four
nis , & ceux qui aiment l'abondance eu
rent autant de lieu d'être satisfaits que ceux
qui ne demandent que de la propreté & de
D iij la
€6 MERCURE DE FRANCE:
fa delicateste. M. de Tavanes porta la santi'
du Roi , de la Reine , du Dauphin & de M.
• Jc Duc, & ces santez furent accompagnéesde
plusieurs salves.
Les Instrumens qu'on avoit placez fur la
gallerie du Logis du Roi , donnèrent pendant
plus d'une heure une simphonie vive & har
monieuse > les illuminations étoient generáles.-
De quelque côté qu'on tournât dans la Ville,
dans lés rues les plus étroites, dans les quar
tiers les plus éloignez, on ne voyoir que lu
mières , figurées de cent manières différentes
chacun se faisoit honneur de renchérir sur ses
voisins.
Le plus grand spectacle parut dans la Place
Royale ; le Théâtre avoit changé de face, au
lieu de Feux d'artifice PEdifice de charpente
parut chargé dé Lampions Se de Pots à feu;
Ce n'étoit plus des Portiques ni des Balda
quins de marbres-, c'étoient des Portiques &
de? Baldaquins de lumières» Cette Illumina
tion avoir d'ailleurs des accompagnement
merveilleux i les deux Fontaines de vin qui
coulèrent le jour & la nuit , étoient ornées
de lumières & de feuillages : on avoit porté
une gran le quantité de Pots à feu fur la haute
Tour du Louvre , qui est la piece la plus éle
vée de la Ville & qui s'apperçoit de plus d*une
lieue : toute la façade de ce Palais étoit illu
minée , tout le tour de la Place décoré d'un
cordon de verdure qui descendoit en festons
aux côtez des Portiques; deux rangs de ter
rines garnissoient les Ceintres & la Bilustrade
dont ils font couronnez, des Pots à feu ex
traordinaires & placez de distante en distan
ce , en relevoient encore l'éclat ; les rues,
& fur tout les deux grandes rues qui traver
sent
JANVIER; 1730. 6%
íént la Place Royale > avoient une apparence
d'autant plus riche & plus agréable , que tou
tes les fenêtres y sont de même symétrie Sc
qu'elles étoient e'galement éclairées ;on avoit
encore an point 3e vûë' qui l'emportoit fur
tout cela ; le somptueux Portail de l'Eglise de
S. Michel , de dirserens ordres d' Architecture
l'un fur l'autre , étoit totalement illuminé ; la
plateforme étoic bordée de Pot? à feu , les galleries
da milieu & routes les ouvertures des
Tours e» étoient remplies.
Pour peu qu'on s'avaneic dans la Place de
S. Etienne, qui n'eíì qu'à quelque? pas dff
l'autre, on trouvoit d'autres ctartez; on voyoit
en perspective la maison de M. le Vicomte-
Mayeur au bout de la grande ruë qui entre
dans cette Place : pendant tout le jour on y.
avoit fourni du pain & fait couler nnc Fon»
«aine de vin ; fur tout la populace s'étoit fort"
amafée d'un jeune enfant habillé en Bacchus
, qui passa plusieurs heures aflîs fur la
tonneau d'où jaillissoit la Fontaine : pendant
ía nuit on ne reconnut plus ni maison ni porte,
on ne vie qu'une lumière universelle qui en»
velopoit & absorboit entièrement les autre*
objets-.
Toute la Ville à la fin se rassembla dans la
Place , tout y dansoit, touty fautoit; les Instrumens
ne Cessèrent qu'au jour , & on ne cessa
de danser tant qu'ils continuèrent ; enfin certe
nuit si charmante fut pour nous un augure du
bonheur que la naissance du Prince nous pro
met » ce qu'un autre de nos Poètes a tâché
d'exprimer ainsi :
Après une trop longue & trop cruelle absence ,
La Félicité de retour ,
T> iiij E*
rf$ MERCURE DE FRANCE.
En accordant un Dauphin k la Francs
Nous marque qu'elle veut y fix-erfon fejottrí.
Recevons cejirefent de ses mains btenfaìjhnti^t
Ne doutons plus de son secours ;
Si les nuits font pour nous fi belles, fi brillant ex>
§luels seront. déformais, nos jours f
Cependant lés Officiers dé notre Milice Bout>
geoise ne crurent pas avoir marqué leur joye
assez vivement. Le if.de Septembre ils firens
chanter dans TEglise des Jacobins , un Te
Deum aufli magnifique que celui de la Ville »
M. de Tavanne leur fit l'honneur d'y affilier;
M. Ie Vicomte-Mayeur se mit à leur tête. Lx
Troupe n'étoit composée précisément que des
Capitaines, Lieutenans , Enseignes, Major*
& Dizeniers des Paroisses , précédez des Sergens
& des Tambours.. La marche parut d'au
tant plus pompeuse . qu'à commencer par le
Maire, tous les Officiers jusqu'au dernier *
avoient des habits uniformes , la veste galon
née, le justaucorps d'un beau Camelot écarlate,
le chapeau bordé . avec le plumet blanc Se
la coquarde de même ; ils allèrent ensuite au
Jeu de 1* Arbalète . dont ils avoient illuminé
les Bâtimens-&- les Jardins d'une manière trèsriante
& t ès-agréable. La Salle haute & la
Gallerie d'en bas, quoique très-érendi ë , ne le
furent pas trop pout les tables ; M. le Vicomte-
Mayeur tint la première . M. le Comte de Tavanes
n'ayant pû s'y trouver, à cause de I" il—
lustre Compagnie, à qui ce soir là même il
dpnnoit à manger ; mais il s'y rendit fur les
onze heures da soir , & fa présence redoubla
la joye qui ctoit déja bien vive ; on recom
mença
Janvier.
. Aença, au bruit des Canons > â boire la santé
du Roi , de la Reine , de Monseigneur le Dau
phin & de M. le Duc.
Les Bénédictins avoient fait ce même jour
une Procession íbíemnelie & chanté le Te Deum
& l'Exaudiat, avec beaucoup de pompe; 8c
pour rendre leur joye plus sensible ■ ils firent
aux pauvres_ de grandes distributions de paio ,
de vin , de viande & d'argent.
J'ajoûterai que notre Université se trouva
chez les Jacobins pour une pareille cérémo
nie le 8. du- mois a Octobre ; comme elle ne
.fait que de naître» elle a encore tout son
premier zele & toute son ardeur pour le Roi >
toute sa reconnoissance pour M. le Duc, son>
Protecteur. Le Doyen de la Sainte Chapelle ,
Chancelier, se trouva à cette solemnité » con
duit par les Massiers & les Bedeaux , les-Profesteurs
l'accompagnoient en Robes rouges ,
les Ag^regez en Robes noires avec le Chape
ron d'écarlate; ils ne cédèrent en rien à ceux
.qui avoient paru devant eux- dans la même
Eglise. Tous les Corps de Métiers générale
ment quelconques ont rempli les mêmes de
voirs avec un empreíîement & une joye que
je ne puis vous représenter.
La Cérémonie de nos Marchands eut quel
que chose de noble ; la belle Eglise de Notre-
Dame , où ils se rendirent » étoit tapissée ,
ornée & illuminée à faire plaisir; leur* Musique
fut d'un très-bon gout , & les Instrumens en
rehauflèrent le prix ; le Canon n'y manqua
point» &' pendant toute k nuit' suivante ils
étalèrent, à l'envi les uns des autres , tout ce
eui pouvoit rendre leurs maisons plus ornées
Se plus brillantes.
M, de laBfifïe, Inondant de. Bourgogne. *
7o MERCURE DE FR ANCE,
■
n'ayant pû être de retour à Dijon que le ifl.
Septembre , il fixa fa Fête au Dimanche t.
Octobre. M. l'Intendant occupe la Maison Ab
batiale de S Bénigne ; il y a devant la porte
une petite Place qtiarrée.des plus jolies; la
Cour est en arc & d'une étendue plus que rai
sonnable ; les Appartemens font beaux & bien
.suivis. Le Jardin est orné d'un très- beau Par
terre &r de quelques Bassins ; il est terminé par
sept Portiques d'un treiflage très riche , dont
il y en a trois, qui ont plus d'élévation que:
les autres, & qui font décorez de Statués
de part & d'autre font plantez des arbres &
sù-dclïous des Charmilles à hauteur d'apui ;
à droite: derrière ces Charmilles , s'élève
une Ternste qui donne fur l'aliée; à gauche
ce font des Bâtimens couverts de verdure , au
bout desquels on a ménagé une issue pour
monter à la grande Terratle qui tient toutela
largeur- du Jardin : du coté de la Mailorv
cette Terratle est cachée par les- Portiques i.
de l'autre côté elle donne fur le folïé de la,
Ville entre deux Bastions qui la débordent ,
& die a un aspect très gracieux , dont le prin
cipal point de vùë.dt le Jeu de l' Arquebuse 8s.
la Chartreuse.
On s'aflëmbU d'assez bonne heure , & cha
cun s'amusa jusqu'à six heures du soir., la,-
Compagnie attirée par le son des Instrumens,.
fè ren.iit dans la première Salle : on préludí .
par des Concertos; on vint ensuite au Di
vertissement particulier , dont les parole»,
avoient été faites exprès pour lé fuiet , & la
Musique compjsée par le sieur Bourgeois.
La Place que j'ai décrite étoit entourée delanternes;
elle tiroit un grand jour & des
maisons fitutes à 1'oposite , où on n'avoú rienentièrement
illuminé , & de la façade du Palais
Abbatial gui répondoit à tout cela. Le Peu
ple y avoit son Concert & ses Inlhumens ,
Sc des Fontaines de vin qui couloient fans
cesse. Une double ceinture de bougies regnoit
jdans toute l'écenduë de la cour. -Les Bassins
& le Parterre du Jardin éroient profilez &
bordez de Lampions i la petite Terrasie & les
Charmilles écoient chargées de terrines \ les
sept Portiques étoient en bougies qui en
avoient pris les ceintres. C'étoit proprement
un Jardin de lumières1, dont les éclats éblouis
sants avoient été substituez á la place des Buis»
des Charmilles & des Treillages.-
Un très beau Feu d'artifice , placé fur le
chemin couvert-, en vûë de la grande Terrasse
dévoie faire partie de cette Fête ; on s'occupa
encore de lTlluìnínation , qui du haut de cette
Terrassé, faiíbk un spectacle nouveau & rra-
Paiterre lumineux, un Portail & des Tour*
enflammées ; du côté dé la Campagne on
avoit en face le Jeu de l'Arquebuse , d©ac
les Bâtimens étoient éclairez , & fur les co
tez deux, grands Bastions bordez dé lumieKS'
& garnis d'artillerie qui commença à se faine
entendre ; après quoi Madame la Comtesse
dé Tavane & Madame la Marquise de Chajoû
, après avoir long- temps disputé de po
litesse , firent enfin partir en commun un
«Dragon enflammé, qui étoit venu prendre leurs
ordres fur la Terrasse ; i! ne ìes eut pas plutôt
portez fur le Théâtre » que les Piramides s'al-
Jumerent , les Moulinets tournèrent , les Fu
sées partirent, les Lances à feu fuivireiKi ce--
iUc UQ feu continuel & un bruit étonnant ;
Ptj, lie»'»
yi MFRCUHE DE FRANCE,
rien n'étoit plus beau que de voir lts Grenade»,
vomir des milliers de Serpenteaux fur la Po
pulace > qui n'est jamais trop près à son gré ;
mais rien n'étoit plus plaisant que les mouvemens
qu'elle se donnoic pour les éviter ;
ces feux voioient de cent manières différentes-,
les uns sembloient se plonger & se précipiter
fur la terre , les autres sprès cent tours 8c cene
retours remontoient avec vivacité au lieu d'oà
is étoient sortis, la plupart serpentoient vé
ritablement & poursui voient ceux qui vouloient
s'en détourner ; fur la fin on jetta quel*-
ques douzaines de Fusées choisies , qui rem
plirent l'Air de gerbes & d'étoiles.
M. l'Intendant donna ensuite à souper à prèsde
cent personnes distinguées. Quand ily en
auroit eu le double on se seroit loué de l'a>
bondjncej la propreté & la délicatesse en fu
rent Rassortiment. Après le souper il y eut un .
Bal magnifique»
I,a Fête de M"S les Elus a mis , pour ainfidire.
le sceau à- toutes les autres Réjouissance*,
elle a réuni en quelque forte: toutes les Fêtes
qui a voient precedé.Je n'entrerai là dessus dans
aucun détail , ma Lettre n'ttant déja que trop
longue , & le Mercure en ayant déja parlé dans
le premier volume de Décembre, page ^S6é,
Je ne puis, cependant me dispenser de vous
parlei enco e de deux traits qui regardent d'autres
nerfonneí , & qui .méritent de n'être pas
oubliez , & je finis par 'à ma Narration.
Une vingraine de Bourgeois , las d'être
Confondus lans la foule, ont eu recours à une •
nouvelle invention pour fe tirer du nair. Ils
avoient élevé fur quatre roues un Char Ba
chique de i». pieds de long fur 8 de large,
fetm« 4"unc kftrriMC d'envùoo i, pieds de haa-
■-4,..
JANVIER. t7ío, jf
teur , ornée de Tapis & de Peintures. II étoir
couvert d'une riche ImpeiialcenbcrCcau.íoutenuë
par desColomnes cntouréts de Pampre^
à laquelle étoient suspendus plufieurs Lustres.
&• dont les pentes écoient décorées de Tableaux
& d'Ecussons de différentes Armoiries. Les
Hautbois 6c les Ballons étoient plaaz fur le
devant du Ghar $ une table bien servie &
bien arrêtée , chargée de bougies & d'une
grande quantité de plats cris-bien remplis, .&
un Buffet ou plutôt une Boutique de verres
& de bouteilles , ne faiioit pas la moindre par
tie du spectacle. Toute cette Machine étoit
traînée par huit puissants chevaux, enduits,
par quatre Postillons & precedée par un Tin*,
bilier 6c par deux.Trompettes. â cheval, escor
tée par une Compagnie de Gardes à pied, &C'
environnée de flambeaux..
On a voit pris pour quartier d'aflemblée la'
Porte Guillaume , qui est celle par où noussortons
pour aller à Paris. Elle étoit illuminée
de haut en ba^ ; Us Ceintrts , les Pilast.es , les •
cotez , marquez , pour ainsi dire d'aprez. de
Lampions & de Terrines ; toutes lts fenêtres
de la longue rue- qui y aboutit , avoitnt auífi'
leurs lumières , ce qui joint -rJx,Lanternrs<les
rues qu'on allume tous les soirs , vendoit une
clarté égale à. celle du jour. La marche com.»
menca fur les sept heures du soir & elle con
tinua jusqu'à minuit : on s'arrêta dans la Place
Royale & dans tous les lieux où font placez
les Hôtels de ceux qui ent quelque autorité
dans la Ville : là les cris de joye redoubloient ,
r Jes Instrumens se mêloient , la petite Artillerie
se faisoit entendre, mais la poudre n'etoit pas •
|a munition dont un coníumoit le plus.
Uflc.nwlwwdec»nrjaiiu de peuple suivit ce
festia ;
7+ MERCURE DE FRANCE,
festin ambulant pendant toute la nuit , marr
quant par ses acclamacions le gré qu'elle fçavoic
à ceux à qui leur zele íèul avoit inspiré ce'
dessein. Les personnes, les plus considérablesy
applaudirent & les reçurent avecaccueil.lorsqu'ilsse
présentèrent devant leurs Hôtels: touslés
Habitans s'empressèrent de leur faire hon
neur > en chargeant leurs fenêtres de lumières ,>
en jettant des Musées & faisant tirer des Boëtes
& du Canons enfin cette Réjouissance parti
culière devint en un instant une Fête generale
par la part que tout le monde y voulut pren«-
dre. L'autre trait est un peu plus grave.
Les Enfans deChoeur de la Sainte Chapelle,,
à'qui on avoic accordé un jour dè congé , afinqu'ils
se ressentissent- de la joye Duplique, de
mandèrent è le palier Jans un Hérmitage situé,
à une portée de mmisqa<.'t de la Ville , & dont
la Chamelle déiiée soas le noa*de,S. Martin
a set vt autrefois d'Eglise au Village de Fon
taine . lieu de la naissance de S. Bernard. Onne
pen-tra point leur dessein, & on ne les
soupçonna pas de songer â autre chose qu'à'
'une simple promenade : ils avoient néanmoins
des pensées plus sérieuses. Avec le secours de
l'Harmite , ils trouvèrent le secret d'aproprier
là Chapelle, d'en illuminer les dehors & lesdedans
, même de couronner les murs du Jar
din de Lampes à plusieurs lumignons , qui ré
pandirent un éclat d'autant plus étonnant qu'on ■
n'en connoissoit point la cause. Cette clarté
subite , jointe aux Cantiques & aux Motets de
leur composition , qu'ils chantèrent avec une
dévotion touchante & avec beaucoup d'ait,.
charmèrent tout le monde ; on prit part à des
Prières que Dieu exaucera fans doute , puis
qu'elles lui ont été adtefsecs par l'iaaocence
JANVIER. i7? oi 7t
& par le bon coeur. Nos Musiciens & Simphonistfs
qui avoient été invitez secrètement1,,
iè firent un meiite de les leconder. II y eusensuite
un petit régal » où l' enjouement ne nui
sit point à Immodestie, ni la modtíìie à l'enjouëment;
on chanta en panie diverses Cban»
Ions lur la naiflance du Dauphin j le bruit du -
Canon se mêla- au son des Instrumens & ì
l'harmonie des voix , 8c tout s'y paíla d'une
manière fi tendre & fi convenable > que je me
serois íait un reproche de ne vous en avoir
ras rendu cofnpte. Je n'âi plus , pour finir,
heureusement , qu'à ajouter ici le voeu gênerai
de tous nos Citoyens.» vous y soulcriuL de
bon coeur.
Grand Dieu , prene^ soin de la Mere ,
Conservez, nous £r l' Enfant & i* Pert i ;
Qtie pendant des siécles entiers >
lis règnent toiu les trois dans une paix pro
fonde : .
Vous les ave^donne^ pourdt bonheur du mondtì ■
Ghf'ils en joiiijfent Us, premiers.
Extrait d'une Lettre écrite de cettfi
rnu*
NOus apprîmes l'heureuse nouvelle le 77
de Septembre» elle n'eut pas été plu
tôt annoncée par une triple décharge de l' Ar
tillerie de la Ville & du Château , qu'on"
entendit de toutes parts le son des Cloches
& les acclammations des Hábitans. Il n'est'
pas possible de vous décrire les transports"
que produisit ce grand événement. On fortoit
des maisons en foule ; on couroit dé
porte en porte pour apprendre à son pa
rent , à son ami une nouvelle qu'il sçavoie
déja , & qu'il avoicla même passion de dé
biter.
Le Comte de Tavanes qui commande dans"
la Province , ne pouvoit manquer une fi'
belle occasion de- faire éclater son zele , &
l'ardeur héréditaire qu'il a pour le service
de Sa Majesté. Son spacieux Hôtel parut tout
en feu dès l'entrée de la nuit ; la porte &
h façade ornées deRstons, de Dauphins, dé
Fleurs de Lys , les bougies & les Lampions
étoient répandus par fout , & principale
ment fur la belle Terrasse fur la rrtë. Grand
feu au milieu de.Ja Place , grand festin dans
l'interieur de la maison, fonraines de via
su dedans Se au dehors de la Cour , Bal
Ì>our les personnes qualifiées , danses parmt
e Peuple &c.
Eeno#)t les «ois semaines, 4e nos princf-
. .. ' gales
ço MERCURE OE FRANCE,
pales Réjouissances , ce Seigneur a fçu va
rier tous les repas qu'il a donnés ; & lotî
tes les illuminations ; on étoit sûr de trou-
Ver toujours chez lui quelque chose de bril
lant & de nouveau nous appellerions cela.,
des Fêtes dans toutes les formes y. ce n'étoic
pourtant que lc prélude de celle qu'il taéditoit.
Le Parlement étant séparé à cause des va
cations , il ne pût se rassembler que le Sa*'
riiedi. cette illustre Compagnie parut aussi
complète que dans le tems des pleines fean—-
ces. M. de Berbiscy » Premier Président étoit
à la tê'-e ; les Huissiers le précedoient com
me à l'ordinaire , les Avocats & les Procu*
reurs en grand nombre faifoient cortège *
la Maréchaussée bordoit les rangs ; le 2>
T3eum fut chanté dans laSale du Palais.L'Abbá
Bouhîer , Doyen de la Sainte Chapelle, déíigné
pour être notre premier Evêque , offi
cia y la symphonie fut merveilleuse , la Mu
sique excellente, & M. Michel , Maître de la
même Sinte Chapelle , se surpassa.
Les Musiciens qu'il avoit. employez conti
nuèrent ce jour là à se donner mutuellement
des Concerts comme ils avoient fait les jour*
précedens ; ils- illuminèrent les lieux où il»
se régaloient ; & si l'on doit en juger par lesÉfréquentes
décha ges d'une douzaine de pe
tites piéces de Canons dont ils s'étoient pour
vus , & aiisque's on mecroit le feu toutes
les fois q 'ils celébroient lu santé du Rqi
ou de quelque Prince de la Maison Royale»-
en ne peut douter qu'ils ne s'y jíKeressaliene;
infiniment. x~ j
Le Dimanche suivant , les erdres, de las
Geur aiiivs.íûîj & cc foc alors que. la joye
, monta
JANVIE Ft. \7j<s: <v
irsonta ï son comble ; pendant trois jottrs con-:
sécutifs les Cloches sonnèrent , le Canon tli
ra j il y eut des feux devant toutes les por*
tes i des lumières fur toutes les Fenêtres ,
lès Clochers mêmes furent éclaires. Le Lun
di on rit tous les Ouvriers occupés, à sus
pendre des Guirlandes , ì attachtr des A . moi
nes > à élever des Loges de verdure de cent"
figures différentes . tout le Peuple enfin se
livrer à la joye. Nos Comédiens joiierent
pour lui gratis.
mu vM.j —— 1« , w ..y «.f'Srfi^noiv ....
les Boëtes , ni les Fusées , rri les Han-beaux,
ni tous ces autres agrémens que le coeur'
& le bon goût peuvent inspirer ; le détait
de tout cela feroit immense , & j'ai d'ailléurs
à ouvrir une scène plus grande & plus
pompeuse.
C'est M. le Premier Président du Parlement '
qui donna la première Fêre solemnelle le
Lundi m Septembre. El'e commença par une
illumination générale de tcut son quartier »
&■ particulièrement de son Hôtel , non seu
lement la fact.' , mais les Cours, Us Appartemens
& les Jardins ; il y eut un Concert
exécuté par des Musiciens du premier ordre,
un repas splendirie oû les personnes de la
première considération se trouvèrent. II fit
distribuer , ou plutôt prodiguer au Peuple
le pain , le vin & la viande . & il disposa
en differens endroits des Inlîrumens , au son
desquels on dansa jusqu'au jour. En un mor,
on peut dire qu'il n'omit rien de ce que
son inclination pouvoir, demander & s„ Dignité
permetue.
ft MERCURE^ DE FRANCE.
Le lendemain > on chanta , sur les cinq
Beures du soir, à la Sainte Chapelle , un "tt
Deum qui fut annoncé par le Ion des Clo
ches & par le bruit du Canon ; le Parlement
& la Chambre des Comptes y assistèrent en
Robes de cérémonie, avec toutes les Com
pagnies qui ont droit de s'y trouver ; M.
de Tavanes s'y rendit aussi. La plupart des
Communautés Ecclésiastiques , en consé
quence du Mandement de M. l'Evêque de
íangres , firent la même cérémonie ce jourlá.
Les Chevaliers de l'Arbalête firent chanter
le lendemain aux Carmes un Te Deum en
Musique, au bruit des. Boètes •• & quoique là
Ville eut renouvelle le soir ses Illuminations
& ses Feux , ils remportèrent íur tous les
autres , en- éclairant leurs Maisons , jus
qu'aux Jardins , de Bougies , de Lampions-,
&c. & ils donnèrent un grand Repas.
les dehors de leur magnifique Collège fu
ient ornés & éclairés avec gout > mais Ië
plus bel aspect fut celui du seu qu'ils allu
mèrent au milieu de leur grande Cour en
tourée de Bâtimens à tross étages , dont les
Fenêtres étoient également chargées de lu.
mieres. Ge qu'ils eurent de plus singulier %
fut une Armée de nouvelle levée , ce fiic
une Milice brillante, qui fit plusieurs évolutions
dans cette Cour , s'y rangea en bataille > &
y fit des décharges. Oh eut le plaisir de
voir pendant trois jours /Cette belle jeunefle
parcourir les lieux les plus apparens de la
Ville , portant 3e maniant les_armes avec au-
Leí Jésuites se distinguèrent
jÁNVfER- 171^.
te 14. les Bouchers qui ont toujours pr-i»
parc aux Réjouissances publiques > mêlèrent
les Musettes aux Tambours . les uns passè
rent la journée- fous les armes ; les autres
ayant choisi deux jeunes filles , les habillè
rent en Bergères , & au son des Instrumens,
les conduisirent en grand cortège chez la
Comte de Tavanes , à qui elles eurent l'honneur.
de présenter un Agneau , orné de ru^
bans & de guirlandes , qui. fut très- gracieu
sement & très- noblement reçu. Us s'apliquerent
ensuite à embellis les Loges qu'ils svoient
déja construites , à tapifler leurs Boutiques
à décorer d'arbustes , de Festons , de Gui
dons & d'armoiries les Ponts qu'ils avoient
jettes fur leur ruë , & qu'ils illuminoient tous
ícs soirs
Cependant dés Veaux & des Moutons en
tiers se rotissoient au milieu des Places aux
dépens des mêmes Bouchers ; les Hautbois
& les Tambours retentissoient de toutes parts»
les Tables étoient dressées , & parurent trèsbien
servies. M. de Tavanes voulut être té
moin de leurs plaisirs ; Madame de Tavanes
y mit le comble , en les animant elle-mê*
me , & c'est principalement à fa présence &
à îexcellent vin qu'elle envoyoit avec pro
fusion , que ceux qui se donnoient en spec
tacle durent la vivacité de leurs Réjoúi£
sances.
M. Baudor, notre Vicomte- Mayeur , qui
fa vigilance portoit de cous côtés , crut que
la Police même étoit intéressée à entretenir
cette ardeur » son bon vin de Champagne &
de Bourgogne le suivoit par tout , & c'est"
de cette source féconde que coulèrent tane'
d'heureux impromptus à fa louange &c
MERCURE t)Ê FRANCE.
Ce même jour 14. Septembre fut marqliér
par Tune des plus belles Fêtes: que nous
ayons vûës ; je veux parler de celre- d& M. le*
Comte deTavanes; comme il delìroit que touc
répondit à la grandeur de ses idées, íbri Hôtels
tout vaste qu'il est , lui parut trop resserré,-
& il se détermina pour le jeu de l'Arquebuse.
C'est un Bâtiment de 30. toises d'éten
due , íìtué à la Porte de la Ville , Sí
Composé de deux grandes Galeries l'une fut
l'autre , terminées par deux Pavillons quartés.
On y anive par une avenue de ioo.'
pas de longueur , bordée de chaque côté par
deux raogs d'arbres 1 avec un fossé , fur le*
bords duquel règnent des charmiiles à hau
teur d'apui;on entre par une grande porte de fer
placée au milieu de la galerie d'en bai, q^ur
du côté du Jardin est ouverte en peristile.
Ce Jardin est un quarré long , clos de mu«
railles couvertes par tout d'une palissade cîe
Charmes de s ro. pieds d'élévation 5 bV
est coupé en deux portions égales par un
canal , & acompagné de deux grandes allées*
d'Arbres en Berceau , dont le rang exté
rieur a son apui de Charmilles ausli-bien'
que l'avenaë. Les retours qui font au bout
des Allées forment quatre beaux quarrés
pareillerríent enfermés- d'Arbres & de Char
milles ; derrière le canal de cent toises de
longueur , est une esplanade qui fait face â
une niche adossée au mur de' clôture , per
cée par les côtés , & couverte d'une demiè
coupole , fous laquelle est le Buste de M. le
Duc. La distance entre les Allées & lesr
murs de côté est d'environ quarante pas ,
& c'est dans ces vuides qu'on a coutume
de placer les buts pour l'exeicice de l'Ar
quebuse». Devant
JAtfVfER. 1729. ff
Devant la Porte de fer, dans ('endroit ouV"
l'avenuë forme une demi- lune, on avoir
élevé fur des Pillièrs de 1 f. pieds de hau
teur un Edifice de charpente , dont l'Enta-*
blement étoit orné des Ecussons des Armes*
du Roi , de la Reine , de Monseigneur les
Dauphin & du Duc de Bourbon ;-ces Arnioiries
étoient ornées de fleurs , dont 1er
Guirlandes defeendoient jusqu'à terre , St
tournoient autour des Pillieis de l'Edifice.
Sur la Plate forme étoit un petit Acrotêre'
ou Piédestal & cinq Piramides soutenues par
des Dauphins , décorées de Devises & de
Cartouches ; la plus haute de ces Piramides'
portoit un Soleil rempli d'artifice ; les qua
tre autres Piramides étoient surmontées d'au-'
tant de Grenades.
Quatre rangs de Terrines on de lampions
f;arnissoient toute la longueur de l' A venue j
e premier rang étoit posé sur le terrain ,
Te fécond à hauteur d'ápuî"; dans le Jardins'
il y en avoit trois étages 5 !es premiers étoient
rangés le long du canal , les seconds fur les
Charmilles d'apui , & les troisièmes fur les
palissades. Tout fut allumé avec une promtitude
inconcevable ; la Niche parut toute
hérissée de.Bougies ; ses deux côtés- en étoient
pareillement garnis pour termii.er les Allées,
ainsi que toutes les Fenêtres de- la Gallerie
& des Pavillons & le Cordon du Bâtiment
des quatre faces 5 c'étoit un coup d'ceif
charmant , & aussi surprenant de loin qu'il'
paroissoit galant & magnifique de près; la
réflexion de Peau faifoit fur tout un effet
admirable, en multipliant les objets.
Cependant l'illustre Compagnie s'étant as
semblée dans la Gallerie haute ,; on lui donrià*
une
■f4 MERCURE DE FRANCÊ.
une Cantate à grand Choeur , dont les sca
roles avoient été composées par le P. Adam,"
de la Compagnie de Jésus , & la Musique
par le S. Leplivet. Ce Divertissement duraune
heure , & fut reçû avec beaucoup de
satisfaction.
A peine étoit-il fini qu'or» donna le signât
pour tirer le Feu d'artifice par une salve de
vingt pieces de Canon rangées au bas des»
Pilliers de l'Edifice ; aussi tôt Madame l'Intendante
, au bruit des timbales & des trom-:
pettes , mit le feu à la mèche , & fit partirun
Dauphin enflams , qui courant avecrapidité
à l'une des faces , communiqua sesflammes
à trois autres Dauphins qui s'éle
vèrent en même-tem:s des trois autres faces,-
& y revinrent avec la même impétuosité p
tout s'enflamma- à leur retour ; ce ne fut plus
que tonnerre & que feu ; les Serpentau*
Voioient fur la terre , les Fusées s'élevoienc
dans l'air &c. Le Ciel devint en mêmetems
fort obscur, & son obscurité contri
bua encore à rendre le feu- plus éclatant St
^Illumination plus brillante.- On ne vit ja«*
mais rien en ce genre de mieux exécuté, &£■
de plus iultement. applaudi.
On servit ensuite le souper. Il y avoît
quatre Tables , une de 40. Couverts dans
l'un des Pavillons , trois de 30. Couverts cha
cune dans la Gallerie d'en haut , toutes
quatre servies avec un ordre, une abondan
ce . une délicatesse , une propreté qui paíîê
toute expression } cent sortes de ragoûts
nouveaux & recherchés , viandes exquises ,
Vins de tous les Climats , liqueurs de tou
tes les sortes ; on epargnok aux Convives la
peine de demander ï on prívcnoit , on devinoie
JANVIER. 1730.
ío'it les souhaits. Ce qu'on admira fur tout
ce fut le Fruit, & principalement celui qui
étoit destiné pour les Dames ; il n'est pas
possible d'imaginer comment on avoit pè
ramatìér tant de fruits délicieux , tant de
confitures exquises ; l'-ceil , l' odorat , le
gouc , tout y étoit satisfait. 80. pieces de
porcelaines & de cristaux qui contenoient ce
Dessert j rangées avec une simétrie & un art
infini , faisojent dire à tout le monde que
c'étoit dommage d'y toucher. Un de nos
Poètes qui a assisté à toute cette Fête l'a
dépeinte par les Vers que voici :
Vulcain, sans doute, avoit cùniuit les feux;
Apollon avoit fait les Vers & la Musique i
JBacchus se trouva bienheureux
Pe faire les honneurs d'un Busftt magnifique;
Diane & Pan qni fournirent les mets ,
jivoient épuisé les Forés Si
Cornus mime d' intelligence,
~ùt ee Banquet superbe avoit fris Vintindanee
,
Pour donner tant de fleurs , pour donner tant
de fruits ,
fleurs de toutes faisons , fruits d'Eté , fruits
d?Automne ,
flore avec son Zephir , Vertumne avec Ptu
tnone
Avoient pasié plut d'une nuit.
Le Peuple eut part à la somptuosité d«
M. de Tavanes ; on lui fit de grandes distri
butions depwn &dc viande» ; pour le vmi
3 8 MERCURE DE FRANCE,
il n'y avoit qu'à prendre, on en avoit 3iC~
posé six fontaines en six endroits differens./
deux A côté des Pilaltres qui font le com-
.mencement de l' Avenue , les quatre autre*
au commencement Si au bout des Allées da
Jardin ; outre cette profusion , on en donnait
„«ncore à tous ceux qui en demandoient %
de forte qu'il n'étoit pas plus rare que l'eatt
,jqui remplit le canal.
Dès qu'on eut fait guelqu&s tours de proçtnenade
pour voir ^Illumination de plus près»
& ce nombre infini de gens de tous étages,
.:qui dansoient en vingt endroits difíerens j,
au son des tambours & des -hautbois ; on
enleva les Tables , & le Comte de Tavanes
-remontant à la GaUerie , ouvrit un Bal , où
les RafraîchiíTemens furent prodigués ; ce
,Bal dura lì long-tems que le Soleil en vint
éclairer une partie. • *
Le Jeudi t 5 Septembre , les Chevaliers
du Jeu de l' Arquebuse , precedés de leurs
.trompettes & de leurs timballes > allèrent
prendre M. le Comte de Saulx , qu'ils ont
l'honneur d'avoir pour Capitaine , & i'ao
xompagnerent aux Jacobins , où en pré
sence de M. le Comte de Tavanes son pere^
& de M. Baudot , Vicomte - Mayeur , Se
•Chef des Armes , il fit chanter avec matnificence
un Te Deum par un grand nombre
e Musiciens ; il se trouva aussi quelques
-jours après au grand repas qui fut donné
dans u;i Salon de verdure , élevé exprès à
«ôté du .canal dont -on a parlé:; tous les
Bâtimens & le Jardin même furent illumi
nés.
Le i4. les Trésoriers de France celebre-
SH|t Jeux Fête ; ïk n'eoeploycreBi pas cette
: • grande
f AN VIE R. 1730. 59
grande foule de Musiciens qui se trouvè
rent aux autres solemnirez ; leur Chapelle
•n'auroit pas pû les con tenir ; mais ils a voient
,d£S voix & des Instrumens d'élite , & s'il*
■n'eurenf pas la gloire de la magnificence»
jls eurent celle du goût & de ia délica
tesse. _ Ô
, í-e Dimanche pg. fut marqué par une Pro
cession generale du Clergé Séculier & Ré
gulier de la Ville , à laquelle lev Doyen de
Ja Sainte Chapelle présida ; le Parlement r
assista en Robes rouges , & M. de Tavanejs
marcha conjointement cn habit de ceremo-
,»ie.
Les Chevaliers de l'Arc firent les hon»
jieurs du lendemain ; le Te D eu m à grand
choeur qu'ils chantèrent aux Cordeliers , lc
repas qui succéda , & la parure des lieuy
où ils tiennent leur Assemblée ont fait hon
neur à la Ville.
M M. de la Chamòre des Comptes qui
■n'avoiént Ras moins cfe zele & d'empresse
ment .que les autres Corps, choisirent le u.
du mime mois , & la Sainte Chapelle pour
ie lieu de leur Cérémonie; la face de l'Eglisc
fut dscorée & éclairée , la Nef & les
deux Tribunes furent tapissées comme aux
jours les plus folemnels 5 on éleva dans ce
Choeur jusqu'aux premières Galleries trois
rangs de festons de verdures &c.
L'Autel étoit paré des ornemens les plus
précieux j l'Mumination repondoit à la pa
rure j car outre le grand nombre de cierges
dont le Maître- Autel étoit chargé , outre
la multitude de Lustres qui étoient diíhi»
Jbuez dans toute l'étenduè de l'Eglise , les
deux Galleries da Choeur, le* deu*. Tribu
nes
v
MERCURE DE FRANCF.
mes & la Balustrade qui règne le long des
tìtales étoient bordées de Bougies. Les pre
mières Galleries de la Nef étoient garnies
d'une infinité de Pots à feu , où pour évi
ter l'incommodité de la fumée > il n'étoie.
Srefque entré que de Ja cire. C'-e'toit un brilint
inconcevable . & toutes ces lumières que
ia tapisserie & renfoncement des Galleries
faisoienc sortir , parurent d'un gout nou
veau , qui satisfit; également & ceux qui se
piquent, de se connoître en ces choses , 8c
ceux qui ne s'y connoissent pas.
•M M. de la Chambre des Comptes vinrent
à l'Eglise» precedez de leurs Huissiers , &
suivis d'un grand nombre deComptables qu'ils
avoient appeíiés à la Cérémonie. Le Comte
de Tavanes qui s'étoit rendu dans leur Salle
d'Assemblée . marchoit entre le Premier 8e
l'ancien Président . precedé de la Maréchausfée
& de ses Gardes. On entra au bruic
des timbales & des trompettes , & M. Mi
chel donna un troisième TeDeum, qui quoi
que d'un gouc diffèrent» ne parut pas.moins
beau que les deux autres > la Musique
fut exécutée avec la derniere précision j
on ne s'étoit pas contenté des Musiciens
de la Ville , quoiqu'ils soient très - nom.
breux > on en avoir fait venir d'Etrangers,
M. le Doyen de la Sainte Chapelle fitl'Office
, & on finit par la Prière pour le Roi &
pour le Dauphin.
Le ii, notre Vicomte- Mayeur , qui avoir,
envoyé de grandes aumônes aux Hôpitaux,
aux Prisonniers , aux Pauvres honteux , &
même aux Religieux Mendians j se rendicavec
toute la Magistrature & les Officiers
des Paioifics chez M. le Comte de Tavanes >
: •• pour
JANVIER. i7?o. 6i
Çavtt raccompagner au Te Deum de la Villes
oici Tordre de la marche.
Les deux Sergens de Bande , revêtus de
leurs casaques d'écarlate , galonées d'argent,
la hallebarde à la main. Les Sergens des
sept Paroisses, tous en uniforme i luivoienc
deux à deux , pareillement avec des halle
bardes qu'ils porcoient fur Tépaule. Les Offi
ciers de la Milice Bourgeoise » distingues
suivant leurs Paroisses , ayant chacun leurs
Tambours leur Fifre , leurs Hautbois 8c
leur Drapeau. Les Capitaines , Lieutenans ,
Majors & Dizeniers marchoient lts premiers,
avec TEiponton ; les Apointtz étoitnt derjiere
avec la Pertuiíàne. Nous appelions
Apointez certains 'Officiers subalternes qui
fervent fous les Dizeniers. Ils faiíoient un
Corps d'environ roo. hommes , tous trèslestes
& ttès proprement habillez. Les Trem
pettes de la Ville , puis les Gardes de M. de
Tavanes d'un côté , & les Sergens de Mairie
de l'autre. M. de Tavanes vêtu d'un habit de
drap «i'or , avec un manteau noir , doublé pajeillement
de drap d'or , étoit acompagné de
M- le Maire, qui étoit revêtu de fa Robe de
.velours violet ,, doublée de velours cramoisi,
bordée d'une fourure blanche ; les Echevins
avoient aussi leurs Robes de cérémonie, de
moire violette. Le Procureur Syndic étoit à
la fuite avec la même parure , en tête de
les Substituts , &de tout ce qui compose le
Corps dé Ville. La marche étoit fermée par
un Détachement des Sergens des Paroisles ,
pour empêcher la foule.
La grande Porte des Jacobins étoît -ornée
de tapis , de festons &c. & éclairée de bou
ffies ; leur vaste £oui l'itoit des deux cô-
D «B
<Í2 MERCURE DE FRANCE,
tez par des Terrines & des Pots à feu »
Portail étoit aussi illumine ,& on avoit éle
vé fur la principale Porte le tableau d'un
Peintre fameux .représentant le Dauphin de
Viennois, qui cède fa Principauté au Ros
PhiKpcs VI. Tout étoit éclairé en Lustres
& en Girandoles dans i'Eglise. Le Grand-
Autel i de même que ceux des Chapelles ,
étoit fi chargé de cierges , qu'on n'auroit ja
mais p& en augmenter le nombre ; les hauts
fieges du Choeur étoient pareillement cou
ronnez de cierges > mêlez de Grenadiers 8f
"d'Orangers On enrra dans I'Eglise au (on
des Cloches & des Trompettes , & au bruit
d'une décharge genevale de 1" Artillerie de la
Ville & du Château. M., le Comte de Ta>.
vanes prit fa place fur un Prie-Djeu qu'on
lui avoit préparé a ia droite du Chceur.
M. le Vicomte- Mayeur étoit ì droite daps
les hauts fieges , ayant devant lui un tapis
de velours cramoisi ayee deux carreaux ;
tout ce qui compofoit l'Hòtel de Ville ft
"plaça à droite & à gauche dans les mêmes
fieges qu'occupent ordinairement les Reli»
gieux.
Les Pères Jacobins , les uns revêtus de
Chapes , les autres en Tuniques , entonne»
rent le Te Dtum , qui fut chanté par les
mêmes Musiciens qui avoient exécuté celui
de la Chambre des Comptes , & qu'on avoit
placez fur un Amphithéâtre dressé au mi
lieu de I'Eglise , & tout illuminé. La fin d*
la Cérémonie fut marquée comme le com
mencement par le bruit des Instrumens , le foa
des Cloches & par une salve de l' Artillerie.
De I'Eglise des Jacobins on marcha à la
fliçc Royale ; cite a la figure d'un Arc „
donc
JANVIER. 17 î o. *ï
Sont la Maison du Roi fait la corde > le de
mi cercle est composé de 41. Portiques d'une
tr.es b;-lie exécution , & surmontez d'une Ba
lustrade de pierre fort bien travaillée , la
quelle règne auili sur les murs de la Terîasle
du «Louvre. On .avoir, élevé í'Edifice
destiné pour le Feu entre les deux rnës qui
aboutissent à la Place Royale. •
Cet Edifice «toit un Arc de triomphe â
quatre Portiqaes de .a. y. piés de hauteur st*r
10 de laigtur ,, dont les quaire angles exté
rieurs étoient coupez pour -recevoir des Pi
lastres d'Ordre Ionique & autant de col orn
ées isolées à .Baies & Chapiteaux dorez ,
posées iur des Piédestaux élevez fur de*
.Zocles. L' entablement répondoit à Tordre ,
Sc le milieu des Architraves étoit eouvetï
de Cartouches aux Armes de Sa Majesté.
Sur cec Entablement regnoit une Balustrade
avec quatre auctes Piédestaux à l'aplomb
des colomnes qui portoient des urnes feintes
de porphire. Sur la première Plateforme étoit
élevé un .Zocle de sept pieds & demi de
hauteur , & de douze de diamètre , qui formoit
la seconde Plateforme , de laquelle
sortoit un Baldaquin circulaire , & d'Ordre
Corinthien, à huit colomnes grouppées , dont
les Bases & les Chapiteaux étoient pareil
lement dorez , & qui portoient huit Dau
phins surmontez d'un Soleil. Sous le Dôme
étoient placées plusieurs Statues ; celle de la
Félicité qui fe faisoit un plaisir de donner un
Dauphin à la France , celle de Ja France
-qui le recevort avec respect , celle de la
Ville de Dijon qui y applaudissent avec ad
miration. Au dessus de ces Figures voioit le
Génie de la France» qui femoit des lau-
D ij riers
*4 MERCURE DE FRANCE;
ciers fur le nouveau Prince. Toutes les par»
ties de cet Edifice étoient peintes en marr
bre & ornées de Devises & d'Inscriptions,
En arrivant: à la Place s toutes les Trou
pes formèrent un grand cercle autour du '
Théâtre > laissant entre ' elles & ce même
Théâtre un assez grand espace pour que le
Comte de Tavanes & tous ceux qui com
posent la Magistrature, fisient les trois tours
ordinaires avant que de mettre le feu aux
mèches. Plus de cinquante instrumens de
toutes les façons , place* fur la Terrafle qui
ferme le logis du Roi, se mêlèrent au bruit
des tambours , des hautbois & des Fifres •
qui étoient i la tête des Troupes.
Après les trois tours , M. le Comte de
Tavanes & M. le Vicomte- Mayeur , mirent
le feu aux deux mèches qu'on avoit prepar
rées ; le feu se communiqua par tout dans
l'instant , les Fusées, les Lances à feu , les
Saucissons , les Soleils , les Dragons > les
Grenades éclatèrent de toutes parts , & don
nèrent lieu à cet autre Enthousiasme Pojétjque.
■
La veille pendant mon repos
0n m avoit transporté dam Piste de Lemnosi
Là , du milieu des fournaises ardentes
Coulaient des torrens de métaux ,
Et les enclumes gémissantes
Tlioient fous tesson des marteaux.
Ze Cycbpe attentif k l'ordre de son Maître ,
Mêle avec le charbon le souphre & le salpêtre.
Joint au feu , joint au vent h huit & le
fracas ,
Et
Janvier. 1730. g)
$f itút te qui du foudre anime les éclats i
Mais il n'y mêle peint la mort éf les allar*
mes ,
Jl ne le trempe peint dans le sang , dans let
larmes ;
L'ouvrage n est point fait pour nuire (y peut
troubler i
U est fait pour surprendre , il est fait pour
briller,
Ên effet > quoique le vacarme fût grand ,
te qu'il redoublât encore par l'écho de cette
Place spacieuse , quoique les flammes nous
enyelopaflTent de tous côtez , non feulement
nous n'eûmeS point de mal , mais on n'eut
pas même |a moindre peur.
Le feu fini , on continua 1* marche jus
qu'à l'Hôtel de Ville » qui étoit entièrement
illuminé ; fur la Porte on avoit placé le por
trait du Roi fous un Dais. Cependant on
avoit distribué du pain à plusieurs reprises
pendant la journée , les Fontaines de via
li'avoicnt ceflé de couler. Un festin splen
dide attendoit la Compagnie , pour laquelle
on avoit préparé trois Tables dans la grande
Salle de cet Hôtel , une au fond où e'toic
M. de Tavanes avec M. le Vicomte- Mayeuc
& les personnes les plus qualifiées , les deux
autres en long & à côté pour les Eche
vins , les Citoyens & les Etrangers qui
avoient été invites j il y eut plusieurs íer~
vices differens , tous également bien four
nis , & ceux qui aiment l'abondance eu
rent autant de lieu d'être satisfaits que ceux
qui ne demandent que de la propreté & de
D iij la
€6 MERCURE DE FRANCE:
fa delicateste. M. de Tavanes porta la santi'
du Roi , de la Reine , du Dauphin & de M.
• Jc Duc, & ces santez furent accompagnéesde
plusieurs salves.
Les Instrumens qu'on avoit placez fur la
gallerie du Logis du Roi , donnèrent pendant
plus d'une heure une simphonie vive & har
monieuse > les illuminations étoient generáles.-
De quelque côté qu'on tournât dans la Ville,
dans lés rues les plus étroites, dans les quar
tiers les plus éloignez, on ne voyoir que lu
mières , figurées de cent manières différentes
chacun se faisoit honneur de renchérir sur ses
voisins.
Le plus grand spectacle parut dans la Place
Royale ; le Théâtre avoit changé de face, au
lieu de Feux d'artifice PEdifice de charpente
parut chargé dé Lampions Se de Pots à feu;
Ce n'étoit plus des Portiques ni des Balda
quins de marbres-, c'étoient des Portiques &
de? Baldaquins de lumières» Cette Illumina
tion avoir d'ailleurs des accompagnement
merveilleux i les deux Fontaines de vin qui
coulèrent le jour & la nuit , étoient ornées
de lumières & de feuillages : on avoit porté
une gran le quantité de Pots à feu fur la haute
Tour du Louvre , qui est la piece la plus éle
vée de la Ville & qui s'apperçoit de plus d*une
lieue : toute la façade de ce Palais étoit illu
minée , tout le tour de la Place décoré d'un
cordon de verdure qui descendoit en festons
aux côtez des Portiques; deux rangs de ter
rines garnissoient les Ceintres & la Bilustrade
dont ils font couronnez, des Pots à feu ex
traordinaires & placez de distante en distan
ce , en relevoient encore l'éclat ; les rues,
& fur tout les deux grandes rues qui traver
sent
JANVIER; 1730. 6%
íént la Place Royale > avoient une apparence
d'autant plus riche & plus agréable , que tou
tes les fenêtres y sont de même symétrie Sc
qu'elles étoient e'galement éclairées ;on avoit
encore an point 3e vûë' qui l'emportoit fur
tout cela ; le somptueux Portail de l'Eglise de
S. Michel , de dirserens ordres d' Architecture
l'un fur l'autre , étoit totalement illuminé ; la
plateforme étoic bordée de Pot? à feu , les galleries
da milieu & routes les ouvertures des
Tours e» étoient remplies.
Pour peu qu'on s'avaneic dans la Place de
S. Etienne, qui n'eíì qu'à quelque? pas dff
l'autre, on trouvoit d'autres ctartez; on voyoit
en perspective la maison de M. le Vicomte-
Mayeur au bout de la grande ruë qui entre
dans cette Place : pendant tout le jour on y.
avoit fourni du pain & fait couler nnc Fon»
«aine de vin ; fur tout la populace s'étoit fort"
amafée d'un jeune enfant habillé en Bacchus
, qui passa plusieurs heures aflîs fur la
tonneau d'où jaillissoit la Fontaine : pendant
ía nuit on ne reconnut plus ni maison ni porte,
on ne vie qu'une lumière universelle qui en»
velopoit & absorboit entièrement les autre*
objets-.
Toute la Ville à la fin se rassembla dans la
Place , tout y dansoit, touty fautoit; les Instrumens
ne Cessèrent qu'au jour , & on ne cessa
de danser tant qu'ils continuèrent ; enfin certe
nuit si charmante fut pour nous un augure du
bonheur que la naissance du Prince nous pro
met » ce qu'un autre de nos Poètes a tâché
d'exprimer ainsi :
Après une trop longue & trop cruelle absence ,
La Félicité de retour ,
T> iiij E*
rf$ MERCURE DE FRANCE.
En accordant un Dauphin k la Francs
Nous marque qu'elle veut y fix-erfon fejottrí.
Recevons cejirefent de ses mains btenfaìjhnti^t
Ne doutons plus de son secours ;
Si les nuits font pour nous fi belles, fi brillant ex>
§luels seront. déformais, nos jours f
Cependant lés Officiers dé notre Milice Bout>
geoise ne crurent pas avoir marqué leur joye
assez vivement. Le if.de Septembre ils firens
chanter dans TEglise des Jacobins , un Te
Deum aufli magnifique que celui de la Ville »
M. de Tavanne leur fit l'honneur d'y affilier;
M. Ie Vicomte-Mayeur se mit à leur tête. Lx
Troupe n'étoit composée précisément que des
Capitaines, Lieutenans , Enseignes, Major*
& Dizeniers des Paroisses , précédez des Sergens
& des Tambours.. La marche parut d'au
tant plus pompeuse . qu'à commencer par le
Maire, tous les Officiers jusqu'au dernier *
avoient des habits uniformes , la veste galon
née, le justaucorps d'un beau Camelot écarlate,
le chapeau bordé . avec le plumet blanc Se
la coquarde de même ; ils allèrent ensuite au
Jeu de 1* Arbalète . dont ils avoient illuminé
les Bâtimens-&- les Jardins d'une manière trèsriante
& t ès-agréable. La Salle haute & la
Gallerie d'en bas, quoique très-érendi ë , ne le
furent pas trop pout les tables ; M. le Vicomte-
Mayeur tint la première . M. le Comte de Tavanes
n'ayant pû s'y trouver, à cause de I" il—
lustre Compagnie, à qui ce soir là même il
dpnnoit à manger ; mais il s'y rendit fur les
onze heures da soir , & fa présence redoubla
la joye qui ctoit déja bien vive ; on recom
mença
Janvier.
. Aença, au bruit des Canons > â boire la santé
du Roi , de la Reine , de Monseigneur le Dau
phin & de M. le Duc.
Les Bénédictins avoient fait ce même jour
une Procession íbíemnelie & chanté le Te Deum
& l'Exaudiat, avec beaucoup de pompe; 8c
pour rendre leur joye plus sensible ■ ils firent
aux pauvres_ de grandes distributions de paio ,
de vin , de viande & d'argent.
J'ajoûterai que notre Université se trouva
chez les Jacobins pour une pareille cérémo
nie le 8. du- mois a Octobre ; comme elle ne
.fait que de naître» elle a encore tout son
premier zele & toute son ardeur pour le Roi >
toute sa reconnoissance pour M. le Duc, son>
Protecteur. Le Doyen de la Sainte Chapelle ,
Chancelier, se trouva à cette solemnité » con
duit par les Massiers & les Bedeaux , les-Profesteurs
l'accompagnoient en Robes rouges ,
les Ag^regez en Robes noires avec le Chape
ron d'écarlate; ils ne cédèrent en rien à ceux
.qui avoient paru devant eux- dans la même
Eglise. Tous les Corps de Métiers générale
ment quelconques ont rempli les mêmes de
voirs avec un empreíîement & une joye que
je ne puis vous représenter.
La Cérémonie de nos Marchands eut quel
que chose de noble ; la belle Eglise de Notre-
Dame , où ils se rendirent » étoit tapissée ,
ornée & illuminée à faire plaisir; leur* Musique
fut d'un très-bon gout , & les Instrumens en
rehauflèrent le prix ; le Canon n'y manqua
point» &' pendant toute k nuit' suivante ils
étalèrent, à l'envi les uns des autres , tout ce
eui pouvoit rendre leurs maisons plus ornées
Se plus brillantes.
M, de laBfifïe, Inondant de. Bourgogne. *
7o MERCURE DE FR ANCE,
■
n'ayant pû être de retour à Dijon que le ifl.
Septembre , il fixa fa Fête au Dimanche t.
Octobre. M. l'Intendant occupe la Maison Ab
batiale de S Bénigne ; il y a devant la porte
une petite Place qtiarrée.des plus jolies; la
Cour est en arc & d'une étendue plus que rai
sonnable ; les Appartemens font beaux & bien
.suivis. Le Jardin est orné d'un très- beau Par
terre &r de quelques Bassins ; il est terminé par
sept Portiques d'un treiflage très riche , dont
il y en a trois, qui ont plus d'élévation que:
les autres, & qui font décorez de Statués
de part & d'autre font plantez des arbres &
sù-dclïous des Charmilles à hauteur d'apui ;
à droite: derrière ces Charmilles , s'élève
une Ternste qui donne fur l'aliée; à gauche
ce font des Bâtimens couverts de verdure , au
bout desquels on a ménagé une issue pour
monter à la grande Terratle qui tient toutela
largeur- du Jardin : du coté de la Mailorv
cette Terratle est cachée par les- Portiques i.
de l'autre côté elle donne fur le folïé de la,
Ville entre deux Bastions qui la débordent ,
& die a un aspect très gracieux , dont le prin
cipal point de vùë.dt le Jeu de l' Arquebuse 8s.
la Chartreuse.
On s'aflëmbU d'assez bonne heure , & cha
cun s'amusa jusqu'à six heures du soir., la,-
Compagnie attirée par le son des Instrumens,.
fè ren.iit dans la première Salle : on préludí .
par des Concertos; on vint ensuite au Di
vertissement particulier , dont les parole»,
avoient été faites exprès pour lé fuiet , & la
Musique compjsée par le sieur Bourgeois.
La Place que j'ai décrite étoit entourée delanternes;
elle tiroit un grand jour & des
maisons fitutes à 1'oposite , où on n'avoú rienentièrement
illuminé , & de la façade du Palais
Abbatial gui répondoit à tout cela. Le Peu
ple y avoit son Concert & ses Inlhumens ,
Sc des Fontaines de vin qui couloient fans
cesse. Une double ceinture de bougies regnoit
jdans toute l'écenduë de la cour. -Les Bassins
& le Parterre du Jardin éroient profilez &
bordez de Lampions i la petite Terrasie & les
Charmilles écoient chargées de terrines \ les
sept Portiques étoient en bougies qui en
avoient pris les ceintres. C'étoit proprement
un Jardin de lumières1, dont les éclats éblouis
sants avoient été substituez á la place des Buis»
des Charmilles & des Treillages.-
Un très beau Feu d'artifice , placé fur le
chemin couvert-, en vûë de la grande Terrasse
dévoie faire partie de cette Fête ; on s'occupa
encore de lTlluìnínation , qui du haut de cette
Terrassé, faiíbk un spectacle nouveau & rra-
Paiterre lumineux, un Portail & des Tour*
enflammées ; du côté dé la Campagne on
avoit en face le Jeu de l'Arquebuse , d©ac
les Bâtimens étoient éclairez , & fur les co
tez deux, grands Bastions bordez dé lumieKS'
& garnis d'artillerie qui commença à se faine
entendre ; après quoi Madame la Comtesse
dé Tavane & Madame la Marquise de Chajoû
, après avoir long- temps disputé de po
litesse , firent enfin partir en commun un
«Dragon enflammé, qui étoit venu prendre leurs
ordres fur la Terrasse ; i! ne ìes eut pas plutôt
portez fur le Théâtre » que les Piramides s'al-
Jumerent , les Moulinets tournèrent , les Fu
sées partirent, les Lances à feu fuivireiKi ce--
iUc UQ feu continuel & un bruit étonnant ;
Ptj, lie»'»
yi MFRCUHE DE FRANCE,
rien n'étoit plus beau que de voir lts Grenade»,
vomir des milliers de Serpenteaux fur la Po
pulace > qui n'est jamais trop près à son gré ;
mais rien n'étoit plus plaisant que les mouvemens
qu'elle se donnoic pour les éviter ;
ces feux voioient de cent manières différentes-,
les uns sembloient se plonger & se précipiter
fur la terre , les autres sprès cent tours 8c cene
retours remontoient avec vivacité au lieu d'oà
is étoient sortis, la plupart serpentoient vé
ritablement & poursui voient ceux qui vouloient
s'en détourner ; fur la fin on jetta quel*-
ques douzaines de Fusées choisies , qui rem
plirent l'Air de gerbes & d'étoiles.
M. l'Intendant donna ensuite à souper à prèsde
cent personnes distinguées. Quand ily en
auroit eu le double on se seroit loué de l'a>
bondjncej la propreté & la délicatesse en fu
rent Rassortiment. Après le souper il y eut un .
Bal magnifique»
I,a Fête de M"S les Elus a mis , pour ainfidire.
le sceau à- toutes les autres Réjouissance*,
elle a réuni en quelque forte: toutes les Fêtes
qui a voient precedé.Je n'entrerai là dessus dans
aucun détail , ma Lettre n'ttant déja que trop
longue , & le Mercure en ayant déja parlé dans
le premier volume de Décembre, page ^S6é,
Je ne puis, cependant me dispenser de vous
parlei enco e de deux traits qui regardent d'autres
nerfonneí , & qui .méritent de n'être pas
oubliez , & je finis par 'à ma Narration.
Une vingraine de Bourgeois , las d'être
Confondus lans la foule, ont eu recours à une •
nouvelle invention pour fe tirer du nair. Ils
avoient élevé fur quatre roues un Char Ba
chique de i». pieds de long fur 8 de large,
fetm« 4"unc kftrriMC d'envùoo i, pieds de haa-
■-4,..
JANVIER. t7ío, jf
teur , ornée de Tapis & de Peintures. II étoir
couvert d'une riche ImpeiialcenbcrCcau.íoutenuë
par desColomnes cntouréts de Pampre^
à laquelle étoient suspendus plufieurs Lustres.
&• dont les pentes écoient décorées de Tableaux
& d'Ecussons de différentes Armoiries. Les
Hautbois 6c les Ballons étoient plaaz fur le
devant du Ghar $ une table bien servie &
bien arrêtée , chargée de bougies & d'une
grande quantité de plats cris-bien remplis, .&
un Buffet ou plutôt une Boutique de verres
& de bouteilles , ne faiioit pas la moindre par
tie du spectacle. Toute cette Machine étoit
traînée par huit puissants chevaux, enduits,
par quatre Postillons & precedée par un Tin*,
bilier 6c par deux.Trompettes. â cheval, escor
tée par une Compagnie de Gardes à pied, &C'
environnée de flambeaux..
On a voit pris pour quartier d'aflemblée la'
Porte Guillaume , qui est celle par où noussortons
pour aller à Paris. Elle étoit illuminée
de haut en ba^ ; Us Ceintrts , les Pilast.es , les •
cotez , marquez , pour ainsi dire d'aprez. de
Lampions & de Terrines ; toutes lts fenêtres
de la longue rue- qui y aboutit , avoitnt auífi'
leurs lumières , ce qui joint -rJx,Lanternrs<les
rues qu'on allume tous les soirs , vendoit une
clarté égale à. celle du jour. La marche com.»
menca fur les sept heures du soir & elle con
tinua jusqu'à minuit : on s'arrêta dans la Place
Royale & dans tous les lieux où font placez
les Hôtels de ceux qui ent quelque autorité
dans la Ville : là les cris de joye redoubloient ,
r Jes Instrumens se mêloient , la petite Artillerie
se faisoit entendre, mais la poudre n'etoit pas •
|a munition dont un coníumoit le plus.
Uflc.nwlwwdec»nrjaiiu de peuple suivit ce
festia ;
7+ MERCURE DE FRANCE,
festin ambulant pendant toute la nuit , marr
quant par ses acclamacions le gré qu'elle fçavoic
à ceux à qui leur zele íèul avoit inspiré ce'
dessein. Les personnes, les plus considérablesy
applaudirent & les reçurent avecaccueil.lorsqu'ilsse
présentèrent devant leurs Hôtels: touslés
Habitans s'empressèrent de leur faire hon
neur > en chargeant leurs fenêtres de lumières ,>
en jettant des Musées & faisant tirer des Boëtes
& du Canons enfin cette Réjouissance parti
culière devint en un instant une Fête generale
par la part que tout le monde y voulut pren«-
dre. L'autre trait est un peu plus grave.
Les Enfans deChoeur de la Sainte Chapelle,,
à'qui on avoic accordé un jour dè congé , afinqu'ils
se ressentissent- de la joye Duplique, de
mandèrent è le palier Jans un Hérmitage situé,
à une portée de mmisqa<.'t de la Ville , & dont
la Chamelle déiiée soas le noa*de,S. Martin
a set vt autrefois d'Eglise au Village de Fon
taine . lieu de la naissance de S. Bernard. Onne
pen-tra point leur dessein, & on ne les
soupçonna pas de songer â autre chose qu'à'
'une simple promenade : ils avoient néanmoins
des pensées plus sérieuses. Avec le secours de
l'Harmite , ils trouvèrent le secret d'aproprier
là Chapelle, d'en illuminer les dehors & lesdedans
, même de couronner les murs du Jar
din de Lampes à plusieurs lumignons , qui ré
pandirent un éclat d'autant plus étonnant qu'on ■
n'en connoissoit point la cause. Cette clarté
subite , jointe aux Cantiques & aux Motets de
leur composition , qu'ils chantèrent avec une
dévotion touchante & avec beaucoup d'ait,.
charmèrent tout le monde ; on prit part à des
Prières que Dieu exaucera fans doute , puis
qu'elles lui ont été adtefsecs par l'iaaocence
JANVIER. i7? oi 7t
& par le bon coeur. Nos Musiciens & Simphonistfs
qui avoient été invitez secrètement1,,
iè firent un meiite de les leconder. II y eusensuite
un petit régal » où l' enjouement ne nui
sit point à Immodestie, ni la modtíìie à l'enjouëment;
on chanta en panie diverses Cban»
Ions lur la naiflance du Dauphin j le bruit du -
Canon se mêla- au son des Instrumens & ì
l'harmonie des voix , 8c tout s'y paíla d'une
manière fi tendre & fi convenable > que je me
serois íait un reproche de ne vous en avoir
ras rendu cofnpte. Je n'âi plus , pour finir,
heureusement , qu'à ajouter ici le voeu gênerai
de tous nos Citoyens.» vous y soulcriuL de
bon coeur.
Grand Dieu , prene^ soin de la Mere ,
Conservez, nous £r l' Enfant & i* Pert i ;
Qtie pendant des siécles entiers >
lis règnent toiu les trois dans une paix pro
fonde : .
Vous les ave^donne^ pourdt bonheur du mondtì ■
Ghf'ils en joiiijfent Us, premiers.
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Résumé : RÉJOUISSANCES faites à Djon. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville.
Le texte relate les célébrations qui ont suivi une nouvelle importante annoncée le 7 septembre. Cette nouvelle fut accueillie avec enthousiasme, des salves d'artillerie et des cloches sonnèrent, et les habitants exprimèrent leur joie. Le Comte de Tavanes, commandant de la province, organisa des festivités dans son hôtel, décoré de symboles royaux et illuminé. Des feux d'artifice, des fontaines de vin, des bals et des danses furent organisés. Pendant les semaines suivantes, les réjouissances se poursuivirent avec des illuminations et des repas somptueux chez le Comte de Tavanes. Le Parlement, réuni après les vacances, organisa une cérémonie avec un Te Deum chanté par l'Abbé Bouhier. Les musiciens et les communautés ecclésiastiques participèrent également aux célébrations. Le dimanche suivant, des loges de verdure furent érigées, et les comédiens jouèrent gratuitement pour le peuple. Les festivités inclurent des illuminations, des feux d'artifice et des danses. Le Premier Président du Parlement organisa une fête solennelle avec illumination, concert, repas somptueux et distributions de nourriture au peuple. Le lendemain, un Te Deum fut chanté à la Sainte Chapelle, avec la participation du Parlement et des compagnies autorisées. Les Chevaliers de l'Arbalête organisèrent également une cérémonie avec un Te Deum et des illuminations. Les Jésuites, les Bouchers et d'autres corporations participèrent aux réjouissances avec des défilés, des musiques et des décorations. Le 14 septembre, une fête mémorable fut organisée par le Comte de Tavanes au jeu de l'Arquebuse. Le bâtiment fut décoré de symboles royaux et illuminé. Une cantate fut interprétée, suivie d'un feu d'artifice spectaculaire. Un souper somptueux fut servi avec une grande variété de mets et de boissons. Les festivités se poursuivirent avec des illuminations et des danses jusqu'au matin. Le texte décrit également les festivités organisées à Dijon en septembre 1730. Les événements commencèrent par une nuit de festivités somptueuses organisées par M. de Tavanes, avec des distributions de viande et des fontaines de vin dans divers endroits de la ville. Le lendemain, les Chevaliers du Jeu de l'Arquebuse accompagnèrent M. le Comte de Saulx aux Jacobins pour un Te Deum, suivi d'un grand repas dans un salon de verdure illuminé. Le 14 septembre, les Trésoriers de France célébrèrent leurs jeux et fêtes avec des musiciens d'élite. Le dimanche suivant, une procession générale du clergé séculier et régulier eut lieu, présidée par le Doyen de la Sainte-Chapelle, avec la participation du Parlement en robes rouges et de M. de Tavanes en habit de cérémonie. Les Chevaliers de l'Arc organisèrent des honneurs le lendemain, avec un Te Deum aux Cordeliers et un repas somptueux. La Chambre des Comptes choisit le 21 septembre pour sa cérémonie à la Sainte-Chapelle, décorée et illuminée de manière grandiose. Le 22 septembre, le Vicomte-Mayeur conduisit la magistrature au Te Deum de la ville, suivi d'un feu d'artifice spectaculaire à la Place Royale. La ville était entièrement illuminée, et un festin splendide fut servi à l'Hôtel de Ville, avec des salves et des symphonies en l'honneur du Roi, de la Reine, du Dauphin et du Duc. Le texte mentionne également les festivités organisées à Dijon en janvier 1730 pour célébrer la naissance du Dauphin. La ville était illuminée de manière somptueuse, avec des décorations de verdure, des terrines, des pots à feu et des fenêtres éclairées. La Place Royale et l'église Saint-Michel étaient particulièrement mises en valeur. La Place Saint-Étienne offrait également des spectacles, avec des distributions de pain et de vin, et un enfant habillé en Bacchus. Toute la ville se rassembla pour danser et célébrer jusqu'au matin. Les officiers de la milice bourgeoise organisèrent un Te Deum à l'église des Jacobins, suivis d'un jeu de l'arbalète illuminé. Les Bénédictins firent une procession et distribuèrent des aumônes aux pauvres. L'Université et les corps de métiers participèrent également aux cérémonies avec pompe et joie. M. de la Billiarderie, Intendant de Bourgogne, organisa une fête à la Maison Abbatiale de Saint-Bénigne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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36
p. 73-81
A Sedan, [titre d'après la table]
Début :
Les Réjouissances à Sedan furent annoncées par deux décharges de l'Artillerie de la Ville [...]
Mots clefs :
Dames, Réjouissances, Sedan, Dauphin, Fête
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A Sedan, [titre d'après la table]
Les Réjouissances à Sedan furent annoncées*
par deux. décharges de ls Artillerie de la Ville •
& du Château, l'une le Samedy au soir pre
mier Octobre, la seconde le Dimanche à lapoirte
du jour. L'Arrès midi on chanta un<
Te Deum, & on fit ensuite une Procession Sokmnellé
au bruit d'une triple décharge de tou
te T Artillerie & de la Mousqueterie ; on avoir
bordé les Rainparts de toute la. Garnison , tant
Infanterieque Dragons, & la Bourgeoisie avoir,
été commandée , & y faisoit les mimes fgafetmiH
yue les Troupes réglées. .
f€ MERCURE DE FRANCE.
- La Compagnie de la Jeunesse Bourgeoise,,
«omposée de trois cens hommes , s'est fur touc
distinguée; le nom seul annonce quelque chose
de galant & de brillant, austi ayoienc-ils tous
lès livrées de leurs Maîttefles qui étaient fur
les Remparts.
Après le Te Deum , on alluma un Peu trèsélevé
avec les cérémonies ordinaires , la Gar
nison étant sous les armes , & àTentrée de la
nuit , on mit le feu à un Artifice, dont la dis
position étoíc ingénieusement imaginée ; l'Edifice
étoit construit au milieu de la grande Place
sur un Rocher extrêmement élevé , Sc jettaiw
i'eau en arc par quatre muflíS ; cette eau tomboit
dans un Réservoir , d'où elle sortoit en
abondance tout à.Penrour & faisoit une Nape
d'eau de toute la circonférence ; là Charpente
de l'Eiifite étoit cachée par des arbres entiers
qu'on y avoit plantez, ce qui en faisoit un
Baquet frais & enchanté, tel que les Poëces
dépeignent celui du Bain dé Diane.
L' Artifice n'avoit rien de particulier que la
quantité & lî promptitude de l'execution*,
mais ce qu'il y avoit de plus agréable est qu'à
mesure que 1* Air étoit éclairé, on voyoit
les quatre A^cs. d'eau briller des couleurs les
plus vives , tel que celui dé l' Arc- en-Ciel ; ce
mêl.inge des Elemens concourok à faire un
très-bcau spectacle.
A peine' I Artifice fut-il fini, que toute Iá
Ville fut illuminée de Lampions,les Feux furent
en même temps allumez devant chaque parte
& les tables dressées dans les rues-; les Officiers
«le Ville ont bien marqué en cette octasioh
qu'ils étoientles Pères du Peuplrj indépendam
ment des Fontaines de vin qui couloient de
TO"tes p»t« t ik mfàvMi&m du pain > du
jANvrER. tri<r. tr
vin & de la viande à toute la populace , St au*
Heu de donner un Festin à l'Hotel de Ville aux!
dépens du Public, chacun de ces Magistratsdonna
chez foi un Repas splendide , où tout?
eequ'il y avoir dans la Ville.au- dessus du Com
mun , fut invité.-
Le Commandant rassembla' cependant tour
tes les Dames chez lui après le soupé. Elles»
trouvèrent le Frontispice & la façade de l'Hôtel
illuminez de flambeaux de poing 8c de Lam*
I>ions & ornez de Cartouches des Armes de
eurs Majeslez &du Dauphin. Trois grandes
Salles extrêmement éclairées , servirent de Scè
ne. Les deux premières étoient destinées- à I*
danse i & dans la troisième on avoit servi un/
magnifique Ambigu , où toute l'Assemblée allai
se délaslcr & reprendre des forces pour daníèr
de nouveau.
Plusieurs bandes de Masques se succédèrent
les unes aux autres avec des habits somptueux1
& galants. On ne connoît point ici les Do--
mino , ce déguisement répand une uniformité'
ennuyeuse dans une Assemblée, tout s'y res
semble & s'y confond. Nos Mascarades , au
contraire, croient variées & caractérisées.
Ce qu'il y a de remarquable est que les Mas
ques ne dansèrent aucune des danses ordinai
res : on avoit pris foin de donner â l'Orquestr©
des Airs inventez exprès pour la-Fête, & chaque
Mascarade figuroit une danse nouvelle , de
sorte que l'oreille & les yeux furent égalemenp
satisfaits parl'agréable variété. Les Dames des»
Villes voisines qui avoient été invitées â cette
brillante Fête, y concoururent par les déguifemens
qu'elles imaginèrent & par les dansesqu'elles
exécutèrent.
Les jours suiyans furent distinguez par de
ROU>
1% MERCURE m FRANCE.
Nouveaux Spectacles qui méritent d'être rap
portez par leur singularité* Les Ouvriers des
Manufactures qui font en grand nombre à Se
dan , habillèrent un Enfant en Dauphin. Et
firent chanter une grande Meffe & unZV Deumt
Voici l'ordre de ía Cérémonie.. _ ,
Deux Compagnies de Milice Bourgeoise
commençoient la marche. Ils avoient ï leur
- tête des Violons , des Hautbois , & des Tam
bours au centre qui se répondoitnt alternatif
vement. Ensuite marchoit une Compagnie de;
Houssarts vêtus magnifiquement de bien mon
tez. Ils étoient précédez de Trompettes, & Tim
bales-. Gette Compagnie écoit suivie de vingt
Gardes da Corps à cheval en habits bleus uni
formes; le Carrosse où étoit l'Enfant repré
sentant le Dauphin > marchoit immédìatementf
apres; il étok accompagné de Pages, de Valets
de Pied & de huit Coureurs-, & entouré de
douze Heraults,dont six étoient à cheval, an«ez:
de pied en cap à l'antique , & Its chevaux bar
dez.. Ils aboient la visière baiíîée Si les Masses
d'Armes ou les Lances à la main.-
Dans le même Carrosse étoient trois jeunes
Demoiselles richement vêtues , représentant
Mes Dames de France, & une quatrième repré
sentant Madame de Vantadour. Le' Carrosse
étoit surmonté d'une Couronne fermée de quaire
Dauphins.
Les Dames du Palais suivoient dans une
Calèche galamment ornée,- enfin le Cortège
étoit terminé par deux "autres Compagnies a vec
des Violons 8c Tambours, dan»ia même dis
position que les premières.
Ceifut en cet ordre qu'ils marchèrent pour
fè rendre à l'Eelise; on avoit placé au milie»
du Choeur un Carreau pour le Dauphin. Les.
Gardes.
-
AN"VIER. tjjo\ 7
©ardes fáisoiem un demi cercle à l'èntour de
les Cuirassiers à pied , armez de toutes pieces y
étcient aux quatre coins du Coeur & aux
deux cotez de r Autel comme desHeraults d' Ar*
mes. L" Aumônier étoit derrière le Fauteuil qui
prescntoit au Prince le Livre & lui marquoit
toutes les parties de l'Office.
Au sortir de l'Eglise le Cortège passa par Iei
Çrincipales rues , à l'entrée desquelles toute
Infanterie faisoít une décharge de Mousque*
terie & un Officier des Gardes du Corps jettoit
de l'árgent au Peuple.
Cette Cérémonie a été repetée jusqu'à quatre?
fois par differens Corps d'Ouvriers-, qui à;
l'envi l'un de l'autre . encheristoient fur la ma
gnificence &r fur le nombre.
Le Corps de la Manufacture Royale de DrapSa
aussi signalé fbn zele par un "Te Vcum , Se
un Feu de joye. Deux Fontaines de vin in«
dustrieusement pratiquées , ont coulé' pendant'
leur Festin autour de l'Hôtel de Ville , où ils-
**étoient rassemblez, &r oà étoient invitez l'Ëtat
Major & les Chefs des Compagnies. Le*
gout de l'illumination répondoit â la magni
ficence de la Fête-
Les Officiers de la Garnison (Régiment di
Vilon Mandais ) ont couronné toutes ces FêteJ
par un Spectacle de leur métiers & ils l'oiit
exécuté d'une manière qutmarque leur eirpe»-
ailleurs.. : '
Ils ont formé deux partis peur se battre à
coups de Fusées. Les Dames fé divisèrent aussi'
en deux Partis, & chaque Reine choisit les
Champions qui dévoient entrer en lice.
Le ^.Octobre à fix heures du soir les Chcses
de
ítì MÊRCURE I>Ê; FRANCÊ;
de chaque Parti allèrent marquer les deiHif
Camps.Ils partagèrent l'avantage du vent, afin?
que l'un1 des Partis ne pue se plaindre d'être
offusqué de la fumée."
11$ firent rendre deux cordes à douze pas
l'une de l'autre > ils convinrent que l'approche
en seroit deffenduë , & qu'ils s'en tiendroient
â se lancer leur Artifice d'un Camp à l'autre.-
A huit h'euïes les Gombattans parurent au
liombre de quarante ; Ils étoient menez au
Combat chacun par leur Dame , dont ils port'oient
les Livrées s ils conduisirent les Damesaux
Balcons d'où elles dévoient voir le Com
bat & décider de la victoire. Ensuite ils se ren»
dirent sur le Champ de bataille. Cinquante
Soldats de chaque coté étoient fous les armes
pour empêcher le Peuple de s'exposer au feirc
tes Tambou-rs & Fifres étoient des deux côte*
pour animer les Gombattans.
A huit heuTes 8c demie les Dames donneïent
le signai s les Tambours battirent la char
ge, & le feu commença par quelques escar
mouches; ensuite il fut si violent de part 8e
d'autre, qu'il étoit difficile dé juger lequel desdeux
Partis dsvoit l'emporter j enfin après
trois quarts d'hevtre d'un feu vif , égal & con
tinuel , il arriva comme à la Bataille de Phatsale
, que le hazard décida ce que les Dieux
n'osoient juger.. Le feu prit au Parc de l'Areillerie
de l'un des Partis & brûla en un instant
quatre mille Fusées, Pétards ou Serpenteaux ,
qui étoit environ le quart de leur~Artifice.
Après cet accident il fallut céder,, mais auparavant.
çeux de ce Parti voulurent marquer
par leur courage qu'ils étoient dignes d'un fore
plus heureux. Us se présentèrent à la barrier&ì
•Ofps découvert & essuyerenc le feu enneráÛ
pendant
JANVIER. 1730; 81
j ant près d'un quart d'heure, fans autrf
deffenfe que leur intrépidité} enfin le Parti op»
polé ayant épuisé ses Munitions , ils furent ac
cueillis par leurs Dames,qui attachèrent à leurs
chapeaux des Cocardes Simboliques avec une
branche de Laurier.
Les malheureux furent prévenus par les Da
mes qui avoient pris leur parti , elles leur don»
nerent des Dragones vertes en signe d'espérance:
& .une branche de Mirthe . qui est l'arbre con
sacré à l'amour.
On étoit convenu avant le Combat que le*
Vainqueurs donneroient le Bal aux Dames , c«
qui rendoit ceCartel plus noble & plus galant»
c'est le seul desavantage qu'ont eu â essuyer
ceux du Parti malheureux ; mais ils en ont été
amplement dédommagez par le témoignage
que les Dames ont rendu à leur valeur & par
Je Mirthe dont elles les ont couronnez.
par deux. décharges de ls Artillerie de la Ville •
& du Château, l'une le Samedy au soir pre
mier Octobre, la seconde le Dimanche à lapoirte
du jour. L'Arrès midi on chanta un<
Te Deum, & on fit ensuite une Procession Sokmnellé
au bruit d'une triple décharge de tou
te T Artillerie & de la Mousqueterie ; on avoir
bordé les Rainparts de toute la. Garnison , tant
Infanterieque Dragons, & la Bourgeoisie avoir,
été commandée , & y faisoit les mimes fgafetmiH
yue les Troupes réglées. .
f€ MERCURE DE FRANCE.
- La Compagnie de la Jeunesse Bourgeoise,,
«omposée de trois cens hommes , s'est fur touc
distinguée; le nom seul annonce quelque chose
de galant & de brillant, austi ayoienc-ils tous
lès livrées de leurs Maîttefles qui étaient fur
les Remparts.
Après le Te Deum , on alluma un Peu trèsélevé
avec les cérémonies ordinaires , la Gar
nison étant sous les armes , & àTentrée de la
nuit , on mit le feu à un Artifice, dont la dis
position étoíc ingénieusement imaginée ; l'Edifice
étoit construit au milieu de la grande Place
sur un Rocher extrêmement élevé , Sc jettaiw
i'eau en arc par quatre muflíS ; cette eau tomboit
dans un Réservoir , d'où elle sortoit en
abondance tout à.Penrour & faisoit une Nape
d'eau de toute la circonférence ; là Charpente
de l'Eiifite étoit cachée par des arbres entiers
qu'on y avoit plantez, ce qui en faisoit un
Baquet frais & enchanté, tel que les Poëces
dépeignent celui du Bain dé Diane.
L' Artifice n'avoit rien de particulier que la
quantité & lî promptitude de l'execution*,
mais ce qu'il y avoit de plus agréable est qu'à
mesure que 1* Air étoit éclairé, on voyoit
les quatre A^cs. d'eau briller des couleurs les
plus vives , tel que celui dé l' Arc- en-Ciel ; ce
mêl.inge des Elemens concourok à faire un
très-bcau spectacle.
A peine' I Artifice fut-il fini, que toute Iá
Ville fut illuminée de Lampions,les Feux furent
en même temps allumez devant chaque parte
& les tables dressées dans les rues-; les Officiers
«le Ville ont bien marqué en cette octasioh
qu'ils étoientles Pères du Peuplrj indépendam
ment des Fontaines de vin qui couloient de
TO"tes p»t« t ik mfàvMi&m du pain > du
jANvrER. tri<r. tr
vin & de la viande à toute la populace , St au*
Heu de donner un Festin à l'Hotel de Ville aux!
dépens du Public, chacun de ces Magistratsdonna
chez foi un Repas splendide , où tout?
eequ'il y avoir dans la Ville.au- dessus du Com
mun , fut invité.-
Le Commandant rassembla' cependant tour
tes les Dames chez lui après le soupé. Elles»
trouvèrent le Frontispice & la façade de l'Hôtel
illuminez de flambeaux de poing 8c de Lam*
I>ions & ornez de Cartouches des Armes de
eurs Majeslez &du Dauphin. Trois grandes
Salles extrêmement éclairées , servirent de Scè
ne. Les deux premières étoient destinées- à I*
danse i & dans la troisième on avoit servi un/
magnifique Ambigu , où toute l'Assemblée allai
se délaslcr & reprendre des forces pour daníèr
de nouveau.
Plusieurs bandes de Masques se succédèrent
les unes aux autres avec des habits somptueux1
& galants. On ne connoît point ici les Do--
mino , ce déguisement répand une uniformité'
ennuyeuse dans une Assemblée, tout s'y res
semble & s'y confond. Nos Mascarades , au
contraire, croient variées & caractérisées.
Ce qu'il y a de remarquable est que les Mas
ques ne dansèrent aucune des danses ordinai
res : on avoit pris foin de donner â l'Orquestr©
des Airs inventez exprès pour la-Fête, & chaque
Mascarade figuroit une danse nouvelle , de
sorte que l'oreille & les yeux furent égalemenp
satisfaits parl'agréable variété. Les Dames des»
Villes voisines qui avoient été invitées â cette
brillante Fête, y concoururent par les déguifemens
qu'elles imaginèrent & par les dansesqu'elles
exécutèrent.
Les jours suiyans furent distinguez par de
ROU>
1% MERCURE m FRANCE.
Nouveaux Spectacles qui méritent d'être rap
portez par leur singularité* Les Ouvriers des
Manufactures qui font en grand nombre à Se
dan , habillèrent un Enfant en Dauphin. Et
firent chanter une grande Meffe & unZV Deumt
Voici l'ordre de ía Cérémonie.. _ ,
Deux Compagnies de Milice Bourgeoise
commençoient la marche. Ils avoient ï leur
- tête des Violons , des Hautbois , & des Tam
bours au centre qui se répondoitnt alternatif
vement. Ensuite marchoit une Compagnie de;
Houssarts vêtus magnifiquement de bien mon
tez. Ils étoient précédez de Trompettes, & Tim
bales-. Gette Compagnie écoit suivie de vingt
Gardes da Corps à cheval en habits bleus uni
formes; le Carrosse où étoit l'Enfant repré
sentant le Dauphin > marchoit immédìatementf
apres; il étok accompagné de Pages, de Valets
de Pied & de huit Coureurs-, & entouré de
douze Heraults,dont six étoient à cheval, an«ez:
de pied en cap à l'antique , & Its chevaux bar
dez.. Ils aboient la visière baiíîée Si les Masses
d'Armes ou les Lances à la main.-
Dans le même Carrosse étoient trois jeunes
Demoiselles richement vêtues , représentant
Mes Dames de France, & une quatrième repré
sentant Madame de Vantadour. Le' Carrosse
étoit surmonté d'une Couronne fermée de quaire
Dauphins.
Les Dames du Palais suivoient dans une
Calèche galamment ornée,- enfin le Cortège
étoit terminé par deux "autres Compagnies a vec
des Violons 8c Tambours, dan»ia même dis
position que les premières.
Ceifut en cet ordre qu'ils marchèrent pour
fè rendre à l'Eelise; on avoit placé au milie»
du Choeur un Carreau pour le Dauphin. Les.
Gardes.
-
AN"VIER. tjjo\ 7
©ardes fáisoiem un demi cercle à l'èntour de
les Cuirassiers à pied , armez de toutes pieces y
étcient aux quatre coins du Coeur & aux
deux cotez de r Autel comme desHeraults d' Ar*
mes. L" Aumônier étoit derrière le Fauteuil qui
prescntoit au Prince le Livre & lui marquoit
toutes les parties de l'Office.
Au sortir de l'Eglise le Cortège passa par Iei
Çrincipales rues , à l'entrée desquelles toute
Infanterie faisoít une décharge de Mousque*
terie & un Officier des Gardes du Corps jettoit
de l'árgent au Peuple.
Cette Cérémonie a été repetée jusqu'à quatre?
fois par differens Corps d'Ouvriers-, qui à;
l'envi l'un de l'autre . encheristoient fur la ma
gnificence &r fur le nombre.
Le Corps de la Manufacture Royale de DrapSa
aussi signalé fbn zele par un "Te Vcum , Se
un Feu de joye. Deux Fontaines de vin in«
dustrieusement pratiquées , ont coulé' pendant'
leur Festin autour de l'Hôtel de Ville , où ils-
**étoient rassemblez, &r oà étoient invitez l'Ëtat
Major & les Chefs des Compagnies. Le*
gout de l'illumination répondoit â la magni
ficence de la Fête-
Les Officiers de la Garnison (Régiment di
Vilon Mandais ) ont couronné toutes ces FêteJ
par un Spectacle de leur métiers & ils l'oiit
exécuté d'une manière qutmarque leur eirpe»-
ailleurs.. : '
Ils ont formé deux partis peur se battre à
coups de Fusées. Les Dames fé divisèrent aussi'
en deux Partis, & chaque Reine choisit les
Champions qui dévoient entrer en lice.
Le ^.Octobre à fix heures du soir les Chcses
de
ítì MÊRCURE I>Ê; FRANCÊ;
de chaque Parti allèrent marquer les deiHif
Camps.Ils partagèrent l'avantage du vent, afin?
que l'un1 des Partis ne pue se plaindre d'être
offusqué de la fumée."
11$ firent rendre deux cordes à douze pas
l'une de l'autre > ils convinrent que l'approche
en seroit deffenduë , & qu'ils s'en tiendroient
â se lancer leur Artifice d'un Camp à l'autre.-
A huit h'euïes les Gombattans parurent au
liombre de quarante ; Ils étoient menez au
Combat chacun par leur Dame , dont ils port'oient
les Livrées s ils conduisirent les Damesaux
Balcons d'où elles dévoient voir le Com
bat & décider de la victoire. Ensuite ils se ren»
dirent sur le Champ de bataille. Cinquante
Soldats de chaque coté étoient fous les armes
pour empêcher le Peuple de s'exposer au feirc
tes Tambou-rs & Fifres étoient des deux côte*
pour animer les Gombattans.
A huit heuTes 8c demie les Dames donneïent
le signai s les Tambours battirent la char
ge, & le feu commença par quelques escar
mouches; ensuite il fut si violent de part 8e
d'autre, qu'il étoit difficile dé juger lequel desdeux
Partis dsvoit l'emporter j enfin après
trois quarts d'hevtre d'un feu vif , égal & con
tinuel , il arriva comme à la Bataille de Phatsale
, que le hazard décida ce que les Dieux
n'osoient juger.. Le feu prit au Parc de l'Areillerie
de l'un des Partis & brûla en un instant
quatre mille Fusées, Pétards ou Serpenteaux ,
qui étoit environ le quart de leur~Artifice.
Après cet accident il fallut céder,, mais auparavant.
çeux de ce Parti voulurent marquer
par leur courage qu'ils étoient dignes d'un fore
plus heureux. Us se présentèrent à la barrier&ì
•Ofps découvert & essuyerenc le feu enneráÛ
pendant
JANVIER. 1730; 81
j ant près d'un quart d'heure, fans autrf
deffenfe que leur intrépidité} enfin le Parti op»
polé ayant épuisé ses Munitions , ils furent ac
cueillis par leurs Dames,qui attachèrent à leurs
chapeaux des Cocardes Simboliques avec une
branche de Laurier.
Les malheureux furent prévenus par les Da
mes qui avoient pris leur parti , elles leur don»
nerent des Dragones vertes en signe d'espérance:
& .une branche de Mirthe . qui est l'arbre con
sacré à l'amour.
On étoit convenu avant le Combat que le*
Vainqueurs donneroient le Bal aux Dames , c«
qui rendoit ceCartel plus noble & plus galant»
c'est le seul desavantage qu'ont eu â essuyer
ceux du Parti malheureux ; mais ils en ont été
amplement dédommagez par le témoignage
que les Dames ont rendu à leur valeur & par
Je Mirthe dont elles les ont couronnez.
Fermer
Résumé : A Sedan, [titre d'après la table]
En octobre 1729, Sedan organisa des festivités mémorables. Les réjouissances commencèrent par deux décharges d'artillerie, suivies d'un Te Deum et d'une procession accompagnée de salves d'artillerie et de mousqueterie. La garnison, l'infanterie, les dragons et la bourgeoisie participèrent activement. La Compagnie de la Jeunesse Bourgeoise, forte de trois cents hommes, se distingua particulièrement. Après le Te Deum, un grand feu d'artifice fut allumé sur la place principale, orné de jets d'eau et de décors évoquant le bain de Diane. La ville fut ensuite illuminée, et des tables furent dressées dans les rues avec des fontaines de vin et des provisions. Les officiers de la ville montrèrent leur sollicitude envers le peuple. Des mascarades somptueuses se succédèrent, avec des danses nouvelles et des costumes variés. Les dames des villes voisines contribuèrent à la fête par leurs déguisements et leurs danses. Les jours suivants, de nouveaux spectacles furent organisés. Les ouvriers des manufactures habillèrent un enfant en dauphin et organisèrent une messe et un Te Deum. Une procession solennelle, incluant des compagnies de milice bourgeoise, des hussards, des gardes du corps et des dames du palais, se rendit à l'église où une cérémonie fut célébrée. Différents corps d'ouvriers répétèrent cette cérémonie, rivalisant de magnificence. La Manufacture Royale de Draps organisa également un Te Deum et un feu de joie, avec des fontaines de vin. Les officiers de la garnison conclurent les festivités par un spectacle où deux partis s'affrontèrent à coups de fusées. Les dames choisirent les champions et assistèrent au combat depuis des balcons. Un incendie accidentel décida de l'issue du combat, et les vainqueurs offrirent un bal aux dames. Les perdants furent récompensés par des cocardes symboliques et des branches de laurier ou de myrte.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
37
p. 81-91
Voeu Royal pour la Naissance du Dauphin, [titre d'après la table]
Début :
VOEU ROYAL, fait par LOUIS XIII, & par la Reine ANNE D'AUTRICHE [...]
Mots clefs :
Voeu, Dauphin, Naissance du Dauphin, Compagnie des Pénitents bleus de Toulouse, Louis XII, Reine Anne d'Autriche, Voeu royal
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Voeu Royal pour la Naissance du Dauphin, [titre d'après la table]
VOEV ROY JL, f'ait par Louis XIII»
& par la Reine Anne d'Autriche
son augufle Epouse p exécuté & renoua
velli À 7'onloitz.e, par la Compagnie
Royale de M" les Pénitens Bleus, £
Voccasion de l'heureuse Naissance de
Monseigneur le Dauphin, le
3 e. Septembre , le premier & le deux
Oftobre 1720. Brochure in-S. de lí,
pages. A Ttuloufì , de l' Imprimerie de
Nicolas Caranove , s la Bible d'Or ,
M. D C C X X I X,
LA Royale Compagnie des Penitens Bleus ,
érigée à Toulouse , est composée des Períonnes
les plus qualifiées de la Ville & de 1*
Pioa
«î MERCURE ©E FRANOE.
Province. Elle donna des marques éclatante»
de son zele Sc de son attachement à la Perfonne
sacrée du -Roi , lors du .rétablissement de
Ja santé de S. M. par une Fête solemnelLe donc
3e détail se trouve dans notre Journal du mois
■d'Octobte 171 1. La .Naissance du Dauphin.
,a fourni à cette Compagnie une nouvelle oc
casion de signaler ce zele.. Ce qu'elle a exécuté
fur ce íujet , fait la matière du Livre dont
nous avons à rendre compte; jamais occupa.
,tion ne peut nous être plus agréable.
> Le 17. Septembre , la Compagnie ayant été
extraordinairemsnt aslemblée â l'occasion de
i'heureufe nouvelle qui avoit été annoncée la
veille , M- Cortade , Docteur ès Droits , Avo
cat au Parlement , Synilic de cette Compagnie»
prononça un fort beau & éloquent Discours
fur ce grand sujet, Nous en rapporterons ici
■quelques traits. •
» Monseigneur sle Dauphin est né, & il
»est né Jans le sein de la Paix , il est né d'un
*• Roi pacifique , le premier de nos Rois qui a
•>vû fa Minorité paisible, & l'Europe entière
» jouir aussi long-temps d'une profonde paix.
« Quel heureux présage pour Je Prince qui
«vient de naître! Monseigneur ís Dau-
■ phi n est né , & il est né d'une pieuse Reine ,
» douce de toutes les vertus 4 il faltoit > fans
m doute, un Tr-ône proportionné à tous les
» dons dont le Ciel l'a comblée, pour cou-
»» ronner fa vertu , pour la gloire d'une Nation
m illustre Sc pour faire le bonheur de la nótre.
» Qu'il est consolant pour now qu'en execu,
».tant&en renouvellantleVoeude Loun XIII,
« de glorieuse mémoire , à la Naissance de cha-
•» que Successeur à la Couronne , d'avoir à ren-
• die grâces à Dieu d'un Evénement qui assure
JANVIER. ï7?o; S3
»1e bonheur d'une Nation la plus digne d'être
» heureuse , au moins par ion respect & par sa
r> fidélité pour ses Souverains.
■ Le Prince qui vient de naître, &r qui est
» l'objet de notre joye , apprendra un jour le
••Voeu que nous allons raire, & que Loui*
» le Just£ nous a chargez de renouveller pour
5= fa conservation,
» Puiflent nos arriere-Petits-Fils , voir dans
•'Monseigneur ie D auph in , un Roi juste,
» religieux , pacifique . & mème si la nécessité
•> l'y oblige , un Roi victorieux ; & pour sou-
»»haiter â ce Prince tous les bonheurs à la fois,
»» fasse le Ciel que le Fils aîné d'un Roi & d'une
••Reine que Dieu a formez félon son coeur;
** fasse le Ciel que l'Héritier de leuv Couronne
*» soit l'heritier de leurs vertus. ;
L'Orateur finit par ces paroles:
«Pour moi, Messisurs , qui fuis d,'avance
*■ instruit de vos intentions & devos sentime ns,
'■**& notre Compagnie Royale étant elle-même
instruite de ses engagemens &de ses devoir»,
*• il ne me reste qu'à la requérir d'exécuter & de
"renouveller le Voeu fait par Louis XIII.& par
«la Reine Anne d'Autrichi , son auguste
'•m Epouse, &■ de prendre à ce sujet la délibéra-
>• tion ordinaire en cette importante occafior.'
Jamais Discours ne fut plus applaudi en
toutes manières , 8c ne mérita mieux de l'être.
A peine M. le Syndic eut cessé de parler , qu'U
fut unanimement , 8e par une acclamation gé
nérale , délibéré que pour rendre grâces à Dit u
de l'heureule Naissance du Dauphin , & pour
-exécuter & renouveller leVceu fait par Louis
XI II. de glorieuse mémoire, & par la Reine
Anne d'Autriche , son auguste Epouse, il
y auroit Oraison de Quarante heure* -k
MERCURE DE FRANCE;
septembre & les deux jours suivans , pour
îdemander à Dieu , &ç. Que le premier jQur le
Te Dtum seroit íblemnellemenc chanté après
íe Voeu fait . & pour çet effet M le Comte de
Bioulle , Meítre de Camp de la ;CoIonejle
" iGenerale de la Cavalerie > Chevalier de Saint
.Louis, ancien Prieur de la Compagnie, fut
nommé Premier Commissaire pour avoir Thon»
Jieur de faire & de renouvelle* le Voeu de
Louis XIII. au nom de la Compagnie. Et à
.■cause de ('absence de l' Archevêque deToulouíe
, à qui il appartient de droit jde recevoir le
voeu, l' Abbé Dejan, Chanoine de PEglife de
S. Sernin , fut nommé pour faire cette fonc
tion & pour officier durant les Prières de 40.
Jieures. On délibéra suffi fur les marques de
de joye qui dévoient suivre le Te Deum , Sc
,que toutes les Compagnies Supérieures seíoient
invitées d'assister au Voeu & au Te Deum*
Voici en abrégé de quelle manière cette Dé
libération fut exécutée. La Chapelle Royale
ctoit ornée de.ces belles & magnifiques Ta-
-pisseries qui ont appartenu à la Reine Margue
rite, qui en fit présent à un Jïvêque deRieux.
,de la Maison de Bertier Les trois Autels étoienx
.éclairez de plus de 100. flambeaux de cire
.blanche.
Le Cordon qui règne autour de la Chapelle
Royale , qui est une des plus belles & donjt
Je Plan est des plus réguliers qu'il y ait en
Europe , étoit couvejt de Laurier avec beau
coup d'art , &r en relevant la blancheur dej
Trumeaux > ornes d'une belle Architecture &
.d'une riche Sculpture > ce Cordon , dis-je,
formoit un coup d' oeil merveilleux. Ces Tru
meaux , fur lesquels font représentées les yer«-
tut & J^urs attributs , font de 1» main du sieur
JANVIER. 1730.
iî'Arcîs , célèbre Sculpteur & un des Membres
de l' Académie Royale de Sculpture , c'est un
Ouvrage très-estimé des Connoisseurs , & qui
tient un rang distingué dans le grand nombre
qu'on en voit dans la .Ville de Toulouse.
Les Portraits du Roi & de la Reine entoures
de flambeaux de cire blanche , furent placez
dans la Chapelle Royale , à une distance con
venable s & au milieu on avoit élevé un riche
Ecusson des Armes de Monseigneur lu
DAURHiN.lemêmequi futfait lorsqu'on exécuta
le Voeu pour la première fois car ordre de
Louis XIII.
Le Vestibule étoit auflì orné de riches Ta
pisseries & d'un grand nombre de bougies.,
posées fur des Girandoles , ainsi que tout l'interieur
des Galeries & les Coridors de la Cha
pelle Royale, dottt les Portes , íur lclquellcs il
y avoit des Arcs de Triomphe , étoient auífi
magnifiquement décorées , ainsi que les Murs,
qui étoient préparez pour une grande illumi-,
cation. '
Les Prières de quarante heures & le Voeu
furent annoncez la veille 19. Septembre après
midi par le son des Cloches , par le bruit des
Tambours & des Trompettes & par plusieurs
salves de la Moufqueterie du Guet , lesquelles
furent souvent réitérées avant & aptès les
premières Vêpres & la Bénédiction du Très-
Saint Sacrement ; ces démonstrations de joye
furent continuées pendant la nuit, ainsi que les
Fanfares , & on tira un grand nombre de Boè
tes & de Fusées-
Le Vendredy marin 50. Septembre , Fêté de
S. Jérôme, l'un des Patrons de la Compagnie ;
on fit dans la Chapelle Royale l'ouverture des
Prières de quarante heures.avec les cérémonies
E acr
«tf MERCURE DE FRANCE,
accoutumées. La Noblesse en très-grand nom
bre & un Peuple infini y affilièrent ; pendanp
qu'on celebroit des Messes aux trois Autels de
la Chapelle Royale, les Aumôniers de la Com7
pagnie distribuoient des aumônes aux pauvres;
malades & aux Prisonniers,
L 'après midi les Compagnies qui avoient
ité invitées pour affilier au Voeu &au Te Tieum,
íçavoir > la Chambre des Vacations > les Tré
soriers de France , TUniversité . le Senechal &
& les Capitouls , se rendirent en grand nombre
& en habits de cérémonie , dans la Chapelle
Royale. Les Capitouls étoient revêtus de leur
Manteau Comtal, & accompagnez des Officier j
de la Ville & de leur grand Cortège.
Le concours des personnes de la première
distinction, de tout sexe, & de la Noblesse, tant
de la Ville que de la Campagne & des Pro
vinces voisines , qui étoient venues avec emr
pressement pour assister au Voeu , fut extrordinaire.
Les Vêpres furent chantées avec beau
coup de solemnité & à plusieurs choeurs » eri
faux-bourdon , qui est une Musique propre Sc
particulière à 1a Chapelle Royale.
Les Vêpres finies , M. le Comte de Bioulle,
premier Commissaire , accompagné de M. Ie
Baron de Ferrand , Sous- Prieur j de M. de Pio
let , Président , Trésorier General de France ,
Censeur; de M. Puiol, Conseiller au Parlement
Consulteur, & de M. Cortade , Docteur ès
Droits & Avocat au Parlement, Syndic de la
Compagnie , seconds Commissaires nez ; de
M. le Comte de Pibrac , de M. le Marquis de
Pinsaguel, & d'un grand nombre d'autres.
Confrères , tous revêtus de leurs habits de
Pénitent, descendirent de la Tribune à la Chaflcjlc}
le Comte de Bioulle porcoic lcCiergs
JANVIER. 1730. 87
duVoeu.du poids de sept livres, orné de Fleurs
de Lys d'or , des Armes du Roi , de Monsei-
.cneur le Dauphin , d'L L. couronnées Sc
de Dauphins^ ce Cierge étoit garni de Velours
avec des Crépines d'or,à laiiautéur de la maint
les quatre seconds .Commissaires portoient ua
court Bâton de couleur bleuë , orné de Fleurs
de Lys d'argenti les autres Confrères portoienc
,des flambeaux de cire blanche , & quatre d'entr'eux
portant des Bâtons de cérémonie , fer-
:moicnt la marche. Les Commissaires étant ar»
rivezà l'Autel après M. l'Abbé Dejean , Offi-
.ciant , qui étoit en Chape de Moëre d'argent»
assis dans un Fauteuil doré.à côtelé l'Evangile,
ils se mirent â genotix.sur Ja première marche
de l' Autel, & après s'être prosternez, le Comte
de Bioulle , premier Comirissaire, prononça
à haute voix lefToeu qui fuit.
Notre Confrérie Royale S' étant toujours par
ticulièrement intereffée en tout ce qui regarde
les avantages de la sacrée Personne du Roi & de
la Famille Roy »le^ & ayant méme lieu de croire
que Dieu a eu égard à ses voeux & à ses_prieres
par les BtnediBions que le Ciel a répandues dan*
Ja'Naiffance & la conservation du Koï, heureu
sement régnant, & depuis feu de jours en Vheureufe
Naissance de Monseigneur .le Dau
phin , notre Compagnie Royale désirant d'ete
témoigner sa recçnnoiffance publique ><& -vou
lant faire tous ses pieux efforts pour ottenir
du Ciel la conservation de la sacrée Personne
du Roi , de la Reine , & en particulier de
Monsegneur le Dauphin , & de toute la
Famille Royale , elle a résolu de vouer & de
promettre , comme en effet elle voue & promet
far ma bouche , en qualité d'ancien Prieur &
E ij de
'fi MERCURE DE FRANCE.
de premier Commissaire , a Dieu & à la sainte
Vierge notre Protectrice & de la France , *
St Jérôme , à S. Louis , à sainte Magielaint ,
nos Patrons , à toute la Cour Céleste , & à vous
Monsieur, de faire exposer le Très Saint Sacre
ment dans notre Chapelle Royale durant trois
jours consécutifs^ & de faire célébrer autant de
Messes qu'il se pourra pendant çes trois jours
k cette intention, d' aller Samedi prochain en
Procession à l 'Eglise Abbatiale de S. Sernin, pour
implorer le secours des Saints , dont les sacrées
Reliques reposent dans cette Eglise , & de dire
jt genoux cinqfois le Pater & cinq fois /'Ave
Maria > tous let Vendredis , dans notre Chapelle , ■
en présence du Tres-Saint Sacrement , âpres les
Prières accoutumées l?ro Rege > é1 {« durant
dix année? à compter de ce jour jo. Septembre
I72-9- *
A quoiM.l'Abbé Dejean,Officiant,répondit :
J'accepte , Monsieur ', le Voeu que vous venez,
défaire au nom de la Compagnie Royale, Ó?
f#r le ^ele & la ferveur que'je vois paroitrtj
dans toute cette illustre & Royale Compagnie ,
j'espete avfc constance que notre Voeu ser&
exaucé , & par l' honneur que j'ai de recevoir
eeVoeuen ï absence Je M. l' Archevêque deTÔulf>
use , notre Confrère , & en qualité d'ancien
S.eus-Prieur de la Compagnie , j'y joindrai mes
Prières & les Saints Sacrifices pour obtenir du
Ciel son accomplissement.
. Le Comte deBioulle, premier Commissaire.
& les Commissaires nez , s'.ctant ensuite levez,
ils remontèrent à la Tribune dans le même
ordre qu'Us en étoient descendus , & le Comte
de Bioulle ayant pris la première place, & les;
autres Officiers & Confrères celles qui leur
conviennent » l'Abbé Dejean , pfficiant, enton-
S*
Janvier. ty}<í. Ì9
ja le Te Deum , qui fut chanté en Musique
&enSimphonie par beaucoup deVoix Si d'Instrumens
; il étoit de la composition de M. Va
lette , Maître de Musique de l'Eglise Abbatiale
de S Sernin , & il fut beaucoup applaudi.
, Après le Te Deum , on réitéra les salves
de Mousqueteric avant & après la Bénédic
tion du très- saint Sacrement, & vers les
septheuresi l'Ilhimination commença des deux
côtez de la grande rue des Penitcns Bleu»
dans toute son étendue ; cette rue est d'une
largeur extraordinaire , & toutes les Maisons
font d'une même élévation , ce qui favori*
soit beaucoup l'Illumination ; la Grande Por
te , les Combles & les Murs de la Cha»
pelle Royale étoient illuminez par un nom
bre infini d^. Globes de feu & de Falots
aux Armes du Roi , de la Reine & de Mon
seigneur le Dauphiìt , & aux Armes de la
Chapelle Royale, qui- sont un Lion d'or,,
sur un Chams d'Azur , avec ces mots San*.
me, Domine.
• Les Chanoines Réguliers de Saint Antoine,
?-fl'ociez ,á la .Compagnie Royalç , qui ont
leur Maison dans la grande Rue des PenitensBleus,
Maison Jorit la façade est tiès-belle,
l'illuminerent magnifiquement le même soir.
Sur les neuf heures , le Comte de Bioulle
, premier Commissaire , encore revêtu da
son habit de Pénitent, ainsi que les Com
missaires nez, alluma le feu qui ayoit été
préparé , tenant à la main un flambeau de
cire blanche , peint en bleu , &: oiné de
Fleurs de Lys d'or. Dès que le feu fut allu
mé , on fit plusieurs salves de Moufquete»
rie , & toute la Ruë, où il y avoit tm peu
ple infini , retentit des acclammations rené*
E iij K'CS
y<j MERCURE DE FRANCE.
iées de Vive le Rei , vive la Reine , vivt
Monseigneur le Dauphin. Les salves de Mousqueterie
furent suivies du son des trom
pettes , hautbois & tambours , qui ne fu
rent interrompus que par le grand uombre
de Boëtès & de Fusées qu'on tira pendant
la nuit.
Un long discours ne suffíroit pas pour
rapporter ici tous les pieux & differens exer
cices auxquels les Confrères de cette Roya
le Compagnie furent occupez pendant les
deux jours suivants. On n'a jamais vû paroi*
tre un plus grand zele , & donner plus d'é
dification. Les Prières de 401 heures furent
terminées le Dimanche au soir par la Bé
nédiction du. très-saint Sacrement , au bruit
- de la Mousqueterie & des Fapseres.
Les Confrères , & particulièrement les
Officiers de la Compagnie , qui avoient ma
gnifiquement illuminé Jeurs Hôtels le soir du
voeu , & pendant la première nuit , conti
nuèrent les Illuminations pendant les deusnuits
suivantes. Enfin la Compagnie Royale
n'a rien négligé pour que Tordre & la ma
gnificence de cette Fête pût être digne d'un
£ heureux événement. M. le Syndic , qui est
l'ame & le principal mobile de tout ce qui
fe fait dans cette Compagnie . ne s'est pas
contenté d'exercer en cette rencontre sonheureux
talent de la composition & de la
parole , il a aussi employé son génie uni
versel pour faire bien exécuter la délibéra
tion de la Compagnie , & on peut dire qu'il;
s'est surpafle .lui même en cette importante
occasion.
II nous reste à" ajouter ici deux ou trois
ft.errurqu.es historiques au sujet de cette
Corn-.
JANVIER. jjía 94
Compagnie , & de la Chapelle Royale.
Le Roi Louis XIII. lui fit l'honneur de voi*.
loir être inscrit sur ses Registres le tj. No
vembre iézi. Louis XIV. de glorieuse me«
moire , lui fit le même honneur le 19. Oo
tobre i6;9. M. Je Duc de Bourgogne le 16,
Février 1701. & M. le Duc de Berry le 17V
février de la même année.
Le 16. Octobre r«}t. Louis XIII. qui le
jo. Mars iíiï. avoit posé la première pierre
de la Chapelle Royale , fit dans la tribune
de cette Chapelle un voeu solemnel avec la
Reine, son Auguste Epouse , & toute la
Compagnie Royale, aííèmblée par ordre de
Leurs Majestez' , pour supplier la Divine
Bonté de donner un successeur au Roi. Ce
Voeu fut renouvellé annuellement jusqu'à la
Naissance de Louis XI V, & ensuite exécuté
& accompli pour & au nom de Leurs Ma
jestez , par ordre du Roi , au mois de Sep
tembre 16 j 8.
Ge Voeu solemnel fut encore exécuté 8c
renouvelle en x66i. à la Naissance du Dau
phin 3 fils de Louis XIV. & au mois d'Aoûe
ií8i. après la Naissance de M. le Duc de
Bourgogne , pere du Roi heureusement ré
gnant i ainsi que le 8. 9. & 10. Août 1704»
après la Naissance de M. le Duc de BretaH
gne, frère aîné de Sa Majesté. Fasse le Ciel
qu'il soie encore renouvellé à l'oecasion du
premier Prince > qui naîtra du nouveau
Dauphin.
& par la Reine Anne d'Autriche
son augufle Epouse p exécuté & renoua
velli À 7'onloitz.e, par la Compagnie
Royale de M" les Pénitens Bleus, £
Voccasion de l'heureuse Naissance de
Monseigneur le Dauphin, le
3 e. Septembre , le premier & le deux
Oftobre 1720. Brochure in-S. de lí,
pages. A Ttuloufì , de l' Imprimerie de
Nicolas Caranove , s la Bible d'Or ,
M. D C C X X I X,
LA Royale Compagnie des Penitens Bleus ,
érigée à Toulouse , est composée des Períonnes
les plus qualifiées de la Ville & de 1*
Pioa
«î MERCURE ©E FRANOE.
Province. Elle donna des marques éclatante»
de son zele Sc de son attachement à la Perfonne
sacrée du -Roi , lors du .rétablissement de
Ja santé de S. M. par une Fête solemnelLe donc
3e détail se trouve dans notre Journal du mois
■d'Octobte 171 1. La .Naissance du Dauphin.
,a fourni à cette Compagnie une nouvelle oc
casion de signaler ce zele.. Ce qu'elle a exécuté
fur ce íujet , fait la matière du Livre dont
nous avons à rendre compte; jamais occupa.
,tion ne peut nous être plus agréable.
> Le 17. Septembre , la Compagnie ayant été
extraordinairemsnt aslemblée â l'occasion de
i'heureufe nouvelle qui avoit été annoncée la
veille , M- Cortade , Docteur ès Droits , Avo
cat au Parlement , Synilic de cette Compagnie»
prononça un fort beau & éloquent Discours
fur ce grand sujet, Nous en rapporterons ici
■quelques traits. •
» Monseigneur sle Dauphin est né, & il
»est né Jans le sein de la Paix , il est né d'un
*• Roi pacifique , le premier de nos Rois qui a
•>vû fa Minorité paisible, & l'Europe entière
» jouir aussi long-temps d'une profonde paix.
« Quel heureux présage pour Je Prince qui
«vient de naître! Monseigneur ís Dau-
■ phi n est né , & il est né d'une pieuse Reine ,
» douce de toutes les vertus 4 il faltoit > fans
m doute, un Tr-ône proportionné à tous les
» dons dont le Ciel l'a comblée, pour cou-
»» ronner fa vertu , pour la gloire d'une Nation
m illustre Sc pour faire le bonheur de la nótre.
» Qu'il est consolant pour now qu'en execu,
».tant&en renouvellantleVoeude Loun XIII,
« de glorieuse mémoire , à la Naissance de cha-
•» que Successeur à la Couronne , d'avoir à ren-
• die grâces à Dieu d'un Evénement qui assure
JANVIER. ï7?o; S3
»1e bonheur d'une Nation la plus digne d'être
» heureuse , au moins par ion respect & par sa
r> fidélité pour ses Souverains.
■ Le Prince qui vient de naître, &r qui est
» l'objet de notre joye , apprendra un jour le
••Voeu que nous allons raire, & que Loui*
» le Just£ nous a chargez de renouveller pour
5= fa conservation,
» Puiflent nos arriere-Petits-Fils , voir dans
•'Monseigneur ie D auph in , un Roi juste,
» religieux , pacifique . & mème si la nécessité
•> l'y oblige , un Roi victorieux ; & pour sou-
»»haiter â ce Prince tous les bonheurs à la fois,
»» fasse le Ciel que le Fils aîné d'un Roi & d'une
••Reine que Dieu a formez félon son coeur;
** fasse le Ciel que l'Héritier de leuv Couronne
*» soit l'heritier de leurs vertus. ;
L'Orateur finit par ces paroles:
«Pour moi, Messisurs , qui fuis d,'avance
*■ instruit de vos intentions & devos sentime ns,
'■**& notre Compagnie Royale étant elle-même
instruite de ses engagemens &de ses devoir»,
*• il ne me reste qu'à la requérir d'exécuter & de
"renouveller le Voeu fait par Louis XIII.& par
«la Reine Anne d'Autrichi , son auguste
'•m Epouse, &■ de prendre à ce sujet la délibéra-
>• tion ordinaire en cette importante occafior.'
Jamais Discours ne fut plus applaudi en
toutes manières , 8c ne mérita mieux de l'être.
A peine M. le Syndic eut cessé de parler , qu'U
fut unanimement , 8e par une acclamation gé
nérale , délibéré que pour rendre grâces à Dit u
de l'heureule Naissance du Dauphin , & pour
-exécuter & renouveller leVceu fait par Louis
XI II. de glorieuse mémoire, & par la Reine
Anne d'Autriche , son auguste Epouse, il
y auroit Oraison de Quarante heure* -k
MERCURE DE FRANCE;
septembre & les deux jours suivans , pour
îdemander à Dieu , &ç. Que le premier jQur le
Te Dtum seroit íblemnellemenc chanté après
íe Voeu fait . & pour çet effet M le Comte de
Bioulle , Meítre de Camp de la ;CoIonejle
" iGenerale de la Cavalerie > Chevalier de Saint
.Louis, ancien Prieur de la Compagnie, fut
nommé Premier Commissaire pour avoir Thon»
Jieur de faire & de renouvelle* le Voeu de
Louis XIII. au nom de la Compagnie. Et à
.■cause de ('absence de l' Archevêque deToulouíe
, à qui il appartient de droit jde recevoir le
voeu, l' Abbé Dejan, Chanoine de PEglife de
S. Sernin , fut nommé pour faire cette fonc
tion & pour officier durant les Prières de 40.
Jieures. On délibéra suffi fur les marques de
de joye qui dévoient suivre le Te Deum , Sc
,que toutes les Compagnies Supérieures seíoient
invitées d'assister au Voeu & au Te Deum*
Voici en abrégé de quelle manière cette Dé
libération fut exécutée. La Chapelle Royale
ctoit ornée de.ces belles & magnifiques Ta-
-pisseries qui ont appartenu à la Reine Margue
rite, qui en fit présent à un Jïvêque deRieux.
,de la Maison de Bertier Les trois Autels étoienx
.éclairez de plus de 100. flambeaux de cire
.blanche.
Le Cordon qui règne autour de la Chapelle
Royale , qui est une des plus belles & donjt
Je Plan est des plus réguliers qu'il y ait en
Europe , étoit couvejt de Laurier avec beau
coup d'art , &r en relevant la blancheur dej
Trumeaux > ornes d'une belle Architecture &
.d'une riche Sculpture > ce Cordon , dis-je,
formoit un coup d' oeil merveilleux. Ces Tru
meaux , fur lesquels font représentées les yer«-
tut & J^urs attributs , font de 1» main du sieur
JANVIER. 1730.
iî'Arcîs , célèbre Sculpteur & un des Membres
de l' Académie Royale de Sculpture , c'est un
Ouvrage très-estimé des Connoisseurs , & qui
tient un rang distingué dans le grand nombre
qu'on en voit dans la .Ville de Toulouse.
Les Portraits du Roi & de la Reine entoures
de flambeaux de cire blanche , furent placez
dans la Chapelle Royale , à une distance con
venable s & au milieu on avoit élevé un riche
Ecusson des Armes de Monseigneur lu
DAURHiN.lemêmequi futfait lorsqu'on exécuta
le Voeu pour la première fois car ordre de
Louis XIII.
Le Vestibule étoit auflì orné de riches Ta
pisseries & d'un grand nombre de bougies.,
posées fur des Girandoles , ainsi que tout l'interieur
des Galeries & les Coridors de la Cha
pelle Royale, dottt les Portes , íur lclquellcs il
y avoit des Arcs de Triomphe , étoient auífi
magnifiquement décorées , ainsi que les Murs,
qui étoient préparez pour une grande illumi-,
cation. '
Les Prières de quarante heures & le Voeu
furent annoncez la veille 19. Septembre après
midi par le son des Cloches , par le bruit des
Tambours & des Trompettes & par plusieurs
salves de la Moufqueterie du Guet , lesquelles
furent souvent réitérées avant & aptès les
premières Vêpres & la Bénédiction du Très-
Saint Sacrement ; ces démonstrations de joye
furent continuées pendant la nuit, ainsi que les
Fanfares , & on tira un grand nombre de Boè
tes & de Fusées-
Le Vendredy marin 50. Septembre , Fêté de
S. Jérôme, l'un des Patrons de la Compagnie ;
on fit dans la Chapelle Royale l'ouverture des
Prières de quarante heures.avec les cérémonies
E acr
«tf MERCURE DE FRANCE,
accoutumées. La Noblesse en très-grand nom
bre & un Peuple infini y affilièrent ; pendanp
qu'on celebroit des Messes aux trois Autels de
la Chapelle Royale, les Aumôniers de la Com7
pagnie distribuoient des aumônes aux pauvres;
malades & aux Prisonniers,
L 'après midi les Compagnies qui avoient
ité invitées pour affilier au Voeu &au Te Tieum,
íçavoir > la Chambre des Vacations > les Tré
soriers de France , TUniversité . le Senechal &
& les Capitouls , se rendirent en grand nombre
& en habits de cérémonie , dans la Chapelle
Royale. Les Capitouls étoient revêtus de leur
Manteau Comtal, & accompagnez des Officier j
de la Ville & de leur grand Cortège.
Le concours des personnes de la première
distinction, de tout sexe, & de la Noblesse, tant
de la Ville que de la Campagne & des Pro
vinces voisines , qui étoient venues avec emr
pressement pour assister au Voeu , fut extrordinaire.
Les Vêpres furent chantées avec beau
coup de solemnité & à plusieurs choeurs » eri
faux-bourdon , qui est une Musique propre Sc
particulière à 1a Chapelle Royale.
Les Vêpres finies , M. le Comte de Bioulle,
premier Commissaire , accompagné de M. Ie
Baron de Ferrand , Sous- Prieur j de M. de Pio
let , Président , Trésorier General de France ,
Censeur; de M. Puiol, Conseiller au Parlement
Consulteur, & de M. Cortade , Docteur ès
Droits & Avocat au Parlement, Syndic de la
Compagnie , seconds Commissaires nez ; de
M. le Comte de Pibrac , de M. le Marquis de
Pinsaguel, & d'un grand nombre d'autres.
Confrères , tous revêtus de leurs habits de
Pénitent, descendirent de la Tribune à la Chaflcjlc}
le Comte de Bioulle porcoic lcCiergs
JANVIER. 1730. 87
duVoeu.du poids de sept livres, orné de Fleurs
de Lys d'or , des Armes du Roi , de Monsei-
.cneur le Dauphin , d'L L. couronnées Sc
de Dauphins^ ce Cierge étoit garni de Velours
avec des Crépines d'or,à laiiautéur de la maint
les quatre seconds .Commissaires portoient ua
court Bâton de couleur bleuë , orné de Fleurs
de Lys d'argenti les autres Confrères portoienc
,des flambeaux de cire blanche , & quatre d'entr'eux
portant des Bâtons de cérémonie , fer-
:moicnt la marche. Les Commissaires étant ar»
rivezà l'Autel après M. l'Abbé Dejean , Offi-
.ciant , qui étoit en Chape de Moëre d'argent»
assis dans un Fauteuil doré.à côtelé l'Evangile,
ils se mirent â genotix.sur Ja première marche
de l' Autel, & après s'être prosternez, le Comte
de Bioulle , premier Comirissaire, prononça
à haute voix lefToeu qui fuit.
Notre Confrérie Royale S' étant toujours par
ticulièrement intereffée en tout ce qui regarde
les avantages de la sacrée Personne du Roi & de
la Famille Roy »le^ & ayant méme lieu de croire
que Dieu a eu égard à ses voeux & à ses_prieres
par les BtnediBions que le Ciel a répandues dan*
Ja'Naiffance & la conservation du Koï, heureu
sement régnant, & depuis feu de jours en Vheureufe
Naissance de Monseigneur .le Dau
phin , notre Compagnie Royale désirant d'ete
témoigner sa recçnnoiffance publique ><& -vou
lant faire tous ses pieux efforts pour ottenir
du Ciel la conservation de la sacrée Personne
du Roi , de la Reine , & en particulier de
Monsegneur le Dauphin , & de toute la
Famille Royale , elle a résolu de vouer & de
promettre , comme en effet elle voue & promet
far ma bouche , en qualité d'ancien Prieur &
E ij de
'fi MERCURE DE FRANCE.
de premier Commissaire , a Dieu & à la sainte
Vierge notre Protectrice & de la France , *
St Jérôme , à S. Louis , à sainte Magielaint ,
nos Patrons , à toute la Cour Céleste , & à vous
Monsieur, de faire exposer le Très Saint Sacre
ment dans notre Chapelle Royale durant trois
jours consécutifs^ & de faire célébrer autant de
Messes qu'il se pourra pendant çes trois jours
k cette intention, d' aller Samedi prochain en
Procession à l 'Eglise Abbatiale de S. Sernin, pour
implorer le secours des Saints , dont les sacrées
Reliques reposent dans cette Eglise , & de dire
jt genoux cinqfois le Pater & cinq fois /'Ave
Maria > tous let Vendredis , dans notre Chapelle , ■
en présence du Tres-Saint Sacrement , âpres les
Prières accoutumées l?ro Rege > é1 {« durant
dix année? à compter de ce jour jo. Septembre
I72-9- *
A quoiM.l'Abbé Dejean,Officiant,répondit :
J'accepte , Monsieur ', le Voeu que vous venez,
défaire au nom de la Compagnie Royale, Ó?
f#r le ^ele & la ferveur que'je vois paroitrtj
dans toute cette illustre & Royale Compagnie ,
j'espete avfc constance que notre Voeu ser&
exaucé , & par l' honneur que j'ai de recevoir
eeVoeuen ï absence Je M. l' Archevêque deTÔulf>
use , notre Confrère , & en qualité d'ancien
S.eus-Prieur de la Compagnie , j'y joindrai mes
Prières & les Saints Sacrifices pour obtenir du
Ciel son accomplissement.
. Le Comte deBioulle, premier Commissaire.
& les Commissaires nez , s'.ctant ensuite levez,
ils remontèrent à la Tribune dans le même
ordre qu'Us en étoient descendus , & le Comte
de Bioulle ayant pris la première place, & les;
autres Officiers & Confrères celles qui leur
conviennent » l'Abbé Dejean , pfficiant, enton-
S*
Janvier. ty}<í. Ì9
ja le Te Deum , qui fut chanté en Musique
&enSimphonie par beaucoup deVoix Si d'Instrumens
; il étoit de la composition de M. Va
lette , Maître de Musique de l'Eglise Abbatiale
de S Sernin , & il fut beaucoup applaudi.
, Après le Te Deum , on réitéra les salves
de Mousqueteric avant & après la Bénédic
tion du très- saint Sacrement, & vers les
septheuresi l'Ilhimination commença des deux
côtez de la grande rue des Penitcns Bleu»
dans toute son étendue ; cette rue est d'une
largeur extraordinaire , & toutes les Maisons
font d'une même élévation , ce qui favori*
soit beaucoup l'Illumination ; la Grande Por
te , les Combles & les Murs de la Cha»
pelle Royale étoient illuminez par un nom
bre infini d^. Globes de feu & de Falots
aux Armes du Roi , de la Reine & de Mon
seigneur le Dauphiìt , & aux Armes de la
Chapelle Royale, qui- sont un Lion d'or,,
sur un Chams d'Azur , avec ces mots San*.
me, Domine.
• Les Chanoines Réguliers de Saint Antoine,
?-fl'ociez ,á la .Compagnie Royalç , qui ont
leur Maison dans la grande Rue des PenitensBleus,
Maison Jorit la façade est tiès-belle,
l'illuminerent magnifiquement le même soir.
Sur les neuf heures , le Comte de Bioulle
, premier Commissaire , encore revêtu da
son habit de Pénitent, ainsi que les Com
missaires nez, alluma le feu qui ayoit été
préparé , tenant à la main un flambeau de
cire blanche , peint en bleu , &: oiné de
Fleurs de Lys d'or. Dès que le feu fut allu
mé , on fit plusieurs salves de Moufquete»
rie , & toute la Ruë, où il y avoit tm peu
ple infini , retentit des acclammations rené*
E iij K'CS
y<j MERCURE DE FRANCE.
iées de Vive le Rei , vive la Reine , vivt
Monseigneur le Dauphin. Les salves de Mousqueterie
furent suivies du son des trom
pettes , hautbois & tambours , qui ne fu
rent interrompus que par le grand uombre
de Boëtès & de Fusées qu'on tira pendant
la nuit.
Un long discours ne suffíroit pas pour
rapporter ici tous les pieux & differens exer
cices auxquels les Confrères de cette Roya
le Compagnie furent occupez pendant les
deux jours suivants. On n'a jamais vû paroi*
tre un plus grand zele , & donner plus d'é
dification. Les Prières de 401 heures furent
terminées le Dimanche au soir par la Bé
nédiction du. très-saint Sacrement , au bruit
- de la Mousqueterie & des Fapseres.
Les Confrères , & particulièrement les
Officiers de la Compagnie , qui avoient ma
gnifiquement illuminé Jeurs Hôtels le soir du
voeu , & pendant la première nuit , conti
nuèrent les Illuminations pendant les deusnuits
suivantes. Enfin la Compagnie Royale
n'a rien négligé pour que Tordre & la ma
gnificence de cette Fête pût être digne d'un
£ heureux événement. M. le Syndic , qui est
l'ame & le principal mobile de tout ce qui
fe fait dans cette Compagnie . ne s'est pas
contenté d'exercer en cette rencontre sonheureux
talent de la composition & de la
parole , il a aussi employé son génie uni
versel pour faire bien exécuter la délibéra
tion de la Compagnie , & on peut dire qu'il;
s'est surpafle .lui même en cette importante
occasion.
II nous reste à" ajouter ici deux ou trois
ft.errurqu.es historiques au sujet de cette
Corn-.
JANVIER. jjía 94
Compagnie , & de la Chapelle Royale.
Le Roi Louis XIII. lui fit l'honneur de voi*.
loir être inscrit sur ses Registres le tj. No
vembre iézi. Louis XIV. de glorieuse me«
moire , lui fit le même honneur le 19. Oo
tobre i6;9. M. Je Duc de Bourgogne le 16,
Février 1701. & M. le Duc de Berry le 17V
février de la même année.
Le 16. Octobre r«}t. Louis XIII. qui le
jo. Mars iíiï. avoit posé la première pierre
de la Chapelle Royale , fit dans la tribune
de cette Chapelle un voeu solemnel avec la
Reine, son Auguste Epouse , & toute la
Compagnie Royale, aííèmblée par ordre de
Leurs Majestez' , pour supplier la Divine
Bonté de donner un successeur au Roi. Ce
Voeu fut renouvellé annuellement jusqu'à la
Naissance de Louis XI V, & ensuite exécuté
& accompli pour & au nom de Leurs Ma
jestez , par ordre du Roi , au mois de Sep
tembre 16 j 8.
Ge Voeu solemnel fut encore exécuté 8c
renouvelle en x66i. à la Naissance du Dau
phin 3 fils de Louis XIV. & au mois d'Aoûe
ií8i. après la Naissance de M. le Duc de
Bourgogne , pere du Roi heureusement ré
gnant i ainsi que le 8. 9. & 10. Août 1704»
après la Naissance de M. le Duc de BretaH
gne, frère aîné de Sa Majesté. Fasse le Ciel
qu'il soie encore renouvellé à l'oecasion du
premier Prince > qui naîtra du nouveau
Dauphin.
Fermer
Résumé : Voeu Royal pour la Naissance du Dauphin, [titre d'après la table]
En 1729, la Compagnie Royale des Pénitents Bleus de Toulouse a célébré la naissance du Dauphin avec une série d'événements solennels. Le 17 septembre, lors d'une assemblée extraordinaire, M. Cortade, Docteur ès Droits, a prononcé un discours mettant en avant la naissance du Dauphin dans un contexte de paix et de piété. Il a rappelé le vœu fait par Louis XIII et la Reine Anne d'Autriche. La Compagnie a alors décidé d'organiser des prières de quarante heures et un Te Deum pour remercier Dieu. Les célébrations ont inclus des ornements somptueux dans la Chapelle Royale, des distributions d'aumônes, et la participation de la noblesse et du peuple. Le 20 septembre, après les vêpres, le Comte de Bioulle a renouvelé le vœu au nom de la Compagnie, promettant des prières et des messes pour la conservation du Roi, de la Reine et du Dauphin. L'Abbé Dejan a accepté ce vœu et a assuré ses prières pour son accomplissement.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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38
p. 159-168
RÉJOUISSANCES faites à Malte. Extrait de diverses Lettres.
Début :
Les nouvelles de la naissance du DAUPHIN n'étant arrivées à Malte que le 31. Octobre, [...]
Mots clefs :
Réjouissances, Naissance du Dauphin, Arc de triomphe, Roi, Reine, Fête, Messe, Dauphin
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texteReconnaissance textuelle : RÉJOUISSANCES faites à Malte. Extrait de diverses Lettres.
R&50V ISJN CES faites À Malte.
Extrait de diverses Lettres.
LEs nouvelles de la naissance du Daiiphtm
n'étant arrivées à Malte que le 5 %. Octobre»
on commença dçs ce même jour les prépara-
H ij tifs
téo MERCURE DE FRANCE,
tifs des Fêtes que la Religion, & plusieurs per
sonnes considérables de l'Ordre dévoient don
ner à cette occasion. LeBailly d' Avenes de Bo
cage, chargé des affaires du Roy en cette Iíle.est.
íe premier qui s'est distingue'. II fit dresser de
vant son Hôtel un Arc de triomphe de trenrç
pieds de hauteur, lequel occupoit toute la lar
geur de la ruç.Les 4 Colomnes Isolées de la Far
çade étoient ornées de festons , de feuillages
*& de fleurs. L'Attique qui surmontoit cet Arc
étoit orné de la même manière , & on y'voyoit
îes armes du Roy, de la Reine & duDAUPHiK,
avec cette Inscription ;
EX FOECUNDITATE RE©IA FELICI
TAS POPULI.
La Fête commença le soir du n Novembre
par une illumination, compoíee de quantité de
grands Lampions , couverts de papier tranfpa-
.'rent , où les armes du Roy , de la Reine & du
Dauphin étoient peintes séparément & placées
alternativement fur les Corniches & fur les
autres faillies de l'Arc de triomphe , ainsi que
fur les Portes les Fenêtes de 1' Hôtel du Bailly
d'Avernes,&fur celles des Maisons opposées :
rinfcrrption parut alors en lettres de feu.
A vingt pas de distance de l'Arc de triomphe
©n avoit élevé deux Piramides à jour.de vingr-
3uatre pieds de hauteur, garnies de haut en bas
e. quantité de Lampions , & surmontées par *
Globes lumineux. Ces Piramides jetcoient fur
l'Arc de Triomphe & aux environs un éclat
surprenant. Pendant cette illumination on eqr
tendoit une belle symphonie qui étoit placée
ïans u" Balcon assez près de l'Arc de triomphe.
On accouroit en foule à ce Spectacle; on fut
surcoût
JANVIER. 1730. U*
surtout charmée d'un beau Portrait du Roy ,
peint de grandeur naturelle, que M. le Baiíljr
a voie fait placer à l' entrée de son Hôtel sous un
Dais de Velours cramoisi , éclairé de quantité
de Flambeaux de cire blanche.
Le Dimanche 1 j. M. le Bailly fit chanter une
Messe solennelle à plusieurs Choeurs de Musi
que , dans l' Eglise des Jésuites , à laquelle le
Grand-Maure assista , accompagné des Grands
Croix, des Chevaliers , Officiers ,& autres
fiîembíes de l'Ordre qui yavoîentété invitez,-
L'Eglise écoit parée & éclairée extraordinai
rement. Un Portrait du Roy y étoitexpolésous
u a Pais magnifique. On avoit élevé audessus
As la grande Porte les Armes de Sa Majesté, dé
la Reine & du Dauphin, dans des Cartouches,
©tnez de Festons , de Feuillages & de Fleurs ;
& audessous on lisoit ce verset du Pseaume 71,
en lçttres d'or : Ueus' jttdicium tuum Régi d*9
Ô> justitiam tuxm filio Régis.
, . La Messe finie , l' Abbé Signoret fous Prieur
de l'Eglise de S. Jean qui l'avoit célébrée , en
tonna le Te Vùum , qui fut chanté par la Musioue
. aux Fanfares des Trompettes , des Timballes
& au bruit de J' Artillerie de nos Cava
liers , & de celle de tous les Bâtimens François
qiii se trouvèrent dans ce Port. Le Domine fol-
•vum sac Regem , fut chanté de la même ma
nière. Ensuite le Bailly de Bocage,accompagné
du Bailly de la Salle & du Bailly de Froulay ,
General des Galères , tous trois dé la Langue
de France, s'avancèrent à la porte de l'Eglise
f>our remercier le Grand - Maître & toutes
es personnes de l'Ordre ;qui avoient assisté à
«sotte cérémonie. Il s'étoit célébré depuis la
pointe du jour des Messes en plusieurs Eglises
e/ans la méúrte intent ion.
H iij U
îgi MERCURE DE FRANCE.^
te Bailly donna ensuite un splendide dîné,
qui fut servi sur deux Tables de quinze cou
verts chacune. Sur la fin du repas , les santez
du Roy, de la Reine, du Dauphin & du Grand-
Maître furent bues au bruit de l' Artillerie &
des Fanfares.Une Fontaine de vin à quatre jets
&extréirieinent ornée amusa le peuple jusqu'à
la nuit. On lisoit ces Vers au deslus de la Fon
taine :
"Emanure salent Tontes cum murmure Vtm~
phas ,
Hic sons fef'v» murmure vi-va fluit.
Currite jam populi , calices potate fréquentes t
Hec non Çolemnem , nunc ctlebrate diem i
JVjw ftecunda dédit D E L f H 1 Zt V M G Mi»
nobis 5 -
Ei nos DÈLPÍíISO Gaudia noflra danus.
On auroit peine à exprimer I'allegrefie du
peuple St à décrire les diverses Danses des Ma
telots Provençaux, des Maltois &c celles même
des Barbaresques. Le bruit confus des differens
Irstrumens de ces Nations , mêlez aux cris re
doublez de VIVE LE ROY , ne laissoit rien à
délirer au Ministre de Sa Majesté, qui excitoìc
lui- même la joye publique en plusieurs maniè
res , surtout par des envois de vivres & d'au
tres rafraîchiffemens , & en assistant abondam-
.nient les pauvres. II a eu la satisfaction de voir
que malgré ce mélange de Nations, la tran
quillité a toujours été paifaite dans cette soíemnité.
L'illumination recommença le soir comme la
nuit précédente , & fut continuée le troisième
jour presque jusqu'au lever du Soleil. L'Eglife
&
JaMVier: 17*0. i£i
Ùí le Collège des Jésuites furent aussi illumi
nez > ainsi que les Maisons des Chevaliers de la
Ration & celles de tous les François établis a
îrfalte. L'affluence a toujours été égale pendane
ces trois jours dans la maison du Bailly de Bo
cage, où l'on trouvoit toutes sortes de rafraî-
-chissemens , particulièrement des Glaces , des
Confitures & des Pares douces , qui sont trcs
en usage dans ce pais- ci»
Les Réjouissances qui ont été faites ici par
l'Ordre de S. Jean de Jérusalem, ont durétro»
jours consécutifs. Elles commencèrent le Di
manche ío Novembre par une Messe folemnelle
, célébrée pontificalement dans l'Eglise
de S.Jean, par le Piieutde cette Eglise, St chan
tée par une excellente Musque. S. A. Eminentissime
M, le Grand-Maine , y aslìila avec tout
le Corps de la Religion. Après la Méfie, le Te
reum fut chanté par la mème Musique, an
bruit d? plusieurs salves de toute l'Arùllerie de
Terre & de Mer.
Le G.- M. donna ensuite un superbe dîné ï
seize Grands-Croix , François , Allemands ,
Italiens, Espagnols, & Portugais : Le foison
tira un très-beau feu d'Artifice.
Le Lundi , les trois Langues de France firent
chanter une grande Messe & un Te Deam dans.
l'Eglise de S Jean , la Musique fut encore au- .
dessus de celle de la veille , le G. M. à la teste
de tout l'Ordre y assista; les Procureurs des
Langues présentèrent un magnifique bouque t
à S.A.E. & le soir il y eut encore un Feu d'Ar
tifice tiré devant le Palais. On exécuta ensuite
un très-beau Concert dans la Salle de l' Au
berge de France, ornée avec la derniere magni
ficence » & enrichie d'un Portrait du Roi placé "
t H iiij lous
1
r<?4 MERCURE' '-DE FRANCE.;
sous un Dais superbe. Le Concert étoít còirifosé
des meilleures voix . & de plus décent
Instrument. Le Conseil entier & toute la Reli-
Ijion s'y trouva ; on y laissa entrer les Maltois
es plus a.p païens , ce qui fit un concours de
Îrès de deux mille personnes. Les Paroles Itaennes
de ce Concert font de M. Cinnttr , Bajon
Maltois y elles furent fort applaudies.
Le Mardi , I" Auberge d'Arragon & le grand
Prieuré de Castille , firent chanter un Te Deum
dans F Eglise de S. Jean . auquel le Prieur de
cette Eglise , malgré son âge & fes infirmitezi,
continua d'orEcier pontificalement comme les
jours precedensi
La Langue Françoise donna ensuite à dîner î
plus de cent personnes de distinction. Il y eut
trois grandes Tables , dont la première étoit
remphe ptt le Conseil , parles trois premiers
Officiers, du G. M. & par quelques Chevaliers
qui en faifoient les honneurs. La seconde & latroisième
súrent occupées, par les Procureurs dé
toutes les sept Langues & par d'autres Cheva
liers. Les santez du Roi , de la Reine , du Dau«!
phin & du G. M» furent buës.au bruit de quatre
salves de Canons , les trois premières de n'w
coups chacune , & la derniere de dix- neuf
coups. La même chose suc observée au dîné
du G. M.
. Le soir les crois Langues de France firent
une grande Cocagne dans la Place de la Conservatorie
, laquelle fut livrée au Peuple suivant
ia coutume. Tous les ans le Lundi gras le
G. M. donne une pareille Fête. L» cocagne
Consiste en une grande abondance d'Ag
neaux, de Cochons de lait , de Poulets d'In
des > de Lapins , de Chapons , de Pigeons»
&c rôtis , avec quantité de fromages de Jam
bons»
JANVfER. *7?o. i6f
feons . &c. dont le Peuple est regalé. Celle
iiont il est ici question , coníìstoit en une grande
Piramide de Charpente , aussi haute que le toit
des Maisons de la Place ; elle étoic ornée de
feuillages , décorée de Peinture , d'Emblèmes,
&c. & garnie depuis le pied jusqu'au sommet,
de toute sorte de viandes rôties de la qualité
qu'on a dit , & de plusieurs autres choses pour
compoler un Regale parfait. La Compagnie
du G. M. entourait la Piramide , au haut dé
Jaquelle étoic arboré lin Drapeau. Au premier
bruit des Trompettes qui sonnèrent la charge»
une troupe d' Assaillans donna l'assaut, & on
vit fur tout les Matelots montrer une agilité
merveilleuse pour avoir la gloire de rapporter
le Drapeau , celui qui s'en rendit le Maître
reçut quelques sequins pour le prix de íbà
adresse , les autres furerrt dédommagez par le
pillage des viandes , c'étoit un spectacle di
vertissant de voir cette foule d'AffailIans grim
per fur la Piramide , qui n'en pouvoir contenir
qu'un certain nombre , ce qui causoit des chu
tes , des cùkbutes , & une divertissante con
fusion. On avoit rempli de feuillages toute la
Circonférence jusqu'à une certaine hauteur ,
afin que personne ne fut blessé en tombant-
Il y eut ensuite un Feu d'Artifice tiré devant
le Palais, & un grand Bal â l'Aiberge de
ïrance , qui s'est distingué par la profusion des
rafraîchissemèns , par l'illuinination dè la Sale,,
par le choix dès Ihstrumens , & par le boa
accueil fait à tous ceux qui se sont presenteí *
les Baillis de Bocage & de Froulay firent les
honneurs de ce Bal.
Pendant ces trois jours consécutifs , ia Reli*
gion , M. T Evêque & tous les Maltslis ont faife
de très-belles illuminations : Les trois Langue!
H v on*
jgg MERCURE DE FRANCE.
cnt saïc couler des Fontaines de vin : mais Ii
Langue de France a fait toutes choses par pro
fusion. Elle a fait distribuer de grandes chaiitez,
non seuleraenc à tous les Pauvres manrdians
, mais particulièrement aux Pauvres hon
teux , & à toutes les Familles qui lont dans
le besoin.
Je crois , au reste , que dan? cette folemnité
il s'est tiré plus de deux mille coups de Canon,
car on n'a pas cessé de tirer , soit des Fortifi
cations , soit des Bâtimens de Mer , pendant
les grandes Messes , & les Te Veum , faus
compter les salves qui ont été faites durant les
festins , &c.
Entre toutes les Fêtes qui ont été données
ici à l'oecasion de la Naissance du Dauphin j
celle que le Bailly de Froulay , General des
Armées Navales de la Religion , donna le 14.
Novembre , a été fans contredit la plus bril
lant, & la plus au gout de tout le monde.
■ Elie commença par une illumination des
Galères , la plus ample, & la mieux exécutée
qu'on eut encore vûëd,ms cette Iíles les tentes,
les flamfS . & les pavois , y paroissoient toutes
en feu , les rames étendues étoient garnies de
lampions jusqu'à l'extiêmité. On avoit élevé
sur la Poupe de la Capitane à la Place da
Srand Fanal , les Armes du Dauphin fur le
evant d'une michine de 14 pieds de hauteur ,
au bas on li'oit ecte Inscription » Du tiii
PBUT avnos. Les Armoiries étoient couvertes
d'une tenture de damis cranv iíì & »lus de
700 Li niions glacez dans cette machine de
voir nt les éclairer.
Les GMiièS étoient rangées fur une même
ligne rjtre la poi ite de S. Ange Sí celle d< l'Isle
de h Sangle , tk lorsque tout suc allumé le
Grand,
JANVIER. 1730. 167
Grand- Maître qui étoit à sonSe'veder du Port»
donna un signal auquel la tenture de damas
tomba , & les Armes du Dauphin parurent
très-bri!lantes. Les Galères les saluèrent de
trois salves reales con secu ives , de la voix . de
la Moufqueterie , &du Canon ; dans les intervales
des salves on entendoit les Fanfares des
Trompettes , ies Timbales , les Hautbois &
plusieurs autres Inilrumens , placez fous Je
Belveder du Grand- Maître.
Les salves finies, on vit paroître une Ga*
liotte à 18 rames , illuminée d'un côté , & qui
debouchoitde derrière la pointe de Vlûe; aussi
tôt tous les Cliques & les Felonques des Ga
lères , aussi illuminées , allèrent la reconnoître,
la Galiotte prit bientôt chafle , les Felouques
la suivirent , & dès qu'elles en furent à portée,
le combat commença par des décharges réci
proques de moufqueterie & par des grenade9
qui bruloient mèms dans la Mer. La Galiotte
preiïée par les Caiqr.es fut forcée de passer fous
le balcon du Grand M.îcre, où le Feu fut beau
coup plus vif, elle s'ouvrit ensuite un passage,
& fit force de rames pour fuir du côté du Pa
lais de Sichi- Les Caiques & les Felouques !a
íuivoient de près , & lui jettoient fans celïë
des feux ; elle fut encore jointe, ce qui l'obligea
de passer fous la pointe de S. 4ng e, & fort près
des Galères , lesquelles lui lâchèrent quelques
coups de Canon , dont son-principal mâtpamt
abatu : Alors les Caiques l'environnerent, l'abordage
fut vif, & ranimosité qui parut de
part & d'autre représenta parfaitement bien un
Véritable combar. Enfin on vit le feu prendre
à la Galiotte qni fut consumée au milieu du
Port. Pendant tout ce jeu qui fut très-bien exé
cuté , les Galeries tiroient continuellement
H vj des
Vs8 MERCURH DE PRANCE.
des Fusées , des Pots à feu & d'autres Artifices
Il parut ensuite un gran.i Soleil au haut du.
mât de la Capitane qui servit designai aux au
tres Galères pour exécuter quantité de roues ,
de fontaines de feu » & d'autres Artifices. En
fin deux Girandoles de Fusées parties de la
proiie de la Capitane> remplirent Pair de leur*
feux , lesquels étant joints à ceux de quantité
de tonneaux gaudronnez , qui bruloient au
tour des pointes de S. Ange & de l'ifle > & qui
íè repetoient dans la Mer , la faisoientparoître
toute en feu. Le tout ensemble forma un des
plus beaux spectacles qu'on puiflè voir en ce
genre.
Après ce divertissement > M. le General de
Froulay , donna dans son Palais un magnifique
souper aux Chevaliers de toutes les Nations.
Les santez duRoy, de la Reine » du Dauphin
& des autres Potentats Catholiques de l'Europe
y furent célébrées au bruit du Canon du Châ
teau & des Galères. Après le louper on palla
dans la Salle du Bal , où se trouvèrent quatre
jeunes Maltois , du Corps des Galères , & au
tant de filles qu'ils avoient épousées le matin »
&que le General avoit dotées. Pendant le Bal
qui dura jusqu'au jour , on servit toutes sortes
de rafraîchissement. Et pendant toute cette
Sête , il y eut fur le Quay plusieurs Fontaines,
de vin pour les Equipages & pour les Forçats»,
plusieurs desquels furent mis en liberté.
Extrait de diverses Lettres.
LEs nouvelles de la naissance du Daiiphtm
n'étant arrivées à Malte que le 5 %. Octobre»
on commença dçs ce même jour les prépara-
H ij tifs
téo MERCURE DE FRANCE,
tifs des Fêtes que la Religion, & plusieurs per
sonnes considérables de l'Ordre dévoient don
ner à cette occasion. LeBailly d' Avenes de Bo
cage, chargé des affaires du Roy en cette Iíle.est.
íe premier qui s'est distingue'. II fit dresser de
vant son Hôtel un Arc de triomphe de trenrç
pieds de hauteur, lequel occupoit toute la lar
geur de la ruç.Les 4 Colomnes Isolées de la Far
çade étoient ornées de festons , de feuillages
*& de fleurs. L'Attique qui surmontoit cet Arc
étoit orné de la même manière , & on y'voyoit
îes armes du Roy, de la Reine & duDAUPHiK,
avec cette Inscription ;
EX FOECUNDITATE RE©IA FELICI
TAS POPULI.
La Fête commença le soir du n Novembre
par une illumination, compoíee de quantité de
grands Lampions , couverts de papier tranfpa-
.'rent , où les armes du Roy , de la Reine & du
Dauphin étoient peintes séparément & placées
alternativement fur les Corniches & fur les
autres faillies de l'Arc de triomphe , ainsi que
fur les Portes les Fenêtes de 1' Hôtel du Bailly
d'Avernes,&fur celles des Maisons opposées :
rinfcrrption parut alors en lettres de feu.
A vingt pas de distance de l'Arc de triomphe
©n avoit élevé deux Piramides à jour.de vingr-
3uatre pieds de hauteur, garnies de haut en bas
e. quantité de Lampions , & surmontées par *
Globes lumineux. Ces Piramides jetcoient fur
l'Arc de Triomphe & aux environs un éclat
surprenant. Pendant cette illumination on eqr
tendoit une belle symphonie qui étoit placée
ïans u" Balcon assez près de l'Arc de triomphe.
On accouroit en foule à ce Spectacle; on fut
surcoût
JANVIER. 1730. U*
surtout charmée d'un beau Portrait du Roy ,
peint de grandeur naturelle, que M. le Baiíljr
a voie fait placer à l' entrée de son Hôtel sous un
Dais de Velours cramoisi , éclairé de quantité
de Flambeaux de cire blanche.
Le Dimanche 1 j. M. le Bailly fit chanter une
Messe solennelle à plusieurs Choeurs de Musi
que , dans l' Eglise des Jésuites , à laquelle le
Grand-Maure assista , accompagné des Grands
Croix, des Chevaliers , Officiers ,& autres
fiîembíes de l'Ordre qui yavoîentété invitez,-
L'Eglise écoit parée & éclairée extraordinai
rement. Un Portrait du Roy y étoitexpolésous
u a Pais magnifique. On avoit élevé audessus
As la grande Porte les Armes de Sa Majesté, dé
la Reine & du Dauphin, dans des Cartouches,
©tnez de Festons , de Feuillages & de Fleurs ;
& audessous on lisoit ce verset du Pseaume 71,
en lçttres d'or : Ueus' jttdicium tuum Régi d*9
Ô> justitiam tuxm filio Régis.
, . La Messe finie , l' Abbé Signoret fous Prieur
de l'Eglise de S. Jean qui l'avoit célébrée , en
tonna le Te Vùum , qui fut chanté par la Musioue
. aux Fanfares des Trompettes , des Timballes
& au bruit de J' Artillerie de nos Cava
liers , & de celle de tous les Bâtimens François
qiii se trouvèrent dans ce Port. Le Domine fol-
•vum sac Regem , fut chanté de la même ma
nière. Ensuite le Bailly de Bocage,accompagné
du Bailly de la Salle & du Bailly de Froulay ,
General des Galères , tous trois dé la Langue
de France, s'avancèrent à la porte de l'Eglise
f>our remercier le Grand - Maître & toutes
es personnes de l'Ordre ;qui avoient assisté à
«sotte cérémonie. Il s'étoit célébré depuis la
pointe du jour des Messes en plusieurs Eglises
e/ans la méúrte intent ion.
H iij U
îgi MERCURE DE FRANCE.^
te Bailly donna ensuite un splendide dîné,
qui fut servi sur deux Tables de quinze cou
verts chacune. Sur la fin du repas , les santez
du Roy, de la Reine, du Dauphin & du Grand-
Maître furent bues au bruit de l' Artillerie &
des Fanfares.Une Fontaine de vin à quatre jets
&extréirieinent ornée amusa le peuple jusqu'à
la nuit. On lisoit ces Vers au deslus de la Fon
taine :
"Emanure salent Tontes cum murmure Vtm~
phas ,
Hic sons fef'v» murmure vi-va fluit.
Currite jam populi , calices potate fréquentes t
Hec non Çolemnem , nunc ctlebrate diem i
JVjw ftecunda dédit D E L f H 1 Zt V M G Mi»
nobis 5 -
Ei nos DÈLPÍíISO Gaudia noflra danus.
On auroit peine à exprimer I'allegrefie du
peuple St à décrire les diverses Danses des Ma
telots Provençaux, des Maltois &c celles même
des Barbaresques. Le bruit confus des differens
Irstrumens de ces Nations , mêlez aux cris re
doublez de VIVE LE ROY , ne laissoit rien à
délirer au Ministre de Sa Majesté, qui excitoìc
lui- même la joye publique en plusieurs maniè
res , surtout par des envois de vivres & d'au
tres rafraîchiffemens , & en assistant abondam-
.nient les pauvres. II a eu la satisfaction de voir
que malgré ce mélange de Nations, la tran
quillité a toujours été paifaite dans cette soíemnité.
L'illumination recommença le soir comme la
nuit précédente , & fut continuée le troisième
jour presque jusqu'au lever du Soleil. L'Eglife
&
JaMVier: 17*0. i£i
Ùí le Collège des Jésuites furent aussi illumi
nez > ainsi que les Maisons des Chevaliers de la
Ration & celles de tous les François établis a
îrfalte. L'affluence a toujours été égale pendane
ces trois jours dans la maison du Bailly de Bo
cage, où l'on trouvoit toutes sortes de rafraî-
-chissemens , particulièrement des Glaces , des
Confitures & des Pares douces , qui sont trcs
en usage dans ce pais- ci»
Les Réjouissances qui ont été faites ici par
l'Ordre de S. Jean de Jérusalem, ont durétro»
jours consécutifs. Elles commencèrent le Di
manche ío Novembre par une Messe folemnelle
, célébrée pontificalement dans l'Eglise
de S.Jean, par le Piieutde cette Eglise, St chan
tée par une excellente Musque. S. A. Eminentissime
M, le Grand-Maine , y aslìila avec tout
le Corps de la Religion. Après la Méfie, le Te
reum fut chanté par la mème Musique, an
bruit d? plusieurs salves de toute l'Arùllerie de
Terre & de Mer.
Le G.- M. donna ensuite un superbe dîné ï
seize Grands-Croix , François , Allemands ,
Italiens, Espagnols, & Portugais : Le foison
tira un très-beau feu d'Artifice.
Le Lundi , les trois Langues de France firent
chanter une grande Messe & un Te Deam dans.
l'Eglise de S Jean , la Musique fut encore au- .
dessus de celle de la veille , le G. M. à la teste
de tout l'Ordre y assista; les Procureurs des
Langues présentèrent un magnifique bouque t
à S.A.E. & le soir il y eut encore un Feu d'Ar
tifice tiré devant le Palais. On exécuta ensuite
un très-beau Concert dans la Salle de l' Au
berge de France, ornée avec la derniere magni
ficence » & enrichie d'un Portrait du Roi placé "
t H iiij lous
1
r<?4 MERCURE' '-DE FRANCE.;
sous un Dais superbe. Le Concert étoít còirifosé
des meilleures voix . & de plus décent
Instrument. Le Conseil entier & toute la Reli-
Ijion s'y trouva ; on y laissa entrer les Maltois
es plus a.p païens , ce qui fit un concours de
Îrès de deux mille personnes. Les Paroles Itaennes
de ce Concert font de M. Cinnttr , Bajon
Maltois y elles furent fort applaudies.
Le Mardi , I" Auberge d'Arragon & le grand
Prieuré de Castille , firent chanter un Te Deum
dans F Eglise de S. Jean . auquel le Prieur de
cette Eglise , malgré son âge & fes infirmitezi,
continua d'orEcier pontificalement comme les
jours precedensi
La Langue Françoise donna ensuite à dîner î
plus de cent personnes de distinction. Il y eut
trois grandes Tables , dont la première étoit
remphe ptt le Conseil , parles trois premiers
Officiers, du G. M. & par quelques Chevaliers
qui en faifoient les honneurs. La seconde & latroisième
súrent occupées, par les Procureurs dé
toutes les sept Langues & par d'autres Cheva
liers. Les santez du Roi , de la Reine , du Dau«!
phin & du G. M» furent buës.au bruit de quatre
salves de Canons , les trois premières de n'w
coups chacune , & la derniere de dix- neuf
coups. La même chose suc observée au dîné
du G. M.
. Le soir les crois Langues de France firent
une grande Cocagne dans la Place de la Conservatorie
, laquelle fut livrée au Peuple suivant
ia coutume. Tous les ans le Lundi gras le
G. M. donne une pareille Fête. L» cocagne
Consiste en une grande abondance d'Ag
neaux, de Cochons de lait , de Poulets d'In
des > de Lapins , de Chapons , de Pigeons»
&c rôtis , avec quantité de fromages de Jam
bons»
JANVfER. *7?o. i6f
feons . &c. dont le Peuple est regalé. Celle
iiont il est ici question , coníìstoit en une grande
Piramide de Charpente , aussi haute que le toit
des Maisons de la Place ; elle étoic ornée de
feuillages , décorée de Peinture , d'Emblèmes,
&c. & garnie depuis le pied jusqu'au sommet,
de toute sorte de viandes rôties de la qualité
qu'on a dit , & de plusieurs autres choses pour
compoler un Regale parfait. La Compagnie
du G. M. entourait la Piramide , au haut dé
Jaquelle étoic arboré lin Drapeau. Au premier
bruit des Trompettes qui sonnèrent la charge»
une troupe d' Assaillans donna l'assaut, & on
vit fur tout les Matelots montrer une agilité
merveilleuse pour avoir la gloire de rapporter
le Drapeau , celui qui s'en rendit le Maître
reçut quelques sequins pour le prix de íbà
adresse , les autres furerrt dédommagez par le
pillage des viandes , c'étoit un spectacle di
vertissant de voir cette foule d'AffailIans grim
per fur la Piramide , qui n'en pouvoir contenir
qu'un certain nombre , ce qui causoit des chu
tes , des cùkbutes , & une divertissante con
fusion. On avoit rempli de feuillages toute la
Circonférence jusqu'à une certaine hauteur ,
afin que personne ne fut blessé en tombant-
Il y eut ensuite un Feu d'Artifice tiré devant
le Palais, & un grand Bal â l'Aiberge de
ïrance , qui s'est distingué par la profusion des
rafraîchissemèns , par l'illuinination dè la Sale,,
par le choix dès Ihstrumens , & par le boa
accueil fait à tous ceux qui se sont presenteí *
les Baillis de Bocage & de Froulay firent les
honneurs de ce Bal.
Pendant ces trois jours consécutifs , ia Reli*
gion , M. T Evêque & tous les Maltslis ont faife
de très-belles illuminations : Les trois Langue!
H v on*
jgg MERCURE DE FRANCE.
cnt saïc couler des Fontaines de vin : mais Ii
Langue de France a fait toutes choses par pro
fusion. Elle a fait distribuer de grandes chaiitez,
non seuleraenc à tous les Pauvres manrdians
, mais particulièrement aux Pauvres hon
teux , & à toutes les Familles qui lont dans
le besoin.
Je crois , au reste , que dan? cette folemnité
il s'est tiré plus de deux mille coups de Canon,
car on n'a pas cessé de tirer , soit des Fortifi
cations , soit des Bâtimens de Mer , pendant
les grandes Messes , & les Te Veum , faus
compter les salves qui ont été faites durant les
festins , &c.
Entre toutes les Fêtes qui ont été données
ici à l'oecasion de la Naissance du Dauphin j
celle que le Bailly de Froulay , General des
Armées Navales de la Religion , donna le 14.
Novembre , a été fans contredit la plus bril
lant, & la plus au gout de tout le monde.
■ Elie commença par une illumination des
Galères , la plus ample, & la mieux exécutée
qu'on eut encore vûëd,ms cette Iíles les tentes,
les flamfS . & les pavois , y paroissoient toutes
en feu , les rames étendues étoient garnies de
lampions jusqu'à l'extiêmité. On avoit élevé
sur la Poupe de la Capitane à la Place da
Srand Fanal , les Armes du Dauphin fur le
evant d'une michine de 14 pieds de hauteur ,
au bas on li'oit ecte Inscription » Du tiii
PBUT avnos. Les Armoiries étoient couvertes
d'une tenture de damis cranv iíì & »lus de
700 Li niions glacez dans cette machine de
voir nt les éclairer.
Les GMiièS étoient rangées fur une même
ligne rjtre la poi ite de S. Ange Sí celle d< l'Isle
de h Sangle , tk lorsque tout suc allumé le
Grand,
JANVIER. 1730. 167
Grand- Maître qui étoit à sonSe'veder du Port»
donna un signal auquel la tenture de damas
tomba , & les Armes du Dauphin parurent
très-bri!lantes. Les Galères les saluèrent de
trois salves reales con secu ives , de la voix . de
la Moufqueterie , &du Canon ; dans les intervales
des salves on entendoit les Fanfares des
Trompettes , ies Timbales , les Hautbois &
plusieurs autres Inilrumens , placez fous Je
Belveder du Grand- Maître.
Les salves finies, on vit paroître une Ga*
liotte à 18 rames , illuminée d'un côté , & qui
debouchoitde derrière la pointe de Vlûe; aussi
tôt tous les Cliques & les Felonques des Ga
lères , aussi illuminées , allèrent la reconnoître,
la Galiotte prit bientôt chafle , les Felouques
la suivirent , & dès qu'elles en furent à portée,
le combat commença par des décharges réci
proques de moufqueterie & par des grenade9
qui bruloient mèms dans la Mer. La Galiotte
preiïée par les Caiqr.es fut forcée de passer fous
le balcon du Grand M.îcre, où le Feu fut beau
coup plus vif, elle s'ouvrit ensuite un passage,
& fit force de rames pour fuir du côté du Pa
lais de Sichi- Les Caiques & les Felouques !a
íuivoient de près , & lui jettoient fans celïë
des feux ; elle fut encore jointe, ce qui l'obligea
de passer fous la pointe de S. 4ng e, & fort près
des Galères , lesquelles lui lâchèrent quelques
coups de Canon , dont son-principal mâtpamt
abatu : Alors les Caiques l'environnerent, l'abordage
fut vif, & ranimosité qui parut de
part & d'autre représenta parfaitement bien un
Véritable combar. Enfin on vit le feu prendre
à la Galiotte qni fut consumée au milieu du
Port. Pendant tout ce jeu qui fut très-bien exé
cuté , les Galeries tiroient continuellement
H vj des
Vs8 MERCURH DE PRANCE.
des Fusées , des Pots à feu & d'autres Artifices
Il parut ensuite un gran.i Soleil au haut du.
mât de la Capitane qui servit designai aux au
tres Galères pour exécuter quantité de roues ,
de fontaines de feu » & d'autres Artifices. En
fin deux Girandoles de Fusées parties de la
proiie de la Capitane> remplirent Pair de leur*
feux , lesquels étant joints à ceux de quantité
de tonneaux gaudronnez , qui bruloient au
tour des pointes de S. Ange & de l'ifle > & qui
íè repetoient dans la Mer , la faisoientparoître
toute en feu. Le tout ensemble forma un des
plus beaux spectacles qu'on puiflè voir en ce
genre.
Après ce divertissement > M. le General de
Froulay , donna dans son Palais un magnifique
souper aux Chevaliers de toutes les Nations.
Les santez duRoy, de la Reine » du Dauphin
& des autres Potentats Catholiques de l'Europe
y furent célébrées au bruit du Canon du Châ
teau & des Galères. Après le louper on palla
dans la Salle du Bal , où se trouvèrent quatre
jeunes Maltois , du Corps des Galères , & au
tant de filles qu'ils avoient épousées le matin »
&que le General avoit dotées. Pendant le Bal
qui dura jusqu'au jour , on servit toutes sortes
de rafraîchissement. Et pendant toute cette
Sête , il y eut fur le Quay plusieurs Fontaines,
de vin pour les Equipages & pour les Forçats»,
plusieurs desquels furent mis en liberté.
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Résumé : RÉJOUISSANCES faites à Malte. Extrait de diverses Lettres.
Les festivités à Malte pour célébrer la naissance du Dauphin débutèrent le 5 octobre 1729, après l'annonce de la nouvelle. Le Bailly d'Avernes de Bocage, représentant du roi, organisa diverses réjouissances, incluant un arc de triomphe décoré des armes du roi, de la reine et du Dauphin. Le 11 novembre, une illumination fut réalisée avec des lampions représentant les armes royales, et deux pyramides lumineuses furent érigées. Le 12 novembre, une messe solennelle fut célébrée dans l'église des Jésuites en présence du Grand-Maître et des membres de l'Ordre. Un portrait du roi fut exposé, et des salves d'artillerie furent tirées, suivies d'un dîner offert par le Bailly, avec des danses et des distributions de vivres. Les célébrations se poursuivirent avec des messes, des Te Deum, des feux d'artifice et des concerts. Le Grand-Maître organisa un dîner pour les Grands-Croix et un feu d'artifice. Les Langues de France, d'Arragon et de Castille organisèrent également des messes et des dîners. Une grande cocagne fut organisée sur la place de la Conservatorie, offrant une abondance de nourriture au peuple, accompagnée d'illuminations et de fontaines de vin. Le Bailly de Froulay organisa une illumination des galères le 14 novembre, avec des salves de canon et des combats simulés entre une galiotte et des caiques. Les festivités inclurent des illuminations, des concerts et des distributions de vivres aux pauvres. Plus de deux mille coups de canon furent tirés durant ces trois jours de célébrations. Le spectacle pyrotechnique des galères fut particulièrement impressionnant, avec un combat naval simulé culminant par l'incendie d'une galiote. Les galères tirèrent continuellement des fusées et des pots à feu, créant une scène spectaculaire où la mer semblait en feu. Après le divertissement, le général de Froulay offrit un somptueux souper aux Chevaliers de toutes les nations dans son palais. Les santés du Roi, de la Reine, du Dauphin et des autres potentats catholiques d'Europe furent célébrées au son du canon. Suivant le souper, les invités se rendirent dans la salle de bal où se trouvaient quatre jeunes Maltais du corps des galères et leurs épouses, mariées le matin même et dotées par le général. Le bal dura jusqu'au matin, accompagné de rafraîchissements. Sur le quai, plusieurs fontaines de vin furent installées pour les équipages et les forçats, certains d'entre eux étant libérés.
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39
p. 567-569
COUPLETS.
Début :
Ce n'est point à la Trompette, [...]
Mots clefs :
Naissance du Dauphin, Dauphin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : COUPLETS.
COUPLETS.
CE n'eft point à la
Trompette
A chanter notre Dauphin ,
C'eſt à vous , tendre Muſette ;
Chantez fon heureux deftin.
Sorti du plus beau Sang du Monde ,
Il nous promet un Héros ;
Né dans la paix la plus profonde ,
Il nous annonce le
repos.
Refrein.
Chantez , chantez , tendre Mufette
Notre bonheur & fon deftin.
Qu'après vous , l'écho répete ;
Vive , vive notre Dauphin.
柒
Dans les jours de fa colere ;
Le Ciel nous avoit punis ;
568 MERCURE DE FRANCE,
Sa main jufte , mais fevere ,
Avoit moiffonné nos Lys .
Par un retour de la clémence ,
Le Ciel à feché nos pleurs ;
Donner un Dauphin à la France ,
C'eft réparer tous nos malheurs.
Chantez , chantez , &c .
2
Tout Peuple , à l'envi , celebre
Le fort du Dauphin nouveau
Par divers prodiges l'Ebre
Vient éclairer fon Berceau.
Sur cet Enfant le Tibre arrête
Ses plus amoureux regards ,
Et pour lui fe met plus en fête ,
Qu'à la naiffance des Cefars ,
Chantez , chantez , &c.
Venez , aimable Jeuneſſe ,
Témoigez-lui votre amour ;
Notre âge nous intereffe
A lui faire notre cour.
Tous doivent chanter fa Naiffance
Le Dauphin eft né pour tous.
Moins éloignez de fon Enfance ,
Il eft encor plus né pour nous.
Chantez , chantez , &c.
Dans
MARS. 1730. 559
*
Dans ce jour qui nous rappelle
La Naiffance de Louis ,
Faifons voir un même zele ,
Pour le Pere & pour le Fils.
L'un fans prendre en main fon Tonnerre ;
A furpaffé les Vainqueurs ;
L'autre fans regner fur la Terre ,
Regne en naiffant fur tous les coeurs.
Chantez , chantez, tendre Muſette ,
Notre bonheur & leur deftin ;
Qu'après vous l'Echo repete ,
Vive Louis & fon Dauphin.
>
* Cette petite Fête Paſtorale ſe donna le 【e.
Février , jour de la Naiſſance du Roi. Réciterent
les Idles , André de Creil , Louis de Maupeou
de Bruyeres , Eugene Blondel d'Aubert
Vincent Maynon. Chants. Chantala Mufette ,
Louis Marie de la Salle . Accompagnérent avec
des Inftrumens de Mufique , Gabriël de Trellon,
Michel Larcher , Pierre Couet.
CE n'eft point à la
Trompette
A chanter notre Dauphin ,
C'eſt à vous , tendre Muſette ;
Chantez fon heureux deftin.
Sorti du plus beau Sang du Monde ,
Il nous promet un Héros ;
Né dans la paix la plus profonde ,
Il nous annonce le
repos.
Refrein.
Chantez , chantez , tendre Mufette
Notre bonheur & fon deftin.
Qu'après vous , l'écho répete ;
Vive , vive notre Dauphin.
柒
Dans les jours de fa colere ;
Le Ciel nous avoit punis ;
568 MERCURE DE FRANCE,
Sa main jufte , mais fevere ,
Avoit moiffonné nos Lys .
Par un retour de la clémence ,
Le Ciel à feché nos pleurs ;
Donner un Dauphin à la France ,
C'eft réparer tous nos malheurs.
Chantez , chantez , &c .
2
Tout Peuple , à l'envi , celebre
Le fort du Dauphin nouveau
Par divers prodiges l'Ebre
Vient éclairer fon Berceau.
Sur cet Enfant le Tibre arrête
Ses plus amoureux regards ,
Et pour lui fe met plus en fête ,
Qu'à la naiffance des Cefars ,
Chantez , chantez , &c.
Venez , aimable Jeuneſſe ,
Témoigez-lui votre amour ;
Notre âge nous intereffe
A lui faire notre cour.
Tous doivent chanter fa Naiffance
Le Dauphin eft né pour tous.
Moins éloignez de fon Enfance ,
Il eft encor plus né pour nous.
Chantez , chantez , &c.
Dans
MARS. 1730. 559
*
Dans ce jour qui nous rappelle
La Naiffance de Louis ,
Faifons voir un même zele ,
Pour le Pere & pour le Fils.
L'un fans prendre en main fon Tonnerre ;
A furpaffé les Vainqueurs ;
L'autre fans regner fur la Terre ,
Regne en naiffant fur tous les coeurs.
Chantez , chantez, tendre Muſette ,
Notre bonheur & leur deftin ;
Qu'après vous l'Echo repete ,
Vive Louis & fon Dauphin.
>
* Cette petite Fête Paſtorale ſe donna le 【e.
Février , jour de la Naiſſance du Roi. Réciterent
les Idles , André de Creil , Louis de Maupeou
de Bruyeres , Eugene Blondel d'Aubert
Vincent Maynon. Chants. Chantala Mufette ,
Louis Marie de la Salle . Accompagnérent avec
des Inftrumens de Mufique , Gabriël de Trellon,
Michel Larcher , Pierre Couet.
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Résumé : COUPLETS.
Le poème célèbre la naissance du Dauphin, fils du roi de France, en invitant la musette à chanter son bonheur et son destin heureux. Le Dauphin, issu du 'plus beau Sang du Monde', est annoncé comme un héros prometteur de paix. Le refrain répète l'invitation à chanter ces thèmes. La France, autrefois punie par le Ciel, voit ses malheurs réparés par cette naissance. Divers prodiges et fleuves, comme l'Èbre et le Tibre, célèbrent cet événement. La jeunesse est encouragée à témoigner son amour au Dauphin, né pour tous et particulièrement pour les jeunes. Le poème conclut par une célébration conjointe du roi Louis et de son fils, soulignant que le roi a surpassé les vainqueurs sans prendre en main son tonnerre, et que le Dauphin règne déjà sur les cœurs à sa naissance. La fête pastorale a eu lieu en février, jour de la naissance du roi, et a été récitée par plusieurs personnes, accompagnée de chants et d'instruments de musique.
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40
p. 586-591
DANNEMARC.
Début :
Le Roi a envoyé ordre à son Ministre à la Haye de suspendre toutes négociations avec [...]
Mots clefs :
Dauphin, Ambassadeur, Illuminations, Devises, Soleil, Fête, Comte de Plélo
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texteReconnaissance textuelle : DANNEMARC.
DANNEM AR C.
LERoia envoyé ordre à fon Miniftre à fà
Haye de fufpendre toutes négociations avec
les Députés des Etats Generaux , au fujet du commerce
que fes Sujets font de fon aveu dans les Indes
Orientales , & de déclarer à L. H. P. qu'elles
n'avoient droit par aucun Traité de reclamer
contre ce commerce , que tous les Sujets des
Puiffances de l'Europe peuvent faire felon le droit
des gens , s'il n'y a des ftipulations particulieres
qui les en excluent .
Les Fêtes publiques que le Comte de Plelo ,
Ambaffadeur Extraordinaire de France , a donné
à Copenhague pour la Naiffance du DAUPHIN ,
ont duré quatre jours. L'ouverture s'en fit le 12 .
Février , par un Difcours de l'Abbé Goffet , fon
Aumônier, fur cet heureux Evenement, lequel fut
fort
MARS. 1730. 587.
>
fort applaudi; on chanta enfuite une Meffe Solemnelle
& le Te Deum , au bruit des Trompettes
des Timballes & d'une nombreuſe Simphonie ;
$. Exc. donna ce premier jour un magnifique·
Repas à toutes les perfonnes de diftinction , qui
avoient affifté à cette Ceremonie,
+
:
Le 13. plus de 200. perfonnes invitées à fouper
, fe rendirent à fon Hôtel fur les 7. heures
du foir. Il y eut Jeu jufqu'à 9. heures , enfuite
on fe mit à table après avoir tiré les places au
fort , pour éviter toute diftinction fur les rangs
& fur la difference des Tables. Il y en avoit une
de 90. Couverts , deux de 40. & trois autres
moindres , toutes fervies avec la même abondance
, la même délicateffe & la même attention.
Les principales Familles Françoifes , tant Catholiques
que Réformez , furent invitées à une Table
que tenoit l'Abbé Goffet , qui étoit de so.
Couverts , laquelle fut fervie en même-temps
que celle des Seigneurs qui étoient de cette magnifique
Fête les Santez des Souverains , cellede
Monfeigneur le Dauphin & des Familles Roya
les de France & de Dannemarc , furent celebrées
de bout , au bruit des Trompettes , des Timbales
& d'une Simphonie qui ne ceffa point pendant
tout le fouper, Le Fruit de toutes les Tables étoit
de la façon de M. Siegel , Officier de S. M. Dan.
Il fit par fa beautê le fujet & l'admiration de
toute l'Affemblée. On y voyoit differentes figures
ayant rapport au fujet de la Fête. Dans quelques
unes , le Portrait du Roi & de la Reine de France
au naturel ; en d'autres , Monfeigneur le Dauphin
dans le berceau , avec pufieurs Deviſes affortiffantes
à fon heureuſe Naiffance ; une des
principales Pieces repréſentoit les douze anciens
Gouvernemens de France , avec les Armes de
chaque Province. Après le Soupé , dont tout le
monne
88 MERCURE DE FRANCE.
monde parut fort content , M. l'Ambaffadeur
Quvrit le Bal avec Madame la Grande-Chanceliere
, & on continua à danſer juſqu'à 5. heures
& demie du matin , que tout le monde ſe retira.
Le 14. S. Ex. fit diftribuer des aumônes confiderables
, tant en vivres qu'en argent , à près de
200. Pauvres . On donna à chacun trois livres de
pain , deux livres de viande & 30. fols en argent.
Cette diftribution ſe fit fans avoir égard à la difference
de Religion.
Le 15. fur les fept heures du foir , l'Hôtel de
S. Ex. fut illuminé , tant en dehors qu'en dedans,
cette Illumination qui étoit d'un goût parfait &
admirable , dura toute la nuit. Elle repréfentoit à
l'entrée un fuperbe Palais , dont l'Architecture ,
les Ornemens & les Devifes toutes fpirituelles &
fort ingenieufes , faifoient allufion à la Naiffance.
de M. le Dauphin. A 7. heures & demie, M.l'Ambaffadeur
& Madame l'Ambaffadrice , fortirent
en Caroffe avec plufieurs perfonnes de qualité ,
pour voir l'Illumination. Lorfque L. Ex . furent
rentrées , M. l'Ambaffadeur ouvrit le Bal , qui
dura jufqu'à 9. heures.. On fervit alors le fouper
fur quatre Tables , où toutes les Dames fe placerent.
& où elles furent fervies par les Cavaliers.
Le même foir , M. de la Porte , Medecin François
, à la fuite de M. l'Ambaffadeur , avoit une
Table dans fon Appartement , où plufieurs per
fonnes de fa Profeſſion furent invitées avec quelques
Familles Françoifes qui n'avoient pû profiter
le premier jour des politeffes & des bontez de¹
M. l'Ambaffadeur à leur égard. Après le Repas
on ouvrit la porte aux Mafques : il en entra près
de 700. qui remplirent trois grandes Pieces , où ils
danferent. Il y eut toute la nuit un Buffet plein
de Rafraîchiffemens pour eux , & dans une autre
Chambre une Table toujours fervie avec toutes
Lortes
MARS. 1730. 589
fortes de Liqueurs froides & chaudes pour les
perfonnes invitées.
Au refte l'Illumination qui a réuſſi à merveille,
& qui fut encore favorifée de la plus belle nuit
qu'on pût fouhaiter , n'étoit point dans le gout
de celles de France ; les grands vents qui regnent
ici prefque continuellement , fur tout dans cette
faifon , ne permettoient pas qu'on mît les Lampions
à découvert ; c'étoit donc un grand Edifice
de Charpente , formée en Avant- Corps devant
l'Hôtel de l'Ambaffadeur , & couvrant la largeur
des cinq Croifees du milieu depuis le haut juſqu'en
bas; les intervalles des Pieces de Charpente, lefquelles
étoient très-vaftes,étoient recouverts , auffi-bien
que tout l'Edifice en general , de grands Tableaux .
de papier huilé , fur lefquels il y avoit differentes
Peintures. Les trois autres Croifées de chaque côté
étoient auffi pareillement ornées de Peinture
& l'Illumination étoit derriere , c'eſt - à- dire à
l'Avant-Corps , entre la Maifon & la Charpente
& aux Croifées , dans les embrafures interieures
des fenêtres ; le tout repréſentoit un Palais enchanté
avec beaucoup d'ornemens d'Architecture
& autres embelliffemens , parmi lefquels le Soleil
& les Dauphins dominoient fur tout. Le tour
étoit couronné en haut par un Soliel levant extrémement
brillant , avec cette Infcription ; Tote
furgit Lux aurea mundo.
Avant l'execution2, on craignoit pour le fuccès
de ce Spectacle , mais on fut agréablement furpris
de voir que rien n'étoit plus joli , ni plus
gracieux. L'Avant-Corps tout en feu & les oppoitions
fombres & de clartez ménagées dans le
refte du Bâtiment , faifoient une varieté char
mante. Outre cela ill yyavoit encore aux deux coins
de la Maifon , deux Pavillons , ou plutôt deux
Grottes illuminées , & dans chacune un Dau-
"
phin
590 MERCURE DE FRANCE:
phin , des nafeaux duquel jailliffoient des Fontaines
de vin de la hauteur de 14. pieds , ce qui fe
marioit fort agréablement avec le refte du Spectacle
; l'Illumination & les Fontaines continuerent
ainfi jufqu'au jour.
Les couches de la Comteffe de Plelo , la maladie
du Roi de Dannemarck , celle du Comte de Plelo,
la mort du jeune Prince Charles , fils de S. M. D.
ont été caufe que cette Fête a été donnée fi tard.
Devifes placées en differens endroits
de l'Illumination.
Le Soleil éclairant le Globe François : Ques
afpicit fovet.
Le Soleil en haut de l'Illumination : Toto furgit
Lux aurea mundo.
Le Soleil Levant. Acceſſu ſingula gaudenti
Le même. Non occultè crefcet .
Le même. Spes, largus , donare novas.
Le même. Spes totius orbis.
L'Etoile du matin . Diem prafignat ab ortu.
Les Etoiles , comme Lucifer , Venus , &c. qui
précedent le Lever du Soleil , & qui cedent aux
premiers Rayons de cet Aftre , par allufion à
Mefdames de France & à Monfeigneur le Dauphin.
Pracedunt at cadant.
Des Lys éclairez par le Soleil. Hinc vita , Colorque.
Le même Emblême. Hoc afpirante perennants
Le même Foventur ab alto.
Le même. Sole novo recreata nitent .
Des Lys fous le Soleil avec leurs rejettons. Alit
& auget.
Un Lys fous le Soleil avec un rejetton. Nec
Phabo gratior ullus.
Le même. Nullo fe tantum tellus jactavit
alumno.
Le
MARS.
173.00
Le même. Crefcit nova gloria terra..
590
Un Dauphin fur les Ondes. Non nifi gratus
adeft .
Cupidon fur le dos d'un Dauphin , tenant d'une
main fes Nageoires , & de l'autre un Lys en
forme de Sceptre. Sie Mare , fic Terras,
Un Dauphin avec l'Amour fur fon dos. Amor
eminet undis.
Le Dauphin , Conftellation celefte , au milieu
d'un Ciel ferain . Perpetuos nec parturit imbresa
Le même. Data lumina reddo.
Une Perle dans fa Coquille. Ex mora splen
didior.
Une mere Perle avec plufieurs Perles au dedans
Quantum è prole decus.
L'Alcyon faifant fon nid fur la Mer calme
Miratur natura filens.
Un Aigle portant fon Aiglon vers le Soleil
pour l'éprouver. Latatur genuiffe parem.
L'Arc-en- Ciel , figne de réconciliation. Diff
giant metus.
Une branche d'Olivier , dont il fort un rejet
ton. Nec fallit termes Oliva.
La Fortune fur le Globe François, Hic amica
fedes.
Le Dauphin ,
Conftellation celefte, & un Dau
phin fur les Ondes. Orbi dant figna quietis.
Il faut remarquer qu'il y a plusieurs de ces
Devifes , dont le corps eft le même ou approchant
, mais les Païfages & les autres accompa
gnemens étoient tous variez.
LERoia envoyé ordre à fon Miniftre à fà
Haye de fufpendre toutes négociations avec
les Députés des Etats Generaux , au fujet du commerce
que fes Sujets font de fon aveu dans les Indes
Orientales , & de déclarer à L. H. P. qu'elles
n'avoient droit par aucun Traité de reclamer
contre ce commerce , que tous les Sujets des
Puiffances de l'Europe peuvent faire felon le droit
des gens , s'il n'y a des ftipulations particulieres
qui les en excluent .
Les Fêtes publiques que le Comte de Plelo ,
Ambaffadeur Extraordinaire de France , a donné
à Copenhague pour la Naiffance du DAUPHIN ,
ont duré quatre jours. L'ouverture s'en fit le 12 .
Février , par un Difcours de l'Abbé Goffet , fon
Aumônier, fur cet heureux Evenement, lequel fut
fort
MARS. 1730. 587.
>
fort applaudi; on chanta enfuite une Meffe Solemnelle
& le Te Deum , au bruit des Trompettes
des Timballes & d'une nombreuſe Simphonie ;
$. Exc. donna ce premier jour un magnifique·
Repas à toutes les perfonnes de diftinction , qui
avoient affifté à cette Ceremonie,
+
:
Le 13. plus de 200. perfonnes invitées à fouper
, fe rendirent à fon Hôtel fur les 7. heures
du foir. Il y eut Jeu jufqu'à 9. heures , enfuite
on fe mit à table après avoir tiré les places au
fort , pour éviter toute diftinction fur les rangs
& fur la difference des Tables. Il y en avoit une
de 90. Couverts , deux de 40. & trois autres
moindres , toutes fervies avec la même abondance
, la même délicateffe & la même attention.
Les principales Familles Françoifes , tant Catholiques
que Réformez , furent invitées à une Table
que tenoit l'Abbé Goffet , qui étoit de so.
Couverts , laquelle fut fervie en même-temps
que celle des Seigneurs qui étoient de cette magnifique
Fête les Santez des Souverains , cellede
Monfeigneur le Dauphin & des Familles Roya
les de France & de Dannemarc , furent celebrées
de bout , au bruit des Trompettes , des Timbales
& d'une Simphonie qui ne ceffa point pendant
tout le fouper, Le Fruit de toutes les Tables étoit
de la façon de M. Siegel , Officier de S. M. Dan.
Il fit par fa beautê le fujet & l'admiration de
toute l'Affemblée. On y voyoit differentes figures
ayant rapport au fujet de la Fête. Dans quelques
unes , le Portrait du Roi & de la Reine de France
au naturel ; en d'autres , Monfeigneur le Dauphin
dans le berceau , avec pufieurs Deviſes affortiffantes
à fon heureuſe Naiffance ; une des
principales Pieces repréſentoit les douze anciens
Gouvernemens de France , avec les Armes de
chaque Province. Après le Soupé , dont tout le
monne
88 MERCURE DE FRANCE.
monde parut fort content , M. l'Ambaffadeur
Quvrit le Bal avec Madame la Grande-Chanceliere
, & on continua à danſer juſqu'à 5. heures
& demie du matin , que tout le monde ſe retira.
Le 14. S. Ex. fit diftribuer des aumônes confiderables
, tant en vivres qu'en argent , à près de
200. Pauvres . On donna à chacun trois livres de
pain , deux livres de viande & 30. fols en argent.
Cette diftribution ſe fit fans avoir égard à la difference
de Religion.
Le 15. fur les fept heures du foir , l'Hôtel de
S. Ex. fut illuminé , tant en dehors qu'en dedans,
cette Illumination qui étoit d'un goût parfait &
admirable , dura toute la nuit. Elle repréfentoit à
l'entrée un fuperbe Palais , dont l'Architecture ,
les Ornemens & les Devifes toutes fpirituelles &
fort ingenieufes , faifoient allufion à la Naiffance.
de M. le Dauphin. A 7. heures & demie, M.l'Ambaffadeur
& Madame l'Ambaffadrice , fortirent
en Caroffe avec plufieurs perfonnes de qualité ,
pour voir l'Illumination. Lorfque L. Ex . furent
rentrées , M. l'Ambaffadeur ouvrit le Bal , qui
dura jufqu'à 9. heures.. On fervit alors le fouper
fur quatre Tables , où toutes les Dames fe placerent.
& où elles furent fervies par les Cavaliers.
Le même foir , M. de la Porte , Medecin François
, à la fuite de M. l'Ambaffadeur , avoit une
Table dans fon Appartement , où plufieurs per
fonnes de fa Profeſſion furent invitées avec quelques
Familles Françoifes qui n'avoient pû profiter
le premier jour des politeffes & des bontez de¹
M. l'Ambaffadeur à leur égard. Après le Repas
on ouvrit la porte aux Mafques : il en entra près
de 700. qui remplirent trois grandes Pieces , où ils
danferent. Il y eut toute la nuit un Buffet plein
de Rafraîchiffemens pour eux , & dans une autre
Chambre une Table toujours fervie avec toutes
Lortes
MARS. 1730. 589
fortes de Liqueurs froides & chaudes pour les
perfonnes invitées.
Au refte l'Illumination qui a réuſſi à merveille,
& qui fut encore favorifée de la plus belle nuit
qu'on pût fouhaiter , n'étoit point dans le gout
de celles de France ; les grands vents qui regnent
ici prefque continuellement , fur tout dans cette
faifon , ne permettoient pas qu'on mît les Lampions
à découvert ; c'étoit donc un grand Edifice
de Charpente , formée en Avant- Corps devant
l'Hôtel de l'Ambaffadeur , & couvrant la largeur
des cinq Croifees du milieu depuis le haut juſqu'en
bas; les intervalles des Pieces de Charpente, lefquelles
étoient très-vaftes,étoient recouverts , auffi-bien
que tout l'Edifice en general , de grands Tableaux .
de papier huilé , fur lefquels il y avoit differentes
Peintures. Les trois autres Croifées de chaque côté
étoient auffi pareillement ornées de Peinture
& l'Illumination étoit derriere , c'eſt - à- dire à
l'Avant-Corps , entre la Maifon & la Charpente
& aux Croifées , dans les embrafures interieures
des fenêtres ; le tout repréſentoit un Palais enchanté
avec beaucoup d'ornemens d'Architecture
& autres embelliffemens , parmi lefquels le Soleil
& les Dauphins dominoient fur tout. Le tour
étoit couronné en haut par un Soliel levant extrémement
brillant , avec cette Infcription ; Tote
furgit Lux aurea mundo.
Avant l'execution2, on craignoit pour le fuccès
de ce Spectacle , mais on fut agréablement furpris
de voir que rien n'étoit plus joli , ni plus
gracieux. L'Avant-Corps tout en feu & les oppoitions
fombres & de clartez ménagées dans le
refte du Bâtiment , faifoient une varieté char
mante. Outre cela ill yyavoit encore aux deux coins
de la Maifon , deux Pavillons , ou plutôt deux
Grottes illuminées , & dans chacune un Dau-
"
phin
590 MERCURE DE FRANCE:
phin , des nafeaux duquel jailliffoient des Fontaines
de vin de la hauteur de 14. pieds , ce qui fe
marioit fort agréablement avec le refte du Spectacle
; l'Illumination & les Fontaines continuerent
ainfi jufqu'au jour.
Les couches de la Comteffe de Plelo , la maladie
du Roi de Dannemarck , celle du Comte de Plelo,
la mort du jeune Prince Charles , fils de S. M. D.
ont été caufe que cette Fête a été donnée fi tard.
Devifes placées en differens endroits
de l'Illumination.
Le Soleil éclairant le Globe François : Ques
afpicit fovet.
Le Soleil en haut de l'Illumination : Toto furgit
Lux aurea mundo.
Le Soleil Levant. Acceſſu ſingula gaudenti
Le même. Non occultè crefcet .
Le même. Spes, largus , donare novas.
Le même. Spes totius orbis.
L'Etoile du matin . Diem prafignat ab ortu.
Les Etoiles , comme Lucifer , Venus , &c. qui
précedent le Lever du Soleil , & qui cedent aux
premiers Rayons de cet Aftre , par allufion à
Mefdames de France & à Monfeigneur le Dauphin.
Pracedunt at cadant.
Des Lys éclairez par le Soleil. Hinc vita , Colorque.
Le même Emblême. Hoc afpirante perennants
Le même Foventur ab alto.
Le même. Sole novo recreata nitent .
Des Lys fous le Soleil avec leurs rejettons. Alit
& auget.
Un Lys fous le Soleil avec un rejetton. Nec
Phabo gratior ullus.
Le même. Nullo fe tantum tellus jactavit
alumno.
Le
MARS.
173.00
Le même. Crefcit nova gloria terra..
590
Un Dauphin fur les Ondes. Non nifi gratus
adeft .
Cupidon fur le dos d'un Dauphin , tenant d'une
main fes Nageoires , & de l'autre un Lys en
forme de Sceptre. Sie Mare , fic Terras,
Un Dauphin avec l'Amour fur fon dos. Amor
eminet undis.
Le Dauphin , Conftellation celefte , au milieu
d'un Ciel ferain . Perpetuos nec parturit imbresa
Le même. Data lumina reddo.
Une Perle dans fa Coquille. Ex mora splen
didior.
Une mere Perle avec plufieurs Perles au dedans
Quantum è prole decus.
L'Alcyon faifant fon nid fur la Mer calme
Miratur natura filens.
Un Aigle portant fon Aiglon vers le Soleil
pour l'éprouver. Latatur genuiffe parem.
L'Arc-en- Ciel , figne de réconciliation. Diff
giant metus.
Une branche d'Olivier , dont il fort un rejet
ton. Nec fallit termes Oliva.
La Fortune fur le Globe François, Hic amica
fedes.
Le Dauphin ,
Conftellation celefte, & un Dau
phin fur les Ondes. Orbi dant figna quietis.
Il faut remarquer qu'il y a plusieurs de ces
Devifes , dont le corps eft le même ou approchant
, mais les Païfages & les autres accompa
gnemens étoient tous variez.
Fermer
Résumé : DANNEMARC.
Le texte décrit deux événements distincts. Premièrement, le roi de Dannemarc a ordonné à son ministre de suspendre toutes négociations avec les députés des États Généraux concernant le commerce des sujets du roi dans les Indes Orientales. Il a également stipulé que les puissances européennes peuvent commercer selon le droit des gens, sauf en cas de stipulations particulières. Deuxièmement, le comte de Ploërmel, ambassadeur extraordinaire de France à Copenhague, a organisé des fêtes publiques pour célébrer la naissance du dauphin de France. Ces festivités ont duré quatre jours, débutant le 12 février. Le premier jour, un discours de l'abbé Goffet a été suivi d'une messe solennelle et du Te Deum, accompagné de musique. Un repas somptueux a été offert à des personnes de distinction. Le 13 février, plus de 200 invités ont participé à un souper où les places étaient tirées au sort pour éviter toute distinction de rang. Les familles françaises, tant catholiques que réformées, étaient présentes. Les santés des souverains et du dauphin ont été célébrées. Après le souper, un bal a été ouvert par l'ambassadeur et a duré jusqu'à cinq heures et demie du matin. Le 14 février, l'ambassadeur a distribué des aumônes à près de 200 pauvres, sans distinction de religion. Le 15 février, l'hôtel de l'ambassadeur a été illuminé toute la nuit, représentant un palais enchanté avec des devises spirituelles. Un bal a été ouvert par l'ambassadeur et son épouse, suivi d'un souper servi par des cavaliers. Un médecin français a également organisé un repas pour des personnes de sa profession et des familles françaises. Des masques ont dansé toute la nuit, et des rafraîchissements étaient disponibles. L'illumination, bien que différente des fêtes françaises en raison des vents, a été un succès et a duré jusqu'au matin. Les couches de la comtesse de Ploërmel, la maladie du roi de Danemark, celle du comte de Ploërmel, et la mort du jeune prince Charles ont retardé la célébration. Diverses devises étaient placées dans l'illumination, faisant référence au soleil, aux lys, aux dauphins, et à des symboles de réconciliation et de prospérité.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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41
p. 606-612
A Poitiers, [titre d'après la table]
Début :
Mrs du Corps de Ville de Poitiers qui attendoient avec impatience les ordres de faire éclater leur joye [...]
Mots clefs :
Réjouissances, Naissance du Dauphin, Roi, Poitiers, Armes du Roi, Dauphin, Régiment, Compagnie des arts et métiers, Trompette, Devise
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A Poitiers, [titre d'après la table]
Mrs du Corps deVille de Poitiers qui attendoient
avec impatience les ordres de faire éclater leur joye
à l'heureufe
MAR S. 1736.
607
>
Pheureuſe Naiffance de Monfeigneur le Dauphin ,
qui met le comble aux defirs de la France , & rem
plit les voeux de tous les peuples , les reçûrent le
12. Septembre. M. Babinet , Maire , & Mrs. les
Echevins les communiquerent à M. de Bauffan
Intendant de la Province, qui venoit de recevoir
les mêmes ordres , le Te Deum fut indiqué par
M. l'Evêque au 22. & le Feu de joye au même
jour. Mrs du Corps de Ville firent travailler aux
préparatifs d'un Feu dont la décoration repré →
fentoit le Temple de la Felicité. Il étoit à l'Italienne,
à quatre faces , de 18. piés en quarré , &
de 19. d'élevation , terminé par une Plate- forme
couronnée d'un appui de 3. piés de haut. On
voyoit au milieu une Piramide fur fon Piédeſtal
de 22. piés de hauteur , peinte en marbre blanc
& jafpé , ornée dans la bafe d'Armoiries , de
Fleurs de Lys & de Dauphins. Chaque face du
Temple formoit un Arc de Triomphe , orné do
deux colomnes en marbre jafpé fur leurs Piédeftaux
en marbre blanc , le tout d'Ordre Dorique.
Les Bafes & Chapiteaux & les ornemens de
la Frife étoient en or ; le milieu de la Corniche
portoit une figure peinte fur l'appui qui couronnoit
la Plate-forme.
La face du côté de l'Hôtel de Ville repréſentoit
un Arc de Triomphe confacré au Roi , avec
cette Infcription : Regi Major Urbis & Ediles
pofuêre, mife au haut du Piédeſtal de la Piramide
avec les Armes de France. La figure du milieu
repréfentoit la Felicité couronnée de fleurs , une
main appuyée fur une Médaille où étoit peint le
Portrait du Roi , avec l'Infcription : Ludovicus
Decimus Quintus Francia Navarra Rex
ayant dans fon giron des fruits , des fleurs , des
perles , des pierreries & une Bourfe panchée d'ou
Le répandoient des Pieces de Monnoye & des
pierreries.
Los
608 MERCURE DE FRANCE .
Les côtés de l'appui de la Plate-forme étoient
ornés d'efpace en efpace de Feftons pendans de
Aeurs & de fruits , & d'autres de branches d'oliviers.
Au -deffous du Chapiteau de chaque colomne
étoit attaché un Médaillon , avec une Deviſe
en camayeux.
Le corps de la premiere Devife repréſentoit le
Roi fur fon Trône , ayant à fes côtés un jeune
enfant , repréfentant le Dauphin , & pour Inf
cription , ces mots tirés du 131. Pleaume : Filii
tui in aternum fedebunt fuper fedem tuam .
La feconde Devife repréfentoit plufieurs jeunes
Oliviers , avec l'Infcription tirée du Pfeaume 127 .
Sicut novella olivarum .
La troifiéme face étoit dédiée à la Reine , avec
cette Infcription Regina , & les Armes de France
& celles de la Reine.
La figure du milieu repréfentoit Junon couronnée
, tenant un Sceptre d'une main & de l'autre
des Couronnes. Cette Deeffe , qui felon les
Poëtes , diftribuoit les honneurs , les richeffes , la
gloire , &c. & qui préfidoit aux Mariages , paroiffoit
préfenter à Monfeigneur le Dauphin , les
Couronnes qui lui font dues. L'appui de la Plateforme
étoit orné de feftons compofez de Sceptres
& de Couronnes.
La premiere Devife , un Sep de Vigne chargé
de raifins , avec cette Infcription tirée du Pfeaume
127. Sicut vitis abundans . La feconde , un
Grenadier & des Grenades , Felix prole fuâ . Les
deux autres faces étoient dediées à Monfeigneur
le Dauphin , avec l'Infcription , Sereniffimo Delphino
, & les Armes du Dauphin fermées d'une
Couronne de Dauphin à 3. branches.
La figure d'une de ces faces repréfentoit Minerve.
Les côtez de l'Appui étoient ornez de
quatre Médailles de nos Rois , dont Minerve
femblait
MARS. 1730. 809
fembloit tracer à Monfeigneur le Dauphin les
vertus heroiques , la fainteté de S. Louis , la va→
leur d'Henry IV . la juftice de Louis XIII . & la
gloire de Louis le Grand , peintes en Camayeux.
La premiere Devife , un Soleil formant un Parelie
, avec l'Infcription De lumine lucet. La ſeconde
Devife , deux grands Aigles fuivis d'un Aiglon
qui apprend à s'approcher du Soleil . Neque
imbellem progenerant aquila columbam.
La figure du milieu de l'autre face , repréfen
toit Apollon la Lyre à la main & des Livres à fes
pieds , qui comme Dieu des Sciences & des Arts,
femble demander la protection de Monfeigneur
le Dauphin , afin qu'ils fleuriffent à l'avenir comme
ils font fous le regne du Roy. Les côtez de
P'Appui étoient ornez de Feftons , compofez
d'Inftrumens fervant aux Arts Liberaux . La premiere
Devife, un Soleil Levant qui fait éclore ies
Aeurs d'un Parterre , avec cette Infcription , Re-
Treat ortu. La feconde , le Sceptre de France
avec la Fleur de Lys, & ces mots tirez du chapi
tre 48. de la Genefe , Nec auferetur sceptrum
de Juda.
La Compagnie d'Arts & Métiers fut comman
Hêe le 17. & le 20. le Régiment de Milice Bourgeoife
& la Cavalerie , prirent les armes , & le
Corps de Ville fit une nouvelle Ordonnance pour
les Illuminations & la propreté des rues . le 21 .
dès le matin la Cloche de l'Hôtel de Ville fut fonnée
la joye parut de toutes parts , & on entendit
de tous côtez des réjouiffances & des accla
mations generales. fur les 7. heures du foir le
Major de la Milice fit battre aux champs , les
Canons furent tirez , toutes les Cloches fonnerent
, & la Ville fut illuminée .
Le 22 . à 4. heures du matin ou fit une falve
de tous les Canons de la Ville & de nombre de
Boëtes
610 MERCURE DE FRANCE .
1
Boëtes ; les Cloches continuerent de forner , &
tous les peuples manifefterent leur joye par des
acclamations redoublées de Vivé le Roi , vive la
Reine , vive Monfeigneur le Dauphin. Sur les
8. heures les Maire & Echevins , Bourgeois &
Officiers fe rendirent à l'Hôtel de Ville ; ils. y fu
rent reçûs au bruit des acclamations mêlées du
fon des Tambours , Trompettes & Hautbois de
la Ville , & par la Compagnie des Arts & Métiers
en habit de ceremonie.
Le Maire de la Ville , toûjours plein de zele
pour le fervice du Roi , parla avec beaucoup d'éloquence
fur les avantages que la Ville devoit attendre
de la grace particuliere que Dieu vient
d'accorder à la France , &c. Enfuite le Corps de
Ville fe rendit en l'Eglife Cathédrale , precedé
des Gardes de S. A. S. le Prince de Conty , des
Gardes & Gagiftes de l'Hôtel de Ville , vétus de
leurs cafaques , la Compagnie des Arts & Métiers,
les Trompettes & Hautbois de la Ville les préce
doient le Régiment de la Milice Bourgeoife &
la Cavalerie ayant leurs armès hautes bordoient
les rues. La Compagnie des Arts & Métiers entra
avec le Corps de Ville au fon des Tambours
& des Trompettes dans l'Eglife de S. Pierre , dont
le Frontifpice étoit tendu & orné des Armes du
Roi , de la Reine & de Monfeigneur le Dauphin
en Broderie. Les Murs & les Piliers couverts de
Tapifferies & de Tableaux d'efpace en efpace. Le
Préfidial qui avoit à fa tête M. de Bauffan , Inrendant
& en place de l'autre côté du Corps de
Ville. M. de Foudras , Coadjuteur , officia pontificalement
au Te Deum chanté en Mufique au
bruit de differentes falves de Canons & de Boëtes,
auquel M. l'Evêque affifta . Le Régiment de Richelieu
, qui étoit en bataille fur la Place près de
Eglife, y répondit par trois décharges de Mouf
queterie
MARS. 1730. 611
queterie , & tous les Habitans par les démonftrations
d'une grande joye. Le Corps de Ville fut
régalé fplendidement à dîner avec plufieurs autres
perfonnes de diftinction chez le Maire.
:
Sur les 6. heures , les Maire , Echevins , Bourgeois
& Officiers du Corps de Ville , ſe rendirent
en l'Hôtel de Ville qui étoit illuminé en dedans
& en dehors par des Flambeaux , Bougies , Lampions
& Luftres on avoit placé à la principale.
porte de l'Hôtel de Ville & dans les Cours , plufeurs
Fontaines de vin qui coulerent tout le jour,
ainfi que celles qu'on avoit établies aux quatre
Avenues de la Place Royale & à l'Hôtel de M. le
Maire.Ledeffus de la potte de l'Hôtel deVille étoit
couvert d'un grand nombre deFlambeaux , Bougies
& Lampions, qui formoient lesArmes du Roi , de
la Reine & de Monfeigneur le Dauphin.
A 7. heures , M. l'Intendant fe rendit à l'Hôtel
de Ville; le Major fit défiler le Régiment par
Compagnies , qui fe mit en bataille fur la Place
Royale , du côté droit qu'occupoit la Cavalerie
les deux Bataillons du Régiment de Richelieu .
étoient en bataille de l'autre côté , M. de Bauffan
à la droite de M. le Maire & le Corps de Ville ,
fe rendirent à la Place Royale , précedez des Gardes
, &c. les Trompettes & Hautbois , avec la
Compagnie des Arts & Métiers , les Maffiers &
Portiers La Compagnie des Arts & Métiers fit .
P'enceinte du Feu ; M. l'Intendant & le Corps de
Ville en firent trois fois le tour. Les Gardes de
PHôtel de Ville prefenterent des Flambeaux à
M. l'Intendant , à M. le Maire , à M. le Lieutenant
Colonel du Régiment de Richelieu , à
Mrs Poignand de Lorgere & Forien, plus anciens
Pairs & Echevins ; ils allumerent le Feu , au bruit
des Canons , des Tambours Hautbois & Trompettes
. M. l'Intendant & Mrs de l'Hôtel de Ville
Le
612 MERCURE
DE FRANCE
.
fe rendirent au Logis de M. Rigoumier, Echevin,
LaSymphonie étoit placée fur un desAmphithéatres
qu'on avoit fait conftruire autour de la Place
Royale. Le devant du Logis de M. Rigoumier
étoit illuminé de Flambeaux , Bougies & Lampions
, qui par leurs difpofitions repréfentoient
les Armes du Roi , de la Reine & de Monfeigneur
le Dauphin ; Madame l'Intendante , accompagnée
d'un grand nombre de Dames de
condition , s'y étoit rendue , Mrs de Ville leur
frent fervir quantité de Rafraîchiffemens & les
régalerent d'uneSymphonie à laquelle répondirent
les Trompettes , Fifres & Tambours. Le Feu
d'artifice commença fur les 7. heures & demie
& fut varié par differentes figures , d'une grande
quantité de Gerbes , de Flambeaux , de Pots à
Feu , de Soleils , & de tout ce que l'art peut inventer
; un prodigieux mêlange de Fufées de
toutes efpeces partoient continuellement de ce
Feu, qui dura près de 2. heures pendant lefquelles
il fut fait trois décharges de l'Artillerie . Après
le Feu, M.le Maire , toûjours animé de la même
ardeur donna un magnifique foupé au Corps de
Ville & aux Officiers de la Milice Bourgeoife; les
Officiers du Régiment de Richelieu & plufieurs
perfonnes de confideration refterent chez M. l'Intendant
, qui fit fervir plufieurs tables , avec´autant
de gout que de magnificence , &c. Les Habitans
commencerent leurs Illuminations auffi-
τότ que l'artifice eut été tiré , les ruës furent remplies
de feux , toutes les fenêtres couvertes de
Lampions & d'autres lumieres ; les rues pleines
d'un Peuple infini retentirent pendant toute la
nuit de cris d'allegreffe.
avec impatience les ordres de faire éclater leur joye
à l'heureufe
MAR S. 1736.
607
>
Pheureuſe Naiffance de Monfeigneur le Dauphin ,
qui met le comble aux defirs de la France , & rem
plit les voeux de tous les peuples , les reçûrent le
12. Septembre. M. Babinet , Maire , & Mrs. les
Echevins les communiquerent à M. de Bauffan
Intendant de la Province, qui venoit de recevoir
les mêmes ordres , le Te Deum fut indiqué par
M. l'Evêque au 22. & le Feu de joye au même
jour. Mrs du Corps de Ville firent travailler aux
préparatifs d'un Feu dont la décoration repré →
fentoit le Temple de la Felicité. Il étoit à l'Italienne,
à quatre faces , de 18. piés en quarré , &
de 19. d'élevation , terminé par une Plate- forme
couronnée d'un appui de 3. piés de haut. On
voyoit au milieu une Piramide fur fon Piédeſtal
de 22. piés de hauteur , peinte en marbre blanc
& jafpé , ornée dans la bafe d'Armoiries , de
Fleurs de Lys & de Dauphins. Chaque face du
Temple formoit un Arc de Triomphe , orné do
deux colomnes en marbre jafpé fur leurs Piédeftaux
en marbre blanc , le tout d'Ordre Dorique.
Les Bafes & Chapiteaux & les ornemens de
la Frife étoient en or ; le milieu de la Corniche
portoit une figure peinte fur l'appui qui couronnoit
la Plate-forme.
La face du côté de l'Hôtel de Ville repréſentoit
un Arc de Triomphe confacré au Roi , avec
cette Infcription : Regi Major Urbis & Ediles
pofuêre, mife au haut du Piédeſtal de la Piramide
avec les Armes de France. La figure du milieu
repréfentoit la Felicité couronnée de fleurs , une
main appuyée fur une Médaille où étoit peint le
Portrait du Roi , avec l'Infcription : Ludovicus
Decimus Quintus Francia Navarra Rex
ayant dans fon giron des fruits , des fleurs , des
perles , des pierreries & une Bourfe panchée d'ou
Le répandoient des Pieces de Monnoye & des
pierreries.
Los
608 MERCURE DE FRANCE .
Les côtés de l'appui de la Plate-forme étoient
ornés d'efpace en efpace de Feftons pendans de
Aeurs & de fruits , & d'autres de branches d'oliviers.
Au -deffous du Chapiteau de chaque colomne
étoit attaché un Médaillon , avec une Deviſe
en camayeux.
Le corps de la premiere Devife repréſentoit le
Roi fur fon Trône , ayant à fes côtés un jeune
enfant , repréfentant le Dauphin , & pour Inf
cription , ces mots tirés du 131. Pleaume : Filii
tui in aternum fedebunt fuper fedem tuam .
La feconde Devife repréfentoit plufieurs jeunes
Oliviers , avec l'Infcription tirée du Pfeaume 127 .
Sicut novella olivarum .
La troifiéme face étoit dédiée à la Reine , avec
cette Infcription Regina , & les Armes de France
& celles de la Reine.
La figure du milieu repréfentoit Junon couronnée
, tenant un Sceptre d'une main & de l'autre
des Couronnes. Cette Deeffe , qui felon les
Poëtes , diftribuoit les honneurs , les richeffes , la
gloire , &c. & qui préfidoit aux Mariages , paroiffoit
préfenter à Monfeigneur le Dauphin , les
Couronnes qui lui font dues. L'appui de la Plateforme
étoit orné de feftons compofez de Sceptres
& de Couronnes.
La premiere Devife , un Sep de Vigne chargé
de raifins , avec cette Infcription tirée du Pfeaume
127. Sicut vitis abundans . La feconde , un
Grenadier & des Grenades , Felix prole fuâ . Les
deux autres faces étoient dediées à Monfeigneur
le Dauphin , avec l'Infcription , Sereniffimo Delphino
, & les Armes du Dauphin fermées d'une
Couronne de Dauphin à 3. branches.
La figure d'une de ces faces repréfentoit Minerve.
Les côtez de l'Appui étoient ornez de
quatre Médailles de nos Rois , dont Minerve
femblait
MARS. 1730. 809
fembloit tracer à Monfeigneur le Dauphin les
vertus heroiques , la fainteté de S. Louis , la va→
leur d'Henry IV . la juftice de Louis XIII . & la
gloire de Louis le Grand , peintes en Camayeux.
La premiere Devife , un Soleil formant un Parelie
, avec l'Infcription De lumine lucet. La ſeconde
Devife , deux grands Aigles fuivis d'un Aiglon
qui apprend à s'approcher du Soleil . Neque
imbellem progenerant aquila columbam.
La figure du milieu de l'autre face , repréfen
toit Apollon la Lyre à la main & des Livres à fes
pieds , qui comme Dieu des Sciences & des Arts,
femble demander la protection de Monfeigneur
le Dauphin , afin qu'ils fleuriffent à l'avenir comme
ils font fous le regne du Roy. Les côtez de
P'Appui étoient ornez de Feftons , compofez
d'Inftrumens fervant aux Arts Liberaux . La premiere
Devife, un Soleil Levant qui fait éclore ies
Aeurs d'un Parterre , avec cette Infcription , Re-
Treat ortu. La feconde , le Sceptre de France
avec la Fleur de Lys, & ces mots tirez du chapi
tre 48. de la Genefe , Nec auferetur sceptrum
de Juda.
La Compagnie d'Arts & Métiers fut comman
Hêe le 17. & le 20. le Régiment de Milice Bourgeoife
& la Cavalerie , prirent les armes , & le
Corps de Ville fit une nouvelle Ordonnance pour
les Illuminations & la propreté des rues . le 21 .
dès le matin la Cloche de l'Hôtel de Ville fut fonnée
la joye parut de toutes parts , & on entendit
de tous côtez des réjouiffances & des accla
mations generales. fur les 7. heures du foir le
Major de la Milice fit battre aux champs , les
Canons furent tirez , toutes les Cloches fonnerent
, & la Ville fut illuminée .
Le 22 . à 4. heures du matin ou fit une falve
de tous les Canons de la Ville & de nombre de
Boëtes
610 MERCURE DE FRANCE .
1
Boëtes ; les Cloches continuerent de forner , &
tous les peuples manifefterent leur joye par des
acclamations redoublées de Vivé le Roi , vive la
Reine , vive Monfeigneur le Dauphin. Sur les
8. heures les Maire & Echevins , Bourgeois &
Officiers fe rendirent à l'Hôtel de Ville ; ils. y fu
rent reçûs au bruit des acclamations mêlées du
fon des Tambours , Trompettes & Hautbois de
la Ville , & par la Compagnie des Arts & Métiers
en habit de ceremonie.
Le Maire de la Ville , toûjours plein de zele
pour le fervice du Roi , parla avec beaucoup d'éloquence
fur les avantages que la Ville devoit attendre
de la grace particuliere que Dieu vient
d'accorder à la France , &c. Enfuite le Corps de
Ville fe rendit en l'Eglife Cathédrale , precedé
des Gardes de S. A. S. le Prince de Conty , des
Gardes & Gagiftes de l'Hôtel de Ville , vétus de
leurs cafaques , la Compagnie des Arts & Métiers,
les Trompettes & Hautbois de la Ville les préce
doient le Régiment de la Milice Bourgeoife &
la Cavalerie ayant leurs armès hautes bordoient
les rues. La Compagnie des Arts & Métiers entra
avec le Corps de Ville au fon des Tambours
& des Trompettes dans l'Eglife de S. Pierre , dont
le Frontifpice étoit tendu & orné des Armes du
Roi , de la Reine & de Monfeigneur le Dauphin
en Broderie. Les Murs & les Piliers couverts de
Tapifferies & de Tableaux d'efpace en efpace. Le
Préfidial qui avoit à fa tête M. de Bauffan , Inrendant
& en place de l'autre côté du Corps de
Ville. M. de Foudras , Coadjuteur , officia pontificalement
au Te Deum chanté en Mufique au
bruit de differentes falves de Canons & de Boëtes,
auquel M. l'Evêque affifta . Le Régiment de Richelieu
, qui étoit en bataille fur la Place près de
Eglife, y répondit par trois décharges de Mouf
queterie
MARS. 1730. 611
queterie , & tous les Habitans par les démonftrations
d'une grande joye. Le Corps de Ville fut
régalé fplendidement à dîner avec plufieurs autres
perfonnes de diftinction chez le Maire.
:
Sur les 6. heures , les Maire , Echevins , Bourgeois
& Officiers du Corps de Ville , ſe rendirent
en l'Hôtel de Ville qui étoit illuminé en dedans
& en dehors par des Flambeaux , Bougies , Lampions
& Luftres on avoit placé à la principale.
porte de l'Hôtel de Ville & dans les Cours , plufeurs
Fontaines de vin qui coulerent tout le jour,
ainfi que celles qu'on avoit établies aux quatre
Avenues de la Place Royale & à l'Hôtel de M. le
Maire.Ledeffus de la potte de l'Hôtel deVille étoit
couvert d'un grand nombre deFlambeaux , Bougies
& Lampions, qui formoient lesArmes du Roi , de
la Reine & de Monfeigneur le Dauphin.
A 7. heures , M. l'Intendant fe rendit à l'Hôtel
de Ville; le Major fit défiler le Régiment par
Compagnies , qui fe mit en bataille fur la Place
Royale , du côté droit qu'occupoit la Cavalerie
les deux Bataillons du Régiment de Richelieu .
étoient en bataille de l'autre côté , M. de Bauffan
à la droite de M. le Maire & le Corps de Ville ,
fe rendirent à la Place Royale , précedez des Gardes
, &c. les Trompettes & Hautbois , avec la
Compagnie des Arts & Métiers , les Maffiers &
Portiers La Compagnie des Arts & Métiers fit .
P'enceinte du Feu ; M. l'Intendant & le Corps de
Ville en firent trois fois le tour. Les Gardes de
PHôtel de Ville prefenterent des Flambeaux à
M. l'Intendant , à M. le Maire , à M. le Lieutenant
Colonel du Régiment de Richelieu , à
Mrs Poignand de Lorgere & Forien, plus anciens
Pairs & Echevins ; ils allumerent le Feu , au bruit
des Canons , des Tambours Hautbois & Trompettes
. M. l'Intendant & Mrs de l'Hôtel de Ville
Le
612 MERCURE
DE FRANCE
.
fe rendirent au Logis de M. Rigoumier, Echevin,
LaSymphonie étoit placée fur un desAmphithéatres
qu'on avoit fait conftruire autour de la Place
Royale. Le devant du Logis de M. Rigoumier
étoit illuminé de Flambeaux , Bougies & Lampions
, qui par leurs difpofitions repréfentoient
les Armes du Roi , de la Reine & de Monfeigneur
le Dauphin ; Madame l'Intendante , accompagnée
d'un grand nombre de Dames de
condition , s'y étoit rendue , Mrs de Ville leur
frent fervir quantité de Rafraîchiffemens & les
régalerent d'uneSymphonie à laquelle répondirent
les Trompettes , Fifres & Tambours. Le Feu
d'artifice commença fur les 7. heures & demie
& fut varié par differentes figures , d'une grande
quantité de Gerbes , de Flambeaux , de Pots à
Feu , de Soleils , & de tout ce que l'art peut inventer
; un prodigieux mêlange de Fufées de
toutes efpeces partoient continuellement de ce
Feu, qui dura près de 2. heures pendant lefquelles
il fut fait trois décharges de l'Artillerie . Après
le Feu, M.le Maire , toûjours animé de la même
ardeur donna un magnifique foupé au Corps de
Ville & aux Officiers de la Milice Bourgeoife; les
Officiers du Régiment de Richelieu & plufieurs
perfonnes de confideration refterent chez M. l'Intendant
, qui fit fervir plufieurs tables , avec´autant
de gout que de magnificence , &c. Les Habitans
commencerent leurs Illuminations auffi-
τότ que l'artifice eut été tiré , les ruës furent remplies
de feux , toutes les fenêtres couvertes de
Lampions & d'autres lumieres ; les rues pleines
d'un Peuple infini retentirent pendant toute la
nuit de cris d'allegreffe.
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Résumé : A Poitiers, [titre d'après la table]
En septembre 1736, Poitiers a célébré la naissance du Dauphin avec des festivités organisées par les autorités locales, dirigées par M. Babinet, Maire, et les Échevins, ainsi que M. de Bauffremont, Intendant de la Province. Les célébrations ont culminé le 22 septembre avec un Te Deum et un feu de joie. Le Corps de Ville a préparé un feu d'artifice sous la forme d'un Temple de la Félicité, mesurant 18 pieds de côté et 19 pieds de hauteur, orné de colonnes, de fleurs de lys et de dauphins. Chaque face du temple représentait un arc de triomphe avec des inscriptions et des figures symboliques. Les préparatifs incluaient des illuminations et des festivités publiques. Le 21 septembre, la cloche de l'Hôtel de Ville a sonné, annonçant les réjouissances. Le 22 septembre, une salve de canons et des acclamations ont marqué la journée. Le Maire et les Échevins se sont rendus à l'église cathédrale pour le Te Deum, accompagnés par diverses compagnies militaires et civiles. Après la cérémonie, un dîner somptueux a été offert aux membres du Corps de Ville. En soirée, un feu d'artifice a été tiré sur la Place Royale, précédé d'une procession incluant l'Intendant et les autorités locales. Le spectacle pyrotechnique a duré près de deux heures, accompagné de décharges d'artillerie. Après le feu d'artifice, le Maire a offert un souper aux membres du Corps de Ville et aux officiers. Les habitants ont illuminé leurs fenêtres et les rues, célébrant toute la nuit avec des cris de joie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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42
p. 654-671
EXTRAIT de deux Harangues Latines sur la Naissance de Monseigneur le Dauphin, prononcées au College de Louis le Grand par les Professeurs de Rhetorique.
Début :
Il y a quelques mois qu'on a imprimé les deux Harangues dont nous [...]
Mots clefs :
Naissance du Dauphin, Harangues, Dauphin, Professeurs de rhétorique, Collège Louis le Grand, Roi, Prince, Peuples, Orateur, Bonheur
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT de deux Harangues Latines sur la Naissance de Monseigneur le Dauphin, prononcées au College de Louis le Grand par les Professeurs de Rhetorique.
EXTRAIT de deux Harangues Latines
fur la Naiffance de Monfeigneur
le Dauphin , prononcées au College de
Louis le Grand par les Profeffeurs de
Rhetorique.
Ly a quelques mois qu'on a imprimé
les deux Harangues dont nous
donnons ici l'Extrait ; l'une fut prononcée
par le P.Charles Porée le 14.Septembre
1729 vers le commencement desVacances,
l'autre par le P.Xavier de la Sante le 15. Decembre
fuivant , quelque tems après qu'on
eut repris les exercices ordinaires du College.
Le premier crut ne pouvoir mieux
finir fon année , & le fecond mieux commencer
la fienne , qu'en félicitant le Public
fur un évenement fi intereffant pour
la France & pour toute l'Europe. Nous
croyons faire plaifir à nos Lecteurs en leur
donnant un Abregé de ces deux Difcours,
qui répondent parfaitement à la réputation
des Auteurs.
La
AVRIL 1730. 655
>
›
3
La Harangue du P. Porée commence
par feliciter le Roi de la Naiffance de
fon augufte Fils. Il n'eft point d'homme ,
dit l'Orateur , de quelque condition qu'il
foit , qui ne fouhaite de laiffer fon nom
ou fes biens à un fils plutôt qu'à une ou
à plufieurs filles ; celles ci perdent ce
nom en entrant dans d'autres familles
où il meurt bientôt avec elles. Il fe perpetuë
dans la perfonne d'un fils
en fe
perpetuant il devient plus illuftre , & acquiert
une efpece d'immortalité , dont
l'efperance feule flatte un pere qui s'ima
gine devoir vivre en quelque forte éternellement
dans une nombreuſe pofterité.
Mais qui doit être plus touché de ce
plaifir qu'un Prince , un Monarque , un
Roi de France , & un Roi de la Maiſon
des Bourbons ? nom fi ancien , fi glorieux
que tant de Grands Hommes ont porté
& honoré. Par une fucceffion non interrompue
, il vient de Louis IX . jufqu'à
Louis XV, il a été illuftré par tous les
genres de mérite ; il a étendu fa domination
dans un Royaume voiſin , d'où il fe
fait refpecter jufques dans le nouveau
monde ; il eft confacré par la Religion &
placé jufques dans le Ciel , où nous lui
rendons de juftes hommages. Tel eft le
nom que Louis tranfmet à fon fils : un
jour celui-ci en foutiendra la gloire , &
656 MERCURE
DE FRANCE
રે
la fera paffer à une longue fuite de Heros .
Il n'en fut pas ainfi du nom des Cefars;
depuis le Grand Jules il ne fubfifta que
par l'adoption , par l'élection , fouvent
même par l'ufurpation ; il périt dès qu'il
fut élevé fur le Trône ; quand il devint le
nom des Empereurs , il paffa à des Etrangers
, & ceffa d'être celui d'une même
famille.
Tout peré aime encore à laiffer un fils
heritier de fes biens , quelques médiocres
, quelque peu confiderables
qu'ils
foient ; on femble alors les quitter fans
c'eft les perdre deux
regret , au lieu que
fois , que de les voir paffer en d'autres
mains. Quel eft donc le bonheur de Louis ,
à qui le Ciel accorde un fils , auquel il
pourra remettre , non pas fimplement un
riche heritage , non pas des titres glorieux
, mais le plus beau Royaume , le
plus floriffant , le plus ancien de l'Europe
! Augufte n'eut pas cet avantage ; il
etendit les bornes de l'Empire ; mais il
fut obligé de fe chercher un heritier hors
de fa Maiſon ; il s'entendit appeller Pere
de la Patrie par tous les Citoyens ; mais
jamais il n'entendit fortir ce doux nom
de pere de la bouche d'un fils . La même
confolation fut refufée non-feulement aux
Nerons , aux Caligula , aux Domitiens ,
humain
il étoit de l'interêt du genre
que
de
AVRIL
1730.
657
de tels monftres périffent tout entiers ;
mais elle fut refufée aux Tites & aux
Trajans , ces Princes adorables qui faifoient
les délices de l'Univers.
Notre Roi plus heureux que tous ces
Empereurs a déja merité d'être appellé le
Pere de fon Peuple , comme un très- petit
nombre d'entr'eux ; il eſt déja comme
quelques-uns pere de plufieurs Princeffes;
mais ce qui n'arriva à aucun d'eux , aujourd'hui
il fe voit pere d'un fils ; & à
quel âge a- t'il ce bonheur ? Remontons
dans les fiécles paffés ; parcourons la fuite
de tous nos Rois ; jettons les yeux fur
toutes les Cours Etrangeres, ici nous trouverons
des Princes qui envient le fort de
Louis , là nous n'en trouverons point qui
ait eu fi tôt le même bonheur,
Les meres ne font pas moins charmées
d'avoir un fils que les peres mêmes ; l'amour
qu'elles ont pour leurs Epoux eft
la meſure de la joye que leur cauſe la
Naiffance d'un fils qui le repréſente d'une
maniere plus parfaite que des tableaux
muets. Cette raifon generale convient
encore mieux à une grande Reine qui revere
toûjours la perfonne de fon Roi dans
celle de fon Epoux , & dont la tendreffe
eft temperée par le refpect . Quelque
grand , quelque fincere que foit l'amour
de part & d'autre , les dehors en font
B Lou
658 MERCURE DE FRANCE
toujours reglés par la dignité des auguftes
Epoux , & la majefté tempere une vivacité
permife à des perfonnes privées. Le
Dauphin repréſentera à fa mere tous les
traits de Louis ; mais dépouillés de cette
vive lumiere qui fait qu'on n'ofe fixer
trop long- tems fur lui fes regards ; elle
pourra le contempler à loifir , lui prodiguer
fes careffes , à peu près comme nos
yeux qui ne fçauroient foutenir la clarté
du Soleil , contemplent avec plaifir ſon
image , s'il vient à fe peindre dans une
Nuée brillante.
D'autres raifons que l'Orateur touche
avec beaucoup de délicateffe , c'eft que
la Naiffance du Dauphin affure à la Reine
le coeur de fon augufte Epoux , & augmente
en quelque forte fon autorité. A
la verité , elle n'avoit pas befoin de cel
gage pour s'attacher le coeur d'un Prince
, dont toutes les inclinations font reglées
par la raifon , tous les goûts fubordonnés
au devoir , tous les defirs moderés
par la fageffe ; il avoit reçû avec
joye les trois Princeffes que la Reine lui
avoit données jufqu'ici ; il les accable tous
les jours des careffes qu'elles peuvent attendre
du pere le plus tendre. Ce n'eſt
pas qu'il ne defirât un heritier de fes Etats
auffi ardemment que fes Peuples le fouhaitoient
, mais il l'attendoit plus patiemment,
AVRIL. 1730. 659
tiemment , & avec une plus grande foumiffion
aux ordres du Ciel. Quelle joye
pour notre Reine d'avoir enfin comblé
des voeux fi juftes & fi fages !
Quelle joye d'avoir donné à toute la
France ce qui faifoit l'objet de fon attente
, & de l'avoir ainfi payée avec uſure
de tout ce qu'elle en a reçû ! Il eſt vrai
que fa vertu eft au - deffus des honneurs
que nous lui rendons ; mais fon grand .
coeur n'a voulu les recevoir que pour
faire notre bonheur ; elle fe les reproche
roit ſi ſon élevation n'étoit utile qu'à ellemême
; par le Dauphin qu'elle donne à
la France , elle lui rend plus qu'elle ne
lui a donné ; elle en a reçû la Couronne
& elle donne un Prince qui la foutiendra
un jour glorieufement.
La feconde Partie eft adreffée au Dauphin
mème , que le R. P. Porée félicite
fur fon bonheur. Pour en tirer des préfages
certains , il ne lui eft pas neceffaire
de recourir aux chimeres de l'Aftrologie
, à de vaines fupputations , & du moment
de fa naiffance , & du cours des
Aftres ; il n'a pas recours aux Fables des
Poëtes , adoptées quelquefois par les Orateurs
en femblables occafions. Des raifons
plus folides fur lefquelles il fe fonde
font les Royales qualités du pere ,
qui ne promettent pas moins qu'un He
Bij LOS
660 MERCURE DE FRANCE.
ros ; l'ordre de fa naiffance qui le fait feul
heritier de tout le Royaume ; la maniere
dont il a été obtenu du Ciel . L'Orateur
dans ce dernier article nous repréſente le
voyage que la pieté fit entreprendre l'année
derniere à la Reine. Il ne nous eft
pas
permis de toucher au Portrait qu'il fait
du Roi , nous craindrions de le defigurer
en quelque forte. Renvoyant donc
pour cette partie à la Piece même , nous
paffons à la troifiéme , où le R. P. Porée
félicite les Peuples d'un évenement qui
les intereffoit infiniment.
III. Il remarque d'abord qu'il eft bien
rare qu'on puiffe feliciter le Peuple fur
l'accompliffement de fes voeux ; ce font
ordinairement des voeux temeraires ou
nuifibles , il ne voit jamais les premiers
accomplis ; fi les autres le font quelquefois
, ce n'eft que pour fon malheur. Il
n'en eft pas ainfi de ceux que nous formions
pour la naiffance d'un Dauphin ;
rien n'étoit plus fage , & ne devoit nous
être plus avantageux ; notre impatience
même , quoiqu'elle fut trop vive , &
qu'elle allat à nous faire abfolument defefperer
ce que nous n'avions pas obtenu
tout d'un coup , avoit quelque choſe de
raifonnable , fufques dans fa bizarrerie.
C'eft que nous fouhaitions non- feule- ,
ment de voir à notre Roi un heritier de ,
fes
1
AVRIL. 1730. 661
fes Etats , mais encore de le lui voir naî
tre dans fa jeuneffe , afin que ce Prince
pût être élevé fous fes yeux , afin qu'il
pût par fes grands exemples s'inftruire
long- tems dans l'art de regner. Nous
fçavons que toutes les minorités des Rois
ne font pas auffi tranquilles que l'a
été celle de Louis XV. Il eft difficile que
des Princes aufquels pour premiere leçon
on apprend qu'ils font maîtres de ceux
qui les inftruiſent , profitent bien de l'éducation
qu'on leur donne. Il faudroit
pour cela naître avec un caractere ferieux ,
amateur de l'ordre , avec une fageffe naturelle
, & dans la plus tendre enfance
n'avoir rien de la legereté de cet âge ; il
faudroit être tel , en un mot , que Louis
le Grand & fon digne fucceffeur.
Enfin ce qui intereffoit non - feulement
les François , mais tous les Peuples de
l'Europe , & leur faifoit formes les mêmes
voeux qu'à nous , c'eft qu'un Dauphin
de France femble affurer la tranquillité
de tous les Etats voifins auffibien
que la notre. Cette tranquillité fait
l'unique objet des foins de notre jeune
Monarque ; après un David guerrier ,
nous avons en lui un pacifique Salomon.
Le fage Miniftre auquel il donne toute
fa confiance , & qu'il appelle à tous fes
Confeils , eft un Ange de paix ; le fils
B iij qu'il
>
:
662 MERCURE DE FRANCE
1
le
partage
qu'il vient d'obtenir du Ciel peut être
appellé en quelque forte le Prince de la
Paix ; cet augufte enfant diffipe les allarmes
que nous pourrions avoir de ces
guerres qui fe font pour la fucceffion &
des grands Royaumes , Guerres
veritablement plus que civiles dont
nous avons un exemple dans ce qui s'eft
paffé dans l'Europe au commencement
de ce Siecle. Le R. P. Porée en fait une
deſcription vive & frappante , qu'on lira
avec d'autant plus de plaifir , que la naiffance
du Dauphin nous empêche de crain.
dre rien de Temblable..
II. DISCOURS..
R.P. La Harangue du R. P. De la Sante eft
moins fur la Naiffance du Dauphin qu'un
préfage de ce que doit être ce Prince ,
qui croft pour la fortune la plus brillante
& pour la felicité des Peuples. S'il
avoit voulu fe borner à celebrer cet heureux
évenement , il n'auroit pas attendu
fi long- tems ; mais fon Collegue l'ayant
fait avec fuccès , il a crû devoir donner
un autre tour à fon Difcours. Dans la
premiere Partie il montre ce que le Dauphin
promet à la France ; dans la feconde
, ce que la France promer au Dauphin
.
I. Pour fçavoir , dit l'Orateur , les ma
gnifiques
AVRIL. 1730.
663
,
gnifiques efperances que nous pouvons
concevoir de cet augufte Enfant , il nous
fuffit de faire reflexion qu'il eft fils d'un
Roi Bourbon & fils d'un Roi Très-
Chrétien . Ces deux titres nous apprennent
ce que nous devons en attendre
Fun nous affure du bonheur du Royaume
, l'autre nous promet un appui pour
la Religion.
Le P. De la Sante commence la
preuve de la premiere Propofition par un
éloge des Bourbons qu'il fait avec autant
d'art que le R. P. Porée , quoique le tour
en foit different. L'efprit du Lecteur aime
à trouver le même morceau d'Eloquence,
traité par deux grands Maîtres qui ne fe
copient pas l'un l'autre . On peut encore
voir le même éloge dans la troifiéme Harangue
du P. Coffart , Jefuite & prédeceffeur
de ces deux Peres dans l'emploi
qu'ils rempliffent fi dignement.
Enfuite defcendant dans le détail , if
parcourt tous les grands Rois qu'a don
nés cette maifon ,. & commence par Louis
IX. qui en eft la tige . Quel Monarque
s'appliqua jamais avec plus de zele à pro
curer le bonheur de fes Peuples , c'eſt-àdire
, à pacifier les troubles domeftiques
à repouffer les Ennemis Etrangers , à adminiftrer
la juftice à fes Sujets & à l'éta
blir folidement par les Ordonnances les
plus
B. iiij.
664 MERCURE DE FRANCE
plus fages. Pour faire toutes ces chofes
avec le fuccés qu'il eut , il falloit être le
Pere de fes Peuples , plutôt que leur Roi;
fe regarder comme leur Pafteur plutôt
que comme leur Chef. Pour foûtenir les
traverfes qu'il effuya pendant fa vie , il
falloit une vertu plus qu'humaine ; la
conftance des Heros ne va pas jufques là:
il falloit être un Saint.
L'Orateur paffe auffi- tôt à Henri le
Grand , Prince veritablement digne de ce
nom , dans quelque point de vue qu'on
l'envifage ; conquerant d'un Royaume fur
lequel il avoit feul un droit inconteftable
, à confiderer avec quelle bonté il
gouvernoit fes Peuples , avec quelle affection
& quel zele on lui obéïffoit , il fembloit
qu'il ne dût le Sceptre ni à ſa naiſfance
, ni à fon épée , mais à un choix libre
qui lui donnoit tous les coeurs .
Cette même bonté , cette facilité fut
le caractere qui diftingua le fils d'Henri
le Grand ; ce Monarque fit affeoir fur fon
Trône la Juftice & la Pieté ; la Sageffe
préfida à tous fes Confeils , aucun Roi
n'a été plus heureux dans le choix de fes
Miniftres ; fon Regne établit la tranquillité
au dedans de la France , étoufa jufqu'aux
femences des diffenfions domeftiques
, fit refpecter notre puiffance à des
voifins jaloux , & feroit peut-être le plus
glorieux
AVRIL. 1730.
865
'glorieux de tous les Regnes , fi ce Prince
n'avoit eu un prédeceffeur & un fucceffeur
,tous deux plus grands que lui.
Ici l'Orateur fait un portrait achevé de
Louis le Grand , ce Heros fi noblement
łoüé pendant la vie , & ce qui eft moins
équivoque , encore mieux loué après fa
mort par les regrets , non des feuls François
, mais des Nations étrangeres & ennemies.
Nous craindrions d'affoiblir cet
éloge fi nous nous contentions d'en rap--
porter quelques traits ; il faut le voir tout
entier dans la Piece.
L'arriere- petit- fils de ce Prince fait au
jourd'hui fon unique étude de conferver
la paix qu'il avoit glorieufement établie
fur la fin de fon Regne. Louis XV. fe
propofe de gouverner for Royaume felon
les maximes de Louis XIV. & met
fa félicité dans celle des Peuples. Le bonheur
de ce Monarque c'eft que le bruit
des armes n'a pas troublé les jeux de fon
enfance; fa gloire, c'eft qu'à la fleur de fes
années , & dans la plus tendre jeuneffe
-il fe voit l'arbitre de la paix , & choifi
pour Médiateur par tous les Princes de
l'Europe. Dans ces divers caracteres , l'adreffe
de l'Orateur confifte à ne point
laiffer perdre de vûë fon principal objet.
C'eft ce que fait le P. De la Sante , en
rappellant fans ceffe l'idée du nouveau
Bv Dauphin
666 MERCURE DE FRANCE
Dauphin dans les Portraits qu'il fait de
fes Ayeux.
Il parle enfuite de l'attachement que tous
les Rois Bourbons ont témoigné pour la
Religion , & prouve que le nom de Rois
Très-Chrétiens n'a pas été en eux un vain
titre.. Ici comme dans la premiere induction
, il commence par S. Louis ; tout le
monde fçait le zele qu'il témoigna pour
l'extirpation de l'herefie des Albigeois ;:
ce zele le tranfporta deux fois au - delà
des mers , plutôt pour la propagation de
la Foi , qu'en vûe d'étendre fon Empire,
ou pour fatisfaire un efprit d'inquiétude :
qui fut l'ame de la plupart des projets de
cette nature ..
Henri IV. avoit eu le malheur de fe
laiffer aller au parti de l'Herefie ; il ne
fut pas plutôt fur le Trône qu'il l'abjura:
fincerement , & la & la preuve de cette fincerité
, c'eft ce qu'il fit pour ramener à la
verité ceux du parti qu'il avoit abandonné.
On fçait que ce Prince d'un coeur veritablement
droit , témoignoit plus de
joye lorfqu'on lui apprenoit que quelqu'un
des Chefs de la Religion Protef
tante étoit retourné au ſein de l'Eglife ,
que lorsqu'on lui annonçoit que quelque
Ligueur étoit rentré dans fon obéillance..
Le plus bel Ouvrage de Louis le Jufte
eft l'abaiffement de ce même parti ; la
prife
AVRIL 1730. 667
prife de La Rochelle qui réduifit les fac
tieux à leur devoir,fera toujours regardée
dans nos Faftes comme la plus glorieufe
action d'un Regne conftamment glorieux;
la confommation de ce grand Ouvrage
étoit refervée à fon fils , heritier de fa pieté
& de fon zele pour la foi. Louis le
Grand a enfin détruit dans fon Royaume
le Calvinisme , la feule herefie qui eut été
tolerée depuis la fondation de la Monarchie
par Clovis le premier Roi Très - Chrétien
.
Enfin ce même efprit de Religion a paſfé
dans le Monarque qui nous gouverne,
ce jeune Prince femble avoir été nourri
par la pieté, il en a fuccé le lait dès l'enfance
; fon refpect pour les chofes faintes a
éclaté en lui dès fes premieres années ; on
l'admire encore dans le feu d'une brillante
jeuneffe ; il paroît moins attentif à
faire refpecter la Majefté Royale qu'à fou
tenir dans fes Etats les interêts de la Reli
gion.
Tels font les Ayeux de notre Dauphin,
reprend l'Orateur , pouvons - nous douter
qu'il ne croiffe pour le bonheur de la
France , pour la deffenfe des Autels En
vain on diroit que tous les fils n'heritent
des vertus de leurs peres ,que lesVefpa
fiens n'ont pas toujours desTites pour fucceffeurs
; quand nous voyons que ce dou
BВ vj
pas
ble
668 MERCURE DE FRANCE
ble efprit de juftice & de pieté , d'amour
du bien public & de zele pour les interêts
de l'Eglife, s'eft perpetué dans tous les
Rois Bourbons pendant un fr long eſpace
d'années , nous pouvons nous tenir affurez.
qu'il ne fe démentira pas dans le
Prince qui vient de naître , & qu'il formera
fon caractere.
II. Partie.
Les François promettent au Dauphin
leur amour & leurs voeux dans fon enfance
; la Cour dont il fera les délices
pendant la jeuneffe , lui promet toutes
fortes de complaifances & d'agrémens;
enfin dès-à-prefent les Peuples lui voüent
pour le temps de la vieilleffe , leur obéïffance
& leurs fervices. Plaiſe an Ciel que
nos defirs foient accomplis dans tous ces
points ! qu'il arrive à une heureuſe vieil
Leffe , pendant laquelle il donnera la Loi,
& qu'il ne la donne pas avant ce temps !
Mais que dis -je , reprend l'Orateur ,
lui promettons pas feulement
notre amour & nos voeux ; dès ce jour il
a le coeur de tous les François , il a déja
reçu les hommages de tous les Ordres de
nous ne
Etat. Les Prélats qui font la plus noble
portion du premier de ces Ordres , fe
font diftinguez parmi tous les autres ; ils
ne fe font pas contentez de porter leurs
voeux
AVRIL 1730 . 669
voeux au pied du Trône & au Berceau
de l'augufte Enfant ; ils les ont confacrez
par la Religion , & rendus ainfi plus efficaces
; ils ont fanctifié ceux de tous les
Peuples en ordonnant des Prieres folemnelles
pour la profperité du Dauphin.
Qu'il a été heureux en particulier pour le
Paſteur du premier Troupeau du Royaume
, notre illuftre Archevêque , que le
premier exercice de fon miniftere qu'il ait
fait en cette Ville, ait été de recevoir fon
Roi , & de joindre fes actions de graces
à celles de ce Monarque ! Delà le P. de
La Sante prend occafion de faire un compliment
également jufte & ingenieux au
Prélat , qui étoit prefent.
Les Fêtes qui ont été faites dans toute
la France font une partie des hommages
qui ont été rendus au Dauphin . Par
là les Villes entieres , les Seigneurs du
Royaume , les Princes Etrangers par leurs
Ambaffadeurs , marquent les fouhaits
qu'ils font pour ce Prince. Le Peuple
même par la part qu'il a prife à ces Réjoüiffances
, par l'aimable folie à laquelle
il s'eft livré en cette occafion , lui témoi
gne fon amour & fon zele..
Qui voudra fçavoir les fentimens que
l'on aura pour le Dauphin de France , les
devoirs que lui rendront les François ,
lorſque dans un âge plus avancé , il fera
Pornement
670 MERCURE DE FRANCE
Pornement de la Cour n'a qu'à fe reffou
venir de l'affection des Peuples , du refpect
des Grands pour le premier Dauphin
, fils de Louis XIV. qu'il fe rappelle
la confiance qu'on avoit dans le Duc de
Bourgogne; la veneration qu'on avoit pour
lui & du vivant de fon Pere , & encore
plus lorfqu'il fut devenu l'Heritier immediat
de la Couronne . L'Orateur promet
avec affurance au Fils de Louis XV.
les mêmes honneurs , la même affection ,
la même foumiffion. Dans cette condition
, pourfuit - il , plus glorieufe que celle
de plufieurs Souverains , il apprendra à
commander , il s'inftruira par les exemples
& les Confeils de fon Pere dans l'Art de
regner.
Nous pouvons , ajoûte- t- il , lui pro
mettre qu'il regnera effectivement unt
jour , mais de la maniere la plus heureufe
& la plus confolante ; c'eft que , comme
un Poëte le difoit du fils d'un Empereur
Romain , dans un âge déja avancé , il parragera
l'autorité avec fon Pere , déja vieux.
Ce que difoit par pure flatterie ce vain
Panegyrifte , & ce qui ne pouvoit s'accomplir
qu'en accordant des fiecles entiers
à cet Empereur , nous pouvons le
dire de Louis avec confiance . Tout femble
lui promettre une longue vie & une
fanté conftante; c'eft le Prix que la Pro
vidence
AVRIL 1730. 671"
vidence a établi ici-bas pour la fageffe &
pour la vertu. Avant même qu'il foit fort
avancé en âge , fon augufte Fils aura toute
la maturité neceffaire au commandement.
Le Roi pourra le charger d'une partie des
affaires , moins pour s'en débarraffer, que
pour lui marquer la confiance..
Quelque temps avant que ces Pieces ayent
été imprimées, les R. P. Jefuites, toujours prêts
à fignaler leur zele pour la Maiſon Royale
avoient fait paroître un Recueil contenant
plufieurs Pieces de Vers François & La- `
tins , qui étoient toutes d'un excellent gout ,
chacune dans fon genre.
fur la Naiffance de Monfeigneur
le Dauphin , prononcées au College de
Louis le Grand par les Profeffeurs de
Rhetorique.
Ly a quelques mois qu'on a imprimé
les deux Harangues dont nous
donnons ici l'Extrait ; l'une fut prononcée
par le P.Charles Porée le 14.Septembre
1729 vers le commencement desVacances,
l'autre par le P.Xavier de la Sante le 15. Decembre
fuivant , quelque tems après qu'on
eut repris les exercices ordinaires du College.
Le premier crut ne pouvoir mieux
finir fon année , & le fecond mieux commencer
la fienne , qu'en félicitant le Public
fur un évenement fi intereffant pour
la France & pour toute l'Europe. Nous
croyons faire plaifir à nos Lecteurs en leur
donnant un Abregé de ces deux Difcours,
qui répondent parfaitement à la réputation
des Auteurs.
La
AVRIL 1730. 655
>
›
3
La Harangue du P. Porée commence
par feliciter le Roi de la Naiffance de
fon augufte Fils. Il n'eft point d'homme ,
dit l'Orateur , de quelque condition qu'il
foit , qui ne fouhaite de laiffer fon nom
ou fes biens à un fils plutôt qu'à une ou
à plufieurs filles ; celles ci perdent ce
nom en entrant dans d'autres familles
où il meurt bientôt avec elles. Il fe perpetuë
dans la perfonne d'un fils
en fe
perpetuant il devient plus illuftre , & acquiert
une efpece d'immortalité , dont
l'efperance feule flatte un pere qui s'ima
gine devoir vivre en quelque forte éternellement
dans une nombreuſe pofterité.
Mais qui doit être plus touché de ce
plaifir qu'un Prince , un Monarque , un
Roi de France , & un Roi de la Maiſon
des Bourbons ? nom fi ancien , fi glorieux
que tant de Grands Hommes ont porté
& honoré. Par une fucceffion non interrompue
, il vient de Louis IX . jufqu'à
Louis XV, il a été illuftré par tous les
genres de mérite ; il a étendu fa domination
dans un Royaume voiſin , d'où il fe
fait refpecter jufques dans le nouveau
monde ; il eft confacré par la Religion &
placé jufques dans le Ciel , où nous lui
rendons de juftes hommages. Tel eft le
nom que Louis tranfmet à fon fils : un
jour celui-ci en foutiendra la gloire , &
656 MERCURE
DE FRANCE
રે
la fera paffer à une longue fuite de Heros .
Il n'en fut pas ainfi du nom des Cefars;
depuis le Grand Jules il ne fubfifta que
par l'adoption , par l'élection , fouvent
même par l'ufurpation ; il périt dès qu'il
fut élevé fur le Trône ; quand il devint le
nom des Empereurs , il paffa à des Etrangers
, & ceffa d'être celui d'une même
famille.
Tout peré aime encore à laiffer un fils
heritier de fes biens , quelques médiocres
, quelque peu confiderables
qu'ils
foient ; on femble alors les quitter fans
c'eft les perdre deux
regret , au lieu que
fois , que de les voir paffer en d'autres
mains. Quel eft donc le bonheur de Louis ,
à qui le Ciel accorde un fils , auquel il
pourra remettre , non pas fimplement un
riche heritage , non pas des titres glorieux
, mais le plus beau Royaume , le
plus floriffant , le plus ancien de l'Europe
! Augufte n'eut pas cet avantage ; il
etendit les bornes de l'Empire ; mais il
fut obligé de fe chercher un heritier hors
de fa Maiſon ; il s'entendit appeller Pere
de la Patrie par tous les Citoyens ; mais
jamais il n'entendit fortir ce doux nom
de pere de la bouche d'un fils . La même
confolation fut refufée non-feulement aux
Nerons , aux Caligula , aux Domitiens ,
humain
il étoit de l'interêt du genre
que
de
AVRIL
1730.
657
de tels monftres périffent tout entiers ;
mais elle fut refufée aux Tites & aux
Trajans , ces Princes adorables qui faifoient
les délices de l'Univers.
Notre Roi plus heureux que tous ces
Empereurs a déja merité d'être appellé le
Pere de fon Peuple , comme un très- petit
nombre d'entr'eux ; il eſt déja comme
quelques-uns pere de plufieurs Princeffes;
mais ce qui n'arriva à aucun d'eux , aujourd'hui
il fe voit pere d'un fils ; & à
quel âge a- t'il ce bonheur ? Remontons
dans les fiécles paffés ; parcourons la fuite
de tous nos Rois ; jettons les yeux fur
toutes les Cours Etrangeres, ici nous trouverons
des Princes qui envient le fort de
Louis , là nous n'en trouverons point qui
ait eu fi tôt le même bonheur,
Les meres ne font pas moins charmées
d'avoir un fils que les peres mêmes ; l'amour
qu'elles ont pour leurs Epoux eft
la meſure de la joye que leur cauſe la
Naiffance d'un fils qui le repréſente d'une
maniere plus parfaite que des tableaux
muets. Cette raifon generale convient
encore mieux à une grande Reine qui revere
toûjours la perfonne de fon Roi dans
celle de fon Epoux , & dont la tendreffe
eft temperée par le refpect . Quelque
grand , quelque fincere que foit l'amour
de part & d'autre , les dehors en font
B Lou
658 MERCURE DE FRANCE
toujours reglés par la dignité des auguftes
Epoux , & la majefté tempere une vivacité
permife à des perfonnes privées. Le
Dauphin repréſentera à fa mere tous les
traits de Louis ; mais dépouillés de cette
vive lumiere qui fait qu'on n'ofe fixer
trop long- tems fur lui fes regards ; elle
pourra le contempler à loifir , lui prodiguer
fes careffes , à peu près comme nos
yeux qui ne fçauroient foutenir la clarté
du Soleil , contemplent avec plaifir ſon
image , s'il vient à fe peindre dans une
Nuée brillante.
D'autres raifons que l'Orateur touche
avec beaucoup de délicateffe , c'eft que
la Naiffance du Dauphin affure à la Reine
le coeur de fon augufte Epoux , & augmente
en quelque forte fon autorité. A
la verité , elle n'avoit pas befoin de cel
gage pour s'attacher le coeur d'un Prince
, dont toutes les inclinations font reglées
par la raifon , tous les goûts fubordonnés
au devoir , tous les defirs moderés
par la fageffe ; il avoit reçû avec
joye les trois Princeffes que la Reine lui
avoit données jufqu'ici ; il les accable tous
les jours des careffes qu'elles peuvent attendre
du pere le plus tendre. Ce n'eſt
pas qu'il ne defirât un heritier de fes Etats
auffi ardemment que fes Peuples le fouhaitoient
, mais il l'attendoit plus patiemment,
AVRIL. 1730. 659
tiemment , & avec une plus grande foumiffion
aux ordres du Ciel. Quelle joye
pour notre Reine d'avoir enfin comblé
des voeux fi juftes & fi fages !
Quelle joye d'avoir donné à toute la
France ce qui faifoit l'objet de fon attente
, & de l'avoir ainfi payée avec uſure
de tout ce qu'elle en a reçû ! Il eſt vrai
que fa vertu eft au - deffus des honneurs
que nous lui rendons ; mais fon grand .
coeur n'a voulu les recevoir que pour
faire notre bonheur ; elle fe les reproche
roit ſi ſon élevation n'étoit utile qu'à ellemême
; par le Dauphin qu'elle donne à
la France , elle lui rend plus qu'elle ne
lui a donné ; elle en a reçû la Couronne
& elle donne un Prince qui la foutiendra
un jour glorieufement.
La feconde Partie eft adreffée au Dauphin
mème , que le R. P. Porée félicite
fur fon bonheur. Pour en tirer des préfages
certains , il ne lui eft pas neceffaire
de recourir aux chimeres de l'Aftrologie
, à de vaines fupputations , & du moment
de fa naiffance , & du cours des
Aftres ; il n'a pas recours aux Fables des
Poëtes , adoptées quelquefois par les Orateurs
en femblables occafions. Des raifons
plus folides fur lefquelles il fe fonde
font les Royales qualités du pere ,
qui ne promettent pas moins qu'un He
Bij LOS
660 MERCURE DE FRANCE.
ros ; l'ordre de fa naiffance qui le fait feul
heritier de tout le Royaume ; la maniere
dont il a été obtenu du Ciel . L'Orateur
dans ce dernier article nous repréſente le
voyage que la pieté fit entreprendre l'année
derniere à la Reine. Il ne nous eft
pas
permis de toucher au Portrait qu'il fait
du Roi , nous craindrions de le defigurer
en quelque forte. Renvoyant donc
pour cette partie à la Piece même , nous
paffons à la troifiéme , où le R. P. Porée
félicite les Peuples d'un évenement qui
les intereffoit infiniment.
III. Il remarque d'abord qu'il eft bien
rare qu'on puiffe feliciter le Peuple fur
l'accompliffement de fes voeux ; ce font
ordinairement des voeux temeraires ou
nuifibles , il ne voit jamais les premiers
accomplis ; fi les autres le font quelquefois
, ce n'eft que pour fon malheur. Il
n'en eft pas ainfi de ceux que nous formions
pour la naiffance d'un Dauphin ;
rien n'étoit plus fage , & ne devoit nous
être plus avantageux ; notre impatience
même , quoiqu'elle fut trop vive , &
qu'elle allat à nous faire abfolument defefperer
ce que nous n'avions pas obtenu
tout d'un coup , avoit quelque choſe de
raifonnable , fufques dans fa bizarrerie.
C'eft que nous fouhaitions non- feule- ,
ment de voir à notre Roi un heritier de ,
fes
1
AVRIL. 1730. 661
fes Etats , mais encore de le lui voir naî
tre dans fa jeuneffe , afin que ce Prince
pût être élevé fous fes yeux , afin qu'il
pût par fes grands exemples s'inftruire
long- tems dans l'art de regner. Nous
fçavons que toutes les minorités des Rois
ne font pas auffi tranquilles que l'a
été celle de Louis XV. Il eft difficile que
des Princes aufquels pour premiere leçon
on apprend qu'ils font maîtres de ceux
qui les inftruiſent , profitent bien de l'éducation
qu'on leur donne. Il faudroit
pour cela naître avec un caractere ferieux ,
amateur de l'ordre , avec une fageffe naturelle
, & dans la plus tendre enfance
n'avoir rien de la legereté de cet âge ; il
faudroit être tel , en un mot , que Louis
le Grand & fon digne fucceffeur.
Enfin ce qui intereffoit non - feulement
les François , mais tous les Peuples de
l'Europe , & leur faifoit formes les mêmes
voeux qu'à nous , c'eft qu'un Dauphin
de France femble affurer la tranquillité
de tous les Etats voifins auffibien
que la notre. Cette tranquillité fait
l'unique objet des foins de notre jeune
Monarque ; après un David guerrier ,
nous avons en lui un pacifique Salomon.
Le fage Miniftre auquel il donne toute
fa confiance , & qu'il appelle à tous fes
Confeils , eft un Ange de paix ; le fils
B iij qu'il
>
:
662 MERCURE DE FRANCE
1
le
partage
qu'il vient d'obtenir du Ciel peut être
appellé en quelque forte le Prince de la
Paix ; cet augufte enfant diffipe les allarmes
que nous pourrions avoir de ces
guerres qui fe font pour la fucceffion &
des grands Royaumes , Guerres
veritablement plus que civiles dont
nous avons un exemple dans ce qui s'eft
paffé dans l'Europe au commencement
de ce Siecle. Le R. P. Porée en fait une
deſcription vive & frappante , qu'on lira
avec d'autant plus de plaifir , que la naiffance
du Dauphin nous empêche de crain.
dre rien de Temblable..
II. DISCOURS..
R.P. La Harangue du R. P. De la Sante eft
moins fur la Naiffance du Dauphin qu'un
préfage de ce que doit être ce Prince ,
qui croft pour la fortune la plus brillante
& pour la felicité des Peuples. S'il
avoit voulu fe borner à celebrer cet heureux
évenement , il n'auroit pas attendu
fi long- tems ; mais fon Collegue l'ayant
fait avec fuccès , il a crû devoir donner
un autre tour à fon Difcours. Dans la
premiere Partie il montre ce que le Dauphin
promet à la France ; dans la feconde
, ce que la France promer au Dauphin
.
I. Pour fçavoir , dit l'Orateur , les ma
gnifiques
AVRIL. 1730.
663
,
gnifiques efperances que nous pouvons
concevoir de cet augufte Enfant , il nous
fuffit de faire reflexion qu'il eft fils d'un
Roi Bourbon & fils d'un Roi Très-
Chrétien . Ces deux titres nous apprennent
ce que nous devons en attendre
Fun nous affure du bonheur du Royaume
, l'autre nous promet un appui pour
la Religion.
Le P. De la Sante commence la
preuve de la premiere Propofition par un
éloge des Bourbons qu'il fait avec autant
d'art que le R. P. Porée , quoique le tour
en foit different. L'efprit du Lecteur aime
à trouver le même morceau d'Eloquence,
traité par deux grands Maîtres qui ne fe
copient pas l'un l'autre . On peut encore
voir le même éloge dans la troifiéme Harangue
du P. Coffart , Jefuite & prédeceffeur
de ces deux Peres dans l'emploi
qu'ils rempliffent fi dignement.
Enfuite defcendant dans le détail , if
parcourt tous les grands Rois qu'a don
nés cette maifon ,. & commence par Louis
IX. qui en eft la tige . Quel Monarque
s'appliqua jamais avec plus de zele à pro
curer le bonheur de fes Peuples , c'eſt-àdire
, à pacifier les troubles domeftiques
à repouffer les Ennemis Etrangers , à adminiftrer
la juftice à fes Sujets & à l'éta
blir folidement par les Ordonnances les
plus
B. iiij.
664 MERCURE DE FRANCE
plus fages. Pour faire toutes ces chofes
avec le fuccés qu'il eut , il falloit être le
Pere de fes Peuples , plutôt que leur Roi;
fe regarder comme leur Pafteur plutôt
que comme leur Chef. Pour foûtenir les
traverfes qu'il effuya pendant fa vie , il
falloit une vertu plus qu'humaine ; la
conftance des Heros ne va pas jufques là:
il falloit être un Saint.
L'Orateur paffe auffi- tôt à Henri le
Grand , Prince veritablement digne de ce
nom , dans quelque point de vue qu'on
l'envifage ; conquerant d'un Royaume fur
lequel il avoit feul un droit inconteftable
, à confiderer avec quelle bonté il
gouvernoit fes Peuples , avec quelle affection
& quel zele on lui obéïffoit , il fembloit
qu'il ne dût le Sceptre ni à ſa naiſfance
, ni à fon épée , mais à un choix libre
qui lui donnoit tous les coeurs .
Cette même bonté , cette facilité fut
le caractere qui diftingua le fils d'Henri
le Grand ; ce Monarque fit affeoir fur fon
Trône la Juftice & la Pieté ; la Sageffe
préfida à tous fes Confeils , aucun Roi
n'a été plus heureux dans le choix de fes
Miniftres ; fon Regne établit la tranquillité
au dedans de la France , étoufa jufqu'aux
femences des diffenfions domeftiques
, fit refpecter notre puiffance à des
voifins jaloux , & feroit peut-être le plus
glorieux
AVRIL. 1730.
865
'glorieux de tous les Regnes , fi ce Prince
n'avoit eu un prédeceffeur & un fucceffeur
,tous deux plus grands que lui.
Ici l'Orateur fait un portrait achevé de
Louis le Grand , ce Heros fi noblement
łoüé pendant la vie , & ce qui eft moins
équivoque , encore mieux loué après fa
mort par les regrets , non des feuls François
, mais des Nations étrangeres & ennemies.
Nous craindrions d'affoiblir cet
éloge fi nous nous contentions d'en rap--
porter quelques traits ; il faut le voir tout
entier dans la Piece.
L'arriere- petit- fils de ce Prince fait au
jourd'hui fon unique étude de conferver
la paix qu'il avoit glorieufement établie
fur la fin de fon Regne. Louis XV. fe
propofe de gouverner for Royaume felon
les maximes de Louis XIV. & met
fa félicité dans celle des Peuples. Le bonheur
de ce Monarque c'eft que le bruit
des armes n'a pas troublé les jeux de fon
enfance; fa gloire, c'eft qu'à la fleur de fes
années , & dans la plus tendre jeuneffe
-il fe voit l'arbitre de la paix , & choifi
pour Médiateur par tous les Princes de
l'Europe. Dans ces divers caracteres , l'adreffe
de l'Orateur confifte à ne point
laiffer perdre de vûë fon principal objet.
C'eft ce que fait le P. De la Sante , en
rappellant fans ceffe l'idée du nouveau
Bv Dauphin
666 MERCURE DE FRANCE
Dauphin dans les Portraits qu'il fait de
fes Ayeux.
Il parle enfuite de l'attachement que tous
les Rois Bourbons ont témoigné pour la
Religion , & prouve que le nom de Rois
Très-Chrétiens n'a pas été en eux un vain
titre.. Ici comme dans la premiere induction
, il commence par S. Louis ; tout le
monde fçait le zele qu'il témoigna pour
l'extirpation de l'herefie des Albigeois ;:
ce zele le tranfporta deux fois au - delà
des mers , plutôt pour la propagation de
la Foi , qu'en vûe d'étendre fon Empire,
ou pour fatisfaire un efprit d'inquiétude :
qui fut l'ame de la plupart des projets de
cette nature ..
Henri IV. avoit eu le malheur de fe
laiffer aller au parti de l'Herefie ; il ne
fut pas plutôt fur le Trône qu'il l'abjura:
fincerement , & la & la preuve de cette fincerité
, c'eft ce qu'il fit pour ramener à la
verité ceux du parti qu'il avoit abandonné.
On fçait que ce Prince d'un coeur veritablement
droit , témoignoit plus de
joye lorfqu'on lui apprenoit que quelqu'un
des Chefs de la Religion Protef
tante étoit retourné au ſein de l'Eglife ,
que lorsqu'on lui annonçoit que quelque
Ligueur étoit rentré dans fon obéillance..
Le plus bel Ouvrage de Louis le Jufte
eft l'abaiffement de ce même parti ; la
prife
AVRIL 1730. 667
prife de La Rochelle qui réduifit les fac
tieux à leur devoir,fera toujours regardée
dans nos Faftes comme la plus glorieufe
action d'un Regne conftamment glorieux;
la confommation de ce grand Ouvrage
étoit refervée à fon fils , heritier de fa pieté
& de fon zele pour la foi. Louis le
Grand a enfin détruit dans fon Royaume
le Calvinisme , la feule herefie qui eut été
tolerée depuis la fondation de la Monarchie
par Clovis le premier Roi Très - Chrétien
.
Enfin ce même efprit de Religion a paſfé
dans le Monarque qui nous gouverne,
ce jeune Prince femble avoir été nourri
par la pieté, il en a fuccé le lait dès l'enfance
; fon refpect pour les chofes faintes a
éclaté en lui dès fes premieres années ; on
l'admire encore dans le feu d'une brillante
jeuneffe ; il paroît moins attentif à
faire refpecter la Majefté Royale qu'à fou
tenir dans fes Etats les interêts de la Reli
gion.
Tels font les Ayeux de notre Dauphin,
reprend l'Orateur , pouvons - nous douter
qu'il ne croiffe pour le bonheur de la
France , pour la deffenfe des Autels En
vain on diroit que tous les fils n'heritent
des vertus de leurs peres ,que lesVefpa
fiens n'ont pas toujours desTites pour fucceffeurs
; quand nous voyons que ce dou
BВ vj
pas
ble
668 MERCURE DE FRANCE
ble efprit de juftice & de pieté , d'amour
du bien public & de zele pour les interêts
de l'Eglife, s'eft perpetué dans tous les
Rois Bourbons pendant un fr long eſpace
d'années , nous pouvons nous tenir affurez.
qu'il ne fe démentira pas dans le
Prince qui vient de naître , & qu'il formera
fon caractere.
II. Partie.
Les François promettent au Dauphin
leur amour & leurs voeux dans fon enfance
; la Cour dont il fera les délices
pendant la jeuneffe , lui promet toutes
fortes de complaifances & d'agrémens;
enfin dès-à-prefent les Peuples lui voüent
pour le temps de la vieilleffe , leur obéïffance
& leurs fervices. Plaiſe an Ciel que
nos defirs foient accomplis dans tous ces
points ! qu'il arrive à une heureuſe vieil
Leffe , pendant laquelle il donnera la Loi,
& qu'il ne la donne pas avant ce temps !
Mais que dis -je , reprend l'Orateur ,
lui promettons pas feulement
notre amour & nos voeux ; dès ce jour il
a le coeur de tous les François , il a déja
reçu les hommages de tous les Ordres de
nous ne
Etat. Les Prélats qui font la plus noble
portion du premier de ces Ordres , fe
font diftinguez parmi tous les autres ; ils
ne fe font pas contentez de porter leurs
voeux
AVRIL 1730 . 669
voeux au pied du Trône & au Berceau
de l'augufte Enfant ; ils les ont confacrez
par la Religion , & rendus ainfi plus efficaces
; ils ont fanctifié ceux de tous les
Peuples en ordonnant des Prieres folemnelles
pour la profperité du Dauphin.
Qu'il a été heureux en particulier pour le
Paſteur du premier Troupeau du Royaume
, notre illuftre Archevêque , que le
premier exercice de fon miniftere qu'il ait
fait en cette Ville, ait été de recevoir fon
Roi , & de joindre fes actions de graces
à celles de ce Monarque ! Delà le P. de
La Sante prend occafion de faire un compliment
également jufte & ingenieux au
Prélat , qui étoit prefent.
Les Fêtes qui ont été faites dans toute
la France font une partie des hommages
qui ont été rendus au Dauphin . Par
là les Villes entieres , les Seigneurs du
Royaume , les Princes Etrangers par leurs
Ambaffadeurs , marquent les fouhaits
qu'ils font pour ce Prince. Le Peuple
même par la part qu'il a prife à ces Réjoüiffances
, par l'aimable folie à laquelle
il s'eft livré en cette occafion , lui témoi
gne fon amour & fon zele..
Qui voudra fçavoir les fentimens que
l'on aura pour le Dauphin de France , les
devoirs que lui rendront les François ,
lorſque dans un âge plus avancé , il fera
Pornement
670 MERCURE DE FRANCE
Pornement de la Cour n'a qu'à fe reffou
venir de l'affection des Peuples , du refpect
des Grands pour le premier Dauphin
, fils de Louis XIV. qu'il fe rappelle
la confiance qu'on avoit dans le Duc de
Bourgogne; la veneration qu'on avoit pour
lui & du vivant de fon Pere , & encore
plus lorfqu'il fut devenu l'Heritier immediat
de la Couronne . L'Orateur promet
avec affurance au Fils de Louis XV.
les mêmes honneurs , la même affection ,
la même foumiffion. Dans cette condition
, pourfuit - il , plus glorieufe que celle
de plufieurs Souverains , il apprendra à
commander , il s'inftruira par les exemples
& les Confeils de fon Pere dans l'Art de
regner.
Nous pouvons , ajoûte- t- il , lui pro
mettre qu'il regnera effectivement unt
jour , mais de la maniere la plus heureufe
& la plus confolante ; c'eft que , comme
un Poëte le difoit du fils d'un Empereur
Romain , dans un âge déja avancé , il parragera
l'autorité avec fon Pere , déja vieux.
Ce que difoit par pure flatterie ce vain
Panegyrifte , & ce qui ne pouvoit s'accomplir
qu'en accordant des fiecles entiers
à cet Empereur , nous pouvons le
dire de Louis avec confiance . Tout femble
lui promettre une longue vie & une
fanté conftante; c'eft le Prix que la Pro
vidence
AVRIL 1730. 671"
vidence a établi ici-bas pour la fageffe &
pour la vertu. Avant même qu'il foit fort
avancé en âge , fon augufte Fils aura toute
la maturité neceffaire au commandement.
Le Roi pourra le charger d'une partie des
affaires , moins pour s'en débarraffer, que
pour lui marquer la confiance..
Quelque temps avant que ces Pieces ayent
été imprimées, les R. P. Jefuites, toujours prêts
à fignaler leur zele pour la Maiſon Royale
avoient fait paroître un Recueil contenant
plufieurs Pieces de Vers François & La- `
tins , qui étoient toutes d'un excellent gout ,
chacune dans fon genre.
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Résumé : EXTRAIT de deux Harangues Latines sur la Naissance de Monseigneur le Dauphin, prononcées au College de Louis le Grand par les Professeurs de Rhetorique.
Le texte relate deux harangues prononcées par les professeurs de rhétorique du Collège Louis-le-Grand à l'occasion de la naissance du Dauphin, fils de Louis XV. La première harangue, prononcée par le Père Charles Porée le 14 septembre 1729, félicite le roi pour la naissance de son fils, soulignant l'importance de transmettre le nom et les biens à un héritier mâle. Le Père Porée compare la succession des Bourbons à celle des Césars, mettant en avant la continuité et la gloire de la dynastie française. Il évoque également la joie des parents royaux et les avantages politiques et religieux de la naissance du Dauphin, qui assure la tranquillité du royaume et de l'Europe. La seconde harangue, prononcée par le Père Xavier de la Sante le 15 décembre suivant, se concentre sur les promesses que le Dauphin représente pour la France. Le Père de la Sante souligne que le Dauphin, en tant que fils d'un roi Bourbon et d'un roi Très-Chrétien, garantit le bonheur du royaume et un soutien à la religion. Il rappelle les vertus des grands rois de la maison des Bourbons, comme Louis IX et Henri IV, et les espérances qu'ils ont suscitées pour le peuple français. Le texte décrit les qualités et les actions des rois de la dynastie des Bourbons, mettant particulièrement en lumière la bonté et la justice de Louis XIII, fils d'Henri IV. Ce monarque a établi la tranquillité en France, étouffé les dissensions domestiques et fait respecter la puissance française à l'étranger. Son règne aurait été le plus glorieux si ce n'était pour ses prédécesseurs et successeurs plus grands que lui. L'orateur loue également Louis XIV, surnommé Louis le Grand, pour ses actions héroïques et son influence positive, même après sa mort. Louis XV, arrière-petit-fils de Louis XIV, s'efforce de conserver la paix et de gouverner selon les maximes de son aïeul. Il est loué pour son rôle de médiateur en Europe et son attachement à la religion. Le texte souligne l'attachement des Bourbons à la religion, mentionnant Saint Louis, Henri IV et Louis XIV pour leurs efforts contre l'hérésie. Louis XV est décrit comme un monarque pieux, respectueux des choses saintes et attentif aux intérêts de la religion. L'orateur exprime l'espoir que le Dauphin, fils de Louis XV, héritera des vertus de ses ancêtres et contribuera au bonheur de la France et à la défense des autels. Les Français, la Cour et les peuples promettent leur amour et leur soutien au Dauphin, avec des prières et des fêtes en son honneur. L'orateur compare l'affection portée au Dauphin à celle accordée aux précédents Dauphins et promet au fils de Louis XV les mêmes honneurs et affection. Il prédit que le Dauphin régnera de manière heureuse et confiante, avec le soutien de son père.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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43
p. 702-708
ODE Sur la Fête magnifique, donnée par leurs Excellences M M. le Marquis de Santa Cruz, & de Barrenechea, Ambassadeurs Extraordinaires & Plenipotentiaires de S. M. Catholique, au sujet de la Naissance de Monseigneur le Dauphin, le 24. Janvier 1730.
Début :
Sur les Rivages de la Seine, [...]
Mots clefs :
Naissance du Dauphin, Dauphin, Fête, Yeux, Ambassadeurs d'Espagne
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texteReconnaissance textuelle : ODE Sur la Fête magnifique, donnée par leurs Excellences M M. le Marquis de Santa Cruz, & de Barrenechea, Ambassadeurs Extraordinaires & Plenipotentiaires de S. M. Catholique, au sujet de la Naissance de Monseigneur le Dauphin, le 24. Janvier 1730.
O DE
Sur la Fête magnifique , donnée par leurs
Excellences M M. le Marquis de Santa
Cruz , & de Barrenechea , Ambaſſadeurs
Extraordinaires & Plenipotentiaires de
S. M. Catholique , au fujet de la Naiffance
de Monfeigneur le Dauphin , le
24. Fanvier 1730 .
Sur les Rivages de la Seine , Ur
Quels font ces Spectacles charmans ,
Où l'Art ingenieux enchaîne ,
Et réunit les Elemens ?
AVRIL. 1730. 703
Le Soleil plus brillant éclaire ·
Ce jour fi beau , fi fortuné ;
Le Fleuve impetueux tempête,
Et calme fon flot -mutiné.
Au temps même de la froidure
Je vois naître le doux Printemps ,
Et par une aimable impofture ,
L'Art imite fes ornemens.
Sur les eaux flottent des Parterres
Entourez d'Ifs & d'Orangers ;
Ils lancent d'innocens Tonnerres ,
Dont on ne craint point les dangers,
Ici tout plaît , ici tout brille ,
On croit voir nos Bords ennoblis
Quand fur les Tours de la Caftille
Flotte le Pavillon des Lys.
Le Lyon fuperbe y domine ,
Près de fon Fleuve imperieux ;
A fon afpect tout s'illumine ,
Tout rit, tout enchante les yeux.
鼗
Fiere
4
704 MERCURE DE FRANCE
Fiere de parures fi belles ,
La Seine voit orner fes Bords ;
Par le battement de ſes aîles ,
Le Cocq exprime ſes tranſports.
>
Ah ! que de brillantes Etoiles ,
Se détachent du Firmament !
O nuit , elle perce tes voiles ,
Pour marquer cet heureux moment.
Eft- ce pour nous livrer la guerre,
Que brûle ce nouvel Ethna ?
Tel fur les Enfans de la Terre ,
Jupiter autrefois tonna
Après que ces Feux à lá ronde ,
Ont fait ferpenter mille Eclairs ,
Ils vont folâtrer deffus 1.Onde ,
Ainfi qu'ils ont fait dans les Airs.
Mille fleurs vives & brillantes ,
Parent ces Jardins enchantez ;
Les Fruits font Grenades bruyantes ,
Qui partent de tous les côtes.
Gera
AVRIL
1730.
705
Cette fulphureufe matiere ,
S'enflame de mille façons ,
Bondit , fe plonge en la Riviere
Et nage comme des poiffons.
Les Lampions, les Girandoles
Y ramenent l'éclat du jour ,
Et dans de fuperbes Gondoles
S'unit la Trompette au Tambour.'
'Au fon de la vive trompette
Se mêle le bruit du Canon
Et le Peuple charmé repéte
De nos deux Rois l'augufte nom .
Par mainte Bachique Fontaine
Tout le Peuple eft defalteré ,
Ainfi que l'eau coule en la Seine ,
Par tout le vin coule à fon gré.
Que vois -je ! une naiflante Aurore.
Se leve , & dore ces côteaux ,
Et dans l'Univers qui l'implore
Lance des rayons tout nouveaux.
來
D Iris
706 MERCURE DE FRANCE
Iris la fuit , & va defcendre ;
Elle nous annonce la paix ,
Sa préſence doit nous l'apprendre ,
Et confirmer tous nos fouhaits.
Que d'aimables Métamorphofes
S'achevent dans le même inftant
?
Où l'on voyoit croître des Rofes
S'éleve un Palais éclatant.
Sa face toute décorée
Brille d'un éclat fans pareil ;
Ainfi dans la Voute azurée
Brille le Palais du Soleil.
Là j'entens de fçavans Orphées
Former mille Concerts charmans ;
N'est- ce pas ainfi que les Fées
Faifoient de doux enchantemens ?
On ne voit , n'entend que merveilles ,
Le Ballet ſe mêle aux Concerts ,
On charme les yeux , les oreilles ,
Et
par
les pas , & par les airs.
Pour marquer leur réjouiſſance
Des Bergere quittant leurs Hameaux ;
Chantent
AVRIL
1730 .
707
Chantent le bonheur de la France
Au fon de leurs doux chalumeaux.
Des Dieux , des Déeffes charmantes
S'empreffent d'embellir ces lieux ,
Et leurs parures éclatantes
Sont moins brillantes que leurs
yeux.
On a depeuplé pour la Fête
Les Mers ainfi que les Forêts ,
Des feftins que Comus aprête ,
C'eft Philippe qui fait les frais.
De mille facons differentes
Le goût s'y trouve déguiſé ,
Et fous des figures galantes
Le fucre eft métamorphofé.
Un partere de confiture
Y charme le goût & les yeux ;
On craint d'en brifer la ſtructure
Tant on le trouve précieux.
La vive , la legere danſe
Succede bientôt au repas ;
Alors mille Amours en cadence
De nos Beautés fuivent les pas.
Dij A
708 MERCURE DE FRANCE
A voir tant de magnificence ,
D'Eſpagne on connoît les grandeurs
D'un Dauphin l'heureuſe Naiffance
Anime fes Ambaffadeurs.
A vous chanter nos voix font prêtes ;
Vous feuls avez fçû parvenir
A donner de fuperbes Fêtes
Dont parlera tout l'avenir.
淤
En ces lieux d'un augufte maître
yous foûtenez la Majefté ;
Nous y faifons auffi paroître
Tout l'amour qu'il a merité.
Peuples , accourez de l'Eſpagne
Boire la fanté du Dauphin ;
Et la Bourgogne & la Champagne
Vous refervent leur meilleur vin.
Rien ne fçauroit plus nous contraindre ;
Tous les Peuples font nos amis ;
Deformais qu'avons nous à craindre ?,
PHILIPPE s'unit à LOUIS.
D. L. T
Sur la Fête magnifique , donnée par leurs
Excellences M M. le Marquis de Santa
Cruz , & de Barrenechea , Ambaſſadeurs
Extraordinaires & Plenipotentiaires de
S. M. Catholique , au fujet de la Naiffance
de Monfeigneur le Dauphin , le
24. Fanvier 1730 .
Sur les Rivages de la Seine , Ur
Quels font ces Spectacles charmans ,
Où l'Art ingenieux enchaîne ,
Et réunit les Elemens ?
AVRIL. 1730. 703
Le Soleil plus brillant éclaire ·
Ce jour fi beau , fi fortuné ;
Le Fleuve impetueux tempête,
Et calme fon flot -mutiné.
Au temps même de la froidure
Je vois naître le doux Printemps ,
Et par une aimable impofture ,
L'Art imite fes ornemens.
Sur les eaux flottent des Parterres
Entourez d'Ifs & d'Orangers ;
Ils lancent d'innocens Tonnerres ,
Dont on ne craint point les dangers,
Ici tout plaît , ici tout brille ,
On croit voir nos Bords ennoblis
Quand fur les Tours de la Caftille
Flotte le Pavillon des Lys.
Le Lyon fuperbe y domine ,
Près de fon Fleuve imperieux ;
A fon afpect tout s'illumine ,
Tout rit, tout enchante les yeux.
鼗
Fiere
4
704 MERCURE DE FRANCE
Fiere de parures fi belles ,
La Seine voit orner fes Bords ;
Par le battement de ſes aîles ,
Le Cocq exprime ſes tranſports.
>
Ah ! que de brillantes Etoiles ,
Se détachent du Firmament !
O nuit , elle perce tes voiles ,
Pour marquer cet heureux moment.
Eft- ce pour nous livrer la guerre,
Que brûle ce nouvel Ethna ?
Tel fur les Enfans de la Terre ,
Jupiter autrefois tonna
Après que ces Feux à lá ronde ,
Ont fait ferpenter mille Eclairs ,
Ils vont folâtrer deffus 1.Onde ,
Ainfi qu'ils ont fait dans les Airs.
Mille fleurs vives & brillantes ,
Parent ces Jardins enchantez ;
Les Fruits font Grenades bruyantes ,
Qui partent de tous les côtes.
Gera
AVRIL
1730.
705
Cette fulphureufe matiere ,
S'enflame de mille façons ,
Bondit , fe plonge en la Riviere
Et nage comme des poiffons.
Les Lampions, les Girandoles
Y ramenent l'éclat du jour ,
Et dans de fuperbes Gondoles
S'unit la Trompette au Tambour.'
'Au fon de la vive trompette
Se mêle le bruit du Canon
Et le Peuple charmé repéte
De nos deux Rois l'augufte nom .
Par mainte Bachique Fontaine
Tout le Peuple eft defalteré ,
Ainfi que l'eau coule en la Seine ,
Par tout le vin coule à fon gré.
Que vois -je ! une naiflante Aurore.
Se leve , & dore ces côteaux ,
Et dans l'Univers qui l'implore
Lance des rayons tout nouveaux.
來
D Iris
706 MERCURE DE FRANCE
Iris la fuit , & va defcendre ;
Elle nous annonce la paix ,
Sa préſence doit nous l'apprendre ,
Et confirmer tous nos fouhaits.
Que d'aimables Métamorphofes
S'achevent dans le même inftant
?
Où l'on voyoit croître des Rofes
S'éleve un Palais éclatant.
Sa face toute décorée
Brille d'un éclat fans pareil ;
Ainfi dans la Voute azurée
Brille le Palais du Soleil.
Là j'entens de fçavans Orphées
Former mille Concerts charmans ;
N'est- ce pas ainfi que les Fées
Faifoient de doux enchantemens ?
On ne voit , n'entend que merveilles ,
Le Ballet ſe mêle aux Concerts ,
On charme les yeux , les oreilles ,
Et
par
les pas , & par les airs.
Pour marquer leur réjouiſſance
Des Bergere quittant leurs Hameaux ;
Chantent
AVRIL
1730 .
707
Chantent le bonheur de la France
Au fon de leurs doux chalumeaux.
Des Dieux , des Déeffes charmantes
S'empreffent d'embellir ces lieux ,
Et leurs parures éclatantes
Sont moins brillantes que leurs
yeux.
On a depeuplé pour la Fête
Les Mers ainfi que les Forêts ,
Des feftins que Comus aprête ,
C'eft Philippe qui fait les frais.
De mille facons differentes
Le goût s'y trouve déguiſé ,
Et fous des figures galantes
Le fucre eft métamorphofé.
Un partere de confiture
Y charme le goût & les yeux ;
On craint d'en brifer la ſtructure
Tant on le trouve précieux.
La vive , la legere danſe
Succede bientôt au repas ;
Alors mille Amours en cadence
De nos Beautés fuivent les pas.
Dij A
708 MERCURE DE FRANCE
A voir tant de magnificence ,
D'Eſpagne on connoît les grandeurs
D'un Dauphin l'heureuſe Naiffance
Anime fes Ambaffadeurs.
A vous chanter nos voix font prêtes ;
Vous feuls avez fçû parvenir
A donner de fuperbes Fêtes
Dont parlera tout l'avenir.
淤
En ces lieux d'un augufte maître
yous foûtenez la Majefté ;
Nous y faifons auffi paroître
Tout l'amour qu'il a merité.
Peuples , accourez de l'Eſpagne
Boire la fanté du Dauphin ;
Et la Bourgogne & la Champagne
Vous refervent leur meilleur vin.
Rien ne fçauroit plus nous contraindre ;
Tous les Peuples font nos amis ;
Deformais qu'avons nous à craindre ?,
PHILIPPE s'unit à LOUIS.
D. L. T
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Résumé : ODE Sur la Fête magnifique, donnée par leurs Excellences M M. le Marquis de Santa Cruz, & de Barrenechea, Ambassadeurs Extraordinaires & Plenipotentiaires de S. M. Catholique, au sujet de la Naissance de Monseigneur le Dauphin, le 24. Janvier 1730.
Le texte relate une fête somptueuse organisée par les ambassadeurs extraordinaires et plénipotentiaires de Sa Majesté Catholique, le Marquis de Santa Cruz et de Barrenechea, pour célébrer la naissance du Dauphin le 24 janvier 1730. Cette célébration se déroule sur les rives de la Seine et présente des spectacles enchanteurs où l'art s'unit aux éléments naturels. Le jour est décrit comme brillant et fortuné, avec un fleuve alternant entre impétuosité et calme, symbolisant la transition entre l'hiver et le printemps. Les eaux de la Seine sont ornées de parterres flottants entourés d'ifs et d'orangers, lançant des tonnerres inoffensifs. La rivière est décorée de parures, et un coq exprime sa joie par le battement de ses ailes. Le ciel est illuminé de brillantes étoiles, et des feux d'artifice imitent des éclairs et des tonnerres. Des jardins enchanteurs sont parés de fleurs vives et de fruits éclatants, tandis que des lampions et des girandoles éclairent la scène. La trompette et le tambour résonnent, accompagnés par le canon, et le peuple répète les noms augustes des deux rois. Des fontaines de vin désaltèrent la foule, et une aurore naissante dore les coteaux. Iris annonce la paix, et des métamorphoses se produisent, transformant des roses en un palais éclatant. Des concerts et des ballets enchantent les invités, et des bergères chantent le bonheur de la France. Des dieux et des déesses embellissent les lieux, et des festins somptueux sont offerts. La fête met en scène diverses métamorphoses culinaires, comme un parterre de confiture, et des danses légères succèdent aux repas. La magnificence de la fête témoigne des grandeurs de l'Espagne et de la France unies par la naissance du Dauphin. Les peuples sont invités à célébrer cet événement, et la Bourgogne et la Champagne offrent leurs meilleurs vins. La fête symbolise l'union entre Philippe et Louis, et l'amitié entre les peuples.
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44
p. 717-722
REJOUISSANCES faites à Tripoly de Syrie, par le Consul de France. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville le 5. Janvier 1730. par M....
Début :
Mr le Maire, Consul de France à Tripoly de Syrie, ayant reçu les ordres de la Cour sur [...]
Mots clefs :
Réjouissances, Naissance du Dauphin, Dauphin, Syrie, Consul de France, Nation française, Tripoli
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texteReconnaissance textuelle : REJOUISSANCES faites à Tripoly de Syrie, par le Consul de France. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville le 5. Janvier 1730. par M....
REJOUISSANCES faites à Tripoly
de Syrie , par le Conful de France.
Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville
le 5. Janvier 1730. par M...··
Mãe Syrie, ayané reçûle's ordres de la Cour fur
le Maire , Conful de France à Tripoly
Pheureufe Naiffance du Dauphin , fit auffi -tôt
convoquer une Affemblée generale de la Nation
de France, où il fut déliberé , que de concert avec
le fieur Aumerat , Député du Commerce de cette
Echelle , le Conful feroit tout ce qu'il jugeroit à
propos pour celebrer cette augufte Naiffance. M
donna fes ordres dès le même jour pour tous les
préparatifs neceffaires ,lefquels furent executez en
moins de huit jours, & approuvez par le Député
du Commerce , auquel le Conful avoit communiqué
fes projets. Comme tout le trouva prêt le
premier jour de l'an , le Conful crut qu'on ne
pouvoit mieux commencer la nouvelle année ,
qu'en donnant ce jour-là des marques de la joyet
de toute la Nation.
Tout étant difpofé , le Conful envoya le der
nier jour de l'année 1729. des Billets d'avertiffe
ment à toute la Nation Françoiſe , pour l'infor
mer qu'il iroit le lendemain en ceremonie à l'Eglife
Paroiffiale pour y faire chanter le Te Deum ,
& une grande Meffe en action de graces de l'heurreufe
718 MERCURE DE FRANCE
reufe nouvelle que la Nation venoit de recevoir.
Le Conful fit avertir aufli tous les Religieux Miffionnaires
d'y affiſter.
Le lendemain , premier jour de l'an , tout le
monde fe rendit à l'heure qui avoit été donnée ,
dans la Maiſon du Roy , & fur les 9. heures le
Conful de France , accompagné de toute la Na--
tion fe mit en marche de cette maniere.
Six Janniffaires portant des Maffes, & couverts
de leurs Bonnets de ceremonie , précedez par
P'Huiffier de la Nation , commençoient la Marche,
les Officiers de la Maifon du Conful , compofée
de quatre Interpretes , venoient enfuite. Le
Conful, à la tête de toute la Nation Françoiſe
fuivoit immédiatement après , & la Marche étoit
terminée par les Tambours , Timbales & Trompettes
du Pacha de Tripoly. Les rues étoient
remplies d'un très - grand nombre de Chrétiens du
Pays, & d'autres Nations étrangeres , & de toute
da Populace de la Ville.
Le Conful arriva en cet ordre jufqu'à la porte
de l'Eglife , où il trouva le Superieur des Capucins,
fon Chapelain & Curé de la Nation , qui lui
prefenta l'Eau - Benite , & lui fit un Compliment
fur la Naiflance du Dauphin . On entra enfuite"
dans l'Eglife qui étoit extraordinairement décorée;
on y chanta la grande Meffe , le Te Deum
& l'Exaudiat , au bruit d'une très-grande quantité
de Boëtes .
Le Conful avec toute fa fuite , fortit de l'Eglife
dans le même ordre qu'il y étoit entré , & revint
la Maiſon du Roi , où l'on fervit un déjeuné
compofé de toutes fortes de viandes en très gran
de profufion. Le Conful but la fanté du Roi , de
la Reine & du Prince nouveau né , au bruit des
Boetes , de la Moufqueterie & de tous les Canons
des Vaileaux François & Etrangers qui étoient
dans
AVRIL. 1730. 719
dans le Port. Le Député du Commerce & toute
la Nation, fuivirent l'exemple du Conful , on dif
tribua de l'argent aux pauvres , & toute cette
journée fe paffa dans la plus grande joye, jeux ,
danfes & autres divertiffemens .
A l'entrée de la nuit on commença l'Illumination
, la Maifon du Roi étoit illuminée de haue™
en bas
par plus de 2000. Lampions. Trois grandes
Piramides de 18. pieds de hauteur fur 6. de
largeur en quarré,.couronnées par des Fleurs
de Lys à quatre faces,à jour, garnies de Lampions,
regnoient le long de la baffe Terraffe , ce qui pro
duifoit un effet admirable. Le Grand-Divan ou Ef-T
trade de la baffe-cour étoit illuminé par 5.grands-
Luftres à quatre étages , à la maniere du Païs
dont chaque étage contenoit plus de 500. Lampions
qui répandoient une clarté étonnante dans
toute la Cour , & au Divan , au bout duquel on
avoit placé une Girandole de cuivre doré ,
douze branches, garnies de bougies.
En face du Divan & fur le bout du Baffin de
Marbre , qui reçoit un jet d'eau , on avoit élevé
le Portrait du Roi , couronné de Lauriers , de zo .
pieds de hauteur , & plus bas on avoit placé un
grand Ecuffon aux Armes de France , travaillé à
jour , dont les Fleurs de Lys avoient quatre pieds
de hauteur. Cet Ecuffon , qui étoit illuminé extraordinairement
, avoit deux faces , pour être vu
des deux côtez du Baffin ; il étoit orné de Palmes
& de Lauriers , & les huit Colomnes qui bordent
le Réfervoir , étoient couvertes dans toute leur
hauteur de branches d'Orangers chargées de leur
fruit , ce qui formoit une décoration des plus
agréables.
Tous les Marchands François qui ont leurs lagemens
dans differens quartiers de la Ville , firentauffi
des Illuminations magnifiques dans leurs
maifors
420 MERCURE DE FRANCE
*
maifons ; elles furent fi grandes & en fi grand
nombre, que le Cadi ou Juge en chef de Tripoly,
en fut allarmé , il envoya
dire au Conful de France
de faire ceffer ces illuminations , que le Peuple
en murmuroit, craignant qu'on ne voulût mettre
Je feu à la Ville , & qu'il feroit obligé d'envoyer ,
du monde pour les éteindre , il fit dire même au
fieur Blanc , que fa maifon fe trouvant placée dans
nn Camp quia ppartient à la Ville de la Meque,
& affecté en quelque façon à leur Prophete , il n'y
pouvoit faire aucun feu fur les Terraffes , & c. Le
Conful ne s'embarraſſa pas beaucoup des menaces
du Cadi , il fut pourtant obligé d'en porter fes
plaintes au Pacha , lequel ayant déja donné fon
agrément au Conful pour toutes les Illuminations
qu'il devoit faire , fit ceffer toutes les difficultez
du Cadi , & les Illuminations furent continuées
fans aucun empêchement pendant les trois jours
que dura la Fête.
La Salle d'Audiance étoit décorée auffi de quan
tité de Portraits de la Famille Royale & de plufieurs
Luftres garnis de Bougies. Le Grand - Divan
de cette Salle étoit tapiffé de plufieurs Pieces d'E
toffes de Soye magnifique & meublé, à la maniere
du Pays, de quantité de Couffins de velours cizelé
pour recevoir la Nation & les Grands du Pays ,
qui étoient venus pour voir la Fête.
Il y a eu pendant les trois jours de cette Fête ,
deux Tables dans la Salle d'Audiance , une de 15 .
Couverts & l'autre de 12. qui furent également
fervies & avec autant de profufion que de délicateffe
; les fantez du Roy y furent bues plus d'une
fois au bruit des Boetes & de l'Artillerie ; il y eut
plus de 800 verres de caffez à la fanté de Monfeigneur
le Dauphin.
* Grand Bâtiment quarré en forme de Cloitre
qui contient plufieurs Logemens .
Les
AVRIL . 2730. 727
Les Religieux Miffionnaires des quatre Maifons
furent priez le fecondjour & de la Fête &
du Repas , ils avoient déja donné des marques de
leur zele par des Prieres , des Charitez , des Illuminations
, & c.
La Maifon du Conful fut toûjours ouverte à
tous les Grands du Pays & aux Marchands Turcs,
aufquels on diftribua du Caffé , des Eaux de fenteurs
, du Sorbec & du Tabac à fumer , fuivant
P'ufage du Pays.
Le Janniffaire-Aga vint fur le foir en ceremo →
nie rendre vifite au Conful , pour lui faire compliment
fur la Naiffance du Dauphin, il fut réga
lé d'une collation , du Parfum.
Comme le Conful avoit fait part au Patriarche
& aux Archevêques & Evêques des Maronites ,
Nation Catholique du Mont Liban , au pied duquel
eft fituée la Ville de Tripoly, de la Naiffance
de Monfeigneur le Dauphin , l'Archevêque Gabriël
d'Eden fut envoyé de la part de ces Prélats,
pour lui en faire compliment & pour le prier d'af
fifter à la Meffe que le même Archevêque devoit
celebrer pontificalement le lendemain , en action
de graces dans cet heureux évenement. Le Conful
s'y rendit avec les Principaux de fa Nation , le
Prélat revêtu de fes habits Pontificaux , vint le
recevoir à la porte de l'Eglife des Maronites , lur
donna l'Eau- Benite & le conduifit , ſuivi de tous e
les Prêtres portant des Cierges , avec la Croix &
la Banniere , jufqu'à fon Prie- Dieu , placé près de
I'Autel. A la fin de la Meffe l'Archevêque prononça
un Difcours à la louange du Roi , Protec
teur de la Nation Maronite , & l'exhorta à prier -
Dieu pour la confervation de S. M. & de la Famille
Royale , le Conful donna le même jour un
* Jefuites , Cordeliers , Carmes Déchaux
Capucins.
grand
22 MERCURE DE FRANCE
grand Repas à ce Prélat & à tout le Clergé qui
l'accompagnoit.
de Syrie , par le Conful de France.
Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville
le 5. Janvier 1730. par M...··
Mãe Syrie, ayané reçûle's ordres de la Cour fur
le Maire , Conful de France à Tripoly
Pheureufe Naiffance du Dauphin , fit auffi -tôt
convoquer une Affemblée generale de la Nation
de France, où il fut déliberé , que de concert avec
le fieur Aumerat , Député du Commerce de cette
Echelle , le Conful feroit tout ce qu'il jugeroit à
propos pour celebrer cette augufte Naiffance. M
donna fes ordres dès le même jour pour tous les
préparatifs neceffaires ,lefquels furent executez en
moins de huit jours, & approuvez par le Député
du Commerce , auquel le Conful avoit communiqué
fes projets. Comme tout le trouva prêt le
premier jour de l'an , le Conful crut qu'on ne
pouvoit mieux commencer la nouvelle année ,
qu'en donnant ce jour-là des marques de la joyet
de toute la Nation.
Tout étant difpofé , le Conful envoya le der
nier jour de l'année 1729. des Billets d'avertiffe
ment à toute la Nation Françoiſe , pour l'infor
mer qu'il iroit le lendemain en ceremonie à l'Eglife
Paroiffiale pour y faire chanter le Te Deum ,
& une grande Meffe en action de graces de l'heurreufe
718 MERCURE DE FRANCE
reufe nouvelle que la Nation venoit de recevoir.
Le Conful fit avertir aufli tous les Religieux Miffionnaires
d'y affiſter.
Le lendemain , premier jour de l'an , tout le
monde fe rendit à l'heure qui avoit été donnée ,
dans la Maiſon du Roy , & fur les 9. heures le
Conful de France , accompagné de toute la Na--
tion fe mit en marche de cette maniere.
Six Janniffaires portant des Maffes, & couverts
de leurs Bonnets de ceremonie , précedez par
P'Huiffier de la Nation , commençoient la Marche,
les Officiers de la Maifon du Conful , compofée
de quatre Interpretes , venoient enfuite. Le
Conful, à la tête de toute la Nation Françoiſe
fuivoit immédiatement après , & la Marche étoit
terminée par les Tambours , Timbales & Trompettes
du Pacha de Tripoly. Les rues étoient
remplies d'un très - grand nombre de Chrétiens du
Pays, & d'autres Nations étrangeres , & de toute
da Populace de la Ville.
Le Conful arriva en cet ordre jufqu'à la porte
de l'Eglife , où il trouva le Superieur des Capucins,
fon Chapelain & Curé de la Nation , qui lui
prefenta l'Eau - Benite , & lui fit un Compliment
fur la Naiflance du Dauphin . On entra enfuite"
dans l'Eglife qui étoit extraordinairement décorée;
on y chanta la grande Meffe , le Te Deum
& l'Exaudiat , au bruit d'une très-grande quantité
de Boëtes .
Le Conful avec toute fa fuite , fortit de l'Eglife
dans le même ordre qu'il y étoit entré , & revint
la Maiſon du Roi , où l'on fervit un déjeuné
compofé de toutes fortes de viandes en très gran
de profufion. Le Conful but la fanté du Roi , de
la Reine & du Prince nouveau né , au bruit des
Boetes , de la Moufqueterie & de tous les Canons
des Vaileaux François & Etrangers qui étoient
dans
AVRIL. 1730. 719
dans le Port. Le Député du Commerce & toute
la Nation, fuivirent l'exemple du Conful , on dif
tribua de l'argent aux pauvres , & toute cette
journée fe paffa dans la plus grande joye, jeux ,
danfes & autres divertiffemens .
A l'entrée de la nuit on commença l'Illumination
, la Maifon du Roi étoit illuminée de haue™
en bas
par plus de 2000. Lampions. Trois grandes
Piramides de 18. pieds de hauteur fur 6. de
largeur en quarré,.couronnées par des Fleurs
de Lys à quatre faces,à jour, garnies de Lampions,
regnoient le long de la baffe Terraffe , ce qui pro
duifoit un effet admirable. Le Grand-Divan ou Ef-T
trade de la baffe-cour étoit illuminé par 5.grands-
Luftres à quatre étages , à la maniere du Païs
dont chaque étage contenoit plus de 500. Lampions
qui répandoient une clarté étonnante dans
toute la Cour , & au Divan , au bout duquel on
avoit placé une Girandole de cuivre doré ,
douze branches, garnies de bougies.
En face du Divan & fur le bout du Baffin de
Marbre , qui reçoit un jet d'eau , on avoit élevé
le Portrait du Roi , couronné de Lauriers , de zo .
pieds de hauteur , & plus bas on avoit placé un
grand Ecuffon aux Armes de France , travaillé à
jour , dont les Fleurs de Lys avoient quatre pieds
de hauteur. Cet Ecuffon , qui étoit illuminé extraordinairement
, avoit deux faces , pour être vu
des deux côtez du Baffin ; il étoit orné de Palmes
& de Lauriers , & les huit Colomnes qui bordent
le Réfervoir , étoient couvertes dans toute leur
hauteur de branches d'Orangers chargées de leur
fruit , ce qui formoit une décoration des plus
agréables.
Tous les Marchands François qui ont leurs lagemens
dans differens quartiers de la Ville , firentauffi
des Illuminations magnifiques dans leurs
maifors
420 MERCURE DE FRANCE
*
maifons ; elles furent fi grandes & en fi grand
nombre, que le Cadi ou Juge en chef de Tripoly,
en fut allarmé , il envoya
dire au Conful de France
de faire ceffer ces illuminations , que le Peuple
en murmuroit, craignant qu'on ne voulût mettre
Je feu à la Ville , & qu'il feroit obligé d'envoyer ,
du monde pour les éteindre , il fit dire même au
fieur Blanc , que fa maifon fe trouvant placée dans
nn Camp quia ppartient à la Ville de la Meque,
& affecté en quelque façon à leur Prophete , il n'y
pouvoit faire aucun feu fur les Terraffes , & c. Le
Conful ne s'embarraſſa pas beaucoup des menaces
du Cadi , il fut pourtant obligé d'en porter fes
plaintes au Pacha , lequel ayant déja donné fon
agrément au Conful pour toutes les Illuminations
qu'il devoit faire , fit ceffer toutes les difficultez
du Cadi , & les Illuminations furent continuées
fans aucun empêchement pendant les trois jours
que dura la Fête.
La Salle d'Audiance étoit décorée auffi de quan
tité de Portraits de la Famille Royale & de plufieurs
Luftres garnis de Bougies. Le Grand - Divan
de cette Salle étoit tapiffé de plufieurs Pieces d'E
toffes de Soye magnifique & meublé, à la maniere
du Pays, de quantité de Couffins de velours cizelé
pour recevoir la Nation & les Grands du Pays ,
qui étoient venus pour voir la Fête.
Il y a eu pendant les trois jours de cette Fête ,
deux Tables dans la Salle d'Audiance , une de 15 .
Couverts & l'autre de 12. qui furent également
fervies & avec autant de profufion que de délicateffe
; les fantez du Roy y furent bues plus d'une
fois au bruit des Boetes & de l'Artillerie ; il y eut
plus de 800 verres de caffez à la fanté de Monfeigneur
le Dauphin.
* Grand Bâtiment quarré en forme de Cloitre
qui contient plufieurs Logemens .
Les
AVRIL . 2730. 727
Les Religieux Miffionnaires des quatre Maifons
furent priez le fecondjour & de la Fête &
du Repas , ils avoient déja donné des marques de
leur zele par des Prieres , des Charitez , des Illuminations
, & c.
La Maifon du Conful fut toûjours ouverte à
tous les Grands du Pays & aux Marchands Turcs,
aufquels on diftribua du Caffé , des Eaux de fenteurs
, du Sorbec & du Tabac à fumer , fuivant
P'ufage du Pays.
Le Janniffaire-Aga vint fur le foir en ceremo →
nie rendre vifite au Conful , pour lui faire compliment
fur la Naiffance du Dauphin, il fut réga
lé d'une collation , du Parfum.
Comme le Conful avoit fait part au Patriarche
& aux Archevêques & Evêques des Maronites ,
Nation Catholique du Mont Liban , au pied duquel
eft fituée la Ville de Tripoly, de la Naiffance
de Monfeigneur le Dauphin , l'Archevêque Gabriël
d'Eden fut envoyé de la part de ces Prélats,
pour lui en faire compliment & pour le prier d'af
fifter à la Meffe que le même Archevêque devoit
celebrer pontificalement le lendemain , en action
de graces dans cet heureux évenement. Le Conful
s'y rendit avec les Principaux de fa Nation , le
Prélat revêtu de fes habits Pontificaux , vint le
recevoir à la porte de l'Eglife des Maronites , lur
donna l'Eau- Benite & le conduifit , ſuivi de tous e
les Prêtres portant des Cierges , avec la Croix &
la Banniere , jufqu'à fon Prie- Dieu , placé près de
I'Autel. A la fin de la Meffe l'Archevêque prononça
un Difcours à la louange du Roi , Protec
teur de la Nation Maronite , & l'exhorta à prier -
Dieu pour la confervation de S. M. & de la Famille
Royale , le Conful donna le même jour un
* Jefuites , Cordeliers , Carmes Déchaux
Capucins.
grand
22 MERCURE DE FRANCE
grand Repas à ce Prélat & à tout le Clergé qui
l'accompagnoit.
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Résumé : REJOUISSANCES faites à Tripoly de Syrie, par le Consul de France. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville le 5. Janvier 1730. par M....
Le 5 janvier 1730, le consul de France à Tripoli de Syrie convoqua une assemblée générale de la Nation française pour célébrer la naissance du Dauphin, conformément aux ordres reçus de la Cour. En collaboration avec le sieur Aumerat, député du Commerce, les préparatifs furent rapidement exécutés et approuvés. Le 31 décembre 1729, le consul informa la Nation française qu'il se rendrait le lendemain à l'église paroissiale pour y faire chanter le Te Deum et une grande messe en action de grâce. Le 1er janvier, une procession solennelle se dirigea vers l'église décorée pour l'occasion, où le Te Deum et l'Exaudiat furent chantés au son des cloches. Après la messe, le consul et sa suite retournèrent à la Maison du Roi, où un déjeuner fut servi. Des salves de canons et des feux d'artifice furent tirés, et l'illumination de la Maison du Roi et des quartiers français de la ville fut spectaculaire, malgré les objections du Cadi. Le Pacha intervint pour permettre la continuation des illuminations. La salle d'audience fut décorée avec des portraits de la famille royale et des lustres. Des tables furent dressées pour recevoir les invités, et des rafraîchissements furent offerts aux grands du pays et aux marchands turcs. Des visites officielles et des compliments furent échangés, notamment avec l'archevêque Gabriel d'Eden, représentant les Maronites. Une messe pontificale fut célébrée en action de grâce, suivie d'un discours en l'honneur du roi et d'un repas offert par le consul.
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45
p. 916-919
IDILLE HÉROIQUE SUR LA NAISSANCE DE MONSEIGNEUR LE DAUPHIN.
Début :
Le Ciel est propice à vos voeux, [...]
Mots clefs :
Dauphin, Amour, Divin, Auteur
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texteReconnaissance textuelle : IDILLE HÉROIQUE SUR LA NAISSANCE DE MONSEIGNEUR LE DAUPHIN.
IDILLE HEROIQUE
SUR LA NAISSANCE
DE MONSEIGNEUR
LE DAUPHIN.
LE Ciel eft propice à vos voeux ,
Peuples , chantez ce jour qui vous rend tous heu
reux.
Le
MAY . 1730 .
917
Le Ciel eft propice à nos voeux ;
Chantons , chantons ce jour qui nous rend tous
heureux.
Quel plaifir pour nos coeurs ! quel bonheur
la France !
Nous voyons paroître enfin
L'objet de notre eſperance.
Quel plaifir pour nos coeurs ! quel bonheur
la France+
pour
pour
Ce jour , cet heureux jour a vû naître un Dauphin
.
Que tout fur la terre & fur l'onde.
Seconde les tranſports de nos coeurs amoureux ;'
C'eſt le don le plus précieux
Que les Dieux pouvoient faire au monde.
Le Ciel eft propice à nos voeux
Cantons , chantons ce jour qui nous rend tous
heureux.
Déja nous avions vû l'Aurore
De ce grand jour que celebrent nos airs.
Trois Aftres nouveau-nés avoient à l'Univers
Annoncé le Soleil que nous voyons éclore.
Le Ciel eft propice &c .
Mais d'où naît cet éclat nouveau ?
Quel Enfant les Jeux & les Graces
Courent en foule fur fes traces ,
D EtBE
918 MERCURE DE FRANCE
Et volent autour du Berceau,
La chafte Lucine
Vante fes attraits
Et ne vit jamais
Plus belle origine ;
Amour aujourd'hui
Paroît feul en peine ,
Et craint qu'on ne prenne
Cet enfant pour lui.
Croiffez , cher Rejetton du plus puiffant des Rois,
Et puifqu'Amour déja porte envie à vos charmes
Puiffe à fon tour le Dieu des Armes
Etre jaloux de vos exploits !
Que dans l'un & l'autre Hemiſphere
On vante vos faits inoüis ,
Que le fils imite le pere ,
s ;
Que le pere ne foit égalé que du fils.
Mais où fuis-je ? O Cicl ! puis - je croire
Le fpectacle enchanteur qui frappe mes eſprits ?
Le Temple du Deftin s'ouvre à mes yeux furpris;
Du Dauphin , à l'envi , tout m'annonce la gloire,
Je vois , je vois déja les neuf fçavantes Soeurs
Lui prodiguer leurs plus cheres faveurs :
Tout le Ciel pour lui s'intereffe ;
Jupiter le foûtient ; Mars au combat l'inftruit ;
Minerve dans fon coeur vient verfer la ſageſſe ,
Et le Dieu même du Permeffe
Se plaît à former fon efprit.
Qu'il
MAY.
1730 .
919
Qu'il fera grand ; que fon aimable Empire
Sera cheri de l'Univers ;
Tous les jours lui verront produire
Mille prodiges divers.
Eh ! ne feroit- il pas lui-même
Un prodige étonnant pour nos regards ſurpris ;
Si formé du fang de Louis ,
Tout ne retentiffoit de fa gloire fuprême ?
Et
Qu'il vive donc pour remplir fes deſtins
Qu'il apporte en tous lieux la joye & l'abondance
que ſemblable au Roi dont il a pris naiſſance
Il ſoit un jour l'arbitre & l'amour des humains.
Qu'il vive pour remplir ſes glorieux deſtins !
O vous , divin Auteur du bien de la Patrie ,
Arbitre fouverain de la Terre & des Cieux ,
Pouviez-vous récompenfer mieux
Les vertus de LOUIS & celles de MARIE ?
O vous , divin Auteur du bien de la Patrie ,
Ne ceffez de verſer ſur Louis & Marie
Vos bienfaits les plus précieux ;
Rendez l'Epouſe heureuſe & l'Epoux glorieux. }
O vous , divin Auteur du bien de la Patrie ,
Pourfuivez , rempliffez nos voeux ;
Qu'ils vivent feulement , l'Univers eſt heureux.
Par M. l'Abbé Portes , de
Montpellier.
SUR LA NAISSANCE
DE MONSEIGNEUR
LE DAUPHIN.
LE Ciel eft propice à vos voeux ,
Peuples , chantez ce jour qui vous rend tous heu
reux.
Le
MAY . 1730 .
917
Le Ciel eft propice à nos voeux ;
Chantons , chantons ce jour qui nous rend tous
heureux.
Quel plaifir pour nos coeurs ! quel bonheur
la France !
Nous voyons paroître enfin
L'objet de notre eſperance.
Quel plaifir pour nos coeurs ! quel bonheur
la France+
pour
pour
Ce jour , cet heureux jour a vû naître un Dauphin
.
Que tout fur la terre & fur l'onde.
Seconde les tranſports de nos coeurs amoureux ;'
C'eſt le don le plus précieux
Que les Dieux pouvoient faire au monde.
Le Ciel eft propice à nos voeux
Cantons , chantons ce jour qui nous rend tous
heureux.
Déja nous avions vû l'Aurore
De ce grand jour que celebrent nos airs.
Trois Aftres nouveau-nés avoient à l'Univers
Annoncé le Soleil que nous voyons éclore.
Le Ciel eft propice &c .
Mais d'où naît cet éclat nouveau ?
Quel Enfant les Jeux & les Graces
Courent en foule fur fes traces ,
D EtBE
918 MERCURE DE FRANCE
Et volent autour du Berceau,
La chafte Lucine
Vante fes attraits
Et ne vit jamais
Plus belle origine ;
Amour aujourd'hui
Paroît feul en peine ,
Et craint qu'on ne prenne
Cet enfant pour lui.
Croiffez , cher Rejetton du plus puiffant des Rois,
Et puifqu'Amour déja porte envie à vos charmes
Puiffe à fon tour le Dieu des Armes
Etre jaloux de vos exploits !
Que dans l'un & l'autre Hemiſphere
On vante vos faits inoüis ,
Que le fils imite le pere ,
s ;
Que le pere ne foit égalé que du fils.
Mais où fuis-je ? O Cicl ! puis - je croire
Le fpectacle enchanteur qui frappe mes eſprits ?
Le Temple du Deftin s'ouvre à mes yeux furpris;
Du Dauphin , à l'envi , tout m'annonce la gloire,
Je vois , je vois déja les neuf fçavantes Soeurs
Lui prodiguer leurs plus cheres faveurs :
Tout le Ciel pour lui s'intereffe ;
Jupiter le foûtient ; Mars au combat l'inftruit ;
Minerve dans fon coeur vient verfer la ſageſſe ,
Et le Dieu même du Permeffe
Se plaît à former fon efprit.
Qu'il
MAY.
1730 .
919
Qu'il fera grand ; que fon aimable Empire
Sera cheri de l'Univers ;
Tous les jours lui verront produire
Mille prodiges divers.
Eh ! ne feroit- il pas lui-même
Un prodige étonnant pour nos regards ſurpris ;
Si formé du fang de Louis ,
Tout ne retentiffoit de fa gloire fuprême ?
Et
Qu'il vive donc pour remplir fes deſtins
Qu'il apporte en tous lieux la joye & l'abondance
que ſemblable au Roi dont il a pris naiſſance
Il ſoit un jour l'arbitre & l'amour des humains.
Qu'il vive pour remplir ſes glorieux deſtins !
O vous , divin Auteur du bien de la Patrie ,
Arbitre fouverain de la Terre & des Cieux ,
Pouviez-vous récompenfer mieux
Les vertus de LOUIS & celles de MARIE ?
O vous , divin Auteur du bien de la Patrie ,
Ne ceffez de verſer ſur Louis & Marie
Vos bienfaits les plus précieux ;
Rendez l'Epouſe heureuſe & l'Epoux glorieux. }
O vous , divin Auteur du bien de la Patrie ,
Pourfuivez , rempliffez nos voeux ;
Qu'ils vivent feulement , l'Univers eſt heureux.
Par M. l'Abbé Portes , de
Montpellier.
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Résumé : IDILLE HÉROIQUE SUR LA NAISSANCE DE MONSEIGNEUR LE DAUPHIN.
Le texte 'Idylle héroïque' célèbre la naissance du Dauphin en mai 1730, suscitant joie et bonheur parmi les peuples français. Le Dauphin est présenté comme un don divin, apportant espoir et félicité. Trois astres annoncent cette naissance, symbolisant l'aube d'un grand jour. La naissance est entourée de grâce et de beauté, avec des figures allégoriques comme les Jeux, les Grâces et Lucine vantant ses attraits. Amour lui-même est jaloux de ses charmes. Le poème prédit une vie glorieuse pour le Dauphin, soutenu par les dieux et destiné à accomplir des exploits remarquables. Il souhaite que le Dauphin imite son père et apporte joie et abondance à l'univers. Le texte se termine par une prière à l'Auteur divin pour bénir Louis et Marie, les parents du Dauphin, et pour que l'univers soit heureux grâce à leur existence.
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46
p. 1007-1011
REJOUISSANCES faites à la Martinique, sur la Naissance du Dauphin. Extrait d'une Lettre écrite de cette Isle, le 25. Janvier 1730.
Début :
Le Marquis de Champigny, Gouverneur des Isles du vent de l'Amerique, fit d'abord [...]
Mots clefs :
Martinique, Dauphin, Gouverneur, Illuminations, Roi
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texteReconnaissance textuelle : REJOUISSANCES faites à la Martinique, sur la Naissance du Dauphin. Extrait d'une Lettre écrite de cette Isle, le 25. Janvier 1730.
REJOUISSANCES faites à la
Martinique,furlaNaiffance duDauphin .
Extrait d'une Lettre écrite de cette Ifle, le
25. Fanvier 1730 .
E Marquis de Champigny , Gouverneur des
Lifles du Vent de l'Amerique , fit d'abord
éclater fa joye par une décharge generale de tous
les Canons de l'Ifle. Et le lendemain 4. Décembre
, il fit chanter le Te Deum , dans l'Eglife Paroiffiale
du Fort Royal de S. Pierre , où il affifta
avec M. d'Orgeville , Intendant de la Martinique ,
les Officiers Majors , le Confeil en Corps & les
Ju1008
MERCURE DE FRANCÊ
Jurifdictions , &c. Delà on alla dans la grande
Place allumer en ceremonie un Feu de joye qui"
y étoit préparé ; les Milices s'y trouverent & firent
trois décharges , pendant qu'on tira du Fort
& du Vaiffeau du Roi , plus de 400. coups de
Canon. M. le Gouverneur fit répandre de l'argent
au Peuple , dont la foule étoit fort grande dans
cette Place , & fur les fept heures du foir il fit tirer
au Fort un Feu d'artifice. Enfuite il donna
fomptueufement à fouper aux perfonnes les plus
confiderables du Pays , qui avoient déja dîné chez
lui , & il fit donner à manger à toutes les Trounes
Françoifes & Suiffes , fur des tables dreffées
rès autour du Château , au milieu defquelles ,
étoient plufieurs Fontaines de Vin qui coulerent'
pendant tout le temps du Repas , lequel fut fuivi
d'un Bal qui dura jufqu'au jour. L'Illumination
de l'Hôtel du Gouverneur dura auffi jufqu'au jour
& fut très-brillante.
My eut le même foir à l'Intendance une Illumination
magnifique , un nombre infini de Lampions
, difpofez avec art , faifoient un effet merveilleux
, on y diftribua à tous les paffans toutes
fortes de Rafraîchiffemens en abondance. Cependant
M. l'Intendant fe préparoit à donner le jous
fuivant une nouvelle Fête pour marquer l'ardeur
de fon zele , mais il fut obligé de s'embarquer
fur le Vaiffeau du Roy pour aller avec M. le
Gouverneur à la Guadeloupe , & il a remis cette
Fête à fon retour.
Toutes les Communautez Religieufes ont fignar
lé leur zele par des Te Deum , chantez folemnellement
, par des Illuminations , &c. Les Jefuites fe
font particulierement diftinguez , n'ayant rien
obmis pour rendre leur Fête des plus folemnelles,
à quoi la fituation de leur Maifon n'a pas peu
contribué. Au Nord du Bourg de S. Pierre eft
une
MAY. 1730. 1009
I
une longue Avenue , bordée de trois rangées d'arbres,
qui conduit à Paglife & au grand.Portail,qui
fait la principale entrée de cette Maifon , compofée
de trois aîles , & fait face à la Mer , dont elle
n'eft éloignée que d'environ 300. pas ; à cent pas
de la Maifon eft une Riviere , & au -delà une
belle Campagne , où fut dreffé le Feu d'artifice .
Dès les cinq heures du foir du 21. Janvier ,
trois déchargés de 21. coups de Canon chacune,
annoncerent le Te Deum , qui fut chanté dans
leur Eglife par de belles voix , accompagnées de
Hautbois ,Violons , Flutes Aliemandes , Baffes de
Violes , & autres Inftrumens. A fept heures , toute
l'Avenue fut illuminée par de grands Flambeaux
de Bois de Chandelle , de 9 a 10. pieds de
hauteur , placez dans les intervales des Arbres, qui
jettoient une grande flamme , & rendoient une
clarté prefque égale à celle du jour. Ce Bois de
chandelle eft refineux & eft le plus beau du Pays,
on en fait des Flambeaux qui ne s'éteignent point,
& qui éclairent extraordinairement.
L'entrée de la Cour préfentoit un fort beau
morceau d'Architecture , c'étoit un Portique foutenu
par des Colomnes de Marbre feint , dont
l'Entablement portoit de grands Vafes à fleurs &
autres ornemens. On y voyoit fur tout les Armes
de France & celles du Dauphiné , foutenues
par des Statues repréfentant la Force & la Juftice :
Aux deux côrez du Portrait , on voyoit deux Niches
de Rocaille , dans lefquelles étoient deux
Dauphins, qui jettoient une grande quantité d'eau
formant une Nape , qui couloit parmi des Coquillages,
& fe répandoit dans deux Baffins de
Marbre élevez fur des piedeftaux auffi de
Marbre.
"
Un autre grand Baffin, placé dans la cour, contenoit
dans fon milieu un Rocher escarpé , aux
quatre
1010 MERCURE DE FRANCE
quatre coins duquel on voyoit des Groupes . de
petits Dauphins qui jettoient de l'eau, & fervoien
Comme de Piedeital à un autre grand Dauphin ,
lequei pouffoit un Jet d'eau de 25. pieds de hau
_teur , & en même temps des flammes par le
moyen de differens tuyaux , ce qui faifoit un
effet très-éclatant.
Toute la façade & les deux aîles de cette grande
Maiſon étoient cependant tout en feu par Pabondance
& la varieté de l'Iumination , ce qui
formoit un afpect magnifique , fur tout du côté
de la Mer , où une infinité de Chaloupes & de
Canots , remplis d'une multitude de Spectateurs,
contribuerent beaucoup à la beauté de la Fête.
A peine l'Illumination fut-elle achevée, qu'il partit
de la Maiſon un Dragon enflammé , qui porta
le feu à l'Artifice , fitué , comme on l'a dit , audelà
de la Riviere , & éloigné de 400. pas. L'Edifice
qui le contenoit avoit plus de 60. pieds de
hauteur , fur 35. de largeur , & formoit comme
un grand Arc de Triomphe compofé dans toutes
les regles de la meilleure Architecture. Au milieu
de la Frife on voyoit ces mots en Lettres de feu ,
Vive le Roy , qu'on pouvoit lire diftinctement de
très- loin. Sur la Corniche regnoit une belle Baluftrade
, aux deux bouts de laquelle étoient les
Statues de la Paix & de l'Abondance avec leurs
attributs. On voyoit ailleurs celles de la France
& de la Religion , & plufieurs autres Figures &
Ornemens fimboliques , convenables à ce grand
Lujet.
Au bas de la Figure de la Renommée étoient
ces mots : NASCENTE DELPHINO , &
au bas de quatre autres Figures : GALLIA FELIX,
RELIGIO TUTA ABUNDANTIA
CERTA , PAX FIRMA , fans parler de quantité
d'Emblèmes & de Devifes ingénieufes placées
dans
MAY. 1730. ΙΟΙΙ
dans les endroits convenables , & qui furent très
applaudies.
L'Artifice réuffit parfaitement ; on admira fur
tout un grand Soleil fixe qui furprit tout le monpar
l'éclat de fa lumiere & par fa durée. Tout
le fpectacle finit par une décharge de quantité de
de
Boetes.
Il ne faut pas oublier
que cette Fête fi brillante,
& dont le fuccès a été fi heureux
, eft dûe au zele
& à la fagaci é du R. P. Le Brun , Superieur
General
des Miffions
de l'Amérique
, qui dans un
Pays denué de la plupart
des chofes
neceffaires
,
a trouvé
le moyen
de faire tout ce que le plus
habile Artifte auroit pû executer
dans la meilleure
Ville de l'Europe.
par
Les Dominicains fe font auffi beaucoup fignalés
dans cette occafion. Le R, P. Mane , Supérieur
Géneral de leurs Miffions dans les Illes , a donné
une Fête des plus brillantes , qui commença par
le Te Deum , chanté en Mufique , & fut continuée
le bruit d'une nombreuſe Artillerie , par
un Feu d'Artifice des mieux entendus , & heu →
reufement executé , par une Illumination magnifique
, & enfin par un grand repas donné à M.
le Commandant & aux perfonnes les plus qualifiées
, fans parler des aumônes & des liberali,
tés confiderables en faveur des Pauvres &c.
Martinique,furlaNaiffance duDauphin .
Extrait d'une Lettre écrite de cette Ifle, le
25. Fanvier 1730 .
E Marquis de Champigny , Gouverneur des
Lifles du Vent de l'Amerique , fit d'abord
éclater fa joye par une décharge generale de tous
les Canons de l'Ifle. Et le lendemain 4. Décembre
, il fit chanter le Te Deum , dans l'Eglife Paroiffiale
du Fort Royal de S. Pierre , où il affifta
avec M. d'Orgeville , Intendant de la Martinique ,
les Officiers Majors , le Confeil en Corps & les
Ju1008
MERCURE DE FRANCÊ
Jurifdictions , &c. Delà on alla dans la grande
Place allumer en ceremonie un Feu de joye qui"
y étoit préparé ; les Milices s'y trouverent & firent
trois décharges , pendant qu'on tira du Fort
& du Vaiffeau du Roi , plus de 400. coups de
Canon. M. le Gouverneur fit répandre de l'argent
au Peuple , dont la foule étoit fort grande dans
cette Place , & fur les fept heures du foir il fit tirer
au Fort un Feu d'artifice. Enfuite il donna
fomptueufement à fouper aux perfonnes les plus
confiderables du Pays , qui avoient déja dîné chez
lui , & il fit donner à manger à toutes les Trounes
Françoifes & Suiffes , fur des tables dreffées
rès autour du Château , au milieu defquelles ,
étoient plufieurs Fontaines de Vin qui coulerent'
pendant tout le temps du Repas , lequel fut fuivi
d'un Bal qui dura jufqu'au jour. L'Illumination
de l'Hôtel du Gouverneur dura auffi jufqu'au jour
& fut très-brillante.
My eut le même foir à l'Intendance une Illumination
magnifique , un nombre infini de Lampions
, difpofez avec art , faifoient un effet merveilleux
, on y diftribua à tous les paffans toutes
fortes de Rafraîchiffemens en abondance. Cependant
M. l'Intendant fe préparoit à donner le jous
fuivant une nouvelle Fête pour marquer l'ardeur
de fon zele , mais il fut obligé de s'embarquer
fur le Vaiffeau du Roy pour aller avec M. le
Gouverneur à la Guadeloupe , & il a remis cette
Fête à fon retour.
Toutes les Communautez Religieufes ont fignar
lé leur zele par des Te Deum , chantez folemnellement
, par des Illuminations , &c. Les Jefuites fe
font particulierement diftinguez , n'ayant rien
obmis pour rendre leur Fête des plus folemnelles,
à quoi la fituation de leur Maifon n'a pas peu
contribué. Au Nord du Bourg de S. Pierre eft
une
MAY. 1730. 1009
I
une longue Avenue , bordée de trois rangées d'arbres,
qui conduit à Paglife & au grand.Portail,qui
fait la principale entrée de cette Maifon , compofée
de trois aîles , & fait face à la Mer , dont elle
n'eft éloignée que d'environ 300. pas ; à cent pas
de la Maifon eft une Riviere , & au -delà une
belle Campagne , où fut dreffé le Feu d'artifice .
Dès les cinq heures du foir du 21. Janvier ,
trois déchargés de 21. coups de Canon chacune,
annoncerent le Te Deum , qui fut chanté dans
leur Eglife par de belles voix , accompagnées de
Hautbois ,Violons , Flutes Aliemandes , Baffes de
Violes , & autres Inftrumens. A fept heures , toute
l'Avenue fut illuminée par de grands Flambeaux
de Bois de Chandelle , de 9 a 10. pieds de
hauteur , placez dans les intervales des Arbres, qui
jettoient une grande flamme , & rendoient une
clarté prefque égale à celle du jour. Ce Bois de
chandelle eft refineux & eft le plus beau du Pays,
on en fait des Flambeaux qui ne s'éteignent point,
& qui éclairent extraordinairement.
L'entrée de la Cour préfentoit un fort beau
morceau d'Architecture , c'étoit un Portique foutenu
par des Colomnes de Marbre feint , dont
l'Entablement portoit de grands Vafes à fleurs &
autres ornemens. On y voyoit fur tout les Armes
de France & celles du Dauphiné , foutenues
par des Statues repréfentant la Force & la Juftice :
Aux deux côrez du Portrait , on voyoit deux Niches
de Rocaille , dans lefquelles étoient deux
Dauphins, qui jettoient une grande quantité d'eau
formant une Nape , qui couloit parmi des Coquillages,
& fe répandoit dans deux Baffins de
Marbre élevez fur des piedeftaux auffi de
Marbre.
"
Un autre grand Baffin, placé dans la cour, contenoit
dans fon milieu un Rocher escarpé , aux
quatre
1010 MERCURE DE FRANCE
quatre coins duquel on voyoit des Groupes . de
petits Dauphins qui jettoient de l'eau, & fervoien
Comme de Piedeital à un autre grand Dauphin ,
lequei pouffoit un Jet d'eau de 25. pieds de hau
_teur , & en même temps des flammes par le
moyen de differens tuyaux , ce qui faifoit un
effet très-éclatant.
Toute la façade & les deux aîles de cette grande
Maiſon étoient cependant tout en feu par Pabondance
& la varieté de l'Iumination , ce qui
formoit un afpect magnifique , fur tout du côté
de la Mer , où une infinité de Chaloupes & de
Canots , remplis d'une multitude de Spectateurs,
contribuerent beaucoup à la beauté de la Fête.
A peine l'Illumination fut-elle achevée, qu'il partit
de la Maiſon un Dragon enflammé , qui porta
le feu à l'Artifice , fitué , comme on l'a dit , audelà
de la Riviere , & éloigné de 400. pas. L'Edifice
qui le contenoit avoit plus de 60. pieds de
hauteur , fur 35. de largeur , & formoit comme
un grand Arc de Triomphe compofé dans toutes
les regles de la meilleure Architecture. Au milieu
de la Frife on voyoit ces mots en Lettres de feu ,
Vive le Roy , qu'on pouvoit lire diftinctement de
très- loin. Sur la Corniche regnoit une belle Baluftrade
, aux deux bouts de laquelle étoient les
Statues de la Paix & de l'Abondance avec leurs
attributs. On voyoit ailleurs celles de la France
& de la Religion , & plufieurs autres Figures &
Ornemens fimboliques , convenables à ce grand
Lujet.
Au bas de la Figure de la Renommée étoient
ces mots : NASCENTE DELPHINO , &
au bas de quatre autres Figures : GALLIA FELIX,
RELIGIO TUTA ABUNDANTIA
CERTA , PAX FIRMA , fans parler de quantité
d'Emblèmes & de Devifes ingénieufes placées
dans
MAY. 1730. ΙΟΙΙ
dans les endroits convenables , & qui furent très
applaudies.
L'Artifice réuffit parfaitement ; on admira fur
tout un grand Soleil fixe qui furprit tout le monpar
l'éclat de fa lumiere & par fa durée. Tout
le fpectacle finit par une décharge de quantité de
de
Boetes.
Il ne faut pas oublier
que cette Fête fi brillante,
& dont le fuccès a été fi heureux
, eft dûe au zele
& à la fagaci é du R. P. Le Brun , Superieur
General
des Miffions
de l'Amérique
, qui dans un
Pays denué de la plupart
des chofes
neceffaires
,
a trouvé
le moyen
de faire tout ce que le plus
habile Artifte auroit pû executer
dans la meilleure
Ville de l'Europe.
par
Les Dominicains fe font auffi beaucoup fignalés
dans cette occafion. Le R, P. Mane , Supérieur
Géneral de leurs Miffions dans les Illes , a donné
une Fête des plus brillantes , qui commença par
le Te Deum , chanté en Mufique , & fut continuée
le bruit d'une nombreuſe Artillerie , par
un Feu d'Artifice des mieux entendus , & heu →
reufement executé , par une Illumination magnifique
, & enfin par un grand repas donné à M.
le Commandant & aux perfonnes les plus qualifiées
, fans parler des aumônes & des liberali,
tés confiderables en faveur des Pauvres &c.
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Résumé : REJOUISSANCES faites à la Martinique, sur la Naissance du Dauphin. Extrait d'une Lettre écrite de cette Isle, le 25. Janvier 1730.
Le 25 janvier 1730, la Martinique célébra la naissance du Dauphin par des réjouissances officielles. Le Marquis de Champigny, Gouverneur des îles du Vent de l'Amérique, manifesta sa joie par une décharge générale de canons. Le 4 décembre, un Te Deum fut chanté dans l'église paroissiale du Fort Royal de Saint-Pierre, en présence des officiers majeurs, du conseil, des juridictions et du peuple. Cette célébration inclut un feu de joie sur la grande place, accompagné de décharges de milices et de canons. Le gouverneur distribua de l'argent, organisa un feu d'artifice et offrit un somptueux souper aux personnalités importantes, suivi d'un bal et d'une illumination de l'hôtel du gouverneur. L'Intendant d'Orgeville avait également préparé une fête, mais dut partir pour la Guadeloupe avec le gouverneur. Les communautés religieuses, notamment les Jésuites, marquèrent l'événement par des Te Deum solennels et des illuminations. Les Jésuites organisèrent une fête somptueuse avec des illuminations, des feux d'artifice et un repas pour les notables. Les Dominicains, dirigés par le Père Mane, célébrèrent également l'événement avec un Te Deum, des feux d'artifice, une illumination et un repas pour les personnalités qualifiées, ainsi que des aumônes pour les pauvres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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47
p. 1012-1025
RÉJOUISSANCES faites au Palais de France, & au Quartier de l'Ambassadeur du Roi à Constantinople. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville le 19. Mars 1730.
Début :
Sur les premiers avis qu'on eut à Constantinople que le Ciel avoit accordé un Dauphin aux [...]
Mots clefs :
Ambassadeur, Constantinople, Dauphin, Cérémonie, Fête, Ministres, Danse, Vizir, Palais, Ornements
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texteReconnaissance textuelle : RÉJOUISSANCES faites au Palais de France, & au Quartier de l'Ambassadeur du Roi à Constantinople. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville le 19. Mars 1730.
REJOUISSANCES faites au Pa-
:
C
lais de France , & au Quartier de l'Ambaffadeur
du Roi à Conftantinople. Extrait
d'une Lettre écrite de cette Ville le
19. Mars 1730.
Ur les premiers avis qu'on eut à Conftantinople
que le Ciel avoit accordé un Dauphin aux
voeux ardens de toute la France , M. le Marquis
de Villeneuve , Ambaffadeur du Roi à la Porte ,
fe prépara à faire éclater fa joye par une
Fête qui devoit durer trois jours. Il fit d'abord
mettre en mouvement ce qu'on pût trouver
d'Ouvriers pour l'execution du Plan qu'il avoit
formé pour celebrer cette augufte Naiffance. Il
ne reçût les ordres de la Cour que le 15. Novembre.
Le 17. au matin , M. l'Ambaffadeur envoya
fon premier Secretaire au Sérrail,pour donner part
de cette nouvelle au Grand- Vizir , & le prévenir
en même - tems fur les Réjouiflances & les lluminations
qu'il fe propofoit de faire , ce premier
Miniftre parut s'inter fler véritablement au bonheur
de la France. Delà , on alla chez le Kiaya
ou Lieutenant du Vizir & chez le Reis - Efendi , ou
Chancelier , qui reçûrent cette nouvelle avec de
grandes démonftrations de joye ; ce dernier répondit
que la Porte prenoit autant de part
évenement que s'il étoit né un fucceffeur à l'Empire
Ottoman.
à cer
L'après-diné , on alla chez les Ambaffadeurs
d'Angleterre & de Hollande pour leur annoncer
cette Naiffance , auffi -bien que chez les Réfidens
de l'Empereur & de Mofcovie , & chez M. Bartolini
, Secretaire chargé des affaires de la République
MAY. 1730. 1013
publique de Venife , depuis la mort du Bayle
Delphino. Dès le même jour tous ces Miniftre
envoyerent complimenter le Marquis de Villeneuve.
>
Le lendemain , le Grand- Seigneur lui fit faire
des complimens de félicitation par le neveu du
Prince de Valachie , accompagné d'un des principaux
Drogmans du Sérail. Quelques jours après
l'Ambaffadeur d'Angleterre alla , en cerémonie
avec toute fa Maiſon,féliciter S. E; l'Ambaffadeur
d'Hollande y alla le lendemain ; les jours fuivans
furent employés à recevoir de femblables
vifites des Réfidens d'Allemagne & de Mofcovie,
ou à les rendre à ces Miniftres. M. Bartolini fir
auffi la fienne , que le Marquis de Villeneuve lui
rendit , mais fans cerémonie.
Tout ce Cerémonial rempli ; c'eut été le veritable
tems de donner la fête projettée ; mais malgré
tous les foins du S. Vaumour , Peintre du
Roi , qui en avoit la conduite , & qui étoit chargé
d'executer lui-même le plus effentiel en matiere
de décorations & de peinture , M. l'Ambaffadeur
fut obligé de renvoyer au 9. de Janvier le
commencement des réjouiffances ; on craignoit
même qu'elles ne fuffent encore retardées par la
grande quantité de neige qui tomba le 7 & le
8. cependant par un bonheur inefperé , le 9. au
matin , le Ciel s'éclaircit , le tems devint calme
& ce qui eft encore plus remarquable , il n'y eut
précisément de beaux jours que les trois dont on
avoit befoin , la pluye & la neige ayant recom→
mencé à tomber avec abondance dès le lendemain.
On avoit conſtruit un Edifice de charpente dans
la rue de Pera , appuyé d'un côté contre les montans
de la Porte du Palais de France , & de l'autre
contre la muraille de la Maiſon oppofée , ce
H qui
>
1014 MERCURE DE FRANCE
qui formoit une espece de Pavillon quarré, élevé
fur quatre Arcades , dont deux laiffoient le paffage
de la rue libre , & une autre conduifoit au
Palais . Toute cette charpente étoit couverte de
branches de Laurier , & ornée à la Turque , c'eſt-
-à- dire , éclairée de quantité de lampes de verre ,
peint de diverfes couleurs , & enjolivée de cent
fortes de colifichets dans le goût du Païs , faits de
bois fort mince , couvert de coton , de bandes
de papier de toutes couleurs & de clinquant d'or
en lame & découpé , la plupart de ces ornemens
repréfentoient des Fleurs de Lys & des Dauphins.
Il pendoit du milieu du fommet de ce Pavillon
un Dôme à jour , appuyé fur deux grands Triangles
, qui fe coupant à Angles droits , formoient
une Etoile à fix pointes , dont le milieu étoit occupé
par une Lanterne mouvante , fort éclairée ,
d'environ trois piés de hauteur.
Pour relever par quelque morceau de goût ,
ces petits ornemens , fi agréables aux yeux des
Turcs , on avoit placé fur la frife de chacune des
deux Arcades un tableau ceintré , dans lequel étoit
peinte une Renommée de grandeur naturelle ,
fendant les airs , fonnant de la Trompette , garnie
de fa banderole fleurdelifée , & tenant l'Ecu
des Armes du Dauphin, avec ces mots autour
du ceintre :
Nunc ortus , mox gefta.
L'Allée qui conduit de cette Porte exterieure à
l'interieure du Palais , longue de plus de cent
piés , fur douze de largeur , étoit divifée de part
& d'autre en 32. Arcades de fept piés de haut
ornées comme le Pavillón ; & outre les Lampes
mêlées par compartimens, qui pendoient du haut
de chaque Arcade , il y avoit des Pots à feu fur
chacun de leur montant , & de chaque côté deux
filets de Gobelets , peints de Fleurs de Lys , de
Dauphins
MAY 1730. IOI'S
و ا
Dauphins couronnés, & des Armes de France le
premier de ces filets étoit fur la Balustrade d'apui
de l'Allée , & le fecond regnoit fur les Arcades.
Un Frontifpice d'Ordre Dorique de 26. piés de
haut cachoit entierement la Porte interieure du
Palais , & celle de la Décoration faite en ceintre
avoit les montans feints de lapis jufqu'à l'impofte;
les panneaux de chaque côté étoient de differens
marbres , ornés de Feftons & dans les angles
-du ceintre il y avoit des Dauphins auffi de lapis
fur un fond d'or. La Frife chargée de Trigliffes,
à l'ordinaire, portoit dans fes Métopes des Fleurs
de Lys & des Dauphins , & au- deffus de la Corniche
, ornée de denticules , étoit un Socle qui
portoit un tableau allegorique de fept piés de
-hauteur,& chantourné dans une proportion convenable
au tout ; on y voyoit la France qui préfentoit
à l'Europe le Dauphin en maillot , avec le
-Cordon Bleu & la Paix à côté avec divers attributs
; on lifoit au deffous Eterna pignora
pacis. Au-deffus on voyoit les Armes de France,
dans le tympan d'un Fronton circulaire.
Au delà de cette premiere Porte , tout étoit en
décorations , fur tout une infinité d'Arcades plus
ou moins élevées felon la fituation du Terrain .
La Terraffe appellée le Boulingrin de 180. piés
d'étendue , fur 55. de largeur , fe préſentoit d'abord
à la vûë ; le fond de cet efpace étoit occupé
par un autre Portail , feint de differens marbres
& du même Ordre que le premier ; il avoit 24.
piés de hauteur & 20 de largeur , fon ouverture
ceintrée étoit fermée par une toile fort claire ,
fur laquelle brilloit un Soleil , dardant fes rayons
de toutes parts ; au deffus , & à quelque diſtance
du corps du Soleil , s'élevoit un Dauphin couronné
, & au moyen de certains Fanaux du Pays
qu'on avoit mis derriere la toile , elle paroiffoit.
Hij toute
1016 MERCURE DE FRANCE
>
toute penetrée de lumière. Aux deux côtés de la
Porte du Frontifpice étoient des Pilaftres , & dans
l'Arriere-corps une niche ceintrée avec une
grande figure , peinte en camayeu. Celle de la
gauche repréfentoit Cerès , tenant une Corne
d'abondance , avec cette infcription : Redeunt
Saturnia R‹gna. Et celle de la droite , repréfentant
la Paix , tenoit d'une main un Flambeau
renverfé , & de l'autre une branche d'Olivier ;
on voyoit à côté un Olivier , du pied duquel fortoit
un rejetton , avec ces paroles : Factura nepotibus
umbram.
Au-deffus de la Corniche de ce Portail , regnoit
un Attique , furmonté d'un Fronton triangulaire,
avec les Armes de France , environné de Trophées
&c. Sur la pointe du Fronton , & aux extremités
du Bâtiment étoient de grands Vafes qui
fervoient de Pots à feu , & à chaque côté de cette
repréſentation , il y avoit une Piramide triangulaire
un peu plus élevée , peinte en rouge , qui
formoit comme un Grouppe d'échelles de Jardin
dont les échelons étoient illuminés du haut en
bas , & ayant un grand Pot à feu à ſon ſommet.
Les deux côtés de la longueur de ce Boulingrin
étoient bordés d'une continuité d'Arcades de
charpente , couvertes & ornées de la même maniere
que celles dont on a déja parlé. Vers le
milieu de ces Arcades ,à droite , il y a un Berceau,
vers le milieu duquel on avoit élevé un mât d'environ
40. piés de hauteur , terminé par une Fleur
de Lys dorée , de la pointe de ce mat tomboient
tout autour des cordes chargées de lampes , lefquelles
s'écartant circulairement les unes des
autres jufques fur le berceau où elles étoient tendues
& attachées , repréfentoient un cône lumineux.
Au deffous il y avoit en faillie fur le Jardin
june rouë à jour , de fix piés de diamettre , autour
MAY. 1730 . 1017
tour de laquelle étoient neuf boetes fufpendues ,
& percées par le fond , d'où fortoient plufieurs
lampes , & par une manivelle on faifoit tourner
cette roue , qui dans fon mouvement paroiffoit
tout en feu.
De ce Berceau , la fuite des Arcades étoit prolongée
à droite & à gauche jufqu'au Veftibule
du Palais . Mais avant que de parler de fon interieur
, il eft à propos de décrire fuccinctement
les embelliffemens qui avoient été faits dans le
Jardin.
En face de l'Escalier eft une petite Allée d'Arbres
, taillés en charmille ; on en avoit décoré
l'entrée par une Porte d'environ 20. piés de haut,
du fommet de laquelle pendoient des ornemens
dans le goût du Païs & fur l'entablement de
cette porte étoient pofées trois petites Piramides;
celles des extrémités portant une Fleur de Lys ,
& celle du milieu un Soleil , le tout doré & très
bien illuminé.
'
Dé cette Allée dont le refte étoit auffi en Arcades
, on entroit dans la grande , celle-ci bordée
comme la précedente, à droite & à gauche,par
des buis taillés à hauteur d'apui , à près de so.
roifes de longueur , fur plus de 4. de largeur , les
ornemens à la Turque qu'on y avoit mis dans
42. Arcades de chaque côté étoient à peu près
dans le même goût que les précedens. On ne
parlera que de la décoration principale , placée à
fon haut bout.
´¨ C'étoit un mur revêtu d'une espece de placage
compofé de panneaux de differens marbres , or
nés de Feftons &c. Ce mur avoit 20. piés de hauteur
,fur 24. de largeur , & à chaque extremité
s'élevoit une Piramide femblable à celles du Boufingrin.
Au milieu s'élevoit un Pavillon , formé
d'une Coupole & d'un Manteau Royal , dont les
Hiij extre
fo18 MERCURE DE FRANCE
extremités relevées & nouées en Feftons de chaque
côté , laiffoient voir un Perée qui offroit dans le
lointain le fameux Bofphore de Thrace , à l'alignement
de la pointe du Sérail.
On voyoit fortir du fein de la Mer , fur la furface
de laquelle fe jouoient plufieurs Dauphins
un Soleil levant , & dans les rayons de cet Aftre
paroiffoit une Etoile. Sur le devant du Tableau,
une Renommmée en l'air embraffoit d'une main'
l'Ecuffon de France , & de l'autre tenoit la trompette
dont la banderole étoit ornée d'un Dauphin
couronné. Au-deffus du Pavillon étoit un Fronton
triangulaire , rempli de Trophées , & audeffous
du lointain on lifoit ces paroles : Novo
colluftrat lumine Terras , faifant allufion à la
découverte des Aftronomes de l'Obfervatoire du
Roi , qui quelques jours avant la Naiffance du
Dauphin remarquerent une Etoile près du Dif→
que du Soleil qu'ils n'avoient point encore apperçûë.
En revenant ſur ſes pas , après être forti des
deux Allées , on voyoit devant l'Orangerie qui
eft au fond du Jardin une Illumination à la Turque
tout à fait finguliere ; auffi les Mufulmans
qui l'entreprirent voulurent - ils fe rendre le Ciel
propice par le facrifice d'un mouton qu'ils égorǝ
gerent fur le lieu même. Ils avoient planté en
terre deux gros Mâts de plus de cent piés de
haut , à 20. pas de diſtance l'un de l'autre , & par
moyen d'une poulie , vers la pointe de chacun
de ces Mâts , ils en élevoient un troifiéme horizontalement
, d'où pendoit une infinité de cordes
fur lefquelles ils avoient deffiné les Armes de
France avec des Lampes attachées à des noeuds
qui marquoient le trait des figures , comme on
feroit avecdes points fur du papier ; bien entendu
qu'ils attachoient & allumoient ces Lampes avant
le
>
que
MA Y. 1019 1730 .
que de guinder le Mât de traverſe.
Le dernier jour de la Fête , pour varier le fpec
tacle , ils repréfenterent un Vaiffeau avec fes
agrets, qui réuffit à merveille ; de forte que dans
Pobfcurité de la nuit , les Mâts & les cordes difparoiffant
totalement à la vûe , c'étoit un objet
auffi agréable que furprenant, de voir en l'air des
figures qui fembloient ne tenir à rien , & n'être
formées que par des Etoiles.
En fe retournant , les yeux n'étoient pas moins
éblouis par l'Illumination du Palais. Le corps
de ce Bâtiment eft un grand quarré , iſolé de
trois côtés ; à chaque angle de la Gallerie qui les
entoure , il. y avoit une roue pareille à celle du
Boulingrin , & de cette Galerie jufqu'au toit , a
la hauteur de ro. piés , tout étoit fi orné de Fleurs
de Lys,de Lozanges & d'autres figures entremêlées
de Gobelets & de Lampes diverfement colorées que
dans de certains points de vue , comme du Sérail
& de Top-hana ou de l'Arcenal , cela produifoit
un effet admirable.
Etant remonté du Jardin , ce qui s'appercevoit
d'abord étoit le Veftibule ; fur fa principale face,
longue de 32. piés étoit un Tableau de plus de
6. piés de hauteur , repréfentant un Pavillon d'ou
fortoit un Manteau Royal , relevé de part &
d'autre , & formant plufieurs Feftons ; au milieu,
fous la Coupole du Pavillon , les Armes de Fran
ce étoient en grand , avec deux Anges affis pour
Supports , & à chaque côté celles du Dauphin.
Dans la grande Salle à plain pied , qui n'eft
confiderée que comme une Anti - chambre , il n'y
avoit rien de plus qu'à l'ordinaire , finon beau
coup de bougies qui l'éclairoient tout autour
vers la moitié de cette Salle , on moste par un
petit Perron dans celle où devoit fe donner le Repas
& le Bal. Cette derniere a plus de 46. piés de
Hij lon1020
MERCURE DE FRANCE
longueur , & plus de 20. de largeur ; elle étois
ornée d'un grand nombre de Glaces , de Luftres,
de Girandoles & de Bras qui formoient un coup
d'oeil très-brillant , & les fix ou fept chambres
qui l'environnent étoient pareillement décorées
la plupart de fophas à la Turque , pour recevoir
les Dames du Pays , qui ne font pas accoutumées
à fe fervir de chaifes .
:
Toutes chofes ainfi préparées , & M. l'Ambaffadeur
ayant fait inviter les Miniftres Etrangers
, leurs Maifons & leurs Nations , S. E. pour
raffembler à fa Fête tous les plaifirs qui pouvoient
contribuer à la rendre plus agréable , fir
venir au Palais la troupe des Comédiens du Grand-
Seigneur , au nombre de 45. mais en même tems,
voulant prévenir la confufion & le défordre, qu'elle
avoit lieu de craindre , du concours de gens de
tant de Nations , elle fit demander à la Porte un
Vifir- Aga , & un Chorbagi , avec 100. Janiffaires
le Grand - Vifir les accorda de bonne
grace : il pria en même tems , qu'on ne fit point
couler de Fontaines de vin pour le Peuple , comme
cela fe pratique ailleurs : le Marquis de Villeneuve
entrant dans les vûës de ce Miniftre , fubftitua
à la place d'une liqueur fi dangereuſe dans
ce païs , & d'ailleurs interdite aux Mahometans
du Sorbet , du Café , des Pipes & du Tabac
qu'on fit largement diftribuer à la porte de la
rue , dans l'interieur du Palais * à la Chambre
où l'on avoit logé le Chorbagi & fes gens ,
fur le Boulingrin , à tous les allans & venans ,
faveur defquels on ne put même s'empêcher de
vuider quelques tonneaux de vin , mais avec de fi
grandes précautions , que cela ne produifit que
plus de gayeté , fans aucune mauvaiſe fuite.
&
*
en
"
Le 8. Janvier,le Chorbagi & fes Janiffaires , marchant
dansles rues de Conftantinople, en bon ordre,
vinrent
MAY. 173.0. 1021
vinrent s'établir au Palais : ils avoient fur la tête
leur grand bonnet de cérémonie , & portoient
leur Turban à la main : trois chevaux chargez de
leur baterie de cuifine , les précédoient , ainfi que
leur Saka ou porteur d'eau , en culotte & en
pourpoint de cuir noir , garni de boutons d'ar
gent , gros comme des bales de jeu de paume ,
de leur Cuifinier , qui avoit auffi un ample Tablier
de cuir pareil , fi couvert de chaînes , de
plaques , & d'autres ornemens d'argent maſſif ,
qu'à peine pouvoit- il marcher.
&
Le 9. dès la pointe du jour M. l'Ambaffadeur
ne crut pas pouvoir commencer plus dignement
une Fête , qui avoit pour objet principal un acte
de reconnoiffance envers Dieu , qu'en exerçant fa
charité fur environ deux mille Efclaves Chrétiens
de toutes Nations , qui gémiffent dans les fers au
Bagne ou Darce , & fur les Galeres du Grand--
Seigneur , S. E. leur fit diftribuer par ſon Au→
mônier , de la viande , du ris , & du pain ,
quoi ces pauvres infortunez furent fi fenfibles
qu'oubliant la dureté de l'Efclavage , ils adrefferent
leurs voeux au Ciel , pour la profperité du
Roi,de la Famille Royalle , & de toute la France.
Vers les huit heures du matin , cinq Bâtimens
François pavoifez & mouillez dans le Port , annoncerent
cette Fête par une décharge de tous
leurs Canons ; ils repéterent la même falve à
midi , lorfqu'on chanta le Te Deum , & un peu
avant le coucher du Soleil : & les deux jours fui
vans
ils tirerent feulement , le matin , à midiy
& avant la nuit.
L'après - dîné , la Nation Françoife , étant montée
à Pera , par ordre , M. l'Ambaffadeur , &
Madame l'Ambaffadrice allerent en grand cor-
* Pera eft le quartier de l'Ambaßadeur de
France .
1022 MERCURE DE FRANCE
tege à l'Eglife des Capucins , où l'on chanta le
Te Deum , en action de graces. Le pere Cuftode
ou Superieur General , y prononça un Diſcours.
Ces Peres fignalerent leur zele & leur pieté , en
décorant leurs Eglifes d'une infinité de devifes ,
& d'emblêmes , qui retraçoient les principaux
évenemens de l'heureux Regne de Sa Majesté.
λ
Après cette pieuſe cérémonie , Leurs Excellences
avec tous ceux qui y avoient aſſiſté ,
rentrerent au Palais , où les Miniftres fe rendirent
fucceffivement , accompagnez de leurs Maifons
& de leurs Nations. On s'amuſa juſqu'à
l'heure du fouper , les uns à jouer , & le plus
grand nombre à voir les danfes , & les farces
Turques , qui plurent infiniment aux gens du
païs..
A neuf heures , on fervit le fouper , il y avoit
cing tables principales : La premiere étoit en fera-
cheval , & de 130. Couverts ; M. l'Ambaſſadeur
& Madame l'Ambaffadrice ,, les Miniftres
Etrangers , l'Archevêque de Cartage & quel--
ques autres perfonnes de confideration , en occuperent
le haut bout : les côtés , tant en dedans
qu'en dehors , furent remplis par les Dames , &
par une partie des hommes des Nations invitées..
L'étendue & la décoration de la Sale , la magnificence
du repas , la varieté des habits , furtout
d'environ 60. femmes ; leur coëfure finguliere
chargée d'or & de pierreries , tout cela formoit
un coup d'oeil auffi fingulier qu'admirable , &
dont quelques Turcs diftinguez qui étoient venus :
incognito , furent fi frappez , qu'ils ne pouvoient
fe laffer d'en marquer leur étonnement.
L'Ambaffadeur d'Angleterre porta la fanté du
Dauphin , l'Ambaffadeur de Hollande , celle du
Roi , de la Reine , & de la Famille Royale
qui furent bues avec les cérémonies ordinaires.
M..
M A Y. 1730 . 1023
M. l'Ambaffadeur , après les en avoir remerciez ,
but, fuivant l'uſage, à la fanté de la Patronance,
enfuite l'Ambaffadeur d'Angleterre
fanté de M. le Cardinal de Fleury.
› porta la
Le premier Drogman de la Porte, & le neveu
du Prince de Valachie , que le Marquis de Ville
neuve avoit auffi conviez , ayant fouhaité de fouper
en particulier avec quelques Grecs , qu'ils
avoient amenez , on leur fervit une table , dans
une des Chambres à côté de la Sale.
à
Les trois autres tables , dreffées dans la premiere
Sale , de 30. 40. Couverts chacune , furent
remplies par des perfonnes de toutes les Nations
qui n'avoient pú trouver place à la grande ,
& par les Marchands François qui répondant aux
intentions de S. E. furent chargez d'avoir atten
tion que rien ne manquât.
On fortit de table à onze heures ; le bal commença
peu après , & dura jufqu'à cinq heures du
matin. Les Turcs ne furent pas moins étonnez de
nos danfes , mêlées d'hommes & de femmes , fi
contraires à leurs ufages . Madame l'Ambaffadrice
ouvrit le Bal avec M. l'Ambaffadeur d'Angleterre,
& danfa tour de fuite avec les autres Miniftres ,
après quoi chacun fe prit indifferemment fans cé--
rémonie de cette maniere , & par le fecours des
contre-danfes , & des danfes grecques , tout
le monde eut part à ce plaifir , fans compter
qu'on danfoit auffi , & qu'on jouoit alternativement
la Comédie dans d'autres appar--
témens.
Le lendemain , les chofes fe pafferent de la
même maniere , fi ce n'eft que n'y ayant eu que
les Miniftres , quelques perfonnes étrangeres ,
& la Nation Françoife d'invitées , on ne fervit
que la Table de 130. Couverts , avec quelques
autres moindres dans les Chambres voifines. La
H vj foirée
1024 MERCURE DE FRANCE
foirée fut encore plus calme que la précédente ,
& très-favorable àl'illumination.
Le onze , troifiéme jour des réjoüiffances , fut
fi beau , que les Comédiens donnerent fur le Boulingrin
plufieurs de leurs Scenes comiques , accompagnées
de danfes devant une grande multitude
de Turcs , de Grecs , d'Armeniens & de
Juifs.
Outre les perfonnes invitées la veille, M. l'Ambaffadeur
fit auffi convier la Nation Genevoife ,
qui eft ici fous la protection de France on lui
dreffa dans la premierė Sale , une Table de 60,
Couverts , dont quelques Secretaires de S. E. firent
les honneurs .
Cette derniere nuit feconda fi bien les nouveaux
foins , qu'on avoit pris de perfectionner l'illumination
, que non- feulement il ne s'en eft jamais
vû de fi magnifique à Conftantinople , mais
qu'elle auroit été admirée par tout ailleurs . On
le concevra fans peine , fi on fe reprefente l'effet
que devoient produire plus de vingt mille lumieres
, qui fortoient des Pots -à-feu , des Lampes
, & des Gobelets de diverfes couleurs , diftribuez
avec art fur des Tetraffes fpacieuſes , difpofées
en amphitheatre , & ornées de differentes
décorations.
Ce narré deviendroit trop long , fi on vouloir
entrer dans le détail de tous les divertiffemens qui
furent donnez à cinq ou fix mille perfonnes de
tous Etats , & de toutes Nations , qui fe trouverent
dans le Palais de France pendant trois jours ,
fans qu'il foit arrivé le moindre défordre , ce que
l'on doit attribuer à la fage conduite de l'Aga
du Grand- Vifir , auquel ce premier Miniftre pour
le recompenfer de fa vigilance , & pour donner
en même tems à M. l'Ambaffadeur une marque
particuliere de confideration, envoya le lendemain
dans
2
MAY. 1730 1025
dans le Palais même , un Brevet , par lequel , lè
Grand - Seigneur accordoit à cet Aga un Taun
-confiderable , avec ordre à cet Aga d'en remercier
M. l'Ambaffadeur.
* Territoire Fief dont le G. S. gratifie
qui il lui plait.
:
C
lais de France , & au Quartier de l'Ambaffadeur
du Roi à Conftantinople. Extrait
d'une Lettre écrite de cette Ville le
19. Mars 1730.
Ur les premiers avis qu'on eut à Conftantinople
que le Ciel avoit accordé un Dauphin aux
voeux ardens de toute la France , M. le Marquis
de Villeneuve , Ambaffadeur du Roi à la Porte ,
fe prépara à faire éclater fa joye par une
Fête qui devoit durer trois jours. Il fit d'abord
mettre en mouvement ce qu'on pût trouver
d'Ouvriers pour l'execution du Plan qu'il avoit
formé pour celebrer cette augufte Naiffance. Il
ne reçût les ordres de la Cour que le 15. Novembre.
Le 17. au matin , M. l'Ambaffadeur envoya
fon premier Secretaire au Sérrail,pour donner part
de cette nouvelle au Grand- Vizir , & le prévenir
en même - tems fur les Réjouiflances & les lluminations
qu'il fe propofoit de faire , ce premier
Miniftre parut s'inter fler véritablement au bonheur
de la France. Delà , on alla chez le Kiaya
ou Lieutenant du Vizir & chez le Reis - Efendi , ou
Chancelier , qui reçûrent cette nouvelle avec de
grandes démonftrations de joye ; ce dernier répondit
que la Porte prenoit autant de part
évenement que s'il étoit né un fucceffeur à l'Empire
Ottoman.
à cer
L'après-diné , on alla chez les Ambaffadeurs
d'Angleterre & de Hollande pour leur annoncer
cette Naiffance , auffi -bien que chez les Réfidens
de l'Empereur & de Mofcovie , & chez M. Bartolini
, Secretaire chargé des affaires de la République
MAY. 1730. 1013
publique de Venife , depuis la mort du Bayle
Delphino. Dès le même jour tous ces Miniftre
envoyerent complimenter le Marquis de Villeneuve.
>
Le lendemain , le Grand- Seigneur lui fit faire
des complimens de félicitation par le neveu du
Prince de Valachie , accompagné d'un des principaux
Drogmans du Sérail. Quelques jours après
l'Ambaffadeur d'Angleterre alla , en cerémonie
avec toute fa Maiſon,féliciter S. E; l'Ambaffadeur
d'Hollande y alla le lendemain ; les jours fuivans
furent employés à recevoir de femblables
vifites des Réfidens d'Allemagne & de Mofcovie,
ou à les rendre à ces Miniftres. M. Bartolini fir
auffi la fienne , que le Marquis de Villeneuve lui
rendit , mais fans cerémonie.
Tout ce Cerémonial rempli ; c'eut été le veritable
tems de donner la fête projettée ; mais malgré
tous les foins du S. Vaumour , Peintre du
Roi , qui en avoit la conduite , & qui étoit chargé
d'executer lui-même le plus effentiel en matiere
de décorations & de peinture , M. l'Ambaffadeur
fut obligé de renvoyer au 9. de Janvier le
commencement des réjouiffances ; on craignoit
même qu'elles ne fuffent encore retardées par la
grande quantité de neige qui tomba le 7 & le
8. cependant par un bonheur inefperé , le 9. au
matin , le Ciel s'éclaircit , le tems devint calme
& ce qui eft encore plus remarquable , il n'y eut
précisément de beaux jours que les trois dont on
avoit befoin , la pluye & la neige ayant recom→
mencé à tomber avec abondance dès le lendemain.
On avoit conſtruit un Edifice de charpente dans
la rue de Pera , appuyé d'un côté contre les montans
de la Porte du Palais de France , & de l'autre
contre la muraille de la Maiſon oppofée , ce
H qui
>
1014 MERCURE DE FRANCE
qui formoit une espece de Pavillon quarré, élevé
fur quatre Arcades , dont deux laiffoient le paffage
de la rue libre , & une autre conduifoit au
Palais . Toute cette charpente étoit couverte de
branches de Laurier , & ornée à la Turque , c'eſt-
-à- dire , éclairée de quantité de lampes de verre ,
peint de diverfes couleurs , & enjolivée de cent
fortes de colifichets dans le goût du Païs , faits de
bois fort mince , couvert de coton , de bandes
de papier de toutes couleurs & de clinquant d'or
en lame & découpé , la plupart de ces ornemens
repréfentoient des Fleurs de Lys & des Dauphins.
Il pendoit du milieu du fommet de ce Pavillon
un Dôme à jour , appuyé fur deux grands Triangles
, qui fe coupant à Angles droits , formoient
une Etoile à fix pointes , dont le milieu étoit occupé
par une Lanterne mouvante , fort éclairée ,
d'environ trois piés de hauteur.
Pour relever par quelque morceau de goût ,
ces petits ornemens , fi agréables aux yeux des
Turcs , on avoit placé fur la frife de chacune des
deux Arcades un tableau ceintré , dans lequel étoit
peinte une Renommée de grandeur naturelle ,
fendant les airs , fonnant de la Trompette , garnie
de fa banderole fleurdelifée , & tenant l'Ecu
des Armes du Dauphin, avec ces mots autour
du ceintre :
Nunc ortus , mox gefta.
L'Allée qui conduit de cette Porte exterieure à
l'interieure du Palais , longue de plus de cent
piés , fur douze de largeur , étoit divifée de part
& d'autre en 32. Arcades de fept piés de haut
ornées comme le Pavillón ; & outre les Lampes
mêlées par compartimens, qui pendoient du haut
de chaque Arcade , il y avoit des Pots à feu fur
chacun de leur montant , & de chaque côté deux
filets de Gobelets , peints de Fleurs de Lys , de
Dauphins
MAY 1730. IOI'S
و ا
Dauphins couronnés, & des Armes de France le
premier de ces filets étoit fur la Balustrade d'apui
de l'Allée , & le fecond regnoit fur les Arcades.
Un Frontifpice d'Ordre Dorique de 26. piés de
haut cachoit entierement la Porte interieure du
Palais , & celle de la Décoration faite en ceintre
avoit les montans feints de lapis jufqu'à l'impofte;
les panneaux de chaque côté étoient de differens
marbres , ornés de Feftons & dans les angles
-du ceintre il y avoit des Dauphins auffi de lapis
fur un fond d'or. La Frife chargée de Trigliffes,
à l'ordinaire, portoit dans fes Métopes des Fleurs
de Lys & des Dauphins , & au- deffus de la Corniche
, ornée de denticules , étoit un Socle qui
portoit un tableau allegorique de fept piés de
-hauteur,& chantourné dans une proportion convenable
au tout ; on y voyoit la France qui préfentoit
à l'Europe le Dauphin en maillot , avec le
-Cordon Bleu & la Paix à côté avec divers attributs
; on lifoit au deffous Eterna pignora
pacis. Au-deffus on voyoit les Armes de France,
dans le tympan d'un Fronton circulaire.
Au delà de cette premiere Porte , tout étoit en
décorations , fur tout une infinité d'Arcades plus
ou moins élevées felon la fituation du Terrain .
La Terraffe appellée le Boulingrin de 180. piés
d'étendue , fur 55. de largeur , fe préſentoit d'abord
à la vûë ; le fond de cet efpace étoit occupé
par un autre Portail , feint de differens marbres
& du même Ordre que le premier ; il avoit 24.
piés de hauteur & 20 de largeur , fon ouverture
ceintrée étoit fermée par une toile fort claire ,
fur laquelle brilloit un Soleil , dardant fes rayons
de toutes parts ; au deffus , & à quelque diſtance
du corps du Soleil , s'élevoit un Dauphin couronné
, & au moyen de certains Fanaux du Pays
qu'on avoit mis derriere la toile , elle paroiffoit.
Hij toute
1016 MERCURE DE FRANCE
>
toute penetrée de lumière. Aux deux côtés de la
Porte du Frontifpice étoient des Pilaftres , & dans
l'Arriere-corps une niche ceintrée avec une
grande figure , peinte en camayeu. Celle de la
gauche repréfentoit Cerès , tenant une Corne
d'abondance , avec cette infcription : Redeunt
Saturnia R‹gna. Et celle de la droite , repréfentant
la Paix , tenoit d'une main un Flambeau
renverfé , & de l'autre une branche d'Olivier ;
on voyoit à côté un Olivier , du pied duquel fortoit
un rejetton , avec ces paroles : Factura nepotibus
umbram.
Au-deffus de la Corniche de ce Portail , regnoit
un Attique , furmonté d'un Fronton triangulaire,
avec les Armes de France , environné de Trophées
&c. Sur la pointe du Fronton , & aux extremités
du Bâtiment étoient de grands Vafes qui
fervoient de Pots à feu , & à chaque côté de cette
repréſentation , il y avoit une Piramide triangulaire
un peu plus élevée , peinte en rouge , qui
formoit comme un Grouppe d'échelles de Jardin
dont les échelons étoient illuminés du haut en
bas , & ayant un grand Pot à feu à ſon ſommet.
Les deux côtés de la longueur de ce Boulingrin
étoient bordés d'une continuité d'Arcades de
charpente , couvertes & ornées de la même maniere
que celles dont on a déja parlé. Vers le
milieu de ces Arcades ,à droite , il y a un Berceau,
vers le milieu duquel on avoit élevé un mât d'environ
40. piés de hauteur , terminé par une Fleur
de Lys dorée , de la pointe de ce mat tomboient
tout autour des cordes chargées de lampes , lefquelles
s'écartant circulairement les unes des
autres jufques fur le berceau où elles étoient tendues
& attachées , repréfentoient un cône lumineux.
Au deffous il y avoit en faillie fur le Jardin
june rouë à jour , de fix piés de diamettre , autour
MAY. 1730 . 1017
tour de laquelle étoient neuf boetes fufpendues ,
& percées par le fond , d'où fortoient plufieurs
lampes , & par une manivelle on faifoit tourner
cette roue , qui dans fon mouvement paroiffoit
tout en feu.
De ce Berceau , la fuite des Arcades étoit prolongée
à droite & à gauche jufqu'au Veftibule
du Palais . Mais avant que de parler de fon interieur
, il eft à propos de décrire fuccinctement
les embelliffemens qui avoient été faits dans le
Jardin.
En face de l'Escalier eft une petite Allée d'Arbres
, taillés en charmille ; on en avoit décoré
l'entrée par une Porte d'environ 20. piés de haut,
du fommet de laquelle pendoient des ornemens
dans le goût du Païs & fur l'entablement de
cette porte étoient pofées trois petites Piramides;
celles des extrémités portant une Fleur de Lys ,
& celle du milieu un Soleil , le tout doré & très
bien illuminé.
'
Dé cette Allée dont le refte étoit auffi en Arcades
, on entroit dans la grande , celle-ci bordée
comme la précedente, à droite & à gauche,par
des buis taillés à hauteur d'apui , à près de so.
roifes de longueur , fur plus de 4. de largeur , les
ornemens à la Turque qu'on y avoit mis dans
42. Arcades de chaque côté étoient à peu près
dans le même goût que les précedens. On ne
parlera que de la décoration principale , placée à
fon haut bout.
´¨ C'étoit un mur revêtu d'une espece de placage
compofé de panneaux de differens marbres , or
nés de Feftons &c. Ce mur avoit 20. piés de hauteur
,fur 24. de largeur , & à chaque extremité
s'élevoit une Piramide femblable à celles du Boufingrin.
Au milieu s'élevoit un Pavillon , formé
d'une Coupole & d'un Manteau Royal , dont les
Hiij extre
fo18 MERCURE DE FRANCE
extremités relevées & nouées en Feftons de chaque
côté , laiffoient voir un Perée qui offroit dans le
lointain le fameux Bofphore de Thrace , à l'alignement
de la pointe du Sérail.
On voyoit fortir du fein de la Mer , fur la furface
de laquelle fe jouoient plufieurs Dauphins
un Soleil levant , & dans les rayons de cet Aftre
paroiffoit une Etoile. Sur le devant du Tableau,
une Renommmée en l'air embraffoit d'une main'
l'Ecuffon de France , & de l'autre tenoit la trompette
dont la banderole étoit ornée d'un Dauphin
couronné. Au-deffus du Pavillon étoit un Fronton
triangulaire , rempli de Trophées , & audeffous
du lointain on lifoit ces paroles : Novo
colluftrat lumine Terras , faifant allufion à la
découverte des Aftronomes de l'Obfervatoire du
Roi , qui quelques jours avant la Naiffance du
Dauphin remarquerent une Etoile près du Dif→
que du Soleil qu'ils n'avoient point encore apperçûë.
En revenant ſur ſes pas , après être forti des
deux Allées , on voyoit devant l'Orangerie qui
eft au fond du Jardin une Illumination à la Turque
tout à fait finguliere ; auffi les Mufulmans
qui l'entreprirent voulurent - ils fe rendre le Ciel
propice par le facrifice d'un mouton qu'ils égorǝ
gerent fur le lieu même. Ils avoient planté en
terre deux gros Mâts de plus de cent piés de
haut , à 20. pas de diſtance l'un de l'autre , & par
moyen d'une poulie , vers la pointe de chacun
de ces Mâts , ils en élevoient un troifiéme horizontalement
, d'où pendoit une infinité de cordes
fur lefquelles ils avoient deffiné les Armes de
France avec des Lampes attachées à des noeuds
qui marquoient le trait des figures , comme on
feroit avecdes points fur du papier ; bien entendu
qu'ils attachoient & allumoient ces Lampes avant
le
>
que
MA Y. 1019 1730 .
que de guinder le Mât de traverſe.
Le dernier jour de la Fête , pour varier le fpec
tacle , ils repréfenterent un Vaiffeau avec fes
agrets, qui réuffit à merveille ; de forte que dans
Pobfcurité de la nuit , les Mâts & les cordes difparoiffant
totalement à la vûe , c'étoit un objet
auffi agréable que furprenant, de voir en l'air des
figures qui fembloient ne tenir à rien , & n'être
formées que par des Etoiles.
En fe retournant , les yeux n'étoient pas moins
éblouis par l'Illumination du Palais. Le corps
de ce Bâtiment eft un grand quarré , iſolé de
trois côtés ; à chaque angle de la Gallerie qui les
entoure , il. y avoit une roue pareille à celle du
Boulingrin , & de cette Galerie jufqu'au toit , a
la hauteur de ro. piés , tout étoit fi orné de Fleurs
de Lys,de Lozanges & d'autres figures entremêlées
de Gobelets & de Lampes diverfement colorées que
dans de certains points de vue , comme du Sérail
& de Top-hana ou de l'Arcenal , cela produifoit
un effet admirable.
Etant remonté du Jardin , ce qui s'appercevoit
d'abord étoit le Veftibule ; fur fa principale face,
longue de 32. piés étoit un Tableau de plus de
6. piés de hauteur , repréfentant un Pavillon d'ou
fortoit un Manteau Royal , relevé de part &
d'autre , & formant plufieurs Feftons ; au milieu,
fous la Coupole du Pavillon , les Armes de Fran
ce étoient en grand , avec deux Anges affis pour
Supports , & à chaque côté celles du Dauphin.
Dans la grande Salle à plain pied , qui n'eft
confiderée que comme une Anti - chambre , il n'y
avoit rien de plus qu'à l'ordinaire , finon beau
coup de bougies qui l'éclairoient tout autour
vers la moitié de cette Salle , on moste par un
petit Perron dans celle où devoit fe donner le Repas
& le Bal. Cette derniere a plus de 46. piés de
Hij lon1020
MERCURE DE FRANCE
longueur , & plus de 20. de largeur ; elle étois
ornée d'un grand nombre de Glaces , de Luftres,
de Girandoles & de Bras qui formoient un coup
d'oeil très-brillant , & les fix ou fept chambres
qui l'environnent étoient pareillement décorées
la plupart de fophas à la Turque , pour recevoir
les Dames du Pays , qui ne font pas accoutumées
à fe fervir de chaifes .
:
Toutes chofes ainfi préparées , & M. l'Ambaffadeur
ayant fait inviter les Miniftres Etrangers
, leurs Maifons & leurs Nations , S. E. pour
raffembler à fa Fête tous les plaifirs qui pouvoient
contribuer à la rendre plus agréable , fir
venir au Palais la troupe des Comédiens du Grand-
Seigneur , au nombre de 45. mais en même tems,
voulant prévenir la confufion & le défordre, qu'elle
avoit lieu de craindre , du concours de gens de
tant de Nations , elle fit demander à la Porte un
Vifir- Aga , & un Chorbagi , avec 100. Janiffaires
le Grand - Vifir les accorda de bonne
grace : il pria en même tems , qu'on ne fit point
couler de Fontaines de vin pour le Peuple , comme
cela fe pratique ailleurs : le Marquis de Villeneuve
entrant dans les vûës de ce Miniftre , fubftitua
à la place d'une liqueur fi dangereuſe dans
ce païs , & d'ailleurs interdite aux Mahometans
du Sorbet , du Café , des Pipes & du Tabac
qu'on fit largement diftribuer à la porte de la
rue , dans l'interieur du Palais * à la Chambre
où l'on avoit logé le Chorbagi & fes gens ,
fur le Boulingrin , à tous les allans & venans ,
faveur defquels on ne put même s'empêcher de
vuider quelques tonneaux de vin , mais avec de fi
grandes précautions , que cela ne produifit que
plus de gayeté , fans aucune mauvaiſe fuite.
&
*
en
"
Le 8. Janvier,le Chorbagi & fes Janiffaires , marchant
dansles rues de Conftantinople, en bon ordre,
vinrent
MAY. 173.0. 1021
vinrent s'établir au Palais : ils avoient fur la tête
leur grand bonnet de cérémonie , & portoient
leur Turban à la main : trois chevaux chargez de
leur baterie de cuifine , les précédoient , ainfi que
leur Saka ou porteur d'eau , en culotte & en
pourpoint de cuir noir , garni de boutons d'ar
gent , gros comme des bales de jeu de paume ,
de leur Cuifinier , qui avoit auffi un ample Tablier
de cuir pareil , fi couvert de chaînes , de
plaques , & d'autres ornemens d'argent maſſif ,
qu'à peine pouvoit- il marcher.
&
Le 9. dès la pointe du jour M. l'Ambaffadeur
ne crut pas pouvoir commencer plus dignement
une Fête , qui avoit pour objet principal un acte
de reconnoiffance envers Dieu , qu'en exerçant fa
charité fur environ deux mille Efclaves Chrétiens
de toutes Nations , qui gémiffent dans les fers au
Bagne ou Darce , & fur les Galeres du Grand--
Seigneur , S. E. leur fit diftribuer par ſon Au→
mônier , de la viande , du ris , & du pain ,
quoi ces pauvres infortunez furent fi fenfibles
qu'oubliant la dureté de l'Efclavage , ils adrefferent
leurs voeux au Ciel , pour la profperité du
Roi,de la Famille Royalle , & de toute la France.
Vers les huit heures du matin , cinq Bâtimens
François pavoifez & mouillez dans le Port , annoncerent
cette Fête par une décharge de tous
leurs Canons ; ils repéterent la même falve à
midi , lorfqu'on chanta le Te Deum , & un peu
avant le coucher du Soleil : & les deux jours fui
vans
ils tirerent feulement , le matin , à midiy
& avant la nuit.
L'après - dîné , la Nation Françoife , étant montée
à Pera , par ordre , M. l'Ambaffadeur , &
Madame l'Ambaffadrice allerent en grand cor-
* Pera eft le quartier de l'Ambaßadeur de
France .
1022 MERCURE DE FRANCE
tege à l'Eglife des Capucins , où l'on chanta le
Te Deum , en action de graces. Le pere Cuftode
ou Superieur General , y prononça un Diſcours.
Ces Peres fignalerent leur zele & leur pieté , en
décorant leurs Eglifes d'une infinité de devifes ,
& d'emblêmes , qui retraçoient les principaux
évenemens de l'heureux Regne de Sa Majesté.
λ
Après cette pieuſe cérémonie , Leurs Excellences
avec tous ceux qui y avoient aſſiſté ,
rentrerent au Palais , où les Miniftres fe rendirent
fucceffivement , accompagnez de leurs Maifons
& de leurs Nations. On s'amuſa juſqu'à
l'heure du fouper , les uns à jouer , & le plus
grand nombre à voir les danfes , & les farces
Turques , qui plurent infiniment aux gens du
païs..
A neuf heures , on fervit le fouper , il y avoit
cing tables principales : La premiere étoit en fera-
cheval , & de 130. Couverts ; M. l'Ambaſſadeur
& Madame l'Ambaffadrice ,, les Miniftres
Etrangers , l'Archevêque de Cartage & quel--
ques autres perfonnes de confideration , en occuperent
le haut bout : les côtés , tant en dedans
qu'en dehors , furent remplis par les Dames , &
par une partie des hommes des Nations invitées..
L'étendue & la décoration de la Sale , la magnificence
du repas , la varieté des habits , furtout
d'environ 60. femmes ; leur coëfure finguliere
chargée d'or & de pierreries , tout cela formoit
un coup d'oeil auffi fingulier qu'admirable , &
dont quelques Turcs diftinguez qui étoient venus :
incognito , furent fi frappez , qu'ils ne pouvoient
fe laffer d'en marquer leur étonnement.
L'Ambaffadeur d'Angleterre porta la fanté du
Dauphin , l'Ambaffadeur de Hollande , celle du
Roi , de la Reine , & de la Famille Royale
qui furent bues avec les cérémonies ordinaires.
M..
M A Y. 1730 . 1023
M. l'Ambaffadeur , après les en avoir remerciez ,
but, fuivant l'uſage, à la fanté de la Patronance,
enfuite l'Ambaffadeur d'Angleterre
fanté de M. le Cardinal de Fleury.
› porta la
Le premier Drogman de la Porte, & le neveu
du Prince de Valachie , que le Marquis de Ville
neuve avoit auffi conviez , ayant fouhaité de fouper
en particulier avec quelques Grecs , qu'ils
avoient amenez , on leur fervit une table , dans
une des Chambres à côté de la Sale.
à
Les trois autres tables , dreffées dans la premiere
Sale , de 30. 40. Couverts chacune , furent
remplies par des perfonnes de toutes les Nations
qui n'avoient pú trouver place à la grande ,
& par les Marchands François qui répondant aux
intentions de S. E. furent chargez d'avoir atten
tion que rien ne manquât.
On fortit de table à onze heures ; le bal commença
peu après , & dura jufqu'à cinq heures du
matin. Les Turcs ne furent pas moins étonnez de
nos danfes , mêlées d'hommes & de femmes , fi
contraires à leurs ufages . Madame l'Ambaffadrice
ouvrit le Bal avec M. l'Ambaffadeur d'Angleterre,
& danfa tour de fuite avec les autres Miniftres ,
après quoi chacun fe prit indifferemment fans cé--
rémonie de cette maniere , & par le fecours des
contre-danfes , & des danfes grecques , tout
le monde eut part à ce plaifir , fans compter
qu'on danfoit auffi , & qu'on jouoit alternativement
la Comédie dans d'autres appar--
témens.
Le lendemain , les chofes fe pafferent de la
même maniere , fi ce n'eft que n'y ayant eu que
les Miniftres , quelques perfonnes étrangeres ,
& la Nation Françoife d'invitées , on ne fervit
que la Table de 130. Couverts , avec quelques
autres moindres dans les Chambres voifines. La
H vj foirée
1024 MERCURE DE FRANCE
foirée fut encore plus calme que la précédente ,
& très-favorable àl'illumination.
Le onze , troifiéme jour des réjoüiffances , fut
fi beau , que les Comédiens donnerent fur le Boulingrin
plufieurs de leurs Scenes comiques , accompagnées
de danfes devant une grande multitude
de Turcs , de Grecs , d'Armeniens & de
Juifs.
Outre les perfonnes invitées la veille, M. l'Ambaffadeur
fit auffi convier la Nation Genevoife ,
qui eft ici fous la protection de France on lui
dreffa dans la premierė Sale , une Table de 60,
Couverts , dont quelques Secretaires de S. E. firent
les honneurs .
Cette derniere nuit feconda fi bien les nouveaux
foins , qu'on avoit pris de perfectionner l'illumination
, que non- feulement il ne s'en eft jamais
vû de fi magnifique à Conftantinople , mais
qu'elle auroit été admirée par tout ailleurs . On
le concevra fans peine , fi on fe reprefente l'effet
que devoient produire plus de vingt mille lumieres
, qui fortoient des Pots -à-feu , des Lampes
, & des Gobelets de diverfes couleurs , diftribuez
avec art fur des Tetraffes fpacieuſes , difpofées
en amphitheatre , & ornées de differentes
décorations.
Ce narré deviendroit trop long , fi on vouloir
entrer dans le détail de tous les divertiffemens qui
furent donnez à cinq ou fix mille perfonnes de
tous Etats , & de toutes Nations , qui fe trouverent
dans le Palais de France pendant trois jours ,
fans qu'il foit arrivé le moindre défordre , ce que
l'on doit attribuer à la fage conduite de l'Aga
du Grand- Vifir , auquel ce premier Miniftre pour
le recompenfer de fa vigilance , & pour donner
en même tems à M. l'Ambaffadeur une marque
particuliere de confideration, envoya le lendemain
dans
2
MAY. 1730 1025
dans le Palais même , un Brevet , par lequel , lè
Grand - Seigneur accordoit à cet Aga un Taun
-confiderable , avec ordre à cet Aga d'en remercier
M. l'Ambaffadeur.
* Territoire Fief dont le G. S. gratifie
qui il lui plait.
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Résumé : RÉJOUISSANCES faites au Palais de France, & au Quartier de l'Ambassadeur du Roi à Constantinople. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville le 19. Mars 1730.
Le 19 mars 1730, à Constantinople, M. le Marquis de Villeneuve, ambassadeur de France, reçut la nouvelle de la naissance d'un Dauphin en France. Il organisa une fête de trois jours, initialement prévue pour le 17 novembre, mais reportée au 9 janvier en raison des conditions météorologiques. La nouvelle fut annoncée aux dignitaires turcs et aux ambassadeurs étrangers. Pour la fête, un édifice temporaire fut construit dans la rue de Pera, décoré de lauriers, de Fleurs de Lys et de Dauphins. L'allée menant au palais était ornée de lampes et de pots à feu, et un frontispice d'ordre dorique cachait la porte intérieure, avec des tableaux allégoriques et des inscriptions latines. La terrasse et le jardin étaient également décorés de manière somptueuse. La fête débuta le 8 janvier avec l'invitation de Janissaires et d'officiers turcs pour maintenir l'ordre. Le 9 janvier, l'ambassadeur fit distribuer de la nourriture aux esclaves chrétiens et des salves de canons furent tirées depuis des bâtiments français. L'après-midi, l'ambassadeur et son épouse assistèrent à un Te Deum à l'église des Capucins, suivi d'un souper avec cinq tables principales, dont une de 130 couverts pour les dignitaires. Les invités admirèrent les décorations et les danses turques, et un bal débuta à onze heures, se prolongeant jusqu'au matin. Les jours suivants, les festivités se poursuivirent avec des danses, des comédies et une illumination spectaculaire. La fête se conclut sans incident, grâce à la gestion ordonnée par l'Aga du Grand Vizir, qui reçut une récompense pour sa vigilance.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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48
p. 1085-1096
ODE. Sur la Fête que les Ambassadeurs & Plenipotentiaires d'Espagne ont donnée à Paris le 24. Janvier 1730. par l'ordre de Sa Majesté Catholique Philippe V. à l'occasion de la Naissance du Dauphin.
Début :
Est-ce un charme trompeur ? au pouvoir des prestiges [...]
Mots clefs :
Dauphin, Trésor, Coeur, Empire, Roi, Fête, Ambassadeurs d'Espagne
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texteReconnaissance textuelle : ODE. Sur la Fête que les Ambassadeurs & Plenipotentiaires d'Espagne ont donnée à Paris le 24. Janvier 1730. par l'ordre de Sa Majesté Catholique Philippe V. à l'occasion de la Naissance du Dauphin.
Ode fuivante a perdu le mérite de ce
qu'on nomme l'à propos , la Fête celebre
qui en eft le fujet , ayant été donnée il y
a plus de quatre mois ; mais l'Auteur qui
avoit fait cette Piéce en même - tems eut des
raifons particulieres pour ne la pas foumettre
alors à la décifion du Public ; c'est à lui de
juger fi elle a d'ailleurs quelque mérite qui la
dédommage de celui qu'elle a perdu aujour
d'hui ; ce fera peut- être prévenir en fa faveur
que d'avertir qu'elle eft de M. Bouret , Lientenant
General de Gifors , qui a remporté les
deux années dernieres le Prix de Poëfie au
jugement de l'Académie Françoife .
I. Vol. Biij ODE
1
1086 MERCURE DE FRANCE
OD E.
Sur la Fête que les Ambaffadeurs & Plenipotentiaires
d'Espagne ont donnée à Paris
le 24. Janvier 1730. par l'ordre de Sa
Majefte Catholique Philippe V. à l'occafion
de la Naiffance du Dauphin.
E St-ce un charme trompeur ? au pouvoir des
preftiges
M'a-t'on livré de toutes parts ?
Les merveilles & les prodiges
S'offrent en foule à mes regards f
Suivi de tous les Dieux , le Maître du Tonnere
Pour venir habiter la Terre
A-t'il abandonné les Cieux ?
C'eft lui- même , lui feul vainqueur de mille obftacles
Pouvoit enfanter les ſpectacles
Que nous étalent ces beaux lieux..
De l'Augufte Junon , brillante Meflagere ,
* Iris fur un Arc- en-Ciel feint devoit paroltrefur
la cime des Monts Pirennées que repréfentoit
ce Feu d'artifice tiré ſur la Riviere , ces
ornement qni eut été trés - brillant ne parut pas
manqua par la faute de l'Entrepreneur : mais
il eft deffiné tel qu'il devoit étre fur toutes les
Planches que l'on a jointes à la Defcription dis
Feu.
I. Vol. Quel
JUIN. 1730. 1087
Quel vif éclat peint tes habits ?
Et fur ton écharpe legere
A femé l'or & les rubis ?
De feux étincelans la Terre s'illumine ,
Daigne m'apprendre où fe termine
Tout l'appareil de ce grand jour ?
Jupiter dans les foins d'une Fête fi belle ,
De quelque Déeffe nouvelle
Veut-il encore orner fa Cour ?
Mais , non ; ce que j'entends , ce que je vois pa
roître
M'offre de plus grands interêts ;
Pourrois-je encore méconnoître
L'objet de ces pompeux apprêts ?
La France de fon Fils celebre la Naiffance ,
Et la Paix que fuit l'innocence
Ramene avec lui tous les biens ;
De fes fruits les plus doux,fource heureuſe & feconde
,
-
Des deux premiers Trônes du monde
Il éternife les liens.
Augufte Rejetton d'une Tige cherie !
Tout va s'unir en ta faveur ;
Déja la France & l'Iberic
N'ont plus qu'un langage & qu'un coeur.
PHILIPPE avec tranfport fur nos rives déploye
I. Vo!.
De
Biiij
1088 MERCURE DE FRANCE
De fa tendreffe & de fa joye
Les témoignages précieux ;
Je vois paroître ici , Théatre de ſa Fête ,
Ces Monts , dont l'orgueilleufe tête
Semble fe cacher dans les Cieux..
Mais quel enchantement fur les bords de la Seine
Les a tout à coup tranſportés ?
En vain par la puiffance humaine
De tels efforts feroient tentés ;
PHILIPPE , c'eſt des Dieux la merveille écla
tante ;
Minerve a rempli ton attente ;
Elle en fait fon plus doux emploi.
C'est ainsi que Neptune & le Dieu du Permeffe
Servoient , flattés par fa promeffe ,
Un Roi moins celebre que toi.
L'ordre des Elemens pour la Fête ordonnée
Va-t'il fe confondre à ta voix ?
Ici la Nature étonnée
Voit fufpendre ou changer fes loix ;
Avec tous fes Tréfors l'Amante de Zephire
S'établit fur l'humide Empire
Dans la plus âpre des Saifons ;
Laomedon , Roide Pergame , pour qui Neptune
Apollon travaillerent & bâtirent les
murailles de Troye , depuis Capitale de l'Afie.
1. Vol Borée
JUIN. 1730. 1089
Borée en frémiſſant voit détruire ſon Regne ,
Surpris que Flore le contraigne
A fuir au fond de fes prifons..
Mais que vois -je ! ces fleurs , fans perdre leur
figure ,
Ces Arbriffeaux font embrafés,
Vulcain veut -il venger l'injure
Des Aquilons tyrannifés ?
Nom , Flore , ta beauté que le jour feul revele
Emprunte une grace nouvelle
Du vif éclat de ces flambeaux ;
Tes fleurs en feux brillans tout-à-coup transformées
>
Sur leurs Terraffes enflammées
En font des fpectacles plus beaux..
Pour le Cocq déformais le Lion pert fa haine ,
Prodige aux fiecles à venir !
De l'Ebre enſemble & de la Seine:
On voit les flots ſe réunir.
La Nuit déploye en vain fes voiles les plus ſom→
bres ,
Comment peut fortir de fes ombres
Le jour qui frappe ici mes yeux ?.
Le fuperbe Palais élevé fur ces rives
Me peint à des clartés fi vives.
Celui du plus brillant des Dieux..
* Le Palais du Soleil tel qu'ovide le décrit
dans fes Métamorphojes,
BOUIL
1090 MERCURE DE FRANCE
* BOUILLON , fi dans ce jour d'éternelle mémoire
Tu fers le zele d'un grand Roi
Son coeur t'affocie à ſa gloire ;
L'éclat en rejaillit fur toi.
Le Chef- d'oeuvre des Cieux , ton illuftre Compagne
*
Préfide aux Fêtes que l'Eſpagne
Confacre à l'Empire François :
PHILIPPE , qu'en ces lieux remplace la
Princeffe ,
A tant de grace & de nobleſſe
A bien dû fon auguſte choix.
Qu'entens-je ? un feu foudain va nous réduire
en poudre ;
Quel bruit ! quel fracas dans les airs !
Les Cieux s'embrafent , & la foudre
Gronde au milieu de mille éclairs !
Mais quel effroi nouveau ! du centre de la terre
La flamme , aliment du tonnerre
S'échape en lumineux fillons .
Du Vefuve entr'ouvert vois - je les vaftes gouffres?
De feux , de falpêtres , de fouffres ,
Vomir au loin des tourbillons !
* M. le Duc de Bouillon a prêté fon Hôtel &
le Jardin pour la Fête .
* Madame la Ducheffe de Bouillon a été priée
par le Roi d'Espagne de faire en fon nom les
honneurs de laFêt e.
1. Vol . Dans
JUIN. 1730. 1091
Dans l'Empire des eaux , Dieu du fombre Rivage,
As-tu tranfporté les Enfers ?
Viens-tu détruire le partage
Du Souverain des flots amers ?
La flamme dans leur fein , les Nayades tremblantes
,
Cent fois de leurs Grottes brulantes
Ont redouté l'embraſement ;
Depuis quand ? par quel art ? l'onde au feu ſi contraire
,
Souffre-t'elle qu'un temeraire
L'ofe braver impunément ?
Mais d'un art féduiſant m'é garent les merveilles
Grands Dieux ! quelle étoit mon erreur !
Quoi ! pour mes yeux & mes oreilles
Le plaifir devenoit terreur !
Des Aftres , des éclairs , agréables images ,
LOUIS ! ces feux font des hommages
"Rendus à ton augufte fils.
Ainfi deux grands Etats dans leurs tendres com.
merces ,
Chantoient par cent bouches diverfes
L'heureux prefent que tu leur fis.
* Les Serpentaux ou Feux Gregeois qui brulent
dans l'eau ..
I, Vol. B v Tout
1092 MERCURE DE FRANCE
Tout retentit du fon des bruyantes trompettes
A qui fe mêlent les hautbois ;
Quels fons ! écho , tu les repetes ,
Pour les apprendre au Dieu des Bois..
Mais lui -même s'avance avec les doctes Fées ,
Des Arions & des Orphées
J'entends les fublimes travaux :
Plus promte que l'éclair,quelle main bienfaifante
*
+
A mes yeux enchantés préfente
Des objets des plaiſirs nouveaux.
Chere Euterpe ! c'eſt toi , ta divine harmonie
Charme le Maître que tu fers ;
Voix raviflantes , * Polymnie
Guide elle-même vos Concerts ;
Quels doux frémiffemens me faififfent encore !
Les Rivales de Terpficore *
Forment les pas les plus fçavans
*
Les Graces fur leur danfe ont verfé la Nobleffe ;
Oui , les traits dont l'amour nous bleffe
Ont des
appas
moins décevans.
Quel cercle éblouiffant ! quelle augufte Affemblée
*
* La Pastorale en Mufique.
Les Dalles Antier & Le Maure..
* Les Des Camargo & Salé..
Le Ballet..
* Le Feftin
da. Volo Orne
JUIN.
1093
1730.
Orne encor ce brillant Salon ;
La pompe en ces lieux étalée
Répond au féjour d'Apollon ;
Comus conduit ici l'abondance élegante ,
La délicateffe piquante
Et l'aimable diverfité :
D'un ſuperbe feſtin retraçant l'ordonnance ,
Avec les loix le Dieu difpenfe
Les tréfors de la volupté..
Vous , Reine , dont jadis la tendreffe idolâtre-
A fait la honte & les deftins ,
Maintenant , vaine Cleopatre ,
Vantez vos celebres feftins .
Pour celui que l'Espagne àla France prépare ,
Ce que la Terre a de plus rare ,
Les flots , les airs font épuifés :
Cent mets délicieux qu'un art fçavant déploye
Peignent l'objet de notre joye *
Sous fon emblême déguiſés.
Quel changement ſoudain m'ouvre un nouveaus
Théatre ?
Tous les Miniftres de Comus
Font place à la troupe folâtre .
*Plufieurs Ouvrages de Pâtisserie & defucre
où étoient représentés des auphins , des petits.
Amours , des Fleurs de Lys Co.
1 Voly Qu'a1094
MERCURE DE FRANCE
Qu'amene & qu'inſpire Momus.
Ici de mille objets l'aimable bigarrure
Reçoit les loix & la parure
Du Dieu qu'elle y vient honorer.
Le mafque féducteur,l'un chez l'autre, fait naître
Ou l'embarras de fe connoître ,
Ou le plaifir de s'ignorer.
Eft- ce la jeune Hebé par Jupiter choific
Pour verfer le Nectar aux Dieux ,
Qui nous prépare l'Ambroisie
Que l'on prodigue dans ces lieux ?
Par un gout plus charmant les trésors de l'Automne
Jamais n'ont vaincu d'Erigone**
La refiftance & les mépris :
Glaçons qu'en fruits divers l'art déguife & colore
Aux dons de Pomone & de Flore
Vous ajoutez un nouveau prix.
Ces fpectacles , PHILIPPE , à ta vaſte puiſ-
Lance ,
A ton grand coeur font affortis ;
Moins d'éclat , de magnificence
Parut aux nôces de Thétis.
Ce tranquile féjour aux charmes qu'il étale
* Bacchus féduifit la Nymphe Erigonefous la
figure d'un Raifin
1. Vol. N'offre
JUIN. 1730. 1895
N'offre point la pomme fatale
Qui caufa de fi grands revers.
Le DAUPHIN , cher objet d'une Fête éclatante
Nous garentit la Paix conftante
Qui va regner dans l'Univers,
Quel art , au choix heureux de ces galans ſpec
tacles
Unit encor la dignité
N'en doutons plus , à ces miracles
Préfide une Divinité.
Mais fouvent parmi nous de fublimes génies
Dans leurs lumieres infinies
Remplacent le pouvoir des Dieux.
J'aperçois deux Mortels favoris'de Minerve ,
A qui la Déeffe referve
Ses tréfors les plus précieux.
De PHILIPPE en leur fein l'àugufte confi
dence
A verfé les plus grands fecrets ;
L'Europe entiere à leur prudence
Remet fes plus chers interêts.
Leur zele ingénieux , attentif à ta gloire ,
Grand Prince , a gravé ta mémoire
Avec des traits dignes de toi.
Dans les apprêts divers d'une Fête pompeuſe ,
* Les Ambaſſadeurs Plenipotentiaires d'Eſpagne.
I. Vol. Dans
1096 MERCURE DE FRANCE
Dans fa fplendeur majestueufe
Le Miniftre a montré le Roi.
qu'on nomme l'à propos , la Fête celebre
qui en eft le fujet , ayant été donnée il y
a plus de quatre mois ; mais l'Auteur qui
avoit fait cette Piéce en même - tems eut des
raifons particulieres pour ne la pas foumettre
alors à la décifion du Public ; c'est à lui de
juger fi elle a d'ailleurs quelque mérite qui la
dédommage de celui qu'elle a perdu aujour
d'hui ; ce fera peut- être prévenir en fa faveur
que d'avertir qu'elle eft de M. Bouret , Lientenant
General de Gifors , qui a remporté les
deux années dernieres le Prix de Poëfie au
jugement de l'Académie Françoife .
I. Vol. Biij ODE
1
1086 MERCURE DE FRANCE
OD E.
Sur la Fête que les Ambaffadeurs & Plenipotentiaires
d'Espagne ont donnée à Paris
le 24. Janvier 1730. par l'ordre de Sa
Majefte Catholique Philippe V. à l'occafion
de la Naiffance du Dauphin.
E St-ce un charme trompeur ? au pouvoir des
preftiges
M'a-t'on livré de toutes parts ?
Les merveilles & les prodiges
S'offrent en foule à mes regards f
Suivi de tous les Dieux , le Maître du Tonnere
Pour venir habiter la Terre
A-t'il abandonné les Cieux ?
C'eft lui- même , lui feul vainqueur de mille obftacles
Pouvoit enfanter les ſpectacles
Que nous étalent ces beaux lieux..
De l'Augufte Junon , brillante Meflagere ,
* Iris fur un Arc- en-Ciel feint devoit paroltrefur
la cime des Monts Pirennées que repréfentoit
ce Feu d'artifice tiré ſur la Riviere , ces
ornement qni eut été trés - brillant ne parut pas
manqua par la faute de l'Entrepreneur : mais
il eft deffiné tel qu'il devoit étre fur toutes les
Planches que l'on a jointes à la Defcription dis
Feu.
I. Vol. Quel
JUIN. 1730. 1087
Quel vif éclat peint tes habits ?
Et fur ton écharpe legere
A femé l'or & les rubis ?
De feux étincelans la Terre s'illumine ,
Daigne m'apprendre où fe termine
Tout l'appareil de ce grand jour ?
Jupiter dans les foins d'une Fête fi belle ,
De quelque Déeffe nouvelle
Veut-il encore orner fa Cour ?
Mais , non ; ce que j'entends , ce que je vois pa
roître
M'offre de plus grands interêts ;
Pourrois-je encore méconnoître
L'objet de ces pompeux apprêts ?
La France de fon Fils celebre la Naiffance ,
Et la Paix que fuit l'innocence
Ramene avec lui tous les biens ;
De fes fruits les plus doux,fource heureuſe & feconde
,
-
Des deux premiers Trônes du monde
Il éternife les liens.
Augufte Rejetton d'une Tige cherie !
Tout va s'unir en ta faveur ;
Déja la France & l'Iberic
N'ont plus qu'un langage & qu'un coeur.
PHILIPPE avec tranfport fur nos rives déploye
I. Vo!.
De
Biiij
1088 MERCURE DE FRANCE
De fa tendreffe & de fa joye
Les témoignages précieux ;
Je vois paroître ici , Théatre de ſa Fête ,
Ces Monts , dont l'orgueilleufe tête
Semble fe cacher dans les Cieux..
Mais quel enchantement fur les bords de la Seine
Les a tout à coup tranſportés ?
En vain par la puiffance humaine
De tels efforts feroient tentés ;
PHILIPPE , c'eſt des Dieux la merveille écla
tante ;
Minerve a rempli ton attente ;
Elle en fait fon plus doux emploi.
C'est ainsi que Neptune & le Dieu du Permeffe
Servoient , flattés par fa promeffe ,
Un Roi moins celebre que toi.
L'ordre des Elemens pour la Fête ordonnée
Va-t'il fe confondre à ta voix ?
Ici la Nature étonnée
Voit fufpendre ou changer fes loix ;
Avec tous fes Tréfors l'Amante de Zephire
S'établit fur l'humide Empire
Dans la plus âpre des Saifons ;
Laomedon , Roide Pergame , pour qui Neptune
Apollon travaillerent & bâtirent les
murailles de Troye , depuis Capitale de l'Afie.
1. Vol Borée
JUIN. 1730. 1089
Borée en frémiſſant voit détruire ſon Regne ,
Surpris que Flore le contraigne
A fuir au fond de fes prifons..
Mais que vois -je ! ces fleurs , fans perdre leur
figure ,
Ces Arbriffeaux font embrafés,
Vulcain veut -il venger l'injure
Des Aquilons tyrannifés ?
Nom , Flore , ta beauté que le jour feul revele
Emprunte une grace nouvelle
Du vif éclat de ces flambeaux ;
Tes fleurs en feux brillans tout-à-coup transformées
>
Sur leurs Terraffes enflammées
En font des fpectacles plus beaux..
Pour le Cocq déformais le Lion pert fa haine ,
Prodige aux fiecles à venir !
De l'Ebre enſemble & de la Seine:
On voit les flots ſe réunir.
La Nuit déploye en vain fes voiles les plus ſom→
bres ,
Comment peut fortir de fes ombres
Le jour qui frappe ici mes yeux ?.
Le fuperbe Palais élevé fur ces rives
Me peint à des clartés fi vives.
Celui du plus brillant des Dieux..
* Le Palais du Soleil tel qu'ovide le décrit
dans fes Métamorphojes,
BOUIL
1090 MERCURE DE FRANCE
* BOUILLON , fi dans ce jour d'éternelle mémoire
Tu fers le zele d'un grand Roi
Son coeur t'affocie à ſa gloire ;
L'éclat en rejaillit fur toi.
Le Chef- d'oeuvre des Cieux , ton illuftre Compagne
*
Préfide aux Fêtes que l'Eſpagne
Confacre à l'Empire François :
PHILIPPE , qu'en ces lieux remplace la
Princeffe ,
A tant de grace & de nobleſſe
A bien dû fon auguſte choix.
Qu'entens-je ? un feu foudain va nous réduire
en poudre ;
Quel bruit ! quel fracas dans les airs !
Les Cieux s'embrafent , & la foudre
Gronde au milieu de mille éclairs !
Mais quel effroi nouveau ! du centre de la terre
La flamme , aliment du tonnerre
S'échape en lumineux fillons .
Du Vefuve entr'ouvert vois - je les vaftes gouffres?
De feux , de falpêtres , de fouffres ,
Vomir au loin des tourbillons !
* M. le Duc de Bouillon a prêté fon Hôtel &
le Jardin pour la Fête .
* Madame la Ducheffe de Bouillon a été priée
par le Roi d'Espagne de faire en fon nom les
honneurs de laFêt e.
1. Vol . Dans
JUIN. 1730. 1091
Dans l'Empire des eaux , Dieu du fombre Rivage,
As-tu tranfporté les Enfers ?
Viens-tu détruire le partage
Du Souverain des flots amers ?
La flamme dans leur fein , les Nayades tremblantes
,
Cent fois de leurs Grottes brulantes
Ont redouté l'embraſement ;
Depuis quand ? par quel art ? l'onde au feu ſi contraire
,
Souffre-t'elle qu'un temeraire
L'ofe braver impunément ?
Mais d'un art féduiſant m'é garent les merveilles
Grands Dieux ! quelle étoit mon erreur !
Quoi ! pour mes yeux & mes oreilles
Le plaifir devenoit terreur !
Des Aftres , des éclairs , agréables images ,
LOUIS ! ces feux font des hommages
"Rendus à ton augufte fils.
Ainfi deux grands Etats dans leurs tendres com.
merces ,
Chantoient par cent bouches diverfes
L'heureux prefent que tu leur fis.
* Les Serpentaux ou Feux Gregeois qui brulent
dans l'eau ..
I, Vol. B v Tout
1092 MERCURE DE FRANCE
Tout retentit du fon des bruyantes trompettes
A qui fe mêlent les hautbois ;
Quels fons ! écho , tu les repetes ,
Pour les apprendre au Dieu des Bois..
Mais lui -même s'avance avec les doctes Fées ,
Des Arions & des Orphées
J'entends les fublimes travaux :
Plus promte que l'éclair,quelle main bienfaifante
*
+
A mes yeux enchantés préfente
Des objets des plaiſirs nouveaux.
Chere Euterpe ! c'eſt toi , ta divine harmonie
Charme le Maître que tu fers ;
Voix raviflantes , * Polymnie
Guide elle-même vos Concerts ;
Quels doux frémiffemens me faififfent encore !
Les Rivales de Terpficore *
Forment les pas les plus fçavans
*
Les Graces fur leur danfe ont verfé la Nobleffe ;
Oui , les traits dont l'amour nous bleffe
Ont des
appas
moins décevans.
Quel cercle éblouiffant ! quelle augufte Affemblée
*
* La Pastorale en Mufique.
Les Dalles Antier & Le Maure..
* Les Des Camargo & Salé..
Le Ballet..
* Le Feftin
da. Volo Orne
JUIN.
1093
1730.
Orne encor ce brillant Salon ;
La pompe en ces lieux étalée
Répond au féjour d'Apollon ;
Comus conduit ici l'abondance élegante ,
La délicateffe piquante
Et l'aimable diverfité :
D'un ſuperbe feſtin retraçant l'ordonnance ,
Avec les loix le Dieu difpenfe
Les tréfors de la volupté..
Vous , Reine , dont jadis la tendreffe idolâtre-
A fait la honte & les deftins ,
Maintenant , vaine Cleopatre ,
Vantez vos celebres feftins .
Pour celui que l'Espagne àla France prépare ,
Ce que la Terre a de plus rare ,
Les flots , les airs font épuifés :
Cent mets délicieux qu'un art fçavant déploye
Peignent l'objet de notre joye *
Sous fon emblême déguiſés.
Quel changement ſoudain m'ouvre un nouveaus
Théatre ?
Tous les Miniftres de Comus
Font place à la troupe folâtre .
*Plufieurs Ouvrages de Pâtisserie & defucre
où étoient représentés des auphins , des petits.
Amours , des Fleurs de Lys Co.
1 Voly Qu'a1094
MERCURE DE FRANCE
Qu'amene & qu'inſpire Momus.
Ici de mille objets l'aimable bigarrure
Reçoit les loix & la parure
Du Dieu qu'elle y vient honorer.
Le mafque féducteur,l'un chez l'autre, fait naître
Ou l'embarras de fe connoître ,
Ou le plaifir de s'ignorer.
Eft- ce la jeune Hebé par Jupiter choific
Pour verfer le Nectar aux Dieux ,
Qui nous prépare l'Ambroisie
Que l'on prodigue dans ces lieux ?
Par un gout plus charmant les trésors de l'Automne
Jamais n'ont vaincu d'Erigone**
La refiftance & les mépris :
Glaçons qu'en fruits divers l'art déguife & colore
Aux dons de Pomone & de Flore
Vous ajoutez un nouveau prix.
Ces fpectacles , PHILIPPE , à ta vaſte puiſ-
Lance ,
A ton grand coeur font affortis ;
Moins d'éclat , de magnificence
Parut aux nôces de Thétis.
Ce tranquile féjour aux charmes qu'il étale
* Bacchus féduifit la Nymphe Erigonefous la
figure d'un Raifin
1. Vol. N'offre
JUIN. 1730. 1895
N'offre point la pomme fatale
Qui caufa de fi grands revers.
Le DAUPHIN , cher objet d'une Fête éclatante
Nous garentit la Paix conftante
Qui va regner dans l'Univers,
Quel art , au choix heureux de ces galans ſpec
tacles
Unit encor la dignité
N'en doutons plus , à ces miracles
Préfide une Divinité.
Mais fouvent parmi nous de fublimes génies
Dans leurs lumieres infinies
Remplacent le pouvoir des Dieux.
J'aperçois deux Mortels favoris'de Minerve ,
A qui la Déeffe referve
Ses tréfors les plus précieux.
De PHILIPPE en leur fein l'àugufte confi
dence
A verfé les plus grands fecrets ;
L'Europe entiere à leur prudence
Remet fes plus chers interêts.
Leur zele ingénieux , attentif à ta gloire ,
Grand Prince , a gravé ta mémoire
Avec des traits dignes de toi.
Dans les apprêts divers d'une Fête pompeuſe ,
* Les Ambaſſadeurs Plenipotentiaires d'Eſpagne.
I. Vol. Dans
1096 MERCURE DE FRANCE
Dans fa fplendeur majestueufe
Le Miniftre a montré le Roi.
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Résumé : ODE. Sur la Fête que les Ambassadeurs & Plenipotentiaires d'Espagne ont donnée à Paris le 24. Janvier 1730. par l'ordre de Sa Majesté Catholique Philippe V. à l'occasion de la Naissance du Dauphin.
Le texte présente une ode composée par M. Bouret, Lieutenant Général de Gifors, qui a remporté le prix de poésie de l'Académie Française les deux années précédentes. Cette ode célèbre la fête organisée par les ambassadeurs et plénipotentiaires d'Espagne à Paris le 24 janvier 1730, en l'honneur de la naissance du Dauphin, fils de Philippe V d'Espagne. L'auteur décrit les merveilles et les prodiges observés lors de cette fête, comparant les spectacles à des interventions divines. Il mentionne Jupiter, Junon, et Iris, ainsi que des feux d'artifice et des décorations somptueuses. L'ode met en avant l'union entre la France et l'Espagne, symbolisée par la naissance du Dauphin, et célèbre la paix et les biens qu'elle apporte. La fête est décrite comme un spectacle grandiose, avec des éléments naturels et divins, et se termine par des spectacles et des festins offerts par Comus, le dieu de l'abondance. L'auteur rend hommage aux ambassadeurs espagnols pour leur rôle dans l'organisation de cette fête mémorable.
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49
p. 1236-1237
Vers à la Duchesse de Vantadour, [titre d'après la table]
Début :
Vous, qui nous élevez des Rois, [...]
Mots clefs :
Dauphin, Duchesse de Vantadour
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Vers à la Duchesse de Vantadour, [titre d'après la table]
Un grand nombre de Penfionnaires du
College de Louis le Grand , étant allé
à Verfailles le jour du Landy , la Ducheffe
de Ventadour eut , non-feulement la bonté
de les prefenter à Monfeigneur le Dau :
phin , mais elle voulut bien écrire ellemême
une Lettre , où elle marqua que
Monfeigneur le Dauphin , à qui ils étoient
venus faire leur cour , vouloit pour premiere
grace , leur donner un congé . C'eft
ce qui a donné occafion au Remerciement
fuivant.
I. Vol.
Vous
JUIN. 1237
% 1730.
Vous , qui nous élevez des Rois ,
Moins en Gouvernante qu'en Mere ,
Et qui formant le Fils après l'augufte Pere ,
Faites fi bien parler un Dauphin de dix mois ,'
Illuftre Ventadour , malgré fon âge tendre ,
S'il parle par vos foins, il peut bien vous entendre
Daignez donc un moment lui faire notre cour.
Pour un fi doux congé que pouvons - nous lui
rendre ?
Dites-lui que le Ciel fe chargeant du retour ,
Lui promet comme àvous un fiecle pour unjour
College de Louis le Grand , étant allé
à Verfailles le jour du Landy , la Ducheffe
de Ventadour eut , non-feulement la bonté
de les prefenter à Monfeigneur le Dau :
phin , mais elle voulut bien écrire ellemême
une Lettre , où elle marqua que
Monfeigneur le Dauphin , à qui ils étoient
venus faire leur cour , vouloit pour premiere
grace , leur donner un congé . C'eft
ce qui a donné occafion au Remerciement
fuivant.
I. Vol.
Vous
JUIN. 1237
% 1730.
Vous , qui nous élevez des Rois ,
Moins en Gouvernante qu'en Mere ,
Et qui formant le Fils après l'augufte Pere ,
Faites fi bien parler un Dauphin de dix mois ,'
Illuftre Ventadour , malgré fon âge tendre ,
S'il parle par vos foins, il peut bien vous entendre
Daignez donc un moment lui faire notre cour.
Pour un fi doux congé que pouvons - nous lui
rendre ?
Dites-lui que le Ciel fe chargeant du retour ,
Lui promet comme àvous un fiecle pour unjour
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Résumé : Vers à la Duchesse de Vantadour, [titre d'après la table]
Le 12 juin 1730, des pensionnaires du Collège de Louis le Grand visitèrent Versailles et furent présentés au Dauphin par la Duchesse de Ventadour. Cette dernière accorda un congé aux élèves. Un poème remercia la Duchesse, la comparant à une mère élevant des rois, et souligna l'éducation exceptionnelle prodiguée. Les élèves exprimèrent leur gratitude et souhaitèrent une longue vie à la Duchesse et au Dauphin.
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50
p. 1242-1243
A MONSEIGNEUR LE DAUPHIN.
Début :
MONSEIGNEUR, Votre naissance est le fruit des instantes Prieres & des Sacrifices que nous n'avons [...]
Mots clefs :
Dauphin
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texteReconnaissance textuelle : A MONSEIGNEUR LE DAUPHIN.
A MONSEIGNEUR
LE DAUPHIN.
MONSEIGNEUR ,
Votre naiffance eft le fruit des inftantes
Prieres & des Sacrifices que nous n'avons
cefsé d'offrir au Dieu de Miféricordes nous
continuerons nos Voeux avec la même ferveur
pour la confervation d'un Prince , qui fait
dès - à- prefent l'efperance du Royaume ; &
ous demanderons encore avec inftance à ce
I. Vol Dien
JUI N. 17:30: 1243
ن م
Dieu de bonté , qu'il grave dans votre coeur
fon amour & fa crainte , & que par les foins
de votre illuftre Gouvernante , nous puiffions
voir croître en vous , avec l'âge , ceite fageffe
qui vous rendra lajoye & la confolation du
Roy , le bonheur & la gloire de la Nation.
LE DAUPHIN.
MONSEIGNEUR ,
Votre naiffance eft le fruit des inftantes
Prieres & des Sacrifices que nous n'avons
cefsé d'offrir au Dieu de Miféricordes nous
continuerons nos Voeux avec la même ferveur
pour la confervation d'un Prince , qui fait
dès - à- prefent l'efperance du Royaume ; &
ous demanderons encore avec inftance à ce
I. Vol Dien
JUI N. 17:30: 1243
ن م
Dieu de bonté , qu'il grave dans votre coeur
fon amour & fa crainte , & que par les foins
de votre illuftre Gouvernante , nous puiffions
voir croître en vous , avec l'âge , ceite fageffe
qui vous rendra lajoye & la confolation du
Roy , le bonheur & la gloire de la Nation.
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Résumé : A MONSEIGNEUR LE DAUPHIN.
Les auteurs écrivent au Dauphin, fils du roi de France, pour exprimer leur joie et gratitude. Ils prient pour sa conservation et son éducation. Ils souhaitent qu'il devienne un prince espoir du royaume, guidé par la sagesse et l'amour de Dieu, apportant bonheur et gloire à la nation.
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