Résultats : 739 texte(s)
Détail
Liste
1
p. 120-123
Le Roy choisit M. l'Evesque de Tules pour prescher au Louvre. [titre d'après la table]
Début :
Je croy, puis que nous sommes sur le Chapitre des [...]
Mots clefs :
Père Mascaron, Prédicateur, Abbé Fléchier, Sermons
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texteReconnaissance textuelle : Le Roy choisit M. l'Evesque de Tules pour prescher au Louvre. [titre d'après la table]
Je croy, puis que nous
fommes furie Chapitre des
Evefques, pouvoir parler
icy de Monheur de Tulles,
G A L A N T , n i
ce fameux Prédicateur, fi
connu fous le nom duPere
Mafcaron, a efté obligé de
venir à la Cour, &dequiter
fon Diocefe, où il a mis
un ordre fi grand , que
Leurs Majeftez ont crû
qu'ils l’en pouvoient faire
revenir pour prefcher l’Evangile devant Elles pendant ce Carefme. La délicatefle des Courtifans, &
le gouft qu’ils ont pour les
bonnes chofes, oblige le
Roy à choifir pour ces Emplois des Hommes tous
extraordinaires, comme il
L
I
iiz LE MERCURE
aveut fait pour l’A vent dernier Moniteur l’Abbé Flechicr, qui confirma par fes
Sermons à la Cour la grande opinion que fes Ouvra- i
ges & les Oraifons Funèbres qu’il a faites pour les
premières Perfonnes de
1 Etat, avoient données de
luy, & l’idée qu’on en devoir avoir dés que Moniteur
le Duc de MontauficrGou- i
verneur de Moniteur le I
,1 ' I
Dauphin, ayant connu le
mérite de cet excellent
Homme, le retira auprès
de luy pour eftre de la Cour
G A L A N T , il;
Je ce jeune Prince, dont
l’éducation luy a efté confiée par un Roy qui comme il eft le premier Prince
delà terre, eft audi l’Homme du monde qui a le plus
de difcernement, & fçait
mieux connoiftre les Gens.
fommes furie Chapitre des
Evefques, pouvoir parler
icy de Monheur de Tulles,
G A L A N T , n i
ce fameux Prédicateur, fi
connu fous le nom duPere
Mafcaron, a efté obligé de
venir à la Cour, &dequiter
fon Diocefe, où il a mis
un ordre fi grand , que
Leurs Majeftez ont crû
qu'ils l’en pouvoient faire
revenir pour prefcher l’Evangile devant Elles pendant ce Carefme. La délicatefle des Courtifans, &
le gouft qu’ils ont pour les
bonnes chofes, oblige le
Roy à choifir pour ces Emplois des Hommes tous
extraordinaires, comme il
L
I
iiz LE MERCURE
aveut fait pour l’A vent dernier Moniteur l’Abbé Flechicr, qui confirma par fes
Sermons à la Cour la grande opinion que fes Ouvra- i
ges & les Oraifons Funèbres qu’il a faites pour les
premières Perfonnes de
1 Etat, avoient données de
luy, & l’idée qu’on en devoir avoir dés que Moniteur
le Duc de MontauficrGou- i
verneur de Moniteur le I
,1 ' I
Dauphin, ayant connu le
mérite de cet excellent
Homme, le retira auprès
de luy pour eftre de la Cour
G A L A N T , il;
Je ce jeune Prince, dont
l’éducation luy a efté confiée par un Roy qui comme il eft le premier Prince
delà terre, eft audi l’Homme du monde qui a le plus
de difcernement, & fçait
mieux connoiftre les Gens.
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Résumé : Le Roy choisit M. l'Evesque de Tules pour prescher au Louvre. [titre d'après la table]
Le texte décrit la nomination de prédicateurs distingués à la cour. Le Père Mascaron, surnommé le Galant, a été convoqué pour prêcher pendant le Carême après avoir réformé son diocèse. Le roi, influencé par les goûts raffinés des courtisans, choisit des individus exceptionnels pour ces missions. Par exemple, l'abbé Flechier a été sélectionné pour ses sermons et ses oraisons funèbres, ce qui a consolidé sa réputation. Le Duc de Montausier, gouverneur du Dauphin, a également reconnu les mérites de Flechier et l'a pris sous sa protection. Le texte met en avant la sagesse du roi, qui, en tant que premier prince de la terre, possède un grand discernement et sait bien juger les personnes.
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2
p. 260-261
« Sa Majesté a eu aussi la bonté d'accepter la Démission [...] »
Début :
Sa Majesté a eu aussi la bonté d'accepter la Démission [...]
Mots clefs :
Démission, Abbé de Sourches, Grâce
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texteReconnaissance textuelle : « Sa Majesté a eu aussi la bonté d'accepter la Démission [...] »
Sa Majesté a eu auſſi la bonté d'accepter laDémiffion del'Ab- baye de Troüars , prés de Caën,
faite par M. l'Abbé de Sour- ches,en faveurd'un Fils de Monſieur le marquis de Sourches,
Grand Prevoſt de France fon
Neveu. Cettegrace eft d'autant
plus particuliere , que le Roy ne l'accorde jamais à perſonne , &
que les raiſons qui l'ont porté à
vouloir bien diftinguer en cela
M. de Sourches,l'ont fait admirerde tous ceux à qui elles font connuës. Toute la Couren a témoigne de la joye , & l'on ne peut recevoir plus de Compli-
GALANT. 171
mensqu'il ena reçeudesPerſon- nes du plus hautran
faite par M. l'Abbé de Sour- ches,en faveurd'un Fils de Monſieur le marquis de Sourches,
Grand Prevoſt de France fon
Neveu. Cettegrace eft d'autant
plus particuliere , que le Roy ne l'accorde jamais à perſonne , &
que les raiſons qui l'ont porté à
vouloir bien diftinguer en cela
M. de Sourches,l'ont fait admirerde tous ceux à qui elles font connuës. Toute la Couren a témoigne de la joye , & l'on ne peut recevoir plus de Compli-
GALANT. 171
mensqu'il ena reçeudesPerſon- nes du plus hautran
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Résumé : « Sa Majesté a eu aussi la bonté d'accepter la Démission [...] »
Le roi a accepté la démission de l'abbaye de Troüars, près de Caen, au profit d'un fils du marquis de Sourches. Cette faveur exceptionnelle a été admirée par tous. La cour a témoigné de sa joie et M. de Sourches a reçu de nombreux compliments de personnes de haut rang.
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3
p. 161-163
M. l'Abbé Colbert éleu depuis peu Prieur de Sorbonne, fait un beau Discours à l'ouverture des Sorboniques. [titre d'après la table]
Début :
Monsieur l'Abbé Colbert, qui employe ses meilleures heures à [...]
Mots clefs :
Sorbonne, Discours, Abbé Colbert, Sciences ecclésiastiques
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texteReconnaissance textuelle : M. l'Abbé Colbert éleu depuis peu Prieur de Sorbonne, fait un beau Discours à l'ouverture des Sorboniques. [titre d'après la table]
Monfieur l'Abbé Colbert ,
qui employe ſes meilleures heures à l'étude , &qui en fait
GALANT. 117
1
fon plus agreable attachemét,
donna il y a quelques jours des marquesde ſa haute ſuffiſance par un excellent Difcours Latin qu'il fitdans la grande Salle de Sorbonne, à l'ouverturedes Sorboniques. La nombreuſe Aſſemblée qui s'ytrouva,com- poſée en partie de Cardinaux,
de Prélats ,&de Perſonnes de
la premiere Qualité, nepût af ſez admirer l éloquence avec laquelle il fit connoiſtre com- bien la protection que le Roy - donne aux Docteurs de la Faculté &de la Maisõ, leur eſtoit
avantageuſe &pour lemaintie
de leurs Privileges, &pour cõ-- ſerver les Sciences Eccleſiaſti-
- ques dans toute leur pureté. II - eſt Prieur de Sorbonne. Les
Docteurs & les Bacheliers de
118 LE MERCVRE
la Societé font ordinairement
cette élection par la voye du Scrutin; mais M l'AbbéColbert, dont le merite porte pour luy une recommandation toute particuliere,a eſté éleu de vive voix.Toutle monde le ſouhaitoit,&tout le monde le nomma
enmêmetemps.
qui employe ſes meilleures heures à l'étude , &qui en fait
GALANT. 117
1
fon plus agreable attachemét,
donna il y a quelques jours des marquesde ſa haute ſuffiſance par un excellent Difcours Latin qu'il fitdans la grande Salle de Sorbonne, à l'ouverturedes Sorboniques. La nombreuſe Aſſemblée qui s'ytrouva,com- poſée en partie de Cardinaux,
de Prélats ,&de Perſonnes de
la premiere Qualité, nepût af ſez admirer l éloquence avec laquelle il fit connoiſtre com- bien la protection que le Roy - donne aux Docteurs de la Faculté &de la Maisõ, leur eſtoit
avantageuſe &pour lemaintie
de leurs Privileges, &pour cõ-- ſerver les Sciences Eccleſiaſti-
- ques dans toute leur pureté. II - eſt Prieur de Sorbonne. Les
Docteurs & les Bacheliers de
118 LE MERCVRE
la Societé font ordinairement
cette élection par la voye du Scrutin; mais M l'AbbéColbert, dont le merite porte pour luy une recommandation toute particuliere,a eſté éleu de vive voix.Toutle monde le ſouhaitoit,&tout le monde le nomma
enmêmetemps.
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Résumé : M. l'Abbé Colbert éleu depuis peu Prieur de Sorbonne, fait un beau Discours à l'ouverture des Sorboniques. [titre d'après la table]
L'Abbé Colbert a prononcé un discours latin lors de l'ouverture des Sorboniques dans la grande salle de la Sorbonne. L'assemblée, composée de cardinaux, de prélats et de personnalités influentes, a été captivée par son allocution. Colbert a souligné la protection royale accordée aux docteurs de la Faculté et de la Maison, mettant en avant les avantages pour la préservation de leurs privilèges et la conservation des sciences ecclésiastiques dans leur pureté. En tant que Prieur de Sorbonne, Colbert a été élu de vive voix par les docteurs et les bacheliers, une procédure exceptionnelle reflétant l'unanimité et le souhait général de l'assemblée.
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4
p. 190-201
Le Roy donne l'Archevesché de Bourges au Fils de M. de la Vrilliere: L'Evesché d'Ufez à M. l'Abbé Poncet, celuy de Chaalons sur Saone à M. Felix, celuy du Bellay à M. l'Abbé du Laurens, [ce]luy de Mande à M. de Piancour, Abbé de la Croix, & celuy de Lavaur à M. l'Abbé de la Berechere. [titre d'après la table]
Début :
C'est trop diférer à vous entretenir du merite de ceux [...]
Mots clefs :
Dignités de l'Église, Evêché d'Ufé, Archevêché de Bourges, Abbé Poncet, Évêché de Châlons, Abbé du Laurent, Mr de Piancour, Evêché de Lavaur, Abbé de Noailles
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texteReconnaissance textuelle : Le Roy donne l'Archevesché de Bourges au Fils de M. de la Vrilliere: L'Evesché d'Ufez à M. l'Abbé Poncet, celuy de Chaalons sur Saone à M. Felix, celuy du Bellay à M. l'Abbé du Laurens, [ce]luy de Mande à M. de Piancour, Abbé de la Croix, & celuy de Lavaur à M. l'Abbé de la Berechere. [titre d'après la table]
C'est trop diférer àvous entretenir du merite de ceux que le Roya élevez aux plus confi- dérables Dignitez de l'Eglife.
M. l'Evefque d'Ufés , Fils de
M 3
138 LE MERCVRE M de la Uriliere Secretaire
d'Etat , a eul'Archeveſché de
Bourges. Cette nouvelle éleva- tion faitvoir combien Sa Majeſté eft perfuadée &de fa fuf- fifance pour régler un grand Dioceſe , & de ſa pieté pour fervir d'exemple aux Peuples quivont eftre commis àſa conduite.
L'Eveſché d'Uſes a eſté donné en meſme temps àM l'Abbé Poncet , Fils de M'Poncet
Conſeiller d'Etat & du Confeil
Royal , &Neveude feuMon- fieur 1 Archeveſque de Bour- ges. C'eſt quelque choſed'af- fez glorieux pour luy , d'en- tendre dire par tout queles fervices de M fon Pere, qui com- me vous ſçavez eſt dans une tres--haute confidération,n'ont
aucune part à la Dignité qu'il vient d'acquérir.
GALANT. 139
Monfieur Felix Evefque de
Digne, a efté nommé à l'Evef- chedeChalons ſur Saone. La
maniere édifiante dont il pref- che , fait connoiſtre affez ce
qu'on doit attendre de fon zele pour la conduite de fon
Troupeau.
On n'eſt pas moins perfua- dé de celuy de M'l'Abbé du Laurens,Grand Prieur de l'Ordre de Clugny , que le Roy a
fait Eveſque du Bellay. Il eſt Frere de feu M du Laurens
Conſeiller à la Grand Chambre , qui s'eſtoit fait baftir un
1. Apartement dans l'Abbaye de S. Victor , où il eſt mortdepuis deux ans.
Je ſçay , Madame, que la ré- putation de Mª de Piancour,
Abbéde la Croix,vous eft connuë , & ainſi je nedoute point
140 LE MERCVRE
que vous n'ayez de la joye d'apprendre que Sa Majefté a
rendu juftice à ſon merite , en le nommant à l'Eveſche de
Mande. C'eſt un Pofte fort avantageux qui le rend Second Prefident des Etats de la Province. Sa picté,ſa profondedo- trine,& fon exacte régularité à remplir les devoirs que Dieu luy a impoſez , faifoient voir das ſa Perſonnetoutes les qua- litez neceffaires pour faire un tres -digne Prélat;&il y a long- tems que nous le verrions dans cette haute Dignité , s'il avoit voulu écouter les propofitions qui luy ont eſté faites ; mais il a toûjours proteſté que fi cela arrivoit, il y feroit conduit par les feules mains de la Providence;&en effet,il n'a preſque
T
GALANT. 141
point paru à la Cour,& la cho- -ſe eſtoit arreſtée en ſa faveur,
avant qu'il euſt appris qu'elle ſe duft faire. Il a beaucoup de
naiſſance,&eft Frerede Mr le
Chevalierde Piancour, qui eft mort depuis un an à Meſſine,
apres avoir rendu de fort grāds ſervices au Roy , dont il a eſté l'Agent à Malte pendant trois années. Il s'eſtoit acquité de
cet Employ avec tant de fide- lité & de zele , qu'ayant eſté rappellé en Cour, il trouva à
Marſeille une Lettre de M le
Marquis de Segnelay qui luy faiſoit ſçavoir que Sa Majefté le gratifioit d'une Galere. Il l'équipa en tres peu de temps,
&n'épargna rien pour la ren- dre une des plus confidérables quipuffent eftre employées au fervice de fon Maiſtre. Perfon
142 LE MERCVRE
ne n'ignore les belles actions qu'il fit àla grande Affaire de
Palerme. Son trop de zele luy couſta la vie unpeu apres. II ne voulut point abandonnerſa Galere , où il y avoit un fort grandnombrede Malades. Les Fievres estoient malignes,il en futpris , &mourut fort regreté de Monfieur le Mareſchal Duc
de Vivonne , &de toutl'ordre
de Malte , qui avoit pour luy une eſtime tres-particuliere.
Le Roy qui fait tout avec prudence, &ne répand jamais fes graces qu'avecjuſtice,a fait l'honneur à M l'Abbé de la
Berchere , l'un de ſes Aumôniers , de le nommer à l'Evefché de Lavaur. Il eſt Docteur
de Sorbonne;&quoyqu'il n'ait pas encor trente ans, il eft con- fommé dans toutes les Scien-
GALANT. 143 ces qu'on peut fouhaiter dans ungrand Prélat. Il a prefché,
& toûjours avec ſucces ; & fi la foibleſſe de ſa voix luy euſt pû permettre de continuer , il auroit remply tres-dignement les premieres Chaires de Paris.
SonGrand Pere eft mort Premier Preſident du Parlement
de Dijon. La ſurvivance de cetteCharge avoit eſté accor- dée àMonfieurdela Berchere
ſon Pere , qui l'exerça quoy qu'iln'euſt que vingt-ſept ans.
Il paſſa à celle de Premier Pre- fidentde Grenoble, par les or- dres dela feu Reyne Mere, qui Thonoroitde fon eftime,&qui crût que ſa preſence en cette Province ne ſeroit pas inutile aux Affaires du Roy pendant la Régence. Cette grande Charge fut exercée apres fa
:
1
144 LE MERCVRE
mort , comme elle l'eſt encor
aujourd huy, par M de laBer- chere,qui en avoit la ſurvivance,& qui eſt Oncle de M.l'Abbéde laBerchere dontje vous
parle.
Je croy, Madame, que vous vous étonnez de ne point trou- ver le Nom de M. l'Abbé de
Noailles parmy tant d'Evef- ques , puis qu il ne manque d'aucunedesqualitez qui peu- vent élever à l'Epifcopat une Perſonne de ſa naiſſance. Le
Roy qui eſt fort perfuadé de fon merite,luy avoit fait l'hon- neur de le nommer ; mais les
inſtantes prieres de Monfieur le Duc de Noailles fon Pere ,
qui n'a pû ſe réfoudre à eſtre privé fi toſt dela prefence d'un Fils qu'il aime fort tendremét,
jointes à l'envie qu'il a fait paroiftre
GALANT. 145 roiſtre d'avoir encor quelques années pendant leſquelles il puſt ſe rendre plus digne des graces de Sa Majefté par fon application extraordinaire à
l'étude, en ont fufpendu
juſqu'àun autre temps.
M. l'Evefque d'Ufés , Fils de
M 3
138 LE MERCVRE M de la Uriliere Secretaire
d'Etat , a eul'Archeveſché de
Bourges. Cette nouvelle éleva- tion faitvoir combien Sa Majeſté eft perfuadée &de fa fuf- fifance pour régler un grand Dioceſe , & de ſa pieté pour fervir d'exemple aux Peuples quivont eftre commis àſa conduite.
L'Eveſché d'Uſes a eſté donné en meſme temps àM l'Abbé Poncet , Fils de M'Poncet
Conſeiller d'Etat & du Confeil
Royal , &Neveude feuMon- fieur 1 Archeveſque de Bour- ges. C'eſt quelque choſed'af- fez glorieux pour luy , d'en- tendre dire par tout queles fervices de M fon Pere, qui com- me vous ſçavez eſt dans une tres--haute confidération,n'ont
aucune part à la Dignité qu'il vient d'acquérir.
GALANT. 139
Monfieur Felix Evefque de
Digne, a efté nommé à l'Evef- chedeChalons ſur Saone. La
maniere édifiante dont il pref- che , fait connoiſtre affez ce
qu'on doit attendre de fon zele pour la conduite de fon
Troupeau.
On n'eſt pas moins perfua- dé de celuy de M'l'Abbé du Laurens,Grand Prieur de l'Ordre de Clugny , que le Roy a
fait Eveſque du Bellay. Il eſt Frere de feu M du Laurens
Conſeiller à la Grand Chambre , qui s'eſtoit fait baftir un
1. Apartement dans l'Abbaye de S. Victor , où il eſt mortdepuis deux ans.
Je ſçay , Madame, que la ré- putation de Mª de Piancour,
Abbéde la Croix,vous eft connuë , & ainſi je nedoute point
140 LE MERCVRE
que vous n'ayez de la joye d'apprendre que Sa Majefté a
rendu juftice à ſon merite , en le nommant à l'Eveſche de
Mande. C'eſt un Pofte fort avantageux qui le rend Second Prefident des Etats de la Province. Sa picté,ſa profondedo- trine,& fon exacte régularité à remplir les devoirs que Dieu luy a impoſez , faifoient voir das ſa Perſonnetoutes les qua- litez neceffaires pour faire un tres -digne Prélat;&il y a long- tems que nous le verrions dans cette haute Dignité , s'il avoit voulu écouter les propofitions qui luy ont eſté faites ; mais il a toûjours proteſté que fi cela arrivoit, il y feroit conduit par les feules mains de la Providence;&en effet,il n'a preſque
T
GALANT. 141
point paru à la Cour,& la cho- -ſe eſtoit arreſtée en ſa faveur,
avant qu'il euſt appris qu'elle ſe duft faire. Il a beaucoup de
naiſſance,&eft Frerede Mr le
Chevalierde Piancour, qui eft mort depuis un an à Meſſine,
apres avoir rendu de fort grāds ſervices au Roy , dont il a eſté l'Agent à Malte pendant trois années. Il s'eſtoit acquité de
cet Employ avec tant de fide- lité & de zele , qu'ayant eſté rappellé en Cour, il trouva à
Marſeille une Lettre de M le
Marquis de Segnelay qui luy faiſoit ſçavoir que Sa Majefté le gratifioit d'une Galere. Il l'équipa en tres peu de temps,
&n'épargna rien pour la ren- dre une des plus confidérables quipuffent eftre employées au fervice de fon Maiſtre. Perfon
142 LE MERCVRE
ne n'ignore les belles actions qu'il fit àla grande Affaire de
Palerme. Son trop de zele luy couſta la vie unpeu apres. II ne voulut point abandonnerſa Galere , où il y avoit un fort grandnombrede Malades. Les Fievres estoient malignes,il en futpris , &mourut fort regreté de Monfieur le Mareſchal Duc
de Vivonne , &de toutl'ordre
de Malte , qui avoit pour luy une eſtime tres-particuliere.
Le Roy qui fait tout avec prudence, &ne répand jamais fes graces qu'avecjuſtice,a fait l'honneur à M l'Abbé de la
Berchere , l'un de ſes Aumôniers , de le nommer à l'Evefché de Lavaur. Il eſt Docteur
de Sorbonne;&quoyqu'il n'ait pas encor trente ans, il eft con- fommé dans toutes les Scien-
GALANT. 143 ces qu'on peut fouhaiter dans ungrand Prélat. Il a prefché,
& toûjours avec ſucces ; & fi la foibleſſe de ſa voix luy euſt pû permettre de continuer , il auroit remply tres-dignement les premieres Chaires de Paris.
SonGrand Pere eft mort Premier Preſident du Parlement
de Dijon. La ſurvivance de cetteCharge avoit eſté accor- dée àMonfieurdela Berchere
ſon Pere , qui l'exerça quoy qu'iln'euſt que vingt-ſept ans.
Il paſſa à celle de Premier Pre- fidentde Grenoble, par les or- dres dela feu Reyne Mere, qui Thonoroitde fon eftime,&qui crût que ſa preſence en cette Province ne ſeroit pas inutile aux Affaires du Roy pendant la Régence. Cette grande Charge fut exercée apres fa
:
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144 LE MERCVRE
mort , comme elle l'eſt encor
aujourd huy, par M de laBer- chere,qui en avoit la ſurvivance,& qui eſt Oncle de M.l'Abbéde laBerchere dontje vous
parle.
Je croy, Madame, que vous vous étonnez de ne point trou- ver le Nom de M. l'Abbé de
Noailles parmy tant d'Evef- ques , puis qu il ne manque d'aucunedesqualitez qui peu- vent élever à l'Epifcopat une Perſonne de ſa naiſſance. Le
Roy qui eſt fort perfuadé de fon merite,luy avoit fait l'hon- neur de le nommer ; mais les
inſtantes prieres de Monfieur le Duc de Noailles fon Pere ,
qui n'a pû ſe réfoudre à eſtre privé fi toſt dela prefence d'un Fils qu'il aime fort tendremét,
jointes à l'envie qu'il a fait paroiftre
GALANT. 145 roiſtre d'avoir encor quelques années pendant leſquelles il puſt ſe rendre plus digne des graces de Sa Majefté par fon application extraordinaire à
l'étude, en ont fufpendu
juſqu'àun autre temps.
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Résumé : Le Roy donne l'Archevesché de Bourges au Fils de M. de la Vrilliere: L'Evesché d'Ufez à M. l'Abbé Poncet, celuy de Chaalons sur Saone à M. Felix, celuy du Bellay à M. l'Abbé du Laurens, [ce]luy de Mande à M. de Piancour, Abbé de la Croix, & celuy de Lavaur à M. l'Abbé de la Berechere. [titre d'après la table]
Le texte décrit plusieurs nominations ecclésiastiques réalisées par le roi. L'évêque d'Uzès, fils du secrétaire d'État, a été promu à l'archevêché de Bourges, reflétant la confiance royale en ses compétences pour diriger un grand diocèse. L'évêché d'Uzès a été confié à l'abbé Poncet, fils d'un conseiller d'État, soulignant que cette promotion n'est pas due aux services de son père. L'évêque de Digne, Félix, a été nommé à l'évêché de Chalon-sur-Saône, apprécié pour son zèle pastoral. L'abbé du Laurens, grand prieur de l'ordre de Cluny, a été désigné évêque du Bellay. L'abbé de Piancourt, nouvel évêque de Mande, est reconnu pour sa réputation et devient second président des États de la province. Le roi a nommé l'abbé de la Berchère, l'un de ses aumôniers, à l'évêché de Lavaur, malgré son jeune âge, en raison de ses compétences en théologie. Enfin, l'abbé de Noailles, bien que qualifié, n'a pas été nommé évêque à la demande de son père et pour poursuivre ses études.
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4
Le Roy donne l'Archevesché de Bourges au Fils de M. de la Vrilliere: L'Evesché d'Ufez à M. l'Abbé Poncet, celuy de Chaalons sur Saone à M. Felix, celuy du Bellay à M. l'Abbé du Laurens, [ce]luy de Mande à M. de Piancour, Abbé de la Croix, & celuy de Lavaur à M. l'Abbé de la Berechere. [titre d'après la table]
5
p. 211-212
Le Roy donne l'Abbaye de la Croix à M. l'Abbé Pellot. [titre d'après la table]
Début :
J'avois oublié à vous dire que le Roy avoit donné [...]
Mots clefs :
Abbaye de la Croix, Abbé Pellot
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texteReconnaissance textuelle : Le Roy donne l'Abbaye de la Croix à M. l'Abbé Pellot. [titre d'après la table]
J'avois oublié àvous dire que le Roy avoit donné l'Abbaye de la Croix à M l'Abbé Pellot,
FilsdeM le Premier Prefident
deRoüen. Elle est d'un revenu
confiderable , & d'une tresgrande beauté. Feu Mr l'Abbé
de Piancour , Oncle de celuy
GALANT. 153 qui vient d'eſtre nommé à I E- veſchéde Mande , l'avoit fait
rebaſtir entierement , & elle doit la plus grande partie de fes embelliffemens aux foins de ce
dernier qui n'a rien épargné pour la rendre ce qu'elle eſt.
FilsdeM le Premier Prefident
deRoüen. Elle est d'un revenu
confiderable , & d'une tresgrande beauté. Feu Mr l'Abbé
de Piancour , Oncle de celuy
GALANT. 153 qui vient d'eſtre nommé à I E- veſchéde Mande , l'avoit fait
rebaſtir entierement , & elle doit la plus grande partie de fes embelliffemens aux foins de ce
dernier qui n'a rien épargné pour la rendre ce qu'elle eſt.
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6
p. 142-143
Le Roy nomme M. l'Abbé de Beauveau à l'Ecesché de Nantes, sur la Démission pure & simple de M. de la Baume le Blanc. [titre d'après la table]
Début :
Pendant que nous sommes à la Cour, je dois encor vous [...]
Mots clefs :
Abbé de Beauveau, Évêché de Nantes, Démission
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texteReconnaissance textuelle : Le Roy nomme M. l'Abbé de Beauveau à l'Ecesché de Nantes, sur la Démission pure & simple de M. de la Baume le Blanc. [titre d'après la table]
Pendant que nous ſommes àla Cour, je dois encor vous dire que le Roy a nommé Monfieur l'Abbéde Beauveau
Tome VI. I
100 LE MERCVRE
à l'Eveſché de Nantes , fur la Démiſſion pure & fimple de Monfieurdela Baume le Blanc
qui en estoit Eveſque. Cet il- luſtre Abbé eſt recommandable par fon merite &par fa naiſſance. On a veu dans ſa
Maiſondes Séneſchaux d'Anjou , de Provence & de Lor- raine , des Gouverneurs de
Places,des Preſidens des Compres , des Chambellans des Rois Charles VII. &Loüis XI.
&des Eveſques d'Arles , d'An
gers & de Nantes. Elle eſt al- liée des Maifons de Bourbon
& de Vendoſme , & de plu- fieurs autres des plus Illuſtreş duRoyaume.
Tome VI. I
100 LE MERCVRE
à l'Eveſché de Nantes , fur la Démiſſion pure & fimple de Monfieurdela Baume le Blanc
qui en estoit Eveſque. Cet il- luſtre Abbé eſt recommandable par fon merite &par fa naiſſance. On a veu dans ſa
Maiſondes Séneſchaux d'Anjou , de Provence & de Lor- raine , des Gouverneurs de
Places,des Preſidens des Compres , des Chambellans des Rois Charles VII. &Loüis XI.
&des Eveſques d'Arles , d'An
gers & de Nantes. Elle eſt al- liée des Maifons de Bourbon
& de Vendoſme , & de plu- fieurs autres des plus Illuſtreş duRoyaume.
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Résumé : Le Roy nomme M. l'Abbé de Beauveau à l'Ecesché de Nantes, sur la Démission pure & simple de M. de la Baume le Blanc. [titre d'après la table]
Le roi a nommé l'abbé de Beauveau à l'évêché de Nantes après la démission de Monseigneur de la Baume le Blanc. L'abbé est reconnu pour ses mérites et sa lignée illustre, incluant des sénéchaux, gouverneurs, présidents de cours et évêques. Sa famille est alliée aux maisons de Bourbon et de Vendôme.
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7
p. 143-144
Le Roy donne deux Abbayes à M. le Cardinal de Bonzy. [titre d'après la table]
Début :
Le Roy a pareillement donné deux Abbayes à Monsieur le Cardinal [...]
Mots clefs :
Cardinal de Bonzy, Abbayes
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texteReconnaissance textuelle : Le Roy donne deux Abbayes à M. le Cardinal de Bonzy. [titre d'après la table]
LeRoy apareillement don- né deux Abbayes àMonfieur le Cardinal deBonzy. Tout ce que jepourrois dire de ce Prin-
GALANT. ΙΟΙ
コ
I
e
ce de l'Egliſe ſeroit infiniment audeſſous de luy. Sa naiſſance eſt connue , ſon eſprit & fa conduite ont paru dans les grandes Ambaſſades dont il S'eſt acquité avectant de fuc- cés , & fes manieres honnêtes & engageantes luy atti- rent les cœurs de tous ceux
qui le connoiffent.
GALANT. ΙΟΙ
コ
I
e
ce de l'Egliſe ſeroit infiniment audeſſous de luy. Sa naiſſance eſt connue , ſon eſprit & fa conduite ont paru dans les grandes Ambaſſades dont il S'eſt acquité avectant de fuc- cés , & fes manieres honnêtes & engageantes luy atti- rent les cœurs de tous ceux
qui le connoiffent.
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8
p. 116-118
L'HYPOCRITE, SONNET.
Début :
Encor un Sonnet, Madame. Il m'a esté envoyé de / Le Bigot en ce temps, pour bien faire son compte, [...]
Mots clefs :
Bigot, Faux dévots, Compter, Hypocrite, Église
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texteReconnaissance textuelle : L'HYPOCRITE, SONNET.
Encor un Sonnet , Madame.
Il m'a eſté envoyé de Poitou , &
vous n'avez jamais rien veu de plus fingulier. Il roule ſur deux ſeules rimes, & vous ne le trou- verez pas favorable à vos bons Amisles faux Devots.
L
L'HYPOCRITES
SONNET.
HEQUE DE
BIBLIO
LYON
EBigot en ce temps, pourbienfaire Soncompte,
Compte iusqu'à ses pas , & mesure le
temps;
Maisà le voir long-temps onn'en fait
point de conte,
Tome VIII. D
74 LE MERCVRE Et l'on comptepour rien tout l'employ defon temps.
Cen'estpaspour ce temps, nous dit- il,
queje compte,
Mon compteferoitfaux, &bien àcon.
tre-temps;
Mais le temps àvenir est leſeul que je
compte,
Et vivant bien,jefais moncomptepour
cetemps.
7
Jegardetous les temps quel'Egliſe now
- compte ,
Iecompteun Chapelet àtoute heure , en : tout temps,
Etnul temps ne m'en peut faire oublier
Lecompte.
Hypocrite , tupers &ton corfte &ton
temps,
Dieuconnoît qu'en tout temps tu ne vas qu'àton compte ,
Et que c'est pour tromperque tu comptes Letemps,
Il m'a eſté envoyé de Poitou , &
vous n'avez jamais rien veu de plus fingulier. Il roule ſur deux ſeules rimes, & vous ne le trou- verez pas favorable à vos bons Amisles faux Devots.
L
L'HYPOCRITES
SONNET.
HEQUE DE
BIBLIO
LYON
EBigot en ce temps, pourbienfaire Soncompte,
Compte iusqu'à ses pas , & mesure le
temps;
Maisà le voir long-temps onn'en fait
point de conte,
Tome VIII. D
74 LE MERCVRE Et l'on comptepour rien tout l'employ defon temps.
Cen'estpaspour ce temps, nous dit- il,
queje compte,
Mon compteferoitfaux, &bien àcon.
tre-temps;
Mais le temps àvenir est leſeul que je
compte,
Et vivant bien,jefais moncomptepour
cetemps.
7
Jegardetous les temps quel'Egliſe now
- compte ,
Iecompteun Chapelet àtoute heure , en : tout temps,
Etnul temps ne m'en peut faire oublier
Lecompte.
Hypocrite , tupers &ton corfte &ton
temps,
Dieuconnoît qu'en tout temps tu ne vas qu'àton compte ,
Et que c'est pour tromperque tu comptes Letemps,
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Résumé : L'HYPOCRITE, SONNET.
Le texte présente un sonnet intitulé 'L'HYPOCRITES' envoyé de Poitou. Ce sonnet critique les faux dévots et met en scène un hypocrite obsédé par la mesure du temps. Il valorise le futur, néglige le présent et compte prières et chapelets pour tromper autrui. Dieu connaît ses véritables intentions.
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9
p. 40-44
Monsieur l'Abbé Poudens est nommé à l'Evesché de Tarbes, Monsieur l'bbé de Sufe à celuy de S. Omer, & Monsieur Tellier Curé de S. Severin, à celuy de Dignes. [titre d'après la table]
Début :
Comme il a tout le merite qu'il faut pour la [...]
Mots clefs :
Abbé Poudens, Abbé de Suse, Évêque de Tarbes, Évêché de S. Omer, Mr Tellier, Évêché de Dignes
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texteReconnaissance textuelle : Monsieur l'Abbé Poudens est nommé à l'Evesché de Tarbes, Monsieur l'bbé de Sufe à celuy de S. Omer, & Monsieur Tellier Curé de S. Severin, à celuy de Dignes. [titre d'après la table]
Comme il a tout le merite qu'il faut pour la porter dignement , on doit croireque son temps vien- dra , comme il eſt venu depuis quelques jours pour Me l'Abbé Poudens, que le RoyafaitEvef
que de Tarbes. Il'eſt Docteur
de Sorbonne , &Fils d'un Prefidentdu Parlement de Pau. On
ne peut mieux ſoûtenir l'employ de Secretaire du Clergé qu'il a
fait dans laderniere Aſſemblée:
Il s'y eſtoit montré fi digne d'e- Are du nombre des Prelats qui la compofoient , que fa Nomi Bij
28. LE MERCVRE
nation a eſte ſçeuë avec un ap- plaudiſſementgeneral. Elleafui- vy celle de Ml'Abbé de Suſe à
l'Éveſché de S.Omer. Vous ſca- vez , Madame , qu'il avoit eſté facré depuis peu Eveſque de Tarbes. Il eſt Fils de M'leComte de Suſe , Homme de grande naiſſance , & que ſes ſervices ont toûjours rendu confidera- ble. Monfieur l'Eveſquede Vi- viers fon Oncle eſt undes plus anciens Prelats du Royaume. Celuy dont je vous parle en a
quantité pourAmisqui fontde la premierequalité , &qu'il s'eſt acquis par la probité & par ſa franchiſe. Son merite n'a pas moins paru dans pluſieurs Af- ſemblées duClergé, que faDo- ctrinedans l'Univerſité de Paris.
Sa phiſionomie est heureuſe ;&
fi dans le rangoùnous le voyons
GALANT. 29 élevé , on pouvoit tirer quelque gloire des avantages exterieurs,
il auroit dequoy eftre fatisfait de ceux qu'il a reçeus dela Nature.
Onpeutdire à l'honneur de Meſſieurs les Curez de Paris ( &
cen'eſtqueleur rendre la juſti- cequileur eſt deuë ) qu'ils don- nent tous des preuves fi édifian- tes , &de Doctrine &de Pieté,
que leRoychoifit ſouvent parmyeux dedignes Sujets pour les Eveſchez. C'eſt ce que SaMa- jeſté vient encor de faire , en nommantM Tellier Curé de S.
Severinàceluy de Dignes. Il a
eſté Aumônier de la Reyne , &
atoûjoursmenéunevieſi exem- plaire dans la conduite de fon
Troupeau , qu'on a crû que c'e- ſtoit travailler au biende l'Egli- fe, que de luy enconfierun plus grand. Il eſt Beaufrere de M
Bij11
30 LE MERCVRE
Langlois Maiſtre-d'Hoſtel du Roy. Lemerite de ce dernier eſt connu,& l'avantage qu'il a de n'eftre pas mal aupres de fon Maiſtre, en eſt une marque tres- glorieufe pour luy.
que de Tarbes. Il'eſt Docteur
de Sorbonne , &Fils d'un Prefidentdu Parlement de Pau. On
ne peut mieux ſoûtenir l'employ de Secretaire du Clergé qu'il a
fait dans laderniere Aſſemblée:
Il s'y eſtoit montré fi digne d'e- Are du nombre des Prelats qui la compofoient , que fa Nomi Bij
28. LE MERCVRE
nation a eſte ſçeuë avec un ap- plaudiſſementgeneral. Elleafui- vy celle de Ml'Abbé de Suſe à
l'Éveſché de S.Omer. Vous ſca- vez , Madame , qu'il avoit eſté facré depuis peu Eveſque de Tarbes. Il eſt Fils de M'leComte de Suſe , Homme de grande naiſſance , & que ſes ſervices ont toûjours rendu confidera- ble. Monfieur l'Eveſquede Vi- viers fon Oncle eſt undes plus anciens Prelats du Royaume. Celuy dont je vous parle en a
quantité pourAmisqui fontde la premierequalité , &qu'il s'eſt acquis par la probité & par ſa franchiſe. Son merite n'a pas moins paru dans pluſieurs Af- ſemblées duClergé, que faDo- ctrinedans l'Univerſité de Paris.
Sa phiſionomie est heureuſe ;&
fi dans le rangoùnous le voyons
GALANT. 29 élevé , on pouvoit tirer quelque gloire des avantages exterieurs,
il auroit dequoy eftre fatisfait de ceux qu'il a reçeus dela Nature.
Onpeutdire à l'honneur de Meſſieurs les Curez de Paris ( &
cen'eſtqueleur rendre la juſti- cequileur eſt deuë ) qu'ils don- nent tous des preuves fi édifian- tes , &de Doctrine &de Pieté,
que leRoychoifit ſouvent parmyeux dedignes Sujets pour les Eveſchez. C'eſt ce que SaMa- jeſté vient encor de faire , en nommantM Tellier Curé de S.
Severinàceluy de Dignes. Il a
eſté Aumônier de la Reyne , &
atoûjoursmenéunevieſi exem- plaire dans la conduite de fon
Troupeau , qu'on a crû que c'e- ſtoit travailler au biende l'Egli- fe, que de luy enconfierun plus grand. Il eſt Beaufrere de M
Bij11
30 LE MERCVRE
Langlois Maiſtre-d'Hoſtel du Roy. Lemerite de ce dernier eſt connu,& l'avantage qu'il a de n'eftre pas mal aupres de fon Maiſtre, en eſt une marque tres- glorieufe pour luy.
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Résumé : Monsieur l'Abbé Poudens est nommé à l'Evesché de Tarbes, Monsieur l'bbé de Sufe à celuy de S. Omer, & Monsieur Tellier Curé de S. Severin, à celuy de Dignes. [titre d'après la table]
Le texte relate plusieurs nominations et distinctions au sein de l'Église et de la cour royale. L'abbé Poudens, docteur de Sorbonne et fils d'un président du Parlement de Pau, a été nommé évêque de Tarbes par le roi. Il a également été secrétaire du Clergé lors de la dernière assemblée, où il s'est distingué par ses compétences et a été acclamé par ses pairs. L'abbé de Suse, fils du comte de Suse, a été nommé évêque de Saint-Omer après avoir été récemment nommé évêque de Tarbes. Il est reconnu pour ses services et ses qualités personnelles, telles que la probité et la franchise. Son oncle, l'évêque de Viviers, est l'un des prélats les plus anciens du royaume. L'abbé de Suse a également des amis influents et a démontré son mérite dans diverses assemblées du Clergé et à l'Université de Paris. Le roi a récemment nommé le curé Tellier à l'évêché de Dignes, après avoir été aumônier de la reine et avoir mené une vie exemplaire. Tellier est le beau-frère de Langlois, maître d'hôtel du roi, dont le mérite et l'influence sont également reconnus. Les curés de Paris sont souvent choisis pour des postes d'évêques en raison de leur doctrine et de leur piété.
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10
p. 118-120
Le Roy donne l'Abbaye de Farmontier à Madame l'Abbesse de Sainte Menehoult, celle de Sainte Menehoult à Madame du Boulay, & celle de S. Iacques prés Bourbon à Madame de Vaudetart-Bournonville Persan. [titre d'après la table]
Début :
On en a donné beaucoup au choix que le Roy [...]
Mots clefs :
Abbesse de Sainte Menehoult, Madame de Boulay, Abbaye, Madame de Vaudetart de Bournonville Persan
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texteReconnaissance textuelle : Le Roy donne l'Abbaye de Farmontier à Madame l'Abbesse de Sainte Menehoult, celle de Sainte Menehoult à Madame du Boulay, & celle de S. Iacques prés Bourbon à Madame de Vaudetart-Bournonville Persan. [titre d'après la table]
On en a donné beaucoup au choixque le Roya fait deMa- dame l'Abbeſſe de Sainte Menehoud , pour la gratifier de l'Abbaye Royale de Farmonſtier
enBrie. C'eſt une Dame d'un fort grand merite & d'une
exacte vertu. Elle est de la Maifon d'Uxelles ,& Belle-Sœur de
M. le Comte de Beringhen.
,
L'Abbaye de Sainte Mene- houd a eſté donnée àMadame
du Boulay , Religieuſe de la Croix , & Belle-Sœur de M.
GALANT. 75 l'Avocat General Talon. On
pourroit prendre cette occafion pour parler d'un autre ; mais outre que lagloire qu'il s'eſt ac- quiſe dans cette importante Charge l'a fait connoiſtre à tou- te la France , ſon merite me
fournira d'aſſez amplesſujets de vous en entretenir ſouvent.
1
Sa Majesté a auſſi donné l'Ab- bayede Saint JacquespresBour- bon , à Madame de Vaudetart
de Bournonville Perfan. Elle eft
d'une grandeMaiſon, &le Nom de Perfan a fait bruit ailleurs
quedansdesConvents
enBrie. C'eſt une Dame d'un fort grand merite & d'une
exacte vertu. Elle est de la Maifon d'Uxelles ,& Belle-Sœur de
M. le Comte de Beringhen.
,
L'Abbaye de Sainte Mene- houd a eſté donnée àMadame
du Boulay , Religieuſe de la Croix , & Belle-Sœur de M.
GALANT. 75 l'Avocat General Talon. On
pourroit prendre cette occafion pour parler d'un autre ; mais outre que lagloire qu'il s'eſt ac- quiſe dans cette importante Charge l'a fait connoiſtre à tou- te la France , ſon merite me
fournira d'aſſez amplesſujets de vous en entretenir ſouvent.
1
Sa Majesté a auſſi donné l'Ab- bayede Saint JacquespresBour- bon , à Madame de Vaudetart
de Bournonville Perfan. Elle eft
d'une grandeMaiſon, &le Nom de Perfan a fait bruit ailleurs
quedansdesConvents
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Résumé : Le Roy donne l'Abbaye de Farmontier à Madame l'Abbesse de Sainte Menehoult, celle de Sainte Menehoult à Madame du Boulay, & celle de S. Iacques prés Bourbon à Madame de Vaudetart-Bournonville Persan. [titre d'après la table]
Le roi a nommé Madame l'Abbesse de Sainte Menéhoud à l'Abbaye Royale de Faremoutiers, une dame de grand mérite et de vertu exacte, de la maison d'Uxelles. Madame du Boulay a reçu l'Abbaye de Sainte Menéhoud. Madame de Vaudetart de Bournonville Perfan a été désignée pour l'Abbaye de Saint Jacques près de Bourbon.
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11
p. 172-174
Mademoiselle de Vaillac prend l'Habit de Carmelite. [titre d'après la table]
Début :
Comme on invente tous les jours quelque chose de nouveau [...]
Mots clefs :
Mademoiselle de Vaillac, Carmelites, Cérémonie
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texteReconnaissance textuelle : Mademoiselle de Vaillac prend l'Habit de Carmelite. [titre d'après la table]
Comme on invente tous les
joursquelque choſe de nouveau dans lemonde, on renonce auffi tous le jours à ce qu'il y a de plus engageant. C'eſt ce que fit encordernierement Mademoifelle de Vaillac , en prenant
Habit aux grandes Carmelites,
en preſence de Leurs Alteſſes Royales Monfieur & Madame,
qui luy firent l'honneur d'af- fifter à cette Ceremonie , accompagnez de quantité de Per- ſonnes des plus qualifiéesde la Cour. Elle eſt cadette de cette
belle Mademoiselle de Vaillac,
dont le merite fait tant de bruit,
&dont on ne peutdire trop de bien. Si l'une fait fon bonheur
de la Retraite , l'autre peut faire
GALAN Τ. 109
e
1
S
1
celuy d'un des plus honneſtes Hommes du Royaume. Elle eft auſſi bien faite que belle , ſa tail- le eſt grande &dégagée , on ne peut avoir de plus beaux yeux,
&ce qui eſt un fort grand char- me, ſa bonté va audelà de tous
ceux de fa Perſonne .
joursquelque choſe de nouveau dans lemonde, on renonce auffi tous le jours à ce qu'il y a de plus engageant. C'eſt ce que fit encordernierement Mademoifelle de Vaillac , en prenant
Habit aux grandes Carmelites,
en preſence de Leurs Alteſſes Royales Monfieur & Madame,
qui luy firent l'honneur d'af- fifter à cette Ceremonie , accompagnez de quantité de Per- ſonnes des plus qualifiéesde la Cour. Elle eſt cadette de cette
belle Mademoiselle de Vaillac,
dont le merite fait tant de bruit,
&dont on ne peutdire trop de bien. Si l'une fait fon bonheur
de la Retraite , l'autre peut faire
GALAN Τ. 109
e
1
S
1
celuy d'un des plus honneſtes Hommes du Royaume. Elle eft auſſi bien faite que belle , ſa tail- le eſt grande &dégagée , on ne peut avoir de plus beaux yeux,
&ce qui eſt un fort grand char- me, ſa bonté va audelà de tous
ceux de fa Perſonne .
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Résumé : Mademoiselle de Vaillac prend l'Habit de Carmelite. [titre d'après la table]
Mademoiselle de Vaillac, cadette de la célèbre Mademoiselle de Vaillac, a rejoint les grandes Carmélites. La cérémonie a eu lieu en présence de Leurs Altesses Royales et de nombreuses personnalités de la cour. Elle est décrite comme belle, bien faite, avec une taille élancée et des yeux remarquables, et surtout dotée d'une bonté exceptionnelle.
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12
p. 184
M. d'Obeille est sacré Evesque d'Orange. [titre d'après la table]
Début :
Quelque Profession qu'on ait embrassée, le merite est une [...]
Mots clefs :
M. d'Obeille, Évêque d'Orange
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : M. d'Obeille est sacré Evesque d'Orange. [titre d'après la table]
Quelque Profeſſion qu'on ait embraffée , le merite eft une for- te recommandation pour obte- nir les graces de ce grand Mo- narquequi va ſouvent le cher- cher hors de la Cour. Nous le
voyons en la perſonne de M. d'Obeille , qui vient d'eſtre Sa- cré Eveſque d'Orange. Il eſt
116 LE MERCVRE
Docteur de Sorbonne , & c'eſt
à cauſe de ſa grande érudition qu'il a efté élevé à la Dignité de Prelat
voyons en la perſonne de M. d'Obeille , qui vient d'eſtre Sa- cré Eveſque d'Orange. Il eſt
116 LE MERCVRE
Docteur de Sorbonne , & c'eſt
à cauſe de ſa grande érudition qu'il a efté élevé à la Dignité de Prelat
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13
p. 118-120
M. l'Abbé du Plessis est sacré Evesque de Xaintes. [titre d'après la table]
Début :
Quelque estat de vie qu'on ait embrassé, il est [...]
Mots clefs :
Église de Xaintes, Évêque, Abbé du Plessis
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texteReconnaissance textuelle : M. l'Abbé du Plessis est sacré Evesque de Xaintes. [titre d'après la table]
Quelque eftat de viequ'on ait embraffe , il eſt toûjours bon d'avoir une gran- de exactitude à s'aquiterdes de- voirs qu'il nous impoſe. Nous en voyons la récompenſe enla Perfonne de Monfieur l'Abbé
du Pleffis de Geſté de la Broutiere,dont la longue application à remplir toutes les obligations de fon caractere , luy a fait me
GALANT9 riter le choixque le Roy a fait de luy pour luy confier la con- duite de l'Egliſe de Xaintes dont il fut facré Eveſque ces derniers jours. S'il fuccede àun grand Prelat qui fut fort aimé dans ce Dioceſe , ſa doctrine &ſa piete,
jointes àfon humeur honneſte &obligeante, ne luygagneront pas moins les cœurs des Peu- ples qu'on luy a commis. Il y
avoit quinze ans qu'il eſtoit Grand Vicaire de Paris. Il eſt
Docteurde Sorbonne , &d'une tres-Illuftre Famille d'Anjou.'
du Pleffis de Geſté de la Broutiere,dont la longue application à remplir toutes les obligations de fon caractere , luy a fait me
GALANT9 riter le choixque le Roy a fait de luy pour luy confier la con- duite de l'Egliſe de Xaintes dont il fut facré Eveſque ces derniers jours. S'il fuccede àun grand Prelat qui fut fort aimé dans ce Dioceſe , ſa doctrine &ſa piete,
jointes àfon humeur honneſte &obligeante, ne luygagneront pas moins les cœurs des Peu- ples qu'on luy a commis. Il y
avoit quinze ans qu'il eſtoit Grand Vicaire de Paris. Il eſt
Docteurde Sorbonne , &d'une tres-Illuftre Famille d'Anjou.'
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Résumé : M. l'Abbé du Plessis est sacré Evesque de Xaintes. [titre d'après la table]
L'Abbé du Pleffis de Gesté de la Brouetiere, récompensé pour son dévouement, a été nommé évêque de Saintes par le roi. Grand Vicaire de Paris depuis quinze ans et Docteur de Sorbonne, il succède à un prélat apprécié. Sa doctrine, piété et honnêteté devraient lui gagner l'affection des habitants. Il est issu d'une famille illustre d'Anjou.
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14
p. 120-121
Le Roy donne une Abbaye à M. l'Abbé d'Aquin, & une autre à M. de Puysegur. [titre d'après la table]
Début :
Le Roy qui aime à répandre ses bienfaits par tout [...]
Mots clefs :
Abbé d'Aquin, Abbaye, M. de Puysegur
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texteReconnaissance textuelle : Le Roy donne une Abbaye à M. l'Abbé d'Aquin, & une autre à M. de Puysegur. [titre d'après la table]
es-Illuftre Famille d'Anjou.'
Le Roy qui aime à répandre fes bienfaits par tout , a grati- fié M l'Abbé Daquin , Fils de ſon Premier Medecin , de l'Abbayede la Seube pres de Bor- deaux ; & comme Sa Majeſté n'oublie jamais les Services qu'on luy rend, Elle a recomDij
80 LE MERCVRE
expofe
penſe ceux de MePuylegur,
qui a eſté long-temps Lieute- nant Colonel & Meſtre de
Camp du Regiment de Pied- mont, par une Abbaye qu'Elle luy adonnée dans Toul.
Le Roy qui aime à répandre fes bienfaits par tout , a grati- fié M l'Abbé Daquin , Fils de ſon Premier Medecin , de l'Abbayede la Seube pres de Bor- deaux ; & comme Sa Majeſté n'oublie jamais les Services qu'on luy rend, Elle a recomDij
80 LE MERCVRE
expofe
penſe ceux de MePuylegur,
qui a eſté long-temps Lieute- nant Colonel & Meſtre de
Camp du Regiment de Pied- mont, par une Abbaye qu'Elle luy adonnée dans Toul.
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15
p. 188-191
M. l'Abbé de Grandmont qui avoit esté nommé à l'Evesché de S. Papoul, est sacré à Pezenas. [titre d'après la table]
Début :
Vous avez sçeu, Madame, que Mr l'Abbé de Grandmont qui estoit [...]
Mots clefs :
Abbé de Grandmont, Évêché de S. Papoul, Cardinal de Bonzy
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texteReconnaissance textuelle : M. l'Abbé de Grandmont qui avoit esté nommé à l'Evesché de S. Papoul, est sacré à Pezenas. [titre d'après la table]
Vous avez ſçeu , Madame ,
que M. l'Abbé de Grandmont qui estoit Agent du Clergé ,
avoit eſté nommé par le Roy à
l'Eveſché de S.Papoul. Vousapi
GALANT. 125 prendrez aujourd'huy qu'il fut ſacré il y a quelques jours à
Pezenas par Monfieurle Cardi- nal de Bonzi , Archeveſque de
Narbonne & Preſident des
Etats, aſſiſté de Meſſieurs les
Eveſques de Beziers & de Montpellier. Les Etats s'y trou- verent en Corps. Monfieur le Duc de Verneüil Gouverneur
de Languedoc,& M. Dagueſſeau Intendant auſdits Etats , &
Commiſſaire du Roy , ne man- querent pas auffi de s'y rendre ;
& comme une pareille Ceré- monie n'avoir eſté faite depuis long-temps dans cette Provin- ce,une infinité de Perſonnes des Villes voiſines y fut attirée par la curiofité. Monfieur le Cardi,
de Bonzi traita en ſuite magni- fiquement Monfieur le Duc de
Verneüil,avec les Commiffaires
F iij
116 LE MERCVRE
du Roy , & tous les Eveſques. Celuy dont je vous parle eſt Neveu de M. de Grandmont ,
qui estoit Agent perpétuel des Etats de Languedoc , & qui fut à feu M. le Duc d'Orleans. Son
merite l'avoit mis dans une fort
grande confideration. м.lе маг- quis de Montanegre n'afſiſta point àcette Cerémonie , parce qu'il eſtoit party quelques jours auparavant pour aller faire vé- rifier au Parlement deToulouſe
ſes Proviſions de Lieutenant de Royde la Province.On nedoute point qu'elles n'y foient re- ceuës avec joye par la connoif- fance qu'on a de ſes ſervices, &
de la juftice qu'on luy a ren- duë. Vous m'avez marqué que vous l'eſtimez ; & comme je fçay que vous ferez bien-aiſe que je vous parle de luy toutes
of GALANT. 127
D
des fois que l'occafion s'en offri- ra , j'auray ſoin de vous fatis- faire.
que M. l'Abbé de Grandmont qui estoit Agent du Clergé ,
avoit eſté nommé par le Roy à
l'Eveſché de S.Papoul. Vousapi
GALANT. 125 prendrez aujourd'huy qu'il fut ſacré il y a quelques jours à
Pezenas par Monfieurle Cardi- nal de Bonzi , Archeveſque de
Narbonne & Preſident des
Etats, aſſiſté de Meſſieurs les
Eveſques de Beziers & de Montpellier. Les Etats s'y trou- verent en Corps. Monfieur le Duc de Verneüil Gouverneur
de Languedoc,& M. Dagueſſeau Intendant auſdits Etats , &
Commiſſaire du Roy , ne man- querent pas auffi de s'y rendre ;
& comme une pareille Ceré- monie n'avoir eſté faite depuis long-temps dans cette Provin- ce,une infinité de Perſonnes des Villes voiſines y fut attirée par la curiofité. Monfieur le Cardi,
de Bonzi traita en ſuite magni- fiquement Monfieur le Duc de
Verneüil,avec les Commiffaires
F iij
116 LE MERCVRE
du Roy , & tous les Eveſques. Celuy dont je vous parle eſt Neveu de M. de Grandmont ,
qui estoit Agent perpétuel des Etats de Languedoc , & qui fut à feu M. le Duc d'Orleans. Son
merite l'avoit mis dans une fort
grande confideration. м.lе маг- quis de Montanegre n'afſiſta point àcette Cerémonie , parce qu'il eſtoit party quelques jours auparavant pour aller faire vé- rifier au Parlement deToulouſe
ſes Proviſions de Lieutenant de Royde la Province.On nedoute point qu'elles n'y foient re- ceuës avec joye par la connoif- fance qu'on a de ſes ſervices, &
de la juftice qu'on luy a ren- duë. Vous m'avez marqué que vous l'eſtimez ; & comme je fçay que vous ferez bien-aiſe que je vous parle de luy toutes
of GALANT. 127
D
des fois que l'occafion s'en offri- ra , j'auray ſoin de vous fatis- faire.
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M. l'Abbé de Grandmont qui avoit esté nommé à l'Evesché de S. Papoul, est sacré à Pezenas. [titre d'après la table]
Début :
Vous avez sçeu, Madame, que Mr l'Abbé de Grandmont qui estoit [...]
Mots clefs :
Abbé de Grandmont, Évêché de S. Papoul, Cardinal de Bonzy
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texteReconnaissance textuelle : M. l'Abbé de Grandmont qui avoit esté nommé à l'Evesché de S. Papoul, est sacré à Pezenas. [titre d'après la table]
Vous avez ſçeu , Madame ,
que M. l'Abbé de Grandmont qui estoit Agent du Clergé ,
avoit eſté nommé par le Roy à
l'Eveſché de S.Papoul. Vousapi
GALANT. 125 prendrez aujourd'huy qu'il fut ſacré il y a quelques jours à
Pezenas par Monfieurle Cardi- nal de Bonzi , Archeveſque de
Narbonne & Preſident des
Etats, aſſiſté de Meſſieurs les
Eveſques de Beziers & de Montpellier. Les Etats s'y trou- verent en Corps. Monfieur le Duc de Verneüil Gouverneur
de Languedoc,& M. Dagueſſeau Intendant auſdits Etats , &
Commiſſaire du Roy , ne man- querent pas auffi de s'y rendre ;
& comme une pareille Ceré- monie n'avoir eſté faite depuis long-temps dans cette Provin- ce,une infinité de Perſonnes des Villes voiſines y fut attirée par la curiofité. Monfieur le Cardi,
de Bonzi traita en ſuite magni- fiquement Monfieur le Duc de
Verneüil,avec les Commiffaires
F iij
116 LE MERCVRE
du Roy , & tous les Eveſques. Celuy dont je vous parle eſt Neveu de M. de Grandmont ,
qui estoit Agent perpétuel des Etats de Languedoc , & qui fut à feu M. le Duc d'Orleans. Son
merite l'avoit mis dans une fort
grande confideration. м.lе маг- quis de Montanegre n'afſiſta point àcette Cerémonie , parce qu'il eſtoit party quelques jours auparavant pour aller faire vé- rifier au Parlement deToulouſe
ſes Proviſions de Lieutenant de Royde la Province.On nedoute point qu'elles n'y foient re- ceuës avec joye par la connoif- fance qu'on a de ſes ſervices, &
de la juftice qu'on luy a ren- duë. Vous m'avez marqué que vous l'eſtimez ; & comme je fçay que vous ferez bien-aiſe que je vous parle de luy toutes
of GALANT. 127
D
des fois que l'occafion s'en offri- ra , j'auray ſoin de vous fatis- faire.
que M. l'Abbé de Grandmont qui estoit Agent du Clergé ,
avoit eſté nommé par le Roy à
l'Eveſché de S.Papoul. Vousapi
GALANT. 125 prendrez aujourd'huy qu'il fut ſacré il y a quelques jours à
Pezenas par Monfieurle Cardi- nal de Bonzi , Archeveſque de
Narbonne & Preſident des
Etats, aſſiſté de Meſſieurs les
Eveſques de Beziers & de Montpellier. Les Etats s'y trou- verent en Corps. Monfieur le Duc de Verneüil Gouverneur
de Languedoc,& M. Dagueſſeau Intendant auſdits Etats , &
Commiſſaire du Roy , ne man- querent pas auffi de s'y rendre ;
& comme une pareille Ceré- monie n'avoir eſté faite depuis long-temps dans cette Provin- ce,une infinité de Perſonnes des Villes voiſines y fut attirée par la curiofité. Monfieur le Cardi,
de Bonzi traita en ſuite magni- fiquement Monfieur le Duc de
Verneüil,avec les Commiffaires
F iij
116 LE MERCVRE
du Roy , & tous les Eveſques. Celuy dont je vous parle eſt Neveu de M. de Grandmont ,
qui estoit Agent perpétuel des Etats de Languedoc , & qui fut à feu M. le Duc d'Orleans. Son
merite l'avoit mis dans une fort
grande confideration. м.lе маг- quis de Montanegre n'afſiſta point àcette Cerémonie , parce qu'il eſtoit party quelques jours auparavant pour aller faire vé- rifier au Parlement deToulouſe
ſes Proviſions de Lieutenant de Royde la Province.On nedoute point qu'elles n'y foient re- ceuës avec joye par la connoif- fance qu'on a de ſes ſervices, &
de la juftice qu'on luy a ren- duë. Vous m'avez marqué que vous l'eſtimez ; & comme je fçay que vous ferez bien-aiſe que je vous parle de luy toutes
of GALANT. 127
D
des fois que l'occafion s'en offri- ra , j'auray ſoin de vous fatis- faire.
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Résumé : M. l'Abbé de Grandmont qui avoit esté nommé à l'Evesché de S. Papoul, est sacré à Pezenas. [titre d'après la table]
Le texte décrit la nomination et la consécration de l'Abbé de Grandmont à l'évêché de Saint-Papoul par le roi. La cérémonie s'est déroulée à Pézenas, où il a été sacré par le cardinal de Bonzi, archevêque de Narbonne et président des États, en présence des évêques de Béziers et de Montpellier. Les États étaient représentés, ainsi que le duc de Verneuil, gouverneur de Languedoc, et M. Daguesseau, intendant et commissaire du roi. Cette cérémonie, inhabituelle dans la province, a attiré de nombreuses personnes des villes voisines. Après la cérémonie, le cardinal de Bonzi a offert un traitement somptueux au duc de Verneuil, aux commissaires du roi et aux évêques. L'abbé de Grandmont est le neveu de M. de Grandmont, ancien agent perpétuel des États de Languedoc et proche du feu duc d'Orléans. Le marquis de Montanègre n'a pas assisté à la cérémonie, étant parti vérifier ses provisions de lieutenant du roi au Parlement de Toulouse, où elles ont été accueillies favorablement en raison de ses services et de sa justice reconnue.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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17
p. 95-99
AU SOUVERAIN PONTIFE.
Début :
Il y a pour subscription à la Lettre que ce Roy a écrite / Lettre de la Royale Ambassade du grand Roy de Siam, [...]
Mots clefs :
Pape, Lettre, Chrétiens, Mérites, Joie, Ambassadeurs
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texteReconnaissance textuelle : AU SOUVERAIN PONTIFE.
HIlyy a pour ſubſcription à
la Lettre que ceRoy a écrite
auPape,
1
96 MERCURE
AU
SOUVERAIN PONTIFE..
Ettre de la Royale Ambaf-
Wade du grandRoy de Siam
qu'il envoye au S. Pape , qui
est le Premier&le Pere de tous
les Chrétiens , dont ilfoûtient la
Religion, pour luy donner de l'éclat
,&la gouverner, afin que
tous les. Chrétiensy demeurent
fermes ,&ſuivent ce que laReligion
& la Justice demandent..
D'autantqu'il a eftéde touttemps
uſité, que les grands Roys
Princes qui excellent en mérites
1
GALANT. 97
enforces , ont ſoin &defirent
ardemment étendre leurs Royales
amitiez par toutes les Parties du
Monde, parles diverſesNations
qui l'habitent , &fçavoir
les choses qui s'y paffent. C'est
pourquoy quand le S. Pape nous
aicy envoyé en Royale AmbasfadeDom
François Evesque,cela
nous donna unetres-grande joyes
apres avoir vû le contenu de
la Lettre dont il eſtoit Porteur,
remplie de civilitez , nostre coeur
Royalfut remply d'une joye tresgrande.
Pour ces raiſons nous
avons résolu d'envoyer tels &
tels, pour porter au S. Pape les
Juin1684.
Bayerische
Staatsbibliothek
München
I
۱
98 MERCURE
Lettres de noftre Royale Ambas
fade dont ils font chargez, à
deffein qu'il y ait une Royale
Amitiéentre Nous,&un mutuel
amour qui dure jusqu'à l'Eternité.
Quand nos Ambassadeurs
auront achevé ce dont ils font
chargez, je vous priede les laiffer
revenir , afin qu'ils m'appor
tent des Nouvelles du S. Pape,
qui mefont tres-cheres , &que
j'eftimeray infiniment. Jeprie
auſſi le S. Pape de m'envoyer des
Ambassadeurs , &que nosAmbaffadeurs
puiffent aller&venir
fans interruption, afin qu'une fi
excellente,siprécieuse fiillustre
GALANT 99
amitiépuiſſe durer éternellement.
Enfin je ſouhaite que le S.Pape
joüiffe de toutesfortes de biens&
defélicitezdans la Loydes Chrétiens,
&qu'il vive pluſieurs an
néespleines de mérites, joye,fainteté&
repos.
la Lettre que ceRoy a écrite
auPape,
1
96 MERCURE
AU
SOUVERAIN PONTIFE..
Ettre de la Royale Ambaf-
Wade du grandRoy de Siam
qu'il envoye au S. Pape , qui
est le Premier&le Pere de tous
les Chrétiens , dont ilfoûtient la
Religion, pour luy donner de l'éclat
,&la gouverner, afin que
tous les. Chrétiensy demeurent
fermes ,&ſuivent ce que laReligion
& la Justice demandent..
D'autantqu'il a eftéde touttemps
uſité, que les grands Roys
Princes qui excellent en mérites
1
GALANT. 97
enforces , ont ſoin &defirent
ardemment étendre leurs Royales
amitiez par toutes les Parties du
Monde, parles diverſesNations
qui l'habitent , &fçavoir
les choses qui s'y paffent. C'est
pourquoy quand le S. Pape nous
aicy envoyé en Royale AmbasfadeDom
François Evesque,cela
nous donna unetres-grande joyes
apres avoir vû le contenu de
la Lettre dont il eſtoit Porteur,
remplie de civilitez , nostre coeur
Royalfut remply d'une joye tresgrande.
Pour ces raiſons nous
avons résolu d'envoyer tels &
tels, pour porter au S. Pape les
Juin1684.
Bayerische
Staatsbibliothek
München
I
۱
98 MERCURE
Lettres de noftre Royale Ambas
fade dont ils font chargez, à
deffein qu'il y ait une Royale
Amitiéentre Nous,&un mutuel
amour qui dure jusqu'à l'Eternité.
Quand nos Ambassadeurs
auront achevé ce dont ils font
chargez, je vous priede les laiffer
revenir , afin qu'ils m'appor
tent des Nouvelles du S. Pape,
qui mefont tres-cheres , &que
j'eftimeray infiniment. Jeprie
auſſi le S. Pape de m'envoyer des
Ambassadeurs , &que nosAmbaffadeurs
puiffent aller&venir
fans interruption, afin qu'une fi
excellente,siprécieuse fiillustre
GALANT 99
amitiépuiſſe durer éternellement.
Enfin je ſouhaite que le S.Pape
joüiffe de toutesfortes de biens&
defélicitezdans la Loydes Chrétiens,
&qu'il vive pluſieurs an
néespleines de mérites, joye,fainteté&
repos.
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Résumé : AU SOUVERAIN PONTIFE.
Le roi de Siam adresse une lettre au pape pour exprimer sa joie et son admiration après avoir reçu une missive portée par l'ambassadeur Dom François. Il met en avant l'importance des relations diplomatiques et de l'amitié entre les nations. Le roi décide d'envoyer des ambassadeurs au pape afin de renforcer cette amitié et sollicite l'envoi réciproque d'ambassadeurs. Il souhaite que les échanges diplomatiques se poursuivent sans interruption pour maintenir une amitié durable. Le roi formule également des vœux de bonheur et de prospérité pour le pape et la communauté chrétienne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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19
p. 79-80
Autres Nouvelles de Siam, [titre d'après la table]
Début :
J'ay veu une autre Lettre du mesme Lieu, écrite par [...]
Mots clefs :
Monsieur Marin, Convertir, Empereur des Tartares, Roi de Siam, Religion des chrétiens, Missionnaires, Riz
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texteReconnaissance textuelle : Autres Nouvelles de Siam, [titre d'après la table]
J'ay veu une autre Lettre
du mesme Lieu, écrite par
Mr Marin, Millionnaire en
cePaTs:IaTll mande que tous
les ans il se convertit des milliers
de Payens; Que l'Empereur
des Tartares s'est rendu
maistre de toute la Chine,
à la réserve de l'isle de Formose,
&: que M de Beurge
a esté (acre Evciqtîe"ticla"
Province où ilest Que le
Roy de Siam s'estfait expliquer
plusieurs choses qui regardent
la Religion desChrétiens,
par l'Evesque de Métellopolis,
quiluy dit toute
la Vie de Nostre Seigneur;
que ce Monarque l'écouta
avec plaiGr; qu'il la fit écrire
afin d'avoir plus de temps
pour y penser, & qu'il a
donné du Riz aux Millionnaires
pour six mois.
du mesme Lieu, écrite par
Mr Marin, Millionnaire en
cePaTs:IaTll mande que tous
les ans il se convertit des milliers
de Payens; Que l'Empereur
des Tartares s'est rendu
maistre de toute la Chine,
à la réserve de l'isle de Formose,
&: que M de Beurge
a esté (acre Evciqtîe"ticla"
Province où ilest Que le
Roy de Siam s'estfait expliquer
plusieurs choses qui regardent
la Religion desChrétiens,
par l'Evesque de Métellopolis,
quiluy dit toute
la Vie de Nostre Seigneur;
que ce Monarque l'écouta
avec plaiGr; qu'il la fit écrire
afin d'avoir plus de temps
pour y penser, & qu'il a
donné du Riz aux Millionnaires
pour six mois.
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Résumé : Autres Nouvelles de Siam, [titre d'après la table]
Monsieur Marin rapporte la conversion de milliers de païens. L'empereur des Tartares a conquis la Chine, sauf l'île de Formose. Monsieur de Beurge est nommé gouverneur d'une province. Le roi de Siam a demandé à l'évêque de Métellopolis d'expliquer la religion chrétienne. Le roi a écouté avec plaisir et a demandé une explication écrite. Il a aussi fourni du riz aux millionnaires pour six mois.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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20
p. 221-238
A Siam le 28. Novembre 1683.
Début :
Je me suis informé des Habillemens qu'on vous a dit que les [...]
Mots clefs :
Roi, Siam, Chinois, Pays, Terre, Prince, Gouverneur, Japon, Étrangers, Peine, Navires, Port, Ville, Empereur, Empire, Portugais, Langue, Chine, Cheveux, Vêtements
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texteReconnaissance textuelle : A Siam le 28. Novembre 1683.
A Siam le 28. Novembre 1683 .
les
E mefuis informé des Habillemens
qu'on vous a dit que
Soldats Faponnois portoient lars
qu'ils alloient à la Guerre , &
qui font à l'épreuve de toutesfor-
Tij
222 MERCURE
tes d'armes ; mais tous ceux qui
m'ont paru le dewair frayjoin le
mieux, pour avoir demeuré longtemps
dans le Japon , n'ont pú
m'en inftruire. Ils m'ont ſeulement
dit , qu'ils croyoient que ces
Soldats fe feruoient dans leurs
expéditions militaires des mefmes
Veftemens que les Chinois, qui les
font de plufieurs Erofes de foye
cousies enfemble , & piquées
fort prés à prés , e qui mettent
quelquefois foixante de ces Erofes
es unes fur les autres, avec du
coton ou de l'ouate entre deux.
Els difent que ces Habillemens réfiftent
mefme aux coups de Moufa.
GALANT 223
les
quet ; mais il n'y a que les Grands
qui s'en fervent & Les Gens du
commun ufent de Cuiraffes. Il
eft tres difficile d'avoir des nouvelles
füres de ce qui fe paſſe au
Fapon , parce qu'il n'y a que
Hollandois les Chinois qui y
trafiquent. Tous les Etrangers,
particuliérement ces premiers,
Ifont fi peu en liberté, que j'en
ay connu quelques - uns , qui y
avoient fairfix oùfept voyages,
qui à peine pouvoient rendre
raison de certaines chofes , qui ne
peuvent eftre ignorées d'une Per-
Sonne qui a demeuré quelque
temps dans un Pais. Vous fçan
T. iiij.
224 MERCURE
4
vez que la Compagnie de Hol
lande ne tire plus du Fapon ces
grands pr fus qu'elle y faifoit autrefois
les vexations qu'y fou
frent fes Officiers ont beaucoup
diminué ce Trafic. Il part chaque
année de Barravia trois ou
pour
le
quatre
grands
Navires
Japon , chargez
de toutes fortes
de Marchandifes
; & l'ordre
le
plus exprés qu'ont les Officiers
de
ces Bâtimens
, est de fe donner
bien de garde de montrer
aucun
figne de Chriftianifme
qu'ils demeureront
en ce Pais- là.
Le Gouverneur
de Nangazaqui
,
qui est le Port où les Navires
·tant⋅
GALANT 225
le
Etrangers arrivent , les force à
luy vendre toutes les Marchan
difes qu'ils apportent , au prix
qu'il fouhaite s'ils ne veulent
pas les donner , ilfaut qu'ils
rembarquent auffi tost , fans pouvoir
davantageles expofer en
vents. Ils voyent enfuite que
Gouverneur revend mefmes
Marchandifes de la main à la
main , avec un tres-grand profit,
fans qu'ils ofent en murmurer.
Auffi dit- on la Compagnie
Hollandoife est réfolie d'abandonner
ce Commerce , fi elle ne
peut avoir raison de ces awanies.
La Loge des Hollandois eft fituée
que
Ges
226 MERCURE
1
dans une petite Ifle qui eft dans
la Riviere de Nangazaqui , &
qui n'a de communication avec
La Ville, ou Terre ferme , que par
un Pont. Le Gouverneur a le
foin de leur fare fournir toutes
Les chofes dont ils ont besoin , &
il leur est défendu fous peine de
la vie, d'aller en Terre-ferme, on
à la Ville , fans fa permiffion
&fans avoir quelques Gardes.
Cet ordre est refpectif à l'égard
des Faponnois , qui ne peuvent
aller en la Loge des Hollandais
fans la permiffion du Gouverneur.
Tant que leurs Navires demeu
rent en ce Port of Riviere , le
GALANT 227
Gouvernail , la Poudre , & les
principales Armes , font à terre ;
codes,le moment qu'on leur a
rende ces chafes , il faut qu'ilsfe
mettent à la voile , quelque vent
qu'ilfaffe. Quand mefme ils auroient
la plus rude tempefte à effuyer,
ils ne peuventfans rifque
de la vie rentrer dans un Port
du Japon. Il faut que la Com
pagnie change toutes les années
Le Chef & Second de fon Comp
toir ; d'abord que les Japonnois
remarquent que quelque Hol
landois commence à fçavoir leur
Langue ou leurs Coutumes , ils
le renvoyent hors de leur Païs.
228 MERCURE
On efpéroit que la mort du vieil
Empereur , qui eftoit celuy qui
avoit entiérement coupé les fortes
racines que la Religion des Chré
tiens avoit jettées dans leJapon,
mettroit quelque fin aux précautions
pleines d'impieté qu'apportent
les Japonnois , pour empef
cher qu'on ne leur annonce une
autre fois l'Evangile ; mais les
Miniftres de fon Fils , qui a fuc-"
cedé à l'Empire
, n'en apportent
pas de moindres , t) femblent
ôter toute efpérance de pouvoir
voir de nos jours un fi grand
bien. Les Portugais publient ,
que leur Viceroy qui arriva l'an
GALANT 229
paffé à Goa , a deffein d'envoyer
une Fregate aufapon , avec des
Ambassadeurs , pour féliciter ce
nouvel Empereur fur fon heureux
avenement à la Couronne,
en mefme temps ménager le
rétabliſſement de la bonne correfpondance
qu'il y a eu autrefois
entre ces deux Nations ; mais je
ne croy pas qu'il envoye cette
Fregate , encore moins, qu'il
puiffe reüffirdansfesprojets,quand
il le feroit. Les Portugais s'attendent
de voir d'auffi grandes
chofes fous le Gouvernement de
ce Viceroy , que leurs Prédeseffeurs
en ont vu fous celuy
230 MERCURE
des Albuquerques . Il eft een
tain que c'est un Homme d'un
fort grand mérite , & qui täcke
d'établir toutes chofes fur le bon
pied. Le Prince Regent lay a
"donné un pouvoir , qu'aucun Va
ceroy n'a eu avant luy , qui eft
de faire châtier de peine capitalejufques
aus Fidalgués, quand
le mériteront , fans les renvoyer
en Portugal , comme on
faifoit autrefois.
M Evefque d'Heliopolis
partir de mois de fuiller dernier
far une Soume Chinoïfe , pour
aller à la Chine . Il est à craindre
que ce ware Prelarn'yforpas
GALANT. 231
1
reçû , à caufe des nouveaux orl'Empereur
a fait pudres
que
blier, par lesquels il défend l'entrée
le négoce dans fon Empire
à tous les Etrangers , à l'exception
des Portugais de Macao ,
qui peuvent le faire feulement
par terre.
Toutes les Provinces de la
Chine obeiffent préfentement au
Tartare , & il n'y a aucun Chinois
dans ce vafte Empire , qui
n'ait les cheveux coupez . Il ne
refte plus que l'Ile de Formofe;
mais on ne croit pas qu'elle puiffe
refifter contre les grandes forces
que l'EmpereurTartarepeut met232
MERCURE
a
tre fur terre & fur mer. Il y
a plufieurs Chinois qui demeurent
en ce Royaume de Siam. Ils
portent les cheveux longs ;
comme le Roy vouloit envoyer
une Ambaffade folemnelle à la
Chine , il nomma l'und'euxpour
un de fes Ambaffadeurs. Ce
Chinois fit tout ce qu'il pût pour
s'en excufer , parce qu'il auroit
efté obligé de couper fes cheveux;
mais voyant que le Roy vouloit
abfolument qu'il y allaft , il aima
mieux fe couper la
de confentir à cet affront.
J'envoye une petite Relation:
de Cochinchine , dont le Royau
gorge , que
4
GALANT. 233
me eft fameux en ces quartiers,
non feulement par la valeur de
fes Peuples , mais auffi par le progrés
qu'y a fait l'Evangile, Je
lay drefféefur quelques Mémoi
res que m'a fourny un Miffionnaire
François qui en fait par
faitement la Langue , pour y
avoir demeuré long- temps. Ilfe
nomme M Vachet, & eft affez
renommé dans les Relations que
M des Miffions Etrangeres
donnent de temps en temps au
Public Fe la croy affez jufte,
Je
j'espère que vous la lirez avec
plaifir. J'avois commencé une
autre Relation de mon Voyage
V Octobre
1684.
234
MERCURE
co
de Surate à la Cofte Coroman
delle , Malaca, Siam ; mais
elle n'est pas en état d'eftre envayée
, parce que jay encore
quelque chofe à y ajoûter , afin
depouvoir donner en meſme temps
une legere idée de l'état de ce
dernier Royaume.
Kone aure appris que depuis
les premiers honneurs que j'avois
reçûs du Rey de Siam à mon ar
rivée en fe Cour , j'en reçûs de
bien plus particuliers l'an paffé,
lors que ce Prince me donna audience
en fon Palais. It eftoit
affis en fon Trône , & ily avoit
enmefme temps des Ambaſſadeurs
-
GALANT 235
du Roy deFamby, à qui il donnoit
auffi audience ; mais il voulut par
la lieu où il me fi placer , faire
connoiftre la diférence qu'il wettoit
entre un Sujet du plus grand.
Prince du monde , & les
baffadeurs d'un Roy fon Voifin
Il me fit préfent d'un Juſtan
corps ou Vefte d'un Brocard d'Eu
rope tres-riche , d'un Sabre &
à la maniere des Indes , dont la
Garde & le Fourreau eftoient
garnis d'or ; & j'eus encore l'hon- -
neur de luy faire la reverence ·
le mois d'Avril dernier , & j'en
reçûs unſecond Préfent. C'efpit
un autre Juftaincoups › tres-beaus. ·
Vvijo
236 MERCURE
rares
Il feroit mal- aifé de raconter
les hautes idées que ce Roy a
de la puiffance , de la valeur,
& de la magnificence de noftre
invincible Monarque. Il ne fe
peutfur tout laffer d'admirer ces
qualitez qui le rendent auffi
recommandable en Paix qu'en \
Guerre, Vous voyez bien que las
Vie de Sa Majesté me fournit
affez de matiere pour pouvoir en_ ).
tretenir ce Prince dans cesfentimens
d'admiration. C'est ce que
je fais par quantité d actions particulieres
de cette illuftre Vie que
je fais traduire en fa Langue,
qu'un Mandarin de mes Amis,
GALANT. 237
lors
que
&fort en faveur aupres de luy,
a foin de luy préfenter. Le Roy
de Stam espere que Sa Majesté
tuy envoyera des Ambaſſadeurs,
les fiens reviendront. It
fait batir une Maiſon , qu'on
peut nommer magnifique pour le
Pais pour les recevoir & défrayer.
Dans ce deffein , on prépare
toutes les Uftancilles pour
la meubler à la maniere d'Europe:
Les faveurs que ce Prince
fait de jour en jour à M ™s les
Evefques François , Vicaires du
S. Siege en ces Païs , font tresparticulieres.
Il leur fait bâtir
une grande Eglife proche le beau
238 MERCURE
Seminaire qu'il leur fit conftruire
il y a quelques années ; & depuis
peu de jours iill lleeuurr aa fait
demander le modelle d'une autre
Eglife qu'il veut leur faire batir
à Lavau. C'est une Ville où il
fait fon fejour pendant fept ou
huit mois de l'année , & qui eft
éloignée de Siam de quinze à
feize lieües.
les
E mefuis informé des Habillemens
qu'on vous a dit que
Soldats Faponnois portoient lars
qu'ils alloient à la Guerre , &
qui font à l'épreuve de toutesfor-
Tij
222 MERCURE
tes d'armes ; mais tous ceux qui
m'ont paru le dewair frayjoin le
mieux, pour avoir demeuré longtemps
dans le Japon , n'ont pú
m'en inftruire. Ils m'ont ſeulement
dit , qu'ils croyoient que ces
Soldats fe feruoient dans leurs
expéditions militaires des mefmes
Veftemens que les Chinois, qui les
font de plufieurs Erofes de foye
cousies enfemble , & piquées
fort prés à prés , e qui mettent
quelquefois foixante de ces Erofes
es unes fur les autres, avec du
coton ou de l'ouate entre deux.
Els difent que ces Habillemens réfiftent
mefme aux coups de Moufa.
GALANT 223
les
quet ; mais il n'y a que les Grands
qui s'en fervent & Les Gens du
commun ufent de Cuiraffes. Il
eft tres difficile d'avoir des nouvelles
füres de ce qui fe paſſe au
Fapon , parce qu'il n'y a que
Hollandois les Chinois qui y
trafiquent. Tous les Etrangers,
particuliérement ces premiers,
Ifont fi peu en liberté, que j'en
ay connu quelques - uns , qui y
avoient fairfix oùfept voyages,
qui à peine pouvoient rendre
raison de certaines chofes , qui ne
peuvent eftre ignorées d'une Per-
Sonne qui a demeuré quelque
temps dans un Pais. Vous fçan
T. iiij.
224 MERCURE
4
vez que la Compagnie de Hol
lande ne tire plus du Fapon ces
grands pr fus qu'elle y faifoit autrefois
les vexations qu'y fou
frent fes Officiers ont beaucoup
diminué ce Trafic. Il part chaque
année de Barravia trois ou
pour
le
quatre
grands
Navires
Japon , chargez
de toutes fortes
de Marchandifes
; & l'ordre
le
plus exprés qu'ont les Officiers
de
ces Bâtimens
, est de fe donner
bien de garde de montrer
aucun
figne de Chriftianifme
qu'ils demeureront
en ce Pais- là.
Le Gouverneur
de Nangazaqui
,
qui est le Port où les Navires
·tant⋅
GALANT 225
le
Etrangers arrivent , les force à
luy vendre toutes les Marchan
difes qu'ils apportent , au prix
qu'il fouhaite s'ils ne veulent
pas les donner , ilfaut qu'ils
rembarquent auffi tost , fans pouvoir
davantageles expofer en
vents. Ils voyent enfuite que
Gouverneur revend mefmes
Marchandifes de la main à la
main , avec un tres-grand profit,
fans qu'ils ofent en murmurer.
Auffi dit- on la Compagnie
Hollandoife est réfolie d'abandonner
ce Commerce , fi elle ne
peut avoir raison de ces awanies.
La Loge des Hollandois eft fituée
que
Ges
226 MERCURE
1
dans une petite Ifle qui eft dans
la Riviere de Nangazaqui , &
qui n'a de communication avec
La Ville, ou Terre ferme , que par
un Pont. Le Gouverneur a le
foin de leur fare fournir toutes
Les chofes dont ils ont besoin , &
il leur est défendu fous peine de
la vie, d'aller en Terre-ferme, on
à la Ville , fans fa permiffion
&fans avoir quelques Gardes.
Cet ordre est refpectif à l'égard
des Faponnois , qui ne peuvent
aller en la Loge des Hollandais
fans la permiffion du Gouverneur.
Tant que leurs Navires demeu
rent en ce Port of Riviere , le
GALANT 227
Gouvernail , la Poudre , & les
principales Armes , font à terre ;
codes,le moment qu'on leur a
rende ces chafes , il faut qu'ilsfe
mettent à la voile , quelque vent
qu'ilfaffe. Quand mefme ils auroient
la plus rude tempefte à effuyer,
ils ne peuventfans rifque
de la vie rentrer dans un Port
du Japon. Il faut que la Com
pagnie change toutes les années
Le Chef & Second de fon Comp
toir ; d'abord que les Japonnois
remarquent que quelque Hol
landois commence à fçavoir leur
Langue ou leurs Coutumes , ils
le renvoyent hors de leur Païs.
228 MERCURE
On efpéroit que la mort du vieil
Empereur , qui eftoit celuy qui
avoit entiérement coupé les fortes
racines que la Religion des Chré
tiens avoit jettées dans leJapon,
mettroit quelque fin aux précautions
pleines d'impieté qu'apportent
les Japonnois , pour empef
cher qu'on ne leur annonce une
autre fois l'Evangile ; mais les
Miniftres de fon Fils , qui a fuc-"
cedé à l'Empire
, n'en apportent
pas de moindres , t) femblent
ôter toute efpérance de pouvoir
voir de nos jours un fi grand
bien. Les Portugais publient ,
que leur Viceroy qui arriva l'an
GALANT 229
paffé à Goa , a deffein d'envoyer
une Fregate aufapon , avec des
Ambassadeurs , pour féliciter ce
nouvel Empereur fur fon heureux
avenement à la Couronne,
en mefme temps ménager le
rétabliſſement de la bonne correfpondance
qu'il y a eu autrefois
entre ces deux Nations ; mais je
ne croy pas qu'il envoye cette
Fregate , encore moins, qu'il
puiffe reüffirdansfesprojets,quand
il le feroit. Les Portugais s'attendent
de voir d'auffi grandes
chofes fous le Gouvernement de
ce Viceroy , que leurs Prédeseffeurs
en ont vu fous celuy
230 MERCURE
des Albuquerques . Il eft een
tain que c'est un Homme d'un
fort grand mérite , & qui täcke
d'établir toutes chofes fur le bon
pied. Le Prince Regent lay a
"donné un pouvoir , qu'aucun Va
ceroy n'a eu avant luy , qui eft
de faire châtier de peine capitalejufques
aus Fidalgués, quand
le mériteront , fans les renvoyer
en Portugal , comme on
faifoit autrefois.
M Evefque d'Heliopolis
partir de mois de fuiller dernier
far une Soume Chinoïfe , pour
aller à la Chine . Il est à craindre
que ce ware Prelarn'yforpas
GALANT. 231
1
reçû , à caufe des nouveaux orl'Empereur
a fait pudres
que
blier, par lesquels il défend l'entrée
le négoce dans fon Empire
à tous les Etrangers , à l'exception
des Portugais de Macao ,
qui peuvent le faire feulement
par terre.
Toutes les Provinces de la
Chine obeiffent préfentement au
Tartare , & il n'y a aucun Chinois
dans ce vafte Empire , qui
n'ait les cheveux coupez . Il ne
refte plus que l'Ile de Formofe;
mais on ne croit pas qu'elle puiffe
refifter contre les grandes forces
que l'EmpereurTartarepeut met232
MERCURE
a
tre fur terre & fur mer. Il y
a plufieurs Chinois qui demeurent
en ce Royaume de Siam. Ils
portent les cheveux longs ;
comme le Roy vouloit envoyer
une Ambaffade folemnelle à la
Chine , il nomma l'und'euxpour
un de fes Ambaffadeurs. Ce
Chinois fit tout ce qu'il pût pour
s'en excufer , parce qu'il auroit
efté obligé de couper fes cheveux;
mais voyant que le Roy vouloit
abfolument qu'il y allaft , il aima
mieux fe couper la
de confentir à cet affront.
J'envoye une petite Relation:
de Cochinchine , dont le Royau
gorge , que
4
GALANT. 233
me eft fameux en ces quartiers,
non feulement par la valeur de
fes Peuples , mais auffi par le progrés
qu'y a fait l'Evangile, Je
lay drefféefur quelques Mémoi
res que m'a fourny un Miffionnaire
François qui en fait par
faitement la Langue , pour y
avoir demeuré long- temps. Ilfe
nomme M Vachet, & eft affez
renommé dans les Relations que
M des Miffions Etrangeres
donnent de temps en temps au
Public Fe la croy affez jufte,
Je
j'espère que vous la lirez avec
plaifir. J'avois commencé une
autre Relation de mon Voyage
V Octobre
1684.
234
MERCURE
co
de Surate à la Cofte Coroman
delle , Malaca, Siam ; mais
elle n'est pas en état d'eftre envayée
, parce que jay encore
quelque chofe à y ajoûter , afin
depouvoir donner en meſme temps
une legere idée de l'état de ce
dernier Royaume.
Kone aure appris que depuis
les premiers honneurs que j'avois
reçûs du Rey de Siam à mon ar
rivée en fe Cour , j'en reçûs de
bien plus particuliers l'an paffé,
lors que ce Prince me donna audience
en fon Palais. It eftoit
affis en fon Trône , & ily avoit
enmefme temps des Ambaſſadeurs
-
GALANT 235
du Roy deFamby, à qui il donnoit
auffi audience ; mais il voulut par
la lieu où il me fi placer , faire
connoiftre la diférence qu'il wettoit
entre un Sujet du plus grand.
Prince du monde , & les
baffadeurs d'un Roy fon Voifin
Il me fit préfent d'un Juſtan
corps ou Vefte d'un Brocard d'Eu
rope tres-riche , d'un Sabre &
à la maniere des Indes , dont la
Garde & le Fourreau eftoient
garnis d'or ; & j'eus encore l'hon- -
neur de luy faire la reverence ·
le mois d'Avril dernier , & j'en
reçûs unſecond Préfent. C'efpit
un autre Juftaincoups › tres-beaus. ·
Vvijo
236 MERCURE
rares
Il feroit mal- aifé de raconter
les hautes idées que ce Roy a
de la puiffance , de la valeur,
& de la magnificence de noftre
invincible Monarque. Il ne fe
peutfur tout laffer d'admirer ces
qualitez qui le rendent auffi
recommandable en Paix qu'en \
Guerre, Vous voyez bien que las
Vie de Sa Majesté me fournit
affez de matiere pour pouvoir en_ ).
tretenir ce Prince dans cesfentimens
d'admiration. C'est ce que
je fais par quantité d actions particulieres
de cette illuftre Vie que
je fais traduire en fa Langue,
qu'un Mandarin de mes Amis,
GALANT. 237
lors
que
&fort en faveur aupres de luy,
a foin de luy préfenter. Le Roy
de Stam espere que Sa Majesté
tuy envoyera des Ambaſſadeurs,
les fiens reviendront. It
fait batir une Maiſon , qu'on
peut nommer magnifique pour le
Pais pour les recevoir & défrayer.
Dans ce deffein , on prépare
toutes les Uftancilles pour
la meubler à la maniere d'Europe:
Les faveurs que ce Prince
fait de jour en jour à M ™s les
Evefques François , Vicaires du
S. Siege en ces Païs , font tresparticulieres.
Il leur fait bâtir
une grande Eglife proche le beau
238 MERCURE
Seminaire qu'il leur fit conftruire
il y a quelques années ; & depuis
peu de jours iill lleeuurr aa fait
demander le modelle d'une autre
Eglife qu'il veut leur faire batir
à Lavau. C'est une Ville où il
fait fon fejour pendant fept ou
huit mois de l'année , & qui eft
éloignée de Siam de quinze à
feize lieües.
Fermer
Résumé : A Siam le 28. Novembre 1683.
Le document est une lettre datée du 28 novembre 1683 à Siam, traitant des habits des soldats japonais et des difficultés de commerce avec le Japon. L'auteur note que les soldats japonais portent des vêtements similaires à ceux des Chinois, résistants aux armes à feu, mais il n'a pas pu obtenir de détails précis. Il souligne les restrictions imposées aux étrangers, notamment les Hollandais, qui sont surveillés et limités dans leurs mouvements. Le gouverneur de Nangazaqui contrôle strictement le commerce, forçant les navires étrangers à vendre leurs marchandises à des prix imposés. La Compagnie hollandaise envisage d'abandonner ce commerce en raison des vexations subies. La loge des Hollandais est située sur une île isolée, et les Japonais interdisent toute communication non autorisée. Les navires étrangers doivent quitter le port immédiatement après avoir récupéré leurs armes et poudre. La Compagnie hollandaise change annuellement ses chefs pour éviter qu'ils ne s'imprègnent de la langue ou des coutumes locales. La mort de l'empereur japonais n'a pas modifié les restrictions contre les chrétiens. Les Portugais prévoient d'envoyer une frégate pour rétablir les relations, mais cela semble peu probable. Le document mentionne également des événements en Chine, où les Tartares contrôlent les provinces, et en Cochinchine, connue pour la valeur de ses peuples et la progression de l'Évangile. L'auteur a reçu des honneurs du roi de Siam, qui admire la puissance et la magnificence du monarque français. Le roi de Siam prépare une maison pour recevoir des ambassadeurs français et construit des églises pour les missionnaires français.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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21
p. 238-279
Description du Royaume & de la Cour de Siam, avec les moeurs des Habitans de ce grand Etat, [titre d'après la table]
Début :
Le Royaume de Siam a plus de trois cens lieües de [...]
Mots clefs :
Roi de Siam, Grands seigneurs, Siamois, Talapoins, Siam, Porte, Peuple, Idoles, Fruits, Terre, Corps, Hommes, Prince, Dieux, Ville, Mer, Maisons, Moeurs, Éléphants, Étrangers, Figure, Fruit, Habits, Officiers, Royaume, Orient, Rivière, Eaux, Chair, Écorce
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Description du Royaume & de la Cour de Siam, avec les moeurs des Habitans de ce grand Etat, [titre d'après la table]
Le Royaume de Siama
plus de trois cens lieues de
longueur, du Septentrion au
Midy , & eft plus étroit de
F'Orient à l'Occident. Ila le
Pégu pour bornes au SeptenGALANT
239
trion ; la Mer du Gange au
Midy , le petit Etat de Malaca
au Couchant , & du
cofté d'Orient la Mer d'u
ne part , & de l'autre , les
Montagnes qui le féparent
de Camboye & de Laros ..
Ce Royaume qui s'étend
i jufque fous le dix - huitiéme
degré de latitude Septentrionale
, fe trouve comme
entre deux Mers , qui
luy ouvrent paffage à tous
les Pais voifins & cela
rend fa fituation fort avantagcuſe
, à cauſe de la grande
étendue de fes Coftes,
auli
240 MERCURE
-
#
des
qui ont cinq à fix cens
lieues de tour. Il eft partagé
en onze Provinces, auf
quelles le Roy
Gouverneurs , qu'il deftitue
comme il luy plaift . Siam
eft la principale , & donne
fon nom à tout le Royau
me , aufli-bien qu'à la Ville
Capitale , qui eft fituée furt
la belle & grande Riviere
de Menan. Elle vient du
fameux Lac de Chiamay ,
& porte les Vaiffeaux tous !
chargez jufqu'aux Portes de:
Siam , quoy que cette Ville
foit éloignée de la Mer de
plus
SGALANT. 241
plus de foixante lieuës . Elle
a de bonnes Murailles , &
trente mille Maifons ou environ
, avec un Château bien ,
fortifié. Elle eft d'ailleurs affcz
forte d'elle mefme eftant
bâtie fur les eaux con comme
2
Veniſe. Il en eſt peu dans
tout l'Orient où l'on voye
plus de Nations diférentes
affemblées. On y parle jufqu'à
vingt fortes de Langues.
Tout le Pais eft fertile ; &
ce qui contribue fort à cette
fertilité , ce font les inondations
des Rivieres , caufées
par des pluyes qui durent
·
Octobre 1684.
X
242 MERCURE
trois ou quatre mois , & qui
tiennent les Campagnes toutes
noyées. Plus l'inondation
eft grande , plus la recolte
eft heureuſe. Le Ris , qui eft
le Froment des Siamois, n'eft
jamais affez arrofé . Il croift
au milieu de l'eau , & les
Campagnes qui en font femées
, reffemblent plûtoſt à
des Marais , qu'à des Terres
cultivées avec la Charüe. Le
Ris a cette force , que quoy
qu'il y ait fix ou fept pieds
d'eau fur luy , il pouffe toûjours
fa tige au deffus , & le
tuyau qui la porte s'éleve &
GALANT. 243
G
croift à proportion de la hauteur
de l'eau qui couvre fon
Champ . Malgré la fertilité
dont je vous parle , il y a
beaucoup de terres négligées
faute d'Habitans , & mefme
par la pareffe des Siamois ,
qui n'aiment pas le travail .
Ces Plaines in cultes & les
épaiffes Forefts que l'on voit
fur les Montagnes , fervent
de retraite aux Eléphans , aux
Tygres , aux Boeufs & Vaches
fauvages , aux Rinocérots
, & autres Beftcs . Le
Pais eft fort abondant en
Fruits, dont les meilleurs font
X ij
244MERCURE
le Durion , qui a la figure d'un
Melon ordinaire , & la peau
fort dure & raboteufe, & dans
Po
ouver
lequel , quand on
ОРГА
(190
(ce qu'il faut faire avec force )
on trouve des morceaux d'une
chair tres-blanche & délicate
, enfermée dans de petites
cellules , & dont le gouſt
paffe tour ce que nous avons
de meilleur en Europe ; les
Jacques, qui eftant gros.comme
nos Citrouilles , renferment
dans leur écorce une
chair jaunâtre & ferme , d'un
gouft aigre-doux fort agreable
; les Mangonftans, qui dans
GALANT. 245
une écorce toute unie , d'un
rouge enfoncé par le dehors,
mais plus clair par le dedans,
renferment une liqueur &
une chair femblable à celle
de l'Orange , dont elles ont
la groffeur , mais qui plaiſt
beaucoup davantage au goût,
la Manque, qui eft de la groffeur
dune Poire de Bon Chrérien
, & dont la couleur eft
jaune par le dehors , & rouge
parle dedans, & enfin l'Areca.
Ce dernier Fruit eft de la .
figure d'une groffe Prune.
Son écorce . renferme plu
fieurs filets, où fe trouve une
20
X iij
246 MERCURE
Noix affez dure , qui reffem?
ble à celle d'une Mufcade
Le gouſt en eft acre , mais
elle fortifie
l'eftomac.Les Siamois
, & les autres Peuples du
mefme Climat, ufent preſque
à toute heure de cet Areca ,
qu'ils eftimét fouverain pour
la fanté , à caufe qu'il aide la
digeftion
, & corrige l'humidité
de leurs alimens ordinaires
, qui font le Risle
Poiffon , les Fruits , & l'eau
toute pure pour leur boiſſon.
Les Riches comme les Pau
vres font occupez tout le jour
à mâcher ce Fruit ; & quand
14 X
GALANT. 247
1
ils fe rencontrent , le premier
acte de civilité eft de fe préfenter
l'un à l'autre l'Areca,
& de lle mâcher auffi - toft.
Les Siamois font olivâtres , &
non pas noirs , quoy qu'ils
foient fous la Zone torride.
Ils ont le nez court , &
font la plupart affezubien
faits. Leur naturel eft fort
doux , & affable aux Etrangers
. rs. Leur grande maxime
eft le repos , ils n'employent
au travail que leurs Efclaves ,
& une pauvreté tranquille
leur plaift beaucoup plus.
qu'une abondance de biens
X iiij.
248 MERCURE
accompagnée d'inquiétude.
Auffi leurs Habits , leurs .
Meubles , leurs Maiſons , &
leur
nourriture marquent
cette pauvreté. Ils vont toû
jours pieds & teftes nuës.
Les Grands, & les plus aifez ,
vont par terre fur des Elé
phans , & par eau dans des
Barques qui font fort comniodes
. Leurs Habits ne
confiftent qu'en une Etofe
deliée , toute
blanche , ou
marquée de Fleurs vives de
diférentes couleurs . Ils s'en
envelopent tout le corps ,
& lors qu'ils vont par la Ville,
GALANT 249
ils fe couvrent les épaules
d'une Cafaque de toile légere
, & stranſparente , qui
defcendo jufqu'au genouil.
Les Manches en font cour
tes , mais larges. Les Femmes
font prefque veftües comme
les Hommes . Ils fe rafent les
cheveux , s'arrachent la barbe
, & fe lavent fort fouvent
avec des eaux parfumées . Ils
font parez d'Etofes de foye
en broderie d'or , dans les
Affemblées de cerémonie .
Les Maifons du commun ,
deleulement
de bois
&
de feuilles , avec des murail
250 MERCURE
les de Cannes jointes enfemble
, font pofées fur des Piliers
élevez , qui les garantif
fent des inondations ordinaires
du Pais . Les Perfonj
nes riches ont des Baftimens
alug
de brique , & couverts de
tuiles . Tous leurs Meubles
ne confiftent qu'en quelques
Tapis & des Couffins.
Sieges , Tables, Lits , Tapif
feries , Cabinets , Peintures,
tout cela n'eft point de leur
ufage. Quoy que le Ris &
les Fruits foient leur nourri
ture, ils ne manquent ny de
Poules, ny de Boeufs, ny de
GALANT 251
pas fi fuper
Gibier ; mais eftant perfua
dez que c'eft faire mal que
d'ofter la vie aux Animaux,
ils n'en mangent point pour
l'ordinaire . Si d'autres les
tüent , ils font relevez de
leurs fcrupules , & croyent
en pouvoir manger fans crime.
Ils ne font
ftitieux pour le Poiffon, parce
qu'eftant, tiré des Filets , il
meurtcomme de luy mefme.
Les Siamois n'ont aucuns
exercices pour la Dance ,pour
les Armes , ny pour monter
à Cheval. Ils ne fçavent ce
que c'eft que Philofophie, au
252 MERCURE
Mathématiques. Leur Theo
logie confifte en quelques
Fables , & toute leur feience
eft à bien écrite , & àfçavoir
les Loix du Gouvernement
,
& de la Juftice. L'expérience
de divers Remedes pour les
maladies communes
, fait
toute leur Medecine
quand ces Remedes manquent
d'opérer , ils ont recours
à la Magie , fe fervant
de Pactes , de Billets , & de
Figures. Ils écrivent comme
nous de la gauche à la droite
, mais feulement avec du
crayon. Leur Papier eftant
: ར་
&
бы GALANT 253
trop foible , on le colle à une
ou deux autres feuilles pour
le foûtenir. Un grand Livre
n'eft fouvent qu'une feule
feuille de Papier de plufieurs
aunes de long , qu'on plie &
replie à la maniere de nos
Paravents . Tout l'Etat eft
Monarchique , & le Gouver
nement affez bien reglé. Le
Roy eft fort abfolu . Dans
les occafions les plus importantes
, il fait part de fes def
feins à quelques- uns des plus
grands Seigneurs , qu'on ap-
Felle Mandarins . Ceux - cy
aflemblent d'autres Officiers
254 MERCURE
leurs inférieurs , aufquels ils
communiquent ce qu'il leur
a propofé , & tous enfemble
concertent leur réponſe ou
remontrance. Il y a tel égard
qu'il veut , & diftribuant les
Charges felon le mérite , &
non felon la naiffance , il les
oſte ſur la moindre faute que
ceux qui en font pourveus
commettent. Il ne fe montre
prefque jamais au Peuple.
Les grands Seigneurs
mefme le voyent rarement.
Ils luy parlent à genoux les
mains jointes élevées fur
leurs teftes, & tous courbez
GALANT. 255
contre terre , fans ofer l'envifager.
Ils le qualifient
Roy
des Roys , Seigneur
des Seigneurs
, le Maiftre des Eaux,
le Tout-puiffant de la Terre,
le Dominateur
de la Mer,
l'Arbitre
du bonheur
& de
l'infortune
de fes Sujets. Son
Train eft fort magnifique
, &
fa Garde compofée
de trois
cens Hommes
.
Reyne , il a un grand nombre
de Concubines
qu'on
choifit entre les plus belles
Filles du Pais. Il fe laiffe voir
ordinairement
deux fois l'année
, l'une fur terré , & l'autre
Outre la
256 MERCURE
fur l'eau. Quand il va fe promener
fur la Riviere , la Galere
qui le porte eſt éclatante
de l'or le plus fin. On
y éleve un Trône fuperbe,
où ce Prince paroift revestu
d'Habits précieux, ayant une
Couronne toute d'or , garnie
de fins Diamans . A cette
Couronne pendent deux Aîles
d'or , qui luy batent les
épaules. Tous les Seigneurs
& les Officiers le fuivent,
chacun dans une Galere , parée
à proportion de ſes Biens
& de la Charge . Ces Galeres,
dorées par dedans & par deGALANT
257
hors , font le plus fouvent au
nombre de quatre cens , &
portent chacune trente ou
quarante Rameurs , dont
quelques - uns ont les bras
& les épaules dorées . Les
Rivages font bordez des Peuples
qui accourent en foule,,
& qui font retentir l'air de
cris d'allégreffe . Lors qu'il
fe montre par terre , deux
cens Eléphans paroiffent d'a--
bord. Ils portent chacun
-trois Hommes armez , &
font fuivis de Joueurs d'Inf--
trumens , de Trompetes , &
-de mille Soldats à pied . Les
Octobre 16844- Y
258 MERCURE
grands . Seigneurs du Païs
viennent apres, & il y en a
quelques uns qui ont 80; ou
1oo . Hommes à leur fuire. En
fuite on voit deux cens Soldats
du Japon , qui préce
dent ceux dont ifa Garde eft
compofée , puis fes Chevaux
de main , & fes Eléphans , &
apres les Officiers de fa Cour,
portant tous des Fruits , ou
quelqu'autre chofe que l'on
préfente aux Idoles . Derriere
eux marchent encore quelques
grands Seigneurs avec
des Couronnes fur leurs tef
tes. L'un dieux porte LE
for micro
GALANT 2591
tendard du Roy , & l'autre
une Epée qui repréfente la
JufticemoCePrince paroift
apres eux, porté fur un Elé
phant dans une Tour toute
éclatante de Pierreries . Cer:
Eléphant eft environné de
Gens qui luy portent des Pa
rafols, & fuivy du Prince qui
doit fucceder. Les Femmes :
du Roy fuivent auffi fur des
Eléphans, mais dans de petits ;
Cabinets fermez , qui ne les
Jaiffent point voir. Six cens
Soldats ferment ce Cortége,,
qui cft ordinairement de
quinze ou feize mille Hom-
C.
Yij
260 MERCURE
mes. Le fruit qu'on remporte
de ces Ceremonies, eft
de maintenir le Peuple dans.
la vonération de la Majefté
Royale . Quand le Roy eſt
mort , le plus âgé de fes Freres
luy fuccede, & les autres.
apres luy. S'il n'a point de
Freres, c'eft l'aîné des Fils, &
jamais les Filles . L'accés eft
facile aux Etrangers dans.
tout ce Royaume , foit pour
4
s'y établir , foit pour y faire
trafic. On ne les gefne en
aucune chofe, pourveu qu'ils.
ne faffent rien contre l'Etat.
Pour prévenir les deførdres
HGALANT 261
qu'ils pourroient caufer , on
donne à chaque Nation un.
peu confidérable , une Chef
qui en eft, & qui doit répondre
de tous ceux de fon Païs,.
avec un Seigneur de la Cour,
2 ou un Officier du Roy , qui
eft commele Protecteur particulier
de la Nation . C'eft à
ce Seigneur, ou Officier, que
doit s'adreffer ce Chef , foit:
pour les Requeftes qu'il veut
présenter au Prince, foit pour
les Affaires du Commerce..
D'ailleurs , les Canaux que
forme la Riviere , partageant
La Ville en plufieurs. Illes,
262 MERCURE
on a foin de placer chaque
Nation en quelque Iſle ou
Quartier féparé , ce qui empelche
les diférens qu'excite
fouvent le mélange des Nations
qui ont des antipaties
naturelles . On oblige encore
tous les Etrangers qui s'établiffent
à Siam , de renouveller
tous les ans le Serment
de fidelité qu'ils jurent au
Roy. Le jour de cette cerémonie
cft folemnel . Tous les
Officiers de la Couronne y
affiftent.LeRoy montéfur un
Trône reçoit ce Serment,que
chacun luy prefte felon for
GALANT. 263
mng , aprés quoy on leur donne
à boire d'une Eau qu'ils
nomment Eau de jurément.
Ils l'eftiment Sainte . Les Sa-
- crificateurs
des Idoles qui la
préparent avec des cerémonies
remplies de fuperftition
,
tiennent la pointe d'une Epée
dans cette Eau , & lancent
plufieurs imprécations
contre
les Parjures, dans la croyace
que s'ils ne promettent
pas fidelité avec un coeur fincere
, ils en feront fuffoquez
dés le mefme inftant.
Il n'y a point de Païs où
L'exercice de toutes fortes de
264 MERCURE
Religiós foit plus permis qu'à
Siam. Cette liberté attire un
grand nombre d'Etrangers,.
dont le fejour eft
avantageux
aux Siamois pour le commerce
. D'ailleurs ils tiennent que
toute Religion eft bonne , &
Iainfi ils ne fe montrent con
traires à aucune , pourvû qu'
elle puiffe fubfifter avec les
Loix du Gouvernement. Ils
difent que le Ciel'eft comme
- un grand Palais , où pluſieurs
chemins vont aboutir, & qu'il
feroit difficile de déterminer
quel eft le meilleur. Comme
ils croyent la pluralité des
Dieux
GALANT 265
Dieux , ils ajoûtent qu'eftant
tous de grands Seigneurs , ils
exigent divers cultes , & veulent
eftre honorez en plufieurs
manieres. Cette indiférence
eſt cauſe qu'il eft
malaifé de les convertir. En
avouant que la Religion des
Chrétiens eft bonne , ils prétendent
que c'eſt eſtre témeraire
, que de rejetter les au
tres , & que puis qu'elles ont
toutes pour but d'honorer les
Dieux , il y a fujet de croire
qu'ils s'en contentent. Ils
ont des Idoles en grand
nombre , & leur figure ne
Octobre 1684. Z
266 MERCURE
furprend pas moins que leur
grandeur. Il y en a fur un
mefme Autel jufqu'à cinquante
ou foixante, de plus de
quarante pieds de haut. Elles
font faites de Brique & de
Pierre , & dorées par le dehors
. Dans les Maifons des
Sacrificateurs font des Galeries
, où l'on en voit trois &
quatre cens de diférentes figures
, toutes dorées , & d'un
grand éclat. Les Temples
qu'ils bâtiffent à ces Idoles,
font trés -fomptueux , folides
& à peu prés comme nos ‘Eglifes.
Les Portes en font doGALANT.
267
rées , le dedans eit peint , &
la lumiere y entre par des Feneftres
étroites & longues,
prifes dans l'épaiffeur du mur.
Les Idoles font fur l'Autel ,
qui eft dans le lieu le plus éloigné
de la Porte , & auquel
on monte par plufieurs degrez
en Amphitheatre . Prés
de ces Temples font les Convens
des Sacrificateurs , qui
ont leurs Dortoirs & leurs
Cellules , & qui vivent en
.commun. Ils ont auffi leurs
Cloiſtres , au milieu defquels
eft une Pyramide extrémement
haute, & toute brillante
Z ij
268 MERCURE
d'or. La coûtume eft de ren
fermer fous ces Pyramides
les cendres des grands Seigneurs.
Les Portugais ront
donné le nom de Talapoins
à ces Sacrificateurs ou Reli
gieux , qui font bien au nom .
bre de trente mille dans tout
le Pais. Leurs habits qui
font d'une toile jaune toute
fimple , ne diférent sen rien
de ceux du Peuple pour la fi
gure, finon qu'au lieu de Ca
faque ils portent comme un
Baudrier de toile rouge , qui
va de l'épaulé gauche cou
vrant l'eftomac jufqu'au câ
2
GALANT 269
leur
ré droit. Ils marchent pieds,
nus & tefte nue , & quoy
qu'ilshareçoivent
quantité
d'aumônes , & que les préfens
qu'on fait aux Idoles,
d'Erofes , de Ris & de Fruits,
appartiennent , ils ne
font qu'un repas par jour , &
il ne leur eft permis de manger
le foir qu'un peu de Fruit.
Ils prefchent le Peuple , l'in
ftruifent , & font des offrandes
& des facrifices à leurs
Dieux. Ces Sacrifices font
accompagnez
de Torches ,
de Fleurs , & de feux d'Artifice.
Entre ces Talapoins , il!
Z
iij
270 MERCURE
y en a qui font feulement
pour vivre en particulier.
Quelques - uns ont des fon
ctions qui regardent le Pu
blic ; & d'autres qu'on nomme
Sancrats , ont foin des .
Temples , & de faire obfer
ver les cerémonies. Ces der
niers qui font les plus réverez
de tous , font fous la Jurifdiction
d'un Sancrat , qui
eft toûjours un grand Perfonnage.
C'eft luy qui préfide
au Pagode du Roy , qui
eft à deux lieues de Siam.
Non feulement il eft respecté
du Prince , mais il a l'honneur
GALANT. 271
de s'affeoir auprés de luy
quand il luy parle , & fe contente
de luy faire une médiocre
inclination de tefte. Ces
Preftres font obligez de garder
la continence , mais comme
il leur eft permis de quitrer
la vie Religieufe quand ils
veulent , ils n'ont qu'à fe défaire
de leurs veftemens de
couleur jaune pour ſe marier.
Il y a auffi proche des principaux
Teples, des Maifons de
Religieufes, où font de vicilles
Filles rafées, & vcftuës de
blanc. Elles paffent les jours
a prier , & quand la retraite
Z
iiij
272
MERCURE
r
les ennuye, elles quittent l'habit
blanc . Les Siamois croyét
que l'ame furvit le corps .Cela
les oblige à fonger de leur
vivant aux befoins de l'autre
vie. Ils amaffent pour cela
tout ce qu'ils peuvent épar
gner d'argent , le cachent en
quelque lieu retiré, & comme
c'eft parmy eux un grand
facrilege que de dérober l'ar
gent des Morts , il fe perd
par là des fommes immenfes
qu'on n'ofe chercher. Cette
folle opinion n'eft pas fou
lement parmy le Peuple ; lesc
grands Seigneurs & les Prin
<
GALANT.27 3
ces fe pourvoyent auffi pour
l'avenir , mais fans cacher
leurs Tréfors . Ils font élever
des Pyramides , au pied defquelles
ils enfouiffent l'ar
gent qu'ils fe refervent , & les
Talapoins veillent à la garde
de ces Pyramides . Les Siamois
font fort magnifiques.
dans leurs Funérailles, & emer
ployent quelquefois une an
née entière à en faire les préparatifs
. Les Sépulchres font.
environnez de plufieurs
Tours quarrées , faites de
bois de Cyprez , & reveſtuës;
de Cartes de gros Papier de
274MERCURE
diférentes couleurs . Ils met
tent quantité de feux d'arti
fice au deffus des Tours , &
tout estant preft , une partie
des Talapoins fe rend au lieu
des Funérailles , tandis que
l'autre va querir le Corps , On
Eenferme dans une Biere ou
Quaiffe dorée , fur laquelle
s'éleve une Pyramide , ornée
de divers Ouvrages de menuiferie
auffi dorée . Quand le
Corps eft arrivé , on le tire de
la Quaiffe. On le met fur le
bucher , autour duquel les
Talapoins font plufieurs
tours , & pendant que les flâ
GALANT. 275
mes le confument on fait
jouer des feux d'artifice au
fon de quatité d'Inftrumens.
Le corps eftant brûlé , on en
ramaffe les cendres , & on:
les met repofer fous la Pyramide.
7
Les mariages entre les
Perfonnes riches fe font avec
beaucoup de magnificence,
mais fans qu'il y entre aucune
cerémonie de Religion :
Les Mariez mettent en commun
une fomme de deniers,
& ont toûjours la liberté de
fe féparer en partageant leurs .
Enfans. Ileft permis au Ma276
MERCURE
ry de prendre autant de Con
cubines qu'il veut , &zelles
doivent obeiffance
à la prev
miere Femme , dont les En
fans font feuls héritiers du
bien du Pere, ceux des Concubines
n'ayant prefque rien.
Les biens des Gens de con
dition font féparez en trois
parties aprés leur mort. Les
Talapoins en ont une, le Roy
Fautre , & la troifiéme eft
pour les Enfans . La Coûtu
me eft diférente parmy le
Peuple. Les Hommes acheg
tent leurs Femmes par quel
que préfent qu'ils font aux
GALANT 277
Peres. Ils ont mefine liberté
de les quitter , mais les divorces
ne fe font pas fans de
grandes cauſes. Les Enfans
partagent entr'eux également
le bien de leur Pere,
laiffant pourtant ordinairement
quelque chofe de plus
àl'Aîné. Onles met dans leur
bas âge auprés des Preftres &
Docteurs , pour apprendre à
lite & à écrire , & quand
leurs études font achevées, il
en demeure toûjours un
grand nombre dans la Communauté
de ces Talapoins.
Il y a beaucoup d'argent à
278 MERCURE
Siam. Celuy de la principale
Monnoye dont on s'y fert , &
qu'on appelle Ticals , eft fort
fin , & d'une figure preſque,
ronde , marquée au coin d
Prince. Les Ticals valent
trente- fept fols de noftre
Monnoye .Un Mayonvaut la
moitié d'un Tical.Un Foüan,
la moitié d'un Mayon , &
un Sampaya la moitié d'un
Foüan. Ils font ordinairement
leurs comptes par Cattis
d'argent. Chaque Cattis
vaut vingt Tayls , ou cent
quarante quatre livres , le
Tayl valant quelque chofe
GALANT. 279
de plus que fept francs.
plus de trois cens lieues de
longueur, du Septentrion au
Midy , & eft plus étroit de
F'Orient à l'Occident. Ila le
Pégu pour bornes au SeptenGALANT
239
trion ; la Mer du Gange au
Midy , le petit Etat de Malaca
au Couchant , & du
cofté d'Orient la Mer d'u
ne part , & de l'autre , les
Montagnes qui le féparent
de Camboye & de Laros ..
Ce Royaume qui s'étend
i jufque fous le dix - huitiéme
degré de latitude Septentrionale
, fe trouve comme
entre deux Mers , qui
luy ouvrent paffage à tous
les Pais voifins & cela
rend fa fituation fort avantagcuſe
, à cauſe de la grande
étendue de fes Coftes,
auli
240 MERCURE
-
#
des
qui ont cinq à fix cens
lieues de tour. Il eft partagé
en onze Provinces, auf
quelles le Roy
Gouverneurs , qu'il deftitue
comme il luy plaift . Siam
eft la principale , & donne
fon nom à tout le Royau
me , aufli-bien qu'à la Ville
Capitale , qui eft fituée furt
la belle & grande Riviere
de Menan. Elle vient du
fameux Lac de Chiamay ,
& porte les Vaiffeaux tous !
chargez jufqu'aux Portes de:
Siam , quoy que cette Ville
foit éloignée de la Mer de
plus
SGALANT. 241
plus de foixante lieuës . Elle
a de bonnes Murailles , &
trente mille Maifons ou environ
, avec un Château bien ,
fortifié. Elle eft d'ailleurs affcz
forte d'elle mefme eftant
bâtie fur les eaux con comme
2
Veniſe. Il en eſt peu dans
tout l'Orient où l'on voye
plus de Nations diférentes
affemblées. On y parle jufqu'à
vingt fortes de Langues.
Tout le Pais eft fertile ; &
ce qui contribue fort à cette
fertilité , ce font les inondations
des Rivieres , caufées
par des pluyes qui durent
·
Octobre 1684.
X
242 MERCURE
trois ou quatre mois , & qui
tiennent les Campagnes toutes
noyées. Plus l'inondation
eft grande , plus la recolte
eft heureuſe. Le Ris , qui eft
le Froment des Siamois, n'eft
jamais affez arrofé . Il croift
au milieu de l'eau , & les
Campagnes qui en font femées
, reffemblent plûtoſt à
des Marais , qu'à des Terres
cultivées avec la Charüe. Le
Ris a cette force , que quoy
qu'il y ait fix ou fept pieds
d'eau fur luy , il pouffe toûjours
fa tige au deffus , & le
tuyau qui la porte s'éleve &
GALANT. 243
G
croift à proportion de la hauteur
de l'eau qui couvre fon
Champ . Malgré la fertilité
dont je vous parle , il y a
beaucoup de terres négligées
faute d'Habitans , & mefme
par la pareffe des Siamois ,
qui n'aiment pas le travail .
Ces Plaines in cultes & les
épaiffes Forefts que l'on voit
fur les Montagnes , fervent
de retraite aux Eléphans , aux
Tygres , aux Boeufs & Vaches
fauvages , aux Rinocérots
, & autres Beftcs . Le
Pais eft fort abondant en
Fruits, dont les meilleurs font
X ij
244MERCURE
le Durion , qui a la figure d'un
Melon ordinaire , & la peau
fort dure & raboteufe, & dans
Po
ouver
lequel , quand on
ОРГА
(190
(ce qu'il faut faire avec force )
on trouve des morceaux d'une
chair tres-blanche & délicate
, enfermée dans de petites
cellules , & dont le gouſt
paffe tour ce que nous avons
de meilleur en Europe ; les
Jacques, qui eftant gros.comme
nos Citrouilles , renferment
dans leur écorce une
chair jaunâtre & ferme , d'un
gouft aigre-doux fort agreable
; les Mangonftans, qui dans
GALANT. 245
une écorce toute unie , d'un
rouge enfoncé par le dehors,
mais plus clair par le dedans,
renferment une liqueur &
une chair femblable à celle
de l'Orange , dont elles ont
la groffeur , mais qui plaiſt
beaucoup davantage au goût,
la Manque, qui eft de la groffeur
dune Poire de Bon Chrérien
, & dont la couleur eft
jaune par le dehors , & rouge
parle dedans, & enfin l'Areca.
Ce dernier Fruit eft de la .
figure d'une groffe Prune.
Son écorce . renferme plu
fieurs filets, où fe trouve une
20
X iij
246 MERCURE
Noix affez dure , qui reffem?
ble à celle d'une Mufcade
Le gouſt en eft acre , mais
elle fortifie
l'eftomac.Les Siamois
, & les autres Peuples du
mefme Climat, ufent preſque
à toute heure de cet Areca ,
qu'ils eftimét fouverain pour
la fanté , à caufe qu'il aide la
digeftion
, & corrige l'humidité
de leurs alimens ordinaires
, qui font le Risle
Poiffon , les Fruits , & l'eau
toute pure pour leur boiſſon.
Les Riches comme les Pau
vres font occupez tout le jour
à mâcher ce Fruit ; & quand
14 X
GALANT. 247
1
ils fe rencontrent , le premier
acte de civilité eft de fe préfenter
l'un à l'autre l'Areca,
& de lle mâcher auffi - toft.
Les Siamois font olivâtres , &
non pas noirs , quoy qu'ils
foient fous la Zone torride.
Ils ont le nez court , &
font la plupart affezubien
faits. Leur naturel eft fort
doux , & affable aux Etrangers
. rs. Leur grande maxime
eft le repos , ils n'employent
au travail que leurs Efclaves ,
& une pauvreté tranquille
leur plaift beaucoup plus.
qu'une abondance de biens
X iiij.
248 MERCURE
accompagnée d'inquiétude.
Auffi leurs Habits , leurs .
Meubles , leurs Maiſons , &
leur
nourriture marquent
cette pauvreté. Ils vont toû
jours pieds & teftes nuës.
Les Grands, & les plus aifez ,
vont par terre fur des Elé
phans , & par eau dans des
Barques qui font fort comniodes
. Leurs Habits ne
confiftent qu'en une Etofe
deliée , toute
blanche , ou
marquée de Fleurs vives de
diférentes couleurs . Ils s'en
envelopent tout le corps ,
& lors qu'ils vont par la Ville,
GALANT 249
ils fe couvrent les épaules
d'une Cafaque de toile légere
, & stranſparente , qui
defcendo jufqu'au genouil.
Les Manches en font cour
tes , mais larges. Les Femmes
font prefque veftües comme
les Hommes . Ils fe rafent les
cheveux , s'arrachent la barbe
, & fe lavent fort fouvent
avec des eaux parfumées . Ils
font parez d'Etofes de foye
en broderie d'or , dans les
Affemblées de cerémonie .
Les Maifons du commun ,
deleulement
de bois
&
de feuilles , avec des murail
250 MERCURE
les de Cannes jointes enfemble
, font pofées fur des Piliers
élevez , qui les garantif
fent des inondations ordinaires
du Pais . Les Perfonj
nes riches ont des Baftimens
alug
de brique , & couverts de
tuiles . Tous leurs Meubles
ne confiftent qu'en quelques
Tapis & des Couffins.
Sieges , Tables, Lits , Tapif
feries , Cabinets , Peintures,
tout cela n'eft point de leur
ufage. Quoy que le Ris &
les Fruits foient leur nourri
ture, ils ne manquent ny de
Poules, ny de Boeufs, ny de
GALANT 251
pas fi fuper
Gibier ; mais eftant perfua
dez que c'eft faire mal que
d'ofter la vie aux Animaux,
ils n'en mangent point pour
l'ordinaire . Si d'autres les
tüent , ils font relevez de
leurs fcrupules , & croyent
en pouvoir manger fans crime.
Ils ne font
ftitieux pour le Poiffon, parce
qu'eftant, tiré des Filets , il
meurtcomme de luy mefme.
Les Siamois n'ont aucuns
exercices pour la Dance ,pour
les Armes , ny pour monter
à Cheval. Ils ne fçavent ce
que c'eft que Philofophie, au
252 MERCURE
Mathématiques. Leur Theo
logie confifte en quelques
Fables , & toute leur feience
eft à bien écrite , & àfçavoir
les Loix du Gouvernement
,
& de la Juftice. L'expérience
de divers Remedes pour les
maladies communes
, fait
toute leur Medecine
quand ces Remedes manquent
d'opérer , ils ont recours
à la Magie , fe fervant
de Pactes , de Billets , & de
Figures. Ils écrivent comme
nous de la gauche à la droite
, mais feulement avec du
crayon. Leur Papier eftant
: ར་
&
бы GALANT 253
trop foible , on le colle à une
ou deux autres feuilles pour
le foûtenir. Un grand Livre
n'eft fouvent qu'une feule
feuille de Papier de plufieurs
aunes de long , qu'on plie &
replie à la maniere de nos
Paravents . Tout l'Etat eft
Monarchique , & le Gouver
nement affez bien reglé. Le
Roy eft fort abfolu . Dans
les occafions les plus importantes
, il fait part de fes def
feins à quelques- uns des plus
grands Seigneurs , qu'on ap-
Felle Mandarins . Ceux - cy
aflemblent d'autres Officiers
254 MERCURE
leurs inférieurs , aufquels ils
communiquent ce qu'il leur
a propofé , & tous enfemble
concertent leur réponſe ou
remontrance. Il y a tel égard
qu'il veut , & diftribuant les
Charges felon le mérite , &
non felon la naiffance , il les
oſte ſur la moindre faute que
ceux qui en font pourveus
commettent. Il ne fe montre
prefque jamais au Peuple.
Les grands Seigneurs
mefme le voyent rarement.
Ils luy parlent à genoux les
mains jointes élevées fur
leurs teftes, & tous courbez
GALANT. 255
contre terre , fans ofer l'envifager.
Ils le qualifient
Roy
des Roys , Seigneur
des Seigneurs
, le Maiftre des Eaux,
le Tout-puiffant de la Terre,
le Dominateur
de la Mer,
l'Arbitre
du bonheur
& de
l'infortune
de fes Sujets. Son
Train eft fort magnifique
, &
fa Garde compofée
de trois
cens Hommes
.
Reyne , il a un grand nombre
de Concubines
qu'on
choifit entre les plus belles
Filles du Pais. Il fe laiffe voir
ordinairement
deux fois l'année
, l'une fur terré , & l'autre
Outre la
256 MERCURE
fur l'eau. Quand il va fe promener
fur la Riviere , la Galere
qui le porte eſt éclatante
de l'or le plus fin. On
y éleve un Trône fuperbe,
où ce Prince paroift revestu
d'Habits précieux, ayant une
Couronne toute d'or , garnie
de fins Diamans . A cette
Couronne pendent deux Aîles
d'or , qui luy batent les
épaules. Tous les Seigneurs
& les Officiers le fuivent,
chacun dans une Galere , parée
à proportion de ſes Biens
& de la Charge . Ces Galeres,
dorées par dedans & par deGALANT
257
hors , font le plus fouvent au
nombre de quatre cens , &
portent chacune trente ou
quarante Rameurs , dont
quelques - uns ont les bras
& les épaules dorées . Les
Rivages font bordez des Peuples
qui accourent en foule,,
& qui font retentir l'air de
cris d'allégreffe . Lors qu'il
fe montre par terre , deux
cens Eléphans paroiffent d'a--
bord. Ils portent chacun
-trois Hommes armez , &
font fuivis de Joueurs d'Inf--
trumens , de Trompetes , &
-de mille Soldats à pied . Les
Octobre 16844- Y
258 MERCURE
grands . Seigneurs du Païs
viennent apres, & il y en a
quelques uns qui ont 80; ou
1oo . Hommes à leur fuire. En
fuite on voit deux cens Soldats
du Japon , qui préce
dent ceux dont ifa Garde eft
compofée , puis fes Chevaux
de main , & fes Eléphans , &
apres les Officiers de fa Cour,
portant tous des Fruits , ou
quelqu'autre chofe que l'on
préfente aux Idoles . Derriere
eux marchent encore quelques
grands Seigneurs avec
des Couronnes fur leurs tef
tes. L'un dieux porte LE
for micro
GALANT 2591
tendard du Roy , & l'autre
une Epée qui repréfente la
JufticemoCePrince paroift
apres eux, porté fur un Elé
phant dans une Tour toute
éclatante de Pierreries . Cer:
Eléphant eft environné de
Gens qui luy portent des Pa
rafols, & fuivy du Prince qui
doit fucceder. Les Femmes :
du Roy fuivent auffi fur des
Eléphans, mais dans de petits ;
Cabinets fermez , qui ne les
Jaiffent point voir. Six cens
Soldats ferment ce Cortége,,
qui cft ordinairement de
quinze ou feize mille Hom-
C.
Yij
260 MERCURE
mes. Le fruit qu'on remporte
de ces Ceremonies, eft
de maintenir le Peuple dans.
la vonération de la Majefté
Royale . Quand le Roy eſt
mort , le plus âgé de fes Freres
luy fuccede, & les autres.
apres luy. S'il n'a point de
Freres, c'eft l'aîné des Fils, &
jamais les Filles . L'accés eft
facile aux Etrangers dans.
tout ce Royaume , foit pour
4
s'y établir , foit pour y faire
trafic. On ne les gefne en
aucune chofe, pourveu qu'ils.
ne faffent rien contre l'Etat.
Pour prévenir les deførdres
HGALANT 261
qu'ils pourroient caufer , on
donne à chaque Nation un.
peu confidérable , une Chef
qui en eft, & qui doit répondre
de tous ceux de fon Païs,.
avec un Seigneur de la Cour,
2 ou un Officier du Roy , qui
eft commele Protecteur particulier
de la Nation . C'eft à
ce Seigneur, ou Officier, que
doit s'adreffer ce Chef , foit:
pour les Requeftes qu'il veut
présenter au Prince, foit pour
les Affaires du Commerce..
D'ailleurs , les Canaux que
forme la Riviere , partageant
La Ville en plufieurs. Illes,
262 MERCURE
on a foin de placer chaque
Nation en quelque Iſle ou
Quartier féparé , ce qui empelche
les diférens qu'excite
fouvent le mélange des Nations
qui ont des antipaties
naturelles . On oblige encore
tous les Etrangers qui s'établiffent
à Siam , de renouveller
tous les ans le Serment
de fidelité qu'ils jurent au
Roy. Le jour de cette cerémonie
cft folemnel . Tous les
Officiers de la Couronne y
affiftent.LeRoy montéfur un
Trône reçoit ce Serment,que
chacun luy prefte felon for
GALANT. 263
mng , aprés quoy on leur donne
à boire d'une Eau qu'ils
nomment Eau de jurément.
Ils l'eftiment Sainte . Les Sa-
- crificateurs
des Idoles qui la
préparent avec des cerémonies
remplies de fuperftition
,
tiennent la pointe d'une Epée
dans cette Eau , & lancent
plufieurs imprécations
contre
les Parjures, dans la croyace
que s'ils ne promettent
pas fidelité avec un coeur fincere
, ils en feront fuffoquez
dés le mefme inftant.
Il n'y a point de Païs où
L'exercice de toutes fortes de
264 MERCURE
Religiós foit plus permis qu'à
Siam. Cette liberté attire un
grand nombre d'Etrangers,.
dont le fejour eft
avantageux
aux Siamois pour le commerce
. D'ailleurs ils tiennent que
toute Religion eft bonne , &
Iainfi ils ne fe montrent con
traires à aucune , pourvû qu'
elle puiffe fubfifter avec les
Loix du Gouvernement. Ils
difent que le Ciel'eft comme
- un grand Palais , où pluſieurs
chemins vont aboutir, & qu'il
feroit difficile de déterminer
quel eft le meilleur. Comme
ils croyent la pluralité des
Dieux
GALANT 265
Dieux , ils ajoûtent qu'eftant
tous de grands Seigneurs , ils
exigent divers cultes , & veulent
eftre honorez en plufieurs
manieres. Cette indiférence
eſt cauſe qu'il eft
malaifé de les convertir. En
avouant que la Religion des
Chrétiens eft bonne , ils prétendent
que c'eſt eſtre témeraire
, que de rejetter les au
tres , & que puis qu'elles ont
toutes pour but d'honorer les
Dieux , il y a fujet de croire
qu'ils s'en contentent. Ils
ont des Idoles en grand
nombre , & leur figure ne
Octobre 1684. Z
266 MERCURE
furprend pas moins que leur
grandeur. Il y en a fur un
mefme Autel jufqu'à cinquante
ou foixante, de plus de
quarante pieds de haut. Elles
font faites de Brique & de
Pierre , & dorées par le dehors
. Dans les Maifons des
Sacrificateurs font des Galeries
, où l'on en voit trois &
quatre cens de diférentes figures
, toutes dorées , & d'un
grand éclat. Les Temples
qu'ils bâtiffent à ces Idoles,
font trés -fomptueux , folides
& à peu prés comme nos ‘Eglifes.
Les Portes en font doGALANT.
267
rées , le dedans eit peint , &
la lumiere y entre par des Feneftres
étroites & longues,
prifes dans l'épaiffeur du mur.
Les Idoles font fur l'Autel ,
qui eft dans le lieu le plus éloigné
de la Porte , & auquel
on monte par plufieurs degrez
en Amphitheatre . Prés
de ces Temples font les Convens
des Sacrificateurs , qui
ont leurs Dortoirs & leurs
Cellules , & qui vivent en
.commun. Ils ont auffi leurs
Cloiſtres , au milieu defquels
eft une Pyramide extrémement
haute, & toute brillante
Z ij
268 MERCURE
d'or. La coûtume eft de ren
fermer fous ces Pyramides
les cendres des grands Seigneurs.
Les Portugais ront
donné le nom de Talapoins
à ces Sacrificateurs ou Reli
gieux , qui font bien au nom .
bre de trente mille dans tout
le Pais. Leurs habits qui
font d'une toile jaune toute
fimple , ne diférent sen rien
de ceux du Peuple pour la fi
gure, finon qu'au lieu de Ca
faque ils portent comme un
Baudrier de toile rouge , qui
va de l'épaulé gauche cou
vrant l'eftomac jufqu'au câ
2
GALANT 269
leur
ré droit. Ils marchent pieds,
nus & tefte nue , & quoy
qu'ilshareçoivent
quantité
d'aumônes , & que les préfens
qu'on fait aux Idoles,
d'Erofes , de Ris & de Fruits,
appartiennent , ils ne
font qu'un repas par jour , &
il ne leur eft permis de manger
le foir qu'un peu de Fruit.
Ils prefchent le Peuple , l'in
ftruifent , & font des offrandes
& des facrifices à leurs
Dieux. Ces Sacrifices font
accompagnez
de Torches ,
de Fleurs , & de feux d'Artifice.
Entre ces Talapoins , il!
Z
iij
270 MERCURE
y en a qui font feulement
pour vivre en particulier.
Quelques - uns ont des fon
ctions qui regardent le Pu
blic ; & d'autres qu'on nomme
Sancrats , ont foin des .
Temples , & de faire obfer
ver les cerémonies. Ces der
niers qui font les plus réverez
de tous , font fous la Jurifdiction
d'un Sancrat , qui
eft toûjours un grand Perfonnage.
C'eft luy qui préfide
au Pagode du Roy , qui
eft à deux lieues de Siam.
Non feulement il eft respecté
du Prince , mais il a l'honneur
GALANT. 271
de s'affeoir auprés de luy
quand il luy parle , & fe contente
de luy faire une médiocre
inclination de tefte. Ces
Preftres font obligez de garder
la continence , mais comme
il leur eft permis de quitrer
la vie Religieufe quand ils
veulent , ils n'ont qu'à fe défaire
de leurs veftemens de
couleur jaune pour ſe marier.
Il y a auffi proche des principaux
Teples, des Maifons de
Religieufes, où font de vicilles
Filles rafées, & vcftuës de
blanc. Elles paffent les jours
a prier , & quand la retraite
Z
iiij
272
MERCURE
r
les ennuye, elles quittent l'habit
blanc . Les Siamois croyét
que l'ame furvit le corps .Cela
les oblige à fonger de leur
vivant aux befoins de l'autre
vie. Ils amaffent pour cela
tout ce qu'ils peuvent épar
gner d'argent , le cachent en
quelque lieu retiré, & comme
c'eft parmy eux un grand
facrilege que de dérober l'ar
gent des Morts , il fe perd
par là des fommes immenfes
qu'on n'ofe chercher. Cette
folle opinion n'eft pas fou
lement parmy le Peuple ; lesc
grands Seigneurs & les Prin
<
GALANT.27 3
ces fe pourvoyent auffi pour
l'avenir , mais fans cacher
leurs Tréfors . Ils font élever
des Pyramides , au pied defquelles
ils enfouiffent l'ar
gent qu'ils fe refervent , & les
Talapoins veillent à la garde
de ces Pyramides . Les Siamois
font fort magnifiques.
dans leurs Funérailles, & emer
ployent quelquefois une an
née entière à en faire les préparatifs
. Les Sépulchres font.
environnez de plufieurs
Tours quarrées , faites de
bois de Cyprez , & reveſtuës;
de Cartes de gros Papier de
274MERCURE
diférentes couleurs . Ils met
tent quantité de feux d'arti
fice au deffus des Tours , &
tout estant preft , une partie
des Talapoins fe rend au lieu
des Funérailles , tandis que
l'autre va querir le Corps , On
Eenferme dans une Biere ou
Quaiffe dorée , fur laquelle
s'éleve une Pyramide , ornée
de divers Ouvrages de menuiferie
auffi dorée . Quand le
Corps eft arrivé , on le tire de
la Quaiffe. On le met fur le
bucher , autour duquel les
Talapoins font plufieurs
tours , & pendant que les flâ
GALANT. 275
mes le confument on fait
jouer des feux d'artifice au
fon de quatité d'Inftrumens.
Le corps eftant brûlé , on en
ramaffe les cendres , & on:
les met repofer fous la Pyramide.
7
Les mariages entre les
Perfonnes riches fe font avec
beaucoup de magnificence,
mais fans qu'il y entre aucune
cerémonie de Religion :
Les Mariez mettent en commun
une fomme de deniers,
& ont toûjours la liberté de
fe féparer en partageant leurs .
Enfans. Ileft permis au Ma276
MERCURE
ry de prendre autant de Con
cubines qu'il veut , &zelles
doivent obeiffance
à la prev
miere Femme , dont les En
fans font feuls héritiers du
bien du Pere, ceux des Concubines
n'ayant prefque rien.
Les biens des Gens de con
dition font féparez en trois
parties aprés leur mort. Les
Talapoins en ont une, le Roy
Fautre , & la troifiéme eft
pour les Enfans . La Coûtu
me eft diférente parmy le
Peuple. Les Hommes acheg
tent leurs Femmes par quel
que préfent qu'ils font aux
GALANT 277
Peres. Ils ont mefine liberté
de les quitter , mais les divorces
ne fe font pas fans de
grandes cauſes. Les Enfans
partagent entr'eux également
le bien de leur Pere,
laiffant pourtant ordinairement
quelque chofe de plus
àl'Aîné. Onles met dans leur
bas âge auprés des Preftres &
Docteurs , pour apprendre à
lite & à écrire , & quand
leurs études font achevées, il
en demeure toûjours un
grand nombre dans la Communauté
de ces Talapoins.
Il y a beaucoup d'argent à
278 MERCURE
Siam. Celuy de la principale
Monnoye dont on s'y fert , &
qu'on appelle Ticals , eft fort
fin , & d'une figure preſque,
ronde , marquée au coin d
Prince. Les Ticals valent
trente- fept fols de noftre
Monnoye .Un Mayonvaut la
moitié d'un Tical.Un Foüan,
la moitié d'un Mayon , &
un Sampaya la moitié d'un
Foüan. Ils font ordinairement
leurs comptes par Cattis
d'argent. Chaque Cattis
vaut vingt Tayls , ou cent
quarante quatre livres , le
Tayl valant quelque chofe
GALANT. 279
de plus que fept francs.
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Résumé : Description du Royaume & de la Cour de Siam, avec les moeurs des Habitans de ce grand Etat, [titre d'après la table]
Le Royaume de Siama s'étend sur plus de trois cents lieues du nord au sud et est bordé par le Pégu au nord, la mer du Gange au sud, le petit État de Malaca à l'ouest, et les montagnes à l'est, qui le séparent de la Camboye et de Laros. Situé jusqu'au dix-huitième degré de latitude septentrionale, le royaume est avantageusement situé entre deux mers, facilitant les échanges avec les pays voisins grâce à l'étendue de ses côtes, qui mesurent cinq à six cents lieues de tour. Le royaume est divisé en onze provinces gouvernées par des gouverneurs nommés par le roi. La province de Siam est la principale et donne son nom au royaume ainsi qu'à la ville capitale, située sur la rivière de Menan, qui provient du lac de Chiamay et permet aux vaisseaux de naviguer jusqu'aux portes de Siam, malgré la distance de plus de soixante lieues de la mer. La capitale est bien fortifiée et construite sur l'eau, semblable à Venise, et abrite une grande diversité de nations parlant jusqu'à vingt langues différentes. Le pays est fertile grâce aux inondations causées par les pluies durables de trois à quatre mois, qui noient les campagnes et favorisent la culture du riz, le principal aliment des Siamois. Malgré cette fertilité, de nombreuses terres restent incultes faute de main-d'œuvre ou par la paresse des habitants. Les plaines et forêts servent de refuge à divers animaux sauvages. Le royaume est riche en fruits, notamment le durion, les jacquiers, les mangoustans, la manque et l'areca, ce dernier étant utilisé pour ses propriétés digestives et socialement important dans les échanges de civilité. Les Siamois sont de peau olivâtre, ont un nez court et un naturel doux et affable. Ils valorisent le repos et délèguent le travail à leurs esclaves. Leur mode de vie est marqué par une pauvreté tranquille, et ils se vêtent simplement, souvent pieds nus. Les maisons sont construites sur pilotis pour se protéger des inondations. La nourriture principale est le riz et les fruits, bien que la viande soit consommée occasionnellement. Les Siamois n'ont pas d'exercices physiques ou intellectuels spécifiques et leur médecine repose sur des remèdes traditionnels et la magie. Le gouvernement est monarchique et bien régulé, avec un roi absolu qui consulte parfois les grands seigneurs pour les décisions importantes. Le roi se montre rarement au peuple et est entouré d'une garde de trois cents hommes. Il a de nombreuses concubines et se déplace de manière majestueuse, soit par terre avec des éléphants, soit par eau avec des galères ornées. Les cérémonies royales visent à maintenir la vénération du peuple pour la majesté royale. À la mort du roi, son frère aîné ou son fils aîné lui succède, jamais une fille. Le royaume est ouvert aux étrangers, qui peuvent s'y établir ou commercer librement, à condition de respecter l'État. Chaque nation étrangère a un chef et un protecteur particulier pour prévenir les désordres. Les étrangers doivent renouveler annuellement leur serment de fidélité au roi lors d'une cérémonie solennelle. Le royaume permet la pratique de toutes les religions, attirant ainsi de nombreux étrangers dont la présence est bénéfique pour le commerce. Les Siamois croient en une pluralité de dieux et estiment que chaque divinité exige des cultes différents. Cette diversité rend difficile leur conversion à d'autres religions. Ils reconnaissent la validité de la religion chrétienne mais refusent de rejeter les autres croyances, estimant que toutes honorent les dieux. Les Siamois possèdent de nombreuses idoles de grande taille, souvent dorées et placées dans des temples somptueux et solides, similaires aux églises. Ces temples comportent des galeries avec des idoles de diverses figures et des portes dorées. Les sacrifices aux dieux sont accompagnés de torches, de fleurs et de feux d'artifice. Les Talapoins, ou sacrificateurs, sont nombreux et portent des habits jaunes distinctifs. Ils vivent en communauté, jeûnent souvent et se consacrent à la prière et aux offrandes. Les femmes religieuses, vêtues de blanc, peuvent quitter leur vie monastique à leur convenance. Les Siamois croient en la survie de l'âme après la mort et amassent des trésors pour l'au-delà. Les funérailles sont magnifiques et durent parfois une année entière, avec des cérémonies élaborées et des feux d'artifice. Les mariages parmi les riches sont somptueux mais sans cérémonies religieuses. Les biens sont partagés entre les Talapoins, le roi et les enfants après la mort du propriétaire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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22
p. 242-282
Suite de l'Article de Siam, [titre d'après la table]
Début :
Aprés avoir satisfait vostre curiosité dans une de mes Lettres, [...]
Mots clefs :
Roi de Siam, Roi de France, Envoyés, Monarque, Présents, Prince, Vaisseau, Bâtiment, Londres, Royaume, Majesté, Remèdes, Argent, Sujets, Missionnaires, Nations, Europe, Gloire, Banten, Amitié, Angleterre, Voyage, États, Religion, Hommes, Peuples, Siam
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Suite de l'Article de Siam, [titre d'après la table]
Aprés avoir satisfait vostre
curiosité dans une de mes
Lettres, touchant la Religion
& les Coûtumes des
Habitans du Royaume de
Siam
,
& vous avoir parlé
dans la suivante de l'Audience
donnée par Mrle Marquis
de Seignelay aux Envoyez
du Prince qui le gouverne,
je dois vous apprendre tout
ce qui s'est passé à l'égard de
ces mesmes Envoyez, depuis
qu'ils sont à Paris. Mais
avant que d'entrerdans ce
détail
,
j'en ay un autre fort
curieux à vous faire, qui
vous plaira d'autant plus,
qu'il vous fera connoistre
de quelle maniéré a pris
naissance la hauteestime
que le Roy de Siam a
conceuë pour Sa Majesté.
Les Millionnaires qui n'ont
que le seul Salut des Ames
pour but dans toutes les peines
qu'ils se donnent, s'étant
établisàSiam,ilsygagnerent
en peu de temps
l'affection de tous les Peuples.
L'employ de ces Ames
toutes charitables
,
n'étoit,
& n'est encore aujourd'huy,
que de faire du bien.
Comme en partant de France
ils s'estoient munis de
quantité de Remedes, &
qu'ils avoient avec eux Medecins,
Chirurgiens & Apoticaires
,ils soulageoient les
Malades, jusque-là mesmes
qu'ils avoient des Hommes
qui avec des Paniers pleins
de ces Remedes
,
alloient
dans toutes les Ruës de
Siam
,
criant que tous ceux
qui avoient quelques maux,
de quelque nature qu'ilspus-
fent estre
,
n'avoient qu'à les
faire entrer chez eux, &:
qu'ilslessoulageroient sans
prendre d'argent.En effet,
bienloind'en exiger des Mab
lades,ils en donnoient fort
souventà ceux qui leur paroissoient
en avoir besoin, &
tâchoient de les consoler
dans leurs misères. Des
maniérés siobligeantes,&si
desintéresséesgarnerens
bien-tostl'esprit des Peuples,
& servirent beaucoup à l'accroissement
de la Religion
Catholique.Le Roy deSiam
en ayant elleinftruit,8c ne
pouvant qu'àpeine lecroire
, voulut sçavoir à fonds
quiestoientceux dont ses
Sujets recevoient de si
grandssoulagemens.Ce Mo*
nàaarqrugeu. eaaccoommmmeennccee aa rree..¡-"
gner dés l'âge de huit ans,&
en a presèntementenviron
cinquante. C'estun Prince
qui voit, & quientend tout,
& quiexamine long-temps,
&meurementles choses,
avant quede porterson jugementcomme
vous le
connoirtre z par la fuice de
cet Article. Il ditauxMisfionnaires,
Qu'ilestoitsurprisde
voir quede tant de Gens de déférentes."
Nations qu'il 'PO)'oÍt
dans ses Etats, ils estoientles
seuls qui ne cherchaient point à
trafiquer. Il leur demanda 0
ils prenaient l'argent qu'ilfalloit
qu'ils dépensassent pour leursubsistance
, & pour leurs remedes.
Ils luy répondirent que cet
argent leur venoit des Missions
de France, & des charitez
que plusieurs Particuliers
faisoient pour leur estre
envoyées. Ce Monarque fut
extrêmement surpris de voir
que des Peuples éloignez de
six milleliües,contribuoient
par leurs largesses au soulagement
de ses Sujets, & que
ceux du plusgrãdMonarque
de l'Europe, venoiét de si loin
par un pur motifde pietié, ôc
qu'au lieu que les Peuples
des autres Nations, se donnoient
de la peine pour gagner
par leur trafic, les Fran- tio çois en prenoient pour dépenser,
dans le seul dessein
de travailler à la gloire du
<D Dieu qu'ils adoroient Aprés
cesréflexions,il voulue faire
ouvrir ses Tresors aux Missionnaires
,
mais ils n'accepterent
rien, ce qui tourna
tout à fait à l'avantage de la
Religion, & fut cause que
ce Roy leur fit, bâtir des Eglises,&
qu'après leur avoir.
demandé des desseins) U
voulut qu'ils en donnassent
d'autres, n'ayant pas trouvé
les premiers assez beaux.Il
avoit en ce temps-làunPremier
Ministre qui n'aimoit
pas les Millionnaires mais j
comme ç'eust este mal faire
sa Cour, que de montrer de j
l'aversion pour ceux que son
Í
Maistre honoroitde son estime,
cet adroit Politique leur.
faisoitfort bon accueil, quoy «
qu'il rechcrchast fous main,
toutes les occasions de leur
nuire. Il apprehendoit que
-
quand les Françoisparle- rf
roient parfaitement la Lan-
gue des Siamois,ils ne gouvernaient
l'esprit du Roy
,
ôc
que leur credit ne fist peu à
peu diminuer son autorité.
Ce Ministre n'estoit pas seulement
ambitieux
,
mais il
estoit fort zelé; pour la Religion
du Pays. Ainsiil est aisé
de juger qu'il avoitplus d'une
raison de haïr les Millionnaires.,
Il estmort depuis deux
aîiSjôc si celuy qui luy a succedén'a
pas hérité de ses mesmes
sentimens à l'égard des
François, on ne laisse pas de
connoistre qu'il a des raisons
politiquesquil'obligent à les
*
craindre. Cependant les bontez
du Roy pour les Missionnaires,&
lesEglises&le Seminaire
qu'illeur a fait bâtir,
ont tellement contribué à
l'augmentation de la FoyCatholique,
qu'on a parlé dans;
ce Séminaire,jusques à vingt
trois sortes de Langues dans
un mesme temps, c'est à dire
qu'il y avoit des Personnes
converties d'autat de Nations
disérentes, car il n'y a point
de lieu dans tout l'Orient.,
où il vienne un si grand nombre
d'Etrangers, qu'à Siam.
La Compagnie des Indes 0-
ientalcs voyant les grands
progrés que les Missionnaires
saisoient dans ce Royaume
,
résolu d'y établir un
Comptoir
,
sans le proposer
d'autre avantage de cét établissement,
que celuy de les
assister,& comme on fit
connoitre à nostrepieux
Monarque les bontez du
Roy deSiampourlesSujets,
& que la protectionqu'il
leur donnoit
,
estoit cause
qu'ils faisoienttous les jours
beaucoup deConversions,Sa
Majesté qui n'a point de plus
grand plaisir que de travailler
au salut des ames,voulut.
bien luy en écrire une Lettro
de remerciement; dont M
Deslandes
-
Bourreau, qu
partit dans un Navire de la
Compagnie pour l'établisse.
ment du Comptoir, fut chargé
pour la remettre entre
les mains de Mr l'Evesque
de Beryte
,
VicaireApostolique
de la Cochinchine
qui estoit pour lors à Siam
L'arrivée de cette Lettre fini
du bruit, & le Roy apprit
avec joye que le Grand Roj{
luy écrivoit. C'est le non
qu'il donc au Roy de France
,iu il 0
Cependant cette Lettre demeura
plus de deux mois entre
les mains deMrl'Evesque
deBéryte, sans estre renduë
fau Roy de Siam, & il y eut
de grandes contestations sur
la maniere de la présenter.
Le Premier Ministre vouloit
-que Mr de Béryte parust devant
ce Monarque les pieds
nus,personne ne se mon- trant chauffé devant luy
,
si
¡ ce n'est dans les Ambassades
solemnelles; ce que Mr de
Béryte ayant refusé de faire,
iel garda la Lettre. Le Roy Siam surpris de ce qu'on
diséroit si longtemps à la luy
rendre, en demanda la raiion.
Il l'apprit, & dit, que les
François pouvoientparoistre devant
luy de telle maniere qu'ils
voudraient. Ainsi une simple
Lettre du Roy portée par des
Gens qui n'estoient ny Ambassadeurs,
ny mesme Envoyez,
fut renduë comme
elle lauroit esté dans laplus.
celebre Ambassade. Cette j
Lettrefit augmenter l'estime
que le Roy de Siam avoit
déjà conçûë pour le Roy de:
France, & il résolut de iuvT
envoyer des Ambassadeurs;
avec des Présens tirez de
tour ce qu'onpourroit trouver
de plus riche dans ion
Trésor. J'ay oublié de vous
dire que ce Monarque avoit
ordonné à tous les Européans
de luy donner de
temps en temps des Relations
de tout ce qui se passoit
dans les- Lieuxdépendans
de l'obeïssance de leurs
Souverains,ou de leurs Supérieurs.
Ces Relations estant
faites par divers Particuliers,
chacan tâchoit d'obscurcir
la gloire du Roy de France,
en envelopant la vérité. Le
Roy de Siam n'en témoignoit
rien, & par une prudencemerveilleuse
, lisant
tout, & examinant les choses
, il estoit des années sans
se déclarer là- dessus. Ilvouloit
voir si ce qu'on luy donnoitainsi
de temps en temps
avoit des fuites, & si l'on ne
se contredisoit point. Enfin
il dévelopa les mauvaises intentions
de plusieurs, & connut
que les seuls Missionnaires
luy disoient vray, parce
que les nouvelles qu'ils luy
donnoient d'une année, ê.
toient confirmées par celles
,r ,1"- 1\, J
de l'autre. Leschosesétoienten
cetétat, lors qu'on demanda
au, Roy de Siam la
permissionde tirer duCanon,
& de faire des Feux de joye
pour Mastric repris par le
Prince d'Orange,& pour ladéfaite
de tousles François.
Ce prudent Monarque envoya
chercher les Missionnaires,
&leur demanda quellesnouvelles
ils avoientde Fran,
ce, duSiegedeMastric. On
luy dit qu'onavoirappris par -
une Lettre qui -,. venoit de
Perse, que Mrde Schomberg
avoit forcéle Prince- d'©—
range à lever le Siege; mais
-
que comme cette nouvelle avoit
esté mandée en quatre li- -
gnes feulementau bas d'une
Lettre,il n'avoitpas crûdevoir
la publier avant qu'elle
:
eust esté confirmée. Le Roy
répondit, que c'estoit assez; qu'il
;
estoitseûr de l'avantage que les
Françoisavoientremperté; mais i
que loin d'en vouloirrien temoigner,
sondessein estoitde permeta,
tre les Feuxde joye qu'on luy
avoit demandez.Il avoit sons
but, que vousallez voir. 'ci"
Quelque temps après,
la
nouvelle de la levée du Siege :1
de Mastric ayant esté confirméed'une
maniersqui empeschoit
d'en douter, le Roy
voulut mortifier ceux qui
s'estoient si bien réjoüis., &
leur dit, qu'ils'étonnoit qu'ils
n'eussent pas fait plus souvent
des Feux de jC!JeJ puis que les
derniers qu'ils avoientfaits marquoient,
que leur coûtume efloit
de se réjoüirapres leur défaite;
au lieu que les autres Nations
ne donnoientdepareilles marques
d'allégresse,qu'après leurs viSloL
res. Un pareil discours les
couvrit de confusion, & les
obligead'avoüer qu'ils avoient
reçeu de fausses nouvelles.
Toutes ces choses, ôii
beaucoup d'autres qu'on si~
pour oblcurcir la répatation
&lagloire des armes du Roy,
de France, & dont le temps
decouvrit la vérité, mirent ce~
grandPrince dans une si hau-~
te estime aupres du Roy de:
Siam
,
qu'il fit paroistre une
extrême impatience de luy,
envoyer des Ambassadeurs.
Il vouloit mesme luy envoyer
quelques-uns de ses Vaisseaux,
maison luy fit cOIT--
noistre le risque qu'il y avoit
à craindre pour eux dans riollgi
Mers. Enfin le Vaisseau
nomme le Vautour, a ppartenant
à la CompagnieRoyale
de France,estant arrivé à
Siam, fut choisy pour porter
jusques à Bantam les Ambassadeursque
cepuissantPrince
vouloit envoyer en France.
Il nomma en 1680. pour Chef
de cette Ambassade l'Homme
le plus intelligent de son
Royaume, & qui en cette
qualité avoit esté à la Chine
& au Japon. Il choisit aussi
pour l'accompagner, vingtcinq
Hommes des plus considérables
de ses Etats, avec
de riches Présens pour le
Roy, la Reyne, Monseigneur
le Dauphin, Madame la DauphineMonsieur,&
Madame.
Le Public n'eue aucune connoissance
de laqualité de ces
Présens, parce que c'est une
incivilité inexcusable chez;
les Orientaux de les faire voir:
à qui que ce soit, celuy à quii
on les envoye devant les voir
le premier.On embarquacesa
Présèns trois semaines avant
le depart du Vaisseau qui devoit
les porter; & les Lettresa
que le Roy de Siam écrivoit
au Roy de France, furent enfermées
ferméesdans un Bambu, ou
petit Coffre d'or. Ce Bambu
fut mis au haut de la Poupe,
avec des Flambeaux qui 1eclairerent
toutes les nuits
pendant ces trois semaines;
&. tant que ce Navire demeura
à l'ancre avant [OR
depart, tous les Vaisseaux
quipasserent furentobligez
de plier leurs Voiles, & de
salüer ces Lettres; & les Rameurs
des Galeres, de ramer
debout, & inclinez. Comme
le Papeavoit aussi écrit au
Roy de Siam pour le remercier
de la protection qu'il
donnoit aux Catholiques,&
de la libertédecosciencequ'il
laissoit dans ses Etats,ce Monarque
luy faisoit réponse par
le mesmeVaisseau, & avoic
mis les Lettres qu'il écrivvooiitt
àà Sa SSaaiinntetetétéd, adnanss
un Bambu de Calamba. C'est
un Bois que les Siamois estiment
autant. que l'or
; mais l
le Roy deSiam avoit dit qu'il
le choisissoit
, parce qu'il
faloit de la simplicité dans
toutce qui regardoit les Personnes
quise meslent
dela
Religion. Apres ces éclatantesCérémonies,
& si glorieuses
pour nostre Monarque
,l'Ambassadeur s'et-iï
barquaavec une suite nombreuse,
~&?>int jusques à
Bantan,oùilquita le Vaisseau
qui l'avoit amené,& lemit;
dans le Navire nommé
l- e Soleild'Orienta,appppaarrtetennaann'tt
à la mesme Compagnie des,
Indes, & portant pour son
compte pour plus d'un million
d'Effets
;
de sorte que
cela joint aux Présens que
le Roy de Siam envoyoit en
France,faisoit une tres-riche
charge.Le Vaisseau eftoic
d'ailleurs fort beau, & l'on
peut compter sa pertepour
une perte fort considérable..
Vous lasçavez Se je vous;
en ay souvent parlé. Ce n'est
pas qu'on en ait de nouvelles
assurées; mais depuis quatre
ans qu'il est sorty de Bantan,
il a esté impossible d'enr
rien découvrir, quelques perquisitions
qu'onen ait faites.
Quand cette nouvelle sut
portée à Siam, elle fut longtemps
ignorée du Roy, personne
n'osant luy apprendre
une chose dont on sçavoit
qu'ilauroit untres-sensibles
chagrin,non seulementparco
qu'il voyoit reculer par là
ce qu'iltémoignoit souhaiter
leplus,quiestoit de faire
demander l'amitié du Roy
de France, & qu'ilperdoit
de riches Présens, & des
Hommes d'un grand mérite
; mais encore parce qu'il
avoir fait tirer des choses trcscurieuses
de son Trésor
,
où
il n'en trouveroit plus de semblablcs
pour envoyer une seconde
fois. Tout cela frapa
ce, Prince; mais comme il
sçait prendre beaucoup d'empire
sur luy ,ilrépondit de
fangfroid à ceux qui luy
apprirent cette nouvvcllc><
qu'il faloit envoyer d'autresi
Ambassadeurs,&donna ot--
dre qu'on luypréparast de:
nouveaux Présens. Les choses
demeurèrent quelque
qu'iln'y avoit point de Vaisseau
qui vinst enEurepe,pour
porter. Le desirquele
Roy de Siam avoir d'envoyer •
de les Sujets en France, etoit:
si grand, qu'il résolut d'en,
faire partir sur un petit Bâtiment
Anglais, du port de
quatrevingt tonneaux, nommé
Bâtiment ~inteï!oof. Ces
Bâtimens ne sont point de
la Compagnie d'Angleterre,
& la plupart appartiennent à
des Bourgeois de Londres,,
qui croyent qu'il, leur est
permis de les charger pour
leur compte particulier. Le
peu d'étendüe de ce Batiment
ne fut pas seulement
cause que le Roy de Siam ne
fit partir que des Envoyez,
maislesremontrances de
son premier Ministre y contribuérent
beaucou p. Il luy
représenta qu'on n'avoit pas
encore de nouvelles certaines
de la perte du Vaisseau
iur lequel son Ambassadeur
estoit party de Bantan
, &
que ce seroit une chose embarassante,
si le dernier rencontroit
le premier enFrance.
Ainsi il sur resolu de ne faire
partir que desEnvoyez, qui.
ne seroient chargez que de
trois choses
;
la premiere, de
s'informer de ce qu'estait
devenu le premier Ambassadeur.
la secondé, de prier Mrs
Colbert, de faire connoistre
au Roy deSiamleur Maistre
les moyens les plus courts, &ç
les plus solidespourunir les
deux Couronnes d'une amitié
inviolable; &enfin,pour fe-*
liciter nostre Monarque sur
l'heureuse naissance de Monseigneur
le Duc de Bourgogne.
Le Roy de Siam voulut
que ces deux Envoyez fussent
choisisparmy les Officiers
de sa Maison, & qu'ils fussent
du nombre de ceux qui
ne payent point de Taille;
car il y a de laNoblesse dans
le Royaume de Siam, comme
en Europe, & cette Noblesse
est exempte de certains
Droits qu'on y paye au
Roy. Ce Prince voulut aussi
que les deux Envoyez qu'il
choisiroit, n'eussent point
esté châtiez, parce que le
Roy les fait tous punir pour
la moindrefaute qu'ils commettent
, ce qui n'est pas un
obstacle pour les empescher
de rentrer au service comme
auparavant. Ces deux Envoyez
ayantesté nommez
par le Roy, & ce Prince prenant
grande confiance aux
Millionnaires qui sont dans
ses Etats,ilpria Mrl'Evesque
de Metellopolis, de joindre
à ces deuxOfficiers un
Missionnaire, pour les accompagner
dans ce Voyage;
1
& comme il faloit un Homme
intelligent, actif, & propre
à souffrir les fatigues d'un
si long Voyage ,M de Metellopolis
choisitMrVachet,
ancien Millionnaire de la Cochinchine
, & cui depuis
- quatorze ans travaille au salut
desAmes en cesPaïs-là.
Le Roy de Siam ayant sçû
qu'il avoit esténommé,demanda
à l'entretenir, & le
retint huit jours à Lavau,
MaisondeCampagne où il
va souvent. Il lefit traiter
pendant ces huit jours, &
on luy servit à chaque Repas
quarante ou cinquante
Plats, chargez de tout ce
qu'il y avoit de plus exquis
dans le Païs. Mr Vachet eut
une fort longue audiencede
ce Prince, qui luy recommanda
d'avoir foin de ses
Envoyez, & de raporter en
France la verité de ce qu'il
voyoit de sa Cour, & de ses
Etats, sans exiger de luyaucune
autre chosesur cet Article.
Ensuite il luy fitune
prière, qui marque l'esprit
de ce Monarque, &: avec
combien de gloire il soûtient
sa. dignité. Illuy dit, Que
ittmrmses Envoyéz emportoient
des Présens pour les Ministres
de France, &qu'ils partoient
dans un BâtimentAnglais,ils
iroientdroit à Londres
, onapparemment
la Doüanne voudroit
voir ce que contenoient les Balots,
&se fairepayerses droits;
&c'estoit ce que ce Monarque
appréhendoit, non seulement
parce qu'il croyoit
qu'illuy estoit honteux que
ce qui luy appartenoit payast
quelques droits, mais encore
parce qu'il vouloit que
ceux à qui il envoyoit des
Présens, les vissent les premiers.
Pour remédier àcet
embarras, il chargea MrVachet
de prier de sa part l'A mbassadeur
de France ,qu'il
trouveroit à Londres, defaire
en sorteque ce qu'il envoyoic
aux Ministres de Sa Majesté,
ne payast point de Doüanne
en Angleterre,ce quifut ponctuellement
exécuté, Sa Majesté
Britannique ayant obligeamment
donnésesordres
pour empescher qu'on
; ne
prist rien à ses Doüannes des
Balots de ces Envoyez. Le
Roy de Siam dit, encore a"
MrVachet,lors queceMisfionnaire
le quita, Qu'ilprioit
le Dieu du Ciel de luy fairefaire
bon Voyage,& qu'illuyapprendroit
des choses à son retour,
dont il feroit surpris & ravy.
Il luy fit ensuite donner un
Habit longdeSatin;&c'est
celuy que ce Missionnaire a
porté dans les Audiences que
ces Envoyez onteües. Iln'y
a point de ressorts, que les
Nations établies à Siam, &
qui ne sçauroient cacher le
chagrin & la jalousie que
leur donne la grandeur du
Roy, n'ayent fait joüer,
pourempescher ces Envoyez
devenir en France. Commes
ilsfontchargez d'achetericy
beaucoup dechoses, ces Jaloux
ont offert au Roy des
Siam, de luy porter jusqu'en
son Royaume tout ce qu'il
pouvoit desirer d'Europe, ôcz
mesme de luyen faire présent;
mais vous jugez biem
que ce Monarque, du caractere
dont je vous l'ay peint,
n'étoit pas assezintéresse pour
accepter de telles propositions.
Aussi les a-t'il rejettées
y
tout ce qu'il cherches
n'estant que l'amitié du Roy
dont il se faitune gloire, uni
bonheur, & un plaisir. Ces
Envoyez partirent de Londres
,
dans un Bâtiment du
Roy d'Angleterre nommé
laCharlote, que ce Prince
leur donna pour passer à Calais,
oùje les laisse afin de
vous donnerlemois prochain
un Journal qui ne regardequela
France,&que
je commenceray par leur débarquement
à Calais. J'ay
sceu tout ce que je vous mande
,
de si bonne part,que je
-puis vous assurer que je ne
dis rien qui ne soit entierement
conforme à la verité;
Ii.
& si cette Relation a quelquechosededéfectueux
, ce
ne peut estre que pourquelques
endroits transposez,
dont jen'aypas assezbienretenu
l'ordre.
curiosité dans une de mes
Lettres, touchant la Religion
& les Coûtumes des
Habitans du Royaume de
Siam
,
& vous avoir parlé
dans la suivante de l'Audience
donnée par Mrle Marquis
de Seignelay aux Envoyez
du Prince qui le gouverne,
je dois vous apprendre tout
ce qui s'est passé à l'égard de
ces mesmes Envoyez, depuis
qu'ils sont à Paris. Mais
avant que d'entrerdans ce
détail
,
j'en ay un autre fort
curieux à vous faire, qui
vous plaira d'autant plus,
qu'il vous fera connoistre
de quelle maniéré a pris
naissance la hauteestime
que le Roy de Siam a
conceuë pour Sa Majesté.
Les Millionnaires qui n'ont
que le seul Salut des Ames
pour but dans toutes les peines
qu'ils se donnent, s'étant
établisàSiam,ilsygagnerent
en peu de temps
l'affection de tous les Peuples.
L'employ de ces Ames
toutes charitables
,
n'étoit,
& n'est encore aujourd'huy,
que de faire du bien.
Comme en partant de France
ils s'estoient munis de
quantité de Remedes, &
qu'ils avoient avec eux Medecins,
Chirurgiens & Apoticaires
,ils soulageoient les
Malades, jusque-là mesmes
qu'ils avoient des Hommes
qui avec des Paniers pleins
de ces Remedes
,
alloient
dans toutes les Ruës de
Siam
,
criant que tous ceux
qui avoient quelques maux,
de quelque nature qu'ilspus-
fent estre
,
n'avoient qu'à les
faire entrer chez eux, &:
qu'ilslessoulageroient sans
prendre d'argent.En effet,
bienloind'en exiger des Mab
lades,ils en donnoient fort
souventà ceux qui leur paroissoient
en avoir besoin, &
tâchoient de les consoler
dans leurs misères. Des
maniérés siobligeantes,&si
desintéresséesgarnerens
bien-tostl'esprit des Peuples,
& servirent beaucoup à l'accroissement
de la Religion
Catholique.Le Roy deSiam
en ayant elleinftruit,8c ne
pouvant qu'àpeine lecroire
, voulut sçavoir à fonds
quiestoientceux dont ses
Sujets recevoient de si
grandssoulagemens.Ce Mo*
nàaarqrugeu. eaaccoommmmeennccee aa rree..¡-"
gner dés l'âge de huit ans,&
en a presèntementenviron
cinquante. C'estun Prince
qui voit, & quientend tout,
& quiexamine long-temps,
&meurementles choses,
avant quede porterson jugementcomme
vous le
connoirtre z par la fuice de
cet Article. Il ditauxMisfionnaires,
Qu'ilestoitsurprisde
voir quede tant de Gens de déférentes."
Nations qu'il 'PO)'oÍt
dans ses Etats, ils estoientles
seuls qui ne cherchaient point à
trafiquer. Il leur demanda 0
ils prenaient l'argent qu'ilfalloit
qu'ils dépensassent pour leursubsistance
, & pour leurs remedes.
Ils luy répondirent que cet
argent leur venoit des Missions
de France, & des charitez
que plusieurs Particuliers
faisoient pour leur estre
envoyées. Ce Monarque fut
extrêmement surpris de voir
que des Peuples éloignez de
six milleliües,contribuoient
par leurs largesses au soulagement
de ses Sujets, & que
ceux du plusgrãdMonarque
de l'Europe, venoiét de si loin
par un pur motifde pietié, ôc
qu'au lieu que les Peuples
des autres Nations, se donnoient
de la peine pour gagner
par leur trafic, les Fran- tio çois en prenoient pour dépenser,
dans le seul dessein
de travailler à la gloire du
<D Dieu qu'ils adoroient Aprés
cesréflexions,il voulue faire
ouvrir ses Tresors aux Missionnaires
,
mais ils n'accepterent
rien, ce qui tourna
tout à fait à l'avantage de la
Religion, & fut cause que
ce Roy leur fit, bâtir des Eglises,&
qu'après leur avoir.
demandé des desseins) U
voulut qu'ils en donnassent
d'autres, n'ayant pas trouvé
les premiers assez beaux.Il
avoit en ce temps-làunPremier
Ministre qui n'aimoit
pas les Millionnaires mais j
comme ç'eust este mal faire
sa Cour, que de montrer de j
l'aversion pour ceux que son
Í
Maistre honoroitde son estime,
cet adroit Politique leur.
faisoitfort bon accueil, quoy «
qu'il rechcrchast fous main,
toutes les occasions de leur
nuire. Il apprehendoit que
-
quand les Françoisparle- rf
roient parfaitement la Lan-
gue des Siamois,ils ne gouvernaient
l'esprit du Roy
,
ôc
que leur credit ne fist peu à
peu diminuer son autorité.
Ce Ministre n'estoit pas seulement
ambitieux
,
mais il
estoit fort zelé; pour la Religion
du Pays. Ainsiil est aisé
de juger qu'il avoitplus d'une
raison de haïr les Millionnaires.,
Il estmort depuis deux
aîiSjôc si celuy qui luy a succedén'a
pas hérité de ses mesmes
sentimens à l'égard des
François, on ne laisse pas de
connoistre qu'il a des raisons
politiquesquil'obligent à les
*
craindre. Cependant les bontez
du Roy pour les Missionnaires,&
lesEglises&le Seminaire
qu'illeur a fait bâtir,
ont tellement contribué à
l'augmentation de la FoyCatholique,
qu'on a parlé dans;
ce Séminaire,jusques à vingt
trois sortes de Langues dans
un mesme temps, c'est à dire
qu'il y avoit des Personnes
converties d'autat de Nations
disérentes, car il n'y a point
de lieu dans tout l'Orient.,
où il vienne un si grand nombre
d'Etrangers, qu'à Siam.
La Compagnie des Indes 0-
ientalcs voyant les grands
progrés que les Missionnaires
saisoient dans ce Royaume
,
résolu d'y établir un
Comptoir
,
sans le proposer
d'autre avantage de cét établissement,
que celuy de les
assister,& comme on fit
connoitre à nostrepieux
Monarque les bontez du
Roy deSiampourlesSujets,
& que la protectionqu'il
leur donnoit
,
estoit cause
qu'ils faisoienttous les jours
beaucoup deConversions,Sa
Majesté qui n'a point de plus
grand plaisir que de travailler
au salut des ames,voulut.
bien luy en écrire une Lettro
de remerciement; dont M
Deslandes
-
Bourreau, qu
partit dans un Navire de la
Compagnie pour l'établisse.
ment du Comptoir, fut chargé
pour la remettre entre
les mains de Mr l'Evesque
de Beryte
,
VicaireApostolique
de la Cochinchine
qui estoit pour lors à Siam
L'arrivée de cette Lettre fini
du bruit, & le Roy apprit
avec joye que le Grand Roj{
luy écrivoit. C'est le non
qu'il donc au Roy de France
,iu il 0
Cependant cette Lettre demeura
plus de deux mois entre
les mains deMrl'Evesque
deBéryte, sans estre renduë
fau Roy de Siam, & il y eut
de grandes contestations sur
la maniere de la présenter.
Le Premier Ministre vouloit
-que Mr de Béryte parust devant
ce Monarque les pieds
nus,personne ne se mon- trant chauffé devant luy
,
si
¡ ce n'est dans les Ambassades
solemnelles; ce que Mr de
Béryte ayant refusé de faire,
iel garda la Lettre. Le Roy Siam surpris de ce qu'on
diséroit si longtemps à la luy
rendre, en demanda la raiion.
Il l'apprit, & dit, que les
François pouvoientparoistre devant
luy de telle maniere qu'ils
voudraient. Ainsi une simple
Lettre du Roy portée par des
Gens qui n'estoient ny Ambassadeurs,
ny mesme Envoyez,
fut renduë comme
elle lauroit esté dans laplus.
celebre Ambassade. Cette j
Lettrefit augmenter l'estime
que le Roy de Siam avoit
déjà conçûë pour le Roy de:
France, & il résolut de iuvT
envoyer des Ambassadeurs;
avec des Présens tirez de
tour ce qu'onpourroit trouver
de plus riche dans ion
Trésor. J'ay oublié de vous
dire que ce Monarque avoit
ordonné à tous les Européans
de luy donner de
temps en temps des Relations
de tout ce qui se passoit
dans les- Lieuxdépendans
de l'obeïssance de leurs
Souverains,ou de leurs Supérieurs.
Ces Relations estant
faites par divers Particuliers,
chacan tâchoit d'obscurcir
la gloire du Roy de France,
en envelopant la vérité. Le
Roy de Siam n'en témoignoit
rien, & par une prudencemerveilleuse
, lisant
tout, & examinant les choses
, il estoit des années sans
se déclarer là- dessus. Ilvouloit
voir si ce qu'on luy donnoitainsi
de temps en temps
avoit des fuites, & si l'on ne
se contredisoit point. Enfin
il dévelopa les mauvaises intentions
de plusieurs, & connut
que les seuls Missionnaires
luy disoient vray, parce
que les nouvelles qu'ils luy
donnoient d'une année, ê.
toient confirmées par celles
,r ,1"- 1\, J
de l'autre. Leschosesétoienten
cetétat, lors qu'on demanda
au, Roy de Siam la
permissionde tirer duCanon,
& de faire des Feux de joye
pour Mastric repris par le
Prince d'Orange,& pour ladéfaite
de tousles François.
Ce prudent Monarque envoya
chercher les Missionnaires,
&leur demanda quellesnouvelles
ils avoientde Fran,
ce, duSiegedeMastric. On
luy dit qu'onavoirappris par -
une Lettre qui -,. venoit de
Perse, que Mrde Schomberg
avoit forcéle Prince- d'©—
range à lever le Siege; mais
-
que comme cette nouvelle avoit
esté mandée en quatre li- -
gnes feulementau bas d'une
Lettre,il n'avoitpas crûdevoir
la publier avant qu'elle
:
eust esté confirmée. Le Roy
répondit, que c'estoit assez; qu'il
;
estoitseûr de l'avantage que les
Françoisavoientremperté; mais i
que loin d'en vouloirrien temoigner,
sondessein estoitde permeta,
tre les Feuxde joye qu'on luy
avoit demandez.Il avoit sons
but, que vousallez voir. 'ci"
Quelque temps après,
la
nouvelle de la levée du Siege :1
de Mastric ayant esté confirméed'une
maniersqui empeschoit
d'en douter, le Roy
voulut mortifier ceux qui
s'estoient si bien réjoüis., &
leur dit, qu'ils'étonnoit qu'ils
n'eussent pas fait plus souvent
des Feux de jC!JeJ puis que les
derniers qu'ils avoientfaits marquoient,
que leur coûtume efloit
de se réjoüirapres leur défaite;
au lieu que les autres Nations
ne donnoientdepareilles marques
d'allégresse,qu'après leurs viSloL
res. Un pareil discours les
couvrit de confusion, & les
obligead'avoüer qu'ils avoient
reçeu de fausses nouvelles.
Toutes ces choses, ôii
beaucoup d'autres qu'on si~
pour oblcurcir la répatation
&lagloire des armes du Roy,
de France, & dont le temps
decouvrit la vérité, mirent ce~
grandPrince dans une si hau-~
te estime aupres du Roy de:
Siam
,
qu'il fit paroistre une
extrême impatience de luy,
envoyer des Ambassadeurs.
Il vouloit mesme luy envoyer
quelques-uns de ses Vaisseaux,
maison luy fit cOIT--
noistre le risque qu'il y avoit
à craindre pour eux dans riollgi
Mers. Enfin le Vaisseau
nomme le Vautour, a ppartenant
à la CompagnieRoyale
de France,estant arrivé à
Siam, fut choisy pour porter
jusques à Bantam les Ambassadeursque
cepuissantPrince
vouloit envoyer en France.
Il nomma en 1680. pour Chef
de cette Ambassade l'Homme
le plus intelligent de son
Royaume, & qui en cette
qualité avoit esté à la Chine
& au Japon. Il choisit aussi
pour l'accompagner, vingtcinq
Hommes des plus considérables
de ses Etats, avec
de riches Présens pour le
Roy, la Reyne, Monseigneur
le Dauphin, Madame la DauphineMonsieur,&
Madame.
Le Public n'eue aucune connoissance
de laqualité de ces
Présens, parce que c'est une
incivilité inexcusable chez;
les Orientaux de les faire voir:
à qui que ce soit, celuy à quii
on les envoye devant les voir
le premier.On embarquacesa
Présèns trois semaines avant
le depart du Vaisseau qui devoit
les porter; & les Lettresa
que le Roy de Siam écrivoit
au Roy de France, furent enfermées
ferméesdans un Bambu, ou
petit Coffre d'or. Ce Bambu
fut mis au haut de la Poupe,
avec des Flambeaux qui 1eclairerent
toutes les nuits
pendant ces trois semaines;
&. tant que ce Navire demeura
à l'ancre avant [OR
depart, tous les Vaisseaux
quipasserent furentobligez
de plier leurs Voiles, & de
salüer ces Lettres; & les Rameurs
des Galeres, de ramer
debout, & inclinez. Comme
le Papeavoit aussi écrit au
Roy de Siam pour le remercier
de la protection qu'il
donnoit aux Catholiques,&
de la libertédecosciencequ'il
laissoit dans ses Etats,ce Monarque
luy faisoit réponse par
le mesmeVaisseau, & avoic
mis les Lettres qu'il écrivvooiitt
àà Sa SSaaiinntetetétéd, adnanss
un Bambu de Calamba. C'est
un Bois que les Siamois estiment
autant. que l'or
; mais l
le Roy deSiam avoit dit qu'il
le choisissoit
, parce qu'il
faloit de la simplicité dans
toutce qui regardoit les Personnes
quise meslent
dela
Religion. Apres ces éclatantesCérémonies,
& si glorieuses
pour nostre Monarque
,l'Ambassadeur s'et-iï
barquaavec une suite nombreuse,
~&?>int jusques à
Bantan,oùilquita le Vaisseau
qui l'avoit amené,& lemit;
dans le Navire nommé
l- e Soleild'Orienta,appppaarrtetennaann'tt
à la mesme Compagnie des,
Indes, & portant pour son
compte pour plus d'un million
d'Effets
;
de sorte que
cela joint aux Présens que
le Roy de Siam envoyoit en
France,faisoit une tres-riche
charge.Le Vaisseau eftoic
d'ailleurs fort beau, & l'on
peut compter sa pertepour
une perte fort considérable..
Vous lasçavez Se je vous;
en ay souvent parlé. Ce n'est
pas qu'on en ait de nouvelles
assurées; mais depuis quatre
ans qu'il est sorty de Bantan,
il a esté impossible d'enr
rien découvrir, quelques perquisitions
qu'onen ait faites.
Quand cette nouvelle sut
portée à Siam, elle fut longtemps
ignorée du Roy, personne
n'osant luy apprendre
une chose dont on sçavoit
qu'ilauroit untres-sensibles
chagrin,non seulementparco
qu'il voyoit reculer par là
ce qu'iltémoignoit souhaiter
leplus,quiestoit de faire
demander l'amitié du Roy
de France, & qu'ilperdoit
de riches Présens, & des
Hommes d'un grand mérite
; mais encore parce qu'il
avoir fait tirer des choses trcscurieuses
de son Trésor
,
où
il n'en trouveroit plus de semblablcs
pour envoyer une seconde
fois. Tout cela frapa
ce, Prince; mais comme il
sçait prendre beaucoup d'empire
sur luy ,ilrépondit de
fangfroid à ceux qui luy
apprirent cette nouvvcllc><
qu'il faloit envoyer d'autresi
Ambassadeurs,&donna ot--
dre qu'on luypréparast de:
nouveaux Présens. Les choses
demeurèrent quelque
qu'iln'y avoit point de Vaisseau
qui vinst enEurepe,pour
porter. Le desirquele
Roy de Siam avoir d'envoyer •
de les Sujets en France, etoit:
si grand, qu'il résolut d'en,
faire partir sur un petit Bâtiment
Anglais, du port de
quatrevingt tonneaux, nommé
Bâtiment ~inteï!oof. Ces
Bâtimens ne sont point de
la Compagnie d'Angleterre,
& la plupart appartiennent à
des Bourgeois de Londres,,
qui croyent qu'il, leur est
permis de les charger pour
leur compte particulier. Le
peu d'étendüe de ce Batiment
ne fut pas seulement
cause que le Roy de Siam ne
fit partir que des Envoyez,
maislesremontrances de
son premier Ministre y contribuérent
beaucou p. Il luy
représenta qu'on n'avoit pas
encore de nouvelles certaines
de la perte du Vaisseau
iur lequel son Ambassadeur
estoit party de Bantan
, &
que ce seroit une chose embarassante,
si le dernier rencontroit
le premier enFrance.
Ainsi il sur resolu de ne faire
partir que desEnvoyez, qui.
ne seroient chargez que de
trois choses
;
la premiere, de
s'informer de ce qu'estait
devenu le premier Ambassadeur.
la secondé, de prier Mrs
Colbert, de faire connoistre
au Roy deSiamleur Maistre
les moyens les plus courts, &ç
les plus solidespourunir les
deux Couronnes d'une amitié
inviolable; &enfin,pour fe-*
liciter nostre Monarque sur
l'heureuse naissance de Monseigneur
le Duc de Bourgogne.
Le Roy de Siam voulut
que ces deux Envoyez fussent
choisisparmy les Officiers
de sa Maison, & qu'ils fussent
du nombre de ceux qui
ne payent point de Taille;
car il y a de laNoblesse dans
le Royaume de Siam, comme
en Europe, & cette Noblesse
est exempte de certains
Droits qu'on y paye au
Roy. Ce Prince voulut aussi
que les deux Envoyez qu'il
choisiroit, n'eussent point
esté châtiez, parce que le
Roy les fait tous punir pour
la moindrefaute qu'ils commettent
, ce qui n'est pas un
obstacle pour les empescher
de rentrer au service comme
auparavant. Ces deux Envoyez
ayantesté nommez
par le Roy, & ce Prince prenant
grande confiance aux
Millionnaires qui sont dans
ses Etats,ilpria Mrl'Evesque
de Metellopolis, de joindre
à ces deuxOfficiers un
Missionnaire, pour les accompagner
dans ce Voyage;
1
& comme il faloit un Homme
intelligent, actif, & propre
à souffrir les fatigues d'un
si long Voyage ,M de Metellopolis
choisitMrVachet,
ancien Millionnaire de la Cochinchine
, & cui depuis
- quatorze ans travaille au salut
desAmes en cesPaïs-là.
Le Roy de Siam ayant sçû
qu'il avoit esténommé,demanda
à l'entretenir, & le
retint huit jours à Lavau,
MaisondeCampagne où il
va souvent. Il lefit traiter
pendant ces huit jours, &
on luy servit à chaque Repas
quarante ou cinquante
Plats, chargez de tout ce
qu'il y avoit de plus exquis
dans le Païs. Mr Vachet eut
une fort longue audiencede
ce Prince, qui luy recommanda
d'avoir foin de ses
Envoyez, & de raporter en
France la verité de ce qu'il
voyoit de sa Cour, & de ses
Etats, sans exiger de luyaucune
autre chosesur cet Article.
Ensuite il luy fitune
prière, qui marque l'esprit
de ce Monarque, &: avec
combien de gloire il soûtient
sa. dignité. Illuy dit, Que
ittmrmses Envoyéz emportoient
des Présens pour les Ministres
de France, &qu'ils partoient
dans un BâtimentAnglais,ils
iroientdroit à Londres
, onapparemment
la Doüanne voudroit
voir ce que contenoient les Balots,
&se fairepayerses droits;
&c'estoit ce que ce Monarque
appréhendoit, non seulement
parce qu'il croyoit
qu'illuy estoit honteux que
ce qui luy appartenoit payast
quelques droits, mais encore
parce qu'il vouloit que
ceux à qui il envoyoit des
Présens, les vissent les premiers.
Pour remédier àcet
embarras, il chargea MrVachet
de prier de sa part l'A mbassadeur
de France ,qu'il
trouveroit à Londres, defaire
en sorteque ce qu'il envoyoic
aux Ministres de Sa Majesté,
ne payast point de Doüanne
en Angleterre,ce quifut ponctuellement
exécuté, Sa Majesté
Britannique ayant obligeamment
donnésesordres
pour empescher qu'on
; ne
prist rien à ses Doüannes des
Balots de ces Envoyez. Le
Roy de Siam dit, encore a"
MrVachet,lors queceMisfionnaire
le quita, Qu'ilprioit
le Dieu du Ciel de luy fairefaire
bon Voyage,& qu'illuyapprendroit
des choses à son retour,
dont il feroit surpris & ravy.
Il luy fit ensuite donner un
Habit longdeSatin;&c'est
celuy que ce Missionnaire a
porté dans les Audiences que
ces Envoyez onteües. Iln'y
a point de ressorts, que les
Nations établies à Siam, &
qui ne sçauroient cacher le
chagrin & la jalousie que
leur donne la grandeur du
Roy, n'ayent fait joüer,
pourempescher ces Envoyez
devenir en France. Commes
ilsfontchargez d'achetericy
beaucoup dechoses, ces Jaloux
ont offert au Roy des
Siam, de luy porter jusqu'en
son Royaume tout ce qu'il
pouvoit desirer d'Europe, ôcz
mesme de luyen faire présent;
mais vous jugez biem
que ce Monarque, du caractere
dont je vous l'ay peint,
n'étoit pas assezintéresse pour
accepter de telles propositions.
Aussi les a-t'il rejettées
y
tout ce qu'il cherches
n'estant que l'amitié du Roy
dont il se faitune gloire, uni
bonheur, & un plaisir. Ces
Envoyez partirent de Londres
,
dans un Bâtiment du
Roy d'Angleterre nommé
laCharlote, que ce Prince
leur donna pour passer à Calais,
oùje les laisse afin de
vous donnerlemois prochain
un Journal qui ne regardequela
France,&que
je commenceray par leur débarquement
à Calais. J'ay
sceu tout ce que je vous mande
,
de si bonne part,que je
-puis vous assurer que je ne
dis rien qui ne soit entierement
conforme à la verité;
Ii.
& si cette Relation a quelquechosededéfectueux
, ce
ne peut estre que pourquelques
endroits transposez,
dont jen'aypas assezbienretenu
l'ordre.
Fermer
Résumé : Suite de l'Article de Siam, [titre d'après la table]
Le texte décrit les interactions entre les missionnaires français, appelés Millionnaires, et le roi de Siam. Ces missionnaires, établis au Siam, ont gagné la faveur des habitants en distribuant des remèdes et en soignant les malades sans demander de paiement, ce qui a favorisé l'expansion de la religion catholique dans le royaume. Le roi de Siam, intrigué par ces missionnaires, a découvert qu'ils étaient financés par des missions en France et des donations de particuliers. Impressionné par cette générosité, il a développé une haute estime pour le roi de France. Cependant, la perte d'un vaisseau chargé de présents pour le roi de France a contrarié le roi de Siam. Malgré cet incident, il a décidé d'envoyer de nouveaux envoyés à Paris à bord d'un petit bâtiment anglais. Ces envoyés, choisis parmi les officiers de la maison royale et exempts de certaines taxes, avaient pour missions de s'informer du sort du premier ambassadeur, de solliciter des moyens pour renforcer l'amitié entre les deux couronnes, et de féliciter le roi de France pour la naissance du Duc de Bourgogne. Le roi de Siam a également demandé à un missionnaire, M. Vachet, de les accompagner et de rapporter fidèlement ses observations sur la cour et les États français. Pour éviter que les présents destinés aux ministres français ne soient taxés en Angleterre, le roi de Siam a pris des mesures appropriées et a fourni à M. Vachet un habit de satin pour les audiences. Malgré les tentatives de sabotage par des nations jalouses, les envoyés ont finalement quitté Londres à bord d'un vaisseau anglais pour se rendre à Calais.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
23
p. 12-13
SUR L'HERESIE aux abois.
Début :
Le Héros qui remplit l'Univers de terreur, [...]
Mots clefs :
Héros, Univers, Hérésie, Huguenots, Impiété , Chrétiens
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUR L'HERESIE aux abois.
SUR L'HERESIE
aux abois.
L
E Héros qui remplit l'Univers
de terreur ,
A rendu l'Heréfic , & rampante, &
foumife;
Ses Armes, que le Ciel en tous lieux
authorife ,
Ont de l'impieté reprimé la fureur.
Parmy les Huguenots, ceux que Dieu
favorife
Regardent aujourd'huy leur Schifme
avec horreur ;
Et déteffant tout haut leur miférable
erreur ;
s'empreffent pour rentrer au giron
de l'Eglife.
GALANT . 13
Ce Triomphe déja fait trembler les
Enfers.
Ah! pour tout ces Chrétiens dout
vous brifez les fers.
Grand Roy , que de Lauriers , que de
Palmes font preftes !
La Pieté qui met la Victoire en vos
mains,
Va ravir au Démon fes funeftes
conquestes ,
Et rendre de nouveau le falut aux
Humains.
aux abois.
L
E Héros qui remplit l'Univers
de terreur ,
A rendu l'Heréfic , & rampante, &
foumife;
Ses Armes, que le Ciel en tous lieux
authorife ,
Ont de l'impieté reprimé la fureur.
Parmy les Huguenots, ceux que Dieu
favorife
Regardent aujourd'huy leur Schifme
avec horreur ;
Et déteffant tout haut leur miférable
erreur ;
s'empreffent pour rentrer au giron
de l'Eglife.
GALANT . 13
Ce Triomphe déja fait trembler les
Enfers.
Ah! pour tout ces Chrétiens dout
vous brifez les fers.
Grand Roy , que de Lauriers , que de
Palmes font preftes !
La Pieté qui met la Victoire en vos
mains,
Va ravir au Démon fes funeftes
conquestes ,
Et rendre de nouveau le falut aux
Humains.
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Résumé : SUR L'HERESIE aux abois.
Le texte relate la victoire des forces religieuses légitimes contre l'hérésie. Un héros, autorisé par le Ciel, a réprimé l'impieté. Les Huguenots favorables à Dieu rejettent désormais leur schisme. Le roi, par sa piété, obtient la victoire et libère les chrétiens. Sa piété est la source de son triomphe.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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24
p. 13-15
SUR LES EDITS contre les Prétendus Reformez.
Début :
Sur cent Peuples liguez esperer la Victoire. [...]
Mots clefs :
Peuple, Victoire, Louis, Héros, Église, Hérésie, Prétendus réformés
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texteReconnaissance textuelle : SUR LES EDITS contre les Prétendus Reformez.
SUR LES EDITS
contre les Prétendus
Reformez .
Ur cent Peuples ligue efperer
La Victoire ,
50%
Et n'avoir que fon bras &fon coeur
pour garanti
14
MERCURE
Seul les vaincre en effet , ce qu'on a
peine à croire ,
Et par tout s'eriger en parfait Conquerant.
C'est du vaillant LOVIS la furprenante
Histoire,
A qui tout l'Univers donne le nom
de GRAND ;
C'eft LOVIS en un mot ,fifameux
par fa gloire,
Qu'entre tous les Heros Il tient le
premier rang.
Cependant, comme il eft Fils aîné de
iEglife,
Ilveut que fa grandeur luyfoit toûjours
foumife ,
Et que tousfes Sujets foient unis fous
fa Loy.
Deftruire l'Heréfie infolente & rebelle.
GALANT.
15
C'est l'unique Triomphe où prétend
ce grand Roy ,
Quel autre peut donner une gloire
plusbelle'?
contre les Prétendus
Reformez .
Ur cent Peuples ligue efperer
La Victoire ,
50%
Et n'avoir que fon bras &fon coeur
pour garanti
14
MERCURE
Seul les vaincre en effet , ce qu'on a
peine à croire ,
Et par tout s'eriger en parfait Conquerant.
C'est du vaillant LOVIS la furprenante
Histoire,
A qui tout l'Univers donne le nom
de GRAND ;
C'eft LOVIS en un mot ,fifameux
par fa gloire,
Qu'entre tous les Heros Il tient le
premier rang.
Cependant, comme il eft Fils aîné de
iEglife,
Ilveut que fa grandeur luyfoit toûjours
foumife ,
Et que tousfes Sujets foient unis fous
fa Loy.
Deftruire l'Heréfie infolente & rebelle.
GALANT.
15
C'est l'unique Triomphe où prétend
ce grand Roy ,
Quel autre peut donner une gloire
plusbelle'?
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Résumé : SUR LES EDITS contre les Prétendus Reformez.
Le texte célèbre Louis XIV, surnommé le 'Grand', pour sa victoire contre les prétendus réformés. Il le décrit comme un conquérant parfait et le plus grand des héros, reconnu mondialement. Louis XIV souhaite soumettre sa grandeur à la foi et unir ses sujets sous sa loi. Son objectif principal est de détruire l'hérésie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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25
p. 40-50
A L'AUTHEUR DU MERCURE GALANT, PREMIERE LETTRE Sur la Conversion de Mr Vignes, Ministre de Grenoble. A Grenoble ce 9. Decembre 1684.
Début :
Monsieur, Je viens d'apprendre que Monsieur Vignes, qui a [...]
Mots clefs :
Religion prétendue réformée, Croyance, Ennemis, Ministres, Conversion, Concile, Église, Honneur, Dogme, Salut, Prêcher, Erreur, Albigeois, Temple, Brebis égarée, Apôtres, Évangile, Cérémonies
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texteReconnaissance textuelle : A L'AUTHEUR DU MERCURE GALANT, PREMIERE LETTRE Sur la Conversion de Mr Vignes, Ministre de Grenoble. A Grenoble ce 9. Decembre 1684.
Apres vous avoir parlé fore
amplement dans deux de mes
Lettres , des avantages que les
Vénitiens ont remporté fur les
Turcs cette derniere Campagne,
38
MERCURE
je vous envoye le Plan de Sainte
Maure , & de Prévefa , qui font
les deux principales Places que
leurs Armes ont foûmiſes . Vous
levez d'autant plus eftimer ce
Plan , que je l'ay reçû d'un illuftre
Commandeur de Malte , qui
l'a fait dreffer fur les Lieux mêmes
. Ainfi il eft tres- fidelle ,
ayant efté gravé fur un Original,
& non fur ces Deffeins , qui à
force de paffer de main en main ,
& d'eftre copiez par diférentes
Perfonnes, font presque toûjours
défectueux . Si je vous l'envoye
un peu tard ,fongez que ces fortes
de chofes , fur tout quand elles
viennent de loin , ne peuvent
eftre données dans le même
temps qu'on en donne le détail ;
& mefme je mefouviens de vous
en avoir envoyé quelquefois
apres une annéeentiere. J'ay acGALANT.
39
coûtumé de faire graver les Jettons
nouveaux dans ce mois . le
les remets cependant jufqu'au
mois prochain , afin d'avoir plus
de temps à m'informer des Deviles.
Je vous promis la derniere fois ,
de vous entretenir de la Converfion
de Monfieur Alexandre Vignes
, fameux Miniftre de la Religion
Prétenduë Reformée de la
Ville de Grenoble . Ie ne puis
mieux m'acquiter de ma promeffe
, qu'en vous envoyant deux
Lettres qu'on m'a fait l'honneur
de m'adreffer fur ce fujet . Ie les
ay reçues imprimées; & on ne les
auroit pas rendues publiques.
dans le Lieu meſme où cet ancien
& fçavant Miniftre a fait Abjuration
, fielles contenoient autre
choſe que des veritez. Le Parlement
& la Chambre des Comp40
MERCURE
tes , qui ont affifté en Corps à
cette Cerémonie , en font une
particularité fort remarquable.
amplement dans deux de mes
Lettres , des avantages que les
Vénitiens ont remporté fur les
Turcs cette derniere Campagne,
38
MERCURE
je vous envoye le Plan de Sainte
Maure , & de Prévefa , qui font
les deux principales Places que
leurs Armes ont foûmiſes . Vous
levez d'autant plus eftimer ce
Plan , que je l'ay reçû d'un illuftre
Commandeur de Malte , qui
l'a fait dreffer fur les Lieux mêmes
. Ainfi il eft tres- fidelle ,
ayant efté gravé fur un Original,
& non fur ces Deffeins , qui à
force de paffer de main en main ,
& d'eftre copiez par diférentes
Perfonnes, font presque toûjours
défectueux . Si je vous l'envoye
un peu tard ,fongez que ces fortes
de chofes , fur tout quand elles
viennent de loin , ne peuvent
eftre données dans le même
temps qu'on en donne le détail ;
& mefme je mefouviens de vous
en avoir envoyé quelquefois
apres une annéeentiere. J'ay acGALANT.
39
coûtumé de faire graver les Jettons
nouveaux dans ce mois . le
les remets cependant jufqu'au
mois prochain , afin d'avoir plus
de temps à m'informer des Deviles.
Je vous promis la derniere fois ,
de vous entretenir de la Converfion
de Monfieur Alexandre Vignes
, fameux Miniftre de la Religion
Prétenduë Reformée de la
Ville de Grenoble . Ie ne puis
mieux m'acquiter de ma promeffe
, qu'en vous envoyant deux
Lettres qu'on m'a fait l'honneur
de m'adreffer fur ce fujet . Ie les
ay reçues imprimées; & on ne les
auroit pas rendues publiques.
dans le Lieu meſme où cet ancien
& fçavant Miniftre a fait Abjuration
, fielles contenoient autre
choſe que des veritez. Le Parlement
& la Chambre des Comp40
MERCURE
tes , qui ont affifté en Corps à
cette Cerémonie , en font une
particularité fort remarquable.
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Résumé : A L'AUTHEUR DU MERCURE GALANT, PREMIERE LETTRE Sur la Conversion de Mr Vignes, Ministre de Grenoble. A Grenoble ce 9. Decembre 1684.
L'auteur d'une lettre relate les succès militaires des Vénitiens contre les Turcs lors d'une récente campagne. Il envoie des plans des places fortes de Sainte-Maure et de Préveza, conquises par les Vénitiens, dessinés sur place par un illustre commandeur de Malte, garantissant ainsi leur fidélité. L'auteur explique que les plans peuvent être envoyés avec retard en raison des délais de transmission des informations. Il mentionne également qu'il a l'habitude de graver les nouveaux jetons dans un certain mois, mais qu'il les retarde jusqu'au mois suivant pour obtenir plus de détails. Enfin, l'auteur promet de traiter la conversion d'Alexandre Vignes, un célèbre ministre de la religion réformée à Grenoble. Il envoie deux lettres imprimées sur ce sujet, contenant des vérités et rendues publiques avec l'appui du Parlement et de la Chambre des Comptes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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26
p. 50-60
SECONDE LETTRE. Sur l'Abjuration de Mr Vignes. De Grenoble ce 20. Decembre 1684.
Début :
Monsieur, Ma Lettre du 9 de ce mois vous à [...]
Mots clefs :
Religion, Église, Évêque, Convertis, Prédication, Abjuration, Religion prétendue réformée
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SECONDE LETTRE. Sur l'Abjuration de Mr Vignes. De Grenoble ce 20. Decembre 1684.
SECONDE LETTRE.
Sur l'Abjuration de Mr Vignes.
De Grenoble ce 20. Decembre 1684.
M ONSIEUR ,
9.
Ma Lettre du de ce mois vous
à dû apprendre
la retraite de Monfieur
Vignes, cy- devant Miniftre
de
la Religion
Prétendue
Reformée
de
cette Ville , pour fe bien preparer
à
fon Abjuration
qu'il devoit faire ,
Dimanche
dernier , & qui a esté
faite avec toutes les folemnitez
que
meritoit une fi belle Action.
Vous Scaure done qu'apres Vefpres,
& environ fur les trois heures,
ilferendit à l'Eglife Cathédrale de
GALANT.
SI
t
Notre- Dame , avec le Pere Lamy
Preftre de l'Oratoire , dont la grande
erudition vous doit eftre connuë
par les Ouvrages qu'illa donnez au
Public, & qui par des Converfations
Sçavantes & Spirituelles a beaucoup
contribué à faire revenir Monfieur
Vignes de fes erreurs. Eftans entrez
dans l'Eglife , ils prirent place au
milieu de la Nef, vis- à- vis de la
Chaire où Monfieur l'Evefque devoitprefcher.
Iamais cette Eglife n'a efté remplie
de tant de monde ; & bien
qu'elle foit grande & vafte , neantmoins
outre tous les endroits qui
pouvoient eftre occupez , les Tribunes
, les Chapelles , les Corniches
même, & les piliers , furent d'abord
fi remplis , qu'à midy il n'y eut ancuneplace
vuide , & quelques Portes
affez éloignées , pour ne pouvoir de
Ca
52
4
MERCURE
là oüir le Prédicateur , ne laifferent
pas d'avoir fi grande quantité de.
monde , qu'on ne pût plus y entrer à.
l'heure que je viens de dire ; tellement
que dans une grande Place qui
fert de Cimetiere , & dans les Ruës
voifines . les plus paresseux furent
obligez de s'arrefter , & y referent
jufques à la fin de la Cerémonie
quelque froid rigoureux qu'il fit
alors .
Monfieur l'Evefque monta en
Chaire environ à trois heures & fit
une Prédication qui ne furprit pas,
parce qu'il n'en fait jamais que
de belles & de bonnes , mais qui
charma tous fes Auditeurs par le
prix de la matiere , par l'elegance
du difcours , par la maniere de le
debiter , & par l'application au
fujet de la Converfion de Monfieur
Vignes.
Il commença par la Miffion de
GALANT. $ 3
Saint Tean- Baptifte , fit voir la déference
qu'il eut aux ordres du Ciel
qu'il exécutoit fon humilité à ne
point recevoir des bonneurs qui
n'eftoient deubs qu'à celuy dont il
eftoit le Précurseur , & à ne point
accepter le titre de Meffie qu'on
vouloit luy donner. De là il paffa
aux veritables Miffions des Evêques
des Pasteurs , prouva que dans
l'Eglife Catholique il n'y en avoit
point qui ne fuft dérivée des Apôtres
, rapporta pour exemple la fienne
, & celles des Evefques fes Predeceffeurs
jufques à Domnin , lequel
affifta au Concile d'Aquilée l'an 381 .
qui tenoit la fienne , & fon Ordination
, de l'Evefque de Vienne, & celuy
cy des Apoftres , par
le moyen
de S.Crefcent, premier Prélat de cette
Ville , qui avoit efté Difciples des
Apoftres, & qui mefme felon le raport
d'Adon en fa Chronique ,y avoit
C 3
54 MERCURE
efté laiffe par S. Paul paſſant par
cette Province pour aller en Efpagne.
Qu'il n'en eftoit pas de mesme
de celle des Miniftres , qui ne l'avoient
reçûë que de ceux qui leur
avoient prefché à la naissance de
leur Religion , qui bien loin d'eftre
envoyez par de veritables Paſteurs ,
ne l'estoient que par des Moines dé
froquez , par des Prévaricateurs, &
par des Débauchez ,fans ordre &
Jans approbation.Il s'étendit enfuite
fur quelques autres points de Controverfe
qu'il démela parfaitement
bien ,fit l'éloge de noftre illuftre Converty
, exhorta ceux de la Religion
Prétendue Reformée à suivre Som
exemple, & les Catholiques à perfeverer
, donna cette louange à fon
Diocefe qu'il estoit moins corrompu
que lors qu'il y arriva , & qu'ily
reconnoiffoit des changemens avantageux
à la gloire de Dieu , fit cora
GALANT. 55
noiftre le zele de noftre augufte Momarque
pour éteindre l'Hérefie dans
fon Royaume , & finit par les moyens
de bien fe convertir. Apres fa Prédication
, où affifterent le Parlement
& la Chambre des Comptes en Corps,
il paffa dans le Choeur de l'Eglife reveftu
de fes Habits Pontificaux , &
precedé de fon Chapitre qui l'eftoit
de la Croix, & qui chantoit le Veni
Creator. Il alla la Croffe en main
au Lieu d'où Monfieur Vignes avoit
oiy fa Prédication , & là il reçeut
fon Abjuration que ce fage Converty
fit avec une prefence d'efprit , &
une conftance admirable ; apres laquelle
le Chapitre reprit fon chemin
vers le Grand Autel. Monfieur l'Evefque
y conduifit toûjours par la
main Monfieur Vignes , & y eftant
arrive , il luy donna le Sacrement
de Confirmation , en la ceremonie
duquel Monfieur de Saint André ,
C 4
56 MERCURE
Premier Prefident au Parlement , &
Madame la Comteffe de Clermont ,
furent le Parrain & la Marraine.
Cette Solemnité finie , on chanta le
Te Deum , & on donna la Benediction
du Saint Sacrement ; puis
Monfieur l' Evefque , les Chanoines,
les Preftres , & tous les Cleres , embrafferent
noftre nouveau Converty.
Son illuftre Parrain en fit autant.
On vit répandre des yeux de plufieurs
Perfonnes des larmes de joyez
Monfieur le Duc Makarin , &
Monfieur le Prince de Vvirtemberg,
qui s'y trouverent , en furent fort
édifiek
•
Il n'en eftoit pas arrivé de même
au Temple le lendemain de fa
retraite, qui efloit un Dimanche, car
Les Pfeaumes y furent chantez fi
lamentablement , qu'on connut bien
que ces pauvres Dévoyez avoient le
coeur trifte par l'eloignement de leur
GALANT.
57
le
Pasteur , qu'ils aimoient & eftimoient
fi parfaitement , qu'ils ne
l'appelloient point autrement que
bon Ifraëlite . Le Steur Railly leur
fecond Miniftre , tâcha de les appaifer
par le Difcours qu'il fit fort
éloquemment , fur ce qu'on devoit
fe confoler des pertes qu'on faifoit ;
& bien qu'il n'appliquaft ouvertement
fur la Converfion de Monfieur
Vignes , on vit bien que fa perte les
devoit toucher , & qu'il s'efforçoit
de les en confoler.
Dimanche dernier fon Texte fut
fort diferents car comme les Prétendus
Reformez veulent eftre perfuadez
que Monfieur Vignes a eu des
intérefts temporels pourfe convertir,
il déclama fort contre l'avarice. Il
n'est calomnie , il n'eft outrage , it'
n'eft invective dont les Prétendus
Reformez de cette Ville ne chargent
nostre celebre Converty. Leurs in
CS
58
MERCURE
ce que
juftes reffentimens leur font oublier
que pendant vingt ans ils n'ont
parlé de luy qu'avec éloge , & luy
ont toûjours donné les loüanges qu'il
méritoit . C'est une pauvre vangeancelle
des injures ; mais elle a
esté de tous les Siecles parmy les Heretiques
, & on a toujours veu que
manquant de bonnes raifons , ils fe
font retranche à vouloir perdre de
réputation ceux qui ont connu leurs
erreurs , & qui les ont quittez. Ils
ne vont jamais aux veritables motifs
des Converfions , ils les veulent
ignorer , pour cacher le regret qu'ils
ont de perdre leurs plus honneftes
Gens ; mais tout ce qu'ils difent contr'eux
, n'eft pas capable de diminuer
leur gloire ; & tant d'illuftres
Convertis quiviennent à nous ſiſouvent
, prennent un chemin qui leur
promet non feulement celle du Ciel ,
mais encore toute celle qu'ils peu
GALANT.
59
vent raisonnablement efperer en ce
monde.
le vous envoyeray bientoft une
Lettre que Monfieur Vignes écrit
aux Prétendus Reformez. Elle contiendra
les preuves des veritez de la
Religion Catholique , tirées de leurs
propres Principes. Il donnera auſſi
un Livre qui prouvera ces mefmes
veritez par l'Ecriture , interpretée
par les Peres des quatre premiers
Siecles , & par les Principes des
Protestans, Ainfi le Public appren
dra de la main mefme de ce nouveau
Converty , des motifs plus juftes
de fa Converfion, que ceux qui luy
font attribuez par fes Ennemis .
Te fuis pourtant perfuadé que tous
les Pretendus Reforme de cette Ville
ne le font pas car il y en a tant
qui ont de l'honneur , dufçavoir, &
de la vertu , que difficilement pourront
- ils luy refufer la justice qu'ils
C 6
60
MERCURE
lay doivent , apres l'avoir eftimé
comme il le merite . Ie fuis voftre ,
&c.
ALLARD , Ancien Préfident
en l'Election de Grenoble.
Sur l'Abjuration de Mr Vignes.
De Grenoble ce 20. Decembre 1684.
M ONSIEUR ,
9.
Ma Lettre du de ce mois vous
à dû apprendre
la retraite de Monfieur
Vignes, cy- devant Miniftre
de
la Religion
Prétendue
Reformée
de
cette Ville , pour fe bien preparer
à
fon Abjuration
qu'il devoit faire ,
Dimanche
dernier , & qui a esté
faite avec toutes les folemnitez
que
meritoit une fi belle Action.
Vous Scaure done qu'apres Vefpres,
& environ fur les trois heures,
ilferendit à l'Eglife Cathédrale de
GALANT.
SI
t
Notre- Dame , avec le Pere Lamy
Preftre de l'Oratoire , dont la grande
erudition vous doit eftre connuë
par les Ouvrages qu'illa donnez au
Public, & qui par des Converfations
Sçavantes & Spirituelles a beaucoup
contribué à faire revenir Monfieur
Vignes de fes erreurs. Eftans entrez
dans l'Eglife , ils prirent place au
milieu de la Nef, vis- à- vis de la
Chaire où Monfieur l'Evefque devoitprefcher.
Iamais cette Eglife n'a efté remplie
de tant de monde ; & bien
qu'elle foit grande & vafte , neantmoins
outre tous les endroits qui
pouvoient eftre occupez , les Tribunes
, les Chapelles , les Corniches
même, & les piliers , furent d'abord
fi remplis , qu'à midy il n'y eut ancuneplace
vuide , & quelques Portes
affez éloignées , pour ne pouvoir de
Ca
52
4
MERCURE
là oüir le Prédicateur , ne laifferent
pas d'avoir fi grande quantité de.
monde , qu'on ne pût plus y entrer à.
l'heure que je viens de dire ; tellement
que dans une grande Place qui
fert de Cimetiere , & dans les Ruës
voifines . les plus paresseux furent
obligez de s'arrefter , & y referent
jufques à la fin de la Cerémonie
quelque froid rigoureux qu'il fit
alors .
Monfieur l'Evefque monta en
Chaire environ à trois heures & fit
une Prédication qui ne furprit pas,
parce qu'il n'en fait jamais que
de belles & de bonnes , mais qui
charma tous fes Auditeurs par le
prix de la matiere , par l'elegance
du difcours , par la maniere de le
debiter , & par l'application au
fujet de la Converfion de Monfieur
Vignes.
Il commença par la Miffion de
GALANT. $ 3
Saint Tean- Baptifte , fit voir la déference
qu'il eut aux ordres du Ciel
qu'il exécutoit fon humilité à ne
point recevoir des bonneurs qui
n'eftoient deubs qu'à celuy dont il
eftoit le Précurseur , & à ne point
accepter le titre de Meffie qu'on
vouloit luy donner. De là il paffa
aux veritables Miffions des Evêques
des Pasteurs , prouva que dans
l'Eglife Catholique il n'y en avoit
point qui ne fuft dérivée des Apôtres
, rapporta pour exemple la fienne
, & celles des Evefques fes Predeceffeurs
jufques à Domnin , lequel
affifta au Concile d'Aquilée l'an 381 .
qui tenoit la fienne , & fon Ordination
, de l'Evefque de Vienne, & celuy
cy des Apoftres , par
le moyen
de S.Crefcent, premier Prélat de cette
Ville , qui avoit efté Difciples des
Apoftres, & qui mefme felon le raport
d'Adon en fa Chronique ,y avoit
C 3
54 MERCURE
efté laiffe par S. Paul paſſant par
cette Province pour aller en Efpagne.
Qu'il n'en eftoit pas de mesme
de celle des Miniftres , qui ne l'avoient
reçûë que de ceux qui leur
avoient prefché à la naissance de
leur Religion , qui bien loin d'eftre
envoyez par de veritables Paſteurs ,
ne l'estoient que par des Moines dé
froquez , par des Prévaricateurs, &
par des Débauchez ,fans ordre &
Jans approbation.Il s'étendit enfuite
fur quelques autres points de Controverfe
qu'il démela parfaitement
bien ,fit l'éloge de noftre illuftre Converty
, exhorta ceux de la Religion
Prétendue Reformée à suivre Som
exemple, & les Catholiques à perfeverer
, donna cette louange à fon
Diocefe qu'il estoit moins corrompu
que lors qu'il y arriva , & qu'ily
reconnoiffoit des changemens avantageux
à la gloire de Dieu , fit cora
GALANT. 55
noiftre le zele de noftre augufte Momarque
pour éteindre l'Hérefie dans
fon Royaume , & finit par les moyens
de bien fe convertir. Apres fa Prédication
, où affifterent le Parlement
& la Chambre des Comptes en Corps,
il paffa dans le Choeur de l'Eglife reveftu
de fes Habits Pontificaux , &
precedé de fon Chapitre qui l'eftoit
de la Croix, & qui chantoit le Veni
Creator. Il alla la Croffe en main
au Lieu d'où Monfieur Vignes avoit
oiy fa Prédication , & là il reçeut
fon Abjuration que ce fage Converty
fit avec une prefence d'efprit , &
une conftance admirable ; apres laquelle
le Chapitre reprit fon chemin
vers le Grand Autel. Monfieur l'Evefque
y conduifit toûjours par la
main Monfieur Vignes , & y eftant
arrive , il luy donna le Sacrement
de Confirmation , en la ceremonie
duquel Monfieur de Saint André ,
C 4
56 MERCURE
Premier Prefident au Parlement , &
Madame la Comteffe de Clermont ,
furent le Parrain & la Marraine.
Cette Solemnité finie , on chanta le
Te Deum , & on donna la Benediction
du Saint Sacrement ; puis
Monfieur l' Evefque , les Chanoines,
les Preftres , & tous les Cleres , embrafferent
noftre nouveau Converty.
Son illuftre Parrain en fit autant.
On vit répandre des yeux de plufieurs
Perfonnes des larmes de joyez
Monfieur le Duc Makarin , &
Monfieur le Prince de Vvirtemberg,
qui s'y trouverent , en furent fort
édifiek
•
Il n'en eftoit pas arrivé de même
au Temple le lendemain de fa
retraite, qui efloit un Dimanche, car
Les Pfeaumes y furent chantez fi
lamentablement , qu'on connut bien
que ces pauvres Dévoyez avoient le
coeur trifte par l'eloignement de leur
GALANT.
57
le
Pasteur , qu'ils aimoient & eftimoient
fi parfaitement , qu'ils ne
l'appelloient point autrement que
bon Ifraëlite . Le Steur Railly leur
fecond Miniftre , tâcha de les appaifer
par le Difcours qu'il fit fort
éloquemment , fur ce qu'on devoit
fe confoler des pertes qu'on faifoit ;
& bien qu'il n'appliquaft ouvertement
fur la Converfion de Monfieur
Vignes , on vit bien que fa perte les
devoit toucher , & qu'il s'efforçoit
de les en confoler.
Dimanche dernier fon Texte fut
fort diferents car comme les Prétendus
Reformez veulent eftre perfuadez
que Monfieur Vignes a eu des
intérefts temporels pourfe convertir,
il déclama fort contre l'avarice. Il
n'est calomnie , il n'eft outrage , it'
n'eft invective dont les Prétendus
Reformez de cette Ville ne chargent
nostre celebre Converty. Leurs in
CS
58
MERCURE
ce que
juftes reffentimens leur font oublier
que pendant vingt ans ils n'ont
parlé de luy qu'avec éloge , & luy
ont toûjours donné les loüanges qu'il
méritoit . C'est une pauvre vangeancelle
des injures ; mais elle a
esté de tous les Siecles parmy les Heretiques
, & on a toujours veu que
manquant de bonnes raifons , ils fe
font retranche à vouloir perdre de
réputation ceux qui ont connu leurs
erreurs , & qui les ont quittez. Ils
ne vont jamais aux veritables motifs
des Converfions , ils les veulent
ignorer , pour cacher le regret qu'ils
ont de perdre leurs plus honneftes
Gens ; mais tout ce qu'ils difent contr'eux
, n'eft pas capable de diminuer
leur gloire ; & tant d'illuftres
Convertis quiviennent à nous ſiſouvent
, prennent un chemin qui leur
promet non feulement celle du Ciel ,
mais encore toute celle qu'ils peu
GALANT.
59
vent raisonnablement efperer en ce
monde.
le vous envoyeray bientoft une
Lettre que Monfieur Vignes écrit
aux Prétendus Reformez. Elle contiendra
les preuves des veritez de la
Religion Catholique , tirées de leurs
propres Principes. Il donnera auſſi
un Livre qui prouvera ces mefmes
veritez par l'Ecriture , interpretée
par les Peres des quatre premiers
Siecles , & par les Principes des
Protestans, Ainfi le Public appren
dra de la main mefme de ce nouveau
Converty , des motifs plus juftes
de fa Converfion, que ceux qui luy
font attribuez par fes Ennemis .
Te fuis pourtant perfuadé que tous
les Pretendus Reforme de cette Ville
ne le font pas car il y en a tant
qui ont de l'honneur , dufçavoir, &
de la vertu , que difficilement pourront
- ils luy refufer la justice qu'ils
C 6
60
MERCURE
lay doivent , apres l'avoir eftimé
comme il le merite . Ie fuis voftre ,
&c.
ALLARD , Ancien Préfident
en l'Election de Grenoble.
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Résumé : SECONDE LETTRE. Sur l'Abjuration de Mr Vignes. De Grenoble ce 20. Decembre 1684.
Le 20 décembre 1684, une lettre de Grenoble rapporte l'abjuration de Monsieur Vignes, ancien ministre de la Religion Prétendue Réformée, qui a eu lieu le dimanche précédent. Vignes s'était préparé à cette abjuration en se retirant. La cérémonie s'est déroulée dans la cathédrale Notre-Dame de Grenoble, en présence d'une grande foule. Monsieur l'Évêque a prononcé un sermon sur la mission de Saint Jean-Baptiste, soulignant son humilité et sa déférence. Il a ensuite comparé les missions des évêques catholiques à celles des ministres protestants, critiquant ces derniers pour leur manque de légitimité apostolique. Après le sermon, Vignes a fait son abjuration avec une grande présence d'esprit et de confiance. Il a ensuite reçu le sacrement de confirmation, avec Monsieur de Saint-André et Madame la Comtesse de Clermont comme parrain et marraine. La cérémonie s'est conclue par le chant du Te Deum et des embrassades. Le lendemain, au temple, les psaumes ont été chantés lamentablement, reflétant la tristesse des réformés face à la perte de leur pasteur. Le ministre Railly a tenté de les réconforter, mais sans succès. Les réformés de Grenoble ont accusé Vignes de s'être converti par intérêt temporel, oubliant les éloges qu'ils lui avaient autrefois adressés. La lettre mentionne également l'envoi prochain d'une lettre et d'un livre écrits par Vignes, contenant des preuves des vérités de la religion catholique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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27
p. 73-74
Benedictions d'Abbesses, [titre d'après la table]
Début :
Le Lundy 8. de ce mois, Dame Marie Madeleine Urbine [...]
Mots clefs :
Abbesse, Bénédiction
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texteReconnaissance textuelle : Benedictions d'Abbesses, [titre d'après la table]
Le Lundy-8 . de ce mois , Dame
Marie Madeleine Urbine
Theréfe d'Ally , Soeur de Monfieur
le Duc de Chaunes , apres
avoir efté trente ans Coadjutrice
de l'Abbaïe aux Bois , y fut benite
en qualité d'Abbeffe par
Monfieur l'Archevefque de Paris.
Elle eftoit aſſiſtée de Madame
de Chaunes , Abbeffe de
Poiffy , fa Socur , & de Mada-
Janvier 1685.
D
74 MERCURE
me l'Abbeffe de Beaumont les
Tours. Quantité de perfonnes
d'une qualité diftinguée , & entre
autres plufieurs Prelats , fe
trouverent à cette Ceremonie .
Madame l'Abbeffe du Port
Royal de Paris eft morte depuis
quelque temps . Elle eftoit dela
Maifon de Perdreau de Maillé en
Anjou , & en grande eftime pour,
fa vertu & fa pieté . Madame de
Harlay de Chanvallon , Abbeffe
de la Virginité au Dioceſe du
Mans , a efté nommée pour luy
fucceder. C'eft une Dame d'un
mérite fingulier , & tres- digue
Soeur de Monfieur l'Archevel
que de Paris . Je croy vous dire
beaucoup par ce peu de mots ,
n'y ayant aucun éloge qui ne foit
dû à ce grand Prélat .
Marie Madeleine Urbine
Theréfe d'Ally , Soeur de Monfieur
le Duc de Chaunes , apres
avoir efté trente ans Coadjutrice
de l'Abbaïe aux Bois , y fut benite
en qualité d'Abbeffe par
Monfieur l'Archevefque de Paris.
Elle eftoit aſſiſtée de Madame
de Chaunes , Abbeffe de
Poiffy , fa Socur , & de Mada-
Janvier 1685.
D
74 MERCURE
me l'Abbeffe de Beaumont les
Tours. Quantité de perfonnes
d'une qualité diftinguée , & entre
autres plufieurs Prelats , fe
trouverent à cette Ceremonie .
Madame l'Abbeffe du Port
Royal de Paris eft morte depuis
quelque temps . Elle eftoit dela
Maifon de Perdreau de Maillé en
Anjou , & en grande eftime pour,
fa vertu & fa pieté . Madame de
Harlay de Chanvallon , Abbeffe
de la Virginité au Dioceſe du
Mans , a efté nommée pour luy
fucceder. C'eft une Dame d'un
mérite fingulier , & tres- digue
Soeur de Monfieur l'Archevel
que de Paris . Je croy vous dire
beaucoup par ce peu de mots ,
n'y ayant aucun éloge qui ne foit
dû à ce grand Prélat .
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Résumé : Benedictions d'Abbesses, [titre d'après la table]
Le 8 janvier 1685, Dame Marie Madeleine Urbine Théréfe d'Ally, sœur du Duc de Chaunes, fut bénite abbesse de l'Abbaye aux Bois après avoir été coadjutrice pendant trente ans. La cérémonie fut dirigée par l'Archevêque de Paris et en présence de Madame de Chaunes, abbesse de Poissy, et de Madame l'Abbesse de Beaumont-les-Tours. Plusieurs prélats et personnes de qualité y assistèrent. Par ailleurs, Madame l'Abbesse du Port Royal de Paris, membre de la maison de Perdreau de Maillé en Anjou, est récemment décédée. Elle était respectée pour sa vertu et sa piété. Madame de Harlay de Chanvallon a été nommée pour lui succéder en tant qu'abbesse de la Virginité au Diocèse du Mans. Elle est reconnue pour son mérite singulier et est la sœur de l'Archevêque de Paris.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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28
p. 74-76
Benédiction de la Chapelle du Seminaire des Irlandois. [titre d'après la table]
Début :
En vous parlant de Benediction & d'Abbaïe, je ne dois pas oublier [...]
Mots clefs :
Abbé, Chapelle, Séminaire, Prêtre, Cérémonie
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texteReconnaissance textuelle : Benédiction de la Chapelle du Seminaire des Irlandois. [titre d'après la table]
En vous parlant de Benediction
& d'Abbaïe , je ne dois
GALAN T. 7.5
pas oublier à vous dire , que le
Dimanche 31. de l'autre mois
Monfieur l'Abbé Cheron , Chanoine
de l'Eglife de Paris , &
Official de Monfieur l'Archevefque
,
fit par fon ordre la Bene →
diction de la Chappelle du Séminaire
des Preftres Irlandois , Ruë
des Vignes , Fauxbourg faint
Marceau. La Benédiction eftant
faite , ce même Abbé celebra
la Meffe , affifté de Monfieur Fils
Patrick , Abbé de Leix , Supérieur
de ce Seminaire , & de tous
les Preftres qui le compofent. Il
y eut un fort grand concours de
Peuple. Monfieur le Duc de Richelieu
, & Monfieur le marquis
de Chandenier , furent prefens
àcette Ceremonie, auffi bien que
Meffieurs les Prefidens de meſmes
& de Bailleul , & autres Perſonnes
de rang. Le Roy voulant
23
D 2
76 MERCURE
donner retraite à tant de pauvres
Preftres & Ecoliers que la
Religión Catholique oblige à fortir
d'Angleterre , d'Ecoffe & d'Irlande
, établit ce Seminaire
en 1672 .
& d'Abbaïe , je ne dois
GALAN T. 7.5
pas oublier à vous dire , que le
Dimanche 31. de l'autre mois
Monfieur l'Abbé Cheron , Chanoine
de l'Eglife de Paris , &
Official de Monfieur l'Archevefque
,
fit par fon ordre la Bene →
diction de la Chappelle du Séminaire
des Preftres Irlandois , Ruë
des Vignes , Fauxbourg faint
Marceau. La Benédiction eftant
faite , ce même Abbé celebra
la Meffe , affifté de Monfieur Fils
Patrick , Abbé de Leix , Supérieur
de ce Seminaire , & de tous
les Preftres qui le compofent. Il
y eut un fort grand concours de
Peuple. Monfieur le Duc de Richelieu
, & Monfieur le marquis
de Chandenier , furent prefens
àcette Ceremonie, auffi bien que
Meffieurs les Prefidens de meſmes
& de Bailleul , & autres Perſonnes
de rang. Le Roy voulant
23
D 2
76 MERCURE
donner retraite à tant de pauvres
Preftres & Ecoliers que la
Religión Catholique oblige à fortir
d'Angleterre , d'Ecoffe & d'Irlande
, établit ce Seminaire
en 1672 .
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Résumé : Benédiction de la Chapelle du Seminaire des Irlandois. [titre d'après la table]
Le 31 du mois précédent, la chapelle du Séminaire des Prêtres Irlandois a été bénie par l'Abbé Cheron. L'Abbé Patrick et les prêtres du séminaire ont assisté à la messe. Le Duc de Richelieu et d'autres personnalités étaient présents. Le roi avait fondé ce séminaire en 1672 pour accueillir les catholiques d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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29
p. 146-147
Sermon de Monsieur l'Abbé Fléchier, [titre d'après la table]
Début :
Le Mercredy 17. de ce mois, jour de la Feste de S. Antoine, [...]
Mots clefs :
Saint-Antoine, Fête, Église, Chanoines, Auditoire, Abbé Fléchier, Solitude, Sermon
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texteReconnaissance textuelle : Sermon de Monsieur l'Abbé Fléchier, [titre d'après la table]
Le Mercredy 17. de ce mois,
jour de la Fete de S. Antoine,
Monfieur l'Abbé Fléchier , Aumônier
ordinaire de Madame la
Dauphine , prononça l'Eloge de
GALANT.
147
ce Saint , dans l'Eglife des Reli--
gieux de S. Antoine , Chanoines
Réguliers de Saint Auguftin . Il
s'aquitta de cette action avec un
fi grand fuccés , que fon Auditoire
composé d'un Monde choisi
de tout Paris , en fortit charmé,
& tomba d'accord que la folitude
ne pouvoit eftre louée avec
plus de pieté , de force & d'éloquence.
Il yy eeuutt Mufique &
Symphonie dont on fut fort
fatisfait.
jour de la Fete de S. Antoine,
Monfieur l'Abbé Fléchier , Aumônier
ordinaire de Madame la
Dauphine , prononça l'Eloge de
GALANT.
147
ce Saint , dans l'Eglife des Reli--
gieux de S. Antoine , Chanoines
Réguliers de Saint Auguftin . Il
s'aquitta de cette action avec un
fi grand fuccés , que fon Auditoire
composé d'un Monde choisi
de tout Paris , en fortit charmé,
& tomba d'accord que la folitude
ne pouvoit eftre louée avec
plus de pieté , de force & d'éloquence.
Il yy eeuutt Mufique &
Symphonie dont on fut fort
fatisfait.
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Résumé : Sermon de Monsieur l'Abbé Fléchier, [titre d'après la table]
Le 17 du mois, jour de la fête de Saint Antoine, l'abbé Fléchier a prononcé l'éloge de Saint Antoine à l'église des Religieux de Saint Antoine. Son discours a été acclamé pour sa piété, sa force et son éloquence. La cérémonie a également inclus de la musique appréciée par l'auditoire parisien.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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30
p. 157-168
Abjurations, [titre d'après la table]
Début :
Si l'Abjuration de Monsieur Vignes, Ministre de Grenoble, a fait [...]
Mots clefs :
Abjuration, Monsieur Vignes, Seigneur, Noblesse, Dauphiné, Religion prétendue réformée, Roi de Navarre, Maison d'Arbaud, Charges, Église catholique, Archevêque, Duc de Noailles, Honnêteté, Conversation, Pasteur, Erreur, Compliments
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texteReconnaissance textuelle : Abjurations, [titre d'après la table]
Si l'Abjuration de Monfieur
Vignes , Miniftre de Grenoble,
a fait grand bruit dans le Dauphiné
, celle de Monfieur d'Ar
baud , Seigneur de Blanfac, originaire
d'Arles , n'en a pas moins
fait dans le Languedoc . Ce Gentilhomme
, qui eft d'une fort ancienne
Nobleffe , demeuroit à
Nifmes , à caufe qui faifoit profeffion
de la Religion Pretenduë
Réformée. Ses Prédeceffeurs qui
faifoient la mefme Profeffion , s'y
êtoient êtablis depuis cent ans.
Son Ayeul , né Catholique, avoit
changé de Religion , par l'engagement
qu'il avoit pris dans le
party du Roy de Navarre, qui fut
depois Roy de France , fous le
nom de Henry IV. Il fut honoré
par ce Monarque , de belles
& importantes Commiffions
, &
le fuivit en plufieurs Exploits.
158
MERCURE
Comme cette Maifon , fort confiderée
dans Arles , auffi bien
qu'en Languedoc , avoit toûjours
eû un zele ardent pour tout ce
qui regardoit le culte de Dieu ,
elle avoit laiffé des marques de
fa pieté dans les Eglifes fur les
Autels . Ainfi fes Armes paroiffoient
encore en beaucoup d'endroits
, jufque fur des Croix de
Marbre expofées en public , &
par des fondations de Chapelles ,
conftrutions de Tombeaux de
Marbre , & autres fondations
dans l'Eglife Cathedrale , & chez
les Dominicains. Ces objets qui
frapérent ce Gentilhomme dans
fajeuneffe , furent en quelque
maniére effacez par le fois,
qu'apportérent fes Parens & les
Miniftres de Nifmes , à le fortifier
dans les erreurs de Calvin . Il
étoit alors feul de fa maiſon , ayam
1
GALANT.
159
perdu un Frere aîné , mort au Service
du Roy en Italie , Capitaine
dans le Regiment de montpefat.
Il aimoit les belles Lettres , &
avoit acquis la plupart des Connoiffances
qui font recherchées
par les Perfonnes d'efprit . Cela
fut caufe que Meffieurs de l'Académie
Royale d'Arles , jetterent
les yeux fur luy , pour l'affocier
dans leur Compagnie . Cet engagement
ne fut pas un petit
motif, pour luy faire reprendre
les premiéres impreffions , qui
Juy avoient donné qulque penchant
pour l'Eglife Catholique ,
qui étoit la Religion de fes anceftres
& celle de quantité de
Parens qu'il avoit , & qu'il a encore
, parmy lefquels il y a des
Commandeurs de Malte , comme
il y a eû parmy fes Prédeceffeurs
plufieurs Evefques, & autres
160 MERCURE
que
Perſonnes reveftuës de Charges
confidérables dans Arles , telle
celle de Premiers Conful.
On compre dans cette Maiſon
jufqu'à quatre Confulats . On
peut joindre à tout cela le commerce
de devoir & d'honnefteté
qu'il avoit avec Monfieur
l'Archevefque d'Arles . Ce fçavant
Prélat , qui a toûjours efté
fi fidelle à fon Prince , & à la Religion
Catholique , ne perdoit
pas les occafions de l'exhorter à
ouvrir les yeux à la verité , & il
le faifoit d'une manière fi Apoftolique,&
fi remplie de douceur,
que Monfieur d'Arbaud a depuis
avoüé que fes follicitations , accompagnées
de fa pieté & de fon
exemple , avoient fort contribué
à le retirer de fes erreurs. Il eftoit
dans ces favorables difpofitions ,
lors qu'il alla à Montpellier auffiGALANT.
161
bien
que les autres Gentilshommes
du Languedoc , rendre fes
devoirs à Monfieur le Duc de
Noailles qui avoit eſté nommé
par le Roy pour commander en
Chef dans cette Province . Ce
Duc à qui l'on apprit la Religion
dont il eftoit , luy fit beaucoup
de careffes , & le pria de penfer
ferieufement au peril où l'avoit
mis le malheur de fa naiffance .
Cette entrevue fe paffa en complimens
; & lors que Monfieur
d'Arbaud prenoit congé de Mr
le Duc de Noailles , Monfieur
l'Evefque de Mirepoix qui eftoit
dans la Chambre avec plufieurs
autres Prélats , trouva moyen
d'engager avec luy une converfation
qui dura trois heures. Monfieur
le Comte du Roure , Monfieur
le Vicomte de Polignac ,
Monfieur le Comte de Luffan , &c
160
MERCURE
autres Perſonnes de qualité , y
affiftérent avec Meffieurs les Evêques.
On n'y agita que des matieres
de Controverfes , mais avec
beaucoup d'honnefteré & de
douceur. Cette converfation fut
fuivie de trois ou quatre autres ,
dans la Maiſon de Monfieur l'Evefque
de Mirepoix . Les raifons
que luy apporta ce Prélat furent
fi fortes, qu'ayant commencé dés
ce temps - là à eftre cenvaincu de
la verité, il le fut entierement par
les Lettres que Monfieur l'Evef
que de Mirepoix luy écrivit enfuite
fur fes doutes , & aufquelles
Monfieur d'Arbaud répondoit ,
foutenant toûjours fa Religion ,
fans pourtant fe déclarer Catholique
, quoy qu'il le fuft en effet ,
n'y ayant plus que le feul refpect
humain qui le retinſt . Il laiſſa páffer
encore deux ans ; & enfin ne
GALANT. 1161
pouvant plus résister à la Grace ,
il fit fçavoir à Monfieur de Mirepoix
, qui s'étoit rendu aux derniers
Etats de Languedoc
, qu'étant
incommodé
, il luy étoit impoffible
d'aller fi tofgle trouver à
Montpellier
; mais qu'avant la fin
des Etats , il auroit l'honneur de
le voir , pour recevoir fa Benediction
, en luy declarant qu'il vouloit
vivre & mourir Catholique.
Il fit part de cette nouvelle à
Monfieur le Cardinal de Bonfy &
à Monfieur l'Intendant
, & dés
qu'il eut un peu de ſanté , il alla
à Arles communiquer
ſon deſſein
à Monfieur l'Archevefque
, & à
Monfieur le Coadjuteur
. De là il
fe rendit à Montpellier
, où il
efperoit trouver Monfieur l'Evef
que de Nifmes , & Monfieur l'Evefque
d'Ufés , qui font fes Pafteurs
, auffi bien Monfieur
que
164
MERCURE
l'Archevefque d'Arles , puis qu'il
eft domicilié à Nifmes , & qu'il a
du Bien dans le Diocefe d'Ufés ;
mais Monfieur de Nifmes ne s'y
étant point rencontré , il n'y eut
que Monfieur d'Ufés qui reçeut
fon abjuration comme fon Pafteur
, en prefence de Monfieur
l'Evefque de Mirepoix , & de
Monfieur de Plantade Confeiller
à la Cour des Aydes , Oncle de
Madame d'Arbaud fa Femme. Le
lendemain de cette action qui fe
fit dans la Chapelle des Penitens
blancs , ce fut une réjouiffance
publique dans Montpellier du côté
des Catholiques , & une mortification
inexprimable pour tous
les Prétendus Réformez. La perte
qu'ils font enluy eft d'autant plus
grande , que connoiffant parfaitement
leur Religion , il connoiſt
préfentement toutes les erreurs
GALANT. 165
qui les devroient obliger à la
quitter. Il avoit paffé par toutes
les Claffes de ceux de fon party,
comme font Confiftoire , Deputations,
Synodes , & autres Affemblées
generales , particulieres &
fecretes qu'ils ont accoûtumé de
faire , quand le Roy le leur permet
, pour l'obfervation de leur
Difcipline . Il a paru dans toutes
avec beaucoup d'efprit & de fçavoir
, & fes grandes qualitez appuyées
du bien & de la naiffance ,
Je faifoient confiderer parmi eux
comme un Chefde leur Religion ,
dans les Villes de Nifmes d'Ufés,
& de Montpellier . Ce qui les afflige
davantage , c'est qu'outre la
crainte qu'ils ont de voir fuivre
fon exemple, il a dix Enfans qu'il
efpere ramener à l'Eglife , y en
ayant déja trois ou quatre , qui par
leur âge font devenus Catholi164
MERCURE
ques , fuivant la Declaration du
Roy. D'ailleurs l'exercice public
de la Religion Pretenduë Refor
mée , eft étably dans fa Terre de
Blanfae , où il fait fon plus ordinaire
fejour ; & comme il y a un
grand nombre de Vaffaux de
cette Religion, il pretend qu'avec
le fecours de Monfieur l'Evêque
d'Ulés,dans le Dioceſe duquel eft
cette Terre , fon exemple ne fera
pas fans fruit pour ces Devoyez .
L'accablement des vifites luy
ayant fait quitter Montpellier , il
alla à Nifmes rendre les refpects à
Monfieur l'Evêque. J'aurois peine
à exprimer les honneurs qu'il y
reçut. Meffieurs du Chapitre auffi
bien que Meffieurs du Prefidial ,
vinrent le complimenter
, ce que
firent auffi Meffieurs les Confuls
en Chaperon , avec le Corps de
Ville. On le reçut de la meſme
GALANT. 165
forte à Arles . Toute la Nobleffe,
Tous les Convens , tous les Religieux,
tous les Ordres, & prefque
tout le Peuple , allerent le vifiter.
Le Chapitre luy fit compliment
en Deputation , pour fe réjouir
avec luy de fon retour à l'Eglife ;
& Meffieurs de l'Academie Roya
le,aprés l'avoir vû chacun en particulier
, allerent en Corps luy
marquer leur joye de l'acquifition
que faifoit leur Compagnie,
d'un Confrere nouvellement converty.
Meffieurs les Confuls luy
firent le mefme honneur, en Chaperon
, & avec le Corps de Ville,
compofé d'une Nobleffe illuftre,
& l'affurérent de la fatisfaction
que le Public recevoit , de le voir
revenir enfin au fein de fa mere,
& reparer le fcandale que fes
Predeceffeurs avoient caufé à la
Ville d'Arles, & à l'Eglife Catho168
MERCURE
lique . La joye que tout le monde
a reçûë de cette Converfion , a
obligé Monfieur Sabatier,Gentilhomme
d'un merite fingulier , &
qui n'eft pas un des moindres ornemens
de l'Academie Royale
d'Arles , de faire éclater la fienne
par cette Epître .
Vignes , Miniftre de Grenoble,
a fait grand bruit dans le Dauphiné
, celle de Monfieur d'Ar
baud , Seigneur de Blanfac, originaire
d'Arles , n'en a pas moins
fait dans le Languedoc . Ce Gentilhomme
, qui eft d'une fort ancienne
Nobleffe , demeuroit à
Nifmes , à caufe qui faifoit profeffion
de la Religion Pretenduë
Réformée. Ses Prédeceffeurs qui
faifoient la mefme Profeffion , s'y
êtoient êtablis depuis cent ans.
Son Ayeul , né Catholique, avoit
changé de Religion , par l'engagement
qu'il avoit pris dans le
party du Roy de Navarre, qui fut
depois Roy de France , fous le
nom de Henry IV. Il fut honoré
par ce Monarque , de belles
& importantes Commiffions
, &
le fuivit en plufieurs Exploits.
158
MERCURE
Comme cette Maifon , fort confiderée
dans Arles , auffi bien
qu'en Languedoc , avoit toûjours
eû un zele ardent pour tout ce
qui regardoit le culte de Dieu ,
elle avoit laiffé des marques de
fa pieté dans les Eglifes fur les
Autels . Ainfi fes Armes paroiffoient
encore en beaucoup d'endroits
, jufque fur des Croix de
Marbre expofées en public , &
par des fondations de Chapelles ,
conftrutions de Tombeaux de
Marbre , & autres fondations
dans l'Eglife Cathedrale , & chez
les Dominicains. Ces objets qui
frapérent ce Gentilhomme dans
fajeuneffe , furent en quelque
maniére effacez par le fois,
qu'apportérent fes Parens & les
Miniftres de Nifmes , à le fortifier
dans les erreurs de Calvin . Il
étoit alors feul de fa maiſon , ayam
1
GALANT.
159
perdu un Frere aîné , mort au Service
du Roy en Italie , Capitaine
dans le Regiment de montpefat.
Il aimoit les belles Lettres , &
avoit acquis la plupart des Connoiffances
qui font recherchées
par les Perfonnes d'efprit . Cela
fut caufe que Meffieurs de l'Académie
Royale d'Arles , jetterent
les yeux fur luy , pour l'affocier
dans leur Compagnie . Cet engagement
ne fut pas un petit
motif, pour luy faire reprendre
les premiéres impreffions , qui
Juy avoient donné qulque penchant
pour l'Eglife Catholique ,
qui étoit la Religion de fes anceftres
& celle de quantité de
Parens qu'il avoit , & qu'il a encore
, parmy lefquels il y a des
Commandeurs de Malte , comme
il y a eû parmy fes Prédeceffeurs
plufieurs Evefques, & autres
160 MERCURE
que
Perſonnes reveftuës de Charges
confidérables dans Arles , telle
celle de Premiers Conful.
On compre dans cette Maiſon
jufqu'à quatre Confulats . On
peut joindre à tout cela le commerce
de devoir & d'honnefteté
qu'il avoit avec Monfieur
l'Archevefque d'Arles . Ce fçavant
Prélat , qui a toûjours efté
fi fidelle à fon Prince , & à la Religion
Catholique , ne perdoit
pas les occafions de l'exhorter à
ouvrir les yeux à la verité , & il
le faifoit d'une manière fi Apoftolique,&
fi remplie de douceur,
que Monfieur d'Arbaud a depuis
avoüé que fes follicitations , accompagnées
de fa pieté & de fon
exemple , avoient fort contribué
à le retirer de fes erreurs. Il eftoit
dans ces favorables difpofitions ,
lors qu'il alla à Montpellier auffiGALANT.
161
bien
que les autres Gentilshommes
du Languedoc , rendre fes
devoirs à Monfieur le Duc de
Noailles qui avoit eſté nommé
par le Roy pour commander en
Chef dans cette Province . Ce
Duc à qui l'on apprit la Religion
dont il eftoit , luy fit beaucoup
de careffes , & le pria de penfer
ferieufement au peril où l'avoit
mis le malheur de fa naiffance .
Cette entrevue fe paffa en complimens
; & lors que Monfieur
d'Arbaud prenoit congé de Mr
le Duc de Noailles , Monfieur
l'Evefque de Mirepoix qui eftoit
dans la Chambre avec plufieurs
autres Prélats , trouva moyen
d'engager avec luy une converfation
qui dura trois heures. Monfieur
le Comte du Roure , Monfieur
le Vicomte de Polignac ,
Monfieur le Comte de Luffan , &c
160
MERCURE
autres Perſonnes de qualité , y
affiftérent avec Meffieurs les Evêques.
On n'y agita que des matieres
de Controverfes , mais avec
beaucoup d'honnefteré & de
douceur. Cette converfation fut
fuivie de trois ou quatre autres ,
dans la Maiſon de Monfieur l'Evefque
de Mirepoix . Les raifons
que luy apporta ce Prélat furent
fi fortes, qu'ayant commencé dés
ce temps - là à eftre cenvaincu de
la verité, il le fut entierement par
les Lettres que Monfieur l'Evef
que de Mirepoix luy écrivit enfuite
fur fes doutes , & aufquelles
Monfieur d'Arbaud répondoit ,
foutenant toûjours fa Religion ,
fans pourtant fe déclarer Catholique
, quoy qu'il le fuft en effet ,
n'y ayant plus que le feul refpect
humain qui le retinſt . Il laiſſa páffer
encore deux ans ; & enfin ne
GALANT. 1161
pouvant plus résister à la Grace ,
il fit fçavoir à Monfieur de Mirepoix
, qui s'étoit rendu aux derniers
Etats de Languedoc
, qu'étant
incommodé
, il luy étoit impoffible
d'aller fi tofgle trouver à
Montpellier
; mais qu'avant la fin
des Etats , il auroit l'honneur de
le voir , pour recevoir fa Benediction
, en luy declarant qu'il vouloit
vivre & mourir Catholique.
Il fit part de cette nouvelle à
Monfieur le Cardinal de Bonfy &
à Monfieur l'Intendant
, & dés
qu'il eut un peu de ſanté , il alla
à Arles communiquer
ſon deſſein
à Monfieur l'Archevefque
, & à
Monfieur le Coadjuteur
. De là il
fe rendit à Montpellier
, où il
efperoit trouver Monfieur l'Evef
que de Nifmes , & Monfieur l'Evefque
d'Ufés , qui font fes Pafteurs
, auffi bien Monfieur
que
164
MERCURE
l'Archevefque d'Arles , puis qu'il
eft domicilié à Nifmes , & qu'il a
du Bien dans le Diocefe d'Ufés ;
mais Monfieur de Nifmes ne s'y
étant point rencontré , il n'y eut
que Monfieur d'Ufés qui reçeut
fon abjuration comme fon Pafteur
, en prefence de Monfieur
l'Evefque de Mirepoix , & de
Monfieur de Plantade Confeiller
à la Cour des Aydes , Oncle de
Madame d'Arbaud fa Femme. Le
lendemain de cette action qui fe
fit dans la Chapelle des Penitens
blancs , ce fut une réjouiffance
publique dans Montpellier du côté
des Catholiques , & une mortification
inexprimable pour tous
les Prétendus Réformez. La perte
qu'ils font enluy eft d'autant plus
grande , que connoiffant parfaitement
leur Religion , il connoiſt
préfentement toutes les erreurs
GALANT. 165
qui les devroient obliger à la
quitter. Il avoit paffé par toutes
les Claffes de ceux de fon party,
comme font Confiftoire , Deputations,
Synodes , & autres Affemblées
generales , particulieres &
fecretes qu'ils ont accoûtumé de
faire , quand le Roy le leur permet
, pour l'obfervation de leur
Difcipline . Il a paru dans toutes
avec beaucoup d'efprit & de fçavoir
, & fes grandes qualitez appuyées
du bien & de la naiffance ,
Je faifoient confiderer parmi eux
comme un Chefde leur Religion ,
dans les Villes de Nifmes d'Ufés,
& de Montpellier . Ce qui les afflige
davantage , c'est qu'outre la
crainte qu'ils ont de voir fuivre
fon exemple, il a dix Enfans qu'il
efpere ramener à l'Eglife , y en
ayant déja trois ou quatre , qui par
leur âge font devenus Catholi164
MERCURE
ques , fuivant la Declaration du
Roy. D'ailleurs l'exercice public
de la Religion Pretenduë Refor
mée , eft étably dans fa Terre de
Blanfae , où il fait fon plus ordinaire
fejour ; & comme il y a un
grand nombre de Vaffaux de
cette Religion, il pretend qu'avec
le fecours de Monfieur l'Evêque
d'Ulés,dans le Dioceſe duquel eft
cette Terre , fon exemple ne fera
pas fans fruit pour ces Devoyez .
L'accablement des vifites luy
ayant fait quitter Montpellier , il
alla à Nifmes rendre les refpects à
Monfieur l'Evêque. J'aurois peine
à exprimer les honneurs qu'il y
reçut. Meffieurs du Chapitre auffi
bien que Meffieurs du Prefidial ,
vinrent le complimenter
, ce que
firent auffi Meffieurs les Confuls
en Chaperon , avec le Corps de
Ville. On le reçut de la meſme
GALANT. 165
forte à Arles . Toute la Nobleffe,
Tous les Convens , tous les Religieux,
tous les Ordres, & prefque
tout le Peuple , allerent le vifiter.
Le Chapitre luy fit compliment
en Deputation , pour fe réjouir
avec luy de fon retour à l'Eglife ;
& Meffieurs de l'Academie Roya
le,aprés l'avoir vû chacun en particulier
, allerent en Corps luy
marquer leur joye de l'acquifition
que faifoit leur Compagnie,
d'un Confrere nouvellement converty.
Meffieurs les Confuls luy
firent le mefme honneur, en Chaperon
, & avec le Corps de Ville,
compofé d'une Nobleffe illuftre,
& l'affurérent de la fatisfaction
que le Public recevoit , de le voir
revenir enfin au fein de fa mere,
& reparer le fcandale que fes
Predeceffeurs avoient caufé à la
Ville d'Arles, & à l'Eglife Catho168
MERCURE
lique . La joye que tout le monde
a reçûë de cette Converfion , a
obligé Monfieur Sabatier,Gentilhomme
d'un merite fingulier , &
qui n'eft pas un des moindres ornemens
de l'Academie Royale
d'Arles , de faire éclater la fienne
par cette Epître .
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Résumé : Abjurations, [titre d'après la table]
Le texte relate l'abjuration de Monsieur d'Arbaud, Seigneur de Blanfac, originaire d'Arles, qui a marqué le Languedoc. Ce gentilhomme, issu d'une ancienne famille noble, résidait à Nîmes et pratiquait la Religion Prétendue Réformée, comme ses prédécesseurs établis dans la région depuis un siècle. Son aïeul, initialement catholique, avait changé de religion en rejoignant le parti du roi de Navarre, devenu Henri IV. La famille d'Arbaud, respectée à Arles et en Languedoc, avait laissé des marques de sa piété dans les églises locales. Monsieur d'Arbaud, unique survivant de sa maison après la mort de son frère aîné au service du roi, était épris de belles-lettres et avait acquis des connaissances appréciées par les membres de l'Académie Royale d'Arles, qui souhaitaient l'y associer. Cette perspective, ainsi que les encouragements de l'archevêque d'Arles et de l'évêque de Mirepoix, l'incitèrent à reconsidérer sa foi. Lors d'une visite à Montpellier pour rencontrer le duc de Noailles, il eut plusieurs conversations avec des prélats qui le convainquirent progressivement de la vérité de la foi catholique. Après deux années de réflexion, il annonça son intention d'abjurer sa foi réformée et de se convertir au catholicisme. Il informa l'évêque de Mirepoix, le cardinal de Bonzy et l'intendant de sa décision. Il se rendit ensuite à Arles pour en parler avec l'archevêque et le coadjuteur, avant de se rendre à Montpellier où il abjura publiquement en présence de l'évêque d'Uzès et de l'évêque de Mirepoix. Cette conversion fut accueillie avec joie par les catholiques et avec consternation par les réformés, qui voyaient en lui un leader respecté. Monsieur d'Arbaud espérait également convertir ses dix enfants, plusieurs d'entre eux étant déjà catholiques. Il reçut des honneurs à Nîmes et à Arles, où toute la noblesse et le peuple vinrent le féliciter pour son retour à l'Église catholique. L'Académie Royale d'Arles exprima également sa joie d'accueillir un nouveau converti parmi ses membres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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31
p. 168-173
A Mr D'ARBAUD, SUR SON ABJURATION de l'Heresie.
Début :
De quel bonheur, d'Arbaud, le Ciel te favorise ! [...]
Mots clefs :
Monsieur d'Arbaud, Hérésie, Abjuration, Église, Erreurs, Calvin, Foi, Ciel, Sainte vérité, Fortune
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A Mr D'ARBAUD, SUR SON ABJURATION de l'Heresie.
A M
D'ARBAUD ,
SUR SON ABJURATION
de l'Herefie.
DE
E quel bonheur , d'Arbaud , le
Ciel te favorife!
Te voilà revenu dans le fein de l'Eglife
;
Tu n'as plus ce Bandeau qui te cou
vroit les yeux ,
Qui caufa le malheur de tes derniers
Ayeux.
Eux
GALANT. 169
Eux feuls dans noftre noble & fidele
Patrie ,
De l'erreur de Calvin eurent l'ame
flétrie ,
Contraints de fuivre ailleurs leur
malheureufe erreur,
Ils furent entrainez par ce Torrent
trompeur.
Tu vois le Precipice où te menoit fa
courfe;
La quitant tu reviens à ta premiere
Source.
Quel Chant n'éclate point dans nos
Temples fameux,
Lors que ton coeur foûmis y fait de
nouveaux Voeux ;
Et quel eft ton plaifir , adorant nos
Misteres,
D'offrir le mefme Encens qu'avoient
offert tes Peres !
Tu n'es plus aveuglé , tu connois aujourd'huy
Quelle étoit ton erreur, & quelfut
fon apuy.
Janvier 1685 .
H
170 MERCURE
D'Arbaud , tu te fouviens que la
France en furie
Apuya lâchement la naifante Herefie
;
Qu'un Peuple mutiné contre fespropres
Roys,
Abatit les Autels , & renverfa la
Croix i
Tu découvres enfin par la Foy qui te
guide,
Qu'un nouveau Reformé fut un nouveau
perfide ;
Que la fedition,le carnage & l'horreur,
Avançoient les progrés d'un faux
Legislateur ;
du jufte Ciel le pouvoir le-
Et
que
gitime
Ne s'établit jamais par lefang ny le
crime .
Eclairé de la Foy , ce Celeste Flambeau,
Tu connois l'Herefie , & quel fut fon
Berceau.
GALANT. 171
Pour foûtenir l'éclat de fa nouvelle
gloire ,
Eut - elle un Auguftin, un Ambroise,
un Grégoire ?
Elle eut pour Fondateurs , d'illuftres
Scelerats ,
De fçavans Libertins , de fameux
Apoftats.
Chrétiens infortuneZ, de qui l'ame
abufée
Souffrit ce joug trompeur d'une Reforme
aifée ,
Qui prefchoit le plaifir & le relachement
,
Je ne m'étonne pas de vostre aven
glement ;
Je ne m'étonne pas qu'au milieu da
tumulte
Vous avez malgré vous fuivy vostre
faux Culte.
Le defordre & le bruit ne ferviront
jamais
A trouver le bonheur
que
donne un
Dieu de Paix.
H 2
172 MERCURE
Mais je m'étonne enfin , que le plus
grand des Princes ,
Qui travaille au repos de toutes fes
Provinces ,
Qui rend par fa douceur fes Peuples
fortunez ,
Trouve encor parmy vous tant de
coeurs obftinez.
Je fçay bien que la Foy ne fouffre
point de Maiftre ;
Que le pouvoir humain ne la fait
pas connoiftre ;
Que ce divin Rayon qui deffille nos
yeux ,
Eft un prétieux Don qui ne vient
que
des Cieux.
Sans tumulte & fans bruit , Chrêtiens
dans la Priere
Nous devons demander cette vive
lumiere.
Tout eft calme à préfent ; LOUIS
a tout foûmis ;
Demandez cette Foy , qui nous doit
rendre unis ;
GALANT.
1173
Employezle repos que donne l'a Victoire
,
A chercher le chemin d'une éternelle
Gloire.
D'arbaud , fans diférer tu cherchois
ce bonheur ;
Le Ciel vient de remplir ton efprit
& ton coeur ;
La fainte Verité jointe à l'ardeur
Sublime
2
Par fes Celeftes feux, & t'éclaire,&
t'anime ;
Sans fuivre les motifs qu'ont les
tâches Mortels ,
Tu viens pur & fincere au pied de
nos Autels ;
Eloigné de la Cour , dont l'éclat
t'importune
,
Tu cherche ton falut , fans chercher
la Fortune.
D'ARBAUD ,
SUR SON ABJURATION
de l'Herefie.
DE
E quel bonheur , d'Arbaud , le
Ciel te favorife!
Te voilà revenu dans le fein de l'Eglife
;
Tu n'as plus ce Bandeau qui te cou
vroit les yeux ,
Qui caufa le malheur de tes derniers
Ayeux.
Eux
GALANT. 169
Eux feuls dans noftre noble & fidele
Patrie ,
De l'erreur de Calvin eurent l'ame
flétrie ,
Contraints de fuivre ailleurs leur
malheureufe erreur,
Ils furent entrainez par ce Torrent
trompeur.
Tu vois le Precipice où te menoit fa
courfe;
La quitant tu reviens à ta premiere
Source.
Quel Chant n'éclate point dans nos
Temples fameux,
Lors que ton coeur foûmis y fait de
nouveaux Voeux ;
Et quel eft ton plaifir , adorant nos
Misteres,
D'offrir le mefme Encens qu'avoient
offert tes Peres !
Tu n'es plus aveuglé , tu connois aujourd'huy
Quelle étoit ton erreur, & quelfut
fon apuy.
Janvier 1685 .
H
170 MERCURE
D'Arbaud , tu te fouviens que la
France en furie
Apuya lâchement la naifante Herefie
;
Qu'un Peuple mutiné contre fespropres
Roys,
Abatit les Autels , & renverfa la
Croix i
Tu découvres enfin par la Foy qui te
guide,
Qu'un nouveau Reformé fut un nouveau
perfide ;
Que la fedition,le carnage & l'horreur,
Avançoient les progrés d'un faux
Legislateur ;
du jufte Ciel le pouvoir le-
Et
que
gitime
Ne s'établit jamais par lefang ny le
crime .
Eclairé de la Foy , ce Celeste Flambeau,
Tu connois l'Herefie , & quel fut fon
Berceau.
GALANT. 171
Pour foûtenir l'éclat de fa nouvelle
gloire ,
Eut - elle un Auguftin, un Ambroise,
un Grégoire ?
Elle eut pour Fondateurs , d'illuftres
Scelerats ,
De fçavans Libertins , de fameux
Apoftats.
Chrétiens infortuneZ, de qui l'ame
abufée
Souffrit ce joug trompeur d'une Reforme
aifée ,
Qui prefchoit le plaifir & le relachement
,
Je ne m'étonne pas de vostre aven
glement ;
Je ne m'étonne pas qu'au milieu da
tumulte
Vous avez malgré vous fuivy vostre
faux Culte.
Le defordre & le bruit ne ferviront
jamais
A trouver le bonheur
que
donne un
Dieu de Paix.
H 2
172 MERCURE
Mais je m'étonne enfin , que le plus
grand des Princes ,
Qui travaille au repos de toutes fes
Provinces ,
Qui rend par fa douceur fes Peuples
fortunez ,
Trouve encor parmy vous tant de
coeurs obftinez.
Je fçay bien que la Foy ne fouffre
point de Maiftre ;
Que le pouvoir humain ne la fait
pas connoiftre ;
Que ce divin Rayon qui deffille nos
yeux ,
Eft un prétieux Don qui ne vient
que
des Cieux.
Sans tumulte & fans bruit , Chrêtiens
dans la Priere
Nous devons demander cette vive
lumiere.
Tout eft calme à préfent ; LOUIS
a tout foûmis ;
Demandez cette Foy , qui nous doit
rendre unis ;
GALANT.
1173
Employezle repos que donne l'a Victoire
,
A chercher le chemin d'une éternelle
Gloire.
D'arbaud , fans diférer tu cherchois
ce bonheur ;
Le Ciel vient de remplir ton efprit
& ton coeur ;
La fainte Verité jointe à l'ardeur
Sublime
2
Par fes Celeftes feux, & t'éclaire,&
t'anime ;
Sans fuivre les motifs qu'ont les
tâches Mortels ,
Tu viens pur & fincere au pied de
nos Autels ;
Eloigné de la Cour , dont l'éclat
t'importune
,
Tu cherche ton falut , fans chercher
la Fortune.
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Résumé : A Mr D'ARBAUD, SUR SON ABJURATION de l'Heresie.
Le texte décrit l'abjuration de l'hérésie par un individu nommé d'Arbaud, qui exprime sa joie de revenir dans le sein de l'Église. Il reconnaît avoir abandonné l'erreur calviniste, qui avait causé le malheur de ses ancêtres contraints de fuir leur patrie. D'Arbaud exprime son plaisir de retrouver la foi de ses pères et offre des vœux dans les temples. Le texte évoque les troubles religieux en France, où l'hérésie protestante avait été soutenue par un peuple mutiné contre ses rois, abattant les autels et renversant la croix. D'Arbaud découvre que la réforme protestante a été portée par des scélérats et des libertins, et reconnaît que le désordre ne mène pas au bonheur. Malgré les efforts du roi Louis pour apporter le repos à ses provinces, il trouve encore des cœurs obstinés parmi les chrétiens. Le texte insiste sur le fait que la foi ne souffre pas de maître humain et encourage les chrétiens à prier pour être unis et chercher une gloire éternelle. D'Arbaud, éclairé par la sainte vérité, se présente pur et sincère aux autels, éloigné des motifs terrestres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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32
p. 173-174
« Il ne faut souvent qu'un moment heureux, & la Grace opere. [...] »
Début :
Il ne faut souvent qu'un moment heureux, & la Grace opere. [...]
Mots clefs :
Grâce, Père, Religion prétendue réformée, Conversion, Erreur, Combat, Abjuration, Mariage
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Il ne faut souvent qu'un moment heureux, & la Grace opere. [...] »
Il ne faut fouvent qu'un moment
heureux , & la Grace ope-
H 3
174
MERCURE
re. Le Pere Hilarion de Mortagne
, Capucin des plus zelez ,
paffant de Rouen à la Bouille ,
dans un grand Bateau où il fe
trouve toujours quantité de monde
, y decouvrit une Femme qui
eftoit de la Religion Prétenduë
Reformée . Il combatit fes erreurs
par de fi fortes raisons qu'il l'en
convainquit. Elle abjura peu de
jours apres Tous ceux de la
Bouille ont efté temoin de cette
action .
Mademoiſelle d'Uré , Fille de
Monfieur de la Chaboiffiere ,
Gentilhomme de la Rochelle , a
fait auffi abjuration du Calvinifme
depuis peu de jours . Elle a
depuis époufé Monfieur de Valion
Lieutenant Ayde - Major
au Régiment de Navarre, qui eft
d'une Famille Noble du Soiffonnois
du nom de Haftrel de
Préaux .
heureux , & la Grace ope-
H 3
174
MERCURE
re. Le Pere Hilarion de Mortagne
, Capucin des plus zelez ,
paffant de Rouen à la Bouille ,
dans un grand Bateau où il fe
trouve toujours quantité de monde
, y decouvrit une Femme qui
eftoit de la Religion Prétenduë
Reformée . Il combatit fes erreurs
par de fi fortes raisons qu'il l'en
convainquit. Elle abjura peu de
jours apres Tous ceux de la
Bouille ont efté temoin de cette
action .
Mademoiſelle d'Uré , Fille de
Monfieur de la Chaboiffiere ,
Gentilhomme de la Rochelle , a
fait auffi abjuration du Calvinifme
depuis peu de jours . Elle a
depuis époufé Monfieur de Valion
Lieutenant Ayde - Major
au Régiment de Navarre, qui eft
d'une Famille Noble du Soiffonnois
du nom de Haftrel de
Préaux .
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Résumé : « Il ne faut souvent qu'un moment heureux, & la Grace opere. [...] »
Le Père Hilarion de Mortagne a converti une femme calviniste lors d'un trajet en bateau. Elle a abjuré peu après, témoin par les habitants de La Bouille. Mademoiselle d'Uré, fille du gentilhomme de La Rochelle, a également abjuré et épousé Monsieur de Valion, lieutenant au Régiment de Navarre.
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33
p. 176-182
Belle action, [titre d'après la table]
Début :
Je vous ay mandé, Madame, dans l'un des Articles de cette [...]
Mots clefs :
Abbesse, Esprit, Abbaye, Archevêque, Honneur, Communauté, Prière, Désolation, Religieuses, Abjuration, Admiration
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Belle action, [titre d'après la table]
Je vous ay mandé , madame,
dans l'un des Articles de cette
Lettre , que Madame de Harlay
de Chanvalon , Abbeffe de la
Virginité dans le Vendômois ,
illuftre par fa naiffance , par fon
efprit , & par la vertu , avoit eſté
nommée par le Roy à l'Abbaïe
de Port Royal de Paris. Cependant
cette Abbaie eft encore
vacante. Quoy qu'elle foit plus
confidérable & plus riche que
celle de Madame de la Virginité ,
dans la Ville Capitale du Royaume
, & fous la Jurifdiction de
Monfieur l'Archevefque de Paris
fon Frere , de fi puiffantes raisons
GALANT. 177
ont efté fans force pour ébranler
fa conftance . Elle a triomphe de
l'ambition , & des tendreffes du
fang , c'est à dire , de ce qui flate
davantage l'efprit & le coeur.
Elle a fuplié Monfieur de Paris,
de faire agréer au Roy fes treshumbles
excufes , & de luy témoigner
la douleur qu'elle a de
n'eftre pas en état d'obeïr à Sa
Majefté , & de recevoir le bienfait
dont il luy plaifoit de l'honorer
; Que fon âge qui paffe foixante
ans , & fa mauvaiſe fanté,
ne luy permettoient pas d'embraffer
l'étroite Obfervance établie
à Port Royal ; Qu'elle ne
croyoit pas pouvoir en lûreté de
confcience & avec honneur , fe
mettre à la tefte d'une Communauté
qu'elle ne prefcheroit que
de parole, & non pas d'exemple
Qu'elle auroit peur de tomber
HS
178 MERCURE
dans le blâme des Pharifiens , à
qui le Sauveur du Monde reproche,
qu'ils chargeoient les Hommes
de fardeaux pefans qu'ils
n'auroient pas voulu toucher du
bout du doigt. Elle a enfin reprefenté
à Monfieur l'Archevefque,
Qu'il y avoit cinquante ans qu'el
le eftoit dans l'Abbaïe de la Virginité
; trente , qu'elle en eftoit
Abbeffe ; Que la douleur & les
larmes de quarante Filles qu'elle
avoit toutes élevées , la touchoient
, & qu'elle ne pouvoir fe
refoudre à les abandonner. En
effet , auffi -toft qu'elles fçûrent.
Ja nomination du Roy , elles allerent
ſe jetter aux pieds de Madame
de la Virginité , pour la fuplier
de demeurer avec elles .
C'eftoit une defolation fi generale
, qu'il fembloit que chacune
eûr perdu ce qu'elle avoit de plus
GALAN T. 179
proche. Elles redoublérent leurs
Prieres , leurs Communions , leurs
Jeûnes,leurs Difciplines, & toutes
leurs mortifications , pour obtenir
de Dieu qu'il leur laiffaft leur incomparable
Abbeffe . C'eſt une
Communauté où il y a grand
nombre de Religieufes forties de
Maiſons nobles & confiderables .
La reputation,la vertu , la civilité ,
& toutes les manieres engageantes
de Madame de la Virginité,
ont porté plufieurs Perfonnes de
qualité à mettre leurs Filles fous
fa conduite , qui eft admirable .
Elle a étably dans fon Abbaïe une
exacte clôture, le frequent ufage
des Sacremens , l'exercice de l'Oraiſon
mentale , les Retraites annuelles
de dix jours , la pratique
du filence , l'éloignement des converfations
du monde, & plufieurs
Obfervances regulieres.On y fait
>
H 6
180 MERCURE
des aumônes qui ſemblent furpaffer
le revenu de la Maiſon .
C'est l'Azile des Filles qui veulent
quiter la Religion Pretenduë
Reformée , pour fe faire Catholiques.
Toutes celles qui fe font
converties dans le Vendômois depuis
qu'elle eft Abbeffe , s'y font
venues faire inftruire , y ont fait
leur Abjuration , y ont demeuré
les unes plufieurs mois , les autres
plufieurs années gratuitement ;
il y en a toûjours eu , & il y en a
encore en cette maniere . Les Religieufes
de la Virginité font tresvertueules,
& ont beaucoup d'efprit.
Après avoir efté ſenſibles à
la douleur , elles ne l'ont pas moins
efté à la joye de conferver leur
tréfor.Auffi toft qu'elles (çeurent
que Roy avoit la bonté de leur
laiffer leur illuftre & chere Abbeffe
, elles allérent à l'Eglife
le
GALANT. 181
chanter le Te Deum en Mufique
tres- folemnellement , au fon des
Cloches & au bruit du Canon .
Il y eût des Feux de joye allumez ,
depuis fept heures du matin , jufques
au foir , & le lendemain
la Meffe d'action de graces fut
chantée par Monfieur l'Abbé de
Château Renault , Frere de Monfeur
le Chevalier de Château-
Renault , Commandeur d'une
Efcadre de Vaiffeaux , & Oncle
de Monfieur le Marquis de Château-
Renault , Colonel du Regiment
de Cambrefis , qui y eftoit
prefent , avec plufieurs Gentilshommes
du Païs . Tout le refte de
la Nobleffe du Vendômois & des
Provinces voisines , eft venu les
jours fuivans à la Virginité , feliciter
cette Abbeffe fur fa genereuſe
reſolution , auffi bien que
Meffieurs les Curez & Ecclefiafti182
MERCURE
ques. Les Communautez de Religieux
en ont deputé de leurs
Corps , pour luy rendre leurs devoirs.
Le Bailly de Vendôme , tous
les Officiers de la Juftice de Vendôme
& de Montoire , luy font
venus faire compliment , fur la
joye de voir qu'elle demeuroit ,
de même qu'ils étoient venus luy
témoigner leur douleur de la
perdre , & avec elle l'édification
& l'admiration de toute la Province.
dans l'un des Articles de cette
Lettre , que Madame de Harlay
de Chanvalon , Abbeffe de la
Virginité dans le Vendômois ,
illuftre par fa naiffance , par fon
efprit , & par la vertu , avoit eſté
nommée par le Roy à l'Abbaïe
de Port Royal de Paris. Cependant
cette Abbaie eft encore
vacante. Quoy qu'elle foit plus
confidérable & plus riche que
celle de Madame de la Virginité ,
dans la Ville Capitale du Royaume
, & fous la Jurifdiction de
Monfieur l'Archevefque de Paris
fon Frere , de fi puiffantes raisons
GALANT. 177
ont efté fans force pour ébranler
fa conftance . Elle a triomphe de
l'ambition , & des tendreffes du
fang , c'est à dire , de ce qui flate
davantage l'efprit & le coeur.
Elle a fuplié Monfieur de Paris,
de faire agréer au Roy fes treshumbles
excufes , & de luy témoigner
la douleur qu'elle a de
n'eftre pas en état d'obeïr à Sa
Majefté , & de recevoir le bienfait
dont il luy plaifoit de l'honorer
; Que fon âge qui paffe foixante
ans , & fa mauvaiſe fanté,
ne luy permettoient pas d'embraffer
l'étroite Obfervance établie
à Port Royal ; Qu'elle ne
croyoit pas pouvoir en lûreté de
confcience & avec honneur , fe
mettre à la tefte d'une Communauté
qu'elle ne prefcheroit que
de parole, & non pas d'exemple
Qu'elle auroit peur de tomber
HS
178 MERCURE
dans le blâme des Pharifiens , à
qui le Sauveur du Monde reproche,
qu'ils chargeoient les Hommes
de fardeaux pefans qu'ils
n'auroient pas voulu toucher du
bout du doigt. Elle a enfin reprefenté
à Monfieur l'Archevefque,
Qu'il y avoit cinquante ans qu'el
le eftoit dans l'Abbaïe de la Virginité
; trente , qu'elle en eftoit
Abbeffe ; Que la douleur & les
larmes de quarante Filles qu'elle
avoit toutes élevées , la touchoient
, & qu'elle ne pouvoir fe
refoudre à les abandonner. En
effet , auffi -toft qu'elles fçûrent.
Ja nomination du Roy , elles allerent
ſe jetter aux pieds de Madame
de la Virginité , pour la fuplier
de demeurer avec elles .
C'eftoit une defolation fi generale
, qu'il fembloit que chacune
eûr perdu ce qu'elle avoit de plus
GALAN T. 179
proche. Elles redoublérent leurs
Prieres , leurs Communions , leurs
Jeûnes,leurs Difciplines, & toutes
leurs mortifications , pour obtenir
de Dieu qu'il leur laiffaft leur incomparable
Abbeffe . C'eſt une
Communauté où il y a grand
nombre de Religieufes forties de
Maiſons nobles & confiderables .
La reputation,la vertu , la civilité ,
& toutes les manieres engageantes
de Madame de la Virginité,
ont porté plufieurs Perfonnes de
qualité à mettre leurs Filles fous
fa conduite , qui eft admirable .
Elle a étably dans fon Abbaïe une
exacte clôture, le frequent ufage
des Sacremens , l'exercice de l'Oraiſon
mentale , les Retraites annuelles
de dix jours , la pratique
du filence , l'éloignement des converfations
du monde, & plufieurs
Obfervances regulieres.On y fait
>
H 6
180 MERCURE
des aumônes qui ſemblent furpaffer
le revenu de la Maiſon .
C'est l'Azile des Filles qui veulent
quiter la Religion Pretenduë
Reformée , pour fe faire Catholiques.
Toutes celles qui fe font
converties dans le Vendômois depuis
qu'elle eft Abbeffe , s'y font
venues faire inftruire , y ont fait
leur Abjuration , y ont demeuré
les unes plufieurs mois , les autres
plufieurs années gratuitement ;
il y en a toûjours eu , & il y en a
encore en cette maniere . Les Religieufes
de la Virginité font tresvertueules,
& ont beaucoup d'efprit.
Après avoir efté ſenſibles à
la douleur , elles ne l'ont pas moins
efté à la joye de conferver leur
tréfor.Auffi toft qu'elles (çeurent
que Roy avoit la bonté de leur
laiffer leur illuftre & chere Abbeffe
, elles allérent à l'Eglife
le
GALANT. 181
chanter le Te Deum en Mufique
tres- folemnellement , au fon des
Cloches & au bruit du Canon .
Il y eût des Feux de joye allumez ,
depuis fept heures du matin , jufques
au foir , & le lendemain
la Meffe d'action de graces fut
chantée par Monfieur l'Abbé de
Château Renault , Frere de Monfeur
le Chevalier de Château-
Renault , Commandeur d'une
Efcadre de Vaiffeaux , & Oncle
de Monfieur le Marquis de Château-
Renault , Colonel du Regiment
de Cambrefis , qui y eftoit
prefent , avec plufieurs Gentilshommes
du Païs . Tout le refte de
la Nobleffe du Vendômois & des
Provinces voisines , eft venu les
jours fuivans à la Virginité , feliciter
cette Abbeffe fur fa genereuſe
reſolution , auffi bien que
Meffieurs les Curez & Ecclefiafti182
MERCURE
ques. Les Communautez de Religieux
en ont deputé de leurs
Corps , pour luy rendre leurs devoirs.
Le Bailly de Vendôme , tous
les Officiers de la Juftice de Vendôme
& de Montoire , luy font
venus faire compliment , fur la
joye de voir qu'elle demeuroit ,
de même qu'ils étoient venus luy
témoigner leur douleur de la
perdre , & avec elle l'édification
& l'admiration de toute la Province.
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Résumé : Belle action, [titre d'après la table]
Madame de Harlay de Chanvalon, abbesse de l'abbaye de la Virginité dans le Vendômois, a été désignée par le roi pour diriger l'abbaye de Port Royal de Paris. Elle a toutefois décliné cette nomination malgré les pressions exercées. Madame de Harlay a justifié son refus en invoquant son âge avancé et sa mauvaise santé, qui l'empêchaient de suivre la stricte observance de Port Royal. Elle a également exprimé son refus de quitter les quarante filles qu'elle avait élevées, ces dernières étant en détresse à l'idée de la perdre. La communauté de la Virginité, composée de religieuses issues de familles nobles et respectées, a accueilli favorablement la décision du roi d'accepter le refus de Madame de Harlay. Elles ont célébré cet événement par des prières, des jeûnes et des actions de grâce. La réputation de Madame de Harlay pour sa vertu et sa conduite exemplaire a attiré de nombreuses personnes de qualité à confier leurs filles à son abbaye. L'abbaye de la Virginité sert également de refuge pour les filles souhaitant se convertir au catholicisme. La communauté a exprimé sa joie par des célébrations solennelles, des feux de joie et des messes d'action de grâce, en présence de la noblesse locale et des ecclésiastiques.
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34
p. 182-184
A MADAME L'ABBESSE DE LA VIRGINITÉ.
Début :
Voicy un Sonnet qui a esté fait sur ce sujet. / Mortels, vous admirez la fatale vaillance [...]
Mots clefs :
Vaillance, Coeur, Ambition, Humilité chrétienne, Honneur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A MADAME L'ABBESSE DE LA VIRGINITÉ.
Voicy un Sonnet qui a eſté
fait fur ce fujet .
A MADAME L'ABBESSE
DE LA VIRGINITE
Mor
Ortels, vous admire la fatale
vaillance
D'Alexandre le Grand , ce Héros
furieux .
GALANT.
183
C'est un feu de Comete , il éclate à
nos yeux ,
Mais il fait reffentir ſa maligne
influence.
A des coeurs modere donnez la préference,
L'ambition n'eft plus un vice glorieux
;
Depuis qu'un Dieu fait Homme eft
defcendu des Cieux,
L'Humilité Chrétienne a la préeminence
.
Incomparable Abbeffe , à vos rares
Vertus
Mille titres d'honneur, mille éloges
font dûs ;
Vousfuivez l'Evangile avec exactitude
.
L'exemple du Sauveur est pour vous
une Loy ;
i84
MERCURE
Si vous ne voulez pas quiter la folitude,
C'est qu'il s'y retira de crainte d'être
Roy.
fait fur ce fujet .
A MADAME L'ABBESSE
DE LA VIRGINITE
Mor
Ortels, vous admire la fatale
vaillance
D'Alexandre le Grand , ce Héros
furieux .
GALANT.
183
C'est un feu de Comete , il éclate à
nos yeux ,
Mais il fait reffentir ſa maligne
influence.
A des coeurs modere donnez la préference,
L'ambition n'eft plus un vice glorieux
;
Depuis qu'un Dieu fait Homme eft
defcendu des Cieux,
L'Humilité Chrétienne a la préeminence
.
Incomparable Abbeffe , à vos rares
Vertus
Mille titres d'honneur, mille éloges
font dûs ;
Vousfuivez l'Evangile avec exactitude
.
L'exemple du Sauveur est pour vous
une Loy ;
i84
MERCURE
Si vous ne voulez pas quiter la folitude,
C'est qu'il s'y retira de crainte d'être
Roy.
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Résumé : A MADAME L'ABBESSE DE LA VIRGINITÉ.
Le sonnet loue une abbesse pour ses vertus chrétiennes et son humilité. Il critique l'ambition excessive d'Alexandre le Grand et prône la modération depuis l'incarnation du Christ. L'abbesse est exemplaire, suivant l'Évangile et évitant les tentations du pouvoir par la solitude.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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35
p. 218-226
AUX POETES QUI ONT REMPORTÉ LE DERNIER PRIX DE VERS DE L'ACADEMIE FRANCOISE.
Début :
Lors que l'Académie Françoise proposa pour sujet du dernier / Nourrissons des Neufs-Soeurs, tout couverts de la gloire [...]
Mots clefs :
Académie française, Concours, Vers, Sujet, Louanges, Religion catholique, Roi, Victoire, Poète, Louis, Hérésie, Salut, Fortune, Erreur, Croix, Triomphe, Discorde, Moeurs, Ciel, Christ, Ange, Héros, Enfer
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texteReconnaissance textuelle : AUX POETES QUI ONT REMPORTÉ LE DERNIER PRIX DE VERS DE L'ACADEMIE FRANCOISE.
Lors que l'Académie Françoife pro
pofa pour fujet du dernier Prix de
Vers , les grandes Chofes que le Roy
faites enfaveur de la Religion Catholique
, le Berger du village de
Mont-Fallon y travailla , & n'eut pas
le temps de mettre la derniere main
fes Vers ,parce que des affaires importantes
attirérent tousfesfoins ailleurs .
Neanmoins comme il fe fait un plaifir
de donner des louanges à fon Prince,
dés qu'il a eu un peu plus de loifir,
il a mis la Piéce en l'état où je vous
l'envoye.
1
du
Mercure Galant.
-219
5252525252525252
AUX
POETES
QUI ONT
REMPORTE' LE
DERNIER
PRIX DE
VERS
DE
L'ACADEMIE
FRANCOISE.
Nour
3.
Ourriffons des Neuf- Soeurs , tout
couverts de la gloire
Qu'à jamais vous aquiert voftre illuftre
Victoire,
Permettez que ma voix fe mefle à ces
Concerts
Dont parvous
aujourd'huy
retentiſſent
les airs.
LOUIS, plein du beau feu qu'une Foy
vive inspire,
Terraffe
l'Heréfie en
cefameux Empire.
En effet, de ce Roy les Foudres élancez
Font voiren
plufieurs Lieux des
Temples
renverfezi
Tij
220 Extraordinaire
Et ces Foudres tournant vers tous les He
rétiques,
Caufent, pour leurfalut, leurs difgraces
publiques.
Lors
que
LOUIS les livre au Deftin
malheureux,
Il les chériroit moins , s'ilfaifoit moins
contre eux.
Cefavorable Autheur de leur douleur
commune,
Qui ne leur permet point d'encenfer la
Fortune,
D'ailleurs leur tend les bras, au moment
qu'il leur nuit.
Parfon ordre on confére, on difpute, on
inftruit:
Et ceux de qui les yeux s'ouvrent à la
lumiere,
Reçoivent fesfaveurs en plus d'une maniere.
Il leur donne des Biens , & leur bonheur
eft tel,
Qu'ils ont outre ces Biens part au Bien
Eternel.
du Mercure Galant.
221
Sur les Bords de la Seine ainfi LOUIS
s'applique
A diffiper l'Erreur , à domter l'Herétique.
Maisde peur que cette Hydre & ce Monftre
odieux,
2
Que l'Erreur quelque jour ne renaiſſe en
ces Lieux,
Son zéle écarte encor ces nouvelles Cabales
Dont les Livres adroits font de charmans.
Dédalles,
Qui pour mieux décevoir ont par tout des
douceurs,
Et qui cachent toûjours du venin fous des
fleurs.
Enfin de ce grand Roy la main toutepuif-
Sante
Fait que dans nos Climats la Croix eft
triomphante,
Et qu'il n'eft plus permis aux naiſſantes
Erreurs
D'habiter parmy nous , d'y forger nos
malheurs.
Comme fi l'Acheron cuft déchaîné fur
terre
Tüj
222 Extraordinaire
Ses Fillespour porter le Flambeau de la
Guerre,
Les Sectes des Errans femoient jadis
L'effroy,
La France en pâliſſoit ; mais, grace à
noftre Roy,
On ne craint plus les maux qu'ont endurê
nos Peres.
Verra-t-on la Difcorde , aux cheveux de
Vipéres,
S'unir al Heréfie, en emprunter la voix?
Tout eft calme, & l'on met l'Heréfie aux
abois.
LOUIS , comme un Soleil, dont l'aimable
influence
Procure un calme faint à la Nefde la
France ,
Diffipe de l'Erreur la nuit & les Bronil-
Lards,
Et répand la lumiere où tombent fes regards.
Nous , quifommes témoins de ces hautes
merveilles,
N'avons rien de plus doux pourcharmer
nos greilles.
du Mercure Galant.
223
Mais dans nos entretiens tairons - nous que
LOUIS,
Depuis le temps heureux qu'il gouverne
les Lys,
Redreffe en nous les moeurs , non moins que
la Doctrine?
Comme Fils de l'Eglife, avec elle ilfulmine
Par defeveres Loix contre le Libertin,
Le Brigand, le fureur, l' Athée, & l'AFfaffin.
Le Roy parle ; à l'inftant des coeurs chargez
de crimes
Deviennent pour le Ciel d'innocentes Vi
Etimes.
'La voix de ce Monarque arrefte tous les
coups
Qu'un Dieu vangeur peut- eftre aurois
lancez fur nous.
Sanspeine on obeit à LOUIS , à l'E
glife;
La Vertu dans ce Roy fur le Trône eft'
affife .
Mortels, qui loin de nous habitez l'Univers
224
Extraordinaire
Et quilonez ce Prince en langages divers,
Sans rien dire de trop, qui de vous ne peut
dire:
Ce Royne borne point fon zéle en fen
Empire,
Sous des Cieux Etrangers il n'en montre
pas moins?
Peuples, bien mieux que nous vous en eftes
témoins.
Parfon ordre en tout temps de l'un à l'autre
Pole,
Mille Atlétes facrez , armez de leur·
parole,
Vont combatrepour CHRIST, & domter
les Enfers .
La hauteur des Rochers, ny la vague des
Mers,
Nefont point un obstacle à l'ardeur de
leur zéle.
Donnerla vie à l'ame, éclairerl'Infidelle
Et le fouftraire au joug de l'Ange ténébreux,
C'est par tout ce quifert de matiere à leurs
feuxs
du Mercure Galant. 225
Ainfi donc dans la France, & hors defon
enceinte,
LOUISfait triompher la Croix, cette
Arche fainte.
Tout rit à ce Héros , lors que plufieurs
Mortels
N'ont d'Encens que pour Dieu, que pour
Dien des Autels.
Fadis un de nos Roys, au péril defa tefte,
De la Sainte Contrée entreprit la Conquefte.
Une nombreuſe Armée en ce lieu leſuivit
Le Nil en la voyant fe troubla dansfon
Lit.
Le Sultanfut vaincu : mais ce Roy plein
de gloire
Ne pût que peu de tempsfurvivre à fa
Victoire.
On vit fe relever le Sultan abatu ;
Sans prendre des Chrétiens les moeurs ng
la vertu.
Li eftoit refervé par la Bonté divine,
AuxBarbaresPaïs , où noftre Roy domine
Defubirfaintement le joug du Roy, dess
Roys
226
Extraordinaire
10
D'arborerfur leurs Bords l'Etendart de
la Croix,
Et d'y voir qu'un Héros que tout craint
fur la terre,
Mefme contre l'Enferfait faire encor la
guerre.
pofa pour fujet du dernier Prix de
Vers , les grandes Chofes que le Roy
faites enfaveur de la Religion Catholique
, le Berger du village de
Mont-Fallon y travailla , & n'eut pas
le temps de mettre la derniere main
fes Vers ,parce que des affaires importantes
attirérent tousfesfoins ailleurs .
Neanmoins comme il fe fait un plaifir
de donner des louanges à fon Prince,
dés qu'il a eu un peu plus de loifir,
il a mis la Piéce en l'état où je vous
l'envoye.
1
du
Mercure Galant.
-219
5252525252525252
AUX
POETES
QUI ONT
REMPORTE' LE
DERNIER
PRIX DE
VERS
DE
L'ACADEMIE
FRANCOISE.
Nour
3.
Ourriffons des Neuf- Soeurs , tout
couverts de la gloire
Qu'à jamais vous aquiert voftre illuftre
Victoire,
Permettez que ma voix fe mefle à ces
Concerts
Dont parvous
aujourd'huy
retentiſſent
les airs.
LOUIS, plein du beau feu qu'une Foy
vive inspire,
Terraffe
l'Heréfie en
cefameux Empire.
En effet, de ce Roy les Foudres élancez
Font voiren
plufieurs Lieux des
Temples
renverfezi
Tij
220 Extraordinaire
Et ces Foudres tournant vers tous les He
rétiques,
Caufent, pour leurfalut, leurs difgraces
publiques.
Lors
que
LOUIS les livre au Deftin
malheureux,
Il les chériroit moins , s'ilfaifoit moins
contre eux.
Cefavorable Autheur de leur douleur
commune,
Qui ne leur permet point d'encenfer la
Fortune,
D'ailleurs leur tend les bras, au moment
qu'il leur nuit.
Parfon ordre on confére, on difpute, on
inftruit:
Et ceux de qui les yeux s'ouvrent à la
lumiere,
Reçoivent fesfaveurs en plus d'une maniere.
Il leur donne des Biens , & leur bonheur
eft tel,
Qu'ils ont outre ces Biens part au Bien
Eternel.
du Mercure Galant.
221
Sur les Bords de la Seine ainfi LOUIS
s'applique
A diffiper l'Erreur , à domter l'Herétique.
Maisde peur que cette Hydre & ce Monftre
odieux,
2
Que l'Erreur quelque jour ne renaiſſe en
ces Lieux,
Son zéle écarte encor ces nouvelles Cabales
Dont les Livres adroits font de charmans.
Dédalles,
Qui pour mieux décevoir ont par tout des
douceurs,
Et qui cachent toûjours du venin fous des
fleurs.
Enfin de ce grand Roy la main toutepuif-
Sante
Fait que dans nos Climats la Croix eft
triomphante,
Et qu'il n'eft plus permis aux naiſſantes
Erreurs
D'habiter parmy nous , d'y forger nos
malheurs.
Comme fi l'Acheron cuft déchaîné fur
terre
Tüj
222 Extraordinaire
Ses Fillespour porter le Flambeau de la
Guerre,
Les Sectes des Errans femoient jadis
L'effroy,
La France en pâliſſoit ; mais, grace à
noftre Roy,
On ne craint plus les maux qu'ont endurê
nos Peres.
Verra-t-on la Difcorde , aux cheveux de
Vipéres,
S'unir al Heréfie, en emprunter la voix?
Tout eft calme, & l'on met l'Heréfie aux
abois.
LOUIS , comme un Soleil, dont l'aimable
influence
Procure un calme faint à la Nefde la
France ,
Diffipe de l'Erreur la nuit & les Bronil-
Lards,
Et répand la lumiere où tombent fes regards.
Nous , quifommes témoins de ces hautes
merveilles,
N'avons rien de plus doux pourcharmer
nos greilles.
du Mercure Galant.
223
Mais dans nos entretiens tairons - nous que
LOUIS,
Depuis le temps heureux qu'il gouverne
les Lys,
Redreffe en nous les moeurs , non moins que
la Doctrine?
Comme Fils de l'Eglife, avec elle ilfulmine
Par defeveres Loix contre le Libertin,
Le Brigand, le fureur, l' Athée, & l'AFfaffin.
Le Roy parle ; à l'inftant des coeurs chargez
de crimes
Deviennent pour le Ciel d'innocentes Vi
Etimes.
'La voix de ce Monarque arrefte tous les
coups
Qu'un Dieu vangeur peut- eftre aurois
lancez fur nous.
Sanspeine on obeit à LOUIS , à l'E
glife;
La Vertu dans ce Roy fur le Trône eft'
affife .
Mortels, qui loin de nous habitez l'Univers
224
Extraordinaire
Et quilonez ce Prince en langages divers,
Sans rien dire de trop, qui de vous ne peut
dire:
Ce Royne borne point fon zéle en fen
Empire,
Sous des Cieux Etrangers il n'en montre
pas moins?
Peuples, bien mieux que nous vous en eftes
témoins.
Parfon ordre en tout temps de l'un à l'autre
Pole,
Mille Atlétes facrez , armez de leur·
parole,
Vont combatrepour CHRIST, & domter
les Enfers .
La hauteur des Rochers, ny la vague des
Mers,
Nefont point un obstacle à l'ardeur de
leur zéle.
Donnerla vie à l'ame, éclairerl'Infidelle
Et le fouftraire au joug de l'Ange ténébreux,
C'est par tout ce quifert de matiere à leurs
feuxs
du Mercure Galant. 225
Ainfi donc dans la France, & hors defon
enceinte,
LOUISfait triompher la Croix, cette
Arche fainte.
Tout rit à ce Héros , lors que plufieurs
Mortels
N'ont d'Encens que pour Dieu, que pour
Dien des Autels.
Fadis un de nos Roys, au péril defa tefte,
De la Sainte Contrée entreprit la Conquefte.
Une nombreuſe Armée en ce lieu leſuivit
Le Nil en la voyant fe troubla dansfon
Lit.
Le Sultanfut vaincu : mais ce Roy plein
de gloire
Ne pût que peu de tempsfurvivre à fa
Victoire.
On vit fe relever le Sultan abatu ;
Sans prendre des Chrétiens les moeurs ng
la vertu.
Li eftoit refervé par la Bonté divine,
AuxBarbaresPaïs , où noftre Roy domine
Defubirfaintement le joug du Roy, dess
Roys
226
Extraordinaire
10
D'arborerfur leurs Bords l'Etendart de
la Croix,
Et d'y voir qu'un Héros que tout craint
fur la terre,
Mefme contre l'Enferfait faire encor la
guerre.
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Résumé : AUX POETES QUI ONT REMPORTÉ LE DERNIER PRIX DE VERS DE L'ACADEMIE FRANCOISE.
Un berger du village de Mont-Fallon a participé au concours de poésie organisé par l'Académie Française sur les grandes actions du roi en faveur de la religion catholique. Bien qu'il n'ait pas pu terminer son œuvre à temps en raison de diverses occupations, il a finalement envoyé sa pièce. Le poème célèbre le roi Louis pour ses actions contre l'hérésie et l'erreur. Il décrit comment le roi a fait renverser plusieurs temples hérétiques et a causé la disgrâce publique des hérétiques. Le roi est présenté comme un protecteur de la foi catholique, distribuant des biens et des faveurs à ceux qui se convertissent. Il lutte également contre les livres hérétiques et les nouvelles cabales, assurant la victoire de la Croix en France. Le roi est comparé à un soleil qui dissipe l'erreur et les brouillards, apportant la lumière et le calme. Il redresse les mœurs et la doctrine, combattant le libertinage, la briganderie, la fureur, l'athéisme et l'assassinat. Son zèle s'étend au-delà de son empire, inspirant des missionnaires à travers le monde pour combattre pour le Christ. Le texte mentionne également un roi précédent qui avait entrepris la conquête de la Sainte Contrée, mais qui n'avait pu en profiter longtemps. Il contraste cette victoire éphémère avec le règne durable de Louis, qui impose le joug du roi des rois et fait triompher la Croix même dans les pays barbares.
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36
p. 2-7
Déclaration du Roy, [titre d'après la table]
Début :
Parmy les Affaires importantes ausquelles ce grand Prince employe souvent [...]
Mots clefs :
Affaires, Hérésie, Protestants, Articles, Édit de Nantes, Culte, Juges, Intendants, Prétendus réformés, Arrêts
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Déclaration du Roy, [titre d'après la table]
Parmy
GALANT 3
les Affaires importantes aufquelles
ce grand Prince employe
fouvent les journées
entieres , il ne s'applique à
aucune avec plus d'attention
, qu'à ce qui regarde
1'Extirpation de l'Heréfie .
Cela fe connoift par les Déclarations
que l'on continue
à publier contre les abus qui
ont efté jufqu'icy fouferts
aux Prétendus Reformez.
Quoy que par l'Article 43.
des Particuliers de l'Edit de
Nantes , il ne leur foit permis
de lever fur eux que
des fommes néceffaires pour
A ij
4 MERCURE
les frais de leurs Sinodes, &
pour l'exercice de leur Religion
, dont ils doivent faire
le Département en préfence
des Juges Royaux des Lieux ,
ce qui a efté confirmé par
les Articles 11. & 35 , de la
Déclaration de Sa Majefté
du premier Janvier 1669.
neanmoins il eſt arrivé qu'abufant
de cette Permiflion,
ils ont fait en divers Lieux
des Impofitions fur eux- mémes
, de leur autorité privée,
& fans l'affiftance des Juges ,
& en d'autres impofé diverfes
fommes pour des ufages
GALANT. 5
5 A
illicites. Le Roy qui en a
efté informé , jugeant à propos
de remédier à ce defordre
, a ordonné , Que les
Habitans de la Religion Préten
due Réformée feront tenus de
reprefenter pardevant les Intendans
Commiffaires départis
dans les Provinces & Generalitez
du Royaume , les Origi
naux des Etats d'Impofitions, e
Départemens par eux faits fur
eux-mefmes depuis vingt- neuf
années , avec les Comptes qui
en ont efté rendus , les Piéces
juftificatives , Registres , & autres
Actes , afin que les Inten
6 MERCURE
7.
a
le
dans & Commiffaires départis
en ayant dreffe leurs Procez Verbaux,
qu'on rapportera à Sa Majeſté
avec leurs Avis , il foit ordonné
ce qu'il appartiendra ; autrement,
& à faute par ceux
de cette Religion d'y fatisfaire
dans le delay d'un mois apres
jour de la fignification de l'Arreft
donné fur cc fujet , Sa Majefté
leur fait défenfes de faire
aucunes Impofitions fans fa permiffion
expreffe , à peine d'eftre
વે
punis felon la rigueur des Ordonnances
; & à fes Officiers,
d'autorifer ces Impofitions , à moins
qu'ils ne juftifient par un Cer
GALANT. 7
tificat des Intendans Commiffaires
départis , qu'ils auront
fatisfait à l'Arrest ; fans préjudice
neanmoins des Contrainles
Intendans
tes par corps que
Commiffaires
départis pourront
décerner contre les Anciens
Syndics de chaque année.
GALANT 3
les Affaires importantes aufquelles
ce grand Prince employe
fouvent les journées
entieres , il ne s'applique à
aucune avec plus d'attention
, qu'à ce qui regarde
1'Extirpation de l'Heréfie .
Cela fe connoift par les Déclarations
que l'on continue
à publier contre les abus qui
ont efté jufqu'icy fouferts
aux Prétendus Reformez.
Quoy que par l'Article 43.
des Particuliers de l'Edit de
Nantes , il ne leur foit permis
de lever fur eux que
des fommes néceffaires pour
A ij
4 MERCURE
les frais de leurs Sinodes, &
pour l'exercice de leur Religion
, dont ils doivent faire
le Département en préfence
des Juges Royaux des Lieux ,
ce qui a efté confirmé par
les Articles 11. & 35 , de la
Déclaration de Sa Majefté
du premier Janvier 1669.
neanmoins il eſt arrivé qu'abufant
de cette Permiflion,
ils ont fait en divers Lieux
des Impofitions fur eux- mémes
, de leur autorité privée,
& fans l'affiftance des Juges ,
& en d'autres impofé diverfes
fommes pour des ufages
GALANT. 5
5 A
illicites. Le Roy qui en a
efté informé , jugeant à propos
de remédier à ce defordre
, a ordonné , Que les
Habitans de la Religion Préten
due Réformée feront tenus de
reprefenter pardevant les Intendans
Commiffaires départis
dans les Provinces & Generalitez
du Royaume , les Origi
naux des Etats d'Impofitions, e
Départemens par eux faits fur
eux-mefmes depuis vingt- neuf
années , avec les Comptes qui
en ont efté rendus , les Piéces
juftificatives , Registres , & autres
Actes , afin que les Inten
6 MERCURE
7.
a
le
dans & Commiffaires départis
en ayant dreffe leurs Procez Verbaux,
qu'on rapportera à Sa Majeſté
avec leurs Avis , il foit ordonné
ce qu'il appartiendra ; autrement,
& à faute par ceux
de cette Religion d'y fatisfaire
dans le delay d'un mois apres
jour de la fignification de l'Arreft
donné fur cc fujet , Sa Majefté
leur fait défenfes de faire
aucunes Impofitions fans fa permiffion
expreffe , à peine d'eftre
વે
punis felon la rigueur des Ordonnances
; & à fes Officiers,
d'autorifer ces Impofitions , à moins
qu'ils ne juftifient par un Cer
GALANT. 7
tificat des Intendans Commiffaires
départis , qu'ils auront
fatisfait à l'Arrest ; fans préjudice
neanmoins des Contrainles
Intendans
tes par corps que
Commiffaires
départis pourront
décerner contre les Anciens
Syndics de chaque année.
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Résumé : Déclaration du Roy, [titre d'après la table]
Le texte décrit les mesures prises par un grand prince pour contrer les abus commis par les réformés, malgré les dispositions de l'Édit de Nantes et des déclarations royales qui autorisent ces derniers à lever des fonds pour leurs synodes et pratiques religieuses sous supervision judiciaire. Des abus ont été relevés, notamment des impositions sans l'assistance des juges et des levées de fonds à des fins illicites. Informé de ces abus, le roi a ordonné aux réformés de présenter aux intendants et commissaires provinciaux les documents relatifs aux impositions et départements des vingt-neuf dernières années, ainsi que les comptes et justificatifs. Les intendants doivent dresser des procès-verbaux et les soumettre au roi avec leurs avis pour déterminer les mesures à prendre. À défaut de réponse satisfaisante dans un mois, toute imposition sans permission royale est interdite, sous peine de sanctions. Les officiers ne peuvent autoriser ces impositions sans certificat des intendants. Ces derniers peuvent également contraindre les anciens syndics par corps.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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37
p. 7-14
Arrests du Conseil d'Etat, [titre d'après la table]
Début :
Il y a eu deux autres Arrests du Conseil d'Etat, l'un du [...]
Mots clefs :
Arrêt du Conseil d'État, Prétendus réformés, Ministres, Impôt, Requêtes, Députés, Consistoire, Chancelier
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Arrests du Conseil d'Etat, [titre d'après la table]
Il y a eu deux autres Arrefts
du Confeil d'Etat , l'un
du 8. Janvier , & l'autre du
17. du mefme mois. Le premier
porte , que les Prétendus
Réformez ayant fait tous
leurs efforts pour faire
faire
accorder
à leurs Miniftres l'exemption
de la Taille, telle qu'on
A iiij
8 MERCURE
l'a accordée aux Eccléfiaftiques
; & ayant réiteré leur
demande
non feulement
dans leurs Cahiers
de 1602 ,
la
1604 , 1608 , 1611 , 1619 , 1621,
& 1622 , mais encore par
Requeſte que leurs Députez
préfentérent à cet effet , Arreft
intervint le 17. Juillet 1624. par
lequel , conformément aux
Réponses faites fur ces Cahiers
, il fut ordonné que leurs
Miniftres joüiroient de l'exéption
des Tailles & autres
Impofitions pour leurs Meubles
, Penfions , & Gages feulement,
& qu'ils ne pourroient
GALANT. 9
eftre Impofez qu'à proportion
de leurs Héritages, & autres
Biens .Voila tout ce qu'ils
purent alors obtenir. Cependant
par un uſage abufif qui
ne sçauroit prévaloir fur l'Ar
reft de 1624. donné mefme fur
la Requeſte de leurs Dépu
tez , & qui n'a jamais efté révoqué
, les Miniftres qui poffedent
des Biens immeubles,
n'ont pas laiffé de jouir dans
beaucoup
de lieux de l'Exem
ption entiére de la Taille , foit
qu'on ne les ait pas diftinguez
d'avec ceux qui n'avoient
que leurs Gages &
10 MERCURE
leursMeubles ,ou qu'un nom
bre confidérable de perfonnes
de cette Religion eftant
dans ces lieux ,lors qu'ils ont
efté Collecteurs , ils les ayent
voulu favorifer , le Roy qu'on
a informé de cet abus , a crû
néceffaire d'y pourvoir , &
pour cela il a Ordonné conformément
à l'Arreft du 17
Juillet 1624. Que tous Minifires
de la Religion Prétendue
Réformée , feront compris & employez
dans les Rôles des Tailles,
à proportion des biens qu'ils pof.
fedent autres que leurs Gages,
Les Meubles quifervent à leur
GALANT. II
ufage , pour lesquels feulement
ils jouiront de l'exemption des
Tailles , nonobftant tout ce qui
pourroit eftre allegué, oppoſitions ,
autres empefchemens , aufquels
on n'aura aucun égard.
Je vous ay parlé dans mes
Lettres precédentes d'une
Déclaration du 21 Aouft dernier
, par laquelle il a efté ordonné
que ceux de la Religion
Prétendue Réformée,
ne pourront tenir Confiftoire
qu'une fois en quinze jours,
en prefence d'un Juge commis
par Sa Majefté ; & que les
deniers que ceux de cette
12 MERCURE
Religion peuvent lever fur
eux , fuivant les Edits & Dé
clarations , feront impofez
devant le Juge , le Roy efti
mant que pour l'entiére execution
de cette Déclaration ,
les Juges qui feront commis
pour affifter à ces Confiftoires,
doivent avoir connoiffan
ce de toutes les Déliberations
qui y feront prifes , & des deniers
qu'on impofera , pour
en rendre compte lors qu'il
en fera befoin , a ordonné
par fon Arreft du Confeil d'Etat
du 17. de l'autre mois ,
Que les luges qui ont efté, &
GALANT. 13
4
qui feront cy- apres commis pour
affifter à ces Confiftoires , para
pheront à la fin de chaque Affemblée
, les Déliberations qu'on
y auraprifes , les ferontfigner
par les Miniftres & Anciens,
avec défences à ceux de la Religion
Prétendue Reformée , d'en
écrire dans leurs Regiftres , ny
executer d'autres que celles qui
auront efté prifes en prefence des
Iuges commis, par eux paraphées
; comme auffi que les Rôles
des deniers que ceux de cette Religion
ont pouvoir de lever fur
eux , feront paraphez par les
mefmes luges , &fignezpar les
14 MERCURE
Miniftres Anciens , & faits
doubles , l'un defquelsfera donné
au Tuge , en prefence de qui l'Impofition
aura eftéfaite , pour l'envoyer
à M¹ le Chancelier tous
les fix mois.
du Confeil d'Etat , l'un
du 8. Janvier , & l'autre du
17. du mefme mois. Le premier
porte , que les Prétendus
Réformez ayant fait tous
leurs efforts pour faire
faire
accorder
à leurs Miniftres l'exemption
de la Taille, telle qu'on
A iiij
8 MERCURE
l'a accordée aux Eccléfiaftiques
; & ayant réiteré leur
demande
non feulement
dans leurs Cahiers
de 1602 ,
la
1604 , 1608 , 1611 , 1619 , 1621,
& 1622 , mais encore par
Requeſte que leurs Députez
préfentérent à cet effet , Arreft
intervint le 17. Juillet 1624. par
lequel , conformément aux
Réponses faites fur ces Cahiers
, il fut ordonné que leurs
Miniftres joüiroient de l'exéption
des Tailles & autres
Impofitions pour leurs Meubles
, Penfions , & Gages feulement,
& qu'ils ne pourroient
GALANT. 9
eftre Impofez qu'à proportion
de leurs Héritages, & autres
Biens .Voila tout ce qu'ils
purent alors obtenir. Cependant
par un uſage abufif qui
ne sçauroit prévaloir fur l'Ar
reft de 1624. donné mefme fur
la Requeſte de leurs Dépu
tez , & qui n'a jamais efté révoqué
, les Miniftres qui poffedent
des Biens immeubles,
n'ont pas laiffé de jouir dans
beaucoup
de lieux de l'Exem
ption entiére de la Taille , foit
qu'on ne les ait pas diftinguez
d'avec ceux qui n'avoient
que leurs Gages &
10 MERCURE
leursMeubles ,ou qu'un nom
bre confidérable de perfonnes
de cette Religion eftant
dans ces lieux ,lors qu'ils ont
efté Collecteurs , ils les ayent
voulu favorifer , le Roy qu'on
a informé de cet abus , a crû
néceffaire d'y pourvoir , &
pour cela il a Ordonné conformément
à l'Arreft du 17
Juillet 1624. Que tous Minifires
de la Religion Prétendue
Réformée , feront compris & employez
dans les Rôles des Tailles,
à proportion des biens qu'ils pof.
fedent autres que leurs Gages,
Les Meubles quifervent à leur
GALANT. II
ufage , pour lesquels feulement
ils jouiront de l'exemption des
Tailles , nonobftant tout ce qui
pourroit eftre allegué, oppoſitions ,
autres empefchemens , aufquels
on n'aura aucun égard.
Je vous ay parlé dans mes
Lettres precédentes d'une
Déclaration du 21 Aouft dernier
, par laquelle il a efté ordonné
que ceux de la Religion
Prétendue Réformée,
ne pourront tenir Confiftoire
qu'une fois en quinze jours,
en prefence d'un Juge commis
par Sa Majefté ; & que les
deniers que ceux de cette
12 MERCURE
Religion peuvent lever fur
eux , fuivant les Edits & Dé
clarations , feront impofez
devant le Juge , le Roy efti
mant que pour l'entiére execution
de cette Déclaration ,
les Juges qui feront commis
pour affifter à ces Confiftoires,
doivent avoir connoiffan
ce de toutes les Déliberations
qui y feront prifes , & des deniers
qu'on impofera , pour
en rendre compte lors qu'il
en fera befoin , a ordonné
par fon Arreft du Confeil d'Etat
du 17. de l'autre mois ,
Que les luges qui ont efté, &
GALANT. 13
4
qui feront cy- apres commis pour
affifter à ces Confiftoires , para
pheront à la fin de chaque Affemblée
, les Déliberations qu'on
y auraprifes , les ferontfigner
par les Miniftres & Anciens,
avec défences à ceux de la Religion
Prétendue Reformée , d'en
écrire dans leurs Regiftres , ny
executer d'autres que celles qui
auront efté prifes en prefence des
Iuges commis, par eux paraphées
; comme auffi que les Rôles
des deniers que ceux de cette Religion
ont pouvoir de lever fur
eux , feront paraphez par les
mefmes luges , &fignezpar les
14 MERCURE
Miniftres Anciens , & faits
doubles , l'un defquelsfera donné
au Tuge , en prefence de qui l'Impofition
aura eftéfaite , pour l'envoyer
à M¹ le Chancelier tous
les fix mois.
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Résumé : Arrests du Conseil d'Etat, [titre d'après la table]
Le texte relate deux arrêts du Conseil d'État concernant les réformés et leurs ministres. Le premier arrêt, du 8 janvier, évoque les tentatives des réformés pour obtenir l'exemption de la taille pour leurs ministres, similaire à celle accordée aux ecclésiastiques. Cette demande a été répétée dans divers cahiers entre 1602 et 1622 et par une requête en 1624. L'arrêt du 17 juillet 1624 a accordé cette exemption uniquement pour les meubles, pensions et gages des ministres, tout en les imposant proportionnellement à leurs héritages et autres biens. Un abus a permis à certains ministres de bénéficier d'une exemption totale de la taille sur leurs biens immeubles. Le roi a alors ordonné que tous les ministres réformés soient inclus dans les rôles des tailles proportionnellement à leurs biens, sauf pour leurs gages et meubles. De plus, une déclaration du 21 août a stipulé que les réformés ne peuvent tenir consistoire qu'une fois en quinze jours, en présence d'un juge royal. Les deniers levés doivent être imposés devant ce juge, et les délibérations des consistoires doivent être paraphes par les juges.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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38
p. 14-15
Ordonnance, [titre d'après la table]
Début :
Mr de Sourches grand Prevost, ayant receu ordre de Sa Majesté, [...]
Mots clefs :
Grand Prévot, Calvinistes, Ordonnance, Marchands, Prétendus réformés
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ordonnance, [titre d'après la table]
M de Sourches grand
Prevoft, ayant receu ordre de
Sa Majeſté , de ne ſouffrir aucuns
Calvinistes , ny autres
Herétiques , parmy les Marchands
Privilegiez qui font
fous fa charge , a fait auffi publier
une Ordonnance du 9 .
du dernier mois , par laquelle
il eft enjoint à tous les Marchands
Privilégiez qui fuia
GALANT
15
vent la Cour, & qui font de lá
Religion Prétendue Réformée
, ou de quelqu'autre
Secte d'Herétiques que ce
foit , de vendre leurs Priviléges
, dans un mois du jour
de la fignification de cette
Ordonnance , à peine de defobéiffance
formelle.
Prevoft, ayant receu ordre de
Sa Majeſté , de ne ſouffrir aucuns
Calvinistes , ny autres
Herétiques , parmy les Marchands
Privilegiez qui font
fous fa charge , a fait auffi publier
une Ordonnance du 9 .
du dernier mois , par laquelle
il eft enjoint à tous les Marchands
Privilégiez qui fuia
GALANT
15
vent la Cour, & qui font de lá
Religion Prétendue Réformée
, ou de quelqu'autre
Secte d'Herétiques que ce
foit , de vendre leurs Priviléges
, dans un mois du jour
de la fignification de cette
Ordonnance , à peine de defobéiffance
formelle.
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Résumé : Ordonnance, [titre d'après la table]
Une ordonnance de M. de Sourches, prévôt, interdit aux calvinistes et hérétiques d'être marchands privilégiés. Ils doivent vendre leurs privilèges en un mois, sous peine de désobéissance.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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39
p. 15-31
LA FRANCE AU ROY, SUR L'EXTIRPATION DE L'HERESIE.
Début :
On ne doit point s'étonner apres tous ces soins, / Grand Roy, qui dans l'Eglise avez le Droit d'Ainesse, [...]
Mots clefs :
Louanges, Monarque, Chevalier de Longueil, Hérésie, Lois, Église, Couronne, Honneur, Grandeur, Monstres, Conversion, Tyrans, Vérité, Auteurs, Guerre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA FRANCE AU ROY, SUR L'EXTIRPATION DE L'HERESIE.
On ne doit point s'étonner
apres tous ces foins , qui font
fuivis tous les jours de fuccez
tres- favorables , fi l'on entend
retentir de toutes parts les
loüanges de noftre augufte
Monarque. Je croy ne pouvoir
vous les faire entendre
16 MERCURE
d'une maniére plus agréable ,
qu'en vous envoyant les Vers
que vous allez lire . Ils font de
M'le Chevalier de Longueil,
qui ſe diſtingue autant par les
belles Lettres que par les Mathématiques
. Če Gentilhomme
qui demeure en Anjou ,
eft de l'Illuftre Maifon de
Longueil , qui a l'honneur de
voir encore aujourd'huy M¹
le Préfident de Maifons, exercer
une des premiéres Charges
de la Juſtice , avec toute
la réputation que ſes Ance
ftres ont acquife pendant les
trois derniers Siécles , & fen
GALANT.
17
3
>
M' le Préfident de Maiſons.
fon Pere , Surintendant des
Finances en celuy- cy. Il
femble que M' le Chevalier
de Longueil ait voulu imiter
dans ces vers le zéle de Chriftophe
de Longueil , le plus
celebre Orateur Latin , que las
France ait eu jufques à luy ,,
lequel déclama dans l'Eglife
de S. Pierre , en prefence dus
Pape Leon X. cette éloquente
Oraifon , qu'il avoit compofée
contre l'Heréfie de Luther
alors naiffante , & qui fe:
trouve dans fes Ouvrages.
Février
1685-
B
18 MERCURE
SZ-SSSESES:S22SSSS
LA FRANCE
AU ROY,
SUR L'EXTIRPATION
DE L'HERESIE.
G
·RAND ROT , quidas l'Eglife
avez le Droit d' Aineffe ,
Et aans fesfaintes Loixpuifez voftre
Sageffe,
Pour régir des François l'Empire
glorieux,
Qu'a fignalé la Foy de vos premiers
Aуeux;
Cher Prince, à qui le Ciel adonné ma
Couronne,
Pourtenir en vos mains tous les ordres
qu'il donne,
GALANT rep
Rétablir des Autels les bonneurs méprifez
Réunir tant de coeurs fi long- temps
divifex, A
Et pour rendre à mes Lys cette pure
innocence,
Qu'ils reçûrent du lien de leurfainte
naiffance.
Apres m'avoirportée à ce baut point:
d'honneur,
Qui refléchitfur- moy vostre propre
Grandeur;
M'avoir donné du Rhin la Barriere
fameuse,
Faitcoulerfous mesLoix , & l'Efcaur »
& la Meufe;
Avoirpour le Commerce ouvert de
nouveaux Ports ,
De Pinde & du Couchant attiré les
tréfors;
Et pour joindre les Mers, prodiguanst
Les miracles ,
20 MERCURE
Des Rochers & des Eauxforcé tous les
obftacles;
Apresm'avoir donné, par lefecours
des Arts,
Defuperbes Palais , & defameux
Ramparts,
Et par tant de travaux, qu'en tous
lieux on renomme,
Eait voir qu'eftre François, c'eft eftre
plus qu'un Homme;
Par un reffentiment digne de vos
bienfaits,
Je viens du Monde entier vous offrir
les refpects,
Et donner pour Garans de ma reconnoiffance,
Les coeurs de vos Sujets,& mon obeïf
fance.
De mefme que la Terre au retour du
Printemps
Découvre defes Fleurs les Rubis éclas
tans.ક
GALANT 20
Etpourenfaire hommage au Roy de la
Nature,
Semble luy présenter la naiffante
verdure;
Telle, &plus redevable à vos ſoins
glorieux,
Jétale mon bonheur & mapompe à
vos yeux
Mais le Ciel a voulu qu'à de plus
nobles marques akt
Vousfuffiez reconnu le plus grand
des Monarques,
Et qu'un pieux Héros dans la prospé
rité,
Travaillantfans relâche à l'immortalité,
Extirpast l'Heréfie, & coupantfes
racines,
Enfin d'avec mes Lys feparast les
Epines..
Depuis unfiécle, on plus, mes Peuples
vas Sujets
22 MERCURE
Ont pour ce grand deſcin formé de.
vains projets...
Les Charles , les Henrys, & voftre
auguste Pere,
Ontcombatu ce,Monftre , & n'ontpú
le défaires
Et P.Universconnoist,fans en estre
jaloux,
Qu'il n'eftoitréfervé
qu'à vos illu .
ftres coups.
QuelSpectacle de voir mon Roy cou
vert degloire,
Faire de Conftantin revivre lamémoire
,
Elevercomme luy l'Etendart de la
Croix,
Faireregnerceluy qui fait regner les.
Roys ,
Contrefes Ennemisprendre en main.
fa quercite,
Et vanger en Chrétien fon Eglife
fidelle!
GALANT. 23
4
Oxy , Dicu mefmejaloux deſespra..
pres honneurs.
S'estfait en tous les temps de pieux:
Défenfeurs;
Lug - mefme a foûtenu le coeur des
Macabées,
Pour vaincre d'un Tyran les nom
breufes Armées;
Et l'heureufe valeur du Berger d'If
raël,
Pour délivrer les Iuifs , fut l'ouvrage
du Ciel."
Voftre tour eft venu, Grand Prince, il
vous appelle,
Pour eftre l'Héritier de leur glaire
immortelle..
Oquej'aime à vous voir, épris de
cette ardeur,
Chercher tous les moyens de diffiper
L'erreur;
Dufameux Bofsüet emprunter l'élo-
∙quence,
24 MERCURE
Et dujufte Tellier confulter lapru
dence;
Exciter Chanvallon, dont lafainte
ferveur,
D'Aurele & d Auguſtin imitant la
douceur,
Propofe du Clergé la Lettre Paftorale, -
Pour attirer les coeurs que retient la
Cabale,
Etjoindre àleurs travaux la libéra--
lité,
Lamajefté des Loix, l'exemple, & -
L'équités
Des Nouveaux Convertis foûtenirl'indigence,
Etpunirdes Relaps l'odieufe incon--
Stance!
D'unfage & puiffant Roy falutaire
rigueur,
Qui détermine au Bien la liberté du
coeur
maiss
GALANT. 25
Mais quey ! doit-on ainfi nommer
voftrejustice,
Qui pardonne à tous ceux qui renoncentau
vice?
Elle qui n'interdit les emplois glorieux
Quejufques au moment que l'Homme
ouvre les yeux.
Quand par voftre bonté, dont elle est
prévenuë,
De ceux qui la craignoient le nombre
diminuë;
Lorsque vous adoptez cesgenéreux
Enfans,
Dont les Peres, fans vous, deviendroient
les Tyrans;
On quand vos foins heureux, cherchant
avec tendreffe
Ceux que la Grace touche, & la Verité
preſſe,
Font voir avec éclat d'illuftres Déferteurs,
Fevrier 1685. C
26 MERCURE
Minifires de Satan , abjurer leurs »
erreurs.
Puiffe du GrandLOVIS l'infatiga
ble zéle
Aux Héros à venir eftre un parfait
modelle;
Ou fi de l'imiter on tâche vaincment,
Que du moins on l'admire avec étonnement,
Dans le défir de voir réunis à l'Eglife
Les coeurs defes Sujets, que le Schifme
divife,
S'eftimer fortuné, fi defon Bras un
jour
Il payoit la valeur de cet heureux
retour.
Maisformez d'autres voeux, Prince
trop magnanime,
Le Ciel ne veut de vous qu'un tribut
légitime:
Gardez ce Bras vainqueur, que craint
tout l'Univers,
GALANT 27
Pour punir les Mechans, & leur donnerdes
fers.
Ce Bras, par qui la Foy de fes droits
refaifie,
Ajufque dans Strasbourg détrôné ››
PHeréfie ;
Et qui pour la détruire enfes Retranchemens,
then war
Renverse d'unſignalfes plus chers
monumens:
Pourfuir voftrejuftice, oùfe cachera-telle?
Lefameux Montauban,
l'orgueilleufe
Rochelle,
Nifmes & Montpellier, avec tant
d'autres
Lieux ,
Où l'audace Herétique a bravé vos
Ayeux,
Ont vû tomber les Murs qui lay fervoient
d'azile.
L'Anglois, qui lafoûtint, luy devient
inutile.
28 MERCURE
L'Union d'Allemagne &defes Novateurs
Est le Phantome vain de nos Réfor
mateurs,
Et leur ambition clairement décou
verte,
Enfaveur de l'Etat doit avancer leur
perte.
Sans répandre leurfang, vousfçavez,
m'en vanger;
Fousles traitez en Perc, & l'onles
voit changer;
Mais
pour
les coeurs d'airain ayez
moins de clémence.
De cet illuftre Grec imitez la pru
.
dence,
Qui ne pouvoit fouffrir le dernier.
Rejetton
Qui pust de Troye un jour refufciter
le
nom,
Et rangerfur les Grecs la bonte de
Afie.
GALANT. 29
Vous connoiffez, Grand Roy, ce que
peut l'Heréfie;
Cet Hydre renaissant, de monfang
alteré,
Monftre des coeursféduits follement
revéré.
Et vous, Sujets ingrats, rebelles
Herétiques,
Quejay vus les Autheurs des miferes
publiques,
Volontaires Profcrits , ambitieuxTitans,
Nourris du mefme lait de mes plus
chers Enfans;
De quel Démon pouffez , de quelle
barbarie,
Avez - vous déchiré le fein de la
Patrie?
Mes Fleuves teints defang, & mes
Roys méprifez,
LesTemples mis en cendre , & les
Autels brifez,
30 MERCURE
Sont les affreux effets de ces triftes
journées,
oùjay vi mafortune &ma gloire
bornées,
Quandl'erreur populaire infectant
les grands coeurs,
De mes pres Hérosfaifoitfes Protecicurs.
Dreux, S. Deni ,Farnac, font les têmoins
fidelles
Des premieres horreurs de ces Guerres
cruelles,
où j'ay, quand vostre fer ne me refpectoir
plus,
Couronné les Vainqueurs, &pleuré
les Vaincus.
Soit de tels attentats l'audace terminée;
Mon Roytientfous ſes pieds la Difcorde
enchaînée.
Pourriez - vousfoûtenir; impuiſſans
Factieux,
GALANT 31
Les regards d'un Héros toûjours
victorieux,
Etfaire foulever les Cevennesfidel
les?
Non, a Religion ne fait point de
rebelles.
Grand Monarque, achevez la Conqueftedes
coeurs,
Elle doit égaler les vaincus aux Vainqucurs;
Etfaites avouer à la plus noire envie,
Que le Nom de LOVIS ,fatal à
l'Heréfie,
Dans l'Eglife & l'Etat rétablit l'u
nité;
Et que celuy de GRAND, tantdefois
mérité,
Vientmoins de vos Exploits , qu'honore
la Vistoire,
Que de la Pieté que marque voftre
Hiftoire.
apres tous ces foins , qui font
fuivis tous les jours de fuccez
tres- favorables , fi l'on entend
retentir de toutes parts les
loüanges de noftre augufte
Monarque. Je croy ne pouvoir
vous les faire entendre
16 MERCURE
d'une maniére plus agréable ,
qu'en vous envoyant les Vers
que vous allez lire . Ils font de
M'le Chevalier de Longueil,
qui ſe diſtingue autant par les
belles Lettres que par les Mathématiques
. Če Gentilhomme
qui demeure en Anjou ,
eft de l'Illuftre Maifon de
Longueil , qui a l'honneur de
voir encore aujourd'huy M¹
le Préfident de Maifons, exercer
une des premiéres Charges
de la Juſtice , avec toute
la réputation que ſes Ance
ftres ont acquife pendant les
trois derniers Siécles , & fen
GALANT.
17
3
>
M' le Préfident de Maiſons.
fon Pere , Surintendant des
Finances en celuy- cy. Il
femble que M' le Chevalier
de Longueil ait voulu imiter
dans ces vers le zéle de Chriftophe
de Longueil , le plus
celebre Orateur Latin , que las
France ait eu jufques à luy ,,
lequel déclama dans l'Eglife
de S. Pierre , en prefence dus
Pape Leon X. cette éloquente
Oraifon , qu'il avoit compofée
contre l'Heréfie de Luther
alors naiffante , & qui fe:
trouve dans fes Ouvrages.
Février
1685-
B
18 MERCURE
SZ-SSSESES:S22SSSS
LA FRANCE
AU ROY,
SUR L'EXTIRPATION
DE L'HERESIE.
G
·RAND ROT , quidas l'Eglife
avez le Droit d' Aineffe ,
Et aans fesfaintes Loixpuifez voftre
Sageffe,
Pour régir des François l'Empire
glorieux,
Qu'a fignalé la Foy de vos premiers
Aуeux;
Cher Prince, à qui le Ciel adonné ma
Couronne,
Pourtenir en vos mains tous les ordres
qu'il donne,
GALANT rep
Rétablir des Autels les bonneurs méprifez
Réunir tant de coeurs fi long- temps
divifex, A
Et pour rendre à mes Lys cette pure
innocence,
Qu'ils reçûrent du lien de leurfainte
naiffance.
Apres m'avoirportée à ce baut point:
d'honneur,
Qui refléchitfur- moy vostre propre
Grandeur;
M'avoir donné du Rhin la Barriere
fameuse,
Faitcoulerfous mesLoix , & l'Efcaur »
& la Meufe;
Avoirpour le Commerce ouvert de
nouveaux Ports ,
De Pinde & du Couchant attiré les
tréfors;
Et pour joindre les Mers, prodiguanst
Les miracles ,
20 MERCURE
Des Rochers & des Eauxforcé tous les
obftacles;
Apresm'avoir donné, par lefecours
des Arts,
Defuperbes Palais , & defameux
Ramparts,
Et par tant de travaux, qu'en tous
lieux on renomme,
Eait voir qu'eftre François, c'eft eftre
plus qu'un Homme;
Par un reffentiment digne de vos
bienfaits,
Je viens du Monde entier vous offrir
les refpects,
Et donner pour Garans de ma reconnoiffance,
Les coeurs de vos Sujets,& mon obeïf
fance.
De mefme que la Terre au retour du
Printemps
Découvre defes Fleurs les Rubis éclas
tans.ક
GALANT 20
Etpourenfaire hommage au Roy de la
Nature,
Semble luy présenter la naiffante
verdure;
Telle, &plus redevable à vos ſoins
glorieux,
Jétale mon bonheur & mapompe à
vos yeux
Mais le Ciel a voulu qu'à de plus
nobles marques akt
Vousfuffiez reconnu le plus grand
des Monarques,
Et qu'un pieux Héros dans la prospé
rité,
Travaillantfans relâche à l'immortalité,
Extirpast l'Heréfie, & coupantfes
racines,
Enfin d'avec mes Lys feparast les
Epines..
Depuis unfiécle, on plus, mes Peuples
vas Sujets
22 MERCURE
Ont pour ce grand deſcin formé de.
vains projets...
Les Charles , les Henrys, & voftre
auguste Pere,
Ontcombatu ce,Monftre , & n'ontpú
le défaires
Et P.Universconnoist,fans en estre
jaloux,
Qu'il n'eftoitréfervé
qu'à vos illu .
ftres coups.
QuelSpectacle de voir mon Roy cou
vert degloire,
Faire de Conftantin revivre lamémoire
,
Elevercomme luy l'Etendart de la
Croix,
Faireregnerceluy qui fait regner les.
Roys ,
Contrefes Ennemisprendre en main.
fa quercite,
Et vanger en Chrétien fon Eglife
fidelle!
GALANT. 23
4
Oxy , Dicu mefmejaloux deſespra..
pres honneurs.
S'estfait en tous les temps de pieux:
Défenfeurs;
Lug - mefme a foûtenu le coeur des
Macabées,
Pour vaincre d'un Tyran les nom
breufes Armées;
Et l'heureufe valeur du Berger d'If
raël,
Pour délivrer les Iuifs , fut l'ouvrage
du Ciel."
Voftre tour eft venu, Grand Prince, il
vous appelle,
Pour eftre l'Héritier de leur glaire
immortelle..
Oquej'aime à vous voir, épris de
cette ardeur,
Chercher tous les moyens de diffiper
L'erreur;
Dufameux Bofsüet emprunter l'élo-
∙quence,
24 MERCURE
Et dujufte Tellier confulter lapru
dence;
Exciter Chanvallon, dont lafainte
ferveur,
D'Aurele & d Auguſtin imitant la
douceur,
Propofe du Clergé la Lettre Paftorale, -
Pour attirer les coeurs que retient la
Cabale,
Etjoindre àleurs travaux la libéra--
lité,
Lamajefté des Loix, l'exemple, & -
L'équités
Des Nouveaux Convertis foûtenirl'indigence,
Etpunirdes Relaps l'odieufe incon--
Stance!
D'unfage & puiffant Roy falutaire
rigueur,
Qui détermine au Bien la liberté du
coeur
maiss
GALANT. 25
Mais quey ! doit-on ainfi nommer
voftrejustice,
Qui pardonne à tous ceux qui renoncentau
vice?
Elle qui n'interdit les emplois glorieux
Quejufques au moment que l'Homme
ouvre les yeux.
Quand par voftre bonté, dont elle est
prévenuë,
De ceux qui la craignoient le nombre
diminuë;
Lorsque vous adoptez cesgenéreux
Enfans,
Dont les Peres, fans vous, deviendroient
les Tyrans;
On quand vos foins heureux, cherchant
avec tendreffe
Ceux que la Grace touche, & la Verité
preſſe,
Font voir avec éclat d'illuftres Déferteurs,
Fevrier 1685. C
26 MERCURE
Minifires de Satan , abjurer leurs »
erreurs.
Puiffe du GrandLOVIS l'infatiga
ble zéle
Aux Héros à venir eftre un parfait
modelle;
Ou fi de l'imiter on tâche vaincment,
Que du moins on l'admire avec étonnement,
Dans le défir de voir réunis à l'Eglife
Les coeurs defes Sujets, que le Schifme
divife,
S'eftimer fortuné, fi defon Bras un
jour
Il payoit la valeur de cet heureux
retour.
Maisformez d'autres voeux, Prince
trop magnanime,
Le Ciel ne veut de vous qu'un tribut
légitime:
Gardez ce Bras vainqueur, que craint
tout l'Univers,
GALANT 27
Pour punir les Mechans, & leur donnerdes
fers.
Ce Bras, par qui la Foy de fes droits
refaifie,
Ajufque dans Strasbourg détrôné ››
PHeréfie ;
Et qui pour la détruire enfes Retranchemens,
then war
Renverse d'unſignalfes plus chers
monumens:
Pourfuir voftrejuftice, oùfe cachera-telle?
Lefameux Montauban,
l'orgueilleufe
Rochelle,
Nifmes & Montpellier, avec tant
d'autres
Lieux ,
Où l'audace Herétique a bravé vos
Ayeux,
Ont vû tomber les Murs qui lay fervoient
d'azile.
L'Anglois, qui lafoûtint, luy devient
inutile.
28 MERCURE
L'Union d'Allemagne &defes Novateurs
Est le Phantome vain de nos Réfor
mateurs,
Et leur ambition clairement décou
verte,
Enfaveur de l'Etat doit avancer leur
perte.
Sans répandre leurfang, vousfçavez,
m'en vanger;
Fousles traitez en Perc, & l'onles
voit changer;
Mais
pour
les coeurs d'airain ayez
moins de clémence.
De cet illuftre Grec imitez la pru
.
dence,
Qui ne pouvoit fouffrir le dernier.
Rejetton
Qui pust de Troye un jour refufciter
le
nom,
Et rangerfur les Grecs la bonte de
Afie.
GALANT. 29
Vous connoiffez, Grand Roy, ce que
peut l'Heréfie;
Cet Hydre renaissant, de monfang
alteré,
Monftre des coeursféduits follement
revéré.
Et vous, Sujets ingrats, rebelles
Herétiques,
Quejay vus les Autheurs des miferes
publiques,
Volontaires Profcrits , ambitieuxTitans,
Nourris du mefme lait de mes plus
chers Enfans;
De quel Démon pouffez , de quelle
barbarie,
Avez - vous déchiré le fein de la
Patrie?
Mes Fleuves teints defang, & mes
Roys méprifez,
LesTemples mis en cendre , & les
Autels brifez,
30 MERCURE
Sont les affreux effets de ces triftes
journées,
oùjay vi mafortune &ma gloire
bornées,
Quandl'erreur populaire infectant
les grands coeurs,
De mes pres Hérosfaifoitfes Protecicurs.
Dreux, S. Deni ,Farnac, font les têmoins
fidelles
Des premieres horreurs de ces Guerres
cruelles,
où j'ay, quand vostre fer ne me refpectoir
plus,
Couronné les Vainqueurs, &pleuré
les Vaincus.
Soit de tels attentats l'audace terminée;
Mon Roytientfous ſes pieds la Difcorde
enchaînée.
Pourriez - vousfoûtenir; impuiſſans
Factieux,
GALANT 31
Les regards d'un Héros toûjours
victorieux,
Etfaire foulever les Cevennesfidel
les?
Non, a Religion ne fait point de
rebelles.
Grand Monarque, achevez la Conqueftedes
coeurs,
Elle doit égaler les vaincus aux Vainqucurs;
Etfaites avouer à la plus noire envie,
Que le Nom de LOVIS ,fatal à
l'Heréfie,
Dans l'Eglife & l'Etat rétablit l'u
nité;
Et que celuy de GRAND, tantdefois
mérité,
Vientmoins de vos Exploits , qu'honore
la Vistoire,
Que de la Pieté que marque voftre
Hiftoire.
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Résumé : LA FRANCE AU ROY, SUR L'EXTIRPATION DE L'HERESIE.
Le poème adressé au roi Louis XIV, écrit par le Chevalier de Longueil, membre d'une famille distinguée par ses contributions aux lettres et aux mathématiques, célèbre les exploits du roi et ses efforts pour extirper l'hérésie en France. Le texte loue le roi pour ses actions en faveur de la foi catholique, comparant ses efforts à ceux des grands rois et héros du passé. Il met en avant les succès militaires du roi ainsi que ses réformes administratives, telles que l'ouverture de nouveaux ports et la construction de palais et de remparts. Le poème souligne la détermination du roi à éradiquer l'hérésie et à réunir les cœurs divisés, soulignant son rôle de défenseur de la foi et de l'unité nationale. Le texte se termine par une exhortation au roi de continuer ses efforts pour maintenir la paix et la justice dans le royaume.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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40
p. 32-33
AUX PRETENDUS REFORMEZ.
Début :
Le Sonnet qui suit ces Vers, est de / Pensez-vous en loüant le plus sage des Roys, [...]
Mots clefs :
Louanges, Roi, Foi, Père, Bonté
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AUX PRETENDUS REFORMEZ.
Le Sonnet qui fuit ces Vers,
eft de M' Texier , Preftre de
Saumur.
AUX PRETENDUS
REFORME Z.
P Enfez-vous en loüant le plus
des Roys,
Pouvoir de fon efprit ébranler la
conſtance?
Apprenez quefa Foy ,fon zéle &fa
prudence,
Ferontpar tout regner l'équité defes
Loix.
$2
Sans ceffe il vous exhorte àfaire
digne choix;
Ne vous oppofezpas à tant de com-
•plaisance;
GALANT. 33
Ses tendreffes, fesfoins,fes bienfaits,
fa clémence,
Doiventgagner vos coeurs , qu'il combat
tant de fois.
$2
D'un Enfant quiſe bleſſe on éloigne
les armes,
La tendreffe d'un Pere en reçoit trop
d'alarmes,
Pourfoufrir qu'à fes yeux il s'en perce
lefein.
Sa
Ainfi LOVIS qui voit voftre erreur
volontaire,
S'oppose à vostreperte, &par cegrand
deffein
Surpaffe la fageffe & la bonté d'un
Perc.
eft de M' Texier , Preftre de
Saumur.
AUX PRETENDUS
REFORME Z.
P Enfez-vous en loüant le plus
des Roys,
Pouvoir de fon efprit ébranler la
conſtance?
Apprenez quefa Foy ,fon zéle &fa
prudence,
Ferontpar tout regner l'équité defes
Loix.
$2
Sans ceffe il vous exhorte àfaire
digne choix;
Ne vous oppofezpas à tant de com-
•plaisance;
GALANT. 33
Ses tendreffes, fesfoins,fes bienfaits,
fa clémence,
Doiventgagner vos coeurs , qu'il combat
tant de fois.
$2
D'un Enfant quiſe bleſſe on éloigne
les armes,
La tendreffe d'un Pere en reçoit trop
d'alarmes,
Pourfoufrir qu'à fes yeux il s'en perce
lefein.
Sa
Ainfi LOVIS qui voit voftre erreur
volontaire,
S'oppose à vostreperte, &par cegrand
deffein
Surpaffe la fageffe & la bonté d'un
Perc.
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Résumé : AUX PRETENDUS REFORMEZ.
Le sonnet de M. Texier, prêtre de Saumur, exhorte les réformés à louer le roi et à ne pas ébranler sa constance. Il met en avant la foi, le zèle et la prudence du roi, qui feront régner l'équité des lois. Le texte encourage les réformés à faire un choix digne et à ne pas s'opposer à la complaisance royale. Le roi, comparé à un père, éloigne les armes pour éviter de les alarmer et surpasse la sagesse et la bonté par un grand dessein.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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41
p. 92-112
DISCOURS DE Mr MAGNIN A MESSIEURS DE L'ACADEMIE ROYALE D'ARLES.
Début :
Messieurs de l'Académie Royale d'Arles ont fait depuis / Messieurs, Comme c'est le prix & le merite [...]
Mots clefs :
Mérite, Académie royale d'Arles, Sciences, Ouvrages, Honneur, Savants, Vertu, Moeurs, Religion, Hérésie, Ignorance
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DISCOURS DE Mr MAGNIN A MESSIEURS DE L'ACADEMIE ROYALE D'ARLES.
Meffieurs de l'Académie
Royale d'Arles ont fait depuis
peu une une acquifition tresconfidérable
, en recevant
M ' Magnin dans leur Corps .
Son mérite vous eft connu
par tant d'Ouvrages que je .
vous ay envoyez de luy, qu'il
me feroit inutile de vous en
parler. Voicy le Remerci
ment qu'il leur a fait.
GALANT. 93
SSSS SSS2 Ssess 522
DISCOURS
DE M MAGNINI
A MESSIEURS
Ꭰ Ꭼ .
L'ACADEMIE ROYALE
M
D'ARLE S...
ESSIEURS,
Comme c'est le prix & le merite
des graces , qui regle la mefure&
le degré de la reconnoiffance
, celle
que je dois avoir de
l'honneur que vous m'avez fait,
م ت
94 MERCURE
en m'accordant une place parmy.
Vous , ne sçauroit avoir , ny plus
defenfibilité, ny plus d'étendue;
mais fi c'est auffi par ce mefme
prix qu'on doit juger de la diffi
culté qu'il y a d'en faire un jufte
Remerciment , vous vous perfuaderezfans
peine , que je n'ayrien
entrepris de ma vie de fi difficile à
bien executer, que celuy que j'ofe
& que je dois vous faire aujourd'huy
. Le Titre glorieux d'Academicien
Royal , étonne mes idées
au lieu d'élever mon efprit , &
me met dans un jour dont la furprife
m'éblouit , au lieu de m'éclairer.
GALANT.
9 ནྡ
di-
Vous le fçavez par vous - mefmes
, Meffieurs , vous le fçavez;
ilfuppofe un meriteſolide &
fingué , un génie heureux , une
fçavante fine politeſſe ,
mille autres talens que je reconnois
, que je revere , & que tout
le monde admire en chacun de
vous .
Comment pourrois- je donc ,
quand je ne fens & ne puis fairs
remarquer aucun de ces avanta
ges en moy , me perfuader que
jauray celuy de foutenir dignement
un Titre dont on doit avoir
une idée fi noble & fi élevée ?
Que je ferois heureux , Mef
96 MERCURE
fieurs , que je ferois heureux , fi
dans une occafion fi effencielle à
mon devoir, à ma reputation,
je pouvois de bonne foy & fans
Supercherie , me dispenfer de vous
faire un aveu fi propre
propre à vous
donner un jufte repentir du choix
que vous venez de faire ! Que
je ferois heureux encore unefois
fije pouvois me flater un moment
que cette déclaration ſi honteuse
& fi fincere toutefois , paſſera
pour une de ces figures ingenieufes
qui fervent à faire valoir le
merite à force de le defavoüer ,
& quirehauffent la réputation de
l'esprit par celle de la modeftie!
Mais
GALANT.
97
Mais quand je confidere à
quoy je suis engagé par le Titre
d'Académicien Royal dans cette
premiere action ; quand je meſu
re mes pensées & mes expreſſions
à la hauteur des merveilles que
j'entrevois , & qui devroient entrer
dans monfujet, fi j'avois l'adreffe
de les ranger , je ſens bien
que je n'auray dit que trop vray,
que le prétexte de l'Art , &
de la Figure ne fera rien à mon
avantage.
Diſpenſez-moy donc , Meffieurs
, difpenfez-moy de la néceffité
que le Titre que vous m'avezfait
l'honneurde me donner,
Fevrier
1685. I
98 MERCURE
femble m'impofer , de repafferfur
tant de beaux traits , qui rehauf
fent le merite & la gloire de
l'Academie Royale , dans mille
circonftances toutes plus avanta
geuſes l'une que l'autre , & qui
la ménent à l'immortalité , par la
mefme route & par le mefme
l'Academie Françoiſe
voeu que
qui la reconnoît
pour fa Fille
atnée
, eft depuis
fi long- temps
en
droit d'y afpirer
. Qu'ajouterois
-je
à tout ce que ceux qui m'ont
de
vancé
, vous
ont dit de riche
, de
fçavant
& de poly ,fur la dignité
du Titre
Royal
que vous
portez
?
Nefçait- on pas que fi les Noms
GALANT. 99
que le Créateur voulut impofer à
fes Ouvrages , exprimoient les
qualitez la nature des chofes
nommées , Louis LE GRAND
dont la conduite eft une Image fi
wifible de la Sageffe du Tout-
Puiffant , n'a donné le furnom de
Royale à l'Academie d'Arles,
que pour exprimer par ce beau
Titre l'excellence des foins , aufquels
il l'a deftinée , &parce
la Gloire & les Merveilles
de for Regne le plus floriffant
le plus augufte qui fut jamais
, devoient eftre l'objet de fes
veilles , de fes études , & de fes
ouvrages?
que
$21
I ij
Too MERCURE
Certes , ce grand Roy qui con
noift fi diftinctement , & ce qui a
manqué aux Regnesprécedens,
ce qui peut fervir à la gloire du
fien , apres avoir par des Con
questes qui ont étonné l'Univers
par la force invincible de leur rapidité,
étendu & affure fes Fron
tieres , a bien jugé que le repose
le bon-heur de fes Etats & de
fes Sujets , dépendoit de l'établiſfement
des Sciences , & de la
Culture des beaux Arts , & remontant
par l'esprit de cette Sa
geffe , qui voit & penetre tout
dans unfi bel ordre , juſques à la
fource de l'Herefie , dont l'extir
GALANT. IOI
n'a
pation fait le plus cher, le plus
conftant, & le plus affidu de tous
fesfoins , il s'eft bien aperceu que
cette Cangréne fi maligne dans
fon origine , & fifunefte dansfon
progrez, ne s'eft introduite
pris racine dans fes Etats , qu'à la
faveur de l'ignorance , & pour
combatre un malfidangereux &*
fi opiniâtre par un reméde conve
nable , il ménage , il foûtient , it
protége les Sciences par des établiffemens
commodes ,
beralitez genereuſes & néceſſaires
, & les a mifes , enfin en état
de triompher par tout des piéges
des fuites de l'erreur & du
des li-
I iij
102 MERCURE
"
menfonge & de faire comprendre
à tout ce qui n'a pas abandonné
le party de la raison & du
bon fens , que celuy de l'Herefie
n'a plus que l'obstination pour
toute défenſe.
Apres que les Sciences auront
fecondé les pieufes intentions de
Louis LE GRAND , en
foutenant les Droits Sacrez de la
Religion & de l'Eglife ,qui n'aja
mais eu , n'aura jamais de plus.
ferme appuy que fon Fils aîné,
ellesferviront encore avantageufement
au deffein qu'il a d'infpirer
à tous fes Sujets , l'amour &
la pratique des vertus morales,
GALANT. 103
& des moeurs honneftes . Elles
forment le coeur en éclairant l'efprit.
La lumiere du Soleil dans
l'ordre naturel précede la cha
leur, & les connoiffances doivent
difpofer l'ame à l'amour , & à la
poursuite du bien; c'eft pourquoy
Dieu qui en est la fource immenfe
, ne sçauroit eftre fouveraine
ment aimé , comme parle faint
Denis , qu'il ne foit parfaitement
aimé.
Que vous concevez bien ,
Meffeurs , le merite , la grandeur
& l'excellence de vos foins,
& de vos applications , & dans
leur principe , dans leur objet !
د ن ن ز
I
104 MERCURE
"
Vous n'étes pas à la Cour & fous
la vue augufte & Royale de
LOUIS LE GRAND , mais Louis
vous ne laiffez pas de reffentir les
effets glorieux de fes foins & de
fafageffe. Le Soleil produit les
plus riches Metaux, au delà de la
portée de fes rayons , fes vertus
s'infinüent où fa lumiere ne penetre
pas ; ce Monarque Augufte
, le Soleil non feulement de
fes Etats , mais de plufieurs Mondes
s'il y en avoit , fait fentir les
influences de fa fageffe par tout.
Elle eft immenfe dans fes foins ,
dansfes operations , comme fa
puiffance eft invincible dans fes
entrepriſes.
GALANT. 105
ques
Il fçait que les Sciences font
dans Arles comme dans leur centre,
qu'elles yfont naturalifées depuis
plufieurs Siécles . Les Obelifles
Arénes , les Amphitéatres
, & tant d'autres Antiquitez
dont elle mõtre encore aujourd'huy
les magnifiques monumens , font
affez connoistre de quelle confideration
elle a efté dans tous les
tems . Qui voudroit remonterjufques
aux plus anciens & moins
connus , découvriroit fans doute
que la politeffe y régnoit , avant
mefme que les Romains y euffent
élevé tant de marques , de la
magnificence de leur Empire ,
106 MERCURE
de l'eftime qu'ils faifoient de fon
Sejour; qu'aparemment la Co
lonie des Grecs qui vint aborder à
Marſeille , & qui vint àpropos
pour polir les moeurs des premiers
Gaulois , eut fes premiers établiffemens
dans la Ville d' Arles ; &
LOUIS LE GRAND qui recherche
jufques à la fource les femences
des beaux Arts, n'y afans
doute étably l' Academie Royale ,
que parce qu'il a jugé que
dans un
air , où les Sciences font en commerce
depuis fi long- temps , elles
ne manqueroient pas de faire un
progrés éclatant , & digne de la
glaire de fon Regne.
GALANT. 107
Jouiffez, Meffieurs , jouiſſez
des beaux jours qu'enfantent aux
deffeins de vos veilles , des aufpices
fi heureux , fi conftans & fi
magnifiques. Vous vivez , graces
auxfoins & à la faveur du
plusparfait des Roys ; vous vivez
d'une vie glorieufe & fpirituelle,
dont unfeuljour vaut mieux que
les plus longues années de l'ignorance.
Vous aprenez au Monde
tout ce qu'il y a de plus curieux à
fçavoir , des moeurs , de la Police
de la Religion des Anciens.
Vous tirez des ruines qui vous
environnent , mille monumens
d'antiquité, propres àfaire admi108
MERCURE
que
rer la penetration fçavante de
vos recherches. Que n'avez- vous
pas dit de curieux , fur la verité
de cette belle & fameufe Statue
Diane & Venus ont difpu.
tée fi long- temps , & d'une mamiere
fi fine & fi fpirituelle , &
qui enfin fous le nom de Venus,
doit eftre placée avec tant d'autres
, qui font venuës de tous les
endroits du Monde , pour rendre
hommage à Louis Le Grand,
dans la Galerie de Verfailles ?
Vivez , Meffieurs , vivez heureux
dans le noble foin qui vous
occupe. Vousfervez aux deffeins
d'un Monarque qui vient renouGALANT.
10g
veler la face du Monde , &
finir tous ces grands deffeins, que
ceux qui l'ont précedé n'ont fait
qu'ébaucher. Afpirez à la gloire
immortelle qu'il vous propoſe ; rien
ne vous manque pour y arriver.
Vous avez de fa main , & par
fon choix , un Protecteur, illuftre
par fa naiffance , diftingué parfa
faveur , recommandable parfon
merite , qui fçait allier avec tant
d'art & tant d'agrément, la plus
douce , la plus fine , & la plus
fçavante delicateffe des Mufes,
avec la fiere intrepidité de Mars,
en qui l'on voit la belle ame , le
bel efprit , & la grandeur de
110 MERCURE
courage , dans un fi noble & fe
doux accord, que les Sçavans &
les Guerriers peuvent également
y trouver un modéle pour fefor
mer l'esprit & le coeur.
Que je trouverois , tout foible
que je fuis , Meffieurs , que je
trouverois de chofes à repreſenter,
s'il m'étoit permis de m'abandonner
à tout ce qui vient s'offrir à
mes idées , & fi je pouvois ou
blier , que ne pouvant vous donner
des marques d'érudition &
d'efprit , je dois au moins vous
en donner de ma retenuë ! Ge
fera , Meffieurs , en étudiant
me formerfur voftre merite , &
GALANT. III
Jur tant de nobles & avantageufes
qualitez , qui vous diftin.
guent parmy les Sçavans , que je
puis efperer d'aprendre àfurmonter
une partie des defaurs qui me
rendent indigne de l'honneur que
vous m'avezfait , & cette rudeffe
que je fens mieux dans mes
expreffions , que je ne lafçay corriger.
le méditerayfur la beauté
de vos Ouvrages , pour m'inftruire
àpolir les miens ; & comme
ceux qui marchent au Soleil
font colorezfans qu'ils y penfent,
je fortifieray mes connoiffances à
force de ftre éclairépar vos lumie-
Dans la paffion que j'ay
res.
112. MERCURE
toûjours euë, & que j'auray tant
que je vivray , de faire diftinguer
ma voix parmy tant d'autres , qui
chantent & fans ceffe, & fi bien
la gloire , les vertus , les tra
vaux de Louis LE GRAND ,
j'eſſayeray de regler mes tons fur
vos doux accens , d'adoucir mes
Chalumeaux , en étudiant les ac
cordsfçavans de vos Luts ; &ne
pouvant meriter l'honneur de
voftre aprobation par aucune production
d'efprit, jeferayfoigneux
de meriter celuy de vos bonnes graces
, & de vostre eftime , par le
respect & la fincere foumifsion
que j'auray toûjourspour vous.
Royale d'Arles ont fait depuis
peu une une acquifition tresconfidérable
, en recevant
M ' Magnin dans leur Corps .
Son mérite vous eft connu
par tant d'Ouvrages que je .
vous ay envoyez de luy, qu'il
me feroit inutile de vous en
parler. Voicy le Remerci
ment qu'il leur a fait.
GALANT. 93
SSSS SSS2 Ssess 522
DISCOURS
DE M MAGNINI
A MESSIEURS
Ꭰ Ꭼ .
L'ACADEMIE ROYALE
M
D'ARLE S...
ESSIEURS,
Comme c'est le prix & le merite
des graces , qui regle la mefure&
le degré de la reconnoiffance
, celle
que je dois avoir de
l'honneur que vous m'avez fait,
م ت
94 MERCURE
en m'accordant une place parmy.
Vous , ne sçauroit avoir , ny plus
defenfibilité, ny plus d'étendue;
mais fi c'est auffi par ce mefme
prix qu'on doit juger de la diffi
culté qu'il y a d'en faire un jufte
Remerciment , vous vous perfuaderezfans
peine , que je n'ayrien
entrepris de ma vie de fi difficile à
bien executer, que celuy que j'ofe
& que je dois vous faire aujourd'huy
. Le Titre glorieux d'Academicien
Royal , étonne mes idées
au lieu d'élever mon efprit , &
me met dans un jour dont la furprife
m'éblouit , au lieu de m'éclairer.
GALANT.
9 ནྡ
di-
Vous le fçavez par vous - mefmes
, Meffieurs , vous le fçavez;
ilfuppofe un meriteſolide &
fingué , un génie heureux , une
fçavante fine politeſſe ,
mille autres talens que je reconnois
, que je revere , & que tout
le monde admire en chacun de
vous .
Comment pourrois- je donc ,
quand je ne fens & ne puis fairs
remarquer aucun de ces avanta
ges en moy , me perfuader que
jauray celuy de foutenir dignement
un Titre dont on doit avoir
une idée fi noble & fi élevée ?
Que je ferois heureux , Mef
96 MERCURE
fieurs , que je ferois heureux , fi
dans une occafion fi effencielle à
mon devoir, à ma reputation,
je pouvois de bonne foy & fans
Supercherie , me dispenfer de vous
faire un aveu fi propre
propre à vous
donner un jufte repentir du choix
que vous venez de faire ! Que
je ferois heureux encore unefois
fije pouvois me flater un moment
que cette déclaration ſi honteuse
& fi fincere toutefois , paſſera
pour une de ces figures ingenieufes
qui fervent à faire valoir le
merite à force de le defavoüer ,
& quirehauffent la réputation de
l'esprit par celle de la modeftie!
Mais
GALANT.
97
Mais quand je confidere à
quoy je suis engagé par le Titre
d'Académicien Royal dans cette
premiere action ; quand je meſu
re mes pensées & mes expreſſions
à la hauteur des merveilles que
j'entrevois , & qui devroient entrer
dans monfujet, fi j'avois l'adreffe
de les ranger , je ſens bien
que je n'auray dit que trop vray,
que le prétexte de l'Art , &
de la Figure ne fera rien à mon
avantage.
Diſpenſez-moy donc , Meffieurs
, difpenfez-moy de la néceffité
que le Titre que vous m'avezfait
l'honneurde me donner,
Fevrier
1685. I
98 MERCURE
femble m'impofer , de repafferfur
tant de beaux traits , qui rehauf
fent le merite & la gloire de
l'Academie Royale , dans mille
circonftances toutes plus avanta
geuſes l'une que l'autre , & qui
la ménent à l'immortalité , par la
mefme route & par le mefme
l'Academie Françoiſe
voeu que
qui la reconnoît
pour fa Fille
atnée
, eft depuis
fi long- temps
en
droit d'y afpirer
. Qu'ajouterois
-je
à tout ce que ceux qui m'ont
de
vancé
, vous
ont dit de riche
, de
fçavant
& de poly ,fur la dignité
du Titre
Royal
que vous
portez
?
Nefçait- on pas que fi les Noms
GALANT. 99
que le Créateur voulut impofer à
fes Ouvrages , exprimoient les
qualitez la nature des chofes
nommées , Louis LE GRAND
dont la conduite eft une Image fi
wifible de la Sageffe du Tout-
Puiffant , n'a donné le furnom de
Royale à l'Academie d'Arles,
que pour exprimer par ce beau
Titre l'excellence des foins , aufquels
il l'a deftinée , &parce
la Gloire & les Merveilles
de for Regne le plus floriffant
le plus augufte qui fut jamais
, devoient eftre l'objet de fes
veilles , de fes études , & de fes
ouvrages?
que
$21
I ij
Too MERCURE
Certes , ce grand Roy qui con
noift fi diftinctement , & ce qui a
manqué aux Regnesprécedens,
ce qui peut fervir à la gloire du
fien , apres avoir par des Con
questes qui ont étonné l'Univers
par la force invincible de leur rapidité,
étendu & affure fes Fron
tieres , a bien jugé que le repose
le bon-heur de fes Etats & de
fes Sujets , dépendoit de l'établiſfement
des Sciences , & de la
Culture des beaux Arts , & remontant
par l'esprit de cette Sa
geffe , qui voit & penetre tout
dans unfi bel ordre , juſques à la
fource de l'Herefie , dont l'extir
GALANT. IOI
n'a
pation fait le plus cher, le plus
conftant, & le plus affidu de tous
fesfoins , il s'eft bien aperceu que
cette Cangréne fi maligne dans
fon origine , & fifunefte dansfon
progrez, ne s'eft introduite
pris racine dans fes Etats , qu'à la
faveur de l'ignorance , & pour
combatre un malfidangereux &*
fi opiniâtre par un reméde conve
nable , il ménage , il foûtient , it
protége les Sciences par des établiffemens
commodes ,
beralitez genereuſes & néceſſaires
, & les a mifes , enfin en état
de triompher par tout des piéges
des fuites de l'erreur & du
des li-
I iij
102 MERCURE
"
menfonge & de faire comprendre
à tout ce qui n'a pas abandonné
le party de la raison & du
bon fens , que celuy de l'Herefie
n'a plus que l'obstination pour
toute défenſe.
Apres que les Sciences auront
fecondé les pieufes intentions de
Louis LE GRAND , en
foutenant les Droits Sacrez de la
Religion & de l'Eglife ,qui n'aja
mais eu , n'aura jamais de plus.
ferme appuy que fon Fils aîné,
ellesferviront encore avantageufement
au deffein qu'il a d'infpirer
à tous fes Sujets , l'amour &
la pratique des vertus morales,
GALANT. 103
& des moeurs honneftes . Elles
forment le coeur en éclairant l'efprit.
La lumiere du Soleil dans
l'ordre naturel précede la cha
leur, & les connoiffances doivent
difpofer l'ame à l'amour , & à la
poursuite du bien; c'eft pourquoy
Dieu qui en est la fource immenfe
, ne sçauroit eftre fouveraine
ment aimé , comme parle faint
Denis , qu'il ne foit parfaitement
aimé.
Que vous concevez bien ,
Meffeurs , le merite , la grandeur
& l'excellence de vos foins,
& de vos applications , & dans
leur principe , dans leur objet !
د ن ن ز
I
104 MERCURE
"
Vous n'étes pas à la Cour & fous
la vue augufte & Royale de
LOUIS LE GRAND , mais Louis
vous ne laiffez pas de reffentir les
effets glorieux de fes foins & de
fafageffe. Le Soleil produit les
plus riches Metaux, au delà de la
portée de fes rayons , fes vertus
s'infinüent où fa lumiere ne penetre
pas ; ce Monarque Augufte
, le Soleil non feulement de
fes Etats , mais de plufieurs Mondes
s'il y en avoit , fait fentir les
influences de fa fageffe par tout.
Elle eft immenfe dans fes foins ,
dansfes operations , comme fa
puiffance eft invincible dans fes
entrepriſes.
GALANT. 105
ques
Il fçait que les Sciences font
dans Arles comme dans leur centre,
qu'elles yfont naturalifées depuis
plufieurs Siécles . Les Obelifles
Arénes , les Amphitéatres
, & tant d'autres Antiquitez
dont elle mõtre encore aujourd'huy
les magnifiques monumens , font
affez connoistre de quelle confideration
elle a efté dans tous les
tems . Qui voudroit remonterjufques
aux plus anciens & moins
connus , découvriroit fans doute
que la politeffe y régnoit , avant
mefme que les Romains y euffent
élevé tant de marques , de la
magnificence de leur Empire ,
106 MERCURE
de l'eftime qu'ils faifoient de fon
Sejour; qu'aparemment la Co
lonie des Grecs qui vint aborder à
Marſeille , & qui vint àpropos
pour polir les moeurs des premiers
Gaulois , eut fes premiers établiffemens
dans la Ville d' Arles ; &
LOUIS LE GRAND qui recherche
jufques à la fource les femences
des beaux Arts, n'y afans
doute étably l' Academie Royale ,
que parce qu'il a jugé que
dans un
air , où les Sciences font en commerce
depuis fi long- temps , elles
ne manqueroient pas de faire un
progrés éclatant , & digne de la
glaire de fon Regne.
GALANT. 107
Jouiffez, Meffieurs , jouiſſez
des beaux jours qu'enfantent aux
deffeins de vos veilles , des aufpices
fi heureux , fi conftans & fi
magnifiques. Vous vivez , graces
auxfoins & à la faveur du
plusparfait des Roys ; vous vivez
d'une vie glorieufe & fpirituelle,
dont unfeuljour vaut mieux que
les plus longues années de l'ignorance.
Vous aprenez au Monde
tout ce qu'il y a de plus curieux à
fçavoir , des moeurs , de la Police
de la Religion des Anciens.
Vous tirez des ruines qui vous
environnent , mille monumens
d'antiquité, propres àfaire admi108
MERCURE
que
rer la penetration fçavante de
vos recherches. Que n'avez- vous
pas dit de curieux , fur la verité
de cette belle & fameufe Statue
Diane & Venus ont difpu.
tée fi long- temps , & d'une mamiere
fi fine & fi fpirituelle , &
qui enfin fous le nom de Venus,
doit eftre placée avec tant d'autres
, qui font venuës de tous les
endroits du Monde , pour rendre
hommage à Louis Le Grand,
dans la Galerie de Verfailles ?
Vivez , Meffieurs , vivez heureux
dans le noble foin qui vous
occupe. Vousfervez aux deffeins
d'un Monarque qui vient renouGALANT.
10g
veler la face du Monde , &
finir tous ces grands deffeins, que
ceux qui l'ont précedé n'ont fait
qu'ébaucher. Afpirez à la gloire
immortelle qu'il vous propoſe ; rien
ne vous manque pour y arriver.
Vous avez de fa main , & par
fon choix , un Protecteur, illuftre
par fa naiffance , diftingué parfa
faveur , recommandable parfon
merite , qui fçait allier avec tant
d'art & tant d'agrément, la plus
douce , la plus fine , & la plus
fçavante delicateffe des Mufes,
avec la fiere intrepidité de Mars,
en qui l'on voit la belle ame , le
bel efprit , & la grandeur de
110 MERCURE
courage , dans un fi noble & fe
doux accord, que les Sçavans &
les Guerriers peuvent également
y trouver un modéle pour fefor
mer l'esprit & le coeur.
Que je trouverois , tout foible
que je fuis , Meffieurs , que je
trouverois de chofes à repreſenter,
s'il m'étoit permis de m'abandonner
à tout ce qui vient s'offrir à
mes idées , & fi je pouvois ou
blier , que ne pouvant vous donner
des marques d'érudition &
d'efprit , je dois au moins vous
en donner de ma retenuë ! Ge
fera , Meffieurs , en étudiant
me formerfur voftre merite , &
GALANT. III
Jur tant de nobles & avantageufes
qualitez , qui vous diftin.
guent parmy les Sçavans , que je
puis efperer d'aprendre àfurmonter
une partie des defaurs qui me
rendent indigne de l'honneur que
vous m'avezfait , & cette rudeffe
que je fens mieux dans mes
expreffions , que je ne lafçay corriger.
le méditerayfur la beauté
de vos Ouvrages , pour m'inftruire
àpolir les miens ; & comme
ceux qui marchent au Soleil
font colorezfans qu'ils y penfent,
je fortifieray mes connoiffances à
force de ftre éclairépar vos lumie-
Dans la paffion que j'ay
res.
112. MERCURE
toûjours euë, & que j'auray tant
que je vivray , de faire diftinguer
ma voix parmy tant d'autres , qui
chantent & fans ceffe, & fi bien
la gloire , les vertus , les tra
vaux de Louis LE GRAND ,
j'eſſayeray de regler mes tons fur
vos doux accens , d'adoucir mes
Chalumeaux , en étudiant les ac
cordsfçavans de vos Luts ; &ne
pouvant meriter l'honneur de
voftre aprobation par aucune production
d'efprit, jeferayfoigneux
de meriter celuy de vos bonnes graces
, & de vostre eftime , par le
respect & la fincere foumifsion
que j'auray toûjourspour vous.
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Résumé : DISCOURS DE Mr MAGNIN A MESSIEURS DE L'ACADEMIE ROYALE D'ARLES.
M. Magnin adresse un discours de remerciement à l'Académie Royale d'Arles pour son admission. Il exprime son honneur et son humilité face à cette distinction, reconnaissant la difficulté de rendre justice à un tel honneur. Magnin souligne que le titre d'Académicien Royal implique des qualités telles que le mérite solide, le génie et la politesse savante, qu'il admire chez les membres de l'Académie. Il mentionne également la grandeur de Louis le Grand, qui a fondé l'Académie pour promouvoir les sciences et les arts, et pour combattre l'hérésie par l'éducation et la culture. Magnin loue Arles pour son riche passé et ses contributions aux arts et aux sciences. Il conclut en exprimant son désir de s'améliorer et de mériter l'honneur qui lui a été accordé, en étudiant et en admirant les œuvres des membres de l'Académie.
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42
p. 308-311
Entrée de Madame l'Abbesse de la Virginité à Port-Royal, [titre d'après la table]
Début :
Enfin Dieu s'est laissé fléchir aux larmes des Religieuses [...]
Mots clefs :
Dieu, Religieuses, Port Royal, Prières, Abbesse, Archevêque, Abbayes, Gouvernement, Satisfaction, Sagesse, Douceur, Gloire, Religion
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Entrée de Madame l'Abbesse de la Virginité à Port-Royal, [titre d'après la table]
Enfin Dieu s'eft laiffé flé
chir aux larmes des Religieufes
de Port Royal , & a
exaucé leurs prieres . Elles
ont tant fait d'inftances &
GALANT. 309
de tres humbles fupplications
au Roy , afin d'avoir pour
leur Abbeffe Madame de la
Virginité , que Sa Majesté a
ordonné à M '
l'Archevefque
de la faire venir à Paris. Le
Roy a bien voulu luy don .
ner une année pour faire fon
option fur l'une des deux
Abbaies , défirant que: durant
cet intervalle elle prift
le gouvernement de Port-
Royal , fur une Commiffion
de M. l'Archevefque , & avec
le confentement de fes Supérieurs
. Elle a obeï aux commandemens
de Sa Majefté ;
310 MERCURE
•
& les Dames de Port Royal,
qui à l'ombre de fon nom
avoient commencé à joüir
d'une profonde paix , ont
maintenant la fatisfaction de
la voir affermie par fa préfence
. Cette illuftre Abbeffe
les conduit avec une fageffe
& une douceur qui les char-
Elles font tous me toutes.
leurs efforts pour la déterminer
en faveur de leur Maifon.
Cependant elle fe laiffe
aller à la volonté de fes Supérieurs
, perfuadée que c'eft
dans cette foûmiffion que
confifte le véritable efprit de
GALANT. ZIT
Religion , dont elle a fait
jufques icy tout fon bonheur
& toute fa gloire .
chir aux larmes des Religieufes
de Port Royal , & a
exaucé leurs prieres . Elles
ont tant fait d'inftances &
GALANT. 309
de tres humbles fupplications
au Roy , afin d'avoir pour
leur Abbeffe Madame de la
Virginité , que Sa Majesté a
ordonné à M '
l'Archevefque
de la faire venir à Paris. Le
Roy a bien voulu luy don .
ner une année pour faire fon
option fur l'une des deux
Abbaies , défirant que: durant
cet intervalle elle prift
le gouvernement de Port-
Royal , fur une Commiffion
de M. l'Archevefque , & avec
le confentement de fes Supérieurs
. Elle a obeï aux commandemens
de Sa Majefté ;
310 MERCURE
•
& les Dames de Port Royal,
qui à l'ombre de fon nom
avoient commencé à joüir
d'une profonde paix , ont
maintenant la fatisfaction de
la voir affermie par fa préfence
. Cette illuftre Abbeffe
les conduit avec une fageffe
& une douceur qui les char-
Elles font tous me toutes.
leurs efforts pour la déterminer
en faveur de leur Maifon.
Cependant elle fe laiffe
aller à la volonté de fes Supérieurs
, perfuadée que c'eft
dans cette foûmiffion que
confifte le véritable efprit de
GALANT. ZIT
Religion , dont elle a fait
jufques icy tout fon bonheur
& toute fa gloire .
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Résumé : Entrée de Madame l'Abbesse de la Virginité à Port-Royal, [titre d'après la table]
Le roi a décidé de faire venir Madame de la Virginité à Paris pour qu'elle choisisse entre deux abbayes. Les religieuses de Port-Royal avaient demandé au roi qu'elle devienne leur abbesse. Le roi a accordé une année à Madame de la Virginité pour prendre sa décision, durant laquelle elle gouvernerait Port-Royal avec l'accord de ses supérieurs et une commission de l'archevêque. Les religieuses de Port-Royal, ayant déjà trouvé la paix sous son influence, sont satisfaites de sa présence. Madame de la Virginité dirige les religieuses avec sagesse et douceur, ce qui les ravit. Elles tentent de la convaincre de rester, mais elle se soumet à la volonté de ses supérieurs, croyant que la soumission est essentielle à l'esprit religieux.
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43
p. 25-26
Théses d'une composition particuliere, présentées au Roy de la part du Provincial des Minimes de Provence. [titre d'après la table]
Début :
Sur la fin du mois passé, le Pere Charles Guilhet, [...]
Mots clefs :
Majesté, Pères, Thèse, Éloge
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Théses d'une composition particuliere, présentées au Roy de la part du Provincial des Minimes de Provence. [titre d'après la table]
Sur la fin du mois paffé,
le Pere Charles Guilhet, Provincial
des Minimes de Provence
, fit preſenter à Sa Majefté
par les Peres Bertier &
d'Antrechaux fes Collegues,
& Definiteurs de cette même
Province , une Theſe d'une
compofition fort particuliere.
Elle fut tres -bien receuë de
toute la Cour, & il n'y a point
à douter qu'elle ne le foit de
mefme de tous ceux qui la
verront , puis que toutes fes
Pofitions contiennent l'Eloge
de noftre Augufte Monarque
, mais d'une maniere
Mars 1685.
C
26 MERCURE
fi ingenieufe , que cet Eloge
entre dans les Queſtions naturellement
, & fans violence.
le Pere Charles Guilhet, Provincial
des Minimes de Provence
, fit preſenter à Sa Majefté
par les Peres Bertier &
d'Antrechaux fes Collegues,
& Definiteurs de cette même
Province , une Theſe d'une
compofition fort particuliere.
Elle fut tres -bien receuë de
toute la Cour, & il n'y a point
à douter qu'elle ne le foit de
mefme de tous ceux qui la
verront , puis que toutes fes
Pofitions contiennent l'Eloge
de noftre Augufte Monarque
, mais d'une maniere
Mars 1685.
C
26 MERCURE
fi ingenieufe , que cet Eloge
entre dans les Queſtions naturellement
, & fans violence.
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Résumé : Théses d'une composition particuliere, présentées au Roy de la part du Provincial des Minimes de Provence. [titre d'après la table]
En mars 1685, le Père Charles Guilhet, Provincial des Minimes de Provence, a soumis une thèse au roi via les Pères Bertier et d'Antrechaux. Cette thèse, bien accueillie à la Cour, éloge le monarque de manière ingénieuse et naturelle. Elle a été rédigée avec d'autres collègues et définiteurs de la même province.
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44
p. 301-304
Missions des Capucins, [titre d'après la table]
Début :
Il ne faut pas s'étonner si l'on s'empresse pour toutes [...]
Mots clefs :
Capucins, Ordre, Église, Chrétiens, Piété, Sainteté, Missions, Pères, Conversions, Pénitence
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Missions des Capucins, [titre d'après la table]
Il ne faut pas s'étonner ſi
l'on s'empreffe pour toutes
les chofes où les Capucins ont
quelque intereft. Ils font d'un
Ordre que l'on eftime par
tout , & qui par mille actions
d'édification pour l'Eglife , &
de charité pour le Prochain ,
donne tous les jours des marques
de l'ardeur qu'ils ont de
voir dans tous les Chreftiens,
une Pieté folide , & une Foy
qui réponde à la Sainteté de
noftre Religion. S'il falloit
"
"
302 MERCURE
prouver cette verité , je vous
donnerois pour un exemple
récent , la Miflion que vient
d'achever à S. Sulpice le Pere
Honoré de Cannes , avec le
Pere Claude de Paris, & vingt
2
autres Capucins . Elle a eu
tout le fuccez qu'on en pouvoit
fouhaiter tant par le
nombre des Reftitutions confiderables
que l'on y a faites,
que par des Converfions furprenantes
, de grandes reconciliations
, & plufieurs pratiques
de Penitence , qui ont
fait connoiſtre la parfaite refolution
où l'on eftoit , de re
GALANT. 303
noncer aux plaifirs du Monde.
Ainfi l'on peut dire que
dans tout le temps du Carnaval,
qui eftoit celuy de la Miffion
, l'on a vécu dans la Paroiffe
de S. Sulpice , avec la
mefme reforme qu'on tafche
d'avoir la femaine Sainte. M
l'Archevefque de Paris en fit
la clofture le 17. de ce mois,
apres avoir affifté au Salut, où
il y eut deux Choeurs de Mufique
, & une excellente Simphonie.
Cette Miffion eſtant achevée
, les mefmes Peres Capucins
en commencerent une
304 MERCURE
autre dés le lendemain dans
l'Eglife de Saint Etienne du
Mont.
l'on s'empreffe pour toutes
les chofes où les Capucins ont
quelque intereft. Ils font d'un
Ordre que l'on eftime par
tout , & qui par mille actions
d'édification pour l'Eglife , &
de charité pour le Prochain ,
donne tous les jours des marques
de l'ardeur qu'ils ont de
voir dans tous les Chreftiens,
une Pieté folide , & une Foy
qui réponde à la Sainteté de
noftre Religion. S'il falloit
"
"
302 MERCURE
prouver cette verité , je vous
donnerois pour un exemple
récent , la Miflion que vient
d'achever à S. Sulpice le Pere
Honoré de Cannes , avec le
Pere Claude de Paris, & vingt
2
autres Capucins . Elle a eu
tout le fuccez qu'on en pouvoit
fouhaiter tant par le
nombre des Reftitutions confiderables
que l'on y a faites,
que par des Converfions furprenantes
, de grandes reconciliations
, & plufieurs pratiques
de Penitence , qui ont
fait connoiſtre la parfaite refolution
où l'on eftoit , de re
GALANT. 303
noncer aux plaifirs du Monde.
Ainfi l'on peut dire que
dans tout le temps du Carnaval,
qui eftoit celuy de la Miffion
, l'on a vécu dans la Paroiffe
de S. Sulpice , avec la
mefme reforme qu'on tafche
d'avoir la femaine Sainte. M
l'Archevefque de Paris en fit
la clofture le 17. de ce mois,
apres avoir affifté au Salut, où
il y eut deux Choeurs de Mufique
, & une excellente Simphonie.
Cette Miffion eſtant achevée
, les mefmes Peres Capucins
en commencerent une
304 MERCURE
autre dés le lendemain dans
l'Eglife de Saint Etienne du
Mont.
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Résumé : Missions des Capucins, [titre d'après la table]
Le texte évoque l'influence des Capucins, un ordre religieux reconnu pour ses actions édifiantes et charitables, visant à renforcer la piété et la foi des chrétiens. Récemment, une mission dirigée par le Père Honoré de Cannes, le Père Claude de Paris et vingt autres Capucins à l'église Saint-Sulpice a connu un grand succès. Cette mission a été marquée par de nombreuses restitutions, conversions, réconciliations et pratiques de pénitence, illustrant une volonté de renoncer aux plaisirs du monde. Pendant le Carnaval, la paroisse de Saint-Sulpice a adopté une atmosphère de réforme similaire à celle de la Semaine Sainte. L'archevêque de Paris a clôturé la mission le 17 du mois après avoir assisté à un salut avec deux chœurs de musique et une excellente symphonie. Immédiatement après, les mêmes Capucins ont entamé une nouvelle mission à l'église Saint-Étienne-du-Mont.
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45
p. 316-319
Conversion du dernier Calviniste de Richelieu, [titre d'après la table]
Début :
Les Prétendus Réformez n'ont qu'à aller à Richelieu, pour estre [...]
Mots clefs :
Prétendus réformés, Richelieu, Erreur, Cardinal, Génie, Conversion, Hérésie, Abjurations
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Conversion du dernier Calviniste de Richelieu, [titre d'après la table]
Les Prétendus Réformez
n'ont qu'à aller à Richelieu,
pour eftre perfuadez de la
fauffeté de leur Religion , &
GALANT. 317
fa
pour fe voir obligez d'en
quitter toutes les erreurs. Il
femble que le grand Cardi,
nal de ce Nom , cet admirable
Génie , qui leur a tant fait
la guerre pendant la vie ,
regne encore en ce lieu là,
pour la leur y
faire apres
mort ; & qu'il ne puiffe fouffrir
fur fes Terres , ceux qu'il
avoulu convertir , ou chaffer
pendant fön vivant, de toutes
celles du Roy fon Maiftre :
ou bien que cette petite Vil
le , eftant extrémement re
connoiffante
des graces qu'el
le reçoit de fon Prince , foir
Dd . iij
318 MERCURE
naturellement ennemie d'u
ne Herefie qui déplaiſt tant
à ce pieux & zelé Monarque .
Je vous ay parlé de quantité
de Converfions qui fe font
faites à Richelieu , & vous ay
marqué en mefme temps
qu'il ny reftoit plus qu'un feut
Religionnaire. Il s'eft enfin
converty comme les autres ,
& á fait fon Abjuration un
peu apres celle de M' Moret
de la Fayole fon Pere , dont
je vous fis un Article dans ma
Lettre de Novembre. Il a du
merite & de l'efprit infini
ment , fa Converfion en elt
GALANT. 319
une preuve. Il a long- temps
combatu , mais il s'eft rendu
à la Verité, qu'il a enfin reconnuë
, apres quantité de
Difputes & d'Eclairciffemens ,
n'ont qu'à aller à Richelieu,
pour eftre perfuadez de la
fauffeté de leur Religion , &
GALANT. 317
fa
pour fe voir obligez d'en
quitter toutes les erreurs. Il
femble que le grand Cardi,
nal de ce Nom , cet admirable
Génie , qui leur a tant fait
la guerre pendant la vie ,
regne encore en ce lieu là,
pour la leur y
faire apres
mort ; & qu'il ne puiffe fouffrir
fur fes Terres , ceux qu'il
avoulu convertir , ou chaffer
pendant fön vivant, de toutes
celles du Roy fon Maiftre :
ou bien que cette petite Vil
le , eftant extrémement re
connoiffante
des graces qu'el
le reçoit de fon Prince , foir
Dd . iij
318 MERCURE
naturellement ennemie d'u
ne Herefie qui déplaiſt tant
à ce pieux & zelé Monarque .
Je vous ay parlé de quantité
de Converfions qui fe font
faites à Richelieu , & vous ay
marqué en mefme temps
qu'il ny reftoit plus qu'un feut
Religionnaire. Il s'eft enfin
converty comme les autres ,
& á fait fon Abjuration un
peu apres celle de M' Moret
de la Fayole fon Pere , dont
je vous fis un Article dans ma
Lettre de Novembre. Il a du
merite & de l'efprit infini
ment , fa Converfion en elt
GALANT. 319
une preuve. Il a long- temps
combatu , mais il s'eft rendu
à la Verité, qu'il a enfin reconnuë
, apres quantité de
Difputes & d'Eclairciffemens ,
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Résumé : Conversion du dernier Calviniste de Richelieu, [titre d'après la table]
Le texte aborde les conversions religieuses à Richelieu, où les protestants, désignés comme 'Prétendus Réformez,' sont encouragés à abandonner leur foi. Le cardinal de Richelieu, connu pour ses actions contre les protestants, continue d'exercer une influence posthume. La ville de Richelieu, reconnaissante envers Richelieu, est décrite comme hostile à l'hérésie, ce qui déplaît au monarque. Plusieurs conversions sont mentionnées, notamment celle d'un dernier protestant après de longues discussions. Cette conversion est perçue comme une preuve de mérite et d'esprit. Elle suit celle de Monsieur Moret de la Fayolle, dont la conversion avait été rapportée précédemment.
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46
p. 319-321
SUR LES SOINS que le Roy prend de détruire l'Heresie.
Début :
Cette Conversion a donné lieu à Mr de Grammont de / Nostre Roy triomphoit en mille & mille endroits, [...]
Mots clefs :
Hérésie, Roi, Victoire, Ennemis, Histoire, Paix, Sujet
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUR LES SOINS que le Roy prend de détruire l'Heresie.
Cette Converfion a donné
lieu à M² de Grammont dé
Richelieu , de faire le Sonnet
qui fuir.
SUR LES SOINS
que le Roy prend de
détruire l'Herefie.
N
ftre Roy triomphoit en mille
& mille endroits,
Son Brasfaifoit trembler les Rivaux
defa gloires
Dd iiij
320 MERCURE
Et ce Prince entaffant victoirefur
victoire,
Eust mis , s'il eust voulu, l'Empire
·fousfes Loix. A
S&
Ses Ennemis diftraits eftoient tous
aux aboisi
Maispar une bonié qu'ils ont eupeine
à croire,
Et qui n'aurajamais d'exemple dans
L'Hiftoire,
Il ne veut pas pouffer plus avantfes
* Exploits.
SE
Illeurdonne la Paix, & n'aplus d'entreprife,
Que contre dès Sujets qui déchirent
l'Eglife, a
Et qui n'ontjufqu'icy que troublefes
Etats
GALANT. 321
SS
Maisbien loin de les perdre, ilfait
comme un bon Pere,
Qui ne leve le fouetfur des Enfans
ingrats,
Que pour les engager d'obeir à leur
Mere.
lieu à M² de Grammont dé
Richelieu , de faire le Sonnet
qui fuir.
SUR LES SOINS
que le Roy prend de
détruire l'Herefie.
N
ftre Roy triomphoit en mille
& mille endroits,
Son Brasfaifoit trembler les Rivaux
defa gloires
Dd iiij
320 MERCURE
Et ce Prince entaffant victoirefur
victoire,
Eust mis , s'il eust voulu, l'Empire
·fousfes Loix. A
S&
Ses Ennemis diftraits eftoient tous
aux aboisi
Maispar une bonié qu'ils ont eupeine
à croire,
Et qui n'aurajamais d'exemple dans
L'Hiftoire,
Il ne veut pas pouffer plus avantfes
* Exploits.
SE
Illeurdonne la Paix, & n'aplus d'entreprife,
Que contre dès Sujets qui déchirent
l'Eglife, a
Et qui n'ontjufqu'icy que troublefes
Etats
GALANT. 321
SS
Maisbien loin de les perdre, ilfait
comme un bon Pere,
Qui ne leve le fouetfur des Enfans
ingrats,
Que pour les engager d'obeir à leur
Mere.
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Résumé : SUR LES SOINS que le Roy prend de détruire l'Heresie.
Sous la direction du cardinal de Richelieu, Louis XIII combat l'hérésie et rétablit l'ordre religieux en France. Après vaincre ses ennemis, il leur offre la paix et ramène les perturbateurs à l'obéissance. Richelieu compose un sonnet célébrant les actions du roi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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47
p. 15-17
SUR LA NAISSANCE & le progrés de l'Herésie, sous les régnes de sept dernier de nos Roys ; & sur son déclin sous le régne de LOÜIS LE GRAND. SONNET.
Début :
Je ne vous dis rien de ce qui se fait pour / Sous le grand Roy François ce Monstre prit naissance [...]
Mots clefs :
Hérésie, Religion prétendue réformée, Roi, Monstre, Enfer, Sang, Serpent, Hercule, Louis, Hydre
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texteReconnaissance textuelle : SUR LA NAISSANCE & le progrés de l'Herésie, sous les régnes de sept dernier de nos Roys ; & sur son déclin sous le régne de LOÜIS LE GRAND. SONNET.
Je ne vous dis
rien de ce qui ſe fait pour fai
re Aflceuurriirr en France la veritable
Religion , & pour en
bannir la Prétendue Refor-
, mée. Sa Majesté fait toû-
- jours paroiſtre la plus forte
ardeur pour détruire l'Heré-
: ſie , & toûjours les Muſes tirent
de là ſon plus grand élo-
-ge. Vous le connoiſtrez par
ce Sonnet M' Terraudiere,
premier Eçhevin de Niort.
16 MERCURE
SUR LA NAISSANCE
& le progrés de l'Heréſie,
ſous les régnes des ſept derniers
de nos Roys ; & fur
ſon déclin ſous le régne de
LOUIS LE GRAND .
SONNET.
Ous le grand RoyFrançois ce
Monstreprit naissance
Parde faux Apoftats fufcitez de
l'Enfers
Son Fils HenrySecond s'en alloit
l'étouffer,
S'il n'eustestétuéd'un fatal coup de
Lance.
Se
Apresfa mort on vit cettefatale Engeance
GALANT
17
S'établir parlefeu, s'élever parlefers
François , Charles , Henry la virent
triompher,
Et répandre à leursyeux tout lefang
de la France.
S&
Henryquatre endormit ce Serpent
dangereux ;
Mais ilſe réveilla bien- tost plusfurieux
Etsous Loüis le Juste ilfit bien du
ravage.
52
Enfin le grand LOVIS, l'Hérculedé
nosjours,
Pardes moyens prudens, pardeſages
détours,
Vient d'abatre cette Hydre,&l'Enfer
enenrage.
rien de ce qui ſe fait pour fai
re Aflceuurriirr en France la veritable
Religion , & pour en
bannir la Prétendue Refor-
, mée. Sa Majesté fait toû-
- jours paroiſtre la plus forte
ardeur pour détruire l'Heré-
: ſie , & toûjours les Muſes tirent
de là ſon plus grand élo-
-ge. Vous le connoiſtrez par
ce Sonnet M' Terraudiere,
premier Eçhevin de Niort.
16 MERCURE
SUR LA NAISSANCE
& le progrés de l'Heréſie,
ſous les régnes des ſept derniers
de nos Roys ; & fur
ſon déclin ſous le régne de
LOUIS LE GRAND .
SONNET.
Ous le grand RoyFrançois ce
Monstreprit naissance
Parde faux Apoftats fufcitez de
l'Enfers
Son Fils HenrySecond s'en alloit
l'étouffer,
S'il n'eustestétuéd'un fatal coup de
Lance.
Se
Apresfa mort on vit cettefatale Engeance
GALANT
17
S'établir parlefeu, s'élever parlefers
François , Charles , Henry la virent
triompher,
Et répandre à leursyeux tout lefang
de la France.
S&
Henryquatre endormit ce Serpent
dangereux ;
Mais ilſe réveilla bien- tost plusfurieux
Etsous Loüis le Juste ilfit bien du
ravage.
52
Enfin le grand LOVIS, l'Hérculedé
nosjours,
Pardes moyens prudens, pardeſages
détours,
Vient d'abatre cette Hydre,&l'Enfer
enenrage.
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Résumé : SUR LA NAISSANCE & le progrés de l'Herésie, sous les régnes de sept dernier de nos Roys ; & sur son déclin sous le régne de LOÜIS LE GRAND. SONNET.
Le texte décrit les efforts pour promouvoir la véritable religion en France et éradiquer la Réforme. Le roi, Louis XIV, montre une détermination constante à détruire l'hérésie. Un sonnet de M. Terraudiere, premier échevin de Niort, illustre l'histoire de l'hérésie sous les sept derniers rois de France. L'hérésie naît sous François Ier et est presque étouffée par Henri II, qui meurt ensuite. Elle se développe sous François II, Charles IX et Henri III, avant d'être temporairement endormie par Henri IV. Elle resurgit sous Louis XIII, causant de nombreux ravages. Louis XIV, comparé à Hercule, parvient à abattre cette hydre grâce à des moyens prudents et des stratégies habiles, mettant ainsi en rage l'enfer.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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48
p. 239-241
Madame de Villers-Canivet est benie Abbesse de ce Monastere, [titre d'après la table]
Début :
Sa Majesté ayant permis il y a quelque temps que [...]
Mots clefs :
Abbesse, Sa Majesté, Prieuré, Religieuses Bernardines, Abbaye, Nomination, Cérémonie, Noblesse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Madame de Villers-Canivet est benie Abbesse de ce Monastere, [titre d'après la table]
Sa Majeſté ayant permis il
y a quelque temps que le
Prieuré des Religieuſes Bernardines
de Villers- Canivet,
du Dioceſe de Sez en Normandie
, fuſt érigé en Abbaye
à la confideration de
Dame Anne de Souvré, dont
l'Illuſtre Maiſon eft connuë
de toute la France , & l'ayant
nommée pour en eſtre la premiere
Abbeffe , M' l'Evefque
de Bayeux aſſiſté d'un grand
nombre d'Eccleſiaſtiques, fit
le 4. de ce mois la Cerémo
240 MERCURE
nie de la benir dans l'Eglife
de cette Abbaye. Elle estoie
accompagnée des Dames
Abbeffes d'Almeneſche &
de Vignats.Tout ſe pafla dans
cette action avec unepompe
& une magnificence extraordinaire
, & quoy que la
plus confiderable Nobleſſe
du Pays ſe fuſt rendue dans
l'Eglife , & qu'ily fuſtaccouru
un Peuple innombrable,
ily eut un fi bon ordre , que
la grande foule n'apporta aucune
confufion. La Ceremo
nie fut terminée par un ſçavant
& fort beau Difcours
que
GALANT. 241
que prononça ce Prélat , ſur
les obligations & les devoirs
d'une Abbeſſe à l'égard de
ſes Religieuſes , aprés quoy
il fut régalé ſplendidement
avec toutes les Perſonnes de
marque qui estoient venuës
des environs.
y a quelque temps que le
Prieuré des Religieuſes Bernardines
de Villers- Canivet,
du Dioceſe de Sez en Normandie
, fuſt érigé en Abbaye
à la confideration de
Dame Anne de Souvré, dont
l'Illuſtre Maiſon eft connuë
de toute la France , & l'ayant
nommée pour en eſtre la premiere
Abbeffe , M' l'Evefque
de Bayeux aſſiſté d'un grand
nombre d'Eccleſiaſtiques, fit
le 4. de ce mois la Cerémo
240 MERCURE
nie de la benir dans l'Eglife
de cette Abbaye. Elle estoie
accompagnée des Dames
Abbeffes d'Almeneſche &
de Vignats.Tout ſe pafla dans
cette action avec unepompe
& une magnificence extraordinaire
, & quoy que la
plus confiderable Nobleſſe
du Pays ſe fuſt rendue dans
l'Eglife , & qu'ily fuſtaccouru
un Peuple innombrable,
ily eut un fi bon ordre , que
la grande foule n'apporta aucune
confufion. La Ceremo
nie fut terminée par un ſçavant
& fort beau Difcours
que
GALANT. 241
que prononça ce Prélat , ſur
les obligations & les devoirs
d'une Abbeſſe à l'égard de
ſes Religieuſes , aprés quoy
il fut régalé ſplendidement
avec toutes les Perſonnes de
marque qui estoient venuës
des environs.
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49
p. 273-278
Devotions du Roy, & de toute la Maison Royale pendant la Semaine Sainte, [titre d'après la table]
Début :
Le Roy qui remplit avec tant d'application & d'exactitude tous les [...]
Mots clefs :
Roi, Grandeur, Carême, Piété, Chrétien, Offices, Cène, Toucher des malades, Sermon, Piété, Prédicateurs, Monseigneur le Dauphin, Messe, Musique, Famille royale, Dévotion, Cour, Hôpital général
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texteReconnaissance textuelle : Devotions du Roy, & de toute la Maison Royale pendant la Semaine Sainte, [titre d'après la table]
Le Roy qui remplit avec
tant d'application & d'exactitude
tous les devoirs d'un
grand Monarque , s'eft ata
ché pendant toute la derniere
femaine de Careſme avec autant
de zéle que de pieté à
tous ceux d'un veritableChré
tien. Non ſeulement il s'eſt
trouvé à tous les Offices que
preſcrit l'Egliſe dansun temps
fi faint , mais il a fait encore
toutes les choses qui les rendent/
beaucoup plus longs &
plus fatigans pour luy que
pour les Particuliers, comme
font celles de faire la Cene,
•
274MERCURE
code toucher les, Malades.
Il y a toujours, Sermon la
jour que ce Princebfaitola
Genet & c'eſt la coûtume
de choiſir un autre Prédicateur
que celuy qui preſche
le Gareſime, Leuchoixtoft
tombé cette année ſur M² Tiberge,
un des Directeurs des
Miſſions Etrangeres . Son Employ
vous doit faire juger de
fa picté , & de fon zéle pour
le falut des Ames. Il a de
grands talens pour la Chaire;
&quoy que perſonne ne l'ait
jamais entendu fansle mettre
au rang des plus grands Pré
GALANTM 1275
dicateuré il fotoit encore
plus connu qu'il n'eft , fyld
profonde humilité qu'il pra
tique ne luy faiſoit fuirbe
clat. Ceux qui le connoiffent
tomberont d'accord que
rendre de luy ce témoignage,
c'eſt ſimplement rendre la
justice qui eft deuë à ſaverra.
L'Abfoute ſuivit cette Prédi
cation. Elle fut faite parM'le
Cardinal de Boüillon ; apres
quoy Sa Majesté lava les pieds
à douze Pauvres , & les fer
vit à Table Le premier Plat
fat porté par Monseigneur le
Dauphin, Il eſtoit fuivyde
•
276 MERCURE
Monfieur le Duc de Bour
bon , de Monfieur le Duc
du Mayne , & de Monfieur
le Comte de Thoulouze . Ces
trois jeunes Princes ſe firent
admirer d'une grande foule
de Perſonnes qui eſtoient venuës
de toutes parts , pour
eftre témoins de cette Ceremonie.
Neuf Seigneurs des
plus diftinguez de la Cour,
marchoient apres eux. Monfieur
le Duc, comme Grand-
Maiſtre de la Maiſon du Roy,
précédoit Monſeigneur le
Dauphin , & eſtoit ſuivy des
Maistres d'Hoſtel de Sa Ma
GALANT. 277
jeſté. Le meſme jour le Roy,
Monseigneur le Dauphin , &
Madame la Dauphine , en
tendirent la Grand' Meſſe
chantée par la Muſique de
Sa Majesté , & affiftérent à
la Proceffion du Saint Sacrement.
Lelendemain, le Roy
accompagnéde toute laMaifon
Royale , entendit le Sermon
de la Paffion , prefché
par le Pere Gaillard , Jéſuite,
& le jour ſuivant, Sa Majefté
apres avoir fait ſes Devotions,
toucha un grand nombre de
Malades. Elle ſupporta cette
fatigue, avec l'air content que
(
278 MERCURE
l'on voit toujours à ce Mo
narque lors qu'il s'attache
à faire dubbien Le jour de
Paſques, ce Prince édifia encore
toute la Cour par ſa
pieté Il a fait de grandes
charitez en divers endroits,
& a donné dix mille écus à
l'Hospital Generalog
tant d'application & d'exactitude
tous les devoirs d'un
grand Monarque , s'eft ata
ché pendant toute la derniere
femaine de Careſme avec autant
de zéle que de pieté à
tous ceux d'un veritableChré
tien. Non ſeulement il s'eſt
trouvé à tous les Offices que
preſcrit l'Egliſe dansun temps
fi faint , mais il a fait encore
toutes les choses qui les rendent/
beaucoup plus longs &
plus fatigans pour luy que
pour les Particuliers, comme
font celles de faire la Cene,
•
274MERCURE
code toucher les, Malades.
Il y a toujours, Sermon la
jour que ce Princebfaitola
Genet & c'eſt la coûtume
de choiſir un autre Prédicateur
que celuy qui preſche
le Gareſime, Leuchoixtoft
tombé cette année ſur M² Tiberge,
un des Directeurs des
Miſſions Etrangeres . Son Employ
vous doit faire juger de
fa picté , & de fon zéle pour
le falut des Ames. Il a de
grands talens pour la Chaire;
&quoy que perſonne ne l'ait
jamais entendu fansle mettre
au rang des plus grands Pré
GALANTM 1275
dicateuré il fotoit encore
plus connu qu'il n'eft , fyld
profonde humilité qu'il pra
tique ne luy faiſoit fuirbe
clat. Ceux qui le connoiffent
tomberont d'accord que
rendre de luy ce témoignage,
c'eſt ſimplement rendre la
justice qui eft deuë à ſaverra.
L'Abfoute ſuivit cette Prédi
cation. Elle fut faite parM'le
Cardinal de Boüillon ; apres
quoy Sa Majesté lava les pieds
à douze Pauvres , & les fer
vit à Table Le premier Plat
fat porté par Monseigneur le
Dauphin, Il eſtoit fuivyde
•
276 MERCURE
Monfieur le Duc de Bour
bon , de Monfieur le Duc
du Mayne , & de Monfieur
le Comte de Thoulouze . Ces
trois jeunes Princes ſe firent
admirer d'une grande foule
de Perſonnes qui eſtoient venuës
de toutes parts , pour
eftre témoins de cette Ceremonie.
Neuf Seigneurs des
plus diftinguez de la Cour,
marchoient apres eux. Monfieur
le Duc, comme Grand-
Maiſtre de la Maiſon du Roy,
précédoit Monſeigneur le
Dauphin , & eſtoit ſuivy des
Maistres d'Hoſtel de Sa Ma
GALANT. 277
jeſté. Le meſme jour le Roy,
Monseigneur le Dauphin , &
Madame la Dauphine , en
tendirent la Grand' Meſſe
chantée par la Muſique de
Sa Majesté , & affiftérent à
la Proceffion du Saint Sacrement.
Lelendemain, le Roy
accompagnéde toute laMaifon
Royale , entendit le Sermon
de la Paffion , prefché
par le Pere Gaillard , Jéſuite,
& le jour ſuivant, Sa Majefté
apres avoir fait ſes Devotions,
toucha un grand nombre de
Malades. Elle ſupporta cette
fatigue, avec l'air content que
(
278 MERCURE
l'on voit toujours à ce Mo
narque lors qu'il s'attache
à faire dubbien Le jour de
Paſques, ce Prince édifia encore
toute la Cour par ſa
pieté Il a fait de grandes
charitez en divers endroits,
& a donné dix mille écus à
l'Hospital Generalog
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50
p. 278-279
Prédicateurs qui se sont faits distinguer à Paris, [titre d'après la table]
Début :
La mesme semaine, Monsieur & Madame ont assisté à S. Cloud [...]
Mots clefs :
Offices, Église, Cérémonies, Paroisse, Dévotion, Carême, Abbé, Pères, Prédicateurs
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texteReconnaissance textuelle : Prédicateurs qui se sont faits distinguer à Paris, [titre d'après la table]
La mefme ſemaine,Mon
ſieur & Madame ont afſiſte
à S. Cloud & à Paris , à tous
les Offices & à toutes les Cel
rémonies de l'Eglife. Ils ont
esté à la Paroifle & auxUrs!
fulines de S. Cloud ; & icy
à S. Roch , aux Feuillans, au
GALANIM 279
Val de Grace, & à Si Eufta
che. Leur exemple a inſpiré
du zéle & de la devotion a
tous ceux qui les ont veus
en ces lieux- là. Elle a eſté
fort grande à Paris pendant
tout le Careſme. Pluſieurs
Prédicateurs s'y ſont diftins
guez , & ont attiré beaucoup
de monde. Ce font le Pere
Bourdalouë , le Pere deulal
Rue , & le Pere d'Orleans,
Jéſuîtes ; le Pere Sonin , le
le Pere Hubert , & le Pere de
la Tour Preſtres de l'Oratoil
re , M' l'Abbé Boileau,
Dom Jerôme Feüillant
ſieur & Madame ont afſiſte
à S. Cloud & à Paris , à tous
les Offices & à toutes les Cel
rémonies de l'Eglife. Ils ont
esté à la Paroifle & auxUrs!
fulines de S. Cloud ; & icy
à S. Roch , aux Feuillans, au
GALANIM 279
Val de Grace, & à Si Eufta
che. Leur exemple a inſpiré
du zéle & de la devotion a
tous ceux qui les ont veus
en ces lieux- là. Elle a eſté
fort grande à Paris pendant
tout le Careſme. Pluſieurs
Prédicateurs s'y ſont diftins
guez , & ont attiré beaucoup
de monde. Ce font le Pere
Bourdalouë , le Pere deulal
Rue , & le Pere d'Orleans,
Jéſuîtes ; le Pere Sonin , le
le Pere Hubert , & le Pere de
la Tour Preſtres de l'Oratoil
re , M' l'Abbé Boileau,
Dom Jerôme Feüillant
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