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Détail
Liste
1
p. 233-235
Départ de l'Envoyé d'Alger, [titre d'après la table]
Début :
Ma dernière Lettre contient tant de choses curieuses touchant [...]
Mots clefs :
Hadgi Mehemet, Alger, Audience, Marquis, Présents, Charme, Envoyé , Mecque
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texteReconnaissance textuelle : Départ de l'Envoyé d'Alger, [titre d'après la table]
Ma derniere Lettre con
ient tantde choſes curieufess
touchant Hadgi Mehemet,
Envoyé du Dey d'Alger, que
je n'ay plus rien à vous en di .
re , finon qu'il eſt party de
Auril 1685 L
234 MERCURE
2
puis quelques jours , aprés
avoir pris fon Audience de
congé de M'le Marquis de
Seignelay , & receu dela part
du Roy une Chaîne & une
Medaille d'Or , & quelques
autres Préfens , dont Mehemet
Chelebi fon Fils a eſté
auſli regalé. S'ils avoienteſté
charmez de la Perſonne du
Roy , ils n'ont pas eftémoins
fatisfaits de fa liberalité , & de
tout ce qu'ils ont veu d'extraordinaire
& de ſurprenant en
France. Je ſçay que je vous
ay dit que cet Envoyé avoit
efté à la Mecque , &comme
GALANT. 235
nous avons peu de Relations
de ce Pays- là , je fatisferois
dés aujourd'huy à l'envie que
vous me marquez avoir d'apprendre
ce qu'il en a raconté,
ſi cet article n'eſtoit trop
long pour luy pouvoir donner
place dans une Lettre
auſſi avancée que celle- cy.
C'eft ce qui m'oblige à le referver
pour le mois prochain.
ient tantde choſes curieufess
touchant Hadgi Mehemet,
Envoyé du Dey d'Alger, que
je n'ay plus rien à vous en di .
re , finon qu'il eſt party de
Auril 1685 L
234 MERCURE
2
puis quelques jours , aprés
avoir pris fon Audience de
congé de M'le Marquis de
Seignelay , & receu dela part
du Roy une Chaîne & une
Medaille d'Or , & quelques
autres Préfens , dont Mehemet
Chelebi fon Fils a eſté
auſli regalé. S'ils avoienteſté
charmez de la Perſonne du
Roy , ils n'ont pas eftémoins
fatisfaits de fa liberalité , & de
tout ce qu'ils ont veu d'extraordinaire
& de ſurprenant en
France. Je ſçay que je vous
ay dit que cet Envoyé avoit
efté à la Mecque , &comme
GALANT. 235
nous avons peu de Relations
de ce Pays- là , je fatisferois
dés aujourd'huy à l'envie que
vous me marquez avoir d'apprendre
ce qu'il en a raconté,
ſi cet article n'eſtoit trop
long pour luy pouvoir donner
place dans une Lettre
auſſi avancée que celle- cy.
C'eft ce qui m'oblige à le referver
pour le mois prochain.
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2
p. 969-978
MEMOIRE sur les Villes de la Mecque, et de Medine, sur le Pelerinage des Mahometans, &c. Par M. D. L. R.
Début :
La Mecque est une ville de l'Arabie, pour laquelle les Mahometans ont [...]
Mots clefs :
Mecque, Vénération, Pèlerinage, Port de Djeddah, Mer Rouge, Déserts de l'Arabie, Versets de l'Alcoran, Maison de Dieu, Étoffes de soie, Fontaine de Zamzam
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texteReconnaissance textuelle : MEMOIRE sur les Villes de la Mecque, et de Medine, sur le Pelerinage des Mahometans, &c. Par M. D. L. R.
MEMOIRE sur les Villes de la Mecque ;
et de Medine , sur le Pelerinage des Mabometans
, &c. Par M. D. L. R.
L
A Mecque est une ville de l'Arabie ;
pour laquelle les Mahometans ont
une telle vénération , qu'ils croyent que
tous ceux qui ne sont pas de leur secte
sont indignes d'y entrer ; ainsi ils ne leur
permettent pas d'en approcher , même
de quelques journées ; et si un Chrétien
étoit surpris sur cette terre , ce seroit un
sacrilege que le feu seul pourroit expier ,
ou le changement de Religion.
La dévotion porte quantité de Musulmang
70 MERCURE DE FR ANCE.
mans à entreprendre ce Pelerinage : Il y
en a cependantbeaucoup qui le font pour
trafiquer car les Marchands viennent de
tous les côtez du monde Mahometan , débarquer
au Port de Gedda . ou Zieden >
sur la Mer Rouge , éloigné d'environ 15.
lieues de la Mecque.
>
Ce voyage absout de tout , et quand
on l'a fait on ne sçauroit plus être recherché
pour aucune sorte de haine.
,
Il part tous les ans cinq principales Ca
Lavanes qui vont à la Mecque ; sçavoir ,
celle du Grand Caire , qui est composée
des Egyptiens , et de tous ceux qui viennent
de Constantinople et des lieux circonvoisins.
Celle de Damas , qui emmene
tous ceux qui sont de Syrie ; celle des Magrebins
ou Ponentois , comprenant tous
les Pelerins de Barbarie , de Fez , de Maroc
, &c. qui s'assemblent au Caire ; cellede
Perse et celle des Indes , ou du Pays
du Mogol , &c. On s'arrêtera particulierement
ici à celle du Caire , qui servira
d'instruction pour les autres.
Après diverses cérémonies qui durent
plusieurs jours au Caire , on va camper
à douze milles de la Ville , proche d'un
Etang appellé la Birque : C'est le rendez-
vous de toute la Caravane qui est
souvent composé de cent mille Perfonnes.
On
}
AVRIL. 1731. 971
On ne marche que la nuit , pour éviter
la chaleur ; et lorsque la Lune n'éclaire
pas , on porte des Falots ; les Chameaux
sont attachez queuë à queuë , l'un à l'autre
, et il n'est pas besoin de les conduire.
Il y a trente-sept journées de chemin
du Caire à la Mecque , et tout ce chemin
se fait les déserts de l'Arabie on ne
par
mange que ce que l'on a porté; il y a peu
d'eau , encore est- elle bien mauvaise ; mais
ce qui est de plus fâcheux , ce sont des
vents chauds qui ôtent presque la respiration
; cependant beaucoup de femmes
d'enfans , et de vieillards font le voyage.
Durant toute la marche , on chante des
versets de l'Alcoran , avec tant de zele et
d'application , que l'on voit quantité de
personnes tomber tout à coup de leurs
Chameaux , par l'excessive fatigue , et
mourir en les chantant.
·
Deux jours avant que d'arriver à la Mecque
, chacun se dépouille presque nud
par plus de respect , et prend des Sandales,
pour ne pas fouler une terre qu'ils estiment
Sainte. Ils demeurent ainsi huit jours
à vivre dans la plus exacte régularité : les
Malades font des Aumônes au lieu de se
dépoüiller comme les autres .
La Mecque est une Ville à peu près de
la grandeur de Marseille , environnée de
G hautos
972 MERCURE DE FRANCE.
re ,
hautes Montagnes , et toute bâtie de pierdans
laquelle est une grande Mosquée,
au milieu de laquelle est le Kyabé ou Beit-
Allah , c'est-à- dire , Maison de Dieu
que les Mahometans disent avoir été bâ
tie par les Anges, visitée par Adam , trans,
portée au Ciel durant le Déluge , et depuis
rebâtie par Abraham sur le modele
de l'autre , qui lui fut envoyé du Ciel :
Ils ont une grande vénération pour ce
Temple , ainsi que pour une Pierre noire
qui est à main droite , en entrant prochę
de la Porte.
Ils prétendent qu'elle n'est devenuë noire
que par le péché des hommes ; qu'elle
étoit blanche , lorsque l'Ange Gabriel
l'apporta à Abraham ; qu'elle lui servoit
d'échafaut lorsqu'il bâtissoit cette maison ,
se haussant et se baissant à sa volonté
afin qu'il ne fit aucuns trous à la muraille.
Cette Maison est haute d'environ trente.
pieds , longue de quinze pas , et large de
douze. Le Seuil de la Porte est fort élevé
de terre , un homme pouvant à peine y
atteindre avec la main : la Porte est d'argent
massif, s'ouvrant à deux battans ;
large d'environ cinq pieds , et haute
de neuf à dix ; l'on y monte avec une
Echelle que soutiennent quatre rouës
Quand on veut entrer dans le Kyâbé ,
on
I
AVRIL.
1731 .. 973
on approche l'Echelle de la muraille par
le moyen de ces rouës .
Trois Colomnes ou Piliers de figure octogone,
d'environ vingt pieds de haute ir,
soutiennent cette maison ; elles sont de
bois d'Aloës, de la grosseur d'un homme
et chacune d'une seule piece.
Le dedans est orné d'Etoffes de soye
rouge et blanche , et le dehors d'une étoffe
de soye noire , façon de Damas : il y a
tout autour une muraille qui en empêche
l'abord , avec un certain espace entre la
muraille et la Maison.
Deux Ceintures brochées d'or , ceignent
exterieurement le Kyâbé ; l'une est vers
le bas , et l'autre vers le haut ; et à l'un
des côtez de la Terrasse qui le couvre , on
voit une goutiere d'or massif qui avance
en dehors d'environ six pieds , pour jetter
loin les eaux de la pluye , qui tombent
de la Terrasse dans cette goutiere.
Il y a dans le même Temple un autre
objet d'une grande dévotion pour les Ma
hometans'; sçavoir, le Puits ou la Fontaine
de Zemzem ; c'est , disent-ils , cetteEau
merveilleuse que Dieu fit paroître en faveur
d'Agar et de son fils Ismaël dans le
désert , après qu'Abraham l'eut obligée de
s'y retirer avec son fils : ils en boivent par
dévotion , et lui attribuent de grandes
vertus.
Gij
Les
974 MERCURE DE FRANCE
Les Pelerins passent trois jours à la Mecque
, et celui qui peut baiser le premier ta
-Pierre noire , est tenu pour Saint. Mais il
faut qu'il le fasse le Vendredi , qui se rencontre
toûjours pendant les trois jours , et
à la fin d'une priere publique : chacun se
jette à ses pieds pour les lui baiser ; et
souvent il est étouffé par la trop grande
foule.
• Pendant ce même temps , il faut faire
en cérémonie un chemin assez long qui
va autour du Kyâbé. Un Iman précéde
les Pelerins , et leur montre comme ils
doivent faire. Il s'agit de plusieurs genuflexions
, prosternations , &c.
Tous les ans on ôte les vieilles étoffes
qui entourent le Kyâbé , pour y en mettre
de neuves , et elles sont pour le G. S. et
pour le Sultan Scherif qui commande à
la Mecque ; elles servent à la dédicace
des Mosquées neuves , et à faire de
prétendues Reliques que ce Scherif vend
au prix de plusieurs Sequins.
Après les trois jours passez à la Mecque
, les Pelerins vont coucher à un lieu
nommé Minnet , où ils arrivent la veille
du petit Bayran ; et le lendemain ils font
un Sacrifice de Moutons qui sont distribués
aux Pauvres. Ce jour la même ils
reprennent leurs habits."
De-là , ils vont au Mont Arafat , éloigué
AVRIL. 1731. 975
gné d'une journée ; et ils s'y arrêtent aussi
trois jours; jettant chaque jour sept pierres
sur cette Montagne ; ils disent que
ces pierres sont jettées à la tête du Diable
qui vint tenter Abraham en cet endroit
Lorsqu'il étoit prêt de sacrifier son fils Ismaël
, et non pas Isaac ; Ils content de pareilles
Histoires d'Adam et d'Eveà l'occa
sion de cette Montagne.
›
Après plusieurs prieres faites dans la
Plaine , le Sultan Scherifles benit , et chacun
répond Amen, Ce Gouverneur de la
Mecque , tant pour le spirituel , que pour
le temporel , est soumis aux ordres du G.
S. quoiqu'il ait une très-grande autorité.
Après cette cérémonie on revient auVil-
Lage de Minnet , situé dans une Plaine où
il y a une Roche , dans laquelle on voit
une Caverne,où les Mahometans tiennent
que leur prétendu Prophete faisoit sou-,
vent oraison ; et ils montrent dans la partie
superieure de cette caverne un enfoncement
, qui represente la forme du haut
de la tête d'un homme , qu'ils assûrent y
avoir été fait lorsque Mahomet s'étant
prosterné en ce lieu , touchoit de la tête
en se relevant contre le haut de la caverne ;
ils veulent que la pierre s'amolît , &c .
Pour conserver la memoire de ce prétendu
Miracle , ils ont bâti une Mosquée en
ce même lieu Giij La
976 MERCURE DE FRANCE
La plupart de ceux qui vont à la Mecque
, font en même temps le voyage de
Medine ; mais ce n'est pas une obligation.
- Medine est aussi une Ville de l'Arabie ;
elle est à trois journées de la Mer Rouge
; et beaucoup moins grande que la
Mecque.
›
ap-
Au milieu de cette Ville est une Mosquée
, au coin de laquelle on voit le sépulchre
de Mahomet , il est de Marbre
blanc , avec les Tombeaux d'Abubeker
d'Omar &c. Califes ses Successeurs.
Il y a là un très-grand nombre de Lampes
qui brûlent toûjours ; ce Sépulchre est
dans une petite cour , ou bâtiment rond ,
couvert d'un Dôme que les Orientaux -
pellent Turbé : ce bâtiment est ouvert depuis
le milieu jusqu'à ce Dôme, et tout au-
Four il y a une Galerie , dont la muraille de
dehors est percée de plusieurs fenêtres , qui
ont des grilles d'argent. Celle de dedans
qui est la muraille de la Tour , est parée d'une
infinité de pierres précieuses à l'endroit
où paroît la tête du Sépulchre . On y voit
entre -autres un gros Diamant large de deux
doigts , et long à proportion ; et au dessus
est le Diamant que le Sultan Osman , fils
d'Achmet , y envoya pareil à celui que portent
les Empereurs Ottomans. Ces deux
Diamans n'en faisoient autrefois qu'un , que
2
ca
AVRIL. 1731.
977
ce Sultan fit couper par le milieu.
Il y a plus bas une demie Lune d'or , ou
sont attachés d'autres Diamans de fort grand
prix . La Porte par où l'on entre dans la Galerie
, qui est autour du Turbé , est d'argent
maffif , aussi bien que celle par où l'on entre
de la Galerie dans le Turbé : on ne l'ouvre
que quand il n'y a point de confusion
d'Etrangers ; c'est - à - dire quelques temps
après le départ des Pelerins , qui ne voyent
que la Galerie et les richesses qui sont ` dedans
par les fenêtres , et les grilles d'argent.
Le Tombeau est élevé sur trois dégrés du
Rez-de-Chaussée ; et ces dégrez sont aussi
de Marbre blanc.
J'aurois pû rapporter dans ce Memoire
plusieurs autres circonstances , mais j'ai
voulu n'y faire entrer précisement que ce
que j'ai appris ici de deux personnes de mérite
et dignes de créance ; sçavoir , Hadgy
Mehemet , Envoyé du Dey d'Alger au feu
Roi , lequel avoit fait tout récemment le
voyage de la Mecque ; et Mehemet- Effendi
, envoyé au même Prince , sur la fin de
son regne , par la Regence de Tripoly de
Barbarie , et depuis encore envoyé à la Cour
de France dans la minorité du Roi. Il étoit
Secretaire d'Etat , ou du Divan , et avoit
une instruction particuliere , très- bien écrite
en langue Turque , sur le sujet dont il
s'agit ici. Nous nous voyions presque tous
les Gin
278 MERCURE DE FRANCE
les jours , et ce qu'ils m'ont rapporté l'un
et l'autre se trouve conforme à ce que j'ai
appris là- dessus dans mon voyage du Leyant.
A Paris le 23. Juillet 1727.
et de Medine , sur le Pelerinage des Mabometans
, &c. Par M. D. L. R.
L
A Mecque est une ville de l'Arabie ;
pour laquelle les Mahometans ont
une telle vénération , qu'ils croyent que
tous ceux qui ne sont pas de leur secte
sont indignes d'y entrer ; ainsi ils ne leur
permettent pas d'en approcher , même
de quelques journées ; et si un Chrétien
étoit surpris sur cette terre , ce seroit un
sacrilege que le feu seul pourroit expier ,
ou le changement de Religion.
La dévotion porte quantité de Musulmang
70 MERCURE DE FR ANCE.
mans à entreprendre ce Pelerinage : Il y
en a cependantbeaucoup qui le font pour
trafiquer car les Marchands viennent de
tous les côtez du monde Mahometan , débarquer
au Port de Gedda . ou Zieden >
sur la Mer Rouge , éloigné d'environ 15.
lieues de la Mecque.
>
Ce voyage absout de tout , et quand
on l'a fait on ne sçauroit plus être recherché
pour aucune sorte de haine.
,
Il part tous les ans cinq principales Ca
Lavanes qui vont à la Mecque ; sçavoir ,
celle du Grand Caire , qui est composée
des Egyptiens , et de tous ceux qui viennent
de Constantinople et des lieux circonvoisins.
Celle de Damas , qui emmene
tous ceux qui sont de Syrie ; celle des Magrebins
ou Ponentois , comprenant tous
les Pelerins de Barbarie , de Fez , de Maroc
, &c. qui s'assemblent au Caire ; cellede
Perse et celle des Indes , ou du Pays
du Mogol , &c. On s'arrêtera particulierement
ici à celle du Caire , qui servira
d'instruction pour les autres.
Après diverses cérémonies qui durent
plusieurs jours au Caire , on va camper
à douze milles de la Ville , proche d'un
Etang appellé la Birque : C'est le rendez-
vous de toute la Caravane qui est
souvent composé de cent mille Perfonnes.
On
}
AVRIL. 1731. 971
On ne marche que la nuit , pour éviter
la chaleur ; et lorsque la Lune n'éclaire
pas , on porte des Falots ; les Chameaux
sont attachez queuë à queuë , l'un à l'autre
, et il n'est pas besoin de les conduire.
Il y a trente-sept journées de chemin
du Caire à la Mecque , et tout ce chemin
se fait les déserts de l'Arabie on ne
par
mange que ce que l'on a porté; il y a peu
d'eau , encore est- elle bien mauvaise ; mais
ce qui est de plus fâcheux , ce sont des
vents chauds qui ôtent presque la respiration
; cependant beaucoup de femmes
d'enfans , et de vieillards font le voyage.
Durant toute la marche , on chante des
versets de l'Alcoran , avec tant de zele et
d'application , que l'on voit quantité de
personnes tomber tout à coup de leurs
Chameaux , par l'excessive fatigue , et
mourir en les chantant.
·
Deux jours avant que d'arriver à la Mecque
, chacun se dépouille presque nud
par plus de respect , et prend des Sandales,
pour ne pas fouler une terre qu'ils estiment
Sainte. Ils demeurent ainsi huit jours
à vivre dans la plus exacte régularité : les
Malades font des Aumônes au lieu de se
dépoüiller comme les autres .
La Mecque est une Ville à peu près de
la grandeur de Marseille , environnée de
G hautos
972 MERCURE DE FRANCE.
re ,
hautes Montagnes , et toute bâtie de pierdans
laquelle est une grande Mosquée,
au milieu de laquelle est le Kyabé ou Beit-
Allah , c'est-à- dire , Maison de Dieu
que les Mahometans disent avoir été bâ
tie par les Anges, visitée par Adam , trans,
portée au Ciel durant le Déluge , et depuis
rebâtie par Abraham sur le modele
de l'autre , qui lui fut envoyé du Ciel :
Ils ont une grande vénération pour ce
Temple , ainsi que pour une Pierre noire
qui est à main droite , en entrant prochę
de la Porte.
Ils prétendent qu'elle n'est devenuë noire
que par le péché des hommes ; qu'elle
étoit blanche , lorsque l'Ange Gabriel
l'apporta à Abraham ; qu'elle lui servoit
d'échafaut lorsqu'il bâtissoit cette maison ,
se haussant et se baissant à sa volonté
afin qu'il ne fit aucuns trous à la muraille.
Cette Maison est haute d'environ trente.
pieds , longue de quinze pas , et large de
douze. Le Seuil de la Porte est fort élevé
de terre , un homme pouvant à peine y
atteindre avec la main : la Porte est d'argent
massif, s'ouvrant à deux battans ;
large d'environ cinq pieds , et haute
de neuf à dix ; l'on y monte avec une
Echelle que soutiennent quatre rouës
Quand on veut entrer dans le Kyâbé ,
on
I
AVRIL.
1731 .. 973
on approche l'Echelle de la muraille par
le moyen de ces rouës .
Trois Colomnes ou Piliers de figure octogone,
d'environ vingt pieds de haute ir,
soutiennent cette maison ; elles sont de
bois d'Aloës, de la grosseur d'un homme
et chacune d'une seule piece.
Le dedans est orné d'Etoffes de soye
rouge et blanche , et le dehors d'une étoffe
de soye noire , façon de Damas : il y a
tout autour une muraille qui en empêche
l'abord , avec un certain espace entre la
muraille et la Maison.
Deux Ceintures brochées d'or , ceignent
exterieurement le Kyâbé ; l'une est vers
le bas , et l'autre vers le haut ; et à l'un
des côtez de la Terrasse qui le couvre , on
voit une goutiere d'or massif qui avance
en dehors d'environ six pieds , pour jetter
loin les eaux de la pluye , qui tombent
de la Terrasse dans cette goutiere.
Il y a dans le même Temple un autre
objet d'une grande dévotion pour les Ma
hometans'; sçavoir, le Puits ou la Fontaine
de Zemzem ; c'est , disent-ils , cetteEau
merveilleuse que Dieu fit paroître en faveur
d'Agar et de son fils Ismaël dans le
désert , après qu'Abraham l'eut obligée de
s'y retirer avec son fils : ils en boivent par
dévotion , et lui attribuent de grandes
vertus.
Gij
Les
974 MERCURE DE FRANCE
Les Pelerins passent trois jours à la Mecque
, et celui qui peut baiser le premier ta
-Pierre noire , est tenu pour Saint. Mais il
faut qu'il le fasse le Vendredi , qui se rencontre
toûjours pendant les trois jours , et
à la fin d'une priere publique : chacun se
jette à ses pieds pour les lui baiser ; et
souvent il est étouffé par la trop grande
foule.
• Pendant ce même temps , il faut faire
en cérémonie un chemin assez long qui
va autour du Kyâbé. Un Iman précéde
les Pelerins , et leur montre comme ils
doivent faire. Il s'agit de plusieurs genuflexions
, prosternations , &c.
Tous les ans on ôte les vieilles étoffes
qui entourent le Kyâbé , pour y en mettre
de neuves , et elles sont pour le G. S. et
pour le Sultan Scherif qui commande à
la Mecque ; elles servent à la dédicace
des Mosquées neuves , et à faire de
prétendues Reliques que ce Scherif vend
au prix de plusieurs Sequins.
Après les trois jours passez à la Mecque
, les Pelerins vont coucher à un lieu
nommé Minnet , où ils arrivent la veille
du petit Bayran ; et le lendemain ils font
un Sacrifice de Moutons qui sont distribués
aux Pauvres. Ce jour la même ils
reprennent leurs habits."
De-là , ils vont au Mont Arafat , éloigué
AVRIL. 1731. 975
gné d'une journée ; et ils s'y arrêtent aussi
trois jours; jettant chaque jour sept pierres
sur cette Montagne ; ils disent que
ces pierres sont jettées à la tête du Diable
qui vint tenter Abraham en cet endroit
Lorsqu'il étoit prêt de sacrifier son fils Ismaël
, et non pas Isaac ; Ils content de pareilles
Histoires d'Adam et d'Eveà l'occa
sion de cette Montagne.
›
Après plusieurs prieres faites dans la
Plaine , le Sultan Scherifles benit , et chacun
répond Amen, Ce Gouverneur de la
Mecque , tant pour le spirituel , que pour
le temporel , est soumis aux ordres du G.
S. quoiqu'il ait une très-grande autorité.
Après cette cérémonie on revient auVil-
Lage de Minnet , situé dans une Plaine où
il y a une Roche , dans laquelle on voit
une Caverne,où les Mahometans tiennent
que leur prétendu Prophete faisoit sou-,
vent oraison ; et ils montrent dans la partie
superieure de cette caverne un enfoncement
, qui represente la forme du haut
de la tête d'un homme , qu'ils assûrent y
avoir été fait lorsque Mahomet s'étant
prosterné en ce lieu , touchoit de la tête
en se relevant contre le haut de la caverne ;
ils veulent que la pierre s'amolît , &c .
Pour conserver la memoire de ce prétendu
Miracle , ils ont bâti une Mosquée en
ce même lieu Giij La
976 MERCURE DE FRANCE
La plupart de ceux qui vont à la Mecque
, font en même temps le voyage de
Medine ; mais ce n'est pas une obligation.
- Medine est aussi une Ville de l'Arabie ;
elle est à trois journées de la Mer Rouge
; et beaucoup moins grande que la
Mecque.
›
ap-
Au milieu de cette Ville est une Mosquée
, au coin de laquelle on voit le sépulchre
de Mahomet , il est de Marbre
blanc , avec les Tombeaux d'Abubeker
d'Omar &c. Califes ses Successeurs.
Il y a là un très-grand nombre de Lampes
qui brûlent toûjours ; ce Sépulchre est
dans une petite cour , ou bâtiment rond ,
couvert d'un Dôme que les Orientaux -
pellent Turbé : ce bâtiment est ouvert depuis
le milieu jusqu'à ce Dôme, et tout au-
Four il y a une Galerie , dont la muraille de
dehors est percée de plusieurs fenêtres , qui
ont des grilles d'argent. Celle de dedans
qui est la muraille de la Tour , est parée d'une
infinité de pierres précieuses à l'endroit
où paroît la tête du Sépulchre . On y voit
entre -autres un gros Diamant large de deux
doigts , et long à proportion ; et au dessus
est le Diamant que le Sultan Osman , fils
d'Achmet , y envoya pareil à celui que portent
les Empereurs Ottomans. Ces deux
Diamans n'en faisoient autrefois qu'un , que
2
ca
AVRIL. 1731.
977
ce Sultan fit couper par le milieu.
Il y a plus bas une demie Lune d'or , ou
sont attachés d'autres Diamans de fort grand
prix . La Porte par où l'on entre dans la Galerie
, qui est autour du Turbé , est d'argent
maffif , aussi bien que celle par où l'on entre
de la Galerie dans le Turbé : on ne l'ouvre
que quand il n'y a point de confusion
d'Etrangers ; c'est - à - dire quelques temps
après le départ des Pelerins , qui ne voyent
que la Galerie et les richesses qui sont ` dedans
par les fenêtres , et les grilles d'argent.
Le Tombeau est élevé sur trois dégrés du
Rez-de-Chaussée ; et ces dégrez sont aussi
de Marbre blanc.
J'aurois pû rapporter dans ce Memoire
plusieurs autres circonstances , mais j'ai
voulu n'y faire entrer précisement que ce
que j'ai appris ici de deux personnes de mérite
et dignes de créance ; sçavoir , Hadgy
Mehemet , Envoyé du Dey d'Alger au feu
Roi , lequel avoit fait tout récemment le
voyage de la Mecque ; et Mehemet- Effendi
, envoyé au même Prince , sur la fin de
son regne , par la Regence de Tripoly de
Barbarie , et depuis encore envoyé à la Cour
de France dans la minorité du Roi. Il étoit
Secretaire d'Etat , ou du Divan , et avoit
une instruction particuliere , très- bien écrite
en langue Turque , sur le sujet dont il
s'agit ici. Nous nous voyions presque tous
les Gin
278 MERCURE DE FRANCE
les jours , et ce qu'ils m'ont rapporté l'un
et l'autre se trouve conforme à ce que j'ai
appris là- dessus dans mon voyage du Leyant.
A Paris le 23. Juillet 1727.
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Résumé : MEMOIRE sur les Villes de la Mecque, et de Medine, sur le Pelerinage des Mahometans, &c. Par M. D. L. R.
Le mémoire traite des villes sacrées de La Mecque et de Médine, ainsi que du pèlerinage musulman. La Mecque, située en Arabie, est interdite aux non-musulmans sous peine de sanctions. Les pèlerins s'y rendent par dévotion ou pour des raisons commerciales, espérant l'absolution de leurs péchés et une protection contre les haines. Le voyage se fait en caravanes, notamment celle du Caire, qui rassemble des pèlerins d'Égypte, de Constantinople et des régions voisines. Le trajet dure trente-sept journées à travers les déserts de l'Arabie, avec des conditions de vie difficiles. Les pèlerins chantent des versets du Coran et effectuent diverses cérémonies. La Mecque est décrite comme une ville de la taille de Marseille, entourée de hautes montagnes. Elle abrite la grande mosquée avec le Kaaba, un bâtiment sacré que les musulmans vénèrent. La Pierre Noire, située dans la mosquée, est un autre objet de dévotion. Les pèlerins effectuent des rites spécifiques, comme baiser la Pierre Noire et faire des circumambulations autour du Kaaba. Après trois jours à La Mecque, les pèlerins se rendent à Minnet pour sacrifier des moutons et reprendre leurs habits, puis se dirigent vers le mont Arafat pour des prières et des rituels supplémentaires. Le gouverneur de La Mecque, le Sultan Scherif, détient une autorité spirituelle et temporelle. Médine, située à trois journées de la mer Rouge, est moins grande que La Mecque. Elle abrite la mosquée avec le tombeau de Mahomet, décoré de pierres précieuses et de diamants. Les pèlerins visitent souvent Médine après La Mecque, bien que ce ne soit pas une obligation. Le mémoire est basé sur les témoignages de Hadgy Mehemet et Mehemet-Effendi, envoyés respectifs du Dey d'Alger et de la Régence de Tripoli.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 508-525
Recueil de Pieces d'Histoire et de Litterature, &c. [titre d'après la table]
Début :
RECUEIL de Pieces. d'Histoire et de Litterature, Tome 1. [...]
Mots clefs :
Recueil, Histoire, Littérature, Mahomet, Temps, France, Mecque, Trésor
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texteReconnaissance textuelle : Recueil de Pieces d'Histoire et de Litterature, &c. [titre d'après la table]
RECUEIL de Pieces. d'Histoire et de
Litterature , Tome 1. vol. in 12. de 224.
pages , sans les Préfaces. A Paris , chez
Chaubert , à l'entrée du Quay des Augustins , du côté du Pont S. Michel , 1731. ~
L'Auteur de ce Recueil s'est proposé
comme il le dit dans sa Préface , de plaire
à l'esprit et de l'orner des connoissances
solides ; on peut dire qu'il a réussi dans
ce premier volume , et qu'il tient plus
qu'il ne nous a promis. Il paroît trèsmodeste surson article et même sur celui
de
MARS. 1732. 509.
de la Nation Françoise , à laquelle il préfere les Anglois pour le goût et les in-1
clinations , selon la coûtume d'un certain cercle de personnes qui prennent aujourd'hui à tâche de proner les grandes ,
perfections de la Nation Angloise , aux:
dépens même de la leur , et qui rabaise
sent souvent leur Patrie pour donner à
la Nation Britannique plus de lustre et
de réputation qu'il ne lui enest legitime,
ment dû.
Ce Volume contient les Pieces suivan- ,
tes , toutes ayant leur mérite. Lettre de
M. D...à un de ses amis , sur la nouvelle Edition des Oeuvres de M. l'Abbé.
de S. Real , servant de Préface à la premiere Piece de ce Recueil.
Panegyrique de la Régence de Madame
Royale Marie J. B. de Savoye.
Refléxions nouvelles de M. de la R.
Histoire du Mahometisme.
Remarques sur l'administration des Fi
nances des Romains , traduites de l'Anglois.
Dissertation touchant la part qu'eut
le Pape. Zacharie à la déposition de Chil- deric.
Dissertation , si la grandeur temporelle de l'Eglise n'est point contraire à la
Loy de Dieu , et aux maximes des temps
Apostoliques. Eij Da
o MERCURE DE FRANCE
De la maniere de compter par siecles.
Du commencement et de la fin de chaque
siecle.
Nous ne donnerons aucun Extrait des.
deux premieres Pieces de ce Recueil
nous dirons seulement que le Panegyrique est une fort belle Piece , dont le sujet est traité avec beaucoup d'éloquence.
Les Refléxions diverses qui suivent
cette Piece , sont neuves et délicates.
Elles regardent la confiance , la difference
des esprits , les goûts , la societé , la conversation , le faux , l'air et les manieres.
Nous renvoyons encore au Recueil même
ceux qui en voudront connoître la solidiré et la justesse.
Nous passerons à l'Histoire du Mahometisme , qui est une des Pieces de ce
Recueil ; il paroît d'abord que cette Histoire doive être considerable. Elle l'est en
effet , mais moins par son étenduë que
par la maniere dont elle est traitée. Elle
est divisée en trois Parties. La premiere
est employée à l'Histoire de Mahomet er
de sa Secte. La seconde rapporte les Fables principales que des Auteurs mal informez ont debitées sur Mahomet. L'Auteur réfute en peu de mots dans la troisiéme les principes de cette fausse Religion,Donnons quelque idée de cette Histoire.
MAR-S; 1732 Sar
L'Auteur a puisé les circonstances qu'il
rapporte dans son Discours , dans les
meilleurs Auteurs Mahométan's dans
Abulfeda , Elmacin , Abuljacer , et autres.
Il s'est servi aussi des sçavans Chrétiens
qui ont écrit sur l'Histoire Orientale ,
tels qu'Abulfarage , qu'on peut mettre
de ce nombre, puisqu'il embrassa le Christianisme avant que de mourir , les sçavans Maronites , Gabriël Sionita , Jean
Hesronita , et Abraham Ecchellensis , le
F. Maracci , Hottinger , d'Herbelot , que
Imprimeur nomme Berthelot , et autres.
Mahomet pâquit à la Mecque, Ville
d'Arabie , dans le temps que l'Eglise
Orientale,aussi-bien que l'Empire,étoient
agitez par un très grand nombre de Sectes
et de divisions. Ses parens étoient d'une
naissance illustre parmi les Arabes , mais
pauvres. Il fut orphelin de pere et de
mere à 7. ans. Son oncle l'éleva au commerce des Syriens ; et à l'âge de 28. aps
il épousa une veuve jaune et riche , dont'
il avoit conduit en Syrie pendant trois
ans les Marchandises qu'elle y envoyoit.
Il se vit par un Mariage si avantageux
en état de faire valoir les grandes qualitez de son esprit, sa bravoure dans les
dangers , sa fermeté , sa pénetration et
ses manieres affables et complaisantes. Il
étoit
i
E iij
312 MERCURE DE FRANCE
pour
étoit naturellement éloquent , et il se serIvit bien dans la suite de ce talent. Il
contrefit dès l'année 606. de J. C. l'homme rêveur et contemplatif , et fit passer
des révelations et des communications avec l'Ange Gabriël , les attaques
du mal caduc , dont il étoit agité assez
souvent. Il s'appliqua de bonne heure à
réunir les trois Religions qui regnoient
en Arabie , la Chrétienne , la Juive et
l'ancienne des Arabes.
La Religion Chrétienne étoit plutôt alors une confusion de Sectes et de superstitions , qu'une Religion. Les Juifs et
les Ismaëlites paroissoient pouvoir être
aisément réunis , puisque les uns et les
autres reconnoissoient Abraham pour leur
"Pere commun. Enfin les Arabes étoient
presque tous Idolâtres et adoroient les
Astres dans leur fameux Temple de la
Mecque , qu'ils croyoient ( comme ils le
croyent encore fort abusivement ) plus.
ancien que celui de Salomon.
Mahomet pour profiter de ces divisions.
et pour réunir toutes ces Sectes en une
seule , pose pour principal fondement
qu'il n'y a qu'un Dieu digne de nos adorations ; ce principe établi avec les Chrétiens et avec les Juifs , il tâche d'y amener aussi les Ismaëlites ou les Arabes , en
les:
MARS. 17320 Sis
.
les faisant souvenir qu'ils sont Enfans d'Abraham , et qu'Abraham n'a jamais adoré
qu'un seul Dieu. Il soutient en faveur
des Juifs , qu'il n'y a point de Trinité
queDieu n'a point de fils et qu'il ne s'est
point incarné , ce qui réunissoit encore
plusieurs Sectes, Nestoriens, Ariens et autres. Il dit avec les Chrétiens , que la
Loi de Dieu , qui avoit été confiée aux
Juifs , ayant été corrompue par eux , if
falloit que Dieu suscitât un autre Prophete plus excellent que les autres. Il
avoue que c'est J. C. qu'il est né d'une
Vierge , qu'il est le Verbe de Dieu , que les
Juifs l'ont voulu crucifier , mais qu'il fut
: enlevé dans le Ciel, et que les Juifs ne
-crucifierent que sa Figure , ce qui étoit
Pheresie des Ebionites. Enfin après avoir
déclaré ces trois Religions insuffisantes ,
il ajoûte en sa faveur que le temps dư
Consolateur promis par J. C. est arrivé ,
: et que la promesse s'accomplit en sa pro
-pre personne. Il accompagna tout cela
de fables qui avoient quelques fondemens dans l'Histoire Sainte , ou qu'il tiroit des Histoires apocriphes , et des
Traditions populaires , mais dont les Arabes ne pouvoient reconnoître la fausseté,
tant leur ignorance étoit grossiere. De
temps-en-temps Mahomet faisoit descenÈ iiij dre
514 MERCURE DE FRANCE
dre du Ciel quelques Cahiers qu'il composoit selon les conjectures où il se trouvoit. On les recueillit après sa mort , et
c'est ce qu'on appelle Alcoran. * Et comme il faut quelqu'exterieur dans une Religion , il ordonna le Jeûne de Ramadan,
il laissa la Circoncision qui étoit en usage en Arabie , et établit des Fêtes , des
Pelerinages , des purifications et d'autres
ceremonies tirées du Christianisme , du
Judaisme et de la pratique ordinaire de
la Nation Arabe.
Il fut cependant 12. ou 13. ans suivi
d'un très-petit nombre de Disciples. La
14. année près de 80. Disciples se joignirent aux premiers , ce qui fit du bruit
dans la Mecque. Les Magistrats en craignirent quelqu'émotion et le chasserent
de la Ville. C'est à cette année de la fuite
de Mahomet , qu'il se réfugia à Medine ,
que commence la celebre Epoque des Mahométans , qu'ils nomment Hegire , c'està-dire Fuite, ce fut Omar oncle de Mahomet, qui 17 ans après cette fuite l'érigea
solemnellement en Epoque et la fitinserer
dans tous les Actes publics. Elle tombe
aur 22. Juillet de l'année 622. de J. C.
Peu de temps après cette fuite , Ma-
* Aloran , composé de deux mots Arabes , signifie l'Ecriture par excellence.
homet
MARS. 1732. SI5
homet eut recours à l'épée , qui lui réüssit encore mieux que la parole. Un Ca
hier descendit du Ciel , qui lui ordonna
d'exterminer tous ceux qui ne suivroient
pas sa doctrine. Les Historiens comptent
12. Batailles qu'il a gagnées pendant sa
vie. Enfin il assiegea la Mecque , à la
tête de 10000. hommes , s'en rendit le
maître et fit passer par le fil de l'épée
tous ceux qui ne se soumirent pas à la
doctrine de l'Alcoran. Voilà en peu de
mots l'Histoire de ce celebre Imposteur.
Il eut , selon quelques- uns , 17. femmes ,
selon d'autres , 21. mais il n'en eut point
d'enfans mâles. Il mourut âgé de 63. ans
dans la 11 année de l'Hegire , et fut enterré à Médine , lieu de sa retraite.
Les fables que l'auteur du Discours historique réfute sont les Miracles que l'on
supose avoir été faits par Mahomet, soit en
naissant , soit dans le cours de sa prétendue Mission . C'est une suite de ces fables
de dire que le Temple de la Mecque ait été bâti en l'honneur de Mahomet. De
son temps même on croyoit que ce Temple subsistoit depuis Abraham, outre que les Mahométans n'y vont que pour adorer Dieu. La suspension en l'air du Tom-- beau de Mahomet est encore une fable ,
mais il ne faut pas la mettre sur le compte
Ev dess
2
16 MERCURE DE FRANCE
des Mahometans , qui la rejettent absoJument. Autre fable, que ce que quelquesuns ont écrit que Mahomet fut choisi
pour le Chef de ceux qui se révolterent
contre Heraclius , et qu'il alla au-devant
de cet Empereur lorsqu'il revenoit de:
Perse. Jamais Mahomet n'a yû Heraclius.
ni n'a combattu contre lui.
Les Villes d'Arabie , ajoûte l'Auteur,
étoient alors régies comme des Républiques ;.
le Cherif, c'est- à- dire , Senior , commandoit:
et l'on n'y avoit nul rapport avec l'Empe-·
reur. Ici notre Auteur nous permettra de
ne pas adopter son Explication du nom de:
Cherif. Ce terme Arabe ne signifie nulle-
-mentSenior Pancien,mais il signifieNoble,
nom qui ne se donne qu'aux Descendans
de Mahomet par Ali , son gendre et par
sa fille Fathime , parce que ceux- là sont
censez de la plus haute naissance qui appartiennent à cette Branche de la Race de
leur Prophete. C'est le seul titre dont le Prince de la Mecque se pare , ainsi que
celui de Medine ; les Rois de Maroc se
font aussi une gloire de porter ce nom ,
regardant comme un des plus beaux ti- tres de noblesse de descendre de MahoLes Arabes expriment ce terme par Scheik ,
qui signifie aussi un Gouverneur , un Chef, uns
Docteur, &c..
met
MARS. 17321 517
4
met par Fathime. Il y a en cet endroit
une autre méprise ; car quoiqu'il soit vrai
que Cherif signifie Noble , et qu'il semble que les Nobles du Pays ayent dû le
gouverner , nous ne voyons cependant
pas que les Villes d'Arabie , à l'exception des deux qu'on vient de nommer
ayent été gouvernées par des Cherifs.
C'est encore une fable de dire que Mahomet ait pris Damas. Fable que son corps
ait été mangé par les chiens. Une autre
fable adoptée par Constantin Porphyrogenete , par Euthymius , Cedrene et autres , c'est d'attribuer aux Mahometans
le culte de Lucifer , de Venus ou de la
-Lune , en leur faisant dire , Alla , oita
Kubar , Deus et Luna seu magna ; au lieu
de Alla ou Akubar, ô Deus maximus
qui sont les premieres paroles qu'on crie
du haut des Mosquées , &c.
oйa
Nous ne suivrons point l'Auteur dans
l'examen , concis à la verité , mais bien
touché, qu'il fait de la Doctrine de Mahomet; il ruine en peu de mots beaucoup
de ses principes. Ce court examen pour--
roit servir de plan à une réfutation com
plette du Mahométisme. Passons à la V.
Piece de ce Recueil , qui contient des Remarques traduites de l'Anglois sur l'administration des Finances des Romains.
En Voici le précis Evi fuc
18 MERCURE DE FRANCE
L'Histoire fournit aux Rois des lumie
res pour soutenir leurs Etats dans la splendeur , en profitant des maximes qui ont
contribué à la grandeur des Empires , et
en évitant ce qui a causé leur décadence.
Rome fut redevable de sa puissance à
une sage dispensation de ses revenus ;
leur dissipation entraîna sa ruine.
y
Valerius-Publicola fut le premier qui
ordonna que le revenu appartenant à la
République seroit déposé dans le Temple
de Saturne , afin que la sainteté du licu
rendît ce dépôt encore plus sacré ; il
avoit deux Trésors ; l'un destiné aux besoins journaliers de la République , l'autre aux pressantes nécessitez. On portoit
dans le premier les Tributs et les Impôts
ordinaires , et dans l'autre l'or de l'Impôt
du vingtiéme sur les Esclaves ; on l'appelloit pour ce sujet Aurum vicesimarium.
Pendant quelques siecles la République
n'eut pas besoin d'argent ; ce ne fut qu'au
Siege de Veïes 350. ans après la fondation de Rome , que les Troupes commeacerent à recevoir une solde. Les Romains
persuadez que rien n'étoit plus important que de ne point surcharger le Peuple d'Impôts et d'avoir un fonds capable de maintenir l'Etat en temps, de guerte
et de paix , firent porter dans le Trésor
public
MARS. 1732 $39
public toutes les richesses qu'ils emportoient par leurs victoires. Ainsi les richesses de Carthage , de Sicile , des Villes de
Macédoine , d'Asie et des autres Provinces conquises , furent déposées par les
Generaux dans le Temple de Saturne
avec un désinteressement admirable , qui
duroit encore quelque temps après la
derniere guerte punique.
›
Dans le siecle suivant cette integrité
fut alterée , mais ce ne fut jamais que
par des ambitieux qui tramoient la servitude et la ruine de la République. Ce
pendant le Trésor public ne laissoit pas
d'être enrichi continuellement par les richesses immenses que la République tiroit de ceux de qui elle triomphoit. Scipion l'Africain fit payer aux Carthaginois
30. millions de livres dans l'espace de 50.
ans , et il obligea le Roi Antiochus en lui
accordant la paix , de payer à la Répablique 24.. millions. Titus Q. Flaminius
Coptraignit Philippe , Roi de Macedoine,
de donner à la Rep. 3. millions ; il n'accorda la Paix à Nabis , Tyran de Sparte .
qu'en exigeant de lui près d'un million.
Il ajoûta encore aux sommes immenses
dont il avoit déja enrichi le Trésor , six
cent quarante millions de livres en lingots d'argent ; 79. millions quatre cens
-
cin-
* 20 MERCURE DE FRANCE
· "
cinquante- deux mille livrés en monnoye
d'argent , et deux millions quatre cent
vingt mille livres en Pieces d'or. On peut
encore voir d'autres exemples de ce désinteressement des Generaux Romains
dans ces Remarques.
C'est donc par cette conduite des Ro-
'mains à l'égard de ceux dont ils triomphoient et par l'integrité et le desinteressement de ces grands Hommes que Rome s'est élevée si haut et qu'elle s'est soutenuë si long- temps. Car il n'est pas pos.
sible qu'un Etat puisse soutenir de lonque ques guerres sans autre fonds celui
de son propre revenu. En effet tant que
les Romains ne perdirent point de vûë
ce systême, ils furent heureux dans leurs
Expeditions. Auguste laissa des sommes
si considerables dans le Trésor public ,
qu'on les fait monter jusqu'à 202 , millions de notre monnoye. Aussi , remarque l'Auteur Anglois , avoit- il une qualité qui ne manque jamais d'enrichir un
Prince , c'étoit d'examiner avec soin les
comptes publics. Mais Caligula dépensa
ses immenses richesses en moins d'un an
au rapport de Suetone. L'Auteur prouve
ensuite que le salut de l'Etat dépend de
- Padministration des Finances , et que la
prodigalité des Princes, et leur inatter- tion
MARS. 1732. JA
tion à veiller sur l'usage et l'emploi de
feurs richesses , en entraînent la dissipa-`
tion et peu à peu la ruine de leurs Etats.
Il fait ensuite remarquer que la cruauté
de plusieurs Empereurs de Rome n'est
venuë que des necessitez ausquelles leur
prodigalité les avoit réduits , qu'ils n'étoient pas cruels d'abord, et que ce n'a été
qu'une suite de leur inattention à veiller
sur leurs Finances ; négligence qui les
contraignoit d'exiger des Peuples avec
dureté des Impôts multipliez et à les
vexer en mille manieres ; funestes fruits
des conseils pernicieux de leurs Courti
sans qui ne manquoient pas de leur inspirer du dégoût et de l'éloignement pour
les affaires et sur tout pour celles qui regardent les Finances.
L'Empereur Caracalla fut le premier
qui altera les Monnoyes et qui donna des pieces d'étain et de cuivre pour des
pieces d'or et d'argent , sur quoi on peut
remarquer en general que durant la décadence de l'Empire les Monnoyes furent
fortalterées , la necessité poussant le Prin
ce à donner aux Especes une plus grande valeur à proportion de leur rareté 35
d'où l'on peut conclure avec l'Auteur
des Remarques , que les Especes sont comme le pouls d'un Etat ; , s'il bat irréguliere-- ment
522 MERCURE DE FRANCE
rement , onjuge par ce symptome que le corps
politique est attaqué de quelque maladie
dangereuse ; que si le Prince se trouve obligé
d'affaiblir les Especes , c'est un indice qu'on
commence à les faire sortir du Royaume ; s'il
est dans la nécessité de substituer quelqu'autre
matiereà l'or et àl'argent, comme fit Caracalla , on peut inferer de- là qu'unegrande par
tie de l'argent en est déja sortie que s'il ar
rive que les Especes soient entierement enlevées on universellement alterées comme
cela se fit dans la décadence de l'Empire Remain , on en peut augurer la raine prochaine
de l'Etat. On trouve dans cette Piece un
grand nombre de traits curieux que les bornes d'un Extrait ne nous permettent
pas de rapporter. Nou ne dirons rien des
deux Dissertations qui suivent sur la déposition de Childeric e sur la compatibilité de la grandeur temporelle avec la
puissance spirituelle ; ces deux Pieces sont
P'une et l'autre remplies de choses Cu
rieuses et qui se font lire avec plaisir.
La derniere Piece de ce Recueil regarde une dispute qui s'éleva vers la fin du
dernier siecle ; les uns prétendoient que
Pannée 1700. devoit commencer le sie--
cle suivant , desorte que du même moment que l'on pouvoit compter 1700. la :
centiéme année devoit être accomplie ,.
et
MARS. 1732. 5232
麵
et la premiere année du siecle suivant devoit commencer. Les autres sontenoient au contraire que l'année 1700.
devoit terminer le 17. siecle , mais de façon que ce ne pouvoit être qu'après da
révolution entiere de cette année que le
siecle suivant devoit commencer. L'Auteur de cette Dissertation embrassa alors.
cé dernier parti. Il fait voir dans cette
Piece que puisqu'on entend par un siecle
l'espace de cent ans , on ne compte le
siecle achevé ou révolu que lorsque la
centiéme année est révolue , comme un
homme à qui on devroit cent pistoles , ne
seroit pas content de 99. et de la ceatiéme commencée. Que l'on compte , ditil , les années , les mois , les semaines et
les jours de la même maniere qu'on dit
qu'il est Lundi , qu'il est le mois de Janvier , la premiere semaine de l'Avent du
Carême quoique Lundy ou le mois deJanvier ou la premiere semaine de l'Avent ne fassent que commencer.
,
Les anciens Actes disent communément le mois courant ou l'année courante.
Ainsi on comptoit déja une telle année
avant qu'elle fût achevée. Les Marchands
mettent en titre dans leurs Registres
Janvier ou Mars ou Avril , avant que
le premier jour de ces mois soit achevé.
Un
$24 MERCURE DE FRANCE
•
Un Sçavant met le 2. ou 3. ou 6. Livre
en composant son Ouvrage , dès qu'il
commence le 2. 3. ou6. Livre.Le Voyageur
dans ses Fournauxde Voyages,écrit la premiere , seconde , troisiéme journée , dès le
matin de chaque journée et si son voyage
a duré 15. jours et qu'il arrive le 16 à midi
dans une Ville , il dira qu'il est arrivé lat
16 journée , quoiqu'elle ne soit pas finie.
Les Historiens Ecclesiastiques mettent
dans la premiere année de l'Ere Chré
rienne plusieurs faits arrivez long-temps
avant la fin de cette premiere année , tels
que la Circoncision , l'Adoration des Ma-
-ges , la Fuite en Egypte , le Meurtre des
Innocens , &c. Les Rois dattent de la
premiere année de leur regne les Edits
qu'ils ont donnez pendant les 12. premiers mois. Dès que Jerusalem fut délivrée de la persecution d'Antiochuset
qu'il fut permis de battre de la monnoye,
on marqua cette Epoque ainsi : L'anpremier sous Simon , anno primo sub Simone.
F. Machab. 13. comme on le voit encore
dans plusieurs Médailles.
Dans le temps de la correction du
: Calendrier par Jules-Cesar l'an 709. de
Rome , dès le commencement de cette
Epoque en Janvier , on a compté l'an
premier. Cette année commença avec.
cle
4.
MARS. 1732. 525
Consulat de Jules-Cesar et de Lepide,
le Consulat duroit depuis Janvier jusqu'en Décembre. Ainsi puisqu'on comptoit les années courantes comme on comp
toit les Consulats , l'année se comptoit
aussi dès qu'elle commençoit , coinme
l'on comptoit le Consulat dès qu'il commençoit. Enfin dès le commencement de
l'Ere de Diocletien ou des Martyrs , que
les Chrétiens ont suivie , même pour dresser les Cicles Paschaux , jusqu'à- ce que
Denis le Petit ait fait succeder l'Ere de
l'Incarnation , on compta l'an 1. car elle
commença exactement avec le premier
jour du Regne de Diocletien. Aussi quand
S. Ambroise datte quelques faits par les
années de cette Ere , il dit toûjours l'am
depuis le premier jour du Regne de Diocletien. De tout celà il est aisé de conclure
que l'on a dû compter l'année 1700. dès
qu'elle a commencé, et par consequent que
le premier Janvier 1700. fut le premier
jour de la derniere année du XVII. secle
Litterature , Tome 1. vol. in 12. de 224.
pages , sans les Préfaces. A Paris , chez
Chaubert , à l'entrée du Quay des Augustins , du côté du Pont S. Michel , 1731. ~
L'Auteur de ce Recueil s'est proposé
comme il le dit dans sa Préface , de plaire
à l'esprit et de l'orner des connoissances
solides ; on peut dire qu'il a réussi dans
ce premier volume , et qu'il tient plus
qu'il ne nous a promis. Il paroît trèsmodeste surson article et même sur celui
de
MARS. 1732. 509.
de la Nation Françoise , à laquelle il préfere les Anglois pour le goût et les in-1
clinations , selon la coûtume d'un certain cercle de personnes qui prennent aujourd'hui à tâche de proner les grandes ,
perfections de la Nation Angloise , aux:
dépens même de la leur , et qui rabaise
sent souvent leur Patrie pour donner à
la Nation Britannique plus de lustre et
de réputation qu'il ne lui enest legitime,
ment dû.
Ce Volume contient les Pieces suivan- ,
tes , toutes ayant leur mérite. Lettre de
M. D...à un de ses amis , sur la nouvelle Edition des Oeuvres de M. l'Abbé.
de S. Real , servant de Préface à la premiere Piece de ce Recueil.
Panegyrique de la Régence de Madame
Royale Marie J. B. de Savoye.
Refléxions nouvelles de M. de la R.
Histoire du Mahometisme.
Remarques sur l'administration des Fi
nances des Romains , traduites de l'Anglois.
Dissertation touchant la part qu'eut
le Pape. Zacharie à la déposition de Chil- deric.
Dissertation , si la grandeur temporelle de l'Eglise n'est point contraire à la
Loy de Dieu , et aux maximes des temps
Apostoliques. Eij Da
o MERCURE DE FRANCE
De la maniere de compter par siecles.
Du commencement et de la fin de chaque
siecle.
Nous ne donnerons aucun Extrait des.
deux premieres Pieces de ce Recueil
nous dirons seulement que le Panegyrique est une fort belle Piece , dont le sujet est traité avec beaucoup d'éloquence.
Les Refléxions diverses qui suivent
cette Piece , sont neuves et délicates.
Elles regardent la confiance , la difference
des esprits , les goûts , la societé , la conversation , le faux , l'air et les manieres.
Nous renvoyons encore au Recueil même
ceux qui en voudront connoître la solidiré et la justesse.
Nous passerons à l'Histoire du Mahometisme , qui est une des Pieces de ce
Recueil ; il paroît d'abord que cette Histoire doive être considerable. Elle l'est en
effet , mais moins par son étenduë que
par la maniere dont elle est traitée. Elle
est divisée en trois Parties. La premiere
est employée à l'Histoire de Mahomet er
de sa Secte. La seconde rapporte les Fables principales que des Auteurs mal informez ont debitées sur Mahomet. L'Auteur réfute en peu de mots dans la troisiéme les principes de cette fausse Religion,Donnons quelque idée de cette Histoire.
MAR-S; 1732 Sar
L'Auteur a puisé les circonstances qu'il
rapporte dans son Discours , dans les
meilleurs Auteurs Mahométan's dans
Abulfeda , Elmacin , Abuljacer , et autres.
Il s'est servi aussi des sçavans Chrétiens
qui ont écrit sur l'Histoire Orientale ,
tels qu'Abulfarage , qu'on peut mettre
de ce nombre, puisqu'il embrassa le Christianisme avant que de mourir , les sçavans Maronites , Gabriël Sionita , Jean
Hesronita , et Abraham Ecchellensis , le
F. Maracci , Hottinger , d'Herbelot , que
Imprimeur nomme Berthelot , et autres.
Mahomet pâquit à la Mecque, Ville
d'Arabie , dans le temps que l'Eglise
Orientale,aussi-bien que l'Empire,étoient
agitez par un très grand nombre de Sectes
et de divisions. Ses parens étoient d'une
naissance illustre parmi les Arabes , mais
pauvres. Il fut orphelin de pere et de
mere à 7. ans. Son oncle l'éleva au commerce des Syriens ; et à l'âge de 28. aps
il épousa une veuve jaune et riche , dont'
il avoit conduit en Syrie pendant trois
ans les Marchandises qu'elle y envoyoit.
Il se vit par un Mariage si avantageux
en état de faire valoir les grandes qualitez de son esprit, sa bravoure dans les
dangers , sa fermeté , sa pénetration et
ses manieres affables et complaisantes. Il
étoit
i
E iij
312 MERCURE DE FRANCE
pour
étoit naturellement éloquent , et il se serIvit bien dans la suite de ce talent. Il
contrefit dès l'année 606. de J. C. l'homme rêveur et contemplatif , et fit passer
des révelations et des communications avec l'Ange Gabriël , les attaques
du mal caduc , dont il étoit agité assez
souvent. Il s'appliqua de bonne heure à
réunir les trois Religions qui regnoient
en Arabie , la Chrétienne , la Juive et
l'ancienne des Arabes.
La Religion Chrétienne étoit plutôt alors une confusion de Sectes et de superstitions , qu'une Religion. Les Juifs et
les Ismaëlites paroissoient pouvoir être
aisément réunis , puisque les uns et les
autres reconnoissoient Abraham pour leur
"Pere commun. Enfin les Arabes étoient
presque tous Idolâtres et adoroient les
Astres dans leur fameux Temple de la
Mecque , qu'ils croyoient ( comme ils le
croyent encore fort abusivement ) plus.
ancien que celui de Salomon.
Mahomet pour profiter de ces divisions.
et pour réunir toutes ces Sectes en une
seule , pose pour principal fondement
qu'il n'y a qu'un Dieu digne de nos adorations ; ce principe établi avec les Chrétiens et avec les Juifs , il tâche d'y amener aussi les Ismaëlites ou les Arabes , en
les:
MARS. 17320 Sis
.
les faisant souvenir qu'ils sont Enfans d'Abraham , et qu'Abraham n'a jamais adoré
qu'un seul Dieu. Il soutient en faveur
des Juifs , qu'il n'y a point de Trinité
queDieu n'a point de fils et qu'il ne s'est
point incarné , ce qui réunissoit encore
plusieurs Sectes, Nestoriens, Ariens et autres. Il dit avec les Chrétiens , que la
Loi de Dieu , qui avoit été confiée aux
Juifs , ayant été corrompue par eux , if
falloit que Dieu suscitât un autre Prophete plus excellent que les autres. Il
avoue que c'est J. C. qu'il est né d'une
Vierge , qu'il est le Verbe de Dieu , que les
Juifs l'ont voulu crucifier , mais qu'il fut
: enlevé dans le Ciel, et que les Juifs ne
-crucifierent que sa Figure , ce qui étoit
Pheresie des Ebionites. Enfin après avoir
déclaré ces trois Religions insuffisantes ,
il ajoûte en sa faveur que le temps dư
Consolateur promis par J. C. est arrivé ,
: et que la promesse s'accomplit en sa pro
-pre personne. Il accompagna tout cela
de fables qui avoient quelques fondemens dans l'Histoire Sainte , ou qu'il tiroit des Histoires apocriphes , et des
Traditions populaires , mais dont les Arabes ne pouvoient reconnoître la fausseté,
tant leur ignorance étoit grossiere. De
temps-en-temps Mahomet faisoit descenÈ iiij dre
514 MERCURE DE FRANCE
dre du Ciel quelques Cahiers qu'il composoit selon les conjectures où il se trouvoit. On les recueillit après sa mort , et
c'est ce qu'on appelle Alcoran. * Et comme il faut quelqu'exterieur dans une Religion , il ordonna le Jeûne de Ramadan,
il laissa la Circoncision qui étoit en usage en Arabie , et établit des Fêtes , des
Pelerinages , des purifications et d'autres
ceremonies tirées du Christianisme , du
Judaisme et de la pratique ordinaire de
la Nation Arabe.
Il fut cependant 12. ou 13. ans suivi
d'un très-petit nombre de Disciples. La
14. année près de 80. Disciples se joignirent aux premiers , ce qui fit du bruit
dans la Mecque. Les Magistrats en craignirent quelqu'émotion et le chasserent
de la Ville. C'est à cette année de la fuite
de Mahomet , qu'il se réfugia à Medine ,
que commence la celebre Epoque des Mahométans , qu'ils nomment Hegire , c'està-dire Fuite, ce fut Omar oncle de Mahomet, qui 17 ans après cette fuite l'érigea
solemnellement en Epoque et la fitinserer
dans tous les Actes publics. Elle tombe
aur 22. Juillet de l'année 622. de J. C.
Peu de temps après cette fuite , Ma-
* Aloran , composé de deux mots Arabes , signifie l'Ecriture par excellence.
homet
MARS. 1732. SI5
homet eut recours à l'épée , qui lui réüssit encore mieux que la parole. Un Ca
hier descendit du Ciel , qui lui ordonna
d'exterminer tous ceux qui ne suivroient
pas sa doctrine. Les Historiens comptent
12. Batailles qu'il a gagnées pendant sa
vie. Enfin il assiegea la Mecque , à la
tête de 10000. hommes , s'en rendit le
maître et fit passer par le fil de l'épée
tous ceux qui ne se soumirent pas à la
doctrine de l'Alcoran. Voilà en peu de
mots l'Histoire de ce celebre Imposteur.
Il eut , selon quelques- uns , 17. femmes ,
selon d'autres , 21. mais il n'en eut point
d'enfans mâles. Il mourut âgé de 63. ans
dans la 11 année de l'Hegire , et fut enterré à Médine , lieu de sa retraite.
Les fables que l'auteur du Discours historique réfute sont les Miracles que l'on
supose avoir été faits par Mahomet, soit en
naissant , soit dans le cours de sa prétendue Mission . C'est une suite de ces fables
de dire que le Temple de la Mecque ait été bâti en l'honneur de Mahomet. De
son temps même on croyoit que ce Temple subsistoit depuis Abraham, outre que les Mahométans n'y vont que pour adorer Dieu. La suspension en l'air du Tom-- beau de Mahomet est encore une fable ,
mais il ne faut pas la mettre sur le compte
Ev dess
2
16 MERCURE DE FRANCE
des Mahometans , qui la rejettent absoJument. Autre fable, que ce que quelquesuns ont écrit que Mahomet fut choisi
pour le Chef de ceux qui se révolterent
contre Heraclius , et qu'il alla au-devant
de cet Empereur lorsqu'il revenoit de:
Perse. Jamais Mahomet n'a yû Heraclius.
ni n'a combattu contre lui.
Les Villes d'Arabie , ajoûte l'Auteur,
étoient alors régies comme des Républiques ;.
le Cherif, c'est- à- dire , Senior , commandoit:
et l'on n'y avoit nul rapport avec l'Empe-·
reur. Ici notre Auteur nous permettra de
ne pas adopter son Explication du nom de:
Cherif. Ce terme Arabe ne signifie nulle-
-mentSenior Pancien,mais il signifieNoble,
nom qui ne se donne qu'aux Descendans
de Mahomet par Ali , son gendre et par
sa fille Fathime , parce que ceux- là sont
censez de la plus haute naissance qui appartiennent à cette Branche de la Race de
leur Prophete. C'est le seul titre dont le Prince de la Mecque se pare , ainsi que
celui de Medine ; les Rois de Maroc se
font aussi une gloire de porter ce nom ,
regardant comme un des plus beaux ti- tres de noblesse de descendre de MahoLes Arabes expriment ce terme par Scheik ,
qui signifie aussi un Gouverneur , un Chef, uns
Docteur, &c..
met
MARS. 17321 517
4
met par Fathime. Il y a en cet endroit
une autre méprise ; car quoiqu'il soit vrai
que Cherif signifie Noble , et qu'il semble que les Nobles du Pays ayent dû le
gouverner , nous ne voyons cependant
pas que les Villes d'Arabie , à l'exception des deux qu'on vient de nommer
ayent été gouvernées par des Cherifs.
C'est encore une fable de dire que Mahomet ait pris Damas. Fable que son corps
ait été mangé par les chiens. Une autre
fable adoptée par Constantin Porphyrogenete , par Euthymius , Cedrene et autres , c'est d'attribuer aux Mahometans
le culte de Lucifer , de Venus ou de la
-Lune , en leur faisant dire , Alla , oita
Kubar , Deus et Luna seu magna ; au lieu
de Alla ou Akubar, ô Deus maximus
qui sont les premieres paroles qu'on crie
du haut des Mosquées , &c.
oйa
Nous ne suivrons point l'Auteur dans
l'examen , concis à la verité , mais bien
touché, qu'il fait de la Doctrine de Mahomet; il ruine en peu de mots beaucoup
de ses principes. Ce court examen pour--
roit servir de plan à une réfutation com
plette du Mahométisme. Passons à la V.
Piece de ce Recueil , qui contient des Remarques traduites de l'Anglois sur l'administration des Finances des Romains.
En Voici le précis Evi fuc
18 MERCURE DE FRANCE
L'Histoire fournit aux Rois des lumie
res pour soutenir leurs Etats dans la splendeur , en profitant des maximes qui ont
contribué à la grandeur des Empires , et
en évitant ce qui a causé leur décadence.
Rome fut redevable de sa puissance à
une sage dispensation de ses revenus ;
leur dissipation entraîna sa ruine.
y
Valerius-Publicola fut le premier qui
ordonna que le revenu appartenant à la
République seroit déposé dans le Temple
de Saturne , afin que la sainteté du licu
rendît ce dépôt encore plus sacré ; il
avoit deux Trésors ; l'un destiné aux besoins journaliers de la République , l'autre aux pressantes nécessitez. On portoit
dans le premier les Tributs et les Impôts
ordinaires , et dans l'autre l'or de l'Impôt
du vingtiéme sur les Esclaves ; on l'appelloit pour ce sujet Aurum vicesimarium.
Pendant quelques siecles la République
n'eut pas besoin d'argent ; ce ne fut qu'au
Siege de Veïes 350. ans après la fondation de Rome , que les Troupes commeacerent à recevoir une solde. Les Romains
persuadez que rien n'étoit plus important que de ne point surcharger le Peuple d'Impôts et d'avoir un fonds capable de maintenir l'Etat en temps, de guerte
et de paix , firent porter dans le Trésor
public
MARS. 1732 $39
public toutes les richesses qu'ils emportoient par leurs victoires. Ainsi les richesses de Carthage , de Sicile , des Villes de
Macédoine , d'Asie et des autres Provinces conquises , furent déposées par les
Generaux dans le Temple de Saturne
avec un désinteressement admirable , qui
duroit encore quelque temps après la
derniere guerte punique.
›
Dans le siecle suivant cette integrité
fut alterée , mais ce ne fut jamais que
par des ambitieux qui tramoient la servitude et la ruine de la République. Ce
pendant le Trésor public ne laissoit pas
d'être enrichi continuellement par les richesses immenses que la République tiroit de ceux de qui elle triomphoit. Scipion l'Africain fit payer aux Carthaginois
30. millions de livres dans l'espace de 50.
ans , et il obligea le Roi Antiochus en lui
accordant la paix , de payer à la Répablique 24.. millions. Titus Q. Flaminius
Coptraignit Philippe , Roi de Macedoine,
de donner à la Rep. 3. millions ; il n'accorda la Paix à Nabis , Tyran de Sparte .
qu'en exigeant de lui près d'un million.
Il ajoûta encore aux sommes immenses
dont il avoit déja enrichi le Trésor , six
cent quarante millions de livres en lingots d'argent ; 79. millions quatre cens
-
cin-
* 20 MERCURE DE FRANCE
· "
cinquante- deux mille livrés en monnoye
d'argent , et deux millions quatre cent
vingt mille livres en Pieces d'or. On peut
encore voir d'autres exemples de ce désinteressement des Generaux Romains
dans ces Remarques.
C'est donc par cette conduite des Ro-
'mains à l'égard de ceux dont ils triomphoient et par l'integrité et le desinteressement de ces grands Hommes que Rome s'est élevée si haut et qu'elle s'est soutenuë si long- temps. Car il n'est pas pos.
sible qu'un Etat puisse soutenir de lonque ques guerres sans autre fonds celui
de son propre revenu. En effet tant que
les Romains ne perdirent point de vûë
ce systême, ils furent heureux dans leurs
Expeditions. Auguste laissa des sommes
si considerables dans le Trésor public ,
qu'on les fait monter jusqu'à 202 , millions de notre monnoye. Aussi , remarque l'Auteur Anglois , avoit- il une qualité qui ne manque jamais d'enrichir un
Prince , c'étoit d'examiner avec soin les
comptes publics. Mais Caligula dépensa
ses immenses richesses en moins d'un an
au rapport de Suetone. L'Auteur prouve
ensuite que le salut de l'Etat dépend de
- Padministration des Finances , et que la
prodigalité des Princes, et leur inatter- tion
MARS. 1732. JA
tion à veiller sur l'usage et l'emploi de
feurs richesses , en entraînent la dissipa-`
tion et peu à peu la ruine de leurs Etats.
Il fait ensuite remarquer que la cruauté
de plusieurs Empereurs de Rome n'est
venuë que des necessitez ausquelles leur
prodigalité les avoit réduits , qu'ils n'étoient pas cruels d'abord, et que ce n'a été
qu'une suite de leur inattention à veiller
sur leurs Finances ; négligence qui les
contraignoit d'exiger des Peuples avec
dureté des Impôts multipliez et à les
vexer en mille manieres ; funestes fruits
des conseils pernicieux de leurs Courti
sans qui ne manquoient pas de leur inspirer du dégoût et de l'éloignement pour
les affaires et sur tout pour celles qui regardent les Finances.
L'Empereur Caracalla fut le premier
qui altera les Monnoyes et qui donna des pieces d'étain et de cuivre pour des
pieces d'or et d'argent , sur quoi on peut
remarquer en general que durant la décadence de l'Empire les Monnoyes furent
fortalterées , la necessité poussant le Prin
ce à donner aux Especes une plus grande valeur à proportion de leur rareté 35
d'où l'on peut conclure avec l'Auteur
des Remarques , que les Especes sont comme le pouls d'un Etat ; , s'il bat irréguliere-- ment
522 MERCURE DE FRANCE
rement , onjuge par ce symptome que le corps
politique est attaqué de quelque maladie
dangereuse ; que si le Prince se trouve obligé
d'affaiblir les Especes , c'est un indice qu'on
commence à les faire sortir du Royaume ; s'il
est dans la nécessité de substituer quelqu'autre
matiereà l'or et àl'argent, comme fit Caracalla , on peut inferer de- là qu'unegrande par
tie de l'argent en est déja sortie que s'il ar
rive que les Especes soient entierement enlevées on universellement alterées comme
cela se fit dans la décadence de l'Empire Remain , on en peut augurer la raine prochaine
de l'Etat. On trouve dans cette Piece un
grand nombre de traits curieux que les bornes d'un Extrait ne nous permettent
pas de rapporter. Nou ne dirons rien des
deux Dissertations qui suivent sur la déposition de Childeric e sur la compatibilité de la grandeur temporelle avec la
puissance spirituelle ; ces deux Pieces sont
P'une et l'autre remplies de choses Cu
rieuses et qui se font lire avec plaisir.
La derniere Piece de ce Recueil regarde une dispute qui s'éleva vers la fin du
dernier siecle ; les uns prétendoient que
Pannée 1700. devoit commencer le sie--
cle suivant , desorte que du même moment que l'on pouvoit compter 1700. la :
centiéme année devoit être accomplie ,.
et
MARS. 1732. 5232
麵
et la premiere année du siecle suivant devoit commencer. Les autres sontenoient au contraire que l'année 1700.
devoit terminer le 17. siecle , mais de façon que ce ne pouvoit être qu'après da
révolution entiere de cette année que le
siecle suivant devoit commencer. L'Auteur de cette Dissertation embrassa alors.
cé dernier parti. Il fait voir dans cette
Piece que puisqu'on entend par un siecle
l'espace de cent ans , on ne compte le
siecle achevé ou révolu que lorsque la
centiéme année est révolue , comme un
homme à qui on devroit cent pistoles , ne
seroit pas content de 99. et de la ceatiéme commencée. Que l'on compte , ditil , les années , les mois , les semaines et
les jours de la même maniere qu'on dit
qu'il est Lundi , qu'il est le mois de Janvier , la premiere semaine de l'Avent du
Carême quoique Lundy ou le mois deJanvier ou la premiere semaine de l'Avent ne fassent que commencer.
,
Les anciens Actes disent communément le mois courant ou l'année courante.
Ainsi on comptoit déja une telle année
avant qu'elle fût achevée. Les Marchands
mettent en titre dans leurs Registres
Janvier ou Mars ou Avril , avant que
le premier jour de ces mois soit achevé.
Un
$24 MERCURE DE FRANCE
•
Un Sçavant met le 2. ou 3. ou 6. Livre
en composant son Ouvrage , dès qu'il
commence le 2. 3. ou6. Livre.Le Voyageur
dans ses Fournauxde Voyages,écrit la premiere , seconde , troisiéme journée , dès le
matin de chaque journée et si son voyage
a duré 15. jours et qu'il arrive le 16 à midi
dans une Ville , il dira qu'il est arrivé lat
16 journée , quoiqu'elle ne soit pas finie.
Les Historiens Ecclesiastiques mettent
dans la premiere année de l'Ere Chré
rienne plusieurs faits arrivez long-temps
avant la fin de cette premiere année , tels
que la Circoncision , l'Adoration des Ma-
-ges , la Fuite en Egypte , le Meurtre des
Innocens , &c. Les Rois dattent de la
premiere année de leur regne les Edits
qu'ils ont donnez pendant les 12. premiers mois. Dès que Jerusalem fut délivrée de la persecution d'Antiochuset
qu'il fut permis de battre de la monnoye,
on marqua cette Epoque ainsi : L'anpremier sous Simon , anno primo sub Simone.
F. Machab. 13. comme on le voit encore
dans plusieurs Médailles.
Dans le temps de la correction du
: Calendrier par Jules-Cesar l'an 709. de
Rome , dès le commencement de cette
Epoque en Janvier , on a compté l'an
premier. Cette année commença avec.
cle
4.
MARS. 1732. 525
Consulat de Jules-Cesar et de Lepide,
le Consulat duroit depuis Janvier jusqu'en Décembre. Ainsi puisqu'on comptoit les années courantes comme on comp
toit les Consulats , l'année se comptoit
aussi dès qu'elle commençoit , coinme
l'on comptoit le Consulat dès qu'il commençoit. Enfin dès le commencement de
l'Ere de Diocletien ou des Martyrs , que
les Chrétiens ont suivie , même pour dresser les Cicles Paschaux , jusqu'à- ce que
Denis le Petit ait fait succeder l'Ere de
l'Incarnation , on compta l'an 1. car elle
commença exactement avec le premier
jour du Regne de Diocletien. Aussi quand
S. Ambroise datte quelques faits par les
années de cette Ere , il dit toûjours l'am
depuis le premier jour du Regne de Diocletien. De tout celà il est aisé de conclure
que l'on a dû compter l'année 1700. dès
qu'elle a commencé, et par consequent que
le premier Janvier 1700. fut le premier
jour de la derniere année du XVII. secle
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Résumé : Recueil de Pieces d'Histoire et de Litterature, &c. [titre d'après la table]
Le texte présente un recueil d'histoires et de littérature intitulé 'Recueil de Pièces d'Histoire et de Littérature', publié en 1731 à Paris. L'auteur vise à plaire et à enrichir l'esprit avec des connaissances solides. Le premier volume contient plusieurs pièces, dont une lettre sur la nouvelle édition des œuvres de l'abbé de Saint-Réal, un panégyrique de la régence de Marie Jeanne Baptiste de Savoie, des réflexions diverses, une histoire du mahométisme, des remarques sur l'administration des finances des Romains, et des dissertations sur des sujets religieux et historiques. L'histoire du mahométisme est divisée en trois parties : la vie de Mahomet, les fables le concernant, et les principes de l'islam. Mahomet, né à La Mecque, a uni les religions chrétienne, juive et arabe en prônant un dieu unique. Il a compilé ses révélations dans l'Alcoran et a instauré des pratiques religieuses comme le jeûne du Ramadan et la circoncision. Après des années de prédication, il a conquis La Mecque par la force, établissant ainsi l'hégire en 622. Le texte réfute plusieurs fables sur Mahomet, telles que celles concernant des miracles à sa naissance ou des batailles contre des empereurs. Il mentionne également des erreurs sur la gouvernance des villes arabes et le culte des mahométans. Le texte aborde ensuite l'intégrité et la gestion financière de la République romaine après la dernière guerre punique. Pendant un siècle, cette intégrité fut maintenue, bien que des ambitieux cherchassent à servir leurs intérêts. Le Trésor public s'enrichit grâce aux tributs imposés aux vaincus. Par exemple, Scipion l'Africain fit payer 30 millions de livres aux Carthaginois sur 50 ans, et Antiochus fut contraint de payer 24 millions. Titus Q. Flaminius obtint également des sommes importantes de Philippe de Macédoine et de Nabis de Sparte. Ces généraux romains enrichirent le Trésor sans s'enrichir personnellement, contribuant ainsi à la puissance et à la durabilité de Rome. Le texte souligne que Rome put soutenir de longues guerres grâce à ce système financier. Auguste laissa un Trésor public considérable, estimé à 202 millions. Cependant, des empereurs comme Caligula dilapidèrent ces richesses. La prodigalité et la négligence des finances publiques menèrent à la cruauté de certains empereurs, contraints d'imposer des taxes lourdes et vexatoires pour combler leurs besoins. L'Empereur Caracalla fut le premier à altérer la monnaie, remplaçant l'or et l'argent par de l'étain et du cuivre. Cette pratique se poursuivit durant la décadence de l'Empire, indiquant une crise financière. Le texte compare les espèces monétaires au pouls d'un État, soulignant que leur altération ou leur disparition annonce la ruine de l'État. Enfin, le texte aborde une dispute sur le début du XVIIIe siècle. Certains estimaient que l'année 1700 marquait le début du nouveau siècle, tandis que d'autres soutenaient qu'il fallait attendre la fin complète de l'année pour commencer le nouveau siècle. L'auteur adopte la seconde position, illustrant son argument par divers exemples historiques et pratiques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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