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p. 508
« LETTRES DE S. JEAN CHRISOSTOME, traduites en François, et rangées [...] »
Début :
LETTRES DE S. JEAN CHRISOSTOME, traduites en François, et rangées [...]
Mots clefs :
Saint Jean Chrisostome
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texteReconnaissance textuelle : « LETTRES DE S. JEAN CHRISOSTOME, traduites en François, et rangées [...] »
LETTRES DE S. JEAN CHRISOSTOME
traduites en François , et rangées selon l'ordre des temps , avec des Notes
et des Sommaires ; et deux Traitez écrits
du lieu de son exil à la Veuve Ste Olimpiade. A Paris , chez P. Gandouin , Quay
des Augustins , 2. vol. in 8.
traduites en François , et rangées selon l'ordre des temps , avec des Notes
et des Sommaires ; et deux Traitez écrits
du lieu de son exil à la Veuve Ste Olimpiade. A Paris , chez P. Gandouin , Quay
des Augustins , 2. vol. in 8.
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2
p. 508-525
Recueil de Pieces d'Histoire et de Litterature, &c. [titre d'après la table]
Début :
RECUEIL de Pieces. d'Histoire et de Litterature, Tome 1. [...]
Mots clefs :
Recueil, Histoire, Littérature, Mahomet, Temps, France, Mecque, Trésor
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texteReconnaissance textuelle : Recueil de Pieces d'Histoire et de Litterature, &c. [titre d'après la table]
RECUEIL de Pieces. d'Histoire et de
Litterature , Tome 1. vol. in 12. de 224.
pages , sans les Préfaces. A Paris , chez
Chaubert , à l'entrée du Quay des Augustins , du côté du Pont S. Michel , 1731. ~
L'Auteur de ce Recueil s'est proposé
comme il le dit dans sa Préface , de plaire
à l'esprit et de l'orner des connoissances
solides ; on peut dire qu'il a réussi dans
ce premier volume , et qu'il tient plus
qu'il ne nous a promis. Il paroît trèsmodeste surson article et même sur celui
de
MARS. 1732. 509.
de la Nation Françoise , à laquelle il préfere les Anglois pour le goût et les in-1
clinations , selon la coûtume d'un certain cercle de personnes qui prennent aujourd'hui à tâche de proner les grandes ,
perfections de la Nation Angloise , aux:
dépens même de la leur , et qui rabaise
sent souvent leur Patrie pour donner à
la Nation Britannique plus de lustre et
de réputation qu'il ne lui enest legitime,
ment dû.
Ce Volume contient les Pieces suivan- ,
tes , toutes ayant leur mérite. Lettre de
M. D...à un de ses amis , sur la nouvelle Edition des Oeuvres de M. l'Abbé.
de S. Real , servant de Préface à la premiere Piece de ce Recueil.
Panegyrique de la Régence de Madame
Royale Marie J. B. de Savoye.
Refléxions nouvelles de M. de la R.
Histoire du Mahometisme.
Remarques sur l'administration des Fi
nances des Romains , traduites de l'Anglois.
Dissertation touchant la part qu'eut
le Pape. Zacharie à la déposition de Chil- deric.
Dissertation , si la grandeur temporelle de l'Eglise n'est point contraire à la
Loy de Dieu , et aux maximes des temps
Apostoliques. Eij Da
o MERCURE DE FRANCE
De la maniere de compter par siecles.
Du commencement et de la fin de chaque
siecle.
Nous ne donnerons aucun Extrait des.
deux premieres Pieces de ce Recueil
nous dirons seulement que le Panegyrique est une fort belle Piece , dont le sujet est traité avec beaucoup d'éloquence.
Les Refléxions diverses qui suivent
cette Piece , sont neuves et délicates.
Elles regardent la confiance , la difference
des esprits , les goûts , la societé , la conversation , le faux , l'air et les manieres.
Nous renvoyons encore au Recueil même
ceux qui en voudront connoître la solidiré et la justesse.
Nous passerons à l'Histoire du Mahometisme , qui est une des Pieces de ce
Recueil ; il paroît d'abord que cette Histoire doive être considerable. Elle l'est en
effet , mais moins par son étenduë que
par la maniere dont elle est traitée. Elle
est divisée en trois Parties. La premiere
est employée à l'Histoire de Mahomet er
de sa Secte. La seconde rapporte les Fables principales que des Auteurs mal informez ont debitées sur Mahomet. L'Auteur réfute en peu de mots dans la troisiéme les principes de cette fausse Religion,Donnons quelque idée de cette Histoire.
MAR-S; 1732 Sar
L'Auteur a puisé les circonstances qu'il
rapporte dans son Discours , dans les
meilleurs Auteurs Mahométan's dans
Abulfeda , Elmacin , Abuljacer , et autres.
Il s'est servi aussi des sçavans Chrétiens
qui ont écrit sur l'Histoire Orientale ,
tels qu'Abulfarage , qu'on peut mettre
de ce nombre, puisqu'il embrassa le Christianisme avant que de mourir , les sçavans Maronites , Gabriël Sionita , Jean
Hesronita , et Abraham Ecchellensis , le
F. Maracci , Hottinger , d'Herbelot , que
Imprimeur nomme Berthelot , et autres.
Mahomet pâquit à la Mecque, Ville
d'Arabie , dans le temps que l'Eglise
Orientale,aussi-bien que l'Empire,étoient
agitez par un très grand nombre de Sectes
et de divisions. Ses parens étoient d'une
naissance illustre parmi les Arabes , mais
pauvres. Il fut orphelin de pere et de
mere à 7. ans. Son oncle l'éleva au commerce des Syriens ; et à l'âge de 28. aps
il épousa une veuve jaune et riche , dont'
il avoit conduit en Syrie pendant trois
ans les Marchandises qu'elle y envoyoit.
Il se vit par un Mariage si avantageux
en état de faire valoir les grandes qualitez de son esprit, sa bravoure dans les
dangers , sa fermeté , sa pénetration et
ses manieres affables et complaisantes. Il
étoit
i
E iij
312 MERCURE DE FRANCE
pour
étoit naturellement éloquent , et il se serIvit bien dans la suite de ce talent. Il
contrefit dès l'année 606. de J. C. l'homme rêveur et contemplatif , et fit passer
des révelations et des communications avec l'Ange Gabriël , les attaques
du mal caduc , dont il étoit agité assez
souvent. Il s'appliqua de bonne heure à
réunir les trois Religions qui regnoient
en Arabie , la Chrétienne , la Juive et
l'ancienne des Arabes.
La Religion Chrétienne étoit plutôt alors une confusion de Sectes et de superstitions , qu'une Religion. Les Juifs et
les Ismaëlites paroissoient pouvoir être
aisément réunis , puisque les uns et les
autres reconnoissoient Abraham pour leur
"Pere commun. Enfin les Arabes étoient
presque tous Idolâtres et adoroient les
Astres dans leur fameux Temple de la
Mecque , qu'ils croyoient ( comme ils le
croyent encore fort abusivement ) plus.
ancien que celui de Salomon.
Mahomet pour profiter de ces divisions.
et pour réunir toutes ces Sectes en une
seule , pose pour principal fondement
qu'il n'y a qu'un Dieu digne de nos adorations ; ce principe établi avec les Chrétiens et avec les Juifs , il tâche d'y amener aussi les Ismaëlites ou les Arabes , en
les:
MARS. 17320 Sis
.
les faisant souvenir qu'ils sont Enfans d'Abraham , et qu'Abraham n'a jamais adoré
qu'un seul Dieu. Il soutient en faveur
des Juifs , qu'il n'y a point de Trinité
queDieu n'a point de fils et qu'il ne s'est
point incarné , ce qui réunissoit encore
plusieurs Sectes, Nestoriens, Ariens et autres. Il dit avec les Chrétiens , que la
Loi de Dieu , qui avoit été confiée aux
Juifs , ayant été corrompue par eux , if
falloit que Dieu suscitât un autre Prophete plus excellent que les autres. Il
avoue que c'est J. C. qu'il est né d'une
Vierge , qu'il est le Verbe de Dieu , que les
Juifs l'ont voulu crucifier , mais qu'il fut
: enlevé dans le Ciel, et que les Juifs ne
-crucifierent que sa Figure , ce qui étoit
Pheresie des Ebionites. Enfin après avoir
déclaré ces trois Religions insuffisantes ,
il ajoûte en sa faveur que le temps dư
Consolateur promis par J. C. est arrivé ,
: et que la promesse s'accomplit en sa pro
-pre personne. Il accompagna tout cela
de fables qui avoient quelques fondemens dans l'Histoire Sainte , ou qu'il tiroit des Histoires apocriphes , et des
Traditions populaires , mais dont les Arabes ne pouvoient reconnoître la fausseté,
tant leur ignorance étoit grossiere. De
temps-en-temps Mahomet faisoit descenÈ iiij dre
514 MERCURE DE FRANCE
dre du Ciel quelques Cahiers qu'il composoit selon les conjectures où il se trouvoit. On les recueillit après sa mort , et
c'est ce qu'on appelle Alcoran. * Et comme il faut quelqu'exterieur dans une Religion , il ordonna le Jeûne de Ramadan,
il laissa la Circoncision qui étoit en usage en Arabie , et établit des Fêtes , des
Pelerinages , des purifications et d'autres
ceremonies tirées du Christianisme , du
Judaisme et de la pratique ordinaire de
la Nation Arabe.
Il fut cependant 12. ou 13. ans suivi
d'un très-petit nombre de Disciples. La
14. année près de 80. Disciples se joignirent aux premiers , ce qui fit du bruit
dans la Mecque. Les Magistrats en craignirent quelqu'émotion et le chasserent
de la Ville. C'est à cette année de la fuite
de Mahomet , qu'il se réfugia à Medine ,
que commence la celebre Epoque des Mahométans , qu'ils nomment Hegire , c'està-dire Fuite, ce fut Omar oncle de Mahomet, qui 17 ans après cette fuite l'érigea
solemnellement en Epoque et la fitinserer
dans tous les Actes publics. Elle tombe
aur 22. Juillet de l'année 622. de J. C.
Peu de temps après cette fuite , Ma-
* Aloran , composé de deux mots Arabes , signifie l'Ecriture par excellence.
homet
MARS. 1732. SI5
homet eut recours à l'épée , qui lui réüssit encore mieux que la parole. Un Ca
hier descendit du Ciel , qui lui ordonna
d'exterminer tous ceux qui ne suivroient
pas sa doctrine. Les Historiens comptent
12. Batailles qu'il a gagnées pendant sa
vie. Enfin il assiegea la Mecque , à la
tête de 10000. hommes , s'en rendit le
maître et fit passer par le fil de l'épée
tous ceux qui ne se soumirent pas à la
doctrine de l'Alcoran. Voilà en peu de
mots l'Histoire de ce celebre Imposteur.
Il eut , selon quelques- uns , 17. femmes ,
selon d'autres , 21. mais il n'en eut point
d'enfans mâles. Il mourut âgé de 63. ans
dans la 11 année de l'Hegire , et fut enterré à Médine , lieu de sa retraite.
Les fables que l'auteur du Discours historique réfute sont les Miracles que l'on
supose avoir été faits par Mahomet, soit en
naissant , soit dans le cours de sa prétendue Mission . C'est une suite de ces fables
de dire que le Temple de la Mecque ait été bâti en l'honneur de Mahomet. De
son temps même on croyoit que ce Temple subsistoit depuis Abraham, outre que les Mahométans n'y vont que pour adorer Dieu. La suspension en l'air du Tom-- beau de Mahomet est encore une fable ,
mais il ne faut pas la mettre sur le compte
Ev dess
2
16 MERCURE DE FRANCE
des Mahometans , qui la rejettent absoJument. Autre fable, que ce que quelquesuns ont écrit que Mahomet fut choisi
pour le Chef de ceux qui se révolterent
contre Heraclius , et qu'il alla au-devant
de cet Empereur lorsqu'il revenoit de:
Perse. Jamais Mahomet n'a yû Heraclius.
ni n'a combattu contre lui.
Les Villes d'Arabie , ajoûte l'Auteur,
étoient alors régies comme des Républiques ;.
le Cherif, c'est- à- dire , Senior , commandoit:
et l'on n'y avoit nul rapport avec l'Empe-·
reur. Ici notre Auteur nous permettra de
ne pas adopter son Explication du nom de:
Cherif. Ce terme Arabe ne signifie nulle-
-mentSenior Pancien,mais il signifieNoble,
nom qui ne se donne qu'aux Descendans
de Mahomet par Ali , son gendre et par
sa fille Fathime , parce que ceux- là sont
censez de la plus haute naissance qui appartiennent à cette Branche de la Race de
leur Prophete. C'est le seul titre dont le Prince de la Mecque se pare , ainsi que
celui de Medine ; les Rois de Maroc se
font aussi une gloire de porter ce nom ,
regardant comme un des plus beaux ti- tres de noblesse de descendre de MahoLes Arabes expriment ce terme par Scheik ,
qui signifie aussi un Gouverneur , un Chef, uns
Docteur, &c..
met
MARS. 17321 517
4
met par Fathime. Il y a en cet endroit
une autre méprise ; car quoiqu'il soit vrai
que Cherif signifie Noble , et qu'il semble que les Nobles du Pays ayent dû le
gouverner , nous ne voyons cependant
pas que les Villes d'Arabie , à l'exception des deux qu'on vient de nommer
ayent été gouvernées par des Cherifs.
C'est encore une fable de dire que Mahomet ait pris Damas. Fable que son corps
ait été mangé par les chiens. Une autre
fable adoptée par Constantin Porphyrogenete , par Euthymius , Cedrene et autres , c'est d'attribuer aux Mahometans
le culte de Lucifer , de Venus ou de la
-Lune , en leur faisant dire , Alla , oita
Kubar , Deus et Luna seu magna ; au lieu
de Alla ou Akubar, ô Deus maximus
qui sont les premieres paroles qu'on crie
du haut des Mosquées , &c.
oйa
Nous ne suivrons point l'Auteur dans
l'examen , concis à la verité , mais bien
touché, qu'il fait de la Doctrine de Mahomet; il ruine en peu de mots beaucoup
de ses principes. Ce court examen pour--
roit servir de plan à une réfutation com
plette du Mahométisme. Passons à la V.
Piece de ce Recueil , qui contient des Remarques traduites de l'Anglois sur l'administration des Finances des Romains.
En Voici le précis Evi fuc
18 MERCURE DE FRANCE
L'Histoire fournit aux Rois des lumie
res pour soutenir leurs Etats dans la splendeur , en profitant des maximes qui ont
contribué à la grandeur des Empires , et
en évitant ce qui a causé leur décadence.
Rome fut redevable de sa puissance à
une sage dispensation de ses revenus ;
leur dissipation entraîna sa ruine.
y
Valerius-Publicola fut le premier qui
ordonna que le revenu appartenant à la
République seroit déposé dans le Temple
de Saturne , afin que la sainteté du licu
rendît ce dépôt encore plus sacré ; il
avoit deux Trésors ; l'un destiné aux besoins journaliers de la République , l'autre aux pressantes nécessitez. On portoit
dans le premier les Tributs et les Impôts
ordinaires , et dans l'autre l'or de l'Impôt
du vingtiéme sur les Esclaves ; on l'appelloit pour ce sujet Aurum vicesimarium.
Pendant quelques siecles la République
n'eut pas besoin d'argent ; ce ne fut qu'au
Siege de Veïes 350. ans après la fondation de Rome , que les Troupes commeacerent à recevoir une solde. Les Romains
persuadez que rien n'étoit plus important que de ne point surcharger le Peuple d'Impôts et d'avoir un fonds capable de maintenir l'Etat en temps, de guerte
et de paix , firent porter dans le Trésor
public
MARS. 1732 $39
public toutes les richesses qu'ils emportoient par leurs victoires. Ainsi les richesses de Carthage , de Sicile , des Villes de
Macédoine , d'Asie et des autres Provinces conquises , furent déposées par les
Generaux dans le Temple de Saturne
avec un désinteressement admirable , qui
duroit encore quelque temps après la
derniere guerte punique.
›
Dans le siecle suivant cette integrité
fut alterée , mais ce ne fut jamais que
par des ambitieux qui tramoient la servitude et la ruine de la République. Ce
pendant le Trésor public ne laissoit pas
d'être enrichi continuellement par les richesses immenses que la République tiroit de ceux de qui elle triomphoit. Scipion l'Africain fit payer aux Carthaginois
30. millions de livres dans l'espace de 50.
ans , et il obligea le Roi Antiochus en lui
accordant la paix , de payer à la Répablique 24.. millions. Titus Q. Flaminius
Coptraignit Philippe , Roi de Macedoine,
de donner à la Rep. 3. millions ; il n'accorda la Paix à Nabis , Tyran de Sparte .
qu'en exigeant de lui près d'un million.
Il ajoûta encore aux sommes immenses
dont il avoit déja enrichi le Trésor , six
cent quarante millions de livres en lingots d'argent ; 79. millions quatre cens
-
cin-
* 20 MERCURE DE FRANCE
· "
cinquante- deux mille livrés en monnoye
d'argent , et deux millions quatre cent
vingt mille livres en Pieces d'or. On peut
encore voir d'autres exemples de ce désinteressement des Generaux Romains
dans ces Remarques.
C'est donc par cette conduite des Ro-
'mains à l'égard de ceux dont ils triomphoient et par l'integrité et le desinteressement de ces grands Hommes que Rome s'est élevée si haut et qu'elle s'est soutenuë si long- temps. Car il n'est pas pos.
sible qu'un Etat puisse soutenir de lonque ques guerres sans autre fonds celui
de son propre revenu. En effet tant que
les Romains ne perdirent point de vûë
ce systême, ils furent heureux dans leurs
Expeditions. Auguste laissa des sommes
si considerables dans le Trésor public ,
qu'on les fait monter jusqu'à 202 , millions de notre monnoye. Aussi , remarque l'Auteur Anglois , avoit- il une qualité qui ne manque jamais d'enrichir un
Prince , c'étoit d'examiner avec soin les
comptes publics. Mais Caligula dépensa
ses immenses richesses en moins d'un an
au rapport de Suetone. L'Auteur prouve
ensuite que le salut de l'Etat dépend de
- Padministration des Finances , et que la
prodigalité des Princes, et leur inatter- tion
MARS. 1732. JA
tion à veiller sur l'usage et l'emploi de
feurs richesses , en entraînent la dissipa-`
tion et peu à peu la ruine de leurs Etats.
Il fait ensuite remarquer que la cruauté
de plusieurs Empereurs de Rome n'est
venuë que des necessitez ausquelles leur
prodigalité les avoit réduits , qu'ils n'étoient pas cruels d'abord, et que ce n'a été
qu'une suite de leur inattention à veiller
sur leurs Finances ; négligence qui les
contraignoit d'exiger des Peuples avec
dureté des Impôts multipliez et à les
vexer en mille manieres ; funestes fruits
des conseils pernicieux de leurs Courti
sans qui ne manquoient pas de leur inspirer du dégoût et de l'éloignement pour
les affaires et sur tout pour celles qui regardent les Finances.
L'Empereur Caracalla fut le premier
qui altera les Monnoyes et qui donna des pieces d'étain et de cuivre pour des
pieces d'or et d'argent , sur quoi on peut
remarquer en general que durant la décadence de l'Empire les Monnoyes furent
fortalterées , la necessité poussant le Prin
ce à donner aux Especes une plus grande valeur à proportion de leur rareté 35
d'où l'on peut conclure avec l'Auteur
des Remarques , que les Especes sont comme le pouls d'un Etat ; , s'il bat irréguliere-- ment
522 MERCURE DE FRANCE
rement , onjuge par ce symptome que le corps
politique est attaqué de quelque maladie
dangereuse ; que si le Prince se trouve obligé
d'affaiblir les Especes , c'est un indice qu'on
commence à les faire sortir du Royaume ; s'il
est dans la nécessité de substituer quelqu'autre
matiereà l'or et àl'argent, comme fit Caracalla , on peut inferer de- là qu'unegrande par
tie de l'argent en est déja sortie que s'il ar
rive que les Especes soient entierement enlevées on universellement alterées comme
cela se fit dans la décadence de l'Empire Remain , on en peut augurer la raine prochaine
de l'Etat. On trouve dans cette Piece un
grand nombre de traits curieux que les bornes d'un Extrait ne nous permettent
pas de rapporter. Nou ne dirons rien des
deux Dissertations qui suivent sur la déposition de Childeric e sur la compatibilité de la grandeur temporelle avec la
puissance spirituelle ; ces deux Pieces sont
P'une et l'autre remplies de choses Cu
rieuses et qui se font lire avec plaisir.
La derniere Piece de ce Recueil regarde une dispute qui s'éleva vers la fin du
dernier siecle ; les uns prétendoient que
Pannée 1700. devoit commencer le sie--
cle suivant , desorte que du même moment que l'on pouvoit compter 1700. la :
centiéme année devoit être accomplie ,.
et
MARS. 1732. 5232
麵
et la premiere année du siecle suivant devoit commencer. Les autres sontenoient au contraire que l'année 1700.
devoit terminer le 17. siecle , mais de façon que ce ne pouvoit être qu'après da
révolution entiere de cette année que le
siecle suivant devoit commencer. L'Auteur de cette Dissertation embrassa alors.
cé dernier parti. Il fait voir dans cette
Piece que puisqu'on entend par un siecle
l'espace de cent ans , on ne compte le
siecle achevé ou révolu que lorsque la
centiéme année est révolue , comme un
homme à qui on devroit cent pistoles , ne
seroit pas content de 99. et de la ceatiéme commencée. Que l'on compte , ditil , les années , les mois , les semaines et
les jours de la même maniere qu'on dit
qu'il est Lundi , qu'il est le mois de Janvier , la premiere semaine de l'Avent du
Carême quoique Lundy ou le mois deJanvier ou la premiere semaine de l'Avent ne fassent que commencer.
,
Les anciens Actes disent communément le mois courant ou l'année courante.
Ainsi on comptoit déja une telle année
avant qu'elle fût achevée. Les Marchands
mettent en titre dans leurs Registres
Janvier ou Mars ou Avril , avant que
le premier jour de ces mois soit achevé.
Un
$24 MERCURE DE FRANCE
•
Un Sçavant met le 2. ou 3. ou 6. Livre
en composant son Ouvrage , dès qu'il
commence le 2. 3. ou6. Livre.Le Voyageur
dans ses Fournauxde Voyages,écrit la premiere , seconde , troisiéme journée , dès le
matin de chaque journée et si son voyage
a duré 15. jours et qu'il arrive le 16 à midi
dans une Ville , il dira qu'il est arrivé lat
16 journée , quoiqu'elle ne soit pas finie.
Les Historiens Ecclesiastiques mettent
dans la premiere année de l'Ere Chré
rienne plusieurs faits arrivez long-temps
avant la fin de cette premiere année , tels
que la Circoncision , l'Adoration des Ma-
-ges , la Fuite en Egypte , le Meurtre des
Innocens , &c. Les Rois dattent de la
premiere année de leur regne les Edits
qu'ils ont donnez pendant les 12. premiers mois. Dès que Jerusalem fut délivrée de la persecution d'Antiochuset
qu'il fut permis de battre de la monnoye,
on marqua cette Epoque ainsi : L'anpremier sous Simon , anno primo sub Simone.
F. Machab. 13. comme on le voit encore
dans plusieurs Médailles.
Dans le temps de la correction du
: Calendrier par Jules-Cesar l'an 709. de
Rome , dès le commencement de cette
Epoque en Janvier , on a compté l'an
premier. Cette année commença avec.
cle
4.
MARS. 1732. 525
Consulat de Jules-Cesar et de Lepide,
le Consulat duroit depuis Janvier jusqu'en Décembre. Ainsi puisqu'on comptoit les années courantes comme on comp
toit les Consulats , l'année se comptoit
aussi dès qu'elle commençoit , coinme
l'on comptoit le Consulat dès qu'il commençoit. Enfin dès le commencement de
l'Ere de Diocletien ou des Martyrs , que
les Chrétiens ont suivie , même pour dresser les Cicles Paschaux , jusqu'à- ce que
Denis le Petit ait fait succeder l'Ere de
l'Incarnation , on compta l'an 1. car elle
commença exactement avec le premier
jour du Regne de Diocletien. Aussi quand
S. Ambroise datte quelques faits par les
années de cette Ere , il dit toûjours l'am
depuis le premier jour du Regne de Diocletien. De tout celà il est aisé de conclure
que l'on a dû compter l'année 1700. dès
qu'elle a commencé, et par consequent que
le premier Janvier 1700. fut le premier
jour de la derniere année du XVII. secle
Litterature , Tome 1. vol. in 12. de 224.
pages , sans les Préfaces. A Paris , chez
Chaubert , à l'entrée du Quay des Augustins , du côté du Pont S. Michel , 1731. ~
L'Auteur de ce Recueil s'est proposé
comme il le dit dans sa Préface , de plaire
à l'esprit et de l'orner des connoissances
solides ; on peut dire qu'il a réussi dans
ce premier volume , et qu'il tient plus
qu'il ne nous a promis. Il paroît trèsmodeste surson article et même sur celui
de
MARS. 1732. 509.
de la Nation Françoise , à laquelle il préfere les Anglois pour le goût et les in-1
clinations , selon la coûtume d'un certain cercle de personnes qui prennent aujourd'hui à tâche de proner les grandes ,
perfections de la Nation Angloise , aux:
dépens même de la leur , et qui rabaise
sent souvent leur Patrie pour donner à
la Nation Britannique plus de lustre et
de réputation qu'il ne lui enest legitime,
ment dû.
Ce Volume contient les Pieces suivan- ,
tes , toutes ayant leur mérite. Lettre de
M. D...à un de ses amis , sur la nouvelle Edition des Oeuvres de M. l'Abbé.
de S. Real , servant de Préface à la premiere Piece de ce Recueil.
Panegyrique de la Régence de Madame
Royale Marie J. B. de Savoye.
Refléxions nouvelles de M. de la R.
Histoire du Mahometisme.
Remarques sur l'administration des Fi
nances des Romains , traduites de l'Anglois.
Dissertation touchant la part qu'eut
le Pape. Zacharie à la déposition de Chil- deric.
Dissertation , si la grandeur temporelle de l'Eglise n'est point contraire à la
Loy de Dieu , et aux maximes des temps
Apostoliques. Eij Da
o MERCURE DE FRANCE
De la maniere de compter par siecles.
Du commencement et de la fin de chaque
siecle.
Nous ne donnerons aucun Extrait des.
deux premieres Pieces de ce Recueil
nous dirons seulement que le Panegyrique est une fort belle Piece , dont le sujet est traité avec beaucoup d'éloquence.
Les Refléxions diverses qui suivent
cette Piece , sont neuves et délicates.
Elles regardent la confiance , la difference
des esprits , les goûts , la societé , la conversation , le faux , l'air et les manieres.
Nous renvoyons encore au Recueil même
ceux qui en voudront connoître la solidiré et la justesse.
Nous passerons à l'Histoire du Mahometisme , qui est une des Pieces de ce
Recueil ; il paroît d'abord que cette Histoire doive être considerable. Elle l'est en
effet , mais moins par son étenduë que
par la maniere dont elle est traitée. Elle
est divisée en trois Parties. La premiere
est employée à l'Histoire de Mahomet er
de sa Secte. La seconde rapporte les Fables principales que des Auteurs mal informez ont debitées sur Mahomet. L'Auteur réfute en peu de mots dans la troisiéme les principes de cette fausse Religion,Donnons quelque idée de cette Histoire.
MAR-S; 1732 Sar
L'Auteur a puisé les circonstances qu'il
rapporte dans son Discours , dans les
meilleurs Auteurs Mahométan's dans
Abulfeda , Elmacin , Abuljacer , et autres.
Il s'est servi aussi des sçavans Chrétiens
qui ont écrit sur l'Histoire Orientale ,
tels qu'Abulfarage , qu'on peut mettre
de ce nombre, puisqu'il embrassa le Christianisme avant que de mourir , les sçavans Maronites , Gabriël Sionita , Jean
Hesronita , et Abraham Ecchellensis , le
F. Maracci , Hottinger , d'Herbelot , que
Imprimeur nomme Berthelot , et autres.
Mahomet pâquit à la Mecque, Ville
d'Arabie , dans le temps que l'Eglise
Orientale,aussi-bien que l'Empire,étoient
agitez par un très grand nombre de Sectes
et de divisions. Ses parens étoient d'une
naissance illustre parmi les Arabes , mais
pauvres. Il fut orphelin de pere et de
mere à 7. ans. Son oncle l'éleva au commerce des Syriens ; et à l'âge de 28. aps
il épousa une veuve jaune et riche , dont'
il avoit conduit en Syrie pendant trois
ans les Marchandises qu'elle y envoyoit.
Il se vit par un Mariage si avantageux
en état de faire valoir les grandes qualitez de son esprit, sa bravoure dans les
dangers , sa fermeté , sa pénetration et
ses manieres affables et complaisantes. Il
étoit
i
E iij
312 MERCURE DE FRANCE
pour
étoit naturellement éloquent , et il se serIvit bien dans la suite de ce talent. Il
contrefit dès l'année 606. de J. C. l'homme rêveur et contemplatif , et fit passer
des révelations et des communications avec l'Ange Gabriël , les attaques
du mal caduc , dont il étoit agité assez
souvent. Il s'appliqua de bonne heure à
réunir les trois Religions qui regnoient
en Arabie , la Chrétienne , la Juive et
l'ancienne des Arabes.
La Religion Chrétienne étoit plutôt alors une confusion de Sectes et de superstitions , qu'une Religion. Les Juifs et
les Ismaëlites paroissoient pouvoir être
aisément réunis , puisque les uns et les
autres reconnoissoient Abraham pour leur
"Pere commun. Enfin les Arabes étoient
presque tous Idolâtres et adoroient les
Astres dans leur fameux Temple de la
Mecque , qu'ils croyoient ( comme ils le
croyent encore fort abusivement ) plus.
ancien que celui de Salomon.
Mahomet pour profiter de ces divisions.
et pour réunir toutes ces Sectes en une
seule , pose pour principal fondement
qu'il n'y a qu'un Dieu digne de nos adorations ; ce principe établi avec les Chrétiens et avec les Juifs , il tâche d'y amener aussi les Ismaëlites ou les Arabes , en
les:
MARS. 17320 Sis
.
les faisant souvenir qu'ils sont Enfans d'Abraham , et qu'Abraham n'a jamais adoré
qu'un seul Dieu. Il soutient en faveur
des Juifs , qu'il n'y a point de Trinité
queDieu n'a point de fils et qu'il ne s'est
point incarné , ce qui réunissoit encore
plusieurs Sectes, Nestoriens, Ariens et autres. Il dit avec les Chrétiens , que la
Loi de Dieu , qui avoit été confiée aux
Juifs , ayant été corrompue par eux , if
falloit que Dieu suscitât un autre Prophete plus excellent que les autres. Il
avoue que c'est J. C. qu'il est né d'une
Vierge , qu'il est le Verbe de Dieu , que les
Juifs l'ont voulu crucifier , mais qu'il fut
: enlevé dans le Ciel, et que les Juifs ne
-crucifierent que sa Figure , ce qui étoit
Pheresie des Ebionites. Enfin après avoir
déclaré ces trois Religions insuffisantes ,
il ajoûte en sa faveur que le temps dư
Consolateur promis par J. C. est arrivé ,
: et que la promesse s'accomplit en sa pro
-pre personne. Il accompagna tout cela
de fables qui avoient quelques fondemens dans l'Histoire Sainte , ou qu'il tiroit des Histoires apocriphes , et des
Traditions populaires , mais dont les Arabes ne pouvoient reconnoître la fausseté,
tant leur ignorance étoit grossiere. De
temps-en-temps Mahomet faisoit descenÈ iiij dre
514 MERCURE DE FRANCE
dre du Ciel quelques Cahiers qu'il composoit selon les conjectures où il se trouvoit. On les recueillit après sa mort , et
c'est ce qu'on appelle Alcoran. * Et comme il faut quelqu'exterieur dans une Religion , il ordonna le Jeûne de Ramadan,
il laissa la Circoncision qui étoit en usage en Arabie , et établit des Fêtes , des
Pelerinages , des purifications et d'autres
ceremonies tirées du Christianisme , du
Judaisme et de la pratique ordinaire de
la Nation Arabe.
Il fut cependant 12. ou 13. ans suivi
d'un très-petit nombre de Disciples. La
14. année près de 80. Disciples se joignirent aux premiers , ce qui fit du bruit
dans la Mecque. Les Magistrats en craignirent quelqu'émotion et le chasserent
de la Ville. C'est à cette année de la fuite
de Mahomet , qu'il se réfugia à Medine ,
que commence la celebre Epoque des Mahométans , qu'ils nomment Hegire , c'està-dire Fuite, ce fut Omar oncle de Mahomet, qui 17 ans après cette fuite l'érigea
solemnellement en Epoque et la fitinserer
dans tous les Actes publics. Elle tombe
aur 22. Juillet de l'année 622. de J. C.
Peu de temps après cette fuite , Ma-
* Aloran , composé de deux mots Arabes , signifie l'Ecriture par excellence.
homet
MARS. 1732. SI5
homet eut recours à l'épée , qui lui réüssit encore mieux que la parole. Un Ca
hier descendit du Ciel , qui lui ordonna
d'exterminer tous ceux qui ne suivroient
pas sa doctrine. Les Historiens comptent
12. Batailles qu'il a gagnées pendant sa
vie. Enfin il assiegea la Mecque , à la
tête de 10000. hommes , s'en rendit le
maître et fit passer par le fil de l'épée
tous ceux qui ne se soumirent pas à la
doctrine de l'Alcoran. Voilà en peu de
mots l'Histoire de ce celebre Imposteur.
Il eut , selon quelques- uns , 17. femmes ,
selon d'autres , 21. mais il n'en eut point
d'enfans mâles. Il mourut âgé de 63. ans
dans la 11 année de l'Hegire , et fut enterré à Médine , lieu de sa retraite.
Les fables que l'auteur du Discours historique réfute sont les Miracles que l'on
supose avoir été faits par Mahomet, soit en
naissant , soit dans le cours de sa prétendue Mission . C'est une suite de ces fables
de dire que le Temple de la Mecque ait été bâti en l'honneur de Mahomet. De
son temps même on croyoit que ce Temple subsistoit depuis Abraham, outre que les Mahométans n'y vont que pour adorer Dieu. La suspension en l'air du Tom-- beau de Mahomet est encore une fable ,
mais il ne faut pas la mettre sur le compte
Ev dess
2
16 MERCURE DE FRANCE
des Mahometans , qui la rejettent absoJument. Autre fable, que ce que quelquesuns ont écrit que Mahomet fut choisi
pour le Chef de ceux qui se révolterent
contre Heraclius , et qu'il alla au-devant
de cet Empereur lorsqu'il revenoit de:
Perse. Jamais Mahomet n'a yû Heraclius.
ni n'a combattu contre lui.
Les Villes d'Arabie , ajoûte l'Auteur,
étoient alors régies comme des Républiques ;.
le Cherif, c'est- à- dire , Senior , commandoit:
et l'on n'y avoit nul rapport avec l'Empe-·
reur. Ici notre Auteur nous permettra de
ne pas adopter son Explication du nom de:
Cherif. Ce terme Arabe ne signifie nulle-
-mentSenior Pancien,mais il signifieNoble,
nom qui ne se donne qu'aux Descendans
de Mahomet par Ali , son gendre et par
sa fille Fathime , parce que ceux- là sont
censez de la plus haute naissance qui appartiennent à cette Branche de la Race de
leur Prophete. C'est le seul titre dont le Prince de la Mecque se pare , ainsi que
celui de Medine ; les Rois de Maroc se
font aussi une gloire de porter ce nom ,
regardant comme un des plus beaux ti- tres de noblesse de descendre de MahoLes Arabes expriment ce terme par Scheik ,
qui signifie aussi un Gouverneur , un Chef, uns
Docteur, &c..
met
MARS. 17321 517
4
met par Fathime. Il y a en cet endroit
une autre méprise ; car quoiqu'il soit vrai
que Cherif signifie Noble , et qu'il semble que les Nobles du Pays ayent dû le
gouverner , nous ne voyons cependant
pas que les Villes d'Arabie , à l'exception des deux qu'on vient de nommer
ayent été gouvernées par des Cherifs.
C'est encore une fable de dire que Mahomet ait pris Damas. Fable que son corps
ait été mangé par les chiens. Une autre
fable adoptée par Constantin Porphyrogenete , par Euthymius , Cedrene et autres , c'est d'attribuer aux Mahometans
le culte de Lucifer , de Venus ou de la
-Lune , en leur faisant dire , Alla , oita
Kubar , Deus et Luna seu magna ; au lieu
de Alla ou Akubar, ô Deus maximus
qui sont les premieres paroles qu'on crie
du haut des Mosquées , &c.
oйa
Nous ne suivrons point l'Auteur dans
l'examen , concis à la verité , mais bien
touché, qu'il fait de la Doctrine de Mahomet; il ruine en peu de mots beaucoup
de ses principes. Ce court examen pour--
roit servir de plan à une réfutation com
plette du Mahométisme. Passons à la V.
Piece de ce Recueil , qui contient des Remarques traduites de l'Anglois sur l'administration des Finances des Romains.
En Voici le précis Evi fuc
18 MERCURE DE FRANCE
L'Histoire fournit aux Rois des lumie
res pour soutenir leurs Etats dans la splendeur , en profitant des maximes qui ont
contribué à la grandeur des Empires , et
en évitant ce qui a causé leur décadence.
Rome fut redevable de sa puissance à
une sage dispensation de ses revenus ;
leur dissipation entraîna sa ruine.
y
Valerius-Publicola fut le premier qui
ordonna que le revenu appartenant à la
République seroit déposé dans le Temple
de Saturne , afin que la sainteté du licu
rendît ce dépôt encore plus sacré ; il
avoit deux Trésors ; l'un destiné aux besoins journaliers de la République , l'autre aux pressantes nécessitez. On portoit
dans le premier les Tributs et les Impôts
ordinaires , et dans l'autre l'or de l'Impôt
du vingtiéme sur les Esclaves ; on l'appelloit pour ce sujet Aurum vicesimarium.
Pendant quelques siecles la République
n'eut pas besoin d'argent ; ce ne fut qu'au
Siege de Veïes 350. ans après la fondation de Rome , que les Troupes commeacerent à recevoir une solde. Les Romains
persuadez que rien n'étoit plus important que de ne point surcharger le Peuple d'Impôts et d'avoir un fonds capable de maintenir l'Etat en temps, de guerte
et de paix , firent porter dans le Trésor
public
MARS. 1732 $39
public toutes les richesses qu'ils emportoient par leurs victoires. Ainsi les richesses de Carthage , de Sicile , des Villes de
Macédoine , d'Asie et des autres Provinces conquises , furent déposées par les
Generaux dans le Temple de Saturne
avec un désinteressement admirable , qui
duroit encore quelque temps après la
derniere guerte punique.
›
Dans le siecle suivant cette integrité
fut alterée , mais ce ne fut jamais que
par des ambitieux qui tramoient la servitude et la ruine de la République. Ce
pendant le Trésor public ne laissoit pas
d'être enrichi continuellement par les richesses immenses que la République tiroit de ceux de qui elle triomphoit. Scipion l'Africain fit payer aux Carthaginois
30. millions de livres dans l'espace de 50.
ans , et il obligea le Roi Antiochus en lui
accordant la paix , de payer à la Répablique 24.. millions. Titus Q. Flaminius
Coptraignit Philippe , Roi de Macedoine,
de donner à la Rep. 3. millions ; il n'accorda la Paix à Nabis , Tyran de Sparte .
qu'en exigeant de lui près d'un million.
Il ajoûta encore aux sommes immenses
dont il avoit déja enrichi le Trésor , six
cent quarante millions de livres en lingots d'argent ; 79. millions quatre cens
-
cin-
* 20 MERCURE DE FRANCE
· "
cinquante- deux mille livrés en monnoye
d'argent , et deux millions quatre cent
vingt mille livres en Pieces d'or. On peut
encore voir d'autres exemples de ce désinteressement des Generaux Romains
dans ces Remarques.
C'est donc par cette conduite des Ro-
'mains à l'égard de ceux dont ils triomphoient et par l'integrité et le desinteressement de ces grands Hommes que Rome s'est élevée si haut et qu'elle s'est soutenuë si long- temps. Car il n'est pas pos.
sible qu'un Etat puisse soutenir de lonque ques guerres sans autre fonds celui
de son propre revenu. En effet tant que
les Romains ne perdirent point de vûë
ce systême, ils furent heureux dans leurs
Expeditions. Auguste laissa des sommes
si considerables dans le Trésor public ,
qu'on les fait monter jusqu'à 202 , millions de notre monnoye. Aussi , remarque l'Auteur Anglois , avoit- il une qualité qui ne manque jamais d'enrichir un
Prince , c'étoit d'examiner avec soin les
comptes publics. Mais Caligula dépensa
ses immenses richesses en moins d'un an
au rapport de Suetone. L'Auteur prouve
ensuite que le salut de l'Etat dépend de
- Padministration des Finances , et que la
prodigalité des Princes, et leur inatter- tion
MARS. 1732. JA
tion à veiller sur l'usage et l'emploi de
feurs richesses , en entraînent la dissipa-`
tion et peu à peu la ruine de leurs Etats.
Il fait ensuite remarquer que la cruauté
de plusieurs Empereurs de Rome n'est
venuë que des necessitez ausquelles leur
prodigalité les avoit réduits , qu'ils n'étoient pas cruels d'abord, et que ce n'a été
qu'une suite de leur inattention à veiller
sur leurs Finances ; négligence qui les
contraignoit d'exiger des Peuples avec
dureté des Impôts multipliez et à les
vexer en mille manieres ; funestes fruits
des conseils pernicieux de leurs Courti
sans qui ne manquoient pas de leur inspirer du dégoût et de l'éloignement pour
les affaires et sur tout pour celles qui regardent les Finances.
L'Empereur Caracalla fut le premier
qui altera les Monnoyes et qui donna des pieces d'étain et de cuivre pour des
pieces d'or et d'argent , sur quoi on peut
remarquer en general que durant la décadence de l'Empire les Monnoyes furent
fortalterées , la necessité poussant le Prin
ce à donner aux Especes une plus grande valeur à proportion de leur rareté 35
d'où l'on peut conclure avec l'Auteur
des Remarques , que les Especes sont comme le pouls d'un Etat ; , s'il bat irréguliere-- ment
522 MERCURE DE FRANCE
rement , onjuge par ce symptome que le corps
politique est attaqué de quelque maladie
dangereuse ; que si le Prince se trouve obligé
d'affaiblir les Especes , c'est un indice qu'on
commence à les faire sortir du Royaume ; s'il
est dans la nécessité de substituer quelqu'autre
matiereà l'or et àl'argent, comme fit Caracalla , on peut inferer de- là qu'unegrande par
tie de l'argent en est déja sortie que s'il ar
rive que les Especes soient entierement enlevées on universellement alterées comme
cela se fit dans la décadence de l'Empire Remain , on en peut augurer la raine prochaine
de l'Etat. On trouve dans cette Piece un
grand nombre de traits curieux que les bornes d'un Extrait ne nous permettent
pas de rapporter. Nou ne dirons rien des
deux Dissertations qui suivent sur la déposition de Childeric e sur la compatibilité de la grandeur temporelle avec la
puissance spirituelle ; ces deux Pieces sont
P'une et l'autre remplies de choses Cu
rieuses et qui se font lire avec plaisir.
La derniere Piece de ce Recueil regarde une dispute qui s'éleva vers la fin du
dernier siecle ; les uns prétendoient que
Pannée 1700. devoit commencer le sie--
cle suivant , desorte que du même moment que l'on pouvoit compter 1700. la :
centiéme année devoit être accomplie ,.
et
MARS. 1732. 5232
麵
et la premiere année du siecle suivant devoit commencer. Les autres sontenoient au contraire que l'année 1700.
devoit terminer le 17. siecle , mais de façon que ce ne pouvoit être qu'après da
révolution entiere de cette année que le
siecle suivant devoit commencer. L'Auteur de cette Dissertation embrassa alors.
cé dernier parti. Il fait voir dans cette
Piece que puisqu'on entend par un siecle
l'espace de cent ans , on ne compte le
siecle achevé ou révolu que lorsque la
centiéme année est révolue , comme un
homme à qui on devroit cent pistoles , ne
seroit pas content de 99. et de la ceatiéme commencée. Que l'on compte , ditil , les années , les mois , les semaines et
les jours de la même maniere qu'on dit
qu'il est Lundi , qu'il est le mois de Janvier , la premiere semaine de l'Avent du
Carême quoique Lundy ou le mois deJanvier ou la premiere semaine de l'Avent ne fassent que commencer.
,
Les anciens Actes disent communément le mois courant ou l'année courante.
Ainsi on comptoit déja une telle année
avant qu'elle fût achevée. Les Marchands
mettent en titre dans leurs Registres
Janvier ou Mars ou Avril , avant que
le premier jour de ces mois soit achevé.
Un
$24 MERCURE DE FRANCE
•
Un Sçavant met le 2. ou 3. ou 6. Livre
en composant son Ouvrage , dès qu'il
commence le 2. 3. ou6. Livre.Le Voyageur
dans ses Fournauxde Voyages,écrit la premiere , seconde , troisiéme journée , dès le
matin de chaque journée et si son voyage
a duré 15. jours et qu'il arrive le 16 à midi
dans une Ville , il dira qu'il est arrivé lat
16 journée , quoiqu'elle ne soit pas finie.
Les Historiens Ecclesiastiques mettent
dans la premiere année de l'Ere Chré
rienne plusieurs faits arrivez long-temps
avant la fin de cette premiere année , tels
que la Circoncision , l'Adoration des Ma-
-ges , la Fuite en Egypte , le Meurtre des
Innocens , &c. Les Rois dattent de la
premiere année de leur regne les Edits
qu'ils ont donnez pendant les 12. premiers mois. Dès que Jerusalem fut délivrée de la persecution d'Antiochuset
qu'il fut permis de battre de la monnoye,
on marqua cette Epoque ainsi : L'anpremier sous Simon , anno primo sub Simone.
F. Machab. 13. comme on le voit encore
dans plusieurs Médailles.
Dans le temps de la correction du
: Calendrier par Jules-Cesar l'an 709. de
Rome , dès le commencement de cette
Epoque en Janvier , on a compté l'an
premier. Cette année commença avec.
cle
4.
MARS. 1732. 525
Consulat de Jules-Cesar et de Lepide,
le Consulat duroit depuis Janvier jusqu'en Décembre. Ainsi puisqu'on comptoit les années courantes comme on comp
toit les Consulats , l'année se comptoit
aussi dès qu'elle commençoit , coinme
l'on comptoit le Consulat dès qu'il commençoit. Enfin dès le commencement de
l'Ere de Diocletien ou des Martyrs , que
les Chrétiens ont suivie , même pour dresser les Cicles Paschaux , jusqu'à- ce que
Denis le Petit ait fait succeder l'Ere de
l'Incarnation , on compta l'an 1. car elle
commença exactement avec le premier
jour du Regne de Diocletien. Aussi quand
S. Ambroise datte quelques faits par les
années de cette Ere , il dit toûjours l'am
depuis le premier jour du Regne de Diocletien. De tout celà il est aisé de conclure
que l'on a dû compter l'année 1700. dès
qu'elle a commencé, et par consequent que
le premier Janvier 1700. fut le premier
jour de la derniere année du XVII. secle
Fermer
Résumé : Recueil de Pieces d'Histoire et de Litterature, &c. [titre d'après la table]
Le texte présente un recueil d'histoires et de littérature intitulé 'Recueil de Pièces d'Histoire et de Littérature', publié en 1731 à Paris. L'auteur vise à plaire et à enrichir l'esprit avec des connaissances solides. Le premier volume contient plusieurs pièces, dont une lettre sur la nouvelle édition des œuvres de l'abbé de Saint-Réal, un panégyrique de la régence de Marie Jeanne Baptiste de Savoie, des réflexions diverses, une histoire du mahométisme, des remarques sur l'administration des finances des Romains, et des dissertations sur des sujets religieux et historiques. L'histoire du mahométisme est divisée en trois parties : la vie de Mahomet, les fables le concernant, et les principes de l'islam. Mahomet, né à La Mecque, a uni les religions chrétienne, juive et arabe en prônant un dieu unique. Il a compilé ses révélations dans l'Alcoran et a instauré des pratiques religieuses comme le jeûne du Ramadan et la circoncision. Après des années de prédication, il a conquis La Mecque par la force, établissant ainsi l'hégire en 622. Le texte réfute plusieurs fables sur Mahomet, telles que celles concernant des miracles à sa naissance ou des batailles contre des empereurs. Il mentionne également des erreurs sur la gouvernance des villes arabes et le culte des mahométans. Le texte aborde ensuite l'intégrité et la gestion financière de la République romaine après la dernière guerre punique. Pendant un siècle, cette intégrité fut maintenue, bien que des ambitieux cherchassent à servir leurs intérêts. Le Trésor public s'enrichit grâce aux tributs imposés aux vaincus. Par exemple, Scipion l'Africain fit payer 30 millions de livres aux Carthaginois sur 50 ans, et Antiochus fut contraint de payer 24 millions. Titus Q. Flaminius obtint également des sommes importantes de Philippe de Macédoine et de Nabis de Sparte. Ces généraux romains enrichirent le Trésor sans s'enrichir personnellement, contribuant ainsi à la puissance et à la durabilité de Rome. Le texte souligne que Rome put soutenir de longues guerres grâce à ce système financier. Auguste laissa un Trésor public considérable, estimé à 202 millions. Cependant, des empereurs comme Caligula dilapidèrent ces richesses. La prodigalité et la négligence des finances publiques menèrent à la cruauté de certains empereurs, contraints d'imposer des taxes lourdes et vexatoires pour combler leurs besoins. L'Empereur Caracalla fut le premier à altérer la monnaie, remplaçant l'or et l'argent par de l'étain et du cuivre. Cette pratique se poursuivit durant la décadence de l'Empire, indiquant une crise financière. Le texte compare les espèces monétaires au pouls d'un État, soulignant que leur altération ou leur disparition annonce la ruine de l'État. Enfin, le texte aborde une dispute sur le début du XVIIIe siècle. Certains estimaient que l'année 1700 marquait le début du nouveau siècle, tandis que d'autres soutenaient qu'il fallait attendre la fin complète de l'année pour commencer le nouveau siècle. L'auteur adopte la seconde position, illustrant son argument par divers exemples historiques et pratiques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 525-534
La Critique, Comédie, &c. [titre d'après la table]
Début :
LA CRITIQUE, Comédie de M. de Boissi, représentée pour la [...]
Mots clefs :
Critique, Comédie, Comédiens-Italiens, Prologue, Faiblesses superstitieuses, Apollon, Chrisante
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : La Critique, Comédie, &c. [titre d'après la table]
LA CRITIQUE, Comédie de M. de
Boissi , représentée pour la premiere fois
par les Comédiens Italiens le 9. Fevrier
1732. A Paris, chez P. Prault , Quay de
Gesures, 1732. prix 24. sols.
Nous croyons que cette Piece sera luë
avec
26 MERCURE DE FRANCE
avec autant de plaisir qu'on en a vû les
Représentations. Elle est pleine d'esprit
et bien versifiée ; mais comme ce n'est
pas une Comédie réguliere , et que beau
coup de Scenes pourroient s'en détacher
aisément , sans nuire au progrès de l'action , nous n'en donnerons pas un Extrait
bien regulier , quoiqu'il y ait de quoi en
faire un fort long , si nous voulions y
faire entrer tout ce qui a été applaudi.
Cette Piece est precédée d'un Prologue
intitulé , L'Auteur Superstitieux. Dans la
Représentation , le sieur Romagnesi ,
sous le nom de Clitandre , entre très- bien
dans ce caractere. Il dit à son ami Damon
qui combat ses foiblesses superstitieuses.
L'Interêt , la gloire avec l'Amour ;
Ils m'occupent tous trois , et dans ce même jour,
Onjuge mon affaire , on doit jouer ma Piece ,
Et je suis sur le point d'épouser ma Maîtresse....
Tous mes sens sont émus d'une façon terrible.
Pour l'interêt , amis , je suis très -peu sensible.
Si je perds mon procès , comme je le crois fort ,
Je m'en consolerai sans faire un grand effort.
Pour l'Amour et la gloire il n'en est pas de même,
Tous deux mé font sentir leur ascendant suprême ,
Tous deux d'un feu pareil enflâment mon desir ,
Et sont enmême temps ma peine et mon plaisir.
Dans
7
MARS. 1732. 527
Dans mes sens agitez leur cruelle puissance ,
Fait succeder la peur sans cesse à l'esperance.
Plaire à l'objet que j'aime, et mevoir son époux
Offreà moncœur sensible un triomphe bien doux;
Mais la crainte de perdre un bien si plein de
charmes,
Y porte au même instant les plus vives allarmes.
Par un brillant Ouvrage assembler tout Paris ,
Réunir tous les goûts, charmer tous les esprits ,
Malgré tous les efforts que tente la Critique ,
Captiver par son Art l'attention publique ,
Forcer deux mille mains d'applaudir à la fois ,
Et s'entendre loüer d'une commune voix ,
Presente à mon esprit la plus haute victoire
D'un Guerrier qui triomphe on égale la gloire :
Mais si l'honneur est grand le revers est affreux;
DuParterre indigné , les cris tumultueux,
Sa fureur qui maudit et l'Auteur et l'Ouvrage ,
La tristesse et l'ennui peints sur chaque visage,
Tous les brocards malins qu'on vous donne en
1
:
sortant ,
Et votre nom en butte au mépris éclatant.
Le desert qui succede à la foule écartée ,
Accablent à leur tour mon ame épouventée ;
Je crains de deux côtez d'avoir un sort fâcheux ,
D'être Amant traversé comme Auteur malheu reux.
Il ajoûte en répondant à Damon.
Tout
28, MERCURE DE FRANCE
Tout ce que vous direz ne servira de rien ;
Et pour finir le cours d'un pareil entretien ,
Né superstitieux , je ne suis pas mon Maître ,
Je pense commevous qu'il est honteux de l'être.
Ma raison me le dit , mais elle perd ses soins ;
J'en sens le ridicule et ne le suis pas moins.
Contre les préjugez en vain on se rebelle ,
Lasuperstition à l'homme est naturelle ,
Et le hazard malin pour la fortifier >
Se plaît incessamment à la justifier.
Je l'ai trop éprouvé dans plus d'une occurrence
La raison ne tient pas contre l'experience;
Et votre cœur peut- être auroit le même effroi ,
Si vous étiez, Monsieur, sur le point comme moi,
D'attirer du Public la loüange ou le blâme ,
De perdre ou d'obtenir l'objet de votre flame.
La Scene du Prologue se passe chezClitandre.
Les Acteurs de la Piece , dont la Scene
est au Parnasse , sont Apollon , Thalie ,
la Critique.Un Auteur satyrique , le sieur
Dominique, Chrisante, homme singulier,
le sieur Romagnesi. La Médisance , la
Dlle Sylvia. Le Vaudeville , le sieur Thévenot. Coxesus, Arlequin.La Contredanse,
le Tambourin , le Menuet , &c.
Apollon et Thalie ouvrent la Scene ;
la Muse commence ainsi.
Seigneur,
MARS. 1732 5299
Seigneur , malgré la brigue et la clameur pu
blique , 1
Parmi les doctes Sœurs vous venez de placer
La juste et la saine Critique.
Elle vient s'établir dans l'Etat Poëtique,
Pour y maintenir l'ordre et pour le policer.
Je ne sçaurois, pour moi qui préside au Comique,
Et qui tiens de ses traits mon plus grand agré ment ,
Donner à votre choix trop d'applaudissement.
Quel bonheur de la voir gouverner le Parnasse
Elle qui par le vrai se regle uniquement ,
Et ne fait à personne injustice ni grace,
Apollon.
Dans le monde on a d'elle une autre opinion
Par un injuste effet de la prévention
De tout le Genre humain on la croit l'ennemie
On croit que sans égard et sans distinction ,
Elle condamne tout par une basse envie.
Pour détruire les faux Portraits ,
Qu'a fait d'elle en tous lieux la noire calomnie ,
Il faut aux yeux de tous qu'elle se justifie ,
Et dévoile an grand jour ses veritables traits.
Chacun viendra lui rendre hommage
Et la feliciter sur ses honneurs nouveaux ;
Elle doit faire voir que son goût toûjours sage,
Scait approuver le vrai , comme blâmer le faux;
Qu'elle
530 MERCURE DE FRANCE
Qu'elle reprend sans fiel , et que son badinage ,
Sans blesser la personne , attaque les deffauts ;
Elle ne prétend plus sur tout qu'on la confonde ,
Avec la Satyre , sa sœur ,
Qui sous son nom , s'affichant dans le
monde ,
Lui fair partager sa nóirceur ;
Elle sent trop qu'il est de son honneur,
De démasquer cette même Satyre ,
Qui dans sa maligne fureur
Ne reprend point par le désir d'instruire ,
Mais par le noir plaisir qu'elle prend à médire
Et de désavoüer tous ces Auteurs obscurs
Dont la plume anonyme,
Jusques sur la vertu , répand ses traits impurs
Et qu'inspire en secret , sa scœur illégitime.
t Je dois moi-même les punir ,
.Et pour jamais bannir
Cette engeance coupable ,
Pour la gloire de l'Art qu'elle rend méprisable,
Dans la troisiéme Scene , Chrisante
s'applaudit d'un ouvrage qu'il a entrepris ; c'est la Critique du Public. Ce Tableau présenté au Public lui - même ,
sous les traits les plus ressemblans , est un
morceau
MARS. 17320 535
morceau que nous n'avons pas cru devoir
ometre.
Apollon.
mais voudriez- vous bien Le projet est nouveau ,
Me détailler et m'apprendre
Ce que dans le Public vous trouvez à reprendre
Soit dans ses actions , ou dans son entretien ?
Chrisante.
Mille travers , mille bévuës ,
Son gout pour le Clinquant , dont il est le sou tien ,
Et pour la nouveauté qu'il porte jusqu'aux nuës,
Ou qu'il met au dessous du rien ;
Carjamais il ne garde un milieu raisonnable
Chez lui tout est divin , ou tout est misérable.
Sa fureur pour la mode et pour tout Charlatan 7
Tous les usages foux dont il est partisan ,
Toutes ses politesses fades ,
Ses visites , ses embrassades ,
Et ses saluts du premier jour de l'an,
Du Carnaval ses Mascarades ,
Du Mardy Gras son transport Calotin ,
Et son air sot le lendemain ;
Son exercice aux Thuileries',
Ses caracols , ses lorgneries ;
'Aux Spectacles , ses flots , ses vertiges frequens ,
Ses battemens de mains donnez à contre- temps :
£ Tous
32 MERCURE DE FRANCE
Toutes ses moucheries ,
Ses baillemens , ses crachemens
Aux endroits les plus beaux , les plus interes sans ;
Son ridicule étrange
De recevoir avidement
La plus insipide louange ,
d'applaudir toujours le banal compliment ;
Qu'on lui retourne incessament ;
Sa rage opiniatre ,
De crier presqu'à tout moment ,
Place aux Dames , place au Théatre;
Parlez plus haut ; l'habit noir , chapeau bas ♬
Paix , Monsieur l'Abbé , haut les bras ;
Annoncez ; bis , la Capriole,
Et pour tout dire , enfin , l'insupportable Rôle
Qu'il fair , dès qu'au Parterre il se trouve pressé ,
Ce qui révolte l'ame , et fait hausser l'épaule
A tout homme de gout , છેà. tout homme sensé,
Apollon.
Vous peignez là la multitude ,
Mere du tumulte et du bruit ,
Que n'arrête aucun frein , que l'exemple séduit
Qu'entraîne la coutume , ou l'aveugle habitude
Et non le vrai Public que la raison conduit ,
?
D'où part ce grand corps de lumiere ,
Qui me guide moi - même , et sans cesse m³é—
Claire Ce
MARS. 17320 333
Ce Public, en un mot , avec choix assemblé
Tel qu'on le voit paroître
Aux yeux d'un Théatre réglé.
Quand il écoute en Sage , et qu'il prononce es
Maître
Ses Arrêts qui le font si dignement connoître,
Et dont nul , avant vous , n'a jamais appellé.
Pour mettre le Lecteur en état de juger
du Dialoguede cette Piece , voici le commencement de la 6* Scene , entre la Critique et la Médisance.
Madame , je prens part , comme votre parenté
A votre fortune éclatante.
La Critique.
Pardon, j'ai de la peine à remettre vos traits
J'ai beau vous regarder de près.
La Médisance.
J'ai poutant avec vous assez de ressemblance
La Critique ne devroit pas
Méconnoître la Médisance.
Et de moi dans le monde on fait assez de cas ;
Pour m'avouer d'abord sans nulle repugnance.
La Critique.
Si je vous méconnois , il n'est pas surprenant;
Le chemin que je tiens , est different du vôtre ;
Fij La
$ 34 MERCURE DE FRANCE
La Raison et le Vrai , me guident constam
ment,
Et vous plaisés le plus souvent ,
Aux dépens de l'un et de l'autre , &c.
Les dernieres Scenes se passent entre la
Critique , le Vaudeville , la Contredanse ,
le Menuet , &c. et la Piéce finit par un
diverti
Boissi , représentée pour la premiere fois
par les Comédiens Italiens le 9. Fevrier
1732. A Paris, chez P. Prault , Quay de
Gesures, 1732. prix 24. sols.
Nous croyons que cette Piece sera luë
avec
26 MERCURE DE FRANCE
avec autant de plaisir qu'on en a vû les
Représentations. Elle est pleine d'esprit
et bien versifiée ; mais comme ce n'est
pas une Comédie réguliere , et que beau
coup de Scenes pourroient s'en détacher
aisément , sans nuire au progrès de l'action , nous n'en donnerons pas un Extrait
bien regulier , quoiqu'il y ait de quoi en
faire un fort long , si nous voulions y
faire entrer tout ce qui a été applaudi.
Cette Piece est precédée d'un Prologue
intitulé , L'Auteur Superstitieux. Dans la
Représentation , le sieur Romagnesi ,
sous le nom de Clitandre , entre très- bien
dans ce caractere. Il dit à son ami Damon
qui combat ses foiblesses superstitieuses.
L'Interêt , la gloire avec l'Amour ;
Ils m'occupent tous trois , et dans ce même jour,
Onjuge mon affaire , on doit jouer ma Piece ,
Et je suis sur le point d'épouser ma Maîtresse....
Tous mes sens sont émus d'une façon terrible.
Pour l'interêt , amis , je suis très -peu sensible.
Si je perds mon procès , comme je le crois fort ,
Je m'en consolerai sans faire un grand effort.
Pour l'Amour et la gloire il n'en est pas de même,
Tous deux mé font sentir leur ascendant suprême ,
Tous deux d'un feu pareil enflâment mon desir ,
Et sont enmême temps ma peine et mon plaisir.
Dans
7
MARS. 1732. 527
Dans mes sens agitez leur cruelle puissance ,
Fait succeder la peur sans cesse à l'esperance.
Plaire à l'objet que j'aime, et mevoir son époux
Offreà moncœur sensible un triomphe bien doux;
Mais la crainte de perdre un bien si plein de
charmes,
Y porte au même instant les plus vives allarmes.
Par un brillant Ouvrage assembler tout Paris ,
Réunir tous les goûts, charmer tous les esprits ,
Malgré tous les efforts que tente la Critique ,
Captiver par son Art l'attention publique ,
Forcer deux mille mains d'applaudir à la fois ,
Et s'entendre loüer d'une commune voix ,
Presente à mon esprit la plus haute victoire
D'un Guerrier qui triomphe on égale la gloire :
Mais si l'honneur est grand le revers est affreux;
DuParterre indigné , les cris tumultueux,
Sa fureur qui maudit et l'Auteur et l'Ouvrage ,
La tristesse et l'ennui peints sur chaque visage,
Tous les brocards malins qu'on vous donne en
1
:
sortant ,
Et votre nom en butte au mépris éclatant.
Le desert qui succede à la foule écartée ,
Accablent à leur tour mon ame épouventée ;
Je crains de deux côtez d'avoir un sort fâcheux ,
D'être Amant traversé comme Auteur malheu reux.
Il ajoûte en répondant à Damon.
Tout
28, MERCURE DE FRANCE
Tout ce que vous direz ne servira de rien ;
Et pour finir le cours d'un pareil entretien ,
Né superstitieux , je ne suis pas mon Maître ,
Je pense commevous qu'il est honteux de l'être.
Ma raison me le dit , mais elle perd ses soins ;
J'en sens le ridicule et ne le suis pas moins.
Contre les préjugez en vain on se rebelle ,
Lasuperstition à l'homme est naturelle ,
Et le hazard malin pour la fortifier >
Se plaît incessamment à la justifier.
Je l'ai trop éprouvé dans plus d'une occurrence
La raison ne tient pas contre l'experience;
Et votre cœur peut- être auroit le même effroi ,
Si vous étiez, Monsieur, sur le point comme moi,
D'attirer du Public la loüange ou le blâme ,
De perdre ou d'obtenir l'objet de votre flame.
La Scene du Prologue se passe chezClitandre.
Les Acteurs de la Piece , dont la Scene
est au Parnasse , sont Apollon , Thalie ,
la Critique.Un Auteur satyrique , le sieur
Dominique, Chrisante, homme singulier,
le sieur Romagnesi. La Médisance , la
Dlle Sylvia. Le Vaudeville , le sieur Thévenot. Coxesus, Arlequin.La Contredanse,
le Tambourin , le Menuet , &c.
Apollon et Thalie ouvrent la Scene ;
la Muse commence ainsi.
Seigneur,
MARS. 1732 5299
Seigneur , malgré la brigue et la clameur pu
blique , 1
Parmi les doctes Sœurs vous venez de placer
La juste et la saine Critique.
Elle vient s'établir dans l'Etat Poëtique,
Pour y maintenir l'ordre et pour le policer.
Je ne sçaurois, pour moi qui préside au Comique,
Et qui tiens de ses traits mon plus grand agré ment ,
Donner à votre choix trop d'applaudissement.
Quel bonheur de la voir gouverner le Parnasse
Elle qui par le vrai se regle uniquement ,
Et ne fait à personne injustice ni grace,
Apollon.
Dans le monde on a d'elle une autre opinion
Par un injuste effet de la prévention
De tout le Genre humain on la croit l'ennemie
On croit que sans égard et sans distinction ,
Elle condamne tout par une basse envie.
Pour détruire les faux Portraits ,
Qu'a fait d'elle en tous lieux la noire calomnie ,
Il faut aux yeux de tous qu'elle se justifie ,
Et dévoile an grand jour ses veritables traits.
Chacun viendra lui rendre hommage
Et la feliciter sur ses honneurs nouveaux ;
Elle doit faire voir que son goût toûjours sage,
Scait approuver le vrai , comme blâmer le faux;
Qu'elle
530 MERCURE DE FRANCE
Qu'elle reprend sans fiel , et que son badinage ,
Sans blesser la personne , attaque les deffauts ;
Elle ne prétend plus sur tout qu'on la confonde ,
Avec la Satyre , sa sœur ,
Qui sous son nom , s'affichant dans le
monde ,
Lui fair partager sa nóirceur ;
Elle sent trop qu'il est de son honneur,
De démasquer cette même Satyre ,
Qui dans sa maligne fureur
Ne reprend point par le désir d'instruire ,
Mais par le noir plaisir qu'elle prend à médire
Et de désavoüer tous ces Auteurs obscurs
Dont la plume anonyme,
Jusques sur la vertu , répand ses traits impurs
Et qu'inspire en secret , sa scœur illégitime.
t Je dois moi-même les punir ,
.Et pour jamais bannir
Cette engeance coupable ,
Pour la gloire de l'Art qu'elle rend méprisable,
Dans la troisiéme Scene , Chrisante
s'applaudit d'un ouvrage qu'il a entrepris ; c'est la Critique du Public. Ce Tableau présenté au Public lui - même ,
sous les traits les plus ressemblans , est un
morceau
MARS. 17320 535
morceau que nous n'avons pas cru devoir
ometre.
Apollon.
mais voudriez- vous bien Le projet est nouveau ,
Me détailler et m'apprendre
Ce que dans le Public vous trouvez à reprendre
Soit dans ses actions , ou dans son entretien ?
Chrisante.
Mille travers , mille bévuës ,
Son gout pour le Clinquant , dont il est le sou tien ,
Et pour la nouveauté qu'il porte jusqu'aux nuës,
Ou qu'il met au dessous du rien ;
Carjamais il ne garde un milieu raisonnable
Chez lui tout est divin , ou tout est misérable.
Sa fureur pour la mode et pour tout Charlatan 7
Tous les usages foux dont il est partisan ,
Toutes ses politesses fades ,
Ses visites , ses embrassades ,
Et ses saluts du premier jour de l'an,
Du Carnaval ses Mascarades ,
Du Mardy Gras son transport Calotin ,
Et son air sot le lendemain ;
Son exercice aux Thuileries',
Ses caracols , ses lorgneries ;
'Aux Spectacles , ses flots , ses vertiges frequens ,
Ses battemens de mains donnez à contre- temps :
£ Tous
32 MERCURE DE FRANCE
Toutes ses moucheries ,
Ses baillemens , ses crachemens
Aux endroits les plus beaux , les plus interes sans ;
Son ridicule étrange
De recevoir avidement
La plus insipide louange ,
d'applaudir toujours le banal compliment ;
Qu'on lui retourne incessament ;
Sa rage opiniatre ,
De crier presqu'à tout moment ,
Place aux Dames , place au Théatre;
Parlez plus haut ; l'habit noir , chapeau bas ♬
Paix , Monsieur l'Abbé , haut les bras ;
Annoncez ; bis , la Capriole,
Et pour tout dire , enfin , l'insupportable Rôle
Qu'il fair , dès qu'au Parterre il se trouve pressé ,
Ce qui révolte l'ame , et fait hausser l'épaule
A tout homme de gout , છેà. tout homme sensé,
Apollon.
Vous peignez là la multitude ,
Mere du tumulte et du bruit ,
Que n'arrête aucun frein , que l'exemple séduit
Qu'entraîne la coutume , ou l'aveugle habitude
Et non le vrai Public que la raison conduit ,
?
D'où part ce grand corps de lumiere ,
Qui me guide moi - même , et sans cesse m³é—
Claire Ce
MARS. 17320 333
Ce Public, en un mot , avec choix assemblé
Tel qu'on le voit paroître
Aux yeux d'un Théatre réglé.
Quand il écoute en Sage , et qu'il prononce es
Maître
Ses Arrêts qui le font si dignement connoître,
Et dont nul , avant vous , n'a jamais appellé.
Pour mettre le Lecteur en état de juger
du Dialoguede cette Piece , voici le commencement de la 6* Scene , entre la Critique et la Médisance.
Madame , je prens part , comme votre parenté
A votre fortune éclatante.
La Critique.
Pardon, j'ai de la peine à remettre vos traits
J'ai beau vous regarder de près.
La Médisance.
J'ai poutant avec vous assez de ressemblance
La Critique ne devroit pas
Méconnoître la Médisance.
Et de moi dans le monde on fait assez de cas ;
Pour m'avouer d'abord sans nulle repugnance.
La Critique.
Si je vous méconnois , il n'est pas surprenant;
Le chemin que je tiens , est different du vôtre ;
Fij La
$ 34 MERCURE DE FRANCE
La Raison et le Vrai , me guident constam
ment,
Et vous plaisés le plus souvent ,
Aux dépens de l'un et de l'autre , &c.
Les dernieres Scenes se passent entre la
Critique , le Vaudeville , la Contredanse ,
le Menuet , &c. et la Piéce finit par un
diverti
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Résumé : La Critique, Comédie, &c. [titre d'après la table]
La pièce 'La Critique' de M. de Boissi a été représentée pour la première fois par les Comédiens Italiens le 9 février 1732 à Paris. Cette comédie est décrite comme pleine d'esprit et bien versifiée, mais elle ne suit pas une structure régulière. Le texte mentionne un prologue intitulé 'L'Auteur Superstitieux', dans lequel le personnage Clitandre, interprété par le sieur Romagnesi, exprime ses angoisses avant la représentation de sa pièce et son mariage imminent. Il parle de ses craintes concernant le jugement du public, l'amour et la gloire. La scène principale se déroule au Parnasse et met en scène plusieurs personnages, dont Apollon, Thalie, la Critique, et divers autres acteurs. Apollon et Thalie discutent de l'importance de la Critique, qui doit maintenir l'ordre et la justice dans le domaine poétique. La Critique se défend contre les préjugés qui la présentent comme une ennemie, affirmant qu'elle juge avec sagesse et sans partialité. Chrisante critique le public pour ses travers et ses comportements ridicules, comme son goût pour la mode, ses politesses excessives, et ses réactions exagérées lors des spectacles. Apollon distingue ce public superficiel du véritable public guidé par la raison. La pièce se termine par une interaction entre la Critique et la Médisance, où la Critique affirme qu'elle est guidée par la raison et la vérité, contrairement à la Médisance. Les dernières scènes impliquent la Critique, le Vaudeville, la Contredanse, et le Menuet.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 534
« LE GLORIEUX, Comédie en Vers, en 3 Actes. Par M. [...] »
Début :
LE GLORIEUX, Comédie en Vers, en 3 Actes. Par M. [...]
Mots clefs :
Le Glorieux, Traité de l'air, Varsovie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « LE GLORIEUX, Comédie en Vers, en 3 Actes. Par M. [...] »
LE GLORIEUX , Comédie en Vers , en
Actes. Par M. Nericault Destouches >
de l'Académie Françoise , paroît imprimée, chez François le Breton , au bout du
Pont-Neuf, Quay de Conti. 1732. in 12
prix 25 sols,
TRAITE' de l'Air,des Eaux, et des Habitans de Warsovie , de leurs Mœurs et
deleurs Maladies , avec le Catalogue des
Plantes qui naissent aux environs. Par
Christian- Henry Erndtel,, Docteur en
Philosophie et en Médecine , Premier
Medecin du Roy de Pologne , Electeur
de Saxe , de l'Académie Germanique des
Curieux de la Nature ; vol. in 4º. imprimé à Dresde. L'Ouvrage est en Latin, squs
le titre : Warsovia physicè illustrata , &2 c.
Actes. Par M. Nericault Destouches >
de l'Académie Françoise , paroît imprimée, chez François le Breton , au bout du
Pont-Neuf, Quay de Conti. 1732. in 12
prix 25 sols,
TRAITE' de l'Air,des Eaux, et des Habitans de Warsovie , de leurs Mœurs et
deleurs Maladies , avec le Catalogue des
Plantes qui naissent aux environs. Par
Christian- Henry Erndtel,, Docteur en
Philosophie et en Médecine , Premier
Medecin du Roy de Pologne , Electeur
de Saxe , de l'Académie Germanique des
Curieux de la Nature ; vol. in 4º. imprimé à Dresde. L'Ouvrage est en Latin, squs
le titre : Warsovia physicè illustrata , &2 c.
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Résumé : « LE GLORIEUX, Comédie en Vers, en 3 Actes. Par M. [...] »
Le texte mentionne deux ouvrages : 'Le Glorieux', une comédie en vers de M. Nericault Destouches, publiée en 1732 et disponible chez François le Breton pour 25 sols. Le second est 'Warsovia physice illustrata', un traité en latin de Christian-Henry Erndtel, Docteur en Philosophie et Médecine, Premier Médecin du Roi de Pologne et Électeur de Saxe, imprimé à Dresde.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 535-540
Refléxions diverses, [titre d'après la table]
Début :
CINQUIÈME feüille des Réfléxions diverses: Nous sommes la cause de [...]
Mots clefs :
Réflexions diverses, Défauts, Loi de l'honneur, Calomnie, Femmes, Générosité
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Refléxions diverses, [titre d'après la table]
CINQUIEME feüille des Réfléxions
diverses : Nous sommes la cause de la plupart des deffauts du sexe.
Cet Ouvrage est gouté de plus en plus,
et se fait lire avec plaisir.
Pour ce qui regarde la probité, dit l'Au
teur , pag.70. notre foiblesse est puissamment soutenue par les Loix de l'honneur,
qui sont très-séveres pour nous. Unhom
me qui médit , qui calomnie , ou qui
trompe , se perd absolument dans le mon
de ; il ne peut le faire si adroitement
qu'il ne soit décrié sans retour. Obligé
même quelquefois à payer de sa person
ne , il en devient plus circonspect à s'é
carter. Il n'en est pas ainsi des femmes
nous avons attaché leur honneur à des
circonstances fort singulieres , qui sont
toutes differentes ; elles pensent avoir
tout fait quand elles se gardent de ce côté
là , ou qu'elles sauvent les apparences , ce
qui leur est assez facile dans des conjonc
ture , où elles n'ont que faire d'un tiers ;
du reste elles peuvent tromper, calom
nier , mentir impunément. On rejette
tout sur leur foiblesse; c'est un sexe délicat
qui est aussi excusable de ne pas suivre les
devoirs d'une exacte probité , que de ne pou
voir agir avec force , on porter
fardeaux.
de pesan's
Fiij L'ex
$36 MERCURE DE FRANCE
L'experience nous apprend queles femmes peuvent non-seulement supporter la
fatigue et le travail , mais qu'elles sont
capables , aussi-bien que nous , de courage , de fermeté , de force d'esprit et de
valeur. Combien d'Héroïnes n'a - t-on
pas vû dans tous les siecles ? combien de
Princesses qui ont gouverné avec sagesse
et avec prudence ? nous voyons tous les
jours des femmes parmi nous qui se tirent d'elles-mêmes de l'état de non- chalance et de molesse , où notre prévention
les place , et qui y réussissent aussi - bien
et quelquefois mieux que les hommes
dans les choses qu'elles entreprennent ,
&c.
>
Ala page 74 , J'ai connu dans les Païs
- Etrangers une Dame de distinction
d'un esprit et d'un caractere fort doux
qui vivoit tranquillement en Province
avec un mari qu'elle aimoit beaucoup ;
elle eut le malheur de plaire à un homme de cette espece , qui n'oublia rien
pour la séduire et la brouiller avec son mari , sans en pouvoir venir à bout. A la fin
il s'avisa d'inspirer de la jalousie au mari
et de lui faire donner des avis secrets , qui
mirent la division dans le ménage.Il conduisit les choses de maniere que la femme
fut maltraitée. Il lui offrit ses services. Elle
s'en-
MARS. 1732. SST
s'enfuit avec lui , et se porta ensuite contre son mari à des extrémités que je ne
rapporte pas ,
&c.
La sixième REFLEXIONest la Générosité.
La véritable Générosité , dit l'Auteur ,
Ignore les vains détours; elle ne prévient
que par le zele et ne s'annonce que par
les bienfaits ; on nepeut imaginer de plaisit plus délicat que celui d'un homme généreux , qui découvre une occasion de
faire du bien; il la saisit avec le même
empressement qu'un avare rechercheroit
un trésor ; rien ne lui coute , lorsqu'il s'agit d'obliger ; soins , peines , richesses , il
employe tout pour tirer un ami d'embar
ras , &c.
Il n'appartient pas à un esprit médiocre d'être véritablement généreux ; il në
connoît pas assez le prix des belles ac
tions , pour en faire son unique objet i
quelques bonnes que puissent être ses intentions , il entre toujours quelque chose
de vulgaire dans le systême de sa condui
te ; son jugement n'est jamais assez déterminé sur le choix des différentes démarches qu'il doit faire , et souvent il se laisse entraîner au faux éclat , qui ébloüit le
commun des hommes. Delà vient que certaines gens font toujours entrer quelques
circonstances désagréables dans les serviF iiij ces
538 MERCURE DE FRANCE
ces qu'ils rendent; ils ne vont jamais jusqu'aubout de bonne grace, ils y mêlent ordinairement quelques reproches ou quelques réfléxions , qui marquent de l'inquiétude ou de la répugnance , ils ne sça- vent ce que c'est que de prévenir , ils se
font presser et prier , ou bien ils veulent
assujettir ceux qu'ils obligent , et prennent de ces airs d'empire qui caractérisent les petites gens dans la prosperité .
C'est ainsi que les gens médiocres ne
fontjamais rien qui se soutienne ; si ces
obstacles ne les arrêtent, ils donnent dans
d'autres travers , qui ne sont pas moins
blâmables , ce seront quelquefois des fantaisies de vouloir servir tout le monde,
Ils s'interessent pour le premier venu sans
choix et sans réfléxion, ou répandent leur
hien mal à propos , leurs libéralitez n'ont
pour objet que des bouffons , des courtisanes ou des flateurs ; ce n'est pas là être
généreux , c'est être foible ; dupe ou dérangé.
Si l'on aime mieux les services que la
maniere dont ils sont accordez , on n'a
qu'à mettre ces sortes de gens dans le cas
d'en rendre qui puissent briller et faire de l'éclat dans le monde ; on ne sera pas refusé ; mais s'il s'agit d'obliger dans le silence, leur dureté se fait sentir et dévoile.
leur
MARS. 1732.
leur caractere. Comme ils croyent leur
réputation suffisamment établie par le
bruit qu'ils ont eu soin de faire , ils ne
s'embarassent pas du jugement d'un par
ticulier , qui ne peut balancer la voixpu
blique qu'ils pensent avoir pour eux,
Il y a des gens rusez qui sçavent mettre
à profit tous les services qu'ils rendent ;
on peut compter sur leurs offices , pourvû qu'on ait du crédit et de la protec
tion , des esperances de fortune , un nom
ou une réputation qui puisse relever la
leur ; mais ils ne sçavent ce que c'est que
de s'empresser pour des personnes inutiles à leurs interêts.
D'autres encore plus déraisonnables
sont à craindre par les services qu'ils
n'ont pas rendus ; si on ne veut les avoir
pour ennemis , il faut ignorer leur conduite , quelque peu obligeante qu'elle ait
été ; dès que vous les démêlez , ik met
tent tout en usage pour la justifier, mensonges , médisances , calomnies ; ils n'ou
blient rien pour couvrir leurs procedez ,
qu'ils voudroient se cacher à eux-mêmes.
Ce n'est pas toûjours l'avarice ou l'intérêt qui empêchent les hommes d'être
généreux. Il y a des naturels insensiblesqui verroient périr tous leurs concitoyens
sans se donner le moindre mouvement
Ev pour
540 MERCURE DE FRANCE
pour les secourir; d'autres ne connoissent
personne lorsqu'il s'agit de troubler leur
repos , ou d'interrompre leurs plaisirs ; ils
rapportent tout à eux- mêmes; les interêts les plus pressans d'un ami , ne les détourneront pas d'un Spectacle, d'une promenade ou d'un, amusement frivole ; les
besoins les plus touchans des personnes
qu'ils connoissent ne balanceront pas
f'envie qu'ils ont d'augmenter un Equipagé, d'acquerir un Meuble, ou un Bijou.
Pour voir ces sortes de caracteres sortir
de leur indolence , il faut qu'ils soient à
leur tour dans quelques besoins pressans,
alors ils sont actifs et animez , on ne les
reconnoît plus.
diverses : Nous sommes la cause de la plupart des deffauts du sexe.
Cet Ouvrage est gouté de plus en plus,
et se fait lire avec plaisir.
Pour ce qui regarde la probité, dit l'Au
teur , pag.70. notre foiblesse est puissamment soutenue par les Loix de l'honneur,
qui sont très-séveres pour nous. Unhom
me qui médit , qui calomnie , ou qui
trompe , se perd absolument dans le mon
de ; il ne peut le faire si adroitement
qu'il ne soit décrié sans retour. Obligé
même quelquefois à payer de sa person
ne , il en devient plus circonspect à s'é
carter. Il n'en est pas ainsi des femmes
nous avons attaché leur honneur à des
circonstances fort singulieres , qui sont
toutes differentes ; elles pensent avoir
tout fait quand elles se gardent de ce côté
là , ou qu'elles sauvent les apparences , ce
qui leur est assez facile dans des conjonc
ture , où elles n'ont que faire d'un tiers ;
du reste elles peuvent tromper, calom
nier , mentir impunément. On rejette
tout sur leur foiblesse; c'est un sexe délicat
qui est aussi excusable de ne pas suivre les
devoirs d'une exacte probité , que de ne pou
voir agir avec force , on porter
fardeaux.
de pesan's
Fiij L'ex
$36 MERCURE DE FRANCE
L'experience nous apprend queles femmes peuvent non-seulement supporter la
fatigue et le travail , mais qu'elles sont
capables , aussi-bien que nous , de courage , de fermeté , de force d'esprit et de
valeur. Combien d'Héroïnes n'a - t-on
pas vû dans tous les siecles ? combien de
Princesses qui ont gouverné avec sagesse
et avec prudence ? nous voyons tous les
jours des femmes parmi nous qui se tirent d'elles-mêmes de l'état de non- chalance et de molesse , où notre prévention
les place , et qui y réussissent aussi - bien
et quelquefois mieux que les hommes
dans les choses qu'elles entreprennent ,
&c.
>
Ala page 74 , J'ai connu dans les Païs
- Etrangers une Dame de distinction
d'un esprit et d'un caractere fort doux
qui vivoit tranquillement en Province
avec un mari qu'elle aimoit beaucoup ;
elle eut le malheur de plaire à un homme de cette espece , qui n'oublia rien
pour la séduire et la brouiller avec son mari , sans en pouvoir venir à bout. A la fin
il s'avisa d'inspirer de la jalousie au mari
et de lui faire donner des avis secrets , qui
mirent la division dans le ménage.Il conduisit les choses de maniere que la femme
fut maltraitée. Il lui offrit ses services. Elle
s'en-
MARS. 1732. SST
s'enfuit avec lui , et se porta ensuite contre son mari à des extrémités que je ne
rapporte pas ,
&c.
La sixième REFLEXIONest la Générosité.
La véritable Générosité , dit l'Auteur ,
Ignore les vains détours; elle ne prévient
que par le zele et ne s'annonce que par
les bienfaits ; on nepeut imaginer de plaisit plus délicat que celui d'un homme généreux , qui découvre une occasion de
faire du bien; il la saisit avec le même
empressement qu'un avare rechercheroit
un trésor ; rien ne lui coute , lorsqu'il s'agit d'obliger ; soins , peines , richesses , il
employe tout pour tirer un ami d'embar
ras , &c.
Il n'appartient pas à un esprit médiocre d'être véritablement généreux ; il në
connoît pas assez le prix des belles ac
tions , pour en faire son unique objet i
quelques bonnes que puissent être ses intentions , il entre toujours quelque chose
de vulgaire dans le systême de sa condui
te ; son jugement n'est jamais assez déterminé sur le choix des différentes démarches qu'il doit faire , et souvent il se laisse entraîner au faux éclat , qui ébloüit le
commun des hommes. Delà vient que certaines gens font toujours entrer quelques
circonstances désagréables dans les serviF iiij ces
538 MERCURE DE FRANCE
ces qu'ils rendent; ils ne vont jamais jusqu'aubout de bonne grace, ils y mêlent ordinairement quelques reproches ou quelques réfléxions , qui marquent de l'inquiétude ou de la répugnance , ils ne sça- vent ce que c'est que de prévenir , ils se
font presser et prier , ou bien ils veulent
assujettir ceux qu'ils obligent , et prennent de ces airs d'empire qui caractérisent les petites gens dans la prosperité .
C'est ainsi que les gens médiocres ne
fontjamais rien qui se soutienne ; si ces
obstacles ne les arrêtent, ils donnent dans
d'autres travers , qui ne sont pas moins
blâmables , ce seront quelquefois des fantaisies de vouloir servir tout le monde,
Ils s'interessent pour le premier venu sans
choix et sans réfléxion, ou répandent leur
hien mal à propos , leurs libéralitez n'ont
pour objet que des bouffons , des courtisanes ou des flateurs ; ce n'est pas là être
généreux , c'est être foible ; dupe ou dérangé.
Si l'on aime mieux les services que la
maniere dont ils sont accordez , on n'a
qu'à mettre ces sortes de gens dans le cas
d'en rendre qui puissent briller et faire de l'éclat dans le monde ; on ne sera pas refusé ; mais s'il s'agit d'obliger dans le silence, leur dureté se fait sentir et dévoile.
leur
MARS. 1732.
leur caractere. Comme ils croyent leur
réputation suffisamment établie par le
bruit qu'ils ont eu soin de faire , ils ne
s'embarassent pas du jugement d'un par
ticulier , qui ne peut balancer la voixpu
blique qu'ils pensent avoir pour eux,
Il y a des gens rusez qui sçavent mettre
à profit tous les services qu'ils rendent ;
on peut compter sur leurs offices , pourvû qu'on ait du crédit et de la protec
tion , des esperances de fortune , un nom
ou une réputation qui puisse relever la
leur ; mais ils ne sçavent ce que c'est que
de s'empresser pour des personnes inutiles à leurs interêts.
D'autres encore plus déraisonnables
sont à craindre par les services qu'ils
n'ont pas rendus ; si on ne veut les avoir
pour ennemis , il faut ignorer leur conduite , quelque peu obligeante qu'elle ait
été ; dès que vous les démêlez , ik met
tent tout en usage pour la justifier, mensonges , médisances , calomnies ; ils n'ou
blient rien pour couvrir leurs procedez ,
qu'ils voudroient se cacher à eux-mêmes.
Ce n'est pas toûjours l'avarice ou l'intérêt qui empêchent les hommes d'être
généreux. Il y a des naturels insensiblesqui verroient périr tous leurs concitoyens
sans se donner le moindre mouvement
Ev pour
540 MERCURE DE FRANCE
pour les secourir; d'autres ne connoissent
personne lorsqu'il s'agit de troubler leur
repos , ou d'interrompre leurs plaisirs ; ils
rapportent tout à eux- mêmes; les interêts les plus pressans d'un ami , ne les détourneront pas d'un Spectacle, d'une promenade ou d'un, amusement frivole ; les
besoins les plus touchans des personnes
qu'ils connoissent ne balanceront pas
f'envie qu'ils ont d'augmenter un Equipagé, d'acquerir un Meuble, ou un Bijou.
Pour voir ces sortes de caracteres sortir
de leur indolence , il faut qu'ils soient à
leur tour dans quelques besoins pressans,
alors ils sont actifs et animez , on ne les
reconnoît plus.
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Résumé : Refléxions diverses, [titre d'après la table]
Le texte extrait des 'Réflexions diverses' aborde principalement les défauts attribués au sexe féminin et la véritable générosité. L'auteur observe que les lois de l'honneur imposent aux hommes une rigueur qui les dissuade de médire, calomnier ou tromper, sous peine de perdre leur réputation. En revanche, les femmes sont jugées selon des critères plus indulgents, leur permettant de tromper, calomnier ou mentir sans conséquence majeure, leur faiblesse étant souvent excusée. L'auteur conteste les préjugés en soulignant que les femmes sont capables de courage, de fermeté et de valeur. De nombreuses héroïnes et princesses ont gouverné avec sagesse, et des femmes modernes réussissent aussi bien que les hommes dans leurs entreprises. Le texte raconte également l'histoire d'une dame distinguée séduite par un homme malintentionné, menant à une rupture conjugale et à des extrémités regrettables. La sixième réflexion traite de la générosité. La véritable générosité se manifeste par des bienfaits sans détours. Les esprits médiocres ne parviennent pas à être véritablement généreux, mêlant souvent des reproches ou des réflexions négatives à leurs services. Ils peuvent être intéressés, faibles ou déraisonnables, craignant ceux à qui ils n'ont pas rendu service. Certaines personnes utilisent les services rendus pour leur propre profit, tandis que d'autres, insensibles ou égoïstes, ne secourent les autres que lorsqu'elles sont elles-mêmes dans le besoin.
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6
p. 540-542
« JOURNAL LITTERAIRE, année 1730, Tome 16. premiere et seconde Partie. [...] »
Début :
JOURNAL LITTERAIRE, année 1730, Tome 16. premiere et seconde Partie. [...]
Mots clefs :
Journal littéraire, Promenade, Eaux minérales, Livre de Job, Recueil, L'état des morts et des ressuscitants, Nouvelles littéraires
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « JOURNAL LITTERAIRE, année 1730, Tome 16. premiere et seconde Partie. [...] »
JOURNAL LITTERAIRE , année 1730 ,
Tome 16. premiere et seconde Partie. A
la Haye, che Gosse et Neaulme , in 12 .
嘿
Ce Journal , dont il nous est tombé
quelques Volumes entre les mains , se.
soûtient toujours avec la même réputa
tion. Nous donnerons une légere idée de
leur contenu , à mesure qu'il en paroîtra,.
sur tout , pour les titres des ouvrages qui
ne sont guére connus en France.
PROMENADES d'Ariste et de Sophie , ou
Instructions galantes et sérieuses pour
une
MARS. 1732. 341
unejeune Demoiselle qui veut entrer dans
le monde. Par M. L. A Amsterd. chezH.
du Sauzet. 1730. 318 pages in 12.
LA CONNOISSANCE des Eaux Minérales
d'Aix-la- Chapelle , de Chaud-Fontaine et
de Spa , par leurs véritables principes
envoyée à un ami. Par W. Chronet , Docteur en Médecine , seconde édition. A
Liége , chez François- Alexandre Barchon,
an Pui en Gerardrie. 1729. in 8. 96 pag.
LE LIVRE DE JOB , traduit en François,
sur l'Original Hebreu , avec des Notes
Litterales pour éclaircir le Texte. Par
Théodore Crinsoz. A Roterdam , chez
Abraham Acher. 1729. in 4. de 148 pag.
sans l'Avertissement et la Préface.
RECUEIL DE LITTERATURE de Philosophie et d'Histoire. A Amsterd. chez F.
Honnoré. 1730, in 12. de 167 pages , sans
la Table.
TRAITE DE L'ETAT DES MORTS et des
Ressuscitans. Par Th. Burnet , Docteur et
Professeur en Théologie , et Maître de la
Chartreuse de Londres; traduit du Latin.
Par M. Jean Bion , Ministre de l'Eglise
F vj An
542 MERCURE DE FRANCE
Anglicane. A Roterdam , chez Jean Hof
bout, 1731. in 12. de 285 pages.
Les Nouvelles Litteraires de ce xvi* vol.
nous apprennent ( Art. de Vienne ) , que
les Antiquaires de l'Empereur promettent de donner incessamment une Edition
exacte du fameux Cabinet des Médailles
des Chartreux de Rome, acquis par S.M.I.
Les Planches excelleront pour la gravûre
et seront bien au dessus de celles que les
Chartreux avoient déja données dans lesquelles il y avoit des fautes si visibles, que
les moindres connoisseurs , sans voir les
Médailles , pouvoient s'en appercevoir.
L'explication des Figures , dont on a
orné une Edition des œuvres de M. de
Fontenel , faite à la Haye , occupe une
place considérable dans ces Nouvelles , er
mérite l'attention des Lecteurs intelligens.
On imprime à la Rochefoucault, en in 80 , chez
la veuve Débrouée ; Un Traité de l'humilité, aveg
an autre , de la Soumission respectueuse que les
Domestiques doivent avoir pour leurs Maitres , et
du Retour de tendresse des Maîtres à l'égard de
leurs Domestiques. Par M. Roubauld , Abbé de
S. Léonard , près la Ro
Tome 16. premiere et seconde Partie. A
la Haye, che Gosse et Neaulme , in 12 .
嘿
Ce Journal , dont il nous est tombé
quelques Volumes entre les mains , se.
soûtient toujours avec la même réputa
tion. Nous donnerons une légere idée de
leur contenu , à mesure qu'il en paroîtra,.
sur tout , pour les titres des ouvrages qui
ne sont guére connus en France.
PROMENADES d'Ariste et de Sophie , ou
Instructions galantes et sérieuses pour
une
MARS. 1732. 341
unejeune Demoiselle qui veut entrer dans
le monde. Par M. L. A Amsterd. chezH.
du Sauzet. 1730. 318 pages in 12.
LA CONNOISSANCE des Eaux Minérales
d'Aix-la- Chapelle , de Chaud-Fontaine et
de Spa , par leurs véritables principes
envoyée à un ami. Par W. Chronet , Docteur en Médecine , seconde édition. A
Liége , chez François- Alexandre Barchon,
an Pui en Gerardrie. 1729. in 8. 96 pag.
LE LIVRE DE JOB , traduit en François,
sur l'Original Hebreu , avec des Notes
Litterales pour éclaircir le Texte. Par
Théodore Crinsoz. A Roterdam , chez
Abraham Acher. 1729. in 4. de 148 pag.
sans l'Avertissement et la Préface.
RECUEIL DE LITTERATURE de Philosophie et d'Histoire. A Amsterd. chez F.
Honnoré. 1730, in 12. de 167 pages , sans
la Table.
TRAITE DE L'ETAT DES MORTS et des
Ressuscitans. Par Th. Burnet , Docteur et
Professeur en Théologie , et Maître de la
Chartreuse de Londres; traduit du Latin.
Par M. Jean Bion , Ministre de l'Eglise
F vj An
542 MERCURE DE FRANCE
Anglicane. A Roterdam , chez Jean Hof
bout, 1731. in 12. de 285 pages.
Les Nouvelles Litteraires de ce xvi* vol.
nous apprennent ( Art. de Vienne ) , que
les Antiquaires de l'Empereur promettent de donner incessamment une Edition
exacte du fameux Cabinet des Médailles
des Chartreux de Rome, acquis par S.M.I.
Les Planches excelleront pour la gravûre
et seront bien au dessus de celles que les
Chartreux avoient déja données dans lesquelles il y avoit des fautes si visibles, que
les moindres connoisseurs , sans voir les
Médailles , pouvoient s'en appercevoir.
L'explication des Figures , dont on a
orné une Edition des œuvres de M. de
Fontenel , faite à la Haye , occupe une
place considérable dans ces Nouvelles , er
mérite l'attention des Lecteurs intelligens.
On imprime à la Rochefoucault, en in 80 , chez
la veuve Débrouée ; Un Traité de l'humilité, aveg
an autre , de la Soumission respectueuse que les
Domestiques doivent avoir pour leurs Maitres , et
du Retour de tendresse des Maîtres à l'égard de
leurs Domestiques. Par M. Roubauld , Abbé de
S. Léonard , près la Ro
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Résumé : « JOURNAL LITTERAIRE, année 1730, Tome 16. premiere et seconde Partie. [...] »
Le 'Journal Littéraire' de 1730, Tome 16, publié à La Haye par Gosse et Neaulme, présente divers ouvrages récents. Parmi eux, 'Promenades d'Ariste et de Sophie', un guide pour jeunes demoiselles, publié à Amsterdam en 1730. 'La Connaissance des Eaux Minérales' de W. Chronet, une seconde édition sur les eaux thermales, est publiée à Liège en 1729. 'Le Livre de Job' traduit en français par Théodore Crinsoz est publié à Rotterdam en 1729. Un 'Recueil de Littérature de Philosophie et d'Histoire' est publié à Amsterdam en 1730. 'Traité de l'État des Morts et des Ressuscitans' de Th. Burnet, traduit par Jean Bion, est publié à Rotterdam en 1731. Les nouvelles littéraires annoncent une future édition du 'Cabinet des Médailles des Chartreux de Rome' et une explication des figures dans une édition des œuvres de Fontenelle. Enfin, un traité sur l'humilité et la soumission respectueuse des domestiques par l'Abbé Roubauld est en cours d'impression à La Rochefoucault.
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7
p. 542-643
Société de Medecine, [titre d'après la table]
Début :
Les Amateurs de la Médecine, de la Phisique, de l'Histoire [...]
Mots clefs :
Société de médecine, Nouvelles littéraires, Correspondance
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Société de Medecine, [titre d'après la table]
Les Amateurs de la Médecine, de la Phisique,
de
MARS, 1732. 543 de l'Histoire Naturelle , et de tout ce qui peut y
avoir quelque rapport , seront bien- aises d'ap
prendre qu'il s'est formé à Nuremberg une Société des plus habiles Médecins , qui par leurs
correspondances , qu'ils tâchent d'augmenter de
jour en jour , par toute l'Europe , s'occupent à
publier toutes les semaines une Feuille en latin ,
remplie des meilleures et des plus nouvelles Observations , Problêmes , Extraits , &c. à ce qui est relatif à ces Sciences. Ils y ajoutent de temps
en temps des Nouvelles Litteraires les plus inté
ressantes , pour ne rien négliger de ce qui pour-,
roit contribuer à établir une correspondance:
universelle , et par là à perfectionner de plus en
plus la connoissance de la Nature et de l'Art salutaire. On en voit un Volume entier , pour l'année 1731. qui contient so Feuilles, avec l'Extrait.
des articles , et un Indice des matieres. On a inseré au commencement de ce Tome , les deux
Consultations , publiées il y a plus d'un an , qui
donnent une idée parfaite du louable dessein des Membres de cette Société , tant pour
d'y pouvoir Souscrire , que pour ce qui regarde
l'Ouvrage méme. On trouve quelque Exemplaires de ce Volume , chez M. E. Neaulme ,
Utrecht , chez qui l'on peut faire tenir les Lettres
et autres Piéces sçavantes pour la Société de Nu-
, remberg.
de
MARS, 1732. 543 de l'Histoire Naturelle , et de tout ce qui peut y
avoir quelque rapport , seront bien- aises d'ap
prendre qu'il s'est formé à Nuremberg une Société des plus habiles Médecins , qui par leurs
correspondances , qu'ils tâchent d'augmenter de
jour en jour , par toute l'Europe , s'occupent à
publier toutes les semaines une Feuille en latin ,
remplie des meilleures et des plus nouvelles Observations , Problêmes , Extraits , &c. à ce qui est relatif à ces Sciences. Ils y ajoutent de temps
en temps des Nouvelles Litteraires les plus inté
ressantes , pour ne rien négliger de ce qui pour-,
roit contribuer à établir une correspondance:
universelle , et par là à perfectionner de plus en
plus la connoissance de la Nature et de l'Art salutaire. On en voit un Volume entier , pour l'année 1731. qui contient so Feuilles, avec l'Extrait.
des articles , et un Indice des matieres. On a inseré au commencement de ce Tome , les deux
Consultations , publiées il y a plus d'un an , qui
donnent une idée parfaite du louable dessein des Membres de cette Société , tant pour
d'y pouvoir Souscrire , que pour ce qui regarde
l'Ouvrage méme. On trouve quelque Exemplaires de ce Volume , chez M. E. Neaulme ,
Utrecht , chez qui l'on peut faire tenir les Lettres
et autres Piéces sçavantes pour la Société de Nu-
, remberg.
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Résumé : Société de Medecine, [titre d'après la table]
En mars 1732, une Société des Médecins a été fondée à Nuremberg. Composée d'experts en médecine et en sciences naturelles, cette société entretient une correspondance à travers l'Europe pour échanger des observations, des problèmes et des extraits relatifs à ces domaines. Elle publie chaque semaine une feuille en latin contenant des informations scientifiques et littéraires. Pour l'année 1731, un volume entier de ces publications est disponible, incluant un extrait des articles et un index des matières. Le volume commence par deux consultations publiées plus d'un an auparavant, qui expliquent les objectifs et les modalités de souscription à la société. Des exemplaires de ce volume sont disponibles chez M. E. Neaulme à Utrecht, qui sert également de point de contact pour les correspondances scientifiques destinées à la Société de Nuremberg.
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8
p. 543-544
QUESTIONS qu'on nous prie de proposer.
Début :
I. Sçavoir si les anciens Grecs et Romains, &c. connoissoient [...]
Mots clefs :
Questions
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : QUESTIONS qu'on nous prie de proposer.
QUESTIONS qu'on nous prie
de proposer.
1. Sçavoir si les anciens Grecs et Romains, &c.
connoissoient ce qu'on appelle aujourd'hui la
Maîtrise dans le Commerce , dans les Arts et les
Métiers, ou s'il étoit permis à toute personne,
Libre d'exercer la profession qui-lui convenoit le
mieux
$44 MERCURE DE FRANCE
mieux ; sçavoir, de plus , si cet usage des Maî
trises dans les differentes professions , étoit connu
sous nos Rois de la premiere et de la seconde
Race; et quelles sont à present les Nations policées , qui ont ou qui n'ont pas ce même usage.
II. Sçavoir si l'usage des commoditez publiques dans les grandes Villes a été connu anciennement et s'il l'est aujourd'hui dans quelque
Ville bien policée , &c.
2
›
III. Sçavoir si le nombre des peuples augmen
te ou diminue dans les differens siécles ; si par
exemple en France il se trouve à present plus
ou s'il se trouve moins de monde qu'il n'y en
avoit il y a 200 ans, il y a 500 ans , il y
a mille :
ans , &c.
IV. En quelques Eglises Paroissiales de France , on a fait mettre des Bancs , pour que tout le -
monde y soit assis commodément. Ces Bancs
qui sont pour l'ordinaire fort simples , solides et
immobiles , ont un Dossier , avec un Marche- pied, pour se mettre à genoux ; ils occupent pres-'
que toute la Nef, à la réserve d'un espace qu'on à laissé au milieu et dans les côtez , pour le passage. On demande si l'on peut imiter cette prati
que , si elle est ancienne , et en general , ce qu'il
en faut penser?
DEUX
de proposer.
1. Sçavoir si les anciens Grecs et Romains, &c.
connoissoient ce qu'on appelle aujourd'hui la
Maîtrise dans le Commerce , dans les Arts et les
Métiers, ou s'il étoit permis à toute personne,
Libre d'exercer la profession qui-lui convenoit le
mieux
$44 MERCURE DE FRANCE
mieux ; sçavoir, de plus , si cet usage des Maî
trises dans les differentes professions , étoit connu
sous nos Rois de la premiere et de la seconde
Race; et quelles sont à present les Nations policées , qui ont ou qui n'ont pas ce même usage.
II. Sçavoir si l'usage des commoditez publiques dans les grandes Villes a été connu anciennement et s'il l'est aujourd'hui dans quelque
Ville bien policée , &c.
2
›
III. Sçavoir si le nombre des peuples augmen
te ou diminue dans les differens siécles ; si par
exemple en France il se trouve à present plus
ou s'il se trouve moins de monde qu'il n'y en
avoit il y a 200 ans, il y a 500 ans , il y
a mille :
ans , &c.
IV. En quelques Eglises Paroissiales de France , on a fait mettre des Bancs , pour que tout le -
monde y soit assis commodément. Ces Bancs
qui sont pour l'ordinaire fort simples , solides et
immobiles , ont un Dossier , avec un Marche- pied, pour se mettre à genoux ; ils occupent pres-'
que toute la Nef, à la réserve d'un espace qu'on à laissé au milieu et dans les côtez , pour le passage. On demande si l'on peut imiter cette prati
que , si elle est ancienne , et en general , ce qu'il
en faut penser?
DEUX
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Résumé : QUESTIONS qu'on nous prie de proposer.
Le texte aborde plusieurs questions historiques et pratiques. La première interroge sur la connaissance et l'usage des maîtrises dans les professions chez les anciens Grecs et Romains, ainsi que leur existence sous les rois de la première et de la seconde race en France. Elle s'intéresse également à l'adoption de ce système par les nations modernes. La deuxième question examine l'usage des commodités publiques dans les grandes villes, tant dans l'Antiquité que de nos jours. La troisième question explore l'évolution de la population en France au fil des siècles. Enfin, la quatrième question concerne l'installation de bancs dans les églises paroissiales françaises, leur ancienneté et la possibilité de les imiter.
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9
p. 544-548
DEUX QUESTIONS sur la dénomination des Lettres.
Début :
I. QUESTION. On suppose pour un moment l'ignorance des [...]
Mots clefs :
Questions, Lettres, Caractères, Système du bureau typographique, Méthode
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DEUX QUESTIONS sur la dénomination des Lettres.
DEUX QUESTIONS sur la
dénomination des Lettres.
I. QUESTION.
On suppose pour un moment l'ignorance des Lettres , et que leur Inventeur paroissant pour la
premiere fois , donne les mots cy-dessous , pour.
exprimer les sons d'usage, qui signifient des chosesconnues. Il s'agit ensuite de donner des noms
MARS. 17328 $45 à ces nouveaux caracteres. Les noms vulgairess
d'aujourd'hui étant proposez , seroient- ils préfé--
rables aux noms que donne le Systême du Bu
Leau Tipographique ?
II. QUESTION..
On demande lequel se feroit le mieux entendre à
une personne qui ne sçait pas lire , de celui qui, -
pour demander les choses signifiées par les mots
cy-dessous , n'en prononceroit que les Lettres,
selon la Méthode vulgaire ; ou de celui qui n'en
prononceroit que les sons , selon la Méthode da
Bureau Typographique.
EXEMPLES de la Méthode.
Vulgaire. Typographique.
Mots.. Lettres nommées. Noms des Lettres, -
Réputa erre e pe u te ate is tion. o enne
Ailleurs. ai elle elle e u erre
esse.
Héris- ache e erre i esse esse
son. O enne
Café .. ce a effe e
Becasse. be e ce a esse esse e
Quicon- qu u i ce o enne qu
que це
Saucisse esse a u ce i esse
esse e
'Action acte io enne
ka fé
Re pe u te a ci
A lhe eu re ce
he re i ce
be ka ce
ki ke ō ke
se o ce i cen
a csi õ
Bœuf be o e u effe be eu fe
Phiole pe ache i o elle e fe io le
-Vi£... # consone i effe ye i fe
Joseph
545 MERCURE
DE FRANCE
Vulgaire. Typographiqus.
Mots. Lettres nommées. Noms des Lettres
Dâuphin .
Joseph i consone o esse e pe ache
de a u pe ache i
enne
Favori effe au consone o
je o ze è fe
de o fe i
soient erre i esse o ie
Vive
enne te
ú consone i u consone e
fe a ve o re i ze è
ve i ve
Phase pe ache a esse e fe a ze
Ligaé elle ige u e
Gant ge a enne te
Gigue ge i ge u e
Gigot ge i ge ot Agde a gende e
Juge i consone u ge
Gagége a ge e
Jaugé 1 consone a u
ge e
leighé
ghe at
ge i ghe
ge i ghe ot
a ghe de
je u je
ghe a gé
je o gé Lezé elle e zede e le zé
Volé u consone o elle e ve o lé
Louve
ne e le ou ve
elle a ne i me a leme è ze o
elle ou u consoAnimal a enne i emme a
Maison emme a i esse a
enne
Hyper ache i grec pe e
mnestre erre emme enne
e esse terre e
Mnemo emme enne e emsine me o esse i enne e
He i pe re mene fte re
me ne me o zeine
Stockolm
MARS. 17328 547
Vulgaire. Typographie.
Mots. Lettres nommées.
Stockolm.
esse te o ce ka o elle emme
Noms des Lettras.
fteo ke keole me • Mou- emme o u te o
ton enne
None enne o enné e
Ninive enne i enne i u
consone e
Agneau a ge enne e a u
Cha- ce ache a pe e
peau a u
me ou te õ
ne o ne e
ne i ne i've
a gne o
che a pe
Veau u consone e a u ve o
Pain pe a i enne pe î
Vin u consone i enne ve i
Viande u consone i a enne de e
ve iã de
Chou ce ache o u che ou
Volail- u consone a elle a i
le. elle elle e ye ole a lhe
Taxe te a isque e
te a kse
Exil e icse i elle e gze i le
Suson esse u esse o enne se u ze õ
Deux de e u isque de eu ce
Styx
Taxé te a icse e
Perplex pe e erre pe elle e
isque
esse ti grec isque Vœux u cans.o e u icse
Vivre ucons.i u cons.erre e ve i ve re
Zizanie zede i zede a enne ie
Chuche- ce ache u ce ache e
ICE re e erre
ze i ze a ne ie
che u che te re
te a csé
pere pe le ksce
fte i кse ve eu ce
Milhau
548 MERCURE DE FRANCE
Vulgaire.
Mots. Lettres nommées.
Typographique.
Noms des Lettres
Milhau emme i elle ache a ume il he o
Vigneu cons. i ge enne e ve igne.
Proven- pe erre o u consone
çal e enne ce a elle
Langue- elle a enne ge u e de
pe erre o ve a ce
a le
dochien e ce ache ie enne le a ghe de o che Bour- be o u erre ge u ités
gui- i ge enne o enne
gnon Castil- ce a esse te i elle elle
lan. a enne
be ou re ghigne
õ
ka fte i lhe a
Si quelqu'un dit qu'on a choisi exprès les mots
les plus propres, pour faire voir la supériorité de
la Méthode Typographique , sur la Méthode
vulgaire ; on lui répondra, en convenant du fait,
et en défiant tous les Maîtres , sans exception , de
pouvoit trouver un seul mot, en aucune languei vivante ou morte , dans lequel la dénomination.
et la Méthode vulgaire , ayent aucun avantage
sur la Méthode du Bureau. Si le fait est tel
comment se peut - il trouver un seul critique
contre la Pratique de la dénomination des sons
et des Lettres ?
C'est l'effet de la prevention qui met souvent
audessus de la raison de très-grans génies , et
à plus forte raison , de petits esprits incapables de
saisir , de suivre et de retenir les princip
dénomination des Lettres.
I. QUESTION.
On suppose pour un moment l'ignorance des Lettres , et que leur Inventeur paroissant pour la
premiere fois , donne les mots cy-dessous , pour.
exprimer les sons d'usage, qui signifient des chosesconnues. Il s'agit ensuite de donner des noms
MARS. 17328 $45 à ces nouveaux caracteres. Les noms vulgairess
d'aujourd'hui étant proposez , seroient- ils préfé--
rables aux noms que donne le Systême du Bu
Leau Tipographique ?
II. QUESTION..
On demande lequel se feroit le mieux entendre à
une personne qui ne sçait pas lire , de celui qui, -
pour demander les choses signifiées par les mots
cy-dessous , n'en prononceroit que les Lettres,
selon la Méthode vulgaire ; ou de celui qui n'en
prononceroit que les sons , selon la Méthode da
Bureau Typographique.
EXEMPLES de la Méthode.
Vulgaire. Typographique.
Mots.. Lettres nommées. Noms des Lettres, -
Réputa erre e pe u te ate is tion. o enne
Ailleurs. ai elle elle e u erre
esse.
Héris- ache e erre i esse esse
son. O enne
Café .. ce a effe e
Becasse. be e ce a esse esse e
Quicon- qu u i ce o enne qu
que це
Saucisse esse a u ce i esse
esse e
'Action acte io enne
ka fé
Re pe u te a ci
A lhe eu re ce
he re i ce
be ka ce
ki ke ō ke
se o ce i cen
a csi õ
Bœuf be o e u effe be eu fe
Phiole pe ache i o elle e fe io le
-Vi£... # consone i effe ye i fe
Joseph
545 MERCURE
DE FRANCE
Vulgaire. Typographiqus.
Mots. Lettres nommées. Noms des Lettres
Dâuphin .
Joseph i consone o esse e pe ache
de a u pe ache i
enne
Favori effe au consone o
je o ze è fe
de o fe i
soient erre i esse o ie
Vive
enne te
ú consone i u consone e
fe a ve o re i ze è
ve i ve
Phase pe ache a esse e fe a ze
Ligaé elle ige u e
Gant ge a enne te
Gigue ge i ge u e
Gigot ge i ge ot Agde a gende e
Juge i consone u ge
Gagége a ge e
Jaugé 1 consone a u
ge e
leighé
ghe at
ge i ghe
ge i ghe ot
a ghe de
je u je
ghe a gé
je o gé Lezé elle e zede e le zé
Volé u consone o elle e ve o lé
Louve
ne e le ou ve
elle a ne i me a leme è ze o
elle ou u consoAnimal a enne i emme a
Maison emme a i esse a
enne
Hyper ache i grec pe e
mnestre erre emme enne
e esse terre e
Mnemo emme enne e emsine me o esse i enne e
He i pe re mene fte re
me ne me o zeine
Stockolm
MARS. 17328 547
Vulgaire. Typographie.
Mots. Lettres nommées.
Stockolm.
esse te o ce ka o elle emme
Noms des Lettras.
fteo ke keole me • Mou- emme o u te o
ton enne
None enne o enné e
Ninive enne i enne i u
consone e
Agneau a ge enne e a u
Cha- ce ache a pe e
peau a u
me ou te õ
ne o ne e
ne i ne i've
a gne o
che a pe
Veau u consone e a u ve o
Pain pe a i enne pe î
Vin u consone i enne ve i
Viande u consone i a enne de e
ve iã de
Chou ce ache o u che ou
Volail- u consone a elle a i
le. elle elle e ye ole a lhe
Taxe te a isque e
te a kse
Exil e icse i elle e gze i le
Suson esse u esse o enne se u ze õ
Deux de e u isque de eu ce
Styx
Taxé te a icse e
Perplex pe e erre pe elle e
isque
esse ti grec isque Vœux u cans.o e u icse
Vivre ucons.i u cons.erre e ve i ve re
Zizanie zede i zede a enne ie
Chuche- ce ache u ce ache e
ICE re e erre
ze i ze a ne ie
che u che te re
te a csé
pere pe le ksce
fte i кse ve eu ce
Milhau
548 MERCURE DE FRANCE
Vulgaire.
Mots. Lettres nommées.
Typographique.
Noms des Lettres
Milhau emme i elle ache a ume il he o
Vigneu cons. i ge enne e ve igne.
Proven- pe erre o u consone
çal e enne ce a elle
Langue- elle a enne ge u e de
pe erre o ve a ce
a le
dochien e ce ache ie enne le a ghe de o che Bour- be o u erre ge u ités
gui- i ge enne o enne
gnon Castil- ce a esse te i elle elle
lan. a enne
be ou re ghigne
õ
ka fte i lhe a
Si quelqu'un dit qu'on a choisi exprès les mots
les plus propres, pour faire voir la supériorité de
la Méthode Typographique , sur la Méthode
vulgaire ; on lui répondra, en convenant du fait,
et en défiant tous les Maîtres , sans exception , de
pouvoit trouver un seul mot, en aucune languei vivante ou morte , dans lequel la dénomination.
et la Méthode vulgaire , ayent aucun avantage
sur la Méthode du Bureau. Si le fait est tel
comment se peut - il trouver un seul critique
contre la Pratique de la dénomination des sons
et des Lettres ?
C'est l'effet de la prevention qui met souvent
audessus de la raison de très-grans génies , et
à plus forte raison , de petits esprits incapables de
saisir , de suivre et de retenir les princip
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Résumé : DEUX QUESTIONS sur la dénomination des Lettres.
Le texte 'DEUX QUESTIONS sur la dénomination des Lettres' aborde deux interrogations principales concernant la dénomination et la prononciation des lettres. La première question examine la préférence entre les noms vulgaires actuels des lettres et ceux proposés par le Système du Bureau Typographique, en supposant une ignorance initiale des lettres. Le texte compare les noms des lettres selon la méthode vulgaire et la méthode typographique à travers divers exemples de mots. La deuxième question explore quelle méthode serait la plus compréhensible pour une personne ne sachant pas lire : prononcer les lettres selon la méthode vulgaire ou les sons selon la méthode typographique. Le texte fournit des exemples comparatifs de mots prononcés selon les deux méthodes. Le texte conclut en défiant les critiques de trouver un mot où la méthode vulgaire serait supérieure à la méthode typographique, affirmant que la prévention et les préjugés peuvent souvent obscurcir la raison.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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10
p. 548-549
Académie de Chirurgie, &c. [titre d'après la table]
Début :
L'Académie de Chirurgie, établie à Paris, sous la protection [...]
Mots clefs :
Académie de chirurgie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Académie de Chirurgie, &c. [titre d'après la table]
L'Académie de Chirurgie , établie à Paris ,
sous la protection du Roy , désirant contribuer aux
MARS. 1732. 549
aux progrès de cet Art , et à l'utilité publique ,
propose pour sujet du Prix de l'année 1732. la
question suivante : Pourquoi certaines Tumeurs
doivent être extirpées , et d'autres simplement ou
vertes. Dans l'une et l'autre de ces Opérations, quels
sont les cas où le Cautere est préferable à l'In
sous la protection du Roy , désirant contribuer aux
MARS. 1732. 549
aux progrès de cet Art , et à l'utilité publique ,
propose pour sujet du Prix de l'année 1732. la
question suivante : Pourquoi certaines Tumeurs
doivent être extirpées , et d'autres simplement ou
vertes. Dans l'une et l'autre de ces Opérations, quels
sont les cas où le Cautere est préferable à l'In
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11
p. 549
« On a appris par des Lettres de Suede, un fait [...] »
Début :
On a appris par des Lettres de Suede, un fait [...]
Mots clefs :
Vue recouvrée, Vérole, Tremblements de terre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « On a appris par des Lettres de Suede, un fait [...] »
On a appris par des Lettres de Suede , un fait
extrémement singulier. Un enfant de onze ans ,
né aveugle à Torna , a recouvré la vûë le 13
jour d'une petite verole. Belle matiere à Dissertation sur les maladies et les accidens qui peuvent être utiles au Corps humain.
On apprend de Corfou , par la voye de Venise , qu'il y étoit tombé pendant trois jours une
pluye si abondante , que plusieurs Villages voisins avoient été submergez ; que cette pluye
avoit été précédée d'une secousse assez vive de
tremblement de terre , accompagnée d'un grand
bruit , qu'on avoit entendu du côté du Port , où
la Mer avoit paru se gonfler ; que dans un seul
jour le tonnerre étoit tombé cinq fois sur un même Vaisseau de Guerre , où il n'avoit tué que
deux Matelots , et que pendant la tempête , l'air
étoit tout rempli de Hiboux , de Chauve-souris
et d'autres Oiseaux Nocturnes , qui venoient se
percher sur les Mats et les Vergues des Bâtimens du Port.
extrémement singulier. Un enfant de onze ans ,
né aveugle à Torna , a recouvré la vûë le 13
jour d'une petite verole. Belle matiere à Dissertation sur les maladies et les accidens qui peuvent être utiles au Corps humain.
On apprend de Corfou , par la voye de Venise , qu'il y étoit tombé pendant trois jours une
pluye si abondante , que plusieurs Villages voisins avoient été submergez ; que cette pluye
avoit été précédée d'une secousse assez vive de
tremblement de terre , accompagnée d'un grand
bruit , qu'on avoit entendu du côté du Port , où
la Mer avoit paru se gonfler ; que dans un seul
jour le tonnerre étoit tombé cinq fois sur un même Vaisseau de Guerre , où il n'avoit tué que
deux Matelots , et que pendant la tempête , l'air
étoit tout rempli de Hiboux , de Chauve-souris
et d'autres Oiseaux Nocturnes , qui venoient se
percher sur les Mats et les Vergues des Bâtimens du Port.
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Résumé : « On a appris par des Lettres de Suede, un fait [...] »
Un enfant de onze ans, né aveugle à Torna, a recouvré la vue après la petite vérole. À Corfou, une pluie abondante a duré trois jours, précédée d'un tremblement de terre et d'une mer gonflée. Le même jour, un vaisseau de guerre a été frappé cinq fois par la foudre, tuant deux matelots. Des oiseaux nocturnes ont envahi le port pendant la tempête.
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12
p. 549-550
Estampes nouvelles, [titre d'après la table]
Début :
Il paroît chez la veuve Chereau, ruë S. Jacques, aux [...]
Mots clefs :
Estampe, Tableau de Watteau
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Estampes nouvelles, [titre d'après la table]
u Port.
Il paroît chez la veuve Chereau , ruë S. Jac.
ques , aux deux Pilliers , et chez Surugues , Graveur du Roy , rue des Noyers , une Estampe ,
nouvellement gravée , d'après un Tableau de
Watteau , representant une sainte Famille , dontle
55 MERCURE DE FRANCE
le public connoisseur , aura tout lieu d'être satisfait.
Il va encore paroître dans peu 4 Estampes
d'après les 4 Saisons , peintes par ledit Watteau,
et dont les compositions gálantes pourront
plaire généralement
On continue à graver sans relâche , d'après
plusieurs Tableaux de grande composition , du
même Auteur ; entr'autres , le fameux Enseigue
qu'il fit pour M. Gersain , son ami , et qui fut
exposé pour les curieux , pendant quelque
temps , au Pont Notre- Dame.
Il paroît chez la veuve Chereau , ruë S. Jac.
ques , aux deux Pilliers , et chez Surugues , Graveur du Roy , rue des Noyers , une Estampe ,
nouvellement gravée , d'après un Tableau de
Watteau , representant une sainte Famille , dontle
55 MERCURE DE FRANCE
le public connoisseur , aura tout lieu d'être satisfait.
Il va encore paroître dans peu 4 Estampes
d'après les 4 Saisons , peintes par ledit Watteau,
et dont les compositions gálantes pourront
plaire généralement
On continue à graver sans relâche , d'après
plusieurs Tableaux de grande composition , du
même Auteur ; entr'autres , le fameux Enseigue
qu'il fit pour M. Gersain , son ami , et qui fut
exposé pour les curieux , pendant quelque
temps , au Pont Notre- Dame.
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Résumé : Estampes nouvelles, [titre d'après la table]
Une estampe de la sainte Famille, d'après Watteau, est disponible chez la veuve Chereau et Surugues. Quatre autres estampes des Quatre Saisons seront bientôt disponibles. La gravure de tableaux de Watteau, dont l'Enseigne pour M. Gersain, se poursuit. L'Enseigne a été exposé au Pont Notre-Dame.
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13
p. 550-553
« La profession que nous faisons d'honorer les Beaux Arts, [...] »
Début :
La profession que nous faisons d'honorer les Beaux Arts, [...]
Mots clefs :
Beaux Arts, Jacques-Philippe Férrand, Mosaïque, Magasin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « La profession que nous faisons d'honorer les Beaux Arts, [...] »
La profession que nous faisons d'honorer les
Beaux Arts , et de faire connoître les sujets qui ›
s'y sont distinguez , nous oblige de publier un
Mémoire , qui nous a été communiqué , au sujet de Jacques-Philippe Férrand , Peintre , mort à
Paris depuis peu.
Il naquit à Joigny , en Bourgogne , le 26 Juillet 1653. et eut pour pere Louis Ferrand, Médecin du Roy Louis XIII.lequel en mourant laissa
son fils dans un âge fort tendre. Le jeune Ferrand fut mené à Paris , où il marqua de gran
des dispositions pour la Peinture. Il apprit d'a- bord a dessiner chez M. Mignard , ensuite à
peindre en Miniature , de Samuel Bernard ou
Besnard ; enfin il se forma de lui-même à peindre en Email , à quoi son génie le portoit , et il y excella.
En l'année 1684. il fut reçu en la Charge de
Valet de Chambre du Roy Louis XIV.En 1688.
il fut agréé à l'Académie Royale de Peinture et
de Sculpture , et il fut reçu le 27 May 1690.
Il fit ensuite plusieurs Voyages en Italie , en
Allemagne , en Angleterre. Il étoit à Turin sur
la
3
MARS. 1732. 551 Aa fin de l'année 1695. et fit un tres-beau Por
trait en Email du Duc de Savoye. Ce Prince
en fut si content , qu'il fit l'honneur au Peintre
François , d'aller jusques dans son logement , lui
témoigner sa satisfaction , et lui offrir un appar
tement dans son Palais ; ce qu'il accepta. Son séjour à Turin-fut d'environ deux années , pendant
1equel temps S. A. R. lui donna des marques continuelles de bonté et d'une particuliere satis
faction.
Arrivé à Génes peu de temps après, il reçut du
Doge , qui aimoit la Peinture , et qui favorisoit le mérite , les mêmes honneurs et les mêmes distinctions dont il avoit été comblé à Turin.
De Génes il passa à Florence , où il fut presenté au Grand Prince ( leGrand Duc étant absent ) par l'Ambassadeur de France. S. A. lui fit
voir elle- même toutes les magnifiques curiositez de son Palais , et fit tous ses efforts pour le rete
nir à sa Cour.
Son séjour à Rome fut de 13 mois. Il fit le
Portrait du Pape Innocent XII. celui de la Princesse Pamphile , et quelques autres qui augmenterent sa réputation.
En revenant en France , il s'arrêta encore à
Turin pendant quelques mois. Il arriva enfin à
Paris sur la fin de l'année 1698. Le Roy lui ardonna quelques Ouvrages , dont S. M.parût fort
satisfaite. Des chagrins domestiques qui survinrent et dont le Mémoire fait le détail , ne permirent plus guére à M.Ferrand de travailler. Il
donna cependant au public en 1723. un Traité
curieux , intitulé : L'Art du Feu, ou la maniere de
peindre en Email ; 'qui contient un petit Traité de Miniature , &c. Ce Livre se vend àParis, chez
Collombat , ruë saint Jacques.
552 MERCURE DE FRANCE
Il est mort à Paris le 5. Janvier de cette année
1732. âgé d'environ 78. ans , et inhumé dans
l'Eglise de S. Jean en Gréve , ne laissant de plusieurs enfans de son Marige avec Jeanne Colin
de Tours, qu'Antoine Ferrand , aussi Peintre.
André- Charles Boulle , natif de Paris , Archi
tecte , Peintre et Sculpteur en Mosaïque , Ebeniste- Ciseleur et Marqueteur ordinaire du Roy , né
en l'année 1642. le 10. Novembre , est mort le 29. Février 1734. à Paris dans les Galleries du
Louvre , où il avoit l'honneur d'être logé depuis
Pannée 1672. Get illustre Artiste , dont le mérite
étoit connu en France et dans les Pays Etrangers,
-est infiniment regretté par les Amateurs des Beaux- - Arts. Il laisse des fils de sa Profession heritiers
de ses talens et de son logement aux Galleries du Louvre.
La Dame Pariso , pourvûe du Privilege du
sieur Renty, pour le Métal qui imite l'Or , donne avis qu'elle demeure ruë de Grenelle- SaintHonoré, en entrant par la rue S. Honoré à
gauche , vis - à vis l'Hôtel de Vivaretz , où est
son Tableau , et où elle tient son Magazin , composé de toutes sortes d'Ouvrages ; sçavoir , Lustres, Surtous de Tables , Girandolles , Bras à
deux et à une branche , Chandeliers de toute
-grandeur, Sucrier , Moutardier, Cuillere , Fourchette , Manche de Couteau , Garniture de Fen à
figure et autres , uni et cizelé , Seaux à rafraî
chir le vin , Ecritoire , Garde d'Epée , Pomme
de Canne , Tabatiere , Etuy , Boucle de Soulier ,
Sonnettes , Cachet , Garniture de Commode , de
Pendule , le tout ciselé en bas et haut relief,
uni , &c₁ Elle
MARS. 1732. 553
C
3
Elle donne aussi avis aux Ecclesiastiques et
Communautez, qu'on fait des Ornemens d'Eglise des plus propres , tels que Chandeliers de toute
grandeur , Croix , Tabernacles , Crosses, &c. On
fait géneralement toutes sortes d'Ouvrages , com- me en or et en argent et autres Métaux. On les
nettoye ; sçavoir , s'il y a de la cire ou du suifsur
la Piece , il faut la mettre devant le feu/ pour la
faire fondre et la bien essuyer et frotter.
Quand la Piece a servi très-long- temps , ou
qu'elle est trop montée en couleur, pour la mettre dans son premier état , comme sortant du
Magazin , il faut prendre du Vinaigre de vin ,
y mettre du Tripoly ou Blanc d'Espagne dedans,
prendre une éponge ou du linge doux , bien frots
ter la Piece avec ledit Vinaigre et Tripoly, com
me si on écuroit un Chandelier de Cuivre , sans
craindre d'ôter la dorure qui revient d'elle - même;
après l'avoir ainsi nettoyée , il la faut jetter dans
l'eau claire , la retirer et la bien essuyer avec un
linge sec ; plus on la frottera , plus elle deviendra belle ; si on ne la trouvoit pas assez dorée , il faudra la mettre bouillir trois ou quatre minutes
dans l'eau de Riviere , et en la retirant de l'eau
la bien frotter avec un linge sec.
Ceux qui ne voudront pas se donner la peine
de nettoyer ces Ouvrages , n'auront qu'à les envoyer audit Magazin , on les leur rendra propres
et nettoyez gratis , le Métail n'est point cassant,
Beaux Arts , et de faire connoître les sujets qui ›
s'y sont distinguez , nous oblige de publier un
Mémoire , qui nous a été communiqué , au sujet de Jacques-Philippe Férrand , Peintre , mort à
Paris depuis peu.
Il naquit à Joigny , en Bourgogne , le 26 Juillet 1653. et eut pour pere Louis Ferrand, Médecin du Roy Louis XIII.lequel en mourant laissa
son fils dans un âge fort tendre. Le jeune Ferrand fut mené à Paris , où il marqua de gran
des dispositions pour la Peinture. Il apprit d'a- bord a dessiner chez M. Mignard , ensuite à
peindre en Miniature , de Samuel Bernard ou
Besnard ; enfin il se forma de lui-même à peindre en Email , à quoi son génie le portoit , et il y excella.
En l'année 1684. il fut reçu en la Charge de
Valet de Chambre du Roy Louis XIV.En 1688.
il fut agréé à l'Académie Royale de Peinture et
de Sculpture , et il fut reçu le 27 May 1690.
Il fit ensuite plusieurs Voyages en Italie , en
Allemagne , en Angleterre. Il étoit à Turin sur
la
3
MARS. 1732. 551 Aa fin de l'année 1695. et fit un tres-beau Por
trait en Email du Duc de Savoye. Ce Prince
en fut si content , qu'il fit l'honneur au Peintre
François , d'aller jusques dans son logement , lui
témoigner sa satisfaction , et lui offrir un appar
tement dans son Palais ; ce qu'il accepta. Son séjour à Turin-fut d'environ deux années , pendant
1equel temps S. A. R. lui donna des marques continuelles de bonté et d'une particuliere satis
faction.
Arrivé à Génes peu de temps après, il reçut du
Doge , qui aimoit la Peinture , et qui favorisoit le mérite , les mêmes honneurs et les mêmes distinctions dont il avoit été comblé à Turin.
De Génes il passa à Florence , où il fut presenté au Grand Prince ( leGrand Duc étant absent ) par l'Ambassadeur de France. S. A. lui fit
voir elle- même toutes les magnifiques curiositez de son Palais , et fit tous ses efforts pour le rete
nir à sa Cour.
Son séjour à Rome fut de 13 mois. Il fit le
Portrait du Pape Innocent XII. celui de la Princesse Pamphile , et quelques autres qui augmenterent sa réputation.
En revenant en France , il s'arrêta encore à
Turin pendant quelques mois. Il arriva enfin à
Paris sur la fin de l'année 1698. Le Roy lui ardonna quelques Ouvrages , dont S. M.parût fort
satisfaite. Des chagrins domestiques qui survinrent et dont le Mémoire fait le détail , ne permirent plus guére à M.Ferrand de travailler. Il
donna cependant au public en 1723. un Traité
curieux , intitulé : L'Art du Feu, ou la maniere de
peindre en Email ; 'qui contient un petit Traité de Miniature , &c. Ce Livre se vend àParis, chez
Collombat , ruë saint Jacques.
552 MERCURE DE FRANCE
Il est mort à Paris le 5. Janvier de cette année
1732. âgé d'environ 78. ans , et inhumé dans
l'Eglise de S. Jean en Gréve , ne laissant de plusieurs enfans de son Marige avec Jeanne Colin
de Tours, qu'Antoine Ferrand , aussi Peintre.
André- Charles Boulle , natif de Paris , Archi
tecte , Peintre et Sculpteur en Mosaïque , Ebeniste- Ciseleur et Marqueteur ordinaire du Roy , né
en l'année 1642. le 10. Novembre , est mort le 29. Février 1734. à Paris dans les Galleries du
Louvre , où il avoit l'honneur d'être logé depuis
Pannée 1672. Get illustre Artiste , dont le mérite
étoit connu en France et dans les Pays Etrangers,
-est infiniment regretté par les Amateurs des Beaux- - Arts. Il laisse des fils de sa Profession heritiers
de ses talens et de son logement aux Galleries du Louvre.
La Dame Pariso , pourvûe du Privilege du
sieur Renty, pour le Métal qui imite l'Or , donne avis qu'elle demeure ruë de Grenelle- SaintHonoré, en entrant par la rue S. Honoré à
gauche , vis - à vis l'Hôtel de Vivaretz , où est
son Tableau , et où elle tient son Magazin , composé de toutes sortes d'Ouvrages ; sçavoir , Lustres, Surtous de Tables , Girandolles , Bras à
deux et à une branche , Chandeliers de toute
-grandeur, Sucrier , Moutardier, Cuillere , Fourchette , Manche de Couteau , Garniture de Fen à
figure et autres , uni et cizelé , Seaux à rafraî
chir le vin , Ecritoire , Garde d'Epée , Pomme
de Canne , Tabatiere , Etuy , Boucle de Soulier ,
Sonnettes , Cachet , Garniture de Commode , de
Pendule , le tout ciselé en bas et haut relief,
uni , &c₁ Elle
MARS. 1732. 553
C
3
Elle donne aussi avis aux Ecclesiastiques et
Communautez, qu'on fait des Ornemens d'Eglise des plus propres , tels que Chandeliers de toute
grandeur , Croix , Tabernacles , Crosses, &c. On
fait géneralement toutes sortes d'Ouvrages , com- me en or et en argent et autres Métaux. On les
nettoye ; sçavoir , s'il y a de la cire ou du suifsur
la Piece , il faut la mettre devant le feu/ pour la
faire fondre et la bien essuyer et frotter.
Quand la Piece a servi très-long- temps , ou
qu'elle est trop montée en couleur, pour la mettre dans son premier état , comme sortant du
Magazin , il faut prendre du Vinaigre de vin ,
y mettre du Tripoly ou Blanc d'Espagne dedans,
prendre une éponge ou du linge doux , bien frots
ter la Piece avec ledit Vinaigre et Tripoly, com
me si on écuroit un Chandelier de Cuivre , sans
craindre d'ôter la dorure qui revient d'elle - même;
après l'avoir ainsi nettoyée , il la faut jetter dans
l'eau claire , la retirer et la bien essuyer avec un
linge sec ; plus on la frottera , plus elle deviendra belle ; si on ne la trouvoit pas assez dorée , il faudra la mettre bouillir trois ou quatre minutes
dans l'eau de Riviere , et en la retirant de l'eau
la bien frotter avec un linge sec.
Ceux qui ne voudront pas se donner la peine
de nettoyer ces Ouvrages , n'auront qu'à les envoyer audit Magazin , on les leur rendra propres
et nettoyez gratis , le Métail n'est point cassant,
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Résumé : « La profession que nous faisons d'honorer les Beaux Arts, [...] »
Jacques-Philippe Férrand, peintre, est né à Joigny en Bourgogne le 26 juillet 1653. Fils de Louis Ferrand, médecin de Louis XIII, il déménage à Paris où il révèle un grand talent pour la peinture. Il commence par apprendre à dessiner auprès de Pierre Mignard, puis se forme à la miniature avec Samuel Bernard ou Besnard. Il se perfectionne ensuite seul dans la peinture sur émail. En 1684, il devient valet de chambre de Louis XIV et est agréé à l'Académie Royale de Peinture et de Sculpture en 1688, y étant reçu en 1690. Férrand entreprend plusieurs voyages en Italie, Allemagne et Angleterre. En 1695, il réalise un portrait en émail du duc de Savoie à Turin, ce qui lui vaut des distinctions et un appartement au palais du duc. Il séjourne ensuite à Gênes et Florence, où il est également honoré. À Rome, il peint des portraits notables, dont celui du pape Innocent XII. De retour en France en 1698, il travaille pour Louis XIV mais des soucis personnels l'empêchent de continuer. En 1723, il publie 'L'Art du Feu, ou la manière de peindre en émail'. Jacques-Philippe Férrand meurt à Paris le 5 janvier 1732, à l'âge de 78 ans, laissant un fils, Antoine Ferrand, également peintre.
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