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1
p. 218-246
LETTRE D'un sçavant Directeur à une Dame de la Cour, sur la reception de Monsieur le Duc d'Anjou au Rosaire.
Début :
Je reivens à ce qui regarde Monseigneur le Duc d'Anjou, [...]
Mots clefs :
Duc d'Anjou, Rosaire, Réception, Religion, Père Mespolié Dominicain, Confrérie, Église, Piété, Papes, Rois chrétiens
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE D'un sçavant Directeur à une Dame de la Cour, sur la reception de Monsieur le Duc d'Anjou au Rosaire.
e reviens à ce qui regarde
Monfeigneur le Duc d'Anjou ,
dont je vous parleray peut-
CALANT 219
eftre plus d'une fois avant de
finir ma Lettre.
LETTRE
emp
D'un fçavant Directeur à une
Dame de la Cour , fur la reception de Monfeigneur le
Duc d'Anjou au Rofaire.
Vous me demandez ,
Madame,des éclairciffemensfur la Confrerie du Rofaire dans laquelle
Monfeigneur le Duc d'Anjou a
efté reçu par le Pere Mefpolié
Dominicain, le 27. de Février.
C'estune desplus excellentes devotions de la Religion qui nourrit
une folide pieté quand on enfuit
Tij
220 MERCURE
l'esprit & qu'on en remplit les
devoirs. Ses fondemens font les
principaux Mysteres de la Vie , de
la mort, e de la gloire de JeſusChrift de fafainte mere. Elle
renferme les Prieres vocales les
plus efficaces pour ſerendre agreables à l'un à l'autre & adorer
Dieu en efprit & en verité, les
reflexions les plus touchantes , ta
frequentation des Sacremens avec
les difpofitions requifes ; fçavoir
l'imitation des vertus de JefusChrift & de fafainte Mere &
les plus effentiels devoirs de la
charité. Car on cft obligé d'appli
quer le premier Chapelet du Rox
GALANT 228
faire pourles Confreres vivans ,
afin que s'ils font en eftat de peché qu'ils fe convertiffent , s'ils
font en eftat de grace qu'ils
perfeverent , & s'ils font expofez à quelque fâcheux accident , qu'ils en foient prefervez.
Le fecond Chapelet eft recité pour
les Agonizants , afin qu'ils foient
fortifiez à l'heure de la mort contre l'ennemi du falut, &que leur
mort foit preticufe aux aux yeux de
Dieu; & le troifiéme Chapelet
pour les Confreres deffunts , afin
qu'ilsfoient foulagez en Purgatoire , & qu'ils en foient promptement délivrez.
Tiij
222 MERCURE
plus
a
De fi grands avantages ontporté en tout temps depuis l'inftitution
de cette Confrerie les Papes , les
Rois Chreftiens , & les Saints les
recommandablesparleurfcien
cee parleurpieté àfaire une eftimefinguliere de cette devotion.
Sixte IV. dit que le Rofaire
eft une devote &religieufe pra-
*ique de prier,inftituée à la gloire de Dieu tout - puiſſant & à
l'honneur de la glorieuſe Vierge Marie , & pour nous munir
contre les dangers dont on eſt
menacé.
Leon X. reconnoist que c'est
un rempart invulnerable aux
GALANT 1 223
#
Aleaux de la guerre , &une puiffante reffource pour obrenic
des fecours miraculeux dan's
les preffantes neceffitez od
nous fommes reduits.
Clement VIII affure que cet
exercice eft d'une tres-grande
utilité pour de falut de l'ame
& du corps , qu'il attire des
graces extraordinaires fur ceux
qui s'y appliquent & qu'il excite en eux une devotion art
dente pour les pratiques de la
Religion , qu'elle a fait des
biens immenfes à l'Eglife , &
qu'elle y en fait tous les jours ,
que le Fideles , foit Clercs ou
Tiiij
224 MERCURE
Liques , hommes & femmes ,
font attirez par ce religieux
exercice à un fi haut degré de
ferveur que Dieu les a non- feulement ornéz de graces , mais
auffi fait éclater des miracles
infinis en leur faveur.
2
Pie V. dit que le Rofaire eft
un exercice de pieté propre
pour donnerla paix à ceux qui
font dans le trouble ; pour con
foler les affligez &pour rendre.
plus fervens ceux qui font lâches , & qui font leurs prieres
avec tiedeur..
Gregoire XIII. dit
Rofaire eft tres-utile pour arque le
GALANT 225
refter le cours de la juftice de
Dieu irritée contre les hommes ; que c'eft un Arſenal d'où
l'Eglife a toûjours tiré des ar
mes redoutables à l'Enfer ; &
que Saint Dominique infticua
cette pieufe methode de prier
pour meriter la protection de
la tres - Sainte Vierge , dans le
temps que la France & l'Italie
eftoient affligées par de pernicieuſes herefies.
Sixte V. dit que cette devotion a produit des biens ineftimables à l'Eglife & aux Fideles , qu'elle en produit tous les
jours , & qu'elle a efté établie
226 MERCURE
pour cette fin dans tout le mon
de Chreftien.
Adrien VI. reconnoist que le
Rofaire cft tres utile aux mo
ribonds & qu'il leur procure de
puiffans fecours pour diffiper
tous les artifices du demon à
l'heure de la mort , & pour ob
tenir aux Agonifans la perfeverance finale..
Les autres Papes qui ont precedéceux ci depuis l'établiſſement
du Rofaire , & qui les ont fuivis
en ont fait des éloges femblables
les plusgrands Saints des derniers fiecles , illuftres enpieté en
fcience nefontpas éloignez de leurs
fentimens
GALANT 227
Saint Charles Borromée autant diftinguéparfa faintetéqu'il
L'eftoit par fa pourpre & par fa
fcience , dit dans une fçavante Ordonnance qu'il a faite fur l'excellence du Rofaire , que c'eſt un
abbregé de plufieurs exercices
de pieté & des pratiques de devotion tres-agreables à Dieu ,
de laquelle le Saint Siege a toûours fait une eftime tres- particuliere , & qu'il a enrichies
d'un grand nombre de Privileges & d'Indulgences tres- authentiques.
Il ajoute que le Rofaire eft
principalement inftitué pour
228 MERCURE
honorer Jefus- Chrift & fa fairte Mere , tres propre pourpor
ter les Fideles à s'entretenir des
Miſteres de Nôtre - Seigneur
Jefus Chrift , & des douleurs
qu'il a endurées pour nous.
C'est pourquoy cefaint Cardinal
invite tout le monde ; les perfonnes lesplus diftinguéesfoit par leur
rang, foit par leur naiffance ,foit
par leurfcience , foit par leur ver
zu à fe faire écrire dans les Regiftres de cette Confrerie ,fans en
excepter même les Cleres de fon
Seminaire les Ecclefiaftiques
defon Dioceſe , déclarant qu'il n'a
en cela d'autre vûë que leurfalut
GALANT 229
d'attirer fur eux de plus en
plus par cette Priere la paix, la
grace, & la benediction du Seigneur.
Saint François de Salesfe fit recevoirdans cette auguste Affociation ; ilfaifoit prêcher cette devotion dansfes Miffions ; il exhorte
toutes les perfonnes de pieté à aimer cette devotion ; il en établit
l'excellence l'utilité; il s'oppose
de toutes fes forces à ces efprits
fortsfelon le monde qui en mépri→
fent la pratique, & pour faire
voir plus en particulier l'eftime
qu'il en faifoit & les prodigieux
avantages qu'on enpeut retirer ,
230 MERCURE
ilfit vœu dediretous les jours une
partie du Rofaire dans le cours
même des occupations continuelles
de fes Miffions.
Sainte Thereferecitoitfort exactement le Rofaire, &elle recevoit
par cette devotion desfaveurs extraordinaires.
Voici comme elle enparle. Etant
une nuit dans un Oratoire af
fez recueillie , mais fi malade
queje croyois ne pouvoir faire
oraifon , je me contentay de
prendre mon Chapelet pour
prier vocalement; il parut bien
alors que nos penſées font fors
inutiles quand Dieu veut ope→
1
GALANT 231
进
rer quelque chofe en nous :
car je tombay dans un fi grand
raviffement que je me trouvay
commehors de moi- même. Il
me fembla que j'eftois dans le
Ciel.... où je vis des chofes,
merveilleufes dans le peu de
temps quedura cette faveur.
Et parlant duchemin de laperfection ellefait voir quelle eſt l'utilité de cette devotion ,
affurant
qu'elle est auffi avantageuſe àproportion qu'on s'y attache , & que
les graces répondent au zele qu'on
a de reciterfouvent le Rofaire. Si
quelqu'un dit unefois le Rofaire ,
il en profite , s'il le recite plufieurs
232 MERCURE
fois , il en retire de plus grands.
fecours.
En eflet le Rofaire infpire l'horreur du peché, c'est là un moyen
fouverain pourobtenir lagrace du
Jalut , élever les Saints au plus
baut degré de la perfection & attirer mêmes des benedictions particulieres fur les Familles & fur
les Armées des Princes Catholiques.
Les fiecles à venir admireront à
jamais la protection miraculeufe
que tira de cette devotion , le celebre Comte deMontfort. Cegrand
General animépar les prom ffes de
Saint Dominique , qui luy pro-
GALANT 233
mettoit la victoire de la part de
Dieu , filuy co fes Soldats im-
·ploroient l'affiftance de la tres -fainte Vierge, & s'ils recitoient devotementle Rofaire , il attaquaavec
quatorze cens ou dix - huit cens
François l'Armée formidable des
Albigeois , compofée de cent mille
bommes en 1213. &commandée
par le Roy d'Arragon. Il l'attaqua; dis-je , la combattit avec
tant de valeur que cette nombreuſe
Arméefemblable à celle des Madianites confternée aux approches
de Gedeon , fut enfin diffipée.
Leon X. dit que la Ville &
le Diocefe de Cologne eftant prefMars 1710.
γ
234 MERCURE
fee par de grandes guerres , onérigea dans l'Eglife des Freres Précheurs à la demande de Frideric
111. Empereur des Romains la
Confrerie du Rofaire , afin quela
Ville & le Diocese fuffent déli
vrez de cesguerres. Ce qui arriva
peu de temps aprés.
Trois grands Papes Pie V.
Gregoire XIII. Clement VIII.
ont que la fameuse
de Lepante remportée
Za
connus
par les Chreftiens fur la Flotte
des Turcs , compofée de deux
cens quarante deux Galeres qui
menaçoient l'Italie d'une irrup
tiongenerale,fut un exploit mirairrup-
GALANT 235
culeux de cette devotion , de- là
les Souverains Pontifes ont ordonné qu'enAction de Grace, on remettroit lagrandefefte duRofaire
qu'on celebroit auparavant le 25.
Mars fefte de l'Annonciation
au premier Dimanche d'Octobre ,
jour auquel cettefignalée Victoire
futremportéedans le temps même
que dans toute la Chreftienté on
faifoit la Proceffion du faint
Rofaire ordonné par Pie V
Voilà , Madame , les motifs
qui ont inspiré aux Rois & aux
Reines de France , une veneration particuliere pour cette devotion qui les ontportez àyfaire
Vij
236 MERCURE
recevoir les Princes leur enfans
quelquejours aprés leur naillance.
L'origine de cette loüable &
religieuse coutume eft fort
ancienne. Elle vient de la Reine
Blanche époufe de Loüis VII I.
qui affligée de n'avoir point d'enfans , confulta Saint Dominique ,
furles voeux qu'elle devoit faire
à Dieu pour en obtenir , ce grand
Saint autant édifié de la pieté
qu'honoré de la confiance de
tette Reine , luy predit que fes
juftes defirs feroient exaucezfi elle
vouloit honorer la tres - fainte
Vierge , par la devotion du Rofaire dont il luyapprit lapratique ,
*
GALANT 237
མ la
le fuccés de l'évenement justifia
la verité de la Prediction ,
Reine accoucha d'un fils ; mais
Dieu l'ayant enlevé au monde
pour luy fairepart de la gloire ,
Saint Dominique conſeilla derechef à la Reine de continuer
cette Priere & elle donna à la
France Saint Louis , l'ornement
de ce Royaume , l'admiration de
fonfiecle & le modelle de tous les
Rois , qui en
bienfait fi figale honora d'une
tendre particuliere confiance
eunoi
d'un
les Religieux de Saint Dominique
fuccaavecle lait cette devotion
qui l'éleva à cette éminente per-
238 MERCURE
fection qui luy a merité la veneration de toute l'Eglife.
Ses Succeffeurs ont donnéauffi
des marques de leur zele pour de - leur
cette devotion. Nous en avons
des preuves certaines dans les
derniers fircles.
Henry IV. yfutreceu aprés
fa converfion , il difoit tous les
jours une partie du Rofaire , &
tous les Samedys le Rofaire entier , qui luy avoit efte ordonné
par Clement VIII. lorfqu'il
luy donna l'Abfolution de fon
Herefie.
Louis XIII. furnommé le
Julte , ayant formé le Siege de
GALANT 239
>
La Rochelle & voyant les difficul
tez immenfes pour reduire cette
importante Place , écrivit à la
Reine Mere Marie de Medicis
d'ordonner qu'on fit des Prieres
extraordinaires , à l'honneur de la
tres- Sainte Vierge. La Reine
choifit l'Eglife des Dominicains
de la rue Saint Honoré , pour y
faire reciter publiquement le
Rofaire de la maniere qu'elle
l'avoit vú pratiquer à Florence
à Pife , & en plufieurs autres
Villes d'Italie ; ce qu'on executa
tous les Samedis en prefence de
la Reine Mere , de la Reine
Regente , de Monfieur le Duc
240MERCURE
d'Orleans , des Eminentiffimes
Cardinaux de la Rochfoucaud ,
de Berulle , de l'Archevêque
de Paris qui faifoit la lecture des
Mifteres , de plufieurs autres
Prelats , & d'une foule incroiable de Peuple qui y accourotent
de toutes parts.
Le Roy ayant appris la ferveur avec laquelle on faifoit ces
Prieres à Paris voulut que la
même devotion fut pratiquée
dans fon Armée. Il en donna
la commiffion au Pere Louvet
aplufieurs autres Dominicains
qui avoient fuivi Sa Majesté
au Siege de cette Placepourfervir
les
GALANT 241
>
ils
les malades & pour adminiftrer
les Sacremens ; ils diftribuerent
pour cefujetplus de quinze mille
Chapelets aux Soldats
précherent avec tant de fuccés
cette devotion que tout le Camp
retentiffoit à certaines heures da
jour de la nuit des louanges &
des prieres du Rofaire , quifurent
continuées jufqu'à la reduction de
la Place.
}
que
Anne d'Autriche , une desplus
religieufes Princeffes du monde,
publiaplufieurs fois en Cour
par la vertu de cette devotion elle
avoit obtenu de Dieu noftre Augufte Monarque Louis XIV.
Mars 1710.
X
242 MERCURE
qui nâquit le premier Dimanche
deSeptembre pendantque les Prieres de nos Confreres montoient devant le Trône deJefus Chrift ,
pour obtenir l'heureuſe naiſſance
de ce Princefurnommé Dieu donné. En reconnoiffance d'un bienfait fi fignalé laReinefit recevoir
le Roy fon fils dans cette fainte
Affociation. Sa Majeflé recitoie
tous les jours une partie du Ro
faire ; elle affiftoit regulierement
aux Proceffions du Rofaire quife
font à Paris dans les Eglifes des
Peres Dominicains tous les premiers Dimanches de chaque mois.
les Festes de lafainteVierge ,
GALANT 243
& Sa Majesté s'acquittoit avec
tant d'exactitude des autres devoirs de cette devotion que ceux
qui l'approchoient en eftoient édi
fiez.
Marie - Therefe d'Autriche ,
Epoufe de noftre illuftre Monarque,fut heritiere de lapietéde la
Reine Mere. Sa Majestés'appliquoit à tous les exercices de cette Confrerie ; eftant à Versailles
elle fir parfesfoins & parfes liberalitez établir le Rofaire dans
3 la Paroiffe , &pour marquerplus
en particulier l'estime qu'elle en
faifoit & que les plus grands Seigneurs en doivent faire , SaMaXij
244 MERCURE
jeffé y fit recevoir Monfeigneur le
Dauphin & Monfeigneur le Duc
de Bourgogne peu de jours aprés
leur naiffance & donna Commiffion à deux Religieux Dominicains , fuivant l'ancien ufage ,
de dire le Rofaire pour ces deux
Princes, jufqu'à ce qu'ilsfuffent
en âge de le reciter eux- mêmes.
Les deux derniers Princes
Monfeigneur le Duc de Bretagne
&Monfeigneur le Duc d'Anjou
ont efté à leurtourreçus au Rofaire
peu de jours aprés leur naiffance,
ce quin'eftpas une Ceremonie inutile ; ils y font Affoeiez pour les
mettrefous laprotection de la tres-
GALANT 245
3
fainteVierge , & afin d'attirerfur
eux lesbenedictions du ciel de
les rendre participans des prieres
des bonnes œuvres d'un nombre
3
prefqu'infini de Confreres du Rofaire répandu dans tout le monde
chrefien. Le Pere Mefpolié Dominicam eft le Religieux qui eft
chargé de dire le Rofairepourl'un
pour l'autre Prince , jusqu'à
ce qu'ayant atteint l'usage de la
raifon , ils foient en eftat eux- mêmes de s'en acquitter. Agreez ,
Madame , ce Memoire que jay
dreſſé àla haſte pour vous donner
quelque idée de cette excellente de
votion , qui eft au- deffus de mes
X iij
246 MERCURE
expreffions. Je ne doute pas que
vous ne l'accreditiez par voftre
pieté par vos exemples. Jefuis ,
Madame, avecun zele tout refpectueux , voftre tres-humble
tres- obéïſſantſerviteur…………
Monfeigneur le Duc d'Anjou ,
dont je vous parleray peut-
CALANT 219
eftre plus d'une fois avant de
finir ma Lettre.
LETTRE
emp
D'un fçavant Directeur à une
Dame de la Cour , fur la reception de Monfeigneur le
Duc d'Anjou au Rofaire.
Vous me demandez ,
Madame,des éclairciffemensfur la Confrerie du Rofaire dans laquelle
Monfeigneur le Duc d'Anjou a
efté reçu par le Pere Mefpolié
Dominicain, le 27. de Février.
C'estune desplus excellentes devotions de la Religion qui nourrit
une folide pieté quand on enfuit
Tij
220 MERCURE
l'esprit & qu'on en remplit les
devoirs. Ses fondemens font les
principaux Mysteres de la Vie , de
la mort, e de la gloire de JeſusChrift de fafainte mere. Elle
renferme les Prieres vocales les
plus efficaces pour ſerendre agreables à l'un à l'autre & adorer
Dieu en efprit & en verité, les
reflexions les plus touchantes , ta
frequentation des Sacremens avec
les difpofitions requifes ; fçavoir
l'imitation des vertus de JefusChrift & de fafainte Mere &
les plus effentiels devoirs de la
charité. Car on cft obligé d'appli
quer le premier Chapelet du Rox
GALANT 228
faire pourles Confreres vivans ,
afin que s'ils font en eftat de peché qu'ils fe convertiffent , s'ils
font en eftat de grace qu'ils
perfeverent , & s'ils font expofez à quelque fâcheux accident , qu'ils en foient prefervez.
Le fecond Chapelet eft recité pour
les Agonizants , afin qu'ils foient
fortifiez à l'heure de la mort contre l'ennemi du falut, &que leur
mort foit preticufe aux aux yeux de
Dieu; & le troifiéme Chapelet
pour les Confreres deffunts , afin
qu'ilsfoient foulagez en Purgatoire , & qu'ils en foient promptement délivrez.
Tiij
222 MERCURE
plus
a
De fi grands avantages ontporté en tout temps depuis l'inftitution
de cette Confrerie les Papes , les
Rois Chreftiens , & les Saints les
recommandablesparleurfcien
cee parleurpieté àfaire une eftimefinguliere de cette devotion.
Sixte IV. dit que le Rofaire
eft une devote &religieufe pra-
*ique de prier,inftituée à la gloire de Dieu tout - puiſſant & à
l'honneur de la glorieuſe Vierge Marie , & pour nous munir
contre les dangers dont on eſt
menacé.
Leon X. reconnoist que c'est
un rempart invulnerable aux
GALANT 1 223
#
Aleaux de la guerre , &une puiffante reffource pour obrenic
des fecours miraculeux dan's
les preffantes neceffitez od
nous fommes reduits.
Clement VIII affure que cet
exercice eft d'une tres-grande
utilité pour de falut de l'ame
& du corps , qu'il attire des
graces extraordinaires fur ceux
qui s'y appliquent & qu'il excite en eux une devotion art
dente pour les pratiques de la
Religion , qu'elle a fait des
biens immenfes à l'Eglife , &
qu'elle y en fait tous les jours ,
que le Fideles , foit Clercs ou
Tiiij
224 MERCURE
Liques , hommes & femmes ,
font attirez par ce religieux
exercice à un fi haut degré de
ferveur que Dieu les a non- feulement ornéz de graces , mais
auffi fait éclater des miracles
infinis en leur faveur.
2
Pie V. dit que le Rofaire eft
un exercice de pieté propre
pour donnerla paix à ceux qui
font dans le trouble ; pour con
foler les affligez &pour rendre.
plus fervens ceux qui font lâches , & qui font leurs prieres
avec tiedeur..
Gregoire XIII. dit
Rofaire eft tres-utile pour arque le
GALANT 225
refter le cours de la juftice de
Dieu irritée contre les hommes ; que c'eft un Arſenal d'où
l'Eglife a toûjours tiré des ar
mes redoutables à l'Enfer ; &
que Saint Dominique infticua
cette pieufe methode de prier
pour meriter la protection de
la tres - Sainte Vierge , dans le
temps que la France & l'Italie
eftoient affligées par de pernicieuſes herefies.
Sixte V. dit que cette devotion a produit des biens ineftimables à l'Eglife & aux Fideles , qu'elle en produit tous les
jours , & qu'elle a efté établie
226 MERCURE
pour cette fin dans tout le mon
de Chreftien.
Adrien VI. reconnoist que le
Rofaire cft tres utile aux mo
ribonds & qu'il leur procure de
puiffans fecours pour diffiper
tous les artifices du demon à
l'heure de la mort , & pour ob
tenir aux Agonifans la perfeverance finale..
Les autres Papes qui ont precedéceux ci depuis l'établiſſement
du Rofaire , & qui les ont fuivis
en ont fait des éloges femblables
les plusgrands Saints des derniers fiecles , illuftres enpieté en
fcience nefontpas éloignez de leurs
fentimens
GALANT 227
Saint Charles Borromée autant diftinguéparfa faintetéqu'il
L'eftoit par fa pourpre & par fa
fcience , dit dans une fçavante Ordonnance qu'il a faite fur l'excellence du Rofaire , que c'eſt un
abbregé de plufieurs exercices
de pieté & des pratiques de devotion tres-agreables à Dieu ,
de laquelle le Saint Siege a toûours fait une eftime tres- particuliere , & qu'il a enrichies
d'un grand nombre de Privileges & d'Indulgences tres- authentiques.
Il ajoute que le Rofaire eft
principalement inftitué pour
228 MERCURE
honorer Jefus- Chrift & fa fairte Mere , tres propre pourpor
ter les Fideles à s'entretenir des
Miſteres de Nôtre - Seigneur
Jefus Chrift , & des douleurs
qu'il a endurées pour nous.
C'est pourquoy cefaint Cardinal
invite tout le monde ; les perfonnes lesplus diftinguéesfoit par leur
rang, foit par leur naiffance ,foit
par leurfcience , foit par leur ver
zu à fe faire écrire dans les Regiftres de cette Confrerie ,fans en
excepter même les Cleres de fon
Seminaire les Ecclefiaftiques
defon Dioceſe , déclarant qu'il n'a
en cela d'autre vûë que leurfalut
GALANT 229
d'attirer fur eux de plus en
plus par cette Priere la paix, la
grace, & la benediction du Seigneur.
Saint François de Salesfe fit recevoirdans cette auguste Affociation ; ilfaifoit prêcher cette devotion dansfes Miffions ; il exhorte
toutes les perfonnes de pieté à aimer cette devotion ; il en établit
l'excellence l'utilité; il s'oppose
de toutes fes forces à ces efprits
fortsfelon le monde qui en mépri→
fent la pratique, & pour faire
voir plus en particulier l'eftime
qu'il en faifoit & les prodigieux
avantages qu'on enpeut retirer ,
230 MERCURE
ilfit vœu dediretous les jours une
partie du Rofaire dans le cours
même des occupations continuelles
de fes Miffions.
Sainte Thereferecitoitfort exactement le Rofaire, &elle recevoit
par cette devotion desfaveurs extraordinaires.
Voici comme elle enparle. Etant
une nuit dans un Oratoire af
fez recueillie , mais fi malade
queje croyois ne pouvoir faire
oraifon , je me contentay de
prendre mon Chapelet pour
prier vocalement; il parut bien
alors que nos penſées font fors
inutiles quand Dieu veut ope→
1
GALANT 231
进
rer quelque chofe en nous :
car je tombay dans un fi grand
raviffement que je me trouvay
commehors de moi- même. Il
me fembla que j'eftois dans le
Ciel.... où je vis des chofes,
merveilleufes dans le peu de
temps quedura cette faveur.
Et parlant duchemin de laperfection ellefait voir quelle eſt l'utilité de cette devotion ,
affurant
qu'elle est auffi avantageuſe àproportion qu'on s'y attache , & que
les graces répondent au zele qu'on
a de reciterfouvent le Rofaire. Si
quelqu'un dit unefois le Rofaire ,
il en profite , s'il le recite plufieurs
232 MERCURE
fois , il en retire de plus grands.
fecours.
En eflet le Rofaire infpire l'horreur du peché, c'est là un moyen
fouverain pourobtenir lagrace du
Jalut , élever les Saints au plus
baut degré de la perfection & attirer mêmes des benedictions particulieres fur les Familles & fur
les Armées des Princes Catholiques.
Les fiecles à venir admireront à
jamais la protection miraculeufe
que tira de cette devotion , le celebre Comte deMontfort. Cegrand
General animépar les prom ffes de
Saint Dominique , qui luy pro-
GALANT 233
mettoit la victoire de la part de
Dieu , filuy co fes Soldats im-
·ploroient l'affiftance de la tres -fainte Vierge, & s'ils recitoient devotementle Rofaire , il attaquaavec
quatorze cens ou dix - huit cens
François l'Armée formidable des
Albigeois , compofée de cent mille
bommes en 1213. &commandée
par le Roy d'Arragon. Il l'attaqua; dis-je , la combattit avec
tant de valeur que cette nombreuſe
Arméefemblable à celle des Madianites confternée aux approches
de Gedeon , fut enfin diffipée.
Leon X. dit que la Ville &
le Diocefe de Cologne eftant prefMars 1710.
γ
234 MERCURE
fee par de grandes guerres , onérigea dans l'Eglife des Freres Précheurs à la demande de Frideric
111. Empereur des Romains la
Confrerie du Rofaire , afin quela
Ville & le Diocese fuffent déli
vrez de cesguerres. Ce qui arriva
peu de temps aprés.
Trois grands Papes Pie V.
Gregoire XIII. Clement VIII.
ont que la fameuse
de Lepante remportée
Za
connus
par les Chreftiens fur la Flotte
des Turcs , compofée de deux
cens quarante deux Galeres qui
menaçoient l'Italie d'une irrup
tiongenerale,fut un exploit mirairrup-
GALANT 235
culeux de cette devotion , de- là
les Souverains Pontifes ont ordonné qu'enAction de Grace, on remettroit lagrandefefte duRofaire
qu'on celebroit auparavant le 25.
Mars fefte de l'Annonciation
au premier Dimanche d'Octobre ,
jour auquel cettefignalée Victoire
futremportéedans le temps même
que dans toute la Chreftienté on
faifoit la Proceffion du faint
Rofaire ordonné par Pie V
Voilà , Madame , les motifs
qui ont inspiré aux Rois & aux
Reines de France , une veneration particuliere pour cette devotion qui les ontportez àyfaire
Vij
236 MERCURE
recevoir les Princes leur enfans
quelquejours aprés leur naillance.
L'origine de cette loüable &
religieuse coutume eft fort
ancienne. Elle vient de la Reine
Blanche époufe de Loüis VII I.
qui affligée de n'avoir point d'enfans , confulta Saint Dominique ,
furles voeux qu'elle devoit faire
à Dieu pour en obtenir , ce grand
Saint autant édifié de la pieté
qu'honoré de la confiance de
tette Reine , luy predit que fes
juftes defirs feroient exaucezfi elle
vouloit honorer la tres - fainte
Vierge , par la devotion du Rofaire dont il luyapprit lapratique ,
*
GALANT 237
མ la
le fuccés de l'évenement justifia
la verité de la Prediction ,
Reine accoucha d'un fils ; mais
Dieu l'ayant enlevé au monde
pour luy fairepart de la gloire ,
Saint Dominique conſeilla derechef à la Reine de continuer
cette Priere & elle donna à la
France Saint Louis , l'ornement
de ce Royaume , l'admiration de
fonfiecle & le modelle de tous les
Rois , qui en
bienfait fi figale honora d'une
tendre particuliere confiance
eunoi
d'un
les Religieux de Saint Dominique
fuccaavecle lait cette devotion
qui l'éleva à cette éminente per-
238 MERCURE
fection qui luy a merité la veneration de toute l'Eglife.
Ses Succeffeurs ont donnéauffi
des marques de leur zele pour de - leur
cette devotion. Nous en avons
des preuves certaines dans les
derniers fircles.
Henry IV. yfutreceu aprés
fa converfion , il difoit tous les
jours une partie du Rofaire , &
tous les Samedys le Rofaire entier , qui luy avoit efte ordonné
par Clement VIII. lorfqu'il
luy donna l'Abfolution de fon
Herefie.
Louis XIII. furnommé le
Julte , ayant formé le Siege de
GALANT 239
>
La Rochelle & voyant les difficul
tez immenfes pour reduire cette
importante Place , écrivit à la
Reine Mere Marie de Medicis
d'ordonner qu'on fit des Prieres
extraordinaires , à l'honneur de la
tres- Sainte Vierge. La Reine
choifit l'Eglife des Dominicains
de la rue Saint Honoré , pour y
faire reciter publiquement le
Rofaire de la maniere qu'elle
l'avoit vú pratiquer à Florence
à Pife , & en plufieurs autres
Villes d'Italie ; ce qu'on executa
tous les Samedis en prefence de
la Reine Mere , de la Reine
Regente , de Monfieur le Duc
240MERCURE
d'Orleans , des Eminentiffimes
Cardinaux de la Rochfoucaud ,
de Berulle , de l'Archevêque
de Paris qui faifoit la lecture des
Mifteres , de plufieurs autres
Prelats , & d'une foule incroiable de Peuple qui y accourotent
de toutes parts.
Le Roy ayant appris la ferveur avec laquelle on faifoit ces
Prieres à Paris voulut que la
même devotion fut pratiquée
dans fon Armée. Il en donna
la commiffion au Pere Louvet
aplufieurs autres Dominicains
qui avoient fuivi Sa Majesté
au Siege de cette Placepourfervir
les
GALANT 241
>
ils
les malades & pour adminiftrer
les Sacremens ; ils diftribuerent
pour cefujetplus de quinze mille
Chapelets aux Soldats
précherent avec tant de fuccés
cette devotion que tout le Camp
retentiffoit à certaines heures da
jour de la nuit des louanges &
des prieres du Rofaire , quifurent
continuées jufqu'à la reduction de
la Place.
}
que
Anne d'Autriche , une desplus
religieufes Princeffes du monde,
publiaplufieurs fois en Cour
par la vertu de cette devotion elle
avoit obtenu de Dieu noftre Augufte Monarque Louis XIV.
Mars 1710.
X
242 MERCURE
qui nâquit le premier Dimanche
deSeptembre pendantque les Prieres de nos Confreres montoient devant le Trône deJefus Chrift ,
pour obtenir l'heureuſe naiſſance
de ce Princefurnommé Dieu donné. En reconnoiffance d'un bienfait fi fignalé laReinefit recevoir
le Roy fon fils dans cette fainte
Affociation. Sa Majeflé recitoie
tous les jours une partie du Ro
faire ; elle affiftoit regulierement
aux Proceffions du Rofaire quife
font à Paris dans les Eglifes des
Peres Dominicains tous les premiers Dimanches de chaque mois.
les Festes de lafainteVierge ,
GALANT 243
& Sa Majesté s'acquittoit avec
tant d'exactitude des autres devoirs de cette devotion que ceux
qui l'approchoient en eftoient édi
fiez.
Marie - Therefe d'Autriche ,
Epoufe de noftre illuftre Monarque,fut heritiere de lapietéde la
Reine Mere. Sa Majestés'appliquoit à tous les exercices de cette Confrerie ; eftant à Versailles
elle fir parfesfoins & parfes liberalitez établir le Rofaire dans
3 la Paroiffe , &pour marquerplus
en particulier l'estime qu'elle en
faifoit & que les plus grands Seigneurs en doivent faire , SaMaXij
244 MERCURE
jeffé y fit recevoir Monfeigneur le
Dauphin & Monfeigneur le Duc
de Bourgogne peu de jours aprés
leur naiffance & donna Commiffion à deux Religieux Dominicains , fuivant l'ancien ufage ,
de dire le Rofaire pour ces deux
Princes, jufqu'à ce qu'ilsfuffent
en âge de le reciter eux- mêmes.
Les deux derniers Princes
Monfeigneur le Duc de Bretagne
&Monfeigneur le Duc d'Anjou
ont efté à leurtourreçus au Rofaire
peu de jours aprés leur naiffance,
ce quin'eftpas une Ceremonie inutile ; ils y font Affoeiez pour les
mettrefous laprotection de la tres-
GALANT 245
3
fainteVierge , & afin d'attirerfur
eux lesbenedictions du ciel de
les rendre participans des prieres
des bonnes œuvres d'un nombre
3
prefqu'infini de Confreres du Rofaire répandu dans tout le monde
chrefien. Le Pere Mefpolié Dominicam eft le Religieux qui eft
chargé de dire le Rofairepourl'un
pour l'autre Prince , jusqu'à
ce qu'ayant atteint l'usage de la
raifon , ils foient en eftat eux- mêmes de s'en acquitter. Agreez ,
Madame , ce Memoire que jay
dreſſé àla haſte pour vous donner
quelque idée de cette excellente de
votion , qui eft au- deffus de mes
X iij
246 MERCURE
expreffions. Je ne doute pas que
vous ne l'accreditiez par voftre
pieté par vos exemples. Jefuis ,
Madame, avecun zele tout refpectueux , voftre tres-humble
tres- obéïſſantſerviteur…………
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Résumé : LETTRE D'un sçavant Directeur à une Dame de la Cour, sur la reception de Monsieur le Duc d'Anjou au Rosaire.
La lettre d'un directeur spirituel à une dame de la cour traite de la réception du Duc d'Anjou dans la Confrérie du Rosaire. Cette confrérie est présentée comme une dévotion religieuse excellente, fondée sur les mystères de la vie, de la mort et de la gloire de Jésus-Christ et de sa sainte mère. Elle inclut des prières vocales efficaces, des réflexions touchantes et la fréquentation des sacrements avec les dispositions requises, telles que l'imitation des vertus de Jésus-Christ et de sa mère, ainsi que les devoirs essentiels de la charité. Les membres prient pour les vivants, les agonisants et les défunts. Les avantages de cette dévotion ont été reconnus par les papes, les rois chrétiens et les saints, qui l'ont recommandée pour sa piété et son utilité. Plusieurs papes, comme Sixte IV, Léon X, Clément VIII, Pie V, Grégoire XIII, Sixte V, Adrien VI, et d'autres, ont loué le Rosaire pour ses bienfaits spirituels et matériels. Des saints comme Charles Borromée et François de Sales ont également promu cette dévotion. La lettre mentionne des événements historiques où le Rosaire a joué un rôle crucial, comme la victoire de Lépante et la délivrance de la ville de Cologne des guerres. La dévotion au Rosaire est également liée à des traditions royales en France, notamment la reine Blanche et ses successeurs, qui ont honoré cette pratique. Des rois comme Henri IV et Louis XIII ont montré leur zèle pour cette dévotion, et la reine Anne d'Autriche a obtenu des grâces divines grâce au Rosaire. La pratique dévotionnelle du Rosaire est décrite comme une prière dédiée à la Vierge Marie, pratiquée régulièrement dans les églises des Pères Dominicains à Paris. Chaque premier dimanche du mois, des processions étaient organisées, auxquelles le roi participait avec exactitude, inspirant ainsi ceux qui l'entouraient. Marie-Thérèse d'Autriche, épouse du roi, héritait de la piété de sa mère et s'appliquait également aux exercices de cette confrérie. À Versailles, elle établissait souvent le Rosaire dans la paroisse et faisait recevoir les princes, tels que le Dauphin et le Duc de Bourgogne, peu après leur naissance. Deux religieux dominicains étaient chargés de dire le Rosaire pour ces princes jusqu'à ce qu'ils puissent le réciter eux-mêmes. Les Ducs de Bretagne et d'Anjou furent également reçus dans cette pratique, afin de les placer sous la protection de la Vierge Marie et de les associer aux prières et aux bonnes œuvres des confrères du Rosaire à travers le monde chrétien. Le Père Mespolié dominicain était responsable de dire le Rosaire pour ces princes jusqu'à ce qu'ils atteignent l'âge de le réciter par eux-mêmes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 256-257
« J'ay oublié de vous marquer à la fin de l'Article du [...] »
Début :
J'ay oublié de vous marquer à la fin de l'Article du [...]
Mots clefs :
Rosaire, Envoyer, Duc d'Anjou
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « J'ay oublié de vous marquer à la fin de l'Article du [...] »
'ay oublié de vous marquer à la fin de l'Article du
Rofaire , quiprecede celuy que
Vous venez de lire , que je vous
ay déja envoyé il y a quelques
années , un Article à peu prés
femblable , puifqu'il s'agiffoit
de la reception de Monfeigneur le Duc de Bretagne à
la Confrérie du Rofaire. On
ne peutrop parler de ces fortes
d'Articles , & on ne les peut
top lire à cauſe du bien qu'ils .
GALANT 257
peuvent faire, & qu'ilspeuvent
engager ceux qui les lifent à
fe mettre du nombre des
Confreres du Rofaire. L'Article que vous venez de lire eft
bien capable de produire ce
falutaire effet , puifqu'il eft
rempli de miracles qui font de
notorieté publique , & dont
les Hiftoires font pleines depuis plufieurs ficcles ; de maniere que perfonne n'en peut
douter non plus que de ce que
plufieurs Papes en ont dit dans
un grand nombre de Bulles
qui font connues de tout le
monde.
Rofaire , quiprecede celuy que
Vous venez de lire , que je vous
ay déja envoyé il y a quelques
années , un Article à peu prés
femblable , puifqu'il s'agiffoit
de la reception de Monfeigneur le Duc de Bretagne à
la Confrérie du Rofaire. On
ne peutrop parler de ces fortes
d'Articles , & on ne les peut
top lire à cauſe du bien qu'ils .
GALANT 257
peuvent faire, & qu'ilspeuvent
engager ceux qui les lifent à
fe mettre du nombre des
Confreres du Rofaire. L'Article que vous venez de lire eft
bien capable de produire ce
falutaire effet , puifqu'il eft
rempli de miracles qui font de
notorieté publique , & dont
les Hiftoires font pleines depuis plufieurs ficcles ; de maniere que perfonne n'en peut
douter non plus que de ce que
plufieurs Papes en ont dit dans
un grand nombre de Bulles
qui font connues de tout le
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Résumé : « J'ay oublié de vous marquer à la fin de l'Article du [...] »
L'auteur regrette de ne pas avoir mentionné un article précédent sur la réception du Duc de Bretagne à la Confrérie du Rofaire. Il souligne que ces articles, riches en miracles documentés depuis des siècles et attestés par des bulles papales, peuvent encourager les lecteurs à rejoindre la confrérie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 1896-1902
MORTS NAISSANCES,
Début :
Michel Poncet de la Riviere, Evêque d'Angers, Abbé des Abbayes de Vierson, Diocèse [...]
Mots clefs :
Duc d'Anjou, Duchesse de Brunswick, Bénédicte-Henriette du Palatinat
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS NAISSANCES,
MORTS NAISSANCES,
Michel Poncet de la Riviere , Evêque d'An-
.cèle de Bourges, de Noailles, Diocèfe de Poitiers
& de S. Florent lès Saumurs , Diocèle d'Angers,
P'un des Quarante de l'Académie Françoiſe
mourut dans fon Diocèſe le 2. de ce mois , âgé
d'environ 58. ans.
Le même jour , Dame Marie - Magdelaine Pa
rent, Epoufe de M. Louis le Boulanger , Cheva-"
"
lier
A O UST. 1730. 1897
valier Seigneur d'Hacqueville , Maître des Requêtes
, mourut à Paris , âgé d'environ 42. ans.
M. Vabere de Sailly , Chevalier , Capitaine au
Régiment de Navarre , decedé le même jour ,
âgé d'environ 50. ans.
Le Comte d'Alais , Prince du Sang , frere du
Prince de Conty , mourut à Paris le 7. de ce
mois , dans la neuvième année de fon âge , étant
né le s . Février 1722. Le Roi en prit le deuil
le 12. & le quitta le 24.
M.François de Murard, Confeiller en la Grande
Chambre du Parlement , mourut le 11. Août ,
dans la 62 ~ anné de ſon âge .
Benedictine Henriette , Philippe , Comteffe Palatine
du Rhin , veuve de Jean - Frederic de Brunfwick
, Duc d'Hanover , mort à Ausbourg le 27.
Décembre 1679. mourut fubitement à midi le
12. de ce mois à fa Maifon de Campagne du
Village d'Anieres , âgée de 78. & 20. jours ;
étant née le 23.Juillet 16 52. Cette Princeffe étoit
fille d'Edouard , Prince Palatin du Rhin , mort à
Paris le 10. Mars 1663. & d'Anne de Gonzague
de Mantoie , morte le 6. Juillet 1684. Elle avoit
eu de fon Mariage Charlote- Felicité , née le 8 .
Mars 1671. marié le 18. Novembre au Duc de
Modene , & morte en couches le 26. Septembre
1710. Marie- Jofephe , née le 29. Mars 1672 .
morte le 4. Septembre 1687. & Willelmine Amelie
, veuve de l'Empereur Jofeph , auquel elle fut
mariée le 15. Janvier 1699. Elle étoit foeur de la
Princeffe Anne , veuve d'Henry- Jules de Bourbon
, Prince de Condé , Premier Prince du Sang ,
morte le 23. Fevrier 1723.
L'inftant d'avant fa mort , cette Princeffe paroiffoit
en bonne fanté , & fe felicitoit de fon
état ; elle s'étoit levée à ſon heure ordinaire
avoit été à la Meſſe , qu'elle avoit entenduë toute
entiere ,
>
1898 MERCURE DE FRANCE
2
entiere, fans aucune apparence d'incommodité, &
au fortir de laquelle ayant fenti quelque mouvement
dans le ventre , elle entra d'un pas ferme &
affuré dans fa Garderobe , fans avoir befoin de
perfonne pour la foutenir , & à peine fut - elle fur
fa chaife qu'elle tomba morte par terre fans
donner depuis cet inftant aucun figne de vie.
>
Parmi les differentes caufes de mort , décou
vertes à l'ouverture de fon corps , & qui ne s'étoient
manifeftées pendant fa vie par aucun figne
particulier qui les dénotât , il s'en eft trouvé une
dans le coeur, auffi rare , auffi finguliere, & auffi
difficile , pour ne pas dire auffi impoffible à prévoir
qu'à détruire. Cette caufe qui peut être regardée
comme la principale , ou pour mieux dire,
l'unique de la mort fubite de cette Princeffe
c'étoit un trou ou une espece de finus qu'une humeur
faline & penétrante avoit creufé petit à petit
& obliquement dans la parois du ventricule
droit du coeur , ce finus s'ouvrant d'un coté dans
la cavité du ventricule , & de l'autre dans celle du
pericarde , perçoit de part en part l'épaiffeur de
la parois de ce ventricule , & ayant permis au
fang de ce ventricule de s'infinuer dans le pericarde
& de fe détourner par là de fa route naturelie
du coté de l'artere du poumon , avoit donné
lieu à une interruption formelle de la circulation ,
à un affaiflemen: & une concidence fubite des parois
des vaiffeaux & à la mort précipitée de
cette Princeffe.
Il y avoit fix onces de fang caillé dans le pericarde
, fans compter la férofité de ce fang qui y
étoit aufli. On n'en a pas trouvé dans le ventricule
droit du coeur , parceque celui qu'il auroit
dû contenir s'étoit totalement écoulé dans le
pericarde ; mais le ventricule gauche qui n'étoit
point percé de même , contenoit la quantité de
fang
A OUST. 1730. 1899
fang caillé qui a coutume de s'y rencontrer après
la mort.
Dame Claude Emée Defpinay , veuve de M.
Geofroy Dominique de Bragelone , Chevalier ,
Seigneur de Lonny , Deville , Cliron & c. Maître
des Requêtes , mourut le 13. Août , agée d'environ
80. ans.
Charles Boucher d'Orçay , Maître des Requê
tes Honoraire & Intendant de la Generalité de
Limoges , mourut à Paris , le 14. de ce mois ,
dans la 56me année de fon âge. M. de Tourni ,
Maître des Requêtes, a été nommé à l'intendan
ce de Limoges.
Le 18. Juillet , Dame Marie Anne Hiacinthe
Vis-de- Lou , Epoufe de Louis Engelbert , Comte
de la Marck , Marquis de Wardes , Colonel d'un
Regiment d'Infanterie Allemande , au fervice du
Roi , accoucha d'une fille qui fut tenuë fur les
Fonts le 18. Août , & nommée Louife Marguerite
par Louis Pierre , Comte de la Marck & de
Schleiden , Chevalier des Ordres du Roi, Lieutenant
General des Armées de S.M. & c. & par Dame
Marguerite Iris de Poix, Epoufe de Jean Baptifte,
Marquis de Monteflon , Brigadier des Armées du
Roi , Sous- Lieutenant des Gendarmes Dauphins.
Le 16. Août , M. le Curé de S. Sulpice adminiftra
dans fon Eglife le Sacrement de Baptême à
une fille agée de 25. ans , née & élevée dans la
Religion Judaïque dont elle avoit fait volontairement
abjuration . Elle fut nommée Marie Magdelaine
Sara par M. René Herault , Conſeiller
d'Etat , Lieutenant General de Police , & par Dame
Diane Magdelaine de Bautru - Vaubrun , Ducheffe
d'Etrées.
Le lendemain le même Pafteur adminiftra auffi
le Sacrement de Baptême à la Mere de cette fille,
nommée Rachel Mendoza , veuve d'Abraham Gavet
,
1900 MERCURE DE FRANCE
vet , âgée de cinquante ans & auffi élevée dans
la Religion Judaïque , qu'elle a pareillement abjurée.
Elle eut pour Parrain Mr Nicolas Profper
Bauyn d'Angervilliers , Miniftre & Secretaire
d'Etat de la Guerre , & pour Marraine Dame
Marie Brulart , veuve de Jofeph de Bethune ,"
Marquis de Charoft , Brigadier des Armées du
Roi &c. Cette mere & cette fille font originaires
de la Ville de Nice , Capitale du Comté de ce
nom , dans les Etats du Roi de Sardaigne.
Dame Françoife Aubery de Vaftan , Epoufe
d'Armand de Bethune , Comte d'Orval &c. accoucha
le 18. Août d'un fils , qui fut nommé ‹
Maximilien Antoine Armand , par M. Antoine
Portail , Premier Préſident du Parlement , & par
Dame Marie Therefe Martin , veuve de Louis ,
Marquis de Bethune , Marquis de Chabris &c.
Le 30 de ce mois , la Reine fentit à fix heures
du matin quelques douleurs , & vers les neuf
heures S. M. accoucha heureufement d'un Prince
, que le Roi a nommé Duc d'Anjou. Dès que
ce Prince fut né , il fut ondoyé par l'Abbé de
Choifeul , Aumônier du Roi en quartier , en préfence
du Curé de la Paroiffe de Verſailles . Le
Roi affifta à cette Cerémonie , ainfi que les Princes
& Princeffes du fang qui étoient à Verſailles,
le Cardinal de Fleuri , le Chancelier de France &
le Garde des Sceaux. Lorfque la Ducheffe de
Ventadour , Gouvernante des Enfans de France ,
cut porté Monfeigneur le Duc d'Anjou dans
l'Appartement qui lui avoit été preparé , le Marquis
de Breteuil , Commandeur- Prevôt & Maître
des Cerémonies des Ordres du Roi , porta à ce
Prince le Cordon & la Croix de l'Ordre du Saint
Efprit ; il fit cette fonction à cauſe de l'abſence
du Grand Tréforier des Ordres. Le Roi qui s'étoit
AOUST. 1730. 1901
toit rendu auprès de la Reine dans le tems qu'elle
avoit commencé à fentir des douleurs , étant rentré
dans fon Appartement , envoya M. de Lugat,
l'un de fes Gentilshommes ordinaires , à Chambord
, porter au Roi Staniſlas & à la Reine fon
Epoufe la nouvelle de l'heureux Accouchement de
la Reine & de la Naiffance de Monfeigneur le
Duc d'Anjou , & le Garde des Sceaux , Miniftre
& Secretaire d'Etat , ayant le département des
affaires Etrangeres , depêcha dans le même tems
des Couriers Extraordinaires aux Ambaſſadeurs
& aux Miniftres du Roi dans les Cours Etrangeres
, pour leur annoncer cette nouvelle . Aufli tôt
qu'on cut appris que la Reine étoit accouchée
d'un Prince , les Princes du Sang , les Seigneurs
de la Cour , les Chefs des Compagnies Superieures
& les perfonnes de confideration , s'emprefferent
d'aller à cette occafion rendre leurs refpects
au Roi , & S. M. qui parut très fenfible à
leur zele reçût avec bonté les témoignages de
leur joye,
Le Roi alla à midi entendre la Meffe , pendant
laquelle on chanta le Te Deum , en actions de
graces de l'heureux accouchement de la Reine &
de la Naiffance de Monfeigneur le Duc d'Anjou.
L'après midi , le Roi reçut les complimens des
Princeffes du Sang & des Dames de la Cour ,
& il vit les Ambaffadeurs & les Miniftres Etrangers
qui s'étoient rendus à Verſailles avec beau
coup d'empreffement pour complimenter S. M.
Après le fouper du Roi , on tira dans l'Efplanade
qui eft entre la grande Grille & les Ecuries , des
Fufées & un Feu d'artifice , & il y eut dans
toutes les rues des Illuminations, des Feux & toutes
les autres marques de réjouiffance.
La Reine & Monfeigneur le Duc d'Anjou , ſe
portent auffi-bien qu'on puiffe le fouhaiter.
Le
1902 MERCURE DE FRANCE
•
Le même jour 30 Août , les Prévôt des Marchands
& Echevins qui s'étoient affemblez à l'Hôtel
de Ville , auffi -tôt qu'ils eurent appris que la
Reine avoit fenti quelques douleurs , reçurent la
nouvelle de fon heureux Accouchement & de la
Naiffance de Monfeigneur le Duc d'Anjou , par le .
Chevalier de S. André , Enfeigne des Gardes du
Corps , qui fert actuellement auprès de la Reine
& que le Roi avoit envoyé pour en donner part au
Corps de Ville. Il arriva à l'Hôtel de Ville vers
les onze heures & demie du matin, & dans le moment
les Prévôt des Marchands & Echevins firent
annoncer cette heureufe nouvelle à toute la
Ville par le bruit du Canon & par la Cloche de
l'Hôtel de Ville. Le foir on tira le Canon , il у
eut un grand Feu , accompagné de Fufées , dans
la Place de l'Hôtel de Ville , qui fut illuminé , &
la joye publique éclata par les acclamations du
Peuple & par les Feux qui furent faits devant toutes
les Maiſons .
Michel Poncet de la Riviere , Evêque d'An-
.cèle de Bourges, de Noailles, Diocèfe de Poitiers
& de S. Florent lès Saumurs , Diocèle d'Angers,
P'un des Quarante de l'Académie Françoiſe
mourut dans fon Diocèſe le 2. de ce mois , âgé
d'environ 58. ans.
Le même jour , Dame Marie - Magdelaine Pa
rent, Epoufe de M. Louis le Boulanger , Cheva-"
"
lier
A O UST. 1730. 1897
valier Seigneur d'Hacqueville , Maître des Requêtes
, mourut à Paris , âgé d'environ 42. ans.
M. Vabere de Sailly , Chevalier , Capitaine au
Régiment de Navarre , decedé le même jour ,
âgé d'environ 50. ans.
Le Comte d'Alais , Prince du Sang , frere du
Prince de Conty , mourut à Paris le 7. de ce
mois , dans la neuvième année de fon âge , étant
né le s . Février 1722. Le Roi en prit le deuil
le 12. & le quitta le 24.
M.François de Murard, Confeiller en la Grande
Chambre du Parlement , mourut le 11. Août ,
dans la 62 ~ anné de ſon âge .
Benedictine Henriette , Philippe , Comteffe Palatine
du Rhin , veuve de Jean - Frederic de Brunfwick
, Duc d'Hanover , mort à Ausbourg le 27.
Décembre 1679. mourut fubitement à midi le
12. de ce mois à fa Maifon de Campagne du
Village d'Anieres , âgée de 78. & 20. jours ;
étant née le 23.Juillet 16 52. Cette Princeffe étoit
fille d'Edouard , Prince Palatin du Rhin , mort à
Paris le 10. Mars 1663. & d'Anne de Gonzague
de Mantoie , morte le 6. Juillet 1684. Elle avoit
eu de fon Mariage Charlote- Felicité , née le 8 .
Mars 1671. marié le 18. Novembre au Duc de
Modene , & morte en couches le 26. Septembre
1710. Marie- Jofephe , née le 29. Mars 1672 .
morte le 4. Septembre 1687. & Willelmine Amelie
, veuve de l'Empereur Jofeph , auquel elle fut
mariée le 15. Janvier 1699. Elle étoit foeur de la
Princeffe Anne , veuve d'Henry- Jules de Bourbon
, Prince de Condé , Premier Prince du Sang ,
morte le 23. Fevrier 1723.
L'inftant d'avant fa mort , cette Princeffe paroiffoit
en bonne fanté , & fe felicitoit de fon
état ; elle s'étoit levée à ſon heure ordinaire
avoit été à la Meſſe , qu'elle avoit entenduë toute
entiere ,
>
1898 MERCURE DE FRANCE
2
entiere, fans aucune apparence d'incommodité, &
au fortir de laquelle ayant fenti quelque mouvement
dans le ventre , elle entra d'un pas ferme &
affuré dans fa Garderobe , fans avoir befoin de
perfonne pour la foutenir , & à peine fut - elle fur
fa chaife qu'elle tomba morte par terre fans
donner depuis cet inftant aucun figne de vie.
>
Parmi les differentes caufes de mort , décou
vertes à l'ouverture de fon corps , & qui ne s'étoient
manifeftées pendant fa vie par aucun figne
particulier qui les dénotât , il s'en eft trouvé une
dans le coeur, auffi rare , auffi finguliere, & auffi
difficile , pour ne pas dire auffi impoffible à prévoir
qu'à détruire. Cette caufe qui peut être regardée
comme la principale , ou pour mieux dire,
l'unique de la mort fubite de cette Princeffe
c'étoit un trou ou une espece de finus qu'une humeur
faline & penétrante avoit creufé petit à petit
& obliquement dans la parois du ventricule
droit du coeur , ce finus s'ouvrant d'un coté dans
la cavité du ventricule , & de l'autre dans celle du
pericarde , perçoit de part en part l'épaiffeur de
la parois de ce ventricule , & ayant permis au
fang de ce ventricule de s'infinuer dans le pericarde
& de fe détourner par là de fa route naturelie
du coté de l'artere du poumon , avoit donné
lieu à une interruption formelle de la circulation ,
à un affaiflemen: & une concidence fubite des parois
des vaiffeaux & à la mort précipitée de
cette Princeffe.
Il y avoit fix onces de fang caillé dans le pericarde
, fans compter la férofité de ce fang qui y
étoit aufli. On n'en a pas trouvé dans le ventricule
droit du coeur , parceque celui qu'il auroit
dû contenir s'étoit totalement écoulé dans le
pericarde ; mais le ventricule gauche qui n'étoit
point percé de même , contenoit la quantité de
fang
A OUST. 1730. 1899
fang caillé qui a coutume de s'y rencontrer après
la mort.
Dame Claude Emée Defpinay , veuve de M.
Geofroy Dominique de Bragelone , Chevalier ,
Seigneur de Lonny , Deville , Cliron & c. Maître
des Requêtes , mourut le 13. Août , agée d'environ
80. ans.
Charles Boucher d'Orçay , Maître des Requê
tes Honoraire & Intendant de la Generalité de
Limoges , mourut à Paris , le 14. de ce mois ,
dans la 56me année de fon âge. M. de Tourni ,
Maître des Requêtes, a été nommé à l'intendan
ce de Limoges.
Le 18. Juillet , Dame Marie Anne Hiacinthe
Vis-de- Lou , Epoufe de Louis Engelbert , Comte
de la Marck , Marquis de Wardes , Colonel d'un
Regiment d'Infanterie Allemande , au fervice du
Roi , accoucha d'une fille qui fut tenuë fur les
Fonts le 18. Août , & nommée Louife Marguerite
par Louis Pierre , Comte de la Marck & de
Schleiden , Chevalier des Ordres du Roi, Lieutenant
General des Armées de S.M. & c. & par Dame
Marguerite Iris de Poix, Epoufe de Jean Baptifte,
Marquis de Monteflon , Brigadier des Armées du
Roi , Sous- Lieutenant des Gendarmes Dauphins.
Le 16. Août , M. le Curé de S. Sulpice adminiftra
dans fon Eglife le Sacrement de Baptême à
une fille agée de 25. ans , née & élevée dans la
Religion Judaïque dont elle avoit fait volontairement
abjuration . Elle fut nommée Marie Magdelaine
Sara par M. René Herault , Conſeiller
d'Etat , Lieutenant General de Police , & par Dame
Diane Magdelaine de Bautru - Vaubrun , Ducheffe
d'Etrées.
Le lendemain le même Pafteur adminiftra auffi
le Sacrement de Baptême à la Mere de cette fille,
nommée Rachel Mendoza , veuve d'Abraham Gavet
,
1900 MERCURE DE FRANCE
vet , âgée de cinquante ans & auffi élevée dans
la Religion Judaïque , qu'elle a pareillement abjurée.
Elle eut pour Parrain Mr Nicolas Profper
Bauyn d'Angervilliers , Miniftre & Secretaire
d'Etat de la Guerre , & pour Marraine Dame
Marie Brulart , veuve de Jofeph de Bethune ,"
Marquis de Charoft , Brigadier des Armées du
Roi &c. Cette mere & cette fille font originaires
de la Ville de Nice , Capitale du Comté de ce
nom , dans les Etats du Roi de Sardaigne.
Dame Françoife Aubery de Vaftan , Epoufe
d'Armand de Bethune , Comte d'Orval &c. accoucha
le 18. Août d'un fils , qui fut nommé ‹
Maximilien Antoine Armand , par M. Antoine
Portail , Premier Préſident du Parlement , & par
Dame Marie Therefe Martin , veuve de Louis ,
Marquis de Bethune , Marquis de Chabris &c.
Le 30 de ce mois , la Reine fentit à fix heures
du matin quelques douleurs , & vers les neuf
heures S. M. accoucha heureufement d'un Prince
, que le Roi a nommé Duc d'Anjou. Dès que
ce Prince fut né , il fut ondoyé par l'Abbé de
Choifeul , Aumônier du Roi en quartier , en préfence
du Curé de la Paroiffe de Verſailles . Le
Roi affifta à cette Cerémonie , ainfi que les Princes
& Princeffes du fang qui étoient à Verſailles,
le Cardinal de Fleuri , le Chancelier de France &
le Garde des Sceaux. Lorfque la Ducheffe de
Ventadour , Gouvernante des Enfans de France ,
cut porté Monfeigneur le Duc d'Anjou dans
l'Appartement qui lui avoit été preparé , le Marquis
de Breteuil , Commandeur- Prevôt & Maître
des Cerémonies des Ordres du Roi , porta à ce
Prince le Cordon & la Croix de l'Ordre du Saint
Efprit ; il fit cette fonction à cauſe de l'abſence
du Grand Tréforier des Ordres. Le Roi qui s'étoit
AOUST. 1730. 1901
toit rendu auprès de la Reine dans le tems qu'elle
avoit commencé à fentir des douleurs , étant rentré
dans fon Appartement , envoya M. de Lugat,
l'un de fes Gentilshommes ordinaires , à Chambord
, porter au Roi Staniſlas & à la Reine fon
Epoufe la nouvelle de l'heureux Accouchement de
la Reine & de la Naiffance de Monfeigneur le
Duc d'Anjou , & le Garde des Sceaux , Miniftre
& Secretaire d'Etat , ayant le département des
affaires Etrangeres , depêcha dans le même tems
des Couriers Extraordinaires aux Ambaſſadeurs
& aux Miniftres du Roi dans les Cours Etrangeres
, pour leur annoncer cette nouvelle . Aufli tôt
qu'on cut appris que la Reine étoit accouchée
d'un Prince , les Princes du Sang , les Seigneurs
de la Cour , les Chefs des Compagnies Superieures
& les perfonnes de confideration , s'emprefferent
d'aller à cette occafion rendre leurs refpects
au Roi , & S. M. qui parut très fenfible à
leur zele reçût avec bonté les témoignages de
leur joye,
Le Roi alla à midi entendre la Meffe , pendant
laquelle on chanta le Te Deum , en actions de
graces de l'heureux accouchement de la Reine &
de la Naiffance de Monfeigneur le Duc d'Anjou.
L'après midi , le Roi reçut les complimens des
Princeffes du Sang & des Dames de la Cour ,
& il vit les Ambaffadeurs & les Miniftres Etrangers
qui s'étoient rendus à Verſailles avec beau
coup d'empreffement pour complimenter S. M.
Après le fouper du Roi , on tira dans l'Efplanade
qui eft entre la grande Grille & les Ecuries , des
Fufées & un Feu d'artifice , & il y eut dans
toutes les rues des Illuminations, des Feux & toutes
les autres marques de réjouiffance.
La Reine & Monfeigneur le Duc d'Anjou , ſe
portent auffi-bien qu'on puiffe le fouhaiter.
Le
1902 MERCURE DE FRANCE
•
Le même jour 30 Août , les Prévôt des Marchands
& Echevins qui s'étoient affemblez à l'Hôtel
de Ville , auffi -tôt qu'ils eurent appris que la
Reine avoit fenti quelques douleurs , reçurent la
nouvelle de fon heureux Accouchement & de la
Naiffance de Monfeigneur le Duc d'Anjou , par le .
Chevalier de S. André , Enfeigne des Gardes du
Corps , qui fert actuellement auprès de la Reine
& que le Roi avoit envoyé pour en donner part au
Corps de Ville. Il arriva à l'Hôtel de Ville vers
les onze heures & demie du matin, & dans le moment
les Prévôt des Marchands & Echevins firent
annoncer cette heureufe nouvelle à toute la
Ville par le bruit du Canon & par la Cloche de
l'Hôtel de Ville. Le foir on tira le Canon , il у
eut un grand Feu , accompagné de Fufées , dans
la Place de l'Hôtel de Ville , qui fut illuminé , &
la joye publique éclata par les acclamations du
Peuple & par les Feux qui furent faits devant toutes
les Maiſons .
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Résumé : MORTS NAISSANCES,
En août 1730, plusieurs décès notables ont été enregistrés. Michel Poncet de la Rivière, évêque de Bourges, de Noailles, de Poitiers et de Saint-Florent-lès-Saumur, et membre des Quarante de l'Académie Française, est décédé dans son diocèse à l'âge d'environ 58 ans. Le même jour, Dame Marie-Magdeleine Parent, épouse de Louis le Boulanger, chevalier et seigneur d'Hacqueville, est morte à Paris à l'âge d'environ 42 ans. M. Vabere de Sailly, chevalier et capitaine au régiment de Navarre, est également décédé le même jour à l'âge d'environ 50 ans. Le comte d'Alais, prince du sang et frère du prince de Conti, est mort à Paris à l'âge de 9 ans. M. François de Murard, conseiller à la Grande Chambre du Parlement, est décédé le 11 août à l'âge de 62 ans. La comtesse palatine Henriette, veuve de Jean-Frédéric de Brunswick, duc d'Hanover, est morte subitement le 12 août à l'âge de 78 ans et 20 jours, victime d'une anomalie cardiaque rare. Dame Claude Emée Despinay, veuve de Geoffroy Dominique de Bragelonne, est décédée le 13 août à l'âge d'environ 80 ans. Charles Boucher d'Orçay, maître des requêtes honoraire et intendant de la généralité de Limoges, est mort à Paris le 14 août à l'âge de 56 ans. Plusieurs naissances et baptêmes ont également marqué ce mois. Le 18 juillet, Dame Marie Anne Hiacinthe Vis-de-Lou, épouse de Louis Engelbert, comte de la Marck, a accouché d'une fille nommée Louise Marguerite. Le 16 août, une femme de 25 ans, née dans la religion judaïque, a été baptisée et nommée Marie Magdeleine Sara. Le lendemain, sa mère, Rachel Mendoza, âgée de 50 ans, a également été baptisée après avoir abjuré le judaïsme. Dame Françoise Aubery de Vastan, épouse d'Armand de Bethune, comte d'Orval, a accouché le 18 août d'un fils nommé Maximilien Antoine Armand. Le 30 août, la reine a accouché d'un prince, le duc d'Anjou, en présence de plusieurs dignitaires et membres de la famille royale. La nouvelle de la naissance a été annoncée par des salves de canon et des illuminations à Versailles et dans Paris.
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4
p. 2083-2088
SUR LA NAISSANCE DE MONSEIGNEUR LE DUC D'ANJOU. ODE AU ROY
Début :
Loin ce Parnasse imaginaire, [...]
Mots clefs :
Naissance du duc d'Anjou, Duc d'Anjou, Roi, Gloire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUR LA NAISSANCE DE MONSEIGNEUR LE DUC D'ANJOU. ODE AU ROY
SUR LA NAISSANCE
DE MONSEIGNEUR
LE DUC D'ANJOU.
ODE
AU ROY.
Oin ce Parnaffe imaginaire ,
Qu'adora jadis l'Univers :
Du Dieu que le Pinde révere ,
Je n'invoque point les Concerts .
Dans mon yvreffe fcrupuleufe ,
De l'Antiquité fabuleuſe ,
Je n'adopte point les erreurs :
Ma gloire feroit bien plus belle ,
LOUIS , fi pour prix de mon zele ;
Ta préfidois à mes fureurs.
K
C'eft à toi que de mon delire ,
Je veux confacrer les tranfports :
De mon audacieufe Lyre,
Mortels , refpectez les accords.
Tranfporté dans la Cour Divine ,
Je vais d'une augufte origine ,
Vous dévoiler tous les fecrets :
Loin des foibles yeux du vulgaire ,
Je
J
2084 MERCURE DE FRANCE
Je vais dans mon vol témeraire ,
Fonder les plus vaftes projets.
SY
Ce puiffant Maître du Tonnerre ,
Qui dans fes decrets abfolus ,
Diſpenſe aux Princes de la Terre ,
Le jufte prix de leurs vertus ;
En voyant les tiennes s'accroître ,
Grand Roi , daigne encor faire naître
Un Prince , objet de tes fouhaits :
Et pour difputer la victoire ;
Plus il voit s'augmenter ta gloire ,
Plus il augmente fes bienfaits.
粥
Peuples , d'une illuftre Naiffance ,
Refpectez les heureux momens :
D'Anjou , d'une jufte efperance ,
A raffermi les fondemens.
J'ai , dans mon amour peu tranquille ,
Tremblé pour l'enfance débile ,
Du prémier foutien de nos Lys :
Mais ma crainte va difparoître ,
Peut -on trembler quand on voit croître,
L'illuftre Race de Louis
S
O Ciel ! de tes Arrêts feveres ,
J'adore l'utile rigueur !
Du
SEPTEMBRE . 1730. 2085.
Du fein de nos maux falutaires ,
Tu fais naître notre bonheur .
Si la mort dans fon cours rapide ,
Trancha de fa faux homicide ,
Les jours des Bourbons au berceau ;
C'eſt qu'en nous enlevant ces Princes , *
Tu réſervois à nos Provinces ,
Le cours d'un Empire plus beau.
Combien d'admirables Spectacles ,
S'offrent à mes yeux enchantez !
Ce Regne fécond en Miracles ,
Fait honte aux Rois les plus vantez .'
En vain pour illuftrer ta gloire ,
Grand Roi , la plus fidelle Hiftoire ,
Te dépeindroit à nos Neveux ;
Tes vertus pafferoient pour fables ,
Si l'on ne les rendoit croyables ,
En les retraçant à leurs yeux.
Que vois -je ? le Ciel favorable ,
Se plaît à prévenir mes voeux.
Ta mémoire à jamais durable ,
Vaincra les temps injurieux .
Déja je vois ta Race illuftre ,
Qui s'apprête à donner du luftre ,
* Le Dauphin. Le Duc de Bourgogne . Le Duc
de Bretagne.
tos6 MERCURE DE FRANCE
A fes héroïques vertus :
Ta gloire en elle renaiffante ,
Calmera la douleur preffante ,
De ceux qui ne te verront plus.
Le Ciel, qui de quelques années
Retarda ta profperité ,
Formoit les hautes deftinées ,
De ta noble Pofterité.
Ainfi la France impatiente ,
Vit d'une Naiffance * éclatante ,
Differer les heureux inftans :
Grand Dieu , lorfque tu nous préparés ?
Des préfens fi grands & fi rares ,
Tu les fais attendre long- temps.
灌
Soutiens genereux de la France ,
Vous , Princes , l'appui de nos Loix ;
Dans une héroïque Alliance ,
Montrez-nous le plus grand des Rois
Pour retracer fes faits fublimes ,
Joignez vos effors magnanimes ,
Uniffez vos nobles travaux :
Sans que leur vertu dégenere ,
Ce que LOUIS feul a pu faire ,
Peut bien occuper deux Héros.
* La Naiſſance de Louis XIV,
Mais
SEPTEMBRE. 1730. 2087.
Mais quoi déja ce Couple augufte ,
Remplit mon attente & mes voeux :
Semblable à fon Pere , il eft jufte ,
Debonnaire , affable , pieux ;
Grand Roi , c'est là ta vraie image ,
Je n'ai point dans un fâche Ouvrage ,
Déguifé les traits du Tableau :
Si tu méconnois la peinture ,
L'Univers entier d'impoſture ,
Pourra difculper mon Pinceau
粥
Quelle eft cette augufte Princeffe ,
Que je vois aux pieds des Autels
Cette humble ferveur qui l'abbaiffe,"
La dérobe aux yeux des Mortels.
Son humilité fcrupuleuſe ,
Bannit cette pompe orgueilleufe ,
Dont les Humains font éblouis :
Glorieux , mais vain ſtratagême !
Ne connoît-on qu'au Diadême ,
L'illuftre Epouse de Louis ?
溶
Le Ciel , qui de cet Hymenée ,
Voulut former les noeuds fi doux ;i
Reünira la deſtinée ,
De ces deux fideles Epoux.
Je vois dans la Voute azurée ,
La place pour eux préparée , Par
2088 MERCURE DE FRANCE
Par leurs Ancêtres * glorieux :
La pieté qui les couronne ,
Eleve un magnifique Trône ,
A la gloire de leurs Neveux.
DE MONSEIGNEUR
LE DUC D'ANJOU.
ODE
AU ROY.
Oin ce Parnaffe imaginaire ,
Qu'adora jadis l'Univers :
Du Dieu que le Pinde révere ,
Je n'invoque point les Concerts .
Dans mon yvreffe fcrupuleufe ,
De l'Antiquité fabuleuſe ,
Je n'adopte point les erreurs :
Ma gloire feroit bien plus belle ,
LOUIS , fi pour prix de mon zele ;
Ta préfidois à mes fureurs.
K
C'eft à toi que de mon delire ,
Je veux confacrer les tranfports :
De mon audacieufe Lyre,
Mortels , refpectez les accords.
Tranfporté dans la Cour Divine ,
Je vais d'une augufte origine ,
Vous dévoiler tous les fecrets :
Loin des foibles yeux du vulgaire ,
Je
J
2084 MERCURE DE FRANCE
Je vais dans mon vol témeraire ,
Fonder les plus vaftes projets.
SY
Ce puiffant Maître du Tonnerre ,
Qui dans fes decrets abfolus ,
Diſpenſe aux Princes de la Terre ,
Le jufte prix de leurs vertus ;
En voyant les tiennes s'accroître ,
Grand Roi , daigne encor faire naître
Un Prince , objet de tes fouhaits :
Et pour difputer la victoire ;
Plus il voit s'augmenter ta gloire ,
Plus il augmente fes bienfaits.
粥
Peuples , d'une illuftre Naiffance ,
Refpectez les heureux momens :
D'Anjou , d'une jufte efperance ,
A raffermi les fondemens.
J'ai , dans mon amour peu tranquille ,
Tremblé pour l'enfance débile ,
Du prémier foutien de nos Lys :
Mais ma crainte va difparoître ,
Peut -on trembler quand on voit croître,
L'illuftre Race de Louis
S
O Ciel ! de tes Arrêts feveres ,
J'adore l'utile rigueur !
Du
SEPTEMBRE . 1730. 2085.
Du fein de nos maux falutaires ,
Tu fais naître notre bonheur .
Si la mort dans fon cours rapide ,
Trancha de fa faux homicide ,
Les jours des Bourbons au berceau ;
C'eſt qu'en nous enlevant ces Princes , *
Tu réſervois à nos Provinces ,
Le cours d'un Empire plus beau.
Combien d'admirables Spectacles ,
S'offrent à mes yeux enchantez !
Ce Regne fécond en Miracles ,
Fait honte aux Rois les plus vantez .'
En vain pour illuftrer ta gloire ,
Grand Roi , la plus fidelle Hiftoire ,
Te dépeindroit à nos Neveux ;
Tes vertus pafferoient pour fables ,
Si l'on ne les rendoit croyables ,
En les retraçant à leurs yeux.
Que vois -je ? le Ciel favorable ,
Se plaît à prévenir mes voeux.
Ta mémoire à jamais durable ,
Vaincra les temps injurieux .
Déja je vois ta Race illuftre ,
Qui s'apprête à donner du luftre ,
* Le Dauphin. Le Duc de Bourgogne . Le Duc
de Bretagne.
tos6 MERCURE DE FRANCE
A fes héroïques vertus :
Ta gloire en elle renaiffante ,
Calmera la douleur preffante ,
De ceux qui ne te verront plus.
Le Ciel, qui de quelques années
Retarda ta profperité ,
Formoit les hautes deftinées ,
De ta noble Pofterité.
Ainfi la France impatiente ,
Vit d'une Naiffance * éclatante ,
Differer les heureux inftans :
Grand Dieu , lorfque tu nous préparés ?
Des préfens fi grands & fi rares ,
Tu les fais attendre long- temps.
灌
Soutiens genereux de la France ,
Vous , Princes , l'appui de nos Loix ;
Dans une héroïque Alliance ,
Montrez-nous le plus grand des Rois
Pour retracer fes faits fublimes ,
Joignez vos effors magnanimes ,
Uniffez vos nobles travaux :
Sans que leur vertu dégenere ,
Ce que LOUIS feul a pu faire ,
Peut bien occuper deux Héros.
* La Naiſſance de Louis XIV,
Mais
SEPTEMBRE. 1730. 2087.
Mais quoi déja ce Couple augufte ,
Remplit mon attente & mes voeux :
Semblable à fon Pere , il eft jufte ,
Debonnaire , affable , pieux ;
Grand Roi , c'est là ta vraie image ,
Je n'ai point dans un fâche Ouvrage ,
Déguifé les traits du Tableau :
Si tu méconnois la peinture ,
L'Univers entier d'impoſture ,
Pourra difculper mon Pinceau
粥
Quelle eft cette augufte Princeffe ,
Que je vois aux pieds des Autels
Cette humble ferveur qui l'abbaiffe,"
La dérobe aux yeux des Mortels.
Son humilité fcrupuleuſe ,
Bannit cette pompe orgueilleufe ,
Dont les Humains font éblouis :
Glorieux , mais vain ſtratagême !
Ne connoît-on qu'au Diadême ,
L'illuftre Epouse de Louis ?
溶
Le Ciel , qui de cet Hymenée ,
Voulut former les noeuds fi doux ;i
Reünira la deſtinée ,
De ces deux fideles Epoux.
Je vois dans la Voute azurée ,
La place pour eux préparée , Par
2088 MERCURE DE FRANCE
Par leurs Ancêtres * glorieux :
La pieté qui les couronne ,
Eleve un magnifique Trône ,
A la gloire de leurs Neveux.
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Résumé : SUR LA NAISSANCE DE MONSEIGNEUR LE DUC D'ANJOU. ODE AU ROY
Le texte est une ode célébrant la naissance du duc d'Anjou, fils du roi Louis XV. L'auteur exprime son admiration pour le roi et ses vertus, espérant que Dieu accorde au roi un nouvel héritier. Il évoque les craintes passées pour la lignée royale et la joie actuelle face à la naissance du duc d'Anjou. L'ode met en avant la grandeur et les miracles du règne de Louis XV, comparant sa mémoire à celle de ses ancêtres illustres. Le texte souligne également les qualités du duc d'Anjou, qui reflètent celles de son père, et la dévotion de la reine, épouse de Louis XV. Enfin, il exalte l'alliance héroïque des princes soutenant la France et la destinée glorieuse des descendants royaux.
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5
p. 2088-2089
« La Reine étant accouchée heureusement du Duc d'Anjou le 30. Août, à neuf [...] »
Début :
La Reine étant accouchée heureusement du Duc d'Anjou le 30. Août, à neuf [...]
Mots clefs :
Reine, Naissance du duc d'Anjou, Duc d'Anjou, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « La Reine étant accouchée heureusement du Duc d'Anjou le 30. Août, à neuf [...] »
La Reine étant accouchée heureufe
ment du Duc d'Anjou le 30. Août, à neuf
heures du matin , comme nous l'avons
déja dit , cette agréable nouvelle fut annoncée
à Paris une heure après par le
bruit du Canon de l'Hôtel Royal des
Invalides , du Château de la Baſtille , &
de la Ville , & par la Cloche de l'Horloge
du Palais & par celle de l'Hôtel de
Ville , qui fonnerent jufqu'à minuit.
Le même jour le Parlement & les au
tres Cours fuperieures , l'Affemblée du
Clergé , & c . firent chanter un Te Deum ,
en actions de graces . Le Lieutenant General
de Police rendit le même jour cette
Ordonnance.
Sur ce qui nous a été remontré par le Procu
reur du Roy , que la Naiffance du DUC D'ANJOU
, qui fuccede de fi prés à celle du Dauphin ,
( preuve bien éclatante de la benediction du Ciel
fur cet Etat ) répand dans les coeurs de tous les
François,& particulierement des habitans de cette
Ville , une joye d'autant plus fincere que la perpetuité
de cet Empire dans la famille du Souverain
qui nous gouverne fi heureufement , eft l'ob-
S. Louis, S. Staniflas.
jet
SEPTEMBRE. 1730. 2089
jet de leurs voeux les plus ardents,& que cette Augufte
Famille ne fçauroit s'accroître fans augmenter
leur fatisfaction ; comme dans les témoignages
publics que les Peuples en doivent
donner , il eft de notre miniftere de prévenir les
accidens qui quelquefois réfultent des démonſtrations
de joye qu'un zele fi jufte infpire , & qui ne
font pas toujours accompagnées des précautions
neceffaires à la feureté publique ; il a cru devoir
nous requerir de preferire aux Habitans de cette
Ville le temps & la maniere dont ils exprimeront
leur fenfibilité & ce qu'il eft convenable qu'ils
obfervent pour empêcher qu'il ne furvienne d'Incendie
. Sur quoi Nous ordonnons à tous Bourgeois
& Habitans de cette Ville , d'allumer des
Feux devant leurs Portes, & d'illuminer leurs Fenêtres
; & à tous Marchands de tenir leur Bouti
ques fermées aujourd'hui & le jour qui fera indiqué
pour le Te Deum.Enjoignons expreffement
à tous Proprietaires & Locataires des Maifons
de faire fermer & boucher exactement les Fenêtres
, Lucarnes & generalement toutes les ouvertures
des Greniers des Maifons & autres endroits
dans lefquels il y auroit de la Paille , du
Foin , du Bois , ou autres matieres combustibles ,
& c.
Autre Ordonnance de Police , du 1 Septembre ,
qui ordonne que tous les Bourgeois & Habitans
de la Ville , feront tenus d'allumer des Feux devant
leurs Portes & d'illuminer leurs Fenêtres le
Samedy 2 du prefent mois , jour choifi pour le
Te Deum, qui fera chanté à Notre- Dame, à l'oc
cafion de la Naiffance de Monfeigneur le Duc
D'ANJOU & que tous les Marchands tiendront
leuis Boutiques fermées , &c.
ment du Duc d'Anjou le 30. Août, à neuf
heures du matin , comme nous l'avons
déja dit , cette agréable nouvelle fut annoncée
à Paris une heure après par le
bruit du Canon de l'Hôtel Royal des
Invalides , du Château de la Baſtille , &
de la Ville , & par la Cloche de l'Horloge
du Palais & par celle de l'Hôtel de
Ville , qui fonnerent jufqu'à minuit.
Le même jour le Parlement & les au
tres Cours fuperieures , l'Affemblée du
Clergé , & c . firent chanter un Te Deum ,
en actions de graces . Le Lieutenant General
de Police rendit le même jour cette
Ordonnance.
Sur ce qui nous a été remontré par le Procu
reur du Roy , que la Naiffance du DUC D'ANJOU
, qui fuccede de fi prés à celle du Dauphin ,
( preuve bien éclatante de la benediction du Ciel
fur cet Etat ) répand dans les coeurs de tous les
François,& particulierement des habitans de cette
Ville , une joye d'autant plus fincere que la perpetuité
de cet Empire dans la famille du Souverain
qui nous gouverne fi heureufement , eft l'ob-
S. Louis, S. Staniflas.
jet
SEPTEMBRE. 1730. 2089
jet de leurs voeux les plus ardents,& que cette Augufte
Famille ne fçauroit s'accroître fans augmenter
leur fatisfaction ; comme dans les témoignages
publics que les Peuples en doivent
donner , il eft de notre miniftere de prévenir les
accidens qui quelquefois réfultent des démonſtrations
de joye qu'un zele fi jufte infpire , & qui ne
font pas toujours accompagnées des précautions
neceffaires à la feureté publique ; il a cru devoir
nous requerir de preferire aux Habitans de cette
Ville le temps & la maniere dont ils exprimeront
leur fenfibilité & ce qu'il eft convenable qu'ils
obfervent pour empêcher qu'il ne furvienne d'Incendie
. Sur quoi Nous ordonnons à tous Bourgeois
& Habitans de cette Ville , d'allumer des
Feux devant leurs Portes, & d'illuminer leurs Fenêtres
; & à tous Marchands de tenir leur Bouti
ques fermées aujourd'hui & le jour qui fera indiqué
pour le Te Deum.Enjoignons expreffement
à tous Proprietaires & Locataires des Maifons
de faire fermer & boucher exactement les Fenêtres
, Lucarnes & generalement toutes les ouvertures
des Greniers des Maifons & autres endroits
dans lefquels il y auroit de la Paille , du
Foin , du Bois , ou autres matieres combustibles ,
& c.
Autre Ordonnance de Police , du 1 Septembre ,
qui ordonne que tous les Bourgeois & Habitans
de la Ville , feront tenus d'allumer des Feux devant
leurs Portes & d'illuminer leurs Fenêtres le
Samedy 2 du prefent mois , jour choifi pour le
Te Deum, qui fera chanté à Notre- Dame, à l'oc
cafion de la Naiffance de Monfeigneur le Duc
D'ANJOU & que tous les Marchands tiendront
leuis Boutiques fermées , &c.
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Résumé : « La Reine étant accouchée heureusement du Duc d'Anjou le 30. Août, à neuf [...] »
Le 30 août, la reine donna naissance au Duc d'Anjou à neuf heures du matin. La nouvelle fut annoncée à Paris par des salves de canon et des cloches sonnant jusqu'à minuit. Le Parlement, les cours supérieures et l'Assemblée du Clergé chantèrent un Te Deum en actions de grâces. Le Lieutenant Général de Police publia des ordonnances pour organiser les célébrations. La naissance du Duc d'Anjou, après celle du Dauphin, suscita une grande joie parmi les Français, notamment à Paris, où l'on espérait la perpétuation de l'Empire dans la famille royale. Pour éviter les accidents, le Lieutenant Général de Police ordonna aux Parisiens d'allumer des feux et d'illuminer leurs fenêtres, et aux marchands de fermer leurs boutiques. Une autre ordonnance du 1er septembre confirma ces instructions pour le Te Deum prévu le 2 septembre à Notre-Dame.
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6
p. 2163-2168
LA NAISSANCE DE MONSEIGNEUR LE DUC D'ANJOU. ODE.
Début :
Favorable Fils de Latonne, [...]
Mots clefs :
Naissance, Duc d'Anjou, Ciel, Héros, Rois, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA NAISSANCE DE MONSEIGNEUR LE DUC D'ANJOU. ODE.
LA NAISSANCE
DE MONSEIGNEUR
LE DUC D'ANJOU.
O D E.
Favorable Fils de Latonne
Je ne t'invoque point en vain
Au vif éclat qui m'environne ,
Je voi , je fens ton feu divin.
J'entre dans un facré délire ;
Puiffe mon orgueilleufe Lyre
Enfanter ces accents vainqueurs ,
Qui naiffent d'un heureux génie ,
Et dont la fublime harmonie
Enchante & ravit tous les cours.
Quel aftre nouveau fur nos têtes
Répand fa brillante clarté ?
Quel Dieu ? de nos tranquilles fêtes ;
Redouble la folemnité !
Ce n'eft pas une vaine image ;
Chafte Lucine , cet ouvrage
Eft-il le fruit de ton fecours ?
Ainfi notre Reine féconde
Cij Par
2164 MERCURE DE FRANCE
Par toy du plus beau fang du monde
Promet d'éternifer le cours.
Mais , que dis-je ? Augufte Princeffe
Ces fabuleufes Déitez
'Aux yeux de ta haute fageffe
Ne font que folles vanitez.
Humble dans fa grandeur extrême
Ton coeur adore un Dieu fuprême ;
Qui confond tous les autres Dieux ;
Et dans cette faveur nouvelle ,
Reconnoit la fource immortelle
Des tréfors les plus précieux,
Déja de fa Toute- puiffance
Tu tiens cet aimable Dauphin ,
Ce Fils dont l'heureuſe naiffance
Eft un don parti de fa main.
Cette main encor libérale
Par un nouveau don qu'elle étale
Vient mettre le comble à tes voeux
Et prodigue elle fait connoître
Dans le Prince qui vient de naître ,
Combien le Ciel nous rend heureux,
Puiffe de ces précieux gages
Le nombre fans ceffe augmenter !
Puille
OCTOBRE. 1736. 2165
Puiffent nos plus parfaits hommages
: Les voir croître & les mériter
Qu'à jamais ton auguſte race ,
De fes ayeuls fuivant la trace ,
A l'Univers donne des Loix ;
Et qu'un jour la terre étonnée
Dans cette race fortunée ,
Compte fes Héros & les Rois !
Quel pompeux fpectacle m'enchante !
Prophanes , fuyez loin de moi ;
Une fainte horreur m'épouvante ,
Tous mes fens font faifis d'effroi.
Quel nouvel éclat ! Les Cieux s'ouvrent ;
A mes yeux les deftins découvrent
Leurs immuables jugemens ;
Dans l'avenir j'oſe les lire ,
Je voi , j'examine , j'admire
Les plus fameux Evenemens.
Dans les Climats où naît l'Aurore}
Je voi des Peuples confternez ;
Malgré l'orgueil qui les dévore
Ils font foumis & profternez.
Un Héros court brifer leur chaîne ,
Il quitte les bords de la Seine ,
Et va dans leur triſte ſéjour ;
Je yoi fon Char brillant de gloire ;
Diij De
2166 MERCURE DE FRANCE
Devant lui vole la Victoire ,
A fes côtez marche l'Amour.
Il vient ; & la guerre fanglante
'Auffi - tôt calme ſa fureur ;
La paix tranquille , bien -faifante
Des efprits diffipe l'erreur.
Cher Prince , à ta clemence extrême
On court offrir un Diadême
Que ta valeur a mérité ;
Ton nouveau Peuple qui t'admire ,
Goute les douceurs d'un Empire
Préférable à la liberté.
Ainfi la Divine Sageffe ,
Verra fes Décrets accomplis ;
LOUIS ; crois en ma fainte yvreffe ,
Le ciel couronnera ton Fils.
Déja ta piété folide ,
Et la vérité qui te guide
De ce fuccès font les garants
De ton fang la fource féconde
Doit à jamais peupler le monde
De Héros & de Conquerants.
D'un héritage légitime ,
L'Orphelin , libre poffeffeur ,
N'ek
OCTOBRE. 1730. 2167
N'eft plus la funefte victime ,
D'un tyrannique raviffeur.
Un Roy , que le ciel daigne inftruire ;
De l'erreur qui cherche à ſéduire¸
Fait triompher la véritéé ;
Qui que ru fois , tremble , coupable ;
Et voi ta perte inévitable
Dans la fouveraine équité .
Enfin le crime fanguinaire
Tombe fous les Loix abbatu
Je vois l'interêt mercènaire ,
Fuïr à l'afpect de la vertu.
L'impofture au maintien perfide ,
La fraude qui lui fert de guide ,
L'audace à l'oeil féditieux ,
Abbandonnent une contrée ,
Qui de la favorable Aftrée
Eft le féjour délicieux.
Peuples , fignalez votre zéle ,
Pour LOUIS , en cet heureux jour
Que tout icy lui renouvelle
Votre refpect & votre amour ;
Puiffe une ingénieuſe addreffe ,
Parmi la pompe & l'allegreffe
Vous prolonger un jour fi beau :
Que mille feux d'intelligence ,
C iiij
Imi2168
MERCURE DE FRANCE
Imitent , pendant fon abfence ,
L'éclat du celefte flambeau.
Qué la joye en tous lieux féconde ,
Enfante des plaifirs divers ;
Que les Cieux , que la Terre & l'Onde
Retentiffent de nos Concerts.
Que dans les Palais magnifiques ,
Que fous les toits les plus ruftiques
Les graces , les ris & les jeux
Soient déformais unis enſemble ;
Qu'un même bienfait les raffemble ;
Qu'à jamais il comble nos voeux.
Par M. de M. D. S. d'Aix
DE MONSEIGNEUR
LE DUC D'ANJOU.
O D E.
Favorable Fils de Latonne
Je ne t'invoque point en vain
Au vif éclat qui m'environne ,
Je voi , je fens ton feu divin.
J'entre dans un facré délire ;
Puiffe mon orgueilleufe Lyre
Enfanter ces accents vainqueurs ,
Qui naiffent d'un heureux génie ,
Et dont la fublime harmonie
Enchante & ravit tous les cours.
Quel aftre nouveau fur nos têtes
Répand fa brillante clarté ?
Quel Dieu ? de nos tranquilles fêtes ;
Redouble la folemnité !
Ce n'eft pas une vaine image ;
Chafte Lucine , cet ouvrage
Eft-il le fruit de ton fecours ?
Ainfi notre Reine féconde
Cij Par
2164 MERCURE DE FRANCE
Par toy du plus beau fang du monde
Promet d'éternifer le cours.
Mais , que dis-je ? Augufte Princeffe
Ces fabuleufes Déitez
'Aux yeux de ta haute fageffe
Ne font que folles vanitez.
Humble dans fa grandeur extrême
Ton coeur adore un Dieu fuprême ;
Qui confond tous les autres Dieux ;
Et dans cette faveur nouvelle ,
Reconnoit la fource immortelle
Des tréfors les plus précieux,
Déja de fa Toute- puiffance
Tu tiens cet aimable Dauphin ,
Ce Fils dont l'heureuſe naiffance
Eft un don parti de fa main.
Cette main encor libérale
Par un nouveau don qu'elle étale
Vient mettre le comble à tes voeux
Et prodigue elle fait connoître
Dans le Prince qui vient de naître ,
Combien le Ciel nous rend heureux,
Puiffe de ces précieux gages
Le nombre fans ceffe augmenter !
Puille
OCTOBRE. 1736. 2165
Puiffent nos plus parfaits hommages
: Les voir croître & les mériter
Qu'à jamais ton auguſte race ,
De fes ayeuls fuivant la trace ,
A l'Univers donne des Loix ;
Et qu'un jour la terre étonnée
Dans cette race fortunée ,
Compte fes Héros & les Rois !
Quel pompeux fpectacle m'enchante !
Prophanes , fuyez loin de moi ;
Une fainte horreur m'épouvante ,
Tous mes fens font faifis d'effroi.
Quel nouvel éclat ! Les Cieux s'ouvrent ;
A mes yeux les deftins découvrent
Leurs immuables jugemens ;
Dans l'avenir j'oſe les lire ,
Je voi , j'examine , j'admire
Les plus fameux Evenemens.
Dans les Climats où naît l'Aurore}
Je voi des Peuples confternez ;
Malgré l'orgueil qui les dévore
Ils font foumis & profternez.
Un Héros court brifer leur chaîne ,
Il quitte les bords de la Seine ,
Et va dans leur triſte ſéjour ;
Je yoi fon Char brillant de gloire ;
Diij De
2166 MERCURE DE FRANCE
Devant lui vole la Victoire ,
A fes côtez marche l'Amour.
Il vient ; & la guerre fanglante
'Auffi - tôt calme ſa fureur ;
La paix tranquille , bien -faifante
Des efprits diffipe l'erreur.
Cher Prince , à ta clemence extrême
On court offrir un Diadême
Que ta valeur a mérité ;
Ton nouveau Peuple qui t'admire ,
Goute les douceurs d'un Empire
Préférable à la liberté.
Ainfi la Divine Sageffe ,
Verra fes Décrets accomplis ;
LOUIS ; crois en ma fainte yvreffe ,
Le ciel couronnera ton Fils.
Déja ta piété folide ,
Et la vérité qui te guide
De ce fuccès font les garants
De ton fang la fource féconde
Doit à jamais peupler le monde
De Héros & de Conquerants.
D'un héritage légitime ,
L'Orphelin , libre poffeffeur ,
N'ek
OCTOBRE. 1730. 2167
N'eft plus la funefte victime ,
D'un tyrannique raviffeur.
Un Roy , que le ciel daigne inftruire ;
De l'erreur qui cherche à ſéduire¸
Fait triompher la véritéé ;
Qui que ru fois , tremble , coupable ;
Et voi ta perte inévitable
Dans la fouveraine équité .
Enfin le crime fanguinaire
Tombe fous les Loix abbatu
Je vois l'interêt mercènaire ,
Fuïr à l'afpect de la vertu.
L'impofture au maintien perfide ,
La fraude qui lui fert de guide ,
L'audace à l'oeil féditieux ,
Abbandonnent une contrée ,
Qui de la favorable Aftrée
Eft le féjour délicieux.
Peuples , fignalez votre zéle ,
Pour LOUIS , en cet heureux jour
Que tout icy lui renouvelle
Votre refpect & votre amour ;
Puiffe une ingénieuſe addreffe ,
Parmi la pompe & l'allegreffe
Vous prolonger un jour fi beau :
Que mille feux d'intelligence ,
C iiij
Imi2168
MERCURE DE FRANCE
Imitent , pendant fon abfence ,
L'éclat du celefte flambeau.
Qué la joye en tous lieux féconde ,
Enfante des plaifirs divers ;
Que les Cieux , que la Terre & l'Onde
Retentiffent de nos Concerts.
Que dans les Palais magnifiques ,
Que fous les toits les plus ruftiques
Les graces , les ris & les jeux
Soient déformais unis enſemble ;
Qu'un même bienfait les raffemble ;
Qu'à jamais il comble nos voeux.
Par M. de M. D. S. d'Aix
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Résumé : LA NAISSANCE DE MONSEIGNEUR LE DUC D'ANJOU. ODE.
Le texte célèbre la naissance du duc d'Anjou, fils de la reine de France, survenue en octobre 1736. Il commence par une invocation à la muse pour inspirer des vers dignes de cet événement. Le poème exalte la naissance du prince, perçue comme un don divin, et souhaite une descendance nombreuse et glorieuse pour la famille royale. Il prophétise également des conquêtes futures pour un héros qui apportera la paix et sera adoré par son peuple. Le texte loue la piété et la vérité du roi Louis, garantissant ainsi le succès de sa lignée. Il se termine par des vœux de joie et de célébrations pour marquer cet heureux événement, appelant à des réjouissances dans tout le royaume.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 2417-2419
ODE SUR LA NAISSANCE DE MONSEIGNEUR LE DUC D'ANJOU.
Début :
Approchez, Enfans de la Lyre ; [...]
Mots clefs :
Naissance, Duc d'Anjou, Roi, Monarque, France, Dieu
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ODE SUR LA NAISSANCE DE MONSEIGNEUR LE DUC D'ANJOU.
ODE
SUR LA NAISSANCE
DE MONSEIGNEUR
LE DUC D'ANJOU
APprochez , Enfans de la Lyre ;
Uniffez vos fons à mon chant :
Un Dieu redoutable m'infpire
D'annoncer un Héros naiffant.
Lucine à qui la France eſt chere ,
Au préfent qu'elle vient de faire
Ajoute de nouveaux bienfaits.
Оные
2418 MERCURE DE FRANCE
Que l'Anjou treffaille de joye ;
Un Prince que le Ciel envoye
Comble en ce jour tous les fouhairs
Agde qu'on vit fi plein de zele
Pour le premier né de LOUIS ,
Que ton ardeur ſe renouvelle
A l'afpect de fon fecond fils.
L'un précieux fruit de nos larmes
Vint au plus fort de nos allarmes
Calmer notre jufte frayeur.
Digne objet de notre tendreffe ,
Celui- ci naît dans l'allegreffe
Pour confirmer notre bonheur.
Pour le Monarque , pour le Trône ,
Qu'avons-nous à craindre aujourd'hui a
De fon Sceptre , de ſa Couronne
Les Dieux font eux - mêmes l'appui.
C'est par leur faveur falutaire
Que LOUIS eft devenu pere
Du Dauphin , l'objet de nos voeux
Si fon augufte Race augmente ,
Peuple , c'eft à leur main paillante
Que tu dois ce fæccès heureur.
Grand Dieu , ce que ta main commence ;
Elle feule peut l'achever ;
Tu
NOVEMBRE. 1730. 2419
Tu donnes des Rois à la France ;
C'eft à toi de les conferver.
Fais croître ces Enfans aimables
Qui fur des Peuples redoutables
Feront un jour regner tes Loix :
Et dès leur plus tendre jeuneffe
Infpire -leur cette fageffe
Qui feule forme les grands Rois.
L'Abbé L.. d'Agde:
SUR LA NAISSANCE
DE MONSEIGNEUR
LE DUC D'ANJOU
APprochez , Enfans de la Lyre ;
Uniffez vos fons à mon chant :
Un Dieu redoutable m'infpire
D'annoncer un Héros naiffant.
Lucine à qui la France eſt chere ,
Au préfent qu'elle vient de faire
Ajoute de nouveaux bienfaits.
Оные
2418 MERCURE DE FRANCE
Que l'Anjou treffaille de joye ;
Un Prince que le Ciel envoye
Comble en ce jour tous les fouhairs
Agde qu'on vit fi plein de zele
Pour le premier né de LOUIS ,
Que ton ardeur ſe renouvelle
A l'afpect de fon fecond fils.
L'un précieux fruit de nos larmes
Vint au plus fort de nos allarmes
Calmer notre jufte frayeur.
Digne objet de notre tendreffe ,
Celui- ci naît dans l'allegreffe
Pour confirmer notre bonheur.
Pour le Monarque , pour le Trône ,
Qu'avons-nous à craindre aujourd'hui a
De fon Sceptre , de ſa Couronne
Les Dieux font eux - mêmes l'appui.
C'est par leur faveur falutaire
Que LOUIS eft devenu pere
Du Dauphin , l'objet de nos voeux
Si fon augufte Race augmente ,
Peuple , c'eft à leur main paillante
Que tu dois ce fæccès heureur.
Grand Dieu , ce que ta main commence ;
Elle feule peut l'achever ;
Tu
NOVEMBRE. 1730. 2419
Tu donnes des Rois à la France ;
C'eft à toi de les conferver.
Fais croître ces Enfans aimables
Qui fur des Peuples redoutables
Feront un jour regner tes Loix :
Et dès leur plus tendre jeuneffe
Infpire -leur cette fageffe
Qui feule forme les grands Rois.
L'Abbé L.. d'Agde:
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Résumé : ODE SUR LA NAISSANCE DE MONSEIGNEUR LE DUC D'ANJOU.
L'ode célèbre la naissance du Duc d'Anjou, fils du roi Louis, en novembre 1730. L'auteur, l'abbé d'Agde, invite les poètes à proclamer cet événement joyeux. La France est bénie par cette naissance, qui apporte joie et sécurité. Le Duc d'Anjou est décrit comme un prince céleste destiné à combler les désirs et apaiser les craintes. Sa venue est perçue comme un signe de bonheur et de continuité pour le trône. Les dieux sont appelés à protéger et guider le jeune prince, afin qu'il devienne un roi sage et redoutable, capable de régner sur la France et de faire respecter les lois divines.
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8
p. 574-575
SUITE des Medailles du Roy.
Début :
LA derniere Médaille qui a été frappée pour le Roy [...]
Mots clefs :
Médailles, Gravure, Duc d'Anjou
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUITE des Medailles du Roy.
SUITE des Medailles du Roy.
A derniere Médaille qui a été frappée pour le
Roy et dont nous donnons ici la gravure ,
fût présentée à S. M. le premier jour de cette Année.
D'un côté on voit la Tête de cet Auguste
Prince couronnée de Laurier , avec la Légende
ordinaire. Nous avons déja donné cette face. Et
sur le revers la France assise et caracterisée par
ses Attributs , tient sur son bras droit LE DUC
' ANJOU , et embrasse de l'autre le DAUPHIN
qui
MARS. 173.1. 575
qui est représenté debout entre ses genoux. Legende
NovUM PERENNITATIS PIGNUS et dans
l'Exergue Dux ANDEGAVENSIS NATUS XXX.
AUGUSTI M. DCC . XXX.
A derniere Médaille qui a été frappée pour le
Roy et dont nous donnons ici la gravure ,
fût présentée à S. M. le premier jour de cette Année.
D'un côté on voit la Tête de cet Auguste
Prince couronnée de Laurier , avec la Légende
ordinaire. Nous avons déja donné cette face. Et
sur le revers la France assise et caracterisée par
ses Attributs , tient sur son bras droit LE DUC
' ANJOU , et embrasse de l'autre le DAUPHIN
qui
MARS. 173.1. 575
qui est représenté debout entre ses genoux. Legende
NovUM PERENNITATIS PIGNUS et dans
l'Exergue Dux ANDEGAVENSIS NATUS XXX.
AUGUSTI M. DCC . XXX.
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Résumé : SUITE des Medailles du Roy.
Le texte décrit une médaille royale offerte au roi le premier jour de l'année. Elle montre le roi couronné de laurier sur une face. Sur l'autre face, la France est assise, tenant le duc d'Anjou et embrassant le dauphin. La légende indique 'NovUM PERENNITATIS PIGNUS' et l'exergue précise 'Dux ANDEGAVENSIS NATUS XXX. AUGUSTI M. DCC. XXX.'
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9
p. 814-816
« Le jour du Jeudi Saint, 2. Avril, le Roy entendit le Sermon de l'Abbé Poncet de la Riviere, [...] »
Début :
Le jour du Jeudi Saint, 2. Avril, le Roy entendit le Sermon de l'Abbé Poncet de la Riviere, [...]
Mots clefs :
Poncet de la Rivière, Duc d'Orléans, Roi, Carrosse, Détachement, Duc d'Anjou
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le jour du Jeudi Saint, 2. Avril, le Roy entendit le Sermon de l'Abbé Poncet de la Riviere, [...] »
L
E jour du Jeudi Saint , 2. Avril , le Roy en
tendit le Sermon de l'Abbé Poncet de la Ri
iere , Grand- Vicaire de l'Evêque de Sécz , après
quoi l'Evêque de Dijon fit l'Absoute. Ensuite le
Roy lava les pieds à douze pauvres , et S. M.
les servit à tacle, Le Duc de Bourbon , Grand-
Maître de la Maison du Roy , à la tête des Maîtres
d'Hôtel , précedoit le Service , dont les plats
étoient portez par le Comte de Charolois , le
Comte de Clermont , le Prince de Conty , le Prince
de Dombes , le Comte d'Eu et par les principaux
Officiers de S. M. Après cette Ceremonie
le Roy se rendit à la Chapelle du Château , ou
S. M. entendit la grande Messe , et assista à la
Procession et ensuite aux Vêpres .
Monseigneur le Duc d'Anjou mourut à Versailles
le 7. de ce mois vers les neuf heures du
matin , âgé de deux ans , sept mois et huit jours ,
étant né le 30. Août 1730. Le Roy et la Reine ,
qui avoient donné de grandes marques de sensibilité
à la mort de Madame de France , ont été
extrémement touchez de la perte de ce Prince.
Son Corps fut porté le même jour au soir , de
Versailles au Palais des Tuilleries . Le lendemain
'A VRÍL .
1733. 815
fat ouvert , embaumé , et mis dans le cercueil .
Le 9. vers les 7. heures du soir , il fut porté à
l'Abbaye Royale de S. Denis. La marche se fit
dans l'ordre suivant : Deux carosses du Roi , dans
lesquels étoient les femmes de Chambre de Mon
seigneur le Duc d'Anjou ; un troisième carosse
de S. M. où étoient les huit Gentilshommes otdinaires
, destinez à porter le Cercueil , et les
quatre coins du Poële de drap d'argent , qui le
couvroit. Un détachement de la seconde Compagnie
des Mousquetaires ; un pareil détachement
de la premiere Compagnie ; un détachement da
Quartier des Chevaux-Legers ; des Pages de la
grande et de la petite Ecurie du Roy , et des Pa
ges de la Reine , étoient à cheval devant le Carosse
dans lequel étoit le Corps'; des Valets de
pied de L. M. entouroient ce Ĉarosse , après lequel
marchoient un détachement des Gardes du
Corps et celui du Quartier des Gendarmes ; ils
portoient tous des flambeaux.
M. le Duc d'Orleans menoit le deüil ; M. l'Abbe
de Bellefonds , Aumônier du Roy de Quartier,
étoit à la droite dans le fond , portant le coeur z
M. le Duc d'Orleans à sa gauche , Mad. la Du
chesse de Tallard , Gouvernante des Enfans de
France , étoit vis - à- vis le Coeur. M: le Due de
Brissac , vis-à- vis de M. le Duc d'Orleans , avec
qui il étoit. A la Portiere droite , M. l'Abbé de
Brancas , Aumônier du Roy , et à la gauche
Mad, de Villefort , Sous- Gouvernante des Enfans
de France. Après le Carosse du Corps , celui de
M. le Duc d'Orleans , celui de Mad. la Duchesse
de Tallard , et celui de M. le Duc de Brissac fermoit
le Cortege. Les Carosses de la suite formoient
devant le même ordre.
Le Convoi arriva à l'Abbaye de S. Denis vers
I iij les
816 MERCURE DE FRANCE
les dix heures du soir ; l'Abbé de Bellefonds , pré
senta le Corps au Prieur de l'Abbaye , et il fit
Pinhumation. Après cette Ceremonie , le Coeur
fut porté dans le même Carosse à l'Abbaye Roya
le du Val de Grace.
E jour du Jeudi Saint , 2. Avril , le Roy en
tendit le Sermon de l'Abbé Poncet de la Ri
iere , Grand- Vicaire de l'Evêque de Sécz , après
quoi l'Evêque de Dijon fit l'Absoute. Ensuite le
Roy lava les pieds à douze pauvres , et S. M.
les servit à tacle, Le Duc de Bourbon , Grand-
Maître de la Maison du Roy , à la tête des Maîtres
d'Hôtel , précedoit le Service , dont les plats
étoient portez par le Comte de Charolois , le
Comte de Clermont , le Prince de Conty , le Prince
de Dombes , le Comte d'Eu et par les principaux
Officiers de S. M. Après cette Ceremonie
le Roy se rendit à la Chapelle du Château , ou
S. M. entendit la grande Messe , et assista à la
Procession et ensuite aux Vêpres .
Monseigneur le Duc d'Anjou mourut à Versailles
le 7. de ce mois vers les neuf heures du
matin , âgé de deux ans , sept mois et huit jours ,
étant né le 30. Août 1730. Le Roy et la Reine ,
qui avoient donné de grandes marques de sensibilité
à la mort de Madame de France , ont été
extrémement touchez de la perte de ce Prince.
Son Corps fut porté le même jour au soir , de
Versailles au Palais des Tuilleries . Le lendemain
'A VRÍL .
1733. 815
fat ouvert , embaumé , et mis dans le cercueil .
Le 9. vers les 7. heures du soir , il fut porté à
l'Abbaye Royale de S. Denis. La marche se fit
dans l'ordre suivant : Deux carosses du Roi , dans
lesquels étoient les femmes de Chambre de Mon
seigneur le Duc d'Anjou ; un troisième carosse
de S. M. où étoient les huit Gentilshommes otdinaires
, destinez à porter le Cercueil , et les
quatre coins du Poële de drap d'argent , qui le
couvroit. Un détachement de la seconde Compagnie
des Mousquetaires ; un pareil détachement
de la premiere Compagnie ; un détachement da
Quartier des Chevaux-Legers ; des Pages de la
grande et de la petite Ecurie du Roy , et des Pa
ges de la Reine , étoient à cheval devant le Carosse
dans lequel étoit le Corps'; des Valets de
pied de L. M. entouroient ce Ĉarosse , après lequel
marchoient un détachement des Gardes du
Corps et celui du Quartier des Gendarmes ; ils
portoient tous des flambeaux.
M. le Duc d'Orleans menoit le deüil ; M. l'Abbe
de Bellefonds , Aumônier du Roy de Quartier,
étoit à la droite dans le fond , portant le coeur z
M. le Duc d'Orleans à sa gauche , Mad. la Du
chesse de Tallard , Gouvernante des Enfans de
France , étoit vis - à- vis le Coeur. M: le Due de
Brissac , vis-à- vis de M. le Duc d'Orleans , avec
qui il étoit. A la Portiere droite , M. l'Abbé de
Brancas , Aumônier du Roy , et à la gauche
Mad, de Villefort , Sous- Gouvernante des Enfans
de France. Après le Carosse du Corps , celui de
M. le Duc d'Orleans , celui de Mad. la Duchesse
de Tallard , et celui de M. le Duc de Brissac fermoit
le Cortege. Les Carosses de la suite formoient
devant le même ordre.
Le Convoi arriva à l'Abbaye de S. Denis vers
I iij les
816 MERCURE DE FRANCE
les dix heures du soir ; l'Abbé de Bellefonds , pré
senta le Corps au Prieur de l'Abbaye , et il fit
Pinhumation. Après cette Ceremonie , le Coeur
fut porté dans le même Carosse à l'Abbaye Roya
le du Val de Grace.
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Résumé : « Le jour du Jeudi Saint, 2. Avril, le Roy entendit le Sermon de l'Abbé Poncet de la Riviere, [...] »
Le 2 avril, le roi écouta un sermon lors du Jeudi Saint, suivi de l'absoute par l'évêque de Dijon. Il lava ensuite les pieds de douze pauvres et les servit à table, une cérémonie dirigée par le duc de Bourbon et des nobles tels que le comte de Charolois et le comte de Clermont. Après cette cérémonie, le roi se rendit à la chapelle du château pour la messe, la procession et les vêpres. Le 7 avril, le duc d'Anjou mourut à Versailles à l'âge de deux ans, sept mois et huit jours. Le roi et la reine montrèrent une grande sensibilité à cette perte. Le corps du duc fut transporté aux Tuileries pour être embaumé et mis en cercueil. Le 9 avril, le cercueil fut transporté à l'Abbaye Royale de Saint-Denis, accompagné de plusieurs carrosses et détachements militaires. Le duc d'Orléans menait le deuil, accompagné de l'abbé de Bellefonds, de la duchesse de Tallard et du duc de Brissac. Le cœur du duc d'Anjou fut ensuite transporté à l'Abbaye Royale du Val-de-Grâce.
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