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1
p. 192-195
AU ROY. SONNET.
Début :
Puis que je suis encor sur l'Article de la Bataille / Tandis que triomphant sur la Terre & sur l'Onde, [...]
Mots clefs :
Guerre, Cambrai, Combat, Victoire
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texteReconnaissance textuelle : AU ROY. SONNET.
Puis que ie ſuis encor fur
l'Article de la Bataille de Cafſel , ie ne dois pas oublier de vousfaire pard'un Sonnet qui merited'eſtre veu,&dont cette grande journée a fourny le ſujet,ie vous l'envoye plûtoſt que les autres , parce qu'il eft tombé le premier entre mes
mains,&non pour aucune au- tre raiſon,mon deſſein n'eſtant
pas de donner rang aux Ouvragesd'eſprit ſelon leur me- rite, dont ie vous laiſſe àdécider.
140 LE MERCURE
T
AVRO Υ.
SONNET.
Andis que triomphantfur laTerre&ſur l'onde,
Tujurprends l'Univers de tespro- grezsoudains ,
Etqu'avec tant de bruit dans tes
Augustes mains,
Eclate le tonnerre enmêmetemps qu'ilgronde.
Tandis qu'en cette Guerre où le
Ciel teseconde,
Du fuperbe Cambray tombent les efforts vains,
Que ta teſte &ton cœurfont les guides certains,
Quiconduisent tespasvers l'Em- piredu monde.
GALANT. 141
1
In Freregenereux, parton exempleinstruit ,
Cherchetes ennemis, les combat ,
les détruit,
Etvientmettre àtespiedssabrillante Victoire :
De l'encens qu'il merite il n'est
pointsatisfait,
Ilveutqu'on te ledonne , &sa
plus grande gloire,
Eſt que tufois louéde toutce qu'il
afait.
l'Article de la Bataille de Cafſel , ie ne dois pas oublier de vousfaire pard'un Sonnet qui merited'eſtre veu,&dont cette grande journée a fourny le ſujet,ie vous l'envoye plûtoſt que les autres , parce qu'il eft tombé le premier entre mes
mains,&non pour aucune au- tre raiſon,mon deſſein n'eſtant
pas de donner rang aux Ouvragesd'eſprit ſelon leur me- rite, dont ie vous laiſſe àdécider.
140 LE MERCURE
T
AVRO Υ.
SONNET.
Andis que triomphantfur laTerre&ſur l'onde,
Tujurprends l'Univers de tespro- grezsoudains ,
Etqu'avec tant de bruit dans tes
Augustes mains,
Eclate le tonnerre enmêmetemps qu'ilgronde.
Tandis qu'en cette Guerre où le
Ciel teseconde,
Du fuperbe Cambray tombent les efforts vains,
Que ta teſte &ton cœurfont les guides certains,
Quiconduisent tespasvers l'Em- piredu monde.
GALANT. 141
1
In Freregenereux, parton exempleinstruit ,
Cherchetes ennemis, les combat ,
les détruit,
Etvientmettre àtespiedssabrillante Victoire :
De l'encens qu'il merite il n'est
pointsatisfait,
Ilveutqu'on te ledonne , &sa
plus grande gloire,
Eſt que tufois louéde toutce qu'il
afait.
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Résumé : AU ROY. SONNET.
L'auteur envoie un sonnet dédié à la Bataille de Cafsell, précisant que ce choix est dicté par la disponibilité plutôt que par une préférence. Il laisse au lecteur le soin de juger la valeur des œuvres. Le sonnet célèbre les triomphes et les exploits militaires d'un leader dont les actions sont soutenues par le ciel. Ce leader guide ses pas vers la domination mondiale. Le texte met en avant la générosité et la victoire, soulignant que la plus grande gloire du leader réside dans les louanges reçues pour ses actions.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 187-193
« Le Feu qu'on y a fait pour se réjoüir [...] »
Début :
Le Feu qu'on y a fait pour se réjoüir [...]
Mots clefs :
Cambrai, Feu, Conquêtes, Guerre, Mérite, France
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texteReconnaissance textuelle : « Le Feu qu'on y a fait pour se réjoüir [...] »
hoſe de ce qui s'eſt paſſé à Lile. Le Feu qu'on ya fait pour ſe réjoüir de la priſe de Cambray , en repreſentoit la Citadelle. Elle fut attaquée &
défenduëjon y jetta des Bombes & des Carcaffes ; & les
Dames virent fans crainte, ce
qu'elles ne pouroient bien voir ſans péril dans un verita- ble Siege.Je croy quenous au- rons bientoſt le meſme avantage , & que des Tableaux & des Tapiſſeries , qu'on ne pourra trop admirer ,
GALANT. 139
5
=
nous repreſenteront tout ce qui s'eſt paſſé devant Cam- bray , puis que l'Illuſtre Mon- ſieur le Brun , & Meſſieurs le
Nautre& Vandermeulle , ont
été ſur les lieux en faire lesDef
ſeins, Nous verrons un Siege plus fameux que celuy de Troye , qu'Achille & tous les Roys de la Grece ne pûrent prendre qu'en dix ans avec tant de milliers d'Hommes ,
&dont ils ne feroient peut- eſtre jamais venus à bout avec un ſigrand nombre de Combatans , ſi les ruſes qu'ils employerent ne leur euffent eſté favorables. Ce n'eſt point par ces voyes que le Roy fait de ſi grandes Conqueſtes.
Ses lumieres naturelles
ſa longue expérience au
>
140 LE MERCURE
Meſtierde la Guerre , ſajudi- cieuſe conduite , ſa grande prévoyance,ſes ſoins vigilans,
&ſes fatigues , ſont les feu- les chofes qu'il employe pour faire réüffir en tout temps ſes glorieuſes Entrepriſes. Jamais Monarquen'atantdōnéd'Or.
dres luy-meſme , ny tant paſſe de journée à cheval , que ce
Prince a fait devant Cambray;
il viſitoit tout, il agiſſoit incefſamment , il ordonnoitdetoutes choſes , il eſtoit par tout ;
&puis qu'il atout fait , on ne peut entrer dans un détail dont chaque particularité de- manderoit un Volume entier.
Un Prince fi grand & fi ju
dicieux,ne pouvat faire choix pour le ſervir , que de Perſon-
GALANT. 141
S
nes d'un mérite extraordinaire , on ne peut douter de celuy de Meſſieurs les Maref chaux de France qui ont agy ſous ſes Ordres pendant les Sieges qu'il a entrepris cette Campagne ; c'eſt pourquoy je n'en diray que peu de cho- ſe. L'Hiſtoire parle déja afſez de Monfieur le Mareſchal de
Schomberg. Apres s'eſtre ac- quis beaucoup degloire avant la Paix des Pyrenées par tout où il avoit combatu , il fut
commander en Portugal ; &
quoy que ſes Troupes fuſſent beaucoup moins nombreuſes
que celles des Eſpagnols , il nelaiſſa pasde les batre ſou- vent, &d'emporter beaucoup de Places , ce qui a fait dire de luy avec beaucoup de
142 LE MERCEUR juſtice , que c'eſt un Homme de teſte,de cœur, & d'exécution.Quelques jours apres que la Tranchée fut ouverte de.
vat la Citadelle de Cambray,
les ennemis ayat fait une Sor- tie,ce Maréchal qui ſe trouva àla Garde de la Cavalerie, les
chargea luy-même le Piſtolet à la main , & les fit rentrer
dans leurs Paliſſades . Il auroit
couché toutes les nuits dans
la Tranchée , ſi Sa Majesté voyat toutes les fatigues qu'il ſe donnoit , ne luy eût ſou- vent ordonné deſe retirer.
défenduëjon y jetta des Bombes & des Carcaffes ; & les
Dames virent fans crainte, ce
qu'elles ne pouroient bien voir ſans péril dans un verita- ble Siege.Je croy quenous au- rons bientoſt le meſme avantage , & que des Tableaux & des Tapiſſeries , qu'on ne pourra trop admirer ,
GALANT. 139
5
=
nous repreſenteront tout ce qui s'eſt paſſé devant Cam- bray , puis que l'Illuſtre Mon- ſieur le Brun , & Meſſieurs le
Nautre& Vandermeulle , ont
été ſur les lieux en faire lesDef
ſeins, Nous verrons un Siege plus fameux que celuy de Troye , qu'Achille & tous les Roys de la Grece ne pûrent prendre qu'en dix ans avec tant de milliers d'Hommes ,
&dont ils ne feroient peut- eſtre jamais venus à bout avec un ſigrand nombre de Combatans , ſi les ruſes qu'ils employerent ne leur euffent eſté favorables. Ce n'eſt point par ces voyes que le Roy fait de ſi grandes Conqueſtes.
Ses lumieres naturelles
ſa longue expérience au
>
140 LE MERCURE
Meſtierde la Guerre , ſajudi- cieuſe conduite , ſa grande prévoyance,ſes ſoins vigilans,
&ſes fatigues , ſont les feu- les chofes qu'il employe pour faire réüffir en tout temps ſes glorieuſes Entrepriſes. Jamais Monarquen'atantdōnéd'Or.
dres luy-meſme , ny tant paſſe de journée à cheval , que ce
Prince a fait devant Cambray;
il viſitoit tout, il agiſſoit incefſamment , il ordonnoitdetoutes choſes , il eſtoit par tout ;
&puis qu'il atout fait , on ne peut entrer dans un détail dont chaque particularité de- manderoit un Volume entier.
Un Prince fi grand & fi ju
dicieux,ne pouvat faire choix pour le ſervir , que de Perſon-
GALANT. 141
S
nes d'un mérite extraordinaire , on ne peut douter de celuy de Meſſieurs les Maref chaux de France qui ont agy ſous ſes Ordres pendant les Sieges qu'il a entrepris cette Campagne ; c'eſt pourquoy je n'en diray que peu de cho- ſe. L'Hiſtoire parle déja afſez de Monfieur le Mareſchal de
Schomberg. Apres s'eſtre ac- quis beaucoup degloire avant la Paix des Pyrenées par tout où il avoit combatu , il fut
commander en Portugal ; &
quoy que ſes Troupes fuſſent beaucoup moins nombreuſes
que celles des Eſpagnols , il nelaiſſa pasde les batre ſou- vent, &d'emporter beaucoup de Places , ce qui a fait dire de luy avec beaucoup de
142 LE MERCEUR juſtice , que c'eſt un Homme de teſte,de cœur, & d'exécution.Quelques jours apres que la Tranchée fut ouverte de.
vat la Citadelle de Cambray,
les ennemis ayat fait une Sor- tie,ce Maréchal qui ſe trouva àla Garde de la Cavalerie, les
chargea luy-même le Piſtolet à la main , & les fit rentrer
dans leurs Paliſſades . Il auroit
couché toutes les nuits dans
la Tranchée , ſi Sa Majesté voyat toutes les fatigues qu'il ſe donnoit , ne luy eût ſou- vent ordonné deſe retirer.
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Résumé : « Le Feu qu'on y a fait pour se réjoüir [...] »
Le texte relate la prise de Cambray, marquée par un feu célébrant la victoire, représentant la citadelle attaquée et défendue avec des bombes et des carcasses. Les dames observaient la scène sans crainte. Les exploits seront immortalisés par des tableaux et des tapisseries, dessinés par des artistes présents, dont Monsieur le Brun, Nautre et Vandermeulle. Le siège de Cambray est comparé à celui de Troie, soulignant la supériorité des stratégies du roi, fondées sur ses lumières naturelles, son expérience, sa conduite judicieuse, sa prévoyance et ses soins vigilants. Le roi a supervisé personnellement les opérations, visitant tout et ordonnant toutes choses. Le mérite des maréchaux de France, notamment le maréchal de Schomberg, est également loué. Schomberg a joué un rôle crucial en chargeant les ennemis lors d'une sortie et en endurant de grandes fatigues.
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3
p. 193-209
« Il me souvient, Madame, que je vous ay déja parlé [...] »
Début :
Il me souvient, Madame, que je vous ay déja parlé [...]
Mots clefs :
Valeur, Cambrai, Famille, Tranchée, Chevalier, Citadelle, Marquis, Ennemis, Contrescarpe, Guerre
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texteReconnaissance textuelle : « Il me souvient, Madame, que je vous ay déja parlé [...] »
Il me ſouvient,Madame, que je vous aydéja parlépluſieurs foisdela Famille de Monfieur
le Maréchal de la Feüillade,
&du merite particulier de ce Duc. Vous ſçavez ce qu'il
GALANT. 143 a fait en Hongrie, en Candie,
& en France , &je puis vous ☐ aſſurer qu'il a continué à don- ner pendant cette Campagne des marquesde ſa valeur &de fon grand zele pour la gloire du Roy. L'un & l'autre ont pa.
ru devat la Citadellede Cambray , & je vous ay marqué qu'il attendoit luy-même au pied de la Bréche la réponſe de ceux qu'il yavoit fait mon- ter pour reconnoître l'état des
Ennemis. Quelques jours au- paravant un Boulet de Canon avoit paſſe ſous le ventre de ſon Cheval, & il avoit penſé en eſtre tué.
S
Monfieur le Mareſchal de
Lorge a beaucoup contribué à la priſe de la Contreſcarpe.
Il eſt de la Maiſon de Duras,
qui eſt une des plus Illuſtres
144 LE MERCURE
deGuienne. Il a ſervy tres-uti- lement le Roy en Italie. On
ne peut s'attacher avec une
plus grande application au mêtier de la Guerre , & il a fi bien étudié ce grand Art ſous feu MonfieurdeTurenne fon
Oncle, qu'il en met toutes les
manieres en pratique lors que l'occaſion s'en preſente. La fameuſeRetraite qu'il fit apres la mort de ce grand Homme,
àla veuë d'une Armée beaucoup plus forte que la ſienne,
fait beaucoup mieux ſonElo- ge,que tout ce que j'en pour- rois dire.
Je ne parle point icy des Of- ficiers Generaux , ils ſe ſont
montrez dignes du choix de Sa Majesté, & je ne ferois en
vous entretenant de leurs
GALANT. 145 - actions paſſées que vous re- peter ce que je vous ay déja ditend'autres endroits. Al'é-
■ gard de Cambray , on ne peut douter qu'ils n'ayent fait voir - & beaucoup de conduite &
1 beaucoup de valeur,puis qu'ils ont tour à tour monté la
- Tranchée , & que dans les occafions les plus perilleuſes ils ont les premiers eſſuyé le feu des Ennemis àla tête des
Troupes qu'ils commădoient.
Monfieur le Prince d'Elbeuf,
Aydede Camp du Roy, a fait voir une ardeur fi boüillante,
que ſi on ne l'eût ſouvét rete- nu de force, il ſe ſeroit expoſé à tous les perils du Siege,Mõ- ſieur le Comte d'Auvergne ne voulant point le laiſſer al- ler àl'attaque des deux De
146 LE MERCURE
my-lunes,ce Prince fit ce qu'il put pour ſe dérober de luy, &
rien ne le put empêcher d'y venir à la fin de l'attaque; mais le peril ſe trouva alors plus grand , parce que les Enne- mis ne tirerent de leurs Remparts quelors que leurs Gens furent fortis des Demy-lunes,
de peur de tirer fur eux. Ce Prince y demeura tant qu'on fit le Logement , & fut pen- dant tout ce temps expoſé au feudes Ennemis. Il étoit auſſi
àl'artaque de la Contreſcarpe.
Monfieur le Chevalier de
Feuquieres qui s'eſt diſtingué au Siege de la Citadelle , eſt Fils de Monfieur le Marquis de Feuquieres Gouverneur de Verdun , & Ambaſſadeur en Suéde,petit- Fils du fameux
Marquis
GALANT. 147
Marquis de Feuquieres , qui a commandé fi long-temps les Armées du feu Roy en Al- lemagne : l'Hiſtoire eſt rem- plie de ſes Victoires , & des fameuſes Negotiations qu'il a faites aupresde la plusgran- de partie des Princes Etrangers. Le Chevalier dont nous
parlons eſt bien fait, &il don- ne tous les jours marques de ſa valeur.
de nouvelles
La mort de Monfieur leLYON
Marquis de Renel ne medoit 8435
pas empécher de parler de luy , & je croy devoir rendre juſtice àſa memoire. Sa Valeur étoit connuë , il avoit des
Amis du premier rang , & il étoit aiméde ſon Maître. Ce
n'eſt pas d'aujourd'huy que le Titre de Marquis eſt dans
Tome 3 . G
148 GALANT.
ſa Famille , & l'Hiſtoire nous parle d'un Marquis de Renel Gouverneur de Vitry qui fu- tué en 1615 en voulant em- peſcher la jonction de ſix cent Reïſtres àl'Armée des Princes. On ne peut douter de la Nobleſſe de cette Famille
puisqu'elledeſcendde la Mai- ſond'Amboiſe , ſi connuë das
toutes nos Hiſtoires. La douleur que Madame la Marqui- ſe de Renel ſent encor tous les
jours dela pertequ'elle a faite,
ſeroit difficile à exprimer.El- le aimoit celuy qu'elle pleure avecunetendreſſe inconcevable;mais cette tendreſſe n'empeſchoit pointqu'elle ne facri- fiât toutes chofes , afin qu'il puſt ſervir ſon Prince en hom- mede ſaQualité.
LE MER CURE 149 Monfieur le Vicomte de
1 Meaux , Fils de Monfieur dę
Betune ,&petit- Fils de Monfieur le Duc d'Orval , s'eſt
trouvé dans toutes les occafions de vigueur ; & l'on n'en ſçauroit douter, puis qu'il a re- çeupendant le ſeul Siege dont nous parlonsjuſqu'à fix coups,
dont heureuſement pour luy il a eſté quite pour quel- ques contufions. Monfieur le Duc d'Orval dont je vous parle , eſt Fils de Monfieur le Duc de Sully , Favory de
Henry IV.
s
Monfieur le Comte de la
Vauguyon s'eſt ſignalé en en- trant le troifiéme dans la Contreſcarpe. Il a eſté Chambella
deMonfieur. Il eſt d'une tresbonne Famille de Poitou , &
fon Pere a eu des Emplois
Gij
ISO LE MERCURE confiderables dans les Indes.
Monfieur 'le Vicomte de
Corbeil , Fils de Monfieur le
Comte de Bregy , Lieutenant General , & autrefois Ambaffadeur Extraordinaire en Pologne , s'eſt trouvé à toutes les attaques de la Citadelle de Cambray , & ne s'y eſt pas trouvé des derniers. Il eſt ſi
modeſte là-deſſus , & donne
tant de loüanges à tous ceux qui s'y ſont ſignalez,qu'il ſem- ble qu'il ne croye pas en me- riter : cependant il eſt impof- fiblede raiſonner de la maniere qu'il fait ſur tout ce qui s'y eſt paffé de plus particulier ,
ſans avoir eſté exposé aux plus grands périls. Il ſçait le mêtier de la Guerre,il entend
GALANT. 151 les Fortifications,&il en parle
auſſi juſte que Madamela Co- teſſe de Bregy ſa Mere écrit agreablement.Je n'oſe vous en dire davantage, ſçachat qu'el- le cache avec grand foin tou- tes les belles productions de ſon eſprit , &qu'elle ne ſe ré- ſout qu'avec peine à les com- muniquer à ceux à qui elles ſe cofie le plus.Elle al'eſprit bril- lant &folide tout enſemble,
&donne un tour ſi agreable à
tout ce qu'elle dit , qu'on ne
- ſort jamais d'avec elle ſans étre charméde ſa converſatio.Elle
eſt genereuſe, & fert ſes Amis
avec une ardeur qu'on ne peut affez loüer. Jugez , Mada- me, ſi ce n'eſt pas avec raiſon que tant de belles qualitez Giij
152 LE MERCURE luy ont acquis l'eſtime parti- culiere de Leurs Alteſſes
Royales ; mais le zele qui m'enporte en parlant d'une Perſonne qui a tant de merite,
me fait oublier que je ſuis en- cor devant la Citadelle de
Cambray,ou du moins quej'y dois étre. Il eſt temps d'en être. Il eſt temps d'enfortir fi
jeveuxvous mander d'autres Nouvelles. Achevons donc
en deux mots , & diſons que
les Pages du Roy ont tous fais voir une valeur digne de la
naiſſance qu'il faut avoir pour obtenir un Poſte ſi avantageux. Il s'en trouvoit tous les jours deux à la tête desBatail- lonsquimontoient les Gardes des Tranchées ; Sa Majesté l'avoit ordonné ainſi pour les
GALANT. 153 empêcher d'y aller tous. Ce- pendant il étoit ſouvent diffi- cile de les retenir.
Je vous parlerois icy de Monfieur du Mets , ſi je n'é- tois accablé par la matiere.
C'eſt un Article que je fuis
obligéde remettre àune autre fois , &de finir en vous diſant qu'il nemérite pas moins de loüanges pour ſa vigilance &
fes foins , que Monfieur de Vauban pour les grands &
prodigieux Travaux qu'il a
fait faire , & qu'il a fi bien,
conduits ; ayant particuliere- ment recherché les moyens ,
d'épargner le fang , enq
le Maréchal de la Feüillade,
&du merite particulier de ce Duc. Vous ſçavez ce qu'il
GALANT. 143 a fait en Hongrie, en Candie,
& en France , &je puis vous ☐ aſſurer qu'il a continué à don- ner pendant cette Campagne des marquesde ſa valeur &de fon grand zele pour la gloire du Roy. L'un & l'autre ont pa.
ru devat la Citadellede Cambray , & je vous ay marqué qu'il attendoit luy-même au pied de la Bréche la réponſe de ceux qu'il yavoit fait mon- ter pour reconnoître l'état des
Ennemis. Quelques jours au- paravant un Boulet de Canon avoit paſſe ſous le ventre de ſon Cheval, & il avoit penſé en eſtre tué.
S
Monfieur le Mareſchal de
Lorge a beaucoup contribué à la priſe de la Contreſcarpe.
Il eſt de la Maiſon de Duras,
qui eſt une des plus Illuſtres
144 LE MERCURE
deGuienne. Il a ſervy tres-uti- lement le Roy en Italie. On
ne peut s'attacher avec une
plus grande application au mêtier de la Guerre , & il a fi bien étudié ce grand Art ſous feu MonfieurdeTurenne fon
Oncle, qu'il en met toutes les
manieres en pratique lors que l'occaſion s'en preſente. La fameuſeRetraite qu'il fit apres la mort de ce grand Homme,
àla veuë d'une Armée beaucoup plus forte que la ſienne,
fait beaucoup mieux ſonElo- ge,que tout ce que j'en pour- rois dire.
Je ne parle point icy des Of- ficiers Generaux , ils ſe ſont
montrez dignes du choix de Sa Majesté, & je ne ferois en
vous entretenant de leurs
GALANT. 145 - actions paſſées que vous re- peter ce que je vous ay déja ditend'autres endroits. Al'é-
■ gard de Cambray , on ne peut douter qu'ils n'ayent fait voir - & beaucoup de conduite &
1 beaucoup de valeur,puis qu'ils ont tour à tour monté la
- Tranchée , & que dans les occafions les plus perilleuſes ils ont les premiers eſſuyé le feu des Ennemis àla tête des
Troupes qu'ils commădoient.
Monfieur le Prince d'Elbeuf,
Aydede Camp du Roy, a fait voir une ardeur fi boüillante,
que ſi on ne l'eût ſouvét rete- nu de force, il ſe ſeroit expoſé à tous les perils du Siege,Mõ- ſieur le Comte d'Auvergne ne voulant point le laiſſer al- ler àl'attaque des deux De
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my-lunes,ce Prince fit ce qu'il put pour ſe dérober de luy, &
rien ne le put empêcher d'y venir à la fin de l'attaque; mais le peril ſe trouva alors plus grand , parce que les Enne- mis ne tirerent de leurs Remparts quelors que leurs Gens furent fortis des Demy-lunes,
de peur de tirer fur eux. Ce Prince y demeura tant qu'on fit le Logement , & fut pen- dant tout ce temps expoſé au feudes Ennemis. Il étoit auſſi
àl'artaque de la Contreſcarpe.
Monfieur le Chevalier de
Feuquieres qui s'eſt diſtingué au Siege de la Citadelle , eſt Fils de Monfieur le Marquis de Feuquieres Gouverneur de Verdun , & Ambaſſadeur en Suéde,petit- Fils du fameux
Marquis
GALANT. 147
Marquis de Feuquieres , qui a commandé fi long-temps les Armées du feu Roy en Al- lemagne : l'Hiſtoire eſt rem- plie de ſes Victoires , & des fameuſes Negotiations qu'il a faites aupresde la plusgran- de partie des Princes Etrangers. Le Chevalier dont nous
parlons eſt bien fait, &il don- ne tous les jours marques de ſa valeur.
de nouvelles
La mort de Monfieur leLYON
Marquis de Renel ne medoit 8435
pas empécher de parler de luy , & je croy devoir rendre juſtice àſa memoire. Sa Valeur étoit connuë , il avoit des
Amis du premier rang , & il étoit aiméde ſon Maître. Ce
n'eſt pas d'aujourd'huy que le Titre de Marquis eſt dans
Tome 3 . G
148 GALANT.
ſa Famille , & l'Hiſtoire nous parle d'un Marquis de Renel Gouverneur de Vitry qui fu- tué en 1615 en voulant em- peſcher la jonction de ſix cent Reïſtres àl'Armée des Princes. On ne peut douter de la Nobleſſe de cette Famille
puisqu'elledeſcendde la Mai- ſond'Amboiſe , ſi connuë das
toutes nos Hiſtoires. La douleur que Madame la Marqui- ſe de Renel ſent encor tous les
jours dela pertequ'elle a faite,
ſeroit difficile à exprimer.El- le aimoit celuy qu'elle pleure avecunetendreſſe inconcevable;mais cette tendreſſe n'empeſchoit pointqu'elle ne facri- fiât toutes chofes , afin qu'il puſt ſervir ſon Prince en hom- mede ſaQualité.
LE MER CURE 149 Monfieur le Vicomte de
1 Meaux , Fils de Monfieur dę
Betune ,&petit- Fils de Monfieur le Duc d'Orval , s'eſt
trouvé dans toutes les occafions de vigueur ; & l'on n'en ſçauroit douter, puis qu'il a re- çeupendant le ſeul Siege dont nous parlonsjuſqu'à fix coups,
dont heureuſement pour luy il a eſté quite pour quel- ques contufions. Monfieur le Duc d'Orval dont je vous parle , eſt Fils de Monfieur le Duc de Sully , Favory de
Henry IV.
s
Monfieur le Comte de la
Vauguyon s'eſt ſignalé en en- trant le troifiéme dans la Contreſcarpe. Il a eſté Chambella
deMonfieur. Il eſt d'une tresbonne Famille de Poitou , &
fon Pere a eu des Emplois
Gij
ISO LE MERCURE confiderables dans les Indes.
Monfieur 'le Vicomte de
Corbeil , Fils de Monfieur le
Comte de Bregy , Lieutenant General , & autrefois Ambaffadeur Extraordinaire en Pologne , s'eſt trouvé à toutes les attaques de la Citadelle de Cambray , & ne s'y eſt pas trouvé des derniers. Il eſt ſi
modeſte là-deſſus , & donne
tant de loüanges à tous ceux qui s'y ſont ſignalez,qu'il ſem- ble qu'il ne croye pas en me- riter : cependant il eſt impof- fiblede raiſonner de la maniere qu'il fait ſur tout ce qui s'y eſt paffé de plus particulier ,
ſans avoir eſté exposé aux plus grands périls. Il ſçait le mêtier de la Guerre,il entend
GALANT. 151 les Fortifications,&il en parle
auſſi juſte que Madamela Co- teſſe de Bregy ſa Mere écrit agreablement.Je n'oſe vous en dire davantage, ſçachat qu'el- le cache avec grand foin tou- tes les belles productions de ſon eſprit , &qu'elle ne ſe ré- ſout qu'avec peine à les com- muniquer à ceux à qui elles ſe cofie le plus.Elle al'eſprit bril- lant &folide tout enſemble,
&donne un tour ſi agreable à
tout ce qu'elle dit , qu'on ne
- ſort jamais d'avec elle ſans étre charméde ſa converſatio.Elle
eſt genereuſe, & fert ſes Amis
avec une ardeur qu'on ne peut affez loüer. Jugez , Mada- me, ſi ce n'eſt pas avec raiſon que tant de belles qualitez Giij
152 LE MERCURE luy ont acquis l'eſtime parti- culiere de Leurs Alteſſes
Royales ; mais le zele qui m'enporte en parlant d'une Perſonne qui a tant de merite,
me fait oublier que je ſuis en- cor devant la Citadelle de
Cambray,ou du moins quej'y dois étre. Il eſt temps d'en être. Il eſt temps d'enfortir fi
jeveuxvous mander d'autres Nouvelles. Achevons donc
en deux mots , & diſons que
les Pages du Roy ont tous fais voir une valeur digne de la
naiſſance qu'il faut avoir pour obtenir un Poſte ſi avantageux. Il s'en trouvoit tous les jours deux à la tête desBatail- lonsquimontoient les Gardes des Tranchées ; Sa Majesté l'avoit ordonné ainſi pour les
GALANT. 153 empêcher d'y aller tous. Ce- pendant il étoit ſouvent diffi- cile de les retenir.
Je vous parlerois icy de Monfieur du Mets , ſi je n'é- tois accablé par la matiere.
C'eſt un Article que je fuis
obligéde remettre àune autre fois , &de finir en vous diſant qu'il nemérite pas moins de loüanges pour ſa vigilance &
fes foins , que Monfieur de Vauban pour les grands &
prodigieux Travaux qu'il a
fait faire , & qu'il a fi bien,
conduits ; ayant particuliere- ment recherché les moyens ,
d'épargner le fang , enq
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Résumé : « Il me souvient, Madame, que je vous ay déja parlé [...] »
Le texte décrit les exploits militaires de divers nobles et officiers lors du siège de la citadelle de Cambray. Le Maréchal de la Feuillade est particulièrement loué pour ses actions en Hongrie, en Candie et en France, ainsi que pour sa bravoure durant la campagne. Le Maréchal de Lorge, membre de la maison de Duras, est également mentionné pour ses contributions, notamment sa célèbre retraite après la mort de Turenne, son oncle. Les officiers généraux se sont distingués par leur conduite et leur valeur, montant la tranchée et affrontant les ennemis. Le Prince d'Elbeuf a montré une ardeur exceptionnelle, se mettant en danger lors des attaques. Le Chevalier de Feuquières, fils du Marquis de Feuquières, a également été remarqué pour sa valeur. Le texte rend hommage au Marquis de Renel, connu pour sa bravoure et son dévouement à son maître. Le Vicomte de Meaux, fils du Duc de Betune et petit-fils du Duc d'Orval, a reçu plusieurs blessures. Le Comte de la Vauguyon s'est signalé en entrant dans la contrescarpe. Le Vicomte de Corbeil, fils du Comte de Bregy, a participé à toutes les attaques et est reconnu pour ses compétences en fortifications. Les pages du roi ont également montré une grande valeur en montant les gardes des tranchées. Le texte mentionne brièvement la vigilance de Monsieur du Mets et les travaux de Monsieur de Vauban.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 8
MADRIGAL.
Début :
Voicy un autre Madrigal que nous devons encor à l'Amour. / Le Respect & l'Amour pleins de glace & de flame, [...]
Mots clefs :
Respect, Amour, Guerre
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texteReconnaissance textuelle : MADRIGAL.
Voicy un autre Madrigal que nous devons encor à l'Amour.
Aij
6 LE MERCVRE
L
MADRIGAL.
ERespect &l'Amour pleins de de glace &de flame ,
Sefont l'a guerre dans mon ame,
Et nese veulent point ceder :
Mais, ô Beauté charmante &rare,
Si je nepuis les accorder,
Permettez que je lesſepare.
Aij
6 LE MERCVRE
L
MADRIGAL.
ERespect &l'Amour pleins de de glace &de flame ,
Sefont l'a guerre dans mon ame,
Et nese veulent point ceder :
Mais, ô Beauté charmante &rare,
Si je nepuis les accorder,
Permettez que je lesſepare.
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5
p. 226-239
Plusieurs avantages remportez sur Mer en divers endroits par les Vaisseaux de France, depuis le commencement de la Campagne, avec les Noms de tous ceux qui se sont distinguez. [titre d'après la table]
Début :
Retournons à la Guerre, rien n'arreste les François quand il [...]
Mots clefs :
Vaisseaux, Capitaine, Hollandais, Combat, Guerre, Mer, Corsaire, Port, Bateau
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texteReconnaissance textuelle : Plusieurs avantages remportez sur Mer en divers endroits par les Vaisseaux de France, depuis le commencement de la Campagne, avec les Noms de tous ceux qui se sont distinguez. [titre d'après la table]
Retournons à la Guerre ,
1 rien n'arreſte les François quand il s'agit de ſervir leur Prince , &d'acquerir de la ré- putation. Vous venez de voir
combattre fur Terre , voyez à
preſent combattre ſur Mer.
Nous y avons remporté des avantages dont ceux qui ne ſontpasaccoûtumez àvaincre touslesjours par tout , feroient plus de bruit que nous n'en faifons.
Le Capitaine Tobias fort eſtimé chez les Hollandois ,
158 LE MERCVRE 1
éprouva il y a quelque temps combien les Armes du Roy fontàcraindre. Il revenoit de
Smirne , & commandoit une
Flote compoſée de trois gros Vaiſſeaux de guerre ,de cinq Navires , & de huit grandes Fluftes , le tout extraordinaire- ment riche. Le Vaiſſeauqu'il montoit eſtoit de foixante &
fix Pieces de Canon, & chaque Naviredequarante. Il fut rencontré dans la Manche à
la hauteur d'Oüeſſant , par M. le Chevalier de Chasteaure- naut Chefd'Efcadre, qui croi- foit de ce coſté-là, Quoy qu'il n'euſt que quatre Vaiſſeaux de guerre& trois legeres Fré- gates , cette inégalité ne l'em- pefcha pas de prendre la ré- folution de lattaquer. LesEn- nemis l'attendirent en bon
ordre,
GALANT. 159
-
ce qu'il
ordre , & voyant leurs forces beaucoup au deſſus de celles desAttaquans , ils ſe prépare- rent à les recevoir avec une
confiance qui ne leur permet- toit point de douter de la Vi- ctoire. Leurs huit Baſtimens
s'eſtant mis en ligne , & les ☐ Fluſtes ſous le vent , M. de
Chaſteaurenaut arriva fur eux
à la petitepointedujour. Il fit tout cequ'il put pour aborder Commandant , qui évita fix fois l'abordage. Le Combat fut long&opiniâtre. NosFré- gates prirent quatre grandes Fluftes chargées d'Huile , de Tabac , & d'indigo , & deux Vaiſſeaux Hollandois coulerent à fond , avec del'Argent
en barre , & plufieurs mar- chandifes de grand prix. Leurs autres Vaiſſeaux ont eſte fort
Tome VI.
le
160 LE MERCVRE
mal traitez. Ils s'échaperent à
la faveur d'une brune qui empeſcha M. le Chevalier de
Chaſteaurenaut de les ſuivre.
Chacun ſçait qu'on ne peut avoir plus de cœur qu'il en fait paroiſtre , que le peril ne l'é- tonne point , &qu'il n'est pas ſeulement bon Soldat & bon
Capitaine , mais encor bon Homme de Mer , & fort intelligentdans tout ce qui regarde l'employ qu'on luy a donné.
Meſſieurs les Comtes de Sourdis&de Rofmadec , & M. Foran Capitaines de Vaiſſeaux ,
ſe ſont extraordinairementdiſtinguez. Meſſieurs Huet du Rueaux , de Banville , & de Maiſon-neuve , ont donné des
marques de leur courage tant que le Combat a duré. M. le Baron d'Audengervat , Mef-
GALANT. 161
LYCA
ſieurs de Moran- Boiſamis &
de Sancé Lieutenans , deBoncour &de Courbon Enfeignes,
de la Haudiniere &de la Robiniere Volontaires , &deBel- limont Garde de la Marine,
ont eſté bleſſez en ſe ſignalant.
Les Ennemis ont perdu beau- coup de monde , & il ne nous en a couſté que M. Mercadet Enſeigne , qu'ils notus ont Cét avantage n'eſt pas le ſeul que nous ayons eu ur
Mer. M. leChevalierde Bre
teüil qui commande l'Efcadre desGaleres Françoiſes enRof- fillon , a enlevé deux Barques d'un Convoy qui venoit aux Eſpagnols , & dont tout le feu de laMouſqueterie des Enne- mis ne pût empeſcher la prife.
Il pourſuivit les autres juſques fous le Canon de la Tour de
O ij
162 LE MERCVRE
Palmos aux Coſtes de Catalogne. M. le Chevalier deBour- feville ſe rendit maître d'une
troiſieme , &on ne peut trop eſtimer les marques d'intrépi- dité & de valeur que tous les
deux ont données.
Il ne faut qu'eftre François pour porter la terreur en pre- nant les armes. Un Marchand
duHavre s'eſtant plaintqu'un Corſaire nommé,le Capitaine Mauvel, venoitde luy enlever une Barque affez confiderable , avec le Pilote qu'il avoit deffus , Monfieur le Duc de S.
Aignan détacha fans perdre temps fix Soldats par Compa- gnies , &les faiſant prompte- ment embarquer das des Cha- loupes,&quelques autresdans un Bateau qui ſert à porter le Bois , afin qu'on les pûft pren-
GALANT. 163 dre pour des Marchands , ils allerent joindre le Corſaire qui eftoit encor à l'ancre. M. de
Brevedent Capitaine de Fré- gate legere , & M.du Buiffon Enſeigne du Port , ſe trouve- rent à cette attaque , il y eut un Combat de Mouſquererie qui ſe fit preſque à bout tou- chant, &qui étonna tellement le Corſaire , qu'il prit la fuite.
aprés la décharge de quatre Pieces de Canon dont il eſtoit
armé. Son Pilote fut tué ,trois
de ſes Matelots demeurerent
fur la Place , & il fut bleffé
luy-meſme. Il n'y eutde l'au- tre coſté qu'un ſeul Soldat bleffé jambe , & le Maſt
de l'une des Chaloupes en- dommagé d'un coup de Ca- non. La Barque fut repriſe.. Elle eſt eſtimée à prés de mil
Oiij
164 LE MERCVRE Ecus, &c'eſt duPilote duMarchand qui estoit avec le Cor- faire pendant le Combat , &
qu'il a relâché depuis , qu'on a ſçeu ces particularitez.
Je nevous parle point d'un petit Corfaire de Saint Mało ,
armé de fix pieces de Canon ,
qui s'eſtant rendu maiſtre de trois grandes Fluftes de Dan.
nemarc chargées de Froment,
de Seigle , & de Pluſieurs au- tres chofes, les a menées dans ce Port. Ces fortes de priſes y
font ordinaires , un autre Cor- faire ayant amené preſque en -meſme temps un Hollandois ;
&deux autres , un Biſcayen chargé de diverſes marchan- difes.
Vous voyez , Madame, que le Roy triomphe de tous cô- tez fur Mer , comme il triom
GALANT. 165 phe par tout fur Terre. Il eſt vray qu'on nous imputoit une diſgrace qui donnoit grande joye à nos Ennemis. On pré- tendoit que toutes nos Gale- res avoient eſté conſommées à
Civitavechia par un Incendie dont on n'avoit pû arreſter la violence. Le bruit en courut à
Naples ; & dans le temps que cette nouvelle s'y debitoit , el- les parurent à l Iſle de Pont,
où elles prirent trois gros Vaif- ſeaux àla veuë meſme de cet.
te Ville.
1 rien n'arreſte les François quand il s'agit de ſervir leur Prince , &d'acquerir de la ré- putation. Vous venez de voir
combattre fur Terre , voyez à
preſent combattre ſur Mer.
Nous y avons remporté des avantages dont ceux qui ne ſontpasaccoûtumez àvaincre touslesjours par tout , feroient plus de bruit que nous n'en faifons.
Le Capitaine Tobias fort eſtimé chez les Hollandois ,
158 LE MERCVRE 1
éprouva il y a quelque temps combien les Armes du Roy fontàcraindre. Il revenoit de
Smirne , & commandoit une
Flote compoſée de trois gros Vaiſſeaux de guerre ,de cinq Navires , & de huit grandes Fluftes , le tout extraordinaire- ment riche. Le Vaiſſeauqu'il montoit eſtoit de foixante &
fix Pieces de Canon, & chaque Naviredequarante. Il fut rencontré dans la Manche à
la hauteur d'Oüeſſant , par M. le Chevalier de Chasteaure- naut Chefd'Efcadre, qui croi- foit de ce coſté-là, Quoy qu'il n'euſt que quatre Vaiſſeaux de guerre& trois legeres Fré- gates , cette inégalité ne l'em- pefcha pas de prendre la ré- folution de lattaquer. LesEn- nemis l'attendirent en bon
ordre,
GALANT. 159
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ce qu'il
ordre , & voyant leurs forces beaucoup au deſſus de celles desAttaquans , ils ſe prépare- rent à les recevoir avec une
confiance qui ne leur permet- toit point de douter de la Vi- ctoire. Leurs huit Baſtimens
s'eſtant mis en ligne , & les ☐ Fluſtes ſous le vent , M. de
Chaſteaurenaut arriva fur eux
à la petitepointedujour. Il fit tout cequ'il put pour aborder Commandant , qui évita fix fois l'abordage. Le Combat fut long&opiniâtre. NosFré- gates prirent quatre grandes Fluftes chargées d'Huile , de Tabac , & d'indigo , & deux Vaiſſeaux Hollandois coulerent à fond , avec del'Argent
en barre , & plufieurs mar- chandifes de grand prix. Leurs autres Vaiſſeaux ont eſte fort
Tome VI.
le
160 LE MERCVRE
mal traitez. Ils s'échaperent à
la faveur d'une brune qui empeſcha M. le Chevalier de
Chaſteaurenaut de les ſuivre.
Chacun ſçait qu'on ne peut avoir plus de cœur qu'il en fait paroiſtre , que le peril ne l'é- tonne point , &qu'il n'est pas ſeulement bon Soldat & bon
Capitaine , mais encor bon Homme de Mer , & fort intelligentdans tout ce qui regarde l'employ qu'on luy a donné.
Meſſieurs les Comtes de Sourdis&de Rofmadec , & M. Foran Capitaines de Vaiſſeaux ,
ſe ſont extraordinairementdiſtinguez. Meſſieurs Huet du Rueaux , de Banville , & de Maiſon-neuve , ont donné des
marques de leur courage tant que le Combat a duré. M. le Baron d'Audengervat , Mef-
GALANT. 161
LYCA
ſieurs de Moran- Boiſamis &
de Sancé Lieutenans , deBoncour &de Courbon Enfeignes,
de la Haudiniere &de la Robiniere Volontaires , &deBel- limont Garde de la Marine,
ont eſté bleſſez en ſe ſignalant.
Les Ennemis ont perdu beau- coup de monde , & il ne nous en a couſté que M. Mercadet Enſeigne , qu'ils notus ont Cét avantage n'eſt pas le ſeul que nous ayons eu ur
Mer. M. leChevalierde Bre
teüil qui commande l'Efcadre desGaleres Françoiſes enRof- fillon , a enlevé deux Barques d'un Convoy qui venoit aux Eſpagnols , & dont tout le feu de laMouſqueterie des Enne- mis ne pût empeſcher la prife.
Il pourſuivit les autres juſques fous le Canon de la Tour de
O ij
162 LE MERCVRE
Palmos aux Coſtes de Catalogne. M. le Chevalier deBour- feville ſe rendit maître d'une
troiſieme , &on ne peut trop eſtimer les marques d'intrépi- dité & de valeur que tous les
deux ont données.
Il ne faut qu'eftre François pour porter la terreur en pre- nant les armes. Un Marchand
duHavre s'eſtant plaintqu'un Corſaire nommé,le Capitaine Mauvel, venoitde luy enlever une Barque affez confiderable , avec le Pilote qu'il avoit deffus , Monfieur le Duc de S.
Aignan détacha fans perdre temps fix Soldats par Compa- gnies , &les faiſant prompte- ment embarquer das des Cha- loupes,&quelques autresdans un Bateau qui ſert à porter le Bois , afin qu'on les pûft pren-
GALANT. 163 dre pour des Marchands , ils allerent joindre le Corſaire qui eftoit encor à l'ancre. M. de
Brevedent Capitaine de Fré- gate legere , & M.du Buiffon Enſeigne du Port , ſe trouve- rent à cette attaque , il y eut un Combat de Mouſquererie qui ſe fit preſque à bout tou- chant, &qui étonna tellement le Corſaire , qu'il prit la fuite.
aprés la décharge de quatre Pieces de Canon dont il eſtoit
armé. Son Pilote fut tué ,trois
de ſes Matelots demeurerent
fur la Place , & il fut bleffé
luy-meſme. Il n'y eutde l'au- tre coſté qu'un ſeul Soldat bleffé jambe , & le Maſt
de l'une des Chaloupes en- dommagé d'un coup de Ca- non. La Barque fut repriſe.. Elle eſt eſtimée à prés de mil
Oiij
164 LE MERCVRE Ecus, &c'eſt duPilote duMarchand qui estoit avec le Cor- faire pendant le Combat , &
qu'il a relâché depuis , qu'on a ſçeu ces particularitez.
Je nevous parle point d'un petit Corfaire de Saint Mało ,
armé de fix pieces de Canon ,
qui s'eſtant rendu maiſtre de trois grandes Fluftes de Dan.
nemarc chargées de Froment,
de Seigle , & de Pluſieurs au- tres chofes, les a menées dans ce Port. Ces fortes de priſes y
font ordinaires , un autre Cor- faire ayant amené preſque en -meſme temps un Hollandois ;
&deux autres , un Biſcayen chargé de diverſes marchan- difes.
Vous voyez , Madame, que le Roy triomphe de tous cô- tez fur Mer , comme il triom
GALANT. 165 phe par tout fur Terre. Il eſt vray qu'on nous imputoit une diſgrace qui donnoit grande joye à nos Ennemis. On pré- tendoit que toutes nos Gale- res avoient eſté conſommées à
Civitavechia par un Incendie dont on n'avoit pû arreſter la violence. Le bruit en courut à
Naples ; & dans le temps que cette nouvelle s'y debitoit , el- les parurent à l Iſle de Pont,
où elles prirent trois gros Vaif- ſeaux àla veuë meſme de cet.
te Ville.
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Résumé : Plusieurs avantages remportez sur Mer en divers endroits par les Vaisseaux de France, depuis le commencement de la Campagne, avec les Noms de tous ceux qui se sont distinguez. [titre d'après la table]
Le texte décrit plusieurs victoires navales françaises. Le Chevalier de Chasteaurenaut, malgré une infériorité numérique, attaque et défait une flotte hollandaise commandée par le Capitaine Tobias près d'Ouessant. Cette bataille permet aux Français de capturer plusieurs navires ennemis et d'en couler deux. Parmi les blessés français figurent plusieurs officiers et volontaires. Par ailleurs, le Chevalier de Breteuil et le Chevalier de Bourseville capturent des barques espagnoles près des côtes catalanes. Un marchand du Havre, avec l'aide de soldats et d'officiers français, repousse un corsaire qui avait enlevé sa barque. De plus, des corsaires français capturent plusieurs navires danois et biscayens chargés de marchandises. Le texte mentionne également que les galères françaises, contrairement aux rumeurs d'un incendie à Civitavecchia, apparaissent à l'île de Pont et capturent trois gros vaisseaux sous les yeux de Naples. Ces succès navals démontrent la supériorité française sur mer, complétant les victoires terrestres.
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6
p. 265-271
PANEGYRIQUE DES ALLIEZ.
Début :
Cependant n'estes-vous point surprise des grands préparatifs qui se / Superbes Espagnols, Conquerans des deux Mondes, [...]
Mots clefs :
Héros, Alliés, Guerre, Louis, Philippe
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PANEGYRIQUE DES ALLIEZ.
Cependant n'eftes point ſurpriſe des grands pre-
-
vous
paratifs qui ſe ſont faits depuis quatre mois du coſté de l'Al- lemagne, ſans que l'Armée des Alliez ait encor pû rien exe- cuter? Cette lenteur, ou plû- toft cette impuiſſance , a don- né lieu à ces Vers , que je ne veux pas diférer à vous faire
voir.
PANEGYRIQVE
DES ALLIEZ.
SVperbes Espagnols , Conquerans deux Mondes ,
Hollandois fi vantez &fi crainsfur les Ondes,
Allemands qui tenez l'Empire des Cefars2
184 LE MERCVRE Danois ,iffus des Gots qui bravoient les hazards,
Nobles Napolitains , Flamans nez
pour la Guerre,
Vous, enfin ,dont le Nomvapar tonte la Terre ,
Que n'aurez vous point fait vous
3
eſtant tousunis ? Epunis
Sans doute on aura veu mille Tyrans Cent Princes détronez , l'Univers en
alarmes , 1
LeTurc &le Sophy rendre bommageàvosarmes.
Dumoinstoute l' Europe abandonnant fesRois,
Doit les fers àla main s'estre offerte àvos Loix :
Carque ne peuvent point tant deHé ros ensemble ,
Héros aunom de qui tout s'abaiffe tout tremble ,
Héros l'effroydu Monde, &qui to
jours Vainqueurs Des plus fiers Ennemis glacent d'a bord les cœurs ?
Je n'exagere point ; qu'on life vos Histoires,
GALANT. 185 /
A
Etoires , [pouffez,
On verra du mesme air étaler vosVi
Ony verra par tout des Anglois re- Des Suedois batus , des François renverſez.
Mais par malheurpour vous ces Il- lustres Défaites N'ont pour tout fondement que vos fadesGazetes ,
Et tous vos Armemens , dans leur
grand appareil,
Sont de foibles Broüillards qu'écarte
LYO
le Soleil.
Déjadepuis fix ans malgré plusde
vingt Princes, *
Nos troupes ont toujours veſcu dane
८
vos Provinces.
Nos Neveux croiront-ilsque tantde
Potentats
Se foient chargezduſoin de nourrir nos Soldats ,
TroisRois , quatre Electeurs , Ducs,
Comtes , Republiques ?
IndignesCombatans , mal-adroits Politiques,
Avec tant d'arrogance &fi peu de
vertu
186 LE MERCURE
Vous meritiez l'affront que ves armes
ont eu
Loüis , le Grand Loüis parſaſeu- lepuiſſance ,
Rompt les honteux deſſeins d'une in- juste Alliance;
Il vadansvos Pais,la Victoire lefuit,
Esle coup estfiprompt qu'ildevance lebruit.
Mastric, Placefi forte &fi bien de- fenduë,
Eftpresque en mesme temps attaquée
renduë ,
Besançon,Dole, Gré, Salins , Limbourg, Bouchain,
Aire, Condé, Dinan, luy reſiſtent en vain.
Ces Triomphes font peu ; Cambray ,
Valencienne ,
Font enprenant ſes Loix leurgloire delafienne.
Defon costéPHILIPPE ardent àl'imiter
Conçoit un grand Deffein , &court l'executer.
Ilcombat, met enfuite , &les Lanriers qu'il gagne ,
Font
GALANT. 187 •Font perdre avec l'honneur Saint Omer àl'Espagne.
:
:
Maispourquiterl' Eſcant &la MeuSe la Lis Nostre Auguste Héros plante plus loinſes Lys.
La Sicile obeït à ses grands Capi taines,
La Catalogne voit Navailles dans ſesPlaines,
Dans l'Amerique, enfin , Cayenne &
Tabaco
Mettent tout enallarme àMexique
&Cufco.
C'est par defi grands coups , pardefi nobles marques,
Qu'ils'estacquis lenomduplus grand desMonarques,
Qu'on publie àl'envy dece Royglo- rieux.
Qu'estant ſeul contre tous ,il triom- pheentous lieux,
Etqu'entre les Humains avec de tels obstacles ,
Luy ſeul pouvoit fournir àfaire c
-
vous
paratifs qui ſe ſont faits depuis quatre mois du coſté de l'Al- lemagne, ſans que l'Armée des Alliez ait encor pû rien exe- cuter? Cette lenteur, ou plû- toft cette impuiſſance , a don- né lieu à ces Vers , que je ne veux pas diférer à vous faire
voir.
PANEGYRIQVE
DES ALLIEZ.
SVperbes Espagnols , Conquerans deux Mondes ,
Hollandois fi vantez &fi crainsfur les Ondes,
Allemands qui tenez l'Empire des Cefars2
184 LE MERCVRE Danois ,iffus des Gots qui bravoient les hazards,
Nobles Napolitains , Flamans nez
pour la Guerre,
Vous, enfin ,dont le Nomvapar tonte la Terre ,
Que n'aurez vous point fait vous
3
eſtant tousunis ? Epunis
Sans doute on aura veu mille Tyrans Cent Princes détronez , l'Univers en
alarmes , 1
LeTurc &le Sophy rendre bommageàvosarmes.
Dumoinstoute l' Europe abandonnant fesRois,
Doit les fers àla main s'estre offerte àvos Loix :
Carque ne peuvent point tant deHé ros ensemble ,
Héros aunom de qui tout s'abaiffe tout tremble ,
Héros l'effroydu Monde, &qui to
jours Vainqueurs Des plus fiers Ennemis glacent d'a bord les cœurs ?
Je n'exagere point ; qu'on life vos Histoires,
GALANT. 185 /
A
Etoires , [pouffez,
On verra du mesme air étaler vosVi
Ony verra par tout des Anglois re- Des Suedois batus , des François renverſez.
Mais par malheurpour vous ces Il- lustres Défaites N'ont pour tout fondement que vos fadesGazetes ,
Et tous vos Armemens , dans leur
grand appareil,
Sont de foibles Broüillards qu'écarte
LYO
le Soleil.
Déjadepuis fix ans malgré plusde
vingt Princes, *
Nos troupes ont toujours veſcu dane
८
vos Provinces.
Nos Neveux croiront-ilsque tantde
Potentats
Se foient chargezduſoin de nourrir nos Soldats ,
TroisRois , quatre Electeurs , Ducs,
Comtes , Republiques ?
IndignesCombatans , mal-adroits Politiques,
Avec tant d'arrogance &fi peu de
vertu
186 LE MERCURE
Vous meritiez l'affront que ves armes
ont eu
Loüis , le Grand Loüis parſaſeu- lepuiſſance ,
Rompt les honteux deſſeins d'une in- juste Alliance;
Il vadansvos Pais,la Victoire lefuit,
Esle coup estfiprompt qu'ildevance lebruit.
Mastric, Placefi forte &fi bien de- fenduë,
Eftpresque en mesme temps attaquée
renduë ,
Besançon,Dole, Gré, Salins , Limbourg, Bouchain,
Aire, Condé, Dinan, luy reſiſtent en vain.
Ces Triomphes font peu ; Cambray ,
Valencienne ,
Font enprenant ſes Loix leurgloire delafienne.
Defon costéPHILIPPE ardent àl'imiter
Conçoit un grand Deffein , &court l'executer.
Ilcombat, met enfuite , &les Lanriers qu'il gagne ,
Font
GALANT. 187 •Font perdre avec l'honneur Saint Omer àl'Espagne.
:
:
Maispourquiterl' Eſcant &la MeuSe la Lis Nostre Auguste Héros plante plus loinſes Lys.
La Sicile obeït à ses grands Capi taines,
La Catalogne voit Navailles dans ſesPlaines,
Dans l'Amerique, enfin , Cayenne &
Tabaco
Mettent tout enallarme àMexique
&Cufco.
C'est par defi grands coups , pardefi nobles marques,
Qu'ils'estacquis lenomduplus grand desMonarques,
Qu'on publie àl'envy dece Royglo- rieux.
Qu'estant ſeul contre tous ,il triom- pheentous lieux,
Etqu'entre les Humains avec de tels obstacles ,
Luy ſeul pouvoit fournir àfaire c
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Résumé : PANEGYRIQUE DES ALLIEZ.
Le texte critique la lenteur et l'impuissance de l'Armée des Alliés face aux préparatifs allemands. Il loue les capacités militaires des Espagnols, Hollandais, Allemands, Danois, Napolitains et Flamands, tout en soulignant que ces éloges sont exagérés et que les succès des alliés ne sont que des illusions propagées par leurs gazettes. Depuis six ans, les troupes françaises ont vécu aux dépens des provinces ennemies, soutenues par de nombreux potentats. Le texte dénonce l'arrogance et l'incompétence des alliés, affirmant que Louis XIV a contrecarré les desseins d'une alliance injuste. Il énumère les villes conquises par les Français, telles que Maastricht, Besançon et Cambrai, et mentionne les victoires de Philippe en Espagne. Les succès français en Sicile, en Catalogne et en Amérique sont également soulignés, affirmant que Louis XIV a triomphé malgré les obstacles.
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7
p. 165-183
COMPLIMENT FAIT AU ROY par l'Académie Françoise, Monsieur Quinaut Directeur de cette Compagnie portant la parole.
Début :
Enfin, Madame, je vous tiens parole, & je vous envoye / Sire, A la veuë de Vostre Majesté triomphante & comblée [...]
Mots clefs :
Mr Quinaut, Académie française, Roi, Compagnie, Palmes, Discipline militaire, Soldats, Victoire, Succès, Guerre, Parole, Postérité, Ennemis
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texteReconnaissance textuelle : COMPLIMENT FAIT AU ROY par l'Académie Françoise, Monsieur Quinaut Directeur de cette Compagnie portant la parole.
Enfin , Madame , je vous tiens parole , & je vous envoye ce queje vous avois fait eſperer fur
la fin de ma Lettre du mois de
Juillet , par laquelle je vous pro- mettois une des plus belles Pie- ces d'Eloquence que vous euffiez jamais veuës. Ne me ſçachez point mauvais gré du retarde- ment. Je vous donne les choſes
le plutoſt qu'il m'eſt poſſible de - les avoir ; il n'importe en quel temps , pourveu qu'elles ſoient bonnes ; & le Compliment que Me Quinaut fit au Roy àfon re- tour de Flandre , ne ſera pas moins nouveau pour vous qu'il l'auroit eſté lors qu'il euſt l'hon- neur de le faire , puis que per- ſonnen'en a rien veu , & qu'on le demandetous les jours. Il eſtoit
alors Directeur de l'Académie
Françoiſe , à laquelle le Roy fait E V
106 LEMERCVRE
l'honneur de la recevoir comme
une Compagnie Souveraine.
Ainfi il fut conduit par le Maiſtre &le Grand Maiſtre des Ceremonies , accompagné de pluſieurs Perſonnesdela plus haute quali- te qui ſontduCorpsde cette ce- lebre Compagnie. Sa Majesté luy preſta une tres - favorable au- diance, &voicy de quelle manie- re il luy parla.
COMPLIMENT FACT AU ROY
par l'Académie Françoiſe, Monfieur Quinaut Directeur de cette Compa- guieportant la parole.
IRE,
4
A la veuë de Vostre Majesté triomphante & comblée de gloire,
Noussommesſaiſis d'un excés dejoye qui nous interdit presque la parole, مة
GALAN T. 107
&qui ne permet ànoſtre zele de s'exprimer qu'imparfaitemet. Mais,
SIRE , ce n'est point dans cette oc caſion que l'Académie Françoise doit appréhender de ne paroiſtre pas aſſez éloquente : Il suffit qu'elle vous parle de vous-meſmepour estre afſurée dene rien dire que de merveilleux. On n'a jamais rien imagi- né de ſi grand que les Entrepriſes.
que vous venez d'executer , &le Simplerécit de vos Actions eft leplus parfait de tous les Eloges.
Voštre Majestés'est dérobéeaux douceurs du repos pour courir aux fatigues & aux dangers : Elle n'a pas attendu quele Printemps luy
revint ouvrir les Champs où tous les ans elle va cüeillir des Palmes nouvelles ; l'ardeur defon courageàfur- monté les obstacles d'une Saiſon ri- goureuse ; sa prévoyante Sageſſe a
reparé par d'innombrables précauEvj
108 LEMERCVRE
tions lafterilité des Hyvers ; &Sa Prudence a difputé avec sa Valeur
à qui ſe ſignaleroit par de plus
grandsprodiges.
Dumoment, STRE,qucla Renommée eust annoncé le jour de vostre Départ , la Victoire s'empreſſa pour vous accompagner , & la Terreur devançavoſtre marche. Lepremier
éclat de la foudre dont vous eſtiez
armé, est tombéfurune Villefuper- bedont rien n'avoit pûabatre l'orgueil, &toutefiere qu'elle estoit d'a
voir bravé les efforts unis de deux
celebres Capitaines , elle ne vous a
reſiſté qu'autant qu'il lefalloit pour vous donner l'avantagede l'emporter de viveforce. Ce fut alors que
vouséprouvátesheureuſemetjuſques àquel point vous avezportél'exaEtitude de la Difcipline Militaire:
Vos Soldats combatirent en Héros,
tant ils furent tous animezpar vo-
GALANT. 109 ftre presence ; mais apres avoir ren- versé tout ce qui s'estoit opposé à
Iimpetuositédeleur courage, ils s'ar- reſterent parvos ordres dans la cha- leurde la Victoire , &n'oferent tou- cher aux riches depoüilles que le droit de la Guerre leur avoit livrées. Ilne vous en coûta qu'une
parolepour empefcher l'affreuse de- Solation d'une ville floriſſante :
Vous eustes le plaisir de la pren- dre & de la ſauver en mesme
temps , & vous fustes bien moins fatisfaitdevous en rendre le Maiſtre , que d'en devenir le Conſervateur.
Ce grandfuccés aestéſuivy d'un
autre encoreplusgrand , &qui pa- roiſſoit au deſſus de nosplus hautes esperances. Vos Peuplesfont accourus àceſpectacle, ils ont esté transpor- tezde joye envoyant fortir les Ennemis que vous avez chaffez d'une
rio LE MERCVRE
redoutable Retraite , &ils beniffent tous les jours la Main victoriense qui les a delivrez des courſes , des
ravages , des incendies dont ils
estoientsouventfurpris &continuel- lement menacez. Ce n'effoit qu'à
Kous, SIRE', que le Cielavoit refer vél'honneurdeforcer laBarrierefa- talequi donnoit des bornes trop étroi- tes avoſtre Empire , &de faire du
plus fort Boulevart de l'Espagne ,
un des principaux Remparts de la
France.
Cependant , comme si çeuſt esté
encore trop peu pour V. M. de voir que tout cedoit où vous eſtiez pre... Lent, vous avez entrepris de vain- cremesme où vous n'eftiez pas. Vous avezſeparévos Troupes pour éten- dre vos progrés en divers lieux. Une partie devostre Armée àfuffy pour gagner une Bataille , & pour ache- ver la Conqueste de l'Artois ,
GALANT. ITF
vous avezprisfoin qu'un Princequi apartagéavecVous la gloire devo ſtre auguste Naiſſance , eust aussi part aux honneurs de vostre Triomphe.
Cen'estpasseulement ſurlaTerre que la Victoire accompagne vos
Armes , elle a volépour les ſuivre
jusques fur les Mers les plus éloi--
gnées. Une Flote cunemie qui avoit furlavoſtre touteforte d'avantages,
excepté celuy de la Valeur , vient d'estre attaquée &détruite ,
débris flotans portent la terreur du Nom de V. M. furles bords lesplus
reculez du Nouveau Monde.
Quel bonheur pour nous d'avoir un Protecteurfi glorieux, &qui don- ne àcelebrer des Evenemens ſi me- morables ! Nous n'avons pasbesoin de chercher ailleurs qu'en luy-mes- me un modelle parfait de la Vertu beroïque ; & noussommes certains
112 LE MERCVRE
que l'éclat immortel de fagloire ſe répandrafur nos Ouvrages , & leur communiquera leprivilege de paſſer jusqu'àla derniere Pofterité. Quand nous décrirons vos travaux , SIRE,
nous neferons pas dans l'embarras de n'avoir ſouvent àvous offrir que les meſmes loüanges que nous vous aurons déja données : Quoy que vous ne ceſſfiez point d'eftre Conquechacune de vos Conquestes
est toûjours achevée d'une maniere nouvelle &Surprenante ; &les Imagesfidelles que nous en féronsfe- ront autant de differens Tableaux dont chacun aurasa beautéfingurant
liere.
,
Apres avoirconnufi avantageu- Sementcombienvous eſtesredoutéde vos Ennemis , reconnoissez avec quelexcésde tendreſſe &de vene- ration vous eſtes aimé & presque adoréde vos Sujets. Voyez le ravif-
GALAN T. 113 Sement qui se montre dans tous les yeux qui vous regardent ; écoutez les
acclamations qui retentiſſent de tou- tes partsàvoſtre veuë. Ilfaut toutefois , SIRE , ne vous rien déguiſer,
la joyepublique n'éclate point tant encore pour le ſuccés de vos entre- priſes , qu'enfaveurde vostre retour.
C'est ce retour ſi ardammentſouhaitéqui diſfipe nos allarmes : Que nous ferionsheureux s'il les diffipoit pour toûjours !Nousn'avons encore pû confiderer vostre grand Cœur qu'avec
une admiration inquiete. Nous n'o- fonspresquevousfaire voir de bril- lans Portraits de la Gloire qui vous engageſiſouvent dans le peril; elle
nevous paroist que tropbelle , &ne
vous emporteque trop loin.
Mais , graces à vos Exploits ,
nous devons esperer que nos craintes feront bien-toft finies ; cette Ligue qui se croyoit fi formidable eftfra-
114 LE MERCVRE
pée elle-mefme de la conſternation qu'elle pretendoitjetterjuſquesdans le cœur devostre Royaume : Lesplus fieres Puissances de l'Europe armées &réünies ne peuvent s'empefcher d'estre convaincuës de leur foibleſſe
contre une Nation que vous rendez invincible : Plus elles vous ont oppo- séd'Estats , de Princes , de Rois, plus elles ontfourny d'ornemens àvos Tro phées , & leurs disgraces & vos Triomphes doivent leur avoir af- Sez apris que le deffein de vous faire la Guerre leur fut bien-moins inspirépar leurjalousie,que par la
bonnefortunede V. M.. Onn'en doit point douter , SIRE ,
il n'y a plus rien qui puiſſe ſauver vos Ennemis , que le secours de la
Paix. Vous voulez bien leur laiſſer encore cet unique & dernier moyen d'arrester les progrés étonnans de vos armes, &nous applaudiſſons avec
GALANT. 15I
plaisiràvoſtre moderation.La Fran- ce n'aplus besoin que vous étendiez fes limites : Sa veritable grandeur est d'avoir unſigrand Maistre. Le
Cielà qui nous vous devons , nous a
donnédans unfeulbien tous lesbiens
ensemble , nous ne luy demandons
riende nouveau; c'eſt affez qu'ilnous Laiſſepaisiblementjoüir de lafelicité devostre Regne,Ilsuffit qu'il aitSoin de conferver une vie glorieuse où noſtrebonheurest attaché, &quivaue plus mille fois que la Conqueste de
toute la Terre.
la fin de ma Lettre du mois de
Juillet , par laquelle je vous pro- mettois une des plus belles Pie- ces d'Eloquence que vous euffiez jamais veuës. Ne me ſçachez point mauvais gré du retarde- ment. Je vous donne les choſes
le plutoſt qu'il m'eſt poſſible de - les avoir ; il n'importe en quel temps , pourveu qu'elles ſoient bonnes ; & le Compliment que Me Quinaut fit au Roy àfon re- tour de Flandre , ne ſera pas moins nouveau pour vous qu'il l'auroit eſté lors qu'il euſt l'hon- neur de le faire , puis que per- ſonnen'en a rien veu , & qu'on le demandetous les jours. Il eſtoit
alors Directeur de l'Académie
Françoiſe , à laquelle le Roy fait E V
106 LEMERCVRE
l'honneur de la recevoir comme
une Compagnie Souveraine.
Ainfi il fut conduit par le Maiſtre &le Grand Maiſtre des Ceremonies , accompagné de pluſieurs Perſonnesdela plus haute quali- te qui ſontduCorpsde cette ce- lebre Compagnie. Sa Majesté luy preſta une tres - favorable au- diance, &voicy de quelle manie- re il luy parla.
COMPLIMENT FACT AU ROY
par l'Académie Françoiſe, Monfieur Quinaut Directeur de cette Compa- guieportant la parole.
IRE,
4
A la veuë de Vostre Majesté triomphante & comblée de gloire,
Noussommesſaiſis d'un excés dejoye qui nous interdit presque la parole, مة
GALAN T. 107
&qui ne permet ànoſtre zele de s'exprimer qu'imparfaitemet. Mais,
SIRE , ce n'est point dans cette oc caſion que l'Académie Françoise doit appréhender de ne paroiſtre pas aſſez éloquente : Il suffit qu'elle vous parle de vous-meſmepour estre afſurée dene rien dire que de merveilleux. On n'a jamais rien imagi- né de ſi grand que les Entrepriſes.
que vous venez d'executer , &le Simplerécit de vos Actions eft leplus parfait de tous les Eloges.
Voštre Majestés'est dérobéeaux douceurs du repos pour courir aux fatigues & aux dangers : Elle n'a pas attendu quele Printemps luy
revint ouvrir les Champs où tous les ans elle va cüeillir des Palmes nouvelles ; l'ardeur defon courageàfur- monté les obstacles d'une Saiſon ri- goureuse ; sa prévoyante Sageſſe a
reparé par d'innombrables précauEvj
108 LEMERCVRE
tions lafterilité des Hyvers ; &Sa Prudence a difputé avec sa Valeur
à qui ſe ſignaleroit par de plus
grandsprodiges.
Dumoment, STRE,qucla Renommée eust annoncé le jour de vostre Départ , la Victoire s'empreſſa pour vous accompagner , & la Terreur devançavoſtre marche. Lepremier
éclat de la foudre dont vous eſtiez
armé, est tombéfurune Villefuper- bedont rien n'avoit pûabatre l'orgueil, &toutefiere qu'elle estoit d'a
voir bravé les efforts unis de deux
celebres Capitaines , elle ne vous a
reſiſté qu'autant qu'il lefalloit pour vous donner l'avantagede l'emporter de viveforce. Ce fut alors que
vouséprouvátesheureuſemetjuſques àquel point vous avezportél'exaEtitude de la Difcipline Militaire:
Vos Soldats combatirent en Héros,
tant ils furent tous animezpar vo-
GALANT. 109 ftre presence ; mais apres avoir ren- versé tout ce qui s'estoit opposé à
Iimpetuositédeleur courage, ils s'ar- reſterent parvos ordres dans la cha- leurde la Victoire , &n'oferent tou- cher aux riches depoüilles que le droit de la Guerre leur avoit livrées. Ilne vous en coûta qu'une
parolepour empefcher l'affreuse de- Solation d'une ville floriſſante :
Vous eustes le plaisir de la pren- dre & de la ſauver en mesme
temps , & vous fustes bien moins fatisfaitdevous en rendre le Maiſtre , que d'en devenir le Conſervateur.
Ce grandfuccés aestéſuivy d'un
autre encoreplusgrand , &qui pa- roiſſoit au deſſus de nosplus hautes esperances. Vos Peuplesfont accourus àceſpectacle, ils ont esté transpor- tezde joye envoyant fortir les Ennemis que vous avez chaffez d'une
rio LE MERCVRE
redoutable Retraite , &ils beniffent tous les jours la Main victoriense qui les a delivrez des courſes , des
ravages , des incendies dont ils
estoientsouventfurpris &continuel- lement menacez. Ce n'effoit qu'à
Kous, SIRE', que le Cielavoit refer vél'honneurdeforcer laBarrierefa- talequi donnoit des bornes trop étroi- tes avoſtre Empire , &de faire du
plus fort Boulevart de l'Espagne ,
un des principaux Remparts de la
France.
Cependant , comme si çeuſt esté
encore trop peu pour V. M. de voir que tout cedoit où vous eſtiez pre... Lent, vous avez entrepris de vain- cremesme où vous n'eftiez pas. Vous avezſeparévos Troupes pour éten- dre vos progrés en divers lieux. Une partie devostre Armée àfuffy pour gagner une Bataille , & pour ache- ver la Conqueste de l'Artois ,
GALANT. ITF
vous avezprisfoin qu'un Princequi apartagéavecVous la gloire devo ſtre auguste Naiſſance , eust aussi part aux honneurs de vostre Triomphe.
Cen'estpasseulement ſurlaTerre que la Victoire accompagne vos
Armes , elle a volépour les ſuivre
jusques fur les Mers les plus éloi--
gnées. Une Flote cunemie qui avoit furlavoſtre touteforte d'avantages,
excepté celuy de la Valeur , vient d'estre attaquée &détruite ,
débris flotans portent la terreur du Nom de V. M. furles bords lesplus
reculez du Nouveau Monde.
Quel bonheur pour nous d'avoir un Protecteurfi glorieux, &qui don- ne àcelebrer des Evenemens ſi me- morables ! Nous n'avons pasbesoin de chercher ailleurs qu'en luy-mes- me un modelle parfait de la Vertu beroïque ; & noussommes certains
112 LE MERCVRE
que l'éclat immortel de fagloire ſe répandrafur nos Ouvrages , & leur communiquera leprivilege de paſſer jusqu'àla derniere Pofterité. Quand nous décrirons vos travaux , SIRE,
nous neferons pas dans l'embarras de n'avoir ſouvent àvous offrir que les meſmes loüanges que nous vous aurons déja données : Quoy que vous ne ceſſfiez point d'eftre Conquechacune de vos Conquestes
est toûjours achevée d'une maniere nouvelle &Surprenante ; &les Imagesfidelles que nous en féronsfe- ront autant de differens Tableaux dont chacun aurasa beautéfingurant
liere.
,
Apres avoirconnufi avantageu- Sementcombienvous eſtesredoutéde vos Ennemis , reconnoissez avec quelexcésde tendreſſe &de vene- ration vous eſtes aimé & presque adoréde vos Sujets. Voyez le ravif-
GALAN T. 113 Sement qui se montre dans tous les yeux qui vous regardent ; écoutez les
acclamations qui retentiſſent de tou- tes partsàvoſtre veuë. Ilfaut toutefois , SIRE , ne vous rien déguiſer,
la joyepublique n'éclate point tant encore pour le ſuccés de vos entre- priſes , qu'enfaveurde vostre retour.
C'est ce retour ſi ardammentſouhaitéqui diſfipe nos allarmes : Que nous ferionsheureux s'il les diffipoit pour toûjours !Nousn'avons encore pû confiderer vostre grand Cœur qu'avec
une admiration inquiete. Nous n'o- fonspresquevousfaire voir de bril- lans Portraits de la Gloire qui vous engageſiſouvent dans le peril; elle
nevous paroist que tropbelle , &ne
vous emporteque trop loin.
Mais , graces à vos Exploits ,
nous devons esperer que nos craintes feront bien-toft finies ; cette Ligue qui se croyoit fi formidable eftfra-
114 LE MERCVRE
pée elle-mefme de la conſternation qu'elle pretendoitjetterjuſquesdans le cœur devostre Royaume : Lesplus fieres Puissances de l'Europe armées &réünies ne peuvent s'empefcher d'estre convaincuës de leur foibleſſe
contre une Nation que vous rendez invincible : Plus elles vous ont oppo- séd'Estats , de Princes , de Rois, plus elles ontfourny d'ornemens àvos Tro phées , & leurs disgraces & vos Triomphes doivent leur avoir af- Sez apris que le deffein de vous faire la Guerre leur fut bien-moins inspirépar leurjalousie,que par la
bonnefortunede V. M.. Onn'en doit point douter , SIRE ,
il n'y a plus rien qui puiſſe ſauver vos Ennemis , que le secours de la
Paix. Vous voulez bien leur laiſſer encore cet unique & dernier moyen d'arrester les progrés étonnans de vos armes, &nous applaudiſſons avec
GALANT. 15I
plaisiràvoſtre moderation.La Fran- ce n'aplus besoin que vous étendiez fes limites : Sa veritable grandeur est d'avoir unſigrand Maistre. Le
Cielà qui nous vous devons , nous a
donnédans unfeulbien tous lesbiens
ensemble , nous ne luy demandons
riende nouveau; c'eſt affez qu'ilnous Laiſſepaisiblementjoüir de lafelicité devostre Regne,Ilsuffit qu'il aitSoin de conferver une vie glorieuse où noſtrebonheurest attaché, &quivaue plus mille fois que la Conqueste de
toute la Terre.
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Résumé : COMPLIMENT FAIT AU ROY par l'Académie Françoise, Monsieur Quinaut Directeur de cette Compagnie portant la parole.
L'auteur d'une lettre s'excuse auprès d'une dame pour le retard dans l'envoi d'une pièce d'éloquence promise. Il lui envoie un compliment rédigé par Me Quinaut, alors Directeur de l'Académie Française, adressé au roi à son retour de Flandre. Ce compliment, jamais publié auparavant, est très demandé. Le compliment de Quinaut, présenté au roi en présence de dignitaires, loue les exploits militaires du souverain. Il souligne son courage et sa sagesse, ainsi que ses victoires en Flandre, où il a conquis des villes et sauvé des populations. Le roi est également acclamé pour ses succès navals, qui terrorisent les ennemis jusqu'au Nouveau Monde. Le texte exprime l'amour et l'admiration des sujets pour le roi, tout en espérant son retour sûr. Le compliment conclut en soulignant que la véritable grandeur de la France réside dans la sagesse et la modération du roi, qui préfère la paix à l'expansion territoriale.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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8
p. 41-43
Divers Détachemens de l'Armée de Flandre. [titre d'après la table]
Début :
Apres vous avoir entretenuë de tant de choses où l'Amour [...]
Mots clefs :
Guerre, Flandre, Duc de Luxembourg, M. de la Cardonnière
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Divers Détachemens de l'Armée de Flandre. [titre d'après la table]
Apres vous avoir entretenuë detant de choſes où l'Amour a
part , trouvez bon que je vous parle unmoment de cequi re- garde laGuerre. Envous man- dant la derniere fois la vigou
GALANT. 27 - reuſe Actionde M de Roſamel
Lieutenant des Gendarmes de
Flandre , j'oubliay de vous mar- = quer que Monfieur le Duc de Luxembourg qui estoit venu camper à Veſer ſur le grand Eſcaut entre Gand&Dendermonde, avoit fait partir enmeſ- me temps trois Détachemens,
l'un ſous les ordres de Mde la
Cardonniere Lieutenant General , pour aller aux Portes de cette derniere Ville ; &les deux
autres ſous ceux de M Dau--
ger Brigadier de Cavalerie , &
de M' le Marquis d'Uxel Briga- dier d'Infanterie. Celuy de M
de la Cardonniere n'avoit rien
àexecuter. Il eſtoit fait feulementpour couvrir les deuxder
niers.
M' le Marquis d'Uxel alla juf- qu'au Village de S. Jean Stien ,
Bij
28 LE MERCVRE
aux Portes de Hulſt , où ilbrûla
quelques lieuësde Païs , & em- mena quantité de Chevaux &
de Beſtiaux , les Habitans s'eſtans retirez .
Je n'ajoûteray rien à ce queje vous aydéja dit deM deRofa- mel , qui fut détaché par M
Dauger , &qui s'eſtant fait ou- vrir la Barriere du Pont d'Anvers , s'en rendit maiſtre avec
une bravoure qu'on ne ſçauroit
part , trouvez bon que je vous parle unmoment de cequi re- garde laGuerre. Envous man- dant la derniere fois la vigou
GALANT. 27 - reuſe Actionde M de Roſamel
Lieutenant des Gendarmes de
Flandre , j'oubliay de vous mar- = quer que Monfieur le Duc de Luxembourg qui estoit venu camper à Veſer ſur le grand Eſcaut entre Gand&Dendermonde, avoit fait partir enmeſ- me temps trois Détachemens,
l'un ſous les ordres de Mde la
Cardonniere Lieutenant General , pour aller aux Portes de cette derniere Ville ; &les deux
autres ſous ceux de M Dau--
ger Brigadier de Cavalerie , &
de M' le Marquis d'Uxel Briga- dier d'Infanterie. Celuy de M
de la Cardonniere n'avoit rien
àexecuter. Il eſtoit fait feulementpour couvrir les deuxder
niers.
M' le Marquis d'Uxel alla juf- qu'au Village de S. Jean Stien ,
Bij
28 LE MERCVRE
aux Portes de Hulſt , où ilbrûla
quelques lieuësde Païs , & em- mena quantité de Chevaux &
de Beſtiaux , les Habitans s'eſtans retirez .
Je n'ajoûteray rien à ce queje vous aydéja dit deM deRofa- mel , qui fut détaché par M
Dauger , &qui s'eſtant fait ou- vrir la Barriere du Pont d'Anvers , s'en rendit maiſtre avec
une bravoure qu'on ne ſçauroit
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Résumé : Divers Détachemens de l'Armée de Flandre. [titre d'après la table]
Le Duc de Luxembourg a établi son camp à Veser sur le grand Escaut, entre Gand et Dendermonde. Il a envoyé trois détachements. Le premier, dirigé par M. de la Cardonniere, avait pour mission de couvrir les deux autres. Le deuxième détachement, sous les ordres de M. Dauger, et le troisième, commandé par le Marquis d'Uxel, avaient des missions spécifiques. Le Marquis d'Uxel a atteint le village de S. Jean Stien, près de Hulst, où il a incendié plusieurs lieux et capturé des chevaux et du bétail, les habitants ayant fui. Par ailleurs, M. de Rosamel, sous les ordres de M. Dauger, a mené une action courageuse en s'emparant du Pont d'Anvers après avoir forcé la barrière.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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9
p. 130-139
LA PRISE DE VALENCIENNES. / LE SIEGE DE CAMBRAY. / S. OMER, ET LA BATAILLE DE CASSEL.
Début :
Il se trouva qu'il avoit sur luy quelques Vers / Dans un autre Quadre est tracé [...]
Mots clefs :
Exploits, Roi, Prise de Valenciennes, Histoire, Guerre, Louis, Bataille de Cassel, Saint-Omer, Siège de Cambrai, Assauts
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA PRISE DE VALENCIENNES. / LE SIEGE DE CAMBRAY. / S. OMER, ET LA BATAILLE DE CASSEL.
Ilſe trouva qu'il avoit ſur luy quelques Vers fur les derniers Exploits duRoy. C'eſt unFragmentd'u-
GALANT. 83
4
ne Deſcription de l'Arc de Triomphe,dans laquelle il parle des plus remarquables Actions que ce Prince a faites pendant la Paix & depuis la Guerre, fui- vant qu'elles pouronteſtre pla- cées dans les Quadres de ce magnifique Edifice. Cer Illu- ſtre Abbé ayant eſté invité de les lire, il commença dela forte..
LA PRISE
DE VALENCIENNES..
D
Ansun autre Quadre est tracé
LeSiegede Valencienne;
C'est àce coup qu'est effacé Tout le miraculeux de l'Histoire an
cienne.
Iamaisne fut chargé par Cizeau , ny Burin.
D'un plus digne Sujet , le Marbre ,
ny l'Airin ;
L'impetueux Vainqueur hait ces lon- queurs énormes
Dvj
84 LE MERCVRE Qu'ontſous les autres Chefs les Sie- ges dans lesformes ,
Il veut mesme àla Guerre eftre au def- fusdes Loix ,
Qu'àdes Horosfuturs ilſerve de Mo- delle ,
Etpourvarierſes Exploits ,
Ilinvente unAfſaut d'une façon now- velle.
Onvoit encor debout les Tours & les
Remparts ?
Les Ravelins,les Forts, les Diguesſont entieres;
Pardes Foffez profonds ,des Canaux ,
desRivieres ,
LesCheminsfont encorcoupez de toutes.
parts;
Etcependantpourprendre une Ville im- prénable ,
Vn Guichet àpeine s'ouvrant Etune Brécheraisonnable
Quifuffit àce Conquérant ;
Latrahison , ny lafurprise,
N'ont point de part à l'entrepri.
fe
Ny tout le guerrier appareil,
Nylestroubles de la Nature,
GALANT. 85 Lafaveurd'un orage, oud'une nuit ob Scure ,
Toutsepafſſe auxyeux du Soleil ;
Maisle plusfurprenant &leplus he- roïque ,
C'est qu'onyvoit entrer Loüisen pa
cifique Etla Victoireàses costez Avecéclat a beau paroistre Aces Peuples épouvantez,
Apeine pas-un d'eux lapeut-il recon.
noistre,
Elle esttrop déguisée,&n'apoint dans lesyeux Larage & la fureur qu'elle porte en
tous lieux ;
Elle ne traîne point ſonfuneste équipage;
Lecalme &la douceur qui regne fur Sonfront ,
Interdisent lefeu,le meurtre, lepillage,
EtSauvant la Pudeur du plus cruel affront ,
Ilsfontfurpris de voir en leur fierAd- versaire ,
Que le Cielleur envoye unAnge tute- laire ,
86 LE MERCVRE
Quileur donne un Secours plus prompt &plus certain Queceux qu'ilsattendoientde Mons
de Louvain..
LE SIEGE
DE CAMBRAY.
DLushautdont on voitrenom Cambray
Sembloit braver l'effort du Fer &du Canon.
On croit en admirantſa forte Citadelle,
Qu'une Semiramis nouvelle En éleva les Murs si larges &fi haut's,
Pourlamettre au deſſus des plus ardans Aflauts.. En vain pardes Foffezquiſemblent des Vallées,
Sont de ces Corps puiſſansles forces raf- Semblées;
C'est affez que Loüis foit campéde--
vant eux ,
Son bras en peude tempsrend leur churc
commune,
GALAN T. 87 Etle Cielfitfans - doute unePlace des
deux ,
t
Pour luyfaireobtenirdeux Victoires en
une.
Envain les Aquillonspour nuireàses
travaux ,
Redoublent levenin de leurs froidesha
laines ,
Et l'Hyverſur un Trône enrichy de Cristaux
I pense encor joüir de l'Empire des Plaines ;
Noftre infatigable Loüis ,
Autheur de Campemens jusqu'alors inoüis,
Renvenſetousles privileges Des Vents des Broillars ,de la
Pluye &des Neiges ;
Ses Guerriers ſurſespas , &Suivant fes Leçons ,
Fontàl'Affaut couverts defeux & de
glaçons,
Etmalgréles Frimats , les Neiges lesGlaces و
Ils domtentles Saiſons auſſi-bien que les Blaces..
2
88 LE MERCVRE
S. OMER ,
ET LA
BATAILLE DE CASSEL.
D
Autre- part Saint Omer au mi- lieudefes Eaux,
Desplus nombreux Guerriers ne craint
point les approches ,
Ses Palliffades de Roſeaux
La defendent bien mieux que les plus dures Roches.
Eust- on jamaispensé qu'au centre d'un Marais ,
Oùle terrain n'estpointſolide ,
Où l'eau mesme n'est pas liquide ,
Onpust la ferrer d'affezpres ?
Etcependant PHILIPPE en obtient la
Victoire ,
PHILIPPE , que Loüis afſocie à fa gloire ,
Qui partagefon Sang,ſecondesa Va- leur,
Qui d'un double Laurier la Teste Conronnée
Parune Ville priſe avec tantde cha- leur ,
GALANT. 89
Et pour une Bataille à meſme- tempsga- gnée,
Montre à tout l'Univers combien de
grandsfuccés Doit attendre Loüis de ces heureux
eſſais ;
Des Montagnesde Morts fur des Plainessanglantes Paroiffent en lointain encor toutes fumantes ,
Veritables témoins des genéreux Exploits Qu'ilfit pres de Caffelcontre un Prince
Hollandois Ardant à fecourir l'agoniſante Ville ,
Qui luy-mesme est contraint dechercher
un azile En ce point malheureux qu'il eust pio
lafauver,
S'il euſt auſſi- bien ſçeu danssa boüillan- te audace
L'Artdefaire lever le Siege d'unePlace
Qu'il sçait parfaitement celuy de le lever.
GALANT. 83
4
ne Deſcription de l'Arc de Triomphe,dans laquelle il parle des plus remarquables Actions que ce Prince a faites pendant la Paix & depuis la Guerre, fui- vant qu'elles pouronteſtre pla- cées dans les Quadres de ce magnifique Edifice. Cer Illu- ſtre Abbé ayant eſté invité de les lire, il commença dela forte..
LA PRISE
DE VALENCIENNES..
D
Ansun autre Quadre est tracé
LeSiegede Valencienne;
C'est àce coup qu'est effacé Tout le miraculeux de l'Histoire an
cienne.
Iamaisne fut chargé par Cizeau , ny Burin.
D'un plus digne Sujet , le Marbre ,
ny l'Airin ;
L'impetueux Vainqueur hait ces lon- queurs énormes
Dvj
84 LE MERCVRE Qu'ontſous les autres Chefs les Sie- ges dans lesformes ,
Il veut mesme àla Guerre eftre au def- fusdes Loix ,
Qu'àdes Horosfuturs ilſerve de Mo- delle ,
Etpourvarierſes Exploits ,
Ilinvente unAfſaut d'une façon now- velle.
Onvoit encor debout les Tours & les
Remparts ?
Les Ravelins,les Forts, les Diguesſont entieres;
Pardes Foffez profonds ,des Canaux ,
desRivieres ,
LesCheminsfont encorcoupez de toutes.
parts;
Etcependantpourprendre une Ville im- prénable ,
Vn Guichet àpeine s'ouvrant Etune Brécheraisonnable
Quifuffit àce Conquérant ;
Latrahison , ny lafurprise,
N'ont point de part à l'entrepri.
fe
Ny tout le guerrier appareil,
Nylestroubles de la Nature,
GALANT. 85 Lafaveurd'un orage, oud'une nuit ob Scure ,
Toutsepafſſe auxyeux du Soleil ;
Maisle plusfurprenant &leplus he- roïque ,
C'est qu'onyvoit entrer Loüisen pa
cifique Etla Victoireàses costez Avecéclat a beau paroistre Aces Peuples épouvantez,
Apeine pas-un d'eux lapeut-il recon.
noistre,
Elle esttrop déguisée,&n'apoint dans lesyeux Larage & la fureur qu'elle porte en
tous lieux ;
Elle ne traîne point ſonfuneste équipage;
Lecalme &la douceur qui regne fur Sonfront ,
Interdisent lefeu,le meurtre, lepillage,
EtSauvant la Pudeur du plus cruel affront ,
Ilsfontfurpris de voir en leur fierAd- versaire ,
Que le Cielleur envoye unAnge tute- laire ,
86 LE MERCVRE
Quileur donne un Secours plus prompt &plus certain Queceux qu'ilsattendoientde Mons
de Louvain..
LE SIEGE
DE CAMBRAY.
DLushautdont on voitrenom Cambray
Sembloit braver l'effort du Fer &du Canon.
On croit en admirantſa forte Citadelle,
Qu'une Semiramis nouvelle En éleva les Murs si larges &fi haut's,
Pourlamettre au deſſus des plus ardans Aflauts.. En vain pardes Foffezquiſemblent des Vallées,
Sont de ces Corps puiſſansles forces raf- Semblées;
C'est affez que Loüis foit campéde--
vant eux ,
Son bras en peude tempsrend leur churc
commune,
GALAN T. 87 Etle Cielfitfans - doute unePlace des
deux ,
t
Pour luyfaireobtenirdeux Victoires en
une.
Envain les Aquillonspour nuireàses
travaux ,
Redoublent levenin de leurs froidesha
laines ,
Et l'Hyverſur un Trône enrichy de Cristaux
I pense encor joüir de l'Empire des Plaines ;
Noftre infatigable Loüis ,
Autheur de Campemens jusqu'alors inoüis,
Renvenſetousles privileges Des Vents des Broillars ,de la
Pluye &des Neiges ;
Ses Guerriers ſurſespas , &Suivant fes Leçons ,
Fontàl'Affaut couverts defeux & de
glaçons,
Etmalgréles Frimats , les Neiges lesGlaces و
Ils domtentles Saiſons auſſi-bien que les Blaces..
2
88 LE MERCVRE
S. OMER ,
ET LA
BATAILLE DE CASSEL.
D
Autre- part Saint Omer au mi- lieudefes Eaux,
Desplus nombreux Guerriers ne craint
point les approches ,
Ses Palliffades de Roſeaux
La defendent bien mieux que les plus dures Roches.
Eust- on jamaispensé qu'au centre d'un Marais ,
Oùle terrain n'estpointſolide ,
Où l'eau mesme n'est pas liquide ,
Onpust la ferrer d'affezpres ?
Etcependant PHILIPPE en obtient la
Victoire ,
PHILIPPE , que Loüis afſocie à fa gloire ,
Qui partagefon Sang,ſecondesa Va- leur,
Qui d'un double Laurier la Teste Conronnée
Parune Ville priſe avec tantde cha- leur ,
GALANT. 89
Et pour une Bataille à meſme- tempsga- gnée,
Montre à tout l'Univers combien de
grandsfuccés Doit attendre Loüis de ces heureux
eſſais ;
Des Montagnesde Morts fur des Plainessanglantes Paroiffent en lointain encor toutes fumantes ,
Veritables témoins des genéreux Exploits Qu'ilfit pres de Caffelcontre un Prince
Hollandois Ardant à fecourir l'agoniſante Ville ,
Qui luy-mesme est contraint dechercher
un azile En ce point malheureux qu'il eust pio
lafauver,
S'il euſt auſſi- bien ſçeu danssa boüillan- te audace
L'Artdefaire lever le Siege d'unePlace
Qu'il sçait parfaitement celuy de le lever.
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Résumé : LA PRISE DE VALENCIENNES. / LE SIEGE DE CAMBRAY. / S. OMER, ET LA BATAILLE DE CASSEL.
Le texte relate plusieurs exploits militaires du roi Louis, mettant en lumière sa stratégie et son leadership. Lors de la prise de Valenciennes, Louis adopte une approche innovante et pacifique, évitant la trahison et la surprise, et entre dans la ville sans violence. Le siège de Cambrai démontre la rapidité et l'efficacité de Louis, qui surmonte les défenses robustes de la cité malgré des conditions hivernales rigoureuses. À Saint-Omer, Philippe, associé à la gloire de Louis, obtient une victoire notable. La bataille de Cassel est décrite comme un affrontement sanglant contre un prince hollandais, où Louis montre son habileté stratégique. Le texte souligne la vaillance et les succès militaires de Louis, soulignant son leadership et son génie tactique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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10
p. 164-181
Avantures des Thuilleries. [titre d'après la table]
Début :
Comme mes Lettres que vous avez bien voulu laisser devenir [...]
Mots clefs :
Mercure galant, Devenir publique, Lettres, Tuileries, Livres, Lire, Femme, Curiosité, Public, Auteur, Louer, Galanterie, Guerre, France, Aventure, Nouvelles, Vers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Avantures des Thuilleries. [titre d'après la table]
Comme mes Lettres que vous avez bien voulu laifferdevenir
publiques , ont donné cours au Mercure , je croy vous devoir rendre compte d'un commencement d'Avanture qu'il a caus ſé dans les premiers jours de eeMois. Ils ont eſte ſi beaux,
i
Ev
106 LE MERCVRE
que jamais on n'a veu tant de monde aux Thuilleries. Un
Gentil - homme s'y promenoit ſeul un foir , reſvant peut-eſtre à quelque affaire de cœur,
quand il apperçeut ce quieſtoit fort capable de luy en faireune.
C'eſtoitune jeune Perſonne d'u- ne beauté ſurprenante. Elle eſtoit avec un Homme de Robe qu'il luy entendit nommer fon Coufin , en la ſuivant d'af- fez prés, comme il fit tant qu'el--- le marcha. Apres quelques tours d'Allée , elle alla s'aſſeoir
fur un Banc; & le Gentilhomme impatient de ſçavoir fi elle eſtoit auſſi ſpirituelle que belle,
ſe coula le plus promptement qu'il pût derriere une Paliſſade,
qui luy donna moyend'écouter fans eſtre apperçeu. Je vous l'a-e
voue, diſait-elle quand ils'ap
GALANT. 107
procha , la lecture a tant de charmes pour moy , qu'on ne me ſçauroit obliger plus ſenſi blement, que de me fournir de- quoy lire. J'y paſſe trois &qua- tre heures , de ſuite ſans m'en- nuyer , & les Livres ſont mon entretien ordinaire au defaut
de la Converſation. Et quels Livres , luy dit le Parent , vous divertiſſent leplus?Toutm'eft
propre, reprit elle. Hiſtoires ,
Voyages , Romans , Comédies,
je lis tout; &je vous diray mê- me, au hazard de paffer pour ri- dicule aupres de vous, qu'ilm'a pris fantaiſie depuis peu de parcourir cette Philofophie nou- velle qui fait tant debruit dans le monde. Je ſuis Femme , &
par conſequent curieuſe. Dés qu'on me parle d'une nouveau- té, je brûle d'envie de la voir,
Evj
108 LEMERCVRE
&tandis que mon Pere & ma Mere iront ſolliciter leur Procés, je prétens bien me fatisfai- re l'eſprit ſur toutes les agreables Bagatelles qui s'impriment tous les jours à Paris, car je ne croy pas que nous retournions en Bretagne avant le Careſme. Je m'imagine mabelle Parente, luy dit le Coufin, que vous ne manquerez pas à commencer par le Mercure Galant. Il n'y a point de Livre qui ſoit plus en vogue,
& il feroit honteux qu'il vous échapaſt , puis que vous faites profeffion de rout lire. Et de- quoy traite ce Mercure,luy de- manda - t-elle avec précipita- tion ?De toute forte de matieres , répondit-il. Il parle de la Guerre, &il ne ſe paſſe rien en France , & particulierement à
Paris, qui ſoit unpeu remarqua
GALANT. Log
ble, dont il n'informe le Public.
L'Autheur y meſle ce qu'il apprend de petites Avantures cauſées parl'Amour ; le tout eft diverſifié par des Pieces galan- tes de Vers & de Profe , & ce
mélange a quelque choſe d'a- greable qui fait que ceux qui approuvent le moins fon Livre,
ont toûjours la curiofité de le voir. Pour moy,j'en fuisfi fa- tisfait , que je ferois tres-faché,
qu'il ne le continuaſt pas ; ce.
qui divertit, l'emporte de beau- coup fur ce qui feroit capable d'ennuyer, & fij'y trouve quel- que choſe à redire , c'eſt qu'il louë avec profuſion, &qu'il s'é- tendunpeu trop fur les Articles de Guerre , car il perd plus de temps à décrire la priſe des Vil- les , que le Roy n'en a employé à les conquérir. Vous allez,
IIO LE MERCVRE
loin , répondit l'aimable Coufi- ne , & je ne ſçay ce que vous entendez par ce terme de pro- fuſion. Eft- ce qu'en loiiant les Gens ,l'Autheur du Mercure
neparticulariſe rien,& que fon- dant le bien qu'il en dit fur des expreſſions generales , il affure feulement qu'ils font tous d'un merite achevé , qu'aucune belle qualité ne leur manque , &
qu'il s'y trouve un affemblage de vertus ſi parfait , qu'il eſt im- poſſible d'aller au dela ? Voila ,
ce me ſemble, ce qui s'appelle- roit loüer avec profufion , quoy qu'en effet ce ne fuſt point du tout louer. Je ne ſuis point affez injuſte , repliqua- t- il , pour ac- cuſer l'Autheur dont je vous parle de loüer indiféremment tout le monde. Il éleve plus ou moins ceux qu'il a occaſion de
GALANT. III
nommer ſelon les choſes par leſquelles ils meritent d'eſtre loüez; il cite leurs Actions , fait
connoiſtre les Emplois qui leur ontdonné lieu de ſe rendre confiderables : mais comme je n'ay aucu interêt àcequi les touche,
j'aimerois mieux qu'il m'apprift quelque nouvelle agreable ,
que de me dire ce qu'ilne m'im- porte point de ſçavoir. C'eſt à
dire , mon cher Cousin , reprit la Belle en fiant , que ſi vous ou vos Amis vous aviez de longs Articles dans le Mercure , vous ne trouveriez point qu'il louaſt exceſſivement. Voila l'injustice de beaucoup de Gens. Ils vou- droient qu'il ne ſe fift rienque pour eux , & ils ne confidérent pas , quand on donne quelque ehoſe au Public,que ce Public eftantun Tout composé de di
112 LE MERCVRE
ferentes parties , il faut s'il ſe peut , trouver le moyen de con- tenter toutes fortes d'Eſprits. Je ne ſçay ceque c'eſt quele Mer- cure , mais peut-eſtre n'a- t- il
aucun Article qui ne rencontre ſes Partiſans , quand il auroit meſme quelque chose d'effecti- vement ennuyeux. Les tins s'at- tacherontaux Nouvelles ſerieuſes , les autres aux Avantures d'amour ; ceux cy cherche- ront les Vers ,ceux - là quelqu'autre Galanterie ; & com- me yous m'avez dit que c'eſt un Livre où tout cela eſt
ramaffé , j'ay peine à croire qu'on puſt former un deſſein plus capable de réüiffir. Quant auxloüanges, vouspouvez paf- fer par deſſus ſi vous enſou- frez; mais mille &mille honneſtes Gens qui font en France >
-
r
4 GALANT. 113
ne meritent-ils pas qu'on parle d'eux ? & le defir de ſe rendre
digne d'eſtre loüé, ſervantquel.- quefois d'aiguillon à la Vertu ,
doit-on envierà tant de Braves
qui hazardent tous les jours leur viepour ſervir l'Etat , une récompenſe ſi legitimement deuë à leurs grandes actions ?
La Juſtice qu'aparemment leur rend le Mercure , redouble la
curioſitéque j'ay de le voir, &
je ne crains pointque le trop de Guerre m'importune. La prife de Valenciennes a couſté ſi peu de temps , que je ne m'étonne pas qu'il en faille employer da- vantageà la décrire ; mais outre que dans les Caffandres & les Cyrus j'ay tout lû juſqu'aux plus longues deſcriptions des Barailles , je ſuis perfuadéeque nous ne pouvons ſçavoir trop
114 LE MERCVRE exactementce qui ſe faitde nos jours. Les Relations les plus fi- delles oublient toûjours quel- ques circonstances, &nousn'en
voyons aucune qui n'ait ſa nou- veauté ,du moins par quel- que endroit particulier qui n'a point eſté touché dans les autres.
La nuit s'avançoit , la Belle ſe retira , & le Gentilhomme
que fon eſprit n'avoitpasmoins furpris que fa beauté , la fit fui- vre parun Laquais. Il luy envo- yades le lendemain les ſept pre- miers Tomes du Mercure Galant , avec ces Vers.
LE
MERCVRE GALANT ,
A LA BELLE INCONNUE
qui a dela curioſité pour luy.
AMyde Cupidon , Galant de Rea1.
Je parle également & d'Amour &
d'Armée,
Etviens,mais en tremblant vous conter en cejour Des Nouvelles d'amour.
Si vous me recevezſans vous mettre en
couroux ,
১
Si jeſuispar hazardle bien venu chez
vous,
Rienne peut égaler le bonheur &la
joye Deceluyqui m'envoye.
Vous l'avez avoñé,vous aimez la leEture
116 LE MERCVRE
Vous vous divertiſſez àlire une Avanture;
Mesme dans les Romans ,jeſçay que les Combats
Nevous déplaiſentpas.
Pourquoy vous déplairoy-je en mafincerité ?
Ie nedis jamais rien contre la verité;
Maissur tout aujourd'huy , sans que
l'on me renvoye ,
Ieprétensqu'on le croye.
Cette impréveuë Galanterie embaraſſaunmoment la Belle.
Elle vit bien que la converſa- tion qu'elle avoit euële ſoir pré- cedent aux Thuilleries , eſtoit
cauſedu Préſent qu'on luy fai- foit. Il ne luy déplaiſoit pas,puis qu'il fatisfaifoit l'impatience où elle eftoit de voir le Mercure. Je
ne vous puis dire ce qu'elle pen- ſa , ny par quel motif de curio- fité ou d'intrigue elle fit la Ré
E
GALANT 117 .
ponſe que yous allez voir , car je n'ay point ſceu quelle ſuite a
eul'Avanture , mais il eſt certain qu'elle ne reçeut point le Meſſage en Provinciale façon- niere , & qu'eſtant entrée dans #fon Cabinet , elle écrivit ces
deux Vers qu'elle revint donner au Porteur.
Les Nouvelles d'amourdeceluy qui t'envoye
Ne medéplairont pas,jeprétensqu'il le
croye.
publiques , ont donné cours au Mercure , je croy vous devoir rendre compte d'un commencement d'Avanture qu'il a caus ſé dans les premiers jours de eeMois. Ils ont eſte ſi beaux,
i
Ev
106 LE MERCVRE
que jamais on n'a veu tant de monde aux Thuilleries. Un
Gentil - homme s'y promenoit ſeul un foir , reſvant peut-eſtre à quelque affaire de cœur,
quand il apperçeut ce quieſtoit fort capable de luy en faireune.
C'eſtoitune jeune Perſonne d'u- ne beauté ſurprenante. Elle eſtoit avec un Homme de Robe qu'il luy entendit nommer fon Coufin , en la ſuivant d'af- fez prés, comme il fit tant qu'el--- le marcha. Apres quelques tours d'Allée , elle alla s'aſſeoir
fur un Banc; & le Gentilhomme impatient de ſçavoir fi elle eſtoit auſſi ſpirituelle que belle,
ſe coula le plus promptement qu'il pût derriere une Paliſſade,
qui luy donna moyend'écouter fans eſtre apperçeu. Je vous l'a-e
voue, diſait-elle quand ils'ap
GALANT. 107
procha , la lecture a tant de charmes pour moy , qu'on ne me ſçauroit obliger plus ſenſi blement, que de me fournir de- quoy lire. J'y paſſe trois &qua- tre heures , de ſuite ſans m'en- nuyer , & les Livres ſont mon entretien ordinaire au defaut
de la Converſation. Et quels Livres , luy dit le Parent , vous divertiſſent leplus?Toutm'eft
propre, reprit elle. Hiſtoires ,
Voyages , Romans , Comédies,
je lis tout; &je vous diray mê- me, au hazard de paffer pour ri- dicule aupres de vous, qu'ilm'a pris fantaiſie depuis peu de parcourir cette Philofophie nou- velle qui fait tant debruit dans le monde. Je ſuis Femme , &
par conſequent curieuſe. Dés qu'on me parle d'une nouveau- té, je brûle d'envie de la voir,
Evj
108 LEMERCVRE
&tandis que mon Pere & ma Mere iront ſolliciter leur Procés, je prétens bien me fatisfai- re l'eſprit ſur toutes les agreables Bagatelles qui s'impriment tous les jours à Paris, car je ne croy pas que nous retournions en Bretagne avant le Careſme. Je m'imagine mabelle Parente, luy dit le Coufin, que vous ne manquerez pas à commencer par le Mercure Galant. Il n'y a point de Livre qui ſoit plus en vogue,
& il feroit honteux qu'il vous échapaſt , puis que vous faites profeffion de rout lire. Et de- quoy traite ce Mercure,luy de- manda - t-elle avec précipita- tion ?De toute forte de matieres , répondit-il. Il parle de la Guerre, &il ne ſe paſſe rien en France , & particulierement à
Paris, qui ſoit unpeu remarqua
GALANT. Log
ble, dont il n'informe le Public.
L'Autheur y meſle ce qu'il apprend de petites Avantures cauſées parl'Amour ; le tout eft diverſifié par des Pieces galan- tes de Vers & de Profe , & ce
mélange a quelque choſe d'a- greable qui fait que ceux qui approuvent le moins fon Livre,
ont toûjours la curiofité de le voir. Pour moy,j'en fuisfi fa- tisfait , que je ferois tres-faché,
qu'il ne le continuaſt pas ; ce.
qui divertit, l'emporte de beau- coup fur ce qui feroit capable d'ennuyer, & fij'y trouve quel- que choſe à redire , c'eſt qu'il louë avec profuſion, &qu'il s'é- tendunpeu trop fur les Articles de Guerre , car il perd plus de temps à décrire la priſe des Vil- les , que le Roy n'en a employé à les conquérir. Vous allez,
IIO LE MERCVRE
loin , répondit l'aimable Coufi- ne , & je ne ſçay ce que vous entendez par ce terme de pro- fuſion. Eft- ce qu'en loiiant les Gens ,l'Autheur du Mercure
neparticulariſe rien,& que fon- dant le bien qu'il en dit fur des expreſſions generales , il affure feulement qu'ils font tous d'un merite achevé , qu'aucune belle qualité ne leur manque , &
qu'il s'y trouve un affemblage de vertus ſi parfait , qu'il eſt im- poſſible d'aller au dela ? Voila ,
ce me ſemble, ce qui s'appelle- roit loüer avec profufion , quoy qu'en effet ce ne fuſt point du tout louer. Je ne ſuis point affez injuſte , repliqua- t- il , pour ac- cuſer l'Autheur dont je vous parle de loüer indiféremment tout le monde. Il éleve plus ou moins ceux qu'il a occaſion de
GALANT. III
nommer ſelon les choſes par leſquelles ils meritent d'eſtre loüez; il cite leurs Actions , fait
connoiſtre les Emplois qui leur ontdonné lieu de ſe rendre confiderables : mais comme je n'ay aucu interêt àcequi les touche,
j'aimerois mieux qu'il m'apprift quelque nouvelle agreable ,
que de me dire ce qu'ilne m'im- porte point de ſçavoir. C'eſt à
dire , mon cher Cousin , reprit la Belle en fiant , que ſi vous ou vos Amis vous aviez de longs Articles dans le Mercure , vous ne trouveriez point qu'il louaſt exceſſivement. Voila l'injustice de beaucoup de Gens. Ils vou- droient qu'il ne ſe fift rienque pour eux , & ils ne confidérent pas , quand on donne quelque ehoſe au Public,que ce Public eftantun Tout composé de di
112 LE MERCVRE
ferentes parties , il faut s'il ſe peut , trouver le moyen de con- tenter toutes fortes d'Eſprits. Je ne ſçay ceque c'eſt quele Mer- cure , mais peut-eſtre n'a- t- il
aucun Article qui ne rencontre ſes Partiſans , quand il auroit meſme quelque chose d'effecti- vement ennuyeux. Les tins s'at- tacherontaux Nouvelles ſerieuſes , les autres aux Avantures d'amour ; ceux cy cherche- ront les Vers ,ceux - là quelqu'autre Galanterie ; & com- me yous m'avez dit que c'eſt un Livre où tout cela eſt
ramaffé , j'ay peine à croire qu'on puſt former un deſſein plus capable de réüiffir. Quant auxloüanges, vouspouvez paf- fer par deſſus ſi vous enſou- frez; mais mille &mille honneſtes Gens qui font en France >
-
r
4 GALANT. 113
ne meritent-ils pas qu'on parle d'eux ? & le defir de ſe rendre
digne d'eſtre loüé, ſervantquel.- quefois d'aiguillon à la Vertu ,
doit-on envierà tant de Braves
qui hazardent tous les jours leur viepour ſervir l'Etat , une récompenſe ſi legitimement deuë à leurs grandes actions ?
La Juſtice qu'aparemment leur rend le Mercure , redouble la
curioſitéque j'ay de le voir, &
je ne crains pointque le trop de Guerre m'importune. La prife de Valenciennes a couſté ſi peu de temps , que je ne m'étonne pas qu'il en faille employer da- vantageà la décrire ; mais outre que dans les Caffandres & les Cyrus j'ay tout lû juſqu'aux plus longues deſcriptions des Barailles , je ſuis perfuadéeque nous ne pouvons ſçavoir trop
114 LE MERCVRE exactementce qui ſe faitde nos jours. Les Relations les plus fi- delles oublient toûjours quel- ques circonstances, &nousn'en
voyons aucune qui n'ait ſa nou- veauté ,du moins par quel- que endroit particulier qui n'a point eſté touché dans les autres.
La nuit s'avançoit , la Belle ſe retira , & le Gentilhomme
que fon eſprit n'avoitpasmoins furpris que fa beauté , la fit fui- vre parun Laquais. Il luy envo- yades le lendemain les ſept pre- miers Tomes du Mercure Galant , avec ces Vers.
LE
MERCVRE GALANT ,
A LA BELLE INCONNUE
qui a dela curioſité pour luy.
AMyde Cupidon , Galant de Rea1.
Je parle également & d'Amour &
d'Armée,
Etviens,mais en tremblant vous conter en cejour Des Nouvelles d'amour.
Si vous me recevezſans vous mettre en
couroux ,
১
Si jeſuispar hazardle bien venu chez
vous,
Rienne peut égaler le bonheur &la
joye Deceluyqui m'envoye.
Vous l'avez avoñé,vous aimez la leEture
116 LE MERCVRE
Vous vous divertiſſez àlire une Avanture;
Mesme dans les Romans ,jeſçay que les Combats
Nevous déplaiſentpas.
Pourquoy vous déplairoy-je en mafincerité ?
Ie nedis jamais rien contre la verité;
Maissur tout aujourd'huy , sans que
l'on me renvoye ,
Ieprétensqu'on le croye.
Cette impréveuë Galanterie embaraſſaunmoment la Belle.
Elle vit bien que la converſa- tion qu'elle avoit euële ſoir pré- cedent aux Thuilleries , eſtoit
cauſedu Préſent qu'on luy fai- foit. Il ne luy déplaiſoit pas,puis qu'il fatisfaifoit l'impatience où elle eftoit de voir le Mercure. Je
ne vous puis dire ce qu'elle pen- ſa , ny par quel motif de curio- fité ou d'intrigue elle fit la Ré
E
GALANT 117 .
ponſe que yous allez voir , car je n'ay point ſceu quelle ſuite a
eul'Avanture , mais il eſt certain qu'elle ne reçeut point le Meſſage en Provinciale façon- niere , & qu'eſtant entrée dans #fon Cabinet , elle écrivit ces
deux Vers qu'elle revint donner au Porteur.
Les Nouvelles d'amourdeceluy qui t'envoye
Ne medéplairont pas,jeprétensqu'il le
croye.
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Résumé : Avantures des Thuilleries. [titre d'après la table]
Le texte décrit une aventure aux Tuileries où un gentilhomme remarque une jeune femme d'une beauté exceptionnelle en compagnie d'un homme de robe, qu'elle appelle son cousin. Intrigué, le gentilhomme se cache pour écouter leur conversation. La jeune femme exprime son amour pour la lecture, mentionnant divers genres, y compris la philosophie nouvelle. Son cousin lui suggère de lire le Mercure Galant, un journal populaire qui traite de sujets variés comme la guerre et les aventures amoureuses, apprécié pour son mélange de nouvelles et de pièces galantes. La jeune femme montre de l'intérêt pour le Mercure Galant. Son cousin explique que le journal loue souvent les gens avec profusion mais distingue les mérites de chacun. La jeune femme défend le journal, affirmant qu'il contient quelque chose pour tous les goûts et que ses louanges peuvent encourager la vertu. Elle souhaite également lire des nouvelles exactes sur les événements contemporains. Impressionné par la beauté et l'esprit de la jeune femme, le gentilhomme la fait suivre par un laquais et lui envoie les sept premiers tomes du Mercure Galant accompagnés d'un poème. La jeune femme, flattée par ce geste, répond de manière élégante, exprimant son intérêt pour les nouvelles d'amour contenues dans le journal.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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11
p. 299-304
Tout ce qui s'est fait en Flandre depuis le Mois dernier. [titre d'après la table]
Début :
Je la quite pour vous entretenir de ce qui s'est [...]
Mots clefs :
Flandre, Longueval, Guerre, Prince d'Orange, Prisonniers
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texteReconnaissance textuelle : Tout ce qui s'est fait en Flandre depuis le Mois dernier. [titre d'après la table]
Je la quite pour vous entretenirde ce qui s'eſt paffe dans celle de Flandre depuis
ma derniere Lettre. Les Ennemis n'ont fongé qu'à s'y éta- plir une communication libre entre Bruxelles & Mons , & à
faire des Redoutes. Il ne nous
faudra qu'un moment pour de-
GALANT. 201
truire leurs Ouvrages. Qui prend Valenciennes d'affaut ,
&force Cambray àſe rendre ,
forcera des Redoutes quand il voudra. Aufſi les avons - nous
laiſſe faire. Puis qu'ils fongent à ſe defendre, ils ne ſe croyent plus en état de nous attaquer.
Cependant toutes leurs pré- cautions ne les peuvent mettre à couvert de nos entrepriſes.
On a étably des Contribu- tions ; & comme la Guerre a
ſes Loix pour faire payer ceux quionttrop de lenteur à y fa- tisfaire , Monfieur le mareſchal
deHumieres a puny ce retar- dementpar quelques vifites un peu chagrinantes pour les né- gligens. Outre le Camp volant de Monfieur le Baron de Quin- cy il eſtoit accompagné de Meſſieurs de Joyeufe &d'Al
i i
202 LE MERCVRE
bret , qui commandoient de grands Détachemens. Ils ont eſté ſur le bord du Canal de Bruges, où la Chaſtellenie d'Y- pres les envoya prier d'attendre trois jours. M. le marefchal de Humieres paſſa le Canal , affura les Contributions , s'approcha
de, Gand , & revint joindre
Monfieur le Duc de Luxem- bourg. Le Prince d'Orange quita l'Armée , & en laiſſa le Commandement au Comte de
Valdec , qui craignant la fa- mine ,ou du moins voulant faire meilleure chere que les
autres , envoya auffitoftdeman- der des Paſſeports à Monfieur de Luxembourg pour fes Pour- voyeurs. Il ne me reſte plus à
vousparlerque de deux Actions particulieres trop remarqua- bles pour me difpenfer de leur
GALANT. 203 donner les loñanges qui leur font deües. Elles ſont de deux
Parens du meſine nom. La pre- miere eſt de Monfieurle Comte
de Longueval qui commande les Dragons Dauphins. Il fut détaché pour aller dans l'Iſle de Bierutick , à deux lieuës de
Fleſſingue , & ayant paffé à la faveur d'une marée baffe , &
fous la Mouſqueterie d'une Re- douted'un Fort&d'un longParapet qui estoit garny d'Infan- terie, ilymit le feu enplein mi- dy , & ſe retira avec plus de foixante Priſonniers . Quelque hardiequefoit cetteAction, on pouvoit tout attendre d'un
Homme qui a pris le Fort aux Vaches. Ce qui fuit ne vous
paroiſtra pas moins digne d'e- ftre admire , & vous yverrezde lapreſence d'efprit meſlée avec
(
I vj
204 LE MERCVRE
beaucoup de courage. M² de Longueval Capitaine de Ca- valerie , ayant eſté détaché avec cinquante Maiſtres pour quelque Expédition , prit un Guide qui connoiſſoit fi mal les lieux , que s'eſtant égarez ,
ils ſe trouverent au milieu du
Campdes Ennemis,à trente pas dela Tente du Prince de Naffau. M de Longuéval ayant adroitement découvert qu'il n'y eſtoit pas , entra dans la Tente , le demanda, &dit qu'il luy venoit rendre compte d'une Commiſſion dont ill'avoit chargé. Il ajoûta qu'il avoit eu beaucoup de fatigue , & pria qu'on luy fiſt donner quelques rafraichiſſemens. On luy ap- porta des Eauxglacéesde tou- res fortes ,& pendant le repos qu'il feignoit de prendre, il exa-
GALANT. 205 minatous ceux qui estoientdas
la Tente ,& les ayantjugez in- capables de luy refifter , il s'en faiſit , fit prendre tout ce qu'il rencontra de meilleur , & traverſa le Camp Ennemy avec fon butin , &fes Priſonniers.
Cette vigoureuſe Action y mit Falarme , & il s'en apperçeut lors qu'il en fortoit.
ma derniere Lettre. Les Ennemis n'ont fongé qu'à s'y éta- plir une communication libre entre Bruxelles & Mons , & à
faire des Redoutes. Il ne nous
faudra qu'un moment pour de-
GALANT. 201
truire leurs Ouvrages. Qui prend Valenciennes d'affaut ,
&force Cambray àſe rendre ,
forcera des Redoutes quand il voudra. Aufſi les avons - nous
laiſſe faire. Puis qu'ils fongent à ſe defendre, ils ne ſe croyent plus en état de nous attaquer.
Cependant toutes leurs pré- cautions ne les peuvent mettre à couvert de nos entrepriſes.
On a étably des Contribu- tions ; & comme la Guerre a
ſes Loix pour faire payer ceux quionttrop de lenteur à y fa- tisfaire , Monfieur le mareſchal
deHumieres a puny ce retar- dementpar quelques vifites un peu chagrinantes pour les né- gligens. Outre le Camp volant de Monfieur le Baron de Quin- cy il eſtoit accompagné de Meſſieurs de Joyeufe &d'Al
i i
202 LE MERCVRE
bret , qui commandoient de grands Détachemens. Ils ont eſté ſur le bord du Canal de Bruges, où la Chaſtellenie d'Y- pres les envoya prier d'attendre trois jours. M. le marefchal de Humieres paſſa le Canal , affura les Contributions , s'approcha
de, Gand , & revint joindre
Monfieur le Duc de Luxem- bourg. Le Prince d'Orange quita l'Armée , & en laiſſa le Commandement au Comte de
Valdec , qui craignant la fa- mine ,ou du moins voulant faire meilleure chere que les
autres , envoya auffitoftdeman- der des Paſſeports à Monfieur de Luxembourg pour fes Pour- voyeurs. Il ne me reſte plus à
vousparlerque de deux Actions particulieres trop remarqua- bles pour me difpenfer de leur
GALANT. 203 donner les loñanges qui leur font deües. Elles ſont de deux
Parens du meſine nom. La pre- miere eſt de Monfieurle Comte
de Longueval qui commande les Dragons Dauphins. Il fut détaché pour aller dans l'Iſle de Bierutick , à deux lieuës de
Fleſſingue , & ayant paffé à la faveur d'une marée baffe , &
fous la Mouſqueterie d'une Re- douted'un Fort&d'un longParapet qui estoit garny d'Infan- terie, ilymit le feu enplein mi- dy , & ſe retira avec plus de foixante Priſonniers . Quelque hardiequefoit cetteAction, on pouvoit tout attendre d'un
Homme qui a pris le Fort aux Vaches. Ce qui fuit ne vous
paroiſtra pas moins digne d'e- ftre admire , & vous yverrezde lapreſence d'efprit meſlée avec
(
I vj
204 LE MERCVRE
beaucoup de courage. M² de Longueval Capitaine de Ca- valerie , ayant eſté détaché avec cinquante Maiſtres pour quelque Expédition , prit un Guide qui connoiſſoit fi mal les lieux , que s'eſtant égarez ,
ils ſe trouverent au milieu du
Campdes Ennemis,à trente pas dela Tente du Prince de Naffau. M de Longuéval ayant adroitement découvert qu'il n'y eſtoit pas , entra dans la Tente , le demanda, &dit qu'il luy venoit rendre compte d'une Commiſſion dont ill'avoit chargé. Il ajoûta qu'il avoit eu beaucoup de fatigue , & pria qu'on luy fiſt donner quelques rafraichiſſemens. On luy ap- porta des Eauxglacéesde tou- res fortes ,& pendant le repos qu'il feignoit de prendre, il exa-
GALANT. 205 minatous ceux qui estoientdas
la Tente ,& les ayantjugez in- capables de luy refifter , il s'en faiſit , fit prendre tout ce qu'il rencontra de meilleur , & traverſa le Camp Ennemy avec fon butin , &fes Priſonniers.
Cette vigoureuſe Action y mit Falarme , & il s'en apperçeut lors qu'il en fortoit.
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Résumé : Tout ce qui s'est fait en Flandre depuis le Mois dernier. [titre d'après la table]
Le texte relate les récents événements en Flandre. Les ennemis ont tenté d'établir une communication entre Bruxelles et Mons et de construire des redoutes. Les forces françaises ont choisi de laisser les ennemis se fortifier, sachant qu'elles pourront détruire ces ouvrages facilement. Occupés à se défendre, les ennemis ne peuvent plus attaquer. Les opérations françaises continuent malgré tout. Des contributions ont été établies, et le maréchal de Humieres a puni les retards de paiement par des visites punitives. Accompagné de plusieurs officiers, il a traversé le canal de Bruges, assuré les contributions, approché Gand, et rejoint le duc de Luxembourg. Le prince d'Orange a quitté l'armée, laissant le commandement au comte de Valdec, qui a demandé des passeports pour ses pourvoyeurs. Deux actions remarquables sont mises en avant. Le comte de Longueval, commandant des dragons Dauphins, a capturé plus de soixante prisonniers lors d'une mission dans l'île de Bierutick. Ensuite, en tant que capitaine de cavalerie, il a infiltré le camp ennemi, volé des provisions et capturé des prisonniers après avoir feint de rendre compte d'une commission au prince de Nassau.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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12
p. 307-330
Tout ce qui s'est passé à la Iournée de Kokberg, avec les Noms de tous ceux qui s'y sont signalez, & leurs actions les plus remarquables. [titre d'après la table]
Début :
Il ne faut pas que le plaisir de la Danse [...]
Mots clefs :
Guerre, Ennemis, Troupes, Gardes, Escadrons, Armée, Mr de Monclar, Maréchal de Créquy, Camp, Rhin, Prince Charles, Distinguer, Action, Généraux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Tout ce qui s'est passé à la Iournée de Kokberg, avec les Noms de tous ceux qui s'y sont signalez, & leurs actions les plus remarquables. [titre d'après la table]
Il ne faut pas que le plaifir de la Danſe nous faffle renoncer à la Guerre. Retournons
aux bords du Rhin. Nous y
avons laiſſe Mr le Mareſchalde
Créquy vainqueur du Prince d'Eyſenach , qui ne peut trou ver moyen de fortir de l'Iſle où it s'eft caché apres avoir efté batu , qu'en faiſant demander un Paffeport. Il luy eſtaccor- dé,mais il a hontedes'en fervir, &cependant il en tire fa
108 LE MERCVRE
ſeûreté malgré luy , puis qu'il eft cauſe qu'on s'éloigne fans l'attaquer, &qu'il a le temps d'attendre l'Armée du Prince
Charles pour le dégager. Ce Prince paſſe enfin à Philif- bourg, &vient ouvrir un paf- fage au reſte des Troupes trem- blantes du Prince de Saxe , qui croyent toûjours voir des François. Ils ſe joignent. Ce n'eſt pas tout ,&ce que je vay vous dire vous ſurprendra. On ne l'a point ſçeu , ou du moins on n'en a point parlé. L'Empire & l'Eſpagne au deſeſpoir de voir toute une Campagne per- duë, &que tant de Troupes ayent péry fans avoirofé tenter aucune entrepriſe,prennent de grandesmeſures pour en rendre La fin glorieuſe , & furprendre les François, comme fi leRoy,
GALANT. 209
ſes Miniftres, & ſes Generaux,
eſtoient capables de manquer de prévoyance , & ne pené- troient pas leurs deſſeins. Le Miniſtre d'Eſpagne qui eſt dans l'Armée du PrinceCharles pour luy ſervir de Conſeil , &répon- drede ſa conduite, uſe de toutes les précautions poffibles pour fournir ou faire fournir à
ſes beſoins. Il luy fait tirer de Vienne, de Ratisbonne , & de
toute l'Allemagne , des ſecours d'argent , de proviſions , & de monde. Il groffit ſon Armée des Garniſons &des Milices de
l'Alface , du Briſgau , du Palatinat,&de Philifbourg. Vorms,
Spire , & Treves , le ſecourent auffi de leur coſté.Ainfi fortifié
de Troupes , appuyé de Con- feil, rafraiſchy,& ne manquant point d'argent , il affure la Mai
210 LE MERCVRE
fon d'Auſtriche qu'il prendra Scheleftat cette Campagne ,
batra les François , & fera le Blocus de Brifac. Avectous ces
avantages diférens ', il a encor la liberté de paſſer ſur le Pont de Strasbourg. Il ypaſſe. Mon- ſieur de Créquy plus diligent que ce Prince, ſe trouve de l'autre coſté avant luy , for- tifié des ſeules Troupes que commandoit Mr de Monclar.
Il en envoye quelques - unes pour ſe ſaiſir du Chaſteau de
Kokberg , qui eſt une vieille
Mafure,maisuntres-bonPoſte.
Ces Troupes occuperent en meſme temps les autres Poſtes des environs. Ellesy arriverent quelques heures avant les Ennemis qui marchoient dans le mefme deffein. Ils avoient envoyé leurs meilleures Troupes
GALAN T. 211
de Cavalerie , qui eftoient des
vieux Regimens de l'Empire &
des Creates.Cinquante Gardes
du Roy qui s'eſtoient avancez pour tâcher à découvrir leur marche, furent rencontrez d'un fort gros Eſcadron , qu'il char- gerent avec autant de réſolu- tion que fi leurs forces avoient efté égales. L'Exempt qui les commandoit fut tué. LesGardes s'opiniâtrerent à le retirer,
& le remporterent apres avoir vange ſa mort fur un grand nombred'Ennemis qui leur laif- ferent quelques Cuiraffes &des Sacs de Grain. Les Ennemis
firentenfuite quelques mouve- mens pour ſurprendre M. de Créquy. Il penetraleur deſſein,
&ne les voulant point laiffer paſſer du coſté de Saverne , il eut la prévoyance d'aller choi
212 LE MERCVRE
il eut la prévoyance d'aller choiſir unterrain propre pour mettre ſon Armée en bataille;
&apres avoir laiſſé dans le Vil- lage qui estoit à la gauché de noftre Camp , trois Bataillons commandez par M. de Feuquieres, &trois cens Hommescommandez par Monfieur deRef- nel, il fit décamper, rangealuy- meſme fon Armée en bataille
àmeſure qu'elle avancoit , &
mit des Troupes dans les Villages des environs , qui ſe re- trancherent , &qui auroient ar- reſté longtemps les Ennemis s'ils euſſent voulu donner une
Bataille generale. M. deVaube- cour Capitaine des Chevaux
Legers; revint,& ramena vingt- fept Chevaux , & douze Cui- raffiers pris à l'Arrieregarde des Ennemis , qui parurent ſur une
5
GALAN T. 213
Hauteur preſque vis-à-vis de Kokberg, où ils mirentdesDra- gons. On detacha vingt Cara- biniers des Gardesdu Roy , qui firent teſte aux petites Troupes qui s'étoient avancées.lls furent ſoûtenus par un Eſcadronde la grand'Garde , &par les Gardes ordinaires , qui eſtant montez ſur la Hauteur , chargerent les Ennemis , qui s'approcherent ,
&les poufferent affez loing à la veuë du Prince Charles. Un
Rendu afſura qu'il avoit empef- ché que ſes Gens ne retournaf- ſent à la charge. M. de Soulffe qui avoit fait avancer pluſieurs Troupes par derriere , chargea les Noftres ,&leur fit deſcen- dre la Hauteur. Mrs de Choiſeüil&de Renty qui étoientde jour , ayant fait avancer deux Eſcadrons de la Brigade de la
214 LE MERCVRE Valete , pour ſoûtenir leurDé- tachement , firent remonter les
Carabiniers & les Gardes ordinaire , qui reprirent leur pre- mier Poſte , & quand tout fut biendiſpoſé , ils chargerent l'un & l'autre par l'ordre de Mon- ſieur le Marefchal de Créquy.
Cette charge fut vigoureuſe.
On repouſſa les Ennemis fort loin , &l'on ſe tint longtemps en preſence. Monfieur le Ma- reſchal qui vit arriver beaucoup d'Eſcadrons aux Ennemis , envoya ordre à la Brigade des Gardes du Corps du Roy de monter ſur la Hauteur avec
toute la Brigade de la Valete.
Ellesſe mirent ſurdeuxLignes,
ayant deux Efcadrons de Dra- gons à leur droite. La Brigade des Gardes du Roy foûtint avec une fermeté incroyable untres
GALANT. 215 grand nombre de Cavalerie.
Elle ſe meſla , & entra l'Epée à
la main dans tous les Eſcadrons
avancez.Ce fut en ce tempsque łaCompagniedes Chevaux-Le- gers s'eſtant ſeparée en deux ,
chargea&tailla enpieces deux gros Eſcadrons. Lagauche des Ennemis plia. La droite en fit de meſme, & leur trenteEfca- drons furent mis en deſordre ,
& pouffez juſque dans leur Camp. M. deCréquy fit fonner la Retraite , mais ce ne fut que pour remettre nos Eſcadrons en
Bataille. Ce ſoin fut inutile. Les
Ennemis n'oferent revenir à la
charge , & firent ſeulement avancerdu Canon fur les ſept heures du foir pour dépoſter nos Gardes ordinaires qui eſtoiet demeurez ſur la Hauteur.
Ontiraquelquescoupsfansnul
,
216 LE MERCVRE
effet ; &voyant que nos Trou- pes ne s'ébranloient point , ils fe retirerent avec leur Canon.
Comme la nuit approchoit , M. leMarefchal fit auſſi retirer les
Troupes qui estoient en batail- le, & les renvoya dans leurs Poſtes. Elles paſſerent la nuit auBiovac. Onvit dans ce momentles Ennemis étendredeux
Lignes de Cavalerie à la portée denoftregros Canon. Ils s'éloi- gnerent à la pointe dujour. Sur Ieshuit heures, Mr le Maréchal
fit avancer quatre Pieces de Canonàcinqcens pas de Kok- berg,pour faire retirer lesEſca- drons des Ennemis qui estoient
poſtez ſur une Hauteur ; &
M. le Marquis de la Freſeliere les pointa ſi juſte , qu'illes força à la retraite , & tua pluſieurs Cavaliers. Le Colonel Mortagne
GALANT. 217
tagneen fut tué à la teſtede ſon Batail- lon. Voilà tout ce qui s'eſt paſſe à la grande Affaire de Korberg le jour qui l'a précedé &le lendemain. J'ay fait une Liſte de trente ou quarante Noms
des principauxAllemans qui ont efte tuez oubleſſez , que je vous envoye- raylapremiere fois , fi vous m'aſſurez que la rudeſſe de leur prononciation nepeut rien avoir qui vous effarouche.
Je vous diray en attendant , qu'on ga- gne ſouvent des Batailles , ſans queles avantages en ſoient plus grands que ceux que cette occafion nous a fait avoir. Des Timbales , des Etendarts,
desPriſonniers de confideration , celuy qui commandoittué, pluſieurs bleffez,
&ce qui eſt ſurprenant , aucun des Noſtres au pouvoir des Ennemis. La
plûpart avoient des Cuiraffes , &il eſt àcroire que ſans cela il en ſeroit peu reſté. Iamais on n'a fait voir tantde valeur , &jamais tant deGens neſe ſont fignalez dans une meſme occafion. Ils meritent de grandes loüanges , & je puis leur endonner qui n'auront rien de ſuſpect. Elles ſont de leur General.
Tome VIII K
218 LE MERCVRE
CegrandCapitaine avoulurendreju- ſtice àleur valeur , & fa modeſtie a
eſté telle ,que quoyqu'il ait eſté l'ame de tout , il n'a parlé que de ce qu'ils ontfait. Voicy enquels termesil écrit &desBraves &desCorps qui fe font fignalez.
M. de S.Eſteſve s'y conduifit en bon brave Chevau Leger. M. Bastiment fit auffi parfaitement , & M. Marin fut affez beureux pourfaireunecharge fi à propos , qu'elle contribua beaucoир aufuccés de l'Action. M. dela Serre de Neufchelle firentbien temanége deGensquisçaventse conduire parfai.
tement &M. de la Fitte avec l'altivité qu'on luy connoiſt , ſe porta par tout avec beaucoup de vigueur &de conduite ; mais lors que lameſlée estoit plusforte,&quele General Major Haran marchoit pour prendre enflanc nos Troupes qui estoient attachées au Combat ,M. deBuzanvalqui comman- doit les Gens-d'armes , M. de Nonan
faisant les fonctions de Brigadier ce jour-là , & M. de Valbelle &de Va lancé,avec les Chevaux-Legers , fi-
GALAΝΤ. 219 rent une charge d'autantplus admira- ble ,qu'ellefut opiniatrée &menée avec toute lavigueurpoſſible. Les Chevaux Legers de laGardeſeſurpaſſerent , &
je croyquedepuis long-temps on n'a ven une Action faite avec tant de vigueur tant d'ordre. 3
Dansunautreendroit parlantdel'a- &ion de cette grande Journée , il ajoû- te, &à laquelle Monsieurde Vendof- me,& Monsieur le Comte de Schom- bergſeſont trouvez , donnant par leur exempleune grande chaleur au Combat.
M. le Chevalier d'Estrades àqui j'a- vois ordonné de prendre les Gardes or- dinaires,les mena avec une vigueurin- concevable. Le fuis obligé de faire re- marquerauRoy la valeur de la Brigade de la Falete , & de fon Regiment en particulier anffi-bien que de celuy de M. de Cayeux , &fingulierement ce qu'a fait M. de Villars dans le cours
decetteAction. Il fut avec ſon Regi- ment souvent meſté avecles Ennemis,
&toûjours avec l'avantage qui estdeû àsa valeur & àſa conduite. M. de Choifewil dans tout ecCombat amerité
Kij
220 LE MERCVRE
eaubcoup de loüanges , &que Sa Ма- jesté luy sçache bongré de son zele &
defon application en tout rencontre.
Il marque encor dans un autre en- droit , que M. de Choiſeüil & M. de Renty, menerent cette Affaire avec beaucoup de vigueur &de capacité.
Si leGeneral eſt content de tous ces
Braves , ils ont bien ſujetde l'eſtre de luy. On combat pour la gloire , &en leur rendant à chacun celle qui leur eſt deuë , il fait que la loüange de l'un eſt diférente de celle de l'autre , en ſorte
qu'elle ſe donne toute à la maniere donton s'eſt diſtingué ,ſans qu'il y ait rien de general. Mais s'il a renduju- ſticeaux autres, on apris ſoinde repa- rer l'injuſtice qu'il s'eſt faite , en ne diſant riendeluy. Voicy de quellema- niere enparle la Relation d'un Officier General , qui a autant de cœur &de conduite , que d'intelligence dans le Meſtier de laGuerre..
Ie n'ose rien dire de Monsieur le
Mareschal , parce que je peindrois mal Sa Valeur&Sa capacité; maisles ordres qu'il a donnez à son ordinaire , &la
GALANT. 22-1
diſpoſition qu'il apporta,fit le gain de ce grand chaud Combat , &je puis dire avec tous les Témoins de cette
Action, qu'il ne faloit pas moins qu'un Homme comme luy pour la mener à une,
fin glorieuse.
Vousvoyez , Madame , que toutes ces loüanges ne ſont point de moy;
mais quand par modeſtie Monfieur le Mareſchal de Créquy oublie M. le Marquis fon Fils, je dois vous dire qu'il eutunChevalbleſſé fous luy,&
qu'il fit par ſa valeur &par ſa conduite des choſes fort au dela de ce qu'on
pouvoit attendre d'un jeune Guerrier dequinze ans , car il rallia des Trou- pes,& les temena au Combat avec beaucoup de fermeté. M. le Marquis dela Ferté fit paroiſtre un courage di- gne de luy ; & à la maniere dont il ſe fignala , on auroit deviné ſans le con- noiſtre ,de quel ſang il eſt ſorty. M. leMarquis de Luzerne fit des merveil- les. Son Cheval fut bleſſé , & il eut
cinqcoups dans ſes Habits. M.leCom- te de Schomberg dont j'ay déja parlé.
en receutun dans ſes Armes. M.le
Kiij
222 LE MERCVRE
Marquis de Neſle ſe fit fort diftinguer,
auſſi-bien que M. le MarquisdeMon- teffon&M. de Boleſme. Ce furent M.s
de Valbelle &deBérange, qui firent cettebelle Action de ſéparer les Che- vaux Legers en deux Troupes pour s'oppoſer à deux Escadrons , ce qui contribua fort au gain de cette Jour- née. M. Marin que je vous ay déja nommé, avec ſon Eſcadron desGardes du Corps , en batit un de Cuiraf- fiers , &deux deMontecuculi. Il eut
deuxEtendarts ,&avoit pris unTimbalier, mais le Cheval du Timbalier
ayant eſté tué , il fut contraint d'abandonner les Timbales. Un Garde de ſa
Brigade prit leGeneralMajordelaCa- valerie de l'Empereur, &un autre le Lieutenant Colonel de Montecuculi,
fort conſidérable dans l'Armée , puis
qu'ilrecevoit les Ordres de ceGrand
Generalqu'il donnoit au Prince Char- les. Dans mapremiere Lettreje feray àmon ordinaire , & vous parleray en peu delignes de la Maiſon &du meri- te particulier de chacundes Braves qui ſe ſont faits remarquer. L'oubliois
GALANT. 123 vous dire que Monfieur de Saint Eſteſve fut undes premiers qui fit pa- roiſtre l'impatience qu'ilavoit de combatre, en courant reconnoiſtre les Ennemis , fuivy de M. de la Meſſiliere
Cadet dans les Gardes , qui eut ſon
Cheval bleffé. Il eſt de la Compagnie deNoailles , &l'on ne peut rien ajoû- terà ce qu'elle afait. Nous pouvons dire que nous n'avons rien perdu dans cette grande Action , ſi on compare noftre perte à celle des Ennemis. M. deHaubourg&de Dunefort Exempts,
onteſté tuez; & Mrs de S. Vians,Montaſeau & Guillon , auſſi Exempts ,
b'effez. M. de Valencél'a eſté pareillement.
Quoyque je vous ayedéja nommé Mrle Duc de Vendoſme parmy les Braves , ce ſeroit luy faire tort que de ne vous en rien dire de plus. Iln'eſt pas des Amis du Prince Charles qui s'eſt plaint hautement de luy , mais cesplaintes font les plus grādes loüan- gesque nous luy puiſſions donner ,
puis qu'il avoue que ce jeune Prince a beaucoup contribué à luy dérober la
King
224 LE MERCVRE Victoire qu'il s'eſtoit promiſe par toutes les raiſons que j'aymarquées.
Il eſt certain qu'on ne peutaffez ad mirer l'intrepiditéde M.de Vendoſme.
Voyantdeux de nos Eſcadrons pouf- ſez par cinqdes Ennemis , il y courut à toute bride l'Epée àlamain, les ral lia , ſe mit à leur teſte avec les Officiers,&poufla & vivement les Trou- pesoppoſées, qu'elles furent contraintes d'abandonner le Comte de Naſſau
&d'autres Commandans,qui onttous eſté pris ou tuez. Cette Action ſe fit enpreſencedepluſieurs Officiers Ge- neraux &de M. le Mareſchal de Créquy meſme , qui furent ſurpris de le voir revenir fans eſtre bleſſe , quoy qu'iln'euſtiny Cuiraffe ny Pot en te- ſte. Ils luy firent un Compliment dea &à ſa Perſonne &àſon merite , &le prierent en meſme temps de ne vou- Loir plus s'expoſer de la forte, pour ne pasmépriſer tout--à-fait les faveurs du Ciel.
aux bords du Rhin. Nous y
avons laiſſe Mr le Mareſchalde
Créquy vainqueur du Prince d'Eyſenach , qui ne peut trou ver moyen de fortir de l'Iſle où it s'eft caché apres avoir efté batu , qu'en faiſant demander un Paffeport. Il luy eſtaccor- dé,mais il a hontedes'en fervir, &cependant il en tire fa
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ſeûreté malgré luy , puis qu'il eft cauſe qu'on s'éloigne fans l'attaquer, &qu'il a le temps d'attendre l'Armée du Prince
Charles pour le dégager. Ce Prince paſſe enfin à Philif- bourg, &vient ouvrir un paf- fage au reſte des Troupes trem- blantes du Prince de Saxe , qui croyent toûjours voir des François. Ils ſe joignent. Ce n'eſt pas tout ,&ce que je vay vous dire vous ſurprendra. On ne l'a point ſçeu , ou du moins on n'en a point parlé. L'Empire & l'Eſpagne au deſeſpoir de voir toute une Campagne per- duë, &que tant de Troupes ayent péry fans avoirofé tenter aucune entrepriſe,prennent de grandesmeſures pour en rendre La fin glorieuſe , & furprendre les François, comme fi leRoy,
GALANT. 209
ſes Miniftres, & ſes Generaux,
eſtoient capables de manquer de prévoyance , & ne pené- troient pas leurs deſſeins. Le Miniſtre d'Eſpagne qui eſt dans l'Armée du PrinceCharles pour luy ſervir de Conſeil , &répon- drede ſa conduite, uſe de toutes les précautions poffibles pour fournir ou faire fournir à
ſes beſoins. Il luy fait tirer de Vienne, de Ratisbonne , & de
toute l'Allemagne , des ſecours d'argent , de proviſions , & de monde. Il groffit ſon Armée des Garniſons &des Milices de
l'Alface , du Briſgau , du Palatinat,&de Philifbourg. Vorms,
Spire , & Treves , le ſecourent auffi de leur coſté.Ainfi fortifié
de Troupes , appuyé de Con- feil, rafraiſchy,& ne manquant point d'argent , il affure la Mai
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fon d'Auſtriche qu'il prendra Scheleftat cette Campagne ,
batra les François , & fera le Blocus de Brifac. Avectous ces
avantages diférens ', il a encor la liberté de paſſer ſur le Pont de Strasbourg. Il ypaſſe. Mon- ſieur de Créquy plus diligent que ce Prince, ſe trouve de l'autre coſté avant luy , for- tifié des ſeules Troupes que commandoit Mr de Monclar.
Il en envoye quelques - unes pour ſe ſaiſir du Chaſteau de
Kokberg , qui eſt une vieille
Mafure,maisuntres-bonPoſte.
Ces Troupes occuperent en meſme temps les autres Poſtes des environs. Ellesy arriverent quelques heures avant les Ennemis qui marchoient dans le mefme deffein. Ils avoient envoyé leurs meilleures Troupes
GALAN T. 211
de Cavalerie , qui eftoient des
vieux Regimens de l'Empire &
des Creates.Cinquante Gardes
du Roy qui s'eſtoient avancez pour tâcher à découvrir leur marche, furent rencontrez d'un fort gros Eſcadron , qu'il char- gerent avec autant de réſolu- tion que fi leurs forces avoient efté égales. L'Exempt qui les commandoit fut tué. LesGardes s'opiniâtrerent à le retirer,
& le remporterent apres avoir vange ſa mort fur un grand nombred'Ennemis qui leur laif- ferent quelques Cuiraffes &des Sacs de Grain. Les Ennemis
firentenfuite quelques mouve- mens pour ſurprendre M. de Créquy. Il penetraleur deſſein,
&ne les voulant point laiffer paſſer du coſté de Saverne , il eut la prévoyance d'aller choi
212 LE MERCVRE
il eut la prévoyance d'aller choiſir unterrain propre pour mettre ſon Armée en bataille;
&apres avoir laiſſé dans le Vil- lage qui estoit à la gauché de noftre Camp , trois Bataillons commandez par M. de Feuquieres, &trois cens Hommescommandez par Monfieur deRef- nel, il fit décamper, rangealuy- meſme fon Armée en bataille
àmeſure qu'elle avancoit , &
mit des Troupes dans les Villages des environs , qui ſe re- trancherent , &qui auroient ar- reſté longtemps les Ennemis s'ils euſſent voulu donner une
Bataille generale. M. deVaube- cour Capitaine des Chevaux
Legers; revint,& ramena vingt- fept Chevaux , & douze Cui- raffiers pris à l'Arrieregarde des Ennemis , qui parurent ſur une
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Hauteur preſque vis-à-vis de Kokberg, où ils mirentdesDra- gons. On detacha vingt Cara- biniers des Gardesdu Roy , qui firent teſte aux petites Troupes qui s'étoient avancées.lls furent ſoûtenus par un Eſcadronde la grand'Garde , &par les Gardes ordinaires , qui eſtant montez ſur la Hauteur , chargerent les Ennemis , qui s'approcherent ,
&les poufferent affez loing à la veuë du Prince Charles. Un
Rendu afſura qu'il avoit empef- ché que ſes Gens ne retournaf- ſent à la charge. M. de Soulffe qui avoit fait avancer pluſieurs Troupes par derriere , chargea les Noftres ,&leur fit deſcen- dre la Hauteur. Mrs de Choiſeüil&de Renty qui étoientde jour , ayant fait avancer deux Eſcadrons de la Brigade de la
214 LE MERCVRE Valete , pour ſoûtenir leurDé- tachement , firent remonter les
Carabiniers & les Gardes ordinaire , qui reprirent leur pre- mier Poſte , & quand tout fut biendiſpoſé , ils chargerent l'un & l'autre par l'ordre de Mon- ſieur le Marefchal de Créquy.
Cette charge fut vigoureuſe.
On repouſſa les Ennemis fort loin , &l'on ſe tint longtemps en preſence. Monfieur le Ma- reſchal qui vit arriver beaucoup d'Eſcadrons aux Ennemis , envoya ordre à la Brigade des Gardes du Corps du Roy de monter ſur la Hauteur avec
toute la Brigade de la Valete.
Ellesſe mirent ſurdeuxLignes,
ayant deux Efcadrons de Dra- gons à leur droite. La Brigade des Gardes du Roy foûtint avec une fermeté incroyable untres
GALANT. 215 grand nombre de Cavalerie.
Elle ſe meſla , & entra l'Epée à
la main dans tous les Eſcadrons
avancez.Ce fut en ce tempsque łaCompagniedes Chevaux-Le- gers s'eſtant ſeparée en deux ,
chargea&tailla enpieces deux gros Eſcadrons. Lagauche des Ennemis plia. La droite en fit de meſme, & leur trenteEfca- drons furent mis en deſordre ,
& pouffez juſque dans leur Camp. M. deCréquy fit fonner la Retraite , mais ce ne fut que pour remettre nos Eſcadrons en
Bataille. Ce ſoin fut inutile. Les
Ennemis n'oferent revenir à la
charge , & firent ſeulement avancerdu Canon fur les ſept heures du foir pour dépoſter nos Gardes ordinaires qui eſtoiet demeurez ſur la Hauteur.
Ontiraquelquescoupsfansnul
,
216 LE MERCVRE
effet ; &voyant que nos Trou- pes ne s'ébranloient point , ils fe retirerent avec leur Canon.
Comme la nuit approchoit , M. leMarefchal fit auſſi retirer les
Troupes qui estoient en batail- le, & les renvoya dans leurs Poſtes. Elles paſſerent la nuit auBiovac. Onvit dans ce momentles Ennemis étendredeux
Lignes de Cavalerie à la portée denoftregros Canon. Ils s'éloi- gnerent à la pointe dujour. Sur Ieshuit heures, Mr le Maréchal
fit avancer quatre Pieces de Canonàcinqcens pas de Kok- berg,pour faire retirer lesEſca- drons des Ennemis qui estoient
poſtez ſur une Hauteur ; &
M. le Marquis de la Freſeliere les pointa ſi juſte , qu'illes força à la retraite , & tua pluſieurs Cavaliers. Le Colonel Mortagne
GALANT. 217
tagneen fut tué à la teſtede ſon Batail- lon. Voilà tout ce qui s'eſt paſſe à la grande Affaire de Korberg le jour qui l'a précedé &le lendemain. J'ay fait une Liſte de trente ou quarante Noms
des principauxAllemans qui ont efte tuez oubleſſez , que je vous envoye- raylapremiere fois , fi vous m'aſſurez que la rudeſſe de leur prononciation nepeut rien avoir qui vous effarouche.
Je vous diray en attendant , qu'on ga- gne ſouvent des Batailles , ſans queles avantages en ſoient plus grands que ceux que cette occafion nous a fait avoir. Des Timbales , des Etendarts,
desPriſonniers de confideration , celuy qui commandoittué, pluſieurs bleffez,
&ce qui eſt ſurprenant , aucun des Noſtres au pouvoir des Ennemis. La
plûpart avoient des Cuiraffes , &il eſt àcroire que ſans cela il en ſeroit peu reſté. Iamais on n'a fait voir tantde valeur , &jamais tant deGens neſe ſont fignalez dans une meſme occafion. Ils meritent de grandes loüanges , & je puis leur endonner qui n'auront rien de ſuſpect. Elles ſont de leur General.
Tome VIII K
218 LE MERCVRE
CegrandCapitaine avoulurendreju- ſtice àleur valeur , & fa modeſtie a
eſté telle ,que quoyqu'il ait eſté l'ame de tout , il n'a parlé que de ce qu'ils ontfait. Voicy enquels termesil écrit &desBraves &desCorps qui fe font fignalez.
M. de S.Eſteſve s'y conduifit en bon brave Chevau Leger. M. Bastiment fit auffi parfaitement , & M. Marin fut affez beureux pourfaireunecharge fi à propos , qu'elle contribua beaucoир aufuccés de l'Action. M. dela Serre de Neufchelle firentbien temanége deGensquisçaventse conduire parfai.
tement &M. de la Fitte avec l'altivité qu'on luy connoiſt , ſe porta par tout avec beaucoup de vigueur &de conduite ; mais lors que lameſlée estoit plusforte,&quele General Major Haran marchoit pour prendre enflanc nos Troupes qui estoient attachées au Combat ,M. deBuzanvalqui comman- doit les Gens-d'armes , M. de Nonan
faisant les fonctions de Brigadier ce jour-là , & M. de Valbelle &de Va lancé,avec les Chevaux-Legers , fi-
GALAΝΤ. 219 rent une charge d'autantplus admira- ble ,qu'ellefut opiniatrée &menée avec toute lavigueurpoſſible. Les Chevaux Legers de laGardeſeſurpaſſerent , &
je croyquedepuis long-temps on n'a ven une Action faite avec tant de vigueur tant d'ordre. 3
Dansunautreendroit parlantdel'a- &ion de cette grande Journée , il ajoû- te, &à laquelle Monsieurde Vendof- me,& Monsieur le Comte de Schom- bergſeſont trouvez , donnant par leur exempleune grande chaleur au Combat.
M. le Chevalier d'Estrades àqui j'a- vois ordonné de prendre les Gardes or- dinaires,les mena avec une vigueurin- concevable. Le fuis obligé de faire re- marquerauRoy la valeur de la Brigade de la Falete , & de fon Regiment en particulier anffi-bien que de celuy de M. de Cayeux , &fingulierement ce qu'a fait M. de Villars dans le cours
decetteAction. Il fut avec ſon Regi- ment souvent meſté avecles Ennemis,
&toûjours avec l'avantage qui estdeû àsa valeur & àſa conduite. M. de Choifewil dans tout ecCombat amerité
Kij
220 LE MERCVRE
eaubcoup de loüanges , &que Sa Ма- jesté luy sçache bongré de son zele &
defon application en tout rencontre.
Il marque encor dans un autre en- droit , que M. de Choiſeüil & M. de Renty, menerent cette Affaire avec beaucoup de vigueur &de capacité.
Si leGeneral eſt content de tous ces
Braves , ils ont bien ſujetde l'eſtre de luy. On combat pour la gloire , &en leur rendant à chacun celle qui leur eſt deuë , il fait que la loüange de l'un eſt diférente de celle de l'autre , en ſorte
qu'elle ſe donne toute à la maniere donton s'eſt diſtingué ,ſans qu'il y ait rien de general. Mais s'il a renduju- ſticeaux autres, on apris ſoinde repa- rer l'injuſtice qu'il s'eſt faite , en ne diſant riendeluy. Voicy de quellema- niere enparle la Relation d'un Officier General , qui a autant de cœur &de conduite , que d'intelligence dans le Meſtier de laGuerre..
Ie n'ose rien dire de Monsieur le
Mareschal , parce que je peindrois mal Sa Valeur&Sa capacité; maisles ordres qu'il a donnez à son ordinaire , &la
GALANT. 22-1
diſpoſition qu'il apporta,fit le gain de ce grand chaud Combat , &je puis dire avec tous les Témoins de cette
Action, qu'il ne faloit pas moins qu'un Homme comme luy pour la mener à une,
fin glorieuse.
Vousvoyez , Madame , que toutes ces loüanges ne ſont point de moy;
mais quand par modeſtie Monfieur le Mareſchal de Créquy oublie M. le Marquis fon Fils, je dois vous dire qu'il eutunChevalbleſſé fous luy,&
qu'il fit par ſa valeur &par ſa conduite des choſes fort au dela de ce qu'on
pouvoit attendre d'un jeune Guerrier dequinze ans , car il rallia des Trou- pes,& les temena au Combat avec beaucoup de fermeté. M. le Marquis dela Ferté fit paroiſtre un courage di- gne de luy ; & à la maniere dont il ſe fignala , on auroit deviné ſans le con- noiſtre ,de quel ſang il eſt ſorty. M. leMarquis de Luzerne fit des merveil- les. Son Cheval fut bleſſé , & il eut
cinqcoups dans ſes Habits. M.leCom- te de Schomberg dont j'ay déja parlé.
en receutun dans ſes Armes. M.le
Kiij
222 LE MERCVRE
Marquis de Neſle ſe fit fort diftinguer,
auſſi-bien que M. le MarquisdeMon- teffon&M. de Boleſme. Ce furent M.s
de Valbelle &deBérange, qui firent cettebelle Action de ſéparer les Che- vaux Legers en deux Troupes pour s'oppoſer à deux Escadrons , ce qui contribua fort au gain de cette Jour- née. M. Marin que je vous ay déja nommé, avec ſon Eſcadron desGardes du Corps , en batit un de Cuiraf- fiers , &deux deMontecuculi. Il eut
deuxEtendarts ,&avoit pris unTimbalier, mais le Cheval du Timbalier
ayant eſté tué , il fut contraint d'abandonner les Timbales. Un Garde de ſa
Brigade prit leGeneralMajordelaCa- valerie de l'Empereur, &un autre le Lieutenant Colonel de Montecuculi,
fort conſidérable dans l'Armée , puis
qu'ilrecevoit les Ordres de ceGrand
Generalqu'il donnoit au Prince Char- les. Dans mapremiere Lettreje feray àmon ordinaire , & vous parleray en peu delignes de la Maiſon &du meri- te particulier de chacundes Braves qui ſe ſont faits remarquer. L'oubliois
GALANT. 123 vous dire que Monfieur de Saint Eſteſve fut undes premiers qui fit pa- roiſtre l'impatience qu'ilavoit de combatre, en courant reconnoiſtre les Ennemis , fuivy de M. de la Meſſiliere
Cadet dans les Gardes , qui eut ſon
Cheval bleffé. Il eſt de la Compagnie deNoailles , &l'on ne peut rien ajoû- terà ce qu'elle afait. Nous pouvons dire que nous n'avons rien perdu dans cette grande Action , ſi on compare noftre perte à celle des Ennemis. M. deHaubourg&de Dunefort Exempts,
onteſté tuez; & Mrs de S. Vians,Montaſeau & Guillon , auſſi Exempts ,
b'effez. M. de Valencél'a eſté pareillement.
Quoyque je vous ayedéja nommé Mrle Duc de Vendoſme parmy les Braves , ce ſeroit luy faire tort que de ne vous en rien dire de plus. Iln'eſt pas des Amis du Prince Charles qui s'eſt plaint hautement de luy , mais cesplaintes font les plus grādes loüan- gesque nous luy puiſſions donner ,
puis qu'il avoue que ce jeune Prince a beaucoup contribué à luy dérober la
King
224 LE MERCVRE Victoire qu'il s'eſtoit promiſe par toutes les raiſons que j'aymarquées.
Il eſt certain qu'on ne peutaffez ad mirer l'intrepiditéde M.de Vendoſme.
Voyantdeux de nos Eſcadrons pouf- ſez par cinqdes Ennemis , il y courut à toute bride l'Epée àlamain, les ral lia , ſe mit à leur teſte avec les Officiers,&poufla & vivement les Trou- pesoppoſées, qu'elles furent contraintes d'abandonner le Comte de Naſſau
&d'autres Commandans,qui onttous eſté pris ou tuez. Cette Action ſe fit enpreſencedepluſieurs Officiers Ge- neraux &de M. le Mareſchal de Créquy meſme , qui furent ſurpris de le voir revenir fans eſtre bleſſe , quoy qu'iln'euſtiny Cuiraffe ny Pot en te- ſte. Ils luy firent un Compliment dea &à ſa Perſonne &àſon merite , &le prierent en meſme temps de ne vou- Loir plus s'expoſer de la forte, pour ne pasmépriſer tout--à-fait les faveurs du Ciel.
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Résumé : Tout ce qui s'est passé à la Iournée de Kokberg, avec les Noms de tous ceux qui s'y sont signalez, & leurs actions les plus remarquables. [titre d'après la table]
Le texte décrit des événements militaires autour du Rhin, impliquant les forces françaises et leurs adversaires. Le maréchal de Créquy, après sa victoire sur le prince d'Eysenach, est laissé en poste près du Rhin. Le prince d'Eysenach, réfugié sur une île, obtient un passeport mais hésite à l'utiliser, ce qui lui assure une sécurité relative. Pendant ce temps, le prince Charles rejoint les troupes du prince de Saxe à Philippsbourg. L'Empire et l'Espagne, désespérés par la campagne perdue, prennent des mesures pour renforcer leurs troupes. Le ministre d'Espagne, conseillant le prince Charles, organise des secours en argent, provisions et renforts de diverses régions allemandes. Le maréchal de Créquy, diligent, se prépare à défendre la région. Il occupe des postes stratégiques, dont le château de Kokberg. Les Gardes du Roi affrontent un escadron ennemi, subissant des pertes mais réussissant à récupérer leur commandant tué. Créquy dispose ses troupes en bataille et repousse plusieurs attaques ennemies. Les Français, bien organisés et déterminés, repoussent les assauts ennemis et maintiennent leurs positions. La bataille de Kokberg se solde par une victoire française, avec des pertes ennemies significatives et aucun prisonnier français. Le maréchal de Créquy et plusieurs officiers sont loués pour leur bravoure et leur conduite stratégique. Le texte mentionne également la valeur des jeunes officiers, comme le fils du maréchal de Créquy, et d'autres nobles qui se sont distingués par leur courage. Parallèlement, le texte relate une action militaire impliquant la Compagnie de Noailles, qui a réussi à minimiser ses pertes par rapport à celles des ennemis. Parmi les pertes notables, on compte la mort de plusieurs exempts, dont M. de Haubourg, de Dunefort, de S. Vians, Montaseau, Guillon et M. de Valencé. Le Duc de Vendosme est particulièrement mis en avant pour son courage. Bien que le Prince Charles ait critiqué le Duc, ses plaintes sont interprétées comme des éloges, reconnaissant la contribution du Duc à la victoire. Le Duc de Vendosme a montré une grande intrépidité en chargeant des escadrons ennemis, ralliant les troupes et forçant les opposants à battre en retraite. Cette action a eu lieu sous les yeux de plusieurs officiers généraux et du Maréchal de Créquy, qui ont salué son courage et l'ont prié de ne plus s'exposer autant.
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13
p. 44-50
A MONSIEUR LE DUC DE S. AIGNAN.
Début :
Comme les Charges & les grands Emplois font plutost honte / N'Est-il point fait cet Armement [...]
Mots clefs :
Amour, Guerre, Louis, Muses, Trésor, Vertu
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texteReconnaissance textuelle : A MONSIEUR LE DUC DE S. AIGNAN.
Comme les Charges & les grands Emplois font plutoſt honte qu'honneur ſi on ne les foûtient par le merite , heureux qui eneft liberalement partagé.
Je ſçay bien que la Cour eſt un grandTheatre où il paroiſt avec beaucoup plus d'éclat qu'ail- leurs; mais il n'y eſt pas fi fort renfermé qu'il ne ſe répande dans les Provinces ,&vous con- viendrez de celuy de M² Petit,
quand vous aurez leu ce que je vous envoye de ſa façon, C'eſt uneEpiſtre enjoüée qu'il adreſſe àMonfieurleDucde S.Aignan,
qui a pour luy une eſtime tres-
GALANT. 31 particuliere. Le ſtile en eſt libre,
&vous y trouverez un tour aile qui vous perfuadera aiſémentde de ce que j'ay à vous dire à l'a- vantage de fonAutheur.
YON
A MONSIEUR693
*
LE DUC DE S. AIGNAN.
'Est- il point fait cet Armement Qui depuis lõg-temps vous оссире?
Apollon s'en plaint hautement ,
Ainsiqu'Amourle Dieu charmant ;
Et lebeau Sexeporte jupe.
Quoy, Seigneur , ne parlera- t-on Ence Siecle que de Canon ,
Que deprendred'affaut des Villes ,
Quedepunir les Ennemis
De leurs manieres inciviles
D'oferſefrotter à Loüis,
LepremierHérosde la Terre ,
Sçavant au noble Art de la Guerre ,
Tout comme celuy qui lefit ,
Biiij
32 LE MERCVRE Etdont lagloire retentit
Mieuxquele bruit deſon Tonnerre ?
Nostre Parnasse eſtſans Laurier ;
Mais qui pourroit à ce Guerrier En fourniraffez poursa teste ?
Les Muses mefmesſont àbout ;
Elles pensent avoir dit tout ,
EtleurChant ſur une Conqueste Vient àgrand'peine de ceſſer ,
Que lasurprenante nouvelle D'uneautre &plus grande &plus belle,
Lesoblige àrecommencer..
Enfin ce Conquerant terrible LaffeMuses, Chefs &Soldats,
Etparcequ'il est Invincible ,
Il nese trouve jamais las.
Mais tandis qu'il tient dans la Plaine Ses braves Héros en haleine ,
Apresbiende tristes belas ,
MilleBellesdifent enlarmes,
Ah, mauditegloire des Armes ,
MauditsAfsants , mauditsCombats,
Quevousnous caufezde triſteſſe !
Quenousperdonsde doux ébats ,
Etquetant debelle Noblesse f
GALAN T. 33 Seroit bien mieux entre nos bras !
Mais que voulez vous davantage ?
Grand Monarque, vosEnnemis,
Nefont-ilspas vaincus,soumis:
Detous coſtezpliantbagage?
Laiſſezdonc Mars avecsa rage ,
Etrendant à l'Amourhommage,
Daignez nous rendre nos Amis.
Vous n'y perdrez rien, digne Prince,
Non,Grand Roy,vous n'y perdrezrien,
Nos amoursdans chaque Province
Feront naiſtre des Gens de bien.
Ceseront des Sujetsfidelles Dontfepeuplera voſtre Cour,
Mafles bienfaits,belles Femelles,
Tous Enfansde Mars &d'Amour..
N'ont ellespas raison,ces Belles ?
Ieveux vous en prendre àtémoin,
Vous ,qui toûjours avec grandfoin Fiftes mille choſespour elles.
L'Amour n'est- ilpas plus plaifant Que la Guerre,dont lafurie Jamais n'agit qu'en détruiſant Letresor des tresors, lavie ?
Ony, tout compté, tout rabatu,
Seigneur, l'amoureuse vertu
2
:
Bv
34 LE MERCVRE Vaut mieuxque la vertu guerriere.
Celanesepeutcontester,
Carenfin donner la lumiere Estplus nobleque de l'ofter.
Quoyqu'il en foit, poursatisfaire Auxjustesplaintes deces Dieux,
Et pour appaiser la colere Demille Dames aux beauxyeux;
De ces Rimesqui sçavent plaire Reprenez l'agreable employ ,
Etfurvostre charmante Lyre Dontpar tout lestons on admire,
Chantez Loüis, nostre Grand Roy ,
Enfuite,chantez les tendreſſes Del'Amour le Dieu des douceurs,
Etces vingt ou trente Maiſtreſſes
Dontvous avezgagnéles cœurs.
Je ſçay bien que la Cour eſt un grandTheatre où il paroiſt avec beaucoup plus d'éclat qu'ail- leurs; mais il n'y eſt pas fi fort renfermé qu'il ne ſe répande dans les Provinces ,&vous con- viendrez de celuy de M² Petit,
quand vous aurez leu ce que je vous envoye de ſa façon, C'eſt uneEpiſtre enjoüée qu'il adreſſe àMonfieurleDucde S.Aignan,
qui a pour luy une eſtime tres-
GALANT. 31 particuliere. Le ſtile en eſt libre,
&vous y trouverez un tour aile qui vous perfuadera aiſémentde de ce que j'ay à vous dire à l'a- vantage de fonAutheur.
YON
A MONSIEUR693
*
LE DUC DE S. AIGNAN.
'Est- il point fait cet Armement Qui depuis lõg-temps vous оссире?
Apollon s'en plaint hautement ,
Ainsiqu'Amourle Dieu charmant ;
Et lebeau Sexeporte jupe.
Quoy, Seigneur , ne parlera- t-on Ence Siecle que de Canon ,
Que deprendred'affaut des Villes ,
Quedepunir les Ennemis
De leurs manieres inciviles
D'oferſefrotter à Loüis,
LepremierHérosde la Terre ,
Sçavant au noble Art de la Guerre ,
Tout comme celuy qui lefit ,
Biiij
32 LE MERCVRE Etdont lagloire retentit
Mieuxquele bruit deſon Tonnerre ?
Nostre Parnasse eſtſans Laurier ;
Mais qui pourroit à ce Guerrier En fourniraffez poursa teste ?
Les Muses mefmesſont àbout ;
Elles pensent avoir dit tout ,
EtleurChant ſur une Conqueste Vient àgrand'peine de ceſſer ,
Que lasurprenante nouvelle D'uneautre &plus grande &plus belle,
Lesoblige àrecommencer..
Enfin ce Conquerant terrible LaffeMuses, Chefs &Soldats,
Etparcequ'il est Invincible ,
Il nese trouve jamais las.
Mais tandis qu'il tient dans la Plaine Ses braves Héros en haleine ,
Apresbiende tristes belas ,
MilleBellesdifent enlarmes,
Ah, mauditegloire des Armes ,
MauditsAfsants , mauditsCombats,
Quevousnous caufezde triſteſſe !
Quenousperdonsde doux ébats ,
Etquetant debelle Noblesse f
GALAN T. 33 Seroit bien mieux entre nos bras !
Mais que voulez vous davantage ?
Grand Monarque, vosEnnemis,
Nefont-ilspas vaincus,soumis:
Detous coſtezpliantbagage?
Laiſſezdonc Mars avecsa rage ,
Etrendant à l'Amourhommage,
Daignez nous rendre nos Amis.
Vous n'y perdrez rien, digne Prince,
Non,Grand Roy,vous n'y perdrezrien,
Nos amoursdans chaque Province
Feront naiſtre des Gens de bien.
Ceseront des Sujetsfidelles Dontfepeuplera voſtre Cour,
Mafles bienfaits,belles Femelles,
Tous Enfansde Mars &d'Amour..
N'ont ellespas raison,ces Belles ?
Ieveux vous en prendre àtémoin,
Vous ,qui toûjours avec grandfoin Fiftes mille choſespour elles.
L'Amour n'est- ilpas plus plaifant Que la Guerre,dont lafurie Jamais n'agit qu'en détruiſant Letresor des tresors, lavie ?
Ony, tout compté, tout rabatu,
Seigneur, l'amoureuse vertu
2
:
Bv
34 LE MERCVRE Vaut mieuxque la vertu guerriere.
Celanesepeutcontester,
Carenfin donner la lumiere Estplus nobleque de l'ofter.
Quoyqu'il en foit, poursatisfaire Auxjustesplaintes deces Dieux,
Et pour appaiser la colere Demille Dames aux beauxyeux;
De ces Rimesqui sçavent plaire Reprenez l'agreable employ ,
Etfurvostre charmante Lyre Dontpar tout lestons on admire,
Chantez Loüis, nostre Grand Roy ,
Enfuite,chantez les tendreſſes Del'Amour le Dieu des douceurs,
Etces vingt ou trente Maiſtreſſes
Dontvous avezgagnéles cœurs.
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Résumé : A MONSIEUR LE DUC DE S. AIGNAN.
L'auteur d'une lettre et d'un poème adressés au Duc de S. Aignan souligne l'importance du mérite dans l'obtention des charges et des grands emplois. Il compare la cour à un théâtre où l'éclat est visible et se répand également dans les provinces. La lettre mentionne une épître écrite par M. Petit, très estimée par le Duc de S. Aignan. Le poème qui suit interroge sur la préparation d'un armement et déplore que l'on parle uniquement de canons et de prises de villes. Il exalte les conquêtes du roi Louis, comparé à un héros invincible. Les Muses, bien que fatiguées par les constantes victoires, doivent recommencer à chanter de nouvelles conquêtes. Le poème exprime ensuite la tristesse des belles dames face à la guerre, souhaitant que le roi rende les amis et laisse la place à l'amour. Il argue que l'amour est plus plaisant que la guerre et que l'amour peut faire naître des gens de bien dans chaque province. Le texte se termine par une invitation au Duc de S. Aignan à chanter les tendresses de l'amour et les maîtresses dont il a gagné les cœurs.
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14
p. 132-170
RELATION DE Mr DE POINCTI.
Début :
Quoy que vous ayez déja veu dans la Premiere Partie de ma / Le 22. Juillet, Mr du Quesne ayant à la Rade d'Alger [...]
Mots clefs :
Alger, Galiotes, Abraham Duquesne, Bombes, Galères, Attaquer, Guerre, Vents, Canons, Bombe, Soldat bombardier, Chevalier de Tourville, Chevalier de Lery, Esclaves, Ennemis
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RELATION DE Mr DE POINCTI.
~oy que volls ayez déja veu
dans Ja Pren1iere Partie de n1a
Lettre une Relation fort exa.éte
de tour ce qui s1eCt pail'ë devant
Alger> j:ia y crû vous devoir en ...
cor envoyer celle de I\1lr de Poin~
ét.i. Elle efr icy dans une efl:in1e
GAl~ANT. 1~3
: fi genérale, qu'elle fidt feule 1'C-
; loge de celuy qui ra· écrire; c~eil:
pourquoy je ne vou~ diray rie11
à fà gloire, puis que {on Ouvrdge
_ parle, & fait con11oiftre qu2u11
.: Holntne fi brave ne f'iair Eas
· n1oins bien fe fCrvir de la Plome
i. que de rEpée, & qu'il parle auffi
: bù:n qu'il agit.
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~?J~· ~e:.J· êl~~~~J~~ è!~èJ~~~
RELA_1~It)N
DE Mr DE POINCTI.
E 21. JuiIJct , Mr du QE_efne
~~yant à la Rade d~ Alger
joint les Galiotes qui y cfl:oiè11t
[[rrivée.s dés le 17. efcortées par
le sg: Foran, 111011tant J' Etl'iUt, &
13 4 l1\ ~ li iER4;r~~ l' JR~ .. ·3-~p...-J
qui y avoienr trouvé les Cheva ...
Jiers de Tourville & de L!.:ry, l'un
Lieutenant G-ener~1l , & 11autre
Cl1ef c.1JEfcadre, avec lix \l"aif ..
feaux; les Forces defl:inécs con ...
t,.e Alger, confi!l:oient en onze
VaiiTeaux de Guerre, quinze GaJercs,
cinC] Galiotes, dcPx Brû..,
Iots,quelgues Flufres,& quelques
IP' tJ 9 ! arra11es.
On f ongea. auffi. ~o!l: à fe n1et-
tre en , ri' .. ' et~t t u cxecutcr cc q t1 on
avoit projetté ; niais con1n1e il
falloir de néccffiré gue1qnes
jours pour cl1arger les Bon1bes,
& dilf>oièr le8 Galiotes con1111e
elles devaient efl:re pour f'exé ...
cution, Mr du ~efnc ayant efté
averry qu•il y avoit deux petits
Vai[fa.ux à Serfelle) prit cet
intervale pour les aller brûler, &
GALJ1\~~T. 131
y n1ar·cl1a avec fon Vai1feat1, le
j J'rNdent, le Teméraire , & t, Eole,
~J con1tnandez par le Chevalier
-~: de Lerv, B ea.t1 lieu, & Infreville,
.Il
: & huit des quinze Galeres, à la.
~~ teH:e dcfCJuclles cfroit le Cl1eva:
i lier de Noailles leur Lieu tenant
~ !i GeneraL L'un de[dirs petits VaiC.
~ [eaux fut brUlé Dar nos Cl1alou- ·~ \ .1 j pcs, & les Artifices n1anquerent
.··~~ .. fiJr l'(tutre. La Place fut cano .. -
;~ née, & cJle ri pofl:a d:; n1~fn1e. 011 ·
t.
;~l n ~a poîn t fceu au j u fte quel do 111-
~ 111age on y avoir f,1ir. De nofl:re
.'.4 pa.rt, nous y eufi11es prés de qu1~
:;.1 ranre Hon1mes tuez- ou l1Je1fez .. . . '
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de F-2"nneJon Enfeione de Navi ... l ~
r~ ~qui y a eu la ja1nbe en1portec
.
Mrdu ~efne de retot1r:> on crût
Ij6 tERCURE
.attaquer Alger le 28. a1ais une
groflè Lan1e du N ordefi, faifc1.nt
craindre du vent de ce coflé .. là ,
<]Ui eft le dangereux, & donnant
trop de n1ouvemenr aux V~j(:
feaux pollr qu ·on pu1l: tirer., on
fut contr~Ünt de iùr!Coir ju!qL1eç
au 5.. d' Aoufl: , tout ce r:en1p.s s'étant
paifé ei1 Brifes viol~ntes de
N ordeft , qui laiifoient la Mer
agitée, 111eünc lors qu'elles avoient
ceifé; mais enfin ltt Vent
s~efrant rangé au Oiiefr- Nord~
oüefi, qui fait là des Brifes réglées,
f u1vie.s de caltnes, on fe
chfpo(a à n1archer {l1r le foir , la
réfolution ayanr eflé prifc de faire
cette attaque de nuit, afi1~ que
les Ennemis profitaifent m:>ins
du temps qu,il ra.ut metrr~ à s2entraverfer,
pendant lequel on ne
GA~ LA tt~~1~·. I ~-7;
f.'Üt que îOuff1:ir du fe.u tn fans .enj
pou voir t:1ire ~
A. Co1n1rie l}Ordre de la Couf-·
eil:oit pofirif, LJHe Vaiifeaux, Ga ..
leres , & Galiotes, co111 batilfent,,1
Mr du ~eii1e a voit de cette !Or.-..
te diipof é les chofes.
Lt Sirint - ~/}rit, qu'il 1nonre
cette Can1pagnc, ren1orguê patl
deux Galcres, fe devoit aller po=ficr
N ordeft 8-l Sorroüeft de la~
Tour du Fanal; deux Galiotes-.
ren1orguées par une Galere fur.
f~1 gauc be, c 1 efr- à dire vers le
Sud; & J,~s trois autres mcnées.-
}Jar deux G-~leres fur la droite Î}'·
cfocft ... à-dire vers le Nord .. Tous ..
le~ VaiLTtaux en iùite s;>érenda11evers
le Sud &. v.ers le N.ord, de~
voient forn1er un Croifl:tnt au~r.
our du Mur ... qui fair la clofEuret
OtCZ:Obrc ~.~P~- M ..,.,,,,;
8 ~~ n <t-foM.t~ ÎR ~ J 1 1 . .t~ ~ "l~~.~ u ~ î!
dLt Port ; & chaque Galerc re_
inorguant un v~üffi~au, a prés l'avoir
n1is à fan Polle , fe devait
placer dans Jes întervales.
On con1n1enc;a à n1arcl1er
pour forn1cr cet Ordre de 13~ltai[_
le; niais la Brife ayant duré j uf:
<] ues fur le {àir_a!fez rard.,on n'avoir
pll. plûto{l: fe n1ettre en
nïarche, & la nuit nous ayant
ft1rpris avant que cl1acn11 11u!t
efrre dén1cilé , Mr du ~efne
voyant qu'il ne pouvoir cette
nnir ~ttta.quer qu, ~11 déford.re,
prit (1 ·~rec beaucoup de {3.geiTe, le
parry de 1notiiller où il fe trou ...
voir'Jc:~cfr-à-dire un peu plus prés
de L1 Ville qL1'auparJ.vant, & d,ar ...
tend t"e au Ie11den1ain à rcdreifer
ce qui n'efi:l)Ît pas a ('l place i
n1~us ce lc11den1ain les Vents re~
.J
.J
- ~
. -~1.
·r
.,.
' -.
.. -.
. :;.
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·~
G1\I.~Al~~T. 139
fituterent an N ordeft , & firent
perdre tot1t efpoir & toute pet~iëe
d'attaquer, parce c1u\~1 ff:él:1-
vcn1ent dés Ja 111o!ndre haleine
d c V cri t de c ~-? co {1:é ! à , la M · r
~'cnfl.-~ tj'unc n1aniérc extraordinaire
; & cc q u'îl y a de cruel;t
c\:f1:: que les rrols C]llârrs dtt
tcn1ps) ce Vent rcgnc dans cette
~ \_ ~ Il a de~ <-1 ll c j 'a y d.' ailleurs trouvée
pl us d1ficil e q u' 011 ne t11e l;ta voit
-... ,.
t1 ·.:T l"( 1"" ,,.,. t"
J ~ ~ ~· - r ..
l.
N nus dr1TH=:n r~l.n1es dans cette
fitL1ari{JnjufèJu'au 13 que les Vents
efl:.1nt enfin dc{ècnd us a l' 0 üefl:
N orroi_iefl: , nous firent cfperer
du caln1e pour la nuir fi.liv~1nte;
& certainc1ncnt on ne pouvait
pas dcfirer des apparences -de
ternps plus f1vorable ; auffi fe
!11ir ... 011 en é rat d' e11 profiter, ~
1'1l ij
~., Jf r:,· 2 {.-,, ~ ~RE J 40 .f\f l i~.1 1, -~lJ .$.. '4
cette fc}ls cl11cun efr;1nr exaéte ....
n·1ent à iOn poftc, on con1menca
.. ' l ) " -' .. de n1~rcher a L en r:re~ d.':! Ia n u1 t
avec tant de joye de la part des
Eguipages, que tout le monde.
efl:oit plein (f heureux· prclfcntin1ens;
1nais av:Lnt ciue nous fuf..
fions à Ll portée du Canon , le ...
temps fè broitilla ~ il parut des ..
E·c lairs 'il le Vent f:~ leva') fit en tUl
inil:ant le tonr tiu Con1pas.,Ia Mer
·groffir,Jes Gr~iins perpétuels nous.
fàifoient crai11dre pour nos M.:~tsl).
i1ous eftions à la Colle ; &· les.
Galeres, loin de lTous {ècourir ,.
efioient elles-n1efincs dans u11e
grande exrrémi té. H eurcufcn1ent
lcVen.t fe ten;.inr pendit quelque
tern ps du cofl:ê de la Terre,. les,
Vailîèaux firent voile & Ce mirent
.au largeoLes G;al.ercs_,fe fauvere.nt·
GAL,ANYT. r41
41 I:r.. Pointe du Cap cle l\1etifou .;:.
niais les pauvres Galiotes quiil
:ivoit fa lu pref que defagréer,pour·
Jai!.fer le jeu des Mortiers libre,~.
el1oienr dans une aflèz périlleufe·
contenance. Chacun neann1oit1s.
fc fccour<1nt foy-n1c!l11e dans ce
befoin '.) 011 rcpa!fa en di1igen€e·
quelques 1v1ànoeuvres.1 & f,tifant
volle dll H·unier1 à !)a.ide du Vencde
Terre, nous nous retirân1es à.
travers rorage,qui dura route la.
!Il
11 Ll-I t.
Cette di~!;race nous penfa o,fter·
tout efpoiro Il falloit que les Ga..,_
lcres, qui· fc !ùr~pafl:1nt elles-1nê~
rnes.j den1euroie11t avec 11ou.s de ..
puis 11uit jours, à bo-ut de toutes
fortes de vivres., parti!fent enfin
forcées par la. difetre de toutes,
chof es ; outr~e qu:e -c:e_s fortes de.· -
142 ~AERCURE
Bc1fl:in1ens (ont toûjours dans
certe Rade à detJX doigrs de leur
pcrrc, & dans l,abfence des GaJ~
res, il paroirfüir afièz dificile de
placer les G alio rcs ., de 111 aniere
t]U,on en tirafl: le !ervicc qu'on
• 1
~vo1t atten{1t1.
On paffa dans cette încertitu~
de, & dans le n1auvais ren1ps qni
continua jufgu'au 16,. que rv1r
du ~efi1e ayant in1;lginé un
n1oycn de Eonduire les Galiotes
prer c. Gl u l\ v,l~ u i .. ( l) J.:;',\. . 1g er, <Q.. .X. sl y e' ra.nt
~onfirn1é par le fenrin1cnt des
-Cl1evaliers de T ourvillc & de Le~
ry~ envoya porter par les Cha~
loupes des Ancres vers 1e 1Port à
une dif1ancc qu" on crut raîJOnna~
ble ~ & cin q V aiifeal1x furent
détachez') pour e11 s'approchant
.u11 peu plus que les autres; pren ....
' ..
G ALPi.l~T- 145
dri le bout c.{es An1arcs de ces
Ancres, & foûtenir les Galiotes
qui a~ devoient hiller deifus, &
s'entraverfèr lors qu'elles !èroienc
ailèz proche, fe rel1allant tot1t
de n1·~ii11~ juf qu\tu V ai(feau pour
le retour e
Le Vigilant, montê par le CI1e ..
-r.l 11 ier de Tourville J qui renait le
n1ilieu , & devait ef\:re vis-à vis
de la Tour du F~inal,avoir l' An1are
de id c·r1,cfle,; fur la droite .. !~
rai!lttnt, con1mandé paï Beaulieu>
a voit 11 :\rr1are <..i.~ la 1Y!tPJttçtt1;
1e, dont Goïtou a le con1n1ande1nent
5 & tout au Nord, le Che ...
valicr de Lery fl1r le Pruiient =a
voir celle de Lt Brâlttnte, coin~
111andéep.1r D:z~.:Tbi~rs,& Longcharnp
fous luy. A la g:1 t~cl1e du
Cl1evalier de T ourv illl:, F ora11
~44 lVlE F~ CîJ,R E
fur /' Etoille a voit 1, An1are de fit ..
.. Fo1Jd,-oy11nte ,. nlonrée par Boif.. .
f,ier; & tout àu Sud, Belle-Ifle
avec I e La11ricr.,. a voit celle de la
1Jorn.h4rde , con1n1andée par de
·Con1be, & dans la(1uelle ctloit
e1nbarqué Ca111elin , c~ pit~ine
,;i.e B.o-rnbardiers de Terre , en ...
\ 1oyé p.ar le lloy p.our cette Extlédi.
tion. J.
Cette maniére de fétÎre la Guer_
re eftant taure nouve He, les cl10~
.fcs ne purent c!l:re exécurées
av.e.c to·utc la jufreffe quio11 aurait
pû defil"era .Catnelin , qui
d~ailleurs travailloit avec beau ..
·Coup de zclc & d'a.ppljça,tion ~
n\1va.nt aucune connoifl~ince des
" ~l1ofe s de la M·~irine., ne pouvoic
pas f~avoir com1ne il fe fallait
p.o.frer danfi c.ett.e occafton ; de
forte·
GALANT. 145
efQ-rre que les Ancres fe trouv~
renr placez trop prés les uns des
auri-es ·; & les objets paroiffant la
t}uit: plus prés qul'ils ne {Ont effe ...
C1ivc-ment , elles efl:oient beau-coup
plus loin de Ja Ville qn•o11
n\ivoit prétendu. De cela n~iquirent
deux i11conveniens ; l"un,
que les Galiotes arrivantfL1r leur$ .
Ancres, fe trouverent ~u abordée5
1 ou pour le n1oins e1nbarraifées
les unes par les autres; &
raucre,que les Bombes allaient à
peine jufques dans le Port l &:
point du tout dans. la Vi lie.Nous
rnarchân1es enfin le foir du ::.1~
Aoufi:, le temps ne )$ayant pas
pern1is piùrofl: ; n1ais !Jt A mare
de fa -'-'! elfilCdnte S~ ercan t trouvée j
~~inbaraffée, elle 11e put arriver
que lon~ren1ps aprés, & elle fut
Oélobre 'k.P~ N
146 1E R C~URE
obligée de fe mettre da11s-un a.u..;
tre 11 ofl:e q11e celuy qui luy
fî1oit marqu·é:, /tt BrÛ/tJnte & i11oy
entre qui elle devoir efire, nous
efranr troL1vez· abordez en nous
entraverfant. La FgudroyAnte, qui
efl:oit fur 1na gaucl1e,efl:oit prefie
à ine toucl1er ; inais la Eomb11-rde
qui fut un peu plus lente,!è trou~
va raif011nablement éloignée de
nous. La Fo11dro.Jdnte commença
i tirer; je fui vis, &. la BrÛ/4nte un
mo111ent a prés. Les Ennen1is 111i.,,
rent feu à huit ou dix Canons ,
iàns en tirer davantageft Pour
nous 1 nous vîmes avec beaucoup
de déplaifir nos Bo111bes arden ...
tes, fur lefquelles on fe fondoir,,
principale1nenc dans la veuë
qu'elles brùleroient les Vaiifeaux
enne1nis;) c.réver toutes au f ortir
GALAN-T- 147
d:u Mottier; & nos Bombes ·ordinaires,
ou créver auffi, ou excepté
deux ot1 trois , ne porter pas
jufques à la Ville~ Dans ce chavrin,
011 ti-roit encor quelques
cV oups') lors qu ' un c.ie tnes l\;fortiers
)chargé d1une Bombe ardente,
ayant f:1it f:.1ux-feu,& la Bombe
continuant à s'enflân1cr fans
partir, je 111e vis red ui t à fou tFrir
JJincendie que je crus inévicable ..
Les Soldats Bon1bardiers de Ca...:
rnclin, qui i1,avoient entrercntt
mon EC) uipage que· des horribies
ravages de ces Bon1bes ~1rdentes
pref -cl1ant cerc:e fois d,cxcn1ple ''.)
& s>~fiant., à rexceptio11 de leur
Sergent & de deux ou trois autres,
jetrez à la Mer;; ou dans les
Cha1oupcs qui portaient nos
~1unitio11s, furent fui vis par la
N ij
148 ERc·uRE
plus grande partie de mes Ge11s,
cl1acu11 fe précipitant otl il pou ...
voit pour éviter la flânie. Et en_
fin, quelques ... uns de nies Offi.
ciers Mariniers efrant rcfrcz fi1r
l'Arriere,je n1e trouvay feulavec
111on Concren1aître, fur 1' Avant
oit cfl:oit le feu. Landoüillet1
Co1nn1iiîaire d1 Artillerie (.ie Ma~
rine, & Ilenau1t, deux de 1nes
an1is, qui ayant bien voulu s:.em~
barquer avec 111oy, voulurent
bien auffi ne me pas ab:i 11donn
er, deri.1eurerent à la Baterie
de derriere où ils efroient. Cependant
la Bon1be jettoit [es
Grenades & du feu gros con1n1e
deux Hommes, & je nie voyois
couvert de flân1es, ayant quaran ..
te Bon1bes ardentes dans la Ga~
.li ore, & tant d' at1tres chofes dans
GALANT. 149
un Navire propre à. s'cnflân1er.
Nous prîlnes 11eann1oii-1s la-réf o ...
lurion n1on Contren1aîcrc , u11
Soldat Bon1bardier qui ine ~int
joindre & rn o y') de _ te i1ter cl' é~
teindre le feu ; & con11ne 11ous
v'.1111es que les prémiers Séaux
d'eau Pa voient atnorty ,nous co11-
tinuân1es, & penda11t un infi:ant
:nous le crf1rnes éteint ; n1ais la
Bon1be reprenant vigueur, & les
Grenades & les Canons de M.ol1fw
guet qu'elle renfèr111oit, tirant dè
nouv2au ... la flâtne recon1n1enca. - ~ Nlais le pren1ier fuccés nous
nyant encouragez, nous retour-
1:â.n1es à la cl1arrre avec de r'eau"'\ 0 .+z
& enfin un de n1cs Soldats reve-
11u de fan épollvante, n1e voyant
....
autour du Mortier, y jetra un fi
grand Seau d'eau, que le feL1 :f é .., ·
N iij
1)0 M!!Rcu·R E
ceigt1j t à cette fois touc-·à-fait.
P lufieurs Chalot1pes qui étaient
autour de la Galiote, & que la
flân1e a voit obligé·es de .s1alar ..
guer, revinrent à bord. Le Sr Dcn1ont,
Lieutenant de la Galiote,
qtti pour quelque Manoeuvre
eftoit dans un Canot, fe rejerr::i. à
bord y voyant le feu .. Cepçndant
plufieurs Matelo-ts de ltt FouflroyitnwA
te, dont r A1nare iè trOLlVa COUpée
<.ians c-e d.é{Ordre, {C Jecceren·t
auffi à la Mer.
' Tous ces dé[ordres ayant fait
juger aux Cl1evaliers. deT onrville
& de Lery gui prenoient foin de
r At.a.que, CJU'il efl:oit à propos d:c
fe retirer~ ils en don11erent l'ordre,
que les Ennen1is nous Iaiffe ...
rent exéeuter L'lns nous inguié ...
ter , & à la pointe du jour 11ous
GALANT. 1)1
11ous trouvânies au mcf rne ea ..
clroi r d'où. 11ous eil:ions partis ..
Le n1auvais fuccés des Bon1-
bes a1·denres, la rarctC des beaux:
jonrs, & le pcril évident de fejouroer
dans une Rade auffi fca_
breufc que celle d,Alger dans
une faifon où les coups de Vents
d.evi~nnent frel1uens ~ fit croire
q ll~ on ne tente roi t plus rien cet -
~ .
te annee ; neann101ns con1n1e 011
avait re1narque que li quelques .
Botnbes ordinaires avoiét crevé,
if y en a voit eu pl u!ieurs qui n,a_
. ;- ,
voient 111anque que parce qu on
eO:oit trop éloigné, Mi: du ~eC
ne voulut bien faire une feconde
t~tntarive, & prenant des n1efures
{ ur ce qu1•- s ' e,_t o1• t patùr_er, o.n 11ort:t } e
26. d' aurres Ancres, que l~e Chevalier
de Lery fe cl1argea ,i,allc.~
N îiij
- - ..... ,.
152 MERCURE ~:.:'
1noüiller, & qui affez éloignee~ ..
les unes des autres , furent pla ...
cées à la portée du- PiftoJer du
Ml1r qui .f:'lit Ja clofture durPort_
Les Se11tinelles avant crié à nos J ~
Cl1aloupes , & !e Chevalier de
Lery pour réponfe les ay~tnt en ..
voyé pro11lencr , on leu1· cira
quelques coups de Ca11011.
Su~· le ..~ Ani ares de ces Ancres1
Jes Galiotes fe dif ooi(;rent à fe
~ baller,, Le 30. n'ayant pas fajc
plûtoft du te1nps propre, & le
pren1ier ordre ayan·r cfi:é chan ..
gé:. le Chev<tlier de Tourville qui
devoit rot~jOnrs avoir l;JAm~Jre de
lti Crttc!lt, alla n1oüiller vers l'entrée
du Port, où cette fois on ~
voulut placer cette GJ.liore,& le ·
Cl1evalier de Lery à r·autre cofté
tout at1N-oxd ,ayant t' r\mare de la
. r
r
'
.... ' . ,
' rJ_
1) .. ~
.~ . '
;.~'
-:.
:,•
~
..L ..1
1
.. . . -.
_, :i
, ' "'· · -
r GALANT; 1}3
:·:; IJ0Îl1111tc) & entre elle & moy fur
.f n1a droit~ 111 }dcnaçantt, aidée par
:} le Ttmt1·airc-; La BomhArde, par le
.J L.1uritr; & L~i · }'audroyantc, par/' E-:~
tfJi lie.
·. ~
.-·j Dans cette difpofirion nous
-:: nons avançâ1r1es'.) & ayant eu le
· bonheur que n1on Amare ne·
:-.· trot1v;:1 aucun en1barras ~ j'arri,;
vay en plafe pour n1e traverlèr &
:: til"cr q1.1elciue cen1ps, av.anr: qne
-~ les autres Galiores-fuffènt à leurs ~
_ PoH:es ) particuli·::-re1ne~1t celles·
~- du ~{ or~.:i, qui n1.1lgré toute la vi"
gilance du Chevalier de Lery,.
tardercnt un peu ..
Les Ennecnis ne fnrcnt pas fi
dociles cette fois que la pren1ie"°
re. Dés que j'·eus tiré, ils fi1~ent 1111
grand f ~u Llui dura toute la nuit,.
t111t ll!r n1oy que !Ur les al1tres
-·
114 Ell·ClJRR
Galiotes ;. n1ais com1ne j,efl:oi~
juftement placé tievant un grand
Flan c~on con1p toit aifë n1e nt que
po11r chaque Bombe, ils ripo:
itoient aux autres Galiotes qua.
tre ou fix coups de Canon :1 & à \
]a n1ie11ne vingt on vingt .. deux, 1
& quelquefojs n1én1e davantage5
1
& ils ne ciroienr que lors qu>on
merroit le feu à la Bot11be, ce feu
leur e11fcignant le but oli il fal ..
loit fraoer. l Ce Manége dllra jufques prés
du jour que les Chev~liers de
Tourville & de Lefy, qoi cerce
nuit., comn1e toutes les autres en ...
fuite, fe rrouverent aux Attaques
da11s leurs Canots, où s1emb3.rquoient
pour Volontaires les
Ducs de Mortcn1ar& deVi~lars,
Marquis de Bellefo11ds, Con1tes
.
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::i GALANT.- -155
·-~~ de Sebeville & du Cllala.r , &
:·:- plu fiet1rs a.utre.s, que f es Cl1e~a- .
Ji ers de T ourv1lle & de Lery ,d1sj
e,, donnérent ordre de fe retirer;
. ~ Jes Galioc:es qui avoient recell
.. ! plufieurs -coups dans le Bois, les
·i Voiles & les M~tnoeuvres, n"ell ..
-
' ren t nean 111 oins de mille ou douze
cens coups de Canon tirez par
les Ennen1is aucun Ho111me de
tué.LeComte deSebeville fur un
Londre que les Galeres avoient.
pris) & fur lequel on avoit mis
160. Hon1n1es, paffi1 la nuit entre
rentrée du Port & les Galeres
pour le~ fÜù tenir ; n1ais cc B afl:i ..
n1enr ne fè pouvant 1nanier, on
le de{~1rn1a enfuite.
Le let1demain on fceut par
quelques Efclaves qui fe :G1uve11:1
renr, que l'L confterna.tio11 efioit
' .
1)6 ERC!. "RE
extré111e dans Alger, qu'il y a voit
piL1ficurs MaifOns de rcnverf ées,
&:. quantité de Gens ruez. N ou,15
n'e11 eû111es neanrmoins un 1 afl:e ....
détail que par le Conful, envoyé
par les "Turcs quelques jours
apres , comn1e je le diray e11
fuite. On tira cette nuit cent
quatorze Bon1besb
~e1q ue tiiligence qu'on fit,
on ne pût {C tnettre en ét,lr de
retourner le lendcn1ain, & ce ne
fut que le fûir du 3. de Septen1-
bre , avec cetre circonfiance,
q n'a yanr cflé avertis par d\1utres
Efèlaves iàuvez depuis les
pren1iers 1 que les Algériens <i.rn1oient
la Galere l)llÎ eftoît rcf:
t-ée dans leuF Port, & quelques
Brigatins, pour venir enlever l.es
Galiotes, on en renfor~a les EGALANT.
157
quipages. ~"av~s de ces Efclav~s
ne fut pas 111uc1le; & co111me Je
1ne trouvais le premier au paffacre,
je 111e cr{1s obligé de prend~
un peu plus de {Oi11 & de
n1011de qne les autres , qui 11e
pouvaient eflre attaquées qu'a ..
prcs n10 y. P 1 ufi.curs Ca pi tain es
des Vaiilëaux qui i1·avoient point
efié co1nn:1andez pour s'approcher,
vinrent incoe:nit1J à cette .......
Action,&. parciculierement chez·
n1oy le Marquis de la Porte, Sc
Je Baron de P aliere.
Les En11e1nis nous laifferent
placer {3.ns nous inquiéter; 8c
con1n1e par les foins du Chevalier
de Tourville, & n1011 bo11l1eur
pJrt1culier ~ 111on An1are eftoit
tol1jou~s fani elnbarras, je pûs
l~ncor tirer quelque temps avant
.. ~
118 1ERCURE
que les autres Galiotes fuffent
en place, celles du Nord, c•efi: à
dire /4 Br#lante &.. la FfJNdroyanre,
qui fe halloient fur une mefme
Amare, s 'e!l:a11t: en1barra1fées
l'une avec l2'aucre, n'arriverenc
que tard. Les autres n1e Jû.i virent
d1ai1l:z pres6
Les Ennen1is ne répondant
point à nos Bon1bes co1T1n1e ils
a voient fair, ce filence fit juger
que leurs Bailin1t1ns eftoient del1ors
pour nous attaquer, & Ie
Major m,e11 vint avertirs En ef~
fet, un moment apres, la Cl1a ..
loupe qu'on a voit 1nife de garde
à l'e11trée du Port, fit le fignal
qui luy a.voit eité prefcrit en cas
de rencontre d'E11nen1is, & je
vis la Galere accon1pagnée de
quelque Briga11tin, voguer droi~
..'
1
1.
GAl~'. t'A\. N~~ - . 159
Qefrns ma Poupe~ En n1efn1e
temps les Cl1evaliers de Flavacourt
& de la Guicl1e, qui
comn1andoient les Chaloupes
de l~ Indien & dt' G,hevat
MArin :t 1n, aborderent , & me
renforcerent de tous leurs Equipages.
J' a vois i bord trente
Homn1es du Chevalier de Tour ..
ville 1 comn1andez par Blena(;.
Il y a voie outre cela une Troupe
d' Officiers qui eil:oie11t venus
V olonraires, plufieurs Volontaires
& Gardes de la Marine; de
!Orce que ne doutant pas que fi.
la Galere m·abordoit, ce ne fut
deiâvantageufemenr pour elle ' ,,
je faifOis faire filence pour luy
oiter la connoiilà11ce du n1onde
que j .. avois, qui alloic bien à fix"'
t!1ngts Homn1es; inais comme
•
i6o EJRCURE
elle fut alfez procl1e, un zele iit,,
di!èret a)1ant fait crier à quel..
qu~un, Yi"We le Roy, le refie ré_
po11dir, & dans ce ttunulte la Ga ...
Jere commen~a à faire feu de fa
Moufqueter-ie & de fo11 Canon;
n1ais au lieu de venir droit à inoy,
elle me prolongea. Je crûs a]ori
qu" elie n1e vouloit aborder par
la Prouë. J,y paOE1y pour y dond
ner ordre, faiianr fa1re en 111efi11e
ten1ps feu ·de Moufqueterie &
-d~ Artillerie, ce llui l~obligea de
faire pafie ... vogue pour fe retirer
de deffous, & elle alla fonder la
Me.n11çAnte qui efi:oit à ma droire,
&. qui l1a yant à peu pres reçeuë
de mefi11e, acheva de la mettre
en defOrdre ; de forte que fans
!Ça voir ce qu,elle fc1ifoit., elle fit
le tour de la BombArde , dont elle
· .,,., !\ J #
4
:.. ~. ...: ! nL~J·\. N~l ~ I 6I
·'.~ eff\.1ya le feu en regagnant le Mur
: dn Porr, le long. duquel elle fe
. retira. Avec cela j c n .. eu$ q u ~un
·~ Homn1e de rué d'un conp Ce
;: Moufquec ; & fc Chevalier· c·e
) Cornn1l nge, fur je croy Ie . feul _
] bleffé ii.1r Ill Jt1e1Jtifante, & De11 ..
:·_ n e v i 11 ~ tué . .
:_; Auffitofl: que la Galerc m1ellfê
~ dépa!fé, Fandotiillet qui faifoit
exécuter les rv1orriers 1 les ayant
prefts, j'inGft1y pour les. faire
_ JOlier pendant qu'elle eOEoit aux
· n1:tins, afin q uc les Ennemis 11e fe
p{1ifcnr vanter de nous inrerron1 ...
:l pre. On tira donc comn1e aupa__
, ravant , & nolls fifi11es par· là
.~ éteindre les feux de joye que les
:~ Femtn.es allt1n1oier1t da11s A.l\.lgert: -
·-~ croyant déja quel<1nes Galiotes
·. enlevées.
--~ OLCZ.obre i1P~ 0 ... ..._ . . ....
... -·.. ·,
'•
1
·i
_.-,.
~.
162 Iv1ERCURE
Le refte de la nuit fi! pa!fa à
coups de Botnbe de 11ofl:re part,
& de Cano11 de celle des Enne ..
n1is; niais un brouillard G épais,
qu'à peine en fe touchant fe
voyoit- on,. fit que le feu fut plus 1
lent de part & d'autre q-u•iI 11,au ..
roir efté. Il v eue cent Bon1bes ~ & environ fix cens coups-de Ca ...
non tirez , & 11ous 11ous retirâ ..
mes à 11oil:re ordinaire à la pointe
du jour avec p1u.fieurs coups dans
!es Galiotes 1 fans que per!Onne
c11 fur touchéi.
Ce jour qui efl:oit le 4. le Pere
VaCher , Con-f ul des- François à
Alger 11 vint a bo-rd de Mt dn
Q2efne dan·s la Chaloupe du
Çoncre.AdnTiral de Zélande, qui
efl:oit là pour le rachapt des Efclaves
cte fa Natio11> & dit que
GAL/\1'lT. 16~
}erflatin le Roy &. les principaux
d'Alger l'avaient envoyé chercher,
& l'a voient forcé de venir
vers Mr du ~efne, pour fonder
s'il y auroit lieu à quelque ac ..
comlnoden1e11t Mais Mx du
~efi1e répondit, qui.il ne pou ..
voie rien écouter de luy , & que
fi les Algëricns avaient quclCJue
cho(e à detnandcr, il fi1lloit qu,ils
con1lnenc;atfent par venir e·ux112
rnefi11cs. Ce Contùl s~en retour-.
na a vee cette ré·ponfe ~ in ais il
nous apprit auparavant que dans
Je~ deux nuits, dont je vie11s . de
Parler .. 011 a voit abattu cinQuante ~ # ~
l\1aif on s ; que la 111oi cié de la
fienne otl efl:oit la Chapelle, 5'.
la moitié de la grande Mo{ q uée.,
eftolent cornprifes dans ces rui~
nes, làus 1efquelles on co1111oif:
.o iJ
·~6 4 'i! ~; t l r~p u1~ ~ {~~,,1 uR~~
-!cit dCJa qu'il y a voit plus de cing
cens peri(J11nes en[evelies ; qlle
tout eftoit dans une contl:ern~ ...
tion cxtrén1e; que les Turcs fc
dé1n-en tJJ1t de letlr orgueil) loin
dt1 n1épri3 q-u'ils té\noignoient
pour les François il y avo-it quin .
. ze jon-rs, en par Io.lent alors avec
relp~a; que toutes les Fcn1n1e.s
& les En h1ns a voient quirré la
Ville.,. & qu'il a voit parLt trente
Hon11nes de ruez fur la Galere,
i la {Ortie qu.'elle avoit·faite, iâns
ceux q-uc 1,,on avoit cachez au
Peuple; & enfin il fupplia M[
du ~efD·e de fi1fpe11·dre Jes cho ...
[es au n1oins ponr ce jour. Mais
co rr1 n1e il fit fort beau,.011 ne crûe
p.:t~ dcvoi r perdre ce te1n ps, &
nous n1.arcl1âtnes à nofire ordiJ
i1a1rc la. nuit dt1 q uacte au cü1UJ
GAL,il\NT. I6,·
. quién1c , a vcc cette exception
que 1' A mare de la Me'lltrça?Jte
a)~ant efl:é coup Ce le f oir precé ....
dent , & G oiton qui la co01 n1ande
s'eftant bleifé àla tefl:e par
une cl1ûte, cette Galiote, non,
plus que t~ B,-ûlante, ne pdt eil:re
de l'expédition ; j, eus eiicor le
plaifir de tirer quelques Bombes
av,inc que les autres Galiotes:
futfent placées. Landoüillet faifoit
toltjour executcr les Mor~.
tiers dans la Crue/le 1 Et quoy que
pa-r un cerrain I1~izard toure la di~
reétion en fut rolnbée encre les
n13in.s d,_un autre.,. on connut af~
fez qu)il n\~ftoit pas inférieur i
celuy qui en cf toit chargé .. O·n De
tâch:-1 certe nuit qu•à don·ner d::111s
le Port, 1- fin de crev-er quelqu\.tn
des. Vaiifeaux, & on demeura j:u~-
166 ERCtJRE
qlf"au point du jour, co1nn1e on
avoit accoûcun1é de faire; & par !
un bonl1eur particulier, qlloy t
que les Enne1nis s'efl:ant ajuf tez,
donnaffent plufteurs coups dans
ma Galiote)il n'y eut perfonn~
de tué>~ _f en fus quîtte pour des
Mails & des Agrez. Mais la Brûlante
ayant le iOir precédent en fe
retira11t receu un coup de Canon
de foixante & quarre livres de
balle à fa Poupe, a voit eu de ce
mefine coup douze Hom1nes
tuez ou bl~ifez; & une Barque
qui efroit dans fon Voifinage,.
hllit d'un autre cot1p 111îs en p;10-
reil état .. Des deux Galere.s qll~..,
ont les Algériens , l'une eft.ant
à la Mer parut de retour au Soleil
levant de ce mefine jour, &
i~autre la ~int . recevoir au del1ors .
GALANT. 167
•
·.~ dn Port ; & con1rne on Jugea
~;1 d~in1 portalî~C d'üfter ~aux _Enne ...
111is la penfee que la Jonl1:1011 de
~ ce~ deL1x Galeres fut capable
~ d'111terrompre le cours des a~
él:ions , & qu'il fit encor beau
:; tout ce jour, -on fe prépara le
: foir à retourner à l'ordinaire, &
1 ·' en érat de faire partager le péril
aux Galeres, fi elles avoie11t tenté
quelque chofe, chacune des
trois Galiotes,_ la CrNt!le, la Bom~ ·
/J,1rde, & l.a FeuJrnyante ~ qui fe
trouverent prefies à marcher 1'.t
eftan t fortifiées par une Barque
dont 011 avoit auOE renforcé l'é·..
qui page .. - Mais dans l'"inftant que
r·on con1111en'ioit à n1archer,l,air
fe brottilla tout d'u11 coup, &
loit1 de c;on1batre, fit fOnger . à
prendre des précautions co11rre .
...
168 ERCURE
les accidens du mauvais ten1ps
qui fuivic effeél:iven1e11t, & qui
depuis a continué, en forte qu~il
n'y a eu aucllne apparence de
• • rien tenter ;. au contraire ne pou_
vant~, fâns l1n peril lnanifefie,
faire dans cette faifon où les tour ..
1nentes font fréquentes, refler
des Bafrimens qu7il faut ouvrir
de tous coftez pour le n1ettre en
état de f,tire leur cxecnrion , il a
fallu fe réfoudre à quitter la Ra.
de d'Alger., avec cette confola ..
tion , que fi 011 n\t pas dompté
cette Ville, 011 l\i au •11oi11s n101· ..
tifiée & trouvé un n1oyen in failli~
ble, ou de la détruire, ou de luy
faire de.tnandcr la Paix à ge ..
no11x~
Un- Efclavc fauvé Ie 9 .. nou~
apprit que le retour àe la Ga ..
ta lerc
..
:-~~i GAL• A3-N~.i • l 69
:~· iere dont ray parlé, a.voit retar-
:~ dë le départ d1un Chaoux defl:i;~
111é vers Mr du ~efne , pour Iuy
if venir faire des P ropofitians; mais
j }es Algériens connoi.!Iânt que la
::-î f Jan ce ne leur veut donner la
·~ P~tix que le bâton haut, &. ne
f pouvant ell:re de pire condition,
.,: ~voient réfolu de faire encor u11e .
; tentative avec le renfort de cet- ,
· te GaJere ava11t de pJrlcn1en ...
ter. Cet Efclave ajoûta que la.
nui:: derni~re, parce tl ue routes
les Bon1bes eftoient tombées
dans le Port, oit l'on avoir b;·izé
un Loodrel fracaf.Té tour r A V~tnt
d\tn Na vire ciui efi:oit fur les
Chantiers, & crevé les caftez
de deux autres ; on n, ~t voit\ disj
e, abatu que trois Maj{Ons 1 ~i:.
les Ro1nbes efl:oit11t totnbées
O[fobre l-a P. P . ..• .
. .. - .~. '. . . . -~ ..
... . .. T . _,;
.
"1
:-. ....
'
170 MERCURE
dans le Port, parce que !1011 n'a~
voit râcl1C cette 11uit qu'à détruire
leurs BaU.imens, je ci-oy pouvoir
dire que la 1naniere dont
leurs Galeres auraient eflé re_
ceuës, n'aurait pas contribué à
leur faire faire une Paix a vanta_
gellfC. Voila ce qui s'ell: paifé
cette année. Aparen]n1e11c qt1e
la procl1aine donnera de plus
2 r _tnds évene111ens.
dans Ja Pren1iere Partie de n1a
Lettre une Relation fort exa.éte
de tour ce qui s1eCt pail'ë devant
Alger> j:ia y crû vous devoir en ...
cor envoyer celle de I\1lr de Poin~
ét.i. Elle efr icy dans une efl:in1e
GAl~ANT. 1~3
: fi genérale, qu'elle fidt feule 1'C-
; loge de celuy qui ra· écrire; c~eil:
pourquoy je ne vou~ diray rie11
à fà gloire, puis que {on Ouvrdge
_ parle, & fait con11oiftre qu2u11
.: Holntne fi brave ne f'iair Eas
· n1oins bien fe fCrvir de la Plome
i. que de rEpée, & qu'il parle auffi
: bù:n qu'il agit.
'. :.-~:j
. . . '
. I-'.
••. ·:
1
. -' '. ' ..
:-·r
•
~ ~ ~(?J ~ .tt!;J n>· tê! il!.~~ ©:'!!J ~ ~
~?J~· ~e:.J· êl~~~~J~~ è!~èJ~~~
RELA_1~It)N
DE Mr DE POINCTI.
E 21. JuiIJct , Mr du QE_efne
~~yant à la Rade d~ Alger
joint les Galiotes qui y cfl:oiè11t
[[rrivée.s dés le 17. efcortées par
le sg: Foran, 111011tant J' Etl'iUt, &
13 4 l1\ ~ li iER4;r~~ l' JR~ .. ·3-~p...-J
qui y avoienr trouvé les Cheva ...
Jiers de Tourville & de L!.:ry, l'un
Lieutenant G-ener~1l , & 11autre
Cl1ef c.1JEfcadre, avec lix \l"aif ..
feaux; les Forces defl:inécs con ...
t,.e Alger, confi!l:oient en onze
VaiiTeaux de Guerre, quinze GaJercs,
cinC] Galiotes, dcPx Brû..,
Iots,quelgues Flufres,& quelques
IP' tJ 9 ! arra11es.
On f ongea. auffi. ~o!l: à fe n1et-
tre en , ri' .. ' et~t t u cxecutcr cc q t1 on
avoit projetté ; niais con1n1e il
falloir de néccffiré gue1qnes
jours pour cl1arger les Bon1bes,
& dilf>oièr le8 Galiotes con1111e
elles devaient efl:re pour f'exé ...
cution, Mr du ~efnc ayant efté
averry qu•il y avoit deux petits
Vai[fa.ux à Serfelle) prit cet
intervale pour les aller brûler, &
GALJ1\~~T. 131
y n1ar·cl1a avec fon Vai1feat1, le
j J'rNdent, le Teméraire , & t, Eole,
~J con1tnandez par le Chevalier
-~: de Lerv, B ea.t1 lieu, & Infreville,
.Il
: & huit des quinze Galeres, à la.
~~ teH:e dcfCJuclles cfroit le Cl1eva:
i lier de Noailles leur Lieu tenant
~ !i GeneraL L'un de[dirs petits VaiC.
~ [eaux fut brUlé Dar nos Cl1alou- ·~ \ .1 j pcs, & les Artifices n1anquerent
.··~~ .. fiJr l'(tutre. La Place fut cano .. -
;~ née, & cJle ri pofl:a d:; n1~fn1e. 011 ·
t.
;~l n ~a poîn t fceu au j u fte quel do 111-
~ 111age on y avoir f,1ir. De nofl:re
.'.4 pa.rt, nous y eufi11es prés de qu1~
:;.1 ranre Hon1mes tuez- ou l1Je1fez .. . . '
, .,
: ".t
-.,~·
• 1 .. '
.. ~"."l
L1 1t,
. : ' -c
.i. ".1..;
. .~. ·.) .
. .. , .: _,
' . .
.' ..
.' ,..
.. . c .
1
. ,
·.
Dt1 nombre des derniers c!l: Ie sr
de F-2"nneJon Enfeione de Navi ... l ~
r~ ~qui y a eu la ja1nbe en1portec
.
Mrdu ~efne de retot1r:> on crût
Ij6 tERCURE
.attaquer Alger le 28. a1ais une
groflè Lan1e du N ordefi, faifc1.nt
craindre du vent de ce coflé .. là ,
<]Ui eft le dangereux, & donnant
trop de n1ouvemenr aux V~j(:
feaux pollr qu ·on pu1l: tirer., on
fut contr~Ünt de iùr!Coir ju!qL1eç
au 5.. d' Aoufl: , tout ce r:en1p.s s'étant
paifé ei1 Brifes viol~ntes de
N ordeft , qui laiifoient la Mer
agitée, 111eünc lors qu'elles avoient
ceifé; mais enfin ltt Vent
s~efrant rangé au Oiiefr- Nord~
oüefi, qui fait là des Brifes réglées,
f u1vie.s de caltnes, on fe
chfpo(a à n1archer {l1r le foir , la
réfolution ayanr eflé prifc de faire
cette attaque de nuit, afi1~ que
les Ennemis profitaifent m:>ins
du temps qu,il ra.ut metrr~ à s2entraverfer,
pendant lequel on ne
GA~ LA tt~~1~·. I ~-7;
f.'Üt que îOuff1:ir du fe.u tn fans .enj
pou voir t:1ire ~
A. Co1n1rie l}Ordre de la Couf-·
eil:oit pofirif, LJHe Vaiifeaux, Ga ..
leres , & Galiotes, co111 batilfent,,1
Mr du ~eii1e a voit de cette !Or.-..
te diipof é les chofes.
Lt Sirint - ~/}rit, qu'il 1nonre
cette Can1pagnc, ren1orguê patl
deux Galcres, fe devoit aller po=ficr
N ordeft 8-l Sorroüeft de la~
Tour du Fanal; deux Galiotes-.
ren1orguées par une Galere fur.
f~1 gauc be, c 1 efr- à dire vers le
Sud; & J,~s trois autres mcnées.-
}Jar deux G-~leres fur la droite Î}'·
cfocft ... à-dire vers le Nord .. Tous ..
le~ VaiLTtaux en iùite s;>érenda11evers
le Sud &. v.ers le N.ord, de~
voient forn1er un Croifl:tnt au~r.
our du Mur ... qui fair la clofEuret
OtCZ:Obrc ~.~P~- M ..,.,,,,;
8 ~~ n <t-foM.t~ ÎR ~ J 1 1 . .t~ ~ "l~~.~ u ~ î!
dLt Port ; & chaque Galerc re_
inorguant un v~üffi~au, a prés l'avoir
n1is à fan Polle , fe devait
placer dans Jes întervales.
On con1n1enc;a à n1arcl1er
pour forn1cr cet Ordre de 13~ltai[_
le; niais la Brife ayant duré j uf:
<] ues fur le {àir_a!fez rard.,on n'avoir
pll. plûto{l: fe n1ettre en
nïarche, & la nuit nous ayant
ft1rpris avant que cl1acn11 11u!t
efrre dén1cilé , Mr du ~efne
voyant qu'il ne pouvoir cette
nnir ~ttta.quer qu, ~11 déford.re,
prit (1 ·~rec beaucoup de {3.geiTe, le
parry de 1notiiller où il fe trou ...
voir'Jc:~cfr-à-dire un peu plus prés
de L1 Ville qL1'auparJ.vant, & d,ar ...
tend t"e au Ie11den1ain à rcdreifer
ce qui n'efi:l)Ît pas a ('l place i
n1~us ce lc11den1ain les Vents re~
.J
.J
- ~
. -~1.
·r
.,.
' -.
.. -.
. :;.
' r
·~
G1\I.~Al~~T. 139
fituterent an N ordeft , & firent
perdre tot1t efpoir & toute pet~iëe
d'attaquer, parce c1u\~1 ff:él:1-
vcn1ent dés Ja 111o!ndre haleine
d c V cri t de c ~-? co {1:é ! à , la M · r
~'cnfl.-~ tj'unc n1aniérc extraordinaire
; & cc q u'îl y a de cruel;t
c\:f1:: que les rrols C]llârrs dtt
tcn1ps) ce Vent rcgnc dans cette
~ \_ ~ Il a de~ <-1 ll c j 'a y d.' ailleurs trouvée
pl us d1ficil e q u' 011 ne t11e l;ta voit
-... ,.
t1 ·.:T l"( 1"" ,,.,. t"
J ~ ~ ~· - r ..
l.
N nus dr1TH=:n r~l.n1es dans cette
fitL1ari{JnjufèJu'au 13 que les Vents
efl:.1nt enfin dc{ècnd us a l' 0 üefl:
N orroi_iefl: , nous firent cfperer
du caln1e pour la nuir fi.liv~1nte;
& certainc1ncnt on ne pouvait
pas dcfirer des apparences -de
ternps plus f1vorable ; auffi fe
!11ir ... 011 en é rat d' e11 profiter, ~
1'1l ij
~., Jf r:,· 2 {.-,, ~ ~RE J 40 .f\f l i~.1 1, -~lJ .$.. '4
cette fc}ls cl11cun efr;1nr exaéte ....
n·1ent à iOn poftc, on con1menca
.. ' l ) " -' .. de n1~rcher a L en r:re~ d.':! Ia n u1 t
avec tant de joye de la part des
Eguipages, que tout le monde.
efl:oit plein (f heureux· prclfcntin1ens;
1nais av:Lnt ciue nous fuf..
fions à Ll portée du Canon , le ...
temps fè broitilla ~ il parut des ..
E·c lairs 'il le Vent f:~ leva') fit en tUl
inil:ant le tonr tiu Con1pas.,Ia Mer
·groffir,Jes Gr~iins perpétuels nous.
fàifoient crai11dre pour nos M.:~tsl).
i1ous eftions à la Colle ; &· les.
Galeres, loin de lTous {ècourir ,.
efioient elles-n1efincs dans u11e
grande exrrémi té. H eurcufcn1ent
lcVen.t fe ten;.inr pendit quelque
tern ps du cofl:ê de la Terre,. les,
Vailîèaux firent voile & Ce mirent
.au largeoLes G;al.ercs_,fe fauvere.nt·
GAL,ANYT. r41
41 I:r.. Pointe du Cap cle l\1etifou .;:.
niais les pauvres Galiotes quiil
:ivoit fa lu pref que defagréer,pour·
Jai!.fer le jeu des Mortiers libre,~.
el1oienr dans une aflèz périlleufe·
contenance. Chacun neann1oit1s.
fc fccour<1nt foy-n1c!l11e dans ce
befoin '.) 011 rcpa!fa en di1igen€e·
quelques 1v1ànoeuvres.1 & f,tifant
volle dll H·unier1 à !)a.ide du Vencde
Terre, nous nous retirân1es à.
travers rorage,qui dura route la.
!Il
11 Ll-I t.
Cette di~!;race nous penfa o,fter·
tout efpoiro Il falloit que les Ga..,_
lcres, qui· fc !ùr~pafl:1nt elles-1nê~
rnes.j den1euroie11t avec 11ou.s de ..
puis 11uit jours, à bo-ut de toutes
fortes de vivres., parti!fent enfin
forcées par la. difetre de toutes,
chof es ; outr~e qu:e -c:e_s fortes de.· -
142 ~AERCURE
Bc1fl:in1ens (ont toûjours dans
certe Rade à detJX doigrs de leur
pcrrc, & dans l,abfence des GaJ~
res, il paroirfüir afièz dificile de
placer les G alio rcs ., de 111 aniere
t]U,on en tirafl: le !ervicc qu'on
• 1
~vo1t atten{1t1.
On paffa dans cette încertitu~
de, & dans le n1auvais ren1ps qni
continua jufgu'au 16,. que rv1r
du ~efi1e ayant in1;lginé un
n1oycn de Eonduire les Galiotes
prer c. Gl u l\ v,l~ u i .. ( l) J.:;',\. . 1g er, <Q.. .X. sl y e' ra.nt
~onfirn1é par le fenrin1cnt des
-Cl1evaliers de T ourvillc & de Le~
ry~ envoya porter par les Cha~
loupes des Ancres vers 1e 1Port à
une dif1ancc qu" on crut raîJOnna~
ble ~ & cin q V aiifeal1x furent
détachez') pour e11 s'approchant
.u11 peu plus que les autres; pren ....
' ..
G ALPi.l~T- 145
dri le bout c.{es An1arcs de ces
Ancres, & foûtenir les Galiotes
qui a~ devoient hiller deifus, &
s'entraverfèr lors qu'elles !èroienc
ailèz proche, fe rel1allant tot1t
de n1·~ii11~ juf qu\tu V ai(feau pour
le retour e
Le Vigilant, montê par le CI1e ..
-r.l 11 ier de Tourville J qui renait le
n1ilieu , & devait ef\:re vis-à vis
de la Tour du F~inal,avoir l' An1are
de id c·r1,cfle,; fur la droite .. !~
rai!lttnt, con1mandé paï Beaulieu>
a voit 11 :\rr1are <..i.~ la 1Y!tPJttçtt1;
1e, dont Goïtou a le con1n1ande1nent
5 & tout au Nord, le Che ...
valicr de Lery fl1r le Pruiient =a
voir celle de Lt Brâlttnte, coin~
111andéep.1r D:z~.:Tbi~rs,& Longcharnp
fous luy. A la g:1 t~cl1e du
Cl1evalier de T ourv illl:, F ora11
~44 lVlE F~ CîJ,R E
fur /' Etoille a voit 1, An1are de fit ..
.. Fo1Jd,-oy11nte ,. nlonrée par Boif.. .
f,ier; & tout àu Sud, Belle-Ifle
avec I e La11ricr.,. a voit celle de la
1Jorn.h4rde , con1n1andée par de
·Con1be, & dans la(1uelle ctloit
e1nbarqué Ca111elin , c~ pit~ine
,;i.e B.o-rnbardiers de Terre , en ...
\ 1oyé p.ar le lloy p.our cette Extlédi.
tion. J.
Cette maniére de fétÎre la Guer_
re eftant taure nouve He, les cl10~
.fcs ne purent c!l:re exécurées
av.e.c to·utc la jufreffe quio11 aurait
pû defil"era .Catnelin , qui
d~ailleurs travailloit avec beau ..
·Coup de zclc & d'a.ppljça,tion ~
n\1va.nt aucune connoifl~ince des
" ~l1ofe s de la M·~irine., ne pouvoic
pas f~avoir com1ne il fe fallait
p.o.frer danfi c.ett.e occafton ; de
forte·
GALANT. 145
efQ-rre que les Ancres fe trouv~
renr placez trop prés les uns des
auri-es ·; & les objets paroiffant la
t}uit: plus prés qul'ils ne {Ont effe ...
C1ivc-ment , elles efl:oient beau-coup
plus loin de Ja Ville qn•o11
n\ivoit prétendu. De cela n~iquirent
deux i11conveniens ; l"un,
que les Galiotes arrivantfL1r leur$ .
Ancres, fe trouverent ~u abordée5
1 ou pour le n1oins e1nbarraifées
les unes par les autres; &
raucre,que les Bombes allaient à
peine jufques dans le Port l &:
point du tout dans. la Vi lie.Nous
rnarchân1es enfin le foir du ::.1~
Aoufi:, le temps ne )$ayant pas
pern1is piùrofl: ; n1ais !Jt A mare
de fa -'-'! elfilCdnte S~ ercan t trouvée j
~~inbaraffée, elle 11e put arriver
que lon~ren1ps aprés, & elle fut
Oélobre 'k.P~ N
146 1E R C~URE
obligée de fe mettre da11s-un a.u..;
tre 11 ofl:e q11e celuy qui luy
fî1oit marqu·é:, /tt BrÛ/tJnte & i11oy
entre qui elle devoir efire, nous
efranr troL1vez· abordez en nous
entraverfant. La FgudroyAnte, qui
efl:oit fur 1na gaucl1e,efl:oit prefie
à ine toucl1er ; inais la Eomb11-rde
qui fut un peu plus lente,!è trou~
va raif011nablement éloignée de
nous. La Fo11dro.Jdnte commença
i tirer; je fui vis, &. la BrÛ/4nte un
mo111ent a prés. Les Ennen1is 111i.,,
rent feu à huit ou dix Canons ,
iàns en tirer davantageft Pour
nous 1 nous vîmes avec beaucoup
de déplaifir nos Bo111bes arden ...
tes, fur lefquelles on fe fondoir,,
principale1nenc dans la veuë
qu'elles brùleroient les Vaiifeaux
enne1nis;) c.réver toutes au f ortir
GALAN-T- 147
d:u Mottier; & nos Bombes ·ordinaires,
ou créver auffi, ou excepté
deux ot1 trois , ne porter pas
jufques à la Ville~ Dans ce chavrin,
011 ti-roit encor quelques
cV oups') lors qu ' un c.ie tnes l\;fortiers
)chargé d1une Bombe ardente,
ayant f:1it f:.1ux-feu,& la Bombe
continuant à s'enflân1cr fans
partir, je 111e vis red ui t à fou tFrir
JJincendie que je crus inévicable ..
Les Soldats Bon1bardiers de Ca...:
rnclin, qui i1,avoient entrercntt
mon EC) uipage que· des horribies
ravages de ces Bon1bes ~1rdentes
pref -cl1ant cerc:e fois d,cxcn1ple ''.)
& s>~fiant., à rexceptio11 de leur
Sergent & de deux ou trois autres,
jetrez à la Mer;; ou dans les
Cha1oupcs qui portaient nos
~1unitio11s, furent fui vis par la
N ij
148 ERc·uRE
plus grande partie de mes Ge11s,
cl1acu11 fe précipitant otl il pou ...
voit pour éviter la flânie. Et en_
fin, quelques ... uns de nies Offi.
ciers Mariniers efrant rcfrcz fi1r
l'Arriere,je n1e trouvay feulavec
111on Concren1aître, fur 1' Avant
oit cfl:oit le feu. Landoüillet1
Co1nn1iiîaire d1 Artillerie (.ie Ma~
rine, & Ilenau1t, deux de 1nes
an1is, qui ayant bien voulu s:.em~
barquer avec 111oy, voulurent
bien auffi ne me pas ab:i 11donn
er, deri.1eurerent à la Baterie
de derriere où ils efroient. Cependant
la Bon1be jettoit [es
Grenades & du feu gros con1n1e
deux Hommes, & je nie voyois
couvert de flân1es, ayant quaran ..
te Bon1bes ardentes dans la Ga~
.li ore, & tant d' at1tres chofes dans
GALANT. 149
un Navire propre à. s'cnflân1er.
Nous prîlnes 11eann1oii-1s la-réf o ...
lurion n1on Contren1aîcrc , u11
Soldat Bon1bardier qui ine ~int
joindre & rn o y') de _ te i1ter cl' é~
teindre le feu ; & con11ne 11ous
v'.1111es que les prémiers Séaux
d'eau Pa voient atnorty ,nous co11-
tinuân1es, & penda11t un infi:ant
:nous le crf1rnes éteint ; n1ais la
Bon1be reprenant vigueur, & les
Grenades & les Canons de M.ol1fw
guet qu'elle renfèr111oit, tirant dè
nouv2au ... la flâtne recon1n1enca. - ~ Nlais le pren1ier fuccés nous
nyant encouragez, nous retour-
1:â.n1es à la cl1arrre avec de r'eau"'\ 0 .+z
& enfin un de n1cs Soldats reve-
11u de fan épollvante, n1e voyant
....
autour du Mortier, y jetra un fi
grand Seau d'eau, que le feL1 :f é .., ·
N iij
1)0 M!!Rcu·R E
ceigt1j t à cette fois touc-·à-fait.
P lufieurs Chalot1pes qui étaient
autour de la Galiote, & que la
flân1e a voit obligé·es de .s1alar ..
guer, revinrent à bord. Le Sr Dcn1ont,
Lieutenant de la Galiote,
qtti pour quelque Manoeuvre
eftoit dans un Canot, fe rejerr::i. à
bord y voyant le feu .. Cepçndant
plufieurs Matelo-ts de ltt FouflroyitnwA
te, dont r A1nare iè trOLlVa COUpée
<.ians c-e d.é{Ordre, {C Jecceren·t
auffi à la Mer.
' Tous ces dé[ordres ayant fait
juger aux Cl1evaliers. deT onrville
& de Lery gui prenoient foin de
r At.a.que, CJU'il efl:oit à propos d:c
fe retirer~ ils en don11erent l'ordre,
que les Ennen1is nous Iaiffe ...
rent exéeuter L'lns nous inguié ...
ter , & à la pointe du jour 11ous
GALANT. 1)1
11ous trouvânies au mcf rne ea ..
clroi r d'où. 11ous eil:ions partis ..
Le n1auvais fuccés des Bon1-
bes a1·denres, la rarctC des beaux:
jonrs, & le pcril évident de fejouroer
dans une Rade auffi fca_
breufc que celle d,Alger dans
une faifon où les coups de Vents
d.evi~nnent frel1uens ~ fit croire
q ll~ on ne tente roi t plus rien cet -
~ .
te annee ; neann101ns con1n1e 011
avait re1narque que li quelques .
Botnbes ordinaires avoiét crevé,
if y en a voit eu pl u!ieurs qui n,a_
. ;- ,
voient 111anque que parce qu on
eO:oit trop éloigné, Mi: du ~eC
ne voulut bien faire une feconde
t~tntarive, & prenant des n1efures
{ ur ce qu1•- s ' e,_t o1• t patùr_er, o.n 11ort:t } e
26. d' aurres Ancres, que l~e Chevalier
de Lery fe cl1argea ,i,allc.~
N îiij
- - ..... ,.
152 MERCURE ~:.:'
1noüiller, & qui affez éloignee~ ..
les unes des autres , furent pla ...
cées à la portée du- PiftoJer du
Ml1r qui .f:'lit Ja clofture durPort_
Les Se11tinelles avant crié à nos J ~
Cl1aloupes , & !e Chevalier de
Lery pour réponfe les ay~tnt en ..
voyé pro11lencr , on leu1· cira
quelques coups de Ca11011.
Su~· le ..~ Ani ares de ces Ancres1
Jes Galiotes fe dif ooi(;rent à fe
~ baller,, Le 30. n'ayant pas fajc
plûtoft du te1nps propre, & le
pren1ier ordre ayan·r cfi:é chan ..
gé:. le Chev<tlier de Tourville qui
devoit rot~jOnrs avoir l;JAm~Jre de
lti Crttc!lt, alla n1oüiller vers l'entrée
du Port, où cette fois on ~
voulut placer cette GJ.liore,& le ·
Cl1evalier de Lery à r·autre cofté
tout at1N-oxd ,ayant t' r\mare de la
. r
r
'
.... ' . ,
' rJ_
1) .. ~
.~ . '
;.~'
-:.
:,•
~
..L ..1
1
.. . . -.
_, :i
, ' "'· · -
r GALANT; 1}3
:·:; IJ0Îl1111tc) & entre elle & moy fur
.f n1a droit~ 111 }dcnaçantt, aidée par
:} le Ttmt1·airc-; La BomhArde, par le
.J L.1uritr; & L~i · }'audroyantc, par/' E-:~
tfJi lie.
·. ~
.-·j Dans cette difpofirion nous
-:: nons avançâ1r1es'.) & ayant eu le
· bonheur que n1on Amare ne·
:-.· trot1v;:1 aucun en1barras ~ j'arri,;
vay en plafe pour n1e traverlèr &
:: til"cr q1.1elciue cen1ps, av.anr: qne
-~ les autres Galiores-fuffènt à leurs ~
_ PoH:es ) particuli·::-re1ne~1t celles·
~- du ~{ or~.:i, qui n1.1lgré toute la vi"
gilance du Chevalier de Lery,.
tardercnt un peu ..
Les Ennecnis ne fnrcnt pas fi
dociles cette fois que la pren1ie"°
re. Dés que j'·eus tiré, ils fi1~ent 1111
grand f ~u Llui dura toute la nuit,.
t111t ll!r n1oy que !Ur les al1tres
-·
114 Ell·ClJRR
Galiotes ;. n1ais com1ne j,efl:oi~
juftement placé tievant un grand
Flan c~on con1p toit aifë n1e nt que
po11r chaque Bombe, ils ripo:
itoient aux autres Galiotes qua.
tre ou fix coups de Canon :1 & à \
]a n1ie11ne vingt on vingt .. deux, 1
& quelquefojs n1én1e davantage5
1
& ils ne ciroienr que lors qu>on
merroit le feu à la Bot11be, ce feu
leur e11fcignant le but oli il fal ..
loit fraoer. l Ce Manége dllra jufques prés
du jour que les Chev~liers de
Tourville & de Lefy, qoi cerce
nuit., comn1e toutes les autres en ...
fuite, fe rrouverent aux Attaques
da11s leurs Canots, où s1emb3.rquoient
pour Volontaires les
Ducs de Mortcn1ar& deVi~lars,
Marquis de Bellefo11ds, Con1tes
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::i GALANT.- -155
·-~~ de Sebeville & du Cllala.r , &
:·:- plu fiet1rs a.utre.s, que f es Cl1e~a- .
Ji ers de T ourv1lle & de Lery ,d1sj
e,, donnérent ordre de fe retirer;
. ~ Jes Galioc:es qui avoient recell
.. ! plufieurs -coups dans le Bois, les
·i Voiles & les M~tnoeuvres, n"ell ..
-
' ren t nean 111 oins de mille ou douze
cens coups de Canon tirez par
les Ennen1is aucun Ho111me de
tué.LeComte deSebeville fur un
Londre que les Galeres avoient.
pris) & fur lequel on avoit mis
160. Hon1n1es, paffi1 la nuit entre
rentrée du Port & les Galeres
pour le~ fÜù tenir ; n1ais cc B afl:i ..
n1enr ne fè pouvant 1nanier, on
le de{~1rn1a enfuite.
Le let1demain on fceut par
quelques Efclaves qui fe :G1uve11:1
renr, que l'L confterna.tio11 efioit
' .
1)6 ERC!. "RE
extré111e dans Alger, qu'il y a voit
piL1ficurs MaifOns de rcnverf ées,
&:. quantité de Gens ruez. N ou,15
n'e11 eû111es neanrmoins un 1 afl:e ....
détail que par le Conful, envoyé
par les "Turcs quelques jours
apres , comn1e je le diray e11
fuite. On tira cette nuit cent
quatorze Bon1besb
~e1q ue tiiligence qu'on fit,
on ne pût {C tnettre en ét,lr de
retourner le lendcn1ain, & ce ne
fut que le fûir du 3. de Septen1-
bre , avec cetre circonfiance,
q n'a yanr cflé avertis par d\1utres
Efèlaves iàuvez depuis les
pren1iers 1 que les Algériens <i.rn1oient
la Galere l)llÎ eftoît rcf:
t-ée dans leuF Port, & quelques
Brigatins, pour venir enlever l.es
Galiotes, on en renfor~a les EGALANT.
157
quipages. ~"av~s de ces Efclav~s
ne fut pas 111uc1le; & co111me Je
1ne trouvais le premier au paffacre,
je 111e cr{1s obligé de prend~
un peu plus de {Oi11 & de
n1011de qne les autres , qui 11e
pouvaient eflre attaquées qu'a ..
prcs n10 y. P 1 ufi.curs Ca pi tain es
des Vaiilëaux qui i1·avoient point
efié co1nn:1andez pour s'approcher,
vinrent incoe:nit1J à cette .......
Action,&. parciculierement chez·
n1oy le Marquis de la Porte, Sc
Je Baron de P aliere.
Les En11e1nis nous laifferent
placer {3.ns nous inquiéter; 8c
con1n1e par les foins du Chevalier
de Tourville, & n1011 bo11l1eur
pJrt1culier ~ 111on An1are eftoit
tol1jou~s fani elnbarras, je pûs
l~ncor tirer quelque temps avant
.. ~
118 1ERCURE
que les autres Galiotes fuffent
en place, celles du Nord, c•efi: à
dire /4 Br#lante &.. la FfJNdroyanre,
qui fe halloient fur une mefme
Amare, s 'e!l:a11t: en1barra1fées
l'une avec l2'aucre, n'arriverenc
que tard. Les autres n1e Jû.i virent
d1ai1l:z pres6
Les Ennen1is ne répondant
point à nos Bon1bes co1T1n1e ils
a voient fair, ce filence fit juger
que leurs Bailin1t1ns eftoient del1ors
pour nous attaquer, & Ie
Major m,e11 vint avertirs En ef~
fet, un moment apres, la Cl1a ..
loupe qu'on a voit 1nife de garde
à l'e11trée du Port, fit le fignal
qui luy a.voit eité prefcrit en cas
de rencontre d'E11nen1is, & je
vis la Galere accon1pagnée de
quelque Briga11tin, voguer droi~
..'
1
1.
GAl~'. t'A\. N~~ - . 159
Qefrns ma Poupe~ En n1efn1e
temps les Cl1evaliers de Flavacourt
& de la Guicl1e, qui
comn1andoient les Chaloupes
de l~ Indien & dt' G,hevat
MArin :t 1n, aborderent , & me
renforcerent de tous leurs Equipages.
J' a vois i bord trente
Homn1es du Chevalier de Tour ..
ville 1 comn1andez par Blena(;.
Il y a voie outre cela une Troupe
d' Officiers qui eil:oie11t venus
V olonraires, plufieurs Volontaires
& Gardes de la Marine; de
!Orce que ne doutant pas que fi.
la Galere m·abordoit, ce ne fut
deiâvantageufemenr pour elle ' ,,
je faifOis faire filence pour luy
oiter la connoiilà11ce du n1onde
que j .. avois, qui alloic bien à fix"'
t!1ngts Homn1es; inais comme
•
i6o EJRCURE
elle fut alfez procl1e, un zele iit,,
di!èret a)1ant fait crier à quel..
qu~un, Yi"We le Roy, le refie ré_
po11dir, & dans ce ttunulte la Ga ...
Jere commen~a à faire feu de fa
Moufqueter-ie & de fo11 Canon;
n1ais au lieu de venir droit à inoy,
elle me prolongea. Je crûs a]ori
qu" elie n1e vouloit aborder par
la Prouë. J,y paOE1y pour y dond
ner ordre, faiianr fa1re en 111efi11e
ten1ps feu ·de Moufqueterie &
-d~ Artillerie, ce llui l~obligea de
faire pafie ... vogue pour fe retirer
de deffous, & elle alla fonder la
Me.n11çAnte qui efi:oit à ma droire,
&. qui l1a yant à peu pres reçeuë
de mefi11e, acheva de la mettre
en defOrdre ; de forte que fans
!Ça voir ce qu,elle fc1ifoit., elle fit
le tour de la BombArde , dont elle
· .,,., !\ J #
4
:.. ~. ...: ! nL~J·\. N~l ~ I 6I
·'.~ eff\.1ya le feu en regagnant le Mur
: dn Porr, le long. duquel elle fe
. retira. Avec cela j c n .. eu$ q u ~un
·~ Homn1e de rué d'un conp Ce
;: Moufquec ; & fc Chevalier· c·e
) Cornn1l nge, fur je croy Ie . feul _
] bleffé ii.1r Ill Jt1e1Jtifante, & De11 ..
:·_ n e v i 11 ~ tué . .
:_; Auffitofl: que la Galerc m1ellfê
~ dépa!fé, Fandotiillet qui faifoit
exécuter les rv1orriers 1 les ayant
prefts, j'inGft1y pour les. faire
_ JOlier pendant qu'elle eOEoit aux
· n1:tins, afin q uc les Ennemis 11e fe
p{1ifcnr vanter de nous inrerron1 ...
:l pre. On tira donc comn1e aupa__
, ravant , & nolls fifi11es par· là
.~ éteindre les feux de joye que les
:~ Femtn.es allt1n1oier1t da11s A.l\.lgert: -
·-~ croyant déja quel<1nes Galiotes
·. enlevées.
--~ OLCZ.obre i1P~ 0 ... ..._ . . ....
... -·.. ·,
'•
1
·i
_.-,.
~.
162 Iv1ERCURE
Le refte de la nuit fi! pa!fa à
coups de Botnbe de 11ofl:re part,
& de Cano11 de celle des Enne ..
n1is; niais un brouillard G épais,
qu'à peine en fe touchant fe
voyoit- on,. fit que le feu fut plus 1
lent de part & d'autre q-u•iI 11,au ..
roir efté. Il v eue cent Bon1bes ~ & environ fix cens coups-de Ca ...
non tirez , & 11ous 11ous retirâ ..
mes à 11oil:re ordinaire à la pointe
du jour avec p1u.fieurs coups dans
!es Galiotes 1 fans que per!Onne
c11 fur touchéi.
Ce jour qui efl:oit le 4. le Pere
VaCher , Con-f ul des- François à
Alger 11 vint a bo-rd de Mt dn
Q2efne dan·s la Chaloupe du
Çoncre.AdnTiral de Zélande, qui
efl:oit là pour le rachapt des Efclaves
cte fa Natio11> & dit que
GAL/\1'lT. 16~
}erflatin le Roy &. les principaux
d'Alger l'avaient envoyé chercher,
& l'a voient forcé de venir
vers Mr du ~efne, pour fonder
s'il y auroit lieu à quelque ac ..
comlnoden1e11t Mais Mx du
~efi1e répondit, qui.il ne pou ..
voie rien écouter de luy , & que
fi les Algëricns avaient quclCJue
cho(e à detnandcr, il fi1lloit qu,ils
con1lnenc;atfent par venir e·ux112
rnefi11cs. Ce Contùl s~en retour-.
na a vee cette ré·ponfe ~ in ais il
nous apprit auparavant que dans
Je~ deux nuits, dont je vie11s . de
Parler .. 011 a voit abattu cinQuante ~ # ~
l\1aif on s ; que la 111oi cié de la
fienne otl efl:oit la Chapelle, 5'.
la moitié de la grande Mo{ q uée.,
eftolent cornprifes dans ces rui~
nes, làus 1efquelles on co1111oif:
.o iJ
·~6 4 'i! ~; t l r~p u1~ ~ {~~,,1 uR~~
-!cit dCJa qu'il y a voit plus de cing
cens peri(J11nes en[evelies ; qlle
tout eftoit dans une contl:ern~ ...
tion cxtrén1e; que les Turcs fc
dé1n-en tJJ1t de letlr orgueil) loin
dt1 n1épri3 q-u'ils té\noignoient
pour les François il y avo-it quin .
. ze jon-rs, en par Io.lent alors avec
relp~a; que toutes les Fcn1n1e.s
& les En h1ns a voient quirré la
Ville.,. & qu'il a voit parLt trente
Hon11nes de ruez fur la Galere,
i la {Ortie qu.'elle avoit·faite, iâns
ceux q-uc 1,,on avoit cachez au
Peuple; & enfin il fupplia M[
du ~efD·e de fi1fpe11·dre Jes cho ...
[es au n1oins ponr ce jour. Mais
co rr1 n1e il fit fort beau,.011 ne crûe
p.:t~ dcvoi r perdre ce te1n ps, &
nous n1.arcl1âtnes à nofire ordiJ
i1a1rc la. nuit dt1 q uacte au cü1UJ
GAL,il\NT. I6,·
. quién1c , a vcc cette exception
que 1' A mare de la Me'lltrça?Jte
a)~ant efl:é coup Ce le f oir precé ....
dent , & G oiton qui la co01 n1ande
s'eftant bleifé àla tefl:e par
une cl1ûte, cette Galiote, non,
plus que t~ B,-ûlante, ne pdt eil:re
de l'expédition ; j, eus eiicor le
plaifir de tirer quelques Bombes
av,inc que les autres Galiotes:
futfent placées. Landoüillet faifoit
toltjour executcr les Mor~.
tiers dans la Crue/le 1 Et quoy que
pa-r un cerrain I1~izard toure la di~
reétion en fut rolnbée encre les
n13in.s d,_un autre.,. on connut af~
fez qu)il n\~ftoit pas inférieur i
celuy qui en cf toit chargé .. O·n De
tâch:-1 certe nuit qu•à don·ner d::111s
le Port, 1- fin de crev-er quelqu\.tn
des. Vaiifeaux, & on demeura j:u~-
166 ERCtJRE
qlf"au point du jour, co1nn1e on
avoit accoûcun1é de faire; & par !
un bonl1eur particulier, qlloy t
que les Enne1nis s'efl:ant ajuf tez,
donnaffent plufteurs coups dans
ma Galiote)il n'y eut perfonn~
de tué>~ _f en fus quîtte pour des
Mails & des Agrez. Mais la Brûlante
ayant le iOir precédent en fe
retira11t receu un coup de Canon
de foixante & quarre livres de
balle à fa Poupe, a voit eu de ce
mefine coup douze Hom1nes
tuez ou bl~ifez; & une Barque
qui efroit dans fon Voifinage,.
hllit d'un autre cot1p 111îs en p;10-
reil état .. Des deux Galere.s qll~..,
ont les Algériens , l'une eft.ant
à la Mer parut de retour au Soleil
levant de ce mefine jour, &
i~autre la ~int . recevoir au del1ors .
GALANT. 167
•
·.~ dn Port ; & con1rne on Jugea
~;1 d~in1 portalî~C d'üfter ~aux _Enne ...
111is la penfee que la Jonl1:1011 de
~ ce~ deL1x Galeres fut capable
~ d'111terrompre le cours des a~
él:ions , & qu'il fit encor beau
:; tout ce jour, -on fe prépara le
: foir à retourner à l'ordinaire, &
1 ·' en érat de faire partager le péril
aux Galeres, fi elles avoie11t tenté
quelque chofe, chacune des
trois Galiotes,_ la CrNt!le, la Bom~ ·
/J,1rde, & l.a FeuJrnyante ~ qui fe
trouverent prefies à marcher 1'.t
eftan t fortifiées par une Barque
dont 011 avoit auOE renforcé l'é·..
qui page .. - Mais dans l'"inftant que
r·on con1111en'ioit à n1archer,l,air
fe brottilla tout d'u11 coup, &
loit1 de c;on1batre, fit fOnger . à
prendre des précautions co11rre .
...
168 ERCURE
les accidens du mauvais ten1ps
qui fuivic effeél:iven1e11t, & qui
depuis a continué, en forte qu~il
n'y a eu aucllne apparence de
• • rien tenter ;. au contraire ne pou_
vant~, fâns l1n peril lnanifefie,
faire dans cette faifon où les tour ..
1nentes font fréquentes, refler
des Bafrimens qu7il faut ouvrir
de tous coftez pour le n1ettre en
état de f,tire leur cxecnrion , il a
fallu fe réfoudre à quitter la Ra.
de d'Alger., avec cette confola ..
tion , que fi 011 n\t pas dompté
cette Ville, 011 l\i au •11oi11s n101· ..
tifiée & trouvé un n1oyen in failli~
ble, ou de la détruire, ou de luy
faire de.tnandcr la Paix à ge ..
no11x~
Un- Efclavc fauvé Ie 9 .. nou~
apprit que le retour àe la Ga ..
ta lerc
..
:-~~i GAL• A3-N~.i • l 69
:~· iere dont ray parlé, a.voit retar-
:~ dë le départ d1un Chaoux defl:i;~
111é vers Mr du ~efne , pour Iuy
if venir faire des P ropofitians; mais
j }es Algériens connoi.!Iânt que la
::-î f Jan ce ne leur veut donner la
·~ P~tix que le bâton haut, &. ne
f pouvant ell:re de pire condition,
.,: ~voient réfolu de faire encor u11e .
; tentative avec le renfort de cet- ,
· te GaJere ava11t de pJrlcn1en ...
ter. Cet Efclave ajoûta que la.
nui:: derni~re, parce tl ue routes
les Bon1bes eftoient tombées
dans le Port, oit l'on avoir b;·izé
un Loodrel fracaf.Té tour r A V~tnt
d\tn Na vire ciui efi:oit fur les
Chantiers, & crevé les caftez
de deux autres ; on n, ~t voit\ disj
e, abatu que trois Maj{Ons 1 ~i:.
les Ro1nbes efl:oit11t totnbées
O[fobre l-a P. P . ..• .
. .. - .~. '. . . . -~ ..
... . .. T . _,;
.
"1
:-. ....
'
170 MERCURE
dans le Port, parce que !1011 n'a~
voit râcl1C cette 11uit qu'à détruire
leurs BaU.imens, je ci-oy pouvoir
dire que la 1naniere dont
leurs Galeres auraient eflé re_
ceuës, n'aurait pas contribué à
leur faire faire une Paix a vanta_
gellfC. Voila ce qui s'ell: paifé
cette année. Aparen]n1e11c qt1e
la procl1aine donnera de plus
2 r _tnds évene111ens.
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Résumé : RELATION DE Mr DE POINCTI.
L'expédition militaire française contre Alger, dirigée par Monsieur du Quesne, débuta le 21 juillet avec une flotte composée de onze vaisseaux de guerre, quinze galères, cinquante galiotes, dix brûlots, quelques flûtes et petits bateaux. Des retards dans la préparation des bombes et des galiotes reportèrent l'attaque initiale. Pendant cet intervalle, Monsieur du Quesne brûla deux petits vaisseaux à Serselle. L'attaque fut finalement lancée le 1er août malgré des conditions météorologiques défavorables. Les forces françaises formèrent un croissant autour du mur de la ville. Cependant, l'inexpérience de certains officiers, notamment Cathelin, entraîna une mauvaise placement des ancres, causant des problèmes lors de l'attaque. Les bombes ardentes, destinées à incendier les vaisseaux ennemis, échouèrent souvent à atteindre leur cible. Plusieurs incidents perturbèrent les opérations françaises, comme un incendie à bord d'une galiote causé par une bombe ardente, semant la panique parmi les soldats. L'attaque fut annulée et les forces françaises se retirèrent le lendemain matin. Une seconde tentative eut lieu le 26 août avec de nouvelles ancres placées plus loin les unes des autres. Les galiotes subirent de nombreux coups de canon sans causer de dommages significatifs aux forces algériennes. Les pertes françaises furent minimes, avec seulement quelques blessés. Des esclaves évadés rapportèrent que la situation à Alger était chaotique, avec de nombreuses maisons détruites et des victimes. Un consul turc fut envoyé pour négocier, mais Monsieur du Quesne refusa toute accommodation. Les Algériens, après avoir refusé une demande française, subirent des attaques nocturnes causant la destruction de bâtiments et la mort de nombreuses personnes. Les Turcs, humiliés par les Français, préparèrent une contre-attaque. Les Français tentèrent des opérations nocturnes pour endommager les vaisseaux ennemis, mais une galère française, la Brûlante, fut endommagée et les galères algériennes subirent des pertes. En raison du mauvais temps, les Français durent renoncer à leurs opérations et quittèrent la rade d'Alger sans avoir atteint leurs objectifs. Un esclave évadé rapporta que les Algériens préparaient une nouvelle tentative avec le renfort d'une galère. Les attaques françaises visèrent principalement à détruire les bâtiments ennemis, sans succès notable pour forcer une paix avantageuse.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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15
p. 193-201
EPITRE DE MADAME DES HOULIERES, AU ROY.
Début :
Je viens au Voyage que l'opiniâtreté des Espagnols a / Pourquoy chercher une nouvelle gloire ? [...]
Mots clefs :
Gloire, Lauriers, Exploits, Conquérants, Guerre, Paix
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texteReconnaissance textuelle : EPITRE DE MADAME DES HOULIERES, AU ROY.
Je viens au Voyage que
l'opiniâtreté des Efpagnols a
forcé le Royde faire en Flandre. Je vay vous en donner
un détail , non pas des couchées & du fejour de Sa Majeſté en chaque lieu, mais de
tout ce qui s'est fait pendant
ce Voyage, & des Nouvelles
que ce Monarque a reçeuës
May 1684.
R
1
194 MERCURE
de fes Armées de terre & de
mer, & de fes Ambaffadeurs
dans les Cours Etrangeres,
avec une exacte defcription
de fes Camps. En mefme
temps qu'on apprit que fon
départ eftoit réfolu , on vit
paroiftre des Vers qui méritentbien voftre curiofité. En
voicy de Madame des Houlieres. Son nom fuffit pour
vous préparer à une lecture
des plus agréables.
GALANT. 195
25525-522555:25252
EPITRE
DE MADAME
DES HOULIERES,
AU ROY.
Ourquoy chercher une nouvelle
gloire?
Po
vos Lauriers goûtez un doux Sousves
reposi
"Affez d'Exploits d'immortelle mémoire
Vousfontpafferles antiques Héros.
Pourvous, grand Roy, pour le bien
dela France,
Que refte-t-ilencore àfouhaiter?
Vosfoins chez elle ont remis l'abondance;
1
Rij
196 MERCURE
Voftre valeur qui pourroit tout dome
pter,
La rend terrible aux Nations étrang
ges,
Et quelque loin qu'on porte les
Louanges,
Iln'en eftpaint qui vous puiſſent
flater.
$2
Avous chanter nos voixfont tou-
• jours preftes;
Maisquand nos Vers àla Postérité
Pourroient vous peindre auſſi grand
que vous eftes,
Quand de vos Loix ils diroient l'é
quité,
De voftre Bras les rapides conqueftes,
De voftre Esprit la noble activité,
De voſtreabordle charme inévitable,
Quelle enferoitpour vous l'utilité?
GALANT. 197
Lors que le vray paroiſt peu vraySemblable,
Iln'afurnous que peu d'autorité.
22
Ces Conquérans qu'eurent Rome &
la Gréce,
Ccs Demy. Dieuxfur centLyres chantez,
Onteu le fortque trop de gloire laiffe,
On les a crusfervilementflatez.
Tantde vertus qu'en eux l'Hiftoire
affemble,
Eff, difoit- on, leprix de leurs bienfaits;
Etfi vousfentfous qui l'Univers tremble,
N'euffiezplusfait qu'ils n'ontfait
tousenſemble
On douteroit encor de leurs hauts
Faits
Rüj
198 MERCURE
SS
Deleur valeurlavostre nous affure,
Vous la rendez croyable en l'ifaçants
Unvelfecours chez la Racefuture
Sera pour vous unfecours impuif
Sant..
Quelques efforts que la Naturefaffe
Pour les Héros quefa mainformera,
Loin d'en trouver quelqu'un qui
vous efface,
Famais aucun ne vous égalera.
22
N'allez doncplus expofer une vie
D'où le bonheurde l'Univers dépends
Voyezla Paix, de tous les biensfui
vie,
Quidans lesbras des Plaifirs vom
attend;"
Epargnez-nous de mortelles allar
mess
GALANT: 19.
Oùcourez-vousparla Gloire animé
Si la Victoire apour vous tant de
charmes,
Vouspouvez vaincre icyfans eftre
; armé.
N'appellez point une indigne foibleſſe
Quelques momens donnez à la tendreffe;
Les plus grands Cœurs n'ont pas le
moins aimé.
S2
Mais aux trævaux de la fiere BelLonne,
F'oppoſe en vain le repos le plus
doux.
Les faux plaifirs que l'oifiveté
donne,
Nefontpas faits pour un Roy comme
vem,
Rij
200 MERCURE
Inftruit de tout, appliquéfans relâche,
Et toûjoursgranddans les moindres
Lorsprojets.
que la Paix aux périls vous
arrache,
Une autre gloire àſon tour vou
attache,
Et vous immole au bien de vos
Sujets.
Se
Ainfi l'on voit le Maistre du Tonnerre,
Diverſement occupé dans les Cieux;
Tantoft vainqueur dans l'infolente
Guerre
Quifitpérir lesTitansfuricux;
Tantoft veillant au bonheur de la
Terre,
Porterpartout un regard curieux,
Y rétablir le calme, l'innocence,
GALANT. 201
Eftredetous la crainte, l'eſpérance,
Etleplusgrand, &le meilleur des
Dieux.
SS
Craint, adoré..... Mais j'entens la
Victoire
Qui vous appelle à des Exploits
nouveaux.
Que de hauts Faits vont groffir
voftre Hiftoire!
Partez, courez à des deftins fi beaux.
Je voy l'Eſpagne aux Traitez infidelle
DefesPaispayerfesattentats;
Je voy vos coups détruire les Etats
Dufier Voifin quifoûtientfa querelle;
Etje vous voy vainqueur en cent
Combats,
Donner la Paix, & la rendre eter
netle.
l'opiniâtreté des Efpagnols a
forcé le Royde faire en Flandre. Je vay vous en donner
un détail , non pas des couchées & du fejour de Sa Majeſté en chaque lieu, mais de
tout ce qui s'est fait pendant
ce Voyage, & des Nouvelles
que ce Monarque a reçeuës
May 1684.
R
1
194 MERCURE
de fes Armées de terre & de
mer, & de fes Ambaffadeurs
dans les Cours Etrangeres,
avec une exacte defcription
de fes Camps. En mefme
temps qu'on apprit que fon
départ eftoit réfolu , on vit
paroiftre des Vers qui méritentbien voftre curiofité. En
voicy de Madame des Houlieres. Son nom fuffit pour
vous préparer à une lecture
des plus agréables.
GALANT. 195
25525-522555:25252
EPITRE
DE MADAME
DES HOULIERES,
AU ROY.
Ourquoy chercher une nouvelle
gloire?
Po
vos Lauriers goûtez un doux Sousves
reposi
"Affez d'Exploits d'immortelle mémoire
Vousfontpafferles antiques Héros.
Pourvous, grand Roy, pour le bien
dela France,
Que refte-t-ilencore àfouhaiter?
Vosfoins chez elle ont remis l'abondance;
1
Rij
196 MERCURE
Voftre valeur qui pourroit tout dome
pter,
La rend terrible aux Nations étrang
ges,
Et quelque loin qu'on porte les
Louanges,
Iln'en eftpaint qui vous puiſſent
flater.
$2
Avous chanter nos voixfont tou-
• jours preftes;
Maisquand nos Vers àla Postérité
Pourroient vous peindre auſſi grand
que vous eftes,
Quand de vos Loix ils diroient l'é
quité,
De voftre Bras les rapides conqueftes,
De voftre Esprit la noble activité,
De voſtreabordle charme inévitable,
Quelle enferoitpour vous l'utilité?
GALANT. 197
Lors que le vray paroiſt peu vraySemblable,
Iln'afurnous que peu d'autorité.
22
Ces Conquérans qu'eurent Rome &
la Gréce,
Ccs Demy. Dieuxfur centLyres chantez,
Onteu le fortque trop de gloire laiffe,
On les a crusfervilementflatez.
Tantde vertus qu'en eux l'Hiftoire
affemble,
Eff, difoit- on, leprix de leurs bienfaits;
Etfi vousfentfous qui l'Univers tremble,
N'euffiezplusfait qu'ils n'ontfait
tousenſemble
On douteroit encor de leurs hauts
Faits
Rüj
198 MERCURE
SS
Deleur valeurlavostre nous affure,
Vous la rendez croyable en l'ifaçants
Unvelfecours chez la Racefuture
Sera pour vous unfecours impuif
Sant..
Quelques efforts que la Naturefaffe
Pour les Héros quefa mainformera,
Loin d'en trouver quelqu'un qui
vous efface,
Famais aucun ne vous égalera.
22
N'allez doncplus expofer une vie
D'où le bonheurde l'Univers dépends
Voyezla Paix, de tous les biensfui
vie,
Quidans lesbras des Plaifirs vom
attend;"
Epargnez-nous de mortelles allar
mess
GALANT: 19.
Oùcourez-vousparla Gloire animé
Si la Victoire apour vous tant de
charmes,
Vouspouvez vaincre icyfans eftre
; armé.
N'appellez point une indigne foibleſſe
Quelques momens donnez à la tendreffe;
Les plus grands Cœurs n'ont pas le
moins aimé.
S2
Mais aux trævaux de la fiere BelLonne,
F'oppoſe en vain le repos le plus
doux.
Les faux plaifirs que l'oifiveté
donne,
Nefontpas faits pour un Roy comme
vem,
Rij
200 MERCURE
Inftruit de tout, appliquéfans relâche,
Et toûjoursgranddans les moindres
Lorsprojets.
que la Paix aux périls vous
arrache,
Une autre gloire àſon tour vou
attache,
Et vous immole au bien de vos
Sujets.
Se
Ainfi l'on voit le Maistre du Tonnerre,
Diverſement occupé dans les Cieux;
Tantoft vainqueur dans l'infolente
Guerre
Quifitpérir lesTitansfuricux;
Tantoft veillant au bonheur de la
Terre,
Porterpartout un regard curieux,
Y rétablir le calme, l'innocence,
GALANT. 201
Eftredetous la crainte, l'eſpérance,
Etleplusgrand, &le meilleur des
Dieux.
SS
Craint, adoré..... Mais j'entens la
Victoire
Qui vous appelle à des Exploits
nouveaux.
Que de hauts Faits vont groffir
voftre Hiftoire!
Partez, courez à des deftins fi beaux.
Je voy l'Eſpagne aux Traitez infidelle
DefesPaispayerfesattentats;
Je voy vos coups détruire les Etats
Dufier Voifin quifoûtientfa querelle;
Etje vous voy vainqueur en cent
Combats,
Donner la Paix, & la rendre eter
netle.
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Résumé : EPITRE DE MADAME DES HOULIERES, AU ROY.
En mai 1684, le roi entreprit un voyage en Flandre, motivé par la résistance des Espagnols. Le texte détaille les événements et les nouvelles reçues par le monarque durant ce mois. Il mentionne les armées de terre et de mer, ainsi que les ambassadeurs présents dans les cours étrangères. Une description précise des camps est également fournie. À l'annonce du départ du roi, plusieurs vers furent publiés, dont une épître de Madame des Houlières adressée au roi. Cette épître célèbre les exploits du roi, sa bravoure et les bienfaits qu'il apporte à la France. Elle exprime le souhait que le roi trouve un repos mérité après ses conquêtes et souligne que ses actions rendent la France prospère et redoutable pour les nations étrangères. Madame des Houlières reconnaît la difficulté de décrire pleinement la grandeur du roi et compare ses exploits à ceux des anciens héros. Elle encourage le roi à apprécier la paix et les plaisirs, tout en reconnaissant que ses devoirs l'appellent à de nouveaux exploits. L'épître conclut en évoquant la victoire du roi sur l'Espagne et ses ennemis, ainsi que sa capacité à établir une paix durable.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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16
p. 83-89
INSCRIPTIONS DES NEUF GRANDS TABLEAUX DE LA GALERIE DE VERSAILLES.
Début :
Au premier Tableau qui représente le Roy préferant la Gloire aux [...]
Mots clefs :
Inscriptions, Tableaux, Gloire, Plaisirs, Repos, Ambition, Guerre, Ennemis, Attaque, Galerie de Versailles
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texteReconnaissance textuelle : INSCRIPTIONS DES NEUF GRANDS TABLEAUX DE LA GALERIE DE VERSAILLES.
INSCRIPTIONS
DES NEUF GRANDS TABLEAUX
DE LA GALERIE DE
VERSAILLES
.
Au premier Tableau qui re
I
D 6 .
84
MERCURE
4
préfente le Roy préferant la
Gloire aux Plaifirs .
INSCRIPTION.
LOUIS LE GRAND dans la fleur
de fa jeuneſſe , prend en main le
Timon de l'Etat , & renonçant au
Repos & aux Plaifirs , je donne
tout entier à l'amour de la veritable
Gloire.
Seconde partie de ce même
Tableau de l'autre cofté du
Cintre.
"
INSCRIPTION.
L'Allemagne , l'Espagne & la
Hollande , font alarmées de la réfolution
de ce jeune Monarque , &
commencent à redouter fon Bras,
qui devoit eftre fatal à leur ambition.
Second Tableau , où le Roy
eft repréſenté , meditant fur la
GALANT. 85
Guerre qu'il voulois faire aux
Hollandois .
INSCRIPTION.
Le Roy delibere s'il attaquera les
Hollandois , & apres diverfes réflexions
que la prudence & la valeur
luyfontfaire , ilfe détermine à
la Guerre par le confeil de la
Iustice.
Troifiéme Tableau , repréſentant
les Préparatifs de la Guerre.
บ
INSCRIPTION.
Le Roy arme par mer &par terre
avec tant de grandeur & de promp
titude , que fes Ennemis n'en conçoivent
pas moins d'admiration que
d'épouvante.
Quatrième Tableau , reprefentant
l'ouverture de la Campagne
contre les Hollandois , par
quatre Siéges.
86 MERCURE
INSCRIPTION.
Le Roy forme le deffein d'affieger
en mesme temps Vvefel , Burich ,
Orfoy , Bhimberg , & en regle les
Préparatifs avec fes Genéraux.
Cinquième Tableau , repréfentant
le Paffage du Rhin à
Tholuis .
INSCRIPTION,
Le merveilleux paffage du Rhim
donne entrée aux François jufques
dans le coeur de la Hollande , & rien
ne peut refifter à la justice des armes
du Roy , ny retarder la rapidité de
Les Conquestes.
Seconde partie de ce mefme
Tableau , de l'autre cofté da
Cintre.
INSCRIPTION.
Treize jours d'Attaque rendent
le Roy maistre de Maſtrich à l'étonGALANT.
87
nement de toute l'Europe , tandis
que fes Vaiffeaux mettent enfuite
la flotte Hollandoife fur les Coftes
de l'Amérique
.
Sixième Tableau , repréſentant
l'Union de l'Allemagne , de
l'Espagne , & de la Hollande contre
la France.
INSCRIPTION.
La Hollande effrayée de tant de
pertes imprévues , & prefque incroyables
, cherche un remede à fes
malheurs , dans l'Alliance qu'elle
fait avec l'Espagne & l'Allemagne.
Septiéme Tableau , repréfentant
la feconde Conquefte de la
Franche Comté .
INSCRIPTION.
La Franche Comté foûmiſe pour
la feconde fois avec une promptitu
88 MERCURE
de extraordinaire , malgré l'oppofition
des Saifons , fait repentir
l'Espagne ; mais trop tard , de fon.
engagement contre la France.
Hoitiéme Tableau , reprefentant
la Priſe de Gand .
INSCRIPTION.
Le Roy tombe comme un Foudre
fur la Ville de Gand , & par cette
nouvelle Conquefte , ôte à la Flandre
La derniere efperance que luy reftoit .
Seconde partie de ce même
Tableau , de l'autre cofté du
Cintre.
INSCRIPTION.
La puiffance victorieufe du Roy
renverfe la Politique d'Espagne ,
éblouit fon Confeil , & déconcertefa
prévoyance.
Neuvième Tableau , repréfentant
la defunion de la Hollande
d'avec l'Espagne & l'Allemagne
.
GALANT. 89
•
INSCRIPTION
La Hollande tend les bras à la
Paix qui luy eft offerte, &le defunit
de l'Allemagne & de l'Espagne , qui
font de vains efforts pour l'arrester.
DES NEUF GRANDS TABLEAUX
DE LA GALERIE DE
VERSAILLES
.
Au premier Tableau qui re
I
D 6 .
84
MERCURE
4
préfente le Roy préferant la
Gloire aux Plaifirs .
INSCRIPTION.
LOUIS LE GRAND dans la fleur
de fa jeuneſſe , prend en main le
Timon de l'Etat , & renonçant au
Repos & aux Plaifirs , je donne
tout entier à l'amour de la veritable
Gloire.
Seconde partie de ce même
Tableau de l'autre cofté du
Cintre.
"
INSCRIPTION.
L'Allemagne , l'Espagne & la
Hollande , font alarmées de la réfolution
de ce jeune Monarque , &
commencent à redouter fon Bras,
qui devoit eftre fatal à leur ambition.
Second Tableau , où le Roy
eft repréſenté , meditant fur la
GALANT. 85
Guerre qu'il voulois faire aux
Hollandois .
INSCRIPTION.
Le Roy delibere s'il attaquera les
Hollandois , & apres diverfes réflexions
que la prudence & la valeur
luyfontfaire , ilfe détermine à
la Guerre par le confeil de la
Iustice.
Troifiéme Tableau , repréſentant
les Préparatifs de la Guerre.
บ
INSCRIPTION.
Le Roy arme par mer &par terre
avec tant de grandeur & de promp
titude , que fes Ennemis n'en conçoivent
pas moins d'admiration que
d'épouvante.
Quatrième Tableau , reprefentant
l'ouverture de la Campagne
contre les Hollandois , par
quatre Siéges.
86 MERCURE
INSCRIPTION.
Le Roy forme le deffein d'affieger
en mesme temps Vvefel , Burich ,
Orfoy , Bhimberg , & en regle les
Préparatifs avec fes Genéraux.
Cinquième Tableau , repréfentant
le Paffage du Rhin à
Tholuis .
INSCRIPTION,
Le merveilleux paffage du Rhim
donne entrée aux François jufques
dans le coeur de la Hollande , & rien
ne peut refifter à la justice des armes
du Roy , ny retarder la rapidité de
Les Conquestes.
Seconde partie de ce mefme
Tableau , de l'autre cofté da
Cintre.
INSCRIPTION.
Treize jours d'Attaque rendent
le Roy maistre de Maſtrich à l'étonGALANT.
87
nement de toute l'Europe , tandis
que fes Vaiffeaux mettent enfuite
la flotte Hollandoife fur les Coftes
de l'Amérique
.
Sixième Tableau , repréſentant
l'Union de l'Allemagne , de
l'Espagne , & de la Hollande contre
la France.
INSCRIPTION.
La Hollande effrayée de tant de
pertes imprévues , & prefque incroyables
, cherche un remede à fes
malheurs , dans l'Alliance qu'elle
fait avec l'Espagne & l'Allemagne.
Septiéme Tableau , repréfentant
la feconde Conquefte de la
Franche Comté .
INSCRIPTION.
La Franche Comté foûmiſe pour
la feconde fois avec une promptitu
88 MERCURE
de extraordinaire , malgré l'oppofition
des Saifons , fait repentir
l'Espagne ; mais trop tard , de fon.
engagement contre la France.
Hoitiéme Tableau , reprefentant
la Priſe de Gand .
INSCRIPTION.
Le Roy tombe comme un Foudre
fur la Ville de Gand , & par cette
nouvelle Conquefte , ôte à la Flandre
La derniere efperance que luy reftoit .
Seconde partie de ce même
Tableau , de l'autre cofté du
Cintre.
INSCRIPTION.
La puiffance victorieufe du Roy
renverfe la Politique d'Espagne ,
éblouit fon Confeil , & déconcertefa
prévoyance.
Neuvième Tableau , repréfentant
la defunion de la Hollande
d'avec l'Espagne & l'Allemagne
.
GALANT. 89
•
INSCRIPTION
La Hollande tend les bras à la
Paix qui luy eft offerte, &le defunit
de l'Allemagne & de l'Espagne , qui
font de vains efforts pour l'arrester.
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Résumé : INSCRIPTIONS DES NEUF GRANDS TABLEAUX DE LA GALERIE DE VERSAILLES.
Le document décrit neuf tableaux de la galerie de Versailles, chacun illustrant des moments clés du règne de Louis XIV. Le premier tableau montre Louis XIV, jeune, choisissant la gloire et prenant les rênes de l'État, suscitant l'inquiétude de l'Allemagne, de l'Espagne et de la Hollande. Le second tableau le représente méditant sur une guerre contre les Hollandais, qu'il décide d'entreprendre pour des raisons de justice. Le troisième tableau illustre les préparatifs de la guerre, avec Louis XIV armant ses forces par mer et par terre, provoquant admiration et épouvante chez ses ennemis. Le quatrième tableau montre l'ouverture de la campagne contre les Hollandais par quatre sièges. Le cinquième tableau représente le passage du Rhin à Tolhuis, la prise de Maastricht et la fuite de la flotte hollandaise en Amérique. Le sixième tableau décrit l'alliance de l'Allemagne, de l'Espagne et de la Hollande contre la France. Le septième tableau montre la soumission rapide de la Franche-Comté malgré l'opposition des Saisons, regrettée par l'Espagne. Le huitième tableau illustre la prise de Gand, privant la Flandre de ses dernières espérances et influençant la politique espagnole. Enfin, le neuvième tableau représente la désunion de la Hollande avec l'Espagne et l'Allemagne, la Hollande acceptant la paix offerte par Louis XIV.
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17
p. 15-31
LA FRANCE AU ROY, SUR L'EXTIRPATION DE L'HERESIE.
Début :
On ne doit point s'étonner apres tous ces soins, / Grand Roy, qui dans l'Eglise avez le Droit d'Ainesse, [...]
Mots clefs :
Louanges, Monarque, Chevalier de Longueil, Hérésie, Lois, Église, Couronne, Honneur, Grandeur, Monstres, Conversion, Tyrans, Vérité, Auteurs, Guerre
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texteReconnaissance textuelle : LA FRANCE AU ROY, SUR L'EXTIRPATION DE L'HERESIE.
On ne doit point s'étonner
apres tous ces foins , qui font
fuivis tous les jours de fuccez
tres- favorables , fi l'on entend
retentir de toutes parts les
loüanges de noftre augufte
Monarque. Je croy ne pouvoir
vous les faire entendre
16 MERCURE
d'une maniére plus agréable ,
qu'en vous envoyant les Vers
que vous allez lire . Ils font de
M'le Chevalier de Longueil,
qui ſe diſtingue autant par les
belles Lettres que par les Mathématiques
. Če Gentilhomme
qui demeure en Anjou ,
eft de l'Illuftre Maifon de
Longueil , qui a l'honneur de
voir encore aujourd'huy M¹
le Préfident de Maifons, exercer
une des premiéres Charges
de la Juſtice , avec toute
la réputation que ſes Ance
ftres ont acquife pendant les
trois derniers Siécles , & fen
GALANT.
17
3
>
M' le Préfident de Maiſons.
fon Pere , Surintendant des
Finances en celuy- cy. Il
femble que M' le Chevalier
de Longueil ait voulu imiter
dans ces vers le zéle de Chriftophe
de Longueil , le plus
celebre Orateur Latin , que las
France ait eu jufques à luy ,,
lequel déclama dans l'Eglife
de S. Pierre , en prefence dus
Pape Leon X. cette éloquente
Oraifon , qu'il avoit compofée
contre l'Heréfie de Luther
alors naiffante , & qui fe:
trouve dans fes Ouvrages.
Février
1685-
B
18 MERCURE
SZ-SSSESES:S22SSSS
LA FRANCE
AU ROY,
SUR L'EXTIRPATION
DE L'HERESIE.
G
·RAND ROT , quidas l'Eglife
avez le Droit d' Aineffe ,
Et aans fesfaintes Loixpuifez voftre
Sageffe,
Pour régir des François l'Empire
glorieux,
Qu'a fignalé la Foy de vos premiers
Aуeux;
Cher Prince, à qui le Ciel adonné ma
Couronne,
Pourtenir en vos mains tous les ordres
qu'il donne,
GALANT rep
Rétablir des Autels les bonneurs méprifez
Réunir tant de coeurs fi long- temps
divifex, A
Et pour rendre à mes Lys cette pure
innocence,
Qu'ils reçûrent du lien de leurfainte
naiffance.
Apres m'avoirportée à ce baut point:
d'honneur,
Qui refléchitfur- moy vostre propre
Grandeur;
M'avoir donné du Rhin la Barriere
fameuse,
Faitcoulerfous mesLoix , & l'Efcaur »
& la Meufe;
Avoirpour le Commerce ouvert de
nouveaux Ports ,
De Pinde & du Couchant attiré les
tréfors;
Et pour joindre les Mers, prodiguanst
Les miracles ,
20 MERCURE
Des Rochers & des Eauxforcé tous les
obftacles;
Apresm'avoir donné, par lefecours
des Arts,
Defuperbes Palais , & defameux
Ramparts,
Et par tant de travaux, qu'en tous
lieux on renomme,
Eait voir qu'eftre François, c'eft eftre
plus qu'un Homme;
Par un reffentiment digne de vos
bienfaits,
Je viens du Monde entier vous offrir
les refpects,
Et donner pour Garans de ma reconnoiffance,
Les coeurs de vos Sujets,& mon obeïf
fance.
De mefme que la Terre au retour du
Printemps
Découvre defes Fleurs les Rubis éclas
tans.ક
GALANT 20
Etpourenfaire hommage au Roy de la
Nature,
Semble luy présenter la naiffante
verdure;
Telle, &plus redevable à vos ſoins
glorieux,
Jétale mon bonheur & mapompe à
vos yeux
Mais le Ciel a voulu qu'à de plus
nobles marques akt
Vousfuffiez reconnu le plus grand
des Monarques,
Et qu'un pieux Héros dans la prospé
rité,
Travaillantfans relâche à l'immortalité,
Extirpast l'Heréfie, & coupantfes
racines,
Enfin d'avec mes Lys feparast les
Epines..
Depuis unfiécle, on plus, mes Peuples
vas Sujets
22 MERCURE
Ont pour ce grand deſcin formé de.
vains projets...
Les Charles , les Henrys, & voftre
auguste Pere,
Ontcombatu ce,Monftre , & n'ontpú
le défaires
Et P.Universconnoist,fans en estre
jaloux,
Qu'il n'eftoitréfervé
qu'à vos illu .
ftres coups.
QuelSpectacle de voir mon Roy cou
vert degloire,
Faire de Conftantin revivre lamémoire
,
Elevercomme luy l'Etendart de la
Croix,
Faireregnerceluy qui fait regner les.
Roys ,
Contrefes Ennemisprendre en main.
fa quercite,
Et vanger en Chrétien fon Eglife
fidelle!
GALANT. 23
4
Oxy , Dicu mefmejaloux deſespra..
pres honneurs.
S'estfait en tous les temps de pieux:
Défenfeurs;
Lug - mefme a foûtenu le coeur des
Macabées,
Pour vaincre d'un Tyran les nom
breufes Armées;
Et l'heureufe valeur du Berger d'If
raël,
Pour délivrer les Iuifs , fut l'ouvrage
du Ciel."
Voftre tour eft venu, Grand Prince, il
vous appelle,
Pour eftre l'Héritier de leur glaire
immortelle..
Oquej'aime à vous voir, épris de
cette ardeur,
Chercher tous les moyens de diffiper
L'erreur;
Dufameux Bofsüet emprunter l'élo-
∙quence,
24 MERCURE
Et dujufte Tellier confulter lapru
dence;
Exciter Chanvallon, dont lafainte
ferveur,
D'Aurele & d Auguſtin imitant la
douceur,
Propofe du Clergé la Lettre Paftorale, -
Pour attirer les coeurs que retient la
Cabale,
Etjoindre àleurs travaux la libéra--
lité,
Lamajefté des Loix, l'exemple, & -
L'équités
Des Nouveaux Convertis foûtenirl'indigence,
Etpunirdes Relaps l'odieufe incon--
Stance!
D'unfage & puiffant Roy falutaire
rigueur,
Qui détermine au Bien la liberté du
coeur
maiss
GALANT. 25
Mais quey ! doit-on ainfi nommer
voftrejustice,
Qui pardonne à tous ceux qui renoncentau
vice?
Elle qui n'interdit les emplois glorieux
Quejufques au moment que l'Homme
ouvre les yeux.
Quand par voftre bonté, dont elle est
prévenuë,
De ceux qui la craignoient le nombre
diminuë;
Lorsque vous adoptez cesgenéreux
Enfans,
Dont les Peres, fans vous, deviendroient
les Tyrans;
On quand vos foins heureux, cherchant
avec tendreffe
Ceux que la Grace touche, & la Verité
preſſe,
Font voir avec éclat d'illuftres Déferteurs,
Fevrier 1685. C
26 MERCURE
Minifires de Satan , abjurer leurs »
erreurs.
Puiffe du GrandLOVIS l'infatiga
ble zéle
Aux Héros à venir eftre un parfait
modelle;
Ou fi de l'imiter on tâche vaincment,
Que du moins on l'admire avec étonnement,
Dans le défir de voir réunis à l'Eglife
Les coeurs defes Sujets, que le Schifme
divife,
S'eftimer fortuné, fi defon Bras un
jour
Il payoit la valeur de cet heureux
retour.
Maisformez d'autres voeux, Prince
trop magnanime,
Le Ciel ne veut de vous qu'un tribut
légitime:
Gardez ce Bras vainqueur, que craint
tout l'Univers,
GALANT 27
Pour punir les Mechans, & leur donnerdes
fers.
Ce Bras, par qui la Foy de fes droits
refaifie,
Ajufque dans Strasbourg détrôné ››
PHeréfie ;
Et qui pour la détruire enfes Retranchemens,
then war
Renverse d'unſignalfes plus chers
monumens:
Pourfuir voftrejuftice, oùfe cachera-telle?
Lefameux Montauban,
l'orgueilleufe
Rochelle,
Nifmes & Montpellier, avec tant
d'autres
Lieux ,
Où l'audace Herétique a bravé vos
Ayeux,
Ont vû tomber les Murs qui lay fervoient
d'azile.
L'Anglois, qui lafoûtint, luy devient
inutile.
28 MERCURE
L'Union d'Allemagne &defes Novateurs
Est le Phantome vain de nos Réfor
mateurs,
Et leur ambition clairement décou
verte,
Enfaveur de l'Etat doit avancer leur
perte.
Sans répandre leurfang, vousfçavez,
m'en vanger;
Fousles traitez en Perc, & l'onles
voit changer;
Mais
pour
les coeurs d'airain ayez
moins de clémence.
De cet illuftre Grec imitez la pru
.
dence,
Qui ne pouvoit fouffrir le dernier.
Rejetton
Qui pust de Troye un jour refufciter
le
nom,
Et rangerfur les Grecs la bonte de
Afie.
GALANT. 29
Vous connoiffez, Grand Roy, ce que
peut l'Heréfie;
Cet Hydre renaissant, de monfang
alteré,
Monftre des coeursféduits follement
revéré.
Et vous, Sujets ingrats, rebelles
Herétiques,
Quejay vus les Autheurs des miferes
publiques,
Volontaires Profcrits , ambitieuxTitans,
Nourris du mefme lait de mes plus
chers Enfans;
De quel Démon pouffez , de quelle
barbarie,
Avez - vous déchiré le fein de la
Patrie?
Mes Fleuves teints defang, & mes
Roys méprifez,
LesTemples mis en cendre , & les
Autels brifez,
30 MERCURE
Sont les affreux effets de ces triftes
journées,
oùjay vi mafortune &ma gloire
bornées,
Quandl'erreur populaire infectant
les grands coeurs,
De mes pres Hérosfaifoitfes Protecicurs.
Dreux, S. Deni ,Farnac, font les têmoins
fidelles
Des premieres horreurs de ces Guerres
cruelles,
où j'ay, quand vostre fer ne me refpectoir
plus,
Couronné les Vainqueurs, &pleuré
les Vaincus.
Soit de tels attentats l'audace terminée;
Mon Roytientfous ſes pieds la Difcorde
enchaînée.
Pourriez - vousfoûtenir; impuiſſans
Factieux,
GALANT 31
Les regards d'un Héros toûjours
victorieux,
Etfaire foulever les Cevennesfidel
les?
Non, a Religion ne fait point de
rebelles.
Grand Monarque, achevez la Conqueftedes
coeurs,
Elle doit égaler les vaincus aux Vainqucurs;
Etfaites avouer à la plus noire envie,
Que le Nom de LOVIS ,fatal à
l'Heréfie,
Dans l'Eglife & l'Etat rétablit l'u
nité;
Et que celuy de GRAND, tantdefois
mérité,
Vientmoins de vos Exploits , qu'honore
la Vistoire,
Que de la Pieté que marque voftre
Hiftoire.
apres tous ces foins , qui font
fuivis tous les jours de fuccez
tres- favorables , fi l'on entend
retentir de toutes parts les
loüanges de noftre augufte
Monarque. Je croy ne pouvoir
vous les faire entendre
16 MERCURE
d'une maniére plus agréable ,
qu'en vous envoyant les Vers
que vous allez lire . Ils font de
M'le Chevalier de Longueil,
qui ſe diſtingue autant par les
belles Lettres que par les Mathématiques
. Če Gentilhomme
qui demeure en Anjou ,
eft de l'Illuftre Maifon de
Longueil , qui a l'honneur de
voir encore aujourd'huy M¹
le Préfident de Maifons, exercer
une des premiéres Charges
de la Juſtice , avec toute
la réputation que ſes Ance
ftres ont acquife pendant les
trois derniers Siécles , & fen
GALANT.
17
3
>
M' le Préfident de Maiſons.
fon Pere , Surintendant des
Finances en celuy- cy. Il
femble que M' le Chevalier
de Longueil ait voulu imiter
dans ces vers le zéle de Chriftophe
de Longueil , le plus
celebre Orateur Latin , que las
France ait eu jufques à luy ,,
lequel déclama dans l'Eglife
de S. Pierre , en prefence dus
Pape Leon X. cette éloquente
Oraifon , qu'il avoit compofée
contre l'Heréfie de Luther
alors naiffante , & qui fe:
trouve dans fes Ouvrages.
Février
1685-
B
18 MERCURE
SZ-SSSESES:S22SSSS
LA FRANCE
AU ROY,
SUR L'EXTIRPATION
DE L'HERESIE.
G
·RAND ROT , quidas l'Eglife
avez le Droit d' Aineffe ,
Et aans fesfaintes Loixpuifez voftre
Sageffe,
Pour régir des François l'Empire
glorieux,
Qu'a fignalé la Foy de vos premiers
Aуeux;
Cher Prince, à qui le Ciel adonné ma
Couronne,
Pourtenir en vos mains tous les ordres
qu'il donne,
GALANT rep
Rétablir des Autels les bonneurs méprifez
Réunir tant de coeurs fi long- temps
divifex, A
Et pour rendre à mes Lys cette pure
innocence,
Qu'ils reçûrent du lien de leurfainte
naiffance.
Apres m'avoirportée à ce baut point:
d'honneur,
Qui refléchitfur- moy vostre propre
Grandeur;
M'avoir donné du Rhin la Barriere
fameuse,
Faitcoulerfous mesLoix , & l'Efcaur »
& la Meufe;
Avoirpour le Commerce ouvert de
nouveaux Ports ,
De Pinde & du Couchant attiré les
tréfors;
Et pour joindre les Mers, prodiguanst
Les miracles ,
20 MERCURE
Des Rochers & des Eauxforcé tous les
obftacles;
Apresm'avoir donné, par lefecours
des Arts,
Defuperbes Palais , & defameux
Ramparts,
Et par tant de travaux, qu'en tous
lieux on renomme,
Eait voir qu'eftre François, c'eft eftre
plus qu'un Homme;
Par un reffentiment digne de vos
bienfaits,
Je viens du Monde entier vous offrir
les refpects,
Et donner pour Garans de ma reconnoiffance,
Les coeurs de vos Sujets,& mon obeïf
fance.
De mefme que la Terre au retour du
Printemps
Découvre defes Fleurs les Rubis éclas
tans.ક
GALANT 20
Etpourenfaire hommage au Roy de la
Nature,
Semble luy présenter la naiffante
verdure;
Telle, &plus redevable à vos ſoins
glorieux,
Jétale mon bonheur & mapompe à
vos yeux
Mais le Ciel a voulu qu'à de plus
nobles marques akt
Vousfuffiez reconnu le plus grand
des Monarques,
Et qu'un pieux Héros dans la prospé
rité,
Travaillantfans relâche à l'immortalité,
Extirpast l'Heréfie, & coupantfes
racines,
Enfin d'avec mes Lys feparast les
Epines..
Depuis unfiécle, on plus, mes Peuples
vas Sujets
22 MERCURE
Ont pour ce grand deſcin formé de.
vains projets...
Les Charles , les Henrys, & voftre
auguste Pere,
Ontcombatu ce,Monftre , & n'ontpú
le défaires
Et P.Universconnoist,fans en estre
jaloux,
Qu'il n'eftoitréfervé
qu'à vos illu .
ftres coups.
QuelSpectacle de voir mon Roy cou
vert degloire,
Faire de Conftantin revivre lamémoire
,
Elevercomme luy l'Etendart de la
Croix,
Faireregnerceluy qui fait regner les.
Roys ,
Contrefes Ennemisprendre en main.
fa quercite,
Et vanger en Chrétien fon Eglife
fidelle!
GALANT. 23
4
Oxy , Dicu mefmejaloux deſespra..
pres honneurs.
S'estfait en tous les temps de pieux:
Défenfeurs;
Lug - mefme a foûtenu le coeur des
Macabées,
Pour vaincre d'un Tyran les nom
breufes Armées;
Et l'heureufe valeur du Berger d'If
raël,
Pour délivrer les Iuifs , fut l'ouvrage
du Ciel."
Voftre tour eft venu, Grand Prince, il
vous appelle,
Pour eftre l'Héritier de leur glaire
immortelle..
Oquej'aime à vous voir, épris de
cette ardeur,
Chercher tous les moyens de diffiper
L'erreur;
Dufameux Bofsüet emprunter l'élo-
∙quence,
24 MERCURE
Et dujufte Tellier confulter lapru
dence;
Exciter Chanvallon, dont lafainte
ferveur,
D'Aurele & d Auguſtin imitant la
douceur,
Propofe du Clergé la Lettre Paftorale, -
Pour attirer les coeurs que retient la
Cabale,
Etjoindre àleurs travaux la libéra--
lité,
Lamajefté des Loix, l'exemple, & -
L'équités
Des Nouveaux Convertis foûtenirl'indigence,
Etpunirdes Relaps l'odieufe incon--
Stance!
D'unfage & puiffant Roy falutaire
rigueur,
Qui détermine au Bien la liberté du
coeur
maiss
GALANT. 25
Mais quey ! doit-on ainfi nommer
voftrejustice,
Qui pardonne à tous ceux qui renoncentau
vice?
Elle qui n'interdit les emplois glorieux
Quejufques au moment que l'Homme
ouvre les yeux.
Quand par voftre bonté, dont elle est
prévenuë,
De ceux qui la craignoient le nombre
diminuë;
Lorsque vous adoptez cesgenéreux
Enfans,
Dont les Peres, fans vous, deviendroient
les Tyrans;
On quand vos foins heureux, cherchant
avec tendreffe
Ceux que la Grace touche, & la Verité
preſſe,
Font voir avec éclat d'illuftres Déferteurs,
Fevrier 1685. C
26 MERCURE
Minifires de Satan , abjurer leurs »
erreurs.
Puiffe du GrandLOVIS l'infatiga
ble zéle
Aux Héros à venir eftre un parfait
modelle;
Ou fi de l'imiter on tâche vaincment,
Que du moins on l'admire avec étonnement,
Dans le défir de voir réunis à l'Eglife
Les coeurs defes Sujets, que le Schifme
divife,
S'eftimer fortuné, fi defon Bras un
jour
Il payoit la valeur de cet heureux
retour.
Maisformez d'autres voeux, Prince
trop magnanime,
Le Ciel ne veut de vous qu'un tribut
légitime:
Gardez ce Bras vainqueur, que craint
tout l'Univers,
GALANT 27
Pour punir les Mechans, & leur donnerdes
fers.
Ce Bras, par qui la Foy de fes droits
refaifie,
Ajufque dans Strasbourg détrôné ››
PHeréfie ;
Et qui pour la détruire enfes Retranchemens,
then war
Renverse d'unſignalfes plus chers
monumens:
Pourfuir voftrejuftice, oùfe cachera-telle?
Lefameux Montauban,
l'orgueilleufe
Rochelle,
Nifmes & Montpellier, avec tant
d'autres
Lieux ,
Où l'audace Herétique a bravé vos
Ayeux,
Ont vû tomber les Murs qui lay fervoient
d'azile.
L'Anglois, qui lafoûtint, luy devient
inutile.
28 MERCURE
L'Union d'Allemagne &defes Novateurs
Est le Phantome vain de nos Réfor
mateurs,
Et leur ambition clairement décou
verte,
Enfaveur de l'Etat doit avancer leur
perte.
Sans répandre leurfang, vousfçavez,
m'en vanger;
Fousles traitez en Perc, & l'onles
voit changer;
Mais
pour
les coeurs d'airain ayez
moins de clémence.
De cet illuftre Grec imitez la pru
.
dence,
Qui ne pouvoit fouffrir le dernier.
Rejetton
Qui pust de Troye un jour refufciter
le
nom,
Et rangerfur les Grecs la bonte de
Afie.
GALANT. 29
Vous connoiffez, Grand Roy, ce que
peut l'Heréfie;
Cet Hydre renaissant, de monfang
alteré,
Monftre des coeursféduits follement
revéré.
Et vous, Sujets ingrats, rebelles
Herétiques,
Quejay vus les Autheurs des miferes
publiques,
Volontaires Profcrits , ambitieuxTitans,
Nourris du mefme lait de mes plus
chers Enfans;
De quel Démon pouffez , de quelle
barbarie,
Avez - vous déchiré le fein de la
Patrie?
Mes Fleuves teints defang, & mes
Roys méprifez,
LesTemples mis en cendre , & les
Autels brifez,
30 MERCURE
Sont les affreux effets de ces triftes
journées,
oùjay vi mafortune &ma gloire
bornées,
Quandl'erreur populaire infectant
les grands coeurs,
De mes pres Hérosfaifoitfes Protecicurs.
Dreux, S. Deni ,Farnac, font les têmoins
fidelles
Des premieres horreurs de ces Guerres
cruelles,
où j'ay, quand vostre fer ne me refpectoir
plus,
Couronné les Vainqueurs, &pleuré
les Vaincus.
Soit de tels attentats l'audace terminée;
Mon Roytientfous ſes pieds la Difcorde
enchaînée.
Pourriez - vousfoûtenir; impuiſſans
Factieux,
GALANT 31
Les regards d'un Héros toûjours
victorieux,
Etfaire foulever les Cevennesfidel
les?
Non, a Religion ne fait point de
rebelles.
Grand Monarque, achevez la Conqueftedes
coeurs,
Elle doit égaler les vaincus aux Vainqucurs;
Etfaites avouer à la plus noire envie,
Que le Nom de LOVIS ,fatal à
l'Heréfie,
Dans l'Eglife & l'Etat rétablit l'u
nité;
Et que celuy de GRAND, tantdefois
mérité,
Vientmoins de vos Exploits , qu'honore
la Vistoire,
Que de la Pieté que marque voftre
Hiftoire.
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Résumé : LA FRANCE AU ROY, SUR L'EXTIRPATION DE L'HERESIE.
Le poème adressé au roi Louis XIV, écrit par le Chevalier de Longueil, membre d'une famille distinguée par ses contributions aux lettres et aux mathématiques, célèbre les exploits du roi et ses efforts pour extirper l'hérésie en France. Le texte loue le roi pour ses actions en faveur de la foi catholique, comparant ses efforts à ceux des grands rois et héros du passé. Il met en avant les succès militaires du roi ainsi que ses réformes administratives, telles que l'ouverture de nouveaux ports et la construction de palais et de remparts. Le poème souligne la détermination du roi à éradiquer l'hérésie et à réunir les cœurs divisés, soulignant son rôle de défenseur de la foi et de l'unité nationale. Le texte se termine par une exhortation au roi de continuer ses efforts pour maintenir la paix et la justice dans le royaume.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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18
p. 35-40
Edits, [titre d'après la table]
Début :
La bonté de ce grand Prince ne s'est pas bornée [...]
Mots clefs :
Bonté, Grand Prince, Besoins, Officiers, Juridiction, Édit, Guerre, Arrêt du conseil, Élection
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Edits, [titre d'après la table]
La bonté de ce grand Prince
ne ' s'eft pas bornée à ce
foin. La néceffité des temps
& des befoins de l'Etat , ayant
obligé les Roys fes Prédeceffeurs
à multiplier le nombre
des Officiers , dans quelques
Siéges & Jurifdictions , ce qui
leur avoit paru le moyen le
plus feur, & le plus facile de
fournir aux dépenfes les plus
preffantes de la Guerre , fans
fürcharger leurs Sujets , Sa
36 MERCURE
Majeſté voyant la Tréve acceptée
, & voulant en faire
goûter les fruits à fes Peuples
, a déclaré par un Edit
perpetüel & irrévocable, Que
Les Sièges Officiers des Eletions
Greniers à Sel établis &
en une mefme Ville , dans l'étendue
de la Ferme Genérale des
Gabelles de France , feront unis
& incorporez en un feul et mefme
Siége , pour ne faire qu'un
Corps d'Election & Grenier à
Sel , auquel Elle attribuë toute
Cour& Iurifdiction , tant Civi-
Criminelle , pour les Matiéres
dont les Elús font compe-
Le
que
GALANT. 37
a
tans dans l'étenduë de leur Siége ;
à l'égard des Gabelles dans
l'étendue de toutes les Paroffes ,
qui compofent ces Greniers unis.
Par le mefme Edit le nombre
des Officiers de ces Elections
& Greniers à Sel demeure
fixé, & ils doivent eftre choifis
par le Roy , entre ceux
qui font à preſent pourveus
pour compoſer ces mefmes
Siéges , fuivant les Etats qui
en feront arreftez dans fon
Confeil , Sa Majefté fupprimant
tous les autresOfficiers,
qui ne feront point réſervez
dans ces Etats. Lefquels Of ر-
38 MERCURE
ficiers feront actuellement &
inceffamment rembourfez
par les Receveurs Generaux
de fes Finances en chaque
Genéralité , du Prix de leurs
Offices , Gages & Droits qui
en dépendent ; & comme ce
rembourſement pourroit être
préjudiciable à leurs Créanciers
, Sa Majefté voulant
pourvoir à leur feureté, a ordonné
par fon Arreft du Confeil
d'Etat rendu le
30
de Janvier
, Que dans un mois pour tout.
delay , du jour de l'enregistrement
de l'Edit ,
portant
la Réduction
des Officiers , qui compoferont à
GALANT. 39
Pavenir les Siéges des Elections
Greniers à Sel, & de l'Arreft
du 30 de Fanvier , dans chacun
des Siéges des Elections &
Greniers à Sel , les Créanciers des
Officiers qui ne feront pas réfervez
, ou Prétendans Droits aux
Officesfuprimez, dont ils eftoient
Proprietaires , feront tenus de
faire leurs Saifies au Bureau de
la Recepte Generale des Finances
de la Generalité, dont les Sieges
des Elections & Greniers à Sel
feront dépendans , comme auffi de
faire fignifier les Oppofitions par
euxformées au Sceau , des Lettres
de Provifion de ces Offices,
40 MERCURE
au mefme Bureau de la Recepte
Generale dans le mefme delays
finon , & àfaute de le faire dans
ce temps , les Oppofitions quipourroient
eftre faites par eux demeureront
nulles , & les Pourveus
Proprietaires de ces Offices
Supprimez,feront rembourfezpar
les Receveurs Generaux des Finances
,fuivant l'Edit de Redu
tion.
ne ' s'eft pas bornée à ce
foin. La néceffité des temps
& des befoins de l'Etat , ayant
obligé les Roys fes Prédeceffeurs
à multiplier le nombre
des Officiers , dans quelques
Siéges & Jurifdictions , ce qui
leur avoit paru le moyen le
plus feur, & le plus facile de
fournir aux dépenfes les plus
preffantes de la Guerre , fans
fürcharger leurs Sujets , Sa
36 MERCURE
Majeſté voyant la Tréve acceptée
, & voulant en faire
goûter les fruits à fes Peuples
, a déclaré par un Edit
perpetüel & irrévocable, Que
Les Sièges Officiers des Eletions
Greniers à Sel établis &
en une mefme Ville , dans l'étendue
de la Ferme Genérale des
Gabelles de France , feront unis
& incorporez en un feul et mefme
Siége , pour ne faire qu'un
Corps d'Election & Grenier à
Sel , auquel Elle attribuë toute
Cour& Iurifdiction , tant Civi-
Criminelle , pour les Matiéres
dont les Elús font compe-
Le
que
GALANT. 37
a
tans dans l'étenduë de leur Siége ;
à l'égard des Gabelles dans
l'étendue de toutes les Paroffes ,
qui compofent ces Greniers unis.
Par le mefme Edit le nombre
des Officiers de ces Elections
& Greniers à Sel demeure
fixé, & ils doivent eftre choifis
par le Roy , entre ceux
qui font à preſent pourveus
pour compoſer ces mefmes
Siéges , fuivant les Etats qui
en feront arreftez dans fon
Confeil , Sa Majefté fupprimant
tous les autresOfficiers,
qui ne feront point réſervez
dans ces Etats. Lefquels Of ر-
38 MERCURE
ficiers feront actuellement &
inceffamment rembourfez
par les Receveurs Generaux
de fes Finances en chaque
Genéralité , du Prix de leurs
Offices , Gages & Droits qui
en dépendent ; & comme ce
rembourſement pourroit être
préjudiciable à leurs Créanciers
, Sa Majefté voulant
pourvoir à leur feureté, a ordonné
par fon Arreft du Confeil
d'Etat rendu le
30
de Janvier
, Que dans un mois pour tout.
delay , du jour de l'enregistrement
de l'Edit ,
portant
la Réduction
des Officiers , qui compoferont à
GALANT. 39
Pavenir les Siéges des Elections
Greniers à Sel, & de l'Arreft
du 30 de Fanvier , dans chacun
des Siéges des Elections &
Greniers à Sel , les Créanciers des
Officiers qui ne feront pas réfervez
, ou Prétendans Droits aux
Officesfuprimez, dont ils eftoient
Proprietaires , feront tenus de
faire leurs Saifies au Bureau de
la Recepte Generale des Finances
de la Generalité, dont les Sieges
des Elections & Greniers à Sel
feront dépendans , comme auffi de
faire fignifier les Oppofitions par
euxformées au Sceau , des Lettres
de Provifion de ces Offices,
40 MERCURE
au mefme Bureau de la Recepte
Generale dans le mefme delays
finon , & àfaute de le faire dans
ce temps , les Oppofitions quipourroient
eftre faites par eux demeureront
nulles , & les Pourveus
Proprietaires de ces Offices
Supprimez,feront rembourfezpar
les Receveurs Generaux des Finances
,fuivant l'Edit de Redu
tion.
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Résumé : Edits, [titre d'après la table]
Un édit royal français vise à réformer les sièges des élections et greniers à sel. Les monarques précédents avaient accru le nombre d'officiers pour financer les guerres sans surcharger les sujets. Le roi actuel, profitant d'une trêve, a publié un édit perpétuel et irrévocable unifiant ces sièges en une seule entité, dotée de juridictions civiles et criminelles. L'édit fixe le nombre d'officiers, choisis par le roi parmi les actuels. Les officiers non retenus seront indemnisés par les receveurs généraux des finances. Un arrêté du Conseil d'État protège les créanciers des officiers supprimés en leur permettant de déclarer leurs créances dans un mois après l'enregistrement de l'édit. Passé ce délai, les oppositions seront nulles et les officiers supprimés seront remboursés selon l'édit de réduction.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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19
p. 42-44
SUR LES GRANDES ACTIONS DU ROY.
Début :
On dira de Louis, par l'éclat de sa vie, [...]
Mots clefs :
Louis, Héros, Conseil, Guerre, Invincible, Titus, Vertus
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUR LES GRANDES ACTIONS DU ROY.
SUR LES GRANDES
ACTIONS DU ROY.
O
N dira de LOVIS, par l'éclat
de fa vie,
Qu'il est le feul Héros qu'on doit
appeller GRAND,,
GALANT. 43
Penetrant au Confeil , en Guerre
foudroyant,
Do tous les Poientats la terreur &
l'envie.
S&
Son nom afait trembler &l'Afrique
&PAfie;
Invinciblepar tout, & partout Conquérant,
Affable à fes Sujets, genéreux , bienfaifant,
C'est un autre TITUS , PERE DE LA
PATRIE.
$2
Rétablir le Trafic ,faire fleurir les
Arts,
Proteger les Autels, joindre Thémis
à Mars,
Sont des traits éclatans defa gloire
immortelle..
D jjj
44 MERCURE
S &
Aux fiécles à venirfes vertusferont
foy
Qu'ileuft efté des Roys leplus parfait
modelle,
Quandpar droit de naissance il n'cuft
pas efté Roy .
ACTIONS DU ROY.
O
N dira de LOVIS, par l'éclat
de fa vie,
Qu'il est le feul Héros qu'on doit
appeller GRAND,,
GALANT. 43
Penetrant au Confeil , en Guerre
foudroyant,
Do tous les Poientats la terreur &
l'envie.
S&
Son nom afait trembler &l'Afrique
&PAfie;
Invinciblepar tout, & partout Conquérant,
Affable à fes Sujets, genéreux , bienfaifant,
C'est un autre TITUS , PERE DE LA
PATRIE.
$2
Rétablir le Trafic ,faire fleurir les
Arts,
Proteger les Autels, joindre Thémis
à Mars,
Sont des traits éclatans defa gloire
immortelle..
D jjj
44 MERCURE
S &
Aux fiécles à venirfes vertusferont
foy
Qu'ileuft efté des Roys leplus parfait
modelle,
Quandpar droit de naissance il n'cuft
pas efté Roy .
Fermer
Résumé : SUR LES GRANDES ACTIONS DU ROY.
Le texte célèbre Louis, roi héroïque et guerrier, inspirant terreur et admiration. Son nom fait trembler l'Afrique et l'Asie. Généreux et bienfaisant, il est comparé à Titus. Il a rétabli le commerce, protégé les arts et la justice, et uni la guerre à la justice. Ses vertus feront foi aux siècles à venir, le présentant comme un modèle royal parfait.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
20
p. 285-286
« Vous pouvez voir dans la Planche, que j'ay eu le soin [...] »
Début :
Vous pouvez voir dans la Planche, que j'ay eu le soin [...]
Mots clefs :
Jetons, Devises, Trésor, Madame la Dauphine, Galère, Artillerie, Bâtiments, Guerre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Vous pouvez voir dans la Planche, que j'ay eu le soin [...] »
Vous pouvez voir dans la
Planche , que j'ay eu le foin
de faire graver les Jettons de
cette année. Les Devifes en
ont efté faites par les Illuftres.
que je vous ay nommez plufieurs
fois dans une femblable
occafion. Le premier de
ces Jettons eft pour le Trefor
Royal , le fecond pour la Maifon
de Madame la Dauphine,
286 MERCURE
le troifiéme pour les Galeres,
le quatrième pour l'Artillerie,
le cinquiéme pour les Bâtimens
, le fixiéme
le fixiéme pour l'Extraordinaire
des Guerres , le
feptiéme pour l'Ordinaire
des Guerres , le huitième pour
les Parties Cafuelles , le neuviéme
pour la Chambre aux
Deniers , le dixiéme pour la
Ville de Paris , & le dernier
pour celle de Dijon .
Planche , que j'ay eu le foin
de faire graver les Jettons de
cette année. Les Devifes en
ont efté faites par les Illuftres.
que je vous ay nommez plufieurs
fois dans une femblable
occafion. Le premier de
ces Jettons eft pour le Trefor
Royal , le fecond pour la Maifon
de Madame la Dauphine,
286 MERCURE
le troifiéme pour les Galeres,
le quatrième pour l'Artillerie,
le cinquiéme pour les Bâtimens
, le fixiéme
le fixiéme pour l'Extraordinaire
des Guerres , le
feptiéme pour l'Ordinaire
des Guerres , le huitième pour
les Parties Cafuelles , le neuviéme
pour la Chambre aux
Deniers , le dixiéme pour la
Ville de Paris , & le dernier
pour celle de Dijon .
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Résumé : « Vous pouvez voir dans la Planche, que j'ay eu le soin [...] »
Le texte relate la création de jetons pour l'année en cours, gravés par des personnalités déjà mentionnées. Ces jetons sont destinés à diverses entités : le Trésor Royal, la Maison de Madame la Dauphine, les Galères, l'Artillerie, les Bâtiments, l'Extraordinaire des Guerres, l'Ordinaire des Guerres, les Parties Casuelles, la Chambre aux Deniers, la Ville de Paris et la Ville de Dijon.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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21
p. 22-48
LETTRE.
Début :
Un Particulier ayant fait divers Ouvrages sur les dernieres Actions / Je me souviens, Monsieur, que vous avez voulu me persuader [...]
Mots clefs :
Approbation, Louis, Univers, Sentiments, Roi, Combats, Grandeur, Lois, Héros, Fortune, Monarque, Sage, Ennemis, Ambassadeur, Mérite, Guerre, Éloge, Honneur, Campagne militaire, Espagne, Vainqueur, Prudence, Courage, États, Audace, Sentiments, Conquérant, Trêve, Souverain, Armes, Peuple, Bonheur, Devise, Éclat
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE.
Un Particulier ayant fait
divers Ouvrages ſur les dernieres
Actions de cet auguſte
Monarque , les a ramaffez
comme en un Recueil dans
cetteLettre qu'il m'aadreſſée.
5555 5552 55255522
LETTRE.
TE me souviens , Monfieur.
que vous avez voulu me perfuader
que j'avois merité quel
GALANT. 23
que approbation des bons Connoiffeurs
, lors que je dis ily a
quelques années.
On faitmal ce qu'on fait , onne
fait qu'une affaire,
Mais LOUIS partagé dans cent
emplois divers,
ةو
Sedonnant tout à tout , fait voir
al'Univers,
Et qu'il fait ce qu'il faut, &qu'il
ſçait bien le faire.
Vous avez mesme prétendu
que j'avois expliqué les fentimens
de tout ce qu'il y a d'hon .
nestesGens au monde en difant,
Que tous les noms des Grands
cedent au nom duRoy,
24 MERCURE
Les Cefars, les Cyrus, les Hectors,
les Achilles,
Ont eu moins de merite &donné
moins d'effroy,
Par cent Combats rendus, par
cent priſes de Villes .
Je vous ferois bien obligé , fi
vous vouliezfairesçavoir aupublic,
que je défie toute la Terrede
me difputer la verité de ceque je
vais dire.
SONNET
SVR LA GRANDEVR DV ROY.
L
OUIS eſt grand en tout ; il
regle les Finances,
Ilreforme les Loix, il fait fleurir
esArts , :
Mille
GALANT. 25
Mille Vaiſſeaux flottans,mille orguilleux
Rampars
Partagent tous les jours ſes ſoins,
& les dépenſes ;
Dans le particulier,dans les réjoüifſſances
Il eſt autant Heros , que dans le
champ deMars,
Findans leGabinet , ferme dans
leshazars,
Il fait plier ſous ſoy les plushautes
Puiſſances;
S2
Sa fortune répond par tout à
ſa valeur,
Par tout ſes grands exploits répondent
à fon coeur,
Ainſi que l'ont fait voir cent conqueſtes
de marque ;
Mars1685. C
1
26 MERCURE
52
Enfinnos Ennemis connoiffent
commemoy,
Que ſi tout 1 Univers ne vouloit
qu'unMonarque
Tout l'Univers devroit n'avoir
que luy pour Roy.
:
Je ſens bien que ce que je dis
là n'est rien de bon , mais il me
ſemble que c'est l'explication fincere
des pensées , qui doivent venir
naturellement à tous les Sages
qui ſont ſans paffion , & qui ont
du bon goust.
Ne croyez donc pas , Monſieur
, que ce soit une pure conje-
Eture ouseulement un effet de l'at(
GALANT: 27
tache desſentimens que j'ay pour
jeRoy qui m'afait dire :
Enfin nos Ennemis connoiffent
al commemoys, &c.
Vous en jugerez par une pefire
avanture que je vais vous
racontertelle qu'elle m'est arrivée
Je me rrauvay fur la route de
M'Ambassadeur d'Espagne
lors qu'ilse retiroit de France à
-pas comptez tant il marquoit
d'envie de n'en point fortir. Férois
chez une Perſonne de qualité
de merite , àl'heure qu'il luy
envoyaun de ses Gentilshommes
poursçavoir si elle se trouveroit
Cij
28 MERCURE
enétat de recevoirfa viſite. Com
me je vis par laréponse, queM
'Ambassadeur alloit venir , je
voulus luy faire place , mais la
Perſonne chez qui j'estois me
déclara , qu'elle vouloit abfo
lument que j'eusse part à cette
conversation , qui dura bien prés
de quatre heures. Vousne pouvezpas
douter, Monfieur, qu'on
neparlastd'Affaires d'Etat avec
un Ambassadeur,&que fa retraite
, & laGuerre qui nous menaçoitalors,
nefourniffent à l'en
tretien. Il nous dit cent chofes,qui
nous firent affezcomprendre qu'il
asust pas en de peine d'avoüer
1
GALANT. 29
nettement que le Roy estoit le plus
grand & le plus puiſſant Prince
du monde,s'il eustpu oublier qu'il
avoit un Maistre , &fe défaire
des préjugez Espagnols.
On doit neanmoins cette juſtice
à M l'Ambassadeur , que
fonbon sens &sa raiſon ne furentpoint
obscurcis par ces enteſtemens,
qui ſontſi ordinaires à ceux
deſa Nation. Il fu l'Eloge de la
France,des François, du Roy,
d'un air fort élevé, &qui marquoit
beaucoup de fincerité dans
ce qu'il diſoir ; mais dans les
loüanges qu'il donna àsa Ma
jesté , iln'oublia ny ce qu'il estoit
C iij
30 MERCURE
ny ce qu'il devoit à fon Prince.
Pretendant faire une galanterie
aux Dames , il dit qu'il vouloit
leur faire voir quelque chose de
fort beau.Il tira enfuite une riche
qui renfermoit Boëte, , diſoit-il,
lePortraitddee fa A
Ja MMaaiîttrreeffffee,qu'il
emporioit de France , & c'estoit
celuy du Roy , dont ſa Majesté
l'avoit honoré, & dont ilsefaifoit
en effet ungrandbonneur. La
Perſonne chez qui nous estions,
qui est fortfpirituelle,luy dit qu'il
devoit bien conferver ce gage,
qu'il fe feroit bien- toft en luy
une metamorphose furprenante,
parce qu'il estoit à croire que le
GALANT. 31
Portrait deSa Majesté ſe changeroit
en celuy de fon Maistre.
Aces paroles Ml'Ambassadeur
parut Espagnol , comme ſon devoir
l'y obligeoit. L'entretien
roula enfuite fur différentes matieres,
&fut longue & curieufe.
Je vous avovë , Monfieur,
que pendant tous les évenemens
de la derniere Campagne ,je me
ſuis toûjours ſouvenu des entretiens
de cét Ambaſſadeur. Ilnous
dit pofuivement qu'il y auroitdu
fang répandu; qu'il feroit difficile
d'arreſter les deſſeins du Roys
que ſes Ennemis ne pouvoient
C iiij
32 MERCURE
rien efperer que de l'inconstance
de la fortune ; & que l'Empire
&l'Espagne ne cherchoient qu'à
mettre leur bonneur à couvert,
en ne cedant pas sans avoir combattu.
Voila la Prophétie accomplie,&
nous en voyans la
té dans la diſpoſition des chofes
qui ſeſont paſſées la derniere année.
SONNET
Sur l'état des Affaires aprés la derniere
Campagne de France.
A
Lger encor fumat des Foudres
de la Guerre,
Vient ſe jetter aux pieds de fon
noble Vainqueur;
GALANT. 33
Et Gennes la ſuperbe eſt tremblante
de peur
Sous les éclats vengeurs de fon
bruyant tonnerre :
52
Luxembourg voit tomber ſes
hauts Ramparts par terre ,
Capd- e-Quiers attaqué ſe trouve
ſans vigueur;
La Hollande en Partis ralentit
fon ardeur
N'ayant pû ſoûlever les Peuples
d'Angleterre;
Se
Le Danemark amyreçoit nos
Etendars,
L'Empire ſe ménage & craint
tous les hazars,
L'Eſpagne plaint fes Forts qu'on
pille ou qu'on enleve;
34 MERCURE
52
Liége & Tréves foûmis ſçavent
faire leur Cour,
L'Europe attend la Paix en rece
vant laTréve,
Tout cedeau Grand LOUIS par
force ou par amour.
Je vois dans cette peinture tour
ce que l'Ambassadeur d'Espagne
craignoit , & tout ce que sa politique
luy faisoit prévoiravecchagrin.
Avoüez aprés cela , Monſieur,
que lafortune de LOUIS
le Grand doit eſtre bien conſtante
pour faire avec tant de bonheur
des choses fi admirables , puis que
tant de Heros , & tant de ſages
Monarques n'ont pu s'empescher
GALANT. 35
d'en eſtre abandonnez. Mais
avoüez aussi à mesme temps que
La prudence of le courage du Roy
font extraordinaires , puis qu'il
ſemble avoir réduit la Fortune
ſous les règles ,&s'estrefait une
methode de réüfſſiren tout.
Nepeut- on pas compter entre
fes bonnes fortunes la fecondité
de la Maiſon Royale ? Ce Fils
unique que le Ciel luy avoit laif-
Sé comme son premier don , plus
Il est grand , plus il nous faifoit
craindre. Vous voulûtes bien,
Monfieur, que mes pensées fufſent
celles de tous les honneſtes
Gensà la naiſſance de Monfei36
MERCURE
gneur le Duc de Bourgongne. Fo
voudrois à cette heure que vous
les engageaffiez à dire fur ta
naiſſance de Monseigneur leDuc
d'Anjou.
;
R
AURΟΥ.
SONNET.
Ecevez un Héros qui naiſt
de voſtre Race,
Grand LOUIS, deſormais le Ciel
veut tous les ans
Enrichir vos Etats de ſemblables
Préfens ,
Qui pourront mériter de remplir
voſtre place.
Se
Nous verrons de nos jours l'Allemagne
& la Thrace
GALANT 37
Ployer ſous les efforts du Pere&
des Enfans
Par tout dignes de Vous , & par
tour triomphans,
Detous nos Ennemis ils dompte.
-ront l'audace.
Se
t
Formez-les ſeulement dans l'Art
qui fait les Roys ,
Ils en apprendront plus par vos
nares Exploits, 29)
Qu'en lifant ce qu'ont fait lesFameux
de l'Histoire ;
22
'Et comme ils vous verront toujours
au- deffus d'eux ,
Chacun d'eux tâchera d'ateindre
àvoſtre gloire;
Mais nul n'y parviendra parmy
tous vos Neveux.
38 MERCURE
Ces ſentimens quifurentconceus
dans la joye qu'avoit toute
la France en celte rencontre
د. Se
produisent fort tard , mais ils ſeront
toûjours deſaiſon , ſi vous
voulez que ce foient des marques
éternelles de mon respect envers ce
Prince. Fay auſſi laissé paſſer le
temps où ces Bouts rimez estoient
àla mode. Cependant ce qu'ils
m'ont fait dire ne vieillira jamais
dans la memoire des Hommes,
puis que LOUIS le Grand aura
toûjours des admirateurs , qui
tomberont d'accord avecmoy de la
verité de mespensées.
GALANT. 39
CI
1.71.
I jamais Conquérant marcha
droit à la Glovre,
Sijamais Souverain mérita d'être
Roy,
- Si jamais Politique aux autres fit
la loy,
Sur tous les Concurrens LOUIS
ala victoire.
Se
Ses Faits feront paſſer pour Fable
fon Histoire, at
Apeine croira- t- on qu'ils foient
dignes defoy;
Les Siècles àvenir en ferontdans
L'effrey, pens
Et tout retentira du bruit de ſa
Mémoire,
52
رد
Lorsqu'on voudra former unHé.
ros achevé,
1
40 MERCURE
On en prendra les traits ſur ſon air
élevé,
Sur ſes Combats divers , ſur ſon
coeur intrépide.
Autrefois on l'eût mis au rang des
Immortels;
Et comme ſes hauts Faits effacent
ceux d'Alcide,
Alcideà fon Vainqueur euſt cedé
ſes Autels.
Vous trouverezpeut-estre quel
que conformité entre ce Sonnet,
un autre que vous avez publié.
Elle auroit efté plus grande
fi je ne l'avoisjamais veu. Je ne
fçay si l'autre a esté fait plûtoft
que le mien , mais je fuisſeur
3
GALANT. 41
que le mien n'a point esté fait fur
celuy-là. Ces Bouts rimeznauront
pas perdu tout- à-fait lagrace
de la nouveauté. Vous avez
dit il n'y a pas long-temps , qu'ils
estoient àla mode ,&lesujet n'en
est pas trop vieux.
SUR LA TREVE
que le Roy a faite.
Ο
N diſoit autrefois, Non licet
omnibus,
J'ofe le dire encore, & qui voudra
nolis'enfaches an và 120. "
LOUIS, de qui l'eſprit travaille
fans relâche,
Vient de faire luy feul quodnon
licet tribus .
Avril 1685, D
42 MERCURE
52
Nul d'entr'eux ne sçauroit parer
aux coups qu'il lache,
Parmy les Souverains il paroiſt un
Phoebus;
Il commande la Tréve , & vous
ſçavez quibus;
Tout ce qu'elle a de durpar avace
illeur mache.
Ils l'avalent enfin avec tous ſes
Item
Dans un profondreſpect ils chantent
Tuautem ,
Ravis de prévenir les effets de ſon
ire.
S&
Sidans le temps préſent ilsn'ont
pû dire amo,.
D
GALANT. 43
Peut- eftre qu'au futur ils auront
peine à lire
Ce qu'il leur fit figner currente
calamo.
Il n'y a point de Rimes ſi bi--
zarres &fi Burlesques, quon-nc
puiſſe remplir de quelque chose de
grandſur leſujet du Roy. Ilme:
femble donc qu'on pourroit bien
donner à celles- là encore un autre
tour presque fur la mesme ma
tiere..
SVR L'ENREGISTREMENT,,
&la Publication de la Tréve.
L
OUIS. le Conquérant fair
ſçavoir omnibus,
4
Qu'il annonce une Tréve, & qui
plaiſt,& qui fache;
C
Dij
44 MERCURE
Jamais de fes deſſeins en rien il ne
relâche,
Le coup qui le deſarme a fait la
loytribus.
52
Que s'il fuit les Combats , il ne
fuit point en Lache,
Dans le Meſtier de Mars il n'eſt
point E- Phoebus;
Ila du coeur,desGens,desArmes,
du quibus,
Et quand il faut donner, point la
Cire il ne mache.
52
Cependant il s'arreſte , il ſe modére,
item,
Sçachant bien comme il faut venir
au Tu autem,
Pour le bonheur public il com
mande àfon ire,
GALANT. 45
Se
Conjuguons- luy par coeur dans
tous les temps amo;
Et nos Neveux diront , lifant ce
qu'on va lire,
Que ce qu'il fit du Fer, il l'a fait
calamo.
Enfin , Monsieur, ily a treslong-
tempsquej'ayfait uneDevi
fepour le Roy ,furun deffein qui
aesté ſuſpendu. Si elle avoir esté
publiée dés ce temps-là, elle pourroit
paſſer à preſentpour une efpece
de Prophetie. Cesera pour
le moins une expreſſion allegorique
de ce que nous voyons. Le
corps de la Deviſe , c'eſtun Soleil
46 MERCURE
dansſon Zodiaque;l' Ame, cefont
ces paroles , Curro , fed tacito
motu. Si je ne craignois de choquer
les Maistres de l'Art, j'a
joûterois des Aſtronomes de toutes
lesNations , qui obferventle Søleil
avectoutes les fortes d'Inſtru--
mens dont on uſe pourcela. Ils ne
répondroient pas malà l'applica
tion que tous les Politiques de la
Terre donnent à penétrer la conduite
du Roy. Voicy l'explication :
de ma Deviſe.
'Univers attentif regarde ma
carriere,
Les eſprits appliquez à mefurer
moncours ,
! GALANT. 47
Obſervent avec ſoin mes tours&
mes détours :
Mais nul oeil ne peut voir ma rou.
te toute entiere ;.
८८
Mon éclat plus aux fiers fait
baiffer la paupiere ;
Mes differens afpects font les
nuits & les jour,
Tout languiroit fans moy , tour
attend mon fecours,
t
Etje porte par tout mes biens&
ma lumiere.
SS
Mille divers emplois partagent
mes momens,
Je ſuis toûjours reglé dans tous
mes mouvemens ,
On connoiſt mon pouvoir fur la
Terre & fur l'Onde.aranov
48 MERCURE
1
Jeme haſte; je cours; rien n'arreſtemes
pas,
J'acheveray bien-toſt le tour en
tier du Monde,
Ma démarche eſt cachée & l'on
ſçait où je vas .
Ilya affezlong-temps, Monfieur
, que je vous entretiens pour
me haſter de vous dire que je suis
vostre tres ,&c.
F. F. D. C. R. G.
divers Ouvrages ſur les dernieres
Actions de cet auguſte
Monarque , les a ramaffez
comme en un Recueil dans
cetteLettre qu'il m'aadreſſée.
5555 5552 55255522
LETTRE.
TE me souviens , Monfieur.
que vous avez voulu me perfuader
que j'avois merité quel
GALANT. 23
que approbation des bons Connoiffeurs
, lors que je dis ily a
quelques années.
On faitmal ce qu'on fait , onne
fait qu'une affaire,
Mais LOUIS partagé dans cent
emplois divers,
ةو
Sedonnant tout à tout , fait voir
al'Univers,
Et qu'il fait ce qu'il faut, &qu'il
ſçait bien le faire.
Vous avez mesme prétendu
que j'avois expliqué les fentimens
de tout ce qu'il y a d'hon .
nestesGens au monde en difant,
Que tous les noms des Grands
cedent au nom duRoy,
24 MERCURE
Les Cefars, les Cyrus, les Hectors,
les Achilles,
Ont eu moins de merite &donné
moins d'effroy,
Par cent Combats rendus, par
cent priſes de Villes .
Je vous ferois bien obligé , fi
vous vouliezfairesçavoir aupublic,
que je défie toute la Terrede
me difputer la verité de ceque je
vais dire.
SONNET
SVR LA GRANDEVR DV ROY.
L
OUIS eſt grand en tout ; il
regle les Finances,
Ilreforme les Loix, il fait fleurir
esArts , :
Mille
GALANT. 25
Mille Vaiſſeaux flottans,mille orguilleux
Rampars
Partagent tous les jours ſes ſoins,
& les dépenſes ;
Dans le particulier,dans les réjoüifſſances
Il eſt autant Heros , que dans le
champ deMars,
Findans leGabinet , ferme dans
leshazars,
Il fait plier ſous ſoy les plushautes
Puiſſances;
S2
Sa fortune répond par tout à
ſa valeur,
Par tout ſes grands exploits répondent
à fon coeur,
Ainſi que l'ont fait voir cent conqueſtes
de marque ;
Mars1685. C
1
26 MERCURE
52
Enfinnos Ennemis connoiffent
commemoy,
Que ſi tout 1 Univers ne vouloit
qu'unMonarque
Tout l'Univers devroit n'avoir
que luy pour Roy.
:
Je ſens bien que ce que je dis
là n'est rien de bon , mais il me
ſemble que c'est l'explication fincere
des pensées , qui doivent venir
naturellement à tous les Sages
qui ſont ſans paffion , & qui ont
du bon goust.
Ne croyez donc pas , Monſieur
, que ce soit une pure conje-
Eture ouseulement un effet de l'at(
GALANT: 27
tache desſentimens que j'ay pour
jeRoy qui m'afait dire :
Enfin nos Ennemis connoiffent
al commemoys, &c.
Vous en jugerez par une pefire
avanture que je vais vous
racontertelle qu'elle m'est arrivée
Je me rrauvay fur la route de
M'Ambassadeur d'Espagne
lors qu'ilse retiroit de France à
-pas comptez tant il marquoit
d'envie de n'en point fortir. Férois
chez une Perſonne de qualité
de merite , àl'heure qu'il luy
envoyaun de ses Gentilshommes
poursçavoir si elle se trouveroit
Cij
28 MERCURE
enétat de recevoirfa viſite. Com
me je vis par laréponse, queM
'Ambassadeur alloit venir , je
voulus luy faire place , mais la
Perſonne chez qui j'estois me
déclara , qu'elle vouloit abfo
lument que j'eusse part à cette
conversation , qui dura bien prés
de quatre heures. Vousne pouvezpas
douter, Monfieur, qu'on
neparlastd'Affaires d'Etat avec
un Ambassadeur,&que fa retraite
, & laGuerre qui nous menaçoitalors,
nefourniffent à l'en
tretien. Il nous dit cent chofes,qui
nous firent affezcomprendre qu'il
asust pas en de peine d'avoüer
1
GALANT. 29
nettement que le Roy estoit le plus
grand & le plus puiſſant Prince
du monde,s'il eustpu oublier qu'il
avoit un Maistre , &fe défaire
des préjugez Espagnols.
On doit neanmoins cette juſtice
à M l'Ambassadeur , que
fonbon sens &sa raiſon ne furentpoint
obscurcis par ces enteſtemens,
qui ſontſi ordinaires à ceux
deſa Nation. Il fu l'Eloge de la
France,des François, du Roy,
d'un air fort élevé, &qui marquoit
beaucoup de fincerité dans
ce qu'il diſoir ; mais dans les
loüanges qu'il donna àsa Ma
jesté , iln'oublia ny ce qu'il estoit
C iij
30 MERCURE
ny ce qu'il devoit à fon Prince.
Pretendant faire une galanterie
aux Dames , il dit qu'il vouloit
leur faire voir quelque chose de
fort beau.Il tira enfuite une riche
qui renfermoit Boëte, , diſoit-il,
lePortraitddee fa A
Ja MMaaiîttrreeffffee,qu'il
emporioit de France , & c'estoit
celuy du Roy , dont ſa Majesté
l'avoit honoré, & dont ilsefaifoit
en effet ungrandbonneur. La
Perſonne chez qui nous estions,
qui est fortfpirituelle,luy dit qu'il
devoit bien conferver ce gage,
qu'il fe feroit bien- toft en luy
une metamorphose furprenante,
parce qu'il estoit à croire que le
GALANT. 31
Portrait deSa Majesté ſe changeroit
en celuy de fon Maistre.
Aces paroles Ml'Ambassadeur
parut Espagnol , comme ſon devoir
l'y obligeoit. L'entretien
roula enfuite fur différentes matieres,
&fut longue & curieufe.
Je vous avovë , Monfieur,
que pendant tous les évenemens
de la derniere Campagne ,je me
ſuis toûjours ſouvenu des entretiens
de cét Ambaſſadeur. Ilnous
dit pofuivement qu'il y auroitdu
fang répandu; qu'il feroit difficile
d'arreſter les deſſeins du Roys
que ſes Ennemis ne pouvoient
C iiij
32 MERCURE
rien efperer que de l'inconstance
de la fortune ; & que l'Empire
&l'Espagne ne cherchoient qu'à
mettre leur bonneur à couvert,
en ne cedant pas sans avoir combattu.
Voila la Prophétie accomplie,&
nous en voyans la
té dans la diſpoſition des chofes
qui ſeſont paſſées la derniere année.
SONNET
Sur l'état des Affaires aprés la derniere
Campagne de France.
A
Lger encor fumat des Foudres
de la Guerre,
Vient ſe jetter aux pieds de fon
noble Vainqueur;
GALANT. 33
Et Gennes la ſuperbe eſt tremblante
de peur
Sous les éclats vengeurs de fon
bruyant tonnerre :
52
Luxembourg voit tomber ſes
hauts Ramparts par terre ,
Capd- e-Quiers attaqué ſe trouve
ſans vigueur;
La Hollande en Partis ralentit
fon ardeur
N'ayant pû ſoûlever les Peuples
d'Angleterre;
Se
Le Danemark amyreçoit nos
Etendars,
L'Empire ſe ménage & craint
tous les hazars,
L'Eſpagne plaint fes Forts qu'on
pille ou qu'on enleve;
34 MERCURE
52
Liége & Tréves foûmis ſçavent
faire leur Cour,
L'Europe attend la Paix en rece
vant laTréve,
Tout cedeau Grand LOUIS par
force ou par amour.
Je vois dans cette peinture tour
ce que l'Ambassadeur d'Espagne
craignoit , & tout ce que sa politique
luy faisoit prévoiravecchagrin.
Avoüez aprés cela , Monſieur,
que lafortune de LOUIS
le Grand doit eſtre bien conſtante
pour faire avec tant de bonheur
des choses fi admirables , puis que
tant de Heros , & tant de ſages
Monarques n'ont pu s'empescher
GALANT. 35
d'en eſtre abandonnez. Mais
avoüez aussi à mesme temps que
La prudence of le courage du Roy
font extraordinaires , puis qu'il
ſemble avoir réduit la Fortune
ſous les règles ,&s'estrefait une
methode de réüfſſiren tout.
Nepeut- on pas compter entre
fes bonnes fortunes la fecondité
de la Maiſon Royale ? Ce Fils
unique que le Ciel luy avoit laif-
Sé comme son premier don , plus
Il est grand , plus il nous faifoit
craindre. Vous voulûtes bien,
Monfieur, que mes pensées fufſent
celles de tous les honneſtes
Gensà la naiſſance de Monfei36
MERCURE
gneur le Duc de Bourgongne. Fo
voudrois à cette heure que vous
les engageaffiez à dire fur ta
naiſſance de Monseigneur leDuc
d'Anjou.
;
R
AURΟΥ.
SONNET.
Ecevez un Héros qui naiſt
de voſtre Race,
Grand LOUIS, deſormais le Ciel
veut tous les ans
Enrichir vos Etats de ſemblables
Préfens ,
Qui pourront mériter de remplir
voſtre place.
Se
Nous verrons de nos jours l'Allemagne
& la Thrace
GALANT 37
Ployer ſous les efforts du Pere&
des Enfans
Par tout dignes de Vous , & par
tour triomphans,
Detous nos Ennemis ils dompte.
-ront l'audace.
Se
t
Formez-les ſeulement dans l'Art
qui fait les Roys ,
Ils en apprendront plus par vos
nares Exploits, 29)
Qu'en lifant ce qu'ont fait lesFameux
de l'Histoire ;
22
'Et comme ils vous verront toujours
au- deffus d'eux ,
Chacun d'eux tâchera d'ateindre
àvoſtre gloire;
Mais nul n'y parviendra parmy
tous vos Neveux.
38 MERCURE
Ces ſentimens quifurentconceus
dans la joye qu'avoit toute
la France en celte rencontre
د. Se
produisent fort tard , mais ils ſeront
toûjours deſaiſon , ſi vous
voulez que ce foient des marques
éternelles de mon respect envers ce
Prince. Fay auſſi laissé paſſer le
temps où ces Bouts rimez estoient
àla mode. Cependant ce qu'ils
m'ont fait dire ne vieillira jamais
dans la memoire des Hommes,
puis que LOUIS le Grand aura
toûjours des admirateurs , qui
tomberont d'accord avecmoy de la
verité de mespensées.
GALANT. 39
CI
1.71.
I jamais Conquérant marcha
droit à la Glovre,
Sijamais Souverain mérita d'être
Roy,
- Si jamais Politique aux autres fit
la loy,
Sur tous les Concurrens LOUIS
ala victoire.
Se
Ses Faits feront paſſer pour Fable
fon Histoire, at
Apeine croira- t- on qu'ils foient
dignes defoy;
Les Siècles àvenir en ferontdans
L'effrey, pens
Et tout retentira du bruit de ſa
Mémoire,
52
رد
Lorsqu'on voudra former unHé.
ros achevé,
1
40 MERCURE
On en prendra les traits ſur ſon air
élevé,
Sur ſes Combats divers , ſur ſon
coeur intrépide.
Autrefois on l'eût mis au rang des
Immortels;
Et comme ſes hauts Faits effacent
ceux d'Alcide,
Alcideà fon Vainqueur euſt cedé
ſes Autels.
Vous trouverezpeut-estre quel
que conformité entre ce Sonnet,
un autre que vous avez publié.
Elle auroit efté plus grande
fi je ne l'avoisjamais veu. Je ne
fçay si l'autre a esté fait plûtoft
que le mien , mais je fuisſeur
3
GALANT. 41
que le mien n'a point esté fait fur
celuy-là. Ces Bouts rimeznauront
pas perdu tout- à-fait lagrace
de la nouveauté. Vous avez
dit il n'y a pas long-temps , qu'ils
estoient àla mode ,&lesujet n'en
est pas trop vieux.
SUR LA TREVE
que le Roy a faite.
Ο
N diſoit autrefois, Non licet
omnibus,
J'ofe le dire encore, & qui voudra
nolis'enfaches an và 120. "
LOUIS, de qui l'eſprit travaille
fans relâche,
Vient de faire luy feul quodnon
licet tribus .
Avril 1685, D
42 MERCURE
52
Nul d'entr'eux ne sçauroit parer
aux coups qu'il lache,
Parmy les Souverains il paroiſt un
Phoebus;
Il commande la Tréve , & vous
ſçavez quibus;
Tout ce qu'elle a de durpar avace
illeur mache.
Ils l'avalent enfin avec tous ſes
Item
Dans un profondreſpect ils chantent
Tuautem ,
Ravis de prévenir les effets de ſon
ire.
S&
Sidans le temps préſent ilsn'ont
pû dire amo,.
D
GALANT. 43
Peut- eftre qu'au futur ils auront
peine à lire
Ce qu'il leur fit figner currente
calamo.
Il n'y a point de Rimes ſi bi--
zarres &fi Burlesques, quon-nc
puiſſe remplir de quelque chose de
grandſur leſujet du Roy. Ilme:
femble donc qu'on pourroit bien
donner à celles- là encore un autre
tour presque fur la mesme ma
tiere..
SVR L'ENREGISTREMENT,,
&la Publication de la Tréve.
L
OUIS. le Conquérant fair
ſçavoir omnibus,
4
Qu'il annonce une Tréve, & qui
plaiſt,& qui fache;
C
Dij
44 MERCURE
Jamais de fes deſſeins en rien il ne
relâche,
Le coup qui le deſarme a fait la
loytribus.
52
Que s'il fuit les Combats , il ne
fuit point en Lache,
Dans le Meſtier de Mars il n'eſt
point E- Phoebus;
Ila du coeur,desGens,desArmes,
du quibus,
Et quand il faut donner, point la
Cire il ne mache.
52
Cependant il s'arreſte , il ſe modére,
item,
Sçachant bien comme il faut venir
au Tu autem,
Pour le bonheur public il com
mande àfon ire,
GALANT. 45
Se
Conjuguons- luy par coeur dans
tous les temps amo;
Et nos Neveux diront , lifant ce
qu'on va lire,
Que ce qu'il fit du Fer, il l'a fait
calamo.
Enfin , Monsieur, ily a treslong-
tempsquej'ayfait uneDevi
fepour le Roy ,furun deffein qui
aesté ſuſpendu. Si elle avoir esté
publiée dés ce temps-là, elle pourroit
paſſer à preſentpour une efpece
de Prophetie. Cesera pour
le moins une expreſſion allegorique
de ce que nous voyons. Le
corps de la Deviſe , c'eſtun Soleil
46 MERCURE
dansſon Zodiaque;l' Ame, cefont
ces paroles , Curro , fed tacito
motu. Si je ne craignois de choquer
les Maistres de l'Art, j'a
joûterois des Aſtronomes de toutes
lesNations , qui obferventle Søleil
avectoutes les fortes d'Inſtru--
mens dont on uſe pourcela. Ils ne
répondroient pas malà l'applica
tion que tous les Politiques de la
Terre donnent à penétrer la conduite
du Roy. Voicy l'explication :
de ma Deviſe.
'Univers attentif regarde ma
carriere,
Les eſprits appliquez à mefurer
moncours ,
! GALANT. 47
Obſervent avec ſoin mes tours&
mes détours :
Mais nul oeil ne peut voir ma rou.
te toute entiere ;.
८८
Mon éclat plus aux fiers fait
baiffer la paupiere ;
Mes differens afpects font les
nuits & les jour,
Tout languiroit fans moy , tour
attend mon fecours,
t
Etje porte par tout mes biens&
ma lumiere.
SS
Mille divers emplois partagent
mes momens,
Je ſuis toûjours reglé dans tous
mes mouvemens ,
On connoiſt mon pouvoir fur la
Terre & fur l'Onde.aranov
48 MERCURE
1
Jeme haſte; je cours; rien n'arreſtemes
pas,
J'acheveray bien-toſt le tour en
tier du Monde,
Ma démarche eſt cachée & l'on
ſçait où je vas .
Ilya affezlong-temps, Monfieur
, que je vous entretiens pour
me haſter de vous dire que je suis
vostre tres ,&c.
F. F. D. C. R. G.
Fermer
22
s. p.
A SON ALTESSE ROYALE MONSEIGNEUR LE DUC D'ORLEANS FRERE UNIQUE DU ROY.
Début :
MONSEIGNEUR, S'il n'y a rien de plus difficile [...]
Mots clefs :
Monseigneur, Roi, Siège, Prince, Ennemis, Place, Vie, Temps, Ordres, Âge, Lieux, Monarque, Places, Guerre, Troupes, Combat, Reine, Admiration, Actions, Attaque
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A SON ALTESSE ROYALE MONSEIGNEUR LE DUC D'ORLEANS FRERE UNIQUE DU ROY.
ASON ALTESSE ROYALE
201
و
MONSEIGNEUR
:
0
LE DUC
D'ORLEANS
FRERE UNIQUE DU ROY
M ONSEIGNEUR,
م
S'il n'y a rien de plus
difficile àfaire que les EpiEPISTRE
.
Stres de la nature de celle
que j'ofe entreprendre ,
c'eſt ſur tout lors qu'onse
propose de donner quelque
idée d'une Vie toute glorieuse
, & qui s'est formée
Sur un Modelle où les
plushautes Vertus se trouvent
dans leur plus brillant
éclat. Quoy que les
bonnes inclinations qu'un
Prince fait voir si - toft
qu'il fort de l'Enfance ,
Semblent devoir faire croire
que la ſuite répondra à de Mon
EPISTRE .
fi beaux commencemens ,
'Histoire ne laiſſe pas de
nous fournir de grands
exemples du contrairs.
Mais , MONSEIGNEUR ,
on n'a pas douté un moment
que le temps ne donnaft
de la force aux vertus
naiſſantes deVoftreAlteffe
Royale , quand on vous a
veu pour la feuë Reyne vostre
Mere un respect 15
une tendreffe qui caufoient
de la joye & de l'admiration
à tous ceux qui avoient
EPISTRE.
P'honneur de vous aprocher.
V. A. R. n'estoit jamais
plus contente , que lors qu'-
Elle estoit avec cette Princeffe.
Vous quittiez fouvent
les plaiſirs qui ont accoutumé
d'attacher les Per-
Sonnes d'un age peu avancé
, pour ſuivre cette vertueuse
Reyne dans les lieux
où sa pieté la conduiſoit..
Vostre chagrin paroiſſoit
fenſible, lors que vous croyiez
luy avoir déplû en quelque
chofe ; & dés queV. A. R.
EPISTRE .
eut remarqué que cettefage
Princeffe fouhaitoit que
vous vous attachaßiez au
Roy, ces voeux furent außitoſt
remplis ; mais , MONSEIGNEUR
, comme vous ne
faites en cela que ſuivre
voſtre penchant naturel , il
a toûjours paru depuis ce
temps-là que rien ne pouvoit
alterer la reſpectueuse
amitié que vous aviez pour
un Monarque quieft devenu
les delices defes Peuples,
& l'admiration de toute la
EPISTRE.
Terre ; le temps n'a fait
qu'augmenter cette union ,
& la tendreſſe vous ayant
joint au Roy ainfi que le
Sang, tout a marqué la
parfaite intelligence dans
laquelle vous vivez. Lors
qu'il s'estagy des divertiffemens
que l'age autorise , &
des Spectacles qu'unSouverain
doit donner pour la
gloire deſon Etat , & pour
occuper la plus vive Feuneſſe
de fa Cour, qui ſans
ces plaisirs neceſſaires auroit
EPISTRE.
pû en chercher d'autres
moins permis on vous a vûs
briller enfemble , &vous
faire reconnoiſtre par voſtre
bonne grace & par vostre
bon air, toutes les fois que
l'usage observé dans ces
fortes de Spectacles demandoit
que vous fußiez caché.
Quandde cesfeux on apaffé
à quelque divertiſſement
Martial , on vous a veus
dans ces Festes guerrieres
dans ces Carrousels commander
l'un l'autre les
EPISTRE .
premieres Quadrilles.Enfin
lors qu'il s'estagy de veritables
fatigues , & de perils
eff ctifs, on peut dire,MONSEIGNEUR
, que vous n'avez
pas feulement accom
pagnéleRoy, mais que vous
avez toujours esté ſonOm
bre,s'ilm' eftpermisdeparler
ainsi, à moins que V.A.R.
n'ait quitté cet Augufte
Frere pour aller vaincre
fes Ennemis en prenant
des Places, ou en gagnant
des Batailles. Le doy parler
EPISTRE.
de cette union , puis que d'e
toutes les merveilles de ce
floriffantEtat, c'est ceque le
Roy deSiam ale plus admiré.
Les Relations conviennent
toutes que lors que ce
Monarque l'eut apprise, il
ditqu'il nes'étonnoitplusdes
prosperitez de la France ,
ny du malheur de quelques
Roisfes voifins, dont la di
viſion de la Famille Royale
avoit cauſe laruine. Enfin
ce Prince en parla d'une
maniere quifit paroiſtre que
EPISTRE.
cestoit la seule chose qui
manquoit au bonheur deSa
Vie , esque s'il euſt eu quelques
Souhaits à former , ils
ne pouvoient estre quesur
une choſe dans laquelle il
faisoit confifter leſouverain
bonheurd'unEtat. LesAmbaffadeurs
de ce Monarque
ne luy diront pas seulement
ce qu'ils ont veu de cetteunion;
mais aprés luy avoir
confirmé tout ce que la Renommée
a prisſoin de luy aprendre
des merveilles de la
i
Vie
EPISTRE.
Viedu Roy , ils parleront de
V. A. R. Ils enfont charmez
, & voicy la troiſiéme
Relation , où l'on peut voir
de quelle maniere ils ont expliqué
ce qu'ils en penſent.
Vostre bonté , MONSEIGNEUR,
leur a paru dans
les choses obligeantes queV.
AR a bien voulu leur dire,
Vostre magnificence a brillé
à leurs yeux dans vos Palais
&&dans vos Festes , &
ils ont paßé pendant leur
Voyage de Flandre dans
EPISTRE.
quelques - uns des lieux où
V. A. R. a fait marcher la
Victoireàses coſtez. Mais
comme ils n'ont vũ qu'une
partie de ce que vous avez
conquis pour le Roy , je ne
Sçaurois m'empescher de
marquer icy tout ce que vous
avez fait lors que vous avez
commandé en Chef les
Armées d'un FrereAuguste
qui vous est plus cher que
vous- même. QuandceMonarque
entreprit la glorieu-
Se Guerre qui vangea tant
EPISTRE.
de Rois , en humiliant une
Puissance inferieure à ces
Souverains , & qui s'en di-
Soit lArbitre. SaMajesté
commença pardesEntrepri-
Ses dont tous les Siecles paf-
Sezne luy fourniffoient aucun
exemple. Elle ouvrit la
Campagne par quatre Sieges
àla fois , &vous euftes
Pavantage , MONSEL
GNEUR, de triompher le
premier en forçant la Ville
d'Orsoy de ſe rendre à dif
cretion ; de forte qu'on ne
Tij
EPISTRE .
1
peut s'entretenir de cette fameuse
Guerre qu'aprés avoir
admiré le Roy dans
tout ce qu'il a fait pour la
Soûtenir außi glorieusement
qu'il l'avoit commencée , on
ne paſſe aux Actions du
Prince à qui est deuë la
conqueste de cette Place.Elle
couta peu de temps & peu
d'hommes ; & cependant ,
MONSEIGNEUR , le Roy ,
&V. A.R toûjours inſepables
, ſur tout dans le
peril , vous courustes risque
EPISTRE .
L
de la Vie. Sa Majestévoulant
tout voir , & donner
par ttoouuttſeess ordres elle-mefme
, alloit tantoft àun Siege
& tantoſt à l'autre. Ainfi
on peut dire qu' Ellé estoiten
meſme temps devant les
quatre Places aßiegées. Ce
Monarque estant un jour
venu dans vostre Camp ,
vous allaſtes enſemble voir
quelques attaques . Vous
bravaſtes le peril , & demeuraſtes
quelque tempsen
un lieu où M. le Chevalier
EPISTRE .
preff aftes
d Arquin,qui vousſuivoit,
fut tué d'un coup de Canon
avant que vous fußiezhors
deſa portée. Ce Siege fut
bien-toft finy, mais la maniere
dont vous preffaftes
cette Place , & voſtre inébranlable
fermetéfirent connoiſtre
que vous eſtiez capable
des plus hautes entreprifes.
Le Roy enfut bien per
Suadé, puis qu'aprés cette
conqueſte il choisit V. A. R.
pour faire le Siege de Zutphen,
Placeforte , & Capi
EPISTRE .
tale d'une Province. L'impatiente
ardeur que vous
fiftes alors paroistre fut une
preuve incontestable es de
voſtre valeur , & du desir
que vous aviez d'acquerir
de la gloire. Vous partiſtes
à trois heures du matin , &
demeurastes quatorze heures
àcheval. Enfin , MONSEIGNEUR,
vous n'arrestates
qu'àla veuë de laPlace,
où vous deviez cueillir des
Lauriers, &fi elle avoit esté
plus éloignée, l'ardeur quié
EPSSTRE .
chaufoit votre courage,vous
auroit empeſché desentirles
fatiques ausquelles l'homme
le plus robuſte auroit dûfuccomber
Vous allastes reconnoiſtre
la Place jusqu'à la
portée du Mousquet. Vous
marquâtes l'endroit où vous
vouliez que la Tranchée
fust ouverte , es les lieux
où l'on devoit drefferles Bateries
; vous poursuiviſtes le
Siege avec vigueur ,
triomphant &des ruſes que
les Ennemis mirent en ufaEPISTRE.
ام
ge, &de toute la valeur
qu'ils firent paroiſtre , vous
réduiistes ſous l'obeiffance
du Roy unePlace forte par
elle-mesme,&par une nombreuse
Garnison , &munie
de tout ce qui pouvoitfervir
àune longue défense;mais
vostre pieté vous empefcha
d'y entrer , avant que d'y
avoir rétably le culte des
Autels , eny faisant celebrer
laMeffe.
L'année ſuivante le Roy
ayant aßiegeMastric, donEPISTRE.
naà V. A. R. l'attaque dis
Fort de Veich. Ce ne devoit
estre qu'unefaufſe Attaque,
mais vous la poufſfaſtes avec
tant de chaleur le jour que
vos Troupes donnerent pour
favorifer la veritable , que
vousfiſtesrompre les Palif-
Sades,&emporterla Demylune
; deforte quefi on eust
préparé des échelles , on se
Seroit rendu Maistre de la
Place par escalade , tant
vous ſcavez inſpirer d'ardeur
aux Troupes qui com-
د.
EPISTRE.
battent ſous vos ordres .
Pendant le cours de cette
Guerre , V. A. R. prit encore
deux Places importantes,
5gagna une Bataille qui
en afſeura beaucoup autres.
Bouchain fut la premiere
qui connut que vous n'attaquezjamais
fans triompher.
Aprés avoir reconnu
vous- mefmes les endroits les
plus avantageux , vous ré-
Solûtes d'ataquer deux Baſtions
. L'un estoit convert
par un Ouvrage à corne,
>
EPISTRE .
LaCourtine qui estoit entre
ces deux Bastions estoitaußi
couverte d'une Demy-lune ,
&pour diviſerle feu desAffiegezpar
une diverſion neceffaire,
&faciliterles Travaux
de cette attaque qui
embrafſoit plusieurs grands
Ouvrages , V. A. R. jugea
àpropos d'en faire commencer
une du costé de la baffe-
Ville.
Vous estiez appliqué à
ce Siege , lors que le Roy
vous envoya avertir, fuivant
EPISTRE.
vant la parole qu'il vous
avoit donnée , Qu'il voyoit
quelque apparence deBataille
,& qu'il croyoit que
le Prince d'Orange expoſeroit
plûtoſt cinquante
mille hommes, que d'eſtre
témoin de la priſe de Bouchain.
Vous marchastes
außi- toft,laiſſant vos ordres
pour la continuation du Siege.
Vous trouvaſtes leRoy
en Bataille en presence des
Ennemis, &vous vousmi
tes àla teſte de l'aifle gauche
ū
EPISTRE .
que vous deviez commander.
Le Prince d'Orange
ayant évitéle Combat, vous
retournaſtes au Camp , 5
tout remply encore de l'ardeur
dont vous eſtiez animé
, vous ordonnaſtes qu'on
emportaft tous les Dehors
de Bouchain l'épée à la
main, ce qui fut executé,
laPlace ſe rendit bien- toft
aprés. Tant que ce Siege
dura, V. A. R. paffa toutes
les nuits à cheval. Elle viſitoit
les Attaques , les BateEPISTRE.
ries , & les Gardes des Lignes.
Elle entroit dans tous
les détails , & envoyoit
fans ceffe des rafraichiffemens
aux Soldats pour les
encourager au travail.
Fedeurois parlericy d'une
Conqueſte bien plus importante
, &dire ce que V. A.
R. fit devant Saint Omer
mais comme on en peut jugerpar
les Sieges des Places
que vous avez prifes ,dont
Je viens d'ébaucher quelques
Actions, je ne parleray
EPISTRE.
plus que de la Bataille de
Caffel ; elle est remplie de
trop de circonstances glorieuses
àV. A. R. pourn'en
marquerpas au moins quelques-
unes . L'Armée ennemie
estoit plus forte que celle
du Roy,elle estoit postée dans
des lieux naturellementfortifiez.
Des hayes vives &
des foſſez pleins d'eau luy
fervoient de rempart, elle
n'estoit point obligée de di
viſerſes forces comme vous,
MONSEIGNEUR , qui de
EPISTRE .
viez laiffer des Troupes
dans la Tranchée de Saint-
Omer,& dans les postes que
que vous aviez gagnez autour
de cette Place. Cependant
voyant la neceßité , ou
de combattre , ou d'eſtre contraint
à lever le Siege que
vous aviez ſi heureuſement
commencé, vous ne balançastes
point,quoy que leConfeildeGuerre
euft de lapeine
àSerefoudre au Combat,
dites, Que vous ne vouliez
pas eſtre obligé à lever le
EPISTRE.
Siege , & que fous voſtre
Commandement les Armes
du Roy receuffent un
affront qui ne leur eſtoit
point encorearrivé depuis
le commencement de la
Guerre. Vous vous avançaftes
enfuitepour reconnoiſtre
les Ennemis , & donnastes
des ordres pour les
aller attaquer. Ce fut - là
que vous remplistes les devoirs
& d'un brave Capitaine
, & d'un General experimenté
Vous exhortaftes
EPISTRE.
les Soldats, vous leur inspiraſtes
de l'ardeur , & vous
les menaſtes à la charge.
Ainsi vostre esprit esvostre
coeur n'agirent pas moins
que vostre bras. Dés que les
Ennemis faisoient quelque
mouvement , vous donniez
de nouveaux ordres , & vous
fuftes toûjours defangfroid
au milieu des dangers ,Sans
paroiſtre un seul moment
embaraßé. Lefeu des Ennemis
ne vous étonna point;
vous vistes pluſieurs de vos
A
EPISTRE.
Officiers bleffez autour de
vous ; vous eustes mesme un
cheval bleßé , & receustes
un coup de Mousquet dans
vos Armes. Tout cela ne
vous empécha point de chargerſouvent
à la teste des
EscadronsedesBataillons,
d'estre toûjours au plus fort
de la mêlée , & de remener
vous-mesme au Combat,des
Troupes qui avoient plié.
Le lendemain la douceur
ayant pris la place du feu
qui brilloit dans vos yeux
EPISTRE..
ود
le jour du Combat ,le foin
que vous fiftes prendre des
Bleſſez,vous rendit l'amour
des Vaincus dont vous
aviez esté la terreur , comme
vous devinſtes l'admiration
des Vainqueurs..
Mais, MONSEIGNEUR, ce
n'est pas affez , qu'aprés a
voir fait voir voſtre ſage
conduite dans un âge où la
prudence eft fi peu ordinatre
àla jeunesse , jaye fait une
legere peinture d'une partie
de vos éclatantes Actions ;
aa
EPISTRE.
Jedois ajoûter icy que nousne
voyons point de Souverains
, meſmeparmy les plus
puiſſans Monarques , qui
ayent porté la magnificence
außi loin que V. A. R. Vos
Superbes Bastimens , vos
Meubles magnifiques, &la
riche abondance de vosPierrerits
, tout marque le Sang
dont vous fortez. Cependant,
MONSEIGNEUR,tant
dechoſes n'empeſchent point
que la Nobleffe infortunée
ne trouve un azile auprés
EPSSTRE.
de vous , es que beaucoup
d'illustres Malheureux ne
foient tous les ans vangez
par vos bienfaits des injuſtices
de la fortune. Si l'on
joint à toutes ces dépenses
les grandes &galantes Feſtes
que vous donnez ſouvent
, on connoistra, MONSEIGNEUR
, que vous fçavezfoûtenir
de toutes manieres
l'éclat de vostre augufterang;
außı perſonne n'en
connoift-il mieux la grandeur
,&les droits queV.A
EPISTRE .
R. Maisquoy que vous les
Coûteniez ſi dignement ,
vous avez une bonté naturelle
, qui ſans vous faire
defcendre de vostre rang
vous attire tous les coeurs.
Iusqu où ne va- t- elle point
pour les auguſtes Perfonnes
qui vous touchent ? Quels
Soins ne prenez - vous pas
de l'éducation d'un Prince,
dont l'efprit a brillé avant
l'âge , &à qui vous donnez
ſi ſouvent d'utiles leçons.?
Quelle tendreffe n'avez-
VOUS
EPISTRE.
C
pas pour la Reyne d'Eſpagne
, & pour Madame la
DucheffeRoyalede Savoye,
vos augustes Filles ! On en
peut juger par l'empreſſo
ment que vous avez à leur
apprendre de vos nouvelles ,
& à recevoir des leurs , &
par les Preſens que vous
leur faites continuellement;
de forte que si elles ne tenoient
point la vie de vous ,
vous paroiftriez peut- estre
trop galant à leur égard.
Mais , MONSEIGNEUR
ee
EPISTRE.
on peut dire quesi l'avan
tage eft grandde vous avoir
pour Pere , il y en a außi
beaucoup à vous avoir pour
Maistre. Ceux qui ont
I'honneur de vous fervir ,
trouvent unProtecteurdans
V. A. R. Vous avez la
bonté d'entrer jusque dans
le détail de leurs affaires.
S'ils ont des proces que vous
trouviez juftes , vous les
faites recommander ; &sit
faut obtenir du Roy quetque
grace en leur faveur .
EPISTR E.
V. A. R. ne dédaigne
point de parler pour eux.
Enfin ,MONSEIGNEUR ,
-Si on vous rend quelque
Service diftingué , vous
accablez de bienfaits ceux
dont vous le recevez .Mais,
MONSEIGNEUR , je
voy qu'il faut que je finiffe
malgré l'abondance de
la matiere qui me reste ,
& que pour ne point pas-
Ser tes bornes d'une Epiſtre
, j'ajoûteſeulement icy
EPISTRE.
que je suis avec le plus profond
respect,
MONSEIGNEUR,
De Voſtre Alteſſe Royale
Le tres -humble & tres
obeïllant Serviteur
DEVIZE .
201
و
MONSEIGNEUR
:
0
LE DUC
D'ORLEANS
FRERE UNIQUE DU ROY
M ONSEIGNEUR,
م
S'il n'y a rien de plus
difficile àfaire que les EpiEPISTRE
.
Stres de la nature de celle
que j'ofe entreprendre ,
c'eſt ſur tout lors qu'onse
propose de donner quelque
idée d'une Vie toute glorieuse
, & qui s'est formée
Sur un Modelle où les
plushautes Vertus se trouvent
dans leur plus brillant
éclat. Quoy que les
bonnes inclinations qu'un
Prince fait voir si - toft
qu'il fort de l'Enfance ,
Semblent devoir faire croire
que la ſuite répondra à de Mon
EPISTRE .
fi beaux commencemens ,
'Histoire ne laiſſe pas de
nous fournir de grands
exemples du contrairs.
Mais , MONSEIGNEUR ,
on n'a pas douté un moment
que le temps ne donnaft
de la force aux vertus
naiſſantes deVoftreAlteffe
Royale , quand on vous a
veu pour la feuë Reyne vostre
Mere un respect 15
une tendreffe qui caufoient
de la joye & de l'admiration
à tous ceux qui avoient
EPISTRE.
P'honneur de vous aprocher.
V. A. R. n'estoit jamais
plus contente , que lors qu'-
Elle estoit avec cette Princeffe.
Vous quittiez fouvent
les plaiſirs qui ont accoutumé
d'attacher les Per-
Sonnes d'un age peu avancé
, pour ſuivre cette vertueuse
Reyne dans les lieux
où sa pieté la conduiſoit..
Vostre chagrin paroiſſoit
fenſible, lors que vous croyiez
luy avoir déplû en quelque
chofe ; & dés queV. A. R.
EPISTRE .
eut remarqué que cettefage
Princeffe fouhaitoit que
vous vous attachaßiez au
Roy, ces voeux furent außitoſt
remplis ; mais , MONSEIGNEUR
, comme vous ne
faites en cela que ſuivre
voſtre penchant naturel , il
a toûjours paru depuis ce
temps-là que rien ne pouvoit
alterer la reſpectueuse
amitié que vous aviez pour
un Monarque quieft devenu
les delices defes Peuples,
& l'admiration de toute la
EPISTRE.
Terre ; le temps n'a fait
qu'augmenter cette union ,
& la tendreſſe vous ayant
joint au Roy ainfi que le
Sang, tout a marqué la
parfaite intelligence dans
laquelle vous vivez. Lors
qu'il s'estagy des divertiffemens
que l'age autorise , &
des Spectacles qu'unSouverain
doit donner pour la
gloire deſon Etat , & pour
occuper la plus vive Feuneſſe
de fa Cour, qui ſans
ces plaisirs neceſſaires auroit
EPISTRE.
pû en chercher d'autres
moins permis on vous a vûs
briller enfemble , &vous
faire reconnoiſtre par voſtre
bonne grace & par vostre
bon air, toutes les fois que
l'usage observé dans ces
fortes de Spectacles demandoit
que vous fußiez caché.
Quandde cesfeux on apaffé
à quelque divertiſſement
Martial , on vous a veus
dans ces Festes guerrieres
dans ces Carrousels commander
l'un l'autre les
EPISTRE .
premieres Quadrilles.Enfin
lors qu'il s'estagy de veritables
fatigues , & de perils
eff ctifs, on peut dire,MONSEIGNEUR
, que vous n'avez
pas feulement accom
pagnéleRoy, mais que vous
avez toujours esté ſonOm
bre,s'ilm' eftpermisdeparler
ainsi, à moins que V.A.R.
n'ait quitté cet Augufte
Frere pour aller vaincre
fes Ennemis en prenant
des Places, ou en gagnant
des Batailles. Le doy parler
EPISTRE.
de cette union , puis que d'e
toutes les merveilles de ce
floriffantEtat, c'est ceque le
Roy deSiam ale plus admiré.
Les Relations conviennent
toutes que lors que ce
Monarque l'eut apprise, il
ditqu'il nes'étonnoitplusdes
prosperitez de la France ,
ny du malheur de quelques
Roisfes voifins, dont la di
viſion de la Famille Royale
avoit cauſe laruine. Enfin
ce Prince en parla d'une
maniere quifit paroiſtre que
EPISTRE.
cestoit la seule chose qui
manquoit au bonheur deSa
Vie , esque s'il euſt eu quelques
Souhaits à former , ils
ne pouvoient estre quesur
une choſe dans laquelle il
faisoit confifter leſouverain
bonheurd'unEtat. LesAmbaffadeurs
de ce Monarque
ne luy diront pas seulement
ce qu'ils ont veu de cetteunion;
mais aprés luy avoir
confirmé tout ce que la Renommée
a prisſoin de luy aprendre
des merveilles de la
i
Vie
EPISTRE.
Viedu Roy , ils parleront de
V. A. R. Ils enfont charmez
, & voicy la troiſiéme
Relation , où l'on peut voir
de quelle maniere ils ont expliqué
ce qu'ils en penſent.
Vostre bonté , MONSEIGNEUR,
leur a paru dans
les choses obligeantes queV.
AR a bien voulu leur dire,
Vostre magnificence a brillé
à leurs yeux dans vos Palais
&&dans vos Festes , &
ils ont paßé pendant leur
Voyage de Flandre dans
EPISTRE.
quelques - uns des lieux où
V. A. R. a fait marcher la
Victoireàses coſtez. Mais
comme ils n'ont vũ qu'une
partie de ce que vous avez
conquis pour le Roy , je ne
Sçaurois m'empescher de
marquer icy tout ce que vous
avez fait lors que vous avez
commandé en Chef les
Armées d'un FrereAuguste
qui vous est plus cher que
vous- même. QuandceMonarque
entreprit la glorieu-
Se Guerre qui vangea tant
EPISTRE.
de Rois , en humiliant une
Puissance inferieure à ces
Souverains , & qui s'en di-
Soit lArbitre. SaMajesté
commença pardesEntrepri-
Ses dont tous les Siecles paf-
Sezne luy fourniffoient aucun
exemple. Elle ouvrit la
Campagne par quatre Sieges
àla fois , &vous euftes
Pavantage , MONSEL
GNEUR, de triompher le
premier en forçant la Ville
d'Orsoy de ſe rendre à dif
cretion ; de forte qu'on ne
Tij
EPISTRE .
1
peut s'entretenir de cette fameuse
Guerre qu'aprés avoir
admiré le Roy dans
tout ce qu'il a fait pour la
Soûtenir außi glorieusement
qu'il l'avoit commencée , on
ne paſſe aux Actions du
Prince à qui est deuë la
conqueste de cette Place.Elle
couta peu de temps & peu
d'hommes ; & cependant ,
MONSEIGNEUR , le Roy ,
&V. A.R toûjours inſepables
, ſur tout dans le
peril , vous courustes risque
EPISTRE .
L
de la Vie. Sa Majestévoulant
tout voir , & donner
par ttoouuttſeess ordres elle-mefme
, alloit tantoft àun Siege
& tantoſt à l'autre. Ainfi
on peut dire qu' Ellé estoiten
meſme temps devant les
quatre Places aßiegées. Ce
Monarque estant un jour
venu dans vostre Camp ,
vous allaſtes enſemble voir
quelques attaques . Vous
bravaſtes le peril , & demeuraſtes
quelque tempsen
un lieu où M. le Chevalier
EPISTRE .
preff aftes
d Arquin,qui vousſuivoit,
fut tué d'un coup de Canon
avant que vous fußiezhors
deſa portée. Ce Siege fut
bien-toft finy, mais la maniere
dont vous preffaftes
cette Place , & voſtre inébranlable
fermetéfirent connoiſtre
que vous eſtiez capable
des plus hautes entreprifes.
Le Roy enfut bien per
Suadé, puis qu'aprés cette
conqueſte il choisit V. A. R.
pour faire le Siege de Zutphen,
Placeforte , & Capi
EPISTRE .
tale d'une Province. L'impatiente
ardeur que vous
fiftes alors paroistre fut une
preuve incontestable es de
voſtre valeur , & du desir
que vous aviez d'acquerir
de la gloire. Vous partiſtes
à trois heures du matin , &
demeurastes quatorze heures
àcheval. Enfin , MONSEIGNEUR,
vous n'arrestates
qu'àla veuë de laPlace,
où vous deviez cueillir des
Lauriers, &fi elle avoit esté
plus éloignée, l'ardeur quié
EPSSTRE .
chaufoit votre courage,vous
auroit empeſché desentirles
fatiques ausquelles l'homme
le plus robuſte auroit dûfuccomber
Vous allastes reconnoiſtre
la Place jusqu'à la
portée du Mousquet. Vous
marquâtes l'endroit où vous
vouliez que la Tranchée
fust ouverte , es les lieux
où l'on devoit drefferles Bateries
; vous poursuiviſtes le
Siege avec vigueur ,
triomphant &des ruſes que
les Ennemis mirent en ufaEPISTRE.
ام
ge, &de toute la valeur
qu'ils firent paroiſtre , vous
réduiistes ſous l'obeiffance
du Roy unePlace forte par
elle-mesme,&par une nombreuse
Garnison , &munie
de tout ce qui pouvoitfervir
àune longue défense;mais
vostre pieté vous empefcha
d'y entrer , avant que d'y
avoir rétably le culte des
Autels , eny faisant celebrer
laMeffe.
L'année ſuivante le Roy
ayant aßiegeMastric, donEPISTRE.
naà V. A. R. l'attaque dis
Fort de Veich. Ce ne devoit
estre qu'unefaufſe Attaque,
mais vous la poufſfaſtes avec
tant de chaleur le jour que
vos Troupes donnerent pour
favorifer la veritable , que
vousfiſtesrompre les Palif-
Sades,&emporterla Demylune
; deforte quefi on eust
préparé des échelles , on se
Seroit rendu Maistre de la
Place par escalade , tant
vous ſcavez inſpirer d'ardeur
aux Troupes qui com-
د.
EPISTRE.
battent ſous vos ordres .
Pendant le cours de cette
Guerre , V. A. R. prit encore
deux Places importantes,
5gagna une Bataille qui
en afſeura beaucoup autres.
Bouchain fut la premiere
qui connut que vous n'attaquezjamais
fans triompher.
Aprés avoir reconnu
vous- mefmes les endroits les
plus avantageux , vous ré-
Solûtes d'ataquer deux Baſtions
. L'un estoit convert
par un Ouvrage à corne,
>
EPISTRE .
LaCourtine qui estoit entre
ces deux Bastions estoitaußi
couverte d'une Demy-lune ,
&pour diviſerle feu desAffiegezpar
une diverſion neceffaire,
&faciliterles Travaux
de cette attaque qui
embrafſoit plusieurs grands
Ouvrages , V. A. R. jugea
àpropos d'en faire commencer
une du costé de la baffe-
Ville.
Vous estiez appliqué à
ce Siege , lors que le Roy
vous envoya avertir, fuivant
EPISTRE.
vant la parole qu'il vous
avoit donnée , Qu'il voyoit
quelque apparence deBataille
,& qu'il croyoit que
le Prince d'Orange expoſeroit
plûtoſt cinquante
mille hommes, que d'eſtre
témoin de la priſe de Bouchain.
Vous marchastes
außi- toft,laiſſant vos ordres
pour la continuation du Siege.
Vous trouvaſtes leRoy
en Bataille en presence des
Ennemis, &vous vousmi
tes àla teſte de l'aifle gauche
ū
EPISTRE .
que vous deviez commander.
Le Prince d'Orange
ayant évitéle Combat, vous
retournaſtes au Camp , 5
tout remply encore de l'ardeur
dont vous eſtiez animé
, vous ordonnaſtes qu'on
emportaft tous les Dehors
de Bouchain l'épée à la
main, ce qui fut executé,
laPlace ſe rendit bien- toft
aprés. Tant que ce Siege
dura, V. A. R. paffa toutes
les nuits à cheval. Elle viſitoit
les Attaques , les BateEPISTRE.
ries , & les Gardes des Lignes.
Elle entroit dans tous
les détails , & envoyoit
fans ceffe des rafraichiffemens
aux Soldats pour les
encourager au travail.
Fedeurois parlericy d'une
Conqueſte bien plus importante
, &dire ce que V. A.
R. fit devant Saint Omer
mais comme on en peut jugerpar
les Sieges des Places
que vous avez prifes ,dont
Je viens d'ébaucher quelques
Actions, je ne parleray
EPISTRE.
plus que de la Bataille de
Caffel ; elle est remplie de
trop de circonstances glorieuses
àV. A. R. pourn'en
marquerpas au moins quelques-
unes . L'Armée ennemie
estoit plus forte que celle
du Roy,elle estoit postée dans
des lieux naturellementfortifiez.
Des hayes vives &
des foſſez pleins d'eau luy
fervoient de rempart, elle
n'estoit point obligée de di
viſerſes forces comme vous,
MONSEIGNEUR , qui de
EPISTRE .
viez laiffer des Troupes
dans la Tranchée de Saint-
Omer,& dans les postes que
que vous aviez gagnez autour
de cette Place. Cependant
voyant la neceßité , ou
de combattre , ou d'eſtre contraint
à lever le Siege que
vous aviez ſi heureuſement
commencé, vous ne balançastes
point,quoy que leConfeildeGuerre
euft de lapeine
àSerefoudre au Combat,
dites, Que vous ne vouliez
pas eſtre obligé à lever le
EPISTRE.
Siege , & que fous voſtre
Commandement les Armes
du Roy receuffent un
affront qui ne leur eſtoit
point encorearrivé depuis
le commencement de la
Guerre. Vous vous avançaftes
enfuitepour reconnoiſtre
les Ennemis , & donnastes
des ordres pour les
aller attaquer. Ce fut - là
que vous remplistes les devoirs
& d'un brave Capitaine
, & d'un General experimenté
Vous exhortaftes
EPISTRE.
les Soldats, vous leur inspiraſtes
de l'ardeur , & vous
les menaſtes à la charge.
Ainsi vostre esprit esvostre
coeur n'agirent pas moins
que vostre bras. Dés que les
Ennemis faisoient quelque
mouvement , vous donniez
de nouveaux ordres , & vous
fuftes toûjours defangfroid
au milieu des dangers ,Sans
paroiſtre un seul moment
embaraßé. Lefeu des Ennemis
ne vous étonna point;
vous vistes pluſieurs de vos
A
EPISTRE.
Officiers bleffez autour de
vous ; vous eustes mesme un
cheval bleßé , & receustes
un coup de Mousquet dans
vos Armes. Tout cela ne
vous empécha point de chargerſouvent
à la teste des
EscadronsedesBataillons,
d'estre toûjours au plus fort
de la mêlée , & de remener
vous-mesme au Combat,des
Troupes qui avoient plié.
Le lendemain la douceur
ayant pris la place du feu
qui brilloit dans vos yeux
EPISTRE..
ود
le jour du Combat ,le foin
que vous fiftes prendre des
Bleſſez,vous rendit l'amour
des Vaincus dont vous
aviez esté la terreur , comme
vous devinſtes l'admiration
des Vainqueurs..
Mais, MONSEIGNEUR, ce
n'est pas affez , qu'aprés a
voir fait voir voſtre ſage
conduite dans un âge où la
prudence eft fi peu ordinatre
àla jeunesse , jaye fait une
legere peinture d'une partie
de vos éclatantes Actions ;
aa
EPISTRE.
Jedois ajoûter icy que nousne
voyons point de Souverains
, meſmeparmy les plus
puiſſans Monarques , qui
ayent porté la magnificence
außi loin que V. A. R. Vos
Superbes Bastimens , vos
Meubles magnifiques, &la
riche abondance de vosPierrerits
, tout marque le Sang
dont vous fortez. Cependant,
MONSEIGNEUR,tant
dechoſes n'empeſchent point
que la Nobleffe infortunée
ne trouve un azile auprés
EPSSTRE.
de vous , es que beaucoup
d'illustres Malheureux ne
foient tous les ans vangez
par vos bienfaits des injuſtices
de la fortune. Si l'on
joint à toutes ces dépenses
les grandes &galantes Feſtes
que vous donnez ſouvent
, on connoistra, MONSEIGNEUR
, que vous fçavezfoûtenir
de toutes manieres
l'éclat de vostre augufterang;
außı perſonne n'en
connoift-il mieux la grandeur
,&les droits queV.A
EPISTRE .
R. Maisquoy que vous les
Coûteniez ſi dignement ,
vous avez une bonté naturelle
, qui ſans vous faire
defcendre de vostre rang
vous attire tous les coeurs.
Iusqu où ne va- t- elle point
pour les auguſtes Perfonnes
qui vous touchent ? Quels
Soins ne prenez - vous pas
de l'éducation d'un Prince,
dont l'efprit a brillé avant
l'âge , &à qui vous donnez
ſi ſouvent d'utiles leçons.?
Quelle tendreffe n'avez-
VOUS
EPISTRE.
C
pas pour la Reyne d'Eſpagne
, & pour Madame la
DucheffeRoyalede Savoye,
vos augustes Filles ! On en
peut juger par l'empreſſo
ment que vous avez à leur
apprendre de vos nouvelles ,
& à recevoir des leurs , &
par les Preſens que vous
leur faites continuellement;
de forte que si elles ne tenoient
point la vie de vous ,
vous paroiftriez peut- estre
trop galant à leur égard.
Mais , MONSEIGNEUR
ee
EPISTRE.
on peut dire quesi l'avan
tage eft grandde vous avoir
pour Pere , il y en a außi
beaucoup à vous avoir pour
Maistre. Ceux qui ont
I'honneur de vous fervir ,
trouvent unProtecteurdans
V. A. R. Vous avez la
bonté d'entrer jusque dans
le détail de leurs affaires.
S'ils ont des proces que vous
trouviez juftes , vous les
faites recommander ; &sit
faut obtenir du Roy quetque
grace en leur faveur .
EPISTR E.
V. A. R. ne dédaigne
point de parler pour eux.
Enfin ,MONSEIGNEUR ,
-Si on vous rend quelque
Service diftingué , vous
accablez de bienfaits ceux
dont vous le recevez .Mais,
MONSEIGNEUR , je
voy qu'il faut que je finiffe
malgré l'abondance de
la matiere qui me reste ,
& que pour ne point pas-
Ser tes bornes d'une Epiſtre
, j'ajoûteſeulement icy
EPISTRE.
que je suis avec le plus profond
respect,
MONSEIGNEUR,
De Voſtre Alteſſe Royale
Le tres -humble & tres
obeïllant Serviteur
DEVIZE .
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Résumé : A SON ALTESSE ROYALE MONSEIGNEUR LE DUC D'ORLEANS FRERE UNIQUE DU ROY.
L'épître est adressée à Monseigneur le Duc d'Orléans, frère unique du roi, et met en lumière les vertus et les exploits du Duc. L'auteur reconnaît la difficulté de décrire une vie aussi glorieuse et vertueuse, tout en soulignant que les bonnes inclinations d'un prince peuvent se manifester dès l'enfance, bien que l'histoire offre des exemples contraires. Le Duc d'Orléans est loué pour son respect et sa tendresse envers la reine, sa mère, ainsi que pour son attachement au roi. Il a souvent préféré la compagnie de la reine aux plaisirs habituels de son âge, et son chagrin était visible lorsqu'il croyait lui avoir déplu. La reine souhaitait qu'il se rapproche du roi, ce qui fut réalisé. Leur relation est marquée par une respectueuse amitié et une parfaite intelligence, renforcée par des divertissements et des spectacles où ils brillaient ensemble. Lors des divertissements martiaux, le Duc et le roi se distinguaient dans les carrousels et les fêtes guerrières. Leur union a été admirée par le roi de Siam, qui y voyait une clé du bonheur et de la prospérité de l'État français. L'épître détaille également les exploits militaires du Duc, notamment lors de la guerre contre une puissance inférieure. Le Duc a joué un rôle crucial dans la prise de plusieurs places fortes, comme Orsoy, Zutphen, et Bouchain, montrant un courage et une détermination exceptionnels, souvent au péril de sa vie. Il a également participé à la bataille de Cassel, où il a mené les troupes avec ardeur et stratégie. Sa conduite sage et brave a été saluée par tous. Enfin, l'épître souligne la magnificence du Duc, visible dans ses bâtiments superbes, ses meubles magnifiques, et la richesse de ses pierreries, tout en notant que ces richesses n'entravent pas sa noblesse et sa générosité.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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23
p. 136-185
Arras [titre d'après la table]
Début :
Le 19. ils disnerent à Sarbret, & ce qu'il y a de surprenant, [...]
Mots clefs :
Arras, Ville, Roi, Ambassadeurs, Comté, France, Dames, Ambassadeur, L'Arbret, Aix-Noulette, Temps, Église cathédrale, Place, Officiers, Actions, Armes, Magnificence, Fortifications, Régiment, Villeneuve, Gloire, Guerre, Prince, Citadelle, Mains, Lieutenant, Honneurs, Capitaine, Monarque, Merveilles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Arras [titre d'après la table]
Le 19. ils difnerent à Sarbret
, & ce qu'il y a de furprenant
, c'eſt qu'encore qu'il
n'y euſt en cet endroit qu'une
ſeule maiſon , deſtinée ſeulement
pour la Poſte , & dans
laquelle il n'y a que des chevaux
, les Ambaſſadeurs y
furent ſervis avec la meſme
magnificence qu'à Paris , ce
qur
qui dans un petit lieu , où
l'on ne peut rien trouver
ſembla tenir de l'enchante-
2
des Amb. de Siam. 137
ment. Les Services paroiffoient
preſque auffi grands que la
Maiſon , ce qui fit dire au
premier Ambaſſadeur que tout
contribuoit à faire voir la magnificence
du Roy. Ils partirent
enfuite pour Arras , Capitale
de l'Artois fur la riviere de
Scarpe. C'eſt une Ville dont
les Fortifications font tresregulieres.
Elle est fort ancienne
, & eftoit la premiere
du Comté de Flandre, quand
Charles leChauvé ladonna en
dotàJudith ſa fille , que Baudoüin
ditBras de fer,Comte de
Flandre épouſa en 863. Elle fut
M
138 III. P. dùVoyage
réunie à la France avec tout
l'Artois en 1180. par le mariage
de Philippe Augufte , avec
Iſabelle de Hainaut , Fille de
Baudoüin V. Le Chapitre de
l'Eglife Cathedrale de Nôtre-
Dame eſt compoſé de 40.
Chanoines , & de 52. Chapelains.
L'Evêque d'Arras eft
Suffragant de Cambray. Il y
a encore d'autres belles Eglifes
, la celebre Abaye de S.
Vaft , & unCollege de Jefuites.
Cette Ville fut livrée à
Maximilien I. en 1493. & enfin
ſoûmiſe aux François en
1640.
des Amb. de Siam. 139.
Les Ambaſſadeurs arriverent
fur les trois heures àune
demie licuë de cette Place . La
Cavalerie qui estoit allée au
devant d'eux , lesy attendoit.
Elle estoit compofée de douze
Compagnies du Regiment
de Conigſmark de 40.Maîtres
chacune. M' Mullor premier
Major du Regiment les commandoit.
Lorſque les Ambaffadeurs
approcherent , il les
fit ſaluer de l'épée par toute
cette Cavalerie , qui preceda
enfuite leur Caroffe. Ils trouverent
à la Bariere de la Contreſcarpe
, Male Comte de
Mij
140 III . P. du Voyage
1
Villeneuve Lieutenant de
Roy d'Aras , & qui commande
en l'abſence deM leComte
de Nancré qui en eſtGouverneur.
Il eſtoit accompagné
de tous les Officiers Majors. Il
leur témoigna la joye qu'il
avoit de pouvoir leur rendre
tous les honneurs que Sa Majeſté
luy avoit ordonné de
leur faire. Ils répondirent à ce
compliment de la maniere la
plus honneſte , & qui pouvoit
mieux marquer leur reconnoiſſance
Ils entrerent enfuite
dans la Ville au bruit
du Canon, & au travers d'une
des Amb. de Siam , 14
double haye d'Infanterie.Elle
eſtoit compoſée du Regiment
de Phiffer , qui avoit la droite,
& de 4 Compagnies du Regiment
de Stoup le jeune ,
qui estoit à gauche , à la tête
deſquelles eſtoit M. Lifler Capitaine
du Regiment. Les
Ambaſſadeurs faluerent toutes
les Dames qui estoient aux
feneftres pour les voir paffer.
Toute l'Infanterie les ſalua
de la pique. Pendant cetems
le carillon de la Ville ſe faifoit
entendre , & l'on fonna
une Cloche appellée Ioyeuse ,
parce qu'on ne la ſonne ja
142 III. P. du Voyage
mais que pour des ſujets de
réjoüiſlance. Quand la tête
de la Cavalerie eût atteint la
queuë de la Garde , à la teſte
de laquelle estoit M Courteft
Capitaine de Phiffer , elle
s'ouvrit , & forma deux hayes
pour laiſſer paffer leurs Caroffes
. M le Comte de Villeneuve
les reçut à la porte de
leur logis , & les conduifit
dans leur chambre , où il
entra feul avec M Torf , &
les Officiers Majors. On lia
converfation en attendant
Mrs les Magiſtrats. Les Ambaſſadeurs
ſe ſervirent de ce
desAmb. de Siam. 143
temps pour demander combien
il y avoit de feux &
d'Habitans dans Arras , & de
quelle grandeur eſtoit la Ville,
dont ils marquerent ſouhaiter
le Plan. Le Pere Recteur
des Jefuites vint pendant ce
temps- là , & leur témoigna ſa
reconnoiſſance que toute la
Compagnie avoit du bon
accüeil que le Roy de Siam
faiſoit aux Jeſuites dans fon
Royaume. L'Ambaſſadeur
luy répondit que le Roy fon
Maître les estimoit beaucoup ,
qu'ils n'en pouvoiët douter, puis
qu'il en demandoit encore. Mrs
144 III. P. du Voyage
du Magiſtrat eftant enſuite
arrivez , les Ambaſſadeurs ſe
leverent de leurs fauteüils , &
apres qu'ils les eurent ſaluez
à leur maniere pour repondre
à leur falut , Mª Palifor
d'Incourt Confeiller de Ville ,
& Deputé General & ordinaire
des Etats d'Artois pour
te tiers Etat , leur parla de cetle
forte .
MESSEIGNEVRS,
Cette Ville d' Arras a toûjours esté
Si jalouſe d'exécuter les ordres du
Roy , qu'elle les a toûjours receus
avec autant d'empreffement que de
Soumiffion. Ceux que Sa Majesté
nous
des Amb.de Siam. 145
nous donne aujourd'huy de vous
honorer avec une distinction toute
finguliere, font fi precis &fi pofitifs
, que nous avons juſte ſujet de
craindre que nos efforts ne soient
auſſi vains là deſſus, que nos volontezfont
finceres & toutes remplies
de ce zéle qui a toûjours fait toute
l'ame&tout l'esprit de nostre obéiffance.
En effet, Meſſeigneurs , ce
grand Roy ne pouvoit pas publier
avec plus d'éclat l'estime qu'il fait
de vostre Monarque & de vos Per-
Sonnes, qui charmez de la gloire
qu'il s'est acquiſe dans les expeditions
de la Guerre , &de laſageſſe
de ſa conduite dans la Paix, avez
bien voulu traverſer tant de mers
&fuivre, pour ainsi dire, le cours
du Soleil , pour voir un Prince quż
par la rapidité defes Victoires Sçait
N
146 III. P. du Voyage
le mieux imiter le mouvement de
ce bel Astre , qu'il prend pour fa
Deviſe. Vous reſſemblez en cela à
l'excellente Princeffe Nicaulis Reine
d'Egypte & d'Ethiopie, laquelle
ayant entendu parler de la vertu &
de la sagesse de Salomon, defira de
voir de ses propres yeux ,fi ce que
la Renommée publivit de luy estoit
veritable ; elle ne craignit point
pour cet effet d'entreprendre un long
voyage ; & aprés avoir esté remplie
d'étonnement de voir dans ce Prince
une capacitéfi extraordinaire, &
tant de merveilles dansfon Royau
me , elle ne pût s'empêcher de s'écrier,
Probavi quod media pars
mihi nuntiata non fuerit , major
eft fapientia tua & opera tua ,
quam rumor quem audivi. Ainsi,
Meßeigneurs , nous ne doutons pas
3
1
des Amb. de Siam. 147
qu'aprés que vous aurez admiré
l'esprit de Loüis le Grand , qui est
le Salomon de nostre fiecle, dans la
grandeur & la magnificence deſes
Bâtimens , dans l'oeconomie de sa
Maison, dans le bel ordre de fes
Troupes nombreuſes tant sur mer
quesur terre , dans le nombre infiny
deſesſurprenantes Conquestes , dans
la regularité des Fortifications de
fes Places, & en un mot, dans tout
le reste deſa conduite, vous ne rapportiezfidellement
à voſtre Souverain
Seigneur , que le bonheur de
nostre augusteMonarquefurpaſſede
beaucoup tout ce que vous vous en
estiezimaginé, &qu'il faut l'avoir
vû pour le pouvoir croire. Au reſte,
Meſſeigneurs , nous ne pouvons
mieux répondre aux commandemens
de Sa Majesté , qu'en vous
Nij
148 III . P. du Voyage
Suppliant trés-humblement de nous
honorer des vostres , & d'agréer ces
petits Prefens que nous vous apportons
pour marque qu'il n'y a rien
dans la Ville qui ne foit entierement
à voſtre diſpoſition , & que
nous sommes avec tout le respect
dont nous sommes capables,
MESSEIGNEVRS,
Vos tres humbles &
tres- obéïffans Serviteurs ,
Les Mayeur & Eſchevins
de la Ville d'Arras ..
1
L'Ambaſſadeur répondit,
Que le Roy fon Maistre estoit
un grand Monarque , qui ayant
entendu parler de la grandeur
desAmb de Siam. 149
du Roy de France , defes Conquestes,
&deſes manieres toutes
genereuſes , avoit envoyé il y a
quelques années des Ambaſſadeurs
pour luy demander fon
amitié ; mais que ces Ambaſſadeurs
ayant vray-femblablement
pery, puiſqu'on n'en avoit point
entendu parler, Sa Majesté Siamoiſe
impatiente de voirfon defir
accomply, les avoit de nouveau
envoyezenFrance, non pour aucun
interest ny pour traiterd'affaires
, puisque l'on doit estre
affez perfuadé que ces deux
grands Rois n'en ont point à
démefler enſemble ; mais uni-
Niij
150 III . P. du Voyage
quement pour l'honorer & pour
luy marquer avec quel empreffement
le Roy de Siam recherche
fon amitié. Ils adjoûterent,
qu'ils avoient beaucoup d'obligation
au Roy de la reception
qu'il avoit ordonné qu'on leur
fift dans toutes les Villes où ils
avoient paßé , & qu'ils remer
cioient en particulierMrs d'Arras
, de l'honneur & des Prefens
qu'ils leur faisoient. Cette réponſe
fit connoiſtre qu'ils
avoient compris le ſens de la
Harangue, puiſque l'Hiſtoire
nous apprend que la Reine de
Saba n'eſtoit venuë voir Sa-
1
des Amb. de Siam. 151
lomon que pouffée du defir
de reconnoiſtre en luy toutes
les merveilles que la Renommée
en publioit, & non pour
traiter avec luy d'aucunes
affaires . M de Ville eftant
fortis , M le Comte de Villeneuve
leur demanda l'ordre
, & ils donnerent pour
mot , qui m'attaque fe pert. Il
eſt à propos de marquer icy
une choſe qui vous fera connoiſtre
les raiſons qu'ils ont
cuës de donner par tout les
mots qui ont eſte ſi approuvez
, & qui leur ont fait meriter
tant de loüanges. En
Niiij
152 III. P. du Voyage
approchant de chaque Ville,
ils s'informoient de l'hiſtoire
de la Ville où ils alloient , de
l'état de la Place , des Sieges
qu'elle avoit ſoûtenus, & du
merite , de la qualité & des
actions du Gouverneur ; & de
toutes ces chofes , ainſi que
de ce qui leur arrivoit , &
de ce qu'ils voyoient dans la
Place, ils formoient les mots
que pour leur faire plus
d'honneur & marquer plus
de déference , les Commandans
leur demandoient. C'eſt
pourquoy ils donnerent celuy
de qui m'attaque se pert,
des Amb. de Siam. 153
ayant appris que de nombreuſes
Armées remplies de
Troupes de differentes Na--
tions,&commandées par des
Chefs d'une grande experience
, & d'une haute reputation
, avoient eſté contraints
de lever le Siege de devant
Arras. Le concours du peuple
fut grand pour les voir
ſouper ; mais comme ils auroient
eſté trop incommodez
, on ne laiſſa entrer que
les premieres perſonnes de la
Ville , & les principales Dames,
auſquelles ils firent tout
le bon accüeil imaginable.
154 III . P. du Voyage
Ils donnerent à la plus confiderable
ce que leur Deffert
avoit de plus beau , pour le
diftribuer aux autres ; ce
qu'ils ont fait fort ſouvent
en de pareilles occaſions .
Ils ne fortirent point le
lendemain matin , mais ils
reçûrent les viſites de M. le
Comte de Villeneuve Lieutenant
de Roy , de M² Bifſetz
Major de la Place , des
principaux Officiers de la
Garnifon , & de quelques
Mrs du Confeil. La plupart
de la Nobleſſe des environs
d'Arras vint auſſi les falier.i
des Amb. de Siam. iss
Onleur propoſa de leur faire
entendre l'aprés- dînée ce qui
fut chanté à Sceaux devant
le Roy , lorſque Sa Majefté
fit l'honneur àMª de Seignelay
d'aller voir cette belle
Maiſon , à quoy ils confentirent.
On ne laiſſa entrer
que les Dames pour les voir
dîner. Sur les deux heures
Me le Comte de Villeneuve
les vint prendre dans quatre
Carroffes , pour les mener à
la Citadelle , où Mª de la
Pleigniere qui en eſt Gouverneur
, les fit recevoir au
bruit du Canon. Ils paffer
156 III. P. du Voyage
rent au travers de deux hayes
d'Infanterie , & les Officiers
les falüerent de la Pique. II
leur fit voir les Fortifications
de la Place ; ils les examinerent
toutes , & demanderent
le nom de chaque piece. Ils
virent auſſi faire l'Exercice à
un Bataillon de Picardie qui
eftoit ſous les Armes , à quoy
ils prirent beaucoup de plaifir
. On leur fit voir enſuite
l'Arcenal , & tout ce qu'il y
a de remarquable dans cette
Citadelle ; aprés quoy on leur
fervit une magnifiqueCollation
, où l'on bût de quandesAnb.
de Siam. 157
zité de differentes Liqueurs.
Les Dames les plus diftinguées
de la Ville s'eſtoient
renduës dans la Citadelle ,
pour les voir plus commodément.
Ils les regalerent
de Confitures , & trouverent
qu'Arras ne manquoit pas de
beautez . La Santé du Roy
ne fut pas oubliée , & quelques
Dames la bûrent auffi.
Cette Affemblée n'eſtoitcompoſée
que de Gens de marque
, puiſqu'outre les Dames
il n'y avoit d'Hommes que
les Officiers de la Garniſon,
tant de la Ville , que de
158 IHI. P. du Voyage
la Citadelle . L'Ambaſſadeur
ayant apperçu un Plan qui
eſtoit attaché à la Tapiſſerie,
demanda quel Plan c'eſtoit.
On luy répondit , que s'eftoit
celuy de la Citadelle ; &
il le demanda à Mª de la
Pleigniere, qui le luy donna.
Comme ils avoient encore
beaucoup de choſes à
voir pendant le reſte de l'aprés-
dînée , ils ſortirent aufſi
- tôt que la Collation fut
finie , aprés avoir remercié
Mª de la Pleigniere en termes
fort obligeans, & le Canonſe
fit entendre à leur for
des Amb . de Siam. 159
tie de la même maniere qu'il
avoit fait lorſqu'ils eftoient
entrez. Ils allerent de là à
F'Eglife Cathedrale , où tout
le Peuple eſtoit accouru en
foule ; ils furent reçûs au
grand Portail par tout leChapitre
en corps , ce qui marquoit
quelque choſe de venerable
& d'augufte. Il avoit
à ſa tête M. le Févre
Prevoſt , Chanoine & Theologal
de cette Cathedrale ,
que nous avons veu Aumônier
& Predicateur de la Reine.
Voicy en quels termes
it parla aux Ambaſſadeurs .
160 III. P. du Voyage
MESSEIGNEURS ,
Puisque Sa Majesté vous envoye
furfes Frontieres pour vous rendre
Spectateurs de ſes Conquestes , que
la Renommée a portées jusqu'au
bout du Monde , ce qui vous afait
traverſer tant de Mers pour venir
admirer ce Salomon de nôtre Siecle
, nous ofons vous afſeurer que
la Ville d'Arras est un des plus
beaux &un des plus anciens Fleurons
de sa Couronne , & qu'il n'a
point dans tous ſes Estats de Province
plus memorable que celle
d'Artois , puisqu'elle a toûjours esté
regardée comme l'oeil & la clefde
toute la Flandre. En effet , Cefar
même n'a point balancé de paſſer
les Alpes , & de faire voir l'Aigle
Romaine aux Portes de cette CapidesAmb.
de Siam. 161
tale , dont le Siege luy cousta si
cher, qu'il avoue dansſes Commentaires
, que dans toutes les autres
attaques il avoit combattu pour la
gloire , mais qu'il avoit dans cellecy
deffendu fa propre vie , tant il
avoit trouvé de courage & de reſiſtance
dans lesPeuples qui la deffendoient.
On en voit encore les
glorieux restes , dans ce fameux
Camp * qui nous environne , où
ce grand Capitaine fut obligé de
demeurer fort long-temps , ne pou
vant vaincre cette genereuse opiniaſtreté
des Artefiens , qui arresta
le cours de ſes Victoires , &qui luy
fit acheter fi cherement la gloire
qu'il en remporta.
Cette Comté fameuse ayant par la
viciffitude des Temps & la revo-
*Le Camp de Cefar prés de l'Abbaye d'Eſtrun
162 III . P. duVoyage
lution des Guerres changé deMaitre
, & passé des mains des Ro
mains , dans celles des François,نم
de Payenne estant devenue Chrétienne,
fut l'Appanage de nos Princes
du Sang. Le grand faint Louys
enfit un Present à Robertfon Frere
; luy laiſſant pour partage les
Fleurs-de-Lys fans nombre , * it
luy fit comprendre qu'il ne devoit
point donner de bornes àson courage
sous un si glorieux Eftendart.
C'est ce Robert d'Artois qui paffantfur
le ventre à tant d'Infideles,
dont il achevoit la deffaiteà la
Mazoure dans l'Egypte , en devint
enfin la Victime , se croyant trop
heureux de verſertoutsonfangpour
la querelle du Sauveur du Monde ,
dont il vouloit arracher le facré
* Qui font les Armes encore aujourd'huy de
cetteProvince,
des Amb. de Siam. 163
Sepulchre des mains des Ottomans,
àla pointe deson épée.
Maissi cette Ville d'Arras s'est
distinguéepar les actions heroïques
qui se sont paßées au pied deses
murailles, &parses Princes qui se
font transportez chez les Nations
tesplus reculées pourysignaler leur
valeur , elle n'est pas moins recommandable
par ce fameux Traité de
Paix d'Arras en 1435.qui mit fin
à tant de differens, &à unesifanglante
guerre qui s'estoit allumée
dans toute l'Europe , ou le Duc de
Bourgogne fut en perſonne avec la
Ducheffefon Epouse Infante de Por
tugal. Ce Traitéy attira tout ce qu'il
yavoit de gens plus confiderables &
plus nobles fur la terre , les Legats
du Pape Eugene IV. ceux du Concile
de Bafle,&de l'Anti-Pape Fe
O ij
164 III. P. du Voyage
lix. L'EmpereurSigismond, lesRois
de Caſtille, d'Arragon, de Navarre,
de Naple , de Sicile & de Chypre,
de Dannemark & de Pologne, yenu.
voyerent leurs Ambaſſadeurs , qui .
jaloux de la gloire de leurs Nations
, affectoient une magnificence
extraordinaire . Ceux de France &
d'Angleterre encherirentfur les au
tres par la pompe de leurs Equipages
, les Ducs de Bourbon & de
Vendofme, avec les Conneſtable &
Chancelier, les Marcſchaux deRieux.
& de la Fayette, Adam de Cambray
Premier President au Parlement de
Paris,tous accompagnez d'une infinité
de Nobleffe de la Nation, qui
par leur politeffe & leur lustre don
nerent une haute idée de la leur.
Ce fut dans cetteAſſemblée que le..
Roy de France &le Duc de BourdesAmb.
de Siam. 165
gogne jetterent les fondemens d'une
Paix fincere, dont les fuites ont
esté trés- avantageuses à toute l'Europe
, qui fut jurée folemnellement
dans cette Eglise Cathedrale.
Voilà, Meffſeigneurs , l'éclat que
ba Ville d'Arras a tiré de la Paix
comme de la Guerre ; & cette Capitale
ayant depuis tombé tantôt.
dans les mains de Lauys XI. tantôt
dans celles de l'Empereur Maximilien
, qui faisoient à l'envy
leurs efforts pout s'en rendre les
Maistres , elle fut ensuite la dépofitaire
des cendres des Heros les.
plus distinguez dans la Guerre ;
puisque le Duc de Parme &le Maréchal
de Gaffion fant ensevelis.
dans l'enceinte de ses murailles,
comme si c'estoit le deftin à cette
Ville martiale de garder les précieux.
166 III. P. du Voyage
reftes de la bravoure& de la ge
nerosité qui fut le partage de ces
deux grands Capitaines.
Enfin Louys le lufte fut le dernier
Prince qui s'en afſeura la conqueste
par ses Armes victorieuses .
Elle ne balança pas d'ouvrir fis
Portes à un Roy qui devoit finir
fes miferes auffi- tôt qu'elle deviendroit
sasujette ; &pour en écarter
àjamais la tempeste qui la me
naçoit , LOVIS LE GRAND
en a reculé si loin la Frontiere de
fes Estats , qu'elte en est aujour
d'huy le centre , au lieu qu'elle en
estoit autrefois l'extremité : fi bien
que comme le grand Pompée fe
vantoit d'avoir fait parsa victoire
de l'Asie mineure , le milieu de
l'Empire Romain , qu'elle bornoiz
auparavant ; auffi l'on peut dire
des Amb. de Siam. 167
que la fameuse Ville d'Arras doit
aux Armesde LOVIS LE GRAND
l'avantage d'estre aujour'dbuy le
coeur de la France , dont elle estoit
cy - devant la teste.
Mais il manquoit àfagloire d'avoir
pour témoins deses antiquitez,
deses Fortifications , &defes
fertiles Campagnes , les Peuples les
plus reculez , quipour admirer toutes
ces merveilles ont traversé
toute la distance qui ſeparele Gange
d'avec la Mer Occidentale ,
qui vivant dans des Climats où
le Soleil commence sa course , font
venus jusqu'à ceux où ce grand
Aftre la finit ; en forte que l'on
peut dire de chacun de vous, Mef-
Seigneurs, ce que nous liſons dans
LeRoyProphete, quand il nous veut
donner une idée de fon mouve168
III . P. du Voyage
ment : * Exultavit ut gigas ad
currendam viam à ſummo Cælo
egreffio ejus , & occurfus ejus,
uſque ad fummum ejus.
Heureuſe Province , d'avoir receu
des Ambassadeurs Estrangers,
également venerables par le Prince
qu'ils reprefentent , &par l'importance
de leur ministere , qui n'ont
point apprehendé de faire un Voyage
de fix mille lieües pour ſe ménager
une Alliance avec LOVIS
LE GRAND. Ils pourront apprendre
au Roy de Siam toutes les
chofes quise font paßées sous fon
Regne , les grandes & fameuses
Victoires qu'il a remportées , les
Provinces qu'il a conquiſes , les
Citadelles qu'il a fait élever au
milien des Eaux , les Marais qu'il
*Pfal.. 44
desAmb de Siam. 169
deſſechez, le fecret qu'il a trouvé
de faire une Digue à la Mer,
pour arreſter l'impetuosité de ses ondes
qui n'avoient point encore più
trouver d'obstacle à leur rapidité.
Sans doute , Meſſeigneurs , le Roy
de Siam furpris de tant de merveilles
, se fera de LOVIS LE
GRAND une idée bien au deſſus
de celle que sa reputation luy avoit
donnée. Vôtre Roy que vous nommez
chez vous le Seigneur des Seigneurs
, & la seule cause du bon
heur deses Peuples , fera bien aiſe
d'apprendre de vous que vom avez
trouvé les François pleins de refpect
& de foimiſſion pour leur
Prince. Puiſſi z vous l'affeurer qu'il
n'est pas moins l'exemple , que le
Souverain de fes Sujets , &qu'il les
gouverne encore plus parses vertus,
P
1
170 III. P. du Voyage
que parses Loix. Peut- estre qu'en
luy representant l'Architecture &م
la beauté de cette Cathedrale , ore
reposent les cendres de Monfieur le
Comte de Vermandois , qui marchant
fur les traces de fon auguste Pere ,
aujourd'huy le plus grand des Rois ,
commençoit à ſe ſignaler déja dans la
Guerre ( C'est le précieux dépost que
Sa Majesté nous a confié depuis trois
ans dans ce Temple , où les ceremonies
de l'Eglife Chrétienne se celebrent
avec tant d'exactitude, & qui
depuis plus de treize Siecles a toujours
efté deffervie par tant de Saints
Evêques par tant de Chanoines,
d'un merite fi diftingué ) Peut- estre,
dis - je , que par un miracle qui n'a
point encore paru dans nosjours , le
Ciclouvrira fon coeur , & le faisant
fortir avec ses sujets des tenebres
des Amb. de Siam. 171
qui les aveuglent , il luy donnera
l'envie d'imiter LOVIS LE
GRAND dans sa Religion , comme
dans sa Domination : fi bienque
faisant tous deux une Alliance de
picté , comme de commerce ilsferont
tous deux également heureux
dans ce Monde , &pourront ajous.
ter à la Couronne qu'ils poſſedent
déjafur la Terre , celle de l'Eternité.
,
CetteHarangue ayant eſté
interpretée , l'Ambaſſadeur
répondit , Voftre Harangue ,
Monfieur , roule fur deux chefs,
fur la gloire de Loüis XIV. &
fur le defir que vous avez ainſi
que Sa Majesté , de noftre con-
Pij
172 III. P. du Voyage
version. A l'égard du premier,
on ne peut estre mieux perfuadé
que nous leſommes, des grandes
actions de ce Monarque , dont
la reputation nous a fait venir
de fi loin. Nous ne doutons pas
non plus defa magnificence &
de fa grandeur, puisque nous en
avons fait une experience ſenſible
à ſa Cour &furfes Frontieres.
A l'égard du ſecond point
qui regarde nostre converſion à
la Foy Catholique Romaine, nous
avons des Evesques en noftre
Royaume , qui pourront nous en
inftruire. Il remercia enfuite
tout le Corps du Chapitre,
des Amb. de Siam. 173
de l'honneur qu'il leur faifoit
; aprés quoy ils regarderent
l'Egliſe tant par dehors
que par dedans. Ils entrerent
dans le Choeur , dont ils admirerent
l'Architecture , &
particulierement les petits pilliers
qui ſoûtiennent un auffi
grand Vaiſſeau. On les conduifit
vers la Tombe de M
le Comte de Vermandois , &
on leur dit , qu'il eſtoit grand
Admiral, legitimé de France, &
Frere de Madame la Princeffe de
Conty. L'on s'apperceut alors
qu'ils ſe mirent tous trois fur
ce Tombeau, qu'ils porterent
Piij
174 III . P. du Voyage
leurs mains à leurs yeux , &
qu'ils les frotterent ; & l'on
apprit que c'eſt une maniere
uſitée chez eux pour témoigner
leur deüil. Ils prirent
beaucoup de plaisir à entendre
les Orgues de cette Cathedrale
, qui font fort bonnes
; & fortirent de cette
Egliſe aprés avoir fait de
nouveaux remercîmens au
Prevoſt & aux Chanoines .
Apres cela ils allerent au
Magaſin d'Armes, qu'ils trouverent
en trés-bon état. C'eſt
l'effet des ſoins du Miniſtre
qui s'en meſle. Ils virent auffi
desAmb . de Siam , 175
la celebre Abbaye de Saint-
Vaaſt , & furent receus à la
Porte par le Grand Prieur ,
qui eſtoit à la teſte de fa
Communauté , & qui leur fit
un compliment affez court.
Il le finit en diſant , qu'ils les
recevoient avec tous les honneurs
qu'il eſtoit en leur pouvoir de
leurfaire, puiſque la haute eftime
que Sa Majesté faisoit du
Monarque qui les luy avoit envoyez,
&la confideration particuliere
qu'Elle avoit pour leurs
Excellences , estoit la régle du
profond respect avec lequel ils
ſe preſentoient à eux, en leur
Piiij
176 III. P. du Voyage
offrant très-humblement leMonastere
& tout ce qui en dépendoit.
Ils répondirent qu'ils eftoient
bien perfuadez que les
honneurs que ces Religieux leur
rendoient, estoient une continiation
des effets de la bonté du
Roy à leur égard , & que c'eftoit
à Sa Majesté à qui ils en
avoient toute l'obligation ; mais
qu'ils vouloient pourtant leur en
avoir aufſi. Enfuite ils les
remercierent de la maniere
honneſte dont ils en uſoient;
aprés quoy ils entrerent dans
l'Eglife , & s'arreſterent dans
la Nef pour en confiderer la
des Amb. de Siam. 177
ſtructure ; ce qu'ils firent fort
attentivement. Puis ils entrerent
au Choeur , & s'attacherent
à regarder la ſculpture
des Chaiſes, qui eſt trés-belle
&fort eſtimée . On leur montra
leTombeau du RoyThierry
de la premiere Race , & Fondateur
de ce Convent ; & on
leur dit qu'il ne s'en faloit que
8 années qu'il ne fuft mort ily
a mille ans. L'Ambaſſadeur
demanda comment il eſtoit poffible
qu'ily eust un Roy de France
enterré dans cette Abbaye depuis
fi longtemps , &qu'ily en
cust fi peu , que ce Pays ap
178 III. P. du Voyage
partenoit à la France , Arras
ayant esté pris par le feu Roy.
Le Grand Prieur leur expliqua
en peu de mots , comment
tout le Pays-bas eſtoit
une partie du Royaume de
France ; qu'il n'en avoit eſté
ſeparé que trés-peu de temps,
ſçavoir depuis l'an 1525. jufques
en l'an 1640. & qu'à
l'exception de ce temps-là,
les Rois de France en avoient
toûjours eſté reconnus pour
legitimes Souverains . On les
mena au fortir de l'Eglife ,
dans les Cloiftres, & dans un
Refectoire. De là ils repaffe
des Amb. de Siam. 179
rent par l'Eglife , & eftant à
la porte , l'Ambaſſadeur fit
tout ce qu'il pût pour empeſcher
le Grand Prieur de le
conduire juſqu'à fon carroffe
; mais il crut eſtre obligé
de l'y voir monter. Je ne
vous parleray point des complimens
de remercîment que
firent les Ambaſſadeurs , & je
les retrancheray meſme en
beaucoup d'endroits, puiſque
leur civilité eſt aſſez connuë
pour ne pas douter qu'ils n'en
ayent donné des marques à
toutes les perſonnes qui ont
pris la peine de leur montrer
quelque choſe.
180 III. P. du Voyage
Au fortir de l'Abbaye de
Saint Vaaft , ils allerent au
Concert dont on leur avoit
parlé le matin , & dont Madame
de Préfontaine, femme
du Prefident du Confeil d'Artois
, faifoit les honneurs
Elle les reçût accompagnée
des principales Dames de la
Ville. Les Muficiens estoient
dans une fort grande Salle,
dans laquelle il ſe trouva une
grande affluence de monde,
quelque ordre qu'on cût apporté
pour empêcher la foule.
Ils furent fort fatisfaits
de ce Concert , & le témoides
Amb . de Siam. 181
gnerent à Madame de Préfontaine
, en luy faiſant leurs
remerciemens . Ils retournerent
enſuite chez eux , où ils
trouverent leur Garde ſous
les Armes ; car on avoit mis
à la porte de leur Logement
une Compagnie Suiſſe , avec
un Capitaine & un Lieutenant.
Elle fortoit du Corps
de garde pour ſe mettre en
hayequand les Ambaſſadeurs
devoient fortir , & battoit
lorſqu'ils fortoient & qu'ils
rentroient. Aufli - tôt qu'ils
furent arrivez chez eux , Mr
Biſſetz leur porta le Plan de
182 III. P.du Voyage
la Ville que le premier Am
baffadeur luy avoit deman-
-dé , & qu'il examina d'une
maniere qui marquoit qu'il
commençoit à devenir ſçavant
dans nos Fortifications .
Ce même Major leur demanda
le mot , & ils donnerent
Actions éclatantes , par
rapport à ce ce qu'on leur
avoit dit, qu'aux deux Sieges
d'Arras il y avoit eu beaucoup
d'actions remarquables,
& particulierement au ſecond
, où les Afliegeans avoient
ſouvent eſté repouffez.
On leur avoit même
4
des Amb. de Siam. 183
montré les endroits où les
actions de vigueur s'eftoient
-faites . Le premier Ambaffadeur
demanda à M Biffetz
, s'il estoit François ; &
comme on luy eut répondu ,
que oüy , &qu'il estoit Major
de la Place , il luy dit , qu'en
fon Pays on avoit la barbe &
les cheveux comme luy. M
Biſſetz luy répondit , que s'il
n'eſtoit point François , il voudroit
estre Siamois . Comme
il y avoit beaucoup de Dames
à Arras qui n'avoient
encore pû les voir , il s'en
trouva beaucoup ce foir-là à
r
184 III. P.du Voyage
leur ſoûpé , où tout ſe paſſa
à lordinaire .
Le lendemain 21. M le
Lieutenant de Roy & Ms les
Officiers Majors , ſe rendirent
à leur lever ; & les Ambaſſadeurs
aprés les avoir remerciez
avec des expreffions
pleines de reconnoiffance ,
monterent en Carroſſe à huit
heures préciſes du matin ; &
toutes les Troupes eſtant
fous les Armes comme à leur
arrivée , ils fortirent au bruit
du Canon & du Carillon de
la Ville. Mes du Magiſtrat
le firent joüer trois fois le
desAmb. de Siam. 185
jour pendant tout le temps
que ces Ambaſſadeurs féjournerent
à Arras , ſçavoir une
heure au matin , une hcure à
midy , & une heure. le ſoir,
ainſi qu'à leur entrée & à leur
fortie . Ils allerent ce jour-là
21. dîner à Aiffe , qui eſt un
petit Village entre Arras &
Bethune.
, & ce qu'il y a de furprenant
, c'eſt qu'encore qu'il
n'y euſt en cet endroit qu'une
ſeule maiſon , deſtinée ſeulement
pour la Poſte , & dans
laquelle il n'y a que des chevaux
, les Ambaſſadeurs y
furent ſervis avec la meſme
magnificence qu'à Paris , ce
qur
qui dans un petit lieu , où
l'on ne peut rien trouver
ſembla tenir de l'enchante-
2
des Amb. de Siam. 137
ment. Les Services paroiffoient
preſque auffi grands que la
Maiſon , ce qui fit dire au
premier Ambaſſadeur que tout
contribuoit à faire voir la magnificence
du Roy. Ils partirent
enfuite pour Arras , Capitale
de l'Artois fur la riviere de
Scarpe. C'eſt une Ville dont
les Fortifications font tresregulieres.
Elle est fort ancienne
, & eftoit la premiere
du Comté de Flandre, quand
Charles leChauvé ladonna en
dotàJudith ſa fille , que Baudoüin
ditBras de fer,Comte de
Flandre épouſa en 863. Elle fut
M
138 III. P. dùVoyage
réunie à la France avec tout
l'Artois en 1180. par le mariage
de Philippe Augufte , avec
Iſabelle de Hainaut , Fille de
Baudoüin V. Le Chapitre de
l'Eglife Cathedrale de Nôtre-
Dame eſt compoſé de 40.
Chanoines , & de 52. Chapelains.
L'Evêque d'Arras eft
Suffragant de Cambray. Il y
a encore d'autres belles Eglifes
, la celebre Abaye de S.
Vaft , & unCollege de Jefuites.
Cette Ville fut livrée à
Maximilien I. en 1493. & enfin
ſoûmiſe aux François en
1640.
des Amb. de Siam. 139.
Les Ambaſſadeurs arriverent
fur les trois heures àune
demie licuë de cette Place . La
Cavalerie qui estoit allée au
devant d'eux , lesy attendoit.
Elle estoit compofée de douze
Compagnies du Regiment
de Conigſmark de 40.Maîtres
chacune. M' Mullor premier
Major du Regiment les commandoit.
Lorſque les Ambaffadeurs
approcherent , il les
fit ſaluer de l'épée par toute
cette Cavalerie , qui preceda
enfuite leur Caroffe. Ils trouverent
à la Bariere de la Contreſcarpe
, Male Comte de
Mij
140 III . P. du Voyage
1
Villeneuve Lieutenant de
Roy d'Aras , & qui commande
en l'abſence deM leComte
de Nancré qui en eſtGouverneur.
Il eſtoit accompagné
de tous les Officiers Majors. Il
leur témoigna la joye qu'il
avoit de pouvoir leur rendre
tous les honneurs que Sa Majeſté
luy avoit ordonné de
leur faire. Ils répondirent à ce
compliment de la maniere la
plus honneſte , & qui pouvoit
mieux marquer leur reconnoiſſance
Ils entrerent enfuite
dans la Ville au bruit
du Canon, & au travers d'une
des Amb. de Siam , 14
double haye d'Infanterie.Elle
eſtoit compoſée du Regiment
de Phiffer , qui avoit la droite,
& de 4 Compagnies du Regiment
de Stoup le jeune ,
qui estoit à gauche , à la tête
deſquelles eſtoit M. Lifler Capitaine
du Regiment. Les
Ambaſſadeurs faluerent toutes
les Dames qui estoient aux
feneftres pour les voir paffer.
Toute l'Infanterie les ſalua
de la pique. Pendant cetems
le carillon de la Ville ſe faifoit
entendre , & l'on fonna
une Cloche appellée Ioyeuse ,
parce qu'on ne la ſonne ja
142 III. P. du Voyage
mais que pour des ſujets de
réjoüiſlance. Quand la tête
de la Cavalerie eût atteint la
queuë de la Garde , à la teſte
de laquelle estoit M Courteft
Capitaine de Phiffer , elle
s'ouvrit , & forma deux hayes
pour laiſſer paffer leurs Caroffes
. M le Comte de Villeneuve
les reçut à la porte de
leur logis , & les conduifit
dans leur chambre , où il
entra feul avec M Torf , &
les Officiers Majors. On lia
converfation en attendant
Mrs les Magiſtrats. Les Ambaſſadeurs
ſe ſervirent de ce
desAmb. de Siam. 143
temps pour demander combien
il y avoit de feux &
d'Habitans dans Arras , & de
quelle grandeur eſtoit la Ville,
dont ils marquerent ſouhaiter
le Plan. Le Pere Recteur
des Jefuites vint pendant ce
temps- là , & leur témoigna ſa
reconnoiſſance que toute la
Compagnie avoit du bon
accüeil que le Roy de Siam
faiſoit aux Jeſuites dans fon
Royaume. L'Ambaſſadeur
luy répondit que le Roy fon
Maître les estimoit beaucoup ,
qu'ils n'en pouvoiët douter, puis
qu'il en demandoit encore. Mrs
144 III. P. du Voyage
du Magiſtrat eftant enſuite
arrivez , les Ambaſſadeurs ſe
leverent de leurs fauteüils , &
apres qu'ils les eurent ſaluez
à leur maniere pour repondre
à leur falut , Mª Palifor
d'Incourt Confeiller de Ville ,
& Deputé General & ordinaire
des Etats d'Artois pour
te tiers Etat , leur parla de cetle
forte .
MESSEIGNEVRS,
Cette Ville d' Arras a toûjours esté
Si jalouſe d'exécuter les ordres du
Roy , qu'elle les a toûjours receus
avec autant d'empreffement que de
Soumiffion. Ceux que Sa Majesté
nous
des Amb.de Siam. 145
nous donne aujourd'huy de vous
honorer avec une distinction toute
finguliere, font fi precis &fi pofitifs
, que nous avons juſte ſujet de
craindre que nos efforts ne soient
auſſi vains là deſſus, que nos volontezfont
finceres & toutes remplies
de ce zéle qui a toûjours fait toute
l'ame&tout l'esprit de nostre obéiffance.
En effet, Meſſeigneurs , ce
grand Roy ne pouvoit pas publier
avec plus d'éclat l'estime qu'il fait
de vostre Monarque & de vos Per-
Sonnes, qui charmez de la gloire
qu'il s'est acquiſe dans les expeditions
de la Guerre , &de laſageſſe
de ſa conduite dans la Paix, avez
bien voulu traverſer tant de mers
&fuivre, pour ainsi dire, le cours
du Soleil , pour voir un Prince quż
par la rapidité defes Victoires Sçait
N
146 III. P. du Voyage
le mieux imiter le mouvement de
ce bel Astre , qu'il prend pour fa
Deviſe. Vous reſſemblez en cela à
l'excellente Princeffe Nicaulis Reine
d'Egypte & d'Ethiopie, laquelle
ayant entendu parler de la vertu &
de la sagesse de Salomon, defira de
voir de ses propres yeux ,fi ce que
la Renommée publivit de luy estoit
veritable ; elle ne craignit point
pour cet effet d'entreprendre un long
voyage ; & aprés avoir esté remplie
d'étonnement de voir dans ce Prince
une capacitéfi extraordinaire, &
tant de merveilles dansfon Royau
me , elle ne pût s'empêcher de s'écrier,
Probavi quod media pars
mihi nuntiata non fuerit , major
eft fapientia tua & opera tua ,
quam rumor quem audivi. Ainsi,
Meßeigneurs , nous ne doutons pas
3
1
des Amb. de Siam. 147
qu'aprés que vous aurez admiré
l'esprit de Loüis le Grand , qui est
le Salomon de nostre fiecle, dans la
grandeur & la magnificence deſes
Bâtimens , dans l'oeconomie de sa
Maison, dans le bel ordre de fes
Troupes nombreuſes tant sur mer
quesur terre , dans le nombre infiny
deſesſurprenantes Conquestes , dans
la regularité des Fortifications de
fes Places, & en un mot, dans tout
le reste deſa conduite, vous ne rapportiezfidellement
à voſtre Souverain
Seigneur , que le bonheur de
nostre augusteMonarquefurpaſſede
beaucoup tout ce que vous vous en
estiezimaginé, &qu'il faut l'avoir
vû pour le pouvoir croire. Au reſte,
Meſſeigneurs , nous ne pouvons
mieux répondre aux commandemens
de Sa Majesté , qu'en vous
Nij
148 III . P. du Voyage
Suppliant trés-humblement de nous
honorer des vostres , & d'agréer ces
petits Prefens que nous vous apportons
pour marque qu'il n'y a rien
dans la Ville qui ne foit entierement
à voſtre diſpoſition , & que
nous sommes avec tout le respect
dont nous sommes capables,
MESSEIGNEVRS,
Vos tres humbles &
tres- obéïffans Serviteurs ,
Les Mayeur & Eſchevins
de la Ville d'Arras ..
1
L'Ambaſſadeur répondit,
Que le Roy fon Maistre estoit
un grand Monarque , qui ayant
entendu parler de la grandeur
desAmb de Siam. 149
du Roy de France , defes Conquestes,
&deſes manieres toutes
genereuſes , avoit envoyé il y a
quelques années des Ambaſſadeurs
pour luy demander fon
amitié ; mais que ces Ambaſſadeurs
ayant vray-femblablement
pery, puiſqu'on n'en avoit point
entendu parler, Sa Majesté Siamoiſe
impatiente de voirfon defir
accomply, les avoit de nouveau
envoyezenFrance, non pour aucun
interest ny pour traiterd'affaires
, puisque l'on doit estre
affez perfuadé que ces deux
grands Rois n'en ont point à
démefler enſemble ; mais uni-
Niij
150 III . P. du Voyage
quement pour l'honorer & pour
luy marquer avec quel empreffement
le Roy de Siam recherche
fon amitié. Ils adjoûterent,
qu'ils avoient beaucoup d'obligation
au Roy de la reception
qu'il avoit ordonné qu'on leur
fift dans toutes les Villes où ils
avoient paßé , & qu'ils remer
cioient en particulierMrs d'Arras
, de l'honneur & des Prefens
qu'ils leur faisoient. Cette réponſe
fit connoiſtre qu'ils
avoient compris le ſens de la
Harangue, puiſque l'Hiſtoire
nous apprend que la Reine de
Saba n'eſtoit venuë voir Sa-
1
des Amb. de Siam. 151
lomon que pouffée du defir
de reconnoiſtre en luy toutes
les merveilles que la Renommée
en publioit, & non pour
traiter avec luy d'aucunes
affaires . M de Ville eftant
fortis , M le Comte de Villeneuve
leur demanda l'ordre
, & ils donnerent pour
mot , qui m'attaque fe pert. Il
eſt à propos de marquer icy
une choſe qui vous fera connoiſtre
les raiſons qu'ils ont
cuës de donner par tout les
mots qui ont eſte ſi approuvez
, & qui leur ont fait meriter
tant de loüanges. En
Niiij
152 III. P. du Voyage
approchant de chaque Ville,
ils s'informoient de l'hiſtoire
de la Ville où ils alloient , de
l'état de la Place , des Sieges
qu'elle avoit ſoûtenus, & du
merite , de la qualité & des
actions du Gouverneur ; & de
toutes ces chofes , ainſi que
de ce qui leur arrivoit , &
de ce qu'ils voyoient dans la
Place, ils formoient les mots
que pour leur faire plus
d'honneur & marquer plus
de déference , les Commandans
leur demandoient. C'eſt
pourquoy ils donnerent celuy
de qui m'attaque se pert,
des Amb. de Siam. 153
ayant appris que de nombreuſes
Armées remplies de
Troupes de differentes Na--
tions,&commandées par des
Chefs d'une grande experience
, & d'une haute reputation
, avoient eſté contraints
de lever le Siege de devant
Arras. Le concours du peuple
fut grand pour les voir
ſouper ; mais comme ils auroient
eſté trop incommodez
, on ne laiſſa entrer que
les premieres perſonnes de la
Ville , & les principales Dames,
auſquelles ils firent tout
le bon accüeil imaginable.
154 III . P. du Voyage
Ils donnerent à la plus confiderable
ce que leur Deffert
avoit de plus beau , pour le
diftribuer aux autres ; ce
qu'ils ont fait fort ſouvent
en de pareilles occaſions .
Ils ne fortirent point le
lendemain matin , mais ils
reçûrent les viſites de M. le
Comte de Villeneuve Lieutenant
de Roy , de M² Bifſetz
Major de la Place , des
principaux Officiers de la
Garnifon , & de quelques
Mrs du Confeil. La plupart
de la Nobleſſe des environs
d'Arras vint auſſi les falier.i
des Amb. de Siam. iss
Onleur propoſa de leur faire
entendre l'aprés- dînée ce qui
fut chanté à Sceaux devant
le Roy , lorſque Sa Majefté
fit l'honneur àMª de Seignelay
d'aller voir cette belle
Maiſon , à quoy ils confentirent.
On ne laiſſa entrer
que les Dames pour les voir
dîner. Sur les deux heures
Me le Comte de Villeneuve
les vint prendre dans quatre
Carroffes , pour les mener à
la Citadelle , où Mª de la
Pleigniere qui en eſt Gouverneur
, les fit recevoir au
bruit du Canon. Ils paffer
156 III. P. du Voyage
rent au travers de deux hayes
d'Infanterie , & les Officiers
les falüerent de la Pique. II
leur fit voir les Fortifications
de la Place ; ils les examinerent
toutes , & demanderent
le nom de chaque piece. Ils
virent auſſi faire l'Exercice à
un Bataillon de Picardie qui
eftoit ſous les Armes , à quoy
ils prirent beaucoup de plaifir
. On leur fit voir enſuite
l'Arcenal , & tout ce qu'il y
a de remarquable dans cette
Citadelle ; aprés quoy on leur
fervit une magnifiqueCollation
, où l'on bût de quandesAnb.
de Siam. 157
zité de differentes Liqueurs.
Les Dames les plus diftinguées
de la Ville s'eſtoient
renduës dans la Citadelle ,
pour les voir plus commodément.
Ils les regalerent
de Confitures , & trouverent
qu'Arras ne manquoit pas de
beautez . La Santé du Roy
ne fut pas oubliée , & quelques
Dames la bûrent auffi.
Cette Affemblée n'eſtoitcompoſée
que de Gens de marque
, puiſqu'outre les Dames
il n'y avoit d'Hommes que
les Officiers de la Garniſon,
tant de la Ville , que de
158 IHI. P. du Voyage
la Citadelle . L'Ambaſſadeur
ayant apperçu un Plan qui
eſtoit attaché à la Tapiſſerie,
demanda quel Plan c'eſtoit.
On luy répondit , que s'eftoit
celuy de la Citadelle ; &
il le demanda à Mª de la
Pleigniere, qui le luy donna.
Comme ils avoient encore
beaucoup de choſes à
voir pendant le reſte de l'aprés-
dînée , ils ſortirent aufſi
- tôt que la Collation fut
finie , aprés avoir remercié
Mª de la Pleigniere en termes
fort obligeans, & le Canonſe
fit entendre à leur for
des Amb . de Siam. 159
tie de la même maniere qu'il
avoit fait lorſqu'ils eftoient
entrez. Ils allerent de là à
F'Eglife Cathedrale , où tout
le Peuple eſtoit accouru en
foule ; ils furent reçûs au
grand Portail par tout leChapitre
en corps , ce qui marquoit
quelque choſe de venerable
& d'augufte. Il avoit
à ſa tête M. le Févre
Prevoſt , Chanoine & Theologal
de cette Cathedrale ,
que nous avons veu Aumônier
& Predicateur de la Reine.
Voicy en quels termes
it parla aux Ambaſſadeurs .
160 III. P. du Voyage
MESSEIGNEURS ,
Puisque Sa Majesté vous envoye
furfes Frontieres pour vous rendre
Spectateurs de ſes Conquestes , que
la Renommée a portées jusqu'au
bout du Monde , ce qui vous afait
traverſer tant de Mers pour venir
admirer ce Salomon de nôtre Siecle
, nous ofons vous afſeurer que
la Ville d'Arras est un des plus
beaux &un des plus anciens Fleurons
de sa Couronne , & qu'il n'a
point dans tous ſes Estats de Province
plus memorable que celle
d'Artois , puisqu'elle a toûjours esté
regardée comme l'oeil & la clefde
toute la Flandre. En effet , Cefar
même n'a point balancé de paſſer
les Alpes , & de faire voir l'Aigle
Romaine aux Portes de cette CapidesAmb.
de Siam. 161
tale , dont le Siege luy cousta si
cher, qu'il avoue dansſes Commentaires
, que dans toutes les autres
attaques il avoit combattu pour la
gloire , mais qu'il avoit dans cellecy
deffendu fa propre vie , tant il
avoit trouvé de courage & de reſiſtance
dans lesPeuples qui la deffendoient.
On en voit encore les
glorieux restes , dans ce fameux
Camp * qui nous environne , où
ce grand Capitaine fut obligé de
demeurer fort long-temps , ne pou
vant vaincre cette genereuse opiniaſtreté
des Artefiens , qui arresta
le cours de ſes Victoires , &qui luy
fit acheter fi cherement la gloire
qu'il en remporta.
Cette Comté fameuse ayant par la
viciffitude des Temps & la revo-
*Le Camp de Cefar prés de l'Abbaye d'Eſtrun
162 III . P. duVoyage
lution des Guerres changé deMaitre
, & passé des mains des Ro
mains , dans celles des François,نم
de Payenne estant devenue Chrétienne,
fut l'Appanage de nos Princes
du Sang. Le grand faint Louys
enfit un Present à Robertfon Frere
; luy laiſſant pour partage les
Fleurs-de-Lys fans nombre , * it
luy fit comprendre qu'il ne devoit
point donner de bornes àson courage
sous un si glorieux Eftendart.
C'est ce Robert d'Artois qui paffantfur
le ventre à tant d'Infideles,
dont il achevoit la deffaiteà la
Mazoure dans l'Egypte , en devint
enfin la Victime , se croyant trop
heureux de verſertoutsonfangpour
la querelle du Sauveur du Monde ,
dont il vouloit arracher le facré
* Qui font les Armes encore aujourd'huy de
cetteProvince,
des Amb. de Siam. 163
Sepulchre des mains des Ottomans,
àla pointe deson épée.
Maissi cette Ville d'Arras s'est
distinguéepar les actions heroïques
qui se sont paßées au pied deses
murailles, &parses Princes qui se
font transportez chez les Nations
tesplus reculées pourysignaler leur
valeur , elle n'est pas moins recommandable
par ce fameux Traité de
Paix d'Arras en 1435.qui mit fin
à tant de differens, &à unesifanglante
guerre qui s'estoit allumée
dans toute l'Europe , ou le Duc de
Bourgogne fut en perſonne avec la
Ducheffefon Epouse Infante de Por
tugal. Ce Traitéy attira tout ce qu'il
yavoit de gens plus confiderables &
plus nobles fur la terre , les Legats
du Pape Eugene IV. ceux du Concile
de Bafle,&de l'Anti-Pape Fe
O ij
164 III. P. du Voyage
lix. L'EmpereurSigismond, lesRois
de Caſtille, d'Arragon, de Navarre,
de Naple , de Sicile & de Chypre,
de Dannemark & de Pologne, yenu.
voyerent leurs Ambaſſadeurs , qui .
jaloux de la gloire de leurs Nations
, affectoient une magnificence
extraordinaire . Ceux de France &
d'Angleterre encherirentfur les au
tres par la pompe de leurs Equipages
, les Ducs de Bourbon & de
Vendofme, avec les Conneſtable &
Chancelier, les Marcſchaux deRieux.
& de la Fayette, Adam de Cambray
Premier President au Parlement de
Paris,tous accompagnez d'une infinité
de Nobleffe de la Nation, qui
par leur politeffe & leur lustre don
nerent une haute idée de la leur.
Ce fut dans cetteAſſemblée que le..
Roy de France &le Duc de BourdesAmb.
de Siam. 165
gogne jetterent les fondemens d'une
Paix fincere, dont les fuites ont
esté trés- avantageuses à toute l'Europe
, qui fut jurée folemnellement
dans cette Eglise Cathedrale.
Voilà, Meffſeigneurs , l'éclat que
ba Ville d'Arras a tiré de la Paix
comme de la Guerre ; & cette Capitale
ayant depuis tombé tantôt.
dans les mains de Lauys XI. tantôt
dans celles de l'Empereur Maximilien
, qui faisoient à l'envy
leurs efforts pout s'en rendre les
Maistres , elle fut ensuite la dépofitaire
des cendres des Heros les.
plus distinguez dans la Guerre ;
puisque le Duc de Parme &le Maréchal
de Gaffion fant ensevelis.
dans l'enceinte de ses murailles,
comme si c'estoit le deftin à cette
Ville martiale de garder les précieux.
166 III. P. du Voyage
reftes de la bravoure& de la ge
nerosité qui fut le partage de ces
deux grands Capitaines.
Enfin Louys le lufte fut le dernier
Prince qui s'en afſeura la conqueste
par ses Armes victorieuses .
Elle ne balança pas d'ouvrir fis
Portes à un Roy qui devoit finir
fes miferes auffi- tôt qu'elle deviendroit
sasujette ; &pour en écarter
àjamais la tempeste qui la me
naçoit , LOVIS LE GRAND
en a reculé si loin la Frontiere de
fes Estats , qu'elte en est aujour
d'huy le centre , au lieu qu'elle en
estoit autrefois l'extremité : fi bien
que comme le grand Pompée fe
vantoit d'avoir fait parsa victoire
de l'Asie mineure , le milieu de
l'Empire Romain , qu'elle bornoiz
auparavant ; auffi l'on peut dire
des Amb. de Siam. 167
que la fameuse Ville d'Arras doit
aux Armesde LOVIS LE GRAND
l'avantage d'estre aujour'dbuy le
coeur de la France , dont elle estoit
cy - devant la teste.
Mais il manquoit àfagloire d'avoir
pour témoins deses antiquitez,
deses Fortifications , &defes
fertiles Campagnes , les Peuples les
plus reculez , quipour admirer toutes
ces merveilles ont traversé
toute la distance qui ſeparele Gange
d'avec la Mer Occidentale ,
qui vivant dans des Climats où
le Soleil commence sa course , font
venus jusqu'à ceux où ce grand
Aftre la finit ; en forte que l'on
peut dire de chacun de vous, Mef-
Seigneurs, ce que nous liſons dans
LeRoyProphete, quand il nous veut
donner une idée de fon mouve168
III . P. du Voyage
ment : * Exultavit ut gigas ad
currendam viam à ſummo Cælo
egreffio ejus , & occurfus ejus,
uſque ad fummum ejus.
Heureuſe Province , d'avoir receu
des Ambassadeurs Estrangers,
également venerables par le Prince
qu'ils reprefentent , &par l'importance
de leur ministere , qui n'ont
point apprehendé de faire un Voyage
de fix mille lieües pour ſe ménager
une Alliance avec LOVIS
LE GRAND. Ils pourront apprendre
au Roy de Siam toutes les
chofes quise font paßées sous fon
Regne , les grandes & fameuses
Victoires qu'il a remportées , les
Provinces qu'il a conquiſes , les
Citadelles qu'il a fait élever au
milien des Eaux , les Marais qu'il
*Pfal.. 44
desAmb de Siam. 169
deſſechez, le fecret qu'il a trouvé
de faire une Digue à la Mer,
pour arreſter l'impetuosité de ses ondes
qui n'avoient point encore più
trouver d'obstacle à leur rapidité.
Sans doute , Meſſeigneurs , le Roy
de Siam furpris de tant de merveilles
, se fera de LOVIS LE
GRAND une idée bien au deſſus
de celle que sa reputation luy avoit
donnée. Vôtre Roy que vous nommez
chez vous le Seigneur des Seigneurs
, & la seule cause du bon
heur deses Peuples , fera bien aiſe
d'apprendre de vous que vom avez
trouvé les François pleins de refpect
& de foimiſſion pour leur
Prince. Puiſſi z vous l'affeurer qu'il
n'est pas moins l'exemple , que le
Souverain de fes Sujets , &qu'il les
gouverne encore plus parses vertus,
P
1
170 III. P. du Voyage
que parses Loix. Peut- estre qu'en
luy representant l'Architecture &م
la beauté de cette Cathedrale , ore
reposent les cendres de Monfieur le
Comte de Vermandois , qui marchant
fur les traces de fon auguste Pere ,
aujourd'huy le plus grand des Rois ,
commençoit à ſe ſignaler déja dans la
Guerre ( C'est le précieux dépost que
Sa Majesté nous a confié depuis trois
ans dans ce Temple , où les ceremonies
de l'Eglife Chrétienne se celebrent
avec tant d'exactitude, & qui
depuis plus de treize Siecles a toujours
efté deffervie par tant de Saints
Evêques par tant de Chanoines,
d'un merite fi diftingué ) Peut- estre,
dis - je , que par un miracle qui n'a
point encore paru dans nosjours , le
Ciclouvrira fon coeur , & le faisant
fortir avec ses sujets des tenebres
des Amb. de Siam. 171
qui les aveuglent , il luy donnera
l'envie d'imiter LOVIS LE
GRAND dans sa Religion , comme
dans sa Domination : fi bienque
faisant tous deux une Alliance de
picté , comme de commerce ilsferont
tous deux également heureux
dans ce Monde , &pourront ajous.
ter à la Couronne qu'ils poſſedent
déjafur la Terre , celle de l'Eternité.
,
CetteHarangue ayant eſté
interpretée , l'Ambaſſadeur
répondit , Voftre Harangue ,
Monfieur , roule fur deux chefs,
fur la gloire de Loüis XIV. &
fur le defir que vous avez ainſi
que Sa Majesté , de noftre con-
Pij
172 III. P. du Voyage
version. A l'égard du premier,
on ne peut estre mieux perfuadé
que nous leſommes, des grandes
actions de ce Monarque , dont
la reputation nous a fait venir
de fi loin. Nous ne doutons pas
non plus defa magnificence &
de fa grandeur, puisque nous en
avons fait une experience ſenſible
à ſa Cour &furfes Frontieres.
A l'égard du ſecond point
qui regarde nostre converſion à
la Foy Catholique Romaine, nous
avons des Evesques en noftre
Royaume , qui pourront nous en
inftruire. Il remercia enfuite
tout le Corps du Chapitre,
des Amb. de Siam. 173
de l'honneur qu'il leur faifoit
; aprés quoy ils regarderent
l'Egliſe tant par dehors
que par dedans. Ils entrerent
dans le Choeur , dont ils admirerent
l'Architecture , &
particulierement les petits pilliers
qui ſoûtiennent un auffi
grand Vaiſſeau. On les conduifit
vers la Tombe de M
le Comte de Vermandois , &
on leur dit , qu'il eſtoit grand
Admiral, legitimé de France, &
Frere de Madame la Princeffe de
Conty. L'on s'apperceut alors
qu'ils ſe mirent tous trois fur
ce Tombeau, qu'ils porterent
Piij
174 III . P. du Voyage
leurs mains à leurs yeux , &
qu'ils les frotterent ; & l'on
apprit que c'eſt une maniere
uſitée chez eux pour témoigner
leur deüil. Ils prirent
beaucoup de plaisir à entendre
les Orgues de cette Cathedrale
, qui font fort bonnes
; & fortirent de cette
Egliſe aprés avoir fait de
nouveaux remercîmens au
Prevoſt & aux Chanoines .
Apres cela ils allerent au
Magaſin d'Armes, qu'ils trouverent
en trés-bon état. C'eſt
l'effet des ſoins du Miniſtre
qui s'en meſle. Ils virent auffi
desAmb . de Siam , 175
la celebre Abbaye de Saint-
Vaaſt , & furent receus à la
Porte par le Grand Prieur ,
qui eſtoit à la teſte de fa
Communauté , & qui leur fit
un compliment affez court.
Il le finit en diſant , qu'ils les
recevoient avec tous les honneurs
qu'il eſtoit en leur pouvoir de
leurfaire, puiſque la haute eftime
que Sa Majesté faisoit du
Monarque qui les luy avoit envoyez,
&la confideration particuliere
qu'Elle avoit pour leurs
Excellences , estoit la régle du
profond respect avec lequel ils
ſe preſentoient à eux, en leur
Piiij
176 III. P. du Voyage
offrant très-humblement leMonastere
& tout ce qui en dépendoit.
Ils répondirent qu'ils eftoient
bien perfuadez que les
honneurs que ces Religieux leur
rendoient, estoient une continiation
des effets de la bonté du
Roy à leur égard , & que c'eftoit
à Sa Majesté à qui ils en
avoient toute l'obligation ; mais
qu'ils vouloient pourtant leur en
avoir aufſi. Enfuite ils les
remercierent de la maniere
honneſte dont ils en uſoient;
aprés quoy ils entrerent dans
l'Eglife , & s'arreſterent dans
la Nef pour en confiderer la
des Amb. de Siam. 177
ſtructure ; ce qu'ils firent fort
attentivement. Puis ils entrerent
au Choeur , & s'attacherent
à regarder la ſculpture
des Chaiſes, qui eſt trés-belle
&fort eſtimée . On leur montra
leTombeau du RoyThierry
de la premiere Race , & Fondateur
de ce Convent ; & on
leur dit qu'il ne s'en faloit que
8 années qu'il ne fuft mort ily
a mille ans. L'Ambaſſadeur
demanda comment il eſtoit poffible
qu'ily eust un Roy de France
enterré dans cette Abbaye depuis
fi longtemps , &qu'ily en
cust fi peu , que ce Pays ap
178 III. P. du Voyage
partenoit à la France , Arras
ayant esté pris par le feu Roy.
Le Grand Prieur leur expliqua
en peu de mots , comment
tout le Pays-bas eſtoit
une partie du Royaume de
France ; qu'il n'en avoit eſté
ſeparé que trés-peu de temps,
ſçavoir depuis l'an 1525. jufques
en l'an 1640. & qu'à
l'exception de ce temps-là,
les Rois de France en avoient
toûjours eſté reconnus pour
legitimes Souverains . On les
mena au fortir de l'Eglife ,
dans les Cloiftres, & dans un
Refectoire. De là ils repaffe
des Amb. de Siam. 179
rent par l'Eglife , & eftant à
la porte , l'Ambaſſadeur fit
tout ce qu'il pût pour empeſcher
le Grand Prieur de le
conduire juſqu'à fon carroffe
; mais il crut eſtre obligé
de l'y voir monter. Je ne
vous parleray point des complimens
de remercîment que
firent les Ambaſſadeurs , & je
les retrancheray meſme en
beaucoup d'endroits, puiſque
leur civilité eſt aſſez connuë
pour ne pas douter qu'ils n'en
ayent donné des marques à
toutes les perſonnes qui ont
pris la peine de leur montrer
quelque choſe.
180 III. P. du Voyage
Au fortir de l'Abbaye de
Saint Vaaft , ils allerent au
Concert dont on leur avoit
parlé le matin , & dont Madame
de Préfontaine, femme
du Prefident du Confeil d'Artois
, faifoit les honneurs
Elle les reçût accompagnée
des principales Dames de la
Ville. Les Muficiens estoient
dans une fort grande Salle,
dans laquelle il ſe trouva une
grande affluence de monde,
quelque ordre qu'on cût apporté
pour empêcher la foule.
Ils furent fort fatisfaits
de ce Concert , & le témoides
Amb . de Siam. 181
gnerent à Madame de Préfontaine
, en luy faiſant leurs
remerciemens . Ils retournerent
enſuite chez eux , où ils
trouverent leur Garde ſous
les Armes ; car on avoit mis
à la porte de leur Logement
une Compagnie Suiſſe , avec
un Capitaine & un Lieutenant.
Elle fortoit du Corps
de garde pour ſe mettre en
hayequand les Ambaſſadeurs
devoient fortir , & battoit
lorſqu'ils fortoient & qu'ils
rentroient. Aufli - tôt qu'ils
furent arrivez chez eux , Mr
Biſſetz leur porta le Plan de
182 III. P.du Voyage
la Ville que le premier Am
baffadeur luy avoit deman-
-dé , & qu'il examina d'une
maniere qui marquoit qu'il
commençoit à devenir ſçavant
dans nos Fortifications .
Ce même Major leur demanda
le mot , & ils donnerent
Actions éclatantes , par
rapport à ce ce qu'on leur
avoit dit, qu'aux deux Sieges
d'Arras il y avoit eu beaucoup
d'actions remarquables,
& particulierement au ſecond
, où les Afliegeans avoient
ſouvent eſté repouffez.
On leur avoit même
4
des Amb. de Siam. 183
montré les endroits où les
actions de vigueur s'eftoient
-faites . Le premier Ambaffadeur
demanda à M Biffetz
, s'il estoit François ; &
comme on luy eut répondu ,
que oüy , &qu'il estoit Major
de la Place , il luy dit , qu'en
fon Pays on avoit la barbe &
les cheveux comme luy. M
Biſſetz luy répondit , que s'il
n'eſtoit point François , il voudroit
estre Siamois . Comme
il y avoit beaucoup de Dames
à Arras qui n'avoient
encore pû les voir , il s'en
trouva beaucoup ce foir-là à
r
184 III. P.du Voyage
leur ſoûpé , où tout ſe paſſa
à lordinaire .
Le lendemain 21. M le
Lieutenant de Roy & Ms les
Officiers Majors , ſe rendirent
à leur lever ; & les Ambaſſadeurs
aprés les avoir remerciez
avec des expreffions
pleines de reconnoiffance ,
monterent en Carroſſe à huit
heures préciſes du matin ; &
toutes les Troupes eſtant
fous les Armes comme à leur
arrivée , ils fortirent au bruit
du Canon & du Carillon de
la Ville. Mes du Magiſtrat
le firent joüer trois fois le
desAmb. de Siam. 185
jour pendant tout le temps
que ces Ambaſſadeurs féjournerent
à Arras , ſçavoir une
heure au matin , une hcure à
midy , & une heure. le ſoir,
ainſi qu'à leur entrée & à leur
fortie . Ils allerent ce jour-là
21. dîner à Aiffe , qui eſt un
petit Village entre Arras &
Bethune.
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Résumé : Arras [titre d'après la table]
Le 19, les ambassadeurs de Siam arrivèrent à Sarbret, où ils furent reçus avec magnificence malgré l'absence de commodités. Ils se dirigèrent ensuite vers Arras, capitale de l'Artois, située sur la rivière de Scarpe. Arras est une ville ancienne, ayant été donnée en dot par Charles le Chauve à Judith, épouse de Baudouin Bras de Fer en 863, et réunie à la France en 1180 par le mariage de Philippe Auguste avec Isabelle de Hainaut. La ville possède des fortifications régulières et plusieurs édifices religieux notables, dont la cathédrale Notre-Dame et l'abbaye de Saint-Vaast. Les ambassadeurs furent accueillis par une cavalerie composée de douze compagnies du régiment de Conigsmark et reçus par le comte de Villeneuve, lieutenant du roi d'Arras. Ils entrèrent dans la ville au bruit du canon et au travers d'une haie d'infanterie. Les magistrats de la ville leur adressèrent un discours, soulignant la loyauté d'Arras envers le roi de France et l'estime portée aux ambassadeurs. Ces derniers répondirent en exprimant leur gratitude et en soulignant que leur visite n'avait pas de but diplomatique, mais visait à honorer le roi de France. Les ambassadeurs visitèrent la citadelle d'Arras, où ils assistèrent à un exercice militaire et reçurent une collation. Ils se rendirent également à la cathédrale Notre-Dame, où ils furent accueillis par le chapitre. Leur séjour à Arras fut marqué par des réceptions et des visites officielles, témoignant de l'importance accordée à leur mission. Les ambassadeurs assistèrent à un concert à Arras, accueillis par Madame de Préfontaine, épouse du Président du Conseil d'Artois, et les principales dames de la ville. Malgré les mesures pour éviter la foule, une grande affluence se rassembla dans la salle. Les ambassadeurs apprécièrent le concert et exprimèrent leur satisfaction à Madame de Préfontaine. De retour chez eux, ils trouvèrent une compagnie suisse en garde à leur porte. Le Major Bissetz leur apporta un plan de la ville, que le premier ambassadeur examina avec intérêt, démontrant ses connaissances en fortifications. Bissetz demanda le mot de passe, et les ambassadeurs mentionnèrent les actions militaires remarquables lors des sièges d'Arras. Le lendemain, les ambassadeurs furent salués par le Lieutenant du Roi et les officiers majors avant de quitter Arras en carrosse, escortés par les troupes et accompagnés par le canon et le carillon de la ville. Ils se rendirent à Aisse pour dîner.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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24
p. 8-98
Description entiere d'une These qui contient toute la vie du Roy. [titre d'après la table]
Début :
C'est le dessein d'une These pour le Roy, [...]
Mots clefs :
Louis le Grand, Roi, Louis XIV, Thèse, Monarques, Monarque, Ouvrage, Actions, Paix, 1684, 1685, Médaille, Mots, Ordre, France, Royaume, 1677, Villes, Parler, Histoire, Marquer, Détail, Événements, Paroles, Armes, Clémence, Couronne, Thèses, Conduite, Guerre
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texteReconnaissance textuelle : Description entiere d'une These qui contient toute la vie du Roy. [titre d'après la table]
C'est le des.
sein d'une These pour leRoy,
fait par un homme qui s'est
attaché avec tant d'exactitu
de à rechercher tout ce qui
regarde la Vie de ce Grand
Monarque, que je puis vous
aíïèurer qu'encore qu'on ait ^
tâché de l'imiter , & de le co
pier en beaucoup d'endroits,
dans des Ouvrages qu'on a
GALANT.. 9
presentez {ans avoir ose' les
rendre publics , il est l'original
de tout ce que nousavons
vû de cette nature. Le tra
vail de cet Ouvrage, ou tou
tes les dates font , est quelque
chose d'incomprehensiblej íì
je puis parler ainsi, & pour
le rendre correct, Y Auteur a
a eu besoin de toute l'applicatïon
d'un hommeauíïi zelc
qu'il lest pour le Roy. Tous
les Eloges de ce Monarque i
& rout ce qu'on a fait de son
Histoire, ne nous en sçauroient
faire si bien connoik
tre la grandeur que cet Ou
vrage , & c'est ce qui merite
une réflexion bien serieuse,
& qui jettera dans tâtonne
ment tous ceux qui voudront
la faire. Il ne s'agit que de
marquer ce qu'à fait le R.oyy
fans détail , fans raisonne
ment , & sans éloge .y & ce
pendant cette These peur
passer pour une chose prek
que impoíïîble > à cause du,
grand nombre d'Actions qu'
elle contrent.Tous les Siecle*
ne nous fòurniífënt rien de
semblable. Je purs , & je dois
le dire à la teste d'un Ouvra
ge qui n'est remply que de
GALANT, ii
Faits y. & l'on ne peut ea
voyant cela que se taire , &
demeurer dans 1 etonnement»
Je n'ay dit qu'un mot de ces
raits. là , & ce n'a mefme esté.
que d'une partie ,& j'en ay
parlé dans deux cens Volu
mes. Peut-on dire apres cela
qu'il soit aisé de faire L'HiÇ
toire du Roy , si l'on y veut
renfermer tout ce qu'il a fait
de grand ? Pour moy, je suis
persuadé qu'il faudroit un Sie
cle entier , si ion vouloit
mettre dans leur jour toutes
les actions de ee Monarque M
& que cette .Histoire pour
i2 MERCURE
roit remplir seule des Biblio
theques. Vous en ferez en
tierement convaincuè,quand
vous aurez lû l'Ouvrage sui
vant , qui sera d'une grande
utilité pour tous ceux qui
voudront travailler à cette
Histoire . & qui leur epar
gnera plusieurs annees de
recherches. Sou venez- vous ,
s'il vous plaiít , que l'Auteur
luppose ion dessein executes
& qu'il décrit la Thèse com
me si elle eítoit faite. >
DESSEIN DE L'OUVRAGE.
Les Actions immortelles
de Louis XIV. estant ad
V
GALANT, i?
mirees de touce la Terre , il
n'est pas possible de trouver
aujòurd'huy quelqu'un qui
n'en soit pas informé, & qui
puiíïè demander avec raison,
pourquoy nous appelions ce
Prince Louis le Grand ,
mais afin d'en instruire la
Posterité ,on luy dédie une
These qui pourra luy servir
de regie dans les sentimens
qu'elle doit avoir des vertus
héroïques de nostre incom
parable Monarque. Les prin
cipaux évenemens de son Re
gne depuis 1658. y sont mar
quez d'une maniere qui ne
«4 MERCURE
fera peut estre pas deíagreable.
Quoy qu'il y eust une
infinité de belles choses à di
re avant ce temps. là, on n'a
pas cru devoir remonter plus
haut , afin de ne se pas co
pier soy mesme dans d'autres
Ouvrages, où elles n'ont pas
esté oubliées ; mais plus que
tout cela , pour n'établir les
louanges de Louis le
<j r a n d que fur des actions
d'éclat , dans lesquelles il a
toujours eu la premiere part,
St afin de le suivre plus exa.
#ement depuis un âge où sa
teste / son coeur, son bras &
GALANT. y rç.
son esprit ont commencé d'a
gir de concert pour le bien
2e ses Etats. .L Histoire du
Roy est une matiere riche, &
un vaste champ ouvert à tous
ceux qui s'y voudront exer
cer! Heureux mille fois celuy
cpi le fera avec succès ! On
a cru devoir ne s'expliquer
qu'en François, soit dans les
Inscriptions , soit dans les
Conclusions historiques êc
politiques , parce qu'on a eu
four objet la satisfaction des
Perfonnes qui préferent cet
te Langue , que nos Victoi
res oat rendue si florissante
ì6 MERCURE
dans toutes les Patries du
Monde.
DES C RIPT ION
... . de la Thèse.
Le Portrait du Roy est
placé au milieu d'une Cou
ronne de laurier , relevée de
quatorze Médailles , le tout
posé fur une dépqiïille de
Lion.Quatre grands Octogo
nes avec de riches bordures
accompagnent le Portrait,
&font voir par quatre gran
des Inscriptions la gloire du
Roy dans les quatre Parties
du Monde. / ,
GALANT. 17
/. INSCRIPTION.
HEurope inutilement conjus
rce pour s opposer à la Course
wiclorieusi de LOV IS LE
GRAND, cede a U force de
fin bras , &fi njoit contrainte
£accepter là Paix , que ce Mo
narque luy accorde au milieu de
fis Victoire*.
IL INSCRIPTION.
LÌAfìc étonnée des ABions ad
mirables de la Grandeur dtp
fioy 3 recherche fin Alliance , &
députe trois fois des Ambassa
deurs du Royaume de Siam a*vec
de riches Prefins. '
Janvier 1687. B
18 MERCURE
IN SCRIPT 10m.
il Afrique humiliée par les
frequentes défaites des Corsai
res d'Alger , de Tunis , de Tri
poli, de Maroc & de Salé , que
LOUIS XIV. a punk jusque
dans leurs Portereffe* , <vient de
mander la Paix'au pied du Trô
ne de Sa Majefié.
IV. INSCRIPTION.
L Amerique owverte aux Ar
mes de LOVIS LE GRAND,
a eflé le Theatre des Victoires
qu'il a remportées Jùr Jes Bar
bares 3 & des Conqueftes qùil a
faites à S. Christophe, à Tabagoy
dans toutes leslsles Antilles.
' \
». t . '
. ' 4
19
Les quatorze Médailles
font autantde Vertus ou At
tributs du Roy , representez
par des Devises ou Emblè
mes, 8c expliquez dans l'Exerque
de chaque Médaille..
Comme les Armoiries four
nissent le corps le plus naturel
Sc le plus ordinaire des Devi
ses, on s'est fait icy une obli
gation d'en tirer quatre des'
Lys , qui composent les Ar
mes de nos Rois , quatre du;
Soleil, qui est le symbole du;
Roy , &une du Coq , qui re
presente la France.
zo MERCURE ...
/. M ED AILLE.
Le Soleil éclairant tout le
monde avec ces mots, Eclai
re sVnivers. Dans l'Exerque
pour Vertu , Sagesse.
II. MEDAILLE.
Un Lys avec ces mots, Que
jòn odeur efi douce ! Dans 13*
xerque, Clemence.
III. MEDAILLE.
Une Justice tenant la Ba
lance , avec ces mots , Sou
tien des Loix. Dans l'Exer
que , Justice.
IV. MED AILLE.
Un Laurier. Pour Ame ,
Chery de Minerve & de Marr.
21
Dans l'Exerque , Liberalité.
V. MEDAILLE.
Un Lys avec ces mots. Des
Mortels Vamour & le plaifìn
Dans l'Exerque , Èonté.
VI. MEDAILLE.
Un Soleil avec ces mots ,
// commande aux Saijòns£)àn&
l'Exerque, Puissance. '
VII. MEDAILLE.
Un Coq qui a une patte
en l'air. avec ces mots , La
terreur des Lions. Dans l'Exer
que , Vigilance.
VIII. MEDAILLE,
Un double Foudre en l'air .
avec ces mots , La terreur des
22 MERCURE
Ingrats. Dans l'Exerque , fer*
metê.
IX. MEDAILLE.
Un Soleil avec ces paroles,,
A qui rien ne peut refîfter.Da.ns>
l'Exerque, Force.
X. MEDAILLE.
Un Lys avec ces mots , Son
odeur va plus loin. Dans l'E
xerque, Gloire.
XI. MEDAILLE.
Un Foudre fur un Autel
avec ces paroles , Joûijfexde
fin repos. Dans l'Exerque,
Moderation.
, XII. MEDAILLEUne
Caíîolete fumante fur;
- GALANT. 2?
un Autel avec ces mots , La
gloire des Autels. Dans l'Exer*
que, Pieté.
XIII. MEDAILLE.
Un Lys , avec un grand
rejetton à droite ,. & trois au
tres petits à gauche, & pour
ame, NofireJiècondejpoir. Dans
l'Exerque , Bonheur.
XIV. MEDAILLE.
Un Soleil qui parcourt le
Zodiaque, avec ces mots , //
ne peut sarrefter. Dans l'Exer-.
que , Vaillance.
Dans le milieu de la bor
dure, au bas du Portrait, font
les Armes de Sa Majeste' en
H MERCURE
tourées des deux Colliers des
Ordres de Saint Michel & du
Saint Esprit, & ornées de Gui
dons, d'Etendards, & de Tro
phees , qui jettent des bran
ches d'Olive , pour marquer
la Clemence de ce Prince ,
qui a bien voulu donner la
Paix au milieu de ses Victoi
res. Il y a deux grandes Trom
pettes qui accompagnent la
Couronne , avec deux aifles
qui s'étendent de chaque costé
, pour porter les Armes
de Louis le Grand ju£
ques aux extrémitez du mon
de. Tous ces ornemens qui
fonc
.GALANT, n
font le haut de la These, sonc
soutenus dune table d'atten
te , ou parement irregulier
d'Architecture d'un ordre
Composite , avec la Corni
che, sa Frise, son Architra
ve , Colomnes , Pilastres ,
Chapiteaux , Piedestaux &c
Baies. Un grand Cartouche
posé sur le milieu de la Frise,
contient ces mots , A L A
POSTERITE'. Le grand
Quadre destiné pour les The.
ses , est échaneré par le bas ,
& pôle entre les Pilastres. U
contient quatorze Theses ou
Conclusions , qui répondent
Janvier 1687. C
26 MERCURE
par ordre aux quatorze Me
dailles , & qui prouvent cha
que Vertu ou Attribut du
Roy. C'est: par cette raison
qu'on s'est attaché à com
mencer la plufpart des Con
clusions par les paroles de la
Devise qu'elles, justifient.
Comme les Theses font le
principal fondement de tout
cet Ouvrage , on croit devoir
en expliquer la conduite su.
vec un peu plus de détail. Le
stileen est assez particulier,
mais cette Philosophie que
nous donnons n'estant pas
ordinaire, & ne faisant que
GALANT. 27
de haistre , elie s'est trouvée
capable de toutes les formes
cju/on a. voulu luy donner.
Certaines expressions de Poe
sie , & d'autres libertez qu'on
ne prendroit pas ailleurs, en
ont rendu les Propositions
courtes & ferrees en des
endroits , & plus étendues
en,* d'autres, Tout cela est
permis en cette occasion, ou
l'on doit dire beaucoup de
choses en peu de paroles. On
peut inesme. parler Ecolier, si
cette expression m'est permi
se , pourveu qu'on le faíïè
pour exprimer plus naturel-
Cij
28 MERCURE .;
lement les opinions que l'on
propose. Nous n'avons pû
nous dispenser d'employer
des chifres pour marquer les
jours & les années de plu
sieurs évenemens. Cela n'est
pas íàns exemple, puis que
nous voyons tanc de Theses
remplies de semblables chi
fres. Cependant on ne l'a fais
que lors que les Actions du
Roy ne íònt pas marquées
dans les autresMédailles donc
nous parlerons dans la fuites
Cette Chronologie a sonutúj
lité, & le Public ne sera peut,
eítre pas fâché de. la tçouyer
GALANT, zf
observée dans cet Ouvrage
avec assez de íòin. Les The-t
ses ont pour Titre \
HtftQrtques&Polittqucs.
.,' Q13ESTION* ;
Qui devez - vous estimer Ic
plus Gi."and de tous les
Monarques de la Terreî
1 CONCLVSION.
LOVIS XIV. donné de
^Dieu d une maniere mira*
culeajè, éclaire Y Univers par
les rayons éclatans de fa SageC
C iij
?o MERCURE
se. Cette Vertu parut en luy
beaucoup de temps avant Vâge
ordinaire. Peut-on dire qu'il ait
manqué une feule fois a prevoir
jusqu'aux moindre* évenemens
dans tout ce qu'il a entrepris f
Qùon montre un Monarque plus
exaBa remplir J&s obligations
mieux reglé dans fa conduite ,
& plus àjjìdu au gouvernement
defm Etat. Cet Augnfte Prince
également habile dans la 'Taix
& dans la Guerre, efi l ame de
Jon Cabinet. Ses secretsfmt im
penetrable*. Il donne autant
dorades o."n de réponses &
. fréfire dwertijjimens íes
GALANT.; ?t
plm innocens au travail quil
devore , pour ainfi dire , afin de
Jòuìagerjon Peuple. Considere^
ay ec quelle Sagesfè il commença,
par le reglement de ses Finan
ces. Ensuite ayant racheté Dunquerque
, il o/la aux Etrangers le
seul Port qui leur reftoit em
France, & aux Corsaires une
ancienne retraite. Compare^ nos
Troupes d aujourdhuy a<vec cel
le* de* Regnes précedens ;faites
reflexion fur le discernement
qu il a dans le choix de ceux qui
le fervent , fur la force & fur
t étendue de fòn Genie. Voye^i
Le hel ordre quil a étably dans>
G nij,
ji MERCURE
toutfin Royaume, & vommac*
cordere^facilement que Lo ii i s.
XIV. eít le plus Sage de tous
les Monarques de la Terre.
//.
G)umd le R jy paroifl armé,
cefipour obliger des Ennemis a
profiter de fi Clemence. Telle
fut la Bataille des Dunes qui fit
conclure la Paix des Pirenées.
Combien de f'is LOUIS a-t.il
épargn é kfxng des Vaincus ? Sa
Clemence empefiha le Sac de
Vtlencienncs , (1677. ) Sans elle
Alger Tunis , Tripoli , Genes ,
& tant £autres Places auroient
esté des bûchers de viçîimes deuë.s
GALANT
a la jufiice defis Armes. Amster
dam , la Haye , & le rcfie de la
Hollande defilée ( 1672.) & mefi
me tonte l Europe firoit encore
un Theatre de feu & desang, fi
ce Grand Prince nefi suft (vain
cu luy.mcfme , ôf s il nefi fuft
arrcfié au milieu de fis Victoi
res , enforçant les Ennemis d ac
cepter la Paix , & enfiúte une
Trêve de vingt ans , aprés en
avoir prescrit l&$ conditions >
qui ont rendu le repos a l Eglifii
& qui font avoûer que
Loiiis XIV. est le plus Paci
fique de cous les Monarques,
de k Terre..
34 MERCURE
///.
> // Joûtient les Loix par la
Justice de fis Ordonnames &
defis Edits. Lific^fin Code, qui i
fuit la reg'e de nos Juges. Ad
mire^ t®m les Arrefis que ce
Monarque a rendus, comme il a
puny les Due'difics , les Empoi
sonneurs ( 1676. ) & les Vfiirim
(168.0. ) Que dites-vous de
ce bel ordre étably pourl' AdmL
nifiration de U Justice } Mon^
trex^moy un Etat ou la Police
soit mieux reglée qùen France, j
Le Roy a-t-il jamais accordé ou
refusé aucune grace quilne fuft ,
Jujk d'accorder ou. de refuser ï
GALANT. #
Mais quand <vous <vous Jouvien^
drev^qùila jugé luy-mefme con
tre Jes propres interefis dans
. lajp ire du Vofé [ufto. ] dit&
^Loiiis XIV. est le plus
Juste de rousles Monarques,
de la Terre.
IV.
Poureflre chery de Miner
ve & de Mars , /'/ faut proteger
les beaux Arts, & récompenser
dignement les Vertus militaires*.
Nos Muses donneront des loiian*
ges éternelles à Sa Majefiépour
avoirflit baflir l Observatoire,
pris la protection de l Academie
Françoise [ 1672. ] institué celles
îá MERCURH
deSoijs.ns, d' Arles, de N(/mes,
de Villefranche^ d Amiens. Le
Journal des Sqavans, qui a com
mencé en 1660 efi deua lamour
que cette protection a injpirée
pour les belles connoijfmces j &
le Mercure G4.Ia.nt qui a com.,
mencé en 1677. efi un fruit de
la grandeur de ses AíTions , qui
en fournijfent la matiere. II a.
ctably l Academie Royale des
Arts & des Sciences > celles de
Peinture & de Sculpture , les
Ecoles de Droit Civil a Parti ,
[ 1679. ] & de Droit François
par tout le Royaume [ 168 1. ]
Combien d habiles Ouvriers en~
GALANT, v
tretenus pour des Ouvrages ra
res au Us ont portes a la dernie-
» re perfiction ! Faites reflexion
Jur le grand nombre de Scavans
qui Jont dans ce Royaume , &
Jur la politejfe que ion y remar
que depuis vingt ans. Admire,z.
la Magnificence de ce Prince
dans l EntréeJolcmnelle quilfit
a la Reyne fin Epousé le 2.6.
Aouft 1660. Confidences Cours,
les Rampars, les Arcs de Triom
phe , l Edifice du Pont Royal ,
les belles Fontaines , iélargisse
ment des Rues , le Quay de la
Riviere , &lesauprcs ornemens
ajoutez, à la Ville de Paris, ^ue
>
?8 MERCURE
penfczjvous des Bafiimens su
perbes de toutes les Maisons
Roydes , de ceux du Louvre &
de ceux de Ver/ailles , qui peut
paffer pour une huitième Merveille
du mondes Voye\ les belles
dépenses que LOUIS LE
CRAND a faites dans les Car
rousels de i«6i. 1685. & l686. h*
Di'vertijsemens de f Isle enchan
tée &de la Paix,avec les grands
Balets , les Machinessurprenan
tes . & les representations des
Opera , fins parier de la richejfe
de fis Meubles & de la ma
gnificence de fa Cour. Mais fur
tout , accorde^- mqy que cefi
GALANT. ?9
dans ce Royaume que les vrais
services de la Noblejfe font re~
connus par le rétablissement de
I Ordre de S. Lazare [1673.]/^
I Institution des Compagnies des
jeunes Gentilshommes [ i68z] £5?
par la fondation de la Maifin
Royale des Dames & DcmoifèL
les de Saint Cyr [ 1686. ] Les
vieux Soldats j ou ceux qui ont
efié cfiropie^ dans le service ,
/ont nourris &Joulage^le reste
de leur vie dans t Hoftel Royal
des Invalides , fondé le 14. lé
vrier 1671. Donc Loiiis XIV.
est le plus Magnifique & le.
plus Liberal de tous les Mo4o
MERCURE.
mrques de la Terre.
V.
LeRqyefl Y Amour & le Plai
sir defin Peuple , dont il efìle
Pere.. Sçavez^vous le grand
nombre de Places quil a bien
voulu rendre en consideration de
la Paix,&'avec combien de bontéila
remis aux Espagnols trois
millions cinq cens mille livres
qu ils luy devoientpour les Con
tributions de la Flandre ( 1684 )
& comme il leur a rendu deux
gros Calions quils avoicntjuftement
perdus dans une défaite en
1686 ì LOVIS L E GR AND
a délivré jusqu'à pesent plus
GMAKs. 4v
de ijra&. Esclaves defis SujetsT
€^ de differentes Nations à Ât~
ger , outre les 600. qùtl aura, de
Tripoli , ffî tous ceux qùildoir
retirer de Tunis (d?- de Maroc..
tiy a plus ; fa bonté luy a fait
dïmnmr les Tailles de trois:
millions prés de 5 00. mille Uvres:
( 1684, ) donner de grandes som
mes pour occuper les Pauvres h
des Travaux aujfí utiles a leur'
Misere qua Vornement des Vil^
les ( 1685. .) fairè des chantes
considerables pendant lafkmnè.
de 166 1. fç) le grand Hiver"
{ 1684. ) & une diminution tres±.
grande four fis Droits fur Us
s Janvier 16S7» I>
ai MERCURE
bled. ( 1685. ) Ses mains RoyaU
les occupées à porter le Sceptre ,
n ont pas dedaigne' depuis fix
ansde composer des Remedespour
le fiulagement , fé) la guerison
deses Sujets ; & de leur en don
ner luy-mesme les secrets qùil d
publie^depuis peu, {g) quilrìavoit
achete^ que pour fin Peu
ple. N oublie^pas encore cetar-.
trfice benin dont il 'vient de Je
sèrqjir ,pour cacher a toute fi.
Famille Royale 0, àfin Royau
me une maladie qui le tourmentoit
, afin de nous épargner l in
quietude g) la douleur de fia-
*vQtr un fi bon Prince dans
4?
les peines.^ Reconnoipz dom'
de bonne.fy qu il merite mieux.
le nom de tres bon que cetËm-.
pereur Romain a qui on le decerna
5 puisque LOUIS XIV.'
vray Pere de la Patrie , est le
plus Aimable &. le Meilleur
de tous les Monarques de la'.
Terre.
VI.
Il commande aux Saisons ,4
lors qu 'il trouve le moyen de'
faire la Guerre au milieu de'
L Hiver. Qui pourra comme luy '
parvenir a cette puiflànce, d as-
Jteger en me/me temps quatre'
Villes tres-fortes [ \6yz. ) & de
D ijj ~
A4 MERCURE
faire recevoir ses Loix en un
mcfme jour a deux Places auffp
considerables que Strasbourg fg)
Ca%al ? Jl a dompté les Jroquois
( i66j. ) & reduit en fìx jours
les Algeriens ,quetout le Regne
de f Empereur ChaHes-Quint avecfa
fortune n eut pas feule~
ment le pouvoir d'intimider.
N a.t il pas contraint les Corfaires
de Tripoli , de Maroc y
de Tunis , de Salé , avec ceux
de Majorque .{ 1681. ) aprés le
avoirfournis , de refpeûer nos
Vaisseaux , fg) de rendre tous nos
Esclaves ? Conjïdere^ce que cest
que de joindre les deux Mers e»
í GALANT. 45
Languedoc par un Canal long
de 64. lieues , commencé le 16*.
Avril 166-7. (ë>r acheve dans le
y me/me mois de l année 1681. Tau
re confiruire l Acqucduc de
Maintenon pour la conduite des
Eaux de la Riviere d'Eure ,
( 1685. ) d°nt ïédifice Jurpajfe
tout Ce que les Romains ont en~
trepris de semblable. Cefi la
puiíïànce du Roy qui Va fait
triompherfur Mer des Anglçis
en 1666. des Hollandois le sep*
tiéme Juin 167.2,. & encore
deux fois de la me/me Na»
tion en 1673. ft) a Stromboli ,
*n Sicile , { Janvier 1676. ) des
4* MERCURE
Ejpagnols , fg) des Hollandais
devant Augufia le n. Avril
suivant , ou le fameux Ruiter
qui commandoit fut blessé à,
mort , le deuxième Juin de Id
mcjme Année devant Palerme ,
ou l on remporta la plus glorieu
se Victoire de Mer qui se fòit
veuè depuis la Bataille de Le
sante ì les Plotés d. Espagne @p
de Hollande ayant efié défaites 3
& ensuite brûlées clans le Port ,
dont le miserable. rejle fut vain
cu le 3. Mars 1677. a Tabago
dans l Amerique. Dom LOUIS
XI V. est le plus Puissant de
'tous les. Monarques de la
Terre.
-GALANT. 47.
.'.y vil
La terreur des Lyons , ccfl
cette vigikfvre qui fait <voir
le Roy , le premier à la tefie da
ses Aimées > moissonner des Pal
mes fg) des Lauriers avant que
le Printemps nous donne des
fleurs. G efi encore cette applica
tion exacte fç) reguliere a gou
verner par luy-mefme , q) À
tenir tous les jours ses Conseils.
Lefoin qùilprend de connoifire
Jès Officiers , de Jefaire rendre
compte de tout , (gf de prévoir
dans le détail a mille choses qui
rendent ïexecution de desordres
plusfacile ft) plusprompte. N'a
48 MERCORjE
vons-nous pas veu baflir une- *
Gídere en dix heures f ( 1679. )
N efi.ce pas par les fins de Sa
Majestéau ily a tant de Gardes. .
fç) d illuminations , pour lafu
reté de Paris ? On lu.y doitauffí
r établijfcment des Compagnies
des Indes Orientales (d?. Occidentales
, (efr de plusieurs belles
Manufactures ) une Compagnie
de Guinée1 ( 1685. ) avec beau
coup d autres avantages procures
à ce Royaume , poury faire fle»\
rir le Commerce avec succes La,
Navigation efiparvenue à une
telle perfection cheries François>
paria, vigilance de LOVÎS LR
GRAND»
GALANT. 49
CRAND y que les autres Na
tions rapprennent de nous. Tou
tes nos Provinces ont acquis la
/curetépar la bonté des Torts de
Merspur les armeniens des F'lo
tes , par lafortification des Villes
frontieres parla construction
'de Saar-Louis , d Huningue , g)
de Mon.Louis , fins parler de
tant de fortes Citadelles baflies
par les Ordres de LOUIS X IV.
ìe plus Vigilant de tous les
Monarques de la Terre.
VIJL
L0V1S prend quelque fois
le foudre en main y pour punir
les ingrats, pour maintenir les
Janvier 1687. E
T° MFRCURE
drain de fa Couronne , fg)pour
rvur.ger la foy publique , (d?- le
droit des gens violes ( 1674. )
dans lAjJemblée de Cologne. Si
la Garde Corse a la temerité
d'attaquer un Minifite Public,
le Ry fîsait en tirer la/àtisfa~
Síijn deu'è afa dignité ^obtenant
tout ce qu'il pouroit pretendre .,
par le traité de Vise conclu le íiì
Mars 1664. avantage ont
remporté les Espagnols en reffini
U pìts a noftrç JmbajC
fadeur a Londres ( 1661. ) fnon
d'avoir efié oblige\depuis a déc
'arerpubliquùmnt qu'ils cedent
par tout la préfëAme aux Bran
GALANT, v
cjmviïe íeurK^pïrkiénfpBsf Á
qttoy bon troubles leï Wibitdns
<£ Andxye \ ^) donner fant ; de
ra^fiùtâ.rfitgàtàiïsû T.rdacé
potier é%ká" de coùctúre ïaffàre
êe £ÌPnduttê fc'efioitpour fiire
ítòarSfc tohte ^Eiïïope ; t^itè U
éRWWb si/fisst p wmdntekir
jfòn titre de Duc de Rmr~
g.gnâ": t tûìó.ï) pour remettre
Jtsv:S*jeù en pòjpjfià ÏÏe UVcf,
chf{\tô$ pourfdre trembler
tmte . tífpÁgne en tenant une
grmde Vhttè bloquéè devant
ôadix ( Í68&.v ) Le Turc a <veu les
Eij
y. MERCURE
Corsaires de Tripofy poursuivis
fç) battusjusque dans le Port de
Chío \ 168 1. ) @r nostre Vlotte
^ victorieuse menaçant les Dar da
nelles , porter lépouvante jus
que dans le coeur de fin Em
pire. Ces preuves de la fermeté
du Roy , (gf. la vigueur de fin.
Ministre en 1677. 1680.(^-1681*
ont obligé le Sultan d'accorder le
Sopha à noftre Ambassadeur , ft)
d'autres Privileges pour la Re
ligion Catholique , ce qui fait
voir qu'il estime davantage
LOVJS LE GRAND que tous
les autres Monarques ensemble.
Jtfvs Allier ont aujst goûté les
GALANT. <î
fruits defa ferme ré , lors qu'il
leur a fit. rendre (1679. ) les
Villes (§>?> les Provinces qu'ils
avoient perdues pendant la,
Guerre ; toute f Europe vient
de recònnoiftre par la réunion de
-' plus de xoo. Villes famées ,.
800. grés Bourgs ffi 3000.
Villages ujurpe^jur la France
pendant les 'Revolutions de ce
Royaume , que LOUIS XIV.
est le plus ferme de tous les
Monarques à maintenir les
droits de sa Couronne.
Rien ne peut resister à la
íbree d'un Roy Invincible „
Eiij,
qui s'efi fut, luy, me/me une
routeJm le Rhin , mal.?iéjò%
extrême largeur *Jk rapidite Cs*
f profondeur ; metuint en der
r.ute une Armée qui <voulokJuy
,eu disputer le píjf^ge. * Tohyii ,
& qui fut contrainte de le luy
ahj^donn£î{ Le it. Juin. i6,7*.f
incomparable Mcfos a fins
&ej- beMwjèwnt plus de
Guerres , gagnéplus de 6p. B%-
t^ïlks ou Combats s bordéde$f
Cûnquefies le&hin ,le Viyahai'i
la Moselle , U Meuse \ íljfel i
la Lys , lFfiut , &f pris plus
4e 6oo. Villes par Sieges ^ TfaL
t&L o ou pifoteçftm. Aprés m fi
GALANT.' vf,
grand nombre de Con^uefiês ,
que d/tes^vms de & force' des
Places , les çriyczjvms imprena
bles f Je <vous oppojèray aujfìtjfl
Dunquerque s le Fort de
Schein, M.ifircic, Valenàennesy
Cambray, Suint Orner , Tpres ,
Puioerda., Strasbourg , Luxem
bourg , & tant, dautres que
vous voyez^parmy les Conquefies
d un Roy toujours le plus fort.
Voulczc^vous au contrairefiûtenir
quïl rìy a. point de Villes
qu'on ne puijfe prendre ? Sans
doute vous ave^mblié que nos
Ennemis ont levé le Siege de
vant Voêrden , & devant Char—
E ÌÌÌj'
*s MERCURE
leroy , ( 1672.. ) devant Oudenxrde
qu'ils affiegeoient avec>
trois Armées , ( Septembre
1674. J devant Haguenau
Saverne ( 1675. ) devant Augufla
en Scicilc [ Janvier ] de
vant Mzftreic le vj. Aoujl 1676.
& devant Chxrlcny le 14. Aouft
1677. Accordons-nous , ffi dïfms
qu'il n'y a point de Villes
imprenables fi Louis les attaque,
& qu'elles ne peuvent efirefor
cées lorsqu'il les dcffend. Vous
Jçave^ auffi que nofire Vlotte
Vichrieufe a toujours battu cel
les de nos Ennemis ; m iis e:iffìe%r
vuus cru , fi toute U terre ne
GALANT, r?
meus en affeuroit que le braie
d'Erlingue avec fin seul Vais
seau \ euft osé livrer le Combat
à 37. Galeres tant Espagnole?
que Genoises [ 1684. ] qu'a
pres les avoir battues , $~ leur
avoir tué zooo hsmmes 3 // cufi
pu heureusement fi retiret danr
son Port. Donc LOUIS XIV.
est: le plus fort de tous les Mo
narques de. la Terre..
X. •
Dans ler Panegyriques des
LOVIS LE GRAND , je pje*
fire toujours la vetité toute/im
pie , a la figure aux Allegotics.
le Juif donc, entierement
$ MF.RCURïï
perju.idé qUilJuffit icy d'ejì.iblir
sa ?\oirc Jurjes propres actions
(d/-sûr des sits connus de toute
l Europe. Jgui osera nier que
f Empereur n ait eu befitn du
secours de France , [ 1664. ]
poursuivcrh Hongrie & toute
s Allemagne qui allait devenir U
proye des Ottamms ì Le Grand
Duc de Mswie a recherché
í Alliance du Roy par ses Am.
b.jfideurs [ i66g & 1*81, }fEm*
percur des Turcs [ 1669. ] un Roy
de Guinée [ 1670. ] t§jr le Roy
de Si^msiit voir par des Presens
magnifiques , @r par trois
Ambajjudes qùi[ envoye du miGALANT
S9
lieu de l Asie, [ i6Sì. ] OMre
1684. &.\en Aoufi 1686. quelle,
efiìme il fut de LOUIS LE
ÇK AND . Ce Prince qui nefi
fin da jcctte cflïme que pour le
bien de la Religion y ria. t-ilpas
feu nn Souverain à fis genoux ?
[ifSf. ] (&y lun defis Gene
reux donner un Pzjjcpon le 2.4.
Septembre 1677. à l Aimée En
nemie beaucoupplus nofnbreufi
qW U nafire , pourfirtir d'un
lieu, oà'eUe benoit de fifiuver, .
nprés avo'.T efié b&ttuë ? Le
grffld Gufîoe<ze qui appeUoit il
y.tì 56 Ans les Autres Monarquesy
des Roitelets en' comparaism dfk
6o MERCURE .
Roy de France 3 s'il vivait au~
sourd huy , ne diroit ilpas avec
nous que la Gloire de LOUIS
XIV. ne peut avoir de bornes*
& que c'eír. avec justice qu'iî
est le plus estimé de tous les
Monarques de la Terre ?
XI.
Joiiiíïèz de son repos, Frìnces
inutilement jaloux d'une
grandeur à laquelle vous' «?
parviendre^jamaìs. L'on a re
fusé les Secours qu il offroit fi
genereusement ; mais fans luy on
n'a pu aller à. la Victoire , puis,
qu'il cflint le Maifire du chemin
qui vonsy acmdmts. Les droits.
' ".GALANT, rît
que ce Prince avoitjur le PaUtinat,
oni.ils esté capables de le
tenter ? Point du tout. Jl a cher,
ché les tvoycs de douceur , ^) fi
dele dans la parole qu'il avoit
donnée de ne point agir, il a
cedé fis propres avantages pour
ne pas interrompre le cours des
zostres. Jgui peut dire qu'il fa
jamais veu en colere ? Ennemy
des loila nges fg) de la flatterie ,
toujours affííble , toujours pa
tient , & le plus moderé de
tous les Monarques.
XII.
La gloire des Autels, c est la
Pieté dont LOVIS LE
MERCURE
€ R A N D, a donné, (èfy* dón±
m feus les jours de fi grandi
exemples. S efi-ilfirwy defèsú.i
wantages k>rs> quïl a <veu l!Allei
vtagne embarajfci t$mébàìùm
pás. a ft moderation een.x que
'vous avez remportez: en Hon
grie* Cefile Beffwfîtfhde^^E*
glija , le VviMfàjcr des. yEv<fl
qu.es , & le Defiruffeurde l'He*
refie. Il a fmi nf de grande?
fimmes. aux Venitiens. (1658. )
pour sûre la Çttdrre. .qu'ils'
efloient obligez defmtenir. H à
proscrit les Blasphèmes & les
Inipietcz^parfis Déclarations &
Edks de 1665. 1667* q) t6?y}
GALANT. 61
V Eglise cl recoww éfa premiere
tranquilîté fr les Jèntimens &
Jur les points delicats de la Re
ligion , par les Joins de ce Mo
narque qui a envoyé dessecours
considerables de Troupes en Can*
die contre les Turcs. [ 166S.
166y. ] ft) employeses forces de.
Mer contre.eux [1670. ] Il a
tefiab fy lexercice denofire Relu
gbn dans les Villes Herretiques
d'Osfy, de Rhimberg, de B u -
fi h ,dVtrech., (g^c. [ 1671.
de Geneve en 16S0. fê) de Stras
bourg en 1681. Ce Prince trespieux
a rtmis en p'ojfcjfion de la,
Garde du S. Sepulcre les Relï*
H MERCURE
gieux de S. François t677, $
leur continuéfa proteêiion Roya
le ses liberalits^ dans toute
la, Terre Sainte. Il a émt au
Roy de Ferse enfaveur des Ca
tholiques , (dr en a obtenu tout
ce qu 'il a demandépour nos Mf
fionnaircs^ Les grandes Con
versons quil a procurées dans
le Royaume de Siam , g) dans la
Chine depuis plusieurs années >
ï Edit de 1681. qui deffènd a ses
Sujets de quitternoftre Religions
g) cet autre de 1683. qui oblige
les Idolatres qui renoncent a
leurs erreurs , d'embrajfer la
Communion Romaine ; En un
[
mot ce qu 'il a ordonné ( ifâçy
pmr le, rejUblijfement des Eglifis
g) des Fresbiïeres y @J ce'
\ Mmdcment pourfaire observer
la, modestie cUns les Eglises ,i
14S6* tout cela ne montre t il
pas la vcritableYxçxè de LOVIS
JLE GRAND .<? Ajouflons , quaprj
la Conversion volontaire ft)
libre de plus de fíx cens mille A~
mes reunies à l Eglise Catholique'
depuis plusieurs années , que le
zgle , les Joins charitablesfs gj.
les belles Ordonnances du Roy
les sollicitent à se convertira it
a revoqué L'Edit de Nantes ,
jait abbatre tous les Temples des>
Janvier 168 j. K
(S MERCURE
tìuguenots.., g) ab&ty s Heresie1
áxns fin Royaume , W me attûée
, ce quejer PredeecjsetìTsna-
^oknt pas fait pendant plus
d un fiede : hissant a lapoflcrite.
un bel exemple dont le Duc de
&&wye u le premier Jùivy les
traces. Ces grands services ren
dus à lEglîJi ijans parler de
ceuxqxtin atteted, prouvent que
LOUIS XIV. est le plus
Pieux de tous les Monar
ques. • l"4 1 '' " \';
C'est pour 4'es grandes Vetttts
du Roy , que "Dieu l a. comblé
d'un jufte Bonheur , en hy .
.l . i rjr. A\\
galant: ef
donnant une nombreuse Pò/fe-
" rite. Heureux dans ï Alliance
qu'il a faite arvec une Keyne parfaite
& remplie des graces du
Ciel : heureux dans un Fils incomparabie,
&dansjfon Augufie
Epwíjc : heureux enfin dans un
Frere félon Jon coeur , & dans
tmdxfíFAmilk 'Rijyalequil <voit"
entierement devoiiee ajonservi- .
ce. Ses Mìnifirts font vigilans, ,
ecíaire^ &fidelles ;Jòn Rojaume '
flwiffìnt Jh Armes' invin
cibles, il eft cbery de fort Peuple, :
estimé de. toute la Terre , & par
tout Vííforieux, Ainfì lors que '
*vsHt ditçs €pue les Defltns jòntr
68 MERCURE .
pour luyjans contrainte , que
cefiparce qu'il a enchaîné laVortune
qu'il efi le plus Grand des
Rois , reconnoijfez. en mefme
temps que cefiparfa propre ver
tu qu'il efi leplus Grand de tous .
les hommes. Voila lafeule raison
pour laquelle Louis XIV. est
ie plus Heureux de cous les
Monarques de la Terre.
ll ne peut s'arrester dans la
belle route des Heros ; ce Prince
Magnanime , nmrry dans le
sein de la Victoire. Ses Ennemis
me/me avoâent qu'il ne fe con
tente pas de marcher le premier
GALANT <9
k la tefle de ses Armées , mais
qu'il les mene en personne au
Combat & a la VÏBoire , d'oà
vient qu'il efi plusbefiin de le
reunir que de l exciter. Sa Vail
lance ne nous fit-eUe pas une
frayeur fans pareille , lors quaprés
s'estre exposé à mille dan
gers , & a des fatigues inconce
vables au Siege de Dunquerque
[ 1658. ] il demeura luy seul in
trepide pendant une dangereuse
maladie qui defcfyeroit toutjòn
Royaume ? Pouvez.- vous Jans
admiration & fans larmes pen
ser avec quelle grandeur dame
LOVJS a souffert fa blejfure
7o MERCURE
dux. Septembre 1683. & une
Operation accompagnee de dou~
leurs aiguës ? [18. Nov. 1686. ]
Suive^ ce Vainqueur en Vranchc-
Comté qu'il prit luy.mcfme
en dix jours au milieu de iHy.
ver: & en Lorraine qu 'il fou
rnit en peu de jours, îl a conquis
en petfinnc fiixante-ánq
Villes en deux mois , fortifiées
dans l&endué d on%e Provinces;
M ifirich , que l<m efitmoit im
prenable , en tre ize jours z & les.
années /ùivantes, Valevúenmsy
Gand , & Tpres. Assiegeant U
Ville de Bouchaïn ìm 1676. les
Armées des Confederres tenteGALANT.
71
sent le secours de cette Place.
Le Roy aÛa au devant , leur
prtfenta la Bataille qu'ils evif
terent par U fuite. Voulc^wous
d autres Victoires rempotréesfar
Terre par L OV I S LE
• G RA N D , .<" Je <vom rapporte
les principales. Ce font les Ba
tailles ou Combats des Dunes le
14. fuin 1658. de S. Godart au
p&Jfage du Raxb en Hongrie le
premier Aoufl 1664. En 1674. de
Zein?ein , de Molsheim , de Se*
n ef contre trois Armées , d'Emf
heim , dans laquelle vingt mille
François défirent trois Arméet
defiixante &fex miUe hommes>
7& MERCURE
commande^ 9 par vingt Princes
Souverains , ou de Maison Soumeraine-,
de Mulhaufein ën 167^.
de Turshcin , apres laquelle les
Csnfedere^ furenf chajfcz^ , &
contraints de repasser le Rhin..
En 1677. lonziéme Avril .celle
de Cajfel, remportée par Son Al
tesse Royale ^ quï defit les Espa
gnols (dp les HoUàndois , mmmande^
pçr le Prince d'"Orange,.
prit enfmte*Sa}rit Orner. Lés
Batailles d'Mpoûille en Catalo
gne , de la SeiÛe, & dAufembourg.
Le Combat du Pont- a-
Mmjfon^ de Koquerberg^outre
vingt-cinq mille hommes perdus
par
GALANT, .71
par les Allemans dans le Cam
pement de Mouron. En 167g.
les Combats de Rheinsfeld le 8.
Juillet , & de Saint Denis le 14.
Aòufi. En 1684. le 16. May le
Combat de Pont . Major , au
pajfige dei la Riviere de Tur. Re.
iconnoijfeç^ donc que U Vaillan
ce duRoy ta rendu leplus grand
Conquerants qu'un concours fi
heureux de tant de Vertus Mo
rales & Politiques \ prouvent
invinciblement que L ou is XI V.
£st çeluy que vous devez esti
mer le plus Grand de tous les
Monarques de la Terre.
Dans le grand Quadre aux
Janvier 1687. G
74 MtkteOKl
deux coffe2 des Theses ©a
Conclusions historiques &
politiques ,sont marquees les
principales ; Conqu'istòs du
Roy selon Tordre dèsanne'eS}
afin qu'on puíílê1 les> tròuvéV
tout d'un corjp,^d%ríè feuX
le veuë , 4en lisant ' tes autres
Actions de ce Prince Cha
que coríjdueste k *fir titèfrífue
pour en> c1>n'si$ïfteM£
tion selón la "Geographie,,
cela se trouve eitpîîqué dans
un Cartouche poï^itfus 'le
Quadre. *^\^r^h
.. .GÀLAKÎV 7s
Pour cottuoifire la situation
des Cottquefies. ,
A AtVòîè^' Cornu, eles JPtys '-ba*
Catholiques. : v; v^,«»'.> '
.'.'Akace ; : ':£attáptèvi4Ì^ iÀBemagne.
. . ' '."'O '
B Brabant1; Dùchí «M&$sÌ>at
Catholiques.
C GleVes'; ^u^ìenlÂneriapie.
f Cologne „ EleBorar^ .en Àlle~
Magne. ' . -* 1
F Flandres, Comté desPJy:-ha.t
G Gueldres , 2>«^ , deiProvïh-
. ces-y^ìes.. , ij^.n-'. ! ? .
IjF HàìnVùt, & ktyi ú*
3J" Cathotîquês. 4t"
G ij
j4 MERCURE
h Hollande , Comté , des Provin
ces-Unies.
L Liège* Principaute , £Attenta-
,gne. ^ x- .> "WïjK
\ Luxembourg, Duché, des Paysbas
Catholiques.
N Namur, Comté , des Pays-bd*
Catholìquts. .'. ...'>' •
O Owerissel , Seigneurie, des Pro
vinces. Unies.
P Palatinat , Eleïlorat , en AUemairie.
:' .£, : J
V Utrecht , Seigneurie des Pro
vinces-Unies. . ; ... ,4. ../'.f
Z Zutphen , Comté , des Provin
ces.Unies, i •.;
Ces seize Provinces ont esté
le Theatre le plus ordinaire
des Conquestes de Louis lk
Grand, quov qu'il cn ait
GALANT. 77
fait beaucoup dans plusieurs
aurres Provinces , qui font
marquées à la fin de chacune
de ces Villes. Ainsi Ton trou
vera peut. estreaíïèr d'utilité
dayotrenïì peu d'espace les
principales Conquestes, lan,
née quelles ont esté faires,
& le Païs pu elles font situées.
Trinàpdes Conquestes du Roy*
Dunkerque. F
Gravelines» ;'" F
Oudenarde. F
Menitì. F
Ypres. F
Comm.ines. F
Grammoat. F
Giìj
78 MERCURE
Dixmude. F
M or tare v Duché de Mitau , en
Jtaïiey \"
1663.
Marûl , en Lorraine.
"... : ."s t&7> . \
L.a Bassée. F
Conde. H
Charle.Roy. . iH
Bergues. > ' ' ' B
T.Huruy. .'. .?. .. V F
AcH, . H
Doiiay. ...I.'...' 'I'- í?
.F urnes. '.. . W
Çourtray. ^ ' |?
Oudenarde- p
Lisle. .fr
.^.lost, deux fois. .• m. . F
Árrnentieres. > ,. , ' Jf
GALANT. 19
.y léóS.'
ècíànçon. . .. . ,~ sf.v . K S
Salins.' • . »
Dole. ' I»
Grais. u O
Chasteau de JoujíVj...:. ^ |
Fort Sainte Anne. >-
£t toute la Franche-Comté. . .
Pont-à.Mousson. ,„ ,y., . \\
Çpinal, Nancy , & toute la Zar*
, rainer
fpngres. . j,,7/L
Weifet. . X
ltfascik. Mjv.'vk
Sjtuar.. . ^ 3. I*
Fsluquemont,,D«^.^ Zifpktìur£.
flLhimberg. v t
jfurìck* .r....;. Ç
G iiij
8o MERCURE
Weícl. • } C
Rées , & son Fort. >:!; C
Fort de Lippe , enVvestfhalie.
Emmeuk. ;:.v ì,- G
Locken, '1 Z
Bvoí kelo. Vvtfifhalìe; >
Grool. * ,: ' Z
Doëtkum, >ír Z
VHrz. ' Z
Brtwoort. ' ' ^.^ 2^
H. sselt. c V . • O
Ommetij .. ''.'• O
Kemperi. O
Zwol. ?- >.••v^:/.|"0;.
Deventer. ' r-:
Zûtphen. H : > . . ' Z
Óoësbourg. ». ' > Z
Fort deSkeink. . ''".rí"'.»>: f
Utreicht. •
Mu'íden. .;:>.''-í\, fc:
Naërden. ••' ' h
GALANT. 8t
E&ourg. . G
Harderwick. >ì . G
Hattettî'ï *ì>♦ ï ..• .. t '>'»*.. ' . G
Amersford. A
V^oërden. h
Oudewarer. %, \v. . ' h
Arnheim. G
Vianem. ~>«t : Ja
W"agcninghen. G
Rhenéen. j:> V
Duëstede. V
'Wic... Duché de Zimècurg.
Knotzeiobourg., *. F
Les Forts de Saint André & de
W'orms. i G
Isles de Bomel & du Betwe, G
Creveeoeur. " : B
Nimegue. ' G
Grave. st
Genep. .<..'.. C
Bodengrave* .> ' 'h']
82 MERCURE
1673.
Mastreick. : '
Tout le Comte de la Marek. ' ? . '
Salins. Sf
Principauté de Lure. »*.
Chafte'au Sainte Anne.
Fauconnié , & toute la Franche-
Comte'. • •'' fj.í
<îermeinsheim. .? P
Duren. ^ Ì..t ; '>> >• 'P
Heiníberg. .'»»'•»• *v p
jpinnick. .'Jwt...i:;:^p
Citadelle de Lieo.e .n...O
.-l^: O » *
Trêves , A'Jemayie.
1674. .
TJinan.
Huy, L
GALANT. 8?
Limbourg y Duché.
F^rt de Monivic Cataleyte.
Augusta , en Sicile.
167$,
Fort de Link. F
Condé. .' H
Bouchain. H
Aire. A
Builloru £•
Tôrmiuna. j >
S.aletta. a?
La Croix. .... £s
Savoca.
Ficumedcntsi.
Fort &Iflc de k Caïenne , dans
tAmerique.
Valenciennes. H
Cambray , &; .& Citadelle. H
Saint-Omer. A
Fribourg.. :.. . .i
8+ MERCURE
ChasteaudeBoslu. s']\ .x > H
Saint Guillain. H
Sarbruk. Lorraine, ...r;
Forts de Tabago & d'Orange.
Amerique. . - \%,;\\
1678.
Fort Rouge.
2s.ores, .v,..)..,.: F
l'uycerda. Catalogne.
... > «
Fort de Kiell. , a
Kampen.
Landav, & le Chasteau de Lichtemberg^
»^//^
apte.
Aix-la Chapelle , & tout le Du.
ché dejuliers excepte la Ca
pitale. i,»C:L Vïlì :.
Nuis. .. ., , .." ^
GALANT 8c
1680.
Chademont. fss
Hombourg , Frontiere du Palàtinat.
;
Virton. JBaillages du
Chin y. Luxembourg,
Enchimont. L
Strasbourg. a
E/CazaI , Italie , en me[me jour. :
1683.
Courtray, p
Dixmude.. ' \ . • ; p
1/84.
Luxembourg. L
Cap-de-Quiers , en Catahqnt. .
réunions.
Fumay. j_j
Le Comté de Rochefort.
Le Marquisat d'Arloh. :' >
Herbemonk ,.,'.'
Urbu.
fc< ME&CfJRE
Orchimont.
Revin.
fiastoine. , > r
La Roche. rs '".lV *
HofFalize, ' ' r
Saint Hubert,
Marche-en Famines : >
Ì.c Neufchateaiu •',' .,,v.
Echternach.
L i Principauté de Sálm,êcci. dam
le Luxembourg. 1
Et les Comtez de Morîçbe'íará^
&íde Sponheim, en A ema<gn&.
LesColomnes,Jçs Pilastres,
& les Feítóns font ie^idrtïs de
cinquante.'huit revérs de Medailles,
qui font autant d'Ins
criptions qui rna&qttent seloû.
Tordre des années y les prihl.
GALANT. 87
cipales Actions du Roy, qui
n'ont pas esté compriiès en
particulier dans les Thèses.
On va les rapporter íuívanc
qu'elles font disposées.
I i! . . J . . ,.l 1 . . . ì
..t.4.; Çharrìhre de Justice, pour
rétablis l'oirdrQ daìis les Finan
ces, 1658. .•..:,/.'. í { ,
ì. Edit contre.Ies Duels , Kjj?.
3 . Les Rois de France & u'ÉC
pagnes voyemt ] & fígntnr la
Paix le 7. Novembre 1659.
4. AccruiíìtiondeDurikerque,
ì'66l. . .Jt*. />'[ ri: 'i . .. , ií í '.
. . 5. Le Roy d'Espagne cede la
préséance â 4a France , & le dé
clare le 14.. Mars 1661. ; r-'
Alliinjce/renouyellée avec
les Suisses j 1663. >; .
88 MERCURE
7. Protection accordée au
Comté de Venaiflìn , 8c à Avi
gnon ,1663.
8. Etablìílement da CommerJ
ce aux Indes , 1664.
9. Piramide élevée á Rome,
Íîour faire satisfaction au Roy de
Iníûltede la Garde Corfe,i<?64.
10. Satisfaction faite au Roy
par le Legat , 1664.
n. Victoire far les Corfaúes
d'Alger, St deTunis, , '
ïì. Grands Jours en Auvergne
pour la Justice, t66$. .
13 .Protection donnée aux Hollandois
contre l'Evefque deMunr
ster &: contre 1 Angleterre, 1666.
; 14. Paix entre la France & Jes
Algeriens, 1666.
„ 15. Paix de 3reda avec les Anglois>
i667. >.r^v.,.:.
16. Les Procedures detruites.
'par le Code » 1667.
17. Paix d'Aix-la- Chapelle ,
166$
iff. Secours de Candie „ r66&.
1669.
19. Le Roy visite ses Conqueftes
, ^70. & 1683.
zo. Le Roy fait fortifier & vi
sité ícs Conquestes , 167s,
11. Les Hollandois forcez ai»
Poste A'AmtidéttyVÍJxi. '
xi. Secours jetté dans Meflîhe
aprés 'la déraite des Ennemis ,
Février 1675V'"
~ 13 . Desunion de s Considerez „
1^78..
24. Les dix Villes imperiales;
d' Alsace prestent ferment de fi»
delité au Roy, 1679, .
. zf. Protection Sc secours don-
Janvier 1687. H
90 MERCURE
nez par Sa Majesté aux Rois de
Portugal,.i668. & de Suede 1679.
16. Les Corsaires de Tripoli
featcus ,.puis défaits jusque dans
le Porc de Cíik>: ce qui allanne le
Turc, Juillet 1681.
27. Les Villes dq Strasbourg ,
& de Gazai soumises au Roy, le
30, Septembre 1,681.
' r8. Paix de Maroc , & de Salé,
Decembre 1 681.
29. Alger foudroyé , Juin 1683.
„ 30. ìì.Decembre Luxembourg
foudio^i, 1683.
: 31. Les Vaisseaux d'Alger b rir
iez à Sarcelles i68ì. &: ces Cor
saires battus plusieurs fois 1683,
, r Genes foudroyée, May 1684.
33 . La Vifle de Trêves déman
telee 6c punie , en Juin 1684*
34. Un de^ ûos vaisseaux Mar
ì ... ^<Ì:PlLM€Tì &
l .cèaods repris au milieu de treoie-
trois, autres , 1684.
35. Protection donnée à l'Evefque
de Lîege contre íés SujjSt4s»
l jtebfeljes,i^..;. ./' y\J
. 36, T rive de ,vipgj ans accor-.
dée. à 1 Éuto,pe par le Roy, r 68 4».
. r. #8. .TîripQ)!! foudroye v .en Jaít»
*' ' p. ^Amrjassá^eû/dé Fránce"
-e&ftent le Sopha à An^rinople
p "áeî^'r^ction de i'Hétesie par tour
ic Royaume , 168'5.
?'-.4^ JLe^avf doàne jdfifîsecowiîs.
sw&ugí.de^ayojfc^r }'>£>o.&~
92 MERCURE
tiort del'Heresie dans sesEstats^
6c afin de reduire les Protestans
rebelles des Vallées , 1686.
Les deux precedentes In£. ^
criptions ont esté pôiëes íùr
lc Piedestal de chaqu c Co
lonne , pour montrer que U
Base & le fondement des
Actions de LOUIS LE
G RAND » cest ta Reli
gion. Les Festons n'estant a~
joûtez que pour TornemenÊ,
l'on a crû qu'ils fefoient trespropres
à porter lés' Médaif- \
les qui contiennent les NaiC
sances , les. Mariages , & les
autres eVenèmens de cette
t ' > .
>
GALANT. <x
forte , qui sont afïèz souvenu
representez par Les Fleurs.
Cette précaution ne déplaira
ï pas aux personnes exactes ,
.qui auroient peut.eftre trou,
vé à redire qu'on eu st meílé
ces faits avec les autres..L'on
n'.a pas eu de peine à se re
soudre à eette separation. Il y '
a tant de belles choses à dire
du Roy , que nous ne /òmmes
pas reduits à la necessite'
d'établir les louanges de ce
grand Monarque fur des efl
rets étrangers. Ainsi Ion a
piis sa Naissance t son Maria
ge, les Enfans qu'il a eus,noa
£4 MERCURE
'pas pour en faire des~ siijets
d'Eloges , mais pour donner
plus; d'osnemeint À cet; Ou
vrage ,ôc a;5n de ne pa& pri
ver ies curieux de ces remar.-
.ques , quirait paru ,de con&-
,rjuencfi. . J \ìs:ìïûy\,i.ï
v> i r : . j '''; >.i ' r,. t
43. Naissancedu Roy, aonae.
. heures avant Midy le Dimanche
5. Septembre' 1638. '* ' .
44 . Le Roy déclare : Ma^Xir te
Jeudy 7.. Septembre tápJ ' i'.'ísí
^ 43., Sacre, du Roy; ;à;R4injï§ £e
"Dimanche 7. Juin .f4f4, j
46^ Mariage *dú Roy te 3. Juki
1660,
47. Naissance de Mouseigiíeur
GALANT. 9Y
k j4^. Naiííànce de Madame" Eli!
zabethde France yle Samedy.r8V
Novembre 1662.,
. 49. Naissance de Madame
Marie Anne de France , le Di
manche 16. Novembre 1664.
50. Naissance de Madame Marie-
Therefe de France , le Di
manche z. Janvier 1667.
51. Naissance de Monsieur Phi
lippes de Bourbon Duc d'An
jou ,1e Dimanche 5. Aoust 1668.
52. Naissance de Monsieur
Louis-François de Bourbon,Dut
d'Anjou ,1e Mardy 14. Juin 1672.
5J. Mariage de Monseigneur ,
le 28.|anvier 1680.
. 54. Naiííànce de Monseigneur
îeiDtrc de Bourgogne , lejeudy
S. Aouft i8f*. ».
íSíaiQàmae de iMxsrièigneu*
oá MERCURE
le Duc d'Anjou , le Dimanche
19. Décembre 1685.
56. Naissance de Monseigneur
le Duc de Berry , le Sastiedy 31.
Aoust 1686.
$7. Mariage de Madame h
Princeíïê de Conty , le 16. Jan,
vier 1680.
58. Mariage de Madame la Du.,
chessí de Bourbon , le 14. Juil
let lé86v
Voilà un petit crayon du
plus beau Portrait qui fut ja
mais. Si lan trouve que quek
que chose y manque , Ton
fera reflexion que ce n'est icy
qu'un abregé r qui n'a pû
contenir tout ce que le Roy
a fait de grand depuis vingthuit
... GALANT. 97
huit ans. On auroit bien vou
lu marquer tant d'Illustres,
qui ont eu part aux actions
héroïques qui font aujourd'huy
l'admiration de toute
la Terre ; mais l'efpace d'une
These nous borne , il faut se
reserver pour un plus grand
Ouvrage que l'on médite , &
qui renfermera l'Histoire de
nos Braves aprés celle de leur
Auguste Souverain. Nous ne
craignons pas d*y marcher
fur 'lai mesme route que les
autres Auteurs. Celle que
nous suivrons fera nouvelle;
& c'est un bonheur de vivre*
fanyitr 1687*
98 MFRCURE
íous un Monarque, dont toui
tes les démarches sontautanc
<le miracles ; & qui occupe
tellement les Historiens, que <
quelque foin qu'ils aportent ,
ils laiíïèront encore beau
coup à dire pour ceux qui
ecriront aprés eux.
sein d'une These pour leRoy,
fait par un homme qui s'est
attaché avec tant d'exactitu
de à rechercher tout ce qui
regarde la Vie de ce Grand
Monarque, que je puis vous
aíïèurer qu'encore qu'on ait ^
tâché de l'imiter , & de le co
pier en beaucoup d'endroits,
dans des Ouvrages qu'on a
GALANT.. 9
presentez {ans avoir ose' les
rendre publics , il est l'original
de tout ce que nousavons
vû de cette nature. Le tra
vail de cet Ouvrage, ou tou
tes les dates font , est quelque
chose d'incomprehensiblej íì
je puis parler ainsi, & pour
le rendre correct, Y Auteur a
a eu besoin de toute l'applicatïon
d'un hommeauíïi zelc
qu'il lest pour le Roy. Tous
les Eloges de ce Monarque i
& rout ce qu'on a fait de son
Histoire, ne nous en sçauroient
faire si bien connoik
tre la grandeur que cet Ou
vrage , & c'est ce qui merite
une réflexion bien serieuse,
& qui jettera dans tâtonne
ment tous ceux qui voudront
la faire. Il ne s'agit que de
marquer ce qu'à fait le R.oyy
fans détail , fans raisonne
ment , & sans éloge .y & ce
pendant cette These peur
passer pour une chose prek
que impoíïîble > à cause du,
grand nombre d'Actions qu'
elle contrent.Tous les Siecle*
ne nous fòurniífënt rien de
semblable. Je purs , & je dois
le dire à la teste d'un Ouvra
ge qui n'est remply que de
GALANT, ii
Faits y. & l'on ne peut ea
voyant cela que se taire , &
demeurer dans 1 etonnement»
Je n'ay dit qu'un mot de ces
raits. là , & ce n'a mefme esté.
que d'une partie ,& j'en ay
parlé dans deux cens Volu
mes. Peut-on dire apres cela
qu'il soit aisé de faire L'HiÇ
toire du Roy , si l'on y veut
renfermer tout ce qu'il a fait
de grand ? Pour moy, je suis
persuadé qu'il faudroit un Sie
cle entier , si ion vouloit
mettre dans leur jour toutes
les actions de ee Monarque M
& que cette .Histoire pour
i2 MERCURE
roit remplir seule des Biblio
theques. Vous en ferez en
tierement convaincuè,quand
vous aurez lû l'Ouvrage sui
vant , qui sera d'une grande
utilité pour tous ceux qui
voudront travailler à cette
Histoire . & qui leur epar
gnera plusieurs annees de
recherches. Sou venez- vous ,
s'il vous plaiít , que l'Auteur
luppose ion dessein executes
& qu'il décrit la Thèse com
me si elle eítoit faite. >
DESSEIN DE L'OUVRAGE.
Les Actions immortelles
de Louis XIV. estant ad
V
GALANT, i?
mirees de touce la Terre , il
n'est pas possible de trouver
aujòurd'huy quelqu'un qui
n'en soit pas informé, & qui
puiíïè demander avec raison,
pourquoy nous appelions ce
Prince Louis le Grand ,
mais afin d'en instruire la
Posterité ,on luy dédie une
These qui pourra luy servir
de regie dans les sentimens
qu'elle doit avoir des vertus
héroïques de nostre incom
parable Monarque. Les prin
cipaux évenemens de son Re
gne depuis 1658. y sont mar
quez d'une maniere qui ne
«4 MERCURE
fera peut estre pas deíagreable.
Quoy qu'il y eust une
infinité de belles choses à di
re avant ce temps. là, on n'a
pas cru devoir remonter plus
haut , afin de ne se pas co
pier soy mesme dans d'autres
Ouvrages, où elles n'ont pas
esté oubliées ; mais plus que
tout cela , pour n'établir les
louanges de Louis le
<j r a n d que fur des actions
d'éclat , dans lesquelles il a
toujours eu la premiere part,
St afin de le suivre plus exa.
#ement depuis un âge où sa
teste / son coeur, son bras &
GALANT. y rç.
son esprit ont commencé d'a
gir de concert pour le bien
2e ses Etats. .L Histoire du
Roy est une matiere riche, &
un vaste champ ouvert à tous
ceux qui s'y voudront exer
cer! Heureux mille fois celuy
cpi le fera avec succès ! On
a cru devoir ne s'expliquer
qu'en François, soit dans les
Inscriptions , soit dans les
Conclusions historiques êc
politiques , parce qu'on a eu
four objet la satisfaction des
Perfonnes qui préferent cet
te Langue , que nos Victoi
res oat rendue si florissante
ì6 MERCURE
dans toutes les Patries du
Monde.
DES C RIPT ION
... . de la Thèse.
Le Portrait du Roy est
placé au milieu d'une Cou
ronne de laurier , relevée de
quatorze Médailles , le tout
posé fur une dépqiïille de
Lion.Quatre grands Octogo
nes avec de riches bordures
accompagnent le Portrait,
&font voir par quatre gran
des Inscriptions la gloire du
Roy dans les quatre Parties
du Monde. / ,
GALANT. 17
/. INSCRIPTION.
HEurope inutilement conjus
rce pour s opposer à la Course
wiclorieusi de LOV IS LE
GRAND, cede a U force de
fin bras , &fi njoit contrainte
£accepter là Paix , que ce Mo
narque luy accorde au milieu de
fis Victoire*.
IL INSCRIPTION.
LÌAfìc étonnée des ABions ad
mirables de la Grandeur dtp
fioy 3 recherche fin Alliance , &
députe trois fois des Ambassa
deurs du Royaume de Siam a*vec
de riches Prefins. '
Janvier 1687. B
18 MERCURE
IN SCRIPT 10m.
il Afrique humiliée par les
frequentes défaites des Corsai
res d'Alger , de Tunis , de Tri
poli, de Maroc & de Salé , que
LOUIS XIV. a punk jusque
dans leurs Portereffe* , <vient de
mander la Paix'au pied du Trô
ne de Sa Majefié.
IV. INSCRIPTION.
L Amerique owverte aux Ar
mes de LOVIS LE GRAND,
a eflé le Theatre des Victoires
qu'il a remportées Jùr Jes Bar
bares 3 & des Conqueftes qùil a
faites à S. Christophe, à Tabagoy
dans toutes leslsles Antilles.
' \
». t . '
. ' 4
19
Les quatorze Médailles
font autantde Vertus ou At
tributs du Roy , representez
par des Devises ou Emblè
mes, 8c expliquez dans l'Exerque
de chaque Médaille..
Comme les Armoiries four
nissent le corps le plus naturel
Sc le plus ordinaire des Devi
ses, on s'est fait icy une obli
gation d'en tirer quatre des'
Lys , qui composent les Ar
mes de nos Rois , quatre du;
Soleil, qui est le symbole du;
Roy , &une du Coq , qui re
presente la France.
zo MERCURE ...
/. M ED AILLE.
Le Soleil éclairant tout le
monde avec ces mots, Eclai
re sVnivers. Dans l'Exerque
pour Vertu , Sagesse.
II. MEDAILLE.
Un Lys avec ces mots, Que
jòn odeur efi douce ! Dans 13*
xerque, Clemence.
III. MEDAILLE.
Une Justice tenant la Ba
lance , avec ces mots , Sou
tien des Loix. Dans l'Exer
que , Justice.
IV. MED AILLE.
Un Laurier. Pour Ame ,
Chery de Minerve & de Marr.
21
Dans l'Exerque , Liberalité.
V. MEDAILLE.
Un Lys avec ces mots. Des
Mortels Vamour & le plaifìn
Dans l'Exerque , Èonté.
VI. MEDAILLE.
Un Soleil avec ces mots ,
// commande aux Saijòns£)àn&
l'Exerque, Puissance. '
VII. MEDAILLE.
Un Coq qui a une patte
en l'air. avec ces mots , La
terreur des Lions. Dans l'Exer
que , Vigilance.
VIII. MEDAILLE,
Un double Foudre en l'air .
avec ces mots , La terreur des
22 MERCURE
Ingrats. Dans l'Exerque , fer*
metê.
IX. MEDAILLE.
Un Soleil avec ces paroles,,
A qui rien ne peut refîfter.Da.ns>
l'Exerque, Force.
X. MEDAILLE.
Un Lys avec ces mots , Son
odeur va plus loin. Dans l'E
xerque, Gloire.
XI. MEDAILLE.
Un Foudre fur un Autel
avec ces paroles , Joûijfexde
fin repos. Dans l'Exerque,
Moderation.
, XII. MEDAILLEUne
Caíîolete fumante fur;
- GALANT. 2?
un Autel avec ces mots , La
gloire des Autels. Dans l'Exer*
que, Pieté.
XIII. MEDAILLE.
Un Lys , avec un grand
rejetton à droite ,. & trois au
tres petits à gauche, & pour
ame, NofireJiècondejpoir. Dans
l'Exerque , Bonheur.
XIV. MEDAILLE.
Un Soleil qui parcourt le
Zodiaque, avec ces mots , //
ne peut sarrefter. Dans l'Exer-.
que , Vaillance.
Dans le milieu de la bor
dure, au bas du Portrait, font
les Armes de Sa Majeste' en
H MERCURE
tourées des deux Colliers des
Ordres de Saint Michel & du
Saint Esprit, & ornées de Gui
dons, d'Etendards, & de Tro
phees , qui jettent des bran
ches d'Olive , pour marquer
la Clemence de ce Prince ,
qui a bien voulu donner la
Paix au milieu de ses Victoi
res. Il y a deux grandes Trom
pettes qui accompagnent la
Couronne , avec deux aifles
qui s'étendent de chaque costé
, pour porter les Armes
de Louis le Grand ju£
ques aux extrémitez du mon
de. Tous ces ornemens qui
fonc
.GALANT, n
font le haut de la These, sonc
soutenus dune table d'atten
te , ou parement irregulier
d'Architecture d'un ordre
Composite , avec la Corni
che, sa Frise, son Architra
ve , Colomnes , Pilastres ,
Chapiteaux , Piedestaux &c
Baies. Un grand Cartouche
posé sur le milieu de la Frise,
contient ces mots , A L A
POSTERITE'. Le grand
Quadre destiné pour les The.
ses , est échaneré par le bas ,
& pôle entre les Pilastres. U
contient quatorze Theses ou
Conclusions , qui répondent
Janvier 1687. C
26 MERCURE
par ordre aux quatorze Me
dailles , & qui prouvent cha
que Vertu ou Attribut du
Roy. C'est: par cette raison
qu'on s'est attaché à com
mencer la plufpart des Con
clusions par les paroles de la
Devise qu'elles, justifient.
Comme les Theses font le
principal fondement de tout
cet Ouvrage , on croit devoir
en expliquer la conduite su.
vec un peu plus de détail. Le
stileen est assez particulier,
mais cette Philosophie que
nous donnons n'estant pas
ordinaire, & ne faisant que
GALANT. 27
de haistre , elie s'est trouvée
capable de toutes les formes
cju/on a. voulu luy donner.
Certaines expressions de Poe
sie , & d'autres libertez qu'on
ne prendroit pas ailleurs, en
ont rendu les Propositions
courtes & ferrees en des
endroits , & plus étendues
en,* d'autres, Tout cela est
permis en cette occasion, ou
l'on doit dire beaucoup de
choses en peu de paroles. On
peut inesme. parler Ecolier, si
cette expression m'est permi
se , pourveu qu'on le faíïè
pour exprimer plus naturel-
Cij
28 MERCURE .;
lement les opinions que l'on
propose. Nous n'avons pû
nous dispenser d'employer
des chifres pour marquer les
jours & les années de plu
sieurs évenemens. Cela n'est
pas íàns exemple, puis que
nous voyons tanc de Theses
remplies de semblables chi
fres. Cependant on ne l'a fais
que lors que les Actions du
Roy ne íònt pas marquées
dans les autresMédailles donc
nous parlerons dans la fuites
Cette Chronologie a sonutúj
lité, & le Public ne sera peut,
eítre pas fâché de. la tçouyer
GALANT, zf
observée dans cet Ouvrage
avec assez de íòin. Les The-t
ses ont pour Titre \
HtftQrtques&Polittqucs.
.,' Q13ESTION* ;
Qui devez - vous estimer Ic
plus Gi."and de tous les
Monarques de la Terreî
1 CONCLVSION.
LOVIS XIV. donné de
^Dieu d une maniere mira*
culeajè, éclaire Y Univers par
les rayons éclatans de fa SageC
C iij
?o MERCURE
se. Cette Vertu parut en luy
beaucoup de temps avant Vâge
ordinaire. Peut-on dire qu'il ait
manqué une feule fois a prevoir
jusqu'aux moindre* évenemens
dans tout ce qu'il a entrepris f
Qùon montre un Monarque plus
exaBa remplir J&s obligations
mieux reglé dans fa conduite ,
& plus àjjìdu au gouvernement
defm Etat. Cet Augnfte Prince
également habile dans la 'Taix
& dans la Guerre, efi l ame de
Jon Cabinet. Ses secretsfmt im
penetrable*. Il donne autant
dorades o."n de réponses &
. fréfire dwertijjimens íes
GALANT.; ?t
plm innocens au travail quil
devore , pour ainfi dire , afin de
Jòuìagerjon Peuple. Considere^
ay ec quelle Sagesfè il commença,
par le reglement de ses Finan
ces. Ensuite ayant racheté Dunquerque
, il o/la aux Etrangers le
seul Port qui leur reftoit em
France, & aux Corsaires une
ancienne retraite. Compare^ nos
Troupes d aujourdhuy a<vec cel
le* de* Regnes précedens ;faites
reflexion fur le discernement
qu il a dans le choix de ceux qui
le fervent , fur la force & fur
t étendue de fòn Genie. Voye^i
Le hel ordre quil a étably dans>
G nij,
ji MERCURE
toutfin Royaume, & vommac*
cordere^facilement que Lo ii i s.
XIV. eít le plus Sage de tous
les Monarques de la Terre.
//.
G)umd le R jy paroifl armé,
cefipour obliger des Ennemis a
profiter de fi Clemence. Telle
fut la Bataille des Dunes qui fit
conclure la Paix des Pirenées.
Combien de f'is LOUIS a-t.il
épargn é kfxng des Vaincus ? Sa
Clemence empefiha le Sac de
Vtlencienncs , (1677. ) Sans elle
Alger Tunis , Tripoli , Genes ,
& tant £autres Places auroient
esté des bûchers de viçîimes deuë.s
GALANT
a la jufiice defis Armes. Amster
dam , la Haye , & le rcfie de la
Hollande defilée ( 1672.) & mefi
me tonte l Europe firoit encore
un Theatre de feu & desang, fi
ce Grand Prince nefi suft (vain
cu luy.mcfme , ôf s il nefi fuft
arrcfié au milieu de fis Victoi
res , enforçant les Ennemis d ac
cepter la Paix , & enfiúte une
Trêve de vingt ans , aprés en
avoir prescrit l&$ conditions >
qui ont rendu le repos a l Eglifii
& qui font avoûer que
Loiiis XIV. est le plus Paci
fique de cous les Monarques,
de k Terre..
34 MERCURE
///.
> // Joûtient les Loix par la
Justice de fis Ordonnames &
defis Edits. Lific^fin Code, qui i
fuit la reg'e de nos Juges. Ad
mire^ t®m les Arrefis que ce
Monarque a rendus, comme il a
puny les Due'difics , les Empoi
sonneurs ( 1676. ) & les Vfiirim
(168.0. ) Que dites-vous de
ce bel ordre étably pourl' AdmL
nifiration de U Justice } Mon^
trex^moy un Etat ou la Police
soit mieux reglée qùen France, j
Le Roy a-t-il jamais accordé ou
refusé aucune grace quilne fuft ,
Jujk d'accorder ou. de refuser ï
GALANT. #
Mais quand <vous <vous Jouvien^
drev^qùila jugé luy-mefme con
tre Jes propres interefis dans
. lajp ire du Vofé [ufto. ] dit&
^Loiiis XIV. est le plus
Juste de rousles Monarques,
de la Terre.
IV.
Poureflre chery de Miner
ve & de Mars , /'/ faut proteger
les beaux Arts, & récompenser
dignement les Vertus militaires*.
Nos Muses donneront des loiian*
ges éternelles à Sa Majefiépour
avoirflit baflir l Observatoire,
pris la protection de l Academie
Françoise [ 1672. ] institué celles
îá MERCURH
deSoijs.ns, d' Arles, de N(/mes,
de Villefranche^ d Amiens. Le
Journal des Sqavans, qui a com
mencé en 1660 efi deua lamour
que cette protection a injpirée
pour les belles connoijfmces j &
le Mercure G4.Ia.nt qui a com.,
mencé en 1677. efi un fruit de
la grandeur de ses AíTions , qui
en fournijfent la matiere. II a.
ctably l Academie Royale des
Arts & des Sciences > celles de
Peinture & de Sculpture , les
Ecoles de Droit Civil a Parti ,
[ 1679. ] & de Droit François
par tout le Royaume [ 168 1. ]
Combien d habiles Ouvriers en~
GALANT, v
tretenus pour des Ouvrages ra
res au Us ont portes a la dernie-
» re perfiction ! Faites reflexion
Jur le grand nombre de Scavans
qui Jont dans ce Royaume , &
Jur la politejfe que ion y remar
que depuis vingt ans. Admire,z.
la Magnificence de ce Prince
dans l EntréeJolcmnelle quilfit
a la Reyne fin Epousé le 2.6.
Aouft 1660. Confidences Cours,
les Rampars, les Arcs de Triom
phe , l Edifice du Pont Royal ,
les belles Fontaines , iélargisse
ment des Rues , le Quay de la
Riviere , &lesauprcs ornemens
ajoutez, à la Ville de Paris, ^ue
>
?8 MERCURE
penfczjvous des Bafiimens su
perbes de toutes les Maisons
Roydes , de ceux du Louvre &
de ceux de Ver/ailles , qui peut
paffer pour une huitième Merveille
du mondes Voye\ les belles
dépenses que LOUIS LE
CRAND a faites dans les Car
rousels de i«6i. 1685. & l686. h*
Di'vertijsemens de f Isle enchan
tée &de la Paix,avec les grands
Balets , les Machinessurprenan
tes . & les representations des
Opera , fins parier de la richejfe
de fis Meubles & de la ma
gnificence de fa Cour. Mais fur
tout , accorde^- mqy que cefi
GALANT. ?9
dans ce Royaume que les vrais
services de la Noblejfe font re~
connus par le rétablissement de
I Ordre de S. Lazare [1673.]/^
I Institution des Compagnies des
jeunes Gentilshommes [ i68z] £5?
par la fondation de la Maifin
Royale des Dames & DcmoifèL
les de Saint Cyr [ 1686. ] Les
vieux Soldats j ou ceux qui ont
efié cfiropie^ dans le service ,
/ont nourris &Joulage^le reste
de leur vie dans t Hoftel Royal
des Invalides , fondé le 14. lé
vrier 1671. Donc Loiiis XIV.
est le plus Magnifique & le.
plus Liberal de tous les Mo4o
MERCURE.
mrques de la Terre.
V.
LeRqyefl Y Amour & le Plai
sir defin Peuple , dont il efìle
Pere.. Sçavez^vous le grand
nombre de Places quil a bien
voulu rendre en consideration de
la Paix,&'avec combien de bontéila
remis aux Espagnols trois
millions cinq cens mille livres
qu ils luy devoientpour les Con
tributions de la Flandre ( 1684 )
& comme il leur a rendu deux
gros Calions quils avoicntjuftement
perdus dans une défaite en
1686 ì LOVIS L E GR AND
a délivré jusqu'à pesent plus
GMAKs. 4v
de ijra&. Esclaves defis SujetsT
€^ de differentes Nations à Ât~
ger , outre les 600. qùtl aura, de
Tripoli , ffî tous ceux qùildoir
retirer de Tunis (d?- de Maroc..
tiy a plus ; fa bonté luy a fait
dïmnmr les Tailles de trois:
millions prés de 5 00. mille Uvres:
( 1684, ) donner de grandes som
mes pour occuper les Pauvres h
des Travaux aujfí utiles a leur'
Misere qua Vornement des Vil^
les ( 1685. .) fairè des chantes
considerables pendant lafkmnè.
de 166 1. fç) le grand Hiver"
{ 1684. ) & une diminution tres±.
grande four fis Droits fur Us
s Janvier 16S7» I>
ai MERCURE
bled. ( 1685. ) Ses mains RoyaU
les occupées à porter le Sceptre ,
n ont pas dedaigne' depuis fix
ansde composer des Remedespour
le fiulagement , fé) la guerison
deses Sujets ; & de leur en don
ner luy-mesme les secrets qùil d
publie^depuis peu, {g) quilrìavoit
achete^ que pour fin Peu
ple. N oublie^pas encore cetar-.
trfice benin dont il 'vient de Je
sèrqjir ,pour cacher a toute fi.
Famille Royale 0, àfin Royau
me une maladie qui le tourmentoit
, afin de nous épargner l in
quietude g) la douleur de fia-
*vQtr un fi bon Prince dans
4?
les peines.^ Reconnoipz dom'
de bonne.fy qu il merite mieux.
le nom de tres bon que cetËm-.
pereur Romain a qui on le decerna
5 puisque LOUIS XIV.'
vray Pere de la Patrie , est le
plus Aimable &. le Meilleur
de tous les Monarques de la'.
Terre.
VI.
Il commande aux Saisons ,4
lors qu 'il trouve le moyen de'
faire la Guerre au milieu de'
L Hiver. Qui pourra comme luy '
parvenir a cette puiflànce, d as-
Jteger en me/me temps quatre'
Villes tres-fortes [ \6yz. ) & de
D ijj ~
A4 MERCURE
faire recevoir ses Loix en un
mcfme jour a deux Places auffp
considerables que Strasbourg fg)
Ca%al ? Jl a dompté les Jroquois
( i66j. ) & reduit en fìx jours
les Algeriens ,quetout le Regne
de f Empereur ChaHes-Quint avecfa
fortune n eut pas feule~
ment le pouvoir d'intimider.
N a.t il pas contraint les Corfaires
de Tripoli , de Maroc y
de Tunis , de Salé , avec ceux
de Majorque .{ 1681. ) aprés le
avoirfournis , de refpeûer nos
Vaisseaux , fg) de rendre tous nos
Esclaves ? Conjïdere^ce que cest
que de joindre les deux Mers e»
í GALANT. 45
Languedoc par un Canal long
de 64. lieues , commencé le 16*.
Avril 166-7. (ë>r acheve dans le
y me/me mois de l année 1681. Tau
re confiruire l Acqucduc de
Maintenon pour la conduite des
Eaux de la Riviere d'Eure ,
( 1685. ) d°nt ïédifice Jurpajfe
tout Ce que les Romains ont en~
trepris de semblable. Cefi la
puiíïànce du Roy qui Va fait
triompherfur Mer des Anglçis
en 1666. des Hollandois le sep*
tiéme Juin 167.2,. & encore
deux fois de la me/me Na»
tion en 1673. ft) a Stromboli ,
*n Sicile , { Janvier 1676. ) des
4* MERCURE
Ejpagnols , fg) des Hollandais
devant Augufia le n. Avril
suivant , ou le fameux Ruiter
qui commandoit fut blessé à,
mort , le deuxième Juin de Id
mcjme Année devant Palerme ,
ou l on remporta la plus glorieu
se Victoire de Mer qui se fòit
veuè depuis la Bataille de Le
sante ì les Plotés d. Espagne @p
de Hollande ayant efié défaites 3
& ensuite brûlées clans le Port ,
dont le miserable. rejle fut vain
cu le 3. Mars 1677. a Tabago
dans l Amerique. Dom LOUIS
XI V. est le plus Puissant de
'tous les. Monarques de la
Terre.
-GALANT. 47.
.'.y vil
La terreur des Lyons , ccfl
cette vigikfvre qui fait <voir
le Roy , le premier à la tefie da
ses Aimées > moissonner des Pal
mes fg) des Lauriers avant que
le Printemps nous donne des
fleurs. G efi encore cette applica
tion exacte fç) reguliere a gou
verner par luy-mefme , q) À
tenir tous les jours ses Conseils.
Lefoin qùilprend de connoifire
Jès Officiers , de Jefaire rendre
compte de tout , (gf de prévoir
dans le détail a mille choses qui
rendent ïexecution de desordres
plusfacile ft) plusprompte. N'a
48 MERCORjE
vons-nous pas veu baflir une- *
Gídere en dix heures f ( 1679. )
N efi.ce pas par les fins de Sa
Majestéau ily a tant de Gardes. .
fç) d illuminations , pour lafu
reté de Paris ? On lu.y doitauffí
r établijfcment des Compagnies
des Indes Orientales (d?. Occidentales
, (efr de plusieurs belles
Manufactures ) une Compagnie
de Guinée1 ( 1685. ) avec beau
coup d autres avantages procures
à ce Royaume , poury faire fle»\
rir le Commerce avec succes La,
Navigation efiparvenue à une
telle perfection cheries François>
paria, vigilance de LOVÎS LR
GRAND»
GALANT. 49
CRAND y que les autres Na
tions rapprennent de nous. Tou
tes nos Provinces ont acquis la
/curetépar la bonté des Torts de
Merspur les armeniens des F'lo
tes , par lafortification des Villes
frontieres parla construction
'de Saar-Louis , d Huningue , g)
de Mon.Louis , fins parler de
tant de fortes Citadelles baflies
par les Ordres de LOUIS X IV.
ìe plus Vigilant de tous les
Monarques de la Terre.
VIJL
L0V1S prend quelque fois
le foudre en main y pour punir
les ingrats, pour maintenir les
Janvier 1687. E
T° MFRCURE
drain de fa Couronne , fg)pour
rvur.ger la foy publique , (d?- le
droit des gens violes ( 1674. )
dans lAjJemblée de Cologne. Si
la Garde Corse a la temerité
d'attaquer un Minifite Public,
le Ry fîsait en tirer la/àtisfa~
Síijn deu'è afa dignité ^obtenant
tout ce qu'il pouroit pretendre .,
par le traité de Vise conclu le íiì
Mars 1664. avantage ont
remporté les Espagnols en reffini
U pìts a noftrç JmbajC
fadeur a Londres ( 1661. ) fnon
d'avoir efié oblige\depuis a déc
'arerpubliquùmnt qu'ils cedent
par tout la préfëAme aux Bran
GALANT, v
cjmviïe íeurK^pïrkiénfpBsf Á
qttoy bon troubles leï Wibitdns
<£ Andxye \ ^) donner fant ; de
ra^fiùtâ.rfitgàtàiïsû T.rdacé
potier é%ká" de coùctúre ïaffàre
êe £ÌPnduttê fc'efioitpour fiire
ítòarSfc tohte ^Eiïïope ; t^itè U
éRWWb si/fisst p wmdntekir
jfòn titre de Duc de Rmr~
g.gnâ": t tûìó.ï) pour remettre
Jtsv:S*jeù en pòjpjfià ÏÏe UVcf,
chf{\tô$ pourfdre trembler
tmte . tífpÁgne en tenant une
grmde Vhttè bloquéè devant
ôadix ( Í68&.v ) Le Turc a <veu les
Eij
y. MERCURE
Corsaires de Tripofy poursuivis
fç) battusjusque dans le Port de
Chío \ 168 1. ) @r nostre Vlotte
^ victorieuse menaçant les Dar da
nelles , porter lépouvante jus
que dans le coeur de fin Em
pire. Ces preuves de la fermeté
du Roy , (gf. la vigueur de fin.
Ministre en 1677. 1680.(^-1681*
ont obligé le Sultan d'accorder le
Sopha à noftre Ambassadeur , ft)
d'autres Privileges pour la Re
ligion Catholique , ce qui fait
voir qu'il estime davantage
LOVJS LE GRAND que tous
les autres Monarques ensemble.
Jtfvs Allier ont aujst goûté les
GALANT. <î
fruits defa ferme ré , lors qu'il
leur a fit. rendre (1679. ) les
Villes (§>?> les Provinces qu'ils
avoient perdues pendant la,
Guerre ; toute f Europe vient
de recònnoiftre par la réunion de
-' plus de xoo. Villes famées ,.
800. grés Bourgs ffi 3000.
Villages ujurpe^jur la France
pendant les 'Revolutions de ce
Royaume , que LOUIS XIV.
est le plus ferme de tous les
Monarques à maintenir les
droits de sa Couronne.
Rien ne peut resister à la
íbree d'un Roy Invincible „
Eiij,
qui s'efi fut, luy, me/me une
routeJm le Rhin , mal.?iéjò%
extrême largeur *Jk rapidite Cs*
f profondeur ; metuint en der
r.ute une Armée qui <voulokJuy
,eu disputer le píjf^ge. * Tohyii ,
& qui fut contrainte de le luy
ahj^donn£î{ Le it. Juin. i6,7*.f
incomparable Mcfos a fins
&ej- beMwjèwnt plus de
Guerres , gagnéplus de 6p. B%-
t^ïlks ou Combats s bordéde$f
Cûnquefies le&hin ,le Viyahai'i
la Moselle , U Meuse \ íljfel i
la Lys , lFfiut , &f pris plus
4e 6oo. Villes par Sieges ^ TfaL
t&L o ou pifoteçftm. Aprés m fi
GALANT.' vf,
grand nombre de Con^uefiês ,
que d/tes^vms de & force' des
Places , les çriyczjvms imprena
bles f Je <vous oppojèray aujfìtjfl
Dunquerque s le Fort de
Schein, M.ifircic, Valenàennesy
Cambray, Suint Orner , Tpres ,
Puioerda., Strasbourg , Luxem
bourg , & tant, dautres que
vous voyez^parmy les Conquefies
d un Roy toujours le plus fort.
Voulczc^vous au contrairefiûtenir
quïl rìy a. point de Villes
qu'on ne puijfe prendre ? Sans
doute vous ave^mblié que nos
Ennemis ont levé le Siege de
vant Voêrden , & devant Char—
E ÌÌÌj'
*s MERCURE
leroy , ( 1672.. ) devant Oudenxrde
qu'ils affiegeoient avec>
trois Armées , ( Septembre
1674. J devant Haguenau
Saverne ( 1675. ) devant Augufla
en Scicilc [ Janvier ] de
vant Mzftreic le vj. Aoujl 1676.
& devant Chxrlcny le 14. Aouft
1677. Accordons-nous , ffi dïfms
qu'il n'y a point de Villes
imprenables fi Louis les attaque,
& qu'elles ne peuvent efirefor
cées lorsqu'il les dcffend. Vous
Jçave^ auffi que nofire Vlotte
Vichrieufe a toujours battu cel
les de nos Ennemis ; m iis e:iffìe%r
vuus cru , fi toute U terre ne
GALANT, r?
meus en affeuroit que le braie
d'Erlingue avec fin seul Vais
seau \ euft osé livrer le Combat
à 37. Galeres tant Espagnole?
que Genoises [ 1684. ] qu'a
pres les avoir battues , $~ leur
avoir tué zooo hsmmes 3 // cufi
pu heureusement fi retiret danr
son Port. Donc LOUIS XIV.
est: le plus fort de tous les Mo
narques de. la Terre..
X. •
Dans ler Panegyriques des
LOVIS LE GRAND , je pje*
fire toujours la vetité toute/im
pie , a la figure aux Allegotics.
le Juif donc, entierement
$ MF.RCURïï
perju.idé qUilJuffit icy d'ejì.iblir
sa ?\oirc Jurjes propres actions
(d/-sûr des sits connus de toute
l Europe. Jgui osera nier que
f Empereur n ait eu befitn du
secours de France , [ 1664. ]
poursuivcrh Hongrie & toute
s Allemagne qui allait devenir U
proye des Ottamms ì Le Grand
Duc de Mswie a recherché
í Alliance du Roy par ses Am.
b.jfideurs [ i66g & 1*81, }fEm*
percur des Turcs [ 1669. ] un Roy
de Guinée [ 1670. ] t§jr le Roy
de Si^msiit voir par des Presens
magnifiques , @r par trois
Ambajjudes qùi[ envoye du miGALANT
S9
lieu de l Asie, [ i6Sì. ] OMre
1684. &.\en Aoufi 1686. quelle,
efiìme il fut de LOUIS LE
ÇK AND . Ce Prince qui nefi
fin da jcctte cflïme que pour le
bien de la Religion y ria. t-ilpas
feu nn Souverain à fis genoux ?
[ifSf. ] (&y lun defis Gene
reux donner un Pzjjcpon le 2.4.
Septembre 1677. à l Aimée En
nemie beaucoupplus nofnbreufi
qW U nafire , pourfirtir d'un
lieu, oà'eUe benoit de fifiuver, .
nprés avo'.T efié b&ttuë ? Le
grffld Gufîoe<ze qui appeUoit il
y.tì 56 Ans les Autres Monarquesy
des Roitelets en' comparaism dfk
6o MERCURE .
Roy de France 3 s'il vivait au~
sourd huy , ne diroit ilpas avec
nous que la Gloire de LOUIS
XIV. ne peut avoir de bornes*
& que c'eír. avec justice qu'iî
est le plus estimé de tous les
Monarques de la Terre ?
XI.
Joiiiíïèz de son repos, Frìnces
inutilement jaloux d'une
grandeur à laquelle vous' «?
parviendre^jamaìs. L'on a re
fusé les Secours qu il offroit fi
genereusement ; mais fans luy on
n'a pu aller à. la Victoire , puis,
qu'il cflint le Maifire du chemin
qui vonsy acmdmts. Les droits.
' ".GALANT, rît
que ce Prince avoitjur le PaUtinat,
oni.ils esté capables de le
tenter ? Point du tout. Jl a cher,
ché les tvoycs de douceur , ^) fi
dele dans la parole qu'il avoit
donnée de ne point agir, il a
cedé fis propres avantages pour
ne pas interrompre le cours des
zostres. Jgui peut dire qu'il fa
jamais veu en colere ? Ennemy
des loila nges fg) de la flatterie ,
toujours affííble , toujours pa
tient , & le plus moderé de
tous les Monarques.
XII.
La gloire des Autels, c est la
Pieté dont LOVIS LE
MERCURE
€ R A N D, a donné, (èfy* dón±
m feus les jours de fi grandi
exemples. S efi-ilfirwy defèsú.i
wantages k>rs> quïl a <veu l!Allei
vtagne embarajfci t$mébàìùm
pás. a ft moderation een.x que
'vous avez remportez: en Hon
grie* Cefile Beffwfîtfhde^^E*
glija , le VviMfàjcr des. yEv<fl
qu.es , & le Defiruffeurde l'He*
refie. Il a fmi nf de grande?
fimmes. aux Venitiens. (1658. )
pour sûre la Çttdrre. .qu'ils'
efloient obligez defmtenir. H à
proscrit les Blasphèmes & les
Inipietcz^parfis Déclarations &
Edks de 1665. 1667* q) t6?y}
GALANT. 61
V Eglise cl recoww éfa premiere
tranquilîté fr les Jèntimens &
Jur les points delicats de la Re
ligion , par les Joins de ce Mo
narque qui a envoyé dessecours
considerables de Troupes en Can*
die contre les Turcs. [ 166S.
166y. ] ft) employeses forces de.
Mer contre.eux [1670. ] Il a
tefiab fy lexercice denofire Relu
gbn dans les Villes Herretiques
d'Osfy, de Rhimberg, de B u -
fi h ,dVtrech., (g^c. [ 1671.
de Geneve en 16S0. fê) de Stras
bourg en 1681. Ce Prince trespieux
a rtmis en p'ojfcjfion de la,
Garde du S. Sepulcre les Relï*
H MERCURE
gieux de S. François t677, $
leur continuéfa proteêiion Roya
le ses liberalits^ dans toute
la, Terre Sainte. Il a émt au
Roy de Ferse enfaveur des Ca
tholiques , (dr en a obtenu tout
ce qu 'il a demandépour nos Mf
fionnaircs^ Les grandes Con
versons quil a procurées dans
le Royaume de Siam , g) dans la
Chine depuis plusieurs années >
ï Edit de 1681. qui deffènd a ses
Sujets de quitternoftre Religions
g) cet autre de 1683. qui oblige
les Idolatres qui renoncent a
leurs erreurs , d'embrajfer la
Communion Romaine ; En un
[
mot ce qu 'il a ordonné ( ifâçy
pmr le, rejUblijfement des Eglifis
g) des Fresbiïeres y @J ce'
\ Mmdcment pourfaire observer
la, modestie cUns les Eglises ,i
14S6* tout cela ne montre t il
pas la vcritableYxçxè de LOVIS
JLE GRAND .<? Ajouflons , quaprj
la Conversion volontaire ft)
libre de plus de fíx cens mille A~
mes reunies à l Eglise Catholique'
depuis plusieurs années , que le
zgle , les Joins charitablesfs gj.
les belles Ordonnances du Roy
les sollicitent à se convertira it
a revoqué L'Edit de Nantes ,
jait abbatre tous les Temples des>
Janvier 168 j. K
(S MERCURE
tìuguenots.., g) ab&ty s Heresie1
áxns fin Royaume , W me attûée
, ce quejer PredeecjsetìTsna-
^oknt pas fait pendant plus
d un fiede : hissant a lapoflcrite.
un bel exemple dont le Duc de
&&wye u le premier Jùivy les
traces. Ces grands services ren
dus à lEglîJi ijans parler de
ceuxqxtin atteted, prouvent que
LOUIS XIV. est le plus
Pieux de tous les Monar
ques. • l"4 1 '' " \';
C'est pour 4'es grandes Vetttts
du Roy , que "Dieu l a. comblé
d'un jufte Bonheur , en hy .
.l . i rjr. A\\
galant: ef
donnant une nombreuse Pò/fe-
" rite. Heureux dans ï Alliance
qu'il a faite arvec une Keyne parfaite
& remplie des graces du
Ciel : heureux dans un Fils incomparabie,
&dansjfon Augufie
Epwíjc : heureux enfin dans un
Frere félon Jon coeur , & dans
tmdxfíFAmilk 'Rijyalequil <voit"
entierement devoiiee ajonservi- .
ce. Ses Mìnifirts font vigilans, ,
ecíaire^ &fidelles ;Jòn Rojaume '
flwiffìnt Jh Armes' invin
cibles, il eft cbery de fort Peuple, :
estimé de. toute la Terre , & par
tout Vííforieux, Ainfì lors que '
*vsHt ditçs €pue les Defltns jòntr
68 MERCURE .
pour luyjans contrainte , que
cefiparce qu'il a enchaîné laVortune
qu'il efi le plus Grand des
Rois , reconnoijfez. en mefme
temps que cefiparfa propre ver
tu qu'il efi leplus Grand de tous .
les hommes. Voila lafeule raison
pour laquelle Louis XIV. est
ie plus Heureux de cous les
Monarques de la Terre.
ll ne peut s'arrester dans la
belle route des Heros ; ce Prince
Magnanime , nmrry dans le
sein de la Victoire. Ses Ennemis
me/me avoâent qu'il ne fe con
tente pas de marcher le premier
GALANT <9
k la tefle de ses Armées , mais
qu'il les mene en personne au
Combat & a la VÏBoire , d'oà
vient qu'il efi plusbefiin de le
reunir que de l exciter. Sa Vail
lance ne nous fit-eUe pas une
frayeur fans pareille , lors quaprés
s'estre exposé à mille dan
gers , & a des fatigues inconce
vables au Siege de Dunquerque
[ 1658. ] il demeura luy seul in
trepide pendant une dangereuse
maladie qui defcfyeroit toutjòn
Royaume ? Pouvez.- vous Jans
admiration & fans larmes pen
ser avec quelle grandeur dame
LOVJS a souffert fa blejfure
7o MERCURE
dux. Septembre 1683. & une
Operation accompagnee de dou~
leurs aiguës ? [18. Nov. 1686. ]
Suive^ ce Vainqueur en Vranchc-
Comté qu'il prit luy.mcfme
en dix jours au milieu de iHy.
ver: & en Lorraine qu 'il fou
rnit en peu de jours, îl a conquis
en petfinnc fiixante-ánq
Villes en deux mois , fortifiées
dans l&endué d on%e Provinces;
M ifirich , que l<m efitmoit im
prenable , en tre ize jours z & les.
années /ùivantes, Valevúenmsy
Gand , & Tpres. Assiegeant U
Ville de Bouchaïn ìm 1676. les
Armées des Confederres tenteGALANT.
71
sent le secours de cette Place.
Le Roy aÛa au devant , leur
prtfenta la Bataille qu'ils evif
terent par U fuite. Voulc^wous
d autres Victoires rempotréesfar
Terre par L OV I S LE
• G RA N D , .<" Je <vom rapporte
les principales. Ce font les Ba
tailles ou Combats des Dunes le
14. fuin 1658. de S. Godart au
p&Jfage du Raxb en Hongrie le
premier Aoufl 1664. En 1674. de
Zein?ein , de Molsheim , de Se*
n ef contre trois Armées , d'Emf
heim , dans laquelle vingt mille
François défirent trois Arméet
defiixante &fex miUe hommes>
7& MERCURE
commande^ 9 par vingt Princes
Souverains , ou de Maison Soumeraine-,
de Mulhaufein ën 167^.
de Turshcin , apres laquelle les
Csnfedere^ furenf chajfcz^ , &
contraints de repasser le Rhin..
En 1677. lonziéme Avril .celle
de Cajfel, remportée par Son Al
tesse Royale ^ quï defit les Espa
gnols (dp les HoUàndois , mmmande^
pçr le Prince d'"Orange,.
prit enfmte*Sa}rit Orner. Lés
Batailles d'Mpoûille en Catalo
gne , de la SeiÛe, & dAufembourg.
Le Combat du Pont- a-
Mmjfon^ de Koquerberg^outre
vingt-cinq mille hommes perdus
par
GALANT, .71
par les Allemans dans le Cam
pement de Mouron. En 167g.
les Combats de Rheinsfeld le 8.
Juillet , & de Saint Denis le 14.
Aòufi. En 1684. le 16. May le
Combat de Pont . Major , au
pajfige dei la Riviere de Tur. Re.
iconnoijfeç^ donc que U Vaillan
ce duRoy ta rendu leplus grand
Conquerants qu'un concours fi
heureux de tant de Vertus Mo
rales & Politiques \ prouvent
invinciblement que L ou is XI V.
£st çeluy que vous devez esti
mer le plus Grand de tous les
Monarques de la Terre.
Dans le grand Quadre aux
Janvier 1687. G
74 MtkteOKl
deux coffe2 des Theses ©a
Conclusions historiques &
politiques ,sont marquees les
principales ; Conqu'istòs du
Roy selon Tordre dèsanne'eS}
afin qu'on puíílê1 les> tròuvéV
tout d'un corjp,^d%ríè feuX
le veuë , 4en lisant ' tes autres
Actions de ce Prince Cha
que coríjdueste k *fir titèfrífue
pour en> c1>n'si$ïfteM£
tion selón la "Geographie,,
cela se trouve eitpîîqué dans
un Cartouche poï^itfus 'le
Quadre. *^\^r^h
.. .GÀLAKÎV 7s
Pour cottuoifire la situation
des Cottquefies. ,
A AtVòîè^' Cornu, eles JPtys '-ba*
Catholiques. : v; v^,«»'.> '
.'.'Akace ; : ':£attáptèvi4Ì^ iÀBemagne.
. . ' '."'O '
B Brabant1; Dùchí «M&$sÌ>at
Catholiques.
C GleVes'; ^u^ìenlÂneriapie.
f Cologne „ EleBorar^ .en Àlle~
Magne. ' . -* 1
F Flandres, Comté desPJy:-ha.t
G Gueldres , 2>«^ , deiProvïh-
. ces-y^ìes.. , ij^.n-'. ! ? .
IjF HàìnVùt, & ktyi ú*
3J" Cathotîquês. 4t"
G ij
j4 MERCURE
h Hollande , Comté , des Provin
ces-Unies.
L Liège* Principaute , £Attenta-
,gne. ^ x- .> "WïjK
\ Luxembourg, Duché, des Paysbas
Catholiques.
N Namur, Comté , des Pays-bd*
Catholìquts. .'. ...'>' •
O Owerissel , Seigneurie, des Pro
vinces. Unies.
P Palatinat , Eleïlorat , en AUemairie.
:' .£, : J
V Utrecht , Seigneurie des Pro
vinces-Unies. . ; ... ,4. ../'.f
Z Zutphen , Comté , des Provin
ces.Unies, i •.;
Ces seize Provinces ont esté
le Theatre le plus ordinaire
des Conquestes de Louis lk
Grand, quov qu'il cn ait
GALANT. 77
fait beaucoup dans plusieurs
aurres Provinces , qui font
marquées à la fin de chacune
de ces Villes. Ainsi Ton trou
vera peut. estreaíïèr d'utilité
dayotrenïì peu d'espace les
principales Conquestes, lan,
née quelles ont esté faires,
& le Païs pu elles font situées.
Trinàpdes Conquestes du Roy*
Dunkerque. F
Gravelines» ;'" F
Oudenarde. F
Menitì. F
Ypres. F
Comm.ines. F
Grammoat. F
Giìj
78 MERCURE
Dixmude. F
M or tare v Duché de Mitau , en
Jtaïiey \"
1663.
Marûl , en Lorraine.
"... : ."s t&7> . \
L.a Bassée. F
Conde. H
Charle.Roy. . iH
Bergues. > ' ' ' B
T.Huruy. .'. .?. .. V F
AcH, . H
Doiiay. ...I.'...' 'I'- í?
.F urnes. '.. . W
Çourtray. ^ ' |?
Oudenarde- p
Lisle. .fr
.^.lost, deux fois. .• m. . F
Árrnentieres. > ,. , ' Jf
GALANT. 19
.y léóS.'
ècíànçon. . .. . ,~ sf.v . K S
Salins.' • . »
Dole. ' I»
Grais. u O
Chasteau de JoujíVj...:. ^ |
Fort Sainte Anne. >-
£t toute la Franche-Comté. . .
Pont-à.Mousson. ,„ ,y., . \\
Çpinal, Nancy , & toute la Zar*
, rainer
fpngres. . j,,7/L
Weifet. . X
ltfascik. Mjv.'vk
Sjtuar.. . ^ 3. I*
Fsluquemont,,D«^.^ Zifpktìur£.
flLhimberg. v t
jfurìck* .r....;. Ç
G iiij
8o MERCURE
Weícl. • } C
Rées , & son Fort. >:!; C
Fort de Lippe , enVvestfhalie.
Emmeuk. ;:.v ì,- G
Locken, '1 Z
Bvoí kelo. Vvtfifhalìe; >
Grool. * ,: ' Z
Doëtkum, >ír Z
VHrz. ' Z
Brtwoort. ' ' ^.^ 2^
H. sselt. c V . • O
Ommetij .. ''.'• O
Kemperi. O
Zwol. ?- >.••v^:/.|"0;.
Deventer. ' r-:
Zûtphen. H : > . . ' Z
Óoësbourg. ». ' > Z
Fort deSkeink. . ''".rí"'.»>: f
Utreicht. •
Mu'íden. .;:>.''-í\, fc:
Naërden. ••' ' h
GALANT. 8t
E&ourg. . G
Harderwick. >ì . G
Hattettî'ï *ì>♦ ï ..• .. t '>'»*.. ' . G
Amersford. A
V^oërden. h
Oudewarer. %, \v. . ' h
Arnheim. G
Vianem. ~>«t : Ja
W"agcninghen. G
Rhenéen. j:> V
Duëstede. V
'Wic... Duché de Zimècurg.
Knotzeiobourg., *. F
Les Forts de Saint André & de
W'orms. i G
Isles de Bomel & du Betwe, G
Creveeoeur. " : B
Nimegue. ' G
Grave. st
Genep. .<..'.. C
Bodengrave* .> ' 'h']
82 MERCURE
1673.
Mastreick. : '
Tout le Comte de la Marek. ' ? . '
Salins. Sf
Principauté de Lure. »*.
Chafte'au Sainte Anne.
Fauconnié , & toute la Franche-
Comte'. • •'' fj.í
<îermeinsheim. .? P
Duren. ^ Ì..t ; '>> >• 'P
Heiníberg. .'»»'•»• *v p
jpinnick. .'Jwt...i:;:^p
Citadelle de Lieo.e .n...O
.-l^: O » *
Trêves , A'Jemayie.
1674. .
TJinan.
Huy, L
GALANT. 8?
Limbourg y Duché.
F^rt de Monivic Cataleyte.
Augusta , en Sicile.
167$,
Fort de Link. F
Condé. .' H
Bouchain. H
Aire. A
Builloru £•
Tôrmiuna. j >
S.aletta. a?
La Croix. .... £s
Savoca.
Ficumedcntsi.
Fort &Iflc de k Caïenne , dans
tAmerique.
Valenciennes. H
Cambray , &; .& Citadelle. H
Saint-Omer. A
Fribourg.. :.. . .i
8+ MERCURE
ChasteaudeBoslu. s']\ .x > H
Saint Guillain. H
Sarbruk. Lorraine, ...r;
Forts de Tabago & d'Orange.
Amerique. . - \%,;\\
1678.
Fort Rouge.
2s.ores, .v,..)..,.: F
l'uycerda. Catalogne.
... > «
Fort de Kiell. , a
Kampen.
Landav, & le Chasteau de Lichtemberg^
»^//^
apte.
Aix-la Chapelle , & tout le Du.
ché dejuliers excepte la Ca
pitale. i,»C:L Vïlì :.
Nuis. .. ., , .." ^
GALANT 8c
1680.
Chademont. fss
Hombourg , Frontiere du Palàtinat.
;
Virton. JBaillages du
Chin y. Luxembourg,
Enchimont. L
Strasbourg. a
E/CazaI , Italie , en me[me jour. :
1683.
Courtray, p
Dixmude.. ' \ . • ; p
1/84.
Luxembourg. L
Cap-de-Quiers , en Catahqnt. .
réunions.
Fumay. j_j
Le Comté de Rochefort.
Le Marquisat d'Arloh. :' >
Herbemonk ,.,'.'
Urbu.
fc< ME&CfJRE
Orchimont.
Revin.
fiastoine. , > r
La Roche. rs '".lV *
HofFalize, ' ' r
Saint Hubert,
Marche-en Famines : >
Ì.c Neufchateaiu •',' .,,v.
Echternach.
L i Principauté de Sálm,êcci. dam
le Luxembourg. 1
Et les Comtez de Morîçbe'íará^
&íde Sponheim, en A ema<gn&.
LesColomnes,Jçs Pilastres,
& les Feítóns font ie^idrtïs de
cinquante.'huit revérs de Medailles,
qui font autant d'Ins
criptions qui rna&qttent seloû.
Tordre des années y les prihl.
GALANT. 87
cipales Actions du Roy, qui
n'ont pas esté compriiès en
particulier dans les Thèses.
On va les rapporter íuívanc
qu'elles font disposées.
I i! . . J . . ,.l 1 . . . ì
..t.4.; Çharrìhre de Justice, pour
rétablis l'oirdrQ daìis les Finan
ces, 1658. .•..:,/.'. í { ,
ì. Edit contre.Ies Duels , Kjj?.
3 . Les Rois de France & u'ÉC
pagnes voyemt ] & fígntnr la
Paix le 7. Novembre 1659.
4. AccruiíìtiondeDurikerque,
ì'66l. . .Jt*. />'[ ri: 'i . .. , ií í '.
. . 5. Le Roy d'Espagne cede la
préséance â 4a France , & le dé
clare le 14.. Mars 1661. ; r-'
Alliinjce/renouyellée avec
les Suisses j 1663. >; .
88 MERCURE
7. Protection accordée au
Comté de Venaiflìn , 8c à Avi
gnon ,1663.
8. Etablìílement da CommerJ
ce aux Indes , 1664.
9. Piramide élevée á Rome,
Íîour faire satisfaction au Roy de
Iníûltede la Garde Corfe,i<?64.
10. Satisfaction faite au Roy
par le Legat , 1664.
n. Victoire far les Corfaúes
d'Alger, St deTunis, , '
ïì. Grands Jours en Auvergne
pour la Justice, t66$. .
13 .Protection donnée aux Hollandois
contre l'Evefque deMunr
ster &: contre 1 Angleterre, 1666.
; 14. Paix entre la France & Jes
Algeriens, 1666.
„ 15. Paix de 3reda avec les Anglois>
i667. >.r^v.,.:.
16. Les Procedures detruites.
'par le Code » 1667.
17. Paix d'Aix-la- Chapelle ,
166$
iff. Secours de Candie „ r66&.
1669.
19. Le Roy visite ses Conqueftes
, ^70. & 1683.
zo. Le Roy fait fortifier & vi
sité ícs Conquestes , 167s,
11. Les Hollandois forcez ai»
Poste A'AmtidéttyVÍJxi. '
xi. Secours jetté dans Meflîhe
aprés 'la déraite des Ennemis ,
Février 1675V'"
~ 13 . Desunion de s Considerez „
1^78..
24. Les dix Villes imperiales;
d' Alsace prestent ferment de fi»
delité au Roy, 1679, .
. zf. Protection Sc secours don-
Janvier 1687. H
90 MERCURE
nez par Sa Majesté aux Rois de
Portugal,.i668. & de Suede 1679.
16. Les Corsaires de Tripoli
featcus ,.puis défaits jusque dans
le Porc de Cíik>: ce qui allanne le
Turc, Juillet 1681.
27. Les Villes dq Strasbourg ,
& de Gazai soumises au Roy, le
30, Septembre 1,681.
' r8. Paix de Maroc , & de Salé,
Decembre 1 681.
29. Alger foudroyé , Juin 1683.
„ 30. ìì.Decembre Luxembourg
foudio^i, 1683.
: 31. Les Vaisseaux d'Alger b rir
iez à Sarcelles i68ì. &: ces Cor
saires battus plusieurs fois 1683,
, r Genes foudroyée, May 1684.
33 . La Vifle de Trêves déman
telee 6c punie , en Juin 1684*
34. Un de^ ûos vaisseaux Mar
ì ... ^<Ì:PlLM€Tì &
l .cèaods repris au milieu de treoie-
trois, autres , 1684.
35. Protection donnée à l'Evefque
de Lîege contre íés SujjSt4s»
l jtebfeljes,i^..;. ./' y\J
. 36, T rive de ,vipgj ans accor-.
dée. à 1 Éuto,pe par le Roy, r 68 4».
. r. #8. .TîripQ)!! foudroye v .en Jaít»
*' ' p. ^Amrjassá^eû/dé Fránce"
-e&ftent le Sopha à An^rinople
p "áeî^'r^ction de i'Hétesie par tour
ic Royaume , 168'5.
?'-.4^ JLe^avf doàne jdfifîsecowiîs.
sw&ugí.de^ayojfc^r }'>£>o.&~
92 MERCURE
tiort del'Heresie dans sesEstats^
6c afin de reduire les Protestans
rebelles des Vallées , 1686.
Les deux precedentes In£. ^
criptions ont esté pôiëes íùr
lc Piedestal de chaqu c Co
lonne , pour montrer que U
Base & le fondement des
Actions de LOUIS LE
G RAND » cest ta Reli
gion. Les Festons n'estant a~
joûtez que pour TornemenÊ,
l'on a crû qu'ils fefoient trespropres
à porter lés' Médaif- \
les qui contiennent les NaiC
sances , les. Mariages , & les
autres eVenèmens de cette
t ' > .
>
GALANT. <x
forte , qui sont afïèz souvenu
representez par Les Fleurs.
Cette précaution ne déplaira
ï pas aux personnes exactes ,
.qui auroient peut.eftre trou,
vé à redire qu'on eu st meílé
ces faits avec les autres..L'on
n'.a pas eu de peine à se re
soudre à eette separation. Il y '
a tant de belles choses à dire
du Roy , que nous ne /òmmes
pas reduits à la necessite'
d'établir les louanges de ce
grand Monarque fur des efl
rets étrangers. Ainsi Ion a
piis sa Naissance t son Maria
ge, les Enfans qu'il a eus,noa
£4 MERCURE
'pas pour en faire des~ siijets
d'Eloges , mais pour donner
plus; d'osnemeint À cet; Ou
vrage ,ôc a;5n de ne pa& pri
ver ies curieux de ces remar.-
.ques , quirait paru ,de con&-
,rjuencfi. . J \ìs:ìïûy\,i.ï
v> i r : . j '''; >.i ' r,. t
43. Naissancedu Roy, aonae.
. heures avant Midy le Dimanche
5. Septembre' 1638. '* ' .
44 . Le Roy déclare : Ma^Xir te
Jeudy 7.. Septembre tápJ ' i'.'ísí
^ 43., Sacre, du Roy; ;à;R4injï§ £e
"Dimanche 7. Juin .f4f4, j
46^ Mariage *dú Roy te 3. Juki
1660,
47. Naissance de Mouseigiíeur
GALANT. 9Y
k j4^. Naiííànce de Madame" Eli!
zabethde France yle Samedy.r8V
Novembre 1662.,
. 49. Naissance de Madame
Marie Anne de France , le Di
manche 16. Novembre 1664.
50. Naissance de Madame Marie-
Therefe de France , le Di
manche z. Janvier 1667.
51. Naissance de Monsieur Phi
lippes de Bourbon Duc d'An
jou ,1e Dimanche 5. Aoust 1668.
52. Naissance de Monsieur
Louis-François de Bourbon,Dut
d'Anjou ,1e Mardy 14. Juin 1672.
5J. Mariage de Monseigneur ,
le 28.|anvier 1680.
. 54. Naiííànce de Monseigneur
îeiDtrc de Bourgogne , lejeudy
S. Aouft i8f*. ».
íSíaiQàmae de iMxsrièigneu*
oá MERCURE
le Duc d'Anjou , le Dimanche
19. Décembre 1685.
56. Naissance de Monseigneur
le Duc de Berry , le Sastiedy 31.
Aoust 1686.
$7. Mariage de Madame h
Princeíïê de Conty , le 16. Jan,
vier 1680.
58. Mariage de Madame la Du.,
chessí de Bourbon , le 14. Juil
let lé86v
Voilà un petit crayon du
plus beau Portrait qui fut ja
mais. Si lan trouve que quek
que chose y manque , Ton
fera reflexion que ce n'est icy
qu'un abregé r qui n'a pû
contenir tout ce que le Roy
a fait de grand depuis vingthuit
... GALANT. 97
huit ans. On auroit bien vou
lu marquer tant d'Illustres,
qui ont eu part aux actions
héroïques qui font aujourd'huy
l'admiration de toute
la Terre ; mais l'efpace d'une
These nous borne , il faut se
reserver pour un plus grand
Ouvrage que l'on médite , &
qui renfermera l'Histoire de
nos Braves aprés celle de leur
Auguste Souverain. Nous ne
craignons pas d*y marcher
fur 'lai mesme route que les
autres Auteurs. Celle que
nous suivrons fera nouvelle;
& c'est un bonheur de vivre*
fanyitr 1687*
98 MFRCURE
íous un Monarque, dont toui
tes les démarches sontautanc
<le miracles ; & qui occupe
tellement les Historiens, que <
quelque foin qu'ils aportent ,
ils laiíïèront encore beau
coup à dire pour ceux qui
ecriront aprés eux.
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Résumé : Description entiere d'une These qui contient toute la vie du Roy. [titre d'après la table]
Le texte présente une thèse dédiée à Louis XIV, rédigée par un auteur ayant minutieusement recherché la vie de ce monarque. L'ouvrage est décrit comme unique et incompréhensible sans une application zélée. Il couvre les principaux événements du règne de Louis XIV à partir de 1658, évitant de remonter plus haut pour ne pas se copier sur d'autres œuvres. L'auteur inclut des médailles symbolisant les vertus du roi, telles que la force, la gloire, la modération, la piété, le bonheur et la vaillance. La thèse est soutenue par une table d'attente avec des ornements architecturaux et des trophées symbolisant la clémence du roi. Les quatorze thèses ou conclusions de l'ouvrage répondent aux médailles et prouvent chaque vertu ou attribut du roi. Le style de l'ouvrage est particulier, utilisant des expressions poétiques et des libertés pour rendre les propositions courtes et fermes. L'auteur utilise des chiffres pour marquer les jours et les années des événements, offrant une chronologie utile au public. Les questions et conclusions abordent la sagesse, la clémence, la justice, la magnificence et l'amour du roi pour son peuple. Louis XIV est présenté comme le plus sage, pacifique, juste, magnifique, libéral et aimable de tous les monarques. L'ouvrage se termine par une réflexion sur les actions bienveillantes du roi envers son peuple, soulignant son dévouement et son amour pour la patrie. Le texte décrit également les exploits militaires et les réalisations politiques de Louis XIV. Il mentionne des conquêtes telles que celles des Iroquois, des Algériens, et des corsaires de Tripoli, Maroc, Tunis et Majorque. Louis XIV a imposé ses lois à des places importantes comme Strasbourg et Cassel. Ses victoires navales incluent des triomphes contre les Anglais en 1666, les Hollandais en 1672 et 1673, et les Espagnols en 1676. Il a également construit des infrastructures majeures, comme le canal reliant la Méditerranée à l'Atlantique et l'aqueduc de Maintenon. Sur le plan intérieur, Louis XIV a établi des compagnies de commerce et des manufactures pour stimuler l'économie. Il a renforcé la sécurité à Paris et dans les provinces frontalières par la construction de citadelles. En matière de religion, Louis XIV a promulgué des édits pour défendre la foi catholique, comme l'édit de 1681 interdisant aux sujets de quitter leur religion et l'édit de 1683 obligeant les idolâtres à embrasser la communion romaine. Il a également révoqué l'Édit de Nantes en 1685, mettant fin à la tolérance envers les protestants. Le texte mentionne également les alliances et les relations diplomatiques de Louis XIV avec divers souverains. Ses victoires militaires incluent des batailles comme celle de Haguenau en 1674, Augsbourg en 1675, et la prise de Strasbourg en 1681. Enfin, le texte énumère les principales conquêtes territoriales de Louis XIV, incluant des villes comme Dunkerque, Gravelines, et toute la Franche-Comté, ainsi que des provinces en Allemagne et aux Pays-Bas. Le texte présente également une liste de conquêtes, de fortifications et d'événements militaires et politiques liés à la France entre 1674 et 1687. Parmi les lieux mentionnés figurent la Principauté de Lure, la Citadelle de Liège, Trêves, Huy, Limbourg, et plusieurs forteresses en France et à l'étranger. Le texte détaille également des événements significatifs tels que la cession de la préséance par le roi d'Espagne à la France en 1661, la protection accordée à divers comtés et villes, et des victoires militaires contre les Algériens et les Turcs. Des alliances et traités de paix sont également mentionnés, comme la paix d'Aix-la-Chapelle en 1668 et la paix de Maroc en 1681. Le texte inclut aussi des événements personnels du roi, tels que son sacre en 1654, ses mariages, et les naissances de ses enfants entre 1662 et 1686. Enfin, il souligne l'importance de la religion comme base des actions de Louis le Grand et mentionne la préparation d'un ouvrage plus complet sur les actions héroïques du roi et de ses braves.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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25
p. 224-225
AU ROY.
Début :
Voicy un autre Madrigal sur cette mesme défaite. Il est / LOUIS, que vous imitez bien [...]
Mots clefs :
Louis, Europe, Guerre, Paix
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AU ROY.
Voicy un autre Madrigal
fur cetre mefme défaite. Il eft
de Madame des Houlieres.
AU ROY.
OVIS, que vous imitez L°bien
Cet Eftre indépendant dont vous eftes
l'Image"!
Comme luy, des Rois qu'on outrage
Vous eftes le vangeur & l'unique foutien.
GALANT 225
• Comme luy, vostre mainfoudroye
Ces coupables Mortels, dont les noires
Byfureurs
Ont mis toute l'Europe en proyes.
A ce que la guerre a d'horreurs.
Comme luy , rempli de clemence,
Quelque douceur qu'ait la vangeance,
Vons eftes preft à pardonner';
Etfur les bords du Pô‚du Rhin , &
de la Meufe ,
Vous ne les accable que pour les
amener
Par un prompt repentir , à cette Paix
heureuse ,
Que vousfeulpouvezleur donner.
fur cetre mefme défaite. Il eft
de Madame des Houlieres.
AU ROY.
OVIS, que vous imitez L°bien
Cet Eftre indépendant dont vous eftes
l'Image"!
Comme luy, des Rois qu'on outrage
Vous eftes le vangeur & l'unique foutien.
GALANT 225
• Comme luy, vostre mainfoudroye
Ces coupables Mortels, dont les noires
Byfureurs
Ont mis toute l'Europe en proyes.
A ce que la guerre a d'horreurs.
Comme luy , rempli de clemence,
Quelque douceur qu'ait la vangeance,
Vons eftes preft à pardonner';
Etfur les bords du Pô‚du Rhin , &
de la Meufe ,
Vous ne les accable que pour les
amener
Par un prompt repentir , à cette Paix
heureuse ,
Que vousfeulpouvezleur donner.
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Résumé : AU ROY.
Le madrigal de Madame des Houlières compare le roi à Ovide, le décrivant comme un justicier indépendant et vengeur des rois outragés. Le roi punit les coupables ayant plongé l'Europe dans la guerre, mais agit avec clémence et cherche à amener ses ennemis à la paix. Il exerce son influence sur les bords du Pô, du Rhin et de la Meuse.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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26
p. 351-376
Article qui regarde les Affaires du temps. Cet Article a esté fait avant que l'on sçut la situation des Affaires presentes. [titre d'après la table]
Début :
Enfin l'on ne doit plus avoir d'inquietude touchant la playe [...]
Mots clefs :
Maréchal de Villars, Ennemis, Flandre, Troupes, Campagne, Argent, Hollande, Nations, Guerre, Vaisseaux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Article qui regarde les Affaires du temps. Cet Article a esté fait avant que l'on sçut la situation des Affaires presentes. [titre d'après la table]
Enfin l'on ne doit plus avoir
d'inquietude couchant la playe
de Mr le Maréchal de Villars ,
devant eſtre à prefent reputée
comme guerie, puifqu'un pois
pourroit à peine y entrer prefentement , & qu'il pourroit fc
mettre en Campagne fi la neceffité le demandoit ; & comme ce Maréchal netefpire que,
la guerre & qu'il veut eftre en
cftat de bonne heure de fe
fignaler & de faire voir aux
Alliez qu'il n'apprehende pas
leurs menaces, il a tres certainementdonnéordre qu'on travaillaft à tous les équipages
352 MERCURE
& qu'on luy fift venir quantité de vin de Bourgogne.
Il fembloit que les Ennemis
le preparoient à faire quelques
mouvemens en Flandre , & Mr
le Maréchal de Barwick avoir
eſté nommé pour y faire une
tournée & pour les obferver ;
mais comme l'on a cfté informé qu'ils eftoient tranquiles
&quefa prefencen y eftoit pas
neceffaire , ce Maréchal n'eft
pas parti.
Mrle Maréchal d'Harcourt
eftant retombé en paralyfie ,
Mr Fagon l'a fait faigner , &
luy a fait prendre l'Emerique ,
GALANT 353
prétendant que cette paralyfie
ne vient point du dedans , &
qu'elle n'eſt qu'exterieure , &
par confequent point dangereufe. Ce Maréchal partit le
28. pour aller aux caux de
Bourbon & fon, deffein eft
de faire encore la Campagne
fur le Rhin ou nos Troupes
fontnombreufes, en boneftat,
& ne manquent de rien , ſuivant que les Ennemis le publient eux - mêmes tous les
jours , & il y a lieu de croire
qu'ils ne feront pas en eftat de
leur refifter , ny d'envoyer des
Troupes en Flandres & fur le
Fanvier 1710. Gg
354 MERCURE
Rhin , les Princes d'Allemagne
n'eftant pas payez des fubfides
que l'Angleterre & la Hollande font convenus de leur donner , & que ſelon toutes les apparences , ils ne pourront leur
payer encore de long- temps ,
l'argent manquant abfolument à ces deux Nations.
Je fçay de certitude par un
homme revenu depuis peu
d'Angleterre , qu'il a efté furpris en y arrivant , d'y trouver
le pain plus cher qu'à Paris , &
la rareté de l'argent encore
plus grande , & l'on ne doit pas
s'en étonner , les fubfides que
GALANT 355
l'Angleterre a payez depuis le
commencement de la guerre ,
toutes les Nations quiluy donne des Troupes ou qui font diverfion en la faveur , l'ayant
entierement épuifée , joint que
l'argent que luy coûte fes
Troupes pendant chaque cam
pagne , eft dépenſé hors du
Royaume, & que depuis plufieurs années l'argent en fort
fans qu'il y entre d'efpeces, tou
tes les Marchandifes que fes
Flotes luy apportent n'cftant
que pour l'ufage de fes Habitans.
A l'égard de la Holande,
Ggij
356 MERCURE
y a déja plufieurs années
que je vous ay marqué que
quelques Provinces avoient declaré qu'elles n'eftoient pas en
eftat de fournir aux frais de la
Guerre; ce que vient encore
de declarer la Province d'Utrecht . Je vous ay marqué auffi
y a long-temps , que la plufpart de ceux qui poffedoient
des Terres à la Campagne, les
ont abandonnées , les Taxes
qu'elles payoient eftant beau
coup plus fortes que les revenus qu'ils en tiroient ; & prefentement encore les Etats Genetaux viennent d'impofer
GALANT 357
quatre fois pour cette année
le deux centiéme denier fur
les Terres , les Obligations, les
Actions des deux Compagnies , les Rentes viageres , &
generalement fur tous les
biens qui y font fujers. Et
comme ce fond , quand mefme il feroit entierement rem
ply , ne fuffiroit qu'à peine
pour fubvenir à la moitié des
dépenses ordinaires &extraordinaires de la Guerre, il faudra
avoir recours à de nouveaux
emprunts ; mais le credit des
Etats ayant déja ſouffert quelques atteintes , tant par leur
358 MERCURE
derniere Lotterie qui n'a pû
eftre remplie que par la neceflité où ils le font trouvez
de donner leurs Obligations
en payement des avances confiderables qui devoient eftre
remboursées en argent comptant , il eft à prefent queſtion
de fçavoir s'ils pourront par
le moyen defdits nouveaux
emprunts qui font leur unique reffource , fuppléer à l'autre moitié defdites dépenfes.
Il eft à remarquer queceux
qui ont des Obligations de
l'Etat , auront de la peine à
trouver de l'argent fur ces
GALANT 359
•
Obligations, & qu'ils n'enpouront trouver qu'avec beaucoup de perte.
D'ailleurs , vous avez déja
fçû le pitoyable cftat où fe
trouve aujourd'huy la Marine
d'Holande ; qu'il eft dû beaucoup aux Capitaines qui ont
avancé , fuivant l'ufage du
Pays , tout ce qui a regardé
depuis long- temps l'équipement de leurs Vaiffeaux, & qui
n'ayant plus dequoy y fournir,
demandent ce qui leur eſt dû,
& que l'on paye toutes les
fommes qui font neceffaires
pour mettre en Mer cette an
360 MERCURE
née , moyennantquoy ils s'offrent de fervir , l'impoffibilité
eftant entiere qu'ils puiffent
fervir autrement.
Au reste , les dernieres nouvelles d'Amfterdam portent
que la plupart des Negocians
voyant chaquejour leur Commerce déperir , & le rifque
qu'ils courent d'eftre entierement ruïnez fi la Guerre continue , n'ont plus la mefme
opiniaftreté qu'ils avoient à la
continuer.
Il eft aifé de juger par tou
tes ces chofes de l'eftat our fe
trouve la Holande , & qu'elle
ne
GALANT 361
ne peutabfolument continuer
la guerre beaucoup de temps.
Je reviens encore à l'Angleterre , qui par les fonds accordez par le Parlement pour
la Campagne prochaine , pretend éblouir tout le monde;
& en effet rien n'eft plus ébloüiffant que les calculs de
toutes les fommes que le Parlement accorde ; mais fans
entrer dans les détails & dans
l'impoffibilité qui fe trouve de
les lever tous , quand mefine.
l'Angleterre feroit dans l'opulence , il eft certain que quand
tous les Anglois feroient por
Fanvier 1710. Hh
36 MERCURE
tez à fournir ces fommes , la
rareté de l'argent qui eft au
jourd'huy plus grande en Angleterre qu'en aucun autre lieu
de l'Europa, en empefcheroit,
& que le Proverbe , qui dic,
Perfonne nedonne ce qu'il n'apas,
eft veritable. Elle doit des
fommes immenfes à Monfieur
le Duc de Savoye , qui n'eft
pas un Prince à attendre longtemps , craignant que le boul
verfement des Affaires ne luy!
fift perdre ce qui luy ´eft dû ;!
ce qui n'embaraffe pas peu les
Anglois.
Quant à ce qui regarde la.
GALANT 363
France , elle renferme des
fommes immenfes qui font
cachéos , & l'abondance y fera grande lors que l'on aura
trouvé les moyens de les faire
fortir des mains de ceux qui
les gardent avec tant de foin ;
& pour n'en pas dourerazil
n'y a qu'à fe fouvenir que da
derniere reforme eftoit de fix
cens millions ; ce qui eft un
fait inconteftable , & qu'on a
reconnu lors qu'on a donné
coursà toutes les efpeces reformées & non reformées,
qu'il y avoit un tiers de l'argent du Royaume qui n'avort
Hhij
364 MERCURE
point efté porté à la Monnoye pour eftre reformé ; &
ce qui obligea de leur donner
cours , fut que l'on trouvoit
tous les jours des fommes
tres confiderables fous les
fcellez faits chez les perfonInes qui mouroient , & j'en
pourrois rapporter pour plu
fieurs millions , fi je voulois
nommer ceux qui n'avoient
pas fait reformer leur argent.
Il eft auffi entré en France
plufieurs millions depuis que
Monfeigneur le Duc d'Anjou
a pris poffeffion de la Cou
ronne d'Espagne , tant parce
2
GALANT 365
qu'elle lui appartenoit , que
parce que Charles II. l'avoir
reconnu pour fon Succeffeur.
Tout cet argent n'y est pas entré par le Commerce que les
François ont fait au Perou ;
mais par les grandes depenfes
queles Eſpagnols ont faites en
Francepour foutenir la Guerre
las France leur ayant foutny
des Armes , des Draps &
quantité d'autres choſes neceffaires à la Guerre. NosModes
font auffi caufe que les Efpagnols ont acheté beaucoup
de chofes en France & plu
ficurs qui ont eu des Emplois
34
Hhij
366 MERCURE
dans le Perou , d'où ils ont
raporté de grandes fommes ,
& qui ont demeuré affez longtemps en France , &fur tout à
Paris , y ont fait de grandes
dépenfes , enforte que lorsque
tout l'argent caché commencera à voir le jour , on verra
plus dedouze cens millions circuler au lieu qu'il n'y a pas aujourd'huy dans le Commerce,
200. millions de nouvelles ef-
< peces qui font tout l'argent qui
circule dans le Royaume. 1
A l'égard des bleds , il fufit
qu'il ait commencé à entrer
dans le Royaume pour que
GALANT 367
Fabondance s'y trouve bien
toft , & pour engager les Ufuriers à mettre en vente ceux
qu'ils tiennent cachez , &d'ailleurs comme il paroift que la
srecolter doit cftre des plus
abondantes , on ne manquera
bien- toft plus dans le Royaume ni d'argent ni de bleds.
Mrs de l'Academie Françoi
fe s'eftant affemblez felon l'ufage , quarante jours aprés la
mort de Mr.de Corneille , &
de Mr le Comte de Crecy pour
nommerceuxquidoivent remplir leurs places , ont choifi Mr
le Prefident de Melmes & Mr
368 MERCURE
l'Abbé Oudart de la Mothe,
connu par plusieurs ouvrages
de Theatre & par le beau Ree
cueil d'Odes qu'il a donné zau
public , & qui a reçu un aps
plaudiffementgeneral . Il a rem
porté ſept ou huit Prix del'Academie de Toulouſe , & deux
ou trois de l'Academie Françoife , oùilaleu l'avantage de
parler plufieurs fois & de faire
des Remerciemens à ce fçavant
& illuftre: Corps.
Mrle President de Melines,
diftingué pár fon nom, par ſon
efpriti & par fes dignitez elt
entré par detteb nomination
CALANT 369
dans un Corps ou l'on atoujours vû des Cardinaux , des
Evêques , des Ducs & Pairs &
des Miniftres d'Etat. Ainfi l'on
peut dire qu'il n'eft pas déplacé.
Je dois ajoûtericy ce que j'ay
oublié de vous dire dans 1 E.
loge que j'ay fait de Mr de
Corneille ; fçavoir , que fon
grand travail , & fur tout le
grand nombre de Livres & de
Memoires qu'il a cfté obligé
de lire pour compofer les cinq
Volumes infolio qu'il a donnez
au Public , luy avoient fait perdre la vûë quelques années
370 MERCURE
avant,fa mort; que fon Eloge
aefté fait par un Aveugle, &
que fa place a efté remplie par
unautre Aveugle qui doit faire
auffi fon Eloge le jour de fa res
ception.
Avant que d'entrer dans
Article de la Marine dont
j'ay beaucoup à vous entrete
nit , je dois vous dire que ce
Corps qui a toujours fait honneur à la France , & qui dans
les temps les plus difficiles a
toujours tenu tefte en mefme
temps aux deux Nations qui
pretendent à l'Empire de la
Mer, & qui ne font riches &
GALANT 37£
celebres que par leur Com
merce ; je dois , dis-je , vous
dire que ce Corps , qui tous
les mois fe rend fameux par
un grand nombre de Prifes,
d'actions éclatantes , & de
Vaiffeaux Ennemis pris on
coulez à fond , va malgré la
rareté d'argent qui ſe trouve
aujourd'huy prefque chez tous
les Princes de l'Europe , recevoir une fomme confiderable,
MrleComte de Pontchartrain?
ayant trouvé des expediens
de luy en faire toucher fans
qu'il en coûte rien au Roy.
Je paffe à la fuite des Expe
372 MERCURE
ditions dont je vous envoye
unJournal tous les mois beaucoup plus circonftancié que
celuy que l'on trouve dans plu .
fieurs nouvelles publiques.
De Cartagenne du Détroit
le 25. Decembre.
Mrle Chevalier de Norey,
Commandant les Vaiffeaux du
Roy le Rubis & le Trident, fic
rencontre le 19. Decembre,
eftant Nord & Sud d'Alborand, à 5 ou 6. licues de.
la Cofte d'Espagne , de deux
Vaiffeaux de guerre Anglois,
l'un
GALANT 373
l'un de 70. Canons , & l'autre
de cinquante - quatre fous le
vent Mr le Chevalier de
Norey, quoy qu'avec des for.
ces inégales , attaqua ces deux
Vaiffeaux à demy portée du
moufquet. Le Combat dura
depuis dix heures du matin juſqu'à deux heures aprés midy,
•fans qu'il pût les aborder , &
il en fut feparé par les Courans en forte qu'ils furent
obligez de faire route à Gibraltar , n'ayant que la Mizaine & le Petit Hunier, & la
plufpart de leurs Equipages
eftant tuez ou bleffez. Mr de
Janvier 1710.
I i
374 MERCURE
Norey n'a eu que 29. hommes hors de combat. Mr du
Vigné , Lieutenant de Vaifſeau , y aa efté tué ,,
ainfi que
Mr le Chevalier de Caftelanne
Enfeigne , qui fervoit fur le
Trident.
Mr Robert Leguillon, Commandant la Barque Longue la
Revanche , armée à Calais , y
conduifit le 4. Janvier un Bâtiment Anglois , chargé de
5oo. barils de beurre , & de
200. barils de boeuf fallé.
Lemefme Capitaine a auffi
débarqué une rançon de 100.
livres sterlin.
GALANT · 375
Le Capitaine Louvet qui
monte la Barque la Toifon , a
pris un Navire Anglois , chargé de 136. Caiffes d'oranges
aigres , & de 8. Caiffes de citrons.
Le Capitaine François Polu,
Commandant la Triumphante,
& Jacques du Pleffis qui monte la Revanche , ont pris un
Dogre Hollandois.
Le Capitaine Marc- Tefte,
Commandant la Barque le
Comte de Brionne , a apporté
pour 2000. livres de rançons
Angloifes en efpeces.
François Bachelier , ComIi ij
376 MERCURE
4
ATM
mandant le Dogre le Prompt,
a amené une rançon Hollandoife de 1600. florins
d'inquietude couchant la playe
de Mr le Maréchal de Villars ,
devant eſtre à prefent reputée
comme guerie, puifqu'un pois
pourroit à peine y entrer prefentement , & qu'il pourroit fc
mettre en Campagne fi la neceffité le demandoit ; & comme ce Maréchal netefpire que,
la guerre & qu'il veut eftre en
cftat de bonne heure de fe
fignaler & de faire voir aux
Alliez qu'il n'apprehende pas
leurs menaces, il a tres certainementdonnéordre qu'on travaillaft à tous les équipages
352 MERCURE
& qu'on luy fift venir quantité de vin de Bourgogne.
Il fembloit que les Ennemis
le preparoient à faire quelques
mouvemens en Flandre , & Mr
le Maréchal de Barwick avoir
eſté nommé pour y faire une
tournée & pour les obferver ;
mais comme l'on a cfté informé qu'ils eftoient tranquiles
&quefa prefencen y eftoit pas
neceffaire , ce Maréchal n'eft
pas parti.
Mrle Maréchal d'Harcourt
eftant retombé en paralyfie ,
Mr Fagon l'a fait faigner , &
luy a fait prendre l'Emerique ,
GALANT 353
prétendant que cette paralyfie
ne vient point du dedans , &
qu'elle n'eſt qu'exterieure , &
par confequent point dangereufe. Ce Maréchal partit le
28. pour aller aux caux de
Bourbon & fon, deffein eft
de faire encore la Campagne
fur le Rhin ou nos Troupes
fontnombreufes, en boneftat,
& ne manquent de rien , ſuivant que les Ennemis le publient eux - mêmes tous les
jours , & il y a lieu de croire
qu'ils ne feront pas en eftat de
leur refifter , ny d'envoyer des
Troupes en Flandres & fur le
Fanvier 1710. Gg
354 MERCURE
Rhin , les Princes d'Allemagne
n'eftant pas payez des fubfides
que l'Angleterre & la Hollande font convenus de leur donner , & que ſelon toutes les apparences , ils ne pourront leur
payer encore de long- temps ,
l'argent manquant abfolument à ces deux Nations.
Je fçay de certitude par un
homme revenu depuis peu
d'Angleterre , qu'il a efté furpris en y arrivant , d'y trouver
le pain plus cher qu'à Paris , &
la rareté de l'argent encore
plus grande , & l'on ne doit pas
s'en étonner , les fubfides que
GALANT 355
l'Angleterre a payez depuis le
commencement de la guerre ,
toutes les Nations quiluy donne des Troupes ou qui font diverfion en la faveur , l'ayant
entierement épuifée , joint que
l'argent que luy coûte fes
Troupes pendant chaque cam
pagne , eft dépenſé hors du
Royaume, & que depuis plufieurs années l'argent en fort
fans qu'il y entre d'efpeces, tou
tes les Marchandifes que fes
Flotes luy apportent n'cftant
que pour l'ufage de fes Habitans.
A l'égard de la Holande,
Ggij
356 MERCURE
y a déja plufieurs années
que je vous ay marqué que
quelques Provinces avoient declaré qu'elles n'eftoient pas en
eftat de fournir aux frais de la
Guerre; ce que vient encore
de declarer la Province d'Utrecht . Je vous ay marqué auffi
y a long-temps , que la plufpart de ceux qui poffedoient
des Terres à la Campagne, les
ont abandonnées , les Taxes
qu'elles payoient eftant beau
coup plus fortes que les revenus qu'ils en tiroient ; & prefentement encore les Etats Genetaux viennent d'impofer
GALANT 357
quatre fois pour cette année
le deux centiéme denier fur
les Terres , les Obligations, les
Actions des deux Compagnies , les Rentes viageres , &
generalement fur tous les
biens qui y font fujers. Et
comme ce fond , quand mefme il feroit entierement rem
ply , ne fuffiroit qu'à peine
pour fubvenir à la moitié des
dépenses ordinaires &extraordinaires de la Guerre, il faudra
avoir recours à de nouveaux
emprunts ; mais le credit des
Etats ayant déja ſouffert quelques atteintes , tant par leur
358 MERCURE
derniere Lotterie qui n'a pû
eftre remplie que par la neceflité où ils le font trouvez
de donner leurs Obligations
en payement des avances confiderables qui devoient eftre
remboursées en argent comptant , il eft à prefent queſtion
de fçavoir s'ils pourront par
le moyen defdits nouveaux
emprunts qui font leur unique reffource , fuppléer à l'autre moitié defdites dépenfes.
Il eft à remarquer queceux
qui ont des Obligations de
l'Etat , auront de la peine à
trouver de l'argent fur ces
GALANT 359
•
Obligations, & qu'ils n'enpouront trouver qu'avec beaucoup de perte.
D'ailleurs , vous avez déja
fçû le pitoyable cftat où fe
trouve aujourd'huy la Marine
d'Holande ; qu'il eft dû beaucoup aux Capitaines qui ont
avancé , fuivant l'ufage du
Pays , tout ce qui a regardé
depuis long- temps l'équipement de leurs Vaiffeaux, & qui
n'ayant plus dequoy y fournir,
demandent ce qui leur eſt dû,
& que l'on paye toutes les
fommes qui font neceffaires
pour mettre en Mer cette an
360 MERCURE
née , moyennantquoy ils s'offrent de fervir , l'impoffibilité
eftant entiere qu'ils puiffent
fervir autrement.
Au reste , les dernieres nouvelles d'Amfterdam portent
que la plupart des Negocians
voyant chaquejour leur Commerce déperir , & le rifque
qu'ils courent d'eftre entierement ruïnez fi la Guerre continue , n'ont plus la mefme
opiniaftreté qu'ils avoient à la
continuer.
Il eft aifé de juger par tou
tes ces chofes de l'eftat our fe
trouve la Holande , & qu'elle
ne
GALANT 361
ne peutabfolument continuer
la guerre beaucoup de temps.
Je reviens encore à l'Angleterre , qui par les fonds accordez par le Parlement pour
la Campagne prochaine , pretend éblouir tout le monde;
& en effet rien n'eft plus ébloüiffant que les calculs de
toutes les fommes que le Parlement accorde ; mais fans
entrer dans les détails & dans
l'impoffibilité qui fe trouve de
les lever tous , quand mefine.
l'Angleterre feroit dans l'opulence , il eft certain que quand
tous les Anglois feroient por
Fanvier 1710. Hh
36 MERCURE
tez à fournir ces fommes , la
rareté de l'argent qui eft au
jourd'huy plus grande en Angleterre qu'en aucun autre lieu
de l'Europa, en empefcheroit,
& que le Proverbe , qui dic,
Perfonne nedonne ce qu'il n'apas,
eft veritable. Elle doit des
fommes immenfes à Monfieur
le Duc de Savoye , qui n'eft
pas un Prince à attendre longtemps , craignant que le boul
verfement des Affaires ne luy!
fift perdre ce qui luy ´eft dû ;!
ce qui n'embaraffe pas peu les
Anglois.
Quant à ce qui regarde la.
GALANT 363
France , elle renferme des
fommes immenfes qui font
cachéos , & l'abondance y fera grande lors que l'on aura
trouvé les moyens de les faire
fortir des mains de ceux qui
les gardent avec tant de foin ;
& pour n'en pas dourerazil
n'y a qu'à fe fouvenir que da
derniere reforme eftoit de fix
cens millions ; ce qui eft un
fait inconteftable , & qu'on a
reconnu lors qu'on a donné
coursà toutes les efpeces reformées & non reformées,
qu'il y avoit un tiers de l'argent du Royaume qui n'avort
Hhij
364 MERCURE
point efté porté à la Monnoye pour eftre reformé ; &
ce qui obligea de leur donner
cours , fut que l'on trouvoit
tous les jours des fommes
tres confiderables fous les
fcellez faits chez les perfonInes qui mouroient , & j'en
pourrois rapporter pour plu
fieurs millions , fi je voulois
nommer ceux qui n'avoient
pas fait reformer leur argent.
Il eft auffi entré en France
plufieurs millions depuis que
Monfeigneur le Duc d'Anjou
a pris poffeffion de la Cou
ronne d'Espagne , tant parce
2
GALANT 365
qu'elle lui appartenoit , que
parce que Charles II. l'avoir
reconnu pour fon Succeffeur.
Tout cet argent n'y est pas entré par le Commerce que les
François ont fait au Perou ;
mais par les grandes depenfes
queles Eſpagnols ont faites en
Francepour foutenir la Guerre
las France leur ayant foutny
des Armes , des Draps &
quantité d'autres choſes neceffaires à la Guerre. NosModes
font auffi caufe que les Efpagnols ont acheté beaucoup
de chofes en France & plu
ficurs qui ont eu des Emplois
34
Hhij
366 MERCURE
dans le Perou , d'où ils ont
raporté de grandes fommes ,
& qui ont demeuré affez longtemps en France , &fur tout à
Paris , y ont fait de grandes
dépenfes , enforte que lorsque
tout l'argent caché commencera à voir le jour , on verra
plus dedouze cens millions circuler au lieu qu'il n'y a pas aujourd'huy dans le Commerce,
200. millions de nouvelles ef-
< peces qui font tout l'argent qui
circule dans le Royaume. 1
A l'égard des bleds , il fufit
qu'il ait commencé à entrer
dans le Royaume pour que
GALANT 367
Fabondance s'y trouve bien
toft , & pour engager les Ufuriers à mettre en vente ceux
qu'ils tiennent cachez , &d'ailleurs comme il paroift que la
srecolter doit cftre des plus
abondantes , on ne manquera
bien- toft plus dans le Royaume ni d'argent ni de bleds.
Mrs de l'Academie Françoi
fe s'eftant affemblez felon l'ufage , quarante jours aprés la
mort de Mr.de Corneille , &
de Mr le Comte de Crecy pour
nommerceuxquidoivent remplir leurs places , ont choifi Mr
le Prefident de Melmes & Mr
368 MERCURE
l'Abbé Oudart de la Mothe,
connu par plusieurs ouvrages
de Theatre & par le beau Ree
cueil d'Odes qu'il a donné zau
public , & qui a reçu un aps
plaudiffementgeneral . Il a rem
porté ſept ou huit Prix del'Academie de Toulouſe , & deux
ou trois de l'Academie Françoife , oùilaleu l'avantage de
parler plufieurs fois & de faire
des Remerciemens à ce fçavant
& illuftre: Corps.
Mrle President de Melines,
diftingué pár fon nom, par ſon
efpriti & par fes dignitez elt
entré par detteb nomination
CALANT 369
dans un Corps ou l'on atoujours vû des Cardinaux , des
Evêques , des Ducs & Pairs &
des Miniftres d'Etat. Ainfi l'on
peut dire qu'il n'eft pas déplacé.
Je dois ajoûtericy ce que j'ay
oublié de vous dire dans 1 E.
loge que j'ay fait de Mr de
Corneille ; fçavoir , que fon
grand travail , & fur tout le
grand nombre de Livres & de
Memoires qu'il a cfté obligé
de lire pour compofer les cinq
Volumes infolio qu'il a donnez
au Public , luy avoient fait perdre la vûë quelques années
370 MERCURE
avant,fa mort; que fon Eloge
aefté fait par un Aveugle, &
que fa place a efté remplie par
unautre Aveugle qui doit faire
auffi fon Eloge le jour de fa res
ception.
Avant que d'entrer dans
Article de la Marine dont
j'ay beaucoup à vous entrete
nit , je dois vous dire que ce
Corps qui a toujours fait honneur à la France , & qui dans
les temps les plus difficiles a
toujours tenu tefte en mefme
temps aux deux Nations qui
pretendent à l'Empire de la
Mer, & qui ne font riches &
GALANT 37£
celebres que par leur Com
merce ; je dois , dis-je , vous
dire que ce Corps , qui tous
les mois fe rend fameux par
un grand nombre de Prifes,
d'actions éclatantes , & de
Vaiffeaux Ennemis pris on
coulez à fond , va malgré la
rareté d'argent qui ſe trouve
aujourd'huy prefque chez tous
les Princes de l'Europe , recevoir une fomme confiderable,
MrleComte de Pontchartrain?
ayant trouvé des expediens
de luy en faire toucher fans
qu'il en coûte rien au Roy.
Je paffe à la fuite des Expe
372 MERCURE
ditions dont je vous envoye
unJournal tous les mois beaucoup plus circonftancié que
celuy que l'on trouve dans plu .
fieurs nouvelles publiques.
De Cartagenne du Détroit
le 25. Decembre.
Mrle Chevalier de Norey,
Commandant les Vaiffeaux du
Roy le Rubis & le Trident, fic
rencontre le 19. Decembre,
eftant Nord & Sud d'Alborand, à 5 ou 6. licues de.
la Cofte d'Espagne , de deux
Vaiffeaux de guerre Anglois,
l'un
GALANT 373
l'un de 70. Canons , & l'autre
de cinquante - quatre fous le
vent Mr le Chevalier de
Norey, quoy qu'avec des for.
ces inégales , attaqua ces deux
Vaiffeaux à demy portée du
moufquet. Le Combat dura
depuis dix heures du matin juſqu'à deux heures aprés midy,
•fans qu'il pût les aborder , &
il en fut feparé par les Courans en forte qu'ils furent
obligez de faire route à Gibraltar , n'ayant que la Mizaine & le Petit Hunier, & la
plufpart de leurs Equipages
eftant tuez ou bleffez. Mr de
Janvier 1710.
I i
374 MERCURE
Norey n'a eu que 29. hommes hors de combat. Mr du
Vigné , Lieutenant de Vaifſeau , y aa efté tué ,,
ainfi que
Mr le Chevalier de Caftelanne
Enfeigne , qui fervoit fur le
Trident.
Mr Robert Leguillon, Commandant la Barque Longue la
Revanche , armée à Calais , y
conduifit le 4. Janvier un Bâtiment Anglois , chargé de
5oo. barils de beurre , & de
200. barils de boeuf fallé.
Lemefme Capitaine a auffi
débarqué une rançon de 100.
livres sterlin.
GALANT · 375
Le Capitaine Louvet qui
monte la Barque la Toifon , a
pris un Navire Anglois , chargé de 136. Caiffes d'oranges
aigres , & de 8. Caiffes de citrons.
Le Capitaine François Polu,
Commandant la Triumphante,
& Jacques du Pleffis qui monte la Revanche , ont pris un
Dogre Hollandois.
Le Capitaine Marc- Tefte,
Commandant la Barque le
Comte de Brionne , a apporté
pour 2000. livres de rançons
Angloifes en efpeces.
François Bachelier , ComIi ij
376 MERCURE
4
ATM
mandant le Dogre le Prompt,
a amené une rançon Hollandoife de 1600. florins
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Résumé : Article qui regarde les Affaires du temps. Cet Article a esté fait avant que l'on sçut la situation des Affaires presentes. [titre d'après la table]
En début d'année 1710, plusieurs événements militaires et politiques marquent l'Europe. Le maréchal de Villars, guéri de sa blessure, est prêt à reprendre le combat. Le maréchal de Barwick est nommé pour surveiller les mouvements ennemis en Flandre, mais cette mission est annulée en raison de la tranquillité des ennemis. Le maréchal d'Harcourt, souffrant de paralysie, est soigné par Mr Fagon et se prépare à rejoindre les troupes sur le Rhin. Les ennemis, notamment les princes d'Allemagne, manquent de fonds en raison des retards de paiement des subsides par l'Angleterre et la Hollande. La Hollande, confrontée à des difficultés financières, impose de nouvelles taxes et peine à trouver des crédits. L'Angleterre, malgré ses efforts pour lever des fonds, souffre d'une grande rareté d'argent. En revanche, la France possède des réserves d'argent cachées et bénéficie de l'afflux de fonds liés à la succession espagnole. Sur le plan maritime, la marine française continue de se distinguer par ses prises et ses actions éclatantes. Plusieurs capitaines français ont récemment capturé des navires ennemis et des rançons. Par ailleurs, l'Académie française a élu deux nouveaux membres pour remplacer Corneille et le comte de Crecy.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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27
p. 12-21
EXTRAIT d'un Procés qui se poursuit au Conseil.
Début :
Roman, Gondol, & Lati, tous trois Officiers Mariniers du Département [...]
Mots clefs :
Vaisseau, Armateur, Anglais, Droit, Question, Action, Prisonniers, Guerre
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'un Procés qui se poursuit au Conseil.
EXTRAIT
D'un Procésquisepoursuit
au Conjeil.
Roman,Gondol, & Lati,
tous trois Officiers Mariniers
du Département de
Toulon, s'embarquerent à
Marseille sur un Vaisseau
Marchand,
En saisant route vers le
Havre de Grace ils furent
attaquez & pris parunVaisseau
de
-
Guerre Anglois qui
lesconduisit à Baston; ils y
resterent ¡' quelque temps
gardez à vue.
Le 20. Décembre 1709,
on les embarqua dans un
autre vaisseau Marchand
qui partoit pour Londres,
ou bien il s'y embarquérent
de leur bon gré, car c'çft
là l'un des points que les
Avocats se disputent. Le fait
dont ils conviennent tous,
c'estqu'il y avoir sur le Vaisseau
dont il s'agit huit Anglois,
sçavoir leCapitaine,
un Capitaine passager, un
Pilote & cinq Matelots.
Nostrois prisonniers
conspirérent la mort des
deuxCapitaines & du Pilote,
chacun deux se
chargea detuersonhomme;
tous trois réunirent, & les
cinq Matelots voyantleurs
Chefs morts, se fourmirent
ànos troisFrançoisqui se
trouverent enfin maistres
du Vaisseau Anglois.
Avant que d'achever
le recit du fait on pouroit
faire une premiere question
curieuse sur l'action
de ces trois François :
Est-elle louable ou blâmable?
S'ils avoient esté prisonniers
sur leur parole,
leur action feroit sans
doute un crime énorme.
S'ils sont prisonniers
forcez & mal-traitez,
l'action change de nature
: celuy qui traite
cruellement un prisonnier
le met en droit de
tenter jusqu'aux voyes
cruelles pour se délivrer;
On leur allegue qu'ils
n'étoientpoint du tout
prisonniersen cette occasion,
s'estant engagez &
embarquezde bonne
volonté,&qu'étant à la
solde & même à la table
du Capitaine
,
leur
cntreprife a esté une trahison.
Ils prétendent que telles
circonstances peuvent
se rencontrer dans
pareille entreprise, quelle
ne seroitpas indigne
d'un Héros. La question
est donc de sçavoir si
l'action est heroïque ou
criminelle.
J'appuye beaucoup sur
cette premierequestion,
car ilme paroist que c'est
le principalfondement
de celle que je vais expliquer
en continuant le
recit du fait.
Ce fut le 10. de Janvier
1710, que ces trois François
se rendirent maîtresduVaisseau.
Ilsfaisoientroutevers
la France lors qu'ils rencontrerent
à la hauteur des Sorlingues
un Armateur de
Roscoff, Armateur François,
qui voyant un Vaisseau
de la Fabrique Angloise,
s'enréjouit comme
d'une capture qu'il pouvoit
faire.
Nos François de leur
costé se réjoüirent à Tafped:
duVaisseauFrançois, dont
ils esperoient du secours,&
se laissant aborder, se declarerenc
François & amis de
l'Armateur. Mais l'Armateur
voulut toujoûrsqu'ils
fussent-ennemis & Anglois
comme leur Vaisseau qu'il
vouloit gagner; en un mot
il s'en empara & jetta à terre
les François qui s'en étoient
emparez sur les Anglois.
La grande question c'est
de sçavoir à qui doit appartenir
ce Vaisseau. On a déja
jugé par provision qu'il
napparcenok a pas un
d'eux, parce que l'Armateur
n'ayant pas droit de conquerir
sur les François, sa
Commissiond'Armateur
est nulle à leur égard,& que
les François n'ayant point
du tout de Commission
n'ont pû le conquerir sur
les Anglois.
C'est pour revenir contre
ce Jugement de l'Amirauté
que les trois François ont
presenté Requeste, au Conseil.
Ils prétendent que le
Vaisseau leur apartienr par
le droit des gens comme le prix
d'une dEiion légitimé & glorieuse.
Ainsi, selon euxmesmes
la question se réduit
à sçavoir s'ils ont tué &
conquis de bonne guerre,
car mauvaise guerre ne peut
jamais établir qu'un mauvais
droit.
D'un Procésquisepoursuit
au Conjeil.
Roman,Gondol, & Lati,
tous trois Officiers Mariniers
du Département de
Toulon, s'embarquerent à
Marseille sur un Vaisseau
Marchand,
En saisant route vers le
Havre de Grace ils furent
attaquez & pris parunVaisseau
de
-
Guerre Anglois qui
lesconduisit à Baston; ils y
resterent ¡' quelque temps
gardez à vue.
Le 20. Décembre 1709,
on les embarqua dans un
autre vaisseau Marchand
qui partoit pour Londres,
ou bien il s'y embarquérent
de leur bon gré, car c'çft
là l'un des points que les
Avocats se disputent. Le fait
dont ils conviennent tous,
c'estqu'il y avoir sur le Vaisseau
dont il s'agit huit Anglois,
sçavoir leCapitaine,
un Capitaine passager, un
Pilote & cinq Matelots.
Nostrois prisonniers
conspirérent la mort des
deuxCapitaines & du Pilote,
chacun deux se
chargea detuersonhomme;
tous trois réunirent, & les
cinq Matelots voyantleurs
Chefs morts, se fourmirent
ànos troisFrançoisqui se
trouverent enfin maistres
du Vaisseau Anglois.
Avant que d'achever
le recit du fait on pouroit
faire une premiere question
curieuse sur l'action
de ces trois François :
Est-elle louable ou blâmable?
S'ils avoient esté prisonniers
sur leur parole,
leur action feroit sans
doute un crime énorme.
S'ils sont prisonniers
forcez & mal-traitez,
l'action change de nature
: celuy qui traite
cruellement un prisonnier
le met en droit de
tenter jusqu'aux voyes
cruelles pour se délivrer;
On leur allegue qu'ils
n'étoientpoint du tout
prisonniersen cette occasion,
s'estant engagez &
embarquezde bonne
volonté,&qu'étant à la
solde & même à la table
du Capitaine
,
leur
cntreprife a esté une trahison.
Ils prétendent que telles
circonstances peuvent
se rencontrer dans
pareille entreprise, quelle
ne seroitpas indigne
d'un Héros. La question
est donc de sçavoir si
l'action est heroïque ou
criminelle.
J'appuye beaucoup sur
cette premierequestion,
car ilme paroist que c'est
le principalfondement
de celle que je vais expliquer
en continuant le
recit du fait.
Ce fut le 10. de Janvier
1710, que ces trois François
se rendirent maîtresduVaisseau.
Ilsfaisoientroutevers
la France lors qu'ils rencontrerent
à la hauteur des Sorlingues
un Armateur de
Roscoff, Armateur François,
qui voyant un Vaisseau
de la Fabrique Angloise,
s'enréjouit comme
d'une capture qu'il pouvoit
faire.
Nos François de leur
costé se réjoüirent à Tafped:
duVaisseauFrançois, dont
ils esperoient du secours,&
se laissant aborder, se declarerenc
François & amis de
l'Armateur. Mais l'Armateur
voulut toujoûrsqu'ils
fussent-ennemis & Anglois
comme leur Vaisseau qu'il
vouloit gagner; en un mot
il s'en empara & jetta à terre
les François qui s'en étoient
emparez sur les Anglois.
La grande question c'est
de sçavoir à qui doit appartenir
ce Vaisseau. On a déja
jugé par provision qu'il
napparcenok a pas un
d'eux, parce que l'Armateur
n'ayant pas droit de conquerir
sur les François, sa
Commissiond'Armateur
est nulle à leur égard,& que
les François n'ayant point
du tout de Commission
n'ont pû le conquerir sur
les Anglois.
C'est pour revenir contre
ce Jugement de l'Amirauté
que les trois François ont
presenté Requeste, au Conseil.
Ils prétendent que le
Vaisseau leur apartienr par
le droit des gens comme le prix
d'une dEiion légitimé & glorieuse.
Ainsi, selon euxmesmes
la question se réduit
à sçavoir s'ils ont tué &
conquis de bonne guerre,
car mauvaise guerre ne peut
jamais établir qu'un mauvais
droit.
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Résumé : EXTRAIT d'un Procés qui se poursuit au Conseil.
Le texte narre l'histoire de trois officiers mariniers français, Roman, Gondol et Lati, originaires de Toulon, qui s'embarquèrent à Marseille sur un vaisseau marchand à destination du Havre de Grâce. Capturés par un vaisseau de guerre anglais, ils furent conduits à Boston puis transférés à Londres le 20 décembre 1709. À bord du nouveau vaisseau, ils conspirèrent pour tuer les capitaines et le pilote anglais, prenant ainsi le contrôle du navire le 10 janvier 1710. Ils rencontrèrent ensuite un armateur français près des Sorlingues, qui, croyant le vaisseau anglais, s'en empara et les jeta à terre. La principale question juridique concerne la propriété du vaisseau. Les Français contestent un jugement de l'Amirauté, affirmant que le vaisseau leur appartient par le droit des gens, en tant que prix d'une action légitime. La controverse porte sur la légitimité de leurs actions et la nature de leur capture.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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28
p. 339-369
Suite des Nouvelles d'Espagne.
Début :
Les Ennemis en abandonnant Tolede pour prendre la route d'Arragon, [...]
Mots clefs :
Ennemis, Roi, Général, Vendôme, Armée, Troupes, Cavalerie, Infanterie, Bataille, Canon, Dragons, Guadalajara, Reine, Guerre, Prisonniers, Brihuega, Général Stanhope, Staremberg, Gérone
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texteReconnaissance textuelle : Suite des Nouvelles d'Espagne.
Suite des Nouvelles
d'Espagne.
Les Ennemis en abandonnant
Tolede pour prendre
la route d'Arragon
, ont
divisé leur Armée en differensCorps,
observant toujours
de les mettre à une
distancc qui ne leur ostast
pas les moyens de s'entresecouririles
uns les autres,
en casque quelqu'un fust
attaqué. Ils croyoient qu'-
ils pourroient estre harcelez
par quelques détachefmens
; mais ils ne com- eroienc pas que l'on pust
faire des démarches allez
promptes pour les attaquer
avec toute l'Armée.
Le Roy d'Espagne pour
leur ôter le soupçon qu'on
pust les suivre, estoit allé
exprés avec Monsieur de
Vendosme à Madrid pendant
que les Troupes, par
differens Corps, déroboient
aux Ennemis desmarches
précipitées.SaMajesté Catholique,
avant de partir
ordonna au Détachement 1
detous lesGrenadiers de I
Itil'Armée
&de cent hommes
choisis par Bataillon avec
trente- deux Escadrons de
Cavalerie & de Dragons de
marcher le plus legerement
qu'ils pourroient pour tâ.
cher de joindre les Ennemis.
Mr de Vallejo reçut
ordre de les attaquer par
tout où il les trouveroit
avec douze cens Maistres
qu'il commandoit, afin de
les arrester.
Apres ces précautions.
le Roy & Vendosme arrivèrent
le 7. Décembre à
Alcala, où ils apprirens
qu'il y avoit à une lieuë de
là un Régiment des Ennemis.
Sa Majestéordonna à
Don Feliciano de Bracamonte
d'y marcher avec sa
Brigade. Il fit tant de diligence
qu'il surprit ce Regiment
& le fit prisonnier.
LETTRE
De sa Adajefté Catholique
à la Reine.
Du Camp de Brihuega,
le 9 Décembre.
Je vous dépêche un Courrier
pour vous apprendre une
nouvelle aussi agréablequ'importante.
Mous menons défaire
huit Bataillons & huit Escadrons
prisonniers de guerre.
Nous avons fait donner l'af
faut après midi à Brihuega , aprèsl'avoir battu toute 1,4
matinée avec notre Canon.
LesBrèches étoientfort petites
&les Ennemis avoient retranchemens
sur retranchemens.
L'affaire a esléfort disputée&
a duré plus de deux heures;
mais enfin nos Troupes étant
entrées dans la Ville de maison
en maison
, 0* les Ennemis
s'étant retirez dans un retranchement
qu'ils avoient fait
dans la Place, ont battu la
Chamade. Il n'y a eu aucune
contestation au sujet de la Ca.
pitulation, puifqu'ils ont proposéd'obordqu'on
les reçutprisonniers
de guerre, ce qui leur
a esteaccordé. Tous les Officiers
Generaux Anglois sont du
nombre des Prisonniers. Ce
font Stanhope, Wills &Carpenter.
De notre côté le Marquis
deThouy a esté blesséà la
main ; de celui des EnnemÙ,
Carpenter est bllJé. L'action
a estéfort chaude, (y notre In.
fanterie a hit'# séparécequ'elle
fit à laBataille de Sarragosse ,
en faisant des merveilles aujourd'hui.
Des huit Bataillons
ily en a sept Anglais & un
Portugais, mais à la solde de
la Reine Anne, Les huit Ef.
cadrons consistent en trois Pe.
ymens de Dragons & un de
Cavalerie, tousAnglois;c'etoientles
meilleure, Troupes des
Ennemis,
Je joins à cette bonne nouvelle,
la prise que fit hier Braamonte,
d'un Bataillon Allemand.
Le Comte de Suremberg
sefl avancé aujourd'hui avec
plus de quatre mille hommes à
deux lieuësd'icy ,suivant les
avisquej'en ay eu, apparemmentpoursecourir
Stanhope.
Le Roy d'Espagne estanc
parti le 8 au marin de Guadalaxara
avec toute Ca Cava-
-
lerie pour donner sur l'arriere-
garde des Ennemis,
il eut avis que le General
Stanhopeestoit dans Brihuega
; il marcha droit à
lui1
pourl'attaquer,mais voyant
qu'il s'y estoit retranché de
maniere à se bien deffendre,
il fit invertirlaVille sur tout
du côcé de la Rivière par ou
il jugeoit qu'il pourroit se
retirer à la faveur de la nuit.
La Ville de Brihuega située
à six lieuës de Guadalaxara,
efl: fermée d'une muraille
fort haute, fort épaisse &
revêtue d'une Terrasse en
quelques endroits, avec des
Tours antiques & un alîez
~on Château. Apres avoir
tiré quelques coups de ca-
- ~on on somma les Ennemis
le se rendre,& surle refus
qu'ils en firent on dressa pen-
~ant la nuit de nouvelles bateries
qui commencerent à
tirer le9 au matin & firent
une bréche qui devint inutile
à cause des Terrasses,
Mais Monsieur de Vendome
ayant remarqué plusieurs
maisons attachéesàl'enceinte
des murailles en dehors,
lesfit occuper pour attacher
par là le Mineur &faire une
Brèche pratiquable de ce côté
là. Quand tout sur disposé,
Sa Majesté fitfaire deux
attaques & donna ordre
pour soûtenir la gauche, qui
estoit la veritable. Enfin on
donna l'assaut; l'action fut
long-temps disputée, & les
notres se voyant arrêtez par
le grand nombre & par des
retranchemens qu'ils trouvoient
dans les ruës de 20
en 20 pas, se retrancherent
de leur coté sur la Brèche
pour y attendre du renfort.
Peu de temps après Monsieur
le Duc de Vendosme
y mena quelques Bataillons
qui s'étant jointà eux,pousserentles
Ennemis en garnant:
toujoursle Terrain
le maisonen maison & do
etranchement en rctranchement,
en quoy ilsfurent
aidez par les habitans qui
démolissoient leurs propres
maisons pour assommer les
Ennemis à coups de pierres;
ils penetrent enfin jusqu'au
centre de laVille, pendant
que d'autres Troupes commandées
à l'attaque de la
droite, faisoient diversion;
ce qui obligea les Ennemis
à battre la Chamade & à
capituler. Ils répugnoient
à sedésarmer dès le foir &
à livrer' une des Portes du
Château, maisonles y obligea
sur l'avis que Sa Majesté
eut que le General Sta~
remberg s'avançoit pour les
ecourir. MrdeZuniga fut
chargé du foin de faire
xecuter la Capitulation,
pendant que le Roy & Mr
le Vendôme se disposoient
aller combattre Mr de
taremberg.
D'autres Lettres portent
~ue Mrde Bracamontedé-
~ché par le Roy, cmpêcha
le General Starcm-
~erg de rompre le Pont de
Guadalaxara,ce qui facilitapassage
de l'Armée pour
~atcher à Brihuega.
Un Lieutenant general
& deux Lieutenans Colonels
vinrent capituler. Ils
consentirent d'abord àestre
Prisonniers de guerre. On
accorda aux principaux Officiers,
leurs chevaux & bagages,
à l'exception des Vases
sacrez
, en cas qu'ils'en
trouvast.
; Pendant laCapitulation,
on entendit plusieurs coups
de canon ; c'estoit le signal
de l'Armée ennemie, pour
avertir le General Stanhope
qu'onvenoitlesecourir.
Le 10. au matin le Roy
fut avertique les Ennemis
paroissoient sur la hauteur
de Villa-viciosa, où Monsieur
de Vendosme avoit
posté dès le soir toute la Cavalerie
, ayant prévu que
Mr de Staremberg hafarderoit
le tout pour le tout.
On rangea l'Armée en baaille,
la droite appuyée à
un grand ravin, & la gauhe
à un petit Bois d'Oliiers
où les Ennemis ne pû-
~ent pasallonger leur droite
pour donner une étendue à
~ur gauche qu'ils connucnt
que nous débordions
considerablement par nôtre
droite. Nous avions dans;
nôtre centre un terrain desavantageux
par quantité de
ravins & de petites murailles
de terre séche de la hauteur
de deux pieds & demi.
Nostre droite de Cavalerie
estoit commandée par Mr
le Marquis de Val deCanas;
nostre gauche par Mr le
Comte d'Aguilar,& nostre
centre d'Infanterie par
Mr le Comte de las Torrés,
au deffaut de Mr le
Marquis de Thouy qui avoit
estéblessé la veille à la main
& au pied, & qui ne laissa
pas,malgré toutes les remontrances
qu'on luy faisoit,
de combattre à la te-fte
d'un Escadron ; les Ennemis
à la portée du canon en
mirent vingt pieces en batterie
avec deux mortiers:
le nostre costé nous en mimes
22.pieces. Sur les deux
~eures la canonnade commençant
de part & d'au-
~e,le Roy passa à la droite,
ontre laquelle jcs Ennemis
voient dressé une batterie
leneufpieces, qui faifoienc
~un
feu très-vif.Monsieur
de Vendosme passa à la gauche
& dés qu'il fut arrivé
l'Armée marcha. Nostre
droite que le Roy conduisoit
passa un grand ravin,
& se reforma en presence
de l'Ennemi du costé de
Villa viciosa, qui a donné le
nom à cette Bataille. Monsieur
de Vendosme estantà
la gauche envoya ordre à
Mr Mahoni, qui commandoit
le Corps de Dragons
de marcher au grand
trot, & de gagner les derrieres
des Ennemis pour faciliter
la jonction de Mr de
Bracamonté,qui arriva avec
mille chevaux précisément
à l'heure qui luy avoit esté
prescrite dans le temps que
les deux Armées estoient aux
mains. Cette précaution
nous donna le moyen de gagner
les derrieres de leur Infanterie
, où la Cavalerie de
nostre droite avoir penetré ,
en renversant l'aîle gauche
quîluyestoitopposée. Cette
Infanterie ainsi enveloppée
,fitd esefforts de valeur
si étonnans qu'elle gagna
même duterrain sur la nôtre,
ce qui a fait dire dans
quelques Lettres, qu'elle
avoit plié d'abord. Mais enfin
les Gardes Walonnes &
Espagnoles percerent les
deux Lignes & la Reserve
des Ennemis,& renversérent
un gros Bataillon quarré
au milieu duquel estoit
Mr de Staremberg. Les
Gardes du Roy avec le Regiment
de a Reine commandé
par' Mrle Marquis
de Reaucour, penetrerent
deux fois le centre des Ennemis
,& il ne se seroit pas
fauvé un homme sans la
nuit quisavorisa la retraite
d'une partie decette Infanterie
qui se retira avec preci
pitation du cofté de Siguença.
Il nous est resté avec le
Champ de Bataille, vingt
piéces de canon,deux Mortiers
, tous les équipages
d'Artillerieavecquantitéde
chariots longs,attelezchacun
de huit Mulets;ceschariots
sont nommez Galleres
par les Espagnols. Parmi les
Bagages, il s'esttrouvé environ
huit millefusils. Mr
Mahoni a pris d'un autre
:osié sept cens Mulets chargez
, & les Troupes fefonr
enrichies du butin que les
ennemis avoient pillé dans
la Castille. On Soldat courut
porter à Monsieur de
Vendoime, un Ecendart qu'-
il avoit pris, & refusa l'argent
que ce Prince vouloit
luy donner;illuy dit en luy
montrant une bourse pleine
d'or,voila ce que l'ongagne en
combattant pourson Roy.
Il est demeuré plus de
quatre mille hommes sur le
Champ de Bataille, & on a
fait trois mille prifonniersy,
parmi lesquels font Mr de 1
Belcastel,
Belcastel, Commandant les
Troupes deHollande, Mr
leS.Amant,Lieutenants
Generaux,&un grand nom. -
ne d'autres Omciers.; outre
leux mille trois cens autres
risonniers
,
presque tous
Cavaliers, qui ont esté pris
ar Mr de Vallejo le lendemain
de la Bataille. En forque
decestrois journées,
ous avons neuf mille prionnierseffectifs.
Il y a quanté
de-Drapeaux , d'Etenarts
, & de Timbales;on
en sçait pas le nombre,
arcequ'on en apportoit encore
lois que.Mr deZuniga
est parti pour apposer
ce détail au Roy. Loçfcjtjc
sa Majesté Cajthpliqwe l'a
dépesché,on ne f<jqvjûiitpa$
non plus au juste, latv>r#:
bre desmorts & des blessez
, tant ducoftp.âe.$cru>crnief
que cJecelVy;cUs££psrt
gnoltyquiQaripcfrdftfàsn
PedrodeRonquillo,-.tué
danslaBataille,&Mr le
ComtedûRucetoondetle
premier MiréchaldcGar$>p,
& le dernier Brigadier, mort
des blesures qu'il avoit re-t
çuës la veille àla prise do &nht~ ';,
Mt Maboni poursuivoit
vivement le General
Staremberg
; on assurequ'-
ill'avoitatteint, &fait sommerdeserendre;
onattend
unCourrier pour estre éclaircidelafin
de cette grande
affaire.
* On aprend qu'onapris
encore autres deux mille
hommes aprés la déroute.
•.
Extrait d',une Lettre de
devant Gironne.
Mr le Duc de Noailles
alla camper le 14. à Cervia
& le 15. on a investi Gironne
; tous les Miquclets&
Sommetans des Ennemis,
voulant disputerun costé de
la Montagne, ont esté repoussez
& défaits par Mr de
Planque.
On vient d'apprendre depuis
cette Lettre que la tranchée
est ouverte devant Gironne
,& que Mr le Duc de
Noailles est parti avec une
bonne partie de sa Cavalc
d'Espagne.
Les Ennemis en abandonnant
Tolede pour prendre
la route d'Arragon
, ont
divisé leur Armée en differensCorps,
observant toujours
de les mettre à une
distancc qui ne leur ostast
pas les moyens de s'entresecouririles
uns les autres,
en casque quelqu'un fust
attaqué. Ils croyoient qu'-
ils pourroient estre harcelez
par quelques détachefmens
; mais ils ne com- eroienc pas que l'on pust
faire des démarches allez
promptes pour les attaquer
avec toute l'Armée.
Le Roy d'Espagne pour
leur ôter le soupçon qu'on
pust les suivre, estoit allé
exprés avec Monsieur de
Vendosme à Madrid pendant
que les Troupes, par
differens Corps, déroboient
aux Ennemis desmarches
précipitées.SaMajesté Catholique,
avant de partir
ordonna au Détachement 1
detous lesGrenadiers de I
Itil'Armée
&de cent hommes
choisis par Bataillon avec
trente- deux Escadrons de
Cavalerie & de Dragons de
marcher le plus legerement
qu'ils pourroient pour tâ.
cher de joindre les Ennemis.
Mr de Vallejo reçut
ordre de les attaquer par
tout où il les trouveroit
avec douze cens Maistres
qu'il commandoit, afin de
les arrester.
Apres ces précautions.
le Roy & Vendosme arrivèrent
le 7. Décembre à
Alcala, où ils apprirens
qu'il y avoit à une lieuë de
là un Régiment des Ennemis.
Sa Majestéordonna à
Don Feliciano de Bracamonte
d'y marcher avec sa
Brigade. Il fit tant de diligence
qu'il surprit ce Regiment
& le fit prisonnier.
LETTRE
De sa Adajefté Catholique
à la Reine.
Du Camp de Brihuega,
le 9 Décembre.
Je vous dépêche un Courrier
pour vous apprendre une
nouvelle aussi agréablequ'importante.
Mous menons défaire
huit Bataillons & huit Escadrons
prisonniers de guerre.
Nous avons fait donner l'af
faut après midi à Brihuega , aprèsl'avoir battu toute 1,4
matinée avec notre Canon.
LesBrèches étoientfort petites
&les Ennemis avoient retranchemens
sur retranchemens.
L'affaire a esléfort disputée&
a duré plus de deux heures;
mais enfin nos Troupes étant
entrées dans la Ville de maison
en maison
, 0* les Ennemis
s'étant retirez dans un retranchement
qu'ils avoient fait
dans la Place, ont battu la
Chamade. Il n'y a eu aucune
contestation au sujet de la Ca.
pitulation, puifqu'ils ont proposéd'obordqu'on
les reçutprisonniers
de guerre, ce qui leur
a esteaccordé. Tous les Officiers
Generaux Anglois sont du
nombre des Prisonniers. Ce
font Stanhope, Wills &Carpenter.
De notre côté le Marquis
deThouy a esté blesséà la
main ; de celui des EnnemÙ,
Carpenter est bllJé. L'action
a estéfort chaude, (y notre In.
fanterie a hit'# séparécequ'elle
fit à laBataille de Sarragosse ,
en faisant des merveilles aujourd'hui.
Des huit Bataillons
ily en a sept Anglais & un
Portugais, mais à la solde de
la Reine Anne, Les huit Ef.
cadrons consistent en trois Pe.
ymens de Dragons & un de
Cavalerie, tousAnglois;c'etoientles
meilleure, Troupes des
Ennemis,
Je joins à cette bonne nouvelle,
la prise que fit hier Braamonte,
d'un Bataillon Allemand.
Le Comte de Suremberg
sefl avancé aujourd'hui avec
plus de quatre mille hommes à
deux lieuësd'icy ,suivant les
avisquej'en ay eu, apparemmentpoursecourir
Stanhope.
Le Roy d'Espagne estanc
parti le 8 au marin de Guadalaxara
avec toute Ca Cava-
-
lerie pour donner sur l'arriere-
garde des Ennemis,
il eut avis que le General
Stanhopeestoit dans Brihuega
; il marcha droit à
lui1
pourl'attaquer,mais voyant
qu'il s'y estoit retranché de
maniere à se bien deffendre,
il fit invertirlaVille sur tout
du côcé de la Rivière par ou
il jugeoit qu'il pourroit se
retirer à la faveur de la nuit.
La Ville de Brihuega située
à six lieuës de Guadalaxara,
efl: fermée d'une muraille
fort haute, fort épaisse &
revêtue d'une Terrasse en
quelques endroits, avec des
Tours antiques & un alîez
~on Château. Apres avoir
tiré quelques coups de ca-
- ~on on somma les Ennemis
le se rendre,& surle refus
qu'ils en firent on dressa pen-
~ant la nuit de nouvelles bateries
qui commencerent à
tirer le9 au matin & firent
une bréche qui devint inutile
à cause des Terrasses,
Mais Monsieur de Vendome
ayant remarqué plusieurs
maisons attachéesàl'enceinte
des murailles en dehors,
lesfit occuper pour attacher
par là le Mineur &faire une
Brèche pratiquable de ce côté
là. Quand tout sur disposé,
Sa Majesté fitfaire deux
attaques & donna ordre
pour soûtenir la gauche, qui
estoit la veritable. Enfin on
donna l'assaut; l'action fut
long-temps disputée, & les
notres se voyant arrêtez par
le grand nombre & par des
retranchemens qu'ils trouvoient
dans les ruës de 20
en 20 pas, se retrancherent
de leur coté sur la Brèche
pour y attendre du renfort.
Peu de temps après Monsieur
le Duc de Vendosme
y mena quelques Bataillons
qui s'étant jointà eux,pousserentles
Ennemis en garnant:
toujoursle Terrain
le maisonen maison & do
etranchement en rctranchement,
en quoy ilsfurent
aidez par les habitans qui
démolissoient leurs propres
maisons pour assommer les
Ennemis à coups de pierres;
ils penetrent enfin jusqu'au
centre de laVille, pendant
que d'autres Troupes commandées
à l'attaque de la
droite, faisoient diversion;
ce qui obligea les Ennemis
à battre la Chamade & à
capituler. Ils répugnoient
à sedésarmer dès le foir &
à livrer' une des Portes du
Château, maisonles y obligea
sur l'avis que Sa Majesté
eut que le General Sta~
remberg s'avançoit pour les
ecourir. MrdeZuniga fut
chargé du foin de faire
xecuter la Capitulation,
pendant que le Roy & Mr
le Vendôme se disposoient
aller combattre Mr de
taremberg.
D'autres Lettres portent
~ue Mrde Bracamontedé-
~ché par le Roy, cmpêcha
le General Starcm-
~erg de rompre le Pont de
Guadalaxara,ce qui facilitapassage
de l'Armée pour
~atcher à Brihuega.
Un Lieutenant general
& deux Lieutenans Colonels
vinrent capituler. Ils
consentirent d'abord àestre
Prisonniers de guerre. On
accorda aux principaux Officiers,
leurs chevaux & bagages,
à l'exception des Vases
sacrez
, en cas qu'ils'en
trouvast.
; Pendant laCapitulation,
on entendit plusieurs coups
de canon ; c'estoit le signal
de l'Armée ennemie, pour
avertir le General Stanhope
qu'onvenoitlesecourir.
Le 10. au matin le Roy
fut avertique les Ennemis
paroissoient sur la hauteur
de Villa-viciosa, où Monsieur
de Vendosme avoit
posté dès le soir toute la Cavalerie
, ayant prévu que
Mr de Staremberg hafarderoit
le tout pour le tout.
On rangea l'Armée en baaille,
la droite appuyée à
un grand ravin, & la gauhe
à un petit Bois d'Oliiers
où les Ennemis ne pû-
~ent pasallonger leur droite
pour donner une étendue à
~ur gauche qu'ils connucnt
que nous débordions
considerablement par nôtre
droite. Nous avions dans;
nôtre centre un terrain desavantageux
par quantité de
ravins & de petites murailles
de terre séche de la hauteur
de deux pieds & demi.
Nostre droite de Cavalerie
estoit commandée par Mr
le Marquis de Val deCanas;
nostre gauche par Mr le
Comte d'Aguilar,& nostre
centre d'Infanterie par
Mr le Comte de las Torrés,
au deffaut de Mr le
Marquis de Thouy qui avoit
estéblessé la veille à la main
& au pied, & qui ne laissa
pas,malgré toutes les remontrances
qu'on luy faisoit,
de combattre à la te-fte
d'un Escadron ; les Ennemis
à la portée du canon en
mirent vingt pieces en batterie
avec deux mortiers:
le nostre costé nous en mimes
22.pieces. Sur les deux
~eures la canonnade commençant
de part & d'au-
~e,le Roy passa à la droite,
ontre laquelle jcs Ennemis
voient dressé une batterie
leneufpieces, qui faifoienc
~un
feu très-vif.Monsieur
de Vendosme passa à la gauche
& dés qu'il fut arrivé
l'Armée marcha. Nostre
droite que le Roy conduisoit
passa un grand ravin,
& se reforma en presence
de l'Ennemi du costé de
Villa viciosa, qui a donné le
nom à cette Bataille. Monsieur
de Vendosme estantà
la gauche envoya ordre à
Mr Mahoni, qui commandoit
le Corps de Dragons
de marcher au grand
trot, & de gagner les derrieres
des Ennemis pour faciliter
la jonction de Mr de
Bracamonté,qui arriva avec
mille chevaux précisément
à l'heure qui luy avoit esté
prescrite dans le temps que
les deux Armées estoient aux
mains. Cette précaution
nous donna le moyen de gagner
les derrieres de leur Infanterie
, où la Cavalerie de
nostre droite avoir penetré ,
en renversant l'aîle gauche
quîluyestoitopposée. Cette
Infanterie ainsi enveloppée
,fitd esefforts de valeur
si étonnans qu'elle gagna
même duterrain sur la nôtre,
ce qui a fait dire dans
quelques Lettres, qu'elle
avoit plié d'abord. Mais enfin
les Gardes Walonnes &
Espagnoles percerent les
deux Lignes & la Reserve
des Ennemis,& renversérent
un gros Bataillon quarré
au milieu duquel estoit
Mr de Staremberg. Les
Gardes du Roy avec le Regiment
de a Reine commandé
par' Mrle Marquis
de Reaucour, penetrerent
deux fois le centre des Ennemis
,& il ne se seroit pas
fauvé un homme sans la
nuit quisavorisa la retraite
d'une partie decette Infanterie
qui se retira avec preci
pitation du cofté de Siguença.
Il nous est resté avec le
Champ de Bataille, vingt
piéces de canon,deux Mortiers
, tous les équipages
d'Artillerieavecquantitéde
chariots longs,attelezchacun
de huit Mulets;ceschariots
sont nommez Galleres
par les Espagnols. Parmi les
Bagages, il s'esttrouvé environ
huit millefusils. Mr
Mahoni a pris d'un autre
:osié sept cens Mulets chargez
, & les Troupes fefonr
enrichies du butin que les
ennemis avoient pillé dans
la Castille. On Soldat courut
porter à Monsieur de
Vendoime, un Ecendart qu'-
il avoit pris, & refusa l'argent
que ce Prince vouloit
luy donner;illuy dit en luy
montrant une bourse pleine
d'or,voila ce que l'ongagne en
combattant pourson Roy.
Il est demeuré plus de
quatre mille hommes sur le
Champ de Bataille, & on a
fait trois mille prifonniersy,
parmi lesquels font Mr de 1
Belcastel,
Belcastel, Commandant les
Troupes deHollande, Mr
leS.Amant,Lieutenants
Generaux,&un grand nom. -
ne d'autres Omciers.; outre
leux mille trois cens autres
risonniers
,
presque tous
Cavaliers, qui ont esté pris
ar Mr de Vallejo le lendemain
de la Bataille. En forque
decestrois journées,
ous avons neuf mille prionnierseffectifs.
Il y a quanté
de-Drapeaux , d'Etenarts
, & de Timbales;on
en sçait pas le nombre,
arcequ'on en apportoit encore
lois que.Mr deZuniga
est parti pour apposer
ce détail au Roy. Loçfcjtjc
sa Majesté Cajthpliqwe l'a
dépesché,on ne f<jqvjûiitpa$
non plus au juste, latv>r#:
bre desmorts & des blessez
, tant ducoftp.âe.$cru>crnief
que cJecelVy;cUs££psrt
gnoltyquiQaripcfrdftfàsn
PedrodeRonquillo,-.tué
danslaBataille,&Mr le
ComtedûRucetoondetle
premier MiréchaldcGar$>p,
& le dernier Brigadier, mort
des blesures qu'il avoit re-t
çuës la veille àla prise do &nht~ ';,
Mt Maboni poursuivoit
vivement le General
Staremberg
; on assurequ'-
ill'avoitatteint, &fait sommerdeserendre;
onattend
unCourrier pour estre éclaircidelafin
de cette grande
affaire.
* On aprend qu'onapris
encore autres deux mille
hommes aprés la déroute.
•.
Extrait d',une Lettre de
devant Gironne.
Mr le Duc de Noailles
alla camper le 14. à Cervia
& le 15. on a investi Gironne
; tous les Miquclets&
Sommetans des Ennemis,
voulant disputerun costé de
la Montagne, ont esté repoussez
& défaits par Mr de
Planque.
On vient d'apprendre depuis
cette Lettre que la tranchée
est ouverte devant Gironne
,& que Mr le Duc de
Noailles est parti avec une
bonne partie de sa Cavalc
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Résumé : Suite des Nouvelles d'Espagne.
Les forces ennemies, après avoir quitté Tolède, se dirigèrent vers l'Aragon en divisant leur armée en plusieurs corps pour se protéger mutuellement. Le roi d'Espagne, afin de dissimuler ses intentions, se rendit à Madrid avec Monsieur de Vendôme, tandis que les troupes espagnoles se préparèrent à attaquer les ennemis. Le roi ordonna à un détachement de grenadiers et de cavalerie de marcher rapidement pour intercepter les ennemis. Le 7 décembre, le roi et Vendôme arrivèrent à Alcala et apprirent la présence d'un régiment ennemi à proximité. Don Feliciano de Bracamonte surprit et captura ce régiment. Le 9 décembre, le roi d'Espagne informa la reine de la capture de huit bataillons et huit escadrons ennemis à Brihuega, après un assaut intense. Les ennemis, bien retranchés, furent finalement contraints de se rendre. Parmi les prisonniers figuraient les généraux Stanhope, Wills et Carpenter. Le roi d'Espagne, ayant appris que Stanhope était à Brihuega, marcha vers la ville et ordonna un assaut. Après une bataille acharnée, les ennemis capitulèrent. Le roi et Vendôme se préparèrent ensuite à affronter le comte de Starhemberg, qui avançait avec des renforts. Le 10 décembre, les deux armées s'affrontèrent près de Villa-Viciosa. Les troupes espagnoles, bien commandées, parvinrent à envelopper et à repousser les ennemis, capturant de nombreux prisonniers et du matériel. Dans les jours suivants, les troupes espagnoles continuèrent à faire des prisonniers et à capturer des drapeaux et des timbales. Le duc de Noailles, quant à lui, investit Gironne et repoussa les forces ennemies qui tentaient de défendre la montagne.
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29
p. 1-17
ODE Sur la Naissance de Monseigneur le Duc de Bretagne en 1707.
Début :
Descend de la double colline [...]
Mots clefs :
Dieu, Guerre, Duc de Bretagne, Dieux, Paix
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texteReconnaissance textuelle : ODE Sur la Naissance de Monseigneur le Duc de Bretagne en 1707.
ODE
Sur la Naiffance de
Monfeigneur le Duc
de Bretagne en 1707 .
Defcend de la double colline
Nimphe , dont le fils amou
reux ,
Février
1711 . X
PIECES
•
Du fombre Epoux de Proferpine
Sceur fléchir le coeur rigoureux
.
Viens fervir l'ardeur qui
m'inſpire ;
Décffe , prefte moy ta Lire ,
Ou celle de ce Grec * vanté,
Dont , par le fuperbe Alexandre
Au milieu de Thebes en
cendre
,
Leféjour fut feul refpecté.
Quel Dieu propice nous
ramene ,
Pindare.
FUGITIVES.
L'efpoir que nous avions
perdu ?
Un fils de Thetis ou d'Alcmene
,, -
Par les Dieux nous cft il
rendu ?
N'en doutons point ; le Ċiel
fenfible ,
Veut réparer le coup terrible
,
Qui nous fit verfer tant de
pleurs.
Hâtez vous ,ô chafte Lucine!
Jamais plus illuftre origine
,
Ne fut digne de vos faveurs.
Xij C
7
PIECES
Peuple , voici le premier
gage ,
Des biens qui vous font
préparez ,
Cet Enfant eft l'heureux
préfage ,
I
Durepos que vous defirez .
Les premiers inftans de fa
vie ,
De la Difcorde & de l'Envie
,
Verront éteindre le flambeau
;
Il renverfera leurs Tro
phées ,
Et leurs couleuvres étouf
fées
FUUGGIITIVES.
Seront les jeux de fon berceau.
Ainfi durant la nuit obfcure
,
De Venus l'Etoile nous
luit ;
Favorable & brillante augure
,
De l'Eclat du jour qui la
fuir.
Ainfi dans le fort des tempeſtes
,
Nous voïont briller fur nos
reftes ,
Ces feux amis des Matclots,
Préfage de la Paix profonde :
X iij
PIECESC
Que le Dieu qui regne fur
l'Onde ,
Va rendre à l'Empire des
flots.:
強
Quel monftre , de carnage
avide
S'eft emparé de l'Univers ?
Quelle impitoiable Eumenide
De fes feux infecte les airs ?
Quel Dieu foufle en tous
lieux la guerre
,
Et femble à dépeupler la
terre
Exciter nos fanglantes
mains a
FUGITIVES.
7 .
Megere des Enfers bannic ,
Eit elle aujourd'huy legenie,
Qui prefide au fort des
humains ?
Arrefte , Furie implacable,
Le Ciel veut calmer fes
rigueurs ;
Les feux d'une guerre cou
> pable
N'ont trop que trop
embrafé
nos coeurs.
Aimable Paix , Vierge facrée
,
Defcends de la voûte azurée;
Viens voir les Temples
relevez
,
X
iiijj
8 PIECES
Et ramene at fein de nos
Villes
Les Dieux bien faifans &
tranquilles ,
Que nos crimes ont foulevez.
維
Mais où fuis- je ? quel trait
de flame
M'échaufe d'une fainte horreur
?
Quel Dieu fait entrer dans
mon ame ,
Une profetique fureur ?
Loin d'ici prophane vulgaire
;
FUGITIVES.
Apollon m'infpire & m'éclaire,
C'est luy , je le vois , je le
lens ;
Mon coeur cede à fa violence
:
Mortels refpectez la pres
fence ;
Prétez l'orreille à mes
accens.
Les temps prédits par la
Sibille ,
A leurs termes font par
venus ,
Nous touchons au regne
tranquille ,
To PIECES
Du vieux Saturne & de
Janus.
Voici la faifon defirée ,
Où Themis & fa foeur
Aftrée ,
Rétabli fans leurs faints
Autels ,
Vont ramener ces jours
infignes ,
Où nos vertus nous rendoient
dignes
Du commerce des Immortels.
Que vois - je ! quel nouveau
miracle ,
Tient encor , mes fens enchantez
?
FUGITIVES. *
Quel vafte , quel pompeux
Lpectacle ,
Frappe mes yeux épous
vantez ?
Un nouveau monde vient
d'éclore ,
L'Univers fe reforme ens
core ,
Dans les abîmes du Chaos ;
Et pour reparer les ruines ,
Je vois des demeures divines
,
Defcendre un peuple de
Heros.
Les elemens ceffent leur
guerre ,
PIECES
Les Cieux ont repris leur
azur
Un feu facré purge la ter
rc ,
De tout ce qu'elle avoit
d'impur.
On ne craint plus l'herbe
mortelle
;
Etle crocodile infidele
Du Nil ne trouble plus les
eaux
Les Lions dépouillent leur
rage ,
Et dans le même pâturage ,
Bondiffent avec les troupeaux.
J
FUGITIVES. 1
C'eft ainfi que la main des
Parques ,
Va nous filer le fiecle heureux
Qui du plus puiffant des
Monarques ,
Doit couronner les juftes
voeux .
Efperons des jours plus pai
fibles
,
Les Dieux ne font point
inflexibles
Puifqu'ils puniffent nos
forfaits.
Dans leurs rigueurs les plus
aufteres ,
Souvent leurs Acaux falutaires
,
14 PIECES
Sont un gage de leurs bienfaits.
Le Ciel dans une nuit
fonde
pro-
Se plaift à nous cacher fes
loix ;
Les Rois font les Mailtres
du monde ,
Les Dieux font les Maitres
des Rois ;
La valeur , le foip , la prudence
,
Des decrets de la Providen
ce .
Ne changent point l'ordre
arrefté ;
Et leur regle conſtante &
fûre
FUGITIVES . 15
Fait feule icy bas la meſure
Des biens & de l'adverfité.
Mais
que
fais - cu , Mufe infenfée
?
Ou tend ce vol ambitieux ?
Ole-tu porter ta penſée
Jufques dans le Confeil des
Dicux ?
Reprime une ardeur perilleufe
,
Ne va point d'une alle ore
güeilleufe
Chercher ta perte dans les
airs ;
Et par des routes inconnuës
,
1.6 PIECES
-4
Suivant Icare au haut des
-nuës ,
Crains de tomber au fond
des Mers.
Si pourtant quelque Esprit
timide ,
Du Pinde ignorant les détours
,
Oppofoit les regles d'Euclide
Aux defordres de mes difcours
;
Qu'il fçache qu'autrefois
Virgile
Fit même aux Mufes de Sicile
FUGITIVES . 17
Approuver de pareils tranf
ports
Et qu'enfin cet heureux dé .
lire
Des plus grands Maiftres de
la Lire
Immortalife les accords.
Sur la Naiffance de
Monfeigneur le Duc
de Bretagne en 1707 .
Defcend de la double colline
Nimphe , dont le fils amou
reux ,
Février
1711 . X
PIECES
•
Du fombre Epoux de Proferpine
Sceur fléchir le coeur rigoureux
.
Viens fervir l'ardeur qui
m'inſpire ;
Décffe , prefte moy ta Lire ,
Ou celle de ce Grec * vanté,
Dont , par le fuperbe Alexandre
Au milieu de Thebes en
cendre
,
Leféjour fut feul refpecté.
Quel Dieu propice nous
ramene ,
Pindare.
FUGITIVES.
L'efpoir que nous avions
perdu ?
Un fils de Thetis ou d'Alcmene
,, -
Par les Dieux nous cft il
rendu ?
N'en doutons point ; le Ċiel
fenfible ,
Veut réparer le coup terrible
,
Qui nous fit verfer tant de
pleurs.
Hâtez vous ,ô chafte Lucine!
Jamais plus illuftre origine
,
Ne fut digne de vos faveurs.
Xij C
7
PIECES
Peuple , voici le premier
gage ,
Des biens qui vous font
préparez ,
Cet Enfant eft l'heureux
préfage ,
I
Durepos que vous defirez .
Les premiers inftans de fa
vie ,
De la Difcorde & de l'Envie
,
Verront éteindre le flambeau
;
Il renverfera leurs Tro
phées ,
Et leurs couleuvres étouf
fées
FUUGGIITIVES.
Seront les jeux de fon berceau.
Ainfi durant la nuit obfcure
,
De Venus l'Etoile nous
luit ;
Favorable & brillante augure
,
De l'Eclat du jour qui la
fuir.
Ainfi dans le fort des tempeſtes
,
Nous voïont briller fur nos
reftes ,
Ces feux amis des Matclots,
Préfage de la Paix profonde :
X iij
PIECESC
Que le Dieu qui regne fur
l'Onde ,
Va rendre à l'Empire des
flots.:
強
Quel monftre , de carnage
avide
S'eft emparé de l'Univers ?
Quelle impitoiable Eumenide
De fes feux infecte les airs ?
Quel Dieu foufle en tous
lieux la guerre
,
Et femble à dépeupler la
terre
Exciter nos fanglantes
mains a
FUGITIVES.
7 .
Megere des Enfers bannic ,
Eit elle aujourd'huy legenie,
Qui prefide au fort des
humains ?
Arrefte , Furie implacable,
Le Ciel veut calmer fes
rigueurs ;
Les feux d'une guerre cou
> pable
N'ont trop que trop
embrafé
nos coeurs.
Aimable Paix , Vierge facrée
,
Defcends de la voûte azurée;
Viens voir les Temples
relevez
,
X
iiijj
8 PIECES
Et ramene at fein de nos
Villes
Les Dieux bien faifans &
tranquilles ,
Que nos crimes ont foulevez.
維
Mais où fuis- je ? quel trait
de flame
M'échaufe d'une fainte horreur
?
Quel Dieu fait entrer dans
mon ame ,
Une profetique fureur ?
Loin d'ici prophane vulgaire
;
FUGITIVES.
Apollon m'infpire & m'éclaire,
C'est luy , je le vois , je le
lens ;
Mon coeur cede à fa violence
:
Mortels refpectez la pres
fence ;
Prétez l'orreille à mes
accens.
Les temps prédits par la
Sibille ,
A leurs termes font par
venus ,
Nous touchons au regne
tranquille ,
To PIECES
Du vieux Saturne & de
Janus.
Voici la faifon defirée ,
Où Themis & fa foeur
Aftrée ,
Rétabli fans leurs faints
Autels ,
Vont ramener ces jours
infignes ,
Où nos vertus nous rendoient
dignes
Du commerce des Immortels.
Que vois - je ! quel nouveau
miracle ,
Tient encor , mes fens enchantez
?
FUGITIVES. *
Quel vafte , quel pompeux
Lpectacle ,
Frappe mes yeux épous
vantez ?
Un nouveau monde vient
d'éclore ,
L'Univers fe reforme ens
core ,
Dans les abîmes du Chaos ;
Et pour reparer les ruines ,
Je vois des demeures divines
,
Defcendre un peuple de
Heros.
Les elemens ceffent leur
guerre ,
PIECES
Les Cieux ont repris leur
azur
Un feu facré purge la ter
rc ,
De tout ce qu'elle avoit
d'impur.
On ne craint plus l'herbe
mortelle
;
Etle crocodile infidele
Du Nil ne trouble plus les
eaux
Les Lions dépouillent leur
rage ,
Et dans le même pâturage ,
Bondiffent avec les troupeaux.
J
FUGITIVES. 1
C'eft ainfi que la main des
Parques ,
Va nous filer le fiecle heureux
Qui du plus puiffant des
Monarques ,
Doit couronner les juftes
voeux .
Efperons des jours plus pai
fibles
,
Les Dieux ne font point
inflexibles
Puifqu'ils puniffent nos
forfaits.
Dans leurs rigueurs les plus
aufteres ,
Souvent leurs Acaux falutaires
,
14 PIECES
Sont un gage de leurs bienfaits.
Le Ciel dans une nuit
fonde
pro-
Se plaift à nous cacher fes
loix ;
Les Rois font les Mailtres
du monde ,
Les Dieux font les Maitres
des Rois ;
La valeur , le foip , la prudence
,
Des decrets de la Providen
ce .
Ne changent point l'ordre
arrefté ;
Et leur regle conſtante &
fûre
FUGITIVES . 15
Fait feule icy bas la meſure
Des biens & de l'adverfité.
Mais
que
fais - cu , Mufe infenfée
?
Ou tend ce vol ambitieux ?
Ole-tu porter ta penſée
Jufques dans le Confeil des
Dicux ?
Reprime une ardeur perilleufe
,
Ne va point d'une alle ore
güeilleufe
Chercher ta perte dans les
airs ;
Et par des routes inconnuës
,
1.6 PIECES
-4
Suivant Icare au haut des
-nuës ,
Crains de tomber au fond
des Mers.
Si pourtant quelque Esprit
timide ,
Du Pinde ignorant les détours
,
Oppofoit les regles d'Euclide
Aux defordres de mes difcours
;
Qu'il fçache qu'autrefois
Virgile
Fit même aux Mufes de Sicile
FUGITIVES . 17
Approuver de pareils tranf
ports
Et qu'enfin cet heureux dé .
lire
Des plus grands Maiftres de
la Lire
Immortalife les accords.
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Résumé : ODE Sur la Naissance de Monseigneur le Duc de Bretagne en 1707.
Le texte est une ode célébrant la naissance du Duc de Bretagne en 1707, écrite en février 1711. L'auteur commence par invoquer les muses et les dieux pour inspirer son écriture, comparant son œuvre à celle du poète antique Pindare. Il exprime l'espoir renouvelé apporté par la naissance de l'enfant, perçu comme un signe de paix et de prospérité future. Le peuple est encouragé à voir en cet enfant un présage de jours meilleurs, où la discorde et l'envie seront vaincues. L'auteur décrit une vision apocalyptique suivie d'une renaissance, où la nature et les éléments retrouvent leur harmonie. Il évoque ensuite la justice et la vertu qui doivent régner, rappelant que les dieux et la providence dirigent le destin des rois et des hommes. Conscient de l'audace de ses pensées, l'auteur se reprend et rappelle que même les grands poètes comme Virgile ont osé des transports similaires dans leurs œuvres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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30
p. 64-83
Nouvelles du Nord. EXTRAIT d'un Journal de Mr Neuge-Baver, Envoyé du Roy de Suede à la Cour Ottomane. Constantinople ce 18. Decembre 1710.
Début :
Le 4. Novembre le Cham des Tartares arriva dans cette [...]
Mots clefs :
Guerre, Roi de Suède, Constantinople, Tartares
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles du Nord. EXTRAIT d'un Journal de Mr Neuge-Baver, Envoyé du Roy de Suede à la Cour Ottomane. Constantinople ce 18. Decembre 1710.
EXTRAIT
d'un Journal de Mr
Neuge-Baver, Envoyé
du Roy de Suede
à la Cour Otto-
+ mane.
A Confiantmople ce 18.
Décembre 1710.
Le
4. Novembre le
Cham des Tartares arriva
dans cette Ville.
Le 10. il eut audiance
du
duGrand-Seigneur.
Le ~i. on donna la paye
auxTroupes pour six mois.
Le18.& le19. le Grand-
Visir tint Conseil par ordre
duSultan, auquel les principaux
Ministres de saHautesse
assisterent. On y proposa
la demande du Roy
de Suede au sujet de son
escorte
,
& de la rupture
avec le Czar. Les sentimens
unanimes furent qu'il falloit
envoyer la Majesté
Suedoise dans les Etats,
& déclarer la guerre en
mesmetemps aux Moscovites,
vû qu'ils avoient
exercé plusieurs hostilitez
contre la Porre.
Le Grand Visir ayant
fait son rapport au Sultan,
Sa Hautesse fit assembler le
lendemain un grand Conseilau
Divan. Elleyfitappeller
les mesmesMinistres
que le Grand Visir avoit
convoqué le jour précedent
, sçavoir le Mufti
Sclictitar,Ali-Bacha ,-
,
Soliman-
Bacha, ou Kaimakan,
l'Aga des.Janiffaires,
Topei-Bacha, Capigi-Bachi,
le Tefterdar,le ReisEffendi
, le Mufti que le
Grand Visir Numan-Bachaavoit
déposé, & vingt
]Effendi,Cadis & Ulema,
c'est-à-dire
,
les Gens de
Lettres & de Loy. Ceux-cy
ayant réitéré ce qu'ils
avoient déclarés auConieil
du Grand-Visir,leSultan
y souscrivit
,
sur quoy le
22. la Guerre contre les
Moscovites fut publiée
dans toutes les Mosquées
ou Eglises
, avec une joye
& des acclamations incroyables
detout le peu ple.
Le 20.l'Admiral Giarum
Hadgia fut démis desa
charge,& l'on nomma
AteiMehemet Bacha pour
remplir sa place.
Le 21. le Grand-Visir
tint Conseil de Marine
assisté du CapitJn-Bacha,
& du nouvel Amiral, Si
l'on en doit croire des gens
graves ôc bien fenfez, la
Flotte Turque fera composée
de 80. Voiles, sçavoir
des Vaisseaux de Li.
gne, des Fregates, des Galeres,
& des petits Bastimens;
& l'on a ordonné
d'en faire encore construire
un grand nombrede cette
derniere sorte.Pour monter
cette Flotte on doit enrôller37000.
mil hommes.
Le nombre des Janissaires
Arnàates& Spahis fera de
120000. effectifs. Le Topei-
Bacha a ordre d'emmener
14000. hommes
pour servir l'Artillerie On
fait monter le nombre des
Tartaresà200000combattans.
Enfin le Moscovite
sera attaqué avec d'aussi
grandes forces que laPorte
ait jamais mis sur pied, ôc l'on dit mesme que les
Ottomans nesesontpoint
encore preparés à aucune
guerre avec autant d'efforts
qu'à celle-cy. tif;
Tout estant reglé &
disposé de la maniere susdite,
la guerre contre le
Moscovite en faveur du
Roy de Suede fut publiée 'e,
danscetteVille,&ensuite
dans toutes les autres de
i'Empire Ottoman.
*
Le 14, le Palatin de
Kiovie partit d'icy pour
Bender.
Le 25.le Prince de Moldavie
fut deposé de mesme
qu'Isus Bacha, Serasquier
de Bender ;c'estoient des
creatuues du Grand-Visir
Ali-Bachaqui vient d'être
deposé. A la plac<^lu Prin.
ce on a élevé Demetrius
Cantemir, adherant des
Tartares, & bon Suedois.
Le 26. le susdit Cham
des Tartares eut audiance
privée duGrand-Seigneur,
après quoyil prit congé de
SaHautesse.
Le 27. il partit conduit
jusques hors la Ville par le
premierVisir,& les principaux
Ministres
, aux acclamations
de tout le peuple.
Le 28. l'Ambassadeur
Moscovite ayant esté arresté,
oule mena aux Indiculis
ou les sept Tours
avec tous ses domestiques,
à l'exception de quatre valets
qui estoient des Livoniens.
Les meubles qu'on a
trouvé dans son Hostel ont
tous esté inventoriez &
scellez.
Le sieur Bonkoursky
Gentilhomme Polonois ,
,
Envoyé du Roy Auguste,
devoit
devoit estreaussi menéprisonnier
dans les septTours,
mais comme il s'est mis
fous nostre protection, j'ay
intercedé pour luy
, conjointementavec
le General
Ponjatourski.
D'autres Lettres beaucoup
plus recentesassurent
que les Tartares soutenus
par le Palatin de Kiovie,
font déja des mouvements
en Podolie; que six Batail-
Ions Saxons avoientrepassé
le Rhin pour retourner
dans leurs pays, & que les
Danois,&les Pru ssiens en
devoient faire autant.
Le Roy Auguste partit
de Leipsik le 1.Février
dpeour Dresden où la Diete
ses Estats qu'il avoit
convoquée pour le 6. devoitestreassembléecejourlà.
Ony a resolu de prendres
toutes les précautions
necessaires pour se mettre à
couvert de l'irruption des
Suedois.
Le 27. Janvier le Czar
partit en poste de Petersbourg
pour se rendre à
Moscou,& ensuiteàAzaf.
Avantson départ il avoit
dépesché plusieurs Courriers
porter les ordres pour
faire assembler des Troupes
sur la frontiere de l'Ukraine,
au-deçà & au-delà du
Boristhene
, & pour faire
travailler en grande diligence
à l'armement de sa
Flote.
L'Electeur de Brandebourg
a fait publier une
Ordonnance, par laquelle
il deffend à tous ses [ujets,
fous peine de lavie, de
forcir de fès Estats pour
aller s'establir ailleurs.
Voicy laListe desTroupesqui
doivent composer
l'Arméedestinée à maintenir
la neutralité dans la
Baffe-Allemagne.
Deux Regiments de Cavaleriede
l'Empereur.
Deux Bataillons & un
Escadron de l'Electeur Palatin.
Deux Bataillons&trois
Escadronsde l'Electeur de
Brandebourg.
Un Bataillonde Mayence.
UnBataillon du Landgrave
de Hesse Cassel.
Un Regiment de Cavalerie
du Duc de Mekelbourg
Swerin.
Deux Bataillons du Duc
d'Hanovre.
1 Un Bataillon du Duc
de Wolfembutel.
Un Bataillon de rEveque
de Munster.
Six Bataillons Anglois.
Et six Bataillons Hollandais,
ce qui fera en tout
environ quinze mille hommes.
L'Armée du General
Crassaw sera composée de
son Regiment de Dragons;
des Regiments de Mardefeldt
, de Marschal , de
quinzecent hommes chacun
, de deux autres Regiments
de Cavalerie de mille
hommes chacun ;
des---
Regiments d'Infanterie de
-
Schultz & de Stuart, de
douze cents hommes chacun
;
du Regiment de
Horne de dix-huit cents
hommes; de celuy d'Eckeblat
, de neufcents hommes,
ce qui faitplus de
treize mille hommes, sans
y comprendre les Troupes
destinées àla garde
-
des
Places ni les huit à dix mille
hommes qui doivent
venir le joindre deSuede.
Le Comte Sieniawski,
Grand General dela Couronne
de Pologne a refusé
aux Princes Dolhorouki&
Galiczen de faire entrer des
Troupes Moscovites dans
Kaminietz,Dubno, Brodi,
Leopol,&le Fort de
laTrinité.
Il yades Lettres du10.
Février, qui assurent que
l'Armée du General Crassawestoit
de plus de dixhuit
mille hommes ; sans
y comprendre les Troupes
qui devoient l'allerjoindre
deSuede,& qu'il n'attendoit
que les ordres pour
açir.
La nuit du 14.au 15.
Février, trois Compagnies
des Gardes à pied du Duc
d'Hanover,escaladerent la
Ville &: le Chasteau de
Pein. Le Chapitre de la Cathedrale
d'Hildesheim
dont , cette Place dépend
dépescha , un Courrier pour
en poster ses plaintes à
l'Empereur.
LeDuc deWolfembutel
s'est aussi emparé de Brakel,
d'Alefeld&deGrou,
de la dépendance du même
Chapitre; & d'autres
Troupes du Duc d'Hanover
se sont saisies de 11 Ville
mêmed'Hildesheim
fous prétexte que le Chapitre
n'avoit pas executé
une convention qu'il avoit
faite avec ce Duc, depuis
la mort du dernier Evêque
d'Hildesheim.
Les Lettres de Constantinople
du 8. Janvier, portent
qu'on n'y a jamais veu
de si grands préparatifs de
guerre; que les Turcs mestroient
en mer une Flote
de deux cens cinquante
voiles, sur laquelle on em^
barqueroit vingt mille
hommes; que le Grand-
Vizir alloit tous les jours
visiter les Magazins, l'Arcenal
,
& les Chantiers;
que tous les Bachas avoient
ordre de se rendre incessamment
au quartier d'assemblée,
àpeine de la vie,
& qu'il y en aura plus de
quatre-vingt qui amèneront
des Troupes nombreuses
qu'on avoit construit
quatre Ponts sur le
Danube, & que les Hospodars
deValaquie & deMoldavieavoiencordre
d'assembler
un grand nombre
de Chevaux & de Boeufs
pour voiturer les vivres 5c
tartillerie.
d'un Journal de Mr
Neuge-Baver, Envoyé
du Roy de Suede
à la Cour Otto-
+ mane.
A Confiantmople ce 18.
Décembre 1710.
Le
4. Novembre le
Cham des Tartares arriva
dans cette Ville.
Le 10. il eut audiance
du
duGrand-Seigneur.
Le ~i. on donna la paye
auxTroupes pour six mois.
Le18.& le19. le Grand-
Visir tint Conseil par ordre
duSultan, auquel les principaux
Ministres de saHautesse
assisterent. On y proposa
la demande du Roy
de Suede au sujet de son
escorte
,
& de la rupture
avec le Czar. Les sentimens
unanimes furent qu'il falloit
envoyer la Majesté
Suedoise dans les Etats,
& déclarer la guerre en
mesmetemps aux Moscovites,
vû qu'ils avoient
exercé plusieurs hostilitez
contre la Porre.
Le Grand Visir ayant
fait son rapport au Sultan,
Sa Hautesse fit assembler le
lendemain un grand Conseilau
Divan. Elleyfitappeller
les mesmesMinistres
que le Grand Visir avoit
convoqué le jour précedent
, sçavoir le Mufti
Sclictitar,Ali-Bacha ,-
,
Soliman-
Bacha, ou Kaimakan,
l'Aga des.Janiffaires,
Topei-Bacha, Capigi-Bachi,
le Tefterdar,le ReisEffendi
, le Mufti que le
Grand Visir Numan-Bachaavoit
déposé, & vingt
]Effendi,Cadis & Ulema,
c'est-à-dire
,
les Gens de
Lettres & de Loy. Ceux-cy
ayant réitéré ce qu'ils
avoient déclarés auConieil
du Grand-Visir,leSultan
y souscrivit
,
sur quoy le
22. la Guerre contre les
Moscovites fut publiée
dans toutes les Mosquées
ou Eglises
, avec une joye
& des acclamations incroyables
detout le peu ple.
Le 20.l'Admiral Giarum
Hadgia fut démis desa
charge,& l'on nomma
AteiMehemet Bacha pour
remplir sa place.
Le 21. le Grand-Visir
tint Conseil de Marine
assisté du CapitJn-Bacha,
& du nouvel Amiral, Si
l'on en doit croire des gens
graves ôc bien fenfez, la
Flotte Turque fera composée
de 80. Voiles, sçavoir
des Vaisseaux de Li.
gne, des Fregates, des Galeres,
& des petits Bastimens;
& l'on a ordonné
d'en faire encore construire
un grand nombrede cette
derniere sorte.Pour monter
cette Flotte on doit enrôller37000.
mil hommes.
Le nombre des Janissaires
Arnàates& Spahis fera de
120000. effectifs. Le Topei-
Bacha a ordre d'emmener
14000. hommes
pour servir l'Artillerie On
fait monter le nombre des
Tartaresà200000combattans.
Enfin le Moscovite
sera attaqué avec d'aussi
grandes forces que laPorte
ait jamais mis sur pied, ôc l'on dit mesme que les
Ottomans nesesontpoint
encore preparés à aucune
guerre avec autant d'efforts
qu'à celle-cy. tif;
Tout estant reglé &
disposé de la maniere susdite,
la guerre contre le
Moscovite en faveur du
Roy de Suede fut publiée 'e,
danscetteVille,&ensuite
dans toutes les autres de
i'Empire Ottoman.
*
Le 14, le Palatin de
Kiovie partit d'icy pour
Bender.
Le 25.le Prince de Moldavie
fut deposé de mesme
qu'Isus Bacha, Serasquier
de Bender ;c'estoient des
creatuues du Grand-Visir
Ali-Bachaqui vient d'être
deposé. A la plac<^lu Prin.
ce on a élevé Demetrius
Cantemir, adherant des
Tartares, & bon Suedois.
Le 26. le susdit Cham
des Tartares eut audiance
privée duGrand-Seigneur,
après quoyil prit congé de
SaHautesse.
Le 27. il partit conduit
jusques hors la Ville par le
premierVisir,& les principaux
Ministres
, aux acclamations
de tout le peuple.
Le 28. l'Ambassadeur
Moscovite ayant esté arresté,
oule mena aux Indiculis
ou les sept Tours
avec tous ses domestiques,
à l'exception de quatre valets
qui estoient des Livoniens.
Les meubles qu'on a
trouvé dans son Hostel ont
tous esté inventoriez &
scellez.
Le sieur Bonkoursky
Gentilhomme Polonois ,
,
Envoyé du Roy Auguste,
devoit
devoit estreaussi menéprisonnier
dans les septTours,
mais comme il s'est mis
fous nostre protection, j'ay
intercedé pour luy
, conjointementavec
le General
Ponjatourski.
D'autres Lettres beaucoup
plus recentesassurent
que les Tartares soutenus
par le Palatin de Kiovie,
font déja des mouvements
en Podolie; que six Batail-
Ions Saxons avoientrepassé
le Rhin pour retourner
dans leurs pays, & que les
Danois,&les Pru ssiens en
devoient faire autant.
Le Roy Auguste partit
de Leipsik le 1.Février
dpeour Dresden où la Diete
ses Estats qu'il avoit
convoquée pour le 6. devoitestreassembléecejourlà.
Ony a resolu de prendres
toutes les précautions
necessaires pour se mettre à
couvert de l'irruption des
Suedois.
Le 27. Janvier le Czar
partit en poste de Petersbourg
pour se rendre à
Moscou,& ensuiteàAzaf.
Avantson départ il avoit
dépesché plusieurs Courriers
porter les ordres pour
faire assembler des Troupes
sur la frontiere de l'Ukraine,
au-deçà & au-delà du
Boristhene
, & pour faire
travailler en grande diligence
à l'armement de sa
Flote.
L'Electeur de Brandebourg
a fait publier une
Ordonnance, par laquelle
il deffend à tous ses [ujets,
fous peine de lavie, de
forcir de fès Estats pour
aller s'establir ailleurs.
Voicy laListe desTroupesqui
doivent composer
l'Arméedestinée à maintenir
la neutralité dans la
Baffe-Allemagne.
Deux Regiments de Cavaleriede
l'Empereur.
Deux Bataillons & un
Escadron de l'Electeur Palatin.
Deux Bataillons&trois
Escadronsde l'Electeur de
Brandebourg.
Un Bataillonde Mayence.
UnBataillon du Landgrave
de Hesse Cassel.
Un Regiment de Cavalerie
du Duc de Mekelbourg
Swerin.
Deux Bataillons du Duc
d'Hanovre.
1 Un Bataillon du Duc
de Wolfembutel.
Un Bataillon de rEveque
de Munster.
Six Bataillons Anglois.
Et six Bataillons Hollandais,
ce qui fera en tout
environ quinze mille hommes.
L'Armée du General
Crassaw sera composée de
son Regiment de Dragons;
des Regiments de Mardefeldt
, de Marschal , de
quinzecent hommes chacun
, de deux autres Regiments
de Cavalerie de mille
hommes chacun ;
des---
Regiments d'Infanterie de
-
Schultz & de Stuart, de
douze cents hommes chacun
;
du Regiment de
Horne de dix-huit cents
hommes; de celuy d'Eckeblat
, de neufcents hommes,
ce qui faitplus de
treize mille hommes, sans
y comprendre les Troupes
destinées àla garde
-
des
Places ni les huit à dix mille
hommes qui doivent
venir le joindre deSuede.
Le Comte Sieniawski,
Grand General dela Couronne
de Pologne a refusé
aux Princes Dolhorouki&
Galiczen de faire entrer des
Troupes Moscovites dans
Kaminietz,Dubno, Brodi,
Leopol,&le Fort de
laTrinité.
Il yades Lettres du10.
Février, qui assurent que
l'Armée du General Crassawestoit
de plus de dixhuit
mille hommes ; sans
y comprendre les Troupes
qui devoient l'allerjoindre
deSuede,& qu'il n'attendoit
que les ordres pour
açir.
La nuit du 14.au 15.
Février, trois Compagnies
des Gardes à pied du Duc
d'Hanover,escaladerent la
Ville &: le Chasteau de
Pein. Le Chapitre de la Cathedrale
d'Hildesheim
dont , cette Place dépend
dépescha , un Courrier pour
en poster ses plaintes à
l'Empereur.
LeDuc deWolfembutel
s'est aussi emparé de Brakel,
d'Alefeld&deGrou,
de la dépendance du même
Chapitre; & d'autres
Troupes du Duc d'Hanover
se sont saisies de 11 Ville
mêmed'Hildesheim
fous prétexte que le Chapitre
n'avoit pas executé
une convention qu'il avoit
faite avec ce Duc, depuis
la mort du dernier Evêque
d'Hildesheim.
Les Lettres de Constantinople
du 8. Janvier, portent
qu'on n'y a jamais veu
de si grands préparatifs de
guerre; que les Turcs mestroient
en mer une Flote
de deux cens cinquante
voiles, sur laquelle on em^
barqueroit vingt mille
hommes; que le Grand-
Vizir alloit tous les jours
visiter les Magazins, l'Arcenal
,
& les Chantiers;
que tous les Bachas avoient
ordre de se rendre incessamment
au quartier d'assemblée,
àpeine de la vie,
& qu'il y en aura plus de
quatre-vingt qui amèneront
des Troupes nombreuses
qu'on avoit construit
quatre Ponts sur le
Danube, & que les Hospodars
deValaquie & deMoldavieavoiencordre
d'assembler
un grand nombre
de Chevaux & de Boeufs
pour voiturer les vivres 5c
tartillerie.
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Résumé : Nouvelles du Nord. EXTRAIT d'un Journal de Mr Neuge-Baver, Envoyé du Roy de Suede à la Cour Ottomane. Constantinople ce 18. Decembre 1710.
En 1710, le journal de Mr Neuge-Baver, envoyé du roi de Suède à la cour ottomane, décrit plusieurs événements diplomatiques et militaires. Le 4 novembre, le khan des Tartares arrive à Constantinople et obtient une audience auprès du sultan le 10 novembre. Du 18 au 21 novembre, un conseil est convoqué pour discuter de la demande du roi de Suède concernant une escorte et la rupture avec le tsar. Les ministres décident d'envoyer une escorte au roi de Suède et de déclarer la guerre aux Moscovites en raison de leurs hostilités contre l'Empire ottoman. Le 20 novembre, l'amiral Giarum Hadgia est démis de ses fonctions et remplacé par Atei Mehemet Bacha. Le 21 novembre, un conseil de marine décide de constituer une flotte de 80 voiles et d'enrôler 37 000 hommes. Les forces ottomanes, incluant les Janissaires, les Arnautes, les Spahis, et les Tartares, sont mobilisées pour attaquer les Moscovites. Le 22 novembre, la guerre contre les Moscovites est annoncée dans toutes les mosquées. Le 14 novembre, le palatin de Kiev part pour Bender. Le 25 novembre, le prince de Moldavie et le serasker de Bender sont déposés, et Démétrius Cantemir est élevé au trône. Le 26 novembre, le khan des Tartares obtient une audience privée du sultan et prend congé. Le 27 novembre, il quitte Constantinople accompagné par le Grand-Visir et les principaux ministres. Le 28 novembre, l'ambassadeur moscovite est arrêté et conduit aux Sept Tours avec ses domestiques. Le gentilhomme polonais Bonkoursky, envoyé du roi Auguste, est également arrêté mais libéré grâce à l'intervention de Neuge-Baver. Des mouvements militaires sont signalés en Podolie, et des troupes saxonnes, danoises et prussiennes se préparent à retourner dans leurs pays. Le roi Auguste se rend à Dresde pour une diète. Le tsar part pour Moscou et donne des ordres pour rassembler des troupes et armer sa flotte. L'électeur de Brandebourg publie une ordonnance interdisant à ses sujets de quitter ses États. Des troupes sont mobilisées pour maintenir la neutralité en Basse-Allemagne. Le comte Sieniawski refuse l'entrée des troupes moscovites en Pologne. Des troupes du duc d'Hanovre et du duc de Wolfenbüttel s'emparent de plusieurs villes. À Constantinople, des préparatifs de guerre massifs sont en cours, avec une flotte de 250 voiles et des troupes nombreuses.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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31
p. 2-66
EXTRAIT DES FAITS LES PLUS IMPORTANS CONCERNANTS FEU Mr LE MARÉCHAL DE CHOISEUL.
Début :
La Maison de Choiseul est si connuë dans l'Europe [...]
Mots clefs :
Maréchal Choiseul, Troupes, Roi, Majesté, Prince, Ennemis, Guerre
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT DES FAITS LES PLUS IMPORTANS CONCERNANTS FEU Mr LE MARÉCHAL DE CHOISEUL.
EXTRAIT
DES FÀITS
V
LES PLUS IMPORTANS
CONCERNANTS
FEUM'LEMARE'CHAL
DE CHOISEUL. LA Maison de Choi-
,-
seul est si connue
dans l'Europe pour son ancienneté,
& la Noblesse de
son origine estsi amplement
rapportçc dans le Nobilier
de la Province de
Champagne, d'où elle la
tire, qu'il suffira pour établir
la haute naissance de
Monsieur le Maréchal de
Choiseul, de dire que dans
la preuve qu'ilfit de sa Noblesleen1688.
lors qu'il
fut faitChevalier de l'Ordre
par une genealogie qui remonte
jusqu'à
17 ayeuls &
ayeules; il justifiequeJean de
Choiseul quivivoit audouziémesiécle
son ;onziéfQc
ayeulfit l'hômage-lige avec
la Princesse Alix de Dreux
sa mère, dans untitre: de
l'Abbaye dela Chancedatté
de l'an 1239qu'ildevoit
à l'Evêque deLangres à cau
fc de son Château de Choiseul
,
qu'ils'obligeaàdeux
cent marcs d'argent pour
les conventions du Mariage
de Margueritte de Navarre
avec Ferry II.Duc de
Lorraine,&endonna Ces
Lettres l'an 1149, qu'il
confirma au moisd'Avril
de l'an 1252,,toutesles dotations
queReignier Seigneur
d'Aigremont perc
d'Alix d'Aigremontsafemme,
avoitfâitaux Religieux
del'Abbayede Moritnont
dontilsfont Fondateurst
&de-* celle de Molesme
,
& qu'au mois d'Aoust de
l'ànnée suivante, il promit
à Hugues Comte de Bourgogne
de faire la guerre
auCotme de Champagne,
& de l'aider de Ces Châteaux
de Choiseul& d'Aigremont
,
& qu'en l'an
126 5 ,
il termina un différent
qu'il avoit avec Thibault
Comte de Bar son
Coufin, au nom duquel il
avoit répondu de mil marcs
d'argent pour laseureté des
conventions du Mariage
de ses Enfans avec ceux du
Comte deBourgogne, son
pere qui écoit Regnard de
Choiseul 1
2e ayeul du
Nom. Sirede Choiseul
assigna l'an im, la moitié
de sonChâteau deChoiseul
pour le douaire de -la.
Princesse Alix de Dreux sa
femme )men: dudit Jean de
Choiseul
,
qui étoit veuve
de Gautier de Bourgogne
frere d'Estienne II. Comte
de Bourgogne ; Elle étoit
fille de Robert11. Comte
de Dreux 4e fils. du Roy
Loiâis VI dit le Gros &
d'Alix de Savoye
,
l'an
12 jj, il fut l'une des cautions
du Mariage de Blanche
fille de Thibault Comte
de Champagne, & Roy
de Navarre, avec Jean fils
de Pierre Duc deBretagne :
cette Maison a toujours été
reputée grande dans son
enginc , tous les Historiens
qui l'ont curieufcmçnt
recherchée la croyant sortie
des anciens Comtes de
Langres, &du Bassignyqui
étoient Souverains, dont
plusieurs Branches se font
conservées, JLïtejuàprêtent.
LesMarquis de Langres, Barons
dïAmbonnéville, & de
Beaupré; les Barons de Meuse
,
Marquis de Germay ; les
Comtes de Che'Vigny) les Bâtonsd'Aguelly
; lesSeigneurs
:
de Villars & de Bussieres ;
les Marquis de Praslain Comtes
du Plessis &Ducs de Choiseul
Pairs de France
,
d'où
sont issus les Maréchaux de
Praflain & du Plejfis ; les
ComtesdHostel> & les Seigneurs
de Voteau.
Mr leMaréchal de Choiseul
cft né le dernier Decembrc
1632.. & morele1j
Mars 1 7 11. âgé de 78 ans
deuxmois& 15 jours. Il
étoit fils de Loüis. de Choiseul
,
Seigneur Marquis de
Francieres, Lieutenant General
des Armées du Roy,
Grand Bailly & Gouverneur
de Langres. Il s'appelloit
Claudede Choiseul Marquis
deFrancieres, Premier
Maréchal de France
,
Chevalier
des Ordres du Roy,
Gouverneur des Ville &,
Citadelle de Valenciennes,
GrandBailly&Gouverneur
de laVillede Langres,
-
-
En l'année1649. dés Tige
de 16. ans il commença
à donner des preuves de son
courage,en servant de Vo
lontaire jusqu'au temps que
le Marquis de Franciere fart
pere,luy avant cédé la Compagnie
qu'il avoit dans le
Régiment du Grand Prince
de Condé,il se trouva en
cette qualité au combat de
Vurysur Seine, appelléle
combat S. Antoine, oùil
mérita
, par la valeur qu'il y
fit paroistre
,
le Regiment
de Cavalerie, dont Sa Majessé
lhonnora en 16 3.
temps oùil n' y en avoit que
huit au neufen France, ce
que leCardinal Mazarin luy
ditavant d'obtenir cc Régiment
,est digne de rermaque
; on l'appelloit alors le
Comte de Choiseul, nom
qu'il a toujours porté depuis,
jusquace qu'ilaitesté
fait Maréchal de France : il
avoir combattu en cetce fameusejournée
avec tant de
courage à la tête du Régiment
de Coridé, où la
plupart des Officiers furent
tués, & il s'estoit si fort ex- posé qu'il y futblessé ÔC
pris prisonnier,leCardinal
le voulutvoir,& luy parla
en cette forte: Monsieur
evousavezbienfaitniais voûï
ave% malfaitvous avek bien
fait en combattant en -tre^~
brave hommé, maisvousavez
malfaitdeservircontreleRoy
vôtre Maistre ; le Comte de
Choiseul luy répondir.-Â/arë.
siuerjesuisencore trop jeune
pourfaire des refléélions3jfajf
obéi aveuglémentàmon Pere;
le Cardinal luy répliqua:
Hé bien, fyîonficur
,
le Roy
seravostre premier Pere
y
alltz
Chf'{--WNS attendre fis ordres
Eneffet quelque tempsaprès
onluy envoya le Brevet de
Mettre de Camp de Cavalerie,
qu'ilreçût del'agrément
même de Monsieurle
Prince; il se signalaà la tête
de son RegimentauxSièges
deMouzon & de Sainte
Menehoult,en 1654. àceluy
d'Arras, où les Ennemis
qui attaquoient cette Place,
ayant esté forcez dans leurs
retranchemens,ildeffità
la tête de son Régiment cc:
luy d'Obock, dont ilgagna
les Timballes,SaMajesté eu
fut sicontente,qu'Elle IUY
accorda une pensionde mil
écus, qui estoit pour lors
sort considerable. En16
il se trouva aux Sieges de.
Landrecies, Condé & S.
Guillain, & àce dernier
ayant joint la capacitéauf
courage, il opposa si à propos
quelques Escadrons aux
Ennemis, qu'il facilitabeaucouplaréduction
decette
Place.
1 En1656.ausiege deValenciennes
,
les Ennemis
ayant attaqué le Maréchal
de la Ferté qui y comman-; doit,le Comtede Choiseul ;
par sa vigilance & par sa
valeur
,
donna moyen au
Marquis de Renelde retirer.
les Gardes Suisses restées
dansles Tranchées,où ellles.
auroient esté accablées par
le grand nombre des Ennemis.
En 1657.lorsque feu
Monsieur le Maréchal de
Turenne investitCambray
la fermeté que le Comte do)
Choiseul témoigna en attendant
avec 12. Escadrons
seulementles ennemis, qui
enavoient trente&quivenoient
pourtomber surles
bagagesdel'Armée,qu'ils
auroient pillez, cette fermeté
leséconria tellement,
qu'ils seretirèrentsans oser
rienentreprendre.En1658.
sonmenteaugmentant de
jour en jourluyacquit avec
raison la confiance des Ge"
neraux ,le Maréchal de la
Ferté luy donna le, Commandement
d'unCorps.de
deux mil hommes, pour
couvrir Landrecies, le
Quesnoy &les Places voisines,
pendant qu'il aflîegeoitSaineVenant&
Mardick,
&que le Maréchal de
Turenne&ttaquoit DpnKçtque.
En
En 1664. après la Paix
des Pyrenées, le Comte de
Choiseul n'ayant plus d'occasson
en France designaler
sa valeur, il demanda
d'aller à la tête d'un Regiment
en Hongrie avec
les Troupes que Sa Majesté
envoya au secours de l'Empereur
,
qui arresterent par
le gain du fameux Combat
de Saint Godard le cours
des prosperitez des Armées
Ottomanes. Ilse signala
fort en cette occasion.
En 1667 le Comte de
Choiseulfut faitBrigadier
des ArméesduRoy&dans
la guerre qui recommença
alors il donna de nouvelles
marquesde sa capacité& de
son zele, En 1668. aux sieges
de Tournay., Doüay
& Lisle, que Sa Majestésir
en personne, il fut détaché
pour chercher le Comtede
Martin
,
commandant les
Troupes Espagnolles yit
dessità latête du Regiment
d'Hostein ce célébré Général,
&,fit beaucoup d'Officiers
prisonniers, cette doffaite
fut encore remarquable
par laprise de Don*
Antoine de Cordouë
,
qui
commandoit la Cavalerie
Espagnolle.
En1669. leComte de
Choiseul fut fait Maréchal
de Camp, & envoyé en
Candie, où il demanda d'alleér
avec les Troupes que le
Roy y fit passer au secours
des Venitiens : Il répondit
tellement par ses actions à
la bonne opinion qu'on
avoit de sa capacité
, que
les Venitiens ,& le Sieur
Morosini, leur General, en
firent des Eloges, qui ont
cIe rendus publics partoute
l'Europe ; ils reconnurent
authentiquement combien
sa presence leur avoircfté
necessaire, lorsqu'estant
demeuré à ce Siège feulearjenc
avec six cens hommes
après rembarquement du
leste des Troupes
-
de Sa
Majesté il dit au General
Morosini : Les François n'aandonnent
point leurs amis
sans les mettre au moins en
seureté, quand il est impossible
de leur procurer la victoire.:
Ensuite il fit un tel effort
avec Ces six cens hommes,
(jtui epoussa les Turcs, &
lui donnal ieud'obtenirune
Capitulation honorable, dans le moment qu'il devoitpérir
avec toute &
Garnison.
La Republique de Venise
fut si touchée de cet important
service,qu'elle ordonna
à son Ambassadeur à Paris,
d'aller de sa part faire
des complimens &:des remercimens
au Comte de
Choiseul, dontils'acquitta.
En 1671. àla Guerre de
Hollande il se distingua
aux Sieges d'Arnheim, du
Fort de Schinck, de Nime:
gue, de Crevccoeur
, & de
Bomel.
;
En 1673. à la deffese
de Prague près de Wesel, qu'il ne gardoit qu'avec un
Bataillon & une Compagnie
de Cavallerie
,
il arrêrai
tout court le Prince d'o.
range,qui ne pût le forcer
avec toute son Armée.:
En 1674.il se distingue
au Combat de Seneff. '.;
En 1675.ilcommande
un Corps de Troupes pen..
dant l'EstésurlaMeuse,&
l'Hyver en Lorraine fous le
M^t&chal de Rochefort il
pritla Ville de Deuxponts,,
& plusieursChafteaux.
En 1476. le Comte de
Choiseul fut fait Lieutenant
General des Armées;
du Roy:Il deffit cette même
année une Efcortc tresconfiderable
de Fourageurs,
& lorsque le Maréchal Duc
de Luxembourg se retira
fous Saverne, le Comte de
Choiseul conduifir l'Arrieregarde
de l'Armée qu'il
commandoit, & la garantit
par sa bonne conduite du
rilque qu'elle couroit d'être
entamée par l'Aimée^ çanemie.
En 1677. il se trouva à
la Journée de Cochsberg,
où l'Armée des Ennnemis
fut défaire, il avoir déjà
disposé toute l'Armée,
quand le Maréchal de Crequy
arriva juste pour avoir
Thonneur de la victoire,
MonsieurdeChoiseul finie
cette campagne par le
siege de Fribourg.
En 1677. ilattaqua avec
le même succès un Corps
de Troupes des Ennemis,
fit plusieurs Prisonniers,apprit
beaucoup de bagages
cetteactionfut, suivie d'une
autre
autre prés Rhinfeld
,
où il
força & battit les Ennemis
retranchez, prit SeKingen.
aprés s'être rendu Maistre
d'un Poste qui en estoit
proche.
En 16-, p. il se trouva à
laprise des Forts de Stras
bourg,& battit l'arrieregarde
des Ennemis prés de
Minden.
Son merite & sa capacité
s'estant fait remarquer dans
tous les endroits où ila fer-
.J
vi; le feu Electeurde Cologne
le demanda au Roy
en 1684. pour commander
son Arméeenqualité de General
& FeldMaréchal, & il
est dit dans le monde à ce
sujet, qu'une personne puissante
qui ne lui estoit pas
favorable, dit au Roy que leComte de Choiseulestoit
un Officier tres-capable
,
mais qu'il avoitla veuë basse;
à quoi Sa Majesté répliqua
il en verra mes Ennemis de
plus prés.
Il réduisit la Ville de Liege
à l'obeissance de cet Electeur,
par une action qui eue
esté temeraire s'il y eut eu
unmeilleur party à prendre;
maisla témérité devient pruetice
en certaines extremitez
où l'audace est necessaire
pourintimider ceux qui vous
accableroient par le grand
nombre un petit parti qui
tenoit encore pour l'Electeur
dans la Ville contre
cinquantemille revohez
en armes, lui livrant une
des portes, par laquelle il
entra avec sa seule Compagnie
des Gardes, pendant
que toute son Armée étoit
derriere
, un des Mutins le
coucha en jouë avec un fusil
bandé pour le tuer;son Capitainc
desGardes se jetta dcf,
ÍUs, & l'alloit tuer d'uncoup
depistollet ; mais leComte
de Choiseull'empêcha en;
cliant; ah ne luifaitespointde
mal, ilestassezpuni,puisqu'ila
peur; en fuiteil sempara sans.
perdre temps de toutes les
places&des avenues par le
moyen du party
-
qu'il avoic
dans la Ville,destrouppes
qu'il y fit entrer sur le
champ;cette richeVillevoulut
luyfaire present d'une
somme tres-conisiderablea
qu'il refusa
, coûtent du
present de l'Electeru qui
lui donna uneépée garnie de
diamants, & quatre picces
de canons qui sont sur la
principale Tour du Chas.
tcaud'Irouer en Bourgogne,
parBrevet de Sa Majesté.
En 1689. il commanda
un Corps separé sur le haut
Rhin, pour s'opposer à fEJelèeûr:
de Bavierre qui le
trouva posté, de maniéré
qu'il n'osa rien entreprendre
avec toute son armée, quoy
que le Comte de Choiseul
n'rot que trente-deux Efèadrons
fous ses ordres, & un
RegimentdInfanterie. Il
prie à la fin de la Campagne
Bretten dans le Marquisat de
Baden, fit prifonnicrs 600
hommes quiétoient dedans,
& repoussa un Corps de
Troupes qui s'estoit approché
pour la secourir.
-
En 1690. il continua ses
services en Allemagne fous
le Maréchal de Lorges, en
1 6 9 1. il fut envoyé à
S.Omer, à desseind'yassemblerun
corps detroupes
; les Ennemis menaçany
d'attraquer nos Places Maritimes
,
& en 1692. il servit
en ladite qualité de Lieutenant
général
,
fousle Marechal
de Bellefond
,
le long
des Costes de Normandie.
Au mois de Mars 1693.
le Comte de Choiseul fuy
fait Maréchal de France,
lamêmeCampagne de1693.
il commanda en sécond l'Armée
d'Allemagne,que Mr
le Maréchal de Lor ge comme
son ancien commandoiy
en chef; Mr le Maréchal de
Choiseulla commanda fcul
pendant quelque temps ;
Mr le Maréchal de Lorge
estant allé au devant de
Monseigneur&de son Armée,
que conduisoit Monlïeur.
le Maréchal de Bouf
flers.
En 1694. Mr le MaréchaldeChoiseul
fut nommé
,
pour commander surles
Costes Maritimes du Ponent
une Armée pour s'apporer
aux enrreprifes des Ennemis;
il commandoit dans toute
l'etenduë des Provinces de
Normandie & Bretagne ,
comme General d'Armée,&
comme Gouverneur, de maniéré
que Sa Majesté en l'honorant
de cet Employ
,
lui
dit je vous donne le même
Commandement, avec la
même authorité qu'avoit
mon frere la campagne dernière;
en sorte que ses ordres
depuis le Conquest par delà.
Brest se portoient jusqu'au
Treporc au delà de Dieppe;
ce qui fait plus de cent quatrevingt
lieues.
En 1695. Mr le Maréchal
de Choiseul eut le même
Commandement sur les
Costes de Normandie & de
Bretagne, Dieppe;qui se trouvoie
éloigné de plus de 60
lieues de la Hogue, où il campoit
avec son Armée fut
bombardé par les Ennemis
& sort endommagé, le Maréchal
de Choiseul quelque
.diligence qu'il sit nayant pû
s'y rendre assez tost, il prévint
les Ennemis au Havre qu'ils
bombarderent ensuite avec
furie; mais par sa prévoyance&
par les bons ordres qu'il
donna dans la Ville; les Ennemis
après avoirresté devant
trois jours & trois nuits,
furent obligez de se retirer
après y avoir perdu leur plusgrande
Galiotre, qui fauta
d'une deno s bombes;on prit
tout ce qui estoit dessus ;ils
esperoient dans la terreur où
tout ce Pays se trouvoit;s'emparer
de cette Ville que le
Bourgeois avoit entièrement
abandonné en laissant lesportes
de la Ville ouvertes, &
même le Commandant , quoi- que jusqueslà connu
pour un brave homme, se
trouvoit saisi de la même
crainte,&s'étoit enfermé dans
une tour dont il n'osoit fortir
avant que le Maréchal de
Choiseul fut arrivé; lequel
par sa presence & par ses (agesprécautions
sauva l-el Ville
de l'incendie; il n'y eut seulement
que deux ou trois maifons
endommagées ou brulées.
En 1696 ,
Sa Majesté
nomma Mrle Maréchal de
Choiseul pour commander
en chef son Arméed'Allemagne,
avec laquelle il
passa d'abord le Rhin, &
-
subsista longtems dans le
Marquisat de Baden aux
dépens desEnnemis; cfrfuite
ayant repassé éèfleuvê
avec son Armée, il marcha
jusques auprès de Mayence
,jusqu'à ce que la
substance luy manquant,
il fut obligé de remonter
fut le ruisseau duSpirback,
qu'il occupa dans toute son
étenduë,depuis Neustat jusqu'à
Spire
,
qui font5grandeslieuesd'
Allemagne.Mr le
Prince de Baden ayant passé
le Rhin à Mayencc avec
toutes les forces de l'Empire
qui rendoient son Armée
plus nombreuse d'un
tiers que cclle de Sa Majesté,
quoy qu'elle eûtesté
jointe par un corps détaché
de celle de Flandres , commandé par Mr le Marquisd'Harcourt
Lieutenant
General, publioit aussi-bien
que tous les Alliezqu'il aL
loit faire le siege de philisbourg
ou celuy de Landau
,
& ravager l'Alsice.
Il avoit à sa suite toute
l'artillerie, &les munitions
de guerres necessaires
,
&
ses magasinsassurez ; fou
projet paroissoitbon, aucun
General jusques
-
là
n'avoit pensé de garder un
si grand espace de pays,
avec une Armée fort infe- ;
ricure à celle de son Ennemy
,
n'ayant pour se couvrir
qu'un simple Ruisseau
gayable, & presque deses- ¡,
chépar tout, sans aucuns
retranchemens. Mnsieur
le Maréchal de Choiseul
fit feulement à la haste relever
un peu de terre le long
dece ruisseau,& quelques
abatis d'arbres. Le Prince de
Baden marchoit à luy à
grandes journées, ille trouva
campé en cetétat,ayant
sa droite appuyée à Spire,
c'est à dire, au Rhin, sa
gauche à Neustat
petite
»
Ville au pied de la Montagne,
& son centre fortifié
de quelques redoutes,
&
d'arbres abatus, sa fituation
, & plus encore l'alfu.
rance de son Armée fous
un tel General, arresta tout
court le Prince de Baden ; il s'amusa à cannoner un
Château au-dessus de Neuflac
qu'il ne prit point,
non plus que cette Ville
qui n'auroit pas tenuë contre
un détachement de cent
Dragons, quoy qu'ellefût
de son côté au-delà dudit
ruisseau,& après avoir passé
trois semaines, les deux
Armées en presence à se
cannoner de part & d'autre,
Mrle Prince de Baden fc
retira ,
retira, & finit la campagne,
sonArmée en tres mauvais
état, ayant beaucoup souffert.,
sur tout sa Cavalerie,
celledu Roy ayant auparavant
consommé ce qu'il
y avoit de fourages,au lieu
quecelle deSa Majesté avoit
aborrdahcedetouteschoses;
sanstrop loüer Mr le Maréchalde
Choiseul, on peut
dire que ce parti hardi qu'il
prit de luy-même contré
l'avisde plusieurs Officiers
Généraux, est un trait de
grand Capitaine, & des
plusexpcîrimeiitez.1
En 1627.il continua le
même commandement CD
Allemagne, subsista longtems
avec son Armée aLi
prés de Mayence aux dépens
des Ennemis, pendant que
Mr le Prince de Baden avec
celle de l'Empire assembloit
de l'autre côté du Rhin
plusieurs ponts pour passer.
ce fleuve, & ravagerl'Alsace
; Mr le Marechal de
Choiseul pour l'empêchec
marchaàl'entréedela nuit,
avec tant dediligence qu'cD
moins de trois joursil avoit
passé le Rhinau FortLoüis
avec toute son Armee , armes
, canons & bagages,
& campa au milieu du Mat*
quisatde Baden,ayant fait
plusde trente lieuësd'Allemagne
; Mr le Prince de
l'autre, côté du Rhin, pour
lobserver ,croyant que
nôtre Illustre General, vouloit
feulement couvrir l'Alface
, comme il en faisoit
courir le bruit,fut dans un
étonnement incroyable d'aprendre
que l'Armée du
Roy innondoit son propre
Païs,tous sesprojetsenfurent
deconcertez;ilnepensa
plus qu'à couvrir l'Allemagne
où l'Armée du Roy
subsista la plus grandepartie
de la campagne au desfous
& au-dessus de Strasbourg,
où le Maréchalde
Choiseul auroit emporté de
grands avantages, sans les
pluies qui tomberent pendant
prés d'un mois sans
discontinuation,&qui rendirent
les chemins tellement
impraticables qu'il fut impossible
d'attaquer les Ennemis
dans leurs retranchemens
le long de la Montagne
; cet espece de deluge
embarassa même extrêmement
l'Amée du Roy dans
sa retraite, où les Ennemis
parurent inutilement
pour donner sur l'arrierc..
garde,ils ne purent l'enta.
mer par aucun endroit:
elle subsista le reste de la
campagne toujours aux dépens
des ennemis au Païsde
la Saarre
,
où les ordres
arriverent pour une cessation.
d'Actesd'Hostilitez
de part &d'autres en attendant
la fin du Traité de Paix
qui fut conclu à Rifwick ;
Mrle Mareschal ds Ghoiseul
à son retour à la Cour
aprèsavoir rendu compte
au Roy de sa Campagne, luy representat que sa santé
& sa vûe eftoienr si fort affoiblis
qu'il estoit obligé
de dire à Sa Majesté, avec
regret, qu'il ne se trouvoir.
plus en estat de pouvoir
aller à la guerre à l'avenir,
& qu'il estoit heureux d'en
sortir avec l'honneur de son
<eftimë ; le Roy luy repon?-
dit avec bonté qu'un Homme
commeluy luy seroit
toûjoursnecessaire.
Eusuite SaM. pour mac--
quer qu'Elle étoit contente
de ses services, de son propre
mouvement, ju geant
qu'il n'avoit pas assez de revenupour
subsister convenablement
selon son rang,
changea le Gouvernement
qu'il avoit de Saint Orner
,
qui ne valoir que 12 mil
livres à celuy de Vallenciennes.
quiest de 30 mil
Ivres.,
Au commencement de
Jannéç'1707érpnt.devenu'
leDoyen des. Maréchaux
de France, par la
mort de Mr le, Marefcb^l
d'Estrées, malgré la màtivaisesanté,
il fé donna
tout entier aux affaires de
la Mareschaussée jusqu'au
mois de Fevrier 1711,
que se sentant afforblir
beaucoup
,
il supplia- Sa
lMajcll:é de trouver bon
qu'ilquittât ce tra~ait~~u~c
sa santé neluypouvoit plus
foût-t-ilit-) le Roy k luy
permit avec Eloges,die
qu'ilapi^buvbittôûjours
que-lèsj Ht>mrnSs?dè diftitlaion
,commeluymissent
un intervale entrela vie
& morè ,SaMajestédit
qu'il
qu'il le prioit de conserver
la santéd'un Homme qu'il
avoit toûjours estimé.
A sa mort qui arriva
le quinze Mars, c'est-àdire
, fort peu de tem ps
après,SaMajesté dit publiquement
à son sujet, qu'-
Ellevenoitde perdre un
vertueux Gt--litilï.hon-Ime
:
grandElogo danslabouche
d'un Roy,qui parlant [don
r
son coeurcomprend f-ou'$lc'è-,-
mot devertueuxtout ce
; qui peut faire le Panegirique
d'un grand Homme.
LorsquesaFamilleallaannoncer
cettemort à Sa M;,,,
& témoigner sadouleur sur
cette perte, SaMajestérépondit
je perds aussi un Sujet
qui m'a rendu d'importants
fervices, &qui a sçûrendre
dignementla Justice ;
SaMajestéavoit un si grand,
fonds de confiance en sa
probité &sincerité
, qu'en
plusieurs rencontres Elle a
cité, pour faitsconstants,
cequ'Elle sçavoit par luy,
en disant, Cboifeulmcula
dit. ii On a fort admiré dans
le Monde la maniere
dont il remit la Connétablio
entre les mains du
Mareschal de Villeroy
soïs esprit fain & entier,
sa santé luy promettoit encore
plusieurs annéesde
vie; mais il vouluen'être
plus occupé que des foins
de son salut,& de l'arrangement,
de ses affaires ,-&
lors que quelque tems a près
il vit sa santé diminuer
il preparoit luy-même se,s
Amis à une separation qui
l'attendrissoit sans s*allarmer.
Enfin quand on luy
annnonça qu'il falloitfonger
à ses Sacrements
,
il
dit d'un air ferme & gracieux.
t^ous me faites plaifr
, car je me sens diminuer;
il eut l'aprésmidy
une conversation avec Mr
l'Abbé Fl.., homme
doüé d'un profond sçavoir
& d'une aussi grande pieté,
aveclequel il en avoir déja
eu plusieurs de cette manière
: Le foir il seconter
ôç le sit avec grande présence
d'esprit le lendemainqui
estoit le Vendredy
matin 13 Mars
,
il recût
le saint Viatique & l'Extrême-
Onction; repondant
à toutes les Prières,
avec une humilité, unepiété
& une édification admirable
;le reste dii jour ille
passa tranquillement, , parlantavec
une entiere connoissance
; même le soit
son Domestique luy parlant
d'une querellede deux
Medecins qui estoient prests
à se battre dans son antichambre
,
sur un remède
qu'onvouloitluy donner,
il répondit en riant
,
ilssi
battent pour peu de chose
le peu de , vie qui me reste
ne vaut pas la peine de disputer
; >ynais il faut pourtant
mourrir dans les formes ; la nuit sepassa encore assez
bien; mais sur lesquatre
heuresdumatin, ilfut
fort agité, il fallutle lever
dans son fauteüil
,
où il
resta, du temps ; mais ne
pouvant plus tenir, on le
remit au lit avant midy , auquel temps il ne parla
presqueplus, mais il entendoit
& serroit la main
à son Confesseur en embrassant
le Crucifix; le Samedy
jusqu'à minuit,il
fut à peu prés de Inefrne',
-
en empirant toûjours jut:
qu'au Dimanche à midy
1 5 Mars qu'il expira, sans
aucune violence
, comme
une lumière qui s'éteint
faute d'huile.
, Mr le Maréchal de
Choiseul à la mort de
son pere quil'avoittoûjours
flaté de luy laisser
trente mille livre de rente,
trouva plus de dettes
que debiens; on luy
proposa de prendre des
,
Lettres, d'Etat
3,
pour
.pouvoiravec* le/tenis,
s'aqufetêr petitàpetit
sans s'incommoder;non,
: dit-il ; il vaut mieux
-siftcômàderquedéfaire
attendre ceux a qui l'on
doit ; ensuiteilassembla
tous les Créanciers
de sa Maison, S( leur
distribuà les Terres dont
,
il auroit pû joüir long-
,
tems malgré eux, & seroit
restésans bien si le
Roy parses bien-faits ne
-
l'eût mis en étatdesub-
: sister.fplong -Ilfèroittroplongde
raporter toutes sesactions,
dejufticc,&C de
rgénerofité , ilprenoit
souvent sur fbii necef-
-- saire pour aider ses proches,
ses amis, & ceux
quis'atachoientàluy. Il
n'y a jamais eu un meilleur
parent,un meilleur
Ami, ni un meilleur Maître;
en un mot, le grand
nombre d'actionséclatantes
publiques & particulieres,
Tiinformioé
desoncaracterependant
une longue vie ; le jugement
des plus grands
Hommes du dernier Siecle,
qui l'ont loüéhautement
, prouvent bien
lemérite du coeur &
de l'esprit de ce grand Homme.
En effet, peut-on gagner
tant de suffrages,
réussir dans unsi grand
nombre d'entreprises ,
,
se conduire pendant
soixanteans, à la Cour,
à la Guerre,dans lavie
privée,& dans les conjonctures
les plus delicates,
avecune équité parfaite,
un honneur franc,
une exactebien-seance,
& une fermetéinébranlable
, sans avoir un
grand coeur, un bon
sens, un jugement seur,
& un grand fond de veritableesprit.
Mr le Maréchal de
: Choiseul ne1 se piquoit
<point de cette subtilité
,degenie y&C de cette
-politique rafinée, qui
fait le méritede la plus-
- part des Courtisants;
son grand coeur en ref,
fufoit l'étude, &en mé-
"prifoir l'usage:Iln'avoit
.pas besoin d'Art, lavivacitédu
sentiment luy
rfuffifoic faloit - il agir,
falait-ilparler dans une
occasion importante, il
agissoit, il parloit avec
une promptitude ,. ôc
,. une justesse dont les plus
deliez Courtisants ,au..,
roient fait un grand
honneur à leur esprit. i Ila eu le bonheur de
n'en sçavoir point trop,
&de se laisser conduire
par une nature excellen-
-,
te, quilatoûjoursporté
droit à ce qu'il y avoit
de plus raisonnable, &c
de plus vertueux; aurions-
nous en sa personne
le modelleparfait
d'un Gentil-homme ;1,
s'il eûttantsubtilisé surles
principes de la vertus
-& de l'honneur, & H.
lesentiment chez luy eût?*
été embarassé par les
raisonnements delaPhi-1-
lofofie &delaPolitique,
en plusieurs occasions,
dans des tems dificiles,
son honneur Se la reli—>
giondesonsermentsurent,
tentez par l'interest,
d'une grande fortune;
il né fut point assezrafiné
politiquepour se former
denouveaux devoirs par
des raisonnements fub-
19s
, en ces occasions
,
il répondoit gauloise—
ment; il nJcft pas en
moy de faire cela,j'aimerois
mieux mourIr.
Enfin l'ame du Maréchal
de Choiseul étoit
celled'un véritableChelier
Gaulois, verseuse
> confiance
,
intrepide
:1
comme celle des Guesclins,
& des Bayards
,
Pi pendant soixaute ans
comme le modele denô-î
tre.gncieiiiie ?.&£ verjta-i
hle iClicvaiçe : i:
Je parojtroisufurpec.
les droits de la Chaire,;
&entreprendre. l'Osai-;
son Funebredu Masê-î
chal de Choiseul ,ii je.)
voulois montrer,icy,dans
touc leurjour le$;gfàndsî
sentimens - quil'ani- ,,'
moient 8c qui fori
moient en luy ce çoncert
de vertus qui fait le
parfait honneste hotn.
me & le veritable Chrétien
, cette bonté
, cette
humanité
,
cettecharité1
extrême d
:l ce pardon
courageux des injures,
jointà cette suprême valeur;
cette libéralité exercée
de bonne foy ôtiecrettement
sur desennemis,
sur desingrats; ces
vertus sublimesdansun
homme simple font hon..
neur à l'homme & à la
Religion:oüy, l'on peut
dire que l'homme& la
Religion luy ont obligation
d'avoir fourni une
preuve vivante &inCOfl.
testable, que les conseils
de l'Evangile sont sondez
dans la bonne nature,
&que le véritable
heroïsine du monde ne
peut estre perfectionné
qtuiepaanr
DES FÀITS
V
LES PLUS IMPORTANS
CONCERNANTS
FEUM'LEMARE'CHAL
DE CHOISEUL. LA Maison de Choi-
,-
seul est si connue
dans l'Europe pour son ancienneté,
& la Noblesse de
son origine estsi amplement
rapportçc dans le Nobilier
de la Province de
Champagne, d'où elle la
tire, qu'il suffira pour établir
la haute naissance de
Monsieur le Maréchal de
Choiseul, de dire que dans
la preuve qu'ilfit de sa Noblesleen1688.
lors qu'il
fut faitChevalier de l'Ordre
par une genealogie qui remonte
jusqu'à
17 ayeuls &
ayeules; il justifiequeJean de
Choiseul quivivoit audouziémesiécle
son ;onziéfQc
ayeulfit l'hômage-lige avec
la Princesse Alix de Dreux
sa mère, dans untitre: de
l'Abbaye dela Chancedatté
de l'an 1239qu'ildevoit
à l'Evêque deLangres à cau
fc de son Château de Choiseul
,
qu'ils'obligeaàdeux
cent marcs d'argent pour
les conventions du Mariage
de Margueritte de Navarre
avec Ferry II.Duc de
Lorraine,&endonna Ces
Lettres l'an 1149, qu'il
confirma au moisd'Avril
de l'an 1252,,toutesles dotations
queReignier Seigneur
d'Aigremont perc
d'Alix d'Aigremontsafemme,
avoitfâitaux Religieux
del'Abbayede Moritnont
dontilsfont Fondateurst
&de-* celle de Molesme
,
& qu'au mois d'Aoust de
l'ànnée suivante, il promit
à Hugues Comte de Bourgogne
de faire la guerre
auCotme de Champagne,
& de l'aider de Ces Châteaux
de Choiseul& d'Aigremont
,
& qu'en l'an
126 5 ,
il termina un différent
qu'il avoit avec Thibault
Comte de Bar son
Coufin, au nom duquel il
avoit répondu de mil marcs
d'argent pour laseureté des
conventions du Mariage
de ses Enfans avec ceux du
Comte deBourgogne, son
pere qui écoit Regnard de
Choiseul 1
2e ayeul du
Nom. Sirede Choiseul
assigna l'an im, la moitié
de sonChâteau deChoiseul
pour le douaire de -la.
Princesse Alix de Dreux sa
femme )men: dudit Jean de
Choiseul
,
qui étoit veuve
de Gautier de Bourgogne
frere d'Estienne II. Comte
de Bourgogne ; Elle étoit
fille de Robert11. Comte
de Dreux 4e fils. du Roy
Loiâis VI dit le Gros &
d'Alix de Savoye
,
l'an
12 jj, il fut l'une des cautions
du Mariage de Blanche
fille de Thibault Comte
de Champagne, & Roy
de Navarre, avec Jean fils
de Pierre Duc deBretagne :
cette Maison a toujours été
reputée grande dans son
enginc , tous les Historiens
qui l'ont curieufcmçnt
recherchée la croyant sortie
des anciens Comtes de
Langres, &du Bassignyqui
étoient Souverains, dont
plusieurs Branches se font
conservées, JLïtejuàprêtent.
LesMarquis de Langres, Barons
dïAmbonnéville, & de
Beaupré; les Barons de Meuse
,
Marquis de Germay ; les
Comtes de Che'Vigny) les Bâtonsd'Aguelly
; lesSeigneurs
:
de Villars & de Bussieres ;
les Marquis de Praslain Comtes
du Plessis &Ducs de Choiseul
Pairs de France
,
d'où
sont issus les Maréchaux de
Praflain & du Plejfis ; les
ComtesdHostel> & les Seigneurs
de Voteau.
Mr leMaréchal de Choiseul
cft né le dernier Decembrc
1632.. & morele1j
Mars 1 7 11. âgé de 78 ans
deuxmois& 15 jours. Il
étoit fils de Loüis. de Choiseul
,
Seigneur Marquis de
Francieres, Lieutenant General
des Armées du Roy,
Grand Bailly & Gouverneur
de Langres. Il s'appelloit
Claudede Choiseul Marquis
deFrancieres, Premier
Maréchal de France
,
Chevalier
des Ordres du Roy,
Gouverneur des Ville &,
Citadelle de Valenciennes,
GrandBailly&Gouverneur
de laVillede Langres,
-
-
En l'année1649. dés Tige
de 16. ans il commença
à donner des preuves de son
courage,en servant de Vo
lontaire jusqu'au temps que
le Marquis de Franciere fart
pere,luy avant cédé la Compagnie
qu'il avoit dans le
Régiment du Grand Prince
de Condé,il se trouva en
cette qualité au combat de
Vurysur Seine, appelléle
combat S. Antoine, oùil
mérita
, par la valeur qu'il y
fit paroistre
,
le Regiment
de Cavalerie, dont Sa Majessé
lhonnora en 16 3.
temps oùil n' y en avoit que
huit au neufen France, ce
que leCardinal Mazarin luy
ditavant d'obtenir cc Régiment
,est digne de rermaque
; on l'appelloit alors le
Comte de Choiseul, nom
qu'il a toujours porté depuis,
jusquace qu'ilaitesté
fait Maréchal de France : il
avoir combattu en cetce fameusejournée
avec tant de
courage à la tête du Régiment
de Coridé, où la
plupart des Officiers furent
tués, & il s'estoit si fort ex- posé qu'il y futblessé ÔC
pris prisonnier,leCardinal
le voulutvoir,& luy parla
en cette forte: Monsieur
evousavezbienfaitniais voûï
ave% malfaitvous avek bien
fait en combattant en -tre^~
brave hommé, maisvousavez
malfaitdeservircontreleRoy
vôtre Maistre ; le Comte de
Choiseul luy répondir.-Â/arë.
siuerjesuisencore trop jeune
pourfaire des refléélions3jfajf
obéi aveuglémentàmon Pere;
le Cardinal luy répliqua:
Hé bien, fyîonficur
,
le Roy
seravostre premier Pere
y
alltz
Chf'{--WNS attendre fis ordres
Eneffet quelque tempsaprès
onluy envoya le Brevet de
Mettre de Camp de Cavalerie,
qu'ilreçût del'agrément
même de Monsieurle
Prince; il se signalaà la tête
de son RegimentauxSièges
deMouzon & de Sainte
Menehoult,en 1654. àceluy
d'Arras, où les Ennemis
qui attaquoient cette Place,
ayant esté forcez dans leurs
retranchemens,ildeffità
la tête de son Régiment cc:
luy d'Obock, dont ilgagna
les Timballes,SaMajesté eu
fut sicontente,qu'Elle IUY
accorda une pensionde mil
écus, qui estoit pour lors
sort considerable. En16
il se trouva aux Sieges de.
Landrecies, Condé & S.
Guillain, & àce dernier
ayant joint la capacitéauf
courage, il opposa si à propos
quelques Escadrons aux
Ennemis, qu'il facilitabeaucouplaréduction
decette
Place.
1 En1656.ausiege deValenciennes
,
les Ennemis
ayant attaqué le Maréchal
de la Ferté qui y comman-; doit,le Comtede Choiseul ;
par sa vigilance & par sa
valeur
,
donna moyen au
Marquis de Renelde retirer.
les Gardes Suisses restées
dansles Tranchées,où ellles.
auroient esté accablées par
le grand nombre des Ennemis.
En 1657.lorsque feu
Monsieur le Maréchal de
Turenne investitCambray
la fermeté que le Comte do)
Choiseul témoigna en attendant
avec 12. Escadrons
seulementles ennemis, qui
enavoient trente&quivenoient
pourtomber surles
bagagesdel'Armée,qu'ils
auroient pillez, cette fermeté
leséconria tellement,
qu'ils seretirèrentsans oser
rienentreprendre.En1658.
sonmenteaugmentant de
jour en jourluyacquit avec
raison la confiance des Ge"
neraux ,le Maréchal de la
Ferté luy donna le, Commandement
d'unCorps.de
deux mil hommes, pour
couvrir Landrecies, le
Quesnoy &les Places voisines,
pendant qu'il aflîegeoitSaineVenant&
Mardick,
&que le Maréchal de
Turenne&ttaquoit DpnKçtque.
En
En 1664. après la Paix
des Pyrenées, le Comte de
Choiseul n'ayant plus d'occasson
en France designaler
sa valeur, il demanda
d'aller à la tête d'un Regiment
en Hongrie avec
les Troupes que Sa Majesté
envoya au secours de l'Empereur
,
qui arresterent par
le gain du fameux Combat
de Saint Godard le cours
des prosperitez des Armées
Ottomanes. Ilse signala
fort en cette occasion.
En 1667 le Comte de
Choiseulfut faitBrigadier
des ArméesduRoy&dans
la guerre qui recommença
alors il donna de nouvelles
marquesde sa capacité& de
son zele, En 1668. aux sieges
de Tournay., Doüay
& Lisle, que Sa Majestésir
en personne, il fut détaché
pour chercher le Comtede
Martin
,
commandant les
Troupes Espagnolles yit
dessità latête du Regiment
d'Hostein ce célébré Général,
&,fit beaucoup d'Officiers
prisonniers, cette doffaite
fut encore remarquable
par laprise de Don*
Antoine de Cordouë
,
qui
commandoit la Cavalerie
Espagnolle.
En1669. leComte de
Choiseul fut fait Maréchal
de Camp, & envoyé en
Candie, où il demanda d'alleér
avec les Troupes que le
Roy y fit passer au secours
des Venitiens : Il répondit
tellement par ses actions à
la bonne opinion qu'on
avoit de sa capacité
, que
les Venitiens ,& le Sieur
Morosini, leur General, en
firent des Eloges, qui ont
cIe rendus publics partoute
l'Europe ; ils reconnurent
authentiquement combien
sa presence leur avoircfté
necessaire, lorsqu'estant
demeuré à ce Siège feulearjenc
avec six cens hommes
après rembarquement du
leste des Troupes
-
de Sa
Majesté il dit au General
Morosini : Les François n'aandonnent
point leurs amis
sans les mettre au moins en
seureté, quand il est impossible
de leur procurer la victoire.:
Ensuite il fit un tel effort
avec Ces six cens hommes,
(jtui epoussa les Turcs, &
lui donnal ieud'obtenirune
Capitulation honorable, dans le moment qu'il devoitpérir
avec toute &
Garnison.
La Republique de Venise
fut si touchée de cet important
service,qu'elle ordonna
à son Ambassadeur à Paris,
d'aller de sa part faire
des complimens &:des remercimens
au Comte de
Choiseul, dontils'acquitta.
En 1671. àla Guerre de
Hollande il se distingua
aux Sieges d'Arnheim, du
Fort de Schinck, de Nime:
gue, de Crevccoeur
, & de
Bomel.
;
En 1673. à la deffese
de Prague près de Wesel, qu'il ne gardoit qu'avec un
Bataillon & une Compagnie
de Cavallerie
,
il arrêrai
tout court le Prince d'o.
range,qui ne pût le forcer
avec toute son Armée.:
En 1674.il se distingue
au Combat de Seneff. '.;
En 1675.ilcommande
un Corps de Troupes pen..
dant l'EstésurlaMeuse,&
l'Hyver en Lorraine fous le
M^t&chal de Rochefort il
pritla Ville de Deuxponts,,
& plusieursChafteaux.
En 1476. le Comte de
Choiseul fut fait Lieutenant
General des Armées;
du Roy:Il deffit cette même
année une Efcortc tresconfiderable
de Fourageurs,
& lorsque le Maréchal Duc
de Luxembourg se retira
fous Saverne, le Comte de
Choiseul conduifir l'Arrieregarde
de l'Armée qu'il
commandoit, & la garantit
par sa bonne conduite du
rilque qu'elle couroit d'être
entamée par l'Aimée^ çanemie.
En 1677. il se trouva à
la Journée de Cochsberg,
où l'Armée des Ennnemis
fut défaire, il avoir déjà
disposé toute l'Armée,
quand le Maréchal de Crequy
arriva juste pour avoir
Thonneur de la victoire,
MonsieurdeChoiseul finie
cette campagne par le
siege de Fribourg.
En 1677. ilattaqua avec
le même succès un Corps
de Troupes des Ennemis,
fit plusieurs Prisonniers,apprit
beaucoup de bagages
cetteactionfut, suivie d'une
autre
autre prés Rhinfeld
,
où il
força & battit les Ennemis
retranchez, prit SeKingen.
aprés s'être rendu Maistre
d'un Poste qui en estoit
proche.
En 16-, p. il se trouva à
laprise des Forts de Stras
bourg,& battit l'arrieregarde
des Ennemis prés de
Minden.
Son merite & sa capacité
s'estant fait remarquer dans
tous les endroits où ila fer-
.J
vi; le feu Electeurde Cologne
le demanda au Roy
en 1684. pour commander
son Arméeenqualité de General
& FeldMaréchal, & il
est dit dans le monde à ce
sujet, qu'une personne puissante
qui ne lui estoit pas
favorable, dit au Roy que leComte de Choiseulestoit
un Officier tres-capable
,
mais qu'il avoitla veuë basse;
à quoi Sa Majesté répliqua
il en verra mes Ennemis de
plus prés.
Il réduisit la Ville de Liege
à l'obeissance de cet Electeur,
par une action qui eue
esté temeraire s'il y eut eu
unmeilleur party à prendre;
maisla témérité devient pruetice
en certaines extremitez
où l'audace est necessaire
pourintimider ceux qui vous
accableroient par le grand
nombre un petit parti qui
tenoit encore pour l'Electeur
dans la Ville contre
cinquantemille revohez
en armes, lui livrant une
des portes, par laquelle il
entra avec sa seule Compagnie
des Gardes, pendant
que toute son Armée étoit
derriere
, un des Mutins le
coucha en jouë avec un fusil
bandé pour le tuer;son Capitainc
desGardes se jetta dcf,
ÍUs, & l'alloit tuer d'uncoup
depistollet ; mais leComte
de Choiseull'empêcha en;
cliant; ah ne luifaitespointde
mal, ilestassezpuni,puisqu'ila
peur; en fuiteil sempara sans.
perdre temps de toutes les
places&des avenues par le
moyen du party
-
qu'il avoic
dans la Ville,destrouppes
qu'il y fit entrer sur le
champ;cette richeVillevoulut
luyfaire present d'une
somme tres-conisiderablea
qu'il refusa
, coûtent du
present de l'Electeru qui
lui donna uneépée garnie de
diamants, & quatre picces
de canons qui sont sur la
principale Tour du Chas.
tcaud'Irouer en Bourgogne,
parBrevet de Sa Majesté.
En 1689. il commanda
un Corps separé sur le haut
Rhin, pour s'opposer à fEJelèeûr:
de Bavierre qui le
trouva posté, de maniéré
qu'il n'osa rien entreprendre
avec toute son armée, quoy
que le Comte de Choiseul
n'rot que trente-deux Efèadrons
fous ses ordres, & un
RegimentdInfanterie. Il
prie à la fin de la Campagne
Bretten dans le Marquisat de
Baden, fit prifonnicrs 600
hommes quiétoient dedans,
& repoussa un Corps de
Troupes qui s'estoit approché
pour la secourir.
-
En 1690. il continua ses
services en Allemagne fous
le Maréchal de Lorges, en
1 6 9 1. il fut envoyé à
S.Omer, à desseind'yassemblerun
corps detroupes
; les Ennemis menaçany
d'attraquer nos Places Maritimes
,
& en 1692. il servit
en ladite qualité de Lieutenant
général
,
fousle Marechal
de Bellefond
,
le long
des Costes de Normandie.
Au mois de Mars 1693.
le Comte de Choiseul fuy
fait Maréchal de France,
lamêmeCampagne de1693.
il commanda en sécond l'Armée
d'Allemagne,que Mr
le Maréchal de Lor ge comme
son ancien commandoiy
en chef; Mr le Maréchal de
Choiseulla commanda fcul
pendant quelque temps ;
Mr le Maréchal de Lorge
estant allé au devant de
Monseigneur&de son Armée,
que conduisoit Monlïeur.
le Maréchal de Bouf
flers.
En 1694. Mr le MaréchaldeChoiseul
fut nommé
,
pour commander surles
Costes Maritimes du Ponent
une Armée pour s'apporer
aux enrreprifes des Ennemis;
il commandoit dans toute
l'etenduë des Provinces de
Normandie & Bretagne ,
comme General d'Armée,&
comme Gouverneur, de maniéré
que Sa Majesté en l'honorant
de cet Employ
,
lui
dit je vous donne le même
Commandement, avec la
même authorité qu'avoit
mon frere la campagne dernière;
en sorte que ses ordres
depuis le Conquest par delà.
Brest se portoient jusqu'au
Treporc au delà de Dieppe;
ce qui fait plus de cent quatrevingt
lieues.
En 1695. Mr le Maréchal
de Choiseul eut le même
Commandement sur les
Costes de Normandie & de
Bretagne, Dieppe;qui se trouvoie
éloigné de plus de 60
lieues de la Hogue, où il campoit
avec son Armée fut
bombardé par les Ennemis
& sort endommagé, le Maréchal
de Choiseul quelque
.diligence qu'il sit nayant pû
s'y rendre assez tost, il prévint
les Ennemis au Havre qu'ils
bombarderent ensuite avec
furie; mais par sa prévoyance&
par les bons ordres qu'il
donna dans la Ville; les Ennemis
après avoirresté devant
trois jours & trois nuits,
furent obligez de se retirer
après y avoir perdu leur plusgrande
Galiotre, qui fauta
d'une deno s bombes;on prit
tout ce qui estoit dessus ;ils
esperoient dans la terreur où
tout ce Pays se trouvoit;s'emparer
de cette Ville que le
Bourgeois avoit entièrement
abandonné en laissant lesportes
de la Ville ouvertes, &
même le Commandant , quoi- que jusqueslà connu
pour un brave homme, se
trouvoit saisi de la même
crainte,&s'étoit enfermé dans
une tour dont il n'osoit fortir
avant que le Maréchal de
Choiseul fut arrivé; lequel
par sa presence & par ses (agesprécautions
sauva l-el Ville
de l'incendie; il n'y eut seulement
que deux ou trois maifons
endommagées ou brulées.
En 1696 ,
Sa Majesté
nomma Mrle Maréchal de
Choiseul pour commander
en chef son Arméed'Allemagne,
avec laquelle il
passa d'abord le Rhin, &
-
subsista longtems dans le
Marquisat de Baden aux
dépens desEnnemis; cfrfuite
ayant repassé éèfleuvê
avec son Armée, il marcha
jusques auprès de Mayence
,jusqu'à ce que la
substance luy manquant,
il fut obligé de remonter
fut le ruisseau duSpirback,
qu'il occupa dans toute son
étenduë,depuis Neustat jusqu'à
Spire
,
qui font5grandeslieuesd'
Allemagne.Mr le
Prince de Baden ayant passé
le Rhin à Mayencc avec
toutes les forces de l'Empire
qui rendoient son Armée
plus nombreuse d'un
tiers que cclle de Sa Majesté,
quoy qu'elle eûtesté
jointe par un corps détaché
de celle de Flandres , commandé par Mr le Marquisd'Harcourt
Lieutenant
General, publioit aussi-bien
que tous les Alliezqu'il aL
loit faire le siege de philisbourg
ou celuy de Landau
,
& ravager l'Alsice.
Il avoit à sa suite toute
l'artillerie, &les munitions
de guerres necessaires
,
&
ses magasinsassurez ; fou
projet paroissoitbon, aucun
General jusques
-
là
n'avoit pensé de garder un
si grand espace de pays,
avec une Armée fort infe- ;
ricure à celle de son Ennemy
,
n'ayant pour se couvrir
qu'un simple Ruisseau
gayable, & presque deses- ¡,
chépar tout, sans aucuns
retranchemens. Mnsieur
le Maréchal de Choiseul
fit feulement à la haste relever
un peu de terre le long
dece ruisseau,& quelques
abatis d'arbres. Le Prince de
Baden marchoit à luy à
grandes journées, ille trouva
campé en cetétat,ayant
sa droite appuyée à Spire,
c'est à dire, au Rhin, sa
gauche à Neustat
petite
»
Ville au pied de la Montagne,
& son centre fortifié
de quelques redoutes,
&
d'arbres abatus, sa fituation
, & plus encore l'alfu.
rance de son Armée fous
un tel General, arresta tout
court le Prince de Baden ; il s'amusa à cannoner un
Château au-dessus de Neuflac
qu'il ne prit point,
non plus que cette Ville
qui n'auroit pas tenuë contre
un détachement de cent
Dragons, quoy qu'ellefût
de son côté au-delà dudit
ruisseau,& après avoir passé
trois semaines, les deux
Armées en presence à se
cannoner de part & d'autre,
Mrle Prince de Baden fc
retira ,
retira, & finit la campagne,
sonArmée en tres mauvais
état, ayant beaucoup souffert.,
sur tout sa Cavalerie,
celledu Roy ayant auparavant
consommé ce qu'il
y avoit de fourages,au lieu
quecelle deSa Majesté avoit
aborrdahcedetouteschoses;
sanstrop loüer Mr le Maréchalde
Choiseul, on peut
dire que ce parti hardi qu'il
prit de luy-même contré
l'avisde plusieurs Officiers
Généraux, est un trait de
grand Capitaine, & des
plusexpcîrimeiitez.1
En 1627.il continua le
même commandement CD
Allemagne, subsista longtems
avec son Armée aLi
prés de Mayence aux dépens
des Ennemis, pendant que
Mr le Prince de Baden avec
celle de l'Empire assembloit
de l'autre côté du Rhin
plusieurs ponts pour passer.
ce fleuve, & ravagerl'Alsace
; Mr le Marechal de
Choiseul pour l'empêchec
marchaàl'entréedela nuit,
avec tant dediligence qu'cD
moins de trois joursil avoit
passé le Rhinau FortLoüis
avec toute son Armee , armes
, canons & bagages,
& campa au milieu du Mat*
quisatde Baden,ayant fait
plusde trente lieuësd'Allemagne
; Mr le Prince de
l'autre, côté du Rhin, pour
lobserver ,croyant que
nôtre Illustre General, vouloit
feulement couvrir l'Alface
, comme il en faisoit
courir le bruit,fut dans un
étonnement incroyable d'aprendre
que l'Armée du
Roy innondoit son propre
Païs,tous sesprojetsenfurent
deconcertez;ilnepensa
plus qu'à couvrir l'Allemagne
où l'Armée du Roy
subsista la plus grandepartie
de la campagne au desfous
& au-dessus de Strasbourg,
où le Maréchalde
Choiseul auroit emporté de
grands avantages, sans les
pluies qui tomberent pendant
prés d'un mois sans
discontinuation,&qui rendirent
les chemins tellement
impraticables qu'il fut impossible
d'attaquer les Ennemis
dans leurs retranchemens
le long de la Montagne
; cet espece de deluge
embarassa même extrêmement
l'Amée du Roy dans
sa retraite, où les Ennemis
parurent inutilement
pour donner sur l'arrierc..
garde,ils ne purent l'enta.
mer par aucun endroit:
elle subsista le reste de la
campagne toujours aux dépens
des ennemis au Païsde
la Saarre
,
où les ordres
arriverent pour une cessation.
d'Actesd'Hostilitez
de part &d'autres en attendant
la fin du Traité de Paix
qui fut conclu à Rifwick ;
Mrle Mareschal ds Ghoiseul
à son retour à la Cour
aprèsavoir rendu compte
au Roy de sa Campagne, luy representat que sa santé
& sa vûe eftoienr si fort affoiblis
qu'il estoit obligé
de dire à Sa Majesté, avec
regret, qu'il ne se trouvoir.
plus en estat de pouvoir
aller à la guerre à l'avenir,
& qu'il estoit heureux d'en
sortir avec l'honneur de son
<eftimë ; le Roy luy repon?-
dit avec bonté qu'un Homme
commeluy luy seroit
toûjoursnecessaire.
Eusuite SaM. pour mac--
quer qu'Elle étoit contente
de ses services, de son propre
mouvement, ju geant
qu'il n'avoit pas assez de revenupour
subsister convenablement
selon son rang,
changea le Gouvernement
qu'il avoit de Saint Orner
,
qui ne valoir que 12 mil
livres à celuy de Vallenciennes.
quiest de 30 mil
Ivres.,
Au commencement de
Jannéç'1707érpnt.devenu'
leDoyen des. Maréchaux
de France, par la
mort de Mr le, Marefcb^l
d'Estrées, malgré la màtivaisesanté,
il fé donna
tout entier aux affaires de
la Mareschaussée jusqu'au
mois de Fevrier 1711,
que se sentant afforblir
beaucoup
,
il supplia- Sa
lMajcll:é de trouver bon
qu'ilquittât ce tra~ait~~u~c
sa santé neluypouvoit plus
foût-t-ilit-) le Roy k luy
permit avec Eloges,die
qu'ilapi^buvbittôûjours
que-lèsj Ht>mrnSs?dè diftitlaion
,commeluymissent
un intervale entrela vie
& morè ,SaMajestédit
qu'il
qu'il le prioit de conserver
la santéd'un Homme qu'il
avoit toûjours estimé.
A sa mort qui arriva
le quinze Mars, c'est-àdire
, fort peu de tem ps
après,SaMajesté dit publiquement
à son sujet, qu'-
Ellevenoitde perdre un
vertueux Gt--litilï.hon-Ime
:
grandElogo danslabouche
d'un Roy,qui parlant [don
r
son coeurcomprend f-ou'$lc'è-,-
mot devertueuxtout ce
; qui peut faire le Panegirique
d'un grand Homme.
LorsquesaFamilleallaannoncer
cettemort à Sa M;,,,
& témoigner sadouleur sur
cette perte, SaMajestérépondit
je perds aussi un Sujet
qui m'a rendu d'importants
fervices, &qui a sçûrendre
dignementla Justice ;
SaMajestéavoit un si grand,
fonds de confiance en sa
probité &sincerité
, qu'en
plusieurs rencontres Elle a
cité, pour faitsconstants,
cequ'Elle sçavoit par luy,
en disant, Cboifeulmcula
dit. ii On a fort admiré dans
le Monde la maniere
dont il remit la Connétablio
entre les mains du
Mareschal de Villeroy
soïs esprit fain & entier,
sa santé luy promettoit encore
plusieurs annéesde
vie; mais il vouluen'être
plus occupé que des foins
de son salut,& de l'arrangement,
de ses affaires ,-&
lors que quelque tems a près
il vit sa santé diminuer
il preparoit luy-même se,s
Amis à une separation qui
l'attendrissoit sans s*allarmer.
Enfin quand on luy
annnonça qu'il falloitfonger
à ses Sacrements
,
il
dit d'un air ferme & gracieux.
t^ous me faites plaifr
, car je me sens diminuer;
il eut l'aprésmidy
une conversation avec Mr
l'Abbé Fl.., homme
doüé d'un profond sçavoir
& d'une aussi grande pieté,
aveclequel il en avoir déja
eu plusieurs de cette manière
: Le foir il seconter
ôç le sit avec grande présence
d'esprit le lendemainqui
estoit le Vendredy
matin 13 Mars
,
il recût
le saint Viatique & l'Extrême-
Onction; repondant
à toutes les Prières,
avec une humilité, unepiété
& une édification admirable
;le reste dii jour ille
passa tranquillement, , parlantavec
une entiere connoissance
; même le soit
son Domestique luy parlant
d'une querellede deux
Medecins qui estoient prests
à se battre dans son antichambre
,
sur un remède
qu'onvouloitluy donner,
il répondit en riant
,
ilssi
battent pour peu de chose
le peu de , vie qui me reste
ne vaut pas la peine de disputer
; >ynais il faut pourtant
mourrir dans les formes ; la nuit sepassa encore assez
bien; mais sur lesquatre
heuresdumatin, ilfut
fort agité, il fallutle lever
dans son fauteüil
,
où il
resta, du temps ; mais ne
pouvant plus tenir, on le
remit au lit avant midy , auquel temps il ne parla
presqueplus, mais il entendoit
& serroit la main
à son Confesseur en embrassant
le Crucifix; le Samedy
jusqu'à minuit,il
fut à peu prés de Inefrne',
-
en empirant toûjours jut:
qu'au Dimanche à midy
1 5 Mars qu'il expira, sans
aucune violence
, comme
une lumière qui s'éteint
faute d'huile.
, Mr le Maréchal de
Choiseul à la mort de
son pere quil'avoittoûjours
flaté de luy laisser
trente mille livre de rente,
trouva plus de dettes
que debiens; on luy
proposa de prendre des
,
Lettres, d'Etat
3,
pour
.pouvoiravec* le/tenis,
s'aqufetêr petitàpetit
sans s'incommoder;non,
: dit-il ; il vaut mieux
-siftcômàderquedéfaire
attendre ceux a qui l'on
doit ; ensuiteilassembla
tous les Créanciers
de sa Maison, S( leur
distribuà les Terres dont
,
il auroit pû joüir long-
,
tems malgré eux, & seroit
restésans bien si le
Roy parses bien-faits ne
-
l'eût mis en étatdesub-
: sister.fplong -Ilfèroittroplongde
raporter toutes sesactions,
dejufticc,&C de
rgénerofité , ilprenoit
souvent sur fbii necef-
-- saire pour aider ses proches,
ses amis, & ceux
quis'atachoientàluy. Il
n'y a jamais eu un meilleur
parent,un meilleur
Ami, ni un meilleur Maître;
en un mot, le grand
nombre d'actionséclatantes
publiques & particulieres,
Tiinformioé
desoncaracterependant
une longue vie ; le jugement
des plus grands
Hommes du dernier Siecle,
qui l'ont loüéhautement
, prouvent bien
lemérite du coeur &
de l'esprit de ce grand Homme.
En effet, peut-on gagner
tant de suffrages,
réussir dans unsi grand
nombre d'entreprises ,
,
se conduire pendant
soixanteans, à la Cour,
à la Guerre,dans lavie
privée,& dans les conjonctures
les plus delicates,
avecune équité parfaite,
un honneur franc,
une exactebien-seance,
& une fermetéinébranlable
, sans avoir un
grand coeur, un bon
sens, un jugement seur,
& un grand fond de veritableesprit.
Mr le Maréchal de
: Choiseul ne1 se piquoit
<point de cette subtilité
,degenie y&C de cette
-politique rafinée, qui
fait le méritede la plus-
- part des Courtisants;
son grand coeur en ref,
fufoit l'étude, &en mé-
"prifoir l'usage:Iln'avoit
.pas besoin d'Art, lavivacitédu
sentiment luy
rfuffifoic faloit - il agir,
falait-ilparler dans une
occasion importante, il
agissoit, il parloit avec
une promptitude ,. ôc
,. une justesse dont les plus
deliez Courtisants ,au..,
roient fait un grand
honneur à leur esprit. i Ila eu le bonheur de
n'en sçavoir point trop,
&de se laisser conduire
par une nature excellen-
-,
te, quilatoûjoursporté
droit à ce qu'il y avoit
de plus raisonnable, &c
de plus vertueux; aurions-
nous en sa personne
le modelleparfait
d'un Gentil-homme ;1,
s'il eûttantsubtilisé surles
principes de la vertus
-& de l'honneur, & H.
lesentiment chez luy eût?*
été embarassé par les
raisonnements delaPhi-1-
lofofie &delaPolitique,
en plusieurs occasions,
dans des tems dificiles,
son honneur Se la reli—>
giondesonsermentsurent,
tentez par l'interest,
d'une grande fortune;
il né fut point assezrafiné
politiquepour se former
denouveaux devoirs par
des raisonnements fub-
19s
, en ces occasions
,
il répondoit gauloise—
ment; il nJcft pas en
moy de faire cela,j'aimerois
mieux mourIr.
Enfin l'ame du Maréchal
de Choiseul étoit
celled'un véritableChelier
Gaulois, verseuse
> confiance
,
intrepide
:1
comme celle des Guesclins,
& des Bayards
,
Pi pendant soixaute ans
comme le modele denô-î
tre.gncieiiiie ?.&£ verjta-i
hle iClicvaiçe : i:
Je parojtroisufurpec.
les droits de la Chaire,;
&entreprendre. l'Osai-;
son Funebredu Masê-î
chal de Choiseul ,ii je.)
voulois montrer,icy,dans
touc leurjour le$;gfàndsî
sentimens - quil'ani- ,,'
moient 8c qui fori
moient en luy ce çoncert
de vertus qui fait le
parfait honneste hotn.
me & le veritable Chrétien
, cette bonté
, cette
humanité
,
cettecharité1
extrême d
:l ce pardon
courageux des injures,
jointà cette suprême valeur;
cette libéralité exercée
de bonne foy ôtiecrettement
sur desennemis,
sur desingrats; ces
vertus sublimesdansun
homme simple font hon..
neur à l'homme & à la
Religion:oüy, l'on peut
dire que l'homme& la
Religion luy ont obligation
d'avoir fourni une
preuve vivante &inCOfl.
testable, que les conseils
de l'Evangile sont sondez
dans la bonne nature,
&que le véritable
heroïsine du monde ne
peut estre perfectionné
qtuiepaanr
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Résumé : EXTRAIT DES FAITS LES PLUS IMPORTANS CONCERNANTS FEU Mr LE MARÉCHAL DE CHOISEUL.
Le texte présente les faits marquants concernant la vie et la carrière militaire du Maréchal de Choiseul. La maison de Choiseul, originaire de Champagne, est réputée pour son ancienneté et sa noblesse, confirmée par une généalogie remontant à 17 aïeuls et aïeules. Jean de Choiseul, ancêtre de Choiseul, fit hommage-lige à la princesse Alix de Dreux en 1239. La famille Choiseul est liée à plusieurs branches nobles, dont les marquis de Langres et les ducs de Choiseul. Claude de Choiseul, né le 16 décembre 1632 et mort le 13 mars 1711, commença sa carrière militaire à 16 ans en 1649. Il se distingua lors du combat de Vurysur Seine et reçut le régiment de cavalerie de Sa Majesté en 1653. Il participa à de nombreux sièges et batailles, notamment à Mouzon, Sainte-Menehoult, Arras, et Valenciennes. En 1664, il combattit en Hongrie au secours de l'Empereur. Promu brigadier en 1667, il se distingua lors des sièges de Tournay, Douay, et Lisle. En 1669, il fut nommé maréchal de camp et envoyé en Candie, où il négocia une capitulation honorable avec les Turcs. En 1671, il se distingua lors de la guerre de Hollande et fut promu lieutenant général en 1676. Il commanda diverses troupes en Lorraine et sur le Rhin, et fut nommé maréchal de France en 1693. Sa carrière militaire fut marquée par son courage, sa capacité stratégique, et son dévouement au service du roi. Entre 1694 et 1697, le Maréchal de Choiseul continua à jouer un rôle crucial sur le plan militaire. En 1694, il fut nommé pour commander les côtes maritimes du Ponant, couvrant la Normandie et la Bretagne, avec une autorité étendue de Brest à Dieppe. En 1695, il défendit Dieppe contre les bombardements ennemis et sauva Le Havre grâce à ses précautions. En 1696, il commanda l'armée en Allemagne, traversa le Rhin et occupa le Marquisat de Baden. Il repoussa les forces du Prince de Baden, malgré leur supériorité numérique, en fortifiant un ruisseau. En 1697, il continua de subsister aux dépens des ennemis près de Mayence et traversa le Rhin pour empêcher les projets de l'ennemi. Sa santé déclinante le força à se retirer en 1697. Le roi exprima publiquement son estime pour lui. Le Maréchal de Choiseul mourut le 15 mars, après avoir réglé ses dettes et aidé ses créanciers. Il fut loué pour son honneur, sa générosité et son courage, incarnant les vertus d'un véritable chevalier et chrétien.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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32
p. 43-61
EXTRAIT des protestations des Electeurs de Baviere & de Cologne.
Début :
L'Electeur de Cologne expose que son intention estoit de [...]
Mots clefs :
Électeur, Bavière, Cologne, Empire, Empereur, Guerre, Paix, Neutralité, Troupes, Alliés
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT des protestations des Electeurs de Baviere & de Cologne.
EXTRAIT
des protestations des Llechuri
-
de Baviere & de Cologne. L'Electeur de Cologne
expose que son intennon
estoit de demeurer
neutre durant la guerre
qu'il voyoitpreste às'allumer
entre les Maisons de
France & d'Autriche pour
la successiond'Espagne. Il
devoit cette neutralité à
son peuple,attendu la situation
de sesétats,qui les
exposoit aux premiers desordres
de la guerre si le
Prince avoit pris un parti.
S. A. E. fit donc toutes les
démarches necessaires durant
l'automne de 1701. à
Vienne &à la Haye,pour
obtenir cette neutralité, &
il les fit avec d'autant plus
d'instance, que la guerre
estoit desormais certaine.
Dés le 7. du mois de Septembre
1701. l'Empereur
Leopold, le Roy Guillaume
,
& lesEtats Généraux
avoient signé le traité si
connu fous le nom de la
grandeAlliance.Le traitéestoit
une ligue offensive
contre les couronnes de
France & d'Espagne, par
laquelle les Puissancescontractantes
s'engagerent à
leur faire conjointementla
guerre,si dans six mois elles
ne donnoient à ces Alliez
des satisfactions & des
sûretez telles que des Princes
qui ont les armes à la
main ne les donnent qu'aprés
plusieurscampagnes
malheureuses. Suivant toutes
les constitutions de
l'Empire l'Electeur de Cologne
estoit loüable de
prendre le parti de la neutralité.
Jusques au 27. Septembre
1702.la guerre que
l'Empereur a faire aux couronnes
n'a point eité une
guerre de l'Empire. Ce ne
fut que le 27. Septembre
1701. datte itmirquable,
quel'Empire declara par
un resultat des trois Colleges
qui composentla
Diette,qu'il épousoit la
querelle de la Maison
d'Autriche, Se qu'il entroit
en sonnomdansla guerre
qu'elle faisoit aux couron
nes. Neanmoinslaneutralité
fut refusée à l'Electeur
deCologne à Vienne dés
le mois d'Octobre 1701. & laréponsequ'onluy tIt à la
Haye valoit un refus. Les
Hollandois dés le mois
d'Octobre 1701. commencerent
même a agir holli.
lement sur le territoire de
Liege, dont il est Evêque
&Prince, en y élevant des
fortifications sans son consentement.
Cet Electeur
qui n'avoit pas assez de
troupes pour maintenir sa
neutralité contre de si puissans
voisins, & contre l'Electeur
Palatin, & d'autres
Princes leurs Alliez,appella
& reçut dans ses places
au mois de Novembre
1701. les troupes du cercle
de Bourgogne,aprés leur
voir fait prêter serment
de
ae ne rien attenter contre
l'Empire, & de sortir de ses
placesdés qu'illerequereroit.
Suivant les constitutions
de l'Empire, il est
permis aux érars de l'Empire
dappeller à leur secours
les troupes des autres
états de l'Empire. Depuis
Charles-Quint le cercle
de Bourgogne est un
des états de l'Empire, &
les Empereurs de la Maison
d'Auftriche ont appellé
à leur secours, &
introduit souvent dans
: rf-a-npire les troupes de ce
cercle. L'Empereur publia
plusieurs mandemenscontre
l'Electeur de Cologne
qui écrivit le 19. Mars 1702.
à l'Empereur une lettre
aussi forte que respectueuse
pour défendre sa con
duite,dans laquelleon voit
que S. A. E. étoit prête d'écouter
la Diette, qui seule
étoit son juge competant,
avec toute sorte de déference.
Néanmoins dés le
mois de May 1702.les Hollandois
& d'autres Princes
alliez de l'Empereur attaquerent
Kaiservvert
, &
l'Electeur de Cologne estoit
presque dépoüillé de
tous ses états pour n a»-
voir pas voulu faire la
guerreconjointement avec
l'Empereur, quand
l'Empire declara le 27.
Septembre 1702. que ses
Membres devoient prendre
part à cette guerre.
Les choses en resterent
là durant la vie de l'Empereur
Leopold. L'Empereur
Joseph, dans la- premiere
année de son regne
,
publia une proclamation
dattée du25. Avril
1706. parlaquelle il mit
SonAltesse Electorale au
ban de l'Empire, autant
qu'un Ecclesiastique y
peut estre mis. La protestation
fait voir pleinement
l'iniquité ôç la nullité
de cette Sentence,
renduë contre un Prince
qui n'estoit pas coupable,
par un Tribunal incompetant;
puisque, suivant
les constitutions de l'Empire
,
la Diete seule peut
connoistre des causes capitales
des Electeurs, Princes,&
autres états del'Empîre.
Son Altesse Electoralefinit,
en protestant
de nullité contre l'élection
future d'un Empereur,
à laquelleon ne l'auroit
pas invitée, pour la
conservation de ses droits
& pour celle des droits de
son Eglise.
,-
La protestation de l'Electeur
de Baviere dattée
de Namur le 7. Juillet est
beaucoup plus courte. Cet
Electeur expose que son
honneur & ses interêts ne
lui permettoient pas d'entrer
en- guerre contre les
couronnes, lorsque l'Empereur
commença de sors
autorité privée en 1701. la
guerre qui dure encore
quil prit des mesures pour
demeurer neutre, & que
plusieurs estatsdel'Empire
se trouverent dans lesmêmes
sentimens que lui. Il
concerta avec eux pour
empêcher que la Cour de
Vienne n'arrachât d'eux
une déclaration forcée:
Mais cette Courgagna la
plûpart des états qui s'étoient
joints, ou qui devoient
sejoindre avec S. A.
E. pour empêcher que
l'Empirene fût obligé à
rentreren guerre,&à rom-r
pre la paix de Risvvik làns
sujet: en effet dés le mois
d'Avril 1702. il se fit plusieursviolences
dans l'Empire
par les Alliez de l'Empereur,
quiforçoient ceux
qui témoignoient vouloir
demeurer neutres, à se défaire
de leurs troupes. Dés,'
le mois de Juillet l'Empereur,
àquilesconstitutions
de l'Empiredéfendent é..:-,
troitement d'attaquerjamais
directement ni indirectement
la couronne de
France sans leconsentement
des trois Colleges ,
commençalefiegedeLandau,
de sa feule autorité.
L'Electeur de Bavieré ne
pouvoitplus douter aprés
ce qui s'étoit passé,qu'il ne
dût être attaqué incessamment,&
le 8Septemb. 1701.
il jetta des troupes dans
Ulm& dans Meminguen,
quiouvrent l'entrée de ses
états, pour se couvrir de
ces places durant le danger
, avec promesse de les
évacuer dés qu'il feroit
paffé. La Diette ne declara
qu'il falloit faire la guerre
à la France quele27.Septembre
1702. L'Electeur
de Baviere voulut demeurerneutre:
maisau mois de
Mars 1703.le Comte Schlik
entra hostilement dans ses
états, & le mit en droit de
pourvoir par toutes fortes
devoyes àsa juftedéfenfe;,,
Le 26.d'Avril 1706.l'Empereur
Joseph le mit au
ban de l'Empireparune
Sentenceémanée sur des
procedures du ConseilAulique,
qui n'est pas Juge
competanten pareil cas.
Le pretexte de cette Sentence
est l'infractiondela
constitutionde la paix publique
commise par l'Electeur
quand il occupaUlm.
On appelle enAllemagne
constitution de la paix publique
l'Ordonnance qui
fut publiée dans laDiete tenuëà
Vorms en 1495. sous
l'Empereur Maximilien I.
par laquelle il est défendu
aux états de l'Empire d'user
d'hostilitez les uns envers
les autres dans leurs querelles
particulieres :
L'Electeurn'occupa
Ulm que
pour fegarantir des insultes
qui avoient été faites à
d'autresPrincesdepuis peu.
de mois, parce qu'ils étoient
dans le même cas
que lui, avec promesse de
l'évacuerdésque labourasque
seroit passée.Toute occupation
de place n'est pas
une infraction de la paix
publique,& depuis quatre
mois il s'en est fait dans l'interieur
de l'Empire, qui
sont plus odieuses que celle
d'Ulm, & qui n'ont pas attiré
le moindre mandemenant
fait écrire aucunes
lettres avocatoires à l'EmpereurJoseph.
La plûpart
..¿es autres griefs rapportez
dans la Sentence de Ban ne
regardent pas l'Empire
mais l'Empereur comme
Archiduc d"Autricl-ic.»
L'Electeur proteste contre
ce Ban injuste dans le
fonds & dans les formes,
& contre ce qui s'estpassé
depuis; ainsi que contre
l'election d'un Empereur,
à laquelle il n'auroit point
étéappellé ,déclarant que
d'autres que lui seront coupables
pables des malheurs qu'une
pareille élection, faire
contre les Loix,pourroit
attirer sur l'Allemagne.
L'histoire qui fuit
des protestations des Llechuri
-
de Baviere & de Cologne. L'Electeur de Cologne
expose que son intennon
estoit de demeurer
neutre durant la guerre
qu'il voyoitpreste às'allumer
entre les Maisons de
France & d'Autriche pour
la successiond'Espagne. Il
devoit cette neutralité à
son peuple,attendu la situation
de sesétats,qui les
exposoit aux premiers desordres
de la guerre si le
Prince avoit pris un parti.
S. A. E. fit donc toutes les
démarches necessaires durant
l'automne de 1701. à
Vienne &à la Haye,pour
obtenir cette neutralité, &
il les fit avec d'autant plus
d'instance, que la guerre
estoit desormais certaine.
Dés le 7. du mois de Septembre
1701. l'Empereur
Leopold, le Roy Guillaume
,
& lesEtats Généraux
avoient signé le traité si
connu fous le nom de la
grandeAlliance.Le traitéestoit
une ligue offensive
contre les couronnes de
France & d'Espagne, par
laquelle les Puissancescontractantes
s'engagerent à
leur faire conjointementla
guerre,si dans six mois elles
ne donnoient à ces Alliez
des satisfactions & des
sûretez telles que des Princes
qui ont les armes à la
main ne les donnent qu'aprés
plusieurscampagnes
malheureuses. Suivant toutes
les constitutions de
l'Empire l'Electeur de Cologne
estoit loüable de
prendre le parti de la neutralité.
Jusques au 27. Septembre
1702.la guerre que
l'Empereur a faire aux couronnes
n'a point eité une
guerre de l'Empire. Ce ne
fut que le 27. Septembre
1701. datte itmirquable,
quel'Empire declara par
un resultat des trois Colleges
qui composentla
Diette,qu'il épousoit la
querelle de la Maison
d'Autriche, Se qu'il entroit
en sonnomdansla guerre
qu'elle faisoit aux couron
nes. Neanmoinslaneutralité
fut refusée à l'Electeur
deCologne à Vienne dés
le mois d'Octobre 1701. & laréponsequ'onluy tIt à la
Haye valoit un refus. Les
Hollandois dés le mois
d'Octobre 1701. commencerent
même a agir holli.
lement sur le territoire de
Liege, dont il est Evêque
&Prince, en y élevant des
fortifications sans son consentement.
Cet Electeur
qui n'avoit pas assez de
troupes pour maintenir sa
neutralité contre de si puissans
voisins, & contre l'Electeur
Palatin, & d'autres
Princes leurs Alliez,appella
& reçut dans ses places
au mois de Novembre
1701. les troupes du cercle
de Bourgogne,aprés leur
voir fait prêter serment
de
ae ne rien attenter contre
l'Empire, & de sortir de ses
placesdés qu'illerequereroit.
Suivant les constitutions
de l'Empire, il est
permis aux érars de l'Empire
dappeller à leur secours
les troupes des autres
états de l'Empire. Depuis
Charles-Quint le cercle
de Bourgogne est un
des états de l'Empire, &
les Empereurs de la Maison
d'Auftriche ont appellé
à leur secours, &
introduit souvent dans
: rf-a-npire les troupes de ce
cercle. L'Empereur publia
plusieurs mandemenscontre
l'Electeur de Cologne
qui écrivit le 19. Mars 1702.
à l'Empereur une lettre
aussi forte que respectueuse
pour défendre sa con
duite,dans laquelleon voit
que S. A. E. étoit prête d'écouter
la Diette, qui seule
étoit son juge competant,
avec toute sorte de déference.
Néanmoins dés le
mois de May 1702.les Hollandois
& d'autres Princes
alliez de l'Empereur attaquerent
Kaiservvert
, &
l'Electeur de Cologne estoit
presque dépoüillé de
tous ses états pour n a»-
voir pas voulu faire la
guerreconjointement avec
l'Empereur, quand
l'Empire declara le 27.
Septembre 1702. que ses
Membres devoient prendre
part à cette guerre.
Les choses en resterent
là durant la vie de l'Empereur
Leopold. L'Empereur
Joseph, dans la- premiere
année de son regne
,
publia une proclamation
dattée du25. Avril
1706. parlaquelle il mit
SonAltesse Electorale au
ban de l'Empire, autant
qu'un Ecclesiastique y
peut estre mis. La protestation
fait voir pleinement
l'iniquité ôç la nullité
de cette Sentence,
renduë contre un Prince
qui n'estoit pas coupable,
par un Tribunal incompetant;
puisque, suivant
les constitutions de l'Empire
,
la Diete seule peut
connoistre des causes capitales
des Electeurs, Princes,&
autres états del'Empîre.
Son Altesse Electoralefinit,
en protestant
de nullité contre l'élection
future d'un Empereur,
à laquelleon ne l'auroit
pas invitée, pour la
conservation de ses droits
& pour celle des droits de
son Eglise.
,-
La protestation de l'Electeur
de Baviere dattée
de Namur le 7. Juillet est
beaucoup plus courte. Cet
Electeur expose que son
honneur & ses interêts ne
lui permettoient pas d'entrer
en- guerre contre les
couronnes, lorsque l'Empereur
commença de sors
autorité privée en 1701. la
guerre qui dure encore
quil prit des mesures pour
demeurer neutre, & que
plusieurs estatsdel'Empire
se trouverent dans lesmêmes
sentimens que lui. Il
concerta avec eux pour
empêcher que la Cour de
Vienne n'arrachât d'eux
une déclaration forcée:
Mais cette Courgagna la
plûpart des états qui s'étoient
joints, ou qui devoient
sejoindre avec S. A.
E. pour empêcher que
l'Empirene fût obligé à
rentreren guerre,&à rom-r
pre la paix de Risvvik làns
sujet: en effet dés le mois
d'Avril 1702. il se fit plusieursviolences
dans l'Empire
par les Alliez de l'Empereur,
quiforçoient ceux
qui témoignoient vouloir
demeurer neutres, à se défaire
de leurs troupes. Dés,'
le mois de Juillet l'Empereur,
àquilesconstitutions
de l'Empiredéfendent é..:-,
troitement d'attaquerjamais
directement ni indirectement
la couronne de
France sans leconsentement
des trois Colleges ,
commençalefiegedeLandau,
de sa feule autorité.
L'Electeur de Bavieré ne
pouvoitplus douter aprés
ce qui s'étoit passé,qu'il ne
dût être attaqué incessamment,&
le 8Septemb. 1701.
il jetta des troupes dans
Ulm& dans Meminguen,
quiouvrent l'entrée de ses
états, pour se couvrir de
ces places durant le danger
, avec promesse de les
évacuer dés qu'il feroit
paffé. La Diette ne declara
qu'il falloit faire la guerre
à la France quele27.Septembre
1702. L'Electeur
de Baviere voulut demeurerneutre:
maisau mois de
Mars 1703.le Comte Schlik
entra hostilement dans ses
états, & le mit en droit de
pourvoir par toutes fortes
devoyes àsa juftedéfenfe;,,
Le 26.d'Avril 1706.l'Empereur
Joseph le mit au
ban de l'Empireparune
Sentenceémanée sur des
procedures du ConseilAulique,
qui n'est pas Juge
competanten pareil cas.
Le pretexte de cette Sentence
est l'infractiondela
constitutionde la paix publique
commise par l'Electeur
quand il occupaUlm.
On appelle enAllemagne
constitution de la paix publique
l'Ordonnance qui
fut publiée dans laDiete tenuëà
Vorms en 1495. sous
l'Empereur Maximilien I.
par laquelle il est défendu
aux états de l'Empire d'user
d'hostilitez les uns envers
les autres dans leurs querelles
particulieres :
L'Electeurn'occupa
Ulm que
pour fegarantir des insultes
qui avoient été faites à
d'autresPrincesdepuis peu.
de mois, parce qu'ils étoient
dans le même cas
que lui, avec promesse de
l'évacuerdésque labourasque
seroit passée.Toute occupation
de place n'est pas
une infraction de la paix
publique,& depuis quatre
mois il s'en est fait dans l'interieur
de l'Empire, qui
sont plus odieuses que celle
d'Ulm, & qui n'ont pas attiré
le moindre mandemenant
fait écrire aucunes
lettres avocatoires à l'EmpereurJoseph.
La plûpart
..¿es autres griefs rapportez
dans la Sentence de Ban ne
regardent pas l'Empire
mais l'Empereur comme
Archiduc d"Autricl-ic.»
L'Electeur proteste contre
ce Ban injuste dans le
fonds & dans les formes,
& contre ce qui s'estpassé
depuis; ainsi que contre
l'election d'un Empereur,
à laquelle il n'auroit point
étéappellé ,déclarant que
d'autres que lui seront coupables
pables des malheurs qu'une
pareille élection, faire
contre les Loix,pourroit
attirer sur l'Allemagne.
L'histoire qui fuit
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Résumé : EXTRAIT des protestations des Electeurs de Baviere & de Cologne.
En 1701, l'Électeur de Cologne tenta de maintenir la neutralité face à la guerre imminente entre les Maisons de France et d'Autriche pour la succession d'Espagne, justifiant cette position par la vulnérabilité de ses États. Ses démarches à Vienne et à La Haye restèrent vaines, et le 7 septembre 1701, le traité de la Grande Alliance fut signé par l'Empereur Léopold, le Roi Guillaume et les États Généraux, formant une ligue offensive contre les couronnes de France et d'Espagne. La neutralité de l'Électeur fut refusée en octobre 1701, et les Hollandais commencèrent à agir sur le territoire de Liège sans son consentement. L'Électeur, manquant de troupes pour défendre sa neutralité, appela les troupes du cercle de Bourgogne en novembre 1701. L'Empereur publia des mandements contre lui, mais l'Électeur défendit sa conduite dans une lettre en mars 1702. En mai 1702, les Hollandais et d'autres Princes alliés attaquèrent Kaiservert, privant presque l'Électeur de tous ses États. L'Empire déclara le 27 septembre 1702 que ses Membres devaient prendre part à la guerre. En 1706, l'Empereur Joseph mit l'Électeur de Cologne au ban de l'Empire, mais celui-ci protesta, affirmant que seule la Diète était compétente pour juger les causes capitales des Électeurs. L'Électeur de Bavière exprima son désir de neutralité dès 1701, mais fut forcé d'entrer en guerre. Il occupa Ulm et Memmingen pour se protéger et promit d'évacuer ces places une fois le danger passé. En avril 1706, l'Empereur Joseph mit également l'Électeur de Bavière au ban de l'Empire pour infraction à la constitution de la paix publique. L'Électeur de Bavière protesta contre cette décision, justifiant son occupation d'Ulm par les insultes subies par d'autres Princes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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33
p. 12-15
ÉTRENNES A M. de Pointis aprés son expedition de Cartagene.
Début :
L'an passé, qu'un dessein un peu trop hazardeux, [...]
Mots clefs :
Guerre, Carthagène
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texteReconnaissance textuelle : ÉTRENNES A M. de Pointis aprés son expedition de Cartagene.
E'TRENNES
A M.de Pointis aprèsson expédition
de Cartagene. L'An passé, qu'un
dessein un peu
trop hazardeux,
Vousavoit fait sortir
de France,
A tel jour qu'aujourd'huy
je fis pour vous
des voeux,
Et mes voeux vous ont
porté chance,
Vousestes revenu gaillard
tk- bien payé
Des dépens de vostre
voyage;
En vous voyant passer
chacun s'est écrié:
Voila le vainqueur de
Cartage,
C'est Scipion,non pas
Scipion l'Afriquain,
Mais Scipion l'Ameriquain,
Or bien que dans ce
temps une paix necessaire,
Semble avoir des Guerriers
suspendu les
projets
Il reste encor pour vous
des conquêtes à faire,
Et j'ai pour vous encor
à faire des souhaits,
Voici comment, il est
certains sujets rebelles,
Que l'on nomme jeunes
cruelles,
Que ces peuples par
vous soient vaincus
à leur tour,
Tâchez d'en dépeupler
la terre,
Allez & revenez, s'il
se peut, en amour
Aussi formidable qu'en
guerre.
A M.de Pointis aprèsson expédition
de Cartagene. L'An passé, qu'un
dessein un peu
trop hazardeux,
Vousavoit fait sortir
de France,
A tel jour qu'aujourd'huy
je fis pour vous
des voeux,
Et mes voeux vous ont
porté chance,
Vousestes revenu gaillard
tk- bien payé
Des dépens de vostre
voyage;
En vous voyant passer
chacun s'est écrié:
Voila le vainqueur de
Cartage,
C'est Scipion,non pas
Scipion l'Afriquain,
Mais Scipion l'Ameriquain,
Or bien que dans ce
temps une paix necessaire,
Semble avoir des Guerriers
suspendu les
projets
Il reste encor pour vous
des conquêtes à faire,
Et j'ai pour vous encor
à faire des souhaits,
Voici comment, il est
certains sujets rebelles,
Que l'on nomme jeunes
cruelles,
Que ces peuples par
vous soient vaincus
à leur tour,
Tâchez d'en dépeupler
la terre,
Allez & revenez, s'il
se peut, en amour
Aussi formidable qu'en
guerre.
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Résumé : ÉTRENNES A M. de Pointis aprés son expedition de Cartagene.
Le poème 'E'TRENNES' célèbre M. de Pointis, victorieux à Carthagène. Comparé à Scipion l'Africain, il est surnommé 'Scipion l'Américain'. Le poète souhaite qu'il soumette des sujets rebelles et connaisse aussi le succès en amour.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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34
p. 33-70
NOUVELLES de divers endroits.
Début :
On a appris par les Lettres de Cadix du 10. Juillet, [...]
Mots clefs :
Duc, Roi, Marquis, Fille, Veuve, Prince, Comte, Guerre, Seigneur, Armée, Commandant, Vaisseau, Espagne, Officier, Chevalier, Croix, Seigneur, Fille, France, Mort
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texteReconnaissance textuelle : NOUVELLES de divers endroits.
NOUVELLES
dedivers endroits.
Onaappris par les Lettres
de Cadix du 10. Juillet r
que Mrl'Aigleaprès yavoir
amenépluseurs Prises
, erv
estoit party le quatre pour
allercroiser vers le Dérroit.
que le lendemain il avoit
attaquéune Fregate Hollandoise
de36. canons commandée
par le Capitaine
Jean Hopener
-, que lecombat
avoit duré plus de deux
heures, U qu'enfin cette
Fregate avoir esté coulée à
fond ;niais que Mr l'Aigle
y avoir été tué, alnllquc:
plusieurs Officiers & Soldats
de son équipage. Son Corps
a estéenterréà Malagaavec
tous les honneurs dûs à un
homme qui s'étoit distinguéen
plusieurs occasions
cependant le cours de cette
guerre.
Le 30, Juillet il parut à
la hauteur de Bayonne une
Escadre de11. Vaisseaux
de guerre Anglois revenant
de Lisbonne &: retournant
dans les Ports d'Angleterre.
Une heure aprèsquelle eut
fait voile une de nos Frégatesamena
deux Prises, dont
l'une estoit un Baftimenc-
Hollandois qui allait. à
Lisbonne chargé de Vins.
*
DesLettresde Lisbonne
du 17. Juin portent que le
Navire Nostra- Senora de
Torso, qui marquoit que
la Flotte de Pernambuco
avoitesté pris le 4. Avrilà
15. lieues du Tage par un
Vaisseau de guerre François
de l'Escadre de Mr du Casse
qui avoir mis l'équipage à
terre à rifle de Madere ;
queceNavire estoit chargé
de 450. caisses de Sucre,
de 400. rolles de Tabac,
de Cuirs, de bois de Bresit,
& de 40. mille Crufades
tant en argent monnayé
qu'en poudre d'or; que le
Vaisseau qui l'avoit pris,
selon le rapport de l'équipage
, estoit parti de Brest
avec fcpt ou huit autres
dont ilavoit estéseparé, &
qu'ildévoiealler à la Martinique.
Je n'ay pû vous parler
plutost de la mort de Don
Antonio Martin Alvarez
de Tolede & Beaumont,
Enriquez
,
de Rivera,Fernandez
)
Manrique, Duc
d'Albe, & de Huefcar
J Comte de Lerin, de Salvatierra,
&c. Marquis deCoria
, &c. Connestable &
Grand Chancellier de Navarre,
Sommellier de Corps
du Roy d'Espagne & Ton
Ambassadeur en France,
qui mourut icy le 28. May
en la 41.l'année de son âge.
Sa maladie a esté des j^lus
longues, &: elle ne luy a
jamaisservy de raison ny de
pretexte pour le dispenser
d'aucuns de ses devoirs, &
ce grand Ministre a toûjours
s-ofuotuernenuud'du'nueneen£ra5ie force
e le poids d'une Ambassade
aussi importante & aussï
laborieuse. Il y a succombé
à la fin, & la mort de
MonCeigneur a achevé de
l'accabler; l'interetvif&
fîneere qu'il y prenoit le fie
paroistreencore plus sensible
à cette perte qu'il ne
l'avoit paru à celle de Mr
le Connestable de Navarre
fonftls unique qui donnait
déjà de si grandes esperances,&
qu'il perdit nlalhcu..
reusement à sa 19eannée.
Comme toute la vie de
Mr le Duc d'Albe avoi-c
esté une préparation à la
mort on n'eut pas de peine
à l'y disposer. Sa résignationavoitesté
plus prompte
que le premier avis qu'oq
eut pû luy en donner. Quelques
heures avant sa mort
il fit prier un de nos, plu£
grands Ministres de vouloir
bienluy rendre encore une
visite,&de venir recevoir
ses derniers adieux. Cet
entretien fut touchant de
part & d'autre; lemourant
parla assezlong
-
temps de
choses importantes avec le
mêmeesprit,lamême force
& la même grandeur d'ame
quil avoit fait dans sa meilleure
santé. Enfinilsouhaita
de recevoir la Benediction
deMr le Cardinal de Noailles
Archevêquede Paris.
Son Eminence s'y transporta
sur l'heure.
Madame la Duchesse
d'Albe n'a pû avoir dans
une douleur aussi accablante
que Dieu pour consolation.
Elle se retira sur l'heureau
Valde Grace. Elle se
tient toujours dans cette
retraite si conforme à sa
situation. Elle a esté le modelle
des femmes mariées ;
elle l'est des veuves de son
rang.
LeRoyd'Espagne luy a
fait l'honneur de luy écrire
de sa main en langue EfpJ.¿
gnole la Lettre du monde
la plus consolante, La Reine
luyaécrit de même. S. NL
C.a joint aux honneurs
qu'elle a fait à cccccittuftre
veuve des liberalitez qui
honorent en elle lamémoire
du deffunt. Elle ;cil de la
grande Maison de Poncé de
Leon
,
fille de l'illustre Me
la Duchesse d'Aveiro
,
&
soeur de Mr le Duc d'Arcos
& de Mr le Duc de Banos
tous deux Granded'Espagne.
Mr le Duc d'Albe qui
n'arienoubliéen mouranc
a laissé par un écrit de sa
main le foin & la conduite
des Affaires d'Espagne en
France: à Mr Don Feliz-
Corncjo son Secrétaire
d'Ambassade. S. M. C. a
confirmé ce choix dans l'interim
jusqu'àce qu'il vienne
icy de sa part un nouvel
Ambassadeur. Le Portrait
en vers de Mr le Ducd'Albeestdansla
partie des Picces
Fugitives de ce moiscy.
Charlotte Armande d'Argouges
de Rannes épouse
de Guillaume Alexandre ,
Marquis de Vieuxpont
Lieutenant General des ar*.
mées du Roy
<
& Couverneur
de la Ville de Beauvais
& du Beauvoisis, mourut
le 28. Juin âgée de 36,.
ans. Elle estoit fille unique
de Nicolas d'Argouges
Marquis de Rannes, Lieutenant
General des Armées
du Roy, Colonel General
des Dragons
, & de Charlotte
de Beautru - Nogentqui
épousaen seconde nôces.
Jean
-
Baptisse Armand de
Rohan Prince de Montauban
,dont elle est veuve.
Mre N.Chabert Chevalier
de Saint Louis
)
Chef
d'Escadre des Armées Na-,
vales du Roy,fils du grand-
ChJbert)est mort à Toulon.
Ilavoit donné dans
toutes les occasions des
preuves de son courage &
de sa capacité. Il avoit ramené
du Sud une Flore d'argent
des plus riches qui
soient jamais venuës de
ces Mers. Il arriva heureusement
à Rochefort sur lafin
du mois de Mars de*
l'année 1709.aprés avoir
évité par son habileté quatre
Escadres des ennelllisr.
quil'attendoient sur sarouteen
quatre endroits differens.
Le Vaisseau du Roy
le Trident qu'il Commandoit
estle premier Vaisseau
de guerre qu'on ait vû à la
Rade de Lima depuis la découverte
de ce Continent
Marie Louis Chevalier,
Marquis de Sourdeilles,
Baron deFeissac, &c. Lieutenantde
Roy au Gouvernement
de Limosin & de
la Marche, est mort dans
son Chasteau de la Ganne
âgé de 44.ans. Ilaesté fort
regretté,&particulièrement
des Pauvres.
Il avoit épousé Marie fille
de Robert Marquis de Lignerac
Comte de Saint Chaînant
d'une des plusillustres
&de plus anciennes maisons
d'Auvergne.
Sa mere estoit de celle
des Vicomtes de Sedicre
A alliée à celles de Noailles9»
de Gimel, &c. & sa grande
mere estoit de celle d'Aubusson
la Feüillade.
Mr le Marquis de Sourdeilles
avoir d'abord pris le
party des Armes;mais la'
mort de son pere dont il
estoit filsunique, l'obligea
de quitter le Service. b
Catherine de Robeyre
3 épouse dYvesMarie dela
Bourdonnaye Seigneur de
Cotoyon
,
Maistre des Requestes
& Intendant à 0r.
leans,mourut aux eaux de
Bour bon le 24. Juin âgée
de 44. ans laissant posterité
Elle estoit fille de Mr de
Ribeyre Conseilier d'Etat,
&deCatherine Potier fills
de Mr de Novion premier
President.- Jean Guillaume Frison,
Prince de Nassau Stathouder
de Fiise., sur noyé le 14<
Juillet avec le Brigadier
WiJkeSc•
Wilkes. Il. sftoit parry de
l'Armée de Flandre pour
aller travailler à l'Affaire de
la successïon du feu Prince
dOrange qu'il avoir contre
l'Electeur de Brandebourg
qui estoit venu en Hollande
pour la terminer. Il s'embarqua
pour traverser le
passage de Moerdick,&
estanc demeuré dans son
Carosseàcause de la pluyc
avec le Brigadier Wilkes
uunnccoouuppddeevveenntt qui survint*,
renversa le ponton. On ne
trouva leurs corps que queL
ques jours après.
Ce Prince eltoïc hfe
d'Henry Casimir Prince de
Nassau & Stathouder de
Frise mort le15 Mars
1686. &d'Amelie fille de
Jean Georges Prince d'Anhalt
Dessau.
Ilestoit néle 4. Aoust;
1687.&avoirépousé le 16.
Avril 1709. Marie Louise
fille de Charles Landgrave
deHesseCassel,&deMarie
Amélie fille Jacques Duc de
Curlande. Il a laisse une
Princesse née au mois de
Septembre1710. & sa
veuve enceinte.
Les Etats Généraux ont
fait un accommodement
provisionnel entre l'Electeur
de Brandebourg &les
héritiers de ce Prince,qui ne
doit prejudicier en aucune
manière aux droits des Parties
; il porte que S.A. E.
jouira par provisionde la
Maisonde la vieille Cour à
la Haye,de la Maison du
Bois,dc HonslardiCK, de
Diercn& de quelquesTerres
qui valent six mille
florins de rente à quoy on
en ajoutera vingt
- quatre
mille pour faire la somme
de cinquante mille Horins
par an ; sur lesquels on en
retiendra dix mille pour
l'entretien de ces Maisons,
8c cela outre les biens donc
il joiiic déja; que la Princes.
se veuve, en qualité de Mere
& de Tutrice de son enfant
ou enfans
3
jouira de la
Maifoii de Loo; de la fomme
de cinquante mille florins
par an ,
qui fera prise
sur les biensde la fucceisson,
&unesomme decinquante
mille florinsune fois payée;
& que six mois après laccouchcment
de cette Prin
cess elle envoyera des Plénipotentiaires
pour termu
ner les pretentions de parc
& d'autre.
1
Madame la Duchesse de
Berry estant accouchée
avant terme le u. Juillet
d'une Princesse qui mourut
en même tem ps , on porta
son corps à SaintDenisle
13.Il y fut accompagné par
Mr la DacheffedeBeauvil
lier & par Me la Marquise
de Chastillon,& il fut inhumé
par Mr l'Evêque de
Séez premier Aumônier de
Monfcigncur le Duc de
Berry.
Charles Claude
,
Sire
& Comte de Breauté, Marquis
du Hotot
,
&c.Maistre
de la Garderobbe de S. A. R,
Philippe petitfils deFrance
Duc d'Orléans, mourut le xi. Juilleten sa 46.année,
Anne Geneviève Charr
rier épousede Charles Cesar
Le scalopier Maistre des
Requestes, & Intendant du
Commerce & de la Generalité
de Châlons,mourus
le14. Juillet.; Annele Maistre,épousede
Marc Anne Goiflard Seigneur
de Montsabert, Baron
de Toureil
)
&c. Conseiller
au Parlement
s mou- *
rut le 26. Juillet. i
MichelFrançois de Bethune
Comte de Charost mourut
le z6. Juillet dans sa
sisiemeannée.Ilestoit fils
d'Armand de Bethune Duc
de Charost& de Catherine
de Lamet sa sécondé femme.
I.(¡
Jean Baptiste Jacques
Ollier Marquis de Veneuil,
Seigneur de Preau Maistre
de la. Garderobbe de feue
S. A. R. Monsieur Frere
unique du Roy, mourut le
17. Juilletâgéde50. ans. Il
estoit Gouverneur deDomfont.
Henry Charles Arnauld
Comte de Pomponne,
mourut le 2.7.Juillet âgé
de 14.ans 7. mois. Ilestoit
fils de Nicolas Simon Arnaud
Marquis de Pomponne
, Sire Baron de Ferrieres,
Chambrois
,
Auquiville
Marqnis de Paloifeau
,
&c.
BrigadierdesArmées du
Roy; Lieutenant General
& Commandant pour Sa
Majeste aux Provinces de
l'isle de France & Soissonnois
; &de Confiance de
Harville Paloiseau.
Le Pere Jean de la Roche
, Prestre de l'Oratoire
fameux Predicateur, mourut
le 18Juittec.: -
François d'Anglure de
Bourlaymont, Docteur en
Theologie de la Faculté de
Paris, qui avoit été nommé
à l'Evêché de Pamiers
en 1681. qui s'en éroit démis
en 1685. sans avoir esté
Sacré, & qui fut nommé à
lors Abbé de Saint Florent
de Saumur, mourut le i-f.
Juillet. Il étoit fils de Nicolas
Marquis de Bourlaymont,
Gouverneur de Sesnay.
Gaspart- Claude Noler,
Docteur en Thologic de la
Faculté de Paris & Chanoi
ne de Nostre Dame, mourut
le premier Aoust âgé de j3.ans.
Mrle Cardinal de Noailles,
a donné son Canonicat
à Mr l'Abbé Vivant, son
Grand Vicaire& Penitentier
del'EglisedeParis,ci devant
.Curé de S.Leusson meriteest
connu de tout le monde..
Alsonce de. Bonne de
Crequi Duc de Lesdiguiéres,
Paire de France,mourut
le 5. Aoust âgé de 85,
ans. Son Corps a esté ports
aux Carmelitesde S. Denis
en France, où a esté inhi*.
méeAnne du Roure sa
mere, qui mourut le 18,
Février. 1686. &qui étoit
veuve de Charles Sire de"
Grequi & de Canapies, , Mestrede Camp du Regi:
ment des Gardes;.mort de
la blessure qu'il reçueau
siege de Chamberylanuitdu14.
au IJ.May 1630.
& qui étoit second fils de
Charles Sire de Crequi Duc
de Lesdiguiéres Maréchal
de France. Celuy qui vient
de mourir avoitépousé à
l'âge de 75. ans le u Septembre
1702. Gabrielle
Victoire de Rochechoüart
fille de Louis Duc de Vivonne
Pair &Maréchal de France
,
& d'Antoinette de
Mesmes, dont il n'a point
cû d'enfans.
Marie Anne Picques
épouse , de Loüis Gabriel
Portail
j
Chevalier Seigneur
de Fresnceu ,&au paravant
veuve de François Pajoc
Seigneur de Cordon,rnourut
le 6. Aoust âgée de quarante
-
iix ans, sans laisser
de postencé de ses deux alliances.
Florcnt de Marparaulr,
Marquis du même lieu
,
mourut le 7. Août.
Nicolle Miron, veuve
de DanielJacquinot
, Seigneur des Pressoirs
,
mourut le 9. Aoustâgée de
85. ans.
Claude le Pelletier
Conseillcr d'Etat ordinaire
; President Honoraire
du Parlement, Minifstr
d'Etat, cy- devant Prevost
des Marchands
,
Contrôlleur
General des Finances,
& sur-Intendant des postes
mourut le 10. Aoust en sa
8 1. année. Il y avoit déjà
long
- temps qu'ils'étoit
retiré du Monde ; & qu'il
ne s'ocupoit qu'à des oeeuvres
de Pieté., & particulièrement
à soulager les Pauvres.
1 Monsieur de Canaples,
ancien Commandant de la
Ville de Lyon dont on vient
de parler, avoir pris le nom
-
de Lesdiguiéres) & c'est luy
qui étoit le dernier de cec-
Ite Maison. Il avoir douze
mille livres de pension de
la Ville de Lyon; comme
6
Commandant, dont il s'en
estoit reservé neuf mille
i
lors qu'il se démit de ce
Commandement en faveur
de M' de Rochebonne en
luy laissant les trois autres
mille livres. Depuislamort
de M' de Canaples la penfion
de neuf mille livres
E
qu'ils'értit reservée sur
li.
celle de douze que fait la
Ville au Commandant ; a
cfté donnée,à Monsieur le
Duc de Villeroy.
Depuis la mort de Monseigneur,
le Roy a acordé
à Madame la Dauphine, la
Nef, le Cadenas, le Bâton
de Maistre d'Hotel & la
Musique. Elle mangea pour
la premiere fois à son grand
Couvert comme Dauphine
le 8. Aoust, & elle fut servie
par Monsieur le Marquis de
Vilacerfson premier Maître
d'Hostel; & le 10. elle fut
servie aussi à son grand
Couvert par Mr de la Croix
son Maître d'Hostel. Il se
rendit à la bouche avec ses
Officiers, lava ses mains; le
Contrôlleur & le Gentilhomme
servant les lavetent
ensuite; l'Ecuyer ordinaire
de la Bouche luy presenta
une Assiettesurlaquelle il
y avoir des Mouillettes - do
pain; il en prit deux avec
lefquclles il toucha tous les
Mets les uns après les autres;
il en donna une à manger à
l'Ecuyer de la Bouche, ensuite
il prit son Baston des
mains de l'Hussier du Bu-f
reau qui l'y avoit apporté.
puis la marche commença
en cet ordre. Un Garde du
Corps du Roy ayant la
Carabine sur l'épaule; un
Huissier de Salle & un
Huissier du Bureau, Mr de
la Croix marchoit derriere
eux, ayant son Baston de
Maistre d'Hostel à la main.
Un Gentil
-
homme servant
& le Contrôlieur portant
chacun un Plat, l'Ecuyer de
la Bouche & les autres
Officiers de la Bouche en
portant aussî chacun un,
marchaient ensuite. Lors
qu'ilsfurent arrivez à la Salleoù
estoit le prest, Mr de la
Croix vit mettre tous les
Plats surlaTable, où un
Gentil-homme servant qui
étoit de Garde au prest, fit
un nouvel essai de chaque
Plat: & donna la Mouillette
dont il avoit fait l'éssai à
chacun de ceux qui avoient
porté les Plats, après quoy
Mr de la Croix les vit met--
tersurla Table par les Gentils-
hommes servants. ;
*i IIlallaen suite,ayant Tonv
Baston à la main,, avertir
Monseigneur le Dauphin;
<k Madame la Dauphine;
puis il revint à la Table ou
il attendit Monseigneur le
Dauphin. Dés qu'il parut
il mit son Chapeau & son
Baston entre les mains du
Chef de Gobelet, & presensa
à ce Prince une serviette
mouilléequiétoic
encre deux Assiettes d'or
pour se laver les mains; il
prit ensuite une autre serviette
mouilléeaussï cntre
deux Alliettes d'or qu'il
presenta de mesme à Madame
la Dauphine. Un
Gentilhomme servant presenta
une autre serviette
mouillée aussi entre deux
assiettes ,à Madame
,
qui
mangea pour la première
fois avec Madame la Dauphine
à son grand couvert
Alors Mr de la Croix
reprit son Bâton & son Chapeau
,&retourna à la bouche
precedé feulement d'un
Garde du Corps & des deux
Huissiers.L'essay du second
fcrvice ne se fit point à IfI
bouche; mais au prest où
citoit la Nef. Il se plaçaen- t
:-
suite au costédroit du Fauteuil
de Monseigneur le
Dauphinoùil restapendant
toutle repasayant toujours
son Bâton à la main; les
Genciihommes servants firentle
Service de même que
cchheezz le RRooyj.
-
Il y avoir à ce repas une
tres grande Assemblée de
Dames;il y en avoit treize
qui avoient le Tabouret
,
les autresestoient debour.
Monfcigneur le Dauphin&
Madame la Dauphine tinrent
ensuite un Cercle dé
Dames comme chez le Roy
aprèssonsoupé; Cérémonie
qui si fait pour les re'--
mercier.
dedivers endroits.
Onaappris par les Lettres
de Cadix du 10. Juillet r
que Mrl'Aigleaprès yavoir
amenépluseurs Prises
, erv
estoit party le quatre pour
allercroiser vers le Dérroit.
que le lendemain il avoit
attaquéune Fregate Hollandoise
de36. canons commandée
par le Capitaine
Jean Hopener
-, que lecombat
avoit duré plus de deux
heures, U qu'enfin cette
Fregate avoir esté coulée à
fond ;niais que Mr l'Aigle
y avoir été tué, alnllquc:
plusieurs Officiers & Soldats
de son équipage. Son Corps
a estéenterréà Malagaavec
tous les honneurs dûs à un
homme qui s'étoit distinguéen
plusieurs occasions
cependant le cours de cette
guerre.
Le 30, Juillet il parut à
la hauteur de Bayonne une
Escadre de11. Vaisseaux
de guerre Anglois revenant
de Lisbonne &: retournant
dans les Ports d'Angleterre.
Une heure aprèsquelle eut
fait voile une de nos Frégatesamena
deux Prises, dont
l'une estoit un Baftimenc-
Hollandois qui allait. à
Lisbonne chargé de Vins.
*
DesLettresde Lisbonne
du 17. Juin portent que le
Navire Nostra- Senora de
Torso, qui marquoit que
la Flotte de Pernambuco
avoitesté pris le 4. Avrilà
15. lieues du Tage par un
Vaisseau de guerre François
de l'Escadre de Mr du Casse
qui avoir mis l'équipage à
terre à rifle de Madere ;
queceNavire estoit chargé
de 450. caisses de Sucre,
de 400. rolles de Tabac,
de Cuirs, de bois de Bresit,
& de 40. mille Crufades
tant en argent monnayé
qu'en poudre d'or; que le
Vaisseau qui l'avoit pris,
selon le rapport de l'équipage
, estoit parti de Brest
avec fcpt ou huit autres
dont ilavoit estéseparé, &
qu'ildévoiealler à la Martinique.
Je n'ay pû vous parler
plutost de la mort de Don
Antonio Martin Alvarez
de Tolede & Beaumont,
Enriquez
,
de Rivera,Fernandez
)
Manrique, Duc
d'Albe, & de Huefcar
J Comte de Lerin, de Salvatierra,
&c. Marquis deCoria
, &c. Connestable &
Grand Chancellier de Navarre,
Sommellier de Corps
du Roy d'Espagne & Ton
Ambassadeur en France,
qui mourut icy le 28. May
en la 41.l'année de son âge.
Sa maladie a esté des j^lus
longues, &: elle ne luy a
jamaisservy de raison ny de
pretexte pour le dispenser
d'aucuns de ses devoirs, &
ce grand Ministre a toûjours
s-ofuotuernenuud'du'nueneen£ra5ie force
e le poids d'une Ambassade
aussi importante & aussï
laborieuse. Il y a succombé
à la fin, & la mort de
MonCeigneur a achevé de
l'accabler; l'interetvif&
fîneere qu'il y prenoit le fie
paroistreencore plus sensible
à cette perte qu'il ne
l'avoit paru à celle de Mr
le Connestable de Navarre
fonftls unique qui donnait
déjà de si grandes esperances,&
qu'il perdit nlalhcu..
reusement à sa 19eannée.
Comme toute la vie de
Mr le Duc d'Albe avoi-c
esté une préparation à la
mort on n'eut pas de peine
à l'y disposer. Sa résignationavoitesté
plus prompte
que le premier avis qu'oq
eut pû luy en donner. Quelques
heures avant sa mort
il fit prier un de nos, plu£
grands Ministres de vouloir
bienluy rendre encore une
visite,&de venir recevoir
ses derniers adieux. Cet
entretien fut touchant de
part & d'autre; lemourant
parla assezlong
-
temps de
choses importantes avec le
mêmeesprit,lamême force
& la même grandeur d'ame
quil avoit fait dans sa meilleure
santé. Enfinilsouhaita
de recevoir la Benediction
deMr le Cardinal de Noailles
Archevêquede Paris.
Son Eminence s'y transporta
sur l'heure.
Madame la Duchesse
d'Albe n'a pû avoir dans
une douleur aussi accablante
que Dieu pour consolation.
Elle se retira sur l'heureau
Valde Grace. Elle se
tient toujours dans cette
retraite si conforme à sa
situation. Elle a esté le modelle
des femmes mariées ;
elle l'est des veuves de son
rang.
LeRoyd'Espagne luy a
fait l'honneur de luy écrire
de sa main en langue EfpJ.¿
gnole la Lettre du monde
la plus consolante, La Reine
luyaécrit de même. S. NL
C.a joint aux honneurs
qu'elle a fait à cccccittuftre
veuve des liberalitez qui
honorent en elle lamémoire
du deffunt. Elle ;cil de la
grande Maison de Poncé de
Leon
,
fille de l'illustre Me
la Duchesse d'Aveiro
,
&
soeur de Mr le Duc d'Arcos
& de Mr le Duc de Banos
tous deux Granded'Espagne.
Mr le Duc d'Albe qui
n'arienoubliéen mouranc
a laissé par un écrit de sa
main le foin & la conduite
des Affaires d'Espagne en
France: à Mr Don Feliz-
Corncjo son Secrétaire
d'Ambassade. S. M. C. a
confirmé ce choix dans l'interim
jusqu'àce qu'il vienne
icy de sa part un nouvel
Ambassadeur. Le Portrait
en vers de Mr le Ducd'Albeestdansla
partie des Picces
Fugitives de ce moiscy.
Charlotte Armande d'Argouges
de Rannes épouse
de Guillaume Alexandre ,
Marquis de Vieuxpont
Lieutenant General des ar*.
mées du Roy
<
& Couverneur
de la Ville de Beauvais
& du Beauvoisis, mourut
le 28. Juin âgée de 36,.
ans. Elle estoit fille unique
de Nicolas d'Argouges
Marquis de Rannes, Lieutenant
General des Armées
du Roy, Colonel General
des Dragons
, & de Charlotte
de Beautru - Nogentqui
épousaen seconde nôces.
Jean
-
Baptisse Armand de
Rohan Prince de Montauban
,dont elle est veuve.
Mre N.Chabert Chevalier
de Saint Louis
)
Chef
d'Escadre des Armées Na-,
vales du Roy,fils du grand-
ChJbert)est mort à Toulon.
Ilavoit donné dans
toutes les occasions des
preuves de son courage &
de sa capacité. Il avoit ramené
du Sud une Flore d'argent
des plus riches qui
soient jamais venuës de
ces Mers. Il arriva heureusement
à Rochefort sur lafin
du mois de Mars de*
l'année 1709.aprés avoir
évité par son habileté quatre
Escadres des ennelllisr.
quil'attendoient sur sarouteen
quatre endroits differens.
Le Vaisseau du Roy
le Trident qu'il Commandoit
estle premier Vaisseau
de guerre qu'on ait vû à la
Rade de Lima depuis la découverte
de ce Continent
Marie Louis Chevalier,
Marquis de Sourdeilles,
Baron deFeissac, &c. Lieutenantde
Roy au Gouvernement
de Limosin & de
la Marche, est mort dans
son Chasteau de la Ganne
âgé de 44.ans. Ilaesté fort
regretté,&particulièrement
des Pauvres.
Il avoit épousé Marie fille
de Robert Marquis de Lignerac
Comte de Saint Chaînant
d'une des plusillustres
&de plus anciennes maisons
d'Auvergne.
Sa mere estoit de celle
des Vicomtes de Sedicre
A alliée à celles de Noailles9»
de Gimel, &c. & sa grande
mere estoit de celle d'Aubusson
la Feüillade.
Mr le Marquis de Sourdeilles
avoir d'abord pris le
party des Armes;mais la'
mort de son pere dont il
estoit filsunique, l'obligea
de quitter le Service. b
Catherine de Robeyre
3 épouse dYvesMarie dela
Bourdonnaye Seigneur de
Cotoyon
,
Maistre des Requestes
& Intendant à 0r.
leans,mourut aux eaux de
Bour bon le 24. Juin âgée
de 44. ans laissant posterité
Elle estoit fille de Mr de
Ribeyre Conseilier d'Etat,
&deCatherine Potier fills
de Mr de Novion premier
President.- Jean Guillaume Frison,
Prince de Nassau Stathouder
de Fiise., sur noyé le 14<
Juillet avec le Brigadier
WiJkeSc•
Wilkes. Il. sftoit parry de
l'Armée de Flandre pour
aller travailler à l'Affaire de
la successïon du feu Prince
dOrange qu'il avoir contre
l'Electeur de Brandebourg
qui estoit venu en Hollande
pour la terminer. Il s'embarqua
pour traverser le
passage de Moerdick,&
estanc demeuré dans son
Carosseàcause de la pluyc
avec le Brigadier Wilkes
uunnccoouuppddeevveenntt qui survint*,
renversa le ponton. On ne
trouva leurs corps que queL
ques jours après.
Ce Prince eltoïc hfe
d'Henry Casimir Prince de
Nassau & Stathouder de
Frise mort le15 Mars
1686. &d'Amelie fille de
Jean Georges Prince d'Anhalt
Dessau.
Ilestoit néle 4. Aoust;
1687.&avoirépousé le 16.
Avril 1709. Marie Louise
fille de Charles Landgrave
deHesseCassel,&deMarie
Amélie fille Jacques Duc de
Curlande. Il a laisse une
Princesse née au mois de
Septembre1710. & sa
veuve enceinte.
Les Etats Généraux ont
fait un accommodement
provisionnel entre l'Electeur
de Brandebourg &les
héritiers de ce Prince,qui ne
doit prejudicier en aucune
manière aux droits des Parties
; il porte que S.A. E.
jouira par provisionde la
Maisonde la vieille Cour à
la Haye,de la Maison du
Bois,dc HonslardiCK, de
Diercn& de quelquesTerres
qui valent six mille
florins de rente à quoy on
en ajoutera vingt
- quatre
mille pour faire la somme
de cinquante mille Horins
par an ; sur lesquels on en
retiendra dix mille pour
l'entretien de ces Maisons,
8c cela outre les biens donc
il joiiic déja; que la Princes.
se veuve, en qualité de Mere
& de Tutrice de son enfant
ou enfans
3
jouira de la
Maifoii de Loo; de la fomme
de cinquante mille florins
par an ,
qui fera prise
sur les biensde la fucceisson,
&unesomme decinquante
mille florinsune fois payée;
& que six mois après laccouchcment
de cette Prin
cess elle envoyera des Plénipotentiaires
pour termu
ner les pretentions de parc
& d'autre.
1
Madame la Duchesse de
Berry estant accouchée
avant terme le u. Juillet
d'une Princesse qui mourut
en même tem ps , on porta
son corps à SaintDenisle
13.Il y fut accompagné par
Mr la DacheffedeBeauvil
lier & par Me la Marquise
de Chastillon,& il fut inhumé
par Mr l'Evêque de
Séez premier Aumônier de
Monfcigncur le Duc de
Berry.
Charles Claude
,
Sire
& Comte de Breauté, Marquis
du Hotot
,
&c.Maistre
de la Garderobbe de S. A. R,
Philippe petitfils deFrance
Duc d'Orléans, mourut le xi. Juilleten sa 46.année,
Anne Geneviève Charr
rier épousede Charles Cesar
Le scalopier Maistre des
Requestes, & Intendant du
Commerce & de la Generalité
de Châlons,mourus
le14. Juillet.; Annele Maistre,épousede
Marc Anne Goiflard Seigneur
de Montsabert, Baron
de Toureil
)
&c. Conseiller
au Parlement
s mou- *
rut le 26. Juillet. i
MichelFrançois de Bethune
Comte de Charost mourut
le z6. Juillet dans sa
sisiemeannée.Ilestoit fils
d'Armand de Bethune Duc
de Charost& de Catherine
de Lamet sa sécondé femme.
I.(¡
Jean Baptiste Jacques
Ollier Marquis de Veneuil,
Seigneur de Preau Maistre
de la. Garderobbe de feue
S. A. R. Monsieur Frere
unique du Roy, mourut le
17. Juilletâgéde50. ans. Il
estoit Gouverneur deDomfont.
Henry Charles Arnauld
Comte de Pomponne,
mourut le 2.7.Juillet âgé
de 14.ans 7. mois. Ilestoit
fils de Nicolas Simon Arnaud
Marquis de Pomponne
, Sire Baron de Ferrieres,
Chambrois
,
Auquiville
Marqnis de Paloifeau
,
&c.
BrigadierdesArmées du
Roy; Lieutenant General
& Commandant pour Sa
Majeste aux Provinces de
l'isle de France & Soissonnois
; &de Confiance de
Harville Paloiseau.
Le Pere Jean de la Roche
, Prestre de l'Oratoire
fameux Predicateur, mourut
le 18Juittec.: -
François d'Anglure de
Bourlaymont, Docteur en
Theologie de la Faculté de
Paris, qui avoit été nommé
à l'Evêché de Pamiers
en 1681. qui s'en éroit démis
en 1685. sans avoir esté
Sacré, & qui fut nommé à
lors Abbé de Saint Florent
de Saumur, mourut le i-f.
Juillet. Il étoit fils de Nicolas
Marquis de Bourlaymont,
Gouverneur de Sesnay.
Gaspart- Claude Noler,
Docteur en Thologic de la
Faculté de Paris & Chanoi
ne de Nostre Dame, mourut
le premier Aoust âgé de j3.ans.
Mrle Cardinal de Noailles,
a donné son Canonicat
à Mr l'Abbé Vivant, son
Grand Vicaire& Penitentier
del'EglisedeParis,ci devant
.Curé de S.Leusson meriteest
connu de tout le monde..
Alsonce de. Bonne de
Crequi Duc de Lesdiguiéres,
Paire de France,mourut
le 5. Aoust âgé de 85,
ans. Son Corps a esté ports
aux Carmelitesde S. Denis
en France, où a esté inhi*.
méeAnne du Roure sa
mere, qui mourut le 18,
Février. 1686. &qui étoit
veuve de Charles Sire de"
Grequi & de Canapies, , Mestrede Camp du Regi:
ment des Gardes;.mort de
la blessure qu'il reçueau
siege de Chamberylanuitdu14.
au IJ.May 1630.
& qui étoit second fils de
Charles Sire de Crequi Duc
de Lesdiguiéres Maréchal
de France. Celuy qui vient
de mourir avoitépousé à
l'âge de 75. ans le u Septembre
1702. Gabrielle
Victoire de Rochechoüart
fille de Louis Duc de Vivonne
Pair &Maréchal de France
,
& d'Antoinette de
Mesmes, dont il n'a point
cû d'enfans.
Marie Anne Picques
épouse , de Loüis Gabriel
Portail
j
Chevalier Seigneur
de Fresnceu ,&au paravant
veuve de François Pajoc
Seigneur de Cordon,rnourut
le 6. Aoust âgée de quarante
-
iix ans, sans laisser
de postencé de ses deux alliances.
Florcnt de Marparaulr,
Marquis du même lieu
,
mourut le 7. Août.
Nicolle Miron, veuve
de DanielJacquinot
, Seigneur des Pressoirs
,
mourut le 9. Aoustâgée de
85. ans.
Claude le Pelletier
Conseillcr d'Etat ordinaire
; President Honoraire
du Parlement, Minifstr
d'Etat, cy- devant Prevost
des Marchands
,
Contrôlleur
General des Finances,
& sur-Intendant des postes
mourut le 10. Aoust en sa
8 1. année. Il y avoit déjà
long
- temps qu'ils'étoit
retiré du Monde ; & qu'il
ne s'ocupoit qu'à des oeeuvres
de Pieté., & particulièrement
à soulager les Pauvres.
1 Monsieur de Canaples,
ancien Commandant de la
Ville de Lyon dont on vient
de parler, avoir pris le nom
-
de Lesdiguiéres) & c'est luy
qui étoit le dernier de cec-
Ite Maison. Il avoir douze
mille livres de pension de
la Ville de Lyon; comme
6
Commandant, dont il s'en
estoit reservé neuf mille
i
lors qu'il se démit de ce
Commandement en faveur
de M' de Rochebonne en
luy laissant les trois autres
mille livres. Depuislamort
de M' de Canaples la penfion
de neuf mille livres
E
qu'ils'értit reservée sur
li.
celle de douze que fait la
Ville au Commandant ; a
cfté donnée,à Monsieur le
Duc de Villeroy.
Depuis la mort de Monseigneur,
le Roy a acordé
à Madame la Dauphine, la
Nef, le Cadenas, le Bâton
de Maistre d'Hotel & la
Musique. Elle mangea pour
la premiere fois à son grand
Couvert comme Dauphine
le 8. Aoust, & elle fut servie
par Monsieur le Marquis de
Vilacerfson premier Maître
d'Hostel; & le 10. elle fut
servie aussi à son grand
Couvert par Mr de la Croix
son Maître d'Hostel. Il se
rendit à la bouche avec ses
Officiers, lava ses mains; le
Contrôlleur & le Gentilhomme
servant les lavetent
ensuite; l'Ecuyer ordinaire
de la Bouche luy presenta
une Assiettesurlaquelle il
y avoir des Mouillettes - do
pain; il en prit deux avec
lefquclles il toucha tous les
Mets les uns après les autres;
il en donna une à manger à
l'Ecuyer de la Bouche, ensuite
il prit son Baston des
mains de l'Hussier du Bu-f
reau qui l'y avoit apporté.
puis la marche commença
en cet ordre. Un Garde du
Corps du Roy ayant la
Carabine sur l'épaule; un
Huissier de Salle & un
Huissier du Bureau, Mr de
la Croix marchoit derriere
eux, ayant son Baston de
Maistre d'Hostel à la main.
Un Gentil
-
homme servant
& le Contrôlieur portant
chacun un Plat, l'Ecuyer de
la Bouche & les autres
Officiers de la Bouche en
portant aussî chacun un,
marchaient ensuite. Lors
qu'ilsfurent arrivez à la Salleoù
estoit le prest, Mr de la
Croix vit mettre tous les
Plats surlaTable, où un
Gentil-homme servant qui
étoit de Garde au prest, fit
un nouvel essai de chaque
Plat: & donna la Mouillette
dont il avoit fait l'éssai à
chacun de ceux qui avoient
porté les Plats, après quoy
Mr de la Croix les vit met--
tersurla Table par les Gentils-
hommes servants. ;
*i IIlallaen suite,ayant Tonv
Baston à la main,, avertir
Monseigneur le Dauphin;
<k Madame la Dauphine;
puis il revint à la Table ou
il attendit Monseigneur le
Dauphin. Dés qu'il parut
il mit son Chapeau & son
Baston entre les mains du
Chef de Gobelet, & presensa
à ce Prince une serviette
mouilléequiétoic
encre deux Assiettes d'or
pour se laver les mains; il
prit ensuite une autre serviette
mouilléeaussï cntre
deux Alliettes d'or qu'il
presenta de mesme à Madame
la Dauphine. Un
Gentilhomme servant presenta
une autre serviette
mouillée aussi entre deux
assiettes ,à Madame
,
qui
mangea pour la première
fois avec Madame la Dauphine
à son grand couvert
Alors Mr de la Croix
reprit son Bâton & son Chapeau
,&retourna à la bouche
precedé feulement d'un
Garde du Corps & des deux
Huissiers.L'essay du second
fcrvice ne se fit point à IfI
bouche; mais au prest où
citoit la Nef. Il se plaçaen- t
:-
suite au costédroit du Fauteuil
de Monseigneur le
Dauphinoùil restapendant
toutle repasayant toujours
son Bâton à la main; les
Genciihommes servants firentle
Service de même que
cchheezz le RRooyj.
-
Il y avoir à ce repas une
tres grande Assemblée de
Dames;il y en avoit treize
qui avoient le Tabouret
,
les autresestoient debour.
Monfcigneur le Dauphin&
Madame la Dauphine tinrent
ensuite un Cercle dé
Dames comme chez le Roy
aprèssonsoupé; Cérémonie
qui si fait pour les re'--
mercier.
Fermer
Résumé : NOUVELLES de divers endroits.
Le texte relate divers événements militaires et décès notables. Le navire français 'L'Aigle' a coulé une frégate hollandaise après un combat de plus de deux heures, mais son capitaine a été tué. Le 30 juillet, une escadre anglaise de 11 vaisseaux a été aperçue près de Bayonne. Un navire français a capturé un bateau hollandais chargé de vins près de Lisbonne. Plusieurs personnalités ont également péri, dont le duc d'Albe, ambassadeur d'Espagne en France, décédé à l'âge de 41 ans après une longue maladie. Sa veuve s'est retirée au couvent du Val-de-Grâce. Le marquis de Vieuxpont, lieutenant général des armées du roi, est mort à l'âge de 36 ans. Le chevalier de Chabert, chef d'escadre, est décédé à Toulon après avoir ramené une riche cargaison d'argent. Le marquis de Sourdeilles, lieutenant du roi en Limousin, est mort à l'âge de 44 ans. Parmi les autres décès notables, on compte le prince de Nassau, stathouder de Frise, noyé avec le brigadier Wilkes. La duchesse de Berry a accouché prématurément d'une princesse qui est décédée peu après. Le texte mentionne également des événements et des transferts de responsabilités au sein de la cour. Un commandant avait réservé neuf mille livres, laissant trois mille livres à M. de Rochebonne après sa démission. Suite au décès de M. de Canaples, la pension de neuf mille livres a été transmise au Duc de Villeroy. Après la mort de Monseigneur, le roi a accordé à Madame la Dauphine divers privilèges, dont la Nef, le Cadenas, le Bâton de Maître d'Hôtel et la Musique. Elle a participé pour la première fois à un grand couvert le 8 août, servie par le Marquis de Vilacerf, et le 10 août par M. de la Croix, son Maître d'Hôtel. Ce dernier a suivi un protocole précis, incluant la présentation des mets et l'utilisation de mouillettes. Lors du repas, une grande assemblée de dames était présente, avec treize d'entre elles ayant le privilège du tabouret. Après le souper, Monseigneur le Dauphin et Madame la Dauphine ont tenu un cercle de dames pour remercier les invités.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
35
p. 28-84
SUITE DE L'ABREGÉ de l'Iliade.
Début :
ARGUMENT du quatrième Livre. AVERTISSEMENT. On a mis dans la suite [...]
Mots clefs :
Troyens, Minerve, Grecs, Combat, Courage, Roi, Jupiter, Iliade, Bataille, Armes, Guerre, Dieu, Général, Junon, Javelot, Pandare, Diomède, Ménélas, Corps, Ordres, Char, Nestor, Chefs, Apollon, Fils, Armée, Agamemnon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUITE DE L'ABREGÉ de l'Iliade.
SUITE DE L'ABREGE
de tjÜadc.
ARGUMENT
du quatrième Livre.
AVERTISSEMENT.
On A mis dans la suite de
cet Extrait des cedilles ainsi
marquées",,Ellessignifient
dans les endroits où elles se
trouvent,que. le Poëtey fait
parler ses Heros.
LES Dieux estanc à Table
tiennent conseil sur les
affaires de Troyes, vers
I. 4.
Jupiter raille Junon &
Minerve, de ce que de
grandes Déesses. comme
elles se tiennent à l'écart
t
loin des combats, pendant
que Venus qui n'aime que
les jeux& les plaisirs - accompagne
son favori dans
tous les penIs. Il met en
délibération s'il faut rallumer
la guerre entre les
Troyens & les Grecs, ou
les reconcilier par l'exe-
-
cution du traité qu'ils ont
_aIt,,, 'Vers. 5.
19.
Cette proposicion cause
un violent dépit aux deux
Déesses qui préparoient les
plus grands malheurs aux
Troyens. Minerve dissimule
par prudence. Junon
éclatte, & a déclaré, quelque
resolution que l'on
prenne, qu'elle ne consentira
point à la paix.,,
vers 1o. 2. 9.
Jupiter a reproché à
Junon la cruauté avec laquelle
elle poursuit les
Troyens. Ilseplaintdela
violence qu'e lleluy fait en
le forçant de luy abandonner
une Ville qu'il a honorée
sur toutes les autres.
Il l'avertit qu'en revanche,
si jamais dans sa fureur
il veut détruire quelque
Ville qu'elle ait prise
fous sa protection
,
c'est
inutilement qu'elle voudra
s'y opposer.„ vers 30.49.
Junon luy dit qu'il
peut,quandilvoudra,dit
poser d'Argos, de Mycenes
)
& de Sparte; mais
qu'il n'est pas juste qu'elle
perde le fruit de toutes ses
peines. Que tout puissant
qu'il est, il doit avoir pour
elle des égards & de la
complaisance,puisqu'elle
est sa femme & sa soeur.
Enfin elle luy demande
-
qu'il ordonne à Minerve
de descendre dans l'armée
des Troyens pour les exciter
à enfraindre le fraite.
& à insulter les Grecs.,,
vers 50. 67.
Jupiter donne cet ordre
à Minerve.„La Déesse
descend, & dansla course
rapide elle paroist fous la
forme d'une exhalaison
qui s'allume dans l'air, &
qui se partage en mille
feux. Cesigne qui est veu
dans les deuxarmées est
interprété comme un préfage
ou de la fin ou de la
continuation de la - guerre.
35 vers 68. 85.
Minerve prend la réf.
semblance de Laodocus.
fils d'Antenor. Vatrouver
Pandarus fils de Lycaon.
Luy propose « de tirer une
fleche à Menelas. L'encourage
par la gloire qu'il
aura d'avoir abbattu un si
grand guerrier, & par la
recom pense qu'il doit attendre
de Paris. Elle luy
conseille de s'addreffer auparavant
à Apollon Lycien
pour le prier de diriger
le trait.» vers 86. 103.
L'intense Pandarus se
laisse persuader. Peinture
naïve de l'action de Pandarus,
& desmesuresqu'il
prend pour frapper juste
à son but. (Son arc estoit
fait des cornes d'unechevre
sauvage qu'il avoit tuée
à l'affust; chaque corne
avoit seize paumes, c'està-
dire cinq pieds & quatre
pouces.) Il promet une
Hecatombe à Apollon. Il
tire. Le trait part avec impetuosité,
perce le baudrier
,la cuirasse & la lame
de Menelas; entre dans la
chair sans penetrer bien
avant,(car Minerve avoit
pris foin d'affoiblir le coup,
semblable à une mere qui
voyant dormir son enfant,
détourne une mouche opiniastre
qui voudroit le piquer.)
Le fang qui coule
le longdesjambes de Menejas,
compare à la pourpre
dont une femme de
Meonie a peint l'yvoire le
plus blanc, pour en faire
les boffetes d'un mords qui
fait l'admiration & le desir
des plus braves Cavaliers,
filais qui est destiné pour
un Roy. "vers 104. 119.
Agamemnon est effraié
aussi bien que Menelas.
Menelas reprend courage.
Agamemnon éclate contre
la perfidie des Troyens.
Dit que Jupiter ne la laisfera
pas impunie. Prédit
la ruine deTroye. Il s'attendrit,
& ne peut cacher
à son frere la crainte qu'il
a de le perdre - vers 120.
182.
Menelas lera ssure&le
prie de ne point allarmer
les Grecs. n Agamemnon
luy dit « qu'il faut appeller
un Medecin.» Donne ordre
à Talthybius de faire
venir Machaon fils d'Esculape.
Le Herault obeït.
Trouve Machaon & « luy
parle.» Machaon vient.
Visite la playe, & succe
le sang,& y met un appareil
que le Centaure Chiron
avoit autrefois enseigné
à Esculape. vers 183.
ii9*
Cependant les Troyens
s'avancent en bataille. Les
Grecs reprennent leurs armes
, & ne respirent plus
que lecombat. Agamemnon
laissesonchar à Eurymedon
, avec ordre de ne
le pas tenir trop éloigné.
Il parcourt à pied toute
l'armée. « Anime par ses
discours ceux qu'il trouve
disposez à bien faire».
« Réprimandé les autres,»'
les compare à des faons de
biche Arrive prés de la
Gend'armerie Cretoise, la
trouve en bon estat, Idomenée
à la teste, Merion
à la queue.» IllouëIdomenée,
le fait ressouvenir
que dans toutes les occasions;
à la guerre, dans les
festins, il l'atousjours traité
avec distinction". Idomenée
respond « qu'illuy
fera tousjours fidelle».
Agamemnoncontinue son
chemin. Il trouve les deux
Ajax deja armez au milieu
de leurs bataillons; ( ces
bataillons comparez à des
troupeaux assemblez fous
leur pasteur, qui leur cherche
un asile contre l'orage
qu'il prévoit. ) Agamemnon
louë ces deux chefs,
& leur dit qu'il n'a pas besoin
de les exhorter». Il
passe au quartier du vieux
Nestor. Le trouve qui range
ses trou pes en bataille,
& qui encourage leurs
chefs. Noms de ces chefs.
De quelle manière Nestor
disposoit sa cavalerie &son.
infanterie.« Quels conseils
il donnoit à ses cavaliers
». «Sage vieillard,
dit Agamemnon transporté
de joye, plust aux Dieux
que vos forces respondissent
à vostre grand courage
ge, &c.» Nestor respond
» qu'il n'est plus au temps
où il tua de sa main le vaillant
Ereuthalion; mais que
tout vieux qu'il est on le
verra à la teste de ses ECcadrons,
LXquïl serautile
au moins par ses ordres &
par ses conseils
, que cest
là le partage des vieillards
». Agamemnonavance.
Trouve Peteus fils de
Menefthée & Ulysse qui
ne faisoient aucun mouvement
, parce que le bruit
de ce qui estoit arrivé dans
les deux armées n'estoit pas
encore venu jusqu'à eux-
« Il leur fait de sanglants
reproches de leur inaction
». «Ulyflc respond
avec fierte». Le Roy qui
le voitirrité, change de
ton, &«luy parle obligeamment
». Il poursuit
son chemin.VoitDiomede
sur son char avec Sthelenus
fils de Capancé. Diomedene
donnoit aucun
ordre pour le combat. Agamemnon
cc
luy reproche
d'avoir degeneré dela
vertu de son pere Tydée,
luy rappelle une occasion
d'éclat, ou Tydée signala
son courage contre les
Thebains». Diomede par
respect pour le Roy ne respond
rien.Sthelenus prend
la parole & dit(( qu'ils ne
meritent ny l'unny l'autre
ie reproche qu'on leur fait,
se piquent tous deux avec
raison d'estre plus braves
encore que leur pere».
Diomede represente à
Sthelcnus que le Roy qui a
le principal interest à tout
ce qui se passe, est en droit
de leur parler comme il
fait.„ Diomede en mef-
1
me temps faute de dessus
son char. - "veys 421. 419.
On voit marcher au
combat les nonbreufes
Phalanges des Grecs, semblables
à des flots amoncelez
par les vents. Elles
suivent leurschefs dans un
profond filen-ce, pour entendre
leurs ordres. Ilsemble
3
dit le Poëre, que cette
multitude innombrable de peuples
n'ait point de njoïx. Les
Troyens au contraire,
comme des brebis qui bêlent
dans un grand patu-
Tage, sont un bruit confus
qui resulte du mélange de
leurs voix & de la diversité
des langues de toure sorte
de peuples qui forment
leurarmée, vers411.438.
Les Troyens sont animez
par le Dieu Mars, &
les Grecs par la Déesse Minerve.
Ces deux Divinitez
font suivies de la Terreur,
de la Fuite & de l'insatiable
Discorde, Image poëtique
de la Discorde. Son
progrez. Ses effets. vers
43""45.
Les deux armées se joignent
J
& en viennent aux
mains. Description de leur
choc. Le bruit des guerriers
comparé à celuy que
font d'impetueux torrens
grossis par les pluyes. vers
446, 456.
Antiloque le premier tuë
Echepolus,un des plus braves
Troyens. Elephenor
General des Abantes, voulant
le dépouiller de ses
armes,est rué par Agenor.
Il se fait en cet endroit
une cruelle boucherie des
Grecs & des Troyens qui
se jettent les uns sur les autres
comme des loups affaniez.
Simoïsius (ainsi nom.
me parce que Ía mere accoucha
de luy sur les rives
du Simoïs) est tué à la fleur
de son âge par Ajax fils
de Telamon. Il tombe sur
la poussiere comme un jeune
peuplier abbattu par le
fer d'une coignée. Antiphus
un des filsdePriam,
veut venger la mort deSimoïsius.
illance son javelot
contre Ajax; mais il
rencontre au lieu de luy
Leucus compagnond'Ulysse.
Leucus tombe sur le
corps de Simoïssus qu'il entraisnoit.
Ulysseaffligéde
cette perte, s'approche des
Troyens d'un air terrible.
Regarde autour de luy
pour chercher sa victime.
Il lance son dard. Les
Troyens effrayez se retirent
en desordre. Le javelot
va frapper Democoon
fils naturel de Priam, &
lerenverse mort. Les Troyens
reculent. Hectorluymesmeestépouventé.
Les
Grecs enflez de ces avanta
ges vont chercher les
corps morts jusqu'au milieu
de la meslée pour les
entraisner.
entraisner. Apollon irrité
de leur audace se fait entendre
aux Troyens du
hautde la forteressed'Ilion,
les exhorte & les encourage
; leur represente sur
tout qu'Achille ne combat
point„. Minerve de son
colté anime les Grecs. Pi-,
roüs General des Thraces
tuë Diorés chefdes Epéens
aprés l'avoir blessé d'un
coup de pierre. Thoas General
des Etoliens lance
son javelot contre Piroiis,
& l'acheve de son épée. Ils
vont le dépoüiller de fe$
armes, mais il en est empesché
par les Thraces qui
tombent sur luy à coups
de piques,& l'obligent de
seretirer. vers 457. 539.
-
Homere parle des ex-
FJqics de cette journée
comme d'un grand sujet
d'admiration pour un homme
que Minerve auroic
conduit par la main, & à
qui elle auroit fait parcourir
sans danger tous les endroits
de la bataille. Il auroit
veu les Troyens&les
Grecs estendus les uns prés
des autres à la mesme place
où ils avoient combat-
EU. vers544.
AKGVMENT
du cinquièmeLivre.
La jour de cette action
Minerve augmente le courage
deDiomede. Deson
calque & de son bouclier
forcoitcontinuellementun
fçjXrfemblable à celuy de
Veftoitle qui paroistà lafin
àçl'Eflre'.LaDéessè pousse
ÇÇignprr-ier au milieu dela ~n~~ j, vers 1. 8.
o.
~~q~Phesep tous deux
fils de Darés Sacrificateur
deVulcain,poussent leur
char contreDiomede qui
estoit à pied. Phegée le
premier lance ion dard
contre luy sans le blesser.
Diomede le perce de son
javelot
, ôc l'estend mort
surla place. Idée n'ayant
pas le courage de sauver
le corps de son frere, prend
la suite. Vulcain le couvre
d'un nuage & le dérobe
aux poursuites de Diomede
j pour épargner àDarés
le chagrin de perdre Ces
deui filsenun jour. Diomede
fait emmener leurs
chevaux. Les Troyens
commencent à plier. Minerve
pour augmenter leur
desordre,ditàMars«qu'il
faut laisser combattre les
Troyens & les Grecs, &
ne plus resister aux ordres
de Ju piter.„ Elle le retire
du combat, & le fait repofer
sur les rives du Scamandre.
Les Grecs enfoncent
lesTroyens. * a/fw9.37,
Odius chef des Alizoniens
est tué par Agamenvnon.
Phestus par Idomenée.
Scamandrius par Me.
nelas. (Ce Scamandrius
estoit fort entendu dans
tout ce qui concerne la
charte, & avoit esté instruit
par Minerve.) Phereclus
est tué par Merion.
( Phereclus fils d'un habile
charpentier, avoir bâti les
vaisseaux que Pâris mena
en Grece.) Pedée fils naturel
d'Antenor
,
est tué
par Megés. Eurypile blesse
Hypsenor.(Hypsenorestoit
filsde Dolophionqui
estoit Sacrificateur du Scamandre.)
rUers Î7- 83-
Idomenéesemblable à
un fleuve, qui dans ion débordement
emporte tout
ce qui s'oppose à son passage,
renverse les barait.
lons des Troyens;rien ne
luy resiste. vers 85. 94.
Pandarus, pour arrester
son audace, luy tire une
flèche qui luy traverse l'épaule
droite, & croyant
l'avoir blessé mortellement
il s'en glorifie,,, Sthele*-
jius, ( à la prière deDiomede
) luy oste cette fléche.
Diomede prie Pallas
<c de luy prester son secours
pour se venger de
Pandarus
5
& le punir de
son orguëll.,,Pallas l'exauce.
Luy redonne toutes
ses forces & route sa
legereté.Elle luy dit,
qu'il peut aller hardiment
contre les Troyens;qu'elle
a dissipé le nuage qui
l'auroit empesché de discerner
les Dieux d'avec les
hommes
:
qu'il se garde
bien de combattre contre
les Immortels, si ce n'est
contre Venus sur qui elle
luy permet de tirer.„
vers 95. 132.
Minerve se retire. Diomede
qui se sent trois fois
plus fort qu'à l'ordinaire,
se jette au milieu des ennemis.
Est comparé à un
lion qu'un berger ablesse,
& qui devenu plus furieux;
se lance sur les brebis effrayées
qui se tapissent les
unes fous les autres pendant
que le berger se cache.
Diomedetuë d'abord
Astynoüs & Hypenor.
Ensuite Abas & Poluïde,
tous deux fils du vieux Eurydamas
qui estoit Interprete
des songes. Il marcheversThoon
&Xanthe
enfans de Phenops,prive
ce pere malheureux de ses
deux filsàla fois, &luy
laisse la douleur de voir que
sa successiondoitpassèrà
des collateraux esloignez.
Diomede., comme un lion
qui se jette surun troupeau
de boeufs, tombe encore surEchemon & Chromius
enfans de Priam, les préçipite
de leur char ,les dépoüille
de leurs armes, &
prend leurs chevaux.vers
133. 16s.
Enée qui voit tous ces
ravages, cherche Pandarus
a travers les picqucs &
les javelots. Ille joint de
l'exhorte à se servir encore
deson arc& de ses
traitscontre un homme
qui cause tant de defor-
-.
dres
, ( si ce n'est que ce
guerrier dangereux soit
quelqu'un des Immortels
irrité contre lesi Grecs) ,,.
Pandarus respond qu4»I
croit reconnoistreDiomede
à sa raille & à ses armes*
Que si ce guerrier n'est pas
un Dieu,aumoinsDiomede
ne peut faire tant de
prodiges sans le secours
d'une Divinité toute puisfante.
Se repent d'avoir
laissé chez luy, contre l'avis
de son pere, onze chars
inutiles par la crainte que
ses chevaux ne souffrissent
trop dans une ville affiegée.
Se plaintd'avoir desjablessé
deux des plusvaillans
hommes, sans autre
effet que de les avoir rendus
plus furieux. Jure que
s'il revoit sa patrie, il commencera
par bruler cet
arc & ces fléches qui l'ont
si mal servi.,, Enée luy
dit cC de monter sur son
char qui est tiré par cTcxcellens
chevaux, & luy
laisse le choix ou de tenir
les resnes, ou de combattre
contre Diomede. 9%
Pandarustc conseille à Enée
de conduire luy -
mesme
ses chevaux qui connoissent
savoix & sa main;
que pourluy il recevra
Diomede avec sa lance.
Ils montent tous deux sur
le char,& vont à toute
bride contre Diomede
(quiestà pied.) Sthelenus
qtuiitles voit venir, en aver- Diomede,&" luy conseille
de les éviter.,, Diomede
'c respond qu'il n'est
pas capable de fuir, & que
ces deuxennemis si redoutables
ne retournerons
point àTroye ;luy recommande
seulement dem*
mener les chevaux d'Eiree
aussitost qu'il fera vaincu; les chevaux d'Enée ef.,
toient de la race de ceux
dont Jupiter fit presentà
Tros. ),., 0tvers16(3.zyj,
Pandarus & Enée sont
en presence. de Diomede;
Pandarus-ile, premierdità
Diomede qu'iln'a peule
vaincre avec sa fléche,
mais qu'il fera peutestre
plus heureux avec son javelot.„
En mesme temps
il lance son dard qui perce
le bouclier jusqu'à la cuirasse.
Pandarus~s'écrie~
glorieux decesuccez. Diomede
luy dit qu'il a manqué
son coup. Le frappe
de son javelot que Minerve
conduisoit
, & qui traverse
depuis l'oeil jusqu'à
la gorge. Pandarus tombe
de son char. Enée se met
en devoir de deffendre: le
corps de sonamy. Diomede
prend une grosse pierre,
telle que deux hommes à
- peinel'auroient peu lever.
Il l'a jette contre Enée, &
luy brife la cuisse. Enée
tombe sur ces genoux &
s'affoiblit. Venus le prend
entre ses bras, le couvre
de sa robe, & l'emporte.
Sthelenus, qui se souvient
des ordres de Diomede 9
prend les chevaux d'Enée
les emmeine, les remetà
son amy Deïphilus, & va
rejoindre Diomede. Diomede
,qui a reconnu Venus
,
la poursuit avec un
-
dard
dard,&la blesse à la main.
Le fang immortel coule de
sa playe. Le fang desDieux
different de celuy des hommes,
& pourquoy.Venus
laisse tomber Enée,Apollon
le releve, le couvre
d'un nuage & l'emporte,
Diomede parle en termes
picquans à Venus qui se
retire tres-affligée. Iris l'a
soustient. Elles trouvent
Mars. Venus le conjure
de luyprester ses chevaux
pour s'en retourner dans
l'Olympe.„Mars luy donna
son char. Iris le conduit.
Elles arrivent en un
moment. Iris dérelle les
chevaux, & en prend soin-
Venus se laisse tomber sur
les genoux de Dioné sa
mere. Dipné luy demande
cc qui luy a fait cette
blesseure.,, Venus respond
ic que Diomede a eu cette
audace, & que ce nretl: plus
icy une guerre des Grecs
contre les Troyens,mais
desGrecscontre les Dieux.
Dioné la console
,
luy dit
que ce n'est pas la - première
fois que les Dieux
ont esté insu Irez. par leshommes.
( Exemples, de
Mars, de Junon, &de Pluton;)
Que Diomede doit
craindre de porter quelque
jour la peine de sa temerité.„
Dionéessuye le
fang qui coule de la blesseure
de sa fille. Venus est
guene en un moment. 'Vers
275- 417.
Junon & Minerve entretiennent
Jupiter de ce qui
vient d'arriver à Venus.
Ce Plaisanterie de Minerve
a ce sujer. Jupiter foufritsappelle
Venus & u. luy recommande
de ne plus s' exposer.
4, Diomede par trois fois
se jette sur Enée.) quoy
gqnapollon l'ait pris fous
sa protection. A la quatriéme
fois ce Dieu irrité
cc luy parle d'un ton
menaçant." Diomede se
retire. Apollon porte Enée
dans son Temple sur la Citadelle
de Pergame. Latone&
Diane ont foin ellesmesmes
de le panser. ven
432. 44^
Apollon voyant que le
combat s'echauffe autour
d'un phantofme qu'il avoit
formé ressemblant à Enéc
pour tromper les Grecs,
demande à Mars, «
s'il n'y
a pas moyen d'arrester ce
Diomede qui porte sa fureur
jusqu'a poursuivre les
Dieux,,,. Ensuiteilseretire
sur la Citadelle. Mars
prend la reffernblance d'Acamas
General des Thraces.
Va de rang en rang..
«Se fait entendreaux Tro..
yens & les anime.» Sarpedon
picque le courage de
Hector par le reproche
qu'il luy fait de son inaction
, & de la lascheté de
ses freres qui tremblent
,
comme des chiens timides
en presencedun lion.»
Hector, sans repliquer
faute de son char, un jave.
lot à la main, exhorte les
Troupes. LesTroyens se
rallient. LesEscadrons des
Grecs viennent fondre sur
eux. La poussiere qu'ils élevent,&
dontilssont tout
blanchis, comparée a celle
qui couvre ces monceaux
de paille que des vanneurs
ont separée d'avec le grain.
Le combat recommence.
Enée, qu'Apollon a retiré
du Temple où il l'avoit
mis, reparoist à la reste de
ses.troupes avec toute sa
vigueur. Les soldatstransl
portezdejoyefontsurpris
en meme tem ps de le revoir
siicst ; mais l'ardeur
du combatne leur permet
pas de l'interrogersur une
si prompte guerison. ira
449.518.
: Les Grecs animez, par
lpes dIeuxlAja.x, parUlysse, attendent
les Troyens de pied ferme
,SemblablesÀ desnuages:
aÍfemblez:, qui n'attendent
que le reveil des
vents endormis pourestre
mis en mouvement. vers
Jr9. J17-
Agamemnon donne (es
ordres « Exhorte ses soldats
» Ensuite il lance son
javelot & tueDeïcoon le
pluscher compagnon d'Enée.
Enée de son costé tue
Crethon & Orsiloqueensans
de Dioclés, qui avoir
pour ayeul le' fjeuve Alphée.
Crethon & Crbiloque
com parez à deux jeunes
lions, qui aprèsavoir
laisse par tout des marques
de
de leur furie , succombent
enfin fous l'effort des pasteurs.
Ces deux jeunes
guerriers tombent fous les
coups d'Enée comme les
plus hauts sapins abbattus
par les vents. Menelas,
pour les venger, s'avance
au milieu des combattansf
pouffé par le Dieu Mars,
qui ne cherche qu'à le faire
perir de la main d'Enée.
Antiloque voyant le peril
où Menelas s'expose, court
se joindre à luy. Enée qui
voit ces deux guerriers
unis, seretire. Ilsenlevent
les corps de Crethon &
d'Orsiloque;ensuite ils retournent
dans lameslée.
Menelas tue Pylemenés
qui commandoit les Paphiagoniens.
Antiloque
blesse Mydon d'un coup
de pierre, l'acheve de Ton
épée, & emmene ses chevaux.
vers528.589
Hector ayant apperceu
Menelas & Antiloque
inarche à , eux avec impetuosiré.
Les Troyens le
suivent. Mars & Bellone
sontà leur reste.Mars accompagne
par tout Hector.
Diomede voyant ce
Dieu terrible) est saisi de
frayeur. Son estonnement
comparé à celuy d'un voyageur
qui, après avoir
traversé de vastes campagnes,
voit tout d'un coup
un grand fleuve, & retourne
sur ses pas. Diomede
se retire en disant aux
Grecs,M qu'il faut ceder
auxDieux.» WJ590.606.
LesTroyensondent sur
les Grecs. Hector tue de
sa main Menofthés & Anchiale.
Ajax fils de Telamon
s'avance pour les
Ranger, & tue Amphiusde ioix
javelot. Il accourt ensuite pour
le dépouillerj mais les Troyens
font pleuvoir sur luy une gresle
de traits, & l'obligent de se- retirer. Vers 607. 616*
Sarpedon filsde Jupiter, &
General des Lyciens, & Tle-*
poleme fils d'Hercule se ren..,
contrent.« Ils se parlent quelque
temps au sujet du parjurede
Laoimedon que Tlepoleme
reproche à Sarpedon:» Ces
deux guerriers après« s'estre
menacez fierement» lancent
leurs dards lun contre l'autre.
Les traits partent ensemble,
Sarpedonest blesséà la clÜiTe
Le dard y demeure attaché.
Tlepoleme tombe sans vie.
On emporte Sarpedon. Les
Grecs enlevent le corps de
Tlepoleme. Ulysse
, pour le
venger, tourne les armes contre
les Lyciens & en tuë un
grand nombre. Noms des Lyciens
tuez par Ulvsse. Hector
s'avance contre luy pour arrester
ses desordres.. Srrpedon
voyant Hector le prie de ne le
pas laisser en proye à ses ennemis.
» Hector passe rapidement
pour aller charger les
Grecs. Les amis de Sarpedon
le mettent fous un grand chefne.
Pelagon luy tire le javelot
de sa playe. Sarpedon s'évanouit.
Borée le rafraifchit
de son [ouille) & le ranime.
Les Grecs qui ne peuvent fouflenir
le choc du Dieu Mars
& d'Hector, se battent en re..
traite sans prendre la suite,
Noms de plusieurs braves Capitaines
tuez a cette attaque..
vers 628. 710.
Junon voyant ce qui sepasse,
dit à Minerve" qu'ilest temps
d'arrester les ravages de Mars,
& de secourir les Grecs. » Junon
prepare elle
-
mesme ses
chevaux. La Déesse Hebé luy
appresteun char superbe. Description
de ce char. Minerve
quitte ses habits pour s'armer.
Quelles font ses armes. Son
Egide. Son casque. Sa pique.
Les deux Déesses montées sur
leur char éclatant, vont à toute
bride au palais de Jupiter.
Les portes de l'Olympe,qui
font gardées par les Heures,
s'ouvrent d'elles-mesmes avec
un grand bruit. Junon parle à
Jupiter & luy demande" s'il
veut permettre de reprimer les
fureurs de Mars , & de blesser
cet insensé qui ne reconnoist
d'autre droit que la force
,,, Jupiter luy dit" de donner ce
soin à Minerve qui est accoustuméeà
le vaincre." vers 711. 766..
Junon accompagnée de Minerve
pousse ses chevaux qui
courent avec impetuositéentre
le Ciel & la terre. ( Les
chevaux des Dieux franchissent
d'un seul fault autant d'espace
qu'un homme assis sur un
cap eslevé au bord de la mer
en peutdécouvrir sur cette va- se étendue.) Les Déesses arrivent
prés de Troye. Junon
dételle les chevaux. Les environne
d'un nuage. Le Simoïs
fait naistre l'ambrosie sur ses
rives pour leur pature. Les
Déesses marchent ensemble
comme deux colombes&vont
secourir les Grecs, vers 767.
779.
Elles trouvent Diomede entouré
des plus braves guerriers
semblables aux plus frers lions,
& aux sangliers les plus terribles.
Junon s'arreste. Prend
la ressemblance de Stentor dont la , voix d'airain estoit plus
forte que celle de cinquante
hommes ensemble. Elle parle
aux Grecs, &Il les anime.,,
Minerve de son costé s'approche
de Diomedequi s'estoit retiré
un peu à l'écart pour rafraifchir
la playe que Pandarus
luy avoit faite. Elle luy
reproche de s'affoiblir quand
il faut agir, 5c de ne ressembler
gueres à son pere Tydée qu'-
elle protegeoit auAi bien que
luy
, & dont elle ne pouvoit
retenir le courage Elle luy rappelle
l'aventure de Tydée avec
les Dépendants de Cadmus.
Diomede respond
(c
qu'il ne
manque ny de force ny de resolution
,
mais qu'il se souvient
des deffenses qu'elle luy a faites
de combattre contre les
Dieux : Que Mars est maintenant
à la teste des Troyens. » Minerve luy dit de ne point
craindre Mars, 8c de le frapper
hardiment s'il vient à sa
rencontre; qu'audi bien celt
un perfide qui prend le party
des Troyens contre la promes-.
se qu'illuy avoit faite & à Junon
, de favoriser les Grecs.»
Elle fait descendre Sthelenus
& monte à sa place auprès de
Diomede sur son char. Elle
prend le casque de Pluton pour
n'estre point veuë. Pouffe les
chevaux contre Mars. Mars,,
qui vient de tuer Persphas ,
voyant Diomede
3
s'avance, &
luy veut porter un coup de sa
pique. Minervedétourne le
coup, conduit celle de Diornede
contre Mars, & la kiy fait
entrer bien avant dans les costes.
Mars la retire, & jette
un cry semblable à celuy d'une
armée de neuf ou dix mille
hommes. LesTroyens & les
Grecs en font épouvantez.
Mars retourne dans l'Olympe.
Diomede le voir s'élever comme
un nuage obscur. vers 780. 867** - Mars montrant à Jupiter le
fang qui coule de sa playe, luy
dit « qu'il a engendré une fille
pernicieusè qui se croit tout
permis, parce qu'il ne la corrige
pas pendant qu'il traite
avec severité les autres Dieux.
Que c'est Minervequi a inspiré
à Diomede l'audace debiesfer
Venus & luy ensuite.» Jupiter
rejette sa plainte, & luy
dit qu'ilest luy - mesme un
inconstant & un furieux qui
n'aime que les querelles,& que
s'il n'estoit pas son fils il y a
long-temps qu'ill'auroit precipité
dans les abylmesavec les
Titans,» Jupiter cependant
donne ordre à"'Pæon"de le guérir.
Pæonobéît& le guerit sur
le champ avec un baume exquis
qui fait sur la playe le mesme
effet & aussi promptement
que la presure sur le lait. Hebé
après avoir preparé un bain
pour Mars, luy donne des habits
magnifiques. Mars se place
auprès de Jupiter. Junon &
Minerve ne sont pas longtemps
sans remonter au Ciel.
de tjÜadc.
ARGUMENT
du quatrième Livre.
AVERTISSEMENT.
On A mis dans la suite de
cet Extrait des cedilles ainsi
marquées",,Ellessignifient
dans les endroits où elles se
trouvent,que. le Poëtey fait
parler ses Heros.
LES Dieux estanc à Table
tiennent conseil sur les
affaires de Troyes, vers
I. 4.
Jupiter raille Junon &
Minerve, de ce que de
grandes Déesses. comme
elles se tiennent à l'écart
t
loin des combats, pendant
que Venus qui n'aime que
les jeux& les plaisirs - accompagne
son favori dans
tous les penIs. Il met en
délibération s'il faut rallumer
la guerre entre les
Troyens & les Grecs, ou
les reconcilier par l'exe-
-
cution du traité qu'ils ont
_aIt,,, 'Vers. 5.
19.
Cette proposicion cause
un violent dépit aux deux
Déesses qui préparoient les
plus grands malheurs aux
Troyens. Minerve dissimule
par prudence. Junon
éclatte, & a déclaré, quelque
resolution que l'on
prenne, qu'elle ne consentira
point à la paix.,,
vers 1o. 2. 9.
Jupiter a reproché à
Junon la cruauté avec laquelle
elle poursuit les
Troyens. Ilseplaintdela
violence qu'e lleluy fait en
le forçant de luy abandonner
une Ville qu'il a honorée
sur toutes les autres.
Il l'avertit qu'en revanche,
si jamais dans sa fureur
il veut détruire quelque
Ville qu'elle ait prise
fous sa protection
,
c'est
inutilement qu'elle voudra
s'y opposer.„ vers 30.49.
Junon luy dit qu'il
peut,quandilvoudra,dit
poser d'Argos, de Mycenes
)
& de Sparte; mais
qu'il n'est pas juste qu'elle
perde le fruit de toutes ses
peines. Que tout puissant
qu'il est, il doit avoir pour
elle des égards & de la
complaisance,puisqu'elle
est sa femme & sa soeur.
Enfin elle luy demande
-
qu'il ordonne à Minerve
de descendre dans l'armée
des Troyens pour les exciter
à enfraindre le fraite.
& à insulter les Grecs.,,
vers 50. 67.
Jupiter donne cet ordre
à Minerve.„La Déesse
descend, & dansla course
rapide elle paroist fous la
forme d'une exhalaison
qui s'allume dans l'air, &
qui se partage en mille
feux. Cesigne qui est veu
dans les deuxarmées est
interprété comme un préfage
ou de la fin ou de la
continuation de la - guerre.
35 vers 68. 85.
Minerve prend la réf.
semblance de Laodocus.
fils d'Antenor. Vatrouver
Pandarus fils de Lycaon.
Luy propose « de tirer une
fleche à Menelas. L'encourage
par la gloire qu'il
aura d'avoir abbattu un si
grand guerrier, & par la
recom pense qu'il doit attendre
de Paris. Elle luy
conseille de s'addreffer auparavant
à Apollon Lycien
pour le prier de diriger
le trait.» vers 86. 103.
L'intense Pandarus se
laisse persuader. Peinture
naïve de l'action de Pandarus,
& desmesuresqu'il
prend pour frapper juste
à son but. (Son arc estoit
fait des cornes d'unechevre
sauvage qu'il avoit tuée
à l'affust; chaque corne
avoit seize paumes, c'està-
dire cinq pieds & quatre
pouces.) Il promet une
Hecatombe à Apollon. Il
tire. Le trait part avec impetuosité,
perce le baudrier
,la cuirasse & la lame
de Menelas; entre dans la
chair sans penetrer bien
avant,(car Minerve avoit
pris foin d'affoiblir le coup,
semblable à une mere qui
voyant dormir son enfant,
détourne une mouche opiniastre
qui voudroit le piquer.)
Le fang qui coule
le longdesjambes de Menejas,
compare à la pourpre
dont une femme de
Meonie a peint l'yvoire le
plus blanc, pour en faire
les boffetes d'un mords qui
fait l'admiration & le desir
des plus braves Cavaliers,
filais qui est destiné pour
un Roy. "vers 104. 119.
Agamemnon est effraié
aussi bien que Menelas.
Menelas reprend courage.
Agamemnon éclate contre
la perfidie des Troyens.
Dit que Jupiter ne la laisfera
pas impunie. Prédit
la ruine deTroye. Il s'attendrit,
& ne peut cacher
à son frere la crainte qu'il
a de le perdre - vers 120.
182.
Menelas lera ssure&le
prie de ne point allarmer
les Grecs. n Agamemnon
luy dit « qu'il faut appeller
un Medecin.» Donne ordre
à Talthybius de faire
venir Machaon fils d'Esculape.
Le Herault obeït.
Trouve Machaon & « luy
parle.» Machaon vient.
Visite la playe, & succe
le sang,& y met un appareil
que le Centaure Chiron
avoit autrefois enseigné
à Esculape. vers 183.
ii9*
Cependant les Troyens
s'avancent en bataille. Les
Grecs reprennent leurs armes
, & ne respirent plus
que lecombat. Agamemnon
laissesonchar à Eurymedon
, avec ordre de ne
le pas tenir trop éloigné.
Il parcourt à pied toute
l'armée. « Anime par ses
discours ceux qu'il trouve
disposez à bien faire».
« Réprimandé les autres,»'
les compare à des faons de
biche Arrive prés de la
Gend'armerie Cretoise, la
trouve en bon estat, Idomenée
à la teste, Merion
à la queue.» IllouëIdomenée,
le fait ressouvenir
que dans toutes les occasions;
à la guerre, dans les
festins, il l'atousjours traité
avec distinction". Idomenée
respond « qu'illuy
fera tousjours fidelle».
Agamemnoncontinue son
chemin. Il trouve les deux
Ajax deja armez au milieu
de leurs bataillons; ( ces
bataillons comparez à des
troupeaux assemblez fous
leur pasteur, qui leur cherche
un asile contre l'orage
qu'il prévoit. ) Agamemnon
louë ces deux chefs,
& leur dit qu'il n'a pas besoin
de les exhorter». Il
passe au quartier du vieux
Nestor. Le trouve qui range
ses trou pes en bataille,
& qui encourage leurs
chefs. Noms de ces chefs.
De quelle manière Nestor
disposoit sa cavalerie &son.
infanterie.« Quels conseils
il donnoit à ses cavaliers
». «Sage vieillard,
dit Agamemnon transporté
de joye, plust aux Dieux
que vos forces respondissent
à vostre grand courage
ge, &c.» Nestor respond
» qu'il n'est plus au temps
où il tua de sa main le vaillant
Ereuthalion; mais que
tout vieux qu'il est on le
verra à la teste de ses ECcadrons,
LXquïl serautile
au moins par ses ordres &
par ses conseils
, que cest
là le partage des vieillards
». Agamemnonavance.
Trouve Peteus fils de
Menefthée & Ulysse qui
ne faisoient aucun mouvement
, parce que le bruit
de ce qui estoit arrivé dans
les deux armées n'estoit pas
encore venu jusqu'à eux-
« Il leur fait de sanglants
reproches de leur inaction
». «Ulyflc respond
avec fierte». Le Roy qui
le voitirrité, change de
ton, &«luy parle obligeamment
». Il poursuit
son chemin.VoitDiomede
sur son char avec Sthelenus
fils de Capancé. Diomedene
donnoit aucun
ordre pour le combat. Agamemnon
cc
luy reproche
d'avoir degeneré dela
vertu de son pere Tydée,
luy rappelle une occasion
d'éclat, ou Tydée signala
son courage contre les
Thebains». Diomede par
respect pour le Roy ne respond
rien.Sthelenus prend
la parole & dit(( qu'ils ne
meritent ny l'unny l'autre
ie reproche qu'on leur fait,
se piquent tous deux avec
raison d'estre plus braves
encore que leur pere».
Diomede represente à
Sthelcnus que le Roy qui a
le principal interest à tout
ce qui se passe, est en droit
de leur parler comme il
fait.„ Diomede en mef-
1
me temps faute de dessus
son char. - "veys 421. 419.
On voit marcher au
combat les nonbreufes
Phalanges des Grecs, semblables
à des flots amoncelez
par les vents. Elles
suivent leurschefs dans un
profond filen-ce, pour entendre
leurs ordres. Ilsemble
3
dit le Poëre, que cette
multitude innombrable de peuples
n'ait point de njoïx. Les
Troyens au contraire,
comme des brebis qui bêlent
dans un grand patu-
Tage, sont un bruit confus
qui resulte du mélange de
leurs voix & de la diversité
des langues de toure sorte
de peuples qui forment
leurarmée, vers411.438.
Les Troyens sont animez
par le Dieu Mars, &
les Grecs par la Déesse Minerve.
Ces deux Divinitez
font suivies de la Terreur,
de la Fuite & de l'insatiable
Discorde, Image poëtique
de la Discorde. Son
progrez. Ses effets. vers
43""45.
Les deux armées se joignent
J
& en viennent aux
mains. Description de leur
choc. Le bruit des guerriers
comparé à celuy que
font d'impetueux torrens
grossis par les pluyes. vers
446, 456.
Antiloque le premier tuë
Echepolus,un des plus braves
Troyens. Elephenor
General des Abantes, voulant
le dépouiller de ses
armes,est rué par Agenor.
Il se fait en cet endroit
une cruelle boucherie des
Grecs & des Troyens qui
se jettent les uns sur les autres
comme des loups affaniez.
Simoïsius (ainsi nom.
me parce que Ía mere accoucha
de luy sur les rives
du Simoïs) est tué à la fleur
de son âge par Ajax fils
de Telamon. Il tombe sur
la poussiere comme un jeune
peuplier abbattu par le
fer d'une coignée. Antiphus
un des filsdePriam,
veut venger la mort deSimoïsius.
illance son javelot
contre Ajax; mais il
rencontre au lieu de luy
Leucus compagnond'Ulysse.
Leucus tombe sur le
corps de Simoïssus qu'il entraisnoit.
Ulysseaffligéde
cette perte, s'approche des
Troyens d'un air terrible.
Regarde autour de luy
pour chercher sa victime.
Il lance son dard. Les
Troyens effrayez se retirent
en desordre. Le javelot
va frapper Democoon
fils naturel de Priam, &
lerenverse mort. Les Troyens
reculent. Hectorluymesmeestépouventé.
Les
Grecs enflez de ces avanta
ges vont chercher les
corps morts jusqu'au milieu
de la meslée pour les
entraisner.
entraisner. Apollon irrité
de leur audace se fait entendre
aux Troyens du
hautde la forteressed'Ilion,
les exhorte & les encourage
; leur represente sur
tout qu'Achille ne combat
point„. Minerve de son
colté anime les Grecs. Pi-,
roüs General des Thraces
tuë Diorés chefdes Epéens
aprés l'avoir blessé d'un
coup de pierre. Thoas General
des Etoliens lance
son javelot contre Piroiis,
& l'acheve de son épée. Ils
vont le dépoüiller de fe$
armes, mais il en est empesché
par les Thraces qui
tombent sur luy à coups
de piques,& l'obligent de
seretirer. vers 457. 539.
-
Homere parle des ex-
FJqics de cette journée
comme d'un grand sujet
d'admiration pour un homme
que Minerve auroic
conduit par la main, & à
qui elle auroit fait parcourir
sans danger tous les endroits
de la bataille. Il auroit
veu les Troyens&les
Grecs estendus les uns prés
des autres à la mesme place
où ils avoient combat-
EU. vers544.
AKGVMENT
du cinquièmeLivre.
La jour de cette action
Minerve augmente le courage
deDiomede. Deson
calque & de son bouclier
forcoitcontinuellementun
fçjXrfemblable à celuy de
Veftoitle qui paroistà lafin
àçl'Eflre'.LaDéessè pousse
ÇÇignprr-ier au milieu dela ~n~~ j, vers 1. 8.
o.
~~q~Phesep tous deux
fils de Darés Sacrificateur
deVulcain,poussent leur
char contreDiomede qui
estoit à pied. Phegée le
premier lance ion dard
contre luy sans le blesser.
Diomede le perce de son
javelot
, ôc l'estend mort
surla place. Idée n'ayant
pas le courage de sauver
le corps de son frere, prend
la suite. Vulcain le couvre
d'un nuage & le dérobe
aux poursuites de Diomede
j pour épargner àDarés
le chagrin de perdre Ces
deui filsenun jour. Diomede
fait emmener leurs
chevaux. Les Troyens
commencent à plier. Minerve
pour augmenter leur
desordre,ditàMars«qu'il
faut laisser combattre les
Troyens & les Grecs, &
ne plus resister aux ordres
de Ju piter.„ Elle le retire
du combat, & le fait repofer
sur les rives du Scamandre.
Les Grecs enfoncent
lesTroyens. * a/fw9.37,
Odius chef des Alizoniens
est tué par Agamenvnon.
Phestus par Idomenée.
Scamandrius par Me.
nelas. (Ce Scamandrius
estoit fort entendu dans
tout ce qui concerne la
charte, & avoit esté instruit
par Minerve.) Phereclus
est tué par Merion.
( Phereclus fils d'un habile
charpentier, avoir bâti les
vaisseaux que Pâris mena
en Grece.) Pedée fils naturel
d'Antenor
,
est tué
par Megés. Eurypile blesse
Hypsenor.(Hypsenorestoit
filsde Dolophionqui
estoit Sacrificateur du Scamandre.)
rUers Î7- 83-
Idomenéesemblable à
un fleuve, qui dans ion débordement
emporte tout
ce qui s'oppose à son passage,
renverse les barait.
lons des Troyens;rien ne
luy resiste. vers 85. 94.
Pandarus, pour arrester
son audace, luy tire une
flèche qui luy traverse l'épaule
droite, & croyant
l'avoir blessé mortellement
il s'en glorifie,,, Sthele*-
jius, ( à la prière deDiomede
) luy oste cette fléche.
Diomede prie Pallas
<c de luy prester son secours
pour se venger de
Pandarus
5
& le punir de
son orguëll.,,Pallas l'exauce.
Luy redonne toutes
ses forces & route sa
legereté.Elle luy dit,
qu'il peut aller hardiment
contre les Troyens;qu'elle
a dissipé le nuage qui
l'auroit empesché de discerner
les Dieux d'avec les
hommes
:
qu'il se garde
bien de combattre contre
les Immortels, si ce n'est
contre Venus sur qui elle
luy permet de tirer.„
vers 95. 132.
Minerve se retire. Diomede
qui se sent trois fois
plus fort qu'à l'ordinaire,
se jette au milieu des ennemis.
Est comparé à un
lion qu'un berger ablesse,
& qui devenu plus furieux;
se lance sur les brebis effrayées
qui se tapissent les
unes fous les autres pendant
que le berger se cache.
Diomedetuë d'abord
Astynoüs & Hypenor.
Ensuite Abas & Poluïde,
tous deux fils du vieux Eurydamas
qui estoit Interprete
des songes. Il marcheversThoon
&Xanthe
enfans de Phenops,prive
ce pere malheureux de ses
deux filsàla fois, &luy
laisse la douleur de voir que
sa successiondoitpassèrà
des collateraux esloignez.
Diomede., comme un lion
qui se jette surun troupeau
de boeufs, tombe encore surEchemon & Chromius
enfans de Priam, les préçipite
de leur char ,les dépoüille
de leurs armes, &
prend leurs chevaux.vers
133. 16s.
Enée qui voit tous ces
ravages, cherche Pandarus
a travers les picqucs &
les javelots. Ille joint de
l'exhorte à se servir encore
deson arc& de ses
traitscontre un homme
qui cause tant de defor-
-.
dres
, ( si ce n'est que ce
guerrier dangereux soit
quelqu'un des Immortels
irrité contre lesi Grecs) ,,.
Pandarus respond qu4»I
croit reconnoistreDiomede
à sa raille & à ses armes*
Que si ce guerrier n'est pas
un Dieu,aumoinsDiomede
ne peut faire tant de
prodiges sans le secours
d'une Divinité toute puisfante.
Se repent d'avoir
laissé chez luy, contre l'avis
de son pere, onze chars
inutiles par la crainte que
ses chevaux ne souffrissent
trop dans une ville affiegée.
Se plaintd'avoir desjablessé
deux des plusvaillans
hommes, sans autre
effet que de les avoir rendus
plus furieux. Jure que
s'il revoit sa patrie, il commencera
par bruler cet
arc & ces fléches qui l'ont
si mal servi.,, Enée luy
dit cC de monter sur son
char qui est tiré par cTcxcellens
chevaux, & luy
laisse le choix ou de tenir
les resnes, ou de combattre
contre Diomede. 9%
Pandarustc conseille à Enée
de conduire luy -
mesme
ses chevaux qui connoissent
savoix & sa main;
que pourluy il recevra
Diomede avec sa lance.
Ils montent tous deux sur
le char,& vont à toute
bride contre Diomede
(quiestà pied.) Sthelenus
qtuiitles voit venir, en aver- Diomede,&" luy conseille
de les éviter.,, Diomede
'c respond qu'il n'est
pas capable de fuir, & que
ces deuxennemis si redoutables
ne retournerons
point àTroye ;luy recommande
seulement dem*
mener les chevaux d'Eiree
aussitost qu'il fera vaincu; les chevaux d'Enée ef.,
toient de la race de ceux
dont Jupiter fit presentà
Tros. ),., 0tvers16(3.zyj,
Pandarus & Enée sont
en presence. de Diomede;
Pandarus-ile, premierdità
Diomede qu'iln'a peule
vaincre avec sa fléche,
mais qu'il fera peutestre
plus heureux avec son javelot.„
En mesme temps
il lance son dard qui perce
le bouclier jusqu'à la cuirasse.
Pandarus~s'écrie~
glorieux decesuccez. Diomede
luy dit qu'il a manqué
son coup. Le frappe
de son javelot que Minerve
conduisoit
, & qui traverse
depuis l'oeil jusqu'à
la gorge. Pandarus tombe
de son char. Enée se met
en devoir de deffendre: le
corps de sonamy. Diomede
prend une grosse pierre,
telle que deux hommes à
- peinel'auroient peu lever.
Il l'a jette contre Enée, &
luy brife la cuisse. Enée
tombe sur ces genoux &
s'affoiblit. Venus le prend
entre ses bras, le couvre
de sa robe, & l'emporte.
Sthelenus, qui se souvient
des ordres de Diomede 9
prend les chevaux d'Enée
les emmeine, les remetà
son amy Deïphilus, & va
rejoindre Diomede. Diomede
,qui a reconnu Venus
,
la poursuit avec un
-
dard
dard,&la blesse à la main.
Le fang immortel coule de
sa playe. Le fang desDieux
different de celuy des hommes,
& pourquoy.Venus
laisse tomber Enée,Apollon
le releve, le couvre
d'un nuage & l'emporte,
Diomede parle en termes
picquans à Venus qui se
retire tres-affligée. Iris l'a
soustient. Elles trouvent
Mars. Venus le conjure
de luyprester ses chevaux
pour s'en retourner dans
l'Olympe.„Mars luy donna
son char. Iris le conduit.
Elles arrivent en un
moment. Iris dérelle les
chevaux, & en prend soin-
Venus se laisse tomber sur
les genoux de Dioné sa
mere. Dipné luy demande
cc qui luy a fait cette
blesseure.,, Venus respond
ic que Diomede a eu cette
audace, & que ce nretl: plus
icy une guerre des Grecs
contre les Troyens,mais
desGrecscontre les Dieux.
Dioné la console
,
luy dit
que ce n'est pas la - première
fois que les Dieux
ont esté insu Irez. par leshommes.
( Exemples, de
Mars, de Junon, &de Pluton;)
Que Diomede doit
craindre de porter quelque
jour la peine de sa temerité.„
Dionéessuye le
fang qui coule de la blesseure
de sa fille. Venus est
guene en un moment. 'Vers
275- 417.
Junon & Minerve entretiennent
Jupiter de ce qui
vient d'arriver à Venus.
Ce Plaisanterie de Minerve
a ce sujer. Jupiter foufritsappelle
Venus & u. luy recommande
de ne plus s' exposer.
4, Diomede par trois fois
se jette sur Enée.) quoy
gqnapollon l'ait pris fous
sa protection. A la quatriéme
fois ce Dieu irrité
cc luy parle d'un ton
menaçant." Diomede se
retire. Apollon porte Enée
dans son Temple sur la Citadelle
de Pergame. Latone&
Diane ont foin ellesmesmes
de le panser. ven
432. 44^
Apollon voyant que le
combat s'echauffe autour
d'un phantofme qu'il avoit
formé ressemblant à Enéc
pour tromper les Grecs,
demande à Mars, «
s'il n'y
a pas moyen d'arrester ce
Diomede qui porte sa fureur
jusqu'a poursuivre les
Dieux,,,. Ensuiteilseretire
sur la Citadelle. Mars
prend la reffernblance d'Acamas
General des Thraces.
Va de rang en rang..
«Se fait entendreaux Tro..
yens & les anime.» Sarpedon
picque le courage de
Hector par le reproche
qu'il luy fait de son inaction
, & de la lascheté de
ses freres qui tremblent
,
comme des chiens timides
en presencedun lion.»
Hector, sans repliquer
faute de son char, un jave.
lot à la main, exhorte les
Troupes. LesTroyens se
rallient. LesEscadrons des
Grecs viennent fondre sur
eux. La poussiere qu'ils élevent,&
dontilssont tout
blanchis, comparée a celle
qui couvre ces monceaux
de paille que des vanneurs
ont separée d'avec le grain.
Le combat recommence.
Enée, qu'Apollon a retiré
du Temple où il l'avoit
mis, reparoist à la reste de
ses.troupes avec toute sa
vigueur. Les soldatstransl
portezdejoyefontsurpris
en meme tem ps de le revoir
siicst ; mais l'ardeur
du combatne leur permet
pas de l'interrogersur une
si prompte guerison. ira
449.518.
: Les Grecs animez, par
lpes dIeuxlAja.x, parUlysse, attendent
les Troyens de pied ferme
,SemblablesÀ desnuages:
aÍfemblez:, qui n'attendent
que le reveil des
vents endormis pourestre
mis en mouvement. vers
Jr9. J17-
Agamemnon donne (es
ordres « Exhorte ses soldats
» Ensuite il lance son
javelot & tueDeïcoon le
pluscher compagnon d'Enée.
Enée de son costé tue
Crethon & Orsiloqueensans
de Dioclés, qui avoir
pour ayeul le' fjeuve Alphée.
Crethon & Crbiloque
com parez à deux jeunes
lions, qui aprèsavoir
laisse par tout des marques
de
de leur furie , succombent
enfin fous l'effort des pasteurs.
Ces deux jeunes
guerriers tombent fous les
coups d'Enée comme les
plus hauts sapins abbattus
par les vents. Menelas,
pour les venger, s'avance
au milieu des combattansf
pouffé par le Dieu Mars,
qui ne cherche qu'à le faire
perir de la main d'Enée.
Antiloque voyant le peril
où Menelas s'expose, court
se joindre à luy. Enée qui
voit ces deux guerriers
unis, seretire. Ilsenlevent
les corps de Crethon &
d'Orsiloque;ensuite ils retournent
dans lameslée.
Menelas tue Pylemenés
qui commandoit les Paphiagoniens.
Antiloque
blesse Mydon d'un coup
de pierre, l'acheve de Ton
épée, & emmene ses chevaux.
vers528.589
Hector ayant apperceu
Menelas & Antiloque
inarche à , eux avec impetuosiré.
Les Troyens le
suivent. Mars & Bellone
sontà leur reste.Mars accompagne
par tout Hector.
Diomede voyant ce
Dieu terrible) est saisi de
frayeur. Son estonnement
comparé à celuy d'un voyageur
qui, après avoir
traversé de vastes campagnes,
voit tout d'un coup
un grand fleuve, & retourne
sur ses pas. Diomede
se retire en disant aux
Grecs,M qu'il faut ceder
auxDieux.» WJ590.606.
LesTroyensondent sur
les Grecs. Hector tue de
sa main Menofthés & Anchiale.
Ajax fils de Telamon
s'avance pour les
Ranger, & tue Amphiusde ioix
javelot. Il accourt ensuite pour
le dépouillerj mais les Troyens
font pleuvoir sur luy une gresle
de traits, & l'obligent de se- retirer. Vers 607. 616*
Sarpedon filsde Jupiter, &
General des Lyciens, & Tle-*
poleme fils d'Hercule se ren..,
contrent.« Ils se parlent quelque
temps au sujet du parjurede
Laoimedon que Tlepoleme
reproche à Sarpedon:» Ces
deux guerriers après« s'estre
menacez fierement» lancent
leurs dards lun contre l'autre.
Les traits partent ensemble,
Sarpedonest blesséà la clÜiTe
Le dard y demeure attaché.
Tlepoleme tombe sans vie.
On emporte Sarpedon. Les
Grecs enlevent le corps de
Tlepoleme. Ulysse
, pour le
venger, tourne les armes contre
les Lyciens & en tuë un
grand nombre. Noms des Lyciens
tuez par Ulvsse. Hector
s'avance contre luy pour arrester
ses desordres.. Srrpedon
voyant Hector le prie de ne le
pas laisser en proye à ses ennemis.
» Hector passe rapidement
pour aller charger les
Grecs. Les amis de Sarpedon
le mettent fous un grand chefne.
Pelagon luy tire le javelot
de sa playe. Sarpedon s'évanouit.
Borée le rafraifchit
de son [ouille) & le ranime.
Les Grecs qui ne peuvent fouflenir
le choc du Dieu Mars
& d'Hector, se battent en re..
traite sans prendre la suite,
Noms de plusieurs braves Capitaines
tuez a cette attaque..
vers 628. 710.
Junon voyant ce qui sepasse,
dit à Minerve" qu'ilest temps
d'arrester les ravages de Mars,
& de secourir les Grecs. » Junon
prepare elle
-
mesme ses
chevaux. La Déesse Hebé luy
appresteun char superbe. Description
de ce char. Minerve
quitte ses habits pour s'armer.
Quelles font ses armes. Son
Egide. Son casque. Sa pique.
Les deux Déesses montées sur
leur char éclatant, vont à toute
bride au palais de Jupiter.
Les portes de l'Olympe,qui
font gardées par les Heures,
s'ouvrent d'elles-mesmes avec
un grand bruit. Junon parle à
Jupiter & luy demande" s'il
veut permettre de reprimer les
fureurs de Mars , & de blesser
cet insensé qui ne reconnoist
d'autre droit que la force
,,, Jupiter luy dit" de donner ce
soin à Minerve qui est accoustuméeà
le vaincre." vers 711. 766..
Junon accompagnée de Minerve
pousse ses chevaux qui
courent avec impetuositéentre
le Ciel & la terre. ( Les
chevaux des Dieux franchissent
d'un seul fault autant d'espace
qu'un homme assis sur un
cap eslevé au bord de la mer
en peutdécouvrir sur cette va- se étendue.) Les Déesses arrivent
prés de Troye. Junon
dételle les chevaux. Les environne
d'un nuage. Le Simoïs
fait naistre l'ambrosie sur ses
rives pour leur pature. Les
Déesses marchent ensemble
comme deux colombes&vont
secourir les Grecs, vers 767.
779.
Elles trouvent Diomede entouré
des plus braves guerriers
semblables aux plus frers lions,
& aux sangliers les plus terribles.
Junon s'arreste. Prend
la ressemblance de Stentor dont la , voix d'airain estoit plus
forte que celle de cinquante
hommes ensemble. Elle parle
aux Grecs, &Il les anime.,,
Minerve de son costé s'approche
de Diomedequi s'estoit retiré
un peu à l'écart pour rafraifchir
la playe que Pandarus
luy avoit faite. Elle luy
reproche de s'affoiblir quand
il faut agir, 5c de ne ressembler
gueres à son pere Tydée qu'-
elle protegeoit auAi bien que
luy
, & dont elle ne pouvoit
retenir le courage Elle luy rappelle
l'aventure de Tydée avec
les Dépendants de Cadmus.
Diomede respond
(c
qu'il ne
manque ny de force ny de resolution
,
mais qu'il se souvient
des deffenses qu'elle luy a faites
de combattre contre les
Dieux : Que Mars est maintenant
à la teste des Troyens. » Minerve luy dit de ne point
craindre Mars, 8c de le frapper
hardiment s'il vient à sa
rencontre; qu'audi bien celt
un perfide qui prend le party
des Troyens contre la promes-.
se qu'illuy avoit faite & à Junon
, de favoriser les Grecs.»
Elle fait descendre Sthelenus
& monte à sa place auprès de
Diomede sur son char. Elle
prend le casque de Pluton pour
n'estre point veuë. Pouffe les
chevaux contre Mars. Mars,,
qui vient de tuer Persphas ,
voyant Diomede
3
s'avance, &
luy veut porter un coup de sa
pique. Minervedétourne le
coup, conduit celle de Diornede
contre Mars, & la kiy fait
entrer bien avant dans les costes.
Mars la retire, & jette
un cry semblable à celuy d'une
armée de neuf ou dix mille
hommes. LesTroyens & les
Grecs en font épouvantez.
Mars retourne dans l'Olympe.
Diomede le voir s'élever comme
un nuage obscur. vers 780. 867** - Mars montrant à Jupiter le
fang qui coule de sa playe, luy
dit « qu'il a engendré une fille
pernicieusè qui se croit tout
permis, parce qu'il ne la corrige
pas pendant qu'il traite
avec severité les autres Dieux.
Que c'est Minervequi a inspiré
à Diomede l'audace debiesfer
Venus & luy ensuite.» Jupiter
rejette sa plainte, & luy
dit qu'ilest luy - mesme un
inconstant & un furieux qui
n'aime que les querelles,& que
s'il n'estoit pas son fils il y a
long-temps qu'ill'auroit precipité
dans les abylmesavec les
Titans,» Jupiter cependant
donne ordre à"'Pæon"de le guérir.
Pæonobéît& le guerit sur
le champ avec un baume exquis
qui fait sur la playe le mesme
effet & aussi promptement
que la presure sur le lait. Hebé
après avoir preparé un bain
pour Mars, luy donne des habits
magnifiques. Mars se place
auprès de Jupiter. Junon &
Minerve ne sont pas longtemps
sans remonter au Ciel.
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Résumé : SUITE DE L'ABREGÉ de l'Iliade.
Le quatrième livre de l'Iliade relate un conseil des dieux concernant la guerre de Troie. Jupiter critique Junon et Minerve pour leur absence des combats, contrairement à Vénus qui soutient son favori. Junon refuse la paix et demande à Minerve d'inciter les Troyens à rompre le traité. Minerve, déguisée en Laodocus, persuade Pandarus de tirer une flèche sur Ménélas, le blessant légèrement. Agamemnon, alarmé, appelle un médecin pour soigner Ménélas. Les Troyens avancent en bataille, et les Grecs se préparent au combat. Agamemnon encourage les soldats et réprimande les lâches. Les deux armées se rejoignent, et le combat commence, marqué par des scènes de violence et de mort. Mars soutient les Troyens, tandis que Minerve aide les Grecs. Diomède, encouragé par Minerve, se distingue par sa bravoure et tue plusieurs Troyens. Pandarus blesse Diomède, mais Minerve le guérit et l'encourage à continuer. La journée se termine par des combats acharnés, avec des pertes des deux côtés. Diomède, comparé à un lion, attaque et vainc Échémon et Chromius, fils de Priam, s'emparant de leurs armes et chevaux. Enée, voyant les ravages causés par Diomède, cherche Pandarus pour l'exhorter à utiliser son arc contre ce guerrier. Pandarus reconnaît Diomède et regrette de ne pas avoir pris plus de chars. Il jure de brûler son arc s'il revient à Troie. Enée propose à Pandarus de monter sur son char pour affronter Diomède. Pandarus conseille à Enée de conduire ses propres chevaux et se prépare à affronter Diomède avec sa lance. Diomède, malgré les conseils de Sthelenus de se retirer, décide de rester et de combattre. Pandarus lance un dard contre Diomède, qui riposte en le blessant mortellement. Enée tente de défendre le corps de Pandarus, mais Diomède le frappe à la cuisse avec une pierre, le blessant gravement. Vénus, la mère d'Enée, vient à son secours et le transporte, blessée à la main par Diomède. Apollon prend ensuite Enée sous sa protection. Diomède, encouragé par Minerve, continue de combattre avec fureur. Les dieux interviennent de manière plus directe : Junon et Minerve décident d'arrêter les ravages de Mars et de secourir les Grecs. Minerve, déguisée, incite Diomède à affronter Mars, qu'elle blesse ensuite. Mars, blessé, retourne dans l'Olympe où Jupiter le guérit. La scène se termine par la préparation des dieux pour continuer à influencer le cours de la bataille.
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36
p. 63-66
« Les dernieres nouvelles qu'on avoit reçûës d'Estremadure étoient [...] »
Début :
Les dernieres nouvelles qu'on avoit reçûës d'Estremadure étoient [...]
Mots clefs :
Ennemis, Guerre, Valence, Aragon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Les dernieres nouvelles qu'on avoit reçûës d'Estremadure étoient [...] »
Les dernières nouvelles
qu'on avoir reçues d'Estremadure
étoient que l'un des
partis destinez pour empécher
le transport des grains
de Castille en Portugal ,1 avoit
rencontré prés d'Olivença
un Regiment des Enjicmis}
qui,quoy que surperieur,
avoir été attaqué par
ce Party qui l'avoit entièrement
défait, la pluspart des
Soldats & Officiers de ce
Régiment ayant été ruez &
lciefte faits prisônniers;que
l'Arméeétoitséparée cri
trois Corps qui étoient apportée
dese joindre en cas
de besoin ; mais qu'elle devoit
se sépater bientostentierement,&
entrer en quartier
d'Hiver.
Les Lettres du Royaume
de Valence disoient que le
fameuxRebelle, nomme
l'Alicantino, avoit été pris,
&qu'on devoit en faire justicc
incessament.
Celles d' Arragon
, que
leshabitans de Huesca,des
lieux de son Territoire
,
de
Santa Oladiera,deSabaliés,
& daples
, ayant appris
qu'une Troupe de volontaires
avoient fait une cource
dans le voisinage
,
les avoient
coupez dans leur rettaite,
& avoient repris leur
butin après enavoirrué un
grand nombre, & fait beaucou
p de prisonniers& qué
le Roypourrécom pen fer
leurzele, icsavoic tous exemptez
de logement de gens
de guerre.
qu'on avoir reçues d'Estremadure
étoient que l'un des
partis destinez pour empécher
le transport des grains
de Castille en Portugal ,1 avoit
rencontré prés d'Olivença
un Regiment des Enjicmis}
qui,quoy que surperieur,
avoir été attaqué par
ce Party qui l'avoit entièrement
défait, la pluspart des
Soldats & Officiers de ce
Régiment ayant été ruez &
lciefte faits prisônniers;que
l'Arméeétoitséparée cri
trois Corps qui étoient apportée
dese joindre en cas
de besoin ; mais qu'elle devoit
se sépater bientostentierement,&
entrer en quartier
d'Hiver.
Les Lettres du Royaume
de Valence disoient que le
fameuxRebelle, nomme
l'Alicantino, avoit été pris,
&qu'on devoit en faire justicc
incessament.
Celles d' Arragon
, que
leshabitans de Huesca,des
lieux de son Territoire
,
de
Santa Oladiera,deSabaliés,
& daples
, ayant appris
qu'une Troupe de volontaires
avoient fait une cource
dans le voisinage
,
les avoient
coupez dans leur rettaite,
& avoient repris leur
butin après enavoirrué un
grand nombre, & fait beaucou
p de prisonniers& qué
le Roypourrécom pen fer
leurzele, icsavoic tous exemptez
de logement de gens
de guerre.
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Résumé : « Les dernieres nouvelles qu'on avoit reçûës d'Estremadure étoient [...] »
En Estrémadure, un détachement espagnol a vaincu un régiment des Enjicmis près d'Olivença, empêchant ainsi le transport de grains vers le Portugal. La plupart des soldats et officiers ennemis ont été tués ou capturés. L'armée espagnole, divisée en trois corps, se prépare à entrer en quartiers d'hiver après une éventuelle réunion. En Valence, le rebelle Alicantino a été capturé et sera prochainement exécuté. En Aragon, les habitants de Huesca et des localités voisines ont intercepté des volontaires qui avaient pillé leur région. Ils ont récupéré leur butin après avoir tué plusieurs assaillants et fait des prisonniers. En récompense, le roi a exempté ces habitants du logement des troupes.
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37
p. 66-83
Nouvelles d'Angleterre, & de Hollande.
Début :
Les Lettres de Londres du 16. Octobre portent qu'on [...]
Mots clefs :
Angleterre, Paix, Flotte, Guerre, Vaisseau, Carthagène, France, Traité de paix, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles d'Angleterre, & de Hollande.
Nouvellesd'Angleterre
& de Hollande.
Les Lettres de Londres
du 1 6.Octobre portent
qu'on en avoit reçu de la
Jamayque par lesquelles on
aprenoit que le Capitaine
Littleton
,
Commandant
une Escadre de 1JX Vaisseaux
de Guerre y étant arrivé
le 22.Juillet eut avis
que Mr du Casse
,
étoit du
côté de Cartagene
,
& qu'il
n' avoit que trois Vaisseaux
de guerre&deux Fregates,
cequi ': le fit résoudre de
l'aller attaquer ; que dans ce
dessein il fit voile le 29. &
que le 6. Août il vit terre à
huit où dixlieuës à l'Orient
de Cartagene. Que le même
jour un Vaisseau qu'il avoit
envoyé à là découverte
fit signal qu'il voyoit cinq,
Varîteaux à Boca Chica,qui
est à l'entrée du Port de Cartagene
;que le7aumatinil
découvrit quatre Navires à
qui *1 ctojhna chasse&cle soit
il en prit un grandqu'il crut
estre un Gallion,&une Parache
; qu'il résolutensuite de
retourner à la Jamaïque afin
defortifier sonEscadre du
Vaisseau le Medway,&d'aller
attendre Mr du Casse, au
bout Occidentalde l'Isle de
Cuba,paroùil devoitpasser
pour aller àla Havane;
mais que l'on n'avoit eûdepuisaucunes
nouvelles de Mr
de Littleton, & qu'on avoit
seulementapris de la Jamaïque
qu'on n'avoit trouvény
or ny argent dans les deux
Bastimens pris, ce quifaisoit
croire que Mr du Casse, les
avoitEnvoyez pour amuser
ce Capitaine pendant qu'il
prendroit une aurre route
'avcc les Gallions.
Celles du20 disent que
Je Colonel Clayton,aporta
le 16.la Relation de l'entrepriseformée
sur Quebec
qui portoiten substance
que la Flotte aprés avoir été
retenuë plusd'unmois à
Bastondansla nouvelle Angleterre
, en partit le roi
Aoûrdernier;qu'elle arriva
le 19. à l'entrée delà grande
,îiviere' de Saint Laurent Otr,
elle fut obligée par unvent
de Nordoüest tres violent
de moüiller dans , la Baye de
Gaspé;que le premier Septembre
ilsentrerent dans la
riviere ou ils avancèrent environ
quarente lieuës, aprés
quoy ils se trouverent incomodez
d'une brume fort
épaisse & d'un grand vent
d'Est-sud-Est; que vers les
huit heures du soir le Chevalier
Hovendon Walker
,
qui commandoit la Flotte,
fie signal aux Vaisseaux de se
tenir serrez, & deporrer au
Sud
,
les Pilotes qu'il avotjE
pris à Baston, dont le Gouverneur
luy avoit répondu
de la capacité, ne connissant
pas -lesmoiiiIlagcs.; que quoy
qu'il eustpriscetteprécaution
,
les Courants ne laisserent
pas de porter la Flotte
vers la coste du Nord où elle
donna sur des rochers qui
firent périr deux Vaisseaux
chargez de provisions
,
&
huit autres chargez devingt
six Compagnies de Troupes
réglées ; que néanmoins il
ne se perdit aucun Vaisseau
de guerre;quele lendemain
4 la Flotte demeura au meme
endroit pour secourir
ceux qui s'étoient fauvcz sur
les débris; que le r: on tint
Conseil de Guerre dans lequelilfut
résolud'abandonner
l'entreprise, parce que
la perte qu'on venoit de
faire en rendoit l'excution
plus difficile, & que d'ailleurs
la faison étoit siavancée,
qu'on avoir tout lieu de
craindre de pareils accidens,
par le peu de connoissance
des Pilotes;qu'ainsi on mie
à la voile pour décendre la
Riviere;que la Flottearriva
!~ 1 5. àla Baye des Espagnols
gnols, dans l'Isle du Cap
Breton; que le19on cinc
un autre Conseil de guerre
pour délibérer si on arraqueroit
le Fort de Plaisance
dans l'Isle de Terre-Neuve-,
suivant l'ordre. qu'on en
avoit en cas querentreprise
sur Quebec ne réüssitpas;
mais qu'il futrésolu de rc+
tourner en Angleterre, parce
qu'on n'avoitpassuffisament
de vivres.Que d'autres
Lettres écritespardes Officiers,
font monter la perte à
, quatorze Navires, à prés de
deux mille hommes
,
&
disentqu'on étoit en peine
du Colonel Nicholson,qui
ayoit ordre lorsquela Flotte
partie de Baston de s'avancer
de la New- YorK avec
3000. horameSjCe qu'il pouroit
rassembler de Sauvages
pourattaquer l'Isle de Mont
rcal sçituée vers le haut de
la Rivicre de Saint Laurent,
parce que la Flotte devant
luy fournir des vivres, on ne avoir pas comment il auroit
pû se retirer & résister
aux François & aux Sauva-
,
ges leurs amis.
Les Lettres du 30. de la
même Ville, portent que le
Chevalier Hovendon Walker,
étoit arrivé à la Rade de
Sainte Helene prés l'Isle de
Wight avec la Flotte qui étoit
allée en Canada;que les
Troupes qui étoient dessus
avoient esté distribuées en
quartier de rafraichissement
dans les lieuxvoisins; que le :16. le feu ayant pris par accidentauVaisseaurl'Edgar
do
>7°.pieces deCanons, sauta
> en l'air avec cinq cens hommes
qui étoient dessus, dont
aucun ne se sauva qu'un Matelot
qui étoit dans la Chaloupe
, & trois Officiers qui
avoient mis pied à terre;
qu'il y avoit sur ce Vaisseau
quelques Habitans de Port smouth
qui eurent la même
destinée que l'Equipage.
Que le 24. on publia les
Préliminaires dont on assuroit
que la France & l'Angleterre
estoient convenus
pour parvenir à une Paix génerale
,qui contiennent que
le Roy Très -
Chrestien reconnoistra
la Reine de la
Grande-Bretagne en cette
qualité, & la Succçflion à
la Couronne,selon qu'elle
est à present establie-qu'il
consentira de bonne foy
qu'onprennetoures les mefurcs
justes-&raisonnables
pour empêcher que les Coutonnes
de France & d',E[-
pagne ne soient jamais réü.
nies en la personned'un me-N
me Prince; que l'intention
duRoyest que tous lesPrinces
& Etats engagez dans
cette guerre, sans aucune
,
exception trouvent une satisfaction
raisonnable dans
le Traitéde Paix,& que le
Commerce soit rétably &; 1
maintenu à l'avantage de la
Grande Bretagne, de la Hol.
lande & des autres Nations,
que comme le Roy veut exa.
ctement observer la Paix
quand elle fera concluë, ôc
que l'objetqu'il se propose
etf d'assurer les Frontières de
son Royaume sansinquieter
en aucune maniéré les Etats
de ses voisins ,il promet de
consentir par le Traité qui
se fera que les Hollandois
soient mis en possession des
Places fortesqui y sont specifiées,
&qui serviront à l'avenir
de bariere pour assurer
le repos de la République de
Hollande ;que le Roy consent
aussi qu'on forme une
barrière seure &convenable
pour l'Empire & la Maison
d'Autriche;que quoyque le
Roy ait dépensé de grandes
sommes pour l'acquisition&
&les fortifications de Dunkerque,
Sa Majesté s'engage
à les faire raser aprèslaconclufion
de la Paix, moyens
nant un équivalent à sa fatisfaction
& comme les Anglois
ne peuvent le fournir,
la discution en fera remise
aux Conferences pour la
Négociation de la Paix. &
que lors que les Conférences
seront commencées on y
examinera à l'amiable & de
bonne foy les prétentions
des Princes & Etats engagez
dans cette Guerre, & on
n'obmettra rien pour les
terminer à la fatisfactondes
Parties.
On a appris par les Lettres
de la Haye du zi. Octobre
que sur le bruit qui s'y estoit
répandu que la Paix se négocioic
en Angleterre avoir
obligé les Etats Generaux à
y envoyer Mr Buys, Penfionnaire
d'Amsterdam en
qualité d'Envoyé Extraordinaire
: que le
1 6. il partit
pour aller s'embarquer sur
un Yacht de l'Etat que
le Comte de Strafford Ambassadeur
d'Angleterre arriva
le ii. à la Haye
,
&
que le lendemain matinil
eut une conférence avec le
Pensionnaire Heinfius.
Celles du29 portent qu'-
on ne doutoit plus des Negociations
de la Paix commencées
entre l'Angleterre
&la France;que comme
elle etoit ardemmeut souhaitée
le Publicq n'avoit
point d'autre attention; que
depuisl'arrivée du Comte
de Strafford
,
Ambassadeur
& Plénipotentiaire d'Angleterre,
il avoit toujours cil
des Conférences avec le
Pensionnaire Heinfius,&
sept Dépurer des Etats Généraux
qui s'étoient aussi
assemblez extraordinairement
pour déliberer sur ce
qu'il avoit communiqué.
Celles du5. Novembre
disent que tous les Ministres
des Puissances Alliées
,
lene
avoient dépêché des Courriers
pour les informer de
ces Propositions Préliminaires,
afin de recevoir leurs
ordres.
& de Hollande.
Les Lettres de Londres
du 1 6.Octobre portent
qu'on en avoit reçu de la
Jamayque par lesquelles on
aprenoit que le Capitaine
Littleton
,
Commandant
une Escadre de 1JX Vaisseaux
de Guerre y étant arrivé
le 22.Juillet eut avis
que Mr du Casse
,
étoit du
côté de Cartagene
,
& qu'il
n' avoit que trois Vaisseaux
de guerre&deux Fregates,
cequi ': le fit résoudre de
l'aller attaquer ; que dans ce
dessein il fit voile le 29. &
que le 6. Août il vit terre à
huit où dixlieuës à l'Orient
de Cartagene. Que le même
jour un Vaisseau qu'il avoit
envoyé à là découverte
fit signal qu'il voyoit cinq,
Varîteaux à Boca Chica,qui
est à l'entrée du Port de Cartagene
;que le7aumatinil
découvrit quatre Navires à
qui *1 ctojhna chasse&cle soit
il en prit un grandqu'il crut
estre un Gallion,&une Parache
; qu'il résolutensuite de
retourner à la Jamaïque afin
defortifier sonEscadre du
Vaisseau le Medway,&d'aller
attendre Mr du Casse, au
bout Occidentalde l'Isle de
Cuba,paroùil devoitpasser
pour aller àla Havane;
mais que l'on n'avoit eûdepuisaucunes
nouvelles de Mr
de Littleton, & qu'on avoit
seulementapris de la Jamaïque
qu'on n'avoit trouvény
or ny argent dans les deux
Bastimens pris, ce quifaisoit
croire que Mr du Casse, les
avoitEnvoyez pour amuser
ce Capitaine pendant qu'il
prendroit une aurre route
'avcc les Gallions.
Celles du20 disent que
Je Colonel Clayton,aporta
le 16.la Relation de l'entrepriseformée
sur Quebec
qui portoiten substance
que la Flotte aprés avoir été
retenuë plusd'unmois à
Bastondansla nouvelle Angleterre
, en partit le roi
Aoûrdernier;qu'elle arriva
le 19. à l'entrée delà grande
,îiviere' de Saint Laurent Otr,
elle fut obligée par unvent
de Nordoüest tres violent
de moüiller dans , la Baye de
Gaspé;que le premier Septembre
ilsentrerent dans la
riviere ou ils avancèrent environ
quarente lieuës, aprés
quoy ils se trouverent incomodez
d'une brume fort
épaisse & d'un grand vent
d'Est-sud-Est; que vers les
huit heures du soir le Chevalier
Hovendon Walker
,
qui commandoit la Flotte,
fie signal aux Vaisseaux de se
tenir serrez, & deporrer au
Sud
,
les Pilotes qu'il avotjE
pris à Baston, dont le Gouverneur
luy avoit répondu
de la capacité, ne connissant
pas -lesmoiiiIlagcs.; que quoy
qu'il eustpriscetteprécaution
,
les Courants ne laisserent
pas de porter la Flotte
vers la coste du Nord où elle
donna sur des rochers qui
firent périr deux Vaisseaux
chargez de provisions
,
&
huit autres chargez devingt
six Compagnies de Troupes
réglées ; que néanmoins il
ne se perdit aucun Vaisseau
de guerre;quele lendemain
4 la Flotte demeura au meme
endroit pour secourir
ceux qui s'étoient fauvcz sur
les débris; que le r: on tint
Conseil de Guerre dans lequelilfut
résolud'abandonner
l'entreprise, parce que
la perte qu'on venoit de
faire en rendoit l'excution
plus difficile, & que d'ailleurs
la faison étoit siavancée,
qu'on avoir tout lieu de
craindre de pareils accidens,
par le peu de connoissance
des Pilotes;qu'ainsi on mie
à la voile pour décendre la
Riviere;que la Flottearriva
!~ 1 5. àla Baye des Espagnols
gnols, dans l'Isle du Cap
Breton; que le19on cinc
un autre Conseil de guerre
pour délibérer si on arraqueroit
le Fort de Plaisance
dans l'Isle de Terre-Neuve-,
suivant l'ordre. qu'on en
avoit en cas querentreprise
sur Quebec ne réüssitpas;
mais qu'il futrésolu de rc+
tourner en Angleterre, parce
qu'on n'avoitpassuffisament
de vivres.Que d'autres
Lettres écritespardes Officiers,
font monter la perte à
, quatorze Navires, à prés de
deux mille hommes
,
&
disentqu'on étoit en peine
du Colonel Nicholson,qui
ayoit ordre lorsquela Flotte
partie de Baston de s'avancer
de la New- YorK avec
3000. horameSjCe qu'il pouroit
rassembler de Sauvages
pourattaquer l'Isle de Mont
rcal sçituée vers le haut de
la Rivicre de Saint Laurent,
parce que la Flotte devant
luy fournir des vivres, on ne avoir pas comment il auroit
pû se retirer & résister
aux François & aux Sauva-
,
ges leurs amis.
Les Lettres du 30. de la
même Ville, portent que le
Chevalier Hovendon Walker,
étoit arrivé à la Rade de
Sainte Helene prés l'Isle de
Wight avec la Flotte qui étoit
allée en Canada;que les
Troupes qui étoient dessus
avoient esté distribuées en
quartier de rafraichissement
dans les lieuxvoisins; que le :16. le feu ayant pris par accidentauVaisseaurl'Edgar
do
>7°.pieces deCanons, sauta
> en l'air avec cinq cens hommes
qui étoient dessus, dont
aucun ne se sauva qu'un Matelot
qui étoit dans la Chaloupe
, & trois Officiers qui
avoient mis pied à terre;
qu'il y avoit sur ce Vaisseau
quelques Habitans de Port smouth
qui eurent la même
destinée que l'Equipage.
Que le 24. on publia les
Préliminaires dont on assuroit
que la France & l'Angleterre
estoient convenus
pour parvenir à une Paix génerale
,qui contiennent que
le Roy Très -
Chrestien reconnoistra
la Reine de la
Grande-Bretagne en cette
qualité, & la Succçflion à
la Couronne,selon qu'elle
est à present establie-qu'il
consentira de bonne foy
qu'onprennetoures les mefurcs
justes-&raisonnables
pour empêcher que les Coutonnes
de France & d',E[-
pagne ne soient jamais réü.
nies en la personned'un me-N
me Prince; que l'intention
duRoyest que tous lesPrinces
& Etats engagez dans
cette guerre, sans aucune
,
exception trouvent une satisfaction
raisonnable dans
le Traitéde Paix,& que le
Commerce soit rétably &; 1
maintenu à l'avantage de la
Grande Bretagne, de la Hol.
lande & des autres Nations,
que comme le Roy veut exa.
ctement observer la Paix
quand elle fera concluë, ôc
que l'objetqu'il se propose
etf d'assurer les Frontières de
son Royaume sansinquieter
en aucune maniéré les Etats
de ses voisins ,il promet de
consentir par le Traité qui
se fera que les Hollandois
soient mis en possession des
Places fortesqui y sont specifiées,
&qui serviront à l'avenir
de bariere pour assurer
le repos de la République de
Hollande ;que le Roy consent
aussi qu'on forme une
barrière seure &convenable
pour l'Empire & la Maison
d'Autriche;que quoyque le
Roy ait dépensé de grandes
sommes pour l'acquisition&
&les fortifications de Dunkerque,
Sa Majesté s'engage
à les faire raser aprèslaconclufion
de la Paix, moyens
nant un équivalent à sa fatisfaction
& comme les Anglois
ne peuvent le fournir,
la discution en fera remise
aux Conferences pour la
Négociation de la Paix. &
que lors que les Conférences
seront commencées on y
examinera à l'amiable & de
bonne foy les prétentions
des Princes & Etats engagez
dans cette Guerre, & on
n'obmettra rien pour les
terminer à la fatisfactondes
Parties.
On a appris par les Lettres
de la Haye du zi. Octobre
que sur le bruit qui s'y estoit
répandu que la Paix se négocioic
en Angleterre avoir
obligé les Etats Generaux à
y envoyer Mr Buys, Penfionnaire
d'Amsterdam en
qualité d'Envoyé Extraordinaire
: que le
1 6. il partit
pour aller s'embarquer sur
un Yacht de l'Etat que
le Comte de Strafford Ambassadeur
d'Angleterre arriva
le ii. à la Haye
,
&
que le lendemain matinil
eut une conférence avec le
Pensionnaire Heinfius.
Celles du29 portent qu'-
on ne doutoit plus des Negociations
de la Paix commencées
entre l'Angleterre
&la France;que comme
elle etoit ardemmeut souhaitée
le Publicq n'avoit
point d'autre attention; que
depuisl'arrivée du Comte
de Strafford
,
Ambassadeur
& Plénipotentiaire d'Angleterre,
il avoit toujours cil
des Conférences avec le
Pensionnaire Heinfius,&
sept Dépurer des Etats Généraux
qui s'étoient aussi
assemblez extraordinairement
pour déliberer sur ce
qu'il avoit communiqué.
Celles du5. Novembre
disent que tous les Ministres
des Puissances Alliées
,
lene
avoient dépêché des Courriers
pour les informer de
ces Propositions Préliminaires,
afin de recevoir leurs
ordres.
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Résumé : Nouvelles d'Angleterre, & de Hollande.
Le texte traite des événements militaires et diplomatiques impliquant l'Angleterre et la Hollande. En octobre, des lettres de Londres rapportent que le capitaine Littleton, à la tête d'une escadre de dix vaisseaux de guerre, a appris la présence de Monsieur du Casse près de Carthagène avec trois vaisseaux de guerre et deux frégates. Littleton a décidé de l'attaquer mais a choisi de retourner en Jamaïque pour renforcer son escadre avant de se diriger vers l'ouest de Cuba pour attendre du Casse. Aucune nouvelle de Littleton n'a été reçue depuis, et les deux bâtiments capturés ne contenaient ni or ni argent, suggérant que du Casse les avait envoyés pour détourner Littleton. Le colonel Clayton a rapporté une expédition contre Québec. La flotte, partie de Boston, a été retardée et repoussée par des conditions météorologiques défavorables, perdant plusieurs navires et hommes. La flotte a ensuite décidé de retourner en Angleterre en raison du manque de vivres et de la saison avancée. Des lettres du 30 octobre indiquent que le chevalier Hovendon Walker est arrivé à Sainte-Hélène avec la flotte, et qu'un accident a causé l'explosion du vaisseau l'Edgar, tuant cinq cents hommes. Le 24 octobre, des préliminaires de paix entre la France et l'Angleterre ont été publiés, reconnaissant la reine d'Angleterre et établissant des mesures pour prévenir les conflits futurs. La France s'engage à raser les fortifications de Dunkerque et à former des barrières pour assurer la paix en Hollande et dans l'Empire. À La Haye, les États généraux ont envoyé Monsieur Buys en Angleterre pour les négociations de paix, et le comte de Strafford a eu des conférences avec le pensionnaire Heinsius et des députés des États généraux. Les négociations de paix entre l'Angleterre et la France sont confirmées, et les ministres des puissances alliées ont été informés des propositions préliminaires.
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38
p. 49-97
Discours nouveau sur l'origine, la Genealogie, & la Maison de Montmorency.
Début :
Tout le monde est persuadé de l'antiquité de l'illustre [...]
Mots clefs :
Généalogie, Maison de Montmorency, Noces, Origine, Alliances, France, Angleterre, Duc, Comte, Roi, Femme, Duchesse, Empereur, Branches, Armes, Mémoire, Paris, Royaume, Europe, Occident, Église, Guerre, Honneur, Seigneurs de Montmorency
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Discours nouveau sur l'origine, la Genealogie, & la Maison de Montmorency.
Discours nouveausur ïoriginey
1-t Genealogie, &la mal4
son de Montmorency. -% Tout le monde est persuadédel'antiquité
de l'illustre
Maison de Montmorency,&
personne ne
doute qu'elle ne soit une
des plus anciennes du
Royaume , la qualité de
premiersBarons Chrétiens
en France, avec lecry de
Guerre (Dieu aide au premier
Chrestien ) en marque la
grande antiquité. Mais la
révolution des siecles passez
a fait perdre les vieux
Titres
,
la negligence des
Historiens en dérobent
la memoire, & il est mal
aisé de sçavoir la verité de
son origine.
Celuy auquel nous avons
obligation de la connoissance
de cette Maison est
le fameux André Duchesne
qui par ses soins nous a
laisse dans un gros volume
toute sa posterité depuis
Bouchard I. qui vivoit en jj -' 954. maisil ne s'est pas embarrassé
de rapporter ceux
qui l'ont precedé
,
n'en
:t
ayant point trouvé de
preuves certaines; il rapporte
feulement ce que
d'anciens Autheurs ont dit
des premiers Seigneursde
Montmorency.
Ildit qu'il se trouve dans lapartiedes Gaules qu'on
appelle France deux insignes
commencemens de
conversion ; la premiere
par saint Denis premier
Evesque de Paris, qui a1 procuré la conversion des Gauloisla seconde saint par Remy, Archevesque
de Paris, qui convertit les
François; ces deux conversions
sont cause de deux
opinions touchant l'Autheur
d'une si nobleextraétion.
La premiere
, que LisbiusChevalierdune
tresgrande
Noblesse & d'autorité
parmy les Parisiens
estoit Seigneur de Mont-,
morency proche de cette
Ville, & fut le premier des
Gaulois qui embrassa la
Religion Chrestienne à la
prédication de saint Denis
vers l'an centième de nostre
Redemption, supposé
que ce fut saint Denis
l'Areopagite qui avoir esté
converty par saint Paul
Apostre : mais si l'on fuie
le sentiment de Gregoire
de Tours qui rapporte l'arrivée
de saint Denis dans
les Gaules sousle Coniulac
de Decius & de Gratus, la
conversion de Lisbius ne
pourroit estre que vers l'an
tJ3*
La seconde opinion qui
est de Robert Cenal, Evesque
d'Avranches, au premier
Livre de ses Remarques
Gau loises, & de Claude
Fauchée, au second Livre
de ses AntiquitézFrançoisesdisent
i que ce luy
qui a donné origine à la
Maison de Montmorency
nefutpas lefameux Gaulois
Lisbius,maisun Grand
Baron François nomme
Lisoie (lequel quand Clovis
premier Roy Chrestien
de France, fut baptisé par
saint Remy à Rheims en
499. ) fut le premier des
Seigneurs de sa suite
,
qui
se jetta dans la Cuve des
Fonds après luy
, en memoire
dequoy ses descendansmasles
ontestéhonorez
du titre de premiers
Barons Chrestiens deFrance
,
& ont tousjours eu depuis
pour cry de Guerre ,
Dieu aide au premier Chressien.
Quoy qu'il en soit, on
ne peut douter que les
deux qualitez qui ont tousjours
esté dans cetts illustre
Maison
,
de premier
Chrestien
, & de premier
Baron Chrestien en France,
n'ayent une origine
tres ancienne, &tr.--s illustre,
qui marque que les
anciens Seigneurs de
Montmorency eftoienc
des plus puissants du Royaume
: mais comme la
succession depuis Lisbius,
ou de Lisoie,n'apû se conserver
jusques à nous ,
il
faut s'en tenir à ce que
nous avons de plus asseuré,
& suivre ce qu'en a efcric
Duchesne auquel je renvoye
le Lecteur, qui commence
l'histoire de cette
Maison à Bouchard premier
, comme j'ay dit cydevant,
& quinous a donné
la suite desa posterité,
qui est rapportée dans la
Carte Chronologique de
cette Maison
, par MonsieurChevillard
qui donne
à ce Bouchard premier
un pere , un ayeul,
& un bisayeul
, que Duchesne
ne rapporte pas
mais les ayant trouvez
dans un autheur
)
il les a
rapportez pour faire connoistre
les alliances illustres
qu'ils avoient contractées,
puisque Jean Seigneur
de Montmorency pere de
Bouchard premier, qui vivoit
en 940. avoit épousé
Jeanne fille de Berenger
Comte de Beauvais, fils
d'AdolpheComte de Vermandois
, Everard Sei- j
gneur de Montmorency,
qui vivoit en 892. pere de
Jean & ayeul de Bouchard
premier, épousa Brunelle
fille deGaultier Comte de
Namur, & Leuto ou Leutard
Seigneur de Montmorency
qui vivoit en 845.
avoir épousé Everarde fille
d'un Comte de Ponchieu,
ce Leuto estoit pere d'Everard
& bisayeul de Bouchard
premier, c'est à luyqu'il
commence cet arbre
genealogique, afin defaire
connoistre les trois divers
changements qu'il y
a eus dans les Armes de la
Maison de Montmorency.
Ceux de cette Maison
avoient pris d'abord pour
leurs Armes, comme premiers
Chrestiens, d'or à la
croix de gueules;Bouchard
premier la cantonna de
quatre aiglettes ou allerions
d'azur, pour conservet
la memoire de quatre
Enseignes Impériales prises
à la victoire qu'il remporta
sur l'armée de tEmpereur
Othon II. Matthieu
II. dit le Grand, augmenta
les quatre allerions
de douze autres, en mémoire
de douze autres Enfeignes
Imperiales qui furent
prises à la bataille de
Bouvines sur l'Empereur
OthonIV. en1214 Ainsi
depuis ce temps- là les Seigneurs
de Montmorency
ont tousjours porté d'or à
la croix de gueules, cantonnée
de seize allerions
d'azur; & comme cette
Maison a formé quantité
de branches, ils ont brifé
leurs Armes differemment,
comme on le voit dans la
Carte genealogique, mais
à present comme labranche
aisnéeest éteinteenla
personne de Philippe de
Moutmorency Seigneur
de Nivelle, ôc Comte de
Horne décapité en 1^8.
auquel la branche de Fosfeux
a succedéàl'aisnesse,
toutes les autres branches
des Seigneurs de certe
Maison ont quitté leurs
brisures, & ont retenu les
Armes pleinesqu'ils portent
presentement.
La Maison de Montmorency
s'est separée en
quantité de branches, il y
en a eu plusieurs anciennes
qui font éteintes, mais
elle a conservé son nom
jusqu'à aujourd'huy, par la
succession de la branche
aisnée,dans plusieurs branches
qui subsistent,& quoy
qu'il paroisse de grandes
branches sorties de Mathieu
II. dit le Grand, Seigneur
de Montmorency
il n'y , a eu que la posterité
de son filsaisné Bouc hard
VI. qui ait retenule nom
de Montmorency, parce
que ion fils cadet Guyde
Montmorency fut Seigneur
de Laval, qui comme
heritier desa mereEme
de Laval, sortie d'une tres
noble & tres illustre Maison,
en atransmis le nom
à ses Descendans qui le retiennent
encore aujourd'huy,
ayant retenu les Armes
de Montmorency
,
la
Croix chargée de cinq coquilles
d'argent pour brisure,
comme cadets de sa
Maison.
Quant aux honneurs de
cette Maison, on ne peut
disconvenir qu'elle est des
plus illustrées
, tant dans
les alliances qu'ils ont contractées,
que dans les charges
qu'ils ont possedées,
les honneursqu'ils onteus
par leurs alliances, les font
toucher de près à tout ce
qu'il y a eu de Testes couronnées
dans l'Europe, &
pour le faire connoistre il
faut distinguer ses alliances
en trois manieres. Premierement
,
dans son ancienneté
: Secondement,
depuis
depuis la separation de ses
deux Branches, les Alliances
que celle de la Branche
de Montmorency a contractées
:
Troisiémement,
celle que la Branche de Laval
aeuës. Premierement, les Alliances
qu'ils ont eues anciennement
sont trcs considerables
puisque la premiere
qui estrapportée par
Duchesneestl'épouse qu'il
donne à Bouchard I.Elle
se nommoit Hildegarde,
& estoit fille de Thibaud I.
Comte de Chartres & de
de Bipis,ôc de Ledegarde
de Vermandois. Elle avoit
pour frere Eudes I. Comte
de Chartres & de Blois,
pere de Eudes II. Comte
de Champagne, duquel
sont forcis tous les Comtes
de Champagne; & pour
soeur Emme,femme de
GuillaumeIII. Duc de
Guyenne
, mere de Guillaume
IV. Ducde Guyenne
,
élu Roy d'Italie
, &
Empereur des Romains
duquel sont desçendus les,
Ducs deGuyenne,&Agnés
femme de l'Empereur
Henry III.
-
Hildegarde avoit pour
alliances du costé de sa
mere Ledgarde de Vermandois,
qui estoit fille de
Herbert II. Comte de Vermandois,&
d'une soeur de
Hugues le Grand, Duc de
France
,
& Comte de Paris
, pere du Roy Hugues
Capet; & aussi soeur d'Emme
,
Reine de France,
femme de Raoul, Duc de
Bourgogne, & Roy de
France, si bien qu'elle estoit
cousine du second au
troisiéme degré du Roy
Hugues Capec
,
chef de la
n'oineme Race des Rois
de France qui subsiste aujourd'huy.
Mathieu I. Seigneur de
Montmorency, Connestable
de France, épousa Aline
,
fille de Henry I. Roy
d'Angleterre, &en fecondes
nôces il épousa Alix de
Savoye
, veuve du Roy
Loüis VI. dit le Gros, mere
duRoy Loüis le Jeune, si
bien qu'il avoit l'honneur
d'estre beaupere du Roy
pour lors regnant.
BouchardV.s'alliaavec
Laurence, fille de Baudoüin,
Comte deHainaut,
descendu par les Comtes
de Flandres, de l'Empereur
Charlemagne; elle
estoit tante de BaudoüinV.
Comte de Flandres
, &
Empereur de Constantinople
,
d'Isabeau de Hainaut
,
Epouse du Roy de
France Philippe-Auguste,
& d'Ioland de Hainaut
Impératrice de Constanti-,
nople, femme de Pierre
de Courtenay, auquel elle
porta la Couronne
@
Imperiale.
Matthieu II. avoit épouse
en premières noces Gertrude
de Néelle
,
fille de Thomas Chastelain de ,
Bruges en Flandres
, &
d'une soeur d'Yves, Comte
de Soissons
,
Seigneur de
Néelle.C'estde cetteDame
quetoute la Maison de
Montmorency d'aujourd'huy
descend, parce que
Matthieu II épousa en secondes
noces Emme de
Laval qui luy donna pour
fils Guy de Montmorency,
Seigneur de Laval, comme
jelediray cy-aprés ; cette
Dame estoit soeur aisnée
d'Isabeau de Laval, femme
de Bouchard VI.Seigneur
de Montmorency, fils aisné
du premier lit de Mathieu
IL ainsi l'on peut dire
que dans la separation des
deux branches de Montmorency,
& de Laval, ils
ont les mesmes alliances,
puisque par les mariages
de ces deux Dames de la
Maison de Laval,ils se
trouvoient alliez des Maisons
de France ,
d'Angleterre,
d'Ecosse, de Castille,
des Comtes deThoulouse,&
de quantité d'autres
Maisons tres- considerables.
Secondement
,
les alliances
que la Maison de
Montmorency a contractéesdepuis
sa separation
d'avec la branche de Laval,
sont celles que Mathieu
III. contracta avec
Jeanne de Brienne fille de
Jean Roy de Jerusalem,
qui estoit fille de Henry
Comte de Champagne
Roy de Jerusalem. Cette
alliance leur en donna de
nouvelles avec la Maison
de France,puisque Henry
Comte
Comte de Champagne
Roy de Jerusalem
,
avoit
pour mere Marie de France
fille du Roy Loüis le
Jeune, avec les Roys de
Navarre de la Maison de
Champagne
, & avec les
Roys de Jerusalem & de
Chypre, de la Maison de
Lefignen.
Mathieu IV.ditle Grand,
Seigneur de Montmorency
,
fils de Mathieu III.
s'allia avec Marie de
Dreux Princesse du sang
de France, fille de Robert
IV. Comte de Dreux,
qui avoit pour quatriéme
ayeul Robert de France
Comte de Dreux fils du
Roy Loiiis le Gros. D'ailleurs
elle estoit sa parente
par trois endroits,d'abord
au quatriéme degré du
costé maternel par laMaison
de Craon , parce que
Maurice Seigneur de
Craon fut pere de Havoise
de Craon,femme de Guy
VI. Seigneur de Laval, qui
estoit pere d'Isabeau de Laval
mar iée à Bouchard VI.
Seigneur de Montmorency
ayeul de MathieuIV.
Et d'Amaury de Craon,
pere de Jeanne de Craon
femme de Jean Comte de
Montfort ayeulle maternelle
de ladite Dame Marie
de Dreux, par la Maison
de Montfort. Elle estoit
sa parente du quatriéme
au cinquiémedegré,
& par celle de Coucy du
cinquiéme au sixiéme.
Ce ne seroit jamais fait
si on vouloit particularifcr
toutes les alliances les unes
aprés les autres, on se renferme
aux trois recentes; sa
premiereest celle queHenry
Duc de Montmorency
II. du nom,Pair, Marechal
& Amiral de France,
contractaavec Marie Felice
des Ursins en 1612 par
l'entremise du Roy Louis
XIII. & de la Reine Marie
de Medicis sa mere 3,
pour lorsRegente du Royaume
)
qui estoit sa parente
du deuxiéme au troisiéme
degré, puisque la
Reine avoir pour pere
François deMedicisGrand
Duc de Toscane
,
qui estoit
frere d'Elisabeth de
Medicis femme de Paul
des Ursins Duc de Bracciano,
ayeul de Madame la
Duchesse de Montmorency
: ainsil'on peut voir par
cette alliance, l'estime que
le Roy Louis XIII. d'heureuse
memoire,faifoic de
cetteMaison,puisqu'il faisoitépouserà
Monsieur le
Duc de Montmorency sa
parenteau troisiéme degré.
La féconde alliance des
trois ausquelles on s'est retranché
,
est celle de Charlote
Marguerite de Montmorency
,soeur & heritiere
de HenryII. Duc de
Montmorency mort sans
posterité
,
laquelle épousa
en 1609. Henry de Bourbon
II. du nom Prince de
Condé. Cette Princesse
aprés la , mort de son frere
, herita du Duché de
Montmorency, & de plusieurs
autres biens qui sont
entrez parcette alliance
dans laMaison de Condé.
La troisiéme alliance est
celle que fit François Henry
de Montmorency Duc
de Piney -
Luxembourg,
forti de la branche de Bouteville,
quiépousaen 1661.
Magdelaine- Charlotte-
Bonne-Therese de Clermont
Duchesse de Piney-
Luxembourg,fille de Charles-
Henry de C lermont-
Tonnerre, & de Marie de
Luxembourg Duchesse de
Piney
,
qui se défit de sa
Duché en mariant sa fille, àcondition que son époux
porteroit le nom & les Armes
de Luxembourg
,
luy
transmettant le droit de sa
Duché femelle, afin de
conserver le nom de cette
illustre Maison, qui a donné
plusieurs Empereurs
des Romains, des Roys de
Boheme, des Reines de
France, & à d'autres Couronnes
de l'Europe.
Ayant cy-dessus distingué
les alliances de la Maison
de Montmorency en
trois manieres. Premierement
, dans son commencement.
Secondement, depuis la separation de ses
deux grandes branches, &
en troisiéme lieu, en celle
que la branche de Laval a
euë depuis sa separation
d'avec celle de Montmorency.
J'en rapporte quatre
qui sont d'une tresgrande
îllustration. La premiereest
celle que Guy X.
Comte de Laval contracta
en 1347. avec Beatrix
fille d'Artus Duc de Bretagne
, &dont l'arriere petite
filleIsabeau de Laval
épousa Loüis de Bourbon
Comte de Vendôme. C'est
cette seconde alliance qui
doit aujourd'huy faire plus
de plaisir à la Maison de
Montmorency; puisque
c'est de cette Isabeau de
Laval que descend toute la
Maison Royalle de Bourbon,
estant la sixémeayeulle
paternelle de nostre
grand Monarque Loüis
XIV. à present regnant;
qui voit en cette presente
année 1711. son Throfne
affermi dans sa Maison
pour plusieursannées par
la naissance de ses arriere
petits fils Monseigneur le
Duc de Bretagne, &Monseigneur
le Duc d'Anjou,
&par cette alliance toutes
les Testes couronnées de
l'Europe qui regnent aujourd'huy
,
sont alliéesà la
Maison de Montmorency,
La troisiéme alliance
qui fait encore honneur à
cette Maison, c'estdevoir
René d'Anjou Roy de Na",
ples & de Jerusalem
,
qui
épousa Jeanne de Laval en
fecondes noces, mais cette
Reine n'en ayant point eu
d'enfans ,il n'est resté à sa
famille que le plaisir de
s'en souvenir.
La quatriéme & demiere
alliance est celle de
Charlotte d'Arragon fille
de Federic d'Arragon Roy
deNaples, qui fut femme
de Guy XVI. Comte de
Laval; ils eurent plusieurs
enfans, entre autres deux
filles, dont l'aisnée Catherine
de Laval épousa Claude
Sire de Rieux,qui porta
dans la Maison deColigny
le Comté de Laval,
qui a présl'excinction de
cette branche,est tombé
dans celle de sa soeur cadette
Anne de Laval qui
épousa François de la
Tremoille Vicomte de
Thouars,dont est descendu
Monsieur le Duc de la
Tremoille qui possedeaujourd'huy
le Comté de Laval,&
quiàcause de cette
alliance,faitses protcftations
à tous les Traitez de
Paix
,
où il envoye une
personne pour le reprefen"-
ccr , prétendant au Royaume
de Naples comme
heritier d'Anne de Laval
sa quatriéme ayeulle.
-
Sans s'attacher à toutes
les alliances souveraines
de cette illustre Maison,
je diray qu'il y en a quantité
d'autres tres conGderablesquiluy
sont alliées,
& le grand nombre de
Maisons qui y ont pris des
femmes, tient à honneur
d'en estre descendu
,
& se
font un plaisir d'arborer les;
Armes de Montmorency
dansleursalliances.
L'on voit parmy les 1
Grands Officiers du Royaume
de France plus de
Seigneurs de laMaison de
Montmorency que d'aucuneautreMaisons
l'on y
compte deux grands Senéchaux,
six Connestables,&
un Connestable d'Hibcrnie,
neufMaréchaux,quatre
Grands Amiraux, trois
Grands Maistres de la
Maison du Roy, trois
Grands Chambellans,deux
Grands Bouteillers ou Eschansons,
& deux Grands
Pannetiers.
Plusieurs Connestables,
& autres Grands Officiers
de France, sont sortis de
cette Maison tres illustre,
ouenontépousédesfilles,
outre que cette Maison a
aussi produit plusieursDucs
&DuchelTes.
Quoy que la vertu & la
Religion ayent tousjours
esté le partage des Seigneurs
de Montmorency
neanmoins l'on , en voit
tres peu qui ayent estérevestus
de Dignitez Ecclesiastiques;
l'on en voitcependant
un Archevesque
Duc de Reims, des Evesques
d'Orleans, & peu
d'autres.
ilsontencore l'honneur
d'avoir un Saint reconnu
par l'Eglise,donton revere
la memoire aux Vaux
de Cernay enBeauce,c'est
saint Thibaud de Mont-
-
morency Seigneur deMarly,
fils de Mathieu premier,
&
dAline d'Angleterre, lequel
se croisa en 1173. pour
le voyage de la Terre sainte.
A son retour il se fit
Religieux de l'Ordre de
Cisteaux, en l'Abbaye du
Val, puis ilfut Abbé des
Vaux de Cernay à quatre
lieuës de Versailles, entre
Chevreuse &: Ramboüillet,
où il mourut saintementvers
l'an 1189.
Enfin tant de grandeur
dans une Maisonfaitassez
connoistre que la valeur a
esté hereditaire dans l'âme
des Seigneurs de Montmorency,
& leur a tait meriter
tous ces honneurs,
pour avoir tousjours refpandu
leur fang pour la
deffensede leurs Roys, &
de leur patrie, s'estant tousjours
trouvez à la teste des
Armées qu'ils commandoient
en chef, où ils ont
fait paroistre leur courage
avec éclat au milieu des
plus grands perils.
Je n'en veux point un
plus grand exemple que
celuy d'Anne de Montmorency
Duc, Pair, Marechal
,
Connestable
, k,
Fi
Grand Maistre de France,
lequel aprèsavoirblanchi
fous le harnois militaire,
pour la deffenseduRoy,
& de la patrie, remporta
dans le tombeau la gloire
d'estre mort au lit d' honneur
,
puisque commandant
l'Armée Royalle à la
Bataille de saint Denis, il
y receut huit coups mortels
,
dont il mourut deux
jours aprés en son Hostel
de Montmorency à Paris,
estant âgé de prés de quatre
vingt ans, comblant
par ce moyen les derniers
jours de sa vie d'une fin
tres glorieuse, a prés avoir
servy cinq Roys, & après
avoir passé par tous les degrez
d'honneur, & s'estre
trouve à huitBatailles, en
ayant commandé quatre
en chef; aussi le Roy Charles
1X. voulant honorer la
memoire de ce grand Chef
de Guerre
,
ordonna que
sa Pompe funebre fust faite
en l'Eglise de Nostreme
de Paris,avec toute la
magnificencepossible, où
toutes les Cours souveraines
assisterent par ordre du
Roy. De là son corps fut
porté en l'Eglise de saint
Martin de Montmorency,
& son coeur en celle des
Celestins de Paris, où il
futmis dans un Caveau,
proche de celuy du Roy
HenryII. Il estoit bien
juste qu'un coeur quiavoit
esté aimé de son Prince,
& qui avoit eu part à ses
plus im portantes affaires,
fust après son trépas inhumé
proche de celuy qui
luy avoit fait tant d'honneur
durant sa vie,
Mr Chevillard vient de
mettre au jour une Carte
qui a pour Titre: Succession
Chronologique des Empereurs,
&des Impératrices d'Occident,
depuis Charlemagnejusqu'à
present.
On n'entreprend point
de rapporter dans cette
Carte les Empererus Romains,
ni les Empereurs
d'Orient, on s'est borné
à rapporter la Chronologie
des Empereurs, & des
Imperatrices d'Occident,
qui sont ceux qui ont regnéen
Europe depuis l'an
800. On commence par
Charlemagne que l'erreur
commune fait le restaurateur
de l'Empired'Occident
, quoyqu'il soit vray
qu'il estoitEmpereur avant
qu'il cust eHé reconnu tel
par les Romains estantEmpereur
par sa feule qualité
de Roy des François, l'Empire
d'Occident ou du
moins celuy des Gaules
ayant este cedé à Clovis en
508. & confirmé à ses petitsfils
par l'Empereur Justinien.
Il eftvrayque depuis
l'an875. on n'a reconnu
pour Empereurs que
ceux qui ont esté reconnus
tels par les Papes, que mesme
les Rois de Germanie;
& d'autres qui ont esté couronnezEmpereurs,
n'ayant
priscetitre, du moins jusqu'ausiecle
dernier, qu'après
ce couronnement, se
contentant, jusqu'à cette
ceremonie
,
de celuy de
Roy desR omains ou d'Empereurélu.
On met neanmoins
dans cette Carte
ceux que l'erreur publique
reconnoist pour Empereurs
ou qui ont ~estéélus
im Empereurs,
Empereurs
, par des partis,
pour les opposer à ceux
qui avoient esté légitimément
élûs,ilssont distinguez
par des Couronnes
differentes.
1-t Genealogie, &la mal4
son de Montmorency. -% Tout le monde est persuadédel'antiquité
de l'illustre
Maison de Montmorency,&
personne ne
doute qu'elle ne soit une
des plus anciennes du
Royaume , la qualité de
premiersBarons Chrétiens
en France, avec lecry de
Guerre (Dieu aide au premier
Chrestien ) en marque la
grande antiquité. Mais la
révolution des siecles passez
a fait perdre les vieux
Titres
,
la negligence des
Historiens en dérobent
la memoire, & il est mal
aisé de sçavoir la verité de
son origine.
Celuy auquel nous avons
obligation de la connoissance
de cette Maison est
le fameux André Duchesne
qui par ses soins nous a
laisse dans un gros volume
toute sa posterité depuis
Bouchard I. qui vivoit en jj -' 954. maisil ne s'est pas embarrassé
de rapporter ceux
qui l'ont precedé
,
n'en
:t
ayant point trouvé de
preuves certaines; il rapporte
feulement ce que
d'anciens Autheurs ont dit
des premiers Seigneursde
Montmorency.
Ildit qu'il se trouve dans lapartiedes Gaules qu'on
appelle France deux insignes
commencemens de
conversion ; la premiere
par saint Denis premier
Evesque de Paris, qui a1 procuré la conversion des Gauloisla seconde saint par Remy, Archevesque
de Paris, qui convertit les
François; ces deux conversions
sont cause de deux
opinions touchant l'Autheur
d'une si nobleextraétion.
La premiere
, que LisbiusChevalierdune
tresgrande
Noblesse & d'autorité
parmy les Parisiens
estoit Seigneur de Mont-,
morency proche de cette
Ville, & fut le premier des
Gaulois qui embrassa la
Religion Chrestienne à la
prédication de saint Denis
vers l'an centième de nostre
Redemption, supposé
que ce fut saint Denis
l'Areopagite qui avoir esté
converty par saint Paul
Apostre : mais si l'on fuie
le sentiment de Gregoire
de Tours qui rapporte l'arrivée
de saint Denis dans
les Gaules sousle Coniulac
de Decius & de Gratus, la
conversion de Lisbius ne
pourroit estre que vers l'an
tJ3*
La seconde opinion qui
est de Robert Cenal, Evesque
d'Avranches, au premier
Livre de ses Remarques
Gau loises, & de Claude
Fauchée, au second Livre
de ses AntiquitézFrançoisesdisent
i que ce luy
qui a donné origine à la
Maison de Montmorency
nefutpas lefameux Gaulois
Lisbius,maisun Grand
Baron François nomme
Lisoie (lequel quand Clovis
premier Roy Chrestien
de France, fut baptisé par
saint Remy à Rheims en
499. ) fut le premier des
Seigneurs de sa suite
,
qui
se jetta dans la Cuve des
Fonds après luy
, en memoire
dequoy ses descendansmasles
ontestéhonorez
du titre de premiers
Barons Chrestiens deFrance
,
& ont tousjours eu depuis
pour cry de Guerre ,
Dieu aide au premier Chressien.
Quoy qu'il en soit, on
ne peut douter que les
deux qualitez qui ont tousjours
esté dans cetts illustre
Maison
,
de premier
Chrestien
, & de premier
Baron Chrestien en France,
n'ayent une origine
tres ancienne, &tr.--s illustre,
qui marque que les
anciens Seigneurs de
Montmorency eftoienc
des plus puissants du Royaume
: mais comme la
succession depuis Lisbius,
ou de Lisoie,n'apû se conserver
jusques à nous ,
il
faut s'en tenir à ce que
nous avons de plus asseuré,
& suivre ce qu'en a efcric
Duchesne auquel je renvoye
le Lecteur, qui commence
l'histoire de cette
Maison à Bouchard premier
, comme j'ay dit cydevant,
& quinous a donné
la suite desa posterité,
qui est rapportée dans la
Carte Chronologique de
cette Maison
, par MonsieurChevillard
qui donne
à ce Bouchard premier
un pere , un ayeul,
& un bisayeul
, que Duchesne
ne rapporte pas
mais les ayant trouvez
dans un autheur
)
il les a
rapportez pour faire connoistre
les alliances illustres
qu'ils avoient contractées,
puisque Jean Seigneur
de Montmorency pere de
Bouchard premier, qui vivoit
en 940. avoit épousé
Jeanne fille de Berenger
Comte de Beauvais, fils
d'AdolpheComte de Vermandois
, Everard Sei- j
gneur de Montmorency,
qui vivoit en 892. pere de
Jean & ayeul de Bouchard
premier, épousa Brunelle
fille deGaultier Comte de
Namur, & Leuto ou Leutard
Seigneur de Montmorency
qui vivoit en 845.
avoir épousé Everarde fille
d'un Comte de Ponchieu,
ce Leuto estoit pere d'Everard
& bisayeul de Bouchard
premier, c'est à luyqu'il
commence cet arbre
genealogique, afin defaire
connoistre les trois divers
changements qu'il y
a eus dans les Armes de la
Maison de Montmorency.
Ceux de cette Maison
avoient pris d'abord pour
leurs Armes, comme premiers
Chrestiens, d'or à la
croix de gueules;Bouchard
premier la cantonna de
quatre aiglettes ou allerions
d'azur, pour conservet
la memoire de quatre
Enseignes Impériales prises
à la victoire qu'il remporta
sur l'armée de tEmpereur
Othon II. Matthieu
II. dit le Grand, augmenta
les quatre allerions
de douze autres, en mémoire
de douze autres Enfeignes
Imperiales qui furent
prises à la bataille de
Bouvines sur l'Empereur
OthonIV. en1214 Ainsi
depuis ce temps- là les Seigneurs
de Montmorency
ont tousjours porté d'or à
la croix de gueules, cantonnée
de seize allerions
d'azur; & comme cette
Maison a formé quantité
de branches, ils ont brifé
leurs Armes differemment,
comme on le voit dans la
Carte genealogique, mais
à present comme labranche
aisnéeest éteinteenla
personne de Philippe de
Moutmorency Seigneur
de Nivelle, ôc Comte de
Horne décapité en 1^8.
auquel la branche de Fosfeux
a succedéàl'aisnesse,
toutes les autres branches
des Seigneurs de certe
Maison ont quitté leurs
brisures, & ont retenu les
Armes pleinesqu'ils portent
presentement.
La Maison de Montmorency
s'est separée en
quantité de branches, il y
en a eu plusieurs anciennes
qui font éteintes, mais
elle a conservé son nom
jusqu'à aujourd'huy, par la
succession de la branche
aisnée,dans plusieurs branches
qui subsistent,& quoy
qu'il paroisse de grandes
branches sorties de Mathieu
II. dit le Grand, Seigneur
de Montmorency
il n'y , a eu que la posterité
de son filsaisné Bouc hard
VI. qui ait retenule nom
de Montmorency, parce
que ion fils cadet Guyde
Montmorency fut Seigneur
de Laval, qui comme
heritier desa mereEme
de Laval, sortie d'une tres
noble & tres illustre Maison,
en atransmis le nom
à ses Descendans qui le retiennent
encore aujourd'huy,
ayant retenu les Armes
de Montmorency
,
la
Croix chargée de cinq coquilles
d'argent pour brisure,
comme cadets de sa
Maison.
Quant aux honneurs de
cette Maison, on ne peut
disconvenir qu'elle est des
plus illustrées
, tant dans
les alliances qu'ils ont contractées,
que dans les charges
qu'ils ont possedées,
les honneursqu'ils onteus
par leurs alliances, les font
toucher de près à tout ce
qu'il y a eu de Testes couronnées
dans l'Europe, &
pour le faire connoistre il
faut distinguer ses alliances
en trois manieres. Premierement
,
dans son ancienneté
: Secondement,
depuis
depuis la separation de ses
deux Branches, les Alliances
que celle de la Branche
de Montmorency a contractées
:
Troisiémement,
celle que la Branche de Laval
aeuës. Premierement, les Alliances
qu'ils ont eues anciennement
sont trcs considerables
puisque la premiere
qui estrapportée par
Duchesneestl'épouse qu'il
donne à Bouchard I.Elle
se nommoit Hildegarde,
& estoit fille de Thibaud I.
Comte de Chartres & de
de Bipis,ôc de Ledegarde
de Vermandois. Elle avoit
pour frere Eudes I. Comte
de Chartres & de Blois,
pere de Eudes II. Comte
de Champagne, duquel
sont forcis tous les Comtes
de Champagne; & pour
soeur Emme,femme de
GuillaumeIII. Duc de
Guyenne
, mere de Guillaume
IV. Ducde Guyenne
,
élu Roy d'Italie
, &
Empereur des Romains
duquel sont desçendus les,
Ducs deGuyenne,&Agnés
femme de l'Empereur
Henry III.
-
Hildegarde avoit pour
alliances du costé de sa
mere Ledgarde de Vermandois,
qui estoit fille de
Herbert II. Comte de Vermandois,&
d'une soeur de
Hugues le Grand, Duc de
France
,
& Comte de Paris
, pere du Roy Hugues
Capet; & aussi soeur d'Emme
,
Reine de France,
femme de Raoul, Duc de
Bourgogne, & Roy de
France, si bien qu'elle estoit
cousine du second au
troisiéme degré du Roy
Hugues Capec
,
chef de la
n'oineme Race des Rois
de France qui subsiste aujourd'huy.
Mathieu I. Seigneur de
Montmorency, Connestable
de France, épousa Aline
,
fille de Henry I. Roy
d'Angleterre, &en fecondes
nôces il épousa Alix de
Savoye
, veuve du Roy
Loüis VI. dit le Gros, mere
duRoy Loüis le Jeune, si
bien qu'il avoit l'honneur
d'estre beaupere du Roy
pour lors regnant.
BouchardV.s'alliaavec
Laurence, fille de Baudoüin,
Comte deHainaut,
descendu par les Comtes
de Flandres, de l'Empereur
Charlemagne; elle
estoit tante de BaudoüinV.
Comte de Flandres
, &
Empereur de Constantinople
,
d'Isabeau de Hainaut
,
Epouse du Roy de
France Philippe-Auguste,
& d'Ioland de Hainaut
Impératrice de Constanti-,
nople, femme de Pierre
de Courtenay, auquel elle
porta la Couronne
@
Imperiale.
Matthieu II. avoit épouse
en premières noces Gertrude
de Néelle
,
fille de Thomas Chastelain de ,
Bruges en Flandres
, &
d'une soeur d'Yves, Comte
de Soissons
,
Seigneur de
Néelle.C'estde cetteDame
quetoute la Maison de
Montmorency d'aujourd'huy
descend, parce que
Matthieu II épousa en secondes
noces Emme de
Laval qui luy donna pour
fils Guy de Montmorency,
Seigneur de Laval, comme
jelediray cy-aprés ; cette
Dame estoit soeur aisnée
d'Isabeau de Laval, femme
de Bouchard VI.Seigneur
de Montmorency, fils aisné
du premier lit de Mathieu
IL ainsi l'on peut dire
que dans la separation des
deux branches de Montmorency,
& de Laval, ils
ont les mesmes alliances,
puisque par les mariages
de ces deux Dames de la
Maison de Laval,ils se
trouvoient alliez des Maisons
de France ,
d'Angleterre,
d'Ecosse, de Castille,
des Comtes deThoulouse,&
de quantité d'autres
Maisons tres- considerables.
Secondement
,
les alliances
que la Maison de
Montmorency a contractéesdepuis
sa separation
d'avec la branche de Laval,
sont celles que Mathieu
III. contracta avec
Jeanne de Brienne fille de
Jean Roy de Jerusalem,
qui estoit fille de Henry
Comte de Champagne
Roy de Jerusalem. Cette
alliance leur en donna de
nouvelles avec la Maison
de France,puisque Henry
Comte
Comte de Champagne
Roy de Jerusalem
,
avoit
pour mere Marie de France
fille du Roy Loüis le
Jeune, avec les Roys de
Navarre de la Maison de
Champagne
, & avec les
Roys de Jerusalem & de
Chypre, de la Maison de
Lefignen.
Mathieu IV.ditle Grand,
Seigneur de Montmorency
,
fils de Mathieu III.
s'allia avec Marie de
Dreux Princesse du sang
de France, fille de Robert
IV. Comte de Dreux,
qui avoit pour quatriéme
ayeul Robert de France
Comte de Dreux fils du
Roy Loiiis le Gros. D'ailleurs
elle estoit sa parente
par trois endroits,d'abord
au quatriéme degré du
costé maternel par laMaison
de Craon , parce que
Maurice Seigneur de
Craon fut pere de Havoise
de Craon,femme de Guy
VI. Seigneur de Laval, qui
estoit pere d'Isabeau de Laval
mar iée à Bouchard VI.
Seigneur de Montmorency
ayeul de MathieuIV.
Et d'Amaury de Craon,
pere de Jeanne de Craon
femme de Jean Comte de
Montfort ayeulle maternelle
de ladite Dame Marie
de Dreux, par la Maison
de Montfort. Elle estoit
sa parente du quatriéme
au cinquiémedegré,
& par celle de Coucy du
cinquiéme au sixiéme.
Ce ne seroit jamais fait
si on vouloit particularifcr
toutes les alliances les unes
aprés les autres, on se renferme
aux trois recentes; sa
premiereest celle queHenry
Duc de Montmorency
II. du nom,Pair, Marechal
& Amiral de France,
contractaavec Marie Felice
des Ursins en 1612 par
l'entremise du Roy Louis
XIII. & de la Reine Marie
de Medicis sa mere 3,
pour lorsRegente du Royaume
)
qui estoit sa parente
du deuxiéme au troisiéme
degré, puisque la
Reine avoir pour pere
François deMedicisGrand
Duc de Toscane
,
qui estoit
frere d'Elisabeth de
Medicis femme de Paul
des Ursins Duc de Bracciano,
ayeul de Madame la
Duchesse de Montmorency
: ainsil'on peut voir par
cette alliance, l'estime que
le Roy Louis XIII. d'heureuse
memoire,faifoic de
cetteMaison,puisqu'il faisoitépouserà
Monsieur le
Duc de Montmorency sa
parenteau troisiéme degré.
La féconde alliance des
trois ausquelles on s'est retranché
,
est celle de Charlote
Marguerite de Montmorency
,soeur & heritiere
de HenryII. Duc de
Montmorency mort sans
posterité
,
laquelle épousa
en 1609. Henry de Bourbon
II. du nom Prince de
Condé. Cette Princesse
aprés la , mort de son frere
, herita du Duché de
Montmorency, & de plusieurs
autres biens qui sont
entrez parcette alliance
dans laMaison de Condé.
La troisiéme alliance est
celle que fit François Henry
de Montmorency Duc
de Piney -
Luxembourg,
forti de la branche de Bouteville,
quiépousaen 1661.
Magdelaine- Charlotte-
Bonne-Therese de Clermont
Duchesse de Piney-
Luxembourg,fille de Charles-
Henry de C lermont-
Tonnerre, & de Marie de
Luxembourg Duchesse de
Piney
,
qui se défit de sa
Duché en mariant sa fille, àcondition que son époux
porteroit le nom & les Armes
de Luxembourg
,
luy
transmettant le droit de sa
Duché femelle, afin de
conserver le nom de cette
illustre Maison, qui a donné
plusieurs Empereurs
des Romains, des Roys de
Boheme, des Reines de
France, & à d'autres Couronnes
de l'Europe.
Ayant cy-dessus distingué
les alliances de la Maison
de Montmorency en
trois manieres. Premierement
, dans son commencement.
Secondement, depuis la separation de ses
deux grandes branches, &
en troisiéme lieu, en celle
que la branche de Laval a
euë depuis sa separation
d'avec celle de Montmorency.
J'en rapporte quatre
qui sont d'une tresgrande
îllustration. La premiereest
celle que Guy X.
Comte de Laval contracta
en 1347. avec Beatrix
fille d'Artus Duc de Bretagne
, &dont l'arriere petite
filleIsabeau de Laval
épousa Loüis de Bourbon
Comte de Vendôme. C'est
cette seconde alliance qui
doit aujourd'huy faire plus
de plaisir à la Maison de
Montmorency; puisque
c'est de cette Isabeau de
Laval que descend toute la
Maison Royalle de Bourbon,
estant la sixémeayeulle
paternelle de nostre
grand Monarque Loüis
XIV. à present regnant;
qui voit en cette presente
année 1711. son Throfne
affermi dans sa Maison
pour plusieursannées par
la naissance de ses arriere
petits fils Monseigneur le
Duc de Bretagne, &Monseigneur
le Duc d'Anjou,
&par cette alliance toutes
les Testes couronnées de
l'Europe qui regnent aujourd'huy
,
sont alliéesà la
Maison de Montmorency,
La troisiéme alliance
qui fait encore honneur à
cette Maison, c'estdevoir
René d'Anjou Roy de Na",
ples & de Jerusalem
,
qui
épousa Jeanne de Laval en
fecondes noces, mais cette
Reine n'en ayant point eu
d'enfans ,il n'est resté à sa
famille que le plaisir de
s'en souvenir.
La quatriéme & demiere
alliance est celle de
Charlotte d'Arragon fille
de Federic d'Arragon Roy
deNaples, qui fut femme
de Guy XVI. Comte de
Laval; ils eurent plusieurs
enfans, entre autres deux
filles, dont l'aisnée Catherine
de Laval épousa Claude
Sire de Rieux,qui porta
dans la Maison deColigny
le Comté de Laval,
qui a présl'excinction de
cette branche,est tombé
dans celle de sa soeur cadette
Anne de Laval qui
épousa François de la
Tremoille Vicomte de
Thouars,dont est descendu
Monsieur le Duc de la
Tremoille qui possedeaujourd'huy
le Comté de Laval,&
quiàcause de cette
alliance,faitses protcftations
à tous les Traitez de
Paix
,
où il envoye une
personne pour le reprefen"-
ccr , prétendant au Royaume
de Naples comme
heritier d'Anne de Laval
sa quatriéme ayeulle.
-
Sans s'attacher à toutes
les alliances souveraines
de cette illustre Maison,
je diray qu'il y en a quantité
d'autres tres conGderablesquiluy
sont alliées,
& le grand nombre de
Maisons qui y ont pris des
femmes, tient à honneur
d'en estre descendu
,
& se
font un plaisir d'arborer les;
Armes de Montmorency
dansleursalliances.
L'on voit parmy les 1
Grands Officiers du Royaume
de France plus de
Seigneurs de laMaison de
Montmorency que d'aucuneautreMaisons
l'on y
compte deux grands Senéchaux,
six Connestables,&
un Connestable d'Hibcrnie,
neufMaréchaux,quatre
Grands Amiraux, trois
Grands Maistres de la
Maison du Roy, trois
Grands Chambellans,deux
Grands Bouteillers ou Eschansons,
& deux Grands
Pannetiers.
Plusieurs Connestables,
& autres Grands Officiers
de France, sont sortis de
cette Maison tres illustre,
ouenontépousédesfilles,
outre que cette Maison a
aussi produit plusieursDucs
&DuchelTes.
Quoy que la vertu & la
Religion ayent tousjours
esté le partage des Seigneurs
de Montmorency
neanmoins l'on , en voit
tres peu qui ayent estérevestus
de Dignitez Ecclesiastiques;
l'on en voitcependant
un Archevesque
Duc de Reims, des Evesques
d'Orleans, & peu
d'autres.
ilsontencore l'honneur
d'avoir un Saint reconnu
par l'Eglise,donton revere
la memoire aux Vaux
de Cernay enBeauce,c'est
saint Thibaud de Mont-
-
morency Seigneur deMarly,
fils de Mathieu premier,
&
dAline d'Angleterre, lequel
se croisa en 1173. pour
le voyage de la Terre sainte.
A son retour il se fit
Religieux de l'Ordre de
Cisteaux, en l'Abbaye du
Val, puis ilfut Abbé des
Vaux de Cernay à quatre
lieuës de Versailles, entre
Chevreuse &: Ramboüillet,
où il mourut saintementvers
l'an 1189.
Enfin tant de grandeur
dans une Maisonfaitassez
connoistre que la valeur a
esté hereditaire dans l'âme
des Seigneurs de Montmorency,
& leur a tait meriter
tous ces honneurs,
pour avoir tousjours refpandu
leur fang pour la
deffensede leurs Roys, &
de leur patrie, s'estant tousjours
trouvez à la teste des
Armées qu'ils commandoient
en chef, où ils ont
fait paroistre leur courage
avec éclat au milieu des
plus grands perils.
Je n'en veux point un
plus grand exemple que
celuy d'Anne de Montmorency
Duc, Pair, Marechal
,
Connestable
, k,
Fi
Grand Maistre de France,
lequel aprèsavoirblanchi
fous le harnois militaire,
pour la deffenseduRoy,
& de la patrie, remporta
dans le tombeau la gloire
d'estre mort au lit d' honneur
,
puisque commandant
l'Armée Royalle à la
Bataille de saint Denis, il
y receut huit coups mortels
,
dont il mourut deux
jours aprés en son Hostel
de Montmorency à Paris,
estant âgé de prés de quatre
vingt ans, comblant
par ce moyen les derniers
jours de sa vie d'une fin
tres glorieuse, a prés avoir
servy cinq Roys, & après
avoir passé par tous les degrez
d'honneur, & s'estre
trouve à huitBatailles, en
ayant commandé quatre
en chef; aussi le Roy Charles
1X. voulant honorer la
memoire de ce grand Chef
de Guerre
,
ordonna que
sa Pompe funebre fust faite
en l'Eglise de Nostreme
de Paris,avec toute la
magnificencepossible, où
toutes les Cours souveraines
assisterent par ordre du
Roy. De là son corps fut
porté en l'Eglise de saint
Martin de Montmorency,
& son coeur en celle des
Celestins de Paris, où il
futmis dans un Caveau,
proche de celuy du Roy
HenryII. Il estoit bien
juste qu'un coeur quiavoit
esté aimé de son Prince,
& qui avoit eu part à ses
plus im portantes affaires,
fust après son trépas inhumé
proche de celuy qui
luy avoit fait tant d'honneur
durant sa vie,
Mr Chevillard vient de
mettre au jour une Carte
qui a pour Titre: Succession
Chronologique des Empereurs,
&des Impératrices d'Occident,
depuis Charlemagnejusqu'à
present.
On n'entreprend point
de rapporter dans cette
Carte les Empererus Romains,
ni les Empereurs
d'Orient, on s'est borné
à rapporter la Chronologie
des Empereurs, & des
Imperatrices d'Occident,
qui sont ceux qui ont regnéen
Europe depuis l'an
800. On commence par
Charlemagne que l'erreur
commune fait le restaurateur
de l'Empired'Occident
, quoyqu'il soit vray
qu'il estoitEmpereur avant
qu'il cust eHé reconnu tel
par les Romains estantEmpereur
par sa feule qualité
de Roy des François, l'Empire
d'Occident ou du
moins celuy des Gaules
ayant este cedé à Clovis en
508. & confirmé à ses petitsfils
par l'Empereur Justinien.
Il eftvrayque depuis
l'an875. on n'a reconnu
pour Empereurs que
ceux qui ont esté reconnus
tels par les Papes, que mesme
les Rois de Germanie;
& d'autres qui ont esté couronnezEmpereurs,
n'ayant
priscetitre, du moins jusqu'ausiecle
dernier, qu'après
ce couronnement, se
contentant, jusqu'à cette
ceremonie
,
de celuy de
Roy desR omains ou d'Empereurélu.
On met neanmoins
dans cette Carte
ceux que l'erreur publique
reconnoist pour Empereurs
ou qui ont ~estéélus
im Empereurs,
Empereurs
, par des partis,
pour les opposer à ceux
qui avoient esté légitimément
élûs,ilssont distinguez
par des Couronnes
differentes.
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Résumé : Discours nouveau sur l'origine, la Genealogie, & la Maison de Montmorency.
Le texte traite de la Maison de Montmorency, une des plus anciennes et illustres familles du Royaume de France, reconnue comme les premiers Barons Chrétiens avec le cri de guerre 'Dieu aide au premier Chrétien'. La révolution des siècles passés et la négligence des historiens ont obscurci les vieux titres et l'origine exacte de cette maison. André Duchesne est l'historien ayant le plus contribué à sa connaissance, retraçant sa postérité depuis Bouchard I, vivant en 954. Deux opinions principales existent sur son origine : la première attribue son origine à Lisbius, un noble gaulois converti par saint Denis, tandis que la seconde la rattache à Lisoie, un grand baron francique converti par saint Remy. La Maison de Montmorency a toujours revendiqué les qualités de premier Chrétien et de premier Baron Chrétien, marquant ainsi son ancienne et illustre origine. La succession depuis Lisbius ou Lisoie n'a pas pu être conservée jusqu'à nos jours. Duchesne commence l'histoire de cette Maison à Bouchard I, et Chevillard ajoute des ancêtres supplémentaires pour montrer les alliances illustres contractées par la famille. Les armes de la Maison de Montmorency ont évolué, passant d'une croix de gueules sur fond d'or à une croix cantonnée de seize aiglettes d'azur. La Maison s'est séparée en plusieurs branches, certaines éteintes, mais le nom de Montmorency a été conservé jusqu'à aujourd'hui. Les alliances de la Maison de Montmorency sont extrêmement prestigieuses, incluant des mariages avec des membres des familles royales de France, d'Angleterre, et d'autres maisons nobles. Les alliances plus récentes incluent des mariages avec des membres de la Maison de Condé et de la Maison de Luxembourg. La Maison de Montmorency compte de nombreux Grands Officiers du Royaume de France, tels que des Sénéchaux, Connétables, Maréchaux, Amiraux, Maîtres de la Maison du Roi, Chambellans, Bouteillers, et Pannetiers. Plusieurs membres ont également été Ducs et Duchesses. La famille a produit des dignitaires ecclésiastiques, dont un Archevêque Duc de Reims et des Évêques. Saint Thibaud de Montmorency, Seigneur de Marly, est un membre notable, ayant participé à la croisade et fondé l'abbaye des Vaux de Cernay. La valeur et le courage des Seigneurs de Montmorency sont soulignés, notamment à travers l'exemple d'Anne de Montmorency, Duc, Pair, Maréchal, Connétable et Grand Maître de France, qui mourut glorieusement après avoir commandé l'armée royale à la bataille de Saint-Denis. La mémoire de ce grand chef de guerre fut honorée par une pompe funèbre magnifiquement organisée par le roi Charles IX.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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39
p. 23-36
« Les Lettres de Hambourg du 20. Novembre portent que les [...] »
Début :
Les Lettres de Hambourg du 20. Novembre portent que les [...]
Mots clefs :
Vaisseaux, Moscovites, Guerre, Roi Auguste, Roi du Danemark, Artillerie, Armée, Traité
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Les Lettres de Hambourg du 20. Novembre portent que les [...] »
Les Lettres de Hambourg
du 20. Novembre portent
que les Suedois ont publié
un Maniseste pour répondre
à ceux du Roy de Dannemarck
& du Roy Auguste.
Il répresentent qu'ilsn'ont
donné aucun sujet de rupture
à ces deux Princes, qui
contre les Traitez, ont al.
lumé la Guerre dans l' Empire
où ils ont introduit les
Moscovires, qui pourront
leur donner ; ainsi qu'aux
autres Princesvoisins, coup
lieu de s'en repentir; qu'ils
ont aussi publié un autre Ecritoù
ils marquent les fervices
que le Roy Guftave-
Adolphe, rendit à l'Empire
dans le temps quel'Empereur
FerdinandII. publia,
le 18Avril 1619. un Editl
dans le desseinde se rendre
maistre absolu de toute
FAlemagne,fous pretexter
de fairebrestituer les biensdes
Eglises Catholiques
dont les Procédants étoient
en possession;quelaliberté;
de l'Empire avoic été réta-
"* blie
blic & affermie par les Traitez
de Westphalic qui avoient
terminé cette Guerre,
que tous les Princes de
l'Empire en devoient témoigner
leur reconnoissan
ces aux Suedois, & que si
ces Princes avoientconsenti
par ces Traitez à leur céder
quelques Provinces,ils ne
l'avoient pas tant fait pour
les dédommager des frais
de la Guerre, que pour leut
conserver une entrée, par
laquelle ils pouroient venir,
en cas de besoin, au secours
de l'Empire; que nonobstant
le Traité de Neutralité
fait pour conserver la tranquilité
de la Basse Allemagne,
le Roy de Dannemarck
& le Roy Auguste yavoient
commencé la Guerre.,quoy
dqoulem,elautRegence de Stokapprouvé
ce Traité;
que si le Roy de Suede,
ne l'avait accepté,ille
falloirattribuer àson
grand éloignement &à
quelques expressions préjudiciables
à sa Souveraineté
,
& à ce qu'il rendoit absolument
inutile l'Arméequ'il
avoit en Pomcianie , pendant
que ses Ennemis aù.
roient pû employer routes
leurs forces contre ses autres
Etats.
Ces mêmesLettresdirent
qu'un Officier envoyé par le
General Ducker,Commandant
de Stralzund
)
avoic
rapporté en passant à Hambourg
pouraller à Stral -
zund
, que la Garnison &
les Fortifications de laVille
étoitent en si bon état quelle
pouroit soutenir un long
siege, ce qui donncroit tout
le temps au secours que l'on
préparoit d'y arriver ; que
celles qu'on avoir reçues diij
Camp devant cette Place
portoient, que du nombre
des Bastiments du Roy de
DannemarcK
,
qui étoient
èhargezd'Artillerie, il n'en
étoit arrivé que deux,le rëftôayant
été dispersé par I&
témpeste; qu'il n'y avoit sur 1
ces deux Bastimens que qua.,,,
torze pieces de gros canon
& onze de dix huit livres de
baie, que l'on travailloir à
débarquer
,
& que le reste
de l'Artillerie & les Munilfl
tions étoient sur les autfififl
Bastimens quiavoient esié.
obligez de relâcher vers l'Ilk
de Femeren ; que la plus
grande partie des Vaisscaux
de Guerre séroient recirez
ducosté de l'isle de Moon,
& que le reste croifoit à la
baureur de l'Isle de Rugen,
eu il n'y avoit pas d'appar
renceque les Ennemis fissent
une defente;qu'il n'y avoic
pas non plus d'apparence
qu'ilspussent attaquer la
Place dans les formes., leur
Armée foutfrant beaucoup
par les maladies, & par les
mauvais temps, & particulièrement
la Cavalerie
)
dont on avoit déjàenvoyé
une grande partie sur les
Frontières de Pologne.
t
Les Lettres de Stoxolm du i s- Octobre disent que le
Roy Stamflus, après avoir
eu plusieursConférences
avec la Régence
, en étoit
party pour Carel scroon., où
il devoit s'embarquer sur
une Florte de trente Vaisfaux
de Guerre ou Fregatcs,
commandée par le General
Wdchrmci ster ,qui dévoie
transporter treize mille
hommes, en Pomeranie. -|
Celles de Varsovie du 14
Novembre marquent, qu'-
un grand nombre de Gentilshommes
& d'autres gens
rüinez par les Taxes & Contributions
exigées par les
Troupes de la Nation, par
les Saxfons, & par les MaC:
covites, avoient formé un
corps considérable dans la
grande Pologne,où ilsfaisoient
de grands désordes,
ainsique danslePalatinat de
de Cracovie, sous le nom
d'Indépendants; que l'Armée
de Lithuanie qui s'était
approchée de la Frontiere,
faisoitaussi de grands defordres
en retournant dans ce
Duché, où elle doit prendre
des quartiers d'hiver: que
les Députez nommez par la
Republique pour traiter avec
les Envoyez du Grand
Seigneur, estoient arrivez
à Leopol
,
ainsi que le
Comte Sienawski, Grand
General de la Couronne;
mais qu'on nesçvoit pas encore
quand ces Envoyez s'y
rendroient.
Par les avis qu'on avoit
eus àHambourg le 27. Novembre
,
du Camp devant
Stralzund
,
l'Artillerie du
Roy Auguste n'y étoit pas
encore arrivé, les chemins étant
tous rompus à cause des
pluyes continuëlles ; on
travailloit à débarquer celle
qui étoit sur les deux Bastiments
de la FlotteDanoise
qui avoient abordé heureusement
; mais comme elle
n'étoitpassuffisante pour
battre la Place vigoureusement
, on croyoit que les
deux Rois feroient contraints
d'abandonuer cette
entreprise, ou dela terminer
parun bombardement, à*
cause de l'impossibilité qu'il
y avoit de faire hiverner
leurs Troupes dans la Pomeranie,
à causede la disette
des fourages.
D'autres Lettres portaient
que les Partis de
Wismar conrinuoient leurs
courses sans que les Troupes
Danoises qui en font le
blocus,pussent les en empêcher;
que le 2 1.ils enleverent
un Courrier qui venoit de
l'Armée; que la nuit du
1
au 16. un Détachement de
la Garnison battit auprés de
Warnemunde, une garde
Danoise & brûsla un Bastimène
chargé d'Artillerie;
que le Capitaine d'unYacht
Suédois, arrivé dans le Porc
decette Place avoit rapporté
que cent quarante Bastimens
detransport partis de Stokholm
étoient arrivez à Carelfcroon
)
escortez par
vingt - huit Vaisseaux de
guerre &qu'ils devoient incessamenttransporter
treize
mille hom. en Pomeranie.
Par lesavisdeBerlin du 14.
on a appris que l'Electeur
de Brandebourg
,
avoit envoyé
ordre à sesTroupes qui
ont fait la Campagne dans
le PJYsBas) de retourner en
diligence dans ses Etats.
du 20. Novembre portent
que les Suedois ont publié
un Maniseste pour répondre
à ceux du Roy de Dannemarck
& du Roy Auguste.
Il répresentent qu'ilsn'ont
donné aucun sujet de rupture
à ces deux Princes, qui
contre les Traitez, ont al.
lumé la Guerre dans l' Empire
où ils ont introduit les
Moscovires, qui pourront
leur donner ; ainsi qu'aux
autres Princesvoisins, coup
lieu de s'en repentir; qu'ils
ont aussi publié un autre Ecritoù
ils marquent les fervices
que le Roy Guftave-
Adolphe, rendit à l'Empire
dans le temps quel'Empereur
FerdinandII. publia,
le 18Avril 1619. un Editl
dans le desseinde se rendre
maistre absolu de toute
FAlemagne,fous pretexter
de fairebrestituer les biensdes
Eglises Catholiques
dont les Procédants étoient
en possession;quelaliberté;
de l'Empire avoic été réta-
"* blie
blic & affermie par les Traitez
de Westphalic qui avoient
terminé cette Guerre,
que tous les Princes de
l'Empire en devoient témoigner
leur reconnoissan
ces aux Suedois, & que si
ces Princes avoientconsenti
par ces Traitez à leur céder
quelques Provinces,ils ne
l'avoient pas tant fait pour
les dédommager des frais
de la Guerre, que pour leut
conserver une entrée, par
laquelle ils pouroient venir,
en cas de besoin, au secours
de l'Empire; que nonobstant
le Traité de Neutralité
fait pour conserver la tranquilité
de la Basse Allemagne,
le Roy de Dannemarck
& le Roy Auguste yavoient
commencé la Guerre.,quoy
dqoulem,elautRegence de Stokapprouvé
ce Traité;
que si le Roy de Suede,
ne l'avait accepté,ille
falloirattribuer àson
grand éloignement &à
quelques expressions préjudiciables
à sa Souveraineté
,
& à ce qu'il rendoit absolument
inutile l'Arméequ'il
avoit en Pomcianie , pendant
que ses Ennemis aù.
roient pû employer routes
leurs forces contre ses autres
Etats.
Ces mêmesLettresdirent
qu'un Officier envoyé par le
General Ducker,Commandant
de Stralzund
)
avoic
rapporté en passant à Hambourg
pouraller à Stral -
zund
, que la Garnison &
les Fortifications de laVille
étoitent en si bon état quelle
pouroit soutenir un long
siege, ce qui donncroit tout
le temps au secours que l'on
préparoit d'y arriver ; que
celles qu'on avoir reçues diij
Camp devant cette Place
portoient, que du nombre
des Bastiments du Roy de
DannemarcK
,
qui étoient
èhargezd'Artillerie, il n'en
étoit arrivé que deux,le rëftôayant
été dispersé par I&
témpeste; qu'il n'y avoit sur 1
ces deux Bastimens que qua.,,,
torze pieces de gros canon
& onze de dix huit livres de
baie, que l'on travailloir à
débarquer
,
& que le reste
de l'Artillerie & les Munilfl
tions étoient sur les autfififl
Bastimens quiavoient esié.
obligez de relâcher vers l'Ilk
de Femeren ; que la plus
grande partie des Vaisscaux
de Guerre séroient recirez
ducosté de l'isle de Moon,
& que le reste croifoit à la
baureur de l'Isle de Rugen,
eu il n'y avoit pas d'appar
renceque les Ennemis fissent
une defente;qu'il n'y avoic
pas non plus d'apparence
qu'ilspussent attaquer la
Place dans les formes., leur
Armée foutfrant beaucoup
par les maladies, & par les
mauvais temps, & particulièrement
la Cavalerie
)
dont on avoit déjàenvoyé
une grande partie sur les
Frontières de Pologne.
t
Les Lettres de Stoxolm du i s- Octobre disent que le
Roy Stamflus, après avoir
eu plusieursConférences
avec la Régence
, en étoit
party pour Carel scroon., où
il devoit s'embarquer sur
une Florte de trente Vaisfaux
de Guerre ou Fregatcs,
commandée par le General
Wdchrmci ster ,qui dévoie
transporter treize mille
hommes, en Pomeranie. -|
Celles de Varsovie du 14
Novembre marquent, qu'-
un grand nombre de Gentilshommes
& d'autres gens
rüinez par les Taxes & Contributions
exigées par les
Troupes de la Nation, par
les Saxfons, & par les MaC:
covites, avoient formé un
corps considérable dans la
grande Pologne,où ilsfaisoient
de grands désordes,
ainsique danslePalatinat de
de Cracovie, sous le nom
d'Indépendants; que l'Armée
de Lithuanie qui s'était
approchée de la Frontiere,
faisoitaussi de grands defordres
en retournant dans ce
Duché, où elle doit prendre
des quartiers d'hiver: que
les Députez nommez par la
Republique pour traiter avec
les Envoyez du Grand
Seigneur, estoient arrivez
à Leopol
,
ainsi que le
Comte Sienawski, Grand
General de la Couronne;
mais qu'on nesçvoit pas encore
quand ces Envoyez s'y
rendroient.
Par les avis qu'on avoit
eus àHambourg le 27. Novembre
,
du Camp devant
Stralzund
,
l'Artillerie du
Roy Auguste n'y étoit pas
encore arrivé, les chemins étant
tous rompus à cause des
pluyes continuëlles ; on
travailloit à débarquer celle
qui étoit sur les deux Bastiments
de la FlotteDanoise
qui avoient abordé heureusement
; mais comme elle
n'étoitpassuffisante pour
battre la Place vigoureusement
, on croyoit que les
deux Rois feroient contraints
d'abandonuer cette
entreprise, ou dela terminer
parun bombardement, à*
cause de l'impossibilité qu'il
y avoit de faire hiverner
leurs Troupes dans la Pomeranie,
à causede la disette
des fourages.
D'autres Lettres portaient
que les Partis de
Wismar conrinuoient leurs
courses sans que les Troupes
Danoises qui en font le
blocus,pussent les en empêcher;
que le 2 1.ils enleverent
un Courrier qui venoit de
l'Armée; que la nuit du
1
au 16. un Détachement de
la Garnison battit auprés de
Warnemunde, une garde
Danoise & brûsla un Bastimène
chargé d'Artillerie;
que le Capitaine d'unYacht
Suédois, arrivé dans le Porc
decette Place avoit rapporté
que cent quarante Bastimens
detransport partis de Stokholm
étoient arrivez à Carelfcroon
)
escortez par
vingt - huit Vaisseaux de
guerre &qu'ils devoient incessamenttransporter
treize
mille hom. en Pomeranie.
Par lesavisdeBerlin du 14.
on a appris que l'Electeur
de Brandebourg
,
avoit envoyé
ordre à sesTroupes qui
ont fait la Campagne dans
le PJYsBas) de retourner en
diligence dans ses Etats.
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Résumé : « Les Lettres de Hambourg du 20. Novembre portent que les [...] »
Les Lettres de Hambourg du 20 novembre rapportent que les Suédois ont publié un manifeste en réponse à ceux du roi de Danemark et du roi Auguste. Les Suédois affirment n'avoir donné aucun motif de rupture à ces deux princes, qui ont déclenché la guerre en violation des traités, introduisant les Moscovites dans l'Empire. Ils rappellent également les services rendus par le roi Gustave-Adolphe à l'Empire lors de l'édit de Ferdinand II en 1619, visant à établir une domination absolue en Allemagne sous prétexte de restituer les biens des Églises catholiques. Les traités de Westphalie ont rétabli et affirmé la liberté de l'Empire, et les princes doivent reconnaître les services des Suédois. Les mêmes lettres mentionnent que la garnison et les fortifications de Stralsund sont en bon état, capables de soutenir un long siège. Les forces danoises, dispersées par une tempête, manquent d'artillerie suffisante pour attaquer la place. Les lettres de Stockholm du 1er octobre indiquent que le roi Gustave-Adolphe se prépare à embarquer pour la Poméranie avec une flotte de trente vaisseaux de guerre, transportant treize mille hommes. Les lettres de Varsovie du 14 novembre signalent des troubles en grande Pologne et dans le Palatinat de Cracovie, causés par les taxes et contributions exigées par les troupes. Les députés de la République pour traiter avec les envoyés du Grand Seigneur sont arrivés à Leopoli. Les avis de Hambourg du 27 novembre rapportent que l'artillerie du roi Auguste n'est pas encore arrivée devant Stralsund en raison des pluies continuelles, rendant l'entreprise difficile. Les lettres mentionnent également des actions des partisans de Wismar contre les troupes danoises. Enfin, les avis de Berlin du 14 novembre indiquent que l'Électeur de Brandebourg a ordonné à ses troupes de retourner dans ses États.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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40
p. 52-90
NOUVELLES de divers endroits.
Début :
De Venise le 14. Novembre. On a fait icy pendant [...]
Mots clefs :
Ambassadeurs, Bataillon, Madrid, Courtrai, Arras, La Haye, Fort-Louis, Bayonne, Huningue, Milan, Naples, Angleterre, Grenoble, Gênes, Rome, Londres, Paix, Lisbonne, Venise, Cadix, Vaisseaux, Deuil, Guerre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : NOUVELLES de divers endroits.
NOUVELLES
de divers endroits.
De Venise le 14. Novembre,
On a fait icy pendant
trois jours des Prieres publiques
dans les Eglisesde
S. Marc, & de S. Roch,
avec l'Exposition du Saine
Sacrement, pour demander
à Dieu qu'illuy plaise faire
cesser le lféau dela mortalité
sur les Bestiaux qui continue
avec une grande violence.
-
Tous les Corps & toutes les
Communautez ont ercé en
Procession à ces Eglises,
; pendant ces trois jours,
durant lesquels les assemblées
particulieres ont elle
dessendues
)
& les Theatres
fermez. Cette maladie s'est
communiquée dans le Mantoüan,
dans la Stirie, &dans
la Carinthie,oùelle fait de
grands ravages.
De Milan le 11. Novembre,
Les Ambassadeurs de Venise
eurent le 7. Audiancc
de l'Archiduc. Le Comte
Antonio Rainoldi alla les
prendre au CollegeHelvetique
où ils étoient logez,
avec un Carrosse à quatre
Chevaux. Ils étoient en habit
de deüil, ainsi que toute
leur Livrée; mais les jours
suivants, ils parurent vêrus
magnifiquement,ainsi que
toote leur suite.
Le 8. le Cardinal Impenalc
Legat à Latere , envo yé
par le Pape pour complimenter
ce Prince, fit son
entréepublique. Le Comte
Rainoldi alla le prendreavec
plusieurs Carrosses à six
Chevaux au Monastere de
Castellazzo,&leconduisit
jusqu'au dehors de la Porte
Romaine où s'etant mis
sous un Dais, il donna la
Benediction au Clergé.
L'Archiduc arriva ensuite,
& après des compliments
reciproques,ils monterent àcheval
, & entrerent dans
laVille. LeClergéseculier
& regulier commençoit la
marche; les Gardes à pied
& à cheval marchoient ensuite;
puis vingt- quatre
Mulets du Legat avec de
riches couvertures,ungrand
Carrosse, & une Litiere;
douze Estafiers de l'Archiduc,
avec chacun un cheval
de main; les Valets de
Chambre du Legat avec
deux Masses; les Principaux
de sa fuite à cheval, ses
Estafiers vestus de sa livrée:
ceux de l'Archiduc étoient
en deüil. Ce Prince étoit
fous un Dais de Toiled'or
ayant le Legat à sa gauche.
Pluficurs Seigneursmarchoient
devant eux & ils
étoient suivis de douze
Evesques ouPrelats àcheval.
Le Senat venoit ensuite,
suivi des Tribunaux & des
soixante Decurions de la
Ville. Ils arriverent en cet
ordre devant l'Eglise Metropolitaine;
mais L'Archiduc
n'y entra pas, & il alla
droit au Palais. Le Legat y
entra, & fut reçu par
le
Cardinal Archinto qui en
est Archevesque;il fut ensuite
conduit au Palais dans
un Carrosse à six chevaux, ÔC
de-là au logement qui luy
avoitesté pre paré. Le lendemain
il rendit encore visite
à l'Archiduc qui le reçut à
la seconde Anti -chambre,
& le reconduisitjusqu'à la
troisiéme.
Les Ambassadeurs de la
Republique de Genes, firent
aussi leur Entrée le mesme
jour; & curent Audiance;
& le lendemain matin 10.
ceux de la Republique de
Lucques eurent aussi Audiance
, & l'aprésdînée du
mesme jour l'Archiduc
partit puur aller coucher à
Lodi.
DeLisbone le 9.Novembre.
La nouvelle qui s'étoir
répanduë depuis huit jours
que laPaix se traitoit en AnJgleterre,
a été confirmée par
un Exprés dépeché par nôtre
Ambassadeur en cette:
Cour là, qui a apporté les
Préliminaires. Le Comte do
Portmore , a reçu ordre do
remener en Angleterre les
Troupes de cette Couronne,
excepté deux Bataillons
pour remplacer les Soldats
qui manquent à la Garnison,
de Gibraltar ; sept Vaisseaux
de guerre Ancrloisqui
toient dans nostre Port, en
partirent hier pour retourneren
Angleterre. Le pain
est toujours très -
cher icy,
&on estfort en peine des
Bâtimens qui sont allez charger
des grains en Barbarie.
De Naples le 10 Novembre.
Le 3. de ce moison commença
les réjoüissances publiques
, pour l'Elcction de
Archiduc à l'Empire. Elles
levoient durer trois jours;
nais le foir du troisiémeà
ine demi- heure de nuit,il
omba une si grande pluye
qu'elle éteignit toutes les iluminations,
gasta les Tenures
qui étoient en plusieurs
endroits, & trempa tellenent
les Artifices,qu'ayant
econnu le lendemain qu'ils
le pourroient plus servir
)nIes abandonna , au pillage
tinÍi que toutes les Machines.
Le Vice-Roy qui dévoit
aller ce foir
-
là visiter les
Feux d'Artifice, préparez
sur la Mer avec de grandes
Machines chargées de
fruits
,
donna unBal dans
le Salon duPalais,pour supléer
à l'execution de ces
grands préparatifs, qu'on
renouvellera après le Couronnement.
Le S. il fitchanter
le Te Deurn dans l'Eglise
du grand Convent des,
Dominicains ,& il y tint
Chapelle; pendant laquelle
l'Infanterie Allemande qui
étoit dans la Place fit trois
décharges de Mousqueterie,
& les Canonniers des !
Chasteaux
,
firent trois salves
de toute l'Artillerie. Il
le fie chanter hier dans l'Eg'ife
des Theatins,&doit de
main le faire chanterdans
celle de la MaisonProfesse
des Jesuites,
De Cadiz le 12.Novembre.
Des Armateurs François
amenèrent avant-hier icy
trois Vaisseaux Hollandois.
qui venoient du Levant. Ils
sont chargez de Soye
,
de
Cottonfilé, deCaffé&d'autres
riches Marchandises,
letout estimé prés d'uai
million.
¡Une: FrégateFrançoise
ayant attaqué sur les costes
de Galice, un Vaisseau de
Guerre Portugais,montede
60.pieces de canon, étoit
sur le point de s'en emparer
après quatre heures de combat,
lors que le feu ayant
pris au Vaisseau, il sauta en
l'air avec tout l'Equipage,
dont on ne put sauver que
trois personnes.
Ilest encore venu quarante
sept Deserteurs de Gibraltar
)
presque tous Hollandois
,& qui continuent.
de dire que laGarnison n'est
point payée, & que les vivres
y sont à untrès- haut
prix.
De Rome le 14. Novembre,
Le trois de ce mois, la
Marquise de Prié
, comme
Ambassadrice de la Cour
de Vienne, quitta le deüil
& reçue les compliments sur
l'Election de l'Archiduc à
l'Empire. Il y eut le foir une
grande Assemblée chez elle
où se touverent la Connéta
ble Colonne,Dona Maria
Bernardina
,
les Neveux du
Pape,l'Envoyé de Portugal,
& plusîeurs autres -Perronnes
distinguées
: Le Prince
d'Avellino
,
avoit mandé à
ses principaux Domestiques
de donner part aux Cardinaux
de l'Election de l'Archiduc,
& de faire des illuminations
pendant rTois1
soirs ; mais les Maistres desj
Ceremonies ayant reprefenté
qu'il étoit contre l'ordre i
qu'il se fie fous les yeux dirr
Pape,desréjoüissances pour
une nouvelle dont on n.1avoit
point donné part à Sa|
Sainteté
>
ces
réjouifTanccsjji
ont elle differées.
110 ",
De Venise le zi. Novembre.
L'Archiducayant passéle
14. à Bussolengo
,
sur les
Frontières de l'EtatVenitien
sur sa route de Milan à Inspruch
,
les Procurateurs Pisani
& da-Lezze,Ambassadeurs
Extraordinaires de la
République,le complimencerent.
Ce Prince futconduit
au Palais qui luy avoit
été prepare; & qui étoit
magnifiquement meublé & -
illuminé,&où il trouva une
garde de deuxmille Cava -
liers ou Dragons tous habillez
de neuf Le lendemain les
Ambassadeurs luy presenterent
un Régale de Cire
,
de
Miroirs, de Crstaux, de
Confitures, &de plusieurs
autres choses galantes: On
luy servit un repas magnifi.
que après lequel il alla à Roveredo,
accompagné par les
mêmes Ambassadeurs, &
pardeuxmille Cavaliers
ou Dragons,quine le quitterent
que sur les Frontières
du Trentin. Ce Prince fie
present aux Ambassadeurs
de chacun une Boeste à portrait,
garnies de pierreries , D
& estimées nulle Pisto- les.
DtLjhonne le 13.Novembre
On esticy dans de grandes
inquiétudes, sur l'avis qu'on
a eu , que Mr du Gué-
Troüin,avoit. débarqué des
Troupes aux lsles du Cap
Vert ; & qu'érant entrée
dans la Baye de Tous -
les,.
Saints,il avoi t pillé la Ville
de San Salvador, Capitale
du Brésil
,
ainsiqu'unautre
Port, où il avoitbrûlé tous
les Vaisseaux qui y étoient.
De Londres le 24. Novembre.
Mr l'Evêque de Bristo,
Garde du Sceau Privé se prépare
à partir pour la Hollande
en qualitéd'Ambassadeur-
Pîenipotentaire pour
les Négociations de la Paix,
que tous les Pcules des trois.
Royaumes souhaitoient
avec tant d'empressement ;
qu'il avoit esté resolu en
plusieurs endroits de pre- 1
senter des Adresses à la Reine
pour la supliet de la con- 1 clure aux conditions qu'El- j
le & sonConseil jugeroienc
à propos; mais on s'en est
abstenu de crainte qu'il ne
parust qu'on voudroit donner
atteinte au pouvoirabsolu
qu'a le Souverain defaire
la Paix & la Guerre, quand
illuy plaist.
¡ Trois cens prisonniers
François ont été transportezà
Calais
, pour estre
échangez.
La Foudre étant tombée
la nuit du 16. au 17. sur l'EglisedeSouthwel
,
dansle
Comté de Nottingham.
).'
cette Eglise aété brûlée 3-
vec l'Ecole quien étoit prdche,&
les Cloches fonduës.
DupremierDécembre.
Le 25. Novembre il arriva
un Courrier du Comte
de Strafford, qui apporta le
consentement des Etats Géncraux
pour traiter de la
Paix sur le pied des Prelimi
mires,&les Passeports pour
les Ambassadeurs du Roy ]
Tres -
Chrestien. Outre les
vingt - cinq gros Vaifleatffc-«
de guerre qui ont été desarmez,
on en desarme encore
plusieurs autres.
Le28. jour de la naissance
de la Reine Elisabeth
, auquel
le menupeupleavoit
coutume, avant le regne de
JacquesII. de célebrer la
memoire de cette Princesse
en brulant l'Effigiedu Pape,
&celles de plusieurs Cardinaux
& Religieux,je Conseil
fut averti que quelques mal
intentionnez
,
avoient fait
faire secrettement de grands
préparatifs, dans le dessein
de causer quelque tulmute.
On envoya des Huissiers,
avec un Détachement de
Grenadiers commandé par
un Officier
,
dans l'endroit
qu'un avoit indiqué, & ils y
trouverent une figure du
Pape,avec plusicurs autres
de Cardinaux,& Religieux,
& même du Diable dans un
Chariot, qui fut brisé ainsi
que toutes les Figures. Le
foir du mêmejour,&la nuit
suivante on fit prendre les
armesaux Milices, qui firent
des patroüilles dans les ruës;
mais il ne se passa pas J:
moindre désordre.
De Cents le 26. Novembre.
Monsieur le Marquis de
Monteleon
,
Ambassadeur
d'Espagne ayant reçû ordre
de se rendre à Madrid pour
y recevoir ses instructions
sur les Congrez de la Paix
ausquels il doit assister
, en
qualité de Plenipotentiaire,
prit hier son Audiance de
de congé du Sénat.
Les Gx mille Allemands
qui s'étoient avancez sur
nôtre Frontiere pour y prendredesQuartiers
d'hiver,
marchent dans le Mantoüan
où ils occuperont les Quartiers
qui étoient destinez
aux Troupes. de BranSebourg
qui retournent en
Allemagne,
Il est entré h1uit mille-
Allemands sur lesTerres du
Grand DucOU\ il prennent
des Quartiers, ce Prince ayant
refusé de fournir aux
Commissaires Impériaux
les huit cens mille livres que
l'Archiduc luy avoit fais
demander,
De Grenoble30.Novembre.
Il parut il y a quelques
jours de ce costé. cy un gros
party delaGarnisondeSuze
qui étoit venu par Exiles.
Aussi tost qu'on en eut avis
on fit sortir trente Dragons
avec chacun un fantassin en
croupe: Ils trouverent les
Ennemis qui rafraichifsoient
dans un Village;Les
Fantassins yentrerent criant
qui vive, & au premier feu
que nos gens firent sur eux,
ils se retirerent. Les Dragons
qui les observoient les poursuivirent
& mirent en désordre
; cinq furent tuez &
trente cinq faits prisonnires.
De Huninguele 4. Decembre,
Nôtre garnisona faitune
course dans la Forest Noire
sans aucune oppoficion
,
&
a ramené un gros butin.
Les Lettres de Hombourg
,
portent que soixante Husfars
ennemis étant entrez
dans le Pays, avoient commencé
à piller & brûler;
mais quedesDétachemens
de certe Place & de Saar
sa Loüis, ayant été à leur poucsuite,
les avoient battus;
& repris le butin qu'ils
avoient fait.
De Bayone le 4. Décembre.
Il y a presentement icy
18 Bastimens Anglois qui
ont apporté diverses Marchandées
pour les vendre,
& ensuite chargerdes Vins
& des Eaux
-
de- vie.
Une Fregate du Roy de
34. canons a pris un Flessingois
de 32. canons & de
150. hommes d'équipage ,
dont plus de 60ont été tuez
dans le combat qui a duré
cinq heures.
Des Lettres de Gibraltar
du 20. du passé portent que
la disette y étoit si grande
que le Commandant de la
Place étoit obligé de tenir
les Portes fermées pour
empêcher la desertion:que
quatreBastimens Portugais
étant entrez dans la Baye
pour se mettre à couvert
d'un gros temps qui auroit
pû les jetter sur les costes
de Barbarie, on leur avoir
fait décharger le grains qu'ils
avoient à leur bord
, de
remboursé l'argent qu'il
leur avoit couité.
On a aussiappris que les
Maures qui sont devant
Ceuta ayant voulu emporter
parEscalade le Bastion de
S. Pierre avoient esté vivementrepoussezjusques
dans
leur Camp avec perte de
plusde 1200 hommes; &
qu'il écoit arrivé de Carthagene
à cette Place, un tenfort
de 400. hommes &
beaucoup de munitions de
guerre & de bouche.
," Du Fort-Louis le10.
DéCembrr.P
;
Le Commandant de
Lauterbourg ayant eu avis
que le 6. au foir il devoit
sortir un Bataillon de Philisbourg
pour aller a Landau
,envoya un party de
Dragons & de Grenadiers
xjui se porterent sur le chemin
en des lieux couverts.
Les Ennemisétant tombez
dans l'Embuscade, furent
envelopez; le Commandant
fut tué avec plusieurs Soldats,
& le reste pris. Ce
bataillon étoit des Troupes
de Souabe & de Franconie,
& alloit relever un autre
bataillon des mêmes Trou- pesquiestàLandau.?
De la Haye le 8. Décembre9
Le Courier que le Comte
de Goes, Envoyéde la
Cour de Vienne avoit dé*
pêche à Milan pour porter àl'Archiducles Préliminairesde
la Paix, en revint le
2.1 Novembre. Il apporta
uneLettre par laquelle cc
Prince prie les Etats Gcné-.,
raux de n'avoir point d'égard
à ces Preliminaires,
qu'il les avoir rejettez, &
qu'il protestoit contre
toutes les Assemblées&les
Negotiations qu'on pouroit
faire sur cesujet.
On a appris depuis que ce
Prince persiste dans la résolution
de ne point envoyer
de Plenipotentiaires pour
traiter de la Paix sur le pied
des Preliminaires.
Hier le Comte de Strafr!
ford
,
Ambassadeur Plenipotentiaire
d'Angleterre
communiqua aux Ministres
detous les Alliez dans une
Assemblée que l'on tint exprés,
que la Reine sa Maitrciïc
avoit nommé la Ville
d'Utrecht pour le lieu où se
tiendroient les Conferences
pour laPaix, & que l'ouverture
s'en feroit le 12, Janvier
prochain. Il remit enfuite
à chacun de ces Ministres
une Lettre de la Reine
de la Grande Bretagne
qu'elle écrivoit à leurs Maîtres
pour les inviter à y envoyer
leurs Plénipotentiaires..
D'Arras le ii. Décembre.
Monsieur le Marechal de
Montcfquiau, partit d'icy
avanthier avec la plus grande
partie de notre Garnison
pour se mettre à la teste
d'un Darachemem de trois
cens hommes par bataillon,
& de centhommes parRe- -
giment de Cavalerie & de
Dragons de. toutes lcs.,
Troupes qui sont depuis la
Meuse juiqu'àla Mer. Leur
rendez vous étoit le long de
la Scarpe depuis Douay
jusqu'à Mortagne, & le
long du Canal & de la Deule,
Ces Troupes n'ont point de
bagages, & n'ont porté des
vivres que pour quatre
jours, & des outils à remues
laterre; elles travaillent à
combler le canal en quelques
endroits, à rüiner les
Ponts, les Ecluses & les Digues
de cemême Canal
,
de
la Scarpe, & de la Deule
afin d'ôter , aux Ennemisle
moyen d'établir leurs Magasins
de vivres & de munitions
à Douay pour la Canv»
pagne prochaine,ainsi quils
l'avoient projetté.
Pendant qu'une partie de
ce gros Détachement commençoitces
travaux, Mr de
Goëbriant marchoit à la
petiteVille deLillers, où les
Ennemis avoient cinq cens
hommes qui ont esté faits
prisonniers; &les Fortifications
qu'ils y avoient faites
ont esté démolies.
De Courtray le 18. Decembre.
Un Parti de cènehommes
de la garnisond'Ipres
ayant rencontréplusieurs
Détachements de cinq Rements,
lesadéfaits l'unaprés
l'autre
,
& en a fait la plus
part prisonniers.
Le mêmejoursoixante
Hussards, furent surpris la
nuit dans un Village à deux
lieuës de Cologne
) par un
party de trente Fantassins
François qui leur enleverent
trente chevaux,
A Madrid le 3. Décembre.
Le Conséil envoyaVeridredy
dernier des instructions
aux Plénipotentiaires
qui doivent partir incessamment
pour les Conferences
de la Paix Le Roya donné
la Charge de President du
Conseil de Guerre à Mr
le Marquis de Bedmar : Les
Lettres de Malaga portent
qu'il y étoit arrivé un Bastinient
venant de Gibraltar
où il y avoit quatre - vingt
six Soldats de la Garnison ;
de cettePlace, qui ayant
monté de nuit dans ce Vais-
-
seau obligerent lesMatelots
f de mettre à la voile, aprést
avoir eux mêmes coupé les f
cables *>
de divers endroits.
De Venise le 14. Novembre,
On a fait icy pendant
trois jours des Prieres publiques
dans les Eglisesde
S. Marc, & de S. Roch,
avec l'Exposition du Saine
Sacrement, pour demander
à Dieu qu'illuy plaise faire
cesser le lféau dela mortalité
sur les Bestiaux qui continue
avec une grande violence.
-
Tous les Corps & toutes les
Communautez ont ercé en
Procession à ces Eglises,
; pendant ces trois jours,
durant lesquels les assemblées
particulieres ont elle
dessendues
)
& les Theatres
fermez. Cette maladie s'est
communiquée dans le Mantoüan,
dans la Stirie, &dans
la Carinthie,oùelle fait de
grands ravages.
De Milan le 11. Novembre,
Les Ambassadeurs de Venise
eurent le 7. Audiancc
de l'Archiduc. Le Comte
Antonio Rainoldi alla les
prendre au CollegeHelvetique
où ils étoient logez,
avec un Carrosse à quatre
Chevaux. Ils étoient en habit
de deüil, ainsi que toute
leur Livrée; mais les jours
suivants, ils parurent vêrus
magnifiquement,ainsi que
toote leur suite.
Le 8. le Cardinal Impenalc
Legat à Latere , envo yé
par le Pape pour complimenter
ce Prince, fit son
entréepublique. Le Comte
Rainoldi alla le prendreavec
plusieurs Carrosses à six
Chevaux au Monastere de
Castellazzo,&leconduisit
jusqu'au dehors de la Porte
Romaine où s'etant mis
sous un Dais, il donna la
Benediction au Clergé.
L'Archiduc arriva ensuite,
& après des compliments
reciproques,ils monterent àcheval
, & entrerent dans
laVille. LeClergéseculier
& regulier commençoit la
marche; les Gardes à pied
& à cheval marchoient ensuite;
puis vingt- quatre
Mulets du Legat avec de
riches couvertures,ungrand
Carrosse, & une Litiere;
douze Estafiers de l'Archiduc,
avec chacun un cheval
de main; les Valets de
Chambre du Legat avec
deux Masses; les Principaux
de sa fuite à cheval, ses
Estafiers vestus de sa livrée:
ceux de l'Archiduc étoient
en deüil. Ce Prince étoit
fous un Dais de Toiled'or
ayant le Legat à sa gauche.
Pluficurs Seigneursmarchoient
devant eux & ils
étoient suivis de douze
Evesques ouPrelats àcheval.
Le Senat venoit ensuite,
suivi des Tribunaux & des
soixante Decurions de la
Ville. Ils arriverent en cet
ordre devant l'Eglise Metropolitaine;
mais L'Archiduc
n'y entra pas, & il alla
droit au Palais. Le Legat y
entra, & fut reçu par
le
Cardinal Archinto qui en
est Archevesque;il fut ensuite
conduit au Palais dans
un Carrosse à six chevaux, ÔC
de-là au logement qui luy
avoitesté pre paré. Le lendemain
il rendit encore visite
à l'Archiduc qui le reçut à
la seconde Anti -chambre,
& le reconduisitjusqu'à la
troisiéme.
Les Ambassadeurs de la
Republique de Genes, firent
aussi leur Entrée le mesme
jour; & curent Audiance;
& le lendemain matin 10.
ceux de la Republique de
Lucques eurent aussi Audiance
, & l'aprésdînée du
mesme jour l'Archiduc
partit puur aller coucher à
Lodi.
DeLisbone le 9.Novembre.
La nouvelle qui s'étoir
répanduë depuis huit jours
que laPaix se traitoit en AnJgleterre,
a été confirmée par
un Exprés dépeché par nôtre
Ambassadeur en cette:
Cour là, qui a apporté les
Préliminaires. Le Comte do
Portmore , a reçu ordre do
remener en Angleterre les
Troupes de cette Couronne,
excepté deux Bataillons
pour remplacer les Soldats
qui manquent à la Garnison,
de Gibraltar ; sept Vaisseaux
de guerre Ancrloisqui
toient dans nostre Port, en
partirent hier pour retourneren
Angleterre. Le pain
est toujours très -
cher icy,
&on estfort en peine des
Bâtimens qui sont allez charger
des grains en Barbarie.
De Naples le 10 Novembre.
Le 3. de ce moison commença
les réjoüissances publiques
, pour l'Elcction de
Archiduc à l'Empire. Elles
levoient durer trois jours;
nais le foir du troisiémeà
ine demi- heure de nuit,il
omba une si grande pluye
qu'elle éteignit toutes les iluminations,
gasta les Tenures
qui étoient en plusieurs
endroits, & trempa tellenent
les Artifices,qu'ayant
econnu le lendemain qu'ils
le pourroient plus servir
)nIes abandonna , au pillage
tinÍi que toutes les Machines.
Le Vice-Roy qui dévoit
aller ce foir
-
là visiter les
Feux d'Artifice, préparez
sur la Mer avec de grandes
Machines chargées de
fruits
,
donna unBal dans
le Salon duPalais,pour supléer
à l'execution de ces
grands préparatifs, qu'on
renouvellera après le Couronnement.
Le S. il fitchanter
le Te Deurn dans l'Eglise
du grand Convent des,
Dominicains ,& il y tint
Chapelle; pendant laquelle
l'Infanterie Allemande qui
étoit dans la Place fit trois
décharges de Mousqueterie,
& les Canonniers des !
Chasteaux
,
firent trois salves
de toute l'Artillerie. Il
le fie chanter hier dans l'Eg'ife
des Theatins,&doit de
main le faire chanterdans
celle de la MaisonProfesse
des Jesuites,
De Cadiz le 12.Novembre.
Des Armateurs François
amenèrent avant-hier icy
trois Vaisseaux Hollandois.
qui venoient du Levant. Ils
sont chargez de Soye
,
de
Cottonfilé, deCaffé&d'autres
riches Marchandises,
letout estimé prés d'uai
million.
¡Une: FrégateFrançoise
ayant attaqué sur les costes
de Galice, un Vaisseau de
Guerre Portugais,montede
60.pieces de canon, étoit
sur le point de s'en emparer
après quatre heures de combat,
lors que le feu ayant
pris au Vaisseau, il sauta en
l'air avec tout l'Equipage,
dont on ne put sauver que
trois personnes.
Ilest encore venu quarante
sept Deserteurs de Gibraltar
)
presque tous Hollandois
,& qui continuent.
de dire que laGarnison n'est
point payée, & que les vivres
y sont à untrès- haut
prix.
De Rome le 14. Novembre,
Le trois de ce mois, la
Marquise de Prié
, comme
Ambassadrice de la Cour
de Vienne, quitta le deüil
& reçue les compliments sur
l'Election de l'Archiduc à
l'Empire. Il y eut le foir une
grande Assemblée chez elle
où se touverent la Connéta
ble Colonne,Dona Maria
Bernardina
,
les Neveux du
Pape,l'Envoyé de Portugal,
& plusîeurs autres -Perronnes
distinguées
: Le Prince
d'Avellino
,
avoit mandé à
ses principaux Domestiques
de donner part aux Cardinaux
de l'Election de l'Archiduc,
& de faire des illuminations
pendant rTois1
soirs ; mais les Maistres desj
Ceremonies ayant reprefenté
qu'il étoit contre l'ordre i
qu'il se fie fous les yeux dirr
Pape,desréjoüissances pour
une nouvelle dont on n.1avoit
point donné part à Sa|
Sainteté
>
ces
réjouifTanccsjji
ont elle differées.
110 ",
De Venise le zi. Novembre.
L'Archiducayant passéle
14. à Bussolengo
,
sur les
Frontières de l'EtatVenitien
sur sa route de Milan à Inspruch
,
les Procurateurs Pisani
& da-Lezze,Ambassadeurs
Extraordinaires de la
République,le complimencerent.
Ce Prince futconduit
au Palais qui luy avoit
été prepare; & qui étoit
magnifiquement meublé & -
illuminé,&où il trouva une
garde de deuxmille Cava -
liers ou Dragons tous habillez
de neuf Le lendemain les
Ambassadeurs luy presenterent
un Régale de Cire
,
de
Miroirs, de Crstaux, de
Confitures, &de plusieurs
autres choses galantes: On
luy servit un repas magnifi.
que après lequel il alla à Roveredo,
accompagné par les
mêmes Ambassadeurs, &
pardeuxmille Cavaliers
ou Dragons,quine le quitterent
que sur les Frontières
du Trentin. Ce Prince fie
present aux Ambassadeurs
de chacun une Boeste à portrait,
garnies de pierreries , D
& estimées nulle Pisto- les.
DtLjhonne le 13.Novembre
On esticy dans de grandes
inquiétudes, sur l'avis qu'on
a eu , que Mr du Gué-
Troüin,avoit. débarqué des
Troupes aux lsles du Cap
Vert ; & qu'érant entrée
dans la Baye de Tous -
les,.
Saints,il avoi t pillé la Ville
de San Salvador, Capitale
du Brésil
,
ainsiqu'unautre
Port, où il avoitbrûlé tous
les Vaisseaux qui y étoient.
De Londres le 24. Novembre.
Mr l'Evêque de Bristo,
Garde du Sceau Privé se prépare
à partir pour la Hollande
en qualitéd'Ambassadeur-
Pîenipotentaire pour
les Négociations de la Paix,
que tous les Pcules des trois.
Royaumes souhaitoient
avec tant d'empressement ;
qu'il avoit esté resolu en
plusieurs endroits de pre- 1
senter des Adresses à la Reine
pour la supliet de la con- 1 clure aux conditions qu'El- j
le & sonConseil jugeroienc
à propos; mais on s'en est
abstenu de crainte qu'il ne
parust qu'on voudroit donner
atteinte au pouvoirabsolu
qu'a le Souverain defaire
la Paix & la Guerre, quand
illuy plaist.
¡ Trois cens prisonniers
François ont été transportezà
Calais
, pour estre
échangez.
La Foudre étant tombée
la nuit du 16. au 17. sur l'EglisedeSouthwel
,
dansle
Comté de Nottingham.
).'
cette Eglise aété brûlée 3-
vec l'Ecole quien étoit prdche,&
les Cloches fonduës.
DupremierDécembre.
Le 25. Novembre il arriva
un Courrier du Comte
de Strafford, qui apporta le
consentement des Etats Géncraux
pour traiter de la
Paix sur le pied des Prelimi
mires,&les Passeports pour
les Ambassadeurs du Roy ]
Tres -
Chrestien. Outre les
vingt - cinq gros Vaifleatffc-«
de guerre qui ont été desarmez,
on en desarme encore
plusieurs autres.
Le28. jour de la naissance
de la Reine Elisabeth
, auquel
le menupeupleavoit
coutume, avant le regne de
JacquesII. de célebrer la
memoire de cette Princesse
en brulant l'Effigiedu Pape,
&celles de plusieurs Cardinaux
& Religieux,je Conseil
fut averti que quelques mal
intentionnez
,
avoient fait
faire secrettement de grands
préparatifs, dans le dessein
de causer quelque tulmute.
On envoya des Huissiers,
avec un Détachement de
Grenadiers commandé par
un Officier
,
dans l'endroit
qu'un avoit indiqué, & ils y
trouverent une figure du
Pape,avec plusicurs autres
de Cardinaux,& Religieux,
& même du Diable dans un
Chariot, qui fut brisé ainsi
que toutes les Figures. Le
foir du mêmejour,&la nuit
suivante on fit prendre les
armesaux Milices, qui firent
des patroüilles dans les ruës;
mais il ne se passa pas J:
moindre désordre.
De Cents le 26. Novembre.
Monsieur le Marquis de
Monteleon
,
Ambassadeur
d'Espagne ayant reçû ordre
de se rendre à Madrid pour
y recevoir ses instructions
sur les Congrez de la Paix
ausquels il doit assister
, en
qualité de Plenipotentiaire,
prit hier son Audiance de
de congé du Sénat.
Les Gx mille Allemands
qui s'étoient avancez sur
nôtre Frontiere pour y prendredesQuartiers
d'hiver,
marchent dans le Mantoüan
où ils occuperont les Quartiers
qui étoient destinez
aux Troupes. de BranSebourg
qui retournent en
Allemagne,
Il est entré h1uit mille-
Allemands sur lesTerres du
Grand DucOU\ il prennent
des Quartiers, ce Prince ayant
refusé de fournir aux
Commissaires Impériaux
les huit cens mille livres que
l'Archiduc luy avoit fais
demander,
De Grenoble30.Novembre.
Il parut il y a quelques
jours de ce costé. cy un gros
party delaGarnisondeSuze
qui étoit venu par Exiles.
Aussi tost qu'on en eut avis
on fit sortir trente Dragons
avec chacun un fantassin en
croupe: Ils trouverent les
Ennemis qui rafraichifsoient
dans un Village;Les
Fantassins yentrerent criant
qui vive, & au premier feu
que nos gens firent sur eux,
ils se retirerent. Les Dragons
qui les observoient les poursuivirent
& mirent en désordre
; cinq furent tuez &
trente cinq faits prisonnires.
De Huninguele 4. Decembre,
Nôtre garnisona faitune
course dans la Forest Noire
sans aucune oppoficion
,
&
a ramené un gros butin.
Les Lettres de Hombourg
,
portent que soixante Husfars
ennemis étant entrez
dans le Pays, avoient commencé
à piller & brûler;
mais quedesDétachemens
de certe Place & de Saar
sa Loüis, ayant été à leur poucsuite,
les avoient battus;
& repris le butin qu'ils
avoient fait.
De Bayone le 4. Décembre.
Il y a presentement icy
18 Bastimens Anglois qui
ont apporté diverses Marchandées
pour les vendre,
& ensuite chargerdes Vins
& des Eaux
-
de- vie.
Une Fregate du Roy de
34. canons a pris un Flessingois
de 32. canons & de
150. hommes d'équipage ,
dont plus de 60ont été tuez
dans le combat qui a duré
cinq heures.
Des Lettres de Gibraltar
du 20. du passé portent que
la disette y étoit si grande
que le Commandant de la
Place étoit obligé de tenir
les Portes fermées pour
empêcher la desertion:que
quatreBastimens Portugais
étant entrez dans la Baye
pour se mettre à couvert
d'un gros temps qui auroit
pû les jetter sur les costes
de Barbarie, on leur avoir
fait décharger le grains qu'ils
avoient à leur bord
, de
remboursé l'argent qu'il
leur avoit couité.
On a aussiappris que les
Maures qui sont devant
Ceuta ayant voulu emporter
parEscalade le Bastion de
S. Pierre avoient esté vivementrepoussezjusques
dans
leur Camp avec perte de
plusde 1200 hommes; &
qu'il écoit arrivé de Carthagene
à cette Place, un tenfort
de 400. hommes &
beaucoup de munitions de
guerre & de bouche.
," Du Fort-Louis le10.
DéCembrr.P
;
Le Commandant de
Lauterbourg ayant eu avis
que le 6. au foir il devoit
sortir un Bataillon de Philisbourg
pour aller a Landau
,envoya un party de
Dragons & de Grenadiers
xjui se porterent sur le chemin
en des lieux couverts.
Les Ennemisétant tombez
dans l'Embuscade, furent
envelopez; le Commandant
fut tué avec plusieurs Soldats,
& le reste pris. Ce
bataillon étoit des Troupes
de Souabe & de Franconie,
& alloit relever un autre
bataillon des mêmes Trou- pesquiestàLandau.?
De la Haye le 8. Décembre9
Le Courier que le Comte
de Goes, Envoyéde la
Cour de Vienne avoit dé*
pêche à Milan pour porter àl'Archiducles Préliminairesde
la Paix, en revint le
2.1 Novembre. Il apporta
uneLettre par laquelle cc
Prince prie les Etats Gcné-.,
raux de n'avoir point d'égard
à ces Preliminaires,
qu'il les avoir rejettez, &
qu'il protestoit contre
toutes les Assemblées&les
Negotiations qu'on pouroit
faire sur cesujet.
On a appris depuis que ce
Prince persiste dans la résolution
de ne point envoyer
de Plenipotentiaires pour
traiter de la Paix sur le pied
des Preliminaires.
Hier le Comte de Strafr!
ford
,
Ambassadeur Plenipotentiaire
d'Angleterre
communiqua aux Ministres
detous les Alliez dans une
Assemblée que l'on tint exprés,
que la Reine sa Maitrciïc
avoit nommé la Ville
d'Utrecht pour le lieu où se
tiendroient les Conferences
pour laPaix, & que l'ouverture
s'en feroit le 12, Janvier
prochain. Il remit enfuite
à chacun de ces Ministres
une Lettre de la Reine
de la Grande Bretagne
qu'elle écrivoit à leurs Maîtres
pour les inviter à y envoyer
leurs Plénipotentiaires..
D'Arras le ii. Décembre.
Monsieur le Marechal de
Montcfquiau, partit d'icy
avanthier avec la plus grande
partie de notre Garnison
pour se mettre à la teste
d'un Darachemem de trois
cens hommes par bataillon,
& de centhommes parRe- -
giment de Cavalerie & de
Dragons de. toutes lcs.,
Troupes qui sont depuis la
Meuse juiqu'àla Mer. Leur
rendez vous étoit le long de
la Scarpe depuis Douay
jusqu'à Mortagne, & le
long du Canal & de la Deule,
Ces Troupes n'ont point de
bagages, & n'ont porté des
vivres que pour quatre
jours, & des outils à remues
laterre; elles travaillent à
combler le canal en quelques
endroits, à rüiner les
Ponts, les Ecluses & les Digues
de cemême Canal
,
de
la Scarpe, & de la Deule
afin d'ôter , aux Ennemisle
moyen d'établir leurs Magasins
de vivres & de munitions
à Douay pour la Canv»
pagne prochaine,ainsi quils
l'avoient projetté.
Pendant qu'une partie de
ce gros Détachement commençoitces
travaux, Mr de
Goëbriant marchoit à la
petiteVille deLillers, où les
Ennemis avoient cinq cens
hommes qui ont esté faits
prisonniers; &les Fortifications
qu'ils y avoient faites
ont esté démolies.
De Courtray le 18. Decembre.
Un Parti de cènehommes
de la garnisond'Ipres
ayant rencontréplusieurs
Détachements de cinq Rements,
lesadéfaits l'unaprés
l'autre
,
& en a fait la plus
part prisonniers.
Le mêmejoursoixante
Hussards, furent surpris la
nuit dans un Village à deux
lieuës de Cologne
) par un
party de trente Fantassins
François qui leur enleverent
trente chevaux,
A Madrid le 3. Décembre.
Le Conséil envoyaVeridredy
dernier des instructions
aux Plénipotentiaires
qui doivent partir incessamment
pour les Conferences
de la Paix Le Roya donné
la Charge de President du
Conseil de Guerre à Mr
le Marquis de Bedmar : Les
Lettres de Malaga portent
qu'il y étoit arrivé un Bastinient
venant de Gibraltar
où il y avoit quatre - vingt
six Soldats de la Garnison ;
de cettePlace, qui ayant
monté de nuit dans ce Vais-
-
seau obligerent lesMatelots
f de mettre à la voile, aprést
avoir eux mêmes coupé les f
cables *>
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Résumé : NOUVELLES de divers endroits.
À la fin de l'année 1700, divers événements politiques et militaires ont marqué l'Europe. À Venise, des prières publiques ont été organisées pour lutter contre une épidémie affectant le bétail, qui s'est également propagée dans le Mantouan, la Styrie et la Carinthie. À Milan, les ambassadeurs de Venise ont été reçus par l'Archiduc, et le cardinal Impérial a fait une entrée publique. Les ambassadeurs de Gênes et de Lucques ont également été accueillis. À Lisbonne, la paix en Angleterre a été confirmée par des préliminaires apportés par un ambassadeur. À Naples, les réjouissances pour l'élection de l'Archiduc à l'Empire ont été perturbées par la pluie. À Cadix, des navires hollandais chargés de marchandises ont été capturés par des armateurs français, et une frégate française a attaqué un vaisseau portugais. Des déserteurs de Gibraltar continuaient d'arriver. À Rome, la marquise de Prié a reçu des compliments pour l'élection de l'Archiduc. À Lisbonne, des inquiétudes ont surgi concernant des troupes débarquées aux îles du Cap-Vert. À Londres, des préparatifs pour la paix ont été mentionnés, et des prisonniers français ont été transportés à Calais. Des troubles ont été évités lors de la célébration de la naissance de la reine Élisabeth. À Cents, l'ambassadeur d'Espagne a pris congé du Sénat pour se rendre à Madrid. Des troupes allemandes ont occupé des quartiers d'hiver dans le Mantouan et sur les terres du Grand-Duc. À Grenoble, des dragons ont repoussé une garnison ennemie. À Huningue, une garnison a fait une course dans la Forêt-Noire. À Bayonne, des navires anglais ont apporté des marchandises, et une frégate française a capturé un vaisseau flessingois. À Gibraltar, la disette était grande, et des Maures ont été repoussés lors d'une attaque. À Fort-Louis, un bataillon ennemi a été pris en embuscade. Sur le plan militaire, un bataillon de Souabe et de Franconie se dirigeait vers Landau pour relever un autre bataillon. Le 21 novembre, le comte de Goes, envoyé de la Cour de Vienne, est revenu de Milan avec des préliminaires de paix, que l'archiduc a rejetés et contre lesquels il a protesté. L'Angleterre a proposé Utrecht comme lieu pour les conférences de paix, prévues pour le 12 janvier. Le maréchal de Montreuil a quitté Arras avec des troupes pour des travaux de défense le long de la Scarpe et du canal, afin d'empêcher les ennemis d'établir des magasins. Mr de Goëbriant a capturé des ennemis à Lillers. À Courtray, des détachements ennemis ont été défaits et des hussards ont été surpris près de Cologne. À Madrid, des instructions ont été envoyées aux plénipotentiaires pour les conférences de paix, et un bastiment est arrivé à Malaga avec des soldats de Gibraltar.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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41
p. 49-57
EXTRAIT de Lettre de Mr le Colonel de Funck, écrite de Constantinople le 14. Janvier 1712. à Mr. de Cronstrom Envoyé Extraordinaire de Suede.
Début :
Le Grand Vizir a bien voulu permettre aux Otages Moscovites, [...]
Mots clefs :
Moscovites, Tsar, Turcs, Guerre, Paix, Troupes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT de Lettre de Mr le Colonel de Funck, écrite de Constantinople le 14. Janvier 1712. à Mr. de Cronstrom Envoyé Extraordinaire de Suede.
EXTRA1 T
de Lettre de Mr le Coloml de Funck ,
écritede
Conflantinople le 14. Jimvieriyii. àMr. de Crort-
(om Envoyé Extraordinaire de Suede.
-LeGrand Vizir a
bien.
voulu permettre aux 0-
tages Moscovites, sur.
leurs instances conjoin cc
tement avec les Ambac.cc
fadeurs d'Angleterre &-
d'Hollande, de conferer(c;
avec luy pour tascher de«
trouver des expédients«
«capables de détourner la
t, guerre; mais cesconferencessont presentement
»rompues. Ali Bacha le
»
Premier Grand Vizir dé-
»
posé a
esté porte icy &
«expose devant le Serrait au peuple. Les nou-
«
vellesvenues cesjours icy
;»
de l'arrivée de nostre
Transport en Pomeranie
avec le Comte de Sten-
»
bofz
3
ont extrêmement
»
réjoui
,
tant nous que les
«
Turcs,,quicet Etéavoienc
;»agi un peu froidement,
Ȉcause quece Transport
ne venoic pas. Le premier
«
de ce mois le Grand Sei. *
gneur m'a fait dire que je«
fisse sçavoir au Royqu'ilcc
partira dans six fcmaines«
pour aller en campagne, «
afin de pouffer la guerre «
contre les Moscovites*
avec la dernière vigueur,«
que sa Majeste estoit lecc
maistre de partir quand il«
luyplairoit pour la PolO-te
gne
,
avec une escorte..
considerable & suffisante«
de Turcs qui se rendront«
pour cet effet à Bender)cc
& , que j'eusse à suivre le«
"Sultan en campagne, au
»moyen de quoy j'espere,
8,
Mr. d'avoir l'honneur de
=. vous fairefçavoircequis'y
»
passera. Le Serasquier de
»BelgradeAbdiBacha qui
»efl: fort porté pour les in-
»
terefts du Roy, a
esté fait
o.
Commandant en Chef
:»
des troupes de Romelie
J
»
& doit se rendre incessam-
»ment.
D'autres Lettres portent
qu'on a
publié à Constantinople laguerre contre les
Moscovites, que l'Empire
Otoman faitdes prépara-
tifs extraordinaires, que
les Tartares se préparent à
faire une irruption en Moscovie par trois costez. Le
quartier du General Ronne
,
qui a de beaucoup
augmenté ses troupes, est
à present à Pialacerkieu
, & les troupes Moscovites
qu'il commande sont avancéesjusqu'à Niemerow, &
à Braclaw enPodolie, pour
observer les mouvements
des Turcs, & du Palatin
de Kiovie, & la plus part
desMoscovites qui estoient
dans le Palatinat de Cra-
covie, sont entrées dans
celuy de Sandomir.
Le Czar est arrivé à Pesersbourg le 14. Janvier, &
le même jour il a
jugé àpropos de faire de molirles fortifications d'Azak
)
du Fort
de TangarocK & de quelques autres qui ont donnéombrage aux Turcs, esperant encore par là de les
appaiser, & de maintenir
la Paix de Falczin.
Le Vice-Amiral Cruitz,
est arrivéd'AzaK à Moscou, suivi de tous les Officiers de marine, il doit
cilr,-, à present ducosté de
Petersbourg;ila laissé l'Amiral à Praxin
,
à Azak
)
pour en faire démolir les
fortifications.
Les Moscovites ont tué
ou pris quarante mille personnes, &enlevéune grande quantité de Chevaux,
de Chameaux
,
& de Beftail ,aprèsavoir forcé quelques Troupes des Tartares
Calmuques.
On a
fait de grande réjoüissances à Moscou au
mois de Décembre dernier, sur lanouvellequ'on
a receuë que le Princede
Moscovieaépousé la Princesse de Volsenbutel
,
ces
réjoüissances ont commencé le 13.&la PripçeKeNatalie à Lexowits., fçeïir
du Czar.) a
traité mjgni.
siquement pendant deux
jours lesGrands Seigneurs
ôç les Principaux Officiers.
-
La Princesse Mere du
Czar a
donnéaussi un
grand festin où la Duchesse
de Ciîrjande, a paru pour
la première fois depuis la
mort du Duc son Epoux
,
ensuite ces Princesses sont
allées trouver le Czar à Petersbourg.
de Lettre de Mr le Coloml de Funck ,
écritede
Conflantinople le 14. Jimvieriyii. àMr. de Crort-
(om Envoyé Extraordinaire de Suede.
-LeGrand Vizir a
bien.
voulu permettre aux 0-
tages Moscovites, sur.
leurs instances conjoin cc
tement avec les Ambac.cc
fadeurs d'Angleterre &-
d'Hollande, de conferer(c;
avec luy pour tascher de«
trouver des expédients«
«capables de détourner la
t, guerre; mais cesconferencessont presentement
»rompues. Ali Bacha le
»
Premier Grand Vizir dé-
»
posé a
esté porte icy &
«expose devant le Serrait au peuple. Les nou-
«
vellesvenues cesjours icy
;»
de l'arrivée de nostre
Transport en Pomeranie
avec le Comte de Sten-
»
bofz
3
ont extrêmement
»
réjoui
,
tant nous que les
«
Turcs,,quicet Etéavoienc
;»agi un peu froidement,
Ȉcause quece Transport
ne venoic pas. Le premier
«
de ce mois le Grand Sei. *
gneur m'a fait dire que je«
fisse sçavoir au Royqu'ilcc
partira dans six fcmaines«
pour aller en campagne, «
afin de pouffer la guerre «
contre les Moscovites*
avec la dernière vigueur,«
que sa Majeste estoit lecc
maistre de partir quand il«
luyplairoit pour la PolO-te
gne
,
avec une escorte..
considerable & suffisante«
de Turcs qui se rendront«
pour cet effet à Bender)cc
& , que j'eusse à suivre le«
"Sultan en campagne, au
»moyen de quoy j'espere,
8,
Mr. d'avoir l'honneur de
=. vous fairefçavoircequis'y
»
passera. Le Serasquier de
»BelgradeAbdiBacha qui
»efl: fort porté pour les in-
»
terefts du Roy, a
esté fait
o.
Commandant en Chef
:»
des troupes de Romelie
J
»
& doit se rendre incessam-
»ment.
D'autres Lettres portent
qu'on a
publié à Constantinople laguerre contre les
Moscovites, que l'Empire
Otoman faitdes prépara-
tifs extraordinaires, que
les Tartares se préparent à
faire une irruption en Moscovie par trois costez. Le
quartier du General Ronne
,
qui a de beaucoup
augmenté ses troupes, est
à present à Pialacerkieu
, & les troupes Moscovites
qu'il commande sont avancéesjusqu'à Niemerow, &
à Braclaw enPodolie, pour
observer les mouvements
des Turcs, & du Palatin
de Kiovie, & la plus part
desMoscovites qui estoient
dans le Palatinat de Cra-
covie, sont entrées dans
celuy de Sandomir.
Le Czar est arrivé à Pesersbourg le 14. Janvier, &
le même jour il a
jugé àpropos de faire de molirles fortifications d'Azak
)
du Fort
de TangarocK & de quelques autres qui ont donnéombrage aux Turcs, esperant encore par là de les
appaiser, & de maintenir
la Paix de Falczin.
Le Vice-Amiral Cruitz,
est arrivéd'AzaK à Moscou, suivi de tous les Officiers de marine, il doit
cilr,-, à present ducosté de
Petersbourg;ila laissé l'Amiral à Praxin
,
à Azak
)
pour en faire démolir les
fortifications.
Les Moscovites ont tué
ou pris quarante mille personnes, &enlevéune grande quantité de Chevaux,
de Chameaux
,
& de Beftail ,aprèsavoir forcé quelques Troupes des Tartares
Calmuques.
On a
fait de grande réjoüissances à Moscou au
mois de Décembre dernier, sur lanouvellequ'on
a receuë que le Princede
Moscovieaépousé la Princesse de Volsenbutel
,
ces
réjoüissances ont commencé le 13.&la PripçeKeNatalie à Lexowits., fçeïir
du Czar.) a
traité mjgni.
siquement pendant deux
jours lesGrands Seigneurs
ôç les Principaux Officiers.
-
La Princesse Mere du
Czar a
donnéaussi un
grand festin où la Duchesse
de Ciîrjande, a paru pour
la première fois depuis la
mort du Duc son Epoux
,
ensuite ces Princesses sont
allées trouver le Czar à Petersbourg.
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Résumé : EXTRAIT de Lettre de Mr le Colonel de Funck, écrite de Constantinople le 14. Janvier 1712. à Mr. de Cronstrom Envoyé Extraordinaire de Suede.
La lettre du Colonel de Funck, datée du 14 janvier 1700 à Constantinople, est adressée à Mr de Cort, Envoyé Extraordinaire de Suède. Le Grand Vizir avait initialement autorisé des discussions entre les ambassadeurs moscovites, anglais et hollandais pour éviter la guerre, mais ces conférences sont interrompues. Ali Bacha, ancien Grand Vizir, a été exécuté et exposé au peuple. L'arrivée du Comte de Stenbof en Poméranie a été bien accueillie par les Suédois et les Turcs, malgré un initial froid dû au retard. Le Grand Seigneur prévoit de partir en campagne contre les Moscovites dans six semaines et pourrait également se rendre en Pologne avec une escorte turque. Abdi Bacha, Serasquier de Belgrade, a été nommé Commandant en Chef des troupes de Roumanie. La guerre contre les Moscovites a été déclarée à Constantinople, et l'Empire Ottoman prépare des troupes et des fortifications. Les Tartares se préparent à envahir la Moscovie par trois côtés. Les troupes moscovites, sous le commandement du Général Ronne, sont positionnées à Pialacerkieu, Niemerow et Braclaw. Le Czar, à Pésersbourg, a ordonné la démolition des fortifications d'Azak et de Tangarock pour apaiser les Turcs. Le Vice-Amiral Cruitz est arrivé à Azak et doit se rendre à Petersbourg. Les Moscovites ont vaincu des troupes tartares calmuques, tuant ou capturant quarante mille personnes et saisissant une grande quantité de chevaux, chameaux et bétail. À Moscou, des réjouissances ont célébré le mariage du Prince de Moscovie avec la Princesse de Volsenbutel. La Princesse Natalie et la Princesse Mère du Czar ont organisé des festivités et se sont rendues à Petersbourg pour voir le Czar.
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42
p. 271-274
Nouvelles d'Allemagne.
Début :
On a reçu des Nouvelles de Hollande dont la Cour [...]
Mots clefs :
Allemagne, Guerre, Lettres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles d'Allemagne.
Nouvelles d'Allemagne,
On a
reçudesNouvelles
de Hollande dont la Cour
ne paroist pas être satisfaite y
& on en attend d'Angleterre touchant lesCommissions
dont le Prince Eugene est
chargé;le Comte de Gallach qui enest revenu assure
qu'il luy fera tres difficile
d'engager les Anglois à
continuer la guerre.
Les Lettres de Pologne;.
de Transylvanie& des Frontières de Turquie, consir-
ment que la guerre a
esié
déclarée à Constantinople
contre les Moscovites. On
travaille à la levée des Recruës & à une augmentation de dix hommes par
Compagnie, & d'une Compagnie de Grenadiers par
Regiment.
Les Lettres de Constantinople portent que leGrand
Seigneur avoit dessein d'aller
en Campagne avec une Armée beaucoup plus nombreuse que celle de l'année
derniere. Il a
fait dire à Sa
Majesté Sucdoisequ'il pour-
roit rester à Bender autant
qu'il luy plairoit, & que
quand il en voudroit partir
elle n'auroit qu'à luy faire
sçavoir, qu'illuy envoyeroit
un grand Corps de Troupes
pour l'accompagner par la
Pologne jusques dans ses
Etats.
Les avis de Belgradeconfirment la resolution prisc
par le Grand Seigneur de
faire de nouveau la guerre
aux Moscovires.
Le Bacha de Belgrade a
ordre de se préparer pour
aller avec ses Troupes join.
drc l'Armée du Grand Seigneur.
Le Hospodar de Valaquie a
ordre de fournir au
Roy de Suede trois mille
hommes & cent cinquante
mille écus. Le desseinestde
faire la guerre detrois côtez
à la fois.
Les Tartares doivent faire une irruption en Moscovie tandis que l'Armée Ottomane entrera en Ukraine,
& le Roy de Suede en Pologne.
On a
reçudesNouvelles
de Hollande dont la Cour
ne paroist pas être satisfaite y
& on en attend d'Angleterre touchant lesCommissions
dont le Prince Eugene est
chargé;le Comte de Gallach qui enest revenu assure
qu'il luy fera tres difficile
d'engager les Anglois à
continuer la guerre.
Les Lettres de Pologne;.
de Transylvanie& des Frontières de Turquie, consir-
ment que la guerre a
esié
déclarée à Constantinople
contre les Moscovites. On
travaille à la levée des Recruës & à une augmentation de dix hommes par
Compagnie, & d'une Compagnie de Grenadiers par
Regiment.
Les Lettres de Constantinople portent que leGrand
Seigneur avoit dessein d'aller
en Campagne avec une Armée beaucoup plus nombreuse que celle de l'année
derniere. Il a
fait dire à Sa
Majesté Sucdoisequ'il pour-
roit rester à Bender autant
qu'il luy plairoit, & que
quand il en voudroit partir
elle n'auroit qu'à luy faire
sçavoir, qu'illuy envoyeroit
un grand Corps de Troupes
pour l'accompagner par la
Pologne jusques dans ses
Etats.
Les avis de Belgradeconfirment la resolution prisc
par le Grand Seigneur de
faire de nouveau la guerre
aux Moscovires.
Le Bacha de Belgrade a
ordre de se préparer pour
aller avec ses Troupes join.
drc l'Armée du Grand Seigneur.
Le Hospodar de Valaquie a
ordre de fournir au
Roy de Suede trois mille
hommes & cent cinquante
mille écus. Le desseinestde
faire la guerre detrois côtez
à la fois.
Les Tartares doivent faire une irruption en Moscovie tandis que l'Armée Ottomane entrera en Ukraine,
& le Roy de Suede en Pologne.
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Résumé : Nouvelles d'Allemagne.
Le texte relate diverses nouvelles politiques et militaires en Europe et dans les régions voisines. En Hollande, la cour attend des informations d'Angleterre concernant les commissions du Prince Eugène. Le Comte de Gallach estime que les Anglais auront du mal à poursuivre la guerre. En Pologne, en Transylvanie et aux frontières de la Turquie, la guerre a été déclarée contre les Moscovites. Des recrutements supplémentaires sont en cours, avec une augmentation de dix hommes par compagnie et une compagnie de grenadiers par régiment. À Constantinople, le Grand Seigneur prévoit une campagne avec une armée plus nombreuse que l'année précédente. Il a informé le roi de Suède qu'il peut rester à Bender et qu'il enverra des troupes pour l'escorter. Les avis de Belgrade confirment la résolution du Grand Seigneur de faire la guerre aux Moscovites. Le Bacha de Belgrade doit se préparer à rejoindre l'armée ottomane. Le Hospodar de Valachie doit fournir au roi de Suède trois mille hommes et cent cinquante mille écus. Le plan est de mener la guerre sur trois fronts simultanément : les Tartares attaqueront la Moscovie, l'armée ottomane entrera en Ukraine, et le roi de Suède en Pologne.
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43
p. 32[1]-322
Extrait d'une autre Lettre.
Début :
Le sort en est jetté, & tous les Bachas ont [...]
Mots clefs :
Lettre, Bachas, Kam, Tartares, Guerre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Extrait d'une autre Lettre.
combats particuliers. ",.It.
Extraitd'une autre,
Lettre.
)
Lesort enestjetté, & tous
les Bachas ont en ordre de se
preparer àmarcher avec leurs'
Troupes pourse rendre auplus
tard à lafindu mois de Mars
prochain vers les embouchures
du Danube, en consequence de
la guerre declarée contre les'
Moscovites; Cm le 16. Decembre leKamdesTartares
partit de Constantinople pour aller
[ trouver le Roy deSutJe: Le'
Grand Seigneur a faitau Kam
plusieurs presens considerables
,
uon luy afait de grand honneurs à son arrivée& à fort départ.
On a
ordonné de travailler
endiligence à l'Armement de
la Flotte revenuë de la Mer
noire. Abdi Bacha Seraskier de
Belgrades'estrendu auprés du
Royde Suede
,*-vec les Troupes de Romelie, dont on le a
donnéle Commandement
Extraitd'une autre,
Lettre.
)
Lesort enestjetté, & tous
les Bachas ont en ordre de se
preparer àmarcher avec leurs'
Troupes pourse rendre auplus
tard à lafindu mois de Mars
prochain vers les embouchures
du Danube, en consequence de
la guerre declarée contre les'
Moscovites; Cm le 16. Decembre leKamdesTartares
partit de Constantinople pour aller
[ trouver le Roy deSutJe: Le'
Grand Seigneur a faitau Kam
plusieurs presens considerables
,
uon luy afait de grand honneurs à son arrivée& à fort départ.
On a
ordonné de travailler
endiligence à l'Armement de
la Flotte revenuë de la Mer
noire. Abdi Bacha Seraskier de
Belgrades'estrendu auprés du
Royde Suede
,*-vec les Troupes de Romelie, dont on le a
donnéle Commandement
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Résumé : Extrait d'une autre Lettre.
L'Empire ottoman se prépare à la guerre contre les Russes. Les gouverneurs doivent se rendre au Danube d'ici fin mars. Le 16 décembre, l'ambassadeur tartare est parti pour la Suède avec des présents et des honneurs. La flotte de la mer Noire est en cours d'armement. Abdi Bacha, commandant de Belgrade, rejoint le roi de Suède avec les troupes de Romélie.
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44
p. 284-306
Harangue de la Reine d'Angleterre, prononcée le 17. Juin 1712.
Début :
Milords & Messieurs C'est une prérogative indubitable de la Couronne [...]
Mots clefs :
Reine d'Angleterre, Harangue, Guerre, Paix, Négociations de paix internationales, Espagne, Allemagne, Sicile, Hannovre, France
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Harangue de la Reine d'Angleterre, prononcée le 17. Juin 1712.
Haranguede la Reine d'Angleterre , prononcée le 17.
Juin 1712.
Milords & Meffieurs
2
C'eft une prérogative indu
bitable de la Couronne , de
faire la Guerre & la Paix
cependant, je mer une
grande confiance en vous
que je voulus bien declarer
au commencement de cette
Seffion , qu'on eft entré en
Negociation pour une Paix
Generale , &depuis , je vous
GALANT. 281
ay fait connoître de ma part
quejevous communiquerois
les Termes de la Paix , avant
qu'elle fut conclue.
Selon cette promfſe , je
viens prefentement vous
faire fçavoir , fur quel pied
la Paix Generale peut cftre
faite.
Il n'eft pas neceffaire de
parler des difficultez qui fe
trouvent dans la nature de
la chofe même. Il n'eſt que
trop évident que ces difficultez ont efté augmentées
par des obftacles artificieufe
ment formez pour empe-
186 MERCURE
cher cette bonne & grande
œuvre, cependant rien n'a
pû m'empecher de pourfuivre, conftament en premier
licu les veritables interefts de
mes Royaumes ; & enfuirté
je n'ay rienobmis de ce qui
pouvoit procurerà tous nos
Alliez ce qui leur eft conve
nable , ou pour les Traitez,
& ce qui eft neceffaire pour
leur furetét
Comme je n'ay rien plus
à cœur que d'affurer la fuc
ceffion proteftantes à ces
Royaumes, comme elle eft
établie par les loir , dans la
GALANT 287
·
maifon d Hannover : Ona
pris un foin particulier
non feulement de faire reconnoiftre de la maniere la
plus forte , mais auffi de l'affurer en éloignant des Etats
du Roy de France , la per
fonne qui a pretendu troubler cet établiffement.
La principale rafon pour
commencer cette Gurre a
efté que la crainte que l'Ef
pagne &les Indes Occiden
rales , ne fuffent jointes à la
France ; le principe que j'ay
pofé au commencement de
ee Traité a cfté de prévenir
288 MERCURE " the
feurement une telle union.
Les exemples du paffé
& les negotiations en dernier lieu , montrent affez
combien il eft difficile de
trouver les moyens d'effectuer cet ouvrage , je n'ay
pas voulu me contenter de
ceux qui font fimplement
fpeculatifs , & qui dependent des traitez feulement ,
jay infifté fur ce qui eft
folide , & d'avoir en main le
pouvoir d'executer ce qui
aura été conclu.
Je puis donc vous dire
prefentement qu'enfin la
France
GALANT: 289
France , a été portée d'offrir
que le Duc d'Anjou renoncera pour luy & pour fes
defcendans à toujours à la
Couronne de France , &
afin que cet article important ne foit point exposé à
aucun hazard, l'execution
doit accompagner la promeffe.
En mefme tems la fucceffion à la Couronne de
France doit eftre declarée
apartenir apres la mort du
prefent Dauphin & de fes
fils , au Duc de Berry & fes
fils , au Duc d'Orleans fos
Juin 1912.
Bb
1,0 MERCURE
fils, & ainfi fucceffivement
à tout le refte de la Maiſon
de Bourbon.
Et pour ce qui regarde
Efpagne & les Indes , la
fucceffion aprés le Duc
d'Anjou & fes enfans doir
defcendre à tel Prince dont
on conviendra dans le traité
à l'exclufion pour toujours
du refte de la Maifon de
Bourbon.
Pour confirmer les renonciations & les établiffements
cy- deffus , on offre de les
faire ratifier de la maniere la
plus forte & la plus folem-
GALANT. 291
nelle en France & en Efpagne , & que ces Royaumes.
ainfi que toutes les autres
Puiffances engagées dans
cette guerre en feront garents.
La nature de cette propofition cft telle qu'elle
s'execute d'elle meſme , il
eft de l'intereft de l'Espagne
de la foutenir, & en France
les perfonnes que la fucceffion regarde feront toujours
prefts &affez puiffans pour
maintenir leur droit Ja
France & l'Espagne font
actuellement plus divifcz
B bij
292 MERCURE
la que jamais , & ainfi par
Benediction de Dieu , la veritable balance du pouvoir
fera fixée en Europe & expofée à auffi peu d'accidens
les affaires humaines le que
peuvent eftre.
On a entamé un traité
de commerce entre ces Royaumes & la France , mais
les droits exceffifs mis fur
certaines marchandiſes , &
la deffenfe d'entrée de
quelqu'autre , empêchent
que cet ouvrage ne finiffe
auffitôt qu'il feroit à fouhaiter. Ona pris foin cepen-
GALANT. 197
dant d'établir une methode
pour regler cette affaire , &
on eft convenu que les
mefmes privileges & avantages qui feront accordez à
aucunenation par la France
nous feront accordez de
la mefme maniere.
La divifion de l'Ile Saint
1
Chriftophe entre nous &
les François ayant porté
beaucoup d'incommodité
& dommage à mes fujets ,
j'ay demandé qu'on me ce◄
dât entierement toute cette
Ifle , & la France accorde
cette demande. Nous avons
Bb iij
194 MERGURE
un filgrand intereft dans le
commerce du Nord de l'Amerique , que j'ay tâché
avec tout le foin poffible
d'ajufter cet article de la
maniere la plus avantageufe.
La France conſent de nous
rendre la Baye entiere & le
Détroit d'Hulfon , de nous
livrer l'Ifle.ou Terre- neuve,
Plaifance, & de ceder entic
ment, Anapolis avecle refte
de la nouvelle Ecoffe ou
Acadie.
Noftra.commerce fur nos
coftes fera beaucoup plus
affuré par la démolition de
Dunkerque.....
GALANT. 295
Rien ne peut plus affurer
nôtre commerce dans la
MerMediterranée & les in
fluences des Anglois dans
ces quartiers que la poffeffion de Gibraltar & du'
Port- Mahon avec toute
Ifle de Minorque , qu'on
offre de laiffer entre mest
mains ; on peut regler le
commerce general en Ef
pagne& aux Indes occiden
tales fur le pied qu'il étoit
dansle tems du dernier Roy
d'Efpagne Charles II. & on
a ftipulé particulierement
que tous les avantages,
Bbiiij
296 MERCURE
droits ou privileges qui ont
été ou feront d'orefnavant
accordé par l'Espagne à aucune autre Nation ne feront
de la mefme maniere au fujet de la Grande Bretagne.
Mais comme la part que
nous avons à foutenir cetta
guerre nous donne droit de
pretendre à quelque diftinction dans les conditions de
la Paix , j'ay infifté & obtenu que l'Affiento ou
Contrat pour fournir des
Negres aux Indes Occidentales fera fait par nous
pour l'efpace de trente
"
CALANT. 297
ans de la mefme maniere
que les Francois en ont jouy
pendant ces dix dernieres
années.
Je n'ay pas entrepris de
déterminer les interefts de
nos Alliez; ils doivent eftre
ajuftez au Congrés d'U
trecht oùj'employeray tous
mes foins comme, je l'ay
conftament fait jufqu'icy,
pour procurer à chacun
d'eux une jufte & raiſonnable fatisfaction.
Cependant je trouve à
propos de vous declarer que
la France offre de faire la
298 MERCURE
Rhin la Barriere de l'Empire
de ceder Brifac, le fort de
Kell & Landau, & de rafer
toutes les Fortereffes qui
fontdel'autre côté du Rhin
& celles qui font dans cerre
même Riviere:
Pour ce qui regarde les
interefts des Proteftans
d'Allemagne , il n'y aura
point d'objection de la part
de la France pour empêcher
qu'ils ne foient rétablis fur
le pied du Traité de Weftphalie.
Les Pais bas Espagnols
peuvent aller à S. M. Impe
GALANT 299
-
riale , les Royaumes de Naples , de Sardaigne , le Du
ché de Milan ; & les places
appartenant à l'Eſpagne fur
les côtes de Tofcane feront
cedées auffi à l'Empereur
par le traité de Paix..
Premierement le Ro
yaume de Sicile quoy qu'il
ne reste plus de difficulté
touchant la fucceffion de la
part du Duc d'Anjou , ce
pendant on ne s'eft pas en
core determiné touchant la
difpofition.
On confent aux intereſts
dès Erats Generaux par rap-
300 MERCURE
port au Commerce comme
ils l'ont demandé par leur
Miniftere,à l'exception feulement de quelques efpeces
de marchandifes & à leur
Barriere entiere comme elle
a été demandée par les Etats
en 1709. excepté tout au
plus deux ou trois places , &
pour ces exceptionson a propofé plufieurs expedients ;
& je ne doute point que
cette Barriere peut etre tellement établie que la Repu
blique fera entierement af
furée contre les entréprifes
de la France; ce qui eft le
GALANT. 301
fondement de tous mes engagemens avec les Etats fur
cet article.
Les demandes du Portugal dépendant de la difpofition d'Espagne , & cer
Article ayant été long- tems
en difpute , il n'a pas été
poffible jufqu'icy de faire
de grand progrez dans cette
negotiation : mais mes Plenipotentiaires auront préfentement occafion d'affifter ce Roy , dans fes pretentions.
Cellesdu Roy de Pruffefont
telles qu'elle n'admettront,
302 MERCURE
j'efpere , que peu de difficul
té de la part de la France , &
je n'obmettray rien pour
procurer tous les avantages
que je pourray à un fibon
Allié.
La difference eft tres-peu
confiderable entre la Barriere , demandée en 1709.
pour le Duc de Savoye , &
les offres que la Fance fait
prefentement. Mais ce Prince s'étant fignalé gloriculement pour le bien de la cau
fe commune, je travaille encore à luy procurer de plus
grands avantages.
GALANT. 303
La France a confenti que
l'Electeur de Palatin , confervera le rang dont il jouit
*
actuellement parmy les Electeurs , & demeurera en poffeffion du haut Palatinar.
La dignité Electorale eft
femblablement reconnue
dans la maifond'Hannover,
felon l'Article inferé à la
priere de ce Prince , dans
mes demandes.
•
Et pour le refte des Allicz ,je ne fais aucune doute
d'affurer leur differents in-
-terests.
304 MERCURE
w
Milords , & Meffieurs. D
+
Je vous ay maintenant
communiqué non - feulement les conditions de Paix,
qui peuvent eftre obtenuës
par le Traité futur , pour
mes fujets. Mais auffi lespropofitions de la France , pour
fatisfaire les Alliez : les premieres font telles que j'ay
raifon d'attendre , de pous
voit donner quelque fatisfaction à mon Peuple , pour
le grand & trop peſant fardeau qu'ils ont fupportez
GALANT 305.
pendant le cours de cette
Guerre , & je veux efperer
qu'aucun de nos Confederez
&principalement ceux dont
les Etats & le pouvoir aug
mente fi fort par la Paix ,
n'envieront pas à l'Angleterre , fa part dans la gloire
& l'avantage qu'elle ap- "
porte.
Les dernieres ne font pas
encore fi parfaitement ajuf
tées , comme un peu plus
detemps auroit pû le faire,
mais étant neceffaire à cauſe
de la faiſon , que cette Seffion finiffe ; je n'ay pas
Juin 1712 Cc
306 MERGURE
voulu differer plus longtemps à vous communiquer
tout cecy.
Je ne doute point que
vous ne foyez pleinement
perfuadez , que je ne negli
geray rien dans le progrez
de cette negotiation pour
amener la Paix , à une fin
prompte & heureufe , &je
m'attend que vous vous
confierez entierement en
moy , & concourrerez agreablement avec moy,
Juin 1712.
Milords & Meffieurs
2
C'eft une prérogative indu
bitable de la Couronne , de
faire la Guerre & la Paix
cependant, je mer une
grande confiance en vous
que je voulus bien declarer
au commencement de cette
Seffion , qu'on eft entré en
Negociation pour une Paix
Generale , &depuis , je vous
GALANT. 281
ay fait connoître de ma part
quejevous communiquerois
les Termes de la Paix , avant
qu'elle fut conclue.
Selon cette promfſe , je
viens prefentement vous
faire fçavoir , fur quel pied
la Paix Generale peut cftre
faite.
Il n'eft pas neceffaire de
parler des difficultez qui fe
trouvent dans la nature de
la chofe même. Il n'eſt que
trop évident que ces difficultez ont efté augmentées
par des obftacles artificieufe
ment formez pour empe-
186 MERCURE
cher cette bonne & grande
œuvre, cependant rien n'a
pû m'empecher de pourfuivre, conftament en premier
licu les veritables interefts de
mes Royaumes ; & enfuirté
je n'ay rienobmis de ce qui
pouvoit procurerà tous nos
Alliez ce qui leur eft conve
nable , ou pour les Traitez,
& ce qui eft neceffaire pour
leur furetét
Comme je n'ay rien plus
à cœur que d'affurer la fuc
ceffion proteftantes à ces
Royaumes, comme elle eft
établie par les loir , dans la
GALANT 287
·
maifon d Hannover : Ona
pris un foin particulier
non feulement de faire reconnoiftre de la maniere la
plus forte , mais auffi de l'affurer en éloignant des Etats
du Roy de France , la per
fonne qui a pretendu troubler cet établiffement.
La principale rafon pour
commencer cette Gurre a
efté que la crainte que l'Ef
pagne &les Indes Occiden
rales , ne fuffent jointes à la
France ; le principe que j'ay
pofé au commencement de
ee Traité a cfté de prévenir
288 MERCURE " the
feurement une telle union.
Les exemples du paffé
& les negotiations en dernier lieu , montrent affez
combien il eft difficile de
trouver les moyens d'effectuer cet ouvrage , je n'ay
pas voulu me contenter de
ceux qui font fimplement
fpeculatifs , & qui dependent des traitez feulement ,
jay infifté fur ce qui eft
folide , & d'avoir en main le
pouvoir d'executer ce qui
aura été conclu.
Je puis donc vous dire
prefentement qu'enfin la
France
GALANT: 289
France , a été portée d'offrir
que le Duc d'Anjou renoncera pour luy & pour fes
defcendans à toujours à la
Couronne de France , &
afin que cet article important ne foit point exposé à
aucun hazard, l'execution
doit accompagner la promeffe.
En mefme tems la fucceffion à la Couronne de
France doit eftre declarée
apartenir apres la mort du
prefent Dauphin & de fes
fils , au Duc de Berry & fes
fils , au Duc d'Orleans fos
Juin 1912.
Bb
1,0 MERCURE
fils, & ainfi fucceffivement
à tout le refte de la Maiſon
de Bourbon.
Et pour ce qui regarde
Efpagne & les Indes , la
fucceffion aprés le Duc
d'Anjou & fes enfans doir
defcendre à tel Prince dont
on conviendra dans le traité
à l'exclufion pour toujours
du refte de la Maifon de
Bourbon.
Pour confirmer les renonciations & les établiffements
cy- deffus , on offre de les
faire ratifier de la maniere la
plus forte & la plus folem-
GALANT. 291
nelle en France & en Efpagne , & que ces Royaumes.
ainfi que toutes les autres
Puiffances engagées dans
cette guerre en feront garents.
La nature de cette propofition cft telle qu'elle
s'execute d'elle meſme , il
eft de l'intereft de l'Espagne
de la foutenir, & en France
les perfonnes que la fucceffion regarde feront toujours
prefts &affez puiffans pour
maintenir leur droit Ja
France & l'Espagne font
actuellement plus divifcz
B bij
292 MERCURE
la que jamais , & ainfi par
Benediction de Dieu , la veritable balance du pouvoir
fera fixée en Europe & expofée à auffi peu d'accidens
les affaires humaines le que
peuvent eftre.
On a entamé un traité
de commerce entre ces Royaumes & la France , mais
les droits exceffifs mis fur
certaines marchandiſes , &
la deffenfe d'entrée de
quelqu'autre , empêchent
que cet ouvrage ne finiffe
auffitôt qu'il feroit à fouhaiter. Ona pris foin cepen-
GALANT. 197
dant d'établir une methode
pour regler cette affaire , &
on eft convenu que les
mefmes privileges & avantages qui feront accordez à
aucunenation par la France
nous feront accordez de
la mefme maniere.
La divifion de l'Ile Saint
1
Chriftophe entre nous &
les François ayant porté
beaucoup d'incommodité
& dommage à mes fujets ,
j'ay demandé qu'on me ce◄
dât entierement toute cette
Ifle , & la France accorde
cette demande. Nous avons
Bb iij
194 MERGURE
un filgrand intereft dans le
commerce du Nord de l'Amerique , que j'ay tâché
avec tout le foin poffible
d'ajufter cet article de la
maniere la plus avantageufe.
La France conſent de nous
rendre la Baye entiere & le
Détroit d'Hulfon , de nous
livrer l'Ifle.ou Terre- neuve,
Plaifance, & de ceder entic
ment, Anapolis avecle refte
de la nouvelle Ecoffe ou
Acadie.
Noftra.commerce fur nos
coftes fera beaucoup plus
affuré par la démolition de
Dunkerque.....
GALANT. 295
Rien ne peut plus affurer
nôtre commerce dans la
MerMediterranée & les in
fluences des Anglois dans
ces quartiers que la poffeffion de Gibraltar & du'
Port- Mahon avec toute
Ifle de Minorque , qu'on
offre de laiffer entre mest
mains ; on peut regler le
commerce general en Ef
pagne& aux Indes occiden
tales fur le pied qu'il étoit
dansle tems du dernier Roy
d'Efpagne Charles II. & on
a ftipulé particulierement
que tous les avantages,
Bbiiij
296 MERCURE
droits ou privileges qui ont
été ou feront d'orefnavant
accordé par l'Espagne à aucune autre Nation ne feront
de la mefme maniere au fujet de la Grande Bretagne.
Mais comme la part que
nous avons à foutenir cetta
guerre nous donne droit de
pretendre à quelque diftinction dans les conditions de
la Paix , j'ay infifté & obtenu que l'Affiento ou
Contrat pour fournir des
Negres aux Indes Occidentales fera fait par nous
pour l'efpace de trente
"
CALANT. 297
ans de la mefme maniere
que les Francois en ont jouy
pendant ces dix dernieres
années.
Je n'ay pas entrepris de
déterminer les interefts de
nos Alliez; ils doivent eftre
ajuftez au Congrés d'U
trecht oùj'employeray tous
mes foins comme, je l'ay
conftament fait jufqu'icy,
pour procurer à chacun
d'eux une jufte & raiſonnable fatisfaction.
Cependant je trouve à
propos de vous declarer que
la France offre de faire la
298 MERCURE
Rhin la Barriere de l'Empire
de ceder Brifac, le fort de
Kell & Landau, & de rafer
toutes les Fortereffes qui
fontdel'autre côté du Rhin
& celles qui font dans cerre
même Riviere:
Pour ce qui regarde les
interefts des Proteftans
d'Allemagne , il n'y aura
point d'objection de la part
de la France pour empêcher
qu'ils ne foient rétablis fur
le pied du Traité de Weftphalie.
Les Pais bas Espagnols
peuvent aller à S. M. Impe
GALANT 299
-
riale , les Royaumes de Naples , de Sardaigne , le Du
ché de Milan ; & les places
appartenant à l'Eſpagne fur
les côtes de Tofcane feront
cedées auffi à l'Empereur
par le traité de Paix..
Premierement le Ro
yaume de Sicile quoy qu'il
ne reste plus de difficulté
touchant la fucceffion de la
part du Duc d'Anjou , ce
pendant on ne s'eft pas en
core determiné touchant la
difpofition.
On confent aux intereſts
dès Erats Generaux par rap-
300 MERCURE
port au Commerce comme
ils l'ont demandé par leur
Miniftere,à l'exception feulement de quelques efpeces
de marchandifes & à leur
Barriere entiere comme elle
a été demandée par les Etats
en 1709. excepté tout au
plus deux ou trois places , &
pour ces exceptionson a propofé plufieurs expedients ;
& je ne doute point que
cette Barriere peut etre tellement établie que la Repu
blique fera entierement af
furée contre les entréprifes
de la France; ce qui eft le
GALANT. 301
fondement de tous mes engagemens avec les Etats fur
cet article.
Les demandes du Portugal dépendant de la difpofition d'Espagne , & cer
Article ayant été long- tems
en difpute , il n'a pas été
poffible jufqu'icy de faire
de grand progrez dans cette
negotiation : mais mes Plenipotentiaires auront préfentement occafion d'affifter ce Roy , dans fes pretentions.
Cellesdu Roy de Pruffefont
telles qu'elle n'admettront,
302 MERCURE
j'efpere , que peu de difficul
té de la part de la France , &
je n'obmettray rien pour
procurer tous les avantages
que je pourray à un fibon
Allié.
La difference eft tres-peu
confiderable entre la Barriere , demandée en 1709.
pour le Duc de Savoye , &
les offres que la Fance fait
prefentement. Mais ce Prince s'étant fignalé gloriculement pour le bien de la cau
fe commune, je travaille encore à luy procurer de plus
grands avantages.
GALANT. 303
La France a confenti que
l'Electeur de Palatin , confervera le rang dont il jouit
*
actuellement parmy les Electeurs , & demeurera en poffeffion du haut Palatinar.
La dignité Electorale eft
femblablement reconnue
dans la maifond'Hannover,
felon l'Article inferé à la
priere de ce Prince , dans
mes demandes.
•
Et pour le refte des Allicz ,je ne fais aucune doute
d'affurer leur differents in-
-terests.
304 MERCURE
w
Milords , & Meffieurs. D
+
Je vous ay maintenant
communiqué non - feulement les conditions de Paix,
qui peuvent eftre obtenuës
par le Traité futur , pour
mes fujets. Mais auffi lespropofitions de la France , pour
fatisfaire les Alliez : les premieres font telles que j'ay
raifon d'attendre , de pous
voit donner quelque fatisfaction à mon Peuple , pour
le grand & trop peſant fardeau qu'ils ont fupportez
GALANT 305.
pendant le cours de cette
Guerre , & je veux efperer
qu'aucun de nos Confederez
&principalement ceux dont
les Etats & le pouvoir aug
mente fi fort par la Paix ,
n'envieront pas à l'Angleterre , fa part dans la gloire
& l'avantage qu'elle ap- "
porte.
Les dernieres ne font pas
encore fi parfaitement ajuf
tées , comme un peu plus
detemps auroit pû le faire,
mais étant neceffaire à cauſe
de la faiſon , que cette Seffion finiffe ; je n'ay pas
Juin 1712 Cc
306 MERGURE
voulu differer plus longtemps à vous communiquer
tout cecy.
Je ne doute point que
vous ne foyez pleinement
perfuadez , que je ne negli
geray rien dans le progrez
de cette negotiation pour
amener la Paix , à une fin
prompte & heureufe , &je
m'attend que vous vous
confierez entierement en
moy , & concourrerez agreablement avec moy,
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Résumé : Harangue de la Reine d'Angleterre, prononcée le 17. Juin 1712.
Le 17 juin 1712, la Reine d'Angleterre adresse une harangue à ses sujets pour les informer des négociations en cours visant à établir une paix générale. Elle explique que la guerre a été déclenchée par la crainte d'une union entre l'Espagne, les Indes Occidentales et la France. La reine souligne qu'elle a toujours cherché à protéger les intérêts de ses royaumes ainsi que ceux de ses alliés. Les principales conditions de paix incluent la renonciation du Duc d'Anjou et de ses descendants à la couronne de France. La succession de la couronne française doit revenir aux Ducs de Berry, d'Orléans et aux autres membres de la Maison de Bourbon. Pour l'Espagne et les Indes, la succession après le Duc d'Anjou et ses enfants doit revenir à un prince désigné dans le traité, excluant le reste de la Maison de Bourbon. La France accepte de céder plusieurs territoires, notamment Dunkerque, l'île Saint-Christophe, la baie d'Hudson, Terre-Neuve, Plaisance, Annapolis et l'Acadie. La reine insiste également sur la possession de Gibraltar et du Port-Mahon pour sécuriser le commerce en Méditerranée. Des accords commerciaux et des concessions territoriales sont prévus pour divers alliés, tels que les Pays-Bas espagnols, le Portugal, la Prusse et le Duc de Savoie. La reine exprime son espoir de voir la paix conclue rapidement et de manière avantageuse pour tous les confédérés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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45
p. 253-259
Adresse de la ville d'Oxfort à la Reine.
Début :
Madame, Nous le Maire, les Baillifs & la Communauté de [...]
Mots clefs :
Oxford, Reine, Adresse, Parlement, Paix, Angleterre, Guerre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Adresse de la ville d'Oxfort à la Reine.
Adreße de la ville d'Oxfort
à la Reine.
Madame ,
Nous le Maire , les Baillifs & la Communauté de
la ville d'Oxford , de Vôtre
Majefté , au Comté d'Oxford , avons lû avec beaucoup de fatisfaction la trésfavorableharangue deV.M.
aux deux Chambres du Parlement. Nous reconnoiffons trés humblement le
droit inconteſtable que V.
254 MERCURE
M. a de faire la paix & la
guerre; &nous nesçaurions
tropadmirer la grande condefcendance , les tendres
égards & le foin que V.M.
prend de vôtre peuple , en
communiquantàvôtre Parlement les conditions fur
lefquelles on peut fi heu_
reulement conclure la paix
generale.
Nous fçavons trés- bien
•quels obftacles ont été artificieufement inventez pour
ôter à V. M. l'honneur de
ce grand & glorieux ouvrage.
GALANT. 255
Nous fouhaitons qu'on
n'ait encouragé perfonne
hors du pays à traverſer ces
heureufes negociations ,
quand il paroît que des efprits factieux fe font efforcez d'exciter des jaloufies
dans le Royaume , & de
femer , s'il eſt poſſible , la
mefintelligence entre V.M.
& vos alliez. Mais Dieufoit
beni , que tous ces efforts
ayent été vains, & resteront
un monument durable de
reproche à ceux qui fouhaiteroient de voir la Grande
Bretagne abîmée fous le
256 MERCURE
trés- inégal poids de la
guerre.
Nous fommes perfuadez
que la fucceffion dans l'illuftre Maiſon d'Hanover
vous a été toûjours trés-particulierement à cœur &
que c'a été le principal ſoin
de V. M. de faire obtenir à
vosalliez des conditions de
paix fûres & honorables.
,
Nous venons maintenant
reïterer à V. M. les affurances de nôtre entiere confiance en la ſageſſe de V.
M. & dans le foin que vous
avez de vôtre peuple : &
com-
GALANT. 257
comme la portion dont la
Grande Bretagne a été
chargée dans la guerre a été
trés-inégale , auffi nous ne
doutons pas qu'on ne faſſe
une telle diftinction en fa
faveur dans les conditions
de paix , qu'elles ne feront
pas feulement un reproche
aux precedentes negociations , mais qu'elles y refteront auffi un témoignage
à la pofterité du choix
dent que V. M. a fait d'un
Miniſtere qui a eu le courage & la refolution de confulter premierement l'honJuillet 1712.
Y
pru-
258 MERCURE
neur de V. M. la fûreté de
la fucceffion , le commerce
& l'interêt de vos fujets &
celui de vos alliez . Nousef
perons que les confederez
n'envieront jamais à la
Grande Bretagne ſa part de
la gloire & des avantages
d'une paix honorable , puis
qu'elle a tant contribué à
les foûtenir.
afin
Puiffe le grand Dieu be
nir V. M. & vos Confeils ,
que cette paix foit ame
née àune heureufe & prompre conclufion , & puiffe
V. M. vivre long - temps.
GALANT. 259
afin de jouir des fes avantages , & de regner fur les
cœurs de tous vos fujets.
à la Reine.
Madame ,
Nous le Maire , les Baillifs & la Communauté de
la ville d'Oxford , de Vôtre
Majefté , au Comté d'Oxford , avons lû avec beaucoup de fatisfaction la trésfavorableharangue deV.M.
aux deux Chambres du Parlement. Nous reconnoiffons trés humblement le
droit inconteſtable que V.
254 MERCURE
M. a de faire la paix & la
guerre; &nous nesçaurions
tropadmirer la grande condefcendance , les tendres
égards & le foin que V.M.
prend de vôtre peuple , en
communiquantàvôtre Parlement les conditions fur
lefquelles on peut fi heu_
reulement conclure la paix
generale.
Nous fçavons trés- bien
•quels obftacles ont été artificieufement inventez pour
ôter à V. M. l'honneur de
ce grand & glorieux ouvrage.
GALANT. 255
Nous fouhaitons qu'on
n'ait encouragé perfonne
hors du pays à traverſer ces
heureufes negociations ,
quand il paroît que des efprits factieux fe font efforcez d'exciter des jaloufies
dans le Royaume , & de
femer , s'il eſt poſſible , la
mefintelligence entre V.M.
& vos alliez. Mais Dieufoit
beni , que tous ces efforts
ayent été vains, & resteront
un monument durable de
reproche à ceux qui fouhaiteroient de voir la Grande
Bretagne abîmée fous le
256 MERCURE
trés- inégal poids de la
guerre.
Nous fommes perfuadez
que la fucceffion dans l'illuftre Maiſon d'Hanover
vous a été toûjours trés-particulierement à cœur &
que c'a été le principal ſoin
de V. M. de faire obtenir à
vosalliez des conditions de
paix fûres & honorables.
,
Nous venons maintenant
reïterer à V. M. les affurances de nôtre entiere confiance en la ſageſſe de V.
M. & dans le foin que vous
avez de vôtre peuple : &
com-
GALANT. 257
comme la portion dont la
Grande Bretagne a été
chargée dans la guerre a été
trés-inégale , auffi nous ne
doutons pas qu'on ne faſſe
une telle diftinction en fa
faveur dans les conditions
de paix , qu'elles ne feront
pas feulement un reproche
aux precedentes negociations , mais qu'elles y refteront auffi un témoignage
à la pofterité du choix
dent que V. M. a fait d'un
Miniſtere qui a eu le courage & la refolution de confulter premierement l'honJuillet 1712.
Y
pru-
258 MERCURE
neur de V. M. la fûreté de
la fucceffion , le commerce
& l'interêt de vos fujets &
celui de vos alliez . Nousef
perons que les confederez
n'envieront jamais à la
Grande Bretagne ſa part de
la gloire & des avantages
d'une paix honorable , puis
qu'elle a tant contribué à
les foûtenir.
afin
Puiffe le grand Dieu be
nir V. M. & vos Confeils ,
que cette paix foit ame
née àune heureufe & prompre conclufion , & puiffe
V. M. vivre long - temps.
GALANT. 259
afin de jouir des fes avantages , & de regner fur les
cœurs de tous vos fujets.
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Résumé : Adresse de la ville d'Oxfort à la Reine.
La ville d'Oxford adresse une lettre à la Reine pour exprimer sa satisfaction après la lecture de la harangue royale aux Chambres du Parlement. Les habitants reconnaissent le droit de la Reine de faire la paix et la guerre, et admirent sa confiance, ses égards et son souci pour le peuple. Ils soulignent les obstacles artificiels créés pour empêcher la paix et espèrent que les négociations ne seront pas perturbées par des esprits factieux. Oxford exprime sa confiance dans la sagesse de la Reine et son désir de voir la Grande-Bretagne obtenir des conditions de paix justes et honorables, en reconnaissance de ses efforts durant la guerre. Ils espèrent que la paix sera bénéfique et durable, et que la Reine et ses conseillers seront bénis pour leurs efforts.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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46
p. 25-70
LETTRE A M. le Marquis de *** Sur un Livre intitulé, Les Soûpirs de l'Europe.
Début :
Vous croyez, Monsieur, que tous les soûpirs sont reservez pour [...]
Mots clefs :
Soupirs, Europe, France, Couronne, Empereur, Guerre, Paix, Monarchie, Puissances, Autriche, Hollande, Espagne, États du Royaume, Renonciations, Alliance, Projet, Intérêts, Testament, Tranquilité, Malheurs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE A M. le Marquis de *** Sur un Livre intitulé, Les Soûpirs de l'Europe.
LETTREA M.
-
le Marquis de***
Sur un Livre intitulé, Les
Soûpirs de l'Europe.
VOus croyez,Monsieur,
que tous les soûpirs sont
reservez pour l'amour, &
qu'il n'y a que le beau sexe
qui ait droit d'en exiger.
Je vous envoye un livre
nouveau qui vous apprendra que l'Europe loûfirc
aprésd'autres objets. Cest
a vous, Monsieur, à juger
si l'auteur est bien fondé à
faire joüer le personnage
d'Heraclite à la plus belle
partie du monde: mais prenez garde de rire dans le
temps que les autres sont
affligez; ce seroit un manque de charité de ne se pas
conformer au precepte de
saint Paul, qui veut qu'on
pleure avec ceux qui pleurent.
L'objet qui excite les [où.
pirs de l'Europe, est la Harangue de la Reine d'Angleterre à son Parlement
sur le projet d'une paix génerale. Vous ferez surpris,
Monsieur, qu'on fasse soûpirer l'Europe à rafpeél:
d'un projet de paix, dans
le temps que tous les peuples concourent par leurs
vœux à obtenir du Ciel ce
qui fait le bonheur de la
terre.
La Reine de la Grande
Bretagne, plus sensible aux
vrais malheurs de l'Europe
qu'à ses pretendus soûpirs,
ayant enfin ouvert les yeux
sur les motifs qui ont, mis
la Chrétienté en combus-
tion, a reconnu que les desfeins ambitieux de deux
Puissances ont produit cet
embrasèmenr, ceux de la
Maison d'Autriche d'un côté
y
& ceux des Etats Generaux des Provinces Unies
de l'autre.
L'habileté de ces deux
Puissances avoir trouvé le
fecrer d'armer pour leur
querelle une partie desPrinces de l'Europe, pour combattre le chimérique projet de la Monarchie universelle dont elles accufoienr
la France,pendanr que dans
leurs trairez publics & secrets elles ne pensoient
qu'à leur agrandissement
particulier
,
aux dépens du
bien des autres Princes qui
s'étoientliguez avec elles.
Bien des années s'étoient
écoulées, sans que le voile
qui cachoit cet artifice eût
été tiré. Deux grands Capitaines en tenoient les
deux bouts, & empêchoient
par leurs soins que la PuiC
sance qui fournissoit leplus
à l'entretien de la guerre,
& qui y
prositoit le moins,
ne pût découvrir le myC.
tere de l'Empereur & des
Hollandois.
Ce n'est pas une chose
nouvelle de voir la Maison
d'Autriche attentive à son
agrandissement
:
mais c'en
est une de voir les principaux membres de l'Empire
travailler à leur propre deftruction.
Les Hollandois n'ont pas
moins manifesté leur ambition, quoy qu'ils l'ayent
conduite d'une maniere
plus couverte. Personne n'ignore que depuis l'établissement de leur Souverai-
netéparles secours des Rois
de France Henry IV. Louis
XIII. & LouisXIV.il n'y a
pas de partie dans le monde
où ils ne soient parvenus à
fonder leur domination,
fous pretexte de leur commerce
,
& même aux dépens de ceux qui sont aujourd'hui leurs plus grands
amis ôc leurs plus chers alliez.
e Pendant que l'Espagne a
été comme en brassiere sous
le regne de Charles II. les
Hollandois ont profité d-e
cet état d'impuissance pour
augmenter leur barriere-,
& tirer avantage du négoce des Indes Occidentales. Depuis ce temps-là il
ne paroît aucun traité, soit
de commerce, foit de guerre, danslequel les Etats Géneraux n'ayent glisse des
clauses nouvelles à leur
avantage ;
& c'estsapolitique dangereuse qui vient
d'êtredémarquée, c'est ce
manege qui vient d'engager la Reine d'Angleterre
& le nouveau Ministere a
ouvrir les yeux sur les véritables intérêts de leur na-
tion, en écoutant avec plus
de sagesse que ceux qui
gouvernent la Hollande,
les proportions du Roy de
France, quoique beaucoup
inférieures à celles que ce
Prince avoit fait presenter
à la Haye en 1709. &à Gertruidemberg en 1710.
Le systême de la grande
alliance n'a étéque d'en,
gager la Maison d'Autriche dans de si grandes entreprises, afin qu'après la
paix demeurant Titulaire
des Pays-Bas, & ne se trouvant pas en état de rem-
bourser les avances de la
Hollande,ilsalûtlaisser à
cette République, par engagemenr, les meilleures
places de ces Provinces qui
auroient eu le même fort
que la ville de Mastricht
& qui jointes à la barriere,
qu'on pretendoit de la France
,
auroit rendu dans la
fuite lesHollandoisSouverains des dix-sept Provinces. Ajoutez à cela que si
l'Empereur etoit devenu
maître de l'Espagne & des
Indes, ce Prince n'étant pas
en etat de faire le com-
merce de la mer, il auroit
étécontraint de s'enrapporter à eux, & par ce
moyen ils auroient éloigné
toute autre nation du com.
merce de l'Amerique.
Voila, Monsieur, la découverte que laReine d'Angleterre & son nouveau Ministere ont faite, qui devient pour les Hollandois
un veritable sujet de soûpirer.
L'Auteur du livre des
soûpirs de l'Europe auroit
parlé plus juste s'il avoit intitulé son ouvrage, les soû-
pirs de la Hollande, en
comparant les négociations d'Utrecht avec celles
de la Haye & deGertruidemberg
,
& en reflechissant sur les suites sacheuses
de la victoire de IJenain)
la prise de Marchiennes,
magasin de toute leur campagne, de la levée du siege
de Landreci, de la conquête de Douay
,
de celle
du Quesnoy, du renversement de toutes leurs grandes esperances, ôc de n'être pas en sûreté au milieu
de leur domination; eux qui
deux mois auparavant se
vantoient de mettre Paris
fous contribution, & de
faire hyverner leurs troupes au milieu de la France.
Le livre auquel jerépons
n'a pour fondement que la
renonciation de MarieTherese d'Autriche à la
Couronne d'Espagne. C'est
une piece produite au procés après l'arrêt rendu.
L'affaireestdecidée, Philippe V. restera sur le Trône d'Espagne, l'Angleterre
le reconnoît.
Tous ceux qui liront la
Harangue de la Reine à
son Parlement sans prévention, feront surpris du
mauvais sens que les alliez
donnent à cette déclaration
:
mais ils le feront encore davantage des efforts
que fait l'Auteur des Soûpirs, pour persuader au Public que les alliez n'ont jamais eu la moindre connoissance des projets de la
Reine touchant la paix generale.
Cet auteur a
oublié que
le livre de la conduite des
alliez a
désavoue son dis-
cours, puisque depuis un
an ils n'ont pas cessé de faire
agir leurs émissaires en Angleterre.
Si après toutes ces tentatives instructueuses on
veut faire semblant d'ignorer un fait rendu public
par des communications (ï
solemnelles, on veut prendre le monde pour dupe; il
est permis de ne les pas approuver: maisil est honceux de soûtenir qu'on ne
l'a pas sçû.
Dans les principes de
l'Empereur & des Etats Ge-
neraux le droit sur les Couronnes ne doit plus être réglé ni sur la proximité du
sang, ni sur lestitres les plus
autentiques, mais seulement sur ce qui peut convenir à l'intérêt de la Cour
de Vienne & des Hollandois:il leur suffira de craindre ragrandissement d'une
Puissance, pour armer toute
l'Europe contre un Prince
que la nature declare, &
que la Providence établit
héritier de ses ancêtres.
Dans une justice reglée
où l'équité decide, & non
la
la violence, il seroit aisé de
faire connoître que les Couronnes d'Espagne appartiennent légitimement à
Philippe V. & dans un pays
sensé où la raison gouverne, & non la passion, il ieroit aisé de démontrer qu'-
on ne peur les lui arracher.
La premiere se prouve,
parce que ses droits sont
fondez sur la nature, sur la
loy du pays, sur la coûtume
,
& sur le testament de
Charles II. confirmé par le
suffrage de tous les Etats
de la Monarchie, à qui,
selon l'auteur des Soûpirs,
il appartient de confirmer,
ou d'infirmer toutes disposrtions faites par les Rois
d'Espagne.L'Empereurn'opose à de si justes titres que
Ia- renonciation de MarieTherese d'Autriche,filleaînée de Philippe IV. maisil
y a
long-temps qu'on afait
toucher au doigt la nullité
de cet acte, & il suffit de
renvoyer aux livres imprimez celui qui voudra sçavoir & approfondir cette
matiere.Pourmoy, qui n'en
veux dire qu'un mot, mais
unmot peremptoire, je me
,
contenterai des mêmes argumens que l'auteur des
Soupirsemployepour prouver que si la renonciation
de MarieTheresed'Autriche est bonne, le testament deCharles II.estbon,
& que si le testament est
nul, la renonciation est encore plus nulle; par consequent ledroit naturel, le
droit du fang étant du côté
de Philippe V.la Couronne
d'Espagne lui appartient incontestablement
-,
donc la
guerre qu'on lui faitest injuste. - Dij
Car si par les remarques
de l'auteur des Soûpirs, p.
1 26. les Rois d'Espagne ne
possedant point le Royaume ex domino, ne peuvent
ni vendre, ni donner, ni
aliener leurs peuples comme un troupeau de moutons, par une même consequence les Rois d'Espagne peuvent encore moins
obliger leurs enfans à vendre, a
ceder,&àfaire quelque alienation que ce soit
des droits naturels qu'ils
ont sur la Couronne.
L'auteur rapporte plu-
sieurs exemples qui prouvent que tous actes qui
n', ., 1 ont point été approuvez
par les Etats du Royaume
n'ont jamais eu leur effet.
L'Empereur ne peut disconvenir ( & toute l'Europe
en est témoin) que le sesia..
ment de Charles II. n'ait
été approuve par tous les
Etats du Royaume d'Espagne,puisque d'abord après
la mort de Charles II. il y
eut une deputation solemnelle enFrance, pour prier
le Roy d'accorderà FEfpagne le Ducd'Anjou, fuu
vant la derniere volonté de
Charles II.
L'Empereur doit avouer
encore qu'avec toutes les
forces des alliez, & toutes
les profperitez imaginables,
il n'a jamais pu se faire reconnoîtreRoyparces peuples, quoyqu'il ait été deux
fois maître de Madrid.
Je voudrois donc bien
que l'auteur des Soûpirs
nous dît quel titre il fautavoir pour être legitimement Roy d'Espagne. Est-,
ce la loy du pays ?
elleest.
pour nous. Est-cel'usage ?
ilest pour nous. Est-ce un
testament ? nous l'avons.
Est-ce l'acclamation des
peuples? certainement nul
autreque Philippe V. ne
s'en peut vanter; elle a
été
universelle a son avenement, elle a
duré trois ans
entiers sans aucune contradiction. Cen'est qu'à force
d'intrigues qu'on lui a
débauché dans la fuite quelques sujets, convaincus par
là derébellion manifeste,
puis qu'ils ont violé leurs
premiers sermens.
Mais pourquoy l'auteur,
dans sa vaste érudition, ôc
dans le reüeil des pieces
qu'il rapporte
,
ne dit-il pas
un seul mot des testamens
fameux de Charles-Quint
& de Philippe second ? C'est
qu'ils l'égorgent, & qu'il
n'est pas payé pour alleguer
la vérité contre l'intention
de ceux qui le font écrire.
Or ces deux testamens renferment une substitution
graduelle lX. perpétuelle de
la Couronne d'Espagne, en
preferant les mâles aux
femelles, & au défaut des
mâles, les fillesaînées aux
cadet-
cadettes dans toute leur
posterité. Je dis donc: Ou
la successiond'Espagne doit
être reglée par les dispositions des Rois, ou elle ne
peut l'être que par le droit
du sang;enunmot oucette
Couronne elt alienable, ou
elle ne l'est pas: si elle effc
alienable, lasubstitution étant faite par les anciens
Rois de la Maison d'Autriche, leurs descendans n'ont
pû la changer; par consequent ni testamens posterieurs, ni renonciations, ni
autres dispositions quelcon-
ques ne peuvenc la détruire.
L'aureur est tropgrandJurisconsulte pour ignorer les
premiers élemens du Droit.
Si laCouronne n'estpasalienable, les testamens de
Charles-Quint & de Philippe II. ajoutez.y, si vous
voulez, celui deCharles Il
etoient inutiles, puis qu'ils
ne disent que ce que la loy
disoit avant eux: mais les
rciramens de Philippe III.
&de Philippe IV. contraires à la loy, sont nuls de
plein droit, & les renonciations d'Anne & deMarie.
Therese, contraires à la
loy,sont nulles de plein,
droit auili"; par consequent
les testamens des trois Monarques, par lesquels Philippe V. est appellé, ne sont
bons& respectables qu'autantqu'ils sont conformes
à laloyfondamentale de
TEcac: d'oùil s'enfuit que
-il Philippe IV. & MarieTherese safille avoient eu
la moindre autorité pour
exclure quelqu'un de leurs
descendans
,
contre toute
forte de justice, Charles II.
n'enavoit pas moins pour
les rétablir dansl'ordre de
la justicemême. Si le pere
a
ptt faire un mal
,
le fils à
plus forte raison a
pu le reparer;& voila precisément
en quoy la disposition de
Charles11. a
été legitime,
c'cft qu'elle a
remis les cho-
* ses dans leur état naturel;
c'est qu'elle a marqué en
quoy les renonciations étoient valables, je veux dire
dans le point d'incompatibilité de deux Couronnes:
& en quoy elles ne l'étoient
pas, je veux dire dans l'ex..
clusion du scul & veritable
,
héritier.
Ainsi Philippe V. ne vient
pas à la Couronne du droit
de la grandmere, ni du
droit de son bisayeul maternel
,
mais du sien propre. Il ne les represente
point pour être tenu de leurs
faits
;
il vient comme ap,
pellé par les loix,par le sang,
par la nature. CharlesII.
ne l'a pas proprement institué
;
il n'a fait que le désigner encre les vrais successeurs, parce que les autres
étoient destinez à porter la
Couronne de France, &c
qu'il convenoitpour le bien
des deux Royaumes, qu'ils
cussent deux Rois separez.
Voila ce qui s'appelle des
raisons ausquelles je défie
l'auteur en question de répondre autrement que par
des soûpirs: mais ce qu'il y
a
de plus curieux dans foii»
livre,c'est qu'après être
convenu des principes, il;
nie toutesles conséquences.
Les dispositions personnelles, selon lui, sont des chansons:mais les renonciations.
font des loix fondamental
les, comme si les renonciationsnetoient pas des dis-
goûtions personnelles.
Je voudrois bien lui de^
mander si les Cortes en 1618.
avoient plus d'autorité pour
renverserles anciennes, que
les Cortes en 1709. en avoient pour s'y conformer.
Les premieres ont exclules
enfans d'Anne, les fecondes ontjuré que Philippe V.
&[on filsétaient les veritables Rois. Si les premieres
ont pû faire une loy ,les lecondes en ont pu faire une
aussi. Quelle différence y
at-il donc entrç les deux?
C'estque la loy pretendue
de 1618. etoitcontradictoire
aux loix irrevocables de la
Monarchie, & que celles
de 1709. n'en croient que le
renouvellement & l'application. Remarquez en paffane) je vous prie
,
avec
quelle affectation les PrincesAurtrichiensont prissoin
de faire toujours renoncer
les Princesses qui pouvoient
porter ailleurs des droitssur
l'EÍpagne) Anne, MarieTherese
,
l'Archiduchesse
Electrice de Baviere; & jamais celles qui pouvoient la
porter dansla branche d'Al..
lemagne. Ne voit-on pas
que c'étoit uniquement
pourfixer ce patrimoine
chez eux,3malgréOles regles
qu'ilsleur avoient données,
la reconnoissant feminine
pour leur Maison
,
&masculine pourle reste du monde. C'étoir faire violence à
la nature ôc forcer la Providence
;
aussi, comme
vous voyez, la Providence
s'en est moquée, & la nature a
repris le dessus. Rien
n'est donc plus solidement
établi que le droit de Philippe V. & rien de plus mal
fondé que la prétention de
l'Empereur. Ilme reste à
prouver que laplus folle de
toutesles chimeresferoit de
s'obstiner au détrônement
de ce Roy,
Que n'a-t- on point fait
pour en venir à bout?combien de fang répandu?combien de trésors dissipezpour.
arriver à
ce but tant desiré,
par toutes les Puissances liguées?Esperet-on de plus
grandssuccés que ceux qui
nont servià rien? Tant que lesEspagnols feront fideles,
on gagneroit vingt batailles!.
de Sarragosse, on prendroit
vingt fois Madrid
,
qu'il
faudroir se retirer & s'enfuir.
Les alliez ont été sur
l'Espagne, comme les Chymisses sur la pierre philo-,
sophale;ilsonttoûjourscrû
la tenir, elle leur a
toûjours
échapé;la premiere matiere leur manquoit, c'est;
le cœur des peuples.
Mais, me dira l'auteur
des Soûpirs, vous accusez
donc laReine de s'être flatée mal à propos, lors qu'-
ellea déclarétantdefois
à son Parlement qu'il faloit
continuer la guerre jusqu'à
ce qu'on eût mis laMaison
d'Autriche en possession del'Espagne & des Indes?
Je répons à cela qn'il faut
distinguer.
1. Pendant que
l'Empereur Joseph étoit encore plein de vie, on pouvoirregarder les deux branches de cette Maison comme separées,de la même
façon qu'on regardeaujourd'hui celle de Bourbon: mais depuis sa mort,
sansensans mâles, tout eflr
sur unemême tête; & quoy
qu'en dise l'auteur avec ses
calculs frivoles, tant de
puissance entre les mains
d'un seul Prince, pour le
moins aussi fier & aussi ambitieux qu'aucun de ses predecesseurs, seroit enorme.
La Reine a
donc grande
raiion de penser differemment depuis le mois d'Avril 1711.2. L'experienceapprend quelque chose en ce
monde.Pouvoit-on deviner d'abord que Philippe
V. se feroit tellement aimer
de ses sujets, qu'il trouve,
roit toujours en eux des
ressources contre les plus
grands revers de la fortune,& que son rival neseroit
jamais moins maîtrede l'Espagne que lors qu'il en occuperoit la Capitale? Ce
sont des évenemens si merveilleux, qu'il faut les avoir
éprouvez pour les croirez
mais les éprouver deux fois,
sans les croire,c'est un aveuglement.
Nous n'avons plus qu'une choie à examiner,si l'Europe doit plutôt soûpirer
d'une paix
faite
sur le plan
de la Reine, que d'une
guerre éternelle faite sur le
,plan des Imperiaux & des
Hollandois.
Passons le lieu commun, f
qui dit qu'une
mauvaise paix vaut mieux
quunebonne guerre::
mais voyons un moment
avec l'auteur si la paix
qu'on veut faire n'estpas
meilleure que la guerre
qu'on veut continuer.
Mais si elle est mauvaise,
les hautsalliez ont eu
grand tort quand ilsont
fait en 1701. leur traitéde
la grande alliance
; car ils
ont par ce projet de pai:c
tour ce qu'ils souhaitoient
alors, & tout ce qu'ils se
sont propoiez de plus avantageux en prenant les armes. C'est proprement dans
retraite que la Reine de la
Grande Brctagne a
puisé les
articles de la satisfaction.
commune. Si l'Empereur &
les Hollandois n'ont pas eu
foin de leurs intérêts dans
un temps où rien ne les empêchoit de stipuler tout ce
qu'ils voutoient,c'est à
eux
seuls qu'ils doivent s'en
prendre: mais, dit l'auteur,
ils
ont eu depuis bien plus d'apperit,& ils pleureront si, on
ne les contente pas; ils se
sont flatez d'enlever une
Couronne, & de partager
l'autre. Ici je veux lui faire
une derniere question,& le
prier avec tous les écrivains
de libelles contre la France, de vouloir bien me définir,une fois pour tout,
sur quel pied on doit regarder cette Couronne. Ils
entreprennent ordinairement d'établir deux choses
contr'elle. La premiere;
qu'il fautabsolument dé-
truire sa puissance; !a~-
conde, qu'on lepeut facilement. Ces deux suppositions leur paroissent necessaires pour exciteren même temps la haine &,ree..
perancer: mais malheureusement ils tombent dans
une contradiction puerile;
car pour prouver l'une, ils
disent que la France a
des
forces redoutables, des tréfors infinis, & que si l'on n'y
prend garde, elle va tout
engloutir. Pour prouver
l'autre,ils disent que la
France cft aux abois, qu",.,
elle n'a plus qu'un souffle de
vie ,& qu'il ne faut qu'un
coup de collier pour la mettre à bas. Celane s'accorde
point, & il est aisé de leur
répondre.Sielleestsifoible,
pourquoy la craignez-vous
tant? si elleest si forte, comment l'abattrez-vous? Les
sages, qui n'aiment pas l'exaggeration, se contentent
de dire là dessus une chose
qui est vraye; c'est que la
France estassezpuissante
pour resister aux plus
grands effortsde ses ennemis, & qu'elle nel'est pas
assez pour attenter à la Ii.
berté de tout le monde. Si
elle a
songé às'étendre il y
a quarante ou cinquante
ans, c'est que Paris étoit un
peu trop prés de sa frontiere. Le PrinceEugene en
conviendra, puis qu'enassiegeant Landrecy
,
il promettoit à son armée de U
faire hyverner dansl'Isle de
France, & que le Major ge-:-
neral Grovestein avoir déja
marqué les logis. Ce n'est
donc pas avoir une ambition demesurée
,
que de
vouloir couvrir son Royau-
me par le côté qui le serre
le plus: mais c'en est une
que de vouloir posseder en
même temps l'Allemagne,
les Pays-Bas', la Hongrie,
la Boheme, l'Italie, l'Espagne, & les Indes.
Concluons donc, qu'une
guerre qui ne serviroit, en
reüssissant, qu'à doubler le
Domaine des Hollandois,
& qu'à quadrupler celui de
l'Empereur
,
& qui pourroir, en ne reüssissant pas,
donner à la France plus d'Etats qu'elle n'en veut ellemême, est une guerre qu'il
cft temps de finir;qu'au;
contraire une paix qui laisse
les deux grandes Maisons
dans un juste équilibre, &
qui rend àl'Europeaffligée
par tant de. malheurs une
tranquilité parfaire, -
ne peut
faire soûpirer que les perturbateurs durepos public.:
ôcles ennemis du genre hu*
main. Je suis, &c.
De Valenciennes le 8.
d'Oflobrc i711
-
le Marquis de***
Sur un Livre intitulé, Les
Soûpirs de l'Europe.
VOus croyez,Monsieur,
que tous les soûpirs sont
reservez pour l'amour, &
qu'il n'y a que le beau sexe
qui ait droit d'en exiger.
Je vous envoye un livre
nouveau qui vous apprendra que l'Europe loûfirc
aprésd'autres objets. Cest
a vous, Monsieur, à juger
si l'auteur est bien fondé à
faire joüer le personnage
d'Heraclite à la plus belle
partie du monde: mais prenez garde de rire dans le
temps que les autres sont
affligez; ce seroit un manque de charité de ne se pas
conformer au precepte de
saint Paul, qui veut qu'on
pleure avec ceux qui pleurent.
L'objet qui excite les [où.
pirs de l'Europe, est la Harangue de la Reine d'Angleterre à son Parlement
sur le projet d'une paix génerale. Vous ferez surpris,
Monsieur, qu'on fasse soûpirer l'Europe à rafpeél:
d'un projet de paix, dans
le temps que tous les peuples concourent par leurs
vœux à obtenir du Ciel ce
qui fait le bonheur de la
terre.
La Reine de la Grande
Bretagne, plus sensible aux
vrais malheurs de l'Europe
qu'à ses pretendus soûpirs,
ayant enfin ouvert les yeux
sur les motifs qui ont, mis
la Chrétienté en combus-
tion, a reconnu que les desfeins ambitieux de deux
Puissances ont produit cet
embrasèmenr, ceux de la
Maison d'Autriche d'un côté
y
& ceux des Etats Generaux des Provinces Unies
de l'autre.
L'habileté de ces deux
Puissances avoir trouvé le
fecrer d'armer pour leur
querelle une partie desPrinces de l'Europe, pour combattre le chimérique projet de la Monarchie universelle dont elles accufoienr
la France,pendanr que dans
leurs trairez publics & secrets elles ne pensoient
qu'à leur agrandissement
particulier
,
aux dépens du
bien des autres Princes qui
s'étoientliguez avec elles.
Bien des années s'étoient
écoulées, sans que le voile
qui cachoit cet artifice eût
été tiré. Deux grands Capitaines en tenoient les
deux bouts, & empêchoient
par leurs soins que la PuiC
sance qui fournissoit leplus
à l'entretien de la guerre,
& qui y
prositoit le moins,
ne pût découvrir le myC.
tere de l'Empereur & des
Hollandois.
Ce n'est pas une chose
nouvelle de voir la Maison
d'Autriche attentive à son
agrandissement
:
mais c'en
est une de voir les principaux membres de l'Empire
travailler à leur propre deftruction.
Les Hollandois n'ont pas
moins manifesté leur ambition, quoy qu'ils l'ayent
conduite d'une maniere
plus couverte. Personne n'ignore que depuis l'établissement de leur Souverai-
netéparles secours des Rois
de France Henry IV. Louis
XIII. & LouisXIV.il n'y a
pas de partie dans le monde
où ils ne soient parvenus à
fonder leur domination,
fous pretexte de leur commerce
,
& même aux dépens de ceux qui sont aujourd'hui leurs plus grands
amis ôc leurs plus chers alliez.
e Pendant que l'Espagne a
été comme en brassiere sous
le regne de Charles II. les
Hollandois ont profité d-e
cet état d'impuissance pour
augmenter leur barriere-,
& tirer avantage du négoce des Indes Occidentales. Depuis ce temps-là il
ne paroît aucun traité, soit
de commerce, foit de guerre, danslequel les Etats Géneraux n'ayent glisse des
clauses nouvelles à leur
avantage ;
& c'estsapolitique dangereuse qui vient
d'êtredémarquée, c'est ce
manege qui vient d'engager la Reine d'Angleterre
& le nouveau Ministere a
ouvrir les yeux sur les véritables intérêts de leur na-
tion, en écoutant avec plus
de sagesse que ceux qui
gouvernent la Hollande,
les proportions du Roy de
France, quoique beaucoup
inférieures à celles que ce
Prince avoit fait presenter
à la Haye en 1709. &à Gertruidemberg en 1710.
Le systême de la grande
alliance n'a étéque d'en,
gager la Maison d'Autriche dans de si grandes entreprises, afin qu'après la
paix demeurant Titulaire
des Pays-Bas, & ne se trouvant pas en état de rem-
bourser les avances de la
Hollande,ilsalûtlaisser à
cette République, par engagemenr, les meilleures
places de ces Provinces qui
auroient eu le même fort
que la ville de Mastricht
& qui jointes à la barriere,
qu'on pretendoit de la France
,
auroit rendu dans la
fuite lesHollandoisSouverains des dix-sept Provinces. Ajoutez à cela que si
l'Empereur etoit devenu
maître de l'Espagne & des
Indes, ce Prince n'étant pas
en etat de faire le com-
merce de la mer, il auroit
étécontraint de s'enrapporter à eux, & par ce
moyen ils auroient éloigné
toute autre nation du com.
merce de l'Amerique.
Voila, Monsieur, la découverte que laReine d'Angleterre & son nouveau Ministere ont faite, qui devient pour les Hollandois
un veritable sujet de soûpirer.
L'Auteur du livre des
soûpirs de l'Europe auroit
parlé plus juste s'il avoit intitulé son ouvrage, les soû-
pirs de la Hollande, en
comparant les négociations d'Utrecht avec celles
de la Haye & deGertruidemberg
,
& en reflechissant sur les suites sacheuses
de la victoire de IJenain)
la prise de Marchiennes,
magasin de toute leur campagne, de la levée du siege
de Landreci, de la conquête de Douay
,
de celle
du Quesnoy, du renversement de toutes leurs grandes esperances, ôc de n'être pas en sûreté au milieu
de leur domination; eux qui
deux mois auparavant se
vantoient de mettre Paris
fous contribution, & de
faire hyverner leurs troupes au milieu de la France.
Le livre auquel jerépons
n'a pour fondement que la
renonciation de MarieTherese d'Autriche à la
Couronne d'Espagne. C'est
une piece produite au procés après l'arrêt rendu.
L'affaireestdecidée, Philippe V. restera sur le Trône d'Espagne, l'Angleterre
le reconnoît.
Tous ceux qui liront la
Harangue de la Reine à
son Parlement sans prévention, feront surpris du
mauvais sens que les alliez
donnent à cette déclaration
:
mais ils le feront encore davantage des efforts
que fait l'Auteur des Soûpirs, pour persuader au Public que les alliez n'ont jamais eu la moindre connoissance des projets de la
Reine touchant la paix generale.
Cet auteur a
oublié que
le livre de la conduite des
alliez a
désavoue son dis-
cours, puisque depuis un
an ils n'ont pas cessé de faire
agir leurs émissaires en Angleterre.
Si après toutes ces tentatives instructueuses on
veut faire semblant d'ignorer un fait rendu public
par des communications (ï
solemnelles, on veut prendre le monde pour dupe; il
est permis de ne les pas approuver: maisil est honceux de soûtenir qu'on ne
l'a pas sçû.
Dans les principes de
l'Empereur & des Etats Ge-
neraux le droit sur les Couronnes ne doit plus être réglé ni sur la proximité du
sang, ni sur lestitres les plus
autentiques, mais seulement sur ce qui peut convenir à l'intérêt de la Cour
de Vienne & des Hollandois:il leur suffira de craindre ragrandissement d'une
Puissance, pour armer toute
l'Europe contre un Prince
que la nature declare, &
que la Providence établit
héritier de ses ancêtres.
Dans une justice reglée
où l'équité decide, & non
la
la violence, il seroit aisé de
faire connoître que les Couronnes d'Espagne appartiennent légitimement à
Philippe V. & dans un pays
sensé où la raison gouverne, & non la passion, il ieroit aisé de démontrer qu'-
on ne peur les lui arracher.
La premiere se prouve,
parce que ses droits sont
fondez sur la nature, sur la
loy du pays, sur la coûtume
,
& sur le testament de
Charles II. confirmé par le
suffrage de tous les Etats
de la Monarchie, à qui,
selon l'auteur des Soûpirs,
il appartient de confirmer,
ou d'infirmer toutes disposrtions faites par les Rois
d'Espagne.L'Empereurn'opose à de si justes titres que
Ia- renonciation de MarieTherese d'Autriche,filleaînée de Philippe IV. maisil
y a
long-temps qu'on afait
toucher au doigt la nullité
de cet acte, & il suffit de
renvoyer aux livres imprimez celui qui voudra sçavoir & approfondir cette
matiere.Pourmoy, qui n'en
veux dire qu'un mot, mais
unmot peremptoire, je me
,
contenterai des mêmes argumens que l'auteur des
Soupirsemployepour prouver que si la renonciation
de MarieTheresed'Autriche est bonne, le testament deCharles II.estbon,
& que si le testament est
nul, la renonciation est encore plus nulle; par consequent ledroit naturel, le
droit du fang étant du côté
de Philippe V.la Couronne
d'Espagne lui appartient incontestablement
-,
donc la
guerre qu'on lui faitest injuste. - Dij
Car si par les remarques
de l'auteur des Soûpirs, p.
1 26. les Rois d'Espagne ne
possedant point le Royaume ex domino, ne peuvent
ni vendre, ni donner, ni
aliener leurs peuples comme un troupeau de moutons, par une même consequence les Rois d'Espagne peuvent encore moins
obliger leurs enfans à vendre, a
ceder,&àfaire quelque alienation que ce soit
des droits naturels qu'ils
ont sur la Couronne.
L'auteur rapporte plu-
sieurs exemples qui prouvent que tous actes qui
n', ., 1 ont point été approuvez
par les Etats du Royaume
n'ont jamais eu leur effet.
L'Empereur ne peut disconvenir ( & toute l'Europe
en est témoin) que le sesia..
ment de Charles II. n'ait
été approuve par tous les
Etats du Royaume d'Espagne,puisque d'abord après
la mort de Charles II. il y
eut une deputation solemnelle enFrance, pour prier
le Roy d'accorderà FEfpagne le Ducd'Anjou, fuu
vant la derniere volonté de
Charles II.
L'Empereur doit avouer
encore qu'avec toutes les
forces des alliez, & toutes
les profperitez imaginables,
il n'a jamais pu se faire reconnoîtreRoyparces peuples, quoyqu'il ait été deux
fois maître de Madrid.
Je voudrois donc bien
que l'auteur des Soûpirs
nous dît quel titre il fautavoir pour être legitimement Roy d'Espagne. Est-,
ce la loy du pays ?
elleest.
pour nous. Est-cel'usage ?
ilest pour nous. Est-ce un
testament ? nous l'avons.
Est-ce l'acclamation des
peuples? certainement nul
autreque Philippe V. ne
s'en peut vanter; elle a
été
universelle a son avenement, elle a
duré trois ans
entiers sans aucune contradiction. Cen'est qu'à force
d'intrigues qu'on lui a
débauché dans la fuite quelques sujets, convaincus par
là derébellion manifeste,
puis qu'ils ont violé leurs
premiers sermens.
Mais pourquoy l'auteur,
dans sa vaste érudition, ôc
dans le reüeil des pieces
qu'il rapporte
,
ne dit-il pas
un seul mot des testamens
fameux de Charles-Quint
& de Philippe second ? C'est
qu'ils l'égorgent, & qu'il
n'est pas payé pour alleguer
la vérité contre l'intention
de ceux qui le font écrire.
Or ces deux testamens renferment une substitution
graduelle lX. perpétuelle de
la Couronne d'Espagne, en
preferant les mâles aux
femelles, & au défaut des
mâles, les fillesaînées aux
cadet-
cadettes dans toute leur
posterité. Je dis donc: Ou
la successiond'Espagne doit
être reglée par les dispositions des Rois, ou elle ne
peut l'être que par le droit
du sang;enunmot oucette
Couronne elt alienable, ou
elle ne l'est pas: si elle effc
alienable, lasubstitution étant faite par les anciens
Rois de la Maison d'Autriche, leurs descendans n'ont
pû la changer; par consequent ni testamens posterieurs, ni renonciations, ni
autres dispositions quelcon-
ques ne peuvenc la détruire.
L'aureur est tropgrandJurisconsulte pour ignorer les
premiers élemens du Droit.
Si laCouronne n'estpasalienable, les testamens de
Charles-Quint & de Philippe II. ajoutez.y, si vous
voulez, celui deCharles Il
etoient inutiles, puis qu'ils
ne disent que ce que la loy
disoit avant eux: mais les
rciramens de Philippe III.
&de Philippe IV. contraires à la loy, sont nuls de
plein droit, & les renonciations d'Anne & deMarie.
Therese, contraires à la
loy,sont nulles de plein,
droit auili"; par consequent
les testamens des trois Monarques, par lesquels Philippe V. est appellé, ne sont
bons& respectables qu'autantqu'ils sont conformes
à laloyfondamentale de
TEcac: d'oùil s'enfuit que
-il Philippe IV. & MarieTherese safille avoient eu
la moindre autorité pour
exclure quelqu'un de leurs
descendans
,
contre toute
forte de justice, Charles II.
n'enavoit pas moins pour
les rétablir dansl'ordre de
la justicemême. Si le pere
a
ptt faire un mal
,
le fils à
plus forte raison a
pu le reparer;& voila precisément
en quoy la disposition de
Charles11. a
été legitime,
c'cft qu'elle a
remis les cho-
* ses dans leur état naturel;
c'est qu'elle a marqué en
quoy les renonciations étoient valables, je veux dire
dans le point d'incompatibilité de deux Couronnes:
& en quoy elles ne l'étoient
pas, je veux dire dans l'ex..
clusion du scul & veritable
,
héritier.
Ainsi Philippe V. ne vient
pas à la Couronne du droit
de la grandmere, ni du
droit de son bisayeul maternel
,
mais du sien propre. Il ne les represente
point pour être tenu de leurs
faits
;
il vient comme ap,
pellé par les loix,par le sang,
par la nature. CharlesII.
ne l'a pas proprement institué
;
il n'a fait que le désigner encre les vrais successeurs, parce que les autres
étoient destinez à porter la
Couronne de France, &c
qu'il convenoitpour le bien
des deux Royaumes, qu'ils
cussent deux Rois separez.
Voila ce qui s'appelle des
raisons ausquelles je défie
l'auteur en question de répondre autrement que par
des soûpirs: mais ce qu'il y
a
de plus curieux dans foii»
livre,c'est qu'après être
convenu des principes, il;
nie toutesles conséquences.
Les dispositions personnelles, selon lui, sont des chansons:mais les renonciations.
font des loix fondamental
les, comme si les renonciationsnetoient pas des dis-
goûtions personnelles.
Je voudrois bien lui de^
mander si les Cortes en 1618.
avoient plus d'autorité pour
renverserles anciennes, que
les Cortes en 1709. en avoient pour s'y conformer.
Les premieres ont exclules
enfans d'Anne, les fecondes ontjuré que Philippe V.
&[on filsétaient les veritables Rois. Si les premieres
ont pû faire une loy ,les lecondes en ont pu faire une
aussi. Quelle différence y
at-il donc entrç les deux?
C'estque la loy pretendue
de 1618. etoitcontradictoire
aux loix irrevocables de la
Monarchie, & que celles
de 1709. n'en croient que le
renouvellement & l'application. Remarquez en paffane) je vous prie
,
avec
quelle affectation les PrincesAurtrichiensont prissoin
de faire toujours renoncer
les Princesses qui pouvoient
porter ailleurs des droitssur
l'EÍpagne) Anne, MarieTherese
,
l'Archiduchesse
Electrice de Baviere; & jamais celles qui pouvoient la
porter dansla branche d'Al..
lemagne. Ne voit-on pas
que c'étoit uniquement
pourfixer ce patrimoine
chez eux,3malgréOles regles
qu'ilsleur avoient données,
la reconnoissant feminine
pour leur Maison
,
&masculine pourle reste du monde. C'étoir faire violence à
la nature ôc forcer la Providence
;
aussi, comme
vous voyez, la Providence
s'en est moquée, & la nature a
repris le dessus. Rien
n'est donc plus solidement
établi que le droit de Philippe V. & rien de plus mal
fondé que la prétention de
l'Empereur. Ilme reste à
prouver que laplus folle de
toutesles chimeresferoit de
s'obstiner au détrônement
de ce Roy,
Que n'a-t- on point fait
pour en venir à bout?combien de fang répandu?combien de trésors dissipezpour.
arriver à
ce but tant desiré,
par toutes les Puissances liguées?Esperet-on de plus
grandssuccés que ceux qui
nont servià rien? Tant que lesEspagnols feront fideles,
on gagneroit vingt batailles!.
de Sarragosse, on prendroit
vingt fois Madrid
,
qu'il
faudroir se retirer & s'enfuir.
Les alliez ont été sur
l'Espagne, comme les Chymisses sur la pierre philo-,
sophale;ilsonttoûjourscrû
la tenir, elle leur a
toûjours
échapé;la premiere matiere leur manquoit, c'est;
le cœur des peuples.
Mais, me dira l'auteur
des Soûpirs, vous accusez
donc laReine de s'être flatée mal à propos, lors qu'-
ellea déclarétantdefois
à son Parlement qu'il faloit
continuer la guerre jusqu'à
ce qu'on eût mis laMaison
d'Autriche en possession del'Espagne & des Indes?
Je répons à cela qn'il faut
distinguer.
1. Pendant que
l'Empereur Joseph étoit encore plein de vie, on pouvoirregarder les deux branches de cette Maison comme separées,de la même
façon qu'on regardeaujourd'hui celle de Bourbon: mais depuis sa mort,
sansensans mâles, tout eflr
sur unemême tête; & quoy
qu'en dise l'auteur avec ses
calculs frivoles, tant de
puissance entre les mains
d'un seul Prince, pour le
moins aussi fier & aussi ambitieux qu'aucun de ses predecesseurs, seroit enorme.
La Reine a
donc grande
raiion de penser differemment depuis le mois d'Avril 1711.2. L'experienceapprend quelque chose en ce
monde.Pouvoit-on deviner d'abord que Philippe
V. se feroit tellement aimer
de ses sujets, qu'il trouve,
roit toujours en eux des
ressources contre les plus
grands revers de la fortune,& que son rival neseroit
jamais moins maîtrede l'Espagne que lors qu'il en occuperoit la Capitale? Ce
sont des évenemens si merveilleux, qu'il faut les avoir
éprouvez pour les croirez
mais les éprouver deux fois,
sans les croire,c'est un aveuglement.
Nous n'avons plus qu'une choie à examiner,si l'Europe doit plutôt soûpirer
d'une paix
faite
sur le plan
de la Reine, que d'une
guerre éternelle faite sur le
,plan des Imperiaux & des
Hollandois.
Passons le lieu commun, f
qui dit qu'une
mauvaise paix vaut mieux
quunebonne guerre::
mais voyons un moment
avec l'auteur si la paix
qu'on veut faire n'estpas
meilleure que la guerre
qu'on veut continuer.
Mais si elle est mauvaise,
les hautsalliez ont eu
grand tort quand ilsont
fait en 1701. leur traitéde
la grande alliance
; car ils
ont par ce projet de pai:c
tour ce qu'ils souhaitoient
alors, & tout ce qu'ils se
sont propoiez de plus avantageux en prenant les armes. C'est proprement dans
retraite que la Reine de la
Grande Brctagne a
puisé les
articles de la satisfaction.
commune. Si l'Empereur &
les Hollandois n'ont pas eu
foin de leurs intérêts dans
un temps où rien ne les empêchoit de stipuler tout ce
qu'ils voutoient,c'est à
eux
seuls qu'ils doivent s'en
prendre: mais, dit l'auteur,
ils
ont eu depuis bien plus d'apperit,& ils pleureront si, on
ne les contente pas; ils se
sont flatez d'enlever une
Couronne, & de partager
l'autre. Ici je veux lui faire
une derniere question,& le
prier avec tous les écrivains
de libelles contre la France, de vouloir bien me définir,une fois pour tout,
sur quel pied on doit regarder cette Couronne. Ils
entreprennent ordinairement d'établir deux choses
contr'elle. La premiere;
qu'il fautabsolument dé-
truire sa puissance; !a~-
conde, qu'on lepeut facilement. Ces deux suppositions leur paroissent necessaires pour exciteren même temps la haine &,ree..
perancer: mais malheureusement ils tombent dans
une contradiction puerile;
car pour prouver l'une, ils
disent que la France a
des
forces redoutables, des tréfors infinis, & que si l'on n'y
prend garde, elle va tout
engloutir. Pour prouver
l'autre,ils disent que la
France cft aux abois, qu",.,
elle n'a plus qu'un souffle de
vie ,& qu'il ne faut qu'un
coup de collier pour la mettre à bas. Celane s'accorde
point, & il est aisé de leur
répondre.Sielleestsifoible,
pourquoy la craignez-vous
tant? si elleest si forte, comment l'abattrez-vous? Les
sages, qui n'aiment pas l'exaggeration, se contentent
de dire là dessus une chose
qui est vraye; c'est que la
France estassezpuissante
pour resister aux plus
grands effortsde ses ennemis, & qu'elle nel'est pas
assez pour attenter à la Ii.
berté de tout le monde. Si
elle a
songé às'étendre il y
a quarante ou cinquante
ans, c'est que Paris étoit un
peu trop prés de sa frontiere. Le PrinceEugene en
conviendra, puis qu'enassiegeant Landrecy
,
il promettoit à son armée de U
faire hyverner dansl'Isle de
France, & que le Major ge-:-
neral Grovestein avoir déja
marqué les logis. Ce n'est
donc pas avoir une ambition demesurée
,
que de
vouloir couvrir son Royau-
me par le côté qui le serre
le plus: mais c'en est une
que de vouloir posseder en
même temps l'Allemagne,
les Pays-Bas', la Hongrie,
la Boheme, l'Italie, l'Espagne, & les Indes.
Concluons donc, qu'une
guerre qui ne serviroit, en
reüssissant, qu'à doubler le
Domaine des Hollandois,
& qu'à quadrupler celui de
l'Empereur
,
& qui pourroir, en ne reüssissant pas,
donner à la France plus d'Etats qu'elle n'en veut ellemême, est une guerre qu'il
cft temps de finir;qu'au;
contraire une paix qui laisse
les deux grandes Maisons
dans un juste équilibre, &
qui rend àl'Europeaffligée
par tant de. malheurs une
tranquilité parfaire, -
ne peut
faire soûpirer que les perturbateurs durepos public.:
ôcles ennemis du genre hu*
main. Je suis, &c.
De Valenciennes le 8.
d'Oflobrc i711
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Résumé : LETTRE A M. le Marquis de *** Sur un Livre intitulé, Les Soûpirs de l'Europe.
La lettre du Marquis de*** examine les tensions politiques en Europe, telles que décrites dans le livre 'Les Soupirs de l'Europe'. L'auteur de la lettre réfute l'idée que les 'soupirs' de l'Europe soient uniquement dus à l'amour, affirmant qu'ils résultent des ambitions des grandes puissances. La Reine d'Angleterre a reconnu que les guerres en Europe sont le fruit des ambitions de la Maison d'Autriche et des États Généraux des Provinces Unies, qui cherchent à étendre leur influence au détriment des autres princes. La lettre critique la politique de la Maison d'Autriche et des Hollandais, soulignant leur ambition et leur manipulation des autres nations. Elle révèle que la Reine d'Angleterre et son nouveau ministère ont découvert les véritables intérêts des Hollandais, qui visent à dominer les Pays-Bas et le commerce des Indes. La lettre conteste la guerre contre Philippe V pour le trône d'Espagne, affirmant que ses droits sont légitimes et fondés sur la loi du pays, la coutume et le testament de Charles II. L'auteur de la lettre argue que les testaments de Charles-Quint et Philippe II établissent une succession masculine, et que les renonciations d'Anne et de Marie-Thérèse sont nulles. Il conclut que Philippe V est le légitime héritier du trône d'Espagne, appelé par les lois, le sang et la nature. Le texte discute également des conflits dynastiques et des droits successoraux en Espagne, mettant en lumière les contradictions dans les arguments de l'auteur des 'Soupirs'. Il critique les renonciations personnelles et les lois fondamentales, soulignant que les Cortes de 1618 et de 1709 ont toutes deux légitimé leurs décisions, bien que contradictoires. Il souligne également les manœuvres des Princes Autrichiens pour maintenir leur influence en Espagne, malgré les règles de succession. Le texte défend le droit de Philippe V au trône d'Espagne, affirmant que les efforts des puissances alliées pour le détrôner ont échoué en raison du soutien des Espagnols. Il compare les alliances européennes à des Chimères, incapables de contrôler l'Espagne sans le soutien des peuples. L'auteur distingue les périodes avant et après la mort de l'Empereur Joseph, notant que la concentration de pouvoir entre les mains d'un seul prince est dangereuse. Il critique les calculs frivoles de l'auteur des 'Soupirs' et souligne l'importance de l'expérience et du soutien populaire. Enfin, le texte examine la question de la paix versus la guerre, affirmant que la paix proposée par la Reine est préférable à une guerre éternelle. Il critique les contradictions dans les arguments des ennemis de la France, qui la décrivent tour à tour comme faible et puissante. L'auteur conclut que la guerre ne servirait qu'à augmenter les domaines de l'Empereur et des Hollandais, tandis qu'une paix équilibrée apporterait la tranquillité à l'Europe.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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47
p. 120-136
NOUVELLES d'Allemagne.
Début :
La Guerre declarée au Czar par le Grand Seigneur, donne [...]
Mots clefs :
Tsar, Guerre, Allemagne, Cour de Vienne, Pologne, Hongrie, Paix de Carlowitz, Moscovites, Roi de Suède
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texteReconnaissance textuelle : NOUVELLES d'Allemagne.
NO VVELLEJ
d'Allemagne.
LA Guerre declaréeau
Czar. par le Grand Seigneur
, donne beaucoup
d'inquiétude
d'inquietude à la Cour de
Vienne, d'autant plus qu'-
on craint que la Pologne,
laHongrie & la Transilvanie
n'y soientenvelopées.
Cependant des Lettres
de Constantinople
portent que le GrandSeigneur
ne vouloit point
rompre la Paix de Carlowitz
,
mais seulement attaquer
le Czar qui avoit
violé deux fois la Treve
concluë à Falczin
, & depuis
renouvellee avec luy ;
Il qu'à l'égard du General
Goltz Envoyé du Roy Auguste
, il n'avoic de por
voirs que de ce Prince
Se que d'ailleurs il estoit et
tré trop avant dans les it
trigues & les interests de
Moscovites ; qu'enfin
Grand Seigneur vouloit
comme il la promis, fait
escorter en toute seures
le Roy de Suede dans se
Estats. Toutes ces nouve
les & les grands prépara
tifs des Turcs ont engag
rAmbafladeurde Venis
à faire instance, à ce qui
l'Archiducse mette en es
tat de n'estre point surpris
On travaille tousjours aux
recreuës & à la remonte
des troupes pour continuer
la guerre; cependant on
asseure que l'Archiduc a
envoyé pouvoir au Comte
de Zinzendorf son Plenipotentiaire
à Utrecht, de
consentir à une suspension
d'armes. On asseure que
,. le RoyStanistas accompagné
du General Smiegiels-
Ki ,
est arrivé à Bender,
que le Roy de Suede en
devoit partir avant la fin
du mois de Janvier avec
une puissantearmée. Les
Lettres de Transylvani
portent qu'il est en mai
che
,
les demieres Lettre
de Constantinople le cor
firment. La publication d
la guerre contre le Czar
ses Alliez, elles porter
que l'Internonce de l'Ar
chiduc avoit receu peu d
jours auparavant un Cou
rier qui luy avoitapport
de nouvelles instructior
touchant le changemer
des affaires, mais qu'il n'e
- avoit pû faire aucun usa
ge,que le Grand Seigneu
estoit resolu de faire l
guerre, & de commander
ses armées en personne,
outre que ce Ministre n'avoit
pû respondre aux reproches
qui luy avoient
esté faits touchant la mauvaise
foy avec laquelle le
Czar avoit manqué à l'execution
du Traité de Falczin.
Les mesmes Lettres
affeurent que le Palatin de
Masovie, Ambassadeur de
Pologne
,
qui estoit reste
à Andrinople, estoit menacéd'estre
conduit aux
sept Tours, de mesme que
les Ambassadeurs & les
ostages Moscovites
, &
que tous leursdomestiques
avoient été mis aux
Galeres ;qu'un Capigi
avoit été envoyé a Mete-
Jin, où estoit reeégué le
Visir deposé
, ce qui donnoic
lieu de croire que ce
ne fust pour apporter sa
celle, d'autant plus qu'on
avoit découvert des preuves
convaincantes qu'il
s'estoit laissé gagner par
prefenrs
, pour soustenir
les interests du Czar, &
ceux du Roy Auguste.
.,. Les Lettres deHambourg
portent que le General
Steinboch fit passer
la riviere d'Eyder le 16. le
17. & le 18. à son Armée.
êc quayant appris que le
Czar le suivoit en diligence
avec une Arméefort fiiperieure
,
il campa dans
un Poste avantageux entre
l'Eyder & la Ville de
Husum dans un terrain
fort estroit. Il mit sa droite
à Swabstede sur la Trene
qui tombe un peu au desfous
dans l'Eyder, & sa
gauche à Osterfeld au desfous
de Husum
; de forte
qu'il a devant luy la Trene,
des Bois, des Marests,
&des Défilés,& derriere
la Préfecture,&Presqu'isle
d'Eyderstede, entourée
de la Mer & delaRiviere
d'Eyder de tous les autres
costés:qu'ilparoissoit fort
resolu d'attendre en ce
Camp l'Armée du Czar,
& de s'y fortifier, attendu
qu'il peut tirer feulement
des vivres des Isles &de la
Dahmaise. Il a fait plusieurs
Détachements pour
lever des contributions;
néanmoins le Czar ayant
pressé la marche de son Armée
malgré le degel quia
beaucoup fatigué les Troupes
,fut joint à Rensbourg
par le General Legard
avec cinq ou six mille Danois
: il est arrivé à Gottorp
où est son Quartier
general. Il a envoyé un
Détachementà laVillede
Flenfbourg qui a empesche
le payement de vingt
huit mille escus de contribution
qu'elle avoit offerte
,
le Roy de DannemarcK
ayant deffendu
d'en payer aucune, àcause
que l'Armée Conféderée
estoit proche & en estat de
les garentir desexécutions
militaires.
D'autres Lettres portent
que cent cinquante
Suédois estant retranchez
à la teste du Pont sur la
Trene
,
avoient esté attaquez
par deux mille Danois
commandez par le
General Legard ; qu'aprés
un combat de quatre heures
ils avoient quitté le
Retranchement, rompu le
Pont, & fait un si grand
feu sur les Danois,qu'ils
les avoient obligez à se retirer
avec perte de soixante
& dix hommes:que les
Suedois estoient demeurez
maistres du Poste, & qu'ils
n'avoient pas perdu dans
cette action vingt-cinq ou
trente Soldats..
Les Lettres de Kiel, &
de plusieurs autres Villes
du Holstein assurent que
ce succés a esté suivi d'un
autre bien plus considerable.
Elles portent que le
General Steinbock ayant
esté informé par les Prisonniers
faits à l'action dupof,
te de Hollingstede, & par
d'autres voyes, que le General
Baver qui commande
l'aisle droite de l'Armée
Confederée qui estoiten
marche vers son Camp
pour le combattre,s'estoit
avancé avec huit mille
Moscovites pour le prendre
en flanc, tandis que le
reste de l'Armée l'attaqueroit
de front, avoit sur le
champ resolu de profiter
de cette occasion; qu'il
avoit pris un gros Corpsde
Cavalerie, mis sur plus de
mille Chariots une partie
deson Infanterie, & marche
avec tant de diligence
,
qu'il avoit surpris les
Moscovites, & les avoit
entierement défaits. On
assure que cinq mille ont
esté tuez sur la place,& le
reste fait Prisonniers ; que
cette défaite avoitcausé
une grande efpouvanre
dans l'Armée Confederée;
,
que la division augmentoic
xie jour en jourentreeux,
à cause que les Moscovites
prétendoient que les Danois
&les Saxons devoient
obéir absolument à leurs
ordres; que leRoy deDannemarck
estoit encore à
Fredericfode
,
où il rassembloit
ses Troupes, &
quatre mille hommes arrivez
de Norwege, pour les
joindre à la grande Armée,
dont on assure quele
Czar veut luy laisser le
commandement pour retourner
dans ses Eta-ts.-mais
que Sa Majesté Danoise
vouloir l'obliger à differer
son départ jusqu'à ce qu'on
eustveu le succés d'une Bataille
generale. Plusieurs
Lettres assurentque. le
Renfort qu'on attendoit
de Suede eftoic arrive en
divers Ports de Pomeranie,
ayant estéseparé par le
mauvais tem ps.
Les Lettres de Berlin du
21. Janvier portent que le
DérachementdeStetin,qui
avoit enlevé deFredeland
tous les vivres,& destruit le
Magasin qui y estoit,s'estant
retiré, quatre CompagniesMoscovites
étoient
entrées dans cette petite
Ville-là, avoient pillé ôc
maltraité les Habitants,
les accusant d'avoir favorisé
l'entreprise desSuédois.
-1 NOVVELLES
d'Allemagne.
LA Guerre declaréeau
Czar. par le Grand Seigneur
, donne beaucoup
d'inquiétude
d'inquietude à la Cour de
Vienne, d'autant plus qu'-
on craint que la Pologne,
laHongrie & la Transilvanie
n'y soientenvelopées.
Cependant des Lettres
de Constantinople
portent que le GrandSeigneur
ne vouloit point
rompre la Paix de Carlowitz
,
mais seulement attaquer
le Czar qui avoit
violé deux fois la Treve
concluë à Falczin
, & depuis
renouvellee avec luy ;
Il qu'à l'égard du General
Goltz Envoyé du Roy Auguste
, il n'avoic de por
voirs que de ce Prince
Se que d'ailleurs il estoit et
tré trop avant dans les it
trigues & les interests de
Moscovites ; qu'enfin
Grand Seigneur vouloit
comme il la promis, fait
escorter en toute seures
le Roy de Suede dans se
Estats. Toutes ces nouve
les & les grands prépara
tifs des Turcs ont engag
rAmbafladeurde Venis
à faire instance, à ce qui
l'Archiducse mette en es
tat de n'estre point surpris
On travaille tousjours aux
recreuës & à la remonte
des troupes pour continuer
la guerre; cependant on
asseure que l'Archiduc a
envoyé pouvoir au Comte
de Zinzendorf son Plenipotentiaire
à Utrecht, de
consentir à une suspension
d'armes. On asseure que
,. le RoyStanistas accompagné
du General Smiegiels-
Ki ,
est arrivé à Bender,
que le Roy de Suede en
devoit partir avant la fin
du mois de Janvier avec
une puissantearmée. Les
Lettres de Transylvani
portent qu'il est en mai
che
,
les demieres Lettre
de Constantinople le cor
firment. La publication d
la guerre contre le Czar
ses Alliez, elles porter
que l'Internonce de l'Ar
chiduc avoit receu peu d
jours auparavant un Cou
rier qui luy avoitapport
de nouvelles instructior
touchant le changemer
des affaires, mais qu'il n'e
- avoit pû faire aucun usa
ge,que le Grand Seigneu
estoit resolu de faire l
guerre, & de commander
ses armées en personne,
outre que ce Ministre n'avoit
pû respondre aux reproches
qui luy avoient
esté faits touchant la mauvaise
foy avec laquelle le
Czar avoit manqué à l'execution
du Traité de Falczin.
Les mesmes Lettres
affeurent que le Palatin de
Masovie, Ambassadeur de
Pologne
,
qui estoit reste
à Andrinople, estoit menacéd'estre
conduit aux
sept Tours, de mesme que
les Ambassadeurs & les
ostages Moscovites
, &
que tous leursdomestiques
avoient été mis aux
Galeres ;qu'un Capigi
avoit été envoyé a Mete-
Jin, où estoit reeégué le
Visir deposé
, ce qui donnoic
lieu de croire que ce
ne fust pour apporter sa
celle, d'autant plus qu'on
avoit découvert des preuves
convaincantes qu'il
s'estoit laissé gagner par
prefenrs
, pour soustenir
les interests du Czar, &
ceux du Roy Auguste.
.,. Les Lettres deHambourg
portent que le General
Steinboch fit passer
la riviere d'Eyder le 16. le
17. & le 18. à son Armée.
êc quayant appris que le
Czar le suivoit en diligence
avec une Arméefort fiiperieure
,
il campa dans
un Poste avantageux entre
l'Eyder & la Ville de
Husum dans un terrain
fort estroit. Il mit sa droite
à Swabstede sur la Trene
qui tombe un peu au desfous
dans l'Eyder, & sa
gauche à Osterfeld au desfous
de Husum
; de forte
qu'il a devant luy la Trene,
des Bois, des Marests,
&des Défilés,& derriere
la Préfecture,&Presqu'isle
d'Eyderstede, entourée
de la Mer & delaRiviere
d'Eyder de tous les autres
costés:qu'ilparoissoit fort
resolu d'attendre en ce
Camp l'Armée du Czar,
& de s'y fortifier, attendu
qu'il peut tirer feulement
des vivres des Isles &de la
Dahmaise. Il a fait plusieurs
Détachements pour
lever des contributions;
néanmoins le Czar ayant
pressé la marche de son Armée
malgré le degel quia
beaucoup fatigué les Troupes
,fut joint à Rensbourg
par le General Legard
avec cinq ou six mille Danois
: il est arrivé à Gottorp
où est son Quartier
general. Il a envoyé un
Détachementà laVillede
Flenfbourg qui a empesche
le payement de vingt
huit mille escus de contribution
qu'elle avoit offerte
,
le Roy de DannemarcK
ayant deffendu
d'en payer aucune, àcause
que l'Armée Conféderée
estoit proche & en estat de
les garentir desexécutions
militaires.
D'autres Lettres portent
que cent cinquante
Suédois estant retranchez
à la teste du Pont sur la
Trene
,
avoient esté attaquez
par deux mille Danois
commandez par le
General Legard ; qu'aprés
un combat de quatre heures
ils avoient quitté le
Retranchement, rompu le
Pont, & fait un si grand
feu sur les Danois,qu'ils
les avoient obligez à se retirer
avec perte de soixante
& dix hommes:que les
Suedois estoient demeurez
maistres du Poste, & qu'ils
n'avoient pas perdu dans
cette action vingt-cinq ou
trente Soldats..
Les Lettres de Kiel, &
de plusieurs autres Villes
du Holstein assurent que
ce succés a esté suivi d'un
autre bien plus considerable.
Elles portent que le
General Steinbock ayant
esté informé par les Prisonniers
faits à l'action dupof,
te de Hollingstede, & par
d'autres voyes, que le General
Baver qui commande
l'aisle droite de l'Armée
Confederée qui estoiten
marche vers son Camp
pour le combattre,s'estoit
avancé avec huit mille
Moscovites pour le prendre
en flanc, tandis que le
reste de l'Armée l'attaqueroit
de front, avoit sur le
champ resolu de profiter
de cette occasion; qu'il
avoit pris un gros Corpsde
Cavalerie, mis sur plus de
mille Chariots une partie
deson Infanterie, & marche
avec tant de diligence
,
qu'il avoit surpris les
Moscovites, & les avoit
entierement défaits. On
assure que cinq mille ont
esté tuez sur la place,& le
reste fait Prisonniers ; que
cette défaite avoitcausé
une grande efpouvanre
dans l'Armée Confederée;
,
que la division augmentoic
xie jour en jourentreeux,
à cause que les Moscovites
prétendoient que les Danois
&les Saxons devoient
obéir absolument à leurs
ordres; que leRoy deDannemarck
estoit encore à
Fredericfode
,
où il rassembloit
ses Troupes, &
quatre mille hommes arrivez
de Norwege, pour les
joindre à la grande Armée,
dont on assure quele
Czar veut luy laisser le
commandement pour retourner
dans ses Eta-ts.-mais
que Sa Majesté Danoise
vouloir l'obliger à differer
son départ jusqu'à ce qu'on
eustveu le succés d'une Bataille
generale. Plusieurs
Lettres assurentque. le
Renfort qu'on attendoit
de Suede eftoic arrive en
divers Ports de Pomeranie,
ayant estéseparé par le
mauvais tem ps.
Les Lettres de Berlin du
21. Janvier portent que le
DérachementdeStetin,qui
avoit enlevé deFredeland
tous les vivres,& destruit le
Magasin qui y estoit,s'estant
retiré, quatre CompagniesMoscovites
étoient
entrées dans cette petite
Ville-là, avoient pillé ôc
maltraité les Habitants,
les accusant d'avoir favorisé
l'entreprise desSuédois.
-1 NOVVELLES
Fermer
Résumé : NOUVELLES d'Allemagne.
Le texte décrit les tensions politiques et militaires en Europe, impliquant principalement l'Empire ottoman, la Russie et la Suède. La déclaration de guerre du sultan ottoman contre le tsar russe suscite des inquiétudes à la cour de Vienne, qui craint une extension du conflit à la Pologne, la Hongrie et la Transylvanie. Cependant, des informations de Constantinople révèlent que le sultan ne souhaite pas rompre la paix de Carlowitz, mais seulement attaquer le tsar, accusé d'avoir violé la trêve de Falczin. Le sultan refuse de recevoir le général Goltz, envoyé du roi Auguste, en raison de ses intrigues avec les Moscovites, et promet d'escorter le roi de Suède dans ses États. Les préparatifs turcs incitent l'ambassadeur de Venise à demander à l'archiduc de se préparer à une éventuelle attaque. Les troupes sont réorganisées et renforcées, mais l'archiduc envoie le comte de Zinzendorf à Utrecht pour négocier une suspension d'armes. Le roi Stanislas, accompagné du général Smiegielski, arrive à Bender, et le roi de Suède se prépare à partir avec une armée puissante. Les lettres de Transylvanie confirment la mobilisation du roi de Suède, et l'Internonce de l'archiduc reçoit des instructions sur les changements dans les affaires. Le sultan est résolu à faire la guerre en personne, et le palatin de Masovie, ambassadeur de Pologne, ainsi que les ambassadeurs et otages moscovites, sont menacés d'être conduits aux sept Tours. En Allemagne, le général Steinboch positionne son armée entre la rivière Eyder et la ville de Husum pour attendre l'armée du tsar. Malgré le dégel, le tsar rejoint le général Legard avec des renforts danois. Les Suédois repoussent une attaque danoise près de la Trene et remportent une victoire contre les Moscovites à Hollingstede, causant une grande division au sein de l'armée confédérée. Le roi de Danemark rassemble ses troupes à Fredericksode, attendant le résultat d'une bataille générale. Des renforts suédois arrivent en Pomeranie, séparés par mauvais temps. À Stettin, des troupes moscovites pillent la ville, accusant les habitants de soutenir les Suédois.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
48
p. 189-192
Copie de la Lettre de Monsieur le Lieutenant General de Spaar, à Monsieur le Comte de Veling, dattée de Bender le 16e Mars 1713.
Début :
J'ay rendu compte à Votre Excellence dans ma derniere, dattée [...]
Mots clefs :
Lettre, Guerre, Moscovites
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Copie de la Lettre de Monsieur le Lieutenant General de Spaar, à Monsieur le Comte de Veling, dattée de Bender le 16e Mars 1713.
Copie de la Lettre de Monficur
le Lieutenant General de
Spaar à MonjieurleComte
de Velingt dattée de Bender le Marsi7i3.
J'ay rendu compte a
VostreExcellence dans ma
derniere, dattée du 2. 5. Février,
de la situation broüillée
de nos affaires en ce païscy
; je m'y raporte, &
supplie VostreExcellence,
de vouloir bien avoir foin
que nos Lettres de Change
soient honorées en attendant
le secours que nous attendons
incessamment dAndrinople
dont nous avons reçu aujourd'huy
un Exprés de nostre
Roy, qui est Dieu mercy en
bonne santé, & qui nous
fait mander que le Grand
Seigneur ayant ordonné au
General Poniatofski d'aller
au devant de Sa Majesté, avec
une nombreusesuite d'Officiers
Turcs, luy avoit fait
donner des assurances de son
amitié & de sa ferme resolution
de faire la guerre aux
Moscovites;qu'on avoit fait
meubler magnifiquement un
Serrail prés d'Andrinople
poury logerSaMajesté,& où
le Grand Seigneur veut conferer
avec Elle incessamment;
aprés quoy nous esperons
de revoir bien-tost nostre
cher Roy & le suivre avec
une nombreusearmée pour
allerjoindre nos gens J'ose
me flater & fuis leur que nos
affaires prendront incessamment
un bon train; sur tout
s'il estoit vray comme on
nous le dit que Monsieur de
Stecmbok a batu les ennemis
en Holstein.Je suplie Vostre
Excellence de vouloir bien
me donner avis de ce qui
se passe chez elle sur ce qui
nous regarde; j'auray foin
de l'informer exactement de
ce que nous aurons de nouveau
icy. Je suis, &.
le Lieutenant General de
Spaar à MonjieurleComte
de Velingt dattée de Bender le Marsi7i3.
J'ay rendu compte a
VostreExcellence dans ma
derniere, dattée du 2. 5. Février,
de la situation broüillée
de nos affaires en ce païscy
; je m'y raporte, &
supplie VostreExcellence,
de vouloir bien avoir foin
que nos Lettres de Change
soient honorées en attendant
le secours que nous attendons
incessamment dAndrinople
dont nous avons reçu aujourd'huy
un Exprés de nostre
Roy, qui est Dieu mercy en
bonne santé, & qui nous
fait mander que le Grand
Seigneur ayant ordonné au
General Poniatofski d'aller
au devant de Sa Majesté, avec
une nombreusesuite d'Officiers
Turcs, luy avoit fait
donner des assurances de son
amitié & de sa ferme resolution
de faire la guerre aux
Moscovites;qu'on avoit fait
meubler magnifiquement un
Serrail prés d'Andrinople
poury logerSaMajesté,& où
le Grand Seigneur veut conferer
avec Elle incessamment;
aprés quoy nous esperons
de revoir bien-tost nostre
cher Roy & le suivre avec
une nombreusearmée pour
allerjoindre nos gens J'ose
me flater & fuis leur que nos
affaires prendront incessamment
un bon train; sur tout
s'il estoit vray comme on
nous le dit que Monsieur de
Stecmbok a batu les ennemis
en Holstein.Je suplie Vostre
Excellence de vouloir bien
me donner avis de ce qui
se passe chez elle sur ce qui
nous regarde; j'auray foin
de l'informer exactement de
ce que nous aurons de nouveau
icy. Je suis, &.
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Résumé : Copie de la Lettre de Monsieur le Lieutenant General de Spaar, à Monsieur le Comte de Veling, dattée de Bender le 16e Mars 1713.
Dans une lettre datée du 13 mars, le Lieutenant Général Spaar informe le Comte de Velingt de la situation en pays. Spaar rappelle sa lettre précédente du 25 février et demande que les lettres de change soient honorées en attendant des secours d'Andrinople. Un courrier du roi, en bonne santé, annonce que le Grand Seigneur a ordonné au Général Poniatofski de se rendre à sa rencontre avec une suite d'officiers turcs, confirmant ainsi son amitié et sa résolution de faire la guerre aux Moscovites. Un serrail près d'Andrinople a été préparé pour loger le roi, où une conférence doit avoir lieu. Spaar espère revoir bientôt le roi et le suivre avec une armée pour rejoindre leurs troupes. Il mentionne également une victoire potentielle de Monsieur de Stecmbok en Holstein. Spaar sollicite des nouvelles du Comte de Velingt et promet de l'informer des développements.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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49
p. 52-66
SOMMAIRE des Traitez de Paix & de Commerce entre la France, et les Estats Generaux des Provinces-Unies, conclus à Utrecht le 11. Avril 1713.
Début :
ARTICLE I. La Declaration de la Paix, & la cessation de tous actes d'hostilité, &c. [...]
Mots clefs :
Paix, Articles, Roi, Catholique, France, Espagne, Clauses, Namur, Guerre, Bavière
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SOMMAIRE des Traitez de Paix & de Commerce entre la France, et les Estats Generaux des Provinces-Unies, conclus à Utrecht le 11. Avril 1713.
SOMMAIRE
des Traitez de Paix & de
Commerce entre la France,
0* les Estats Généraux des
Provinces - Unies> conclus
àVtrech le 11.Avril1713.
ARTICLE I. LADeclaration de la.<
, Paix, & la cessation de tous
actes d'hostilite, &c.
II.
L'oubli & l'amnistie ge;
nerale pour tous les Sujets
de part & d'autre, & le
restablissèment dans leurs
biens.
III.
é Restitution
,
des prises
dans la mer Baltique du
Nord
,
&c. dans quatre (emaines,
de la Manche jusqu'au
Cap saint Vincent;
dans six semaines, de la
Medirerranée jusques à la
Ligne dans dix semaines,
& dans huit mois par delà
la Ligne, &c.
I V. V. & V I.
Sincere
,
ferme & perpetuelle
amitié, & bonne
correspondance par mer
& par terre, & restitution
des biens aux premiers propriétaires,
&c. E iij
VII.
On remet aux Essars
Généraux en faveur de la
Maison d'autriche
, pour
barriere les Pay- Bas appessez
Espagnols
,
conformément
au Traité de Riswich,
fauf ce que possede
le Roy de Prusse
,
à qui il
fera remis de plus Lammanie
de KirKembech
avec,&c. Plus il fera reservé
dans le Duché de Luxembourg
ou de Limbourg
, une Terre de valeur
de trente.milleécus
de revenu, qui fera érigée.
en Principauté en faveur
de la Princesse des Ursins,
& héritiers, &c. VIII.
En consequence Sa Majessé
Tres-Chrestenne remet
aux Sieurs Estats Généraux,
Namur, Charleroy
,
Nieuport, &c.
IX.
Sa Maiesté Catholique
ayant cédé à Son Altesse
Eleaorale de Baviere let
dits Pays- Bas Espagnols,
Sa Màjesté Tres-Chrestienne
s'engage de faire
donner un acte de cession
de ses droits sur lesdits
Pays Bas&c. SOQAIreiTc
retenant la Souveraineté,
revenus, &c. du Duché &
Vilie de Luxembourg,la
Ville & Comté de Namur,
la ville de Charleroy, &c.
jusqu'à ce qu'elle ait esté
restablie, dans ses Etats ,
&c. à l'exception du haut
Palatinat, & remise dans
le rang de neuvième Electeur
&en possession du
Royaume de Sardaigne &
du titre de Roy &c.
L'article X. ne contient que
desfaits 0* conditions sur
l'Article précedent, qui font
trop écendus pour un Sommaire.
XI.
Le Roy de France cede
Menin, & la Ville & Citadelle
de Tournay, &c.
excepté Sr. Amand &.
Le Prince d'Epinoy rentre
dans la possession de la terre
dantoin, &c.
XII.
On cede à la MaiTon
d'Aufiriche Furnes- Ambagt,
le Fort de Knoque,
Loo,Dixmude,Yprcs,&c.
XIII.
La Navigation de la Lis
fera libre.
XIV.
Qu'aucune partie des
Pays-Bas Espagnols ne
pourra jamais erre transportée
à la Couronne
-
de
France,&c.
XV.
On rend à la France la
Ville & Citadelle de Lile
avec toute saChastelnie,
&c. Orchies, le Pays de
Lalo,la Gourgue, lesVilles
& Places d'Aire,Bctune,Sr.
Venant, le Fort François,
&c.
XVI.
Luxembourg, Namur, Charleroy
,
Nieuport &
toutes les Places, & Forts
possedez parle Roy de
France & lesEleéteurs de
Cologne & de Baviere feront
remis avec les Canons
Artilerie,&c. quiy étoient
au decés du feu Roy Catholique
Charle Il Lile
Aire, le Fort François, &c.
avecCanons,Artillerie,&c.
qui y étoienc au temps de la
prise. Ypres avec50. pieces
de Canon.
: XVII.
La retraite des troupes
dé part ôcd'autre.
XVIII.
Les droitsperçus de pa; t
& d'autre, continués seulement
jurqu'au jour de l'E.
change des ratifications.
XIX.
Détailde l'Amnistie de
parc & d'autre.
X X.
LibertédeDomiciles &
de Commerce réciproquement.
XXI.
Restablissement des dignirés,
honneurs, benesices,
&c.& tenue des Jugemens
rendus pendant la
guerre, &c.
XXI1.
Clause pour les Rentes
v afectées sur la Generalité
de quelques Provinces des
Païs Bas. XXIII.
Les benefïcesaccordez
& légitimement conferez
pendant la guerre,laissez à
ceux qui les possedent, &
tout ce qui concerne la Religion
Catholique Romaine
confervé dans son érar,
libertez, franchises.,droirs
honneurs,&c. ainsi que
devant.
- XXIV.
Pour l'exercice de la Re-
- ligion Protestante par les
troupes que les Estats
Généraux auront dans les
Places desditsPaysBas Espagnols,
&c. on se conforme
au Reglement fait
avec l'Electeur de Baviere
Gouvreneur des PaysBas.
Espagnols, fous le regne
de Charles II.
XXV.
1
Conservation des Privilèges,
Coutumes, Droits
&c. par les Communautés
, Habitans. &c.
XXVI.
Garnisons desEstatsCeneraux
qui se trouvent à
Huy &Citadelle de Liege
yresteront,auxdépens desdits
Sei gneurs, Estats; Fortifications
de Bonne rasez.
XXVII.
Tous Prisonniers de
guerre feront délivrez, &c.
XXVIII.
Levée de Contributions
de part &d'autre continuée
jusquau jour del'Eschacge
des Ratifications.
XXIX.
Renonciation réciproque
à routes anciennes pretentions,
au préjudice du
present Traité, &c.
XXX.
Les voyes de lajustice
ordinaire ouvertes; selon
les Loys de chaque Pays,
&c.
XXXI.
Précautions prises, &
confirmées pourempêcher
que les Couronnes deFrance
& d'Espagne ne puissent
amais estre unies sur la
ête d'un mesme Roy &c.
XXXII.
Commerce & Navigation
en Espagne, ou dans
les Indes Espagnoles,comme
e lles étoient fous Charles
IL
XXXIII.
Tout ce qui regardera
dans le Traité à faire avec
l'Empire,l'estat de Religion,
fera conforme à
la teneur des Traités de
Westphalie, & Rhinfels
,
&S. Goard, demeurant au
Landgrave deHesseCassel,
& moyennant un équivalent,
à payer au Prince de
Hesse Rheinfels
,
à condition
quelaReligion Catholique
Romaine y soit
exercée.
Les Articles suivans ne
contiennent que des formalités
,
publications &
actes, & quelquesclauses,
en cas de contravention,
qui n'auront pas lieu de nos
jours, puisque cette heureuse
paix fera durable.
des Traitez de Paix & de
Commerce entre la France,
0* les Estats Généraux des
Provinces - Unies> conclus
àVtrech le 11.Avril1713.
ARTICLE I. LADeclaration de la.<
, Paix, & la cessation de tous
actes d'hostilite, &c.
II.
L'oubli & l'amnistie ge;
nerale pour tous les Sujets
de part & d'autre, & le
restablissèment dans leurs
biens.
III.
é Restitution
,
des prises
dans la mer Baltique du
Nord
,
&c. dans quatre (emaines,
de la Manche jusqu'au
Cap saint Vincent;
dans six semaines, de la
Medirerranée jusques à la
Ligne dans dix semaines,
& dans huit mois par delà
la Ligne, &c.
I V. V. & V I.
Sincere
,
ferme & perpetuelle
amitié, & bonne
correspondance par mer
& par terre, & restitution
des biens aux premiers propriétaires,
&c. E iij
VII.
On remet aux Essars
Généraux en faveur de la
Maison d'autriche
, pour
barriere les Pay- Bas appessez
Espagnols
,
conformément
au Traité de Riswich,
fauf ce que possede
le Roy de Prusse
,
à qui il
fera remis de plus Lammanie
de KirKembech
avec,&c. Plus il fera reservé
dans le Duché de Luxembourg
ou de Limbourg
, une Terre de valeur
de trente.milleécus
de revenu, qui fera érigée.
en Principauté en faveur
de la Princesse des Ursins,
& héritiers, &c. VIII.
En consequence Sa Majessé
Tres-Chrestenne remet
aux Sieurs Estats Généraux,
Namur, Charleroy
,
Nieuport, &c.
IX.
Sa Maiesté Catholique
ayant cédé à Son Altesse
Eleaorale de Baviere let
dits Pays- Bas Espagnols,
Sa Màjesté Tres-Chrestienne
s'engage de faire
donner un acte de cession
de ses droits sur lesdits
Pays Bas&c. SOQAIreiTc
retenant la Souveraineté,
revenus, &c. du Duché &
Vilie de Luxembourg,la
Ville & Comté de Namur,
la ville de Charleroy, &c.
jusqu'à ce qu'elle ait esté
restablie, dans ses Etats ,
&c. à l'exception du haut
Palatinat, & remise dans
le rang de neuvième Electeur
&en possession du
Royaume de Sardaigne &
du titre de Roy &c.
L'article X. ne contient que
desfaits 0* conditions sur
l'Article précedent, qui font
trop écendus pour un Sommaire.
XI.
Le Roy de France cede
Menin, & la Ville & Citadelle
de Tournay, &c.
excepté Sr. Amand &.
Le Prince d'Epinoy rentre
dans la possession de la terre
dantoin, &c.
XII.
On cede à la MaiTon
d'Aufiriche Furnes- Ambagt,
le Fort de Knoque,
Loo,Dixmude,Yprcs,&c.
XIII.
La Navigation de la Lis
fera libre.
XIV.
Qu'aucune partie des
Pays-Bas Espagnols ne
pourra jamais erre transportée
à la Couronne
-
de
France,&c.
XV.
On rend à la France la
Ville & Citadelle de Lile
avec toute saChastelnie,
&c. Orchies, le Pays de
Lalo,la Gourgue, lesVilles
& Places d'Aire,Bctune,Sr.
Venant, le Fort François,
&c.
XVI.
Luxembourg, Namur, Charleroy
,
Nieuport &
toutes les Places, & Forts
possedez parle Roy de
France & lesEleéteurs de
Cologne & de Baviere feront
remis avec les Canons
Artilerie,&c. quiy étoient
au decés du feu Roy Catholique
Charle Il Lile
Aire, le Fort François, &c.
avecCanons,Artillerie,&c.
qui y étoienc au temps de la
prise. Ypres avec50. pieces
de Canon.
: XVII.
La retraite des troupes
dé part ôcd'autre.
XVIII.
Les droitsperçus de pa; t
& d'autre, continués seulement
jurqu'au jour de l'E.
change des ratifications.
XIX.
Détailde l'Amnistie de
parc & d'autre.
X X.
LibertédeDomiciles &
de Commerce réciproquement.
XXI.
Restablissement des dignirés,
honneurs, benesices,
&c.& tenue des Jugemens
rendus pendant la
guerre, &c.
XXI1.
Clause pour les Rentes
v afectées sur la Generalité
de quelques Provinces des
Païs Bas. XXIII.
Les benefïcesaccordez
& légitimement conferez
pendant la guerre,laissez à
ceux qui les possedent, &
tout ce qui concerne la Religion
Catholique Romaine
confervé dans son érar,
libertez, franchises.,droirs
honneurs,&c. ainsi que
devant.
- XXIV.
Pour l'exercice de la Re-
- ligion Protestante par les
troupes que les Estats
Généraux auront dans les
Places desditsPaysBas Espagnols,
&c. on se conforme
au Reglement fait
avec l'Electeur de Baviere
Gouvreneur des PaysBas.
Espagnols, fous le regne
de Charles II.
XXV.
1
Conservation des Privilèges,
Coutumes, Droits
&c. par les Communautés
, Habitans. &c.
XXVI.
Garnisons desEstatsCeneraux
qui se trouvent à
Huy &Citadelle de Liege
yresteront,auxdépens desdits
Sei gneurs, Estats; Fortifications
de Bonne rasez.
XXVII.
Tous Prisonniers de
guerre feront délivrez, &c.
XXVIII.
Levée de Contributions
de part &d'autre continuée
jusquau jour del'Eschacge
des Ratifications.
XXIX.
Renonciation réciproque
à routes anciennes pretentions,
au préjudice du
present Traité, &c.
XXX.
Les voyes de lajustice
ordinaire ouvertes; selon
les Loys de chaque Pays,
&c.
XXXI.
Précautions prises, &
confirmées pourempêcher
que les Couronnes deFrance
& d'Espagne ne puissent
amais estre unies sur la
ête d'un mesme Roy &c.
XXXII.
Commerce & Navigation
en Espagne, ou dans
les Indes Espagnoles,comme
e lles étoient fous Charles
IL
XXXIII.
Tout ce qui regardera
dans le Traité à faire avec
l'Empire,l'estat de Religion,
fera conforme à
la teneur des Traités de
Westphalie, & Rhinfels
,
&S. Goard, demeurant au
Landgrave deHesseCassel,
& moyennant un équivalent,
à payer au Prince de
Hesse Rheinfels
,
à condition
quelaReligion Catholique
Romaine y soit
exercée.
Les Articles suivans ne
contiennent que des formalités
,
publications &
actes, & quelquesclauses,
en cas de contravention,
qui n'auront pas lieu de nos
jours, puisque cette heureuse
paix fera durable.
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Résumé : SOMMAIRE des Traitez de Paix & de Commerce entre la France, et les Estats Generaux des Provinces-Unies, conclus à Utrecht le 11. Avril 1713.
Le texte présente un résumé des traités de paix et de commerce entre la France et les États Généraux des Provinces-Unies, signés à Utrecht le 11 avril 1713. Les points essentiels incluent la déclaration de paix et la cessation des hostilités, avec un engagement à mettre fin à tous les actes d'hostilité. Une amnistie générale est accordée, oubliant les actions passées et rétablissant les sujets dans leurs biens. La restitution des prises maritimes est prévue dans des délais spécifiques selon les zones géographiques. Les parties s'engagent à une amitié sincère et perpétuelle, avec restitution des biens aux premiers propriétaires. La France cède plusieurs villes et places fortes aux États Généraux et à la Maison d'Autriche, notamment Namur, Charleroi, Nieuport, Menin, et Tournay. La navigation sur la Lys est déclarée libre, et aucune partie des Pays-Bas espagnols ne peut être transférée à la Couronne de France. La France rend également des villes comme Lille, Aire, Béthune, et le Fort François. Les troupes des deux camps doivent se retirer, et les droits perçus de part et d'autre sont continués jusqu'à l'échange des ratifications. La liberté de domicile et de commerce est réciproquement garantie, et les privilèges, coutumes et droits des communautés et habitants sont conservés. Tous les prisonniers de guerre doivent être délivrés, et les parties renoncent réciproquement à toutes anciennes prétentions au préjudice du présent traité. Des mesures sont prises pour empêcher l'union des couronnes de France et d'Espagne sur une même tête. Le commerce et la navigation en Espagne et dans les Indes espagnoles sont maintenus comme sous Charles II. Enfin, les dispositions concernant la religion doivent être conformes aux traités de Westphalie, de Rijnfels et de Saint-Goar.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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50
p. 77-79
Nouvelles d'Allemagne.
Début :
L'Archiduc continuë de faire son séjour à Laxembourg où [...]
Mots clefs :
Archiduc, Luxembourg, Guerre, Régiments, Hongrie, Bavière, Armées de l'Empire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles d'Allemagne.
Nouvelles d'Allemagne.
L'Archiduc conrinuë de
faire Ion sejour a Luxembourg
où l'on tient souvent
des Conseils, ausquels le
Prince Eugène & les autres
Ministres assistent, pour deliberer
sur lesaffaires presentes.
On assure qu'il a esté
résolu de continuer la guerre
contre la France; jusqu'à ce
qu'elle eut accordé à cette
Cour des conditions plus avantageuses
: qu'outre les
trois Regimens qui ont ordre
de venir de Hongrie, on
fera encore venir deux autres
bataillons de Baviere:qu'on
en attend deux autres d'Italie.
Les Lettres de Vienne
du 20.May portent que le
¡".:.\t>.,. ~<e ayant pris
congé de l'Archiduc & de
l'Imperatrice Eleonor partit
le 18.' pouraller commander
en chef les Armées de rEm.
pire & de l'Archiduc.
L'Archiduc conrinuë de
faire Ion sejour a Luxembourg
où l'on tient souvent
des Conseils, ausquels le
Prince Eugène & les autres
Ministres assistent, pour deliberer
sur lesaffaires presentes.
On assure qu'il a esté
résolu de continuer la guerre
contre la France; jusqu'à ce
qu'elle eut accordé à cette
Cour des conditions plus avantageuses
: qu'outre les
trois Regimens qui ont ordre
de venir de Hongrie, on
fera encore venir deux autres
bataillons de Baviere:qu'on
en attend deux autres d'Italie.
Les Lettres de Vienne
du 20.May portent que le
¡".:.\t>.,. ~<e ayant pris
congé de l'Archiduc & de
l'Imperatrice Eleonor partit
le 18.' pouraller commander
en chef les Armées de rEm.
pire & de l'Archiduc.
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Résumé : Nouvelles d'Allemagne.
L'Archiduc séjourne à Luxembourg avec le Prince Eugène et d'autres ministres pour discuter des affaires actuelles. La guerre contre la France continuera jusqu'à l'obtention de meilleures conditions. Des renforts de Hongrie, de Bavière et d'Italie sont attendus. Le Prince Eugène a quitté Luxembourg le 18 mai pour prendre le commandement des armées.
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