Résultats : 46 texte(s)
Accéder à la liste des mots clefs.
Détail
Liste
1
p. 33-71
Histoire du Solitaire. [titre d'après la table]
Début :
Ces choses sont belles à dire, mais l'execution en est [...]
Mots clefs :
Courtisane, Naufrage, Mariage, Charmes, Fils, Père, Insensible, Aimer, Femmes, Solitaire, Livre, Bateliers, Rencontrer, Eau
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Histoire du Solitaire. [titre d'après la table]
Ces choſes fontbelles àdire,mais l'execution en eſt diffi- cile, & la plupart de ceux qui font ces fortes d'Ouvrages ,
fongent bien moins àquiter le monde , qu'à faire paroiſtre leur eſprit. Beaucoup deGens parlent avantageuſementde la Solitude , & en dépeignent la tranquillité , & cependant on voit peu de Solitaires. Quoy que le nombre en ſoit petit ,
j'en ay découvert un depuis quelques jours , dont l'Hiſtoi- remerite bien de vous eſtre racontée. Il eſt Fils unique &
ſeul Heritier d'un Homme qui peut paſſer pour grand Sei- gneur dans ſa Province. Il le fit étudier avec beaucoup de foin &de dépenſe , luy fit faire ſes Exercices àParis , &le rap- pella aupres de luy dés qu'ils
Tome VI. C
2.6 LE MERCVRE
furent achevées , de crainte
qu'il ne priſt le parti de l'Epée,
&que le defirde la gloire qui excite preſque tous lesjeunes Gens , ne l'engageat à fuivre l'exemple de la plupart de fes Camarades qu'il voyoit aller à
l'Armée , en fortant de l'Aca
demie: CeFils dont l'humeur
eſtoit douce , qui n'aimoit que le repos , & qui ſe faifoit une joye extréme d'obeïr à fon Pe- re , ſe rendit aupres deluydans le temps marqué , & voulut répondre par fa diligence à
l'empreſſement que ce bon Homme avoit de le revoir.
Dés qu'il fut de retour , il luy propoſa une Charge de Con- feillerdans le Parlement de ***
pour l'attacher plus fortement auprés de luy. Cet offre fut accepté avec joye , & la Char-
GALANT. 27
ge ayant eſté achetée , il y fut reçeu avec applaudiſſement ;
il l'a exercée pendant dix ans avec une integrité dont nous avons peu veu d'exemples. Il ne faut pas s'en étonner , il eſtoit indifferent , & la Province n'avoit point de Beautez capables de le toucher. Ce n'eſt pas qu'il euſt de mépris pour aucune , & que fon in- difference aprochat de celle
de beaucoup de jeunes Gens qui ont fi bonne opinion d'eux-meſmes , qu'ils croyent
la plupart des Femmes indi gnesde leursfoins. Noſtre
litaire n'avoit point
&s'il avoit de l'indifference,
la cauſe n'endevoit eſtre attribuée qu'à ſon temperament.
Sa froideur pour le Sexe eſtoit accompagnée d'une civilité
cedeflwy
Cij
28 LE MERCVRE
qui gagnoit tous les coœurs , &
jamais Inſenſible ne l'a fi peu paru. Siquelques Belles qui ne le haïffoient pas , & qui au- roient volontiers fait lamoitié
des avances , cachoient le cha- grin qu'elles avoient de luy voir un cœur fi peu capable d'aimer , fon Pere faiſoit ſans
ceffe paroiſtre le ſien. Il le preſſoit tous les jours deſema- rier , & luy témoignoit avec une ardeur inconcevable le
defir qu'il avoit de voir des Succeſſeurs qui pûffent em- peſcher ſon nom de mourir.
Ces difcours fatiguoient nô- tre Solitaire, il ne fongeoit qu'à ſes Livres , il n'aimoit que fon Cabinet , il y paſſoit des jours entiers, & ne voyoit les Dames que lors qu'il ne pouvoit civi-- lement s'endéfendre, & que le
1
GALANT. 29
4
hazard les faifoit trouver dans
des lieux où il ne les cherchoit
pas : demanierequ'on peutdi- re qu'au milieu d'une des plus GalantesVilles de France , &
dans un Parlement celebre , il
vivoit comme s'il eût efté dans
une Solitude. Le calme d'eſprit &les douceurs qu'il trouvoit dans cette vie tranquile , fu- rentmêlées de quelques cha- grins. Les empreſſemens que fon Pere avoit de le marier,
luy firent de la peine : il vou- lut tâcher à ſe vaincre pour luy obeïr, il combatit les defirs qu'il avoit de conferver ſa li- berté, il ſe dit des raiſons pour fe faire vouloir ce qu'il ap- préhendoit le plus , mais cefut toûjours inutilement; de forte
que ſe voyant dans la neceffi- te d'entendre tous les jours les
Ciij
30 LE MERCVRE
plaintes de ſon Pere , ou de prendre une Femme, il refolut de vendre ſa Charge de Con- • ſeiller, &de ſe retirer dans une
Maiſon de Campagne ſur les bords d'une agreable Riviere.
Il pratiqua fecretement des Genspourcela,conclut prom- ptement ſon marché , &partit auffi - toſt aprés. La Maiſon eſtoit à luy , elle eſtoit toute meublée , il y alloit ſouvent,
&n'ayant beſoin de faire au- cuns appreſts pour ce Voyage,
il fit facilement croire qu'il n'alloit que s'y promener, quoy qu'il euſt deſſein de s'y établir tout-à-fait. A peine y est - il arrivé , qu'il s'adonne entie- rement à la lecture des plus
beaux Livres , aux Oeuvres de Pieté , & à la culture de fon Jardin. Le Pere au deſeſpoir,
GALANT. 31 &qui ſouhaitoit toujours d'a- voir des Succeſſeurs , confulte
ſes Amis pour ſçavoir de quel- le maniere il en uſera pour faire retourner ſon Fils dans
le monde. On y trouva de la difficulté , pluſieurs expédiens ſont propoſez, on ſe quite fans ſe determiner à rien. On fe
raffemble : & le bon Homme
conclut enfin qu'il parlera à
quelques Bateliers , & qu'il priera une Fille publique in-- connuë à ſon Fils , & la plus belle qu'il pourra trouver , de ſe mettre dans leur Bateau , &
qu'ils iront aupresdu Jardinde fon Fils , où ils feindront de
faire naufrage. Son argent luy fait trouver tout ce qu'il fou- haite. On luy promet tout, on execute tout , mais fi à propos &avec tant d'aparence de ve
32 LE MERCVRE rité , que noſtre Solitaire en eſt touché de compaffion. Il eſtoit appuyé fur le bordd'une Terraffe qui regardoit la Ri- viere, & tenoit un Livre remplyde Traitez contre l'Amour.
Il le liſoit avec plaifir , s'ap- plaudiffſoit de la dureté de fon cœur , &s'affermiſſoit dans la
refolution qu'il faifoit tous les jours de ne ſe laiſſer jamais ébloüir par aucune Beauté ,
quelques charmes qu'elle pût avoir , lors que les cris des Ba- teliers, &d'une jeune fille qui fembloit perir, luy firent aban- donner la lecture pour courir au bord de l'eau. Il vit une
Femme qui en fortoit , il luy preſente la main , &la preffa d'entrer chez luy pour chan- ger de hardes , & pour pren-- dre du repos. Il la plaignie
GALANT. 33
LYC
pendant le chemin avec une
honneſteté qui luy eft natu- relle ,&luy dit des choſes qui l'auroient empeſchée de croi- re qu'il eſtoit inſenſible, fi elle n'en avoit eſté bien avertie.
Elle ſe contentade luy repartir qu'elle ſe trouvoit bien- heureuſe dans fon infortune de rencontrer une Perſonn
auſſi obligeate que luy. Quand elle fut arrivée dans ſon L
gis , elle demanda du Feu &
du Linge pour en changer ,
parce que le ſien eſtoit tout moüillé. Noftre Solitaire en
fut luy-mefme chercher, & il
auroit fait l'impoſſible pour fa belle Hoſteſſe, ſans en ſçavoir la raiſon. Il eſtoit fi troublé &
fi interdit qu'il ne ſçavoit ce qu'il faiſoit. Il la regardoit fans parler , & parloit ſans ſçavoir
34 LE MERCURE ny ce qu'il diſoit , ny ce qu'il luy vouloit dire. Il luy alluma luy - meſine du feu avec un empreſſement extraordinaire ,
&envoya tous ſes Gens avec ordre de ne rien épargner pour ſauver ſes Hardesqui flotoient fur l'eau. Pendant qu'il eſtoit occupé àfaire du feu, la Belle ſe deshabilloit peu à peu , &
laiſſoit entrevoir de temps en
temps une partie des beautez qui avoienteſté admirées d'un
grand nombre de Cavaliers.
Elle ſe coucha en fuite. Nôtre Solitaire s'approcha de fon Lit , & voulut l'entretenir ;
mais elle luy dit qu'elle estoit fort fatiguée,&le pria avec un air modefte & remply d'une certaine pudeur qui arrache les cœurs, de ſe retirer & de
la laiſſfer en repos. Il eſt vray
GALANT. 35 qu'elle estoit laffe , & le feint Naufrage l'avoit prêque autāt tourmentée qu'auroit fait un veritable péril.Elle dormit fort tranquillement pendant toute la nuit. Son Hoſte n'en fit pas
de meſme , il reſvaal'Avantu+
re qui luy eſtoit arrivée , &
fon imagination ne ceſſa point de luy reprefenter la Belle qui n'eſtoit fortie de l'eau , que pourluy ravir le repos dont il joüiffoit. Son inſenſibilité l'em- peſchoit de croire qu'il aimât
veritablement ; &quand il au- roit eſté bien perfuadé de ſa paffion , il n'oſoit ſe l'avoüer à
luy--mefme ; &la manieredont il avoit veſcu luy faifoit voir tant de foibleſſe dans un fi
prompt changement , qu'il ne Içavoit à quoy ſe déterminer.
Il ſe leva avec ces cruelles irré-
36 LE MERCURE
:
ſolutions. Il fut à peine habil- lé , qu'il envoya ſçavoir de quelle maniere ſa belle Ho- ſteſſe avoit paffé la nuit. Ilap- prit qu'elle estoit éveillée , &
qu'elle ſe portoitbien. Il enté- moigna de la joye , & luy en- voya demander la permiffion dela voir. Il l'obtint ; mais à
peine fut - il entré dans ſa Chambre , qu'il fentit unba- tement de cœur qui luy pré- ſagea ce quiluy eſt arrivé dé- puis. Il luy trouva de nou- veaux charmes ; &luy fit des complimens ſi embarraffez ,
que la Belle connut bien que ces appas commençoient à fai- re l'effet que le Pere de noſtre Inſenſible s'eſtoit propoſé. El- le le pria de luy donner quel- qu'un pour envoyer querir une Litiere dans la Ville Capitale
GALANT. 37 pitalede la Province , quin'é- toitpas éloignéedulieuoù ils eſtoient , & luy dit qu'elle eſtoit obligée d'y aller incef- ſamment pour porter des Pa piers de conſequence àſaMe- re , qui estoit fur le pointd'y voirjugerungrandProcés. Il
luy promit toutdans le deſſein dene luyrientenir,&fit venir fur l'heure un de ſes Gens à
qui il commanda d'executer ponctuellement tout ce qu'el- leluydiroit; puis il luydefen- ditenparticulierde ſuivre au- cunsdeſes ordres ,&le fit cacher afin qu'il ne paruſt plus devant elle. Ilmittout enufage pour empefcher qu'elle ne s'ennuyât. Les Repas furent galans &magnifiques ,&tout parladefon amouravantqu'il en dit rien &qu'il en fut luy Tome VI. D
38 LE MERCVRE mefmebien perfuadé. Cepen- dant ſa paffion qui avoit eſté violentedés ſa naiſſance, l'o- bligeade s'informer avec foin des raiſons qui avoient penſé faire périr une ſi aimable Per- ſonne. Illuydemandad'où elle eftoit partie , & pourquoy efle s'eſtoit fiée à des Bateliers fi
imprudens. Elle luy rendit rai- fon , detout , & luy dit que fa Mere ne youloit pas quelle confiât à perſonneles Papiers,
dont elle luy venoit de parler ,
& qu'ayant appris qu'un teau devpit pafler aupres de la Terre d'où elle les venoit de querir , elle s'eſtoit mife,de- dans , &avoit envoyé tous fes Gens par terre. Elle adjouta a
toutes ces chofes,qu'elle def- cendoit d'une Illuftre Maiſon
Bar
3
qu'elle luy nomma, mais que
α
GALANT. 39 les Debtes que fes Anceſtres
avoient laiſſees ,à caufe des
-dépenſes exceſſives auſquelles le ſervice de leur Prince les
avoit engagées , eſtoient cauſe qu'elle ne paroiſſoit pasdansle
monde avec tout l'éclat que devoit faire une Perſonne de
fa naiffance. CeRécitacheva
-de charmer noſtre Solitaire : &
fa belleHoſteffe qui ne devoit demeurer chez luy que pen- dant quelques jours , s'eſtant apperçeuë qu'il reſſentoit un veritable amour , voulut voir
juſquesoùleschofes pouroient aller. Leurs converſations devinrent longues &frequentes,
les yeux del'Amant parlerent fouvent, ſes ſoins confirme- rent tout ce qu'ils dirent , &
fes Billets tendres en apprirent encor davantage. Ce n'eftoit
Dij
40 LE MERCVRE toutefois pas affez , il falloit une declaration de vive voix
&dans les formes. Noftre Solitaire la fit , mais en Amant
bien reſolu d'aimer toûjours.
Il dit àcette adroite perſonne (qui n'avoit rien oublié de tout ce qu'elle avoit crû ne- ceffaire pour l'enflamer ) qu'il netiendroit qu'àelle de le ren- dre heureux le reſte de fes
jours, en partageant avec luy le peu debien que la Fortune luy avoit donné , & qu'il ne demandoit pour reconnoiffan- ceque ſes bonnesgraces &fon cœur. Il luy propoſa en ſuite de l'époufer le lendemain.Elle fit d'abord de grandesdifficul- tez, puis elle ſe rendit en luy demandanthuit jours pour en conferer avec ſa Mere. Il ne
voulut point confentir à ce re
GALANT. 41 tardement. Elle en témoigna autant de chagrin qu'elle en avoit de joye , & le laiſſa en fuite le maiſtre dela choſe. Il
fit tout préparerpourle lende- main,& le Mariageſe fit dans PEglife du lieu , en preſence detous les Paroiffiens. Cepen- dant le Pere de noftre NouveauMariéqu'on n'avoitaver- ty de rien, fentit redoubler la curioſité qu'ilavoit de ſçavoir -commentſon ſtratagême avoit réuffy. Il vint voir fon'Fils',
qu'il trouva d'abord plus gay qu'àl'ordinaire.Il en eutbeau- coup dejoye, &luy en deman- dala caufe. L'Amour a fait ce
changement, luy répondit- il.
J'en fuis ravy , lity repartit le bon Homme en l'embraffant
les larmes auxyeux, &je croy que pus qu'une Fehime a pu Dij
142 LE MERCURE
vous toucher , vous pourez devenir inſenſible aux charmes de quelque autre. LeFils l'affura du contraire , &luy dit qu'il aimeroit eternellement celle à qui il avoit donné fon cœur. Vous avez beau jurer ,
luyrepartit le Pere , je ne croi-- rayplus rien d'impoffible , puis que vous vous eſtes laiſſé tour cher. Ilest vray que je me fuis,
laiffé toucher, &meſme plus:
quevous ne penſez , luyrepli qua ceFils , puis que voir,ai mer&épouſer,n'ont eſté qu'u ne meſme choſe en moy. Ju- gez apres cela , poursuivit- il ,
fi yous avez raifon d'aſſurer que je deviendrayfenfible aux charmes d'une autre Femme ?
Ces paroles rendirent le Pere immobile , &le ſaiſirent telle
ment qu'il demeura quelque
GALANT.
43 temps fans pouvoir parler. Le Fils qui crût que la joye pro- duiſoit cet effet dans le cœur
de ſon Pere , adjoûta qu'il ne le preſſcroit plus de luydon- ner des Succeſſeurs , qu'il en auroit bien toſt,&qu'il croyoit que ſa Femme eſtoit groffe.
Quoy, luy ditle bon Homme d'une voix tremblante , vous
avez épouſe la Perſonne que vous avez retirée du Naufrage!OüymonPere , luy répon- dit-il , le Ciel me l'a envovée pourm'empeſcher d'eſtre plus long-temps rebelle à vos vo- lontez. Ah ! qu'avez-vousfait,
mon Fils qu'avez - vous fait ?
s'écria le Vieillard. Ce que vous avez fi ſouvent ſouhaité
demoy , repartit noſtre Nou- veauMarić. Dites plûtoft, in- terrompit le Pere avec des
44 LE MERCVRE yeux pleins de fureur, tout ce que je devois craindre , & ce qui vous couvrira d'une infa- mie eternelle , & vous rendra
Popprobre de tout le monde.
Je vous pardonne toutefois ,
poursuivit-il , àcauſe devoftre ignorance,mais il faut quiter voſtre Femme, if la faut fuir
&ne jamais fonger àla revoir.
De la maniere que vous par- -łez, répondit le Fils , il falloit que j'euſſe une Sœur qui ne m'eſtoit pas connuë, &je l'au- ray fans doute épousée , puis qu'il n'y a qu'une avanture ſemblable qui me puiffe obli- gerd'abandonner une Femme àquij'ay fi publiquementdon- né ma foy. Tu luy en peux manquer , reprit le Pere , &
tonMariage le peut rompre , quoy qu'elle ne foit point ta
GALANT. 45 Sœur. Il luy raconta enſuite,
toute l'Hiſtoire du feint Naufrage , & luy dit qu'il avoit pretendu que les charmes &
les manieres engageantes de laPerſonne qui avoit ordre de ſe retirer chez luy aprés ſon malheur apparent , &de luy demander les ſecours qu'illuy avoit offert de luy- meſme,
pourroient peu à peu faire di- minuer fon averſion pour les Dames;que c'étoit tout cequ'il avoit ſouhaité , dans la pensée que ſon cœur eftant devenu
moins farouche , ſe pourroit attendrir pour une plus hon- neſtePerſonne , & qu'il ſe ſe- roit alors fi adroitement fervyde l'occaſion , qu'il l'auroit fait conſentir à luy donner la main ; mais que puis qu'il avoit épousé une Courtiſane,
46 LE MERCURE il devoit par toutes fortes de raiſons demander la rupture de fon Mariage. Je n'ay point leu dans ſes yeux ce qu'elle eſtoit , edit alors ce Fils avec un
ton auffi triſte que touchant :
Ils m'ont paru doux , je n'ay rien veu que d'aimable dans toutefa Perſonne , &j'ay trou- védes charmesdans ſon eſprit -qui auroient pû engager des cœurs plus inſenſibles que le mien. Tout ce que vous dites peut excufer voſtre Mariage ,
repartit le Pere avec beaucoup de douceur , fanspouvoir vous
fervir de pretexte pour vous -empeſcher de le rompre,mais preſentement , pourſuivit-il ,
que vous connoiſſez voſtre er- reur, la raifon... La raiſon , s'éeria le Fils , je vous ay dit mille &mille fois pendantque vous
GALANT. 47
4.
me preffiez d'engager mon cœur , qu'elle estoit incompa-,
tible avec l'amour , & que de
peur de la perdre je voulois eſtre toûjours inſenſible. Vous ſouhaitiez alors de me voir
moins raiſonnable ,&vous me
le repetiez tous les jours : ce- pendant vous voulez aujour- d'huyqu'avec une paffionvio-- lente,je conſerve toute larai- fonque pourroit avoir l'Hom- me du monde le plus infenfi- ble. Il en faut avoir quand 'honneur le veut , repliqua le Pere, & tu ne romps ton
Mariage , je te declare que je
te desheriteray. Je ne voy past dequoy vous pouvez vous plaindre, luy répondit leFils,
je n'ay pas eſté chercher la Perſonne que j'ay épousée , &,
vous demeurez vous - meſme,
d'accord que vous me l'avez
48 LE MERCURE
envoyée. Dés que j'ay ſenty que je commençois à l'aimer,
je me ſuis ſouvenu de vous,
&de la joye que vous auriez en apprenant que je ceffois d'eſtre inſenſible. Le deſir de
vous plaire s'eſt mis de la par- tie,il m'a empeſchederefifter
fortement aux premiers mou- vemens demon amour ,&je me ſuis laiſſe vaincre quand j'ayſerieuſement fait reflexion fur la manieredont la Perſonne que j'ay épousée eſtoit ve- nuëchez moy. J'ay crû qu'ily
avoitde ladeſtinée dans cette
Avanture , que nous eſtions nez l'un pour l'autre , & que je ſerois criminel ſi j'étois plus long-temps rebelle à vos vo- lontez ,&que les Succeſſeurs quevous ſouhaitiez avec tant d'empreſſement,eſtoient peut
GALANT. 49
eſtre deſtinez pour eſtre un jour de grands Hommes , &
que le Public en pouvoit recevoir des avantages confide- rables. Ayant examiné toutes ces chofes , j'aurois crû faire un crime de ne pas ſuivre les mouvemens qui m'étoient in- fpirez aprés une Avanture fi extraordinaire , & dans un
temps où j'y penſois le moins.
Toutes ces raiſons ne fatisfirent pas le Pere, il preffa en- cor ſon fils de conſentir à ſe
démarier. Ce dernier s'en eft
faitun ſcrupule de confcien- ce , &le Pere s'eſt pourvû en Juſtice pour faire caſſer leMa- riage. Je les trouve tous deux à plaindre , & je ſerois bien embaraffé ſi j'avois à pronon- cer là-deſſus. Les raiſons de
Fun & de l'autre me paroif
Tome VI. E
50 LE MERCVRE
کو
foient bonnes , &je ne trouve que l'Amourde condamnable,
mais il ne reconnoît point de
Juges, & ne fait jamais que ce qu'il luy plaît
fongent bien moins àquiter le monde , qu'à faire paroiſtre leur eſprit. Beaucoup deGens parlent avantageuſementde la Solitude , & en dépeignent la tranquillité , & cependant on voit peu de Solitaires. Quoy que le nombre en ſoit petit ,
j'en ay découvert un depuis quelques jours , dont l'Hiſtoi- remerite bien de vous eſtre racontée. Il eſt Fils unique &
ſeul Heritier d'un Homme qui peut paſſer pour grand Sei- gneur dans ſa Province. Il le fit étudier avec beaucoup de foin &de dépenſe , luy fit faire ſes Exercices àParis , &le rap- pella aupres de luy dés qu'ils
Tome VI. C
2.6 LE MERCVRE
furent achevées , de crainte
qu'il ne priſt le parti de l'Epée,
&que le defirde la gloire qui excite preſque tous lesjeunes Gens , ne l'engageat à fuivre l'exemple de la plupart de fes Camarades qu'il voyoit aller à
l'Armée , en fortant de l'Aca
demie: CeFils dont l'humeur
eſtoit douce , qui n'aimoit que le repos , & qui ſe faifoit une joye extréme d'obeïr à fon Pe- re , ſe rendit aupres deluydans le temps marqué , & voulut répondre par fa diligence à
l'empreſſement que ce bon Homme avoit de le revoir.
Dés qu'il fut de retour , il luy propoſa une Charge de Con- feillerdans le Parlement de ***
pour l'attacher plus fortement auprés de luy. Cet offre fut accepté avec joye , & la Char-
GALANT. 27
ge ayant eſté achetée , il y fut reçeu avec applaudiſſement ;
il l'a exercée pendant dix ans avec une integrité dont nous avons peu veu d'exemples. Il ne faut pas s'en étonner , il eſtoit indifferent , & la Province n'avoit point de Beautez capables de le toucher. Ce n'eſt pas qu'il euſt de mépris pour aucune , & que fon in- difference aprochat de celle
de beaucoup de jeunes Gens qui ont fi bonne opinion d'eux-meſmes , qu'ils croyent
la plupart des Femmes indi gnesde leursfoins. Noſtre
litaire n'avoit point
&s'il avoit de l'indifference,
la cauſe n'endevoit eſtre attribuée qu'à ſon temperament.
Sa froideur pour le Sexe eſtoit accompagnée d'une civilité
cedeflwy
Cij
28 LE MERCVRE
qui gagnoit tous les coœurs , &
jamais Inſenſible ne l'a fi peu paru. Siquelques Belles qui ne le haïffoient pas , & qui au- roient volontiers fait lamoitié
des avances , cachoient le cha- grin qu'elles avoient de luy voir un cœur fi peu capable d'aimer , fon Pere faiſoit ſans
ceffe paroiſtre le ſien. Il le preſſoit tous les jours deſema- rier , & luy témoignoit avec une ardeur inconcevable le
defir qu'il avoit de voir des Succeſſeurs qui pûffent em- peſcher ſon nom de mourir.
Ces difcours fatiguoient nô- tre Solitaire, il ne fongeoit qu'à ſes Livres , il n'aimoit que fon Cabinet , il y paſſoit des jours entiers, & ne voyoit les Dames que lors qu'il ne pouvoit civi-- lement s'endéfendre, & que le
1
GALANT. 29
4
hazard les faifoit trouver dans
des lieux où il ne les cherchoit
pas : demanierequ'on peutdi- re qu'au milieu d'une des plus GalantesVilles de France , &
dans un Parlement celebre , il
vivoit comme s'il eût efté dans
une Solitude. Le calme d'eſprit &les douceurs qu'il trouvoit dans cette vie tranquile , fu- rentmêlées de quelques cha- grins. Les empreſſemens que fon Pere avoit de le marier,
luy firent de la peine : il vou- lut tâcher à ſe vaincre pour luy obeïr, il combatit les defirs qu'il avoit de conferver ſa li- berté, il ſe dit des raiſons pour fe faire vouloir ce qu'il ap- préhendoit le plus , mais cefut toûjours inutilement; de forte
que ſe voyant dans la neceffi- te d'entendre tous les jours les
Ciij
30 LE MERCVRE
plaintes de ſon Pere , ou de prendre une Femme, il refolut de vendre ſa Charge de Con- • ſeiller, &de ſe retirer dans une
Maiſon de Campagne ſur les bords d'une agreable Riviere.
Il pratiqua fecretement des Genspourcela,conclut prom- ptement ſon marché , &partit auffi - toſt aprés. La Maiſon eſtoit à luy , elle eſtoit toute meublée , il y alloit ſouvent,
&n'ayant beſoin de faire au- cuns appreſts pour ce Voyage,
il fit facilement croire qu'il n'alloit que s'y promener, quoy qu'il euſt deſſein de s'y établir tout-à-fait. A peine y est - il arrivé , qu'il s'adonne entie- rement à la lecture des plus
beaux Livres , aux Oeuvres de Pieté , & à la culture de fon Jardin. Le Pere au deſeſpoir,
GALANT. 31 &qui ſouhaitoit toujours d'a- voir des Succeſſeurs , confulte
ſes Amis pour ſçavoir de quel- le maniere il en uſera pour faire retourner ſon Fils dans
le monde. On y trouva de la difficulté , pluſieurs expédiens ſont propoſez, on ſe quite fans ſe determiner à rien. On fe
raffemble : & le bon Homme
conclut enfin qu'il parlera à
quelques Bateliers , & qu'il priera une Fille publique in-- connuë à ſon Fils , & la plus belle qu'il pourra trouver , de ſe mettre dans leur Bateau , &
qu'ils iront aupresdu Jardinde fon Fils , où ils feindront de
faire naufrage. Son argent luy fait trouver tout ce qu'il fou- haite. On luy promet tout, on execute tout , mais fi à propos &avec tant d'aparence de ve
32 LE MERCVRE rité , que noſtre Solitaire en eſt touché de compaffion. Il eſtoit appuyé fur le bordd'une Terraffe qui regardoit la Ri- viere, & tenoit un Livre remplyde Traitez contre l'Amour.
Il le liſoit avec plaifir , s'ap- plaudiffſoit de la dureté de fon cœur , &s'affermiſſoit dans la
refolution qu'il faifoit tous les jours de ne ſe laiſſer jamais ébloüir par aucune Beauté ,
quelques charmes qu'elle pût avoir , lors que les cris des Ba- teliers, &d'une jeune fille qui fembloit perir, luy firent aban- donner la lecture pour courir au bord de l'eau. Il vit une
Femme qui en fortoit , il luy preſente la main , &la preffa d'entrer chez luy pour chan- ger de hardes , & pour pren-- dre du repos. Il la plaignie
GALANT. 33
LYC
pendant le chemin avec une
honneſteté qui luy eft natu- relle ,&luy dit des choſes qui l'auroient empeſchée de croi- re qu'il eſtoit inſenſible, fi elle n'en avoit eſté bien avertie.
Elle ſe contentade luy repartir qu'elle ſe trouvoit bien- heureuſe dans fon infortune de rencontrer une Perſonn
auſſi obligeate que luy. Quand elle fut arrivée dans ſon L
gis , elle demanda du Feu &
du Linge pour en changer ,
parce que le ſien eſtoit tout moüillé. Noftre Solitaire en
fut luy-mefme chercher, & il
auroit fait l'impoſſible pour fa belle Hoſteſſe, ſans en ſçavoir la raiſon. Il eſtoit fi troublé &
fi interdit qu'il ne ſçavoit ce qu'il faiſoit. Il la regardoit fans parler , & parloit ſans ſçavoir
34 LE MERCURE ny ce qu'il diſoit , ny ce qu'il luy vouloit dire. Il luy alluma luy - meſine du feu avec un empreſſement extraordinaire ,
&envoya tous ſes Gens avec ordre de ne rien épargner pour ſauver ſes Hardesqui flotoient fur l'eau. Pendant qu'il eſtoit occupé àfaire du feu, la Belle ſe deshabilloit peu à peu , &
laiſſoit entrevoir de temps en
temps une partie des beautez qui avoienteſté admirées d'un
grand nombre de Cavaliers.
Elle ſe coucha en fuite. Nôtre Solitaire s'approcha de fon Lit , & voulut l'entretenir ;
mais elle luy dit qu'elle estoit fort fatiguée,&le pria avec un air modefte & remply d'une certaine pudeur qui arrache les cœurs, de ſe retirer & de
la laiſſfer en repos. Il eſt vray
GALANT. 35 qu'elle estoit laffe , & le feint Naufrage l'avoit prêque autāt tourmentée qu'auroit fait un veritable péril.Elle dormit fort tranquillement pendant toute la nuit. Son Hoſte n'en fit pas
de meſme , il reſvaal'Avantu+
re qui luy eſtoit arrivée , &
fon imagination ne ceſſa point de luy reprefenter la Belle qui n'eſtoit fortie de l'eau , que pourluy ravir le repos dont il joüiffoit. Son inſenſibilité l'em- peſchoit de croire qu'il aimât
veritablement ; &quand il au- roit eſté bien perfuadé de ſa paffion , il n'oſoit ſe l'avoüer à
luy--mefme ; &la manieredont il avoit veſcu luy faifoit voir tant de foibleſſe dans un fi
prompt changement , qu'il ne Içavoit à quoy ſe déterminer.
Il ſe leva avec ces cruelles irré-
36 LE MERCURE
:
ſolutions. Il fut à peine habil- lé , qu'il envoya ſçavoir de quelle maniere ſa belle Ho- ſteſſe avoit paffé la nuit. Ilap- prit qu'elle estoit éveillée , &
qu'elle ſe portoitbien. Il enté- moigna de la joye , & luy en- voya demander la permiffion dela voir. Il l'obtint ; mais à
peine fut - il entré dans ſa Chambre , qu'il fentit unba- tement de cœur qui luy pré- ſagea ce quiluy eſt arrivé dé- puis. Il luy trouva de nou- veaux charmes ; &luy fit des complimens ſi embarraffez ,
que la Belle connut bien que ces appas commençoient à fai- re l'effet que le Pere de noſtre Inſenſible s'eſtoit propoſé. El- le le pria de luy donner quel- qu'un pour envoyer querir une Litiere dans la Ville Capitale
GALANT. 37 pitalede la Province , quin'é- toitpas éloignéedulieuoù ils eſtoient , & luy dit qu'elle eſtoit obligée d'y aller incef- ſamment pour porter des Pa piers de conſequence àſaMe- re , qui estoit fur le pointd'y voirjugerungrandProcés. Il
luy promit toutdans le deſſein dene luyrientenir,&fit venir fur l'heure un de ſes Gens à
qui il commanda d'executer ponctuellement tout ce qu'el- leluydiroit; puis il luydefen- ditenparticulierde ſuivre au- cunsdeſes ordres ,&le fit cacher afin qu'il ne paruſt plus devant elle. Ilmittout enufage pour empefcher qu'elle ne s'ennuyât. Les Repas furent galans &magnifiques ,&tout parladefon amouravantqu'il en dit rien &qu'il en fut luy Tome VI. D
38 LE MERCVRE mefmebien perfuadé. Cepen- dant ſa paffion qui avoit eſté violentedés ſa naiſſance, l'o- bligeade s'informer avec foin des raiſons qui avoient penſé faire périr une ſi aimable Per- ſonne. Illuydemandad'où elle eftoit partie , & pourquoy efle s'eſtoit fiée à des Bateliers fi
imprudens. Elle luy rendit rai- fon , detout , & luy dit que fa Mere ne youloit pas quelle confiât à perſonneles Papiers,
dont elle luy venoit de parler ,
& qu'ayant appris qu'un teau devpit pafler aupres de la Terre d'où elle les venoit de querir , elle s'eſtoit mife,de- dans , &avoit envoyé tous fes Gens par terre. Elle adjouta a
toutes ces chofes,qu'elle def- cendoit d'une Illuftre Maiſon
Bar
3
qu'elle luy nomma, mais que
α
GALANT. 39 les Debtes que fes Anceſtres
avoient laiſſees ,à caufe des
-dépenſes exceſſives auſquelles le ſervice de leur Prince les
avoit engagées , eſtoient cauſe qu'elle ne paroiſſoit pasdansle
monde avec tout l'éclat que devoit faire une Perſonne de
fa naiffance. CeRécitacheva
-de charmer noſtre Solitaire : &
fa belleHoſteffe qui ne devoit demeurer chez luy que pen- dant quelques jours , s'eſtant apperçeuë qu'il reſſentoit un veritable amour , voulut voir
juſquesoùleschofes pouroient aller. Leurs converſations devinrent longues &frequentes,
les yeux del'Amant parlerent fouvent, ſes ſoins confirme- rent tout ce qu'ils dirent , &
fes Billets tendres en apprirent encor davantage. Ce n'eftoit
Dij
40 LE MERCVRE toutefois pas affez , il falloit une declaration de vive voix
&dans les formes. Noftre Solitaire la fit , mais en Amant
bien reſolu d'aimer toûjours.
Il dit àcette adroite perſonne (qui n'avoit rien oublié de tout ce qu'elle avoit crû ne- ceffaire pour l'enflamer ) qu'il netiendroit qu'àelle de le ren- dre heureux le reſte de fes
jours, en partageant avec luy le peu debien que la Fortune luy avoit donné , & qu'il ne demandoit pour reconnoiffan- ceque ſes bonnesgraces &fon cœur. Il luy propoſa en ſuite de l'époufer le lendemain.Elle fit d'abord de grandesdifficul- tez, puis elle ſe rendit en luy demandanthuit jours pour en conferer avec ſa Mere. Il ne
voulut point confentir à ce re
GALANT. 41 tardement. Elle en témoigna autant de chagrin qu'elle en avoit de joye , & le laiſſa en fuite le maiſtre dela choſe. Il
fit tout préparerpourle lende- main,& le Mariageſe fit dans PEglife du lieu , en preſence detous les Paroiffiens. Cepen- dant le Pere de noftre NouveauMariéqu'on n'avoitaver- ty de rien, fentit redoubler la curioſité qu'ilavoit de ſçavoir -commentſon ſtratagême avoit réuffy. Il vint voir fon'Fils',
qu'il trouva d'abord plus gay qu'àl'ordinaire.Il en eutbeau- coup dejoye, &luy en deman- dala caufe. L'Amour a fait ce
changement, luy répondit- il.
J'en fuis ravy , lity repartit le bon Homme en l'embraffant
les larmes auxyeux, &je croy que pus qu'une Fehime a pu Dij
142 LE MERCURE
vous toucher , vous pourez devenir inſenſible aux charmes de quelque autre. LeFils l'affura du contraire , &luy dit qu'il aimeroit eternellement celle à qui il avoit donné fon cœur. Vous avez beau jurer ,
luyrepartit le Pere , je ne croi-- rayplus rien d'impoffible , puis que vous vous eſtes laiſſé tour cher. Ilest vray que je me fuis,
laiffé toucher, &meſme plus:
quevous ne penſez , luyrepli qua ceFils , puis que voir,ai mer&épouſer,n'ont eſté qu'u ne meſme choſe en moy. Ju- gez apres cela , poursuivit- il ,
fi yous avez raifon d'aſſurer que je deviendrayfenfible aux charmes d'une autre Femme ?
Ces paroles rendirent le Pere immobile , &le ſaiſirent telle
ment qu'il demeura quelque
GALANT.
43 temps fans pouvoir parler. Le Fils qui crût que la joye pro- duiſoit cet effet dans le cœur
de ſon Pere , adjoûta qu'il ne le preſſcroit plus de luydon- ner des Succeſſeurs , qu'il en auroit bien toſt,&qu'il croyoit que ſa Femme eſtoit groffe.
Quoy, luy ditle bon Homme d'une voix tremblante , vous
avez épouſe la Perſonne que vous avez retirée du Naufrage!OüymonPere , luy répon- dit-il , le Ciel me l'a envovée pourm'empeſcher d'eſtre plus long-temps rebelle à vos vo- lontez. Ah ! qu'avez-vousfait,
mon Fils qu'avez - vous fait ?
s'écria le Vieillard. Ce que vous avez fi ſouvent ſouhaité
demoy , repartit noſtre Nou- veauMarić. Dites plûtoft, in- terrompit le Pere avec des
44 LE MERCVRE yeux pleins de fureur, tout ce que je devois craindre , & ce qui vous couvrira d'une infa- mie eternelle , & vous rendra
Popprobre de tout le monde.
Je vous pardonne toutefois ,
poursuivit-il , àcauſe devoftre ignorance,mais il faut quiter voſtre Femme, if la faut fuir
&ne jamais fonger àla revoir.
De la maniere que vous par- -łez, répondit le Fils , il falloit que j'euſſe une Sœur qui ne m'eſtoit pas connuë, &je l'au- ray fans doute épousée , puis qu'il n'y a qu'une avanture ſemblable qui me puiffe obli- gerd'abandonner une Femme àquij'ay fi publiquementdon- né ma foy. Tu luy en peux manquer , reprit le Pere , &
tonMariage le peut rompre , quoy qu'elle ne foit point ta
GALANT. 45 Sœur. Il luy raconta enſuite,
toute l'Hiſtoire du feint Naufrage , & luy dit qu'il avoit pretendu que les charmes &
les manieres engageantes de laPerſonne qui avoit ordre de ſe retirer chez luy aprés ſon malheur apparent , &de luy demander les ſecours qu'illuy avoit offert de luy- meſme,
pourroient peu à peu faire di- minuer fon averſion pour les Dames;que c'étoit tout cequ'il avoit ſouhaité , dans la pensée que ſon cœur eftant devenu
moins farouche , ſe pourroit attendrir pour une plus hon- neſtePerſonne , & qu'il ſe ſe- roit alors fi adroitement fervyde l'occaſion , qu'il l'auroit fait conſentir à luy donner la main ; mais que puis qu'il avoit épousé une Courtiſane,
46 LE MERCURE il devoit par toutes fortes de raiſons demander la rupture de fon Mariage. Je n'ay point leu dans ſes yeux ce qu'elle eſtoit , edit alors ce Fils avec un
ton auffi triſte que touchant :
Ils m'ont paru doux , je n'ay rien veu que d'aimable dans toutefa Perſonne , &j'ay trou- védes charmesdans ſon eſprit -qui auroient pû engager des cœurs plus inſenſibles que le mien. Tout ce que vous dites peut excufer voſtre Mariage ,
repartit le Pere avec beaucoup de douceur , fanspouvoir vous
fervir de pretexte pour vous -empeſcher de le rompre,mais preſentement , pourſuivit-il ,
que vous connoiſſez voſtre er- reur, la raifon... La raiſon , s'éeria le Fils , je vous ay dit mille &mille fois pendantque vous
GALANT. 47
4.
me preffiez d'engager mon cœur , qu'elle estoit incompa-,
tible avec l'amour , & que de
peur de la perdre je voulois eſtre toûjours inſenſible. Vous ſouhaitiez alors de me voir
moins raiſonnable ,&vous me
le repetiez tous les jours : ce- pendant vous voulez aujour- d'huyqu'avec une paffionvio-- lente,je conſerve toute larai- fonque pourroit avoir l'Hom- me du monde le plus infenfi- ble. Il en faut avoir quand 'honneur le veut , repliqua le Pere, & tu ne romps ton
Mariage , je te declare que je
te desheriteray. Je ne voy past dequoy vous pouvez vous plaindre, luy répondit leFils,
je n'ay pas eſté chercher la Perſonne que j'ay épousée , &,
vous demeurez vous - meſme,
d'accord que vous me l'avez
48 LE MERCURE
envoyée. Dés que j'ay ſenty que je commençois à l'aimer,
je me ſuis ſouvenu de vous,
&de la joye que vous auriez en apprenant que je ceffois d'eſtre inſenſible. Le deſir de
vous plaire s'eſt mis de la par- tie,il m'a empeſchederefifter
fortement aux premiers mou- vemens demon amour ,&je me ſuis laiſſe vaincre quand j'ayſerieuſement fait reflexion fur la manieredont la Perſonne que j'ay épousée eſtoit ve- nuëchez moy. J'ay crû qu'ily
avoitde ladeſtinée dans cette
Avanture , que nous eſtions nez l'un pour l'autre , & que je ſerois criminel ſi j'étois plus long-temps rebelle à vos vo- lontez ,&que les Succeſſeurs quevous ſouhaitiez avec tant d'empreſſement,eſtoient peut
GALANT. 49
eſtre deſtinez pour eſtre un jour de grands Hommes , &
que le Public en pouvoit recevoir des avantages confide- rables. Ayant examiné toutes ces chofes , j'aurois crû faire un crime de ne pas ſuivre les mouvemens qui m'étoient in- fpirez aprés une Avanture fi extraordinaire , & dans un
temps où j'y penſois le moins.
Toutes ces raiſons ne fatisfirent pas le Pere, il preffa en- cor ſon fils de conſentir à ſe
démarier. Ce dernier s'en eft
faitun ſcrupule de confcien- ce , &le Pere s'eſt pourvû en Juſtice pour faire caſſer leMa- riage. Je les trouve tous deux à plaindre , & je ſerois bien embaraffé ſi j'avois à pronon- cer là-deſſus. Les raiſons de
Fun & de l'autre me paroif
Tome VI. E
50 LE MERCVRE
کو
foient bonnes , &je ne trouve que l'Amourde condamnable,
mais il ne reconnoît point de
Juges, & ne fait jamais que ce qu'il luy plaît
Fermer
Résumé : Histoire du Solitaire. [titre d'après la table]
Le texte narre l'histoire d'un jeune homme, fils unique d'un grand seigneur, qui mène une existence solitaire et studieuse malgré les pressions de son père pour qu'il se marie. Après avoir exercé une charge de conseiller au Parlement pendant dix ans avec intégrité, il décide de vendre sa charge et de se retirer dans une maison de campagne pour échapper aux sollicitations de son père. Ce dernier, désespéré de ne pas avoir de petits-enfants, organise un stratagème en faisant semblant de naufrage avec une jeune femme près de la maison de son fils. Touché par la compassion, le jeune homme accueille la jeune femme et finit par tomber amoureux d'elle. Après plusieurs jours de conversations et de déclarations, il l'épouse. Cependant, la situation se complique lorsque le père révèle que le naufrage était feint et que la femme était une courtisane envoyée pour adoucir le cœur rebelle du fils. Furieux, le père exige que le fils rompe ce mariage, menaçant de le déshériter sinon. Le fils, amoureux, argue que les circonstances et ses sentiments l'ont poussé à épouser cette femme, croyant voir une destinée dans cette rencontre. Le père, insistant sur la raison et l'honneur, refuse de céder. Le fils, respectueux des scrupules de conscience, ne veut pas divorcer. Le père, de son côté, se tourne vers la justice pour faire annuler le mariage. Le narrateur trouve les deux parties dignes de pitié, reconnaissant la validité des arguments des deux côtés, mais condamnant l'amour pour son irrationalité.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
2
p. 6-7
ETRENNE DE QUATORZE LOUIS A LOUIS LE GRAND. SONNET.
Début :
Le premier des Louis estois trop debonnaire ; [...]
Mots clefs :
Louis, Coeur, Fils, Père, Ciel
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ETRENNE DE QUATORZE LOUIS A LOUIS LE GRAND. SONNET.
ETRENNE
DE QUATORZE LOUIS
A
LOUIS LE GRAND .
L
SONNE T.
E premier des LOVIS eftois
trop debonnaire ;
Le Second le Troifiéme , & Louis
d'Outremer ,
Ne firent rien de propre à fe faire
eftimer ;
Le Cinquième eft marqué pour n'avoir
fçû rien faire.
Louis le Gros en Fils fut plus heureux
qu'en Pere ;
Le Ieune fe croifant , vit les Chrê–
tiens armer
,
GALAN T.
Lion par fon grand coeur fe fit ainfe
nommers
Et fon Fils Saint Louis à Dieu feul
voulut plaire.
On ne vit que quatre ans regner
Louis Hutin ;
Louis Onziémefut, & trop , & trop
peu fin ;
Et le Pere du Peuple eut unfort plus
angufte.
Ces douze effaisfinis, du Héros qu'on
attend
L'heure arrive ; & le Ciel , apres
Louis le Iufte ,
Acheva le Chef - d'oeuvre , & fit
LOUIS LE GRAND .
DE QUATORZE LOUIS
A
LOUIS LE GRAND .
L
SONNE T.
E premier des LOVIS eftois
trop debonnaire ;
Le Second le Troifiéme , & Louis
d'Outremer ,
Ne firent rien de propre à fe faire
eftimer ;
Le Cinquième eft marqué pour n'avoir
fçû rien faire.
Louis le Gros en Fils fut plus heureux
qu'en Pere ;
Le Ieune fe croifant , vit les Chrê–
tiens armer
,
GALAN T.
Lion par fon grand coeur fe fit ainfe
nommers
Et fon Fils Saint Louis à Dieu feul
voulut plaire.
On ne vit que quatre ans regner
Louis Hutin ;
Louis Onziémefut, & trop , & trop
peu fin ;
Et le Pere du Peuple eut unfort plus
angufte.
Ces douze effaisfinis, du Héros qu'on
attend
L'heure arrive ; & le Ciel , apres
Louis le Iufte ,
Acheva le Chef - d'oeuvre , & fit
LOUIS LE GRAND .
Fermer
Résumé : ETRENNE DE QUATORZE LOUIS A LOUIS LE GRAND. SONNET.
Le poème énumère les rois de France nommés Louis. Louis Ier est trop bon. Louis II, III, IV et d'Outremer n'ont rien accompli. Louis V est inactif. Louis VI est plus chanceux en tant que fils. Louis IX participe à la croisade. Philippe Auguste, le Lion, est courageux. Son fils, Saint Louis, est dévot. Louis X règne quatre ans. Louis XI est rusé mais peu fin. Henri IV a une fin tragique. Le texte attend Louis XIV, le Grand.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
3
p. 175-176
Mariages, [titre d'après la table]
Début :
J'ay à vous parler de trois autres Mariages. Il[s] sont de trois [...]
Mots clefs :
Mariages, Monsieur, Conseiller de la cour, Mademoiselle , Épouser, Fille, Fils
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Mariages, [titre d'après la table]
I'ay à vous parler de trois autres
Mariages . Il font de trois
Confeillers de la Cour des Aydes
Le premier eft de Monfieur le
Vieux , qui a époufé Mademoifelle
Chevalier , Fille de Monfieur
Chevalier Receveur Genéral des
Finances à Metz , & Niéce de
Madame Chevalier , donr la Fille
epoufa l'année derniere Monfieur
le Tellier , Confeiller en la
même Cour. Monfieur le Vieux
eft Fils de Monfieur le Vieux ,
Confeiller du Roy & de la Ville
de Paris , Gouverneur des Pages
de la Chambre , fous Monfieur
le Duc de Crequy .
Le fecond de ces Mariages,
eft celuy de Monfieur Hofdies ,
qui a époufé Mademoiſelle de la
Varenne . Il a du merite infiniment
; & feu Monfieur Colbert,
qui s'y connoiffoit , l'honoroit de
fon eftime.
H 4
176 MERCURE
Le troifiéme , eft de Monfieur
Joubert de Godonville . Ila époufe
Mademoiſelle Iffaly , Fille de
Monfieur Iffaly , celebre Avocat,
& qui eft Avocat General de
Monfieur.
Mariages . Il font de trois
Confeillers de la Cour des Aydes
Le premier eft de Monfieur le
Vieux , qui a époufé Mademoifelle
Chevalier , Fille de Monfieur
Chevalier Receveur Genéral des
Finances à Metz , & Niéce de
Madame Chevalier , donr la Fille
epoufa l'année derniere Monfieur
le Tellier , Confeiller en la
même Cour. Monfieur le Vieux
eft Fils de Monfieur le Vieux ,
Confeiller du Roy & de la Ville
de Paris , Gouverneur des Pages
de la Chambre , fous Monfieur
le Duc de Crequy .
Le fecond de ces Mariages,
eft celuy de Monfieur Hofdies ,
qui a époufé Mademoiſelle de la
Varenne . Il a du merite infiniment
; & feu Monfieur Colbert,
qui s'y connoiffoit , l'honoroit de
fon eftime.
H 4
176 MERCURE
Le troifiéme , eft de Monfieur
Joubert de Godonville . Ila époufe
Mademoiſelle Iffaly , Fille de
Monfieur Iffaly , celebre Avocat,
& qui eft Avocat General de
Monfieur.
Fermer
Résumé : Mariages, [titre d'après la table]
Le texte mentionne trois mariages de conseillers de la Cour des Aydes. Monsieur le Vieux a épousé Mademoiselle Chevalier, nièce de Madame Chevalier. Monsieur Hofdies a épousé Mademoiselle de la Varenne, et était estimé par Colbert. Monsieur Joubert de Godonville a épousé Mademoiselle Issaly, fille de l'avocat général du Roi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
4
p. 200-208
Autres Morts, [titre d'après la table]
Début :
On a eu icy avis de la mort de Monsieur le Commandeur [...]
Mots clefs :
Décès, Monsieur, Commandeur, Maison de Tressemanes Chasteuil, Siège, Distinction, Charges, Abbé, Chapitre, Obsèques, Seigneur, Conseiller au Parlement, Général, Lieutenant, Capitaine, Fils, Prêtre, Maison de Bruslard
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Autres Morts, [titre d'après la table]
On a eu icy avis de la mort
de Monfieur le Commandeur de
Treffemanes Chateüil , qui s'eſt
fignalé avec beaucoup de diftinction
dans les Siéges de Sainte
Maure , & de Preveza. Il est
mort fur les Galeres au retour du
Voyage , apres feize jours d'une
maladie caufée par les grandes.
incommoditez foufertes pendant
ces deux Siéges, & dans les Cour
fes que l'on avoit faites dans l'Epire
, où il s'eftoit rendu recommandable
par fa conduite , par
vertu , & par le mépris qu'il faifoit
de fa vie pour une ſi juſte caufe
. Il eftoit de l'Auberge de Provence
, & d'une des meilleuresfa
GALANT. 201
73.
Maifons de cette Province , &
des plus anciennes dans l'Ordre.
Deux de fes grands Oneles en
ont efté , avec quatre de fes Oncles
, du nombre defquels eftoiɛ
Monfieur de Treffemanes-Chateuil
, Bailly de Manofque , qui
mourut il y a deux ans dans fa
année . Trois de fes Freres font
encore Chevaliers , & ils ont tous
I trois l'honneur d'eftre dans le
fervice du Roy. L'un eft fur les
Galeres de Sa Majefté ; l'autre ,
Capitaine dans le Régiment de
Champagne , où il eft fort eftimé ,
ayant embraffé la Profeffion
des Armes dés l'âge de quinze
ans ; & le troifiéme eft fon Lieutenant
. le paffe à d'atres Articles
de mefme nature .
8
Le R. P. Erard Florior , mort
le de ce mois , âgé de 63. ans ,
apres avoir exercé les Charges
14.
IS
202 MERCURE
les plus confiderables de fon Orcre.
Il avoit efté élû pour la fecon.
de fois au mois de Septemere
dernier , Abbé de Sainte Geneviève
du Mont & Superieur
Genéral des Chanoines Réguliers
de S. Auguftin , de la Congrégation
de France . Quand on
remplit ces fortes de Poftes par
Election , il faut qu'on ait un
fort grand mérite , puis que toute
une Communauté ne fe trompe
pas. Cet Abbé eftoit Frere de Madame
le Pelletier Femme de
Monfieur le Contrôleur Genéral .
Si tot qu'il fut mort , le Pere
Vvatrée , Premier Affiftant , qui
eftoit en droit de luy fucceder,
fut reconnu par le Chapitre , légitime
Abbé , & Supérieur Ge
néral , & en cette qualité reveſtu
des marques de fa Dignité nouvelle
. Il fit deux jours apres la
>
GALANT. 203
e
,
Cerémonie des Obféques de fon
Prédeceffeur , qui eft univerfel.
lement regreté de tous ceux qui
ont connu la vertu , & fes grandes
qualitez. En vous parlant de
cet Ordre , je croy ne devoir pas
oublier à vous dire , que Monfieur
Gaftier , l'un des Chanoines
Réguliers de Sainte Geneviève ,
quoy que jeune encore , a déja
remply les meilleures Chaires de
Paris , & qu'il s'eſt fait admirer à
S. Nicolas des Champs ; pendant
le dernier Avent.
Meffire Louis le Tonnellier
Breteuil , Seigneur de Boeffetes,
de Ruvire , & autres Lieux , mort
le 19.de ce mois. Ila efté fucceffivement
Confeiller aux Parlemens
de Bretagne & de Paris , enfuite
Maître des Requeſtes , Intendant
de la Province de Languedoc ,
& de la Generalité de Paris , Con-
I 6
204 MERCURE
trôleur Genéral des Finances ,
pendant dix années , & eft mort
Confeiller d'Etat ordinaire . Il a eü
fept Enfans mâles , dont fix font
encore vivans . Monfieur de Bruteül
l'aîné a efté Intendant en
Picardie & en Flandres , & des
Armées du Roy , & eft à prefent
Intendant des Finances , & Confeiller
d'Etat. Les Trois autres
font Chevaliers de Malte , dont
le premier eft Chef d'Eſcadre de
Galeres ; le cinquième eft Evelque
de Boulogne , & le fixiéme à
efté Envoyé Extraordinaire vers
les Princes d'Italie. Il a laiffé auffi
une Fille qui eft mariée à Monfieur
le Marquis de Simblimont,
d'une des plus Illuftres Maiſons
de Picardie.
Meffire Florimond Bruflard ,
Marquis de Genlis , Confeiller
d'Etat , & Capitaine Lieutenant
GALANT .
205
des Gensd'armes de feu Monfieur
le Duc d'Orleans , mort
le 20. de ce mois , en fa Terre
de Beaumont en Picardie , âgé
de 83. ans. La Maifon de Bruflard
eft tres - ancienne , & doit
fon éclat à Nicolas Bruflard ,
Seigneur de Sillery , Chancelier
de France dont l'éloge feroit
trop long à faire. Elle eft divifée
en trois branches , de Sillery , de
la Borde , & de Genlis . Les Marquis
de Sillery ont pris Alliance
avec les Familles de Neufville-
Villeroy & d'Etampes . La feconde
branche de cette Maifon s'eft
alliée avec celles de la Rochefoucaut
, Belliévre , & Dauvet , &
les Marquis de Genlis , avec celles
de Robertet , de Maillet , de Halluin
, Piennes , de Sainte Marie
aux Epaules , & de Brunetel-
Bethencourt. Monfieur le Mar206
MERCURE
quis de Genlis qui vient de mourir
étoit l'aîné de cette troifiéme
branche.
Meffire Guillaume Ifac Aubourg,
Marquis de Boury , mort
le 23. de ce mois . Il eftoit Fils de
Monfieur Aubourg , Secretaire
du Roy , & Garde des Rôles des
Offices de France.
Meffire Pancrace Betille , Prê--
tre , Docteur en Theologie , de
la Faculté de Paris , Doyen de la
mefme Faculté , & Sénieur de la
Maifon & Societé de Sorbonne,
mort le mefme jour par un accident
tres- déplorable . Ses Valets
T'ayant laiffé feul auprés du feu,
envelopé de fourrures à cauſe de
fon grand âge, une fort méchante
odeur que l'on fentit dans l'apartement
d'enhaut , obligea celuy
qui l'occupoit d'envoyer fçavoir
ce qui fe paffoit en bas.
GALANTA 207
Quelqu'un entra dans fa chambre
, & le trouva étouffé du feu ,
qui ayant confumé une partie de
fes habits , luy avoit déja brûlé
les cuiffes .
Meffire Louis Defmê de la
Chenaye , Aumônier du Roy,
Abbé de Noftre- Dame de Corneville,
& de Noftre- Dame d'Angle
, mort le 24. de ce mois . 11 a
refigné fes Benefices à un de fes
Neveux , Fils de Monfieur de la
Chefnaye , Gentilhomme de la
Manche de Monfeigneur le Dauphin,&
qui l'a efté du Roy. Monfieur
de la Chefnaye fon Pere ,
qui eft le Grand- Pere de celuy à
qui l'on a refigné les Benefices,
étoit auffi au Service du feu Roy,
& en étoit eftimé . Sa Majefté a
bien voulu agreér cette Refignation
en faveur des Services de
l'un & de l'autre , les Refigna208
MERCURE
tions d'Abbayes n'ayant jamais
lieu , fi Elle n'accorde fon confentement
.
de Monfieur le Commandeur de
Treffemanes Chateüil , qui s'eſt
fignalé avec beaucoup de diftinction
dans les Siéges de Sainte
Maure , & de Preveza. Il est
mort fur les Galeres au retour du
Voyage , apres feize jours d'une
maladie caufée par les grandes.
incommoditez foufertes pendant
ces deux Siéges, & dans les Cour
fes que l'on avoit faites dans l'Epire
, où il s'eftoit rendu recommandable
par fa conduite , par
vertu , & par le mépris qu'il faifoit
de fa vie pour une ſi juſte caufe
. Il eftoit de l'Auberge de Provence
, & d'une des meilleuresfa
GALANT. 201
73.
Maifons de cette Province , &
des plus anciennes dans l'Ordre.
Deux de fes grands Oneles en
ont efté , avec quatre de fes Oncles
, du nombre defquels eftoiɛ
Monfieur de Treffemanes-Chateuil
, Bailly de Manofque , qui
mourut il y a deux ans dans fa
année . Trois de fes Freres font
encore Chevaliers , & ils ont tous
I trois l'honneur d'eftre dans le
fervice du Roy. L'un eft fur les
Galeres de Sa Majefté ; l'autre ,
Capitaine dans le Régiment de
Champagne , où il eft fort eftimé ,
ayant embraffé la Profeffion
des Armes dés l'âge de quinze
ans ; & le troifiéme eft fon Lieutenant
. le paffe à d'atres Articles
de mefme nature .
8
Le R. P. Erard Florior , mort
le de ce mois , âgé de 63. ans ,
apres avoir exercé les Charges
14.
IS
202 MERCURE
les plus confiderables de fon Orcre.
Il avoit efté élû pour la fecon.
de fois au mois de Septemere
dernier , Abbé de Sainte Geneviève
du Mont & Superieur
Genéral des Chanoines Réguliers
de S. Auguftin , de la Congrégation
de France . Quand on
remplit ces fortes de Poftes par
Election , il faut qu'on ait un
fort grand mérite , puis que toute
une Communauté ne fe trompe
pas. Cet Abbé eftoit Frere de Madame
le Pelletier Femme de
Monfieur le Contrôleur Genéral .
Si tot qu'il fut mort , le Pere
Vvatrée , Premier Affiftant , qui
eftoit en droit de luy fucceder,
fut reconnu par le Chapitre , légitime
Abbé , & Supérieur Ge
néral , & en cette qualité reveſtu
des marques de fa Dignité nouvelle
. Il fit deux jours apres la
>
GALANT. 203
e
,
Cerémonie des Obféques de fon
Prédeceffeur , qui eft univerfel.
lement regreté de tous ceux qui
ont connu la vertu , & fes grandes
qualitez. En vous parlant de
cet Ordre , je croy ne devoir pas
oublier à vous dire , que Monfieur
Gaftier , l'un des Chanoines
Réguliers de Sainte Geneviève ,
quoy que jeune encore , a déja
remply les meilleures Chaires de
Paris , & qu'il s'eſt fait admirer à
S. Nicolas des Champs ; pendant
le dernier Avent.
Meffire Louis le Tonnellier
Breteuil , Seigneur de Boeffetes,
de Ruvire , & autres Lieux , mort
le 19.de ce mois. Ila efté fucceffivement
Confeiller aux Parlemens
de Bretagne & de Paris , enfuite
Maître des Requeſtes , Intendant
de la Province de Languedoc ,
& de la Generalité de Paris , Con-
I 6
204 MERCURE
trôleur Genéral des Finances ,
pendant dix années , & eft mort
Confeiller d'Etat ordinaire . Il a eü
fept Enfans mâles , dont fix font
encore vivans . Monfieur de Bruteül
l'aîné a efté Intendant en
Picardie & en Flandres , & des
Armées du Roy , & eft à prefent
Intendant des Finances , & Confeiller
d'Etat. Les Trois autres
font Chevaliers de Malte , dont
le premier eft Chef d'Eſcadre de
Galeres ; le cinquième eft Evelque
de Boulogne , & le fixiéme à
efté Envoyé Extraordinaire vers
les Princes d'Italie. Il a laiffé auffi
une Fille qui eft mariée à Monfieur
le Marquis de Simblimont,
d'une des plus Illuftres Maiſons
de Picardie.
Meffire Florimond Bruflard ,
Marquis de Genlis , Confeiller
d'Etat , & Capitaine Lieutenant
GALANT .
205
des Gensd'armes de feu Monfieur
le Duc d'Orleans , mort
le 20. de ce mois , en fa Terre
de Beaumont en Picardie , âgé
de 83. ans. La Maifon de Bruflard
eft tres - ancienne , & doit
fon éclat à Nicolas Bruflard ,
Seigneur de Sillery , Chancelier
de France dont l'éloge feroit
trop long à faire. Elle eft divifée
en trois branches , de Sillery , de
la Borde , & de Genlis . Les Marquis
de Sillery ont pris Alliance
avec les Familles de Neufville-
Villeroy & d'Etampes . La feconde
branche de cette Maifon s'eft
alliée avec celles de la Rochefoucaut
, Belliévre , & Dauvet , &
les Marquis de Genlis , avec celles
de Robertet , de Maillet , de Halluin
, Piennes , de Sainte Marie
aux Epaules , & de Brunetel-
Bethencourt. Monfieur le Mar206
MERCURE
quis de Genlis qui vient de mourir
étoit l'aîné de cette troifiéme
branche.
Meffire Guillaume Ifac Aubourg,
Marquis de Boury , mort
le 23. de ce mois . Il eftoit Fils de
Monfieur Aubourg , Secretaire
du Roy , & Garde des Rôles des
Offices de France.
Meffire Pancrace Betille , Prê--
tre , Docteur en Theologie , de
la Faculté de Paris , Doyen de la
mefme Faculté , & Sénieur de la
Maifon & Societé de Sorbonne,
mort le mefme jour par un accident
tres- déplorable . Ses Valets
T'ayant laiffé feul auprés du feu,
envelopé de fourrures à cauſe de
fon grand âge, une fort méchante
odeur que l'on fentit dans l'apartement
d'enhaut , obligea celuy
qui l'occupoit d'envoyer fçavoir
ce qui fe paffoit en bas.
GALANTA 207
Quelqu'un entra dans fa chambre
, & le trouva étouffé du feu ,
qui ayant confumé une partie de
fes habits , luy avoit déja brûlé
les cuiffes .
Meffire Louis Defmê de la
Chenaye , Aumônier du Roy,
Abbé de Noftre- Dame de Corneville,
& de Noftre- Dame d'Angle
, mort le 24. de ce mois . 11 a
refigné fes Benefices à un de fes
Neveux , Fils de Monfieur de la
Chefnaye , Gentilhomme de la
Manche de Monfeigneur le Dauphin,&
qui l'a efté du Roy. Monfieur
de la Chefnaye fon Pere ,
qui eft le Grand- Pere de celuy à
qui l'on a refigné les Benefices,
étoit auffi au Service du feu Roy,
& en étoit eftimé . Sa Majefté a
bien voulu agreér cette Refignation
en faveur des Services de
l'un & de l'autre , les Refigna208
MERCURE
tions d'Abbayes n'ayant jamais
lieu , fi Elle n'accorde fon confentement
.
Fermer
Résumé : Autres Morts, [titre d'après la table]
Le texte mentionne plusieurs décès notables de personnalités ayant occupé des postes importants. Le Commandeur de Treffemanes Chateüil, connu pour ses distinctions lors des sièges de Sainte Maure et de Preveza, est décédé des suites d'une maladie contractée lors de ces sièges et des courses en Épire. Issu d'une famille illustre de l'Ordre de Provence, il avait deux oncles et quatre frères ayant servi dans l'Ordre, dont trois sont encore en vie et au service du roi. Le Père Erard Florior, âgé de 63 ans, est décédé après avoir exercé des charges importantes au sein de l'Ordre des Chanoines Réguliers de Saint-Augustin. Il était Abbé de Sainte Geneviève du Mont et Supérieur Général, et a été remplacé par le Père Vvatrée. Louis le Tonnellier Breteuil, Seigneur de Boeffetes et autres lieux, est également décédé. Il a occupé diverses fonctions prestigieuses, dont celles de Conseiller aux Parlements de Bretagne et de Paris, Maître des Requestes, Intendant de Languedoc et de Paris, Contrôleur Général des Finances, et Conseiller d'État. Il laisse sept enfants mâles, dont six sont encore vivants et occupent des postes importants. Florimond Bruflard, Marquis de Genlis, Conseiller d'État et Capitaine Lieutenant des Gens d'armes, est décédé à l'âge de 83 ans. Sa famille est très ancienne et illustre, avec des alliances notables. Guillaume Ifac Aubourg, Marquis de Boury, est décédé. Il était fils de Monsieur Aubourg, Secrétaire du Roi et Garde des Rôles des Offices de France. Pancrace Betille, Prêtre et Docteur en Théologie, Doyen de la Faculté de Paris et Seigneur de la Maison et Société de Sorbonne, est décédé accidentellement après s'être étouffé avec des vêtements en feu. Enfin, Louis Desmê de la Chenaye, Aumônier du Roi et Abbé de Notre-Dame de Corneville et d'Angle, est décédé. Il a légué ses bénéfices à un de ses neveux, fils de Monsieur de la Chenaye, Gentilhomme de la Manche du Dauphin et du Roi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
5
p. 133-137
Morts, [titre d'après la table]
Début :
Je croy, Madame, que vous apprendrez avec déplaisir la perte [...]
Mots clefs :
Morts, François le Boults, Conseiller, Charge, Maison de la Chefnaye, Veuve, Soeur, Fils, Chancelière Daligre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Morts, [titre d'après la table]
Je croy , Madame , que vous
aprendrez avec déplaifir la
perte que le Parlement a faite
en la perfonne de Meffire
François le Boults , Seigneur
Dobuois , Confeiller en la feconde
Chambre des Requêtes
du Palais , mort le 5. de ce
mois . Son merite le fait regreter
de tout Paris . Il étoit
éclairé, penétrant , laborieux,
& le dernier de quatre Freres,
qui tous ayant eu des Charges
dans la Robe , les ont
exercées avec beaucoup de
crédit , d'éclat , & d'eftime.
Mellire Noël le Boults , Sei134
MERCURE
gneur de Chaumot , étoit l'aî
né. Il fut Cófeiller en la Grand'
Chambre , & mourut l'année
derniere. M' le Boults , à
preſent Confeiller en la troiféme
des Enqueftes
, & M *
l'Abbé le Boults Aumônier
du Roy , font fes Fils . Feu
Meffire Luc le Boults , Maître
des Comptes à Paris , étoit
le fecond. Il avoit pris alliance
dans la Maifon de la Chef
naye , & a laiffé plufieurs Enfans.
Le troifiéme eft Meffire
Louis le Boults , Seigneur de
Roncerey , Maiſtre des Requeſtes
, cy-devant ConfeilGALANT.
135
ler au Parlement de Metz.
Il a des Enfans de Dame
Marie Françoiſe Charreton ,
Fille unique du premier lit
de M le Prefident Charreton
, mort Doyen du Parlement
de Paris . C'eft le feul
qui refte des quatre Freres,
Meffire François le Boults,
Confeiller en la feconde des
Requestes du Palais , & auparavant
Conſeiller au Parlement
de Dijon , s'étoit allié à
la Maiſon de Choart , & laiffe
plufieurs Enfans. M's le
Boults avoient deux Soeurs ,
l'une mariée à M ' Blondeau ,
136 MERCURE
Prefident de la Chambre des
Comptes à Paris , dont font
ifflues Madame Daligre d'aujourd'huy
, Veuve du Maiſtre
des Requeftes , Fils aîné de
feu M le Chancelier d'Aligre
, & Madame de Fieubet-
Launac,Femme duConſeiller
d'Etat . L'autre Soeur époufa
Meffire Charles duTronchey,
Préfident aux Enquestes du
Parlement de Paris . On voit
fort peu de Familles , qui
ayent poffedé en meſme
temps tant de belles Charges ,
& fait des Alliances confiderables.
Auffi celle - cy eft elle
GALANT. 137
Elle vi--
des plus puifsátes de la Robe..
Madame la Chanceliere
Daligre , appellée Elizabet
Luillier, eft morte dans fa 78 .
année , quatre jours apres M *
le Boults. C'étoit la feconde
Femme de feu M' Daligre ,,
Chancelier , & Garde des
Sceaux de France .
voit dans de grandes pratiques
de pieté , & avoit fais :
bâtir un lieu au Fauxbourg .
S. Antoine , pour les Enfans :
trouvez , où elle demeuroit,,
& où elle a efté enterrée
aprendrez avec déplaifir la
perte que le Parlement a faite
en la perfonne de Meffire
François le Boults , Seigneur
Dobuois , Confeiller en la feconde
Chambre des Requêtes
du Palais , mort le 5. de ce
mois . Son merite le fait regreter
de tout Paris . Il étoit
éclairé, penétrant , laborieux,
& le dernier de quatre Freres,
qui tous ayant eu des Charges
dans la Robe , les ont
exercées avec beaucoup de
crédit , d'éclat , & d'eftime.
Mellire Noël le Boults , Sei134
MERCURE
gneur de Chaumot , étoit l'aî
né. Il fut Cófeiller en la Grand'
Chambre , & mourut l'année
derniere. M' le Boults , à
preſent Confeiller en la troiféme
des Enqueftes
, & M *
l'Abbé le Boults Aumônier
du Roy , font fes Fils . Feu
Meffire Luc le Boults , Maître
des Comptes à Paris , étoit
le fecond. Il avoit pris alliance
dans la Maifon de la Chef
naye , & a laiffé plufieurs Enfans.
Le troifiéme eft Meffire
Louis le Boults , Seigneur de
Roncerey , Maiſtre des Requeſtes
, cy-devant ConfeilGALANT.
135
ler au Parlement de Metz.
Il a des Enfans de Dame
Marie Françoiſe Charreton ,
Fille unique du premier lit
de M le Prefident Charreton
, mort Doyen du Parlement
de Paris . C'eft le feul
qui refte des quatre Freres,
Meffire François le Boults,
Confeiller en la feconde des
Requestes du Palais , & auparavant
Conſeiller au Parlement
de Dijon , s'étoit allié à
la Maiſon de Choart , & laiffe
plufieurs Enfans. M's le
Boults avoient deux Soeurs ,
l'une mariée à M ' Blondeau ,
136 MERCURE
Prefident de la Chambre des
Comptes à Paris , dont font
ifflues Madame Daligre d'aujourd'huy
, Veuve du Maiſtre
des Requeftes , Fils aîné de
feu M le Chancelier d'Aligre
, & Madame de Fieubet-
Launac,Femme duConſeiller
d'Etat . L'autre Soeur époufa
Meffire Charles duTronchey,
Préfident aux Enquestes du
Parlement de Paris . On voit
fort peu de Familles , qui
ayent poffedé en meſme
temps tant de belles Charges ,
& fait des Alliances confiderables.
Auffi celle - cy eft elle
GALANT. 137
Elle vi--
des plus puifsátes de la Robe..
Madame la Chanceliere
Daligre , appellée Elizabet
Luillier, eft morte dans fa 78 .
année , quatre jours apres M *
le Boults. C'étoit la feconde
Femme de feu M' Daligre ,,
Chancelier , & Garde des
Sceaux de France .
voit dans de grandes pratiques
de pieté , & avoit fais :
bâtir un lieu au Fauxbourg .
S. Antoine , pour les Enfans :
trouvez , où elle demeuroit,,
& où elle a efté enterrée
Fermer
Résumé : Morts, [titre d'après la table]
Le texte annonce la mort de François Le Boults, Seigneur Dubois, Conseiller à la seconde Chambre des Requêtes du Palais, survenue le 5 du mois. Son mérite est regretté par tout Paris. Il était éclairé, pénétrant et laborieux. Il était le dernier survivant de quatre frères, tous ayant occupé des charges prestigieuses dans la Robe. Noël Le Boults, Seigneur de Chaumot, aîné des frères, fut Conseiller à la Grand' Chambre et est décédé l'année précédente. Ses fils sont actuellement Conseiller à la troisième des Enquêtes et Abbé Aumônier du Roi. Luc Le Boults, Maître des Comptes à Paris, était le second frère et a laissé plusieurs enfants après s'être allié à la Maison de La Chesnaye. Louis Le Boults, Seigneur de Roncerey, Maître des Requêtes, a été Conseiller au Parlement de Metz et a des enfants de Marie Françoise Charreton. François Le Boults a également laissé plusieurs enfants après s'être allié à la Maison de Choart. La famille comptait deux sœurs, l'une mariée à Blondeau, Président de la Chambre des Comptes à Paris, et l'autre à Charles Du Tronchey, Président aux Enquêtes du Parlement de Paris. Madame la Chanceliere Daligre, Élisabeth Luillier, seconde femme du Chancelier Daligre, est décédée à l'âge de 78 ans, quatre jours après le décès de M. Le Boults. Elle était connue pour ses pratiques de piété et avait fait construire un lieu au Faubourg Saint-Antoine pour les enfants trouvés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
6
p. 151-160
Mariages, [titre d'après la table]
Début :
J'ay oublié de vous aprendre dans ma Lettre de Janvier, [...]
Mots clefs :
Comte de Vienne, Duc, Fils, Chevalier, Intendant des finances, Mariage, Mademoiselle , Comte de Saint-Chaumont, Fille, Héritière, Conseillers d'État, Marquis, Abbé, Mademoiselle le Prestre, Épouser
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Mariages, [titre d'après la table]
Jay oublié de vous aprendre
dans ma Lettre de Janvier
, que M. le Comte de
Vienne , Frere de M ' le Duc
N iiij
152 MERCURE
de la Vieuville , tous deux Fils
de M ' le Duc de la Vieuville,
Chevalier des Ordres duRoy,
& qui a efté deux fois Sur- Intendant
des Finances , a époufé
depuis peu de temps Mademoifelle
de S. Chaumont,
Fille de Henry Mitte de Chevrieres
, Comte de S. Chau.
mont , & de Charlotte Sufanne
de Gramont , Soeur de feu
Mi le Duc & Marefchal de
Gramont. C'est une riche
Heritiere , qui n'a qu'une
Soeur , & que fon merite ne
diftingue pas moins que fa
naiffance.La Maiſon de Mitte
GALANT. 153
Chevrieres & S. Chaumont
dans le Lyonnois , a porté de
fort grands Hommes . Jean
Mitte , dit de Miolans , S de
Chevriéres , fut Pere de Ja
ques Mitte, S de Chevriéres ,
Lieutenant General au Gouvernement
de Lyonnois , que
le Roy Henry IV . fit Chevalier
de fes Ordres en 1598. &
qui époufa en premieres Nopces
Gabrielle de S.Chaumont,
Fille & Heritiere de Criftophe
de S. Chaumont , & en
fecondes , Gabrielle de Guadagne
, Fille de Guillaume de
Guadagne , Senéchal & Gou
154 MERCURE
verneur du Lyonnois , Confeiller
d'Etat , & Chevalier du
S. Efprit. De fon premier
Mariage , il eut Melchior
Mitte de Miolans , & Gafparde
, mariée trois fois ; la premiere
, à Jean Timoleon de
Beaufort , Marquis de Canillac
; la feconde , à Guillaume
de Laubefpine , Marquis
de Châteauneuf ; & la
troifiéme , à Henry de Chaftre
, Comte de Nancy . Melchior
Mitte de Miolans , Marquis
de S. Chaumont , fut
Ambaffadeur Extraordinaire.
à Rome , où il s'acquit une
GALANT. 155
fort grande réputation , &
mourut en 1649. Le féu Roy
l'avoit fait Chevalier de fes
Ordres en 1619. De fon Mariage
avec Ilabeau de Tournon
, Fille de Louis Jofeph ,
S' de Tournon , & Comte de
Rouffillon ; & de Madelaine
de la Rochefoucault , il eut
Louis , Marquis de S. Chaumont
, mort fans alliance en
1640. Lyon François , Abbé
de Loraife ; Henry , Marquis
de S. Chaumont , & Comte
de Miolans , Pere de Mademoiſelle
de S. Chaumont, qui
vient de fe marier , François ,
156 MERCURE
Chanoine & Comte de Lyon,
Armand , S de Chevrieres;
Françoiſe , Religieufe au premier
Monaftere des Filles de
Sainte Marie de Lyon ; &
Marie Habeau mariée à
Louis de Cardillac , Comte
de Bioule, Chevalier du Saint
Efprit , & Lieutenant General
au Gouvernement de Lan ,
guedoc.
5
M' de S. Vrain , Conſeiller
de la Cour des Aydes , & Fils
de M ' le Vaffeur , Confeiller
en la Grand Chambre du
Parlement , Seigneur , Marquis
de S. Vrain , époufa ces
GALANT. 157
jours paffez Mademoiselle
Bourgoin , Fille de M' Bourgoin
, Maiftre des Comptes.
Ils font tous deux des meilleures
Maiſons de la Robe , &
poffedent de tres - grands
Biens.
Mademoiſelle le Preftre,
Fille aînée de M ' le Préſident
le Preftre , qui mourut l'année
derniere en fon Chafteau
de Bourg- le - Preftre , s'eft
auffi mariée depuis peu de
temps . Elle a époufé M'Gaignon
, Comte de Villaines,
allié à la Maifon de Goufier,
& à plufieurs autres des plus
158 MERCURE
illuftres du Païs du Maine.'
>
pour
Sa conftance a efté telle
luy,qu'ayant eſté mife à Port-
Royal par Arrest du Parlement
fans qu'on luy ait
permis de parler pendant fix
mois , qu'à fon Avocat & à
fon Procureur , M'Gaignon
prit enfin une Robe de Palais
, & fous ce déguiſement
alla fçavoir fes intentions.
Elle luy donna tout pouvoir
d'agir pour elle ; & ayant
gagné fon Procéz contre
ceux qui vouloient la marier
à un autre , elle fut mife dans
une entiere liberté de difpoGALANT
. 159
fer d'elle-mefme. M' le Préfident
le Preftre , fon Pere,
eftoit le troifiéme Préfident,
& le cinquiéme Conſeiller
de fa Famille , qui eft une
des plus confidérables de
Paris , par fes Alliances avec
les Maifons de Vitry -l'Hofpital
, Beauvilliers- S. Aignan,
S. Simon, Harlay- Breval, Seguier
, Hurault, Luillier, d'Interville
, de Creil , Leffeville,
Tallemant , Myron , Séve,
Hennequin , Gobelin, & autres.
Ses Armes font d'azur
au Chevron d'or , accompagné
d'une Couronne de Roy à l'an
160 MERCURE
tique en Pointe , & de deux
Bezans d'or en Chef : l'Ecu
couronné d'une Couronne de Baron
; pour Devife , Regale Sa
cerdotium ; Supots & Cimier
deux une demie Licorne . Cet
Ecu eft écartelé de Seguier,
de Leffeville , de Brethe de
Boinvilliers , & de Hurault
de Cheverny.
dans ma Lettre de Janvier
, que M. le Comte de
Vienne , Frere de M ' le Duc
N iiij
152 MERCURE
de la Vieuville , tous deux Fils
de M ' le Duc de la Vieuville,
Chevalier des Ordres duRoy,
& qui a efté deux fois Sur- Intendant
des Finances , a époufé
depuis peu de temps Mademoifelle
de S. Chaumont,
Fille de Henry Mitte de Chevrieres
, Comte de S. Chau.
mont , & de Charlotte Sufanne
de Gramont , Soeur de feu
Mi le Duc & Marefchal de
Gramont. C'est une riche
Heritiere , qui n'a qu'une
Soeur , & que fon merite ne
diftingue pas moins que fa
naiffance.La Maiſon de Mitte
GALANT. 153
Chevrieres & S. Chaumont
dans le Lyonnois , a porté de
fort grands Hommes . Jean
Mitte , dit de Miolans , S de
Chevriéres , fut Pere de Ja
ques Mitte, S de Chevriéres ,
Lieutenant General au Gouvernement
de Lyonnois , que
le Roy Henry IV . fit Chevalier
de fes Ordres en 1598. &
qui époufa en premieres Nopces
Gabrielle de S.Chaumont,
Fille & Heritiere de Criftophe
de S. Chaumont , & en
fecondes , Gabrielle de Guadagne
, Fille de Guillaume de
Guadagne , Senéchal & Gou
154 MERCURE
verneur du Lyonnois , Confeiller
d'Etat , & Chevalier du
S. Efprit. De fon premier
Mariage , il eut Melchior
Mitte de Miolans , & Gafparde
, mariée trois fois ; la premiere
, à Jean Timoleon de
Beaufort , Marquis de Canillac
; la feconde , à Guillaume
de Laubefpine , Marquis
de Châteauneuf ; & la
troifiéme , à Henry de Chaftre
, Comte de Nancy . Melchior
Mitte de Miolans , Marquis
de S. Chaumont , fut
Ambaffadeur Extraordinaire.
à Rome , où il s'acquit une
GALANT. 155
fort grande réputation , &
mourut en 1649. Le féu Roy
l'avoit fait Chevalier de fes
Ordres en 1619. De fon Mariage
avec Ilabeau de Tournon
, Fille de Louis Jofeph ,
S' de Tournon , & Comte de
Rouffillon ; & de Madelaine
de la Rochefoucault , il eut
Louis , Marquis de S. Chaumont
, mort fans alliance en
1640. Lyon François , Abbé
de Loraife ; Henry , Marquis
de S. Chaumont , & Comte
de Miolans , Pere de Mademoiſelle
de S. Chaumont, qui
vient de fe marier , François ,
156 MERCURE
Chanoine & Comte de Lyon,
Armand , S de Chevrieres;
Françoiſe , Religieufe au premier
Monaftere des Filles de
Sainte Marie de Lyon ; &
Marie Habeau mariée à
Louis de Cardillac , Comte
de Bioule, Chevalier du Saint
Efprit , & Lieutenant General
au Gouvernement de Lan ,
guedoc.
5
M' de S. Vrain , Conſeiller
de la Cour des Aydes , & Fils
de M ' le Vaffeur , Confeiller
en la Grand Chambre du
Parlement , Seigneur , Marquis
de S. Vrain , époufa ces
GALANT. 157
jours paffez Mademoiselle
Bourgoin , Fille de M' Bourgoin
, Maiftre des Comptes.
Ils font tous deux des meilleures
Maiſons de la Robe , &
poffedent de tres - grands
Biens.
Mademoiſelle le Preftre,
Fille aînée de M ' le Préſident
le Preftre , qui mourut l'année
derniere en fon Chafteau
de Bourg- le - Preftre , s'eft
auffi mariée depuis peu de
temps . Elle a époufé M'Gaignon
, Comte de Villaines,
allié à la Maifon de Goufier,
& à plufieurs autres des plus
158 MERCURE
illuftres du Païs du Maine.'
>
pour
Sa conftance a efté telle
luy,qu'ayant eſté mife à Port-
Royal par Arrest du Parlement
fans qu'on luy ait
permis de parler pendant fix
mois , qu'à fon Avocat & à
fon Procureur , M'Gaignon
prit enfin une Robe de Palais
, & fous ce déguiſement
alla fçavoir fes intentions.
Elle luy donna tout pouvoir
d'agir pour elle ; & ayant
gagné fon Procéz contre
ceux qui vouloient la marier
à un autre , elle fut mife dans
une entiere liberté de difpoGALANT
. 159
fer d'elle-mefme. M' le Préfident
le Preftre , fon Pere,
eftoit le troifiéme Préfident,
& le cinquiéme Conſeiller
de fa Famille , qui eft une
des plus confidérables de
Paris , par fes Alliances avec
les Maifons de Vitry -l'Hofpital
, Beauvilliers- S. Aignan,
S. Simon, Harlay- Breval, Seguier
, Hurault, Luillier, d'Interville
, de Creil , Leffeville,
Tallemant , Myron , Séve,
Hennequin , Gobelin, & autres.
Ses Armes font d'azur
au Chevron d'or , accompagné
d'une Couronne de Roy à l'an
160 MERCURE
tique en Pointe , & de deux
Bezans d'or en Chef : l'Ecu
couronné d'une Couronne de Baron
; pour Devife , Regale Sa
cerdotium ; Supots & Cimier
deux une demie Licorne . Cet
Ecu eft écartelé de Seguier,
de Leffeville , de Brethe de
Boinvilliers , & de Hurault
de Cheverny.
Fermer
Résumé : Mariages, [titre d'après la table]
Le texte décrit plusieurs mariages et alliances au sein de l'aristocratie française. M. le Comte de Vienne, frère du Duc de la Vieuville, a épousé Mademoiselle de Saint-Chaumont. Cette dernière est la fille de Henry Mitte de Chevrières et de Charlotte Suzanne de Gramont, sœur du Duc et Maréchal de Gramont. Mademoiselle de Saint-Chaumont est une riche héritière reconnue pour son mérite et sa naissance. La Maison de Mitte Chevrières et Saint-Chaumont, située dans le Lyonnois, a produit des figures notables. Jean Mitte, seigneur de Miolans et de Chevrières, fut le père de Jacques Mitte, lieutenant général au gouvernement du Lyonnois, anobli par le roi Henri IV en 1598. Jacques Mitte épousa Gabrielle de Saint-Chaumont, puis Gabrielle de Guadagne. De son premier mariage, il eut Melchior Mitte de Miolans, marquis de Saint-Chaumont, ambassadeur extraordinaire à Rome et chevalier des Ordres du roi en 1619. Melchior Mitte de Miolans eut plusieurs enfants, dont Henry, marquis de Saint-Chaumont et père de Mademoiselle de Saint-Chaumont, récemment mariée. Le texte mentionne également d'autres mariages, comme celui de M. de Saint-Vrain, conseiller à la Cour des Aides, avec Mademoiselle Bourgoin, fille de M. Bourgoin, maître des Comptes. De plus, Mademoiselle le Prestre, fille aînée du Président le Prestre, s'est mariée avec M. Gaignon, comte de Villaines, allié à plusieurs familles illustres du Maine. La famille le Prestre est décrite comme l'une des plus considérables de Paris, avec de nombreuses alliances prestigieuses.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
7
p. 299-308
Morts, [titre d'après la table]
Début :
J'ay encore quelques morts à vous apprendre. Je commence [...]
Mots clefs :
Morts, Marquis de Vitry, Baron, Seigneur, Ambassade de Pologne, Duc, Chevalier, Capitaine, Maison de Lhôpital, Charges, Gouverneurs, Marquis de Vandeuvre, Décès, Fils, Filles, Conseiller, Parlement, Seigneur de Villebon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Morts, [titre d'après la table]
Jay encore quelques morts
à vous apprendre. Je com
mence par celle de Meffire
300 MERCURE
Nicolas Louis de Lhôpital,
Marquis de Vitry , Baron du
Pleffis aux Tournelles , Seigneur
de Morvilliers , & c. Il
a fait connoiftre fon efprit
& fa conduite en divers Employs
, qu'il a pleu au Roy de
luy confier , & fur tout en fon
Ambaffade de Pologne . Il n'a
point laiffé d'Enfans , le ſeul
Fils qu'il avoit eu étant mort
en fon bas âge . Il étoit Frere
du dernier Duc de Vitry , qui
n'a laiffé qu'une Fille , Marie
Françoife Elizabeth de Lhôpital
, mariée à M' le Marquis
de Torcy , de la Maiſon de la
GALANT. 301
Tour, un Fils qu'il avoit étant
mort avant luy par un accident
funcfte. Ce Duc & ce
Marquis de Vitry , étoient
tous deux Fils de Meffire Nicolas
de Lhôpital , Marquis,
puis Duc de Vitry , Maréchal
de France , Chevalier des Ordres
du Roy , & Gouverneur
de Provence. Il avoit efté auparavant
Capitaine des Gardes
de Sa Majefté, & avoit un
Frere connu fous le nom du
Maréchal de Lhôpital , Gouverneur
de Paris , & Chevalier
des Ordres du Roy , qui avoit
auffi efté Capitaine des Gar302
MERCURE
des du Corps . Le Pere de ces
deux Maréchaux de France,
étoit Meffire Louis de Lhô.
pital , Seigneur de Vitry , Capitaine
des Gardes du Corps.
La Branche des Seigneurs de
Vitry , eft la derniere de la
Maiſon de Lhôpital, dont les
Ainez font Marquis & Comtes
de Lhôpital. Les Marquis
de Sainte Meſme , en font les
premiers Cadets. Cette Maifon
eft trés ancienne, établie
en France il y a prés de quatre
fiécles . On la croit iffue
des anciens Seigneurs de
Lhôpitalet , au Royaume de
•
GALANT. 303
Naples . Elle a eu en France
de tres grands employs , &
l'on y trouve des Chambellans
de nos Roys , des Grands
Mailtres des Eaux & Forefts ,
un grand Maiſtre de la Reyne
Ifabeau de Baviere , des Generaux
d'Armées , des Gou
verneurs de Villes & de Provinces
, des Capitaines de
Gendarmes , des Chevaliers
des Ordres , des Confeillers
de Roys , des Gouverneurs
des Enfans de France , des
Chevaliers d'Honneur des
Reynes , des Maréchaux de
France , &c. Elle eft alliée
304 MERCURE
aux plus illuftres Maiſon's du
Royaume , comme Bracque ,
le Bouteiller de Senslis ,
Courtenay- Blaineau , Rou
hauft , Laval , Coffe , Bruges,
Beauvau , la Mark , Mouſtiers,
Montmirail Huraut
, la
Tour , Do , la Chaftre , Brichanteau
, Levis , Pot , & c.
Ses Armies font , De gueule au
Coq d'argent , armé, cretté,
barbelé d'or. Les diverfes Branches
ont pris diverſes brifu
res .
I
>
عوم
Meffire Jean François de
Megrigny , Marquis de Vandeuvre
, Baron de Couchey,
GALANT. 305
Vicomte de Troye , Cornetre-
Blanche de France , & cy
devant Grand Tranchant du
Roy , eft mort auffi depuis
peu de temps. Il laiffe un Fils
& deux Filles , de feue Dame.
Françoiſe Henriette du Mefnil-
Simon de Beaujeu , fçavoir
Charles Hubert de Megrigny,
Marquis de Vandeuvre , Baron
de Beaujeu , Gabrielle de
Megrigny , & Marie Françoife
de Megrigny.. M' le Marquis
de Vandeuvre qui vient
de mourir , étoit Fils de Mef
fire Jean de Megrigny , Marquis
de Vandeuvre, Vicomte
Fevrier 1685.
Cc
306 MERCURE
de Troye , Baron de Colom
bey , premier Preſident au
Parlement de Provence , puis
Confeiller d'Etat, & de Dame
Renée de Bucy , & petit Fils
de Jean de Megrigny , Vicomte
de Troye & de Briel,
& de Dame Marie Bouguier
Fille de Chriſtophe Bouguier;
Seigneur d'Echarfon , Confeiller
au Parlement , & de
Dame Marie Chartier , Dame
d'Alainville , de la Famille
des Fondateurs , de la Maifon
& College de Boiffy.
Feu M' de Mégrigny , Confeiller
d'Etat , avoit cinq Fre
GALANT. 307
res; Louis de Mégrigny,Chevalier
de Malte ; Jacques de
Mégrigny , Baron de Bonivet,
Préfident au Mortier du
Parlement de Paris, puis Con
feiller d'Honneur dans le même
Parlement ; Mathieu de
Mégrigny , Abbé de Pontigny
, Nicolas de Mégrigny,
Prieur de Souvigny , Chanoine
de l'Eglife de Paris ,,
Avocat Genéral en la Cour
des Aydes ; & François de
Mégrigny , Comte de Briel,
& d'Alainville
, De Mégrigny
porte d'argent au Lion de
fable...
Cc ij
3c8 MERCURE
Ces morts ont efté fuivies
de celle de Meffire Chriftophe
de Mallebranche , Seigneur
de Villebon . Il eftoit
Frere de M' de Mallebranche
Confeiller au Parlement , fi
eftimé par l'exacte aplication
qu'il a aux Affaires , & du
Pere de Mallebranche , Prêtre
de l'Oratoire , que tant
de doctes Ecrits ont rendu
celebre .
à vous apprendre. Je com
mence par celle de Meffire
300 MERCURE
Nicolas Louis de Lhôpital,
Marquis de Vitry , Baron du
Pleffis aux Tournelles , Seigneur
de Morvilliers , & c. Il
a fait connoiftre fon efprit
& fa conduite en divers Employs
, qu'il a pleu au Roy de
luy confier , & fur tout en fon
Ambaffade de Pologne . Il n'a
point laiffé d'Enfans , le ſeul
Fils qu'il avoit eu étant mort
en fon bas âge . Il étoit Frere
du dernier Duc de Vitry , qui
n'a laiffé qu'une Fille , Marie
Françoife Elizabeth de Lhôpital
, mariée à M' le Marquis
de Torcy , de la Maiſon de la
GALANT. 301
Tour, un Fils qu'il avoit étant
mort avant luy par un accident
funcfte. Ce Duc & ce
Marquis de Vitry , étoient
tous deux Fils de Meffire Nicolas
de Lhôpital , Marquis,
puis Duc de Vitry , Maréchal
de France , Chevalier des Ordres
du Roy , & Gouverneur
de Provence. Il avoit efté auparavant
Capitaine des Gardes
de Sa Majefté, & avoit un
Frere connu fous le nom du
Maréchal de Lhôpital , Gouverneur
de Paris , & Chevalier
des Ordres du Roy , qui avoit
auffi efté Capitaine des Gar302
MERCURE
des du Corps . Le Pere de ces
deux Maréchaux de France,
étoit Meffire Louis de Lhô.
pital , Seigneur de Vitry , Capitaine
des Gardes du Corps.
La Branche des Seigneurs de
Vitry , eft la derniere de la
Maiſon de Lhôpital, dont les
Ainez font Marquis & Comtes
de Lhôpital. Les Marquis
de Sainte Meſme , en font les
premiers Cadets. Cette Maifon
eft trés ancienne, établie
en France il y a prés de quatre
fiécles . On la croit iffue
des anciens Seigneurs de
Lhôpitalet , au Royaume de
•
GALANT. 303
Naples . Elle a eu en France
de tres grands employs , &
l'on y trouve des Chambellans
de nos Roys , des Grands
Mailtres des Eaux & Forefts ,
un grand Maiſtre de la Reyne
Ifabeau de Baviere , des Generaux
d'Armées , des Gou
verneurs de Villes & de Provinces
, des Capitaines de
Gendarmes , des Chevaliers
des Ordres , des Confeillers
de Roys , des Gouverneurs
des Enfans de France , des
Chevaliers d'Honneur des
Reynes , des Maréchaux de
France , &c. Elle eft alliée
304 MERCURE
aux plus illuftres Maiſon's du
Royaume , comme Bracque ,
le Bouteiller de Senslis ,
Courtenay- Blaineau , Rou
hauft , Laval , Coffe , Bruges,
Beauvau , la Mark , Mouſtiers,
Montmirail Huraut
, la
Tour , Do , la Chaftre , Brichanteau
, Levis , Pot , & c.
Ses Armies font , De gueule au
Coq d'argent , armé, cretté,
barbelé d'or. Les diverfes Branches
ont pris diverſes brifu
res .
I
>
عوم
Meffire Jean François de
Megrigny , Marquis de Vandeuvre
, Baron de Couchey,
GALANT. 305
Vicomte de Troye , Cornetre-
Blanche de France , & cy
devant Grand Tranchant du
Roy , eft mort auffi depuis
peu de temps. Il laiffe un Fils
& deux Filles , de feue Dame.
Françoiſe Henriette du Mefnil-
Simon de Beaujeu , fçavoir
Charles Hubert de Megrigny,
Marquis de Vandeuvre , Baron
de Beaujeu , Gabrielle de
Megrigny , & Marie Françoife
de Megrigny.. M' le Marquis
de Vandeuvre qui vient
de mourir , étoit Fils de Mef
fire Jean de Megrigny , Marquis
de Vandeuvre, Vicomte
Fevrier 1685.
Cc
306 MERCURE
de Troye , Baron de Colom
bey , premier Preſident au
Parlement de Provence , puis
Confeiller d'Etat, & de Dame
Renée de Bucy , & petit Fils
de Jean de Megrigny , Vicomte
de Troye & de Briel,
& de Dame Marie Bouguier
Fille de Chriſtophe Bouguier;
Seigneur d'Echarfon , Confeiller
au Parlement , & de
Dame Marie Chartier , Dame
d'Alainville , de la Famille
des Fondateurs , de la Maifon
& College de Boiffy.
Feu M' de Mégrigny , Confeiller
d'Etat , avoit cinq Fre
GALANT. 307
res; Louis de Mégrigny,Chevalier
de Malte ; Jacques de
Mégrigny , Baron de Bonivet,
Préfident au Mortier du
Parlement de Paris, puis Con
feiller d'Honneur dans le même
Parlement ; Mathieu de
Mégrigny , Abbé de Pontigny
, Nicolas de Mégrigny,
Prieur de Souvigny , Chanoine
de l'Eglife de Paris ,,
Avocat Genéral en la Cour
des Aydes ; & François de
Mégrigny , Comte de Briel,
& d'Alainville
, De Mégrigny
porte d'argent au Lion de
fable...
Cc ij
3c8 MERCURE
Ces morts ont efté fuivies
de celle de Meffire Chriftophe
de Mallebranche , Seigneur
de Villebon . Il eftoit
Frere de M' de Mallebranche
Confeiller au Parlement , fi
eftimé par l'exacte aplication
qu'il a aux Affaires , & du
Pere de Mallebranche , Prêtre
de l'Oratoire , que tant
de doctes Ecrits ont rendu
celebre .
Fermer
Résumé : Morts, [titre d'après la table]
Le texte relate le décès de plusieurs personnalités notables et leurs familles. Nicolas Louis de Lhôpital, Marquis de Vitry, Baron du Pleffis aux Tournelles et Seigneur de Morvilliers, a été distingué par ses fonctions, notamment son ambassade en Pologne. Il n'a pas laissé d'enfants, son unique fils étant mort en bas âge. Il était le frère du dernier Duc de Vitry, qui avait une fille, Marie Françoise Elizabeth de Lhôpital, mariée au Marquis de Torcy. Leur père, Nicolas de Lhôpital, Marquis puis Duc de Vitry, Maréchal de France, Chevalier des Ordres du Roy et Gouverneur de Provence, avait également été Capitaine des Gardes du Corps. La famille de Lhôpital est une maison ancienne, établie en France depuis près de quatre siècles, et a occupé de nombreux postes prestigieux, y compris des Chambellans, des Généraux d'Armées, des Maréchaux de France, et des Chevaliers des Ordres. Le texte mentionne également le décès de Jean François de Megrigny, Marquis de Vandeuvre, Baron de Couchey, Vicomte de Troye et Cornette-Blanche de France. Il laisse un fils et deux filles. Son père, Jean de Megrigny, avait été premier Président au Parlement de Provence puis Conseiller d'État. La famille de Megrigny compte plusieurs membres illustres, dont des Chevaliers de Malte, des Présidents au Parlement, et des Abbés. Enfin, le texte rapporte le décès de Christophe de Mallebranche, Seigneur de Villebon. Il était le frère d'un Conseiller au Parlement et le fils d'un Prêtre de l'Oratoire célèbre pour ses écrits doctes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
8
p. 72-76
Lettre en Vers, [titre d'après la table]
Début :
L'autre Lettre a esté écrite par l'Autheur à un de ses Amis, / Mon cher Lisis, j'ay receu le Billet [...]
Mots clefs :
Naissance, Mardi gras, Coeur, Joie, Père, Fils, Enfant, Honneur, Festin, Réjouissances
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Lettre en Vers, [titre d'après la table]
L'autre Lettre a efté écrite.
par l'Autheur à un de fes
Amis,
GALANT. 73
Amis , de qui la Femme accoucha
d'un Garçon le jour
du Mardy Gras.
On cher Lifis , j'ay receu le
Billet
Mo
Que m'aporta ton verdoyant Valet;
Et quoy qu'ennuy de tous coffez m'aboye,
Moncoeur pourtant a treffailly de joye,
Pour avoirfçu que ta chere Moitié,
Apres douleurs qui font moult grand
pitié,
Enfin t'avoit de rechefrendu Père.
l'heureux Fils ! ©fortune profpere!
o Cielbenin , que de contentement
Vous promettez à ce nouvel Enfant!
Un Mardy- Gras éclairefa naiſſances
Les Ieux, les ris, les Feftins, & la
Dance,
Semblent par tout venirfaire la cour
Mars 1685. G
74 MERCURE
Au bel Enfant qui par toy voit lejour.
O qu'ilfera grand amateur d'Epices!
Langues de Boeuf, Saucissons & San
ciffes,
Iambonsfumez, gros & courts Cervelas
Feront unjour l'honneur de fes Repas?
Goute de vin ne lairra dans fa Couppe,
Agrosmonceaux mettra lefel en Soupe,
Et neferajamais dansfon Tonneau,
Pour le remplir,y répandre de l'eau.
Plante, croy-moy , pour cet Enfant infigne
Le meilleurplan de la meilleure Vigne
O quel transport ! O quel plaifant
foulas,
Quand ii verra courber les Echalas
Sous le fardeau de mainte & mainte
Grappe,
Etgros Flacons arangezfur la Nappe!
Mais garde- toy que celle qui nourrit
GALANT. 75
Cet Enfançon à qui Mardy- Grasrit,
Faffe Carefme, & mange de Molüe.
Prens les Chapons les plus gras de la
Müe,
Iarret de Veau, longe, éclanche &
roignon,
Fais fairefauce, ou d'Ail , ou - bien
d'Oignon,
Et
Et fois certain que cette nourriture
Aide beaucoup à la bonne nature,
que l'Enfant qui fucce de ce lait ,
Un temps viendraferamaître Poulet,
Etneferapar amour d'abftinence,
Affront aujour qui luy donna naif-
Sance.
Mais j'en dis trop pour un Homme
chagrin,
Quipourrimer n'eft pas en trop bon
train.
Un malde dents, douleur des plus
cruelle,
Gij
76 MERCURE
Quejour, que nuit me devore & bou
relle .
Atends ; adicu. Si j'obtiens guériſon,
I'iray te voir en ta belle Maifon,
M'yfaluft - il courre à beaupiedfans
Lance;
Onquesje n'eus tant de réjouissance,
Quej'en auray de prendre entre mes
... bras
Ce bel Enfant, ce Fils du Mardy-
Gras.
par l'Autheur à un de fes
Amis,
GALANT. 73
Amis , de qui la Femme accoucha
d'un Garçon le jour
du Mardy Gras.
On cher Lifis , j'ay receu le
Billet
Mo
Que m'aporta ton verdoyant Valet;
Et quoy qu'ennuy de tous coffez m'aboye,
Moncoeur pourtant a treffailly de joye,
Pour avoirfçu que ta chere Moitié,
Apres douleurs qui font moult grand
pitié,
Enfin t'avoit de rechefrendu Père.
l'heureux Fils ! ©fortune profpere!
o Cielbenin , que de contentement
Vous promettez à ce nouvel Enfant!
Un Mardy- Gras éclairefa naiſſances
Les Ieux, les ris, les Feftins, & la
Dance,
Semblent par tout venirfaire la cour
Mars 1685. G
74 MERCURE
Au bel Enfant qui par toy voit lejour.
O qu'ilfera grand amateur d'Epices!
Langues de Boeuf, Saucissons & San
ciffes,
Iambonsfumez, gros & courts Cervelas
Feront unjour l'honneur de fes Repas?
Goute de vin ne lairra dans fa Couppe,
Agrosmonceaux mettra lefel en Soupe,
Et neferajamais dansfon Tonneau,
Pour le remplir,y répandre de l'eau.
Plante, croy-moy , pour cet Enfant infigne
Le meilleurplan de la meilleure Vigne
O quel transport ! O quel plaifant
foulas,
Quand ii verra courber les Echalas
Sous le fardeau de mainte & mainte
Grappe,
Etgros Flacons arangezfur la Nappe!
Mais garde- toy que celle qui nourrit
GALANT. 75
Cet Enfançon à qui Mardy- Grasrit,
Faffe Carefme, & mange de Molüe.
Prens les Chapons les plus gras de la
Müe,
Iarret de Veau, longe, éclanche &
roignon,
Fais fairefauce, ou d'Ail , ou - bien
d'Oignon,
Et
Et fois certain que cette nourriture
Aide beaucoup à la bonne nature,
que l'Enfant qui fucce de ce lait ,
Un temps viendraferamaître Poulet,
Etneferapar amour d'abftinence,
Affront aujour qui luy donna naif-
Sance.
Mais j'en dis trop pour un Homme
chagrin,
Quipourrimer n'eft pas en trop bon
train.
Un malde dents, douleur des plus
cruelle,
Gij
76 MERCURE
Quejour, que nuit me devore & bou
relle .
Atends ; adicu. Si j'obtiens guériſon,
I'iray te voir en ta belle Maifon,
M'yfaluft - il courre à beaupiedfans
Lance;
Onquesje n'eus tant de réjouissance,
Quej'en auray de prendre entre mes
... bras
Ce bel Enfant, ce Fils du Mardy-
Gras.
Fermer
Résumé : Lettre en Vers, [titre d'après la table]
L'auteur écrit à un ami pour célébrer la naissance de son fils, survenue le jour du Mardi Gras. Il exprime sa joie malgré un certain ennui et anticipe une vie prospère pour l'enfant. Il imagine un avenir où le garçon sera entouré de festins et de danses, savourant des mets délicats et des vins fins. L'auteur conseille à son ami de bien nourrir l'enfant pour qu'il devienne robuste et évite les privations. Cependant, il mentionne une douleur dentaire persistante qui l'empêche de se réjouir pleinement. Il espère se rétablir pour rendre visite à son ami et voir l'enfant.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
9
p. 164-169
Mariage de M. le Marquis de Novion avec Mademoiselle de Montauglan, [titre d'après la table]
Début :
Enfin, Madame, le Mariage de Mr le Marquis de Novion [...]
Mots clefs :
Mariage, Marquis de Novion, Mademoiselle de Montauglan, Fils, Fille, Famille, Conseiller
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Mariage de M. le Marquis de Novion avec Mademoiselle de Montauglan, [titre d'après la table]
Enfin , Madame , le Maria
GALANT. 165.
ge de M' le Marquis de No.
vion avec Mademoiſelle de
Montauglan , s'eft fait au
commencement de ce mois.
La part que je fçay que vous
prenez en tout ce qui regar
de M le premier Préfident,.
me fait vous donner cette
Nouvelle avec plaifir, & vous
dire qu'il ne fe peut rien de
mieux afforty que les Maricz..
M' le Marquis de Novion eft
un jeune Homme fort bien
fait, qui a beaucoup d'esprit,
& qui fouftient dignement
tous les avantages de fon
rang & de ſa naiſſance . Quoy
166 MERCURE
qu'il ne foit pas encore dans
fa vingtiéme année , il fe voit
à la tefte du Regiment de
Bretagne , dont il eſt Colonel
, & a toute la conduite
d'un Homme confommé par
l'uſage du Monde & l'experience.
Il eft fecond Fils de
feu M de Novion , Maiftre
des Requeftes , Fils aîné de
M' le premier Préſident. La
Famille de Novion Potier
vous eft fi connuë , que je
ne vous en diray icy rien
autre chofe , finon que de
puis deux cens ans qu'il y a
qu'on la voir paroiftre avec
GALANT. 167
éclat , elle a eu tous les a
vantages & toutes les diftinctions
d'honneur que l'on
peut avoir , & qu'elle s'eft allée
aux premieres Maiſons de
la Cour & de la Ville. Mademoiſelle
de Montauglan eft
une jeune & belle Perfonne.
qui entre dans fa quinziéme
année. Je me fouviens de
vous avoir mandé dans quelqu'une
de mes Lettres , que
c'étoit une des plus riches
Heritieres de Paris , ayant pres
d'un million de bien , & de
grands retours encore à ef
perer , tant de la Maifon de la
168 MERCURE
Barde , que de Madame Regnoüard
fa grand' Tante,.
une des plus riches veuves de
Paris. Elle eft Fille de feu M
Montauglan , Conſeiller de
au Parlement de Paris , & .
d'une Fille de M de la Barde,.
qui a efté Ambaſſadeur extraordinaire
en Suiffe . Il eft
encore vivant , & conferve.
dans une vieilleffe de quatrevingt
- quatre ans un efprite
admirable & auffi vif, &
prefent, qu'il l'a fait voir autrefois
dans le maniment
qu'il a eu des affaires d'Etat..
La Maiſon de Montauglan
efti
GALANT. 169
eft fort ancienne dans la
Robe, & eft alliée à celles de
Manicamp , Longueval , Rupierre
, de la Barde , Charreton
, Regnoüard, Boulanger,
Bouthillier , Chavigny , & à
plufieurs autres fort confiderables
de l'Epée & de la
Robe.
GALANT. 165.
ge de M' le Marquis de No.
vion avec Mademoiſelle de
Montauglan , s'eft fait au
commencement de ce mois.
La part que je fçay que vous
prenez en tout ce qui regar
de M le premier Préfident,.
me fait vous donner cette
Nouvelle avec plaifir, & vous
dire qu'il ne fe peut rien de
mieux afforty que les Maricz..
M' le Marquis de Novion eft
un jeune Homme fort bien
fait, qui a beaucoup d'esprit,
& qui fouftient dignement
tous les avantages de fon
rang & de ſa naiſſance . Quoy
166 MERCURE
qu'il ne foit pas encore dans
fa vingtiéme année , il fe voit
à la tefte du Regiment de
Bretagne , dont il eſt Colonel
, & a toute la conduite
d'un Homme confommé par
l'uſage du Monde & l'experience.
Il eft fecond Fils de
feu M de Novion , Maiftre
des Requeftes , Fils aîné de
M' le premier Préſident. La
Famille de Novion Potier
vous eft fi connuë , que je
ne vous en diray icy rien
autre chofe , finon que de
puis deux cens ans qu'il y a
qu'on la voir paroiftre avec
GALANT. 167
éclat , elle a eu tous les a
vantages & toutes les diftinctions
d'honneur que l'on
peut avoir , & qu'elle s'eft allée
aux premieres Maiſons de
la Cour & de la Ville. Mademoiſelle
de Montauglan eft
une jeune & belle Perfonne.
qui entre dans fa quinziéme
année. Je me fouviens de
vous avoir mandé dans quelqu'une
de mes Lettres , que
c'étoit une des plus riches
Heritieres de Paris , ayant pres
d'un million de bien , & de
grands retours encore à ef
perer , tant de la Maifon de la
168 MERCURE
Barde , que de Madame Regnoüard
fa grand' Tante,.
une des plus riches veuves de
Paris. Elle eft Fille de feu M
Montauglan , Conſeiller de
au Parlement de Paris , & .
d'une Fille de M de la Barde,.
qui a efté Ambaſſadeur extraordinaire
en Suiffe . Il eft
encore vivant , & conferve.
dans une vieilleffe de quatrevingt
- quatre ans un efprite
admirable & auffi vif, &
prefent, qu'il l'a fait voir autrefois
dans le maniment
qu'il a eu des affaires d'Etat..
La Maiſon de Montauglan
efti
GALANT. 169
eft fort ancienne dans la
Robe, & eft alliée à celles de
Manicamp , Longueval , Rupierre
, de la Barde , Charreton
, Regnoüard, Boulanger,
Bouthillier , Chavigny , & à
plufieurs autres fort confiderables
de l'Epée & de la
Robe.
Fermer
Résumé : Mariage de M. le Marquis de Novion avec Mademoiselle de Montauglan, [titre d'après la table]
Le mariage entre le Marquis de Novion et Mademoiselle de Montauglan a eu lieu au début du mois. Le Marquis de Novion, colonel du Régiment de Bretagne, est un jeune homme de moins de vingt ans, doté d'un grand esprit et d'une maturité exceptionnelle. Il est le second fils de feu Monsieur de Novion, Maître des Requêtes, et petit-fils de Monsieur le premier Président. La famille de Novion Potier est renommée et a reçu de nombreux honneurs depuis plus de deux cents ans, s'alliant aux plus grandes maisons de la Cour et de la Ville. Mademoiselle de Montauglan, âgée de quinze ans, est l'une des héritières les plus riches de Paris, possédant près d'un million de biens et des revenus supplémentaires attendus de la maison de la Barde et de Madame Regnoüard, une des veuves les plus riches de Paris. Elle est la fille de feu Monsieur Montauglan, Conseiller au Parlement de Paris, et d'une fille de Monsieur de la Barde, ancien Ambassadeur extraordinaire en Suisse. La maison de Montauglan est ancienne dans la Robe et est alliée à de nombreuses familles distinguées, tant de l'Épée que de la Robe.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
10
p. 147-148
Mort de M. le Marquis de Béthune, [titre d'après la table]
Début :
Je vous ay appris depuis peu de mois que Mr [...]
Mots clefs :
Marquis de Bethune, Mariage, Mademoiselle , Décès, Fils, Chevalier
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Mort de M. le Marquis de Béthune, [titre d'après la table]
Je vous ay appris depuis
peu de mois que M' le Mar
quis de Bethune avoit épouſe
Mademoiselle de Rotelin,
Soeur de M le Marquis de
Rorelin , Gendre de feu M
le Duc de Navailles. Jamais
on n'avoit vû deux Perſonnés
mieux unies ; mais cette
Nij
148 MERCURE
union a peu duré. Elle vient
d'eſtre rompuë par la mort
de ce Marquis , qui n'avoit
encore que vingt huit ans.
que vingt
Il eſtoit Enſeigne des Gendarmes
, Fils de Maximilien
Alpin Marquis de Bethune,
& de Catherine de la Porte,
&Petit- Fils de François Duc
de Bethune , Comte d'Orval,
Chevalier des Ordres du Roy
peu de mois que M' le Mar
quis de Bethune avoit épouſe
Mademoiselle de Rotelin,
Soeur de M le Marquis de
Rorelin , Gendre de feu M
le Duc de Navailles. Jamais
on n'avoit vû deux Perſonnés
mieux unies ; mais cette
Nij
148 MERCURE
union a peu duré. Elle vient
d'eſtre rompuë par la mort
de ce Marquis , qui n'avoit
encore que vingt huit ans.
que vingt
Il eſtoit Enſeigne des Gendarmes
, Fils de Maximilien
Alpin Marquis de Bethune,
& de Catherine de la Porte,
&Petit- Fils de François Duc
de Bethune , Comte d'Orval,
Chevalier des Ordres du Roy
Fermer
11
p. 108-119
ODE Sur le soin que le Roy prend de l'éducation d[e] la Noblesse.
Début :
Depuis que les Prix ont esté donnez, on a sceu que / Toy, par qui les Mortels rendent leurs noms celebres, [...]
Mots clefs :
Éducation, Terreur, Prix de poésie, Roi, Noblesse, Héros, Écoles, Fils, Filles, Portrait, Louis, Bienfaits, Trône, Protecteur des arts
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ODE Sur le soin que le Roy prend de l'éducation d[e] la Noblesse.
donnez, on a
sceu que
les deux Discours qui ont
Concouru sur cette mesme
matiere, estoient, l'un de Mcj l'AbbéRaguenet,& l'autre
de MrdeClervillç. Ils mentent tent l'un &c l'autreJde grandes louanges, ayant écrit
d'une maniérétres-noble, &
faitleportrait delaPatience
Chrestienne avec des traits
vifs qui la font aimer. Le
sujetsque Mrs de l'Academie
avoient donné pour le Prix
de Poësie,estoit l'éducation
de laNoblesse dans lesEcoles des Gentilshommes, &
dans la Maison de S. Cir,
Vous seriez contente de la
,.
--, - -,
-'
mianiere dont Mademoisel
le des Houlieres l'a traité»
quand mesme l'estime que
vous avez pour son nom &
l'interest que vous devez
prendre à tout ce qui fait ]
honneur à vostre Sexe, ne ]
vous engageroient pasà IirCJf
c.et Ouvrage avec plaisir.
ODE
Sur le foin que le Roy prend 4^ l'éducation da la Noblesse. T Oy, par qui les"Mortelsretî*
dent leurs noms célébrés,
Toy, quej'invoque icy pour la pre*
miere fois,
De mon ejprit confus dissipe les ter
nebres,
Etfoutiens ma timide voix,
teprojet queje faiscftbardy ,jâ
l'avoue
,
Il auroit effrayé le Pdfieur de Man.
touë
Etj'en connois tout le danger.
Mais9 Apollon, par toy si je fuk
inspirée
)
MesVerspourront desifens égaler
laduréei
Hasse-toy
,
viens m'snconwer*
»i,tf¿ dujour, tu me dois lesecours
que j'implore3
C'eficeHérossigrand,sicraint dans
irnivers,
te Protecteur des Arts, LOVIS que
l'on adose
,
[Fers.
Jî>ueje veux chanter dans mes
pepuis que chaque jour lufirs du
fein de l'onde,
1y n'as rien veu d'égal dans l'un
& l'autre monde,
Nysidigne dufoindesDieux.
,C'ejl peu pour enparler qu'un lan.
gageordinaire,
,
Etpour le bien louer, ce n-efipojnt
IlJlèZftire
Dés que l'on pourra faire mieux,
#
Ilsçait que triompher des erreurs &
desvices,
Répandre la terreur du Gange aux
flots glacez,
Elever en tous lieux de pompeux
Edifices,
Tour ungrandRoyn'efipas assiz.
Jî>uilfaut pourbien remplir cesi.
1
cre caraftere,
ght'au dessein d'arracherfin Peuple
-
a
la misere,
Cedent tous les autres projets,
Et que,quelque fierté que le Trône
demande,
bllfaut à tous momens quesa bonté
1 le rende
t
Le PeredetousifesSujets.
(1 peine a-t-il calme les troubles de
la Terre,
i
J^ue cefage Héros consulte avec la
Paix,
Les moyens deffacer les horreurs de
la Guerre
Par de mémorables bienfaits.
Il dérobe les cœursdesa jeune Nobkjji
Aux funefiesappas d'une indigne
molejfi
>
Compagne d'un trop long repos.
"France,quelsfoins pour toy prend'
ton au^ufieMaifire !
Ils s'en vont pourjamaisdans to& s
finfairenaifire
Vn nombre injiny de Heros.
Il établitpour eux des EcolesJille
vantes ( les mœurs\ ( Ou l'on régléa la sots le couUge &Î
D'où l'en les fait entrer dans
cesn
Mutes brillantes
G)ui menent aux plus grands
honncttrs.
On leur enseigne l'art de forcer des
murailles,
De bien asseoir un Camp3 de gagner
des batailles,
Etdedéfendre des remparts.
Dignes de commander au sortir de
l'enfance
,
-
ils verront Iii Victoireattachée à U
Erancê
Nefkivre que. fis Etendars?
Tel cet Eflre infinydonï LuFIS *cfil'Image,
Par lesifcrets ?effortsd'un pouvoir
,
atie,
Des dufferënspérils ou la mifire Desgage en-
»
1
SceutdcVvnrfion'Peuple
élu.
Long-tempsdans un Defiertfous de
fidelles Guides
il conduisitsespas vers les Vertus
solides,
Sources des grdndes allions,
Mtquand ileut acquis deparfaites
lumieresy
Il luyfîtfubjuguerdesNations entieres,
Terreur des autres Nations
Hais cyejt peu pour LOVIS d'élever
dansses Places
Les Fils de tantdevieux &sidelies
Guerriers,
.!<!!,i dans les champs de Mars
J
en
rnarchantsurses traces,
Ontfait des moiffins de lauriers,
four
feurs
Filles il montre autant de *
prévoyance
VMSmarne l'afilefiacrej]u'ildonne à l'in*
Contre tout ce qui la détruit;
Htpar les foins pieux d'une illufire
perflnne,
£)ue le Sort oHtrAgea, que la Vertu
couronne,
Vnsi beau dejjeinfut conduit.
Dans unsuperbe enclos ou lAflgeffi
habite,
Ou l'on fuit des rertus le sentier
épineux
,
D'un âge plein d'erreursmonfoiblc
Sexe évite
Les égarements dangereux.
D'enfans infortunez cent Familles
chargées,
Du foin de Uspourvoirse trouvent
fiulagées,
Jpjtelsecourscontreunfortingrat?
Pdr luy ce Héros paye en couronnant
leurspeines-
Lepingdont leurs AJeux ont épuisé
leurs veines
Tour la défense de l'Etat.
.dinfi dans les jardins l'on voit de
jeunes Plantes,
JZfu'on ne peut conserver que par
desfoins divers)
Vivre cf;. croiflre à l'abry des ardeurs
violentes
,
Etde la rigueurdes Hyvers.
far une habile main sans ceJlè cultivées
,
Et d'une eau vive dépure au besoin
abreuvées
,
Ellesflettriflènt dans leur temps:
Tandis qu'a la inercy des fatfons
orageuses
•
, Les autres au milieu des. campagxçs
pierrcùfes
Se flêtriffint dés leurPrintemps.
Mais quel brillant éclairvient de frâperma veuë!
.f<!!.i m'appelle? qu'entensje? &
qtt'efi-cequeje v»y?
Mon cœur efi transportéd'une joye
inconnue
,
,Zteets font ces presages pour
moy ?
Ne m'annoncent-ils point que je
verray la cheute
Des celebresRivaux avec qui je disi
pute
L'honneur de la lice où je cours?
.f<!je de gloire & quel prix! Ji le
Ciel me l'envoyé
>
Le Portrait de LOVIS à mes regards
en proye
Les occupera tousles jours.
sceu que
les deux Discours qui ont
Concouru sur cette mesme
matiere, estoient, l'un de Mcj l'AbbéRaguenet,& l'autre
de MrdeClervillç. Ils mentent tent l'un &c l'autreJde grandes louanges, ayant écrit
d'une maniérétres-noble, &
faitleportrait delaPatience
Chrestienne avec des traits
vifs qui la font aimer. Le
sujetsque Mrs de l'Academie
avoient donné pour le Prix
de Poësie,estoit l'éducation
de laNoblesse dans lesEcoles des Gentilshommes, &
dans la Maison de S. Cir,
Vous seriez contente de la
,.
--, - -,
-'
mianiere dont Mademoisel
le des Houlieres l'a traité»
quand mesme l'estime que
vous avez pour son nom &
l'interest que vous devez
prendre à tout ce qui fait ]
honneur à vostre Sexe, ne ]
vous engageroient pasà IirCJf
c.et Ouvrage avec plaisir.
ODE
Sur le foin que le Roy prend 4^ l'éducation da la Noblesse. T Oy, par qui les"Mortelsretî*
dent leurs noms célébrés,
Toy, quej'invoque icy pour la pre*
miere fois,
De mon ejprit confus dissipe les ter
nebres,
Etfoutiens ma timide voix,
teprojet queje faiscftbardy ,jâ
l'avoue
,
Il auroit effrayé le Pdfieur de Man.
touë
Etj'en connois tout le danger.
Mais9 Apollon, par toy si je fuk
inspirée
)
MesVerspourront desifens égaler
laduréei
Hasse-toy
,
viens m'snconwer*
»i,tf¿ dujour, tu me dois lesecours
que j'implore3
C'eficeHérossigrand,sicraint dans
irnivers,
te Protecteur des Arts, LOVIS que
l'on adose
,
[Fers.
Jî>ueje veux chanter dans mes
pepuis que chaque jour lufirs du
fein de l'onde,
1y n'as rien veu d'égal dans l'un
& l'autre monde,
Nysidigne dufoindesDieux.
,C'ejl peu pour enparler qu'un lan.
gageordinaire,
,
Etpour le bien louer, ce n-efipojnt
IlJlèZftire
Dés que l'on pourra faire mieux,
#
Ilsçait que triompher des erreurs &
desvices,
Répandre la terreur du Gange aux
flots glacez,
Elever en tous lieux de pompeux
Edifices,
Tour ungrandRoyn'efipas assiz.
Jî>uilfaut pourbien remplir cesi.
1
cre caraftere,
ght'au dessein d'arracherfin Peuple
-
a
la misere,
Cedent tous les autres projets,
Et que,quelque fierté que le Trône
demande,
bllfaut à tous momens quesa bonté
1 le rende
t
Le PeredetousifesSujets.
(1 peine a-t-il calme les troubles de
la Terre,
i
J^ue cefage Héros consulte avec la
Paix,
Les moyens deffacer les horreurs de
la Guerre
Par de mémorables bienfaits.
Il dérobe les cœursdesa jeune Nobkjji
Aux funefiesappas d'une indigne
molejfi
>
Compagne d'un trop long repos.
"France,quelsfoins pour toy prend'
ton au^ufieMaifire !
Ils s'en vont pourjamaisdans to& s
finfairenaifire
Vn nombre injiny de Heros.
Il établitpour eux des EcolesJille
vantes ( les mœurs\ ( Ou l'on régléa la sots le couUge &Î
D'où l'en les fait entrer dans
cesn
Mutes brillantes
G)ui menent aux plus grands
honncttrs.
On leur enseigne l'art de forcer des
murailles,
De bien asseoir un Camp3 de gagner
des batailles,
Etdedéfendre des remparts.
Dignes de commander au sortir de
l'enfance
,
-
ils verront Iii Victoireattachée à U
Erancê
Nefkivre que. fis Etendars?
Tel cet Eflre infinydonï LuFIS *cfil'Image,
Par lesifcrets ?effortsd'un pouvoir
,
atie,
Des dufferënspérils ou la mifire Desgage en-
»
1
SceutdcVvnrfion'Peuple
élu.
Long-tempsdans un Defiertfous de
fidelles Guides
il conduisitsespas vers les Vertus
solides,
Sources des grdndes allions,
Mtquand ileut acquis deparfaites
lumieresy
Il luyfîtfubjuguerdesNations entieres,
Terreur des autres Nations
Hais cyejt peu pour LOVIS d'élever
dansses Places
Les Fils de tantdevieux &sidelies
Guerriers,
.!<!!,i dans les champs de Mars
J
en
rnarchantsurses traces,
Ontfait des moiffins de lauriers,
four
feurs
Filles il montre autant de *
prévoyance
VMSmarne l'afilefiacrej]u'ildonne à l'in*
Contre tout ce qui la détruit;
Htpar les foins pieux d'une illufire
perflnne,
£)ue le Sort oHtrAgea, que la Vertu
couronne,
Vnsi beau dejjeinfut conduit.
Dans unsuperbe enclos ou lAflgeffi
habite,
Ou l'on fuit des rertus le sentier
épineux
,
D'un âge plein d'erreursmonfoiblc
Sexe évite
Les égarements dangereux.
D'enfans infortunez cent Familles
chargées,
Du foin de Uspourvoirse trouvent
fiulagées,
Jpjtelsecourscontreunfortingrat?
Pdr luy ce Héros paye en couronnant
leurspeines-
Lepingdont leurs AJeux ont épuisé
leurs veines
Tour la défense de l'Etat.
.dinfi dans les jardins l'on voit de
jeunes Plantes,
JZfu'on ne peut conserver que par
desfoins divers)
Vivre cf;. croiflre à l'abry des ardeurs
violentes
,
Etde la rigueurdes Hyvers.
far une habile main sans ceJlè cultivées
,
Et d'une eau vive dépure au besoin
abreuvées
,
Ellesflettriflènt dans leur temps:
Tandis qu'a la inercy des fatfons
orageuses
•
, Les autres au milieu des. campagxçs
pierrcùfes
Se flêtriffint dés leurPrintemps.
Mais quel brillant éclairvient de frâperma veuë!
.f<!!.i m'appelle? qu'entensje? &
qtt'efi-cequeje v»y?
Mon cœur efi transportéd'une joye
inconnue
,
,Zteets font ces presages pour
moy ?
Ne m'annoncent-ils point que je
verray la cheute
Des celebresRivaux avec qui je disi
pute
L'honneur de la lice où je cours?
.f<!je de gloire & quel prix! Ji le
Ciel me l'envoyé
>
Le Portrait de LOVIS à mes regards
en proye
Les occupera tousles jours.
Fermer
Résumé : ODE Sur le soin que le Roy prend de l'éducation d[e] la Noblesse.
Le texte présente deux discours sur la même matière, l'un de l'Abbé Raguenet et l'autre de Monsieur de Clervillç, tous deux loués pour leur style noble et leur description vivante de la patience chrétienne. Le sujet donné par les membres de l'Académie pour le prix de poésie était l'éducation de la noblesse, tant dans les écoles des gentilshommes que dans la Maison de Saint-Cyr. Une œuvre de Mademoiselle des Houlières sur ce sujet est également mentionnée, appréciée pour sa qualité intrinsèque indépendamment de la réputation de son auteur. Une ode suit, dédiée à l'éducation de la noblesse. L'auteur invoque Apollon pour dissiper ses doutes et inspirer sa voix. Il loue le roi Louis, protecteur des arts, et chante les bienfaits de son règne. Le roi est décrit comme un héros qui arrache son peuple à la misère, consulte avec la paix pour effacer les horreurs de la guerre, et établit des écoles illustres pour former la jeunesse noble. Ces écoles enseignent l'art de la guerre et préparent les jeunes nobles à commander et à défendre la France. Le roi est également loué pour sa prévoyance envers les filles, les protégeant des dangers et les conduisant vers la vertu. Le texte compare l'éducation des jeunes plantes dans un enclos protégé à celle des jeunes nobles formés par le roi. Enfin, l'auteur exprime sa joie à la vue du portrait du roi, qui occupera tous ses regards.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
12
p. 11-57
Premier Article des morts, [titre d'après la table]
Début :
La pluspart des mes Lettres estant remplies de plusieurs Articles [...]
Mots clefs :
Général, Fils, Parlement, Saint, Dame
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Premier Article des morts, [titre d'après la table]
La plupart de mes Lettres
eftant remplies de plufieurs.
Articles de morts , rien n'étant plus ordinaire aux hommes , je me trouve obligé de
vous en parler prefque dés le
commencement de chaque
Lettre ; je commence par
quelques morts étrangeres
12 MERCURE
dans les Articles defquelles
vous trouverez des faits Hiftoriques affez curieux.
Le Pere Pierre Alemanni ,
Jefuite, eft mort en Toscane ,
à la fleur de fon âge ; mais
dans une grande opinion de
fainteté Les merveiles qui
ont éclaté à fa mort , & ce
qui s'eft fait à fon tombeau ,
ont même donné occafion de
compofer fa vie , qu'on
vient d'Imprimer en Italie . Il
avoit efté élevé dans la Maifon
du Grand Duc , & il avoit efté
Page d'honneur de ce Prince; il
ydonnoit déja, quoyqu'encore
GALANT 13
•
dans l'enfance , des efperances
du progrés qu'il feroit un jour
dans la vertu la plus fublime.
Retiré dans fa Chambre , &
fuyant le commerce fouvent
contagieux , de fes camarades ,
ont le furprenoit ſouvent dans
la pratique des exercices les
plus rigoureux de la Penitence
& dans la Meditation la plus.
profonde. Il connut bientoft la Cour eft un pays que
trop orageux& qu'il luy feroit
difficile d'y conferver longtemps fon innocence. Plein
de cette crainte falutaire , il
chercha un port plus affuré
14 MERCURE
dans le party qu'il prit ; il
devint en peu de temps l'exemple non-feulement de fes
jeunes Confreres , mais auffi
des plus anciens. Sa ferveur
augmentoit chaque jour ; il
netrouvoit rien dans les Obfervances de fa Regle, d'affez
penible & d'affez humiliant ;
ily ajoutoit de fecretes aufteritez , & une Meditation fi
continuelle qu'on avoit peine
à le tirer de fon Oratoire. Une
vertu fi rare a efté enviée àla
terre ; le Pere Alemanni avoit
à peine 30. ans que Dieu a
couronné fcs vertus . Il eftoit
GALANT 15
d'une illuftre famille de Tofcane qui s'eft fignalée par fa
fidelité pour la Maifon de
- Medicis. La Vie du Pere Alemanni , eft imprimée à Florence ; c'eft un vray chefd'œuvre de fpiritualité , & il
en eft peu de cette nature où
l'on parle avec tant d'onction
des voyes de Dieu. Les peintures y font vives & touchantes mais peu chargées ; les
Eloges fans eftre exceffifs donnent l'idée la plus avantageufe
du faint homme qui fait le
fujet de l'Ouvrage ; tout y
porte à la pieté & il eſt impoſ-
16 MERCURE
fible de le lire fans eftre touché. Onécrit de Florence que
cette Hiftoire a fait durant
plufieurs jours les délices du
Palais ; que Mr le Grand Duc
Mr & Mela Grande Princeffe ,
&generalement toute la Cour,
l'ont lû plufieurs fois , tant ils
trouvoient de gout à cette
pieufe lecture. L'édition de
cet Ouvrage eft déja épuiſée,
& on va en donner inceflament une feconde les merveilles qu'on dit qui ſe font au
tombeau de ce jeune Jefuite ,
faiſant ſouhaiter avec empreffement que ce Livre devienne
GALANT 17
encore plus commun qu'il
n'eft.
La Princeffe Frederique de
Saxe- Gotha , épouſe du Prince
d'Anhalt Zerbit, eft morteaux
eaux de Carelfbade en Boheme,
âgée de 34. ans ; c'eftoit une
tres belle perfonne , & qu'on
afortregrettée en Allemagne.
La branche de Saxe Gotha a
efté formée par Erneſt de Gotha frere cadet de Guillaume
de Weymar tous deux fils de
Jean de Weymar ſecond du
nom mort en 1605. Jean
fecond eftoit fils de Jean Guillaume un des defcendans d'ErMars 1710.
B
16 MERCURE
fible de le lire fans eftre touché. Onécrit de Florence que
cette Hiftoire a fait durant
plufieurs jours les délices du
Palais ; que Mr le Grand Duc
Mr & Mela Grande Princeffe ,
&generalement toute la Cour,
l'ont lû plufieurs fois , tant ils
trouvoient de gout à cette
pieufe lecture. L'édition de
cet Ouvrage eft déja épuiſée,
& on va en donner inceffament une feconde les merveilles qu'on dit qui fe font au
tombeau de ce jeune Jefuite ,
faifant fouhaiter avec empreffement que ce Livre devienne
GALANT 17.
encore plus commun qu'il
n'eft.
La Princeffe Frederique de
Saxe Gotha , époufe du Prince
d'Anhalt Zerbſt, eft morte aux
caux de Carelfbade enBoheme,
âgée de 34. ans ; c'eſtoit une
tres belle perfonne , & qu'on
fort regrettée en Allemagne.
La branche de Saxe Gotha a
efté formée par Erneft de Gotha frere cadet de Guillaume
de Weymar tous deux fils de
Jean de Weymar ſecond du
nom mort en 1605. Jean
fecond cftoit fils de Jean Guillaume un des defcendans d'ErMars 1710.
B
18 MERCURE
neft; & Frederic Guillaume fon
frere aîné fit la branche d'Altemberg , qui finit il y a 37.
ans. Erneft dont defcendoit
Jean Guillaume , eftoit fils de
Frederic dit le Pacifique , qui
mourut en 1464. les autres
branches de la Maiſon de Saxe,.
font celles de Hall , Merfbourg , Naumbourg , Weymar , Eyfenach. Des Succeffeurs de Rodolfe , neveu du
fameux Witikind , le Duché
de Saxe paffa à la Maiſon de
Billingen , enfuite à celle de
Supplinberg enla perfonne de
Lothaire, qui fut depuis Em-
GALANT 19
pereur , & qui donna fa fille
avec la Saxe à Henry le Superbe Duc de Baviere ; & de celui - cy defcendent tous les
Princes de Saxc.
M' Wafferbach , Confeiller
de M' le Comte de Lippe , eft
mort depuis quelque temps.
Il eftoit un des plus fçavans
hommes de toute l'Allemagne , & fa mort fera pleurée
de plufieurs Sçavans , qui trouvoient ordinairement chez luy
des fonds inépuifables de fcience & d'érudition. Il avoit commencé à faire imprimer une
nouvelle édition des œuvres
Bij
20 MERCURE
de feu M'Herman Hamelmann
où il devoit inferer plufieurs
pieces de cet Auteur qui n'avoient pas encore eſté imprimées. Oncraint, & avec raiſon,
quecette mort n'apporte quelque retardement à cette nouvelle édition que tous les Sçavans attendent avec de vifs
empreffemens. Les principaux
ouvrages de M' Hamelmann
font , les Annales d'Oldembourg , quelques Genealogies.
& des Memoires fervant à
l'Hiftoire de la Reformation
de la Weftphalie , où eft fitué
la Ville & Comté de Lippe ,
GALANT 21
9
qui eftoit la Patrie de M' Waf
ferbach. Ce fçavant homme
avoit auffi deffein quand il eſt
mort de travailler à l'Hiftoire
du Concile que Charlemagne
fit celebrer à Lippe dans le
fiecle pour yfaire confacrer les
Evêques Saxons qu'il deftinoit
à l'inſtruction des Peuples de
Saxe qu'il avoir foûmis un fi
grand nombre de fois , & qui
aprés plufieurs revoltes furent
enfin obligez enfe foumettant
à la loy duvainqueur d'embraffer fa Religion. Je veux dire
de recevoir le Baptême. Mr
Wafferbah auroit relevé dans
22 MERCURE
cet ouvrage , l'erreur de quelques Auteurs qui ont attribué
ce Concile à la Ville de Lippe ,
qui eft en Tranffylvanie , trom
pez fans doute par la conformitédes noms.
M' Oginski petit General
de Lithuanie , & Starofte de
Samogitie , eft mort à Lublin.
Il eftoit d'une Maifon ancienne de Lithuanie , mais qui fous.
le regne de Jean III. du nom ,
s'eftoit fort élevée. Les circon..
ftances en font trop intereffantes pour n'eftre pas détaillées avec foin. La Maifon de
Sapia au commencement du
GALANT 23
regne de Jean III. eſtoit fort
rampante , & celle de Patz
tres-floriffante. Deux freres en
eftoient les Chefs , dont l'un
cftoit grand Chancelier & l'autre grand General. Ils ne confentirent qu'avec peine à l'élec
tion du grand Maréchal So
bieski au Trône de Pologne:
aprés la mort du Roy Michel.
Ce Prince monté fur le Trône
jugea que leur puiffance eftoit
trop grande & qu'elle avoit befoin de bornes. Il leur oppofa
les Sapia , qu'on difoit venir de
race Tartare. En peu de temps
le Roy les combla de biens &
24 MERCURE
de dignitez. L'aîné fut fait pe
tit General & Caftelan de Wilna; &le fecond grand Treforier , &un troifiéme qui reftoit
à pourvoir , grand Ecuyer , &
il eut le Palatinat de Polotzko ,
&quelque temps aprés le cadet
nommé le Onrioué, fut grandMaistre de l'Artillerie & Treforier de la Cour. Enfin pour
furcroift de bonne fortune
pour les Sapia , le grand General Patz mourut , & l'aîné Sapia fon ennemi declaré fut fait
grand General & eut le Palatinat de Wilna , vacant par la
mort du grand General Patz.
Le
GALANT 25
Le Grand Chancelier Patz
mourut auffi; &ainfi cette maifon étant entierement abbatuë
que le Roy devoit avoir lieu
de regretter , fur tout le Grand
General , qui foutint au fameuxCombat de Jurafno tout
l'effort des Turcs , les Sapia
s'enorgueillirent de leur exceffive puiffance , & commencerent à prendre des fentimens peu favorables à la Cour.
Alors le Roy de Pologne ,
réfolut de les abbaiffer ou du
moins de leur oppoſer quelque
Maiſon qui balançât l'autorité & la puiffance de la leur.
Mars 1710.
C
26 MERCURE
Ce Prince jetta les yeux fur
les Oginski ou Oguinski. Il
eftoient freres de noble &
ancienne famille à la verité ;
mais peu illuftrée par les dignitez. Il fit l'aîné Palatin de
Trok , qui eft le troifiéme
Senateur du Grand Duché , &
enfuite Grand Chancelier ;
l'autre eut le Bâton de petic
General avec le Caftelenat de
Wilna. Ce dernier mourut
deux ans aprés , & l'autre en
1690. n'ayant marqué ni
l'un ni l'autre la fermeté que
le Roy attendoit d'eux contre
la puiffance des Seigneurs
GALANT 27
Lithuanois oppofez à la
Maifon Sobieski. C'eft des
>.
,
deux Oginski , que defcendoit
le petit General de Lithuanie ,
dont je vous apprens la mort
& dont les démêlez avec les
Sapia ont fait tant d'éclat
depuis quelques années , que
toutes les nouvelles publiques.
en ont parlé. Les Oginski
furem plus reconnoiſſans pour
leur bienfaiteur que les Sapia ,
ou Sapieha , ( car on écrit de
ces deux manieres ) & leur
pofterité a toujours etté fidelle
non-feulement à la Maiſon
Royale Sobieski ; mais auffi
Cij
28 MERCURE
aux veritables interefts de la
Republique. Celuy dont je
vous apprens la mort en a
donné des preuves qui luy
font beaucoup d'honneur
dans les differentes irruptions
que les Mofcovites ont faites
en Pologne. Ce General a
efté fort regretté en Lithuanie
oùil eftoit fort aimé, fur tout
de la haute Nobleffe.
La Sœur de Sainte Madelaine de Sylvecane , Religieufe
de l'Ordre de Saint Benoift
dans l'Abbaye de Chazaut de
Lyon , y eft morte dans de
grands fentimens de pieté &
CALANT 29
dans la réputation d'une vertu
bien épurée. Cette Dame
avoit fait de grands progrés
dans la vie Miftique , & le
détachement parfait où elle
avoit toujours paru depuis
fon entrée dans la Religion ,
de toutes les chofes dumonde,
luy avoit fait un grand nom
parmy les Devots du premier
ordre , je veux dire , parmy
ceux qui s'attachent à là contemplation. Elle eftoit la
feconde des trois fœurs du
nom de Sylvecane qui font
dans l'Abbaye de Chazaut ,
toutes trois diftinguées par
Cij
30 MERCUR
leur vertu & par leur merite.
Mede Saint Conftant fur tout
qui eft l'aînée a l'efprit tresbrillant & tres cultivé. Ces
Dames font foeurs de Mr de
Sylvecane Prefident de la
Cour des Monnoyes de Paris ,
& de Me de Chaponey mere
de Me la Senechale de Lyon;
elles font auffi fœurs de Mc
Bultaut , qui demeure à Paris ;
toutes ces Dames enfin font
filles de feu Mr le Prefident
de Sylvecane Intendant &
Directeur General de la Monnoye de Lyon , un des plus
grands hommes de fon temps
GALANT 31
de quelque côté qu'on l'envifage. Il a donné au Public
une Traduction de Juvenal ,
qui eft tres- eftimée. La délicateffe de fa verfification prouve la facilité de fon genie. C'eſt
un homme rare que tous les
Sçavans de fon temps ont
celebré à l'envy. Il avoit eſté
Prevôt des Marchands de
Lyon. La Sœur de Sainte Madelaine eft morte à la fleur de
fon âge fort regrettée de fa
munauté.
re
C
Dame Anne le Gras , veuve
de M François - Gafpard de
Montmorin, Marquis de Saint
C
iiij
32 MERCURE
Heran, Gouverneur de Fontainebleau , eft morte âgée de 85.
ans. Elle eftoit d'une ancienne
famille de la Robe , connuë
dans le Parlement depuis prés
de trois ficcles , & au commencement qu'il fut rendu ſedentaire. Mla Marquife de SaintHerana paffé fa vie dans l'exercice des verrus chreftiennes , &
Dieu a recompenſé une conduite pure & reguliere qui a
caracterifé toutes les actions ,
par une famille dont elle a cu
de grands fujets d'eftre fatisfaite. M' le Marquis de SaintHeran fon fils eft aujourd'huy
GALANT 33
Gouverneur de Fontainebleau,
& il foutient cet employ avec
beaucoup de dignité & des manieres fort nobles. La Maiſon
dont il eft le chefeft tres - ancienne &fort illuftrée. Anne de
Montmorin , fille de Charles ,
Chevalier , Seigneur de Montmorinépoufa en 1475. Henry
d'Albon Seigneur de Saint Forgeux . Les Memoires de la Maifon d'Albon parlent avantageufement de cette Dame qui
fur grand- mere du celebre Antoine d'Albon Archevêque de
Lyon & Lieutenant de Roy au
Gouvernement du Lyonnois &
34 MERCURE
quabifayeule de Pierre d'Efpinac ,
le plus grand Ligueur de fon
temps , auffi Archevêque de
la même Ville. Françoiſe de
Montmorin , fille de noble &
puiffant Seigneur ( c'eſt la
Lité qu'il prenoit ) Claude de
Montmorin , Chevalier , Seigneur de Luppiat, Baron de la
Tarriere , S. Bonnet & de Pertus, & de Catherine de Joyeufe , époufa dans les dernieres
années du 16° fiecle Louis de
la Barge grand pere de Me la
Comteffe doüairiere de Mongon , & d'une illuftre Maiſon
d'Auvergne qui a donné cinq
GALANT 35
Comtes à l'Eglife de Lyon.
Feu Mr le Comte de la Barge
qui avoit époufé Catherine
d'Albon , fille aînée de GilbertAntoine d'Albon , Chevalier
d'Honneur de Madame la Ducheffe d'Orleans , Comte de
Chazeul , & de Dame Charlotte Bouteiller , eftoit petitfils de Françoiſe de Montmorin. Jean - Baptifte de la Barge
fon fils qui époufa Jeanne de
Canillac fut Chevalier de
l'Ordre du Roy , Gentilhomme ordinaire de fa Chambte ,
& fon Lieutenant general au
Gouvernement d'Auvergne.
36 MERCURE
La Maifon de Montmorin
porte pour Armoiries de Gueules femé de mollettes d'éperon
d'argent au Lyon de même ,
brochant fur le tout. M' l'Archevêque de Vienne , ci - devant Evêque de Die , & auparavant de l'Ordre des Feüillans , cft de cette Maifon. Il
eft frere de Me la Comteffe de
Gamaches ; & il joint à une
naiſſance illuſtre une pieté , un
zele dans les fonctions de fon
Miniftere, & un amour propre
pour les Pauvres qui le rendent
encore plus recommandable.
Mre N... Amable Faydit ,
GALANT 37
Preftre , connu dans la Republique des Lettres par quantité
d'ouvrages fortis de fa plume,
eft mort à Riom âgé de prés
de 70. ans. Il avoit paffé une
partie de fa jeuneffe dans la
Congregation de l'Oratoire ,
où les talens particuliers, joints
àune profonde érudition , luy
avoient attiré beaucoup d'admirateurs. Il y avoit profeffé
les Humanitez & même la Philofophie avecbeaucoup de fuccés & d'applaudiffement , & il
cut au nombre de fes diſciples
d'illuftres perfonnes qui font
aujourd'huy Patrons des Gens
"
38 MERCURE
de Lettres. Cet Abbé eftoit
forti de cette Congregation à
laquelle , comme on fçait , on
n'eft jamais attaché par aucun
engagement ; il compoſa plufieurs ouvrages aprés s'eftre retiré auprés de M' Lizot ancien
Curé de Saint Severin fonami
particulier. Il donna d'abord
quelques reflexions fur le premier volume des Memoires de
Mr de Tillemont , & il intitula
cet ouvrage , Memoire des Memoires , &c. Ce Livre fit beaucoup de bruit ; le Traité qu'il
donna enfuite fur la Trinité ,
n'en fit pas moins ; le P. Hugo
>
GALANT 39
Chanoine Regulier de l'Ordre
de Saint Auguſtin de la Congregation de Prémontré , attaqua cet ouvrage , & cette critique produifit quelques réponſes où Mr l'Abbé Faydit
expliquoit ce qu'il avoit voulu dire en excluant de l'Effence de Dieu une unité numerique , & en n'y admettant
qu'une unité fpecifique. La
Preſbyteromachie eſt auſſi un petit ouvrage de ce fçavant Abbé fur le Quietisme , dont il
a cfté un rude Adverfaire. Il
adreffa enfuire une Lettre à un
Prieur des Carmes déchauffez
40 MERCURE
contre la Tradition qu'onimpute aux Religieux de cet Ordre , d'avoir foutenu que Pythagore a efté de leur Ordre.
Cette Lettre eft inferée dans
un des Supplémens des Effais de
Litterature. Il fe chargea peu
aprés de continuer ce même
Supplément, & il en donna quelques volumes remplis d'une
grande érudition & d'une fine
critique. Il a fait auffi plufieurs
autres ouvrages , & il eft mort
la plume à la main. Il eftoit
preft de donner une Critique
generale des ouvrages de Mr le
Clerc, lorſqu'il cft allé luy-mê-
GALANT 41
me rendre compte de fes fentimens & de fa doctrine à celuy qui juge tous les hommes.
Il ne bornoit pas fes talens à
faire des Livres ; il eftoit Predicateur & excellent Predicateur;
dans le temps des affaires de
l'Affemblée du Clergé de France de 1682. il fit un Sermon
dans l'Eglife de Sainte Opportune , qui luy fit beaucoup
d'honneur. Il y a long temps
qu'on attend fes Difcours Polemiques qu'il promettoit depuis plufieurs années. Il eftoit
d'une tres- ancienne famille de
Riom qui a donné à certe VilMars 1710.
D
42 MERCURE
le-là pendant plus de trois cens
ans de pere en fils des Avocats
celebres , y en ayant encore actuellement de ce nom qui exercent avec éclat cette noble Profeffion. Cet Abbé eftoit proche parent de Mr Faydit de
Graville Confeiller au Prefidial de Riom , mort âgé de 8 3.
ans en 1694. Ce Magiftrat
avoit beaucoup contribué à la
compofition des doctes écrits
du P. Sirmond, Confeffeur de
Louis XIII. dont Mr l'Abbé
Faydit avoit l'honneur d'eftre
petit -neveu. Tous les Faydit
defcendent de Faydit Damoi
GALANT 43
feau de Jurgals dans le Vicomté de Turenne , & frere du fameux Jurifconfulte Faydit . Ils
vivoient au commencement
du 14. fiecle. Il y a eu un Cardinal Faydit qu'on croit de cette famille.
M Jean Doujat Doyen
du Parlement , eft mort âgé
de 89. ans & demy, regretté
univerfellement de tous fes
Confreres. Il avoit efté reçû
Confeiller au Parlement le 30.
Aouft 1647. & il a exercé
cette Charge un peu plus de
63. ans puifqu'il eft mort le 18.
Janvier de cette année ( 1710. )
Dij
44 MERCURE
Il eftoit d'une ancienne famille
connue dans le Parlement depuis deux ou trois ficcles . Elle
produifit dans le commencement du dernier fiecle un
celebre Profeffeur de Jurifpru.
dence, dont le nom eft aujourd'huy devenu celebre parmy
tous les Jurifconfultes. Il ya
aujourd'huy deux branches
de la famille des Doujats. Celuy qui vient de mourir eſtoit
Chef de la premiere. Il laiffe
un fils Maiftre des Requeſtes ,
depuis l'année 1701 .
c'eft
Mre Jean Charles Doujat
cy- devant Intendant de Bor-
GALANT 45
deaux & aujourd'huy de Poitiers. Le Chef de la feconde
branche eft Mre Jofeph- Joachim - François Doujat , reçû
Confeiller au Chaftelet en
1697. & frere de Dame N...
Doujat épouse de Jean François le Boindre , fixiéme Confeiller de la premiere Chambre
des Enqueftes , & reçû dans
le Parlement en 1689. Mr
Doujat leur pere , eftoit Contrôlleur General de la Maiſon
du Roy. La famille de Mrs
Doujat , eft fortie par les femmes de celles des Longüeil ,
de Maiſons , & de Nicolaï.
›
46 MERCURE
Celle de Fieubet Launac
tient auffi par une alliance à
celle de Doujat.
Mre Jean le Nain , SousDoyen du Parlement , eft devenu par cette mort Doyen
du même Corps ; il eſt beaufrere de Mre Paul Portail,
feptiéme Confeiller de la
Grand Chambre , & pere de
feu Mr le Nain , premier Avocat General du Parlement
mort depuis quelques mois.
Mr le Nain fut reçû dans le
Parlement le deuxième deJuin
l'an 1655. il eft frere de feu
Mr de Tillemont Auteur
GALANT 47
de l'Hiftoire Ecclefiaftique des
fix premiers ficcles de l'Eglife ,
écrite avec tant de methode
& de netteté , &frere du Pere
le Nain Sous-prieur de l'Abbaye de la Trape. La famille
de Mrs le Nain , eft dans une
grande confideration dans le
Parlement depuis plus de trois
fiecles. Elle a toûjours eu pour
Chefs d'illuftres Magiftrats ,
qui fe font diftinguez par leur
zele pour la Patrie , & parune
probité & une droiture dignes
des premiers temps dans l'adminiſtration de la Juftice.
Mre Gafpard Brayer , Sous-
48 MERCURE
4.
Doyen de la troifiéme Cham
bre des Enqueftes , eſt monté
à la grande -Chambre par le
mouvement qu'a fait la mort
du Doyen. Il y a un peu plus
detrente cinqans qu'il eft Confeiller , y ayant efté reçu le
Janvier de l'année 1675. Mr
Brayer eft tres - eftimé dans le
Parlement ; le fuccés qu'il a eu
dans la conduite de plufieurs
affaires d'une difficile difcuffion , luy a attiré une grande
réputation dans cet illuftre
Corps. Il a environ foixante
ans.
Dame Elifabeth de Hantecourt ,
GALANT 49
court , veuve de Mr Eftienne
le Tonnellier , Confeiller du
Roy & Maiftre ordinaire en
fa Chambre des Comptes , eft
morte âgée de 78. ans , dans de
grands fentimens de pieté , &
dans l'exercice des vertus qu'elle a pratiquées durant le cours
d'une longue vie. Sa charité &
fon amour pour les Pauvres
font les vertus qui l'ont le plus
diftinguée. On luy connoiffoit
un fi grand zele pour leur foulagement , & un fi grandfond
delumieres fur tout ce qui pouvoit contribuer à adoucir leurs
maux , qu'on l'a continuée
Mars 1710.
.
E
50 MERCURE
prefque pendant toute fa vie
Dame de la Charité de fa Paroiffe , parce qu'on eftoit perfuadé que les interefts des Pauvres ne pouvoient eftre en de
meilleures mains. L'inclination
qu'elle a marquée toute ſa vie
pour eux , l'avoit liée depuis
plufieurs années avec M° Trudaine mere de M° Voifin &de
M' l'Intendante de Lyon , &
ces deux illuftres Amies picquées d'une fainte émulation
s'excitoient continuellement
aux emplois de charité. Enfin le
foulagement des Pauvres & la
pratiquedes vertus propres aux
GALANT 51
Veuves chreftiennes , eftoit le
fondement de leur liaiſon. M
le Tonnellier eftoit proche parente de M' de Hantecourt ,
Chancelier de l'Univerfité de
Paris & Curé de Saint Etienne
du Mont , l'un des plus dignes
fujets de la Congregation de
Sainte Geneviève. La famille de
Mrs de Hantecourt eft fort ancienne dans le Parlement. M
le Tonnellier laiffe trois fils.
L'aîné eft Pierre Eftienne leTonnellier , Seigneur de Charmaux Confeiller au grand
Confeil , où il fut reçu en l'année 1691. Il eſt du Semestre
E ij
$2 MERCURE
d'Eté. Il a beaucoup de merite & il a acquis une folide
réputation dans l'exercice de
fa Charge. Il fit autrefois le
voyage d'Italie avec Mr Trudaine Intendant de Lyon , M
Trudaine & M° le Tonnellier
ayant voulu que leurs enfans
qui avoient toûjours efté fort
unis , ne fe féparaffent point
dans ce voyage. Ces deux Magiftrats reçurent de grands
honneurs de plufieurs perfonnes de diſtinction des princi- ·
pales Villes d'Italie. Le fecond
fils de Mele Tonnellier eft M
le Tonnellier Docteur de Sor-
GALANT 53
bonne, Chanoine Regulier de
l'Ordre de Saint Auguftin &
Prieur de l'Abbaye de S. Victor pour la troifiéme fois. C'eſt
un homme d'un grand merite ,
& qui eft eftimé dans fa Congregation;le troifiéme eſt Dom
Paſcal le Tonnellier Chartreux de Paris , Religieux connu par fes talens , & fur tour.
par la connoiffance des LanM's le Tonnelier font de
la même Maifon que M's de
Breteüil. Ily a eu un Controlleur general des Finances de
leur maison. Ils font parens
de M's Charpentier dont je
gues.
E iij
54 MERCURE
vous ay fouvent parlé.
MN..... d'Agoult , Seigneur de Chanoufle , cft mort
dans fes terres en Dauphiné.
Il eftoit iffu de François d'Agoult , Seigneur de Montiay
& de Chanouffe , & de Françoife de Virieu , d'une Maiſon
qui a donné des Ambaffadeurs
à la France. Cette Dame eftoir
fille de François de Virieu , Seigneur de Puppetieres , & de
Gafparde Prunier Saint André,
famille dont eftoit feu M' de
Saint André Ambaffadeur à
Venife & premier Prefident au
Parlement de Grenoble. Bar-
GALANT 55
thelemy d'Agoult , fecond fils
de François d'Agoult , & de
Jamonne de Revilafe , a formé
cette branche de l'illustre Maifon d'Agoule dans le penultiéme fiecle. Il époufa Françoiſe
de Remufac de qui vint François d'Agoult époux d'Anne
d'Autanne pere d'Antoine
qui de Claire de Morges a cu
le pere de feu Mr le Comte de Chanouffe. On prétend'
que le chefde l'illuftre Maiſon
d'Agoult fut un Agoult du
Loup, provenu des amours du
Prince de Goulnaud & de la
Princeffe de Pomeranie , &
E iiij
56 MERURE
qu'ayant efté expofé , il fut
nourripar une Louve, & qu'enfuiteHenryII . Empereur fit ce
SeigneurMaréchal de l'Empire
&luy infeoda la Terre de Sault,
qui eft entrée dans la Maiſon
de Crequy par Chreftienne
d'Aguerre , qui aprés avoir
perdu Antoine Duc de Crequy
fon mary , épousa FrançoisLouis d'Agoult , Comte de
Sault , Chevalier des Ordres du
Roy, dont elle eut cette Terre
• pour les droits , qu'elle laiſſa à
M' le Maréchal de Lefdiguieres fon fils du premier lit. La
Maiſon de Simianes d'aujour-
GALANT 57
d'huy eft une branche de celle
d'Agoult , une des plus illuf
tres & des plus anciennes du
Royaume.
eftant remplies de plufieurs.
Articles de morts , rien n'étant plus ordinaire aux hommes , je me trouve obligé de
vous en parler prefque dés le
commencement de chaque
Lettre ; je commence par
quelques morts étrangeres
12 MERCURE
dans les Articles defquelles
vous trouverez des faits Hiftoriques affez curieux.
Le Pere Pierre Alemanni ,
Jefuite, eft mort en Toscane ,
à la fleur de fon âge ; mais
dans une grande opinion de
fainteté Les merveiles qui
ont éclaté à fa mort , & ce
qui s'eft fait à fon tombeau ,
ont même donné occafion de
compofer fa vie , qu'on
vient d'Imprimer en Italie . Il
avoit efté élevé dans la Maifon
du Grand Duc , & il avoit efté
Page d'honneur de ce Prince; il
ydonnoit déja, quoyqu'encore
GALANT 13
•
dans l'enfance , des efperances
du progrés qu'il feroit un jour
dans la vertu la plus fublime.
Retiré dans fa Chambre , &
fuyant le commerce fouvent
contagieux , de fes camarades ,
ont le furprenoit ſouvent dans
la pratique des exercices les
plus rigoureux de la Penitence
& dans la Meditation la plus.
profonde. Il connut bientoft la Cour eft un pays que
trop orageux& qu'il luy feroit
difficile d'y conferver longtemps fon innocence. Plein
de cette crainte falutaire , il
chercha un port plus affuré
14 MERCURE
dans le party qu'il prit ; il
devint en peu de temps l'exemple non-feulement de fes
jeunes Confreres , mais auffi
des plus anciens. Sa ferveur
augmentoit chaque jour ; il
netrouvoit rien dans les Obfervances de fa Regle, d'affez
penible & d'affez humiliant ;
ily ajoutoit de fecretes aufteritez , & une Meditation fi
continuelle qu'on avoit peine
à le tirer de fon Oratoire. Une
vertu fi rare a efté enviée àla
terre ; le Pere Alemanni avoit
à peine 30. ans que Dieu a
couronné fcs vertus . Il eftoit
GALANT 15
d'une illuftre famille de Tofcane qui s'eft fignalée par fa
fidelité pour la Maifon de
- Medicis. La Vie du Pere Alemanni , eft imprimée à Florence ; c'eft un vray chefd'œuvre de fpiritualité , & il
en eft peu de cette nature où
l'on parle avec tant d'onction
des voyes de Dieu. Les peintures y font vives & touchantes mais peu chargées ; les
Eloges fans eftre exceffifs donnent l'idée la plus avantageufe
du faint homme qui fait le
fujet de l'Ouvrage ; tout y
porte à la pieté & il eſt impoſ-
16 MERCURE
fible de le lire fans eftre touché. Onécrit de Florence que
cette Hiftoire a fait durant
plufieurs jours les délices du
Palais ; que Mr le Grand Duc
Mr & Mela Grande Princeffe ,
&generalement toute la Cour,
l'ont lû plufieurs fois , tant ils
trouvoient de gout à cette
pieufe lecture. L'édition de
cet Ouvrage eft déja épuiſée,
& on va en donner inceflament une feconde les merveilles qu'on dit qui ſe font au
tombeau de ce jeune Jefuite ,
faiſant ſouhaiter avec empreffement que ce Livre devienne
GALANT 17
encore plus commun qu'il
n'eft.
La Princeffe Frederique de
Saxe- Gotha , épouſe du Prince
d'Anhalt Zerbit, eft morteaux
eaux de Carelfbade en Boheme,
âgée de 34. ans ; c'eftoit une
tres belle perfonne , & qu'on
afortregrettée en Allemagne.
La branche de Saxe Gotha a
efté formée par Erneſt de Gotha frere cadet de Guillaume
de Weymar tous deux fils de
Jean de Weymar ſecond du
nom mort en 1605. Jean
fecond eftoit fils de Jean Guillaume un des defcendans d'ErMars 1710.
B
16 MERCURE
fible de le lire fans eftre touché. Onécrit de Florence que
cette Hiftoire a fait durant
plufieurs jours les délices du
Palais ; que Mr le Grand Duc
Mr & Mela Grande Princeffe ,
&generalement toute la Cour,
l'ont lû plufieurs fois , tant ils
trouvoient de gout à cette
pieufe lecture. L'édition de
cet Ouvrage eft déja épuiſée,
& on va en donner inceffament une feconde les merveilles qu'on dit qui fe font au
tombeau de ce jeune Jefuite ,
faifant fouhaiter avec empreffement que ce Livre devienne
GALANT 17.
encore plus commun qu'il
n'eft.
La Princeffe Frederique de
Saxe Gotha , époufe du Prince
d'Anhalt Zerbſt, eft morte aux
caux de Carelfbade enBoheme,
âgée de 34. ans ; c'eſtoit une
tres belle perfonne , & qu'on
fort regrettée en Allemagne.
La branche de Saxe Gotha a
efté formée par Erneft de Gotha frere cadet de Guillaume
de Weymar tous deux fils de
Jean de Weymar ſecond du
nom mort en 1605. Jean
fecond cftoit fils de Jean Guillaume un des defcendans d'ErMars 1710.
B
18 MERCURE
neft; & Frederic Guillaume fon
frere aîné fit la branche d'Altemberg , qui finit il y a 37.
ans. Erneft dont defcendoit
Jean Guillaume , eftoit fils de
Frederic dit le Pacifique , qui
mourut en 1464. les autres
branches de la Maiſon de Saxe,.
font celles de Hall , Merfbourg , Naumbourg , Weymar , Eyfenach. Des Succeffeurs de Rodolfe , neveu du
fameux Witikind , le Duché
de Saxe paffa à la Maiſon de
Billingen , enfuite à celle de
Supplinberg enla perfonne de
Lothaire, qui fut depuis Em-
GALANT 19
pereur , & qui donna fa fille
avec la Saxe à Henry le Superbe Duc de Baviere ; & de celui - cy defcendent tous les
Princes de Saxc.
M' Wafferbach , Confeiller
de M' le Comte de Lippe , eft
mort depuis quelque temps.
Il eftoit un des plus fçavans
hommes de toute l'Allemagne , & fa mort fera pleurée
de plufieurs Sçavans , qui trouvoient ordinairement chez luy
des fonds inépuifables de fcience & d'érudition. Il avoit commencé à faire imprimer une
nouvelle édition des œuvres
Bij
20 MERCURE
de feu M'Herman Hamelmann
où il devoit inferer plufieurs
pieces de cet Auteur qui n'avoient pas encore eſté imprimées. Oncraint, & avec raiſon,
quecette mort n'apporte quelque retardement à cette nouvelle édition que tous les Sçavans attendent avec de vifs
empreffemens. Les principaux
ouvrages de M' Hamelmann
font , les Annales d'Oldembourg , quelques Genealogies.
& des Memoires fervant à
l'Hiftoire de la Reformation
de la Weftphalie , où eft fitué
la Ville & Comté de Lippe ,
GALANT 21
9
qui eftoit la Patrie de M' Waf
ferbach. Ce fçavant homme
avoit auffi deffein quand il eſt
mort de travailler à l'Hiftoire
du Concile que Charlemagne
fit celebrer à Lippe dans le
fiecle pour yfaire confacrer les
Evêques Saxons qu'il deftinoit
à l'inſtruction des Peuples de
Saxe qu'il avoir foûmis un fi
grand nombre de fois , & qui
aprés plufieurs revoltes furent
enfin obligez enfe foumettant
à la loy duvainqueur d'embraffer fa Religion. Je veux dire
de recevoir le Baptême. Mr
Wafferbah auroit relevé dans
22 MERCURE
cet ouvrage , l'erreur de quelques Auteurs qui ont attribué
ce Concile à la Ville de Lippe ,
qui eft en Tranffylvanie , trom
pez fans doute par la conformitédes noms.
M' Oginski petit General
de Lithuanie , & Starofte de
Samogitie , eft mort à Lublin.
Il eftoit d'une Maifon ancienne de Lithuanie , mais qui fous.
le regne de Jean III. du nom ,
s'eftoit fort élevée. Les circon..
ftances en font trop intereffantes pour n'eftre pas détaillées avec foin. La Maifon de
Sapia au commencement du
GALANT 23
regne de Jean III. eſtoit fort
rampante , & celle de Patz
tres-floriffante. Deux freres en
eftoient les Chefs , dont l'un
cftoit grand Chancelier & l'autre grand General. Ils ne confentirent qu'avec peine à l'élec
tion du grand Maréchal So
bieski au Trône de Pologne:
aprés la mort du Roy Michel.
Ce Prince monté fur le Trône
jugea que leur puiffance eftoit
trop grande & qu'elle avoit befoin de bornes. Il leur oppofa
les Sapia , qu'on difoit venir de
race Tartare. En peu de temps
le Roy les combla de biens &
24 MERCURE
de dignitez. L'aîné fut fait pe
tit General & Caftelan de Wilna; &le fecond grand Treforier , &un troifiéme qui reftoit
à pourvoir , grand Ecuyer , &
il eut le Palatinat de Polotzko ,
&quelque temps aprés le cadet
nommé le Onrioué, fut grandMaistre de l'Artillerie & Treforier de la Cour. Enfin pour
furcroift de bonne fortune
pour les Sapia , le grand General Patz mourut , & l'aîné Sapia fon ennemi declaré fut fait
grand General & eut le Palatinat de Wilna , vacant par la
mort du grand General Patz.
Le
GALANT 25
Le Grand Chancelier Patz
mourut auffi; &ainfi cette maifon étant entierement abbatuë
que le Roy devoit avoir lieu
de regretter , fur tout le Grand
General , qui foutint au fameuxCombat de Jurafno tout
l'effort des Turcs , les Sapia
s'enorgueillirent de leur exceffive puiffance , & commencerent à prendre des fentimens peu favorables à la Cour.
Alors le Roy de Pologne ,
réfolut de les abbaiffer ou du
moins de leur oppoſer quelque
Maiſon qui balançât l'autorité & la puiffance de la leur.
Mars 1710.
C
26 MERCURE
Ce Prince jetta les yeux fur
les Oginski ou Oguinski. Il
eftoient freres de noble &
ancienne famille à la verité ;
mais peu illuftrée par les dignitez. Il fit l'aîné Palatin de
Trok , qui eft le troifiéme
Senateur du Grand Duché , &
enfuite Grand Chancelier ;
l'autre eut le Bâton de petic
General avec le Caftelenat de
Wilna. Ce dernier mourut
deux ans aprés , & l'autre en
1690. n'ayant marqué ni
l'un ni l'autre la fermeté que
le Roy attendoit d'eux contre
la puiffance des Seigneurs
GALANT 27
Lithuanois oppofez à la
Maifon Sobieski. C'eft des
>.
,
deux Oginski , que defcendoit
le petit General de Lithuanie ,
dont je vous apprens la mort
& dont les démêlez avec les
Sapia ont fait tant d'éclat
depuis quelques années , que
toutes les nouvelles publiques.
en ont parlé. Les Oginski
furem plus reconnoiſſans pour
leur bienfaiteur que les Sapia ,
ou Sapieha , ( car on écrit de
ces deux manieres ) & leur
pofterité a toujours etté fidelle
non-feulement à la Maiſon
Royale Sobieski ; mais auffi
Cij
28 MERCURE
aux veritables interefts de la
Republique. Celuy dont je
vous apprens la mort en a
donné des preuves qui luy
font beaucoup d'honneur
dans les differentes irruptions
que les Mofcovites ont faites
en Pologne. Ce General a
efté fort regretté en Lithuanie
oùil eftoit fort aimé, fur tout
de la haute Nobleffe.
La Sœur de Sainte Madelaine de Sylvecane , Religieufe
de l'Ordre de Saint Benoift
dans l'Abbaye de Chazaut de
Lyon , y eft morte dans de
grands fentimens de pieté &
CALANT 29
dans la réputation d'une vertu
bien épurée. Cette Dame
avoit fait de grands progrés
dans la vie Miftique , & le
détachement parfait où elle
avoit toujours paru depuis
fon entrée dans la Religion ,
de toutes les chofes dumonde,
luy avoit fait un grand nom
parmy les Devots du premier
ordre , je veux dire , parmy
ceux qui s'attachent à là contemplation. Elle eftoit la
feconde des trois fœurs du
nom de Sylvecane qui font
dans l'Abbaye de Chazaut ,
toutes trois diftinguées par
Cij
30 MERCUR
leur vertu & par leur merite.
Mede Saint Conftant fur tout
qui eft l'aînée a l'efprit tresbrillant & tres cultivé. Ces
Dames font foeurs de Mr de
Sylvecane Prefident de la
Cour des Monnoyes de Paris ,
& de Me de Chaponey mere
de Me la Senechale de Lyon;
elles font auffi fœurs de Mc
Bultaut , qui demeure à Paris ;
toutes ces Dames enfin font
filles de feu Mr le Prefident
de Sylvecane Intendant &
Directeur General de la Monnoye de Lyon , un des plus
grands hommes de fon temps
GALANT 31
de quelque côté qu'on l'envifage. Il a donné au Public
une Traduction de Juvenal ,
qui eft tres- eftimée. La délicateffe de fa verfification prouve la facilité de fon genie. C'eſt
un homme rare que tous les
Sçavans de fon temps ont
celebré à l'envy. Il avoit eſté
Prevôt des Marchands de
Lyon. La Sœur de Sainte Madelaine eft morte à la fleur de
fon âge fort regrettée de fa
munauté.
re
C
Dame Anne le Gras , veuve
de M François - Gafpard de
Montmorin, Marquis de Saint
C
iiij
32 MERCURE
Heran, Gouverneur de Fontainebleau , eft morte âgée de 85.
ans. Elle eftoit d'une ancienne
famille de la Robe , connuë
dans le Parlement depuis prés
de trois ficcles , & au commencement qu'il fut rendu ſedentaire. Mla Marquife de SaintHerana paffé fa vie dans l'exercice des verrus chreftiennes , &
Dieu a recompenſé une conduite pure & reguliere qui a
caracterifé toutes les actions ,
par une famille dont elle a cu
de grands fujets d'eftre fatisfaite. M' le Marquis de SaintHeran fon fils eft aujourd'huy
GALANT 33
Gouverneur de Fontainebleau,
& il foutient cet employ avec
beaucoup de dignité & des manieres fort nobles. La Maiſon
dont il eft le chefeft tres - ancienne &fort illuftrée. Anne de
Montmorin , fille de Charles ,
Chevalier , Seigneur de Montmorinépoufa en 1475. Henry
d'Albon Seigneur de Saint Forgeux . Les Memoires de la Maifon d'Albon parlent avantageufement de cette Dame qui
fur grand- mere du celebre Antoine d'Albon Archevêque de
Lyon & Lieutenant de Roy au
Gouvernement du Lyonnois &
34 MERCURE
quabifayeule de Pierre d'Efpinac ,
le plus grand Ligueur de fon
temps , auffi Archevêque de
la même Ville. Françoiſe de
Montmorin , fille de noble &
puiffant Seigneur ( c'eſt la
Lité qu'il prenoit ) Claude de
Montmorin , Chevalier , Seigneur de Luppiat, Baron de la
Tarriere , S. Bonnet & de Pertus, & de Catherine de Joyeufe , époufa dans les dernieres
années du 16° fiecle Louis de
la Barge grand pere de Me la
Comteffe doüairiere de Mongon , & d'une illuftre Maiſon
d'Auvergne qui a donné cinq
GALANT 35
Comtes à l'Eglife de Lyon.
Feu Mr le Comte de la Barge
qui avoit époufé Catherine
d'Albon , fille aînée de GilbertAntoine d'Albon , Chevalier
d'Honneur de Madame la Ducheffe d'Orleans , Comte de
Chazeul , & de Dame Charlotte Bouteiller , eftoit petitfils de Françoiſe de Montmorin. Jean - Baptifte de la Barge
fon fils qui époufa Jeanne de
Canillac fut Chevalier de
l'Ordre du Roy , Gentilhomme ordinaire de fa Chambte ,
& fon Lieutenant general au
Gouvernement d'Auvergne.
36 MERCURE
La Maifon de Montmorin
porte pour Armoiries de Gueules femé de mollettes d'éperon
d'argent au Lyon de même ,
brochant fur le tout. M' l'Archevêque de Vienne , ci - devant Evêque de Die , & auparavant de l'Ordre des Feüillans , cft de cette Maifon. Il
eft frere de Me la Comteffe de
Gamaches ; & il joint à une
naiſſance illuſtre une pieté , un
zele dans les fonctions de fon
Miniftere, & un amour propre
pour les Pauvres qui le rendent
encore plus recommandable.
Mre N... Amable Faydit ,
GALANT 37
Preftre , connu dans la Republique des Lettres par quantité
d'ouvrages fortis de fa plume,
eft mort à Riom âgé de prés
de 70. ans. Il avoit paffé une
partie de fa jeuneffe dans la
Congregation de l'Oratoire ,
où les talens particuliers, joints
àune profonde érudition , luy
avoient attiré beaucoup d'admirateurs. Il y avoit profeffé
les Humanitez & même la Philofophie avecbeaucoup de fuccés & d'applaudiffement , & il
cut au nombre de fes diſciples
d'illuftres perfonnes qui font
aujourd'huy Patrons des Gens
"
38 MERCURE
de Lettres. Cet Abbé eftoit
forti de cette Congregation à
laquelle , comme on fçait , on
n'eft jamais attaché par aucun
engagement ; il compoſa plufieurs ouvrages aprés s'eftre retiré auprés de M' Lizot ancien
Curé de Saint Severin fonami
particulier. Il donna d'abord
quelques reflexions fur le premier volume des Memoires de
Mr de Tillemont , & il intitula
cet ouvrage , Memoire des Memoires , &c. Ce Livre fit beaucoup de bruit ; le Traité qu'il
donna enfuite fur la Trinité ,
n'en fit pas moins ; le P. Hugo
>
GALANT 39
Chanoine Regulier de l'Ordre
de Saint Auguſtin de la Congregation de Prémontré , attaqua cet ouvrage , & cette critique produifit quelques réponſes où Mr l'Abbé Faydit
expliquoit ce qu'il avoit voulu dire en excluant de l'Effence de Dieu une unité numerique , & en n'y admettant
qu'une unité fpecifique. La
Preſbyteromachie eſt auſſi un petit ouvrage de ce fçavant Abbé fur le Quietisme , dont il
a cfté un rude Adverfaire. Il
adreffa enfuire une Lettre à un
Prieur des Carmes déchauffez
40 MERCURE
contre la Tradition qu'onimpute aux Religieux de cet Ordre , d'avoir foutenu que Pythagore a efté de leur Ordre.
Cette Lettre eft inferée dans
un des Supplémens des Effais de
Litterature. Il fe chargea peu
aprés de continuer ce même
Supplément, & il en donna quelques volumes remplis d'une
grande érudition & d'une fine
critique. Il a fait auffi plufieurs
autres ouvrages , & il eft mort
la plume à la main. Il eftoit
preft de donner une Critique
generale des ouvrages de Mr le
Clerc, lorſqu'il cft allé luy-mê-
GALANT 41
me rendre compte de fes fentimens & de fa doctrine à celuy qui juge tous les hommes.
Il ne bornoit pas fes talens à
faire des Livres ; il eftoit Predicateur & excellent Predicateur;
dans le temps des affaires de
l'Affemblée du Clergé de France de 1682. il fit un Sermon
dans l'Eglife de Sainte Opportune , qui luy fit beaucoup
d'honneur. Il y a long temps
qu'on attend fes Difcours Polemiques qu'il promettoit depuis plufieurs années. Il eftoit
d'une tres- ancienne famille de
Riom qui a donné à certe VilMars 1710.
D
42 MERCURE
le-là pendant plus de trois cens
ans de pere en fils des Avocats
celebres , y en ayant encore actuellement de ce nom qui exercent avec éclat cette noble Profeffion. Cet Abbé eftoit proche parent de Mr Faydit de
Graville Confeiller au Prefidial de Riom , mort âgé de 8 3.
ans en 1694. Ce Magiftrat
avoit beaucoup contribué à la
compofition des doctes écrits
du P. Sirmond, Confeffeur de
Louis XIII. dont Mr l'Abbé
Faydit avoit l'honneur d'eftre
petit -neveu. Tous les Faydit
defcendent de Faydit Damoi
GALANT 43
feau de Jurgals dans le Vicomté de Turenne , & frere du fameux Jurifconfulte Faydit . Ils
vivoient au commencement
du 14. fiecle. Il y a eu un Cardinal Faydit qu'on croit de cette famille.
M Jean Doujat Doyen
du Parlement , eft mort âgé
de 89. ans & demy, regretté
univerfellement de tous fes
Confreres. Il avoit efté reçû
Confeiller au Parlement le 30.
Aouft 1647. & il a exercé
cette Charge un peu plus de
63. ans puifqu'il eft mort le 18.
Janvier de cette année ( 1710. )
Dij
44 MERCURE
Il eftoit d'une ancienne famille
connue dans le Parlement depuis deux ou trois ficcles . Elle
produifit dans le commencement du dernier fiecle un
celebre Profeffeur de Jurifpru.
dence, dont le nom eft aujourd'huy devenu celebre parmy
tous les Jurifconfultes. Il ya
aujourd'huy deux branches
de la famille des Doujats. Celuy qui vient de mourir eſtoit
Chef de la premiere. Il laiffe
un fils Maiftre des Requeſtes ,
depuis l'année 1701 .
c'eft
Mre Jean Charles Doujat
cy- devant Intendant de Bor-
GALANT 45
deaux & aujourd'huy de Poitiers. Le Chef de la feconde
branche eft Mre Jofeph- Joachim - François Doujat , reçû
Confeiller au Chaftelet en
1697. & frere de Dame N...
Doujat épouse de Jean François le Boindre , fixiéme Confeiller de la premiere Chambre
des Enqueftes , & reçû dans
le Parlement en 1689. Mr
Doujat leur pere , eftoit Contrôlleur General de la Maiſon
du Roy. La famille de Mrs
Doujat , eft fortie par les femmes de celles des Longüeil ,
de Maiſons , & de Nicolaï.
›
46 MERCURE
Celle de Fieubet Launac
tient auffi par une alliance à
celle de Doujat.
Mre Jean le Nain , SousDoyen du Parlement , eft devenu par cette mort Doyen
du même Corps ; il eſt beaufrere de Mre Paul Portail,
feptiéme Confeiller de la
Grand Chambre , & pere de
feu Mr le Nain , premier Avocat General du Parlement
mort depuis quelques mois.
Mr le Nain fut reçû dans le
Parlement le deuxième deJuin
l'an 1655. il eft frere de feu
Mr de Tillemont Auteur
GALANT 47
de l'Hiftoire Ecclefiaftique des
fix premiers ficcles de l'Eglife ,
écrite avec tant de methode
& de netteté , &frere du Pere
le Nain Sous-prieur de l'Abbaye de la Trape. La famille
de Mrs le Nain , eft dans une
grande confideration dans le
Parlement depuis plus de trois
fiecles. Elle a toûjours eu pour
Chefs d'illuftres Magiftrats ,
qui fe font diftinguez par leur
zele pour la Patrie , & parune
probité & une droiture dignes
des premiers temps dans l'adminiſtration de la Juftice.
Mre Gafpard Brayer , Sous-
48 MERCURE
4.
Doyen de la troifiéme Cham
bre des Enqueftes , eſt monté
à la grande -Chambre par le
mouvement qu'a fait la mort
du Doyen. Il y a un peu plus
detrente cinqans qu'il eft Confeiller , y ayant efté reçu le
Janvier de l'année 1675. Mr
Brayer eft tres - eftimé dans le
Parlement ; le fuccés qu'il a eu
dans la conduite de plufieurs
affaires d'une difficile difcuffion , luy a attiré une grande
réputation dans cet illuftre
Corps. Il a environ foixante
ans.
Dame Elifabeth de Hantecourt ,
GALANT 49
court , veuve de Mr Eftienne
le Tonnellier , Confeiller du
Roy & Maiftre ordinaire en
fa Chambre des Comptes , eft
morte âgée de 78. ans , dans de
grands fentimens de pieté , &
dans l'exercice des vertus qu'elle a pratiquées durant le cours
d'une longue vie. Sa charité &
fon amour pour les Pauvres
font les vertus qui l'ont le plus
diftinguée. On luy connoiffoit
un fi grand zele pour leur foulagement , & un fi grandfond
delumieres fur tout ce qui pouvoit contribuer à adoucir leurs
maux , qu'on l'a continuée
Mars 1710.
.
E
50 MERCURE
prefque pendant toute fa vie
Dame de la Charité de fa Paroiffe , parce qu'on eftoit perfuadé que les interefts des Pauvres ne pouvoient eftre en de
meilleures mains. L'inclination
qu'elle a marquée toute ſa vie
pour eux , l'avoit liée depuis
plufieurs années avec M° Trudaine mere de M° Voifin &de
M' l'Intendante de Lyon , &
ces deux illuftres Amies picquées d'une fainte émulation
s'excitoient continuellement
aux emplois de charité. Enfin le
foulagement des Pauvres & la
pratiquedes vertus propres aux
GALANT 51
Veuves chreftiennes , eftoit le
fondement de leur liaiſon. M
le Tonnellier eftoit proche parente de M' de Hantecourt ,
Chancelier de l'Univerfité de
Paris & Curé de Saint Etienne
du Mont , l'un des plus dignes
fujets de la Congregation de
Sainte Geneviève. La famille de
Mrs de Hantecourt eft fort ancienne dans le Parlement. M
le Tonnellier laiffe trois fils.
L'aîné eft Pierre Eftienne leTonnellier , Seigneur de Charmaux Confeiller au grand
Confeil , où il fut reçu en l'année 1691. Il eſt du Semestre
E ij
$2 MERCURE
d'Eté. Il a beaucoup de merite & il a acquis une folide
réputation dans l'exercice de
fa Charge. Il fit autrefois le
voyage d'Italie avec Mr Trudaine Intendant de Lyon , M
Trudaine & M° le Tonnellier
ayant voulu que leurs enfans
qui avoient toûjours efté fort
unis , ne fe féparaffent point
dans ce voyage. Ces deux Magiftrats reçurent de grands
honneurs de plufieurs perfonnes de diſtinction des princi- ·
pales Villes d'Italie. Le fecond
fils de Mele Tonnellier eft M
le Tonnellier Docteur de Sor-
GALANT 53
bonne, Chanoine Regulier de
l'Ordre de Saint Auguftin &
Prieur de l'Abbaye de S. Victor pour la troifiéme fois. C'eſt
un homme d'un grand merite ,
& qui eft eftimé dans fa Congregation;le troifiéme eſt Dom
Paſcal le Tonnellier Chartreux de Paris , Religieux connu par fes talens , & fur tour.
par la connoiffance des LanM's le Tonnelier font de
la même Maifon que M's de
Breteüil. Ily a eu un Controlleur general des Finances de
leur maison. Ils font parens
de M's Charpentier dont je
gues.
E iij
54 MERCURE
vous ay fouvent parlé.
MN..... d'Agoult , Seigneur de Chanoufle , cft mort
dans fes terres en Dauphiné.
Il eftoit iffu de François d'Agoult , Seigneur de Montiay
& de Chanouffe , & de Françoife de Virieu , d'une Maiſon
qui a donné des Ambaffadeurs
à la France. Cette Dame eftoir
fille de François de Virieu , Seigneur de Puppetieres , & de
Gafparde Prunier Saint André,
famille dont eftoit feu M' de
Saint André Ambaffadeur à
Venife & premier Prefident au
Parlement de Grenoble. Bar-
GALANT 55
thelemy d'Agoult , fecond fils
de François d'Agoult , & de
Jamonne de Revilafe , a formé
cette branche de l'illustre Maifon d'Agoule dans le penultiéme fiecle. Il époufa Françoiſe
de Remufac de qui vint François d'Agoult époux d'Anne
d'Autanne pere d'Antoine
qui de Claire de Morges a cu
le pere de feu Mr le Comte de Chanouffe. On prétend'
que le chefde l'illuftre Maiſon
d'Agoult fut un Agoult du
Loup, provenu des amours du
Prince de Goulnaud & de la
Princeffe de Pomeranie , &
E iiij
56 MERURE
qu'ayant efté expofé , il fut
nourripar une Louve, & qu'enfuiteHenryII . Empereur fit ce
SeigneurMaréchal de l'Empire
&luy infeoda la Terre de Sault,
qui eft entrée dans la Maiſon
de Crequy par Chreftienne
d'Aguerre , qui aprés avoir
perdu Antoine Duc de Crequy
fon mary , épousa FrançoisLouis d'Agoult , Comte de
Sault , Chevalier des Ordres du
Roy, dont elle eut cette Terre
• pour les droits , qu'elle laiſſa à
M' le Maréchal de Lefdiguieres fon fils du premier lit. La
Maiſon de Simianes d'aujour-
GALANT 57
d'huy eft une branche de celle
d'Agoult , une des plus illuf
tres & des plus anciennes du
Royaume.
Fermer
Résumé : Premier Article des morts, [titre d'après la table]
Le texte relate plusieurs décès de personnalités notables et fournit des détails sur leurs vies et leurs familles. Le Père Pierre Alemanni, un jésuite toscan âgé d'environ 30 ans, est décédé. Sa vie, publiée à Florence, a été bien accueillie par la cour du Grand Duc. La princesse Frédéric de Saxe-Gotha, épouse du prince d'Anhalt-Zerbst, est morte à Carlsbad à l'âge de 34 ans et était très regrettée en Allemagne. Le texte détaille également la généalogie de la branche de Saxe-Gotha. M. Wafferbach, conseiller du comte de Lippe, est décédé récemment. Il était un savant reconnu travaillant sur une nouvelle édition des œuvres de M. Herman Hamelmann. La mort de M. Oginski, petit général de Lituanie, est également mentionnée, ainsi que des détails sur sa famille et ses exploits militaires. Le texte évoque la mort de la sœur Sainte Madeleine de Sylvecane, religieuse bénédictine à Lyon, et de Dame Anne le Gras, veuve du marquis de Saint-Héran, âgée de 85 ans, connue pour sa vie vertueuse et sa famille illustre. La comtesse douairière de Mongon, issue d'une illustre maison d'Auvergne, a donné cinq comtes à l'Église de Lyon. Le comte de la Barge, époux de Catherine d'Albon, était petit-fils de Françoise de Montmorin. Jean-Baptiste de la Barge, son fils, fut Chevalier de l'Ordre du Roy et Lieutenant général au Gouvernement d'Auvergne. M. Amable Faydit, un prêtre érudit mort à Riom à près de 70 ans, est connu pour ses ouvrages et son érudition. Il a écrit plusieurs travaux notables, dont 'Mémoire des Mémoires' et un traité sur la Trinité, et a critiqué le quietisme. M. Jean Doujat, doyen du Parlement, est décédé à 89 ans après avoir exercé sa charge pendant plus de 63 ans. Il appartenait à une famille ancienne et respectée dans le Parlement, divisée en deux branches influentes dans la magistrature. La famille Le Nain est connue pour ses magistrats zélés et probes. M. Gaspard Brayer, sous-doyen de la troisième chambre des Enquêtes, a été promu à la grande Chambre après la mort du doyen. Dame Élisabeth de Hantecourt, veuve de M. Étienne le Tonnellier, est décédée à 78 ans, reconnue pour sa charité et son amour pour les pauvres. Enfin, M. d'Agoult, seigneur de Chanoufle, est mort en Dauphiné. Sa famille, illustre et ancienne, a produit des ambassadeurs et des magistrats notables. La maison de Simianes est une branche de la maison d'Agoult.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
13
p. 27-87
EXTRAIT du discours de Mr de Reaumur.
Début :
Il convient d'abord avec Mr Bon, que la nourriture [...]
Mots clefs :
Araignées, Soie, Vers à soie, Coques, Fils, Oeufs, Nourriture, Mamelons, Insectes, Espèces, Toiles, Réaumur, Bon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT du discours de Mr de Reaumur.
EXTRAIT
du discours de Mrde
Reaumur.
Il convint d'abord avec
Mr Bon ,que la nourriture
la plus ordinaire des Araignées
,
cest la Mouche
mais il ne remarquer que
quand on pourroit prendre
facilement toutes les Mouches
qu'on voit, il y en auroit
à peine assez dans tout
le Royaume pour nourrir
assez d'Araignées pour faire
une quantité de soyeun peu
çonfidcrable.
Ayant ensuite observé
que les Araignées mangent
également les autres Infectes
qui s'embarassent dans
leurs toiles.
Ilnes'agit plus, dit-il,que
de trouver une cfpece d'Insecte,
dont on pût avoir com
modement autant qu'on
voudroit. Les seuls vers de
terre me parurent avoir cet
avantage;il y ena des quantirez
prodigieuses; les Jardins,
les Champs en sont
remplis:il n'y a personne qui
n'ait remarquéqu'aprés des
nuits pluvieuses, les Allées
des Jardins sont couvertes
de divers petitsmonceaux de
terre de figure ronde, &
tournez en spirales. Ils cachent
autant de trous par
lesquels sont sortis les vers
de terre pendant la nuit. Il
n'est aussi rien de plus facile
qued'avoir de ces insectes,
pourvû qu'on aille les chercher
pendant la nuit avec
une chandelle; observant
seulement d'y aller dans des
temps qui n'ont pas esté
precedez d'une longue sécheresse.
A la verité je n'avois
jamais trouvé de vers
de terre dans les toiles, ni
dans les trous d'Araignées,
mais ces infectes rampant
sur la terre, & ayant assez
de force Se de pesanteur
il cftoit également impoffi-,
ble qu'ils se fussentjettez
dans ces filets & dans ces
trous,& que les Araignées
les y eussent transportez.
Ilme parut qu'il n'y avoic
point de nourriture dont
je dusse me promettre davantage.
Lesuccés ne trompa
pas mon attente. Ayant
donc renfermé dans des
boetes plusieurs grosses A.
raignées de diverses especes.
qui avoient passé l'Hyver
, car il y en a qui vivent
plusieurs années
-,
je leur
donnay des morceaux de
Vers, & les conservay en
vie par ce moyen.
Il ne m'auroit pas fufïi
pour me persuaderquecette
nourriture estoit convenable
aux Araignées, de
les avoir veu vivre pendant
plusieurs mois après la leur
avoir donnée. Une experienque
j'avois faite autrefois
m'auroit laissé un doute tresbien
fondé. J'avois gardé
une Araignée de maison en
vie pendant plus de trois
mois sans lui donner aucune
nourriture. On sçait
d'ailleurs que les petites Araignées
qui éclosent dans
le mois de Septembre vivent
environ huit ou neuf
mois sans manger. Mais
comme j'avoisrenfermé ces
Araignées dans des boetes
que j'avois couvertes de
verre, j'obfervois aisément
si elles s'attachoient à la
nourriture que je leur avois
donnée ,& je les voyois attaquer
les morceaux de vers
qu'onsçait se remuer malgré
leur féparatfon du reste
du corps- , comme on les
voit attaquer les Infectes à
qui il reste encore quelque
force aprèss'estrelaissez.
prendre dans leurs filets. Les
divers mouvements de ces
morceaux de vers excitoienr
ces Infectes de proye. Dailleurs
elles conservoient leur
grosseur & leur vivacité,ce
qui n'arrivoit point à celles
que je laissois sans nourriture.
Enfin ce qui est plus
decisif, plusieurs firent. des
coques, dans lesquelles plusieurs
oeufsestoient renfermez.
Je tentay ensuité diverses
fortes de viandes pour voir
si elles ne seroient pas également
propres à les nourrir,
car quelque commodes que
soient les Vers, la viande
l'auroit esté davantage ?
mais je vis qu'elles ne la recherchoient
point, & que
lorsqu'elleslarencontroient
elles s'apliquoient rarement
dessus, parce que le naturel
feroce des Araignées veut
estre excité pas des animaux
vivans.
J'imaginay cependant une
autre nourriturequi suplée
peut estre à cet avantage par
legoût exquis que les Araignées
y trouvent. Les jeunes
Araignées qui ne font que
d'abandonner leur coques le
preferent à toutes autres.
Je ne l'employai qu'à
cause du raport qu'il me
parut avoir avec la chair
tendre & molle des infectes
que les Araignées succent
; elle consiste dans cette
substance molle quiremplit
les plumes des jeunes oyseaux
avant qu'elles soient
venuës à leur parfait accroissement.
On a remarqué sans doute,
que lorsqu'on arrache
de ces jeunes plumes, elles
font sanglantes par le bout
&que le tuyau cil: mol. Alors
ceux qui se feront de plus
donné la peine de presser ce
tuyau, ou de le dissequer
l'auront trouvéremply
d'une substance rendre, &
garnyd'un grand nombre
de petits Vaisseaux qui taitsent
échaper du fang lorsqu'on
les coupe.Après avoir
arraché de ces. plumes à de
jeunes Pigeons ou à des
vieuxausquelsj'avois osté
quelque temps auparavant
les grosses plumes de la
queuë&des aites, je lesdivisay
en divers petits morceaux
d'une ligne ou d'une
demie ligne de longueur ;
je donnay ces petits morceaux
aux Araignées
,
qui
s'en accomoderent,les jeunes
Araignées sur tout: j'entends celles que j'avois
gardées dans leurs coques,
&qui les avoienc abandonnées
depuis peu, sembloient
les préserer à toute autre
nourriture.J'en voyois quelques
fois cinq ou six assemblées
sur un mêmepetit
morceau de plume que chacune
sucçoit du costé où il
avoit cité coupé.
Jusqu'icy tout semble
aller à merveilles pour les
Araignées;voicy desnourrituressimples,
dont il semblc
qu'il eftojc (cuicmcnt
question. Peut estre en trouvera
t on d'autresaussi commode
, mêmeparmy les
InCc:aes) pendant qu'on se
serviroit de celles là qui ne
sont pas plus difficiles à trouver
que lesfeuilles deMeurier
qu'on donne auxvers,& qui
ont quelque chose de plus
commode.On peut les avoir
sans aucun foin, & dans
tous les Pays,sans craindre
pour elles les plus rudes Hyvers.
Les Rorisseursfourniraient
une grande quantité
de ces jeunes plumes,où
l'on en auroit de resteen
nourrissant des poulets ou
des pigeons
,
ausquels on
les arracheroit detemps en
temps, & qui n'en feroient
pas moins leurs oeufs& leurs
petits,comme je l'ay experimenté
; mais nous allons
voir qu'il y aura beaucoup
à decompter lorsqu'il s'agira
d'éleverassez d'Araignées
pour fournir de foye des
Manufactures.
D'abord que les jeunes ¡
Araignées abandonnent la
foye qui les envelopoit
,
j
elles paroissent parfaitement
dacord,elles travaillent de
concert a une même toile ;
les unes étendent de nouveaux
fils sur ceux que les
autres avoient déja fournis;
mais cette parfaire union
ne dure pas long-temps. Je
distribuay en différentes
boëtes quatre à cinq mille
Araignées, ausquelles j'avois
veu abandonner leurs
coques; j'en mis deux ou
trois cens dans de certaines
boëtes,dans d'autres cent
ou cinquante ou même
moins. Ces boëtes avoient
à peu prés la longueur d'une
carte a joüer, & la largeur
d'une semblable carte ;
c'estoit un assez grand espace
pour de si petits animaux
;mêmej'avoisobfervé
qu'elles s'attachoient au
verre qui couvroit ces boëtes.
Je leur avois fait à chacune
une ouverture à une
ligne de distance de ce verre,
par laquelle je faisois entrer
une carte qui estoit appuyée
sur la largeur de laboete;cette
carte bouchoit assez exactement
l'ouverture pour
empêcher les Araignées de
s'échaper. C'est sur cette
carte que je mettois lanourriture
que j'avois trouvé
leur cilre propre. Je la pofois
ainsi prés de la furfacc
interieure de la boëte ou
du verre ,
afin que les Araignées
fussent plus proches
de cette nourriture,& afin
que celles qui estoient au
fond de la boëte, ou sur
ses costez, pussent venir la
chercher. J'avois eu la précaution
de lui faire faire un
grand nombre de trous. On
pouvoir parce moyen donner
à manger à beaucoup
d'Araignées en peu de
temps. On les voyoit les
premiers jouts chercher cette
nourriture avecempressement,
plusieurss'attachoient
amu meêm,e morceau de plu-
-
Mais leur naturel feroce
se déclara: les plus grosses
& les plus fortes prirent,
goust à manger les
plus petites êc les plus foibles;
chaque fois que je les
regardois,j'en voyois une
petite qui estoit devenue la
proye d'une un peu plus
grosse, & au bout de quelque
temps à peine m'en res-
•
ta en une ou deux dans
chaque boëte.
Je sçavois bien que les
grosses Araignées se battent
quelques fois lorsqu'elles se
rencontrent; maisilyavoit
quelque apparence qu'estant
élevées ensemble,elles pourroient
venir plus sociables,
comme nous voyons que les
Poulets, les Dindons élevez
dans une même Bassecourt
vivent fort bien ensemble
,
quoi qu'ils fassent
la guerre aux nouveaux venus
jusqu'à les tuer. Les
grosses Araignées même, se
mangent beaucoup moins
les unes les autres que les
petites,soit parce qu'elles
ontbienmoins besoin de
nourriture, ou qu'estant
plus pesantes elles aiment
moins à se remuer. C'est
aparemment que cette inclination
qu'elles ont à se mangermutuellement,
est partie
cause de ce qu'il y a si
peu d'Araignées à proportion
de ce qu'il devroit yen
avoir,faisant une quantité
d'oeufs aussi prodigieuse
qu'elles enfont.
Je sçay bien qu'il y a divertes
fortes d'infectes qui
les mangent. Pline parle de.
quelques especes de Frelons
& de Lezards qui s'en nourrissent.
J'ay veu de petits Le.
zards en attraperavec beaucoup
d'adresse; mais malgré
cela je crois que nous en
verrions incomparablement
davantage sielles ne semangeoient
point.
Il ne sembleroit donc rester
d'autre party à prendre
si l'on vouloitélever des Araignées
qu'à les loger fcparement
; on pouroit par
exemple avoir des boëtes
divisées en plusieurs petits
compartimens où l'on formeroit
plusieurs Cellules,&
jel'ay fait comme cela;mais
de donner à manger à chacune
de ses Araignées separement
cela engageroit à des
dépenses peu proportionnéesau
profitqu'on en pourroit
cirer.On pourroit en venir
là si nous n'avions la foye
des Vers d'une maniéré infiniment
plus commode.
-
Je sçay qu'on pouroit
trouver des moyens d'abroger
cette maniéré de leur
donner à manger, & j'en
ay
ay même imaginé quelques
uns où l'on employeroit
beaucoup moins de
temps qu'on en met à donner
la nourriture aux Vers.
La necessité où l'on cfl;
de distribuer les Araignées
dans des Cellules se parées,
jette encore dans un nouvel
embarras qui ne diminuë
pas peu l'avantage qu'ellesont
sur les Vers du costé
de leur fecondité
, car pour
profiter de cet avantage,il
faut pouvoir garder un
grand nombre d'oeufs qui
ayent esté fecondez par 1accouplement
,
& pour cela
il faut mettre necessairement
des Araignées ensemble.
Je sçay bien qu'il est un
temps où il se doit faire chez
ces Infectes une douce fermentation
qui leuroste leur
ferocité naturelle, & qu'QI}
pourroit alors les mettre ensemble
sans aucun risque ;
mais comment connoistre
précisement ce temps qui
doit préceder de peu celui
où elles ont envie de faire
leurs oeufs. Il seroit aisé à
trouver si elles les faifoienc
toutes à peu prés dans le
* -
même temps. Mais il y a
plusieurs mois de difference
entre le temps que les uncs
pondent, de celui où les autres
pondent à leur tour.
La fecondité des Araignées
est prodigieuse, comme
Mr Bon l'a parfaitement
observé;mais après tout les
Vers font feconds de reste
quand on fuppofcroit qu'ils
ne font qu'environ cent
oeufs, desquels à peine quarante
donnent des vers qui
fassent leurs coques, au lieu
que les Araignéesfont 6.
à 700. oeufs, quoy que j'aye
remarqué danstousles Vers
quej'ay élevez de faire une
exactecomparaison de leur
foye avec celle des Araignées,
ayent toûjours donné
au moins 3. à400. oeufs. Il
est aisé de voir qu'on peuc
multiplier le nombre des
Versautantquonle voudra,
cela dépendoit seulement
de la quantité de leurs oeaft,
il n'en faut d'autre preuve
que la quantité de foye qu'ils
fournissent aujourd'huy à
l'Europe, où il n'y avoit
autre fois aucuns Vers. Il
seroit donc aisé avec le
temps d avoir des quantitez
de Versqui surpassassentautant
ce que nous en avons
à present, que ce que nous
en avons, surpasse le petit
nombre d'oeufs qu'on aporta
d'Orient en Europe;mais
c'est qu'il est necessaire de
les loger
,
soigner, nourrir,
ce qui fait qu'on n'en éleve
pas davantage, parce qu'en
augmentant la quantité de
la soye,onendiminuëroitle
prix,& les soins qu'on prend
pour élever les Vers ne seroient
plus payezassez cher.
Il semble jusqu'icy que
les Vers l'emportent beaucoup
sur les Araignées par
la facilité qu'on a à les élever)&
par consequent qu'on
doit peu se promettre de la
nouvelle foye
,
si elle n'a
quelque avantage sur l'ancienne,
soit par sa beauté
ou sa force,ou par la quan- titéqu'on en peut tirer;
c'est ce que nous allons examiner
dans le deuxième article.
Comme toures les especes
d'Araignées ne donnent pas
une foye qu'on puisse mettre
en oeuvre, & que celles
qui fournissent cette soyela
filent feulement pour formerles
coques qui envelopent
leursoeufs, il m'a paru
necessaire de donner une
idée generale des diverses
especes d'Araignées au squelles
on peut ramener toutes
les autres, & de la différente
maniere donc les coques de
ces différentes especes sont
faites, afin de faire connoître
celles dont on peut tirer
de la foye dans le Royaume.&
c. Mr de Reaumur dit que
Mr Bon avoit distinguê les
Araignées en deux ci peces
principales, sçavoir les Araignées
à jambes longues, &
lesAraignées à jambes courtes
, & quecestoit la derniere
qui fournissoitla nouvelle
foye. Il fie un grand détail
de toutes les especes d'Araignées
comprises dans ces
deux pricipales,& expliqua
celles dont on pourroit tirer
de la soye, & celles qui
n'en donnent point. Il expliquaaussi
la maniere donc
chaque espece d'Araignées
faisoient leurs coques, &
dit qu'on pourroit avoir des.
soyesd Araignées plus differentes
par leur couleur na.
turelle, quenel'est celle des
Vers quiest toûjours aurore
ou blanche, au lieu que les
coques d'Araignées en donneroient
de jaune, de blanche
,
de grise
,
d'un fort
beau bleu celeste
,
& d'un
beau brun caffé
; mais que
les Araignées qui donnent
la foye couleur de caffé étoient
rares , & qu'il n'en
avoir rencontré que dans
quelques champs de Genets,
oùil avoit aussi trouvé de.
leurs coques, donc la [oic:
estoit tres forte & iits-belle;
que ces coques estoient faites
d'une maniere differente
de toutes les autres coques
d'Araignées dont il avoit
parlé. &c. Ildit en suite,que les Araignées
faisoient leurs oeufs,
ou la foye qui les enveloppe
dans plusieurs mois de l'année,
non feulement dans les
seuls inoisdaoutl & de Septembre,
qui est le seul temps
que Mr Bon donne pour cela
; mais aussi dans le mois
de May & les suivants; que
les Araignéesfiloient deux
sortes de n:s
,
etonc les uns
servent à ourdir les toilles
qu'elles tendent aux Infectes,&
les autres à euveloper
leursoeufs,&quecesfils
-
ne differoient entr'eux que
par le plus ou le moins de
force ; ce qu'il expliqua de
cettemaniere, - Je suppose qu'on sçair que
les Araignées ont
-
auprès de
leur Anus divers mamellons
quisont autant defilieres dans
lesquelles semoule la liqueur
qui doit devenir de la foyc
lorsqu'elle fc fera
-
féchéc
après en estre sortie. Les
Araignées dont il s'agiticy;
c'est à dire celles dontla foye
est propre aux ouvrages ,
ont six de ces mamellons,
donc quatre sont très sensibles,
mais les deux autres le
font moins, & on ne les
distingue pas aisément sans
le secoursde la Loupe. Ces
deux petits mamellons sont
posez chacun proche de la
baze des deux gros qui sont
les plus prés de l'Anus. Chacun
de ces six mamellons
sensibles sont composez
euxmêmes de divers petits
mamellons ou filieresinsenfibles
; c'est. dequoy on est
aisément persuadé, si cependant
on presse avec deux
des doigts d'une même main
le ventre d'une Araignée
pour obliger la liqueur de
couler de ces mamellons
?
on appliquera le doigt sur
l'un d'eux
,
& qu'on le presse
doucement on en tire plusieursfils
distinctement separez
les uns des autres dés
leur sortie, qui par confequent
avoient parte par différentstrous.
Ces fils sont
trop fins pour qu'on puisse
les compter tous d'une ma,-
niere leure ; rn^ib ce que je
sçai de certain; c'est que j'en
ay pu souvent compter
plus de six à sept. On tire
plus ou moins de ces fils
d'un même mamellon si
l'on applique de doigt plus
fortemenr, ou sur une plus
grande partie de ce mamellon.
Ainsi il est aisé à present
de comprendre comment
les Araignées font des fils
plus ou moins gros quand
il leur plaist, car non seulement
,lorsqu'avant de commencer
à filer, elles appliquent
contre quelques corps
plus ou moins des mamellons
sensibles de leur Anus;
mais selon qu'elles appliquent
plus fortement
, ou
une plus grandepartie de
chacun de ces mamellons
,
elles font des fils composez
d'un plus grand nombre
d'autres fils & par confequents
plus sorts & plus
gros.
Il doit y avoir environ
dix-huit fois plus de fils qui
composent un des fils des
Coques qu'il n'yen a dans
ceux des Toiles, si la quantité
des filsquicompoienc
les uns ôc les autres est proportionnée
à leur force,car
ayant collé un poids de deux
grains à un fil de toile, il l'a
ordinairement soûtenu sans
rompre, & s'est ordinairement
rompu lorsque j'yen
ay attaché un de trois
grains, au lieu que les fils
de coque soûtiennent environ
trente six grains; mais
ils se cafient lorsqu'on les
charge d'un plus grand
poids.
Mais si les fils des coques
des Araignées sont plus
forts que les fils des Toiles,
ils font aussiplus foibles que
ceux des coques de Vers,
quoy que dans une moindre
proportion. La force. des
fils que je devidois de dessus
ces dernieres coques a esté
ordinairement jusqu'a soûtenir
un poids de deux gros
& demi. Ainsi la force d'un
fil de coque d'Araignée est
à celle d'un fil de coque de
Vers environ comme un à
cinq, & c'efi; peut -
estre
encore là un des endroits
par lesquels l'ancienne foye
pourroic avoir quelque avantage
sur la nouvelle.
A la verité chaque fil de
coque d'Araignée est à peu
prés moins gros qu'un
fil de foye dans la même
proportion qu'il est plus
foible ; mais cela ne compense
pas entieremcnt ce
desavantage
, car il est plus
difficile de joindre ensemble
plusieurs brins, car sans
compter que c'est une peine
de plus
,
il est toujours à
craindre que lesfilsnetirent
pas tous également, & par
conséquent que leur assemblage
n'ait pas la somme
des forces que chaque fil au..
roit separement. Cettemultiplicité
de brins qui composent
chaque fil de foye
d'Araignée pour le faireaussi
gros qu'un fil de foye de
Vers, contribue peut -
être
en partie à rendre les ouvtages
faits de cette foye moins
lustrez que ceux de la soye de
Vers,car leur luftreefl: effectivement
moins beau, comme
un sçavant Académicien
le remarqua lorsque les Mitaines
furent apportées à
l'Academie; ce qu'on appelle
lustre dans une étoffe ne
me paroissant proven ir
que de ce qu'elleréfléchit
plus de lumiere colorée d'une
certaine façon qu'une
autre étoffe qui paroist de
même couleur. Plus un brin
de foye aura donc de petits
vuides qu'un autre brin de
soye, moinsilparoîtra lustrè
, car il refléchira moins
de lumiere. Or ces petits vuides
feront évidemment en
plus grand nombre dans un
fil composéluy-même de
plusieurs fils differens & réellement
séparez, que dans
celuy qui estant de même
grosseur n'est point compode
differens brins,les parties
de la liqueur visqueuse
qui le composent estant
sans doute appliquées plus
aisément les unes proche
des autres devant se toucher
en plus d'endroits que divers
filsréellement séparez.
Ainsien supposant quechaque
fil de foye d'Araignéc
n'est pas plus lustré naturel- t lement qu'un fil de foye de'
Vers, il est clair que lors
qu'on aura joint cinq de ces filspourencomposerunautre
de même grosseur que- L fccftlefil deVersnaturelles
ment, que ce fil composé &
l'ouvrage qu'on en formera
paroistront moins lustrez
que le fil de foye de Vers,
& l'ouvrage qui en fera
formé.
Cecy seroit vray , en
suposant, comme je viens
dele dire, que le fil simple
d'Araignée est naturellement
aussi lustré qu'un fil
simple de foye ; mais cette
suposition même seroit
peut-estre trop favorable
à la foye d'Araignée
, car
on peut remarquer que les
fils les plus crespez ont
moins de lustre que ceux
qui le sont moins. Aussi
voyons nous que la lainesr
dont chaque brin est naturellement
pluscrespé qu'un
brin de foye
,
est aussi
moins lustrée, si chaque
brin de soye d'Araignée
est naturellement plus crêpé
qu'un brin de foye de
Vers, il doit donc aussi
avoir moins de lufire,&
c'est ce qui ca tres-aisé à
observer. Il n'est gueres
plus dificile de trouver la
raison pour laquelle ces
fils font plus crespez que
les autres. Lamanieredont
ils sont devidez les uns & les
autresen est apparemment
la cause; car on conçoit
d'abord qu'en devidant
desfils d'une manière lâche
on laisse la liberté au redore
de toutes les petites parties
quilescomposent,d'agir de
toutes leurs forces pour
les plieroules friser en plusieurs
sens differents, au
lieu qu'en devidant ces fils
d'une maniere plus serrée,
comme font les Vers, on
empêche l'action du ressort
de ces petites parties. Lo
redore*
ressort luy même s'use dans
cette situation violente,
ou du moins il s'affaiblit.
On demeurera plus volontiers
d'accord de cecy lors
que l'on fera attention que
les premiers fils de coques
desVers à foye
,
qui sont
eux mêmes entortillez autour
de la coque d'une maniere
lâche sont bien moins
beaux,&moins lustrez, que
ceux qui forment le corps
de la coque, & qui sont
devidez d'une maniere tresserrée.
Quand on s'apperçoit
qu'il n'ya eu que deux des
mamellonsqui ayent four-
-
ny des fils pour en faire un
de toile d'Araignée & que
chacun de ces mamellons
qui fournirent eux mêmes
unfilcomposé de plusieurs
autres en auroient fouiiiy)
un simple
,
les fils de toiles
estant dix huit fois plus
foibles qu'un fil de coque ,t
ce dernier fil que nous avons
dit estre environ cinq foIS2
plus petit qu'un de foye des
Vers, devroic estre composé
de trente six brins au
moins. Peutestrequecette
réflexion pourra servir à
soutenir l'imagination lors
qu'elletâche à comprendre
laprodigieuse divisibilitéde
la matiere,car qu'elle doit
estre la petitesse d'un fil
que les yeux pourtantaperçoivent
& qui n'etf pas plus
gros que la centquatrevingtième
partie d'un fil
de foye simple, lequel fil de
foye simple n'estluymême
que la deux centiéme partie
d'un fil desoye telle qu'on
s'en sert pour coudre
, car
:;, j'ay souvent divisé ces brins
de foye en deux cent fils ou
à peu pres; de sorte quufli
brin de soye d'Araignée de
la grosseur d'un brin de
foye dont on se sert pour
coudre seroit réellement
composé d'environ trente
six milfils, & on pouroic
le diviser actuellement en
mille.
Mais enfin venons au
dernier point essentiel,c'està-
dire voyons quel raport
a la quantité de foye que
chaque Araignée donne
par an , avec celle qu'on
tire des Vers à foye. J'ay
pesé avec grand soin diverses
coques de Vers; j'ay.
trouvé que les plus fortes,
c'est-à-dire, l'ouvraged'une
année d'un Vers, pesoient
quatre grains,& que les
plusfoiblesen pesoient plus
de trois; de forte qu'en prenant
la livre de seize onces
il faut du moins 2304. Vers,
pour avoir une livre de soye.
Lors qu'on porte des habits
de soye,on ne s'avise gueres
de penser que plusieurs mille
Vers ont travaillé toute
leur vie pour en fournir la
matiere.
J'ay pesé avec le même
soin un grand nombre de
coques d'Araignées, & j'ay
toujours trouvé qu'il enfalloit
environ quatre des
plus grosses pour égaler le
poids d'une de Vers
, &
qu'elles pefoient chacune
environ un grain, de sorte
qu'il faudroit quatre des
plus grosses Araignées pour
donner autant de foye
qu'un Vers, s'il n'y avoit
pas plus de déchet sur la
foye des uns que sur celle
des autres, mais le déchet
des coques d'Araignées , les diminuë de plus des deux
tiers,puisquede 13. onces
de soye sale
,
Mr Bon n'en
sa retiré que quarre de foye
mette , ce qui cause ce déchet
dans les coques dÂraignées
,cfl: qu'on les pese
rempliesde toutes lescoques
des oeufs des petites Araignéesavant
qu'elles fussent
écloses,&dediversesordudures
qui Ce trouvent mêlées
parmi la foye. Celles des
Vers n'ont point un pareil
déchet, ou il cil: si petit)
.qu'on peut le compenser
enprenant seulementle déchet
de la foye des Araignecs
aux deux tiers.
Or nous venons de voir
que le poids d'une coque
d'Araignée avant d'estre
nettoyéeefl:au poids d'une
coque de Vers à foye comme
I. està 4.ainsi estant
néttoyée
,
son poids fera au
poids decellecy comme I.
estàiz. Il faudroir donc
déjà11. des plus grosses
Araignées peur donner autant
de foye qu'un Vers.
Mais chaqueVers fait
une coque , parce que les
leurs pour se metamorphoser,
au lieu que les Araignées
ne faisant les leurs que
pour envelopper leurs oeufs,
ils n'y a que les Araignées
femelles qui en fassent d'où il s'ensuit quesi , on
supose que l'on a autant
d'Araignées femelles que
de malles,ce qui doit arriver
à peu pres,24. des
plus grosses Araignées
, ne
donneront pas plus de soye
qu'un seul Vers.
Ilfaudroit donc environ
55296.Araignées des plus
grosses pour avoir une livre
de foye
,
lesquelles Araignées
il auroitesténecessaire
de nourrir separement pen^
dant plusieurs mois
,
d'où
l'on voit combien il est à
craindre que la foye qu'on
en retireroit n'engageast
dans des dépenses peu proportionnées
à sa valeur, puis
qu'elle couteroit24,fois
autant que celle des Vers,
si l'on supposoit mefine
qu'on n'est pas obligé de
mettre les Araignées separement
,
& que chaque
Araignée n'occuperoit pas
plusde place qu'un Vers,
ce quiseroitaussiunesuposition
fausse ,car il faut leur
19 en donner assez à chacune
afin qu'elles puissent faire
leurs toiles. Mais si on
vouloit entrer dans le détail
du calcul des fraisqu'elles
couteroientestant obligé de
les nourrir separement ,&.
de leur donner des espaces
assez grands pour les loger
chacune commodement,
on verra d'une maniere trèsclaire
que la foye des Araignéc,
cousteroit incomparablementplus
quecelle des
Vers.
Qu'on ne croye pas, au
reste, quetout ce que j'ay
dit ne regarde queles Araignées
d'une grosseur commune,
car si on vouloir sça- 1
Voir ce que donnent de foyo
celles qu'on trouve communement
dans les Jardins de
ce Pays, & qui paroissent
tres grosses, on vcrroit qu'il
en faut12. decellecy pour
avoir autant de foye qu'on
en retire d'une des coques
de celles dontj'ay parlé,
& que 28 8. ne donneroient
que le même poids de foye 1
que fournit une seule coque
de Vers,par consequent
qu'à peine 663551. Arai-
-
gnées pourroient faire une
livre de soye.
On aura sans doute regret
de ce qu'il nous reste
si peu d'esperance de prositer
d'une découverte siingenieufe.
Aprés tout ilya
peut-estre encore quelque
ressource. Il pourra se faire
que l'on trouve des Araignées
plus grosses que celles
que nous voyons communement
dans le Royaume.
Il est déja certain
, par le
raport de tous les Voyageurs,
quecelles de l'Amerique
le sont beaucoup plus
que les nostres
,
d'où il
semble aussi qu'elles devroient
donner plus de foye.
Les Vers, qui, quoy qu'originaires
de Pays éloignez,
ont si forr peuplé en Europe,
nous aideroient même à
cfpercr que les Araignées de
l'Amérique, pourroient vivre
dans ceuxcy. Quoy
qu'il en soit, il faut experiïncntcr
; c'est la feule voye
de découvrir des choses
curieuses & utiles. Je ne
negligeray rien de ce qui,
peut avoir raport à la recherche
dont il s'agit icy, dans
1 laquelle si l'on découvre
jamais quelque chose d'utile,
la premiere gloire en fera
due àMr Bon.
du discours de Mrde
Reaumur.
Il convint d'abord avec
Mr Bon ,que la nourriture
la plus ordinaire des Araignées
,
cest la Mouche
mais il ne remarquer que
quand on pourroit prendre
facilement toutes les Mouches
qu'on voit, il y en auroit
à peine assez dans tout
le Royaume pour nourrir
assez d'Araignées pour faire
une quantité de soyeun peu
çonfidcrable.
Ayant ensuite observé
que les Araignées mangent
également les autres Infectes
qui s'embarassent dans
leurs toiles.
Ilnes'agit plus, dit-il,que
de trouver une cfpece d'Insecte,
dont on pût avoir com
modement autant qu'on
voudroit. Les seuls vers de
terre me parurent avoir cet
avantage;il y ena des quantirez
prodigieuses; les Jardins,
les Champs en sont
remplis:il n'y a personne qui
n'ait remarquéqu'aprés des
nuits pluvieuses, les Allées
des Jardins sont couvertes
de divers petitsmonceaux de
terre de figure ronde, &
tournez en spirales. Ils cachent
autant de trous par
lesquels sont sortis les vers
de terre pendant la nuit. Il
n'est aussi rien de plus facile
qued'avoir de ces insectes,
pourvû qu'on aille les chercher
pendant la nuit avec
une chandelle; observant
seulement d'y aller dans des
temps qui n'ont pas esté
precedez d'une longue sécheresse.
A la verité je n'avois
jamais trouvé de vers
de terre dans les toiles, ni
dans les trous d'Araignées,
mais ces infectes rampant
sur la terre, & ayant assez
de force Se de pesanteur
il cftoit également impoffi-,
ble qu'ils se fussentjettez
dans ces filets & dans ces
trous,& que les Araignées
les y eussent transportez.
Ilme parut qu'il n'y avoic
point de nourriture dont
je dusse me promettre davantage.
Lesuccés ne trompa
pas mon attente. Ayant
donc renfermé dans des
boetes plusieurs grosses A.
raignées de diverses especes.
qui avoient passé l'Hyver
, car il y en a qui vivent
plusieurs années
-,
je leur
donnay des morceaux de
Vers, & les conservay en
vie par ce moyen.
Il ne m'auroit pas fufïi
pour me persuaderquecette
nourriture estoit convenable
aux Araignées, de
les avoir veu vivre pendant
plusieurs mois après la leur
avoir donnée. Une experienque
j'avois faite autrefois
m'auroit laissé un doute tresbien
fondé. J'avois gardé
une Araignée de maison en
vie pendant plus de trois
mois sans lui donner aucune
nourriture. On sçait
d'ailleurs que les petites Araignées
qui éclosent dans
le mois de Septembre vivent
environ huit ou neuf
mois sans manger. Mais
comme j'avoisrenfermé ces
Araignées dans des boetes
que j'avois couvertes de
verre, j'obfervois aisément
si elles s'attachoient à la
nourriture que je leur avois
donnée ,& je les voyois attaquer
les morceaux de vers
qu'onsçait se remuer malgré
leur féparatfon du reste
du corps- , comme on les
voit attaquer les Infectes à
qui il reste encore quelque
force aprèss'estrelaissez.
prendre dans leurs filets. Les
divers mouvements de ces
morceaux de vers excitoienr
ces Infectes de proye. Dailleurs
elles conservoient leur
grosseur & leur vivacité,ce
qui n'arrivoit point à celles
que je laissois sans nourriture.
Enfin ce qui est plus
decisif, plusieurs firent. des
coques, dans lesquelles plusieurs
oeufsestoient renfermez.
Je tentay ensuité diverses
fortes de viandes pour voir
si elles ne seroient pas également
propres à les nourrir,
car quelque commodes que
soient les Vers, la viande
l'auroit esté davantage ?
mais je vis qu'elles ne la recherchoient
point, & que
lorsqu'elleslarencontroient
elles s'apliquoient rarement
dessus, parce que le naturel
feroce des Araignées veut
estre excité pas des animaux
vivans.
J'imaginay cependant une
autre nourriturequi suplée
peut estre à cet avantage par
legoût exquis que les Araignées
y trouvent. Les jeunes
Araignées qui ne font que
d'abandonner leur coques le
preferent à toutes autres.
Je ne l'employai qu'à
cause du raport qu'il me
parut avoir avec la chair
tendre & molle des infectes
que les Araignées succent
; elle consiste dans cette
substance molle quiremplit
les plumes des jeunes oyseaux
avant qu'elles soient
venuës à leur parfait accroissement.
On a remarqué sans doute,
que lorsqu'on arrache
de ces jeunes plumes, elles
font sanglantes par le bout
&que le tuyau cil: mol. Alors
ceux qui se feront de plus
donné la peine de presser ce
tuyau, ou de le dissequer
l'auront trouvéremply
d'une substance rendre, &
garnyd'un grand nombre
de petits Vaisseaux qui taitsent
échaper du fang lorsqu'on
les coupe.Après avoir
arraché de ces. plumes à de
jeunes Pigeons ou à des
vieuxausquelsj'avois osté
quelque temps auparavant
les grosses plumes de la
queuë&des aites, je lesdivisay
en divers petits morceaux
d'une ligne ou d'une
demie ligne de longueur ;
je donnay ces petits morceaux
aux Araignées
,
qui
s'en accomoderent,les jeunes
Araignées sur tout: j'entends celles que j'avois
gardées dans leurs coques,
&qui les avoienc abandonnées
depuis peu, sembloient
les préserer à toute autre
nourriture.J'en voyois quelques
fois cinq ou six assemblées
sur un mêmepetit
morceau de plume que chacune
sucçoit du costé où il
avoit cité coupé.
Jusqu'icy tout semble
aller à merveilles pour les
Araignées;voicy desnourrituressimples,
dont il semblc
qu'il eftojc (cuicmcnt
question. Peut estre en trouvera
t on d'autresaussi commode
, mêmeparmy les
InCc:aes) pendant qu'on se
serviroit de celles là qui ne
sont pas plus difficiles à trouver
que lesfeuilles deMeurier
qu'on donne auxvers,& qui
ont quelque chose de plus
commode.On peut les avoir
sans aucun foin, & dans
tous les Pays,sans craindre
pour elles les plus rudes Hyvers.
Les Rorisseursfourniraient
une grande quantité
de ces jeunes plumes,où
l'on en auroit de resteen
nourrissant des poulets ou
des pigeons
,
ausquels on
les arracheroit detemps en
temps, & qui n'en feroient
pas moins leurs oeufs& leurs
petits,comme je l'ay experimenté
; mais nous allons
voir qu'il y aura beaucoup
à decompter lorsqu'il s'agira
d'éleverassez d'Araignées
pour fournir de foye des
Manufactures.
D'abord que les jeunes ¡
Araignées abandonnent la
foye qui les envelopoit
,
j
elles paroissent parfaitement
dacord,elles travaillent de
concert a une même toile ;
les unes étendent de nouveaux
fils sur ceux que les
autres avoient déja fournis;
mais cette parfaire union
ne dure pas long-temps. Je
distribuay en différentes
boëtes quatre à cinq mille
Araignées, ausquelles j'avois
veu abandonner leurs
coques; j'en mis deux ou
trois cens dans de certaines
boëtes,dans d'autres cent
ou cinquante ou même
moins. Ces boëtes avoient
à peu prés la longueur d'une
carte a joüer, & la largeur
d'une semblable carte ;
c'estoit un assez grand espace
pour de si petits animaux
;mêmej'avoisobfervé
qu'elles s'attachoient au
verre qui couvroit ces boëtes.
Je leur avois fait à chacune
une ouverture à une
ligne de distance de ce verre,
par laquelle je faisois entrer
une carte qui estoit appuyée
sur la largeur de laboete;cette
carte bouchoit assez exactement
l'ouverture pour
empêcher les Araignées de
s'échaper. C'est sur cette
carte que je mettois lanourriture
que j'avois trouvé
leur cilre propre. Je la pofois
ainsi prés de la furfacc
interieure de la boëte ou
du verre ,
afin que les Araignées
fussent plus proches
de cette nourriture,& afin
que celles qui estoient au
fond de la boëte, ou sur
ses costez, pussent venir la
chercher. J'avois eu la précaution
de lui faire faire un
grand nombre de trous. On
pouvoir parce moyen donner
à manger à beaucoup
d'Araignées en peu de
temps. On les voyoit les
premiers jouts chercher cette
nourriture avecempressement,
plusieurss'attachoient
amu meêm,e morceau de plu-
-
Mais leur naturel feroce
se déclara: les plus grosses
& les plus fortes prirent,
goust à manger les
plus petites êc les plus foibles;
chaque fois que je les
regardois,j'en voyois une
petite qui estoit devenue la
proye d'une un peu plus
grosse, & au bout de quelque
temps à peine m'en res-
•
ta en une ou deux dans
chaque boëte.
Je sçavois bien que les
grosses Araignées se battent
quelques fois lorsqu'elles se
rencontrent; maisilyavoit
quelque apparence qu'estant
élevées ensemble,elles pourroient
venir plus sociables,
comme nous voyons que les
Poulets, les Dindons élevez
dans une même Bassecourt
vivent fort bien ensemble
,
quoi qu'ils fassent
la guerre aux nouveaux venus
jusqu'à les tuer. Les
grosses Araignées même, se
mangent beaucoup moins
les unes les autres que les
petites,soit parce qu'elles
ontbienmoins besoin de
nourriture, ou qu'estant
plus pesantes elles aiment
moins à se remuer. C'est
aparemment que cette inclination
qu'elles ont à se mangermutuellement,
est partie
cause de ce qu'il y a si
peu d'Araignées à proportion
de ce qu'il devroit yen
avoir,faisant une quantité
d'oeufs aussi prodigieuse
qu'elles enfont.
Je sçay bien qu'il y a divertes
fortes d'infectes qui
les mangent. Pline parle de.
quelques especes de Frelons
& de Lezards qui s'en nourrissent.
J'ay veu de petits Le.
zards en attraperavec beaucoup
d'adresse; mais malgré
cela je crois que nous en
verrions incomparablement
davantage sielles ne semangeoient
point.
Il ne sembleroit donc rester
d'autre party à prendre
si l'on vouloitélever des Araignées
qu'à les loger fcparement
; on pouroit par
exemple avoir des boëtes
divisées en plusieurs petits
compartimens où l'on formeroit
plusieurs Cellules,&
jel'ay fait comme cela;mais
de donner à manger à chacune
de ses Araignées separement
cela engageroit à des
dépenses peu proportionnéesau
profitqu'on en pourroit
cirer.On pourroit en venir
là si nous n'avions la foye
des Vers d'une maniéré infiniment
plus commode.
-
Je sçay qu'on pouroit
trouver des moyens d'abroger
cette maniéré de leur
donner à manger, & j'en
ay
ay même imaginé quelques
uns où l'on employeroit
beaucoup moins de
temps qu'on en met à donner
la nourriture aux Vers.
La necessité où l'on cfl;
de distribuer les Araignées
dans des Cellules se parées,
jette encore dans un nouvel
embarras qui ne diminuë
pas peu l'avantage qu'ellesont
sur les Vers du costé
de leur fecondité
, car pour
profiter de cet avantage,il
faut pouvoir garder un
grand nombre d'oeufs qui
ayent esté fecondez par 1accouplement
,
& pour cela
il faut mettre necessairement
des Araignées ensemble.
Je sçay bien qu'il est un
temps où il se doit faire chez
ces Infectes une douce fermentation
qui leuroste leur
ferocité naturelle, & qu'QI}
pourroit alors les mettre ensemble
sans aucun risque ;
mais comment connoistre
précisement ce temps qui
doit préceder de peu celui
où elles ont envie de faire
leurs oeufs. Il seroit aisé à
trouver si elles les faifoienc
toutes à peu prés dans le
* -
même temps. Mais il y a
plusieurs mois de difference
entre le temps que les uncs
pondent, de celui où les autres
pondent à leur tour.
La fecondité des Araignées
est prodigieuse, comme
Mr Bon l'a parfaitement
observé;mais après tout les
Vers font feconds de reste
quand on fuppofcroit qu'ils
ne font qu'environ cent
oeufs, desquels à peine quarante
donnent des vers qui
fassent leurs coques, au lieu
que les Araignéesfont 6.
à 700. oeufs, quoy que j'aye
remarqué danstousles Vers
quej'ay élevez de faire une
exactecomparaison de leur
foye avec celle des Araignées,
ayent toûjours donné
au moins 3. à400. oeufs. Il
est aisé de voir qu'on peuc
multiplier le nombre des
Versautantquonle voudra,
cela dépendoit seulement
de la quantité de leurs oeaft,
il n'en faut d'autre preuve
que la quantité de foye qu'ils
fournissent aujourd'huy à
l'Europe, où il n'y avoit
autre fois aucuns Vers. Il
seroit donc aisé avec le
temps d avoir des quantitez
de Versqui surpassassentautant
ce que nous en avons
à present, que ce que nous
en avons, surpasse le petit
nombre d'oeufs qu'on aporta
d'Orient en Europe;mais
c'est qu'il est necessaire de
les loger
,
soigner, nourrir,
ce qui fait qu'on n'en éleve
pas davantage, parce qu'en
augmentant la quantité de
la soye,onendiminuëroitle
prix,& les soins qu'on prend
pour élever les Vers ne seroient
plus payezassez cher.
Il semble jusqu'icy que
les Vers l'emportent beaucoup
sur les Araignées par
la facilité qu'on a à les élever)&
par consequent qu'on
doit peu se promettre de la
nouvelle foye
,
si elle n'a
quelque avantage sur l'ancienne,
soit par sa beauté
ou sa force,ou par la quan- titéqu'on en peut tirer;
c'est ce que nous allons examiner
dans le deuxième article.
Comme toures les especes
d'Araignées ne donnent pas
une foye qu'on puisse mettre
en oeuvre, & que celles
qui fournissent cette soyela
filent feulement pour formerles
coques qui envelopent
leursoeufs, il m'a paru
necessaire de donner une
idée generale des diverses
especes d'Araignées au squelles
on peut ramener toutes
les autres, & de la différente
maniere donc les coques de
ces différentes especes sont
faites, afin de faire connoître
celles dont on peut tirer
de la foye dans le Royaume.&
c. Mr de Reaumur dit que
Mr Bon avoit distinguê les
Araignées en deux ci peces
principales, sçavoir les Araignées
à jambes longues, &
lesAraignées à jambes courtes
, & quecestoit la derniere
qui fournissoitla nouvelle
foye. Il fie un grand détail
de toutes les especes d'Araignées
comprises dans ces
deux pricipales,& expliqua
celles dont on pourroit tirer
de la soye, & celles qui
n'en donnent point. Il expliquaaussi
la maniere donc
chaque espece d'Araignées
faisoient leurs coques, &
dit qu'on pourroit avoir des.
soyesd Araignées plus differentes
par leur couleur na.
turelle, quenel'est celle des
Vers quiest toûjours aurore
ou blanche, au lieu que les
coques d'Araignées en donneroient
de jaune, de blanche
,
de grise
,
d'un fort
beau bleu celeste
,
& d'un
beau brun caffé
; mais que
les Araignées qui donnent
la foye couleur de caffé étoient
rares , & qu'il n'en
avoir rencontré que dans
quelques champs de Genets,
oùil avoit aussi trouvé de.
leurs coques, donc la [oic:
estoit tres forte & iits-belle;
que ces coques estoient faites
d'une maniere differente
de toutes les autres coques
d'Araignées dont il avoit
parlé. &c. Ildit en suite,que les Araignées
faisoient leurs oeufs,
ou la foye qui les enveloppe
dans plusieurs mois de l'année,
non feulement dans les
seuls inoisdaoutl & de Septembre,
qui est le seul temps
que Mr Bon donne pour cela
; mais aussi dans le mois
de May & les suivants; que
les Araignéesfiloient deux
sortes de n:s
,
etonc les uns
servent à ourdir les toilles
qu'elles tendent aux Infectes,&
les autres à euveloper
leursoeufs,&quecesfils
-
ne differoient entr'eux que
par le plus ou le moins de
force ; ce qu'il expliqua de
cettemaniere, - Je suppose qu'on sçair que
les Araignées ont
-
auprès de
leur Anus divers mamellons
quisont autant defilieres dans
lesquelles semoule la liqueur
qui doit devenir de la foyc
lorsqu'elle fc fera
-
féchéc
après en estre sortie. Les
Araignées dont il s'agiticy;
c'est à dire celles dontla foye
est propre aux ouvrages ,
ont six de ces mamellons,
donc quatre sont très sensibles,
mais les deux autres le
font moins, & on ne les
distingue pas aisément sans
le secoursde la Loupe. Ces
deux petits mamellons sont
posez chacun proche de la
baze des deux gros qui sont
les plus prés de l'Anus. Chacun
de ces six mamellons
sensibles sont composez
euxmêmes de divers petits
mamellons ou filieresinsenfibles
; c'est. dequoy on est
aisément persuadé, si cependant
on presse avec deux
des doigts d'une même main
le ventre d'une Araignée
pour obliger la liqueur de
couler de ces mamellons
?
on appliquera le doigt sur
l'un d'eux
,
& qu'on le presse
doucement on en tire plusieursfils
distinctement separez
les uns des autres dés
leur sortie, qui par confequent
avoient parte par différentstrous.
Ces fils sont
trop fins pour qu'on puisse
les compter tous d'une ma,-
niere leure ; rn^ib ce que je
sçai de certain; c'est que j'en
ay pu souvent compter
plus de six à sept. On tire
plus ou moins de ces fils
d'un même mamellon si
l'on applique de doigt plus
fortemenr, ou sur une plus
grande partie de ce mamellon.
Ainsi il est aisé à present
de comprendre comment
les Araignées font des fils
plus ou moins gros quand
il leur plaist, car non seulement
,lorsqu'avant de commencer
à filer, elles appliquent
contre quelques corps
plus ou moins des mamellons
sensibles de leur Anus;
mais selon qu'elles appliquent
plus fortement
, ou
une plus grandepartie de
chacun de ces mamellons
,
elles font des fils composez
d'un plus grand nombre
d'autres fils & par confequents
plus sorts & plus
gros.
Il doit y avoir environ
dix-huit fois plus de fils qui
composent un des fils des
Coques qu'il n'yen a dans
ceux des Toiles, si la quantité
des filsquicompoienc
les uns ôc les autres est proportionnée
à leur force,car
ayant collé un poids de deux
grains à un fil de toile, il l'a
ordinairement soûtenu sans
rompre, & s'est ordinairement
rompu lorsque j'yen
ay attaché un de trois
grains, au lieu que les fils
de coque soûtiennent environ
trente six grains; mais
ils se cafient lorsqu'on les
charge d'un plus grand
poids.
Mais si les fils des coques
des Araignées sont plus
forts que les fils des Toiles,
ils font aussiplus foibles que
ceux des coques de Vers,
quoy que dans une moindre
proportion. La force. des
fils que je devidois de dessus
ces dernieres coques a esté
ordinairement jusqu'a soûtenir
un poids de deux gros
& demi. Ainsi la force d'un
fil de coque d'Araignée est
à celle d'un fil de coque de
Vers environ comme un à
cinq, & c'efi; peut -
estre
encore là un des endroits
par lesquels l'ancienne foye
pourroic avoir quelque avantage
sur la nouvelle.
A la verité chaque fil de
coque d'Araignée est à peu
prés moins gros qu'un
fil de foye dans la même
proportion qu'il est plus
foible ; mais cela ne compense
pas entieremcnt ce
desavantage
, car il est plus
difficile de joindre ensemble
plusieurs brins, car sans
compter que c'est une peine
de plus
,
il est toujours à
craindre que lesfilsnetirent
pas tous également, & par
conséquent que leur assemblage
n'ait pas la somme
des forces que chaque fil au..
roit separement. Cettemultiplicité
de brins qui composent
chaque fil de foye
d'Araignée pour le faireaussi
gros qu'un fil de foye de
Vers, contribue peut -
être
en partie à rendre les ouvtages
faits de cette foye moins
lustrez que ceux de la soye de
Vers,car leur luftreefl: effectivement
moins beau, comme
un sçavant Académicien
le remarqua lorsque les Mitaines
furent apportées à
l'Academie; ce qu'on appelle
lustre dans une étoffe ne
me paroissant proven ir
que de ce qu'elleréfléchit
plus de lumiere colorée d'une
certaine façon qu'une
autre étoffe qui paroist de
même couleur. Plus un brin
de foye aura donc de petits
vuides qu'un autre brin de
soye, moinsilparoîtra lustrè
, car il refléchira moins
de lumiere. Or ces petits vuides
feront évidemment en
plus grand nombre dans un
fil composéluy-même de
plusieurs fils differens & réellement
séparez, que dans
celuy qui estant de même
grosseur n'est point compode
differens brins,les parties
de la liqueur visqueuse
qui le composent estant
sans doute appliquées plus
aisément les unes proche
des autres devant se toucher
en plus d'endroits que divers
filsréellement séparez.
Ainsien supposant quechaque
fil de foye d'Araignéc
n'est pas plus lustré naturel- t lement qu'un fil de foye de'
Vers, il est clair que lors
qu'on aura joint cinq de ces filspourencomposerunautre
de même grosseur que- L fccftlefil deVersnaturelles
ment, que ce fil composé &
l'ouvrage qu'on en formera
paroistront moins lustrez
que le fil de foye de Vers,
& l'ouvrage qui en fera
formé.
Cecy seroit vray , en
suposant, comme je viens
dele dire, que le fil simple
d'Araignée est naturellement
aussi lustré qu'un fil
simple de foye ; mais cette
suposition même seroit
peut-estre trop favorable
à la foye d'Araignée
, car
on peut remarquer que les
fils les plus crespez ont
moins de lustre que ceux
qui le sont moins. Aussi
voyons nous que la lainesr
dont chaque brin est naturellement
pluscrespé qu'un
brin de foye
,
est aussi
moins lustrée, si chaque
brin de soye d'Araignée
est naturellement plus crêpé
qu'un brin de foye de
Vers, il doit donc aussi
avoir moins de lufire,&
c'est ce qui ca tres-aisé à
observer. Il n'est gueres
plus dificile de trouver la
raison pour laquelle ces
fils font plus crespez que
les autres. Lamanieredont
ils sont devidez les uns & les
autresen est apparemment
la cause; car on conçoit
d'abord qu'en devidant
desfils d'une manière lâche
on laisse la liberté au redore
de toutes les petites parties
quilescomposent,d'agir de
toutes leurs forces pour
les plieroules friser en plusieurs
sens differents, au
lieu qu'en devidant ces fils
d'une maniere plus serrée,
comme font les Vers, on
empêche l'action du ressort
de ces petites parties. Lo
redore*
ressort luy même s'use dans
cette situation violente,
ou du moins il s'affaiblit.
On demeurera plus volontiers
d'accord de cecy lors
que l'on fera attention que
les premiers fils de coques
desVers à foye
,
qui sont
eux mêmes entortillez autour
de la coque d'une maniere
lâche sont bien moins
beaux,&moins lustrez, que
ceux qui forment le corps
de la coque, & qui sont
devidez d'une maniere tresserrée.
Quand on s'apperçoit
qu'il n'ya eu que deux des
mamellonsqui ayent four-
-
ny des fils pour en faire un
de toile d'Araignée & que
chacun de ces mamellons
qui fournirent eux mêmes
unfilcomposé de plusieurs
autres en auroient fouiiiy)
un simple
,
les fils de toiles
estant dix huit fois plus
foibles qu'un fil de coque ,t
ce dernier fil que nous avons
dit estre environ cinq foIS2
plus petit qu'un de foye des
Vers, devroic estre composé
de trente six brins au
moins. Peutestrequecette
réflexion pourra servir à
soutenir l'imagination lors
qu'elletâche à comprendre
laprodigieuse divisibilitéde
la matiere,car qu'elle doit
estre la petitesse d'un fil
que les yeux pourtantaperçoivent
& qui n'etf pas plus
gros que la centquatrevingtième
partie d'un fil
de foye simple, lequel fil de
foye simple n'estluymême
que la deux centiéme partie
d'un fil desoye telle qu'on
s'en sert pour coudre
, car
:;, j'ay souvent divisé ces brins
de foye en deux cent fils ou
à peu pres; de sorte quufli
brin de soye d'Araignée de
la grosseur d'un brin de
foye dont on se sert pour
coudre seroit réellement
composé d'environ trente
six milfils, & on pouroic
le diviser actuellement en
mille.
Mais enfin venons au
dernier point essentiel,c'està-
dire voyons quel raport
a la quantité de foye que
chaque Araignée donne
par an , avec celle qu'on
tire des Vers à foye. J'ay
pesé avec grand soin diverses
coques de Vers; j'ay.
trouvé que les plus fortes,
c'est-à-dire, l'ouvraged'une
année d'un Vers, pesoient
quatre grains,& que les
plusfoiblesen pesoient plus
de trois; de forte qu'en prenant
la livre de seize onces
il faut du moins 2304. Vers,
pour avoir une livre de soye.
Lors qu'on porte des habits
de soye,on ne s'avise gueres
de penser que plusieurs mille
Vers ont travaillé toute
leur vie pour en fournir la
matiere.
J'ay pesé avec le même
soin un grand nombre de
coques d'Araignées, & j'ay
toujours trouvé qu'il enfalloit
environ quatre des
plus grosses pour égaler le
poids d'une de Vers
, &
qu'elles pefoient chacune
environ un grain, de sorte
qu'il faudroit quatre des
plus grosses Araignées pour
donner autant de foye
qu'un Vers, s'il n'y avoit
pas plus de déchet sur la
foye des uns que sur celle
des autres, mais le déchet
des coques d'Araignées , les diminuë de plus des deux
tiers,puisquede 13. onces
de soye sale
,
Mr Bon n'en
sa retiré que quarre de foye
mette , ce qui cause ce déchet
dans les coques dÂraignées
,cfl: qu'on les pese
rempliesde toutes lescoques
des oeufs des petites Araignéesavant
qu'elles fussent
écloses,&dediversesordudures
qui Ce trouvent mêlées
parmi la foye. Celles des
Vers n'ont point un pareil
déchet, ou il cil: si petit)
.qu'on peut le compenser
enprenant seulementle déchet
de la foye des Araignecs
aux deux tiers.
Or nous venons de voir
que le poids d'une coque
d'Araignée avant d'estre
nettoyéeefl:au poids d'une
coque de Vers à foye comme
I. està 4.ainsi estant
néttoyée
,
son poids fera au
poids decellecy comme I.
estàiz. Il faudroir donc
déjà11. des plus grosses
Araignées peur donner autant
de foye qu'un Vers.
Mais chaqueVers fait
une coque , parce que les
leurs pour se metamorphoser,
au lieu que les Araignées
ne faisant les leurs que
pour envelopper leurs oeufs,
ils n'y a que les Araignées
femelles qui en fassent d'où il s'ensuit quesi , on
supose que l'on a autant
d'Araignées femelles que
de malles,ce qui doit arriver
à peu pres,24. des
plus grosses Araignées
, ne
donneront pas plus de soye
qu'un seul Vers.
Ilfaudroit donc environ
55296.Araignées des plus
grosses pour avoir une livre
de foye
,
lesquelles Araignées
il auroitesténecessaire
de nourrir separement pen^
dant plusieurs mois
,
d'où
l'on voit combien il est à
craindre que la foye qu'on
en retireroit n'engageast
dans des dépenses peu proportionnées
à sa valeur, puis
qu'elle couteroit24,fois
autant que celle des Vers,
si l'on supposoit mefine
qu'on n'est pas obligé de
mettre les Araignées separement
,
& que chaque
Araignée n'occuperoit pas
plusde place qu'un Vers,
ce quiseroitaussiunesuposition
fausse ,car il faut leur
19 en donner assez à chacune
afin qu'elles puissent faire
leurs toiles. Mais si on
vouloit entrer dans le détail
du calcul des fraisqu'elles
couteroientestant obligé de
les nourrir separement ,&.
de leur donner des espaces
assez grands pour les loger
chacune commodement,
on verra d'une maniere trèsclaire
que la foye des Araignéc,
cousteroit incomparablementplus
quecelle des
Vers.
Qu'on ne croye pas, au
reste, quetout ce que j'ay
dit ne regarde queles Araignées
d'une grosseur commune,
car si on vouloir sça- 1
Voir ce que donnent de foyo
celles qu'on trouve communement
dans les Jardins de
ce Pays, & qui paroissent
tres grosses, on vcrroit qu'il
en faut12. decellecy pour
avoir autant de foye qu'on
en retire d'une des coques
de celles dontj'ay parlé,
& que 28 8. ne donneroient
que le même poids de foye 1
que fournit une seule coque
de Vers,par consequent
qu'à peine 663551. Arai-
-
gnées pourroient faire une
livre de soye.
On aura sans doute regret
de ce qu'il nous reste
si peu d'esperance de prositer
d'une découverte siingenieufe.
Aprés tout ilya
peut-estre encore quelque
ressource. Il pourra se faire
que l'on trouve des Araignées
plus grosses que celles
que nous voyons communement
dans le Royaume.
Il est déja certain
, par le
raport de tous les Voyageurs,
quecelles de l'Amerique
le sont beaucoup plus
que les nostres
,
d'où il
semble aussi qu'elles devroient
donner plus de foye.
Les Vers, qui, quoy qu'originaires
de Pays éloignez,
ont si forr peuplé en Europe,
nous aideroient même à
cfpercr que les Araignées de
l'Amérique, pourroient vivre
dans ceuxcy. Quoy
qu'il en soit, il faut experiïncntcr
; c'est la feule voye
de découvrir des choses
curieuses & utiles. Je ne
negligeray rien de ce qui,
peut avoir raport à la recherche
dont il s'agit icy, dans
1 laquelle si l'on découvre
jamais quelque chose d'utile,
la premiere gloire en fera
due àMr Bon.
Fermer
Résumé : EXTRAIT du discours de Mr de Reaumur.
Le discours de Réaumur aborde les défis liés à l'alimentation et à l'élevage des araignées pour la production de soie. Il observe que les mouches, bien que constituant la nourriture ordinaire des araignées, sont insuffisantes en quantité pour nourrir un grand nombre d'araignées. Réaumur propose d'utiliser des vers de terre, abondants et faciles à collecter, comme alternative. Après des expériences réussies, il constate que les araignées se nourrissent bien de morceaux de vers et conservent leur vitalité. Cependant, les araignées, par nature féroces, se mangent mutuellement, compliquant ainsi leur élevage en groupe. Réaumur tente également d'autres types de nourriture, comme des substances molles trouvées dans les plumes des jeunes oiseaux, mais constate que les araignées préfèrent les proies vivantes. Réaumur explore ensuite les défis pratiques de l'élevage des araignées, notamment leur tendance à se dévorer entre elles et la nécessité de les loger séparément, ce qui augmente les coûts. Il compare la fécondité des araignées à celle des vers, soulignant que les vers sont plus faciles à élever en grande quantité. Enfin, il mentionne la nécessité d'examiner les avantages potentiels de la soie d'araignée par rapport à celle des vers, en termes de beauté, de force et de quantité. Mr Bon avait classé les araignées en deux catégories principales : celles à jambes longues et celles à jambes courtes, ces dernières fournissant la nouvelle soie. Réaumur a détaillé les différentes espèces d'araignées, expliquant celles qui produisent de la soie et celles qui n'en produisent pas. Il a également décrit la manière dont chaque espèce d'araignée fabrique ses cocons, mentionnant que les cocons d'araignées peuvent avoir diverses couleurs naturelles, contrairement à la soie des vers qui est toujours aurore ou blanche. Réaumur a observé que les araignées produisent de la soie à différents moments de l'année, pas seulement en août et septembre comme le pensait Mr Bon. Il a également noté que les araignées filent deux types de fils : ceux utilisés pour les toiles et ceux pour envelopper leurs œufs. Ces fils diffèrent par leur force et sont produits par des mamelons situés près de l'anus de l'araignée. Le texte compare la force des fils d'araignées avec ceux des vers à soie. Les fils de cocons d'araignées sont plus forts que ceux des toiles mais plus faibles que ceux des cocons de vers. La structure des fils d'araignées, composée de nombreux brins, rend les tissus moins lustres que ceux fabriqués à partir de la soie des vers. Enfin, Réaumur a pesé les cocons d'araignées et de vers pour comparer la quantité de soie produite. Il a conclu qu'il faudrait environ 55 296 araignées pour produire une livre de soie, ce qui rend la production de soie d'araignée beaucoup plus coûteuse que celle des vers à soie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
14
p. 121-164
Bulle d'Or. [titre d'après la table]
Début :
ARTICLE XXII. De l'ordre de la Marche des Princes [...]
Mots clefs :
Bulle d'Or, Princes, Empereur, Électeurs, Roi, Romains, Cour, Ecclésiastique, Archevêque, Cheval, Duc, Honneur, Criminels, Sceau, Bâton, Logis, Saxe, Crime, Fille, Fils, Ordre, Coupable, Séance, Mort, Charge
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Bulle d'Or. [titre d'après la table]
ARTLCLEXXII.
De l'ordre de la Marche des
FrincesELetteurs,dr parqui
sont portées les Marques honoraires.
pOur déclarer le rangquel
les Princes Electeurs doivent
tenir en marchant avec
l'Empereur ou avec le Roi
desRomains en public & erL
cérémonie, & dont nous
avons ci- dessus fait mention,
Nous ordonnons que toutes
les fois que pendant la tenuë
d'une Diete Imperiale, il
faudra que les Princes Electeurs
marchent processionnellement
avec l'Empereur au le
Roi des Romains, en quelques
actionsou solemnitez
que cesoit, & qu'ils y portent
les Ornemens Impériaux ou
Royalix; le Duc de Saxe portant
FEpee Imperiale ou
Royale, marchera immédiatement
devant l'Empereur,
étant au milieu entre luy &
l'Electeur de Trêves ; ledit
Electeur de Saxe aura à sa
droite le Comte Palatin du
Rhin, qui portera le Globe
ou la Pomme Imperiale, &à
sa gauche le Marquis de
Brandebourg
, portant le
Sceptre, tous trois marchant
de front: le. Roi de Boheme
suivra immédiatementl'EmpereurouleRoides
Romains;
sans que personne marche entre
l'Empereur ou ledit Roi
&lui.
ARTIClE XXIII.
DesBénédictions des Archevesques
en lapresence de1•'*-
,,.lT'Empereur. Outes les fois qu'on
celébrera en solemnité
la Méfie devant l'Empeteur
ou le Roy des Romains,
,U que les Archevesques de
Mayence, de Tréves & de
Cologne; ou deux d'entre eux s'y trouveront presens, on
observeraàla confession qui
se dità l'entrée de la Messe,
au baisen de l'Evangile & de
la Paix qu'on presente après
(Ag":/tsDei,& même aux Bénédictions
qui se donnent à la fin
de la Méfie
,
&: à celles qui
se font à l'entrée de table &
aux graces quife rendent après
le repas, cet ordre que Nous
avons estimé à propos d'y étatablir,
de leur avis & consentement;
qui est que le premier
aura cet honneur le premier
jour; le second, le second
jour; & le troisiéme, le
t,roin2e.m.e jour. Nousdéclarons en ce
cas, que l'ordre de la primauté
ou posteriorité entre
les Archevesques, doit estre
dreeglé sur l'ordre & le temps leur consecration. Et afin
qu'ils se préviennent les uns
les autres par des témoignages
d'honneur &de déference,
& que leur exemple oblige
les autres à s'honorer mutuellement,
Nous desirons que celui
que cet ordre, touchant
les choses susdites, regardera
le premier
,
fasse à ses Collegues
une civilité & une honnêteté
charitable pour les inviteràprendre
cet honneur, &
qu'après cela il procèdeaux
choses susdites, ou à quelqu'une
d'elles.
ARTICLE XXIV.
Les Loix suisantes ont ejlè
publiées en la Diete de Metz
lejour de Noël, l'an 13r6.
Par Charles IV.Empereur des
Romains toujours Auguste,
.RoydiBobeme,affiflédetous
les PÍinces Electeurs du Saint
Empire en presence du Vénérable
Pere en Dieu le Seigneur
Théodorique Evêque d'Albe,
Cardinal de la sainte Eglise
Romaine>& de CharlesFils
aîné du Roy de France, Illustre
Duc de Normandie, &
Dauphin de Viennois.
S.J. SI quelqu'un estoit
entrédans quelque
complotcriminel, ou auroit
fait ferment ou promesse de
s'y engager avec les Princes
& Gentilshommes, ou avec des Particuliers &: autres
Personnnes quelconques
mêmes roturieres, pour attenter
à la vie des Reverends
& Illustres Princes Electeurs
du saint Empire Romain,
tant Ecclesiastiques que Seculiers,
ou de quelqu'un d'eux,
qu'il périsse par le glaive, &:
que tous ses biens soient
confisquez comme criminel de
leze.Majesté ; car ils sont
partie de nostre Corps: Et en
ces rencontres les Loix punissent
lavolontéaveclamême
severité que le crime mesme.
Et bien qu'il fût juste que les
fils d'un tel parricide moururentd'une
pareille more)
parce que l'on en peut appréhender
les mêmes exemples;
néanmoins par une bonté
particuliére
,
Nous leur donnons
la vie: Mais Nous voulons
qu'ils soient fruftrez de
la succession maternelle ou
ayeule, comme aussi de tout
les biens qu'ils pouroient esperer
par droit d'heredité &
de succession, ou par testament
de leurs autres parens &.
amis; afin qu'étant toujours
pauvres & necessiteux, l'infamie
de leur pere les accompagne
toûjours;qu'ils ne puissent
jamais parvenir à aucun
honneur & Dignité, même à
celles qui sont conferées par
l'Eglise; & qu'ilssoient re-@
duits à telle extremité, qu'ils
languissent dans une necessité
continuelle
,
& trouvent par
ce moyen leur soulagement
dans la mort &: leur supplice
dans la vie. Nous voulons aussi
que ceux qui oseront intercéder
pour telles sortes de gens,
soient notez d'une infamie
perpetuelle.
§. 2. Pour ce qui est des
filles de ces criminels ,en
quelque nombre qu'elles
puissent estre
,
Nous ordonnons
qu'elles prennentla falcidie
ou la quatriéme partie
en la successionde leur mere,
foit qu'elle ait fait testament
ou non; afin qu'elles ayent plûcôc:
une médiocre nourriture
de fille, qu'un entier avantage
ou nom d'heritieres.Car
en effet la Sentence doit être
d'autant plus moderée à leur
égard, que nous sommes perfuadez
que la foiblesse de leur
sexe les empêchera de commettre
des crimes de cette
nature.
§. Déclarons aussi les
émancipations que telles gens
pourroient avoir faites de leur
fils ou de leurs filles, depuis
la publication de la presente
Loi
,
nulles &: de nul effet ;
pareillement Nous déclarons
nulles & de nulle valeur toutes
les constitutionsde dot, donations
& toutes les autres
aliénations qui auront été faites
par fraude
, &. même de
droit,depuis le temps qu'ils
auront commencé à faire le
premier projet de ces conspirations
&: complot. Si les
femmes ayant retiré leur dot
se trouvent en cet état, que
ce qu'elles auront reçu de
leurs maris à titre de donations,
elles le doiventreserver
à leurs fils, lorsquel'usufruit
n'aura plus lieu;qu'ellesçachent
que toutes ces choses,
qui selon la Loi devroient
retourner aux fils, seront appliquées
à nostre Fisc, à la
reserve de la falcidie ou quatriéme
qui en fera prise pour
les filles, & n n pour les fils.
§. 4. Ce que nous venons
de dire de ces criminels & de
leurs fils,doitaussi estre entendu
de leurs satelites, complices
& ministres, & de
leursfils. Toutefois si aucun
des complices, touché du
desir d'une veritable gloire
découvre la conspiration, en
son commencement, il en recevra
de Nous récompense
& honneur: Mais pour cel ui
qui aura eu part à ces conspirations
&: ne les aura revelées
que bien tard, avant
néanmoinsqu'elles ayent été
découvertes, il fera estimé
digne feulement d'absolution
&: du pardon de son crime.
§. 5. Nous ordonnons aussi,
que s'il est revelé quelque
attentat commis contre lesdits
Princes Electeurs Ecclesiastiques
ou Seculiers, l'on
puissemême après la mort
du coupable poursuivre de
nouveau la punition de ce
crime. ,-
§. 6.De même,l'on pourra
pour ce crime de leze-Majesté,
à l'égard deidics Princes
Electeurs, donner la question
aux serviteurs du Maître
qui aura été accusé.
- §.7. Ordonnons deplus
par ce presentEdit Imperial,
& voulons que même après
la mort du coupable l'on
puisse commencer à informer
contre lui,afin quele
crime, étant * averé, sa mémoire
puisse estre condamnée
&: ses biens confisquez.
Car dés là que quelqu'un a
formé le dessein d'uncrime
détestable,il en est en quelque
façon coupable & bourrelé
en son ame.
$. 8. C'estpourquoy, dés
que quelqu'un se trouvera
coupable d'untel attentat
Nous voulons qu'il ne puisse
plus ni vendre, ni aliener, ni
donner la liberté à ses esclaves,
& mêmequ'on ne lui
puissepluspayer ce qui lui
estdû.
§.9.Pareillement ordonnons
qu'à ce sujet on applique
à laquestion les serviteurs
du criminels c'est-à-dire,
pour le crime ducomplot détestable
fait contre les Princes
Electeurs Ecclesiastiques
'&. Seculiers.
§. 10. Et si quelqu'unde
ces criminels meurt pendant
l'instruction du Procez, Nous
voulons que ses biens, à cause
qu'on est encore incertain
qui en fera leSuccesseur,
soient mis entre les mains de
la Justice.
ARTICLE XXV.
De la conservation des Princi»
pautez, des Electeurs en
leurentier. sS'Il est expedient que toutes
Principautez soient
conservées en leur entier, afin
que la Justice s'affermisse, &
que les bons & fideles Sujets
jouissentd'un parfait repos
d'une paix profonde ;il est
encore ,
sans comparaison beaucoup plus juste queles,
grandes Principautez, Domaines
,
Honneurs & Droits
des Princes Electeurs
,
demeurent
aussi en leur entier;
car là où lepéril est leplus à
craindre
,
c'est là ou il faut
user de plus grandes précaurions
de peur que les colomnesVenant
à manquer 3 toute le bâtiment ne tombe
en ruine.
§. I. Nous voulons donc &
or donnons parcet Edit Imperial
perpetuel, qu'à l'avenir
&à perpétuité les grandes
& magnifiques Principatitez
,
tellesque sont le Royau-
me de Bohême , la Comtç,
Palatine du Rhin,la Duché
de Saxe & le Marquisat de
Brandebourg,leurs Terres
Jurisdictions , , Hommages &
Vasselages, avec leurs appartenances
& dépendances, ne
puissent estre partagées
,
diviséesoudémembrées
en
quelque façon que ce soit ;
mais qu'elles demeurent à
perpétuité unies &: conservées
en leur entier. ,:.
§. 2. Que le Fils aîné y
succéde,& que tout le Domaine&
tout le Droit appartienne
à luy seul ; si cen'est
qu'il soit insensé,ou qu'il ait
tel autre grand &: notable
défaut qui l'empêche absolument
de gouverner; auquel
cas la successionluy estanc
défenduë
,
Nous voulons que
le fécond Fils, s'il y en a un
en la même ligne, y foit appellé
; sinon l'aîné des Frères
ou Parens paternelslaïque
qui se trouvera estre le plus
proche en ligne directe &:
masculine: lequel toutefois
fera tenu de donner des preuves
continuelles de sa bonté
& liberalité envers ses autres
Frères ôc Soeurs, contribuant
à leur subsistance selon la
grace qu'il aura reçue de
Dieu, & selon la bonne vo- lonté& facultez de son
patrimoine; lui défendant
expressément tout partage, division&démembrement
des Principautez,&: de leurs
appartenances ôc dépendances,
en quelque façon que
ce puisse être.
ARTICLE XXV-I.,,-
De la Cour Impériale desa
séance. , I.LE jour que l'EmpereurouleRoides
Romains voudra tenir folemnellement
sa Cour, les Princes
Electeurs tant Ecclesiastiques
que Seculiers, se renfdront
à une heure ou environ,
au logis de la demeure
Impériale ou Royale,ou
l'Empereur ou le Roi, étant
revêtu de tous lesOrneniens
Impériaux monteraachevai,
avectous les Princes Electeurs
qui l'accompagneront
jusqu'au lieu préparé pour
la Séance chacun en l'ordre
& en la maniéré qui a été cidessusprescrite
, &: inserée
dans l'Ordonnance qui regle
les marches des mêmes Princes
Eleaeurs.
2. L'Archichancelier dansl'Archichancellariat
duquel
la Cour Impériale se tiendra,
portera aussi au bout d'un Bâton
d'argent tous les Sceaux'
Impériaux ou Royaux.
§. 3. Mais les Princes Electeurs
Seculiers porteront le
Septre
,
la Pomme & l'Epée
,
en la nlanie-re qui a été dite
ci
-
dessus.
§. 4.Quelques autres Prill
ces inférieurs qui feront dé
putez par l'Empereur &: à
son choix, porteront immédiatement
devant l'Archevesque
de Trevesmarchant eJt.,
son rang, premièrement la
Couronne d'Aix-la-Chapelle:,
& en secondlieu, celle de
Milan: Ce qui ne se pratiquera
feulement que devant
l'Empereur, orné de la Couronne
Impériale.
§. L'Imperatrice aussi, ou,
la Reine des Romains, étant
revêtue des Habits & Orne.
mens de Ceremonie, marchera
après le Roi ou l'Empereur
des Romains, &: auiïi
après le Roi de Boheme , qui
fuit immédiatement l'Emper
reur ,mais çloignécd'unçù.
pace compétant, & accom
pagnée de ses principaux Officiers
&: de ses Filles d'Honneur
¡& ce jusques au lieu de
la Séance.
ARTICLE XXVII.
Des Fondions des Princes Electeurs
dans les rencontres oh
lesEmpereurs oit. Rois des Romains
tiennent folemnellement
leur Cour. NOus ordonnons que
toutes les fois que l'Elnpereur
ou le Roi des Romains
voudra tenir solemnellement
sa Cour, &: où Ice
PrincesEle&enrs ferontobjigèt
de faireles Ponctions de,
leurs Charges,on observe eiv
cela l'ordre suivant.-
§. i.Premièrement,TEm-,
pereurou le Roides Roi-riainsf,-
étant assis en sa Chaire Roya-r
le, ou sur le TrôneImpérialv
le Duc de Saxe fera sa ChaiM
ge en la maniéré que nous;
allons dire. On mettra d-,
vàntle Logis de la Séance
Imperiale ou Royale, un tas
d'Avoine, de telle hauceuf)
qu'il aille jusqu'au poitrai"
ou juf ues à la Telle du cheval
sur lequel le Duc fera.,
monté;: & le Duc ayant en'
ses mai ns un Bâton d'argent
& une Mesure aussi d'argent,>
qui peseront ensemble douze,
Marcs d'argnt.'& étant ï;
cheval- remplira la' mesure
d'avoine & la donnerar' au
premier Palfrenier qu'il ren-'
contrera. Apres quoi, fichant
le Bâton dans l'avoine, il se
retirera; & son Vice-Maréchal
, sçavoir de Pappenheim,
s'approchant, ou lui
absent, le Mareschal de la
1Cour,Jpaermvettroa leipinllagee d.e
§.i Dés que l'Empereur
ou le Roi des Romains se fera
mis à table, les Princes Electeurs
Ecclesiastiques, c'est-à-,
dire les Archevêques, étant'
debout devant la table avec
les autres Prelats, la beniront
suivant l'ordre qui a été
ci- dessus par Nous prescrit.
La Bénédiction étant faite,
les
les mêmes Archevêques, s'ilt
font tous presens, ou bien
deux, ou un d'entr'eux, pren*
,dront les Sceaux Impériaux
ou Roïaux des mains du Chancelier
de la Cour;& l'Archevesque
dans lArchichancellariat
duquel la Cour se tiendra,
marchant au milieu des
deux autres Archevesques qui
feront à ses cotez,tenant avec
lui le Bâton d'argent où les
Sceaux feront suspendus
; tous
trois les porteront ainli, &
les mettront avec rcfpctt lui?
la Table devant l'Empereur
ou le Roy. Mais l'Empereur
cru le Roiles leur rendra auflktost
: Et celui dans l'Archichancellariat
duquell%Cerémonies
se feront, comml a
vçté dit, pendra à Ton col le
plus grand Sceau, & le portera
ainsi durant tout le Difner
& apiés, jusquesà ce qu'il
foit retourné à cheval du Pa-
Jais à son Logis. Or le Bâton
dont nous venons de parler,
doit estre d'argent, du poids
-de douze marcs; & les trois
Archevesques doivent payer
chacun le tiers, tant du poids
de l'argent que du prix de
la façon. Le Baston & les
Sceaux demeureront au Chancellier
de la Cour, qui en fera
ce qu'il lui plaira; & c'est
pourquoi aussi-tofi: que celui
des Archevesques auquel il
aura appartenu de porter le
plus grand Sceau au col, depuis
le-Palais jusqu'à son Logis
( comme il a été dit )y
sera arrivé) il renvoyera par
quelqu'un deses Domestiques
audit Chancelier de la. Cour
Imperiale,ledit Sceau sur le
même cheval; & l'Archevefque,
selon la décence desa
propre Dignité & l'amitié
qu'il portera audit Chancelier
de la Cour, fera tenu
de lui donner aussi le cheval.
§. 3. Ensuite le Marquis
de Brandebourg viendra à
cheval, ayant en ses mains un
Bassin &: une Aiguière d'Argent
, du poids de douze
marcs, avec de l'eau & une
belle Serviette. En mettant
pied à terre, il donnera à laver
au Seigneur Empereur
ou au Roi des Romains.
<§.A. Le Comte Palatin du
Rhin entrera de mesme à
Cheval, portant quatre Plats
d'argent remplis deViande,
chaque Plat du poids de trois
marcs; & ayant mis pied à
terre, mettra les Plats sur la
Table devant l'Empereur ou
Roi des Romains.
§,f. Aprés eux viendra
le Roi de Boheme, Archi-
Echanson, étant aussi à Cheval,
& tenant à la main une
Coupe ou Gobelet d'argent
du poids de douze marcs.
couvert tic plein de Vin &
d'eau;& ayant mis pied à
terre, presentera à boire à
l'Empereurou au -
Roi des
Romains.
§. 6. Nousordonnonsaussi,
quesuivant ce quia éç
ptac'iquéjufql'ici),lesPrin
ces Electeurs Seculiersayantfait
leuts Charges, le Vice-
Chambellan de Falkenstein
ait le Cheval , le Bassin &
l'Aiguiére du Marquis de
Brandebourg: le Maistre de
Cuisine de Norteniberg, le
Cheval &: les plats du Comte
Palatin du Rhin; le Vice-
Echanson de Limbourg, le
Cheval &le Gobelet du Roy
de Bohême ; & le Vice-
Marêchal de Pappenheim, le Cheval,le Bâton& la Mesure
du Duc de Saxe. Bien
entendu que c'est en cas que
ces Officiers se trouventen
Personne à la Cour Imperiale
ou Royale, &: y fassent les
Fonctions de leurs Charges:
Autrement
,
& siis sont tous
absens ou quelques-uns d'eux,
alors les Officiers ordinaires
de l'Empereur ou du Roy des
Romains serviront au lieu
des Absens, chacun en sa
Charge; & comme ils en
feront les fonctions
,
aussi
joyiront-ils des émolunens;
ARTICLE XXVIIL
Des Tables Impériales &
Electorales. ;I'LA Table Imperiale
ou Royale doitestre
disposée en forte qu'elle soit
plus haute de six pieds que
lesautres Tables de la Salle ;
& aux jours des Affciiiblée%
solemnelles personne ne s'y
mettra que l'Empereur ou le
Roy des Romains seul.
§. 2. Et même la Place ôâ
la Table de l'Impératrice ou
Reineseradressée à côté,&
plusbaffe de trois pieds que
celle de l'Empereur ou Roy
des Romains;mais plus haute
quecelle des Electeurs aussi
de trois pieds. Pour les Tables
& places des Princes
Electeurs
, on les dressera
toutes d'une même hauteur.
§. 3. On dressera sept Tables
pour les sept Elecceun
Ecclesiastiques & Seculiers,
au bas de la Table Impériale,
sçavoir trois du côté droit ,
&trois autres du côté gauche
& la septiéme vis-à-vis de
l'Empereur ou Roy des Romains
,
dans le même ordre
que nous avons dit icy à l'Article
des Séances & du Rang
des Princes Elctlcurs ; en
forte que Personne, de quelque
qualité & condition qu'elle
foit
, ne se puisse mettre
entre deux ou à leurs Tables.
§. 4. Il ne sera permis à
aucun des susdits Princes Electeurs
Seculiers qui aura raie
sa Charge, de s'aller mettre
à la Table qui luy aura esté
preparée
, que tous les autres
Electeurs les Collegues
n'ayent fait aussi leurs Charges
mais que dés que quelqu'un
d'eux ou quelqu'uns auroit
fait la leur, ils se retireront
auprès de leur Table, &: se
tiendront làdebout, jusqu'à
ce que tous les autres ayent
achevé les Fondions susdites
de leurs Charges; &: alors ils
s'assoiront tous en même
temps,chacun à sa Table. §. 5. Dautant que nous
prouvons par les Relations
tres-certaines& par des Tradirions
si anciennes qu'il n'y a
point de memoirede contraire,
qu'il a été de tout temps
heureusement observé, que
l'éledion du Roy des Romains
futur Empereur se doit faire
en la Ville de Francfort, & le
Couronnement à Aix-la-C ha
- pelle, &que l'Elû Empereur
doit tenir sa premiere Cour
Royale à Nuremberg
-,
c'est
pourquoy Nous voulons, par
plusieurs raisons, qu'il en soit
usé de même à l'avenir;si co
n'est qu'il y ait empêchement
legitimé.
§. 6. Toutes les fois que
quelque Electeur Ecclesiastique
ou Seculier qui aura esté
appelle à la Cour Imperiale,
ne pourra pour quelque raison
legitime s'y trouver en Personlie
,
&: qu'il yenvoyera un Ambassadeur
ou Deputé; cet Ambaffadeur
,
de quelque condition
ou qualité qu'il soit ;,
quoi qu'en vertu de son pouvoir
il doiveestre admis en la
place de celuyqu'ilreprefente,
ne se mettra pas à la Table
quel'on aura destinée pour celuy
qui l'aura envoyé.
b-,~ Enfin toutes les Ceremonies
de cette Cour Imperiale
estant achevées
, tout l'échaffaut
ou Bâtiment de bois qui
aura esté fait pour la Seance &
pour les Tables de l'Empereur
ou Roy des Romains,& des
Princes Electeursassemblez
pour ces Ceremonies solemnelles,
oupour donner l'Investiture
des Fiefs, appartiendraauMaistred'Hôtel.
ARTICLEXXIX,
Des Droits des officiers, lorsque
les Princes font Hommage
de leurs Fiefs à l'Empereurou
au Roydes Romains,
§.1.ORdonnons par le
present Edit Imperial,
que lorsque les Princes
Electeurs, tant Ecclesiastiques
que Seculiers,recevrontlenrs
Fiefs 011 Droits Souverains
des mains de l'Empereur ouJ
du Roy des Romains
,
ils ne
soient point obligez de payer
ou de donner aucune choseà
qui que se foit: Car comme
l'argent que l'on paye sousce
pretexte en:du aux Officiers,
& que les Princes Electeurs
ont la Superiorité sur tous les
Officiers de la Cour Impériale
, ayant même en ces fortes
d'Offices leurs Substituts étaablis
& gagezà cet eiFet par
les Empereurs, il feroit absurde
que des Officiers substituez
demandaient de l'argent
ou des«Presens à leurs
Supcrieurs; si ce n'est que
lesdits Princes Electeurs leus
veuillent donner quelque
chosede leur propre volonré
& libéralité.•
§. 2. Mais les autres Prin-
"#s de l'Empire, tant EccleSadiquesqueSéculiers,
en
recevant leurs Fiefs,comme
nous venons de dire, de l'Empereur
ou du Roy des Romains,
donneront aux Officiers
de la Cour Imperiale ou
Royale , ,chacun soixante-trois
marcs 5cun quart d'argent;
si ce n'est que quelqu'un d'eux
pûtverifier sonexemption,&
faire voir que par privilege
Impérial ou Royal il foit dispensé
de payer laditesomme
, & tous les autrès droits que
l'on a accoutumé de payer
quand on prend l'Invefiiture;
&. ce fera le Maistre d'Hostel
de l'Empereurou du Roydes
Romains qui fera le partage
de ladite somme de soixantetrois
marcs & un quart d'ar.
gent, enla manière quisuit.
Premièrement, il en prendra
dixmarcs pour lui; Il en
donnera autant au Chancelier
de l'Empereurou du Roi
des Romains ; aux Secrétaires
, Nottaires & Dicteurs
trois marcs ;& à celui qui
scelle
, pour la cire & le parchemin
,unquart; sans quele
C hancelier&les Secretaires
soient tenus de donner pour
cela autre chose, sinon un
Certificat du Fief reçû ou de
sîmples Lettres d'Investiture.
Semblablement, le Maistred'Hostel
donnera de ladite
somme dix marcs à l'Echanson
de Limbourg ; dix aux
Vice - Marêchal de Pappenheim
,
&dix auVice-Chambellan
de Falkenstein ; pourvu
qu'ils se trouvent en personne
à ces Investitures, ôc
qu'ils y fartent les Fondions
de leurs Charges; autrement
&: en leur absence
,
les Officiers
de la Cour de l' Empereur
ou du Roi des Romains
qui feront la Charge des Absens
, & qui enauront eu la
peine, en recevront aussi le
profit.& les émolumens
§. 3. Mais lorsquele Prince
monté sur un Cheval ou toute
autre Bête, recevra l'Investiture
deses Fiefsde l'Empereur
ou du Roi des Romains
, quelque foit cette Bête,
elleappartiendra au grand
Maréchal ,c'est-à-dirfcauDue
de Saxe, s'il estpresent; sinon
à son Vice-Marêchal de
Pappenheim, &- en son absence
au Marêchal dela Cour de
l'Empereur.
ARTicle XXX.
De ÏInftruftion des Princels
Electeurs aux Langues.
§. I.DAutant que la
Majestédusaint
EmpireRomain doit prc{cri..
re les Loix, & commander
plusieursPeuples de diverses
Nations, moeurs, façons
de faire &: de différentes Langues
; il est Julie, & les plus
Gige le jugent ainsi,.que tes
Princes Electeursquisont les
côlomnes & les arcs-boutans
de l'Empire, soient instruits
& ayent la connoissance de
plusieurs Langues;parce qu'étant
obligez de soulager lEm-'
pereur en ses plus importantes
affaires; il est necessaire
qu'ils entendent plusieurspersonnes
, & que reciproquement
ils se puissent faire entendre
à plusieurs.
2. C'est pourquoy Nous
ordonnons que les Fils ou Heritiers
& Successeurs des Illustres
Princes Electeurs; ravoir
du Roy de Bohême, du
Comte Palatin du Rhin, du
Duc de Saxe, & duMarquis
de Brandebourg, qui sçavent
apparemment la Langue Allemande,
parcequ'ils ta. doivent
avoir apprise.dés leur ensance
; estant parvenus à l'à..
ge de sept ans,se fassentinstruire
aux Langues Latines,
Italienne & Esclavonne : en
telle sorte qu'ayant atteint la
quatorzième annéede leurâge,
ils y soient sçavans, selon
le talent que Dieu leur en au.
ra-donné : ce que Nous ne
jugeons pas feulement utile;,
mais aussi necessaire, à eause
que l'usage de ces Langues
est fort ordinaire dans l'Empire
pour le maniement de ses
plus importantes affaires.
; §. 3. Nous laissons toutefois
à l'option des Peres le particulier
de cette Instruction;en
forte qu'ildépendra d'eux
d'envoyer leur fils ou les Tarens
qu'ils jugeront leur devoir
apparemment succéder
en l'Eledorat, aux lieux où
ils pourront apprendre commodément
ces Langues, ou
de leur donner dans leurs
Maison des Précepteurs &: de
jeunes Camarades, par l'inftruétion
8c la conversation desquels ils puissent s'instruire
dans ces Langues.
Fin.
De l'ordre de la Marche des
FrincesELetteurs,dr parqui
sont portées les Marques honoraires.
pOur déclarer le rangquel
les Princes Electeurs doivent
tenir en marchant avec
l'Empereur ou avec le Roi
desRomains en public & erL
cérémonie, & dont nous
avons ci- dessus fait mention,
Nous ordonnons que toutes
les fois que pendant la tenuë
d'une Diete Imperiale, il
faudra que les Princes Electeurs
marchent processionnellement
avec l'Empereur au le
Roi des Romains, en quelques
actionsou solemnitez
que cesoit, & qu'ils y portent
les Ornemens Impériaux ou
Royalix; le Duc de Saxe portant
FEpee Imperiale ou
Royale, marchera immédiatement
devant l'Empereur,
étant au milieu entre luy &
l'Electeur de Trêves ; ledit
Electeur de Saxe aura à sa
droite le Comte Palatin du
Rhin, qui portera le Globe
ou la Pomme Imperiale, &à
sa gauche le Marquis de
Brandebourg
, portant le
Sceptre, tous trois marchant
de front: le. Roi de Boheme
suivra immédiatementl'EmpereurouleRoides
Romains;
sans que personne marche entre
l'Empereur ou ledit Roi
&lui.
ARTIClE XXIII.
DesBénédictions des Archevesques
en lapresence de1•'*-
,,.lT'Empereur. Outes les fois qu'on
celébrera en solemnité
la Méfie devant l'Empeteur
ou le Roy des Romains,
,U que les Archevesques de
Mayence, de Tréves & de
Cologne; ou deux d'entre eux s'y trouveront presens, on
observeraàla confession qui
se dità l'entrée de la Messe,
au baisen de l'Evangile & de
la Paix qu'on presente après
(Ag":/tsDei,& même aux Bénédictions
qui se donnent à la fin
de la Méfie
,
&: à celles qui
se font à l'entrée de table &
aux graces quife rendent après
le repas, cet ordre que Nous
avons estimé à propos d'y étatablir,
de leur avis & consentement;
qui est que le premier
aura cet honneur le premier
jour; le second, le second
jour; & le troisiéme, le
t,roin2e.m.e jour. Nousdéclarons en ce
cas, que l'ordre de la primauté
ou posteriorité entre
les Archevesques, doit estre
dreeglé sur l'ordre & le temps leur consecration. Et afin
qu'ils se préviennent les uns
les autres par des témoignages
d'honneur &de déference,
& que leur exemple oblige
les autres à s'honorer mutuellement,
Nous desirons que celui
que cet ordre, touchant
les choses susdites, regardera
le premier
,
fasse à ses Collegues
une civilité & une honnêteté
charitable pour les inviteràprendre
cet honneur, &
qu'après cela il procèdeaux
choses susdites, ou à quelqu'une
d'elles.
ARTICLE XXIV.
Les Loix suisantes ont ejlè
publiées en la Diete de Metz
lejour de Noël, l'an 13r6.
Par Charles IV.Empereur des
Romains toujours Auguste,
.RoydiBobeme,affiflédetous
les PÍinces Electeurs du Saint
Empire en presence du Vénérable
Pere en Dieu le Seigneur
Théodorique Evêque d'Albe,
Cardinal de la sainte Eglise
Romaine>& de CharlesFils
aîné du Roy de France, Illustre
Duc de Normandie, &
Dauphin de Viennois.
S.J. SI quelqu'un estoit
entrédans quelque
complotcriminel, ou auroit
fait ferment ou promesse de
s'y engager avec les Princes
& Gentilshommes, ou avec des Particuliers &: autres
Personnnes quelconques
mêmes roturieres, pour attenter
à la vie des Reverends
& Illustres Princes Electeurs
du saint Empire Romain,
tant Ecclesiastiques que Seculiers,
ou de quelqu'un d'eux,
qu'il périsse par le glaive, &:
que tous ses biens soient
confisquez comme criminel de
leze.Majesté ; car ils sont
partie de nostre Corps: Et en
ces rencontres les Loix punissent
lavolontéaveclamême
severité que le crime mesme.
Et bien qu'il fût juste que les
fils d'un tel parricide moururentd'une
pareille more)
parce que l'on en peut appréhender
les mêmes exemples;
néanmoins par une bonté
particuliére
,
Nous leur donnons
la vie: Mais Nous voulons
qu'ils soient fruftrez de
la succession maternelle ou
ayeule, comme aussi de tout
les biens qu'ils pouroient esperer
par droit d'heredité &
de succession, ou par testament
de leurs autres parens &.
amis; afin qu'étant toujours
pauvres & necessiteux, l'infamie
de leur pere les accompagne
toûjours;qu'ils ne puissent
jamais parvenir à aucun
honneur & Dignité, même à
celles qui sont conferées par
l'Eglise; & qu'ilssoient re-@
duits à telle extremité, qu'ils
languissent dans une necessité
continuelle
,
& trouvent par
ce moyen leur soulagement
dans la mort &: leur supplice
dans la vie. Nous voulons aussi
que ceux qui oseront intercéder
pour telles sortes de gens,
soient notez d'une infamie
perpetuelle.
§. 2. Pour ce qui est des
filles de ces criminels ,en
quelque nombre qu'elles
puissent estre
,
Nous ordonnons
qu'elles prennentla falcidie
ou la quatriéme partie
en la successionde leur mere,
foit qu'elle ait fait testament
ou non; afin qu'elles ayent plûcôc:
une médiocre nourriture
de fille, qu'un entier avantage
ou nom d'heritieres.Car
en effet la Sentence doit être
d'autant plus moderée à leur
égard, que nous sommes perfuadez
que la foiblesse de leur
sexe les empêchera de commettre
des crimes de cette
nature.
§. Déclarons aussi les
émancipations que telles gens
pourroient avoir faites de leur
fils ou de leurs filles, depuis
la publication de la presente
Loi
,
nulles &: de nul effet ;
pareillement Nous déclarons
nulles & de nulle valeur toutes
les constitutionsde dot, donations
& toutes les autres
aliénations qui auront été faites
par fraude
, &. même de
droit,depuis le temps qu'ils
auront commencé à faire le
premier projet de ces conspirations
&: complot. Si les
femmes ayant retiré leur dot
se trouvent en cet état, que
ce qu'elles auront reçu de
leurs maris à titre de donations,
elles le doiventreserver
à leurs fils, lorsquel'usufruit
n'aura plus lieu;qu'ellesçachent
que toutes ces choses,
qui selon la Loi devroient
retourner aux fils, seront appliquées
à nostre Fisc, à la
reserve de la falcidie ou quatriéme
qui en fera prise pour
les filles, & n n pour les fils.
§. 4. Ce que nous venons
de dire de ces criminels & de
leurs fils,doitaussi estre entendu
de leurs satelites, complices
& ministres, & de
leursfils. Toutefois si aucun
des complices, touché du
desir d'une veritable gloire
découvre la conspiration, en
son commencement, il en recevra
de Nous récompense
& honneur: Mais pour cel ui
qui aura eu part à ces conspirations
&: ne les aura revelées
que bien tard, avant
néanmoinsqu'elles ayent été
découvertes, il fera estimé
digne feulement d'absolution
&: du pardon de son crime.
§. 5. Nous ordonnons aussi,
que s'il est revelé quelque
attentat commis contre lesdits
Princes Electeurs Ecclesiastiques
ou Seculiers, l'on
puissemême après la mort
du coupable poursuivre de
nouveau la punition de ce
crime. ,-
§. 6.De même,l'on pourra
pour ce crime de leze-Majesté,
à l'égard deidics Princes
Electeurs, donner la question
aux serviteurs du Maître
qui aura été accusé.
- §.7. Ordonnons deplus
par ce presentEdit Imperial,
& voulons que même après
la mort du coupable l'on
puisse commencer à informer
contre lui,afin quele
crime, étant * averé, sa mémoire
puisse estre condamnée
&: ses biens confisquez.
Car dés là que quelqu'un a
formé le dessein d'uncrime
détestable,il en est en quelque
façon coupable & bourrelé
en son ame.
$. 8. C'estpourquoy, dés
que quelqu'un se trouvera
coupable d'untel attentat
Nous voulons qu'il ne puisse
plus ni vendre, ni aliener, ni
donner la liberté à ses esclaves,
& mêmequ'on ne lui
puissepluspayer ce qui lui
estdû.
§.9.Pareillement ordonnons
qu'à ce sujet on applique
à laquestion les serviteurs
du criminels c'est-à-dire,
pour le crime ducomplot détestable
fait contre les Princes
Electeurs Ecclesiastiques
'&. Seculiers.
§. 10. Et si quelqu'unde
ces criminels meurt pendant
l'instruction du Procez, Nous
voulons que ses biens, à cause
qu'on est encore incertain
qui en fera leSuccesseur,
soient mis entre les mains de
la Justice.
ARTICLE XXV.
De la conservation des Princi»
pautez, des Electeurs en
leurentier. sS'Il est expedient que toutes
Principautez soient
conservées en leur entier, afin
que la Justice s'affermisse, &
que les bons & fideles Sujets
jouissentd'un parfait repos
d'une paix profonde ;il est
encore ,
sans comparaison beaucoup plus juste queles,
grandes Principautez, Domaines
,
Honneurs & Droits
des Princes Electeurs
,
demeurent
aussi en leur entier;
car là où lepéril est leplus à
craindre
,
c'est là ou il faut
user de plus grandes précaurions
de peur que les colomnesVenant
à manquer 3 toute le bâtiment ne tombe
en ruine.
§. I. Nous voulons donc &
or donnons parcet Edit Imperial
perpetuel, qu'à l'avenir
&à perpétuité les grandes
& magnifiques Principatitez
,
tellesque sont le Royau-
me de Bohême , la Comtç,
Palatine du Rhin,la Duché
de Saxe & le Marquisat de
Brandebourg,leurs Terres
Jurisdictions , , Hommages &
Vasselages, avec leurs appartenances
& dépendances, ne
puissent estre partagées
,
diviséesoudémembrées
en
quelque façon que ce soit ;
mais qu'elles demeurent à
perpétuité unies &: conservées
en leur entier. ,:.
§. 2. Que le Fils aîné y
succéde,& que tout le Domaine&
tout le Droit appartienne
à luy seul ; si cen'est
qu'il soit insensé,ou qu'il ait
tel autre grand &: notable
défaut qui l'empêche absolument
de gouverner; auquel
cas la successionluy estanc
défenduë
,
Nous voulons que
le fécond Fils, s'il y en a un
en la même ligne, y foit appellé
; sinon l'aîné des Frères
ou Parens paternelslaïque
qui se trouvera estre le plus
proche en ligne directe &:
masculine: lequel toutefois
fera tenu de donner des preuves
continuelles de sa bonté
& liberalité envers ses autres
Frères ôc Soeurs, contribuant
à leur subsistance selon la
grace qu'il aura reçue de
Dieu, & selon la bonne vo- lonté& facultez de son
patrimoine; lui défendant
expressément tout partage, division&démembrement
des Principautez,&: de leurs
appartenances ôc dépendances,
en quelque façon que
ce puisse être.
ARTICLE XXV-I.,,-
De la Cour Impériale desa
séance. , I.LE jour que l'EmpereurouleRoides
Romains voudra tenir folemnellement
sa Cour, les Princes
Electeurs tant Ecclesiastiques
que Seculiers, se renfdront
à une heure ou environ,
au logis de la demeure
Impériale ou Royale,ou
l'Empereur ou le Roi, étant
revêtu de tous lesOrneniens
Impériaux monteraachevai,
avectous les Princes Electeurs
qui l'accompagneront
jusqu'au lieu préparé pour
la Séance chacun en l'ordre
& en la maniéré qui a été cidessusprescrite
, &: inserée
dans l'Ordonnance qui regle
les marches des mêmes Princes
Eleaeurs.
2. L'Archichancelier dansl'Archichancellariat
duquel
la Cour Impériale se tiendra,
portera aussi au bout d'un Bâton
d'argent tous les Sceaux'
Impériaux ou Royaux.
§. 3. Mais les Princes Electeurs
Seculiers porteront le
Septre
,
la Pomme & l'Epée
,
en la nlanie-re qui a été dite
ci
-
dessus.
§. 4.Quelques autres Prill
ces inférieurs qui feront dé
putez par l'Empereur &: à
son choix, porteront immédiatement
devant l'Archevesque
de Trevesmarchant eJt.,
son rang, premièrement la
Couronne d'Aix-la-Chapelle:,
& en secondlieu, celle de
Milan: Ce qui ne se pratiquera
feulement que devant
l'Empereur, orné de la Couronne
Impériale.
§. L'Imperatrice aussi, ou,
la Reine des Romains, étant
revêtue des Habits & Orne.
mens de Ceremonie, marchera
après le Roi ou l'Empereur
des Romains, &: auiïi
après le Roi de Boheme , qui
fuit immédiatement l'Emper
reur ,mais çloignécd'unçù.
pace compétant, & accom
pagnée de ses principaux Officiers
&: de ses Filles d'Honneur
¡& ce jusques au lieu de
la Séance.
ARTICLE XXVII.
Des Fondions des Princes Electeurs
dans les rencontres oh
lesEmpereurs oit. Rois des Romains
tiennent folemnellement
leur Cour. NOus ordonnons que
toutes les fois que l'Elnpereur
ou le Roi des Romains
voudra tenir solemnellement
sa Cour, &: où Ice
PrincesEle&enrs ferontobjigèt
de faireles Ponctions de,
leurs Charges,on observe eiv
cela l'ordre suivant.-
§. i.Premièrement,TEm-,
pereurou le Roides Roi-riainsf,-
étant assis en sa Chaire Roya-r
le, ou sur le TrôneImpérialv
le Duc de Saxe fera sa ChaiM
ge en la maniéré que nous;
allons dire. On mettra d-,
vàntle Logis de la Séance
Imperiale ou Royale, un tas
d'Avoine, de telle hauceuf)
qu'il aille jusqu'au poitrai"
ou juf ues à la Telle du cheval
sur lequel le Duc fera.,
monté;: & le Duc ayant en'
ses mai ns un Bâton d'argent
& une Mesure aussi d'argent,>
qui peseront ensemble douze,
Marcs d'argnt.'& étant ï;
cheval- remplira la' mesure
d'avoine & la donnerar' au
premier Palfrenier qu'il ren-'
contrera. Apres quoi, fichant
le Bâton dans l'avoine, il se
retirera; & son Vice-Maréchal
, sçavoir de Pappenheim,
s'approchant, ou lui
absent, le Mareschal de la
1Cour,Jpaermvettroa leipinllagee d.e
§.i Dés que l'Empereur
ou le Roi des Romains se fera
mis à table, les Princes Electeurs
Ecclesiastiques, c'est-à-,
dire les Archevêques, étant'
debout devant la table avec
les autres Prelats, la beniront
suivant l'ordre qui a été
ci- dessus par Nous prescrit.
La Bénédiction étant faite,
les
les mêmes Archevêques, s'ilt
font tous presens, ou bien
deux, ou un d'entr'eux, pren*
,dront les Sceaux Impériaux
ou Roïaux des mains du Chancelier
de la Cour;& l'Archevesque
dans lArchichancellariat
duquel la Cour se tiendra,
marchant au milieu des
deux autres Archevesques qui
feront à ses cotez,tenant avec
lui le Bâton d'argent où les
Sceaux feront suspendus
; tous
trois les porteront ainli, &
les mettront avec rcfpctt lui?
la Table devant l'Empereur
ou le Roy. Mais l'Empereur
cru le Roiles leur rendra auflktost
: Et celui dans l'Archichancellariat
duquell%Cerémonies
se feront, comml a
vçté dit, pendra à Ton col le
plus grand Sceau, & le portera
ainsi durant tout le Difner
& apiés, jusquesà ce qu'il
foit retourné à cheval du Pa-
Jais à son Logis. Or le Bâton
dont nous venons de parler,
doit estre d'argent, du poids
-de douze marcs; & les trois
Archevesques doivent payer
chacun le tiers, tant du poids
de l'argent que du prix de
la façon. Le Baston & les
Sceaux demeureront au Chancellier
de la Cour, qui en fera
ce qu'il lui plaira; & c'est
pourquoi aussi-tofi: que celui
des Archevesques auquel il
aura appartenu de porter le
plus grand Sceau au col, depuis
le-Palais jusqu'à son Logis
( comme il a été dit )y
sera arrivé) il renvoyera par
quelqu'un deses Domestiques
audit Chancelier de la. Cour
Imperiale,ledit Sceau sur le
même cheval; & l'Archevefque,
selon la décence desa
propre Dignité & l'amitié
qu'il portera audit Chancelier
de la Cour, fera tenu
de lui donner aussi le cheval.
§. 3. Ensuite le Marquis
de Brandebourg viendra à
cheval, ayant en ses mains un
Bassin &: une Aiguière d'Argent
, du poids de douze
marcs, avec de l'eau & une
belle Serviette. En mettant
pied à terre, il donnera à laver
au Seigneur Empereur
ou au Roi des Romains.
<§.A. Le Comte Palatin du
Rhin entrera de mesme à
Cheval, portant quatre Plats
d'argent remplis deViande,
chaque Plat du poids de trois
marcs; & ayant mis pied à
terre, mettra les Plats sur la
Table devant l'Empereur ou
Roi des Romains.
§,f. Aprés eux viendra
le Roi de Boheme, Archi-
Echanson, étant aussi à Cheval,
& tenant à la main une
Coupe ou Gobelet d'argent
du poids de douze marcs.
couvert tic plein de Vin &
d'eau;& ayant mis pied à
terre, presentera à boire à
l'Empereurou au -
Roi des
Romains.
§. 6. Nousordonnonsaussi,
quesuivant ce quia éç
ptac'iquéjufql'ici),lesPrin
ces Electeurs Seculiersayantfait
leuts Charges, le Vice-
Chambellan de Falkenstein
ait le Cheval , le Bassin &
l'Aiguiére du Marquis de
Brandebourg: le Maistre de
Cuisine de Norteniberg, le
Cheval &: les plats du Comte
Palatin du Rhin; le Vice-
Echanson de Limbourg, le
Cheval &le Gobelet du Roy
de Bohême ; & le Vice-
Marêchal de Pappenheim, le Cheval,le Bâton& la Mesure
du Duc de Saxe. Bien
entendu que c'est en cas que
ces Officiers se trouventen
Personne à la Cour Imperiale
ou Royale, &: y fassent les
Fonctions de leurs Charges:
Autrement
,
& siis sont tous
absens ou quelques-uns d'eux,
alors les Officiers ordinaires
de l'Empereur ou du Roy des
Romains serviront au lieu
des Absens, chacun en sa
Charge; & comme ils en
feront les fonctions
,
aussi
joyiront-ils des émolunens;
ARTICLE XXVIIL
Des Tables Impériales &
Electorales. ;I'LA Table Imperiale
ou Royale doitestre
disposée en forte qu'elle soit
plus haute de six pieds que
lesautres Tables de la Salle ;
& aux jours des Affciiiblée%
solemnelles personne ne s'y
mettra que l'Empereur ou le
Roy des Romains seul.
§. 2. Et même la Place ôâ
la Table de l'Impératrice ou
Reineseradressée à côté,&
plusbaffe de trois pieds que
celle de l'Empereur ou Roy
des Romains;mais plus haute
quecelle des Electeurs aussi
de trois pieds. Pour les Tables
& places des Princes
Electeurs
, on les dressera
toutes d'une même hauteur.
§. 3. On dressera sept Tables
pour les sept Elecceun
Ecclesiastiques & Seculiers,
au bas de la Table Impériale,
sçavoir trois du côté droit ,
&trois autres du côté gauche
& la septiéme vis-à-vis de
l'Empereur ou Roy des Romains
,
dans le même ordre
que nous avons dit icy à l'Article
des Séances & du Rang
des Princes Elctlcurs ; en
forte que Personne, de quelque
qualité & condition qu'elle
foit
, ne se puisse mettre
entre deux ou à leurs Tables.
§. 4. Il ne sera permis à
aucun des susdits Princes Electeurs
Seculiers qui aura raie
sa Charge, de s'aller mettre
à la Table qui luy aura esté
preparée
, que tous les autres
Electeurs les Collegues
n'ayent fait aussi leurs Charges
mais que dés que quelqu'un
d'eux ou quelqu'uns auroit
fait la leur, ils se retireront
auprès de leur Table, &: se
tiendront làdebout, jusqu'à
ce que tous les autres ayent
achevé les Fondions susdites
de leurs Charges; &: alors ils
s'assoiront tous en même
temps,chacun à sa Table. §. 5. Dautant que nous
prouvons par les Relations
tres-certaines& par des Tradirions
si anciennes qu'il n'y a
point de memoirede contraire,
qu'il a été de tout temps
heureusement observé, que
l'éledion du Roy des Romains
futur Empereur se doit faire
en la Ville de Francfort, & le
Couronnement à Aix-la-C ha
- pelle, &que l'Elû Empereur
doit tenir sa premiere Cour
Royale à Nuremberg
-,
c'est
pourquoy Nous voulons, par
plusieurs raisons, qu'il en soit
usé de même à l'avenir;si co
n'est qu'il y ait empêchement
legitimé.
§. 6. Toutes les fois que
quelque Electeur Ecclesiastique
ou Seculier qui aura esté
appelle à la Cour Imperiale,
ne pourra pour quelque raison
legitime s'y trouver en Personlie
,
&: qu'il yenvoyera un Ambassadeur
ou Deputé; cet Ambaffadeur
,
de quelque condition
ou qualité qu'il soit ;,
quoi qu'en vertu de son pouvoir
il doiveestre admis en la
place de celuyqu'ilreprefente,
ne se mettra pas à la Table
quel'on aura destinée pour celuy
qui l'aura envoyé.
b-,~ Enfin toutes les Ceremonies
de cette Cour Imperiale
estant achevées
, tout l'échaffaut
ou Bâtiment de bois qui
aura esté fait pour la Seance &
pour les Tables de l'Empereur
ou Roy des Romains,& des
Princes Electeursassemblez
pour ces Ceremonies solemnelles,
oupour donner l'Investiture
des Fiefs, appartiendraauMaistred'Hôtel.
ARTICLEXXIX,
Des Droits des officiers, lorsque
les Princes font Hommage
de leurs Fiefs à l'Empereurou
au Roydes Romains,
§.1.ORdonnons par le
present Edit Imperial,
que lorsque les Princes
Electeurs, tant Ecclesiastiques
que Seculiers,recevrontlenrs
Fiefs 011 Droits Souverains
des mains de l'Empereur ouJ
du Roy des Romains
,
ils ne
soient point obligez de payer
ou de donner aucune choseà
qui que se foit: Car comme
l'argent que l'on paye sousce
pretexte en:du aux Officiers,
& que les Princes Electeurs
ont la Superiorité sur tous les
Officiers de la Cour Impériale
, ayant même en ces fortes
d'Offices leurs Substituts étaablis
& gagezà cet eiFet par
les Empereurs, il feroit absurde
que des Officiers substituez
demandaient de l'argent
ou des«Presens à leurs
Supcrieurs; si ce n'est que
lesdits Princes Electeurs leus
veuillent donner quelque
chosede leur propre volonré
& libéralité.•
§. 2. Mais les autres Prin-
"#s de l'Empire, tant EccleSadiquesqueSéculiers,
en
recevant leurs Fiefs,comme
nous venons de dire, de l'Empereur
ou du Roy des Romains,
donneront aux Officiers
de la Cour Imperiale ou
Royale , ,chacun soixante-trois
marcs 5cun quart d'argent;
si ce n'est que quelqu'un d'eux
pûtverifier sonexemption,&
faire voir que par privilege
Impérial ou Royal il foit dispensé
de payer laditesomme
, & tous les autrès droits que
l'on a accoutumé de payer
quand on prend l'Invefiiture;
&. ce fera le Maistre d'Hostel
de l'Empereurou du Roydes
Romains qui fera le partage
de ladite somme de soixantetrois
marcs & un quart d'ar.
gent, enla manière quisuit.
Premièrement, il en prendra
dixmarcs pour lui; Il en
donnera autant au Chancelier
de l'Empereurou du Roi
des Romains ; aux Secrétaires
, Nottaires & Dicteurs
trois marcs ;& à celui qui
scelle
, pour la cire & le parchemin
,unquart; sans quele
C hancelier&les Secretaires
soient tenus de donner pour
cela autre chose, sinon un
Certificat du Fief reçû ou de
sîmples Lettres d'Investiture.
Semblablement, le Maistred'Hostel
donnera de ladite
somme dix marcs à l'Echanson
de Limbourg ; dix aux
Vice - Marêchal de Pappenheim
,
&dix auVice-Chambellan
de Falkenstein ; pourvu
qu'ils se trouvent en personne
à ces Investitures, ôc
qu'ils y fartent les Fondions
de leurs Charges; autrement
&: en leur absence
,
les Officiers
de la Cour de l' Empereur
ou du Roi des Romains
qui feront la Charge des Absens
, & qui enauront eu la
peine, en recevront aussi le
profit.& les émolumens
§. 3. Mais lorsquele Prince
monté sur un Cheval ou toute
autre Bête, recevra l'Investiture
deses Fiefsde l'Empereur
ou du Roi des Romains
, quelque foit cette Bête,
elleappartiendra au grand
Maréchal ,c'est-à-dirfcauDue
de Saxe, s'il estpresent; sinon
à son Vice-Marêchal de
Pappenheim, &- en son absence
au Marêchal dela Cour de
l'Empereur.
ARTicle XXX.
De ÏInftruftion des Princels
Electeurs aux Langues.
§. I.DAutant que la
Majestédusaint
EmpireRomain doit prc{cri..
re les Loix, & commander
plusieursPeuples de diverses
Nations, moeurs, façons
de faire &: de différentes Langues
; il est Julie, & les plus
Gige le jugent ainsi,.que tes
Princes Electeursquisont les
côlomnes & les arcs-boutans
de l'Empire, soient instruits
& ayent la connoissance de
plusieurs Langues;parce qu'étant
obligez de soulager lEm-'
pereur en ses plus importantes
affaires; il est necessaire
qu'ils entendent plusieurspersonnes
, & que reciproquement
ils se puissent faire entendre
à plusieurs.
2. C'est pourquoy Nous
ordonnons que les Fils ou Heritiers
& Successeurs des Illustres
Princes Electeurs; ravoir
du Roy de Bohême, du
Comte Palatin du Rhin, du
Duc de Saxe, & duMarquis
de Brandebourg, qui sçavent
apparemment la Langue Allemande,
parcequ'ils ta. doivent
avoir apprise.dés leur ensance
; estant parvenus à l'à..
ge de sept ans,se fassentinstruire
aux Langues Latines,
Italienne & Esclavonne : en
telle sorte qu'ayant atteint la
quatorzième annéede leurâge,
ils y soient sçavans, selon
le talent que Dieu leur en au.
ra-donné : ce que Nous ne
jugeons pas feulement utile;,
mais aussi necessaire, à eause
que l'usage de ces Langues
est fort ordinaire dans l'Empire
pour le maniement de ses
plus importantes affaires.
; §. 3. Nous laissons toutefois
à l'option des Peres le particulier
de cette Instruction;en
forte qu'ildépendra d'eux
d'envoyer leur fils ou les Tarens
qu'ils jugeront leur devoir
apparemment succéder
en l'Eledorat, aux lieux où
ils pourront apprendre commodément
ces Langues, ou
de leur donner dans leurs
Maison des Précepteurs &: de
jeunes Camarades, par l'inftruétion
8c la conversation desquels ils puissent s'instruire
dans ces Langues.
Fin.
Fermer
Résumé : Bulle d'Or. [titre d'après la table]
Le texte présente plusieurs articles régissant les cérémonies et les lois du Saint-Empire Romain. L'article XXII décrit l'ordre de marche des Princes Électeurs lors des processions avec l'Empereur ou le Roi des Romains. Le Duc de Saxe porte l'épée impériale et marche devant l'Empereur, flanqué de l'Électeur de Trêves à gauche et du Comte Palatin du Rhin à droite, portant le globe impérial. Le Marquis de Brandebourg, portant le sceptre, complète ce trio. Le Roi de Bohême suit immédiatement l'Empereur sans que personne ne marche entre eux. L'article XXIII régit les bénédictions des archevêques en présence de l'Empereur. Les archevêques de Mayence, Trêves et Cologne se succèdent dans l'ordre de leur consécration pour les bénédictions lors des messes et des repas. L'article XXIV traite des lois contre les complots visant les Princes Électeurs. Toute personne impliquée dans un tel complot est passible de la peine de mort et de la confiscation de ses biens. Les descendants des criminels sont privés de leurs droits successoraux et des honneurs. Les complices peuvent obtenir une récompense s'ils révèlent le complot à temps. L'article XXV stipule que les grandes principautés des Princes Électeurs, telles que le Royaume de Bohême, la Comté Palatine du Rhin, le Duché de Saxe et le Marquisat de Brandebourg, doivent rester indivisibles et être transmises au fils aîné. En cas d'incapacité du fils aîné, la succession passe au frère ou au parent le plus proche. L'article XXVI décrit les cérémonies de la Cour Impériale. Les Princes Électeurs se rendent à la demeure impériale, où l'Empereur, revêtu de ses ornements, monte sur le trône accompagné des Électeurs. L'Archichancelier porte les sceaux impériaux, tandis que les Électeurs séculiers portent le sceptre, la pomme et l'épée. L'Impératrice ou la Reine des Romains suit l'Empereur. L'article XXVII détaille les fonctions des Princes Électeurs lors des cérémonies de la Cour Impériale. Le Duc de Saxe effectue une cérémonie symbolique avec de l'avoine et un bâton d'argent, suivie par son vice-maréchal ou le maréchal de la cour. Les archevêques bénissent la table avant que les Princes Électeurs ne prennent place. Les princes électeurs doivent accomplir leurs charges avant de s'asseoir à leurs tables respectives. La table impériale est la plus élevée, suivie de celle de l'impératrice, puis des tables des électeurs. Les cérémonies se déroulent traditionnellement à Francfort, Aix-la-Chapelle, et Nuremberg. Les princes électeurs ne paient pas pour recevoir leurs fiefs, mais les autres princes doivent verser une somme aux officiers impériaux. Les princes électeurs doivent également être instruits dans plusieurs langues pour mieux gérer les affaires de l'Empire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
15
p. 28-84
SUITE DE L'ABREGÉ de l'Iliade.
Début :
ARGUMENT du quatrième Livre. AVERTISSEMENT. On a mis dans la suite [...]
Mots clefs :
Troyens, Minerve, Grecs, Combat, Courage, Roi, Jupiter, Iliade, Bataille, Armes, Guerre, Dieu, Général, Junon, Javelot, Pandare, Diomède, Ménélas, Corps, Ordres, Char, Nestor, Chefs, Apollon, Fils, Armée, Agamemnon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUITE DE L'ABREGÉ de l'Iliade.
SUITE DE L'ABREGE
de tjÜadc.
ARGUMENT
du quatrième Livre.
AVERTISSEMENT.
On A mis dans la suite de
cet Extrait des cedilles ainsi
marquées",,Ellessignifient
dans les endroits où elles se
trouvent,que. le Poëtey fait
parler ses Heros.
LES Dieux estanc à Table
tiennent conseil sur les
affaires de Troyes, vers
I. 4.
Jupiter raille Junon &
Minerve, de ce que de
grandes Déesses. comme
elles se tiennent à l'écart
t
loin des combats, pendant
que Venus qui n'aime que
les jeux& les plaisirs - accompagne
son favori dans
tous les penIs. Il met en
délibération s'il faut rallumer
la guerre entre les
Troyens & les Grecs, ou
les reconcilier par l'exe-
-
cution du traité qu'ils ont
_aIt,,, 'Vers. 5.
19.
Cette proposicion cause
un violent dépit aux deux
Déesses qui préparoient les
plus grands malheurs aux
Troyens. Minerve dissimule
par prudence. Junon
éclatte, & a déclaré, quelque
resolution que l'on
prenne, qu'elle ne consentira
point à la paix.,,
vers 1o. 2. 9.
Jupiter a reproché à
Junon la cruauté avec laquelle
elle poursuit les
Troyens. Ilseplaintdela
violence qu'e lleluy fait en
le forçant de luy abandonner
une Ville qu'il a honorée
sur toutes les autres.
Il l'avertit qu'en revanche,
si jamais dans sa fureur
il veut détruire quelque
Ville qu'elle ait prise
fous sa protection
,
c'est
inutilement qu'elle voudra
s'y opposer.„ vers 30.49.
Junon luy dit qu'il
peut,quandilvoudra,dit
poser d'Argos, de Mycenes
)
& de Sparte; mais
qu'il n'est pas juste qu'elle
perde le fruit de toutes ses
peines. Que tout puissant
qu'il est, il doit avoir pour
elle des égards & de la
complaisance,puisqu'elle
est sa femme & sa soeur.
Enfin elle luy demande
-
qu'il ordonne à Minerve
de descendre dans l'armée
des Troyens pour les exciter
à enfraindre le fraite.
& à insulter les Grecs.,,
vers 50. 67.
Jupiter donne cet ordre
à Minerve.„La Déesse
descend, & dansla course
rapide elle paroist fous la
forme d'une exhalaison
qui s'allume dans l'air, &
qui se partage en mille
feux. Cesigne qui est veu
dans les deuxarmées est
interprété comme un préfage
ou de la fin ou de la
continuation de la - guerre.
35 vers 68. 85.
Minerve prend la réf.
semblance de Laodocus.
fils d'Antenor. Vatrouver
Pandarus fils de Lycaon.
Luy propose « de tirer une
fleche à Menelas. L'encourage
par la gloire qu'il
aura d'avoir abbattu un si
grand guerrier, & par la
recom pense qu'il doit attendre
de Paris. Elle luy
conseille de s'addreffer auparavant
à Apollon Lycien
pour le prier de diriger
le trait.» vers 86. 103.
L'intense Pandarus se
laisse persuader. Peinture
naïve de l'action de Pandarus,
& desmesuresqu'il
prend pour frapper juste
à son but. (Son arc estoit
fait des cornes d'unechevre
sauvage qu'il avoit tuée
à l'affust; chaque corne
avoit seize paumes, c'està-
dire cinq pieds & quatre
pouces.) Il promet une
Hecatombe à Apollon. Il
tire. Le trait part avec impetuosité,
perce le baudrier
,la cuirasse & la lame
de Menelas; entre dans la
chair sans penetrer bien
avant,(car Minerve avoit
pris foin d'affoiblir le coup,
semblable à une mere qui
voyant dormir son enfant,
détourne une mouche opiniastre
qui voudroit le piquer.)
Le fang qui coule
le longdesjambes de Menejas,
compare à la pourpre
dont une femme de
Meonie a peint l'yvoire le
plus blanc, pour en faire
les boffetes d'un mords qui
fait l'admiration & le desir
des plus braves Cavaliers,
filais qui est destiné pour
un Roy. "vers 104. 119.
Agamemnon est effraié
aussi bien que Menelas.
Menelas reprend courage.
Agamemnon éclate contre
la perfidie des Troyens.
Dit que Jupiter ne la laisfera
pas impunie. Prédit
la ruine deTroye. Il s'attendrit,
& ne peut cacher
à son frere la crainte qu'il
a de le perdre - vers 120.
182.
Menelas lera ssure&le
prie de ne point allarmer
les Grecs. n Agamemnon
luy dit « qu'il faut appeller
un Medecin.» Donne ordre
à Talthybius de faire
venir Machaon fils d'Esculape.
Le Herault obeït.
Trouve Machaon & « luy
parle.» Machaon vient.
Visite la playe, & succe
le sang,& y met un appareil
que le Centaure Chiron
avoit autrefois enseigné
à Esculape. vers 183.
ii9*
Cependant les Troyens
s'avancent en bataille. Les
Grecs reprennent leurs armes
, & ne respirent plus
que lecombat. Agamemnon
laissesonchar à Eurymedon
, avec ordre de ne
le pas tenir trop éloigné.
Il parcourt à pied toute
l'armée. « Anime par ses
discours ceux qu'il trouve
disposez à bien faire».
« Réprimandé les autres,»'
les compare à des faons de
biche Arrive prés de la
Gend'armerie Cretoise, la
trouve en bon estat, Idomenée
à la teste, Merion
à la queue.» IllouëIdomenée,
le fait ressouvenir
que dans toutes les occasions;
à la guerre, dans les
festins, il l'atousjours traité
avec distinction". Idomenée
respond « qu'illuy
fera tousjours fidelle».
Agamemnoncontinue son
chemin. Il trouve les deux
Ajax deja armez au milieu
de leurs bataillons; ( ces
bataillons comparez à des
troupeaux assemblez fous
leur pasteur, qui leur cherche
un asile contre l'orage
qu'il prévoit. ) Agamemnon
louë ces deux chefs,
& leur dit qu'il n'a pas besoin
de les exhorter». Il
passe au quartier du vieux
Nestor. Le trouve qui range
ses trou pes en bataille,
& qui encourage leurs
chefs. Noms de ces chefs.
De quelle manière Nestor
disposoit sa cavalerie &son.
infanterie.« Quels conseils
il donnoit à ses cavaliers
». «Sage vieillard,
dit Agamemnon transporté
de joye, plust aux Dieux
que vos forces respondissent
à vostre grand courage
ge, &c.» Nestor respond
» qu'il n'est plus au temps
où il tua de sa main le vaillant
Ereuthalion; mais que
tout vieux qu'il est on le
verra à la teste de ses ECcadrons,
LXquïl serautile
au moins par ses ordres &
par ses conseils
, que cest
là le partage des vieillards
». Agamemnonavance.
Trouve Peteus fils de
Menefthée & Ulysse qui
ne faisoient aucun mouvement
, parce que le bruit
de ce qui estoit arrivé dans
les deux armées n'estoit pas
encore venu jusqu'à eux-
« Il leur fait de sanglants
reproches de leur inaction
». «Ulyflc respond
avec fierte». Le Roy qui
le voitirrité, change de
ton, &«luy parle obligeamment
». Il poursuit
son chemin.VoitDiomede
sur son char avec Sthelenus
fils de Capancé. Diomedene
donnoit aucun
ordre pour le combat. Agamemnon
cc
luy reproche
d'avoir degeneré dela
vertu de son pere Tydée,
luy rappelle une occasion
d'éclat, ou Tydée signala
son courage contre les
Thebains». Diomede par
respect pour le Roy ne respond
rien.Sthelenus prend
la parole & dit(( qu'ils ne
meritent ny l'unny l'autre
ie reproche qu'on leur fait,
se piquent tous deux avec
raison d'estre plus braves
encore que leur pere».
Diomede represente à
Sthelcnus que le Roy qui a
le principal interest à tout
ce qui se passe, est en droit
de leur parler comme il
fait.„ Diomede en mef-
1
me temps faute de dessus
son char. - "veys 421. 419.
On voit marcher au
combat les nonbreufes
Phalanges des Grecs, semblables
à des flots amoncelez
par les vents. Elles
suivent leurschefs dans un
profond filen-ce, pour entendre
leurs ordres. Ilsemble
3
dit le Poëre, que cette
multitude innombrable de peuples
n'ait point de njoïx. Les
Troyens au contraire,
comme des brebis qui bêlent
dans un grand patu-
Tage, sont un bruit confus
qui resulte du mélange de
leurs voix & de la diversité
des langues de toure sorte
de peuples qui forment
leurarmée, vers411.438.
Les Troyens sont animez
par le Dieu Mars, &
les Grecs par la Déesse Minerve.
Ces deux Divinitez
font suivies de la Terreur,
de la Fuite & de l'insatiable
Discorde, Image poëtique
de la Discorde. Son
progrez. Ses effets. vers
43""45.
Les deux armées se joignent
J
& en viennent aux
mains. Description de leur
choc. Le bruit des guerriers
comparé à celuy que
font d'impetueux torrens
grossis par les pluyes. vers
446, 456.
Antiloque le premier tuë
Echepolus,un des plus braves
Troyens. Elephenor
General des Abantes, voulant
le dépouiller de ses
armes,est rué par Agenor.
Il se fait en cet endroit
une cruelle boucherie des
Grecs & des Troyens qui
se jettent les uns sur les autres
comme des loups affaniez.
Simoïsius (ainsi nom.
me parce que Ía mere accoucha
de luy sur les rives
du Simoïs) est tué à la fleur
de son âge par Ajax fils
de Telamon. Il tombe sur
la poussiere comme un jeune
peuplier abbattu par le
fer d'une coignée. Antiphus
un des filsdePriam,
veut venger la mort deSimoïsius.
illance son javelot
contre Ajax; mais il
rencontre au lieu de luy
Leucus compagnond'Ulysse.
Leucus tombe sur le
corps de Simoïssus qu'il entraisnoit.
Ulysseaffligéde
cette perte, s'approche des
Troyens d'un air terrible.
Regarde autour de luy
pour chercher sa victime.
Il lance son dard. Les
Troyens effrayez se retirent
en desordre. Le javelot
va frapper Democoon
fils naturel de Priam, &
lerenverse mort. Les Troyens
reculent. Hectorluymesmeestépouventé.
Les
Grecs enflez de ces avanta
ges vont chercher les
corps morts jusqu'au milieu
de la meslée pour les
entraisner.
entraisner. Apollon irrité
de leur audace se fait entendre
aux Troyens du
hautde la forteressed'Ilion,
les exhorte & les encourage
; leur represente sur
tout qu'Achille ne combat
point„. Minerve de son
colté anime les Grecs. Pi-,
roüs General des Thraces
tuë Diorés chefdes Epéens
aprés l'avoir blessé d'un
coup de pierre. Thoas General
des Etoliens lance
son javelot contre Piroiis,
& l'acheve de son épée. Ils
vont le dépoüiller de fe$
armes, mais il en est empesché
par les Thraces qui
tombent sur luy à coups
de piques,& l'obligent de
seretirer. vers 457. 539.
-
Homere parle des ex-
FJqics de cette journée
comme d'un grand sujet
d'admiration pour un homme
que Minerve auroic
conduit par la main, & à
qui elle auroit fait parcourir
sans danger tous les endroits
de la bataille. Il auroit
veu les Troyens&les
Grecs estendus les uns prés
des autres à la mesme place
où ils avoient combat-
EU. vers544.
AKGVMENT
du cinquièmeLivre.
La jour de cette action
Minerve augmente le courage
deDiomede. Deson
calque & de son bouclier
forcoitcontinuellementun
fçjXrfemblable à celuy de
Veftoitle qui paroistà lafin
àçl'Eflre'.LaDéessè pousse
ÇÇignprr-ier au milieu dela ~n~~ j, vers 1. 8.
o.
~~q~Phesep tous deux
fils de Darés Sacrificateur
deVulcain,poussent leur
char contreDiomede qui
estoit à pied. Phegée le
premier lance ion dard
contre luy sans le blesser.
Diomede le perce de son
javelot
, ôc l'estend mort
surla place. Idée n'ayant
pas le courage de sauver
le corps de son frere, prend
la suite. Vulcain le couvre
d'un nuage & le dérobe
aux poursuites de Diomede
j pour épargner àDarés
le chagrin de perdre Ces
deui filsenun jour. Diomede
fait emmener leurs
chevaux. Les Troyens
commencent à plier. Minerve
pour augmenter leur
desordre,ditàMars«qu'il
faut laisser combattre les
Troyens & les Grecs, &
ne plus resister aux ordres
de Ju piter.„ Elle le retire
du combat, & le fait repofer
sur les rives du Scamandre.
Les Grecs enfoncent
lesTroyens. * a/fw9.37,
Odius chef des Alizoniens
est tué par Agamenvnon.
Phestus par Idomenée.
Scamandrius par Me.
nelas. (Ce Scamandrius
estoit fort entendu dans
tout ce qui concerne la
charte, & avoit esté instruit
par Minerve.) Phereclus
est tué par Merion.
( Phereclus fils d'un habile
charpentier, avoir bâti les
vaisseaux que Pâris mena
en Grece.) Pedée fils naturel
d'Antenor
,
est tué
par Megés. Eurypile blesse
Hypsenor.(Hypsenorestoit
filsde Dolophionqui
estoit Sacrificateur du Scamandre.)
rUers Î7- 83-
Idomenéesemblable à
un fleuve, qui dans ion débordement
emporte tout
ce qui s'oppose à son passage,
renverse les barait.
lons des Troyens;rien ne
luy resiste. vers 85. 94.
Pandarus, pour arrester
son audace, luy tire une
flèche qui luy traverse l'épaule
droite, & croyant
l'avoir blessé mortellement
il s'en glorifie,,, Sthele*-
jius, ( à la prière deDiomede
) luy oste cette fléche.
Diomede prie Pallas
<c de luy prester son secours
pour se venger de
Pandarus
5
& le punir de
son orguëll.,,Pallas l'exauce.
Luy redonne toutes
ses forces & route sa
legereté.Elle luy dit,
qu'il peut aller hardiment
contre les Troyens;qu'elle
a dissipé le nuage qui
l'auroit empesché de discerner
les Dieux d'avec les
hommes
:
qu'il se garde
bien de combattre contre
les Immortels, si ce n'est
contre Venus sur qui elle
luy permet de tirer.„
vers 95. 132.
Minerve se retire. Diomede
qui se sent trois fois
plus fort qu'à l'ordinaire,
se jette au milieu des ennemis.
Est comparé à un
lion qu'un berger ablesse,
& qui devenu plus furieux;
se lance sur les brebis effrayées
qui se tapissent les
unes fous les autres pendant
que le berger se cache.
Diomedetuë d'abord
Astynoüs & Hypenor.
Ensuite Abas & Poluïde,
tous deux fils du vieux Eurydamas
qui estoit Interprete
des songes. Il marcheversThoon
&Xanthe
enfans de Phenops,prive
ce pere malheureux de ses
deux filsàla fois, &luy
laisse la douleur de voir que
sa successiondoitpassèrà
des collateraux esloignez.
Diomede., comme un lion
qui se jette surun troupeau
de boeufs, tombe encore surEchemon & Chromius
enfans de Priam, les préçipite
de leur char ,les dépoüille
de leurs armes, &
prend leurs chevaux.vers
133. 16s.
Enée qui voit tous ces
ravages, cherche Pandarus
a travers les picqucs &
les javelots. Ille joint de
l'exhorte à se servir encore
deson arc& de ses
traitscontre un homme
qui cause tant de defor-
-.
dres
, ( si ce n'est que ce
guerrier dangereux soit
quelqu'un des Immortels
irrité contre lesi Grecs) ,,.
Pandarus respond qu4»I
croit reconnoistreDiomede
à sa raille & à ses armes*
Que si ce guerrier n'est pas
un Dieu,aumoinsDiomede
ne peut faire tant de
prodiges sans le secours
d'une Divinité toute puisfante.
Se repent d'avoir
laissé chez luy, contre l'avis
de son pere, onze chars
inutiles par la crainte que
ses chevaux ne souffrissent
trop dans une ville affiegée.
Se plaintd'avoir desjablessé
deux des plusvaillans
hommes, sans autre
effet que de les avoir rendus
plus furieux. Jure que
s'il revoit sa patrie, il commencera
par bruler cet
arc & ces fléches qui l'ont
si mal servi.,, Enée luy
dit cC de monter sur son
char qui est tiré par cTcxcellens
chevaux, & luy
laisse le choix ou de tenir
les resnes, ou de combattre
contre Diomede. 9%
Pandarustc conseille à Enée
de conduire luy -
mesme
ses chevaux qui connoissent
savoix & sa main;
que pourluy il recevra
Diomede avec sa lance.
Ils montent tous deux sur
le char,& vont à toute
bride contre Diomede
(quiestà pied.) Sthelenus
qtuiitles voit venir, en aver- Diomede,&" luy conseille
de les éviter.,, Diomede
'c respond qu'il n'est
pas capable de fuir, & que
ces deuxennemis si redoutables
ne retournerons
point àTroye ;luy recommande
seulement dem*
mener les chevaux d'Eiree
aussitost qu'il fera vaincu; les chevaux d'Enée ef.,
toient de la race de ceux
dont Jupiter fit presentà
Tros. ),., 0tvers16(3.zyj,
Pandarus & Enée sont
en presence. de Diomede;
Pandarus-ile, premierdità
Diomede qu'iln'a peule
vaincre avec sa fléche,
mais qu'il fera peutestre
plus heureux avec son javelot.„
En mesme temps
il lance son dard qui perce
le bouclier jusqu'à la cuirasse.
Pandarus~s'écrie~
glorieux decesuccez. Diomede
luy dit qu'il a manqué
son coup. Le frappe
de son javelot que Minerve
conduisoit
, & qui traverse
depuis l'oeil jusqu'à
la gorge. Pandarus tombe
de son char. Enée se met
en devoir de deffendre: le
corps de sonamy. Diomede
prend une grosse pierre,
telle que deux hommes à
- peinel'auroient peu lever.
Il l'a jette contre Enée, &
luy brife la cuisse. Enée
tombe sur ces genoux &
s'affoiblit. Venus le prend
entre ses bras, le couvre
de sa robe, & l'emporte.
Sthelenus, qui se souvient
des ordres de Diomede 9
prend les chevaux d'Enée
les emmeine, les remetà
son amy Deïphilus, & va
rejoindre Diomede. Diomede
,qui a reconnu Venus
,
la poursuit avec un
-
dard
dard,&la blesse à la main.
Le fang immortel coule de
sa playe. Le fang desDieux
different de celuy des hommes,
& pourquoy.Venus
laisse tomber Enée,Apollon
le releve, le couvre
d'un nuage & l'emporte,
Diomede parle en termes
picquans à Venus qui se
retire tres-affligée. Iris l'a
soustient. Elles trouvent
Mars. Venus le conjure
de luyprester ses chevaux
pour s'en retourner dans
l'Olympe.„Mars luy donna
son char. Iris le conduit.
Elles arrivent en un
moment. Iris dérelle les
chevaux, & en prend soin-
Venus se laisse tomber sur
les genoux de Dioné sa
mere. Dipné luy demande
cc qui luy a fait cette
blesseure.,, Venus respond
ic que Diomede a eu cette
audace, & que ce nretl: plus
icy une guerre des Grecs
contre les Troyens,mais
desGrecscontre les Dieux.
Dioné la console
,
luy dit
que ce n'est pas la - première
fois que les Dieux
ont esté insu Irez. par leshommes.
( Exemples, de
Mars, de Junon, &de Pluton;)
Que Diomede doit
craindre de porter quelque
jour la peine de sa temerité.„
Dionéessuye le
fang qui coule de la blesseure
de sa fille. Venus est
guene en un moment. 'Vers
275- 417.
Junon & Minerve entretiennent
Jupiter de ce qui
vient d'arriver à Venus.
Ce Plaisanterie de Minerve
a ce sujer. Jupiter foufritsappelle
Venus & u. luy recommande
de ne plus s' exposer.
4, Diomede par trois fois
se jette sur Enée.) quoy
gqnapollon l'ait pris fous
sa protection. A la quatriéme
fois ce Dieu irrité
cc luy parle d'un ton
menaçant." Diomede se
retire. Apollon porte Enée
dans son Temple sur la Citadelle
de Pergame. Latone&
Diane ont foin ellesmesmes
de le panser. ven
432. 44^
Apollon voyant que le
combat s'echauffe autour
d'un phantofme qu'il avoit
formé ressemblant à Enéc
pour tromper les Grecs,
demande à Mars, «
s'il n'y
a pas moyen d'arrester ce
Diomede qui porte sa fureur
jusqu'a poursuivre les
Dieux,,,. Ensuiteilseretire
sur la Citadelle. Mars
prend la reffernblance d'Acamas
General des Thraces.
Va de rang en rang..
«Se fait entendreaux Tro..
yens & les anime.» Sarpedon
picque le courage de
Hector par le reproche
qu'il luy fait de son inaction
, & de la lascheté de
ses freres qui tremblent
,
comme des chiens timides
en presencedun lion.»
Hector, sans repliquer
faute de son char, un jave.
lot à la main, exhorte les
Troupes. LesTroyens se
rallient. LesEscadrons des
Grecs viennent fondre sur
eux. La poussiere qu'ils élevent,&
dontilssont tout
blanchis, comparée a celle
qui couvre ces monceaux
de paille que des vanneurs
ont separée d'avec le grain.
Le combat recommence.
Enée, qu'Apollon a retiré
du Temple où il l'avoit
mis, reparoist à la reste de
ses.troupes avec toute sa
vigueur. Les soldatstransl
portezdejoyefontsurpris
en meme tem ps de le revoir
siicst ; mais l'ardeur
du combatne leur permet
pas de l'interrogersur une
si prompte guerison. ira
449.518.
: Les Grecs animez, par
lpes dIeuxlAja.x, parUlysse, attendent
les Troyens de pied ferme
,SemblablesÀ desnuages:
aÍfemblez:, qui n'attendent
que le reveil des
vents endormis pourestre
mis en mouvement. vers
Jr9. J17-
Agamemnon donne (es
ordres « Exhorte ses soldats
» Ensuite il lance son
javelot & tueDeïcoon le
pluscher compagnon d'Enée.
Enée de son costé tue
Crethon & Orsiloqueensans
de Dioclés, qui avoir
pour ayeul le' fjeuve Alphée.
Crethon & Crbiloque
com parez à deux jeunes
lions, qui aprèsavoir
laisse par tout des marques
de
de leur furie , succombent
enfin fous l'effort des pasteurs.
Ces deux jeunes
guerriers tombent fous les
coups d'Enée comme les
plus hauts sapins abbattus
par les vents. Menelas,
pour les venger, s'avance
au milieu des combattansf
pouffé par le Dieu Mars,
qui ne cherche qu'à le faire
perir de la main d'Enée.
Antiloque voyant le peril
où Menelas s'expose, court
se joindre à luy. Enée qui
voit ces deux guerriers
unis, seretire. Ilsenlevent
les corps de Crethon &
d'Orsiloque;ensuite ils retournent
dans lameslée.
Menelas tue Pylemenés
qui commandoit les Paphiagoniens.
Antiloque
blesse Mydon d'un coup
de pierre, l'acheve de Ton
épée, & emmene ses chevaux.
vers528.589
Hector ayant apperceu
Menelas & Antiloque
inarche à , eux avec impetuosiré.
Les Troyens le
suivent. Mars & Bellone
sontà leur reste.Mars accompagne
par tout Hector.
Diomede voyant ce
Dieu terrible) est saisi de
frayeur. Son estonnement
comparé à celuy d'un voyageur
qui, après avoir
traversé de vastes campagnes,
voit tout d'un coup
un grand fleuve, & retourne
sur ses pas. Diomede
se retire en disant aux
Grecs,M qu'il faut ceder
auxDieux.» WJ590.606.
LesTroyensondent sur
les Grecs. Hector tue de
sa main Menofthés & Anchiale.
Ajax fils de Telamon
s'avance pour les
Ranger, & tue Amphiusde ioix
javelot. Il accourt ensuite pour
le dépouillerj mais les Troyens
font pleuvoir sur luy une gresle
de traits, & l'obligent de se- retirer. Vers 607. 616*
Sarpedon filsde Jupiter, &
General des Lyciens, & Tle-*
poleme fils d'Hercule se ren..,
contrent.« Ils se parlent quelque
temps au sujet du parjurede
Laoimedon que Tlepoleme
reproche à Sarpedon:» Ces
deux guerriers après« s'estre
menacez fierement» lancent
leurs dards lun contre l'autre.
Les traits partent ensemble,
Sarpedonest blesséà la clÜiTe
Le dard y demeure attaché.
Tlepoleme tombe sans vie.
On emporte Sarpedon. Les
Grecs enlevent le corps de
Tlepoleme. Ulysse
, pour le
venger, tourne les armes contre
les Lyciens & en tuë un
grand nombre. Noms des Lyciens
tuez par Ulvsse. Hector
s'avance contre luy pour arrester
ses desordres.. Srrpedon
voyant Hector le prie de ne le
pas laisser en proye à ses ennemis.
» Hector passe rapidement
pour aller charger les
Grecs. Les amis de Sarpedon
le mettent fous un grand chefne.
Pelagon luy tire le javelot
de sa playe. Sarpedon s'évanouit.
Borée le rafraifchit
de son [ouille) & le ranime.
Les Grecs qui ne peuvent fouflenir
le choc du Dieu Mars
& d'Hector, se battent en re..
traite sans prendre la suite,
Noms de plusieurs braves Capitaines
tuez a cette attaque..
vers 628. 710.
Junon voyant ce qui sepasse,
dit à Minerve" qu'ilest temps
d'arrester les ravages de Mars,
& de secourir les Grecs. » Junon
prepare elle
-
mesme ses
chevaux. La Déesse Hebé luy
appresteun char superbe. Description
de ce char. Minerve
quitte ses habits pour s'armer.
Quelles font ses armes. Son
Egide. Son casque. Sa pique.
Les deux Déesses montées sur
leur char éclatant, vont à toute
bride au palais de Jupiter.
Les portes de l'Olympe,qui
font gardées par les Heures,
s'ouvrent d'elles-mesmes avec
un grand bruit. Junon parle à
Jupiter & luy demande" s'il
veut permettre de reprimer les
fureurs de Mars , & de blesser
cet insensé qui ne reconnoist
d'autre droit que la force
,,, Jupiter luy dit" de donner ce
soin à Minerve qui est accoustuméeà
le vaincre." vers 711. 766..
Junon accompagnée de Minerve
pousse ses chevaux qui
courent avec impetuositéentre
le Ciel & la terre. ( Les
chevaux des Dieux franchissent
d'un seul fault autant d'espace
qu'un homme assis sur un
cap eslevé au bord de la mer
en peutdécouvrir sur cette va- se étendue.) Les Déesses arrivent
prés de Troye. Junon
dételle les chevaux. Les environne
d'un nuage. Le Simoïs
fait naistre l'ambrosie sur ses
rives pour leur pature. Les
Déesses marchent ensemble
comme deux colombes&vont
secourir les Grecs, vers 767.
779.
Elles trouvent Diomede entouré
des plus braves guerriers
semblables aux plus frers lions,
& aux sangliers les plus terribles.
Junon s'arreste. Prend
la ressemblance de Stentor dont la , voix d'airain estoit plus
forte que celle de cinquante
hommes ensemble. Elle parle
aux Grecs, &Il les anime.,,
Minerve de son costé s'approche
de Diomedequi s'estoit retiré
un peu à l'écart pour rafraifchir
la playe que Pandarus
luy avoit faite. Elle luy
reproche de s'affoiblir quand
il faut agir, 5c de ne ressembler
gueres à son pere Tydée qu'-
elle protegeoit auAi bien que
luy
, & dont elle ne pouvoit
retenir le courage Elle luy rappelle
l'aventure de Tydée avec
les Dépendants de Cadmus.
Diomede respond
(c
qu'il ne
manque ny de force ny de resolution
,
mais qu'il se souvient
des deffenses qu'elle luy a faites
de combattre contre les
Dieux : Que Mars est maintenant
à la teste des Troyens. » Minerve luy dit de ne point
craindre Mars, 8c de le frapper
hardiment s'il vient à sa
rencontre; qu'audi bien celt
un perfide qui prend le party
des Troyens contre la promes-.
se qu'illuy avoit faite & à Junon
, de favoriser les Grecs.»
Elle fait descendre Sthelenus
& monte à sa place auprès de
Diomede sur son char. Elle
prend le casque de Pluton pour
n'estre point veuë. Pouffe les
chevaux contre Mars. Mars,,
qui vient de tuer Persphas ,
voyant Diomede
3
s'avance, &
luy veut porter un coup de sa
pique. Minervedétourne le
coup, conduit celle de Diornede
contre Mars, & la kiy fait
entrer bien avant dans les costes.
Mars la retire, & jette
un cry semblable à celuy d'une
armée de neuf ou dix mille
hommes. LesTroyens & les
Grecs en font épouvantez.
Mars retourne dans l'Olympe.
Diomede le voir s'élever comme
un nuage obscur. vers 780. 867** - Mars montrant à Jupiter le
fang qui coule de sa playe, luy
dit « qu'il a engendré une fille
pernicieusè qui se croit tout
permis, parce qu'il ne la corrige
pas pendant qu'il traite
avec severité les autres Dieux.
Que c'est Minervequi a inspiré
à Diomede l'audace debiesfer
Venus & luy ensuite.» Jupiter
rejette sa plainte, & luy
dit qu'ilest luy - mesme un
inconstant & un furieux qui
n'aime que les querelles,& que
s'il n'estoit pas son fils il y a
long-temps qu'ill'auroit precipité
dans les abylmesavec les
Titans,» Jupiter cependant
donne ordre à"'Pæon"de le guérir.
Pæonobéît& le guerit sur
le champ avec un baume exquis
qui fait sur la playe le mesme
effet & aussi promptement
que la presure sur le lait. Hebé
après avoir preparé un bain
pour Mars, luy donne des habits
magnifiques. Mars se place
auprès de Jupiter. Junon &
Minerve ne sont pas longtemps
sans remonter au Ciel.
de tjÜadc.
ARGUMENT
du quatrième Livre.
AVERTISSEMENT.
On A mis dans la suite de
cet Extrait des cedilles ainsi
marquées",,Ellessignifient
dans les endroits où elles se
trouvent,que. le Poëtey fait
parler ses Heros.
LES Dieux estanc à Table
tiennent conseil sur les
affaires de Troyes, vers
I. 4.
Jupiter raille Junon &
Minerve, de ce que de
grandes Déesses. comme
elles se tiennent à l'écart
t
loin des combats, pendant
que Venus qui n'aime que
les jeux& les plaisirs - accompagne
son favori dans
tous les penIs. Il met en
délibération s'il faut rallumer
la guerre entre les
Troyens & les Grecs, ou
les reconcilier par l'exe-
-
cution du traité qu'ils ont
_aIt,,, 'Vers. 5.
19.
Cette proposicion cause
un violent dépit aux deux
Déesses qui préparoient les
plus grands malheurs aux
Troyens. Minerve dissimule
par prudence. Junon
éclatte, & a déclaré, quelque
resolution que l'on
prenne, qu'elle ne consentira
point à la paix.,,
vers 1o. 2. 9.
Jupiter a reproché à
Junon la cruauté avec laquelle
elle poursuit les
Troyens. Ilseplaintdela
violence qu'e lleluy fait en
le forçant de luy abandonner
une Ville qu'il a honorée
sur toutes les autres.
Il l'avertit qu'en revanche,
si jamais dans sa fureur
il veut détruire quelque
Ville qu'elle ait prise
fous sa protection
,
c'est
inutilement qu'elle voudra
s'y opposer.„ vers 30.49.
Junon luy dit qu'il
peut,quandilvoudra,dit
poser d'Argos, de Mycenes
)
& de Sparte; mais
qu'il n'est pas juste qu'elle
perde le fruit de toutes ses
peines. Que tout puissant
qu'il est, il doit avoir pour
elle des égards & de la
complaisance,puisqu'elle
est sa femme & sa soeur.
Enfin elle luy demande
-
qu'il ordonne à Minerve
de descendre dans l'armée
des Troyens pour les exciter
à enfraindre le fraite.
& à insulter les Grecs.,,
vers 50. 67.
Jupiter donne cet ordre
à Minerve.„La Déesse
descend, & dansla course
rapide elle paroist fous la
forme d'une exhalaison
qui s'allume dans l'air, &
qui se partage en mille
feux. Cesigne qui est veu
dans les deuxarmées est
interprété comme un préfage
ou de la fin ou de la
continuation de la - guerre.
35 vers 68. 85.
Minerve prend la réf.
semblance de Laodocus.
fils d'Antenor. Vatrouver
Pandarus fils de Lycaon.
Luy propose « de tirer une
fleche à Menelas. L'encourage
par la gloire qu'il
aura d'avoir abbattu un si
grand guerrier, & par la
recom pense qu'il doit attendre
de Paris. Elle luy
conseille de s'addreffer auparavant
à Apollon Lycien
pour le prier de diriger
le trait.» vers 86. 103.
L'intense Pandarus se
laisse persuader. Peinture
naïve de l'action de Pandarus,
& desmesuresqu'il
prend pour frapper juste
à son but. (Son arc estoit
fait des cornes d'unechevre
sauvage qu'il avoit tuée
à l'affust; chaque corne
avoit seize paumes, c'està-
dire cinq pieds & quatre
pouces.) Il promet une
Hecatombe à Apollon. Il
tire. Le trait part avec impetuosité,
perce le baudrier
,la cuirasse & la lame
de Menelas; entre dans la
chair sans penetrer bien
avant,(car Minerve avoit
pris foin d'affoiblir le coup,
semblable à une mere qui
voyant dormir son enfant,
détourne une mouche opiniastre
qui voudroit le piquer.)
Le fang qui coule
le longdesjambes de Menejas,
compare à la pourpre
dont une femme de
Meonie a peint l'yvoire le
plus blanc, pour en faire
les boffetes d'un mords qui
fait l'admiration & le desir
des plus braves Cavaliers,
filais qui est destiné pour
un Roy. "vers 104. 119.
Agamemnon est effraié
aussi bien que Menelas.
Menelas reprend courage.
Agamemnon éclate contre
la perfidie des Troyens.
Dit que Jupiter ne la laisfera
pas impunie. Prédit
la ruine deTroye. Il s'attendrit,
& ne peut cacher
à son frere la crainte qu'il
a de le perdre - vers 120.
182.
Menelas lera ssure&le
prie de ne point allarmer
les Grecs. n Agamemnon
luy dit « qu'il faut appeller
un Medecin.» Donne ordre
à Talthybius de faire
venir Machaon fils d'Esculape.
Le Herault obeït.
Trouve Machaon & « luy
parle.» Machaon vient.
Visite la playe, & succe
le sang,& y met un appareil
que le Centaure Chiron
avoit autrefois enseigné
à Esculape. vers 183.
ii9*
Cependant les Troyens
s'avancent en bataille. Les
Grecs reprennent leurs armes
, & ne respirent plus
que lecombat. Agamemnon
laissesonchar à Eurymedon
, avec ordre de ne
le pas tenir trop éloigné.
Il parcourt à pied toute
l'armée. « Anime par ses
discours ceux qu'il trouve
disposez à bien faire».
« Réprimandé les autres,»'
les compare à des faons de
biche Arrive prés de la
Gend'armerie Cretoise, la
trouve en bon estat, Idomenée
à la teste, Merion
à la queue.» IllouëIdomenée,
le fait ressouvenir
que dans toutes les occasions;
à la guerre, dans les
festins, il l'atousjours traité
avec distinction". Idomenée
respond « qu'illuy
fera tousjours fidelle».
Agamemnoncontinue son
chemin. Il trouve les deux
Ajax deja armez au milieu
de leurs bataillons; ( ces
bataillons comparez à des
troupeaux assemblez fous
leur pasteur, qui leur cherche
un asile contre l'orage
qu'il prévoit. ) Agamemnon
louë ces deux chefs,
& leur dit qu'il n'a pas besoin
de les exhorter». Il
passe au quartier du vieux
Nestor. Le trouve qui range
ses trou pes en bataille,
& qui encourage leurs
chefs. Noms de ces chefs.
De quelle manière Nestor
disposoit sa cavalerie &son.
infanterie.« Quels conseils
il donnoit à ses cavaliers
». «Sage vieillard,
dit Agamemnon transporté
de joye, plust aux Dieux
que vos forces respondissent
à vostre grand courage
ge, &c.» Nestor respond
» qu'il n'est plus au temps
où il tua de sa main le vaillant
Ereuthalion; mais que
tout vieux qu'il est on le
verra à la teste de ses ECcadrons,
LXquïl serautile
au moins par ses ordres &
par ses conseils
, que cest
là le partage des vieillards
». Agamemnonavance.
Trouve Peteus fils de
Menefthée & Ulysse qui
ne faisoient aucun mouvement
, parce que le bruit
de ce qui estoit arrivé dans
les deux armées n'estoit pas
encore venu jusqu'à eux-
« Il leur fait de sanglants
reproches de leur inaction
». «Ulyflc respond
avec fierte». Le Roy qui
le voitirrité, change de
ton, &«luy parle obligeamment
». Il poursuit
son chemin.VoitDiomede
sur son char avec Sthelenus
fils de Capancé. Diomedene
donnoit aucun
ordre pour le combat. Agamemnon
cc
luy reproche
d'avoir degeneré dela
vertu de son pere Tydée,
luy rappelle une occasion
d'éclat, ou Tydée signala
son courage contre les
Thebains». Diomede par
respect pour le Roy ne respond
rien.Sthelenus prend
la parole & dit(( qu'ils ne
meritent ny l'unny l'autre
ie reproche qu'on leur fait,
se piquent tous deux avec
raison d'estre plus braves
encore que leur pere».
Diomede represente à
Sthelcnus que le Roy qui a
le principal interest à tout
ce qui se passe, est en droit
de leur parler comme il
fait.„ Diomede en mef-
1
me temps faute de dessus
son char. - "veys 421. 419.
On voit marcher au
combat les nonbreufes
Phalanges des Grecs, semblables
à des flots amoncelez
par les vents. Elles
suivent leurschefs dans un
profond filen-ce, pour entendre
leurs ordres. Ilsemble
3
dit le Poëre, que cette
multitude innombrable de peuples
n'ait point de njoïx. Les
Troyens au contraire,
comme des brebis qui bêlent
dans un grand patu-
Tage, sont un bruit confus
qui resulte du mélange de
leurs voix & de la diversité
des langues de toure sorte
de peuples qui forment
leurarmée, vers411.438.
Les Troyens sont animez
par le Dieu Mars, &
les Grecs par la Déesse Minerve.
Ces deux Divinitez
font suivies de la Terreur,
de la Fuite & de l'insatiable
Discorde, Image poëtique
de la Discorde. Son
progrez. Ses effets. vers
43""45.
Les deux armées se joignent
J
& en viennent aux
mains. Description de leur
choc. Le bruit des guerriers
comparé à celuy que
font d'impetueux torrens
grossis par les pluyes. vers
446, 456.
Antiloque le premier tuë
Echepolus,un des plus braves
Troyens. Elephenor
General des Abantes, voulant
le dépouiller de ses
armes,est rué par Agenor.
Il se fait en cet endroit
une cruelle boucherie des
Grecs & des Troyens qui
se jettent les uns sur les autres
comme des loups affaniez.
Simoïsius (ainsi nom.
me parce que Ía mere accoucha
de luy sur les rives
du Simoïs) est tué à la fleur
de son âge par Ajax fils
de Telamon. Il tombe sur
la poussiere comme un jeune
peuplier abbattu par le
fer d'une coignée. Antiphus
un des filsdePriam,
veut venger la mort deSimoïsius.
illance son javelot
contre Ajax; mais il
rencontre au lieu de luy
Leucus compagnond'Ulysse.
Leucus tombe sur le
corps de Simoïssus qu'il entraisnoit.
Ulysseaffligéde
cette perte, s'approche des
Troyens d'un air terrible.
Regarde autour de luy
pour chercher sa victime.
Il lance son dard. Les
Troyens effrayez se retirent
en desordre. Le javelot
va frapper Democoon
fils naturel de Priam, &
lerenverse mort. Les Troyens
reculent. Hectorluymesmeestépouventé.
Les
Grecs enflez de ces avanta
ges vont chercher les
corps morts jusqu'au milieu
de la meslée pour les
entraisner.
entraisner. Apollon irrité
de leur audace se fait entendre
aux Troyens du
hautde la forteressed'Ilion,
les exhorte & les encourage
; leur represente sur
tout qu'Achille ne combat
point„. Minerve de son
colté anime les Grecs. Pi-,
roüs General des Thraces
tuë Diorés chefdes Epéens
aprés l'avoir blessé d'un
coup de pierre. Thoas General
des Etoliens lance
son javelot contre Piroiis,
& l'acheve de son épée. Ils
vont le dépoüiller de fe$
armes, mais il en est empesché
par les Thraces qui
tombent sur luy à coups
de piques,& l'obligent de
seretirer. vers 457. 539.
-
Homere parle des ex-
FJqics de cette journée
comme d'un grand sujet
d'admiration pour un homme
que Minerve auroic
conduit par la main, & à
qui elle auroit fait parcourir
sans danger tous les endroits
de la bataille. Il auroit
veu les Troyens&les
Grecs estendus les uns prés
des autres à la mesme place
où ils avoient combat-
EU. vers544.
AKGVMENT
du cinquièmeLivre.
La jour de cette action
Minerve augmente le courage
deDiomede. Deson
calque & de son bouclier
forcoitcontinuellementun
fçjXrfemblable à celuy de
Veftoitle qui paroistà lafin
àçl'Eflre'.LaDéessè pousse
ÇÇignprr-ier au milieu dela ~n~~ j, vers 1. 8.
o.
~~q~Phesep tous deux
fils de Darés Sacrificateur
deVulcain,poussent leur
char contreDiomede qui
estoit à pied. Phegée le
premier lance ion dard
contre luy sans le blesser.
Diomede le perce de son
javelot
, ôc l'estend mort
surla place. Idée n'ayant
pas le courage de sauver
le corps de son frere, prend
la suite. Vulcain le couvre
d'un nuage & le dérobe
aux poursuites de Diomede
j pour épargner àDarés
le chagrin de perdre Ces
deui filsenun jour. Diomede
fait emmener leurs
chevaux. Les Troyens
commencent à plier. Minerve
pour augmenter leur
desordre,ditàMars«qu'il
faut laisser combattre les
Troyens & les Grecs, &
ne plus resister aux ordres
de Ju piter.„ Elle le retire
du combat, & le fait repofer
sur les rives du Scamandre.
Les Grecs enfoncent
lesTroyens. * a/fw9.37,
Odius chef des Alizoniens
est tué par Agamenvnon.
Phestus par Idomenée.
Scamandrius par Me.
nelas. (Ce Scamandrius
estoit fort entendu dans
tout ce qui concerne la
charte, & avoit esté instruit
par Minerve.) Phereclus
est tué par Merion.
( Phereclus fils d'un habile
charpentier, avoir bâti les
vaisseaux que Pâris mena
en Grece.) Pedée fils naturel
d'Antenor
,
est tué
par Megés. Eurypile blesse
Hypsenor.(Hypsenorestoit
filsde Dolophionqui
estoit Sacrificateur du Scamandre.)
rUers Î7- 83-
Idomenéesemblable à
un fleuve, qui dans ion débordement
emporte tout
ce qui s'oppose à son passage,
renverse les barait.
lons des Troyens;rien ne
luy resiste. vers 85. 94.
Pandarus, pour arrester
son audace, luy tire une
flèche qui luy traverse l'épaule
droite, & croyant
l'avoir blessé mortellement
il s'en glorifie,,, Sthele*-
jius, ( à la prière deDiomede
) luy oste cette fléche.
Diomede prie Pallas
<c de luy prester son secours
pour se venger de
Pandarus
5
& le punir de
son orguëll.,,Pallas l'exauce.
Luy redonne toutes
ses forces & route sa
legereté.Elle luy dit,
qu'il peut aller hardiment
contre les Troyens;qu'elle
a dissipé le nuage qui
l'auroit empesché de discerner
les Dieux d'avec les
hommes
:
qu'il se garde
bien de combattre contre
les Immortels, si ce n'est
contre Venus sur qui elle
luy permet de tirer.„
vers 95. 132.
Minerve se retire. Diomede
qui se sent trois fois
plus fort qu'à l'ordinaire,
se jette au milieu des ennemis.
Est comparé à un
lion qu'un berger ablesse,
& qui devenu plus furieux;
se lance sur les brebis effrayées
qui se tapissent les
unes fous les autres pendant
que le berger se cache.
Diomedetuë d'abord
Astynoüs & Hypenor.
Ensuite Abas & Poluïde,
tous deux fils du vieux Eurydamas
qui estoit Interprete
des songes. Il marcheversThoon
&Xanthe
enfans de Phenops,prive
ce pere malheureux de ses
deux filsàla fois, &luy
laisse la douleur de voir que
sa successiondoitpassèrà
des collateraux esloignez.
Diomede., comme un lion
qui se jette surun troupeau
de boeufs, tombe encore surEchemon & Chromius
enfans de Priam, les préçipite
de leur char ,les dépoüille
de leurs armes, &
prend leurs chevaux.vers
133. 16s.
Enée qui voit tous ces
ravages, cherche Pandarus
a travers les picqucs &
les javelots. Ille joint de
l'exhorte à se servir encore
deson arc& de ses
traitscontre un homme
qui cause tant de defor-
-.
dres
, ( si ce n'est que ce
guerrier dangereux soit
quelqu'un des Immortels
irrité contre lesi Grecs) ,,.
Pandarus respond qu4»I
croit reconnoistreDiomede
à sa raille & à ses armes*
Que si ce guerrier n'est pas
un Dieu,aumoinsDiomede
ne peut faire tant de
prodiges sans le secours
d'une Divinité toute puisfante.
Se repent d'avoir
laissé chez luy, contre l'avis
de son pere, onze chars
inutiles par la crainte que
ses chevaux ne souffrissent
trop dans une ville affiegée.
Se plaintd'avoir desjablessé
deux des plusvaillans
hommes, sans autre
effet que de les avoir rendus
plus furieux. Jure que
s'il revoit sa patrie, il commencera
par bruler cet
arc & ces fléches qui l'ont
si mal servi.,, Enée luy
dit cC de monter sur son
char qui est tiré par cTcxcellens
chevaux, & luy
laisse le choix ou de tenir
les resnes, ou de combattre
contre Diomede. 9%
Pandarustc conseille à Enée
de conduire luy -
mesme
ses chevaux qui connoissent
savoix & sa main;
que pourluy il recevra
Diomede avec sa lance.
Ils montent tous deux sur
le char,& vont à toute
bride contre Diomede
(quiestà pied.) Sthelenus
qtuiitles voit venir, en aver- Diomede,&" luy conseille
de les éviter.,, Diomede
'c respond qu'il n'est
pas capable de fuir, & que
ces deuxennemis si redoutables
ne retournerons
point àTroye ;luy recommande
seulement dem*
mener les chevaux d'Eiree
aussitost qu'il fera vaincu; les chevaux d'Enée ef.,
toient de la race de ceux
dont Jupiter fit presentà
Tros. ),., 0tvers16(3.zyj,
Pandarus & Enée sont
en presence. de Diomede;
Pandarus-ile, premierdità
Diomede qu'iln'a peule
vaincre avec sa fléche,
mais qu'il fera peutestre
plus heureux avec son javelot.„
En mesme temps
il lance son dard qui perce
le bouclier jusqu'à la cuirasse.
Pandarus~s'écrie~
glorieux decesuccez. Diomede
luy dit qu'il a manqué
son coup. Le frappe
de son javelot que Minerve
conduisoit
, & qui traverse
depuis l'oeil jusqu'à
la gorge. Pandarus tombe
de son char. Enée se met
en devoir de deffendre: le
corps de sonamy. Diomede
prend une grosse pierre,
telle que deux hommes à
- peinel'auroient peu lever.
Il l'a jette contre Enée, &
luy brife la cuisse. Enée
tombe sur ces genoux &
s'affoiblit. Venus le prend
entre ses bras, le couvre
de sa robe, & l'emporte.
Sthelenus, qui se souvient
des ordres de Diomede 9
prend les chevaux d'Enée
les emmeine, les remetà
son amy Deïphilus, & va
rejoindre Diomede. Diomede
,qui a reconnu Venus
,
la poursuit avec un
-
dard
dard,&la blesse à la main.
Le fang immortel coule de
sa playe. Le fang desDieux
different de celuy des hommes,
& pourquoy.Venus
laisse tomber Enée,Apollon
le releve, le couvre
d'un nuage & l'emporte,
Diomede parle en termes
picquans à Venus qui se
retire tres-affligée. Iris l'a
soustient. Elles trouvent
Mars. Venus le conjure
de luyprester ses chevaux
pour s'en retourner dans
l'Olympe.„Mars luy donna
son char. Iris le conduit.
Elles arrivent en un
moment. Iris dérelle les
chevaux, & en prend soin-
Venus se laisse tomber sur
les genoux de Dioné sa
mere. Dipné luy demande
cc qui luy a fait cette
blesseure.,, Venus respond
ic que Diomede a eu cette
audace, & que ce nretl: plus
icy une guerre des Grecs
contre les Troyens,mais
desGrecscontre les Dieux.
Dioné la console
,
luy dit
que ce n'est pas la - première
fois que les Dieux
ont esté insu Irez. par leshommes.
( Exemples, de
Mars, de Junon, &de Pluton;)
Que Diomede doit
craindre de porter quelque
jour la peine de sa temerité.„
Dionéessuye le
fang qui coule de la blesseure
de sa fille. Venus est
guene en un moment. 'Vers
275- 417.
Junon & Minerve entretiennent
Jupiter de ce qui
vient d'arriver à Venus.
Ce Plaisanterie de Minerve
a ce sujer. Jupiter foufritsappelle
Venus & u. luy recommande
de ne plus s' exposer.
4, Diomede par trois fois
se jette sur Enée.) quoy
gqnapollon l'ait pris fous
sa protection. A la quatriéme
fois ce Dieu irrité
cc luy parle d'un ton
menaçant." Diomede se
retire. Apollon porte Enée
dans son Temple sur la Citadelle
de Pergame. Latone&
Diane ont foin ellesmesmes
de le panser. ven
432. 44^
Apollon voyant que le
combat s'echauffe autour
d'un phantofme qu'il avoit
formé ressemblant à Enéc
pour tromper les Grecs,
demande à Mars, «
s'il n'y
a pas moyen d'arrester ce
Diomede qui porte sa fureur
jusqu'a poursuivre les
Dieux,,,. Ensuiteilseretire
sur la Citadelle. Mars
prend la reffernblance d'Acamas
General des Thraces.
Va de rang en rang..
«Se fait entendreaux Tro..
yens & les anime.» Sarpedon
picque le courage de
Hector par le reproche
qu'il luy fait de son inaction
, & de la lascheté de
ses freres qui tremblent
,
comme des chiens timides
en presencedun lion.»
Hector, sans repliquer
faute de son char, un jave.
lot à la main, exhorte les
Troupes. LesTroyens se
rallient. LesEscadrons des
Grecs viennent fondre sur
eux. La poussiere qu'ils élevent,&
dontilssont tout
blanchis, comparée a celle
qui couvre ces monceaux
de paille que des vanneurs
ont separée d'avec le grain.
Le combat recommence.
Enée, qu'Apollon a retiré
du Temple où il l'avoit
mis, reparoist à la reste de
ses.troupes avec toute sa
vigueur. Les soldatstransl
portezdejoyefontsurpris
en meme tem ps de le revoir
siicst ; mais l'ardeur
du combatne leur permet
pas de l'interrogersur une
si prompte guerison. ira
449.518.
: Les Grecs animez, par
lpes dIeuxlAja.x, parUlysse, attendent
les Troyens de pied ferme
,SemblablesÀ desnuages:
aÍfemblez:, qui n'attendent
que le reveil des
vents endormis pourestre
mis en mouvement. vers
Jr9. J17-
Agamemnon donne (es
ordres « Exhorte ses soldats
» Ensuite il lance son
javelot & tueDeïcoon le
pluscher compagnon d'Enée.
Enée de son costé tue
Crethon & Orsiloqueensans
de Dioclés, qui avoir
pour ayeul le' fjeuve Alphée.
Crethon & Crbiloque
com parez à deux jeunes
lions, qui aprèsavoir
laisse par tout des marques
de
de leur furie , succombent
enfin fous l'effort des pasteurs.
Ces deux jeunes
guerriers tombent fous les
coups d'Enée comme les
plus hauts sapins abbattus
par les vents. Menelas,
pour les venger, s'avance
au milieu des combattansf
pouffé par le Dieu Mars,
qui ne cherche qu'à le faire
perir de la main d'Enée.
Antiloque voyant le peril
où Menelas s'expose, court
se joindre à luy. Enée qui
voit ces deux guerriers
unis, seretire. Ilsenlevent
les corps de Crethon &
d'Orsiloque;ensuite ils retournent
dans lameslée.
Menelas tue Pylemenés
qui commandoit les Paphiagoniens.
Antiloque
blesse Mydon d'un coup
de pierre, l'acheve de Ton
épée, & emmene ses chevaux.
vers528.589
Hector ayant apperceu
Menelas & Antiloque
inarche à , eux avec impetuosiré.
Les Troyens le
suivent. Mars & Bellone
sontà leur reste.Mars accompagne
par tout Hector.
Diomede voyant ce
Dieu terrible) est saisi de
frayeur. Son estonnement
comparé à celuy d'un voyageur
qui, après avoir
traversé de vastes campagnes,
voit tout d'un coup
un grand fleuve, & retourne
sur ses pas. Diomede
se retire en disant aux
Grecs,M qu'il faut ceder
auxDieux.» WJ590.606.
LesTroyensondent sur
les Grecs. Hector tue de
sa main Menofthés & Anchiale.
Ajax fils de Telamon
s'avance pour les
Ranger, & tue Amphiusde ioix
javelot. Il accourt ensuite pour
le dépouillerj mais les Troyens
font pleuvoir sur luy une gresle
de traits, & l'obligent de se- retirer. Vers 607. 616*
Sarpedon filsde Jupiter, &
General des Lyciens, & Tle-*
poleme fils d'Hercule se ren..,
contrent.« Ils se parlent quelque
temps au sujet du parjurede
Laoimedon que Tlepoleme
reproche à Sarpedon:» Ces
deux guerriers après« s'estre
menacez fierement» lancent
leurs dards lun contre l'autre.
Les traits partent ensemble,
Sarpedonest blesséà la clÜiTe
Le dard y demeure attaché.
Tlepoleme tombe sans vie.
On emporte Sarpedon. Les
Grecs enlevent le corps de
Tlepoleme. Ulysse
, pour le
venger, tourne les armes contre
les Lyciens & en tuë un
grand nombre. Noms des Lyciens
tuez par Ulvsse. Hector
s'avance contre luy pour arrester
ses desordres.. Srrpedon
voyant Hector le prie de ne le
pas laisser en proye à ses ennemis.
» Hector passe rapidement
pour aller charger les
Grecs. Les amis de Sarpedon
le mettent fous un grand chefne.
Pelagon luy tire le javelot
de sa playe. Sarpedon s'évanouit.
Borée le rafraifchit
de son [ouille) & le ranime.
Les Grecs qui ne peuvent fouflenir
le choc du Dieu Mars
& d'Hector, se battent en re..
traite sans prendre la suite,
Noms de plusieurs braves Capitaines
tuez a cette attaque..
vers 628. 710.
Junon voyant ce qui sepasse,
dit à Minerve" qu'ilest temps
d'arrester les ravages de Mars,
& de secourir les Grecs. » Junon
prepare elle
-
mesme ses
chevaux. La Déesse Hebé luy
appresteun char superbe. Description
de ce char. Minerve
quitte ses habits pour s'armer.
Quelles font ses armes. Son
Egide. Son casque. Sa pique.
Les deux Déesses montées sur
leur char éclatant, vont à toute
bride au palais de Jupiter.
Les portes de l'Olympe,qui
font gardées par les Heures,
s'ouvrent d'elles-mesmes avec
un grand bruit. Junon parle à
Jupiter & luy demande" s'il
veut permettre de reprimer les
fureurs de Mars , & de blesser
cet insensé qui ne reconnoist
d'autre droit que la force
,,, Jupiter luy dit" de donner ce
soin à Minerve qui est accoustuméeà
le vaincre." vers 711. 766..
Junon accompagnée de Minerve
pousse ses chevaux qui
courent avec impetuositéentre
le Ciel & la terre. ( Les
chevaux des Dieux franchissent
d'un seul fault autant d'espace
qu'un homme assis sur un
cap eslevé au bord de la mer
en peutdécouvrir sur cette va- se étendue.) Les Déesses arrivent
prés de Troye. Junon
dételle les chevaux. Les environne
d'un nuage. Le Simoïs
fait naistre l'ambrosie sur ses
rives pour leur pature. Les
Déesses marchent ensemble
comme deux colombes&vont
secourir les Grecs, vers 767.
779.
Elles trouvent Diomede entouré
des plus braves guerriers
semblables aux plus frers lions,
& aux sangliers les plus terribles.
Junon s'arreste. Prend
la ressemblance de Stentor dont la , voix d'airain estoit plus
forte que celle de cinquante
hommes ensemble. Elle parle
aux Grecs, &Il les anime.,,
Minerve de son costé s'approche
de Diomedequi s'estoit retiré
un peu à l'écart pour rafraifchir
la playe que Pandarus
luy avoit faite. Elle luy
reproche de s'affoiblir quand
il faut agir, 5c de ne ressembler
gueres à son pere Tydée qu'-
elle protegeoit auAi bien que
luy
, & dont elle ne pouvoit
retenir le courage Elle luy rappelle
l'aventure de Tydée avec
les Dépendants de Cadmus.
Diomede respond
(c
qu'il ne
manque ny de force ny de resolution
,
mais qu'il se souvient
des deffenses qu'elle luy a faites
de combattre contre les
Dieux : Que Mars est maintenant
à la teste des Troyens. » Minerve luy dit de ne point
craindre Mars, 8c de le frapper
hardiment s'il vient à sa
rencontre; qu'audi bien celt
un perfide qui prend le party
des Troyens contre la promes-.
se qu'illuy avoit faite & à Junon
, de favoriser les Grecs.»
Elle fait descendre Sthelenus
& monte à sa place auprès de
Diomede sur son char. Elle
prend le casque de Pluton pour
n'estre point veuë. Pouffe les
chevaux contre Mars. Mars,,
qui vient de tuer Persphas ,
voyant Diomede
3
s'avance, &
luy veut porter un coup de sa
pique. Minervedétourne le
coup, conduit celle de Diornede
contre Mars, & la kiy fait
entrer bien avant dans les costes.
Mars la retire, & jette
un cry semblable à celuy d'une
armée de neuf ou dix mille
hommes. LesTroyens & les
Grecs en font épouvantez.
Mars retourne dans l'Olympe.
Diomede le voir s'élever comme
un nuage obscur. vers 780. 867** - Mars montrant à Jupiter le
fang qui coule de sa playe, luy
dit « qu'il a engendré une fille
pernicieusè qui se croit tout
permis, parce qu'il ne la corrige
pas pendant qu'il traite
avec severité les autres Dieux.
Que c'est Minervequi a inspiré
à Diomede l'audace debiesfer
Venus & luy ensuite.» Jupiter
rejette sa plainte, & luy
dit qu'ilest luy - mesme un
inconstant & un furieux qui
n'aime que les querelles,& que
s'il n'estoit pas son fils il y a
long-temps qu'ill'auroit precipité
dans les abylmesavec les
Titans,» Jupiter cependant
donne ordre à"'Pæon"de le guérir.
Pæonobéît& le guerit sur
le champ avec un baume exquis
qui fait sur la playe le mesme
effet & aussi promptement
que la presure sur le lait. Hebé
après avoir preparé un bain
pour Mars, luy donne des habits
magnifiques. Mars se place
auprès de Jupiter. Junon &
Minerve ne sont pas longtemps
sans remonter au Ciel.
Fermer
Résumé : SUITE DE L'ABREGÉ de l'Iliade.
Le quatrième livre de l'Iliade relate un conseil des dieux concernant la guerre de Troie. Jupiter critique Junon et Minerve pour leur absence des combats, contrairement à Vénus qui soutient son favori. Junon refuse la paix et demande à Minerve d'inciter les Troyens à rompre le traité. Minerve, déguisée en Laodocus, persuade Pandarus de tirer une flèche sur Ménélas, le blessant légèrement. Agamemnon, alarmé, appelle un médecin pour soigner Ménélas. Les Troyens avancent en bataille, et les Grecs se préparent au combat. Agamemnon encourage les soldats et réprimande les lâches. Les deux armées se rejoignent, et le combat commence, marqué par des scènes de violence et de mort. Mars soutient les Troyens, tandis que Minerve aide les Grecs. Diomède, encouragé par Minerve, se distingue par sa bravoure et tue plusieurs Troyens. Pandarus blesse Diomède, mais Minerve le guérit et l'encourage à continuer. La journée se termine par des combats acharnés, avec des pertes des deux côtés. Diomède, comparé à un lion, attaque et vainc Échémon et Chromius, fils de Priam, s'emparant de leurs armes et chevaux. Enée, voyant les ravages causés par Diomède, cherche Pandarus pour l'exhorter à utiliser son arc contre ce guerrier. Pandarus reconnaît Diomède et regrette de ne pas avoir pris plus de chars. Il jure de brûler son arc s'il revient à Troie. Enée propose à Pandarus de monter sur son char pour affronter Diomède. Pandarus conseille à Enée de conduire ses propres chevaux et se prépare à affronter Diomède avec sa lance. Diomède, malgré les conseils de Sthelenus de se retirer, décide de rester et de combattre. Pandarus lance un dard contre Diomède, qui riposte en le blessant mortellement. Enée tente de défendre le corps de Pandarus, mais Diomède le frappe à la cuisse avec une pierre, le blessant gravement. Vénus, la mère d'Enée, vient à son secours et le transporte, blessée à la main par Diomède. Apollon prend ensuite Enée sous sa protection. Diomède, encouragé par Minerve, continue de combattre avec fureur. Les dieux interviennent de manière plus directe : Junon et Minerve décident d'arrêter les ravages de Mars et de secourir les Grecs. Minerve, déguisée, incite Diomède à affronter Mars, qu'elle blesse ensuite. Mars, blessé, retourne dans l'Olympe où Jupiter le guérit. La scène se termine par la préparation des dieux pour continuer à influencer le cours de la bataille.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
16
p. 120-133
Lettre de Madame D. T. aprés sa petite verole, en luy envoyant le jour de sa feste un Collier de Perles en las d'amour.
Début :
Me promenant hier au soir plus tard qu'à mon ordinaire [...]
Mots clefs :
Amour, Vérole, Mère, Collier, Fils, Vénus, Coeurs, Amours
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Lettre de Madame D. T. aprés sa petite verole, en luy envoyant le jour de sa feste un Collier de Perles en las d'amour.
Lettre de Madame D. T.après
sa petite verole
y
en luyenvoyant lejourdesafesteun
Collierde Perles en
lasd'amour.
ME
promenant hier au
foir plus tard qu'à mon ordinaire ilmarriva, Madame, une avanture assez furprenante pour meriter de
vous estre racontée.
J'admiroisenresyant,les
beautés de la nuit,
Quand
Quand tout à
coup un
agréable bruit,
En estvenu troublerlepaisiblesilence.
Oncntendoit partoutmiliè nouveaux concerts,
Plusieurs essains d'amours
se voyoient dansles airs.
Qui sembloient vers Paphos, voler en diligence
Je fis pour leur parler des
-
effortssuperflus,
Tous ces frippons ne me
-
connoissent plus.
Je leur demandois des nouve lles
Du dessein qui les con-
duisoit;
Mais c'estoit vainement,
pas un ne répondait, ;
Ilss'en suyoient à tire d'ailes,
Enfin un vieux amour,
qui marchoit lentement,
Daigna s'arrester pour
m'entendre
1
Je le conjuray de m'apprendre
Où ses freres alloient avec
., empressement
Je veux, dit-il, vous en instruire
1* Vousm'entendrez Vous m'enten avec d plaisir,
rez aveç
Alors pour contenter mon
curieux désir,
En deux mots il m'apprit
ce que vous allez lire.
Avant que d'aller plus
loin, vous ferez peut estre surprise de l'epithéte
que j'ay donnée à l'amour
qui me parla. Sa vieillesse
ne paroiss pascompatible
avec la Divinité qu'on accorde au fils de Venus:
Mais Madame.
Ces Dieux, tout Dieux
qu'ils sont reconnoissent le temps,
A ses Loix ils s'assujettissent.
Tous les Poëtes ont beau
nous les dépeindre enfans,
il n'estque trop certain
que les amours vieillissent,
Mais helas!c'estbien pis,
ils meurent les amours
Plus malheureuxque nous
ne femmes,
Nous ne voyons pas que
-
leurs jours
Durent autant que ceux
-
des hommes.
Revevons à la conversation
quej'eusavec nostre amour
Barbon. Il commença par
me faire des excutes de
l'impolitesse de ceux qui ne
m'avoient pas écoutée. Il
fautleur pardonner,me ditil,carquoyque jevousconnoisse depuis longtemps,
& qu'un temps plusgalant.
que le leur m'ait vu naistre
}
je vous avouë que je
ne m'arreste icy qu'avec
peine.
De nostre empressement
: nevousestonez pas,
Nousfommes attendus par
l'amour & sa mere
,
Pour celebrer le retour des.
appas
D'une beauté qui vous ca
chere
Sans elle en ces climats
nous ferions inconnus;
Qu'elle nous acauséd'allarmes !
Si le fort n'eust rendu ses at-
,
traitsànos larmes ,-'
N'en déplaise au fils de
Venus,
Il pouvoit renoncer au pouvoir de ses armes;
-
Ce Dieu perdoit,malgré
'ses charmes,
Le plus clair de sesrevenus.
A peine eut-il fini ces
mots, qu'il me laissa remplie d'estonnement & d'un
desir extresme de me trouver à une feste que je compris bien qui me regardoir.
La tendre amitié ma compagne ordinaire
,
s'offrit à
m
y
conduire
,
elle me mit
sur ses ailles ( car elle ena
aussi-bien que l'amour) ôc
me ne arriver heureusement à Paphos, où le plus
beauspectacledumonde
estoit encore embelly par
la joye qu'on voyoit briller
dans les yeux de ceux qui
le composoient. Ma fidelle conductrices'alla placer
auprès de son frere, & je
me rangeay auprés des ris
qui m'amuserent par cent
agréables badineries, lorsqu'ils furent interrompus
pour aller achever la ceremonie.
Une aimable troupe de
jeux
En partant se mit à
leur telle
Onvoyoit marcher;aprés
eux 1
Les graces en habit defeste;
Les amours, couronnes
de fleurs,
Portoient en triompheles
- .', Cœurs :
Dont par tes yeux ils firent
la conqueste,
Avec des airs mélodieux
Ton nom montoit jusques
,
aux Cieux
Le Dieu charmant qu'on
adoreàCythere
Au pied du Throne de sa
! mere
Chantoit avec un cœur
d'amours,
Bannissons les tristes allarmes,
Iris a
repris tous ses charmes
Nous régnerons toûjours.
Ensuiteau lieu de feu de
joye, les Amours donne- u
rent aux cœurs qu'ils portoient la liberté de faire
briller leurs flâmmes, &
cela fit pendant quelque
temps un très-agréableeffet, après que ces pauvres
cœurs furent consumez,
Cupidon assembla ses plus
tendres amis, & leur dit
qu'il manqueroit toû jours
quelque chose à sa gloire,
tant que vous ne seriezpas
sous son Empire; que pour
vous y
soumettre il avoit,
souvent eu recours à ses
plus puissantes armes; mais
que puisqu'il vous trouvoic
toujours en garde contre
ses traits, il vouloit se servir d'un autre moyen pour
vous attirer. Il commanda
sur l'heure que l'ontravail
last à un certainnombre de
lacs d'amour ,sur lesquels
il prétendoit répandre un
charme,auquel vous ne
pourriez resister;mais l'A..
mIne attentive à vos interefis & aux siens, s'en saisit
avant qu'il eust eule temps
d'executer son dessein
)
&
me les donna tels que je
vous les envoye.
Iris, reçois ces nœuds, que
rien ne t'épouvante.
Ils furent volez à l'amour,
Et c'est par mes mains en
ce jour
Que l'amitié te les pre
sente;
Elle prétend te fixer dans
sa Cour,
Daigne rcfpondre àson attente
Pour réüssir dans ses projets
C'est en toy feule qu'elle
espere,
Jillç veut avoir des su jets
Aussi vifs que ceux de foa
-
frere.
sa petite verole
y
en luyenvoyant lejourdesafesteun
Collierde Perles en
lasd'amour.
ME
promenant hier au
foir plus tard qu'à mon ordinaire ilmarriva, Madame, une avanture assez furprenante pour meriter de
vous estre racontée.
J'admiroisenresyant,les
beautés de la nuit,
Quand
Quand tout à
coup un
agréable bruit,
En estvenu troublerlepaisiblesilence.
Oncntendoit partoutmiliè nouveaux concerts,
Plusieurs essains d'amours
se voyoient dansles airs.
Qui sembloient vers Paphos, voler en diligence
Je fis pour leur parler des
-
effortssuperflus,
Tous ces frippons ne me
-
connoissent plus.
Je leur demandois des nouve lles
Du dessein qui les con-
duisoit;
Mais c'estoit vainement,
pas un ne répondait, ;
Ilss'en suyoient à tire d'ailes,
Enfin un vieux amour,
qui marchoit lentement,
Daigna s'arrester pour
m'entendre
1
Je le conjuray de m'apprendre
Où ses freres alloient avec
., empressement
Je veux, dit-il, vous en instruire
1* Vousm'entendrez Vous m'enten avec d plaisir,
rez aveç
Alors pour contenter mon
curieux désir,
En deux mots il m'apprit
ce que vous allez lire.
Avant que d'aller plus
loin, vous ferez peut estre surprise de l'epithéte
que j'ay donnée à l'amour
qui me parla. Sa vieillesse
ne paroiss pascompatible
avec la Divinité qu'on accorde au fils de Venus:
Mais Madame.
Ces Dieux, tout Dieux
qu'ils sont reconnoissent le temps,
A ses Loix ils s'assujettissent.
Tous les Poëtes ont beau
nous les dépeindre enfans,
il n'estque trop certain
que les amours vieillissent,
Mais helas!c'estbien pis,
ils meurent les amours
Plus malheureuxque nous
ne femmes,
Nous ne voyons pas que
-
leurs jours
Durent autant que ceux
-
des hommes.
Revevons à la conversation
quej'eusavec nostre amour
Barbon. Il commença par
me faire des excutes de
l'impolitesse de ceux qui ne
m'avoient pas écoutée. Il
fautleur pardonner,me ditil,carquoyque jevousconnoisse depuis longtemps,
& qu'un temps plusgalant.
que le leur m'ait vu naistre
}
je vous avouë que je
ne m'arreste icy qu'avec
peine.
De nostre empressement
: nevousestonez pas,
Nousfommes attendus par
l'amour & sa mere
,
Pour celebrer le retour des.
appas
D'une beauté qui vous ca
chere
Sans elle en ces climats
nous ferions inconnus;
Qu'elle nous acauséd'allarmes !
Si le fort n'eust rendu ses at-
,
traitsànos larmes ,-'
N'en déplaise au fils de
Venus,
Il pouvoit renoncer au pouvoir de ses armes;
-
Ce Dieu perdoit,malgré
'ses charmes,
Le plus clair de sesrevenus.
A peine eut-il fini ces
mots, qu'il me laissa remplie d'estonnement & d'un
desir extresme de me trouver à une feste que je compris bien qui me regardoir.
La tendre amitié ma compagne ordinaire
,
s'offrit à
m
y
conduire
,
elle me mit
sur ses ailles ( car elle ena
aussi-bien que l'amour) ôc
me ne arriver heureusement à Paphos, où le plus
beauspectacledumonde
estoit encore embelly par
la joye qu'on voyoit briller
dans les yeux de ceux qui
le composoient. Ma fidelle conductrices'alla placer
auprès de son frere, & je
me rangeay auprés des ris
qui m'amuserent par cent
agréables badineries, lorsqu'ils furent interrompus
pour aller achever la ceremonie.
Une aimable troupe de
jeux
En partant se mit à
leur telle
Onvoyoit marcher;aprés
eux 1
Les graces en habit defeste;
Les amours, couronnes
de fleurs,
Portoient en triompheles
- .', Cœurs :
Dont par tes yeux ils firent
la conqueste,
Avec des airs mélodieux
Ton nom montoit jusques
,
aux Cieux
Le Dieu charmant qu'on
adoreàCythere
Au pied du Throne de sa
! mere
Chantoit avec un cœur
d'amours,
Bannissons les tristes allarmes,
Iris a
repris tous ses charmes
Nous régnerons toûjours.
Ensuiteau lieu de feu de
joye, les Amours donne- u
rent aux cœurs qu'ils portoient la liberté de faire
briller leurs flâmmes, &
cela fit pendant quelque
temps un très-agréableeffet, après que ces pauvres
cœurs furent consumez,
Cupidon assembla ses plus
tendres amis, & leur dit
qu'il manqueroit toû jours
quelque chose à sa gloire,
tant que vous ne seriezpas
sous son Empire; que pour
vous y
soumettre il avoit,
souvent eu recours à ses
plus puissantes armes; mais
que puisqu'il vous trouvoic
toujours en garde contre
ses traits, il vouloit se servir d'un autre moyen pour
vous attirer. Il commanda
sur l'heure que l'ontravail
last à un certainnombre de
lacs d'amour ,sur lesquels
il prétendoit répandre un
charme,auquel vous ne
pourriez resister;mais l'A..
mIne attentive à vos interefis & aux siens, s'en saisit
avant qu'il eust eule temps
d'executer son dessein
)
&
me les donna tels que je
vous les envoye.
Iris, reçois ces nœuds, que
rien ne t'épouvante.
Ils furent volez à l'amour,
Et c'est par mes mains en
ce jour
Que l'amitié te les pre
sente;
Elle prétend te fixer dans
sa Cour,
Daigne rcfpondre àson attente
Pour réüssir dans ses projets
C'est en toy feule qu'elle
espere,
Jillç veut avoir des su jets
Aussi vifs que ceux de foa
-
frere.
Fermer
Résumé : Lettre de Madame D. T. aprés sa petite verole, en luy envoyant le jour de sa feste un Collier de Perles en las d'amour.
Madame D. T. relate une aventure nocturne au cours de laquelle elle observe des amours volants. Elle tente de leur parler, mais seul un vieillard s'arrête. Ce dernier lui explique que les amours se dirigent vers Paphos pour célébrer le retour des charmes d'une beauté chère à Madame D. T. Le vieillard, un amour vieillissant, révèle que les amours meurent plus tôt que les femmes et les hommes. Il s'excuse pour l'impolitesse des autres amours et explique leur présence par le retour des attraits de cette beauté. Madame D. T. est ensuite conduite à Paphos par l'amitié, où elle assiste à une fête en son honneur. Les amours et les grâces célèbrent son retour. Cupidon exprime son désir de soumettre Madame D. T. à son empire. L'amitié intervient pour la protéger en lui offrant des lacs d'amour volés à Cupidon, espérant qu'elle les accepte pour la fixer dans sa cour.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
17
p. 150-191
MORTS.
Début :
Loüise-Marie-Elisabeth, Princesse d'Angleterre, mourut de la petite verole, [...]
Mots clefs :
Roi, Angleterre, Écosse, Prince, Duc, Fils, Fille
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS.
MORTS.
Loiïise-Marie-Elisabeth,
Princessèd'Angleterre,
mourut de la petite verole,
à
saint Germain en Laye,
le 18.Avril1711. âgée de 10.
ans moins deux mois &
quelques jours.
La Maison de Stuart est
originaire & descenduë des
anciens Rois d'Ecosse.Kenneth, troisiéme du nom,
Roy d'Ecosse,épousa une
fille de Guillaume premier,
Duc deNormandie,de la-
quelle il eut deux fils
:
Maleome second , Roy d'Ecossè) qui continua la branche des Rois d'Ecosse jusques- à Alexandre troisiéme en 1186. & Ferquharc,
second fils de Kenneth,
eut pour son appanage le
pays de Lochabet
,
fous le
titre, de Thane. C'est de lui
qu'estdescendue la Maison
de Stuart, dont l'arrierepetit-fils Vvalterfut le premier qui prit le surnom de
Stuart, & fut créé grand
Senechal d'Ecosse en 1086.
& ont conservé cette qua-
lité pendant plusieurs génerations. Jacques Stuart,
grand Senechal d'Ecosse,
fut un des Regens du
Royaume après la mort du
Roy Alexandre troisième
,
qui fut tué en 1 302. en unè bataille
contre les Anglois,
Vvalter Sruarr, troisiéme
du nom, son fils, & aussi
grand Senechal d'Ecosse;
epousa Marie Bruce, fille
du Roy Robert premier. Il
mourut en 1327. De leur mariage il sortit RobertSruarr:)
second du nom, Roy d'Ecosse, qui mourut en 159Ov
& fut pere de Robert troi^.
siéme du nom, qui étoit le
cinquième ayeulde la Reine d'Ecosse Marie Stuart
,
qui épousa en premicres
noces François second Roy
deFrance, & en secondés
noces Henry-Stuart, Duc
d'Albanie,Seigneur d'Arnhùy^ son parent,quià caufc d'elle fut Royd'Ecosse.
Ce Prince fut- si malheur
reux,que ses sujetsconspirerentcontre lui, lesquels
ayant mis des poudres dans
le château d'Edimbourg,
le firent fauter la nuit du
10. Fevrier 1567. La Priru
cesse sa veuve en eut tant dedéplaisir,qu'elle en garda le triste souvenir pen- dant le reste de sa vie, qui
fut partagée de tousles malheurs qui peuventaccabler,
une Princesse, dont la vertu
a
été un modele de patience dans les souffrancès que
luiafait éprouver &fjbuf~:
frir la Reine d'Angleterre
Elisàbeth sa cousine
,
qui l'a
ténue prisonniere pendant
dix-huit ans, où ellea été
traitée contre la dignité
d'une si grande Princesse
,
comme la plus malLeureusedetoutes les femmes?
luy ayant fait finir sa vie par
la main d'un bourreau le 18.
Fevrier 1587. quilui coupa la
têteau château deFondrainga,yç,par unejalousie quela
Reine d'Angleterre sa cousine avoit conçue contr'elle.
Il n'ya qu'à lire ce que le P.
Hilarion de laCoste, Religieux Minime, en a
écrit, &
Florimond de Raymond
dans son traite du Schisme
d'Angletereen a
détaillé les
particularitez tout au long.
Il sortit de son second ma-
riage avec Henry Stuart
Duc d'Albanie, Seigneur
d'Arnlay,à caused'elleRoy
d'Ecossè, un fils
,
qui fut
- Jacques sîxiéme du nom,
- Roy d'Ecossè,qui succeda
au Royaume d'Angleterre àlaReine Elisabeth, Il fut
premier du nom,Royd'Angleterre. C'est lui qui a
commence la branche-des
Stuarts Rois d'Angleterre.;
ainsïil aété le premierqui ir.çré'Ro-y d'Angleterre,
d'Ecosse ôcd'Irlande,ayant
joint en sa personne ces.
trois Royaumes ensemble
tels qu'ils font encore aujourd'hui
: mais il n'a pas
rétabli le bonheur de sa
Maison fous l'abri de ces
trois Couronnes, puisque
ses successeurs y ont vêcu
trés-malheureusement.
Il épousa Anne, fille de
Federic second Roy de Danemark. Illaissa de ce mariage un fils& une fille: le
fils fut Charles premier,
Roy d'Angleterre qui suit;
& la fille a
été Elisabeth
d'Angleterre, femme de
Federic cinq, Comte Palatin du Rhin, Duc de Ba-
viere, Electeur de l'Empire,dont la posterité est tombée dans la maison d'Hanoüer, qui comme Protestante sur choisie pour succeder à la Couronne d'Angleterre.
Charles premier,fils de
Jacques premier, Roy de la
grande Bretagne, ou d'Angleterre ,d'Ecosse & d'Irlande,connuë à presentfous
le titre de Royaume de la
grande Bretagne,succeda
a
son pere en 1625. mais ce
Prince, quoique trés-bon,
fut si fort maltraité de Ces
sujets., qu'ils confpirerenc
contre lui
,
qui lui ayant
suscité des crimes, l'arrêterent en Ecosse, & fous la
conduited'Olivier Cronvel conspirerent sa ruïne,
& ayant été conduit à Londres
,
établirent une Chambre de Justice, Ôc par un
horrible attentat le condamnèrent à mort. Il eut la
tête tranchée en public le
,
neuvième jour de Fevrier
1649.
Ce Prince avoit épousé
en 1625. Henriette-Marie de
France, fille du Roy Henry
quatre & de Marie de Médicis. Il en eut Charlessecond, Roy de
la grande Bretagne,quifuit
Jacques Duc d'Yorc, depuis Roy de la grande Bretagne après son
-
frere, dont
je parlerai ci-apres.
Henriette-Maried'Angleterre
,
femme de Guillaume de NaŒau, Prince
d'Orange, dont je parlerai aussi ci-aprés.
Henriette-Anned'Anglererre,femme de Philippe de France, Duc d'Or.
leans, morre en1670. agee
de
devingt-six ans, qui alaissé
des enfans.
- La mort du Roy Charles premier, époux de Henriette-Marie de France, ôc
pere de tous ces infortunez
enfans, les dérangea tous.
La Reine leur mere se retira en France dés l'an 1644.
cinq ans avant la mort de
son époux. Quantà ses
enfans, ils se trouverent
dispersez & cachez; & aprés plusieurs révolutions,
Charlessecond fut reconnu
& couronné à Londres Iv
trois May 1661. Rov de la
grandeBretagne, & il a
régné jusqu'au 16. Fevrier
1685 qu'il mourut sans posterité de Catherine de Portugal, fille unique de Jean
quatriéme, Roy de Portugal, & de Loüise de Gusman; après la mort duquel
Charles second
,
Jacques
Duc d'Yorc fut reconnu
Roy de la grandeBretagne,
comme je le dirai ci-aprés.
Jacques d'Angleterre,
Duc d'Yorc, d'Albanie,
&c. frere unique du Roy
Charles second,servit en
France,oùilfutLieute-
nant general des armées
navales du Roy. Estant Duc
d'Yorcilépousaen 1660.
Anne Hyde, fille de Milord
Edoüard Hyde, grand
Chancelier d'Angleterre. Il
eut de ce mariage nombre
d'enfans, & entr'autres
deux Princesses, Marie, &
Anne, dont je parlerai aprés
leur pere, & qui ont eu
beaucoup de part aux af-,
faires de leurs temps.
Jacques d'Angleterre,
Duc d'Yorc,épousa en secondes noces en 1673. Marie-Eleonore d'Est, fille de
François Duc de Modene.
Il succeda au Roy Charles
fecond son frere auxRoyaumes d'Angletere, d'Ecosse & d'Irlande, ( autrement
dit de la grande Bretagne)
sous le nom de Jacques second. Il fut couronné le
jour de saint Georges, 23.
Avril1685. mais ce Prince,
auiti malheureux que ses
ancêtres du nom de Stuart,
a
éprouvél'inconstance de
ses peuples, & de son neveu
propre qui s'éleva contre
lui, qui fut le Duc de Montmouth
,
fils naturel du Roy
Charlessecond son frere.
Il a
enfinété obligé de ceder à la force, &dese retirer en France sur la fin de
i688.Wec beaucoup de peines & de dangers, par les
cabales du Prince d'Orange
son neveu & son cendre. LaReine son épouse ie sauva
aussi furtivement avec le
Prince de Galles son fils,
où ils ont été reçus par le
le Roy Louis XIV.tréscourtoisement, qui leur a
donné, pour demeure le
Château de saint Germain
en Laye,où le Roy Jacques
second est mort le 16. Septembre 1701. d'où son corps
a
été apporté à Parissen l'Egti(e des Benedictins Anglois, au fauxbourg saint
Jacques, où sa memoire est
révérée commed'un Prince
bienheureux,
Du mariage du Roy
Charles second & de la Reine Marie
-
Eleonore d'Est
il en est sorti plusieursensans. Il n'en a
survêcu que
deux: Jacques-FrançoisEdouard Prince de Galles,
qui nâquit enAngleterre le
20. Juin 1688.& quifut en-
levé par sa mere
,
qui fuyoit
la persecution
,
assisté du
Comte depuis Duc de Lauzun ;
lequel après lamort
de son pere a
été reconnu
en France Roy dela grande
Bretagne fous le nom de
Jacquestroisiéme.EtLoüise-MarieElisabeth d'Angleterre, dont la mort donne lieu à cet article.
Marie d'Angleterre,
Princessed'Yorc,fille aînée.
de Jacques Duc d'Yorc,
depuis Roy d'Angleterre
& de Anne Hyde sa premiere femme
:
elle épousa.
en 1677. Guillaumede Nar:,
sau Prince d'Orange, son
cousin
-
germain. Les An..
glois firent un traité avec
lui en 1688. & l'attirerent en
Angleterre, pour se soustraire de l'obeissance qu'ils
devoient à leur Roy legitime. Il y arriva avec la flote
Hollandoise
,
& débarqua
à Torbay le
1 5. Novembre
de lamêmeannée, se joignit ,
aux Anglois, qui con-r
spirérent d'enlever le Roy,
qui fut enfin contraint de
ceder à la force, ôç de fc
retirer en France avec la
Reine
Reine son épouse par des
routes différentes
:
ainsi le
gendre & neveudétrôna
son beaupere &
son oncle.
Ce Prince & la Princesse
son épouse furent proclamez Rois d'Angleterre,
d'Ecosse & d'Irlande le 13.
Fevrier 1689. & couronnez
le 21.
Avrilsuivant. La Reine Marie n'a vécudepuis
son couronnement que jusqu'au 2.8. Décembre 1694.
qui est cinq ans, sept mois
& sept jours, quelle mourut
uns
posterité, âgée de
trente-deux ans. Le Prince
son époux régna, ~n!j~
qu'au 19. Mars IJQI., qu'il
mourut à Kensington,&
fut enterré le 16.Avrilà
Veiftminfter. <;
La seconde fille du pre-,.
mier lit du Roy Jacques
second, auparavant
d'Yorc,est Anne d'Angle-,;
terre, Princesse dfYorç, ô$
de sa premiers semmçA
ne Hyde. Elleepousa Ge<^.
ges fil Prince de Dai*enw£*
de Federic troifiéirïef
Roy de Danemarc
,
& de
Sophie-Amélie de kune-,
bourg. ApfÇf la morfc de
Guillaume de Nassau, Prince d'Orange, ôc Roy de I*
grande Bretagne, elle fut
reconnue Reine le 19. Mars,
1702. & proclamée des l'aprésdînée devant le Palais
de [aine James, & aux autres endroits publics: elle
fut couronnée le 4 May
suivant. A l'égard du Prince Georges
son
époux, il
fut déclaré grand Amiral
d'Angleterre, & est mort
depuis sans posterité. La
Reine Anne regne aujourd'hui feule & tranquille en
Angleterre.
Ainsi, par le recit que
je viens de faire on voit
que la Maison deStuart
est une Maison sortiedes
Roisd'Ecosse; qu'elle est
rentrée sur le trône par rextiné\:ion de la brançhc aînéeàlaquelleelle
s'estralliée;qu'ellearégné en Ecosse par plu..,
sieurs générations, puis
a
joint ce Royaume à celui d'Angleterre, par la
mort de la Reine Elisabeth. Or cetteMaison a
regné depuis, mais trésmalheureusement. Ily a
beaucoup de branches de
cette Maison qui, comme Princes de laMaison
de Stuart, portent tous
pour leurs armes d'or à
la face échiquetée de
trois trajets d'argent èc
d'azur.
Henry de Lorraine,
Comte de Brione, Chevalier de l'Ordre du S. Esprit,
fils aîné de Loüis de Lorraine, Comte d'Armagnac,
Scc grand Senechal héréditaire de Bourgogne,Gouverneur pour SaMajesté de
la Province d'Anjou, Pair,
& grand Ecuyer de France,
Chevalier de l'Ordre du S.
Esprit
; & de Catherine de
NeuleyfilledefeuM.le
MaréchalDuc deVilleroy,
mourut à Verseilles le f,
jour d'Avril. Il étoit reçuen
survivance dés le ij. Fevrier
1677. delaCharge de grand
Ecuyer,duGouvernement
du pays d'Anjou: né dans
lamême année &au même
mois que Monseigneurpre-
îftiêtDauphin,le quinze
Nô\tèmbtt' 166ï. Dés sa
ividréieuâcffe ce futun
des Seigneurs des plus attachez auprès de sa personne 3& des plus accomplis. Il s'étoit distingué dans
tous les exercices convenables à un jeune Prince. Il
remporta deux fois de suite
le prix des courses en 1686. Ilavoitépousé le 13. Décembre1689. Mademoiselle
d'E^ktey, fille de Loüis
d'Epinay,Marquis de Bron,
& de feuë Marie-Françoise
du Cousin de S. Denis de
laquelle ila le Prince de
Lambefc^qu'il avoit marie
depuis deux ans àMademoisèlle de Duras, fille de
Jacques
- Henry Duc de
Duras,,
-mort depuis plusieurs années; & de Mademoifeile de la Mark, aujourd'hui Duchesse de Doras, qui a encore Mademoiselle de Duras.
,
Le Comte de Vandeüil
,est mort à la Source, prés
d'Orléans, le cinq du mois
d'Avril, dans sa vingt- fijûéme année. Il étoit filsaî-
né de MessireFrançois Clerembaud, Marquisde Vandeüil
,
& de Marie-Anne de
Rangeüil, fille de M. le
: Marquis deRangeüilMaréchal deCamp, & CatherinedeBeaufort. M.le Marquis deVandeüilavoit commencé à servir en 16 52. Il
Je trouvaà la bataille de S.
Godar en Hongrie,où il
étoit allé chercher occasion
de fè distinguer. Quand la
guerre recommença en
France il revint dans son
pays, s'est trouve à l'affaire
de Senes, à Steinquerque
'à Leuse, où il commandolt
lacavalerie fous M. le Duc
du Maine, & la commanda
en chefquand ce Prince fut
partidel'armée. Le Roy lui
fit l'honneur de lui confier
la personné de Monseigneur, pour lui faire faire
sa premiere campagne à
Philisbourg. 11 a eu l'honneur en dernierlieu de conduire le Roy d'Espagne en
Espagne, avec M.le Maréchal de Noailles.
Il étoit Lieutenant general des armées du Roy,
Lieutenant de sesGardesdu
Corps; en quelle qualité Il
a
commandé la Maison du
Roy pendant cinq ans. Il
étoit Gouverneur de Pecquais
,
dont il demanda la
survivance pour ion filsaîjné ,qui n'avoit que quinze
ans, laquelle grace SaMajesté lui accorda en recompense de seslongs services,
Jk le fit Chevalier de l'Or-
-<ire de S. Louis.
:..
Il avoit e'poufé^MarieAnne de Rangeüil, doiJ:il
avoit eu quatre enfans: 1ainé, qui vient de mourir, ôc
trois autres) quisont actuel-
lemént au service.
M. leComte de Vandeüil
âvoit commencé à servir à
l'âge de quinze ans, en en-
,trant dans les Mousquetaires, au sortir des Pages de la Chambre. Il fut
ensuite Aide de Camp de
M. le Maréchal de Villecray
,
puis Capitaine de cavalerie dans le regimerit de
Bar. A près la bataille de Rajiiilly il acheta le regiment
idc Monseigneur le Dauphin, cavalerie, se trouva
£
la bataille de Turin, où il
se distingua à la tête de son
regiment, depuis à
celle de
Malplaquet, témoignant
dans les actionsles plus perilleusesune intrépiditéaccompagnee d'une grande
prelencedespris.
Il étoit Gouverneur de
Pecquais en Languedoc,
&grand Baillifd'Orléans.
La maison de Vandeüil
tire son nom de la Terre
& Seigneurie de Vandeüil,
située sur la riviered'Oise,
prés S. Quentin, dont les
ancêtres de cette maison
étoient Seigneurs. Le premier de cette maison dont
on ait connossances'appelloit Clerembauld, Chcva,,.-"
lier Seigneur de Vajideiiil,
qui vivait en ito96. ce qui. se
voit dans les auteurs qui
ont é'c'Èit de la premiere
Croisade, & dansl'histoire
de la maison deBechune,.
par André duChêne, liv.
-+.,
page284. & suivantes, où
l'on voit danciens [ceans:
dans lesquels font les rna-,
mes armes queportent aujourd'hui Messieurs deVaivdeüil. La branche aînéede
cette maison finit par Jeaiv;
JQDame de Vandeüil 8(,
autresJcxtçsi Fille de Cletrembauld
,
troisiéme du - -
laquelleépousaMa-
~thieu iç Roye second du
tnoro, Seigneurde la Ferté
en Pontieu ,&lui apporta,
CII docçfttjr'mtrçs biens la
Terrede Vandeüil.
:
Pourplus grande preuve del'ancienneté de cette
unaifoo. il est en remarque
dans l'histoire dela guerre teinte, intitulée la Franciade
'Qricmtdle, au fol. 40. qu'un
Clerembauld de Vandeüil
fut arrêté prisonnier etanç Àh suite de Hugues le
Grand
,
Frere duRoy de
France, par le Lieutenant
de Nicephore Empereur,
sur lequel Alexis Comnenne usurpa l'Empire. Godefroy de Boüillon, Duc de
Lorraine, ayant envoyé des
ambassadeurs pour lesommer de rendre le Prince
Hugues, &les Gentilshommes prisonniers avec lui,
en ayant fait refus, Godefroy de Boüillons'étant
campé avec toute son armée devant Constantinople,obligea l'Empereur de
lui renvoyer le Prince, &
tous
tous lesGentilshommesde
sa Compagnie.
Clerembaudde Vandeüil,
Seigneur & Châtelain de
Vandeüil, prés la Fereen
Picardie,vivoit en l'an 1225.
il n'eut de son mariage que
deux filles, sçavoir Jeanne
& Melisende de Vandeüil.
Il avoit pour frere cadet
Guide Vandeüil, Seigneur
d'Aubigny. Jeanne de Vandeüil épousa Matthieu de
Roye
,
Sieur de Duri, la
Ferté y
saintValery, Diancourt.
Marie de Roye, fille de
Matthieu de Roye, & de
Jeanne de Vandeüil,épousa
Guillaume de Bethune
, Chevalier Seigneur de
Locres. Jean de Bethune
Chevalier, Seigneur de
Vandeüil,&c. épousa Jeanne deCoucy,Vicomtesse de
Meaux. Jeanne dela Bar,
Dame de Vandeüil, Oisy
, Condé, &c. Vicomtesse de
Soissons ôc de Marle,épousa.
Loüis de Luxembourg.
Comte de S. Paul, Ligni,
Roussi- le-Château, ôcc.
Marie,Soissons,&Connétable de France. Pierre de
Luxembourg, Comte de
S Pàul, &c. Sieur de Vandeüil,épousaMarguerite de
Savoye. Marie de Luxembourg
»
fille de Pierre de
Luxembourg, Comte de
S. Paul, & Sieur de Vandeüil, épousaFrançois de
Bourbon, Comte de Vandôme.
Messîre Nicolas le Camus, Chevalier Seigneur
dè la Grange du Milieu,
Bligny,Vvittemberg, &c.
Conseiller -
du Royen tous
ses Conseils
,
premier Pre-
sident de sa Cour des Aydes
à condition de survivance
, Maître des Requêteshonoraire de son Hôtel, mourut de l'opération de la taille
le15. Avril1711. âgé de
ans.
Il étoit fils de M. le premier President de la Cour
des Aydes, qui remplit ce
poste avec tant de dignité
& d'applaudissemensdepuis
plusieurs années. Feu M. le
Lieutenant Civil le Camus,
& M.le Cardinal le Camus
Evêque de Grenoble, étoient freres de M. Jp pre-
- mier President ,qui a eu
deux autres enfans
;
donc
l'un, nommé M.le Camus
de la Grange, est mort Intendant à Pau. Il a encore
une fille, mariée à M. le
Marquis de Flammanville,
Lieutenant general des armées du Roy, ci-devant
Capitaine des Gensdarmes
Bourguignons. La maison
de Camus le Beaulieu tire
son origine du Lionnois, &
est une des plus anciennes
de cetteProvince.
DameMarie-Genevieve
Larcher
,
veuve de Messire
Edoüard Colbert, Chevalier Marquis de Villacerf
& de Pajens, Seigneur de
saint Mesmin, Courlange,
&c. Conseiller du Royen
son Conseil d'Etat, premier.
Maître d'Hôtel de la feuë
Reine, & de Madame la
Duchesse de Bourgogne,
Surintendant & Ordonnateur general des Bâtimens
du Roy, Arts & Manufactures de Sa Majesté, mourut le 17. Avril, âgée de 7O
ans,Madame de Villacerfé-
toit fille au President JLar*
cher: elle a eu plusieurs
freres, dont l'un aété
Maître des Requêtes, &
Intendant en Champagne, & l'autre Chevalier
deMalte. *-
Charles le Nonr.anr,
ancien Secretaire du Roy,
&l'un desFermiers generaux de Sa Majcfté
,
mourut le vingt-huit Mars mil
sept cent douze.
Loiïise-Marie-Elisabeth,
Princessèd'Angleterre,
mourut de la petite verole,
à
saint Germain en Laye,
le 18.Avril1711. âgée de 10.
ans moins deux mois &
quelques jours.
La Maison de Stuart est
originaire & descenduë des
anciens Rois d'Ecosse.Kenneth, troisiéme du nom,
Roy d'Ecosse,épousa une
fille de Guillaume premier,
Duc deNormandie,de la-
quelle il eut deux fils
:
Maleome second , Roy d'Ecossè) qui continua la branche des Rois d'Ecosse jusques- à Alexandre troisiéme en 1186. & Ferquharc,
second fils de Kenneth,
eut pour son appanage le
pays de Lochabet
,
fous le
titre, de Thane. C'est de lui
qu'estdescendue la Maison
de Stuart, dont l'arrierepetit-fils Vvalterfut le premier qui prit le surnom de
Stuart, & fut créé grand
Senechal d'Ecosse en 1086.
& ont conservé cette qua-
lité pendant plusieurs génerations. Jacques Stuart,
grand Senechal d'Ecosse,
fut un des Regens du
Royaume après la mort du
Roy Alexandre troisième
,
qui fut tué en 1 302. en unè bataille
contre les Anglois,
Vvalter Sruarr, troisiéme
du nom, son fils, & aussi
grand Senechal d'Ecosse;
epousa Marie Bruce, fille
du Roy Robert premier. Il
mourut en 1327. De leur mariage il sortit RobertSruarr:)
second du nom, Roy d'Ecosse, qui mourut en 159Ov
& fut pere de Robert troi^.
siéme du nom, qui étoit le
cinquième ayeulde la Reine d'Ecosse Marie Stuart
,
qui épousa en premicres
noces François second Roy
deFrance, & en secondés
noces Henry-Stuart, Duc
d'Albanie,Seigneur d'Arnhùy^ son parent,quià caufc d'elle fut Royd'Ecosse.
Ce Prince fut- si malheur
reux,que ses sujetsconspirerentcontre lui, lesquels
ayant mis des poudres dans
le château d'Edimbourg,
le firent fauter la nuit du
10. Fevrier 1567. La Priru
cesse sa veuve en eut tant dedéplaisir,qu'elle en garda le triste souvenir pen- dant le reste de sa vie, qui
fut partagée de tousles malheurs qui peuventaccabler,
une Princesse, dont la vertu
a
été un modele de patience dans les souffrancès que
luiafait éprouver &fjbuf~:
frir la Reine d'Angleterre
Elisàbeth sa cousine
,
qui l'a
ténue prisonniere pendant
dix-huit ans, où ellea été
traitée contre la dignité
d'une si grande Princesse
,
comme la plus malLeureusedetoutes les femmes?
luy ayant fait finir sa vie par
la main d'un bourreau le 18.
Fevrier 1587. quilui coupa la
têteau château deFondrainga,yç,par unejalousie quela
Reine d'Angleterre sa cousine avoit conçue contr'elle.
Il n'ya qu'à lire ce que le P.
Hilarion de laCoste, Religieux Minime, en a
écrit, &
Florimond de Raymond
dans son traite du Schisme
d'Angletereen a
détaillé les
particularitez tout au long.
Il sortit de son second ma-
riage avec Henry Stuart
Duc d'Albanie, Seigneur
d'Arnlay,à caused'elleRoy
d'Ecossè, un fils
,
qui fut
- Jacques sîxiéme du nom,
- Roy d'Ecossè,qui succeda
au Royaume d'Angleterre àlaReine Elisabeth, Il fut
premier du nom,Royd'Angleterre. C'est lui qui a
commence la branche-des
Stuarts Rois d'Angleterre.;
ainsïil aété le premierqui ir.çré'Ro-y d'Angleterre,
d'Ecosse ôcd'Irlande,ayant
joint en sa personne ces.
trois Royaumes ensemble
tels qu'ils font encore aujourd'hui
: mais il n'a pas
rétabli le bonheur de sa
Maison fous l'abri de ces
trois Couronnes, puisque
ses successeurs y ont vêcu
trés-malheureusement.
Il épousa Anne, fille de
Federic second Roy de Danemark. Illaissa de ce mariage un fils& une fille: le
fils fut Charles premier,
Roy d'Angleterre qui suit;
& la fille a
été Elisabeth
d'Angleterre, femme de
Federic cinq, Comte Palatin du Rhin, Duc de Ba-
viere, Electeur de l'Empire,dont la posterité est tombée dans la maison d'Hanoüer, qui comme Protestante sur choisie pour succeder à la Couronne d'Angleterre.
Charles premier,fils de
Jacques premier, Roy de la
grande Bretagne, ou d'Angleterre ,d'Ecosse & d'Irlande,connuë à presentfous
le titre de Royaume de la
grande Bretagne,succeda
a
son pere en 1625. mais ce
Prince, quoique trés-bon,
fut si fort maltraité de Ces
sujets., qu'ils confpirerenc
contre lui
,
qui lui ayant
suscité des crimes, l'arrêterent en Ecosse, & fous la
conduited'Olivier Cronvel conspirerent sa ruïne,
& ayant été conduit à Londres
,
établirent une Chambre de Justice, Ôc par un
horrible attentat le condamnèrent à mort. Il eut la
tête tranchée en public le
,
neuvième jour de Fevrier
1649.
Ce Prince avoit épousé
en 1625. Henriette-Marie de
France, fille du Roy Henry
quatre & de Marie de Médicis. Il en eut Charlessecond, Roy de
la grande Bretagne,quifuit
Jacques Duc d'Yorc, depuis Roy de la grande Bretagne après son
-
frere, dont
je parlerai ci-apres.
Henriette-Maried'Angleterre
,
femme de Guillaume de NaŒau, Prince
d'Orange, dont je parlerai aussi ci-aprés.
Henriette-Anned'Anglererre,femme de Philippe de France, Duc d'Or.
leans, morre en1670. agee
de
devingt-six ans, qui alaissé
des enfans.
- La mort du Roy Charles premier, époux de Henriette-Marie de France, ôc
pere de tous ces infortunez
enfans, les dérangea tous.
La Reine leur mere se retira en France dés l'an 1644.
cinq ans avant la mort de
son époux. Quantà ses
enfans, ils se trouverent
dispersez & cachez; & aprés plusieurs révolutions,
Charlessecond fut reconnu
& couronné à Londres Iv
trois May 1661. Rov de la
grandeBretagne, & il a
régné jusqu'au 16. Fevrier
1685 qu'il mourut sans posterité de Catherine de Portugal, fille unique de Jean
quatriéme, Roy de Portugal, & de Loüise de Gusman; après la mort duquel
Charles second
,
Jacques
Duc d'Yorc fut reconnu
Roy de la grandeBretagne,
comme je le dirai ci-aprés.
Jacques d'Angleterre,
Duc d'Yorc, d'Albanie,
&c. frere unique du Roy
Charles second,servit en
France,oùilfutLieute-
nant general des armées
navales du Roy. Estant Duc
d'Yorcilépousaen 1660.
Anne Hyde, fille de Milord
Edoüard Hyde, grand
Chancelier d'Angleterre. Il
eut de ce mariage nombre
d'enfans, & entr'autres
deux Princesses, Marie, &
Anne, dont je parlerai aprés
leur pere, & qui ont eu
beaucoup de part aux af-,
faires de leurs temps.
Jacques d'Angleterre,
Duc d'Yorc,épousa en secondes noces en 1673. Marie-Eleonore d'Est, fille de
François Duc de Modene.
Il succeda au Roy Charles
fecond son frere auxRoyaumes d'Angletere, d'Ecosse & d'Irlande, ( autrement
dit de la grande Bretagne)
sous le nom de Jacques second. Il fut couronné le
jour de saint Georges, 23.
Avril1685. mais ce Prince,
auiti malheureux que ses
ancêtres du nom de Stuart,
a
éprouvél'inconstance de
ses peuples, & de son neveu
propre qui s'éleva contre
lui, qui fut le Duc de Montmouth
,
fils naturel du Roy
Charlessecond son frere.
Il a
enfinété obligé de ceder à la force, &dese retirer en France sur la fin de
i688.Wec beaucoup de peines & de dangers, par les
cabales du Prince d'Orange
son neveu & son cendre. LaReine son épouse ie sauva
aussi furtivement avec le
Prince de Galles son fils,
où ils ont été reçus par le
le Roy Louis XIV.tréscourtoisement, qui leur a
donné, pour demeure le
Château de saint Germain
en Laye,où le Roy Jacques
second est mort le 16. Septembre 1701. d'où son corps
a
été apporté à Parissen l'Egti(e des Benedictins Anglois, au fauxbourg saint
Jacques, où sa memoire est
révérée commed'un Prince
bienheureux,
Du mariage du Roy
Charles second & de la Reine Marie
-
Eleonore d'Est
il en est sorti plusieursensans. Il n'en a
survêcu que
deux: Jacques-FrançoisEdouard Prince de Galles,
qui nâquit enAngleterre le
20. Juin 1688.& quifut en-
levé par sa mere
,
qui fuyoit
la persecution
,
assisté du
Comte depuis Duc de Lauzun ;
lequel après lamort
de son pere a
été reconnu
en France Roy dela grande
Bretagne fous le nom de
Jacquestroisiéme.EtLoüise-MarieElisabeth d'Angleterre, dont la mort donne lieu à cet article.
Marie d'Angleterre,
Princessed'Yorc,fille aînée.
de Jacques Duc d'Yorc,
depuis Roy d'Angleterre
& de Anne Hyde sa premiere femme
:
elle épousa.
en 1677. Guillaumede Nar:,
sau Prince d'Orange, son
cousin
-
germain. Les An..
glois firent un traité avec
lui en 1688. & l'attirerent en
Angleterre, pour se soustraire de l'obeissance qu'ils
devoient à leur Roy legitime. Il y arriva avec la flote
Hollandoise
,
& débarqua
à Torbay le
1 5. Novembre
de lamêmeannée, se joignit ,
aux Anglois, qui con-r
spirérent d'enlever le Roy,
qui fut enfin contraint de
ceder à la force, ôç de fc
retirer en France avec la
Reine
Reine son épouse par des
routes différentes
:
ainsi le
gendre & neveudétrôna
son beaupere &
son oncle.
Ce Prince & la Princesse
son épouse furent proclamez Rois d'Angleterre,
d'Ecosse & d'Irlande le 13.
Fevrier 1689. & couronnez
le 21.
Avrilsuivant. La Reine Marie n'a vécudepuis
son couronnement que jusqu'au 2.8. Décembre 1694.
qui est cinq ans, sept mois
& sept jours, quelle mourut
uns
posterité, âgée de
trente-deux ans. Le Prince
son époux régna, ~n!j~
qu'au 19. Mars IJQI., qu'il
mourut à Kensington,&
fut enterré le 16.Avrilà
Veiftminfter. <;
La seconde fille du pre-,.
mier lit du Roy Jacques
second, auparavant
d'Yorc,est Anne d'Angle-,;
terre, Princesse dfYorç, ô$
de sa premiers semmçA
ne Hyde. Elleepousa Ge<^.
ges fil Prince de Dai*enw£*
de Federic troifiéirïef
Roy de Danemarc
,
& de
Sophie-Amélie de kune-,
bourg. ApfÇf la morfc de
Guillaume de Nassau, Prince d'Orange, ôc Roy de I*
grande Bretagne, elle fut
reconnue Reine le 19. Mars,
1702. & proclamée des l'aprésdînée devant le Palais
de [aine James, & aux autres endroits publics: elle
fut couronnée le 4 May
suivant. A l'égard du Prince Georges
son
époux, il
fut déclaré grand Amiral
d'Angleterre, & est mort
depuis sans posterité. La
Reine Anne regne aujourd'hui feule & tranquille en
Angleterre.
Ainsi, par le recit que
je viens de faire on voit
que la Maison deStuart
est une Maison sortiedes
Roisd'Ecosse; qu'elle est
rentrée sur le trône par rextiné\:ion de la brançhc aînéeàlaquelleelle
s'estralliée;qu'ellearégné en Ecosse par plu..,
sieurs générations, puis
a
joint ce Royaume à celui d'Angleterre, par la
mort de la Reine Elisabeth. Or cetteMaison a
regné depuis, mais trésmalheureusement. Ily a
beaucoup de branches de
cette Maison qui, comme Princes de laMaison
de Stuart, portent tous
pour leurs armes d'or à
la face échiquetée de
trois trajets d'argent èc
d'azur.
Henry de Lorraine,
Comte de Brione, Chevalier de l'Ordre du S. Esprit,
fils aîné de Loüis de Lorraine, Comte d'Armagnac,
Scc grand Senechal héréditaire de Bourgogne,Gouverneur pour SaMajesté de
la Province d'Anjou, Pair,
& grand Ecuyer de France,
Chevalier de l'Ordre du S.
Esprit
; & de Catherine de
NeuleyfilledefeuM.le
MaréchalDuc deVilleroy,
mourut à Verseilles le f,
jour d'Avril. Il étoit reçuen
survivance dés le ij. Fevrier
1677. delaCharge de grand
Ecuyer,duGouvernement
du pays d'Anjou: né dans
lamême année &au même
mois que Monseigneurpre-
îftiêtDauphin,le quinze
Nô\tèmbtt' 166ï. Dés sa
ividréieuâcffe ce futun
des Seigneurs des plus attachez auprès de sa personne 3& des plus accomplis. Il s'étoit distingué dans
tous les exercices convenables à un jeune Prince. Il
remporta deux fois de suite
le prix des courses en 1686. Ilavoitépousé le 13. Décembre1689. Mademoiselle
d'E^ktey, fille de Loüis
d'Epinay,Marquis de Bron,
& de feuë Marie-Françoise
du Cousin de S. Denis de
laquelle ila le Prince de
Lambefc^qu'il avoit marie
depuis deux ans àMademoisèlle de Duras, fille de
Jacques
- Henry Duc de
Duras,,
-mort depuis plusieurs années; & de Mademoifeile de la Mark, aujourd'hui Duchesse de Doras, qui a encore Mademoiselle de Duras.
,
Le Comte de Vandeüil
,est mort à la Source, prés
d'Orléans, le cinq du mois
d'Avril, dans sa vingt- fijûéme année. Il étoit filsaî-
né de MessireFrançois Clerembaud, Marquisde Vandeüil
,
& de Marie-Anne de
Rangeüil, fille de M. le
: Marquis deRangeüilMaréchal deCamp, & CatherinedeBeaufort. M.le Marquis deVandeüilavoit commencé à servir en 16 52. Il
Je trouvaà la bataille de S.
Godar en Hongrie,où il
étoit allé chercher occasion
de fè distinguer. Quand la
guerre recommença en
France il revint dans son
pays, s'est trouve à l'affaire
de Senes, à Steinquerque
'à Leuse, où il commandolt
lacavalerie fous M. le Duc
du Maine, & la commanda
en chefquand ce Prince fut
partidel'armée. Le Roy lui
fit l'honneur de lui confier
la personné de Monseigneur, pour lui faire faire
sa premiere campagne à
Philisbourg. 11 a eu l'honneur en dernierlieu de conduire le Roy d'Espagne en
Espagne, avec M.le Maréchal de Noailles.
Il étoit Lieutenant general des armées du Roy,
Lieutenant de sesGardesdu
Corps; en quelle qualité Il
a
commandé la Maison du
Roy pendant cinq ans. Il
étoit Gouverneur de Pecquais
,
dont il demanda la
survivance pour ion filsaîjné ,qui n'avoit que quinze
ans, laquelle grace SaMajesté lui accorda en recompense de seslongs services,
Jk le fit Chevalier de l'Or-
-<ire de S. Louis.
:..
Il avoit e'poufé^MarieAnne de Rangeüil, doiJ:il
avoit eu quatre enfans: 1ainé, qui vient de mourir, ôc
trois autres) quisont actuel-
lemént au service.
M. leComte de Vandeüil
âvoit commencé à servir à
l'âge de quinze ans, en en-
,trant dans les Mousquetaires, au sortir des Pages de la Chambre. Il fut
ensuite Aide de Camp de
M. le Maréchal de Villecray
,
puis Capitaine de cavalerie dans le regimerit de
Bar. A près la bataille de Rajiiilly il acheta le regiment
idc Monseigneur le Dauphin, cavalerie, se trouva
£
la bataille de Turin, où il
se distingua à la tête de son
regiment, depuis à
celle de
Malplaquet, témoignant
dans les actionsles plus perilleusesune intrépiditéaccompagnee d'une grande
prelencedespris.
Il étoit Gouverneur de
Pecquais en Languedoc,
&grand Baillifd'Orléans.
La maison de Vandeüil
tire son nom de la Terre
& Seigneurie de Vandeüil,
située sur la riviered'Oise,
prés S. Quentin, dont les
ancêtres de cette maison
étoient Seigneurs. Le premier de cette maison dont
on ait connossances'appelloit Clerembauld, Chcva,,.-"
lier Seigneur de Vajideiiil,
qui vivait en ito96. ce qui. se
voit dans les auteurs qui
ont é'c'Èit de la premiere
Croisade, & dansl'histoire
de la maison deBechune,.
par André duChêne, liv.
-+.,
page284. & suivantes, où
l'on voit danciens [ceans:
dans lesquels font les rna-,
mes armes queportent aujourd'hui Messieurs deVaivdeüil. La branche aînéede
cette maison finit par Jeaiv;
JQDame de Vandeüil 8(,
autresJcxtçsi Fille de Cletrembauld
,
troisiéme du - -
laquelleépousaMa-
~thieu iç Roye second du
tnoro, Seigneurde la Ferté
en Pontieu ,&lui apporta,
CII docçfttjr'mtrçs biens la
Terrede Vandeüil.
:
Pourplus grande preuve del'ancienneté de cette
unaifoo. il est en remarque
dans l'histoire dela guerre teinte, intitulée la Franciade
'Qricmtdle, au fol. 40. qu'un
Clerembauld de Vandeüil
fut arrêté prisonnier etanç Àh suite de Hugues le
Grand
,
Frere duRoy de
France, par le Lieutenant
de Nicephore Empereur,
sur lequel Alexis Comnenne usurpa l'Empire. Godefroy de Boüillon, Duc de
Lorraine, ayant envoyé des
ambassadeurs pour lesommer de rendre le Prince
Hugues, &les Gentilshommes prisonniers avec lui,
en ayant fait refus, Godefroy de Boüillons'étant
campé avec toute son armée devant Constantinople,obligea l'Empereur de
lui renvoyer le Prince, &
tous
tous lesGentilshommesde
sa Compagnie.
Clerembaudde Vandeüil,
Seigneur & Châtelain de
Vandeüil, prés la Fereen
Picardie,vivoit en l'an 1225.
il n'eut de son mariage que
deux filles, sçavoir Jeanne
& Melisende de Vandeüil.
Il avoit pour frere cadet
Guide Vandeüil, Seigneur
d'Aubigny. Jeanne de Vandeüil épousa Matthieu de
Roye
,
Sieur de Duri, la
Ferté y
saintValery, Diancourt.
Marie de Roye, fille de
Matthieu de Roye, & de
Jeanne de Vandeüil,épousa
Guillaume de Bethune
, Chevalier Seigneur de
Locres. Jean de Bethune
Chevalier, Seigneur de
Vandeüil,&c. épousa Jeanne deCoucy,Vicomtesse de
Meaux. Jeanne dela Bar,
Dame de Vandeüil, Oisy
, Condé, &c. Vicomtesse de
Soissons ôc de Marle,épousa.
Loüis de Luxembourg.
Comte de S. Paul, Ligni,
Roussi- le-Château, ôcc.
Marie,Soissons,&Connétable de France. Pierre de
Luxembourg, Comte de
S Pàul, &c. Sieur de Vandeüil,épousaMarguerite de
Savoye. Marie de Luxembourg
»
fille de Pierre de
Luxembourg, Comte de
S. Paul, & Sieur de Vandeüil, épousaFrançois de
Bourbon, Comte de Vandôme.
Messîre Nicolas le Camus, Chevalier Seigneur
dè la Grange du Milieu,
Bligny,Vvittemberg, &c.
Conseiller -
du Royen tous
ses Conseils
,
premier Pre-
sident de sa Cour des Aydes
à condition de survivance
, Maître des Requêteshonoraire de son Hôtel, mourut de l'opération de la taille
le15. Avril1711. âgé de
ans.
Il étoit fils de M. le premier President de la Cour
des Aydes, qui remplit ce
poste avec tant de dignité
& d'applaudissemensdepuis
plusieurs années. Feu M. le
Lieutenant Civil le Camus,
& M.le Cardinal le Camus
Evêque de Grenoble, étoient freres de M. Jp pre-
- mier President ,qui a eu
deux autres enfans
;
donc
l'un, nommé M.le Camus
de la Grange, est mort Intendant à Pau. Il a encore
une fille, mariée à M. le
Marquis de Flammanville,
Lieutenant general des armées du Roy, ci-devant
Capitaine des Gensdarmes
Bourguignons. La maison
de Camus le Beaulieu tire
son origine du Lionnois, &
est une des plus anciennes
de cetteProvince.
DameMarie-Genevieve
Larcher
,
veuve de Messire
Edoüard Colbert, Chevalier Marquis de Villacerf
& de Pajens, Seigneur de
saint Mesmin, Courlange,
&c. Conseiller du Royen
son Conseil d'Etat, premier.
Maître d'Hôtel de la feuë
Reine, & de Madame la
Duchesse de Bourgogne,
Surintendant & Ordonnateur general des Bâtimens
du Roy, Arts & Manufactures de Sa Majesté, mourut le 17. Avril, âgée de 7O
ans,Madame de Villacerfé-
toit fille au President JLar*
cher: elle a eu plusieurs
freres, dont l'un aété
Maître des Requêtes, &
Intendant en Champagne, & l'autre Chevalier
deMalte. *-
Charles le Nonr.anr,
ancien Secretaire du Roy,
&l'un desFermiers generaux de Sa Majcfté
,
mourut le vingt-huit Mars mil
sept cent douze.
Fermer
Résumé : MORTS.
Le texte relate plusieurs décès et événements historiques liés à la Maison de Stuart, une dynastie originaire des anciens rois d'Écosse. Louise-Marie-Élisabeth, princesse d'Angleterre, est décédée de la petite vérole à Saint-Germain-en-Laye le 18 avril 1711, à l'âge de dix ans. La Maison de Stuart a vu plusieurs de ses membres occuper des positions de pouvoir en Écosse et en Angleterre. Kenneth III, roi d'Écosse, a épousé une fille de Guillaume Ier, duc de Normandie, et leur descendance a continué à régner en Écosse jusqu'à Alexandre III. La branche des Stuart, issue de Ferquharc, a vu Walter Stuart devenir le premier à porter ce nom et être créé grand sénéchal d'Écosse en 1086. Jacques Stuart, grand sénéchal, a été régent du Royaume après la mort d'Alexandre III en 1302. Walter Stuart, troisième du nom, a épousé Marie Bruce, fille du roi Robert Ier. Leur fils, Robert Stuart, a été roi d'Écosse et père de Robert III, qui était l'arrière-grand-père de Marie Stuart. Marie Stuart, reine d'Écosse, a épousé François II de France et Henri Stuart, duc d'Albanie. Elle a été emprisonnée par Élisabeth Ire d'Angleterre et exécutée le 18 février 1587. Jacques VI d'Écosse, fils de Marie Stuart, a succédé à Élisabeth Ire sur le trône d'Angleterre, devenant Jacques Ier. Il a épousé Anne de Danemark et a eu deux enfants : Charles Ier et Élisabeth d'Angleterre. Charles Ier a été exécuté le 9 février 1649 après une conspiration. Son fils, Charles II, a régné jusqu'en 1685. Jacques II, frère de Charles II, a succédé au trône mais a été contraint de s'exiler en France en 1688. Il est mort à Saint-Germain-en-Laye le 16 septembre 1701. Marie d'Angleterre, princesse d'York, a épousé Guillaume d'Orange et a été proclamée reine d'Angleterre en 1689. Elle est décédée sans postérité en 1694. Anne d'Angleterre, sœur de Marie, a épousé Georges de Danemark et a régné seule après la mort de Guillaume d'Orange en 1702. Le texte mentionne également la mort de Henry de Lorraine, comte de Brione, et du comte de Vandeuil, tous deux chevaliers de l'Ordre du Saint-Esprit. La famille de Vandeuil tire son nom de la Terre et Seigneurie de Vandeuil, située sur la rivière d'Oise près de Saint-Quentin. Le premier ancêtre connu, Clerembauld, vivait en 1096 et est mentionné dans des écrits sur la première Croisade. La branche aînée de cette maison s'est éteinte avec Jeanne de Vandeuil, qui épousa Mathieu de Roye. Le comte de Vandeuil a commencé sa carrière militaire à l'âge de quinze ans en entrant dans les Mousquetaires, a servi comme Aide de Camp du Maréchal de Villecray, et a été Capitaine de cavalerie dans le régiment de Bar. Il s'est distingué lors des batailles de Turin et de Malplaquet et était Gouverneur de Pecquais en Languedoc et Grand Baillif d'Orléans.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
18
p. 3-54
NOUVELLE GALANTE. LA JALOUSIE GUERIE par la jalousie. Par M. le Chevalier de P**.
Début :
Un Gentilhomme fort riche, & qui n'avoit qu'un fils [...]
Mots clefs :
Jalousie, Amour, Mariage, Père, Fils, Marquise , Rivaux, Méfiance , Confidence
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : NOUVELLE GALANTE. LA JALOUSIE GUERIE par la jalousie. Par M. le Chevalier de P**.
NOUVELLE GALANTE.
LA JALOUSIE GUERIE
par la jalousie.
Par M. le Chtvalitr de P * *. N Gentilhomme
fort riche, & qui
n'avoit qu'un fils
,
avoit
depuis long -temps envie
de le marier: mais
eommeil remarqua dans
ce fils unique une grande
disposition à la jalousie,
il craignit de le rendre
malheureux en le
mariant ; il prévoyoit
que son humeur inquiete
k soupçonneuse pourroit
chagriner une semme,
& que les chagrins
d'une femme retomberoient
sur lui: car il susfit
en mariage que l'un
des deux soit de mauvasse
humeur, l'autre le
devient bientôt par contagion.
Ce pere étoit
homme sencé, penetrant
;il connoissoit dans
son fils un fond de raison
& de vertu, qui lui
faisoit esperer que dans
un âge plus avancé il
deviendroit plus capable
de surmonter ses passions;
& celle de la jalousie
dont il le croyoit
susceptible, n'étoit
pas
de ces jalousies noires
qui partent d'un mauvais
coeur:ce n'etoit qu'-
une jalousie soupçonneu
se, qu'il condamnoit
lui-mêsme, pour peu
qu'il fît reflexion sur
l'injustice de ses soupçons.
Ainsi par lesconscils
de son pere il ne se
pressoit point de se marier
, 6c son pere trouva
à propos de Iaisser épuiser
la jalousie de son fils
sur quelques maîtresses,
en attendant qu'il fût
assez raisonnable pour
rendre une femme heureuse.
Cependant l'amour,
sans consulter la
prudence du pere, s'empara
du fils. Celle qu'-
il aima étoit belle &
d'une naissance distinguée
: mais il voulut étouffer
son amour dés
qu'il s'apperçut qu'il avoit
beaucoup de rivaux.
C'étoit une trop
rude épreuve pour lui.
Issut quelques jours sans
aller chez la Marquifc
de P. (Cetoit ainsi
que s'appelloit cette jeune
personne, veuve d'un
Marquis tué à la guerre
,
qui n'avoit été son
mari que pendant un hiver,
&quil'avoitlaissée
avec très peu de bien.)
Cette Marquise commençoit
à aimer nôtre
jeune jaloux, & s'etoit
déja apperçûë de son
foible. Elle fit ses efforts
pour l'oublier, quoique
ce fût un parti qui lui
faisoit sa fortune; car
elle craignoit de s'engageravec
un jaloux. Elle
tâcha donc de se consoler
- de son absence avec
ses rivaux, &: resolut
fermement de choisir entr'eux
un époux qui pût
la tirer de son indigence
: mais ce fut en vain
qu'elle voulut s'attacher
a d'autres qu'à l'amant
jaloux, c'étoit le seul défaut
qu'elle lui trouvoit
sa passion pour lui augmentoitde
jour en jour:
en un mot elle prit son
parti pour le faire revenir
chez elle, & trouva
plusieurs pretextes pour
congédier tous ceux qui
la recherchoient en mariage.
Cependant l'amour du
Cavalier avoit encore
augmenté par la violence
qu'il s'étoit faire pour
ne point voir la Marquise
; &, son pere, qui
le voyoit accablé de chagrin,
avoir exigé de lui
une entiere confidence.
Ils vivoient ensemble
comme deux veritables
amis;ce pere de bon sens
s'étoitplus attaché à se
faire aimer de son fils,
qu'à s'en faire craindre,
& avoit enfin acquis sur
lui, à force de bons procédez,
cette confiance
que les enfans ont si rarement
en leurs peres.
Celui-cis'informa d'abord
à fond du caractère
de la Marquise
,
& sitôt
qu'il fut bien persuadé
de sa vertu &,- de son
bonesprit, ilne fut point
rebuté par sapauvreté;
il con seil la à son fils de
s'attacher à elle, ô£ d'examiner
exactement si
la jalousie qu'il avoit
conçûë étoit bien fondée.
On s'informa, on
examina, & l'amant jaloux
ayant appris que
tous ses rivaux étoient
écartez, se flata qu'il
pouvoit avoir quelque
part à ce changement. Il
retourna chez elle, &
dés ce jour-là ils furent
si contens l'un de l'autre
,
qu'en moins d'un
mois leur mariage fut
resolu, & le pere, qui se
liad'amitié avec la Marquise,
y donna son consentement
avec plaisir,
Cependant il dit en particulier
à son fils qu'il
luiconseilloitdesuspendre
encore le contrat
pendant quelques mois;
&que quoi qu'il blâmât
ordinairement son foible
sur la jalousie, il
croyoit qu'en cette occasion
la prudence vouloit
qu'il observât pendant
quelque temps la
conduite d'une personne
qui avoit reçû tant de
déclarations d'amour;
qu'illa croyoit trés-vertueuse
: mais que si elle
l'étoit, elle le fcroit encore
dans six mois; qu'en
un mot on nerisqueroit
rien à differer. Le fils
donna de bon coeur dans
son foible. En effetils
trouvèrent d'honnêtes
pretextes pour differer
de jour en jour un mariage
que la Marquise
envifageoit comme le
plus grand bonheur qui
lui pût arri ver. Le Cavalier
amoureux passoit
les jours entiers chez
elle, lors qu'il survint
une affairequil'obligea
d'accompagner son pere
dans un petit voyage de
huit jours. La separation
des amans fut tendre
& la Marquise passa fort
tristement le temps de
cette petite absencemais
la joye du retour la dédommagea,&
son amant
revint sipassionné, qu'à
leur entrevuë il resta une
heure entiere sans pouvoir
parler, ses regards
fixez sur ce qu'il aimoit.
Après
Aprés les premiers transports,
il jetta les yeux
sur un miroir magnifique,
& fut fort surpris
dé voir ce nouveau meuble
à la Marquise, qui
n'étoit pas assez riche
pour s'en donner de pareils.
Pendant qu'il le regardoit
fixement,la Marquise
sourioit, en lui
ferrant tendrement les
mains. lVlonfIler époux,
lui dirait-elle, fere'{:
110ut aussigalant après le
contrat, que vous l'avez,
été pendant vôtre absence
? Cette corbeille de dentelles,
quim'estvenueavec
ce miroir &ces autres bijoux
,choisisd'ungoût ex- quis.Moy un miroir,
interrompit brusquement
le jaloux tout étourdi
! moy des dentelles!
moy des bijoux! Ah
Ciel qu'entens-je ! Cette
surprise qu'il témoigna
en causa une si grande à
la Marquise, qu'elle resta
muette &immobile;
car ceux qui avoient apporté
ces presens chez
elle avoient affecté un
air mysterieux, & elle
n'avoit point douté que
ce ne fust une galanterie
de son amant: mais il
prit la chose sur un ton
qui la détrompa dans le
moment. Ellese troubla
ensuite sur quelques petits
reproches que lui fit
ce tendre amant, qui
pour cette fois ne put
avoir pourtant aucun
soupçon que la Marquise
n',y eusIlt. pas éItlé trompé0e
elle-même. Elle jura qu'-
elletâcheroit de découvrir
de quelle part lui
venoient ces presens, &
qu'elle les renverroit au
plutôt.
Nôtre amant ne laissa
pas d'être fort inquiet
sur l'avanture, dont il
fitconsidence à son pere
,
qui le rassura, étant
persuadé de la vertu de
la Marquise. Elle crut
avoir trouve occasion dés
le lendemain de s'éclaircir
sur la galanterie qu'-
on lui avoit faite.
Un Huissier vint chez
elle de la part de quelques
marchands d'étofses
à qui elle devoit deux
millefrancs,&; cet Huisfier,
sans respecter sa
qualité ni sa beauté, lui
demanda permissiond'exccuter
ses meubles, 8c
sans vouloir lui donner
une heure de répit, en
commença l'inventaire.
On ne sçauroit exprimer
la consternation de la
Marquise:elleétoit prêoA
te à tomber évanüieau
milieu de ses gens, qui
étoient aussi accablez
qu'elle de la vision des
Sergens, lorsque l'Huie.
sier considerant le miroir
, & examinant les
bijoux qui étoient sur la
table, s'écria: Ah quailois-
je faire, Madame?
je reconnois ces nipes, &
j'ai mêmeaidéà les acheterauCentilhomme
leplus
généreux&le plusamoureux
qui foit en France;
homme à quij'aimême
obligation de ma fortune.
ztu,gy c'étoit donc à vous,
Madame, à quiillesdestinoit?
Ah que je vais
bien faire ma cour à cet
amant, nonseulement en
ne saisissantpoint ces marques
de (on amour, mais
ensacrifiantà l'adorable
personne qu'il aime les
memoires & procedures
dontje suisporteur. Tenez,
Madame, tene&>
continua-t-il
, en montrant
à la Marquise les
mémoires arrestez & les
Sentences obtenuës,voilacomment
jesçaiservir
mes amis amoureux, &
sur-tout quand ils le sont
d'une personneaussi charmante
que vous l'êtes.
Aprésun discoursdéjà
trop galant pour un
HuisHuissier,
il acheva de
prouver qu'il ne l'étoit
pas, en déchirant tous
les mémoires de la Marquise,&
lui disant qu'à
coup sûr l'amant qui avoit
fait present du reste
seroit ravi d'acquitter
ces mémoires pour elle.
Jugez de rétonnement
où fut la Marquise du
procedé de ce faux Huissier,
& du tour que l'amant
genereux avoit
pris pour lui faire prcsent
de deux cent pisto
les. Dés qu'elle eut repris
ses esprits, & qu'-
elle se fut remisede l'effroy
quelle avoit euen
voyant executera meub!
cS)Ct)e ne songea plus
qu'à s'informerdu nom
de cet amant: mais
l'Huissiercontinua d'en
faire <mytferc,ÔC dit
seulementcertains mots
é1quivoques , , où la
Marquisecrut âtre seure
quecetoit son amant
époux lui-même qui
lui avoir joué ce second
tour. Il arriva chez
elle un peu aprés que
l'Huissier en fut sorti ;
Se l'éclaircissement qu'-
ils eurent ensemble fut
tel, que l'amant en fut
penetré de jalousie,& la
Marquise accablée de
douleur. Cependant la
bonne foy de cette amante
étoit visible ; car elle
avoit appris elle-même
l'avanture à son amant.
C'est à quoy son pere lui
fit faire attention; car il
couroit à lui dés qu'il avoit
quelque sujet de
plainte contre la Marquise:&
ce pere aussi
froid, aussi tranquile que
son filsétoit bouillant&
agité
,
lui representoit
que les apparences les
plus vrai-semblables éroient
souventtrompeuses>
que tout mari sensé
devaits'accoûtumer à
ne rien croirede tout ce
qui pouvoit lui donner
de l'ombrage; qu'il faloit
d'abord approfondir
de fang froid, feulement
pour connoître la verité,
Se non pour s'en fâcher
; qu'il y a de la folie
à se chagriner d'avance
; &qu'en cas même
que les soupçons d'un
mari se trouvaient bien
fondez, il faloit en prévenir
les suites, sans se
chagriner du passé, où
l'on ne peut plus remedier.
Mais
,
lui repliquoit
vivement son fils
à de pareils discours ,
mail,'}'jon p,re)il est encore
temps de rompre les
engagemens que nous anjons
avec la Alarqtfi/e;
ainftic n'ai pets tort d'être
jaloux. On a toûjours
tortd'etre jaloux, luidisoit
le pere: mais on n'a
pas tort d'être prudent;
ainsîapprofondissez la
conduite de la Marquise,
jenem'yoppose pas:
mais apprenez pour vôtre
repos à douter des
choses qui vous paroisfent
les plus certaines;
car je fuis persuade que
la Marquise est innocente
des galanteriesqu'on
lui fait; & vous devez
croire que c'est quelque
amant qu'ellea maltraite)
Se qui veut s'en vangeren
vous donnant de
la jalousie. Continuez
donc de voir une personne
si aimable, & de
concert avec elletâchez
dedécouvrir quelestramant
qui commerce à
niper vôtre épouse, Se
à payer ses dettes.
Avec de pareils discours
le pere remettoit
le calme dans l'esprit du
fils, qui avoit par bonheur
encore plus de raison
que de disposition à
la jalousie. Il continua
de voir assidûment la
Marquise,à qui le rival
inconnu fit encore d'autrès
tours aussi singuliers
que les precedens. Un
jour la Marquise pria le
pere & le fils à souper à
une maison de campagne
qu'elle avoitproche
deParis ; elle leur dit
d'y mener quelqu'un de
leurs amîs, & qu elle y
meneroit quelque amie
intime, pour pouvoir
rassembler sept ou huit
personnes, nombre desirable
pour se bien réjouir,
S>C qu'on ne doit
jaimaisexceder quand on
hait la cohue. Le pere
pronit d'y aller, à condition
que la Marquise
ne ILli donneroit qu'un
petit sou per propre & de
bon goût, parce qu'il
naimoit point les cadeaux.
Elle lui promit ce
qu'il exigea d'elle, & resolut
de lui tenir parole:
mais elle fut bien furprise
le foir en arrivant
chez elle avec sa compagnie,
d'y trouver un
souper superbe, voluptueux
& galant. Elle demande
au concierge raifonde
ce qu'elle yeyoit.
Il lui die bas à l'oreille :
Metdame on ma recommandé
lesteres ; mais
jecrois que ctji celui que
uom devez, épuuser qui
mous fait cette galanterie,
Ne - dites mot;car ilprepare
encore dàns la maison
11nifine une mafrarade
où il se dégmjera,
& je votié le montrerai
alors, afin que vous ayiez*
le plaisir de le reconnoître.
La Marquise persuadée
Je ce que lui disoit
son concierge, prit
Un air de gayete &d'enjoûment,
qui joint à la
magnisicence du souper,
sie grand plaisità la compagnie.
Tout le monde
se réjoüissoità table, excepté
le jeune jaloux,
qui ne pouvoit s'imaginer
que la Marquise eust
disposé & fait les frais
d'un pareil repas sans l'aide
de quelqu'un. Ilétoit
trop rebattu des galanteries
de l'amant inconnu,
pour ne pas croire
qu'il eust encore part à
celle-ci. Cependant la
gayeté de la Marquise
lui ôtoit tout soupçon ;
car il l'avoit veuë inquiète
& chagrine à l'occasson
des galanteries
precedentes; il ne Sçavoit
que penser de celle-
ci. Il entra dans une
rêverie profonde, & ne
mangea point de tout le
repas. Sitôt que la Marquise
s'en apperçut,elle
cessa de croire qu'il fust
l'ordonnateur de la setes
ce qui la rendit aussi chagrine
que lui. Le repas
finit par une serenade,
où l'on mêla une Cantate
sur les amans heureux
& les maris jaloux.
Ces deux sujets firent
une alternative de mufique
douce, tendre &
galante
,
dans le goût
François,&demusique
Italienne propre à exprimer
la bigearrerie des
jaloux : auili fit-elle son
effet;nôtre amantépoux
pensa éclater au milieu
de lassemblée. On vit
entrer ensuite dans le
jardin, qu'on avoit éclairé
par des illumitiétions,
une troupe de gens masquez.
Le concierge les
voyant entrer, courut
dire à la Marquise que si
elle vouloit il alloit lui
faire voir celui qui donnoit
cette seste galante.
La Marquise troublée,
hors d'elle-mesme, hazarda
tout pour connoître
celui qui lui enfonsoie
le poignard dans le
fein : elle suivitbrusquement
son concierge
dans une allée moins éclairée
que les autres , & dans le moment un
des masques se détacha,
cha, &c vint joindre la
Marquise. Onn'apoint
sçu ce qui fut dit dans
cette entrevuë. Quelqu'un
prit le moment
pour la faire remarquer
au fils jaloux. Il la fit
remarquer aussitôt à son
pere, qui commençant
à donner le tort à la Marquise
, fut emmené par
son fils. Ils sortirent tous
deux sans parler à cette
infidclle, & resolurent
de ne la voir jamais. Ce
qui pensa la faire mourir
de douleur; car le galant
masqué ne lui donna
aucun éclaircissement
: & après l'avoir
amusee autant qu'il saloit
pour la faire soupçonner,&
lorsquepoussée
à bout, elle voulut,
aidée de son concierge
&d'unefemmedechambre,
contraindre le galant
à se faire connoître,
elle trouva fous le
masque une femme, qui
lui rit au nez, & s'enfuit,
en lui laissant dans
la main un billet qui
contenoit ces vers.
Allez dormir iranquilc*
ment,
Vous connoîtrez demain
celui qui vous tourmente
D'une maniérésigalante:
Troyez qu'il neveut pPooiinntt
vous êter vOIre
amanty
Il voudroit le guérir contre
la jalousie ; D'un vieux mauvais
plaisantc'eji unefantllifie,
Qui peut êtresage en un
sens.
MArquifl) reprènetvos
senii
A present ilest vrai>
votre amant vous
soupçonne:
Maitsilessoupçons qiton
lui donne
Le rendent sans retour
o.. réellement jaloux,
Vous ne devez, jamais
l'accepterpour époux.
Ces vers enigmatiques
embaraffercnt fort
la Marquise, au lieu de
la tranquiliser. Elle pafsa
la nuit à samaison de
campagne : mais dés le
lendemain matin elle retourna
à Paris, dans la
Teto!ution de se justifier
auprès de son amant. Ille le conjura par un
billet de la venir voir,
& son pere y copsentit,
pourveu qu'il n'y allât
que sur le foir ; car, lui
dit-il, il vouloit estre
present à cette entrevue.
On écrivit à la Marquise
qu'on iroit dans la
journée, & dans le moment
le pere reçut en
presence du fils un billet,
qu'illut sans vouloir
le montrer à son
fils. Cependant voyant
que ce mystere lui donnoit
trop d'inquietude, illuiavoua que c'était
un avis que lui donnoic
la femme de chambre
de la Marquise, qu'il
avoit gagnée à forcechargent;
& cette femme de
chambre lui mandoit
que l'amant inconnu devoit
venir le foir à neuf
heures voir samaîtresse.
Le pere ensuite dit qu'-
après un pareil avis,
qu'il croyoittrès-certain
, il ne faloit point
aller chez la Marquise.
Celadit, il laissa son fils
dans un chagrin mortel,
êciortit pour aller souper
en ville. Le fils outré
de jalousie resolut,
sans le dire à son pere,
d'aller secretement chez
la Marquise. Il y alla
avant l'heure du rendezvous
; & donnant encore
trente pistoles à la
femme de chambre, il
la pria de le mettre en
lieu où il pût surprendre
celui
celui que la Marquise
attendoit. La femme de
chambre lui fit promettre
qu'il ne feroit aucun
éclat, du moins dans la
maison de la Marquise;
ce qu'il luipromit.
Peu de temps aprés, à
la lueur d'une bougie
que la femme de chambre
tenoit en sa main, il
entrevit un homme envelopé
dans un man- -
teau, qui montoit chez
la Marquise, & qui se
cacha dans un petit passage
, dés qu'il s'apperçut
qu'on l'avoit vû.
Nôtre jaloux transporté
de fureur courut à l'homme
à manteau, à qui il
dit tout ce que la rage
peut faire dire à un homme
sage ; &: il finit par
lui dire que s'il avoit du
coeur il devoit se faire
connoîtreàlui,afin que
dans la rencontre il pût
tirer raison d'un rival
qui le ménageoit si peu.
L'autre lui répondit à
voix basse & de fang
froid qu'il ne faloit pas
soupçonner legerement
une femme aussivertueuse
que la Marquise >
qu'il s'offroit à la justifier
dans son esprit ; &
qu'en lui faisant voir
que les apparences les
plus vraisemblables peuvent
estre sans fondement,
il lui rendroit du
moins le service de le
corriger pour le reste de
sa vie de la facilité qu'il
avoit à se chagriner sans
sujet. Nôtreamantpensa
perdre patiencequand
il entendit mora liserson
rival, qui dans l'instant
appella la femme de
cham bre
,
disant qu'il
vouloit pourtant se faire
connoître, & qu'il ne
refusoit point de se battre
contre un rival offensé.
Lalumiere parut:
quel fut l'étonnement du
fils, en reconnoissant son
pere! C'étoit ce pere qui,
de concert avec le concierge
& la femme de
chambre de la Marquise,
avoit crû lui rendre
service
, en poussant à
bout la jalousie d'un fils,
si galant homme d'ailleurs.
Ilcontinua de lui
faire des remontrances
si touchantes, qu'il lui
fit prendre la sage resolution
de ne rien croire
mesme detout ce qu'on
peut voir; c'est à dire,
quand on s'est une fois
pour tout assuré de la
vertud'une femmeavant
que de l'épouser, en seroit
imprudent de la
prendie sans l'examiner
: mais sitôt qu'onl'a
épousée, plus d'examen,
ou du moins il la faut
croire fidelle tout le plus
long-temps qu'on peut.
LA JALOUSIE GUERIE
par la jalousie.
Par M. le Chtvalitr de P * *. N Gentilhomme
fort riche, & qui
n'avoit qu'un fils
,
avoit
depuis long -temps envie
de le marier: mais
eommeil remarqua dans
ce fils unique une grande
disposition à la jalousie,
il craignit de le rendre
malheureux en le
mariant ; il prévoyoit
que son humeur inquiete
k soupçonneuse pourroit
chagriner une semme,
& que les chagrins
d'une femme retomberoient
sur lui: car il susfit
en mariage que l'un
des deux soit de mauvasse
humeur, l'autre le
devient bientôt par contagion.
Ce pere étoit
homme sencé, penetrant
;il connoissoit dans
son fils un fond de raison
& de vertu, qui lui
faisoit esperer que dans
un âge plus avancé il
deviendroit plus capable
de surmonter ses passions;
& celle de la jalousie
dont il le croyoit
susceptible, n'étoit
pas
de ces jalousies noires
qui partent d'un mauvais
coeur:ce n'etoit qu'-
une jalousie soupçonneu
se, qu'il condamnoit
lui-mêsme, pour peu
qu'il fît reflexion sur
l'injustice de ses soupçons.
Ainsi par lesconscils
de son pere il ne se
pressoit point de se marier
, 6c son pere trouva
à propos de Iaisser épuiser
la jalousie de son fils
sur quelques maîtresses,
en attendant qu'il fût
assez raisonnable pour
rendre une femme heureuse.
Cependant l'amour,
sans consulter la
prudence du pere, s'empara
du fils. Celle qu'-
il aima étoit belle &
d'une naissance distinguée
: mais il voulut étouffer
son amour dés
qu'il s'apperçut qu'il avoit
beaucoup de rivaux.
C'étoit une trop
rude épreuve pour lui.
Issut quelques jours sans
aller chez la Marquifc
de P. (Cetoit ainsi
que s'appelloit cette jeune
personne, veuve d'un
Marquis tué à la guerre
,
qui n'avoit été son
mari que pendant un hiver,
&quil'avoitlaissée
avec très peu de bien.)
Cette Marquise commençoit
à aimer nôtre
jeune jaloux, & s'etoit
déja apperçûë de son
foible. Elle fit ses efforts
pour l'oublier, quoique
ce fût un parti qui lui
faisoit sa fortune; car
elle craignoit de s'engageravec
un jaloux. Elle
tâcha donc de se consoler
- de son absence avec
ses rivaux, &: resolut
fermement de choisir entr'eux
un époux qui pût
la tirer de son indigence
: mais ce fut en vain
qu'elle voulut s'attacher
a d'autres qu'à l'amant
jaloux, c'étoit le seul défaut
qu'elle lui trouvoit
sa passion pour lui augmentoitde
jour en jour:
en un mot elle prit son
parti pour le faire revenir
chez elle, & trouva
plusieurs pretextes pour
congédier tous ceux qui
la recherchoient en mariage.
Cependant l'amour du
Cavalier avoit encore
augmenté par la violence
qu'il s'étoit faire pour
ne point voir la Marquise
; &, son pere, qui
le voyoit accablé de chagrin,
avoir exigé de lui
une entiere confidence.
Ils vivoient ensemble
comme deux veritables
amis;ce pere de bon sens
s'étoitplus attaché à se
faire aimer de son fils,
qu'à s'en faire craindre,
& avoit enfin acquis sur
lui, à force de bons procédez,
cette confiance
que les enfans ont si rarement
en leurs peres.
Celui-cis'informa d'abord
à fond du caractère
de la Marquise
,
& sitôt
qu'il fut bien persuadé
de sa vertu &,- de son
bonesprit, ilne fut point
rebuté par sapauvreté;
il con seil la à son fils de
s'attacher à elle, ô£ d'examiner
exactement si
la jalousie qu'il avoit
conçûë étoit bien fondée.
On s'informa, on
examina, & l'amant jaloux
ayant appris que
tous ses rivaux étoient
écartez, se flata qu'il
pouvoit avoir quelque
part à ce changement. Il
retourna chez elle, &
dés ce jour-là ils furent
si contens l'un de l'autre
,
qu'en moins d'un
mois leur mariage fut
resolu, & le pere, qui se
liad'amitié avec la Marquise,
y donna son consentement
avec plaisir,
Cependant il dit en particulier
à son fils qu'il
luiconseilloitdesuspendre
encore le contrat
pendant quelques mois;
&que quoi qu'il blâmât
ordinairement son foible
sur la jalousie, il
croyoit qu'en cette occasion
la prudence vouloit
qu'il observât pendant
quelque temps la
conduite d'une personne
qui avoit reçû tant de
déclarations d'amour;
qu'illa croyoit trés-vertueuse
: mais que si elle
l'étoit, elle le fcroit encore
dans six mois; qu'en
un mot on nerisqueroit
rien à differer. Le fils
donna de bon coeur dans
son foible. En effetils
trouvèrent d'honnêtes
pretextes pour differer
de jour en jour un mariage
que la Marquise
envifageoit comme le
plus grand bonheur qui
lui pût arri ver. Le Cavalier
amoureux passoit
les jours entiers chez
elle, lors qu'il survint
une affairequil'obligea
d'accompagner son pere
dans un petit voyage de
huit jours. La separation
des amans fut tendre
& la Marquise passa fort
tristement le temps de
cette petite absencemais
la joye du retour la dédommagea,&
son amant
revint sipassionné, qu'à
leur entrevuë il resta une
heure entiere sans pouvoir
parler, ses regards
fixez sur ce qu'il aimoit.
Après
Aprés les premiers transports,
il jetta les yeux
sur un miroir magnifique,
& fut fort surpris
dé voir ce nouveau meuble
à la Marquise, qui
n'étoit pas assez riche
pour s'en donner de pareils.
Pendant qu'il le regardoit
fixement,la Marquise
sourioit, en lui
ferrant tendrement les
mains. lVlonfIler époux,
lui dirait-elle, fere'{:
110ut aussigalant après le
contrat, que vous l'avez,
été pendant vôtre absence
? Cette corbeille de dentelles,
quim'estvenueavec
ce miroir &ces autres bijoux
,choisisd'ungoût ex- quis.Moy un miroir,
interrompit brusquement
le jaloux tout étourdi
! moy des dentelles!
moy des bijoux! Ah
Ciel qu'entens-je ! Cette
surprise qu'il témoigna
en causa une si grande à
la Marquise, qu'elle resta
muette &immobile;
car ceux qui avoient apporté
ces presens chez
elle avoient affecté un
air mysterieux, & elle
n'avoit point douté que
ce ne fust une galanterie
de son amant: mais il
prit la chose sur un ton
qui la détrompa dans le
moment. Ellese troubla
ensuite sur quelques petits
reproches que lui fit
ce tendre amant, qui
pour cette fois ne put
avoir pourtant aucun
soupçon que la Marquise
n',y eusIlt. pas éItlé trompé0e
elle-même. Elle jura qu'-
elletâcheroit de découvrir
de quelle part lui
venoient ces presens, &
qu'elle les renverroit au
plutôt.
Nôtre amant ne laissa
pas d'être fort inquiet
sur l'avanture, dont il
fitconsidence à son pere
,
qui le rassura, étant
persuadé de la vertu de
la Marquise. Elle crut
avoir trouve occasion dés
le lendemain de s'éclaircir
sur la galanterie qu'-
on lui avoit faite.
Un Huissier vint chez
elle de la part de quelques
marchands d'étofses
à qui elle devoit deux
millefrancs,&; cet Huisfier,
sans respecter sa
qualité ni sa beauté, lui
demanda permissiond'exccuter
ses meubles, 8c
sans vouloir lui donner
une heure de répit, en
commença l'inventaire.
On ne sçauroit exprimer
la consternation de la
Marquise:elleétoit prêoA
te à tomber évanüieau
milieu de ses gens, qui
étoient aussi accablez
qu'elle de la vision des
Sergens, lorsque l'Huie.
sier considerant le miroir
, & examinant les
bijoux qui étoient sur la
table, s'écria: Ah quailois-
je faire, Madame?
je reconnois ces nipes, &
j'ai mêmeaidéà les acheterauCentilhomme
leplus
généreux&le plusamoureux
qui foit en France;
homme à quij'aimême
obligation de ma fortune.
ztu,gy c'étoit donc à vous,
Madame, à quiillesdestinoit?
Ah que je vais
bien faire ma cour à cet
amant, nonseulement en
ne saisissantpoint ces marques
de (on amour, mais
ensacrifiantà l'adorable
personne qu'il aime les
memoires & procedures
dontje suisporteur. Tenez,
Madame, tene&>
continua-t-il
, en montrant
à la Marquise les
mémoires arrestez & les
Sentences obtenuës,voilacomment
jesçaiservir
mes amis amoureux, &
sur-tout quand ils le sont
d'une personneaussi charmante
que vous l'êtes.
Aprésun discoursdéjà
trop galant pour un
HuisHuissier,
il acheva de
prouver qu'il ne l'étoit
pas, en déchirant tous
les mémoires de la Marquise,&
lui disant qu'à
coup sûr l'amant qui avoit
fait present du reste
seroit ravi d'acquitter
ces mémoires pour elle.
Jugez de rétonnement
où fut la Marquise du
procedé de ce faux Huissier,
& du tour que l'amant
genereux avoit
pris pour lui faire prcsent
de deux cent pisto
les. Dés qu'elle eut repris
ses esprits, & qu'-
elle se fut remisede l'effroy
quelle avoit euen
voyant executera meub!
cS)Ct)e ne songea plus
qu'à s'informerdu nom
de cet amant: mais
l'Huissiercontinua d'en
faire <mytferc,ÔC dit
seulementcertains mots
é1quivoques , , où la
Marquisecrut âtre seure
quecetoit son amant
époux lui-même qui
lui avoir joué ce second
tour. Il arriva chez
elle un peu aprés que
l'Huissier en fut sorti ;
Se l'éclaircissement qu'-
ils eurent ensemble fut
tel, que l'amant en fut
penetré de jalousie,& la
Marquise accablée de
douleur. Cependant la
bonne foy de cette amante
étoit visible ; car elle
avoit appris elle-même
l'avanture à son amant.
C'est à quoy son pere lui
fit faire attention; car il
couroit à lui dés qu'il avoit
quelque sujet de
plainte contre la Marquise:&
ce pere aussi
froid, aussi tranquile que
son filsétoit bouillant&
agité
,
lui representoit
que les apparences les
plus vrai-semblables éroient
souventtrompeuses>
que tout mari sensé
devaits'accoûtumer à
ne rien croirede tout ce
qui pouvoit lui donner
de l'ombrage; qu'il faloit
d'abord approfondir
de fang froid, feulement
pour connoître la verité,
Se non pour s'en fâcher
; qu'il y a de la folie
à se chagriner d'avance
; &qu'en cas même
que les soupçons d'un
mari se trouvaient bien
fondez, il faloit en prévenir
les suites, sans se
chagriner du passé, où
l'on ne peut plus remedier.
Mais
,
lui repliquoit
vivement son fils
à de pareils discours ,
mail,'}'jon p,re)il est encore
temps de rompre les
engagemens que nous anjons
avec la Alarqtfi/e;
ainftic n'ai pets tort d'être
jaloux. On a toûjours
tortd'etre jaloux, luidisoit
le pere: mais on n'a
pas tort d'être prudent;
ainsîapprofondissez la
conduite de la Marquise,
jenem'yoppose pas:
mais apprenez pour vôtre
repos à douter des
choses qui vous paroisfent
les plus certaines;
car je fuis persuade que
la Marquise est innocente
des galanteriesqu'on
lui fait; & vous devez
croire que c'est quelque
amant qu'ellea maltraite)
Se qui veut s'en vangeren
vous donnant de
la jalousie. Continuez
donc de voir une personne
si aimable, & de
concert avec elletâchez
dedécouvrir quelestramant
qui commerce à
niper vôtre épouse, Se
à payer ses dettes.
Avec de pareils discours
le pere remettoit
le calme dans l'esprit du
fils, qui avoit par bonheur
encore plus de raison
que de disposition à
la jalousie. Il continua
de voir assidûment la
Marquise,à qui le rival
inconnu fit encore d'autrès
tours aussi singuliers
que les precedens. Un
jour la Marquise pria le
pere & le fils à souper à
une maison de campagne
qu'elle avoitproche
deParis ; elle leur dit
d'y mener quelqu'un de
leurs amîs, & qu elle y
meneroit quelque amie
intime, pour pouvoir
rassembler sept ou huit
personnes, nombre desirable
pour se bien réjouir,
S>C qu'on ne doit
jaimaisexceder quand on
hait la cohue. Le pere
pronit d'y aller, à condition
que la Marquise
ne ILli donneroit qu'un
petit sou per propre & de
bon goût, parce qu'il
naimoit point les cadeaux.
Elle lui promit ce
qu'il exigea d'elle, & resolut
de lui tenir parole:
mais elle fut bien furprise
le foir en arrivant
chez elle avec sa compagnie,
d'y trouver un
souper superbe, voluptueux
& galant. Elle demande
au concierge raifonde
ce qu'elle yeyoit.
Il lui die bas à l'oreille :
Metdame on ma recommandé
lesteres ; mais
jecrois que ctji celui que
uom devez, épuuser qui
mous fait cette galanterie,
Ne - dites mot;car ilprepare
encore dàns la maison
11nifine une mafrarade
où il se dégmjera,
& je votié le montrerai
alors, afin que vous ayiez*
le plaisir de le reconnoître.
La Marquise persuadée
Je ce que lui disoit
son concierge, prit
Un air de gayete &d'enjoûment,
qui joint à la
magnisicence du souper,
sie grand plaisità la compagnie.
Tout le monde
se réjoüissoità table, excepté
le jeune jaloux,
qui ne pouvoit s'imaginer
que la Marquise eust
disposé & fait les frais
d'un pareil repas sans l'aide
de quelqu'un. Ilétoit
trop rebattu des galanteries
de l'amant inconnu,
pour ne pas croire
qu'il eust encore part à
celle-ci. Cependant la
gayeté de la Marquise
lui ôtoit tout soupçon ;
car il l'avoit veuë inquiète
& chagrine à l'occasson
des galanteries
precedentes; il ne Sçavoit
que penser de celle-
ci. Il entra dans une
rêverie profonde, & ne
mangea point de tout le
repas. Sitôt que la Marquise
s'en apperçut,elle
cessa de croire qu'il fust
l'ordonnateur de la setes
ce qui la rendit aussi chagrine
que lui. Le repas
finit par une serenade,
où l'on mêla une Cantate
sur les amans heureux
& les maris jaloux.
Ces deux sujets firent
une alternative de mufique
douce, tendre &
galante
,
dans le goût
François,&demusique
Italienne propre à exprimer
la bigearrerie des
jaloux : auili fit-elle son
effet;nôtre amantépoux
pensa éclater au milieu
de lassemblée. On vit
entrer ensuite dans le
jardin, qu'on avoit éclairé
par des illumitiétions,
une troupe de gens masquez.
Le concierge les
voyant entrer, courut
dire à la Marquise que si
elle vouloit il alloit lui
faire voir celui qui donnoit
cette seste galante.
La Marquise troublée,
hors d'elle-mesme, hazarda
tout pour connoître
celui qui lui enfonsoie
le poignard dans le
fein : elle suivitbrusquement
son concierge
dans une allée moins éclairée
que les autres , & dans le moment un
des masques se détacha,
cha, &c vint joindre la
Marquise. Onn'apoint
sçu ce qui fut dit dans
cette entrevuë. Quelqu'un
prit le moment
pour la faire remarquer
au fils jaloux. Il la fit
remarquer aussitôt à son
pere, qui commençant
à donner le tort à la Marquise
, fut emmené par
son fils. Ils sortirent tous
deux sans parler à cette
infidclle, & resolurent
de ne la voir jamais. Ce
qui pensa la faire mourir
de douleur; car le galant
masqué ne lui donna
aucun éclaircissement
: & après l'avoir
amusee autant qu'il saloit
pour la faire soupçonner,&
lorsquepoussée
à bout, elle voulut,
aidée de son concierge
&d'unefemmedechambre,
contraindre le galant
à se faire connoître,
elle trouva fous le
masque une femme, qui
lui rit au nez, & s'enfuit,
en lui laissant dans
la main un billet qui
contenoit ces vers.
Allez dormir iranquilc*
ment,
Vous connoîtrez demain
celui qui vous tourmente
D'une maniérésigalante:
Troyez qu'il neveut pPooiinntt
vous êter vOIre
amanty
Il voudroit le guérir contre
la jalousie ; D'un vieux mauvais
plaisantc'eji unefantllifie,
Qui peut êtresage en un
sens.
MArquifl) reprènetvos
senii
A present ilest vrai>
votre amant vous
soupçonne:
Maitsilessoupçons qiton
lui donne
Le rendent sans retour
o.. réellement jaloux,
Vous ne devez, jamais
l'accepterpour époux.
Ces vers enigmatiques
embaraffercnt fort
la Marquise, au lieu de
la tranquiliser. Elle pafsa
la nuit à samaison de
campagne : mais dés le
lendemain matin elle retourna
à Paris, dans la
Teto!ution de se justifier
auprès de son amant. Ille le conjura par un
billet de la venir voir,
& son pere y copsentit,
pourveu qu'il n'y allât
que sur le foir ; car, lui
dit-il, il vouloit estre
present à cette entrevue.
On écrivit à la Marquise
qu'on iroit dans la
journée, & dans le moment
le pere reçut en
presence du fils un billet,
qu'illut sans vouloir
le montrer à son
fils. Cependant voyant
que ce mystere lui donnoit
trop d'inquietude, illuiavoua que c'était
un avis que lui donnoic
la femme de chambre
de la Marquise, qu'il
avoit gagnée à forcechargent;
& cette femme de
chambre lui mandoit
que l'amant inconnu devoit
venir le foir à neuf
heures voir samaîtresse.
Le pere ensuite dit qu'-
après un pareil avis,
qu'il croyoittrès-certain
, il ne faloit point
aller chez la Marquise.
Celadit, il laissa son fils
dans un chagrin mortel,
êciortit pour aller souper
en ville. Le fils outré
de jalousie resolut,
sans le dire à son pere,
d'aller secretement chez
la Marquise. Il y alla
avant l'heure du rendezvous
; & donnant encore
trente pistoles à la
femme de chambre, il
la pria de le mettre en
lieu où il pût surprendre
celui
celui que la Marquise
attendoit. La femme de
chambre lui fit promettre
qu'il ne feroit aucun
éclat, du moins dans la
maison de la Marquise;
ce qu'il luipromit.
Peu de temps aprés, à
la lueur d'une bougie
que la femme de chambre
tenoit en sa main, il
entrevit un homme envelopé
dans un man- -
teau, qui montoit chez
la Marquise, & qui se
cacha dans un petit passage
, dés qu'il s'apperçut
qu'on l'avoit vû.
Nôtre jaloux transporté
de fureur courut à l'homme
à manteau, à qui il
dit tout ce que la rage
peut faire dire à un homme
sage ; &: il finit par
lui dire que s'il avoit du
coeur il devoit se faire
connoîtreàlui,afin que
dans la rencontre il pût
tirer raison d'un rival
qui le ménageoit si peu.
L'autre lui répondit à
voix basse & de fang
froid qu'il ne faloit pas
soupçonner legerement
une femme aussivertueuse
que la Marquise >
qu'il s'offroit à la justifier
dans son esprit ; &
qu'en lui faisant voir
que les apparences les
plus vraisemblables peuvent
estre sans fondement,
il lui rendroit du
moins le service de le
corriger pour le reste de
sa vie de la facilité qu'il
avoit à se chagriner sans
sujet. Nôtreamantpensa
perdre patiencequand
il entendit mora liserson
rival, qui dans l'instant
appella la femme de
cham bre
,
disant qu'il
vouloit pourtant se faire
connoître, & qu'il ne
refusoit point de se battre
contre un rival offensé.
Lalumiere parut:
quel fut l'étonnement du
fils, en reconnoissant son
pere! C'étoit ce pere qui,
de concert avec le concierge
& la femme de
chambre de la Marquise,
avoit crû lui rendre
service
, en poussant à
bout la jalousie d'un fils,
si galant homme d'ailleurs.
Ilcontinua de lui
faire des remontrances
si touchantes, qu'il lui
fit prendre la sage resolution
de ne rien croire
mesme detout ce qu'on
peut voir; c'est à dire,
quand on s'est une fois
pour tout assuré de la
vertud'une femmeavant
que de l'épouser, en seroit
imprudent de la
prendie sans l'examiner
: mais sitôt qu'onl'a
épousée, plus d'examen,
ou du moins il la faut
croire fidelle tout le plus
long-temps qu'on peut.
Fermer
Résumé : NOUVELLE GALANTE. LA JALOUSIE GUERIE par la jalousie. Par M. le Chevalier de P**.
Le texte 'La Jalousie guérie par la jalousie' narre l'histoire d'un gentilhomme riche et sage qui redoute de marier son fils unique en raison de sa forte tendance à la jalousie. Le père, conscient des vertus et de la raison de son fils, décide de laisser sa jalousie s'épuiser sur quelques maîtresses avant de se marier. Cependant, le fils tombe amoureux d'une marquise belle et de naissance distinguée, mais il étouffe son amour en découvrant qu'elle a de nombreux rivaux. La marquise, bien qu'elle commence à aimer le jeune homme, craint de s'engager avec un jaloux et tente de se consoler avec d'autres rivaux. Cependant, son amour pour lui grandit, et elle trouve des prétextes pour congédier ses autres prétendants. Le père du jeune homme, voyant son fils accablé de chagrin, lui conseille d'examiner la conduite de la marquise. Ils découvrent que tous les rivaux ont été écartés, et le jeune homme retourne auprès de la marquise. Le père conseille à son fils de suspendre le contrat de mariage pendant quelques mois pour observer la conduite de la marquise. Pendant une séparation temporaire, la marquise reçoit des cadeaux mystérieux, ce qui provoque la jalousie du jeune homme. La marquise, troublée, jure de découvrir l'origine des cadeaux. Il s'avère que ces cadeaux proviennent d'un amant inconnu qui cherche à se venger de la marquise en provoquant la jalousie du jeune homme. Le père rassure son fils et lui conseille de ne pas se chagriner à l'avance et d'approfondir les choses avec sang-froid. Le jeune homme continue de voir la marquise, et l'amant inconnu fait d'autres tours singuliers. Lors d'un souper à une maison de campagne, la marquise et le jeune homme découvrent que l'amant inconnu a organisé une soirée somptueuse. La marquise, aidée par son concierge, découvre finalement l'identité de l'amant inconnu et met fin à ses manœuvres. Après une dispute, le père et le fils décident de ne plus voir la marquise, qui est tourmentée par un galant masqué. Ce dernier, après l'avoir trompée, se révèle être une femme qui laisse un billet énigmatique à la marquise. Cette dernière, troublée, retourne à Paris pour se justifier auprès de son amant. Le père, informé par la femme de chambre de la marquise, décide de ne pas laisser son fils se rendre chez elle. Fou de jalousie, le fils se rend malgré tout chez la marquise et surprend un homme masqué. Ce dernier, après une altercation, se révèle être le père du fils. Le père, ayant orchestré cette mise en scène avec le concierge et la femme de chambre, fait des remontrances à son fils, lui conseillant de ne plus douter de la fidélité de sa femme une fois marié.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
19
p. 128-144
MORTS.
Début :
Messire Jean Jacques de Surbechk Lieutenant General [...]
Mots clefs :
Morts, Roi, Fille, Fils, Marquis, Parlement, Lieutenant, Armées, Comte, Veuve, Conseiller, Comte, Enfants
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS.
MORT SO
Meffire Jean Jacques de
Surbechk Lieutenant Ge.
neral des armées du Roy ,
Colonel d'un Regiment
Suiffe , & Chevalier de
l'Ordre Militaire de Saint
Loüis , mourut le 4. May.
Il eſtoit Suiffe & s'eſtoit attaché
au ſervice de la France
dés ſa jeuneſſe , il avoit
Epousé Marie Magdelaine
Chapelier , Soeur de feu
GALANTA 129
Claude Chapelier mort
Doyen de l'Eglife Colle
giale de S. Germain l'Au
xerrois , & fille de Henry
Chapelier Avocat General
de la Cour des Aydes , &
de Catherine Brice , il en
a laiffé pour fille Magde
laine Anne de Surbechk
marice le Fevrier 1708.
avec Charles Comte de Berenger
Colonel du Regi
ment de Bugey tué au fiége
de S. Venant le 24. Sep
tembre 1711. fils de Mr le
Comte de Guast Berenger
Lieutenant General des ar
mées du Roy.
:
130 MERCURE
Dame,Marguerite Pic
ques Veuve de , Mellire
François le Maye Confeil
ler au grandConfeil, mourut
fans enfans le 10. May,
elle efloit filled Olivier Picques
Ecuyer Secretaire, du
Roy ,& fon mary effoit
frere de Mrle Maye Confeiller
au Parlement , & fils
de François le Maye Con
ſeiller de la Cour des Aydes
, mort l'an 1677. d'u
ne Famille originaire de
Tours,
Meffire Jean Joſeph de
Montulé Conſeiller au ParGALANT.
In
lement , & Doyen de la
premiere des Requeſtes au
Palais , mourut le 10. May,
il eſtoit fils de François de
Montulé, Maire de la Ville
deNantes& Auditeur en la
Chambre des Comptes de
Bretagne,& de Marc Regnier
, & avoit pour frere
Antoine deMontulé Abbé,
mort depuis pluſieurs an
nées , & pour ſoeur Marie
Anne de Montulé mariée
Lan 1662. avec Gilles de
Boiſbaudry Seigneur de
Langan , il fut receu Con
ſeiller au Parlement de Pay
132 MERCURE
ris le 26. Juin 1671. & eſpous
fa en premiere nopce le
26. Juin 1672. Magdelaine
Charlot fille de Claude
Charlot Seigneur de Prince
Secretaire du Roy ,
d'Anne Aymeret de Ga
zeau , elle mourut fans enfans
, au mois de Juin 1674.
&il fe remaria avec Agnes
Bouvard fille de Michel
&1
06
Bouvard Seigneur de Fourqueux
Conſeiller au Parle
ment , & de Catherine
Leſné , & Soeur de Mrde
Fourqueux, Procureur Ge29b
neral de la Chambre desm
Jiey acului siдла эка
DOG GALANT5
-le.
Je
re
Comptes de ce dernier
mariage il a laiſſé pour en
fans , Auguſte Joſephide
Montulé, qui a embraſſé le
parti de l'Eglife & eft
Doyen de l'Egliſe de Beau- b
vais , & Jean Baptifte de
Montulé , reçû Conſeiller
au Parlement le 17.Mars,
3
Meſſire Estienne de laGal
ſte Mareſchal des camps &
armées du Roy , cy - devant
Lieutenant & Ayde Major
des Gardes de ſa Majesté ,
mourut le 13. May b
Dame Anne Pithou veu134
MERCURE
ve de Meffire Loüis Charles
de la Rochefoucault , Marquis
deMontendre, mourut
le 14. May. Elle estoit fille
de Pierre Pithou Conſeiller
au Parlement , & de Chreftienne
Loizel ,& mere de
Mr le Marquis de MontendreCapitaine
des Suiſſes de
feuMonſeigneur le Ducde
Berry , & de Mr le Comte
de Jarnac , voyez pour la famille
des Pithoux la genealogiequi
en eſt dreſſée dans
le Nobiliaire de Champagne
, dreſſé par ordre de Mr
de Caumartin Intendant à
GALANT.
135
-
Chaalons en 1667. pour la
genealogie de la maiſon de
laRochefoucault , l'hiſtoire
des grands Officiers de la
Couronnendalsport
Dame MargueriteMorin
Oveuve de MeſſireJean Comte
d'Eſtrées ,premier Baron
du Boulonois, Chevalier des
Ordres du Roy , Mareſchal
& Vice- Amiral de France ,
Viceroy de l'Amerique ,
Gouverneur des Ville &
Chaſteau de Nantes , &
Lieutenant general pour ſa
Majesté au Comté de Nantois,
mourutle,16. May âgée
)
٢٤٢ THAJAD
136TMERCUREM
defoixante quinze ans. Elle
eſtoit fille de Jacques Morin
Secretaire du Roy,& mai
ftre d'hostel ordinaire de fa
Majoſté,&d'Anne Yvelin ,
elle cut pour enfans Victor-
MarieComte d'Eſtrées ,
le 30.1 Novembre 1660 à
preſent Mareſchal deFrance,
Jean Abbé d'Eltrées ,
cy-devant Ambaſſadeur
Portugal, puis en Eſpagne ,
Prélat Commandeur Prélat
en
de
l'Ordre du S. Elprit , recey
le Janvier 1705 Marie-
Anne Catherine d'Eſtrées ,
mariée le 28. Novembre 1661
GALANT. 137
i à Michel François leTel
lier , Marquis de Courten
vaux , Colonel des Cent
Suiffes de la garde du Corps
du Roy; Marie Anne d'EC
trées,Religieuse à l'Aſſomption
, & Eliſabeth Roſalie
d'Eſtrées Demoiselle de
Tourpes. Voyez pour la genealogie
de la maiſon d'Eftées
l'hiſtoire des grands
Officiers de la Courone au
chapitre des Mareſchaux
de France & des grands
Maiſtres de l'artillerie.T
Meffire Jean-François de
Blanche fort , Chevalier
May 1714, 1.83 M
S MERCURE
I
Baron d'Afnois , Saligny ,
S.Germaindes Bois , &c.
Gouverneur pour le Roy de
la province & pays de Gex ,
mourut le 16. May.
! Il eſtoit fils de Roger de
Blanchefort , Baron d'Af
nois , Lieutenant Colonel
duRegiment deNavarre,&
Maref hal des camps & armées
du Roy , petit fils de
François de Blanchefort ,
Barond'Aſnois auffi Maref
chal de camp & armées du
Roy , & arriere petit fils
d'Adrien de Blanchefort
Baron d'Afnois, gentilhom,
GALANT
139
me de la chambre de Monſieur
le Duc d'Alençon ,
Gouverneur des villes de
Nevers & de faint Jean de
Lofne, meſtre de camp d'un
Regiment , & député de la
Nobleffe de Nivernois aux
Eftats generaux de Paris ,
en 1614. & de Henriette
de Salazar Dame d'Aſnois.
Pierre de Blanchefort , Baron
d'Aſnois ſon tris ayeul ,
de l'Ordre du Roy , gentilhomme
ordinaire de fa
chambre , & député de la
Nobleſſe de Nivernois &
Donziois aux Eftats gene-
Mij
140 MERCURE
de
raux de Blas l'an 1577.e
toit perit fils d'Antoine
Blanchefort ſeigneur de
Beauregard en Roliergue ,
que quelques curieux pré.
tendent eſtre frere puilné
de Jean de Blanchefort feigneur
de S. Clement ,& S.
Janurin,duquel defcendent
les Ducs de Leſdiguieres &
de Crequin Monfieur de
Blanchefort qui vient de
mourir avoit épousé le 27.
Janvier 1702. Gabrielle-
Charlotte Bruſlart , fille de
Roger de Bruflart Mar
quis de Sillery & de Puis
GALANTM 14
Geux, Chevalier des Ordres
du Roy , Lieutenant gene
ral de fes armées, Confeill
ler d'Estatordinaire d'épée,
& Ambaſſadeur extraordinaire
en Suiffe, & deClaus
de Godet Dame de Renne
ville , dont il laiſſe un fils
unique tak toopub ans
Dame Susanne Guyonne
deCoëtlogon , veuve de
meffire Philippe - GuyMarl
quis de Coëtlogon , mous
rut le 22.May. 1σινο
abDame Eleonore du Gué,
veuve de meſſire Jean du
Noucy,ſeigneur del'Epine,
142 MERCURE
&c. Maistre des Comptes ,
mourut le 23 May âgée
de 95. ans. Elle estoit fille
de Gaspard duGué ſeigneur
de Bagnol , Treforier de
France à Lyon , tante de
Dreux Loüis du Gué , mort
Conſeiller d'Estat ordinai
re , pere de Mr du Gué de
Bagnol,receuConſeiller au
Parlement en 1703. & de
Madame la Comreffe de
Tillier. La famille de Mr
du Gué eft originaire de
Moulins en Bourbonnois,
& a donné pluſieurs Maif
tres des Requeſtes & Con
GALANT.
143
feillers au Parlement , un
Préfident des Comptes &
pluſieurs Maiſtres desCompres
à Paris витали
Mre Henry de Chaban
nes Marquis de Curton
ComtedeRochefort, mou
rut le 15. May. Il avoit ef
pouſé en premieres nopces
en 1680. Françoiſe deMontezun
de Baiſemeau ; & en
ſecondes en 1709. Catherine
Gasparde d'Eſcorailles
de Rouffil , Veuve de Sebastien
de Rofmadec Marquis
de Molac , & foeur de
feüe Madame la Duchefſe
144 MERCURE
de Fontanges. Il ne laiſſe
point d'enfans de ce dernier
mariage , mais du premier
il laiſſe entr'autres enfans
Mr le Marquisde Curton
marié en 1706. avec N.
Glueu, Veuve de Jacques
de Vaſſan Seigneur de la
Tournelle , Avocat Generalde
laChambre des Com .
ptes , & Françoiſe Gabriël
de Chabannes mariée le 2.
Juiller 1696. avec Jean Paul
de Rochechouard Marquis
de Faudras , aprés la mort
elle ſe fit Religieuſe aux
Benedictines de Montargis ,
ler . Otobre. 1701 .
Meffire Jean Jacques de
Surbechk Lieutenant Ge.
neral des armées du Roy ,
Colonel d'un Regiment
Suiffe , & Chevalier de
l'Ordre Militaire de Saint
Loüis , mourut le 4. May.
Il eſtoit Suiffe & s'eſtoit attaché
au ſervice de la France
dés ſa jeuneſſe , il avoit
Epousé Marie Magdelaine
Chapelier , Soeur de feu
GALANTA 129
Claude Chapelier mort
Doyen de l'Eglife Colle
giale de S. Germain l'Au
xerrois , & fille de Henry
Chapelier Avocat General
de la Cour des Aydes , &
de Catherine Brice , il en
a laiffé pour fille Magde
laine Anne de Surbechk
marice le Fevrier 1708.
avec Charles Comte de Berenger
Colonel du Regi
ment de Bugey tué au fiége
de S. Venant le 24. Sep
tembre 1711. fils de Mr le
Comte de Guast Berenger
Lieutenant General des ar
mées du Roy.
:
130 MERCURE
Dame,Marguerite Pic
ques Veuve de , Mellire
François le Maye Confeil
ler au grandConfeil, mourut
fans enfans le 10. May,
elle efloit filled Olivier Picques
Ecuyer Secretaire, du
Roy ,& fon mary effoit
frere de Mrle Maye Confeiller
au Parlement , & fils
de François le Maye Con
ſeiller de la Cour des Aydes
, mort l'an 1677. d'u
ne Famille originaire de
Tours,
Meffire Jean Joſeph de
Montulé Conſeiller au ParGALANT.
In
lement , & Doyen de la
premiere des Requeſtes au
Palais , mourut le 10. May,
il eſtoit fils de François de
Montulé, Maire de la Ville
deNantes& Auditeur en la
Chambre des Comptes de
Bretagne,& de Marc Regnier
, & avoit pour frere
Antoine deMontulé Abbé,
mort depuis pluſieurs an
nées , & pour ſoeur Marie
Anne de Montulé mariée
Lan 1662. avec Gilles de
Boiſbaudry Seigneur de
Langan , il fut receu Con
ſeiller au Parlement de Pay
132 MERCURE
ris le 26. Juin 1671. & eſpous
fa en premiere nopce le
26. Juin 1672. Magdelaine
Charlot fille de Claude
Charlot Seigneur de Prince
Secretaire du Roy ,
d'Anne Aymeret de Ga
zeau , elle mourut fans enfans
, au mois de Juin 1674.
&il fe remaria avec Agnes
Bouvard fille de Michel
&1
06
Bouvard Seigneur de Fourqueux
Conſeiller au Parle
ment , & de Catherine
Leſné , & Soeur de Mrde
Fourqueux, Procureur Ge29b
neral de la Chambre desm
Jiey acului siдла эка
DOG GALANT5
-le.
Je
re
Comptes de ce dernier
mariage il a laiſſé pour en
fans , Auguſte Joſephide
Montulé, qui a embraſſé le
parti de l'Eglife & eft
Doyen de l'Egliſe de Beau- b
vais , & Jean Baptifte de
Montulé , reçû Conſeiller
au Parlement le 17.Mars,
3
Meſſire Estienne de laGal
ſte Mareſchal des camps &
armées du Roy , cy - devant
Lieutenant & Ayde Major
des Gardes de ſa Majesté ,
mourut le 13. May b
Dame Anne Pithou veu134
MERCURE
ve de Meffire Loüis Charles
de la Rochefoucault , Marquis
deMontendre, mourut
le 14. May. Elle estoit fille
de Pierre Pithou Conſeiller
au Parlement , & de Chreftienne
Loizel ,& mere de
Mr le Marquis de MontendreCapitaine
des Suiſſes de
feuMonſeigneur le Ducde
Berry , & de Mr le Comte
de Jarnac , voyez pour la famille
des Pithoux la genealogiequi
en eſt dreſſée dans
le Nobiliaire de Champagne
, dreſſé par ordre de Mr
de Caumartin Intendant à
GALANT.
135
-
Chaalons en 1667. pour la
genealogie de la maiſon de
laRochefoucault , l'hiſtoire
des grands Officiers de la
Couronnendalsport
Dame MargueriteMorin
Oveuve de MeſſireJean Comte
d'Eſtrées ,premier Baron
du Boulonois, Chevalier des
Ordres du Roy , Mareſchal
& Vice- Amiral de France ,
Viceroy de l'Amerique ,
Gouverneur des Ville &
Chaſteau de Nantes , &
Lieutenant general pour ſa
Majesté au Comté de Nantois,
mourutle,16. May âgée
)
٢٤٢ THAJAD
136TMERCUREM
defoixante quinze ans. Elle
eſtoit fille de Jacques Morin
Secretaire du Roy,& mai
ftre d'hostel ordinaire de fa
Majoſté,&d'Anne Yvelin ,
elle cut pour enfans Victor-
MarieComte d'Eſtrées ,
le 30.1 Novembre 1660 à
preſent Mareſchal deFrance,
Jean Abbé d'Eltrées ,
cy-devant Ambaſſadeur
Portugal, puis en Eſpagne ,
Prélat Commandeur Prélat
en
de
l'Ordre du S. Elprit , recey
le Janvier 1705 Marie-
Anne Catherine d'Eſtrées ,
mariée le 28. Novembre 1661
GALANT. 137
i à Michel François leTel
lier , Marquis de Courten
vaux , Colonel des Cent
Suiffes de la garde du Corps
du Roy; Marie Anne d'EC
trées,Religieuse à l'Aſſomption
, & Eliſabeth Roſalie
d'Eſtrées Demoiselle de
Tourpes. Voyez pour la genealogie
de la maiſon d'Eftées
l'hiſtoire des grands
Officiers de la Courone au
chapitre des Mareſchaux
de France & des grands
Maiſtres de l'artillerie.T
Meffire Jean-François de
Blanche fort , Chevalier
May 1714, 1.83 M
S MERCURE
I
Baron d'Afnois , Saligny ,
S.Germaindes Bois , &c.
Gouverneur pour le Roy de
la province & pays de Gex ,
mourut le 16. May.
! Il eſtoit fils de Roger de
Blanchefort , Baron d'Af
nois , Lieutenant Colonel
duRegiment deNavarre,&
Maref hal des camps & armées
du Roy , petit fils de
François de Blanchefort ,
Barond'Aſnois auffi Maref
chal de camp & armées du
Roy , & arriere petit fils
d'Adrien de Blanchefort
Baron d'Afnois, gentilhom,
GALANT
139
me de la chambre de Monſieur
le Duc d'Alençon ,
Gouverneur des villes de
Nevers & de faint Jean de
Lofne, meſtre de camp d'un
Regiment , & député de la
Nobleffe de Nivernois aux
Eftats generaux de Paris ,
en 1614. & de Henriette
de Salazar Dame d'Aſnois.
Pierre de Blanchefort , Baron
d'Aſnois ſon tris ayeul ,
de l'Ordre du Roy , gentilhomme
ordinaire de fa
chambre , & député de la
Nobleſſe de Nivernois &
Donziois aux Eftats gene-
Mij
140 MERCURE
de
raux de Blas l'an 1577.e
toit perit fils d'Antoine
Blanchefort ſeigneur de
Beauregard en Roliergue ,
que quelques curieux pré.
tendent eſtre frere puilné
de Jean de Blanchefort feigneur
de S. Clement ,& S.
Janurin,duquel defcendent
les Ducs de Leſdiguieres &
de Crequin Monfieur de
Blanchefort qui vient de
mourir avoit épousé le 27.
Janvier 1702. Gabrielle-
Charlotte Bruſlart , fille de
Roger de Bruflart Mar
quis de Sillery & de Puis
GALANTM 14
Geux, Chevalier des Ordres
du Roy , Lieutenant gene
ral de fes armées, Confeill
ler d'Estatordinaire d'épée,
& Ambaſſadeur extraordinaire
en Suiffe, & deClaus
de Godet Dame de Renne
ville , dont il laiſſe un fils
unique tak toopub ans
Dame Susanne Guyonne
deCoëtlogon , veuve de
meffire Philippe - GuyMarl
quis de Coëtlogon , mous
rut le 22.May. 1σινο
abDame Eleonore du Gué,
veuve de meſſire Jean du
Noucy,ſeigneur del'Epine,
142 MERCURE
&c. Maistre des Comptes ,
mourut le 23 May âgée
de 95. ans. Elle estoit fille
de Gaspard duGué ſeigneur
de Bagnol , Treforier de
France à Lyon , tante de
Dreux Loüis du Gué , mort
Conſeiller d'Estat ordinai
re , pere de Mr du Gué de
Bagnol,receuConſeiller au
Parlement en 1703. & de
Madame la Comreffe de
Tillier. La famille de Mr
du Gué eft originaire de
Moulins en Bourbonnois,
& a donné pluſieurs Maif
tres des Requeſtes & Con
GALANT.
143
feillers au Parlement , un
Préfident des Comptes &
pluſieurs Maiſtres desCompres
à Paris витали
Mre Henry de Chaban
nes Marquis de Curton
ComtedeRochefort, mou
rut le 15. May. Il avoit ef
pouſé en premieres nopces
en 1680. Françoiſe deMontezun
de Baiſemeau ; & en
ſecondes en 1709. Catherine
Gasparde d'Eſcorailles
de Rouffil , Veuve de Sebastien
de Rofmadec Marquis
de Molac , & foeur de
feüe Madame la Duchefſe
144 MERCURE
de Fontanges. Il ne laiſſe
point d'enfans de ce dernier
mariage , mais du premier
il laiſſe entr'autres enfans
Mr le Marquisde Curton
marié en 1706. avec N.
Glueu, Veuve de Jacques
de Vaſſan Seigneur de la
Tournelle , Avocat Generalde
laChambre des Com .
ptes , & Françoiſe Gabriël
de Chabannes mariée le 2.
Juiller 1696. avec Jean Paul
de Rochechouard Marquis
de Faudras , aprés la mort
elle ſe fit Religieuſe aux
Benedictines de Montargis ,
ler . Otobre. 1701 .
Fermer
Résumé : MORTS.
Le texte relate plusieurs décès et biographies de personnalités françaises du début du XVIIIe siècle. Jean Jacques de Surbechk, lieutenant général des armées du Roy, colonel d'un régiment suisse et chevalier de l'Ordre Militaire de Saint-Louis, est décédé le 4 mai. Né en Suisse, il a servi la France dès sa jeunesse et a épousé Marie Magdelaine Chapelier. Leur fille, Magdeleine Anne de Surbechk, est mariée à Charles Comte de Berenger, colonel du régiment de Bugey, tué au siège de Saint-Venant le 24 septembre 1711. Dame Marguerite Piques, veuve de Meffire François le Maye, conseiller au grand conseil, est décédée sans enfants le 10 mai. Elle était fille d'Olivier Piques, écuyer secrétaire du Roy, et son mari était frère de Mr le Maye, conseiller au Parlement. Jean Joseph de Montulé, conseiller au Parlement et doyen de la première des Requestes au Palais, est décédé le 10 mai. Fils de François de Montulé, maire de Nantes et auditeur à la Chambre des Comptes de Bretagne, il a laissé pour enfants Auguste Joseph de Montulé, doyen de l'Église de Beauvais, et Jean Baptiste de Montulé, conseiller au Parlement. Estienne de la Galste, maréchal des camps et armées du Roy, ancien lieutenant et aide-major des Gardes de sa Majesté, est décédé le 13 mai. Dame Anne Pithou, veuve de Meffire Loüis Charles de la Rochefoucault, marquis de Montendre, est décédée le 14 mai. Elle était fille de Pierre Pithou, conseiller au Parlement, et mère de Mr le marquis de Montendre et de Mr le comte de Jarnac. Dame Marguerite Morin, veuve de Meffire Jean Comte d'Estrées, premier baron du Boulonois, chevalier des Ordres du Roy, maréchal et vice-amiral de France, est décédée le 16 mai à l'âge de soixante-quinze ans. Elle a laissé pour enfants Victor-Marie Comte d'Estrées, maréchal de France, Jean Abbé d'Estrées, prélat commandeur de l'Ordre du Saint-Esprit, Marie-Anne Catherine d'Estrées, mariée à Michel François le Tellier, marquis de Courtenvaux, et Élisabeth Rosalie d'Estrées, demoiselle de Tourpes. Jean-François de Blanchefort, chevalier, baron d'Asnois, Saligny, Saint-Germain-des-Bois, gouverneur de la province et pays de Gex, est décédé le 16 mai. Fils de Roger de Blanchefort, baron d'Asnois, et petit-fils de François de Blanchefort, baron d'Asnois, il a épousé Gabrielle-Charlotte Bruslart, laissant un fils unique âgé de six ans. Dame Susanne Guyonne de Coëtlogon, veuve de Meffire Philippe marquis de Coëtlogon, est décédée le 22 mai. Dame Eleonore du Gué, veuve de Meffire Jean du Noucy, seigneur de l'Épine, maître des Comptes, est décédée le 23 mai à l'âge de 95 ans. Elle était fille de Gaspard du Gué, trésorier de France à Lyon, et tante de Dreux Louis du Gué, conseiller d'État ordinaire. Henry de Chabannes, marquis de Curton, comte de Rochefort, est décédé le 15 mai. Il a épousé en premières noces Françoise de Montezun de Baissemeau et en secondes noces Catherine Gasparde d'Escorailles de Rouffil, veuve de Sébastien de Rosmadec, marquis de Molac. Il a laissé plusieurs enfants de son premier mariage, dont le marquis de Curton et Françoise Gabrielle de Chabannes, mariée à Jean Paul de Rochechouard, marquis de Faudras.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
20
p. 123-143
MORTS.
Début :
Joseph Remy de Livron, Seigneur de Villenox & de [...]
Mots clefs :
Mort, Chevalier, Comte, Conseiller, Veuve, Seigneur, Roi, Fils, Dame, Marquis
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS.
MORTS.
Joſeph Remy de Livron,
Seigneur de Villenox & de
Cuile , dit le Marquis de
Livron , mourut fans alhance
le 8. May.
Il étoit frere de Jean-
Baptiſte Evrard de Livron ,
Bachelier de la Maiſon &
Societé de Sorbonne , lequel
a quitté l'Egliſe depuis
la mort de ſon frere ;
&de Marie- Françoiſe -Almodie
de Livron , mariée
le 21. Septembre 1705. avec
Lij
124
MERCURE
Marc- Antoine- Conſtantin
Valon , Seigneur de Montmain
, laquelle eſt decedée
en 1713. Il étoit fils de Joſeph-
Remy deLivron, dit le
Marquis de Livro, Colonel
d'unregimentde cavalerie,
mmoorrtteenni1687.&deFrançoiſe
Benigne de Belloix , Dame
de Villenox , & avoit pour
biſayculCharles de Livron,
Marquis deBourbone,Maréchal
desCamps&Armées
du Roy , Capitaine de so
hommes d'armes , Lieutenant
deRoy au Gouvernement
de Champagne , fait
GALANT.
125
Chevalier de l'Ordre du S.
Eſprit l'an 1633. Charles fon
ayeul , qui avoit épousé
Claude de Sallenoue , ſe fit
Prêtre aprés la mort de ſa
femme , qui mourut jeune.
Il cut l'Abbaye d'Ambournay
en Breffe. Son grandpere
maternel , M. de Villemonté
, Maître des Requêtes,
convint avec la femme
de quitter le monde ;
elley confentit ,elle ſe retira
dans un Convent : il ſe
fit Prêtre , & eut l'Evêché
de S. Malo , ſa femme vivante.
t
Liij
126 MERCURE
La maison de Livron ,
établie dans le Limoſin depuis
plus de 400. ans , eft
fortie des anciens Seigneurs
de Livron auprés de Valence
en Dauphiné , & elle
s'eſt alliée aux maiſons de
la Barre , d'Helie - Pompa.
dour, de Noailles, de Beaufremont
, de Thuiſy , de Gimel
, de Choiſeüil, d'Eſcars,
du Chatelet , de Baffompierre
, de Savigny , d'Anglure,&
autresmaiſons des
plus illuftres , tant de France
que de Lorraine. Voyez
la genealogie de Livron ,
GALANT.. 127
imprimée dans le Nobi
liaire de Champagne pa
ordre de M. de Caumartin .
Dame Genevieve - Thereſe
Chamillard , époufe de
Meffire Guy de Durfort ,
Duc de Lorge , Comte de
Quintin , mourut le 31.May
enſavingt-huitieme année.
laiſlant deux fils. Elle étoit
foeur du Marquis de Cani ,
deMadame de Dreux, femme
de M. de Dreux , grand
Maître des Ceremonies de
France , & de Madame la
Ducheſſe de la Feüillade;
Ling
128 MERCURE
tous enfans de Michel Chamillart
, Commandeur &
grandTreſorier des Ordres
du Roy , Miniſtre d'Etat ,
& ci-devant Controlleur
general des Finances , &
d'Elifabeth- Therese le Rebours.
M. de Chamillart
leur pere eſt fils de Guy
Chamillart, Maître des Requêtes
de l'Hôtel du Roy ,
mort l'an 1675. & petit- fils
de Pierre Chamillart , celebre
Avocat au Parlement
& Profeffeur en Droit,forti
d'une famille originaire de
la ville de Sens , ou des en
virons.
GALANT.
129
T
Dame Madeleine de Ri
queti, veuve de M. Jacques
du Chatelet , Seigneur de
Freſnier , Conſeiller duRoy
en fonGrandConfeil,mourut
le 3. Juin. Elle avoit été
mariée avec M. de Freſnier
en 1669. étant lors veuve de
Loüis Hurault, Seigneur de
ſaint Germain & du Cou--
dray ,& elle a eu , entre autres
enfans , Jacques du
Chatelet , Seigneur de Frefnier
, Conſeiller au Grand
Conſeil , duquel , & de Suzanne.
Genevieve Talon fa
femme, ſont ſortispluſieurs
130 MERCURE
enfans. Meſſieurs du Chatelet
ſont d'une ancienne
Nobleſſe originaire d'Artois
, alliée aux maiſons
de Rouvroy , de Choiſeuil ,
de Ligneville , de Grou
chepi , &c.
Meffire Archambaule
François Barjot d'Auneüil ,
Chanoine de la SainteChapelle
de Paris ,mourut le 9.
Juin. Il étoit fils de Loüis
Barjot, Seigneur d'Auneüil,
Maître d'Hôtel , & grand
Maître des Eaux & Forêts
de Lorraine , & Confeiller
GALANT.
131
d'Etat , & de Marie-Eliſabeth
de Baumont de ſaint
Estienne ; & pétit- fils de
Jean Barjot, Seigneur d'Auneüil
, reçû Maître des
Requêtes ordinaires de
l'Hôtel du Roy en 1587. &
depuis Conſeiller d'Etat ; &
arriere- petit fils de Philbert
| Barjot, Seigneur d'Auneüil,
Maître des Requêtes de
( l'Hôtel du Roy , & Prefident
au Grand Confeil ,
mort en 1570. & de Marie
Fernel, fille du celebre Jean
Fernel , premier Medecin
du Roy Henry II. & de
132 MERCURE
Catherine de Medicis. La
famille de Barjot eſt originaire
du Baujolois , & s'eſt
alliée aux maiſons de Beauveau
, de Broon , de Voyer
de Paulmy , & de Maillé.
Les Seigneurs d'Auneüil
font les ainez,& lesMarquis
deMoucy font les cadets.
M. Henry Jolly, Licutenant-
Colonel du regiment
de dragons de la Reine , &
Brigadier des armées du
Roy, mourut le 9. Juin.
Dame Catherine Hen
GALANT.
133
I riette d'Angennes , veuve
de Meffire Louis de la Tremoille
, Comte d'Olonne ,
mourut le 13. Juin. Elle
avoit été mariée dés l'an
1656. & avoit pour ſoeur
puînée Dame Madeleine
d'Angennes , morte depuis
peu , veuve du Maréchal
Duc de la Ferté. Elles é
toient filles de Charles
d'Angennes , Seigneur de
la Loupe , & de Marie du
Regnier de Droüé.
Meffire Claude de Saint
Georges , Archevêque &
-
34 MERCURE
Comte de Lyon , y mourut
le 9. Juin. Il avoit été d'abord
Evêque de Clermont,
puis Archevêque de Tours ,
&transferé àLyon en 1693.
Il étoit un des vingt enfans
ſortis dumariagedeClaude
de S. Georges , Seigneur de
Monceaux en Mâconnois
& de Marie de Cremeaux
d'Entragues. Il étoit frere
duChevalier de S.Georges,
Bailly de Lyon , del'Ordre
de Malte , & du Comte de
Saint Georges , Colonel du
regiment du Roy, tué à la
bataille de S. Denys en 1678.
GALANT .
138
Il étoit oncle de Marc-Antoine
de S. Georges , Seigneur
de Monceaux , marié
cn 1697. avec Claude-Eliſabeth
Apechon de Saint
André , de laquelle il a
pluſieurs enfans;& deMM.
de S. Georges , tous deux
Chanoines & Comtes de
Lyon. La maiſon dont il
étoit iſſue eſt diſtinguée par
ſon ancienneté & par ſes
alliances , & il y a grande
apparence qu'elle a la même
origine que celle des
Marquis de Verac en Poitou
, de laquelle étoit feu
136 MERCURE
M. le Marquis de Verac ,
Chevalier de l'Ordre du
S. Eſprit , pere du Marquis
de Verac d'aujourd'hui.
L'Evêque d'Autun,premier
Suffragant de l'Archevêché
de Lyon , joüit de tous les
revenus de l'Archevêché ,
en attendant que le Roy y
nomme.
M. Nicolas Meſnager
Chevalier de l'Ordre de S.
Michel , Conſeiller- Secretaire
du Roy , & ci - devant
ſon Ambaſſadeur extraor
dinaire & Plenipotentiaire
pour
3
GALANT. 137
pour la paix d'Utrecht ,
mourut le 15. Juin.
Le Chevalier de Coigni
âgé de fix ans , mourut le
18. Juin. Il étoit fils de M.
François de Franctor , Marquis
de Coigni , Colonel
general des dragons de
France , Maréchal des
Camps& Armées du Roy ,
Gouverneur & Bailly des
ville & château de Caën ,
& de Henriette de Monbourché
du Bordage ; &
petit- fils de feu M.le Comte
deCoigny, Gouverneur &
Juin 1714. M
138 MERCURE
Bailly de Caën, Lieutenant
general des armées du Roy;
& de Dame Marie - Françoiſe-
Uranie deMatignon.
Meſſieurs de Franctot d'une
famille diſtinguée dans la
Robe & dans l'Epée , & originaires
de Normandie , ſe
font alliez aux maiſons de
Montmorency , de Harcourt
,& à celles d'Ache &
de S. SimonCourtaumer, &
elle adonnédes Chevaliers
deMalthe au grandPrieuré
de France nó histoco
Dame Marie- Catherine
GALANT 139
d'Angennes , veuve de Philippe-
François Lhermite ,
Seigneur d'Hyeville de Ste
Barbe enAuge , de Mont
champ&deMelie en Normandie,
mourut le
laiſſant pour fille unique
Eliſabeth Lhermite,mariée
le Mars 1700.avec Pierre
de Monteſquiou d'Artagnan
, à preſent Maréchal
de France. Me d'Hyeville ,
qui vient de mourir , étoit
couſine-germaine de feuës
Mesdames les Comteffe
d'Olonne &Maréchale de
la Ferté , & fille de Jenn
Mij
340 MERCURE
d'Angennes , Seigneur de
Fontaine - Riant , & d'Iſabelle
Graffart ; & tante du
Comte d'Angennes , aujourd'hui
Colonel du regiment
de Normandie.
こ
: MeffireCharles Boucher,
Seigneur d'Orsay, Cóſeiller
d'Etat,& ancien Prevôt des
Marchands , mourut les.
Juin , en ſa 73. année.
Dame Marie Sebrette
Veuve de M. Jerôme Me.
reau Chevalier, Confeiller
de la Grand Chambre!
GALANT. Y
mourut le dix - ſept Juin
Dame Renée- Marie Henin,
veuve de M. de Monchalt ,
Conſeiller au Parlement , dont
la fille avoit épousé M. de Barantin
, Maître des Requêtes ,
mort Intendant de Dunkerque
, mourut le 16.de ce mois.
M. le Moyne,ancien Avocat ,
& fous-Doyen des Avocats du
Parlement de Paris , celebre
par ſa probité , & infatigable
dans le travail , mourut le 15.
M. Louis de Rochouart,Duc
deMortemar, PairdeFrance ,
Prince de Tonne- Charante
&c. prit feance au Parlement
Een qualité de Pair de France
142 MERCURE
1
le 14. Juin . Le Marquiſat de
Mortemar en Poitou fut érigé
en Duché & Pairie en faveur
de Gabriel de Rochouart , bif.
ayeul de M. le Duc de Mortemar
d'aujourd'hui , Chevalier
des Ordres du Roy , premier
Gentilhomme de ſa Chambre ,
& Gouverneur de Paris par
Lettres patentes du Roy Louis
XIV. 1653. verifiées au Parlement
le 15.Sept. 1663. La maison
de Rochouart eſt une des plus
anciennes &des plus illuſtres du
Royaume,& la genealogie s'en
trouve dans l'hiſtoire des grāds
Officiers de la Couronne , aux
chap. des Maréchaux de France
& des Generaux des galeres ,
& dans les additions aux Memoires
de Caſtelnau par le Laboureur,
GALANT. 143
Le 13. Juin Nicolas- Louis de
Bailleul , Marquis de Châteaugontier,
Confeiller au Parle
ment, fut reçû dans la Charge
de Preſident au Mortier , va-
- cante par la mort de M. fon
- pere ; & il eſt le quatrième de
pere en fils qui ait rempli cette
Charge,depuis NicolasdeBailleul
, Baron de Châteaugontier,
Chancelier de la Reine , & de-
- puis Surintendant des Finances
de France , qui y futreçû le as.
Septembre 1627410 231
M. le Pelletier des Forts, Intendant
des Financesa été
nommé Conſeiller d'Etatil
Joſeph Remy de Livron,
Seigneur de Villenox & de
Cuile , dit le Marquis de
Livron , mourut fans alhance
le 8. May.
Il étoit frere de Jean-
Baptiſte Evrard de Livron ,
Bachelier de la Maiſon &
Societé de Sorbonne , lequel
a quitté l'Egliſe depuis
la mort de ſon frere ;
&de Marie- Françoiſe -Almodie
de Livron , mariée
le 21. Septembre 1705. avec
Lij
124
MERCURE
Marc- Antoine- Conſtantin
Valon , Seigneur de Montmain
, laquelle eſt decedée
en 1713. Il étoit fils de Joſeph-
Remy deLivron, dit le
Marquis de Livro, Colonel
d'unregimentde cavalerie,
mmoorrtteenni1687.&deFrançoiſe
Benigne de Belloix , Dame
de Villenox , & avoit pour
biſayculCharles de Livron,
Marquis deBourbone,Maréchal
desCamps&Armées
du Roy , Capitaine de so
hommes d'armes , Lieutenant
deRoy au Gouvernement
de Champagne , fait
GALANT.
125
Chevalier de l'Ordre du S.
Eſprit l'an 1633. Charles fon
ayeul , qui avoit épousé
Claude de Sallenoue , ſe fit
Prêtre aprés la mort de ſa
femme , qui mourut jeune.
Il cut l'Abbaye d'Ambournay
en Breffe. Son grandpere
maternel , M. de Villemonté
, Maître des Requêtes,
convint avec la femme
de quitter le monde ;
elley confentit ,elle ſe retira
dans un Convent : il ſe
fit Prêtre , & eut l'Evêché
de S. Malo , ſa femme vivante.
t
Liij
126 MERCURE
La maison de Livron ,
établie dans le Limoſin depuis
plus de 400. ans , eft
fortie des anciens Seigneurs
de Livron auprés de Valence
en Dauphiné , & elle
s'eſt alliée aux maiſons de
la Barre , d'Helie - Pompa.
dour, de Noailles, de Beaufremont
, de Thuiſy , de Gimel
, de Choiſeüil, d'Eſcars,
du Chatelet , de Baffompierre
, de Savigny , d'Anglure,&
autresmaiſons des
plus illuftres , tant de France
que de Lorraine. Voyez
la genealogie de Livron ,
GALANT.. 127
imprimée dans le Nobi
liaire de Champagne pa
ordre de M. de Caumartin .
Dame Genevieve - Thereſe
Chamillard , époufe de
Meffire Guy de Durfort ,
Duc de Lorge , Comte de
Quintin , mourut le 31.May
enſavingt-huitieme année.
laiſlant deux fils. Elle étoit
foeur du Marquis de Cani ,
deMadame de Dreux, femme
de M. de Dreux , grand
Maître des Ceremonies de
France , & de Madame la
Ducheſſe de la Feüillade;
Ling
128 MERCURE
tous enfans de Michel Chamillart
, Commandeur &
grandTreſorier des Ordres
du Roy , Miniſtre d'Etat ,
& ci-devant Controlleur
general des Finances , &
d'Elifabeth- Therese le Rebours.
M. de Chamillart
leur pere eſt fils de Guy
Chamillart, Maître des Requêtes
de l'Hôtel du Roy ,
mort l'an 1675. & petit- fils
de Pierre Chamillart , celebre
Avocat au Parlement
& Profeffeur en Droit,forti
d'une famille originaire de
la ville de Sens , ou des en
virons.
GALANT.
129
T
Dame Madeleine de Ri
queti, veuve de M. Jacques
du Chatelet , Seigneur de
Freſnier , Conſeiller duRoy
en fonGrandConfeil,mourut
le 3. Juin. Elle avoit été
mariée avec M. de Freſnier
en 1669. étant lors veuve de
Loüis Hurault, Seigneur de
ſaint Germain & du Cou--
dray ,& elle a eu , entre autres
enfans , Jacques du
Chatelet , Seigneur de Frefnier
, Conſeiller au Grand
Conſeil , duquel , & de Suzanne.
Genevieve Talon fa
femme, ſont ſortispluſieurs
130 MERCURE
enfans. Meſſieurs du Chatelet
ſont d'une ancienne
Nobleſſe originaire d'Artois
, alliée aux maiſons
de Rouvroy , de Choiſeuil ,
de Ligneville , de Grou
chepi , &c.
Meffire Archambaule
François Barjot d'Auneüil ,
Chanoine de la SainteChapelle
de Paris ,mourut le 9.
Juin. Il étoit fils de Loüis
Barjot, Seigneur d'Auneüil,
Maître d'Hôtel , & grand
Maître des Eaux & Forêts
de Lorraine , & Confeiller
GALANT.
131
d'Etat , & de Marie-Eliſabeth
de Baumont de ſaint
Estienne ; & pétit- fils de
Jean Barjot, Seigneur d'Auneüil
, reçû Maître des
Requêtes ordinaires de
l'Hôtel du Roy en 1587. &
depuis Conſeiller d'Etat ; &
arriere- petit fils de Philbert
| Barjot, Seigneur d'Auneüil,
Maître des Requêtes de
( l'Hôtel du Roy , & Prefident
au Grand Confeil ,
mort en 1570. & de Marie
Fernel, fille du celebre Jean
Fernel , premier Medecin
du Roy Henry II. & de
132 MERCURE
Catherine de Medicis. La
famille de Barjot eſt originaire
du Baujolois , & s'eſt
alliée aux maiſons de Beauveau
, de Broon , de Voyer
de Paulmy , & de Maillé.
Les Seigneurs d'Auneüil
font les ainez,& lesMarquis
deMoucy font les cadets.
M. Henry Jolly, Licutenant-
Colonel du regiment
de dragons de la Reine , &
Brigadier des armées du
Roy, mourut le 9. Juin.
Dame Catherine Hen
GALANT.
133
I riette d'Angennes , veuve
de Meffire Louis de la Tremoille
, Comte d'Olonne ,
mourut le 13. Juin. Elle
avoit été mariée dés l'an
1656. & avoit pour ſoeur
puînée Dame Madeleine
d'Angennes , morte depuis
peu , veuve du Maréchal
Duc de la Ferté. Elles é
toient filles de Charles
d'Angennes , Seigneur de
la Loupe , & de Marie du
Regnier de Droüé.
Meffire Claude de Saint
Georges , Archevêque &
-
34 MERCURE
Comte de Lyon , y mourut
le 9. Juin. Il avoit été d'abord
Evêque de Clermont,
puis Archevêque de Tours ,
&transferé àLyon en 1693.
Il étoit un des vingt enfans
ſortis dumariagedeClaude
de S. Georges , Seigneur de
Monceaux en Mâconnois
& de Marie de Cremeaux
d'Entragues. Il étoit frere
duChevalier de S.Georges,
Bailly de Lyon , del'Ordre
de Malte , & du Comte de
Saint Georges , Colonel du
regiment du Roy, tué à la
bataille de S. Denys en 1678.
GALANT .
138
Il étoit oncle de Marc-Antoine
de S. Georges , Seigneur
de Monceaux , marié
cn 1697. avec Claude-Eliſabeth
Apechon de Saint
André , de laquelle il a
pluſieurs enfans;& deMM.
de S. Georges , tous deux
Chanoines & Comtes de
Lyon. La maiſon dont il
étoit iſſue eſt diſtinguée par
ſon ancienneté & par ſes
alliances , & il y a grande
apparence qu'elle a la même
origine que celle des
Marquis de Verac en Poitou
, de laquelle étoit feu
136 MERCURE
M. le Marquis de Verac ,
Chevalier de l'Ordre du
S. Eſprit , pere du Marquis
de Verac d'aujourd'hui.
L'Evêque d'Autun,premier
Suffragant de l'Archevêché
de Lyon , joüit de tous les
revenus de l'Archevêché ,
en attendant que le Roy y
nomme.
M. Nicolas Meſnager
Chevalier de l'Ordre de S.
Michel , Conſeiller- Secretaire
du Roy , & ci - devant
ſon Ambaſſadeur extraor
dinaire & Plenipotentiaire
pour
3
GALANT. 137
pour la paix d'Utrecht ,
mourut le 15. Juin.
Le Chevalier de Coigni
âgé de fix ans , mourut le
18. Juin. Il étoit fils de M.
François de Franctor , Marquis
de Coigni , Colonel
general des dragons de
France , Maréchal des
Camps& Armées du Roy ,
Gouverneur & Bailly des
ville & château de Caën ,
& de Henriette de Monbourché
du Bordage ; &
petit- fils de feu M.le Comte
deCoigny, Gouverneur &
Juin 1714. M
138 MERCURE
Bailly de Caën, Lieutenant
general des armées du Roy;
& de Dame Marie - Françoiſe-
Uranie deMatignon.
Meſſieurs de Franctot d'une
famille diſtinguée dans la
Robe & dans l'Epée , & originaires
de Normandie , ſe
font alliez aux maiſons de
Montmorency , de Harcourt
,& à celles d'Ache &
de S. SimonCourtaumer, &
elle adonnédes Chevaliers
deMalthe au grandPrieuré
de France nó histoco
Dame Marie- Catherine
GALANT 139
d'Angennes , veuve de Philippe-
François Lhermite ,
Seigneur d'Hyeville de Ste
Barbe enAuge , de Mont
champ&deMelie en Normandie,
mourut le
laiſſant pour fille unique
Eliſabeth Lhermite,mariée
le Mars 1700.avec Pierre
de Monteſquiou d'Artagnan
, à preſent Maréchal
de France. Me d'Hyeville ,
qui vient de mourir , étoit
couſine-germaine de feuës
Mesdames les Comteffe
d'Olonne &Maréchale de
la Ferté , & fille de Jenn
Mij
340 MERCURE
d'Angennes , Seigneur de
Fontaine - Riant , & d'Iſabelle
Graffart ; & tante du
Comte d'Angennes , aujourd'hui
Colonel du regiment
de Normandie.
こ
: MeffireCharles Boucher,
Seigneur d'Orsay, Cóſeiller
d'Etat,& ancien Prevôt des
Marchands , mourut les.
Juin , en ſa 73. année.
Dame Marie Sebrette
Veuve de M. Jerôme Me.
reau Chevalier, Confeiller
de la Grand Chambre!
GALANT. Y
mourut le dix - ſept Juin
Dame Renée- Marie Henin,
veuve de M. de Monchalt ,
Conſeiller au Parlement , dont
la fille avoit épousé M. de Barantin
, Maître des Requêtes ,
mort Intendant de Dunkerque
, mourut le 16.de ce mois.
M. le Moyne,ancien Avocat ,
& fous-Doyen des Avocats du
Parlement de Paris , celebre
par ſa probité , & infatigable
dans le travail , mourut le 15.
M. Louis de Rochouart,Duc
deMortemar, PairdeFrance ,
Prince de Tonne- Charante
&c. prit feance au Parlement
Een qualité de Pair de France
142 MERCURE
1
le 14. Juin . Le Marquiſat de
Mortemar en Poitou fut érigé
en Duché & Pairie en faveur
de Gabriel de Rochouart , bif.
ayeul de M. le Duc de Mortemar
d'aujourd'hui , Chevalier
des Ordres du Roy , premier
Gentilhomme de ſa Chambre ,
& Gouverneur de Paris par
Lettres patentes du Roy Louis
XIV. 1653. verifiées au Parlement
le 15.Sept. 1663. La maison
de Rochouart eſt une des plus
anciennes &des plus illuſtres du
Royaume,& la genealogie s'en
trouve dans l'hiſtoire des grāds
Officiers de la Couronne , aux
chap. des Maréchaux de France
& des Generaux des galeres ,
& dans les additions aux Memoires
de Caſtelnau par le Laboureur,
GALANT. 143
Le 13. Juin Nicolas- Louis de
Bailleul , Marquis de Châteaugontier,
Confeiller au Parle
ment, fut reçû dans la Charge
de Preſident au Mortier , va-
- cante par la mort de M. fon
- pere ; & il eſt le quatrième de
pere en fils qui ait rempli cette
Charge,depuis NicolasdeBailleul
, Baron de Châteaugontier,
Chancelier de la Reine , & de-
- puis Surintendant des Finances
de France , qui y futreçû le as.
Septembre 1627410 231
M. le Pelletier des Forts, Intendant
des Financesa été
nommé Conſeiller d'Etatil
Fermer
Résumé : MORTS.
Le texte présente une série de décès et de biographies de personnalités notables. Joseph Remy de Livron, Marquis de Livron, est décédé le 8 mai. Il était le frère de Jean-Baptiste Evrard de Livron et de Marie-Françoise-Almodie de Livron, mariée en 1705. Marc-Antoine-Constantin Valon, Seigneur de Montmain, est décédé en 1713. Il était le fils de Joseph-Remy de Livron, Colonel d'un régiment de cavalerie, décédé en 1687, et de Françoise Benigne de Belloix. La maison de Livron, établie en Limousin depuis plus de 400 ans, s'est alliée à plusieurs maisons illustres. Dame Geneviève-Thérèse Chamillard, épouse de Guy de Durfort, Duc de Lorge, est décédée le 31 mai à l'âge de 78 ans, laissant deux fils. Elle était la fille de Michel Chamillart, Ministre d'État et ancien Contrôleur général des Finances. Dame Madeleine de Riqueti, veuve de Jacques du Châtelet, est décédée le 3 juin. Elle avait été mariée en 1669 et avait plusieurs enfants. Messire Archambault-François Barjot d'Auneüil, Chanoine de la Sainte-Chapelle de Paris, est décédé le 9 juin. Il était issu d'une famille originaire du Baujolais, alliée à plusieurs maisons nobles. M. Henry Jolly, Lieutenant-Colonel et Brigadier des armées du Roi, est également décédé le 9 juin. Dame Catherine Henriette d'Angennes, veuve de Louis de La Trémoille, est décédée le 13 juin. Elle était la sœur de Dame Madeleine d'Angennes, veuve du Maréchal Duc de La Ferté. Messire Claude de Saint-Georges, Archevêque de Lyon, est décédé le 9 juin. Il était issu d'une famille distinguée par son ancienneté et ses alliances. Le Chevalier de Coigny, âgé de 56 ans, est décédé le 18 juin. Il était issu d'une famille distinguée dans la Robe et dans l'Épée, originaire de Normandie. Dame Marie-Catherine d'Angennes, veuve de Philippe-François Lhermite, est décédée laissant une fille unique, Élisabeth Lhermite, mariée à Pierre de Montesquiou d'Artagnan, Maréchal de France. Plusieurs autres personnalités, dont Charles Boucher, Seigneur d'Orsay, et Louis de Rochouart, Duc de Mortemar, sont également mentionnées pour leur décès ou leurs fonctions notables. Nicolas-Louis de Bailleul, Marquis de Châteaugontier, a été reçu dans la charge de Président au Mortier le 13 juin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
21
p. 198-206
Mariage, [titre d'après la table]
Début :
Quelque peu de rapport qu'il y ait entre mort & mariage [...]
Mots clefs :
Maison, Comte, Roi, Fils
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Mariage, [titre d'après la table]
aclque peu de rapport
qu'il y ait entre mort & ma*
riage,l'un me paroist sijuste
pour dedomager de l'autre,
que, je croy que rien ne convient
mieux que de substituer
l'article des mariages à ccluy
des morts.
Mademoisellede Lanoy de
Châtillon
,
puifnée de Mr le
Marquisde Châtillon, de l'IllustreMaison
de ce nom, a
epousé le deux Mr le Marquis
de Bagueville, Colonel
du Régiment de Bagueville,
qui est un des plus riches Gentils-
hommes de France. La
cérémonie de ce mariage a été
célébrée avec toutela pompe
& toutela magnificence imaginable.
Monseigneur le Duc
d'Orleans à qui toute la Maison
de Châtillon est fort chere,
avoit donnéleSallonde S.
Cloud pour cette Feste, où
rien de ce que l'Art peut inventer
de plus propre & de
plus éclatant ne fut épargné.
Paul Edoüart Colbert.
Comte de Creüilly,aépousé
le MademoiselleSpinola,
soeur puisnée de Madame la
Princesse de Vergagne, & fille
de Mr le Prince de Spinola,
Grand d'Espagne, forti de la
Maison. deSpinola
,
l'une des
plus anciennes & des plus puissanteMaisons
de l'Etat de Genes.
Mr le Comte de Creüilly
cft fils de feu Mr le Marquis
de Seignelay, Secretaire d'Etat,
Commandeur & grand
Tresorier des Ordres du Roy,
& de Catherine Therese de
Matignon, remariéedepuis
à Mr le Comte de Marfan de
la Maison de Lorraine, & pe- tit fils defeu, Mr Colbert, Ministre
& Secretaire d'Etat,
Controlleur General des Finances,&
grand Tresorier des
Ordres du Roy, & petitneveu
de Mr le Comte de Maulevrier,
Chevalier de rOIdrc
du S. Esprit, & Lieutenant
General des Arméesdu Roy.
Mr d'Ormesson Maistre
des Requestes ordinairede
l'Hostel,aépousé le 1i. MaÀcmolfcllc
de Beauvais, fille
de Mr de Beauvais, premier
President des Tresoreries de
France d'Orleans, & de Dame
Marie Fontaine, fillede
MrFontaine des Montée,&
soeurde Madame de Megrigny
, &de Madame la Presidented'Aligre
& de Mr l'Abbé
Fontaine , Conseiller au
Parlement, & Doyen de EgliCc
Cathedrale d'Orleans, &
; niece de Mr Fontaine des Bordsees,
Diolye.n du grand Con-
)!
Mr d'Ormesson est fils de
Mre Antoine François de Pau- le,Seigneurd'Ormesson, de
Saeicre, des Tournelles & autres
lieux,Maistredes Requestes
& Intendant, premierement
dans la Généralité de
Rouen.>, enfuite dans celle
4'^uvcrgne, & en dernier
lieu dans celle de Soissons. 11 • « 4 moururdans1"cxcrcice4ccettc
Chargele 21.Février1712. La
Maison d'Ormessonestalliée
aux maisonsde Château-neuf,
de la Vrilliere, de Hennequin,
de Brûlart, deVerthamon, de
Pomercu, de Prevost,dela
Grange,dêBaillêul, d'Hinselin,
de Feideau, &c. & eu une
des meilleuresMai(oj1$;âe<lJ
Robe.
CesGénealo^iesïnftrùifeilt
quelques Lecteurs, en ennuyent
d'autres,& quelquefois
un mot de plusou dt
moins qui y introduit ^>ir
hazard
,
fait raisonnerceux
qu'ilinteresse d'une maniere
quipasavantageuse,
commcilm'estarrivé lemoi*
dernier aufujec dela mort
de Madame laDuchesse de:
Lorge, dont la Genealogie efl:
malheureusement défigurée
parl'imprudenced'unfaux
terme;mais outreque je previendraycesinconveniens
avectoute
l'exactitude&toute
la précaution imaginables; je
promets de ne m'étendre dorresnavant
sur les Genealogies,
qu'autant que je feray indispensablement
obligé de le faire,
ou qu'autant qu'il«plairaà peu pres~ à ceux qui m'envoyenc
leurs Memoires, que
je prie sur tout de les dresser
d'unefaçon qui ne me dérobe
point la place que je destine
aux évenemens du mois.
qu'il y ait entre mort & ma*
riage,l'un me paroist sijuste
pour dedomager de l'autre,
que, je croy que rien ne convient
mieux que de substituer
l'article des mariages à ccluy
des morts.
Mademoisellede Lanoy de
Châtillon
,
puifnée de Mr le
Marquisde Châtillon, de l'IllustreMaison
de ce nom, a
epousé le deux Mr le Marquis
de Bagueville, Colonel
du Régiment de Bagueville,
qui est un des plus riches Gentils-
hommes de France. La
cérémonie de ce mariage a été
célébrée avec toutela pompe
& toutela magnificence imaginable.
Monseigneur le Duc
d'Orleans à qui toute la Maison
de Châtillon est fort chere,
avoit donnéleSallonde S.
Cloud pour cette Feste, où
rien de ce que l'Art peut inventer
de plus propre & de
plus éclatant ne fut épargné.
Paul Edoüart Colbert.
Comte de Creüilly,aépousé
le MademoiselleSpinola,
soeur puisnée de Madame la
Princesse de Vergagne, & fille
de Mr le Prince de Spinola,
Grand d'Espagne, forti de la
Maison. deSpinola
,
l'une des
plus anciennes & des plus puissanteMaisons
de l'Etat de Genes.
Mr le Comte de Creüilly
cft fils de feu Mr le Marquis
de Seignelay, Secretaire d'Etat,
Commandeur & grand
Tresorier des Ordres du Roy,
& de Catherine Therese de
Matignon, remariéedepuis
à Mr le Comte de Marfan de
la Maison de Lorraine, & pe- tit fils defeu, Mr Colbert, Ministre
& Secretaire d'Etat,
Controlleur General des Finances,&
grand Tresorier des
Ordres du Roy, & petitneveu
de Mr le Comte de Maulevrier,
Chevalier de rOIdrc
du S. Esprit, & Lieutenant
General des Arméesdu Roy.
Mr d'Ormesson Maistre
des Requestes ordinairede
l'Hostel,aépousé le 1i. MaÀcmolfcllc
de Beauvais, fille
de Mr de Beauvais, premier
President des Tresoreries de
France d'Orleans, & de Dame
Marie Fontaine, fillede
MrFontaine des Montée,&
soeurde Madame de Megrigny
, &de Madame la Presidented'Aligre
& de Mr l'Abbé
Fontaine , Conseiller au
Parlement, & Doyen de EgliCc
Cathedrale d'Orleans, &
; niece de Mr Fontaine des Bordsees,
Diolye.n du grand Con-
)!
Mr d'Ormesson est fils de
Mre Antoine François de Pau- le,Seigneurd'Ormesson, de
Saeicre, des Tournelles & autres
lieux,Maistredes Requestes
& Intendant, premierement
dans la Généralité de
Rouen.>, enfuite dans celle
4'^uvcrgne, & en dernier
lieu dans celle de Soissons. 11 • « 4 moururdans1"cxcrcice4ccettc
Chargele 21.Février1712. La
Maison d'Ormessonestalliée
aux maisonsde Château-neuf,
de la Vrilliere, de Hennequin,
de Brûlart, deVerthamon, de
Pomercu, de Prevost,dela
Grange,dêBaillêul, d'Hinselin,
de Feideau, &c. & eu une
des meilleuresMai(oj1$;âe<lJ
Robe.
CesGénealo^iesïnftrùifeilt
quelques Lecteurs, en ennuyent
d'autres,& quelquefois
un mot de plusou dt
moins qui y introduit ^>ir
hazard
,
fait raisonnerceux
qu'ilinteresse d'une maniere
quipasavantageuse,
commcilm'estarrivé lemoi*
dernier aufujec dela mort
de Madame laDuchesse de:
Lorge, dont la Genealogie efl:
malheureusement défigurée
parl'imprudenced'unfaux
terme;mais outreque je previendraycesinconveniens
avectoute
l'exactitude&toute
la précaution imaginables; je
promets de ne m'étendre dorresnavant
sur les Genealogies,
qu'autant que je feray indispensablement
obligé de le faire,
ou qu'autant qu'il«plairaà peu pres~ à ceux qui m'envoyenc
leurs Memoires, que
je prie sur tout de les dresser
d'unefaçon qui ne me dérobe
point la place que je destine
aux évenemens du mois.
Fermer
Résumé : Mariage, [titre d'après la table]
Le texte traite de mariages et de généalogies, mettant en avant l'importance des unions matrimoniales par rapport aux décès. Il mentionne plusieurs mariages notables, tels que celui de Mademoiselle de Lanoy de Châtillon avec le Marquis de Bagueville, célébré avec grande pompe et magnificence. Un autre mariage significatif est celui de Paul Édouard Colbert, Comte de Creüilly, avec Mademoiselle Spinola. Le texte détaille également les lignées et les titres des familles impliquées, comme la Maison de Châtillon et la Maison de Spinola. Il évoque aussi le mariage de Mr d'Ormesson avec Mademoiselle de Beauvais, en précisant les titres et les fonctions des familles concernées. Le texte aborde également les erreurs possibles dans les généalogies et la promesse de l'auteur de les éviter à l'avenir, tout en se concentrant sur les événements du mois.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
22
p. 2925-2935
Tragedie de Brutus, Extrait, [titre d'après la table]
Début :
La Tragédie nouvelle de Brutus, de M. de Voltaire, fut représentée à la [...]
Mots clefs :
Voltaire, Théâtre, Brutus , Titus, Vol, Homme, Père, Fille, Fils, Passion
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Tragedie de Brutus, Extrait, [titre d'après la table]
A Tragédie nouvelle de Brutus , de
M. de Voltaire , fut repréſentée à la
Cour le Samedi 30. de ce mois , avec un
très-grand fuccès ; on la donna le lendemain
fur le Théatre François pour la neu
viéme fois , & toujours avec beaucoup
d'applaudiffemens.
La Scene de cette Piéce dont nous
avons promis de parler , fe paffe dans le
Capitole. Les principaux perfonnages font
Brutus , Conful , Titus , fon fils , & Tullie,
fille de Tarquin. Les S Sarrazin , Du
Freſne , & la Dile Du Frefne rempliffent
ces trois Rôles . Ceux de Valerius Publicola
, deuxième Conful , de Proculus , de
Meffala , Romain , conjuré dans le parti
de Tarquin , d'Aruns , Ambaffadeur du
Roi d'Etrurie , d'Albin , fon Confident,
& d'Argine , Confidente de Tullie , font
remplis par les Srs Grandval , Dubreuil ,
Montmenil , Le Grand , Berci , & la De
Jouvenot , fans parler des fix Senateurs .
, ,
La Piéce commence par une Affemblée
du Senat , où l'on introduit un Ambaffadeur
de Porfenna & de Tarquin . Ce Miniftre
remontre tout ce qu'un Royalite
II. Vol.
zelé
2926 MERCURE DE FRANCE
zelé peut dire en faveur des droits des
Souverains. Le Conful Brutus répond
tout ce qu'un Republicain rigide doit
dire pour le Peuple Romain. Il s'exprime
ainfi :
Nous avons fait , Aruns , en lui rendant hommage
,
Serment d'obéiffance , & non pas d'efclavage ,
Et puifqu'il vous fouvient d'avoir vu dans ces
lieux ,
Le Senat à fes pieds faifant pour lui des voeux ,
Songez qu'en ces lieux même , à cet Autel augufte
,
Devant ces mêmes Dieux il jura d'être juſte ;
De fon peuple & de lui tel étoit le lien.
Il nous rend nos fermens quand il trahit le fien
Et dès qu'aux loix de Rome il ofe être infidele
Rome n'eſt plus fujette , & lui ſeul eft rebelle.
Aruns.
Ah ! quand il feroit vrai que l'abfolu pouvoir
Eut entraîné Tarquin par delà fon devoir ,
Qu'il en eut trop ſuivi l'amorce enchantereffe ,
Quel homme eft fans erreur , & quel Roi fans
foibleffe ?
Eft- ce à vous de prétendre au droit de le punir ?
Vous nés tous fes Sujets , vous faits pour obéir?
Un fils ne s'arme point contre un coupable pere
Il détourne les yeux , le plaint & le revere.
II. Vol.
Les
DECEMBRE. 1730. 2927
Les droits des Souverains font - ils moins précieux
?
Nous fommes leurs enfans , leurs Jages font les
Dieux ;
Si le Ciel quelquefois les donne en fa coleré ,
N'allez pas mériter un préfent plus fevere ,
Trahir toutes les loix en voulant les vanger ,
Et renverser l'Etat au lieu de le changer .
Inftruit par le malheur
l'homme ,
› ce grand Maitre de
Tarquin fera plus jufte & plus digne de Rome ;
Vous pouvez
raffermir par un accord heureux
Des Peuples & des Rois les legitimes noeuds ,
Et faire encor fleurir la liberté publique
Sous l'ombrage facré du pouvoir Monarchique.
Brutus plein de fes fentimens refuſe la
paix au nom du Sénat , quoiqu'affiegé
par deux Rois . Le Sénat jure fur l'Autel
de Mars de ne jamais admettre les Tarquins
dans Rome ; l'Ambaffadeut jure
fur le même Autel une guerre éternelle
aux Romains. Cependant ce Miniftre demande
fierement qu'on lui remette Tullie,
fille de Tarquin , jeune Princeffe qui n'avoit
pû fe fauver de Rome dans le commencement
de la Guerre civile , & que
le Sénat faifoit élever chez la femme de
Brutus le Sénat ordonne qu'on rende à
Tarquin fa fille & tous fes biens ; & Bru-
II. Vol.
tus
2928 MERCURE DE FRANCE
tus , l'organe du Sénat , dit à ce Miniftre:
Qu'à Tarquin déformais rien ne refte en ces
lieux
Que la haine de Rome & le couroux des Dieux ;
Pour emporter au Camp l'or qu'il faut y conduire
Rome vous donne un jour , ce tems doit vous
fuffire .
Ma Maiſon cependant eſt votre fûreté &c.
Ce Miniftre ayant donc la liberté de
refter un jour dans Rome veut employer
ce tems à ruiner la liberté des Romains ;
il avoit depuis long- tems une fecrete cor
refpondance avec un Citoyen nommé
Meffala , homme adroit & intrépide ,
qui defefperant de faire fa fortune fous
le gouvernement fevere d'une Républi
que , vouloit s'élever en rappelant les Tirans.
C'eft un vrai confpirateur.
Maître de fon fecret , & maître de lui-même ,
Impenetrable & calme en fa fureur extrême ;
Il a déja gagné quelques amis ; mais ,
dit- il , à l'Ambaffadeur :
Ne prétendez pas
Qu'en aveugles Sujets ils fervent des ingrats ;
Ils ne fe piquent point du devoir fanatique
De fervir de victime au pouvoir defpotique ,
II. Vol.
Ni
DECEMBRE. 1730. 2929.
Ni du zele inſenſé de courir au trépas
Pour venger un Tiran qui ne les connoît pas.
Tarquin promet beaucoup ; mais devenu leur
maître ,
Il les oublira tous , ou les craindra peut -être :
Je connois trop les Grands dans le malheur
amis ,
;
Ingrats dans la fortune , & bientôt ennemis..
Nous fommes de leur gloire un inftrument fervile
Rejetté par dédain dès qu'il eft inutile ,
Et brifé fans pitié s'il devient dangereux.
Meffala avoit befoin d'un Chef digne
de pareils conjurés , affez illuftre par fa
naiffance pour le faire obéir , affez.courageux
pour faire réuffir l'entreprife ,
affez hardi même pour forcer le Roi ,
Même après le fuccés à leur tenir la foi.
Titus , fils du Conful Brutus , jeune
homme impétueux dans fes défirs , qui
venoit de triompher des deux Rois , mais
qui n'avoit pû obtenir le Confulat , pa-'
roit à ces deux conjurés un homme propre
à mettre à la tête de leur parti . Titus,
à la verité , aime tendrement Rome &
fon
pere ; il eft le plus grand ennemi des
Rois , il adore la liberté , mais il eft piqué
contre le Sénat ; & Meffala a découvert
qu'il a depuis long- tems une paſſion fu-
II. Vol.
rieufe
29 30 MERCURE DE FRANCE
rieule
pour la fille de Tarquin : Titus a
été jufqu'à préfent le maître de fa paffion ;
mais il y peut fuccomber. Meffala ajoute :
Dans le champ de la gloire il ne fait que d'en
trer ,
Il y marche en aveugle , on l'y peut égarer ;
La bouillante Jeuneffe eft facile à féduire .
Cependant Tullie , cette fille de Tarquin
, nourriffoit depuis long- tems une
inclination fecrette pour le jeune Titus ;
elle vouloit haïr l'ennemi de fon pere &
le fils de Brutus ; mais elle l'aimoit d'autant
plus , qu'il ne fouffroit plus qu'il pa-.
rut en fa préfence depuis que la Guerre
étoit déclarée . Ainfi Titus & Tullie s'adorant
l'un l'autre , & n'ofant fe voir
combattoient en fecret leur paffion . Enfin
le moment arrive qui doit les féparer
pour jamais ; alors Titus entraîné malgré
lui vers Tullie , vient pour lui dire un
éternel adieu , & l'aveu de fon amour lui
échape .
Ce feu que jufqu'alors il avoit fçû contraindre
S'irrite en s'échapant , & ne peut plus s'éteindre
L'adroit Ambaffadeur qui fçait bientôt
à quelles agitations Titus eft livré , faifit
ces momens pour tenter fa fidelité ; il
oppofe tous les artifices à la hauteur im
II. Vol. pétueufe
DECEMBRE. 1730. 2931
pétueufe de Titus ; il lui repréfente la
trifte feverité d'une République & tous
les charmes d'une Cour , il effaye de
l'attendrir pour Tarquin ; enfin il lui dit
que Tarquin avoit autrefois le deffein de
lui donner fa fille Tullie en mariage.
L'Ambaffadeur en lui parlant ainfi , obferve
attentivement l'émotion involontaire
du jeune Romain. Meffala , ce Chef
de conjurés , vient encore envenimer la
bleffure de Titus. L'Ambaffadeur fait plus,
il a découvert la paffion de Tullie , & il
veut s'en fervir pour fes deffeins. Oui ,
dit il ,
N'attendons des humains rien que par leur foibleffe.
Il ne perd point de tems , il envoye
un homme fûr au Camp de Tarquin ; ce
Courrier rapporte une Lettre du Roi ;
l'Ambaffadeur donne la Lettre à la Princeffe
: elle lit , elle voit avec furpriſe que
fon pere lui permet
de refufer le Roi de
Ligurie qu'elle devoit époufer , & que
c'eft à Titus qu'il la deftine ; qu'en un
mot il ne tient qu'à Titus de rappeler
Tarquin , de regner avec lui & d'époufer
Tullie. Cette Princeffe à la lecture de
cette Lettre eft partagée entre le trouble
& la joye , entre la défiance & l'efpoir ;
l'Ambafladeur la raffure & l'encourage ;
ĮI. Ful
1
2932 MERCURE DE FRANCE
il lui dit que Titus eft déja ébranlé , qu'il
eft prêt à relever le Trône de Tarquin
qu'un mot de la bouche va tout achever.
La jeune Princeffe pleine de l'efperance
de rétablir fon pere & d'être unie avec
fon Amant , envoye chercher Titus , lui
fait lire cette Lettre ; mais quelle furprife
& quelle douleur pour elle ! Titus
eft penetré d'horreur à l'afpect de ce billet
de Tarquin , par lequel on lui propoſe de
trahir Brutus & Rome. Son Amante s'écrie
:
Infpirez -lui , grands Dieux , le parti qu'il doit
prendre.
Mon choix eft fait.
Titus.
Tullie.
Eh bien ! crains -tu de me l'apprendre ♣
Parle , ofe mériter ta grace ou mon courroux ;
Quel fera ton deftin ?
Titus.
D'être digne de vous ,
Digne encor de moi-même , à Rome encor fidele
,
Brulant
d'amour
pour
vous , de
combattre
pour
elle ,
D'adorer vos vertus , mais de les imiter ,
De vous perdre , Madame , & de yous mériter &c.
II. Vol
Ац
DECEMBRE. 1730. 2933-
Au milieu de cette conteftation douloureuſe
, Brutus arrive , & dit à Tullie
qu'il faut partir ; déja même il l'emmene.
Titus defefperé arrête un moment l'Ambaffadeur
qui feint de vouloir partir , &
qui jouir tranquilement du trouble affreux
de cet Amant ; Titus lui demande
un moment d'entretien , & le prie de
retarder le départ d'une heure. C'eſt pendant
ce court efpace de tems que Meffala
fe découvre enfin à Titus , c'eft alors qu'il
lui apprend que Tiberinus , fon propre
frere
,
eft de la conjuration . Titus fe
trouve réduit à être le délateur ou le
complice de fon frere. Dans ce moment
même l'Ambaffadeur lui fait dire que
Tullie l'attend ; il parle à Tullie pour la
derniere fois , & c'est là que cedant à fa
paffion , penetré d'amour , d'horreur &
de remords , & fe trouvant dans le cas
de dire : Video meliora proboque , deteriora
fequor , il dit à Tullie :
› Eh hien , cruelle , il faut vous fatisfaire ;
Le crime en eft affreux ; mais j'y cours pour vous
plaire ;
D
t plus malheureux que dans ma paffion ;
Mon coeur n'a pour excufe aucune illufion ,
Que je ne goute point dans ce défordre extrême
Le trifte & vain plaifir de me tromper moimême
,
11. Vol, Que
2934 MERCURE DE FRANCE
Que l'amour aux forfaits me force de voler ,
Que vous m'avez vaincu fans pouvoir m'aveugler
,
Et qu'encor indigné de l'ardeur qui m'anime ,
Je chéris la vertu , mais j'embraffe le crime .
Haiffez-moi , fuyez , quittez un malheureux
Qui meurt d'amour pour vous , & detefte ſes
feux & c .
A peine Titus emporté par tant de paſfions
a -t'il promis de trahir Rome , que
Brutus inftruit qu'on doit donner un affaut
la nuit même,vient remettre le commandement
de la Ville de la part du
Sénat entre les mains de Titus même ; le
defeſpoir de Titus augmente à cette marque
de confiance ; une cruelle irréfolution
l'agite ; fon pere en eft étonné ; mais
dans le moment même le fecond Conful
annonce à Brutus que l'on confpire . On
n'a encore que des foupçons , & ces foupçons
ne tombent point fur les fils de Brutus.
On affemble le Sénat ; l'Ambaffadeur
y vient rendre compte de fa conduite
; Brutus le renvoye avec mépris &
avec horreur. On renouvelle les fermens
de punir fans remiffion quiconque auroit
confpiré en faveur des Rois ; Brutus qui
fait ce ferment eft bien éloigné de croire
fes Enfans coupables ; il apprend au milieu
du Sénat même que Tiberinus eft un
II. Vol.
des
DECEMBRE . 1730. 2935
des conjurés ; l'inftant d'après il apprend
que fon cher fils Titus , le Deffenfeur de
Rome , eft le Chef de la Confpiration .
Tiberinus eft tué en fe deffendant , avec
quelques complices . Titus qui avoit horreur
d'un crime qu'il n'avoit pas même
confommé , & dont il n'avoit été coupable
qu'un inftant , vient s'accuſer devant
fon Pere ; Brutus qui l'aime tendrement
le condamne à la mort en pleurant , &
Titus reçoit fon Arrêt en grand Homme.
Tullie defefperée ſe tuë . Ainfi finit cette
Piéce que l'on regarde dans Paris comme
l'Ouvrage Dramatique que M. de Voltaire
ait le mieux écrit , mais qui exige
une grande execution , extrêmement difficile
& neceffaire , pour avoir un long
fuccès au Théatre.
M. de Voltaire , fut repréſentée à la
Cour le Samedi 30. de ce mois , avec un
très-grand fuccès ; on la donna le lendemain
fur le Théatre François pour la neu
viéme fois , & toujours avec beaucoup
d'applaudiffemens.
La Scene de cette Piéce dont nous
avons promis de parler , fe paffe dans le
Capitole. Les principaux perfonnages font
Brutus , Conful , Titus , fon fils , & Tullie,
fille de Tarquin. Les S Sarrazin , Du
Freſne , & la Dile Du Frefne rempliffent
ces trois Rôles . Ceux de Valerius Publicola
, deuxième Conful , de Proculus , de
Meffala , Romain , conjuré dans le parti
de Tarquin , d'Aruns , Ambaffadeur du
Roi d'Etrurie , d'Albin , fon Confident,
& d'Argine , Confidente de Tullie , font
remplis par les Srs Grandval , Dubreuil ,
Montmenil , Le Grand , Berci , & la De
Jouvenot , fans parler des fix Senateurs .
, ,
La Piéce commence par une Affemblée
du Senat , où l'on introduit un Ambaffadeur
de Porfenna & de Tarquin . Ce Miniftre
remontre tout ce qu'un Royalite
II. Vol.
zelé
2926 MERCURE DE FRANCE
zelé peut dire en faveur des droits des
Souverains. Le Conful Brutus répond
tout ce qu'un Republicain rigide doit
dire pour le Peuple Romain. Il s'exprime
ainfi :
Nous avons fait , Aruns , en lui rendant hommage
,
Serment d'obéiffance , & non pas d'efclavage ,
Et puifqu'il vous fouvient d'avoir vu dans ces
lieux ,
Le Senat à fes pieds faifant pour lui des voeux ,
Songez qu'en ces lieux même , à cet Autel augufte
,
Devant ces mêmes Dieux il jura d'être juſte ;
De fon peuple & de lui tel étoit le lien.
Il nous rend nos fermens quand il trahit le fien
Et dès qu'aux loix de Rome il ofe être infidele
Rome n'eſt plus fujette , & lui ſeul eft rebelle.
Aruns.
Ah ! quand il feroit vrai que l'abfolu pouvoir
Eut entraîné Tarquin par delà fon devoir ,
Qu'il en eut trop ſuivi l'amorce enchantereffe ,
Quel homme eft fans erreur , & quel Roi fans
foibleffe ?
Eft- ce à vous de prétendre au droit de le punir ?
Vous nés tous fes Sujets , vous faits pour obéir?
Un fils ne s'arme point contre un coupable pere
Il détourne les yeux , le plaint & le revere.
II. Vol.
Les
DECEMBRE. 1730. 2927
Les droits des Souverains font - ils moins précieux
?
Nous fommes leurs enfans , leurs Jages font les
Dieux ;
Si le Ciel quelquefois les donne en fa coleré ,
N'allez pas mériter un préfent plus fevere ,
Trahir toutes les loix en voulant les vanger ,
Et renverser l'Etat au lieu de le changer .
Inftruit par le malheur
l'homme ,
› ce grand Maitre de
Tarquin fera plus jufte & plus digne de Rome ;
Vous pouvez
raffermir par un accord heureux
Des Peuples & des Rois les legitimes noeuds ,
Et faire encor fleurir la liberté publique
Sous l'ombrage facré du pouvoir Monarchique.
Brutus plein de fes fentimens refuſe la
paix au nom du Sénat , quoiqu'affiegé
par deux Rois . Le Sénat jure fur l'Autel
de Mars de ne jamais admettre les Tarquins
dans Rome ; l'Ambaffadeut jure
fur le même Autel une guerre éternelle
aux Romains. Cependant ce Miniftre demande
fierement qu'on lui remette Tullie,
fille de Tarquin , jeune Princeffe qui n'avoit
pû fe fauver de Rome dans le commencement
de la Guerre civile , & que
le Sénat faifoit élever chez la femme de
Brutus le Sénat ordonne qu'on rende à
Tarquin fa fille & tous fes biens ; & Bru-
II. Vol.
tus
2928 MERCURE DE FRANCE
tus , l'organe du Sénat , dit à ce Miniftre:
Qu'à Tarquin déformais rien ne refte en ces
lieux
Que la haine de Rome & le couroux des Dieux ;
Pour emporter au Camp l'or qu'il faut y conduire
Rome vous donne un jour , ce tems doit vous
fuffire .
Ma Maiſon cependant eſt votre fûreté &c.
Ce Miniftre ayant donc la liberté de
refter un jour dans Rome veut employer
ce tems à ruiner la liberté des Romains ;
il avoit depuis long- tems une fecrete cor
refpondance avec un Citoyen nommé
Meffala , homme adroit & intrépide ,
qui defefperant de faire fa fortune fous
le gouvernement fevere d'une Républi
que , vouloit s'élever en rappelant les Tirans.
C'eft un vrai confpirateur.
Maître de fon fecret , & maître de lui-même ,
Impenetrable & calme en fa fureur extrême ;
Il a déja gagné quelques amis ; mais ,
dit- il , à l'Ambaffadeur :
Ne prétendez pas
Qu'en aveugles Sujets ils fervent des ingrats ;
Ils ne fe piquent point du devoir fanatique
De fervir de victime au pouvoir defpotique ,
II. Vol.
Ni
DECEMBRE. 1730. 2929.
Ni du zele inſenſé de courir au trépas
Pour venger un Tiran qui ne les connoît pas.
Tarquin promet beaucoup ; mais devenu leur
maître ,
Il les oublira tous , ou les craindra peut -être :
Je connois trop les Grands dans le malheur
amis ,
;
Ingrats dans la fortune , & bientôt ennemis..
Nous fommes de leur gloire un inftrument fervile
Rejetté par dédain dès qu'il eft inutile ,
Et brifé fans pitié s'il devient dangereux.
Meffala avoit befoin d'un Chef digne
de pareils conjurés , affez illuftre par fa
naiffance pour le faire obéir , affez.courageux
pour faire réuffir l'entreprife ,
affez hardi même pour forcer le Roi ,
Même après le fuccés à leur tenir la foi.
Titus , fils du Conful Brutus , jeune
homme impétueux dans fes défirs , qui
venoit de triompher des deux Rois , mais
qui n'avoit pû obtenir le Confulat , pa-'
roit à ces deux conjurés un homme propre
à mettre à la tête de leur parti . Titus,
à la verité , aime tendrement Rome &
fon
pere ; il eft le plus grand ennemi des
Rois , il adore la liberté , mais il eft piqué
contre le Sénat ; & Meffala a découvert
qu'il a depuis long- tems une paſſion fu-
II. Vol.
rieufe
29 30 MERCURE DE FRANCE
rieule
pour la fille de Tarquin : Titus a
été jufqu'à préfent le maître de fa paffion ;
mais il y peut fuccomber. Meffala ajoute :
Dans le champ de la gloire il ne fait que d'en
trer ,
Il y marche en aveugle , on l'y peut égarer ;
La bouillante Jeuneffe eft facile à féduire .
Cependant Tullie , cette fille de Tarquin
, nourriffoit depuis long- tems une
inclination fecrette pour le jeune Titus ;
elle vouloit haïr l'ennemi de fon pere &
le fils de Brutus ; mais elle l'aimoit d'autant
plus , qu'il ne fouffroit plus qu'il pa-.
rut en fa préfence depuis que la Guerre
étoit déclarée . Ainfi Titus & Tullie s'adorant
l'un l'autre , & n'ofant fe voir
combattoient en fecret leur paffion . Enfin
le moment arrive qui doit les féparer
pour jamais ; alors Titus entraîné malgré
lui vers Tullie , vient pour lui dire un
éternel adieu , & l'aveu de fon amour lui
échape .
Ce feu que jufqu'alors il avoit fçû contraindre
S'irrite en s'échapant , & ne peut plus s'éteindre
L'adroit Ambaffadeur qui fçait bientôt
à quelles agitations Titus eft livré , faifit
ces momens pour tenter fa fidelité ; il
oppofe tous les artifices à la hauteur im
II. Vol. pétueufe
DECEMBRE. 1730. 2931
pétueufe de Titus ; il lui repréfente la
trifte feverité d'une République & tous
les charmes d'une Cour , il effaye de
l'attendrir pour Tarquin ; enfin il lui dit
que Tarquin avoit autrefois le deffein de
lui donner fa fille Tullie en mariage.
L'Ambaffadeur en lui parlant ainfi , obferve
attentivement l'émotion involontaire
du jeune Romain. Meffala , ce Chef
de conjurés , vient encore envenimer la
bleffure de Titus. L'Ambaffadeur fait plus,
il a découvert la paffion de Tullie , & il
veut s'en fervir pour fes deffeins. Oui ,
dit il ,
N'attendons des humains rien que par leur foibleffe.
Il ne perd point de tems , il envoye
un homme fûr au Camp de Tarquin ; ce
Courrier rapporte une Lettre du Roi ;
l'Ambaffadeur donne la Lettre à la Princeffe
: elle lit , elle voit avec furpriſe que
fon pere lui permet
de refufer le Roi de
Ligurie qu'elle devoit époufer , & que
c'eft à Titus qu'il la deftine ; qu'en un
mot il ne tient qu'à Titus de rappeler
Tarquin , de regner avec lui & d'époufer
Tullie. Cette Princeffe à la lecture de
cette Lettre eft partagée entre le trouble
& la joye , entre la défiance & l'efpoir ;
l'Ambafladeur la raffure & l'encourage ;
ĮI. Ful
1
2932 MERCURE DE FRANCE
il lui dit que Titus eft déja ébranlé , qu'il
eft prêt à relever le Trône de Tarquin
qu'un mot de la bouche va tout achever.
La jeune Princeffe pleine de l'efperance
de rétablir fon pere & d'être unie avec
fon Amant , envoye chercher Titus , lui
fait lire cette Lettre ; mais quelle furprife
& quelle douleur pour elle ! Titus
eft penetré d'horreur à l'afpect de ce billet
de Tarquin , par lequel on lui propoſe de
trahir Brutus & Rome. Son Amante s'écrie
:
Infpirez -lui , grands Dieux , le parti qu'il doit
prendre.
Mon choix eft fait.
Titus.
Tullie.
Eh bien ! crains -tu de me l'apprendre ♣
Parle , ofe mériter ta grace ou mon courroux ;
Quel fera ton deftin ?
Titus.
D'être digne de vous ,
Digne encor de moi-même , à Rome encor fidele
,
Brulant
d'amour
pour
vous , de
combattre
pour
elle ,
D'adorer vos vertus , mais de les imiter ,
De vous perdre , Madame , & de yous mériter &c.
II. Vol
Ац
DECEMBRE. 1730. 2933-
Au milieu de cette conteftation douloureuſe
, Brutus arrive , & dit à Tullie
qu'il faut partir ; déja même il l'emmene.
Titus defefperé arrête un moment l'Ambaffadeur
qui feint de vouloir partir , &
qui jouir tranquilement du trouble affreux
de cet Amant ; Titus lui demande
un moment d'entretien , & le prie de
retarder le départ d'une heure. C'eſt pendant
ce court efpace de tems que Meffala
fe découvre enfin à Titus , c'eft alors qu'il
lui apprend que Tiberinus , fon propre
frere
,
eft de la conjuration . Titus fe
trouve réduit à être le délateur ou le
complice de fon frere. Dans ce moment
même l'Ambaffadeur lui fait dire que
Tullie l'attend ; il parle à Tullie pour la
derniere fois , & c'est là que cedant à fa
paffion , penetré d'amour , d'horreur &
de remords , & fe trouvant dans le cas
de dire : Video meliora proboque , deteriora
fequor , il dit à Tullie :
› Eh hien , cruelle , il faut vous fatisfaire ;
Le crime en eft affreux ; mais j'y cours pour vous
plaire ;
D
t plus malheureux que dans ma paffion ;
Mon coeur n'a pour excufe aucune illufion ,
Que je ne goute point dans ce défordre extrême
Le trifte & vain plaifir de me tromper moimême
,
11. Vol, Que
2934 MERCURE DE FRANCE
Que l'amour aux forfaits me force de voler ,
Que vous m'avez vaincu fans pouvoir m'aveugler
,
Et qu'encor indigné de l'ardeur qui m'anime ,
Je chéris la vertu , mais j'embraffe le crime .
Haiffez-moi , fuyez , quittez un malheureux
Qui meurt d'amour pour vous , & detefte ſes
feux & c .
A peine Titus emporté par tant de paſfions
a -t'il promis de trahir Rome , que
Brutus inftruit qu'on doit donner un affaut
la nuit même,vient remettre le commandement
de la Ville de la part du
Sénat entre les mains de Titus même ; le
defeſpoir de Titus augmente à cette marque
de confiance ; une cruelle irréfolution
l'agite ; fon pere en eft étonné ; mais
dans le moment même le fecond Conful
annonce à Brutus que l'on confpire . On
n'a encore que des foupçons , & ces foupçons
ne tombent point fur les fils de Brutus.
On affemble le Sénat ; l'Ambaffadeur
y vient rendre compte de fa conduite
; Brutus le renvoye avec mépris &
avec horreur. On renouvelle les fermens
de punir fans remiffion quiconque auroit
confpiré en faveur des Rois ; Brutus qui
fait ce ferment eft bien éloigné de croire
fes Enfans coupables ; il apprend au milieu
du Sénat même que Tiberinus eft un
II. Vol.
des
DECEMBRE . 1730. 2935
des conjurés ; l'inftant d'après il apprend
que fon cher fils Titus , le Deffenfeur de
Rome , eft le Chef de la Confpiration .
Tiberinus eft tué en fe deffendant , avec
quelques complices . Titus qui avoit horreur
d'un crime qu'il n'avoit pas même
confommé , & dont il n'avoit été coupable
qu'un inftant , vient s'accuſer devant
fon Pere ; Brutus qui l'aime tendrement
le condamne à la mort en pleurant , &
Titus reçoit fon Arrêt en grand Homme.
Tullie defefperée ſe tuë . Ainfi finit cette
Piéce que l'on regarde dans Paris comme
l'Ouvrage Dramatique que M. de Voltaire
ait le mieux écrit , mais qui exige
une grande execution , extrêmement difficile
& neceffaire , pour avoir un long
fuccès au Théatre.
Fermer
Résumé : Tragedie de Brutus, Extrait, [titre d'après la table]
La pièce 'Brutus' de Voltaire a été représentée à la Cour le 30 décembre avec un grand succès, puis au Théâtre Français le lendemain pour la neuvième fois, toujours avec beaucoup d'applaudissements. L'action se déroule au Capitole de Rome et met en scène Brutus, consul, Titus, son fils, et Tullie, fille de Tarquin. Les rôles principaux sont interprétés par les acteurs Sarrazin, Du Fresne, et la Dile Du Fresne. La pièce commence par une assemblée du Sénat où un ambassadeur de Porfenna et de Tarquin défend les droits des souverains. Brutus répond en faveur du peuple romain, affirmant que le serment d'obéissance ne signifie pas esclavage. L'ambassadeur argue que les droits des souverains sont précieux et que les Romains doivent obéir. Brutus refuse la paix au nom du Sénat et jure de ne jamais admettre les Tarquins à Rome. L'ambassadeur demande la remise de Tullie, et le Sénat accepte de la rendre ainsi que ses biens. Meffala, un citoyen romain, correspond secrètement avec l'ambassadeur pour ruiner la liberté des Romains. Il cherche un chef pour sa conjuration et choisit Titus, fils de Brutus, qui est impétueux et jaloux du Sénat. Titus aime Tullie, et est tenté par l'ambassadeur et Meffala de trahir Rome. Tullie, de son côté, aime Titus malgré elle. L'ambassadeur tente de séduire Titus en lui offrant le trône de Tarquin et la main de Tullie. Après une lutte intérieure, Titus décide de rester fidèle à Rome. Brutus, informé d'une conjuration, découvre que Titus et son frère Tiberinus en font partie. Tiberinus est tué en se défendant, et Titus, après avoir avoué son crime, est condamné à mort par son père. Tullie, désespérée, se suicide. La pièce est considérée comme l'œuvre dramatique la plus réussie de Voltaire, mais elle nécessite une grande maîtrise pour être bien interprétée.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
23
p. 2764-2767
LES Changemens divers dans la Nature, sur la Naissance du Messie. CANTIQUE pour la Fête des Rois, sur l'Air: Au bord d'une Onde fugitive.
Début :
Helas ! quelle clarté nouvelle ? [...]
Mots clefs :
Naissance du Messie, Fête des rois, Univers, Fils, Puissance
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LES Changemens divers dans la Nature, sur la Naissance du Messie. CANTIQUE pour la Fête des Rois, sur l'Air: Au bord d'une Onde fugitive.
LES Changemens divers dans la Nature,
sur la Naissance du Messie.
CANTIQUE pour la Fête des Rois ,
sur l'Air Au bord d'une Ondefugitive.
HElas ! quelle clarté nouvelle ?
Quel Astre brille dans les Cieux ?
Jamais la nuit ne fut si belle ;
Les Zéphirs regnent en ces lieux.
Flore revient ! Ah quels présages !
Tout rit , tout plaît dans nos Forêts ;
Les Oiseaux ; par leurs doux ramages ,
Font gouter des plaisirs parfaits.
Déja l'impatiente Aurore ,
Dore nos Champs et nos Côteaux ;
II. Vol. No
DECEMBRE. 1732. 276.5
Nos Prez reverdissent encore ,
Et les fleurs naissent près des eaux.
Un Dieu fait sentir sa présence
Tout enchante dans ces Deserts ;
Les vents redoutent sa puissance ,
Tout a changé dans l'Univers.
;
Quel bruit de Clairons , de Trompettes
Se mêle aux doux sons des Hautbois?
Qui regne ici dans ces retraites ,
Les Bergers sont parmi les Rois.
O ciel que vois- je ? quelle Etoile
Conduit les Mages dans ce lieu ?
La nuît se cache avec son voile ,
Pour laisser voir un Homme-Dieu.'
Mes yeux découvrent Pinvisible ,
L'Etre premier s'aneantit ;
Je comprends l'incompréhensible ;
Le Verbe Dieu s'assujettit.
Egal à son Pere en puissance ,
Il est de toute Eternité ,
Son Verbe , son Fils , sa substance ,
Sans alterer son unité.
II. Vol.
Une B vj
2766 MERCURE DE FRANCE
Une fille, vierge féconde ,
Augmente sa virginité ,
En enfantant l'Auteur du Monde ,
Sans blesser son integrité.
Du Ciel , de la Terre et de l'Onde ,
Je vois ici le Souverain ;
Grand Dieu ! que fais -je qui réponde ,
Au feu de votre amour divin ?
Sauveur , pour nous fermer l'abîme
Vous avez pris un Corps mortel ;
Si votre cœur sert de victime ,
C'est pour rendre l'homme immortel.
Contre l'orgueil ce Sauveur prêche;'
Mondain, range- toi sous ses Loix ,
Viens pour l'adorer dans sa Crêche
Comme font ces trois puissants Rois.
Ils offrent l'Or à sa Puissance ;
La Myrhe à son humanité ;
Et pour son origine immense ,
L'Encens à sa Divinité.
Venez, Monarques de la Terre,
Princes contrits , ne craignez pas ;
II. Vol.
DECEMBRE. 1732 2767
Il est desarmé du Tonnerre,
Hâtez- vous , il vous tend les bras.
Laisse , Mondaine , ta Toilette ,
Dieu connoît les passevolants ;
Porte- lui ton ame bien nette
C'est-là son Or et son Encens.
sur la Naissance du Messie.
CANTIQUE pour la Fête des Rois ,
sur l'Air Au bord d'une Ondefugitive.
HElas ! quelle clarté nouvelle ?
Quel Astre brille dans les Cieux ?
Jamais la nuit ne fut si belle ;
Les Zéphirs regnent en ces lieux.
Flore revient ! Ah quels présages !
Tout rit , tout plaît dans nos Forêts ;
Les Oiseaux ; par leurs doux ramages ,
Font gouter des plaisirs parfaits.
Déja l'impatiente Aurore ,
Dore nos Champs et nos Côteaux ;
II. Vol. No
DECEMBRE. 1732. 276.5
Nos Prez reverdissent encore ,
Et les fleurs naissent près des eaux.
Un Dieu fait sentir sa présence
Tout enchante dans ces Deserts ;
Les vents redoutent sa puissance ,
Tout a changé dans l'Univers.
;
Quel bruit de Clairons , de Trompettes
Se mêle aux doux sons des Hautbois?
Qui regne ici dans ces retraites ,
Les Bergers sont parmi les Rois.
O ciel que vois- je ? quelle Etoile
Conduit les Mages dans ce lieu ?
La nuît se cache avec son voile ,
Pour laisser voir un Homme-Dieu.'
Mes yeux découvrent Pinvisible ,
L'Etre premier s'aneantit ;
Je comprends l'incompréhensible ;
Le Verbe Dieu s'assujettit.
Egal à son Pere en puissance ,
Il est de toute Eternité ,
Son Verbe , son Fils , sa substance ,
Sans alterer son unité.
II. Vol.
Une B vj
2766 MERCURE DE FRANCE
Une fille, vierge féconde ,
Augmente sa virginité ,
En enfantant l'Auteur du Monde ,
Sans blesser son integrité.
Du Ciel , de la Terre et de l'Onde ,
Je vois ici le Souverain ;
Grand Dieu ! que fais -je qui réponde ,
Au feu de votre amour divin ?
Sauveur , pour nous fermer l'abîme
Vous avez pris un Corps mortel ;
Si votre cœur sert de victime ,
C'est pour rendre l'homme immortel.
Contre l'orgueil ce Sauveur prêche;'
Mondain, range- toi sous ses Loix ,
Viens pour l'adorer dans sa Crêche
Comme font ces trois puissants Rois.
Ils offrent l'Or à sa Puissance ;
La Myrhe à son humanité ;
Et pour son origine immense ,
L'Encens à sa Divinité.
Venez, Monarques de la Terre,
Princes contrits , ne craignez pas ;
II. Vol.
DECEMBRE. 1732 2767
Il est desarmé du Tonnerre,
Hâtez- vous , il vous tend les bras.
Laisse , Mondaine , ta Toilette ,
Dieu connoît les passevolants ;
Porte- lui ton ame bien nette
C'est-là son Or et son Encens.
Fermer
Résumé : LES Changemens divers dans la Nature, sur la Naissance du Messie. CANTIQUE pour la Fête des Rois, sur l'Air: Au bord d'une Onde fugitive.
Le texte est un cantique célébrant la naissance du Messie lors de la fête des Rois. Il décrit une nouvelle clarté et un astre brillant dans les cieux, annonçant des présages favorables. La nature se transforme avec le retour de Flore et le chant des oiseaux. L'Aurore illumine les champs, et un Dieu manifeste sa présence, changeant l'univers. Les bergers se trouvent parmi les rois, et une étoile guide les Mages vers un Homme-Dieu. Le texte exalte le mystère de l'Incarnation, où le Verbe de Dieu s'incarne sans altérer son unité. Une vierge féconde donne naissance à l'Auteur du Monde sans perdre sa virginité. Le Sauveur prend un corps mortel pour rendre l'homme immortel et prêche contre l'orgueil. Les Mages offrent de l'or à sa puissance, de la myrrhe à son humanité, et de l'encens à sa divinité. Le texte invite les monarques et les princes à adorer le Sauveur, désarmé du tonnerre, et à lui offrir leur âme pure.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
24
p. 1348-1353
MEMOIRE sur l'Electricité, lû à la derniere Assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences, par M. Dufey, Extrait.
Début :
L'Académicien commence par donner la définition de l'Electricité, et fait [...]
Mots clefs :
Corps, Électricité, Expériences, Globe, Matière, Dufey, Électrique, Fils, Académie royale des sciences
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MEMOIRE sur l'Electricité, lû à la derniere Assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences, par M. Dufey, Extrait.
MEMOIR E sur l'Electricité, lû à la
derniere Assemblée publique de l'Académie
Royale des Sciences , par M. Dufey,
Extrait.
'Académicien commence par donner
la définition de l'Electricité , et fait
ensuite l'Histoire abregée des progrès
qui ont été faits sur cette matiere depuis
que cette propriété a été reconnue dans
quelques Corps. Après cette exposition
il donne une idée du plan qu'il se propose
de suivre , et après avoir rapporté
plusieurs experiences qu'il a faites sur ce
sujet ; la fin de l'Assemblée ne lui a pas
II. Vol. permis
JUIN. 1733 1349 .
permis d'achever le premier article qu'il
s'étoit proposé de lire.
L'Electricité est la proprieté qu'ont
certaines matieres d'attirer la paille et
tous les corps legers ; l'Ambre , le Jayet,
la Cire d'Espagne , sont connus depuis
long-temps pour avoir cette vertu ; M.D.
donne un Extrait de ce qu'ont rapporté
sur cette matiere les Auteurs qui l'ont
traitée avec le plus de soin . Gilbert a
beaucoup augmenté le nombre des corps.
Electriques , la plupart des Pierres précieuses
le sont devenues entre ses mains ;
Ottodeguerike rapporte dans le Livre
des Experiences de Magdebourg plu
sieurs faits très - singuliers sur l'Electricité
d'une boule de souffre , on y trouve
même l'origine et la base des Experiences
qui ont été faites en Angleterre depuis
plusieurs années. Boyle a . encore beaucoup
augmenté les connoissances que l'on
avoit sur cette matiere ; il a rendu élec
triques plusieurs corps qui n'avoient pû
le devenir jusques - là ; ces recherches parurent
ensuite abandonnées pendant trèslong-
temps , et jusques à ce que M.Hauk
bée imagina plusieurs Experiences dont
nous allons rapporter en peu de mots
quelques-unes , des plus singulieres.
Un tuyau de verre blanc , gros d'un
II. Vol.
pouce
1350 MERCURE DE FRANCE
pouce ou environ , et frotté avec la main
du papier , de la laine , ou toute autre
matiere semblable , attire et repousse tous
les corps legers , et cela à la distance d'un
pied et plus , cette Experience se voit
mieux avec les feuilles de métail qu'avec
toute autre chose , on les voit s'élever
et s'abaisser avec rapidité et faire divers
mouvemens très singuliers.
M. Hauksbée a fait d'autres Experiences
très- extraordinaires avec un Globe
de verre tournant sur son axe avec rapidité
, on tient la main sur ce Globe
pendant qu'il tourne , afin de le frotter
et d'exciter son électricité , on voit alors
des fils que l'on avoit précédemment attachez
à un cercle de fer distant de ce
Globe d'environ un pied ; on voit, dis- je,
ces fils se diriger en rayons vers le centre
du Globe ; et si l'on a introduit dans le
Globe de pareils fils par le moyen d'un
axe , ils prennent une direction contraire
et se disposent en forme de Soleil , en
tendant du centre à la circonférence , on
dérange l'ordre des fils du dehors en mettant
le doigt ou quelqu'autre corps au
dedans du Globe , et ceux du dedans en
mettant le doigt en dehors.
Si l'on fait dans l'obscurité ces Experiences
, tant du Globe , que du Tuyau ,
II. Vol. elles
JUIN. 1733. 1351
elles sont accompagnées d'une lumiere
très- vive , qui prend des formes différentes
, suivant qu'elles sont faites dans le
vuide ou dans le plein. Il y a plus de
vingt ans que ces Expériences ont été
publiées , et elles ont encore cessé d'être
suivies jusquà M. Gray , qui en a fait
de prodigieuses , et qui sont rapportées
dans les Transactions Philosophiques.
Pour nous en tenir à ce qu'il y a de plus
surprenant , nous dirons seulement qu'il
a étendu une corde de 850. pieds de long,
qu'il a attaché à l'un des bouts une
boule d'yvoire ou tel autre corps que
ce soit , et qu'approchant de l'autre
bout de cette corde le tuyau rendu électrique
, la vertu se continuoit tout le
long de la corde , et la boule d'yvoire
qui en étoit placée à une si grande distance
, attiroit et repoussoit les feuilles
de métail qu'on en approchoit. Le visage
d'un enfant suspendu sur deux cordes ,
devenoit électrique lorsqu'on approchoit
le Tuyau de ses pieds ; nous ne rappor
tons que ces deux exemples de l'Extrait
M. D. donne de cet Ouvrage , mais que
il exhorte de le lire en entier , et il avertit
qu'on y trouvera une infinité de choses
des plus curieuses et des plus singu
lieres.
11. Vol.
E * Après
1352 MERCURE DE FRANCE
Après avoir fait cette histoire abregée
des progrès des découvertes faites sur
l'Electricité , M. Dufey donne une idée
du plan qu'il se propose de suivre , il le
divise en cinq parties , dont voici à peu
près l'énoncé .
1º. Si tous les corps sont susceptibles
de l'Electricité par eux- mêmes, et si cette
proprieté n'est point commune à toute
la matiere. 2 ° . Si tous les corps le peuvent
devenir par communication , c'està-
dire , par l'attouchement ou la seule
approche du corps électrique . 3 ° . Quels
sont les corps qui peuvent favoriser ou
interrompre la transmission des écoule
mens électriques ? 4. Quels sont les
changemens que peuvent apporter à l'E
lectricité la tempérance de l'air , le plein
ou le vuide et les autres circonstances
phisiques ? 5. Enfin quel rapport il y
a entre l'Electricité et la vertu qu'ont
la plupart des corps électriques , de rendre
de la lumiere dans l'obscurité.
M. Dufey n'a pû lire que la premiere
partie de cette division , et il a rapporté
que tous les cops qui jusques à present
n'avoient pû devenir électriques , l'étoient
devenus entre ses mains ; tous les marbres
, par exemple , les agathes , les jaspes
, les pierres les plus communes , les
11. Vol.
JUIN. 1733: 1353
os , l'yvoite , l'écaille , les coquilles , les
sels , les bois de toute espece , enfin tout,
à la réserve des métaux , a été rendu électrique
il ne faut pour y parvenir que
chauffer plus ou moins ces différens corps
et les frotter ensuite ; il ne dit pas pour
cela que les métaux ne puissent pas le devenir,
mais il n'y est point encore parvenu ;
il compare cette géneralisation de l'Electricité
à celle qu'il découvrit il y a quelques
années sur les Phosphores ; il trouva
que tous les corps étoient aussi propres
à le devenir que la Pierre de Boulogne ;
aujourd'hui ils sont tous susceptibles d'électricité
, peut- être y a- t'il dans la matiere
une infinité de proprietez aussi générales,
que les temps et les expériences
nous découvriront un jour. M. Dufey
promet de donner incessamment la suite
de cet Ouvrage , suivant le plan que
nous venons de rapporter.
derniere Assemblée publique de l'Académie
Royale des Sciences , par M. Dufey,
Extrait.
'Académicien commence par donner
la définition de l'Electricité , et fait
ensuite l'Histoire abregée des progrès
qui ont été faits sur cette matiere depuis
que cette propriété a été reconnue dans
quelques Corps. Après cette exposition
il donne une idée du plan qu'il se propose
de suivre , et après avoir rapporté
plusieurs experiences qu'il a faites sur ce
sujet ; la fin de l'Assemblée ne lui a pas
II. Vol. permis
JUIN. 1733 1349 .
permis d'achever le premier article qu'il
s'étoit proposé de lire.
L'Electricité est la proprieté qu'ont
certaines matieres d'attirer la paille et
tous les corps legers ; l'Ambre , le Jayet,
la Cire d'Espagne , sont connus depuis
long-temps pour avoir cette vertu ; M.D.
donne un Extrait de ce qu'ont rapporté
sur cette matiere les Auteurs qui l'ont
traitée avec le plus de soin . Gilbert a
beaucoup augmenté le nombre des corps.
Electriques , la plupart des Pierres précieuses
le sont devenues entre ses mains ;
Ottodeguerike rapporte dans le Livre
des Experiences de Magdebourg plu
sieurs faits très - singuliers sur l'Electricité
d'une boule de souffre , on y trouve
même l'origine et la base des Experiences
qui ont été faites en Angleterre depuis
plusieurs années. Boyle a . encore beaucoup
augmenté les connoissances que l'on
avoit sur cette matiere ; il a rendu élec
triques plusieurs corps qui n'avoient pû
le devenir jusques - là ; ces recherches parurent
ensuite abandonnées pendant trèslong-
temps , et jusques à ce que M.Hauk
bée imagina plusieurs Experiences dont
nous allons rapporter en peu de mots
quelques-unes , des plus singulieres.
Un tuyau de verre blanc , gros d'un
II. Vol.
pouce
1350 MERCURE DE FRANCE
pouce ou environ , et frotté avec la main
du papier , de la laine , ou toute autre
matiere semblable , attire et repousse tous
les corps legers , et cela à la distance d'un
pied et plus , cette Experience se voit
mieux avec les feuilles de métail qu'avec
toute autre chose , on les voit s'élever
et s'abaisser avec rapidité et faire divers
mouvemens très singuliers.
M. Hauksbée a fait d'autres Experiences
très- extraordinaires avec un Globe
de verre tournant sur son axe avec rapidité
, on tient la main sur ce Globe
pendant qu'il tourne , afin de le frotter
et d'exciter son électricité , on voit alors
des fils que l'on avoit précédemment attachez
à un cercle de fer distant de ce
Globe d'environ un pied ; on voit, dis- je,
ces fils se diriger en rayons vers le centre
du Globe ; et si l'on a introduit dans le
Globe de pareils fils par le moyen d'un
axe , ils prennent une direction contraire
et se disposent en forme de Soleil , en
tendant du centre à la circonférence , on
dérange l'ordre des fils du dehors en mettant
le doigt ou quelqu'autre corps au
dedans du Globe , et ceux du dedans en
mettant le doigt en dehors.
Si l'on fait dans l'obscurité ces Experiences
, tant du Globe , que du Tuyau ,
II. Vol. elles
JUIN. 1733. 1351
elles sont accompagnées d'une lumiere
très- vive , qui prend des formes différentes
, suivant qu'elles sont faites dans le
vuide ou dans le plein. Il y a plus de
vingt ans que ces Expériences ont été
publiées , et elles ont encore cessé d'être
suivies jusquà M. Gray , qui en a fait
de prodigieuses , et qui sont rapportées
dans les Transactions Philosophiques.
Pour nous en tenir à ce qu'il y a de plus
surprenant , nous dirons seulement qu'il
a étendu une corde de 850. pieds de long,
qu'il a attaché à l'un des bouts une
boule d'yvoire ou tel autre corps que
ce soit , et qu'approchant de l'autre
bout de cette corde le tuyau rendu électrique
, la vertu se continuoit tout le
long de la corde , et la boule d'yvoire
qui en étoit placée à une si grande distance
, attiroit et repoussoit les feuilles
de métail qu'on en approchoit. Le visage
d'un enfant suspendu sur deux cordes ,
devenoit électrique lorsqu'on approchoit
le Tuyau de ses pieds ; nous ne rappor
tons que ces deux exemples de l'Extrait
M. D. donne de cet Ouvrage , mais que
il exhorte de le lire en entier , et il avertit
qu'on y trouvera une infinité de choses
des plus curieuses et des plus singu
lieres.
11. Vol.
E * Après
1352 MERCURE DE FRANCE
Après avoir fait cette histoire abregée
des progrès des découvertes faites sur
l'Electricité , M. Dufey donne une idée
du plan qu'il se propose de suivre , il le
divise en cinq parties , dont voici à peu
près l'énoncé .
1º. Si tous les corps sont susceptibles
de l'Electricité par eux- mêmes, et si cette
proprieté n'est point commune à toute
la matiere. 2 ° . Si tous les corps le peuvent
devenir par communication , c'està-
dire , par l'attouchement ou la seule
approche du corps électrique . 3 ° . Quels
sont les corps qui peuvent favoriser ou
interrompre la transmission des écoule
mens électriques ? 4. Quels sont les
changemens que peuvent apporter à l'E
lectricité la tempérance de l'air , le plein
ou le vuide et les autres circonstances
phisiques ? 5. Enfin quel rapport il y
a entre l'Electricité et la vertu qu'ont
la plupart des corps électriques , de rendre
de la lumiere dans l'obscurité.
M. Dufey n'a pû lire que la premiere
partie de cette division , et il a rapporté
que tous les cops qui jusques à present
n'avoient pû devenir électriques , l'étoient
devenus entre ses mains ; tous les marbres
, par exemple , les agathes , les jaspes
, les pierres les plus communes , les
11. Vol.
JUIN. 1733: 1353
os , l'yvoite , l'écaille , les coquilles , les
sels , les bois de toute espece , enfin tout,
à la réserve des métaux , a été rendu électrique
il ne faut pour y parvenir que
chauffer plus ou moins ces différens corps
et les frotter ensuite ; il ne dit pas pour
cela que les métaux ne puissent pas le devenir,
mais il n'y est point encore parvenu ;
il compare cette géneralisation de l'Electricité
à celle qu'il découvrit il y a quelques
années sur les Phosphores ; il trouva
que tous les corps étoient aussi propres
à le devenir que la Pierre de Boulogne ;
aujourd'hui ils sont tous susceptibles d'électricité
, peut- être y a- t'il dans la matiere
une infinité de proprietez aussi générales,
que les temps et les expériences
nous découvriront un jour. M. Dufey
promet de donner incessamment la suite
de cet Ouvrage , suivant le plan que
nous venons de rapporter.
Fermer
Résumé : MEMOIRE sur l'Electricité, lû à la derniere Assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences, par M. Dufey, Extrait.
Le mémoire de M. Dufey, présenté à l'Académie Royale des Sciences, traite de l'électricité, définie comme la propriété de certaines matières d'attirer des corps légers. Des exemples incluent l'ambre, le jais et la cire d'Espagne. L'auteur retrace brièvement l'histoire des progrès réalisés dans ce domaine, citant des contributions notables de Gilbert, Ottodeguerike et Boyle. Après une période de stagnation, M. Hauksbée a mené des expériences marquantes avec des tubes et des globes de verre, observant des phénomènes électriques et lumineux. M. Dufey mentionne également les travaux de M. Gray, qui a démontré la transmission de l'électricité sur une corde de 850 pieds. Il expose ensuite son plan pour un ouvrage en cinq parties, couvrant la susceptibilité des corps à l'électricité, la transmission des écoulements électriques, et les effets de diverses circonstances physiques. Lors de cette assemblée, M. Dufey a rapporté que tous les corps, à l'exception des métaux, peuvent devenir électriques par chauffage et frottement. Il compare cette découverte à ses précédentes recherches sur les phosphores et promet de publier la suite de son ouvrage.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
25
p. 1638-1651
Pelopée, Tragédie nouvelle[.] Extrait. [titre d'après la table]
Début :
Le 18 Juillet, les Comédiens François représenterent pour la premiere fois, la Tragedie de [...]
Mots clefs :
Pélopée, Comédie-Française, Thyeste, Atrée, Sostrate, Égisthe, Vers, Amour, Mort, Dieux, Fils, Eurymédon, Hymen, Père, Secours, Yeux, Vengeance, Secret, Coeur, Spectateurs, Billet
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Pelopée, Tragédie nouvelle[.] Extrait. [titre d'après la table]
Le 18 Juillet , les Comédiens François représenterent
pour la premiere fois , la Tragedie de
Pélopée. Cette Piece , dont M. le Chevalier Pellegrin
est l'Autheur , fut reçue avec un applaudissement
général , et fit esperer un grand succès
malAJUILLET.
1733.
1733. 1539
malgré Pincommodité de la saison ; nous
Croions que nós Lecteurs en verront l'Extrait
avec plaisir.
Le sujet de ce Poëme se trouve dans Servius
dans Lactance , et dans Hygin . Ce dernier en raconte
les Evenemens de deux manieres. Il dit au
chap. 87. avec la plus part des Autheurs , que
Pinceste de Thyeste fut volontaire , attendu qu'uff
Oracle lui avoit prédit qu'un fils qui naîtroit dé
så fille et de lui , le vangeroit d'Atrée , son frete.
Mais dans le Chapitre suivant le même Hygia
met un correctif à une action si horrible , et dit
que Thyeste viola sa fille Pélopée sans la connoître.
L'Auteur a pris ce dernier parti , et y a
ajouté un nouveau correctif pour la décence da
Theatre.
Au premier Acte, Sostrate, Gouverneur d'Agyste
cherchant par tout ce Prince , qui trompant sa
vigilance , s'est échappé de la. Forêt où il a été
nourri par une Chévre , comme le porte L'étimologie
de son nom , arrive dans le Camp d'Atrée,
et s'entretient à la faveur de la nuit avec Arcas
son ancien ami ; il s'informe d'abord de la situation
de Thyeste , frere d'Atrée , son premier et
véritable Maître. Arcas lui apprend que Thyeste
secouru par Tyndare , Roy de Sparthe , avoit
remporté de grands et de nombreux avantages
snr . Atrée, mais qu'un jeune inconnu étant venu
offrir le secours de son bras à ce dernier , avoit
ramené la victoire sous ses étendarts ; il ajoute
que Thyeste réduit au désespoir et craignant
d'être trop long- temps à charge à son Protecteur
, venoit de défier ce jeune conquerant à un
combat singulier. Sostrate lui demande le nom
de cet inconnu ; il lui répond , qu'il s'appelle
Ægysth:. A et nom , Sostrate frémit d'horreur
a
Hiiij
il
1640 MERCURE DE FRANCE
il reconnoit que le fils va combatre le pere ; il no
s'explique point avec Arcas sur un secret qu'il a
juré de garder ; mais il lui dit , que s'il est aussi
fidele à Thyeste qu'il le lui a pare autrefois , il
faut qu'il lui porte un Billet, et lui parle ainsi
Tu ne peux pour Thyeste , être assez empressé,
Mais il faut qu'un billet par moi-même tracé ,
Me rende dans son coeur ma premiere innocence ,
Ab si ces lieux encor n'exigeoient ma présence ¿
Combienje t'envierois le soin de le porter!
Qu'avec joie à ses yeux j'irois me présenter !
ኑ
Il fait connoître par- là aux Spectateurs qu'il
veut parler à Ægysthe,s'il en peut trouver l'occasion.
L'arrivée d'Atrée fait retirer Sostrate et Arcas,
et la Scene finit par ce Vers que Sostrate dit:
Vien ;pressons ton départ ; Dieux, daignez le conduire.
1
Atrée fait la seconde exposition du Sujet , pour ,
préparer le Spectateur à un caractere aussi nois
que celui qu'il va voir sur la Scene ,
l'Auteur.
met ces Vers dans la bouche même de son Acteur
, dont l'origine remonte jusqu'à Jupiter.
De mon coeur irrité les transports furieux ,
Plus que mon Throne encor me rapprochent des
Dieux.
ILST
Qu'il est beau qu'un mortel puisse tout mettre en
poudre
Chaque fois qu'il se vange, il croit lancer lafoudre."
C'est peu d'être au dessus des Rois les plus puissans
Montrons à l'Univers de quel Dieu je descends ;
Son
JUILLET. 1733. 1641
Son Empire comprend et le Ciel et la Terre ;
Au gré de sa vangeance , il lance le tonnerre ,
Et moi j'aime àporter de si terribles coups ,
Que Jupiter lui-même en puisse être jaloux !
Atrée fait entendre à Eurimedon, son confident
que cette Pélopée qui passe pour sa fille , est fille
de Thyeste , par ces deux Vers :
Mais mafille au tombeaus m'ayant étéravie ,
La sienne en même temps prit sa place et son nom.
Eurimedon est frappé de ce qu'Atrée lui apprend,
attendu qu'il avoit consenti autrefois que Thyeste
l'épousa. Quoi ? lui dit - il , vous pouviez lui
faire un si funeste don ?
Atrée après avoir fair connoître comment la
fille de Thyeste qui passe pour sa propre fille
avoit été misee
entre ses mains , et par ce même
Eurimedon , à qui il parle actuellement , lui dit :
Apprends quel fruit heureux j'attendois de mon
crime.:
Il lui fait connoître que par cet Hymen il esperoit
détacher Tyndare du parti de Thyeste,attendu
que ce dernier ne lui avoit prêté som secours
pour le faire remonter au Thrône d'Argos
que son frere avoit usurpé sur lui , qu'à condition
qu'il y placeroit Clytemnestre sa fille , il fi
nit Pétalage de sa politique par ces Vers :
La vangeance toujours a de quoi satisfaire ;
Mais c'étoit peu pour moi , j'en voulois un salaire
Et dans l'artde regner c'est être vertueux,
Que n'entreprendre rien qui soit infructurux.
Hv
On
1642 MERCURE DE FRANCE
On expose encore dans cette Scene le défi dont '
on a parlé, dans lapremiere,et l'amour d'Ægysthe
pour Pelopée; amour dont Atrée veut se prévaloir
pour le mieux engager à donner la mort
à Thyeste.
Eurylas , Capitaine des gardes d'Atrée , vient
lui apporter un billet qu'on a intercepté , c'est le
même dont on a parlé dans la premiere Scen
en voici le contenu •
Choisissez mieux vos ennemis.
Vouspréservent les Dieux d'un combat si funeste
Fremissez, malheureux Thyeste ,
Egyssthe est votre Fils.
Sostrate.
M
67
Afrée triomphe par avance du parricide qu'
gysthe va commettre, il ordonne à Eurylas d'aller
faire venir ce Prince qui ne se connoit pas
core lui même. Il dit à Eurimedon de ne rien oublier
pour découvrir Sostrate et pour s'en as--
surer.
en
Ægysthe vient; il se refuse au combat où Atrée
l'invite,et fonde ce refus sur le respect qu'il garde
pour les Rois , et sur tout pour un sang aussi
précieux que celui qu'il veut lui faire répandre ;
Atrée le pressant toujours plus vivement, Egys
the dit :
Ciel ! contre ma vertu que d'ennemis ensemble !
Et les Dieux et les Rois contre moi tout s'assemble.
Les Dieux , si l'on m'afait unfile rapport,
Aux crimes les plus noirs ont enchaîné mon sort ,
J'ose pourtant lutter contre leur Loy suprême , &c.
Ægysthe
JUILLET. 1733 1643
•
gysthe dans cet endroit fait connoître quelle
a été son éducation ; mais il ne peut rien dire
de sa naissance qu'on lui a laissé ignorery Atrée
ne pouvant le porter à remplir sa vengeance
employe enfin le plus puissant motif qui est celui
de l'amour donr Egysthe brule pour Pélopée
voici par où il finit cette Scene :[/
"
Ilaudroit pour placer son coeur en si haut rang,
qui monter à la source où l'on puisa son sang, gibot
Dais faites de ma fille une juste conquête t
the our le prix de sa main , je ne veux qu'unt tête,
" Vous m'entendez , adieu , je vous laisse y penser
Et je n'attends qu'un mot pour vous récompenser.
.<
2
gysthe frémit du projet d'Atrée, il voudroit
sy refuser,, mais son amour pour Pelopée l'emporte
sur sa répugnance ; on expose dans cette
Scene comment ce Prince a vu Pelòpée pour la
premiere fois , on y parle des leçons qu'il a re
çues de Sostrate.dans les Forêts où il a été élevés
l'Amour lui fait tout oublier ; il finit l'Acte par
ces Vers :
25.00
Et je renoncerois au prix de ma victoire
Quand l'amour
gloire
mais que dis-je ? il y va de ma
On m'appelle au combat, sij'avois reculé,
Thyeste hautement diroit que j'ai tremble , I
Car enfin , au Combat c'est lui qui me défie ;
Qui peut me condamner quand il me justifie ?
N'en déliberons plus ; allons , cherchons le Roi ,
Et qu'au gré de sa haine il dispose de moi.
H vj Nous
164 MERCURE DE FRANCE
€
Nous avons été obligez de nous étendre dans
Set Acte , dont les deux tiers se passent en expo
Sitions nécessaires.
2
11 ct af 3 20
Pelopée ouvre la Scene du second Acte avec
Phoenice , sa Confidente ; elle
qu'elle a fait avertir ; elle fait
attend Ægystho
connotre l'inte
rêt qu'elle prend dans le péril qui menace Thyes
te ; elle déclare son hymen secret avec lui ; elle
parle d'un fils qu'elle cut de cet hymen , elle ra
conte un songe terrible qu'elle fit au sujet de ce
fils. Le voicist
A peine la lumiere
rauke hang of tw.I
03
De cefils malheureux vint frapper la paupiere
Que l'éclat de la foudre , au milieu des éclairs
D'un vaste embrasement menaça l'Univers.
Jour affreux jour suivi d'une nuit plus terri blet
De Spectres entassés un assemblage horrible ,
Dans un songe funeste effrayant mes regards:
Pret a fondre sur moi , vole de coutes parts.
Je vois une Furie et mon Ayeul Tantale
Qu'elle force à sortir de la nuit infernale ;
La barbare sur lui versant son noir poison
Lui fait un autre enfer de sa propre maison .
Cette ombre infortunée après soi traîne encore,
Et la faim et la soifdont l'ardeur la dévore :
Elle approche . Le fruit de mon malheureux flanc
La nourrit de carnage et l'abbreuve de sang ;
Phénice à cet aspect le sommeil m'abandonne,
5
Mais
JUILLET. 1733. 1645
Mais non la juste horreur , dont encor je fuissonne:
!
-Relopée apprend à Phoenice que ce songe terrible
l'obligea à consulter l'Oracle d'Apollon ;
que ce Dicu lui annonça que son Fils étoit
menacé d'inceste et de parricide ; elle ajoûte
qu'elle confia ce malheureux enfant à Sostrate ,
qui l'enleva à l'insçu de Thyeste son pere , avec
Ordre de ne le jamais instruire de son sort.
Dans la Scene suivante , Pelopée détourne Egysthe
du Combat qu'il va entreprendre contre
Thyeste. Elle lui parle d'une maniere si pathetique
, qu'il lui jure que sa main ne se trempera
jamais dans le sang de Thyeste ; elle finit la
Scene par ces Vers :
Ah ! Seigneur , croyez que Pelopée ;
Malgré le tendre am amour dont vous êtes épris ,
N'est pas de vos Vertus un assez digne prix .
Egysthe explique cès Vers en faveur de son
amour , &c. Il prie Atrée de le dispenser d'un
Combat qui fétriroit sa gloire Atrée impute
se changement de résolution à Pelopée ; il veut
lui même aller combattre Thyeste . Pélopée éperdue
prie Egysthe de détourner un Combat si
funeste Egysthe la jette dans de nouvelles al
larmes , en lui disant qu'il va chercher Thyeste
il fait pourtant connoître aux Spectateurs quel
est son dessein par ces Vers équivoques.
Je sçaurai dans cejour
Prendre soin de magloire et ser vir mon amour.
3 Pelopée
1646 MERCURE DE FRANCE
.
Pelopée au désespoir veut suivre Agysthe
Atrée la retient et lui reproche'sa désobéissance ;
Pelopée lui dit que Thyeste lui est plus cher qu'il
ne sçauroit croire. Elle se retire , Attée ordohne
à sa Garde de la suivre.
Ce que Pelopée vient de lui dire lui fait soupe
çonner qu'elle pourroit bien avoir épousé Thyes
te ; il ordonne à Eurimedon de ne rien oublier
pour trouver Sostrate , qui peut seul éclaircir ces
soupçons. 11 finit ce second Acte par ces Vers
37 C
D
Ne descends pas encor dans l'éternelle nuit
Thyeste , de ta mort je perdrois tout le fruit ;
Nefût-ce qu'un moment , jouis de la lumiere
Pour sçavoir quels forfaits terminent ta carriere ;
Pour la premiere fois je fais pour toi des voeux
Tremble , c'est pour te rendre encor plus malheu
* reux .
Thyeste prisonnier , commence le troisiéme
Acte par ces Vers :: ~
1
I
Fortune , contre moi des long-tems conjurée ,
Triomphe , me voici dans les prisons d'Atrée
Dieux cruels , dont le bras appesanti sur moi
Afait à votre honte un Esclave d'un Roieng
Dieux injustes , en vain ma chûre est votre ou
vrage ,
Vous n'avezpas encore abbaissé mon courage, &L.
Il instruit les Spectateurs de ce qui s'est passé
dans son Combat contre gysthe, qu'il croit ne
l'avoir épargné que pour réserver au barbare
Atrés le plaisir de lui donner la mort. Il expose
Ge
JUILLET. 1733 . 1647.
ce que les Dieux lui ont annoncé autrefois quand
il les a consultez sur le moyen de se vanger d'A-l
trée , voici l'Oracle :
Argos rentrera sous ta loy
Far un Fils qui naîtra de ta fille et de toi.
Il dit à Arbate que ce fût pour éviter cet abominable
inceste qu'il le chargea lui- même du
soin d'égorger sa Fille dans l'âge le plus tendre,
&c. Pelopée vient apprendre à Thyeste qu'Atrée
, qu'elle croit son Pere , est prês à faire la
paix avec lui , pourvû qu'il l'épouse ; elle lui dit ,
qu'il n'a qu'à lul déclarer son Hymen. Thyeste
lai deffend de reveler un secret , qui faisant voir
à Tyndare qu'il l'a trompé , le deshonoreroit à
ses yeux , et obligeroit ce Prince de l'abandon-,
ner à toute la fureur d'Atrée, qui n'a point d'autre
dessein que de le priver de tout secours ; il
parle de la mort de ce fils malheureux , que Sostrate
lui a enlevé , et il ne doute pas qu'Atrée në
l'ait fait égorger.
Ægysthe vient annoncer à Thyeste que tout
menace sa vie , et qu'Atrée plus furieux que ja
mais , viendra le chercher même dans sa Tente ;
il ajoute qu'il deffendra ses jours , ou qu'il
mourra avec lui. La Nature qui parle dans le
coeur du Pere et du Fils , excite entr'eux de tendres
transports , qui tiennent lieu de reconnoissance
anticipée. Atrée arrive , Egysthe prie
Thyeste de rentrer dans sa Tente , de peur que
sa vuë ne redouble encore la fureur d'un frere si
dénaturé.
Atrée demande à Egysthe d'où vient qu'il lui
cache si long - tems sa victime la première moisié
de ce Dialogue est fiere de part et d'autre ;
Egysthe
1648 MERCURE DE FRANCE
Egysthe a enfin recours à la priere, Atrée prend
le parti de la dissimulation ; ll feint de se rendre,
mais il dit auparavant à Ægysthe qu'il lui en
coûtera plus qu'il ne pense ; Egysthe lui répond
qu'il ne sçauroit trop payer le sacrifice qu'il
veut bien lut faire de son inimitié. Atrée lui dir
qu'il consent à la paix , à condition que Thyeste
réparera l'affront dont il l'a fait rougir trop
long-tems : qu'il vous épouse , dit- il à Pelopée ;::
Egysthe et Petopée sont également frappés de
cette proposition , quoique par differens motifs..
Atrée jouissant de leur trouble , dit à Ægyste ,
d'un ton presque insultant :
> J'entends vous gémissez du coup que je vous
porte ;
Mais l'union des coeurs plus que tout vous importe;
Vous demandez la Paix , je la donne à ce prix,
Prenez à votre tour un conseil que j'ai pris ;
Faites-vous violence ; on a bien moins de peine :
A vaincre son amour , qu'à surmonter sa haine.
Atrée porte enfin le dernier coup à Ægisthe
par cet hemistiche , en parlant de Thyeste :
Il aime , autant qu'il est aimé.
Egysthe devient furieux ; Arrée lui dit que ce
n'est que de ce jour qu'il a penetré un secret si
fatal et le quitte,en lu disant :
Si vous êtes trahi ; je n'en suis point complice ;
Et je laisse en vos mains la grace , ou le supplice.
Egysthe reproche à Pelopée son manque de
foy
JUILLET. 1732... 1649
foy ; elle lui dit qu'elle ne lui a rien promis ; elle
s'explique ainsi :
Quel serment ! quel reproche ! est - ce trahir ma foi ;
Que mettre vos veriùs à plus haut prix que moi ?
Ce dernier Vers se rapporte à
Acte ou Pelopée lui a dit :
ceux du second
Ah ! Seigneur , croyez que Pelopée ,
Malgré le tendre amour dont vous êtes épris ,
N'est pas de vos vertus un assez digne prix.
Elle ajoûte encore :
Votre amour est allé plus loin que ma pensée ,
Et j'étois dans l'erreur assez interessée ;
Pour ne la pas détruire , et pour m'en prévaloir.
La tromperie qu'elle lui a faite , et sur tout la
préférence qu'elle donne à son Rival , l'empêchent
d'écouter sa justification ; tout ce qu'elle
lui dit jette le désespoir dans son coeur ; son
aveugle fureur s'exhale en murmures contre les
Dieux , et lui met ces Vers dans la bouche ,
Vous serez satisfaits, Dieux , qui dès ma naissance
Avez tous conspiré contre mon innocence ;‹ "
J'adopte vos decrets et mes transportsjaloux ,
Pour les justifier iront plus loin que vous.
Il la quitte transporté de rage ; elle le suit , e
finit l'Acte par ces Vers :
Allons ; suivons ses pas ,
1650 MERCURE DE FRANCE
Et ne pouvant sauver un Epoux que j'adore ,
Offrons à ses Bourreaux une victime encore.
Atrée commence par ces Vers le quatriémo
Acte.
Enfin voici le jour où le crime et l'horreur ,
Vont regner en ces lieux au gré de ma fureur.
Ce n'est pas ton secours qu'ici ma haine implore ,
Soleil , si tu le veux , pális , recule encore ;
Cefunesie chemin par moi-même tracé, “
De répandre tes feux , t'a déja dispensé ;
Va , fui , pour exercer mes noires barbaries
J'ai besoin seulement du flambeau de Furies.
Ce qu'il dit dans la suite expose le plan de la
vengeance qu'il médite , il ne s'agit pas moins
que de faire périr tous ses Ennemis les uns par les
autres , il finit cette terrible Scene par ce regres
digne de sa foreur.
D
ev l'avouerai qué ma joye eût été plus entiere ,
Si Thieste , touchant à son heure derniere,
Par moi-même eût appris que pour trancher se
jours ,
De la main de sonfils j'empruntai le secours ;
Mais je crains qu'à leurs yeux ce grand secret n'éclatte
;
Un moment`auprès d'eux peut conduire Sostrate ;
Ce moment me perdroit ; il faut le prévenir ;
Craignons , pour trop vouloir , de ne rien obtenir :
Tyndare n'est pas loin et déja l'on murmure ;
JUILLET. 1733 1651
1733..
#
Laplus prompte vengeance enfin est la plus sûre ;
Oui de mes ennemis prêcipitons la mort .
Qu'importe, en expirant qu'ils ignorent leur sort
Bien- tôt dans le séjour des Ombres criminelles .
On va leur dévoiler des horreurs éternelles ;
Aussi-tôt quefermez , leurs yeux seront ouverts ;
Ils se reconnoîtront tous trois dans les Enfers.
Il a déja fait entendre à Eurimédon, qu'il retient
Pélopée dans sa Tente , de peur qu'elle n'attendrisse
gisthe ; et voyant approcher cet
Amant jaloux , il se détermine à continuer une
dissimulation qui vient de lui être si utile dans
P'Acte précedent ; il feint d'être désarmé par les
pleurs de Pélopée , et prie Agysthe de consentir..
à l'hymen de cette Princesse avec Thyeste, cette
priere rend Egysthe encore plus furieux . Atrée
Payant mis dans la disposition où il le souhaite,
lui dit enfin en le quittant ;
Plus que vous à vous servir fidelle ,
Je veux bien hazarder cette épreuve nouvelle ;
J'abandonne Thyeste à tout votre courroux ;
Mais prêt à lefrapper , répondez bien de vous ;
C'est à vous désormais que je le sacrifie ,
Et si votre tendresse encor le justifie ‚
J'explique cet Arrêt en faveur de ses feux ;
Je renonce à ma haine , et je lè rends heureux.
Ægysthe s'abandonne tout entier à sa jalouse
rage ; Antenor vient et lui demande s'il est vrai
qu'on va immoler Thyeste ; Agysthe le rassure
on
1652 MERCURE DE FRANCE
en apparence en lui ordonnant de lui faire rendre
ses armes . Antenor transporté de joye , lui
témoigne combien Sostrate , son sage Gouverneur
, sera charmé de voir cet heureux fruit
de ses leçons. Au nom de Sostrate , Ægysthe est
frappé. Quel nom , lui dit -il , prononces - tu ?
Antenor lui répond , qu'il croit l'avoir vû s'avançant
vers sa Tente ; mais qu'ayant apperçu des
Soldats , il s'est retiré de peur d'être reconnu.
On doit sçavoir gré à l'Auteur d'avoir rappellé
aux Spectateurs le souvenir de ce même Sostrate
qu'il n'a vu que dans la premiere Scene. Je vous
entends , grands Dieux , dit Egysthe dans un à
parte. Il ordonne à Antenor de ne point perdre
de temps pour remettre Thyeste en liberté, avant
que Sostrate se presente à ses yeux , & c. Egyste
se détermine à presser sa vengeance.
Thyeste vient , pénetré de reconnoissance pour
Egysthe; mais sajoye est de peu de durée . Egys
the lui apprend qu'il est devenu son mortel ennemi
, depuis qu'il a appris qu'il est son Rival ; il
lui dit que des que la nuit pourra cacher sa fuite,
il le fera conduire dans le Camp de Tyndare , et
qu'il s'y rendra lui - même pour lui redemanderce
sang qu'il a pú répandre : cette Scene est une
des plus touchantes de la Piece ; chaque mot ne
sert qu'à irriter Egysthe de plus en plus . Ils par
tent enfin , l'un pour donner la mort , l'autre pour
la recevoir , sans se deffendre , lorsque ce Sostrate
qui vient d'être annoncé avec tant d'art , les
arrête et leur apprend leur sort . Cette recon- ¿
noissance a tiré des larmes aux plus insensibles ;
Egysthe apprenant que Pelopée est sa mere
change son amour en tendresse filiale. Sostrate
lui apprend qu'Atrée lui donnera la mort s'il
met le pied dans sa Tente , et que ce cruel a sur-
?
pris
JUILLET. 1733. 1653
pris un Billet de sa main , qui l'a instruit de sa
naissance. Egyste furieux veut aller donner la
mort â ce barbare ; mais Thyeste retient cette
impétuosité. On finit ce bel Acte par la résolution
qu'on prend de répandre le bruit de la mort
de Thyeste , er de tromper Pelopée même par
ce bruit , afin que l'excès de sa douleur fasse
mieux passer la feinte pour une verite , cependant
Egysthe ordonne à Sostrate de partir pour
le Camp de Tyndare , avec les instructions né
cessaires.
Cet Extrait n'étant déja que trop long, nous ne
dirons qu'un mot du cinquiéme Acte ; Atrée le
commence , il doute de la mort de Thyeste ,
malgré le soin qu'on a pris d'en répandre le
bruit ; d'ailleurs le Pere vivant encore dans un
fils plus terrible , il n'a pas lieu d'être tranquille ,
il apprend à Eurimedon ce que Sostrate a dit
dans l'Acte précedent ; sçavoir , qu'il a donné ordre
de faire périr Ægysthe , s'il entre dans sa
Tente. Pelopée vient. Atrée pour commencer à
goûter les fruits de sa vengeance , lui annonce la
mort de Thyeste ; elle ne croit plus avoir de ménagement
à garder , elle apprend à Atrée que 3
Thyeste étoit son Epoux , ce qui le met au com,
ble de la joye ; il lui dit en la quittant :
Egysthe.... à ce seul nom, tremble ; dès aujourd'hui,
Par des noeuds éternels je veux t'unir à lui.
Pelopée au désespoir , se resout à souffrir plu
tôt mille morts , qu'à consentir à l'hymen qu'Atrée
vient de lui annoncer sous des termes dont'
les Spectateurs ont bien senti l'équivoque , &c.
Egysthe arrive ; il veut se retirer à la vue de sa
Mere ; elle l'arrête et lui donne les noms les plus
execrables ,
1651 MERCURE DE FRANCE
།
execrables ; il ne peut plus les soutenir ; il lui
apprend que Thyeste est sauvé, et que dans le
temps qu'il alloit le combattre , il a appris que
son Rival étoit son Pere. Cette derniere reconnoissance
n'a pas moins attendri que la premiere.
Sostrate annonce à Egysthe que le secours de
Tyndare est arrivé ; Ægysthe va se mettre à la
tête des Soldats et ordonne à Sostrate de garder
sa Mere ; on vient annoncer à Pelopée la mort
d'Atrée ; cet irréconciliable ennemi de Thyeste
vient expirer sur le Théatre, mais c'est pour por
ter le dernier coup ¿ son frere ; il lui apprend que
Pelopée est sa fille et en apporte pour preuve le
témoignage d'Eurimedon et d'Arbaste , qui se
trouvent présens sur la Scene ; pour confirma
tion de preuve , Thyeste lui dit :
Va , j'en croisplus encor les Oracles des Dieux.
pour la premiere fois , la Tragedie de
Pélopée. Cette Piece , dont M. le Chevalier Pellegrin
est l'Autheur , fut reçue avec un applaudissement
général , et fit esperer un grand succès
malAJUILLET.
1733.
1733. 1539
malgré Pincommodité de la saison ; nous
Croions que nós Lecteurs en verront l'Extrait
avec plaisir.
Le sujet de ce Poëme se trouve dans Servius
dans Lactance , et dans Hygin . Ce dernier en raconte
les Evenemens de deux manieres. Il dit au
chap. 87. avec la plus part des Autheurs , que
Pinceste de Thyeste fut volontaire , attendu qu'uff
Oracle lui avoit prédit qu'un fils qui naîtroit dé
så fille et de lui , le vangeroit d'Atrée , son frete.
Mais dans le Chapitre suivant le même Hygia
met un correctif à une action si horrible , et dit
que Thyeste viola sa fille Pélopée sans la connoître.
L'Auteur a pris ce dernier parti , et y a
ajouté un nouveau correctif pour la décence da
Theatre.
Au premier Acte, Sostrate, Gouverneur d'Agyste
cherchant par tout ce Prince , qui trompant sa
vigilance , s'est échappé de la. Forêt où il a été
nourri par une Chévre , comme le porte L'étimologie
de son nom , arrive dans le Camp d'Atrée,
et s'entretient à la faveur de la nuit avec Arcas
son ancien ami ; il s'informe d'abord de la situation
de Thyeste , frere d'Atrée , son premier et
véritable Maître. Arcas lui apprend que Thyeste
secouru par Tyndare , Roy de Sparthe , avoit
remporté de grands et de nombreux avantages
snr . Atrée, mais qu'un jeune inconnu étant venu
offrir le secours de son bras à ce dernier , avoit
ramené la victoire sous ses étendarts ; il ajoute
que Thyeste réduit au désespoir et craignant
d'être trop long- temps à charge à son Protecteur
, venoit de défier ce jeune conquerant à un
combat singulier. Sostrate lui demande le nom
de cet inconnu ; il lui répond , qu'il s'appelle
Ægysth:. A et nom , Sostrate frémit d'horreur
a
Hiiij
il
1640 MERCURE DE FRANCE
il reconnoit que le fils va combatre le pere ; il no
s'explique point avec Arcas sur un secret qu'il a
juré de garder ; mais il lui dit , que s'il est aussi
fidele à Thyeste qu'il le lui a pare autrefois , il
faut qu'il lui porte un Billet, et lui parle ainsi
Tu ne peux pour Thyeste , être assez empressé,
Mais il faut qu'un billet par moi-même tracé ,
Me rende dans son coeur ma premiere innocence ,
Ab si ces lieux encor n'exigeoient ma présence ¿
Combienje t'envierois le soin de le porter!
Qu'avec joie à ses yeux j'irois me présenter !
ኑ
Il fait connoître par- là aux Spectateurs qu'il
veut parler à Ægysthe,s'il en peut trouver l'occasion.
L'arrivée d'Atrée fait retirer Sostrate et Arcas,
et la Scene finit par ce Vers que Sostrate dit:
Vien ;pressons ton départ ; Dieux, daignez le conduire.
1
Atrée fait la seconde exposition du Sujet , pour ,
préparer le Spectateur à un caractere aussi nois
que celui qu'il va voir sur la Scene ,
l'Auteur.
met ces Vers dans la bouche même de son Acteur
, dont l'origine remonte jusqu'à Jupiter.
De mon coeur irrité les transports furieux ,
Plus que mon Throne encor me rapprochent des
Dieux.
ILST
Qu'il est beau qu'un mortel puisse tout mettre en
poudre
Chaque fois qu'il se vange, il croit lancer lafoudre."
C'est peu d'être au dessus des Rois les plus puissans
Montrons à l'Univers de quel Dieu je descends ;
Son
JUILLET. 1733. 1641
Son Empire comprend et le Ciel et la Terre ;
Au gré de sa vangeance , il lance le tonnerre ,
Et moi j'aime àporter de si terribles coups ,
Que Jupiter lui-même en puisse être jaloux !
Atrée fait entendre à Eurimedon, son confident
que cette Pélopée qui passe pour sa fille , est fille
de Thyeste , par ces deux Vers :
Mais mafille au tombeaus m'ayant étéravie ,
La sienne en même temps prit sa place et son nom.
Eurimedon est frappé de ce qu'Atrée lui apprend,
attendu qu'il avoit consenti autrefois que Thyeste
l'épousa. Quoi ? lui dit - il , vous pouviez lui
faire un si funeste don ?
Atrée après avoir fair connoître comment la
fille de Thyeste qui passe pour sa propre fille
avoit été misee
entre ses mains , et par ce même
Eurimedon , à qui il parle actuellement , lui dit :
Apprends quel fruit heureux j'attendois de mon
crime.:
Il lui fait connoître que par cet Hymen il esperoit
détacher Tyndare du parti de Thyeste,attendu
que ce dernier ne lui avoit prêté som secours
pour le faire remonter au Thrône d'Argos
que son frere avoit usurpé sur lui , qu'à condition
qu'il y placeroit Clytemnestre sa fille , il fi
nit Pétalage de sa politique par ces Vers :
La vangeance toujours a de quoi satisfaire ;
Mais c'étoit peu pour moi , j'en voulois un salaire
Et dans l'artde regner c'est être vertueux,
Que n'entreprendre rien qui soit infructurux.
Hv
On
1642 MERCURE DE FRANCE
On expose encore dans cette Scene le défi dont '
on a parlé, dans lapremiere,et l'amour d'Ægysthe
pour Pelopée; amour dont Atrée veut se prévaloir
pour le mieux engager à donner la mort
à Thyeste.
Eurylas , Capitaine des gardes d'Atrée , vient
lui apporter un billet qu'on a intercepté , c'est le
même dont on a parlé dans la premiere Scen
en voici le contenu •
Choisissez mieux vos ennemis.
Vouspréservent les Dieux d'un combat si funeste
Fremissez, malheureux Thyeste ,
Egyssthe est votre Fils.
Sostrate.
M
67
Afrée triomphe par avance du parricide qu'
gysthe va commettre, il ordonne à Eurylas d'aller
faire venir ce Prince qui ne se connoit pas
core lui même. Il dit à Eurimedon de ne rien oublier
pour découvrir Sostrate et pour s'en as--
surer.
en
Ægysthe vient; il se refuse au combat où Atrée
l'invite,et fonde ce refus sur le respect qu'il garde
pour les Rois , et sur tout pour un sang aussi
précieux que celui qu'il veut lui faire répandre ;
Atrée le pressant toujours plus vivement, Egys
the dit :
Ciel ! contre ma vertu que d'ennemis ensemble !
Et les Dieux et les Rois contre moi tout s'assemble.
Les Dieux , si l'on m'afait unfile rapport,
Aux crimes les plus noirs ont enchaîné mon sort ,
J'ose pourtant lutter contre leur Loy suprême , &c.
Ægysthe
JUILLET. 1733 1643
•
gysthe dans cet endroit fait connoître quelle
a été son éducation ; mais il ne peut rien dire
de sa naissance qu'on lui a laissé ignorery Atrée
ne pouvant le porter à remplir sa vengeance
employe enfin le plus puissant motif qui est celui
de l'amour donr Egysthe brule pour Pélopée
voici par où il finit cette Scene :[/
"
Ilaudroit pour placer son coeur en si haut rang,
qui monter à la source où l'on puisa son sang, gibot
Dais faites de ma fille une juste conquête t
the our le prix de sa main , je ne veux qu'unt tête,
" Vous m'entendez , adieu , je vous laisse y penser
Et je n'attends qu'un mot pour vous récompenser.
.<
2
gysthe frémit du projet d'Atrée, il voudroit
sy refuser,, mais son amour pour Pelopée l'emporte
sur sa répugnance ; on expose dans cette
Scene comment ce Prince a vu Pelòpée pour la
premiere fois , on y parle des leçons qu'il a re
çues de Sostrate.dans les Forêts où il a été élevés
l'Amour lui fait tout oublier ; il finit l'Acte par
ces Vers :
25.00
Et je renoncerois au prix de ma victoire
Quand l'amour
gloire
mais que dis-je ? il y va de ma
On m'appelle au combat, sij'avois reculé,
Thyeste hautement diroit que j'ai tremble , I
Car enfin , au Combat c'est lui qui me défie ;
Qui peut me condamner quand il me justifie ?
N'en déliberons plus ; allons , cherchons le Roi ,
Et qu'au gré de sa haine il dispose de moi.
H vj Nous
164 MERCURE DE FRANCE
€
Nous avons été obligez de nous étendre dans
Set Acte , dont les deux tiers se passent en expo
Sitions nécessaires.
2
11 ct af 3 20
Pelopée ouvre la Scene du second Acte avec
Phoenice , sa Confidente ; elle
qu'elle a fait avertir ; elle fait
attend Ægystho
connotre l'inte
rêt qu'elle prend dans le péril qui menace Thyes
te ; elle déclare son hymen secret avec lui ; elle
parle d'un fils qu'elle cut de cet hymen , elle ra
conte un songe terrible qu'elle fit au sujet de ce
fils. Le voicist
A peine la lumiere
rauke hang of tw.I
03
De cefils malheureux vint frapper la paupiere
Que l'éclat de la foudre , au milieu des éclairs
D'un vaste embrasement menaça l'Univers.
Jour affreux jour suivi d'une nuit plus terri blet
De Spectres entassés un assemblage horrible ,
Dans un songe funeste effrayant mes regards:
Pret a fondre sur moi , vole de coutes parts.
Je vois une Furie et mon Ayeul Tantale
Qu'elle force à sortir de la nuit infernale ;
La barbare sur lui versant son noir poison
Lui fait un autre enfer de sa propre maison .
Cette ombre infortunée après soi traîne encore,
Et la faim et la soifdont l'ardeur la dévore :
Elle approche . Le fruit de mon malheureux flanc
La nourrit de carnage et l'abbreuve de sang ;
Phénice à cet aspect le sommeil m'abandonne,
5
Mais
JUILLET. 1733. 1645
Mais non la juste horreur , dont encor je fuissonne:
!
-Relopée apprend à Phoenice que ce songe terrible
l'obligea à consulter l'Oracle d'Apollon ;
que ce Dicu lui annonça que son Fils étoit
menacé d'inceste et de parricide ; elle ajoûte
qu'elle confia ce malheureux enfant à Sostrate ,
qui l'enleva à l'insçu de Thyeste son pere , avec
Ordre de ne le jamais instruire de son sort.
Dans la Scene suivante , Pelopée détourne Egysthe
du Combat qu'il va entreprendre contre
Thyeste. Elle lui parle d'une maniere si pathetique
, qu'il lui jure que sa main ne se trempera
jamais dans le sang de Thyeste ; elle finit la
Scene par ces Vers :
Ah ! Seigneur , croyez que Pelopée ;
Malgré le tendre am amour dont vous êtes épris ,
N'est pas de vos Vertus un assez digne prix .
Egysthe explique cès Vers en faveur de son
amour , &c. Il prie Atrée de le dispenser d'un
Combat qui fétriroit sa gloire Atrée impute
se changement de résolution à Pelopée ; il veut
lui même aller combattre Thyeste . Pélopée éperdue
prie Egysthe de détourner un Combat si
funeste Egysthe la jette dans de nouvelles al
larmes , en lui disant qu'il va chercher Thyeste
il fait pourtant connoître aux Spectateurs quel
est son dessein par ces Vers équivoques.
Je sçaurai dans cejour
Prendre soin de magloire et ser vir mon amour.
3 Pelopée
1646 MERCURE DE FRANCE
.
Pelopée au désespoir veut suivre Agysthe
Atrée la retient et lui reproche'sa désobéissance ;
Pelopée lui dit que Thyeste lui est plus cher qu'il
ne sçauroit croire. Elle se retire , Attée ordohne
à sa Garde de la suivre.
Ce que Pelopée vient de lui dire lui fait soupe
çonner qu'elle pourroit bien avoir épousé Thyes
te ; il ordonne à Eurimedon de ne rien oublier
pour trouver Sostrate , qui peut seul éclaircir ces
soupçons. 11 finit ce second Acte par ces Vers
37 C
D
Ne descends pas encor dans l'éternelle nuit
Thyeste , de ta mort je perdrois tout le fruit ;
Nefût-ce qu'un moment , jouis de la lumiere
Pour sçavoir quels forfaits terminent ta carriere ;
Pour la premiere fois je fais pour toi des voeux
Tremble , c'est pour te rendre encor plus malheu
* reux .
Thyeste prisonnier , commence le troisiéme
Acte par ces Vers :: ~
1
I
Fortune , contre moi des long-tems conjurée ,
Triomphe , me voici dans les prisons d'Atrée
Dieux cruels , dont le bras appesanti sur moi
Afait à votre honte un Esclave d'un Roieng
Dieux injustes , en vain ma chûre est votre ou
vrage ,
Vous n'avezpas encore abbaissé mon courage, &L.
Il instruit les Spectateurs de ce qui s'est passé
dans son Combat contre gysthe, qu'il croit ne
l'avoir épargné que pour réserver au barbare
Atrés le plaisir de lui donner la mort. Il expose
Ge
JUILLET. 1733 . 1647.
ce que les Dieux lui ont annoncé autrefois quand
il les a consultez sur le moyen de se vanger d'A-l
trée , voici l'Oracle :
Argos rentrera sous ta loy
Far un Fils qui naîtra de ta fille et de toi.
Il dit à Arbate que ce fût pour éviter cet abominable
inceste qu'il le chargea lui- même du
soin d'égorger sa Fille dans l'âge le plus tendre,
&c. Pelopée vient apprendre à Thyeste qu'Atrée
, qu'elle croit son Pere , est prês à faire la
paix avec lui , pourvû qu'il l'épouse ; elle lui dit ,
qu'il n'a qu'à lul déclarer son Hymen. Thyeste
lai deffend de reveler un secret , qui faisant voir
à Tyndare qu'il l'a trompé , le deshonoreroit à
ses yeux , et obligeroit ce Prince de l'abandon-,
ner à toute la fureur d'Atrée, qui n'a point d'autre
dessein que de le priver de tout secours ; il
parle de la mort de ce fils malheureux , que Sostrate
lui a enlevé , et il ne doute pas qu'Atrée në
l'ait fait égorger.
Ægysthe vient annoncer à Thyeste que tout
menace sa vie , et qu'Atrée plus furieux que ja
mais , viendra le chercher même dans sa Tente ;
il ajoute qu'il deffendra ses jours , ou qu'il
mourra avec lui. La Nature qui parle dans le
coeur du Pere et du Fils , excite entr'eux de tendres
transports , qui tiennent lieu de reconnoissance
anticipée. Atrée arrive , Egysthe prie
Thyeste de rentrer dans sa Tente , de peur que
sa vuë ne redouble encore la fureur d'un frere si
dénaturé.
Atrée demande à Egysthe d'où vient qu'il lui
cache si long - tems sa victime la première moisié
de ce Dialogue est fiere de part et d'autre ;
Egysthe
1648 MERCURE DE FRANCE
Egysthe a enfin recours à la priere, Atrée prend
le parti de la dissimulation ; ll feint de se rendre,
mais il dit auparavant à Ægysthe qu'il lui en
coûtera plus qu'il ne pense ; Egysthe lui répond
qu'il ne sçauroit trop payer le sacrifice qu'il
veut bien lut faire de son inimitié. Atrée lui dir
qu'il consent à la paix , à condition que Thyeste
réparera l'affront dont il l'a fait rougir trop
long-tems : qu'il vous épouse , dit- il à Pelopée ;::
Egysthe et Petopée sont également frappés de
cette proposition , quoique par differens motifs..
Atrée jouissant de leur trouble , dit à Ægyste ,
d'un ton presque insultant :
> J'entends vous gémissez du coup que je vous
porte ;
Mais l'union des coeurs plus que tout vous importe;
Vous demandez la Paix , je la donne à ce prix,
Prenez à votre tour un conseil que j'ai pris ;
Faites-vous violence ; on a bien moins de peine :
A vaincre son amour , qu'à surmonter sa haine.
Atrée porte enfin le dernier coup à Ægisthe
par cet hemistiche , en parlant de Thyeste :
Il aime , autant qu'il est aimé.
Egysthe devient furieux ; Arrée lui dit que ce
n'est que de ce jour qu'il a penetré un secret si
fatal et le quitte,en lu disant :
Si vous êtes trahi ; je n'en suis point complice ;
Et je laisse en vos mains la grace , ou le supplice.
Egysthe reproche à Pelopée son manque de
foy
JUILLET. 1732... 1649
foy ; elle lui dit qu'elle ne lui a rien promis ; elle
s'explique ainsi :
Quel serment ! quel reproche ! est - ce trahir ma foi ;
Que mettre vos veriùs à plus haut prix que moi ?
Ce dernier Vers se rapporte à
Acte ou Pelopée lui a dit :
ceux du second
Ah ! Seigneur , croyez que Pelopée ,
Malgré le tendre amour dont vous êtes épris ,
N'est pas de vos vertus un assez digne prix.
Elle ajoûte encore :
Votre amour est allé plus loin que ma pensée ,
Et j'étois dans l'erreur assez interessée ;
Pour ne la pas détruire , et pour m'en prévaloir.
La tromperie qu'elle lui a faite , et sur tout la
préférence qu'elle donne à son Rival , l'empêchent
d'écouter sa justification ; tout ce qu'elle
lui dit jette le désespoir dans son coeur ; son
aveugle fureur s'exhale en murmures contre les
Dieux , et lui met ces Vers dans la bouche ,
Vous serez satisfaits, Dieux , qui dès ma naissance
Avez tous conspiré contre mon innocence ;‹ "
J'adopte vos decrets et mes transportsjaloux ,
Pour les justifier iront plus loin que vous.
Il la quitte transporté de rage ; elle le suit , e
finit l'Acte par ces Vers :
Allons ; suivons ses pas ,
1650 MERCURE DE FRANCE
Et ne pouvant sauver un Epoux que j'adore ,
Offrons à ses Bourreaux une victime encore.
Atrée commence par ces Vers le quatriémo
Acte.
Enfin voici le jour où le crime et l'horreur ,
Vont regner en ces lieux au gré de ma fureur.
Ce n'est pas ton secours qu'ici ma haine implore ,
Soleil , si tu le veux , pális , recule encore ;
Cefunesie chemin par moi-même tracé, “
De répandre tes feux , t'a déja dispensé ;
Va , fui , pour exercer mes noires barbaries
J'ai besoin seulement du flambeau de Furies.
Ce qu'il dit dans la suite expose le plan de la
vengeance qu'il médite , il ne s'agit pas moins
que de faire périr tous ses Ennemis les uns par les
autres , il finit cette terrible Scene par ce regres
digne de sa foreur.
D
ev l'avouerai qué ma joye eût été plus entiere ,
Si Thieste , touchant à son heure derniere,
Par moi-même eût appris que pour trancher se
jours ,
De la main de sonfils j'empruntai le secours ;
Mais je crains qu'à leurs yeux ce grand secret n'éclatte
;
Un moment`auprès d'eux peut conduire Sostrate ;
Ce moment me perdroit ; il faut le prévenir ;
Craignons , pour trop vouloir , de ne rien obtenir :
Tyndare n'est pas loin et déja l'on murmure ;
JUILLET. 1733 1651
1733..
#
Laplus prompte vengeance enfin est la plus sûre ;
Oui de mes ennemis prêcipitons la mort .
Qu'importe, en expirant qu'ils ignorent leur sort
Bien- tôt dans le séjour des Ombres criminelles .
On va leur dévoiler des horreurs éternelles ;
Aussi-tôt quefermez , leurs yeux seront ouverts ;
Ils se reconnoîtront tous trois dans les Enfers.
Il a déja fait entendre à Eurimédon, qu'il retient
Pélopée dans sa Tente , de peur qu'elle n'attendrisse
gisthe ; et voyant approcher cet
Amant jaloux , il se détermine à continuer une
dissimulation qui vient de lui être si utile dans
P'Acte précedent ; il feint d'être désarmé par les
pleurs de Pélopée , et prie Agysthe de consentir..
à l'hymen de cette Princesse avec Thyeste, cette
priere rend Egysthe encore plus furieux . Atrée
Payant mis dans la disposition où il le souhaite,
lui dit enfin en le quittant ;
Plus que vous à vous servir fidelle ,
Je veux bien hazarder cette épreuve nouvelle ;
J'abandonne Thyeste à tout votre courroux ;
Mais prêt à lefrapper , répondez bien de vous ;
C'est à vous désormais que je le sacrifie ,
Et si votre tendresse encor le justifie ‚
J'explique cet Arrêt en faveur de ses feux ;
Je renonce à ma haine , et je lè rends heureux.
Ægysthe s'abandonne tout entier à sa jalouse
rage ; Antenor vient et lui demande s'il est vrai
qu'on va immoler Thyeste ; Agysthe le rassure
on
1652 MERCURE DE FRANCE
en apparence en lui ordonnant de lui faire rendre
ses armes . Antenor transporté de joye , lui
témoigne combien Sostrate , son sage Gouverneur
, sera charmé de voir cet heureux fruit
de ses leçons. Au nom de Sostrate , Ægysthe est
frappé. Quel nom , lui dit -il , prononces - tu ?
Antenor lui répond , qu'il croit l'avoir vû s'avançant
vers sa Tente ; mais qu'ayant apperçu des
Soldats , il s'est retiré de peur d'être reconnu.
On doit sçavoir gré à l'Auteur d'avoir rappellé
aux Spectateurs le souvenir de ce même Sostrate
qu'il n'a vu que dans la premiere Scene. Je vous
entends , grands Dieux , dit Egysthe dans un à
parte. Il ordonne à Antenor de ne point perdre
de temps pour remettre Thyeste en liberté, avant
que Sostrate se presente à ses yeux , & c. Egyste
se détermine à presser sa vengeance.
Thyeste vient , pénetré de reconnoissance pour
Egysthe; mais sajoye est de peu de durée . Egys
the lui apprend qu'il est devenu son mortel ennemi
, depuis qu'il a appris qu'il est son Rival ; il
lui dit que des que la nuit pourra cacher sa fuite,
il le fera conduire dans le Camp de Tyndare , et
qu'il s'y rendra lui - même pour lui redemanderce
sang qu'il a pú répandre : cette Scene est une
des plus touchantes de la Piece ; chaque mot ne
sert qu'à irriter Egysthe de plus en plus . Ils par
tent enfin , l'un pour donner la mort , l'autre pour
la recevoir , sans se deffendre , lorsque ce Sostrate
qui vient d'être annoncé avec tant d'art , les
arrête et leur apprend leur sort . Cette recon- ¿
noissance a tiré des larmes aux plus insensibles ;
Egysthe apprenant que Pelopée est sa mere
change son amour en tendresse filiale. Sostrate
lui apprend qu'Atrée lui donnera la mort s'il
met le pied dans sa Tente , et que ce cruel a sur-
?
pris
JUILLET. 1733. 1653
pris un Billet de sa main , qui l'a instruit de sa
naissance. Egyste furieux veut aller donner la
mort â ce barbare ; mais Thyeste retient cette
impétuosité. On finit ce bel Acte par la résolution
qu'on prend de répandre le bruit de la mort
de Thyeste , er de tromper Pelopée même par
ce bruit , afin que l'excès de sa douleur fasse
mieux passer la feinte pour une verite , cependant
Egysthe ordonne à Sostrate de partir pour
le Camp de Tyndare , avec les instructions né
cessaires.
Cet Extrait n'étant déja que trop long, nous ne
dirons qu'un mot du cinquiéme Acte ; Atrée le
commence , il doute de la mort de Thyeste ,
malgré le soin qu'on a pris d'en répandre le
bruit ; d'ailleurs le Pere vivant encore dans un
fils plus terrible , il n'a pas lieu d'être tranquille ,
il apprend à Eurimedon ce que Sostrate a dit
dans l'Acte précedent ; sçavoir , qu'il a donné ordre
de faire périr Ægysthe , s'il entre dans sa
Tente. Pelopée vient. Atrée pour commencer à
goûter les fruits de sa vengeance , lui annonce la
mort de Thyeste ; elle ne croit plus avoir de ménagement
à garder , elle apprend à Atrée que 3
Thyeste étoit son Epoux , ce qui le met au com,
ble de la joye ; il lui dit en la quittant :
Egysthe.... à ce seul nom, tremble ; dès aujourd'hui,
Par des noeuds éternels je veux t'unir à lui.
Pelopée au désespoir , se resout à souffrir plu
tôt mille morts , qu'à consentir à l'hymen qu'Atrée
vient de lui annoncer sous des termes dont'
les Spectateurs ont bien senti l'équivoque , &c.
Egysthe arrive ; il veut se retirer à la vue de sa
Mere ; elle l'arrête et lui donne les noms les plus
execrables ,
1651 MERCURE DE FRANCE
།
execrables ; il ne peut plus les soutenir ; il lui
apprend que Thyeste est sauvé, et que dans le
temps qu'il alloit le combattre , il a appris que
son Rival étoit son Pere. Cette derniere reconnoissance
n'a pas moins attendri que la premiere.
Sostrate annonce à Egysthe que le secours de
Tyndare est arrivé ; Ægysthe va se mettre à la
tête des Soldats et ordonne à Sostrate de garder
sa Mere ; on vient annoncer à Pelopée la mort
d'Atrée ; cet irréconciliable ennemi de Thyeste
vient expirer sur le Théatre, mais c'est pour por
ter le dernier coup ¿ son frere ; il lui apprend que
Pelopée est sa fille et en apporte pour preuve le
témoignage d'Eurimedon et d'Arbaste , qui se
trouvent présens sur la Scene ; pour confirma
tion de preuve , Thyeste lui dit :
Va , j'en croisplus encor les Oracles des Dieux.
Fermer
Résumé : Pelopée, Tragédie nouvelle[.] Extrait. [titre d'après la table]
Le 18 juillet 1733, les Comédiens Français présentèrent pour la première fois la tragédie 'Pélopée', écrite par le Chevalier Pellegrin. La pièce, tirée des récits de Servius, Lactance et Hygin, fut accueillie avec enthousiasme. Hygin relate deux versions des événements : dans la première, Pinceste commet l'inceste volontairement après une prédiction oraculaire ; dans la seconde, Thyeste viole sa fille Pélopée sans la reconnaître. La pièce adopte cette dernière version et y ajoute des correctifs pour la décence théâtrale. Au premier acte, Sostrate, gouverneur d'Agyste, recherche le prince Ægysthe, échappé de la forêt où il a été élevé par une chèvre. Il rencontre Arcas, qui lui apprend que Thyeste, frère d'Atrée, a remporté des victoires grâce à Tyndare, roi de Sparte. Cependant, un jeune inconnu, Ægysthe, a récemment ramené la victoire à Atrée. Thyeste, désespéré, a défié ce jeune homme à un combat singulier. Sostrate reconnaît en Ægysthe son fils et cherche à l'avertir sans révéler son secret. Atrée révèle à Eurimedon que Pélopée, qu'il considère comme sa fille, est en réalité la fille de Thyeste. Il espère que le mariage de Pélopée avec Ægysthe détournera Tyndare du parti de Thyeste. Dans le second acte, Pélopée, accompagnée de Phoenice, sa confidente, attend Ægysthe. Elle révèle son mariage secret avec Thyeste et un songe prémonitoire où elle voit son fils menacé d'inceste et de parricide. Elle confie cet enfant à Sostrate, qui l'élève sans lui révéler son origine. Pélopée convainc Ægysthe de ne pas combattre Thyeste, mais Atrée, soupçonnant la vérité, ordonne à sa garde de la suivre. Au troisième acte, Thyeste, prisonnier, apprend qu'Atrée veut le tuer. Il révèle à Arbate qu'il a ordonné l'exécution de sa fille pour éviter l'inceste prédit par l'oracle. Pélopée informe Thyeste qu'Atrée propose la paix en échange de son mariage. Thyeste refuse, craignant de déshonorer Tyndare. Ægysthe, venu annoncer les menaces contre Thyeste, promet de le défendre. Atrée arrive et exige des explications d'Ægysthe, qui finit par le supplier. Dans le quatrième acte, Atrée expose son plan de vengeance, visant à faire périr ses ennemis les uns par les autres. Il feint de consentir à l'union de Pélopée et Thyeste pour manipuler Ægysthe. Ægysthe, après avoir appris que Sostrate retient Pélopée, libère Thyeste et lui révèle qu'il est son rival. Sostrate intervient alors pour révéler la vérité : Pélopée est la mère d'Ægysthe, et Atrée prévoit de tuer Ægysthe. Dans le cinquième acte, Atrée annonce à Pélopée la mort de Thyeste, mais elle révèle ensuite à Atrée que Thyeste était son époux. Ægysthe apprend alors que Thyeste est son père et que Pélopée est sa mère. Sostrate informe Ægysthe de l'arrivée des renforts de Tyndare. Finalement, Atrée, mourant, révèle à Thyeste que Pélopée est sa fille, confirmant ainsi les prédictions divines.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
26
p. 2233-2249
Hypolite et Aricie, Extrait, [titre d'après la table]
Début :
L'Académie Royale de Musique donna le premier Octobre la premiere [...]
Mots clefs :
Hippolyte, Thésée, Diane, Phèdre, Aricie, Amour, Père, Enfers, Mort, Monstre, Fils, Dieux, Vers, Théâtre, Destin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Hypolite et Aricie, Extrait, [titre d'après la table]
' Académie Royale de Musique donna
le premier Octobre la premiere
Représentation de la Tragédie nouvelle ,
intitulée : Hippolyte et Aricie. Le Poëme
est de M.le Chevalier Pellegrin , et la Musique
de M. Rameau. Le premier est déja
connu par plusieurs Ouvrages applaudis ;
et le second vient de faire voir par son
coup d'essai , dans ce genre de Musique,
qu'il peut égaler les plus grands Maîtres.
L'accueil favorable que le public a fait à
cet Opéra en fait esperer de nombreuses
Représentations : En voici l'Extrait.
L'Auteur du Poëme déclare dans sa Préface
que c'est
pour
authoriser
le caractere
qu'il
donne
à Diane
dans
la Piéce
, qu'il
a
fait
son
Prologue
. Hygin
lui en a fourni
la Fable
. Le Théatre
représente
la Forêt
d'Erymanthe
, si fameuse
par
un des trayaux
d'Hercule
. Diane
le fait
connoître
F par
1234 MERCURE DE FRANCE
par ces Vers , qu'elle addresse à ses Nym
phes et aux habitans des Bois.
Vous êtes dans ces mêmes lieux ,
Où sur un monstre furieux ,
Vn fils de Jupiter , remporta la victoire ;
Mais un monstre plus fier le soumit à son tour g
Du plus grand des Héros vous surpassez l
gloire ,
Quand vous triomphez de l'Amour.
L'Amour ne peut souffrir que Diane
le bannisse de ses Forêts ; il vient lui demander
raison de cet outrage ; Diane invoque
Jupiter son Pere,et le prie de con-
Armer le don qu'il lui a fait de l'Empire
des Forêts ; Jupiter descend au bruit du
tonnerre,et annonce à Diane que le Destin
ordonne que l'Amour regne par tout,
avec cette restriction , qu'il n'exercera sa
puissance sur les sujets de Diane qu'un
seul jour de l'année ; il ajoute que ce jour
doit être éclairé par le flambeau de l'Hymen.
Diane obéit aux Loix du Destin ;
elle ne veut pas pourtant être témoin
d'une Fête si favorable à l'Amour ; elle
annonce le sujet de la Tragédie , par ces
Vers :
Hippolyte , Aricie , exposés à périr ,
Ne fondent que sur moi leur derniere esperances
conOCTOBRE.
1733. 2235
Contre une injuste violence ,
C'est à moi de les secourir.
L'Amour entreprend de consoler les
sujets de Diane de l'absence de leur Souveraine
, par les plus doux plaisirs. Il ap
pelle par ces Vers ,les Jeux et les Amours.
Regnez , aimables jeux , regnez dans ces Forêts,
Qu'à mes voeux empressez votre zêle réponde :
Si vous, tendres Amours , faites voler ces traits ,
D'où dépend le bonheur du monde.
Cet ordre produit une Fête aussi affec
tueuse que brillante : Le Prologue finit
par ces quatre Vers , conformes aux vofontez
suprêmes du Destin; c'est l'Amour
qui parle
Par de nouveaux plaisirs , couronnons ce grand
jour ,
Au Temple de l'Hymen il faut que je vous guide
,
Qu'à cette heureuse Fête , avec lui je préside;
Que son flambeau s'allume aux flammes de l'A }
mour.
Le Théatre représente au premier Acte
de la Tragédie , un Temple consacré à
Diane.
Aricie,Princesse du Sang des Pallantides ,
expose sa situation par ce Monologue.
Fij Tem2236
MERCURE DE FRANCE
> Temple sacré , séjour tranquille
Où Diane aujourd'hui doit recevoir mes voeux
A mon coeur agité daigne servir d'azile ,
Contre un amour trop malheureux ¿
Et toi , dont malgré moi , je rappelle l'image ,
Sher Prince , si mes voeux ne te sont pas offerts;
Du moins j'en apporte l'hommage
A la Déesse que tu sers,
Temple sacré , & c,
Hyppolite vient assûrer Aricie de l'in
dignation que lui inspire la violence que
Phédre lui fait par l'ordre que Thesée son
Pere lui en a donné à son départ de Tréséne
; il déplore son sort d'une maniere
qui le fait soupçonner d'être Amant ;
Voici comment il le fait connoître.
Dans un Pere irrité , confondez -vous son Fils
Et comptez- vous mon coeur entre vos ennemis
& c.
Je pourrois vous hair quelle injustice extreme
!
Je sens pour vous une pitié ,
Aussi tendre que l'amour même."
: Cette déclaration a paru bien ménagée
de part et d'autre.
Les Prêtresses de Diane forment la Fêe
de ce premier Acte,
Phodre
OCTOBRE.´´ 1733.´´ £ 237ì
Phedre vient ensuite féliciter Aricie
sur la gloire qu'elle va acquerir en s'unissant
aux Immortels , par les voeux
qu'elle doit offrir à Diane. Aricie fait entendre
que ces voeux n'étant pas libres
ils ne sont pas dignes des Dieux ; les Prêtresses
de Diane se rangent de son parti,
Phédre fait sonner la Trompette pour
punir leur désobéïssance ; les Prêtresses
invoquent les Dieux pour la punir ellemême
de la violence qu'elle veut leur
faire. Diane descend au bruit du Tonnerre
, comme fille de Jupiter ; ce qu'elle
fait connoître par ces Vers , addressez à
ses Prêtresses :
售
Vous voyez Jupiter se déclarer mon Pere;
Sa foudre vole devant moy.
La Déesse après avoir rassuré ses Prêtresses
, menace Phedre de la vangeance
des Dieux , et prend Hippolyte et Aricie
sous sa protection . Elle remonte dans le
ciel. Les Prêtresses rentrent dans le Temple
; Hippolyte emmene Aricie. Phédre
abandonne à ses transports jaloux, qu'el¬
le fait connoître par ces Vers :
Que voi -je ? contre moi tous les Dieux soat
armez !
Ma Rivale me brave! Elle suit Hippolyte !
Fiij
Ah !
2238 MERCURE DE FRANCE
Ah ! plus je voi leurs coeurs, l'un pour l'aptres
enflammez *
Plus mon jaloux transport s'irrite ,
Que rien n'échappe à ma fureur , &c.
Arcas vient annoncer que Thésée es
descendu dans les Enfers : Il s'exprime
ainsi :
La terre sous ses pas ouverte .'
A favorisé ses efforts ;
Et d'affreux heurlemens , sortis des sombre
bords ,
Du plus grand des Mortels , m'ont confirmé la
perte
J
Anone fait entendre à Phédre qu'elle
peut aimer sans crime , et concevoir de
l'espérance, en offrant son Thrône à Hippolyte,
Phédre se livre à un espoir si flatteur.
Au II Acte, le Théatre représente l'entrée
des Enfers. Thésée tourmenté par
une Furie , expose ce qui s'est passé par
çes Vers :
Dieux! n'est- ce pas assez des maux que j'ai souf
ferts ?
J'ai vuPirythous déchiré par Cerbere ;
J'ai vu ce Monstre affreux , trancher des jours
si chers ,
Sans daigner dans mon sang, assouvir sa coferes
J'enOCTOBRE
17388 · 1239
J'attendois la mort sans effroi ,
Et la mort fuyoit loin de moi.
La Furie conduit Thésée au pied du
Thrône de Pluton : Thésée dit à ce Me
narque des Enfers :
Inéxorable Roy de l'Empire infernal ',
Digne Frere , et digne Rival ,
Du Dieu qui lance le tonnerre ,
Est-ce donc pour vanger tant de Monstres di
vers ,
Dont ce bras a purgé la Terre ,
Que l'on me livre en proye aux Monstres des
Enfers
Pluton
Si tes Exploits sont grands , voy quelle en est la
gloire ,
Ton nom sur les trépas remporte la victoire ;
Comme nous il est immortel ;
Mais , d'une égale main , puisqu'il faut qu'on
dispense ,
Et la peine et la récompense ;´
J'attends plus de Pluton qu'un tourment érernel.
Pluton reproche à Thésée le coupable
projet qu'il a formé avec Pirythoüs d'enlever
Proserpine. Thésée se justifie autant
qu'il lui est possible . Pluton le renvoie au
Tribunal des trois Juges des Enfers.Cette
Filij Scene
246 MERCURE DE FRANCE
Scene est sans contredit la plus belle de
la Tragédie , tant du côté du Poëte que
de celui du Musicien.
Pluton invite toutes les Divinitez infer
nales à le vanger. Thésée revient , suivi
de la Furie vangeresse ; ne pouvant revoir
que par le secours de la mort. Il
l'implore ; les Parques lui parlent ainsi ;
son ami
Du Destin le vouloir suprême ,
Amis entre nos mains la trame de tes jours ;
Mais le fatal Ciseau n'en peut trancher le cours
Qu'au redoutable instant , qu'il a marqué lui
même.
i..
Thésée ne pouvant obtenir la mort ,
implore Neptune son Pere , et lui deman
de l'exécution du serment qu'il a fait de
l'exaucer trois fois : Neptune lui ayant
ouvert la route des Enfers , il le prie de
l'en retirer. Mercure vient de la part du
Dieu des Mers ; il obtient le retour de
Thésée sur la terre , mais avant qu'il´en
sorte , il ordonne aux Parques de lui réveler
le sort que l'avenir lui garde. Ces
trois Déesses lui parlent ainsi .
Quelle soudaine horreur ton destin nous ins
pire !
Où cours-tu, malheureux Tremble, frémi d'ef
froi ;
Tu sors de l'infernal empire ,
Pou
OCTOBRE . 1733. 2241
Pour trouver les Enfers chez toi.
Ce Oracle remplit Thésée d'effroi au
Sujet de Phédre et d'Hippolyte ; qui sono
ce qu'il a de plus cher chez lui. Mercure
lui ouvre le chemin , pour remonter sur
la terre. Thésée dit en partant :
Ciel ! cachons mon retour, et trompons tous les
yeux.
Ce projet de se cacher à tout le mon
de, prépare le coup de Théatre qu'on doit
voir dans l'Acte suivant.
Le Théatre représente au III.Acte, une
partie du Palais de Thésée , sur le rivage
de la Mer.
Phedre prie Venus de lui être favorable.
Enone vient lui dire qu'Hippolyte
qu'elle a mandé , va se rendre auprès
d'elle . 漏
Hippolyte dit à Ph'dre que ce n'est
que pour obéir à ses ordres qu'il vient lui
montrer encore un objet odieux . Phédre
lui fait entendre qu'elle ne l'a jamais haï
qu'en apparence : Hippolyte se flatte de
ne l'avoir plus pour ennemie , et lui pro
met en récompense de tenir lieu de Pere à
son fils : Phédre trompée par le sens équivoque
de cette promesse , lui dit tendrement
&
Fv Hip
$ 242 MERCURE DE FRANCE
Vous pouviez jusques - là vous attendrir poun
y moi !
C'en est trop , et le Thrône , et le Fils er
Mere ,
Je range tout sous votre Loy.
Hippolyte lui répond qu'il borne toute
son ambition à regner sur le coeur d'Aricie.
Phédre détrompée par ces mots , ne
peut plus se contenir ; elle jure la mòrt
de sa Rivale. Au nom de Rivale, Hippolyte
saisi d'horreur s'écrie :
Terribles Ennemis des perfides humains ;
Dieux , si promts autrefois à les réduire en po
dre ,
Qu'attendez- vous ? Lancez la foudre
Qui la retient entre vos mains ?
Phédre au désespoir , lui dit :
Ah ! cesse par tes voeux d'allumer le tonnerre ;
Eclatte ; éveille-toi ; sors d'un honteux repos §
Rends toi digne Fils d'un Héros ,
Qui de Monstres sans nombre, a délivré la terres
El n'en est échappé qu'un seul à sa fureur ;
Frappe ; ce Monstre est dans mon coeur.
Phédre ne pouvant obtenir la mort
qu'elle demande à Hippolyte, se jette sur
son Epée , Hippolyte la lui arrache,Thé
séc
OCTOBRE. 1733. 2243
sée arrive et trouve son Fils l'Epée à la
main contre sa femme; il se rappelle aussi-
tôt la prédiction des Parques , ce qu'il
fait connoître par ces mots :
O'trop fatal oracle !
Je trouve les malheurs que m'a prédits l'Enfer.
Il interroge Phédre, qui le quitte après
lui avoir dit :
L'Amour est outrage ;
Que l'Amour soit vange
Hippolyte interrogé à son tour , n'ose
lui révéler sa honte , et lui demande un
exil éternel. Thésée ordonne à Enone de
ne lui rien cacher. Enone pour sauver
les jours et la gloire de la Reine , parle
ainsi à Thésée :
Un désespoir affreux ; ..... pouvez - vous l'ígnorer
Vous n'en avez été qu'un témoin trop fidelle
Je n'ose accuser votre Fils ...
Mais la Reine ... Seigneur , ce fer armé contre
elle ;
Ne vous en a que trop appris , &c.-
Un amour funeste , &c,-
Thésée n'en veut pas sçavoir davanta
ge ; livré à son désespoir , il invoque
B vj
Neptu
2244 MERCURE DE FRANCE
Neptune et lui demande la mort d'Hippolyte
; une Troupe de Matelots qui
viennent rendre graces à Neptune du retour
de leur Roy , obligent Thésée de se
retirer, et forment le Divertissement qui
finit ce troisiéme Acte.
Au IV Acte le Théatre représente un
Bois consacré à Diane.
,
Hippolyte expose dans un Monologue
ce qui s'est passé dans l'entr'Acte , c'està-
dire , l'exil où son Pere l'a condamné.
Aricie vient se plaindre à Hippolyte
du sort qui va les separer ; Hippolyte ,
pour excuser Thésée , lui dit qu'il a demandé
lui- même cet exil , qu'elle impute
à la rigueur de son Pere. Aricie lui
répond :
Votre exil me donne la mort ,
Et c'est vous seul , ingrat , qu'il faut que j'es
accuse !
Quel soupçon ? ... Dieux puissans , faites que
je m'abuse.
Hippolyte pour se justifier de l'incons
tance dont elle l'accuse , lui fait entendre
qu'une raison secrette lui a fait demander
cet exil dont elle se plaint ; il la prie
de ne lui en pas demander davantage ; cependant
quelques mots qui lui échappent
, quoique ménagez avec art , lui em
disent
OCTOBR E. 1733. 2245*
disent assez pour lui faire pénétrer cet
odieux mystere ; il l'invite à le suivre
dans son exil en qualité d'Epouse ; elle
consent à lui donner sa foy ; ils prient
Diane de vouloir bien former leur nouvelle
chaîne. Un bruit de Cors leur annonce
l'arrivée d'une Troupe de Chasseurs
et de Chasseresses ; ils conviennent
ensemble de les prendre pour témoins
de leurs sacrez sermens ; cependant ils ne
veulent point troubler des jeux qui sont
chers à Diane leur Protectrice : Ces Chasseurs
forment une Fête qui a paru des
plus brillantes. La Fête est interrompue
par une tempête; la Mer en courroux jette
sur le rivage un Monstre furieux. Hippolyte
va le combattre ; le Monstre blessé
vomit du feu et de la fumée , & c. Tout
étant dissipé , Arice éperduë de ne voir
plus ni Hippolyte ni le Monstre tombe
évanouie ; les Chasseurs trompés par la
disparition d'Hippolyte le croient mort
ils déplorent son sort. Phedre appellée
par leurs cris , arrive ; elle leur demande
la cause de leurs plaintes ; ils lui annoncent
la mort d'Hippolyte , par ces deux
Vers :
pa
Un Monstre furieux , sorti du sein des Flots ;
: Vient de nous ravir ce Héros.
Phedre
2246 MERCURE DE FRANCE
Phédre s'accuse elle-même d'une mort
qu'elle impute à son imposture ; agitéo
de remords , elle croit entendre le tonnerre
, voir trembler la terre , et les Enfers
s'ouvrir sous ses pas ; elle finit l’Acte
par ces Vres :
›
>
"
Dieux cruels , vangeurs implacables
Suspendez un courroux qui me glace d'effroi ş
Ah ! si vous êtes équitables ,
Ne tonnez pas encor sur moi ;
La gloire d'un Héros que l'imposture opprime &
Vous demande un juste secours ;
Laissez-moi révéler à l'Auteur de ses jours ,
Et son innocence , er mon crime.
Au VeActe , le Théatre ne change qu'à
la troisiéme Scene. Les deux premieres
Scenes sont employées à apprendre aux
Spectateurs que Phédre est morte aux
yeux de Thesée , après avoir justifié Hippolyte
, comme elle l'a promis à la fin de
PActe précédent. Ce malheureux Pere
veut se précipiter dans la Mer : Neptune
Pen empêche et lui apprend que son Fils
a été sauvé par Diane. Il lui annonce que
le Destin dans le temps qu'il alloit servir
son aveugle colere , à daigné l'affranchir
de son serment. Il ajoute que ce Maître
des Dieux a ordonné en même temps
qu'un
1
1
OCTOBRE 1733. 2247
qu'un Pere si injuste soit privé pour jas
mais de la vuë d'un Fils si vertueux.
1
On a retranché ces deux premieres
Scenes qui produisoient quelque irrégula
rité contre l'unité de lieu , par le chan
gement de Scene dans le même Acte.
L'Auteur avoit prévenu l'objection dans
sa Préface; mais le Public ne s'y étant pas
prêté , il n'a pas balancé à le satisfaire.
L'Acte commence présentement par
le changement de Lieuson voit un nuage
transporter Aricie dans la Forêt qui porte
son nom ; comme elle croit avoir vû
périr Hippolyte , elle se livre toute entiere
à sa douleur , qu'elle fait éclater par
un Monologue des plus touchans , tandis
qu'elle est ensevelie dans une profon
de tristesse ; une Troupe de Bergers et de
Bergeres invitent Diane à descendre des
Cieux. Au nom de Diane , Aricie , malgré
sa douleur mortelle, sent ranimer son
zele pour la Divinité , à qui elle s'est dévouée
dès sa plus tendre enfance.
La Déesse promet un nouveau Maître
aux Peuples , pour prix de leur zele ; elle
leur ordonne d'aller préparer les plus
beaux Jeux pour le recevoir ; elle arrête
Aricie prête à se retirer. Ala voix de
Diane , les Zéphirs amenent Hyppolyte
qu'elle leur a confié , après l'avoir sauvé
du
E248 MERCURE DE FRANCE
du Monstre ; ces tendres Amans passent
tout d'un coup de la plus mortelle dou
leur à la joye la plus vive. Diane leur
rend compte de tout ce qui s'est passé au
sujet de Thesée et de Phédre . Voici comme
elle s'explique :
Neptune alloit servir une aveugle vangeance ;
Quand le Destin , dont la puissance ,
Fait trembler les Enfers, et la Terre et les Cieux,
A daigné l'affranchir d'un serment odieux ;
Qui faisoit périr l'innocence .
Phédre , aux yeux de Thésée a terminé son sort,
Et t'a rendu ta gloire en se donnant la mort.
Les Peuples d'Aricie viennent célébrer
la fête du couronnement d'Hippolyte et
d'Aricie , par leurs Chants et par leurs
Danses.
On à trouvé la Musique de cet Opéra
un peu difficile à exécuter , mais par l'habileté
des Simphonistes et des autres Musicions
, la dificulté n'en a pas empêché
l'exécution . Les Principaux Acteurs , tant
chantans , que dansans ,s'y sont surpassez.
La DellePetitpas s'y est distinguée par un
ramage de Rossignol qu'on n'a jamais
porté si loin . Le Poëte n'a pas démenti ·
ses Ouvrages précedens ; et le Musicien a
forcé les plus séveres critiques à convenir
que
C
OCTOBRE. 1733. 2249
que dans son premier Ouvrage Lyrique .
li a donné une Musique mâle et harmonieuse
; d'un caractere neuf; nous
voudrions en rouvoir donner un Extrait,
comme nous faisons du Poëme , et faire
sentir ce qu'elle a de sçavant pour l'ex-.
pression dans les Airs caracterisez , les
Tableaux , les intentions heureuses et
soutenues, comme le Choeur et la Chasse
du 4 Acte ; l'Entrée des Amours au Prologue
; le Choeur et la Simphonie du To
nerre; la Gavotte parodiée que chante la
Delle Petitpas au ier Acte ; les Enfers du
2e Acte , l'Image effrayante de la Furie
avec Thesée et le Choeur,&c. Au 3me Ac
te , le Monologue de Thesée , son invocation
à Neptune , le Frémissement des
= Flots. Le Monologue de Phedre dâns
l'Acte suivant. Celui d'Aricie , dans le S
la Bergerie , & c.
le premier Octobre la premiere
Représentation de la Tragédie nouvelle ,
intitulée : Hippolyte et Aricie. Le Poëme
est de M.le Chevalier Pellegrin , et la Musique
de M. Rameau. Le premier est déja
connu par plusieurs Ouvrages applaudis ;
et le second vient de faire voir par son
coup d'essai , dans ce genre de Musique,
qu'il peut égaler les plus grands Maîtres.
L'accueil favorable que le public a fait à
cet Opéra en fait esperer de nombreuses
Représentations : En voici l'Extrait.
L'Auteur du Poëme déclare dans sa Préface
que c'est
pour
authoriser
le caractere
qu'il
donne
à Diane
dans
la Piéce
, qu'il
a
fait
son
Prologue
. Hygin
lui en a fourni
la Fable
. Le Théatre
représente
la Forêt
d'Erymanthe
, si fameuse
par
un des trayaux
d'Hercule
. Diane
le fait
connoître
F par
1234 MERCURE DE FRANCE
par ces Vers , qu'elle addresse à ses Nym
phes et aux habitans des Bois.
Vous êtes dans ces mêmes lieux ,
Où sur un monstre furieux ,
Vn fils de Jupiter , remporta la victoire ;
Mais un monstre plus fier le soumit à son tour g
Du plus grand des Héros vous surpassez l
gloire ,
Quand vous triomphez de l'Amour.
L'Amour ne peut souffrir que Diane
le bannisse de ses Forêts ; il vient lui demander
raison de cet outrage ; Diane invoque
Jupiter son Pere,et le prie de con-
Armer le don qu'il lui a fait de l'Empire
des Forêts ; Jupiter descend au bruit du
tonnerre,et annonce à Diane que le Destin
ordonne que l'Amour regne par tout,
avec cette restriction , qu'il n'exercera sa
puissance sur les sujets de Diane qu'un
seul jour de l'année ; il ajoute que ce jour
doit être éclairé par le flambeau de l'Hymen.
Diane obéit aux Loix du Destin ;
elle ne veut pas pourtant être témoin
d'une Fête si favorable à l'Amour ; elle
annonce le sujet de la Tragédie , par ces
Vers :
Hippolyte , Aricie , exposés à périr ,
Ne fondent que sur moi leur derniere esperances
conOCTOBRE.
1733. 2235
Contre une injuste violence ,
C'est à moi de les secourir.
L'Amour entreprend de consoler les
sujets de Diane de l'absence de leur Souveraine
, par les plus doux plaisirs. Il ap
pelle par ces Vers ,les Jeux et les Amours.
Regnez , aimables jeux , regnez dans ces Forêts,
Qu'à mes voeux empressez votre zêle réponde :
Si vous, tendres Amours , faites voler ces traits ,
D'où dépend le bonheur du monde.
Cet ordre produit une Fête aussi affec
tueuse que brillante : Le Prologue finit
par ces quatre Vers , conformes aux vofontez
suprêmes du Destin; c'est l'Amour
qui parle
Par de nouveaux plaisirs , couronnons ce grand
jour ,
Au Temple de l'Hymen il faut que je vous guide
,
Qu'à cette heureuse Fête , avec lui je préside;
Que son flambeau s'allume aux flammes de l'A }
mour.
Le Théatre représente au premier Acte
de la Tragédie , un Temple consacré à
Diane.
Aricie,Princesse du Sang des Pallantides ,
expose sa situation par ce Monologue.
Fij Tem2236
MERCURE DE FRANCE
> Temple sacré , séjour tranquille
Où Diane aujourd'hui doit recevoir mes voeux
A mon coeur agité daigne servir d'azile ,
Contre un amour trop malheureux ¿
Et toi , dont malgré moi , je rappelle l'image ,
Sher Prince , si mes voeux ne te sont pas offerts;
Du moins j'en apporte l'hommage
A la Déesse que tu sers,
Temple sacré , & c,
Hyppolite vient assûrer Aricie de l'in
dignation que lui inspire la violence que
Phédre lui fait par l'ordre que Thesée son
Pere lui en a donné à son départ de Tréséne
; il déplore son sort d'une maniere
qui le fait soupçonner d'être Amant ;
Voici comment il le fait connoître.
Dans un Pere irrité , confondez -vous son Fils
Et comptez- vous mon coeur entre vos ennemis
& c.
Je pourrois vous hair quelle injustice extreme
!
Je sens pour vous une pitié ,
Aussi tendre que l'amour même."
: Cette déclaration a paru bien ménagée
de part et d'autre.
Les Prêtresses de Diane forment la Fêe
de ce premier Acte,
Phodre
OCTOBRE.´´ 1733.´´ £ 237ì
Phedre vient ensuite féliciter Aricie
sur la gloire qu'elle va acquerir en s'unissant
aux Immortels , par les voeux
qu'elle doit offrir à Diane. Aricie fait entendre
que ces voeux n'étant pas libres
ils ne sont pas dignes des Dieux ; les Prêtresses
de Diane se rangent de son parti,
Phédre fait sonner la Trompette pour
punir leur désobéïssance ; les Prêtresses
invoquent les Dieux pour la punir ellemême
de la violence qu'elle veut leur
faire. Diane descend au bruit du Tonnerre
, comme fille de Jupiter ; ce qu'elle
fait connoître par ces Vers , addressez à
ses Prêtresses :
售
Vous voyez Jupiter se déclarer mon Pere;
Sa foudre vole devant moy.
La Déesse après avoir rassuré ses Prêtresses
, menace Phedre de la vangeance
des Dieux , et prend Hippolyte et Aricie
sous sa protection . Elle remonte dans le
ciel. Les Prêtresses rentrent dans le Temple
; Hippolyte emmene Aricie. Phédre
abandonne à ses transports jaloux, qu'el¬
le fait connoître par ces Vers :
Que voi -je ? contre moi tous les Dieux soat
armez !
Ma Rivale me brave! Elle suit Hippolyte !
Fiij
Ah !
2238 MERCURE DE FRANCE
Ah ! plus je voi leurs coeurs, l'un pour l'aptres
enflammez *
Plus mon jaloux transport s'irrite ,
Que rien n'échappe à ma fureur , &c.
Arcas vient annoncer que Thésée es
descendu dans les Enfers : Il s'exprime
ainsi :
La terre sous ses pas ouverte .'
A favorisé ses efforts ;
Et d'affreux heurlemens , sortis des sombre
bords ,
Du plus grand des Mortels , m'ont confirmé la
perte
J
Anone fait entendre à Phédre qu'elle
peut aimer sans crime , et concevoir de
l'espérance, en offrant son Thrône à Hippolyte,
Phédre se livre à un espoir si flatteur.
Au II Acte, le Théatre représente l'entrée
des Enfers. Thésée tourmenté par
une Furie , expose ce qui s'est passé par
çes Vers :
Dieux! n'est- ce pas assez des maux que j'ai souf
ferts ?
J'ai vuPirythous déchiré par Cerbere ;
J'ai vu ce Monstre affreux , trancher des jours
si chers ,
Sans daigner dans mon sang, assouvir sa coferes
J'enOCTOBRE
17388 · 1239
J'attendois la mort sans effroi ,
Et la mort fuyoit loin de moi.
La Furie conduit Thésée au pied du
Thrône de Pluton : Thésée dit à ce Me
narque des Enfers :
Inéxorable Roy de l'Empire infernal ',
Digne Frere , et digne Rival ,
Du Dieu qui lance le tonnerre ,
Est-ce donc pour vanger tant de Monstres di
vers ,
Dont ce bras a purgé la Terre ,
Que l'on me livre en proye aux Monstres des
Enfers
Pluton
Si tes Exploits sont grands , voy quelle en est la
gloire ,
Ton nom sur les trépas remporte la victoire ;
Comme nous il est immortel ;
Mais , d'une égale main , puisqu'il faut qu'on
dispense ,
Et la peine et la récompense ;´
J'attends plus de Pluton qu'un tourment érernel.
Pluton reproche à Thésée le coupable
projet qu'il a formé avec Pirythoüs d'enlever
Proserpine. Thésée se justifie autant
qu'il lui est possible . Pluton le renvoie au
Tribunal des trois Juges des Enfers.Cette
Filij Scene
246 MERCURE DE FRANCE
Scene est sans contredit la plus belle de
la Tragédie , tant du côté du Poëte que
de celui du Musicien.
Pluton invite toutes les Divinitez infer
nales à le vanger. Thésée revient , suivi
de la Furie vangeresse ; ne pouvant revoir
que par le secours de la mort. Il
l'implore ; les Parques lui parlent ainsi ;
son ami
Du Destin le vouloir suprême ,
Amis entre nos mains la trame de tes jours ;
Mais le fatal Ciseau n'en peut trancher le cours
Qu'au redoutable instant , qu'il a marqué lui
même.
i..
Thésée ne pouvant obtenir la mort ,
implore Neptune son Pere , et lui deman
de l'exécution du serment qu'il a fait de
l'exaucer trois fois : Neptune lui ayant
ouvert la route des Enfers , il le prie de
l'en retirer. Mercure vient de la part du
Dieu des Mers ; il obtient le retour de
Thésée sur la terre , mais avant qu'il´en
sorte , il ordonne aux Parques de lui réveler
le sort que l'avenir lui garde. Ces
trois Déesses lui parlent ainsi .
Quelle soudaine horreur ton destin nous ins
pire !
Où cours-tu, malheureux Tremble, frémi d'ef
froi ;
Tu sors de l'infernal empire ,
Pou
OCTOBRE . 1733. 2241
Pour trouver les Enfers chez toi.
Ce Oracle remplit Thésée d'effroi au
Sujet de Phédre et d'Hippolyte ; qui sono
ce qu'il a de plus cher chez lui. Mercure
lui ouvre le chemin , pour remonter sur
la terre. Thésée dit en partant :
Ciel ! cachons mon retour, et trompons tous les
yeux.
Ce projet de se cacher à tout le mon
de, prépare le coup de Théatre qu'on doit
voir dans l'Acte suivant.
Le Théatre représente au III.Acte, une
partie du Palais de Thésée , sur le rivage
de la Mer.
Phedre prie Venus de lui être favorable.
Enone vient lui dire qu'Hippolyte
qu'elle a mandé , va se rendre auprès
d'elle . 漏
Hippolyte dit à Ph'dre que ce n'est
que pour obéir à ses ordres qu'il vient lui
montrer encore un objet odieux . Phédre
lui fait entendre qu'elle ne l'a jamais haï
qu'en apparence : Hippolyte se flatte de
ne l'avoir plus pour ennemie , et lui pro
met en récompense de tenir lieu de Pere à
son fils : Phédre trompée par le sens équivoque
de cette promesse , lui dit tendrement
&
Fv Hip
$ 242 MERCURE DE FRANCE
Vous pouviez jusques - là vous attendrir poun
y moi !
C'en est trop , et le Thrône , et le Fils er
Mere ,
Je range tout sous votre Loy.
Hippolyte lui répond qu'il borne toute
son ambition à regner sur le coeur d'Aricie.
Phédre détrompée par ces mots , ne
peut plus se contenir ; elle jure la mòrt
de sa Rivale. Au nom de Rivale, Hippolyte
saisi d'horreur s'écrie :
Terribles Ennemis des perfides humains ;
Dieux , si promts autrefois à les réduire en po
dre ,
Qu'attendez- vous ? Lancez la foudre
Qui la retient entre vos mains ?
Phédre au désespoir , lui dit :
Ah ! cesse par tes voeux d'allumer le tonnerre ;
Eclatte ; éveille-toi ; sors d'un honteux repos §
Rends toi digne Fils d'un Héros ,
Qui de Monstres sans nombre, a délivré la terres
El n'en est échappé qu'un seul à sa fureur ;
Frappe ; ce Monstre est dans mon coeur.
Phédre ne pouvant obtenir la mort
qu'elle demande à Hippolyte, se jette sur
son Epée , Hippolyte la lui arrache,Thé
séc
OCTOBRE. 1733. 2243
sée arrive et trouve son Fils l'Epée à la
main contre sa femme; il se rappelle aussi-
tôt la prédiction des Parques , ce qu'il
fait connoître par ces mots :
O'trop fatal oracle !
Je trouve les malheurs que m'a prédits l'Enfer.
Il interroge Phédre, qui le quitte après
lui avoir dit :
L'Amour est outrage ;
Que l'Amour soit vange
Hippolyte interrogé à son tour , n'ose
lui révéler sa honte , et lui demande un
exil éternel. Thésée ordonne à Enone de
ne lui rien cacher. Enone pour sauver
les jours et la gloire de la Reine , parle
ainsi à Thésée :
Un désespoir affreux ; ..... pouvez - vous l'ígnorer
Vous n'en avez été qu'un témoin trop fidelle
Je n'ose accuser votre Fils ...
Mais la Reine ... Seigneur , ce fer armé contre
elle ;
Ne vous en a que trop appris , &c.-
Un amour funeste , &c,-
Thésée n'en veut pas sçavoir davanta
ge ; livré à son désespoir , il invoque
B vj
Neptu
2244 MERCURE DE FRANCE
Neptune et lui demande la mort d'Hippolyte
; une Troupe de Matelots qui
viennent rendre graces à Neptune du retour
de leur Roy , obligent Thésée de se
retirer, et forment le Divertissement qui
finit ce troisiéme Acte.
Au IV Acte le Théatre représente un
Bois consacré à Diane.
,
Hippolyte expose dans un Monologue
ce qui s'est passé dans l'entr'Acte , c'està-
dire , l'exil où son Pere l'a condamné.
Aricie vient se plaindre à Hippolyte
du sort qui va les separer ; Hippolyte ,
pour excuser Thésée , lui dit qu'il a demandé
lui- même cet exil , qu'elle impute
à la rigueur de son Pere. Aricie lui
répond :
Votre exil me donne la mort ,
Et c'est vous seul , ingrat , qu'il faut que j'es
accuse !
Quel soupçon ? ... Dieux puissans , faites que
je m'abuse.
Hippolyte pour se justifier de l'incons
tance dont elle l'accuse , lui fait entendre
qu'une raison secrette lui a fait demander
cet exil dont elle se plaint ; il la prie
de ne lui en pas demander davantage ; cependant
quelques mots qui lui échappent
, quoique ménagez avec art , lui em
disent
OCTOBR E. 1733. 2245*
disent assez pour lui faire pénétrer cet
odieux mystere ; il l'invite à le suivre
dans son exil en qualité d'Epouse ; elle
consent à lui donner sa foy ; ils prient
Diane de vouloir bien former leur nouvelle
chaîne. Un bruit de Cors leur annonce
l'arrivée d'une Troupe de Chasseurs
et de Chasseresses ; ils conviennent
ensemble de les prendre pour témoins
de leurs sacrez sermens ; cependant ils ne
veulent point troubler des jeux qui sont
chers à Diane leur Protectrice : Ces Chasseurs
forment une Fête qui a paru des
plus brillantes. La Fête est interrompue
par une tempête; la Mer en courroux jette
sur le rivage un Monstre furieux. Hippolyte
va le combattre ; le Monstre blessé
vomit du feu et de la fumée , & c. Tout
étant dissipé , Arice éperduë de ne voir
plus ni Hippolyte ni le Monstre tombe
évanouie ; les Chasseurs trompés par la
disparition d'Hippolyte le croient mort
ils déplorent son sort. Phedre appellée
par leurs cris , arrive ; elle leur demande
la cause de leurs plaintes ; ils lui annoncent
la mort d'Hippolyte , par ces deux
Vers :
pa
Un Monstre furieux , sorti du sein des Flots ;
: Vient de nous ravir ce Héros.
Phedre
2246 MERCURE DE FRANCE
Phédre s'accuse elle-même d'une mort
qu'elle impute à son imposture ; agitéo
de remords , elle croit entendre le tonnerre
, voir trembler la terre , et les Enfers
s'ouvrir sous ses pas ; elle finit l’Acte
par ces Vres :
›
>
"
Dieux cruels , vangeurs implacables
Suspendez un courroux qui me glace d'effroi ş
Ah ! si vous êtes équitables ,
Ne tonnez pas encor sur moi ;
La gloire d'un Héros que l'imposture opprime &
Vous demande un juste secours ;
Laissez-moi révéler à l'Auteur de ses jours ,
Et son innocence , er mon crime.
Au VeActe , le Théatre ne change qu'à
la troisiéme Scene. Les deux premieres
Scenes sont employées à apprendre aux
Spectateurs que Phédre est morte aux
yeux de Thesée , après avoir justifié Hippolyte
, comme elle l'a promis à la fin de
PActe précédent. Ce malheureux Pere
veut se précipiter dans la Mer : Neptune
Pen empêche et lui apprend que son Fils
a été sauvé par Diane. Il lui annonce que
le Destin dans le temps qu'il alloit servir
son aveugle colere , à daigné l'affranchir
de son serment. Il ajoute que ce Maître
des Dieux a ordonné en même temps
qu'un
1
1
OCTOBRE 1733. 2247
qu'un Pere si injuste soit privé pour jas
mais de la vuë d'un Fils si vertueux.
1
On a retranché ces deux premieres
Scenes qui produisoient quelque irrégula
rité contre l'unité de lieu , par le chan
gement de Scene dans le même Acte.
L'Auteur avoit prévenu l'objection dans
sa Préface; mais le Public ne s'y étant pas
prêté , il n'a pas balancé à le satisfaire.
L'Acte commence présentement par
le changement de Lieuson voit un nuage
transporter Aricie dans la Forêt qui porte
son nom ; comme elle croit avoir vû
périr Hippolyte , elle se livre toute entiere
à sa douleur , qu'elle fait éclater par
un Monologue des plus touchans , tandis
qu'elle est ensevelie dans une profon
de tristesse ; une Troupe de Bergers et de
Bergeres invitent Diane à descendre des
Cieux. Au nom de Diane , Aricie , malgré
sa douleur mortelle, sent ranimer son
zele pour la Divinité , à qui elle s'est dévouée
dès sa plus tendre enfance.
La Déesse promet un nouveau Maître
aux Peuples , pour prix de leur zele ; elle
leur ordonne d'aller préparer les plus
beaux Jeux pour le recevoir ; elle arrête
Aricie prête à se retirer. Ala voix de
Diane , les Zéphirs amenent Hyppolyte
qu'elle leur a confié , après l'avoir sauvé
du
E248 MERCURE DE FRANCE
du Monstre ; ces tendres Amans passent
tout d'un coup de la plus mortelle dou
leur à la joye la plus vive. Diane leur
rend compte de tout ce qui s'est passé au
sujet de Thesée et de Phédre . Voici comme
elle s'explique :
Neptune alloit servir une aveugle vangeance ;
Quand le Destin , dont la puissance ,
Fait trembler les Enfers, et la Terre et les Cieux,
A daigné l'affranchir d'un serment odieux ;
Qui faisoit périr l'innocence .
Phédre , aux yeux de Thésée a terminé son sort,
Et t'a rendu ta gloire en se donnant la mort.
Les Peuples d'Aricie viennent célébrer
la fête du couronnement d'Hippolyte et
d'Aricie , par leurs Chants et par leurs
Danses.
On à trouvé la Musique de cet Opéra
un peu difficile à exécuter , mais par l'habileté
des Simphonistes et des autres Musicions
, la dificulté n'en a pas empêché
l'exécution . Les Principaux Acteurs , tant
chantans , que dansans ,s'y sont surpassez.
La DellePetitpas s'y est distinguée par un
ramage de Rossignol qu'on n'a jamais
porté si loin . Le Poëte n'a pas démenti ·
ses Ouvrages précedens ; et le Musicien a
forcé les plus séveres critiques à convenir
que
C
OCTOBRE. 1733. 2249
que dans son premier Ouvrage Lyrique .
li a donné une Musique mâle et harmonieuse
; d'un caractere neuf; nous
voudrions en rouvoir donner un Extrait,
comme nous faisons du Poëme , et faire
sentir ce qu'elle a de sçavant pour l'ex-.
pression dans les Airs caracterisez , les
Tableaux , les intentions heureuses et
soutenues, comme le Choeur et la Chasse
du 4 Acte ; l'Entrée des Amours au Prologue
; le Choeur et la Simphonie du To
nerre; la Gavotte parodiée que chante la
Delle Petitpas au ier Acte ; les Enfers du
2e Acte , l'Image effrayante de la Furie
avec Thesée et le Choeur,&c. Au 3me Ac
te , le Monologue de Thesée , son invocation
à Neptune , le Frémissement des
= Flots. Le Monologue de Phedre dâns
l'Acte suivant. Celui d'Aricie , dans le S
la Bergerie , & c.
Fermer
Résumé : Hypolite et Aricie, Extrait, [titre d'après la table]
Le 1er octobre, l'Académie Royale de Musique a présenté la première représentation de la tragédie en musique 'Hippolyte et Aricie'. Le poème est de M. le Chevalier Pellegrin et la musique de M. Rameau. Le public a accueilli favorablement cet opéra, laissant espérer de nombreuses représentations. Le prologue, inspiré par Hygin, se déroule dans la forêt d'Érymanthe. Diane y évoque la victoire d'Hercule sur un monstre et l'invincibilité de l'amour. Jupiter descend et annonce que l'amour régnera partout, sauf un jour par an, éclairé par le flambeau de l'Hymen. Diane, obéissant au destin, quitte la scène. Dans la tragédie, Aricie, princesse des Pallantides, expose sa situation dans un monologue. Hippolyte assure Aricie de son indignation face à la violence de Phèdre, ordonnée par Thésée. Phèdre félicite Aricie sur sa future gloire, mais Aricie refuse ces vœux forcés. Diane descend et menace Phèdre, protégeant Hippolyte et Aricie. Phèdre, jalouse, se livre à ses transports. Arcas annonce que Thésée est descendu aux Enfers. Thésée, tourmenté par une Furie, expose ses malheurs à Pluton, qui le renvoie devant les juges des Enfers. Thésée implore Neptune, qui lui permet de revenir sur terre. Les Parques révèlent à Thésée que les Enfers l'attendent chez lui. Au troisième acte, Phèdre prie Vénus. Hippolyte, venu sur ordre de Phèdre, refuse ses avances. Phèdre, déçue, jure la mort d'Aricie. Thésée arrive et, rappelant la prédiction des Parques, ordonne à Enone de révéler la vérité. Enone accuse Phèdre d'amour funeste. Thésée, désespéré, invoque Neptune pour la mort d'Hippolyte. Au quatrième acte, Hippolyte, en exil, expose sa situation à Aricie. Ils décident de se marier et prient Diane. Une tempête apporte un monstre marin. Hippolyte combat le monstre, mais disparaît. Aricie, évanouie, est secourue par Phèdre, informée de la mort d'Hippolyte. Dans le cinquième acte, il est révélé que Phèdre est morte après avoir innocenté Hippolyte devant Thésée, son père. Thésée, désespéré, tente de se suicider mais est arrêté par Neptune, qui lui annonce qu'Hippolyte a été sauvé par Diane et que Thésée est puni pour son injustice. La scène change ensuite pour montrer Aricie, qui pleure la perte d'Hippolyte. Diane apparaît, ramène Hippolyte à la vie et les unit avec Aricie. La musique de l'opéra est décrite comme difficile mais bien exécutée, avec des performances remarquables des acteurs et musiciens. Le poète et le musicien sont loués pour leur travail, notamment pour les airs caractéristiques, les tableaux et les chœurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
27
p. 2816-2819
IMITATION de l'Ode d'Horace, Justum et tenacem, &c.
Début :
L'Homme juste et constant dans ses moeurs héroïques [...]
Mots clefs :
Horace, Fils, Ilion, Moyen, Dieux, Priam
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : IMITATION de l'Ode d'Horace, Justum et tenacem, &c.
IMITATION de l'Ode d'Horace ,
Justum et tenasem , &c.
L
'Homme juste et constant dans ses moeurs
héroïques
D'un Peuple mutiné dédaigne les pratiques ,
D'un Tiran menaçant le visage enflammé :
Immobile , il soutient l'effort de la tempête ;
Ferme , il entend gronder la foudre sur sa tête ;
L'Univers tomberoit sans qu'il fût allarmé.
Pour arriver au Ciel , ce moyen fut le guide
Qui dirigea les pas de Pollux et d'Aleide ;
( Auguste boit déjà le Nectar avec eux. )
Ce fut par ce moyen , puissant fils de Semele ,
Que t'éleva jadis à la gloire immortelle
Ton Chariot traîné par des Tigres fougueux .
Par ce moyen encore et si noble et si rare ,
Le divin Romulus évita le Tartare ,
Secondé des Coursiers au Dieu Mars consacrez ;
Après qu'aux Immortels , Junon moins couroucée
,
II. Vol. Dans
DECEMBR E. 1733. 2817
Dans le Conseil Celeste , eut marqué sa pensée ,
Par ces mots à la fois chéris et réverez.
"
»Un Juge incestueux , une Etrangere infâme ,
D'Ilion, par leur crime ont allumé la flam me ,
" Et quand Laomedon aux Dieux manqua de foi ,
» Nos coeurs s'interessant à vanger cette injure ,
La perte des Troyens et de leur Chef parjure ,
Dès -lors fut résoluë entre Minerve et moy.
» Enfin , de ses forfaits il a porté la peine ,
» Cet Hôte si fameux de l'adultere Helene ;
Priam de son Hector fatalement privé ,
» Aux ravages des Grecs n'oppose plus de digues ;
» Ce débat obstiné qu'allongeoient nos intrigues,
» Ce débat malheureux est enfin achevé.
50
לכ
53
C'en est fait , je renonce à ma juste colere ;
Mon petit-fils , Troyen du côté de sa Mere ,
M'est , en faveur de Mars , beaucoup moin
odieux :
Qu'il hahite avec nous ces demeures heureuses;
Qu'il goûte du Nectar les douceurs savoureuses
;
Qu'il vienne , j'y consens , s'asseoir au rang
des Dieux .
Pourvu qu'un long trajet partage Rome er
Troye ,
11. Vol. Qu'ins
1816 MERCURE DE FRANCE
Qu'insultez des Troupeaux,qu'aux Reptiles en
proye ,
De Priam , de Paris les Buchers soient deserts ,
Regnent ces Exilez de l'un à l'autre Pole ;
» Subsiste , j'y consens , l'éclatant Capitole ;
Puisse aux Medes vaincus Rome donner des fers.
Qu'elle étende son nom jusqu'aur bornes du
Monde ,
Bornes qu'entre l'Europe et l'Affrique met
l'Onde ,
Jusqu'en l'heureux Pais par le Nil arrosé :
Qu'en ne cherchant point l'or, vrayement pru
dente et sage ,
Elle aspire à l'honneur d'en dédaigner l'usage ,
Et s'épargne l'affront d'en avoir abusé.
Que de ses traits vainqueurs les atteintes more
telles
Se fassent ressentir à tous Peuples rebelles ,
Des climats les plus chauds , aux climats les
plus froids ;
» Mais à condition qu'une pieté vaine ,
N'excitera jamais la vaillance Romaine
A vouloir d'Ilion renouveller les Toits.
» Ilion rebâti , retombera par terre.
» Je veux , moi , femme et soeur du Maître d
Tonnerre ,
Rassembler contre lui tous mes Grecs en
courroux ; » Qu'ADECEMBRE.
1733. 2819
Qu'Apollon par trois fois d'un mur d'airais
l'entoure ,
Trois fois le renversant , leur fatale bravoure
» Fera pleurer la mort des Fils et des Epoux . )
Que faites-vous, ma Muse,où tend votre délire?
Ceci ne convient pas aux accents d'une Lyrë
Destinée à chanter les Amours et les Ris ;
Vous récitez des Dieux les Discours magna
nimes ;
Gardez - vous d'achever , et de ces Chants su
blimes ,
Par vos foibles accords n'abbaissez plus le prix.
F. M. F.
Justum et tenasem , &c.
L
'Homme juste et constant dans ses moeurs
héroïques
D'un Peuple mutiné dédaigne les pratiques ,
D'un Tiran menaçant le visage enflammé :
Immobile , il soutient l'effort de la tempête ;
Ferme , il entend gronder la foudre sur sa tête ;
L'Univers tomberoit sans qu'il fût allarmé.
Pour arriver au Ciel , ce moyen fut le guide
Qui dirigea les pas de Pollux et d'Aleide ;
( Auguste boit déjà le Nectar avec eux. )
Ce fut par ce moyen , puissant fils de Semele ,
Que t'éleva jadis à la gloire immortelle
Ton Chariot traîné par des Tigres fougueux .
Par ce moyen encore et si noble et si rare ,
Le divin Romulus évita le Tartare ,
Secondé des Coursiers au Dieu Mars consacrez ;
Après qu'aux Immortels , Junon moins couroucée
,
II. Vol. Dans
DECEMBR E. 1733. 2817
Dans le Conseil Celeste , eut marqué sa pensée ,
Par ces mots à la fois chéris et réverez.
"
»Un Juge incestueux , une Etrangere infâme ,
D'Ilion, par leur crime ont allumé la flam me ,
" Et quand Laomedon aux Dieux manqua de foi ,
» Nos coeurs s'interessant à vanger cette injure ,
La perte des Troyens et de leur Chef parjure ,
Dès -lors fut résoluë entre Minerve et moy.
» Enfin , de ses forfaits il a porté la peine ,
» Cet Hôte si fameux de l'adultere Helene ;
Priam de son Hector fatalement privé ,
» Aux ravages des Grecs n'oppose plus de digues ;
» Ce débat obstiné qu'allongeoient nos intrigues,
» Ce débat malheureux est enfin achevé.
50
לכ
53
C'en est fait , je renonce à ma juste colere ;
Mon petit-fils , Troyen du côté de sa Mere ,
M'est , en faveur de Mars , beaucoup moin
odieux :
Qu'il hahite avec nous ces demeures heureuses;
Qu'il goûte du Nectar les douceurs savoureuses
;
Qu'il vienne , j'y consens , s'asseoir au rang
des Dieux .
Pourvu qu'un long trajet partage Rome er
Troye ,
11. Vol. Qu'ins
1816 MERCURE DE FRANCE
Qu'insultez des Troupeaux,qu'aux Reptiles en
proye ,
De Priam , de Paris les Buchers soient deserts ,
Regnent ces Exilez de l'un à l'autre Pole ;
» Subsiste , j'y consens , l'éclatant Capitole ;
Puisse aux Medes vaincus Rome donner des fers.
Qu'elle étende son nom jusqu'aur bornes du
Monde ,
Bornes qu'entre l'Europe et l'Affrique met
l'Onde ,
Jusqu'en l'heureux Pais par le Nil arrosé :
Qu'en ne cherchant point l'or, vrayement pru
dente et sage ,
Elle aspire à l'honneur d'en dédaigner l'usage ,
Et s'épargne l'affront d'en avoir abusé.
Que de ses traits vainqueurs les atteintes more
telles
Se fassent ressentir à tous Peuples rebelles ,
Des climats les plus chauds , aux climats les
plus froids ;
» Mais à condition qu'une pieté vaine ,
N'excitera jamais la vaillance Romaine
A vouloir d'Ilion renouveller les Toits.
» Ilion rebâti , retombera par terre.
» Je veux , moi , femme et soeur du Maître d
Tonnerre ,
Rassembler contre lui tous mes Grecs en
courroux ; » Qu'ADECEMBRE.
1733. 2819
Qu'Apollon par trois fois d'un mur d'airais
l'entoure ,
Trois fois le renversant , leur fatale bravoure
» Fera pleurer la mort des Fils et des Epoux . )
Que faites-vous, ma Muse,où tend votre délire?
Ceci ne convient pas aux accents d'une Lyrë
Destinée à chanter les Amours et les Ris ;
Vous récitez des Dieux les Discours magna
nimes ;
Gardez - vous d'achever , et de ces Chants su
blimes ,
Par vos foibles accords n'abbaissez plus le prix.
F. M. F.
Fermer
Résumé : IMITATION de l'Ode d'Horace, Justum et tenacem, &c.
Le texte est une imitation de l'Ode d'Horace intitulée 'Justum et tenacem'. Il décrit un homme juste et constant dans ses mœurs héroïques, imperturbable face aux tempêtes et à la foudre. Des exemples mythologiques illustrent cette fermeté : Pollux et Aléide, Auguste, Bacchus, et Romulus, qui ont atteint la gloire immortelle par leur justice et leur constance. Le texte relate ensuite un discours de Junon, qui évoque la destruction de Troie en raison des crimes d'un juge incestueux, d'une étrangère infâme, et de la trahison de Laomédon envers les dieux. Junon renonce à sa colère contre Énée, le petit-fils de Priam, et consent à ce qu'il habite parmi les dieux, à condition que Rome et Troie restent séparées et que Troie ne soit jamais reconstruite. Junon menace de rassembler les Grecs pour détruire Troie si elle est rebâtie, utilisant la bravoure fatale des Grecs pour pleurer la mort des fils et des époux. La muse de l'auteur interrompt alors le récit, se reprochant de dévaloriser les chants lyriques destinés à célébrer les amours et les rires.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
28
p. 5-11
MEDAILLES de l'Empereur Gratien, sur lesquelles il est nommé AVGG AVG.
Début :
Tout le monde sçait les differentes explications que les Antiquaires [...]
Mots clefs :
Gratien, Médailles, Fils, Empereur, Prince, Famille, Temps, Médaille, Constantin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MEDAILLES de l'Empereur Gratien, sur lesquelles il est nommé AVGG AVG.
MEDAILLES de l'Empereur Gratien
surlesquelles il estnommé AVGG AVG.
Out le monde sçait les differentes
Texplications que les Antiquaires
ont données aux Médailles de Gratien
qui ont pour Legende du côté de la tête
D. N GRATIANVS AVGG AVG. aussi sans
vouloir les repeter ici , je me contenterai
de dire que ceux qui ont expliqué les
Lettres AVGG AVG. qui su vent le nom du
Prince , par AVGVSTORVM AVGVSTVS.
me paroissent avoir donné dans la verible
leçon .
En effet cette explication se presente
d'elle- même la premiere à l'esprit , par
la
MERCURE DE FRANCE
la conformité qu'elle a avec l'usage constant
des Antiquaires , qui ont toujours
rendu l'AVGG des monumens anciens par
le plurier du mot AVGVSTVS . quand les
deux GG sont suivis , ainsi qu'ils le sont
dans les Médailles de Gratien ; car ceux
qui les ont crû separez se sont trompeż,
et ont pris pour des points certaines petites
queües , ou cedilles attachées à ces G
en cette maniere Ç . c'est ainsi du moins
qu'ils sont formez sur la Médaille de
Gratien que j'ai parmi les miennes .
1
Ces & à queue, pour le dire en passant,
ne sont pas rares sur les Monumens anciens
, on les y rencontre dans tous les
temps. J'ai une Médaille d'argent d'Auguste
, avec le Capricorne au revers où
le & du mot AVGVSTVS qui en fait la Légende
est de cette façon ; et l'on en voit
un pareil sur un poids du temps d'Honorius
qui étoit à M. Foucault , * enfin
ils sont ordinaires sur les Monnoyes Gottiques
, si l'on s'en rapporte à l'Alphabet
que Bouteroüe nous a donné dans ses
Recherches curieuses des Monnoyes de France.
Mais en approuvant qu'on lise sur la
Médaille de Gratien , Augustorum Augustus
, je ne sçaurois être du sentiment de
L'Antiquité du P. Montfaucon. Planche XIV.
du Tome III.
ceux
JANVIER 1734. 7
ceux qui expliquent ces termes par Augus
te qui domine sur d'autres Augustes , cela par
rapport à Valentinien le jeune et à
Théodose , dont Gratien avoit genereusement
consenti à recevoir le premier
pour Collegue et s'étoit associé le second.
Ce n'est pas qu'on ne rencontre assez
souvent des dénominations semblables.
prises dans le sens qu'on donne à celle
que j'examine ici ; et sans en chercher des
preuves ailleurs que dans les Médailles ,
quelques Rois des Parthes , d'Armenie
et du Bosphore sont appellez sur leurs
Médailles , Rois des Rois . BAZIA ENE
و
ΒΑΣΙΛΕΩΝ . ΑΡΣΑΚΟΥ . ΤΙΓΡΑΝΟΥΣ ,
APNAKOY . Mais ces titres fastueux , en
longtems avant eux et qui subsistent enusage
core aujourd'hui parmi les Rois de
l'Orient, ne conviennent gueres à un Prince
sage et modeste , tel
l'Histoire
que
nous represente Gratien ; aussi de toutes
les Explications de la Médaille de ce
Prince , celle - ci a été la moins suivie.
Je ne sçai si je me trompe , mais il
me semble que pour donner un sens convenable
à Augustorum Augustus , il ne
faut que sous-entendre le mot de Filius
ce qui voudra dire alors que Gratien Auguste
lui-même est fils de Peres Augustes.Les
noms de Parenté et d'alliance , comme
chacun
MERCURE DE FRANCE
chacun çait , sont assez souvent negli
gez sur les Médailles . Témoins ces exemples
ΚΑΙΣΑΡ . ΣΕΒΑΣΤΟΣ ΣΕΒΑΣΤΟΥ.
·
DOMITIA . AVGVSTA . IMP. DOMIT. CLEOPATRAE,
REGINAE REGVM FILIORVM REGVM.
où les noms de Fils, de Femme et de Mere
sont sous -entendus.
Ceci posé , il s'agit d'examiner ce qui
peut avoir engagé Gratien à prendre un
titre pareil. Ce Prince étoit fils d'un
Empereur , mais d'une famille nouvelle.
Son Grand- pere étoit un Soldat de fortune
qui s'étoit élevé par son mérite jusqu'à
commander les Armées d'Angleterre
, et avoit par ses emplois applani
à Valentinien son fils le chemin de l'Empire
, où il parvint après la mort de
Jovien. Quelque brillante que soit la
pourpre,Gratien en épousant Constantia ,
fille posthume de l'Empereur Constantius,
et la derniere de la maison de Constantin
sembloit encore en rehausser
l'éclat. La famille des Flaves étoit alors
ce qu'avoient été autrefois celles des Cesars
et des Antonins ; aimée , respectée ,
adorée même , le nom en étoit précieux,
aussi le premier soin de Jovien après
avoir été revêtu de la pourpre , fut de se
donner le nom de Flavius , pour persuader
en quelque maniere qu'il étoit de
?
cette
JANVIER 1734.
cette famille , à laquelle cependant il étoit
étranger ; son exemple fut suivi par Valentinien
son successeur ; et Gratien , રે
leur exemple , se trouve avec le même
nom dans quelques Inscriptions qu'on
peut voir dans les Mélanges de Spon . Les
Empereurs suivans encherirent encore
sur cet usage , en ajoutant à leur nom
celui de Constantin . D. N. HERACLIO.
CONST.
Gratien par son mariage justifioit le
nom de Flavius qu'il avoit pris ; il lui
devenoit propre ; et son alliance l'attachant
à tout ce que Rome reconnoissoit
alors de plus grand , il étoit naturel de
publier ces avantages. Pouvoit- il donc le
faire d'une maniere plus noble, plus juste,
er en même temps plus convenable au
Monument que nous examinons , qu'en
s'appellant par une espece d'antonomase
Fils des Augustes. Cette façon indeterminée
de s'exprimer avoit encore cela de
propre , qu'elle sembloit égaler la famille
de Gratien à celle de Constantin , et en
confondre , pour ainsi dire , la Noblesse
AVGG. AVG .
C'est donc à ce Mariage de Gratien
avec Constantia qu'il faut fixer l'époque
de la Médaille , l'an 375. de J. C. immédiatement
après la mort de Valentinien
B avant
MERCURE DE FRANCE.
avant que Gratien eut consenti à parta
ger l'Empire avec son Frere , et long
temps avant qu'il songeât à Théodose .
Dans cette Hypothese , il est aisé de
donner l'explication des revers qu'on
trouve aux Medailles de Gratien où il est
appellé AVGG. AVG. Ce Prince , quoique
déja Auguste , commence un nouveau
Regne à la mort de son Pere ; ce nouveau
Kegne reçoit un éclat considerable par
l'alliance que l'Empereur vient de contracter
, GLORIA. NOVI . SAECVLI . la gloire
en rejaillit sur les peuples , charmez de
voir , pour ainsi dire , renaître la famille
de Constantin, et les commander GLORIA
ROMANORVM. Rien n'assure davantage la
tranquillité des Etats , que les Enfans qui
naissent à ceux qui les gouvernent ; on
en espere de la nouvelle Imperatrice
SECVRITAS REIPVBLICAE. Enfin la Ville
de Rome comme la Capitale de l'Empire,
congratule son Empereur sur cet évenement
, VRBS ROMA.
On me demandera peut -être pourquoi
Gratien ne s'appella pas toujours Augustorum
Augustus , je réponds que ce titre
une fois connu devenoit inutile dans la
suite. Outre que Gratien ayant peu de
temps après consenti à recevoir pour
Collégué son jeune Frere , il ne devoit
plus
JANVIER . 1734. 17
plus y avoir de différence dans les titres
de ces deux Augustes , qui devant être
égaux , ne pouvoient en prendre aucun
de distingué, quelque légitime qu'il fut,
qui ne devint en quelque façon injurieux
à l'autre.
A Orleans , ce 30.
Avril 1733 .
surlesquelles il estnommé AVGG AVG.
Out le monde sçait les differentes
Texplications que les Antiquaires
ont données aux Médailles de Gratien
qui ont pour Legende du côté de la tête
D. N GRATIANVS AVGG AVG. aussi sans
vouloir les repeter ici , je me contenterai
de dire que ceux qui ont expliqué les
Lettres AVGG AVG. qui su vent le nom du
Prince , par AVGVSTORVM AVGVSTVS.
me paroissent avoir donné dans la verible
leçon .
En effet cette explication se presente
d'elle- même la premiere à l'esprit , par
la
MERCURE DE FRANCE
la conformité qu'elle a avec l'usage constant
des Antiquaires , qui ont toujours
rendu l'AVGG des monumens anciens par
le plurier du mot AVGVSTVS . quand les
deux GG sont suivis , ainsi qu'ils le sont
dans les Médailles de Gratien ; car ceux
qui les ont crû separez se sont trompeż,
et ont pris pour des points certaines petites
queües , ou cedilles attachées à ces G
en cette maniere Ç . c'est ainsi du moins
qu'ils sont formez sur la Médaille de
Gratien que j'ai parmi les miennes .
1
Ces & à queue, pour le dire en passant,
ne sont pas rares sur les Monumens anciens
, on les y rencontre dans tous les
temps. J'ai une Médaille d'argent d'Auguste
, avec le Capricorne au revers où
le & du mot AVGVSTVS qui en fait la Légende
est de cette façon ; et l'on en voit
un pareil sur un poids du temps d'Honorius
qui étoit à M. Foucault , * enfin
ils sont ordinaires sur les Monnoyes Gottiques
, si l'on s'en rapporte à l'Alphabet
que Bouteroüe nous a donné dans ses
Recherches curieuses des Monnoyes de France.
Mais en approuvant qu'on lise sur la
Médaille de Gratien , Augustorum Augustus
, je ne sçaurois être du sentiment de
L'Antiquité du P. Montfaucon. Planche XIV.
du Tome III.
ceux
JANVIER 1734. 7
ceux qui expliquent ces termes par Augus
te qui domine sur d'autres Augustes , cela par
rapport à Valentinien le jeune et à
Théodose , dont Gratien avoit genereusement
consenti à recevoir le premier
pour Collegue et s'étoit associé le second.
Ce n'est pas qu'on ne rencontre assez
souvent des dénominations semblables.
prises dans le sens qu'on donne à celle
que j'examine ici ; et sans en chercher des
preuves ailleurs que dans les Médailles ,
quelques Rois des Parthes , d'Armenie
et du Bosphore sont appellez sur leurs
Médailles , Rois des Rois . BAZIA ENE
و
ΒΑΣΙΛΕΩΝ . ΑΡΣΑΚΟΥ . ΤΙΓΡΑΝΟΥΣ ,
APNAKOY . Mais ces titres fastueux , en
longtems avant eux et qui subsistent enusage
core aujourd'hui parmi les Rois de
l'Orient, ne conviennent gueres à un Prince
sage et modeste , tel
l'Histoire
que
nous represente Gratien ; aussi de toutes
les Explications de la Médaille de ce
Prince , celle - ci a été la moins suivie.
Je ne sçai si je me trompe , mais il
me semble que pour donner un sens convenable
à Augustorum Augustus , il ne
faut que sous-entendre le mot de Filius
ce qui voudra dire alors que Gratien Auguste
lui-même est fils de Peres Augustes.Les
noms de Parenté et d'alliance , comme
chacun
MERCURE DE FRANCE
chacun çait , sont assez souvent negli
gez sur les Médailles . Témoins ces exemples
ΚΑΙΣΑΡ . ΣΕΒΑΣΤΟΣ ΣΕΒΑΣΤΟΥ.
·
DOMITIA . AVGVSTA . IMP. DOMIT. CLEOPATRAE,
REGINAE REGVM FILIORVM REGVM.
où les noms de Fils, de Femme et de Mere
sont sous -entendus.
Ceci posé , il s'agit d'examiner ce qui
peut avoir engagé Gratien à prendre un
titre pareil. Ce Prince étoit fils d'un
Empereur , mais d'une famille nouvelle.
Son Grand- pere étoit un Soldat de fortune
qui s'étoit élevé par son mérite jusqu'à
commander les Armées d'Angleterre
, et avoit par ses emplois applani
à Valentinien son fils le chemin de l'Empire
, où il parvint après la mort de
Jovien. Quelque brillante que soit la
pourpre,Gratien en épousant Constantia ,
fille posthume de l'Empereur Constantius,
et la derniere de la maison de Constantin
sembloit encore en rehausser
l'éclat. La famille des Flaves étoit alors
ce qu'avoient été autrefois celles des Cesars
et des Antonins ; aimée , respectée ,
adorée même , le nom en étoit précieux,
aussi le premier soin de Jovien après
avoir été revêtu de la pourpre , fut de se
donner le nom de Flavius , pour persuader
en quelque maniere qu'il étoit de
?
cette
JANVIER 1734.
cette famille , à laquelle cependant il étoit
étranger ; son exemple fut suivi par Valentinien
son successeur ; et Gratien , રે
leur exemple , se trouve avec le même
nom dans quelques Inscriptions qu'on
peut voir dans les Mélanges de Spon . Les
Empereurs suivans encherirent encore
sur cet usage , en ajoutant à leur nom
celui de Constantin . D. N. HERACLIO.
CONST.
Gratien par son mariage justifioit le
nom de Flavius qu'il avoit pris ; il lui
devenoit propre ; et son alliance l'attachant
à tout ce que Rome reconnoissoit
alors de plus grand , il étoit naturel de
publier ces avantages. Pouvoit- il donc le
faire d'une maniere plus noble, plus juste,
er en même temps plus convenable au
Monument que nous examinons , qu'en
s'appellant par une espece d'antonomase
Fils des Augustes. Cette façon indeterminée
de s'exprimer avoit encore cela de
propre , qu'elle sembloit égaler la famille
de Gratien à celle de Constantin , et en
confondre , pour ainsi dire , la Noblesse
AVGG. AVG .
C'est donc à ce Mariage de Gratien
avec Constantia qu'il faut fixer l'époque
de la Médaille , l'an 375. de J. C. immédiatement
après la mort de Valentinien
B avant
MERCURE DE FRANCE.
avant que Gratien eut consenti à parta
ger l'Empire avec son Frere , et long
temps avant qu'il songeât à Théodose .
Dans cette Hypothese , il est aisé de
donner l'explication des revers qu'on
trouve aux Medailles de Gratien où il est
appellé AVGG. AVG. Ce Prince , quoique
déja Auguste , commence un nouveau
Regne à la mort de son Pere ; ce nouveau
Kegne reçoit un éclat considerable par
l'alliance que l'Empereur vient de contracter
, GLORIA. NOVI . SAECVLI . la gloire
en rejaillit sur les peuples , charmez de
voir , pour ainsi dire , renaître la famille
de Constantin, et les commander GLORIA
ROMANORVM. Rien n'assure davantage la
tranquillité des Etats , que les Enfans qui
naissent à ceux qui les gouvernent ; on
en espere de la nouvelle Imperatrice
SECVRITAS REIPVBLICAE. Enfin la Ville
de Rome comme la Capitale de l'Empire,
congratule son Empereur sur cet évenement
, VRBS ROMA.
On me demandera peut -être pourquoi
Gratien ne s'appella pas toujours Augustorum
Augustus , je réponds que ce titre
une fois connu devenoit inutile dans la
suite. Outre que Gratien ayant peu de
temps après consenti à recevoir pour
Collégué son jeune Frere , il ne devoit
plus
JANVIER . 1734. 17
plus y avoir de différence dans les titres
de ces deux Augustes , qui devant être
égaux , ne pouvoient en prendre aucun
de distingué, quelque légitime qu'il fut,
qui ne devint en quelque façon injurieux
à l'autre.
A Orleans , ce 30.
Avril 1733 .
Fermer
Résumé : MEDAILLES de l'Empereur Gratien, sur lesquelles il est nommé AVGG AVG.
Le texte examine les médailles de l'empereur Gratien, sur lesquelles il est désigné par la légende AVGG AVG. L'auteur explore diverses interprétations proposées par les antiquaires et conclut que la meilleure explication est 'Augustorum Augustus', signifiant 'Auguste des Augustes'. Cette interprétation est soutenue par l'usage constant des antiquaires de rendre AVGG par le pluriel du mot AVGVSTVS. Certaines interprétations erronées considèrent les lettres GG comme des points ou des cedilles, mais l'auteur fournit des exemples de médailles anciennes où ces caractères sont présents. Il rejette l'idée que Gratien se proclame dominant sur d'autres Augustes, comme Valentinien le Jeune et Théodose, car cela ne correspond pas à son caractère modeste. L'auteur propose que 'Augustorum Augustus' signifie que Gratien est le fils d'Augustes, soulignant que les noms de parenté sont souvent sous-entendus sur les médailles. Il explique que Gratien, issu d'une famille nouvelle, a épousé Constantia, fille de Constantin, ce qui a rehaussé son éclat. La famille des Flaves, à laquelle Gratien appartenait par mariage, était respectée et adorée. L'époque de la médaille est fixée à l'année 375, juste après la mort de Valentinien et avant que Gratien ne partage l'Empire avec son frère. Les revers des médailles de Gratien, où il est appelé AVGG AVG, marquent le début d'un nouveau règne caractérisé par l'alliance avec Constantia, apportant gloire et sécurité à l'Empire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
29
p. 20-24
LE MANTEAU BLEU De M. Ferré de Fougéres, Brigadier dans les Fermes Générales, au Croisic. ETRENNES. Par Mlle de Malcrais de la Vigne, aux Auteurs qui l'ont célébrée dans leurs Ouvrages. EPITRE.
Début :
Auteurs, dont le témoignage [...]
Mots clefs :
Fils, Manteau bleu, Noé, M. Ferré
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE MANTEAU BLEU De M. Ferré de Fougéres, Brigadier dans les Fermes Générales, au Croisic. ETRENNES. Par Mlle de Malcrais de la Vigne, aux Auteurs qui l'ont célébrée dans leurs Ouvrages. EPITRE.
LE MANTEAU BLEU
De M. Ferré de Fougères , Brigadier dans
les Fermes Générales , au Croisic.
ETRENNES.
Par Mlle de Malcrais de la Vigne , aux
Auteurs qui l'ont célébrée dans
leurs Ouvrages.
A
EP ITR E.
Utturs , dont le témoignage
Qui vole en cent lieux divers
Honore mes foibles Vers
De plus d'un brillant suffrage ,
Parlâtes vous franchement 3
Où fut-ce la politesse ,
Qui déduisit seulement
La fleurette enchanteresse' ,
Sur le ton du compliment e
Je ne suis point assez dupe ,
Pour tout croire bonnement ;
C'estde tout temps qu'à la jupe¿
Le
JANVIER . 1734. 23
Le Chapeau souple et matois ,
A fait un accueil courtois.
Un homme fut- il plus sage ,
Que Socrate , docte Grec ,
Que cet autre personnage , ( « )
Qui préferoit au potage ,
1
D'un Roy , dont au seul aspect , ( b )
L'Univers fut sans langage , ( c )
De l'eau claire et du pain sec .
Que David , son fils avec ,
Au beau sexe il est d'usage ,
Qu'il fasse Salamalec ,
Fut-il plus fort de corsage ,
Que Samson qui par respect ,
Pour un aimable visage
Laissa couper son plumage ,
Dont il reçut rudè échec ,
Puis son robuste courage , ( d )
Croissant sous son caudebec ,
Fit s'écrouler dans la cave ,
Sur gens assemblés illec ,
Le Lambris et l'Architrave ,
Tandis que dans leur Conclave ,
( a ) Diogéne.
(b ) Alexandre.
(c)Siluit terra in conspectu ejus . Machab.1.3 .
(d ) Jamque capilli ejus renasci caperent Judic.
eap. 16.
Bil
22 MERCURE DE FRANCE
Buvant au Fils de Lamech , ( » )
Ces gros nez de Béterave
Faisoient couler par leur bec ,
Vin meilleur que vin de Grave.
Oui , fut- il encor plus grave ,
Que deffunt Melchisedech ,
Plus orgueilleux et plus brave ,
Que n'étoit Abimelech ,
Dont en l'Antique Légende
Vous avez lû le Méchef;
Autrement qu'il appréhende ,
Que tout ainsi qu'à ce chef,
L'éclat d'une Meule grande , (b )
Ne lui tombe sur le chef.
Quant à moi , bien -fort je doute
De votre sincérité ,
Vos Vers sont comme un pâté
Que dore une belle Croute.
N'importe, je vous sçais gré
D'un badinage madré..
J'en rends graces à vos veines,
Et
vous donne pour Etrennes ,
Le Manteau bleu de Ferré ,
Que ma Muse folichonne
( a ) Noé fils de Lamech.
·
( b ) Et ecce una mulier fragmen mola desuper
jaciens illisit capiti Abimelech et confregit cerebrum
jus. Judic. ch. 9. V. Sza
Qui
JANVIER 1734. 23
Qui sur plus d'un ton fredonne ,
.
A plaisamment célébré .
Recevez- vous avec joïe ,
Le don que je vous envoïc ?
Nous voilà , me direz- vous ,
Payez en belle monnoye ;
J'en conviens , mais entre- nous
Vous sçavez que vos loüanges ,
Leurs sons fussent -ils plus doux ,
Que les doux concerts des Anges ,
Ne sont point argent comptant ;
Tant en ce siécle pesant ,
Les sentimens sont étranges.
Au surplus , de ce Manteau ,
Dont la forme est singuliere
Le fameux propriétaire ,
Le trouve cent fois plus beau ,
Que s'il étoit d'écarlate ;
D'or et d'argent tout chargé ;
Et croit qu'en Astre changé ,
Un jour , sans citer la date ,
Il reluira dans les Cieux ;
"
>
Non loin du moins il s'en flate );
(
Du Bavolet gracieux ,
De la Servante à Pilate ;
Astre un beau soir apperçu ,
Par un Sçavant d'Angleterre , *
*Voyez les Dissertations sur ce sujet , avec la
Don
24 MERCURE DE FRANCE:
Dont les
yeux ,
aidez du verre >
Ont tout le ciel parcouru ;
Mais que de l'Observatoire
,
Qui rend hommage à sa gloire ,
Aucun des Argus n'a vû.
De M. Ferré de Fougères , Brigadier dans
les Fermes Générales , au Croisic.
ETRENNES.
Par Mlle de Malcrais de la Vigne , aux
Auteurs qui l'ont célébrée dans
leurs Ouvrages.
A
EP ITR E.
Utturs , dont le témoignage
Qui vole en cent lieux divers
Honore mes foibles Vers
De plus d'un brillant suffrage ,
Parlâtes vous franchement 3
Où fut-ce la politesse ,
Qui déduisit seulement
La fleurette enchanteresse' ,
Sur le ton du compliment e
Je ne suis point assez dupe ,
Pour tout croire bonnement ;
C'estde tout temps qu'à la jupe¿
Le
JANVIER . 1734. 23
Le Chapeau souple et matois ,
A fait un accueil courtois.
Un homme fut- il plus sage ,
Que Socrate , docte Grec ,
Que cet autre personnage , ( « )
Qui préferoit au potage ,
1
D'un Roy , dont au seul aspect , ( b )
L'Univers fut sans langage , ( c )
De l'eau claire et du pain sec .
Que David , son fils avec ,
Au beau sexe il est d'usage ,
Qu'il fasse Salamalec ,
Fut-il plus fort de corsage ,
Que Samson qui par respect ,
Pour un aimable visage
Laissa couper son plumage ,
Dont il reçut rudè échec ,
Puis son robuste courage , ( d )
Croissant sous son caudebec ,
Fit s'écrouler dans la cave ,
Sur gens assemblés illec ,
Le Lambris et l'Architrave ,
Tandis que dans leur Conclave ,
( a ) Diogéne.
(b ) Alexandre.
(c)Siluit terra in conspectu ejus . Machab.1.3 .
(d ) Jamque capilli ejus renasci caperent Judic.
eap. 16.
Bil
22 MERCURE DE FRANCE
Buvant au Fils de Lamech , ( » )
Ces gros nez de Béterave
Faisoient couler par leur bec ,
Vin meilleur que vin de Grave.
Oui , fut- il encor plus grave ,
Que deffunt Melchisedech ,
Plus orgueilleux et plus brave ,
Que n'étoit Abimelech ,
Dont en l'Antique Légende
Vous avez lû le Méchef;
Autrement qu'il appréhende ,
Que tout ainsi qu'à ce chef,
L'éclat d'une Meule grande , (b )
Ne lui tombe sur le chef.
Quant à moi , bien -fort je doute
De votre sincérité ,
Vos Vers sont comme un pâté
Que dore une belle Croute.
N'importe, je vous sçais gré
D'un badinage madré..
J'en rends graces à vos veines,
Et
vous donne pour Etrennes ,
Le Manteau bleu de Ferré ,
Que ma Muse folichonne
( a ) Noé fils de Lamech.
·
( b ) Et ecce una mulier fragmen mola desuper
jaciens illisit capiti Abimelech et confregit cerebrum
jus. Judic. ch. 9. V. Sza
Qui
JANVIER 1734. 23
Qui sur plus d'un ton fredonne ,
.
A plaisamment célébré .
Recevez- vous avec joïe ,
Le don que je vous envoïc ?
Nous voilà , me direz- vous ,
Payez en belle monnoye ;
J'en conviens , mais entre- nous
Vous sçavez que vos loüanges ,
Leurs sons fussent -ils plus doux ,
Que les doux concerts des Anges ,
Ne sont point argent comptant ;
Tant en ce siécle pesant ,
Les sentimens sont étranges.
Au surplus , de ce Manteau ,
Dont la forme est singuliere
Le fameux propriétaire ,
Le trouve cent fois plus beau ,
Que s'il étoit d'écarlate ;
D'or et d'argent tout chargé ;
Et croit qu'en Astre changé ,
Un jour , sans citer la date ,
Il reluira dans les Cieux ;
"
>
Non loin du moins il s'en flate );
(
Du Bavolet gracieux ,
De la Servante à Pilate ;
Astre un beau soir apperçu ,
Par un Sçavant d'Angleterre , *
*Voyez les Dissertations sur ce sujet , avec la
Don
24 MERCURE DE FRANCE:
Dont les
yeux ,
aidez du verre >
Ont tout le ciel parcouru ;
Mais que de l'Observatoire
,
Qui rend hommage à sa gloire ,
Aucun des Argus n'a vû.
Fermer
Résumé : LE MANTEAU BLEU De M. Ferré de Fougéres, Brigadier dans les Fermes Générales, au Croisic. ETRENNES. Par Mlle de Malcrais de la Vigne, aux Auteurs qui l'ont célébrée dans leurs Ouvrages. EPITRE.
Le poème 'Le Manteau Bleu', publié dans le Mercure de France en janvier 1734, est un échange littéraire entre M. Ferré de Fougères et Mlle de Malcrais de la Vigne. Cette dernière remercie les auteurs qui l'ont célébrée dans leurs œuvres. Le poème commence par une réflexion sur la sincérité des compliments littéraires, comparant les louanges à un pâté doré. Mlle de Malcrais exprime son doute sur la sincérité des éloges mais apprécie le badinage. Elle offre en retour un manteau bleu, propriété de M. Ferré de Fougères, qu'elle décrit comme singulier et d'une beauté exceptionnelle. Le propriétaire du manteau le considère plus beau que s'il était d'écarlate, chargé d'or et d'argent, et croit qu'il pourrait un jour briller dans les cieux. Le texte fait également référence à des figures historiques et bibliques comme Socrate, Alexandre, Samson, Diogène, et Noé, ainsi qu'à des événements mythologiques et bibliques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
30
p. 351-365
LETTRE écrite de Brest, contenant l'Extrait d'une Tragédie Chinoise.
Début :
Un de mes amis revenu l'année passée de la Chine m'a fait voir une singularité [...]
Mots clefs :
Tragédie chinoise, Médecin, Orphelin, Fils, Tchao-Chi-cou, Mort, Chinois, Princesse, Enfant, Jeune, Tragédie, Histoire, Théâtre, Ministre, Action
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite de Brest, contenant l'Extrait d'une Tragédie Chinoise.
LETTRE écrite de Brest contenant
l'Extrait d'une Tragédie Chinoise.
Un de mes amis revenu l'année passée
de la Chine m'a fait voir une singula-
G vj
rité
352 MERCURE DE FRANCE
rité Littéraire que je me fais un plaisir de
vous annoncer. C'est la Traduction d'une
Tragédie Chinoise. L'Ouvrage en doit être
envoyé à Paris ; si l'idée generale que
vous en prendrez dans l'Extrait que je
vous envoye pique votre curiosité , il
vous sera facile de voir l'Ouvrage entier,
qui doit être remis à M.....
Le Traducteur avertit dans une Préface
que les Tragédies Chinoises ne sont
assujetties à aucune des Regles de nôtre
Théatre moderne , celle des trois unitez
y est absolument inconnue et une Tragédie
Chinoise est proprement une Histoire
mise en Dialogue , dont les différentes
parties sont autant de Scenes détachées
, entre lesquelles il n'y a d'autre
liaison que celle qu'ont entr'elles les diverses
actions particulieres qui forment
la suite de cette Histoire.
Le Lieu change le plus souvent d'une
Scene à l'autre , mais de même que l'Acteur
en se montrant la premiere fois à
soin de dire , je suis un tel , et je viens
telle chose ; de même aussi en
pour
changeant de lieu il a soin d'avertir qu'il
est en un tel endroit, et que c'est là mêine
que va se passer l'action.
> Il en est de même du tems lorsque
l'intervalle d'une Scene à l'autre est un
peu
FEVRIER. 1734. 353
peu considérable,l'Acteur ne manque pas
de le dire et d'ajoûter que depuis un tel
Evenement il s'est écoulé tant de tems .
,
Vous voyez par-là , Monsieur , que
ces Tragédies ont du moins le mérite de
la clarté et que le violement de nos
regles ne cause aucun embarras à l'imagination
des Spectateurs. Les Piéces
Espagnoles , Italiennes , Angloises et
même les Piéces Françoises du commencement
du dernier siécle n'étoient pas
plus régulieres que celle des Chinois ;
mais le violement de la Regle des unitez
, y jettoit une obscurité bien plus
grande,parce que le Spectateur ne sçavoit
jamais dans quel tems et dans quel lieu
il s'étoit transporté, qu'après avoir entendu
une partie de la Scene ; l'embarras
étoit peut être encore plus grand dans
quelques unes de nos Piéces où l'on
cache l'inobservation de l'unité de tems
et de l'unité de lieu au dépens de la vraisemblance
et de la bienséance , comme
dans Cinna.
Il ne paroît pas beaucoup d'art dans
la maniere dont s'annoncent les Personnages
Chinois dans la Piéce que j'ai lûë
mais je ne doute pas que d'autres Piéces
n'en montrent davantage . Si quelqu'un
des Missionnaires Européens vouloit faire
sur
354 MERCURE DE FRANCE
sur le Théatre Chinois , ce que le R. P.
Brumoi a fait sur le Theatre des Grecs ,
nous en donner une Histoire ou une
Notice , je ne doute pas que son Ouvrage
ne fut bien reçu ; et à juger des
Tragédies Chinoises par le caractere general
de cette Nation , et par le ton de
celle-ci , je suis persuadé que l'on y verroit
bien d'autres exemples de vertu et de
courage, que dans les Tragédies Grecques
où la véritable vertu est presque inconnuë
; ou le courage est une passion et
une passion turbulente qui offusque la
raison et bannit la tranquillité de l'Ame ;
où l'orgueil et l'amour de la gloire bien
plus que l'attachement au devoir sont la
Source des grandes actions et où les
crimes ne se punissent presque jamais
que par d'autres crimes .
La Déclamation Chinoise , à ce que
nous apprend le Traducteur , est souvent
entremêlée de chant. Le même Personnage
interrompant sa Déclamation
par quelques paroles chantées, et plaçant
de même au milieu d'une suite de paroles
chantées , quelques paroles simplement
déclamées. Il faudroir avoir les
oreilles bien faites à l'harmonie de la
prononciation Chinoise pour juger de
l'effet que doit produire ce mélange. Il ,
n'est
FEVRIER 1734 359
n'est pas peut être plus ridicule que cette
Déclamation empoulée , ou ce Chant
Tragique , dont les grands Acteurs que
* nous avons perdu depuis peu , ont tenté
inutilement de délivrer nôtre Theatre.
A juger de la Déclamation Chinoise
par l'idée que les Relations nous donnent
de leur prononciation , elle doit être
pour le Chant , ce que le Récitatif de
nos Opéra est pour les grands Airs . La
comparaison est d'autant plus juste que
c'est principalement pour exprimer quetque
sentiment plus vifou quelque mouvement
plus animé que les Acteurs
Chinois ont recours au Chant.
Après ce Préambule je viens à la Tragédie
même qui y a donné occasion . Elle
est intitulée l'Orphelin de sa Maison
THEAO , et il s'agit des Avantures de
cet Enfant depuis sa naissance jusqu'à-ce
qu'il eût vangé ses Parens . Ainsi l'Action
de la Piéce dure environ 20 ans.
Sous le Regne de Cing Cong , Empe.
reur de la Dynastie des Tsine , Tou ngan
Con , Ministre de la Guerre et Theao
Tune , Ministre de la Justice et des Finances
partageoient entr'eux deux le
Gouvernement. Tou ngan Cou , jaloux
du crédit de son Rival , après avoir tenté
différentes voyes pour le faire périr, vint
enfin
356 MERCURE DE FRAN CE
enfin à bout de le rendre suspect à l'Empereur.
Ce Prince persuadé des crimes de
Tehao Tune qui avoit pris la fuite , signa
un ordre pour faire mourir la famille
et les Domestiques de ce Ministre au
nombre de trois cent personnes . Tehaoso ,
Fils du Ministre disgracié , er gendre de
l'Empereur , fut le seul épargné en considération
de son alliance avec la famille
Royale ; Tou ngan Cou , croyant sa vengeance
imparfaite tant qu'il resteroit
quelqu'un de cette Maison , supposa un
ordre de l'Empereur à Tehaoso de se
donner la mort, et le lui envoya porter
avec le fer , le poison et le cordeau , lui
laissant le choix de son supplice. Cette
espece d'Argument de la Pièce est dans
un long Monologue par lequel Ngan
Cou ouvre le Theatre.
Dans la Scene suivante Tehaoso paroît
avec son Epouse , et comme il est per--
suadé qu'on ne l'épargnera pas encore
longtems , il lui donne par avance ses
derniers ordres ; lui recommande le fruit
dont elle est enceinte et veut , qu'il soit
nommé l'Orphelin de Tehao, au cas que
cc soit un Garçon , et qu'il soit élevé
pour être le vengeur de sa famille . Dans
ce moment on apporte l'ordre de l'Empereur
; Tehaoso le reçoit à genoux ,
choiFEVRIER.
1734. 357
choisit le poignard et se frappe après
avoir renouvellé ses derniers ordres .
La Princesse est enfermée dans son Palais
pour être gardée exactement jusqu'à
ses couches . L'introduction au Prologue
nommé Sié tscè , finit - là . Il y a ensuite
cinq Sections ou divisions tchè , que l'on
peut nommer Actes à nôtre maniere.
On apprend dans la premiere partie à
Tougnen Cou , que la Princesse femme
de Tehaoso , est accouchée d'un fils et
qu'elle l'a nommé l'Orphelin de Tehao .
La haine de Ngan Cou , s'irrite à cette
nouvelle ; il jure la mort de cet Enfant ,
et donne des ordres pour redoubler la
garde du Palais de cette Princesse.
Dans la Scene suivante cette Princesse
paroît avec son fils dans ses bras ; elle
déplore ses propres malheurs , ceux de
toute sa Maison : la mort cruelle de son
Mari, le péril auquel son fils est exposé ,
dit qu'elle a envoyé chercher le Médecin
Tehing ing, le seul des 300 Domestiques
de la Maison de son Beau- pere , qui ait
échapé au carnage ; qu'elle connoît sa
vertu , son courage , son affection pour
la Maison Tehao et qu'il est le seul qui
puisse sauver les restes infortunez de
cette Maison.
Tehing ing , arrive dans l'équipage
d'un
358 MERCURE DE FRANCE :
d'un Médecin Chinois , portant avec lui
sa Cassette aux Remedes pendue à son
col . La Princesse lui propose d'emporter
le jeune Tehao , et de se charger du soin
de le cacher. Tehing ing représente à la
Princesse les difficultez et le péril d'une
telle entreprise elle se jette à ses pieds;
Tehing ing la releve , lui proteste qu'il
est prêt à tout entreprendre pour elle ;
mais continue- t-il , si je sauve mon
jeune Maître , comment poutrez - vous
cacher cette action au Tyran ? il vous
arrachera ce secret ; nous périrons moi
et ma famille , et nous périrons sans
sauver vôtre Fils. Tehing ing , dir la
Princesse , ne craignez rien de ma foiblesse
; partez avec mon fils ; son pere
est mort sous le Couteau , c'en est fait,
sa Mere va rejoindre son Epoux , elle va
mourir. En achevant ces mots ; la Prin
cesse qui a détaché sa ceinture , la passe
dans son col et s'étrangle .
Tehing-ing pénétré d'un Spectacle si
touchant prend l'Enfant et le cache
dans son coffre , le couvre de quelques
hardes et l'emporte. Il est arrêté par
Han Koné , Mandarin d'Armes qui garde
les portes du Palais par ordre de Toungan
Cou. Han Koué doit le commencement
de sa fortune à Tebao tune , et
comme
FEVRIER. 1734- 359
, comme il aime la vertu c'est à regret
qu'il obéït à Ngan Cou , dont il déteste
les crimes ; le Mandarin soupçonne bientôt
à l'air inquiet et embarassé du Médecin
, ce qu'il vient de faire , fait retirer
ses Soldats , ouvre le coffre , apperçoit
l'enfant , est attendri à sa vûë , promet
à Tehing de ne le point dénoncer
lui ordonne de l'emporter et de se retirer.
Le Médecin sort et revient se jetter
aux pieds de Han Koué comme s'il eût
craint que tout cela ne fut un piége qu'on
lui tendit ; cette manoeuvre se répete
plusieurs fois Han Koué , reproche à
Tehing ing cette méfiance , si tu n'as pas
le courage d'exposer ta vie , lui dit- il ,
pourquoi t'es- tu engagé dans cette entreprise
? rassures- toi , ajoute-t-il , tų
n'auras rien à craindre de ma part , en
disant ces mots , Han Koué se frappe de
son poignard et tombe mort. Tehing emporte
l'Enfant , et sort en nommant le
lieu qu'il a choisi pour sa retraite.
Vous serez sans doute un peu blessé
Monsieur , de la brusque résolution que
le pauvre Han Koué prend assez legerement
de sortir de la vie pour ôter toute
inquiétude au Médecin ; c'est même- là
une répetition de ce qu'a fait la Princesse.
Il est vrai que ces deux Personnages auroient
360 MERCURE DE FRANCE
roient embarassé dans la suite de la Piéce,
mais la façon de s'en défaire me semble
un peu singuliere apparemment que
. les Chinois, malgré le peu d'opinion que
nous avons de leur bravoure , ne regardent
pas la mort avec crainte et qu'ils
croyent au moins spéculativement qu'il
n'est pas nécessaire d'avoir des raisons
bien fortes pour se la donner. Leur
Histoire confirme cette opinion
crois d'ailleurs que l'on peut juger du
caractere et des opinions d'une Nation
du moins jusqu'à un certain point , par
ses Piéces de Theatre.
و etje
Dans la Division suivante , on apprend
à Tou- ngan Cou , ce qui vient d'arriver ;
il est saisi de fureur et il forme le dessein
de
supposer un nouvel Ordre du Roy
pour se faire apporter tous les Enfans
âgez de six mois , résolu de les poignar
der tous, pour envelopper dans le Massacre
general l'Orphelin de Tehao. Je passe
Monsieur le détail des Scenes difficiles
à abréger et qui ne servent à rien pour
arriver à la quatrième Scene de cette
Section .
Le Médecin Tehing qui a pris la résolution
d'aller chercher un azile pour le
jeune Tehao auprès de Kong Lun , ancien
Ministre, ennemi de Tou -ngan Kou
et
1
FEVRIER 1734. 361
et ami de Tehao - tune , retiré à la Campagne.
Il arrive chez ce vicillard , lui découvre
son secret , et lui remet entre les mains
l'Orphelin de Tehao , et lui apprend la
Loy portée contre tous les Enfans du
Royaume , après quoi il lui déclare qu'il
est résolu de reconnoître les obligations.
qu'il a à ceux de la maison de Theao
et de sauver les jours de tous ces infortunez
condamnez à la mort par l'Arrêt
de Ngan- Kou. J'ai un Fils du même âge
que le jeune Prince , ajoute- t- il , je vais
emporter chez moi ses vêtemens , j'en
couvrirai mon Fils , vous irez me dénoncer
au Tyran comme le dépositaire et
le gardien de l'Orphelin de Tehao ;
j'avouerai touts on prendra mon Fils
pour cet Orphelin , nous mourrons lui
et moi et vous éleverez ce cher Enfant
que je vous confie ; vous l'instruirez de
son sort , et vous l'aiderez à venger
mort de ses Parens .
la
Cong - Lun répond à cela en demandant
à ce Médecin quel âge il a , et il répond
qu'il a 45 ans . Vous avez 45 ans , dit
Cong- Lun ? Il faut attendre au moins
20 ans avant que cet Enfant puisse connoître
son sort et venger sa famille , vous
aurez alors 65 ans , moi j'en aurai alors"
3.
90,
352 MERCURE DE FRANCE
90 , et quand même je pourrois vivre
jusques- là , de quel secours lui serois - je ?
Croyez moi , portez chez vous ce jeune
Orphelin , mettez- le à la place de vôtre
fils ? et puisque vous voulez bien sacrifier
ce ls , apportez - le ici , et m'allez
accuser au Tyran ? il viendra me chercher
, nous périrons vôtre fils et moi
mais vous sauverez l'Orphelin ; allez ?
ce projet est plus sage que le vôtre.
Le Médecin ne se rend qu'après avoir
employé les discours les plus pressans
pour détourner Cong Lun de son dessein ,
et l'on voit que c'est à regret qu'il consent
à sauver ses jours aux dépens de
ceux de ce Vieillard . Une chose qui mérite
d'être remarquée dans cette Scene
c'est la tranquillité avec laquelle ces deux
Hommes déliberent sur le choix de celui
qui doit s'immoler ; l'utilité dont ils
peuvent être à l'Orphelin de Theao , est
la seule chose qu'ils ayent en vûë. Je ne
crois pas que l'imagination puisse aller
au delà, pour donner une idée de l'extrê
me fermeté et de l'extrême courage .
Dans la troisiéme Division le Médecin
va dénoncer Cong- Lun à Tou ngan Cou ;
celui - ci paroît douter de la verité de la
dénonciation , et lui demande les motifs
' qui l'ont porté à la faire. Le Méd.cin
réFEVRIER.
1734. 363
répond que c'est pour sauver les jours
de son propre Fils et ceux de tous les
Enfans condamnez à périr. Ngan Cou le
conduit avec lui chez Cong- Lun. On interroge
celui - ci , on lui confronte le Dénonciateur
, et je ne sçai sur quel fondement
Ngan Cou soupçonnant la bonne
foi du Médecin , et croyant qu'il y a
quelque intelligence entre lui et Cong-
Lun , oblige ce Médecin de lui donner
la Bastonnade ; cette Scene qui ne seroit
guere de notre gout , m'a paru au fond
assez mal imaginée. L'Auteur Chinois a
crû , sans doute , rendre la situation de
Cong Lun plus interessante ; mais il n'a
pas pensé qu'en voulant outrer le Grand,
on tombe dans le Gigantesque , lequel est
toujours voisin du Puerile .
CetteScene est interrompue par l'arrivée
d'un Soldat qui apporte le fils du Médecin
, qu'on prend pour l'Orphelin de
Tehao. Ngan Cou à cette vûë s'abandonne
à la joye et poignarde cette Enfant
aux yeux du Médecin et de Cong - Lun .
Celui- ci après lui avoir reproché tous ses
crimes et déploré la mort du prétendu
Orphelin se précipite du haut d'une Terrasse
et se tuë.
Ngan Cou prend chez lui le Médecin
avec le véritable Orphelin de Tehao,
qu'il
364 MERCURE DE FRANCE
qu'il croit son Fils , et déclare qu'il veut
le combler de biens , et même adopter
le Fils , parce qu'il n'a plus d'espérance
d'en avoir. C'est-là où finit la troisiéme
Section.
L'intervalle de la troisième à la quatriéme
Section , est supposé de 20 ans
entiers , comme ledit Ngan Cou , dans
la Scene qui commence cette Section .
Ce Ministre déclare que prêt à s'emparer
du Trône et à faire périr le Roy , il
va associer ce jeune Homme à son entreprise
.
Dans la Scene suivante le Médecin Tehing
, paroît un Rouleau à la main , sur
lequel il a fait dépeindre son Histoire
et celle de l'Orphelin . Il veut instruire
l'Orphelin de son sort ; mais pour s'assurer
de ses sentimens il est résolu d'essaïer
l'impression que fera sur lui la vuë de
ces Tableaux et le récit des Evénemens
qu'ils représentent. Cette idée m'a paru
ingenieuse , et malgré le défaut de la
repétition des choses déja connues , qui
se trouve dans la maniere dont cela est
exécuté , je vous avoie que cette Scene
m'a attaché à la Lecture , par la gradation
des sentimens qui s'excitent dans
l'ame du jeune homme , en écoutant une
Histoire à laquelle il croit n'avoir aucun
interêt. Cette
FEVRIER. 1734. 365
Cette Scene occupe toute la quatriéme
Section. La cinquième contient le dénoüement
ou la maniere dont l'Orphe-
"lin de Tebao se découvre au Roy , qui
donne des ordres pour arrêter et punir
Tou- Ngan Cou. L'Action du Médecin est
la même dans cette Tragédie que celle
de Leontine dans celle d'Heraclide . Les
Chinois ont mis en cette Action ce que
Corneille a mis en récit.
Voilà , M. la singularité que je vous
avois promise , mandez - moi ce que vous
et vos amis penseront de cette Tragédie
Chinoise , et si le plaisir qu'elle m'a fait
n'a pas sa source dans la disposition qui
nous porte presque toujours à admirer
les choses extrémement éloignées de nous,
soit par la distance des tems
soit par
celle des lieux. Je suis & c.
l'Extrait d'une Tragédie Chinoise.
Un de mes amis revenu l'année passée
de la Chine m'a fait voir une singula-
G vj
rité
352 MERCURE DE FRANCE
rité Littéraire que je me fais un plaisir de
vous annoncer. C'est la Traduction d'une
Tragédie Chinoise. L'Ouvrage en doit être
envoyé à Paris ; si l'idée generale que
vous en prendrez dans l'Extrait que je
vous envoye pique votre curiosité , il
vous sera facile de voir l'Ouvrage entier,
qui doit être remis à M.....
Le Traducteur avertit dans une Préface
que les Tragédies Chinoises ne sont
assujetties à aucune des Regles de nôtre
Théatre moderne , celle des trois unitez
y est absolument inconnue et une Tragédie
Chinoise est proprement une Histoire
mise en Dialogue , dont les différentes
parties sont autant de Scenes détachées
, entre lesquelles il n'y a d'autre
liaison que celle qu'ont entr'elles les diverses
actions particulieres qui forment
la suite de cette Histoire.
Le Lieu change le plus souvent d'une
Scene à l'autre , mais de même que l'Acteur
en se montrant la premiere fois à
soin de dire , je suis un tel , et je viens
telle chose ; de même aussi en
pour
changeant de lieu il a soin d'avertir qu'il
est en un tel endroit, et que c'est là mêine
que va se passer l'action.
> Il en est de même du tems lorsque
l'intervalle d'une Scene à l'autre est un
peu
FEVRIER. 1734. 353
peu considérable,l'Acteur ne manque pas
de le dire et d'ajoûter que depuis un tel
Evenement il s'est écoulé tant de tems .
,
Vous voyez par-là , Monsieur , que
ces Tragédies ont du moins le mérite de
la clarté et que le violement de nos
regles ne cause aucun embarras à l'imagination
des Spectateurs. Les Piéces
Espagnoles , Italiennes , Angloises et
même les Piéces Françoises du commencement
du dernier siécle n'étoient pas
plus régulieres que celle des Chinois ;
mais le violement de la Regle des unitez
, y jettoit une obscurité bien plus
grande,parce que le Spectateur ne sçavoit
jamais dans quel tems et dans quel lieu
il s'étoit transporté, qu'après avoir entendu
une partie de la Scene ; l'embarras
étoit peut être encore plus grand dans
quelques unes de nos Piéces où l'on
cache l'inobservation de l'unité de tems
et de l'unité de lieu au dépens de la vraisemblance
et de la bienséance , comme
dans Cinna.
Il ne paroît pas beaucoup d'art dans
la maniere dont s'annoncent les Personnages
Chinois dans la Piéce que j'ai lûë
mais je ne doute pas que d'autres Piéces
n'en montrent davantage . Si quelqu'un
des Missionnaires Européens vouloit faire
sur
354 MERCURE DE FRANCE
sur le Théatre Chinois , ce que le R. P.
Brumoi a fait sur le Theatre des Grecs ,
nous en donner une Histoire ou une
Notice , je ne doute pas que son Ouvrage
ne fut bien reçu ; et à juger des
Tragédies Chinoises par le caractere general
de cette Nation , et par le ton de
celle-ci , je suis persuadé que l'on y verroit
bien d'autres exemples de vertu et de
courage, que dans les Tragédies Grecques
où la véritable vertu est presque inconnuë
; ou le courage est une passion et
une passion turbulente qui offusque la
raison et bannit la tranquillité de l'Ame ;
où l'orgueil et l'amour de la gloire bien
plus que l'attachement au devoir sont la
Source des grandes actions et où les
crimes ne se punissent presque jamais
que par d'autres crimes .
La Déclamation Chinoise , à ce que
nous apprend le Traducteur , est souvent
entremêlée de chant. Le même Personnage
interrompant sa Déclamation
par quelques paroles chantées, et plaçant
de même au milieu d'une suite de paroles
chantées , quelques paroles simplement
déclamées. Il faudroir avoir les
oreilles bien faites à l'harmonie de la
prononciation Chinoise pour juger de
l'effet que doit produire ce mélange. Il ,
n'est
FEVRIER 1734 359
n'est pas peut être plus ridicule que cette
Déclamation empoulée , ou ce Chant
Tragique , dont les grands Acteurs que
* nous avons perdu depuis peu , ont tenté
inutilement de délivrer nôtre Theatre.
A juger de la Déclamation Chinoise
par l'idée que les Relations nous donnent
de leur prononciation , elle doit être
pour le Chant , ce que le Récitatif de
nos Opéra est pour les grands Airs . La
comparaison est d'autant plus juste que
c'est principalement pour exprimer quetque
sentiment plus vifou quelque mouvement
plus animé que les Acteurs
Chinois ont recours au Chant.
Après ce Préambule je viens à la Tragédie
même qui y a donné occasion . Elle
est intitulée l'Orphelin de sa Maison
THEAO , et il s'agit des Avantures de
cet Enfant depuis sa naissance jusqu'à-ce
qu'il eût vangé ses Parens . Ainsi l'Action
de la Piéce dure environ 20 ans.
Sous le Regne de Cing Cong , Empe.
reur de la Dynastie des Tsine , Tou ngan
Con , Ministre de la Guerre et Theao
Tune , Ministre de la Justice et des Finances
partageoient entr'eux deux le
Gouvernement. Tou ngan Cou , jaloux
du crédit de son Rival , après avoir tenté
différentes voyes pour le faire périr, vint
enfin
356 MERCURE DE FRAN CE
enfin à bout de le rendre suspect à l'Empereur.
Ce Prince persuadé des crimes de
Tehao Tune qui avoit pris la fuite , signa
un ordre pour faire mourir la famille
et les Domestiques de ce Ministre au
nombre de trois cent personnes . Tehaoso ,
Fils du Ministre disgracié , er gendre de
l'Empereur , fut le seul épargné en considération
de son alliance avec la famille
Royale ; Tou ngan Cou , croyant sa vengeance
imparfaite tant qu'il resteroit
quelqu'un de cette Maison , supposa un
ordre de l'Empereur à Tehaoso de se
donner la mort, et le lui envoya porter
avec le fer , le poison et le cordeau , lui
laissant le choix de son supplice. Cette
espece d'Argument de la Pièce est dans
un long Monologue par lequel Ngan
Cou ouvre le Theatre.
Dans la Scene suivante Tehaoso paroît
avec son Epouse , et comme il est per--
suadé qu'on ne l'épargnera pas encore
longtems , il lui donne par avance ses
derniers ordres ; lui recommande le fruit
dont elle est enceinte et veut , qu'il soit
nommé l'Orphelin de Tehao, au cas que
cc soit un Garçon , et qu'il soit élevé
pour être le vengeur de sa famille . Dans
ce moment on apporte l'ordre de l'Empereur
; Tehaoso le reçoit à genoux ,
choiFEVRIER.
1734. 357
choisit le poignard et se frappe après
avoir renouvellé ses derniers ordres .
La Princesse est enfermée dans son Palais
pour être gardée exactement jusqu'à
ses couches . L'introduction au Prologue
nommé Sié tscè , finit - là . Il y a ensuite
cinq Sections ou divisions tchè , que l'on
peut nommer Actes à nôtre maniere.
On apprend dans la premiere partie à
Tougnen Cou , que la Princesse femme
de Tehaoso , est accouchée d'un fils et
qu'elle l'a nommé l'Orphelin de Tehao .
La haine de Ngan Cou , s'irrite à cette
nouvelle ; il jure la mort de cet Enfant ,
et donne des ordres pour redoubler la
garde du Palais de cette Princesse.
Dans la Scene suivante cette Princesse
paroît avec son fils dans ses bras ; elle
déplore ses propres malheurs , ceux de
toute sa Maison : la mort cruelle de son
Mari, le péril auquel son fils est exposé ,
dit qu'elle a envoyé chercher le Médecin
Tehing ing, le seul des 300 Domestiques
de la Maison de son Beau- pere , qui ait
échapé au carnage ; qu'elle connoît sa
vertu , son courage , son affection pour
la Maison Tehao et qu'il est le seul qui
puisse sauver les restes infortunez de
cette Maison.
Tehing ing , arrive dans l'équipage
d'un
358 MERCURE DE FRANCE :
d'un Médecin Chinois , portant avec lui
sa Cassette aux Remedes pendue à son
col . La Princesse lui propose d'emporter
le jeune Tehao , et de se charger du soin
de le cacher. Tehing ing représente à la
Princesse les difficultez et le péril d'une
telle entreprise elle se jette à ses pieds;
Tehing ing la releve , lui proteste qu'il
est prêt à tout entreprendre pour elle ;
mais continue- t-il , si je sauve mon
jeune Maître , comment poutrez - vous
cacher cette action au Tyran ? il vous
arrachera ce secret ; nous périrons moi
et ma famille , et nous périrons sans
sauver vôtre Fils. Tehing ing , dir la
Princesse , ne craignez rien de ma foiblesse
; partez avec mon fils ; son pere
est mort sous le Couteau , c'en est fait,
sa Mere va rejoindre son Epoux , elle va
mourir. En achevant ces mots ; la Prin
cesse qui a détaché sa ceinture , la passe
dans son col et s'étrangle .
Tehing-ing pénétré d'un Spectacle si
touchant prend l'Enfant et le cache
dans son coffre , le couvre de quelques
hardes et l'emporte. Il est arrêté par
Han Koné , Mandarin d'Armes qui garde
les portes du Palais par ordre de Toungan
Cou. Han Koué doit le commencement
de sa fortune à Tebao tune , et
comme
FEVRIER. 1734- 359
, comme il aime la vertu c'est à regret
qu'il obéït à Ngan Cou , dont il déteste
les crimes ; le Mandarin soupçonne bientôt
à l'air inquiet et embarassé du Médecin
, ce qu'il vient de faire , fait retirer
ses Soldats , ouvre le coffre , apperçoit
l'enfant , est attendri à sa vûë , promet
à Tehing de ne le point dénoncer
lui ordonne de l'emporter et de se retirer.
Le Médecin sort et revient se jetter
aux pieds de Han Koué comme s'il eût
craint que tout cela ne fut un piége qu'on
lui tendit ; cette manoeuvre se répete
plusieurs fois Han Koué , reproche à
Tehing ing cette méfiance , si tu n'as pas
le courage d'exposer ta vie , lui dit- il ,
pourquoi t'es- tu engagé dans cette entreprise
? rassures- toi , ajoute-t-il , tų
n'auras rien à craindre de ma part , en
disant ces mots , Han Koué se frappe de
son poignard et tombe mort. Tehing emporte
l'Enfant , et sort en nommant le
lieu qu'il a choisi pour sa retraite.
Vous serez sans doute un peu blessé
Monsieur , de la brusque résolution que
le pauvre Han Koué prend assez legerement
de sortir de la vie pour ôter toute
inquiétude au Médecin ; c'est même- là
une répetition de ce qu'a fait la Princesse.
Il est vrai que ces deux Personnages auroient
360 MERCURE DE FRANCE
roient embarassé dans la suite de la Piéce,
mais la façon de s'en défaire me semble
un peu singuliere apparemment que
. les Chinois, malgré le peu d'opinion que
nous avons de leur bravoure , ne regardent
pas la mort avec crainte et qu'ils
croyent au moins spéculativement qu'il
n'est pas nécessaire d'avoir des raisons
bien fortes pour se la donner. Leur
Histoire confirme cette opinion
crois d'ailleurs que l'on peut juger du
caractere et des opinions d'une Nation
du moins jusqu'à un certain point , par
ses Piéces de Theatre.
و etje
Dans la Division suivante , on apprend
à Tou- ngan Cou , ce qui vient d'arriver ;
il est saisi de fureur et il forme le dessein
de
supposer un nouvel Ordre du Roy
pour se faire apporter tous les Enfans
âgez de six mois , résolu de les poignar
der tous, pour envelopper dans le Massacre
general l'Orphelin de Tehao. Je passe
Monsieur le détail des Scenes difficiles
à abréger et qui ne servent à rien pour
arriver à la quatrième Scene de cette
Section .
Le Médecin Tehing qui a pris la résolution
d'aller chercher un azile pour le
jeune Tehao auprès de Kong Lun , ancien
Ministre, ennemi de Tou -ngan Kou
et
1
FEVRIER 1734. 361
et ami de Tehao - tune , retiré à la Campagne.
Il arrive chez ce vicillard , lui découvre
son secret , et lui remet entre les mains
l'Orphelin de Tehao , et lui apprend la
Loy portée contre tous les Enfans du
Royaume , après quoi il lui déclare qu'il
est résolu de reconnoître les obligations.
qu'il a à ceux de la maison de Theao
et de sauver les jours de tous ces infortunez
condamnez à la mort par l'Arrêt
de Ngan- Kou. J'ai un Fils du même âge
que le jeune Prince , ajoute- t- il , je vais
emporter chez moi ses vêtemens , j'en
couvrirai mon Fils , vous irez me dénoncer
au Tyran comme le dépositaire et
le gardien de l'Orphelin de Tehao ;
j'avouerai touts on prendra mon Fils
pour cet Orphelin , nous mourrons lui
et moi et vous éleverez ce cher Enfant
que je vous confie ; vous l'instruirez de
son sort , et vous l'aiderez à venger
mort de ses Parens .
la
Cong - Lun répond à cela en demandant
à ce Médecin quel âge il a , et il répond
qu'il a 45 ans . Vous avez 45 ans , dit
Cong- Lun ? Il faut attendre au moins
20 ans avant que cet Enfant puisse connoître
son sort et venger sa famille , vous
aurez alors 65 ans , moi j'en aurai alors"
3.
90,
352 MERCURE DE FRANCE
90 , et quand même je pourrois vivre
jusques- là , de quel secours lui serois - je ?
Croyez moi , portez chez vous ce jeune
Orphelin , mettez- le à la place de vôtre
fils ? et puisque vous voulez bien sacrifier
ce ls , apportez - le ici , et m'allez
accuser au Tyran ? il viendra me chercher
, nous périrons vôtre fils et moi
mais vous sauverez l'Orphelin ; allez ?
ce projet est plus sage que le vôtre.
Le Médecin ne se rend qu'après avoir
employé les discours les plus pressans
pour détourner Cong Lun de son dessein ,
et l'on voit que c'est à regret qu'il consent
à sauver ses jours aux dépens de
ceux de ce Vieillard . Une chose qui mérite
d'être remarquée dans cette Scene
c'est la tranquillité avec laquelle ces deux
Hommes déliberent sur le choix de celui
qui doit s'immoler ; l'utilité dont ils
peuvent être à l'Orphelin de Theao , est
la seule chose qu'ils ayent en vûë. Je ne
crois pas que l'imagination puisse aller
au delà, pour donner une idée de l'extrê
me fermeté et de l'extrême courage .
Dans la troisiéme Division le Médecin
va dénoncer Cong- Lun à Tou ngan Cou ;
celui - ci paroît douter de la verité de la
dénonciation , et lui demande les motifs
' qui l'ont porté à la faire. Le Méd.cin
réFEVRIER.
1734. 363
répond que c'est pour sauver les jours
de son propre Fils et ceux de tous les
Enfans condamnez à périr. Ngan Cou le
conduit avec lui chez Cong- Lun. On interroge
celui - ci , on lui confronte le Dénonciateur
, et je ne sçai sur quel fondement
Ngan Cou soupçonnant la bonne
foi du Médecin , et croyant qu'il y a
quelque intelligence entre lui et Cong-
Lun , oblige ce Médecin de lui donner
la Bastonnade ; cette Scene qui ne seroit
guere de notre gout , m'a paru au fond
assez mal imaginée. L'Auteur Chinois a
crû , sans doute , rendre la situation de
Cong Lun plus interessante ; mais il n'a
pas pensé qu'en voulant outrer le Grand,
on tombe dans le Gigantesque , lequel est
toujours voisin du Puerile .
CetteScene est interrompue par l'arrivée
d'un Soldat qui apporte le fils du Médecin
, qu'on prend pour l'Orphelin de
Tehao. Ngan Cou à cette vûë s'abandonne
à la joye et poignarde cette Enfant
aux yeux du Médecin et de Cong - Lun .
Celui- ci après lui avoir reproché tous ses
crimes et déploré la mort du prétendu
Orphelin se précipite du haut d'une Terrasse
et se tuë.
Ngan Cou prend chez lui le Médecin
avec le véritable Orphelin de Tehao,
qu'il
364 MERCURE DE FRANCE
qu'il croit son Fils , et déclare qu'il veut
le combler de biens , et même adopter
le Fils , parce qu'il n'a plus d'espérance
d'en avoir. C'est-là où finit la troisiéme
Section.
L'intervalle de la troisième à la quatriéme
Section , est supposé de 20 ans
entiers , comme ledit Ngan Cou , dans
la Scene qui commence cette Section .
Ce Ministre déclare que prêt à s'emparer
du Trône et à faire périr le Roy , il
va associer ce jeune Homme à son entreprise
.
Dans la Scene suivante le Médecin Tehing
, paroît un Rouleau à la main , sur
lequel il a fait dépeindre son Histoire
et celle de l'Orphelin . Il veut instruire
l'Orphelin de son sort ; mais pour s'assurer
de ses sentimens il est résolu d'essaïer
l'impression que fera sur lui la vuë de
ces Tableaux et le récit des Evénemens
qu'ils représentent. Cette idée m'a paru
ingenieuse , et malgré le défaut de la
repétition des choses déja connues , qui
se trouve dans la maniere dont cela est
exécuté , je vous avoie que cette Scene
m'a attaché à la Lecture , par la gradation
des sentimens qui s'excitent dans
l'ame du jeune homme , en écoutant une
Histoire à laquelle il croit n'avoir aucun
interêt. Cette
FEVRIER. 1734. 365
Cette Scene occupe toute la quatriéme
Section. La cinquième contient le dénoüement
ou la maniere dont l'Orphe-
"lin de Tebao se découvre au Roy , qui
donne des ordres pour arrêter et punir
Tou- Ngan Cou. L'Action du Médecin est
la même dans cette Tragédie que celle
de Leontine dans celle d'Heraclide . Les
Chinois ont mis en cette Action ce que
Corneille a mis en récit.
Voilà , M. la singularité que je vous
avois promise , mandez - moi ce que vous
et vos amis penseront de cette Tragédie
Chinoise , et si le plaisir qu'elle m'a fait
n'a pas sa source dans la disposition qui
nous porte presque toujours à admirer
les choses extrémement éloignées de nous,
soit par la distance des tems
soit par
celle des lieux. Je suis & c.
Fermer
Résumé : LETTRE écrite de Brest, contenant l'Extrait d'une Tragédie Chinoise.
Un ami de l'auteur, récemment revenu de Chine, lui a montré la traduction d'une tragédie chinoise intitulée 'L'Orphelin de sa Maison Theao'. Cette tragédie relate les aventures d'un enfant depuis sa naissance jusqu'à la vengeance de ses parents, sur une période d'environ 20 ans sous le règne de l'empereur Cing Cong. La pièce ne respecte pas les règles des trois unités (temps, lieu, action) du théâtre moderne. Chaque scène est indépendante et les changements de lieu et de temps sont explicitement annoncés par les acteurs. La pièce est structurée en sections appelées 'tchè', similaires à des actes. L'intrigue principale commence avec la disgrâce du ministre Tehao Tune, accusé à tort par son rival Tou ngan Cou. Tehao Tune est condamné à mort et sa famille massacrée, à l'exception de son fils Tehaoso, épargné en raison de son alliance avec la famille royale. Tou ngan Cou ordonne à Tehaoso de se suicider, ce qu'il fait après avoir donné ses dernières instructions à son épouse enceinte. L'épouse de Tehaoso donne naissance à un fils, nommé 'L'Orphelin de Tehao'. Elle confie l'enfant au médecin Tehing ing, qui le cache et le sauve malgré les obstacles. Plusieurs personnages, comme le mandarin Han Koué et le vieillard Cong Lun, jouent des rôles cruciaux en aidant à protéger l'orphelin. Dans la troisième division, le médecin dénonce Cong-Lun à Tou Ngan Cou pour sauver son fils et d'autres enfants condamnés. Ngan Cou, doutant de la bonne foi du médecin, le fait bastonner. La scène est interrompue par l'arrivée d'un soldat apportant le fils du médecin, pris pour l'orphelin de Tehao. Ngan Cou, croyant avoir retrouvé son fils, poignarde l'enfant devant le médecin et Cong-Lun, qui se suicide ensuite. Ngan Cou adopte alors le véritable orphelin de Tehao, croyant que c'est son fils. Vingt ans plus tard, dans la quatrième section, Ngan Cou, prêt à s'emparer du trône, veut associer le jeune homme à son entreprise. Le médecin Tehing montre à l'orphelin des tableaux représentant son histoire pour tester ses sentiments. La cinquième section révèle comment l'orphelin de Tehao se découvre au roi, qui ordonne l'arrestation et la punition de Tou Ngan Cou. La pièce met en avant des thèmes de courage, de vertu et de sacrifice, caractéristiques de la culture chinoise. La déclamation dans les tragédies chinoises est souvent mélangée de chant, et les acteurs annoncent clairement les changements de lieu et de temps.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
31
p. 512-524
Artaxare, Tragédie, [titre d'après la table]
Début :
On vient d'imprimer une Tragédie, intitulée ARTAXARE. L'Auteur nous apprend [...]
Mots clefs :
Pharnabaze, Sapor, Roi, Arsace, Artaxare, Fils, Aspasie, Père, Mort, Tragédie, Mère, Prince, Amour, Fille, Conspiration , Reine, Sauver, Conjuration
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Artaxare, Tragédie, [titre d'après la table]
On vient d'imprimer une Tragédie , intitulée
ARTAXARE. L'Auteur nous apprend
dans un Avertissement que cette
Piéce fut representée pour la premiere
fois , le 3 Mai , de l'année 1718 , qu'elle
fut interrompue , lorsqu'on commençoit
à la gouter, par la maladie du sieur Ponteuil;
que le succès qu'elle promettoit ,
enMAR
S. 1734. 513
engagea les Comédiens François à le prier
de ne la point faire imprimer , attendu
qu'ils vouloient la reprendre l'hyver d'après
; mais que
la mort du même Acteur
en avoit fait remettre la reprise à un autre
temps . Il ajoute qu'on en auroit renvoyé
l'impression plus loin , si des raisons
tres interessantes ne l'eussent déterminé
à l'exposer aux yeux du Public, telle
qu'on l'avoit vue dans sa naissance.
La lecture de cette Tragédie ,à ce qu'on
prétend , fait voir quelles sont les rai
sons que l'Auteur n'explique pas ; la ressemblance
qui se trouve entre le cinquiéme
Acte d'Adelaïde , et celui d'Artaxare
, a , dit- on , frappé tout le monde ;
on n'accuse pas l'Auteur d'Adelaïde d'avoir
imité un dénouement qui a produit
un si grand interêt dans les Représentations
de l'une et de l'autre Tragédie ; le
hazard forme des combinaisons plus
frappantes ; mais comme la malignité de
la censure pourroit faire pancher du côté
le plus défavorable , l'Auteur d'Artaxare
a cru qu'il ne pouvoit mieux se justifier
de tout soupçon , qu'en faisant voir que
sa Tragédie existoit seize ans avant celle
d'Adelaïde . Voici un Extrait de ce Poë-.-
me.
Artaxare ayant déthrôné le dernier des
Ev Arsa
514 MERCURE DE FRANCE
#
Arsacides , réunit les - Parthes et les Persans
sous le même Empire ; Vardanes ,
l'aîné de ses Fils , ayant conspiré contre
lui , il lui fit donner la mort , et fit emprisonner
Arsinoé sa femme et mere de
ce Prince rebelle. Sapor , son second Fils,
craignant que sa Mere n'éprouvât le sort
de son aîné , la tira de sa prison et la mit
en lieu de sureté près d'Ecatompile, en attendant
qu'il pût la faire transporter en
Armenie. C'est icy que l'action théatrale
commence.
Sapor s'applaudit dans le premier Acte
d'avoir sauvé sa mere ; Arsace , le dernier
des Arsacides , lui dit qu'il n'a rien fait
s'il n'acheve pas ; que sa mere peut être
découverte , étant si près d'Ecatompile ;
il l'enhardit à monter au Thrône ; Sapor
frémit à cette proposition ; Arsace ne
pouvant le surmonter par l'ambition , le
tente du côté de l'amour , en lui appre
nant qu'Artaxare lui demande Arpasie
sa fille , pour Pharnabaze son favori ;
Sapor s'irrite, mais il n'ose aller plus loin
et quitte Arsace de peur de succomber
& c.
Arsace fait entendre à Arbate , son con
fident , qu'il a formé une conspiration
sous le nom de Sapor , mais à l'insçu de
ce Prince , trop fidelle à son Pere ; il
prend
MARS 1.734.
SIS
prend le parti d'offrir le Thrône à Phar
nabaze , afin qu'il y place sa fille.
Pharnabaze , déja instruit de la conspiration
, sans en connoître l'Auteur , est
surpris de trouver Arsace si agité ; Arsace
lui apprend que sa fille n'est pas insensible
à son amour, et qu'il ne lui manque
qu'une Couronne pour la résoudre
à lui donner la main ; il n'en dit que
trop pour faire entendre à Pharnabaze
qu'il est le chef de la conspiration ; sa fidelité
pour son Roy l'emporte sur son
amour pour sa Maîtresse Il s'exprime
ainsi .
Si d'un juste courroux , je suivois le transport ,
Je ne vous répondrois qu'en vous donnant la
mort ;
Mais je respecte en vous le Pere d'Aspasie, &c . ,
Il lui apprend encore qu'Artane , l'un
des conjurez , est prêt de découvrir le
complot au Roy , et qu'il va le présenter
lui- même à Artaxare .
Aspasie paroît; Arsace lui dit que Pharnabaze
va le perdre , malgré tout l'amour
qu'il a pour elle. Aspasie n'oublie rien
pour fléchir Pharnabaze en faveur de son
Pere ; Pharnabaze lui promet d'obtenir
la grace d'Arsace , et lui fait entendre
qu'il sera le plus heureux des Mortels, s'il
E vj peut
116 MERCURE DE FRANCE
peut par là mériter le prix dont son Pere
vient de le flatter.
Aspasie réfléchit tristement sur les dernieres
paroles de Pharnabaze , et finit ce
premier Acte , par ces quatre Vers :
Quel parti prendre, hélas ! quand tout me désespere
!
Quoiqu'il puisse arriver , Grands Dieux, sauvez
mon Pere ;
Au plus affreux trépas dûssay- je recourir ;
Qu'il vive seulement , et je sçaurai mourir.
Artaxare commence le second Acte
avec Pharnabaze ; le Roy n'est encore in
formé que de la fuite de la Reine ; il ordonne
à Pharnabaze de courir après elle ;
ce Ministre fidelle s'en excuse sur le peril
qui menace les jours du Roy , péril qui
exige sa présence ; il apprend à Artaxare,
qu'on conspire contre lui , et le prie de
faire grace au chef de la coujuration ; le
Roy soupçonne d'abord son Fils , mais
Pharnabaze l'ayant rassuré de ce côté-là
obtient la grace d'Arsace avant qu'il le
lui nomme ; il ordonne qu'on fasse entrer
Artane. Celui - ci se jette aux pieds du
Roy , et se justifie de la conjuration , en
lui disant qu'il n'y est entré que pour la
réveler ; il nomme Sapor pour Chef. Artaxare
frémit de colere au nom de son
Fils ; il congédie Artane.
MARS. 1734 317
Le Roy se plaint à Pharnabaze de lui
avoir caché le veritable Chef. Pharnabaze
lui répond qu'il a été trompé tout le premier
; après une conversation , où la vertu
de Pharnabaze se déploye tout entiere.
Le Roy lui ordonne d'interroger Sapor,
et de le faire arrêter , s'il est criminel.
La Scene entre Sapor et Phirnabaze est
une des plus belles de la Piéce. Pharnabaze
croyant que Sapor n'est que trop convaincu
par son propre aveu , dont les termes
ambigus lui font prendre le change ,
ordonne qu'on l'arrête. Cela est exécuté.
Pharnabaze craignant pour sa glaire ,
s'exprime ainsi dans un Monologue.
Où vas- tu , Pharnabaze ? fremis.
Cruel ! tu vas armer un Pere contre un Fils?
Barbare ! quelle rage auprès de lui te guide
Tu Pas fait Roy ; tu vas en faire un parricide
!
Dans la mort de son Fils , prends - tu quelque
intérêt ?
Lâche l'Amour jaloux va
l'Arrêt ?
- · il dicter
Ah ! plutôt , s'il se peut , cours obtenir sa
grace ;
Non , Sapor ne doit pas t'être moins cher
qu'Arsace.
Arsace vient Pharnabaze lui dit d'aller
rea18
MERCURE DE FRANCE
rendre graces au Roy du pardon qu'il
vient d'obtenir pour lui , quoiqu'il soit
plus coupable que Sapor , pour qui il va
implorer la clémence du Roy.
Arsace , irrité des reproches de Pharnabaze
, renonce au dessein qu'il avoit
formé de lui donner sa fille ; il tourne
toutes ses vûës du côté de Sapor ; il se
flatte que ce Prince indigné de son emprisonnement
l'avouera de tout , et se
déclarera chef d'une entreprise qui doit
le venger. Il ordonne à Arbate d'aller
faire venir la Reine , de lui apprendre le
péril qui menace son fils , afin qu'il renonce
à une soumission qui lui couteroit
le Trône et la vie.
Au troisiéme Acte , Aspasie allarmée
de l'emprisonnement de Sapor , demande
à Cleone des nouvelles de ce qui se
passe à la Cour ; Cleone lui en fait une
image qui redouble son effroi . Arsace
vient dire à sa fille ce qui s'est passé entre
le Roy et lui ; voici ce que le Roy
lui a dit .
Par vos soumissions méritez vôtre grace ;
J'ai tout à redouter d'un sujet tel qu'Arsace
Pharnabaze peut seul me répondre de vous
Je veux que d'Aspasie il devienne l'Epoux .
Aspasie est mortellement affligée de
cet
MARS . 1734
519
cet ordre du Roy ; Arsace lui répond
qu'il faut tout promettre , pour ne rien.
tenir ; Arpasie lui dit qu'elle ne veut
point tromper un homme tel que Pharnabase
, et que si elle doit résoudre Sapor
à la céder à un autre , ce ne sera pas
pour lui manquer de foy & c. -
Aspasie annonce à Sapor qu'elle ne
peut le sauver qu'en épousant son Rival;
Sapor l'accuse d'infidelité , elle lui reproche
tendrement son injustice , et lui fait
entendre qu'après l'avoir sauvé par un
Hymen si affreux pour elle , elle sçaura
bien s'affranchir, en se donnant la mort,
d'un malheur qui dureroit autant que sa
vie. &c. Pharnabaze vient , Sapor lui
parle ainsi :
Prens garde à la Princesse ,
Pharnabaze ; entraîné par l'ardeur qui te presse,
Tn la suis à l'Autel , tremble , apprend son dessein
Elle y va se plonger un poignard dans le sein..
Pharnabaze étant surpris d'un tel pro
jet , Sapor poursuit.
C'est à toi de m'en croire
On n'en impose point , quand on aime la gloire,
Adieu , si sur ton coeur la vertu regne encor
Songe à justifier l'estime de Sapor.
2
Cette
20 MERCURE DE FRANCE
Cette estime réciproque entre deux
Rivaux interesse également pour l'un
et pour l'autre. Pharnabaze se plaint à
Aspasie de ce qu'elle préfere la mort à
son Hymen ; Aspasie lui avoüc tout & c.
Voici comme elle lui parle ;
J'allois sur les Autels vous tenir ma promesse;
Mais , trompant un Epoux digne de ma tendresse
,
Ma main contre mes jours n'étoit prête à s'armer,
Que pour punir mon coeur de ne pouvoir l'aimer.
Pharnabaze ne voulant point lui céder
en genérosité , lui promet de ne rien
oublier pour sauver Sapor , et de ne lui
faire aucune violence sur l'Hymen que le
Roy exige d'elle ; cependant pour la sureté
de son Maître , il ordonne qu'on arrête
Arsace dont il promet aussi de prendre
la deffense. & c.
Pharnabase instruit que Sapor n'a point
de part à la conjuration , obtient du Roy
qu'il ne sera point condamné , qu'il ne
soit convaincu & c.
,
La fierté de la Reine s'irrite par la
présence de Pharnabaze qu'elle haït et
qu'elle croit aspirer à la Couronne ; les
menaces qu'elle fait à ce favori en le
quicMARS.
17340 - 521
quittant , augmentent les soupçons du
Roy ; mais Pharnabaze appaise son couroux
, et lui fait promettre d'écouter la
Reine , que la présence d'un Ministre
trop aimé de son Roy , a fait parler avec
trop d'aigreur.
,
,
Artaxare parlant à Arsinoë accuse Sapor
dans le quatrième Acte d'avoir
conspiré contre ses jours ; Arsinoë frémit
d'une imposture si affreuse ; elle convient
que Vardanes son premier fils s'étoit révolté
contre lui , mais que ce n'étoit que
pour perdre Pharnabaze ; ce dernier arrive
Arsinoe s'emporte contre lui ;
Artaxare lui dit que ce fidele Ministre
vient par son ordre exprès et va lui dicter
ses souveraines loix.
Arsinoe lui parle avec hauteur ; Pharnabaze
lui dit qu'il veut sauver Sapor ;
mais qu'il ne le peut tant que le Roy le
croira coupable ; il la prie de le porter
à faire éclater son innocence et sur
›
›
tout à désavoüer Arsace qui le fait
chef de la conspiration . Arsinoë se rend
enfin au conseil de Pharnabaze : elle le
prie de faire venir son fils ; Pharnabaze
y court , et ordonne aux Gardes &c.
Arbate profite de ce moment
Reine n'est point observée
rendre ce billet d'Arsace :
›
, où la
pour lui
Vo522
MERCURE DE FRANCE
Votre fils touche au rang suprême ;
C'est à son insçu qu'on le sert ;
S'il nous désavoüe , il nous perd :
Ou plutôt il se perd lui-même .
Ses nouveaux suje¹s périront
Plutôt que de souffrir
que son sang se répande
;
Mais s'il les abandonne
, ils l'abandonneront
;
Et c'est , pour l'immoler , ce que le Roy de
mande.
A la lecture de ce fatal billet, Arsinoë
ne doute point que Pharnabaze ne lui
ait tendu un piége , pour ôter à son fils
le fruit d'une conjuration qui n'a d'autre
objet que de le sauver. Sapor vient,
elle lui donne le billet ; mais à peine ce
Prince a-t- il lû le premier vers , qui lui
annonce qu'il touche au rang sa priere ,
qu'il n'en veut pas lire davantage ; les
prieres et les larmes d'une Mere éperduë,
ne peuvent ébranler sa vertu ; Arsinoë
se retire , voyant approcher le Roy ,
Sapor se contente de dire à son Pere
qu'il n'a point trempé dans la conspiration
; mais Artaxare exigeant de lui ,
qu'il désavole Arsace , il ne veut pas
consentir à cette confrontation , qui le
rendroit coupable de la mort du pere
d'Arsinoë.
Pharnabaze vient annoncer au Roy
que ..
MARS 1734- 523
que les mutins ont brisé les fers d'Arsace
, qu'ils viennent de le proclamer , et
que la Flotte des Armeniens approche ?
Artaxate accable Sapor de reproches et
de noms si injurieux qu'il ne peut plus
les soutenir et se retire. Artaxare est prêt
à prononcer l'Arrêt de sa mort ; Pharnabaze
en frémit , il feint cependant d'y
consentir , et se charge de l'exécution
pendant la nuit pour la rendre plus
sûre.
•
On abrege ce qui reste à dire du dernier
Acte , il a paru si interressant par
la seule action , qu'il n'a pas besoin des
ornemens du détail pour faire juger du
succès qu'il a eu aux Représentations.
Aspasie sort de son Appartement toute
éperdue d'un songe qu'elle a fait . Arbase
vient lui annoncer la mort de Sapor
par un récit des plus effrayans ,
l'Auteur a si bien menagé les termes
équivoques pour inspirer la terreur
qu'on ne peut prévoir que Sapor a été
sauvé , que parce qu'on le souhaite. Artaxate
vient ; Aspasie le charge de reproches
, qui ne sont interrompus que par
l'arrivée de son Pere expirant . Arsace
apprend au Roy que son fils est mort
innocent. Artaxare croit qu'il ne justifie
Sapor , que pour lui laisser un plus
grand
524 MERCURE DE FRANCE
grand regret ; Arsinoë ignorant le sört
de son fils , vient le justifier par la lettre
qu'Arsace lui a écrite dans l'Acte précédent,
Ce malheureux pere lui apprend
en gémissant qu'il n'est plus tems de sauver
la vie à son fils ; Pharnabaze arrive.
Artaxare lui demande un coup mortel
comme une grace ; Pharnabaze voyant
que Sapor est pleinement justifié , lui dit
qu'il l'a sauvé. On fait venir ce Prince ;
Pharnabaze , ne se contentant pas d'avoir
conservé ses jours , lui céde si chere Aspasie.
Cette Tragédie se vend chez la veuve
Pissot Quay de Conty.
ARTAXARE. L'Auteur nous apprend
dans un Avertissement que cette
Piéce fut representée pour la premiere
fois , le 3 Mai , de l'année 1718 , qu'elle
fut interrompue , lorsqu'on commençoit
à la gouter, par la maladie du sieur Ponteuil;
que le succès qu'elle promettoit ,
enMAR
S. 1734. 513
engagea les Comédiens François à le prier
de ne la point faire imprimer , attendu
qu'ils vouloient la reprendre l'hyver d'après
; mais que
la mort du même Acteur
en avoit fait remettre la reprise à un autre
temps . Il ajoute qu'on en auroit renvoyé
l'impression plus loin , si des raisons
tres interessantes ne l'eussent déterminé
à l'exposer aux yeux du Public, telle
qu'on l'avoit vue dans sa naissance.
La lecture de cette Tragédie ,à ce qu'on
prétend , fait voir quelles sont les rai
sons que l'Auteur n'explique pas ; la ressemblance
qui se trouve entre le cinquiéme
Acte d'Adelaïde , et celui d'Artaxare
, a , dit- on , frappé tout le monde ;
on n'accuse pas l'Auteur d'Adelaïde d'avoir
imité un dénouement qui a produit
un si grand interêt dans les Représentations
de l'une et de l'autre Tragédie ; le
hazard forme des combinaisons plus
frappantes ; mais comme la malignité de
la censure pourroit faire pancher du côté
le plus défavorable , l'Auteur d'Artaxare
a cru qu'il ne pouvoit mieux se justifier
de tout soupçon , qu'en faisant voir que
sa Tragédie existoit seize ans avant celle
d'Adelaïde . Voici un Extrait de ce Poë-.-
me.
Artaxare ayant déthrôné le dernier des
Ev Arsa
514 MERCURE DE FRANCE
#
Arsacides , réunit les - Parthes et les Persans
sous le même Empire ; Vardanes ,
l'aîné de ses Fils , ayant conspiré contre
lui , il lui fit donner la mort , et fit emprisonner
Arsinoé sa femme et mere de
ce Prince rebelle. Sapor , son second Fils,
craignant que sa Mere n'éprouvât le sort
de son aîné , la tira de sa prison et la mit
en lieu de sureté près d'Ecatompile, en attendant
qu'il pût la faire transporter en
Armenie. C'est icy que l'action théatrale
commence.
Sapor s'applaudit dans le premier Acte
d'avoir sauvé sa mere ; Arsace , le dernier
des Arsacides , lui dit qu'il n'a rien fait
s'il n'acheve pas ; que sa mere peut être
découverte , étant si près d'Ecatompile ;
il l'enhardit à monter au Thrône ; Sapor
frémit à cette proposition ; Arsace ne
pouvant le surmonter par l'ambition , le
tente du côté de l'amour , en lui appre
nant qu'Artaxare lui demande Arpasie
sa fille , pour Pharnabaze son favori ;
Sapor s'irrite, mais il n'ose aller plus loin
et quitte Arsace de peur de succomber
& c.
Arsace fait entendre à Arbate , son con
fident , qu'il a formé une conspiration
sous le nom de Sapor , mais à l'insçu de
ce Prince , trop fidelle à son Pere ; il
prend
MARS 1.734.
SIS
prend le parti d'offrir le Thrône à Phar
nabaze , afin qu'il y place sa fille.
Pharnabaze , déja instruit de la conspiration
, sans en connoître l'Auteur , est
surpris de trouver Arsace si agité ; Arsace
lui apprend que sa fille n'est pas insensible
à son amour, et qu'il ne lui manque
qu'une Couronne pour la résoudre
à lui donner la main ; il n'en dit que
trop pour faire entendre à Pharnabaze
qu'il est le chef de la conspiration ; sa fidelité
pour son Roy l'emporte sur son
amour pour sa Maîtresse Il s'exprime
ainsi .
Si d'un juste courroux , je suivois le transport ,
Je ne vous répondrois qu'en vous donnant la
mort ;
Mais je respecte en vous le Pere d'Aspasie, &c . ,
Il lui apprend encore qu'Artane , l'un
des conjurez , est prêt de découvrir le
complot au Roy , et qu'il va le présenter
lui- même à Artaxare .
Aspasie paroît; Arsace lui dit que Pharnabaze
va le perdre , malgré tout l'amour
qu'il a pour elle. Aspasie n'oublie rien
pour fléchir Pharnabaze en faveur de son
Pere ; Pharnabaze lui promet d'obtenir
la grace d'Arsace , et lui fait entendre
qu'il sera le plus heureux des Mortels, s'il
E vj peut
116 MERCURE DE FRANCE
peut par là mériter le prix dont son Pere
vient de le flatter.
Aspasie réfléchit tristement sur les dernieres
paroles de Pharnabaze , et finit ce
premier Acte , par ces quatre Vers :
Quel parti prendre, hélas ! quand tout me désespere
!
Quoiqu'il puisse arriver , Grands Dieux, sauvez
mon Pere ;
Au plus affreux trépas dûssay- je recourir ;
Qu'il vive seulement , et je sçaurai mourir.
Artaxare commence le second Acte
avec Pharnabaze ; le Roy n'est encore in
formé que de la fuite de la Reine ; il ordonne
à Pharnabaze de courir après elle ;
ce Ministre fidelle s'en excuse sur le peril
qui menace les jours du Roy , péril qui
exige sa présence ; il apprend à Artaxare,
qu'on conspire contre lui , et le prie de
faire grace au chef de la coujuration ; le
Roy soupçonne d'abord son Fils , mais
Pharnabaze l'ayant rassuré de ce côté-là
obtient la grace d'Arsace avant qu'il le
lui nomme ; il ordonne qu'on fasse entrer
Artane. Celui - ci se jette aux pieds du
Roy , et se justifie de la conjuration , en
lui disant qu'il n'y est entré que pour la
réveler ; il nomme Sapor pour Chef. Artaxare
frémit de colere au nom de son
Fils ; il congédie Artane.
MARS. 1734 317
Le Roy se plaint à Pharnabaze de lui
avoir caché le veritable Chef. Pharnabaze
lui répond qu'il a été trompé tout le premier
; après une conversation , où la vertu
de Pharnabaze se déploye tout entiere.
Le Roy lui ordonne d'interroger Sapor,
et de le faire arrêter , s'il est criminel.
La Scene entre Sapor et Phirnabaze est
une des plus belles de la Piéce. Pharnabaze
croyant que Sapor n'est que trop convaincu
par son propre aveu , dont les termes
ambigus lui font prendre le change ,
ordonne qu'on l'arrête. Cela est exécuté.
Pharnabaze craignant pour sa glaire ,
s'exprime ainsi dans un Monologue.
Où vas- tu , Pharnabaze ? fremis.
Cruel ! tu vas armer un Pere contre un Fils?
Barbare ! quelle rage auprès de lui te guide
Tu Pas fait Roy ; tu vas en faire un parricide
!
Dans la mort de son Fils , prends - tu quelque
intérêt ?
Lâche l'Amour jaloux va
l'Arrêt ?
- · il dicter
Ah ! plutôt , s'il se peut , cours obtenir sa
grace ;
Non , Sapor ne doit pas t'être moins cher
qu'Arsace.
Arsace vient Pharnabaze lui dit d'aller
rea18
MERCURE DE FRANCE
rendre graces au Roy du pardon qu'il
vient d'obtenir pour lui , quoiqu'il soit
plus coupable que Sapor , pour qui il va
implorer la clémence du Roy.
Arsace , irrité des reproches de Pharnabaze
, renonce au dessein qu'il avoit
formé de lui donner sa fille ; il tourne
toutes ses vûës du côté de Sapor ; il se
flatte que ce Prince indigné de son emprisonnement
l'avouera de tout , et se
déclarera chef d'une entreprise qui doit
le venger. Il ordonne à Arbate d'aller
faire venir la Reine , de lui apprendre le
péril qui menace son fils , afin qu'il renonce
à une soumission qui lui couteroit
le Trône et la vie.
Au troisiéme Acte , Aspasie allarmée
de l'emprisonnement de Sapor , demande
à Cleone des nouvelles de ce qui se
passe à la Cour ; Cleone lui en fait une
image qui redouble son effroi . Arsace
vient dire à sa fille ce qui s'est passé entre
le Roy et lui ; voici ce que le Roy
lui a dit .
Par vos soumissions méritez vôtre grace ;
J'ai tout à redouter d'un sujet tel qu'Arsace
Pharnabaze peut seul me répondre de vous
Je veux que d'Aspasie il devienne l'Epoux .
Aspasie est mortellement affligée de
cet
MARS . 1734
519
cet ordre du Roy ; Arsace lui répond
qu'il faut tout promettre , pour ne rien.
tenir ; Arpasie lui dit qu'elle ne veut
point tromper un homme tel que Pharnabase
, et que si elle doit résoudre Sapor
à la céder à un autre , ce ne sera pas
pour lui manquer de foy & c. -
Aspasie annonce à Sapor qu'elle ne
peut le sauver qu'en épousant son Rival;
Sapor l'accuse d'infidelité , elle lui reproche
tendrement son injustice , et lui fait
entendre qu'après l'avoir sauvé par un
Hymen si affreux pour elle , elle sçaura
bien s'affranchir, en se donnant la mort,
d'un malheur qui dureroit autant que sa
vie. &c. Pharnabaze vient , Sapor lui
parle ainsi :
Prens garde à la Princesse ,
Pharnabaze ; entraîné par l'ardeur qui te presse,
Tn la suis à l'Autel , tremble , apprend son dessein
Elle y va se plonger un poignard dans le sein..
Pharnabaze étant surpris d'un tel pro
jet , Sapor poursuit.
C'est à toi de m'en croire
On n'en impose point , quand on aime la gloire,
Adieu , si sur ton coeur la vertu regne encor
Songe à justifier l'estime de Sapor.
2
Cette
20 MERCURE DE FRANCE
Cette estime réciproque entre deux
Rivaux interesse également pour l'un
et pour l'autre. Pharnabaze se plaint à
Aspasie de ce qu'elle préfere la mort à
son Hymen ; Aspasie lui avoüc tout & c.
Voici comme elle lui parle ;
J'allois sur les Autels vous tenir ma promesse;
Mais , trompant un Epoux digne de ma tendresse
,
Ma main contre mes jours n'étoit prête à s'armer,
Que pour punir mon coeur de ne pouvoir l'aimer.
Pharnabaze ne voulant point lui céder
en genérosité , lui promet de ne rien
oublier pour sauver Sapor , et de ne lui
faire aucune violence sur l'Hymen que le
Roy exige d'elle ; cependant pour la sureté
de son Maître , il ordonne qu'on arrête
Arsace dont il promet aussi de prendre
la deffense. & c.
Pharnabase instruit que Sapor n'a point
de part à la conjuration , obtient du Roy
qu'il ne sera point condamné , qu'il ne
soit convaincu & c.
,
La fierté de la Reine s'irrite par la
présence de Pharnabaze qu'elle haït et
qu'elle croit aspirer à la Couronne ; les
menaces qu'elle fait à ce favori en le
quicMARS.
17340 - 521
quittant , augmentent les soupçons du
Roy ; mais Pharnabaze appaise son couroux
, et lui fait promettre d'écouter la
Reine , que la présence d'un Ministre
trop aimé de son Roy , a fait parler avec
trop d'aigreur.
,
,
Artaxare parlant à Arsinoë accuse Sapor
dans le quatrième Acte d'avoir
conspiré contre ses jours ; Arsinoë frémit
d'une imposture si affreuse ; elle convient
que Vardanes son premier fils s'étoit révolté
contre lui , mais que ce n'étoit que
pour perdre Pharnabaze ; ce dernier arrive
Arsinoe s'emporte contre lui ;
Artaxare lui dit que ce fidele Ministre
vient par son ordre exprès et va lui dicter
ses souveraines loix.
Arsinoe lui parle avec hauteur ; Pharnabaze
lui dit qu'il veut sauver Sapor ;
mais qu'il ne le peut tant que le Roy le
croira coupable ; il la prie de le porter
à faire éclater son innocence et sur
›
›
tout à désavoüer Arsace qui le fait
chef de la conspiration . Arsinoë se rend
enfin au conseil de Pharnabaze : elle le
prie de faire venir son fils ; Pharnabaze
y court , et ordonne aux Gardes &c.
Arbate profite de ce moment
Reine n'est point observée
rendre ce billet d'Arsace :
›
, où la
pour lui
Vo522
MERCURE DE FRANCE
Votre fils touche au rang suprême ;
C'est à son insçu qu'on le sert ;
S'il nous désavoüe , il nous perd :
Ou plutôt il se perd lui-même .
Ses nouveaux suje¹s périront
Plutôt que de souffrir
que son sang se répande
;
Mais s'il les abandonne
, ils l'abandonneront
;
Et c'est , pour l'immoler , ce que le Roy de
mande.
A la lecture de ce fatal billet, Arsinoë
ne doute point que Pharnabaze ne lui
ait tendu un piége , pour ôter à son fils
le fruit d'une conjuration qui n'a d'autre
objet que de le sauver. Sapor vient,
elle lui donne le billet ; mais à peine ce
Prince a-t- il lû le premier vers , qui lui
annonce qu'il touche au rang sa priere ,
qu'il n'en veut pas lire davantage ; les
prieres et les larmes d'une Mere éperduë,
ne peuvent ébranler sa vertu ; Arsinoë
se retire , voyant approcher le Roy ,
Sapor se contente de dire à son Pere
qu'il n'a point trempé dans la conspiration
; mais Artaxare exigeant de lui ,
qu'il désavole Arsace , il ne veut pas
consentir à cette confrontation , qui le
rendroit coupable de la mort du pere
d'Arsinoë.
Pharnabaze vient annoncer au Roy
que ..
MARS 1734- 523
que les mutins ont brisé les fers d'Arsace
, qu'ils viennent de le proclamer , et
que la Flotte des Armeniens approche ?
Artaxate accable Sapor de reproches et
de noms si injurieux qu'il ne peut plus
les soutenir et se retire. Artaxare est prêt
à prononcer l'Arrêt de sa mort ; Pharnabaze
en frémit , il feint cependant d'y
consentir , et se charge de l'exécution
pendant la nuit pour la rendre plus
sûre.
•
On abrege ce qui reste à dire du dernier
Acte , il a paru si interressant par
la seule action , qu'il n'a pas besoin des
ornemens du détail pour faire juger du
succès qu'il a eu aux Représentations.
Aspasie sort de son Appartement toute
éperdue d'un songe qu'elle a fait . Arbase
vient lui annoncer la mort de Sapor
par un récit des plus effrayans ,
l'Auteur a si bien menagé les termes
équivoques pour inspirer la terreur
qu'on ne peut prévoir que Sapor a été
sauvé , que parce qu'on le souhaite. Artaxate
vient ; Aspasie le charge de reproches
, qui ne sont interrompus que par
l'arrivée de son Pere expirant . Arsace
apprend au Roy que son fils est mort
innocent. Artaxare croit qu'il ne justifie
Sapor , que pour lui laisser un plus
grand
524 MERCURE DE FRANCE
grand regret ; Arsinoë ignorant le sört
de son fils , vient le justifier par la lettre
qu'Arsace lui a écrite dans l'Acte précédent,
Ce malheureux pere lui apprend
en gémissant qu'il n'est plus tems de sauver
la vie à son fils ; Pharnabaze arrive.
Artaxare lui demande un coup mortel
comme une grace ; Pharnabaze voyant
que Sapor est pleinement justifié , lui dit
qu'il l'a sauvé. On fait venir ce Prince ;
Pharnabaze , ne se contentant pas d'avoir
conservé ses jours , lui céde si chere Aspasie.
Cette Tragédie se vend chez la veuve
Pissot Quay de Conty.
Fermer
Résumé : Artaxare, Tragédie, [titre d'après la table]
La tragédie 'Artaxare' a été récemment imprimée. La pièce a été représentée pour la première fois le 3 mai 1718, mais la représentation a été interrompue en raison de la maladie de l'acteur Ponteuil. Les Comédiens Français ont demandé à l'auteur de ne pas faire imprimer la pièce, souhaitant la reprendre l'hiver suivant. Cependant, la mort de Ponteuil a retardé cette reprise, et l'auteur a finalement décidé de publier la pièce telle qu'elle a été présentée initialement. La lecture de 'Artaxare' révèle une ressemblance notable entre le cinquième acte de cette tragédie et celui d'une autre pièce, 'Adelaïde'. Pour éviter toute accusation de plagiat, l'auteur d''Artaxare' souligne que sa pièce existe depuis seize ans avant celle d''Adelaïde'. L'intrigue d''Artaxare' commence après qu'Artaxare a détrôné le dernier des Arsacides et uni les Parthes et les Persans sous son empire. Vardanes, son fils aîné, a conspiré contre lui et a été exécuté. Arsinoé, la mère de Vardanes, a été emprisonnée. Sapor, le second fils d'Artaxare, craint pour la vie de sa mère et la sauve en la plaçant en sécurité près d'Ecatompile. Arsace, le dernier des Arsacides, encourage Sapor à monter sur le trône. La pièce explore les conspirations et les intrigues au sein de la cour, impliquant notamment Pharnabaze, un favori d'Artaxare, et Aspasie, la fille de Pharnabaze. Les principaux personnages incluent Artaxare, Sapor, Arsace, Arsinoé, Pharnabaze, et Aspasie. Les conflits et les alliances entre ces personnages sont au cœur de l'action dramatique, avec des thèmes de loyauté, de trahison et de pouvoir. La pièce se conclut par des révélations sur les véritables conspirations et les sacrifices personnels des personnages. Dans une scène tragique, un père, désespéré, exprime son impuissance à sauver la vie de son fils. Pharnabaze arrive et, après avoir constaté que Sapor est pleinement justifié, lui annonce qu'il l'a sauvé. Pharnabaze offre également Aspasie à Sapor. La pièce est disponible à l'achat chez la veuve Pissot, située Quai de Conty.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
32
p. 1039-1041
« Le 28. Avril, Louis de Guillier de la Platiere, Seigneur de Toussieu, fils de feu Jacques-Joseph [...] »
Début :
Le 28. Avril, Louis de Guillier de la Platiere, Seigneur de Toussieu, fils de feu Jacques-Joseph [...]
Mots clefs :
Colonel, Régiment d'infanterie, Épouse, Veuve, Fils, Lieutenant général, Fille
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 28. Avril, Louis de Guillier de la Platiere, Seigneur de Toussieu, fils de feu Jacques-Joseph [...] »
Le 28. Avril , Louis de Guillier de la Platiere ,
Seigneur de Toussieu , fils de feu Jacques- Joseph
de Guillet , Seigneur de la Platiere , du Bouchet,
Moidieres , Toussieu et la Verriere , Lieutenant
Colonel du Regiment de Gatinois , et de Sibille
Piechon sa veuve , épousa Dlle Benoît du Sauzey,
petite-fille de Marc- Antoine du Sauzey , Seigneur
de Jarnosse et de la Moliere , Prévôt des
Marchands de la Ville de Lyon en 1662.
La nuit du 6. au 7. Avril 1724. a été celebré
au Château de Montjeu en Bourgogne , le mariage
de Louis - François- Armand de Vignerot du
Plessis , Duc de Richelieu et de Fronsac , Pair de
France , Chevalier des Ordres du Roi , Colonel
d'un Regiment d'Infanterie petit vieux Corps, et
Brigadier des armeés de S. M. de la derniere Promotion
, et veuf de Dame Anne Catherine de
Noailles, morte sans enfans le 7. Novembre 1716.
avec la seconde fille d'Anne- Marie- Joseph de
Lorraine , Prince de Guise , Comte d'Harcourt ,
et de Dame Marie - Louise - Christine de Castille
de Monjeu , son épouse .
La nuit du 7. au 8. du même mois, Louis Marquis
de Cambray , né le 16. Juin 1713. qui a
fait la Campagne derniere en Italie , auprès du
Prince Charles de Lorraine , Grand - Ecuyer de
France , en qualité de Page du Roi , et qui depuis
son retour a été fait Officier au Regiment des
Gardes
1040 MERCURE DE FRANCE
>
?
Gardes Françoises , seul fils de François Nicolas,
Seigneur, Marquis de Chambray sur Iton , Diocese
d'Evreux , ci- devant Colonel d'un Regiment
d'Infanterie de son nom et de Dame Marie-
Louise de Folleville de Manancourt , son épouse,
a été marié à Paris avec Dlle Marie-Elizabeth-
Françoise de Bonigalle , née le 9., Mars 1722 .
fille unique et seule heritiere de feu Simon -Charles
de Bonigalle , Conseiller du Roi , Maître ordinaire
en sa Chambre des Comptes de Paris ,
mort le 26. Juin 1728. âgé de 47. ans , et de
Dame Marie Elizabeth de Vigni sa veuve, fille de
feu Jean- Baptiste de Vigni , Seigneur de Cour
quetaine , Marechal de Camp des Armées du
Roi, Lieutenant General d'Artillerie , Colonel et
Capitaine General des Bombardiers de France . ,
et Chevalier de S. Louis. Le marié est neveu de
Jacques de Cambrai , Chevalier , Grand- Croix
de l'Ordre de S. Jean de Jerusalem , Lieutenant
General , commandant les Vaisseaux de Malte ,
Commandeur de la Commanderie Magistrale de
Metz , et de celle de Virecourt , qui s'est acquis
une grande réputation dans les Mers du Levant,
par ses combats , et par les differentes prises qu'il
a faites sur les Turcs ..
Dame Eleonor Gabriel- Lauise- Françoise de
Crux , épouse de Louis - Victor de Rochechouart,
Comte de Mortemart , Colonel du Regiment de
Dauphiné , accoucha le 21. Mai d'un Fils , qui a
été tenu sur les Fonts , et nommé Victor - Ga◄
briel par Armand - Gabriel , Marquis de Crux,
de Montaigu , & c . et par D. Anne Colbert , veuve
de Louis de Rochechouart , Duc de Mortemart
, Pair de France , Prince de Tonnay Charente
, General des Galeres et Lieutenant Ge-
2
neral
MAY. 1734: 1041
neral des Armées Navales de France .
Dame Marie- Victoire- Antoine de Gontaut de
Biron , épouse de Louis- Claude Scipion de Grimouard
, Comte du Roure , premier Enseigne de
la premiere Compagnie des Mousquetaires du
Roi , accoucha le 28. Mai d'un Fils , qui a été
nommé Melchior Scipion Louis , par S. E. M.
Melchior de Polignac , Cardinal , Prêtre de la
Sainte Eglise Romaine , Commandeur des Ordres
du Roi , Grand- Maître de l'Ordre Hospi
talier du 5. Esprit de Montpellier , Archevêque
d'Auch , Primat d'Aquitaine , de la Novempo
pulaire et du Royaume de Navarre , Abbé Comte
de Corbie , et par D. Louise de Nointel , épouse
d'Artus Thimoleon de Cossé , Duc de Brissac
Pair de France.
Seigneur de Toussieu , fils de feu Jacques- Joseph
de Guillet , Seigneur de la Platiere , du Bouchet,
Moidieres , Toussieu et la Verriere , Lieutenant
Colonel du Regiment de Gatinois , et de Sibille
Piechon sa veuve , épousa Dlle Benoît du Sauzey,
petite-fille de Marc- Antoine du Sauzey , Seigneur
de Jarnosse et de la Moliere , Prévôt des
Marchands de la Ville de Lyon en 1662.
La nuit du 6. au 7. Avril 1724. a été celebré
au Château de Montjeu en Bourgogne , le mariage
de Louis - François- Armand de Vignerot du
Plessis , Duc de Richelieu et de Fronsac , Pair de
France , Chevalier des Ordres du Roi , Colonel
d'un Regiment d'Infanterie petit vieux Corps, et
Brigadier des armeés de S. M. de la derniere Promotion
, et veuf de Dame Anne Catherine de
Noailles, morte sans enfans le 7. Novembre 1716.
avec la seconde fille d'Anne- Marie- Joseph de
Lorraine , Prince de Guise , Comte d'Harcourt ,
et de Dame Marie - Louise - Christine de Castille
de Monjeu , son épouse .
La nuit du 7. au 8. du même mois, Louis Marquis
de Cambray , né le 16. Juin 1713. qui a
fait la Campagne derniere en Italie , auprès du
Prince Charles de Lorraine , Grand - Ecuyer de
France , en qualité de Page du Roi , et qui depuis
son retour a été fait Officier au Regiment des
Gardes
1040 MERCURE DE FRANCE
>
?
Gardes Françoises , seul fils de François Nicolas,
Seigneur, Marquis de Chambray sur Iton , Diocese
d'Evreux , ci- devant Colonel d'un Regiment
d'Infanterie de son nom et de Dame Marie-
Louise de Folleville de Manancourt , son épouse,
a été marié à Paris avec Dlle Marie-Elizabeth-
Françoise de Bonigalle , née le 9., Mars 1722 .
fille unique et seule heritiere de feu Simon -Charles
de Bonigalle , Conseiller du Roi , Maître ordinaire
en sa Chambre des Comptes de Paris ,
mort le 26. Juin 1728. âgé de 47. ans , et de
Dame Marie Elizabeth de Vigni sa veuve, fille de
feu Jean- Baptiste de Vigni , Seigneur de Cour
quetaine , Marechal de Camp des Armées du
Roi, Lieutenant General d'Artillerie , Colonel et
Capitaine General des Bombardiers de France . ,
et Chevalier de S. Louis. Le marié est neveu de
Jacques de Cambrai , Chevalier , Grand- Croix
de l'Ordre de S. Jean de Jerusalem , Lieutenant
General , commandant les Vaisseaux de Malte ,
Commandeur de la Commanderie Magistrale de
Metz , et de celle de Virecourt , qui s'est acquis
une grande réputation dans les Mers du Levant,
par ses combats , et par les differentes prises qu'il
a faites sur les Turcs ..
Dame Eleonor Gabriel- Lauise- Françoise de
Crux , épouse de Louis - Victor de Rochechouart,
Comte de Mortemart , Colonel du Regiment de
Dauphiné , accoucha le 21. Mai d'un Fils , qui a
été tenu sur les Fonts , et nommé Victor - Ga◄
briel par Armand - Gabriel , Marquis de Crux,
de Montaigu , & c . et par D. Anne Colbert , veuve
de Louis de Rochechouart , Duc de Mortemart
, Pair de France , Prince de Tonnay Charente
, General des Galeres et Lieutenant Ge-
2
neral
MAY. 1734: 1041
neral des Armées Navales de France .
Dame Marie- Victoire- Antoine de Gontaut de
Biron , épouse de Louis- Claude Scipion de Grimouard
, Comte du Roure , premier Enseigne de
la premiere Compagnie des Mousquetaires du
Roi , accoucha le 28. Mai d'un Fils , qui a été
nommé Melchior Scipion Louis , par S. E. M.
Melchior de Polignac , Cardinal , Prêtre de la
Sainte Eglise Romaine , Commandeur des Ordres
du Roi , Grand- Maître de l'Ordre Hospi
talier du 5. Esprit de Montpellier , Archevêque
d'Auch , Primat d'Aquitaine , de la Novempo
pulaire et du Royaume de Navarre , Abbé Comte
de Corbie , et par D. Louise de Nointel , épouse
d'Artus Thimoleon de Cossé , Duc de Brissac
Pair de France.
Fermer
Résumé : « Le 28. Avril, Louis de Guillier de la Platiere, Seigneur de Toussieu, fils de feu Jacques-Joseph [...] »
Le texte décrit plusieurs événements familiaux et mariages de la noblesse française au XVIIIe siècle. Le 28 avril, Louis de Guillier de la Platière, Seigneur de Toussieu et Lieutenant Colonel du Régiment de Gatinois, épousa Mlle Benoît du Sauzey, petite-fille de Marc-Antoine du Sauzey, Seigneur de Jarnosse et Prévôt des Marchands de Lyon en 1662. La nuit du 6 au 7 avril 1724, Louis-François-Armand de Vignerot du Plessis, Duc de Richelieu et Pair de France, se maria avec la seconde fille d'Anne-Marie-Joseph de Lorraine, Prince de Guise, au Château de Montjeu en Bourgogne. La nuit du 7 au 8 avril, Louis Marquis de Cambray, officier au Régiment des Gardes Françaises, épousa à Paris Mlle Marie-Élisabeth-Françoise de Bonigalle, fille unique et héritière de Simon-Charles de Bonigalle, Conseiller du Roi. Le 21 mai, Dame Éléonore Gabriel-Louise-Françoise de Crux, épouse de Louis-Victor de Rochechouart, Comte de Mortemart, accoucha d'un fils nommé Victor-Gabriel. Le 28 mai, Dame Marie-Victoire-Antoine de Gontaut de Biron, épouse de Louis-Claude Scipion de Grimouard, Comte du Roure, accoucha d'un fils nommé Melchior Scipion Louis.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
33
p. 1159-1174
LETTRE de M.... sur la Continuation des Memoires du R. P. Niceron.
Début :
J'ai à vous parler ici, Monsieur, du XXIII. et du XXIV. volumes des Memoires [...]
Mots clefs :
Jérôme Bignon, Paris, Louis XIII, Mémoires, Avocat, Homme, Ouvrages, Fils, Ans, Temps, Voyage, Faveur, Jean-Pierre Niceron, Emmius, Mérite, Cardinal, Savants, Érudition, Roland Bignon, Thomas Browne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M.... sur la Continuation des Memoires du R. P. Niceron.
LETTRE de M.... sur la Continuation
des Memoires du R. P. Niceron.
J'ai à vous parler ici , Monsieur , du
XXIII. et du XXIV. volumes des Memoires
pour servir à l'Histoire des Hommes
Illustres dans la République des Lettres que
le Sr Briasson , Libraire rue S. Jacques ',
continuë de publier avec succè . Voici
les noms des Scavans dont il est parlé
dans le premier de ces deux Volumes.
Rodolphe Agricola , Jean- Louis Guez
de Balzac, François Bernier, Jean Bernier,
Jerome Bignon , Henri Blount , Denis de
Salvaing de Boissieu , Thomas Brovvne le
Médecin , Thomas Brovvne le Théologien,
Guillaume Camden , Marc- Antoine Ca-
1 Vol.
pelli
1160 MERCURE DE FRANCE
pelli , Thomas Corneille , Robert Creyghton,
Cristophe Davenport , Louis Duret , Ubo
Emmius,Guillaume Estius, Gabriel Fano,
Nicolas Faret, Pierre Gilles , George- Henri
Goetze , Louise Labé , Adam Littleton
Nicolas Lloyd , Olivier Maillard , Jean
Maldonat ,Pierre - Martyr d'Anghiera
Pierre- Martyr Vermilio , Etienne Pavillon,
Alexandre Piccolomini , François Piccolo
mini , Jean Price , Jules - Cesar Scaliger ;
Joseph-Juste Scaliger , Jean- Ginés de Sepulveda
, Antoine Sherley , Thomas Sher-
Ley , et André Thevet.
Entre tous ces Sçavants je n'en trouve
aucun de plus distingué et de plus Illustre
, que notre célébre Jerôme Bignon,
dont l'article par conséquent soit et plus
curieux & plus agréable à lire. Vous nie
sçaurez sans doute bon gré de l'avoir
choisi par préférence , et de le voir ici
tel qu'on le trouve dans nôtre Auteur,
JEROME BIGNon.
Jerôme Bignon , nâquit à Paris , l'an
1590. de Rolland Bignon , Avocat au
Parlement , d'une ancienne Famille originaire
d'Anjou , et de Marie Ogier ,
fille de Christophe Ogier aussi Avocat au
Parlement.
Rolland Bignon , qui est mal appellé
t
1
I Vol.
JcJUIN.
1734- 1161
Jerôme dans les opuscules de Loysel
page 582. né au mois de Fevrier de l'an
15. fut un des plus Sçavans hommes
de son siècle. Il avoit été Disciple de
Mrs Roaldés et Maran , fameux Jurisconsultes
de l'Université de Toulouze ;
et lorsque le premier se retira dans celle
de Cahors il laissa sa Chaire de Professeur
en Droit à Rolland Bignon, qui , comme
cetteProfession étoit alors très honorable,
y enseigna publiquement pendant une
année , et dicta d'excellents Paratitles sur
les 5 Livres des Décretales ; étant ensuite
venu à Paris il exerça avec beaucoup
de réputation la Profession d'Avocat ,
laquelle se bornoient alors plusieurs personnes
de naissance et de merite , qui
conservoient la modération des anciennes
Moeurs , et qui étoient prévenus d'une
espece d'aversion contre la validité des
charges introduite depuis peu . Après
avoir brillé dans le Bareau il devint celébre
dans les Consultations, et fut generalement
estimé comme un homme d'une
rare suffisance, etd'une probité singuliere .
Persuadé qu'il étoit plus redevable à
son fils qu'à tout autre il ne voulut confier
son éducation qu'à lui - même. Jerôme
Bignon n'eût pas besoin d'aller chercher
une autre Ecole pour aprendre les Lan
1Vol.
gues
1162 MERCURE DE FRANCE
gues , les Humanitez , l'Eloquence , la
Philosophie , les Mathematiques , l'Histoire
, la Jurisprudence , & la Theologie .
Il aprit sous un si excellent Maître toutes
ces Sciences avec une rapidité extraordinaire
, et se vit presque à la fin de ses
Etudes dans un âge où l'on ne commence.
gueres qu'à délibérer sur les
faire étudier les Enfans .
V
moyens
dev
Dès l'âge de dix ans il donna au Public
un essai de son Erudition qui lui fit dèslors
mériter la qualité d'Auteur . C'est
une Chorographie on Description de la Terre
Sainte , qui fût une preuve des conroissances
qu'il avoit déja acquises dans l'Histoire
, la Geographie et l'Ecriture Sainte,
il n'en demeura pas là , et on fût encore
surpris de voir trois ans après paroître
deux autres Ouvrages de sa composition ,
Ouvrages qui le firent connoître à tout
ce qu'il y avoit de personnes habiles et
considerables dans la France .
Le Roy Henry IV. ayant entendu
patler de lui voulut le voir , et le choisit
pour être en qualité d'Enfant d'Honneur
auprès du Dauphin qui fut depuis
le Roy Louis XIII .
Le jeune Bignon parût à la Cour avec
des manieres tout à fait aisées et polies.
L'austerité d'une Etude assidue n'avoit
I Vol. point
JUIN 1734.
1163
" 2
point obscurci les dispositions naturelles
qu'il avoit pour paroître dans le grand
monde , et le Tumulte et les Engagements
de la Cour ne fû ent point capables
d'affoiblir l'inclination qu'il se sentoit
pour les Sciences.
Il composa en ce tems- là un Traité de
l'Excellence des Rois et du Royaume de
France , pour prouver que les Rois de
France doivent avoir la préséance sur
tous les autres Rois , qui lui attira bien
des aplaudissements. Il le dédia au Roy
Henry IV. qui l'engagea par ordre exprès
à pousser plus loin ses recherches
sur cette matiere .
Mais la Mort funeste de ce Prince arrivée
peu de tems après interrompit ce.
Projet , et détermina même M.Bignon à se
retirer de la Cour. Ce ne fut pas cependant
pour long tems , il y fut bien tôt
rapellé à la sollicitation de Nicolas le
Fevre , nouveau Précepteur du Roy Louis
XIII. et ne put se défendre d'y demeufer
jusqu'à la mort de cet ami, Il travailla
dans cet intervale à l'Edition des Formules
de Marculphe.
En 1614. il fir un voyage en Italie ;
et y visita par tout les plus Illustres d'entre
les Sçavants , qu'il convainquit par
sa présence de ce que la Renommée leur
1. Vol. avoit
1164 MERCURE DE FRANCE
avoit apris de plus incroyable en sa faveur.
Le Pape Paul V. lui donna des marques
singulieres de son estime ; le Cardinal
de Sainte Suzanne , qui n'étoit alors
qne Sécretaire des Brefs , établit avec lui
un commerce d'amitié très étroit , et le
célébre Fra - Paolo charmé de sa conver
sation , l'arrêta quelque tems à Venise
pour en profiter.
Au retour de ce voyage M. Bignon se
donna tout entier aux exercices du Barreau
, où ses premieres actions eûrent un
grand succès .
Son pere le fit pourvoir en 16 20. d'une
Charge d'Avocat General au Grand Conseil
, dans les fonctions de laquelle il surpassa
tout ce qu'on pouvoit attendre de
lui , et il s'acquit une si grande réputation
, que le Roy quelque tems après lo
nomma Conseiller d'Etat , et enfin Avocat
General au Parlement à la place de
M. Servin sur la fin de l'année 1625 .
3
Tout le monde aplaudit à ce choix . Le
Clergé même qui avoit nommé des Députez
pour prier le Roy de faire revivre
en sa faveur l'Ancien Droit , suivant lequel
un des Avocats Generaux devoit
être Clerc , ayant sçû le choix que le
Roy avoit fait de M. Bignon , ne se
I Vol.
conJUIN.
1734. 1165
Contenta pas de renoncer à ses prétentions
on faveur de cet Illustre Magistrat , mais
députa encore vers Sa Majesté pour lui
en faire des remerciments, et vers M. Bignon
pour l'en féliciter.
En effet jamais cette importante place
n'avoit été remplie plus dignement 3 car
sans parler de ses talents naturels qu'on y
vit briller dans toute leur étendue, il signala
en mille occasions sa vigueur à soutenir
les interêts du Parlement , son zele inviolable
pour la justice et sa fermeté inébranlable
contre toutes les attaques de la
faveur. Vertus dont ses envieux entrepri
rent de lui faire des crimes ; après la harangue
sincere , quoique respectueuse
qu'il prononça devant le Roy Louis XIII.
séant en son Lit de Juftice pour la vérification
de quelques Edits . Mais ce Prince
justement prévenu en sa faveur , oposa
la parfaite connoissance qu'il avoit de ses
bonnes intentions aux complots et à l'avidité
des gens d'affaires déchaînez contre
sa trop grande probité.
En 1641. résolu de ne plus vaquer
qu'aux Emplois qu'il occupoit dans le
Conseil d'Etat , il céda sa Chargé d'Avocat
General à M. Briquet son Gendre .
L'année suivante le Cardinal de Richelieu
, quoiqu'assez mal intentionné à son
égard
1. Vol. F
1165 MERCURE DE FRANCE
que
égard , le fit nommer Grand- Maître de
la Bibliothéque duRoy , dans la persuasion
le Public le destinoit par avance à
cette Charge , et seroit choqué qu'elle
fut remplie par un autre. L'amour que
M. Bignon avoit pour les Lettres la lui
fit accepter , et son désinteressement lui
fit refuser dans la suite celle de Sur - Intendant
des Finances.
M. Briquet son Gendre étant mort en
1645. il fut obligé de reprendre sa Charge
pour la conserver à son fils , et continua
de l'exercer jusqu'à sa mort , quoique
de Premier Avocat General,il fut des
venu le second.
Il fut outre cela employé à d'autres
Affaires importantes pour l'Etat ; on sçait
combien il eût de part à l'Ordonnance
de 1639. et avec combien d'équité il
exerça les Commissions de l'Arriereban ,
des Amortissemens et du Domaine , qui
lui furent confiées en differents temps.
La Reine Anne d'Autriche l'apella pen
dant sa Regence aux Conseils les plus
importants.
Ce fut lui qui accommoda, les differends
de Mrs d'Avau et Servien , Plenipotentiaires
à Munster , et qui travailla
avec Mrs de Brienne et d'Emery au
Traité d'Alliance avec la Hollande en
IVol. 1649.
JUIN 1734. 1167
1649. Il fut aussi choisi en l'année 1651 .
pour regler la grande Affaire de la Succession
de Mantoüe , et en 1654. pour
conclure le Traité avec les Villes Anseatiques.
Enfin ce grand Homme qui avoit
toujours fait servir la pieté de baze aux
autres vertus qu'il avoit constamment
pratiqué , finit par une mort précieuse
devant Dieu , le cours d'une vie si glo-.
rieuse aux yeux des hommes. Il mourut
le 7 Avril 1656. d'un Asthme dont il
avoit été attaqué dès l'Automne précédent
, mais qui ne lui fit point cesser
ses fonctions ordinaires . Il étoit alors dans
sa 67, année. Il fut enterré à S. Nicolas
du Chardonnet , où vous avez vû son
Buste de Marbre , fait de la main de Gi
rardon , avec une longue Epitaphe qui
^ commence par ces mots : Hieronimus Bignon
,sui sæculi Amor , Decus , Exemplum,
Miraculum & c.
Iln'avoitjamais voulu permettre qu'on
fit son portrait , mais on le tira pendant
qu'il portoit la parole à la grand- Chambre
; c'est pour cela que Lochon qui l'a
gravé , a mis au bas ces mots. R. Lochon
ad vivumfurtim delineavit.
Voici le Catalogue de ses Ouvrages.
1. Chorographie on Description de la
Terre Sainte, Paris 1600. Cette Description-
A. 1 Vol. Fij . qu'il
1168 MERCURE DE FRANCE
qu'il publia à l'âge de 10 ans , est plus
exacte que toutes celles qui avoient paru
auparavant.
2. Discours de la Ville de Rome Prin
cipales Antiquitez , et singularitez d'icelle.
Paris 1604. in 8. Livre peu commun , dit
l'Abbé Lenglet , et qui vient d'une personne
qui joignoit à un grand goût une
extrême exactitude.
3. Traité Sommaire de l'Election des Pa
pes. Plus le Plan du Conclave. Paris 1605,
in 8. Il y a bien de l'érudition dans ce
petit Ouvrage.
4. De l'Excellence des Rois et du Royaume
de France , traitant de la Preséance et des
Prérogatives des Rois de France par dessus
tous les autres , et des causes d'icelles.
Paris 161c . in 8. Cet Ouvrage a été fait
pour refuter celui que Diego Valdès Con
seiller de la Chambre
Royale de Grenade
,
avoit publié pour soutenir
la Preséance
des Rois d'Espagne
, sous ce Titre : de
Dignitate
Regum Hispania. Granata 1602 . in fol
5. Marculfi Monachi Formula ex Biblioteca
Regia Hier. Bignonius edidit , es
Notis illustravit . Paris 1613. in 8.Idem Are.
gentorati.1655 in 4.Id. Editio.auctior. Accessit
Liber Legis Salica, a. f. R. Pithao , et
calem BignonisNotis illustratus.Paris 1666,
I Vol.
ink
JUIN. 1734- 1189
in 4. Cette seconde Edition qui est con
sidérablement augmentée , a paru par les
soins de ses Fils . Les Notes de M.Bignon
sont si remplies d'érudition et si justes
qu'elles font encore l'admiration des
Sçavants cependant il n'avoit que 23
ans lorsqu'il les donna pour la premiere
fois.
6.Voyage de François Pyrard de Laval,
contenant sa navigation aux Indes Orien
tales , Maldives , Moluques et au Brezil
Paris 1615. in 8. Id. nouvelle Edition augmentée
de divers Traitez. Paris 1679.in 8.
C'est à Jerôme Bignon que nous sommes
redevables de la publication de ce Voyage.
Les Découvertes de Pyrard , homme de
bon sens, mais incapable de s'énoncer par
écrit , seroient demeurées ensevelies dans
l'oubli , si M. Bignon ne l'eût attiré chez
lui , l'invitant même à sa table , et n'eût
pris soin de mettre tous les soirs sur le
papier , ce qu'il tiroit à différentes reprises
de ses entretiens.
Ubbo Emmius , Sçavant Hollandois du
XVI. siécle , fait encore une très bonne
figure dans ce 23. vol. desMem . du P.Niceron,
et l'article mérite d'être lû avec attention
. Il mourut à Groningue le 9 Decem
. 1625. dans sa 79 année. Il a composé
plusieurs bons Ouvrages , dont le plus
Fiij im- I. Vol.
170 MERCURE DE FRANCE
important est celui qui concerne l'An
cienne Grece , et dont voici le titre Vetus
Gracia illustrata complectens Descriptionem
Gracia , res gestas Græcorum, statum Rerumpublicarum
Græcarum. Lugd. Bat. Elzevir.
1626. 3. vol. 8.
>
, Emmius , dit l'Auteur des Memoires ,
qui vit commencer et peut- être finir cette
Edition mit écrit le 6 Decembre
par
1625. trois jours avant sa mort ce qu'il
en pensoit. L'Imprimeur , dit- il , a fait
deux fautes. 1. İl a mis mon Ouvrage
in 8. contre la promesse qu'il m'avoit
faite de l'imprimer in folio , et a rendu
ainsi inutiles des Tables Chorographiques
que j'avois dressées avec beaucoup de soin
en cette forme , pour y être inserées et
dont le Livre a indispensablement besoin,
2º. Il a fait traîner si fort en longueur
l'impression , que le chagrin qui m'est
survenu par la mort de mon fils Egbert,
et ensuite mes infirmitez m'ont empêché
de travailler à une ample Préface que
j'avois dessein de composer lorsque le
Livre seroit prêt à paroître , et dans laquelle
j'aurois fait une comparaison entre
les anciennes Republiques Grecques [ et
celles d'à- présent , montrant ce qu'il y a
* Ce Fils mourut à Orleans
Epitaphe que son Pere lui fit &c.
et on rapporte
1Vol. de
JUIN. 1734 7171
de bon et de mauvais dans les unes et
les autres.
L'Ouvrage d'Emmius a été inseré dans
les Antiquitez Grecques de Gronovius ,
tome 4. page 85. avec des additions
Anecdotes de sa façon . Le troisiéme tome
qui contient l'Etat des principales Republiques
de la Grece , a été imprimé séparement
l'an 1632. à Leyde , chez Elzevir
en 2 vol. in 24. pour être joint au corps
des petites Républiques .
Quand ce Sçavant Homme mourut il
travailloit à l'Histoire de Philippe Roy
de Macédoine et son dessein étoit d'y
montrer pour l'usage des Provinces unies,
par quels moyens ce Prince avoit opprimé
la liberté de la Grece. Il avoit déja
conduit l'Histoire jusqu'à la 15. année du
Regne de ce Monarque.
Au reste on doit sçavoir gré au P. Niceron
d'avoir donné à cet Auteur une/
place dans ces Memoires ; car je trouve
que malgré tout son mérite il n'est guere
connu du commun des Gens de Lettres ,
sur tout dans les Provinces. L'Auteur de
la * Dissertation Historique sur l'ancienne
* Cette Dissertation est dans le Recueil des
Piéces présentées à l'Académie de Marseille pour le
Prix de l'année 1727. avec les Distours prononcez
&c. A Marseille chez Jean- Baptiste Boy , e.
$727. Fiij Aca→
172 MERCURE DE FRANCE
Académie de Marseille, n'avoit sans doute
jamais rien vû par lui même de notre
Ubbe Emmins , puisqu'en le citant il fait
du même homme deux Auteurs différents.
C'est dans la même citation que du Boulay
en latin Bullaus , Auteur de l'Histoire Latine
de l'Université de Paris , est nommé
Bouilland , par une assez plaisante méprise.
>
Passons au XXIV. Tome des Memoires.
De trente-sept Articles de Sçavans
qui le composent , je ne vous nommerai
que ceux pour lesquels je prévois que vous
vous interesserez , tels sont Juste Lipse
Pierre Belon , Pierre Patrix on Patris de
Caën , Provençal d'origine , Honorat de
Beuil de Racan , Nicolas Boileau Despreaux
et Jean Baptiste- Henri du Trousset de Valincourt.
Les autres Articles ont aussi le
mérite d'instruire agréablement , et par
conséquent leur utilité .
J'avois dessein d'insérer ici celui de
Pierre Belon du Mans , le plus grand et
le plus curieux voyageur de son temps ,
mais j'aurois excedé les bornes d'une Lettre.
Deux ou trois Remarques que je ferai
sur son sujet suffiront ici. Belon étoit
grand Physicien , bon Médecin et habile
Botaniste mais il faut convenir qu'il
n'étoit ni Geographe ni Antiquaire , ni
I Vol.
bon
JUIN. 1734. 1173**
bon Critique , cela paroît par les differentes
méprises dans lesquelles il est tombé
à cet égard, et dont j'ai donné des preuve
ailleurs , dans le Livre de ses Observations
de plusieurs singularitez et choses memorables
trouvées en Grece , Asie , Judée ,
Egypte , Arabie et autres Pays étrangers
redigees en trois Livres , avec des Figures ,
imprimé pour la premiere fois à Paris
1553. in 4. C'est cependant un bon Livre
P'exactitude de l'Auteur et par sa capacité
dans tout ce qui concerne l'Histoire
naturelle des Pays qu'il a parcourus. Il a
été traduit en latin par Charles Clusius
d'Arras et imprimé à Anvers.en 1589 .
1. vol. 8 .
par
Belon étoit l'Eleve de Pierre Gilles
attaché au Cardinal d'Armagnac , lequel
a fait deux beauxOuvrages sur le Bosphore
de Thrace , et sur la Ville de Constantinople
, mais on prétend qu'il avoit
péu profité sous un si bon Maître pour
les autres connoissances qui lui manquoient.
De retour de ses voyages , il se
retira à l'Abbaye de S. Germain des Prez,
dont étoit alors Abbé le Cardinal de
Tournon , à qui il étoit fort étroitement
* P. Gilles a aussi écrit sur d'autres sujets . Son
Article est curieux dans le XXIII . T. des Memoires
p. 403.
: I. Vol. Fv attaché
174 MERCURE DE FRANCE
attaché. Suivant les Memoires du P. Niceron
, Belon fut assassiné près de Paris)
par un de ses ennemis , l'an 1564. étant
âgé d'environ 47. ans .
Outre son Voyage du Levant , sous
le nom d'Observations , & c. nous avons
du même Auteur plusieurs autres bons
Ouvrages sur differens sujets de l'Histoire
Naturelle , qui ont été publiés de son
vivant , les uns en Latin , les autres en
François.
des Memoires du R. P. Niceron.
J'ai à vous parler ici , Monsieur , du
XXIII. et du XXIV. volumes des Memoires
pour servir à l'Histoire des Hommes
Illustres dans la République des Lettres que
le Sr Briasson , Libraire rue S. Jacques ',
continuë de publier avec succè . Voici
les noms des Scavans dont il est parlé
dans le premier de ces deux Volumes.
Rodolphe Agricola , Jean- Louis Guez
de Balzac, François Bernier, Jean Bernier,
Jerome Bignon , Henri Blount , Denis de
Salvaing de Boissieu , Thomas Brovvne le
Médecin , Thomas Brovvne le Théologien,
Guillaume Camden , Marc- Antoine Ca-
1 Vol.
pelli
1160 MERCURE DE FRANCE
pelli , Thomas Corneille , Robert Creyghton,
Cristophe Davenport , Louis Duret , Ubo
Emmius,Guillaume Estius, Gabriel Fano,
Nicolas Faret, Pierre Gilles , George- Henri
Goetze , Louise Labé , Adam Littleton
Nicolas Lloyd , Olivier Maillard , Jean
Maldonat ,Pierre - Martyr d'Anghiera
Pierre- Martyr Vermilio , Etienne Pavillon,
Alexandre Piccolomini , François Piccolo
mini , Jean Price , Jules - Cesar Scaliger ;
Joseph-Juste Scaliger , Jean- Ginés de Sepulveda
, Antoine Sherley , Thomas Sher-
Ley , et André Thevet.
Entre tous ces Sçavants je n'en trouve
aucun de plus distingué et de plus Illustre
, que notre célébre Jerôme Bignon,
dont l'article par conséquent soit et plus
curieux & plus agréable à lire. Vous nie
sçaurez sans doute bon gré de l'avoir
choisi par préférence , et de le voir ici
tel qu'on le trouve dans nôtre Auteur,
JEROME BIGNon.
Jerôme Bignon , nâquit à Paris , l'an
1590. de Rolland Bignon , Avocat au
Parlement , d'une ancienne Famille originaire
d'Anjou , et de Marie Ogier ,
fille de Christophe Ogier aussi Avocat au
Parlement.
Rolland Bignon , qui est mal appellé
t
1
I Vol.
JcJUIN.
1734- 1161
Jerôme dans les opuscules de Loysel
page 582. né au mois de Fevrier de l'an
15. fut un des plus Sçavans hommes
de son siècle. Il avoit été Disciple de
Mrs Roaldés et Maran , fameux Jurisconsultes
de l'Université de Toulouze ;
et lorsque le premier se retira dans celle
de Cahors il laissa sa Chaire de Professeur
en Droit à Rolland Bignon, qui , comme
cetteProfession étoit alors très honorable,
y enseigna publiquement pendant une
année , et dicta d'excellents Paratitles sur
les 5 Livres des Décretales ; étant ensuite
venu à Paris il exerça avec beaucoup
de réputation la Profession d'Avocat ,
laquelle se bornoient alors plusieurs personnes
de naissance et de merite , qui
conservoient la modération des anciennes
Moeurs , et qui étoient prévenus d'une
espece d'aversion contre la validité des
charges introduite depuis peu . Après
avoir brillé dans le Bareau il devint celébre
dans les Consultations, et fut generalement
estimé comme un homme d'une
rare suffisance, etd'une probité singuliere .
Persuadé qu'il étoit plus redevable à
son fils qu'à tout autre il ne voulut confier
son éducation qu'à lui - même. Jerôme
Bignon n'eût pas besoin d'aller chercher
une autre Ecole pour aprendre les Lan
1Vol.
gues
1162 MERCURE DE FRANCE
gues , les Humanitez , l'Eloquence , la
Philosophie , les Mathematiques , l'Histoire
, la Jurisprudence , & la Theologie .
Il aprit sous un si excellent Maître toutes
ces Sciences avec une rapidité extraordinaire
, et se vit presque à la fin de ses
Etudes dans un âge où l'on ne commence.
gueres qu'à délibérer sur les
faire étudier les Enfans .
V
moyens
dev
Dès l'âge de dix ans il donna au Public
un essai de son Erudition qui lui fit dèslors
mériter la qualité d'Auteur . C'est
une Chorographie on Description de la Terre
Sainte , qui fût une preuve des conroissances
qu'il avoit déja acquises dans l'Histoire
, la Geographie et l'Ecriture Sainte,
il n'en demeura pas là , et on fût encore
surpris de voir trois ans après paroître
deux autres Ouvrages de sa composition ,
Ouvrages qui le firent connoître à tout
ce qu'il y avoit de personnes habiles et
considerables dans la France .
Le Roy Henry IV. ayant entendu
patler de lui voulut le voir , et le choisit
pour être en qualité d'Enfant d'Honneur
auprès du Dauphin qui fut depuis
le Roy Louis XIII .
Le jeune Bignon parût à la Cour avec
des manieres tout à fait aisées et polies.
L'austerité d'une Etude assidue n'avoit
I Vol. point
JUIN 1734.
1163
" 2
point obscurci les dispositions naturelles
qu'il avoit pour paroître dans le grand
monde , et le Tumulte et les Engagements
de la Cour ne fû ent point capables
d'affoiblir l'inclination qu'il se sentoit
pour les Sciences.
Il composa en ce tems- là un Traité de
l'Excellence des Rois et du Royaume de
France , pour prouver que les Rois de
France doivent avoir la préséance sur
tous les autres Rois , qui lui attira bien
des aplaudissements. Il le dédia au Roy
Henry IV. qui l'engagea par ordre exprès
à pousser plus loin ses recherches
sur cette matiere .
Mais la Mort funeste de ce Prince arrivée
peu de tems après interrompit ce.
Projet , et détermina même M.Bignon à se
retirer de la Cour. Ce ne fut pas cependant
pour long tems , il y fut bien tôt
rapellé à la sollicitation de Nicolas le
Fevre , nouveau Précepteur du Roy Louis
XIII. et ne put se défendre d'y demeufer
jusqu'à la mort de cet ami, Il travailla
dans cet intervale à l'Edition des Formules
de Marculphe.
En 1614. il fir un voyage en Italie ;
et y visita par tout les plus Illustres d'entre
les Sçavants , qu'il convainquit par
sa présence de ce que la Renommée leur
1. Vol. avoit
1164 MERCURE DE FRANCE
avoit apris de plus incroyable en sa faveur.
Le Pape Paul V. lui donna des marques
singulieres de son estime ; le Cardinal
de Sainte Suzanne , qui n'étoit alors
qne Sécretaire des Brefs , établit avec lui
un commerce d'amitié très étroit , et le
célébre Fra - Paolo charmé de sa conver
sation , l'arrêta quelque tems à Venise
pour en profiter.
Au retour de ce voyage M. Bignon se
donna tout entier aux exercices du Barreau
, où ses premieres actions eûrent un
grand succès .
Son pere le fit pourvoir en 16 20. d'une
Charge d'Avocat General au Grand Conseil
, dans les fonctions de laquelle il surpassa
tout ce qu'on pouvoit attendre de
lui , et il s'acquit une si grande réputation
, que le Roy quelque tems après lo
nomma Conseiller d'Etat , et enfin Avocat
General au Parlement à la place de
M. Servin sur la fin de l'année 1625 .
3
Tout le monde aplaudit à ce choix . Le
Clergé même qui avoit nommé des Députez
pour prier le Roy de faire revivre
en sa faveur l'Ancien Droit , suivant lequel
un des Avocats Generaux devoit
être Clerc , ayant sçû le choix que le
Roy avoit fait de M. Bignon , ne se
I Vol.
conJUIN.
1734. 1165
Contenta pas de renoncer à ses prétentions
on faveur de cet Illustre Magistrat , mais
députa encore vers Sa Majesté pour lui
en faire des remerciments, et vers M. Bignon
pour l'en féliciter.
En effet jamais cette importante place
n'avoit été remplie plus dignement 3 car
sans parler de ses talents naturels qu'on y
vit briller dans toute leur étendue, il signala
en mille occasions sa vigueur à soutenir
les interêts du Parlement , son zele inviolable
pour la justice et sa fermeté inébranlable
contre toutes les attaques de la
faveur. Vertus dont ses envieux entrepri
rent de lui faire des crimes ; après la harangue
sincere , quoique respectueuse
qu'il prononça devant le Roy Louis XIII.
séant en son Lit de Juftice pour la vérification
de quelques Edits . Mais ce Prince
justement prévenu en sa faveur , oposa
la parfaite connoissance qu'il avoit de ses
bonnes intentions aux complots et à l'avidité
des gens d'affaires déchaînez contre
sa trop grande probité.
En 1641. résolu de ne plus vaquer
qu'aux Emplois qu'il occupoit dans le
Conseil d'Etat , il céda sa Chargé d'Avocat
General à M. Briquet son Gendre .
L'année suivante le Cardinal de Richelieu
, quoiqu'assez mal intentionné à son
égard
1. Vol. F
1165 MERCURE DE FRANCE
que
égard , le fit nommer Grand- Maître de
la Bibliothéque duRoy , dans la persuasion
le Public le destinoit par avance à
cette Charge , et seroit choqué qu'elle
fut remplie par un autre. L'amour que
M. Bignon avoit pour les Lettres la lui
fit accepter , et son désinteressement lui
fit refuser dans la suite celle de Sur - Intendant
des Finances.
M. Briquet son Gendre étant mort en
1645. il fut obligé de reprendre sa Charge
pour la conserver à son fils , et continua
de l'exercer jusqu'à sa mort , quoique
de Premier Avocat General,il fut des
venu le second.
Il fut outre cela employé à d'autres
Affaires importantes pour l'Etat ; on sçait
combien il eût de part à l'Ordonnance
de 1639. et avec combien d'équité il
exerça les Commissions de l'Arriereban ,
des Amortissemens et du Domaine , qui
lui furent confiées en differents temps.
La Reine Anne d'Autriche l'apella pen
dant sa Regence aux Conseils les plus
importants.
Ce fut lui qui accommoda, les differends
de Mrs d'Avau et Servien , Plenipotentiaires
à Munster , et qui travailla
avec Mrs de Brienne et d'Emery au
Traité d'Alliance avec la Hollande en
IVol. 1649.
JUIN 1734. 1167
1649. Il fut aussi choisi en l'année 1651 .
pour regler la grande Affaire de la Succession
de Mantoüe , et en 1654. pour
conclure le Traité avec les Villes Anseatiques.
Enfin ce grand Homme qui avoit
toujours fait servir la pieté de baze aux
autres vertus qu'il avoit constamment
pratiqué , finit par une mort précieuse
devant Dieu , le cours d'une vie si glo-.
rieuse aux yeux des hommes. Il mourut
le 7 Avril 1656. d'un Asthme dont il
avoit été attaqué dès l'Automne précédent
, mais qui ne lui fit point cesser
ses fonctions ordinaires . Il étoit alors dans
sa 67, année. Il fut enterré à S. Nicolas
du Chardonnet , où vous avez vû son
Buste de Marbre , fait de la main de Gi
rardon , avec une longue Epitaphe qui
^ commence par ces mots : Hieronimus Bignon
,sui sæculi Amor , Decus , Exemplum,
Miraculum & c.
Iln'avoitjamais voulu permettre qu'on
fit son portrait , mais on le tira pendant
qu'il portoit la parole à la grand- Chambre
; c'est pour cela que Lochon qui l'a
gravé , a mis au bas ces mots. R. Lochon
ad vivumfurtim delineavit.
Voici le Catalogue de ses Ouvrages.
1. Chorographie on Description de la
Terre Sainte, Paris 1600. Cette Description-
A. 1 Vol. Fij . qu'il
1168 MERCURE DE FRANCE
qu'il publia à l'âge de 10 ans , est plus
exacte que toutes celles qui avoient paru
auparavant.
2. Discours de la Ville de Rome Prin
cipales Antiquitez , et singularitez d'icelle.
Paris 1604. in 8. Livre peu commun , dit
l'Abbé Lenglet , et qui vient d'une personne
qui joignoit à un grand goût une
extrême exactitude.
3. Traité Sommaire de l'Election des Pa
pes. Plus le Plan du Conclave. Paris 1605,
in 8. Il y a bien de l'érudition dans ce
petit Ouvrage.
4. De l'Excellence des Rois et du Royaume
de France , traitant de la Preséance et des
Prérogatives des Rois de France par dessus
tous les autres , et des causes d'icelles.
Paris 161c . in 8. Cet Ouvrage a été fait
pour refuter celui que Diego Valdès Con
seiller de la Chambre
Royale de Grenade
,
avoit publié pour soutenir
la Preséance
des Rois d'Espagne
, sous ce Titre : de
Dignitate
Regum Hispania. Granata 1602 . in fol
5. Marculfi Monachi Formula ex Biblioteca
Regia Hier. Bignonius edidit , es
Notis illustravit . Paris 1613. in 8.Idem Are.
gentorati.1655 in 4.Id. Editio.auctior. Accessit
Liber Legis Salica, a. f. R. Pithao , et
calem BignonisNotis illustratus.Paris 1666,
I Vol.
ink
JUIN. 1734- 1189
in 4. Cette seconde Edition qui est con
sidérablement augmentée , a paru par les
soins de ses Fils . Les Notes de M.Bignon
sont si remplies d'érudition et si justes
qu'elles font encore l'admiration des
Sçavants cependant il n'avoit que 23
ans lorsqu'il les donna pour la premiere
fois.
6.Voyage de François Pyrard de Laval,
contenant sa navigation aux Indes Orien
tales , Maldives , Moluques et au Brezil
Paris 1615. in 8. Id. nouvelle Edition augmentée
de divers Traitez. Paris 1679.in 8.
C'est à Jerôme Bignon que nous sommes
redevables de la publication de ce Voyage.
Les Découvertes de Pyrard , homme de
bon sens, mais incapable de s'énoncer par
écrit , seroient demeurées ensevelies dans
l'oubli , si M. Bignon ne l'eût attiré chez
lui , l'invitant même à sa table , et n'eût
pris soin de mettre tous les soirs sur le
papier , ce qu'il tiroit à différentes reprises
de ses entretiens.
Ubbo Emmius , Sçavant Hollandois du
XVI. siécle , fait encore une très bonne
figure dans ce 23. vol. desMem . du P.Niceron,
et l'article mérite d'être lû avec attention
. Il mourut à Groningue le 9 Decem
. 1625. dans sa 79 année. Il a composé
plusieurs bons Ouvrages , dont le plus
Fiij im- I. Vol.
170 MERCURE DE FRANCE
important est celui qui concerne l'An
cienne Grece , et dont voici le titre Vetus
Gracia illustrata complectens Descriptionem
Gracia , res gestas Græcorum, statum Rerumpublicarum
Græcarum. Lugd. Bat. Elzevir.
1626. 3. vol. 8.
>
, Emmius , dit l'Auteur des Memoires ,
qui vit commencer et peut- être finir cette
Edition mit écrit le 6 Decembre
par
1625. trois jours avant sa mort ce qu'il
en pensoit. L'Imprimeur , dit- il , a fait
deux fautes. 1. İl a mis mon Ouvrage
in 8. contre la promesse qu'il m'avoit
faite de l'imprimer in folio , et a rendu
ainsi inutiles des Tables Chorographiques
que j'avois dressées avec beaucoup de soin
en cette forme , pour y être inserées et
dont le Livre a indispensablement besoin,
2º. Il a fait traîner si fort en longueur
l'impression , que le chagrin qui m'est
survenu par la mort de mon fils Egbert,
et ensuite mes infirmitez m'ont empêché
de travailler à une ample Préface que
j'avois dessein de composer lorsque le
Livre seroit prêt à paroître , et dans laquelle
j'aurois fait une comparaison entre
les anciennes Republiques Grecques [ et
celles d'à- présent , montrant ce qu'il y a
* Ce Fils mourut à Orleans
Epitaphe que son Pere lui fit &c.
et on rapporte
1Vol. de
JUIN. 1734 7171
de bon et de mauvais dans les unes et
les autres.
L'Ouvrage d'Emmius a été inseré dans
les Antiquitez Grecques de Gronovius ,
tome 4. page 85. avec des additions
Anecdotes de sa façon . Le troisiéme tome
qui contient l'Etat des principales Republiques
de la Grece , a été imprimé séparement
l'an 1632. à Leyde , chez Elzevir
en 2 vol. in 24. pour être joint au corps
des petites Républiques .
Quand ce Sçavant Homme mourut il
travailloit à l'Histoire de Philippe Roy
de Macédoine et son dessein étoit d'y
montrer pour l'usage des Provinces unies,
par quels moyens ce Prince avoit opprimé
la liberté de la Grece. Il avoit déja
conduit l'Histoire jusqu'à la 15. année du
Regne de ce Monarque.
Au reste on doit sçavoir gré au P. Niceron
d'avoir donné à cet Auteur une/
place dans ces Memoires ; car je trouve
que malgré tout son mérite il n'est guere
connu du commun des Gens de Lettres ,
sur tout dans les Provinces. L'Auteur de
la * Dissertation Historique sur l'ancienne
* Cette Dissertation est dans le Recueil des
Piéces présentées à l'Académie de Marseille pour le
Prix de l'année 1727. avec les Distours prononcez
&c. A Marseille chez Jean- Baptiste Boy , e.
$727. Fiij Aca→
172 MERCURE DE FRANCE
Académie de Marseille, n'avoit sans doute
jamais rien vû par lui même de notre
Ubbe Emmins , puisqu'en le citant il fait
du même homme deux Auteurs différents.
C'est dans la même citation que du Boulay
en latin Bullaus , Auteur de l'Histoire Latine
de l'Université de Paris , est nommé
Bouilland , par une assez plaisante méprise.
>
Passons au XXIV. Tome des Memoires.
De trente-sept Articles de Sçavans
qui le composent , je ne vous nommerai
que ceux pour lesquels je prévois que vous
vous interesserez , tels sont Juste Lipse
Pierre Belon , Pierre Patrix on Patris de
Caën , Provençal d'origine , Honorat de
Beuil de Racan , Nicolas Boileau Despreaux
et Jean Baptiste- Henri du Trousset de Valincourt.
Les autres Articles ont aussi le
mérite d'instruire agréablement , et par
conséquent leur utilité .
J'avois dessein d'insérer ici celui de
Pierre Belon du Mans , le plus grand et
le plus curieux voyageur de son temps ,
mais j'aurois excedé les bornes d'une Lettre.
Deux ou trois Remarques que je ferai
sur son sujet suffiront ici. Belon étoit
grand Physicien , bon Médecin et habile
Botaniste mais il faut convenir qu'il
n'étoit ni Geographe ni Antiquaire , ni
I Vol.
bon
JUIN. 1734. 1173**
bon Critique , cela paroît par les differentes
méprises dans lesquelles il est tombé
à cet égard, et dont j'ai donné des preuve
ailleurs , dans le Livre de ses Observations
de plusieurs singularitez et choses memorables
trouvées en Grece , Asie , Judée ,
Egypte , Arabie et autres Pays étrangers
redigees en trois Livres , avec des Figures ,
imprimé pour la premiere fois à Paris
1553. in 4. C'est cependant un bon Livre
P'exactitude de l'Auteur et par sa capacité
dans tout ce qui concerne l'Histoire
naturelle des Pays qu'il a parcourus. Il a
été traduit en latin par Charles Clusius
d'Arras et imprimé à Anvers.en 1589 .
1. vol. 8 .
par
Belon étoit l'Eleve de Pierre Gilles
attaché au Cardinal d'Armagnac , lequel
a fait deux beauxOuvrages sur le Bosphore
de Thrace , et sur la Ville de Constantinople
, mais on prétend qu'il avoit
péu profité sous un si bon Maître pour
les autres connoissances qui lui manquoient.
De retour de ses voyages , il se
retira à l'Abbaye de S. Germain des Prez,
dont étoit alors Abbé le Cardinal de
Tournon , à qui il étoit fort étroitement
* P. Gilles a aussi écrit sur d'autres sujets . Son
Article est curieux dans le XXIII . T. des Memoires
p. 403.
: I. Vol. Fv attaché
174 MERCURE DE FRANCE
attaché. Suivant les Memoires du P. Niceron
, Belon fut assassiné près de Paris)
par un de ses ennemis , l'an 1564. étant
âgé d'environ 47. ans .
Outre son Voyage du Levant , sous
le nom d'Observations , & c. nous avons
du même Auteur plusieurs autres bons
Ouvrages sur differens sujets de l'Histoire
Naturelle , qui ont été publiés de son
vivant , les uns en Latin , les autres en
François.
Fermer
Résumé : LETTRE de M.... sur la Continuation des Memoires du R. P. Niceron.
La lettre traite des volumes XXIII et XXIV des 'Mémoires pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres dans la République des Lettres', publiés par le libraire Briasson. Elle met en lumière plusieurs savants, notamment Jérôme Bignon, né à Paris en 1590. Fils de Rolland Bignon, avocat au Parlement, et de Marie Ogier, Jérôme Bignon reçut une éducation complète incluant les langues, les humanités, l'éloquence, la philosophie, les mathématiques, l'histoire, la jurisprudence et la théologie. À dix ans, il publia une 'Chorographie ou Description de la Terre Sainte', suivie de deux autres ouvrages à treize ans. Le roi Henri IV, impressionné par son érudition, le nomma Enfant d'Honneur auprès du Dauphin. Bignon composa un traité sur l'excellence des rois de France, dédié à Henri IV. Après la mort du roi, il se retira temporairement de la cour avant d'y revenir à la demande de Nicolas Le Fèvre, précepteur de Louis XIII. En 1614, il voyagea en Italie, où il rencontra plusieurs savants illustres et reçut des marques d'estime du pape Paul V et du cardinal de Sainte Suzanne. De retour en France, Bignon reprit ses activités au barreau et fut nommé avocat général au Grand Conseil en 1620. En 1625, il devint conseiller d'État et avocat général au Parlement. Il céda sa charge d'avocat général en 1641 et fut nommé grand-maître de la Bibliothèque du Roi par le cardinal de Richelieu en 1642. Bignon fut impliqué dans plusieurs affaires importantes pour l'État, notamment l'ordonnance de 1639 et les traités de Munster et d'Alliance avec la Hollande. Il mourut le 7 avril 1656 à l'âge de 67 ans. Ses œuvres incluent la 'Chorographie de la Terre Sainte', des discours sur Rome, un traité sur l'élection des papes, et des éditions de textes juridiques. La lettre mentionne également Ubbo Emmius, un savant hollandais du XVIe siècle, connu pour son ouvrage sur l'ancienne Grèce. L'auteur exprime sa gratitude au Père Niceron pour avoir donné une place à cet auteur dans ses mémoires, notant qu'Emmius est peu connu parmi les gens de lettres. Le texte évoque également l'œuvre d'Emmius, insérée dans les 'Antiquités Grecques' de Gronovius, et mentionne ses travaux sur les républiques grecques et l'histoire de Philippe II de Macédoine. Le texte traite également de Pierre Belon, un grand voyageur, physicien, médecin et botaniste. Bien que ses compétences en géographie, antiquités et critique soient jugées insuffisantes, Belon a rédigé plusieurs ouvrages sur l'histoire naturelle des pays qu'il a visités, traduits en latin par Charles Clusius. Le texte mentionne également Pierre Gilles, maître de Belon, et ses œuvres sur le Bosphore de Thrace et Constantinople. Belon a été assassiné près de Paris en 1564 à l'âge d'environ 47 ans.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
34
p. 1361-1364
LE MARTYRE DE S. CYR, fils de sainte Julithe, Patron de l'Eglise de Nevers. Ode, contenant Palinodie.
Début :
N'approche point, Esprit pervers, [...]
Mots clefs :
Saint Cyr, Sainte Julitte, Église de Nevers, Palinodie, Fils, Mère, Fureur, Foi, Cieux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE MARTYRE DE S. CYR, fils de sainte Julithe, Patron de l'Eglise de Nevers. Ode, contenant Palinodie.
LE MARTYRE DE S. CTR ,
fils de sainte Julithe , Patron de l Eglise
de Nevers. Ode , contenant Palino lie..
N'Approche point , Esprit pervers ,
Démon , Auteur des mauvais Vers ;
Que ta fureur noire et perfide ,
Pire que le fer homicide ,
Pour jamais s'éloigne de nous
Et que l'affreuse calomnie
Qui ternit la plus belle vie ,,
Ne porte point ici ses coups..
; Vel TW Пад
1362 MERCURE DE FRANCE
La verité seule sçait plaire
A ceux qu'une foi vive et claire ;
O , Foy , d'un vol audacieux ,
Tu nous éleves jusqu'aux Cicux
Par tes Mysteres ineffables
Et ta sacrée obscurité ;
Vaut mieux que la sombre clarté
De nos lumieres périssables .
Les supplices n'étonnent pas
Geux qui combattent sur tes pas ;
Leur sang pour toi coule sans peine ,
Et la mort la plus inhumaine
Semble avoir pour eux des attraits ;
Mais les précieuses Couronnes
Qu'à ces sacrez Guerriers tu donnes ,
Seront durables à jamais.
諾
Des Héros que l'Eglise enfante ,
Je vois la Troupe triomphante ;
Je vois des Femmes , des Vieillards ;
Qui, marchant sous tes Etendarts ,
Des Tyrans ont vaincu la
Je vois d'admirables Enfans
A qui la Grace avant les ans
Donne la force et le courage.
M
rage ;
II. VZ.
Quel
JUIN.
1363
1734.
Quel est cet Enfant glorieur
Qui fixe sur lui tous les yeux è
De la Foy Soldat magnanime
Ou bien plus-tôt tendre Victime ,
De mille coups il est percé .
Vers le Tione tournant sa face ,
La Mere semble rendre grace
Du sang que son Fils a versé.
Tandis que les Bourreaux sur elle
Exerçoient leur fureur cruelle ,
Julithe disoit , Cyr , mon fils ,
De notre Dieu les ennemis
Triompheront de ton enfance ;
Meurs tout - à l'heure comme moi ,
Et que ta mort soit de ma foy
Une seconde récompense.
Soudain ce Héros innocent ,
Qui sçut triompher en naissant ,
Répond : o genereuse Mare , ô
Crains - tu que ton Fils dégenere ,
Tyran , l'abhorte tes faux Dieux ,
Fini ce faral sacrifice ,
Et que ta fureur réunisse
La Mere et le Fils dans les Cieux.
MA II. Vol. vj - Ce
1364 MERCURE DE FRANCE
1 Ce discours rempli de courage,
Du Tyran excite la rage ;
Dans l'excès d'un transport nouveau
De Cyr il devient le Bourreau ,
La terre au loin paroît sanglante ;
Pour une Mere , ce trépas ,
Qui le croiroit ! a des appas ,
Et Julithe enfin meurt coatente..
Cyr , qui triomphes dans les Cieux
Ellustre Patron de ces lieux ,
J'admire ces Temples antiques ,
Qù sous de superbes Portiques ,
Tu satisfais aux voeux de tous ;
J'apperçois devant res Images ,.
Les Peuples rendant leurs hommages,
Et les Empereurs à genoux..
Si par des Vers pleins de licence ,
Aux tiens on a fait quelque offense ,
Ne nous défends pas tes Autels ;
La clémence des Immortels
Est le glorieux caractere ,
Pour expier ces tristes Vers ,
Reçois ceux qui te sont offerts ;
Puissent- ils calmer ta colere !
P. D. F.
fils de sainte Julithe , Patron de l Eglise
de Nevers. Ode , contenant Palino lie..
N'Approche point , Esprit pervers ,
Démon , Auteur des mauvais Vers ;
Que ta fureur noire et perfide ,
Pire que le fer homicide ,
Pour jamais s'éloigne de nous
Et que l'affreuse calomnie
Qui ternit la plus belle vie ,,
Ne porte point ici ses coups..
; Vel TW Пад
1362 MERCURE DE FRANCE
La verité seule sçait plaire
A ceux qu'une foi vive et claire ;
O , Foy , d'un vol audacieux ,
Tu nous éleves jusqu'aux Cicux
Par tes Mysteres ineffables
Et ta sacrée obscurité ;
Vaut mieux que la sombre clarté
De nos lumieres périssables .
Les supplices n'étonnent pas
Geux qui combattent sur tes pas ;
Leur sang pour toi coule sans peine ,
Et la mort la plus inhumaine
Semble avoir pour eux des attraits ;
Mais les précieuses Couronnes
Qu'à ces sacrez Guerriers tu donnes ,
Seront durables à jamais.
諾
Des Héros que l'Eglise enfante ,
Je vois la Troupe triomphante ;
Je vois des Femmes , des Vieillards ;
Qui, marchant sous tes Etendarts ,
Des Tyrans ont vaincu la
Je vois d'admirables Enfans
A qui la Grace avant les ans
Donne la force et le courage.
M
rage ;
II. VZ.
Quel
JUIN.
1363
1734.
Quel est cet Enfant glorieur
Qui fixe sur lui tous les yeux è
De la Foy Soldat magnanime
Ou bien plus-tôt tendre Victime ,
De mille coups il est percé .
Vers le Tione tournant sa face ,
La Mere semble rendre grace
Du sang que son Fils a versé.
Tandis que les Bourreaux sur elle
Exerçoient leur fureur cruelle ,
Julithe disoit , Cyr , mon fils ,
De notre Dieu les ennemis
Triompheront de ton enfance ;
Meurs tout - à l'heure comme moi ,
Et que ta mort soit de ma foy
Une seconde récompense.
Soudain ce Héros innocent ,
Qui sçut triompher en naissant ,
Répond : o genereuse Mare , ô
Crains - tu que ton Fils dégenere ,
Tyran , l'abhorte tes faux Dieux ,
Fini ce faral sacrifice ,
Et que ta fureur réunisse
La Mere et le Fils dans les Cieux.
MA II. Vol. vj - Ce
1364 MERCURE DE FRANCE
1 Ce discours rempli de courage,
Du Tyran excite la rage ;
Dans l'excès d'un transport nouveau
De Cyr il devient le Bourreau ,
La terre au loin paroît sanglante ;
Pour une Mere , ce trépas ,
Qui le croiroit ! a des appas ,
Et Julithe enfin meurt coatente..
Cyr , qui triomphes dans les Cieux
Ellustre Patron de ces lieux ,
J'admire ces Temples antiques ,
Qù sous de superbes Portiques ,
Tu satisfais aux voeux de tous ;
J'apperçois devant res Images ,.
Les Peuples rendant leurs hommages,
Et les Empereurs à genoux..
Si par des Vers pleins de licence ,
Aux tiens on a fait quelque offense ,
Ne nous défends pas tes Autels ;
La clémence des Immortels
Est le glorieux caractere ,
Pour expier ces tristes Vers ,
Reçois ceux qui te sont offerts ;
Puissent- ils calmer ta colere !
P. D. F.
Fermer
Résumé : LE MARTYRE DE S. CYR, fils de sainte Julithe, Patron de l'Eglise de Nevers. Ode, contenant Palinodie.
Le texte est une ode dédiée à saint Cyr, fils de sainte Julithe et patron de l'Église de Nevers. Il commence par une invocation contre les esprits pervers et les calomnies, appelant à la vérité et à la foi. La foi est exaltée comme un moyen d'élever les croyants jusqu'aux cieux et de les rendre capables de supporter les supplices pour des couronnes éternelles. Le texte décrit ensuite la troupe triomphante des héros de l'Église, incluant des femmes, des vieillards et des enfants, tous victorieux sous les étendards de la foi. Le martyre de saint Cyr est relaté : cet enfant, soldat de la foi, est percé de mille coups sous le regard de sa mère, Julithe. Cette dernière encourage son fils à mourir pour la foi, ce que Cyr accepte courageusement, refusant d'adorer les faux dieux du tyran. Enragé par ce discours, le tyran tue d'abord Cyr, puis Julithe. Le texte admire saint Cyr et les hommages rendus en son nom. Il demande pardon pour les offenses passées et offre des vers pour apaiser la colère de saint Cyr.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
35
p. 216-228
MARIAGES ET MORTS.
Début :
Le 1 Février, François-Philibert de Bonvoust; Marquis de Prulay, fils de [...]
Mots clefs :
Mariage, Mort, Marquis, Comte, Fils, Fille, Lieutenant, Gouverneur, Capitaine, Seigneur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MARIAGES ET MORTS.
MARIAGES ET MORTS.
E 1 Février , François- Philibert de Bonvouft ;
>
Philibert de Bonvouft , Marquis de Prulay , Capitaine-
Lieutenant des Gendarmes Dauphins , &
de Dame Marie de la Grange , fut marié le premier
Février à Damoifelle Marie, Louife-Françoife
Durey de Noinville , fille de Meffire Jacques-
Bernard Durey de Noinville , Maître des Requê
tes , & Préfident honoraire au Grand- Conſeil™, &
de Dame Marie-Françoife- Pauline de Simiane.
La cérémonie fut faite dans la Chapelle de l'hôtel
de Pons , par l'Evêque de Gap.
Jean-Paul -François de Noailles, Comte d'Ayen;
Gouverneur & Capitaine des Chaffes de S. Germain-
en-Laye en furvivance , époufa le 4 Février
Damoifelle Henriette- Anne- Louiſe Dagueffeau ,
fille de Meffire Jean-Baptiste-Paulin Dagueffeau
de Frefnes , Confeiller d'Etat ordinaire , & de
feue Dame Anne- Louife-Françoife Dupré . La
Bénédiction nuptiale leur fut donnée par l'Archevêque
de Rouen , dans la Chapelle de l'hôtel de
Machault. Le Comte d'Ayen eft fils de Louis de
Noailles , Duc d'Ayen , Chevalier des Ordres du
Roi , Lieutenant général des Armées de Sa Majefté
, Capitaine de la Compagnie Ecoffoife des
Gardes du Corps , Gouverneur de la Province de
Rouillon , en furvivance , Gouverneur & Capitaine
des Chaffes de S. Germain-en- Laye , & de
Catherine - Françoife - Charlotte de Coffé de
Briffac .
Meffire Simon-Claude Graſſin , Maréchal des
Camps & Armées du Roi , Lieutenant pour Sa
Majesté
JUILLET: 1755 : 217
Majefté , & Commandant des Ville & Citadelle de
Saint-Tropez , fut marié le 6 Mars en fecondes
nôces , à Damoiselle Marguerite- Françoiſe- Genevieve
de Vion de Teffancourt de Maiſoncelle ,
fille de feu Meffire René de Vion , Seigneur de
Teffancourt - Maifoncelle , & de Dame Marie-
Marguerite de la Salle .
Meffire Jofeph- Augufte le Camus , fils de Meffire
Barthélemi le Camus , Gouverneur de Mevoillon
, & de Dame Jeanne de Cauſans , fut marié
le 18 à Damoiſelle Antoinette-Nicole le Camus
, fille de Meffire Nicolas le Camus , Commandeur
des Ordres du Roi , & ci-devant Premier
Préfident de la Cour des Aydes .
Le 8 Avril , Meffire Jean- Baptifte- Calixte de
Montmorin , Marquis de Saint - Herem , Colonel
d'un Régiment d'Infanterie de fon nom , fut
marié à Damoiſelle Amable-Emilie- Gabrielle le
Tellier de Souvré , fille de Meffire François- Louis
le Tellier , Comte de Rebenac , Marquis de Souvré
, Chevalier des Ordres du Roi , Lieutenant
général des Armées de Sa Majesté , & Lieutenant
général pour le Roi dans les Provinces de haute
& balle- Navarre & de Bearn , Maître de la Garderobe
de Sa Majefté , & de feue Dame Jeanne-
Françoife Dauver des Marefts. La Bénédiction
nuptiale leur fut donnée dans la Chapelle de la
Congrégation de S. Sulpice , par l'Evêque d'Agen.
Leur contrat de mariage avoit été figné le 6 par
Leurs Majeftés & par la Famille royale . Le Marquis
de Saint-Herem eft fils de Mellire Jean-
Baptifte-François , Marquis de Montmorin , Lieutenant
général des Armées du Roi , & Gouverneur
de Fontainebleau , & de Dame Conſtance-Lucie
de Valois de Villette.
La Maiſon de Montmorin qui tire fon nom
K
218 MERCURE DE FRANCE.
d'une terre en Auvergne , doit être comptée par
mi les premieres de cette Province & les plus anciennes
du Royaume . Elle n'eft pas moins illuftre
par fes alliances que par fon ancienneté. Calixte I ,
Seigneur de Montmorin , qui vivoit fous le regne
du Roi Lothaire , & qui eft mentionné dans une
charte du Prieuré de Saucillange , avec Hugues
fon fils , eft le 9e ayeul de Geoffroi , Seigneur de
Montmorin , qui vivoit en 1417 , & qui de fa
femme Dauphine de Thinieres , eut pour fecond
fils Jacques de Montmorin , Seigneur de Saint-
Herem , du chef de fa femme Jeanne Gouge , dite
de Charpaigne , mere de Gilbert de Montmorin
qui d'Alix de Chalancon eut Jean de Montmorin ,
Seigneur de Saint-Herem , allié en 1490 à Marie
de Chazeron. Leur fils François de Montmorin ,
Gouverneur de la haute & baffe- Auvergne , eut de
Jeanne de Joyeufe , Gafpard de Montmorin
Gouverneur d'Auvergne après fon pere , & Jean ,
qui époufa Gabrielle de Murol , Dame du Broc
de Gignac , & de Saint-Bonnet. Leur fils Gafpard
de Montmorin , Seigneur de Saint- Herem , fut
allié à Claude de Chazeron , mere de Gilbert-
Gafpard de Montmorin , décedé le 27 Février
1660 , laiffant de Catherine de Caftille , François-
Gafpard & Edouard de Montmorin , qui ont formé
les deux branches qui fubfiftent aujourd'hui.
François-Gafpard , l'aîné fut grand Louvetier de
France en 1655 , Gouverneur & Capitaine des
Chaffes de Fontainebleau. Son fils Charles-Louis
de Montmorin , qui eut la furvivance de cette
derniere Charge , eft ayeul par fa femme Marie-
Genevieve Rioult de Douilly , du Marquis de
Montmorin qui donne lieu à cet article.
Voyez l'Hiftoire des Grands Officiers de la
Couronne , t, 8. p. 813 , & les Tablettes hiftori
ques , t. 4. P. 419.
JUILLET. 1753. 219
Meffire Charles- Adrien , Comte de Ligny , Vicomte
de Damballe , Meftre de Camp de Cavalerie
, époufa le 17 Avril Demoifeile Elifabeth-
Jeanne de la Roche de Rambures , fille de Meffire
Louis-Antoine de la Roche , Marquis de Rambures
, Maréchal des Camps & Armées du Roi , &
de Dame Elifabeth-Marguerite de Saint - Georges
de Verac. La Bénédiction nuptiale leur fut donnée
par l'Evêque de Meaux , dans la Chapelle
particuliere de l'hôtel de Rothelin . Le Comte de
Ligny eft veuf de Dame Reine -Magdeleine de
Hunolfthein.
Marie-François- Henri de Francquetot , Marquis
de Coigny , Meftre de Camp général des
Dragons de France , & Gouverneur de Choify- le-
Roi , fils de feu Jean- Antoine- François de Francquetot
, Comte de Coigny & de Dame Théreſe-
Jofephe-Corentine de Nevet , & petit- fils du Maréchal
de France de ce nom , fut marié le 21 à
Dame Marie-Jeanne-Olimpe de Bonnevie , Dame
des Ville & Marquifat de Vervins , veuve de
Louis- Augufte , Vicomte de Chabot.
Voyez les Tablettes hiftoriques , 3 part. p. 60, ´ .
& 4 part. p. 310.
>
Atmand , Marquis de Bethune Meftre de
Camp général de la Cavalerie , veuf de Dame
Marie-Edmée de Boullongne, a épousé le 22 Avril
Damoiselle Louife- Thérefe Crozat de Thiers , fille
de Meffire Antoine -Louis Crozat de Thiers , Brigadier
des Armées du Roi & Lecteur du cabinet
de Sa Majefté , & de Marie- Louife Auguftine de
Laval-Montmorenci . L'Evêque de Blois leur donna
la Bénédiction nuptiale dans la Chapelle du château
de Brunoy.
Meffire Jean- Fréderic de la Tour- Dupin de
Gouvernet , Comte de Paulin , Marquis de la
Kij
220 MERCURE DE FRANCE .
Roche- Chalais , Colonel dans le Corps des Gre
nadiers de France , a été márié le 24 à Demoiſelle
Cecile- Marguerite - Séraphine Guignot de Monconfeil,
fille de Meffire Etienne Guignot , Marquis
de Monconfeil , Lieutenant général des Armées
du Roi & Inspecteur général de l'Infanterie , &
de Dame Cécile Thérele Rioult de Curfay. Leur
contrat de mariage avoit été figné le 22 par leurs
Majeftés & par la Famille royale.
Meffire François de Laftic , Comte de Laſtic ;
Capitaine de Cavalerie dans le Régiment de Saint-
Jal , fut marié le 30 à Demoiſelle Anne Charron
de Menars , fille de feu Meffire Michel-Jean-
Baptifte Charron , Marquis de Menars , Brigadier
d'Infanterie , Capitaine des Chaffes de la Capitai
nerie de Blois & Gouverneur du Château de ladite
Ville , & de Dame Anne de Caftres de la
Rivierre. La Bénédiction nuptiale leur fut donnée
dans l'Eglife de Saint Sulpice , par l'Evêque de
Comminges. Le Comte de Laftic eft fils de Meffire
François , Marquis de Laftic , Maréchal des Camps
& Armées du Roi , & Lieutenant des Gardes du
Corps , & de Dame. Magdeleine- Héleine Camus
de Pontcarré. 1
Le a Mars eft mort à Paris Louis de Rouvroi §
Duc de Saint-Simon , Pair de France , Grand d'Eſpagne
de la premiere claffe , Chevalier des Ordres
du Roi, Vidame de Chartres, Gouverneur des Ville,
Château & Citadelle de Blaye , ainſi que du Fort
de Medoc , Grand Bailli & Gouverneur de Senlis
& du Pont Saint-Maxence. Ce Seigneur étoit âgé
de 30 ans. Il avoit été du Confeil de Régence &
Ambaffadeur extraordinaire du Roi en Eſpagne.
Par cette mort fe trouve éteinte la Duché-
Pairie de Saint-Simon , & la derniere branche de
l'illuftre Maifon de Rouvroi- Saint-Simon , n
JUILLET. 1733 : 221
reftant de cette branche Ducale que Marie-Chrif
tine -Chrétienne de Saint-Simon , fille unique de
Jacques-Louis de Rouvroi S.S mon , Duc de Ruffec ,
mort en 1746 , & de Catherine- Charlotte Thérefe
de Gramont , fille d'Antoine , Duc de Gramont.
Elle eft petite-fille du Duc dont nous annonçons
la mort & a époulé le 10 Décembre 1749 ,
Charles Maurice Grimaldi , appellé Comte de
Valentinois.
Il y a encore trois autres branches de la Maifon
de Saint-Simon , aînées de la Ducale. La premiere
fubfifte dans la perfonne de Claude , Bailli de
Saint-Simon , qui a été Général des Galeres de
Malthe en 1735 & 1736 , & de Claude de Saint-
Simon , Evêque de Metz , fon frere. La feconde
a pour chef Louis- Gabriel de Saint-Simon , Marquis
de Montbleru , veuf depuis le mois de Décembre
1753 , de Catherine-Marguerite Pineau
de Lucé , de laquelle il a quatre garçons & quatre
filles. La troifieme branche fubfifte dans cinq
garçons & une fille , enfans de Louis François de
Saint-Simon , Marquis de Sandricourt , Lieute
nant général des Armées du Roi , mort en 1749 .
& de Marie-Louife -Gabrielle de Gourgues , morte
en 1753:
Marie- Thérefe-Emmanuelle Cafimire- Genevie.
ve de Béthune , épouſe de Louis- Augufte Fouquer
de Belle- Ifle , Duc de Gifors , Pair & Maréchal de
France , Prince du S. Empire Romain , Chevalier
des Ordres du Roi & de l'Ordre de la Toifon d'or,
Gouverneur des Ville & Citadelle de Metz & du
pays Meflin , Commandant en chef dans les trois
Evêchés , frontiere de Champagne & pays de Luxembourg
, & Lieutenant général des Duchés de
Lorraine & de Bar , oft morte le 3 dans la 46€
année de fon âge.
"
Kiij
222 MERCURF DE FRANCE.
Dame Françci'e - Marie - Elifabeth Couvay ,
époufe de Louis Balb - Bertons Marquis de Crillon
, Maréchal des Camps & Armées du Roi ,
mourut à Paris le 6 Mars âgée de 30.
Le Comte de Rohan , Chambellan , Grand
Ecuyer & Grand Veneur de l'Infant Duc de Parme
, eft mort à Parme le 77.Mars.
Diane- Henriette de Bafchi d'Aubaïs , épouse
de Jofeph de Montainard , Marquis de Montfrin ,
Comte de Souternon , eft morte le 18 au château
de Montfrin en Languedoc , dans fa 44° année.
Voyez Bafchi, 4. part. des Tablettes hiftoriques
, pag. 170 , 212 , 217 & 325. & Montainard ,
ibid. pag. 110 & 158 .
9
Meffire Matthieu-Henri Molé de Champlaftreux
fils de Meffire Matthieu-François Molé
fecond Préfident du Parlement , eft mort le 20 dans
La 7e année.
Catherine Charlotte - Thérefe de Gramont ,
venve de Jacques- Louis de Saint- Simon , Duc de
Ruffec , Pair de France, Vidame de Chartres, Chevalier
de la Toifon d'or , mourut en cette ville le 21
âgée de 48 ans. Elle avoit été mariée en premieres
nôces à Philippe- Alexandre , Prince de Bournonville
, mort en 1727. Elle étoit fille d'Antoine de
Gramont , Pair & Maréchal de France , Lieutenant
général de Navarre & de Bearn , Colonel du Régiment
des Gardes- Françoiſes , & de Marie- Chriftine
de Noailles.
Le fieur Jacques Molin , Médecin de la Faculté
de Montpellier , & l'un des Médecins confultans
da Roi , eft mort le 21 Mars âgé de 92 ans. Ses
lumieres , fon expérience & fes fuccès , l'ont fait
compter , avec juftice , au nombre des plus grands
Médecins de ce fiecle.
Meffire Nicolas -Alexandre de Ségur , Préfident
JUILLET. 1755. 223
honoraire du Parlement de Bordeaux , eft mort le
24 dans la cinquante-huitieme année de fon âge.
Meffire Pierre de Forges , Marquis de Châteaubrun
, eft mort le 28 en fon château de Château
vieux , âgé de 75 ans. Il laiffe deux fils & trois
filles de fon fecond mariage avec Dame Gabrielle
de la Marche , fille de Meffire François de la Marche
, Baron de Fins , & de feu Gabrielle de Montmorenci.
Augufte-Henri , Comte de Friefe , Maréchal
des Camps & Armées du Roi , Mestre de Camp
d'un Régiment de Cavalerie légere de fon nom ,
& Colonel - Lieutenant du Régiment de Madame
la Dauphine , mourut à Paris le 29 Mars âgé de 27 ans.
隔Meffire Guillaume Raffin d'Hauterive , Abbé
de l'Abbaye de Belleville , Ordre de Saint Auguftin
, Diocèfe de Lyon , eft mort le 31 dans la
78e année .
Le 2 Avril , Meffire Jofeph- Philibert d'Apchies ,
Comte de Vabres, des Deux Chiens & de la Baume,
Grand Sénéchal d'Arles , eft mort en cette ville
dans la 69 année de fon âge.
Dame Marie -Jofephe le Duc , veuve de Meffire
Jules , Marquis de Grave , eft morte le 6 Avril
âgée de 70 ans.
Dame Catherine -Félicité- Arnauld de Pompon
ne , veuve de Meffire Jean-Baptifte Colbert , Mar
quis de Torcy , Commandeur des Ordres du Roi ,
Miniftre & Secrétaire d'Etat , ayant le département
des Affaires étrangeres , & Surintendant des
Poſtes , mourut à Paris le 7 âgée de 77 ans.
Dame Marie-Magdeleine Camus de Pontcarré ,
veuve de Méffire Louis- Balthazard de Ricouart ,
Comte d'Herouville, mourut le 12 du même mois.
Meffire Jochim PEfpinette-le-Mairat , Seigneur
Kiiij
224 MERCURE DE FRANCE.
de Nogent , Préfident de la Chambre des Comp
ies , eft mort le 15 âgé de 74 ans.
Meffire Gabriel Tachereau de Baudry , Confeiller
d'Etat ordinaire & Intendant des Finances ,
mourut en cette ville le 22 âgé de 82 ans .
Meffire Jean-Baptifte de Francheville , Préfident
du Parlement de Bretagne , mourut le 29 âgé de
67 ans.
Meffire Jean Bart , Vice-Amiral , Grand- Croix
de l'Ordre royal & militaire de Saint Louis , eſt
mort à Dunkerque fur la fin d'Avril .
Le 4 Mai , Meffire Nicolas Malezieu , Major
de Carabiniers , fils de Meffire Pierre de Malezieu,
Commandeur de l'Ordre royal & militaire de
S. Louis & Lieutenant général des Armées du
Roi , & de Dame Marthe Stoppa , mourut à Paris
dans la 34 année de fon âge.
Don Manuel Gallevon , Comte de la Cerda
Commandeur de l'Ordre de Chrift , & Envoyé
extraordinaire du Roi de Portugal auprès de Sa
Majefté , mourut le 9 en cette ville âgé de ao
ans.
Meffire Charles -Louis de Biaudos , Comte de
Cafteja , Maréchal des Camps & Armées du Roi
Gouverneur de Toul & de Saint-Dizier , ci devant
'Ambaffadeur de Sa Majeſté en Suede , eft mort le
10 dans la 72 ° année de fon âge.
Dame Marie-Françoiſe - Victoire de Verthamon,
veuve de Meffire Louis de Perruffe , Comte
d'Efcars , Lieutenant général pour le Roi au Gouvernement
du haut & bas Limoufin , mourut le
12 au château d'Eſcars , dans la 72º année de fon
âge.
Jean-Marie de Bourbon , Duc de Châteauvi
Jain , fils de Louis-Jean- Marie de Bourbon , Duc
de Penthievre , & de feue Marie- Thétefe- Félicité
JUILLET. 1753. 223
'Eft , Princeffe de Modene , mourut le 19 à Paris,
âge de fix ans , fix mois & deux jours.
Mre Marc-René des Ruaux de Rouffiac , Abbé
de l'Abbaye de Notre-Dame de Sellieres , Ordre
de Citeaux , Diocèfe de Troyes & Vicaire Général
de l'Evêché de Sarlat , mourut à Versailles le
25 dans fa quarante- cinquième année.
Meffire Pierre-Emmanuel , Marquis de Roqué-
Jaure , eft mort dans le mois de Mai , dans fon
château en Auvergne , âgé de quatre - vingt - deux
ans.
Meffire Samuel de Meherenc , Comte de Varennes
, l'un des Lieutenans de Roi dans la Province
de Flandres , Lieutenant pour Sa Majesté &
Commandant au Gouvernement de Béthune , eſt
mort en Normandie dans fa foixante- dix- huitieme
année.
L'Eglife de France vient de perdre un Prélat digne
des premiers temps. Son nom manque à la
તે
lifte des Princes de l'Eglife , dont la pourpre eut
reçu un nouvel éclat , s'il en eut été décoré,
Henri-François -Xavier de Bel unce de Caftelmoron
, étoit né en Décembre 1671. Il entra dans
la Société des Jéfaites en Septembre 1691 , il en
fortit pour être grand-Vicaire de l'Evêque d'Agen ;
il fut nommé à l'évêché de Marfeille en 1709 , &
facré à Paris en1710pendant l'affemblée du Clergé
à laquelle il étoit député en qualité de fuffragant
de la province d'Arles, La pefte arrivée à Marfeille
en 1720 , & qui dura toute l'année 1721. fit éclater
fa charité , fon courage & fon zèle , & nous fit voir
un fecond Charles- Boromée. M. le Régent ne tarda
pas à récompenfer tant de vertus , en le nommant
le 16 Octobre 1723 à l'Evêché de Laon , feconde
pairie du royaume. Il en étoit d'autant plus
digne qu'il refufa ce nouvel honneur pour fe
Kv
226 MERCURE DE FRANCE.
conferver tout entier à fon troupeau pour lequel
'il avoit facrifié fes biens , & tant de fois expofé fa
vie. Il continua de vieillir dans les travaux apoftoliques
, parcourant fon diocèfe en fimple miffionnaire
, & verfant partout avec profuſion ſes inftructions
& fes aumônes. Clément XI . lui envoya
le pallium , & l'honora de plufieurs brefs : ce Pape
mourut au moment où il alloit le faire cardinal :
on ne doit pas omettre que ce Prélat a refufé depuis
l'archevêché de Bordeaux. Il eft mort le 4
Juin , au même jour où la ville de Marfeille renouvelle
tous les ans la confécration qu'il fit pendant
les horreurs de la pefte , de lui & de tout fon
peuple au facré coeur de Jefus. Les regrets de tous
les habitans de cette ville , & les honneurs rendus
à cet illuftre Prélat , éterniferont à jamais fa mémoire
& leur reconnoiffance .
Sa Maiſon eft trop connue pour entrer ici dans
un grand détail : originaire de Navarre , & portant
dans fes armes depuis un tems.immémorial
celles de Bearn , elle fe perd dans les tems les plus
reculés. La fuite non interrompue des ancêtres de
M. de Marſeille , remonte à un Guillaume de Bel
funce , Vicomte de Macaye qui tefta en 1209. Les
Seigneurs de Belfunce font en poffeffion du titre
de Vicomtes depuis le douzieme fiecle. Les chroniques
de Bayonne rapportent l'entrepriſe d'un
cadet de Belfunce qui combattit un monftre à trois.
têtes , & qui fut écrafé par ce monftre après l'avoir
tué. L'événement fabuleux ou véritable en eft
confervé par ce qui fe voit dans leurs armes : c'eſt
un dragon qu'ils ont ajouté à leur écu par la permiffion
du Roi de Navarre Charles III , dit le
Noble. Ils poffederent les premieres charges dans
la maifon des Rois de Navarre. Le titre de Ricombre
qui répond à celui de haut & puiſſant SeiJUILLET.
1755. 227
gneur , fut concédé à Guillaume-Arnaud de Bel-
Tunce par le Roi Charles II , dit le Mauvais , &
parmi les maifons de Navarre établies , en France
, on ne connoît que celles de Grammont de
Luxe & de Belfunce qui foient parvenues à cette
dignité. Les illuftres alliances que les feigneurs
de Belfunce ont contractées , foit par des filles,
données , foit par des filles reçues en mariage ,
répondent bien à la nobleffe de cette maifon. Elle
eft alliée aux maifons de Grammont , d'Efchau
d'Armindaris , d'Arambure , d'Urtubre de Luxe ,
de Montmorency - Luxembourg , Gontaud de
Saint -Geniès , de Foix , de Navailles , d'Elbeuf ,
Pompadour , Rothelin , de Leffe du Coudrai proche
parent de Georges Duc de Virtemberg , Caumont-
la-Force , Montalambert -Moubaux , Beaumont
des Junies , la Lane , Fumel de Monfegur
d'Albret , de Tallerant , de Montp fat , de Goth ,
maifon du Pape Clement V. de Bourdeille , Caf
telnau de Clermont - Lodeve , Pardaillant , de
Rye-Rouffy , de la Rochefoucault , Candale de
Foix , Gontaud-Biron , d'Aydie de Riberac , Théobon
, de Pons , Fumel , Beaupoil - Saint - Aulaire ,
Harcourt -Beuvron , de Chapt de Raftignac , Dur
fort de Duras , de Bearn de Braflac , &c.
"
Il ne refte de la branche de M. l'Evêque de
Marſeille que le Marquis de Belfunce de Caftelmoron
fon petit neveu , fils de feu Antonin Armand
, Comte de Belfunce , Grand Louvetier de
France , & d'Alexandrine- Charlotte Sublet d'Heudicourt
& petit-fils de Charles- Gabriel de Belfance
, Marquis de Caftelmoron , &c. Capitaine-
Lieutenant des Gendarmes Bourguignons , Lieuten
ant général des armées du Roi , Gouverneur &
Sé échal des provinces d'Agenois & Condommois ,
& de Cécile- Genevieve de Fontanicu. 3
Kvi
228 MERCURE DE FRANCE.
Le chef de la branche aînée de cette maifon , eft
'Armand , Vicomte de Belfunce , Colonel du régiment
de ce nom.
Louis-François- Alexandre Savary , Seigneur &
Marquis de Lancofme , Chevalier de l'Ordre
royal & Militaire de Saint Louis , ci - devant
capitaine de Grenadiers Grenadiers au Régiment de
Richelieu , eft décédé le 12 Juin 1755 , dans
fon Château de Lancofme en Touraine , âgé de
foixante ans , il étoit chef du nom & armes de
Savary, & avoit épousé par contrat de mariage du
9 Janvier 1725 , damoiſelle Marie- Anne de Vaillant
, fille de Meffire François de Vaillant , Chevalier,
Seigneur d'Avignon , & de Dame Margue
rite de la Bouchardiere , dont font iffus trois fils
fçavoir ,
*
Louis-Jean-Baptifte Savary , Seigneur & Marquis
de Lancofne , Capitaine dans le régiment de
Bourgogne , cavalerie, marié à Damoiſelle Louiſe-
Renée de Roncée.
Louis-Alexandre Savary-Lancofme , chevalier
'de Malthe.
Louis-François Savary-Lancofme , Prêtre , Bathelier
de la Faculté de Théologie de Paris , à la
fin de fa Licence.
Ily a une autre branche de la maifon de Savary,
connue depuis 200 ans fous le nom de Bréves , de
laquelle est aîné Paul- Louis-Jean - Baptifte-Camille
de Savary-Breves , appellé le Marquis de Jarzé ,
parce qu'il a hérité du Marquifat de Jarzé en Anjou
dans la fucceffion collatéralle de Marie- Urbain-
René du Pleffis , Marquis de Jarzé , décédé
fans enfans .
Voyez à l'article des Morts & mariages du fe-
Bond volume de Juin , il y eft parlé très au long des
deux branches de cette maison,
E 1 Février , François- Philibert de Bonvouft ;
>
Philibert de Bonvouft , Marquis de Prulay , Capitaine-
Lieutenant des Gendarmes Dauphins , &
de Dame Marie de la Grange , fut marié le premier
Février à Damoifelle Marie, Louife-Françoife
Durey de Noinville , fille de Meffire Jacques-
Bernard Durey de Noinville , Maître des Requê
tes , & Préfident honoraire au Grand- Conſeil™, &
de Dame Marie-Françoife- Pauline de Simiane.
La cérémonie fut faite dans la Chapelle de l'hôtel
de Pons , par l'Evêque de Gap.
Jean-Paul -François de Noailles, Comte d'Ayen;
Gouverneur & Capitaine des Chaffes de S. Germain-
en-Laye en furvivance , époufa le 4 Février
Damoifelle Henriette- Anne- Louiſe Dagueffeau ,
fille de Meffire Jean-Baptiste-Paulin Dagueffeau
de Frefnes , Confeiller d'Etat ordinaire , & de
feue Dame Anne- Louife-Françoife Dupré . La
Bénédiction nuptiale leur fut donnée par l'Archevêque
de Rouen , dans la Chapelle de l'hôtel de
Machault. Le Comte d'Ayen eft fils de Louis de
Noailles , Duc d'Ayen , Chevalier des Ordres du
Roi , Lieutenant général des Armées de Sa Majefté
, Capitaine de la Compagnie Ecoffoife des
Gardes du Corps , Gouverneur de la Province de
Rouillon , en furvivance , Gouverneur & Capitaine
des Chaffes de S. Germain-en- Laye , & de
Catherine - Françoife - Charlotte de Coffé de
Briffac .
Meffire Simon-Claude Graſſin , Maréchal des
Camps & Armées du Roi , Lieutenant pour Sa
Majesté
JUILLET: 1755 : 217
Majefté , & Commandant des Ville & Citadelle de
Saint-Tropez , fut marié le 6 Mars en fecondes
nôces , à Damoiselle Marguerite- Françoiſe- Genevieve
de Vion de Teffancourt de Maiſoncelle ,
fille de feu Meffire René de Vion , Seigneur de
Teffancourt - Maifoncelle , & de Dame Marie-
Marguerite de la Salle .
Meffire Jofeph- Augufte le Camus , fils de Meffire
Barthélemi le Camus , Gouverneur de Mevoillon
, & de Dame Jeanne de Cauſans , fut marié
le 18 à Damoiſelle Antoinette-Nicole le Camus
, fille de Meffire Nicolas le Camus , Commandeur
des Ordres du Roi , & ci-devant Premier
Préfident de la Cour des Aydes .
Le 8 Avril , Meffire Jean- Baptifte- Calixte de
Montmorin , Marquis de Saint - Herem , Colonel
d'un Régiment d'Infanterie de fon nom , fut
marié à Damoiſelle Amable-Emilie- Gabrielle le
Tellier de Souvré , fille de Meffire François- Louis
le Tellier , Comte de Rebenac , Marquis de Souvré
, Chevalier des Ordres du Roi , Lieutenant
général des Armées de Sa Majesté , & Lieutenant
général pour le Roi dans les Provinces de haute
& balle- Navarre & de Bearn , Maître de la Garderobe
de Sa Majefté , & de feue Dame Jeanne-
Françoife Dauver des Marefts. La Bénédiction
nuptiale leur fut donnée dans la Chapelle de la
Congrégation de S. Sulpice , par l'Evêque d'Agen.
Leur contrat de mariage avoit été figné le 6 par
Leurs Majeftés & par la Famille royale . Le Marquis
de Saint-Herem eft fils de Mellire Jean-
Baptifte-François , Marquis de Montmorin , Lieutenant
général des Armées du Roi , & Gouverneur
de Fontainebleau , & de Dame Conſtance-Lucie
de Valois de Villette.
La Maiſon de Montmorin qui tire fon nom
K
218 MERCURE DE FRANCE.
d'une terre en Auvergne , doit être comptée par
mi les premieres de cette Province & les plus anciennes
du Royaume . Elle n'eft pas moins illuftre
par fes alliances que par fon ancienneté. Calixte I ,
Seigneur de Montmorin , qui vivoit fous le regne
du Roi Lothaire , & qui eft mentionné dans une
charte du Prieuré de Saucillange , avec Hugues
fon fils , eft le 9e ayeul de Geoffroi , Seigneur de
Montmorin , qui vivoit en 1417 , & qui de fa
femme Dauphine de Thinieres , eut pour fecond
fils Jacques de Montmorin , Seigneur de Saint-
Herem , du chef de fa femme Jeanne Gouge , dite
de Charpaigne , mere de Gilbert de Montmorin
qui d'Alix de Chalancon eut Jean de Montmorin ,
Seigneur de Saint-Herem , allié en 1490 à Marie
de Chazeron. Leur fils François de Montmorin ,
Gouverneur de la haute & baffe- Auvergne , eut de
Jeanne de Joyeufe , Gafpard de Montmorin
Gouverneur d'Auvergne après fon pere , & Jean ,
qui époufa Gabrielle de Murol , Dame du Broc
de Gignac , & de Saint-Bonnet. Leur fils Gafpard
de Montmorin , Seigneur de Saint- Herem , fut
allié à Claude de Chazeron , mere de Gilbert-
Gafpard de Montmorin , décedé le 27 Février
1660 , laiffant de Catherine de Caftille , François-
Gafpard & Edouard de Montmorin , qui ont formé
les deux branches qui fubfiftent aujourd'hui.
François-Gafpard , l'aîné fut grand Louvetier de
France en 1655 , Gouverneur & Capitaine des
Chaffes de Fontainebleau. Son fils Charles-Louis
de Montmorin , qui eut la furvivance de cette
derniere Charge , eft ayeul par fa femme Marie-
Genevieve Rioult de Douilly , du Marquis de
Montmorin qui donne lieu à cet article.
Voyez l'Hiftoire des Grands Officiers de la
Couronne , t, 8. p. 813 , & les Tablettes hiftori
ques , t. 4. P. 419.
JUILLET. 1753. 219
Meffire Charles- Adrien , Comte de Ligny , Vicomte
de Damballe , Meftre de Camp de Cavalerie
, époufa le 17 Avril Demoifeile Elifabeth-
Jeanne de la Roche de Rambures , fille de Meffire
Louis-Antoine de la Roche , Marquis de Rambures
, Maréchal des Camps & Armées du Roi , &
de Dame Elifabeth-Marguerite de Saint - Georges
de Verac. La Bénédiction nuptiale leur fut donnée
par l'Evêque de Meaux , dans la Chapelle
particuliere de l'hôtel de Rothelin . Le Comte de
Ligny eft veuf de Dame Reine -Magdeleine de
Hunolfthein.
Marie-François- Henri de Francquetot , Marquis
de Coigny , Meftre de Camp général des
Dragons de France , & Gouverneur de Choify- le-
Roi , fils de feu Jean- Antoine- François de Francquetot
, Comte de Coigny & de Dame Théreſe-
Jofephe-Corentine de Nevet , & petit- fils du Maréchal
de France de ce nom , fut marié le 21 à
Dame Marie-Jeanne-Olimpe de Bonnevie , Dame
des Ville & Marquifat de Vervins , veuve de
Louis- Augufte , Vicomte de Chabot.
Voyez les Tablettes hiftoriques , 3 part. p. 60, ´ .
& 4 part. p. 310.
>
Atmand , Marquis de Bethune Meftre de
Camp général de la Cavalerie , veuf de Dame
Marie-Edmée de Boullongne, a épousé le 22 Avril
Damoiselle Louife- Thérefe Crozat de Thiers , fille
de Meffire Antoine -Louis Crozat de Thiers , Brigadier
des Armées du Roi & Lecteur du cabinet
de Sa Majefté , & de Marie- Louife Auguftine de
Laval-Montmorenci . L'Evêque de Blois leur donna
la Bénédiction nuptiale dans la Chapelle du château
de Brunoy.
Meffire Jean- Fréderic de la Tour- Dupin de
Gouvernet , Comte de Paulin , Marquis de la
Kij
220 MERCURE DE FRANCE .
Roche- Chalais , Colonel dans le Corps des Gre
nadiers de France , a été márié le 24 à Demoiſelle
Cecile- Marguerite - Séraphine Guignot de Monconfeil,
fille de Meffire Etienne Guignot , Marquis
de Monconfeil , Lieutenant général des Armées
du Roi & Inspecteur général de l'Infanterie , &
de Dame Cécile Thérele Rioult de Curfay. Leur
contrat de mariage avoit été figné le 22 par leurs
Majeftés & par la Famille royale.
Meffire François de Laftic , Comte de Laſtic ;
Capitaine de Cavalerie dans le Régiment de Saint-
Jal , fut marié le 30 à Demoiſelle Anne Charron
de Menars , fille de feu Meffire Michel-Jean-
Baptifte Charron , Marquis de Menars , Brigadier
d'Infanterie , Capitaine des Chaffes de la Capitai
nerie de Blois & Gouverneur du Château de ladite
Ville , & de Dame Anne de Caftres de la
Rivierre. La Bénédiction nuptiale leur fut donnée
dans l'Eglife de Saint Sulpice , par l'Evêque de
Comminges. Le Comte de Laftic eft fils de Meffire
François , Marquis de Laftic , Maréchal des Camps
& Armées du Roi , & Lieutenant des Gardes du
Corps , & de Dame. Magdeleine- Héleine Camus
de Pontcarré. 1
Le a Mars eft mort à Paris Louis de Rouvroi §
Duc de Saint-Simon , Pair de France , Grand d'Eſpagne
de la premiere claffe , Chevalier des Ordres
du Roi, Vidame de Chartres, Gouverneur des Ville,
Château & Citadelle de Blaye , ainſi que du Fort
de Medoc , Grand Bailli & Gouverneur de Senlis
& du Pont Saint-Maxence. Ce Seigneur étoit âgé
de 30 ans. Il avoit été du Confeil de Régence &
Ambaffadeur extraordinaire du Roi en Eſpagne.
Par cette mort fe trouve éteinte la Duché-
Pairie de Saint-Simon , & la derniere branche de
l'illuftre Maifon de Rouvroi- Saint-Simon , n
JUILLET. 1733 : 221
reftant de cette branche Ducale que Marie-Chrif
tine -Chrétienne de Saint-Simon , fille unique de
Jacques-Louis de Rouvroi S.S mon , Duc de Ruffec ,
mort en 1746 , & de Catherine- Charlotte Thérefe
de Gramont , fille d'Antoine , Duc de Gramont.
Elle eft petite-fille du Duc dont nous annonçons
la mort & a époulé le 10 Décembre 1749 ,
Charles Maurice Grimaldi , appellé Comte de
Valentinois.
Il y a encore trois autres branches de la Maifon
de Saint-Simon , aînées de la Ducale. La premiere
fubfifte dans la perfonne de Claude , Bailli de
Saint-Simon , qui a été Général des Galeres de
Malthe en 1735 & 1736 , & de Claude de Saint-
Simon , Evêque de Metz , fon frere. La feconde
a pour chef Louis- Gabriel de Saint-Simon , Marquis
de Montbleru , veuf depuis le mois de Décembre
1753 , de Catherine-Marguerite Pineau
de Lucé , de laquelle il a quatre garçons & quatre
filles. La troifieme branche fubfifte dans cinq
garçons & une fille , enfans de Louis François de
Saint-Simon , Marquis de Sandricourt , Lieute
nant général des Armées du Roi , mort en 1749 .
& de Marie-Louife -Gabrielle de Gourgues , morte
en 1753:
Marie- Thérefe-Emmanuelle Cafimire- Genevie.
ve de Béthune , épouſe de Louis- Augufte Fouquer
de Belle- Ifle , Duc de Gifors , Pair & Maréchal de
France , Prince du S. Empire Romain , Chevalier
des Ordres du Roi & de l'Ordre de la Toifon d'or,
Gouverneur des Ville & Citadelle de Metz & du
pays Meflin , Commandant en chef dans les trois
Evêchés , frontiere de Champagne & pays de Luxembourg
, & Lieutenant général des Duchés de
Lorraine & de Bar , oft morte le 3 dans la 46€
année de fon âge.
"
Kiij
222 MERCURF DE FRANCE.
Dame Françci'e - Marie - Elifabeth Couvay ,
époufe de Louis Balb - Bertons Marquis de Crillon
, Maréchal des Camps & Armées du Roi ,
mourut à Paris le 6 Mars âgée de 30.
Le Comte de Rohan , Chambellan , Grand
Ecuyer & Grand Veneur de l'Infant Duc de Parme
, eft mort à Parme le 77.Mars.
Diane- Henriette de Bafchi d'Aubaïs , épouse
de Jofeph de Montainard , Marquis de Montfrin ,
Comte de Souternon , eft morte le 18 au château
de Montfrin en Languedoc , dans fa 44° année.
Voyez Bafchi, 4. part. des Tablettes hiftoriques
, pag. 170 , 212 , 217 & 325. & Montainard ,
ibid. pag. 110 & 158 .
9
Meffire Matthieu-Henri Molé de Champlaftreux
fils de Meffire Matthieu-François Molé
fecond Préfident du Parlement , eft mort le 20 dans
La 7e année.
Catherine Charlotte - Thérefe de Gramont ,
venve de Jacques- Louis de Saint- Simon , Duc de
Ruffec , Pair de France, Vidame de Chartres, Chevalier
de la Toifon d'or , mourut en cette ville le 21
âgée de 48 ans. Elle avoit été mariée en premieres
nôces à Philippe- Alexandre , Prince de Bournonville
, mort en 1727. Elle étoit fille d'Antoine de
Gramont , Pair & Maréchal de France , Lieutenant
général de Navarre & de Bearn , Colonel du Régiment
des Gardes- Françoiſes , & de Marie- Chriftine
de Noailles.
Le fieur Jacques Molin , Médecin de la Faculté
de Montpellier , & l'un des Médecins confultans
da Roi , eft mort le 21 Mars âgé de 92 ans. Ses
lumieres , fon expérience & fes fuccès , l'ont fait
compter , avec juftice , au nombre des plus grands
Médecins de ce fiecle.
Meffire Nicolas -Alexandre de Ségur , Préfident
JUILLET. 1755. 223
honoraire du Parlement de Bordeaux , eft mort le
24 dans la cinquante-huitieme année de fon âge.
Meffire Pierre de Forges , Marquis de Châteaubrun
, eft mort le 28 en fon château de Château
vieux , âgé de 75 ans. Il laiffe deux fils & trois
filles de fon fecond mariage avec Dame Gabrielle
de la Marche , fille de Meffire François de la Marche
, Baron de Fins , & de feu Gabrielle de Montmorenci.
Augufte-Henri , Comte de Friefe , Maréchal
des Camps & Armées du Roi , Mestre de Camp
d'un Régiment de Cavalerie légere de fon nom ,
& Colonel - Lieutenant du Régiment de Madame
la Dauphine , mourut à Paris le 29 Mars âgé de 27 ans.
隔Meffire Guillaume Raffin d'Hauterive , Abbé
de l'Abbaye de Belleville , Ordre de Saint Auguftin
, Diocèfe de Lyon , eft mort le 31 dans la
78e année .
Le 2 Avril , Meffire Jofeph- Philibert d'Apchies ,
Comte de Vabres, des Deux Chiens & de la Baume,
Grand Sénéchal d'Arles , eft mort en cette ville
dans la 69 année de fon âge.
Dame Marie -Jofephe le Duc , veuve de Meffire
Jules , Marquis de Grave , eft morte le 6 Avril
âgée de 70 ans.
Dame Catherine -Félicité- Arnauld de Pompon
ne , veuve de Meffire Jean-Baptifte Colbert , Mar
quis de Torcy , Commandeur des Ordres du Roi ,
Miniftre & Secrétaire d'Etat , ayant le département
des Affaires étrangeres , & Surintendant des
Poſtes , mourut à Paris le 7 âgée de 77 ans.
Dame Marie-Magdeleine Camus de Pontcarré ,
veuve de Méffire Louis- Balthazard de Ricouart ,
Comte d'Herouville, mourut le 12 du même mois.
Meffire Jochim PEfpinette-le-Mairat , Seigneur
Kiiij
224 MERCURE DE FRANCE.
de Nogent , Préfident de la Chambre des Comp
ies , eft mort le 15 âgé de 74 ans.
Meffire Gabriel Tachereau de Baudry , Confeiller
d'Etat ordinaire & Intendant des Finances ,
mourut en cette ville le 22 âgé de 82 ans .
Meffire Jean-Baptifte de Francheville , Préfident
du Parlement de Bretagne , mourut le 29 âgé de
67 ans.
Meffire Jean Bart , Vice-Amiral , Grand- Croix
de l'Ordre royal & militaire de Saint Louis , eſt
mort à Dunkerque fur la fin d'Avril .
Le 4 Mai , Meffire Nicolas Malezieu , Major
de Carabiniers , fils de Meffire Pierre de Malezieu,
Commandeur de l'Ordre royal & militaire de
S. Louis & Lieutenant général des Armées du
Roi , & de Dame Marthe Stoppa , mourut à Paris
dans la 34 année de fon âge.
Don Manuel Gallevon , Comte de la Cerda
Commandeur de l'Ordre de Chrift , & Envoyé
extraordinaire du Roi de Portugal auprès de Sa
Majefté , mourut le 9 en cette ville âgé de ao
ans.
Meffire Charles -Louis de Biaudos , Comte de
Cafteja , Maréchal des Camps & Armées du Roi
Gouverneur de Toul & de Saint-Dizier , ci devant
'Ambaffadeur de Sa Majeſté en Suede , eft mort le
10 dans la 72 ° année de fon âge.
Dame Marie-Françoiſe - Victoire de Verthamon,
veuve de Meffire Louis de Perruffe , Comte
d'Efcars , Lieutenant général pour le Roi au Gouvernement
du haut & bas Limoufin , mourut le
12 au château d'Eſcars , dans la 72º année de fon
âge.
Jean-Marie de Bourbon , Duc de Châteauvi
Jain , fils de Louis-Jean- Marie de Bourbon , Duc
de Penthievre , & de feue Marie- Thétefe- Félicité
JUILLET. 1753. 223
'Eft , Princeffe de Modene , mourut le 19 à Paris,
âge de fix ans , fix mois & deux jours.
Mre Marc-René des Ruaux de Rouffiac , Abbé
de l'Abbaye de Notre-Dame de Sellieres , Ordre
de Citeaux , Diocèfe de Troyes & Vicaire Général
de l'Evêché de Sarlat , mourut à Versailles le
25 dans fa quarante- cinquième année.
Meffire Pierre-Emmanuel , Marquis de Roqué-
Jaure , eft mort dans le mois de Mai , dans fon
château en Auvergne , âgé de quatre - vingt - deux
ans.
Meffire Samuel de Meherenc , Comte de Varennes
, l'un des Lieutenans de Roi dans la Province
de Flandres , Lieutenant pour Sa Majesté &
Commandant au Gouvernement de Béthune , eſt
mort en Normandie dans fa foixante- dix- huitieme
année.
L'Eglife de France vient de perdre un Prélat digne
des premiers temps. Son nom manque à la
તે
lifte des Princes de l'Eglife , dont la pourpre eut
reçu un nouvel éclat , s'il en eut été décoré,
Henri-François -Xavier de Bel unce de Caftelmoron
, étoit né en Décembre 1671. Il entra dans
la Société des Jéfaites en Septembre 1691 , il en
fortit pour être grand-Vicaire de l'Evêque d'Agen ;
il fut nommé à l'évêché de Marfeille en 1709 , &
facré à Paris en1710pendant l'affemblée du Clergé
à laquelle il étoit député en qualité de fuffragant
de la province d'Arles, La pefte arrivée à Marfeille
en 1720 , & qui dura toute l'année 1721. fit éclater
fa charité , fon courage & fon zèle , & nous fit voir
un fecond Charles- Boromée. M. le Régent ne tarda
pas à récompenfer tant de vertus , en le nommant
le 16 Octobre 1723 à l'Evêché de Laon , feconde
pairie du royaume. Il en étoit d'autant plus
digne qu'il refufa ce nouvel honneur pour fe
Kv
226 MERCURE DE FRANCE.
conferver tout entier à fon troupeau pour lequel
'il avoit facrifié fes biens , & tant de fois expofé fa
vie. Il continua de vieillir dans les travaux apoftoliques
, parcourant fon diocèfe en fimple miffionnaire
, & verfant partout avec profuſion ſes inftructions
& fes aumônes. Clément XI . lui envoya
le pallium , & l'honora de plufieurs brefs : ce Pape
mourut au moment où il alloit le faire cardinal :
on ne doit pas omettre que ce Prélat a refufé depuis
l'archevêché de Bordeaux. Il eft mort le 4
Juin , au même jour où la ville de Marfeille renouvelle
tous les ans la confécration qu'il fit pendant
les horreurs de la pefte , de lui & de tout fon
peuple au facré coeur de Jefus. Les regrets de tous
les habitans de cette ville , & les honneurs rendus
à cet illuftre Prélat , éterniferont à jamais fa mémoire
& leur reconnoiffance .
Sa Maiſon eft trop connue pour entrer ici dans
un grand détail : originaire de Navarre , & portant
dans fes armes depuis un tems.immémorial
celles de Bearn , elle fe perd dans les tems les plus
reculés. La fuite non interrompue des ancêtres de
M. de Marſeille , remonte à un Guillaume de Bel
funce , Vicomte de Macaye qui tefta en 1209. Les
Seigneurs de Belfunce font en poffeffion du titre
de Vicomtes depuis le douzieme fiecle. Les chroniques
de Bayonne rapportent l'entrepriſe d'un
cadet de Belfunce qui combattit un monftre à trois.
têtes , & qui fut écrafé par ce monftre après l'avoir
tué. L'événement fabuleux ou véritable en eft
confervé par ce qui fe voit dans leurs armes : c'eſt
un dragon qu'ils ont ajouté à leur écu par la permiffion
du Roi de Navarre Charles III , dit le
Noble. Ils poffederent les premieres charges dans
la maifon des Rois de Navarre. Le titre de Ricombre
qui répond à celui de haut & puiſſant SeiJUILLET.
1755. 227
gneur , fut concédé à Guillaume-Arnaud de Bel-
Tunce par le Roi Charles II , dit le Mauvais , &
parmi les maifons de Navarre établies , en France
, on ne connoît que celles de Grammont de
Luxe & de Belfunce qui foient parvenues à cette
dignité. Les illuftres alliances que les feigneurs
de Belfunce ont contractées , foit par des filles,
données , foit par des filles reçues en mariage ,
répondent bien à la nobleffe de cette maifon. Elle
eft alliée aux maifons de Grammont , d'Efchau
d'Armindaris , d'Arambure , d'Urtubre de Luxe ,
de Montmorency - Luxembourg , Gontaud de
Saint -Geniès , de Foix , de Navailles , d'Elbeuf ,
Pompadour , Rothelin , de Leffe du Coudrai proche
parent de Georges Duc de Virtemberg , Caumont-
la-Force , Montalambert -Moubaux , Beaumont
des Junies , la Lane , Fumel de Monfegur
d'Albret , de Tallerant , de Montp fat , de Goth ,
maifon du Pape Clement V. de Bourdeille , Caf
telnau de Clermont - Lodeve , Pardaillant , de
Rye-Rouffy , de la Rochefoucault , Candale de
Foix , Gontaud-Biron , d'Aydie de Riberac , Théobon
, de Pons , Fumel , Beaupoil - Saint - Aulaire ,
Harcourt -Beuvron , de Chapt de Raftignac , Dur
fort de Duras , de Bearn de Braflac , &c.
"
Il ne refte de la branche de M. l'Evêque de
Marſeille que le Marquis de Belfunce de Caftelmoron
fon petit neveu , fils de feu Antonin Armand
, Comte de Belfunce , Grand Louvetier de
France , & d'Alexandrine- Charlotte Sublet d'Heudicourt
& petit-fils de Charles- Gabriel de Belfance
, Marquis de Caftelmoron , &c. Capitaine-
Lieutenant des Gendarmes Bourguignons , Lieuten
ant général des armées du Roi , Gouverneur &
Sé échal des provinces d'Agenois & Condommois ,
& de Cécile- Genevieve de Fontanicu. 3
Kvi
228 MERCURE DE FRANCE.
Le chef de la branche aînée de cette maifon , eft
'Armand , Vicomte de Belfunce , Colonel du régiment
de ce nom.
Louis-François- Alexandre Savary , Seigneur &
Marquis de Lancofme , Chevalier de l'Ordre
royal & Militaire de Saint Louis , ci - devant
capitaine de Grenadiers Grenadiers au Régiment de
Richelieu , eft décédé le 12 Juin 1755 , dans
fon Château de Lancofme en Touraine , âgé de
foixante ans , il étoit chef du nom & armes de
Savary, & avoit épousé par contrat de mariage du
9 Janvier 1725 , damoiſelle Marie- Anne de Vaillant
, fille de Meffire François de Vaillant , Chevalier,
Seigneur d'Avignon , & de Dame Margue
rite de la Bouchardiere , dont font iffus trois fils
fçavoir ,
*
Louis-Jean-Baptifte Savary , Seigneur & Marquis
de Lancofne , Capitaine dans le régiment de
Bourgogne , cavalerie, marié à Damoiſelle Louiſe-
Renée de Roncée.
Louis-Alexandre Savary-Lancofme , chevalier
'de Malthe.
Louis-François Savary-Lancofme , Prêtre , Bathelier
de la Faculté de Théologie de Paris , à la
fin de fa Licence.
Ily a une autre branche de la maifon de Savary,
connue depuis 200 ans fous le nom de Bréves , de
laquelle est aîné Paul- Louis-Jean - Baptifte-Camille
de Savary-Breves , appellé le Marquis de Jarzé ,
parce qu'il a hérité du Marquifat de Jarzé en Anjou
dans la fucceffion collatéralle de Marie- Urbain-
René du Pleffis , Marquis de Jarzé , décédé
fans enfans .
Voyez à l'article des Morts & mariages du fe-
Bond volume de Juin , il y eft parlé très au long des
deux branches de cette maison,
Fermer
Résumé : MARIAGES ET MORTS.
En 1755, plusieurs mariages et décès notables ont été enregistrés. Le 1er février, Philibert de Bonvoult, Marquis de Prulay, a épousé Marie Louise Françoise Durey de Noinville. Le 4 février, Jean-Paul-François de Noailles, Comte d'Ayen, a épousé Henriette-Anne-Louise Dagueffau. Le 6 mars, Simon-Claude Grassin, Maréchal des Camps et Armées du Roi, s'est remarié avec Marguerite-Françoise-Geneviève de Vion de Tessancourt de Maisoncelle. D'autres mariages ont eu lieu en mars et avril, impliquant des personnalités telles que Joseph-Auguste Le Camus, Jean-Baptiste-Calixte de Montmorin, Charles-Adrien, Comte de Ligny, Marie-François-Henri de Francquetot, Marquis de Coigny, Armand, Marquis de Béthune, Jean-Frédéric de La Tour-Dupin de Gouvernet, et François de Lastic, Comte de Lastic. Parmi les décès notables, Louis de Rouvroi, Duc de Saint-Simon, est mort à Paris le 1er mars à l'âge de 30 ans. Marie-Thérèse-Emmanuelle Casimire-Geneviève de Béthune, épouse de Louis-Auguste Fouquet de Belle-Isle, est décédée le 3 mars à l'âge de 46 ans. Françoise-Marie-Élisabeth Couray, épouse de Louis-Balthazar Bertons Marquis de Crillon, est morte à Paris le 6 mars à l'âge de 30 ans. Le Comte de Rohan, Chambellan et Grand Veneur de l'Infant Duc de Parme, est décédé à Parme le 7 mars. Diane-Henriette de Bashi d'Aubais, épouse de Joseph de Montainard, Marquis de Montfrin, est morte le 18 mars à l'âge de 44 ans. Matthieu-Henri Molé de Champlâtreux est décédé le 20 mars à l'âge de 7 ans. Catherine-Charlotte-Thérèse de Gramont, veuve de Jacques-Louis de Saint-Simon, Duc de Ruffec, est morte le 21 mars à l'âge de 48 ans. Jacques Molin, Médecin de la Faculté de Montpellier, est décédé le 21 mars à l'âge de 92 ans. Nicolas-Alexandre de Ségur, Président honoraire du Parlement de Bordeaux, est mort le 24 mars à l'âge de 58 ans. Pierre de Forges, Marquis de Châteaubrun, est décédé le 28 mars à l'âge de 75 ans. Auguste-Henri, Comte de Frise, Maréchal des Camps et Armées du Roi, est mort à Paris le 29 mars à l'âge de 27 ans. Guillaume Raffin d'Hauterive, Abbé de l'Abbaye de Belleville, est décédé le 31 mars à l'âge de 78 ans. Joseph-Philibert d'Apchier, Comte de Vabres, est mort à Arles le 2 avril à l'âge de 69 ans. Marie-Josèphe Le Duc, veuve de Jules, Marquis de Grave, est décédée le 6 avril à l'âge de 70 ans. Catherine-Félicité Arnauld de Pomponne, veuve de Jean-Baptiste Colbert, Marquis de Torcy, est morte à Paris le 7 avril à l'âge de 77 ans. Marie-Madeleine Camus de Pontcarré, veuve de Louis-Balthazard de Ricouart, Comte d'Herouville, est décédée le 12 avril. Joachim Espinette-Le-Mairat, Seigneur de Nogent, Président de la Chambre des Comptes, est mort le 15 avril à l'âge de 74 ans. Gabriel Tachereau de Baudry, Conseiller au Parlement de Bretagne, est décédé le 16 avril à l'âge de 75 ans. En 1753, plusieurs personnalités notables sont également décédées. Jean-Baptiste de Francheville, Président du Parlement de Bretagne, est mort le 29 mai à l'âge de 67 ans. Jean Bart, Vice-Amiral et Grand-Croix de l'Ordre royal et militaire de Saint Louis, est décédé à Dunkerque à la fin avril. Nicolas Malezieu, Major de Carabiniers, est mort à Paris le 4 mai à l'âge de 34 ans.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
36
p. 7-32
SUITE De la Promenade de Province, & des charmes du Caractere.
Début :
L'Angleterre est ma patrie, & mon nom est Tumbsirk. Mon pere qui s'appelloit [...]
Mots clefs :
Comte, Homme, Capitaine, Vaisseau, Fils, Esprit, Papiers, Bonheur, Amis, Coeur, Promenade de province
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUITE De la Promenade de Province, & des charmes du Caractere.
SUITE
De la Promenade de Province , & des
charmes du Carailere.
'Angleterre eft ma patrie , & mon nom
eft Tumbfirk. Mon pere qui s'appelloit
Milord K..... devenu veuf & mécontent
de la Cour , fe retira dans fes terres
qui font dans le Comté de Devonshire .
A iv
8 MERCURE DE FRANCE.
Ce fut là qu'il devint amouteux de la fille
d'un fimple Gentilhomme réduit à la derniere
néceffité. Elle étoit belle. Si fa mifere
le toucha , fa vertu excita fon admiration.
Il prit le parti de l'époufer , avec
toutes les formalités néceffaires , mais le
plus fecrettement qu'il lui fut poffible ,
parce qu'il craignoit les enfans de fon premier
lit , qui étoient au nombre de trois.
Je fuis le feul fruit de ce mariage , ma
mere étant morte en me mettant au monde.
Mon enfance n'a rien eu d'extraordinaire.
J'ai été élevé dans un college jufqu'à
l'âge de feize ans. J'allois fouvent
voir Milord K.... que je regardois comme
un ami qui vouloit bien prendre foin de
moi , du refte j'ignorois à qui je devois la
naiffance.
Je fus furpris un jour de ce qu'on vint
me chercher de fa part avec précipitation.
J'arrivai , & je le trouvai à l'extrêmité . Il
fit fortir tout le monde de fa chambre , &
m'ayant fait approcher de fon lit , je me
meurs , me dit- il , d'une voix foible ; mais
écontez bien ce que je vais vous dire. Vous
êtes mon fils . Voici , ajoûta- t'il , en me
préfentant des papiers , les pieces qui le
juftifieront. Vous avez des freres puiffans
qui refuferont peut - être de vous reconnoître.
Défiez- vous furtout de votre aîné , &
DECEMBRE 1755. 9
agiffez - en avec lui comme avec un homme
de qui vous avez tout à craindre. Voici
pour le Baron de W... le plus jeune de vos
freres , une lettre qui pourra l'attendrir
en votre faveur. En voilà une autre pour
votre foeur qui eft mariée au Duc de M...
Embraffez- moi , mon fils , pourfuivit - il ,
en s'attendriffant ; puiffe le ciel , protecteur
de l'innocence , vous tenir lieu de
pere ! Je reçus fa bénédiction , en pleurant
amerement , il mourut une heure après
entre mes bras. Sa perte me caufa une vive
douleur , je l'aimois véritablement , & la
confidération de l'état où il me laiſſoit , ne
fervit pas à me confoler. Je n'avois du
côté de ma mere que des parens éloignés ,
que je ne connoiffois point. Je me regardai
comme un homme ifolé , qui ne tenoit
à rien , & qui avoit tout à craindre.
Mourir, c'eft un fort inévitable , me disje
, il faudra toujours en venir - là , après
avoir effuyé bien des traverfes , je puis me
les épargner en finiffant ma trifte vie ,
mais je veux que ma mort foit utile à ma
patrie ; c'eft au milieu des hafards que je
dois la chercher . Nous étions alors en
guerre avec la France , je m'engageai dans
un vieux corps de cavalerie , bien réfolu
de vendre cherement ma vie. Je me rendis
au lieu où l'armée étoit allemblée : j'avois
Av
10 MERCURE DE FRANCE.
toujours dans mon porte-feuille les papiers
que mon pere m'avoit donnés. A peine
fus-je arrivé que j'appris que l'officier qui
commandoit étoit le Comte de Y..... frere
unique de feu mon pere. Je ne l'avois jamais
vu parce qu'ils étoient mal enſemble
depuis longtems ; cela ne me donna aucune
envie de lui découvrir mon fecret.
Cependant le Capitaine de la compagnie
où j'étois enrôlé , étoit un homme
violent , emporté , brutal & généralement
haï j'avoue que je ne cédois à perfonne
ma part de cette averfion . Il me rencontra
un jour avec quelques officiers qu'il
n'aimoit pas. Il voulut me dire quelque
chofe , fa vue feule étoit capable de m'émouvoir
, je lui répondis avec hauteur. Il
fe mit en devoir de punir ma témérité
quelques coups de plat d'épée : voyons ,
lui dis - je , en tirant la mienne , fi tu as autant
de coeur que de brutalité. Je le pouſſai
vivement , mais on nous fepara. Mon crime
étoit irrémiffible ; auffi fus - je condammé
à avoir la tête caffée dès le même jour.
par
Quelque indifférence que j'euffe pour
la vie , je ne pus me défendre d'un violent
friffonnement , en fongeant que je navois
plus que quelques heures à vivre. Une
reffource me reftoit , c'étoit de me faire
connoître au Comte de Y... Mais comment
1
DECEMBRE. 1755 . II
y parvenir. A qui m'adreffer ? Plufieurs de
mes amis vinrent pour me voir , mais on
ne voulut pas leur permettre de me parler.
Un officier de confidération qui m'aimoit ,
demanda cette grace , qu'on ne put pas lui
refufer. Le ciel , lui dis - je , en l'appercevant
, vous envoie fans doute ici pour me
fauver la vie , mais il n'y a point de tems
à perdre. Je fuis le neveu du Comte de Y...
j'ai fur moi de quoi le prouver : l'officier
ne pouvant fe figurer que cela fût vrai ,
demanda à voir mes papiers , je ne fis aucune
difficulté de les lui montrer ; il y
reconnut la vérité , & courut avec empreffement
à la tente du Comte de Y..... après
avoir donné ordre à ceux qui me gardoient
de différer l'exécution jufqu'à fon retour,
Cependant l'heure de me conduire au
fupplice approchoit , le régiment étoit
déja affemblé , & mon lâche Capitaine ,
qui fe douta qu'on travailloit à me fauver ,
éloigna fous divers prétextes , ceux qui me
gardoient , & qui avoient reçu l'ordre de
différer , & me fit auffitôt conduire au lieu
où je devois perdre la vie . Je vis bien alors
qu'il n'y avoit plus de falut à efpérer : on
me banda les yeux ; quels funeftes aprêts ,
& qu'elle horrible fituation ! Tout mon
fang fe retira autour de mon coeur , mon
efprit ne m'offroit plus que des penfées
A vj
12 MERCURE
DE FRANCE
.
confufes , je crus fentir le coup qui devoit
faire fortir mon ame de fa trifte prifon.
Mais un moment après la vue me fut rendue
, & je vis auprès de moi cet officier
qui paroifoit fort en colere du mépris
que l'on avoit fait de fes ordres. Un rayon
d'efpérance coula dans mon fein , & me
rendit la refpiration que j'avois perdue . Je
n'étois pas encore parfaitement revenu à
moi-même , lorfque je me trouvai devant
le Comte de Y... Je me laiffai tomber à fes
genoux , & ne pouvant trouver de langue
ni de voix , je lui préfentai les pieces juftificatives
de ma naiffance , fans en excepter
la lettre de mon pere adreffée au Baron
de W... Il lut le tout avec émotion , &
venant à moi , il m'embraffa en me difant ,
vous êtes le fils de mon frere , je ne puis
en douter , mais je veux que vous foyez le
mien. Oui , mon cher enfant , continuat'il
, en m'obligeant de me relever , vous
ferez la confolation de ma vieilleffe . J'avois
un fils , il feroit de votre âge , vous
lui reffemblez , je croirai le voir en vous
voyant. Vous penfez bien que je lui rendis
fes careffes avec ufure. Je lui jurai un
éternel attachement. Je lui raconta ce
que m'avoit dit mon pere avant que de
mourir , ma douleur , mes craintes , mon
indifférence pour la vie ; il m'apprit que
DECEMBRE. 1755. 13
l'aîné de mes freres étoit mort depuis environ
un mois ; que le Baron de W... étoit
un de fes principaux officiers ; qu'il étoit
d'un efprit bien plus doux. Il n'eft point
actuellement ici , ajouta t'il , mais il y
fera dans quelques jours . Laiffez-moi ménager
votre premiere entrevue . Je veux le
préparer à vous reconnoître. Tout ce que
je vous recommande , c'eft de garder le
fecret fur tout ce qui vient de fe paffer
entre nous.
La premiere marque de bienveillance
que me donna le Comte de Y ... fut de me
faire changer d'habit , il m'en fit donner
de très riches . Jugez quel plaifir pour un
jeune homme de mon age. Je me trouvois
à ravir , & je me figurai avec une vive
émotion de vanité , la furprife de mes
camarades , & particulierement le dépit &
la confufion de mon Capitaine . Il foutint
ma préſence d'un air embaraffé & humilié,
Tous les pas que je faifois , étoient autant
de triomphes. Aucuns des agrémens de
ma nouvelle fituation ne m'échappoient, je
fentois toute l'étendue de mon bonheur.
Ingénieux à faire naître les occafions de
témoigner ma reconnoiffance au Comte
de Y... je paffois auprès de lui les plus gracieux
momens. Chacun raifonnoit diverfement
à mon fujet , chacun faifoit des
14 MERCURE DE FRANCE.
conjectures , mais tous ceux qui nie
voyoient , convenoient que fi je n'étois
pas d'une illuftre naillance, le fort m'avoit
fait une injuftice .
Nous étions en préfence des ennemis ,
& toujours à la veille de combattre. Le
Baron de W... arriva enfin , nous en fumes
avertis , un moment avant qu'il parût. 11
vint rendre fes devoirs au Comte de Y...
qui m'avoit fait mettre dans un endroit
d'où je pouvois tout entendre fans être
vu. Ils étoient feuls . Après qu'ils fe furent
entretenus quelque tems de l'état de l'armée
& de la difpofition des ennemis : il
eft arrivé ici depuis votre départ , dit le
Comte de Y... une hiftoire bien finguliere.
Il lui fit alors , fans nommer les perfonnes
, le récit que je viens de vous faire ,
continua Tumbfirk , voilà , ajouta le Comre
, les papiers que cet infortuné jeune
homme m'a préfentés . Le Baron de W... les
prit & lut ce qu'ils contenoient avec
une furpriſe inexprimable. Le Comte de
Y...fans lui donner le tems de fe remettre,
lui remit la lettre de mon pere : elle étoit
touchante ; auffi ce ne fut point fans répandre
des larmes , qu'il en acheva la lecture.
Ah ! c'en eft trop , dit- il , d'une voix attendrie,
après avoir fini : je chéris trop , ô mon
pere , votre mémoire pour ne pas aimer
DECEMBRE . 1755. 15
ce qui vous a été cher. Milord , permettez-
moi d'embraffer mon frere , & de lui
jurer devant vous une amitié éternelle . Je
jugeai qu'il étoit tems de paroître . Le
voilà qui s'offre à vos defits , lui dit le
Comte de Y... fatisfaites votre jufte empreffement.
Il me regarda un moment
avec attention . Je voulus embraffer fes
genoux , mais il m'en empêcha en me ferrant
entre fes bras. Mon bonheur me fembla
alors affermi d'une façon inébranlable,
hélas ! il devoit auffi peu durer qu'il étoit
inopiné .
Dès le même jour , il vint un bruit que
les ennemis avoient le deffein de nous attaquer.
Cette nouvelle caufa un mouvement
général dans le camp . On fe prépara
pour les recevoir . Le lendemain à la pointe
du jour , le combat s'engagea : il fut
meurtrier de part & d'autre . J'étois auprès
du Comte de Y... un fatal boulet de canon
vint à mes yeux le frapper dans la poitrine,
& le fit tomber roide mort. La chaleur où
j'étois ne m'empêcha pas de fentir toute
l'horreur de cette perte. Je courus vers
mon frere , mais il fembloit que le fort
attendît mon arrivée pour le frapper à la
tête d'une balle qui le fit tomber de deffus
fon cheval. On le tira de la foule , on l'appuya
contre un arbre , il me reconnut ,
16 MERCURE DE FRANCE
me tendit la main , en me difant , adieu ,
mon cher Tumbfirk , j'aurois été votre
appui , le ciel en a difpofé autrement , le
Comte de Y... à mon défaut... Il ne put
en dire davantage. Ses yeux éteints fe fermerent
pour toujours , & fa tête qu'il ne
pouvoir plus foutenir , tomba fur fa poitrine.
Plufieurs de mes amis inftruits de mon
double malheur , m'arracherent d'auprès
de ce lugubre fpectacle.Toute mon occupation
pendant huit jours fut de pleurer
amèrement les pertes que je venois de faire
, fans vouloir recevoir de confolation.
Mais à ce découragement fuccéderent des
inquiétudes fur mon fort. Je ne me voyois
pas plus avancé qu'à mon arrivée dans le
camp. Encouragé par l'épreuve que j'avois
faite du bon naturel de mon oncle & de
mon frere , je pris la réfolution d'aller
trouver ma foeur. Elle demeuroit à Londres
je me fis conduire à fon hôtel. Elle
étoit feule dans fon appartement , je lui
préfentai les preuves de ma naiffance avec
la lettre de mon pere qui lui étoit adreffée ;
je fuis fûr qu'elle alloit me donner des
marques de fa tendreffe , lorfque le Duc
de M... fon époux entra. Elle changea de
couleur en le voyant . Je le remarquai avec
effroi. Il prit les papiers des mains de fon
époufe , & les parcourut avec une furpriſe
DECEMBRE. 1755. 17
mêlée de chagrin. Je félicite Madame , me
dit- il , en affectant unair plus doux , d'avoir
pour frere un auffi aimable cavalier que
vous. L'avantage n'eft pas grand , lui répondis-
je , mais , Monfieur , ajoutai - je ,
en voyant qu'il ferroit mes papiers , permettez-
moi de vous redemander ces pieces,
elles me font néceffaires. Soyez tranquille,
me répondit-il d'un ton railleur , elles font
en fureté , je vous les rendrai , mais il faut
auparavant que je les examine à loifir.
Je compris alors mon imprudence. Je retournai
à mon auberge avec beaucoup d'inquiétude
j'étois fatigué , je me couchai
de fort bonne heure. Mais je fus réveillé
dans mon premier fommeil par un bruit
qui ne me parut pas éloigné. Je prêtai l'oreille
avec émotion , & j'entendis qu'on
vouloit forcer la porte de ma chambre.
Dans le même inftant je vis , à la lueur
d'une lumiere que j'avois laiffée , trois
hommes qui fe jetterent fur moi , m'arracherent
mon épée , me banderent la bouche
d'un mouchoir pour m'empêcher de
crier , me conduifirent à une chaife de
pofte qui me mena à Douvres , où ils me
firent embarquer. Nous fommes defcendus
à Calais , & là , mes conducteurs m'ont
fait reprendre la pofte jufqu'à D... d'où
nous venons de partir.
18 MERCURE DE FRANCE.
fi
Tel fut le récit du malheureux Tumbfick
. Montvilliers trouva quelque foulagement
en fe repréfentant qu'il n'étoit pas
le feul à plaindre. Les vents leur furent
allez favorables , pendant toute la navigation.
Mais comme le vaiffeau qu'ils montoient
étoit lourd , ils en rencontrerent
plufieurs qui les devancerent. Tumbfirk
apprit des matelots qu'on devoit faire eau
à la petite ifle de S ... Une nuit que tout le
monde dormoit , il dit à Montvilliers, vous
fentez- vous le courage de tout rifquer pour
la liberté ? Certainement , répondit-il fans
balancer. Eh bien , reprit Tumbfirk ,
vous voulez me feconder , j'ai formé le
deffein de nous révolter quand nous ferons
arrivés à l'ifle de S... Quelqu'un qui fit du
bruit les obligea de ceffer cette converfation
. L'Anglois trouva cependant le
moyen de communiquer ce deffein à tous
fes compagnons qui l'approuverent . Quelques
jours après , ils apperçurent l'ifle ; à
peine y furent- ils arrivés , qu'ils demanderent
avec empreffement à defcendre pour
fe promener quelques heures , parce qu'ils
fe trouvoient très-mal de l'air de la mer.
Le Capitaine qui ne fe doutoit point de
leur entreprife y confentit. On leur ôta
même leurs chaînes qui les incommodoient
beaucoup , & on fe contenta de
DECEMBRE. 1755. 19
•
leur donner quelques matelots pour les
garder. Quand ils fe virent éloignés da
rivage , Tumbfirk donna un coup d'oeil à
fes compagnons qui l'obfervoient . Ils fe
jetterent tous fur les matelots qu'ils défarmerent
, & qu'ils attacherent à des arbres.
Ils entrerent dans quelques maifons , obligerent
les Infulaires qui y demeuroient de
leur donner quelques armes , & marcherent
en bon ordre vers le vaiffeau , dans
l'efpérance de s'en rendre maîtres : mais le
Capitaine qui avoit été averti de leur révolte
les attendoit à la tête du refte de l'équipage.
Le nombre ni la contenance des
ennemis ne les effraya point . Ils fe précipiterent
comme des furieux , & en tuerent
quelques-uns ; mais il fallut céder au nombre
. Plufieurs d'entr'eux furent bleffés ,
Tumblrk & Montvilliers furent terraffés
& faits prifonniers. On les fépara , & on
les conduifit dans les prifons de l'iffe. Its
crurent qu'ils n'en fortiroient que pour
aller au fupplice . Cette idée ne leur fembla
point fi affreufe. Ils trouverent l'un &
l'autre une espece de douceur en penfant
qu'ils alloient bientôt être délivrés des
maux infupportables qui les accabloient.
Montvilliers s'encourageoit par ces ré-
Alexions , lorfqu'il vit ouvrir la porte du
lieu où il étoit : par une fervente priere
20 MERCURE DE FRANCE.
il recommanda fon ame à celui qui l'avoit
créée. Deux hommes affez bien mis , lui
dirent de les fuivre. Ils le firent paffer par
différentes rues , & le firent à la fin entrer
dans une fort belle maifon. Ils traverserent
plufieurs appartemens bien meublés ,
& parvinrent à une chambre où ils trouverent
un homme pour qui tous les autres
paroiffoient avoir du refpect . Il regarda
Montvilliers avec une extrême attention
, & confidérant enfuite un papier qu'il
tenoit , il parla à ceux qui étoient auprès
de lui , qui parurent convenir de ce qu'il
difoit. D'où êtes- vous , mon ami , dit- il à
Montvilliers , & par quelle aventure vous
trouvez vous avec des gens où vous paroiffez
déplacé Montvilliers raconta briévement
fon hiftoire. Connoiffez - vous cette
écriture , lui demanda le Gouverneur
, en lui préfentant une lettre à fon
adreffe ? O ciel ! s'écria- t'il , que vois- je ?
c'eft M. de Madinville. Il l'ouvrit avec empreffement.
Son ami lui marquoit qu'ayant
appris dès le lendemain , la trifte nouvelle
de fon enlevement, par un domeftique de
fon pere , qui en avoit été témoin , & qui
paroiffoit outré de cette barbarie , il étoit
promptement couru à D... mais que quelque
diligence qu'il eût faite , il avoit trouvé
le vaiffeau parti. Qu'il s'étoit informé
e
DECEMBRE. 1755. 21
avec foin du nom du Capitaine qui le
montoit ; de la forme & de la cargaison
de fon vaiffeau ; qu'étant enfuite allé en
Cour , il avoit obtenu un ordre pour tous
les Gouverneurs des lieux où il pourroit
arrêter , ou aborder , de le relâcher , & de
retenir le Capitaine. Qu'il avoit joint à
cet ordre fon fignalement , avec un court
récit de la façon dont il avoit été pris ;
que fans perdre de tems il étoit enfuite
parti pour aller à Breft , où il avoit trouvé
un vaiffeau marchand , bon voilier , qui
partoit pour le Nouveau Monde ; qu'il lui
avoit donné plufieurs paquets qui tous
renfermoient le même ordre , qu'il lui
avoit expliqué ce qu'ils contenoient , &
qu'il lui avoit fait promettre de les diftribuer
fur la route , après s'être informé s'il
n'étoit pas paffé un vaiffeau de telle & telle
façon , monté par un tel Capitaine .
Je vous dois affurément beaucoup , dit
Montvilliers au Gouverneur : mais il manquera
quelque chofe à mon bonheur , fi
vous ne me rendez un ami qui m'eft plus
cher que je ne puis vous l'exprimer. Il lui
raconta en même tems l'hiftoire de Tumbfirk
; on le fit relâcher auffi -tôt. Le Capitaine
fut conduit dans la prifon qu'ils venoient
de quitter. Le vaiffeau repartit fous
la conduite du Lieutenant. Il ne fut plus
22 MERCURE DE FRANCE.
queſtion ni de rébellion ni de punition .
Les deux amis refterent chez le Gouverneur
pour attendre l'arrivée d'un vaiffeau
qui retournoit en France. Il leur procura
tous les divertiffemens qui pouvoient fe
prendre dans fon ifle pendant le court féjour
qu'ils y firent. Il leur offrit généreufement
de l'argent pour faire leur voyage ,
& ne les vit partir qu'à regret. Ils ont
depuis ce tems entretenu avec lui un commerce
de lettre autant que l'éloignement
peut le permettre , & ils fe font une fête
de le recevoir bientôt avec tous les témoignages
d'affection & de reconnoiffance
que mérite fon procédé.
Après une heureuſe navigation , ils débarquerent
à Breft , & arriverent chez
M. de Madinville à l'heure qu'il s'y attendoit
le moins . Il les reçut avec tranfport
, mais la joye de Mlle d'Arvieux ne
peut être comparée qu'à celle de Montvilliers.
On pria M. & Mdme d'Arvieux
qui pour lors vivoient fort bien avec M.de
Madinville , de venir la partager . La fatisfaction
fut générale . On foupa , & les
'deux voyageurs raconterent à la fin du
repas leurs aventures. Il eft arrivé ici bien
du changement depuis votre départ , dit
M. de Madinville , en s'adreffant à Montvilliers
, quand on fut forti de table. A
ת
C
C
F
DECEMBRE
1755. 23
peine vous fates parti que votre pere ſentit
élever du fond de fon coeur des remords
qui le
pourfuivoient partout. La
compaffion fuccéda à la colere , quand
celle- ci fut fatisfaite. On n'eft point pere
impunément ; le vôtre vous aimoit fans le
fçavoir. Dès qu'il vous eut facrifié à fon
emportement , vous ceffâtes de lui paroître
coupable. La violence de votre paffion
vous excufoit. Votre défeſpoir ſe préfentoit
à toute heure à fon efprit. Il vous
voyoit la nuit pâle & défiguré , vous lui
reprochiez fon inhumanité. D'autre fois ,
profterné à fes pieds , vous lui difiez ,
en verfant un torrent de larmes : Mon
pere , de quoi fuis - je coupable ? quel
crime ai - je commis pour me livrer à
un fort auffi barbare ? Si je vous fuis
odieux , reprenez cette vie que vous m'avez
donnée. Votre frere qui ceffa de fe
contraindre , lui fit connoître fes
cédés fon mauvais caractere. Il jugea qu'il
par proavoit
été capable
d'inventer mille chofes
qui l'avoient irrité contre vous. Je ne
doute point qu'il n'eût pris des mefures
pour vous retirer , mais il étoit continuellement
obfédé par Driancourt qu'il craignoit
alors autant qu'il l'avoit aimé. Enfin
il devint farouche ,
mélancolique ; il ne
cherchoit que la folitude : la vue de fes
24 MERCURE DE FRANCE.
plus intimes amis lui étoit infupportable.
Bientôt il tomba malade ; je fus inftruit
de la cauſe de fa maladie , & la compaffion
m'engagea à le confoler. Je pris le
tems que Driancourt étoit parti pour la
chaffe. Je me fis introduire auprès de lui ;
il me parut extrêmement abbattu , & me
témoigna une fi vive douleur , & un repentir
fi preffant de l'indignité avec laquelle
il vous avoit traité , que je ne
pus m'empêcher de lui communiquer les
mefures que j'avois prifes pour vous ravoir.
Ah ! Monfieur, me dit- il , quand cela
reuffiroit , mon fils pourra- t'il jamais oublier
ma cruauté ? N'en doutez nullement
lui répondis- je . Je connois Montvilliers :
il y a des reffources infinies dans un coeur
tel que le fien. J'ai bien des graces à vous
rendre , reprit- il , du foin que vous avez
bien voulu prendre ; cette efpérance adoucira
mes derniers momens , mais je n'en
mourrai pas moins ; mon jeune fils a creufé
mon tombeau . Il eft affamé de ma fucceffion
, il defire ma mort avec impatience
, il fera fatisfait . Le ciel équitable punit
toujours l'injufte préférence que les
peres ont pour un de leurs enfans au préjudice
des autres par l'indignité de leur
choix. Je voulus l'encourager . Vivez
Monfieur , lui dis- je , vivez pour embraf-
•
fer
DECEMBRE . 1755. 25
pour
fer ce cher fils que vous n'avez jamais vu
qu'à travers le voile de l'impofture. Vivez
pour réparer par votre tendreffe le mal
que vous lui avez fait , pour être témoin
de la joie qu'il aura de vous voir rendre
juftice à fes fentimens . Quel agréable avenir
vous me préfentez , s'écria votre pere
en pleurant ! Non , Monfieur , je ne mérite
pas ces plaifirs. J'ai été cruellement
trompé ; mais mon aveugle affection.
un fils qui n'en étoit pas digne , m'a empêché
de faire le moindre effort pour ne
l'être pas . Il ne me refte que très peu de
tems à vivre , je le fens ; aflurez , je vous
prie , Montvilliers de mes regrets. Grand
Dieu ! que j'aurois de plaifir à l'en aſſurer
moi -même , à le revoir , à l'embraffer ! en
effet , continua M. de Madinville , cet infortuné
vieillard mourut le furlendemain.
Votre frere n'a pas joui long- tems du fruit
de fon crime , il eft mort quinze jours
après d'une fievre maligne , qui couroit
beaucoup alors .
Montvilliers ne put entendre ce récit
fans être touché jufqu'aux larmes ; il plaignit
fon pere , il fe plaignit lui - même .
Pourquoi faut- il qu'il manque toujours
quelque chofe au bonheur le plus parfait ,
difoit-il ? Nous vivrions heureux , je lui
adoucirois par mes foins les infirmités de
1. Vol. B
26 MERCURE DE FRANCE.
la vieilleffe . Quelle fatisfaction pour moi
de le voir revenu de fon erreur , prendre
en ma faveur des fentimens de pere , bénir
le jour qui nous auroit raffemblés , &
dérefter ſon injuſtice !
La cérémonie qui devoit unir Mlle
d'Arvieux & Montvilliers , ne fut retardée
qu'autant qu'il le falloit pour faire les
préparatifs néceffaires : Enfin cet heureux
jour arriva. Tumbfirk prit beaucoup de
part à leur commun bonheur. Il aimoit
fincerement Montvilliers , qui le payant
d'un parfait retour , avoit une extrême
envie de le fixer auprès de lui . Un jour
que Tumbfirk fe promenoit , Montvilliers
fut le joindre : voilà , lui dit ce premier ,
une lettre d'Angleterre qui me confirme
mon malheur . Elle est d'un jeune homme
de mes amis. Il me marque que le Miniftre
de la Paroiffe où je fuis né eft mort ;
que le Duc de M ....a fait fouftraire des
regiftres de cette Paroiffe tout ce qui pouvoit
fervir de preuve à ma naiffance . Puisje
vous demander , lui dit Montvilliers ,
quel parti vous comptez prendre ? Je n'en
vois point d'autre , répondit - il , que de
chercher une mort prompte dans la profeffion
des armes. Vous n'avez pas de bons
yeux , reprit Montvilliers , il vous en refte
encore un autre par lequel vous mettrez
DECEMBRE. 1755. 27
le comble à la félicité d'un homme que
vous aimez & qui le mérite. C'eft , mon
cher Tumbfirk , de vouloir bien partager
avec moi les biens que le ciel m'a donnés ,
ajouta- t-il en l'embraffant . Trop genereux
ami , repartit Tumbfirk , je n'ai garde
d'accepter votre propofition , & d'abuſer
de l'excès de votre generofité ; non , laiffez-
moi en proie à mon malheureux fort ,
& ne croyez point que je puiffe jamais
me réfoudre à vous être à charge. Songez-
vous , Tumbfirk , reprit Montvilliers,
qu'un pareil difcours outrage ma façon de
penfer ? Quel étrange raifonnement ! Vous
craignez , dites- vous , de m'être à charge ,
& vous ne craignez pas de me défefperer
en me raviffant un ami qui m'eft plus cher
que moi -même. Vous trouvez peut - être
humiliant de recevoir des fecours étrangers
; mais penfez-vous que c'eft l'amitié
qui vous les offre , & que loin d'exiger
de la reconnoiffance , c'eft moi qui vous
aurai une obligation éternelle , fi vous me
procurez le plaifir inexprimable de vous
être utile? Si vous m'aimez véritablement,
vous partagerez ce plaifir avec moi, loin de
vouloir m'en priver par une fauffe délicateffe
. Parlez , mon cher ami , rendez - moi
le plus heureux de tous les hommes , fervez-
moi de frere ; mon époufe penfe de
Bij
28 MERCURE DE FRANCE.
la même façon que moi , & fouhaite bien
fincerement vous voir accepter ma propofition
. Tumbfirk ne put réfifter à des
follicitations fi preffantes. Vous l'emportez
fur l'amour propre , s'écria - t - il en
embrallant Montvilliers avec ardeur :
oui , mon cher Montvilliers , je n'ai point
d'armes pour me défendre contre les fentimens
que vous me faites paroître. Vous
me faites bénir mes infortunes . Tous les
avantages que j'aurois pu trouver dans le
monde , valent- ils un ami tel que vous ?
& tous les plaifirs qui fuivent la grandeur
& la fortune , font - ils comparables à
ceux que je goute dans votre commerce?
M. de Madinville qui furvint , après
avoir fait compliment à Montvilliers de fa
victoire , dit en s'adreffant à Tumbfirk , il
ne tient qu'à vous de trouver le bonheur
dans ce féjour champêtre , du moins pouvez
- vous être perfuadé qu'il ne fe trouve
point ailleurs. Il faut d'abord vous figurer
que les paffions font un labyrinthe , où
plus on marche & moins on fe retrouve ;
que les Grands font livrés par état à ces
cruels tyrans. Jouets de l'ambition ,
de la vanité , des folles efpérances , des
yains defirs , de la haine , de l'envie
tous les agrémens de leur fituation leur
échappent. Ils n'ont jamais l'efprit affez
DECEMBRE. 1755. 29
libre pour les fentir . Leur grandeur eftfouvent
un poids qui les accable , & les plus
raifonnables prêts à finir une vie agitće
fans avoir vêcu un inftant , cherchent dans
un féjour champêtre le repos dont vous
pouvez jouir dès aujourd'hui . Les douceurs
de l'amitié , la paix de l'ame , l'étude
de la nature , les charmes variés de la
lecture , voilà les plaifirs que nous vous
offrons. Ils n'ont point de lendemain , &
peuvent fe gouter à toute heure.
Tumbfirk , à qui fes infortunes avoient
donné de la folidité d'efprit plus que l'on
n'en a ordinairement à fon âge , & qui
d'ailleurs avoit un gout décidé pour une vie férieufe
& folitaire
, fentit tous les avantages
de celle qu'on lui offroit. Il s'eft appliqué
aux mathématiques
, & a fait dans cette fcience
des progrès
furprenans
. Montvilliers
l'a forcé d'accepter
une terre
affez confidérable
pour lui donner
les moyens
de vivre avec aifance
, mais à condition
qu'il ne le quitteroit
point.
La maifon de Montvilliers devint bientôt
le rendez- vous de tous les gens d'efprit
& de gout de R ....ils ne font pas en petit
nombre ; ce concours perpétuel le fatigua
ainfi que fon époufe. Ils prirent le parti de
fe former une focieté de perfonnes aimables
, vertueufes & fenfées , qui fçuffent
Biij
30 MERCURE DE FRANCE.
unir aux dons brillans de l'efprit les qualités
folides du coeur. L'amour de la religion
& de l'humanité , voilà ce qui caracterife
les membres de cette focieté refpectable .
On s'affemble deux fois la femaine pour
s'entretenir de matieres utiles & intéreffantes
. La Phyfique , la Morale , les Belles-
Lettres , rempliffent tour à tour la féance.
Ceux qui s'amufent de la Poëfie s'efforcent
de monter leur lyre fur ce ton philofophique
, qui n'eft point ennemi des graces.
Les amis de Montvilliers qui veulent paffer
quelque tems à la campagne , font reçus
chez lui fort agréablement. Sa maiſon
eft grande , commode , & la liberté qui y
regne la rend délicieufe. Chacun peut s'amufer
fuivant fon gout , on n'a point la
fimplicité de s'ennuyer l'un l'autre par politeffe
. Celui - ci prend un livre , & va s'égarer
dans des allées où le foleil ne pénétre
jamais, & s'affied au bord d'un ruiffeau
dont l'onde errante & toujours fraîche ,
fait mille tours dans le bois . Cet autre , la
tête remplie d'un ouvrage qu'il veut mettre
au jour, va fe renfermer dans la bibliothéque.
Celui - là occupé de quelque problême
, court au cabinet de mathématique ;
& l'autre, un microſcope à la main , examine
toutes les parties d'un infecte dont il
vient de faire la découverte . On fe raffem-
1
DECEMBRE. 1755. 31
ble à l'heure des repas,une gaieté douce &
modérée regne à table : on converſe , on
badine fans malignité ; mais nos deux
époux ne fe font pas contentés de ces plaifirs
innocens , ils en trouvent de plus vifs
& de plus nobles dans leur humeur bienfaifante.
Leurs vaffaux font les objets de
leur compaffion & de leurs bienfaits . Toujours
touchés de leur mifere , ils s'occupent
fans ceffe à la foulager. Ils donnent à l'un
de quoi réparer la perte de fes troupeaux ,
à l'autre de quoi nourrir & habiller une
nombreuſe famille ; à celui - ci de quoi paffer
un hyver rigoureux, à celui- là de quoi
payer un créancier inexorable. Ils accordent
leurs différends , font ceffer leurs inimitiés
, établiffent leurs enfans. Ils ont
fait venir un maître & une maîtreffe intelligens
pour inftruire la jeuneffe , & leur
développer les plus importans principes
de morale & de religion . Ils ne dédaignent
point d'aller quelquefois vifiter ces écoles
, & d'y faire naître l'émulation par des
petites liberalités . Ils ont fixé chez eux un
homme habile dans la profeffion de la médecine
pour les fecourir dans leurs maladies.
Enfin ils font actuellement à faire
bâtir un hôpital pour retirer les infirmes &
les vieilles gens hors d'état de travailler .
Voilà en vérité des gens bien aimables
Biv
32 MERCURE DE FRANCE.
& bien heureux , dit le philofophe cabalifte
, quand la Silphide eut fini fon récit.
J'aime fur- tout , continua- t'il , ce dernier
établiſſement, N'est - il pas honteux en effet
pour la focieté, que ceux qui en font le foutien,
qui menent la vie la plus dure & la plus
laborieufe pour procurer aux autres les chofes
néceffaires & agréables , n'ayent pas un
afyle , quand l'âge & les infirmités les ont
mis hors d'état de pourvoir eux - mêmes
à leur fubfiftance ? Ce que vous dites eft
vrai , répondit la Silphide ; les riches ne
font point affez d'attention à cela : mais
la promenade commence à s'éclaircir ; remettons
nos obfervations à un autre jour.
Oromafis y confentit , & la Silphide le
reporta dans fon magnifique jardin , où
nous le laifferons quelque tems avec la
permiffion du Lecteur .
De la Promenade de Province , & des
charmes du Carailere.
'Angleterre eft ma patrie , & mon nom
eft Tumbfirk. Mon pere qui s'appelloit
Milord K..... devenu veuf & mécontent
de la Cour , fe retira dans fes terres
qui font dans le Comté de Devonshire .
A iv
8 MERCURE DE FRANCE.
Ce fut là qu'il devint amouteux de la fille
d'un fimple Gentilhomme réduit à la derniere
néceffité. Elle étoit belle. Si fa mifere
le toucha , fa vertu excita fon admiration.
Il prit le parti de l'époufer , avec
toutes les formalités néceffaires , mais le
plus fecrettement qu'il lui fut poffible ,
parce qu'il craignoit les enfans de fon premier
lit , qui étoient au nombre de trois.
Je fuis le feul fruit de ce mariage , ma
mere étant morte en me mettant au monde.
Mon enfance n'a rien eu d'extraordinaire.
J'ai été élevé dans un college jufqu'à
l'âge de feize ans. J'allois fouvent
voir Milord K.... que je regardois comme
un ami qui vouloit bien prendre foin de
moi , du refte j'ignorois à qui je devois la
naiffance.
Je fus furpris un jour de ce qu'on vint
me chercher de fa part avec précipitation.
J'arrivai , & je le trouvai à l'extrêmité . Il
fit fortir tout le monde de fa chambre , &
m'ayant fait approcher de fon lit , je me
meurs , me dit- il , d'une voix foible ; mais
écontez bien ce que je vais vous dire. Vous
êtes mon fils . Voici , ajoûta- t'il , en me
préfentant des papiers , les pieces qui le
juftifieront. Vous avez des freres puiffans
qui refuferont peut - être de vous reconnoître.
Défiez- vous furtout de votre aîné , &
DECEMBRE 1755. 9
agiffez - en avec lui comme avec un homme
de qui vous avez tout à craindre. Voici
pour le Baron de W... le plus jeune de vos
freres , une lettre qui pourra l'attendrir
en votre faveur. En voilà une autre pour
votre foeur qui eft mariée au Duc de M...
Embraffez- moi , mon fils , pourfuivit - il ,
en s'attendriffant ; puiffe le ciel , protecteur
de l'innocence , vous tenir lieu de
pere ! Je reçus fa bénédiction , en pleurant
amerement , il mourut une heure après
entre mes bras. Sa perte me caufa une vive
douleur , je l'aimois véritablement , & la
confidération de l'état où il me laiſſoit , ne
fervit pas à me confoler. Je n'avois du
côté de ma mere que des parens éloignés ,
que je ne connoiffois point. Je me regardai
comme un homme ifolé , qui ne tenoit
à rien , & qui avoit tout à craindre.
Mourir, c'eft un fort inévitable , me disje
, il faudra toujours en venir - là , après
avoir effuyé bien des traverfes , je puis me
les épargner en finiffant ma trifte vie ,
mais je veux que ma mort foit utile à ma
patrie ; c'eft au milieu des hafards que je
dois la chercher . Nous étions alors en
guerre avec la France , je m'engageai dans
un vieux corps de cavalerie , bien réfolu
de vendre cherement ma vie. Je me rendis
au lieu où l'armée étoit allemblée : j'avois
Av
10 MERCURE DE FRANCE.
toujours dans mon porte-feuille les papiers
que mon pere m'avoit donnés. A peine
fus-je arrivé que j'appris que l'officier qui
commandoit étoit le Comte de Y..... frere
unique de feu mon pere. Je ne l'avois jamais
vu parce qu'ils étoient mal enſemble
depuis longtems ; cela ne me donna aucune
envie de lui découvrir mon fecret.
Cependant le Capitaine de la compagnie
où j'étois enrôlé , étoit un homme
violent , emporté , brutal & généralement
haï j'avoue que je ne cédois à perfonne
ma part de cette averfion . Il me rencontra
un jour avec quelques officiers qu'il
n'aimoit pas. Il voulut me dire quelque
chofe , fa vue feule étoit capable de m'émouvoir
, je lui répondis avec hauteur. Il
fe mit en devoir de punir ma témérité
quelques coups de plat d'épée : voyons ,
lui dis - je , en tirant la mienne , fi tu as autant
de coeur que de brutalité. Je le pouſſai
vivement , mais on nous fepara. Mon crime
étoit irrémiffible ; auffi fus - je condammé
à avoir la tête caffée dès le même jour.
par
Quelque indifférence que j'euffe pour
la vie , je ne pus me défendre d'un violent
friffonnement , en fongeant que je navois
plus que quelques heures à vivre. Une
reffource me reftoit , c'étoit de me faire
connoître au Comte de Y... Mais comment
1
DECEMBRE. 1755 . II
y parvenir. A qui m'adreffer ? Plufieurs de
mes amis vinrent pour me voir , mais on
ne voulut pas leur permettre de me parler.
Un officier de confidération qui m'aimoit ,
demanda cette grace , qu'on ne put pas lui
refufer. Le ciel , lui dis - je , en l'appercevant
, vous envoie fans doute ici pour me
fauver la vie , mais il n'y a point de tems
à perdre. Je fuis le neveu du Comte de Y...
j'ai fur moi de quoi le prouver : l'officier
ne pouvant fe figurer que cela fût vrai ,
demanda à voir mes papiers , je ne fis aucune
difficulté de les lui montrer ; il y
reconnut la vérité , & courut avec empreffement
à la tente du Comte de Y..... après
avoir donné ordre à ceux qui me gardoient
de différer l'exécution jufqu'à fon retour,
Cependant l'heure de me conduire au
fupplice approchoit , le régiment étoit
déja affemblé , & mon lâche Capitaine ,
qui fe douta qu'on travailloit à me fauver ,
éloigna fous divers prétextes , ceux qui me
gardoient , & qui avoient reçu l'ordre de
différer , & me fit auffitôt conduire au lieu
où je devois perdre la vie . Je vis bien alors
qu'il n'y avoit plus de falut à efpérer : on
me banda les yeux ; quels funeftes aprêts ,
& qu'elle horrible fituation ! Tout mon
fang fe retira autour de mon coeur , mon
efprit ne m'offroit plus que des penfées
A vj
12 MERCURE
DE FRANCE
.
confufes , je crus fentir le coup qui devoit
faire fortir mon ame de fa trifte prifon.
Mais un moment après la vue me fut rendue
, & je vis auprès de moi cet officier
qui paroifoit fort en colere du mépris
que l'on avoit fait de fes ordres. Un rayon
d'efpérance coula dans mon fein , & me
rendit la refpiration que j'avois perdue . Je
n'étois pas encore parfaitement revenu à
moi-même , lorfque je me trouvai devant
le Comte de Y... Je me laiffai tomber à fes
genoux , & ne pouvant trouver de langue
ni de voix , je lui préfentai les pieces juftificatives
de ma naiffance , fans en excepter
la lettre de mon pere adreffée au Baron
de W... Il lut le tout avec émotion , &
venant à moi , il m'embraffa en me difant ,
vous êtes le fils de mon frere , je ne puis
en douter , mais je veux que vous foyez le
mien. Oui , mon cher enfant , continuat'il
, en m'obligeant de me relever , vous
ferez la confolation de ma vieilleffe . J'avois
un fils , il feroit de votre âge , vous
lui reffemblez , je croirai le voir en vous
voyant. Vous penfez bien que je lui rendis
fes careffes avec ufure. Je lui jurai un
éternel attachement. Je lui raconta ce
que m'avoit dit mon pere avant que de
mourir , ma douleur , mes craintes , mon
indifférence pour la vie ; il m'apprit que
DECEMBRE. 1755. 13
l'aîné de mes freres étoit mort depuis environ
un mois ; que le Baron de W... étoit
un de fes principaux officiers ; qu'il étoit
d'un efprit bien plus doux. Il n'eft point
actuellement ici , ajouta t'il , mais il y
fera dans quelques jours . Laiffez-moi ménager
votre premiere entrevue . Je veux le
préparer à vous reconnoître. Tout ce que
je vous recommande , c'eft de garder le
fecret fur tout ce qui vient de fe paffer
entre nous.
La premiere marque de bienveillance
que me donna le Comte de Y ... fut de me
faire changer d'habit , il m'en fit donner
de très riches . Jugez quel plaifir pour un
jeune homme de mon age. Je me trouvois
à ravir , & je me figurai avec une vive
émotion de vanité , la furprife de mes
camarades , & particulierement le dépit &
la confufion de mon Capitaine . Il foutint
ma préſence d'un air embaraffé & humilié,
Tous les pas que je faifois , étoient autant
de triomphes. Aucuns des agrémens de
ma nouvelle fituation ne m'échappoient, je
fentois toute l'étendue de mon bonheur.
Ingénieux à faire naître les occafions de
témoigner ma reconnoiffance au Comte
de Y... je paffois auprès de lui les plus gracieux
momens. Chacun raifonnoit diverfement
à mon fujet , chacun faifoit des
14 MERCURE DE FRANCE.
conjectures , mais tous ceux qui nie
voyoient , convenoient que fi je n'étois
pas d'une illuftre naillance, le fort m'avoit
fait une injuftice .
Nous étions en préfence des ennemis ,
& toujours à la veille de combattre. Le
Baron de W... arriva enfin , nous en fumes
avertis , un moment avant qu'il parût. 11
vint rendre fes devoirs au Comte de Y...
qui m'avoit fait mettre dans un endroit
d'où je pouvois tout entendre fans être
vu. Ils étoient feuls . Après qu'ils fe furent
entretenus quelque tems de l'état de l'armée
& de la difpofition des ennemis : il
eft arrivé ici depuis votre départ , dit le
Comte de Y... une hiftoire bien finguliere.
Il lui fit alors , fans nommer les perfonnes
, le récit que je viens de vous faire ,
continua Tumbfirk , voilà , ajouta le Comre
, les papiers que cet infortuné jeune
homme m'a préfentés . Le Baron de W... les
prit & lut ce qu'ils contenoient avec
une furpriſe inexprimable. Le Comte de
Y...fans lui donner le tems de fe remettre,
lui remit la lettre de mon pere : elle étoit
touchante ; auffi ce ne fut point fans répandre
des larmes , qu'il en acheva la lecture.
Ah ! c'en eft trop , dit- il , d'une voix attendrie,
après avoir fini : je chéris trop , ô mon
pere , votre mémoire pour ne pas aimer
DECEMBRE . 1755. 15
ce qui vous a été cher. Milord , permettez-
moi d'embraffer mon frere , & de lui
jurer devant vous une amitié éternelle . Je
jugeai qu'il étoit tems de paroître . Le
voilà qui s'offre à vos defits , lui dit le
Comte de Y... fatisfaites votre jufte empreffement.
Il me regarda un moment
avec attention . Je voulus embraffer fes
genoux , mais il m'en empêcha en me ferrant
entre fes bras. Mon bonheur me fembla
alors affermi d'une façon inébranlable,
hélas ! il devoit auffi peu durer qu'il étoit
inopiné .
Dès le même jour , il vint un bruit que
les ennemis avoient le deffein de nous attaquer.
Cette nouvelle caufa un mouvement
général dans le camp . On fe prépara
pour les recevoir . Le lendemain à la pointe
du jour , le combat s'engagea : il fut
meurtrier de part & d'autre . J'étois auprès
du Comte de Y... un fatal boulet de canon
vint à mes yeux le frapper dans la poitrine,
& le fit tomber roide mort. La chaleur où
j'étois ne m'empêcha pas de fentir toute
l'horreur de cette perte. Je courus vers
mon frere , mais il fembloit que le fort
attendît mon arrivée pour le frapper à la
tête d'une balle qui le fit tomber de deffus
fon cheval. On le tira de la foule , on l'appuya
contre un arbre , il me reconnut ,
16 MERCURE DE FRANCE
me tendit la main , en me difant , adieu ,
mon cher Tumbfirk , j'aurois été votre
appui , le ciel en a difpofé autrement , le
Comte de Y... à mon défaut... Il ne put
en dire davantage. Ses yeux éteints fe fermerent
pour toujours , & fa tête qu'il ne
pouvoir plus foutenir , tomba fur fa poitrine.
Plufieurs de mes amis inftruits de mon
double malheur , m'arracherent d'auprès
de ce lugubre fpectacle.Toute mon occupation
pendant huit jours fut de pleurer
amèrement les pertes que je venois de faire
, fans vouloir recevoir de confolation.
Mais à ce découragement fuccéderent des
inquiétudes fur mon fort. Je ne me voyois
pas plus avancé qu'à mon arrivée dans le
camp. Encouragé par l'épreuve que j'avois
faite du bon naturel de mon oncle & de
mon frere , je pris la réfolution d'aller
trouver ma foeur. Elle demeuroit à Londres
je me fis conduire à fon hôtel. Elle
étoit feule dans fon appartement , je lui
préfentai les preuves de ma naiffance avec
la lettre de mon pere qui lui étoit adreffée ;
je fuis fûr qu'elle alloit me donner des
marques de fa tendreffe , lorfque le Duc
de M... fon époux entra. Elle changea de
couleur en le voyant . Je le remarquai avec
effroi. Il prit les papiers des mains de fon
époufe , & les parcourut avec une furpriſe
DECEMBRE. 1755. 17
mêlée de chagrin. Je félicite Madame , me
dit- il , en affectant unair plus doux , d'avoir
pour frere un auffi aimable cavalier que
vous. L'avantage n'eft pas grand , lui répondis-
je , mais , Monfieur , ajoutai - je ,
en voyant qu'il ferroit mes papiers , permettez-
moi de vous redemander ces pieces,
elles me font néceffaires. Soyez tranquille,
me répondit-il d'un ton railleur , elles font
en fureté , je vous les rendrai , mais il faut
auparavant que je les examine à loifir.
Je compris alors mon imprudence. Je retournai
à mon auberge avec beaucoup d'inquiétude
j'étois fatigué , je me couchai
de fort bonne heure. Mais je fus réveillé
dans mon premier fommeil par un bruit
qui ne me parut pas éloigné. Je prêtai l'oreille
avec émotion , & j'entendis qu'on
vouloit forcer la porte de ma chambre.
Dans le même inftant je vis , à la lueur
d'une lumiere que j'avois laiffée , trois
hommes qui fe jetterent fur moi , m'arracherent
mon épée , me banderent la bouche
d'un mouchoir pour m'empêcher de
crier , me conduifirent à une chaife de
pofte qui me mena à Douvres , où ils me
firent embarquer. Nous fommes defcendus
à Calais , & là , mes conducteurs m'ont
fait reprendre la pofte jufqu'à D... d'où
nous venons de partir.
18 MERCURE DE FRANCE.
fi
Tel fut le récit du malheureux Tumbfick
. Montvilliers trouva quelque foulagement
en fe repréfentant qu'il n'étoit pas
le feul à plaindre. Les vents leur furent
allez favorables , pendant toute la navigation.
Mais comme le vaiffeau qu'ils montoient
étoit lourd , ils en rencontrerent
plufieurs qui les devancerent. Tumbfirk
apprit des matelots qu'on devoit faire eau
à la petite ifle de S ... Une nuit que tout le
monde dormoit , il dit à Montvilliers, vous
fentez- vous le courage de tout rifquer pour
la liberté ? Certainement , répondit-il fans
balancer. Eh bien , reprit Tumbfirk ,
vous voulez me feconder , j'ai formé le
deffein de nous révolter quand nous ferons
arrivés à l'ifle de S... Quelqu'un qui fit du
bruit les obligea de ceffer cette converfation
. L'Anglois trouva cependant le
moyen de communiquer ce deffein à tous
fes compagnons qui l'approuverent . Quelques
jours après , ils apperçurent l'ifle ; à
peine y furent- ils arrivés , qu'ils demanderent
avec empreffement à defcendre pour
fe promener quelques heures , parce qu'ils
fe trouvoient très-mal de l'air de la mer.
Le Capitaine qui ne fe doutoit point de
leur entreprife y confentit. On leur ôta
même leurs chaînes qui les incommodoient
beaucoup , & on fe contenta de
DECEMBRE. 1755. 19
•
leur donner quelques matelots pour les
garder. Quand ils fe virent éloignés da
rivage , Tumbfirk donna un coup d'oeil à
fes compagnons qui l'obfervoient . Ils fe
jetterent tous fur les matelots qu'ils défarmerent
, & qu'ils attacherent à des arbres.
Ils entrerent dans quelques maifons , obligerent
les Infulaires qui y demeuroient de
leur donner quelques armes , & marcherent
en bon ordre vers le vaiffeau , dans
l'efpérance de s'en rendre maîtres : mais le
Capitaine qui avoit été averti de leur révolte
les attendoit à la tête du refte de l'équipage.
Le nombre ni la contenance des
ennemis ne les effraya point . Ils fe précipiterent
comme des furieux , & en tuerent
quelques-uns ; mais il fallut céder au nombre
. Plufieurs d'entr'eux furent bleffés ,
Tumblrk & Montvilliers furent terraffés
& faits prifonniers. On les fépara , & on
les conduifit dans les prifons de l'iffe. Its
crurent qu'ils n'en fortiroient que pour
aller au fupplice . Cette idée ne leur fembla
point fi affreufe. Ils trouverent l'un &
l'autre une espece de douceur en penfant
qu'ils alloient bientôt être délivrés des
maux infupportables qui les accabloient.
Montvilliers s'encourageoit par ces ré-
Alexions , lorfqu'il vit ouvrir la porte du
lieu où il étoit : par une fervente priere
20 MERCURE DE FRANCE.
il recommanda fon ame à celui qui l'avoit
créée. Deux hommes affez bien mis , lui
dirent de les fuivre. Ils le firent paffer par
différentes rues , & le firent à la fin entrer
dans une fort belle maifon. Ils traverserent
plufieurs appartemens bien meublés ,
& parvinrent à une chambre où ils trouverent
un homme pour qui tous les autres
paroiffoient avoir du refpect . Il regarda
Montvilliers avec une extrême attention
, & confidérant enfuite un papier qu'il
tenoit , il parla à ceux qui étoient auprès
de lui , qui parurent convenir de ce qu'il
difoit. D'où êtes- vous , mon ami , dit- il à
Montvilliers , & par quelle aventure vous
trouvez vous avec des gens où vous paroiffez
déplacé Montvilliers raconta briévement
fon hiftoire. Connoiffez - vous cette
écriture , lui demanda le Gouverneur
, en lui préfentant une lettre à fon
adreffe ? O ciel ! s'écria- t'il , que vois- je ?
c'eft M. de Madinville. Il l'ouvrit avec empreffement.
Son ami lui marquoit qu'ayant
appris dès le lendemain , la trifte nouvelle
de fon enlevement, par un domeftique de
fon pere , qui en avoit été témoin , & qui
paroiffoit outré de cette barbarie , il étoit
promptement couru à D... mais que quelque
diligence qu'il eût faite , il avoit trouvé
le vaiffeau parti. Qu'il s'étoit informé
e
DECEMBRE. 1755. 21
avec foin du nom du Capitaine qui le
montoit ; de la forme & de la cargaison
de fon vaiffeau ; qu'étant enfuite allé en
Cour , il avoit obtenu un ordre pour tous
les Gouverneurs des lieux où il pourroit
arrêter , ou aborder , de le relâcher , & de
retenir le Capitaine. Qu'il avoit joint à
cet ordre fon fignalement , avec un court
récit de la façon dont il avoit été pris ;
que fans perdre de tems il étoit enfuite
parti pour aller à Breft , où il avoit trouvé
un vaiffeau marchand , bon voilier , qui
partoit pour le Nouveau Monde ; qu'il lui
avoit donné plufieurs paquets qui tous
renfermoient le même ordre , qu'il lui
avoit expliqué ce qu'ils contenoient , &
qu'il lui avoit fait promettre de les diftribuer
fur la route , après s'être informé s'il
n'étoit pas paffé un vaiffeau de telle & telle
façon , monté par un tel Capitaine .
Je vous dois affurément beaucoup , dit
Montvilliers au Gouverneur : mais il manquera
quelque chofe à mon bonheur , fi
vous ne me rendez un ami qui m'eft plus
cher que je ne puis vous l'exprimer. Il lui
raconta en même tems l'hiftoire de Tumbfirk
; on le fit relâcher auffi -tôt. Le Capitaine
fut conduit dans la prifon qu'ils venoient
de quitter. Le vaiffeau repartit fous
la conduite du Lieutenant. Il ne fut plus
22 MERCURE DE FRANCE.
queſtion ni de rébellion ni de punition .
Les deux amis refterent chez le Gouverneur
pour attendre l'arrivée d'un vaiffeau
qui retournoit en France. Il leur procura
tous les divertiffemens qui pouvoient fe
prendre dans fon ifle pendant le court féjour
qu'ils y firent. Il leur offrit généreufement
de l'argent pour faire leur voyage ,
& ne les vit partir qu'à regret. Ils ont
depuis ce tems entretenu avec lui un commerce
de lettre autant que l'éloignement
peut le permettre , & ils fe font une fête
de le recevoir bientôt avec tous les témoignages
d'affection & de reconnoiffance
que mérite fon procédé.
Après une heureuſe navigation , ils débarquerent
à Breft , & arriverent chez
M. de Madinville à l'heure qu'il s'y attendoit
le moins . Il les reçut avec tranfport
, mais la joye de Mlle d'Arvieux ne
peut être comparée qu'à celle de Montvilliers.
On pria M. & Mdme d'Arvieux
qui pour lors vivoient fort bien avec M.de
Madinville , de venir la partager . La fatisfaction
fut générale . On foupa , & les
'deux voyageurs raconterent à la fin du
repas leurs aventures. Il eft arrivé ici bien
du changement depuis votre départ , dit
M. de Madinville , en s'adreffant à Montvilliers
, quand on fut forti de table. A
ת
C
C
F
DECEMBRE
1755. 23
peine vous fates parti que votre pere ſentit
élever du fond de fon coeur des remords
qui le
pourfuivoient partout. La
compaffion fuccéda à la colere , quand
celle- ci fut fatisfaite. On n'eft point pere
impunément ; le vôtre vous aimoit fans le
fçavoir. Dès qu'il vous eut facrifié à fon
emportement , vous ceffâtes de lui paroître
coupable. La violence de votre paffion
vous excufoit. Votre défeſpoir ſe préfentoit
à toute heure à fon efprit. Il vous
voyoit la nuit pâle & défiguré , vous lui
reprochiez fon inhumanité. D'autre fois ,
profterné à fes pieds , vous lui difiez ,
en verfant un torrent de larmes : Mon
pere , de quoi fuis - je coupable ? quel
crime ai - je commis pour me livrer à
un fort auffi barbare ? Si je vous fuis
odieux , reprenez cette vie que vous m'avez
donnée. Votre frere qui ceffa de fe
contraindre , lui fit connoître fes
cédés fon mauvais caractere. Il jugea qu'il
par proavoit
été capable
d'inventer mille chofes
qui l'avoient irrité contre vous. Je ne
doute point qu'il n'eût pris des mefures
pour vous retirer , mais il étoit continuellement
obfédé par Driancourt qu'il craignoit
alors autant qu'il l'avoit aimé. Enfin
il devint farouche ,
mélancolique ; il ne
cherchoit que la folitude : la vue de fes
24 MERCURE DE FRANCE.
plus intimes amis lui étoit infupportable.
Bientôt il tomba malade ; je fus inftruit
de la cauſe de fa maladie , & la compaffion
m'engagea à le confoler. Je pris le
tems que Driancourt étoit parti pour la
chaffe. Je me fis introduire auprès de lui ;
il me parut extrêmement abbattu , & me
témoigna une fi vive douleur , & un repentir
fi preffant de l'indignité avec laquelle
il vous avoit traité , que je ne
pus m'empêcher de lui communiquer les
mefures que j'avois prifes pour vous ravoir.
Ah ! Monfieur, me dit- il , quand cela
reuffiroit , mon fils pourra- t'il jamais oublier
ma cruauté ? N'en doutez nullement
lui répondis- je . Je connois Montvilliers :
il y a des reffources infinies dans un coeur
tel que le fien. J'ai bien des graces à vous
rendre , reprit- il , du foin que vous avez
bien voulu prendre ; cette efpérance adoucira
mes derniers momens , mais je n'en
mourrai pas moins ; mon jeune fils a creufé
mon tombeau . Il eft affamé de ma fucceffion
, il defire ma mort avec impatience
, il fera fatisfait . Le ciel équitable punit
toujours l'injufte préférence que les
peres ont pour un de leurs enfans au préjudice
des autres par l'indignité de leur
choix. Je voulus l'encourager . Vivez
Monfieur , lui dis- je , vivez pour embraf-
•
fer
DECEMBRE . 1755. 25
pour
fer ce cher fils que vous n'avez jamais vu
qu'à travers le voile de l'impofture. Vivez
pour réparer par votre tendreffe le mal
que vous lui avez fait , pour être témoin
de la joie qu'il aura de vous voir rendre
juftice à fes fentimens . Quel agréable avenir
vous me préfentez , s'écria votre pere
en pleurant ! Non , Monfieur , je ne mérite
pas ces plaifirs. J'ai été cruellement
trompé ; mais mon aveugle affection.
un fils qui n'en étoit pas digne , m'a empêché
de faire le moindre effort pour ne
l'être pas . Il ne me refte que très peu de
tems à vivre , je le fens ; aflurez , je vous
prie , Montvilliers de mes regrets. Grand
Dieu ! que j'aurois de plaifir à l'en aſſurer
moi -même , à le revoir , à l'embraffer ! en
effet , continua M. de Madinville , cet infortuné
vieillard mourut le furlendemain.
Votre frere n'a pas joui long- tems du fruit
de fon crime , il eft mort quinze jours
après d'une fievre maligne , qui couroit
beaucoup alors .
Montvilliers ne put entendre ce récit
fans être touché jufqu'aux larmes ; il plaignit
fon pere , il fe plaignit lui - même .
Pourquoi faut- il qu'il manque toujours
quelque chofe au bonheur le plus parfait ,
difoit-il ? Nous vivrions heureux , je lui
adoucirois par mes foins les infirmités de
1. Vol. B
26 MERCURE DE FRANCE.
la vieilleffe . Quelle fatisfaction pour moi
de le voir revenu de fon erreur , prendre
en ma faveur des fentimens de pere , bénir
le jour qui nous auroit raffemblés , &
dérefter ſon injuſtice !
La cérémonie qui devoit unir Mlle
d'Arvieux & Montvilliers , ne fut retardée
qu'autant qu'il le falloit pour faire les
préparatifs néceffaires : Enfin cet heureux
jour arriva. Tumbfirk prit beaucoup de
part à leur commun bonheur. Il aimoit
fincerement Montvilliers , qui le payant
d'un parfait retour , avoit une extrême
envie de le fixer auprès de lui . Un jour
que Tumbfirk fe promenoit , Montvilliers
fut le joindre : voilà , lui dit ce premier ,
une lettre d'Angleterre qui me confirme
mon malheur . Elle est d'un jeune homme
de mes amis. Il me marque que le Miniftre
de la Paroiffe où je fuis né eft mort ;
que le Duc de M ....a fait fouftraire des
regiftres de cette Paroiffe tout ce qui pouvoit
fervir de preuve à ma naiffance . Puisje
vous demander , lui dit Montvilliers ,
quel parti vous comptez prendre ? Je n'en
vois point d'autre , répondit - il , que de
chercher une mort prompte dans la profeffion
des armes. Vous n'avez pas de bons
yeux , reprit Montvilliers , il vous en refte
encore un autre par lequel vous mettrez
DECEMBRE. 1755. 27
le comble à la félicité d'un homme que
vous aimez & qui le mérite. C'eft , mon
cher Tumbfirk , de vouloir bien partager
avec moi les biens que le ciel m'a donnés ,
ajouta- t-il en l'embraffant . Trop genereux
ami , repartit Tumbfirk , je n'ai garde
d'accepter votre propofition , & d'abuſer
de l'excès de votre generofité ; non , laiffez-
moi en proie à mon malheureux fort ,
& ne croyez point que je puiffe jamais
me réfoudre à vous être à charge. Songez-
vous , Tumbfirk , reprit Montvilliers,
qu'un pareil difcours outrage ma façon de
penfer ? Quel étrange raifonnement ! Vous
craignez , dites- vous , de m'être à charge ,
& vous ne craignez pas de me défefperer
en me raviffant un ami qui m'eft plus cher
que moi -même. Vous trouvez peut - être
humiliant de recevoir des fecours étrangers
; mais penfez-vous que c'eft l'amitié
qui vous les offre , & que loin d'exiger
de la reconnoiffance , c'eft moi qui vous
aurai une obligation éternelle , fi vous me
procurez le plaifir inexprimable de vous
être utile? Si vous m'aimez véritablement,
vous partagerez ce plaifir avec moi, loin de
vouloir m'en priver par une fauffe délicateffe
. Parlez , mon cher ami , rendez - moi
le plus heureux de tous les hommes , fervez-
moi de frere ; mon époufe penfe de
Bij
28 MERCURE DE FRANCE.
la même façon que moi , & fouhaite bien
fincerement vous voir accepter ma propofition
. Tumbfirk ne put réfifter à des
follicitations fi preffantes. Vous l'emportez
fur l'amour propre , s'écria - t - il en
embrallant Montvilliers avec ardeur :
oui , mon cher Montvilliers , je n'ai point
d'armes pour me défendre contre les fentimens
que vous me faites paroître. Vous
me faites bénir mes infortunes . Tous les
avantages que j'aurois pu trouver dans le
monde , valent- ils un ami tel que vous ?
& tous les plaifirs qui fuivent la grandeur
& la fortune , font - ils comparables à
ceux que je goute dans votre commerce?
M. de Madinville qui furvint , après
avoir fait compliment à Montvilliers de fa
victoire , dit en s'adreffant à Tumbfirk , il
ne tient qu'à vous de trouver le bonheur
dans ce féjour champêtre , du moins pouvez
- vous être perfuadé qu'il ne fe trouve
point ailleurs. Il faut d'abord vous figurer
que les paffions font un labyrinthe , où
plus on marche & moins on fe retrouve ;
que les Grands font livrés par état à ces
cruels tyrans. Jouets de l'ambition ,
de la vanité , des folles efpérances , des
yains defirs , de la haine , de l'envie
tous les agrémens de leur fituation leur
échappent. Ils n'ont jamais l'efprit affez
DECEMBRE. 1755. 29
libre pour les fentir . Leur grandeur eftfouvent
un poids qui les accable , & les plus
raifonnables prêts à finir une vie agitće
fans avoir vêcu un inftant , cherchent dans
un féjour champêtre le repos dont vous
pouvez jouir dès aujourd'hui . Les douceurs
de l'amitié , la paix de l'ame , l'étude
de la nature , les charmes variés de la
lecture , voilà les plaifirs que nous vous
offrons. Ils n'ont point de lendemain , &
peuvent fe gouter à toute heure.
Tumbfirk , à qui fes infortunes avoient
donné de la folidité d'efprit plus que l'on
n'en a ordinairement à fon âge , & qui
d'ailleurs avoit un gout décidé pour une vie férieufe
& folitaire
, fentit tous les avantages
de celle qu'on lui offroit. Il s'eft appliqué
aux mathématiques
, & a fait dans cette fcience
des progrès
furprenans
. Montvilliers
l'a forcé d'accepter
une terre
affez confidérable
pour lui donner
les moyens
de vivre avec aifance
, mais à condition
qu'il ne le quitteroit
point.
La maifon de Montvilliers devint bientôt
le rendez- vous de tous les gens d'efprit
& de gout de R ....ils ne font pas en petit
nombre ; ce concours perpétuel le fatigua
ainfi que fon époufe. Ils prirent le parti de
fe former une focieté de perfonnes aimables
, vertueufes & fenfées , qui fçuffent
Biij
30 MERCURE DE FRANCE.
unir aux dons brillans de l'efprit les qualités
folides du coeur. L'amour de la religion
& de l'humanité , voilà ce qui caracterife
les membres de cette focieté refpectable .
On s'affemble deux fois la femaine pour
s'entretenir de matieres utiles & intéreffantes
. La Phyfique , la Morale , les Belles-
Lettres , rempliffent tour à tour la féance.
Ceux qui s'amufent de la Poëfie s'efforcent
de monter leur lyre fur ce ton philofophique
, qui n'eft point ennemi des graces.
Les amis de Montvilliers qui veulent paffer
quelque tems à la campagne , font reçus
chez lui fort agréablement. Sa maiſon
eft grande , commode , & la liberté qui y
regne la rend délicieufe. Chacun peut s'amufer
fuivant fon gout , on n'a point la
fimplicité de s'ennuyer l'un l'autre par politeffe
. Celui - ci prend un livre , & va s'égarer
dans des allées où le foleil ne pénétre
jamais, & s'affied au bord d'un ruiffeau
dont l'onde errante & toujours fraîche ,
fait mille tours dans le bois . Cet autre , la
tête remplie d'un ouvrage qu'il veut mettre
au jour, va fe renfermer dans la bibliothéque.
Celui - là occupé de quelque problême
, court au cabinet de mathématique ;
& l'autre, un microſcope à la main , examine
toutes les parties d'un infecte dont il
vient de faire la découverte . On fe raffem-
1
DECEMBRE. 1755. 31
ble à l'heure des repas,une gaieté douce &
modérée regne à table : on converſe , on
badine fans malignité ; mais nos deux
époux ne fe font pas contentés de ces plaifirs
innocens , ils en trouvent de plus vifs
& de plus nobles dans leur humeur bienfaifante.
Leurs vaffaux font les objets de
leur compaffion & de leurs bienfaits . Toujours
touchés de leur mifere , ils s'occupent
fans ceffe à la foulager. Ils donnent à l'un
de quoi réparer la perte de fes troupeaux ,
à l'autre de quoi nourrir & habiller une
nombreuſe famille ; à celui - ci de quoi paffer
un hyver rigoureux, à celui- là de quoi
payer un créancier inexorable. Ils accordent
leurs différends , font ceffer leurs inimitiés
, établiffent leurs enfans. Ils ont
fait venir un maître & une maîtreffe intelligens
pour inftruire la jeuneffe , & leur
développer les plus importans principes
de morale & de religion . Ils ne dédaignent
point d'aller quelquefois vifiter ces écoles
, & d'y faire naître l'émulation par des
petites liberalités . Ils ont fixé chez eux un
homme habile dans la profeffion de la médecine
pour les fecourir dans leurs maladies.
Enfin ils font actuellement à faire
bâtir un hôpital pour retirer les infirmes &
les vieilles gens hors d'état de travailler .
Voilà en vérité des gens bien aimables
Biv
32 MERCURE DE FRANCE.
& bien heureux , dit le philofophe cabalifte
, quand la Silphide eut fini fon récit.
J'aime fur- tout , continua- t'il , ce dernier
établiſſement, N'est - il pas honteux en effet
pour la focieté, que ceux qui en font le foutien,
qui menent la vie la plus dure & la plus
laborieufe pour procurer aux autres les chofes
néceffaires & agréables , n'ayent pas un
afyle , quand l'âge & les infirmités les ont
mis hors d'état de pourvoir eux - mêmes
à leur fubfiftance ? Ce que vous dites eft
vrai , répondit la Silphide ; les riches ne
font point affez d'attention à cela : mais
la promenade commence à s'éclaircir ; remettons
nos obfervations à un autre jour.
Oromafis y confentit , & la Silphide le
reporta dans fon magnifique jardin , où
nous le laifferons quelque tems avec la
permiffion du Lecteur .
Fermer
Résumé : SUITE De la Promenade de Province, & des charmes du Caractere.
Le texte raconte l'histoire de Tumbfirk, un jeune homme anglais dont le père, Milord K..., s'était remarié secrètement avec une femme de condition modeste. À la mort de son père, Tumbfirk découvre l'existence de demi-frères et sœurs qui pourraient le rejeter. Il s'engage dans l'armée pour servir sa patrie. Lors d'un conflit avec la France, il est condamné à mort pour avoir défié un capitaine brutal. Avant son exécution, il révèle son identité au Comte de Y..., son oncle, qui le sauve. Tumbfirk est alors reconnu par son frère, le Baron de W..., mais leur bonheur est de courte durée, car ils trouvent tous deux la mort lors d'une bataille. Désespéré, Tumbfirk décide de rencontrer sa sœur à Londres. Cependant, le Duc de M..., époux de sa sœur, s'empare des preuves de sa naissance et le fait enlever. Tumbfirk est conduit à Calais, puis à D..., où il raconte son histoire. Tumbfirk et Montvilliers, deux captifs sur un navire, décident de se révolter lors d'une escale à l'île de S. Leur plan échoue, et ils sont capturés et emprisonnés. Montvilliers est libéré grâce à une lettre de son ami M. de Madinville. Tumbfirk est également relâché. Ils sont ensuite accueillis par M. de Madinville et Mlle d'Arvieux. Montvilliers apprend la mort de son père et de son frère, rongés par les remords. Montvilliers et Mlle d'Arvieux se marient, et Tumbfirk accepte de partager la fortune de Montvilliers, devenant son frère adoptif. Dans une conversation ultérieure, Tumbfirk exprime sa gratitude pour l'amitié et les plaisirs de la vie champêtre. M. de Madinville conseille Tumbfirk de trouver le bonheur loin des passions des Grands. Tumbfirk, doté d'une sagesse précoce, apprécie les douceurs de l'amitié et les plaisirs de la vie champêtre. Montvilliers lui offre une terre pour vivre confortablement. Leur maison devient un lieu de rassemblement pour des personnes d'esprit et de goût, valorisant la religion, l'humanité et les arts. Ils fondent un hôpital pour les infirmes et les vieillards, montrant une grande bienveillance envers leurs vassaux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
37
p. 250-251
NAISSANCE.
Début :
Le 7 Octobre dernier, les cérémonies de Baptême ont été suppléées par l'Abbé [...]
Mots clefs :
Cérémonies, Baptême, Fils, Parrains et marraines, Frères, Naissance
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : NAISSANCE.
NAISSANCE.
Le 7 Octobre dernier , les cérémonies de Baptême
ont été fuppléées par l'Abbé Rey- de Loupiac
, Bachelier de Sorbonne , dans l'Eglife S.
Pierre de la Ville de Gaillac au Diocèfe d'Alby ,
en préfence du Curé de la Paroifle ; à un fils de
Mellire Jean-Louis - Etienne d'Huteau de Dalmas ,
Chevalier, Seigneur d'Amours , Lieutenant de
Roi au Gouvernement de la Province de Languedoc
, & de MM les Maréchaux de France en
Albigeois , Chevalier d'honneur de la Cour des
Aides de Montauban , & de Dame Jeanne- Simone
Charlotte de B'anc- Fenayrols , Dame dudit
lieu , né le 25 Février 1755, & ondoyé le même
jour. Le parrein a été M.'Abbé de Foucaud , Albé
de l'Abbaye d'Eaulnes fon grand oncle , repréfenté
par M. l'Abbé de Laftic , Abbé de celle de
Gaillac. La marraine , Madame la Comtelle de
FEVRIER. 1760.
251
ftanges fa grande tante , repréfentée par
adame la Préfidente de Foucaud : Il a été nomé
Jean- Marie- Guy - Etienne-Pulchérie .
Jean- Louis - Etienne- Anze , & Jean - Louis- Conftance
, fes freres , nés le 26 juin 1752 , & le 14
Décembre 153. & ondoyés le jour de leur naiffance
, avoient été fuppléés aux cérémonies du
Baptême le as Décembre 1753 , en prétence du
Curé de la Paroiffe S. Pierre , par Mellire Jean-
Marie de Laftic S. Jal , Abbé de l'Abbaye lécolière
S. Michel de la Ville de Gaillac , grand
Vicaire de l'Archevêché d'Alby , à la tête de fon
Chapitre.
Les armes de la maifon d'Huteau , originaire
de Bretagne , font d'azur , à trois étoiles d'or ;
écartelées d'argent à la Croix de gueules ancrée ,
avec une couronne murale, pour timbre de l'écu ,
concédée par Charles VII.
Voyez Palliot ; le Céfar armorial ; le Promptuaire
armorial ; les Tablettes hiftoriques , Morery ,
les armoriaux de Bretagne & de Languedoc , les
Arrêts de Maintenue & c.
Le 7 Octobre dernier , les cérémonies de Baptême
ont été fuppléées par l'Abbé Rey- de Loupiac
, Bachelier de Sorbonne , dans l'Eglife S.
Pierre de la Ville de Gaillac au Diocèfe d'Alby ,
en préfence du Curé de la Paroifle ; à un fils de
Mellire Jean-Louis - Etienne d'Huteau de Dalmas ,
Chevalier, Seigneur d'Amours , Lieutenant de
Roi au Gouvernement de la Province de Languedoc
, & de MM les Maréchaux de France en
Albigeois , Chevalier d'honneur de la Cour des
Aides de Montauban , & de Dame Jeanne- Simone
Charlotte de B'anc- Fenayrols , Dame dudit
lieu , né le 25 Février 1755, & ondoyé le même
jour. Le parrein a été M.'Abbé de Foucaud , Albé
de l'Abbaye d'Eaulnes fon grand oncle , repréfenté
par M. l'Abbé de Laftic , Abbé de celle de
Gaillac. La marraine , Madame la Comtelle de
FEVRIER. 1760.
251
ftanges fa grande tante , repréfentée par
adame la Préfidente de Foucaud : Il a été nomé
Jean- Marie- Guy - Etienne-Pulchérie .
Jean- Louis - Etienne- Anze , & Jean - Louis- Conftance
, fes freres , nés le 26 juin 1752 , & le 14
Décembre 153. & ondoyés le jour de leur naiffance
, avoient été fuppléés aux cérémonies du
Baptême le as Décembre 1753 , en prétence du
Curé de la Paroiffe S. Pierre , par Mellire Jean-
Marie de Laftic S. Jal , Abbé de l'Abbaye lécolière
S. Michel de la Ville de Gaillac , grand
Vicaire de l'Archevêché d'Alby , à la tête de fon
Chapitre.
Les armes de la maifon d'Huteau , originaire
de Bretagne , font d'azur , à trois étoiles d'or ;
écartelées d'argent à la Croix de gueules ancrée ,
avec une couronne murale, pour timbre de l'écu ,
concédée par Charles VII.
Voyez Palliot ; le Céfar armorial ; le Promptuaire
armorial ; les Tablettes hiftoriques , Morery ,
les armoriaux de Bretagne & de Languedoc , les
Arrêts de Maintenue & c.
Fermer
Résumé : NAISSANCE.
Le 7 octobre, l'Abbé Rey de Loupiac a célébré le baptême d'un fils de M. Jean-Louis-Étienne d'Huteau de Dalmas, Chevalier et Lieutenant du Roi au Gouvernement de la Province de Languedoc, et de Mme Jeanne-Simone-Charlotte de Banc-Fenayrols, née le 25 février 1755. L'enfant a été nommé Jean-Marie-Guy-Étienne-Pulchérie. Le parrain était M. l'Abbé de Foucaud, représenté par M. l'Abbé de Laftic, et la marraine était Mme la Comtesse de Février, représentée par Mme la Présidente de Foucaud. Les frères de l'enfant, Jean-Louis-Étienne-Ange et Jean-Louis-Constance, nés respectivement le 26 juin 1752 et le 14 décembre 1753, avaient été baptisés le 14 décembre 1753 par M. Jean-Marie de Laftic. Les armes de la maison d'Huteau, originaire de Bretagne, sont d'azur à trois étoiles d'or, écartelées d'argent à la Croix de gueules ancrée, avec une couronne murale pour timbre de l'écu, concédée par Charles VII.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
38
p. 202-203
MARIAGES.
Début :
Louis-Antoine-Gustave, Comte des Salles, Mestre-de-camp d'un Régiment [...]
Mots clefs :
Comte, Gouverneur, Fils, Fille, Chevalier, Contrat de mariage, Duc, Bénédiction nuptiale
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MARIAGES.
MARIAGES
.
Louis - Antoine- Guſtave , Comte des Salles ,
Meftre-de-camp d'un Régiment de Cavalerie de
fon nom , Gouverneur & grand - Bailli de Neuchâteau
en Lorraine ; fils de Claude - Guſtave ;
Marquis des Salles , Lieutenant général des Ar
mées du Roi , Gouverneur de Rhinfeld , Chambellan
du Roi de Pologne , Duc de Lorraine &
de Bar; & de feueAdélaïde- Candide- Marie- Louiſe
de Villars - Brancas ; a épouſé le 17 Février , Marie-
Louife -Barnabé Mallet de Graville , fille de Louis-
Robert Mallet , Comte de Graville , Chevalier des
Ordres du Roi , Lieutenant général de les Armées,
Infpecteur général de la Čavalerie & des Dragons
; & de Magdeleine Bouton de Chamilly . La
Bénédiction nuptiale leur a été donnée dans
l'Eglife de la Paroiffe de Croiffy , par l'ancien Evê
que de Troyes. Leur Contrat de mariage avoit
été figné , le 10 , par Leurs Majeftés , & par la Fa
mille Royale.
Armand-Jofeph de Béthune , Duc de Charoft ,
Pair de France , Lieutenant général de la Province
de Picardie , & Pays Boulonnois , Gouverneur des
Ville & Citadelle de Calais , Meftre- de -camp du
Régiment de Cavalerie de fon nom ; fut marié le
19 à Louife- Suzanne - Edmée Martel , fille de
Charles Martel , Comte de Fontaine - Bolbec , Maréchal
des Camps & Armées du Roi , & de
MARS. 1760. 203
Françoife Martel . La Bénédiction nuptiale leur
a été donnée , dans l'Eglife de Saint Sulpice , par
l'Archevêque de Rouen. Le Duc de Charoft eft
fils de feu François - Jofeph de Bethune - Charoft ,
Duc d'Ancenis , Capitaine , en furvivance , d'une
Compagnie des Gardes -du-Corps , & d'Elizabeth-
Marthe de Roye de la Rochefoucault . Leur Contrat
de mariage avoit été figné , le 16 , par Leurs
Majeſtés , & par la Famille Royale.
MARC-ANTOINE Frond , de Beaupoil de S.
Aulaire ; Marquis de Lanmary , Baron de Milly ,
Seigneur d'Augerville , la Rivier & Rouvre , fils
de François Henri Comte de Lanmary , Enfeigne
des Gendarmes de Flandres , & d'Anne Elizabeth
de Lanmary , & petit - fils de marc- Antoine Frond
de Beaupoil de S. Aulaire , Marquis de Lanmary ,
ci devant Grand- Echanfon de France , Chevalier
des Ordres du Roi , Lieutenant- Général de ſes armées
, & fon Ambaſſadeur en Suéde , & d'Elizabeth
Neiret , de la Ravozé , a épousé le 18 Février
Charlotte de Bretonvilliers , fille de François ,
Comte de Bretonvilliers , Capitaine de Cavalerie
dans le Regiment Dauphin , & d'Adélaïde de Seuil ,
La Bénédiction nuptiale leur a été donnée dans
l'Eglife de S. Sulpice , par l'Evêque de Poitiers,
Leur Contrat de mariage avoit été figné, le dix,par
Leurs Majeftés & la Famille Royale.
.
Louis - Antoine- Guſtave , Comte des Salles ,
Meftre-de-camp d'un Régiment de Cavalerie de
fon nom , Gouverneur & grand - Bailli de Neuchâteau
en Lorraine ; fils de Claude - Guſtave ;
Marquis des Salles , Lieutenant général des Ar
mées du Roi , Gouverneur de Rhinfeld , Chambellan
du Roi de Pologne , Duc de Lorraine &
de Bar; & de feueAdélaïde- Candide- Marie- Louiſe
de Villars - Brancas ; a épouſé le 17 Février , Marie-
Louife -Barnabé Mallet de Graville , fille de Louis-
Robert Mallet , Comte de Graville , Chevalier des
Ordres du Roi , Lieutenant général de les Armées,
Infpecteur général de la Čavalerie & des Dragons
; & de Magdeleine Bouton de Chamilly . La
Bénédiction nuptiale leur a été donnée dans
l'Eglife de la Paroiffe de Croiffy , par l'ancien Evê
que de Troyes. Leur Contrat de mariage avoit
été figné , le 10 , par Leurs Majeftés , & par la Fa
mille Royale.
Armand-Jofeph de Béthune , Duc de Charoft ,
Pair de France , Lieutenant général de la Province
de Picardie , & Pays Boulonnois , Gouverneur des
Ville & Citadelle de Calais , Meftre- de -camp du
Régiment de Cavalerie de fon nom ; fut marié le
19 à Louife- Suzanne - Edmée Martel , fille de
Charles Martel , Comte de Fontaine - Bolbec , Maréchal
des Camps & Armées du Roi , & de
MARS. 1760. 203
Françoife Martel . La Bénédiction nuptiale leur
a été donnée , dans l'Eglife de Saint Sulpice , par
l'Archevêque de Rouen. Le Duc de Charoft eft
fils de feu François - Jofeph de Bethune - Charoft ,
Duc d'Ancenis , Capitaine , en furvivance , d'une
Compagnie des Gardes -du-Corps , & d'Elizabeth-
Marthe de Roye de la Rochefoucault . Leur Contrat
de mariage avoit été figné , le 16 , par Leurs
Majeſtés , & par la Famille Royale.
MARC-ANTOINE Frond , de Beaupoil de S.
Aulaire ; Marquis de Lanmary , Baron de Milly ,
Seigneur d'Augerville , la Rivier & Rouvre , fils
de François Henri Comte de Lanmary , Enfeigne
des Gendarmes de Flandres , & d'Anne Elizabeth
de Lanmary , & petit - fils de marc- Antoine Frond
de Beaupoil de S. Aulaire , Marquis de Lanmary ,
ci devant Grand- Echanfon de France , Chevalier
des Ordres du Roi , Lieutenant- Général de ſes armées
, & fon Ambaſſadeur en Suéde , & d'Elizabeth
Neiret , de la Ravozé , a épousé le 18 Février
Charlotte de Bretonvilliers , fille de François ,
Comte de Bretonvilliers , Capitaine de Cavalerie
dans le Regiment Dauphin , & d'Adélaïde de Seuil ,
La Bénédiction nuptiale leur a été donnée dans
l'Eglife de S. Sulpice , par l'Evêque de Poitiers,
Leur Contrat de mariage avoit été figné, le dix,par
Leurs Majeftés & la Famille Royale.
Fermer
Résumé : MARIAGES.
En février 1760, trois mariages aristocratiques ont été célébrés en France. Le premier a réuni Louis-Antoine-Gustave, Comte des Salles, et Marie-Louise-Barnabé Mallet de Graville, fille de Louis-Robert Mallet, Comte de Graville. La bénédiction a été donnée par l'ancien Évêque de Troyes dans l'église de la paroisse de Croissy, et le contrat de mariage a été signé le 10 février par Leurs Majestés et la Famille Royale. Le deuxième mariage a uni Armand-Joseph de Béthune, Duc de Charost, et Louise-Suzanne-Edmée Martel, fille de Charles Martel, Comte de Fontaine-Bolbec. La cérémonie a eu lieu à Saint-Sulpice à Paris, avec la bénédiction de l'Archevêque de Rouen, et le contrat a été signé le 16 février par Leurs Majestés et la Famille Royale. Enfin, Marc-Antoine Frond de Beaupoil de Saint-Aulaire, Marquis de Lanmary, a épousé Charlotte de Bretonvilliers, fille de François, Comte de Bretonvilliers. La bénédiction a été donnée par l'Évêque de Poitiers à Saint-Sulpice, et le contrat a été signé le 10 février par Leurs Majestés et la Famille Royale.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
39
p. 214-216
MARIAGES.
Début :
Pierre-Louis, Marquis de Treffort, Capitaine au Régiment de Foix, fils d'Antoine [...]
Mots clefs :
Capitaine, Fils, Comtesse, Fille, Duc, Baron, Chevalier, Bénédiction nuptiale, Contrat de mariage, Famille royale, Lieutenant général des armées du roi, Évêque, Vicomte
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MARIAGES.
MARIAGES.
Pierre-Louis , Marquis de Treffort , Capitaine
au Régiment de Foix , fils d'Antoine Philibert ,
Marquis de Grollier ; & de Gabrielle- Claude Colbert
de Villacerf , a époufé le 20 du mois de
Février 1760 , Charlotte - Euſtache Sophie de Fuligny
, Dame , Comtelle de Reauremont , fille
de feu Henry de Fuligny- Damas - Rochechouard ,
Baron d'Aubigny ; & de Dame Marie- Gabrielle
de Pons - Praflin . La bénédiction nuptiale leur a
été donnée au Château d'Agée , près de Dijon ,
par M. l'Abbé de Damas,grand Cuftode & Comte
de Lyon , oncle de ladite Dame.
Louis - Hercule - Timoléon de Coffé , Duc de
Coffé-Briffac , Meftre-de-Camp du Régiment de
Bourgogne , Cavalerie , a époufé , le 28 du mois
dernier, Adélaide-Diane-Hortence- Delie Mancini
de Nevers , feconde fille de Louis - Jules- Barbon .
Mazarini Mancini , Duc de Nivernois , Pair de
France, Grand d'Espagne, Noble Vénitien , Baron
Romain , Chevalier des Ordres du Roi , Brigadier
de ſes Armées , l'un des Quarante de l'Académie
Françoiſe, & honoraire de celle des Infcriptions &
Belles Lettres , ci-devant Ambaffadeur extraordinaire
auprès du S. Siége ; & d'Hélene - Angélique-
Françoife Phelypeaux de Ponchartrain.La bénédic
tion nuptiale leur a été donnée par l'Archevêque de
Tours , dans la Chapelle de l'Hôtel de Nivernois.
Leurs Majeftés , & la Famille Royale , avoient
figné leur contrat de Mariage le 23. Le Duc de
Coffé eft fils de Jean - Paul - Timoléon de Collé-
Briffac , Duc de Brillac , Pair de France , Chevalier
des Ordres du Roi , Lieutenant général de
fes Armées , Gouverneur de Sârlouis , grand Pan
AVRIL. 1760. 215
netier deFrance ; & de Dame Marie-JofepheDurey
de Sauroy.
Achilles-Jofeph Robert , Marquis de Lignerac ,
grand Bailli d'epée , Lieutenant- général , &
Commandant pour le Roi , dans la haute Auvergne
, Capitaine au Régiment de la Ferronaye ,
Dragons, fils defeu Charles- Jofeph Robert, Comte
de Lignerac , Enfeigne des Gendarmes de la Garde
du Roi ; & de Marie - Françoife de Broglie ; a
époulé , le 4 de ce mois , Marie-Odette de Lévi-
Chateau Morand , fille de feu François- Charles
de Lévi- Chateau- Morand, Lieutenant général des .
Armées du Roi , & de la Province de Bourbonnois ;
& de Dame Philiberte Languet de Rochefort . La
bénédiction nuptiale leur a été donnée , dans la
Chapelle de l'Hôtel d'Ambre , par l'Evêque de
Pamiers. Leur Contrat de Mariage avoit été figné
,le 18 du mois dernier , par Leurs Majeftés ,
& par la Famille Royale.
Joachim -Charles Laure de Montagu , Vicomte
de Beaune , Lieutenant général de la Balle- Auvergne
& du pays de Combrailles , Colonel du
Régiment de Bretagne , Infanterie , fils aîné de
feu Joachim Montagu , Marquis de Bouzols ,
Maréchal - de - Camp , Lieutenant général de la
baffe-Auvergne & du pays de Combrailles ; &
de Laure-Anne Filtz-James , Dame du Palais ,
a épousé , le 3 de ce mois , Marie - Hélene - Charlotte
Caillebot de la Salle , fille de Marie- Louis
Caillebot , Marquis de la Salle , Lieutenant-général
des Armées du Roi , Gouverneur & Lieutenant
général de la Haute & Baffe Marche ,
Capitaine Sous-Lieutenant des Gendarmes de la
Garde ; & de feue Dame Marie-Françoife- Charlotte
de Benoife. La bénédiction nuptiale lear
a été donnée, dans la Chapelle de l'Hôtel de
Matignon , par l'Evêque de Soiffons , oncle du
216 MERCURE DE FRANCE.
Vicomte de Beaune Leur Contrat de mariage
avoit été figné , le premier de ce mois , par
Leurs Majeftés , & par la Famille Royale .
Pierre-Louis , Marquis de Treffort , Capitaine
au Régiment de Foix , fils d'Antoine Philibert ,
Marquis de Grollier ; & de Gabrielle- Claude Colbert
de Villacerf , a époufé le 20 du mois de
Février 1760 , Charlotte - Euſtache Sophie de Fuligny
, Dame , Comtelle de Reauremont , fille
de feu Henry de Fuligny- Damas - Rochechouard ,
Baron d'Aubigny ; & de Dame Marie- Gabrielle
de Pons - Praflin . La bénédiction nuptiale leur a
été donnée au Château d'Agée , près de Dijon ,
par M. l'Abbé de Damas,grand Cuftode & Comte
de Lyon , oncle de ladite Dame.
Louis - Hercule - Timoléon de Coffé , Duc de
Coffé-Briffac , Meftre-de-Camp du Régiment de
Bourgogne , Cavalerie , a époufé , le 28 du mois
dernier, Adélaide-Diane-Hortence- Delie Mancini
de Nevers , feconde fille de Louis - Jules- Barbon .
Mazarini Mancini , Duc de Nivernois , Pair de
France, Grand d'Espagne, Noble Vénitien , Baron
Romain , Chevalier des Ordres du Roi , Brigadier
de ſes Armées , l'un des Quarante de l'Académie
Françoiſe, & honoraire de celle des Infcriptions &
Belles Lettres , ci-devant Ambaffadeur extraordinaire
auprès du S. Siége ; & d'Hélene - Angélique-
Françoife Phelypeaux de Ponchartrain.La bénédic
tion nuptiale leur a été donnée par l'Archevêque de
Tours , dans la Chapelle de l'Hôtel de Nivernois.
Leurs Majeftés , & la Famille Royale , avoient
figné leur contrat de Mariage le 23. Le Duc de
Coffé eft fils de Jean - Paul - Timoléon de Collé-
Briffac , Duc de Brillac , Pair de France , Chevalier
des Ordres du Roi , Lieutenant général de
fes Armées , Gouverneur de Sârlouis , grand Pan
AVRIL. 1760. 215
netier deFrance ; & de Dame Marie-JofepheDurey
de Sauroy.
Achilles-Jofeph Robert , Marquis de Lignerac ,
grand Bailli d'epée , Lieutenant- général , &
Commandant pour le Roi , dans la haute Auvergne
, Capitaine au Régiment de la Ferronaye ,
Dragons, fils defeu Charles- Jofeph Robert, Comte
de Lignerac , Enfeigne des Gendarmes de la Garde
du Roi ; & de Marie - Françoife de Broglie ; a
époulé , le 4 de ce mois , Marie-Odette de Lévi-
Chateau Morand , fille de feu François- Charles
de Lévi- Chateau- Morand, Lieutenant général des .
Armées du Roi , & de la Province de Bourbonnois ;
& de Dame Philiberte Languet de Rochefort . La
bénédiction nuptiale leur a été donnée , dans la
Chapelle de l'Hôtel d'Ambre , par l'Evêque de
Pamiers. Leur Contrat de Mariage avoit été figné
,le 18 du mois dernier , par Leurs Majeftés ,
& par la Famille Royale.
Joachim -Charles Laure de Montagu , Vicomte
de Beaune , Lieutenant général de la Balle- Auvergne
& du pays de Combrailles , Colonel du
Régiment de Bretagne , Infanterie , fils aîné de
feu Joachim Montagu , Marquis de Bouzols ,
Maréchal - de - Camp , Lieutenant général de la
baffe-Auvergne & du pays de Combrailles ; &
de Laure-Anne Filtz-James , Dame du Palais ,
a épousé , le 3 de ce mois , Marie - Hélene - Charlotte
Caillebot de la Salle , fille de Marie- Louis
Caillebot , Marquis de la Salle , Lieutenant-général
des Armées du Roi , Gouverneur & Lieutenant
général de la Haute & Baffe Marche ,
Capitaine Sous-Lieutenant des Gendarmes de la
Garde ; & de feue Dame Marie-Françoife- Charlotte
de Benoife. La bénédiction nuptiale lear
a été donnée, dans la Chapelle de l'Hôtel de
Matignon , par l'Evêque de Soiffons , oncle du
216 MERCURE DE FRANCE.
Vicomte de Beaune Leur Contrat de mariage
avoit été figné , le premier de ce mois , par
Leurs Majeftés , & par la Famille Royale .
Fermer
Résumé : MARIAGES.
En 1760, plusieurs mariages notables ont eu lieu. Le 20 février, Pierre-Louis, Marquis de Treffort, a épousé Charlotte-Eustache Sophie de Fuligny, Dame et Comtesse de Reauremont, au Château d'Agée près de Dijon. Le 28 janvier, Louis-Hercule-Timoléon de Coffé, Duc de Coffé-Brissac, a épousé Adélaide-Diane-Hortense-Délie Mancini de Nevers à la Chapelle de l'Hôtel de Nivernois. Le 4 avril, Achilles-Joseph Robert, Marquis de Lignerac, a épousé Marie-Odette de Lévi-Château Morand dans la Chapelle de l'Hôtel d'Ambre. Le 3 avril, Joachim-Charles Laure de Montagu, Vicomte de Beaune, a épousé Marie-Hélène-Charlotte Caillebot de la Salle dans la Chapelle de l'Hôtel de Matignon. Les contrats de mariage de ces unions ont été signés par Leurs Majestés et la Famille Royale.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
40
p. 201
MARIAGE.
Début :
Le 22 Septembre 1760, Très Haut & Très-Puissant Seigneur Timoleon [...]
Mots clefs :
Seigneur, Comte, Marquis, Dame, Demoiselle, Fille, Fils, Contrat de mariage, Bénédiction nuptiale
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MARIAGE.
MARIAGE.
}
Le 22 Septembre 1760 , Très Haut & Trèse'
Puillant Seigneur Timoleon - Antoine - Jofeph-
François-Louis- Alexandre Comte d'Elpinay , de
Saint Luc , Marquis de Lignery , fils de défunt
Très Haut & Très - Puiffant Seigneur François
d'Efpinay de Saint- Luc , Marquis de Lignery ,
Meftre de Camp de Cavalerie , & de Très- Haute
& Très- Puillante Dame Marie Madeleine- Louife-
Catherine de Samfon , Dame de Lorcheres , fut
marié dans la Chapelle de l'Archevêché à Rouen
avec Très - Haute & Très Puillante Demoiſelle
Marie - Bernardine Cadot de Sebeville , fille du
défunt Très- Haut & Très- Puillant Seigneur Bernardin
- François Calot , Marquis de Sebeville ,
Colonel du Régiment du Vieux - Languedoc Dragons
, & de Très - Haute & Très Puiflante Dame
Barbe Anzeray de Courvaudon.
La Bénédiction Nuptiale leur fut donnée par
M. l'Archevêque de Rouen .
Leur Contrat de Mariage avoir été figné par le
Roi , la Reine & la Famille Royale , le 14 Sep
tembre.
}
Le 22 Septembre 1760 , Très Haut & Trèse'
Puillant Seigneur Timoleon - Antoine - Jofeph-
François-Louis- Alexandre Comte d'Elpinay , de
Saint Luc , Marquis de Lignery , fils de défunt
Très Haut & Très - Puiffant Seigneur François
d'Efpinay de Saint- Luc , Marquis de Lignery ,
Meftre de Camp de Cavalerie , & de Très- Haute
& Très- Puillante Dame Marie Madeleine- Louife-
Catherine de Samfon , Dame de Lorcheres , fut
marié dans la Chapelle de l'Archevêché à Rouen
avec Très - Haute & Très Puillante Demoiſelle
Marie - Bernardine Cadot de Sebeville , fille du
défunt Très- Haut & Très- Puillant Seigneur Bernardin
- François Calot , Marquis de Sebeville ,
Colonel du Régiment du Vieux - Languedoc Dragons
, & de Très - Haute & Très Puiflante Dame
Barbe Anzeray de Courvaudon.
La Bénédiction Nuptiale leur fut donnée par
M. l'Archevêque de Rouen .
Leur Contrat de Mariage avoir été figné par le
Roi , la Reine & la Famille Royale , le 14 Sep
tembre.
Fermer
Résumé : MARIAGE.
Le 22 septembre 1760, Timoléon-Antoine-Joseph-François-Louis-Alexandre Comte d'Elpinay, Marquis de Lignery, a épousé Marie Bernardine Cadot de Sebeville. La cérémonie s'est déroulée dans la Chapelle de l'Archevêché à Rouen. Le contrat de mariage avait été signé par le Roi, la Reine et la Famille Royale le 14 septembre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
41
p. 202
MORTS.
Début :
Le 27 Septembre, Messire Louis de la Tour-du-Pin, Marquis de Montauban, [...]
Mots clefs :
Messire, Marquis, Seigneur, Prince du sang, Décès, Fils, Comte, Colonel, Dame, Veuve
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS.
MORT S
Le 27 Septembre ,Meffire Louis de la Tour- du-
Pin , Marquis de Montauban , Seigneur de Roquebeau
, premier Cornette des Chevaux- légers
d'Aquitaine , & Chambellan de Monfeigneur le
Duc d'Orleans , premier Prince du Sang , mourut
au Palais Royal , âgé de vingt ans , dix mois.
Il étoit fils aîné de Meffire Louis de la Tour- du-
Pin , Comte de Montauban , Brigadier des Armées
du Roi & premier Ecuyer de Monſeigneur le
Duc d'Orléans , décédé le s Avril dernier , & dont
la mort a été annoncée dans le Mercure du mois
de Mai de cette année.
Hugues -Jean - Baptifte - François le Bourfier .
chargé des affaires de S. A. S. Monfeigneur le
Duc de Modène , eft mort le Lundi 6 Octobre ,
âgé de 49 ans.:
Meffire Jean- François de Boyvin , Marquis de
Bacqueville , ancien Colonel d'Infanterie , eft
mort à Paris le 7 , âgé de foixante & douze ans.
Le feu ayant pris à une aîle de fa Maiſon , fife fur
Te Quai des Théatins , il a malheureuſement péri
dans cet incendie..
Dame Marie- Lambertine de la Marque, veuve
de Meffire Auguftin - Louis , Marquis de Xime-
Maréchal des Camps & Armées du Roi , eſt
morte le 10 de ce mois , âgée de cinquante- neuf
nez ,
ans.
Le 27 Septembre ,Meffire Louis de la Tour- du-
Pin , Marquis de Montauban , Seigneur de Roquebeau
, premier Cornette des Chevaux- légers
d'Aquitaine , & Chambellan de Monfeigneur le
Duc d'Orleans , premier Prince du Sang , mourut
au Palais Royal , âgé de vingt ans , dix mois.
Il étoit fils aîné de Meffire Louis de la Tour- du-
Pin , Comte de Montauban , Brigadier des Armées
du Roi & premier Ecuyer de Monſeigneur le
Duc d'Orléans , décédé le s Avril dernier , & dont
la mort a été annoncée dans le Mercure du mois
de Mai de cette année.
Hugues -Jean - Baptifte - François le Bourfier .
chargé des affaires de S. A. S. Monfeigneur le
Duc de Modène , eft mort le Lundi 6 Octobre ,
âgé de 49 ans.:
Meffire Jean- François de Boyvin , Marquis de
Bacqueville , ancien Colonel d'Infanterie , eft
mort à Paris le 7 , âgé de foixante & douze ans.
Le feu ayant pris à une aîle de fa Maiſon , fife fur
Te Quai des Théatins , il a malheureuſement péri
dans cet incendie..
Dame Marie- Lambertine de la Marque, veuve
de Meffire Auguftin - Louis , Marquis de Xime-
Maréchal des Camps & Armées du Roi , eſt
morte le 10 de ce mois , âgée de cinquante- neuf
nez ,
ans.
Fermer
Résumé : MORTS.
En septembre et octobre, plusieurs décès notables ont été enregistrés. Le 27 septembre, Louis de la Tour-du-Pin, Marquis de Montauban, premier Cornette des Chevaux-légers d'Aquitaine et Chambellan du Duc d'Orléans, est décédé au Palais Royal à l'âge de vingt ans et dix mois. Il était le fils aîné de Louis de la Tour-du-Pin, Comte de Montauban, décédé en avril précédent. Le 6 octobre, Hugues-Jean-Baptiste-François le Bourfier, chargé des affaires du Duc de Modène, est mort à l'âge de 49 ans. Le 7 octobre, Jean-François de Boyvin, Marquis de Bacqueville et ancien Colonel d'Infanterie, a péri dans un incendie à Paris à l'âge de 62 ans. Enfin, le 10 octobre, Marie-Lambertine de la Marque, veuve du Marquis de Ximenez et Maréchal des Camps et Armées du Roi, est décédée à l'âge de 59 ans.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
42
p. 212-213
« M. Bailly le fils, Garde des Tableaux du Roi en survivance [...] »
Début :
M. Bailly le fils, Garde des Tableaux du Roi en survivance [...]
Mots clefs :
Nominations, Mariage, Marquis, Fils, Dame, Défunte, Bénédiction nuptiale
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « M. Bailly le fils, Garde des Tableaux du Roi en survivance [...] »
M. BAILLY le fils , Garde des Tableaux du
Roi en furvivance , a été reçu à l'Académie des.
Sciences le 29 Janvier , pour remplir une place
d'Aftronome.
Le 1s Mars 1763 , a été célébré le Mariage
de Mallire Louis Honoré de Montillet de, Gre
AVRIL. 1763. 213
naud , Marquis de Rougemont & autres lieux ,
premier. Enteigne de la premiére Compagnie
des Moufquetaires de la Garde du Roi , Chevalier
de l'Ordre Royale Militaire de S. Louis
Fils de Meffire Pierre Anthelme de Montiller,
Chevalier Grand- Bailly d'épée des Provinces de
Bugey , & Valmorey , & d'Henriette Victoire
de Bellecombe , avec Dame Jeanne Charlotte
Elifabeth de Chabannes Curton , Veuve de
Meffire Jean Bochart Marquis de Champigni ,
Fille de Meffire Jean Baptifte de Chabannes Curton
Chevalier Comte de Rochefort & autres lieux
& de Défunte Dame Claire Elifabeth de Roquefeuil
, & Soeur de Jacques Charle Comte
de Chabannes Marquis de Curton en Guyenne ,
& du Palais dans le Foreft , Comte de Rochefort
en Auvergne & autres lieux ; Colonel au
Corps des Grenadiers de France . La Bénédiction
Nuptiale a été donné dans l'Eglife Paroifliale
de S. Sulpice par l'Archevêque d'Aufch
Oncle du Marquis de Montillet.
Roi en furvivance , a été reçu à l'Académie des.
Sciences le 29 Janvier , pour remplir une place
d'Aftronome.
Le 1s Mars 1763 , a été célébré le Mariage
de Mallire Louis Honoré de Montillet de, Gre
AVRIL. 1763. 213
naud , Marquis de Rougemont & autres lieux ,
premier. Enteigne de la premiére Compagnie
des Moufquetaires de la Garde du Roi , Chevalier
de l'Ordre Royale Militaire de S. Louis
Fils de Meffire Pierre Anthelme de Montiller,
Chevalier Grand- Bailly d'épée des Provinces de
Bugey , & Valmorey , & d'Henriette Victoire
de Bellecombe , avec Dame Jeanne Charlotte
Elifabeth de Chabannes Curton , Veuve de
Meffire Jean Bochart Marquis de Champigni ,
Fille de Meffire Jean Baptifte de Chabannes Curton
Chevalier Comte de Rochefort & autres lieux
& de Défunte Dame Claire Elifabeth de Roquefeuil
, & Soeur de Jacques Charle Comte
de Chabannes Marquis de Curton en Guyenne ,
& du Palais dans le Foreft , Comte de Rochefort
en Auvergne & autres lieux ; Colonel au
Corps des Grenadiers de France . La Bénédiction
Nuptiale a été donné dans l'Eglife Paroifliale
de S. Sulpice par l'Archevêque d'Aufch
Oncle du Marquis de Montillet.
Fermer
Résumé : « M. Bailly le fils, Garde des Tableaux du Roi en survivance [...] »
Le texte mentionne deux événements distincts. Le 29 janvier, M. Bailly, fils, Garde des Tableaux du Roi en survivance, a été reçu à l'Académie des Sciences pour occuper une place d'astronome. Le second événement est le mariage de Louis Honoré de Montillet de Grenaud, Marquis de Rougemont, premier enseigne des Mousquetaires de la Garde du Roi et Chevalier de l'Ordre de Saint-Louis. Il est le fils de Pierre Anthelme de Montillet et de Henriette Victoire de Bellecombe. La mariée est Jeanne Charlotte Élisabeth de Chabannes Curton, veuve de Jean Bochart Marquis de Champigny, et fille de Jean Baptiste de Chabannes Curton et de la défunte Claire Élisabeth de Roquefeuil. La bénédiction nuptiale a été donnée dans l'église paroissiale de Saint-Sulpice par l'Archevêque d'Auch, oncle du Marquis de Montillet.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
43
p. 201-204
MORTS.
Début :
Un Exprès dépêché de Liége, a apporté la nouvelle de la mort [...]
Mots clefs :
Cardinal, Mort, Maladie, Prince, Fils, Maximilien-Emmanuel de Bavière, Comte, Vicaire, Avocat au parlement, Veuve, Funérailles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS.
MORTS.
ce
Un Exprès dépêché de Liége , a apporté la
nouvelle de la mort du Cardinal de Baviere. Il
s'étoit trouvé légérement incommodé le 20 Janvier
, & l'on avoit pris fon indifpofition pour une
fluxion dans la tête. Les fymptômes ont changé
depuis , la maladie eft devenue plus grave , &
malgré tous les fecours de la Médecine ,
Prince eſt mort le 27 à dix heures du matin. Il
fé nommoit Jean -Théodore , il étoit né Duc de
Baviere , Cardinal Prêtre de la Sainte Egliſe Romaine
, Evêque Prince de Liége , de Ratisbonne &
de Freyfingue , & par l'Evêché de Liége , Duc
en partie de Bouillon , Marquis de Franchimont ,
Comte de Lors & de Hornes , Baron d'Herstal
, & c. Né à Munich le 3 Septembre 1703. Il
avoit été élu Evêque de Ratisbonne ſur la démilfión
de Jofeph-Clément de Baviere , fon oncle ,
le 29 Juillet 1719 , & Coadjuteur du même Prince
à l'Evêché de Freyfingue le 4 Novembre
1723 , dont il devint Titulaire le 23 Février
1727 ; il fut ordonné Prêtre le 8 Avril 1736 ,
facré le premier Octobre fuivant ; créé Cardinal
Le 9 Septembre 1743 ( déclaré feulement le 17
Janvier 1746. ) Et élu Evêque Prince de Liége
le 23 Janvier 1744 .
Ce Prince étoit fils de Maximilien Emmanuel ,
Electeur de Baviere , mort le 26 Février 17 26
& de Thérefe Cunegonde , fille de Jean MI Sobiesky
, Roi de Pologne , morte le ro Mars
1730. Il avoit pour frères ainés , 1 °. Charles - Al
202 MERCURE DE FRANCE.
bert , Electeur de Baviere , élu Empereur le 24
Janvier 1744 ↑ & mort le 20 Janvier 1745 , père
de l'Electeur de Baviere régnant , 20. Ferdinand-
Marie Duc de Baviere à Munick , mort le 9 Décembre
1738 , laiffant Clément - François de
Paule , Duc de Baviere à Munick ; 3 ° . Clément-
Augufte , Archevêque de Cologne , Electeur de
1 Empire , & c , mort le 6 Février 1761. Il étoit
oncle , à la mode de Bretagne , du Roi , étant
neveu de Marie-Anne Chriſtine Victoire de Baviere
, épouſe de Louis de France ; Dauphin de
Viennois & Ayeul de Sa Majesté.
Le Comte d'Aunay , Lieutenant Général des
Armées du Roi , eft mort dans une de fes Terres
en Nivernois.
N. Boivin de Vaurony , Abbé Commendataire
des Abbayes Royales de Preuilly , Ordre
de Citeaux , Diocéle de Sens ; & de Saramont ,
Ordre de S. Benoît , Diocéfe d'Auſch , mourut
en cette Ville le 22 Janvier , âgé de quatrevingt-
dix ans.
Jean-Baptifte de Bernart d'Averne , Grand-
Vicaire de Lifieux , Abbé Commendataire de
l'Abbaye de Lorroux ,Ordre de Citeaux , Diocéfe
d'Angers , eft mort en cette Ville le 26
du même mois dans la foixante-dixiéme année
de fon age.
Louis Racine , Ecuyer , Avocat en Parlement
& Penfionnaire Vétéran de l'Académie des
Infcriptions & Belles-Lettres , eft mort en cette
Ville , le 29 du même mois dans la foixanteonziéme
année de fon âge . Fils du grand Racine
, il a foutenu l'honneur de ce beau nom
par des Ouvrages eftimables , furtout par le
Poëme de la Religion . Il laiffe deux filles ; il avoi
eu un fils qui donnoit de grandes -efpérances
AVRIL. 1763. 203
& qui fut malheureufement fub mergé par les
flots de la mer fur une jettée du Port de Cadix
le jour même du tremblement de terre de Lisbonne,
Magdelaine-Leonor Gigault de Bellefont , Abbeffe
de l'Abbaye Royale de Montivilliers , Ordre
de S. Benoît , Diocéfe de Rouen , eft morte
en cette Abbaye , âgée de cinquante- fept ans,
Marie-Thérefe de Damas - Crux , épouse de Louis-
Theodofe Andrault , Comte de Langeron , Mar
quis de la Côte , Baron de la Ferté - Langeron ,
de Sacy , &c. Lieutenant Général des Armé es
du Roi , Lieutenant pour Sa Majefté des quatre
Evêchés de la Bafle - Bretagne , Commandant
en chef dans la Province de Guyenne , & Gouverneur
de Breſt & des Ifles d'Ouëlfant , eft
morre à Paris , les Février , âgée de vingt - trois
ans .
Catherine- Elifabeth de Roncourt , veuve de
Nicolas- François de Hennequin , Conte de
Curel , de Geneloncourt , & Desfrenelles , Ba
ron du S, Empire , Chambellan du feu Duc de
Lorraine Leopold , & Grand- Louvetier de Lorraine
, eft morte à Luneville dans le mois de
Janvier, âgée d'environ cinquante ans .
Marie- Francais- Augufte de Matignon , Comte
de Gacé , ci-devant Meftre de Camp du Régiment
du Roi , Cavalerie , Brigadier , des , Ar
mées du Roi , eft mort le 8 Février , dans la trene
te-deuxième année de fon âge.
Catherine-Charlotte-Amélie de Choifeul ,Veuve
de Louis- Henri de Maillart , Baron d'Hanneffe
Dame de l'Ordre de l'Impératrice - Reine , eft
morte en fon Château d'Y,che en Lorraine , le 20
Janvier ; elle ne laiffe de ce mariage qu'une fille
unique mariée au Marquis d'Harcourt.
I vj
204 MERCURE DE FRANCE..
Marie- Marguerite Martin , veuve de Florent
Jean de Valliere , Lieutenant- Général des Armées
du Roi , Grand'Croix de l'Ordre Royal &
Militaire de S. Louis , ancien Directeur- Général
de l'Artillerie de France , Gouverneur de Bergues
,& Membre de l'Académie Royale des Sciences
, eft morte en cette Ville le ro Février , âgée
de foixante- douze ans.
Claude Fontaine , Régent à Dardagny proche
Genève , eft mort le 2 Janvier , dans la cent troi-
Liême année de fon âge.
Jean Conftant , né à Limoux en Languedoc le
4 Juin 1749 , ancien Lieutenant du Régiment
de la Vieille Marine , eft mort en cette Ville le
16 Janvier. Il avoit reçu fept bleffures pendant
vingt-cinq ans de fervice , & s'étoit retiré en
1688. Il étoit , diſoit- il , à côté du feur de Saint
Hilaire , lorfque cet Officier eut le bras emporté
au moment que le grand Turenne fut tué d'un
bouler de canon. Il étoit logé au Temple , où la
Cérémonie de fes funérailles s'eft faite avec l'appareil
militaire , par les ordres & aux frais du
Prince de Conti.
Le Service annuel , fondé par le Roi en l'Abbaye
Royale de Saint Denis en France , pour feue
Madame Henriette , fut célébré le 11 Février
avec les Cérémonies ordinaires . L'Evêque de
Meaux , premier Aumônier de cette Princefle ,
y affifta , ainfi que la Ducheffe de Beauvilliers ,
Dame d'Honneur , le Baron de Montmorenci ,
Chevalier d'Honneur , & les autres Dames &
Officiers de la maifon de feue Madame.
ce
Un Exprès dépêché de Liége , a apporté la
nouvelle de la mort du Cardinal de Baviere. Il
s'étoit trouvé légérement incommodé le 20 Janvier
, & l'on avoit pris fon indifpofition pour une
fluxion dans la tête. Les fymptômes ont changé
depuis , la maladie eft devenue plus grave , &
malgré tous les fecours de la Médecine ,
Prince eſt mort le 27 à dix heures du matin. Il
fé nommoit Jean -Théodore , il étoit né Duc de
Baviere , Cardinal Prêtre de la Sainte Egliſe Romaine
, Evêque Prince de Liége , de Ratisbonne &
de Freyfingue , & par l'Evêché de Liége , Duc
en partie de Bouillon , Marquis de Franchimont ,
Comte de Lors & de Hornes , Baron d'Herstal
, & c. Né à Munich le 3 Septembre 1703. Il
avoit été élu Evêque de Ratisbonne ſur la démilfión
de Jofeph-Clément de Baviere , fon oncle ,
le 29 Juillet 1719 , & Coadjuteur du même Prince
à l'Evêché de Freyfingue le 4 Novembre
1723 , dont il devint Titulaire le 23 Février
1727 ; il fut ordonné Prêtre le 8 Avril 1736 ,
facré le premier Octobre fuivant ; créé Cardinal
Le 9 Septembre 1743 ( déclaré feulement le 17
Janvier 1746. ) Et élu Evêque Prince de Liége
le 23 Janvier 1744 .
Ce Prince étoit fils de Maximilien Emmanuel ,
Electeur de Baviere , mort le 26 Février 17 26
& de Thérefe Cunegonde , fille de Jean MI Sobiesky
, Roi de Pologne , morte le ro Mars
1730. Il avoit pour frères ainés , 1 °. Charles - Al
202 MERCURE DE FRANCE.
bert , Electeur de Baviere , élu Empereur le 24
Janvier 1744 ↑ & mort le 20 Janvier 1745 , père
de l'Electeur de Baviere régnant , 20. Ferdinand-
Marie Duc de Baviere à Munick , mort le 9 Décembre
1738 , laiffant Clément - François de
Paule , Duc de Baviere à Munick ; 3 ° . Clément-
Augufte , Archevêque de Cologne , Electeur de
1 Empire , & c , mort le 6 Février 1761. Il étoit
oncle , à la mode de Bretagne , du Roi , étant
neveu de Marie-Anne Chriſtine Victoire de Baviere
, épouſe de Louis de France ; Dauphin de
Viennois & Ayeul de Sa Majesté.
Le Comte d'Aunay , Lieutenant Général des
Armées du Roi , eft mort dans une de fes Terres
en Nivernois.
N. Boivin de Vaurony , Abbé Commendataire
des Abbayes Royales de Preuilly , Ordre
de Citeaux , Diocéle de Sens ; & de Saramont ,
Ordre de S. Benoît , Diocéfe d'Auſch , mourut
en cette Ville le 22 Janvier , âgé de quatrevingt-
dix ans.
Jean-Baptifte de Bernart d'Averne , Grand-
Vicaire de Lifieux , Abbé Commendataire de
l'Abbaye de Lorroux ,Ordre de Citeaux , Diocéfe
d'Angers , eft mort en cette Ville le 26
du même mois dans la foixante-dixiéme année
de fon age.
Louis Racine , Ecuyer , Avocat en Parlement
& Penfionnaire Vétéran de l'Académie des
Infcriptions & Belles-Lettres , eft mort en cette
Ville , le 29 du même mois dans la foixanteonziéme
année de fon âge . Fils du grand Racine
, il a foutenu l'honneur de ce beau nom
par des Ouvrages eftimables , furtout par le
Poëme de la Religion . Il laiffe deux filles ; il avoi
eu un fils qui donnoit de grandes -efpérances
AVRIL. 1763. 203
& qui fut malheureufement fub mergé par les
flots de la mer fur une jettée du Port de Cadix
le jour même du tremblement de terre de Lisbonne,
Magdelaine-Leonor Gigault de Bellefont , Abbeffe
de l'Abbaye Royale de Montivilliers , Ordre
de S. Benoît , Diocéfe de Rouen , eft morte
en cette Abbaye , âgée de cinquante- fept ans,
Marie-Thérefe de Damas - Crux , épouse de Louis-
Theodofe Andrault , Comte de Langeron , Mar
quis de la Côte , Baron de la Ferté - Langeron ,
de Sacy , &c. Lieutenant Général des Armé es
du Roi , Lieutenant pour Sa Majefté des quatre
Evêchés de la Bafle - Bretagne , Commandant
en chef dans la Province de Guyenne , & Gouverneur
de Breſt & des Ifles d'Ouëlfant , eft
morre à Paris , les Février , âgée de vingt - trois
ans .
Catherine- Elifabeth de Roncourt , veuve de
Nicolas- François de Hennequin , Conte de
Curel , de Geneloncourt , & Desfrenelles , Ba
ron du S, Empire , Chambellan du feu Duc de
Lorraine Leopold , & Grand- Louvetier de Lorraine
, eft morte à Luneville dans le mois de
Janvier, âgée d'environ cinquante ans .
Marie- Francais- Augufte de Matignon , Comte
de Gacé , ci-devant Meftre de Camp du Régiment
du Roi , Cavalerie , Brigadier , des , Ar
mées du Roi , eft mort le 8 Février , dans la trene
te-deuxième année de fon âge.
Catherine-Charlotte-Amélie de Choifeul ,Veuve
de Louis- Henri de Maillart , Baron d'Hanneffe
Dame de l'Ordre de l'Impératrice - Reine , eft
morte en fon Château d'Y,che en Lorraine , le 20
Janvier ; elle ne laiffe de ce mariage qu'une fille
unique mariée au Marquis d'Harcourt.
I vj
204 MERCURE DE FRANCE..
Marie- Marguerite Martin , veuve de Florent
Jean de Valliere , Lieutenant- Général des Armées
du Roi , Grand'Croix de l'Ordre Royal &
Militaire de S. Louis , ancien Directeur- Général
de l'Artillerie de France , Gouverneur de Bergues
,& Membre de l'Académie Royale des Sciences
, eft morte en cette Ville le ro Février , âgée
de foixante- douze ans.
Claude Fontaine , Régent à Dardagny proche
Genève , eft mort le 2 Janvier , dans la cent troi-
Liême année de fon âge.
Jean Conftant , né à Limoux en Languedoc le
4 Juin 1749 , ancien Lieutenant du Régiment
de la Vieille Marine , eft mort en cette Ville le
16 Janvier. Il avoit reçu fept bleffures pendant
vingt-cinq ans de fervice , & s'étoit retiré en
1688. Il étoit , diſoit- il , à côté du feur de Saint
Hilaire , lorfque cet Officier eut le bras emporté
au moment que le grand Turenne fut tué d'un
bouler de canon. Il étoit logé au Temple , où la
Cérémonie de fes funérailles s'eft faite avec l'appareil
militaire , par les ordres & aux frais du
Prince de Conti.
Le Service annuel , fondé par le Roi en l'Abbaye
Royale de Saint Denis en France , pour feue
Madame Henriette , fut célébré le 11 Février
avec les Cérémonies ordinaires . L'Evêque de
Meaux , premier Aumônier de cette Princefle ,
y affifta , ainfi que la Ducheffe de Beauvilliers ,
Dame d'Honneur , le Baron de Montmorenci ,
Chevalier d'Honneur , & les autres Dames &
Officiers de la maifon de feue Madame.
Fermer
Résumé : MORTS.
Le texte mentionne plusieurs décès notables. Le Cardinal de Bavière, Jean-Théodore, est décédé le 27 janvier à dix heures du matin. Né à Munich le 3 septembre 1703, il était Duc de Bavière, Cardinal Prêtre de la Sainte Église Romaine, et Évêque Prince de Liège, Ratisbonne et Freyfingue. Il avait été élu Évêque de Ratisbonne en 1719 et Coadjuteur de l'Évêché de Freyfingue en 1723, devenant Titulaire en 1727. Ordonné Prêtre en 1736, il fut créé Cardinal en 1743 et élu Évêque Prince de Liège en 1744. Il était le fils de Maximilien Emmanuel, Electeur de Bavière, et de Thérèse Cunégonde, fille de Jean III Sobieski, Roi de Pologne. Il avait plusieurs frères, dont Charles-Albert, Electeur de Bavière et Empereur, et Clément-Auguste, Archevêque de Cologne. D'autres décès notables incluent le Comte d'Aunay, Lieutenant Général des Armées du Roi, mort dans une de ses terres en Nivernois. N. Boivin de Vaurony, Abbé Commendataire des Abbayes Royales de Preuilly et de Saramont, est décédé à l'âge de quatre-vingt-dix ans. Jean-Baptiste de Bernart d'Averne, Grand-Vicaire de Lifieux et Abbé Commendataire de l'Abbaye de Lorroux, est mort à l'âge de soixante-dix ans. Louis Racine, Ecuyer et Avocat en Parlement, fils du célèbre Racine, est décédé à l'âge de soixante-onze ans. Plusieurs autres personnalités, dont des abbesses, comtesses et militaires, sont également mentionnées comme étant décédées au cours des mois de janvier et février.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
44
p. 191
De LONDRES, le 16 Septembre 1763.
Début :
Mercredi, vers les sept heures du soir, la cérémonie du Baptême du [...]
Mots clefs :
Cérémonie, Baptême, Majesté, Fils, Prince
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De LONDRES, le 16 Septembre 1763.
De LONDRES , le 16 Septembre 1763 .
Mercredi , vers les ſept heures du ſoir , la
cérémonie du Baptême du ſecond Fils du Roi
fut faite , en préſence de Leurs Majeſtés & de
toute la Cour , par l'Archevêque de Cantorbe .
ry , qui donna au jeune Prince le nom de
Frédéric.
Mercredi , vers les ſept heures du ſoir , la
cérémonie du Baptême du ſecond Fils du Roi
fut faite , en préſence de Leurs Majeſtés & de
toute la Cour , par l'Archevêque de Cantorbe .
ry , qui donna au jeune Prince le nom de
Frédéric.
Fermer
45
p. 200
NAISSANCE.
Début :
La Duchesse de la Trimouille accoucha, le Samedi 24 Mars, [...]
Mots clefs :
Accouchement, Duchesse, Fils, Prince
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : NAISSANCE.
N A I S S A N C E.
La Ducheſſe de la Trimouille accoucha, le
Samedi 24 Mars, d'un fils qui portera le nom
de Prince de Tarente.
La Ducheſſe de la Trimouille accoucha, le
Samedi 24 Mars, d'un fils qui portera le nom
de Prince de Tarente.
Fermer
46
p. 170
NAISSANCES.
Début :
Le 3 Mai, Madame la Dauphine est accouchée heureusement d'une [...]
Mots clefs :
Madame la Dauphine, Accouchement, Princesse, Monseigneur, Comte, Duc, Madame, Duchesse, Fille, Fils
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : NAISSANCES.
NAISSANCES.
>
Le 3 Mai Madame la Dauphine eſt accouchée
heureufement d'une Princeffe vers les
deux heures du matin. Le même jour , Monſei--
gneur le Duc de Berry , ainfi que Monfeigneur
le Comte de Provence , Monfeigneur le Comte
d'Artois & Madame , fe rendirent à la Chapelle
du Château , immédiatement après la Mefle du
Roi , pour la cérémonie du Baptême de la Princelle
nouvellement née . Leurs Majeftés , ainfi
que Monfeigneur le Dauphin , Madame Adélaïde
, Meflames Victoire , Sophie & Louie , le
Duc d'Orléans , le Duc de Chartres , le Prince
de Condé , le Comte de Clermont , la Princeſſe
de Conti , le Prince de Conti , la Comteſſe de la
Marche , le Comte d'Eu , le Duc de Penthievre &
le Prince de Lamballe ont affifté cette Cérémonie.
Monfeigneur le Duc de Berry , au nom de l'Infant
Don Philippe , & Madame Adélaide au
nom de la Reine d'Eſpagne Douairiere , ont tenu
fur les Fonts de Baptême cette Princelle qui a été
nommée Elifabeth Philippe- Marie- Helene. Le
Baptême a été adminiftré par l'Archevêque de
Rheims , Grand Aumônier de Sa Majesté , en
préfence du Sieur Allarh , Curé de Paroille du
Château . Plufieurs Princes & Princelles , Seigneurs
& Damés de la Cour ont affifté à cette Cérémonie
, ainfi
que
les Ambaffadeurs
d'Elpagne
& de
Naples
.
Le 4 Avril , la Ducheffe de Charoſt eſt accouchée
d'un fils qui portera le nom de Marquis de
Charoft.
>
Le 3 Mai Madame la Dauphine eſt accouchée
heureufement d'une Princeffe vers les
deux heures du matin. Le même jour , Monſei--
gneur le Duc de Berry , ainfi que Monfeigneur
le Comte de Provence , Monfeigneur le Comte
d'Artois & Madame , fe rendirent à la Chapelle
du Château , immédiatement après la Mefle du
Roi , pour la cérémonie du Baptême de la Princelle
nouvellement née . Leurs Majeftés , ainfi
que Monfeigneur le Dauphin , Madame Adélaïde
, Meflames Victoire , Sophie & Louie , le
Duc d'Orléans , le Duc de Chartres , le Prince
de Condé , le Comte de Clermont , la Princeſſe
de Conti , le Prince de Conti , la Comteſſe de la
Marche , le Comte d'Eu , le Duc de Penthievre &
le Prince de Lamballe ont affifté cette Cérémonie.
Monfeigneur le Duc de Berry , au nom de l'Infant
Don Philippe , & Madame Adélaide au
nom de la Reine d'Eſpagne Douairiere , ont tenu
fur les Fonts de Baptême cette Princelle qui a été
nommée Elifabeth Philippe- Marie- Helene. Le
Baptême a été adminiftré par l'Archevêque de
Rheims , Grand Aumônier de Sa Majesté , en
préfence du Sieur Allarh , Curé de Paroille du
Château . Plufieurs Princes & Princelles , Seigneurs
& Damés de la Cour ont affifté à cette Cérémonie
, ainfi
que
les Ambaffadeurs
d'Elpagne
& de
Naples
.
Le 4 Avril , la Ducheffe de Charoſt eſt accouchée
d'un fils qui portera le nom de Marquis de
Charoft.
Fermer
Résumé : NAISSANCES.
Le 3 mai, Madame la Dauphine a accouché d'une princesse vers deux heures du matin. Le même jour, plusieurs membres de la famille royale, dont le Duc de Berry, le Comte de Provence, le Comte d'Artois et Madame, ont assisté au baptême de la princesse à la chapelle du château. Parmi les présents figuraient Leurs Majestés, le Dauphin, Madame Adélaïde, Mesdames Victoire, Sophie et Louise, ainsi que divers princes, princesses, seigneurs et dames de la cour. Le Duc de Berry et Madame Adélaïde ont tenu la princesse sur les fonts baptismaux au nom de l'Infant Don Philippe et de la Reine d'Espagne douairière, respectivement. La princesse a été nommée Élisabeth Philippe-Marie-Hélène. Le baptême a été administré par l'Archevêque de Reims, Grand Aumônier de Sa Majesté, en présence du Curé de la paroisse du château. Plusieurs princes, princesses, seigneurs et dames de la cour, ainsi que les ambassadeurs d'Espagne et de Naples, ont assisté à la cérémonie. Le 4 avril, la Duchesse de Charost a donné naissance à un fils, qui portera le nom de Marquis de Charost.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer