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1
p. 285-286
« Vous pouvez voir dans la Planche, que j'ay eu le soin [...] »
Début :
Vous pouvez voir dans la Planche, que j'ay eu le soin [...]
Mots clefs :
Jetons, Devises, Trésor, Madame la Dauphine, Galère, Artillerie, Bâtiments, Guerre
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texteReconnaissance textuelle : « Vous pouvez voir dans la Planche, que j'ay eu le soin [...] »
Vous pouvez voir dans la
Planche , que j'ay eu le foin
de faire graver les Jettons de
cette année. Les Devifes en
ont efté faites par les Illuftres.
que je vous ay nommez plufieurs
fois dans une femblable
occafion. Le premier de
ces Jettons eft pour le Trefor
Royal , le fecond pour la Maifon
de Madame la Dauphine,
286 MERCURE
le troifiéme pour les Galeres,
le quatrième pour l'Artillerie,
le cinquiéme pour les Bâtimens
, le fixiéme
le fixiéme pour l'Extraordinaire
des Guerres , le
feptiéme pour l'Ordinaire
des Guerres , le huitième pour
les Parties Cafuelles , le neuviéme
pour la Chambre aux
Deniers , le dixiéme pour la
Ville de Paris , & le dernier
pour celle de Dijon .
Planche , que j'ay eu le foin
de faire graver les Jettons de
cette année. Les Devifes en
ont efté faites par les Illuftres.
que je vous ay nommez plufieurs
fois dans une femblable
occafion. Le premier de
ces Jettons eft pour le Trefor
Royal , le fecond pour la Maifon
de Madame la Dauphine,
286 MERCURE
le troifiéme pour les Galeres,
le quatrième pour l'Artillerie,
le cinquiéme pour les Bâtimens
, le fixiéme
le fixiéme pour l'Extraordinaire
des Guerres , le
feptiéme pour l'Ordinaire
des Guerres , le huitième pour
les Parties Cafuelles , le neuviéme
pour la Chambre aux
Deniers , le dixiéme pour la
Ville de Paris , & le dernier
pour celle de Dijon .
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Résumé : « Vous pouvez voir dans la Planche, que j'ay eu le soin [...] »
Le texte relate la création de jetons pour l'année en cours, gravés par des personnalités déjà mentionnées. Ces jetons sont destinés à diverses entités : le Trésor Royal, la Maison de Madame la Dauphine, les Galères, l'Artillerie, les Bâtiments, l'Extraordinaire des Guerres, l'Ordinaire des Guerres, les Parties Casuelles, la Chambre aux Deniers, la Ville de Paris et la Ville de Dijon.
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2
p. 26-33
Compliment fait au Roy sur ce sujet, [titre d'après la table]
Début :
Le Roy écouta avec une bonté inconcevable le Compliment de / SIRE, Comme tous les Peuples qui ont le bon-heur de [...]
Mots clefs :
Compliment, Bonheur, Peuple, Gloire, Qualités, Monseigneur le Dauphin, Madame la Dauphine, Chapitre, Auditeur, Honneur
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texteReconnaissance textuelle : Compliment fait au Roy sur ce sujet, [titre d'après la table]
Le Roy écouta avec une bonté
inconcevable le Compliment
de ces Peres , qui luy
fut fait en ces termes.
SIRE.
Comme tous les Peuples qui ont
le bon- heur de vivre fous le
Regne de V. M. s'intereffent à
fa gloire , nous efperons qu'Elle
ne trouvera pas mauvais que les
Minimes
Y prennent part. Le
nom qu'ils portent ne les doit pas
9
GALANT
27
2
de
priver de cet avantage , car bien
que cette gloire n'ait rien que
grand ,fon étendue demande toutefois
que les plus petits travail .
lent auffifur une matierefi vafte.
C'est parcette raifon , SIRE,
que nous avons pris la liberté de
vous dédier une Thefe , & nous
'avons creu que fi nos forces ne
nous permettoient pas de faire en
grand l'Eloge de V. M. dans
lequel nous puffions faire voir
toutes les grandes qualitez qu'-
Elle poffede dans un degréfi éminent
, Elle agréeroit néanmoins
le deffein que nous avons de le
faire en petit , par cette bontéqui
C
ij
28 MERCURE
Luy eft fi naturelle , & qui luy
fait toujours recevoir avec complaifance
, jufques aux plus petits
témoignages de noftre Zéle.
Nousfemmes d'ailleurs obli
gez de prendre un Interest parti
culier à la Gloire de V. M. Les
Minimes , SIRE , vous regar
dent non feulement comme leur
Protecteur, comme leur Bienfaicteur
, mais encore comme leur
Pere. 200
Ce fut Louis LE SAGE
qui les appella en France , c'eft
de fa liberalité qu'ils ont reçen
une grande partie des biensqu'ils
Y poffedent ;fes Succeffeurs conGALANT.
29
t : nous
firmerent tousfes dons , & les
augmenterent confiderablement ;
& vôtre auguste Ayeul HENRY
LE GRAND , & voftre Pere
LOUIS LE JUSTB de
Triomphante mémoire , nous ont
fait les mefmes Graces : mais
V. M. les a tous ſurpaſſez en
bonté en generofité
ayant comblez de fes Faveurs.
C'est pour vous en remercier,
SIRE , que. le Pere Charles
Guilber , Provincial de vos treshumbles
tres fidéles Sujets les
9.
Religieux Minimes , de voftre
Province de Provence , nous a
Députez au nom de tout l'Ordres
Cij
30 MERCURE
comme auffi pour vous prefenter
cette Thefe , & vous ſupplier
d'agréer qu'il la foûtienne fous:
voftre Augufte Nom , dans le
Chapitre General que nous devons
tenir dans vostre Ville de
Marſeille , fous le bon plaifir:
de V. M. l'affeurant que nous
n'oublierons jamais ces Graces,
pour lesquelles nous continuërons
de demander à Dieu , qu'il répande
fes Benedictions fur voftre
Perfonne Sacrée , fur la Famille
Royale , & fur tout voſtre Etat.
Le Roy les ayant congediez
apres une réponſe fort
GALANT. 31
nom ,
obligeante , ils allerent prefenter
cette mefme Thefe à
Monſeigneur le Dauphin , &
à Madame la Dauphine , qui
la reçeurent auffi avec beau
coup de bonté. Le Pere Guillet
dont vous venez de lire le
eft un Homme d'un
tres grand merite . C'eft luy
qui préfidera aux Thefes que
ces Députez ont prefentées
à Sa Majesté. Elles feront
l'ouverture du Chapitre General
que ces Peres doivent
tenir à Marſeille ' , aux Feftes
de la Pentecofte prochaine,,
ce qu'ils font de dix- huit en
C iiij
32 MERCURE
dix huit ans , le tenant alternativement
de fix ans en fix
ans en France, en Efpagne , &
en Italie . La Theologie que
ce Provincial poffede excellemment
bien , n'eft pas le
feul avantage qui le fait confiderer
dans fon Ordre. Il eft
encore grand Predicateur , &
a remply les meilleures Chaires
avec une entiere fatisfaction
de fes Auditeurs. C'eft
pour la feconde fois qu'il
efté fait Provincial. Le Pere
Madon , Religieux auffi eftimé
par fon efprit que par fa
vertu , doit avoir l'honneur
2
GALANT. 33
defoûtenir cette Thefe , fous
un Preſident de cette force:
On a tout ſujet d'efperer de
luy,qu'il fera voir aux Italiens
& auxEſpagnols qui l'ataqueront,
que les François ne craignent
les Nations Etrangeres
en aucune forte de Combat.
inconcevable le Compliment
de ces Peres , qui luy
fut fait en ces termes.
SIRE.
Comme tous les Peuples qui ont
le bon- heur de vivre fous le
Regne de V. M. s'intereffent à
fa gloire , nous efperons qu'Elle
ne trouvera pas mauvais que les
Minimes
Y prennent part. Le
nom qu'ils portent ne les doit pas
9
GALANT
27
2
de
priver de cet avantage , car bien
que cette gloire n'ait rien que
grand ,fon étendue demande toutefois
que les plus petits travail .
lent auffifur une matierefi vafte.
C'est parcette raifon , SIRE,
que nous avons pris la liberté de
vous dédier une Thefe , & nous
'avons creu que fi nos forces ne
nous permettoient pas de faire en
grand l'Eloge de V. M. dans
lequel nous puffions faire voir
toutes les grandes qualitez qu'-
Elle poffede dans un degréfi éminent
, Elle agréeroit néanmoins
le deffein que nous avons de le
faire en petit , par cette bontéqui
C
ij
28 MERCURE
Luy eft fi naturelle , & qui luy
fait toujours recevoir avec complaifance
, jufques aux plus petits
témoignages de noftre Zéle.
Nousfemmes d'ailleurs obli
gez de prendre un Interest parti
culier à la Gloire de V. M. Les
Minimes , SIRE , vous regar
dent non feulement comme leur
Protecteur, comme leur Bienfaicteur
, mais encore comme leur
Pere. 200
Ce fut Louis LE SAGE
qui les appella en France , c'eft
de fa liberalité qu'ils ont reçen
une grande partie des biensqu'ils
Y poffedent ;fes Succeffeurs conGALANT.
29
t : nous
firmerent tousfes dons , & les
augmenterent confiderablement ;
& vôtre auguste Ayeul HENRY
LE GRAND , & voftre Pere
LOUIS LE JUSTB de
Triomphante mémoire , nous ont
fait les mefmes Graces : mais
V. M. les a tous ſurpaſſez en
bonté en generofité
ayant comblez de fes Faveurs.
C'est pour vous en remercier,
SIRE , que. le Pere Charles
Guilber , Provincial de vos treshumbles
tres fidéles Sujets les
9.
Religieux Minimes , de voftre
Province de Provence , nous a
Députez au nom de tout l'Ordres
Cij
30 MERCURE
comme auffi pour vous prefenter
cette Thefe , & vous ſupplier
d'agréer qu'il la foûtienne fous:
voftre Augufte Nom , dans le
Chapitre General que nous devons
tenir dans vostre Ville de
Marſeille , fous le bon plaifir:
de V. M. l'affeurant que nous
n'oublierons jamais ces Graces,
pour lesquelles nous continuërons
de demander à Dieu , qu'il répande
fes Benedictions fur voftre
Perfonne Sacrée , fur la Famille
Royale , & fur tout voſtre Etat.
Le Roy les ayant congediez
apres une réponſe fort
GALANT. 31
nom ,
obligeante , ils allerent prefenter
cette mefme Thefe à
Monſeigneur le Dauphin , &
à Madame la Dauphine , qui
la reçeurent auffi avec beau
coup de bonté. Le Pere Guillet
dont vous venez de lire le
eft un Homme d'un
tres grand merite . C'eft luy
qui préfidera aux Thefes que
ces Députez ont prefentées
à Sa Majesté. Elles feront
l'ouverture du Chapitre General
que ces Peres doivent
tenir à Marſeille ' , aux Feftes
de la Pentecofte prochaine,,
ce qu'ils font de dix- huit en
C iiij
32 MERCURE
dix huit ans , le tenant alternativement
de fix ans en fix
ans en France, en Efpagne , &
en Italie . La Theologie que
ce Provincial poffede excellemment
bien , n'eft pas le
feul avantage qui le fait confiderer
dans fon Ordre. Il eft
encore grand Predicateur , &
a remply les meilleures Chaires
avec une entiere fatisfaction
de fes Auditeurs. C'eft
pour la feconde fois qu'il
efté fait Provincial. Le Pere
Madon , Religieux auffi eftimé
par fon efprit que par fa
vertu , doit avoir l'honneur
2
GALANT. 33
defoûtenir cette Thefe , fous
un Preſident de cette force:
On a tout ſujet d'efperer de
luy,qu'il fera voir aux Italiens
& auxEſpagnols qui l'ataqueront,
que les François ne craignent
les Nations Etrangeres
en aucune forte de Combat.
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Résumé : Compliment fait au Roy sur ce sujet, [titre d'après la table]
Le texte décrit une rencontre entre le roi et des pères minimes. Ces derniers expriment leur désir de contribuer à la gloire du roi, soulignant que leur modeste apport est motivé par leur zèle et leur reconnaissance. Ils rappellent que leur ordre a été appelé en France par Louis le Sage et a reçu des faveurs des successeurs royaux, notamment Henri IV et Louis XIII. Le roi actuel les a également comblés de faveurs par sa bonté et sa générosité. Le père Charles Guilbert, provincial des minimes de Provence, est chargé de présenter une thèse au roi, qui sera soutenue sous le nom du roi lors du chapitre général à Marseille. Les minimes assurent qu'ils prieront pour le roi, sa famille et son État. Après leur audience avec le roi, ils présentent la thèse au dauphin et à la dauphine, qui l'acceptent avec bonté. Le père Guilbert, reconnu pour ses compétences en théologie et en prédication, présidera les thèses. Le chapitre général, qui se tient tous les dix-huit ans en alternance entre la France, l'Espagne et l'Italie, verra le père Madon soutenir la thèse sous la présidence du père Guilbert.
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3
p. 202-227
Description entiere du Carnaval de la Cour, & de la Course des Testes, [titre d'après la table]
Début :
Je viens à l'Article que je vous ay promis du Carnaval [...]
Mots clefs :
Monseigneur le Dauphin, Mademoiselle , Marquis, Avocat, Mascarade, Duc de Bourbon, Carnaval, Habits, Cour, Prince, Trompettes, Timbales, Course, Comte, Divertissement, Quadrille, Opéra, Bal, Comédie, Madame la Dauphine, Déguisements, Richesse, Mademoiselle , Armes, Cortège, Couleur, Foire
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texteReconnaissance textuelle : Description entiere du Carnaval de la Cour, & de la Course des Testes, [titre d'après la table]
Je viens à l'Article que je
vous ay promis du Carnaval
de la Cour , pendant les mois
GALANT. 203.
de Janvier & de Fevrier. Les
Divertiffemens n'y ont point
ceffé. L'Opera de Roland y
a efté repreſenté une fois cha
que Semaine , & il y avoit al
ternativement Bal , Comedie
& Opera. Toute la Cour a
maſqué ſept fois , & auroit
continué à fe donner ce plaifir
, fi la mort du Roy d'Angleterre
n'euft interrompu
pour quelques jours tous les
Divertiffemens. Chaque jour
de Maſcarade , Monſeigneur
le Dauphin changeoit quatre
ou cinq fois d'habits , où l'on
n'oublioit rien pour empef
204 MERCURE
cher qu'il ne fuft reconnu. I
furprit toute l'Affemblée dans
la premiere Mafcarade , avec
un habit de Chauve fouris ..
La magnificence & l'invention
ont paru dans tous les
déguiſemens de Monſieur le
Duc. Les habits de fa Troupe.
eſtoient à cette premiereMafcarade
de grandes Robes , de
differentes couleurs , diverfement
& richement chamarées
, d'où fortoit un Col qui
s'élevoit fort haut , & s'abaiſ
foit , & fur lequel paroiffoit
une tefte d'Animal , coeffée
en Chauve fouris. Monfieur
GALANT. 205
le Duc de Bourbon , qui étoit
fous l'une de ces Machines,
avoit un habit de Femme de
Strasbourg. Mademoiſelle de
Bourbon , qui eftoit ſous une
autre , en avoit un de Magicienne,
& les Filles d'honneur
de Madame la Dauphine,
qui en rempliffoient d'autres,
eftoient diverſement vétuës .
Je ne dois pas oublier icy à
vous dire , que Monfieur le
Duc de Bourbon n'avoit encor
fait de fejour à la Cour,
que pendant ce Carnaval , &
qu'il y a paru au fortir de fes
Etudes , avec un air , des ma
206 MERCURE
nieres , & un eſprit auffi libre
que s'il y euft paffé fes premieres
années , & qu'il cust
eu un âge plus avancé . Le
fecond jour qu'on maſqua,
la Maſcarade
de Monſeigneur
le Dauphin repreſentoit toute
la Troupe Italienne . Ce Prin
ce eftoit veſtu en Docteur.
Ceux qui formoient cette
Mafcarade , eftoient Monfieur
le Prince de Conty,
Monfieur le Prince de la
Roche-fur-Yon , M' le Prince
de Turenne , M' le Duc de
Roquelaure , Miles Marquis
de Bellefonds
, d'Alincour
,
GALANT. 207
& de Liancour. Madame la
Dauphine , fit ce jour là une
Mafcarade de Perroquets
,
Monfieur le Duc de Bourbon
parut avec un riche habit
de Seigneur Hongrois , &
Mademoiſelle de Bourbon,
avec un habit de Païfane,
d'une proprieté furprenante.
Monfieur le Duc du Maine,
fe fit admirer le mefme jour,
avec une Maſcarade de petits
vieillards & de petites vieilles.
Rien n'a paru plus beau , &
l'on ne pouvoit ſe laſſer de
les regarder. Ceux qui compofoient
cette Mafcarade ་་
208 MERCURE
eftoient , Monfieur le Duc
du Mayne , Monfieur le
Comte de Thoulouſe , M' de
Manfini , Mi le Marquis de
la Vrilliere , Mademoiſelle de
Nantes , Mademoiſelle de
Blois , & Mademoiſelle de
Château - neuf.
Dans la troifiéme Maſcarade
, Monſeigneur le Dauphin
parut d'abort déguisé
avec quatre vifages. Enfuite,
prit un habit de Flamande
avec un Mafque de Perroquet
, & changea à fon ordinaire
quatre ou cinq fois
d'habit. Monfieur le Duc de
GALANT. 209
Bourbon , parut ce foir là..
avec un habit de Noble Venitien
, & Mademoiſelle de :
Bourbon s'y fit remarquer
par la propreté , & la richeffe
d'un habit magnifique. Toute
la Cour maſqua ce foir là ,,
& le mélange des habits gro
tefques , & fuperbes , eftant
fort agréable à la vuë , divertit
beaucoup.
Le quatrième jour qu'on
mafqua , Monfeigneur le
Dauphin mit pour premier:
habit celuy d'un Operateur,
& tirant feulement un petit
cordon , il parut en un inftant
Mars 1685, Si
210 MERCURE
vétu en grand Seigneur Chinois
. Des changemens auffi
furprenans le firent paroiftre
encore le mefme foir avec
deux autres habits . Monfieur
le Duc de Bourbon mit ce
foir-là un habit de Païfan,
auffi riche que bien entendu .
Monfieur le Duc de Mortemar
, qui fe diftingue en tout
ce qu'il fait , vint à l'Affemblée
du mefme jour avec un
habit tout formé de Manchons
jufqu'à la coëffure. Ils
étoient de differentes couleurs
. Il avoit une Palatine
pour Cravate , & un Mafque
GALANT. 211
qui imitoit le vifage d'un
homme tout tranfi de froid .
Sa barbe paroiffoit toute ge
lée , & les glaçons y pen
doient . Il euft eſté impoflibie
de le reconnoiftre s'il ne te
fuft pas découvert luy- même.
Neuf Quilles & la Boulle fe
trouverent dans le Balle jour
de la cinquiéme Affemblée;
c'eftoit la Mafcarade de Monfeigneur
le Dauphin. Ceux
qui reprefentoient ces Quilles.
eftoient affis deffous , & de
petites feneftres leur donnoient
de l'air ; jugez par la
de leur contour , & de leur
Sij
212 MERCURE
hauteur ; elles eftoient peintes
de diverfes couleurs . Monſeigneur
le Dauphin fit paroiftrebeaucoup
d'agilité dans quelques-
uns des habits qu'il prit
le refte de la Soirée , les uns,
n'en demandant pas tant que:
les autres . Monfieur le Comte
de Thouloufe fe fit adinirer
en Scaramouche, & l'on n'au
roit pas eu de peine à le pren
dre pour un Amour déguiſé.
Monfieur le Duc de Bourbon
, Mademoiſelle de Bourbon
ne maſquerent ce foir- là
qu'en Avocats , mais ce fut
avec une propreté qui faifoit
GALANT 213
affez connoiftre que les Robes
de ces Avocats - là n'avoient
jamais effuyé la pouf
frere du Palais .
La Mafcarade des Cris de
Paris fut la fixiéme de Monfeigneur
le Dauphin. Ceux,
qui accompagnoient ce Prince,
étoient Monfieur le Prince.
de Conty, Monfieur le Prince:
de la Roche-fur-Yon , M' le
Grand Prieur, M' le Prince de
Türenne , M le Comte de
Brienne , M' le Prince de
Thingry, M' le Marquis d'Alincourt
, M' le Marquis de:
Courtenyau M de la Roche214
MERCURE
guion , M' de Liencourt, M
de Grignan , & M ' du S.
Efteve. Selon les Meftiers
qu'ils
reprefentoient , ils por
toient ce qu'il y avoit de plus
delicat à boire & à manger, &
quelques uns portoient jufqu'à
des Boutiques garnies.
de ce qui regardoit leur Perfonage
. Monfieur le Duc de
Bourbon , & Mademoiſelle
de Bourbon vinrent ce foirlà
au Bal avec une Troupe de
huit Perfonnnes , dont les ha
bits reprefentoient des Pavil
lons . La Mafcarade de Monfieur
le Duc du Mayne , qui
GALANT. 215
Voicy
parut le mefme foir , étoit de
dix Seigneurs Chinois , & de
cinq Dames Chinoiſes , avec
des habits auſſi magnifiques
,
que bien imaginez .
les Noms de ceux qui compofoient
cette Mafcarade ;
Monfieur le Duc du Mayne,
Monfieur le Comte de Thouloufe
M' de Mancini , M' le
Comte de Cruffol , M de Duras,
M ' de Sully , M' de Gri
gnan , M' le Marquis de la
Vrilliere , M' de Soyecourt,
M' Bontemps, Mademoiſelle
de Nantes , Mademoiſelle de
Blois , Mademoiſelle d'Ufez ,
216 MERCURE
Mademoiſelle de Senneterre,
Mademoiſelle de Chafteauneuf.
Quelques jours avant la
fin du Carnaval Monfeigneur
le Dauphin ayant refolu de
faire une Courſe de Teftes
en maniere de petit Carouſel,
avec des Quadriles , on cher
cha un Sujet, on imagina des
Habits, on les fit, on s'exerça,
& l'on courut enfin fix
jours apres qu'on cut refolu
ce divertiffement . La France
feule eft capable d'executer
des chofes de cette nature en
fi peu de temps . Vous en ſe-.
rez furpriſe , quand vous au
rezz
GALANT. 217
rez ſçeu ce que j'ay à vous en
dire . Le Dimanche de Fevrier,
le
4.
Roy,Madame la Dauphine,
& toute la Cour fe ren-,
dirent à trois heures apres
midy fur les Amphitheatres
du Manege découvert de
Verfailles. La Quadrille de
Monfeigneur le Dauphin entra
auffi- toft dans la Carriere,
au fon des Timbales & des
Trompettes , les Armes de
cette Quadrille eftoient noir
& or , les habits de deffous
noirs & brodez d'or , & toutes
les plumes tant des Hom
mes que des Chevaux étoient
Mars 1685.
T
218 MERCURE
blanches , & les garnitures de
mefme. M le Marquis de
Dangeau , fous le nom de
Charlemagne , entra le premier
comme luge du Camp.
Monfeigneur le Dauphin,
eftoit fous le nom de Zerbin;
Mr le Prince de Tingry, fous
celuy de Renaud ; M' de la
Roche Guyon , fous celuy
d'Aquilan le noir , M' le
Marquis de Liancour , fous
celuy de Grifon le blanc ;
& M' le Marquis d'Antin ,
fous celuy de Roland. La feconde
Quadrille entra auffitoft
apres , précedée de fes
GALANT. 219
Trompettes , & de ſes Timbales
. Les couleurs de cette
Quadrille eftoient or & vert,
avec des plumes blanches, &
mouchetées de vert . M' le
Duc de Gramont eftoit Juge
du Camp. Il entra le premier
fous le nom d'Agra
mant . Monfieur le Prince de
la Roche-fur-Yon , avoit celuy
de Mandricard; M le Duc
de Vandofme , celuy de Gradaffe
, M' le Prince de Turenne
, celuy de Roger ; M' le
Comte de Briône , celuy de
Rodomont
; & M' le Marquis
d'Alincour , celuy de Sacri-
Tij
220 MERCURE
"
pant. On ne peut avoir plus
de fatisfaction
que cette
Courſe en donna aux Spectateurs
, ny meriter plus d'aplaudiffemens
que Monfeigneur
le Dauphin , qui eft le
Prince du Monde , qui a la
meilleure grace les Armes à
la main. Apres une fort
longue difpute , le Prix de
meura à la feconde Quadrille,
& ceux qui la compofoient
le difputerent long - temps entr'eux
; mais enfin , M' le
Prince de Turenne l'emporta
, & reçut de la main du
Roy , au fon des Timbales,
GALANT. 221
& des Trompettes , une Epée
d'or avec de riches Boucles .
Mr du Mont Ecuyer de Monfeigneur
le Dauphin , montoit
un Cheval nud qu'il gouvernoit
, comme auroit pû
faire le plus habile Ecuyer à
qui rien n'auroit manqué,
pour bien manier un Cheval,
fur lequel il auroit eſtémonté.
Je croy que vous fçavez
de quelle maniere fe fait cette
Courſe de teftes. Il faut .
d'abord enemporter une avec
la Lance ; puis on en darde
une autre , on ſe retourne en
faite vers la Meduſe que l'on
T iij
222 MERCURE
darde auffi , apres quoy on
emporte
à l'épée la derniere
tefte , qui eft plus baffe que
les autres. Ie vous
envoyeray
le mois prochain
les Devife's
de tous ceux qui eftoient
de
cette Courſe. Le lendemain
on reprefenta
l'Opera
d'Amadis
à Verſailles . Le Roy
ne l'avoit point encore veu ,
parce que cet Opera
avoit
paru dans l'année de la mort
de la Reyne , & vous fçavez
que pendant
ce temps , le
Roy n'a pris aucun divertiſ
fement. Le jour ſuivant
qui
eftoit le dernier du Carnaval,
GALANT. 223
la Mafcarade deMonfeigneur
le Dauphin , eftoit d'un Marquis
de Mafcarille porté en
Chaife , avec un équipage
convenable à fon fracas d'ajuſtement,
Monfieur le Comte
de Thoulouſe maſqua ce
foir là avec un habit de Perfan,
& charma toute la Cour.
Parmy les Maſcarades qui ont
le plus diverty , il y en a cu
une de Suiffes , qui a donué
un fort grand plaifir , & dont
l'invention caufa beaucoup
de furprife. Toutes les fois
que Madame la Dauphine a
dancé , pendant les jours de-
T iiij
224 MERCURE
ftinez aux Mafcarades , fa
bonne grace & la jufteſſe de
fon oreille ont toûjours paru ."
Madame la Princeffe de Conty
s'y eft fouvent fait admirer
fous plufieurs habits , mais
fur tout avec un habit Grec,
dont on fut tellement charmé
, que plufieurs en firent
faire de femblables pour les
Bals fuivans . Mes Dames les
Marquifes de Richelieu & de
Bellefonds, fe font fort diftinguées
par divers habits auffi
riches que bien entendus , &
Madame la Marquiſe de Seignelay
a auffi brillé de la mef
1
GALANT. 229
me forte , & fur tout avec un
habit à la Hongroiſe . Je ferois
trop long fi j'entrois dans le
detail de toutes celles qui en
ont eu de tres riches en maf
quant. Quoy que ces habits
n'euffent le Caractere d'aucune
Nation , ils n'en eftoient
ny moins beaux , ny moins
magnifiques , ny moins bien
entendus , & n'en paroient
pas moins les Dames qui les
portoient. Il y a eu encore
un divertiffement , qui pour
n'avoir pas efté du nombre
des Mafcarades qui fe
font faites chez le Roy , n'a
226 MERCURE
pas laiffé d'eftre un des plus
agréables , dont on ayt ja
mais entendu parler. Le Roy
eftant entré un foir chez Madame
de Montefpan , fut furpris
de voir
partement repreſentoit la
Foire de S. Germain. Ce n'étoit
par tout que Boutiques.
remplies de Marchands , &
l'on voyoit mefme des Compagnies
entieres de Perfon
nes qui fe promenoient dans
cette Foire , & qui faifoient
converſation , ou entr'elles,
ou avec les Marchands & les
Marchandes. Enfin , tout ce
que tout fon apGALANT
227
que l'on a couftume de voir
à la Foire, y paroiffoit dépeint
au naturel. C'est ainsi qu'on
doit furprendre pour bien divertir
, & tous ces fortes de
divertiffemens font de bon
gouft.
vous ay promis du Carnaval
de la Cour , pendant les mois
GALANT. 203.
de Janvier & de Fevrier. Les
Divertiffemens n'y ont point
ceffé. L'Opera de Roland y
a efté repreſenté une fois cha
que Semaine , & il y avoit al
ternativement Bal , Comedie
& Opera. Toute la Cour a
maſqué ſept fois , & auroit
continué à fe donner ce plaifir
, fi la mort du Roy d'Angleterre
n'euft interrompu
pour quelques jours tous les
Divertiffemens. Chaque jour
de Maſcarade , Monſeigneur
le Dauphin changeoit quatre
ou cinq fois d'habits , où l'on
n'oublioit rien pour empef
204 MERCURE
cher qu'il ne fuft reconnu. I
furprit toute l'Affemblée dans
la premiere Mafcarade , avec
un habit de Chauve fouris ..
La magnificence & l'invention
ont paru dans tous les
déguiſemens de Monſieur le
Duc. Les habits de fa Troupe.
eſtoient à cette premiereMafcarade
de grandes Robes , de
differentes couleurs , diverfement
& richement chamarées
, d'où fortoit un Col qui
s'élevoit fort haut , & s'abaiſ
foit , & fur lequel paroiffoit
une tefte d'Animal , coeffée
en Chauve fouris. Monfieur
GALANT. 205
le Duc de Bourbon , qui étoit
fous l'une de ces Machines,
avoit un habit de Femme de
Strasbourg. Mademoiſelle de
Bourbon , qui eftoit ſous une
autre , en avoit un de Magicienne,
& les Filles d'honneur
de Madame la Dauphine,
qui en rempliffoient d'autres,
eftoient diverſement vétuës .
Je ne dois pas oublier icy à
vous dire , que Monfieur le
Duc de Bourbon n'avoit encor
fait de fejour à la Cour,
que pendant ce Carnaval , &
qu'il y a paru au fortir de fes
Etudes , avec un air , des ma
206 MERCURE
nieres , & un eſprit auffi libre
que s'il y euft paffé fes premieres
années , & qu'il cust
eu un âge plus avancé . Le
fecond jour qu'on maſqua,
la Maſcarade
de Monſeigneur
le Dauphin repreſentoit toute
la Troupe Italienne . Ce Prin
ce eftoit veſtu en Docteur.
Ceux qui formoient cette
Mafcarade , eftoient Monfieur
le Prince de Conty,
Monfieur le Prince de la
Roche-fur-Yon , M' le Prince
de Turenne , M' le Duc de
Roquelaure , Miles Marquis
de Bellefonds
, d'Alincour
,
GALANT. 207
& de Liancour. Madame la
Dauphine , fit ce jour là une
Mafcarade de Perroquets
,
Monfieur le Duc de Bourbon
parut avec un riche habit
de Seigneur Hongrois , &
Mademoiſelle de Bourbon,
avec un habit de Païfane,
d'une proprieté furprenante.
Monfieur le Duc du Maine,
fe fit admirer le mefme jour,
avec une Maſcarade de petits
vieillards & de petites vieilles.
Rien n'a paru plus beau , &
l'on ne pouvoit ſe laſſer de
les regarder. Ceux qui compofoient
cette Mafcarade ་་
208 MERCURE
eftoient , Monfieur le Duc
du Mayne , Monfieur le
Comte de Thoulouſe , M' de
Manfini , Mi le Marquis de
la Vrilliere , Mademoiſelle de
Nantes , Mademoiſelle de
Blois , & Mademoiſelle de
Château - neuf.
Dans la troifiéme Maſcarade
, Monſeigneur le Dauphin
parut d'abort déguisé
avec quatre vifages. Enfuite,
prit un habit de Flamande
avec un Mafque de Perroquet
, & changea à fon ordinaire
quatre ou cinq fois
d'habit. Monfieur le Duc de
GALANT. 209
Bourbon , parut ce foir là..
avec un habit de Noble Venitien
, & Mademoiſelle de :
Bourbon s'y fit remarquer
par la propreté , & la richeffe
d'un habit magnifique. Toute
la Cour maſqua ce foir là ,,
& le mélange des habits gro
tefques , & fuperbes , eftant
fort agréable à la vuë , divertit
beaucoup.
Le quatrième jour qu'on
mafqua , Monfeigneur le
Dauphin mit pour premier:
habit celuy d'un Operateur,
& tirant feulement un petit
cordon , il parut en un inftant
Mars 1685, Si
210 MERCURE
vétu en grand Seigneur Chinois
. Des changemens auffi
furprenans le firent paroiftre
encore le mefme foir avec
deux autres habits . Monfieur
le Duc de Bourbon mit ce
foir-là un habit de Païfan,
auffi riche que bien entendu .
Monfieur le Duc de Mortemar
, qui fe diftingue en tout
ce qu'il fait , vint à l'Affemblée
du mefme jour avec un
habit tout formé de Manchons
jufqu'à la coëffure. Ils
étoient de differentes couleurs
. Il avoit une Palatine
pour Cravate , & un Mafque
GALANT. 211
qui imitoit le vifage d'un
homme tout tranfi de froid .
Sa barbe paroiffoit toute ge
lée , & les glaçons y pen
doient . Il euft eſté impoflibie
de le reconnoiftre s'il ne te
fuft pas découvert luy- même.
Neuf Quilles & la Boulle fe
trouverent dans le Balle jour
de la cinquiéme Affemblée;
c'eftoit la Mafcarade de Monfeigneur
le Dauphin. Ceux
qui reprefentoient ces Quilles.
eftoient affis deffous , & de
petites feneftres leur donnoient
de l'air ; jugez par la
de leur contour , & de leur
Sij
212 MERCURE
hauteur ; elles eftoient peintes
de diverfes couleurs . Monſeigneur
le Dauphin fit paroiftrebeaucoup
d'agilité dans quelques-
uns des habits qu'il prit
le refte de la Soirée , les uns,
n'en demandant pas tant que:
les autres . Monfieur le Comte
de Thouloufe fe fit adinirer
en Scaramouche, & l'on n'au
roit pas eu de peine à le pren
dre pour un Amour déguiſé.
Monfieur le Duc de Bourbon
, Mademoiſelle de Bourbon
ne maſquerent ce foir- là
qu'en Avocats , mais ce fut
avec une propreté qui faifoit
GALANT 213
affez connoiftre que les Robes
de ces Avocats - là n'avoient
jamais effuyé la pouf
frere du Palais .
La Mafcarade des Cris de
Paris fut la fixiéme de Monfeigneur
le Dauphin. Ceux,
qui accompagnoient ce Prince,
étoient Monfieur le Prince.
de Conty, Monfieur le Prince:
de la Roche-fur-Yon , M' le
Grand Prieur, M' le Prince de
Türenne , M le Comte de
Brienne , M' le Prince de
Thingry, M' le Marquis d'Alincourt
, M' le Marquis de:
Courtenyau M de la Roche214
MERCURE
guion , M' de Liencourt, M
de Grignan , & M ' du S.
Efteve. Selon les Meftiers
qu'ils
reprefentoient , ils por
toient ce qu'il y avoit de plus
delicat à boire & à manger, &
quelques uns portoient jufqu'à
des Boutiques garnies.
de ce qui regardoit leur Perfonage
. Monfieur le Duc de
Bourbon , & Mademoiſelle
de Bourbon vinrent ce foirlà
au Bal avec une Troupe de
huit Perfonnnes , dont les ha
bits reprefentoient des Pavil
lons . La Mafcarade de Monfieur
le Duc du Mayne , qui
GALANT. 215
Voicy
parut le mefme foir , étoit de
dix Seigneurs Chinois , & de
cinq Dames Chinoiſes , avec
des habits auſſi magnifiques
,
que bien imaginez .
les Noms de ceux qui compofoient
cette Mafcarade ;
Monfieur le Duc du Mayne,
Monfieur le Comte de Thouloufe
M' de Mancini , M' le
Comte de Cruffol , M de Duras,
M ' de Sully , M' de Gri
gnan , M' le Marquis de la
Vrilliere , M' de Soyecourt,
M' Bontemps, Mademoiſelle
de Nantes , Mademoiſelle de
Blois , Mademoiſelle d'Ufez ,
216 MERCURE
Mademoiſelle de Senneterre,
Mademoiſelle de Chafteauneuf.
Quelques jours avant la
fin du Carnaval Monfeigneur
le Dauphin ayant refolu de
faire une Courſe de Teftes
en maniere de petit Carouſel,
avec des Quadriles , on cher
cha un Sujet, on imagina des
Habits, on les fit, on s'exerça,
& l'on courut enfin fix
jours apres qu'on cut refolu
ce divertiffement . La France
feule eft capable d'executer
des chofes de cette nature en
fi peu de temps . Vous en ſe-.
rez furpriſe , quand vous au
rezz
GALANT. 217
rez ſçeu ce que j'ay à vous en
dire . Le Dimanche de Fevrier,
le
4.
Roy,Madame la Dauphine,
& toute la Cour fe ren-,
dirent à trois heures apres
midy fur les Amphitheatres
du Manege découvert de
Verfailles. La Quadrille de
Monfeigneur le Dauphin entra
auffi- toft dans la Carriere,
au fon des Timbales & des
Trompettes , les Armes de
cette Quadrille eftoient noir
& or , les habits de deffous
noirs & brodez d'or , & toutes
les plumes tant des Hom
mes que des Chevaux étoient
Mars 1685.
T
218 MERCURE
blanches , & les garnitures de
mefme. M le Marquis de
Dangeau , fous le nom de
Charlemagne , entra le premier
comme luge du Camp.
Monfeigneur le Dauphin,
eftoit fous le nom de Zerbin;
Mr le Prince de Tingry, fous
celuy de Renaud ; M' de la
Roche Guyon , fous celuy
d'Aquilan le noir , M' le
Marquis de Liancour , fous
celuy de Grifon le blanc ;
& M' le Marquis d'Antin ,
fous celuy de Roland. La feconde
Quadrille entra auffitoft
apres , précedée de fes
GALANT. 219
Trompettes , & de ſes Timbales
. Les couleurs de cette
Quadrille eftoient or & vert,
avec des plumes blanches, &
mouchetées de vert . M' le
Duc de Gramont eftoit Juge
du Camp. Il entra le premier
fous le nom d'Agra
mant . Monfieur le Prince de
la Roche-fur-Yon , avoit celuy
de Mandricard; M le Duc
de Vandofme , celuy de Gradaffe
, M' le Prince de Turenne
, celuy de Roger ; M' le
Comte de Briône , celuy de
Rodomont
; & M' le Marquis
d'Alincour , celuy de Sacri-
Tij
220 MERCURE
"
pant. On ne peut avoir plus
de fatisfaction
que cette
Courſe en donna aux Spectateurs
, ny meriter plus d'aplaudiffemens
que Monfeigneur
le Dauphin , qui eft le
Prince du Monde , qui a la
meilleure grace les Armes à
la main. Apres une fort
longue difpute , le Prix de
meura à la feconde Quadrille,
& ceux qui la compofoient
le difputerent long - temps entr'eux
; mais enfin , M' le
Prince de Turenne l'emporta
, & reçut de la main du
Roy , au fon des Timbales,
GALANT. 221
& des Trompettes , une Epée
d'or avec de riches Boucles .
Mr du Mont Ecuyer de Monfeigneur
le Dauphin , montoit
un Cheval nud qu'il gouvernoit
, comme auroit pû
faire le plus habile Ecuyer à
qui rien n'auroit manqué,
pour bien manier un Cheval,
fur lequel il auroit eſtémonté.
Je croy que vous fçavez
de quelle maniere fe fait cette
Courſe de teftes. Il faut .
d'abord enemporter une avec
la Lance ; puis on en darde
une autre , on ſe retourne en
faite vers la Meduſe que l'on
T iij
222 MERCURE
darde auffi , apres quoy on
emporte
à l'épée la derniere
tefte , qui eft plus baffe que
les autres. Ie vous
envoyeray
le mois prochain
les Devife's
de tous ceux qui eftoient
de
cette Courſe. Le lendemain
on reprefenta
l'Opera
d'Amadis
à Verſailles . Le Roy
ne l'avoit point encore veu ,
parce que cet Opera
avoit
paru dans l'année de la mort
de la Reyne , & vous fçavez
que pendant
ce temps , le
Roy n'a pris aucun divertiſ
fement. Le jour ſuivant
qui
eftoit le dernier du Carnaval,
GALANT. 223
la Mafcarade deMonfeigneur
le Dauphin , eftoit d'un Marquis
de Mafcarille porté en
Chaife , avec un équipage
convenable à fon fracas d'ajuſtement,
Monfieur le Comte
de Thoulouſe maſqua ce
foir là avec un habit de Perfan,
& charma toute la Cour.
Parmy les Maſcarades qui ont
le plus diverty , il y en a cu
une de Suiffes , qui a donué
un fort grand plaifir , & dont
l'invention caufa beaucoup
de furprife. Toutes les fois
que Madame la Dauphine a
dancé , pendant les jours de-
T iiij
224 MERCURE
ftinez aux Mafcarades , fa
bonne grace & la jufteſſe de
fon oreille ont toûjours paru ."
Madame la Princeffe de Conty
s'y eft fouvent fait admirer
fous plufieurs habits , mais
fur tout avec un habit Grec,
dont on fut tellement charmé
, que plufieurs en firent
faire de femblables pour les
Bals fuivans . Mes Dames les
Marquifes de Richelieu & de
Bellefonds, fe font fort diftinguées
par divers habits auffi
riches que bien entendus , &
Madame la Marquiſe de Seignelay
a auffi brillé de la mef
1
GALANT. 229
me forte , & fur tout avec un
habit à la Hongroiſe . Je ferois
trop long fi j'entrois dans le
detail de toutes celles qui en
ont eu de tres riches en maf
quant. Quoy que ces habits
n'euffent le Caractere d'aucune
Nation , ils n'en eftoient
ny moins beaux , ny moins
magnifiques , ny moins bien
entendus , & n'en paroient
pas moins les Dames qui les
portoient. Il y a eu encore
un divertiffement , qui pour
n'avoir pas efté du nombre
des Mafcarades qui fe
font faites chez le Roy , n'a
226 MERCURE
pas laiffé d'eftre un des plus
agréables , dont on ayt ja
mais entendu parler. Le Roy
eftant entré un foir chez Madame
de Montefpan , fut furpris
de voir
partement repreſentoit la
Foire de S. Germain. Ce n'étoit
par tout que Boutiques.
remplies de Marchands , &
l'on voyoit mefme des Compagnies
entieres de Perfon
nes qui fe promenoient dans
cette Foire , & qui faifoient
converſation , ou entr'elles,
ou avec les Marchands & les
Marchandes. Enfin , tout ce
que tout fon apGALANT
227
que l'on a couftume de voir
à la Foire, y paroiffoit dépeint
au naturel. C'est ainsi qu'on
doit furprendre pour bien divertir
, & tous ces fortes de
divertiffemens font de bon
gouft.
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Résumé : Description entiere du Carnaval de la Cour, & de la Course des Testes, [titre d'après la table]
Le texte décrit les divertissements de la cour pendant les mois de janvier et février, marqués par une série de mascarades et de spectacles. Chaque semaine, l'opéra de Roland était représenté, alternant avec des bals, des comédies et des opéras. La cour a participé à sept mascarades, brièvement interrompues par la mort du roi d'Angleterre. Le Dauphin a changé plusieurs fois d'habits lors de chaque mascarade, se déguisant notamment en docteur, en Flamande et en opérateur. Le Duc de Bourbon et Mademoiselle de Bourbon ont également participé avec des déguisements variés, tels que des habits de magicienne, de seigneur hongrois et de païfane. Les thèmes des mascarades incluaient la troupe italienne, les perroquets et les petits vieillards. Le Duc du Maine a impressionné avec une mascarade de petits vieillards et vieilles. Ces événements étaient caractérisés par une grande magnificence et inventivité dans les déguisements. Le Carnaval s'est conclu par une course de têtes, un spectacle équestre où le Dauphin et d'autres nobles ont participé, déguisés en personnages célèbres. Cette course a été suivie par une représentation de l'opéra d'Amadis à Versailles. D'autres divertissements incluaient une mascarade de Suisses et une représentation de la foire de Saint-Germain chez Madame de Montespan.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 322-324
« L'abondance de matiere m'oblige de remettre à une [...] »
Début :
L'abondance de matiere m'oblige de remettre à une [...]
Mots clefs :
Roi, Paris, Lettre, Ambassadeurs siamois, Villes de France, Madame la Dauphine, Duc de Berry
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « L'abondance de matiere m'oblige de remettre à une [...] »
L'abondance de matiere
m'oblige de remettre à une
autre fois la troifiéme fuite
de l'Hiftoire des Eftampes.
GALANT. 323
J
1
¿
La fatisfaction que vous me
témoignez avoir receuë de
ce que je vous ay parlé fi
amplement & avec tant
d'exactitude de l'Ambaffade
de M' le Chevalier de
Chaumont auprés du Roy
de Siam dans les deux Vo.
lumes de Juillet , fera que
ma Lettre de Septembre aura
auffi deux Parties . La feconde
contiendra les Receptions
faites aux Ambaſſadeurs
Siamois dans toutes
les Villes de France depuis
Breft jufqu'à Paris , tout ce
qu'ils y ont veu , les Com-
(
324 MERCURE
plimens qui leur ont efté
faits , leurs refponſes , leur
Entrée en cette Ville , leur
Audience à Versailles &
tout ce qui la regardera , &
generalement tout ce qu'ils
diront & feront jufques à la
fin du mois prochain .
Aujourd'huy Samedy , dernier
jour d'Aouft , Madame
la Dauphine eft accouchée
d'un troifiéme Prince , à qui
le Roy à donné le nom de
Duc de Berry. Je fuis , Madame
, Voltre , &c.
A Paris ce 31. Aout 1586..
m'oblige de remettre à une
autre fois la troifiéme fuite
de l'Hiftoire des Eftampes.
GALANT. 323
J
1
¿
La fatisfaction que vous me
témoignez avoir receuë de
ce que je vous ay parlé fi
amplement & avec tant
d'exactitude de l'Ambaffade
de M' le Chevalier de
Chaumont auprés du Roy
de Siam dans les deux Vo.
lumes de Juillet , fera que
ma Lettre de Septembre aura
auffi deux Parties . La feconde
contiendra les Receptions
faites aux Ambaſſadeurs
Siamois dans toutes
les Villes de France depuis
Breft jufqu'à Paris , tout ce
qu'ils y ont veu , les Com-
(
324 MERCURE
plimens qui leur ont efté
faits , leurs refponſes , leur
Entrée en cette Ville , leur
Audience à Versailles &
tout ce qui la regardera , &
generalement tout ce qu'ils
diront & feront jufques à la
fin du mois prochain .
Aujourd'huy Samedy , dernier
jour d'Aouft , Madame
la Dauphine eft accouchée
d'un troifiéme Prince , à qui
le Roy à donné le nom de
Duc de Berry. Je fuis , Madame
, Voltre , &c.
A Paris ce 31. Aout 1586..
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Résumé : « L'abondance de matiere m'oblige de remettre à une [...] »
Le texte annonce la publication d'une histoire des estampes, dont la troisième partie est reportée en raison de l'abondance de matière. Les deux premiers volumes, parus en juillet, ont reçu une bonne accueil et traitent de l'ambassade du Chevalier de Chaumont auprès du roi de Siam. La lettre de septembre sera également en deux parties. La seconde partie détaillera les réceptions des ambassadeurs siamois dans diverses villes françaises, de Brest à Paris, ainsi que leurs activités, les compliments reçus, leurs réponses, leur entrée à Paris, leur audience à Versailles, et leurs actions jusqu'à la fin du mois suivant. De plus, le texte mentionne la naissance du troisième prince de Madame la Dauphine, nommé Duc de Berry par le roi, le 31 août 1586 à Paris.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 132-145
Tout ce qui s'est passe le jour de leur Entrée publique à Paris, avec le compliment fait à M. de la Feuillade. [titre d'après la table]
Début :
Le Roy ayant arresté que ces Ambassadeurs feroient leur entrée [...]
Mots clefs :
Roi, Carosses, Ambassadeurs, Madame la Dauphine, Duc de La Feuillade, Maison, Paris, Maison, Valets, Rois, Entrée publique à Paris, Maison de Rambouillet, Siam, Storf, Compliment
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Tout ce qui s'est passe le jour de leur Entrée publique à Paris, avec le compliment fait à M. de la Feuillade. [titre d'après la table]
Le Roy ayant arreſté
que ces Ambaſſadeurs feroient
leur entréeà Paris
le 12. du mois paffé , ils
furent conduits à Ramboüillet,
qui eft une Maifon
fort agréable au bout
du Fauxbourg S.Antoine.
C'eſt en ce lieu là qu'on
va ordinairement recevoir
les Ambaſſadeurs des
Rois , & ceux des Souverains
qui font traitez comme
Teſtes couronnées.
Outre les Caroffes du
2
de Siam.
13
Roy , de Madame la Dauphine
, de Monfieur , de
- Madame , & des Princes
& Princeffes du Sang , il y
en eut beaucoup d'autres
qu'envoyerent pluſieurs
Perſonnes de marque , qui
font obligées à la Couronne
de Siam , comme
Ms de Chaumont , de
Lionne , de Choiſy , les
Jefuites , & les Miffionnaires
des Miffions Etrangeres
. Ceux de M'leMaréchal
Duc de la Feüilla
134 Voyage des Amb.
de, & de M² de Bonneüil,
Introducteur des Ambaffadeurs
, s'y joignirent , &
tout cela faifoit environ
foixante Caroffes à fix
chevaux. Vous pourriez
eftre ſurpriſe de n'en point
trouver de Monfeigneur
le Dauphin parmy ce
grand nombre , ſi vous
ignoriez que ce Prince eft
fervy par les Officiers du
Roy , & qu'il n'a point
d'autre Maiſon . Il y avoit
dans chaque Caroffe de
de Siam.
135
ceux qui en avoient en
voyé, un Ecuyer, ou quelque
autre Gentilhomme
- de la Maiſon. A meſure
i que ces Caroffes arrive-
- rent, tous les Ecuyers en
defcendirent , & furent
el preſentez par Mr Storf
aux Ambaſſadeurs.Ils leur
firent tous compliment
en peu de paroles de la
part de leurs Maiſtres, ou
or de leurs Maiſtreffes . Le
20 premier Ambaſſadeur ré-
{ pondit à tous , & quoy
9
136 Voyage des Amb.
qu'il n'euſt que des remer
ciemens à faire, onremarqua
qu'il y avoit quelque
choſe de different dans
tout ce qu'il dit. Tous les
complimens finis , M² le
Duc de la Feüillade arriva
avec les Caroffes du Roy,
de Madame la Dauphine,
de Monfieur& de Madame.
Il eſtoit accompagné
de pluſieurs Valets de
pied de Sa Majefté , &
d'un grand nombre des
fiens , avec une fort belle
deSiam.
137
ne Livrée & toute neuve. Il
al
01
y avoit auffi deux de ſes.
Caroffes remplis de Genan
tilshommes. Il fit unCompliment
fort court aux
Ambaſſadeurs fur leur
heureux Voyage , & fur
la joye qu'il avoit d'avoir
eſté nommé pour les redcevoir.
A quoy le premier
Ambaſſadeur répondit
Quesa valeur esſon me..
rite avoient paßé jusques
en Alie , &qu'onysçavoit
les victoires qu'il avoit
M
D
138 Voyagedes Amb.
2
remportées contre les Turcs.
On monta enfuite en Caroffe.
Le premier Ambaffadeur
fut placé dans le
fond de celuy du Roy
avec M. de la Feuillade ,
M.de Bonncüil & M.Storf
ſe mirent vis à vis d'eux.
Les deux autres Ambaffadeurs
eftoient dans le
Caroſse de Madame la
Dauphine avecM.Giraut,
les Mandarins dans ceux
de Monfieur & de Madame
, & les Secretaires &
deSiam
139
Valets de Chambre des
Ambaſſadeurs dans plufieurs
autres Caroffes. Le
Roy en avoit auffi envoyé
매 pour leurs Valets , & ces
e, Carroffes qui n'avoient
pourtant pointles Armes.
I de Sa Majesté , marche--
frent à la teſte de tout. Ils.
k furent ſuivis de douze
Trompetes du Royà che
val , qui precederent tous
☑les Carroffes dont je viens
de vous parler . On paffa
☆ par le Faux- bourg , & la
aa
Miy
140 Voyage des Amb.
Porte Saint Antoine. On
traverſa la rue du mefme
nom juques au Cimetiere
S. Jean , par lequel
on ſe rendit dans la ruë
de la Verrerie. On vint
enfuite par cellesde laFerronnerie
, de S. Honoré ,
& de l'Arbre-fec . On paffa
fur le Pont- neuf , &
dans la ruë Dauphine, &
l'on gagna la ruë de Tournon
où eſt l'Hostel des
Ambaſſadeurs. La foule
ſe trouva fi grande dans
de Siam. 141
On tout ce paffage , & il y avoit
ſur tout une fi grande
quantité de Caroffes
ad que les rues en estoient
bordées de chaque coſté ;
nt deforte que ceux des Amer.
baffadeurs ne pouvant
4, paffer , eſtoient ſouvent
af arreſtez pendant des
& quart- d'heures , & meſme
& des demy-heures entieres .
r. Ils reconnurent dans leur
les route les Dames qui ae
voient bien voulu leur
ns donner le plaifir de mon142
Voyage des Amb.
ter à cheval devant eux à
Berny, & ils les ſalüerent
d'un air qui marquoit la
joye qu'ils avoient de les
revoir Enfin aprés avoir
fait cette longue marche,
ils arriverent à l'Hoſtel
des Ambassadeurs. M le
Duc de la Feuillade les
accompagna juſque dans
leur Chambre , & n'eut
qu'une converſation fort
courte avec eux , aprés
quoy il les quitta. Ils l'accompagnerentjuſqu'àfon
deSiam. 143
es
רוז
Carofse , & fe retirerent
ſans vouloir voir perfonne.
Quoy que l'uſage ſoit
de détrayer les Ambaſsadeurs
des Rois dont les
Etats font hors de l'Europe
, & dene traiter que
| trois jours ceux des Rois
nos voiſins , on fuivit l'un
al & l'autre uſage pour les
Ambassadeurs de Siam
For car bien qu'ils euſsent eſté
Je
Cu
Ori
Siam,
traitez tous les jours par
A l'ordre & aux dépens de
Sa Majefté depuis leur
144 Voyage des Amb.
débarquement à Breſt , les
Pourvoyeurs du Roy ne
laiſscrent pas de fournir
eux-meſmes tout ce qui
eſtoit neceſsaire pour
leur traitement, pendant
les trois premiers jours
qui ſuivirent leur Entrée,
& M² de Chanteloup,
Maistre d'Hoſtel de quartier
, & un des Controleurs
de la Maiſon du
Roy auſſi de quartier
vinrent tous les matins
pendant ces trois jours,
faire
deSiam.
145
It faire là-deſsus ce qui estoit
de leur Charge.
que ces Ambaſſadeurs feroient
leur entréeà Paris
le 12. du mois paffé , ils
furent conduits à Ramboüillet,
qui eft une Maifon
fort agréable au bout
du Fauxbourg S.Antoine.
C'eſt en ce lieu là qu'on
va ordinairement recevoir
les Ambaſſadeurs des
Rois , & ceux des Souverains
qui font traitez comme
Teſtes couronnées.
Outre les Caroffes du
2
de Siam.
13
Roy , de Madame la Dauphine
, de Monfieur , de
- Madame , & des Princes
& Princeffes du Sang , il y
en eut beaucoup d'autres
qu'envoyerent pluſieurs
Perſonnes de marque , qui
font obligées à la Couronne
de Siam , comme
Ms de Chaumont , de
Lionne , de Choiſy , les
Jefuites , & les Miffionnaires
des Miffions Etrangeres
. Ceux de M'leMaréchal
Duc de la Feüilla
134 Voyage des Amb.
de, & de M² de Bonneüil,
Introducteur des Ambaffadeurs
, s'y joignirent , &
tout cela faifoit environ
foixante Caroffes à fix
chevaux. Vous pourriez
eftre ſurpriſe de n'en point
trouver de Monfeigneur
le Dauphin parmy ce
grand nombre , ſi vous
ignoriez que ce Prince eft
fervy par les Officiers du
Roy , & qu'il n'a point
d'autre Maiſon . Il y avoit
dans chaque Caroffe de
de Siam.
135
ceux qui en avoient en
voyé, un Ecuyer, ou quelque
autre Gentilhomme
- de la Maiſon. A meſure
i que ces Caroffes arrive-
- rent, tous les Ecuyers en
defcendirent , & furent
el preſentez par Mr Storf
aux Ambaſſadeurs.Ils leur
firent tous compliment
en peu de paroles de la
part de leurs Maiſtres, ou
or de leurs Maiſtreffes . Le
20 premier Ambaſſadeur ré-
{ pondit à tous , & quoy
9
136 Voyage des Amb.
qu'il n'euſt que des remer
ciemens à faire, onremarqua
qu'il y avoit quelque
choſe de different dans
tout ce qu'il dit. Tous les
complimens finis , M² le
Duc de la Feüillade arriva
avec les Caroffes du Roy,
de Madame la Dauphine,
de Monfieur& de Madame.
Il eſtoit accompagné
de pluſieurs Valets de
pied de Sa Majefté , &
d'un grand nombre des
fiens , avec une fort belle
deSiam.
137
ne Livrée & toute neuve. Il
al
01
y avoit auffi deux de ſes.
Caroffes remplis de Genan
tilshommes. Il fit unCompliment
fort court aux
Ambaſſadeurs fur leur
heureux Voyage , & fur
la joye qu'il avoit d'avoir
eſté nommé pour les redcevoir.
A quoy le premier
Ambaſſadeur répondit
Quesa valeur esſon me..
rite avoient paßé jusques
en Alie , &qu'onysçavoit
les victoires qu'il avoit
M
D
138 Voyagedes Amb.
2
remportées contre les Turcs.
On monta enfuite en Caroffe.
Le premier Ambaffadeur
fut placé dans le
fond de celuy du Roy
avec M. de la Feuillade ,
M.de Bonncüil & M.Storf
ſe mirent vis à vis d'eux.
Les deux autres Ambaffadeurs
eftoient dans le
Caroſse de Madame la
Dauphine avecM.Giraut,
les Mandarins dans ceux
de Monfieur & de Madame
, & les Secretaires &
deSiam
139
Valets de Chambre des
Ambaſſadeurs dans plufieurs
autres Caroffes. Le
Roy en avoit auffi envoyé
매 pour leurs Valets , & ces
e, Carroffes qui n'avoient
pourtant pointles Armes.
I de Sa Majesté , marche--
frent à la teſte de tout. Ils.
k furent ſuivis de douze
Trompetes du Royà che
val , qui precederent tous
☑les Carroffes dont je viens
de vous parler . On paffa
☆ par le Faux- bourg , & la
aa
Miy
140 Voyage des Amb.
Porte Saint Antoine. On
traverſa la rue du mefme
nom juques au Cimetiere
S. Jean , par lequel
on ſe rendit dans la ruë
de la Verrerie. On vint
enfuite par cellesde laFerronnerie
, de S. Honoré ,
& de l'Arbre-fec . On paffa
fur le Pont- neuf , &
dans la ruë Dauphine, &
l'on gagna la ruë de Tournon
où eſt l'Hostel des
Ambaſſadeurs. La foule
ſe trouva fi grande dans
de Siam. 141
On tout ce paffage , & il y avoit
ſur tout une fi grande
quantité de Caroffes
ad que les rues en estoient
bordées de chaque coſté ;
nt deforte que ceux des Amer.
baffadeurs ne pouvant
4, paffer , eſtoient ſouvent
af arreſtez pendant des
& quart- d'heures , & meſme
& des demy-heures entieres .
r. Ils reconnurent dans leur
les route les Dames qui ae
voient bien voulu leur
ns donner le plaifir de mon142
Voyage des Amb.
ter à cheval devant eux à
Berny, & ils les ſalüerent
d'un air qui marquoit la
joye qu'ils avoient de les
revoir Enfin aprés avoir
fait cette longue marche,
ils arriverent à l'Hoſtel
des Ambassadeurs. M le
Duc de la Feuillade les
accompagna juſque dans
leur Chambre , & n'eut
qu'une converſation fort
courte avec eux , aprés
quoy il les quitta. Ils l'accompagnerentjuſqu'àfon
deSiam. 143
es
רוז
Carofse , & fe retirerent
ſans vouloir voir perfonne.
Quoy que l'uſage ſoit
de détrayer les Ambaſsadeurs
des Rois dont les
Etats font hors de l'Europe
, & dene traiter que
| trois jours ceux des Rois
nos voiſins , on fuivit l'un
al & l'autre uſage pour les
Ambassadeurs de Siam
For car bien qu'ils euſsent eſté
Je
Cu
Ori
Siam,
traitez tous les jours par
A l'ordre & aux dépens de
Sa Majefté depuis leur
144 Voyage des Amb.
débarquement à Breſt , les
Pourvoyeurs du Roy ne
laiſscrent pas de fournir
eux-meſmes tout ce qui
eſtoit neceſsaire pour
leur traitement, pendant
les trois premiers jours
qui ſuivirent leur Entrée,
& M² de Chanteloup,
Maistre d'Hoſtel de quartier
, & un des Controleurs
de la Maiſon du
Roy auſſi de quartier
vinrent tous les matins
pendant ces trois jours,
faire
deSiam.
145
It faire là-deſsus ce qui estoit
de leur Charge.
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Résumé : Tout ce qui s'est passe le jour de leur Entrée publique à Paris, avec le compliment fait à M. de la Feuillade. [titre d'après la table]
Le roi a ordonné l'entrée des ambassadeurs de Siam à Paris le 12 du mois précédent. Ils ont été accueillis à Rambouillet, une résidence habituellement réservée aux ambassadeurs de haut rang. Leur cortège comprenait des carrosses du roi, de Madame la Dauphine, de Monsieur, de Madame, et de divers princes et princesses du sang, ainsi que des personnalités notables comme M. de Chaumont, de Lionne, de Choisy, les Jésuites, et les missionnaires des Missions Étrangères. Environ soixante carrosses à six chevaux, incluant ceux du maréchal Duc de La Feuillade et de M. de Bonneüil, ont accompagné les ambassadeurs. Notamment, aucun carrosse du Dauphin n'était présent, car ce dernier est servi par les officiers du roi et n'a pas de maison séparée. À leur arrivée, les écuyers et gentilshommes des maisons des envoyants ont présenté leurs compliments. Le Duc de La Feuillade, accompagné de valets de pied du roi et de nombreux laquais, a salué les ambassadeurs en soulignant la joie de les recevoir. Les ambassadeurs ont répondu en évoquant les victoires du roi contre les Turcs. Le cortège a ensuite traversé Paris, passant par divers quartiers et rues jusqu'à l'Hôtel des Ambassadeurs. La foule était si dense que les carrosses étaient souvent arrêtés. À leur arrivée, le Duc de La Feuillade a accompagné les ambassadeurs dans leur chambre et a eu une brève conversation avec eux avant de les quitter. Depuis leur débarquement à Brest, les ambassadeurs ont été traités quotidiennement, et les pourvoyeurs du roi ont assuré leur subsistance pendant les trois premiers jours suivant leur entrée à Paris.
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6
p. 215-221
Description & longueurs de toutes les faces du Chasteau de Versailles qui donnent sur le Iardin, [titre d'après la table]
Début :
Quoyqu'il semble qu'on ne puisse regarder tout d'une [...]
Mots clefs :
Description, Château de Versailles, Madame la Dauphine, Figures, Aile, Bâtiment, Jardin, Niches, Colonnes, Appartements, Nymphes
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texteReconnaissance textuelle : Description & longueurs de toutes les faces du Chasteau de Versailles qui donnent sur le Iardin, [titre d'après la table]
Quoy qu'il ſemble qu'on
of 'nnee puiffe regarder tout d'une
veuë plus de choſes dignes
on d'admiration , on peut neanno
moins examiner encore en
mefme temps tout ce que le
208 Suite du Voyage
Château de Versailles fait remarquer
de bâtiment fur le
Jardin, & c'eſt quelque choſe
de ſi ſurprenant , qu'il faut
le voir pour en eftre convaincu.
La vaſte étenduë de
ce ſuperbe Edifice contient
tant en face qu'en aîles de
retour fur le Jardin ſeulement
, plus de 310 toiſes , &
plus de 420 croisées , vingt
avant corps , avec des colomnes
, des Figures au deſ
fus , & des Trophées encore
au deſſus de ces Figures , qui
ſont entremêlés avec des Vaſes
qu'on a placez le long de
la balustrade qui regne fur
des Amb, de Siam. 209
tout ce Bâtiment. Mais pour
marquer ce que je viens de
vous dire , avecun détail qui
In vous le faſſe mieux conce-
@voir , il faut vous apprendre
Lud que la face de la Galerie a
it cinquante-deux toiſes , celle
du grand Appartement du
Roy quarante- cinq , l'aifle
es, où loge Madame la Dauphine
autant ; celle qu'on nomest
me des Princes , où ſont les
Appartemens des Monfieur &
eno de Madame , quatre- vingtes,
quatre , & celle qu'on acheve
es de l'autre côté autant. L'orong
dre de ce Bâtiment eſt Ioone
nique , ainſi que le reſte du
J
210 Suite du Voyage
Château du côté du Jardin.
L'Attique qui regne au defſus
ne retourne point far les
avant- corps , mais à la place
il y a des figures fur chaque
colomne. On voit trois rangs
de fenêtres , un dans chaque
étage. Celles du rez de
chauffée font bombées dans
des arcades , celles du premier
étage dans l'ordre Ioni
que ſont ceintrées , & celles
de l'Attique ſont quarrées
longue en hauteur. Il y a
outre cela des niches à toutes
les aiſles , qui tiennent encore
la place de quelques fe
nétres.
des Amb. de Siam. 211
Les figures qui ornent ce
Bâtiment du côté du Jardin ,
font ,
Apollon & Diane , les qua-
Tay tre Saiſons, & les douze Mois
de l'année le long de la Gale
aqa ric .
Douze tant Fleuve que
Nymphes des Fontaines, Comus
, la Nymphe Echo , Narciffe
, Thetis , Galatée ; avec
Hebé , & Ganimede dans
deux niches, à la face dugrand
| Appartement du Roy , du
côté où eſtoit la Grotte ; &
cel
arrer
to
te qui regarde le parterre du
Nord ...
Pomone Vertumne , une
212 Suite du Voyage
des Nymphes Hefperides , la
Nymphe Amalthée , Thalie ,
Momus , Terpſicore , Pan ,
Flore , le Zephire,Hyacinthe ,
Clitie ; & dans deux niches
la Muſique & la Dance. Ces
figures ſont à l'aifle occupée
par Madame la Dauphine.
A l'aifle appellée des Princes
ſont des Divinitez & des
Vertus , dont le nombre eft
fort grand à cauſe de la longueur
de cette aifle.
Il n'y a point encore de
figures à l'aifle qu'on bâtit
de l'autre côté , & qui fera
pareille à celle- là. Je ne parle
point du nombre des colomnes
des Amb. de Siam .
213
nes qui ornent toutes ces aîles
, cela iroit à l'infiny.
of 'nnee puiffe regarder tout d'une
veuë plus de choſes dignes
on d'admiration , on peut neanno
moins examiner encore en
mefme temps tout ce que le
208 Suite du Voyage
Château de Versailles fait remarquer
de bâtiment fur le
Jardin, & c'eſt quelque choſe
de ſi ſurprenant , qu'il faut
le voir pour en eftre convaincu.
La vaſte étenduë de
ce ſuperbe Edifice contient
tant en face qu'en aîles de
retour fur le Jardin ſeulement
, plus de 310 toiſes , &
plus de 420 croisées , vingt
avant corps , avec des colomnes
, des Figures au deſ
fus , & des Trophées encore
au deſſus de ces Figures , qui
ſont entremêlés avec des Vaſes
qu'on a placez le long de
la balustrade qui regne fur
des Amb, de Siam. 209
tout ce Bâtiment. Mais pour
marquer ce que je viens de
vous dire , avecun détail qui
In vous le faſſe mieux conce-
@voir , il faut vous apprendre
Lud que la face de la Galerie a
it cinquante-deux toiſes , celle
du grand Appartement du
Roy quarante- cinq , l'aifle
es, où loge Madame la Dauphine
autant ; celle qu'on nomest
me des Princes , où ſont les
Appartemens des Monfieur &
eno de Madame , quatre- vingtes,
quatre , & celle qu'on acheve
es de l'autre côté autant. L'orong
dre de ce Bâtiment eſt Ioone
nique , ainſi que le reſte du
J
210 Suite du Voyage
Château du côté du Jardin.
L'Attique qui regne au defſus
ne retourne point far les
avant- corps , mais à la place
il y a des figures fur chaque
colomne. On voit trois rangs
de fenêtres , un dans chaque
étage. Celles du rez de
chauffée font bombées dans
des arcades , celles du premier
étage dans l'ordre Ioni
que ſont ceintrées , & celles
de l'Attique ſont quarrées
longue en hauteur. Il y a
outre cela des niches à toutes
les aiſles , qui tiennent encore
la place de quelques fe
nétres.
des Amb. de Siam. 211
Les figures qui ornent ce
Bâtiment du côté du Jardin ,
font ,
Apollon & Diane , les qua-
Tay tre Saiſons, & les douze Mois
de l'année le long de la Gale
aqa ric .
Douze tant Fleuve que
Nymphes des Fontaines, Comus
, la Nymphe Echo , Narciffe
, Thetis , Galatée ; avec
Hebé , & Ganimede dans
deux niches, à la face dugrand
| Appartement du Roy , du
côté où eſtoit la Grotte ; &
cel
arrer
to
te qui regarde le parterre du
Nord ...
Pomone Vertumne , une
212 Suite du Voyage
des Nymphes Hefperides , la
Nymphe Amalthée , Thalie ,
Momus , Terpſicore , Pan ,
Flore , le Zephire,Hyacinthe ,
Clitie ; & dans deux niches
la Muſique & la Dance. Ces
figures ſont à l'aifle occupée
par Madame la Dauphine.
A l'aifle appellée des Princes
ſont des Divinitez & des
Vertus , dont le nombre eft
fort grand à cauſe de la longueur
de cette aifle.
Il n'y a point encore de
figures à l'aifle qu'on bâtit
de l'autre côté , & qui fera
pareille à celle- là. Je ne parle
point du nombre des colomnes
des Amb. de Siam .
213
nes qui ornent toutes ces aîles
, cela iroit à l'infiny.
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Résumé : Description & longueurs de toutes les faces du Chasteau de Versailles qui donnent sur le Iardin, [titre d'après la table]
Le Château de Versailles, admiré pour sa grandeur, s'étend sur plus de 310 toises et compte plus de 420 fenêtres. Il présente vingt avant-corps ornés de colonnes, figures, fus, trophées et vases le long de la balustrade. La façade de la Galerie mesure cinquante-deux toises, celle du grand Appartement du Roi quarante-cinq, et celle de l'aile où loge Madame la Dauphine autant. L'aile des Princes, abritant les appartements de Monsieur et de Madame, mesure quatre-vingt-quatre toises, tout comme l'aile en construction de l'autre côté. L'architecture du bâtiment est unique, avec trois rangs de fenêtres : bombées au rez-de-chaussée, cintrées au premier étage dans l'ordre ionique, et carrées à l'attique. Des niches remplacent certaines fenêtres dans les ailes. Les figures ornant le côté jardin représentent Apollon, Diane, les Saisons, les Mois, les Fleuves, et divers personnages mythologiques. L'aile de Madame la Dauphine est décorée de Pomone, Vertumne, et des Nymphes Hespérides. L'aile des Princes est ornée de divinités et de vertus. L'aile en construction n'est pas encore décorée.
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7
p. 217-253
CEREMONIES funebres.
Début :
Le Mardy dixiéme May se fit à Nostre-Dame le Service [...]
Mots clefs :
Dauphin, Madame la Dauphine, Marbre, Service funèbre, Devises, Église
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CEREMONIES funebres.
CEREMONIES
funebres.
Le Mardy dixiéme May
fe fit à Noftre - Dame
Service de feu MonfeiMay 1712.
T
218 MERCURE
gneur le Dauphin , & de
feue Madame la Dauphi
ne: je ne vous en ferayicy
aucun détail parce que la
cérémonie a efté toute pareille à celle de S. Denys.
Al'occafionde cette ceremonie, on donneicyune
peinture plus exacte de la
decoration du Chœur de
faint Denys , qui a paru
affez belle pour meriter
qu'on reforme dans ce
Mercure-cy ce qu'on en
avoit dit dans l'autre.
En entrant dans le Chœur
faifoit face une grande re-
GALANT. 219
preſentation en forme de
baldaquin , eflevé devingtcinq à vingt- fix pieds fur
douze pieds de large , &
dix huit de long.
L'Eftrade formoit un
quarré long , dont les pans
eftoient coupez par des
piedeftaux , & fe terminoit en eſcalier de cinq
marches , faifant un plan
ovale par les deux bouts.
Lefdits piedeftaux faifoient reffaut & plan rond
fur lesquels eftoient quatre
courbes en forme de confoles fort enlevées , &quaTij
220 MERCURE
tre grandesfigures de mar
bre blanc au pied de chaque confole fur les reffauts
des piedeſtaux , ces figures reprefentoient quatre
Vertus ; fçavoir la Reli
gion , la Charité , la Prudence , & la Juſtice.
Toute l'Eftrade eftoit de
marbre noir veiné de
blanc , & de blanc veiné
de noir. Les piedeſtaux ornez de mefme d'agraffes
& cartouches de bronze
doré les coftez de l'Eftrade eftoient auffi ornez de
medailles & trophez,
GALANT. 221.
Adroite eftoit les Chiffres de Monfeigneur le
Dauphin, & àgauche ceux
de Madame la Dauphine,
de bronze doréfur du marbre.
Les confoles eftoient de
marbre blanc , & les corps
de porte or, qui formoient
des panneaux ornez de feftons de laurier, portant des
chapiteaux Ioniques qui
couronnoient lesdites confoles. Sur les premieres
courbes eftoient des Dauphins, dont la queue couloit le long des confoles ,
T iij
222 MERCURE
&portoientfur la tefte chacun une girandole_ronde en forme de vaſe qui
portoit beaucoup de lauriers.
Les confoles par le bas
formoient une grande volute qui portoit une tefte
de Cherubim , les ailes levez fur la tefte comme fi
elles fouftenoient les confoles , & d'autres ailes en
forme d'agraphes qui embraffoient les volutes , du
milieu defquelles partoit
de chaque cofté une grande girandole à cinq brang
GALANT. 223
ches garnies de flambeaux.
Les confoles eftoientprofilez de petites branches
portant chacunes un lys
dans lequel eftoit un flambeau qui faifoit une grande lumiere.
Les confoles portoient
une corniche architravede
marbre blanc orné de modillons de bronze doré.
Ladite corniche eſtoit à
pans , & portoit un focle
de marbre de brayer d'où
partoit un doſme qui faifoit mefme plan orné de
bandeaux & trophez d'or
Tiiij
224 MERCURE
fur des fonds de marbre
blanc & noir.
Le focle dudit dofme faifoit reffaut fur les pans , &
portoit quatre vafes de vermeil tout à jour, d'où partoiết quantité de lumieres.
Au deffus du doſme eftoit un dez orné d'agraphes en forme de confoles qui portoit une couronne de Dauphins en or.
Sur les quatre faces de la
corniche eftoit un grand
cartouche de bronze doré
orné de teftes de morts
&autres attributs,
GALANT.
225
1
Lefdits cartouches eftoient couronnez d'une
groffe girandole à cinq
Branches portant des lumieres. 4
Au deffous de la corniche entre les confoles, pendoit une pente en broderie
d'or,
enrichie de fleurs de
lys , de Dauphins , & de
gros glands d'or.
Le fond du dolme eftoit
noir fleurdelylé d'or , &
d'une croix de moire d'argent.
Le dedans des confoles
formoit un corps de mar
226 MERCURE
bre noir fleurdelisé d'or.
Dans le milieu de l'eftrade , on avoit enlevé un
tombeau de porte d'or fur
un focle enrichi de confoles qui fe terminoit par
des griffes qui portoient
fur le focle du cofté droit
les armes de Monseigneur
le Dauphin en relief, ornées des colliers & couronnes; & du cofté gauche les
armes de mefme de Madame la Dauphine.
Sur les coftez de l'eftrade , il y avoit une herſe en
vermeil , ornée de fleurs
GALANT. 227
de lys , & de branches qui
portoient quantité de flambeaux.. Lefdites herfes fe
terminoient par les bouts
par une groffe girandole
en forme d'agraffe qui portoit plufieurs lumieres , &
une groffe fleur de lys qui
portoit auffi plufieurs lumieres , deforte que cela
faifoit une clarté , & donnoitungrandéclat au tombeau.
Sur ledit tombeau on
avoit posé les deux cercuëils fçavoir Monfeigneur le Dauphin à droite,
>
228 MERCURE
de
& celuy de Madame la
Dauphine à gauche. Elle
eftoit couverte d'un poil
noir couvert d'une grande
croix de moire d'argent ,
& brodé d'hermine; celuy
Monfeigneur le Dauphin eftoit couvert de poële de la Couronne, qui eft
de drap d'or , couvert de
deux grandes armes à droite,de Monfeigneur le Dauphin , & à gauche, deux de
Madame la Dauphine
brodé en or,avec une grandecroix demoire d'argent,
& bordé d'hermine , lequel
GALANT. 229
couvroit les deux corps.
Sur chaque corps eftoit
un manteau à la Royale de
velours violet , avec quatre
rangs de fleurs de lys d'or ;
fur celuy de Monfeigneur
le Dauphin eftoit fon collier de l'Ordre & fa couronne fur un carreau couvert d'un crefpe , & fur celuy de Madame la Dauphi
ne eftoit fa couronne couverte de mefme.
Au deffus eftoit ungrand
pavillon à pans dorez , femé par deffus de fleurs de
lys d'or.
230 MERCURE
Il y avoit autour unë
grande pente en broderie
d'or, où pendoient de gros
glands d'or.
Quatre grandes queuës
fortoient de deffous femées
de fleurs de lys d'or , &
doublées d'hermine retrouffée enl'air par les quatre coins avec un gros
nœud.
Dans le fond dudit pavillon eftoit une grande
croix de moire d'argent ,
avec quatre grandes armes
dans les quatre coins.
Il y avoit deffus quatre
GALANT. 231
grands bouquets de plumesnoires & blanches.
Aux quatre coins du
corps eftoient quatre Heraults d'armes & quatre
Gardes fous les armes , devant eftoit le Roy d'armes
entre les deux Maiftres des
ceremonies.
En face eftoit l'Autel orné de fes ornemens ordinaires , qui eft d'or , garny
detrois groffes pierres prétieuſes. Dans le milieu en
haur eftoit une grande
croix d'or émaillée, & garnie auffi de tres- groffes
1
232 MERCURE
pierres
fines.
Au deffus eftoit ungrand
dais garni de pentes en
broderie d'or dedans & dehors , garni de gros glands
d'or , dont le fond eftoit
garni d'une croix de moire
d'argent avec quatre grandes armes , deux de Monfeigneur le Dauphin , &
deux de Madame la Dauphine.
Aux deux coftez eftoient
deux grands rideaux noirs
fleurdelifez en or , doublez
d'hermine , retrouffez par
de grands cordons d'or
garnis
GALANT. 235
garnis de gros glands fur
deux pillaftres qui portoient ledit dais ; il eftoit
femé par deffus de fleurs.
de lys d'or , & garni de ,
huit gros bouquets de plumes blanches & noires.
Lefdits pillaftres eftoient
d'or, qui portoient chacun
deux medailles, où eftoient.
en haut celles de Monfeigneur le Dauphin , & en
bas celles de Madame la
Dauphine , le champeſtoit
femé de fleurs de lys , &
chaque medaille portoit
unegirandole à cinq bran,
May. 1712. V
234 MERCURE
ches. Aux deux coftez eftoient deux grandes piramides en or , avec unfond
de mofaïque de fleurs de
lys , qui portoient chacune
une grande arme de Monfeigneur le Dauphin , au
bas defquels eftoient une
grande girandole à plufieurs branches , & quantité de branches qui portoient des lumieres.
A la pointe de la piramide eftoit une groffe fleur
de lys , qui portoit une
groffe girandole à cinq
branches.
GALANT. 235
Au deffus eftoit un architrave doré qui regnoit
tout autour du Chœur avec
un lay de velours ſemé de
fleurs de lys , de larmes , de
Dauphins, &decroix blanches, qui eftoient attachez
à une grande corniche dorée qui regnoit autour de
l'Eglife qui formoit une
frife.
Sur les pentes & rideaux
eftoient les armes , en haut
de Monſeigneur le Dauphin , & en bas fur les rideaux , celles de Madame
la Dauphine le tout brodé
en or, Vij
236 MERCURE
Le tour du Chœur eftoit
tout garni de noir jufqu'
aux vitraux. Au deffus des
ftates eftoit un lay d'hermine par feftons , qui re
gnoit autour du Chœur
fur lequel , de diſtance en
diſtance , eftoient les chiffres de Monfeigneur & de
Madamela Dauphinedans
des medailles dorées.
Au deffus du lay d'hermine eftoit un lay de velours femé de fleurs de lys ,
de larmes , de Dauphins,
& de croix blanches , qui
eftoit attaché à une corni
GALANT. 237
che, qui portoit des girandoles à cinq branches , &
tout le long eftoient des
fleurs de lys garnies de lumieres.
Au deffus eftoient fix arcades de chaque colté , &
deux dans le Jubé , dans
lefquels eftoient des amphitheatres , où eftoient
placez des gens de quali
té. Ladite décoration eftoit composée de quatorze
arcades , avec des pillaftres :
de vingt pieds de haut fur
quatre pieds de large, de›
marbre blanc , avec des
238 MERCURE
panneaux dans les milieux,
de marbre pal or, avec des
moulures d'or. Ils portoient chacun une grande
medaille où eſtoient reprefentées treize Vertus , à la
gloire du Prince & de la
Princeffe , le tour en or.
Les Vertus eftoient la
Foy chreftienne , la Picté ,
l'acte vertueux , Defirs envers Dicu, Juftice invioli :
ble , Commandement fur
foy- melme , Sageffe humaine , Concorde , Concorde conjugale , Gloire
des Princes , Egalité, Bien-
GALANT. 239
veillance , & Amour de la
patrie , ils portoient chacunes une grande girandole de plufieurs lumieres.
Au bas de chaque pilaf
tre eftoit un fcabellon doré, qui portoit une girandole à cinq branches.
-
Et au deffus des pilaftres
regnoit un architrave doré , qui portoit le ſecond
lay de velours qui fermoit
une frife , fur laquelle eftoient femées des fleurs de
lys , des Dauphins, des larmes, & des croix , attachée
à lagrandecornichequi re-
240 MERCURE
gnoit à l'entour du Chœur,
dorée, qui portoit au deffus
au droit des pilaftres un›
couronnement en forme
de medaille furunfocle de
marbre blanc , enrichi de:
feftons & de chiffres de
Monſeigneur , & de Madame la Dauphine alternativement , & le long de ladite corniche eftoient des:
fleurs de lys & lys garnis
de lumieres. Les pilaftres;
fe terminoient fous l'ar--
chitrave parune agraffe en
formedeconfole, qui portoit unegrande girandole.
Dans
GALANT. 241
Dans les angles de l'Autel & du Jubé eftoient deux
pilaftres chacuns , qui faifoient retour, fçavoir ceux
de l'Autel eftoient comme ceux qui portoient le
grand Dais , & ceux du
Jubé portoient feulement.
chacun une medaille où
eftoit un chiffre de Monfeigneur le Dauphin, & de
Madame la Dauphine , attaché à des feftons de
feuilles , le tout en or.
Au milieu de chaque arcade , eftoit , fçavoir aux
deux premieres du cofté.
May, 17120 X
242 MERCURE
de l'Autel , une grande arme de Monfeigneur le
Dauphin fort ellevée ſouftenue par deux Renommées, enrichies de trophez
de bronze doré , au deffous
defquels eftoient deux
grands rideaux noirs ſemez de fleurs de lys , &
doublez d'hermine retrouſſez en feftons fur les
deux arriere-corps , & au
bas des armes pendoit une
cheute defdits rideaux , ſemez de fleurs de lys , &
doublez d'hermine.
Au bas defdites armes
GALANT. 243
pendoit à chacune une
grande medaille en or , où
eftoient reprefentées, dans
une, la pureté , & dans l'autre , la Religion , & au bas
une girandole à pluſieurs
branches.
Aux deux fecondes arcades eftoit un grand pavillon de relief fort eflevé ,
couronné d'une couronne
de Dauphin , avec des pentes en broderie d'or , où
pendoient de gros glands ,
au deffous defquels fortoient deux grands rideaux
retrouſſez par feftons ſur
$
X ij .
244 MERCURE
les deux arriere. corps , fe
mez auffi de fleurs de lys ,
& doublez d'hermine.
Au deffous deſdits pavillons eftoient de grandes
armes de Madame la Dauphine , garnies de palmes
& de lauriers , & fouftenuës par deux Anges , au
bas defquels eftoient à cha
cun deux girandoles à plu--
fieurs branches , le tout de
bronze doré.
Au deffous des armes
cftoit un timpan bas de
marbre blanc , & les mouleures d'or , qui fervoient
GALANT. 245
comme d'appuy , où eftoit
repreſentée une groffe tefte de mort avec les attributs , & des feftons de cyprez , le fond defdits timpans eftoit femé de larmes
d'argent fur un fond de
marbre noir , & tout le refte en or.
Ils portoient au deffus un
vafe en forme de lampe
antique avec deux groffes
lumieres , & eftoient lesdits
timpans profilez de branches de lumieres en grand
nombre.
༡
Aux deux troifiémes arX iij
246 MERCURE
cades eftoit de meſme eflevée fort haut une grande
arme , d'où fortoient de
grands rideaux retrouffez ,
au bas defquels eftoit un
grand timpan de marbre
blanc avec des mouleures
d'or , où eftoit un chiffre
de Monſeigneur le Dauphin , & de Madame la
Dauphine , entrelaffé avec
des lauriers & des palmes ,
fouftenu par deux enfans
qui pleuroient , & qui eftoient entrelaffez de feftons de cyprez , & deux
gros Dauphins fur les proX
GALANT. 247
fils defdits timpans , fur
leſquels eftoient attachées
des branches qui portoient
des lumieres , & au deffus
eftoit une groffe fleur de
lys , qui portoit une lumie+
les autres.
re plus forte que
Aux deux coftez eſtoient
deux vafes qui portoient
de mefme deux lumieres
plus fortes que les autres.
Aux quatrièmes arcades
recommençoient les pavillons avec les armes de
Madame la Dauphine
comme cy devant , & aux
cinquièmes, des armes de
X iiij
248 MERCURE
Monſeigneur le Dauphin ,
de mefme qu'au troiſième.
Aufixiéme des pavillons
les armes de Madame la
Dauphine , & aux deux
feptièmes au deffus du Jubé, les armes de Monfeigneurle Dauphin , ellevés
comme les autres avec des
rideaux retrouffez fans timpans deffous à cauſe de la
mufique.
Devant le Jubé eftoit
une balustrade de marbre
blanc veiné , dans le milieu de laquelle eftoient les
chiffres de Monfeigneur le
E
GALANT. 249
Dauphin , avec des trophez.
Les balustrades eftoient
dorées fort richement.,
Servicefolemnel à Notre Da
me de Paris. j
Le dix de ce mois on fit
dans l'Eglife Metropolitai
ne un Service folemnel
pour Monſeigneur le Dauphin , & Madame la Dauphine. Le Cardinal de
Noailles Archevefque de
Paris officia , & le Pere
Gaillard Jefuite prononça
l'Oraifon funebre. Mon-
250 MERCURE
feigneur le Duc de Berry ,
Madame la Ducheffe de
Berry , Monfieur le Duc
d'Orleans , Monfieur le
Comte de Charolois , Mademoiſelle de Bourbon ,
& Mademoiſelle de Charolois , eftoient les Princes
& Princeffes du dueil , &
ils allerent àl'offrande chacun felon fon rang , conduits alternativement par
le Marquis de Dreux Maiftre des ceremonies.
Le Parlement , la Chambre des Comptes , la Cour
des Aydes, l'Univerfité &
GALANT. 251
le Corps de Ville y affifterent , ayant efté invitez par
ordre du Roy.
Laceremonie faite Monfieur le Cardinal de Noailles eut l'honneur de donner à difner dans l'Archevefché à Monfeigneur le
Duc de Berry , à Madame
la Ducheffe de Berry , accompagnez de Monfieur
'le Duc d'Orleans, de Monfieur le Comte de Charolois , de Mademoiſelle de
Bourbon , &de Mademoifelle de Charolois : le repas
fut magnifique , & fort
252 MERCURE
bien fervi , les Princes &
les Princeffes en furent fort
contents , il y eut auffi plufieurs tables fervies pour
les Seigneurs , & principaux Officiers de leur
fuite.
Enfin Monfieur le Cardinal de Noailles agit en
cette occafion , comme il
agit en toutes felon fon
caractere. On fçait qu'il
eft auffi noble & auffi magnifique pour les autres ,
qu'il eft fimple & modefte
en ce qui ne regarde que
La perfonne.
319
GALANT. 253
pour
On a celebré le fept de
ce mois ,un Service folemnel dans l'Eglife du College de Louis Le Grand ,
Monteigneur le Dauphin & Madame la Dauphine ; le Pere Sanadon ,
un des Profeffeurs de Rhetorique , prononça le foir
l'Eloge funebre en latin ,
avec beaucoup de fatisfaction de toute l'affemblée ,
?
compofée de plufieurs Prélats & autres perfonnes de
diſtinction , la Salle eftoit
éclairée de quantité de lumieres,&ornée de devifes
funebres.
Le Mardy dixiéme May
fe fit à Noftre - Dame
Service de feu MonfeiMay 1712.
T
218 MERCURE
gneur le Dauphin , & de
feue Madame la Dauphi
ne: je ne vous en ferayicy
aucun détail parce que la
cérémonie a efté toute pareille à celle de S. Denys.
Al'occafionde cette ceremonie, on donneicyune
peinture plus exacte de la
decoration du Chœur de
faint Denys , qui a paru
affez belle pour meriter
qu'on reforme dans ce
Mercure-cy ce qu'on en
avoit dit dans l'autre.
En entrant dans le Chœur
faifoit face une grande re-
GALANT. 219
preſentation en forme de
baldaquin , eflevé devingtcinq à vingt- fix pieds fur
douze pieds de large , &
dix huit de long.
L'Eftrade formoit un
quarré long , dont les pans
eftoient coupez par des
piedeftaux , & fe terminoit en eſcalier de cinq
marches , faifant un plan
ovale par les deux bouts.
Lefdits piedeftaux faifoient reffaut & plan rond
fur lesquels eftoient quatre
courbes en forme de confoles fort enlevées , &quaTij
220 MERCURE
tre grandesfigures de mar
bre blanc au pied de chaque confole fur les reffauts
des piedeſtaux , ces figures reprefentoient quatre
Vertus ; fçavoir la Reli
gion , la Charité , la Prudence , & la Juſtice.
Toute l'Eftrade eftoit de
marbre noir veiné de
blanc , & de blanc veiné
de noir. Les piedeſtaux ornez de mefme d'agraffes
& cartouches de bronze
doré les coftez de l'Eftrade eftoient auffi ornez de
medailles & trophez,
GALANT. 221.
Adroite eftoit les Chiffres de Monfeigneur le
Dauphin, & àgauche ceux
de Madame la Dauphine,
de bronze doréfur du marbre.
Les confoles eftoient de
marbre blanc , & les corps
de porte or, qui formoient
des panneaux ornez de feftons de laurier, portant des
chapiteaux Ioniques qui
couronnoient lesdites confoles. Sur les premieres
courbes eftoient des Dauphins, dont la queue couloit le long des confoles ,
T iij
222 MERCURE
&portoientfur la tefte chacun une girandole_ronde en forme de vaſe qui
portoit beaucoup de lauriers.
Les confoles par le bas
formoient une grande volute qui portoit une tefte
de Cherubim , les ailes levez fur la tefte comme fi
elles fouftenoient les confoles , & d'autres ailes en
forme d'agraphes qui embraffoient les volutes , du
milieu defquelles partoit
de chaque cofté une grande girandole à cinq brang
GALANT. 223
ches garnies de flambeaux.
Les confoles eftoientprofilez de petites branches
portant chacunes un lys
dans lequel eftoit un flambeau qui faifoit une grande lumiere.
Les confoles portoient
une corniche architravede
marbre blanc orné de modillons de bronze doré.
Ladite corniche eſtoit à
pans , & portoit un focle
de marbre de brayer d'où
partoit un doſme qui faifoit mefme plan orné de
bandeaux & trophez d'or
Tiiij
224 MERCURE
fur des fonds de marbre
blanc & noir.
Le focle dudit dofme faifoit reffaut fur les pans , &
portoit quatre vafes de vermeil tout à jour, d'où partoiết quantité de lumieres.
Au deffus du doſme eftoit un dez orné d'agraphes en forme de confoles qui portoit une couronne de Dauphins en or.
Sur les quatre faces de la
corniche eftoit un grand
cartouche de bronze doré
orné de teftes de morts
&autres attributs,
GALANT.
225
1
Lefdits cartouches eftoient couronnez d'une
groffe girandole à cinq
Branches portant des lumieres. 4
Au deffous de la corniche entre les confoles, pendoit une pente en broderie
d'or,
enrichie de fleurs de
lys , de Dauphins , & de
gros glands d'or.
Le fond du dolme eftoit
noir fleurdelylé d'or , &
d'une croix de moire d'argent.
Le dedans des confoles
formoit un corps de mar
226 MERCURE
bre noir fleurdelisé d'or.
Dans le milieu de l'eftrade , on avoit enlevé un
tombeau de porte d'or fur
un focle enrichi de confoles qui fe terminoit par
des griffes qui portoient
fur le focle du cofté droit
les armes de Monseigneur
le Dauphin en relief, ornées des colliers & couronnes; & du cofté gauche les
armes de mefme de Madame la Dauphine.
Sur les coftez de l'eftrade , il y avoit une herſe en
vermeil , ornée de fleurs
GALANT. 227
de lys , & de branches qui
portoient quantité de flambeaux.. Lefdites herfes fe
terminoient par les bouts
par une groffe girandole
en forme d'agraffe qui portoit plufieurs lumieres , &
une groffe fleur de lys qui
portoit auffi plufieurs lumieres , deforte que cela
faifoit une clarté , & donnoitungrandéclat au tombeau.
Sur ledit tombeau on
avoit posé les deux cercuëils fçavoir Monfeigneur le Dauphin à droite,
>
228 MERCURE
de
& celuy de Madame la
Dauphine à gauche. Elle
eftoit couverte d'un poil
noir couvert d'une grande
croix de moire d'argent ,
& brodé d'hermine; celuy
Monfeigneur le Dauphin eftoit couvert de poële de la Couronne, qui eft
de drap d'or , couvert de
deux grandes armes à droite,de Monfeigneur le Dauphin , & à gauche, deux de
Madame la Dauphine
brodé en or,avec une grandecroix demoire d'argent,
& bordé d'hermine , lequel
GALANT. 229
couvroit les deux corps.
Sur chaque corps eftoit
un manteau à la Royale de
velours violet , avec quatre
rangs de fleurs de lys d'or ;
fur celuy de Monfeigneur
le Dauphin eftoit fon collier de l'Ordre & fa couronne fur un carreau couvert d'un crefpe , & fur celuy de Madame la Dauphi
ne eftoit fa couronne couverte de mefme.
Au deffus eftoit ungrand
pavillon à pans dorez , femé par deffus de fleurs de
lys d'or.
230 MERCURE
Il y avoit autour unë
grande pente en broderie
d'or, où pendoient de gros
glands d'or.
Quatre grandes queuës
fortoient de deffous femées
de fleurs de lys d'or , &
doublées d'hermine retrouffée enl'air par les quatre coins avec un gros
nœud.
Dans le fond dudit pavillon eftoit une grande
croix de moire d'argent ,
avec quatre grandes armes
dans les quatre coins.
Il y avoit deffus quatre
GALANT. 231
grands bouquets de plumesnoires & blanches.
Aux quatre coins du
corps eftoient quatre Heraults d'armes & quatre
Gardes fous les armes , devant eftoit le Roy d'armes
entre les deux Maiftres des
ceremonies.
En face eftoit l'Autel orné de fes ornemens ordinaires , qui eft d'or , garny
detrois groffes pierres prétieuſes. Dans le milieu en
haur eftoit une grande
croix d'or émaillée, & garnie auffi de tres- groffes
1
232 MERCURE
pierres
fines.
Au deffus eftoit ungrand
dais garni de pentes en
broderie d'or dedans & dehors , garni de gros glands
d'or , dont le fond eftoit
garni d'une croix de moire
d'argent avec quatre grandes armes , deux de Monfeigneur le Dauphin , &
deux de Madame la Dauphine.
Aux deux coftez eftoient
deux grands rideaux noirs
fleurdelifez en or , doublez
d'hermine , retrouffez par
de grands cordons d'or
garnis
GALANT. 235
garnis de gros glands fur
deux pillaftres qui portoient ledit dais ; il eftoit
femé par deffus de fleurs.
de lys d'or , & garni de ,
huit gros bouquets de plumes blanches & noires.
Lefdits pillaftres eftoient
d'or, qui portoient chacun
deux medailles, où eftoient.
en haut celles de Monfeigneur le Dauphin , & en
bas celles de Madame la
Dauphine , le champeſtoit
femé de fleurs de lys , &
chaque medaille portoit
unegirandole à cinq bran,
May. 1712. V
234 MERCURE
ches. Aux deux coftez eftoient deux grandes piramides en or , avec unfond
de mofaïque de fleurs de
lys , qui portoient chacune
une grande arme de Monfeigneur le Dauphin , au
bas defquels eftoient une
grande girandole à plufieurs branches , & quantité de branches qui portoient des lumieres.
A la pointe de la piramide eftoit une groffe fleur
de lys , qui portoit une
groffe girandole à cinq
branches.
GALANT. 235
Au deffus eftoit un architrave doré qui regnoit
tout autour du Chœur avec
un lay de velours ſemé de
fleurs de lys , de larmes , de
Dauphins, &decroix blanches, qui eftoient attachez
à une grande corniche dorée qui regnoit autour de
l'Eglife qui formoit une
frife.
Sur les pentes & rideaux
eftoient les armes , en haut
de Monſeigneur le Dauphin , & en bas fur les rideaux , celles de Madame
la Dauphine le tout brodé
en or, Vij
236 MERCURE
Le tour du Chœur eftoit
tout garni de noir jufqu'
aux vitraux. Au deffus des
ftates eftoit un lay d'hermine par feftons , qui re
gnoit autour du Chœur
fur lequel , de diſtance en
diſtance , eftoient les chiffres de Monfeigneur & de
Madamela Dauphinedans
des medailles dorées.
Au deffus du lay d'hermine eftoit un lay de velours femé de fleurs de lys ,
de larmes , de Dauphins,
& de croix blanches , qui
eftoit attaché à une corni
GALANT. 237
che, qui portoit des girandoles à cinq branches , &
tout le long eftoient des
fleurs de lys garnies de lumieres.
Au deffus eftoient fix arcades de chaque colté , &
deux dans le Jubé , dans
lefquels eftoient des amphitheatres , où eftoient
placez des gens de quali
té. Ladite décoration eftoit composée de quatorze
arcades , avec des pillaftres :
de vingt pieds de haut fur
quatre pieds de large, de›
marbre blanc , avec des
238 MERCURE
panneaux dans les milieux,
de marbre pal or, avec des
moulures d'or. Ils portoient chacun une grande
medaille où eſtoient reprefentées treize Vertus , à la
gloire du Prince & de la
Princeffe , le tour en or.
Les Vertus eftoient la
Foy chreftienne , la Picté ,
l'acte vertueux , Defirs envers Dicu, Juftice invioli :
ble , Commandement fur
foy- melme , Sageffe humaine , Concorde , Concorde conjugale , Gloire
des Princes , Egalité, Bien-
GALANT. 239
veillance , & Amour de la
patrie , ils portoient chacunes une grande girandole de plufieurs lumieres.
Au bas de chaque pilaf
tre eftoit un fcabellon doré, qui portoit une girandole à cinq branches.
-
Et au deffus des pilaftres
regnoit un architrave doré , qui portoit le ſecond
lay de velours qui fermoit
une frife , fur laquelle eftoient femées des fleurs de
lys , des Dauphins, des larmes, & des croix , attachée
à lagrandecornichequi re-
240 MERCURE
gnoit à l'entour du Chœur,
dorée, qui portoit au deffus
au droit des pilaftres un›
couronnement en forme
de medaille furunfocle de
marbre blanc , enrichi de:
feftons & de chiffres de
Monſeigneur , & de Madame la Dauphine alternativement , & le long de ladite corniche eftoient des:
fleurs de lys & lys garnis
de lumieres. Les pilaftres;
fe terminoient fous l'ar--
chitrave parune agraffe en
formedeconfole, qui portoit unegrande girandole.
Dans
GALANT. 241
Dans les angles de l'Autel & du Jubé eftoient deux
pilaftres chacuns , qui faifoient retour, fçavoir ceux
de l'Autel eftoient comme ceux qui portoient le
grand Dais , & ceux du
Jubé portoient feulement.
chacun une medaille où
eftoit un chiffre de Monfeigneur le Dauphin, & de
Madame la Dauphine , attaché à des feftons de
feuilles , le tout en or.
Au milieu de chaque arcade , eftoit , fçavoir aux
deux premieres du cofté.
May, 17120 X
242 MERCURE
de l'Autel , une grande arme de Monfeigneur le
Dauphin fort ellevée ſouftenue par deux Renommées, enrichies de trophez
de bronze doré , au deffous
defquels eftoient deux
grands rideaux noirs ſemez de fleurs de lys , &
doublez d'hermine retrouſſez en feftons fur les
deux arriere-corps , & au
bas des armes pendoit une
cheute defdits rideaux , ſemez de fleurs de lys , &
doublez d'hermine.
Au bas defdites armes
GALANT. 243
pendoit à chacune une
grande medaille en or , où
eftoient reprefentées, dans
une, la pureté , & dans l'autre , la Religion , & au bas
une girandole à pluſieurs
branches.
Aux deux fecondes arcades eftoit un grand pavillon de relief fort eflevé ,
couronné d'une couronne
de Dauphin , avec des pentes en broderie d'or , où
pendoient de gros glands ,
au deffous defquels fortoient deux grands rideaux
retrouſſez par feftons ſur
$
X ij .
244 MERCURE
les deux arriere. corps , fe
mez auffi de fleurs de lys ,
& doublez d'hermine.
Au deffous deſdits pavillons eftoient de grandes
armes de Madame la Dauphine , garnies de palmes
& de lauriers , & fouftenuës par deux Anges , au
bas defquels eftoient à cha
cun deux girandoles à plu--
fieurs branches , le tout de
bronze doré.
Au deffous des armes
cftoit un timpan bas de
marbre blanc , & les mouleures d'or , qui fervoient
GALANT. 245
comme d'appuy , où eftoit
repreſentée une groffe tefte de mort avec les attributs , & des feftons de cyprez , le fond defdits timpans eftoit femé de larmes
d'argent fur un fond de
marbre noir , & tout le refte en or.
Ils portoient au deffus un
vafe en forme de lampe
antique avec deux groffes
lumieres , & eftoient lesdits
timpans profilez de branches de lumieres en grand
nombre.
༡
Aux deux troifiémes arX iij
246 MERCURE
cades eftoit de meſme eflevée fort haut une grande
arme , d'où fortoient de
grands rideaux retrouffez ,
au bas defquels eftoit un
grand timpan de marbre
blanc avec des mouleures
d'or , où eftoit un chiffre
de Monſeigneur le Dauphin , & de Madame la
Dauphine , entrelaffé avec
des lauriers & des palmes ,
fouftenu par deux enfans
qui pleuroient , & qui eftoient entrelaffez de feftons de cyprez , & deux
gros Dauphins fur les proX
GALANT. 247
fils defdits timpans , fur
leſquels eftoient attachées
des branches qui portoient
des lumieres , & au deffus
eftoit une groffe fleur de
lys , qui portoit une lumie+
les autres.
re plus forte que
Aux deux coftez eſtoient
deux vafes qui portoient
de mefme deux lumieres
plus fortes que les autres.
Aux quatrièmes arcades
recommençoient les pavillons avec les armes de
Madame la Dauphine
comme cy devant , & aux
cinquièmes, des armes de
X iiij
248 MERCURE
Monſeigneur le Dauphin ,
de mefme qu'au troiſième.
Aufixiéme des pavillons
les armes de Madame la
Dauphine , & aux deux
feptièmes au deffus du Jubé, les armes de Monfeigneurle Dauphin , ellevés
comme les autres avec des
rideaux retrouffez fans timpans deffous à cauſe de la
mufique.
Devant le Jubé eftoit
une balustrade de marbre
blanc veiné , dans le milieu de laquelle eftoient les
chiffres de Monfeigneur le
E
GALANT. 249
Dauphin , avec des trophez.
Les balustrades eftoient
dorées fort richement.,
Servicefolemnel à Notre Da
me de Paris. j
Le dix de ce mois on fit
dans l'Eglife Metropolitai
ne un Service folemnel
pour Monſeigneur le Dauphin , & Madame la Dauphine. Le Cardinal de
Noailles Archevefque de
Paris officia , & le Pere
Gaillard Jefuite prononça
l'Oraifon funebre. Mon-
250 MERCURE
feigneur le Duc de Berry ,
Madame la Ducheffe de
Berry , Monfieur le Duc
d'Orleans , Monfieur le
Comte de Charolois , Mademoiſelle de Bourbon ,
& Mademoiſelle de Charolois , eftoient les Princes
& Princeffes du dueil , &
ils allerent àl'offrande chacun felon fon rang , conduits alternativement par
le Marquis de Dreux Maiftre des ceremonies.
Le Parlement , la Chambre des Comptes , la Cour
des Aydes, l'Univerfité &
GALANT. 251
le Corps de Ville y affifterent , ayant efté invitez par
ordre du Roy.
Laceremonie faite Monfieur le Cardinal de Noailles eut l'honneur de donner à difner dans l'Archevefché à Monfeigneur le
Duc de Berry , à Madame
la Ducheffe de Berry , accompagnez de Monfieur
'le Duc d'Orleans, de Monfieur le Comte de Charolois , de Mademoiſelle de
Bourbon , &de Mademoifelle de Charolois : le repas
fut magnifique , & fort
252 MERCURE
bien fervi , les Princes &
les Princeffes en furent fort
contents , il y eut auffi plufieurs tables fervies pour
les Seigneurs , & principaux Officiers de leur
fuite.
Enfin Monfieur le Cardinal de Noailles agit en
cette occafion , comme il
agit en toutes felon fon
caractere. On fçait qu'il
eft auffi noble & auffi magnifique pour les autres ,
qu'il eft fimple & modefte
en ce qui ne regarde que
La perfonne.
319
GALANT. 253
pour
On a celebré le fept de
ce mois ,un Service folemnel dans l'Eglife du College de Louis Le Grand ,
Monteigneur le Dauphin & Madame la Dauphine ; le Pere Sanadon ,
un des Profeffeurs de Rhetorique , prononça le foir
l'Eloge funebre en latin ,
avec beaucoup de fatisfaction de toute l'affemblée ,
?
compofée de plufieurs Prélats & autres perfonnes de
diſtinction , la Salle eftoit
éclairée de quantité de lumieres,&ornée de devifes
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Résumé : CEREMONIES funebres.
Le texte relate les cérémonies funèbres du 10 mai 1712 à Notre-Dame, en mémoire du Dauphin et de la Dauphine. La cérémonie, similaire à celle tenue à Saint-Denis, se déroula dans un chœur somptueusement décoré. Une grande représentation en forme de baldaquin, haute de vingt-cinq à vingt-six pieds, était ornée de marbre noir et blanc, de bronze doré, et comportait des figures de Vertus (Religion, Charité, Prudence, Justice) ainsi que des emblèmes des Dauphin et Dauphine. L'estrade, en forme de carré long, se terminait par un escalier de cinq marches et était ornée de médailles et de trophées. Les consoles, en marbre blanc, portaient des dauphins et des girandoles. Le dôme, en marbre de Bray, était décoré de bandeaux et de trophées d'or. Au-dessus du dôme, une couronne de dauphins en or surmontait une croix de moire d'argent. Le tombeau, placé au centre de l'estrade, était orné de herse en vermeil et de girandoles. Les cercueils du Dauphin et de la Dauphine étaient recouverts de poêles et de manteaux violets brodés de lys d'or, surmontés d'un grand pavillon doré fermé par des lys d'or. L'autel, orné de ses ornements ordinaires, était garni de pierres précieuses et d'une croix d'or émaillée. Un dais, garni de pentes en broderie d'or, surmontait l'autel. Des rideaux noirs fleurdelisés en or doublés d'hermine encadraient l'autel, flanqué de pyramides en or avec les armes du Dauphin. Le chœur était entièrement garni de noir jusqu'aux vitraux, avec des lés d'hermine et de velours semés de lys, de larmes, de dauphins et de croix blanches. Des arcades et des amphithéâtres accueillaient des personnes de qualité. Les pilastres, en marbre blanc, portaient des médailles représentant des Vertus. Des girandoles et des fleurs de lys garnies de lumières ornaient l'ensemble de la décoration. Le 10 mai, un service solennel fut organisé dans l'église métropolitaine, officié par le Cardinal de Noailles, archevêque de Paris. Le Père Gaillard, jésuite, prononça l'oraison funèbre. Les princes et princesses du deuil, incluant Monseigneur le Duc de Berry, Madame la Duchesse de Berry, Monsieur le Duc d'Orléans, Monsieur le Comte de Charolais, Mademoiselle de Bourbon et Mademoiselle de Charolais, assistèrent à l'offrande. Le Parlement, la Chambre des Comptes, la Cour des Aydes, l'Université et le Corps de Ville étaient également présents. Après la cérémonie, le Cardinal de Noailles invita les princes et princesses à dîner à l'archevêché, où un repas magnifique fut servi. Le 27 mai, un autre service solennel fut célébré dans l'église du Collège de Louis Le Grand, avec un éloge funèbre en latin prononcé par le Père Sanadon, professeur de rhétorique.
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8
p. 84-86
Pompe Funebre.
Début :
Le dix huit Février, on fit dans l'Eglise de l'Abbaye [...]
Mots clefs :
Abbaye, Monseigneur le Dauphin, Madame la Dauphine, Évêque, Chappe, Premier pair de France
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texteReconnaissance textuelle : Pompe Funebre.
Pompe Funebre.
Le dix huit Février, on
fit dans l'Eglise de l'Abbaye
Royale de Saint Denis
le - Service ftflenneîj
du bout de l'an pour Monseigneur
le Dauphin ôc
Madame la Dauphine.
L'Evesque de Merz Premier
Aumosnier du Roy,
célébra la Méfie
,
qui fut
chantée par la Musique de
SaMajesté, les Religieux..
estant tous revestus de
chappes. Monseigneur le
Duc de Berry y affilia
avec les Princes & Princestes
qui y avoient etc invitez
par le Marquis de
Dreux,Grand Maistre des
Ceremonies
, & qui estoienc
Monsieur le Duc
d'Orléans, le Duc d'Anguien,
leComte de Charolois
& le Prince de
Conti: le Duc du Maine,
& le Comte de Toulouse
la Duchesse d'Anguien
Mademoiselle de Bourbon
, Mademoiselle de
Charolois, Mademoiselle
de Conti, & Mademoifelle
de la Rochefuryon.
Les Officiers de feu.Mon;
seigneur le Daupkm,ceux
de Madame la Dauphi.'
ne, & les Dames du Pa-;
lais y assistèrent pareille-;
ment.
M. François de Mailly
Archevesque Duc de
Reims) prit Seance au
Parlement le 21. Fevrier
,
1713. en qualité de Premier
Pair de France.
Le dix huit Février, on
fit dans l'Eglise de l'Abbaye
Royale de Saint Denis
le - Service ftflenneîj
du bout de l'an pour Monseigneur
le Dauphin ôc
Madame la Dauphine.
L'Evesque de Merz Premier
Aumosnier du Roy,
célébra la Méfie
,
qui fut
chantée par la Musique de
SaMajesté, les Religieux..
estant tous revestus de
chappes. Monseigneur le
Duc de Berry y affilia
avec les Princes & Princestes
qui y avoient etc invitez
par le Marquis de
Dreux,Grand Maistre des
Ceremonies
, & qui estoienc
Monsieur le Duc
d'Orléans, le Duc d'Anguien,
leComte de Charolois
& le Prince de
Conti: le Duc du Maine,
& le Comte de Toulouse
la Duchesse d'Anguien
Mademoiselle de Bourbon
, Mademoiselle de
Charolois, Mademoiselle
de Conti, & Mademoifelle
de la Rochefuryon.
Les Officiers de feu.Mon;
seigneur le Daupkm,ceux
de Madame la Dauphi.'
ne, & les Dames du Pa-;
lais y assistèrent pareille-;
ment.
M. François de Mailly
Archevesque Duc de
Reims) prit Seance au
Parlement le 21. Fevrier
,
1713. en qualité de Premier
Pair de France.
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Résumé : Pompe Funebre.
Le 18 février, une cérémonie funéraire fut organisée en l'église de l'Abbaye Royale de Saint-Denis en mémoire du Dauphin et de la Dauphine. L'évêque de Metz, Premier Aumônier du Roi, célébra la messe, accompagnée par la musique royale et les religieux en chapes. Le duc de Berry, plusieurs princes et princesses, dont le duc d'Orléans, le duc d'Angoulême, le comte de Charolais, le prince de Conti, le duc du Maine, le comte de Toulouse, la duchesse d'Angoulême, Mademoiselle de Bourbon, Mademoiselle de Charolais, Mademoiselle de Conti et Mademoiselle de La Rochefuryon, assistèrent à la cérémonie. Les officiers du défunt Dauphin, ceux de la Dauphine et les dames du Palais étaient également présents. Le 21 février 1713, M. François de Mailly, archevêque et duc de Reims, prit séance au Parlement en qualité de Premier Pair de France.
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9
p. 163-166
MÉDAILLES. Devises pour les Jettons du premier Janvier 1755.
Début :
TRESOR ROYAL. Un grand fleuve qui se divise en plusieurs [...]
Mots clefs :
Jetons, Médailles, Trésor royal, Parties casuelles, Maison de la reine, Madame la Dauphine, Chambre aux deniers, Marine, Guerres, Artillerie, Colonies françaises en Amérique, Bâtiments du roi, Extraordinaire des guerres, Ordinaire des guerres, Affaires de la chambre
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texteReconnaissance textuelle : MÉDAILLES. Devises pour les Jettons du premier Janvier 1755.
MÉDAILLES.
Devifes pour les Jettons du premier Janvier
1755.
TRESOR ROYAL.
UNgrand fleuve qui fe diviſe en plufieurs
canaux.
Légende . Divifus prodeft.
Exergue.
Tréfor royal.
1755.
164 MERCURE DE FRANCE.
PARTIES CASUELLES .
Des greffes qu'on ente fur un arbre
effepé .
Legende. Carpent tua poma nepotes.
Exergue.
Parties cafuelles .
1755 .
MAISON DE LA REIN E.
Des lys plantés dans un parterre avec
fymmétrie.
Légende.
Exergue.
Novum ex ferie decus.
Maifon de la Reine.
1755 .
MAISON DE MADAME LA DAUPHINE.
Un foleil , dont la lumiere peinte dans
des nuées voisines , forme trois autres foleils
ou parhélies , qui font les emblêmes
de Mgr le Dauphin , & de Mgrs les Ducs
de Bourgogne & de Berri.
Légende.
Exergue.
Cali Decus.
Maifon de Madame la Dauphine.
1755.
CHAMBRE AUX DENIERS .
Une chambre au milieu de laquelle il y
a une table avec plufieurs facs d'argent deffus
, & quelques - uns de ces facs d'argent
monnoyé répandus fur la table .
Légende. Regali fuppetit ufui.
Exergue.
Chambre aux Deniers.
1755.
EXTRAORDINAIRE DES GUERRES .
Deux Chevaliers armés joûtant dans une
lice .
Légende. Et ludus in armis .
Exergue.
Extraordinaire des guerres.
1755 .
ORDINAIRE DES GUERRES.
Un cheval couché , levant fierement la
tête,
Légende. Dum ad pralia furgat.
Exergue.
Ordinaire des Guerres.
1755 .
MARINE.
Jafon rapportant la toifon d'or .
Légende. Juvat nunc parta tueri.
Exergue.
Marine .
1755.
COLONIES FRANÇOISES EN AMÉRIQUE.
Le navire Argo , avec des peaux de caftor
fufpendues à la place de la toifon d'or.
Legende. Non vilius aures.
166 MERCURE DE FRANCE.
Exergue . Colonies françoiſes en.
Amérique.
1755.
BATIMENS DU ROY.
Minerve , avec l'égide & la cuiraffe , tenant
d'une main des inftrumens d'architecture
; dans le lointain un bâtiment commence
à s'élever .
་
Légende.
Exergue.
Condit quas incolet ades.
Bâtimens du Roi.
1755.
ARTILLERIE .
Des canons fur leurs affuts , liés enſemble
& enchaînés par des branches d'olivier
qui ferpentent à l'entour.
Légende. Va quibus has rupiffe catenas
contigerit.
1755.
MENUS PLAISIRS ET AFFAIRES
DE LA CHAMBRE.
Therpficore , Melpomene & Thalie.
Légende. Latitia lacrymaque decora .
Exergue. Argenterie & menus plaifirs.
1755
Devifes pour les Jettons du premier Janvier
1755.
TRESOR ROYAL.
UNgrand fleuve qui fe diviſe en plufieurs
canaux.
Légende . Divifus prodeft.
Exergue.
Tréfor royal.
1755.
164 MERCURE DE FRANCE.
PARTIES CASUELLES .
Des greffes qu'on ente fur un arbre
effepé .
Legende. Carpent tua poma nepotes.
Exergue.
Parties cafuelles .
1755 .
MAISON DE LA REIN E.
Des lys plantés dans un parterre avec
fymmétrie.
Légende.
Exergue.
Novum ex ferie decus.
Maifon de la Reine.
1755 .
MAISON DE MADAME LA DAUPHINE.
Un foleil , dont la lumiere peinte dans
des nuées voisines , forme trois autres foleils
ou parhélies , qui font les emblêmes
de Mgr le Dauphin , & de Mgrs les Ducs
de Bourgogne & de Berri.
Légende.
Exergue.
Cali Decus.
Maifon de Madame la Dauphine.
1755.
CHAMBRE AUX DENIERS .
Une chambre au milieu de laquelle il y
a une table avec plufieurs facs d'argent deffus
, & quelques - uns de ces facs d'argent
monnoyé répandus fur la table .
Légende. Regali fuppetit ufui.
Exergue.
Chambre aux Deniers.
1755.
EXTRAORDINAIRE DES GUERRES .
Deux Chevaliers armés joûtant dans une
lice .
Légende. Et ludus in armis .
Exergue.
Extraordinaire des guerres.
1755 .
ORDINAIRE DES GUERRES.
Un cheval couché , levant fierement la
tête,
Légende. Dum ad pralia furgat.
Exergue.
Ordinaire des Guerres.
1755 .
MARINE.
Jafon rapportant la toifon d'or .
Légende. Juvat nunc parta tueri.
Exergue.
Marine .
1755.
COLONIES FRANÇOISES EN AMÉRIQUE.
Le navire Argo , avec des peaux de caftor
fufpendues à la place de la toifon d'or.
Legende. Non vilius aures.
166 MERCURE DE FRANCE.
Exergue . Colonies françoiſes en.
Amérique.
1755.
BATIMENS DU ROY.
Minerve , avec l'égide & la cuiraffe , tenant
d'une main des inftrumens d'architecture
; dans le lointain un bâtiment commence
à s'élever .
་
Légende.
Exergue.
Condit quas incolet ades.
Bâtimens du Roi.
1755.
ARTILLERIE .
Des canons fur leurs affuts , liés enſemble
& enchaînés par des branches d'olivier
qui ferpentent à l'entour.
Légende. Va quibus has rupiffe catenas
contigerit.
1755.
MENUS PLAISIRS ET AFFAIRES
DE LA CHAMBRE.
Therpficore , Melpomene & Thalie.
Légende. Latitia lacrymaque decora .
Exergue. Argenterie & menus plaifirs.
1755
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Résumé : MÉDAILLES. Devises pour les Jettons du premier Janvier 1755.
En 1755, des médailles et jetons ont été émis pour diverses institutions et maisons royales françaises. Chaque médaille possède une légende et un exergue spécifiques. Pour le Trésor Royal, la médaille montre un fleuve se divisant en canaux, avec la légende 'Divifus prodeft' et l'exergue 'Trésor royal'. La médaille des Parties Casuelles représente des greffes sur un arbre effepé, avec la légende 'Carpent tua poma nepotes' et l'exergue 'Parties casuelles'. La Maison de la Reine est illustrée par des lys plantés symétriquement, avec la légende 'Novum ex ferie decus' et l'exergue 'Maison de la Reine'. La Maison de Madame la Dauphine présente un soleil formant trois autres soleils, symbolisant le Dauphin et les Ducs de Bourgogne et de Berry, avec la légende 'Cali Decus' et l'exergue 'Maison de Madame la Dauphine'. La Chambre aux Deniers montre une table avec des sacs d'argent défaits et des pièces monnoyées, avec la légende 'Regali fuppetit ufui' et l'exergue 'Chambre aux Deniers'. L'Extraordinaire des Guerres illustre deux chevaliers armés joutant dans une lice, avec la légende 'Et ludus in armis' et l'exergue 'Extraordinaire des guerres'. L'Ordinare des Guerres montre un cheval couché levant fièrement la tête, avec la légende 'Dum ad pralia furgat' et l'exergue 'Ordinare des Guerres'. La Marine représente Jason rapportant la toison d'or, avec la légende 'Juvat nunc parta tueri' et l'exergue 'Marine'. Les Colonies Françaises en Amérique montrent le navire Argo avec des peaux de castor suspendues, avec la légende 'Non vilius aures' et l'exergue 'Colonies françoises en Amérique'. Les Bâtimens du Roi présentent Minerve tenant des instruments d'architecture, avec la légende 'Condit quas incolet ades' et l'exergue 'Bâtimens du Roi'. L'Artillerie illustre des canons liés par des branches d'olivier, avec la légende 'Va quibus has rupiffe catenas contigerit' et l'exergue 'Artillerie'. Enfin, les Menus Plaisirs et Affaires de la Chambre montrent les muses Thespiscore, Melpomène et Thalie, avec la légende 'Latitia lacrymaque decora' et l'exergue 'Argenterie & menus plaifirs'.
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10
p. 87-92
LETTRE à M..... Professeur & Censeur royal, par M. G. Ecuyer, Officier de la chambre de Madame la Dauphine, sur un problême d'algebre appliqué à la science de la guerre.
Début :
Monsieur, j'avois décidé avec moi-même de faire un divorce irréconciliable [...]
Mots clefs :
Algèbre, Géométrie, Science de la guerre, Madame la Dauphine, Problème d'algèbre, Guerre
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE à M..... Professeur & Censeur royal, par M. G. Ecuyer, Officier de la chambre de Madame la Dauphine, sur un problême d'algebre appliqué à la science de la guerre.
LETTRE à M ..... Profeſſeur & Cenfeur
royal , par M. G. Ecuyer , Officier
de la chambre de Madame la Dauphine
, fur un problême d'algebre appliqué
à la fcience de la guerre .
Onfieur , j'avois décidé avec moi-
Mmême de faire un divorce irréconciliable
avec l'Algebre & la Géométrie :
la néceffité de faire valoir mon bien de
campagne , celle de fuivre plufieurs procès
de fucceffion , mon peu de fanté , &
par conféquent le peu d'efpérance d'y acquerir
une forte de célébrité , m'avoient
fait prendre un parti fi contraire à mon
goût . J'eus l'honneur cet automne &
en même tems le vrai bonheur d'être admis
à faire ma cour à des perfonnes de
qualité de mon voifinage ; j'y retrouvai
des compas , des équerres , des niveaux ,
des graphometres , des cartes topographi
,
38 MERCURE DE FRANCE .
ques , des plans de bataille , de fiége , de
marches militaires , des projets de campa
gne , &c. en un mot tout ce qui caractériſe
un ſyſtème de travail ferieux , fuivi ,
& propre à des perfonnes deftinées par leur
naiffance & leurs talens héréditaires &
perfonnels , aux premiers emplois de la
guerre en falloit- il davantage pour me
rappeller à mes premieres foibleffes : On
me propofa de réfoudre le problême d'algebre
dont je vous fais aujoud'hui la dédicace
; nouvelles chaînes , nouveau motif
d'ardeur & d'émulation , & voilà l'époque
glorieufe pour moi de mon retour à
la géométrie. Je vis dans cette refpectable
maifon , avec un plaifir bien fenfible
& bien délicat , des enfans à peine de fept
ou huit ans , tracer des lignes & des angles
, reconnoître leurs rapports & leurs
combinaiſons , manier des inftrumens de
Mathématique je fus enchanté de n'entendre
fortir de leur bouche que les termes
de fervice du Roi , de la haine de
fes ennemis , de l'honneur , de la bravoure
, & de la néceffité d'acquerir les talens
du coeur & de l'efprit , indifpenfables pour
commander les autres ; on me pardonnera
cette forte d'indifcrétion , j'y vis avec la
plus vive furpriſe , & comme une efpéce
de paradoxe , les dames , fans perdre la
MA 1. 1755. 89 ·
plus légere de leurs graces , ni de ce tour
délicat & ingénieux de la converſation
que donne l'ufage du grand monde ; les
dames , dis- je , paffer avec fuccès , de la
poëfie , de la mufique , de l'hiftoire , ou
des ouvrages de goût & de légereté , à calculer
, à réfoudre des problèmes de Géométrie
& d'Algebre.
Enfin j'y vis les terres & les arbres
cultivés fuivant les principes de M M.
Sthul , Duhamel , de Buffon ; les abeilles
& les vers à foie élevés fuivant les regles
de M. de Réaumur ; la pratique de l'éducation
fauvage des beftiaux , en un mot
plufieurs de ces arts champêtres innocens ,
utiles à la fociété , à la fanté , à la confervation
de fon bien , & dont les héros rendus
à la paix ne rougiffoient point autrefois.
Tout refpiroit dans cette belle & délicieuſe
campagne l'efprit de calcul & de
fyftême , & ces principes folides de la
raifon fupérieure de l'illuftre M. de P. auffi
grand à la guerre que férieux & appliqué
chez lui , d'où il avoit banni cette frivo-.
lité qui ne gagne que trop aujourd'hui .
Les bornes d'une lettre femblent contraindre
de fi juftes motifs d'éloges ; mais la
vertu & le vrai mérite font fi peu communs
qu'on n'en reconnoît les traces qu'avec
un fecret & délicieux enchantement ;
90 MERCURE DE FRANCE.
ces motifs ne font pas néanmoins étrangers
à l'objet de ma lettre , puifqu'il vous
entretiennent d'application de calcul aux
affaires de la vie ; méthode que vous eftimez
. avec raiſon , bien fupérieure à celle
qui ne traite que des x & des y , & dont
vous ne ceſſez de recommander l'uſage à
vos difciples après qu'ils fe font mis en
poffeffion de cette derniere .
?
&
Parlons maintenant de mon problême ,
qui eft , je penſe , un des plus forts qu'on
puiffe propofer en Algebre indéterminée du
premier dégré ; j'ai pris à tâche de réunir
toutes les méthodes de Diophante , de Bachet
, du P. Prefter , & d'autres. Il contient ,
proprement parler , huit problêmes différens
; ce n'eft que la quatrieme condition
qui lie les trois précédentes , comme vous
le verrez dans la premierepréparation
qui les rappelle à une expreffion où les inconnues
font égalées à des quantités connues
mêlées avec deux indéterminées . Les
fept & huitiémes conditions font deux.
problêmes nouveaux , qu'on peut encore
réfoudre féparément des premiers ; mais
comme ils font une efpéce d'hiftoire fuivie
, il faut trouver l'art de les lier avec
la deuxième préparation il y a encore
un choix délicat à faire dans les rapports
des pertes ou des foldats défaits de chaM
A I.
1755 . 91
que
détachement , car fi on ne les tire
point de la nature intrinfeque du problême
, on ne fera rien qui vaille , on aura
bien des folutions vraies , mais qui feront
à d'autres queftions. Il eft inexprimable
combien j'ai gâté de papier , & combien
il m'en a coûté de peines pour fixer ces
rapports , fans compter les fautes d'étourderie
& les erreurs des fignes . Je joins à ma
lettre le mis au net de mes calculs , qui contiennent
cinq ou fix feuillets , fans aucun
détail de divifion ou de multiplication.
C'eſt un hommage que je vous adreffe ,
un tribut , le paiement d'une dette , car
affurément je vous dois beaucoup ; c'eft
en un fens votre bien , votre ouvrage ,
puifqu'il eft bâti des matériaux recueillis
fous vous au Collège royal ; c'eft le fruit
du long loifir que me laiffe mon fervice ,
& duquel je ne crois pas devoir faire un
meilleur ufage , les devoirs de la fociété
remplis , pour mériter l'honneur de votre
eftime , & le nom de &c.
Les nombres les plus fimples qui fatisfont
à toutes les conditions du problê
me , font : 551 , 431 , 311 .
All x 8400 μss!?
J : 64052 + 431
4410
➡0.1.2.3.4.5. &cj
311
92 MERCURE DE FRANCE.
1 ° . Effectivement le tiers de 551 eſt
1832, le quart de 551 eft 135 +3 .
e
2°. Le 5º de 431 eft 86 + 1 , & le 7º
de 431 eft 614.
3 °. Le 7° de 311 eft 44 + 3 , & le 9º
de 311 eft 34 + 4.
4°. 551 + 311 = 2 × 431 = 862.
50. 551 +9 , 43x + +2 , 431 +4 :: 140. 61 .
7
60 551 +9 311 ·
'SI.
140.102
:: 50 :
C. Q.F. F. & D.
A Versailles , ce 10 Avril 1755 .
royal , par M. G. Ecuyer , Officier
de la chambre de Madame la Dauphine
, fur un problême d'algebre appliqué
à la fcience de la guerre .
Onfieur , j'avois décidé avec moi-
Mmême de faire un divorce irréconciliable
avec l'Algebre & la Géométrie :
la néceffité de faire valoir mon bien de
campagne , celle de fuivre plufieurs procès
de fucceffion , mon peu de fanté , &
par conféquent le peu d'efpérance d'y acquerir
une forte de célébrité , m'avoient
fait prendre un parti fi contraire à mon
goût . J'eus l'honneur cet automne &
en même tems le vrai bonheur d'être admis
à faire ma cour à des perfonnes de
qualité de mon voifinage ; j'y retrouvai
des compas , des équerres , des niveaux ,
des graphometres , des cartes topographi
,
38 MERCURE DE FRANCE .
ques , des plans de bataille , de fiége , de
marches militaires , des projets de campa
gne , &c. en un mot tout ce qui caractériſe
un ſyſtème de travail ferieux , fuivi ,
& propre à des perfonnes deftinées par leur
naiffance & leurs talens héréditaires &
perfonnels , aux premiers emplois de la
guerre en falloit- il davantage pour me
rappeller à mes premieres foibleffes : On
me propofa de réfoudre le problême d'algebre
dont je vous fais aujoud'hui la dédicace
; nouvelles chaînes , nouveau motif
d'ardeur & d'émulation , & voilà l'époque
glorieufe pour moi de mon retour à
la géométrie. Je vis dans cette refpectable
maifon , avec un plaifir bien fenfible
& bien délicat , des enfans à peine de fept
ou huit ans , tracer des lignes & des angles
, reconnoître leurs rapports & leurs
combinaiſons , manier des inftrumens de
Mathématique je fus enchanté de n'entendre
fortir de leur bouche que les termes
de fervice du Roi , de la haine de
fes ennemis , de l'honneur , de la bravoure
, & de la néceffité d'acquerir les talens
du coeur & de l'efprit , indifpenfables pour
commander les autres ; on me pardonnera
cette forte d'indifcrétion , j'y vis avec la
plus vive furpriſe , & comme une efpéce
de paradoxe , les dames , fans perdre la
MA 1. 1755. 89 ·
plus légere de leurs graces , ni de ce tour
délicat & ingénieux de la converſation
que donne l'ufage du grand monde ; les
dames , dis- je , paffer avec fuccès , de la
poëfie , de la mufique , de l'hiftoire , ou
des ouvrages de goût & de légereté , à calculer
, à réfoudre des problèmes de Géométrie
& d'Algebre.
Enfin j'y vis les terres & les arbres
cultivés fuivant les principes de M M.
Sthul , Duhamel , de Buffon ; les abeilles
& les vers à foie élevés fuivant les regles
de M. de Réaumur ; la pratique de l'éducation
fauvage des beftiaux , en un mot
plufieurs de ces arts champêtres innocens ,
utiles à la fociété , à la fanté , à la confervation
de fon bien , & dont les héros rendus
à la paix ne rougiffoient point autrefois.
Tout refpiroit dans cette belle & délicieuſe
campagne l'efprit de calcul & de
fyftême , & ces principes folides de la
raifon fupérieure de l'illuftre M. de P. auffi
grand à la guerre que férieux & appliqué
chez lui , d'où il avoit banni cette frivo-.
lité qui ne gagne que trop aujourd'hui .
Les bornes d'une lettre femblent contraindre
de fi juftes motifs d'éloges ; mais la
vertu & le vrai mérite font fi peu communs
qu'on n'en reconnoît les traces qu'avec
un fecret & délicieux enchantement ;
90 MERCURE DE FRANCE.
ces motifs ne font pas néanmoins étrangers
à l'objet de ma lettre , puifqu'il vous
entretiennent d'application de calcul aux
affaires de la vie ; méthode que vous eftimez
. avec raiſon , bien fupérieure à celle
qui ne traite que des x & des y , & dont
vous ne ceſſez de recommander l'uſage à
vos difciples après qu'ils fe font mis en
poffeffion de cette derniere .
?
&
Parlons maintenant de mon problême ,
qui eft , je penſe , un des plus forts qu'on
puiffe propofer en Algebre indéterminée du
premier dégré ; j'ai pris à tâche de réunir
toutes les méthodes de Diophante , de Bachet
, du P. Prefter , & d'autres. Il contient ,
proprement parler , huit problêmes différens
; ce n'eft que la quatrieme condition
qui lie les trois précédentes , comme vous
le verrez dans la premierepréparation
qui les rappelle à une expreffion où les inconnues
font égalées à des quantités connues
mêlées avec deux indéterminées . Les
fept & huitiémes conditions font deux.
problêmes nouveaux , qu'on peut encore
réfoudre féparément des premiers ; mais
comme ils font une efpéce d'hiftoire fuivie
, il faut trouver l'art de les lier avec
la deuxième préparation il y a encore
un choix délicat à faire dans les rapports
des pertes ou des foldats défaits de chaM
A I.
1755 . 91
que
détachement , car fi on ne les tire
point de la nature intrinfeque du problême
, on ne fera rien qui vaille , on aura
bien des folutions vraies , mais qui feront
à d'autres queftions. Il eft inexprimable
combien j'ai gâté de papier , & combien
il m'en a coûté de peines pour fixer ces
rapports , fans compter les fautes d'étourderie
& les erreurs des fignes . Je joins à ma
lettre le mis au net de mes calculs , qui contiennent
cinq ou fix feuillets , fans aucun
détail de divifion ou de multiplication.
C'eſt un hommage que je vous adreffe ,
un tribut , le paiement d'une dette , car
affurément je vous dois beaucoup ; c'eft
en un fens votre bien , votre ouvrage ,
puifqu'il eft bâti des matériaux recueillis
fous vous au Collège royal ; c'eft le fruit
du long loifir que me laiffe mon fervice ,
& duquel je ne crois pas devoir faire un
meilleur ufage , les devoirs de la fociété
remplis , pour mériter l'honneur de votre
eftime , & le nom de &c.
Les nombres les plus fimples qui fatisfont
à toutes les conditions du problê
me , font : 551 , 431 , 311 .
All x 8400 μss!?
J : 64052 + 431
4410
➡0.1.2.3.4.5. &cj
311
92 MERCURE DE FRANCE.
1 ° . Effectivement le tiers de 551 eſt
1832, le quart de 551 eft 135 +3 .
e
2°. Le 5º de 431 eft 86 + 1 , & le 7º
de 431 eft 614.
3 °. Le 7° de 311 eft 44 + 3 , & le 9º
de 311 eft 34 + 4.
4°. 551 + 311 = 2 × 431 = 862.
50. 551 +9 , 43x + +2 , 431 +4 :: 140. 61 .
7
60 551 +9 311 ·
'SI.
140.102
:: 50 :
C. Q.F. F. & D.
A Versailles , ce 10 Avril 1755 .
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Résumé : LETTRE à M..... Professeur & Censeur royal, par M. G. Ecuyer, Officier de la chambre de Madame la Dauphine, sur un problême d'algebre appliqué à la science de la guerre.
La lettre est adressée à un professeur et censeur royal par M. G., écuyer et officier de la chambre de Madame la Dauphine. L'auteur avait initialement abandonné l'algèbre et la géométrie en raison de ses obligations personnelles et de son manque de temps. Cependant, lors d'une visite chez des personnes de qualité, il a été inspiré par l'environnement mathématique et militaire qu'il y a trouvé. Il a été invité à résoudre un problème d'algèbre appliqué à la science de la guerre, ce qui l'a ramené à ses premières passions. Dans cette maison, il a observé des enfants et des dames s'adonnant aux mathématiques avec succès, tout en cultivant des terres et élevant des animaux selon des principes scientifiques. L'auteur a été impressionné par l'esprit de calcul et de système qui y régnait, ainsi que par les principes solides de la raison supérieure. L'auteur décrit ensuite le problème d'algèbre qu'il a résolu, un problème complexe d'algèbre indéterminée du premier degré, réunissant diverses méthodes. Il mentionne les difficultés rencontrées et les erreurs commises lors de la résolution. Il joint à sa lettre le résultat de ses calculs, qu'il considère comme un hommage au professeur. Les nombres les plus simples satisfaisant aux conditions du problème sont 551, 431 et 311. L'auteur fournit également des détails sur les calculs effectués pour vérifier ces solutions. La lettre est datée du 10 avril 1755.
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11
p. 234-236
« Le 24 Juillet, le Marquis de Pont-S,-Pierre, aîné des trois branches [...] »
Début :
Le 24 Juillet, le Marquis de Pont-S,-Pierre, aîné des trois branches [...]
Mots clefs :
Duc, Roi, Madame Adélaïde, Madame la Dauphine, Gouverneur, Comtesse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 24 Juillet, le Marquis de Pont-S,-Pierre, aîné des trois branches [...] »
LE 24 Juillet , le Marquis de Pont - S. - Pierre ,
Roncherolles , premier Baron de Normandie
Lieutenant - Général des armées du Roy , a été
reçu en la dignité de Confeiller d'honneur- né au
Parlement de Normandie . Ce Seigneur accompagné
de la nobleffe & du corps des Officiers de dragons
du Régiment de la Reine , a fait fon entrée
au Palais , & après avoir prêté ferment de fidélité
en préfence des Chambres affemblées , a pris fa
féance avec tout l'éclat & la diſtinction poſſible ,
Cette prérogative dont jouit feule en Normandie.
l'ancienne maifon de Roncherolles , a été confirmée
en la perfonne de l'aîné des trois branches
de cette famille par Lettres Patentes des Rois
Henry III . Louis XIII . & Louis XIV . d'heureufe
mémoire .
La nuit du 25 au 26 , le Duc de Mirepoix , cidevant
Ambaffadeur extraordinaire du Roi en Angleterre
, revint de Londres , fuivant l'ordre qu'il
en avoit reçu de Sa Majefté. Le lendemain , il fut
préfenté au Roy par le fieur Rouillé , Miniftre &
Secrétaire d'Etat , ayant le département des Affaires
Etrangeres . Il eut enfuite l'honneur de rendre
fes refpects à la Reine & à Mefdames.
Le 6 Août , le Roi vint rendre à Madame la
Dauphine une nouvelle vifite ; & Sa Majesté ,
après avoir tiré dans la plaine de Saint Denis , fit
l'honneur au Prince de Soubize de fouper & de ,
coucher dans fa maifon de Saint-Quen.
SEPTEMBRE 1755. 235
Le Samedy d'Août 1755 , la Cour étant à
Compiegne ; Monfeigneur le Dauphin & Madame
Adelaide pour marquer au fieur Levefque ,
Ecuyer , Confeiller du Roy , Préſident de l'élection
, Maire & Lieutenant-Général de Police de la
ville de Compiegne , & Subdélégué de l'Intendance
de Paris , la fatisfaction que mérite le zele
avec lequel il remplit tous les devoirs de fes différentes
charges, particulierement pendant les féjours
de la Cour , lui ont fait l'honneur de tenir fur les
fonts de Baptême , le fils dont Dame Magdeleine-
Françoife Lejeune fon époufe eft accouchée il y a
fix mois , & qui a été lors ondoyé.
Monfeigneur le Dauphin a été repréſenté par
M. le Duc de Gefvres , Pair de France , Premier
Gentilhomme de la Chambre du Roy , Chevalier
de fes ordres , Gouverneur de la ville , prevôté &
Vicomté de Paris & de la Province de l'ile de
France.
Madame Adelaïde a été repréſentée par Madame
la Ducheffe de Beauvilliers la Dame d'honneur :
l'enfant a été nommé Alexandre-Louis - Marie ; la
cérémonie a été faite par le fieur Duquesnoy ,
Curé de la Paroiffe ; le Corps de Ville y a affifté ,
& y a été conduit avec le pere , la mere & l'enfant
dans les caroffes de M. le Duc de Gefvres ,
ainfi que Madame la Ducheffe de Beauvilliers que
M. le Duc de Gefvres alla prendre au Château ; ifs
trouverent à la porte de l'Eglife , fous les armes ,
les Gardes du Gouvernement & ceux de M. le Duc
d'Aumont , Pair de France , Chevalier des ordres
du Roy , premier Gentilhomme de ſa Chambre ,
Gouverneur du Boullenois , & Gouverneur de la
ville de Compiegne ; les Trompettes des plaifirs
s'y trouverent , ainfi que les violons & inftrumens
de la ville : après la cérémonie M. le Duc de Gef236
MERCURE DE FRANCE.
vres fit préfent à la mere de l'enfant , d'une trèsbelle
boëte d'or , de la part de Monfeigneur le
Dauphin.
Le Comte de Noailles , Grand d'Espagne de la
Premiere Claffe , Lieutenant- Général des Armées
du Roi , Chevalier de la Toiſon d'or , & de l'Ordre
de Saint Louis , Bailli & Grand Croix de Malte,
vient d'être nommé par le Roi , fon Ambaſſadeur
Extraordinaire auprès du Roi de Sardaigne.
La diftribution des Prix généraux de l'Univerfité
fe fit le 4 de ce mois dans les Ecoles de Sorbonne
, en la maniere accoutumée . Le Parlement
y affifta, Cette cérémonie fut précédée d'un Difcours
Latin , que prononça le fieur Bertinot ,
Profeffeur de Rhétorique au College de Lizieux.
Le fieur Bille Rhé: oricien du même college , a
remporté le premier prix. Il le reçut des mains
du fieur de Maupeou , Premier Préfident. Les autres
prix furent diftribués par le fieur Dulaurenț
de la Barre , Recteur de l'Univerfité .
La Comteffe d'Eftrade ayant donné fa démiſſion
de la charge de Dame d'Atours de Madame Adelaide
, le Roi a difpofé de cette charge en faveur de
la Marquife de Civerac , une des Dames nommées
pour accompagner cette Princeffe.
Le 15 , fête de l'Affomption de la Sainte Vierge
, la proceffion folemnelle , qui fe fait tous les
ans à pareil jour , en exécution du voeu de Louis
XIII , fe fit avec les cérémonies ordinaires . L'abbé
de Saint- Exupery , Doyen du Chapitre de l'Eglife
Métropolitaine , y officia. Le Parlement , la Chambre
des Comptes , la Cour des Aydes , & le Corps
de Ville , y affifterent .
Le vaiffeau la Compagnie des Indes eft arrivé le
6 de ce mois à Belle- Ifle , venant de Pondichery ,
& ayant à bord le fieur Godehen .
Roncherolles , premier Baron de Normandie
Lieutenant - Général des armées du Roy , a été
reçu en la dignité de Confeiller d'honneur- né au
Parlement de Normandie . Ce Seigneur accompagné
de la nobleffe & du corps des Officiers de dragons
du Régiment de la Reine , a fait fon entrée
au Palais , & après avoir prêté ferment de fidélité
en préfence des Chambres affemblées , a pris fa
féance avec tout l'éclat & la diſtinction poſſible ,
Cette prérogative dont jouit feule en Normandie.
l'ancienne maifon de Roncherolles , a été confirmée
en la perfonne de l'aîné des trois branches
de cette famille par Lettres Patentes des Rois
Henry III . Louis XIII . & Louis XIV . d'heureufe
mémoire .
La nuit du 25 au 26 , le Duc de Mirepoix , cidevant
Ambaffadeur extraordinaire du Roi en Angleterre
, revint de Londres , fuivant l'ordre qu'il
en avoit reçu de Sa Majefté. Le lendemain , il fut
préfenté au Roy par le fieur Rouillé , Miniftre &
Secrétaire d'Etat , ayant le département des Affaires
Etrangeres . Il eut enfuite l'honneur de rendre
fes refpects à la Reine & à Mefdames.
Le 6 Août , le Roi vint rendre à Madame la
Dauphine une nouvelle vifite ; & Sa Majesté ,
après avoir tiré dans la plaine de Saint Denis , fit
l'honneur au Prince de Soubize de fouper & de ,
coucher dans fa maifon de Saint-Quen.
SEPTEMBRE 1755. 235
Le Samedy d'Août 1755 , la Cour étant à
Compiegne ; Monfeigneur le Dauphin & Madame
Adelaide pour marquer au fieur Levefque ,
Ecuyer , Confeiller du Roy , Préſident de l'élection
, Maire & Lieutenant-Général de Police de la
ville de Compiegne , & Subdélégué de l'Intendance
de Paris , la fatisfaction que mérite le zele
avec lequel il remplit tous les devoirs de fes différentes
charges, particulierement pendant les féjours
de la Cour , lui ont fait l'honneur de tenir fur les
fonts de Baptême , le fils dont Dame Magdeleine-
Françoife Lejeune fon époufe eft accouchée il y a
fix mois , & qui a été lors ondoyé.
Monfeigneur le Dauphin a été repréſenté par
M. le Duc de Gefvres , Pair de France , Premier
Gentilhomme de la Chambre du Roy , Chevalier
de fes ordres , Gouverneur de la ville , prevôté &
Vicomté de Paris & de la Province de l'ile de
France.
Madame Adelaïde a été repréſentée par Madame
la Ducheffe de Beauvilliers la Dame d'honneur :
l'enfant a été nommé Alexandre-Louis - Marie ; la
cérémonie a été faite par le fieur Duquesnoy ,
Curé de la Paroiffe ; le Corps de Ville y a affifté ,
& y a été conduit avec le pere , la mere & l'enfant
dans les caroffes de M. le Duc de Gefvres ,
ainfi que Madame la Ducheffe de Beauvilliers que
M. le Duc de Gefvres alla prendre au Château ; ifs
trouverent à la porte de l'Eglife , fous les armes ,
les Gardes du Gouvernement & ceux de M. le Duc
d'Aumont , Pair de France , Chevalier des ordres
du Roy , premier Gentilhomme de ſa Chambre ,
Gouverneur du Boullenois , & Gouverneur de la
ville de Compiegne ; les Trompettes des plaifirs
s'y trouverent , ainfi que les violons & inftrumens
de la ville : après la cérémonie M. le Duc de Gef236
MERCURE DE FRANCE.
vres fit préfent à la mere de l'enfant , d'une trèsbelle
boëte d'or , de la part de Monfeigneur le
Dauphin.
Le Comte de Noailles , Grand d'Espagne de la
Premiere Claffe , Lieutenant- Général des Armées
du Roi , Chevalier de la Toiſon d'or , & de l'Ordre
de Saint Louis , Bailli & Grand Croix de Malte,
vient d'être nommé par le Roi , fon Ambaſſadeur
Extraordinaire auprès du Roi de Sardaigne.
La diftribution des Prix généraux de l'Univerfité
fe fit le 4 de ce mois dans les Ecoles de Sorbonne
, en la maniere accoutumée . Le Parlement
y affifta, Cette cérémonie fut précédée d'un Difcours
Latin , que prononça le fieur Bertinot ,
Profeffeur de Rhétorique au College de Lizieux.
Le fieur Bille Rhé: oricien du même college , a
remporté le premier prix. Il le reçut des mains
du fieur de Maupeou , Premier Préfident. Les autres
prix furent diftribués par le fieur Dulaurenț
de la Barre , Recteur de l'Univerfité .
La Comteffe d'Eftrade ayant donné fa démiſſion
de la charge de Dame d'Atours de Madame Adelaide
, le Roi a difpofé de cette charge en faveur de
la Marquife de Civerac , une des Dames nommées
pour accompagner cette Princeffe.
Le 15 , fête de l'Affomption de la Sainte Vierge
, la proceffion folemnelle , qui fe fait tous les
ans à pareil jour , en exécution du voeu de Louis
XIII , fe fit avec les cérémonies ordinaires . L'abbé
de Saint- Exupery , Doyen du Chapitre de l'Eglife
Métropolitaine , y officia. Le Parlement , la Chambre
des Comptes , la Cour des Aydes , & le Corps
de Ville , y affifterent .
Le vaiffeau la Compagnie des Indes eft arrivé le
6 de ce mois à Belle- Ifle , venant de Pondichery ,
& ayant à bord le fieur Godehen .
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Résumé : « Le 24 Juillet, le Marquis de Pont-S,-Pierre, aîné des trois branches [...] »
Le 24 juillet, le Marquis de Pont-S.-Pierre, premier Baron de Normandie et Lieutenant-Général des armées du Roi, a été élevé à la dignité de Conseiller d'honneur au Parlement de Normandie. Accompagné de la noblesse et des officiers de dragons du Régiment de la Reine, il a prêté serment et pris sa place avec éclat. Cette prérogative, réservée à la maison de Roncherolles, a été confirmée par des Lettres Patentes des rois Henry III, Louis XIII et Louis XIV. La nuit du 25 au 26 juillet, le Duc de Mirepoix, ancien Ambassadeur extraordinaire du Roi en Angleterre, est revenu de Londres et a été présenté au Roi par le Sieur Rouillé, Ministre et Secrétaire d'État aux Affaires Étrangères. Le lendemain, il a rendu hommage à la Reine et à Mesdames. Le 6 août, le Roi a rendu visite à Madame la Dauphine et a ensuite honoré le Prince de Soubise en souper et en dormant dans sa maison de Saint-Quen. Le 17 août, à Compiègne, Monseigneur le Dauphin et Madame Adélaïde ont marqué leur satisfaction au Sieur Levesque, Maire de Compiègne, en tenant sur les fonts baptismaux son fils Alexandre-Louis-Marie, né six mois plus tôt. La cérémonie a été représentée par le Duc de Gesvres et la Duchesse de Beauvilliers, et a été conduite par le Sieur Duquesnoy, curé de la paroisse. Le Comte de Noailles a été nommé Ambassadeur Extraordinaire auprès du Roi de Sardaigne. La distribution des Prix généraux de l'Université a eu lieu le 4 septembre à la Sorbonne, précédée d'un discours latin prononcé par le Sieur Bertinot. Le Sieur Bille a remporté le premier prix, remis par le Sieur de Maupeou, Premier Président. La Comtesse d'Estrades a démissionné de sa charge de Dame d'Atours de Madame Adélaïde, remplacée par la Marquise de Civerac. Le 15 septembre, une procession solennelle en l'honneur de l'Assomption de la Sainte Vierge a eu lieu, avec la participation du Parlement, de la Chambre des Comptes, de la Cour des Aydes et du Corps de Ville. Le vaisseau de la Compagnie des Indes est arrivé à Belle-Île le 6 septembre, venant de Pondichéry, avec à son bord le Sieur Godehen.
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12
p. 248-250
« Le 17 Novembre, sur les trois heures du matin, Madame la Dauphine [...] »
Début :
Le 17 Novembre, sur les trois heures du matin, Madame la Dauphine [...]
Mots clefs :
Madame la Dauphine, Naissance, Comte de Provence, Comtesse de Marsan, Famille royale, Monseigneur, Duc de Gesvres, Sieur Mirabaud
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 17 Novembre, sur les trois heures du matin, Madame la Dauphine [...] »
Le 17 Novembre , fur les trois heures du ma
tin , Madame la Dauphine fentit des douleurs.
Cette Princeffe accoucha une heure après d'un
Prince , que le Roi a nommé Comte de Provence.
A cinq heures , le Cardinal de Soubize , Grand
Aumônier de France , fit la cérémonie de l'ondoyement
, en préfence du Curé de la Paroiffe
du Château. Le fieur Rouillé , Miniftre & Secrétaire
d'Etat , Grand Tréforier de l'Ordre du Saint-
Efprit , apporta le Cordon de cet Ordre , & il eut
l'honneur de le paffer au cou du Prince , qui fut
remis entre les mains de la Comteſſe de Marfan ,
Gouvernante des Enfans de France. Enfuite elle porta
Monfeigneur le Comte de Provence à l'appartement
qui lui étoit deftiné. Ce Prince y fut conduit
DECEMBRE . 1755. 249
felon l'ufage par le Capitaine des Gardes du Corps,
Entre midi & une heure , le Roi & la Reine
accompagnés de la Famille Royale , ainfi que des
Princes & des Princeffes du Sang , des Grands
Officiers de la Couronne , des Miniftres & des Seigneurs
& Dames de la Cour , & précédés des deux
Huiffiers de la Chambre , qui portoient leurs maffes
, fe rendirent à la Chapelle . Leurs Majeftés y
entendirent la Meffe , pendant laquelle le fieur
Colin de Blamont , Chevalier de l'Ordre de Saint
Michel , & Sur - Intendant de la Mufique de la
Chambre , fit exécuter le Te Deum , en mufique ,
de fa compofition . Cette Hymne fut entonnée par
l'Abbé Gergoy , Chapelain ordinaire de la Chapelle
-Mufique.
L'après-midi , le Roi & la Reine , Monseigneur
le Dauphin , Monfeigneur le Duc de Bourgogne ,
Monfeigneur le Duc de Berry , Monfeigneur le
Comte de Provence , Madame , Madame Victoire,
Madame Sophie & Madame Louife , reçurent
dans leurs appartemens les révérences des Dames
de la Cour , à l'occafion des couches de Madame
la Dauphine , & de la naiffance du Prince .
Le foir à huit heures , par les ordres du Duc de
Gefvres , Premier Gentilhomme de la Chambre ,
en exercice , & fous la direction du fieur de Fontpertuys
, Intendant des Menus- Plaiſirs , on tira
dans la Place d'Armes , vis- à- vis de l'appartement
du Roi , un très - beau bouquet d'artifice , que Sa
Majefté alluma de fon balcon , par le moyen d'une
fufée courante . L'exécution n'a laiffé rien à défirer.
Le même jour , le Roi fit partir le fieur Binet ,
Meftre de Camp de Cavalerie , un de Gentilshommes
Ordinaires de Sa Majefté , & Premier
Valet de Chambre de Monfeigneur le Dauphin ,
pour aller à Luneville donner part de la naiffance
250 MERCURE DE FRANCE.
de Monfeigneur le Comte de Provence , au Roi
de Pologne , Duc de Lorraine & de Bar.
Madame la Dauphine , ainfi que le jeune Prince
, fe portent aufli bien qu'on puiffe le défirer .
Le fieur Mirabaud , Secrétaire Perpétuel de
P'Académie Françoife , ayant donné fa démiffion ,
cette Compagnie a élu , pour le remplacer , le
fieur Duclos , Hiftoriographe de France, un des
Quarante de l'Académie , & Aflocié Vétéran de
celle des Infcriptions & Belles- Lettres.
tin , Madame la Dauphine fentit des douleurs.
Cette Princeffe accoucha une heure après d'un
Prince , que le Roi a nommé Comte de Provence.
A cinq heures , le Cardinal de Soubize , Grand
Aumônier de France , fit la cérémonie de l'ondoyement
, en préfence du Curé de la Paroiffe
du Château. Le fieur Rouillé , Miniftre & Secrétaire
d'Etat , Grand Tréforier de l'Ordre du Saint-
Efprit , apporta le Cordon de cet Ordre , & il eut
l'honneur de le paffer au cou du Prince , qui fut
remis entre les mains de la Comteſſe de Marfan ,
Gouvernante des Enfans de France. Enfuite elle porta
Monfeigneur le Comte de Provence à l'appartement
qui lui étoit deftiné. Ce Prince y fut conduit
DECEMBRE . 1755. 249
felon l'ufage par le Capitaine des Gardes du Corps,
Entre midi & une heure , le Roi & la Reine
accompagnés de la Famille Royale , ainfi que des
Princes & des Princeffes du Sang , des Grands
Officiers de la Couronne , des Miniftres & des Seigneurs
& Dames de la Cour , & précédés des deux
Huiffiers de la Chambre , qui portoient leurs maffes
, fe rendirent à la Chapelle . Leurs Majeftés y
entendirent la Meffe , pendant laquelle le fieur
Colin de Blamont , Chevalier de l'Ordre de Saint
Michel , & Sur - Intendant de la Mufique de la
Chambre , fit exécuter le Te Deum , en mufique ,
de fa compofition . Cette Hymne fut entonnée par
l'Abbé Gergoy , Chapelain ordinaire de la Chapelle
-Mufique.
L'après-midi , le Roi & la Reine , Monseigneur
le Dauphin , Monfeigneur le Duc de Bourgogne ,
Monfeigneur le Duc de Berry , Monfeigneur le
Comte de Provence , Madame , Madame Victoire,
Madame Sophie & Madame Louife , reçurent
dans leurs appartemens les révérences des Dames
de la Cour , à l'occafion des couches de Madame
la Dauphine , & de la naiffance du Prince .
Le foir à huit heures , par les ordres du Duc de
Gefvres , Premier Gentilhomme de la Chambre ,
en exercice , & fous la direction du fieur de Fontpertuys
, Intendant des Menus- Plaiſirs , on tira
dans la Place d'Armes , vis- à- vis de l'appartement
du Roi , un très - beau bouquet d'artifice , que Sa
Majefté alluma de fon balcon , par le moyen d'une
fufée courante . L'exécution n'a laiffé rien à défirer.
Le même jour , le Roi fit partir le fieur Binet ,
Meftre de Camp de Cavalerie , un de Gentilshommes
Ordinaires de Sa Majefté , & Premier
Valet de Chambre de Monfeigneur le Dauphin ,
pour aller à Luneville donner part de la naiffance
250 MERCURE DE FRANCE.
de Monfeigneur le Comte de Provence , au Roi
de Pologne , Duc de Lorraine & de Bar.
Madame la Dauphine , ainfi que le jeune Prince
, fe portent aufli bien qu'on puiffe le défirer .
Le fieur Mirabaud , Secrétaire Perpétuel de
P'Académie Françoife , ayant donné fa démiffion ,
cette Compagnie a élu , pour le remplacer , le
fieur Duclos , Hiftoriographe de France, un des
Quarante de l'Académie , & Aflocié Vétéran de
celle des Infcriptions & Belles- Lettres.
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Résumé : « Le 17 Novembre, sur les trois heures du matin, Madame la Dauphine [...] »
Le 17 novembre, Madame la Dauphine accoucha à trois heures du matin d'un prince, nommé Comte de Provence par le Roi. Le Cardinal de Soubize procéda à l'ondoyement du prince en présence du curé de la paroisse du Château. Le sieur Rouillé, Ministre et Secrétaire d'État, remit au prince le cordon de l'Ordre du Saint-Esprit, et la Comtesse de Marfan le conduisit à son appartement. Le 24 décembre, le Roi et la Reine assistèrent à une messe à la chapelle, suivie de l'exécution du Te Deum par le sieur Colin de Blamont. L'après-midi, la famille royale reçut les révérences des Dames de la Cour. Le soir, un bouquet d'artifice fut tiré dans la Place d'Armes, allumé par le Roi. Le même jour, le Roi envoya le sieur Binet à Lunéville pour annoncer la naissance du Comte de Provence au Roi de Pologne. Madame la Dauphine et le jeune prince se portaient bien. Par ailleurs, le sieur Duclos fut élu pour remplacer le sieur Mirabaud, Secrétaire Perpétuel de l'Académie Française.
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13
p. 218-219
ALLEMAGNE.
Début :
Le 30 du mois dernier, on rendit de solemnelles actions de graces [...]
Mots clefs :
Dresde, Hambourg, Naissance, Madame la Dauphine, Portugal, Tremblement de terre, Secours
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE DRESDE , le 8 Decembre.
Le 30 du mois dernier , on rendit de folemnelles
actions de graces dans toutes les églifes de
cette ville , pour les heureufes couches de Madame
la Dauphine.
DE HAMBOURG , le 10 Decembre.
Sur la nouvelle de l'affreux déſaftre que le Por
tugal vient d'effuyer , la Régence de cette ville a
réfolu de faire partir inceffamment quatre navires
chargés de tous les fecours néceffaires dont
ce Royaume infortuné peut avoir befoin. La plú
part des Hambourgeois qui étoient établis à Lif
bonne , fe font heureufement fauvés , mais leurs
maiſons & leurs effets ont été enveloppés dans la
JANVIER. 1756. 219
difgrace commune , & ont été détruits , ou par
le tremblement , ou par le feu.
DE DRESDE , le 8 Decembre.
Le 30 du mois dernier , on rendit de folemnelles
actions de graces dans toutes les églifes de
cette ville , pour les heureufes couches de Madame
la Dauphine.
DE HAMBOURG , le 10 Decembre.
Sur la nouvelle de l'affreux déſaftre que le Por
tugal vient d'effuyer , la Régence de cette ville a
réfolu de faire partir inceffamment quatre navires
chargés de tous les fecours néceffaires dont
ce Royaume infortuné peut avoir befoin. La plú
part des Hambourgeois qui étoient établis à Lif
bonne , fe font heureufement fauvés , mais leurs
maiſons & leurs effets ont été enveloppés dans la
JANVIER. 1756. 219
difgrace commune , & ont été détruits , ou par
le tremblement , ou par le feu.
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Résumé : ALLEMAGNE.
Le 30 novembre, des actions de grâce ont été célébrées à Dresde pour les accouchements de Madame la Dauphine. Le 10 décembre, Hambourg a envoyé quatre navires de secours au Portugal après le tremblement de terre. La plupart des Hambourgeois à Lisbonne ont survécu, mais leurs biens ont été détruits.
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14
p. 224-232
« Monseigneur le Dauphin et Madame la Dauphine partirent de Versailles le 19 Juin, [...] »
Début :
Monseigneur le Dauphin et Madame la Dauphine partirent de Versailles le 19 Juin, [...]
Mots clefs :
Monseigneur le Dauphin, Madame la Dauphine, Princes, Ducs, Comtes, Nonce du Pape, Versailles, Marquis, Minorque, Guerre de siège, Guerre contre l'Angleterre, Nominations, Canada, Combats sur terre, Actions boursières, Loterie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Monseigneur le Dauphin et Madame la Dauphine partirent de Versailles le 19 Juin, [...] »
Monfeigneur le Dauphin & Madame la Dauphine
partirent de Verfailles le 19 Juin , vers
les neuf heures & demie du matin , pour fe
rendre à Chartres. Ce Prince & cette Princeffe
y arriverent à trois heures après- midi , &
ils defcendirent à l'Evêché , où ils dînerent.
Ils y ont féjourné le 20 , & ils font revenus
ici le 21 au matin. L'Evêque de Chartres , qui
a eu l'honneur de recevoir chez lui Monfeigneur
le Dauphin & Madame la Dauphine
avec les Seigneurs & Dames de leur fuite , n'a
rien laiffé à défirer de tout ce qui pouvoit contribuer
à la magnificence de la réception..
Le 23 , Monfeigneur le Dauphin & Mada
me tinrent fur les Fonts , dans la Chapelle
du Château , le fils du Marquis de Loftanges ,
Meftie de Camp du Régiment des Cuiraffiers ,
& Premier Ecuyer de Madame , en furvivance
; & de Dame Gallucci de l'Hôpital , une des
Dames nommées pour accompagner Madame.
Le Prince Conftantin , Premier Aumônier du
Roi , fuppléa les cérémonies du Baptême , en
préfence du Curé de l'Eglife Paroiffiale de Notre-
Dame , à l'enfant qui fut nommé Henri .
Le 20 Juin , M. Gualtieri , Archevêque de
Mira , Nonce Ordinaire du Pape , fit fon Entrée
publique à Paris. Le Prince Camille , &
M. Dufort , Introducteur des Ambaſſadeurs ,
JUILLET. 1756. 225
allerent le prendre dans les carroffes de Leurs
Majeftés au Couvent de Picpus , d'où la marche
fe fit en cet ordre . Le carroffe de l'Introducteur
; le carroffe du Prince Camille ; un Suiffe
du Nonce , à cheval ; fa Livrée , à pied ; fon
Maître d'Hôtel & fix de fes Officiers ; fon
Ecuyer & fes Pages , à cheval : le carroffe du
Roi , aux côtés duquel marchoient la Livrée
du Prince Camille & celle de M. Dufort ; le
carroffe de la Reine ; celui de Madame la Dauphine
; ceux du Duc d'Orléans , de la Ducheffe
d'Orléans , du Prince de Condé , de la
Princeffe de Condé , du Comte de Charolois ,
du Comte de Clermont , de la Princeffe Douairiere
de Conty , du Prince de Conty , du Comte
de la Marche , du Comte d'Eu , de la Comteffe
de Toulouſe , du Duc de Penthievre ; &
celui de M. Rouillé , Miniftre d'Etat ayant le
Département des Affaires Etrangeres. A une
diftance de trente ou quarante pas marchoient
les quatre carroffes du Nonce , précédés d'un
Suiffe à cheval . Lorsqu'il fut arrivé à fon Hôtel
, il fut complimenté , de la part du Roi ,
par M. le Duc de Gefvres , Premier Gentilhomme
de la Chambre de Sa Majefté ; de la part
de la Reine , par M. le Comte de Saoly Tavannes
, fon Chevalier d'Honneur ; de la part de
Madame la Dauphine, par M. le Marquis de Muy,
fon Premier Maître d'Hôtel ; & de la part de
Madame , par M. le Marquis de l'Hôpital ,
Premier Ecuyer de cette Princeffe .
Le 22 , le Comte de Brionne , Grand Ecuyer
de France , & M. Dufort , Introducteur des
Ambaffadeurs , allerent prendre le Nonce du
Pape en fon Hôtel , & le conduifirent avec les
carroffes de Leurs Majeftés , à Verfailles , où il
Κν
226 MERCURE DE FRANCE.
eut fa premiere audience publique du Roi. Le
Nonce trouva à fon paffage , dans l'avantcourt
du Château , les Compagnies des Gardes Françoifes
& Suiffes , fous les armes ; les Tambours
appellant ; dans la cour , les Gardes de la Pors
te & ceux de la Prevôté de l'Hôtel , auffi ſous
les armes , à leurs poftes ordinaires ; & fur l'efcalier
, les Cent- Suiffes , en habit de cérémonie
, la hallebarde à la main. Il fut reçu en dedans
de la Salle des Gardes par M. le Duc
d'Ayen , Capitaine des Gardes du Corps , qui
étoient en haie & fous les armes. Après l'audience
du Roi , le Nonce, fut conduit à l'audience
de la Reine , & à celles de Monſeigneur
le Dauphin & Madame la Dauphine
par M. le Comte de Brionne & par M. Dufort.
Il eut enfuite audience de Madame , &
de Mefdames Victoire , Sophie & Louiſe ; &
après avoir été traité par les Officiers du Roi ,
ilfut reconduit à Paris dans les carroffes de Leurs
Majeftés avec les cerémonies accoutumées.
>
Le même jour , le Roi fit à Verſailles dans
la Cour du Château , la revue des deux Com .
pagnies des Moufquetaires de fa Gardė Ordi ,
naire. Le Roi paffa dans les rangs , & après
que les Compagnies eurent fait l'exercice , Sa
Majefté les vit défiler. Monfeigneur le Dauphin
accompagna le Roi à cette revue. La Reine
Madame la Dauphine , Madame , & Mefdames
Victoire , Sophie & Louife , la virent de l'appartement
du Comte de Clermont..
"
M. Le Marquis de Peruffy , Premier Sous-
Lieutenant de la Premiere Compagnie des
Moufquetaires , ayant demandé la permiffion de
fe retirer , M. le Comte de Carvoifin , fecond
Sous-Lieutenant de cette Compagnie , en eft
JUILLET. 1756. 227
devenu Premier Sous-Lieutenant ; M. le Chevalier
de la Cheze , qui étoit Premier Enſeigne ,
a monté à la place de Second Sous - Lieutenant ;
M. le Marquis de Cucé , Second Enfeigne , a paflé
à la premiere Enfeigne ; M. le Marquis de la Vaupaliere
premier Cornette , a été nommé fecond
Enfeigne , & M. le Marquis de Montillet , Second
Cornette , eft devenu Premier Cornette . Le Roi a
accordé à M. le Comte de Merle l'agrément de la
place de Second Cornette , vacante par ces mutations.
En conféquence de la retraite de M. du Rouret
, Maréchal des Logis de la même Compagnie ,.
Sa Majesté a nommé M. de Sarcé Maréchal des
Logis , M. de Charlary Brigadier , M. de Fa
jac Sous- Brigadier & Sous- Aide Major ; & MM.
de Chanvallon , Villiers & Monneron , ont obtenu
les Sous- Brigades vacantes dans la Compagnie.
Par la retraite de MM. de Vervan , du Fou &
de Sampigny , Maréchaux des Logis de la feconde
Compagnie des Moufquetaires , le Chevalier de la
Douze & MM. de Mancy & de Vandômois font
devenus Maréchaux des Logis de cette Compagnie.
MM. de Launay , de Blaignac & de Gouberville ,
en ont été nommés Brigadiers ; & MM. de Beau
chefne , de Tremenec & de Vefins , ont obtenu
des places de Sous- Brigadiers .
Suivant les nouvelles écrites de Minorque le
14 Juin , on avoit employé plufieurs jours à
faire des tranfports de terre , pour élever de nouvelles
batteries , qui avoient commencé à tirer
le 5 au matin , & dont le feu fucceffif avoit ruiné
une grande partie des defenfes des Affiégés.
Le 8 M. Bélon , Capitaine au Régiment de Talaru
, a été bleffé . M. de Saint-Alby , Capitaine
de Grenadiers au Régiment de Bretagne , a été
sué le 9. Le 10 , M. la Rivétifon , Capitaine
K vj
228 MERCURE DE FRANCE.
au Régiment Royal , fut bleffé légérement. Le
12 M. Pupille , Lieutenant du Corps Royal d'Ar
tillerie & du Génie , a auffi été bleffé légèrement
d'un éclat de bombe.
Afin de prévenir le dépériffement des Navires
Anglois , détenus dans les Ports du Royaume
, & d'empêcher qu'ils ne foient confondus
avec les prifes qui pourront être faites durant
la guerre que le Roi de la Grande- Bretagne a
déclarée à la France , le Roi a donné ordre qu'il
fût procédé à la vente de ces Bâtimens & de leurs
chargemens. Veut Sa Majefté , que le produit
defdites ventes foit mis en dépôt , pour y refter
jufqu'à ce qu'il en ait été par Elle autrement
ordonné. j
M. de Maupertuis , un des Quarante de l'Académie
Françoife , & Préfident de l'Académie des
Sciences & Belles - Lettres de Pruffe , & M. Godin ,
ont été déclarés Penfionnaires Vétérans de l'Aca
démie Royale des Sciences , dans l'Affemblée que
cette Compagnie tint le 16.
Sa Majefté a donné à M. le Comte de Saint-
Florentin , Miniftre & Secretaire d'Etat , Chancelier
de la Reine , & Commandeur- Secretaire des
Ordres de Saint Michel & du Saint Efprit , la
charge de Commandeur- Chancelier , Garde des
Sceaux , & Sur Intendant des Finances defdits
Ordres , qui vaquoit par la mort de M. l'Abbé
de Pomponne. M. le Marquis de Marigny ,
Directeur & Ordonnateur Général des Bâtimens
Arts , Jardins & Manufactures , a eu l'agrément
du Roi , pour fuccéder à M. le Comte de Saint-
Florentin dans la charge de Commandeur- Secretaire
des Ordres de Sa Majesté.
La place de Confeiller d'Etat Eccléfiaftique
de M. l'Abbé de Pomponne paffe à M. l'Abbé
JUILLET. 1756. 229
Comte de Bernis , nommé Ambaffadeur de Sa
Majefté à la cour de Madrid , lequel avoit l'expectative
pour la premiere qui viendroit à vaquer.
M. le Marquis de Puyziculx ayant demandé
la permiffion de fe retirer du Confeil , Sa Majesté
Jui a confervé la penfion de Miniftre , & il
continuera d'avoir un logement à la Cour.
Monfeigneur le Dauphin , Madame la Dauphine
, Madame , & Mefdames Victoire , Sophie &
Louife , vinrent le 27 Juin fe promener fur le
Boulevard de cette Ville. Il vifiterent le réfervoir
qui fert à nettoyer le grand égout qui l'entoure.
Le défir de jouir de la préfence de ce Prince
& de ces Princeffes , attira fur le Boulevard une
multitude innombrable de perfonnes de toutes
les conditions.
Par des lettres du Canada , on a appris le
détail fuivant. M. de Vaudreuil , Gouverneur Général
, ayant été informé que les Anglois avoient
établi à vingt lieues de Choueguen , un Fort , ou
étoit le principal entrepôt de tous les approvifionnemens
deftiné pour l'entrepriſe projettée
contre les Forts de Niagara & de Frontenac , fit
partir à la fin du mois de Février un Détachement
commandé par M. de Lery , Lieutenant
des Troupes , & compofé de cinq cens hommes
tant Soldats que Canadiens & Sauvages ,
pour aller détruire ce Fort , appellé de Bull.
Le 27 Mars , M. de Lery rencontra un convoi
de neuf charrettes chargées de vivres , qu'un Détachement
Anglois conduifoit à Choueguen. Après
avoir pris ce convoi & l'efcorte , il marcha
vers le Fort de Bull , dont il étoit déja aſſez
près. Comme il avoit été découvert , il trouva
que le Commandant de ce Fort s'étoit mis en
défenſe avec la garnison , qui étoit compoſée
230 MERCURE DE FRANCE .
d'environ cent hommes. Quoique M. de Lery
n'eût point dans ce moment tout fon détachement
avec lui , une partie des Sauvages étant restée
en arriere , il inveftit le Fort , & fit fommer
le Commandant de fe rendre : mais celui – ci
ne lui répondit que par un feu très- vif de grenades
& de moufqueterie . Ce feu n'empêcha
pas M. de Lery , de faire fon attaque, Pendant
que les Canadiens faifoient des breches fur les
derrieres du Fort , il fit rompre la porte à coups
de hache , & fomma de nouveau le Commandant,
de fe rendre . Cette nouvelle ſommation ne fervit
qu'à faire redoubler le feu des Anglois ; mais bientôt
les Affiégeans entrerent avec précipitation
dans le Fort , & pafferent toute la Garniſon
au fil de l'épée , à l'exception de trois ou quatre
hommes que M. de Lery trouva le moyen de
fauver , & qui furent faits prifonniers. Dans le
tems qu'il vifitoit les magafins où il avoit déja
trouvé près de quarante milliers de poudre ,
une grande quantité de bombes , grenades, boulets
& autres munitions , avec une provifion
très- confidérable de vivres prêts à être tranfpor
tés, on s'apperçut que le feu étoit dans les magafins.
M. de Lery étoit à peine retiré avec tout
fon monde , que les magafins fauterent avec
tout les bâtimens & toute l'enceinte même du
Fort , de maniere qu'il n'en refta point de veftiges.
Après cette expédition dans laquelle ledétachement
François n'a eu qu'un Soldat & un Sauvage de tués ,
avec deux Soldats , deux Canadiens & trois Sauvages
bleffés , M. de Lery a marché contre un
Détachement Anglois , qui venoit au ſecours du
Fort ; mais il ne lui a pas été poffible de le
joindre.
Le 2 Juillet , le Roi accompagné de Monfei
JUILLET. 1756. 231
gneur le Dauphin , de Madame la Dauphinede
Madame , & de Mefdames Victoire , Sophie
& Louife , fe rendit à Compiegne du Châteaude
la Meute , où Sa Majefté avoit couché la
nuit précédente . Le Roi a fait l'honneur à
M. de Machault , Garde des Sceaux de France
, & Secretaire d'Etat ayant le Département
de la Marine , de s'arrêter une heure au Château
d'Arnouville . Monfeigneur le Dauphin étoit
avec Sa Majefté. La Reine arriva de Verſailles
le 3.
Le Roi a difpofé de la charge de Grand Aumônier
de France , vacante par la mort du Cardinal
de Soubife , en faveur du Cardinal de la
Rochefoucauld.
Sa Majefté a donné au Vidame d'Amiens , fils de
M.leDuc de Chaulnes , une Commiffion de Cornette
, avec Brevet de Mestre de Camp , à la fuite de
la Compagnie des Chevaux- Légers de la Garde..
En même tems , Sa Majesté a accordé une gratification
annuelle de huit mille livres à M. le Comte
de Luberfac de Livron , fecond Sous- Lieutenant
de cette Compagnie. Le Roi a accordé auffi
des Commiffions de Capitaines de Cavalerie , &.
plufieurs penfions & gratifications , aux Chevaux-
Légers , qui fe rendent utiles à l'Ecole établie
dans ce Corps , & qui fe font diftingués dans lesexercices
que Sa Majeſté a honorés de fa préfence.
Le Bureau des Affaires Eccléfiaftiques , qu'avoit
le feu Abbé de Pomponne , a été donné par
Sa Majesté à M. Feydeau de Brou , Conſeiller
d'Etat Ordinaire , & au Confeil Royal ..
Le 8 de ce mois , les Actions de la Compagnie
des Indes étoient à quinze cens quarante- cinq
livres les Billets de la troisieme Loterie Royale
232 MERCURE DE FRANCE.
à fix cens quarante- quatre ; ceux de la premiere
Loterie , & ceux de la feconde , n'avoient point
de prix fixe .
partirent de Verfailles le 19 Juin , vers
les neuf heures & demie du matin , pour fe
rendre à Chartres. Ce Prince & cette Princeffe
y arriverent à trois heures après- midi , &
ils defcendirent à l'Evêché , où ils dînerent.
Ils y ont féjourné le 20 , & ils font revenus
ici le 21 au matin. L'Evêque de Chartres , qui
a eu l'honneur de recevoir chez lui Monfeigneur
le Dauphin & Madame la Dauphine
avec les Seigneurs & Dames de leur fuite , n'a
rien laiffé à défirer de tout ce qui pouvoit contribuer
à la magnificence de la réception..
Le 23 , Monfeigneur le Dauphin & Mada
me tinrent fur les Fonts , dans la Chapelle
du Château , le fils du Marquis de Loftanges ,
Meftie de Camp du Régiment des Cuiraffiers ,
& Premier Ecuyer de Madame , en furvivance
; & de Dame Gallucci de l'Hôpital , une des
Dames nommées pour accompagner Madame.
Le Prince Conftantin , Premier Aumônier du
Roi , fuppléa les cérémonies du Baptême , en
préfence du Curé de l'Eglife Paroiffiale de Notre-
Dame , à l'enfant qui fut nommé Henri .
Le 20 Juin , M. Gualtieri , Archevêque de
Mira , Nonce Ordinaire du Pape , fit fon Entrée
publique à Paris. Le Prince Camille , &
M. Dufort , Introducteur des Ambaſſadeurs ,
JUILLET. 1756. 225
allerent le prendre dans les carroffes de Leurs
Majeftés au Couvent de Picpus , d'où la marche
fe fit en cet ordre . Le carroffe de l'Introducteur
; le carroffe du Prince Camille ; un Suiffe
du Nonce , à cheval ; fa Livrée , à pied ; fon
Maître d'Hôtel & fix de fes Officiers ; fon
Ecuyer & fes Pages , à cheval : le carroffe du
Roi , aux côtés duquel marchoient la Livrée
du Prince Camille & celle de M. Dufort ; le
carroffe de la Reine ; celui de Madame la Dauphine
; ceux du Duc d'Orléans , de la Ducheffe
d'Orléans , du Prince de Condé , de la
Princeffe de Condé , du Comte de Charolois ,
du Comte de Clermont , de la Princeffe Douairiere
de Conty , du Prince de Conty , du Comte
de la Marche , du Comte d'Eu , de la Comteffe
de Toulouſe , du Duc de Penthievre ; &
celui de M. Rouillé , Miniftre d'Etat ayant le
Département des Affaires Etrangeres. A une
diftance de trente ou quarante pas marchoient
les quatre carroffes du Nonce , précédés d'un
Suiffe à cheval . Lorsqu'il fut arrivé à fon Hôtel
, il fut complimenté , de la part du Roi ,
par M. le Duc de Gefvres , Premier Gentilhomme
de la Chambre de Sa Majefté ; de la part
de la Reine , par M. le Comte de Saoly Tavannes
, fon Chevalier d'Honneur ; de la part de
Madame la Dauphine, par M. le Marquis de Muy,
fon Premier Maître d'Hôtel ; & de la part de
Madame , par M. le Marquis de l'Hôpital ,
Premier Ecuyer de cette Princeffe .
Le 22 , le Comte de Brionne , Grand Ecuyer
de France , & M. Dufort , Introducteur des
Ambaffadeurs , allerent prendre le Nonce du
Pape en fon Hôtel , & le conduifirent avec les
carroffes de Leurs Majeftés , à Verfailles , où il
Κν
226 MERCURE DE FRANCE.
eut fa premiere audience publique du Roi. Le
Nonce trouva à fon paffage , dans l'avantcourt
du Château , les Compagnies des Gardes Françoifes
& Suiffes , fous les armes ; les Tambours
appellant ; dans la cour , les Gardes de la Pors
te & ceux de la Prevôté de l'Hôtel , auffi ſous
les armes , à leurs poftes ordinaires ; & fur l'efcalier
, les Cent- Suiffes , en habit de cérémonie
, la hallebarde à la main. Il fut reçu en dedans
de la Salle des Gardes par M. le Duc
d'Ayen , Capitaine des Gardes du Corps , qui
étoient en haie & fous les armes. Après l'audience
du Roi , le Nonce, fut conduit à l'audience
de la Reine , & à celles de Monſeigneur
le Dauphin & Madame la Dauphine
par M. le Comte de Brionne & par M. Dufort.
Il eut enfuite audience de Madame , &
de Mefdames Victoire , Sophie & Louiſe ; &
après avoir été traité par les Officiers du Roi ,
ilfut reconduit à Paris dans les carroffes de Leurs
Majeftés avec les cerémonies accoutumées.
>
Le même jour , le Roi fit à Verſailles dans
la Cour du Château , la revue des deux Com .
pagnies des Moufquetaires de fa Gardė Ordi ,
naire. Le Roi paffa dans les rangs , & après
que les Compagnies eurent fait l'exercice , Sa
Majefté les vit défiler. Monfeigneur le Dauphin
accompagna le Roi à cette revue. La Reine
Madame la Dauphine , Madame , & Mefdames
Victoire , Sophie & Louife , la virent de l'appartement
du Comte de Clermont..
"
M. Le Marquis de Peruffy , Premier Sous-
Lieutenant de la Premiere Compagnie des
Moufquetaires , ayant demandé la permiffion de
fe retirer , M. le Comte de Carvoifin , fecond
Sous-Lieutenant de cette Compagnie , en eft
JUILLET. 1756. 227
devenu Premier Sous-Lieutenant ; M. le Chevalier
de la Cheze , qui étoit Premier Enſeigne ,
a monté à la place de Second Sous - Lieutenant ;
M. le Marquis de Cucé , Second Enfeigne , a paflé
à la premiere Enfeigne ; M. le Marquis de la Vaupaliere
premier Cornette , a été nommé fecond
Enfeigne , & M. le Marquis de Montillet , Second
Cornette , eft devenu Premier Cornette . Le Roi a
accordé à M. le Comte de Merle l'agrément de la
place de Second Cornette , vacante par ces mutations.
En conféquence de la retraite de M. du Rouret
, Maréchal des Logis de la même Compagnie ,.
Sa Majesté a nommé M. de Sarcé Maréchal des
Logis , M. de Charlary Brigadier , M. de Fa
jac Sous- Brigadier & Sous- Aide Major ; & MM.
de Chanvallon , Villiers & Monneron , ont obtenu
les Sous- Brigades vacantes dans la Compagnie.
Par la retraite de MM. de Vervan , du Fou &
de Sampigny , Maréchaux des Logis de la feconde
Compagnie des Moufquetaires , le Chevalier de la
Douze & MM. de Mancy & de Vandômois font
devenus Maréchaux des Logis de cette Compagnie.
MM. de Launay , de Blaignac & de Gouberville ,
en ont été nommés Brigadiers ; & MM. de Beau
chefne , de Tremenec & de Vefins , ont obtenu
des places de Sous- Brigadiers .
Suivant les nouvelles écrites de Minorque le
14 Juin , on avoit employé plufieurs jours à
faire des tranfports de terre , pour élever de nouvelles
batteries , qui avoient commencé à tirer
le 5 au matin , & dont le feu fucceffif avoit ruiné
une grande partie des defenfes des Affiégés.
Le 8 M. Bélon , Capitaine au Régiment de Talaru
, a été bleffé . M. de Saint-Alby , Capitaine
de Grenadiers au Régiment de Bretagne , a été
sué le 9. Le 10 , M. la Rivétifon , Capitaine
K vj
228 MERCURE DE FRANCE.
au Régiment Royal , fut bleffé légérement. Le
12 M. Pupille , Lieutenant du Corps Royal d'Ar
tillerie & du Génie , a auffi été bleffé légèrement
d'un éclat de bombe.
Afin de prévenir le dépériffement des Navires
Anglois , détenus dans les Ports du Royaume
, & d'empêcher qu'ils ne foient confondus
avec les prifes qui pourront être faites durant
la guerre que le Roi de la Grande- Bretagne a
déclarée à la France , le Roi a donné ordre qu'il
fût procédé à la vente de ces Bâtimens & de leurs
chargemens. Veut Sa Majefté , que le produit
defdites ventes foit mis en dépôt , pour y refter
jufqu'à ce qu'il en ait été par Elle autrement
ordonné. j
M. de Maupertuis , un des Quarante de l'Académie
Françoife , & Préfident de l'Académie des
Sciences & Belles - Lettres de Pruffe , & M. Godin ,
ont été déclarés Penfionnaires Vétérans de l'Aca
démie Royale des Sciences , dans l'Affemblée que
cette Compagnie tint le 16.
Sa Majefté a donné à M. le Comte de Saint-
Florentin , Miniftre & Secretaire d'Etat , Chancelier
de la Reine , & Commandeur- Secretaire des
Ordres de Saint Michel & du Saint Efprit , la
charge de Commandeur- Chancelier , Garde des
Sceaux , & Sur Intendant des Finances defdits
Ordres , qui vaquoit par la mort de M. l'Abbé
de Pomponne. M. le Marquis de Marigny ,
Directeur & Ordonnateur Général des Bâtimens
Arts , Jardins & Manufactures , a eu l'agrément
du Roi , pour fuccéder à M. le Comte de Saint-
Florentin dans la charge de Commandeur- Secretaire
des Ordres de Sa Majesté.
La place de Confeiller d'Etat Eccléfiaftique
de M. l'Abbé de Pomponne paffe à M. l'Abbé
JUILLET. 1756. 229
Comte de Bernis , nommé Ambaffadeur de Sa
Majefté à la cour de Madrid , lequel avoit l'expectative
pour la premiere qui viendroit à vaquer.
M. le Marquis de Puyziculx ayant demandé
la permiffion de fe retirer du Confeil , Sa Majesté
Jui a confervé la penfion de Miniftre , & il
continuera d'avoir un logement à la Cour.
Monfeigneur le Dauphin , Madame la Dauphine
, Madame , & Mefdames Victoire , Sophie &
Louife , vinrent le 27 Juin fe promener fur le
Boulevard de cette Ville. Il vifiterent le réfervoir
qui fert à nettoyer le grand égout qui l'entoure.
Le défir de jouir de la préfence de ce Prince
& de ces Princeffes , attira fur le Boulevard une
multitude innombrable de perfonnes de toutes
les conditions.
Par des lettres du Canada , on a appris le
détail fuivant. M. de Vaudreuil , Gouverneur Général
, ayant été informé que les Anglois avoient
établi à vingt lieues de Choueguen , un Fort , ou
étoit le principal entrepôt de tous les approvifionnemens
deftiné pour l'entrepriſe projettée
contre les Forts de Niagara & de Frontenac , fit
partir à la fin du mois de Février un Détachement
commandé par M. de Lery , Lieutenant
des Troupes , & compofé de cinq cens hommes
tant Soldats que Canadiens & Sauvages ,
pour aller détruire ce Fort , appellé de Bull.
Le 27 Mars , M. de Lery rencontra un convoi
de neuf charrettes chargées de vivres , qu'un Détachement
Anglois conduifoit à Choueguen. Après
avoir pris ce convoi & l'efcorte , il marcha
vers le Fort de Bull , dont il étoit déja aſſez
près. Comme il avoit été découvert , il trouva
que le Commandant de ce Fort s'étoit mis en
défenſe avec la garnison , qui étoit compoſée
230 MERCURE DE FRANCE .
d'environ cent hommes. Quoique M. de Lery
n'eût point dans ce moment tout fon détachement
avec lui , une partie des Sauvages étant restée
en arriere , il inveftit le Fort , & fit fommer
le Commandant de fe rendre : mais celui – ci
ne lui répondit que par un feu très- vif de grenades
& de moufqueterie . Ce feu n'empêcha
pas M. de Lery , de faire fon attaque, Pendant
que les Canadiens faifoient des breches fur les
derrieres du Fort , il fit rompre la porte à coups
de hache , & fomma de nouveau le Commandant,
de fe rendre . Cette nouvelle ſommation ne fervit
qu'à faire redoubler le feu des Anglois ; mais bientôt
les Affiégeans entrerent avec précipitation
dans le Fort , & pafferent toute la Garniſon
au fil de l'épée , à l'exception de trois ou quatre
hommes que M. de Lery trouva le moyen de
fauver , & qui furent faits prifonniers. Dans le
tems qu'il vifitoit les magafins où il avoit déja
trouvé près de quarante milliers de poudre ,
une grande quantité de bombes , grenades, boulets
& autres munitions , avec une provifion
très- confidérable de vivres prêts à être tranfpor
tés, on s'apperçut que le feu étoit dans les magafins.
M. de Lery étoit à peine retiré avec tout
fon monde , que les magafins fauterent avec
tout les bâtimens & toute l'enceinte même du
Fort , de maniere qu'il n'en refta point de veftiges.
Après cette expédition dans laquelle ledétachement
François n'a eu qu'un Soldat & un Sauvage de tués ,
avec deux Soldats , deux Canadiens & trois Sauvages
bleffés , M. de Lery a marché contre un
Détachement Anglois , qui venoit au ſecours du
Fort ; mais il ne lui a pas été poffible de le
joindre.
Le 2 Juillet , le Roi accompagné de Monfei
JUILLET. 1756. 231
gneur le Dauphin , de Madame la Dauphinede
Madame , & de Mefdames Victoire , Sophie
& Louife , fe rendit à Compiegne du Châteaude
la Meute , où Sa Majefté avoit couché la
nuit précédente . Le Roi a fait l'honneur à
M. de Machault , Garde des Sceaux de France
, & Secretaire d'Etat ayant le Département
de la Marine , de s'arrêter une heure au Château
d'Arnouville . Monfeigneur le Dauphin étoit
avec Sa Majefté. La Reine arriva de Verſailles
le 3.
Le Roi a difpofé de la charge de Grand Aumônier
de France , vacante par la mort du Cardinal
de Soubife , en faveur du Cardinal de la
Rochefoucauld.
Sa Majefté a donné au Vidame d'Amiens , fils de
M.leDuc de Chaulnes , une Commiffion de Cornette
, avec Brevet de Mestre de Camp , à la fuite de
la Compagnie des Chevaux- Légers de la Garde..
En même tems , Sa Majesté a accordé une gratification
annuelle de huit mille livres à M. le Comte
de Luberfac de Livron , fecond Sous- Lieutenant
de cette Compagnie. Le Roi a accordé auffi
des Commiffions de Capitaines de Cavalerie , &.
plufieurs penfions & gratifications , aux Chevaux-
Légers , qui fe rendent utiles à l'Ecole établie
dans ce Corps , & qui fe font diftingués dans lesexercices
que Sa Majeſté a honorés de fa préfence.
Le Bureau des Affaires Eccléfiaftiques , qu'avoit
le feu Abbé de Pomponne , a été donné par
Sa Majesté à M. Feydeau de Brou , Conſeiller
d'Etat Ordinaire , & au Confeil Royal ..
Le 8 de ce mois , les Actions de la Compagnie
des Indes étoient à quinze cens quarante- cinq
livres les Billets de la troisieme Loterie Royale
232 MERCURE DE FRANCE.
à fix cens quarante- quatre ; ceux de la premiere
Loterie , & ceux de la feconde , n'avoient point
de prix fixe .
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Résumé : « Monseigneur le Dauphin et Madame la Dauphine partirent de Versailles le 19 Juin, [...] »
Du 19 au 21 juin, le Dauphin et la Dauphine se rendirent à Chartres, où ils furent reçus par l'évêque dans une réception somptueuse. Le 23 juin, ils tinrent sur les fonts baptismaux le fils du Marquis de Loftanges, en présence du Prince Constantin et du curé de Notre-Dame. Le 20 juin, le Nonce Ordinaire du Pape, M. Gualtieri, fit son entrée publique à Paris, accompagné du Prince Camille et de M. Dufort. Le 22 juin, le Comte de Brionne et M. Dufort conduisirent le Nonce à Versailles pour une audience avec le Roi, la Reine, le Dauphin et la Dauphine. Le même jour, le Roi passa en revue les Mousquetaires à Versailles, accompagné du Dauphin, tandis que la Reine, la Dauphine, Madame et Mesdames Victoire, Sophie et Louise assistèrent à la revue depuis l'appartement du Comte de Clermont. Des mutations eurent lieu dans la première compagnie des Mousquetaires, avec des promotions et des nominations d'officiers. Des nouvelles de Minorque rapportèrent des combats et des blessés parmi les troupes françaises. Le Roi ordonna la vente des navires anglais détenus dans les ports du royaume. M. de Maupertuis et M. Godin furent déclarés pensionnaires vétérans de l'Académie Royale des Sciences. M. le Comte de Saint-Florentin succéda à M. l'Abbé de Pomponne comme Commandeur-Chancelier des Ordres du Roi, et M. le Marquis de Marigny prit la charge de Commandeur-Secrétaire des Ordres du Roi. M. l'Abbé Comte de Bernis fut nommé Conseiller d'État Ecclésiastique et ambassadeur à Madrid, tandis que M. le Marquis de Puyzieulx se retira du Conseil tout en conservant sa pension de ministre. Le 27 juin, le Dauphin, la Dauphine, Madame et Mesdames Victoire, Sophie et Louise se promenèrent sur le boulevard de Paris, attirant une grande foule. Des lettres du Canada rapportèrent une expédition française contre un fort anglais près de Choueguen, dirigée par M. de Lery, qui fut détruit après un combat où les Français perdirent peu d'hommes. Le 2 juillet, le Roi, accompagné du Dauphin, de la Dauphine, de Madame et de Mesdames Victoire, Sophie et Louise, se rendit à Compiègne. Le Roi nomma le Cardinal de la Rochefoucauld Grand Aumônier de France et accorda diverses commissions et gratifications aux Chevaux-Légers de la Garde. Le Bureau des Affaires Ecclésiastiques fut confié à M. Feydeau de Brou. Les actions de la Compagnie des Indes et les billets de loterie royale furent cotés à des valeurs spécifiques.
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15
p. 235-238
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le 21 Octobre, Madame la Dauphine se sentit incommodée, & se mit au lit. [...]
Mots clefs :
Madame la Dauphine, Sa Majesté, Lieutenant, Chevalier, Corsaires , Marchandises
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LE 21 Octobre , Madame la Dauphine ſe
fentit incommodée , & fe mit au lit. Elle fit le
lendemain une fauffe couche. On compte que
cette Princeffe étoit groffe d'environ deux mois .
Le Marquis de la Galiffonniere , Lieutenant-
Général des Armées Navales , qui avoit été obli
236 MERCURE DE FRANCE .
gé , par le mauvais état de fa fanté , de ſe démettre
du commandement de l'Efcadre de Toulon , eft
mort à Nemours , en fe rendant à Fontainebleau.
Le Roi lui avoit accordé 8000 livres de penſion, &
l'avoit nommé Grand - Croix Honoraire de l'Ordre
de S. Louis . En confidération du fervice impor
tant qu'il avoit rendu à l'Etat pendant la derniere
campagne , Sa Majesté a accordé le même jour à
fa veuve 6000 livres de penfion.
Sa Majesté a fait Lieutenant- Général des Armées
Navales M. de Maffiac , qui a pris le conmandement
de l'Efcadre deToulon , après le dépat
du Marquis de la Galiffonniere . Sa Majesté 4
nommé auffi M. Daché Capitaine de Vailleau
du Département de Breft , & M. de Villarrel
Commandant la Compagnie des Gardes de la Marine
de Toulon , Chefs d'Efcadre de fes Armées
Navales. M. Perrier de Salvert , Chef d'Eſcadr
des Armées Navales , a obtenu une place a
Commandeur de l'Ordre de Saint Louis , avec
une penfion de 3000 livres fur cet Ordre ; &
le Cordon Rouge , dont il étoit décoré , a cé
accordé à M. de Folligny , Chef d'Eſcadre d
Département de Breft . Le Roi a accordé en même
temps 3000 livres de penfion fur le Tréfor Ross
au Comte Maulévrier , Lieutenant - Général de
Armées Navales. Sa Majefté a agréé cinquante
Lieutenans de Vaiffeaux des différens Départe
mens du Royaume , pour être reçus Chevaliers de
Saint Louis.
Le Roi a difpofé du Gouvernement de Nea
Brifack , vacant par la mort de M. le Marquis
Clermont-Gallerande , en faveur du Lord O
Brien , Vicomte de Clare , Comte de Thomas ,
Chevalier des Ordres de Sa Majefté , Lieutenan
Général de fes Armées, & Inſpecteur Général d'ifanterie.
1
9
e
le
la
ce
g
m
un
ce
gi
le
ré
DECEMBRE. 1756. 237
Le commandement du Pays d'aunis & de Saintonge
, qui vaquoit par la même mort , a été
donné à M. le Marquis de Senecterre , Chevalier
des Ordres du Roi , Lieutenant - Général des
Armées de Sa Majefté , & ci- devant fon Ambaffadeur
auprès du Roi de Sardaigne.
On a effuyé à Toulon pendant vingt jours
un temps affreux , & il y a eu un orage qui
a duré quatre fois vingt- quatre heures ; le 23
Octobre , à fept heures & demie du foir , le
tonnerre tomba en huit endroits différens , & il
fut fuivi d'une grêle , dont les grains étoient d'une
groffeur extraordinaire.
Un Bâtiment , arrivé de la côte de Barbarie
i Marſeille, a rapporté que les Algériens s'étoient
emparés de Tunis par la trahifon d'un Officier
le la Garnifon , qui leur a livré une des portes
le la Ville . Leur premier foin a été de fe faifir
lu nouveau Bey & de fon fils . On affure que
e fils a été maffacré en préfence du pere , &
que le pere a été mis à la torture , les Algériens
fpérant de lui faire déclarer , dans les tourmens ,
e lieu où il avoit caché fes trésors .
Le Capitaine Deffaux qui commande le Corfaire
a Favorite , du Havre , a rançonné pour fept
ens cinquante livres fterlings trois Bâtimens Anglois
, dont il s'étoit rendu maître.
Le Corfaire la Cigale , de Saint -Malo , comnandé
par le Capitaine Soyer , a conduit à Morlaix
in Navire Anglois de 80 tonneaux , chargé de
:ent cinquante bouchauts de tabac de la Virinie.
Il s'eft auffi emparé du Navire Anglois
e Bon Ami , de Dublin , de 80 tonneaux , dont
e chargement eft compofé de goudron , de thé
rébentine & de merrain .
Il eft arrivé à la Rochelle un Batiment Anglois ,
238 MERCURE DE FRANCE.
de 150 tonneaux , chargé de morue féche & d'huile
de poiffon , qui a été pris par le Corfaire le Comte
d'Hérouville , de Bordeaux , dont eft Capitaine
le fieur Belouan, qui s'eft emparé auffi du Corfaire
Anglois le Royale Georges , de Garnefey , de
16 canons , 16 pierriers , & cent fix hommes
d'équipage.
LE 21 Octobre , Madame la Dauphine ſe
fentit incommodée , & fe mit au lit. Elle fit le
lendemain une fauffe couche. On compte que
cette Princeffe étoit groffe d'environ deux mois .
Le Marquis de la Galiffonniere , Lieutenant-
Général des Armées Navales , qui avoit été obli
236 MERCURE DE FRANCE .
gé , par le mauvais état de fa fanté , de ſe démettre
du commandement de l'Efcadre de Toulon , eft
mort à Nemours , en fe rendant à Fontainebleau.
Le Roi lui avoit accordé 8000 livres de penſion, &
l'avoit nommé Grand - Croix Honoraire de l'Ordre
de S. Louis . En confidération du fervice impor
tant qu'il avoit rendu à l'Etat pendant la derniere
campagne , Sa Majesté a accordé le même jour à
fa veuve 6000 livres de penfion.
Sa Majesté a fait Lieutenant- Général des Armées
Navales M. de Maffiac , qui a pris le conmandement
de l'Efcadre deToulon , après le dépat
du Marquis de la Galiffonniere . Sa Majesté 4
nommé auffi M. Daché Capitaine de Vailleau
du Département de Breft , & M. de Villarrel
Commandant la Compagnie des Gardes de la Marine
de Toulon , Chefs d'Efcadre de fes Armées
Navales. M. Perrier de Salvert , Chef d'Eſcadr
des Armées Navales , a obtenu une place a
Commandeur de l'Ordre de Saint Louis , avec
une penfion de 3000 livres fur cet Ordre ; &
le Cordon Rouge , dont il étoit décoré , a cé
accordé à M. de Folligny , Chef d'Eſcadre d
Département de Breft . Le Roi a accordé en même
temps 3000 livres de penfion fur le Tréfor Ross
au Comte Maulévrier , Lieutenant - Général de
Armées Navales. Sa Majefté a agréé cinquante
Lieutenans de Vaiffeaux des différens Départe
mens du Royaume , pour être reçus Chevaliers de
Saint Louis.
Le Roi a difpofé du Gouvernement de Nea
Brifack , vacant par la mort de M. le Marquis
Clermont-Gallerande , en faveur du Lord O
Brien , Vicomte de Clare , Comte de Thomas ,
Chevalier des Ordres de Sa Majefté , Lieutenan
Général de fes Armées, & Inſpecteur Général d'ifanterie.
1
9
e
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DECEMBRE. 1756. 237
Le commandement du Pays d'aunis & de Saintonge
, qui vaquoit par la même mort , a été
donné à M. le Marquis de Senecterre , Chevalier
des Ordres du Roi , Lieutenant - Général des
Armées de Sa Majefté , & ci- devant fon Ambaffadeur
auprès du Roi de Sardaigne.
On a effuyé à Toulon pendant vingt jours
un temps affreux , & il y a eu un orage qui
a duré quatre fois vingt- quatre heures ; le 23
Octobre , à fept heures & demie du foir , le
tonnerre tomba en huit endroits différens , & il
fut fuivi d'une grêle , dont les grains étoient d'une
groffeur extraordinaire.
Un Bâtiment , arrivé de la côte de Barbarie
i Marſeille, a rapporté que les Algériens s'étoient
emparés de Tunis par la trahifon d'un Officier
le la Garnifon , qui leur a livré une des portes
le la Ville . Leur premier foin a été de fe faifir
lu nouveau Bey & de fon fils . On affure que
e fils a été maffacré en préfence du pere , &
que le pere a été mis à la torture , les Algériens
fpérant de lui faire déclarer , dans les tourmens ,
e lieu où il avoit caché fes trésors .
Le Capitaine Deffaux qui commande le Corfaire
a Favorite , du Havre , a rançonné pour fept
ens cinquante livres fterlings trois Bâtimens Anglois
, dont il s'étoit rendu maître.
Le Corfaire la Cigale , de Saint -Malo , comnandé
par le Capitaine Soyer , a conduit à Morlaix
in Navire Anglois de 80 tonneaux , chargé de
:ent cinquante bouchauts de tabac de la Virinie.
Il s'eft auffi emparé du Navire Anglois
e Bon Ami , de Dublin , de 80 tonneaux , dont
e chargement eft compofé de goudron , de thé
rébentine & de merrain .
Il eft arrivé à la Rochelle un Batiment Anglois ,
238 MERCURE DE FRANCE.
de 150 tonneaux , chargé de morue féche & d'huile
de poiffon , qui a été pris par le Corfaire le Comte
d'Hérouville , de Bordeaux , dont eft Capitaine
le fieur Belouan, qui s'eft emparé auffi du Corfaire
Anglois le Royale Georges , de Garnefey , de
16 canons , 16 pierriers , & cent fix hommes
d'équipage.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Le 21 octobre, la Dauphine fit une fausse couche après deux mois de grossesse. Le Marquis de la Galiffonniere, Lieutenant-Général des Armées Navales, décéda à Nemours. Le Roi lui avait accordé une pension de 8000 livres et le titre de Grand-Croix Honoraire de l'Ordre de Saint-Louis, tandis que sa veuve reçut une pension de 6000 livres. M. de Massiac fut nommé à sa succession et prit le commandement de l'escadre de Toulon. Plusieurs autres nominations et promotions furent annoncées, incluant M. Daché, M. de Villarrel et M. Perrier de Salvert. Le Roi accorda également des pensions et des distinctions à divers officiers, comme le Comte Maulévrier et cinquante lieutenants de vaisseaux. Le Gouvernement de Neubriscack fut confié au Lord O'Brien, et le commandement du Pays d'Aunis et de Saintonge au Marquis de Senecterre. À Toulon, un violent orage dura quatre jours. Un bâtiment rapporta que les Algériens avaient pris Tunis par trahison, massacrant le Bey et son fils. Plusieurs actions navales furent signalées, avec des prises de navires anglais par des corsaires français, dont le Favorite, la Cigale et un bâtiment capturé par le corsaire le Comte d'Hérouville.
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16
p. 197-220
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le 5 Juin, Leurs Majestés & la Famille Royale signerent le contrat de mariage [...]
Mots clefs :
Contrats de mariage, Maison de Sorbonne, Portrait, Pape, Roi de France, Famille royale, Compagnie des Mousquetaires, Déserteurs, Électeur palatin, Convention, Articles, Soldats, Officiers, Nouvelle frégate, Armée, Commandement, Ducs, Marquis, Comtes, Madame la Dauphine, Canada, Ennemis, Colonies, Approvisionnement, Bataillons, Forts, Mouvements des troupes, Combats, Français et Anglais, Marquis de Vaudreuil, Expéditions, Maréchal, Victoire, Hamelin, Capitulation, Corsaires , Marchandises, Voyages, Capitaines, Navires
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LE
B5 Juin , Leurs Majeftés & la Famille Royale
fignerent le contrat de mariage de M. le Marquis de
Caumont , feul héritier de la maiſon de la Force ,
avec Mademoiſelle Galard de Braffac de Bearn ,
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
petite- fille du Duc de la Force ; & celui de M. le
Comte de Lorda avec Mademoiſelle de Seignelay.
La maison de Sorbonne fit le 6 une députation
folemnelle au Nonce du Pape , à l'occafion du
préfent que Sa Sainteté a fait de fon Portrait à
cette Maiſon. Le Curé de la Paroiffe de Saint
Paul porta la parole Le Portrait du Pape eft l'original
fait en 1741 par Subleiras , célebre Peintre
François , mort à Rome. Ce préſent eſt d'autant
plus flatteur pour la Maifon de Sorbonne ,
que les Souverains Pontifes ne font point dans l'u
fage de donner leurs Portraits à qui que ce foit.
Sa Sainteté , dans le bref qu'elle a adreflé à la
maiſon , dit « qu'Elle veut bien lui accorder certe
» marque de diftinction , comme un témoignage
» extraordinaire & nouveau de fa bienveillance
» & comme un gage affuré de fon eſtime , afin ,
ajoute-t'elle , que placé au milieu de vous à
côté du Roi Très -Chrétien , Nous foyons con-
» tinuellement fous vos yeux , comme vous êtes
» toujours préfens à notre coeur » . On voit ce tableau
en Sorbonne dans la grande falle des actes,
Il a été mis entre le Portrait du Roi & celui du
Roi de Pologne , Duc de Lorraine & de Bar. Sa
Sainteté avoit envoyé précédemment à la Sorbonne
toutes les éditions de fes ouvrages , & en
particulier le Recueil complet de fes Euvres en
15 vol. in fol.
Le 12 Juin Leurs Majeftés & la Famille
Royale fignerent le contrat de mariage de M. le
Marquis de Marbeuf, Meftre de Camp d'un Régiment
de Dragons de fon nom , avec Mademoifelle
Michel , fille de M. Michel , Directeur de la
Compagnie des Indes .
Le Roi fit le 14 dans la cour du Château la
revue des deux Compagnies des Moufquetaires de
SEPTEMBRE. 1757. 199
fa Garde ordinaire. Sa Majefté paffa dans les
rangs , & après que les deux Compagnies eurent
fait l'exercice , Elle les vit défiler tant à pied qu'à
cheval . Monfeigneur le Dauphin accompagna le
Roi à cette revue .
Le temps fixé par la convention du 4 Juillet
1746 , entre le Roi & l'Electeur Palatin , pour la
reftitution réciproque des Déferteurs , étant expiré
le 3 Juillet de l'année derniere : Sa Majefté vient
de conclure pour le même objet avec Son Alteffe
Electorale Palatine une nouvelle convention >
portant ce qui fuit : « ART. I. Les Cavaliers , Dra-
» gons & Fantaffins , qui déferteront des troupes
>> Françoiſes ou Palatines , & qui pafferont des
» pays ou places d'une domination dans les pays
» ou places de l'autre , feront refpectivement ar-
» rêtés pour être rendus , auquel effet il fera
» donné avis de leur détention , le plutôt que
faire fe pourra , au Gouverneur ou Comman-
» dant de la plus prochaine place de guerre de la
» domination d'où ils auront déferté , afin qu'on
» envoie les chercher . ART. II. Le Gouverneur
≫ou Commandant d'une place , qui aura été averti
» de la détention de quelque déferteur , l'enverra
>> auffi-tôt chercher , & fera payer les frais de la
» prifon & la fimple fubfiftance du prifonnier , à
>> raifon de deux livres de pain par jour pour cha-
» que Cavalier , Dragon ou Fantaffin au prix
» courant de la place où le déferteur fera retenu .
» ART. III . Les déferteurs feront rendus dans le
» même état qu'ils auront été arrêtés , c'eſt- à-
» dire avec leurs chevaux , équipages , habits &
» armes ; & le fourrage qui aura été fourni à leurs
>> chevaux , fera payé de gré à gré fuivant le prix
>> courant des lieux . ART. IV. Les Officiers de
part & d'autre ne pourront pourfuivre ni enle-
>
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
» ver lesdits déſerteurs hors des terres de l'obéif-
» fance de leur Souverain : pourront cependant
» requérir en ce cas les Officiers & habitans des
» terres de la domination du Roi ou de S. A. Elec-
» torale Palatine , où lesdits déferteurs fe trouve-
>> ront , de les arrêter & conduire dans la place
» la plus prochaine de la domination fur laquelle
» ils auront été arrêtés. ART. V. Après la ratification
& publication de la préfente convention ,
» il fera fait très - expreffe défenſe aux habitans du
» plat- pays dans l'étendue des gouvernemens qui
>font fur les frontieres des deux dominations , &
» à tous autres, d'acheter les chevaux , armes , équi-
» pages , habits , & généralement quelque chofe
» que ce puiffe être defdits défetteurs , & même
» de leur donner aucun afyle ou fecours , ni de les
» receler ou de faciliter leur évafion , à peine
» contre les contrevenans de trente livres , mon-
> noie de France , d'amende pour un déferteur à
pied , & de foixante livres pour un Cavalier ou
» Dragon qui défertera à cheval. ART. VI. Pour
» engager les habitans & fujets de part & d'autre
» d'arrêter les déferteurs , & de les conduire dans
la place la plus prochaine de la domination fur
» laquelle ils auront été arrêtés , on eft convenu
» qu'il fera donné trente livres de récompenfe à
» celui ou ceux qui auront arrêté & conduit dans
ladite place un déferteur à pied , & foixante li-
» vres pour un déferteur à cheval , lefquelles
» fommes leur feront payées fur le champ par le
» Gouverneur ou Commandant de ladite place
» lequel fera remboursé par l'Officier qui viendra
» chercher le déferteur. ART. VII. Il est en outre
» convenu que les criminels , qui auront commis
» quelque crime dans l'une des deux dominations ,
» & qui chercheront à fe réfugier dans l'autre
SEPTEMBRE. 1757. 201
» feront arrêtés & rendus à la premiere réquifi-
» tion , moyennant la reftitution des frais qu'ils
>> auront caufés pendant le temps de leur déten-
» tion , fuppofé qu'ils aient été mis en priſon .
» ART. VIII. La préſente convention durera dix
» années , à commencer du 26 Avril de cette an-
» née , & fera publiée & obſervée immédiatement
après l'échange des ratifications dans l'Alface ,
» les trois Evêchés , à Sarre- Louis & autres lieux
» de la Sarre , & dans toute l'étendue des Villes &
» Bailliages de l'Electorat Palatin , & des deux
» Duchés de Bergues & de Juliers , & leurs dépendances
jufqu'au Rhin , & à dix lieues au delà
» de ce fleuve. »
Cette Convention a été fignée le 26 Avril , an
nom du Roi, parM.le Marquis de Paulmy , Miniftre
& Secretaire d'Etat ayant le département de la
guerre , & au nom de l'Electeur Palatin , par M.
le Baron de Grevenbroch , Confeiller d'Etat de ce
Prince , & fon Miniftre Plénipotentiaire à la Cour
de France.
Le Roi étant informé qu'il y a plufieurs Déferteurs
de fes troupes qui ont pris parti dans
celles qui font actuellement dans le Royaume
fans être connus pour tels , & qui par conféquent
ne pourroient , fans commettre une nouvelle défertion
, fatisfaire à l'obligation impofée par
l'Ordonnance d'amniftie , rendue le 20 Avril dernier
, de s'engager dans l'armée que Sa Majeſté a
fait paffer en Allemagne ; Sa Majesté ordonne
tous Soldats , Cavaliers & Dragons qui , aiant déferté
de fes troupes avant le premier Février dernier
, auront pris parti dans d'autres Compagnies
avant le 20 Avril dernier , ne pourront être pour
fuivis pour ladite défertion : Voulant Sa Majeſté ,
qu'ils foient compris dans l'amnistie qu'Elle a
que
Iv
202 MERCURE DE FRANCE.
accordée par fon Ordonnance dudit jour 20 Avril
dernier , à condition qu'ils continueront de fervir
dans lefdites troupes où ils fe trouvent actuellement
engagés , jufqu'à ce que Sa Majefté ayant
rétabli la diftribution des congés d'ancienneté , ils
foient dans le cas d'être renvoyés à leur tour.
Sa Majesté a fait expédier un brevet de Lieutenant
de Frégate au Capitaine Canon .
afin
Selon les avis reçus de Marfeille , M. Couturier
, Echevin de la Ville , y fait conftruire dans
l'Arcenal du Roi une Frégate fur les proportions.
d'un vaiffeau de de Elle eft 54 canons.. guerre
percée fur fon pont pour 26 canons de 18 livres
de balle , & elle aura un entre- deux ponts volant
pour y placer la vogue de 60 avirons , que
dans un temps calme elle puiffe au befoin faire
ufage de fes avirons auffi légérement qu'une galere
. On compte que ce fera le bâtiment le plus
fort , le plus léger & le meilleur voilier , qui ait
été conftruit dans les proportions qu'on lui a
données .
* Le 16 & le 19 Juillet , le Roi tint à Compiegne
le Sceau pour la dixieme & onzième fois .
le
Le même jour 16 , M. le Maréchal Duc de Richelieu
prit congé du Roi , & le lendemain il partit
pour fe rendre à l'armée qu'il va commander fur le
Mein. Les Lieutenans - Généraux , qui feront employés
fous les ordres de ce Général , font le
Comte de Noailles , le Marquis du Mefnil ,
Baron de Montmorency , le Chevalier de Muy ,
le Duc de Duras , le Comte d'Andlau , le Comte
de la Vauguyon , & le Duc d'Havré. Les Maréchaux
de Camp , qui ferviront dans la même
armée , font MM. le Chevalier du Châtelet , de
Planta , le Marquis de Laſtic , le Comte de Lutzelbourg,
le Comte du Luc , le Comte de Vence
SEPTEMBRE. 1757. 203
le Marquis de Voyer , le Marquis de Laval , le
Prince de Beauvau , le Comte de la Guiche , le
Marquis de Béthune , le Marquis de Roquépine ,
le Marquis de Traifnel & le Comte d'Egmond.
Le Marquis de Monteynard eft nommé Maréchal
Général des Logis de cette armée. Le Chevalier
de Redmond fera les fonctions de Maréchal des
Logis de la Cavalerie , & le Comte de Rochambeau
celles de Major Général de l'Infanterie.
Madame la Dauphine apprit le 31 Juillet , par
un Courier que lui dépêcha le Roi , la victoire
Haftembecke. L'émotion que caufe une pareille
nouvelle , fit voir toute fa bonté & ſon humanité.
Cette Princeffe ne s'occupa , dans ce moment critique
, que des inquiétudes des perſonnes de fa
cour , qui ayant de proches parens à cette affaire
pouvoient craindre pour eux quelqu'accident ;
aucune de celles qu'elle pût tranquillifer ou confoler
n'échappa à fon attention.
Le lendemain Madame la Dauphine envoya a
Compiegne M. de Goy- de Didogne , fon Ecuyer
de main en quartier , porter au Roi des lettres de
complimens fur cet heureux événement , & à fon
retour M. de Didogne fut chargé des lettres de
Sa Majefté & de la Famille Royale pour Madame
Ja Dauphine.
T
Le Roi a fait préfent d'une épée au Capitaine la
Fargue , commandant le Corfaire l'Aigle , de
Bayonne en confidération de la prife que ce Capitaine
a faite d'un Corfaire Anglois après un combat
des plus opiniâtres , dans lequel M. la Fargue
a été griévement bleffé . Sa Majesté a accordé
la même marque de diftinction à M. Forestier ,
qui après la bleffure de M. la Fargue a pris le commandement
, & a continué le combat .
On a reçu des lettres du Canada , qui contien-
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
nent le détail de ce qui s'eft paffé dans ce Pays- l
durant l'hyver , relativement à la guerre.
Indépendamment des Partis de Canadiens & de
Sauvages , qui ont été continuellement en campagne
durant l'hyver , & qui , dans les incurfions
qu'ils ont faites fur les ennemis , leur ont tué
beaucoup de monde , & donné l'allarme dans les
Colonies Angloifes , le Marquis de Vaudreuil a
exécuté une expédition , dont l'objet étoit trèsimportant..
Il avoit été informé au mois de Janvier , que
les ennemis avoient raffemblé au Fort Georges ,
fitué fur le Lac Saint - Sacrement , une quantité
très- confidérable d'approvifionnemens de toutes
les efpeces , & qu'ils avoient fait conftruire fous.
le canon de ce Fort un grand nombre de Barques ,
de Bateaux , & d'autres Bâtimens , non feulement
pour le tranfport de ces approvifionnemens
mais encore pour s'affurer la navigation de ce Lac.
Jugeant que tous ces préparatifs étoient deſtinés .
pour les entreprifes que les ennemis fe propo-.
foient d'exécuter au printemps , il forma le projet
de leur en ôter les moyens.
Dans cette vue , il fit un détachement de 1500
hommes , compofé des Piquets des Bataillons
des troupes de terre , dont un de Grenadiers ,
300 Soldats des troupes de la Colonie , 150 Miliciens
, dont une Compagnie de so Volontaires,
& 300 Sauvages. Ce détachement
ayant été
promptement
raffemblé au Fort Saint -Jean , M.
de Rigaud de Vaudreuil , Gouverneur des Trois
Rivieres , qui le commandoit , le fit marcher en
quatre divifions. La premiere partit le 20 Février::
elle étoit compofée de 6 Compagnies mêlées dés
troupes & des Milices de la Colonie avec quelques.
Sauvages Abenakis , & elle étoit commandée par
SEPTEMBRE. 1757. 205
M. de Saint-Martin , Lieutenant de ces troupes.
La feconde que commandoit M. du Chat , Capitaine
au Régiment de Languedoc , étoit compofée
de deux Piquets de troupes de terre , de trois
Compagnies mêlées de la Colonie & de quelques
Sauvages , & elle fe mit en marche le 21. Elle fut
fuivie le lendemain par la troifieme , qui étoit
commandée par M. Coni , Capitaine au Régiment
de Royal Rouffillon , & qui étoit compofée,
comme la feconde. M. de Rigaud devoit partit
le 23 avec le Piquet de Grenadiers , la Compagnie
des Volontaires Canadiens , & le reste des
Sauvages , qui compofoient la quatrieme Divifion;
mais fon départ fut retardé par le dégel
juſqu'au 2 s .
Les quatre Divifions s'étant réunies au Fort de
Carillon , toute la troupe en partit le 15 de Mars ,
la Compagnie de Volontaires Canadiens faifant
l'avant-garde ; & le 17 à fept heures du foir, on fe
trouva à une lieue & demie du Fort Georges.
Le 18 , M. de Rigaud détacha M. Poullariez
Capitaine de Grenadiers du Régiment de Royal
Rouffillon , avec deux autres Officiers , pour aller
reconnoître le Fort , d'une hauteur qui le domine
à environ une demi-lieue de diftance . Quoique
fur le rapport que lui fit M. Poullariez , il ne
pût pas douter que les ennemis ne fuffent informés
defa marche, il fit fes difpofitions pour l'exécution.
des ordres dont il étoit chargé..
Il fe mit en mouvement avec toute fa troupe
l'entrée de la nuit du 18 au 19. Il détacha M. Dumas
, Capitaine , avec deux autres Officiers &
quelques Grenadiers , pour aller reconnoître les
approches du Fort . Le bruit qu'ils ne pouvoient
s'empêcher de faire , en marchant fur la glace ,,
les fit bientôt découvrir ; & ils furent obligés de
206 MERCURE DE FRANCE
rejoindre la troupe. M. de Rigaud prit cependant
le parti de faire mettre le feu aux Bateaux qui
étoient fous le Fort ; mais il n'y en eut qu'un petit
nombre de brûlés . Les ennemis tuerent deux
hommes , & en bleſſerent un autre. Le 20 , M.
de Rigaud fit inveftir le Fort , afin d'en impoſer à
la Garnifon , qu'il fçavoit être de 5 à 6co hommes
d'élite ; & il envoya un détachement de Sauvages
fur le chemin du Fort Lidius , pour en couper
la communication . Il fit même fommer le
Commandant de fe rendre . Cette fommation fixa
l'attention du Commandant aux difpofitions relatives
à la défenſe du Fort ; enforte que la nuit fuivante
il ne fit tirer que quelques coups de canon &
quelques bombes , qui n'empêcherest pas qu'on
ne brûlât beaucoup d'effers.
Le Fort refta encore inveſti le 21 , fans que les
ennemis oſaflent faire aucune fortie . Ils demeurerent
également tranquilles toute la nuit , mais il
tomba en même temps une fi prodigieufe quantité
de neige fondue, qu'il ne fut pas poſſible de mettre
le feu aux dehors . Le temps fut plus favorable la
nuit ſuivante , & l'on en profita pour biûler tout
ce qui étoit dans le Lac & aux environs du Fort ,
malgré le feu d'artillerie & de moufqueterie que
les ennemis firent de leur côté , & qui tua trois
Soldats , & bleſſa un Officier .
Les ennemis ont perdu par cet incendie quatre
Brigantins de 10 à 14 canons , & deux Galeres à
so rames , qu'ils deftinoient pour la navigation
des Lacs ; plus de trois cens cinquante Bateaux de
tranfport ; une quantité confidérable de bois de
conſtruction ; beaucoup d'affûts de campagne ;
un moulin à fcier des planches ; les hangards &
les magafins qui étoient entourés d'un Fort de
pieux , & où il y avoit plus de 4 mille quarts de
SEPTEMBRE . 1757. 207
farine , & d'autres vivres de toute espece à proportion
, des armes , des habillemens , & génétalement
toutes fortes d'uftenciles de campagne ;
les hôpitaux ; plus de 20 maiſons qui étoient tant
en dedans qu'en dehors du Fort de pieux ; & enfin
toute leur provifion de bois de chauffage. Le
Fort eft refté ifolé ; il n'a même été préfervé du
feu , que parce qu'il n'a point fait de vent durant
tout l'incendie .
Dans cette expédition , qui eft une des plus importantes
qu'on pût entreprendre en Canada durant
l'hyver , il n'y a eu que 5 François tués , un
Officier & un Sauvage bleffés , quoiqu'elle ait
été exécutée fous le feu de l'artillerie & de la
moufqueterie du Fort Georges. On ignore lenombre
d'hommes que les ennemis y ont perdu
mais les Canadiens & les Sauvages avoient été pla
cés , de maniere que par le feu de leur moufquete
rie , ils faifoient fouvent ceffer celui des ennemis ..
Ce fuccès eft principalement dû à la fageffe des
difpofitions que M. de Rigaud a faites , à l'attention
avec laquelle il en a fuivi l'exécution , & à la conftance
avec laquelle il a fupporté les fatigues exceffives
du voyage dans une faifon fi rigoureuſe.
Les différens Corps des troupes & des Milices s'y
font également diftingués à tous égards ; & M. de
Rigaud a été infiniment content de la conduite des
Sauvages qui y étoient employés..
On a lieu de l'être pareillement des difpofitions
de toutes les Nations Sauvages de la Colonie . Celles
qui ont de tout temps été fes alliées , donnent
tous les jours de nouvelles preuves de leur fidélité ,
& font continuellement en parti contre les ennemis.
Il y a d'ailleurs quelques Nations affez nombreufes
, & entr'autres les Tétes-plates , qui font X
208 MERCURE DE FRANCE.
entrées nouvellement dans cette alliance , & quí
ont pris part à la guerre. Les Cinq Nations Iroquoifes
ont envoyé une députation des plus folemnelles
au Marquis de Vaudreuil , pour renouveller
leurs anciens engagemens avec la France. Ils ont
promis non feulement de renoncer à tout commerce
avec les ennemis , mais même de fe joindre aux
autres Nations amies de la France pour agir contr'eux.
Les ennemis de leur côté n'ont tenté qu'une expédition
durant l'hyver. Ayant été informés qu'on
devoit faire paffer du Fort Saint-Frédéric au Fort
de Carillon quelques provifions fous l'eſcorte
d'un petit détachement , ils en envoyerent un de
80 hommes , qui enleva les premieres traînes de
ce convoi , & 7 Soldats . Mais le Commandant
du Fort Saint -Frédéric fit marcher un nouveau
détachement , pour couper celui des ennemis
dans fon chemin . Ils tomberent effectivement
dans l'embuſcade . Le combat fut des plus vifs &
des plus opiniâtres. Il refta du côté des ennemis ,
fur le champ de bataille , 40 hommes dont 3 Offi
ciers . On fit & prifonniers , & le refte du détachement
fe fauva dans les bois , où il a péri de
fes bleffures , de maniere qu'il n'en rentra que 3
hommes dans le Fort Georges. Les François en
eurent 11 de tués , & 26 de bleffés . Ils reprirent
les traînes dont les ennemis s'étoient emparés ; &
à l'égard des 7 Soldats que les ennemis avoient
enlevés , il ne s'en trouva que 3 , les 4 autres ayant
été tués. Cette action s'eſt paſſée le 22 Janvier.
M. le Comte de Gifors qui eft arrivé ici le 31 de
Juillet , a apporté au Roi la nouvelle d'une victoire
, que les troupes de Sa Majefté , commandées
par M. le Maréchal d'Eftrées, ont remportée le 26
de ce mois fur l'armée du Duc de Cumberland. M
SEPTEMBRE. 1757. 209
le Maréchal d'Eftrées ayant fait reconnoître le 25
au foir la poſition des ennemis , réfolut de les attaquer
le lendemain. Ils avoient leur droite vers
Hamelen. Devant leur front étoit un marais impraticable.
Leur gauche étoit appuyée à des montagnes
très- hautes , couvertes de bois , & traverfées
par fept ou huits ravins de vingt pieds de
profondeur. Elle avoit à gauche une redoute , &
droite le village de Haftembecke. Dans cette
fituation , les ennemis ne pouvoient être attaqués
que par leur flanc gauche fur un front de
deux cens toifes ou environ , & après que nous
aurions tourné les fommités des montagnes. M.
de Chevert fut détaché pour cet effet le 25 avant
minuit , avec quatre Brigades d'Infanterie. Mais
ayant quatre lieues à faire , il ne put arriver que
le lendemain 26 à neuf heures du matin. Le canon
de l'ennemi commença à tirer dès fix heures. On
y répondit de notre part jufqu'à huit que fe fit la
véritable attaque , & les batteries des ennemis
furent détruites fucceffivement. M. le Marquis
d'Armentieres & M. de Chevert , chacun avec un
corps féparé , chafferent l'ennemi de la montagne
après un feu très-vif. M. le Comte de Montmorency-
Laval , Colonel du Régiment de Guyenne ,
& qui fervoit dans l'armée en qualité d'Aide-
Maréchal Général des Logis , y fut tué. M. le Marquis
du Châtelet , Colonel du Régiment de Navarre
, y fut dangereufement bleffé d'un coup de
fufil au travers du corps , & M. le Marquis de
Belfunce eut le bras percé d'une balle . Cette attaque
ouvrit le chemin aux troupes de notre aîle
droite , compofée de la brigade Autrichienne ; de
celles de Picardie , de Champagne , de Navarre &
de la Marine ; du Régiment du Roi , & des Grenadiers
de France. Ces troupes ont montré la plus
210 MERCURE DE FRANCE..
οι
grande valeur , & particuliérement celles de l'Impératrice
Reine fe font diftinguées dans l'action .
La Cavalerie & la plus grande partie de l'Infanterie
n'ont pu aborder l'ennemi. La brigade de
Champagne a forcé une batterie retranchée ,
il y avoit huit pieces de canon & deux haubits ,
dont elle s'eft emparé ; & l'ennemi , après avoir
eu plus de trois mille hommes tués ou bleffés , a
été obligé d'abandonner fucceffivement tous fes
poftes , pour gagner les gorges qui menent vers
Hanovre. Sa perte auroit été beaucoup plus confidérable
fans un accident qui a mis quelque interruption
dans l'attaque , & qui a retardé la
pourfuite des fuyards. Plufieurs de nos bataillons
marchant dans la montagne à travers des bois , fe
font fufiliés fans fe reconnoître , & c'eft où nous
avons le plus perdu , ayant environ quinze cens
bleffés , quoique le nombre des morts ne monte
pas à cinq cens .
On attend un plus grand détail de cette action .
L'armée du Roi , lorfque M. le Comte de Gifors
en eft parti , étoit établie fort au-delà de l'ancien
camp des ennemis.
Le même jour que le Roi reçut la nouvelle de
cette victoire , Leurs Majeftés affifterent dans la
Chapelle , au Te Deum qui y fut chanté en action
de graces. M. l'Abbé de Gandras , Chapelain du
Roi , y officia. Le Motet étoit de la compofition ,
& fut exécuté ſous la directión de M. Colin- de
Blamont , Surintendant de la Mufique de la Chambre.
Il y eut le foir trois décharges d'artillerie ,
& toute la ville fut illuminée .
Le 7 Août , la Cour a pris le deuil pour trois
femaines , à l'occaſion de la mort de la Reine
Douairiere de Pruffe.
Le même jour , Sa Majefté reçut M. le Comte
SEPTEMBRE. 1757 . 211
de Gifors Chevalier de l'Ordre de S. Louis.
La ville de Hamelen s'étant rendue le 28 Juil
let , il a été ftipulé par la Capitulation , que la
garnifon , compofée de fept cens Heffois , fortiroit
le 30 avec les honneurs de la guerre , mais
fans canon , & qu'elle feroit conduite à Hanovre
avec tous les chevaux & équipages , fans pouvoir
néanmoins emmener ceux appartenans au refte
de l'armée ennemie ; que les Invalides & les Miliciens
, faifant partie de la garniſon , feroient
renvoyés chez eux , & ne pourroient fervir pendant
tout le temps de la guerre ; que le Major
Général Hodemberg , & tous les autres bleflés &
malades renfermés dans la place , feroient prifonniers
de guerre. Ils font au nombre de huit
cens. Les articles de cette Capitulation ont été
réglés entre M. le Maréchal d'Eftrées & le fieur
Brunck , Major Général des troupes Hanovrien-
- nes .
On a trouvé à Hamelen cinquante- quatre canons
de fonte , & dix- neuf de fer ; dix mortiers
de fonte , trois haubits , vingt - huit mille boulets
, & quatre mille bombes ; deux mille fufils ,
cent cinquante - cinq milliers de poudre , deux
cens mille livres de plomb , & des bateaux qui
étoient deftinés à former un pont fur le Wefer .
Selon l'état que le Roi a reçu de la perte faite
par les troupes à la bataille de Haftembecke , il
y a eu dix -fept Officiers tués & cent dix -huit
bleffés. Le nombre des foldats tués monte à mille
trente-huit , & celui des bleffés à onze cens cinquante-
neuf.
L'armée eft demeurée dans fon camp près de
Hamelen, jufqu'au 31 Juillet : l'ennemi étoit alors
à Minden , qui eft à neuf lieuès de cette place . Le
31 , l'armée s'étant miſe en marche paſſa la ri212
MERCURE DE FRANCE.
viere de Hamel ; la referve du Duc de Randan ſe
tenant à Bifphrode , & le corps du Duc de Broglie
à la hauteur de Hamelen. On fut informé le premier
de ce mois , que le Duc de Cumberland
avoit quitté Minden , pour fe retirer à Niembourg
Les Magiftrats de Minden envoyerent des
Députés offrir les clefs de leur Ville. Le 3 Août , le
Duc de Broglie , après avoir fait occuper cette place
par un détachement , repaffa le Wefer avec
fon corps , & fe dirigea fur Remen. Le corps du
Marquis d'Armentieres s'avança vers Harienbourg
à trois lieues de Minden , & celui du Duc
de Randan fe porta près de Hallerfprinck fur le
grand chemin de Hanovre. Le 4 , jour du départ
du courier qui a apporté ces détails , les habitans
de cette derniere Ville n'attendoient que les troùpes
du Roi pour ouvrir leurs portes . M. le Comte
de Platen étoit chargé de venir traiter des contributions
de l'Electorat. M. le Maréchal- Duc de Richelieu
eft arrivé le 3 au foir au quartier général
d'Oldendorff, &, comme l'ancien de M. le Maréchal
d'Eftrées , il a pris le commandement de l'armée.
Il y eut le 27 Juillet à Saint-Dié , en Lorraine ,
un incendie , qui a réduit en cendres l'Hôtel de
Ville , le Couvent des Capucins , les prifons , &
cent feize maifons , dans lefquelles on comptoir
près de trois cens ménages.
Le Corfaire l'Hobereau , de Calais , comman
dé par le Capitaine Jacques Bonvarlet , s'eft emparé
du Brigantin le Molley , de Linn , de 120
tonneaux , chargé de fer & de planches ; & il l'a
ranconné pour 630 livres fterlings.
Le même Corfaire s'eft rendu maître des Navires
Anglois le Samuel & le Thomas : le premier ,
armé de 6 canons , a pour cargaiſon 6 12 facs de
SEPTEMBRE. 1757. 213
farine , & des légumes ; le fecond eft chargé de
charbon de terre.
Le Bateau la Princeffe de Galles , de Carmar
then , de 70 tonneaux , chargé d'avoine & de
quelques barrils de beurre , dont le Corfaire le
+ Prince de Condé , de Boulogne , s'eft emparé ,
a été conduit à Calais.
La Corvette la Diligente a pris & conduit à la
Hougue , le petit Corfaire Anglois le Duc de
Marlborough , de Grenezey , armé de 4 canons
10 pierriers , & de 23 hommes d'équipage.
•
Il eft arrivé à Cherbourg un Navire d'environ
300 tonneaux , chargé d'huile fine , que le Corfaire
la Comteffe de Bentheim , de Saint-Malo ,
enlevé aux Anglois qui s'en étoient emparés.
Par des lettres écrites de Marfeille , on a été
informé de l'arrivée en ce port des Navires Anglois
la Tofcane , de 350 tonneaux , chargé de
faie & de raifins de Corinthe ; la Sirene & le
Guillaume Elizabeth , n'ayant pour cargaifon
que des raifins de Corinthe. Ces priſes ont été faites
, les deux premieres par le Capitaine Megy
commandant le Corfaire la Marie Défirée , la
troifieme par le Corfaire l'Heureufe Therefe.
Le Vicomte de Rochechouart , Capitaine de
Vaiffeau , commandant la Frégate du Roi la Thétis
, ayant avec lui la Frégate la Pomone , commandée
par le fieur Hector , s'eft rendu maître du
Corfaire Anglois le Boscawen , ( ci- devant le
Mefnil- Montant , de Nantes , ) armé de 22 ca
nons , & de 102 hommes déquipages ; il l'a fait
conduire à Saint- Nazaire au bas de la riviere de
Nantes .
Le Corfaire la Comteffe de Bentheim , de Saints
Malo , y eft rentré avec deux Navires Anglois ,
l'un de 200 tonneaux , qui venoit de la Caroling
214 MERCURE DE FRANCE.
avec une cargaifon d'indigo , de café , de peau
de caftor , de riz & de bois de Campeche ; l'au
tre de 150 tonneaux , chargé de falaiſons . Le même
Corfaire a fait une autre priſe de 120 tonneaux
, qui a été conduite à Perros , & dont le
chargement confifte en huile de Baleine , & en
taffia.
Le Tavignon , autre Corfaire de Saint -Malo ,
a pris & fait conduire au Port Louis le Navire Anglois
le Baal , de Londres , de 160 tonneaux ,
chargé de fucre , de coton , de gingembre , &
de taffia.
Le Navire Anglois le Gorges , chargé de riz , a
été pris par le Corfaire la Nouvelle Saxonne , de
Bordeaux , & conduit à Breft.
Le Corfaire la Bafquaife , de Saint-Jean- de-
Luz , y a conduit le Navire Anglois le Falmouth ,
de Glafcow , dont le chargement confifte en ballots
, & en une caifle contenant diveries marchandifes
.
Le Capitaine Louis Simon , commandant le
Corfaire le Bien -Aimé , de Marſeille , s'eft rendu :
maître du Corſaire Anglois le Blackney , de 16
canons , 24 pierriers , & 71 hommes d'équipa
ge. Il s'eft auffi emparé du Navire la Jeanne Sara,
chargé d'huile & de raifins .
La Sainte-Barbe , le Jefus Maria , Sainte-An=
ne , & la Junon , autres Corfaires de Marſeille
y ont auffi fait conduire les Navires Anglois le
Patfey chargé de bled , le Préfervé , ayant pour
chargement des raifins de Corinthe & d'autres
marchandifes , & la Galere Stapleton , qui n'a
fon left.
que
Le Capitaine Morel , qui commande le Cor
faire l'Actif, de Dunkerque , s'eft emparé des
Bateaux Anglois la Sufanne , de Montroff , le
SEPTEMBRE. 1757. 215
Bon Accord , de Petershead , la Catherine , de
Montroff , & l'Elizabeth , d'Airth en Ecoffe , &
il les a rançonnés pour 12720 livres . Il s'eft auffi
rendu maître des Navires le Dodgfon , de 120 tonneaux
, chargé d'indigo , de fucre , de café , de
quinquina , de tabac & de riz ; la Jeanne , de
Leith , dont la cargaifon eft compofée de fucre ,
de cuirs & de laine ; & l'Escap , de Portfoy , chargé
de charbon de terre & de fel.
Le Saint-Louis , autre Corfaire de Dunkerque ,
dont eft Capitaine le fieur Bachelier , a rançonné
pour 9600 livres les Navires Anglois le Thomus
Elizabeth & le Guillaume , dont il s'étoit emparé.
Les Navires Anglois , la Charmante Marthe
chargé de 30 futailles d'indigo , d'un boucaut &
onze paquets de pelleteries , de riz , &c. & le
Jean-Jofeph , chargé de falaifons , ont été pris
par le Corfaire le Comte de Grammont , & font arrivés
à Bayonne.
Le même Corfaire a fait , conjointement avec
le Corfaire le Maréchal de Richelieu , de Nantes ,
une autre prife chargée de fucre & de tabac , qui
a été conduite à Guetaris près de Saint- Sébaſtien.
Le Corfaire la Comteſſe de Grammont a fait conduire
à Bayonne les Navires Anglois le Grampes,
de Liverpool , fur lequel on a trouvé 8000 livres
en piaftres , & dont la cargaiſon confiſte en diverfes
marchandiſes propres pour la traite des Negres
, & le Triton , de Rodyland , armé de 6 canons
& 6 pierriers , qui a pour chargement des
balloteries.
Il eft auffi arrivê à Bayonne un Navire Anglois,
appellé l'Antelope , qui a été pris par le Corfaire
la Bafquaife , de ce Port , & qui eft chargé de
viandes falées.
La Goëlette la Surpriſe a pris un Brigantin Ang
216 MERCURE DE FRANCE.
glois de 100 tonneaux , dont la cargaiſon eſt com .
pofé de balloteries , & de deux rangs de futailles
dont on ignoroit encore le contenu .
>
Le Vicomte de Rochechouart , Capitaine de
Vaiffeau commandant la Frégate du Roi la
Thétis , ayant avec lui la Frégate la Pomone ,
commandée par le fieur Hector , s'eft emparé le
26 du mois dernier des Corfaires Anglois le Volcan
, de Londres , & le Bofcawen , de Jerzey ,
armés , l'un de 20 canons , 10 pierriers , & 59
hommes ; l'autre de 4 canons , 8 pierriers , &
32 hommes d'équipage. Ces deux Corfaires , pris
à 4 lieues au Nord- Ouest des Glenans , ont été
conduits au Port - Louis .
Le Corfaire le Prince de Condé , de Boulogne ,
a pris & conduit à Calais un Brigantin Anglois ,
de 70 tonneaux , chargé d'avoine.
Le Capitaine Papin , qui commande le Corfaire
l'Hyver , du Havre , a rançonné pour 26000
livres le Navire le Molly , dont il s'étoit rendu
maître ; & il a conduit à Breft un Bâtiment chargé
de chandelle & de falaifons.
Le Corfaire le Machault , de Granville , a pris
& fait conduire dans la Rade de l'Ile de Bas un
Brigantin Anglois , qui eft auffi chargé de falaifons
& de chandelle .
On mande de Nantes , que le Corfaire le Maréchal
de Richelieu , de ce port , y eft rentré avec
un Navire Anglois dont il s'eft emparé , & dont
la cargaiſon confifte en 250 barriques de fucre.
Le Corfaire le Machault , de Saint - Malo , a enlevé
au Corfaire Anglois le Duc de Bedfort , de
Dublin , une Barque Efpagnole , chargée de 150
balles de café de moka , 100 demi - balles de café
de Bourbon , 16 balles de marchandiſes des Indes
, & de quelques bois de teinture,
Le
1
+
SEPTEMBRE . 1757. 217
Le Saint - Florentin & le Puyzieulx , autres
Corfaires de Saint- Malo , fe font emparé , l'un
d'un Navire Anglois venant de la Caroline , avec
un chargement compofé de 900 barriques de riz ,
& de quelques dents d'Eléphant ; l'autre du Corfaire
la Mary-Galley , de Guernezey , armé de 4
canons , 6 pierriers , & 41 hommes d'équipage.
Les Navires Anglois le Dehel , de 70 tonneaux,
chargé de charbon de terre , & le Falmouth , dont
la cargaifon confifte en fel & autres marchandifes
, ont été pris par le Corfaire le Comte d'Hé
rouville, de Bordeaux , & conduits à Breft.
Le Corfaire l'aimable Françoife , de Bayonne ,
s'eft rendu maître des Navires Anglois la Marthe
Anne , chargé de boeuf , petit- falé , beurre &
fromage ; & la Charmante Nancy , de la nouvelle
Yorck , qui a pour cargaifon des toiles , du
fil de carret , & autres marchandiſes . Ces deux
priſes font arrivées , l'une à Saint - Sébaſtien , l'au
tre à Saint- Jean - de- Luz.
Le Navire Anglois le Dauphin , de Juingmouth
, allant à Terre - Neuve , avec 150 hommes
d'équipage , & une partie affez confidérable
de boeuf, de tan & de fuif, a été pris par le Corfaire
la Bafquaife , de Saint -Jean-de - Luz.
On apprend par des lettres écrites de Marſeille ,
que le Corfaire le Tigre , de ce Port , a pris & y
a fait conduire le Navire Anglois le Guillaume,
chargé d'huile.
On a été informé que M. du Reveft , commandant
une des Efcadres que le Roi a fait armer à
Toulon , s'eft rendu maître du Navire Anglois
Les deux Freres , armé de 16 canons , 25 hommes
d'équipage , & chargé de fucre , de café &
d'indigo . Le conducteur de cette priſe , qui eft
arrivée à Cadix , a rapporté que M. du Revest
K
218 MERCURE DE FRANCE.
s'eft emparé d'un autre Bâtiment Anglois , appellé
le Dobbs- Galley , de 190 tonneaux , dont la
cargaifon confiftoit en goudron , tabac & quelques
paquets de pelleteries , & qu'on a mis le feu
à ce dernier Navire , qui n'étoit pas en état de naviger.
Les Corfaires le Machault de Dunkerque , &
L'Amaranthe , de Dieppe , fe font emparé de huit
Bâtimens Anglois , chargés de charbon de terre
& de meules de moulin . Une de ces prifes eft arri
vée à Dunkerque quatre autres ont relâché à
Oftende , & l'on a eu avis de Terveer , qu'il en
eft entré deux dans ce Port.
Le Corfaire la Princeſſe de Soubize a pris un Ba
teau Anglois , chargé de boeuf falé , & il l'a fait
conduire à Breft..
Le Senaw Anglois l'Edward , qui alloit de la
Caroline à Londres avec une cargaiſon compofée
d'indigo , de café , de fucre , de brai & de pelleteries
, a été pris par le Coifaire le Vainqueur ,
de Bayonne. de çe
Les Corfaires le Comte de Grammont ,
Port , & le Maréchal de Richelieu , de Nantes ,
ont enlevé au Corfaire Anglois la Défiance , de
Briſtol , un Navire dont il s'étoit emparé , & qui
a pour chargement du fucre , du tabac & du bois
de bréfil .
" Le Capitaine Marfans-Haraneder , qui commande
le Corfaire la Bafquaife , de Saint Jeande
Luz , a rançonné pour 290 livres sterlings un
Navire Anglois , dont il s'étoit rendu maître , &
il a conduit dans ce Port un autre Bâtiment Anglois
nommé le Lady - Strauge , de Liverpool ,
chargé de balloteries.
Le Navire le Mari , de Waterford , chargé de
fel , de beurre , de lard & de farine , a été pris
SEPTEMBRE . 1757. 219
par le Corfaire le Mars , & conduit à Bayonne.
Le Capitaine Danglade , commandant le Corfaire
la Françoife , de ce Port , s'eft rendu maître
du Navire Anglois l'Industrie , chargé de 300
boucauts de tabac. Ce Bâtiment eft arrivé par relâche
à Saint- Sébastien .
Le Corfaire le Comte de Maurepas , commandé
par le Capitaine Jean- Baptifte de Cock , a rançonné
quinze Bâtimens ennemis pendant les deux
mois de fa feconde courſe. Le fieur de Cock a
conduit dans le port de Dunkerque les ôtages, qui
lui ont été remis pour la fûreté de ces différentes
rançons. Ce Capitaine eft le même , qui dans le
mois d'Octobre de l'année derniere n'ayant que
16 canons , foutint un combat devant Calais , contre
un Vaiffeau Anglois de 36 , & qui à la fin de
Décembre fe défendit près d'Oftende contre qua
tre Corfaires , dont un de 16 canons , un de 12 ,
& les deux autres de 8. Dans ces deux actions , il
montoit le même Corfaire le Comte de Mau-.
repas.
Le fieur de Kerfaint & le fieur de Caumont ,
Capitaines de Vaiffeaux , qui étoient partis de
Breft à la fin du mois de Novembre dernier , avec
trois Vaiffeaux & trois Frégates , font arrivés à la
Martinique le 17 & le 20 Mai , après avoir croisé
féparément fur différentes parties de la côte d'Afrique
. Il fe font emparés fur cette côte de plufieurs
Navires Anglois, qui y faifoient la traite des
Negres , & le fieur de Kerfaint avoit pris dans fa
route au Cap Verd le Corfaire le Boscawen , de
Londres , & les Navires le Sphinx & le Wilkinton
Il a conduit à la Martinique , tant fur les Vaiffeaux
de Sa Majefté , que fur trois Bâtimens qu'il a confervés
des prifes qu'il a faites , onze cens Negres ,
indépendamment de ceux que le fieur de Cau
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
mont a enlevés , & qu'il y a conduits également.
A l'égard des prifonniers , le fieur de Kerfaint en
a débarqué 94 à l'Ile de Bonneviſte , & 71 au
grand Jonk , fur les inftances que les uns & les
autres lui en ont faites , & il a mené le ſurplus à
la Martinique .
Le fieur de l'Ile de Beauchefne , Capitaine de
Vaiffeau commandant la Frégate du Roi le
Zéphyr , s'eft rendu maître du Corfaire Anglois le
Roi de Pruffe , de Briſtol , armé de 20 canons
16 pierriers , 90 hommes d'équipage , & il l'a fait
conduire à Rochefort .
Un autre Corſaire Anglois , appellé le Saint-
Olive , de Londres , de 18 canons , 20 pierriers
& 97 hommes d'équipage , a été pris & conduit
à Breft par le fieur de Longueval , Lieutenant de
Vaiffeau , commandant la Corvette du Roi l'EScarboucle.
Le Corfaire l'Hobereau , de Calais , s'eft emparé
du Brigantin Anglois le Dauphin , chargé de
bois de campêche , & il l'a rançonné pour 19200
livres.
Le Corfaire la Marquise de Beringhen a auffi
rançonné pour 45 livres fterlings un petit Bâtiment
Anglois,
LE
B5 Juin , Leurs Majeftés & la Famille Royale
fignerent le contrat de mariage de M. le Marquis de
Caumont , feul héritier de la maiſon de la Force ,
avec Mademoiſelle Galard de Braffac de Bearn ,
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
petite- fille du Duc de la Force ; & celui de M. le
Comte de Lorda avec Mademoiſelle de Seignelay.
La maison de Sorbonne fit le 6 une députation
folemnelle au Nonce du Pape , à l'occafion du
préfent que Sa Sainteté a fait de fon Portrait à
cette Maiſon. Le Curé de la Paroiffe de Saint
Paul porta la parole Le Portrait du Pape eft l'original
fait en 1741 par Subleiras , célebre Peintre
François , mort à Rome. Ce préſent eſt d'autant
plus flatteur pour la Maifon de Sorbonne ,
que les Souverains Pontifes ne font point dans l'u
fage de donner leurs Portraits à qui que ce foit.
Sa Sainteté , dans le bref qu'elle a adreflé à la
maiſon , dit « qu'Elle veut bien lui accorder certe
» marque de diftinction , comme un témoignage
» extraordinaire & nouveau de fa bienveillance
» & comme un gage affuré de fon eſtime , afin ,
ajoute-t'elle , que placé au milieu de vous à
côté du Roi Très -Chrétien , Nous foyons con-
» tinuellement fous vos yeux , comme vous êtes
» toujours préfens à notre coeur » . On voit ce tableau
en Sorbonne dans la grande falle des actes,
Il a été mis entre le Portrait du Roi & celui du
Roi de Pologne , Duc de Lorraine & de Bar. Sa
Sainteté avoit envoyé précédemment à la Sorbonne
toutes les éditions de fes ouvrages , & en
particulier le Recueil complet de fes Euvres en
15 vol. in fol.
Le 12 Juin Leurs Majeftés & la Famille
Royale fignerent le contrat de mariage de M. le
Marquis de Marbeuf, Meftre de Camp d'un Régiment
de Dragons de fon nom , avec Mademoifelle
Michel , fille de M. Michel , Directeur de la
Compagnie des Indes .
Le Roi fit le 14 dans la cour du Château la
revue des deux Compagnies des Moufquetaires de
SEPTEMBRE. 1757. 199
fa Garde ordinaire. Sa Majefté paffa dans les
rangs , & après que les deux Compagnies eurent
fait l'exercice , Elle les vit défiler tant à pied qu'à
cheval . Monfeigneur le Dauphin accompagna le
Roi à cette revue .
Le temps fixé par la convention du 4 Juillet
1746 , entre le Roi & l'Electeur Palatin , pour la
reftitution réciproque des Déferteurs , étant expiré
le 3 Juillet de l'année derniere : Sa Majefté vient
de conclure pour le même objet avec Son Alteffe
Electorale Palatine une nouvelle convention >
portant ce qui fuit : « ART. I. Les Cavaliers , Dra-
» gons & Fantaffins , qui déferteront des troupes
>> Françoiſes ou Palatines , & qui pafferont des
» pays ou places d'une domination dans les pays
» ou places de l'autre , feront refpectivement ar-
» rêtés pour être rendus , auquel effet il fera
» donné avis de leur détention , le plutôt que
faire fe pourra , au Gouverneur ou Comman-
» dant de la plus prochaine place de guerre de la
» domination d'où ils auront déferté , afin qu'on
» envoie les chercher . ART. II. Le Gouverneur
≫ou Commandant d'une place , qui aura été averti
» de la détention de quelque déferteur , l'enverra
>> auffi-tôt chercher , & fera payer les frais de la
» prifon & la fimple fubfiftance du prifonnier , à
>> raifon de deux livres de pain par jour pour cha-
» que Cavalier , Dragon ou Fantaffin au prix
» courant de la place où le déferteur fera retenu .
» ART. III . Les déferteurs feront rendus dans le
» même état qu'ils auront été arrêtés , c'eſt- à-
» dire avec leurs chevaux , équipages , habits &
» armes ; & le fourrage qui aura été fourni à leurs
>> chevaux , fera payé de gré à gré fuivant le prix
>> courant des lieux . ART. IV. Les Officiers de
part & d'autre ne pourront pourfuivre ni enle-
>
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
» ver lesdits déſerteurs hors des terres de l'obéif-
» fance de leur Souverain : pourront cependant
» requérir en ce cas les Officiers & habitans des
» terres de la domination du Roi ou de S. A. Elec-
» torale Palatine , où lesdits déferteurs fe trouve-
>> ront , de les arrêter & conduire dans la place
» la plus prochaine de la domination fur laquelle
» ils auront été arrêtés. ART. V. Après la ratification
& publication de la préfente convention ,
» il fera fait très - expreffe défenſe aux habitans du
» plat- pays dans l'étendue des gouvernemens qui
>font fur les frontieres des deux dominations , &
» à tous autres, d'acheter les chevaux , armes , équi-
» pages , habits , & généralement quelque chofe
» que ce puiffe être defdits défetteurs , & même
» de leur donner aucun afyle ou fecours , ni de les
» receler ou de faciliter leur évafion , à peine
» contre les contrevenans de trente livres , mon-
> noie de France , d'amende pour un déferteur à
pied , & de foixante livres pour un Cavalier ou
» Dragon qui défertera à cheval. ART. VI. Pour
» engager les habitans & fujets de part & d'autre
» d'arrêter les déferteurs , & de les conduire dans
la place la plus prochaine de la domination fur
» laquelle ils auront été arrêtés , on eft convenu
» qu'il fera donné trente livres de récompenfe à
» celui ou ceux qui auront arrêté & conduit dans
ladite place un déferteur à pied , & foixante li-
» vres pour un déferteur à cheval , lefquelles
» fommes leur feront payées fur le champ par le
» Gouverneur ou Commandant de ladite place
» lequel fera remboursé par l'Officier qui viendra
» chercher le déferteur. ART. VII. Il est en outre
» convenu que les criminels , qui auront commis
» quelque crime dans l'une des deux dominations ,
» & qui chercheront à fe réfugier dans l'autre
SEPTEMBRE. 1757. 201
» feront arrêtés & rendus à la premiere réquifi-
» tion , moyennant la reftitution des frais qu'ils
>> auront caufés pendant le temps de leur déten-
» tion , fuppofé qu'ils aient été mis en priſon .
» ART. VIII. La préſente convention durera dix
» années , à commencer du 26 Avril de cette an-
» née , & fera publiée & obſervée immédiatement
après l'échange des ratifications dans l'Alface ,
» les trois Evêchés , à Sarre- Louis & autres lieux
» de la Sarre , & dans toute l'étendue des Villes &
» Bailliages de l'Electorat Palatin , & des deux
» Duchés de Bergues & de Juliers , & leurs dépendances
jufqu'au Rhin , & à dix lieues au delà
» de ce fleuve. »
Cette Convention a été fignée le 26 Avril , an
nom du Roi, parM.le Marquis de Paulmy , Miniftre
& Secretaire d'Etat ayant le département de la
guerre , & au nom de l'Electeur Palatin , par M.
le Baron de Grevenbroch , Confeiller d'Etat de ce
Prince , & fon Miniftre Plénipotentiaire à la Cour
de France.
Le Roi étant informé qu'il y a plufieurs Déferteurs
de fes troupes qui ont pris parti dans
celles qui font actuellement dans le Royaume
fans être connus pour tels , & qui par conféquent
ne pourroient , fans commettre une nouvelle défertion
, fatisfaire à l'obligation impofée par
l'Ordonnance d'amniftie , rendue le 20 Avril dernier
, de s'engager dans l'armée que Sa Majeſté a
fait paffer en Allemagne ; Sa Majesté ordonne
tous Soldats , Cavaliers & Dragons qui , aiant déferté
de fes troupes avant le premier Février dernier
, auront pris parti dans d'autres Compagnies
avant le 20 Avril dernier , ne pourront être pour
fuivis pour ladite défertion : Voulant Sa Majeſté ,
qu'ils foient compris dans l'amnistie qu'Elle a
que
Iv
202 MERCURE DE FRANCE.
accordée par fon Ordonnance dudit jour 20 Avril
dernier , à condition qu'ils continueront de fervir
dans lefdites troupes où ils fe trouvent actuellement
engagés , jufqu'à ce que Sa Majefté ayant
rétabli la diftribution des congés d'ancienneté , ils
foient dans le cas d'être renvoyés à leur tour.
Sa Majesté a fait expédier un brevet de Lieutenant
de Frégate au Capitaine Canon .
afin
Selon les avis reçus de Marfeille , M. Couturier
, Echevin de la Ville , y fait conftruire dans
l'Arcenal du Roi une Frégate fur les proportions.
d'un vaiffeau de de Elle eft 54 canons.. guerre
percée fur fon pont pour 26 canons de 18 livres
de balle , & elle aura un entre- deux ponts volant
pour y placer la vogue de 60 avirons , que
dans un temps calme elle puiffe au befoin faire
ufage de fes avirons auffi légérement qu'une galere
. On compte que ce fera le bâtiment le plus
fort , le plus léger & le meilleur voilier , qui ait
été conftruit dans les proportions qu'on lui a
données .
* Le 16 & le 19 Juillet , le Roi tint à Compiegne
le Sceau pour la dixieme & onzième fois .
le
Le même jour 16 , M. le Maréchal Duc de Richelieu
prit congé du Roi , & le lendemain il partit
pour fe rendre à l'armée qu'il va commander fur le
Mein. Les Lieutenans - Généraux , qui feront employés
fous les ordres de ce Général , font le
Comte de Noailles , le Marquis du Mefnil ,
Baron de Montmorency , le Chevalier de Muy ,
le Duc de Duras , le Comte d'Andlau , le Comte
de la Vauguyon , & le Duc d'Havré. Les Maréchaux
de Camp , qui ferviront dans la même
armée , font MM. le Chevalier du Châtelet , de
Planta , le Marquis de Laſtic , le Comte de Lutzelbourg,
le Comte du Luc , le Comte de Vence
SEPTEMBRE. 1757. 203
le Marquis de Voyer , le Marquis de Laval , le
Prince de Beauvau , le Comte de la Guiche , le
Marquis de Béthune , le Marquis de Roquépine ,
le Marquis de Traifnel & le Comte d'Egmond.
Le Marquis de Monteynard eft nommé Maréchal
Général des Logis de cette armée. Le Chevalier
de Redmond fera les fonctions de Maréchal des
Logis de la Cavalerie , & le Comte de Rochambeau
celles de Major Général de l'Infanterie.
Madame la Dauphine apprit le 31 Juillet , par
un Courier que lui dépêcha le Roi , la victoire
Haftembecke. L'émotion que caufe une pareille
nouvelle , fit voir toute fa bonté & ſon humanité.
Cette Princeffe ne s'occupa , dans ce moment critique
, que des inquiétudes des perſonnes de fa
cour , qui ayant de proches parens à cette affaire
pouvoient craindre pour eux quelqu'accident ;
aucune de celles qu'elle pût tranquillifer ou confoler
n'échappa à fon attention.
Le lendemain Madame la Dauphine envoya a
Compiegne M. de Goy- de Didogne , fon Ecuyer
de main en quartier , porter au Roi des lettres de
complimens fur cet heureux événement , & à fon
retour M. de Didogne fut chargé des lettres de
Sa Majefté & de la Famille Royale pour Madame
Ja Dauphine.
T
Le Roi a fait préfent d'une épée au Capitaine la
Fargue , commandant le Corfaire l'Aigle , de
Bayonne en confidération de la prife que ce Capitaine
a faite d'un Corfaire Anglois après un combat
des plus opiniâtres , dans lequel M. la Fargue
a été griévement bleffé . Sa Majesté a accordé
la même marque de diftinction à M. Forestier ,
qui après la bleffure de M. la Fargue a pris le commandement
, & a continué le combat .
On a reçu des lettres du Canada , qui contien-
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
nent le détail de ce qui s'eft paffé dans ce Pays- l
durant l'hyver , relativement à la guerre.
Indépendamment des Partis de Canadiens & de
Sauvages , qui ont été continuellement en campagne
durant l'hyver , & qui , dans les incurfions
qu'ils ont faites fur les ennemis , leur ont tué
beaucoup de monde , & donné l'allarme dans les
Colonies Angloifes , le Marquis de Vaudreuil a
exécuté une expédition , dont l'objet étoit trèsimportant..
Il avoit été informé au mois de Janvier , que
les ennemis avoient raffemblé au Fort Georges ,
fitué fur le Lac Saint - Sacrement , une quantité
très- confidérable d'approvifionnemens de toutes
les efpeces , & qu'ils avoient fait conftruire fous.
le canon de ce Fort un grand nombre de Barques ,
de Bateaux , & d'autres Bâtimens , non feulement
pour le tranfport de ces approvifionnemens
mais encore pour s'affurer la navigation de ce Lac.
Jugeant que tous ces préparatifs étoient deſtinés .
pour les entreprifes que les ennemis fe propo-.
foient d'exécuter au printemps , il forma le projet
de leur en ôter les moyens.
Dans cette vue , il fit un détachement de 1500
hommes , compofé des Piquets des Bataillons
des troupes de terre , dont un de Grenadiers ,
300 Soldats des troupes de la Colonie , 150 Miliciens
, dont une Compagnie de so Volontaires,
& 300 Sauvages. Ce détachement
ayant été
promptement
raffemblé au Fort Saint -Jean , M.
de Rigaud de Vaudreuil , Gouverneur des Trois
Rivieres , qui le commandoit , le fit marcher en
quatre divifions. La premiere partit le 20 Février::
elle étoit compofée de 6 Compagnies mêlées dés
troupes & des Milices de la Colonie avec quelques.
Sauvages Abenakis , & elle étoit commandée par
SEPTEMBRE. 1757. 205
M. de Saint-Martin , Lieutenant de ces troupes.
La feconde que commandoit M. du Chat , Capitaine
au Régiment de Languedoc , étoit compofée
de deux Piquets de troupes de terre , de trois
Compagnies mêlées de la Colonie & de quelques
Sauvages , & elle fe mit en marche le 21. Elle fut
fuivie le lendemain par la troifieme , qui étoit
commandée par M. Coni , Capitaine au Régiment
de Royal Rouffillon , & qui étoit compofée,
comme la feconde. M. de Rigaud devoit partit
le 23 avec le Piquet de Grenadiers , la Compagnie
des Volontaires Canadiens , & le reste des
Sauvages , qui compofoient la quatrieme Divifion;
mais fon départ fut retardé par le dégel
juſqu'au 2 s .
Les quatre Divifions s'étant réunies au Fort de
Carillon , toute la troupe en partit le 15 de Mars ,
la Compagnie de Volontaires Canadiens faifant
l'avant-garde ; & le 17 à fept heures du foir, on fe
trouva à une lieue & demie du Fort Georges.
Le 18 , M. de Rigaud détacha M. Poullariez
Capitaine de Grenadiers du Régiment de Royal
Rouffillon , avec deux autres Officiers , pour aller
reconnoître le Fort , d'une hauteur qui le domine
à environ une demi-lieue de diftance . Quoique
fur le rapport que lui fit M. Poullariez , il ne
pût pas douter que les ennemis ne fuffent informés
defa marche, il fit fes difpofitions pour l'exécution.
des ordres dont il étoit chargé..
Il fe mit en mouvement avec toute fa troupe
l'entrée de la nuit du 18 au 19. Il détacha M. Dumas
, Capitaine , avec deux autres Officiers &
quelques Grenadiers , pour aller reconnoître les
approches du Fort . Le bruit qu'ils ne pouvoient
s'empêcher de faire , en marchant fur la glace ,,
les fit bientôt découvrir ; & ils furent obligés de
206 MERCURE DE FRANCE
rejoindre la troupe. M. de Rigaud prit cependant
le parti de faire mettre le feu aux Bateaux qui
étoient fous le Fort ; mais il n'y en eut qu'un petit
nombre de brûlés . Les ennemis tuerent deux
hommes , & en bleſſerent un autre. Le 20 , M.
de Rigaud fit inveftir le Fort , afin d'en impoſer à
la Garnifon , qu'il fçavoit être de 5 à 6co hommes
d'élite ; & il envoya un détachement de Sauvages
fur le chemin du Fort Lidius , pour en couper
la communication . Il fit même fommer le
Commandant de fe rendre . Cette fommation fixa
l'attention du Commandant aux difpofitions relatives
à la défenſe du Fort ; enforte que la nuit fuivante
il ne fit tirer que quelques coups de canon &
quelques bombes , qui n'empêcherest pas qu'on
ne brûlât beaucoup d'effers.
Le Fort refta encore inveſti le 21 , fans que les
ennemis oſaflent faire aucune fortie . Ils demeurerent
également tranquilles toute la nuit , mais il
tomba en même temps une fi prodigieufe quantité
de neige fondue, qu'il ne fut pas poſſible de mettre
le feu aux dehors . Le temps fut plus favorable la
nuit ſuivante , & l'on en profita pour biûler tout
ce qui étoit dans le Lac & aux environs du Fort ,
malgré le feu d'artillerie & de moufqueterie que
les ennemis firent de leur côté , & qui tua trois
Soldats , & bleſſa un Officier .
Les ennemis ont perdu par cet incendie quatre
Brigantins de 10 à 14 canons , & deux Galeres à
so rames , qu'ils deftinoient pour la navigation
des Lacs ; plus de trois cens cinquante Bateaux de
tranfport ; une quantité confidérable de bois de
conſtruction ; beaucoup d'affûts de campagne ;
un moulin à fcier des planches ; les hangards &
les magafins qui étoient entourés d'un Fort de
pieux , & où il y avoit plus de 4 mille quarts de
SEPTEMBRE . 1757. 207
farine , & d'autres vivres de toute espece à proportion
, des armes , des habillemens , & génétalement
toutes fortes d'uftenciles de campagne ;
les hôpitaux ; plus de 20 maiſons qui étoient tant
en dedans qu'en dehors du Fort de pieux ; & enfin
toute leur provifion de bois de chauffage. Le
Fort eft refté ifolé ; il n'a même été préfervé du
feu , que parce qu'il n'a point fait de vent durant
tout l'incendie .
Dans cette expédition , qui eft une des plus importantes
qu'on pût entreprendre en Canada durant
l'hyver , il n'y a eu que 5 François tués , un
Officier & un Sauvage bleffés , quoiqu'elle ait
été exécutée fous le feu de l'artillerie & de la
moufqueterie du Fort Georges. On ignore lenombre
d'hommes que les ennemis y ont perdu
mais les Canadiens & les Sauvages avoient été pla
cés , de maniere que par le feu de leur moufquete
rie , ils faifoient fouvent ceffer celui des ennemis ..
Ce fuccès eft principalement dû à la fageffe des
difpofitions que M. de Rigaud a faites , à l'attention
avec laquelle il en a fuivi l'exécution , & à la conftance
avec laquelle il a fupporté les fatigues exceffives
du voyage dans une faifon fi rigoureuſe.
Les différens Corps des troupes & des Milices s'y
font également diftingués à tous égards ; & M. de
Rigaud a été infiniment content de la conduite des
Sauvages qui y étoient employés..
On a lieu de l'être pareillement des difpofitions
de toutes les Nations Sauvages de la Colonie . Celles
qui ont de tout temps été fes alliées , donnent
tous les jours de nouvelles preuves de leur fidélité ,
& font continuellement en parti contre les ennemis.
Il y a d'ailleurs quelques Nations affez nombreufes
, & entr'autres les Tétes-plates , qui font X
208 MERCURE DE FRANCE.
entrées nouvellement dans cette alliance , & quí
ont pris part à la guerre. Les Cinq Nations Iroquoifes
ont envoyé une députation des plus folemnelles
au Marquis de Vaudreuil , pour renouveller
leurs anciens engagemens avec la France. Ils ont
promis non feulement de renoncer à tout commerce
avec les ennemis , mais même de fe joindre aux
autres Nations amies de la France pour agir contr'eux.
Les ennemis de leur côté n'ont tenté qu'une expédition
durant l'hyver. Ayant été informés qu'on
devoit faire paffer du Fort Saint-Frédéric au Fort
de Carillon quelques provifions fous l'eſcorte
d'un petit détachement , ils en envoyerent un de
80 hommes , qui enleva les premieres traînes de
ce convoi , & 7 Soldats . Mais le Commandant
du Fort Saint -Frédéric fit marcher un nouveau
détachement , pour couper celui des ennemis
dans fon chemin . Ils tomberent effectivement
dans l'embuſcade . Le combat fut des plus vifs &
des plus opiniâtres. Il refta du côté des ennemis ,
fur le champ de bataille , 40 hommes dont 3 Offi
ciers . On fit & prifonniers , & le refte du détachement
fe fauva dans les bois , où il a péri de
fes bleffures , de maniere qu'il n'en rentra que 3
hommes dans le Fort Georges. Les François en
eurent 11 de tués , & 26 de bleffés . Ils reprirent
les traînes dont les ennemis s'étoient emparés ; &
à l'égard des 7 Soldats que les ennemis avoient
enlevés , il ne s'en trouva que 3 , les 4 autres ayant
été tués. Cette action s'eſt paſſée le 22 Janvier.
M. le Comte de Gifors qui eft arrivé ici le 31 de
Juillet , a apporté au Roi la nouvelle d'une victoire
, que les troupes de Sa Majefté , commandées
par M. le Maréchal d'Eftrées, ont remportée le 26
de ce mois fur l'armée du Duc de Cumberland. M
SEPTEMBRE. 1757. 209
le Maréchal d'Eftrées ayant fait reconnoître le 25
au foir la poſition des ennemis , réfolut de les attaquer
le lendemain. Ils avoient leur droite vers
Hamelen. Devant leur front étoit un marais impraticable.
Leur gauche étoit appuyée à des montagnes
très- hautes , couvertes de bois , & traverfées
par fept ou huits ravins de vingt pieds de
profondeur. Elle avoit à gauche une redoute , &
droite le village de Haftembecke. Dans cette
fituation , les ennemis ne pouvoient être attaqués
que par leur flanc gauche fur un front de
deux cens toifes ou environ , & après que nous
aurions tourné les fommités des montagnes. M.
de Chevert fut détaché pour cet effet le 25 avant
minuit , avec quatre Brigades d'Infanterie. Mais
ayant quatre lieues à faire , il ne put arriver que
le lendemain 26 à neuf heures du matin. Le canon
de l'ennemi commença à tirer dès fix heures. On
y répondit de notre part jufqu'à huit que fe fit la
véritable attaque , & les batteries des ennemis
furent détruites fucceffivement. M. le Marquis
d'Armentieres & M. de Chevert , chacun avec un
corps féparé , chafferent l'ennemi de la montagne
après un feu très-vif. M. le Comte de Montmorency-
Laval , Colonel du Régiment de Guyenne ,
& qui fervoit dans l'armée en qualité d'Aide-
Maréchal Général des Logis , y fut tué. M. le Marquis
du Châtelet , Colonel du Régiment de Navarre
, y fut dangereufement bleffé d'un coup de
fufil au travers du corps , & M. le Marquis de
Belfunce eut le bras percé d'une balle . Cette attaque
ouvrit le chemin aux troupes de notre aîle
droite , compofée de la brigade Autrichienne ; de
celles de Picardie , de Champagne , de Navarre &
de la Marine ; du Régiment du Roi , & des Grenadiers
de France. Ces troupes ont montré la plus
210 MERCURE DE FRANCE..
οι
grande valeur , & particuliérement celles de l'Impératrice
Reine fe font diftinguées dans l'action .
La Cavalerie & la plus grande partie de l'Infanterie
n'ont pu aborder l'ennemi. La brigade de
Champagne a forcé une batterie retranchée ,
il y avoit huit pieces de canon & deux haubits ,
dont elle s'eft emparé ; & l'ennemi , après avoir
eu plus de trois mille hommes tués ou bleffés , a
été obligé d'abandonner fucceffivement tous fes
poftes , pour gagner les gorges qui menent vers
Hanovre. Sa perte auroit été beaucoup plus confidérable
fans un accident qui a mis quelque interruption
dans l'attaque , & qui a retardé la
pourfuite des fuyards. Plufieurs de nos bataillons
marchant dans la montagne à travers des bois , fe
font fufiliés fans fe reconnoître , & c'eft où nous
avons le plus perdu , ayant environ quinze cens
bleffés , quoique le nombre des morts ne monte
pas à cinq cens .
On attend un plus grand détail de cette action .
L'armée du Roi , lorfque M. le Comte de Gifors
en eft parti , étoit établie fort au-delà de l'ancien
camp des ennemis.
Le même jour que le Roi reçut la nouvelle de
cette victoire , Leurs Majeftés affifterent dans la
Chapelle , au Te Deum qui y fut chanté en action
de graces. M. l'Abbé de Gandras , Chapelain du
Roi , y officia. Le Motet étoit de la compofition ,
& fut exécuté ſous la directión de M. Colin- de
Blamont , Surintendant de la Mufique de la Chambre.
Il y eut le foir trois décharges d'artillerie ,
& toute la ville fut illuminée .
Le 7 Août , la Cour a pris le deuil pour trois
femaines , à l'occaſion de la mort de la Reine
Douairiere de Pruffe.
Le même jour , Sa Majefté reçut M. le Comte
SEPTEMBRE. 1757 . 211
de Gifors Chevalier de l'Ordre de S. Louis.
La ville de Hamelen s'étant rendue le 28 Juil
let , il a été ftipulé par la Capitulation , que la
garnifon , compofée de fept cens Heffois , fortiroit
le 30 avec les honneurs de la guerre , mais
fans canon , & qu'elle feroit conduite à Hanovre
avec tous les chevaux & équipages , fans pouvoir
néanmoins emmener ceux appartenans au refte
de l'armée ennemie ; que les Invalides & les Miliciens
, faifant partie de la garniſon , feroient
renvoyés chez eux , & ne pourroient fervir pendant
tout le temps de la guerre ; que le Major
Général Hodemberg , & tous les autres bleflés &
malades renfermés dans la place , feroient prifonniers
de guerre. Ils font au nombre de huit
cens. Les articles de cette Capitulation ont été
réglés entre M. le Maréchal d'Eftrées & le fieur
Brunck , Major Général des troupes Hanovrien-
- nes .
On a trouvé à Hamelen cinquante- quatre canons
de fonte , & dix- neuf de fer ; dix mortiers
de fonte , trois haubits , vingt - huit mille boulets
, & quatre mille bombes ; deux mille fufils ,
cent cinquante - cinq milliers de poudre , deux
cens mille livres de plomb , & des bateaux qui
étoient deftinés à former un pont fur le Wefer .
Selon l'état que le Roi a reçu de la perte faite
par les troupes à la bataille de Haftembecke , il
y a eu dix -fept Officiers tués & cent dix -huit
bleffés. Le nombre des foldats tués monte à mille
trente-huit , & celui des bleffés à onze cens cinquante-
neuf.
L'armée eft demeurée dans fon camp près de
Hamelen, jufqu'au 31 Juillet : l'ennemi étoit alors
à Minden , qui eft à neuf lieuès de cette place . Le
31 , l'armée s'étant miſe en marche paſſa la ri212
MERCURE DE FRANCE.
viere de Hamel ; la referve du Duc de Randan ſe
tenant à Bifphrode , & le corps du Duc de Broglie
à la hauteur de Hamelen. On fut informé le premier
de ce mois , que le Duc de Cumberland
avoit quitté Minden , pour fe retirer à Niembourg
Les Magiftrats de Minden envoyerent des
Députés offrir les clefs de leur Ville. Le 3 Août , le
Duc de Broglie , après avoir fait occuper cette place
par un détachement , repaffa le Wefer avec
fon corps , & fe dirigea fur Remen. Le corps du
Marquis d'Armentieres s'avança vers Harienbourg
à trois lieues de Minden , & celui du Duc
de Randan fe porta près de Hallerfprinck fur le
grand chemin de Hanovre. Le 4 , jour du départ
du courier qui a apporté ces détails , les habitans
de cette derniere Ville n'attendoient que les troùpes
du Roi pour ouvrir leurs portes . M. le Comte
de Platen étoit chargé de venir traiter des contributions
de l'Electorat. M. le Maréchal- Duc de Richelieu
eft arrivé le 3 au foir au quartier général
d'Oldendorff, &, comme l'ancien de M. le Maréchal
d'Eftrées , il a pris le commandement de l'armée.
Il y eut le 27 Juillet à Saint-Dié , en Lorraine ,
un incendie , qui a réduit en cendres l'Hôtel de
Ville , le Couvent des Capucins , les prifons , &
cent feize maifons , dans lefquelles on comptoir
près de trois cens ménages.
Le Corfaire l'Hobereau , de Calais , comman
dé par le Capitaine Jacques Bonvarlet , s'eft emparé
du Brigantin le Molley , de Linn , de 120
tonneaux , chargé de fer & de planches ; & il l'a
ranconné pour 630 livres fterlings.
Le même Corfaire s'eft rendu maître des Navires
Anglois le Samuel & le Thomas : le premier ,
armé de 6 canons , a pour cargaiſon 6 12 facs de
SEPTEMBRE. 1757. 213
farine , & des légumes ; le fecond eft chargé de
charbon de terre.
Le Bateau la Princeffe de Galles , de Carmar
then , de 70 tonneaux , chargé d'avoine & de
quelques barrils de beurre , dont le Corfaire le
+ Prince de Condé , de Boulogne , s'eft emparé ,
a été conduit à Calais.
La Corvette la Diligente a pris & conduit à la
Hougue , le petit Corfaire Anglois le Duc de
Marlborough , de Grenezey , armé de 4 canons
10 pierriers , & de 23 hommes d'équipage.
•
Il eft arrivé à Cherbourg un Navire d'environ
300 tonneaux , chargé d'huile fine , que le Corfaire
la Comteffe de Bentheim , de Saint-Malo ,
enlevé aux Anglois qui s'en étoient emparés.
Par des lettres écrites de Marfeille , on a été
informé de l'arrivée en ce port des Navires Anglois
la Tofcane , de 350 tonneaux , chargé de
faie & de raifins de Corinthe ; la Sirene & le
Guillaume Elizabeth , n'ayant pour cargaifon
que des raifins de Corinthe. Ces priſes ont été faites
, les deux premieres par le Capitaine Megy
commandant le Corfaire la Marie Défirée , la
troifieme par le Corfaire l'Heureufe Therefe.
Le Vicomte de Rochechouart , Capitaine de
Vaiffeau , commandant la Frégate du Roi la Thétis
, ayant avec lui la Frégate la Pomone , commandée
par le fieur Hector , s'eft rendu maître du
Corfaire Anglois le Boscawen , ( ci- devant le
Mefnil- Montant , de Nantes , ) armé de 22 ca
nons , & de 102 hommes déquipages ; il l'a fait
conduire à Saint- Nazaire au bas de la riviere de
Nantes .
Le Corfaire la Comteffe de Bentheim , de Saints
Malo , y eft rentré avec deux Navires Anglois ,
l'un de 200 tonneaux , qui venoit de la Caroling
214 MERCURE DE FRANCE.
avec une cargaifon d'indigo , de café , de peau
de caftor , de riz & de bois de Campeche ; l'au
tre de 150 tonneaux , chargé de falaiſons . Le même
Corfaire a fait une autre priſe de 120 tonneaux
, qui a été conduite à Perros , & dont le
chargement confifte en huile de Baleine , & en
taffia.
Le Tavignon , autre Corfaire de Saint -Malo ,
a pris & fait conduire au Port Louis le Navire Anglois
le Baal , de Londres , de 160 tonneaux ,
chargé de fucre , de coton , de gingembre , &
de taffia.
Le Navire Anglois le Gorges , chargé de riz , a
été pris par le Corfaire la Nouvelle Saxonne , de
Bordeaux , & conduit à Breft.
Le Corfaire la Bafquaife , de Saint-Jean- de-
Luz , y a conduit le Navire Anglois le Falmouth ,
de Glafcow , dont le chargement confifte en ballots
, & en une caifle contenant diveries marchandifes
.
Le Capitaine Louis Simon , commandant le
Corfaire le Bien -Aimé , de Marſeille , s'eft rendu :
maître du Corſaire Anglois le Blackney , de 16
canons , 24 pierriers , & 71 hommes d'équipa
ge. Il s'eft auffi emparé du Navire la Jeanne Sara,
chargé d'huile & de raifins .
La Sainte-Barbe , le Jefus Maria , Sainte-An=
ne , & la Junon , autres Corfaires de Marſeille
y ont auffi fait conduire les Navires Anglois le
Patfey chargé de bled , le Préfervé , ayant pour
chargement des raifins de Corinthe & d'autres
marchandifes , & la Galere Stapleton , qui n'a
fon left.
que
Le Capitaine Morel , qui commande le Cor
faire l'Actif, de Dunkerque , s'eft emparé des
Bateaux Anglois la Sufanne , de Montroff , le
SEPTEMBRE. 1757. 215
Bon Accord , de Petershead , la Catherine , de
Montroff , & l'Elizabeth , d'Airth en Ecoffe , &
il les a rançonnés pour 12720 livres . Il s'eft auffi
rendu maître des Navires le Dodgfon , de 120 tonneaux
, chargé d'indigo , de fucre , de café , de
quinquina , de tabac & de riz ; la Jeanne , de
Leith , dont la cargaifon eft compofée de fucre ,
de cuirs & de laine ; & l'Escap , de Portfoy , chargé
de charbon de terre & de fel.
Le Saint-Louis , autre Corfaire de Dunkerque ,
dont eft Capitaine le fieur Bachelier , a rançonné
pour 9600 livres les Navires Anglois le Thomus
Elizabeth & le Guillaume , dont il s'étoit emparé.
Les Navires Anglois , la Charmante Marthe
chargé de 30 futailles d'indigo , d'un boucaut &
onze paquets de pelleteries , de riz , &c. & le
Jean-Jofeph , chargé de falaifons , ont été pris
par le Corfaire le Comte de Grammont , & font arrivés
à Bayonne.
Le même Corfaire a fait , conjointement avec
le Corfaire le Maréchal de Richelieu , de Nantes ,
une autre prife chargée de fucre & de tabac , qui
a été conduite à Guetaris près de Saint- Sébaſtien.
Le Corfaire la Comteſſe de Grammont a fait conduire
à Bayonne les Navires Anglois le Grampes,
de Liverpool , fur lequel on a trouvé 8000 livres
en piaftres , & dont la cargaiſon confiſte en diverfes
marchandiſes propres pour la traite des Negres
, & le Triton , de Rodyland , armé de 6 canons
& 6 pierriers , qui a pour chargement des
balloteries.
Il eft auffi arrivê à Bayonne un Navire Anglois,
appellé l'Antelope , qui a été pris par le Corfaire
la Bafquaife , de ce Port , & qui eft chargé de
viandes falées.
La Goëlette la Surpriſe a pris un Brigantin Ang
216 MERCURE DE FRANCE.
glois de 100 tonneaux , dont la cargaiſon eſt com .
pofé de balloteries , & de deux rangs de futailles
dont on ignoroit encore le contenu .
>
Le Vicomte de Rochechouart , Capitaine de
Vaiffeau commandant la Frégate du Roi la
Thétis , ayant avec lui la Frégate la Pomone ,
commandée par le fieur Hector , s'eft emparé le
26 du mois dernier des Corfaires Anglois le Volcan
, de Londres , & le Bofcawen , de Jerzey ,
armés , l'un de 20 canons , 10 pierriers , & 59
hommes ; l'autre de 4 canons , 8 pierriers , &
32 hommes d'équipage. Ces deux Corfaires , pris
à 4 lieues au Nord- Ouest des Glenans , ont été
conduits au Port - Louis .
Le Corfaire le Prince de Condé , de Boulogne ,
a pris & conduit à Calais un Brigantin Anglois ,
de 70 tonneaux , chargé d'avoine.
Le Capitaine Papin , qui commande le Corfaire
l'Hyver , du Havre , a rançonné pour 26000
livres le Navire le Molly , dont il s'étoit rendu
maître ; & il a conduit à Breft un Bâtiment chargé
de chandelle & de falaifons.
Le Corfaire le Machault , de Granville , a pris
& fait conduire dans la Rade de l'Ile de Bas un
Brigantin Anglois , qui eft auffi chargé de falaifons
& de chandelle .
On mande de Nantes , que le Corfaire le Maréchal
de Richelieu , de ce port , y eft rentré avec
un Navire Anglois dont il s'eft emparé , & dont
la cargaiſon confifte en 250 barriques de fucre.
Le Corfaire le Machault , de Saint - Malo , a enlevé
au Corfaire Anglois le Duc de Bedfort , de
Dublin , une Barque Efpagnole , chargée de 150
balles de café de moka , 100 demi - balles de café
de Bourbon , 16 balles de marchandiſes des Indes
, & de quelques bois de teinture,
Le
1
+
SEPTEMBRE . 1757. 217
Le Saint - Florentin & le Puyzieulx , autres
Corfaires de Saint- Malo , fe font emparé , l'un
d'un Navire Anglois venant de la Caroline , avec
un chargement compofé de 900 barriques de riz ,
& de quelques dents d'Eléphant ; l'autre du Corfaire
la Mary-Galley , de Guernezey , armé de 4
canons , 6 pierriers , & 41 hommes d'équipage.
Les Navires Anglois le Dehel , de 70 tonneaux,
chargé de charbon de terre , & le Falmouth , dont
la cargaifon confifte en fel & autres marchandifes
, ont été pris par le Corfaire le Comte d'Hé
rouville, de Bordeaux , & conduits à Breft.
Le Corfaire l'aimable Françoife , de Bayonne ,
s'eft rendu maître des Navires Anglois la Marthe
Anne , chargé de boeuf , petit- falé , beurre &
fromage ; & la Charmante Nancy , de la nouvelle
Yorck , qui a pour cargaifon des toiles , du
fil de carret , & autres marchandiſes . Ces deux
priſes font arrivées , l'une à Saint - Sébaſtien , l'au
tre à Saint- Jean - de- Luz.
Le Navire Anglois le Dauphin , de Juingmouth
, allant à Terre - Neuve , avec 150 hommes
d'équipage , & une partie affez confidérable
de boeuf, de tan & de fuif, a été pris par le Corfaire
la Bafquaife , de Saint -Jean-de - Luz.
On apprend par des lettres écrites de Marſeille ,
que le Corfaire le Tigre , de ce Port , a pris & y
a fait conduire le Navire Anglois le Guillaume,
chargé d'huile.
On a été informé que M. du Reveft , commandant
une des Efcadres que le Roi a fait armer à
Toulon , s'eft rendu maître du Navire Anglois
Les deux Freres , armé de 16 canons , 25 hommes
d'équipage , & chargé de fucre , de café &
d'indigo . Le conducteur de cette priſe , qui eft
arrivée à Cadix , a rapporté que M. du Revest
K
218 MERCURE DE FRANCE.
s'eft emparé d'un autre Bâtiment Anglois , appellé
le Dobbs- Galley , de 190 tonneaux , dont la
cargaifon confiftoit en goudron , tabac & quelques
paquets de pelleteries , & qu'on a mis le feu
à ce dernier Navire , qui n'étoit pas en état de naviger.
Les Corfaires le Machault de Dunkerque , &
L'Amaranthe , de Dieppe , fe font emparé de huit
Bâtimens Anglois , chargés de charbon de terre
& de meules de moulin . Une de ces prifes eft arri
vée à Dunkerque quatre autres ont relâché à
Oftende , & l'on a eu avis de Terveer , qu'il en
eft entré deux dans ce Port.
Le Corfaire la Princeſſe de Soubize a pris un Ba
teau Anglois , chargé de boeuf falé , & il l'a fait
conduire à Breft..
Le Senaw Anglois l'Edward , qui alloit de la
Caroline à Londres avec une cargaiſon compofée
d'indigo , de café , de fucre , de brai & de pelleteries
, a été pris par le Coifaire le Vainqueur ,
de Bayonne. de çe
Les Corfaires le Comte de Grammont ,
Port , & le Maréchal de Richelieu , de Nantes ,
ont enlevé au Corfaire Anglois la Défiance , de
Briſtol , un Navire dont il s'étoit emparé , & qui
a pour chargement du fucre , du tabac & du bois
de bréfil .
" Le Capitaine Marfans-Haraneder , qui commande
le Corfaire la Bafquaife , de Saint Jeande
Luz , a rançonné pour 290 livres sterlings un
Navire Anglois , dont il s'étoit rendu maître , &
il a conduit dans ce Port un autre Bâtiment Anglois
nommé le Lady - Strauge , de Liverpool ,
chargé de balloteries.
Le Navire le Mari , de Waterford , chargé de
fel , de beurre , de lard & de farine , a été pris
SEPTEMBRE . 1757. 219
par le Corfaire le Mars , & conduit à Bayonne.
Le Capitaine Danglade , commandant le Corfaire
la Françoife , de ce Port , s'eft rendu maître
du Navire Anglois l'Industrie , chargé de 300
boucauts de tabac. Ce Bâtiment eft arrivé par relâche
à Saint- Sébastien .
Le Corfaire le Comte de Maurepas , commandé
par le Capitaine Jean- Baptifte de Cock , a rançonné
quinze Bâtimens ennemis pendant les deux
mois de fa feconde courſe. Le fieur de Cock a
conduit dans le port de Dunkerque les ôtages, qui
lui ont été remis pour la fûreté de ces différentes
rançons. Ce Capitaine eft le même , qui dans le
mois d'Octobre de l'année derniere n'ayant que
16 canons , foutint un combat devant Calais , contre
un Vaiffeau Anglois de 36 , & qui à la fin de
Décembre fe défendit près d'Oftende contre qua
tre Corfaires , dont un de 16 canons , un de 12 ,
& les deux autres de 8. Dans ces deux actions , il
montoit le même Corfaire le Comte de Mau-.
repas.
Le fieur de Kerfaint & le fieur de Caumont ,
Capitaines de Vaiffeaux , qui étoient partis de
Breft à la fin du mois de Novembre dernier , avec
trois Vaiffeaux & trois Frégates , font arrivés à la
Martinique le 17 & le 20 Mai , après avoir croisé
féparément fur différentes parties de la côte d'Afrique
. Il fe font emparés fur cette côte de plufieurs
Navires Anglois, qui y faifoient la traite des
Negres , & le fieur de Kerfaint avoit pris dans fa
route au Cap Verd le Corfaire le Boscawen , de
Londres , & les Navires le Sphinx & le Wilkinton
Il a conduit à la Martinique , tant fur les Vaiffeaux
de Sa Majefté , que fur trois Bâtimens qu'il a confervés
des prifes qu'il a faites , onze cens Negres ,
indépendamment de ceux que le fieur de Cau
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
mont a enlevés , & qu'il y a conduits également.
A l'égard des prifonniers , le fieur de Kerfaint en
a débarqué 94 à l'Ile de Bonneviſte , & 71 au
grand Jonk , fur les inftances que les uns & les
autres lui en ont faites , & il a mené le ſurplus à
la Martinique .
Le fieur de l'Ile de Beauchefne , Capitaine de
Vaiffeau commandant la Frégate du Roi le
Zéphyr , s'eft rendu maître du Corfaire Anglois le
Roi de Pruffe , de Briſtol , armé de 20 canons
16 pierriers , 90 hommes d'équipage , & il l'a fait
conduire à Rochefort .
Un autre Corſaire Anglois , appellé le Saint-
Olive , de Londres , de 18 canons , 20 pierriers
& 97 hommes d'équipage , a été pris & conduit
à Breft par le fieur de Longueval , Lieutenant de
Vaiffeau , commandant la Corvette du Roi l'EScarboucle.
Le Corfaire l'Hobereau , de Calais , s'eft emparé
du Brigantin Anglois le Dauphin , chargé de
bois de campêche , & il l'a rançonné pour 19200
livres.
Le Corfaire la Marquise de Beringhen a auffi
rançonné pour 45 livres fterlings un petit Bâtiment
Anglois,
Fermer
Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En juin 1757, plusieurs contrats de mariage furent signés par la Famille Royale, notamment ceux du Marquis de Caumont, du Comte de Lorda et du Marquis de Marbeuf. Le 6 juin, la Sorbonne reçut une députation du Nonce du Pape, offrant un portrait du Pape et toutes les éditions de ses ouvrages. Le 14 juin, le Roi passa en revue les Mousquetaires de sa Garde. Le 26 avril, une convention fut signée entre le Roi et l'Électeur Palatin concernant la restitution des déserteurs. Le Roi ordonna également une amnistie pour les déserteurs ayant rejoint d'autres troupes avant le 20 avril. À Marseille, une frégate de 54 canons fut construite. Le 16 et 19 juillet, le Roi tint le Sceau à Compiègne, et le Maréchal Duc de Richelieu prit congé pour commander une armée. Madame la Dauphine apprit la victoire d'Hastembecke et envoya des lettres de compliments au Roi, qui décerna des épées pour bravoure. En Amérique du Nord, des opérations militaires furent menées contre les ennemis au Fort Georges sur le Lac Saint-Sacrement. Une troupe dirigée par M. de Rigaud attaqua le fort, détruisant des bateaux et des provisions ennemis. Les troupes françaises et alliées autochtones montrèrent discipline et efficacité. Une expédition ennemie contre un convoi français fut repoussée. En Allemagne, le Maréchal d'Estrées remporta une victoire. Des lettres détaillèrent les mouvements et les pertes des armées. En septembre 1757, des corsaires français capturèrent plusieurs navires anglais. Parmi les prises notables, le Prince de Condé captura un brigantin anglais à Calais, et la Diligente prit le Duc de Marlborough à la Hougue. La Comtesse de Bentheim reprit un navire chargé d'huile et ramena deux navires anglais à Saint-Malo. D'autres corsaires capturèrent des navires chargés de diverses marchandises, telles que du sucre, du coton, du riz, du café, et des pelleteries. Les prises furent conduites dans différents ports français, certaines étant rançonnées.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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17
p. 177-201
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le 9 Octobre, sur les cinq heures de l'après-midi, Madame la Dauphine commença à sentir [...]
Mots clefs :
Naissance du Prince, Comte d'Artois, Famille royale, Cérémonie, Madame la Dauphine, Accession à des charges, Serment, Troupes, Actes de piété et démonstrations de joies, Députés, Canada, Anglais, Nouvelle France, Campagne militaire, Ennemis, Marquis de Vaudreuil, Forts, Expéditions, Batailles, Lieutenant, Colonel, Marquis de Montcalm, Capitaine, Soldats, Chevalier, Milices, Défense, Les sauvages, Camps, Protections, Artillerie, Siège, Victoire, M. Passemant, Miroir, Corsaires , Navires, Marchandises
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
I
E 9 Octobre , fur les cinq heures de l'aprèsmidi
, Madame la Dauphine commença à fentir
Hv
178 MERCURE DE FRANCE.
des douleurs. Vers les fept heures du foir , cette
Princeffe accoucha d'un Prince , que le Roi a nom.
mé Comte d'Artois. M. l'Abbé de Bouillé , Comtede
Lyon , & premier Aumônier de Sa Majeſté ,
fit , à fept heures un quart , la cérémonie de l'ondoyement
, en préfence du Curé de la Paroiffe da
Château . Monfieur Rouillé , Miniftre d'Etat , Sur
Intendant général des Poftes , & grand Tréforier
de l'Ordre du S. Elprit , ayant apporté le Cordon
de cet Ordre , eut l'honneur de le paffer au col
du Prince . Monfeigneur le Comte d'Artois fut enfuite
remis à la Comteffe de Marfan , Gouvernante.
des Enfans de France ; & elle le porta à l'appartement
qui lui étoit deſtiné . Ce Prince y fut conduit
par le Maréchal Duc de Luxembourg , Capitaine
des Gardes du Corps.
Le Roi & la Reine , accompagnés de la Famille
Royale , ainfi que des Princes & Princeffes du
Sang , des grands Officiers de la Couronne , des.
Miniftres , des Seigneurs & Dames de la Cour
& précédés des deux Huiffiers de la Chambre quis
portoient leurs maffes , fe rendirent le lendemain
à la Chapelle. Leurs Majeftés y entendirent la
Meffe , pendant laquelle M. Colin de Blamont ,
Chevalier de l'Ordre de S. Michel , & Sur- Intendant
de la Mufique de la Chambre , fit exécuter le
Te Deum en mufique , de fa compofition . Cette
Hymne fut entonnée par M. l'Abbé Gergois, Chapelain
ordinaire de la Chapelle- Mufique.
Après la Meffe , le Roi & la Reine , Monfeigneur
le Dauphin , Monfeigneur le Duc de Bourgogne ,
Monfeigneur le Duc de Berry , Monfeigneur le
Comte de Provence , Madame Infante Duchellede
Parme , Madame ,. & Mefdames Victoire , Sophie
& Louife , reçurent dans leurs appartemens
les révérences des Dames de la Cour , à l'occafion
NOVEMBRE. 1757 179
des couches de Madame la Dauphine , & de la
naiffance du Prince.
On tira le foir un bouquet d'artifice devant les
fenêtres du Roi.
Sa Majefté a fait partir Monfieur Pernot- du
Buat , un de fes Gentilshommes ordinaires
pour aller à Luneville donner part de la naiffance
de Monfeigneur le Comte d'Artois au Roi de Pologne
, Duc de Lorraine & de Bar.
Madame la Dauphine & le jeune Prince fe por--
tent auffi bien qu'on puiffe le défirer.
9"
Sur le premier avis que Madame la Dauphine:
avoit reffenti quelques douleurs , le Corps - de-Ville
s'étoit affemblé. A huit heures & demie du foir
le fieur d'Amfreville , Chefde Brigade des Gardes.
du Corps , vint lui apprendre , de la part du Roi,.
la naiffance d'un Prince. Auffi -tôt les Prevôt des
Marchands & Echevins firent annoncer à toute la
Ville , par une falve générale de l'artillerie , & par
la cloche de l'Hôtel- de-Ville , qui a fonné jufqu'au
lendemain minuit , la nouvelle faveur qu'il
a plu à Dieu d'accorder au Roi & à la Nation. On
tira le même foir dans la place de l'Hôtel - de-Ville :
un grand nombre de fufées volantes,
Le ro , les officiers des cérémonies étant ab--
fens , le fieur Ourfin de Soligny , Maître d'hôtel
du Roi , remit au Corps - de- Ville une lettre de Sa
Majefté. Il fut fait deux falves générales de l'artil
lerie , l'une dès le matin , l'autre vers les fix heu--
res du foir , après laquelle les Prevôt des Marchands
& Echevins allumerent,avec les cérémonies
accoutumées , le bucher qui avoit été dreffé dans
la place devant l'Hôtel- de- Villé . Ce feu fut accom.-
pagné d'une grande quantité d'artifice : On fit couler
dans la place plufieurs fontaines de vin , & l'on
diftribua du pain &. des. viandes au peuple . Des.
H.vj.
180 MERCURE DE FRANCE.
orcheftres remplis de muficiens , mêlerent le foa
de leurs inftrumens aux acclamations dictées paa
Palégretle publique. La façade de l'Hôtel- de-
Ville fut illuminée par plufieurs filets de terrines ,
ainfi que l'hotel du Prevôt des Marchands , & les
mailons des Echevins & Officiers du Bureau de la
Ville.
Le Roi a accordé à M. le Marquis de la Tour-
Dupin de Paulin le régiment de Guyenne , vacant
par la mort de M. le Conte de Montmorenci-
Laval , tué à la bataille de Haftembecke .
a
Le Roi ayant admis dans fon Confeil des Dépêches
les fieurs Gilber de Voyfins & Berryer , Confeillers
d'Etat , le 16 octobre ils eurent l'honneur
de faire leurs remerciemens à Sa Majeſté.
Sa Majesté a donné le gouvernement général de
l'Orléanois , vacant par la mort de M. le Duc d'Antin
, au Comte de Rochecouart , fon Miniftre
Plénipotentiaire à la Cour de Parme.
Le 19 , M. le Duc de Duras prêta ferment entre
les mains du Roi pour la charge de premier Gentilhomme
de la Chambre , vacante par la mort du
Duc de Gefvres.
Le même jour, M. le Marquis de Gontaut prêta
ferment entre les mains de Sa Majeſté , pour la
Lieutenance générale du Languedoc , vacante par
la mort de M. le Maréchal Duc de Mirepoix.
Le Roi a difpofé en faveur du Prince de Beauveau
, de la charge de Capitaine des Gardes du
Corps , qu'avoit auffi le feu Maréchal Duc de Mirepoix
Sa Majesté a accordé au Vicomte de Noë,
Chambellan du Duc d'Orléans , & Capitaine de
vaiffeau , un brevet de Colonel à la ſuite du régiment
d'Orléans cavalerie.
M. de Lamoignon de Bafville a obteau da
A
a.
I
fo
P
ve
G
M
G:
NOVEMBRE . 1757. 181
Roi l'agrément de la charge de Préſident du Par
lement , dont le fieur Molé , premier Préfident ,
étoit revêtu.
Le Roi a nommé M. le Comte des Salles, Capitaine
de Cavalerie dans le régiment d'Harcourt ,
à la place deColoneldans lesGrenadiers de France,
vacante par la nomination de M. le Marquis de la
Tour - Dupin de Paulin au régiment de Guyenne.
Les troupes de la Maiſon du Roi , qui avoient
été détachées pour la défenſe de nos côtes , ne
font point arrivées à leur deftination , par la
prompte retraite des Anglois , & ont eu ordre de
revenir. Les Gardes Françoifes & les Gardes Suiffes
qui étoient reftées à Tours , à Saumur & à
Blois , doivent fe rendre ici fucceffivement dans
Fla fin d'octobre , & au commencement de novembre.
Les détachemens des Gardes du Corps ,
Gendarmes de la Garde , Chevaux- Légers , &
Moufquetaires de la premiere Compagnie , font
tous partis le 19 octobre , d'Orléans , d'Eftampes ,
d'Arpajon & de Chartres , où ils étoient reftés. La
feconde Compagnie des Moufquetaires , & les
Grenadiers à cheval , qui avoient reçu des contreordres
à temps , n'ont point quitté leurs quartiers.
Madame la Dauphine étant accouchée d'un
Prince le 9 d'octobre , M. le Marquis de Paulmy ,
Miniftre & Sécretaire d'Etat , expédia fur le champ.
un courier aux Députés des Etats de la Province
d'Artois
, pour leur faire fçavoir que le Roi avoit
nommé le nouveau Prince , Comte de cette Pro-,
vince. Auffitôt que cette nouvelle fut portée à
Arras , Capitale de l'Artois , toutes les cloches de
la Ville fonnerent , les habitans fermerent d'euxmêmes
leurs boutiques , & coururent en foule à
P'Eglife , pour y rendre à Dieu des actions.de.gra
182 MERCURE DE FRANCE.
ees de l'heureuſe délivrance de Madame la Dau
phine , & lui demander la conſervation d'un
Prince qui leur eft d'autant plus cher , que la
Province , depuis cinq hecles , a été privée de
Phonneur de voir fon nom porté par un Prince
de la Maiſon Royale. Ces actes de piété furent
fuivis des démonftrations de la joie la plus vive.
La nouvelle fut bientôt répandue jufqu'aux extrê
mités de l'Artois ; & tous les peuples , à l'envi de
la Capitale , s'emprefferent de faire éclater lear
reconnoiffance & leur alegreffe . Les Etats de la
province s'affemblerent extraordinairement , &
éfolurent de nommer une députation folemnelle,
formée de trois perfonnes de chaque ordre , pour
aller , conjointement avec les députés ordinaires
qui réfident cette année à la fuite de la Cour , remercier
le Roi de lafaveur fignalée que Sa Majesté
vient d'accorder à l'Artois , & pour la féliciter ,
ainfi que la Famille royale , fur cet heureux évé
nement. Cette députation s'étant rendue à Verfailles
le Dimanche 16 d'octobre , elle fut admife
à l'audience du Roi , de la Reine , de Monseigneur
le Dauphin , de Monfeigneur le Duc de Bourgogne
, de Monfeigneur le Duc de Berry , de Mon
feigneur le Comte de Provence , de Monfeigneur
le Comte d'Artois , de Madame Infante Ducheffe
de Parme , de Madame , & de Meſdames Victoire ,
Sophie & Louife. Les Députés furent préfentés
par M. le Marquis de Paulmy , Miniftre & Secresaire
d'Etat , ayant le département de la Province,
& conduits par M. Defgranges , Maître des Céré
monies. La députation étoit compofée de MM. les
Evêques d'Arras , de Saint - Omer , l'Abbé de
Saint-Waak & l'Abbé de Cry , Chanoine de is
Cathédrale d'Arras , pour le Clergé ; de MM. le
Marquis de Creny , le Comte d'Houchin , k
Bar
記
acc
Co
On
La
Pa
4
#1
NOVEMBRE . 1757. 183:
Baron de Wifmes , & le Baron d'Haynin , pour la
Nobleffe ; de MM. de Canchy , Echevin de la ville
de Saint - Omer ; Cornuel & Goffes , Echevins de
la ville d'Arras , & de Gouves , Procureur du Roi
de la même ville , pour le Tiers - Etat. Elle étoit
accompagnée de M. le Premier Préfident & du .
Confeil Provincial d'Artois . M. l'Evêque de Saint-
Omer porta la parole , & exprima d'une maniere:
touchante les fentimens de joie , d'amour , de
refpect & de reconnoiffance, communs à tous les
habitans de l'Artois. Cette Province fut réunie à
la Couronne en 1199 , par Philippe Augufte. Il
Périgea en Comté , & la donna à fon fils aîné , depuis
Louis VIII . Ce Comté paffa enfuite à Robert,.
fecond fils de Louis , qui porta le nom de Comte:
d'Artois , & fut tué à la bataille de la Maffoure,
Philippe le Bel en 1297 érigea l'Artois en Comté
Pairie.
La Princeffe de Condé eft accouchée heureufe--
ment les d'Octobre d'une Princeffe.
Les mauvais fuccès que les Anglois ont éprouvés
dans les entreprifes qu'ils ont tentées , foit dans le
fein de la paix , foit depuis la déclaration de la
guerre , pour envahir le Canada , ne les ont point
rebutés . Perfonne n'ignore les préparatifs im
menfes qu'ils avoient faits pour l'attaquer cette
année tout à la fois par mer & du côté des
terres. Les forces navales , que le Roi a deſtinées
pour la défenſe de cette colonie , ont fait échouer
leur projet du côté de la mer; & les difpofitions:
qui ont été faites dans le pays , les ont mis éga
lement hors d'état de faire aucune tentative fur les
frontieres.
Dès la fin de la campagne de l'année derniere ,,
M. le Marquis de Vaudreuil, Gouverneur & Lieute
pant-Général de la Nouvelle France , s'occupa de
184 MERCURE DE FRANCE.
tous les arrangemens qu'il pouvoit y avoir à pren
dre pour le mettre en état de les repouffer de toutes
parts.
Il prit des mefures pour avoir des partis de Canadiens
& de Sauvages continuellement en cam.
pagne durant l'hyver. Les incurfions que ces détachemens
ont faites fur les ennemis leur ont ré
beaucoup de monde , & donné l'alarme à leurs
colonies, où ils ont fait beaucoup de ravages.
M. le Marquis de Vaudreuil s'eft appliqué authà
ménager les bonnes difpofitions des Nations Sauvages
, qui en général font foulevées contre l'iajuftice
des prétentions & la violence des procédés
des Anglois. Celles qui font anciennement alliées
de la France n'ont point ceffé de donner de nouvelles
preuves de leur fidélité , & ont été continuellement
en parti contre les ennemis. D'autres
Nations nombreuſes font entrées dans cette alliance
, & ont pris part à la guerre. Les Iroquois
eux-mêmes , ces Nations que les Anglois repréſen
tent à l'Europe comme leurs fujettes , animés des
mêmes motifs que les autres Sauvages , ont pris le
même parti , malgré les efforts de toute espece
que les Gouverneurs Anglois ont faits pour obtenir
d'eux qu'ils s'en tinffent à la neutralité qu'ils
avoient obfervée dans les guerres précédentes
d'entre la France & l'Angleterre.
C'eſt relativement aux avantages que M. le Marquis
de Vaudreuil s'eft vu en état de tirer des difpofitions
de toutes ces Nations , qu'il a réglé fes
opérations.
Il avoit jugé que les ennemis tourneroient leurs
principaux efforts du côté du Lac Saint- Sacrearent
& du Lac Champlain ; & il a donné une
attention particuliere à munir les Forts qui défendent
cette frontiere. Les ennemis ayant été infor
NOVEMBRE. 1757 . 185
més qu'on devoit faire pafler du Fort Saint-Fre
déric au Fort de Carillon quelques provifions fous
l'escorte d'un petit détachement , en envoyere t
un de quatre-vingts hommes d'élite , qui enleva les
premieres traînes de ce convoi & fept Soldats ;
mais le Commandant du Fort Saint- Frédéric fit
marcher un nouveau détachement qui coupa celui
des ennemis dans fon chemin , le défit entiérerement
, à l'exception de trois hommes qui fe
fauverent , & reprit les traînes dont les ennemis
s'étoient emparés , & trois Soldats qui reftoient
de ceux qui avoient été enlevés . Cette action fe
pafla au mois de Janvier. MM . de Bafferode & de
la Grandville , Capitaines aux Régimens de Languedoc
& de la Reine , y eurent la principale
part.
M. le Marquis de Vaudreuil apprit dans le même
temps que les ennemis avoient raflemblé au
Fort Georges fitué fur le Lac Saint -Sacrement ,
des approvifionnemens confidérables de toures
les efpeces , & qu'ils avoient fait conftruire fous
le canon de ce Fort un très -grand nombre de barques
, de bateaux & d'autres bâtimens , non-feulement
pour le tranfport de ces approvifionnemens
, mais encore pour s'affurer la navigation de
ce Lac. Il jugea que tous ces préparatifs étoient
deftinés pour des entreprifes que les ennemis fe
propofoient d'exécuter au printems. Pour leur en
ôter les moyens , il fit , matcher au mois de Mars
un détachement de quinze cens hommes de troupes
réglées , Canadiens & Sauvages , fous les ordres
de M. Rigaud- de Vaudreuil , Gouverneur
des Trois - Rivieres , qui réuffit fi bien dans fon
expédition , qu'il parvint à brûler tous les bâtimens
de mer , tous les magafins qui étoient rem➡
plis de toutes fortes de munitions & d'uftenfiles
186 MERCURE DE FRANCE.
pour une armée de quinze mille hommes , & généralement
tout ce que les ennemis avoient raſ◄
femblé fous le Fort , lequel refta ifolé.
M. le Marquis de Vaudreuil ne fe contenta
pas des obftacles qu'il oppofoit par- là à l'exécution
des projets des ennemis du côté du Lac Saint-Sacrement
, il fortifia de nouveau les garnifons des
poftes qui font fur cette frontiere ; & au moyen
du renfort de troupes & des autres fecours que le
Roi a fait paffer en Canada , ce Gouverneur s'eft
trouvé en état d'agir offenfivement contre les ennemis.
Du côté de la Belle Riviere , il a fait détruire
plufieurs petits Forts qu'ils y avoient établis .
Pour profiter efficacement des avantages de
Pexpédition de M. Rigaud , & de ceux de la fituation
où le trouvoit la colonie du côté de la mer ,
il a formé le projet de s'emparer du Fort Georges.
L'établiffement de ce Fort , qui n'avoit été fait
que depuis peu de temps, étoit une de ces invaſions
que les Anglois font dans l'ufage de faire en tems
de paix fur les poffeflions de leurs voisins ; & il
leur donnoit les plus grandes facilités pour atta
quer le Canada par fon centre.
M. le Marquis de Vaudreuil a chargé de cette
importante expédition M. le Marquis de Montcalm
, Maréchal de Camp. Le corps de troupes
qu'il y a deftiné , étoit compofé de fix bataillons
de troupes de terre , d'un détachement des
troupes réglées de la colonie , de plufieurs détachemens
de milices , & de plufieurs partis de
Sauvages. Toutes ces troupes ont été raſſemblées
le 20 Juillet à Carrillon , où M. de Bourlamaque
, Colonel d'Infanterie , avoit déja fait les dif
pofitions préliminaires pour la marche de l'armée.
M. le Marquis de Montcalm s'y étoit rende
Σ
&
C
C
f
C
་
NOVEMBRE. 1757. 187
quelque temps auparavant. En attendant que l'armée
pût le mettre en marche , il avoit détaché
M. de Rigaud- de Vaudreuil , pour s'emparer de
la tête du portage du Lac Saint- Sacrement , avec
un corps de troupes de la colonie , de Canadiens
& de Sauvages.
M. Kigaud- de Vaudreuil s'étant établi dans ce
pofte , il envoya trois détachemens à la découverte.
Le premier , qui n'étoit que de dix hommes ,
fut attaqué fur le Lac Saint- Saciement par plufieurs
canots , dans lefquels il y avoit cent vinge
à cent trente Anglois . Quoique M. de Saint-
Ours , Lieutenant des troupes de la Colonie ,
qui le commandoit , fût bleffé à la premiere décharge
, il fe défendit avec tant de fermeté , qu'il
obligea les ennemis à fe retirer.
Le fecond , qui étoit affez confidérable , fut
commandé par M. Marin , autre Lieutenant , quis
fe fit précéder par huit Sauvages qui faifoient fon
avant-garde , lefquels fe trouverent vis - àvis quarante
Anglois. Dès le premier abord , ils firent :
leur décharge fur les ennemis , tuerent leur Com
mandant , & mirent le refte en fuite. M. Marin ,,
ayant rejoint fon avant-garde , réduifit fon détachement
à cent cinquante hommes d'élite . Il fe
porta près du Fort Edouard , éloigné de quelques.
lieues du Fort Georges , fans être découvert. Il défit
d'abord une patrouille de dix hommes , enfuite
une garde ordinaire de cinquante hommes ,
& plufieurs travailleurs. Il fe préfenta à la vue da
camp des ennemis , qui fortirent au nombre de
trois mille hommes faifant feu fur lui . Il le foutine
pendant deux heures. Ce ne fut même qu'avec
peine qu'il obligea les Sauvages qui étoient avec
ui , à fe retirer, Il tua dans certe action plus de
"
H
188 MERCURE DE FRANCE. Re
*
cent cinquante hommes , à quarante defquels les
Sauvages leverent la chevelure. Il n'en perdit pas
un feul & il n'y eut de bleffés que deux Sauvages.
Le troifieme détachement , commandé par M.
Corbiere , autre Officier de la Colonie , fe tint
embufqué pendant une journée. Au commencement
de la nuit , il apperçut fur le Lac vingt Berges
& deux Efquifs , dans lefquels il y avoit plus
de trois cens cinquante Anglois , commandés par
le Colonel Parker , cinq Capitaines , & fix autres
Officiers. Les Sauvages qui étoient avec lui firent
leur cri & leur décharge en même temps. Les
ennemis firent une foible réſiſtance. Deux feules
Berges fe fauverent , les autres furent prifes ou
coulées à fond. M. Corbier revint avec ceat
foixante-un prifonniers . Il y eut plus de cent cinquante
Anglois tués ou noyés ; & dans le détachement
François , il n'y eut qu'un Sauvage blee
affez légèrement .
M. le Marquis de Montcalm s'occupoit cependant
des difpofitions de fa marche . Il diftribua les
miliciens en plufieurs bataillons , dont il donnale
commandement à des Officiers des troupes de la
Colonie ; & des compagnies détachées de ces treapes
, il compofa un bataillon pour rouler avec
ceux des troupes de terre . H donna auffi à M. de
Villiers , Capitaine de celles de la Colonie , &
connu par plufieurs expéditions qu'il a exécutées
dans cette guerre , un corps de trois cens volontaires
Canadiens ; de maniere que l'armée le
trouva compofée de trois brigades de troupes ré-
'glées , qui étoient la brigade de la Reine , formée
des bataillons de la Reine & Languedoc , &
de celui des troupes de la Colonie ; la Brigade de
Sarre , des bataillons de la Sarre & de Guyen
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Ca
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སྒོ་
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9-
E
NOVEMBRE . 1757. 189
celle de Royal- Rouffillon , des bataillons de
Royal- Rouffillon & Bearn ; de fix brigades de
milices , des trois cens volontaires de Villiers , &
d'un détachement d'artillerie & de génie , compofé
de fept Officiers , & d'environ cent vingt
canonniers , bombardiers ou ouvriers . Tous ces
corps ne faifoient cependant enſemble que cinq
mille cinq cens combattans , non compris les
Sauvages qui étoient au nombre d'environ dixhuit
cens , parce que M. le Marquis de Montcalm
fut obligé de prendre dans les troupes quelques
détachemens , tant pour la garnifon du Fort de
Carillon , que pour quelques autres poftes .
Il étoit queftion de tranfporter par terre & à
bras d'hommes , depuis Carillon jufqu'au Lac
Saint-Sacrement , non feulement l'artillerie & les
munitions de guerre & de bouche de toute espece,
mais encore plus de quatre cens bateaux & canots ;
& cette opération fut fuivie avec tant de foin ,
qu'elle fut achevée la nuit du 31 Juillet au premier
Août.
Dès le 30 Juillet M. le Marquis de Montcalm
avoit fait partir M. le Chevalier de Levis , Brigadier
, à la tête d'un corps de deux mille cinq cens
hommes compofé de fix compagnies de Grenadiers
, huit piquets des volontaires de Villiers ,
d'environ mille Canadiens , & cinq cens Sauvages
, pour marcher au travers des bois , affurer
la navigation de l'armée , reconnoître & couvrir
fes débarquemens. Malgré les difficultés & les
fatigues de cette marche , cet Officier prit pofte
dès le lendemain au foir à la Baie de Ganaouské ,
qui n'eft qu'à quatre lieues du Fort Georges.
Le premier Août l'armée s'embarqua , & arriva
le 2 à trois heures du matin dans cette même
Baic. M. le Chevalier de Levis en repartit avec
190 MERCURE DE FRANCE.
fon détachement à dix heures , fe porta à une anfe
éloignée du Fort Anglois d'environ une lieue , &
fut reconnoître le Fort , la pofition des ennemis ,
& le débarquement propre à l'artillerie L'armée
arriva fur les onze heures du foir à cette même
anfe , & tout le monde reſta au bivouac .
Des prifonniers , qui furent faits pendant la
nuit des Canadiens & des Sauvages , rappor
par
terent que le nombre des ennemis pouvoit monter
à trois mille hommes , dont cinq cens étoient actuellement
dans le Fort , & le refte dans un camp
retranché qui étoit placé fur une hauteur à deux
cens toiles du Fort & à portée d'en rafraîchir continuellement
la garnifon. Ils ajouterent qu'au fignal
d'un coup de canon , toutes les troupes devoient
prendre les armes.
Sur ce rapport , qui s'accordoit avec les connoiffances
que M. le Chevalier de Levis avoit pri
fes fur la polition des ennemis , M. le Marquis de
Montcalm donna fur le champ l'ordre de marche
de l'armée , dont la difpofition fut faite pour recevoir
les ennemis , en cas qu'ils vinfſent à fa rencontre
, & pour , dans le cas où ils ne viendroient
pas , inveftir la place , & même attaquer le camp
retranché , s'il étoit jugé fufceptible d'une attaque
de vive force .
Le 3 à la pointe du jour , l'armée ſe mit en
marche.
M. le Chevalier de Levis faifoit l'avant-garde
avec fon corps , une partie des milices & tous les
Sauvages. Les bataillons & le refte des milices
marchoient enfuite en colonne , M. Rigaud-de
Vaudreuil à la droite , M. de Bourlamaque à la
gauche , & M. le Marquis de Montcalm dans le
centre. M. de Privat , Lieutenant- Colonel , avoit
été placé avec cinq cens hommes de troupes &
NOVEMBRE. 1757. 198
ane brigade de milices à la garde des bateaux &
de l'artillerie.
A midi , l'inveſtiſſement fut entierement formé
M. le Marquis de Montcalm , qui s'étoit porté à
l'avant -garde , ayant reconnu qu'il ne pouvoit at
taquer les retranchemens des ennemis , fans trop
compromettte fes forces , envoya ordre à M. de
Bourlamaque d'affeoir le camp de l'armée , la
gauche au Lac , la droite à des ravines preſque
inacceffibles , & d'y conduire fur le champ les
brigades de la Sarre & de Royal- Rouffillon . Pour
lui , avec la brigade de la Reine & une brigade de
milices , il paffa la nuit au bivouac , à portée de
foutenir le camp que M. le Chevalier de Levis occupoit
avec l'avant-garde fur le chemin du Forg
Gorges au Fort Edouard.
Comme ce pofte de l'avant -garde étoit trop
éloigné du ſiege , des bateaux & des vivres , elle
fe rapprocha le 4 au matin. M. le Marquis de
Montcalm ramena les deux brigades qu'il avoit
avec lui , prendre leur place dans le camp. L'ar
mée deſtinée à faire le fiege fe trouva alors poſtée ,
& compofée de fept bataillons de troupes , & de
deux brigades de milices. M. le Chevalier de Le
vis & M. Rigaud- de Vaudreuil , avec le refte des
milices , les volontaires de Villiers , & tous les
Sauvages , furent chargés de couvrir la droite du
camp , d'obferver les mouvemens des ennemis du
côté du chemin du Fort Edouard , & de leur don
ner à croire , par des mouvemens continuels , que
cette communication étoit encore occupée.
Dans l'après- midi du même jour 4 , on mar
qua le dépot de la tranchée. On fit le chemin de
ce dépôt au camp , les fafcines , gabions & fauciffons
néceffaires pour le travail de cette premiere
nuit ; & l'on mit en état une anfe , à laquelle le
192 MERCURE DE FRANCE.
dépôt aboutifloit , pour y pouvoir débarquer dans
la nuit l'artillerie à mesure qu'on en auroit befoin.
La nuit du 4 aus , on ouvrit la tranchée à 350
toiles du Fort d'attaque , embraffant le front du
Nord-Oueſt : cette tranchée étoit une espece de
premiere parallele. On commença auffi deux batteries
avec leur communication à la parallele.
Dans la journée dus , les travailleurs de jour
perfectionnerent les ouvrages de la nuit. Mais on
fut obligé de retirer un peu plus en arriere la gauche
du camp de l'armée , laquelle fe trouvoit trop
expofée au feu de la Place.
Le même jour , les Sauvages intercepterent
une lettre du Général Webb , écrite du Fort
Edquard en date du 4 à minuit . Il mandoit au
Commandant du Fort Georges , qu'auffitôt après
J'arrivée des milices des provinces auxquelles il
avoit envoyéordre devenir le joindre fur le champ,
il s'avanceroir pour combattre l'armée Françoife ;
que cependant , fi ces milices arrivoient trop tard
le Commandant fît enforte d'obtenir les meilleures
conditions qu'il pourroit. Cette lettre détermina
M. le Marquis de Montcalm à accélérer encore
la construction des batteries ; & le nombre
des travailleurs fut augmenté.
La nuit dus au6 , on acheva la batterie de la
gauche qui fut en état de tirer à la pointe du jour ;
elle étoit de huit pieces de canon & d'un mortier,
& elle battoit le front d'attaque & la rade des barques.
On acheva auſſi la communication de la batterie
de la droite avec la parallele , & l'on avança
confidérablement cette batterie.
La nuit du 6 au7 , on conduifit un boyau de
Iso toifes en avant fur la capitale du Baftion de
P'Ouest , & l'on acheva la batterie de la droite.
Elle étoit de huit pieces de canon , d'un mortier
&
te
fe
NOVEMBRE . 1757. 193
& de deux obufiers : elle battoit en écharpant le
front d'attaque , & à ricochet le camp retranché.
Elle fut démafquée à fept heures du matin ; &
après une double falve des deux batteries , M. le
Marquis de Montcalm jugea à propos de faire porter
au Commandant de la Place la lettre du Général
Webb , par M. de Bougainville un de fes Aides
de camp.
La nuit du 7 au 8 , les travailleurs cheminant
fur la Place , en continuant le boyau commencé
la veille , lequel fut conduit à 100 toifes du foffé,
ouvrirent auffi à l'extrêmité de ce boyau , un cro
chet pour y établir une troifieme batterie , & y
loger de la moufqueterie . Vers minuit , les enne
mis firent fortir trois cens hommes du camp retranché
. M. de Villiers tomba fur eux avec un
petit nombre de Canadiens & de Sauvages , leur
tua foixante hommes , fit deux prifonniers , &
força le refte à rentrer dans le camp.
Le travail de la nuit avoit conduit à un marais
P'environ so toifes de paffage , qu'un côteau qui
e bordoit mettoit à couvert des batteries de la
Place , à l'exception de 10 toifes de longueur ,
bendant lefquelles on étoit expoſé au feu de ces
batteries. Quoiqu'en plein jour , M. le Marquis
le Montcalm fit faire ce paffage comme celui
l'un foffé de place rempli d'eau , les fappeurs s'y
orterent avec tant de vivacité , que , malgré le
eu du canon & de la moufqueterie des ennemis ,
I fut achevé dans la matinée même , & qu'avant
a nuit une chauffée capable de fupporter l'artilleie
fe trouva pratiquée dans le marais. La moufueterie
des Canadiens & des Sauvages , qui tisient
aux embrafures du Fort , diminua beauoup
durant cette journée le feu des ennemis .
A quatre heures du foir , les Sauvages- Décou
I
194 MERCURE DE FRANCE.
vreurs rapporterent qu'un gros corps d'armée
marchoit au fecours de la place par le chemin du
Fort Edouard . M. le Chevalier de Levis s'y por
fur le champ avec la plus grande partie des Canadiens
& tous les Sauvages. M. le Marquis de
Montcalm ne tarda pas à le joindre avec la brigade
de la Reine & une brigade de milices . Il s'avançoit
en bataille prêt à recevoir l'ennemi ; les
bataillons en colone fur le grand chemin , les
Canadiens & les Sauvages fur les aîles dans les
bois , lorfqu'il apprit que la nouvelle étoit faufle.
Il fit rentrer les troupes dans leur camp . Ce mor
vement ne caufa aucun dérangement aux travar
du fiege ; & la promptitude avec laquelle il f
exécuté , fit un très -bon effet dans l'efprit des
Sauvages.
La nuit du 8 au 9 , on déboucha du marais pur
un boyau fervant de communication à la feconde
parallele qui fut ouverte fur la crête du côteau, &
fort avancée dans la nuit. C'eft de cette parallele
qu'on devoit partir pour établir les batteries de
breche , & en la prolongeant , envelopper le Fort
& couper la communication avec le retranche
ment , laquelle jufqu'alors avoit été libre. L
affiégés n'en donnerent pas le temps à huit he
res du matin ils arborerent pavillon blanc .
201
tro
le
fet
M. le Marquis de Montcalm dit au Colonel Co
Yong , envoyé par le Commandant pour trait
de la capitulation , qu'il ne pouvoit en fignera
cune fans en avoir auparavant communiqué les
ticles aux Sauvages. Deux motifs l'engageoiesti
ce ménagement pour eux : il croyoit le devoir
confiance & à la foumiffion avec lesquelles ils s
toient prêtés depuis le commencement de l'exp
dition à l'exécution des ordres qu'il leur avoit do
nés , & de toutes les propofitions qu'il leur apo
la
M
NOVEMBRE. 1757. 195
faites ; & il vouloit les mettre par -là dans l'obli
gation de ne rien faire de contraire à la capitulation
qui feroit arrêtée. Il convoqua donc fur le
champ un Confeil Général de tous les Sauvages.
Il expofa aux Chefs les conditions auxquelles les
Anglois offroient de fe rendre , & celles qu'il
étoit réfolu de leur accorder. Les Chefs s'en rapporterent
à tout ce qu'il feroit , & lui promirent
de s'y conformer , & d'empêcher que leurs jeunes
gens n'y contrevinffent directement ni indirectement.
M. le Marquis de Montcalm envoya immédia
tement après ce confeil , M. de Bougainville ,
pour rédiger la capitulation avec le Colonel Monro
, Commandant de la Place & du camp retran,
ché. Les principaux articles furent :
Que les troupes , tant de la garniſon que du
retranchement , fortiroient avec leurs bagages &
les honneurs de la guerre , & qu'elles fe retiroient
au Fort Edouard .
Que pour les garantir contre les Sauvages ,
elles feroient eſcortées par un détachement de
troupes Françoifes , & par les principaux Officiers
& interprêtes attachés aux Sauvages .
Qu'elles ne pourroient fervir de 18 mois , ni
contre le Roi , ni contre fes Alliés ;
Et que , dans l'efpace de trois mois , tous les
prifonniers François , Canadiens & Sauvages , faits
par terre dans l'Amérique feptentrionale , depuis
le commencement de la guerre par les Anglois ,
feroient conduits aux forts François de la frontiere.
Cette capitulation fut fignée à midi , & auffitôt
la garnifon fortit du fort pour joindre les troupes
du retranchement ; & M. de Bourlamaque prit
poffeffion du fort avec les troupes de la tranchée.
M. le Marquis de Montcalm envoya en même
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
temps au camp retranché , une garde que le Colo:
nel Monro lui avoit demandée , & il ordonna aux
Officiers & Interprêtes attachés aux Sauvages , dy
demeurer jufqu'au départ des Anglois , qui fe
trouvoient au nombre de 2264 hommes effectifs.
Malgré toutes ces précautions , & malgré les affu
rances que les Chefs Sauvages avoient données ,
lorfqu'il fut queftion de la capitulation , les Sauvages
firent du défordre dans le camp des Anglois.
M. le Marquis de Montcalm y accourut avec un
détachement de fes troupes. Les Sauvages avoient
déja fait un affez grand nombre de prifonniers ,&
en avoient même amené quelques-uns. Il fit rea
dre ceux qui reftoient , & M. le Marquis de Vaudreuil
a fait renvoyer les autres .
M. le Marquis de Montcalm a fait rafer le fort,
& détruire tout ce qui en dépendoit , conformé
ment aux inftructions qui lui avoient été données
par M. le Marquis de Vaudreuil. Il s'eft trouvé ,
tant dans le fort que dans le camp retranché , 23
pieces de canon , dont plufieurs de 32 livres , quatre
mortiers , un obufier , dix- fept pierriers , en
viron trente- fix milliers de poudre , beaucoup de
boulets , bombes , grenades , balles , avec tou
tes fortes de munitions & uftenfúles d'artillerie . On
y a trouvé auffi une provifion affez confidérable de
vivres , malgré le pillage que les Sauvages en ont
fait.
Les François n'ont eu que treize hommes de
tués & quarante de bleffés dans ce fiege. M. le
Febvre , Lieutenant des Grenadiers du régiment
Royal Rouflillon , eft du nombre des derniers par
un éclat de bombe : fa bleffure eft à la main. liby
point eu d'autres officiers tués ni bleſſés. Les enne .
mis y ont perdu cent huit hommes , & en ont eu
deux cens cinquante de blefiés,
Επ
le
C
tre
Aqde
B
NOVEMBRE. 1757. 197
"
Durant tout le fiége , l'armée a été prefque toute
entiere jour & nuit de fervice , foit à la tranchée ,
foit au camp , foit dans les bois , pour faire les
fafcines , gabions & fauciffons néceflaires . On a
fait avec la pioche , la hache & la fcie fix cens toifes
de tranchée aflez large pour y charroyer de
front deux pieces de canon les abattis , dont
tout le terrein étoit embarraffé, empêchant de les
faire paffer fur les revers. C'eſt à la fageffe des
difpofitions que M. le Marquis de Montcalm a
faites , & à l'activité avec laquelle il en a fuivi
l'exécution , que le fuccès de cette expédition eft
principalement dû. Il a été parfaitement fecondé
dans toutes les opérations par M. le Chevalier de
Levis , par M. Rigaud- de Vaudreuil , & par M,
de Bourlamaque. Les détails particuliers de l'artillerie
& du génie ont été très -bien remplis par M.
le Chevalier le Mercier , qui commandoit l'artillerie
, & par MM . Defaidouin & Lotbiniere ,
Ingénieur . Les Officiers & Soldats des troupes de
terre & de la colonie , ainfi que les milices & les
Officiers qui les commandoient , ont donné les
plus grandes marques de valeur & de bonne volonté
; & jamais les Sauvages n'avoient fait paroître
tant de fermeté & de conftance : ils avoient demandé
à monter à l'affaut avec les grenadiers , &
ils en attendoient le moment avec impatience.
Ce nouveau fuccès , qui a répandu une joie
générale dans la colonie de Canada , a animé
de plus en plus le zele avec lequel les habitans
s'efforcent de répondre aux mefures dont le Roi a
la bonté de s'occuper pour la défenfe de cette colonie
, & de feconder les foins que M. le Marquis
de Vaudreuil ne ceffe point de fe donner pour tout
ce qui peut y avoir rapport.
·
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
vent
trol
de
L
des
Le Roi ayant été informé que les paroiffesel
de Piriac & de Mefquer au Diocefe de Nantes
avoient été prefque entiérement ravagées le
27 juin dernier , par un orage mêlé de grêle
d'une groffeur extraordinaire , a fait toucher
aux Recteurs de ces deux paroiffes , la fomme de
fix mille livres pour être par eux employées en
achat de grains , & diftribuées fous l'inſpection
de M. le Comte de la Bourdonnaye- du Bois- Hullin
, Procureur- Général , Syndic des Etats de Bre- pe
tagne , tant pour enfemencer les terres , que pour
la nourriture des habitans dont les recoltes ont
été défolées par ce fléau . Cette nouvelle caracterife
notre Monarque plus glorieux encore par
fon humanité que par les victoires.
Co
I
M. Paffemant Ingénieur du Roi au Louvre ,
étoit déja connu pour Auteur de la fameufe
pendule couronnée d'une fphere mouvante , pla
cée en 1753 dans le cabinet du Roi à Verfailles
; fphere dont les révolutions font fi juftes , ue
qu'au jugement de l'Académie où l'on voit l'ertrait
page 183 de l'année 1749 de fes mémoires
, il n'y a pas en trois mil ans un feul degré
de différence avee les tables aftronomiques.
11 vient encore de finir pour le Roi deur
piéces uniques qu'on peut regarder comme chefd'oeuvres
, c'eft premiérement un grand miroir
de 45 pouces
de diametre qu'il a eu l'honneur
de préfenter au Roi le 13 août dernier , avec M.
de Bernieres , dans le pavillon conftruit par ordre
de Sa Majesté à la meute , pour le télescope ,
les ouvrages & les obfervations du pere Noël.
La glace de ce miroir a été courbée , par les
foins de M. de Buffon , dans un fourneau qu'i
avoit fait conftruire au Jardin Royal. M , Palle
mant l'a fait travailler au Louvre fous les yeur ,
M
174
Le
les
NOVEMBRE . 1757 . 199
& elle a été étamée d'une façon nouvelle , inventée
par M. de Bernieres , un des quatre Controlleurs
des ponts & chauflées.
Le Roi parut très - content des grands effets
de ce miroir. Si on y préfente des tableaux
même de fix pieds de grandeur , repréfentans
des vues de Paris , de Venife , des ports de
mer , des bâtimens , on croit voir de véritables
objets de grandeur naturelle : ainfi avec un fimple
deflein , on voit un bâtiment dans toute
la grandeur où il fera , & on juge de fon apparence
future. Un Peintre qui travaille à une
petite miniature , quelque petite qu'elle foit ,
peut la voir de grandeur naturelle , & peut par
conféquent fentir & corriger les moindres dé
fauts.
A
La chimie n'en tirera pas de moindres avantages.
On peut juger des grands effets de ce miroir
fur les métaux par la promptitude avec laquelle
il agit , l'argent a été fondu en trois fecondes.
M. Paffemant eut encore l'honneur de préfenter
au Roi un télescope aftéroftatique de fon invention
, dont il avoit lu un projet à l'Académie en
1746 , & qui avoit mérité fon approbation. Ce
télescope eft garni d'un midiometre : il fuit le
mouvement du ciel . Si on le met fur la lune , il
femble qu'elle foit fans mouvement ; fi on veut
voir enfuite une autre planete , il y a un ajuftement
qui le regle dans le moment pour cet aftre.
Il eft conduit par une mécanique toute nouvelle ,
fans aucun tremblement , ni agitation . Comme
les aftres paroiffent fixes , on peut obferver avec
une grande facilité : on peut placer les fils du midiometre
fur fes objets avec toute l'exactitude
poffible. Il eft propre à prendre la parallaxe de
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
Mars en fecondes de degrés au lieu de fecondes
de temps ainfi au lieu de deux fecondes , on
aura trente fecondes de degrés ; on obfervera facilement
la route des cometes : il fera d'une
grande utilité pour les paffages de Mercure fut
le difque du foleil, en l'année 1761 ; obſervation
qui n'a été faite qu'une feule fois , & par un
feul Obfervateur en l'année 1639.
Le Pere Noël repéta devant Sa Majefté les erpériences
d'une machine pneumatique nouvelle ,
& de plufieurs autres inftrumens qu'il avoit eu
P'honneur de lui préfenter au mois de mars dernier.
Le Roi parut fatisfait de tous ces ouvrages ,
qu'il examina pendant une heure .
Mefdames de France vinrent enfuite , & paffe
rent près de trois heures pendant lefquelles les
mêmes chofes furent répétées en leur préfence *
à leur fatisfaction .
Le corfaire le Romieu , de Saint - Malo , com
mandé par le Capitaine Morel , a conduit en ce
port le navire Anglois la Pensilvanie de 250 ton
neaux , qui alloit de Philadelphie à Londres, avec
une cargaifon de bois de Campêche , de pellete
zies , de café & d'autres marchandiſes.
Un navire Anglois de 300 tonneaux , chargé de
tabac , a été pris par le corfaire Entreprenant ,
qui l'a fait conduire å Morlaix.
Le Capitaine la Lande , commandant un corfaire
de Bordeaux , appellé le Prevêt de Paris , s'eft
rendu maître du corfaire le Hazard de Grenezey,
ayant 6 canons , 8 pierriers & 37 hommes d'équi
page , & il a repris le navire l'Aimable Jolie de
Bordeaux , & un autre bâtiment du même port ,
dont les Anglois s'étoient emparés.
Les navires Anglois le Prince d'Orange , chargé
de bois de Campeche , & le Saint - Eustache , de
NOVEMBRE . 1757. 201
Saint-Eustache , dont la cargaifon confifte en fucre
& en café , ont été pris par les corfaires la
Marquise de Salba & le d'Etigny de Bayonne , ou
ils font arrivés .
Les corfaires la Favorite & la Providence , de
Saint-Jean -de-Luz , fe font rendus maîtres , Pun
du navire Anglois la Sufanne , de Malblebard ,
chargé de 2200 quintaux de morue , l'autre d'un
Senaw , qui a pour cargaifon 334 barriques de
fardines.
Le Capitaine Papin , commandant le corfaire
la Marquise de Beringhen , de Boulogne , s'eft
emparé à la côte d'Angleterre du navire Anglois
l'Endeavour , de 100 tonneaux , deftiné pour la
Barbade , où il portoit un chargement compofé
de cire blanche , de farine , de boeuf falé & de
fromage.
Le même corfaire a pris un bateau de 25 à 39
tonneaux , chargé de caffonnade , de poudre à
canon , de chanvre & de fuif.
Le corfaire Anglois l'Epervier , armé de 10 canons
, 12 pierriers , & so hommes d'équipage , a
été pris par le Capitaine Berlamont , commandant
le corfaire l'Afie , de Dunkerque , & il a été conduit
au Havre.
On mande de Nantes , qu'il y eft arrivé un
fenaw Anglois appellé le Caton , de Vhul , armé
de 6 canons & de 4 pierriers , & chargé pour la
Jamaïque de munitions de guerre & de bouche ,
d'armes & de marchandifes feches . Ce bâtiment
a été pris par le Capitaine Poitevin , commandant
le navire la France.
I
E 9 Octobre , fur les cinq heures de l'aprèsmidi
, Madame la Dauphine commença à fentir
Hv
178 MERCURE DE FRANCE.
des douleurs. Vers les fept heures du foir , cette
Princeffe accoucha d'un Prince , que le Roi a nom.
mé Comte d'Artois. M. l'Abbé de Bouillé , Comtede
Lyon , & premier Aumônier de Sa Majeſté ,
fit , à fept heures un quart , la cérémonie de l'ondoyement
, en préfence du Curé de la Paroiffe da
Château . Monfieur Rouillé , Miniftre d'Etat , Sur
Intendant général des Poftes , & grand Tréforier
de l'Ordre du S. Elprit , ayant apporté le Cordon
de cet Ordre , eut l'honneur de le paffer au col
du Prince . Monfeigneur le Comte d'Artois fut enfuite
remis à la Comteffe de Marfan , Gouvernante.
des Enfans de France ; & elle le porta à l'appartement
qui lui étoit deſtiné . Ce Prince y fut conduit
par le Maréchal Duc de Luxembourg , Capitaine
des Gardes du Corps.
Le Roi & la Reine , accompagnés de la Famille
Royale , ainfi que des Princes & Princeffes du
Sang , des grands Officiers de la Couronne , des.
Miniftres , des Seigneurs & Dames de la Cour
& précédés des deux Huiffiers de la Chambre quis
portoient leurs maffes , fe rendirent le lendemain
à la Chapelle. Leurs Majeftés y entendirent la
Meffe , pendant laquelle M. Colin de Blamont ,
Chevalier de l'Ordre de S. Michel , & Sur- Intendant
de la Mufique de la Chambre , fit exécuter le
Te Deum en mufique , de fa compofition . Cette
Hymne fut entonnée par M. l'Abbé Gergois, Chapelain
ordinaire de la Chapelle- Mufique.
Après la Meffe , le Roi & la Reine , Monfeigneur
le Dauphin , Monfeigneur le Duc de Bourgogne ,
Monfeigneur le Duc de Berry , Monfeigneur le
Comte de Provence , Madame Infante Duchellede
Parme , Madame ,. & Mefdames Victoire , Sophie
& Louife , reçurent dans leurs appartemens
les révérences des Dames de la Cour , à l'occafion
NOVEMBRE. 1757 179
des couches de Madame la Dauphine , & de la
naiffance du Prince.
On tira le foir un bouquet d'artifice devant les
fenêtres du Roi.
Sa Majefté a fait partir Monfieur Pernot- du
Buat , un de fes Gentilshommes ordinaires
pour aller à Luneville donner part de la naiffance
de Monfeigneur le Comte d'Artois au Roi de Pologne
, Duc de Lorraine & de Bar.
Madame la Dauphine & le jeune Prince fe por--
tent auffi bien qu'on puiffe le défirer.
9"
Sur le premier avis que Madame la Dauphine:
avoit reffenti quelques douleurs , le Corps - de-Ville
s'étoit affemblé. A huit heures & demie du foir
le fieur d'Amfreville , Chefde Brigade des Gardes.
du Corps , vint lui apprendre , de la part du Roi,.
la naiffance d'un Prince. Auffi -tôt les Prevôt des
Marchands & Echevins firent annoncer à toute la
Ville , par une falve générale de l'artillerie , & par
la cloche de l'Hôtel- de-Ville , qui a fonné jufqu'au
lendemain minuit , la nouvelle faveur qu'il
a plu à Dieu d'accorder au Roi & à la Nation. On
tira le même foir dans la place de l'Hôtel - de-Ville :
un grand nombre de fufées volantes,
Le ro , les officiers des cérémonies étant ab--
fens , le fieur Ourfin de Soligny , Maître d'hôtel
du Roi , remit au Corps - de- Ville une lettre de Sa
Majefté. Il fut fait deux falves générales de l'artil
lerie , l'une dès le matin , l'autre vers les fix heu--
res du foir , après laquelle les Prevôt des Marchands
& Echevins allumerent,avec les cérémonies
accoutumées , le bucher qui avoit été dreffé dans
la place devant l'Hôtel- de- Villé . Ce feu fut accom.-
pagné d'une grande quantité d'artifice : On fit couler
dans la place plufieurs fontaines de vin , & l'on
diftribua du pain &. des. viandes au peuple . Des.
H.vj.
180 MERCURE DE FRANCE.
orcheftres remplis de muficiens , mêlerent le foa
de leurs inftrumens aux acclamations dictées paa
Palégretle publique. La façade de l'Hôtel- de-
Ville fut illuminée par plufieurs filets de terrines ,
ainfi que l'hotel du Prevôt des Marchands , & les
mailons des Echevins & Officiers du Bureau de la
Ville.
Le Roi a accordé à M. le Marquis de la Tour-
Dupin de Paulin le régiment de Guyenne , vacant
par la mort de M. le Conte de Montmorenci-
Laval , tué à la bataille de Haftembecke .
a
Le Roi ayant admis dans fon Confeil des Dépêches
les fieurs Gilber de Voyfins & Berryer , Confeillers
d'Etat , le 16 octobre ils eurent l'honneur
de faire leurs remerciemens à Sa Majeſté.
Sa Majesté a donné le gouvernement général de
l'Orléanois , vacant par la mort de M. le Duc d'Antin
, au Comte de Rochecouart , fon Miniftre
Plénipotentiaire à la Cour de Parme.
Le 19 , M. le Duc de Duras prêta ferment entre
les mains du Roi pour la charge de premier Gentilhomme
de la Chambre , vacante par la mort du
Duc de Gefvres.
Le même jour, M. le Marquis de Gontaut prêta
ferment entre les mains de Sa Majeſté , pour la
Lieutenance générale du Languedoc , vacante par
la mort de M. le Maréchal Duc de Mirepoix.
Le Roi a difpofé en faveur du Prince de Beauveau
, de la charge de Capitaine des Gardes du
Corps , qu'avoit auffi le feu Maréchal Duc de Mirepoix
Sa Majesté a accordé au Vicomte de Noë,
Chambellan du Duc d'Orléans , & Capitaine de
vaiffeau , un brevet de Colonel à la ſuite du régiment
d'Orléans cavalerie.
M. de Lamoignon de Bafville a obteau da
A
a.
I
fo
P
ve
G
M
G:
NOVEMBRE . 1757. 181
Roi l'agrément de la charge de Préſident du Par
lement , dont le fieur Molé , premier Préfident ,
étoit revêtu.
Le Roi a nommé M. le Comte des Salles, Capitaine
de Cavalerie dans le régiment d'Harcourt ,
à la place deColoneldans lesGrenadiers de France,
vacante par la nomination de M. le Marquis de la
Tour - Dupin de Paulin au régiment de Guyenne.
Les troupes de la Maiſon du Roi , qui avoient
été détachées pour la défenſe de nos côtes , ne
font point arrivées à leur deftination , par la
prompte retraite des Anglois , & ont eu ordre de
revenir. Les Gardes Françoifes & les Gardes Suiffes
qui étoient reftées à Tours , à Saumur & à
Blois , doivent fe rendre ici fucceffivement dans
Fla fin d'octobre , & au commencement de novembre.
Les détachemens des Gardes du Corps ,
Gendarmes de la Garde , Chevaux- Légers , &
Moufquetaires de la premiere Compagnie , font
tous partis le 19 octobre , d'Orléans , d'Eftampes ,
d'Arpajon & de Chartres , où ils étoient reftés. La
feconde Compagnie des Moufquetaires , & les
Grenadiers à cheval , qui avoient reçu des contreordres
à temps , n'ont point quitté leurs quartiers.
Madame la Dauphine étant accouchée d'un
Prince le 9 d'octobre , M. le Marquis de Paulmy ,
Miniftre & Sécretaire d'Etat , expédia fur le champ.
un courier aux Députés des Etats de la Province
d'Artois
, pour leur faire fçavoir que le Roi avoit
nommé le nouveau Prince , Comte de cette Pro-,
vince. Auffitôt que cette nouvelle fut portée à
Arras , Capitale de l'Artois , toutes les cloches de
la Ville fonnerent , les habitans fermerent d'euxmêmes
leurs boutiques , & coururent en foule à
P'Eglife , pour y rendre à Dieu des actions.de.gra
182 MERCURE DE FRANCE.
ees de l'heureuſe délivrance de Madame la Dau
phine , & lui demander la conſervation d'un
Prince qui leur eft d'autant plus cher , que la
Province , depuis cinq hecles , a été privée de
Phonneur de voir fon nom porté par un Prince
de la Maiſon Royale. Ces actes de piété furent
fuivis des démonftrations de la joie la plus vive.
La nouvelle fut bientôt répandue jufqu'aux extrê
mités de l'Artois ; & tous les peuples , à l'envi de
la Capitale , s'emprefferent de faire éclater lear
reconnoiffance & leur alegreffe . Les Etats de la
province s'affemblerent extraordinairement , &
éfolurent de nommer une députation folemnelle,
formée de trois perfonnes de chaque ordre , pour
aller , conjointement avec les députés ordinaires
qui réfident cette année à la fuite de la Cour , remercier
le Roi de lafaveur fignalée que Sa Majesté
vient d'accorder à l'Artois , & pour la féliciter ,
ainfi que la Famille royale , fur cet heureux évé
nement. Cette députation s'étant rendue à Verfailles
le Dimanche 16 d'octobre , elle fut admife
à l'audience du Roi , de la Reine , de Monseigneur
le Dauphin , de Monfeigneur le Duc de Bourgogne
, de Monfeigneur le Duc de Berry , de Mon
feigneur le Comte de Provence , de Monfeigneur
le Comte d'Artois , de Madame Infante Ducheffe
de Parme , de Madame , & de Meſdames Victoire ,
Sophie & Louife. Les Députés furent préfentés
par M. le Marquis de Paulmy , Miniftre & Secresaire
d'Etat , ayant le département de la Province,
& conduits par M. Defgranges , Maître des Céré
monies. La députation étoit compofée de MM. les
Evêques d'Arras , de Saint - Omer , l'Abbé de
Saint-Waak & l'Abbé de Cry , Chanoine de is
Cathédrale d'Arras , pour le Clergé ; de MM. le
Marquis de Creny , le Comte d'Houchin , k
Bar
記
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Co
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La
Pa
4
#1
NOVEMBRE . 1757. 183:
Baron de Wifmes , & le Baron d'Haynin , pour la
Nobleffe ; de MM. de Canchy , Echevin de la ville
de Saint - Omer ; Cornuel & Goffes , Echevins de
la ville d'Arras , & de Gouves , Procureur du Roi
de la même ville , pour le Tiers - Etat. Elle étoit
accompagnée de M. le Premier Préfident & du .
Confeil Provincial d'Artois . M. l'Evêque de Saint-
Omer porta la parole , & exprima d'une maniere:
touchante les fentimens de joie , d'amour , de
refpect & de reconnoiffance, communs à tous les
habitans de l'Artois. Cette Province fut réunie à
la Couronne en 1199 , par Philippe Augufte. Il
Périgea en Comté , & la donna à fon fils aîné , depuis
Louis VIII . Ce Comté paffa enfuite à Robert,.
fecond fils de Louis , qui porta le nom de Comte:
d'Artois , & fut tué à la bataille de la Maffoure,
Philippe le Bel en 1297 érigea l'Artois en Comté
Pairie.
La Princeffe de Condé eft accouchée heureufe--
ment les d'Octobre d'une Princeffe.
Les mauvais fuccès que les Anglois ont éprouvés
dans les entreprifes qu'ils ont tentées , foit dans le
fein de la paix , foit depuis la déclaration de la
guerre , pour envahir le Canada , ne les ont point
rebutés . Perfonne n'ignore les préparatifs im
menfes qu'ils avoient faits pour l'attaquer cette
année tout à la fois par mer & du côté des
terres. Les forces navales , que le Roi a deſtinées
pour la défenſe de cette colonie , ont fait échouer
leur projet du côté de la mer; & les difpofitions:
qui ont été faites dans le pays , les ont mis éga
lement hors d'état de faire aucune tentative fur les
frontieres.
Dès la fin de la campagne de l'année derniere ,,
M. le Marquis de Vaudreuil, Gouverneur & Lieute
pant-Général de la Nouvelle France , s'occupa de
184 MERCURE DE FRANCE.
tous les arrangemens qu'il pouvoit y avoir à pren
dre pour le mettre en état de les repouffer de toutes
parts.
Il prit des mefures pour avoir des partis de Canadiens
& de Sauvages continuellement en cam.
pagne durant l'hyver. Les incurfions que ces détachemens
ont faites fur les ennemis leur ont ré
beaucoup de monde , & donné l'alarme à leurs
colonies, où ils ont fait beaucoup de ravages.
M. le Marquis de Vaudreuil s'eft appliqué authà
ménager les bonnes difpofitions des Nations Sauvages
, qui en général font foulevées contre l'iajuftice
des prétentions & la violence des procédés
des Anglois. Celles qui font anciennement alliées
de la France n'ont point ceffé de donner de nouvelles
preuves de leur fidélité , & ont été continuellement
en parti contre les ennemis. D'autres
Nations nombreuſes font entrées dans cette alliance
, & ont pris part à la guerre. Les Iroquois
eux-mêmes , ces Nations que les Anglois repréſen
tent à l'Europe comme leurs fujettes , animés des
mêmes motifs que les autres Sauvages , ont pris le
même parti , malgré les efforts de toute espece
que les Gouverneurs Anglois ont faits pour obtenir
d'eux qu'ils s'en tinffent à la neutralité qu'ils
avoient obfervée dans les guerres précédentes
d'entre la France & l'Angleterre.
C'eſt relativement aux avantages que M. le Marquis
de Vaudreuil s'eft vu en état de tirer des difpofitions
de toutes ces Nations , qu'il a réglé fes
opérations.
Il avoit jugé que les ennemis tourneroient leurs
principaux efforts du côté du Lac Saint- Sacrearent
& du Lac Champlain ; & il a donné une
attention particuliere à munir les Forts qui défendent
cette frontiere. Les ennemis ayant été infor
NOVEMBRE. 1757 . 185
més qu'on devoit faire pafler du Fort Saint-Fre
déric au Fort de Carillon quelques provifions fous
l'escorte d'un petit détachement , en envoyere t
un de quatre-vingts hommes d'élite , qui enleva les
premieres traînes de ce convoi & fept Soldats ;
mais le Commandant du Fort Saint- Frédéric fit
marcher un nouveau détachement qui coupa celui
des ennemis dans fon chemin , le défit entiérerement
, à l'exception de trois hommes qui fe
fauverent , & reprit les traînes dont les ennemis
s'étoient emparés , & trois Soldats qui reftoient
de ceux qui avoient été enlevés . Cette action fe
pafla au mois de Janvier. MM . de Bafferode & de
la Grandville , Capitaines aux Régimens de Languedoc
& de la Reine , y eurent la principale
part.
M. le Marquis de Vaudreuil apprit dans le même
temps que les ennemis avoient raflemblé au
Fort Georges fitué fur le Lac Saint -Sacrement ,
des approvifionnemens confidérables de toures
les efpeces , & qu'ils avoient fait conftruire fous
le canon de ce Fort un très -grand nombre de barques
, de bateaux & d'autres bâtimens , non-feulement
pour le tranfport de ces approvifionnemens
, mais encore pour s'affurer la navigation de
ce Lac. Il jugea que tous ces préparatifs étoient
deftinés pour des entreprifes que les ennemis fe
propofoient d'exécuter au printems. Pour leur en
ôter les moyens , il fit , matcher au mois de Mars
un détachement de quinze cens hommes de troupes
réglées , Canadiens & Sauvages , fous les ordres
de M. Rigaud- de Vaudreuil , Gouverneur
des Trois - Rivieres , qui réuffit fi bien dans fon
expédition , qu'il parvint à brûler tous les bâtimens
de mer , tous les magafins qui étoient rem➡
plis de toutes fortes de munitions & d'uftenfiles
186 MERCURE DE FRANCE.
pour une armée de quinze mille hommes , & généralement
tout ce que les ennemis avoient raſ◄
femblé fous le Fort , lequel refta ifolé.
M. le Marquis de Vaudreuil ne fe contenta
pas des obftacles qu'il oppofoit par- là à l'exécution
des projets des ennemis du côté du Lac Saint-Sacrement
, il fortifia de nouveau les garnifons des
poftes qui font fur cette frontiere ; & au moyen
du renfort de troupes & des autres fecours que le
Roi a fait paffer en Canada , ce Gouverneur s'eft
trouvé en état d'agir offenfivement contre les ennemis.
Du côté de la Belle Riviere , il a fait détruire
plufieurs petits Forts qu'ils y avoient établis .
Pour profiter efficacement des avantages de
Pexpédition de M. Rigaud , & de ceux de la fituation
où le trouvoit la colonie du côté de la mer ,
il a formé le projet de s'emparer du Fort Georges.
L'établiffement de ce Fort , qui n'avoit été fait
que depuis peu de temps, étoit une de ces invaſions
que les Anglois font dans l'ufage de faire en tems
de paix fur les poffeflions de leurs voisins ; & il
leur donnoit les plus grandes facilités pour atta
quer le Canada par fon centre.
M. le Marquis de Vaudreuil a chargé de cette
importante expédition M. le Marquis de Montcalm
, Maréchal de Camp. Le corps de troupes
qu'il y a deftiné , étoit compofé de fix bataillons
de troupes de terre , d'un détachement des
troupes réglées de la colonie , de plufieurs détachemens
de milices , & de plufieurs partis de
Sauvages. Toutes ces troupes ont été raſſemblées
le 20 Juillet à Carrillon , où M. de Bourlamaque
, Colonel d'Infanterie , avoit déja fait les dif
pofitions préliminaires pour la marche de l'armée.
M. le Marquis de Montcalm s'y étoit rende
Σ
&
C
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f
C
་
NOVEMBRE. 1757. 187
quelque temps auparavant. En attendant que l'armée
pût le mettre en marche , il avoit détaché
M. de Rigaud- de Vaudreuil , pour s'emparer de
la tête du portage du Lac Saint- Sacrement , avec
un corps de troupes de la colonie , de Canadiens
& de Sauvages.
M. Kigaud- de Vaudreuil s'étant établi dans ce
pofte , il envoya trois détachemens à la découverte.
Le premier , qui n'étoit que de dix hommes ,
fut attaqué fur le Lac Saint- Saciement par plufieurs
canots , dans lefquels il y avoit cent vinge
à cent trente Anglois . Quoique M. de Saint-
Ours , Lieutenant des troupes de la Colonie ,
qui le commandoit , fût bleffé à la premiere décharge
, il fe défendit avec tant de fermeté , qu'il
obligea les ennemis à fe retirer.
Le fecond , qui étoit affez confidérable , fut
commandé par M. Marin , autre Lieutenant , quis
fe fit précéder par huit Sauvages qui faifoient fon
avant-garde , lefquels fe trouverent vis - àvis quarante
Anglois. Dès le premier abord , ils firent :
leur décharge fur les ennemis , tuerent leur Com
mandant , & mirent le refte en fuite. M. Marin ,,
ayant rejoint fon avant-garde , réduifit fon détachement
à cent cinquante hommes d'élite . Il fe
porta près du Fort Edouard , éloigné de quelques.
lieues du Fort Georges , fans être découvert. Il défit
d'abord une patrouille de dix hommes , enfuite
une garde ordinaire de cinquante hommes ,
& plufieurs travailleurs. Il fe préfenta à la vue da
camp des ennemis , qui fortirent au nombre de
trois mille hommes faifant feu fur lui . Il le foutine
pendant deux heures. Ce ne fut même qu'avec
peine qu'il obligea les Sauvages qui étoient avec
ui , à fe retirer, Il tua dans certe action plus de
"
H
188 MERCURE DE FRANCE. Re
*
cent cinquante hommes , à quarante defquels les
Sauvages leverent la chevelure. Il n'en perdit pas
un feul & il n'y eut de bleffés que deux Sauvages.
Le troifieme détachement , commandé par M.
Corbiere , autre Officier de la Colonie , fe tint
embufqué pendant une journée. Au commencement
de la nuit , il apperçut fur le Lac vingt Berges
& deux Efquifs , dans lefquels il y avoit plus
de trois cens cinquante Anglois , commandés par
le Colonel Parker , cinq Capitaines , & fix autres
Officiers. Les Sauvages qui étoient avec lui firent
leur cri & leur décharge en même temps. Les
ennemis firent une foible réſiſtance. Deux feules
Berges fe fauverent , les autres furent prifes ou
coulées à fond. M. Corbier revint avec ceat
foixante-un prifonniers . Il y eut plus de cent cinquante
Anglois tués ou noyés ; & dans le détachement
François , il n'y eut qu'un Sauvage blee
affez légèrement .
M. le Marquis de Montcalm s'occupoit cependant
des difpofitions de fa marche . Il diftribua les
miliciens en plufieurs bataillons , dont il donnale
commandement à des Officiers des troupes de la
Colonie ; & des compagnies détachées de ces treapes
, il compofa un bataillon pour rouler avec
ceux des troupes de terre . H donna auffi à M. de
Villiers , Capitaine de celles de la Colonie , &
connu par plufieurs expéditions qu'il a exécutées
dans cette guerre , un corps de trois cens volontaires
Canadiens ; de maniere que l'armée le
trouva compofée de trois brigades de troupes ré-
'glées , qui étoient la brigade de la Reine , formée
des bataillons de la Reine & Languedoc , &
de celui des troupes de la Colonie ; la Brigade de
Sarre , des bataillons de la Sarre & de Guyen
d
Po
Sa
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Ca
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Sa
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&
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སྒོ་
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9-
E
NOVEMBRE . 1757. 189
celle de Royal- Rouffillon , des bataillons de
Royal- Rouffillon & Bearn ; de fix brigades de
milices , des trois cens volontaires de Villiers , &
d'un détachement d'artillerie & de génie , compofé
de fept Officiers , & d'environ cent vingt
canonniers , bombardiers ou ouvriers . Tous ces
corps ne faifoient cependant enſemble que cinq
mille cinq cens combattans , non compris les
Sauvages qui étoient au nombre d'environ dixhuit
cens , parce que M. le Marquis de Montcalm
fut obligé de prendre dans les troupes quelques
détachemens , tant pour la garnifon du Fort de
Carillon , que pour quelques autres poftes .
Il étoit queftion de tranfporter par terre & à
bras d'hommes , depuis Carillon jufqu'au Lac
Saint-Sacrement , non feulement l'artillerie & les
munitions de guerre & de bouche de toute espece,
mais encore plus de quatre cens bateaux & canots ;
& cette opération fut fuivie avec tant de foin ,
qu'elle fut achevée la nuit du 31 Juillet au premier
Août.
Dès le 30 Juillet M. le Marquis de Montcalm
avoit fait partir M. le Chevalier de Levis , Brigadier
, à la tête d'un corps de deux mille cinq cens
hommes compofé de fix compagnies de Grenadiers
, huit piquets des volontaires de Villiers ,
d'environ mille Canadiens , & cinq cens Sauvages
, pour marcher au travers des bois , affurer
la navigation de l'armée , reconnoître & couvrir
fes débarquemens. Malgré les difficultés & les
fatigues de cette marche , cet Officier prit pofte
dès le lendemain au foir à la Baie de Ganaouské ,
qui n'eft qu'à quatre lieues du Fort Georges.
Le premier Août l'armée s'embarqua , & arriva
le 2 à trois heures du matin dans cette même
Baic. M. le Chevalier de Levis en repartit avec
190 MERCURE DE FRANCE.
fon détachement à dix heures , fe porta à une anfe
éloignée du Fort Anglois d'environ une lieue , &
fut reconnoître le Fort , la pofition des ennemis ,
& le débarquement propre à l'artillerie L'armée
arriva fur les onze heures du foir à cette même
anfe , & tout le monde reſta au bivouac .
Des prifonniers , qui furent faits pendant la
nuit des Canadiens & des Sauvages , rappor
par
terent que le nombre des ennemis pouvoit monter
à trois mille hommes , dont cinq cens étoient actuellement
dans le Fort , & le refte dans un camp
retranché qui étoit placé fur une hauteur à deux
cens toiles du Fort & à portée d'en rafraîchir continuellement
la garnifon. Ils ajouterent qu'au fignal
d'un coup de canon , toutes les troupes devoient
prendre les armes.
Sur ce rapport , qui s'accordoit avec les connoiffances
que M. le Chevalier de Levis avoit pri
fes fur la polition des ennemis , M. le Marquis de
Montcalm donna fur le champ l'ordre de marche
de l'armée , dont la difpofition fut faite pour recevoir
les ennemis , en cas qu'ils vinfſent à fa rencontre
, & pour , dans le cas où ils ne viendroient
pas , inveftir la place , & même attaquer le camp
retranché , s'il étoit jugé fufceptible d'une attaque
de vive force .
Le 3 à la pointe du jour , l'armée ſe mit en
marche.
M. le Chevalier de Levis faifoit l'avant-garde
avec fon corps , une partie des milices & tous les
Sauvages. Les bataillons & le refte des milices
marchoient enfuite en colonne , M. Rigaud-de
Vaudreuil à la droite , M. de Bourlamaque à la
gauche , & M. le Marquis de Montcalm dans le
centre. M. de Privat , Lieutenant- Colonel , avoit
été placé avec cinq cens hommes de troupes &
NOVEMBRE. 1757. 198
ane brigade de milices à la garde des bateaux &
de l'artillerie.
A midi , l'inveſtiſſement fut entierement formé
M. le Marquis de Montcalm , qui s'étoit porté à
l'avant -garde , ayant reconnu qu'il ne pouvoit at
taquer les retranchemens des ennemis , fans trop
compromettte fes forces , envoya ordre à M. de
Bourlamaque d'affeoir le camp de l'armée , la
gauche au Lac , la droite à des ravines preſque
inacceffibles , & d'y conduire fur le champ les
brigades de la Sarre & de Royal- Rouffillon . Pour
lui , avec la brigade de la Reine & une brigade de
milices , il paffa la nuit au bivouac , à portée de
foutenir le camp que M. le Chevalier de Levis occupoit
avec l'avant-garde fur le chemin du Forg
Gorges au Fort Edouard.
Comme ce pofte de l'avant -garde étoit trop
éloigné du ſiege , des bateaux & des vivres , elle
fe rapprocha le 4 au matin. M. le Marquis de
Montcalm ramena les deux brigades qu'il avoit
avec lui , prendre leur place dans le camp. L'ar
mée deſtinée à faire le fiege fe trouva alors poſtée ,
& compofée de fept bataillons de troupes , & de
deux brigades de milices. M. le Chevalier de Le
vis & M. Rigaud- de Vaudreuil , avec le refte des
milices , les volontaires de Villiers , & tous les
Sauvages , furent chargés de couvrir la droite du
camp , d'obferver les mouvemens des ennemis du
côté du chemin du Fort Edouard , & de leur don
ner à croire , par des mouvemens continuels , que
cette communication étoit encore occupée.
Dans l'après- midi du même jour 4 , on mar
qua le dépot de la tranchée. On fit le chemin de
ce dépôt au camp , les fafcines , gabions & fauciffons
néceffaires pour le travail de cette premiere
nuit ; & l'on mit en état une anfe , à laquelle le
192 MERCURE DE FRANCE.
dépôt aboutifloit , pour y pouvoir débarquer dans
la nuit l'artillerie à mesure qu'on en auroit befoin.
La nuit du 4 aus , on ouvrit la tranchée à 350
toiles du Fort d'attaque , embraffant le front du
Nord-Oueſt : cette tranchée étoit une espece de
premiere parallele. On commença auffi deux batteries
avec leur communication à la parallele.
Dans la journée dus , les travailleurs de jour
perfectionnerent les ouvrages de la nuit. Mais on
fut obligé de retirer un peu plus en arriere la gauche
du camp de l'armée , laquelle fe trouvoit trop
expofée au feu de la Place.
Le même jour , les Sauvages intercepterent
une lettre du Général Webb , écrite du Fort
Edquard en date du 4 à minuit . Il mandoit au
Commandant du Fort Georges , qu'auffitôt après
J'arrivée des milices des provinces auxquelles il
avoit envoyéordre devenir le joindre fur le champ,
il s'avanceroir pour combattre l'armée Françoife ;
que cependant , fi ces milices arrivoient trop tard
le Commandant fît enforte d'obtenir les meilleures
conditions qu'il pourroit. Cette lettre détermina
M. le Marquis de Montcalm à accélérer encore
la construction des batteries ; & le nombre
des travailleurs fut augmenté.
La nuit dus au6 , on acheva la batterie de la
gauche qui fut en état de tirer à la pointe du jour ;
elle étoit de huit pieces de canon & d'un mortier,
& elle battoit le front d'attaque & la rade des barques.
On acheva auſſi la communication de la batterie
de la droite avec la parallele , & l'on avança
confidérablement cette batterie.
La nuit du 6 au7 , on conduifit un boyau de
Iso toifes en avant fur la capitale du Baftion de
P'Ouest , & l'on acheva la batterie de la droite.
Elle étoit de huit pieces de canon , d'un mortier
&
te
fe
NOVEMBRE . 1757. 193
& de deux obufiers : elle battoit en écharpant le
front d'attaque , & à ricochet le camp retranché.
Elle fut démafquée à fept heures du matin ; &
après une double falve des deux batteries , M. le
Marquis de Montcalm jugea à propos de faire porter
au Commandant de la Place la lettre du Général
Webb , par M. de Bougainville un de fes Aides
de camp.
La nuit du 7 au 8 , les travailleurs cheminant
fur la Place , en continuant le boyau commencé
la veille , lequel fut conduit à 100 toifes du foffé,
ouvrirent auffi à l'extrêmité de ce boyau , un cro
chet pour y établir une troifieme batterie , & y
loger de la moufqueterie . Vers minuit , les enne
mis firent fortir trois cens hommes du camp retranché
. M. de Villiers tomba fur eux avec un
petit nombre de Canadiens & de Sauvages , leur
tua foixante hommes , fit deux prifonniers , &
força le refte à rentrer dans le camp.
Le travail de la nuit avoit conduit à un marais
P'environ so toifes de paffage , qu'un côteau qui
e bordoit mettoit à couvert des batteries de la
Place , à l'exception de 10 toifes de longueur ,
bendant lefquelles on étoit expoſé au feu de ces
batteries. Quoiqu'en plein jour , M. le Marquis
le Montcalm fit faire ce paffage comme celui
l'un foffé de place rempli d'eau , les fappeurs s'y
orterent avec tant de vivacité , que , malgré le
eu du canon & de la moufqueterie des ennemis ,
I fut achevé dans la matinée même , & qu'avant
a nuit une chauffée capable de fupporter l'artilleie
fe trouva pratiquée dans le marais. La moufueterie
des Canadiens & des Sauvages , qui tisient
aux embrafures du Fort , diminua beauoup
durant cette journée le feu des ennemis .
A quatre heures du foir , les Sauvages- Décou
I
194 MERCURE DE FRANCE.
vreurs rapporterent qu'un gros corps d'armée
marchoit au fecours de la place par le chemin du
Fort Edouard . M. le Chevalier de Levis s'y por
fur le champ avec la plus grande partie des Canadiens
& tous les Sauvages. M. le Marquis de
Montcalm ne tarda pas à le joindre avec la brigade
de la Reine & une brigade de milices . Il s'avançoit
en bataille prêt à recevoir l'ennemi ; les
bataillons en colone fur le grand chemin , les
Canadiens & les Sauvages fur les aîles dans les
bois , lorfqu'il apprit que la nouvelle étoit faufle.
Il fit rentrer les troupes dans leur camp . Ce mor
vement ne caufa aucun dérangement aux travar
du fiege ; & la promptitude avec laquelle il f
exécuté , fit un très -bon effet dans l'efprit des
Sauvages.
La nuit du 8 au 9 , on déboucha du marais pur
un boyau fervant de communication à la feconde
parallele qui fut ouverte fur la crête du côteau, &
fort avancée dans la nuit. C'eft de cette parallele
qu'on devoit partir pour établir les batteries de
breche , & en la prolongeant , envelopper le Fort
& couper la communication avec le retranche
ment , laquelle jufqu'alors avoit été libre. L
affiégés n'en donnerent pas le temps à huit he
res du matin ils arborerent pavillon blanc .
201
tro
le
fet
M. le Marquis de Montcalm dit au Colonel Co
Yong , envoyé par le Commandant pour trait
de la capitulation , qu'il ne pouvoit en fignera
cune fans en avoir auparavant communiqué les
ticles aux Sauvages. Deux motifs l'engageoiesti
ce ménagement pour eux : il croyoit le devoir
confiance & à la foumiffion avec lesquelles ils s
toient prêtés depuis le commencement de l'exp
dition à l'exécution des ordres qu'il leur avoit do
nés , & de toutes les propofitions qu'il leur apo
la
M
NOVEMBRE. 1757. 195
faites ; & il vouloit les mettre par -là dans l'obli
gation de ne rien faire de contraire à la capitulation
qui feroit arrêtée. Il convoqua donc fur le
champ un Confeil Général de tous les Sauvages.
Il expofa aux Chefs les conditions auxquelles les
Anglois offroient de fe rendre , & celles qu'il
étoit réfolu de leur accorder. Les Chefs s'en rapporterent
à tout ce qu'il feroit , & lui promirent
de s'y conformer , & d'empêcher que leurs jeunes
gens n'y contrevinffent directement ni indirectement.
M. le Marquis de Montcalm envoya immédia
tement après ce confeil , M. de Bougainville ,
pour rédiger la capitulation avec le Colonel Monro
, Commandant de la Place & du camp retran,
ché. Les principaux articles furent :
Que les troupes , tant de la garniſon que du
retranchement , fortiroient avec leurs bagages &
les honneurs de la guerre , & qu'elles fe retiroient
au Fort Edouard .
Que pour les garantir contre les Sauvages ,
elles feroient eſcortées par un détachement de
troupes Françoifes , & par les principaux Officiers
& interprêtes attachés aux Sauvages .
Qu'elles ne pourroient fervir de 18 mois , ni
contre le Roi , ni contre fes Alliés ;
Et que , dans l'efpace de trois mois , tous les
prifonniers François , Canadiens & Sauvages , faits
par terre dans l'Amérique feptentrionale , depuis
le commencement de la guerre par les Anglois ,
feroient conduits aux forts François de la frontiere.
Cette capitulation fut fignée à midi , & auffitôt
la garnifon fortit du fort pour joindre les troupes
du retranchement ; & M. de Bourlamaque prit
poffeffion du fort avec les troupes de la tranchée.
M. le Marquis de Montcalm envoya en même
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
temps au camp retranché , une garde que le Colo:
nel Monro lui avoit demandée , & il ordonna aux
Officiers & Interprêtes attachés aux Sauvages , dy
demeurer jufqu'au départ des Anglois , qui fe
trouvoient au nombre de 2264 hommes effectifs.
Malgré toutes ces précautions , & malgré les affu
rances que les Chefs Sauvages avoient données ,
lorfqu'il fut queftion de la capitulation , les Sauvages
firent du défordre dans le camp des Anglois.
M. le Marquis de Montcalm y accourut avec un
détachement de fes troupes. Les Sauvages avoient
déja fait un affez grand nombre de prifonniers ,&
en avoient même amené quelques-uns. Il fit rea
dre ceux qui reftoient , & M. le Marquis de Vaudreuil
a fait renvoyer les autres .
M. le Marquis de Montcalm a fait rafer le fort,
& détruire tout ce qui en dépendoit , conformé
ment aux inftructions qui lui avoient été données
par M. le Marquis de Vaudreuil. Il s'eft trouvé ,
tant dans le fort que dans le camp retranché , 23
pieces de canon , dont plufieurs de 32 livres , quatre
mortiers , un obufier , dix- fept pierriers , en
viron trente- fix milliers de poudre , beaucoup de
boulets , bombes , grenades , balles , avec tou
tes fortes de munitions & uftenfúles d'artillerie . On
y a trouvé auffi une provifion affez confidérable de
vivres , malgré le pillage que les Sauvages en ont
fait.
Les François n'ont eu que treize hommes de
tués & quarante de bleffés dans ce fiege. M. le
Febvre , Lieutenant des Grenadiers du régiment
Royal Rouflillon , eft du nombre des derniers par
un éclat de bombe : fa bleffure eft à la main. liby
point eu d'autres officiers tués ni bleſſés. Les enne .
mis y ont perdu cent huit hommes , & en ont eu
deux cens cinquante de blefiés,
Επ
le
C
tre
Aqde
B
NOVEMBRE. 1757. 197
"
Durant tout le fiége , l'armée a été prefque toute
entiere jour & nuit de fervice , foit à la tranchée ,
foit au camp , foit dans les bois , pour faire les
fafcines , gabions & fauciffons néceflaires . On a
fait avec la pioche , la hache & la fcie fix cens toifes
de tranchée aflez large pour y charroyer de
front deux pieces de canon les abattis , dont
tout le terrein étoit embarraffé, empêchant de les
faire paffer fur les revers. C'eſt à la fageffe des
difpofitions que M. le Marquis de Montcalm a
faites , & à l'activité avec laquelle il en a fuivi
l'exécution , que le fuccès de cette expédition eft
principalement dû. Il a été parfaitement fecondé
dans toutes les opérations par M. le Chevalier de
Levis , par M. Rigaud- de Vaudreuil , & par M,
de Bourlamaque. Les détails particuliers de l'artillerie
& du génie ont été très -bien remplis par M.
le Chevalier le Mercier , qui commandoit l'artillerie
, & par MM . Defaidouin & Lotbiniere ,
Ingénieur . Les Officiers & Soldats des troupes de
terre & de la colonie , ainfi que les milices & les
Officiers qui les commandoient , ont donné les
plus grandes marques de valeur & de bonne volonté
; & jamais les Sauvages n'avoient fait paroître
tant de fermeté & de conftance : ils avoient demandé
à monter à l'affaut avec les grenadiers , &
ils en attendoient le moment avec impatience.
Ce nouveau fuccès , qui a répandu une joie
générale dans la colonie de Canada , a animé
de plus en plus le zele avec lequel les habitans
s'efforcent de répondre aux mefures dont le Roi a
la bonté de s'occuper pour la défenfe de cette colonie
, & de feconder les foins que M. le Marquis
de Vaudreuil ne ceffe point de fe donner pour tout
ce qui peut y avoir rapport.
·
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
vent
trol
de
L
des
Le Roi ayant été informé que les paroiffesel
de Piriac & de Mefquer au Diocefe de Nantes
avoient été prefque entiérement ravagées le
27 juin dernier , par un orage mêlé de grêle
d'une groffeur extraordinaire , a fait toucher
aux Recteurs de ces deux paroiffes , la fomme de
fix mille livres pour être par eux employées en
achat de grains , & diftribuées fous l'inſpection
de M. le Comte de la Bourdonnaye- du Bois- Hullin
, Procureur- Général , Syndic des Etats de Bre- pe
tagne , tant pour enfemencer les terres , que pour
la nourriture des habitans dont les recoltes ont
été défolées par ce fléau . Cette nouvelle caracterife
notre Monarque plus glorieux encore par
fon humanité que par les victoires.
Co
I
M. Paffemant Ingénieur du Roi au Louvre ,
étoit déja connu pour Auteur de la fameufe
pendule couronnée d'une fphere mouvante , pla
cée en 1753 dans le cabinet du Roi à Verfailles
; fphere dont les révolutions font fi juftes , ue
qu'au jugement de l'Académie où l'on voit l'ertrait
page 183 de l'année 1749 de fes mémoires
, il n'y a pas en trois mil ans un feul degré
de différence avee les tables aftronomiques.
11 vient encore de finir pour le Roi deur
piéces uniques qu'on peut regarder comme chefd'oeuvres
, c'eft premiérement un grand miroir
de 45 pouces
de diametre qu'il a eu l'honneur
de préfenter au Roi le 13 août dernier , avec M.
de Bernieres , dans le pavillon conftruit par ordre
de Sa Majesté à la meute , pour le télescope ,
les ouvrages & les obfervations du pere Noël.
La glace de ce miroir a été courbée , par les
foins de M. de Buffon , dans un fourneau qu'i
avoit fait conftruire au Jardin Royal. M , Palle
mant l'a fait travailler au Louvre fous les yeur ,
M
174
Le
les
NOVEMBRE . 1757 . 199
& elle a été étamée d'une façon nouvelle , inventée
par M. de Bernieres , un des quatre Controlleurs
des ponts & chauflées.
Le Roi parut très - content des grands effets
de ce miroir. Si on y préfente des tableaux
même de fix pieds de grandeur , repréfentans
des vues de Paris , de Venife , des ports de
mer , des bâtimens , on croit voir de véritables
objets de grandeur naturelle : ainfi avec un fimple
deflein , on voit un bâtiment dans toute
la grandeur où il fera , & on juge de fon apparence
future. Un Peintre qui travaille à une
petite miniature , quelque petite qu'elle foit ,
peut la voir de grandeur naturelle , & peut par
conféquent fentir & corriger les moindres dé
fauts.
A
La chimie n'en tirera pas de moindres avantages.
On peut juger des grands effets de ce miroir
fur les métaux par la promptitude avec laquelle
il agit , l'argent a été fondu en trois fecondes.
M. Paffemant eut encore l'honneur de préfenter
au Roi un télescope aftéroftatique de fon invention
, dont il avoit lu un projet à l'Académie en
1746 , & qui avoit mérité fon approbation. Ce
télescope eft garni d'un midiometre : il fuit le
mouvement du ciel . Si on le met fur la lune , il
femble qu'elle foit fans mouvement ; fi on veut
voir enfuite une autre planete , il y a un ajuftement
qui le regle dans le moment pour cet aftre.
Il eft conduit par une mécanique toute nouvelle ,
fans aucun tremblement , ni agitation . Comme
les aftres paroiffent fixes , on peut obferver avec
une grande facilité : on peut placer les fils du midiometre
fur fes objets avec toute l'exactitude
poffible. Il eft propre à prendre la parallaxe de
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
Mars en fecondes de degrés au lieu de fecondes
de temps ainfi au lieu de deux fecondes , on
aura trente fecondes de degrés ; on obfervera facilement
la route des cometes : il fera d'une
grande utilité pour les paffages de Mercure fut
le difque du foleil, en l'année 1761 ; obſervation
qui n'a été faite qu'une feule fois , & par un
feul Obfervateur en l'année 1639.
Le Pere Noël repéta devant Sa Majefté les erpériences
d'une machine pneumatique nouvelle ,
& de plufieurs autres inftrumens qu'il avoit eu
P'honneur de lui préfenter au mois de mars dernier.
Le Roi parut fatisfait de tous ces ouvrages ,
qu'il examina pendant une heure .
Mefdames de France vinrent enfuite , & paffe
rent près de trois heures pendant lefquelles les
mêmes chofes furent répétées en leur préfence *
à leur fatisfaction .
Le corfaire le Romieu , de Saint - Malo , com
mandé par le Capitaine Morel , a conduit en ce
port le navire Anglois la Pensilvanie de 250 ton
neaux , qui alloit de Philadelphie à Londres, avec
une cargaifon de bois de Campêche , de pellete
zies , de café & d'autres marchandiſes.
Un navire Anglois de 300 tonneaux , chargé de
tabac , a été pris par le corfaire Entreprenant ,
qui l'a fait conduire å Morlaix.
Le Capitaine la Lande , commandant un corfaire
de Bordeaux , appellé le Prevêt de Paris , s'eft
rendu maître du corfaire le Hazard de Grenezey,
ayant 6 canons , 8 pierriers & 37 hommes d'équi
page , & il a repris le navire l'Aimable Jolie de
Bordeaux , & un autre bâtiment du même port ,
dont les Anglois s'étoient emparés.
Les navires Anglois le Prince d'Orange , chargé
de bois de Campeche , & le Saint - Eustache , de
NOVEMBRE . 1757. 201
Saint-Eustache , dont la cargaifon confifte en fucre
& en café , ont été pris par les corfaires la
Marquise de Salba & le d'Etigny de Bayonne , ou
ils font arrivés .
Les corfaires la Favorite & la Providence , de
Saint-Jean -de-Luz , fe font rendus maîtres , Pun
du navire Anglois la Sufanne , de Malblebard ,
chargé de 2200 quintaux de morue , l'autre d'un
Senaw , qui a pour cargaifon 334 barriques de
fardines.
Le Capitaine Papin , commandant le corfaire
la Marquise de Beringhen , de Boulogne , s'eft
emparé à la côte d'Angleterre du navire Anglois
l'Endeavour , de 100 tonneaux , deftiné pour la
Barbade , où il portoit un chargement compofé
de cire blanche , de farine , de boeuf falé & de
fromage.
Le même corfaire a pris un bateau de 25 à 39
tonneaux , chargé de caffonnade , de poudre à
canon , de chanvre & de fuif.
Le corfaire Anglois l'Epervier , armé de 10 canons
, 12 pierriers , & so hommes d'équipage , a
été pris par le Capitaine Berlamont , commandant
le corfaire l'Afie , de Dunkerque , & il a été conduit
au Havre.
On mande de Nantes , qu'il y eft arrivé un
fenaw Anglois appellé le Caton , de Vhul , armé
de 6 canons & de 4 pierriers , & chargé pour la
Jamaïque de munitions de guerre & de bouche ,
d'armes & de marchandifes feches . Ce bâtiment
a été pris par le Capitaine Poitevin , commandant
le navire la France.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Le 9 octobre, la Dauphine donna naissance à un prince, nommé Comte d'Artois par le roi. L'abbé de Bouillé, comte de Lyon et premier aumônier du roi, procéda à l'ondoyement du prince en présence du curé de la paroisse du Château. Monsieur Rouillé, ministre d'État, apporta le cordon de l'Ordre du Saint-Esprit que le prince reçut. Le comte d'Artois fut ensuite confié à la comtesse de Marsan, gouvernante des enfants de France, et conduit à ses appartements par le maréchal duc de Luxembourg. Le lendemain, le roi, la reine et la famille royale assistèrent à une messe à la chapelle, durant laquelle le Te Deum fut chanté. Des festivités, incluant des feux d'artifice et des distributions de vin et de nourriture, furent organisées à Paris et dans la province d'Artois pour célébrer la naissance du prince. Le roi nomma également plusieurs personnes à des postes vacants et envoya des courriers pour annoncer la nouvelle à divers dignitaires. Les troupes de la Maison du Roi furent rappelées de la défense des côtes en raison du retrait des Anglais. La province d'Artois exprima sa joie et sa reconnaissance par des cérémonies religieuses et des démonstrations publiques. La princesse de Condé accoucha également d'une princesse le 10 octobre. En Amérique du Nord, le marquis de Vaudreuil, gouverneur de la Nouvelle-France, prit des mesures pour défendre le Canada contre les attaques anglaises, en s'appuyant sur les alliances avec les nations amérindiennes et en renforçant les fortifications. En mars, Vaudreuil envoya un détachement dirigé par Rigaud de Vaudreuil pour détruire les bâtiments ennemis autour du Lac Saint-Sacrement et du Fort Georges. Il renforça également les garnisons frontalières et détruisit des forts ennemis sur la Belle Rivière. Vaudreuil planifia ensuite la prise du Fort Georges, récemment construit par les Britanniques. Montcalm fut chargé de diriger un corps de troupes composé de bataillons réguliers, de milices et de Sauvages. Avant l'attaque principale, Rigaud de Vaudreuil mena plusieurs raids réussis contre les Britanniques, détruisant des bateaux et capturant des prisonniers. Le 3 août, l'armée française, dirigée par Montcalm, investit le Fort Georges. Malgré les préparatifs britanniques, les Français commencèrent le siège en ouvrant une tranchée et en construisant des batteries. Une lettre interceptée du Général Webb accéléra les travaux de siège. Les batteries furent prêtes à tirer dès le 7 août, marquant le début des hostilités. Entre le 7 et le 9 novembre 1757, les forces françaises, dirigées par le Marquis de Montcalm, assiégèrent une place forte. La nuit du 7 au 8 novembre, les travailleurs français creusèrent un boyau et établirent une batterie. Vers minuit, les ennemis tentèrent une sortie, mais furent repoussés par M. de Villiers, qui tua soixante hommes et fit deux prisonniers. Le travail nocturne permit de créer un passage à travers un marais, malgré le feu ennemi. Les Sauvages et les Canadiens réduisirent le feu ennemi durant la journée. Le 8 novembre, les Sauvages signalèrent l'approche d'une armée ennemie, mais l'alerte se révéla fausse. La nuit suivante, les Français ouvrirent une seconde parallèle et avancèrent leurs positions. Le matin du 9 novembre, les assiégés hissèrent un pavillon blanc, indiquant leur volonté de capituler. Montcalm consulta les chefs des Sauvages avant de signer la capitulation, qui permit aux troupes ennemies de se retirer avec les honneurs de la guerre et d'être escortées par des troupes françaises pour les protéger des Sauvages. Malgré les précautions, des Sauvages firent des prisonniers parmi les ennemis avant d'être arrêtés par Montcalm. Le siège se solda par la prise de 23 pièces de canon, des munitions et des vivres. Les Français perdirent 13 hommes et en blessèrent 40, tandis que les ennemis perdirent 108 hommes et en blessèrent 250. Le texte souligne la discipline et la bravoure des troupes françaises, des milices et des Sauvages, ainsi que l'efficacité des stratégies de Montcalm et de ses officiers. En novembre 1757, plusieurs actions navales notables furent rapportées. Le corsaire Hazard de Grenezey captura deux navires bordelais repris aux Anglais.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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18
p. 195-202
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
La Cornette des Chevaux-Légers de la Garde ordinaire du Roi, revint ici [...]
Mots clefs :
Roi, Comte, Duc, Audience, Madame la Dauphine, Comte d'Artois, Officier, Corsaires , Marchandises, Officiers, Accouchement, Nominations, Serment
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LAJA Cornette des Chevaux- Légers de la Garde
ordinaire du Roi , revint ici d'Arpajon le 19
d'Octobre. Comme la Compagnie , qui ne fert
que par quartiers , eft rarement raffembleé , les
Chevaux- Légers ont faifi le moment de leur réu
Lij
196 MERCURE DE FRANCE.
nion , pour célébrer en corps l'augufte naiſſance
de Monfeigneur le Comte d'Artois . Le Duc de
Chaulnes , leur Commandant , eft Gouverneur
de cette Province nouveau motif pour faire éclater
leur joie dans cette heureufe occafion. Ils devoient
fe féparer , après avoir porté leurs étendards
au Roi ; ils n'ont eu par conféquent que deux
fois vingt-quatre heures , pour faire leurs prépa
ratifs , ainfi que pour inviter la Cour , la Ville ,
& tous les corps de la maiſon du Roi.
Le fête commença le 21 , à dix heures du foir,
par un feu d'artifice , qui fut tiré dans l'avenue de
Sceaux , vis-à- vis de l'Hôtel des Chevaux-Légers ,
& dont l'exécution fut parfaite. Toutes les perfonnes
invitées le rendirent enfuite au bal , paré
& malqué. La façade & la cour de l'Hôtel étolent
très-bien illuminées. La falle où l'on danſoit , a
105 pieds de longueur fur 36 de large. Elle étoit
ornée richement , & avec autant d'art que de
goût : elle étoit éclairée par un grand nombre de
luftres & de girandoles. Les fonds oppofés de cette
falle , qui dans toute leur étendue , étoient gare
nis de grandes glaces , en multipliant les objets ,
formoient un fpectacle charmant. La Comteffe
de Marfan , Gouvernante des Enfans de France ,
s'étant excufée d'ouvrir le bal , la jeune Princeffe
de Soubife , fa niece , danfa le premier menuer
avec le Marquis d'Efquelbec , premier Enfeigne
de la compagnie. Le Bal dura jufqu'à huit heures
du matin. Il y eut la plus nombreuſe affemblée ,
& l'on y diftribua avec profufion toutes fortes de
rafraîchiffemens. Le bon ordre qui a régné dans
cette fête , joint à la politeffe & aux attentions
des Chevaux- Légers , n'en a pas fait le moindre
agrément.
La naifance de Monfeigneur le Comte d'Are
DECEMBRE. 1757: 197
tois exigeant des peuples , dont elle affure le
bonheur , un nouveau tribut de reconnoiffance ,
le Roi écrivit le 9 d'Octobre à M. l'Archevêque de
Paris , pour faire rendre à Dieu dans la Capitale
de folemnelles actions de graces. En conféquence,
le Dimanche 13 , le Te Deum fut chanté dans
P'Eglife Métropolitaine , & M. l'Archevêque de
Paris y officia . M. le Chancelier accompagné de
plufieurs Confeillers d'etat & Maîtres des Requê
tes , le parlement , la Chambre des Comptes , la
Cour des Aydes & le Corps de Ville , y affifterent
après y avoir été invités de la part du Roi par M.
Defgranges , Maîtres des Cérémonies .
Le même jour , M. le Prevôt des Marchands
& les Echevins firent tirer dans la place de l'Hôtel
de Ville un feu d'artifice , décoré relativement à
l'objet de l'alegreffe publique. La façade de
l'Hôtel de Ville fut enfuite illuminée par des filets
de terrines, qui régnoient le long des entablemens,
& par des luftres formés de lanternes de verre.
Des ifs portant chacun plus de cent cinquante lu
mieres , entouroient la place .
L'Hôtel du Duc de Chevreufe , nommé au Gou
vernement de Paris , fut orné d'une magnifique
décoration en architecture , éclairée avec un
goût infini. Il y eut auffi des illuminations à l'Hôtel
du Prevôt des Marchands , aux maiſons des
Echevins , & à celles des principaux Officiers du
corps de Ville.
Aux quatre coins de la place de l'Hôtel de
Ville , ainfi qu'à celle de Louis XV , étoient des
fontaines de vin , qui coulerent une partie de la
nuit. On y diftribuoit du pain & des viandes au
peuple , & on avoit placé des orqueftres dans tous
les endroits où fe faifoient ces diftributions .
La cloche de l'Hôtel de ville fonna pendan
I iij
498 MERCURE DE FRANCE.
Toute la journée en tocfin . Il y eut quatre falves
d'artillerie ; la premiere à cinq heures du matin ,
la feconde à midi , la troifieme pendant le Te
Deum , & la derniere avant le feu d'artifice.
Le 24 , le corps de Ville alla à l'Eglife paroif-
Hale de Saint Jeanen Greve , pour rendre les actions
de graces particulieres , & il affifta au Te
Deam qu'il fit chanter en mufique. Ce même
jour , l'Hôtel de Ville , P'Hôtel du Prevôt des
Marchands , les maiſons des Echevins & des principaux
Officiers du corps de Ville , furent illuminés
de nouveau .
Le Roi a difpofé du commandement en Chef
de la province de Languedoc , vacant par la mort
de M. le Maréchal Duc de Mirepoix , en faveur
de M. le Maréchal de Thomond .
Le 3 Novembre , M. le Comte de Sartirane ,
'Ambaffadeur du Roi de Sardaigne , eut une audience
particuliere du Roi , dans laquelle il complimenta
Sa Majefté , au nom du Roi fon Maître,
fur l'heureux accouchement de Madame la Dauphine
, & fur l'heureufe naiffance de Monftigneur
le Comte d'Artois. Cet Ambafladeur fut
enfuite admis à l'audience de la Reine , de Monfeigneur
le Dauphin , & de Madame la Dauphine.
M. Bertin , latendant de Lyon , a été nommé
Lieutenant-Général de Police , à la place de M.
Berryer.
Le Roi a nommé M. le Marquis du Mefnil ,
Lieutenant Général de fes armées , Infpecteur Général
de la Cavalerie & des Dragons , au Gouver
nement de Brouage , vacant par la mort de M. le
Maréchal Duc de Mirepoix.
Sa Majesté a auffi accordé à M. le Comte de
Montazet , Brigadier de fes armées , Mestre de
Camp réformé à la fuite du Régiment de Dragons
DECEMBRE. 1757. 199
d'Orléans , & Gouverneur du Fort de Scarpe ,
l'Expectative d'une place de Commandeur dans
P'Ordre Militaire de Saint Louis , avec la permiffion
d'en porter dès - à - préfent les honneurs.
Les 27 & 28 d'Octobre , on a reffenti au Havre
deux fecouffes de tremblemens de terre. La
premiere a duré trois minutes , & l'autre deux.
Les habitans effrayés, font fortis de leurs maiſons
pour fe retirer fur la place, Ces mêmes ſecouffes
Te font auffi fait fentir à la même heure au Pontl'Evêque
, fur la rive gauche de la Seine.
Le 6 de Novembre , M. le Chevalier Archinto
arriva ici de Parme , pour complimenter le Roi ,
de la part de l'Infant Duc de Parme , fur la naiffance
de Monfeigneur le Comte d'Artois.
Le Roi a nommé à l'Intendance de Lyon M. de
la Michodiere , Intendant d'Auvergne ; & M.
Bernard de Ballainvilliers , Maître des Requêtes ,
à celle d'Auvergne.
Sa Majefté a tenu le Sceau pour la feizieme &
dix-feptieme fois.
Le même jour , M. le Prince de Beauvau prêta
ferment entre les mains du Roi pour la charge
de Capitaine des Gardes , & Sa Majefté reçut celui
de l'Evêque de Senez.
Le Roi accorda ce même jour un brevet d'honneur
à Madame la Comteffe de Lillebonne , &
elle prit en conféquence le Tabouret chez la
Reine.
Sa Majesté a donné à M. le Comte de Talaru ,
Sous-Lieutenant des Gendarmes de Flandres ,
l'Aide-Majorité de la Gendarmerie , vacante par
la promotion du Vicomte de Sabran , à la Majo
rité de ce corps,
Les entrées de la Chambre ont été accordées
par le Roi à M. le Chevalier Archinto , Gentil-
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
homme de la Chambre de l'infant Duc de Parme
Le is , M. Erizzo , Ambaſſadeur de la Répu
blique de Venife , eut une audience particuliere
du Roi,dans laquelle il complimenta Sa Majesté au
nom de la République , fur l'heureux accouchement
de Madame la Dauphine , & fur la naiſſance
de Monfeigneur le Comte d'Artois . Cet Ambaffadeur
fut conduit à cette audience par M. de la
Live , introducteur des Ambafladeurs .
M. le Baron de Lichtinſtein , Miniftre Plénipotentiaire
du Duc de Saxe- Gotha , eut le même
jour une audience de Madame la Dauphine. Il y
fut conduit ainfi qu'à celles de Monfeigneur le
Duc de Bourgogne , de Monfeigneur le Duc de
Berry , & de Monſeigneur le Comte de Provence
, par le même Introducteur .
M. de Bompar , Chefd'Eſcadre des Armées Navales
, à fon retour de la Martinique , où il a réfidé
pendant fept ans en qualité de Gouverneur
Général des Inles du Vent , a été préfenté au Roi,
Sa Majefté lui a accordé une penfion de trois mille
livres fur le Tréfor Royal , avec le Cordon rouge
honoraire.
L'ouverture du Parlement fe fit le r2 de ce
mois avec les cérémonies ordinaires , par une
Mefle folemnelle . Elle fut célébrée par M. l'Abbé
de Sailly , Chantre de la Sainte Chapelle , & Aumônier
de Madame la Dauphine . M. Mollé ,
premier Préfident , ayant été reçu & inftallé par
M. Pelletier de Rofambo , Préfident du Parlement
, y affifta avec toutes les Chambres.
Il y a eu le 5 Novembre une action entre l'armés
commandée par M. le Prince de Soubife & celle
du Roi de Pruffe : la premiere ayant été obligée de
faire fa retraite , elle s'eft retirée à Freyburg ,
d'où elle a repaffé l'Unftrutt , & ſe raffemble der
DECEMBRE. 1757 : 201
riere cette riviere . M. le Maréchal Duc de Richelieu
, à qui M. le Prince de Soubife avoit dépêché
un Officier après l'action , s'eft mis en marche à
la tête de foixante bataillons & de foixante- quatre
efcadrons , pour fe porter fur Duderſtatt , où il
fera à portée de recevoir & de foutenir l'armée de
M. le Prince de Soubife , s'il eft néceffaire.
Nous retardons la lifte des Officiers tués ou
bleffés , pour la donner plus exacte le mois pro
chain.
Le Corfaire Anglois le Hancelot , de Jerzey ;
armé de 10 canons , & de 70 hommes d'équipage ,
a été pris par les Vaiffeaux du Roi l'Entreprenant
& le Dragon , qui l'ont fait conduire à Brest.
Les fieurs Bart , Capitaine de Brûlot , & Juin ,
Lieutenant de Frégate , commandant les Frégates
du Roi la Valeur & la Mignonne , fe font rendus
maîtres des Navires Anglois l'Induftrie , l'Eclair
la Marie-Sara & la Satisfaction. Ces quatre bâtimens
, qui alloient de Sunderland à Rotterdam ,
chacun avec un chargement de charbon de terre
étoient tous armés de quelques canons , & ils font
arrivés à Dunkerque.
Le Corfaire le Vengeur , de ce Port , ya remis
Pôtage d'une rançon de 290 guinées , moyennant
laquelle il a relâché un Navire Anglois ,
dont il s'étoit emparé .
On mande de la Rochelle , que le Navire le Titon
l'Africain , de Bordeaux , venant de Saint-
Domingue , a enlevé le Navire Anglois le Thos
mas , de Londres dont la cargaiſon eft compo
fée de 500 barrils de poudre , de so caiffes d'armes
, de toiles , de foieries , & d'autres muni
tions & marchandiſes.
Une Lettre du Capitaine Robert , comman
1 v
202 MERCURE DE FRANCE.
dant la Frégate la Comteffe de la Serre , datée de
20 Octobre dernier , marque qu'il eft arrivé à
Bergue en Norwege, & qu'il y a conduit fept prifes
Angloifes ; que fix de ces prifes font chargés
de chanvre , de lin & de fer , la feptieme , d'uce
petite partie de chanvre & de bois , & qu'il en
attendoit une huitieme qu'il a laiffée au Nord
d'Ifland , le mauvais temps l'ayant obligé de s'en
féparer. Cette derniere eft un Senaw du port de
220 tonneaux , armé de 14 canons , & de 36
hommes d'équipage , qui vient de la Virginie , fa
cargaison confifte en 380 boucauts de tabac.
LAJA Cornette des Chevaux- Légers de la Garde
ordinaire du Roi , revint ici d'Arpajon le 19
d'Octobre. Comme la Compagnie , qui ne fert
que par quartiers , eft rarement raffembleé , les
Chevaux- Légers ont faifi le moment de leur réu
Lij
196 MERCURE DE FRANCE.
nion , pour célébrer en corps l'augufte naiſſance
de Monfeigneur le Comte d'Artois . Le Duc de
Chaulnes , leur Commandant , eft Gouverneur
de cette Province nouveau motif pour faire éclater
leur joie dans cette heureufe occafion. Ils devoient
fe féparer , après avoir porté leurs étendards
au Roi ; ils n'ont eu par conféquent que deux
fois vingt-quatre heures , pour faire leurs prépa
ratifs , ainfi que pour inviter la Cour , la Ville ,
& tous les corps de la maiſon du Roi.
Le fête commença le 21 , à dix heures du foir,
par un feu d'artifice , qui fut tiré dans l'avenue de
Sceaux , vis-à- vis de l'Hôtel des Chevaux-Légers ,
& dont l'exécution fut parfaite. Toutes les perfonnes
invitées le rendirent enfuite au bal , paré
& malqué. La façade & la cour de l'Hôtel étolent
très-bien illuminées. La falle où l'on danſoit , a
105 pieds de longueur fur 36 de large. Elle étoit
ornée richement , & avec autant d'art que de
goût : elle étoit éclairée par un grand nombre de
luftres & de girandoles. Les fonds oppofés de cette
falle , qui dans toute leur étendue , étoient gare
nis de grandes glaces , en multipliant les objets ,
formoient un fpectacle charmant. La Comteffe
de Marfan , Gouvernante des Enfans de France ,
s'étant excufée d'ouvrir le bal , la jeune Princeffe
de Soubife , fa niece , danfa le premier menuer
avec le Marquis d'Efquelbec , premier Enfeigne
de la compagnie. Le Bal dura jufqu'à huit heures
du matin. Il y eut la plus nombreuſe affemblée ,
& l'on y diftribua avec profufion toutes fortes de
rafraîchiffemens. Le bon ordre qui a régné dans
cette fête , joint à la politeffe & aux attentions
des Chevaux- Légers , n'en a pas fait le moindre
agrément.
La naifance de Monfeigneur le Comte d'Are
DECEMBRE. 1757: 197
tois exigeant des peuples , dont elle affure le
bonheur , un nouveau tribut de reconnoiffance ,
le Roi écrivit le 9 d'Octobre à M. l'Archevêque de
Paris , pour faire rendre à Dieu dans la Capitale
de folemnelles actions de graces. En conféquence,
le Dimanche 13 , le Te Deum fut chanté dans
P'Eglife Métropolitaine , & M. l'Archevêque de
Paris y officia . M. le Chancelier accompagné de
plufieurs Confeillers d'etat & Maîtres des Requê
tes , le parlement , la Chambre des Comptes , la
Cour des Aydes & le Corps de Ville , y affifterent
après y avoir été invités de la part du Roi par M.
Defgranges , Maîtres des Cérémonies .
Le même jour , M. le Prevôt des Marchands
& les Echevins firent tirer dans la place de l'Hôtel
de Ville un feu d'artifice , décoré relativement à
l'objet de l'alegreffe publique. La façade de
l'Hôtel de Ville fut enfuite illuminée par des filets
de terrines, qui régnoient le long des entablemens,
& par des luftres formés de lanternes de verre.
Des ifs portant chacun plus de cent cinquante lu
mieres , entouroient la place .
L'Hôtel du Duc de Chevreufe , nommé au Gou
vernement de Paris , fut orné d'une magnifique
décoration en architecture , éclairée avec un
goût infini. Il y eut auffi des illuminations à l'Hôtel
du Prevôt des Marchands , aux maiſons des
Echevins , & à celles des principaux Officiers du
corps de Ville.
Aux quatre coins de la place de l'Hôtel de
Ville , ainfi qu'à celle de Louis XV , étoient des
fontaines de vin , qui coulerent une partie de la
nuit. On y diftribuoit du pain & des viandes au
peuple , & on avoit placé des orqueftres dans tous
les endroits où fe faifoient ces diftributions .
La cloche de l'Hôtel de ville fonna pendan
I iij
498 MERCURE DE FRANCE.
Toute la journée en tocfin . Il y eut quatre falves
d'artillerie ; la premiere à cinq heures du matin ,
la feconde à midi , la troifieme pendant le Te
Deum , & la derniere avant le feu d'artifice.
Le 24 , le corps de Ville alla à l'Eglife paroif-
Hale de Saint Jeanen Greve , pour rendre les actions
de graces particulieres , & il affifta au Te
Deam qu'il fit chanter en mufique. Ce même
jour , l'Hôtel de Ville , P'Hôtel du Prevôt des
Marchands , les maiſons des Echevins & des principaux
Officiers du corps de Ville , furent illuminés
de nouveau .
Le Roi a difpofé du commandement en Chef
de la province de Languedoc , vacant par la mort
de M. le Maréchal Duc de Mirepoix , en faveur
de M. le Maréchal de Thomond .
Le 3 Novembre , M. le Comte de Sartirane ,
'Ambaffadeur du Roi de Sardaigne , eut une audience
particuliere du Roi , dans laquelle il complimenta
Sa Majefté , au nom du Roi fon Maître,
fur l'heureux accouchement de Madame la Dauphine
, & fur l'heureufe naiffance de Monftigneur
le Comte d'Artois. Cet Ambafladeur fut
enfuite admis à l'audience de la Reine , de Monfeigneur
le Dauphin , & de Madame la Dauphine.
M. Bertin , latendant de Lyon , a été nommé
Lieutenant-Général de Police , à la place de M.
Berryer.
Le Roi a nommé M. le Marquis du Mefnil ,
Lieutenant Général de fes armées , Infpecteur Général
de la Cavalerie & des Dragons , au Gouver
nement de Brouage , vacant par la mort de M. le
Maréchal Duc de Mirepoix.
Sa Majesté a auffi accordé à M. le Comte de
Montazet , Brigadier de fes armées , Mestre de
Camp réformé à la fuite du Régiment de Dragons
DECEMBRE. 1757. 199
d'Orléans , & Gouverneur du Fort de Scarpe ,
l'Expectative d'une place de Commandeur dans
P'Ordre Militaire de Saint Louis , avec la permiffion
d'en porter dès - à - préfent les honneurs.
Les 27 & 28 d'Octobre , on a reffenti au Havre
deux fecouffes de tremblemens de terre. La
premiere a duré trois minutes , & l'autre deux.
Les habitans effrayés, font fortis de leurs maiſons
pour fe retirer fur la place, Ces mêmes ſecouffes
Te font auffi fait fentir à la même heure au Pontl'Evêque
, fur la rive gauche de la Seine.
Le 6 de Novembre , M. le Chevalier Archinto
arriva ici de Parme , pour complimenter le Roi ,
de la part de l'Infant Duc de Parme , fur la naiffance
de Monfeigneur le Comte d'Artois.
Le Roi a nommé à l'Intendance de Lyon M. de
la Michodiere , Intendant d'Auvergne ; & M.
Bernard de Ballainvilliers , Maître des Requêtes ,
à celle d'Auvergne.
Sa Majefté a tenu le Sceau pour la feizieme &
dix-feptieme fois.
Le même jour , M. le Prince de Beauvau prêta
ferment entre les mains du Roi pour la charge
de Capitaine des Gardes , & Sa Majefté reçut celui
de l'Evêque de Senez.
Le Roi accorda ce même jour un brevet d'honneur
à Madame la Comteffe de Lillebonne , &
elle prit en conféquence le Tabouret chez la
Reine.
Sa Majesté a donné à M. le Comte de Talaru ,
Sous-Lieutenant des Gendarmes de Flandres ,
l'Aide-Majorité de la Gendarmerie , vacante par
la promotion du Vicomte de Sabran , à la Majo
rité de ce corps,
Les entrées de la Chambre ont été accordées
par le Roi à M. le Chevalier Archinto , Gentil-
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
homme de la Chambre de l'infant Duc de Parme
Le is , M. Erizzo , Ambaſſadeur de la Répu
blique de Venife , eut une audience particuliere
du Roi,dans laquelle il complimenta Sa Majesté au
nom de la République , fur l'heureux accouchement
de Madame la Dauphine , & fur la naiſſance
de Monfeigneur le Comte d'Artois . Cet Ambaffadeur
fut conduit à cette audience par M. de la
Live , introducteur des Ambafladeurs .
M. le Baron de Lichtinſtein , Miniftre Plénipotentiaire
du Duc de Saxe- Gotha , eut le même
jour une audience de Madame la Dauphine. Il y
fut conduit ainfi qu'à celles de Monfeigneur le
Duc de Bourgogne , de Monfeigneur le Duc de
Berry , & de Monſeigneur le Comte de Provence
, par le même Introducteur .
M. de Bompar , Chefd'Eſcadre des Armées Navales
, à fon retour de la Martinique , où il a réfidé
pendant fept ans en qualité de Gouverneur
Général des Inles du Vent , a été préfenté au Roi,
Sa Majefté lui a accordé une penfion de trois mille
livres fur le Tréfor Royal , avec le Cordon rouge
honoraire.
L'ouverture du Parlement fe fit le r2 de ce
mois avec les cérémonies ordinaires , par une
Mefle folemnelle . Elle fut célébrée par M. l'Abbé
de Sailly , Chantre de la Sainte Chapelle , & Aumônier
de Madame la Dauphine . M. Mollé ,
premier Préfident , ayant été reçu & inftallé par
M. Pelletier de Rofambo , Préfident du Parlement
, y affifta avec toutes les Chambres.
Il y a eu le 5 Novembre une action entre l'armés
commandée par M. le Prince de Soubife & celle
du Roi de Pruffe : la premiere ayant été obligée de
faire fa retraite , elle s'eft retirée à Freyburg ,
d'où elle a repaffé l'Unftrutt , & ſe raffemble der
DECEMBRE. 1757 : 201
riere cette riviere . M. le Maréchal Duc de Richelieu
, à qui M. le Prince de Soubife avoit dépêché
un Officier après l'action , s'eft mis en marche à
la tête de foixante bataillons & de foixante- quatre
efcadrons , pour fe porter fur Duderſtatt , où il
fera à portée de recevoir & de foutenir l'armée de
M. le Prince de Soubife , s'il eft néceffaire.
Nous retardons la lifte des Officiers tués ou
bleffés , pour la donner plus exacte le mois pro
chain.
Le Corfaire Anglois le Hancelot , de Jerzey ;
armé de 10 canons , & de 70 hommes d'équipage ,
a été pris par les Vaiffeaux du Roi l'Entreprenant
& le Dragon , qui l'ont fait conduire à Brest.
Les fieurs Bart , Capitaine de Brûlot , & Juin ,
Lieutenant de Frégate , commandant les Frégates
du Roi la Valeur & la Mignonne , fe font rendus
maîtres des Navires Anglois l'Induftrie , l'Eclair
la Marie-Sara & la Satisfaction. Ces quatre bâtimens
, qui alloient de Sunderland à Rotterdam ,
chacun avec un chargement de charbon de terre
étoient tous armés de quelques canons , & ils font
arrivés à Dunkerque.
Le Corfaire le Vengeur , de ce Port , ya remis
Pôtage d'une rançon de 290 guinées , moyennant
laquelle il a relâché un Navire Anglois ,
dont il s'étoit emparé .
On mande de la Rochelle , que le Navire le Titon
l'Africain , de Bordeaux , venant de Saint-
Domingue , a enlevé le Navire Anglois le Thos
mas , de Londres dont la cargaiſon eft compo
fée de 500 barrils de poudre , de so caiffes d'armes
, de toiles , de foieries , & d'autres muni
tions & marchandiſes.
Une Lettre du Capitaine Robert , comman
1 v
202 MERCURE DE FRANCE.
dant la Frégate la Comteffe de la Serre , datée de
20 Octobre dernier , marque qu'il eft arrivé à
Bergue en Norwege, & qu'il y a conduit fept prifes
Angloifes ; que fix de ces prifes font chargés
de chanvre , de lin & de fer , la feptieme , d'uce
petite partie de chanvre & de bois , & qu'il en
attendoit une huitieme qu'il a laiffée au Nord
d'Ifland , le mauvais temps l'ayant obligé de s'en
féparer. Cette derniere eft un Senaw du port de
220 tonneaux , armé de 14 canons , & de 36
hommes d'équipage , qui vient de la Virginie , fa
cargaison confifte en 380 boucauts de tabac.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En octobre et novembre 1757, plusieurs événements marquants ont eu lieu à la cour de France. Le 21 octobre, la Compagnie des Chevaux-Légers de la Garde du Roi a célébré la naissance du Comte d'Artois par une fête organisée par le Duc de Chaulnes, commandant de la compagnie et nouvellement nommé gouverneur de province. Cette célébration, qui a réuni une nombreuse assemblée, comprenait un feu d'artifice et un bal, et s'est déroulée dans un ordre exemplaire. Le Roi a également ordonné des actions de grâce pour la naissance du Comte d'Artois. Le 13 octobre, un Te Deum a été chanté à la cathédrale de Paris en présence de hautes autorités, suivi d'un feu d'artifice et d'illuminations à l'Hôtel de Ville. Des distributions de nourriture et de boissons ont été faites au peuple, et des salves d'artillerie ont marqué les moments clés de la journée. Plusieurs nominations et promotions ont été annoncées, notamment celle de M. Bertin comme Lieutenant-Général de Police et de M. le Marquis du Mésnil comme Lieutenant Général des armées et Inspecteur Général de la Cavalerie. Le Roi a également accordé des distinctions honorifiques à plusieurs personnes, dont le Comte de Montazet et la Comtesse de Lillebonne. Sur le plan diplomatique et militaire, des audiences ont été accordées à des ambassadeurs étrangers pour féliciter le Roi sur la naissance du Comte d'Artois. Des actions militaires en Allemagne impliquant le Prince de Soubise et le Roi de Prusse ont été rapportées, ainsi que des prises maritimes par des navires français contre des corsaires anglais.
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19
p. 164-165
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Les suites des couches de Madame la Dauphine ayant été aussi [...]
Mots clefs :
Madame la Dauphine, Duc, Archevêque, Sa Majesté, Brevet
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
ES
2
Les fuites des couches de Madame la Dauphine
ayant été auffi heureufes que fon accouchement ,
cette Princeffe fe rendit le 19 Novembre à la
Chapelle du château , où elle fut relevée avec les
cérémonies ordina res , par le Cardinal de Luynes,
fon premier Aumônier .
Le 22 du même mois , M. le Duc de Chevreufe
prêta ferment entre les mains du Roi pour le Gonvernement
de Paris .
M. l'Archevêque de Bourges prêta auffi ferment
le 23 entre les mains de Sa Majesté.
M. le Chevalier Mackenfic Douglafe , Minif
tre chargé des affaires de France à la Cour de
Petersbourg , eut l'honneur d'être préſenté au Roi
& à la Reine le 13 Novembre. L'accueil diftingué
qu'il a reçu de leurs Majeftés & de la Famille
Royale , prouve affez la fatisfaction que l'on a de
fes fervices.
JANVIER. 1758. 165.
LeRoi a accordé un brevet de Confeiller d'Etat
à M. Gallois , Préfident à la Chambre des Compres
de Normandie , & Secretaire d'état du Roi de
Pologne , Duc de Lorraine & de Bar .
ES
2
Les fuites des couches de Madame la Dauphine
ayant été auffi heureufes que fon accouchement ,
cette Princeffe fe rendit le 19 Novembre à la
Chapelle du château , où elle fut relevée avec les
cérémonies ordina res , par le Cardinal de Luynes,
fon premier Aumônier .
Le 22 du même mois , M. le Duc de Chevreufe
prêta ferment entre les mains du Roi pour le Gonvernement
de Paris .
M. l'Archevêque de Bourges prêta auffi ferment
le 23 entre les mains de Sa Majesté.
M. le Chevalier Mackenfic Douglafe , Minif
tre chargé des affaires de France à la Cour de
Petersbourg , eut l'honneur d'être préſenté au Roi
& à la Reine le 13 Novembre. L'accueil diftingué
qu'il a reçu de leurs Majeftés & de la Famille
Royale , prouve affez la fatisfaction que l'on a de
fes fervices.
JANVIER. 1758. 165.
LeRoi a accordé un brevet de Confeiller d'Etat
à M. Gallois , Préfident à la Chambre des Compres
de Normandie , & Secretaire d'état du Roi de
Pologne , Duc de Lorraine & de Bar .
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En novembre 1757, plusieurs événements marquants ont eu lieu à la cour de France. Madame la Dauphine a accouché le 19 novembre, suivie d'une cérémonie de relevée à la chapelle du château par le Cardinal de Luynes. Le 22 novembre, le Duc de Chevreuse a prêté serment pour le gouvernement de Paris, et l'Archevêque de Bourges a fait de même le 23 novembre. Le Chevalier Mackensie Douglas, ministre chargé des affaires de France à la cour de Petersbourg, a été présenté au Roi et à la Reine le 13 novembre, recevant un accueil distingué. En janvier 1758, le Roi a accordé un brevet de Conseiller d'État à M. Gallois, Président à la Chambre des Comptes de Normandie et Secrétaire d'État du Roi de Pologne, Duc de Lorraine et de Bar.
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20
p. 207-208
DE VERSAILLES le 15 Septembre.
Début :
Madame la Dauphine accoucha très-heureusement le 23 de ce mois, [...]
Mots clefs :
Madame la Dauphine, Accouchement, Princesse, Abbaye, Diocèse, Ordre, Religieux, Abbé, Sceaux, Gouvernement, Nominations
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE VERSAILLES le 15 Septembre.
DE VERSAILLES le 15 Septembre.
MA
Adame la Dauphine accoucha très-heu
reufement le 23 de ce mois , à cinq heures &
un quart du matin , d'une Princeſſe qui fut ondoyée ·
par l'Evêque d'Auton , premier Aumônier du
Roi en préfence du Vicaire de la paroiffe du Château
Cette Princeffe fut remile enfuite à la
Comtelle de Marían , Gouvernante des enfans de
France.
Le Roi a donné l'Abbaye de Mouzon ,
ordre
de S. Benoît , Diocèfe de Rheims , à l'Abbé de
Rohan-Guimenée , Chanoine de Strasbourg ;
Celle de Cherbourg , Ordre de Saint Auguſtin ,
Diocèle de Coutances , à l'Abbé de Mury , Docteur
de Sorbonne ;
Celle de Niſors , Ordre de Cîteaux , Diocèfe de
Comminges , a l'Abbé de Laftic , Vicaire Géné
ral du même Diocèfe ;
Celle de Moreuil , Ordre de S. Benoît , Dio
cèle d'Amiens , à l'Abbé d'Inguimbert , Vicaire
Général du même Diocèfe ;
Et l'Abbaye régulière de Chaloché , Ordre de
Citeaux, Diocèle d'Angers , à Don Contaud , Re
ligieux du même Ordre.
Du 4 Octobre.
Le 29 du mois dernier le Roi tint le Scean
208 MERCURE DE FRANCE.
Sa Majefté a difpofé du Gouvernement de
T'e de Ré , vacant par la mort du fieur de
Irincé , en faveur du Comte de Rezilly.
Le Roi a donné le Régiment de Briffac,
vacant par la mort du Duc de Coffé , au Chevalier
de Lemps ; celui de Rouergue , vacant
par la mort du fieur de Sechelles , au Comte de
Champagne- Chapton.
MA
Adame la Dauphine accoucha très-heu
reufement le 23 de ce mois , à cinq heures &
un quart du matin , d'une Princeſſe qui fut ondoyée ·
par l'Evêque d'Auton , premier Aumônier du
Roi en préfence du Vicaire de la paroiffe du Château
Cette Princeffe fut remile enfuite à la
Comtelle de Marían , Gouvernante des enfans de
France.
Le Roi a donné l'Abbaye de Mouzon ,
ordre
de S. Benoît , Diocèfe de Rheims , à l'Abbé de
Rohan-Guimenée , Chanoine de Strasbourg ;
Celle de Cherbourg , Ordre de Saint Auguſtin ,
Diocèle de Coutances , à l'Abbé de Mury , Docteur
de Sorbonne ;
Celle de Niſors , Ordre de Cîteaux , Diocèfe de
Comminges , a l'Abbé de Laftic , Vicaire Géné
ral du même Diocèfe ;
Celle de Moreuil , Ordre de S. Benoît , Dio
cèle d'Amiens , à l'Abbé d'Inguimbert , Vicaire
Général du même Diocèfe ;
Et l'Abbaye régulière de Chaloché , Ordre de
Citeaux, Diocèle d'Angers , à Don Contaud , Re
ligieux du même Ordre.
Du 4 Octobre.
Le 29 du mois dernier le Roi tint le Scean
208 MERCURE DE FRANCE.
Sa Majefté a difpofé du Gouvernement de
T'e de Ré , vacant par la mort du fieur de
Irincé , en faveur du Comte de Rezilly.
Le Roi a donné le Régiment de Briffac,
vacant par la mort du Duc de Coffé , au Chevalier
de Lemps ; celui de Rouergue , vacant
par la mort du fieur de Sechelles , au Comte de
Champagne- Chapton.
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Résumé : DE VERSAILLES le 15 Septembre.
Le 23 septembre, la Dauphine donna naissance à une princesse à Versailles. La princesse fut ondoyée par l'évêque d'Autun et placée sous la garde de la comtesse de Marly, gouvernante des enfants de France. Le roi attribua plusieurs abbayes à divers abbés : l'abbaye de Mouzon à l'abbé de Rohan-Guimenée, celle de Cherbourg à l'abbé de Mury, celle de Nisors à l'abbé de Laftic, celle de Moreuil à l'abbé d'Inguimbert, et l'abbaye régulière de Chaloché à Dom Contaud. Le 29 septembre, le roi tint un conseil durant lequel il nomma le comte de Rezilly au gouvernement de l'île de Ré, le chevalier de Lemps au régiment de Brissac, et le comte de Champagne-Chapt à celui de Rouergue.
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21
p. 197-199
De VERSAILLES, le 18 Septembre 1760.
Début :
Le 23 du mois dernier, on tira sur la terrasse, [...]
Mots clefs :
Comtesse, Feu d'artifice, Anniversaire, Duc de Berry, Monseigneur, Ministre d'État, Démission, Charge, Comte, Roi, Duc, Nominations, Députés, Clergé, Famille royale, Archevêque, Madame la Dauphine, Monseigneur le Dauphin, Ambassadeur, Contrat de mariage
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texteReconnaissance textuelle : De VERSAILLES, le 18 Septembre 1760.
De VERSAILLES , le 18 Septembre 1760.
Lis
5.
3
E23 du mois dernier , on tira fur la terraffe ,
par ordre de la Comtelle de Marfan , Gouvernante
des Enfans de France , un feu d'artifice pour l'anniverfaire
de la naiffance de Monfeigneur le Duc
de Berry. Monfeigneur le Duc de Bourgogne honora
de la préfence cette petite fête , & donna le
fignal pour tirer ce feu , qui fut parfaitement exé
cute par le fear Garnier , Artificier breveté du
Roi , pour Verfalles .
• Le fieur Rouillé ,-Miniftre d'Etat , ayant fup-
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
plié le Roi de recevoir fa démiflion de la Charge
de Grand- Maître & Sur- Intendant Général des
Poftes & relais de France , Sa Majefté a réuni
cette Charge à celle de Miniftre & Secrétaire d'Etat
, au département des affaires étrangeres.
Le Roi a donné au Comte de Treffan , Lieutenant-
Général de fes armées , & Grand- Maréchal des Logisdu
Roi de Pologne , Ducde Lorraine & de Bar ,
Je Commandement de Bitche & de la Lorraine
Allemande , vacant par la mort du Comte de
Bombelles.
>
Le feur Hurfon , Confeiller Honoraire au
Parlement & ci - devant Intendant de la Martinique
, a été nommé par Sa Majefté , à la place
d'Intendant de la Marine à Toulon , vacante par
la mort du fieur Charron.
Le Roi a accordé au Comte de Jumilhac Saint
Jean , Moufquetaire de la premiere Compagnie,
un Guidon de la Gendarmerie , Compagnie de
Flandre.
Le 3 de Septembre , le Roi de Pologne , Duc
de Lorraine & de Bar , partit d'ici pour ſe rendre
à Luneville .
Le 4 , les Députés des Etats de Languedoc , eurent
Audience du Roi , Ils furent préſentés par le
Comte d'Eu , Gouverneur de la Province , & par
le Comte de Saint Florentin , Miniftre & Secré
taire d'Etat , & conduits par le fieur Defgranges ,
Maître des Cérémonies . La députation étoit compofée
; pour le Clergé , de l'Archevêque d'Albi ,.
qui porta la parole ; du Marquis de Calviffon ,
pour la Nobleffe ; des fieurs Guérin & Journet
pour le Tiers-Etat ; & du heur Joubert , Syndic
Général de la Province.
Les , le Roi , la Reine & la Famille Royale furent
en vifite chez Mademoiſelle de Sens , à l'oc
cafion de la mort de l'Abbeffe de Saint AntoineOCTOBRE
. 1760 , 199
Le , Monfeigneur le Duc de Berry fut remis
entre les mains des hommes , après les formalités
requifes à cette occafion. On tira le foir , dans
l'appartement de ce Prince , un feu d'artifice qui
fat exécuté par le fieur Garnier Artificier des
Enfans de France .
Le 9 , le fieur Pamphili , Archevêque de Colofle
, & Nonce du Pape , eur fa premiere Audience
particuliere de Sa Majefté , à laquelle il
fut conduit, ainfi qu'à celles de la Reine , de Monfeigneur
le Dauphin , de Madame la Dauphine ,
de Monfeigneur le Duc de Bourgogne , de Monfeigneur
le Duc de Berry , de Monfeigneur le
Comte de Provence , de Monfeigneur le Comte
d'Artois , de Madame Adélaïde & de Mel
dames Victoire , Sophie , & Louiſe , par le feur
de la Live , Introducteur des Amballareurs.
X
Le 14 , le Roi , la Reine , & la Famille Royale
fignerent le contrat de mariage du Comte d'E
pinay , avec Demoiſelle de Sebeville.
Le 16 , Sa Majefté tint le Sceau.
Lis
5.
3
E23 du mois dernier , on tira fur la terraffe ,
par ordre de la Comtelle de Marfan , Gouvernante
des Enfans de France , un feu d'artifice pour l'anniverfaire
de la naiffance de Monfeigneur le Duc
de Berry. Monfeigneur le Duc de Bourgogne honora
de la préfence cette petite fête , & donna le
fignal pour tirer ce feu , qui fut parfaitement exé
cute par le fear Garnier , Artificier breveté du
Roi , pour Verfalles .
• Le fieur Rouillé ,-Miniftre d'Etat , ayant fup-
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
plié le Roi de recevoir fa démiflion de la Charge
de Grand- Maître & Sur- Intendant Général des
Poftes & relais de France , Sa Majefté a réuni
cette Charge à celle de Miniftre & Secrétaire d'Etat
, au département des affaires étrangeres.
Le Roi a donné au Comte de Treffan , Lieutenant-
Général de fes armées , & Grand- Maréchal des Logisdu
Roi de Pologne , Ducde Lorraine & de Bar ,
Je Commandement de Bitche & de la Lorraine
Allemande , vacant par la mort du Comte de
Bombelles.
>
Le feur Hurfon , Confeiller Honoraire au
Parlement & ci - devant Intendant de la Martinique
, a été nommé par Sa Majefté , à la place
d'Intendant de la Marine à Toulon , vacante par
la mort du fieur Charron.
Le Roi a accordé au Comte de Jumilhac Saint
Jean , Moufquetaire de la premiere Compagnie,
un Guidon de la Gendarmerie , Compagnie de
Flandre.
Le 3 de Septembre , le Roi de Pologne , Duc
de Lorraine & de Bar , partit d'ici pour ſe rendre
à Luneville .
Le 4 , les Députés des Etats de Languedoc , eurent
Audience du Roi , Ils furent préſentés par le
Comte d'Eu , Gouverneur de la Province , & par
le Comte de Saint Florentin , Miniftre & Secré
taire d'Etat , & conduits par le fieur Defgranges ,
Maître des Cérémonies . La députation étoit compofée
; pour le Clergé , de l'Archevêque d'Albi ,.
qui porta la parole ; du Marquis de Calviffon ,
pour la Nobleffe ; des fieurs Guérin & Journet
pour le Tiers-Etat ; & du heur Joubert , Syndic
Général de la Province.
Les , le Roi , la Reine & la Famille Royale furent
en vifite chez Mademoiſelle de Sens , à l'oc
cafion de la mort de l'Abbeffe de Saint AntoineOCTOBRE
. 1760 , 199
Le , Monfeigneur le Duc de Berry fut remis
entre les mains des hommes , après les formalités
requifes à cette occafion. On tira le foir , dans
l'appartement de ce Prince , un feu d'artifice qui
fat exécuté par le fieur Garnier Artificier des
Enfans de France .
Le 9 , le fieur Pamphili , Archevêque de Colofle
, & Nonce du Pape , eur fa premiere Audience
particuliere de Sa Majefté , à laquelle il
fut conduit, ainfi qu'à celles de la Reine , de Monfeigneur
le Dauphin , de Madame la Dauphine ,
de Monfeigneur le Duc de Bourgogne , de Monfeigneur
le Duc de Berry , de Monfeigneur le
Comte de Provence , de Monfeigneur le Comte
d'Artois , de Madame Adélaïde & de Mel
dames Victoire , Sophie , & Louiſe , par le feur
de la Live , Introducteur des Amballareurs.
X
Le 14 , le Roi , la Reine , & la Famille Royale
fignerent le contrat de mariage du Comte d'E
pinay , avec Demoiſelle de Sebeville.
Le 16 , Sa Majefté tint le Sceau.
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Résumé : De VERSAILLES, le 18 Septembre 1760.
Le 18 septembre 1760, un feu d'artifice fut organisé à Versailles pour célébrer l'anniversaire du Duc de Berry, en présence du Duc de Bourgogne. Cet événement fut dirigé par le sieur Garnier, artificier du Roi. Le sieur Rouillé, Ministre d'État, démissionna de ses fonctions de Grand-Maître et Surintendant général des Postes et relais de France, ainsi que de Ministre et Secrétaire d'État aux affaires étrangères. Le Roi nomma le Comte de Tressan au commandement de Bitche et de la Lorraine allemande, poste vacant après la mort du Comte de Bombelles. Le sieur Hurfon fut nommé Intendant de la Marine à Toulon, succédant au sieur Charron. Le Comte de Jumilhac Saint Jean reçut un guidon de la Gendarmerie. Le Roi de Pologne, Duc de Lorraine et de Bar, quitta Versailles pour Luneville le 3 septembre. Le 4 septembre, les députés des États de Languedoc furent reçus par le Roi, présentés par le Comte d'Eu et le Comte de Saint Florentin. Diverses visites et audiences eurent lieu, notamment celle de l'Archevêque de Colosse, Nonce du Pape, le 9 septembre. Le 14 septembre, le Roi et la famille royale signèrent le contrat de mariage du Comte d'Epinay avec Mademoiselle de Sévéville. Enfin, le Roi tint le Sceau le 16 septembre.
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22
p. 207-208
De PARIS, le 4 Octobre.
Début :
Le 21 du mois dernier, on fit la Dédicace de l'Eglise Paroissiale [...]
Mots clefs :
Église, Dédicace, Évêque, Clergé, Monseigneur le Dauphin, Madame la Dauphine, Archevêque
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De PARIS, le 4 Octobre.
De PARIS , le 4 Octobre,
Le 21 du mois dernier , on fit la Dédicace de
l'Eglife Paroiffiale de Choifi- le- Roi : cette Eglife
fur dédiée fous l'invocation de Saint Louis , Roi
de France , & de Saint Nicolas , Evêque de Myrre.
Cette Cérémonie fut faite par l'Archevêque de
Paris , affifté des Archevêques d'Aries , de Tours ,
de Befançon , de Touloufe , d'Alby , & des Evêques
de Grenoble , de Chartres , d'Orléans , de
208 MERCURE DE FRANCE.
Meaux , de Metz & d'Autun , en qualité de
Co-Confécrateurs . Les autres Evêques qui fe trouvoient
ici y affiftérent avec les Agens Généraux
du Clergé , fur l'invitation qui leur en avoit été
faite de la part de Sa Majefté. Le Roi , la Reine ,
Monfeigneur le Dauphin , Madame la Dauphine ,
& Mefdames , affifterent à cette Cérémonie.
L'Archevêque de Paris , les Archevêques & Evêques
Co-Confécrateurs , les autres Evêques qui
avoient affifté à la Cérémonie , & les deux Agens
Généraux du Clergé , eurent l'honneur de dîner
avec Sa Majesté .
Le 21 du mois dernier , on fit la Dédicace de
l'Eglife Paroiffiale de Choifi- le- Roi : cette Eglife
fur dédiée fous l'invocation de Saint Louis , Roi
de France , & de Saint Nicolas , Evêque de Myrre.
Cette Cérémonie fut faite par l'Archevêque de
Paris , affifté des Archevêques d'Aries , de Tours ,
de Befançon , de Touloufe , d'Alby , & des Evêques
de Grenoble , de Chartres , d'Orléans , de
208 MERCURE DE FRANCE.
Meaux , de Metz & d'Autun , en qualité de
Co-Confécrateurs . Les autres Evêques qui fe trouvoient
ici y affiftérent avec les Agens Généraux
du Clergé , fur l'invitation qui leur en avoit été
faite de la part de Sa Majefté. Le Roi , la Reine ,
Monfeigneur le Dauphin , Madame la Dauphine ,
& Mefdames , affifterent à cette Cérémonie.
L'Archevêque de Paris , les Archevêques & Evêques
Co-Confécrateurs , les autres Evêques qui
avoient affifté à la Cérémonie , & les deux Agens
Généraux du Clergé , eurent l'honneur de dîner
avec Sa Majesté .
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Résumé : De PARIS, le 4 Octobre.
Le 21 septembre, l'église paroissiale de Choisy-le-Roi a été dédiée sous la protection de Saint Louis et Saint Nicolas. La cérémonie, présidée par l'archevêque de Paris, a réuni plusieurs archevêques et évêques. Le roi, la reine, le dauphin, la dauphine et Mesdames y ont assisté. Un dîner a suivi avec Sa Majesté.
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23
p. 170
NAISSANCES.
Début :
Le 3 Mai, Madame la Dauphine est accouchée heureusement d'une [...]
Mots clefs :
Madame la Dauphine, Accouchement, Princesse, Monseigneur, Comte, Duc, Madame, Duchesse, Fille, Fils
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : NAISSANCES.
NAISSANCES.
>
Le 3 Mai Madame la Dauphine eſt accouchée
heureufement d'une Princeffe vers les
deux heures du matin. Le même jour , Monſei--
gneur le Duc de Berry , ainfi que Monfeigneur
le Comte de Provence , Monfeigneur le Comte
d'Artois & Madame , fe rendirent à la Chapelle
du Château , immédiatement après la Mefle du
Roi , pour la cérémonie du Baptême de la Princelle
nouvellement née . Leurs Majeftés , ainfi
que Monfeigneur le Dauphin , Madame Adélaïde
, Meflames Victoire , Sophie & Louie , le
Duc d'Orléans , le Duc de Chartres , le Prince
de Condé , le Comte de Clermont , la Princeſſe
de Conti , le Prince de Conti , la Comteſſe de la
Marche , le Comte d'Eu , le Duc de Penthievre &
le Prince de Lamballe ont affifté cette Cérémonie.
Monfeigneur le Duc de Berry , au nom de l'Infant
Don Philippe , & Madame Adélaide au
nom de la Reine d'Eſpagne Douairiere , ont tenu
fur les Fonts de Baptême cette Princelle qui a été
nommée Elifabeth Philippe- Marie- Helene. Le
Baptême a été adminiftré par l'Archevêque de
Rheims , Grand Aumônier de Sa Majesté , en
préfence du Sieur Allarh , Curé de Paroille du
Château . Plufieurs Princes & Princelles , Seigneurs
& Damés de la Cour ont affifté à cette Cérémonie
, ainfi
que
les Ambaffadeurs
d'Elpagne
& de
Naples
.
Le 4 Avril , la Ducheffe de Charoſt eſt accouchée
d'un fils qui portera le nom de Marquis de
Charoft.
>
Le 3 Mai Madame la Dauphine eſt accouchée
heureufement d'une Princeffe vers les
deux heures du matin. Le même jour , Monſei--
gneur le Duc de Berry , ainfi que Monfeigneur
le Comte de Provence , Monfeigneur le Comte
d'Artois & Madame , fe rendirent à la Chapelle
du Château , immédiatement après la Mefle du
Roi , pour la cérémonie du Baptême de la Princelle
nouvellement née . Leurs Majeftés , ainfi
que Monfeigneur le Dauphin , Madame Adélaïde
, Meflames Victoire , Sophie & Louie , le
Duc d'Orléans , le Duc de Chartres , le Prince
de Condé , le Comte de Clermont , la Princeſſe
de Conti , le Prince de Conti , la Comteſſe de la
Marche , le Comte d'Eu , le Duc de Penthievre &
le Prince de Lamballe ont affifté cette Cérémonie.
Monfeigneur le Duc de Berry , au nom de l'Infant
Don Philippe , & Madame Adélaide au
nom de la Reine d'Eſpagne Douairiere , ont tenu
fur les Fonts de Baptême cette Princelle qui a été
nommée Elifabeth Philippe- Marie- Helene. Le
Baptême a été adminiftré par l'Archevêque de
Rheims , Grand Aumônier de Sa Majesté , en
préfence du Sieur Allarh , Curé de Paroille du
Château . Plufieurs Princes & Princelles , Seigneurs
& Damés de la Cour ont affifté à cette Cérémonie
, ainfi
que
les Ambaffadeurs
d'Elpagne
& de
Naples
.
Le 4 Avril , la Ducheffe de Charoſt eſt accouchée
d'un fils qui portera le nom de Marquis de
Charoft.
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Résumé : NAISSANCES.
Le 3 mai, Madame la Dauphine a accouché d'une princesse vers deux heures du matin. Le même jour, plusieurs membres de la famille royale, dont le Duc de Berry, le Comte de Provence, le Comte d'Artois et Madame, ont assisté au baptême de la princesse à la chapelle du château. Parmi les présents figuraient Leurs Majestés, le Dauphin, Madame Adélaïde, Mesdames Victoire, Sophie et Louise, ainsi que divers princes, princesses, seigneurs et dames de la cour. Le Duc de Berry et Madame Adélaïde ont tenu la princesse sur les fonts baptismaux au nom de l'Infant Don Philippe et de la Reine d'Espagne douairière, respectivement. La princesse a été nommée Élisabeth Philippe-Marie-Hélène. Le baptême a été administré par l'Archevêque de Reims, Grand Aumônier de Sa Majesté, en présence du Curé de la paroisse du château. Plusieurs princes, princesses, seigneurs et dames de la cour, ainsi que les ambassadeurs d'Espagne et de Naples, ont assisté à la cérémonie. Le 4 avril, la Duchesse de Charost a donné naissance à un fils, qui portera le nom de Marquis de Charost.
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24
p. 180
De ROME, le 23 Mai 1764.
Début :
Le Marquis d'Aubeterre, Ambassadeur Extraordinaire de France en cette [...]
Mots clefs :
Marquis, Ambassadeur, Cour, Souverain, Madame la Dauphine, Prince
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De ROME, le 23 Mai 1764.
De ROME , le 23 Mai 1764.
Le Marquis d'Aubeterre , Ambaffadeur Extraordinaire
de France en cette Cour , fe rendit hier à
l'Audience du Souverain Pontife , à qui il remit
une Lettre du Roi fon Maître , par laquelle Sa
Majefté Très-Chrétienne annonce au Saint Père
l'heureux accouchement de Madame la Dau
phine.
Le Prince Camille de Roban , accompagné du
Chevalier de la Tremblaye , eft arrivé ici le 20 ,
revenant de Malte , où il a fait fes Caravanes.
Le Marquis d'Aubeterre , Ambaffadeur Extraordinaire
de France en cette Cour , fe rendit hier à
l'Audience du Souverain Pontife , à qui il remit
une Lettre du Roi fon Maître , par laquelle Sa
Majefté Très-Chrétienne annonce au Saint Père
l'heureux accouchement de Madame la Dau
phine.
Le Prince Camille de Roban , accompagné du
Chevalier de la Tremblaye , eft arrivé ici le 20 ,
revenant de Malte , où il a fait fes Caravanes.
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25
p. 139-144
De COMPIEGNE, le 15 Août 1764.
Début :
Les Régimens de la Marine, Infanterie, ceux de Royal Normandie, [...]
Mots clefs :
Régiments, Infanterie, Marine, Cavalerie, Famille royale, Exercices, Ordonnance, Camp de l'artillerie , Duc, Prince, Visite des troupes, Intendant, Serment de fidélité, Ambassadeur, Cardinal, Nominations, Prix, Bénéfices donnés, Abbayes, Religieuses, Madame la Dauphine, Monseigneur le Dauphin, Reine
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De COMPIEGNE, le 15 Août 1764.
De COMPIEGNE , le 15 Acût 1764.
ES Régimens de la Marine , Infanterie , ceux
de Royal Normandie , & de la Reine , Cavalerie ,
ainsi que la Brigade de Defmazis , du Corps
Royal de l'Artillerie , ont eu ordre de fe rendre à
Compiegne , où ils font arrivés fucceffivement
au 18 du mois dernier : ces différens
Corps ont campé léparément.
du ta
Le 15 , Leurs Majeftés, accompagnées de toute
la Famille Royale , fe font rendues au Camp de
l'Artillerie. La Brigade , après avoir éxécuté les.
différens temps de l'éxercice prefcrits par la
nouvelle Ordonnance , a défilé devant le Roi ,
& a enfuite éxécuté , en préſence de Leurs Majeftés
& de la Famille Royale, l'école des bombes ,
des obus & du canon. Le Roi à paru très- fatis
fait de la préciſion avec laquelle cette Troupe a
fait l'Exercice , & fur- tout de la jufteffe avec laquelle
les Canoniers ont tiré les différentes bouches
à feu.
Le
17 , le Roi
s'eft
rendu
une
feconde
fois
avec
la
Reine
& toute
la Famille
Royale
au
Camp
de l'Artillerie
, & les
Canoniers
ont
éxécuré
de nouveau
, en préſence
de Leurs
Majefiés
,
l'Exercice
de la Bombe
, de l'Obus
& du Canon
,
& le
cheminement
de la Sappe
.
Le 18 , le Roi & la Reine , accompagnés de
140 MERCURE DE FRANCE.
la Famille Royale , & du Duc de Chartres , du
Prince de Condé & du Prince de Lamballe , fe
font rendus au Camp de la Cavalerie . Les deux
Régimens qui le compofoient ont éxécuté en préfence
de Leurs Majeftés , différentes manoeuvres
dont le Roi a paru très - fatisfait.
Le 22 , Leurs Majeftés & toute la Famille
Royale , accompagnées du Duc de Chartres , du
Prince de Condé , & du Prince de Lamballe , fe
fe font rendues au Camp du Régiment de la Marine
, qui a éxécuté devant le Roi, & à la fatisfac
tion de Sa Majefté , les différens temps de l'Exercice
, & les manoeuvres prefcrites par l'Ordonnance
du 20 Mars dernier .
Ces différens Corps font partis de leurs Camps
pour fe rendre à leurs deftinations refpectives.
Le Regiment de Royal Normandie eft parti le
23 , celui de la Reine , Cavalerie , le 24 , & celui
de la Marine , ainfi que la Brigade d'Artillerie
, le 25. Sa Majefté le propofe de faire venir
fucceffivement & chaque année les différentes parties
de fes Troupes , afin de juger par Elle- même
fi fes Ordonnances font bien éxécutées . Le
Şieur Amelot ayant été nommé à l'Intendance
de Bourgogne , le Roi a nommé pour remplir
la place de Préfident du Grand- Conſeil , dont il
étoit pourvu , le Sieur de Monthyon , qui , en
cette qualité a été préſenté le 18 , à Sa Majeſté.
Le Comte de Guerchy , Ambaffadeur du Roi
auprès du Roi de la Grande- Bretagne , eft arrivé
ici le 24 , & a été préſenté le 25 au matin à Sa
Majefté. Avant que de quitter la Cour de Londres ,
il a préfenté à Sa Majefté Britannique le Marquis
de Bloffet , Colonel d'un Régiment de Gre
nadiers-Royaux , que le Roi a nommé pour ré6-
NOVEMBRE . 1764. 141
der à ladite Cour en qualité de Miniſtre pendant
l'abſence de fon Ambaffadeur.
Les Sieurs Amelot, Intendant deBourgogne, le
Peletier de Morfontaine , Intendant de la Rochelle
, & Rouillé- d'Orfeuil , Intendant de Châlons
en Champagne , furent préfentés le 22 au
Roi par le Sieur de l'Averdy , Contrôleur -Gé
néral des Finances. Le même jour la Marquife
de Maulde fut auffi préfentée à Leurs Majeftés
& à la Famille Royale , par la Comteſſe de
Maulde .
Le 28 , Leopold- Charles de Choiſeul , Arche
vêque de Cambrai , a prêté ferment de fidélité
entre les mains du Roi.
ג
Le
23 , le
Comte
de
Woronzow
Grand
Chancelier
de
Ruffie
, a été
préſenté
à Leurs
Majeftés
& à la Famille
Royale
.
Le 29 , le fieur de Maupeou , fils du Premier
Préfident du Parlement de Paris , a eu l'honneur
d'être préfenté au Roi par fon Père , &
a remercié Sa Majefté de l'agrément qu'elle a
bien voulu lui accorder pour une Charge de
Confeiller au même Parlement , & pour celle
de Préfident à Mortier dont fon Père étoit revêtu.
mois ,
Le Marquis de Paulmy , Miniftre & ci-devant
Secrétaire d'Etat , ayant le Département de la
Guerre , Ambaffadeur du Roi auprès de la République
de Pologne , arriva ici le 6 de ce
& fut préſenté par le Duc de Praſlin .
Le Cardinal de Bernis a prêté ferment ,
9 , entre les mains du Roi , dans la Chapelle
du Château , pour l'Archevêché d'Alby . Il s'étoit
rendu , le 3 de ce mois , à Sens où il a
été facré dans la Cathédrale par le Cardinal
le
142 MERCURE DE FRANCE.
de Laynes qui avoit pour Alliſtans l'Evêque
d'Auxerre & celui de Béziers .
Le Sieur Turgot , Préfident à Mortier au Parlement
de Paris , ayant donné la démiffion de
fa Charge , le Roi vient d'y nommer le Sieur
Peletier de S. Fargeau , Avocat Général dudit
Parlement , dont la Place a été donnée au Sieur
Barentin . Le Sieur le Peletier de S. Fargeau &
le Sieur Barentin ont eu l'honneur d'erre préfentés
, à cette occafion , à Sa Majeſté.
Le fieur de Lamoignon de Montrevault ayant
donné fa démiffion de la Charge de Préfident
à Mortier du Parlement de Paris , le Roi y a
nommé le fieur de Gourgue , qui , à cette occafion
, a eu l'honneur d'être préfenté , le 8
à Sa Majesté.
Le 7 , le Sieur Mathieu , Principal du Collége
Royal de cette Ville , a eu l'honneur de
préfenter au Roi , à Monfeigneur le Dauphin ,
à Monfeigneur le Duc de Berry & à Monfeigneur
le Comte de Provence le Programme
de l'exercice qui s'eft fait le 9 dans lédit Collége
pour la diftribution folemnelle des Prix
accordés par Sa Majesté. Monfeigneur le Due
de Berry en a accordé un particulier au fieur
Herbet qui a foutenu l'exercice.
Le Roi a accordé au Duc de Trefmes &
au Comte de Guerchy les entrées du Ca
binet.
Sa Majesté à donné l'Abbaye de S. Méen
Ordre de S. Benoît , Diocéfe de S. Malo , à
l'Abbé de Moftueges , Sous- Précepteur des Enfans
de France ; l'Abbaye Régulière & Elective
de S. Nicolas d'Arrouaize , Ordre de S. Auguftin
, Diocéfe d'Arras , à Don Floride Tabary ,
Religieux de la même Abbaye ; & celle de Bon
N
NOVEM BR E. 1764 . 143
deville , Ordre de Citeaux , Diocéfe de Rouen ,
à la Dame de Fontenailles , Religieufe de l'Abbaye
de Bonlieu , même Ordre , Diocéfe du
Mans.
La Reine donna , le 4 de ce mois , le voile
noir à deux Religieufes Carmelites ; la Cérémonie
en fut faite par le Cardinal de Rochechouart.
Le Père Celaire , Carme Déchauffé
prêcha , à cette occaſion en préfence de la
Reine.
•
Le Sieur Maliffet , Munitionnaire chargé de
la fourniture du pain pour les Troupes duCamp
de Compiegne & de l'approvisionnement de
Paris , fe tranſporta , le 22 du mois dernier
au Camp du Régiment de la Reine , Cavalerie
, en conféquence des ordres du Duc de Choi
feul , & eut l'honneur de préfenter au Roi ,
après la revue , le pain qu'il avoit fait fuivant
la nouvelle méthode qu'il a imaginée. Sa Majeſté
en fit Elle-même l'eſſai , ainfi que les Princes
qui l'accompagnoient , & en parut fatisfaite.
Les Troupes auxquelles il a été diftribué , l'ont
trouvé très- bon . On donnera bientôt au Public
la coupe des différens moulins néceffaires
pour la nouvelle mouture que le feur Maliffer
emploie & par laquelle on gagne un fixiéme
fur le produit du grain , en même temps
qu'on donne au pain une qualité fupérieure
non feulement pour le goût , mais même pour
la couleur.
:
L'Evêque de S. Omer a donné le Pallium à
l'Archevêque Duc de Cambrai cette Cérémo
nie s'eft faite dans la Chapelle des Dames de la
Congrégation de cette Ville , le 4 de ce mois.
Monfeigneur le Duc de Berry & Monseigneur
le Comte de Provence font partis d'ici le 13
144 MERCURE DE FRANCE.
pour retourner à Versailles . Le Roi le propoſe
de partir demain pour le rendre à S. Ouen
où Sa Majefté foupera avec Monfeigneur le
Dauphin , Madame la Dauphine , Madame Adélaïde
, & Mefdames Victoire , Sophie & Louiſe
qui s'y rendront auffi ; le foir , Sa Majesté ira
coucher au Château de la Muette , d'où Elle
partira le lendemain pour le rendre à Verſailles
, ainfi que Monfeigneur le Dauphin , Madame
la Dauphine , Madame Adélaïde , Mefdames
Victoire , Sophie & Louife. La Reine quittera
cette Ville le 17 pour retourner à Verſailles.
ES Régimens de la Marine , Infanterie , ceux
de Royal Normandie , & de la Reine , Cavalerie ,
ainsi que la Brigade de Defmazis , du Corps
Royal de l'Artillerie , ont eu ordre de fe rendre à
Compiegne , où ils font arrivés fucceffivement
au 18 du mois dernier : ces différens
Corps ont campé léparément.
du ta
Le 15 , Leurs Majeftés, accompagnées de toute
la Famille Royale , fe font rendues au Camp de
l'Artillerie. La Brigade , après avoir éxécuté les.
différens temps de l'éxercice prefcrits par la
nouvelle Ordonnance , a défilé devant le Roi ,
& a enfuite éxécuté , en préſence de Leurs Majeftés
& de la Famille Royale, l'école des bombes ,
des obus & du canon. Le Roi à paru très- fatis
fait de la préciſion avec laquelle cette Troupe a
fait l'Exercice , & fur- tout de la jufteffe avec laquelle
les Canoniers ont tiré les différentes bouches
à feu.
Le
17 , le Roi
s'eft
rendu
une
feconde
fois
avec
la
Reine
& toute
la Famille
Royale
au
Camp
de l'Artillerie
, & les
Canoniers
ont
éxécuré
de nouveau
, en préſence
de Leurs
Majefiés
,
l'Exercice
de la Bombe
, de l'Obus
& du Canon
,
& le
cheminement
de la Sappe
.
Le 18 , le Roi & la Reine , accompagnés de
140 MERCURE DE FRANCE.
la Famille Royale , & du Duc de Chartres , du
Prince de Condé & du Prince de Lamballe , fe
font rendus au Camp de la Cavalerie . Les deux
Régimens qui le compofoient ont éxécuté en préfence
de Leurs Majeftés , différentes manoeuvres
dont le Roi a paru très - fatisfait.
Le 22 , Leurs Majeftés & toute la Famille
Royale , accompagnées du Duc de Chartres , du
Prince de Condé , & du Prince de Lamballe , fe
fe font rendues au Camp du Régiment de la Marine
, qui a éxécuté devant le Roi, & à la fatisfac
tion de Sa Majefté , les différens temps de l'Exercice
, & les manoeuvres prefcrites par l'Ordonnance
du 20 Mars dernier .
Ces différens Corps font partis de leurs Camps
pour fe rendre à leurs deftinations refpectives.
Le Regiment de Royal Normandie eft parti le
23 , celui de la Reine , Cavalerie , le 24 , & celui
de la Marine , ainfi que la Brigade d'Artillerie
, le 25. Sa Majefté le propofe de faire venir
fucceffivement & chaque année les différentes parties
de fes Troupes , afin de juger par Elle- même
fi fes Ordonnances font bien éxécutées . Le
Şieur Amelot ayant été nommé à l'Intendance
de Bourgogne , le Roi a nommé pour remplir
la place de Préfident du Grand- Conſeil , dont il
étoit pourvu , le Sieur de Monthyon , qui , en
cette qualité a été préſenté le 18 , à Sa Majeſté.
Le Comte de Guerchy , Ambaffadeur du Roi
auprès du Roi de la Grande- Bretagne , eft arrivé
ici le 24 , & a été préſenté le 25 au matin à Sa
Majefté. Avant que de quitter la Cour de Londres ,
il a préfenté à Sa Majefté Britannique le Marquis
de Bloffet , Colonel d'un Régiment de Gre
nadiers-Royaux , que le Roi a nommé pour ré6-
NOVEMBRE . 1764. 141
der à ladite Cour en qualité de Miniſtre pendant
l'abſence de fon Ambaffadeur.
Les Sieurs Amelot, Intendant deBourgogne, le
Peletier de Morfontaine , Intendant de la Rochelle
, & Rouillé- d'Orfeuil , Intendant de Châlons
en Champagne , furent préfentés le 22 au
Roi par le Sieur de l'Averdy , Contrôleur -Gé
néral des Finances. Le même jour la Marquife
de Maulde fut auffi préfentée à Leurs Majeftés
& à la Famille Royale , par la Comteſſe de
Maulde .
Le 28 , Leopold- Charles de Choiſeul , Arche
vêque de Cambrai , a prêté ferment de fidélité
entre les mains du Roi.
ג
Le
23 , le
Comte
de
Woronzow
Grand
Chancelier
de
Ruffie
, a été
préſenté
à Leurs
Majeftés
& à la Famille
Royale
.
Le 29 , le fieur de Maupeou , fils du Premier
Préfident du Parlement de Paris , a eu l'honneur
d'être préfenté au Roi par fon Père , &
a remercié Sa Majefté de l'agrément qu'elle a
bien voulu lui accorder pour une Charge de
Confeiller au même Parlement , & pour celle
de Préfident à Mortier dont fon Père étoit revêtu.
mois ,
Le Marquis de Paulmy , Miniftre & ci-devant
Secrétaire d'Etat , ayant le Département de la
Guerre , Ambaffadeur du Roi auprès de la République
de Pologne , arriva ici le 6 de ce
& fut préſenté par le Duc de Praſlin .
Le Cardinal de Bernis a prêté ferment ,
9 , entre les mains du Roi , dans la Chapelle
du Château , pour l'Archevêché d'Alby . Il s'étoit
rendu , le 3 de ce mois , à Sens où il a
été facré dans la Cathédrale par le Cardinal
le
142 MERCURE DE FRANCE.
de Laynes qui avoit pour Alliſtans l'Evêque
d'Auxerre & celui de Béziers .
Le Sieur Turgot , Préfident à Mortier au Parlement
de Paris , ayant donné la démiffion de
fa Charge , le Roi vient d'y nommer le Sieur
Peletier de S. Fargeau , Avocat Général dudit
Parlement , dont la Place a été donnée au Sieur
Barentin . Le Sieur le Peletier de S. Fargeau &
le Sieur Barentin ont eu l'honneur d'erre préfentés
, à cette occafion , à Sa Majeſté.
Le fieur de Lamoignon de Montrevault ayant
donné fa démiffion de la Charge de Préfident
à Mortier du Parlement de Paris , le Roi y a
nommé le fieur de Gourgue , qui , à cette occafion
, a eu l'honneur d'être préfenté , le 8
à Sa Majesté.
Le 7 , le Sieur Mathieu , Principal du Collége
Royal de cette Ville , a eu l'honneur de
préfenter au Roi , à Monfeigneur le Dauphin ,
à Monfeigneur le Duc de Berry & à Monfeigneur
le Comte de Provence le Programme
de l'exercice qui s'eft fait le 9 dans lédit Collége
pour la diftribution folemnelle des Prix
accordés par Sa Majesté. Monfeigneur le Due
de Berry en a accordé un particulier au fieur
Herbet qui a foutenu l'exercice.
Le Roi a accordé au Duc de Trefmes &
au Comte de Guerchy les entrées du Ca
binet.
Sa Majesté à donné l'Abbaye de S. Méen
Ordre de S. Benoît , Diocéfe de S. Malo , à
l'Abbé de Moftueges , Sous- Précepteur des Enfans
de France ; l'Abbaye Régulière & Elective
de S. Nicolas d'Arrouaize , Ordre de S. Auguftin
, Diocéfe d'Arras , à Don Floride Tabary ,
Religieux de la même Abbaye ; & celle de Bon
N
NOVEM BR E. 1764 . 143
deville , Ordre de Citeaux , Diocéfe de Rouen ,
à la Dame de Fontenailles , Religieufe de l'Abbaye
de Bonlieu , même Ordre , Diocéfe du
Mans.
La Reine donna , le 4 de ce mois , le voile
noir à deux Religieufes Carmelites ; la Cérémonie
en fut faite par le Cardinal de Rochechouart.
Le Père Celaire , Carme Déchauffé
prêcha , à cette occaſion en préfence de la
Reine.
•
Le Sieur Maliffet , Munitionnaire chargé de
la fourniture du pain pour les Troupes duCamp
de Compiegne & de l'approvisionnement de
Paris , fe tranſporta , le 22 du mois dernier
au Camp du Régiment de la Reine , Cavalerie
, en conféquence des ordres du Duc de Choi
feul , & eut l'honneur de préfenter au Roi ,
après la revue , le pain qu'il avoit fait fuivant
la nouvelle méthode qu'il a imaginée. Sa Majeſté
en fit Elle-même l'eſſai , ainfi que les Princes
qui l'accompagnoient , & en parut fatisfaite.
Les Troupes auxquelles il a été diftribué , l'ont
trouvé très- bon . On donnera bientôt au Public
la coupe des différens moulins néceffaires
pour la nouvelle mouture que le feur Maliffer
emploie & par laquelle on gagne un fixiéme
fur le produit du grain , en même temps
qu'on donne au pain une qualité fupérieure
non feulement pour le goût , mais même pour
la couleur.
:
L'Evêque de S. Omer a donné le Pallium à
l'Archevêque Duc de Cambrai cette Cérémo
nie s'eft faite dans la Chapelle des Dames de la
Congrégation de cette Ville , le 4 de ce mois.
Monfeigneur le Duc de Berry & Monseigneur
le Comte de Provence font partis d'ici le 13
144 MERCURE DE FRANCE.
pour retourner à Versailles . Le Roi le propoſe
de partir demain pour le rendre à S. Ouen
où Sa Majefté foupera avec Monfeigneur le
Dauphin , Madame la Dauphine , Madame Adélaïde
, & Mefdames Victoire , Sophie & Louiſe
qui s'y rendront auffi ; le foir , Sa Majesté ira
coucher au Château de la Muette , d'où Elle
partira le lendemain pour le rendre à Verſailles
, ainfi que Monfeigneur le Dauphin , Madame
la Dauphine , Madame Adélaïde , Mefdames
Victoire , Sophie & Louife. La Reine quittera
cette Ville le 17 pour retourner à Verſailles.
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Résumé : De COMPIEGNE, le 15 Août 1764.
Du 15 au 25 août 1764, plusieurs régiments de l'armée française, incluant ceux de la Marine, de l'Infanterie, de la Cavalerie, ainsi que la Brigade de l'Artillerie, se sont rassemblés à Compiègne. Le 15 août, Leurs Majestés et la Famille Royale ont assisté à des exercices militaires au Camp de l'Artillerie. La Brigade a exécuté divers exercices, tels que le tir des bombes, des obus et du canon, sous le regard satisfait du Roi. Le 17 août, le Roi et la Reine ont de nouveau assisté à des exercices de l'Artillerie. Le 18 août, ils ont observé des manœuvres de la Cavalerie. Le 22 août, le Régiment de la Marine a exécuté des exercices devant le Roi. Après ces démonstrations, les différents corps ont quitté Compiègne pour rejoindre leurs destinations respectives. Le Roi a exprimé son intention de faire venir chaque année les différentes parties de ses troupes pour vérifier l'exécution de ses ordonnances. Plusieurs nominations et présentations ont eu lieu, notamment celle du Sieur de Monthyon au poste de Président du Grand Conseil, du Comte de Guerchy comme Ambassadeur auprès du Roi de Grande-Bretagne, et de divers intendants. Le Cardinal de Bernis a prêté serment pour l'Archevêché d'Alby. Le Roi a également accordé diverses abbayes et charges, et la Reine a donné le voile noir à deux religieuses carmélites. Le Sieur Maliffet a présenté une nouvelle méthode de fabrication du pain, approuvée par le Roi et les Princes. L'Évêque de Saint-Omer a remis le Pallium à l'Archevêque de Cambrai. Enfin, la Famille Royale a quitté Compiègne pour retourner à Versailles.
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