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1
p. 202-203
« Le Chevalier s'arresta en cet endroit pour reprendre haleine [...] »
Début :
Le Chevalier s'arresta en cet endroit pour reprendre haleine [...]
Mots clefs :
Mercure, Public, Livre
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texteReconnaissance textuelle : « Le Chevalier s'arresta en cet endroit pour reprendre haleine [...] »
Le Chevalier s’arrêta en
cet endroit pour reprendre
haleine , & chacun raifonna fur ce qu’il venoit d’entendre. La Marquife die
q u ’elle avoit appris les
noms de plus de douze
Officiers Generaux qui avoient efté oubliez dans
plufieurs Liftes qui en avoient couru, & qu’elle
avoit remarqué un grand
nombre de particularitez
touchant le Siégé & la prife
G A L A N T , xoj
Je Valenciennes, dont le
Public n’avoir point efté
inftruit. D ’autres dirent
que fans le Mercure ils
n ’auroient pas fçeu les
noms d’une partie de ceux
que le Roy avoit fi bien
re'compenfcz, & que ce
Livre fervoit à ramaffer
bien des chofes qui pour
la gloire de ce Grand Monarque ne dévoient pas
eftre ignorées. Le Chevalier ayant témoigné qu’il
n’avoit plus que trois ou
quatre pages à lire, on luy
prefta filence, & il acheva
de cette forte
cet endroit pour reprendre
haleine , & chacun raifonna fur ce qu’il venoit d’entendre. La Marquife die
q u ’elle avoit appris les
noms de plus de douze
Officiers Generaux qui avoient efté oubliez dans
plufieurs Liftes qui en avoient couru, & qu’elle
avoit remarqué un grand
nombre de particularitez
touchant le Siégé & la prife
G A L A N T , xoj
Je Valenciennes, dont le
Public n’avoir point efté
inftruit. D ’autres dirent
que fans le Mercure ils
n ’auroient pas fçeu les
noms d’une partie de ceux
que le Roy avoit fi bien
re'compenfcz, & que ce
Livre fervoit à ramaffer
bien des chofes qui pour
la gloire de ce Grand Monarque ne dévoient pas
eftre ignorées. Le Chevalier ayant témoigné qu’il
n’avoit plus que trois ou
quatre pages à lire, on luy
prefta filence, & il acheva
de cette forte
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Résumé : « Le Chevalier s'arresta en cet endroit pour reprendre haleine [...] »
Le Chevalier fit une pause après avoir lu un texte. La Marquise mentionna avoir découvert les noms de plus de douze Officiers Généraux oubliés et des détails sur le siège de Valenciennes. D'autres affirmèrent que le Mercure, un livre rappelant des faits glorieux, était indispensable pour connaître certains officiers récompensés par le Roi. Le Chevalier acheva ensuite sa lecture.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 102-103
« A l'heure qu'il est, on m'apporte une Lettre [...] »
Début :
A l'heure qu'il est, on m'apporte une Lettre [...]
Mots clefs :
Mercure galant, Public, Approbation, Nouvelles, Aventure
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texteReconnaissance textuelle : « A l'heure qu'il est, on m'apporte une Lettre [...] »
Al'heure qu'il eſt,on m'apporte une Lettre qui merite
bien de vous efſtre envoyée,
& qui eſt une eſpece d'avan- ture pour moy. C'eſt à vous ,
Madame, à qui je dois les cho- ſes obligeantes que vous y
verrez. Si vous n'aviez pas ſouffert que les Nouvelles que
j'ay ſoin de vous envoyer tous les mois 4
, priffent le Titre de
GALANT. 79
Mercure Galant pour courir le monde , apres qu'elles ont eſté juſqu'à vous , je n'aurois pas reçeu un témoignage ſi avantageux de l'approbation que leur donne le Public. J'ignore le nom de la Perſon- nequimefait la grace de m'é- crire , je ſçay ſeulement celuy dela Dame dont on me parP
,
)
drez parler d'elle plus fois dans le Mercure.
duneDE
le , & vous voudrez bien que
je vous le taiſe. Tout ce que
je me croy permis de vous en dire, c'eſt qu'elle est d'unmérite generalement reconnu ,
&qu'aſſurément vous enten
bien de vous efſtre envoyée,
& qui eſt une eſpece d'avan- ture pour moy. C'eſt à vous ,
Madame, à qui je dois les cho- ſes obligeantes que vous y
verrez. Si vous n'aviez pas ſouffert que les Nouvelles que
j'ay ſoin de vous envoyer tous les mois 4
, priffent le Titre de
GALANT. 79
Mercure Galant pour courir le monde , apres qu'elles ont eſté juſqu'à vous , je n'aurois pas reçeu un témoignage ſi avantageux de l'approbation que leur donne le Public. J'ignore le nom de la Perſon- nequimefait la grace de m'é- crire , je ſçay ſeulement celuy dela Dame dont on me parP
,
)
drez parler d'elle plus fois dans le Mercure.
duneDE
le , & vous voudrez bien que
je vous le taiſe. Tout ce que
je me croy permis de vous en dire, c'eſt qu'elle est d'unmérite generalement reconnu ,
&qu'aſſurément vous enten
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Résumé : « A l'heure qu'il est, on m'apporte une Lettre [...] »
L'auteur reçoit une lettre concernant des nouvelles mensuelles envoyées à une dame. Il exprime sa gratitude envers cette dame, sans qui les nouvelles n'auraient pas été intitulées 'Mercure Galant' et n'auraient pas été approuvées par le public. L'auteur connaît la dame mais ignore l'identité de la personne qui lui écrit. Il demande à la dame de garder ce nom secret.
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3
p. 265-267
« Je ne vous dis rien de nostre Armée d'Allemagne. [...] »
Début :
Je ne vous dis rien de nostre Armée d'Allemagne. [...]
Mots clefs :
Armée d'Allemagne, Gazette, Nouvelles, Public, Action de Guerre, Historiette
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texteReconnaissance textuelle : « Je ne vous dis rien de nostre Armée d'Allemagne. [...] »
Ie nevous disriende noſtre Armée
d'Allemagne. Ces ſortes deNouvelles appartiennent à la Gazette. Elle aſoin d'en informer le Public chaque Semai- ne àmeſure que les choſes arrivent, &
je vous y laiſſe prendre part comme les autres. S'il m'arrive de vous entretenir de quelque grande Action de Guerrre, ce n'eſt jamais qu'apres quel- le eſt entierement conſommée. Il ne
174 LE MERCVRE m'importe enquel temps j'en ramaſſe les circonstances , &ce que je vous en envoye ſe doit pluſtoſt appeller un morceau d'Histoire qu'une Nouvelle que vous ignoriez. Ainſi , Madame,
vous ne devez point eſtre ſurpriſe ſi j'ay meſlé le Siege de S. Omer aux Nouvelles de ceMois,quoyqu'il y en ait déja trois que cette Place s'eſt ren- duë. Ie remets àvous parler dans ma premiere Lettre du merite deceux à
qui le Roy adonné des Eveſchez &
desAbbayes, ou qui onteſté faits Pre- miers Preſidens. I'ay des Vers du Grand Corneille ſur les Victoires de
Sa Majefté ; j'en ayde M.de Fontenel- le ſon Neveu, qui vous plairont encor davantage que l'Amour Noyé que vousapprouvez tant , &je ne manque pas d'Avantures pour faire d'agreables Hiſtoriettes. Ieſuistoujours,&c.
ALyon le 1.de Iuillet 1677.
d'Allemagne. Ces ſortes deNouvelles appartiennent à la Gazette. Elle aſoin d'en informer le Public chaque Semai- ne àmeſure que les choſes arrivent, &
je vous y laiſſe prendre part comme les autres. S'il m'arrive de vous entretenir de quelque grande Action de Guerrre, ce n'eſt jamais qu'apres quel- le eſt entierement conſommée. Il ne
174 LE MERCVRE m'importe enquel temps j'en ramaſſe les circonstances , &ce que je vous en envoye ſe doit pluſtoſt appeller un morceau d'Histoire qu'une Nouvelle que vous ignoriez. Ainſi , Madame,
vous ne devez point eſtre ſurpriſe ſi j'ay meſlé le Siege de S. Omer aux Nouvelles de ceMois,quoyqu'il y en ait déja trois que cette Place s'eſt ren- duë. Ie remets àvous parler dans ma premiere Lettre du merite deceux à
qui le Roy adonné des Eveſchez &
desAbbayes, ou qui onteſté faits Pre- miers Preſidens. I'ay des Vers du Grand Corneille ſur les Victoires de
Sa Majefté ; j'en ayde M.de Fontenel- le ſon Neveu, qui vous plairont encor davantage que l'Amour Noyé que vousapprouvez tant , &je ne manque pas d'Avantures pour faire d'agreables Hiſtoriettes. Ieſuistoujours,&c.
ALyon le 1.de Iuillet 1677.
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Résumé : « Je ne vous dis rien de nostre Armée d'Allemagne. [...] »
Le 1er juillet 1677, à Lyon, l'auteur d'une lettre informe le destinataire des nouvelles concernant l'armée en Allemagne, publiées chaque semaine dans la Gazette. Il précise qu'il ne relate les grandes actions de guerre qu'après leur complète réalisation, les présentant comme des récits historiques plutôt que des nouvelles. L'auteur justifie l'inclusion du siège de Saint-Omer dans les nouvelles du mois, bien que cet événement ait eu lieu trois semaines auparavant. Il promet de discuter dans une prochaine lettre des mérites des personnes ayant reçu des évêchés, des abbayes ou des nominations de premiers présidents par le roi. L'auteur possède également des vers de Pierre Corneille célébrant les victoires du roi, ainsi que des poèmes de Bernard de Fontenelle, le neveu de ce dernier. Il mentionne ne pas manquer d'aventures pour créer des historiettes agréables.
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4
s. p.
« Je vous l'avouë, Madame, j'ay de la joye que les [...] »
Début :
Je vous l'avouë, Madame, j'ay de la joye que les [...]
Mots clefs :
Lettres, Contenter, Public
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Je vous l'avouë, Madame, j'ay de la joye que les [...] »
E vous l'avoüe , Madame , j'ay de la joye que les lettres que vous me permettez de vous addreſſer ayent un ſi grand
cours dans le monde; &l'em--
barras où je me trouve quel- quefois pour choifir parmy ce qu'on m'apporte de tous co- ſtez , ce que je croy de plus
curieux , pour vous , ne dimiTome V. A
2 LE MERCVRE
:
nuë rien du plaifir que je me fais de contenter le Public , en
luy faiſant part de ce que je vous envoye.
cours dans le monde; &l'em--
barras où je me trouve quel- quefois pour choifir parmy ce qu'on m'apporte de tous co- ſtez , ce que je croy de plus
curieux , pour vous , ne dimiTome V. A
2 LE MERCVRE
:
nuë rien du plaifir que je me fais de contenter le Public , en
luy faiſant part de ce que je vous envoye.
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5
p. 221-223
« Je ne puis finir, sans vous parler de ce qui [...] »
Début :
Je ne puis finir, sans vous parler de ce qui [...]
Mots clefs :
Public, Amasser, Nouveauté, Particularités
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Je ne puis finir, sans vous parler de ce qui [...] »
Je ne puis finir , ſans vous parler de ce qui s'eſt paffé en Allemagne. Le public en eft informe chaque ſemaine, &je ne vous en aydonné encor au- cunes nouvelles. Adire vray,
Madame,j'ay eſté bien aiſe d'a- maffer ce que j'en ay pû ap- prendre tous les jours de di- vers endroits , afin d'en faire
comme une ſuite d'Hiſtoire
plus agreable pour vous. Peut- eftre mefme y trouverez -vous de la nouveauté, parce qu'il eſt impoſſible que ceux qui écri- vent les choſes dans le temps meſme qu'elles arrivent , en foient affez bien inftruits pour les pouvoir publier dans leurs
GALANT. 161
tqu
plus exactes circonftaces.C'eſt
unfruit qu'on a beſoin de laif- ſer meurir , pour en connoiftre toute la bonté. Il faut du temps pour ſçavoir s'il n'y a rien àad- joûter à ce qui ſe debite toû- jours d'abord imparfaitement.
Les particularitez qui écha- pent aux uns , font rapportées
un peu apres par les autres , &
il yauroit de l'injuſtice àvou- loir priverle Public de la con- noiffance des choſes dont le
détail ne peut jamais venir avec les premieres nouvelles qu'on enreçoit.
Madame,j'ay eſté bien aiſe d'a- maffer ce que j'en ay pû ap- prendre tous les jours de di- vers endroits , afin d'en faire
comme une ſuite d'Hiſtoire
plus agreable pour vous. Peut- eftre mefme y trouverez -vous de la nouveauté, parce qu'il eſt impoſſible que ceux qui écri- vent les choſes dans le temps meſme qu'elles arrivent , en foient affez bien inftruits pour les pouvoir publier dans leurs
GALANT. 161
tqu
plus exactes circonftaces.C'eſt
unfruit qu'on a beſoin de laif- ſer meurir , pour en connoiftre toute la bonté. Il faut du temps pour ſçavoir s'il n'y a rien àad- joûter à ce qui ſe debite toû- jours d'abord imparfaitement.
Les particularitez qui écha- pent aux uns , font rapportées
un peu apres par les autres , &
il yauroit de l'injuſtice àvou- loir priverle Public de la con- noiffance des choſes dont le
détail ne peut jamais venir avec les premieres nouvelles qu'on enreçoit.
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Résumé : « Je ne puis finir, sans vous parler de ce qui [...] »
Le texte aborde la transmission des nouvelles concernant l'Allemagne. L'auteur souhaite rassembler diverses informations pour offrir une suite d'histoires plus agréable à la destinataire. Il insiste sur l'importance de laisser le temps aux événements de se clarifier pour en connaître toute la vérité, car les premières nouvelles sont souvent incomplètes. Les détails spécifiques peuvent être rapportés ultérieurement par d'autres sources. L'auteur estime qu'il serait injuste de priver le public des connaissances détaillées qui ne sont pas immédiatement disponibles avec les premières nouvelles.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 164-181
Avantures des Thuilleries. [titre d'après la table]
Début :
Comme mes Lettres que vous avez bien voulu laisser devenir [...]
Mots clefs :
Mercure galant, Devenir publique, Lettres, Tuileries, Livres, Lire, Femme, Curiosité, Public, Auteur, Louer, Galanterie, Guerre, France, Aventure, Nouvelles, Vers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Avantures des Thuilleries. [titre d'après la table]
Comme mes Lettres que vous avez bien voulu laifferdevenir
publiques , ont donné cours au Mercure , je croy vous devoir rendre compte d'un commencement d'Avanture qu'il a caus ſé dans les premiers jours de eeMois. Ils ont eſte ſi beaux,
i
Ev
106 LE MERCVRE
que jamais on n'a veu tant de monde aux Thuilleries. Un
Gentil - homme s'y promenoit ſeul un foir , reſvant peut-eſtre à quelque affaire de cœur,
quand il apperçeut ce quieſtoit fort capable de luy en faireune.
C'eſtoitune jeune Perſonne d'u- ne beauté ſurprenante. Elle eſtoit avec un Homme de Robe qu'il luy entendit nommer fon Coufin , en la ſuivant d'af- fez prés, comme il fit tant qu'el--- le marcha. Apres quelques tours d'Allée , elle alla s'aſſeoir
fur un Banc; & le Gentilhomme impatient de ſçavoir fi elle eſtoit auſſi ſpirituelle que belle,
ſe coula le plus promptement qu'il pût derriere une Paliſſade,
qui luy donna moyend'écouter fans eſtre apperçeu. Je vous l'a-e
voue, diſait-elle quand ils'ap
GALANT. 107
procha , la lecture a tant de charmes pour moy , qu'on ne me ſçauroit obliger plus ſenſi blement, que de me fournir de- quoy lire. J'y paſſe trois &qua- tre heures , de ſuite ſans m'en- nuyer , & les Livres ſont mon entretien ordinaire au defaut
de la Converſation. Et quels Livres , luy dit le Parent , vous divertiſſent leplus?Toutm'eft
propre, reprit elle. Hiſtoires ,
Voyages , Romans , Comédies,
je lis tout; &je vous diray mê- me, au hazard de paffer pour ri- dicule aupres de vous, qu'ilm'a pris fantaiſie depuis peu de parcourir cette Philofophie nou- velle qui fait tant debruit dans le monde. Je ſuis Femme , &
par conſequent curieuſe. Dés qu'on me parle d'une nouveau- té, je brûle d'envie de la voir,
Evj
108 LEMERCVRE
&tandis que mon Pere & ma Mere iront ſolliciter leur Procés, je prétens bien me fatisfai- re l'eſprit ſur toutes les agreables Bagatelles qui s'impriment tous les jours à Paris, car je ne croy pas que nous retournions en Bretagne avant le Careſme. Je m'imagine mabelle Parente, luy dit le Coufin, que vous ne manquerez pas à commencer par le Mercure Galant. Il n'y a point de Livre qui ſoit plus en vogue,
& il feroit honteux qu'il vous échapaſt , puis que vous faites profeffion de rout lire. Et de- quoy traite ce Mercure,luy de- manda - t-elle avec précipita- tion ?De toute forte de matieres , répondit-il. Il parle de la Guerre, &il ne ſe paſſe rien en France , & particulierement à
Paris, qui ſoit unpeu remarqua
GALANT. Log
ble, dont il n'informe le Public.
L'Autheur y meſle ce qu'il apprend de petites Avantures cauſées parl'Amour ; le tout eft diverſifié par des Pieces galan- tes de Vers & de Profe , & ce
mélange a quelque choſe d'a- greable qui fait que ceux qui approuvent le moins fon Livre,
ont toûjours la curiofité de le voir. Pour moy,j'en fuisfi fa- tisfait , que je ferois tres-faché,
qu'il ne le continuaſt pas ; ce.
qui divertit, l'emporte de beau- coup fur ce qui feroit capable d'ennuyer, & fij'y trouve quel- que choſe à redire , c'eſt qu'il louë avec profuſion, &qu'il s'é- tendunpeu trop fur les Articles de Guerre , car il perd plus de temps à décrire la priſe des Vil- les , que le Roy n'en a employé à les conquérir. Vous allez,
IIO LE MERCVRE
loin , répondit l'aimable Coufi- ne , & je ne ſçay ce que vous entendez par ce terme de pro- fuſion. Eft- ce qu'en loiiant les Gens ,l'Autheur du Mercure
neparticulariſe rien,& que fon- dant le bien qu'il en dit fur des expreſſions generales , il affure feulement qu'ils font tous d'un merite achevé , qu'aucune belle qualité ne leur manque , &
qu'il s'y trouve un affemblage de vertus ſi parfait , qu'il eſt im- poſſible d'aller au dela ? Voila ,
ce me ſemble, ce qui s'appelle- roit loüer avec profufion , quoy qu'en effet ce ne fuſt point du tout louer. Je ne ſuis point affez injuſte , repliqua- t- il , pour ac- cuſer l'Autheur dont je vous parle de loüer indiféremment tout le monde. Il éleve plus ou moins ceux qu'il a occaſion de
GALANT. III
nommer ſelon les choſes par leſquelles ils meritent d'eſtre loüez; il cite leurs Actions , fait
connoiſtre les Emplois qui leur ontdonné lieu de ſe rendre confiderables : mais comme je n'ay aucu interêt àcequi les touche,
j'aimerois mieux qu'il m'apprift quelque nouvelle agreable ,
que de me dire ce qu'ilne m'im- porte point de ſçavoir. C'eſt à
dire , mon cher Cousin , reprit la Belle en fiant , que ſi vous ou vos Amis vous aviez de longs Articles dans le Mercure , vous ne trouveriez point qu'il louaſt exceſſivement. Voila l'injustice de beaucoup de Gens. Ils vou- droient qu'il ne ſe fift rienque pour eux , & ils ne confidérent pas , quand on donne quelque ehoſe au Public,que ce Public eftantun Tout composé de di
112 LE MERCVRE
ferentes parties , il faut s'il ſe peut , trouver le moyen de con- tenter toutes fortes d'Eſprits. Je ne ſçay ceque c'eſt quele Mer- cure , mais peut-eſtre n'a- t- il
aucun Article qui ne rencontre ſes Partiſans , quand il auroit meſme quelque chose d'effecti- vement ennuyeux. Les tins s'at- tacherontaux Nouvelles ſerieuſes , les autres aux Avantures d'amour ; ceux cy cherche- ront les Vers ,ceux - là quelqu'autre Galanterie ; & com- me yous m'avez dit que c'eſt un Livre où tout cela eſt
ramaffé , j'ay peine à croire qu'on puſt former un deſſein plus capable de réüiffir. Quant auxloüanges, vouspouvez paf- fer par deſſus ſi vous enſou- frez; mais mille &mille honneſtes Gens qui font en France >
-
r
4 GALANT. 113
ne meritent-ils pas qu'on parle d'eux ? & le defir de ſe rendre
digne d'eſtre loüé, ſervantquel.- quefois d'aiguillon à la Vertu ,
doit-on envierà tant de Braves
qui hazardent tous les jours leur viepour ſervir l'Etat , une récompenſe ſi legitimement deuë à leurs grandes actions ?
La Juſtice qu'aparemment leur rend le Mercure , redouble la
curioſitéque j'ay de le voir, &
je ne crains pointque le trop de Guerre m'importune. La prife de Valenciennes a couſté ſi peu de temps , que je ne m'étonne pas qu'il en faille employer da- vantageà la décrire ; mais outre que dans les Caffandres & les Cyrus j'ay tout lû juſqu'aux plus longues deſcriptions des Barailles , je ſuis perfuadéeque nous ne pouvons ſçavoir trop
114 LE MERCVRE exactementce qui ſe faitde nos jours. Les Relations les plus fi- delles oublient toûjours quel- ques circonstances, &nousn'en
voyons aucune qui n'ait ſa nou- veauté ,du moins par quel- que endroit particulier qui n'a point eſté touché dans les autres.
La nuit s'avançoit , la Belle ſe retira , & le Gentilhomme
que fon eſprit n'avoitpasmoins furpris que fa beauté , la fit fui- vre parun Laquais. Il luy envo- yades le lendemain les ſept pre- miers Tomes du Mercure Galant , avec ces Vers.
LE
MERCVRE GALANT ,
A LA BELLE INCONNUE
qui a dela curioſité pour luy.
AMyde Cupidon , Galant de Rea1.
Je parle également & d'Amour &
d'Armée,
Etviens,mais en tremblant vous conter en cejour Des Nouvelles d'amour.
Si vous me recevezſans vous mettre en
couroux ,
১
Si jeſuispar hazardle bien venu chez
vous,
Rienne peut égaler le bonheur &la
joye Deceluyqui m'envoye.
Vous l'avez avoñé,vous aimez la leEture
116 LE MERCVRE
Vous vous divertiſſez àlire une Avanture;
Mesme dans les Romans ,jeſçay que les Combats
Nevous déplaiſentpas.
Pourquoy vous déplairoy-je en mafincerité ?
Ie nedis jamais rien contre la verité;
Maissur tout aujourd'huy , sans que
l'on me renvoye ,
Ieprétensqu'on le croye.
Cette impréveuë Galanterie embaraſſaunmoment la Belle.
Elle vit bien que la converſa- tion qu'elle avoit euële ſoir pré- cedent aux Thuilleries , eſtoit
cauſedu Préſent qu'on luy fai- foit. Il ne luy déplaiſoit pas,puis qu'il fatisfaifoit l'impatience où elle eftoit de voir le Mercure. Je
ne vous puis dire ce qu'elle pen- ſa , ny par quel motif de curio- fité ou d'intrigue elle fit la Ré
E
GALANT 117 .
ponſe que yous allez voir , car je n'ay point ſceu quelle ſuite a
eul'Avanture , mais il eſt certain qu'elle ne reçeut point le Meſſage en Provinciale façon- niere , & qu'eſtant entrée dans #fon Cabinet , elle écrivit ces
deux Vers qu'elle revint donner au Porteur.
Les Nouvelles d'amourdeceluy qui t'envoye
Ne medéplairont pas,jeprétensqu'il le
croye.
publiques , ont donné cours au Mercure , je croy vous devoir rendre compte d'un commencement d'Avanture qu'il a caus ſé dans les premiers jours de eeMois. Ils ont eſte ſi beaux,
i
Ev
106 LE MERCVRE
que jamais on n'a veu tant de monde aux Thuilleries. Un
Gentil - homme s'y promenoit ſeul un foir , reſvant peut-eſtre à quelque affaire de cœur,
quand il apperçeut ce quieſtoit fort capable de luy en faireune.
C'eſtoitune jeune Perſonne d'u- ne beauté ſurprenante. Elle eſtoit avec un Homme de Robe qu'il luy entendit nommer fon Coufin , en la ſuivant d'af- fez prés, comme il fit tant qu'el--- le marcha. Apres quelques tours d'Allée , elle alla s'aſſeoir
fur un Banc; & le Gentilhomme impatient de ſçavoir fi elle eſtoit auſſi ſpirituelle que belle,
ſe coula le plus promptement qu'il pût derriere une Paliſſade,
qui luy donna moyend'écouter fans eſtre apperçeu. Je vous l'a-e
voue, diſait-elle quand ils'ap
GALANT. 107
procha , la lecture a tant de charmes pour moy , qu'on ne me ſçauroit obliger plus ſenſi blement, que de me fournir de- quoy lire. J'y paſſe trois &qua- tre heures , de ſuite ſans m'en- nuyer , & les Livres ſont mon entretien ordinaire au defaut
de la Converſation. Et quels Livres , luy dit le Parent , vous divertiſſent leplus?Toutm'eft
propre, reprit elle. Hiſtoires ,
Voyages , Romans , Comédies,
je lis tout; &je vous diray mê- me, au hazard de paffer pour ri- dicule aupres de vous, qu'ilm'a pris fantaiſie depuis peu de parcourir cette Philofophie nou- velle qui fait tant debruit dans le monde. Je ſuis Femme , &
par conſequent curieuſe. Dés qu'on me parle d'une nouveau- té, je brûle d'envie de la voir,
Evj
108 LEMERCVRE
&tandis que mon Pere & ma Mere iront ſolliciter leur Procés, je prétens bien me fatisfai- re l'eſprit ſur toutes les agreables Bagatelles qui s'impriment tous les jours à Paris, car je ne croy pas que nous retournions en Bretagne avant le Careſme. Je m'imagine mabelle Parente, luy dit le Coufin, que vous ne manquerez pas à commencer par le Mercure Galant. Il n'y a point de Livre qui ſoit plus en vogue,
& il feroit honteux qu'il vous échapaſt , puis que vous faites profeffion de rout lire. Et de- quoy traite ce Mercure,luy de- manda - t-elle avec précipita- tion ?De toute forte de matieres , répondit-il. Il parle de la Guerre, &il ne ſe paſſe rien en France , & particulierement à
Paris, qui ſoit unpeu remarqua
GALANT. Log
ble, dont il n'informe le Public.
L'Autheur y meſle ce qu'il apprend de petites Avantures cauſées parl'Amour ; le tout eft diverſifié par des Pieces galan- tes de Vers & de Profe , & ce
mélange a quelque choſe d'a- greable qui fait que ceux qui approuvent le moins fon Livre,
ont toûjours la curiofité de le voir. Pour moy,j'en fuisfi fa- tisfait , que je ferois tres-faché,
qu'il ne le continuaſt pas ; ce.
qui divertit, l'emporte de beau- coup fur ce qui feroit capable d'ennuyer, & fij'y trouve quel- que choſe à redire , c'eſt qu'il louë avec profuſion, &qu'il s'é- tendunpeu trop fur les Articles de Guerre , car il perd plus de temps à décrire la priſe des Vil- les , que le Roy n'en a employé à les conquérir. Vous allez,
IIO LE MERCVRE
loin , répondit l'aimable Coufi- ne , & je ne ſçay ce que vous entendez par ce terme de pro- fuſion. Eft- ce qu'en loiiant les Gens ,l'Autheur du Mercure
neparticulariſe rien,& que fon- dant le bien qu'il en dit fur des expreſſions generales , il affure feulement qu'ils font tous d'un merite achevé , qu'aucune belle qualité ne leur manque , &
qu'il s'y trouve un affemblage de vertus ſi parfait , qu'il eſt im- poſſible d'aller au dela ? Voila ,
ce me ſemble, ce qui s'appelle- roit loüer avec profufion , quoy qu'en effet ce ne fuſt point du tout louer. Je ne ſuis point affez injuſte , repliqua- t- il , pour ac- cuſer l'Autheur dont je vous parle de loüer indiféremment tout le monde. Il éleve plus ou moins ceux qu'il a occaſion de
GALANT. III
nommer ſelon les choſes par leſquelles ils meritent d'eſtre loüez; il cite leurs Actions , fait
connoiſtre les Emplois qui leur ontdonné lieu de ſe rendre confiderables : mais comme je n'ay aucu interêt àcequi les touche,
j'aimerois mieux qu'il m'apprift quelque nouvelle agreable ,
que de me dire ce qu'ilne m'im- porte point de ſçavoir. C'eſt à
dire , mon cher Cousin , reprit la Belle en fiant , que ſi vous ou vos Amis vous aviez de longs Articles dans le Mercure , vous ne trouveriez point qu'il louaſt exceſſivement. Voila l'injustice de beaucoup de Gens. Ils vou- droient qu'il ne ſe fift rienque pour eux , & ils ne confidérent pas , quand on donne quelque ehoſe au Public,que ce Public eftantun Tout composé de di
112 LE MERCVRE
ferentes parties , il faut s'il ſe peut , trouver le moyen de con- tenter toutes fortes d'Eſprits. Je ne ſçay ceque c'eſt quele Mer- cure , mais peut-eſtre n'a- t- il
aucun Article qui ne rencontre ſes Partiſans , quand il auroit meſme quelque chose d'effecti- vement ennuyeux. Les tins s'at- tacherontaux Nouvelles ſerieuſes , les autres aux Avantures d'amour ; ceux cy cherche- ront les Vers ,ceux - là quelqu'autre Galanterie ; & com- me yous m'avez dit que c'eſt un Livre où tout cela eſt
ramaffé , j'ay peine à croire qu'on puſt former un deſſein plus capable de réüiffir. Quant auxloüanges, vouspouvez paf- fer par deſſus ſi vous enſou- frez; mais mille &mille honneſtes Gens qui font en France >
-
r
4 GALANT. 113
ne meritent-ils pas qu'on parle d'eux ? & le defir de ſe rendre
digne d'eſtre loüé, ſervantquel.- quefois d'aiguillon à la Vertu ,
doit-on envierà tant de Braves
qui hazardent tous les jours leur viepour ſervir l'Etat , une récompenſe ſi legitimement deuë à leurs grandes actions ?
La Juſtice qu'aparemment leur rend le Mercure , redouble la
curioſitéque j'ay de le voir, &
je ne crains pointque le trop de Guerre m'importune. La prife de Valenciennes a couſté ſi peu de temps , que je ne m'étonne pas qu'il en faille employer da- vantageà la décrire ; mais outre que dans les Caffandres & les Cyrus j'ay tout lû juſqu'aux plus longues deſcriptions des Barailles , je ſuis perfuadéeque nous ne pouvons ſçavoir trop
114 LE MERCVRE exactementce qui ſe faitde nos jours. Les Relations les plus fi- delles oublient toûjours quel- ques circonstances, &nousn'en
voyons aucune qui n'ait ſa nou- veauté ,du moins par quel- que endroit particulier qui n'a point eſté touché dans les autres.
La nuit s'avançoit , la Belle ſe retira , & le Gentilhomme
que fon eſprit n'avoitpasmoins furpris que fa beauté , la fit fui- vre parun Laquais. Il luy envo- yades le lendemain les ſept pre- miers Tomes du Mercure Galant , avec ces Vers.
LE
MERCVRE GALANT ,
A LA BELLE INCONNUE
qui a dela curioſité pour luy.
AMyde Cupidon , Galant de Rea1.
Je parle également & d'Amour &
d'Armée,
Etviens,mais en tremblant vous conter en cejour Des Nouvelles d'amour.
Si vous me recevezſans vous mettre en
couroux ,
১
Si jeſuispar hazardle bien venu chez
vous,
Rienne peut égaler le bonheur &la
joye Deceluyqui m'envoye.
Vous l'avez avoñé,vous aimez la leEture
116 LE MERCVRE
Vous vous divertiſſez àlire une Avanture;
Mesme dans les Romans ,jeſçay que les Combats
Nevous déplaiſentpas.
Pourquoy vous déplairoy-je en mafincerité ?
Ie nedis jamais rien contre la verité;
Maissur tout aujourd'huy , sans que
l'on me renvoye ,
Ieprétensqu'on le croye.
Cette impréveuë Galanterie embaraſſaunmoment la Belle.
Elle vit bien que la converſa- tion qu'elle avoit euële ſoir pré- cedent aux Thuilleries , eſtoit
cauſedu Préſent qu'on luy fai- foit. Il ne luy déplaiſoit pas,puis qu'il fatisfaifoit l'impatience où elle eftoit de voir le Mercure. Je
ne vous puis dire ce qu'elle pen- ſa , ny par quel motif de curio- fité ou d'intrigue elle fit la Ré
E
GALANT 117 .
ponſe que yous allez voir , car je n'ay point ſceu quelle ſuite a
eul'Avanture , mais il eſt certain qu'elle ne reçeut point le Meſſage en Provinciale façon- niere , & qu'eſtant entrée dans #fon Cabinet , elle écrivit ces
deux Vers qu'elle revint donner au Porteur.
Les Nouvelles d'amourdeceluy qui t'envoye
Ne medéplairont pas,jeprétensqu'il le
croye.
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Résumé : Avantures des Thuilleries. [titre d'après la table]
Le texte décrit une aventure aux Tuileries où un gentilhomme remarque une jeune femme d'une beauté exceptionnelle en compagnie d'un homme de robe, qu'elle appelle son cousin. Intrigué, le gentilhomme se cache pour écouter leur conversation. La jeune femme exprime son amour pour la lecture, mentionnant divers genres, y compris la philosophie nouvelle. Son cousin lui suggère de lire le Mercure Galant, un journal populaire qui traite de sujets variés comme la guerre et les aventures amoureuses, apprécié pour son mélange de nouvelles et de pièces galantes. La jeune femme montre de l'intérêt pour le Mercure Galant. Son cousin explique que le journal loue souvent les gens avec profusion mais distingue les mérites de chacun. La jeune femme défend le journal, affirmant qu'il contient quelque chose pour tous les goûts et que ses louanges peuvent encourager la vertu. Elle souhaite également lire des nouvelles exactes sur les événements contemporains. Impressionné par la beauté et l'esprit de la jeune femme, le gentilhomme la fait suivre par un laquais et lui envoie les sept premiers tomes du Mercure Galant accompagnés d'un poème. La jeune femme, flattée par ce geste, répond de manière élégante, exprimant son intérêt pour les nouvelles d'amour contenues dans le journal.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 116-141
« Monsieur de Corneille ayant cessé de parler, Monsieur de Bergeret [...] »
Début :
Monsieur de Corneille ayant cessé de parler, Monsieur de Bergeret [...]
Mots clefs :
Académie française, Jean Racine, Jean-Louis Bergeret, Gloire, Roi, Parler, Corneille, Esprit, Discours, Vertus, Histoire, Rois, Protecteur, Nom, Paix, Ennemis, Lettres, Place, Royaume, Compagnie, Justice, Monde, Attention, Avantage, Public
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Monsieur de Corneille ayant cessé de parler, Monsieur de Bergeret [...] »
Monfieur de Corneille ayant
ceffé de parler , Monfieur de Bergeret
prit la parole , & fit un difcours
trés - éloquent. Il dit , qu'il
GALANT. 117
avoit déia éprouvé plus d'une fois ,
que dés qu'on vouloit penser avec
attention à l'Academie Françoife,
l'imagination fe trouvoit auffitoft
remplie & étonnée de tout ce qu'il
ya de plus beau dans l'Empire des
Lettres , qu'eft un Empire qui n'est
borné ny par les Montagnes , ny
pariles Mers , qui comprend toutes
les Nations & tous les Sicles ; dans
lequel les plus grands Princes ont
tenu à bonneurs d'avoir quelque
place , & où Meffieurs de l'Acade ·
mie Françoife ont l'avantage de
tenir le premier rang. Que s'il entreprenoit
de parler de toutes les
fortes de merites , qui font la gloire
de ceux qui la compofent , il fentoit
bien que l'habitude de parler en public
, & d'en avoir fait le Miniftere
plufieurs années , en parlant
pour le Roy dans un des Parlemens
defon Royaume, ne l'empefcheroit
118 MERCURE
pas de tomber dans le defordre.
Enfuite il loüa Monfieur de Cordemoy
dont il occupe la Place
for ce qu'il avoit joint toutes les
vertus Morales & Chrétiennes
aux plus riches talens de l'efprit,
fur les grandes lumiéres qu'il
avoit dans la Jurifprudence, dans
la Philofophie , & dans l'Hiftoire ,
& fur tout for une certaine prefence
d'efprit qui luy eftoir particuliére
, & qui le rendoit capable
de parler fans préparation ,
avec autant d'ordre & de ne teté
qu'on peut en avoir en écrivant
avec le plus de loiſir . Il n'oublia
les beaux & fçavans Traitez
de Phyfique qu'il à donnez au
Public; & en parlant de fa grande
Hiftoire de nos Roys qu'on acheve
d'imprimer, il ajoûta, Que fifa
trop promte mort avoit laiffé ce
dernier Ouvrage imparfait , quoy
qu'ily manquaft pour eftre entier ,
pas
GALANT. 119
ilne manqueroit rien à la réputa
tion de l'Autheur ; qu'on eftimeroit
toûjours ce qu'il a écrit , & qu'on regreteroit
toujours ce qu'il n'a pas eu le
temps d'écrire.Cet Eloge fut fuivy
de celuy de Monfieur le Cardinal
de Richelieu , inftituteur de l'Academie
Françoife . Il dit , Que
non feulement, il avoit fait les plus
grandes chofes pour la gloire de
lEtat , mais qu'il avoit fait les
plus grands Hommes pour celebrer
perpetuellement cette gloire ; que
tous les Academitiens luy apartenoient
par le Titre mefme de la
naiſſance de l'Academie, & qu'ils
étoient tous comme la Pofteritefçavante
& Spirituelle de ce grand
Miniftre ; Que l'illuftre Chancelier
qui luy avoit fuccedé dans la
protection de cette celebre Compagnie
, auroit toûjours part à la
mefme gloire; & que parmy toutes
"
110 MERCURE
les vertus qui l'avoient rendu digne
d'eftre Chefde la Justice , on releveroit
toûjours l'affection particulie
re qu'il avoit enë pour les Lettres,
& qui l'avoit obligé d'eftre fimple
Academicien long tems avant qu'il
devinft Protecteur de l'Academie ;
ce qui luy étoit d'autant plus glorieux
, que ces deux titres ne pou
voient plus estre reünis dans une
Perfonne privée , quelque éminente
qu'elle fuft en Dignité , le nom de
Protecteur del' Academie étant devenu
comme un titre Royal , par la
bonté que le Roy avoit euë de le
prendre , & de vouloir bien en faveur
des Lettres , que le Vainqueur
des Roys & l'Arbitre de l'Univers,
fuft auffi appellé le Protecteur de
l'Academie Françoife. Le reste de
fon Difcours roula fous les merveilleufes
qualitez de cet Augufte
Monarque. Il dit , Que tout ce
qu'il
GALANT. 121
cachoit
qu'il faifoit voir au monde n'eftoit
rien en comparaison de ce qu'il luy
; que tant de Victoire , de
Conqueftes , & d'Evenemens prodigieux
qui étonnoient toute la Terre,
n'avoient rien de comparable à
la fageffe incomprehenfible qui en
eftoit la caufe , & que lors qu'on
pouvoit voir quelque chofe des confeils
de cette Sageffe plus qu'humai
ne onfe trouvoit , pour ainsi dire,
dans une fi haute region d'esprit .
qu'on en perdoit la pensée , comme
quand on eft dans un air trop élevé ,
& troppur , on perd la refpiration.
Il ajoûta , Quefe tenant renfermé
dans les termes de l'admiration &
du filence , il ne cefferoit de fe taire
que pour nommer les Souveraines
Vertus qu'il admiroit ; une Prudence
qui penetroit tout , & qui étoit ellemefme
impenetrable ; une Justice
qui préferoit l'intereft du sujet à
Janvier 1685 .
A
F
122 MERCURE
celuy du Prince ; une Valeur qui prenoit
toutes les Villes qu'elle attaquoit
, comme un Torrent qui rompt
tous les obftacles qu'il rencontre ;
une Moderation qui avoit tant de
fois arrefté ce Torrent , &fufpendu
cet Orage ; une Bonté qui par l'entiere
abolition des Duels , prenoit
plus de foin de la vie des Sujets,
qu'ils n'en prenoient eux - mefmes ;
un Zele pour la Religion, qui faifoit
chaque jour de fi grands & de fi
heureux projets ; & que ce qui étoit
encore plus admirable dans toutes
ces Vertus fi differentes , c'eftoit de
les voir agir toutes ensemble , &
dans la Paix & dans la Guerre ,fansdifference
ny diftinction de temps.
Aprés une peinture fort vive des
grandes chofes que le Roy a faites
pendant la Paix , qui avoit
toûjours efté pour luy non feulement
agiffante , mais encore
GALANT. 123
victorieuſe , puis que par un
bonheur incomparable , elle n'avoit
pas arreſté fes Conqueftes ,
& que les trois plus importantes
Places du Royaume , & pour fa
gloire , & pour fa fûreté , Dunkerque
, Strasbourg , & Cazal
trois Villes qui font les Clefs de
trois Etats voifins , & dont la
Prife auroit fignalé trois Campagnes
, avoient efté conquifes
fans armes & fans Combats , il
dit, Qu'on avoit vû l'Europe entiere
conjurée contre la France , que
tout le Royaume avoit efté environné
d'Armées Ennemies & que
cependant il n'eftoit jamais arrivé
qu'un feul de tant de Genéraux
Etrangers euft pris feulement un
Quartier d'Hyver fur nos Frontie
res; Que tous ces Chefs Ennemis
Se promettoient d'entrer dans nos
Provinces en Vainqueurs & en Con-
,
F 2
124
MERCURE
quérans , mais qu'aucun d'eux ne
les avoit veües , que ceux qu'on y
avoit amenez Prifonniers ; que tous
les autres estoient demeure autour
du Royaume , comme s'ils l'avoient
gardé ,fans troubler la tranquilité
dont iljouiffoit , & que c'eftoit un
prodige inouy , que tant de Nations
jaloufes de la gloire du Roy , & qui
s'étoient affemblées pour le combatre
, n'eulent pû faire autre choſe
que de l'admirer
& d'entendre
d'affez loin le bruit terrible defes
Foudres , qui renverfoient les Murs
de quarante Villes en moins,
trente jours , & qui cependant par
une espece de miracle , n'avoient
point empefché que la voix des Loix
n'euft efté toujours entenduë ; toûjours
la Justice également gardée,
l'obeiffance rendue , la Difcipline
obfervée, le Commerce maintenu , les
Arts floriffans , les Lettres cultivées,
>
de
GALANT
. 125
le Mérite recompenfe , tous les Reglemens
de la Police generalement
executez ; & non feulement de la
Police Civile , qui par les heureux
changemens qu'elle avoit faits ,fembloit
nous avoir donné un autre Air
& une autre Ville ; mais encore de
la Police Militaire , qui avoit civilife
les Soldats,& leur avoit inspire
un amour de la gloire & de la difcipline
, quifaifoit que les Armées du
Roy étoient en mefme temps la plus
belle & la plus terrible chofe du
monde. Il finit en difant, Que c'étoit
une grande gloire pour un Prince
Conquerant, que l'onput dire de
Luy, qu'il avoit toûjours eu un efprit
de paix dans toutes les Guerres qu'il
avoit faites , depuis la premiere
Campagne jufqu'à la derniere , depuis
la Prife de Marfal jufqu'à
celle de Luxembourg ; Que cette
derniere & admirable Conquefte ,
F
3
126 MERCURE
qui en affurant toutes les autres, venoit
heureufement de finir la Guerreferoit
dire encor plus que jamais,
que le Roy étoit un Héros toûjours
Vainqueur & toûjours Pacifique ,puis
que non feulement il avoit pris cette
Place ,une des plusfortes du Monde,
&qu'il l'avoit prife malgré tous les
obftacles de la Nature , malgré tous
les efforts de l'Art , malgré toute la
refiftance des Ennemis ; mais ce qui
étoit encore plus, malgré luy - même:
Eftant certain qu'il ne l'avoit attaquée
qu'à regret , &aprés avoir
preßé long-temps fes Ennemis cent
fois vaincus , de vouloir accepter
Paix qu'il leur offroit , & de ne le
pas contraindre à fe fervir du Droit
des Armes ; de forte que par un évenement
tout fingulier , cettefameufe
Villeferoit toûjours pour la gloire du
Roy un Monument éternel , non feulement
de la plus grande valeur .
la
GALANT. 127
mais auffi de la plus grande modes
ration dont on euft jamais parlé.
Toute l'Affemblée fut tresfatisfaite
de ce Difcours,& Monfieurde
Bergeret eut tout lieu de
l'eftre des louanges qu'il reçûr.
Monfieur Racines , qui eftoit
alors Directeur de l'Académie ,
répondit à ces deux nouveaux
Académiciens au nom de la
Compagnie. Je tâcherois inutilement
de vous exprimer combien
cette Reponſe fut éloquente
, & avec combien de grace il
la prononça . Elle fut interrom
pue par des applaudiffemens fréquemment
reiterez ; & comme
il en employe une partie à élever
le mérite de Monfieur de Corneille
, il fut aiſé de connoiſtre
qu'on voyoit avec plaifir dans la
bouche d'un des plus grands
Maiftres du Theatre ; les louan-
F 4
128
MERCURE
ges de celuy qui a porté la Scene
Françoife au degré de perfection
où elle eft. Il dit d'abord , Que
l'Academie avoit regardé fa mort
comme un des plus rudes coups qui
La puft fraper ; Que quoy que depuis
un an une longue maladie l'euft
privée de fa présence , & qu'elle
euft perdu en quelque façon l'espérance
de le revoir iamais dans fes
Affemblées , toutefois il vivoit , &
que dans la Lifte où font les noms
de tous ceux qui la compofent , cette
Compagnie dont il eftoit le Doyen ,
avoit au moins la confolation de
voir immédiatement audeffous du
nom facré de fon augufte Protecteur,
le fameux nom de Corneille . Il fit
enfaite une peinture admirable
du defordre & de l'irrégularité
où fe trouvoit la Scene Françoife
, lors qu'il commença à travailler.
Nul gouft , nulle connoiffan
GALANT. 129
遂
ce des veritables beautez du Theatre.
Les Autheurs auffi ignorans que
les Spectateurs. La plupart des Sujets
extravagans & dénue de vraifemblance.
Point de Moeurs , point
de Caracteres. La Diction encore
plus vicieufe que l'Action , & dont
les Pointes , & de miferables jeux
de mots, faifoient le principal ornement
. En un mot, toutes les Regles de
l'Art , celles mefme de l'honnefteté
& de la bienséance , violées . Il pourfuivit
en difant , Que dans ce Cahos
du Poëme Dramatique parmy
nous , Monfieur de Corneille , aprés
avoir quelque temps cherche le bon
chemin , & lutte contre le mauvais
goût de fon Siecle , enfin infpiré d'un
Genie extraordinaire , & aidé de la
lecture des Anciens , avoit fait voir
fur la Scene la Raifon , mais la Raifon
accompagnée de toute la pompe,
de tous les ornemens dont nôtre !
F
130
MERCURE
gue eft capable , accorde heureuſement
le Vrai-femblable & le Merveilleux,
& laiffe bien loin derriere
Luy tout ce qu'il avoit de Rivaux,
dont la plupart defefperant de l'atteindre,&
n'ofant plus entreprendre
de luy difputer le Prix , s'eftoient
bornez à combatre la Voix publique
déclarée pour luy , & avoient eſſayé
en vain par leur difcours & par
Leurs frivoles critiques , de rabaiffer
un merite qu'ils ne pouvoient égaler.
Il paffa de là aux acclamations
qu'avoient excité à leur naiffance
le Cid , Horace , Cinna , Pompée ,
& les autres Chef- d'oeuvres qui
les avoient fuivis , & dit , Qu'on
ne trouvoit point de Poëte qui eust
poffedé à la fois tant d'excellantes
parties , l'Art , laforce , le lugement
, & l'Efprit. Il parla de la
furprenantes varieté qu'il avoit
mellée dans les Caracteres , en
<
GALANT.
131
forte, que tant de Roys, de Princes,
& de Heros qu'il avoit repréfentez,
étoient toujours tels qu'ils devoient
estre , toûjours uniformes en euxmémes
, & jamais ne fe reffemblant
les uns aux autres ; Qu'il y avoit
parmy tout cela une magnificence
d'expreffion proportionnée aux Maitres
du Monde qu'ilfaifoit fouvent
parler , capable neanmoins de s'abaiffer
quand il vouloit , & de defcendre
jufqu'aux plus fimples naïvete
du Comique , où il eftoit encore
inimitable; Qu'enfin ce qui luy
étoit fur tout particulier , c'étoit une
certaineforce, une certaine élevatio,
qui en furprenant & en élevant ,
rendoit jufqu'à fes defauts , fi on luy
en pouvoit reprocher quelques uns,
plus eftimables que les vertus des
autres. Il ajoûta , Qu'on pouvoit le
regarder comme un Homme veritablement
népour lagloire de fon Païs ,
·
F 6
132 MERCURE
,
efme
comparable , non pas à tout ce que
Fancienne Rome avoit eu d'excellens
Tragiques , puis qu'elle confeffoit
elle-mefme qu'en ce genre elle
n'avoit pas efté fort heureuſe , mais
aux Efchiles , aux Sophocles , aux
Euripides , dont la fameuse Athenes
ne s'honoroit pas moins que des
Themiftocles , des Pericles , & des
Alcibiades , qui vivoient en me
temps qu'eux. Il s'étendit fur la juftice
la Pofterité rend aux
que
habiles Ecrivains , en les égalant
à tout ce qu'il y a de plus confiderable
parmy les Hommes , &
faifant marcher de pair l'excellent
Poëte & le grand Capitaine ; &
dit là deffus , Que le mefme Siecie
qui fe glorifioit aujourd'huy d'avoir
produit Auguste, ne fe glorifioit
guere moins d'avoir produit Horace
& Virgile ; qu'ainfi lors
ages fuivans on parleroit avec éton
que
dans les
GALANT.
133
nement des Victoires prodigieufes ,
& de toutes les chofes qui rendront
nostre fiecle l'admiration de tous les
fiecles à venir , l'illuftre Corneille
tiendroit fa place parmis toutes ces
merveilles ; que la France fe fouviendroit
avec plaifir quefous le
Regne du plus grand de fes Roys ,
auroit fleury le plus celebre de fes
Poëtes , qu'on croiroit mefme ajoûter
quelque chofe à la gloire de noftre
Augufte Monarque , lors qu'on diroit
qu'il avoit eftimé, qu'il avoit honoré
de fes bien faits cet excellent Genie;
que même deux jours avant la mort,
& lors qu'il ne luy reftoit plus qu'un
rayon de connoiffance , il luy avoit
´encore envoyé des marques de fa liberalité
; & qu'enfin les dernieres
paroles de Corneille avoient efté
des remercimens pour Louis LE
GRANDAprés
l'avoir loué fur d'autre
134
MERCURE
qualitez particulieres , fur fa probité
, fur fa piété , & fur l'efprit
de douceur & de déference qu'il
apportoit à l'Academie , ne fe
préferant jamais à aucun de fes
Confreres , & ne tenant aucun
avantage des aplaudiffemens qu'il
recevoit dans le Public Monfieur
Racines adreffa la parole à Monfieur
de Bergeret , & dit , Que fi
l'Academie Françoife avoit perdu
en Monfieur Cordemoy , un Homme
qui aprés avoir donné au Barreau
une partie de fa vie , s'eftoit depuis
appliqué tout entier à l'étude de
nôtre ancienne Hiftoire , elle luy avoit
choisi pour Succeffeur un Homme,qui
après avoir eftélong - temps l'organe
d'un Parlement celebre , avoit effé
appellé à un des plus importans Emplois
de l'Etat , & qui avec une
connoiffance exacte , & de l'Hiftoire
& de tous les bons Livres, luy apporGALAN
T.
135
toit encore la connoiffance parfaite
de la merveilleufe Hiftoire de fon
Protecteur , qui étoit quelque chofe
de bien plus utile , & de bien plus
confiderable pour elle ; queperfonne
mieux que luy ne pouvoit parler de
tant de grands évenemens , dont
les motifs & les principaux refforts
avoient efté fi fouvent confiez à fa
fidelité & à fa fageffe , puis que
perfonne ne fçavoit mieux à fond
tout ce qui s'eftoit paßé de memorable
dans les Cours Etrangeres , les
Traitez, les Alliances , & toutes les
importantes Négotiations , qui fous
le Regne de Sa Majesté avoient
donne le branle à toute l'Europe ;
que cependant , s'il falloit dire la
verité , la voye de la négotiation
étoit bien courte fous un Prince qui
ayant toujours de fon cofté la Puiffance
& la Justice , n'avoit befoin
pour faire executerfes volontez, que
136 MERCURE
de les declarer ; Qu'autrefois la
France trop facile à fe laiffer fur
prendre par les artifices de fes Voifins
, paffoit pour eftre auffi infortunée
dans fes Accommodemens, qu'elle
étoit heureufe redoutable dans la
Guerre ; Quefur tout l'Espagne ,fon
orgueilleufe Ennemie , fe vantoit de
n'avoir jamais figné, mefme au plus
fort de nos profperitez , que des Trai
tezavantageux, & de regagnerfou
vent par un trait de plume , ce qu'elle
avoit perdu en plufieurs Campagne
; que cette adroite Politique
dont elle faifoit tant de vanité, luy
étoit prefentement inutile ; que toute
l'Europe avoit veu avec étonnement
, dés les premieres démarches
du Roy , cette fuperbe Nation contrainte
de venir jufque dans le Louvre
reconnoître publiquement fon
inferiorité , & nous abandonner de
puis par des Traitez folemnels , tant
GALANT . 137
l'emde
Places fi famenfes , tant de grandes
Provinces, celles mefme dont les
Roys empruntoient leurs plus glorieux
Titres ; que ce changement ne
s'étoit fait , ny par une longue fuite
de Négociations traînées , ny par la
dexterité de nos Ministres dans les
Pais Etrangers, puis qu'eux - mefmes
confeffoient que le Royfait tout, voit
tout dans les Cours où il les envoye,
& qu'ils n'ont tout au plus que
barras d'y faire entendre avec dignité
ce qu'il leur a dicté avec fageffe
. Il s'étendit encore quelque
temps fur les louanges de ce
grand Monarque, avec une force
d'expreffion tres - digne de fa matiere.
Il dit , Qu'ayant refolu dans
fon Cabinet,pour le bien de la Chré
tienté , qu'il n'y euft plus de guerre,
il avoit tracé fix lignes , & les avoit
envoyées à fon Ambassadeur à la
Haye , la veille qu'il devoit partir
138
MERCURE
pour se mettre à la teste d'une de
fes Armées ; que là- deffus tout s'étoit
agité , tout s'étoit remué , &
qu'enfin, fuivant ce qu'il avoit prévú,
fes Ennemis aprés bien des Conferences
, bien des Projets , bien des.
Plaintes inutiles , avoient efté contraints
d'accepter ces mefmes Conditions
qu'il leur avoit offertes, fans
avoir pu avec tous leurs efforts , s'écarter
d'un feul pas du cercle étroit
qu'il luy avoit plû de leur tracer.
Il s'adreffa alors à Meffieurs de
l'Academie , & ce qu'il leur dit fut
fi vif & fi bien peint , que j'affoiblirois
la beauté de cette fin d'un
Difcours fi éloquent , ſi j'en retranchois
une parole . Voicy les
termes qu'il y employa .
Quel avantage pour tous tant
que nous fommes, Meffieurs , qui cha
eun felon nos differens talens avons
entrepris de celebrer tant de granGALANT.
139
des chofes ! Vous n'aurez point pour
les mettre en jour , à difcuter avec
des fatigues incroyables une foule
d'intrigues , difficiles à developer.
Vous n'aurez pas mefme à fouiller
dans le Cabinet de fes Ennemis .
Leur mauvaife volonté , leur impuiffance
, leur douleur eft publique
à toute la Terre. Vous n'aurez point
à craindre enfin tous ces longs détails
de chicanes ennuyeuſes , qui
fechent l'efprit de l'Ecrivain , &
qui jettent tant de langueur dans
la plupart des Hiftoires modernes,
où le Lecteur qui cherchoit desfaits,
ne trouvant que de paroles , fent
mourir à chaque pas fon attention,
&perd de vue lefil des évenemens,
Dans l'Histoire du Roy, tout rit,tout
marche , tout eft en action. Il ne
faut que le fuivre fi l'on peut, & le
bien étudier luy feul. C'est un enchaînement
continuel de Faits mer-
3
140 MERCURË
veilleux que luy mefme commence,
que luy- mefme acheve , auffi clairs ,
auffi intelligibles quand ils font executez
, qu'impenetrables avant l'execution
. En un mot , lé miracle fut
de prés un autre miracle . L'attention
eft toûjours vive , l'admiration
toûjours tenduë , & l'on n'eft
pas moins frapé de la grandeur &
de la promptitude avec laquelle fe.
fait la Paix , que de la rapidité
avec laquelle fe font les Conquêtes .
Cette réponſe de Monfieur Racine
fut fuivie de tous les applau
diffemens qu'elle méritoit . Chacun
à l'envy s'empreffa a luy
marquer le plaifir que l'Affemblée
en avoit reçu , & on demeura
d'accord tout d'une voix , que
le Sort qui l'avoit fait Directeur,
n'avoit point efté aveugle dans
fon choix , & qu'on ne pouvoit
parler plus dignement au nom
GALANT.
141
de l'illuftre Compagnie , qui recevoit
dans fon Corps les deux
nouveaux Académiciens.
ceffé de parler , Monfieur de Bergeret
prit la parole , & fit un difcours
trés - éloquent. Il dit , qu'il
GALANT. 117
avoit déia éprouvé plus d'une fois ,
que dés qu'on vouloit penser avec
attention à l'Academie Françoife,
l'imagination fe trouvoit auffitoft
remplie & étonnée de tout ce qu'il
ya de plus beau dans l'Empire des
Lettres , qu'eft un Empire qui n'est
borné ny par les Montagnes , ny
pariles Mers , qui comprend toutes
les Nations & tous les Sicles ; dans
lequel les plus grands Princes ont
tenu à bonneurs d'avoir quelque
place , & où Meffieurs de l'Acade ·
mie Françoife ont l'avantage de
tenir le premier rang. Que s'il entreprenoit
de parler de toutes les
fortes de merites , qui font la gloire
de ceux qui la compofent , il fentoit
bien que l'habitude de parler en public
, & d'en avoir fait le Miniftere
plufieurs années , en parlant
pour le Roy dans un des Parlemens
defon Royaume, ne l'empefcheroit
118 MERCURE
pas de tomber dans le defordre.
Enfuite il loüa Monfieur de Cordemoy
dont il occupe la Place
for ce qu'il avoit joint toutes les
vertus Morales & Chrétiennes
aux plus riches talens de l'efprit,
fur les grandes lumiéres qu'il
avoit dans la Jurifprudence, dans
la Philofophie , & dans l'Hiftoire ,
& fur tout for une certaine prefence
d'efprit qui luy eftoir particuliére
, & qui le rendoit capable
de parler fans préparation ,
avec autant d'ordre & de ne teté
qu'on peut en avoir en écrivant
avec le plus de loiſir . Il n'oublia
les beaux & fçavans Traitez
de Phyfique qu'il à donnez au
Public; & en parlant de fa grande
Hiftoire de nos Roys qu'on acheve
d'imprimer, il ajoûta, Que fifa
trop promte mort avoit laiffé ce
dernier Ouvrage imparfait , quoy
qu'ily manquaft pour eftre entier ,
pas
GALANT. 119
ilne manqueroit rien à la réputa
tion de l'Autheur ; qu'on eftimeroit
toûjours ce qu'il a écrit , & qu'on regreteroit
toujours ce qu'il n'a pas eu le
temps d'écrire.Cet Eloge fut fuivy
de celuy de Monfieur le Cardinal
de Richelieu , inftituteur de l'Academie
Françoife . Il dit , Que
non feulement, il avoit fait les plus
grandes chofes pour la gloire de
lEtat , mais qu'il avoit fait les
plus grands Hommes pour celebrer
perpetuellement cette gloire ; que
tous les Academitiens luy apartenoient
par le Titre mefme de la
naiſſance de l'Academie, & qu'ils
étoient tous comme la Pofteritefçavante
& Spirituelle de ce grand
Miniftre ; Que l'illuftre Chancelier
qui luy avoit fuccedé dans la
protection de cette celebre Compagnie
, auroit toûjours part à la
mefme gloire; & que parmy toutes
"
110 MERCURE
les vertus qui l'avoient rendu digne
d'eftre Chefde la Justice , on releveroit
toûjours l'affection particulie
re qu'il avoit enë pour les Lettres,
& qui l'avoit obligé d'eftre fimple
Academicien long tems avant qu'il
devinft Protecteur de l'Academie ;
ce qui luy étoit d'autant plus glorieux
, que ces deux titres ne pou
voient plus estre reünis dans une
Perfonne privée , quelque éminente
qu'elle fuft en Dignité , le nom de
Protecteur del' Academie étant devenu
comme un titre Royal , par la
bonté que le Roy avoit euë de le
prendre , & de vouloir bien en faveur
des Lettres , que le Vainqueur
des Roys & l'Arbitre de l'Univers,
fuft auffi appellé le Protecteur de
l'Academie Françoife. Le reste de
fon Difcours roula fous les merveilleufes
qualitez de cet Augufte
Monarque. Il dit , Que tout ce
qu'il
GALANT. 121
cachoit
qu'il faifoit voir au monde n'eftoit
rien en comparaison de ce qu'il luy
; que tant de Victoire , de
Conqueftes , & d'Evenemens prodigieux
qui étonnoient toute la Terre,
n'avoient rien de comparable à
la fageffe incomprehenfible qui en
eftoit la caufe , & que lors qu'on
pouvoit voir quelque chofe des confeils
de cette Sageffe plus qu'humai
ne onfe trouvoit , pour ainsi dire,
dans une fi haute region d'esprit .
qu'on en perdoit la pensée , comme
quand on eft dans un air trop élevé ,
& troppur , on perd la refpiration.
Il ajoûta , Quefe tenant renfermé
dans les termes de l'admiration &
du filence , il ne cefferoit de fe taire
que pour nommer les Souveraines
Vertus qu'il admiroit ; une Prudence
qui penetroit tout , & qui étoit ellemefme
impenetrable ; une Justice
qui préferoit l'intereft du sujet à
Janvier 1685 .
A
F
122 MERCURE
celuy du Prince ; une Valeur qui prenoit
toutes les Villes qu'elle attaquoit
, comme un Torrent qui rompt
tous les obftacles qu'il rencontre ;
une Moderation qui avoit tant de
fois arrefté ce Torrent , &fufpendu
cet Orage ; une Bonté qui par l'entiere
abolition des Duels , prenoit
plus de foin de la vie des Sujets,
qu'ils n'en prenoient eux - mefmes ;
un Zele pour la Religion, qui faifoit
chaque jour de fi grands & de fi
heureux projets ; & que ce qui étoit
encore plus admirable dans toutes
ces Vertus fi differentes , c'eftoit de
les voir agir toutes ensemble , &
dans la Paix & dans la Guerre ,fansdifference
ny diftinction de temps.
Aprés une peinture fort vive des
grandes chofes que le Roy a faites
pendant la Paix , qui avoit
toûjours efté pour luy non feulement
agiffante , mais encore
GALANT. 123
victorieuſe , puis que par un
bonheur incomparable , elle n'avoit
pas arreſté fes Conqueftes ,
& que les trois plus importantes
Places du Royaume , & pour fa
gloire , & pour fa fûreté , Dunkerque
, Strasbourg , & Cazal
trois Villes qui font les Clefs de
trois Etats voifins , & dont la
Prife auroit fignalé trois Campagnes
, avoient efté conquifes
fans armes & fans Combats , il
dit, Qu'on avoit vû l'Europe entiere
conjurée contre la France , que
tout le Royaume avoit efté environné
d'Armées Ennemies & que
cependant il n'eftoit jamais arrivé
qu'un feul de tant de Genéraux
Etrangers euft pris feulement un
Quartier d'Hyver fur nos Frontie
res; Que tous ces Chefs Ennemis
Se promettoient d'entrer dans nos
Provinces en Vainqueurs & en Con-
,
F 2
124
MERCURE
quérans , mais qu'aucun d'eux ne
les avoit veües , que ceux qu'on y
avoit amenez Prifonniers ; que tous
les autres estoient demeure autour
du Royaume , comme s'ils l'avoient
gardé ,fans troubler la tranquilité
dont iljouiffoit , & que c'eftoit un
prodige inouy , que tant de Nations
jaloufes de la gloire du Roy , & qui
s'étoient affemblées pour le combatre
, n'eulent pû faire autre choſe
que de l'admirer
& d'entendre
d'affez loin le bruit terrible defes
Foudres , qui renverfoient les Murs
de quarante Villes en moins,
trente jours , & qui cependant par
une espece de miracle , n'avoient
point empefché que la voix des Loix
n'euft efté toujours entenduë ; toûjours
la Justice également gardée,
l'obeiffance rendue , la Difcipline
obfervée, le Commerce maintenu , les
Arts floriffans , les Lettres cultivées,
>
de
GALANT
. 125
le Mérite recompenfe , tous les Reglemens
de la Police generalement
executez ; & non feulement de la
Police Civile , qui par les heureux
changemens qu'elle avoit faits ,fembloit
nous avoir donné un autre Air
& une autre Ville ; mais encore de
la Police Militaire , qui avoit civilife
les Soldats,& leur avoit inspire
un amour de la gloire & de la difcipline
, quifaifoit que les Armées du
Roy étoient en mefme temps la plus
belle & la plus terrible chofe du
monde. Il finit en difant, Que c'étoit
une grande gloire pour un Prince
Conquerant, que l'onput dire de
Luy, qu'il avoit toûjours eu un efprit
de paix dans toutes les Guerres qu'il
avoit faites , depuis la premiere
Campagne jufqu'à la derniere , depuis
la Prife de Marfal jufqu'à
celle de Luxembourg ; Que cette
derniere & admirable Conquefte ,
F
3
126 MERCURE
qui en affurant toutes les autres, venoit
heureufement de finir la Guerreferoit
dire encor plus que jamais,
que le Roy étoit un Héros toûjours
Vainqueur & toûjours Pacifique ,puis
que non feulement il avoit pris cette
Place ,une des plusfortes du Monde,
&qu'il l'avoit prife malgré tous les
obftacles de la Nature , malgré tous
les efforts de l'Art , malgré toute la
refiftance des Ennemis ; mais ce qui
étoit encore plus, malgré luy - même:
Eftant certain qu'il ne l'avoit attaquée
qu'à regret , &aprés avoir
preßé long-temps fes Ennemis cent
fois vaincus , de vouloir accepter
Paix qu'il leur offroit , & de ne le
pas contraindre à fe fervir du Droit
des Armes ; de forte que par un évenement
tout fingulier , cettefameufe
Villeferoit toûjours pour la gloire du
Roy un Monument éternel , non feulement
de la plus grande valeur .
la
GALANT. 127
mais auffi de la plus grande modes
ration dont on euft jamais parlé.
Toute l'Affemblée fut tresfatisfaite
de ce Difcours,& Monfieurde
Bergeret eut tout lieu de
l'eftre des louanges qu'il reçûr.
Monfieur Racines , qui eftoit
alors Directeur de l'Académie ,
répondit à ces deux nouveaux
Académiciens au nom de la
Compagnie. Je tâcherois inutilement
de vous exprimer combien
cette Reponſe fut éloquente
, & avec combien de grace il
la prononça . Elle fut interrom
pue par des applaudiffemens fréquemment
reiterez ; & comme
il en employe une partie à élever
le mérite de Monfieur de Corneille
, il fut aiſé de connoiſtre
qu'on voyoit avec plaifir dans la
bouche d'un des plus grands
Maiftres du Theatre ; les louan-
F 4
128
MERCURE
ges de celuy qui a porté la Scene
Françoife au degré de perfection
où elle eft. Il dit d'abord , Que
l'Academie avoit regardé fa mort
comme un des plus rudes coups qui
La puft fraper ; Que quoy que depuis
un an une longue maladie l'euft
privée de fa présence , & qu'elle
euft perdu en quelque façon l'espérance
de le revoir iamais dans fes
Affemblées , toutefois il vivoit , &
que dans la Lifte où font les noms
de tous ceux qui la compofent , cette
Compagnie dont il eftoit le Doyen ,
avoit au moins la confolation de
voir immédiatement audeffous du
nom facré de fon augufte Protecteur,
le fameux nom de Corneille . Il fit
enfaite une peinture admirable
du defordre & de l'irrégularité
où fe trouvoit la Scene Françoife
, lors qu'il commença à travailler.
Nul gouft , nulle connoiffan
GALANT. 129
遂
ce des veritables beautez du Theatre.
Les Autheurs auffi ignorans que
les Spectateurs. La plupart des Sujets
extravagans & dénue de vraifemblance.
Point de Moeurs , point
de Caracteres. La Diction encore
plus vicieufe que l'Action , & dont
les Pointes , & de miferables jeux
de mots, faifoient le principal ornement
. En un mot, toutes les Regles de
l'Art , celles mefme de l'honnefteté
& de la bienséance , violées . Il pourfuivit
en difant , Que dans ce Cahos
du Poëme Dramatique parmy
nous , Monfieur de Corneille , aprés
avoir quelque temps cherche le bon
chemin , & lutte contre le mauvais
goût de fon Siecle , enfin infpiré d'un
Genie extraordinaire , & aidé de la
lecture des Anciens , avoit fait voir
fur la Scene la Raifon , mais la Raifon
accompagnée de toute la pompe,
de tous les ornemens dont nôtre !
F
130
MERCURE
gue eft capable , accorde heureuſement
le Vrai-femblable & le Merveilleux,
& laiffe bien loin derriere
Luy tout ce qu'il avoit de Rivaux,
dont la plupart defefperant de l'atteindre,&
n'ofant plus entreprendre
de luy difputer le Prix , s'eftoient
bornez à combatre la Voix publique
déclarée pour luy , & avoient eſſayé
en vain par leur difcours & par
Leurs frivoles critiques , de rabaiffer
un merite qu'ils ne pouvoient égaler.
Il paffa de là aux acclamations
qu'avoient excité à leur naiffance
le Cid , Horace , Cinna , Pompée ,
& les autres Chef- d'oeuvres qui
les avoient fuivis , & dit , Qu'on
ne trouvoit point de Poëte qui eust
poffedé à la fois tant d'excellantes
parties , l'Art , laforce , le lugement
, & l'Efprit. Il parla de la
furprenantes varieté qu'il avoit
mellée dans les Caracteres , en
<
GALANT.
131
forte, que tant de Roys, de Princes,
& de Heros qu'il avoit repréfentez,
étoient toujours tels qu'ils devoient
estre , toûjours uniformes en euxmémes
, & jamais ne fe reffemblant
les uns aux autres ; Qu'il y avoit
parmy tout cela une magnificence
d'expreffion proportionnée aux Maitres
du Monde qu'ilfaifoit fouvent
parler , capable neanmoins de s'abaiffer
quand il vouloit , & de defcendre
jufqu'aux plus fimples naïvete
du Comique , où il eftoit encore
inimitable; Qu'enfin ce qui luy
étoit fur tout particulier , c'étoit une
certaineforce, une certaine élevatio,
qui en furprenant & en élevant ,
rendoit jufqu'à fes defauts , fi on luy
en pouvoit reprocher quelques uns,
plus eftimables que les vertus des
autres. Il ajoûta , Qu'on pouvoit le
regarder comme un Homme veritablement
népour lagloire de fon Païs ,
·
F 6
132 MERCURE
,
efme
comparable , non pas à tout ce que
Fancienne Rome avoit eu d'excellens
Tragiques , puis qu'elle confeffoit
elle-mefme qu'en ce genre elle
n'avoit pas efté fort heureuſe , mais
aux Efchiles , aux Sophocles , aux
Euripides , dont la fameuse Athenes
ne s'honoroit pas moins que des
Themiftocles , des Pericles , & des
Alcibiades , qui vivoient en me
temps qu'eux. Il s'étendit fur la juftice
la Pofterité rend aux
que
habiles Ecrivains , en les égalant
à tout ce qu'il y a de plus confiderable
parmy les Hommes , &
faifant marcher de pair l'excellent
Poëte & le grand Capitaine ; &
dit là deffus , Que le mefme Siecie
qui fe glorifioit aujourd'huy d'avoir
produit Auguste, ne fe glorifioit
guere moins d'avoir produit Horace
& Virgile ; qu'ainfi lors
ages fuivans on parleroit avec éton
que
dans les
GALANT.
133
nement des Victoires prodigieufes ,
& de toutes les chofes qui rendront
nostre fiecle l'admiration de tous les
fiecles à venir , l'illuftre Corneille
tiendroit fa place parmis toutes ces
merveilles ; que la France fe fouviendroit
avec plaifir quefous le
Regne du plus grand de fes Roys ,
auroit fleury le plus celebre de fes
Poëtes , qu'on croiroit mefme ajoûter
quelque chofe à la gloire de noftre
Augufte Monarque , lors qu'on diroit
qu'il avoit eftimé, qu'il avoit honoré
de fes bien faits cet excellent Genie;
que même deux jours avant la mort,
& lors qu'il ne luy reftoit plus qu'un
rayon de connoiffance , il luy avoit
´encore envoyé des marques de fa liberalité
; & qu'enfin les dernieres
paroles de Corneille avoient efté
des remercimens pour Louis LE
GRANDAprés
l'avoir loué fur d'autre
134
MERCURE
qualitez particulieres , fur fa probité
, fur fa piété , & fur l'efprit
de douceur & de déference qu'il
apportoit à l'Academie , ne fe
préferant jamais à aucun de fes
Confreres , & ne tenant aucun
avantage des aplaudiffemens qu'il
recevoit dans le Public Monfieur
Racines adreffa la parole à Monfieur
de Bergeret , & dit , Que fi
l'Academie Françoife avoit perdu
en Monfieur Cordemoy , un Homme
qui aprés avoir donné au Barreau
une partie de fa vie , s'eftoit depuis
appliqué tout entier à l'étude de
nôtre ancienne Hiftoire , elle luy avoit
choisi pour Succeffeur un Homme,qui
après avoir eftélong - temps l'organe
d'un Parlement celebre , avoit effé
appellé à un des plus importans Emplois
de l'Etat , & qui avec une
connoiffance exacte , & de l'Hiftoire
& de tous les bons Livres, luy apporGALAN
T.
135
toit encore la connoiffance parfaite
de la merveilleufe Hiftoire de fon
Protecteur , qui étoit quelque chofe
de bien plus utile , & de bien plus
confiderable pour elle ; queperfonne
mieux que luy ne pouvoit parler de
tant de grands évenemens , dont
les motifs & les principaux refforts
avoient efté fi fouvent confiez à fa
fidelité & à fa fageffe , puis que
perfonne ne fçavoit mieux à fond
tout ce qui s'eftoit paßé de memorable
dans les Cours Etrangeres , les
Traitez, les Alliances , & toutes les
importantes Négotiations , qui fous
le Regne de Sa Majesté avoient
donne le branle à toute l'Europe ;
que cependant , s'il falloit dire la
verité , la voye de la négotiation
étoit bien courte fous un Prince qui
ayant toujours de fon cofté la Puiffance
& la Justice , n'avoit befoin
pour faire executerfes volontez, que
136 MERCURE
de les declarer ; Qu'autrefois la
France trop facile à fe laiffer fur
prendre par les artifices de fes Voifins
, paffoit pour eftre auffi infortunée
dans fes Accommodemens, qu'elle
étoit heureufe redoutable dans la
Guerre ; Quefur tout l'Espagne ,fon
orgueilleufe Ennemie , fe vantoit de
n'avoir jamais figné, mefme au plus
fort de nos profperitez , que des Trai
tezavantageux, & de regagnerfou
vent par un trait de plume , ce qu'elle
avoit perdu en plufieurs Campagne
; que cette adroite Politique
dont elle faifoit tant de vanité, luy
étoit prefentement inutile ; que toute
l'Europe avoit veu avec étonnement
, dés les premieres démarches
du Roy , cette fuperbe Nation contrainte
de venir jufque dans le Louvre
reconnoître publiquement fon
inferiorité , & nous abandonner de
puis par des Traitez folemnels , tant
GALANT . 137
l'emde
Places fi famenfes , tant de grandes
Provinces, celles mefme dont les
Roys empruntoient leurs plus glorieux
Titres ; que ce changement ne
s'étoit fait , ny par une longue fuite
de Négociations traînées , ny par la
dexterité de nos Ministres dans les
Pais Etrangers, puis qu'eux - mefmes
confeffoient que le Royfait tout, voit
tout dans les Cours où il les envoye,
& qu'ils n'ont tout au plus que
barras d'y faire entendre avec dignité
ce qu'il leur a dicté avec fageffe
. Il s'étendit encore quelque
temps fur les louanges de ce
grand Monarque, avec une force
d'expreffion tres - digne de fa matiere.
Il dit , Qu'ayant refolu dans
fon Cabinet,pour le bien de la Chré
tienté , qu'il n'y euft plus de guerre,
il avoit tracé fix lignes , & les avoit
envoyées à fon Ambassadeur à la
Haye , la veille qu'il devoit partir
138
MERCURE
pour se mettre à la teste d'une de
fes Armées ; que là- deffus tout s'étoit
agité , tout s'étoit remué , &
qu'enfin, fuivant ce qu'il avoit prévú,
fes Ennemis aprés bien des Conferences
, bien des Projets , bien des.
Plaintes inutiles , avoient efté contraints
d'accepter ces mefmes Conditions
qu'il leur avoit offertes, fans
avoir pu avec tous leurs efforts , s'écarter
d'un feul pas du cercle étroit
qu'il luy avoit plû de leur tracer.
Il s'adreffa alors à Meffieurs de
l'Academie , & ce qu'il leur dit fut
fi vif & fi bien peint , que j'affoiblirois
la beauté de cette fin d'un
Difcours fi éloquent , ſi j'en retranchois
une parole . Voicy les
termes qu'il y employa .
Quel avantage pour tous tant
que nous fommes, Meffieurs , qui cha
eun felon nos differens talens avons
entrepris de celebrer tant de granGALANT.
139
des chofes ! Vous n'aurez point pour
les mettre en jour , à difcuter avec
des fatigues incroyables une foule
d'intrigues , difficiles à developer.
Vous n'aurez pas mefme à fouiller
dans le Cabinet de fes Ennemis .
Leur mauvaife volonté , leur impuiffance
, leur douleur eft publique
à toute la Terre. Vous n'aurez point
à craindre enfin tous ces longs détails
de chicanes ennuyeuſes , qui
fechent l'efprit de l'Ecrivain , &
qui jettent tant de langueur dans
la plupart des Hiftoires modernes,
où le Lecteur qui cherchoit desfaits,
ne trouvant que de paroles , fent
mourir à chaque pas fon attention,
&perd de vue lefil des évenemens,
Dans l'Histoire du Roy, tout rit,tout
marche , tout eft en action. Il ne
faut que le fuivre fi l'on peut, & le
bien étudier luy feul. C'est un enchaînement
continuel de Faits mer-
3
140 MERCURË
veilleux que luy mefme commence,
que luy- mefme acheve , auffi clairs ,
auffi intelligibles quand ils font executez
, qu'impenetrables avant l'execution
. En un mot , lé miracle fut
de prés un autre miracle . L'attention
eft toûjours vive , l'admiration
toûjours tenduë , & l'on n'eft
pas moins frapé de la grandeur &
de la promptitude avec laquelle fe.
fait la Paix , que de la rapidité
avec laquelle fe font les Conquêtes .
Cette réponſe de Monfieur Racine
fut fuivie de tous les applau
diffemens qu'elle méritoit . Chacun
à l'envy s'empreffa a luy
marquer le plaifir que l'Affemblée
en avoit reçu , & on demeura
d'accord tout d'une voix , que
le Sort qui l'avoit fait Directeur,
n'avoit point efté aveugle dans
fon choix , & qu'on ne pouvoit
parler plus dignement au nom
GALANT.
141
de l'illuftre Compagnie , qui recevoit
dans fon Corps les deux
nouveaux Académiciens.
Fermer
Résumé : « Monsieur de Corneille ayant cessé de parler, Monsieur de Bergeret [...] »
Monsieur de Bergeret prononce un discours à l'Académie Française, soulignant la grandeur de cette institution qui attire les plus grands princes. Il rend hommage à Monsieur de Cordemoy, louant ses vertus morales et chrétiennes, ainsi que ses talents intellectuels. Cordemoy avait entrepris une grande histoire des rois de France, restée inachevée à cause de sa mort prématurée. Le discours est suivi d'un éloge du Cardinal de Richelieu, fondateur de l'Académie, célébré pour ses contributions à la gloire de l'État et son rôle de protecteur des lettres. Le roi est ensuite loué pour ses qualités exceptionnelles telles que la prudence, la justice, la valeur, la modération, la bonté et son zèle pour la religion. Ses actions pendant la paix et la guerre, notamment la conquête de places stratégiques sans combat et la gestion efficace du royaume malgré les menaces extérieures, illustrent ces vertus. Monsieur Racine, directeur de l'Académie, répond aux nouveaux académiciens en soulignant l'importance de Pierre Corneille pour le théâtre français. Racine décrit l'état chaotique du théâtre avant l'œuvre de Corneille, qui a introduit la raison et la vraisemblance sur scène, surpassant tous ses contemporains. Il compare Corneille aux grands tragiques de l'Antiquité et souligne son impact durable sur la littérature française. Le texte mentionne également la gloire de la France, qui se glorifie d'avoir produit des figures illustres comme Auguste, Horace et Virgile, et prédit que le siècle sera admiré pour ses victoires prodigieuses. Corneille est décrit comme une merveille parmi ces exploits. La France se souviendra avec plaisir que, sous le règne de Louis XIV, le plus célèbre de ses poètes a fleuri. Le roi a honoré Corneille de ses bienfaits, même deux jours avant sa mort, en lui envoyant des marques de libéralité. Les dernières paroles de Corneille ont été des remerciements à Louis XIV, qu'il a loué pour sa probité, sa piété et son esprit de douceur. Racine adresse ensuite la parole à Bergeret, soulignant que l'Académie française a perdu en Cordemoy un homme dédié à l'étude de l'histoire ancienne, mais a choisi un successeur compétent en Bergeret. Ce dernier, après avoir été l'organe d'un parlement célèbre et occupé un emploi important dans l'État, apporte à l'Académie une connaissance parfaite de l'histoire et des livres, ainsi que de l'histoire de son protecteur. Racine loue Bergeret pour sa connaissance des grands événements, des traités, des alliances et des négociations sous le règne de Sa Majesté. Racine mentionne également la supériorité de la France dans les négociations, contrastant avec les politiques passées où la France était souvent désavantagée. Il souligne que l'Espagne, autrefois orgueilleuse, a dû reconnaître publiquement son infériorité et abandonner des places et provinces importantes. Ce changement est attribué à la puissance et à la justice du roi, qui n'a besoin que de déclarer ses volontés pour les voir exécutées. Racine conclut en louant le roi pour sa résolution de mettre fin à la guerre et pour son habileté à tracer des lignes de paix que les ennemis ont dû accepter.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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8
p. 227-229
« L'Opera de Roland qui avoit esté fait pour le Roy, [...] »
Début :
L'Opera de Roland qui avoit esté fait pour le Roy, [...]
Mots clefs :
Opéra, Divertissement, Paris, Public, Machines, Décorations, Déguisements, Acteurs, Troupe italienne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « L'Opera de Roland qui avoit esté fait pour le Roy, [...] »
L'Opera de Roland qui
avoit efté fait pour le Roy,
n'ayant pû eftre reprefenté à
Paris , avant que les divertif
femens de Verfailles euffent.
ceffé , fut donné pour la premiere
fois au Public , le huitiéme
de ce mois , accompagné
des Machines & des Décorations
qui n'avoient pû
228 MERCURE
luy fervir d'ornement à la
Cour , parce que le fuperbe
Théatre où ces grands fpe-
&tacles doivent paroiftre, n'ef
pas encore achevé . Ces Dé.
corations & ces Machines,
ont donné un nouvel éclat à
cet Opera. Ils font de M ' Berrin
, auffi bien que les deffeins
des habits des Maſcarades
& du Carouſel , dont je
viens de vous parler. La .
Troupe Italienne eît augmentée
d'un Acteur nouveau
, qui attire les applaudiffemens
de tout Paris , &
qui n'a pas moins plû à la
GALANT. 229
3 Cour qu'à la Ville . Il a une
agilité de corps furprenante,
& feconde admirablement
l'incomparable Arlequin.
avoit efté fait pour le Roy,
n'ayant pû eftre reprefenté à
Paris , avant que les divertif
femens de Verfailles euffent.
ceffé , fut donné pour la premiere
fois au Public , le huitiéme
de ce mois , accompagné
des Machines & des Décorations
qui n'avoient pû
228 MERCURE
luy fervir d'ornement à la
Cour , parce que le fuperbe
Théatre où ces grands fpe-
&tacles doivent paroiftre, n'ef
pas encore achevé . Ces Dé.
corations & ces Machines,
ont donné un nouvel éclat à
cet Opera. Ils font de M ' Berrin
, auffi bien que les deffeins
des habits des Maſcarades
& du Carouſel , dont je
viens de vous parler. La .
Troupe Italienne eît augmentée
d'un Acteur nouveau
, qui attire les applaudiffemens
de tout Paris , &
qui n'a pas moins plû à la
GALANT. 229
3 Cour qu'à la Ville . Il a une
agilité de corps furprenante,
& feconde admirablement
l'incomparable Arlequin.
Fermer
Résumé : « L'Opera de Roland qui avoit esté fait pour le Roy, [...] »
L'Opéra de Roland, initialement prévu pour le roi, a été représenté à Paris après les divertissements de Versailles. La première a eu lieu le huitième jour du mois, avec des machines et des décorations inédites conçues par Monsieur Berrin. La troupe italienne a été renforcée par un nouvel acteur acclamé pour son rôle d'Arlequin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
9
p. 127-131
« Vous ne me demanderez plus pourquoy Mr d'Ambruis aprés s'estre [...] »
Début :
Vous ne me demanderez plus pourquoy Mr d'Ambruis aprés s'estre [...]
Mots clefs :
Mr d'Ambruis, Réputation, Airs, Recueil, Couplets, Voix, Public, Basse, Chanter, Livres, Cadence, Mr Lambert
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Vous ne me demanderez plus pourquoy Mr d'Ambruis aprés s'estre [...] »
Vous ne me demanderez
plus pourquoy M' d'Ambruis
aprés s'eftre acquis
tant de réputation par fes
beaux Airs , a negligé d'en
faire part au Public. Il vient
d'en donner un Recueil avec
leurs ornemens dans la me--
Eiij !
128 MERCURE
4
fure , & les ſeconds coupless
en diminution
,
meſurez
auſſi ſur la Baſſe continuë ,&
tres- propres pour ceux qui
veulent ſe perfectionner dans
l'Art de bien chanter , ou tou
cher ſur la partie pour l'accompagnement
de la voix
feule. Il a cru devoir cette fatisfaction
au Public , qui le
preſſoit depuis fort longtemps
de faire imprimer
quelques- uns de ſes Airs qui
couroient dans le monde fort
imparfaits , & fans leurs Baf
ſes naturelles. Ce Recueil
en contient beaucoup qui
GALANT. 129 .
ont merité une eſtime gené
rale . Mª d'Ambruis y en a
joint d'autres qui n'ont point
encore paru , & il les a accompagnez
de leurs ſeconds.
couplets en diminution , mefurez
pareillement ſur la Baſſe
continue. Il a mis à la fin un
Dialogue pour une Hautecontre
, un Deſſus , & une
Baſſe continue. On pourra
chaanntteerrlaBaſſe- contre quand
on voudra , & en ce cas on
pourra aufli chanter le Def
fus enTaille. Ceux qui fou.
haiteront ſe perfectionner
dans l'Art du Chant trou
130 MERCURE
veront de la fatisfaction dans
ce Livre , & fi l'on veut confulter
ce celebre Maiſtre , on
découvrira des facilitez qui
ne peuvent s'exprimer ſur le
papier. Il s'eſt ſervy en quelques
endroits de marques
particulieres au lieu de No.
res , pour les Ports de Voix,
Cadences épuisées , Cadences
en l'air , doubles Cadences
, flatemens , accens , ou
plaintes. Il promet dans peu
un autre Livre d'Airs à trois
parties chantantes , & d'au
tres Ouvrages. Ila dédié ce
luy- cy à l'Illuftre M Lam
GALANT. 131
,
bert , Maiſtre de Muſique de
la Chambre du Roy. Il en
fait l'éloge & avoue que
c'eſt dans la méditation de fes
Ouvrages , qu'il a puiſé les
connoiſſances qui l'ont fait
travailler fi heureuſement. Il
eſt aſſez rare qu'un habile
Homme veüille ceder à un
autre de meſme profeſſion,
& c'eſt ce qui fera eſtimerM
d'Ambruis autant que fes
beaux Airs , & ce qui luy a
peut- eſtre attiré ce Sonnet.
plus pourquoy M' d'Ambruis
aprés s'eftre acquis
tant de réputation par fes
beaux Airs , a negligé d'en
faire part au Public. Il vient
d'en donner un Recueil avec
leurs ornemens dans la me--
Eiij !
128 MERCURE
4
fure , & les ſeconds coupless
en diminution
,
meſurez
auſſi ſur la Baſſe continuë ,&
tres- propres pour ceux qui
veulent ſe perfectionner dans
l'Art de bien chanter , ou tou
cher ſur la partie pour l'accompagnement
de la voix
feule. Il a cru devoir cette fatisfaction
au Public , qui le
preſſoit depuis fort longtemps
de faire imprimer
quelques- uns de ſes Airs qui
couroient dans le monde fort
imparfaits , & fans leurs Baf
ſes naturelles. Ce Recueil
en contient beaucoup qui
GALANT. 129 .
ont merité une eſtime gené
rale . Mª d'Ambruis y en a
joint d'autres qui n'ont point
encore paru , & il les a accompagnez
de leurs ſeconds.
couplets en diminution , mefurez
pareillement ſur la Baſſe
continue. Il a mis à la fin un
Dialogue pour une Hautecontre
, un Deſſus , & une
Baſſe continue. On pourra
chaanntteerrlaBaſſe- contre quand
on voudra , & en ce cas on
pourra aufli chanter le Def
fus enTaille. Ceux qui fou.
haiteront ſe perfectionner
dans l'Art du Chant trou
130 MERCURE
veront de la fatisfaction dans
ce Livre , & fi l'on veut confulter
ce celebre Maiſtre , on
découvrira des facilitez qui
ne peuvent s'exprimer ſur le
papier. Il s'eſt ſervy en quelques
endroits de marques
particulieres au lieu de No.
res , pour les Ports de Voix,
Cadences épuisées , Cadences
en l'air , doubles Cadences
, flatemens , accens , ou
plaintes. Il promet dans peu
un autre Livre d'Airs à trois
parties chantantes , & d'au
tres Ouvrages. Ila dédié ce
luy- cy à l'Illuftre M Lam
GALANT. 131
,
bert , Maiſtre de Muſique de
la Chambre du Roy. Il en
fait l'éloge & avoue que
c'eſt dans la méditation de fes
Ouvrages , qu'il a puiſé les
connoiſſances qui l'ont fait
travailler fi heureuſement. Il
eſt aſſez rare qu'un habile
Homme veüille ceder à un
autre de meſme profeſſion,
& c'eſt ce qui fera eſtimerM
d'Ambruis autant que fes
beaux Airs , & ce qui luy a
peut- eſtre attiré ce Sonnet.
Fermer
10
p. 288-295
Changement arrivé dans la Troupe des Comédiens François, [titre d'après la table]
Début :
La Comédie estant plus à la mode qu'elle n'a jamais [...]
Mots clefs :
Comédie, Divertissement, Cour, Public, Troupes, Plaisir, Acteurs, Troupe de Molière, Décès, Applaudissements, Distinction, Actrices, Campagne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Changement arrivé dans la Troupe des Comédiens François, [titre d'après la table]
La Comédie eftant plus à
la mode qu'elle n'a jamais.
eſté , & faifant depuis quel
que temps pluſieurs fois chaque
ſemaine le divertiſſe
ment de la Cour,& tous les
jours
4
GALANT. 289
jours celuy du Public depuis
la jonction nction ddeessTroupes Françoiſes,
je croy que je doisvous
que je doisvous
en parler comme d'un plaifir
recherché de tout le monde,
& que l'on voit genéralement
aimé. Je vous diray
donc que ce divertiſſement
qui a ceſſe ſelon la coûtume
pendant la quinzaine de Paf
ques, va recommencer , mais
avec des changemens confiderables
du coſte desActeurs .
Il n'y a pas lieu d'en eſtre ſurpris.
Les Comédiens qui occupoient
l'Hoſtel de Bourgogne
, ceux qui joüoient au
Avril 1685. Bb
•
290 MERCURE
PalaisRoyal,&ſous le nomde
LaTrouuppee ddeo MMoliere , & celle
quirepreſentoit au Marais,ne
compoſant àpreſent qu'une
ſeule Troupe qu'on appellede
Guenegaut,àcauſe qu'elle a fon
Théatre au bout de la Ruë
qui porte ce nom: ces trois
Troupes , dis-je , formant un
Corps tres-nombreux , &
tous les grands Corps cftant
ſujets à de fréquens change
mens , iill eſt difficile qu'iln'en
arrive ſouvent à celuy dont je
vous parle. La mort a em
porté des Acteurs qui avoient
fait bruit dans le monde.
GALANTM 29F
y en a d'autres qui font fortist
de la Troupe avec leporacal
commodemens qui leur onp
efté propoſez , &M Habere
a demandé à fe gretireroll
eſtoit l'Original de pluſieurs
Roles qu'il repreſentoit dans
les Pieces de Moliereg &
comme il eſtoit entré dans le
fens de ce fameux Autheur
par qui il avoit efté inftruit,
il y réüffiffoit parfaitement.
Jamais Acteur n'a porté filoin
les Roles d'Homme en Fem
me. Celuy qu'il reprefentoit
dans les Femmes Sçavantes,
Madame Jourdain dans le
•
Bb ij
292 MERCURE
e
G
C
Bourgeois Gentilhomme , &
Madame Jobin dans la Devinereſſe
, luy ont attiré l'applaudiſſement
de tout Paris .
Il s'eſt fait auſſi admirer dans
le Role du Vicomte de l'Inconnu
, ainſi que dans ceux
de Medecins & de Marquis
Ridicules. Il eſt fort
avantageux d'avoir excellé
dansles choſes pour leſquelles
on s'eſt ſenty du Talent.
C'eſt ce que M' Poiſſon a fait
avec une grande diſtinction.
AuſficétActeur ſurprit fort ſes
Camarades lors qu'il leur déclara
qu'il vouloit quitter la
Comédie. Ils le prierent avec
GALANT. 293
de grandes inſtances d'aban.
donner ce deffein , mais illes
a preſſez fi fortement pendant
pluſieurs jours de luy
permettre de ſe retirer, qu'ils
ont eſté enfin obligez d'y
conſentir. Il y a vingt- cinq
ans que le Roy ayant pris
plaiſir à le voir joüer dans.
une Troupe de Campagne,
le mit à l'Hoſtel de Bourgogne.
Son grand naturel ne le
fit pas ſeulement réuſlir comme
Acteur mais meſme
comme Autheur ; & le recit
que le Baron de la Craffe fair
de la Cour , parut extreme--
,
294 MERCURE
ment bien touché. Il a fait
pluſieurs Pieces de Theatre,
& l'on peut dire que c'eſt la
nature qui parle dans toutes.
Lors qu'il a quitté la Comédie
, ſes Camarades luy ont
donné des marques de leur
eſtime & de leur regret. Ily
a eu encore d'autres changemens
dans cette Troupe,
mais comme ils ſont trop
éclatans pour eſtre ignorez ,
je n'ay rien à vous en dire. It
y eſt entré des Acteurs nou
veaux & des Actrices nouvelles
, qui onttous eſté choifis
parmy ce qu'ilya de meil
eur entre les Comédiens
GALANT. 295
quijoüent à la Campagne.
la mode qu'elle n'a jamais.
eſté , & faifant depuis quel
que temps pluſieurs fois chaque
ſemaine le divertiſſe
ment de la Cour,& tous les
jours
4
GALANT. 289
jours celuy du Public depuis
la jonction nction ddeessTroupes Françoiſes,
je croy que je doisvous
que je doisvous
en parler comme d'un plaifir
recherché de tout le monde,
& que l'on voit genéralement
aimé. Je vous diray
donc que ce divertiſſement
qui a ceſſe ſelon la coûtume
pendant la quinzaine de Paf
ques, va recommencer , mais
avec des changemens confiderables
du coſte desActeurs .
Il n'y a pas lieu d'en eſtre ſurpris.
Les Comédiens qui occupoient
l'Hoſtel de Bourgogne
, ceux qui joüoient au
Avril 1685. Bb
•
290 MERCURE
PalaisRoyal,&ſous le nomde
LaTrouuppee ddeo MMoliere , & celle
quirepreſentoit au Marais,ne
compoſant àpreſent qu'une
ſeule Troupe qu'on appellede
Guenegaut,àcauſe qu'elle a fon
Théatre au bout de la Ruë
qui porte ce nom: ces trois
Troupes , dis-je , formant un
Corps tres-nombreux , &
tous les grands Corps cftant
ſujets à de fréquens change
mens , iill eſt difficile qu'iln'en
arrive ſouvent à celuy dont je
vous parle. La mort a em
porté des Acteurs qui avoient
fait bruit dans le monde.
GALANTM 29F
y en a d'autres qui font fortist
de la Troupe avec leporacal
commodemens qui leur onp
efté propoſez , &M Habere
a demandé à fe gretireroll
eſtoit l'Original de pluſieurs
Roles qu'il repreſentoit dans
les Pieces de Moliereg &
comme il eſtoit entré dans le
fens de ce fameux Autheur
par qui il avoit efté inftruit,
il y réüffiffoit parfaitement.
Jamais Acteur n'a porté filoin
les Roles d'Homme en Fem
me. Celuy qu'il reprefentoit
dans les Femmes Sçavantes,
Madame Jourdain dans le
•
Bb ij
292 MERCURE
e
G
C
Bourgeois Gentilhomme , &
Madame Jobin dans la Devinereſſe
, luy ont attiré l'applaudiſſement
de tout Paris .
Il s'eſt fait auſſi admirer dans
le Role du Vicomte de l'Inconnu
, ainſi que dans ceux
de Medecins & de Marquis
Ridicules. Il eſt fort
avantageux d'avoir excellé
dansles choſes pour leſquelles
on s'eſt ſenty du Talent.
C'eſt ce que M' Poiſſon a fait
avec une grande diſtinction.
AuſficétActeur ſurprit fort ſes
Camarades lors qu'il leur déclara
qu'il vouloit quitter la
Comédie. Ils le prierent avec
GALANT. 293
de grandes inſtances d'aban.
donner ce deffein , mais illes
a preſſez fi fortement pendant
pluſieurs jours de luy
permettre de ſe retirer, qu'ils
ont eſté enfin obligez d'y
conſentir. Il y a vingt- cinq
ans que le Roy ayant pris
plaiſir à le voir joüer dans.
une Troupe de Campagne,
le mit à l'Hoſtel de Bourgogne.
Son grand naturel ne le
fit pas ſeulement réuſlir comme
Acteur mais meſme
comme Autheur ; & le recit
que le Baron de la Craffe fair
de la Cour , parut extreme--
,
294 MERCURE
ment bien touché. Il a fait
pluſieurs Pieces de Theatre,
& l'on peut dire que c'eſt la
nature qui parle dans toutes.
Lors qu'il a quitté la Comédie
, ſes Camarades luy ont
donné des marques de leur
eſtime & de leur regret. Ily
a eu encore d'autres changemens
dans cette Troupe,
mais comme ils ſont trop
éclatans pour eſtre ignorez ,
je n'ay rien à vous en dire. It
y eſt entré des Acteurs nou
veaux & des Actrices nouvelles
, qui onttous eſté choifis
parmy ce qu'ilya de meil
eur entre les Comédiens
GALANT. 295
quijoüent à la Campagne.
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11
s. p.
AU LECTEUR.
Début :
Ce Mercure est divisé en deux Volumes, parce que la [...]
Mots clefs :
Mercure, Histoire, Nouvelles, Public, Pièces, Ouvrages, Relation, Paris, Volumes, Particuliers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AU LECTEUR.
AU
LECTEUR.
E
Mercure eft divifé
enn deux
Volumes
,parce
que la matiere qui le
remplit , n'auroit pu entrer
toute entiere dans un feul.
Quelques Particuliers , car
je feron tort au Public , fi
Tofois len accufer ,fe font
plaintsfouvent de ce que les
fecondesParties n'entroient
pas dans les
premieres, comme
fi deux Volumes d'une
â ij
Au LECTEUR.
feul. Ils
doit
égale groffeur , pouvoient
eftre reduits en un f
apportent pour raifon , que
lors que cette abondance de
matiere ferencontre, on
retrancher quelques Pieces
galantes & d'érudition. Il
y a deux réponses à cela ;
l'une , qu'ilfaut que le premier
Volume ait toujours
fon mélange ordinaire, parce
que le but que l'on a dans
cet Ouvrage eftant de le
vendre propre à toutes fortes
de perfonnes, il faut des
Au
LECTEUR.
Vers , des
Galanteries , e
des
Pieces
détachées pour
ceux qui
n'aiment pas les
Nouvelles des
Pieces d'érudition
pour les
Sçavans ,
& des
Nouvelles pour ceux
que ces fortes de
chofes ne
touchent
point.
Ainfi cha
cun eft content , ou doit le
fre du
moins en
partie; câr
les
Galans ne
voudroient
que des Vers 65 des
Hiftorres,
& les
Nouvell ftes que
des
Nouvelles
Maisquand
on
voudroit
fatisfaire ceuse
á j
Au LECTEUR .
qui demandent qu'on retranche
quelques Ouvrages
galans, lors qu'il fe rencontre
des fujets de fecondes
Parties , afin de les faire
entrer dans la premiere , le
pourroit on, e le quart tout
au plus d'un Volume qu'on
trouveroita retrancher ,
fourniroit il affez de place
pour en faire entrer un en
tier dansle mefm Volume?
On a tache de les contenter
"'il y a un mois ou deux, en
mettant la Relation du
Au
LECTEUR.
Voyage de M. le Chevalier
de
Chaumont à Siam , dans
le
Mercure; mais comme il
fut impoßible de la faire entrer
entiere , il falut avoir
recours à un fecond Volu
me que l'on vouloit éviter ;
ce qui a donné lieu au Public
de fe
plaindre de ce que
la Relation n'eftoit pas tou
te dans un feul Volume.
Cela eft cauſe qu'on s'arreflera
a lavis duplus grand
nombre
quand il fe
trouvera affez de belle maAu
LECTEUR.
&
tiere pour faire une feconde
Partie , on fatisfera le Pu
blic là- deffus. Ces feconds
Tomes font des Ouvrages
d'un grand travail ,
contiennent des détails fr
recherchez & fi curieux ,
que la pofterité ne les trouvera
pas ailleurs . Le Siege
de Vienne , l'Hiftoire du
Siege de Luxembourg , la
Relation de tout ces qui
s'eft fait devant Gennes
par l'Armée Navale du
Roy , le Mariage de MonAu
LECTEUR.
feigneur le
Dauphin , &
celuy de la
Reine
d'Efpagne
, font des
Morceaux
d'Hiftoire
traitez à fond ,
le
Public a
paru
ravy de
les
avoir
feparez,
pour n'efire
point
embarasse à les
chercher
parmy
Nouvelles du
Mercure Si
'ce qu'il en
couste à
quelques
Particuliers pour
avoir les
fecondes
Parties les
fait
parler , on peut leur
répondre
que l'on n'en
profite pas,
que les
Recherches
qu'on eft
1
les
autres
Au LECTEUR .
obligé de faire pour ces for
tes d'Ouvrages reviennent
à beaucoup , & que ceux
qui les font imprimer dans
les Pays Etrangersfur les
Exemplaires de Paris , &
quiles diftribuent dans tou
te l'Europe , en ont feuls
tout le profit ; de forte
qu'on ne les fait qu'afin
d'avoir le plaifir de foute
nir la gloire du Mercure ,
& pour montrer qu'il ne luy
échape rien. La feconde
Partie qu'on donne aujourAu
LECTEUR.
& buy a pourTitre ,
Voya
ge des
Ambaffadeurs
de
Siam en
France ,
contenant
laReception qui leur
a efté faite dans les
Villes
où ils ont paffé , leur Entrée
à Paris , les
Ceremonies
obfervées
dans
l'Audience
qu'ils ont euë du
Roy & de la
MaifonRoya
le , les
Complimens
qu'ils
ont faits , la
Defcription
des
Lieux où ils ont eſté ,
& ce qu'ils ont dit de remarquable
fur
tout ce
Au LECTEUR..
qu'ils ont vu. Ce Titre marque
affez les chofes curieufes
quece Volumerenferme,
& quand il n'y auroit rien
des Ambaffadeurs
de Siams
les Defcriptions
feules des
endroits de Paris où ils ont
efté, peuvent apprendre des
chofes dont jamais perfonne
ne s'est avifé de parler.
LECTEUR.
E
Mercure eft divifé
enn deux
Volumes
,parce
que la matiere qui le
remplit , n'auroit pu entrer
toute entiere dans un feul.
Quelques Particuliers , car
je feron tort au Public , fi
Tofois len accufer ,fe font
plaintsfouvent de ce que les
fecondesParties n'entroient
pas dans les
premieres, comme
fi deux Volumes d'une
â ij
Au LECTEUR.
feul. Ils
doit
égale groffeur , pouvoient
eftre reduits en un f
apportent pour raifon , que
lors que cette abondance de
matiere ferencontre, on
retrancher quelques Pieces
galantes & d'érudition. Il
y a deux réponses à cela ;
l'une , qu'ilfaut que le premier
Volume ait toujours
fon mélange ordinaire, parce
que le but que l'on a dans
cet Ouvrage eftant de le
vendre propre à toutes fortes
de perfonnes, il faut des
Au
LECTEUR.
Vers , des
Galanteries , e
des
Pieces
détachées pour
ceux qui
n'aiment pas les
Nouvelles des
Pieces d'érudition
pour les
Sçavans ,
& des
Nouvelles pour ceux
que ces fortes de
chofes ne
touchent
point.
Ainfi cha
cun eft content , ou doit le
fre du
moins en
partie; câr
les
Galans ne
voudroient
que des Vers 65 des
Hiftorres,
& les
Nouvell ftes que
des
Nouvelles
Maisquand
on
voudroit
fatisfaire ceuse
á j
Au LECTEUR .
qui demandent qu'on retranche
quelques Ouvrages
galans, lors qu'il fe rencontre
des fujets de fecondes
Parties , afin de les faire
entrer dans la premiere , le
pourroit on, e le quart tout
au plus d'un Volume qu'on
trouveroita retrancher ,
fourniroit il affez de place
pour en faire entrer un en
tier dansle mefm Volume?
On a tache de les contenter
"'il y a un mois ou deux, en
mettant la Relation du
Au
LECTEUR.
Voyage de M. le Chevalier
de
Chaumont à Siam , dans
le
Mercure; mais comme il
fut impoßible de la faire entrer
entiere , il falut avoir
recours à un fecond Volu
me que l'on vouloit éviter ;
ce qui a donné lieu au Public
de fe
plaindre de ce que
la Relation n'eftoit pas tou
te dans un feul Volume.
Cela eft cauſe qu'on s'arreflera
a lavis duplus grand
nombre
quand il fe
trouvera affez de belle maAu
LECTEUR.
&
tiere pour faire une feconde
Partie , on fatisfera le Pu
blic là- deffus. Ces feconds
Tomes font des Ouvrages
d'un grand travail ,
contiennent des détails fr
recherchez & fi curieux ,
que la pofterité ne les trouvera
pas ailleurs . Le Siege
de Vienne , l'Hiftoire du
Siege de Luxembourg , la
Relation de tout ces qui
s'eft fait devant Gennes
par l'Armée Navale du
Roy , le Mariage de MonAu
LECTEUR.
feigneur le
Dauphin , &
celuy de la
Reine
d'Efpagne
, font des
Morceaux
d'Hiftoire
traitez à fond ,
le
Public a
paru
ravy de
les
avoir
feparez,
pour n'efire
point
embarasse à les
chercher
parmy
Nouvelles du
Mercure Si
'ce qu'il en
couste à
quelques
Particuliers pour
avoir les
fecondes
Parties les
fait
parler , on peut leur
répondre
que l'on n'en
profite pas,
que les
Recherches
qu'on eft
1
les
autres
Au LECTEUR .
obligé de faire pour ces for
tes d'Ouvrages reviennent
à beaucoup , & que ceux
qui les font imprimer dans
les Pays Etrangersfur les
Exemplaires de Paris , &
quiles diftribuent dans tou
te l'Europe , en ont feuls
tout le profit ; de forte
qu'on ne les fait qu'afin
d'avoir le plaifir de foute
nir la gloire du Mercure ,
& pour montrer qu'il ne luy
échape rien. La feconde
Partie qu'on donne aujourAu
LECTEUR.
& buy a pourTitre ,
Voya
ge des
Ambaffadeurs
de
Siam en
France ,
contenant
laReception qui leur
a efté faite dans les
Villes
où ils ont paffé , leur Entrée
à Paris , les
Ceremonies
obfervées
dans
l'Audience
qu'ils ont euë du
Roy & de la
MaifonRoya
le , les
Complimens
qu'ils
ont faits , la
Defcription
des
Lieux où ils ont eſté ,
& ce qu'ils ont dit de remarquable
fur
tout ce
Au LECTEUR..
qu'ils ont vu. Ce Titre marque
affez les chofes curieufes
quece Volumerenferme,
& quand il n'y auroit rien
des Ambaffadeurs
de Siams
les Defcriptions
feules des
endroits de Paris où ils ont
efté, peuvent apprendre des
chofes dont jamais perfonne
ne s'est avifé de parler.
Fermer
Résumé : AU LECTEUR.
La lettre au lecteur explique la division du 'Mercure' en deux volumes en raison de l'abondance de matière. Certains lecteurs regrettent que les secondes parties ne soient pas incluses dans les premières, mais l'auteur justifie cette décision par la diversité des intérêts des lecteurs. Les premiers volumes contiennent des vers, des galanteries, des pièces d'érudition et des nouvelles, tandis que les seconds volumes incluent des sujets importants comme le voyage de M. le Chevalier de Chaumont à Siam. Les secondes parties offrent également des détails curieux et recherchés, tels que le siège de Vienne, l'histoire du siège de Luxembourg, et le mariage du Dauphin. L'auteur souligne que ces publications représentent un travail considérable et que les profits bénéficient principalement aux imprimeurs étrangers. La seconde partie actuelle se concentre sur le voyage des ambassadeurs de Siam en France, incluant leur réception, leur entrée à Paris, et les cérémonies observées lors de leur audience avec le roi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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12
s. p.
AU LECTEUR.
Début :
La troisiéme Partie du Voyage des Ambassadeurs de Siam en [...]
Mots clefs :
Ambassadeurs, Description, Roi, Voyage, Siam, Public, Esprit, Versailles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AU LECTEUR.
AU LECTEUR
.
L
A troisième Partie du Voyage
des Ambaffadeurs de Siam en
France vient d'eftre donnée au Public
avec ce Volume . Elle a pour
Fitre , Troifiéme Partie du Voyage
des Ambaffadeurs de Siam en
France, contenant la fuite de la
Defcription de Verfailles , celle
des Chevaux qui font dans les
deux Ecuries du Roy , ce qui
s'eft paffe dans les Vifites qui
leur ont efté rendues , les experiences
de la pefanteur de l'Air
faites devant eux, la Defcription
de la Galerie de Sceaux , & les
á ij
AU LECTEUR .
Receptions avec les Harangues
'qu'on leur a faites dans plufieurs
Villes de Flandres. Versailles
s'eftant trouvé décrit avec beaucoup
d'exactitude dans leVolume qui
précedé celuy- cy , & le Public ayant
fouhaité que ce qui manquoit à cette
Defcription , fe trouvaft dans cette
troifiéme Partie avec la mefme regularité
, on a fatisfait à fon em
preffement. On a mefme fait plus,
puis qu'en décrivant les Ecuries ,
qui font l'étonnement de tous ceux
qui les voyent, & particulierement
des Eirangers , on a fait voir ce
qu'elles contiennent de Chevaux , de
quels pays ils viennent , & à quels
ufages ils font employez Il y a
long- temps qu'on afpiroit aprés une
Relation entiere de Versailles , mais
te grand nombre de chofes qu'il y
AU LECTEUR.
avoit à décrire étonnoit ; cependant
en voila une que ceux qui auront
les deux Volumes qui en parlent ,
pourront fe vanter d'avoir entiere.
On peut dire que c'est aux Ambaffadeurs
de Siam à qui le Public
doit cet Ouvrage , puis que la ma-.
niere curicufe avec laquelle ils regardent,
mefurent toutes chofes,&
les éclairciffemens qu'ils demandent,
ont fait que l'on a appris ce qu'il
auroit efte dificile de fçavoir , à
caufe du grand nombre de differentes
perfonnes qui peuvent donner
ces explications. On ne dit rien des
autres chofes curieufes que cette
mefme Partie contient , mais feulement
que les Ambaffadeurs n'ont
jamais fait voir tant d'efprit que
dans le Voyage de Flandres , qu'on
* trouvera décrit. On fçait déja
AU LECTEUR .
que les Mots qu'ils ont donnez , lors
que les Gouverneurs & les Majors.
des Places font venus prendre Lor
dre d'eux , ont efté admirez de toute
la Cour , qui a voulu les fçavoir 3,
mais s'ils ont efte trouvez fi beaux
fans eftre accompagnez des raifons
qui les ont obligez à les donner , &
qu'on trouvera dans la Defcription,
de leur Voyrge , que ne doivent- ils
point paroiftre alors à ceux qui examineront
avec quelle justeffe , &
quelle prudence ils les ont donnez !
On croit avoir efté aſſez bien informé
de ce qu'ils ont dit , pour n'avoir
rien oublié de tout ce qui cft
digne d'eftre remarqué , & l'on a pris
ce foin , parce que la plupart de
ces chofes tombent fur le Roy, &
que les louanges de cette nature font
moins fufpectes , qus celles que le
AU LECTEUR .
avec
zele d'un Sujet fait donner. On
voit outre cela dans cette Relation
plufieurs Harangues qui ont efté
faites aux Ambassadeurs
leurs réponſes , & une Defcription
hiftorique de toutes les Villes où ils
ontpaffe On avertit que
Pon trouvera
dans ce Volume une Eftampe qui
reprefente le Trofne du Roy, de lamanere
qu'il eftoit le jour que les Ambaffadeurs
curent leur premiere Audience
de Sa Majesté . On en voit
beaucoup d'autres qui n'approchent
en aucune chofe de la verité ; au
lieu que celle- cy a efté deſſinée d'aprés
le Trofne mefme. Il y a plus
ony voit les rangs de tous les Princes
, & de tous les Grands Officiers
qui estoient aux coftez & derriere le
Roy , ainfi que ceux des Ambaffa
deurs , & des perfonnes qui les ac
RADORKM
AU LECTEUR.
compagnoient ; & comme la confu
fion empefcheroit de les diftinguer
s'ily avoit tant de Figures dans une
Planche , & mefme que l'explica
tion qui marque la raison de la pluf
·part de ces rangs n'y pourroit entrer,
on s'eft fervy d'un Alphabet ,
& de plufieurs chiffres , pour donner
une parfaite intelligence de toutes
ces choſes.
.
L
A troisième Partie du Voyage
des Ambaffadeurs de Siam en
France vient d'eftre donnée au Public
avec ce Volume . Elle a pour
Fitre , Troifiéme Partie du Voyage
des Ambaffadeurs de Siam en
France, contenant la fuite de la
Defcription de Verfailles , celle
des Chevaux qui font dans les
deux Ecuries du Roy , ce qui
s'eft paffe dans les Vifites qui
leur ont efté rendues , les experiences
de la pefanteur de l'Air
faites devant eux, la Defcription
de la Galerie de Sceaux , & les
á ij
AU LECTEUR .
Receptions avec les Harangues
'qu'on leur a faites dans plufieurs
Villes de Flandres. Versailles
s'eftant trouvé décrit avec beaucoup
d'exactitude dans leVolume qui
précedé celuy- cy , & le Public ayant
fouhaité que ce qui manquoit à cette
Defcription , fe trouvaft dans cette
troifiéme Partie avec la mefme regularité
, on a fatisfait à fon em
preffement. On a mefme fait plus,
puis qu'en décrivant les Ecuries ,
qui font l'étonnement de tous ceux
qui les voyent, & particulierement
des Eirangers , on a fait voir ce
qu'elles contiennent de Chevaux , de
quels pays ils viennent , & à quels
ufages ils font employez Il y a
long- temps qu'on afpiroit aprés une
Relation entiere de Versailles , mais
te grand nombre de chofes qu'il y
AU LECTEUR.
avoit à décrire étonnoit ; cependant
en voila une que ceux qui auront
les deux Volumes qui en parlent ,
pourront fe vanter d'avoir entiere.
On peut dire que c'est aux Ambaffadeurs
de Siam à qui le Public
doit cet Ouvrage , puis que la ma-.
niere curicufe avec laquelle ils regardent,
mefurent toutes chofes,&
les éclairciffemens qu'ils demandent,
ont fait que l'on a appris ce qu'il
auroit efte dificile de fçavoir , à
caufe du grand nombre de differentes
perfonnes qui peuvent donner
ces explications. On ne dit rien des
autres chofes curieufes que cette
mefme Partie contient , mais feulement
que les Ambaffadeurs n'ont
jamais fait voir tant d'efprit que
dans le Voyage de Flandres , qu'on
* trouvera décrit. On fçait déja
AU LECTEUR .
que les Mots qu'ils ont donnez , lors
que les Gouverneurs & les Majors.
des Places font venus prendre Lor
dre d'eux , ont efté admirez de toute
la Cour , qui a voulu les fçavoir 3,
mais s'ils ont efte trouvez fi beaux
fans eftre accompagnez des raifons
qui les ont obligez à les donner , &
qu'on trouvera dans la Defcription,
de leur Voyrge , que ne doivent- ils
point paroiftre alors à ceux qui examineront
avec quelle justeffe , &
quelle prudence ils les ont donnez !
On croit avoir efté aſſez bien informé
de ce qu'ils ont dit , pour n'avoir
rien oublié de tout ce qui cft
digne d'eftre remarqué , & l'on a pris
ce foin , parce que la plupart de
ces chofes tombent fur le Roy, &
que les louanges de cette nature font
moins fufpectes , qus celles que le
AU LECTEUR .
avec
zele d'un Sujet fait donner. On
voit outre cela dans cette Relation
plufieurs Harangues qui ont efté
faites aux Ambassadeurs
leurs réponſes , & une Defcription
hiftorique de toutes les Villes où ils
ontpaffe On avertit que
Pon trouvera
dans ce Volume une Eftampe qui
reprefente le Trofne du Roy, de lamanere
qu'il eftoit le jour que les Ambaffadeurs
curent leur premiere Audience
de Sa Majesté . On en voit
beaucoup d'autres qui n'approchent
en aucune chofe de la verité ; au
lieu que celle- cy a efté deſſinée d'aprés
le Trofne mefme. Il y a plus
ony voit les rangs de tous les Princes
, & de tous les Grands Officiers
qui estoient aux coftez & derriere le
Roy , ainfi que ceux des Ambaffa
deurs , & des perfonnes qui les ac
RADORKM
AU LECTEUR.
compagnoient ; & comme la confu
fion empefcheroit de les diftinguer
s'ily avoit tant de Figures dans une
Planche , & mefme que l'explica
tion qui marque la raison de la pluf
·part de ces rangs n'y pourroit entrer,
on s'eft fervy d'un Alphabet ,
& de plufieurs chiffres , pour donner
une parfaite intelligence de toutes
ces choſes.
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Résumé : AU LECTEUR.
Le texte décrit la troisième partie du récit du voyage des ambassadeurs de Siam en France. Il inclut une description détaillée de Versailles, des écuries royales et des chevaux qu'elles abritent. Les ambassadeurs ont également assisté à diverses expériences scientifiques. La galerie de Sceaux et les réceptions avec des harangues dans plusieurs villes de Flandres sont également mentionnées. En réponse au souhait du public, la description de Versailles a été complétée avec précision. La curiosité et les questions des ambassadeurs ont permis de recueillir des informations détaillées sur divers sujets. Leur voyage en Flandres est souligné pour leur esprit et leur prudence. Le volume contient des harangues, des réponses des ambassadeurs, et des descriptions historiques des villes visitées. Une estampe représente le trône du roi lors de la première audience des ambassadeurs, accompagnée d'une explication des rangs des princes et des grands officiers présents.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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13
p. 339-347
Livres nouveaux. [titre d'après la table]
Début :
Vous n'entendez, dites-vous, parler que du voyage de [...]
Mots clefs :
Livres nouveaux, Voyage, Chevalier de Chaumont, Ouvrage, Public, Roi, Alexandre de Chaumont
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Livres nouveaux. [titre d'après la table]
Vous n'entendez , ditesvous,
parler que du voyage
leMr
le
Chevalier Chardin,
Imprimé en Angleterre,en
Hollande, & enFrance. Vous
n'en demandez la raison,&
ce que c'est que cet ouvrage; faut vous éclaircir surces
deux choses,c'est le Journal
d'unvoyage fait en Perse &
LUX Indes Orientales parla
Mernoire) & par la Colthide.
L'Auteur a parcouru
toute laPerse,&l'a traversée
en long & en large, il a vû
les Mers Caspienne, & Oceane
d'un bout à l'autre,& ses
Frontieres en Armenie, en
Iberie, en Medie, & en Arabie
, vers le Fleuve Indus.
Ainsi l'on voit dans cet Ouvrage
quantité dechorescurieusestouchant
ces Mers, &
ces Païs là, qu'on ne trouve
point dans les autres voyages
dePerse. Ce Livre con- Dtient dix-huit Figures en
taille douce tres-curieuses,
parmy lesquelles il y en a,de
fort grandes,il a esté imprimé
,infolioCII
v -
arce quel'Autheur quideeute
à Londres, l'y a fait
nprimer. Ensuitecomme
s Hollandois profitent de
pus les Ouvrages qui ont
uelque reputation ,
ils l'ont
lit imprimer indouze, &" t
uantité de matiere d'un in
lio ne pouvant entrer d.-,r,.s
n in douze, à moins que de
faire d'uncaractere fort
henu, celuy de cet in douze
est trouvé si petit qu'on ne
peutlire sans peine, de sorque
le Sr Amaury,Libraire
Lyon, voulant satisfaire le
ublic, a fait deux Volumes
in .:tlouze' de ce qui estoit en1
un. Son impression qui est
sur de tres-beau papier,est
belle& correde ,& l'on
peut dire qu'elle est la plus"
complete des trois qui ont
estéfaites, parce qu'il y a
fait ajouter des remarques
presque en chaque page qui
épargnent au Lecteur la peine
de chercher beaucoup
d'endroits. Ces deux Volumesse
trouvent àParis dans la -
court neuve du Palais au
Dauphin, chez le Sieur
Gueroult, qui debite aussi un
Livrenouveau, intitulé, EpitresMorales&AcademiuesElles
sont deMrSabatier,
se l' Academie Royale d'Ares,
sur divers sujets traitez en
ers d'une maniere fort areable.
Il y en a 54.&asseurenent
vous trouverez cet Ourage
tres-digne de son Auheur
,qui s'est acquis beauoup
de réputation en le
annant au Public.
On avû paroistre aussi deuis
peu de temps un Journal
ort curieux ce fort estimé,
est celuy du Voyage de
am. Aprés tant de differens
Relations qui en ont esté
ites, vous ferez sans doute
surprise d'entendre encore
parler d'un gros Volume in
quarto sur cette ,
matiere.
Comme le Roy fait tout avec
une prudence & une penetration
inconcevable, Sa
Majesté ayantnommé Mr le
Chevalier de Chaumont son
Ambassadeur auprés du Roy
deSiam, nommaMr l'Abbé J
de Choisy pour y deineurer.,
en la mesme qualité,après le
départ de ce Chevalier, en
cas que le Roy de Siam se sist
Chretien,ainsi que plusieurs
personnes qui l'avoient souvent
entretenu se l'estoient i
ersuadé. Mr l'Abbé - de
Choisy promit en partant à
1 l'Abbé de Dangeau,que
epuis le jour de son embaruement
à Brest, jusques à
eluy de son debarquement
ans le mesme Port, il luy
criroit tous les jours une
ettre de ce qui se passeroit
endant son voyage; qu'il
mettroit à, part ?
& que
ute de Courrier, illuy doneroitàson
retour toutes ses
ettres luy - mesme. Il luy
tenu parole, & illuy fit
* present à son arrivée, en le
riant dene le point donner
i
au public, tant par l'honnesteté
qu'il voulut bien avoir
pour M le Chevalier de
Chaumont qui devoit faire
im primer la Relation de son
voyage, que parce qu'il ne
jugeoït pasa propos de faire
voir le jour à des Lettres
qu'ilavoit écrites d'un stile
sami lier. Ce fut inutilement
que ses amisl'enpresserent,il
y resista toujours, maisenfin
l'empressement qu'on aeude
voir ces Lettres les ayant fait
passer en diverses mains, il a
esté obligé de consentirà
cette Impression plustost que
: les voir tronquées & mal imprices.
Le nom de M.l'Abbé de
hoisy suffit pour vous faire estier
cet ouvrage.Vousy trouverez
aucoup d'agrément d'esprit avec
le grande exactitude accompace
de plufienrspartie^Luirez .1
: lent dans aucune desRelations
ont paru. Jaiouteray en vous
rlant de livres nouveaux, que
l'Abbé de Fenelon en a fait
puis peu vn qui doit estre d'une
ande utilité pour ceux qui s'enoudront
servir. Il traite a fond de
:ducation des Filles, Se le stile en
t fort net. L'Auteur s'explique
une maniere qui ne fait rien voir
: difficile dans les choses qu'il
opose.
parler que du voyage
leMr
le
Chevalier Chardin,
Imprimé en Angleterre,en
Hollande, & enFrance. Vous
n'en demandez la raison,&
ce que c'est que cet ouvrage; faut vous éclaircir surces
deux choses,c'est le Journal
d'unvoyage fait en Perse &
LUX Indes Orientales parla
Mernoire) & par la Colthide.
L'Auteur a parcouru
toute laPerse,&l'a traversée
en long & en large, il a vû
les Mers Caspienne, & Oceane
d'un bout à l'autre,& ses
Frontieres en Armenie, en
Iberie, en Medie, & en Arabie
, vers le Fleuve Indus.
Ainsi l'on voit dans cet Ouvrage
quantité dechorescurieusestouchant
ces Mers, &
ces Païs là, qu'on ne trouve
point dans les autres voyages
dePerse. Ce Livre con- Dtient dix-huit Figures en
taille douce tres-curieuses,
parmy lesquelles il y en a,de
fort grandes,il a esté imprimé
,infolioCII
v -
arce quel'Autheur quideeute
à Londres, l'y a fait
nprimer. Ensuitecomme
s Hollandois profitent de
pus les Ouvrages qui ont
uelque reputation ,
ils l'ont
lit imprimer indouze, &" t
uantité de matiere d'un in
lio ne pouvant entrer d.-,r,.s
n in douze, à moins que de
faire d'uncaractere fort
henu, celuy de cet in douze
est trouvé si petit qu'on ne
peutlire sans peine, de sorque
le Sr Amaury,Libraire
Lyon, voulant satisfaire le
ublic, a fait deux Volumes
in .:tlouze' de ce qui estoit en1
un. Son impression qui est
sur de tres-beau papier,est
belle& correde ,& l'on
peut dire qu'elle est la plus"
complete des trois qui ont
estéfaites, parce qu'il y a
fait ajouter des remarques
presque en chaque page qui
épargnent au Lecteur la peine
de chercher beaucoup
d'endroits. Ces deux Volumesse
trouvent àParis dans la -
court neuve du Palais au
Dauphin, chez le Sieur
Gueroult, qui debite aussi un
Livrenouveau, intitulé, EpitresMorales&AcademiuesElles
sont deMrSabatier,
se l' Academie Royale d'Ares,
sur divers sujets traitez en
ers d'une maniere fort areable.
Il y en a 54.&asseurenent
vous trouverez cet Ourage
tres-digne de son Auheur
,qui s'est acquis beauoup
de réputation en le
annant au Public.
On avû paroistre aussi deuis
peu de temps un Journal
ort curieux ce fort estimé,
est celuy du Voyage de
am. Aprés tant de differens
Relations qui en ont esté
ites, vous ferez sans doute
surprise d'entendre encore
parler d'un gros Volume in
quarto sur cette ,
matiere.
Comme le Roy fait tout avec
une prudence & une penetration
inconcevable, Sa
Majesté ayantnommé Mr le
Chevalier de Chaumont son
Ambassadeur auprés du Roy
deSiam, nommaMr l'Abbé J
de Choisy pour y deineurer.,
en la mesme qualité,après le
départ de ce Chevalier, en
cas que le Roy de Siam se sist
Chretien,ainsi que plusieurs
personnes qui l'avoient souvent
entretenu se l'estoient i
ersuadé. Mr l'Abbé - de
Choisy promit en partant à
1 l'Abbé de Dangeau,que
epuis le jour de son embaruement
à Brest, jusques à
eluy de son debarquement
ans le mesme Port, il luy
criroit tous les jours une
ettre de ce qui se passeroit
endant son voyage; qu'il
mettroit à, part ?
& que
ute de Courrier, illuy doneroitàson
retour toutes ses
ettres luy - mesme. Il luy
tenu parole, & illuy fit
* present à son arrivée, en le
riant dene le point donner
i
au public, tant par l'honnesteté
qu'il voulut bien avoir
pour M le Chevalier de
Chaumont qui devoit faire
im primer la Relation de son
voyage, que parce qu'il ne
jugeoït pasa propos de faire
voir le jour à des Lettres
qu'ilavoit écrites d'un stile
sami lier. Ce fut inutilement
que ses amisl'enpresserent,il
y resista toujours, maisenfin
l'empressement qu'on aeude
voir ces Lettres les ayant fait
passer en diverses mains, il a
esté obligé de consentirà
cette Impression plustost que
: les voir tronquées & mal imprices.
Le nom de M.l'Abbé de
hoisy suffit pour vous faire estier
cet ouvrage.Vousy trouverez
aucoup d'agrément d'esprit avec
le grande exactitude accompace
de plufienrspartie^Luirez .1
: lent dans aucune desRelations
ont paru. Jaiouteray en vous
rlant de livres nouveaux, que
l'Abbé de Fenelon en a fait
puis peu vn qui doit estre d'une
ande utilité pour ceux qui s'enoudront
servir. Il traite a fond de
:ducation des Filles, Se le stile en
t fort net. L'Auteur s'explique
une maniere qui ne fait rien voir
: difficile dans les choses qu'il
opose.
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Résumé : Livres nouveaux. [titre d'après la table]
Le texte présente plusieurs ouvrages de voyage et littéraires. Le 'Journal d'un voyage fait en Perse & aux Indes Orientales' du Chevalier Chardin décrit ses périples à travers la Perse, les mers Caspienne et Océane, ainsi que les frontières de l'Arménie, de l'Ibérie, de la Médie et de l'Arabie. Cet ouvrage inclut des descriptions uniques et dix-huit figures en taille douce. Il a été imprimé à Londres, puis en Hollande et en France, avec une version complète et bien corrigée par le Sr Amaury à Lyon. Le texte mentionne également le 'Journal très curieux' de l'Abbé de Choisy, envoyé par le roi de France comme ambassadeur au roi de Siam. L'Abbé de Choisy a écrit des lettres quotidiennes à l'Abbé de Dangeau durant son voyage, qu'il a finalement accepté de publier malgré ses réticences initiales. Ces lettres sont appréciées pour leur style élégant et leur exactitude. Enfin, le texte évoque un ouvrage de l'Abbé de Fénelon sur l'éducation des filles, loué pour son style clair et son utilité.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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14
p. 270-299
Eloge de feu Mr de Corneille. [titre d'après la table]
Début :
Je vous tiens parole, & je m'acquitte de ce que je vous ay promis [...]
Mots clefs :
Éloge, Corneille, Académie française, Public, Comédies, Tragédies, Opéra, Troupe, Comédien, Éditions
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Eloge de feu Mr de Corneille. [titre d'après la table]
Je vous tiens parole , &je
m'acquitte de ce que je vous
ay promis en vous envoyant
l'Eloge de feu Mr de Corneille, Ecuyer, mort à l'âge de 84.
ans. Il a porté le nom de
Jeune , dans un âge fort avancé , à caufe qu'il avoit un frere
plus âgé que luy , connu fous
le nom du grand Corneille , &
qui s'eftoit acquis ce furnom
a jufte titre. On avoit encore
donné au cadet le furnom
d'honneste homme , à caufe de la
GALANT 271-
droiture de fon cœur generalement connue. Il eftoit univerfellement aimé , & il n'a
pas paru qu'il ait jamais eu
aucun ennemy ni qu'il fe foit
brouillé avec perfonne. Il étoit
obligeant, d'une humeur douce, & fe faifoit un plaifir d'en
faire à tous ceux qui en fouhaitoient de luy.
Comme l'efprit eftoit hereditaire dans fa famille , il ne
faut pas s'eftonner s'il prit le
party des Lettres. Il eftoit univerfel , & la Poëſie n'a pas fait
fon unique occupation. Il a
donné cinq gros Volumes in
Z iiij
272 MERCURE
F
Folio au Public , dont je vous
parleray dans la fuite , ainfi
que d'autres ouvrages de Profe. Ses premiers ont efté des
preuves du talent qu'il avoit
pour la Poësie , & c'eft ordinairement par où les jeunes
gens commencent à exercet
leur efprit. Iltraduifit les Methamorphofes d'Ovide, &p'ufieurs autres Ouvrages de ce
galant Auteur en Vers François , dont on a fait un grand
nombre d'Editions. Ses Ouvrages de Theatre ont diverty
la Cour pendant tout le temps
de la Regence , & long- temps.
ป
GALANI 273
aptés , &parmy fes Comedies
& fes Tragedies , dont je ne
vous nommeray que quelquesunes , puifque le Recueil de
fes Pieces eft imprimé , il y en
a eu dont les fuccés ont furpaffe ceux des Pieces des plus
fameux Auteurs ; & entre fes
Comedies , Dom Bertrand de
Sigaralle , a cfté fi eftimé & fi
fuivy, que l'on a remarqué que
pendant un certain nombre
d'années , il a efté joué plus de
vingt fois à la Cour , fans les
reprefentations qui en ont efté
données au Public. Mr de
Corneille n'eftoit encore que
274 MERCURE
dans un âge tres-peu avancé,
lors qu'ilfit jouer fur le Theatre du Marais , le Tymocrate.
Nous n'avons point yû d'Ouvrage de nos jours qui ait efté
reprefenté fi long- temps de
fuite , puifque les reprefentations en furent continuées pendant un hyver entier ; & cette
Piece fit tant de bruit , que le
Roy l'alla voir fur le Theatre
du Marais. Le fujet de cette
Piece fut fi heureux , & cette
Tragedie fut fi intereſſante,
qu'on vit paroiftre auffi toſt
plufieurs Pieces, dont les Heros eftoient haïs fous un nom
GALANT 275
& aimez fous un autre. Comme la Troupe des Comediens
du Marais ne paffoit pas pour
eftre la meilleure de Paris , &
que celle de l'Hoſtel de Bourgogne la furpaffoit infiniment,
& qu'elle avoit toutes les voix,
cetteTroupe entreprit de jouer
cette Piece , à caufe de la reputation extraordinaire qu'el
le avoit euë ; mais comme
tout Paris la fçavoit par cœur,
cette Troupe n'eût pas tous
les applaudiffemens qu'elle at.
tendoit , & le grand nombre
de Reprefentations qu'en avoient donné les Comediens
+
276 MERCURE
du Marais , avoient fait qu'ils
poffedoient fi bien cette Piece , qu'il fut impoffible aux
Copies d'atteindre jufqu'à la
perfection des Originaux ; de
maniere que lors qu'il eftoit
queftion de la voir reprefenter on preferoit les Comediens du Marais à ceux del'Hôtel de Bourgogne.
Mr de Corneille fit jouer
quelque temps aprés la mort
de l'Empereur Comode fur le
mefine Theatre des Coinediens du Marais , où le Roy
& toute la Cour , fur le bruit
qui fe répandit des grands ap
GALANT 277
plaudiffemens que cette Piece
recevoit , allerent en voir la
reprefentation & quelque
temps aprés elle fut jouée fur
le Theatre du Louvre , où l'on
en donna encore enſuite plufieurs reprefentations.
Les Comediens de l'Hoftel
de Bourgogne , chagrins des
avantages que recevoient les
Comediens du Marais , mirent
tout en ufage pour s'acquerir
M'de Corneille , & il fe trouva obligé de travailler pour
eux , parce qu'ils avoient fait
entrer dans leur Troupe quelques Comediens du Marais ,
278 MERCURE
fans lefquels fes Pieces auroient
eſté mal jouées. Il fit donc reprefenter le Stilicon fur le
Theatre de l'Hoftel de Bourgogne. Je ne vous dis rien de
cette Piece. Perfonne n'ignore
qu'elle fut le charme de tout
Paris. M' de Corneille donna
enfuite Camma , Reine de Galatie , & la Cour & la Ville ſc
trouverent en fi grand nombre aux Repreſentions de cette Piece , que les Comediens
ne trouvoient pas de place fur
le Theatre pour pouvoir jouer
avec tranquilité , & il arriva
une chofe en ce temps- là qui
GALANT 279
n'avoit point encore eſté faite
par aucune Troupe. Les Comediensjufqu'à cette Piece n'avoient joué la Comedie que
les Dimanches , les Mardis , &
les Vendredis ; mais ils commencerent à caufe de la foule ,
à jouer les Jeudis , ce qui leur
arriva dans la fuite , lors que
les Pieces eftoient fort fuivies ,
ce qu'ils ont toûjours fait depuis, & ce qui leur a vallu beaucoup d'argent.
Parmi fes Tragedies on en
trouve une qui a paffé pour un
Chef-d'œuvre. Jamais Piece.
n'a efté plus touchante & plus
-
280 MERCURE
fuivie. C'eft de l'Ariane dont
je veux parler , & ce qui doit
furprendre tout le monde , eft
que M' de Corneille eftant retiré à la Campagne avoit fait
cette Piece en quarante jours.
Il n'avoit pas moins de facilité
à travailler à fes ouvrages de
Theatre, que de memoire pour
les retenir , & tous ceux qui
l'ont connu particulierement.
ont efté témoins que lors qu'il
eftoit prié delire fes Pieces dans
quelques Compagnies , ce qui
cftoit autrefois fort en ufage ,
il les recitoit mieux qu'aucun
Comedien n'auroit pû faire ,
GALANT 281
fans rien lire ; il eftoit fi fûr de
fa memoire , quefouvent il ne
portoit point fes Pieces avec
luy.
Les Comediens m'ayant
preffé avec de fortes inftances ,
de mettre aprés la mort de M
Voifin tout ce qui s'eftoit paf
fé chez elle pendant fa vie à
l'occafion du mêtier dont elle
s'eitoit mêlée , je fis un grand
nombre de Scenes qui auroient
pû fournir de la matiere pour
trois ou quatre Pieces ; mais
qui ne pouvoient former un
fujet parce qu'il eftoit trop uniforme, & qu'il nes'agiffoit que
Fanvier 1710. Aa
282 MERCURE
de gens qui alloient demander
leur bonne - avanture , & faire
des propofitions qui la regardoient ; mais toutes ces Scenes.
ne pouvant former le neud
d'une Comedie , parce que
toutes ces perfonnes ſe fuyant
& évitant de fe parler , il eftoit
impoffible de faire une liaifon
de Scenes , & que la Piece puſt
avoir unnœud ; je luy donnay
mes Scenes , & il en choifit un
nombre avec lefquelles il compofa un fujet dont le noud
parut des plus agreable , &qui
a efté regardé comme un Chefd'œuvre. Le fuccés de cette
GALANT 283
Piece qui a efté un des plus prodigieux du fiecle , en fait foy.
Le fuccés de la Comedie de
'Inconnu a efté auffi des plus
grands. Il y avoit des raifons
pour donner promptement
cette Piece au Public ; de maniere que pour avancer , je fis
toute la Piece en Profe , &
pendant que je faifois la Profe
du fecond Acte , il mettoit
celle du premier Acte en Vers ;
& comme la Profe eft plus facile que les Vers , j'eus le temps
de faire ceux des Divertiffemens , & fur tout du Dialogue
Aa ij
284 MERCURE
de l'Amour & de l'Amitié qui
n'a pas déplu au Public. Nous
avons fait encore enfemble la
fuperbe Piece de Machines de
Circé , de laquelle je n'ay fait
que les Divertiffemens. Les
Comediens avoient traité du
Theatre des Opera de feu M
le Marquis de Sourdeac ; &
comme tous les mouvemens
des Opera y eftoient reftez ,
je crus qu'en fe fervantedes
mefines mouvemens qui a
voient fervi aux Machines de
ces Opera , on pourroit faire
une Piece qui feroit recitées
GALANT 285
& non chantée , & nous
cherchâmes un fujet favora
ble à mettre ces Machines
dans leur jour. De maniere
que lorsque la Piece parut elle
ne reffembloit en rien aux Opera qui avoient eſté chantez
fur le même Theatre. Le fuccés de cette Piece fut fi prodigieux qu'elle fut jouée fans
interruption depuis le commencement du Carefme jufqu'au mois de Septembre ,
& les Reprefentations en auroient encore duré plus longtemps fi les intereſts d'un Par
ticulier n'en euffent point fait
286 MERCURE
retrancher les voix. Il eft à remarquer que pendant les fix
premieres femaines , la Salle de
la Comedie fe trouva toute
remplie dés midi ; & que com
me l'on n'y pouvoit trouver
de place on donnoit un demi
Louis d'or à la porte , feulement pour y avoir entrée , &
que l'on eftoit content quand
pour la même fomme que l'on
donnoit aux premieres Loges ,
on eftoit placé au troisième
rang. Je n'avance rien dontles
Regitres des Comediens ne
faffent foy.
Comme feu Mr de Cor-
GALANT 287
neille , avoit le bonheur de
réüffir dans tout ce qu'il entreprenoit & que l'Opera cût
efté étably au Palais Royal ,
il fut follicité d'y travailler ,
& il fit l'Opera de Bellerophon,
quifut auffi joué pendant prés
d'une année entiere. Outre
la beauté des Vers & de la
Mufique on remarqua dans
cette Piece ce qui ne s'eftoit
pas encore vu dans aucun Opera ; c'eft à- dire , un fujet auffi
plein & auffi intrigué qui fi la
Piece avoit eu quinze cens
Vers , quoyqu'à caufe de l'étenduëque donne la Mufique,
288 MERCURE
les Opera n'en contiennent
ordinairement que quatre 3
cinq cens. Son genie parut
encore dans l'Opera de Pfiché ;
ce fujet avoit efté mis en Comedie pour le Roy , avec des
Intermedes fi remplis & fi
fuperbes pour tout ce qui en
regardoit les ornemens , que
la France n'a rien vû de plus
beau que ce Spectacle qui avoit
eſté donné dans la fuperbe
Salle des Machines qui fe voit
dans le Palais des Thuileries.
-
Les Comediens voulurent
donner cette Piece au Public ,
en y laiffant les Intermedes , &
fans
GALANT 289
fans que le Corps de la Piece
fuft mife en Opera ; mais la
dificulté parut grande à tous
les Auteurs , car la Piece qui
avoit cité recitée avoit autant
de Vers que les Tragedies ordinaires , & il n'en falloit pas
le quart pour eftre chantée ,
& que cependant tout le fujet
yentraft ; c'eft de quoy Mr de
Corneille vint à bout , & il
fçut la reduire en Opera fans
rien changer du fujer de la'
Piece ; demaniere qu'en n'employant que quatre cens Vers ,
le Public vit les mêmes incidens qu'il avoit trouvez dans
Fanvier 1710.
Bb
290 MERCURE
la Piece de dix huit cens , ce
qui furprit tous les Auditeurs ,
& luy attira beaucoup de
loüanges.
Je nefinirois point cet Elogefi je voulois faire l'Hiftoire
de tous les Ouvrages de Theatre de Mr de Corneille , &
j'aurois quelque chofe de fingulier à vous dire fur chacune
de fes Pieces. La Poëfie cftoit
le moindre de les talens , &
on enjugera par Les Ouvrages
de Profe que je vais vous
raporter. Il fçavoit parfaitement la Langue. Rien ne luy
eftoit caché dans les Arts , &
GALANT 291
toute la terre luy eftoit connuë. Voicy des preuves ' parlantes & inconteftables de ces
trois chofes.
Les remarques que cet
homme univerfel a fait fur
Vaugelas font une preuve
fans replique qu'il connoiffoit
la Langue dans toutela pureté,
&l'on peut en lifant ce Livre
s'éclaircir des doutes que l'on
peut avoir lorfque l'on veut
écrire & parler jufte. Auffi
ce Livre eft il fort recherché
& confulté de ceux qui yeulent acquerirle nom de Puriftes,
.que feu Mr de Corneille , a
Bb ij
292 MERCURE
mieux merité que beaucoup
d'autres , & j'ay fouvent oui
dire à Mr l'Abbé de Dangcau ,
qui comme vous fçavez eft de
l'Academie Françoiſe , & qui
fe plaifoit à luy rendre juſtice ,
qu'il eftoit leur Maître.
Les deux Volumes in fulio
qu'il a donnez au Public fous .
le nom de Dictionnaire des
Arts, doivent faire connoiſtre,
fans qu'il foit befoin d'en dire
davantage, que tout ce qui les
regarde , luy eftoit parfaitementconnu. Il me faudroit faireun Volume, fi je voulois par-,
de tout ce qu'ils contien- jer
GALANT 293
nent ,& de tous les Intrumens
qui regardent les Arts. J'ajouteray feulement que que ces deux .
Volumes ont efté trouvez fi
beaux & fi utiles , que l'impreffion en a efté entierement
enlevée prefque dans le temps
qu'elle a paru , quoy qu'elle
fe foit vendue dans le temps
que l'Academic Françoiſe a
donné fon Dictionnaire au
Public. Il avoit beaucoup travaillé avant la mort, pour en
donner une feconde, Edition ;
& il eftoit ſi laborieux , qu'il
travailloit en mefme temps aux
trois gros Volumes in folio
Bb jij
294 MERCURE
qu'il a donnez au Public un
peu avant fa mort, & qui font
• connoiftre qu'il eftoit univerfel, & qu'il connoiffoit la Terre entiere. 曹 Ces Volumes ont
pour titre , Dictionnaire univerfel , Geographique & Hiftorique , contenant la Defcription
des Royaumes, Empires , Eftats,
Provinces , Pays, Contrées, Dea
ferts , Villes , Bourgs , Abbayes;
Chafteaux , Fortereffes , Mers,
Rivieres , Lacs , Bayes ; Golphes , Détroits , Caps , Ifles,
Prefqu'Ifles, Montagnes , Vallées ; lafituation , l'étendue , les
limites , les diftances de chaque
GALANT 295
Pays ; la Religion , les Mœurs,
les Coûtumes , le Commerce , lesCeremonies particulieres des Peuples , ce que l'Hiftoire fournit
de plus curieux touchant les chofes qui s'y font passées. Le tout
recueilly des meilleures Livres de
Voyages , autres qui agent
paru jusqu'à prefent , par
Corneille de l'Academie Frangoife , & de celle des Infcriptions
des Medailles. موع
Mr
Le Public eftoit tellement
perfuadé de la bonté de fes
Ouvrages , quedés qu'il apprenoit qu'il en avoit quelqu'un
fous la Preffe , il en retenoit &
Bb iiij
296 MERCURE
en payoit d'avance des Exemplaires , chacun témoignant
par cet empreffement le defir
qu'il avoit d'en avoir des premicrs ; de maniere que l'Edition de ce Dictionnaire s'eft
trouvée vendue prefque auffitoft qu'elle a efté achevée , &
Mr de Corneille, dans le temps
qu'il eft mort , avoit déja fait
beaucoup de remarques fur
fonOuvrage, & ramaffe beaucoup de chofes curieuſes pour
en compoſer une feconde Edition .
Je dois avoüer icy que je
tiens de luy tour ce que je
GALANT 297
fçay de la Langue Françoife,
& que pendant un affez grand
nombre d'années, j'ay foûmis
mes Ouvrages à fa correction;
ce qui a fait croire davantage,
& ce qui eftoit ceffé depuis
douze années , ce grand homme eftant affez occupé d'ail .
leurs , & beaucoup détourné
par des incommoditez que
années & un travail immenſe
& continuel luy avoienr attirées.ople
र
fes
Il avoit un grand fond de
probité , de droitute , de fageffe , de bonté , de modeftie,
de charité , & de vertu. Enne-
298 MERCURE
mi de la médifance , il ne pouvoitfouffrir les perfonnes dont
l'unique converfation eft de
faire inventaire des actions
d'autruy. Jamais homme n'a
eu plus de Religion , & n'eft
mort avec plus de refignation
aux volontez de Dieu , & il
voyoit tous les jours approcher la mort avec une fermeté
incroyable , fans ceffer neanmoins fon travail qui luy cftoit
neceffaire , parce que les gens
de Lettres ne font pas ordinairement les plus favorifez de
la fortune , & que l'Ecriture
dit , QUI LABORAT ORAT,
qui travaille prie.
THEQUE
GALANT
20
BIBLIO
ge VILLE
Ce grand homme efton res
commandable par tant d'endroits differens, que je ne doute point que celuy qui aura
le bonheur de remplir la place
qu'il occupoit dans l'Academie Françoife , ne trouve encore de nouveaux fujets d'en
faire un bel Eloge. Perfonne
n'ignore qu'il eftoit auffi de
l'Academie Royale des Medailles & Infcriptions.
Je crois pouvoir placer une
Chanfon aprés l'Eloge d'un
homme qui en a fait de fi belles ; elle eft du Solitaire du
Bois du Val- Dieu.
m'acquitte de ce que je vous
ay promis en vous envoyant
l'Eloge de feu Mr de Corneille, Ecuyer, mort à l'âge de 84.
ans. Il a porté le nom de
Jeune , dans un âge fort avancé , à caufe qu'il avoit un frere
plus âgé que luy , connu fous
le nom du grand Corneille , &
qui s'eftoit acquis ce furnom
a jufte titre. On avoit encore
donné au cadet le furnom
d'honneste homme , à caufe de la
GALANT 271-
droiture de fon cœur generalement connue. Il eftoit univerfellement aimé , & il n'a
pas paru qu'il ait jamais eu
aucun ennemy ni qu'il fe foit
brouillé avec perfonne. Il étoit
obligeant, d'une humeur douce, & fe faifoit un plaifir d'en
faire à tous ceux qui en fouhaitoient de luy.
Comme l'efprit eftoit hereditaire dans fa famille , il ne
faut pas s'eftonner s'il prit le
party des Lettres. Il eftoit univerfel , & la Poëſie n'a pas fait
fon unique occupation. Il a
donné cinq gros Volumes in
Z iiij
272 MERCURE
F
Folio au Public , dont je vous
parleray dans la fuite , ainfi
que d'autres ouvrages de Profe. Ses premiers ont efté des
preuves du talent qu'il avoit
pour la Poësie , & c'eft ordinairement par où les jeunes
gens commencent à exercet
leur efprit. Iltraduifit les Methamorphofes d'Ovide, &p'ufieurs autres Ouvrages de ce
galant Auteur en Vers François , dont on a fait un grand
nombre d'Editions. Ses Ouvrages de Theatre ont diverty
la Cour pendant tout le temps
de la Regence , & long- temps.
ป
GALANI 273
aptés , &parmy fes Comedies
& fes Tragedies , dont je ne
vous nommeray que quelquesunes , puifque le Recueil de
fes Pieces eft imprimé , il y en
a eu dont les fuccés ont furpaffe ceux des Pieces des plus
fameux Auteurs ; & entre fes
Comedies , Dom Bertrand de
Sigaralle , a cfté fi eftimé & fi
fuivy, que l'on a remarqué que
pendant un certain nombre
d'années , il a efté joué plus de
vingt fois à la Cour , fans les
reprefentations qui en ont efté
données au Public. Mr de
Corneille n'eftoit encore que
274 MERCURE
dans un âge tres-peu avancé,
lors qu'ilfit jouer fur le Theatre du Marais , le Tymocrate.
Nous n'avons point yû d'Ouvrage de nos jours qui ait efté
reprefenté fi long- temps de
fuite , puifque les reprefentations en furent continuées pendant un hyver entier ; & cette
Piece fit tant de bruit , que le
Roy l'alla voir fur le Theatre
du Marais. Le fujet de cette
Piece fut fi heureux , & cette
Tragedie fut fi intereſſante,
qu'on vit paroiftre auffi toſt
plufieurs Pieces, dont les Heros eftoient haïs fous un nom
GALANT 275
& aimez fous un autre. Comme la Troupe des Comediens
du Marais ne paffoit pas pour
eftre la meilleure de Paris , &
que celle de l'Hoſtel de Bourgogne la furpaffoit infiniment,
& qu'elle avoit toutes les voix,
cetteTroupe entreprit de jouer
cette Piece , à caufe de la reputation extraordinaire qu'el
le avoit euë ; mais comme
tout Paris la fçavoit par cœur,
cette Troupe n'eût pas tous
les applaudiffemens qu'elle at.
tendoit , & le grand nombre
de Reprefentations qu'en avoient donné les Comediens
+
276 MERCURE
du Marais , avoient fait qu'ils
poffedoient fi bien cette Piece , qu'il fut impoffible aux
Copies d'atteindre jufqu'à la
perfection des Originaux ; de
maniere que lors qu'il eftoit
queftion de la voir reprefenter on preferoit les Comediens du Marais à ceux del'Hôtel de Bourgogne.
Mr de Corneille fit jouer
quelque temps aprés la mort
de l'Empereur Comode fur le
mefine Theatre des Coinediens du Marais , où le Roy
& toute la Cour , fur le bruit
qui fe répandit des grands ap
GALANT 277
plaudiffemens que cette Piece
recevoit , allerent en voir la
reprefentation & quelque
temps aprés elle fut jouée fur
le Theatre du Louvre , où l'on
en donna encore enſuite plufieurs reprefentations.
Les Comediens de l'Hoftel
de Bourgogne , chagrins des
avantages que recevoient les
Comediens du Marais , mirent
tout en ufage pour s'acquerir
M'de Corneille , & il fe trouva obligé de travailler pour
eux , parce qu'ils avoient fait
entrer dans leur Troupe quelques Comediens du Marais ,
278 MERCURE
fans lefquels fes Pieces auroient
eſté mal jouées. Il fit donc reprefenter le Stilicon fur le
Theatre de l'Hoftel de Bourgogne. Je ne vous dis rien de
cette Piece. Perfonne n'ignore
qu'elle fut le charme de tout
Paris. M' de Corneille donna
enfuite Camma , Reine de Galatie , & la Cour & la Ville ſc
trouverent en fi grand nombre aux Repreſentions de cette Piece , que les Comediens
ne trouvoient pas de place fur
le Theatre pour pouvoir jouer
avec tranquilité , & il arriva
une chofe en ce temps- là qui
GALANT 279
n'avoit point encore eſté faite
par aucune Troupe. Les Comediensjufqu'à cette Piece n'avoient joué la Comedie que
les Dimanches , les Mardis , &
les Vendredis ; mais ils commencerent à caufe de la foule ,
à jouer les Jeudis , ce qui leur
arriva dans la fuite , lors que
les Pieces eftoient fort fuivies ,
ce qu'ils ont toûjours fait depuis, & ce qui leur a vallu beaucoup d'argent.
Parmi fes Tragedies on en
trouve une qui a paffé pour un
Chef-d'œuvre. Jamais Piece.
n'a efté plus touchante & plus
-
280 MERCURE
fuivie. C'eft de l'Ariane dont
je veux parler , & ce qui doit
furprendre tout le monde , eft
que M' de Corneille eftant retiré à la Campagne avoit fait
cette Piece en quarante jours.
Il n'avoit pas moins de facilité
à travailler à fes ouvrages de
Theatre, que de memoire pour
les retenir , & tous ceux qui
l'ont connu particulierement.
ont efté témoins que lors qu'il
eftoit prié delire fes Pieces dans
quelques Compagnies , ce qui
cftoit autrefois fort en ufage ,
il les recitoit mieux qu'aucun
Comedien n'auroit pû faire ,
GALANT 281
fans rien lire ; il eftoit fi fûr de
fa memoire , quefouvent il ne
portoit point fes Pieces avec
luy.
Les Comediens m'ayant
preffé avec de fortes inftances ,
de mettre aprés la mort de M
Voifin tout ce qui s'eftoit paf
fé chez elle pendant fa vie à
l'occafion du mêtier dont elle
s'eitoit mêlée , je fis un grand
nombre de Scenes qui auroient
pû fournir de la matiere pour
trois ou quatre Pieces ; mais
qui ne pouvoient former un
fujet parce qu'il eftoit trop uniforme, & qu'il nes'agiffoit que
Fanvier 1710. Aa
282 MERCURE
de gens qui alloient demander
leur bonne - avanture , & faire
des propofitions qui la regardoient ; mais toutes ces Scenes.
ne pouvant former le neud
d'une Comedie , parce que
toutes ces perfonnes ſe fuyant
& évitant de fe parler , il eftoit
impoffible de faire une liaifon
de Scenes , & que la Piece puſt
avoir unnœud ; je luy donnay
mes Scenes , & il en choifit un
nombre avec lefquelles il compofa un fujet dont le noud
parut des plus agreable , &qui
a efté regardé comme un Chefd'œuvre. Le fuccés de cette
GALANT 283
Piece qui a efté un des plus prodigieux du fiecle , en fait foy.
Le fuccés de la Comedie de
'Inconnu a efté auffi des plus
grands. Il y avoit des raifons
pour donner promptement
cette Piece au Public ; de maniere que pour avancer , je fis
toute la Piece en Profe , &
pendant que je faifois la Profe
du fecond Acte , il mettoit
celle du premier Acte en Vers ;
& comme la Profe eft plus facile que les Vers , j'eus le temps
de faire ceux des Divertiffemens , & fur tout du Dialogue
Aa ij
284 MERCURE
de l'Amour & de l'Amitié qui
n'a pas déplu au Public. Nous
avons fait encore enfemble la
fuperbe Piece de Machines de
Circé , de laquelle je n'ay fait
que les Divertiffemens. Les
Comediens avoient traité du
Theatre des Opera de feu M
le Marquis de Sourdeac ; &
comme tous les mouvemens
des Opera y eftoient reftez ,
je crus qu'en fe fervantedes
mefines mouvemens qui a
voient fervi aux Machines de
ces Opera , on pourroit faire
une Piece qui feroit recitées
GALANT 285
& non chantée , & nous
cherchâmes un fujet favora
ble à mettre ces Machines
dans leur jour. De maniere
que lorsque la Piece parut elle
ne reffembloit en rien aux Opera qui avoient eſté chantez
fur le même Theatre. Le fuccés de cette Piece fut fi prodigieux qu'elle fut jouée fans
interruption depuis le commencement du Carefme jufqu'au mois de Septembre ,
& les Reprefentations en auroient encore duré plus longtemps fi les intereſts d'un Par
ticulier n'en euffent point fait
286 MERCURE
retrancher les voix. Il eft à remarquer que pendant les fix
premieres femaines , la Salle de
la Comedie fe trouva toute
remplie dés midi ; & que com
me l'on n'y pouvoit trouver
de place on donnoit un demi
Louis d'or à la porte , feulement pour y avoir entrée , &
que l'on eftoit content quand
pour la même fomme que l'on
donnoit aux premieres Loges ,
on eftoit placé au troisième
rang. Je n'avance rien dontles
Regitres des Comediens ne
faffent foy.
Comme feu Mr de Cor-
GALANT 287
neille , avoit le bonheur de
réüffir dans tout ce qu'il entreprenoit & que l'Opera cût
efté étably au Palais Royal ,
il fut follicité d'y travailler ,
& il fit l'Opera de Bellerophon,
quifut auffi joué pendant prés
d'une année entiere. Outre
la beauté des Vers & de la
Mufique on remarqua dans
cette Piece ce qui ne s'eftoit
pas encore vu dans aucun Opera ; c'eft à- dire , un fujet auffi
plein & auffi intrigué qui fi la
Piece avoit eu quinze cens
Vers , quoyqu'à caufe de l'étenduëque donne la Mufique,
288 MERCURE
les Opera n'en contiennent
ordinairement que quatre 3
cinq cens. Son genie parut
encore dans l'Opera de Pfiché ;
ce fujet avoit efté mis en Comedie pour le Roy , avec des
Intermedes fi remplis & fi
fuperbes pour tout ce qui en
regardoit les ornemens , que
la France n'a rien vû de plus
beau que ce Spectacle qui avoit
eſté donné dans la fuperbe
Salle des Machines qui fe voit
dans le Palais des Thuileries.
-
Les Comediens voulurent
donner cette Piece au Public ,
en y laiffant les Intermedes , &
fans
GALANT 289
fans que le Corps de la Piece
fuft mife en Opera ; mais la
dificulté parut grande à tous
les Auteurs , car la Piece qui
avoit cité recitée avoit autant
de Vers que les Tragedies ordinaires , & il n'en falloit pas
le quart pour eftre chantée ,
& que cependant tout le fujet
yentraft ; c'eft de quoy Mr de
Corneille vint à bout , & il
fçut la reduire en Opera fans
rien changer du fujer de la'
Piece ; demaniere qu'en n'employant que quatre cens Vers ,
le Public vit les mêmes incidens qu'il avoit trouvez dans
Fanvier 1710.
Bb
290 MERCURE
la Piece de dix huit cens , ce
qui furprit tous les Auditeurs ,
& luy attira beaucoup de
loüanges.
Je nefinirois point cet Elogefi je voulois faire l'Hiftoire
de tous les Ouvrages de Theatre de Mr de Corneille , &
j'aurois quelque chofe de fingulier à vous dire fur chacune
de fes Pieces. La Poëfie cftoit
le moindre de les talens , &
on enjugera par Les Ouvrages
de Profe que je vais vous
raporter. Il fçavoit parfaitement la Langue. Rien ne luy
eftoit caché dans les Arts , &
GALANT 291
toute la terre luy eftoit connuë. Voicy des preuves ' parlantes & inconteftables de ces
trois chofes.
Les remarques que cet
homme univerfel a fait fur
Vaugelas font une preuve
fans replique qu'il connoiffoit
la Langue dans toutela pureté,
&l'on peut en lifant ce Livre
s'éclaircir des doutes que l'on
peut avoir lorfque l'on veut
écrire & parler jufte. Auffi
ce Livre eft il fort recherché
& confulté de ceux qui yeulent acquerirle nom de Puriftes,
.que feu Mr de Corneille , a
Bb ij
292 MERCURE
mieux merité que beaucoup
d'autres , & j'ay fouvent oui
dire à Mr l'Abbé de Dangcau ,
qui comme vous fçavez eft de
l'Academie Françoiſe , & qui
fe plaifoit à luy rendre juſtice ,
qu'il eftoit leur Maître.
Les deux Volumes in fulio
qu'il a donnez au Public fous .
le nom de Dictionnaire des
Arts, doivent faire connoiſtre,
fans qu'il foit befoin d'en dire
davantage, que tout ce qui les
regarde , luy eftoit parfaitementconnu. Il me faudroit faireun Volume, fi je voulois par-,
de tout ce qu'ils contien- jer
GALANT 293
nent ,& de tous les Intrumens
qui regardent les Arts. J'ajouteray feulement que que ces deux .
Volumes ont efté trouvez fi
beaux & fi utiles , que l'impreffion en a efté entierement
enlevée prefque dans le temps
qu'elle a paru , quoy qu'elle
fe foit vendue dans le temps
que l'Academic Françoiſe a
donné fon Dictionnaire au
Public. Il avoit beaucoup travaillé avant la mort, pour en
donner une feconde, Edition ;
& il eftoit ſi laborieux , qu'il
travailloit en mefme temps aux
trois gros Volumes in folio
Bb jij
294 MERCURE
qu'il a donnez au Public un
peu avant fa mort, & qui font
• connoiftre qu'il eftoit univerfel, & qu'il connoiffoit la Terre entiere. 曹 Ces Volumes ont
pour titre , Dictionnaire univerfel , Geographique & Hiftorique , contenant la Defcription
des Royaumes, Empires , Eftats,
Provinces , Pays, Contrées, Dea
ferts , Villes , Bourgs , Abbayes;
Chafteaux , Fortereffes , Mers,
Rivieres , Lacs , Bayes ; Golphes , Détroits , Caps , Ifles,
Prefqu'Ifles, Montagnes , Vallées ; lafituation , l'étendue , les
limites , les diftances de chaque
GALANT 295
Pays ; la Religion , les Mœurs,
les Coûtumes , le Commerce , lesCeremonies particulieres des Peuples , ce que l'Hiftoire fournit
de plus curieux touchant les chofes qui s'y font passées. Le tout
recueilly des meilleures Livres de
Voyages , autres qui agent
paru jusqu'à prefent , par
Corneille de l'Academie Frangoife , & de celle des Infcriptions
des Medailles. موع
Mr
Le Public eftoit tellement
perfuadé de la bonté de fes
Ouvrages , quedés qu'il apprenoit qu'il en avoit quelqu'un
fous la Preffe , il en retenoit &
Bb iiij
296 MERCURE
en payoit d'avance des Exemplaires , chacun témoignant
par cet empreffement le defir
qu'il avoit d'en avoir des premicrs ; de maniere que l'Edition de ce Dictionnaire s'eft
trouvée vendue prefque auffitoft qu'elle a efté achevée , &
Mr de Corneille, dans le temps
qu'il eft mort , avoit déja fait
beaucoup de remarques fur
fonOuvrage, & ramaffe beaucoup de chofes curieuſes pour
en compoſer une feconde Edition .
Je dois avoüer icy que je
tiens de luy tour ce que je
GALANT 297
fçay de la Langue Françoife,
& que pendant un affez grand
nombre d'années, j'ay foûmis
mes Ouvrages à fa correction;
ce qui a fait croire davantage,
& ce qui eftoit ceffé depuis
douze années , ce grand homme eftant affez occupé d'ail .
leurs , & beaucoup détourné
par des incommoditez que
années & un travail immenſe
& continuel luy avoienr attirées.ople
र
fes
Il avoit un grand fond de
probité , de droitute , de fageffe , de bonté , de modeftie,
de charité , & de vertu. Enne-
298 MERCURE
mi de la médifance , il ne pouvoitfouffrir les perfonnes dont
l'unique converfation eft de
faire inventaire des actions
d'autruy. Jamais homme n'a
eu plus de Religion , & n'eft
mort avec plus de refignation
aux volontez de Dieu , & il
voyoit tous les jours approcher la mort avec une fermeté
incroyable , fans ceffer neanmoins fon travail qui luy cftoit
neceffaire , parce que les gens
de Lettres ne font pas ordinairement les plus favorifez de
la fortune , & que l'Ecriture
dit , QUI LABORAT ORAT,
qui travaille prie.
THEQUE
GALANT
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BIBLIO
ge VILLE
Ce grand homme efton res
commandable par tant d'endroits differens, que je ne doute point que celuy qui aura
le bonheur de remplir la place
qu'il occupoit dans l'Academie Françoife , ne trouve encore de nouveaux fujets d'en
faire un bel Eloge. Perfonne
n'ignore qu'il eftoit auffi de
l'Academie Royale des Medailles & Infcriptions.
Je crois pouvoir placer une
Chanfon aprés l'Eloge d'un
homme qui en a fait de fi belles ; elle eft du Solitaire du
Bois du Val- Dieu.
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Résumé : Eloge de feu Mr de Corneille. [titre d'après la table]
Le texte rend hommage à Thomas Corneille, frère cadet de Pierre Corneille, décédé à l'âge de 84 ans. Connu sous le surnom de 'Jeune' en raison de son frère aîné, Thomas Corneille était également surnommé 'honnête homme' pour sa droiture. Universellement aimé, il était obligeant et doux, toujours prêt à aider autrui. Héritier de l'esprit familial, il s'est distingué dans les lettres en publiant cinq volumes in-folio et plusieurs ouvrages de prose. Ses premières œuvres étaient des traductions, notamment les 'Métamorphoses' d'Ovide, qui ont connu de nombreuses éditions. Thomas Corneille a également écrit des pièces de théâtre qui ont diverti la cour pendant la Régence et longtemps après. Sa comédie 'Dom Bertrand de Sigaralle' a été particulièrement estimée et jouée plus de vingt fois à la cour. Ses tragédies, comme 'Le Tyrannicide', 'La Mort de l'Empereur Commode' et 'Stilicien', ont également connu un grand succès. Il a collaboré avec les comédiens de l'Hôtel de Bourgogne et du Marais, et ses œuvres ont souvent surpassé celles des auteurs les plus célèbres. En plus de ses œuvres théâtrales, Thomas Corneille a écrit des remarques sur Vaugelas, prouvant sa maîtrise de la langue. Il a également publié un 'Dictionnaire des Arts' et un 'Dictionnaire universel, géographique et historique', démontrant ses connaissances étendues et sa laboriosité. Ces ouvrages ont été très appréciés et rapidement épuisés. Le texte mentionne également que Corneille était membre de l'Académie Française et de l'Académie des Inscriptions et Médailles. Son dictionnaire, compilé à partir des meilleures sources de voyages, a été très attendu par le public. Corneille était décrit comme un homme de grande probité, droiture, sagesse, bonté, modestie, charité et vertu. Il était intolérant à la médisance et ne supportait pas les personnes qui critiquaient les actions des autres. Sa foi religieuse était profonde, et il a accepté la mort avec résignation, continuant son travail malgré sa santé déclinante. L'auteur exprime l'espoir que celui qui prendra sa place à l'Académie Française trouvera encore des sujets pour louer ses mérites.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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15
p. 246-248
Compliment au Public. [titre d'après la table]
Début :
En finissant seroit-il bon de complimenter le public ? Non. [...]
Mots clefs :
Public, Inventer
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texteReconnaissance textuelle : Compliment au Public. [titre d'après la table]
.- nefsay si l'Enigmeest
bonne ou
mauvaise.Quoyqu'il
en soit, inventer au besoin
une mauvaise Enigme
est une faute
plus pardonnable,que
d'inventer de fausses
nouvelles quand on
n'en a plus de veritablesàdebiter.
Plustost
que de tomber dansce
dernier inconvénient
y
je vais finir mon premier
Mercure.
Enfinissantseroit-il
bon de complimenter
le public ?Non. S'ilest
mecon.tent,t11qn complimentferamal
reçu,
& supposé que lePublic
fustcontent lecompliment
feroit de trop.
Je prie feulement le
Public de m'envoyer
force bons Mctnoires.J
afin qu'estantbien instruit
par luy je puisse
le bien instruire de ce
quise passe chez luy.
S'il me donne peu de
chose
,
je luy donneray
peu de chose 3 qu'il ne
s'en prenne qu'à luy
seul.
A l'égard de ce que
je puis donner de mon
fond, je feray tantost
liberal, tantost avare, tantost paresseus, tantost
laborieux, tantost
vif, tantost languif-
-
fant. En un mot, je
feray rantost bien, tantost
mal: on n'est pas
toûjours lemesme,&
les Critiquesfsont toûjours
eux-mesmes ;
voilà lemalheur.
bonne ou
mauvaise.Quoyqu'il
en soit, inventer au besoin
une mauvaise Enigme
est une faute
plus pardonnable,que
d'inventer de fausses
nouvelles quand on
n'en a plus de veritablesàdebiter.
Plustost
que de tomber dansce
dernier inconvénient
y
je vais finir mon premier
Mercure.
Enfinissantseroit-il
bon de complimenter
le public ?Non. S'ilest
mecon.tent,t11qn complimentferamal
reçu,
& supposé que lePublic
fustcontent lecompliment
feroit de trop.
Je prie feulement le
Public de m'envoyer
force bons Mctnoires.J
afin qu'estantbien instruit
par luy je puisse
le bien instruire de ce
quise passe chez luy.
S'il me donne peu de
chose
,
je luy donneray
peu de chose 3 qu'il ne
s'en prenne qu'à luy
seul.
A l'égard de ce que
je puis donner de mon
fond, je feray tantost
liberal, tantost avare, tantost paresseus, tantost
laborieux, tantost
vif, tantost languif-
-
fant. En un mot, je
feray rantost bien, tantost
mal: on n'est pas
toûjours lemesme,&
les Critiquesfsont toûjours
eux-mesmes ;
voilà lemalheur.
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Résumé : Compliment au Public. [titre d'après la table]
Le texte traite de la création de contenus, notamment des 'Enigmes' et des nouvelles. L'auteur estime que publier de fausses nouvelles est plus grave que de proposer une mauvaise énigme en l'absence d'informations véridiques. Il annonce la fin de son premier 'Mercure', une publication périodique, et refuse de complimenter le public, qu'il soit mécontent ou satisfait. L'auteur invite le public à lui envoyer des mémoires pour améliorer la qualité de ses informations et, par conséquent, de son contenu. La qualité de ses contributions dépendra donc de la quantité et de la qualité des informations reçues. L'auteur adopte une attitude fluctuante dans ses propres contributions, oscillant entre générosité et avarice, paresse et zèle, vivacité et langueur. Il conclut en soulignant que les critiques sont constantes, ce qu'il perçoit comme un malheur.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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16
p. 248-251
Dedicace du Mercure. [titre d'après la table]
Début :
A propos, avant que de commencer, j'estois en peine [...]
Mots clefs :
Public, Dédier, Dame
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Dedicace du Mercure. [titre d'après la table]
A propos,avant que
de commencer, j'estois
en peine à qui je pourrois
dédiermon Livre.
Je fuis encore dans le
mesme embarras; pensons-
yserieusement.
Dédier des Bagatelles
aux Rois & aux
Princes, il me paroist
que c'est manquer de
respect: le dédier à des
particuliers qui ne
vous en auront nulle
obligation, c'est manquerde
bon sens; ne le
dédier à personne
)
c'est
manquer aux formalitez.
Que faire donc ?
Offriray-je le fruit de
mes veilles à quelque
Dame imaginaire come
Don Quichotte offroit
le fruit de ses Exploits
à sa Dulcinée?
M'adresseray-je à quelque
Dame d'un rare merite,
d'un clfnit distingué,
fj5 quisoitextrêmement
de mesAmies?Non.
Je dédie mon Livre au
Public; le Public a de
l'esprit; le Public a du
mérité, & je souhaite
qu'ilsoitde mes Amis.
de commencer, j'estois
en peine à qui je pourrois
dédiermon Livre.
Je fuis encore dans le
mesme embarras; pensons-
yserieusement.
Dédier des Bagatelles
aux Rois & aux
Princes, il me paroist
que c'est manquer de
respect: le dédier à des
particuliers qui ne
vous en auront nulle
obligation, c'est manquerde
bon sens; ne le
dédier à personne
)
c'est
manquer aux formalitez.
Que faire donc ?
Offriray-je le fruit de
mes veilles à quelque
Dame imaginaire come
Don Quichotte offroit
le fruit de ses Exploits
à sa Dulcinée?
M'adresseray-je à quelque
Dame d'un rare merite,
d'un clfnit distingué,
fj5 quisoitextrêmement
de mesAmies?Non.
Je dédie mon Livre au
Public; le Public a de
l'esprit; le Public a du
mérité, & je souhaite
qu'ilsoitde mes Amis.
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Résumé : Dedicace du Mercure. [titre d'après la table]
L'auteur hésite sur la dédicace de son livre. Il écarte les rois, les princes et les particuliers. Il envisage une dame imaginaire ou une amie, mais choisit finalement de le dédier au public, estimant qu'il a de l'esprit et du mérite.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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17
p. 3-12
Preface, Conte de l'Asne. [titre d'après la table]
Début :
Il n'y a gueres de mot plus équivoque que le [...]
Mots clefs :
Mercure, Premier volume, Public
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texteReconnaissance textuelle : Preface, Conte de l'Asne. [titre d'après la table]
MERCURE
GALANT.
L•nI-'jyj
a gueres de mot
plus équivoque que le
mot de Reussir, les Auteurs
l'expliquent d'une
façon ,; le Public d'une
autre. Je ne diray donc
point que mon premier
volume aitreüssi, je Ch-*
ray seulement qu'ilaesté
promptement debité ,
beaucoup lû, bien reçu
ôç bien critiqué.
J'ay reçu avec docilité
plusieursavis sur la forme
qu'on souhaiteroit à
un Journal, & dans ces
differensavis on m'en
donne des idées aussi différentes
que celles du
Dieu Mercure lefont
dans laFable. Il faudroit
que mon Mercure fûtun
Prothée; non pour 'Cchgper
aux prises de la critique
cela ne se peut ;
mais pour prendre entre
les mains de chaque Lecteurune
forme convenable
à l'idée qu'il s'en est
faite.
1-
S'il s'agissoit icy d'un
Poëme dont les regles
autorisées ne peuvent
plus estre arbitraires, on
pouroit me juger, &C je
pourois me deffendre en
citant Aristore; mais
Aristote n'a point donné
de Regles pour le Mercure
Galant, & comme
il n'y a point là dessusde
Reglesgeneralement reçues,
chacun en fait à sa
fantaisie,& chacun croit
que le Mercure doit estre
tfel qûu'il votudr.oit qu'il Sion ne suivoit lesconseils
de personne, on écriroit
fort mal; mais en
suivant les conseils de
tout le monde, onseroit
réduit à n'écrire point du
tout. C'est la Fable de
l'Asne, oùle Meusnier
& son fils suivent les avis
de tous les passans. Le
pere le doit céder au fils;
Je fils doit le céder au pe- f
re ; tous deux dessus
,
c'est le surcharger. Il ne
1
faut point aller à pied
quand on aunAsne, ni
monter dessus de peur de
le fatiguer; le porter
sur ses épaules, c'est
une folie; je concluërois
de là qu'il ne faut 4
point avoir d'Asne,
J'ay consulté le Public
dans mon premier Volume,
&je prositeray dans
le second des avis que.je
me fuis attirez en les demandantsincerement.
Je
profiteray mêmedequelques-
uns où j'ayentrevû
un peu de malignité. Par
exemple, j'abregeray cette
espece de Preface pour
contenter celuy dont la
Lettre anonime contient
sept ou huit pages à peu
prés dans ce stile.
Vousnousfatiguez^fa?
-
vosdigressionsfréquentes;
vous n'y parlez, que de
vostre Livre & de vous, C.
Il s'est trop pressé de
blâmer un stiledePreface
dans un premier Volume
que j'aydéclaré
moy-même, n'estre que
la Preface des autres; il
devoir attendre : je serois
peut estre tombé une seconde
fois dans le même
deffaut, & il auroit eü
le plaisir. de le condamner
avec raison : de peur
d'avoir tort moy, je vais
finir cette digression,&
je ne parleray plus de
mon Livre, ni de moy.,*
que quand j'en auray
bien envie.
On m'adonné un autre
conseil; mais celuylà
est un conseil d'amy;
je le fuivray avec plaisir,
c'est d'imiter autant que
je pouray l'ancien Mercure
; c'est- à - dire l'ancien
tres - ancien
:J
du
temps d'Henry IV. qui
avoit pour titre Mercure
François, l'on y trouvoit
toutes fortes d'A ctes
publics
,
des Arrests,
des Edits,des Plaidoyers;
en un mot les Extraits
des pièces les plus authentiques.
Ce Mercure
qui estoit peu estimé
il y à cent ans , a neanmoins
fourny des memoires
aux meilleurs Hiltoriensdenostre
siécle,
je l'imiteray pour estre
utile aux Historiens qui
écrirontdansles siécles
suivants.
GALANT.
L•nI-'jyj
a gueres de mot
plus équivoque que le
mot de Reussir, les Auteurs
l'expliquent d'une
façon ,; le Public d'une
autre. Je ne diray donc
point que mon premier
volume aitreüssi, je Ch-*
ray seulement qu'ilaesté
promptement debité ,
beaucoup lû, bien reçu
ôç bien critiqué.
J'ay reçu avec docilité
plusieursavis sur la forme
qu'on souhaiteroit à
un Journal, & dans ces
differensavis on m'en
donne des idées aussi différentes
que celles du
Dieu Mercure lefont
dans laFable. Il faudroit
que mon Mercure fûtun
Prothée; non pour 'Cchgper
aux prises de la critique
cela ne se peut ;
mais pour prendre entre
les mains de chaque Lecteurune
forme convenable
à l'idée qu'il s'en est
faite.
1-
S'il s'agissoit icy d'un
Poëme dont les regles
autorisées ne peuvent
plus estre arbitraires, on
pouroit me juger, &C je
pourois me deffendre en
citant Aristore; mais
Aristote n'a point donné
de Regles pour le Mercure
Galant, & comme
il n'y a point là dessusde
Reglesgeneralement reçues,
chacun en fait à sa
fantaisie,& chacun croit
que le Mercure doit estre
tfel qûu'il votudr.oit qu'il Sion ne suivoit lesconseils
de personne, on écriroit
fort mal; mais en
suivant les conseils de
tout le monde, onseroit
réduit à n'écrire point du
tout. C'est la Fable de
l'Asne, oùle Meusnier
& son fils suivent les avis
de tous les passans. Le
pere le doit céder au fils;
Je fils doit le céder au pe- f
re ; tous deux dessus
,
c'est le surcharger. Il ne
1
faut point aller à pied
quand on aunAsne, ni
monter dessus de peur de
le fatiguer; le porter
sur ses épaules, c'est
une folie; je concluërois
de là qu'il ne faut 4
point avoir d'Asne,
J'ay consulté le Public
dans mon premier Volume,
&je prositeray dans
le second des avis que.je
me fuis attirez en les demandantsincerement.
Je
profiteray mêmedequelques-
uns où j'ayentrevû
un peu de malignité. Par
exemple, j'abregeray cette
espece de Preface pour
contenter celuy dont la
Lettre anonime contient
sept ou huit pages à peu
prés dans ce stile.
Vousnousfatiguez^fa?
-
vosdigressionsfréquentes;
vous n'y parlez, que de
vostre Livre & de vous, C.
Il s'est trop pressé de
blâmer un stiledePreface
dans un premier Volume
que j'aydéclaré
moy-même, n'estre que
la Preface des autres; il
devoir attendre : je serois
peut estre tombé une seconde
fois dans le même
deffaut, & il auroit eü
le plaisir. de le condamner
avec raison : de peur
d'avoir tort moy, je vais
finir cette digression,&
je ne parleray plus de
mon Livre, ni de moy.,*
que quand j'en auray
bien envie.
On m'adonné un autre
conseil; mais celuylà
est un conseil d'amy;
je le fuivray avec plaisir,
c'est d'imiter autant que
je pouray l'ancien Mercure
; c'est- à - dire l'ancien
tres - ancien
:J
du
temps d'Henry IV. qui
avoit pour titre Mercure
François, l'on y trouvoit
toutes fortes d'A ctes
publics
,
des Arrests,
des Edits,des Plaidoyers;
en un mot les Extraits
des pièces les plus authentiques.
Ce Mercure
qui estoit peu estimé
il y à cent ans , a neanmoins
fourny des memoires
aux meilleurs Hiltoriensdenostre
siécle,
je l'imiteray pour estre
utile aux Historiens qui
écrirontdansles siécles
suivants.
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Résumé : Preface, Conte de l'Asne. [titre d'après la table]
Le texte 'Mercure Galant' traite de la réception du premier volume d'un journal. L'auteur, sans utiliser le terme 'réussi', souligne que son ouvrage a été rapidement vendu, beaucoup lu et bien accueilli. Il a reçu divers avis sur la forme que devrait prendre un journal, comparables aux transformations du dieu Mercure. L'auteur reconnaît l'absence de règles établies pour un journal comme le Mercure Galant, permettant à chacun de formuler des conseils variés. Il décide de consulter le public et de profiter des avis reçus, même ceux contenant une certaine malignité. L'auteur mentionne une lettre anonyme critiquant le style de la préface, qu'il décide d'abréger pour satisfaire ce lecteur. Il reçoit également un conseil d'ami de s'inspirer de l'ancien Mercure François, publié sous Henri IV, qui contenait des actes publics, des arrêts, des édits et des plaidoyers. Bien que peu estimé à l'époque, ce journal a fourni des mémoires aux historiens. L'auteur envisage d'imiter ce modèle pour être utile aux historiens futurs.
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18
p. 3-12
EPITRE aux Anonimes.
Début :
J'ay receu les vostres sur mes premiers Mercures, c'est-à-dire [...]
Mots clefs :
Anonymes, Public, Réponse, Mercure, Article, Portrait, Lettres, Amant
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EPITRE aux Anonimes.
EPITRE
aux Anonimes. J'A Y receu les vostres
sur mes premiers Mercures,
c'est -à-dire plus
de six cents Lettres depuis
trois mois. Quand
j'aurois le loisir de répondre
à routes, la plûpart
sont Anonimes ; à1
qui pourrois-jeadresser
les miennes ? J'adressecelle-
cy à Mercure, qui la
fera tenir à tous ceux:
qui voudront me faire:
l'honneur de la lire, je :
voudrois y pouvoir mettre
des complimentspour
ceux qui m'ont complimenté,
de l'abondance
de coeur pour ceux qui
m'ont parlé sincerement,
de l'affection pour ceux
qui m'afectionnent;j'embrasse
ceux qui membrassent
, j'honore ceux
que je n'ose embrasser ,
& j'ay pour tous ceux
qui m'ont écrit, cetteet
pece de veneration qu'on
doit à ceux qui portent
la parole pour le public;
mais je dois un profond
respect au merite d'une
Anonime d'un haut rang
qui a daigné s'amuser à
répondre
,
incognito , à
LlnC; de mes questions, je
dois ignorer respe.étlie.u-
:
(emênt l'honneur que de
telles attentions font à
mon Mercure, c'estce
qui me déterminé à mettre
dans la suite à la fin
de chaque volume, un
article dereponses que
j'appelleray
, Réponses
aux Anonimes. Jejoüiray par là du priyilege
que donne le masque
dans les bals, où les
particuliers familiarisent
avecles Princes, je masqueray
mes reponfés*
quand elles ne devront,
estre entenduës que de ceux qui.m,'aurontéc1 rit-
Et j'entretiendrayainsi
discretement un cornmerce
de Lettres avec
le public dont je fuis le
tres-humble, tres-obéisfant
serviteur, Mercure.
Pour établir ce commerce
de Lettressi avantageux
pour moy, voicy
la forme que je donneray
à mes réponses; je
mettray à la teste de chaque
petit article les noms
supposez qu'on aura pris
au bas des Lettres Anonimesy
chacun s'y reconnoistra
par là & par l'endroit
de sa Lettre auquel
je répondray.
RFPONSE
à l'Amant Poëte.
-
Je vous envoye( me
dit L'Amant Poëte) un
portrait en vers de laplus
bellepersonne de Paris,
je crois les vers bons ,
triais j'ensuis l'autheur;
je croisqu'une si belle
peintureseraplaisir,mais
jesuis amant, &c. REPONSE.
Les Autheurs mêmes
trouveront vos vers
bons, mais à moins que
d'estre amant on trouvera
le portrait de cette
beauté un peu trop étendu.
Donnez-vous le plaisir
de retravaillerencore
un ouvrage qui vous occupe
si agréablement,&
vôtre portrait plaira comlmne
cceeuuxxddeessggrraannddssPPeeiinn-.
tres à ceux mêmes qui
n'en connoissent point
la ressemblance.
REPONSE
àl'inconnu de Lyon.
L'Inconnu. Si vous
*VOUsferve^ des Memoires que
je vousay envoyc% sur le procésdelapetitefille
à deuxmeres;
ilfaut passerdisceretement l'exemple
de Parer est quem
nupriæ demonftranr.
Réponse. Vous verrezdans
ce Volume-cy vostreavan- ,.
1 ture des deux meres ; mais
¡' j'ay évité la circonsatance de
&c. je perdrois cent bons
t. inlots pour éviter une indiscretion,
&de plus, l'exemple
ne conclut point. Car à
l'égard de l'enfant à deux
peres, la Loy decide Pater (si
) quemnuptioe demonstrant.
mais elle ne dit point que
5 Mater cft quam matrona demonstrat.
Voyez la page202.
Quelquesunesdecesréponses
pourront estreobscures
ou indifferentes à ceux
j|
qui n'en auront pas la clef;
!
mais je les prie de me passer
cet Article en faveur de ceux
qui travaillent pour le public
en m'envoyant des
Mémoires.
La variété des su jets, des
caracteres, des stiles, des arrangemens,
sait quelquefois
l'agrémentd'un Livre, mais
il cil: impossible que ce qui
fait plaisiràl'un,n'ennuye&
ne déplaise à plusieurs autres.
Je seray trop heureux
si chacun peut trouver icy
quelqu'endroit qui le dédommage
de s'estreennuyé
dans tout le reftc du Livre,
aux Anonimes. J'A Y receu les vostres
sur mes premiers Mercures,
c'est -à-dire plus
de six cents Lettres depuis
trois mois. Quand
j'aurois le loisir de répondre
à routes, la plûpart
sont Anonimes ; à1
qui pourrois-jeadresser
les miennes ? J'adressecelle-
cy à Mercure, qui la
fera tenir à tous ceux:
qui voudront me faire:
l'honneur de la lire, je :
voudrois y pouvoir mettre
des complimentspour
ceux qui m'ont complimenté,
de l'abondance
de coeur pour ceux qui
m'ont parlé sincerement,
de l'affection pour ceux
qui m'afectionnent;j'embrasse
ceux qui membrassent
, j'honore ceux
que je n'ose embrasser ,
& j'ay pour tous ceux
qui m'ont écrit, cetteet
pece de veneration qu'on
doit à ceux qui portent
la parole pour le public;
mais je dois un profond
respect au merite d'une
Anonime d'un haut rang
qui a daigné s'amuser à
répondre
,
incognito , à
LlnC; de mes questions, je
dois ignorer respe.étlie.u-
:
(emênt l'honneur que de
telles attentions font à
mon Mercure, c'estce
qui me déterminé à mettre
dans la suite à la fin
de chaque volume, un
article dereponses que
j'appelleray
, Réponses
aux Anonimes. Jejoüiray par là du priyilege
que donne le masque
dans les bals, où les
particuliers familiarisent
avecles Princes, je masqueray
mes reponfés*
quand elles ne devront,
estre entenduës que de ceux qui.m,'aurontéc1 rit-
Et j'entretiendrayainsi
discretement un cornmerce
de Lettres avec
le public dont je fuis le
tres-humble, tres-obéisfant
serviteur, Mercure.
Pour établir ce commerce
de Lettressi avantageux
pour moy, voicy
la forme que je donneray
à mes réponses; je
mettray à la teste de chaque
petit article les noms
supposez qu'on aura pris
au bas des Lettres Anonimesy
chacun s'y reconnoistra
par là & par l'endroit
de sa Lettre auquel
je répondray.
RFPONSE
à l'Amant Poëte.
-
Je vous envoye( me
dit L'Amant Poëte) un
portrait en vers de laplus
bellepersonne de Paris,
je crois les vers bons ,
triais j'ensuis l'autheur;
je croisqu'une si belle
peintureseraplaisir,mais
jesuis amant, &c. REPONSE.
Les Autheurs mêmes
trouveront vos vers
bons, mais à moins que
d'estre amant on trouvera
le portrait de cette
beauté un peu trop étendu.
Donnez-vous le plaisir
de retravaillerencore
un ouvrage qui vous occupe
si agréablement,&
vôtre portrait plaira comlmne
cceeuuxxddeessggrraannddssPPeeiinn-.
tres à ceux mêmes qui
n'en connoissent point
la ressemblance.
REPONSE
àl'inconnu de Lyon.
L'Inconnu. Si vous
*VOUsferve^ des Memoires que
je vousay envoyc% sur le procésdelapetitefille
à deuxmeres;
ilfaut passerdisceretement l'exemple
de Parer est quem
nupriæ demonftranr.
Réponse. Vous verrezdans
ce Volume-cy vostreavan- ,.
1 ture des deux meres ; mais
¡' j'ay évité la circonsatance de
&c. je perdrois cent bons
t. inlots pour éviter une indiscretion,
&de plus, l'exemple
ne conclut point. Car à
l'égard de l'enfant à deux
peres, la Loy decide Pater (si
) quemnuptioe demonstrant.
mais elle ne dit point que
5 Mater cft quam matrona demonstrat.
Voyez la page202.
Quelquesunesdecesréponses
pourront estreobscures
ou indifferentes à ceux
j|
qui n'en auront pas la clef;
!
mais je les prie de me passer
cet Article en faveur de ceux
qui travaillent pour le public
en m'envoyant des
Mémoires.
La variété des su jets, des
caracteres, des stiles, des arrangemens,
sait quelquefois
l'agrémentd'un Livre, mais
il cil: impossible que ce qui
fait plaisiràl'un,n'ennuye&
ne déplaise à plusieurs autres.
Je seray trop heureux
si chacun peut trouver icy
quelqu'endroit qui le dédommage
de s'estreennuyé
dans tout le reftc du Livre,
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Résumé : EPITRE aux Anonimes.
L'auteur de l'épître a reçu plus de six cents lettres anonymes en trois mois, mais ne peut répondre à toutes. Il décide de publier ses réponses dans un article intitulé 'Réponses aux Anonimes' à la fin de chaque volume, permettant aux correspondants de se reconnaître par des noms supposés et des références à leurs lettres. Il exprime sa gratitude et son respect pour tous les correspondants, y compris une personne de haut rang ayant répondu incognito. Parmi les réponses, l'auteur s'adresse à 'L'Amant Poëte', suggérant de retravailler son portrait en vers pour toucher un public plus large. Il mentionne également 'L'Inconnu de Lyon', qui a envoyé des mémoires sur un procès impliquant une fille ayant deux mères, sans détailler les circonstances pour éviter toute indiscrétion. L'auteur reconnaît que certaines réponses peuvent sembler obscures, mais demande de les excuser au nom de ceux qui travaillent pour le public. Il espère que chacun trouvera dans le livre un passage compensant l'ennui éventuel ressenti.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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19
s. p.
PRÉFACE
Début :
Un de mes amis vint me dire l'autre jour que [...]
Mots clefs :
Auteur, Critique, Mercure, Louanges, Journal de Trévoux, Mercure de Trévoux, Public
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texteReconnaissance textuelle : PRÉFACE
PREFACE
Un de mes amis vint
me dire l'autre jour que
le nouveau Mercure de
Trévoux fe déchaînoit
contre moi . Vous plaiſantez
, lui répondis-je , ceux
qui fe font affeciez pour
cet ouvrage font trop
fenſez & trop habiles
pour
prétendre gagner
l'eftime du Public par un
début fatirique ; je fuis
a ij
PREFACE
perfuadé qu'ils auront
pris la voye la plus polie
& la plus feure pour détruire
mon Livre ; c'eft
de n'en rien dire du tout,
& d'en faire un meilleur.
Non, reprit brufquement
mon amy , ils ont fait
tout le contraire ; c'eſt
ce que je ne puis croire ,
luy repliquay -je , je connois
celuy qui a formé
cette Societé ; il eft d'un
caractere poli , prévenant
, doux , affable , &
"
H
PREFACE
de plus il m'a juré cent
fois qu'il étoit mon Ami ;
& l'autre jour encore ,
vous fûtes témoin qu'
il m'embraffa cordiale
ment. Je m'en fouviens ,
c'eftoit juftement dans
le temps qu'il travailloit
à cecy, me dit mon Ami ,
tirant de fa poche le Mercure
en queftion ; je l'ouvris
, je lûs la Preface , aprés
avoir tâché d'en débrouiller
le fens je refolus
de la prendre en bonne
•
A iij
PREFACE
part , heureuſement
le
ftile en eft obfcur & les
penſées louches
: on peut
les interpreter
comine on
voudra , je veux croire
qu'il n'y a nulle maligni .
té , & que les Auteurs
n'ont manqué que de
jufteffe d'efprit on eſt
plus excufable de ne pas
penſer juſte que de penfer
malignement ; tâ
chons donc de juſtifier
leur coeur au dépens mê→
me de leur jugement , &
PREFACE
faifons voir qu'ils diſent
fouvent tout le contraire
de ce qu'ils croyent dire.
Ils ont cru , par exemple,
faire l'éloge de Mr
Devizé en difant : Il
-
avoit des qualite plus
precienfes que l'efprit ; il
eftoit doux & flateur : il
n'eftimoitpas tout ce qu'il
loüoit . Mr Devizé eftoit
donc , felon eux , un flatteur
qui loüoit ce qu'-
il n'eftimoit pas. En
voyant qu'ils donnent
á iiij
PREFACE
cela pour des louanges ;
que fçay-je s'ils n'ont pas
crû me louer auffi en me
critiquant. Ne puis - je
pas , par exemple , interpreter
favorablement
leur affectation à ne critiquer
que mon premier
Mercure ; ils approuvent
donc les quatre derniers.
Ceux qui auront lû
mon premier Mercure ,
& leur critique feront
étonnez que dans un effay
où il m'eftoit échapé
PREFACE
plufieurs choſes tres - fujettes
à critique , ils ayent
choiſi juſtement le contraire
de ce qu'il falloit
critiquer. Ils difent de
moy dans ma Preface , il
craint que dans fon ftile
on ne reconnoiffel Auteur
des Amuſemens férieux
& comiques.
Je me fuis au contraire
trop déclaré pour eftre
l'Auteur de ce Livre , ils
auroient pû blâmer cette
affectation , s'ils connoil
PREFACE
foient ce qui eft à blâmer
dans un
ouvrage.
Ilfe défie defon naturel,
qui le porte au badin &
auplaifant , & où en effet
ilferamene toujours malgré
luy-même. Que veu
lent -ils dire ? je n'en fçay
rien ; car on fçait que
quand je plaifante c'eft de
bon coeur , ce n'eft point
malgré moy- mefme ,je ne
me défie point de mon naturel.
Ils parlent plus clairement
enfuite : il égaye
1
PREFACE
les nouvelles des Morts
jettefur les Mariages
une impreſſion de douleur
Je n'ay mis dans ces Arti
cles que des noms &des
dattes ; ils me le reprochent
eux-mêmes , les au
rois -je fait rire en difant
fimplement un tel jour
mourut un tel & une telle.
Mais la fuppofition la
plus fauffe eft excufable
dans des Auteurs férieux
quand elle leur produit
un trait badin, ils ne trou
PREFACE
vent pas fouvent occa
fion de badiner agreable
ment.
Aprés cela on doit leur
pardonner s'il leur échape
de pareilles imprudences
, ils n'ont eu que fix
mois pour travailler à
leur Preface , ils ont employé
tout ce temps à rechercher
, à farder , à faire
briller leur ftile , c'eſt à
quoy ils le font attachez
d'abord ; ils ont commencé
par les ornemens ,
a
PREFACE
is n'ont pas eu le loifir de
fönder folidement l'édice.
Ils continuent ainfi à
briller fur mon premier
volume :
Cet ouvrage fi defiré
fut long- temps a paroiftre,
le vol de Mercure ne fut
pas rapide , commefipour
parler dans l'expreffion de
l'Auteur , le grand Dieu
Jupiter luy cut rogné les
ailes ; ilfe montra fous des
des traits qui le déguifePREFACE
rent, & le publicne put
s'empecher de foûrire à ce
nouveau visage.
N'auroient - ils point
entendu fineſſe à ce nouveau
vifage ; Peut-eftre
bien , ce badinage équi
voque eft digne d'eux ;
mais ne perdons aucun
de leurs termes ils font
precieux & tres - precieux.
Le Mercure a uneforme
confacrée..... pour la
conftitution
d'un Mercu
PREFACE
re.... Ilfauty diftribuer
avec précaution des ou
vrages dans l'espece de
Litterature la plus riante-...
Ilfaut de la critique
dans les louanges &
des louanges dans la critique.
Je n'ofe ny louer ny
critiquer ces gentilleffes ,
car le public malin ne
trouveroit
que de la cri-,
tique dans mes louanges ,
& ne trouveroit point de
PREFACE
louanges dans ma critique.
Il doit eftre à peu prés
du Mercure comme des
Poemes
Dramatiques.
où l'Auteur doit toûjours
Le dérober.
ſe
a
Voila une vraye quef
tion fçavante à propofer.
Quel rapport y a - t-il entre
un Poëme Dramati
que & le Mercure Ga- :
lant , & quelles regles.
leurs font communes ?
Voicy par où ils finifPREFACE
fent. Nous esperons de
l'équité du Public qu'il
regardera nos Nouvell's
comme le correctif de celtes
du Mercure de Pa
rises
Je m'imagine
entendre
trier dans la Foire Saint
Laurent : Ce font icy les
veritables ; c'eft nous qui
diftribuons des louanges
& de l'encens delicat.....
& des illuftrations ......
Ils veulent fans doute at
tirer les meilleures prati-
Février 1711. B
PREFACE
1
ques , autre faute dejugement
: croyent-ils que
les perfonnes fenfées voudront
fe placer dans un
Mercure où l'on affiche
qu'on donnera des
louanges, & dont les Auteurs
difent que c'est une
qualité precieuse de louer
ceux qu'on n'eftime pas.
A mon égard j'ai affché
dans ma premiere
Préface , que je n'avois
point d'éloges à vendre
, car je ne prétend at-
"
PREFACE
tirer que ceux qui nefont
point affame de fauffes
louanges ; c'est-à-dire ceux
qui en méritent de veritables.
A propos de ceux qui
méritent de veritables
louanges,je crois que Mr
L.B. aura efté bien éton
né de fe trouver dans la
Préface de ces Meffieurs,
ils ont voulu prévenir le
Public pour leur ouvrage
, en lui faifant acroire
qu'ils font entre dans
A ij
PREFACE
Pidée de cet illuftre Abbé
qui eft à la tefte des Lettres
c qui faifit tôn
jours dans chaque chofe
le point de perfection ; il
ne faifira point une loüange
fi déplacée ; car on ne
lui a point communiqué
le plan du Mercure de
Trévoux , & l'on s'en a→
perçoit bien.
En parlant du Mercure
de Trévoux , j'ai tremblé
de peur qu'on ne me
crut affez injufte pour
PREFACE
confondre les Auteurs
du Journal de Trévoux anouveau
vec ceux du
Mercure; quelle difference?
les Auteurs du Journal
Igavent joindre la politeffe
& la moderation à
la force de leur critique.
C'est dans l'esprit de
cette Societé équitable
& fenfée que le Reve
rend Pere Porée , Profeffeur
d'Eloquence au
Colege de Louis le Grand
a compofé un difcours
*
PREFACE
fur la Satire ; il prononça
te Difcours Latin ,en
préſence de plufieurs illuftrés
de fa Societé; c'eſtà-
dire dans le centre de
la plus pure & de la plus
belle latinité ; il ne laiffa
pas de briller au mileu de
ces grands Connoiffeurs
& d'une Affemblée ſçavante
& nombreuſe, que
fa réputation y avoit attirée.
La modeftie du Reverend
Pere Porée , qui
PREFACE
n'a point voulu communiquer
fon Diſcours, m'a
réduit à en faire un Extrait
fur ce que m'en ont
raporté plufieurs perfon
nes qui eftoient à cette
Affemblée .
Un de mes amis vint
me dire l'autre jour que
le nouveau Mercure de
Trévoux fe déchaînoit
contre moi . Vous plaiſantez
, lui répondis-je , ceux
qui fe font affeciez pour
cet ouvrage font trop
fenſez & trop habiles
pour
prétendre gagner
l'eftime du Public par un
début fatirique ; je fuis
a ij
PREFACE
perfuadé qu'ils auront
pris la voye la plus polie
& la plus feure pour détruire
mon Livre ; c'eft
de n'en rien dire du tout,
& d'en faire un meilleur.
Non, reprit brufquement
mon amy , ils ont fait
tout le contraire ; c'eſt
ce que je ne puis croire ,
luy repliquay -je , je connois
celuy qui a formé
cette Societé ; il eft d'un
caractere poli , prévenant
, doux , affable , &
"
H
PREFACE
de plus il m'a juré cent
fois qu'il étoit mon Ami ;
& l'autre jour encore ,
vous fûtes témoin qu'
il m'embraffa cordiale
ment. Je m'en fouviens ,
c'eftoit juftement dans
le temps qu'il travailloit
à cecy, me dit mon Ami ,
tirant de fa poche le Mercure
en queftion ; je l'ouvris
, je lûs la Preface , aprés
avoir tâché d'en débrouiller
le fens je refolus
de la prendre en bonne
•
A iij
PREFACE
part , heureuſement
le
ftile en eft obfcur & les
penſées louches
: on peut
les interpreter
comine on
voudra , je veux croire
qu'il n'y a nulle maligni .
té , & que les Auteurs
n'ont manqué que de
jufteffe d'efprit on eſt
plus excufable de ne pas
penſer juſte que de penfer
malignement ; tâ
chons donc de juſtifier
leur coeur au dépens mê→
me de leur jugement , &
PREFACE
faifons voir qu'ils diſent
fouvent tout le contraire
de ce qu'ils croyent dire.
Ils ont cru , par exemple,
faire l'éloge de Mr
Devizé en difant : Il
-
avoit des qualite plus
precienfes que l'efprit ; il
eftoit doux & flateur : il
n'eftimoitpas tout ce qu'il
loüoit . Mr Devizé eftoit
donc , felon eux , un flatteur
qui loüoit ce qu'-
il n'eftimoit pas. En
voyant qu'ils donnent
á iiij
PREFACE
cela pour des louanges ;
que fçay-je s'ils n'ont pas
crû me louer auffi en me
critiquant. Ne puis - je
pas , par exemple , interpreter
favorablement
leur affectation à ne critiquer
que mon premier
Mercure ; ils approuvent
donc les quatre derniers.
Ceux qui auront lû
mon premier Mercure ,
& leur critique feront
étonnez que dans un effay
où il m'eftoit échapé
PREFACE
plufieurs choſes tres - fujettes
à critique , ils ayent
choiſi juſtement le contraire
de ce qu'il falloit
critiquer. Ils difent de
moy dans ma Preface , il
craint que dans fon ftile
on ne reconnoiffel Auteur
des Amuſemens férieux
& comiques.
Je me fuis au contraire
trop déclaré pour eftre
l'Auteur de ce Livre , ils
auroient pû blâmer cette
affectation , s'ils connoil
PREFACE
foient ce qui eft à blâmer
dans un
ouvrage.
Ilfe défie defon naturel,
qui le porte au badin &
auplaifant , & où en effet
ilferamene toujours malgré
luy-même. Que veu
lent -ils dire ? je n'en fçay
rien ; car on fçait que
quand je plaifante c'eft de
bon coeur , ce n'eft point
malgré moy- mefme ,je ne
me défie point de mon naturel.
Ils parlent plus clairement
enfuite : il égaye
1
PREFACE
les nouvelles des Morts
jettefur les Mariages
une impreſſion de douleur
Je n'ay mis dans ces Arti
cles que des noms &des
dattes ; ils me le reprochent
eux-mêmes , les au
rois -je fait rire en difant
fimplement un tel jour
mourut un tel & une telle.
Mais la fuppofition la
plus fauffe eft excufable
dans des Auteurs férieux
quand elle leur produit
un trait badin, ils ne trou
PREFACE
vent pas fouvent occa
fion de badiner agreable
ment.
Aprés cela on doit leur
pardonner s'il leur échape
de pareilles imprudences
, ils n'ont eu que fix
mois pour travailler à
leur Preface , ils ont employé
tout ce temps à rechercher
, à farder , à faire
briller leur ftile , c'eſt à
quoy ils le font attachez
d'abord ; ils ont commencé
par les ornemens ,
a
PREFACE
is n'ont pas eu le loifir de
fönder folidement l'édice.
Ils continuent ainfi à
briller fur mon premier
volume :
Cet ouvrage fi defiré
fut long- temps a paroiftre,
le vol de Mercure ne fut
pas rapide , commefipour
parler dans l'expreffion de
l'Auteur , le grand Dieu
Jupiter luy cut rogné les
ailes ; ilfe montra fous des
des traits qui le déguifePREFACE
rent, & le publicne put
s'empecher de foûrire à ce
nouveau visage.
N'auroient - ils point
entendu fineſſe à ce nouveau
vifage ; Peut-eftre
bien , ce badinage équi
voque eft digne d'eux ;
mais ne perdons aucun
de leurs termes ils font
precieux & tres - precieux.
Le Mercure a uneforme
confacrée..... pour la
conftitution
d'un Mercu
PREFACE
re.... Ilfauty diftribuer
avec précaution des ou
vrages dans l'espece de
Litterature la plus riante-...
Ilfaut de la critique
dans les louanges &
des louanges dans la critique.
Je n'ofe ny louer ny
critiquer ces gentilleffes ,
car le public malin ne
trouveroit
que de la cri-,
tique dans mes louanges ,
& ne trouveroit point de
PREFACE
louanges dans ma critique.
Il doit eftre à peu prés
du Mercure comme des
Poemes
Dramatiques.
où l'Auteur doit toûjours
Le dérober.
ſe
a
Voila une vraye quef
tion fçavante à propofer.
Quel rapport y a - t-il entre
un Poëme Dramati
que & le Mercure Ga- :
lant , & quelles regles.
leurs font communes ?
Voicy par où ils finifPREFACE
fent. Nous esperons de
l'équité du Public qu'il
regardera nos Nouvell's
comme le correctif de celtes
du Mercure de Pa
rises
Je m'imagine
entendre
trier dans la Foire Saint
Laurent : Ce font icy les
veritables ; c'eft nous qui
diftribuons des louanges
& de l'encens delicat.....
& des illuftrations ......
Ils veulent fans doute at
tirer les meilleures prati-
Février 1711. B
PREFACE
1
ques , autre faute dejugement
: croyent-ils que
les perfonnes fenfées voudront
fe placer dans un
Mercure où l'on affiche
qu'on donnera des
louanges, & dont les Auteurs
difent que c'est une
qualité precieuse de louer
ceux qu'on n'eftime pas.
A mon égard j'ai affché
dans ma premiere
Préface , que je n'avois
point d'éloges à vendre
, car je ne prétend at-
"
PREFACE
tirer que ceux qui nefont
point affame de fauffes
louanges ; c'est-à-dire ceux
qui en méritent de veritables.
A propos de ceux qui
méritent de veritables
louanges,je crois que Mr
L.B. aura efté bien éton
né de fe trouver dans la
Préface de ces Meffieurs,
ils ont voulu prévenir le
Public pour leur ouvrage
, en lui faifant acroire
qu'ils font entre dans
A ij
PREFACE
Pidée de cet illuftre Abbé
qui eft à la tefte des Lettres
c qui faifit tôn
jours dans chaque chofe
le point de perfection ; il
ne faifira point une loüange
fi déplacée ; car on ne
lui a point communiqué
le plan du Mercure de
Trévoux , & l'on s'en a→
perçoit bien.
En parlant du Mercure
de Trévoux , j'ai tremblé
de peur qu'on ne me
crut affez injufte pour
PREFACE
confondre les Auteurs
du Journal de Trévoux anouveau
vec ceux du
Mercure; quelle difference?
les Auteurs du Journal
Igavent joindre la politeffe
& la moderation à
la force de leur critique.
C'est dans l'esprit de
cette Societé équitable
& fenfée que le Reve
rend Pere Porée , Profeffeur
d'Eloquence au
Colege de Louis le Grand
a compofé un difcours
*
PREFACE
fur la Satire ; il prononça
te Difcours Latin ,en
préſence de plufieurs illuftrés
de fa Societé; c'eſtà-
dire dans le centre de
la plus pure & de la plus
belle latinité ; il ne laiffa
pas de briller au mileu de
ces grands Connoiffeurs
& d'une Affemblée ſçavante
& nombreuſe, que
fa réputation y avoit attirée.
La modeftie du Reverend
Pere Porée , qui
PREFACE
n'a point voulu communiquer
fon Diſcours, m'a
réduit à en faire un Extrait
fur ce que m'en ont
raporté plufieurs perfon
nes qui eftoient à cette
Affemblée .
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Résumé : PRÉFACE
Dans une préface, l'auteur aborde une critique publiée dans le nouveau Mercure de Trévoux à son encontre. Informé par un ami de cette critique sévère, l'auteur exprime d'abord son incrédulité, estimant que les rédacteurs du Mercure sont trop compétents pour recourir à des attaques satiriques. Cependant, après avoir pris connaissance de la préface critique, il décide de l'interpréter favorablement, malgré son style obscur et ses pensées ambiguës. L'auteur note que les auteurs du Mercure ont critiqué son premier volume tout en approuvant implicitement les suivants. La préface du Mercure de Trévoux reproche à l'auteur d'avoir traité les décès et les mariages de manière légère. Les rédacteurs du Mercure se défendent en expliquant qu'ils n'ont eu que six mois pour préparer leur préface et ont donc concentré leurs efforts sur le style plutôt que sur le fond. Ils comparent leur ouvrage aux poèmes dramatiques et espèrent que le public verra leurs nouvelles comme un correctif à celles du Mercure de Paris. L'auteur conclut en soulignant la différence entre les auteurs du Journal de Trévoux et ceux du Mercure, louant la politesse et la modération des premiers. Il mentionne également un discours sur la satire prononcé par le Père Porée, professeur d'éloquence au Collège de Louis le Grand.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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20
p. 25-44
LIVRES NOUVEAUX. Traduction en Vers François des Georgiques de Virgille, Ouvrage posthume de Monsieur DE SEGRAIS.
Début :
Feu Mr de Segrais, si connu par sa belle traduction de [...]
Mots clefs :
Traduction, Virgile, Segrais, Énéide, Euridice, Géorgiques, Orphée, Public, Mort, Poète
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texteReconnaissance textuelle : LIVRES NOUVEAUX. Traduction en Vers François des Georgiques de Virgille, Ouvrage posthume de Monsieur DE SEGRAIS.
LIVRES NOUVEAUX.
TraductionenVers François
desfieorgttf'MS de
Vtrgille
,
OwvrageposthumedeMonsieur
DESEGRAISI
FeuMrdeSegrais, si
connu par sa belle traduction
de l'Eneïde,avoitaussi
traduit les Georgiques du
mesme Poëte, & n'ayant
pas eu le temps de les donner
au Public, il chargea
un de ses amis du soin de
les faire iniprimer, &dy
joindre une Préfacé dont
apparemment il avoit dreffé
le projet. Le Public attendoit
avec impatience,
que cet amy rendit ce
devoir à la memoiredecet
illustre deffunt; & onavoit
d'autant plus de sujet de
l'esperer
, que feu Mr de
Segrais regardoit sa traduétion
des Georgiques comme
son meilleur Ouvrage.
Cependant celuy qu'il avoit
chargédu soin de l'impression
l'a
refusée au Public
par des raisons qu'on
ne sçait point, & il y
a
apparencequ'on en auroit
esté privé encore longtemps
,
si un autre amy à
qui Mr de Segrais avoit
permis qu'il prit une copie
de sa traduction ne l'eust
donnée aujourd'huy. Chacun
sçait quel efl: le sujet
des Georgiques de Virgile.
Il y traite des occupations
dela vie pastorale.
Je chante les beautez de la.
blonde Ceres;
Sous quelastre
y
Àdeceney on
tourne lesguerets
;
Par quels accords la vigne
„
a
l'ormeau Se marie;
Lesoin qu'on a des boeufs
,
CT de la bergerie;
L'éparzne de l'abeille,&
l'artiste travail
qui change en miel les fleurs
sans ternir leur émail.
C'estainsi que Virgile
commence, & que l'habile
Traducteur rend la pensée.
Apres que le Poëre a invo-
.qué toures les Divinitez
champestres
,
il invoque
ainsidune maniéré fine &
ddicate, l'Empereur AuguHie
quiestoit sa grande
Divinité.
Et toy
y
car il rielf pas encor
permis de dire
Quelrang t'ejlde(line dans le
celeste Empire,
Cesar sot qu'ausalut de ta
noble Cité
Tu renfermes les sins de ta
Divinité,
Ou que le front orné du myrthe
de ta mere,
Arbitre des sisons
,
la terre
te revere,
Soit que mais*e de l'ijle eu
finit l'IVrivers
Seul tu fois des Nauchers irvvoquésur
les mers,
Et que Vainqueur des flots,
pour tefaireson gendre,
Thetisvienne à tes pieds tous
ses thresors répandre;
Soitqu'enfin préferant la demeure
des Dieux,
Nouveau signe des mois , tu
•regne•dans«les C•ieux,»&c. Victorieux Cesar, sécondé
mon ardeur,
Soulage d'un regard les soins
du laboureur ;;
Entre dans ma carriere , &
souffrant quon t'implore,
Sois Dieu dés maintenant
pour quiconque t'adore.
Quoyquetout lePoème
des Georgiques soit remply
de beautez ,
il faut
pourtant avouer que rien
n'approche de l'excellent
Epifodc que le Poëte a cousu
à son quatrième Livre:
c'est celuy du Pasteur Arisiée
qui voyant perir routes
ses Abeilles, eut recours
à sa mere Cyrene pour Ravoir
d'où venoit la catase
de cette desolation, & pour
apprendre les moyens de la
reparer. Là-dcifuslaNYIn.,
phe luy conseilla d'aller
trouver Prothée, & luy
apprit que pour éluder de
luy répondre, le Dieu Ce
changeroit en plusieurs sigures
,&: que pour l'epouventer,
il prendroit successivement
la forme d'un
Lion, d'un Serpent,&c;.
mais qu'il ne falloit
-
point
le laisser échapper juiques à
ce qu'il fut revenu en son
premier estat, & qu'alors
il luy apprendroit ce qui
causoit son malheur
,
elle
l'envoyaàce Dieu marin,
qui après avoir Joue tout
le manege dont elle luy
avoitparlé
,
luy apprit que
la cau se de son mal heur
estoit la mort d'Euridice
que son amour avoit cau- sée.
Ungrand crime des D ieux
t'attire la colere,
Du malheureux Orphée ayant
cause les, pleurs,
Lefort deson Epouse a fait
tesgrands malheurs.
Irrité de sa mort, il poursuit
tonsupplice, ibJ
C'étoit en tefuyant quesa chere
Euridice5
Pressoit lherbedes Prez
:J
e:3;
ne découvritpas,
Le venimeux Serpent autheur
deson trépas.
Le Poëte raconteensuite
comment Orphée tenta la
descente des enfers pour
obtenir de Pluton le retour
de sachere Euridice, &de
quelle sorte il charma les
ombres decetristeséjour,
qui dançoient au son de sa
Lyre.
Dans le fonds du tartare on
vîtjusques aux Furies
Avec tous leurs Serpens par
Orphée attendris. *
Ixionvitsa rouë arrester à sa
voix;
Cerbere donna treve àses tristes
aboix.
Déja s'en revenant avec fit
prisonniere,
Euridice avec luy marchoit
vers la lumiere.
'( Telle de Proserpine estoit la
dure loy)
Quand son amour trop vif
luyfitmanquer de foy.
Unregard imprudent (offens-e
pardonnable
Sijamais pardonnoit l'Enfer
inexorable)
Luyfit voir Euridice abismée
'-'. enUmity
Et de ses vains travauxy
remporter lefruit.
Tout le reste de l'Episode,
le deüild'Orphée,sa
retraite sur les montagnes
où il charmoit les Tigres
& les Ours; safin tragique;
tout celaest traduit avec
beaucoup de force & d'exactitude.
-,' Feu Mr de Segrais estoit
deCaën, ôcilyavôfc fait
sesestudes au College des
Jesuites.Il s'exerçadans la
jeunesse à faire des Vers
lyriques, des Chansons
>
& quelques petites Historiettes
pour se divertir avec
ses amis.Pendant cetempslà
Mr le Comte de Fiesque
ayantété éloigné de la
Cour,se retira à Caën ,
&
ayant connu là le jeune Segraisquin'avoit
alors que
dix-neufans, il le gousta
si fort qu'ille mena avec
luy lorsqu'ilfutrappellé.
Ce fut alors qu'il acheva
deseformer,& qu'il prit
le bon goust & la politesse
qui ont paru depuis dans
ses Ouvrages. Estantentré
auprés de Mademoiselle,
le loisir de S. Fargeau où
elle fut releguée luy donna
le temps de travailler à fa*
traduction de l'Eneïde.Mademoiselle
ayant eu quelquesujet
d'estremécontente
de luy
,
il se retira chez
Me de la Fayette
,
& ce
fut là où ilcomposa laPrincesse
de Cleves
,
Ouvrage
tant loüé ôc tant critiqué:
& Zaïde,Histoire Espagnole
qui peut passer pour
le chef-d'oeuvre des Romans
qui sontécrits dans
ce genre. Comme Me de
la Fayette & Mr de la Rochefoucault
estoient en
grande relation, chacun
sçait la part que ces deux
illustres personneseurentà
la compositiondeces deux
Romans,surtout de celuy
delaPrincesse de Cleves.
L'année 1662. il fut
reçu à l'Academie Françoise:
mais s'ennuyant du
sejour de Paris quiledissipoit
trop, il se retira en
Normandie où il épo sa
une riche heritiere la parente
, & trouvant l'Academie
de Caën sans protetlcur
depuis la mort de Mr
- de Matignon
,
il en receüillit
les membres chez
luy où il fit un appartement
fort propre pour y
tenir les Assemblées. Il eue
un differend avec le fameux
Bochart qui estoit
du mesme pays, au sujet
de l'Eneïde. Celuy cy ayant
dit qu'il n'estoit pas
difficile de prouver qu'Enée
n'avoit jamais esté en
Italie, ils se firent une espece
de désy: mais le sçavant
Protestant fit sur ce
su jet une.Dissertation si
remplie d'érudition
,
&
allegua
allegua tant dAuteurs inconnus
à *Mr de Segrais
,
qu'elle demeura sans réponse.
On peut avoir tout
l'cfprit du monde
, & ce
qu'on appelle une aimable
érudition
,
sans avoir approfondi
les matieres anciennes
comme Bochart,
& ce n'est pas mesme cette
forte de science qui compose
les talents Academiques.
La traduction de l'Eneïde
quoyque l'original ait perdu
beaucoup de .feJ graces entrefis
mains
,
surpasse de bien loin
tous les Poëmes que nos Ait':
teurs ont mis aujo-ur*'av<ec plus
de confiancequedesuccès, &
il se doit contenter d'avoir
mieux trouvéle genie de Virgile
que pas un de nos Auteurs.
Je louë l'application de Mr
de Segrais à connoistre ïefyrit
du Poëte danssa Prefaceautant
que dans la version
, &'
il me semblequ'il a bien réüjft
àjuger de tout excepté des caracteres.
Ainsi parloit feu
Mr de S. Evremond dans
ses reflexions sur nos Traducteurs,
& vous sçavez
quel juge c'estoit dans ces''
matieres queM.deSaint
Evrcmond. On pourroit
pourtant dire que son jugement
se ressent un peu
du chagrin qu'il avoit contre
le peu de merite du bon.
Enée,dont il fait dans la
suite une critique impitoyable.
C'estoit, selon luy,
un pauvre Heros dans le Paganisme
,
qui pourroit estre un
grand Saint chez les Chretiens,
& plus digne Fondateur
d'unOrdre qued'unEstat.
Quoyqu'il en soit Mr
de Segrais avoit fait pluro,
sieurs autresOuvrages qu'il
a laissezàun de ses amis
pour les faire imprimer. Il
, mourut le25.de Mars1701.
âgé de 76. ans, & regretté
de tous les honnestes gens
dont il faisoit les delices.
Ce Livre se vend à Paris
chez Jacques le Febvre
dans la Grande-Salle du
Palais.Jean Musier à la descente
du Pont-Neufà l'Olivier,
& Estienne Ganeau,
ruë S. Jacques., aux Armes
de Dombes. EXTRAIT
TraductionenVers François
desfieorgttf'MS de
Vtrgille
,
OwvrageposthumedeMonsieur
DESEGRAISI
FeuMrdeSegrais, si
connu par sa belle traduction
de l'Eneïde,avoitaussi
traduit les Georgiques du
mesme Poëte, & n'ayant
pas eu le temps de les donner
au Public, il chargea
un de ses amis du soin de
les faire iniprimer, &dy
joindre une Préfacé dont
apparemment il avoit dreffé
le projet. Le Public attendoit
avec impatience,
que cet amy rendit ce
devoir à la memoiredecet
illustre deffunt; & onavoit
d'autant plus de sujet de
l'esperer
, que feu Mr de
Segrais regardoit sa traduétion
des Georgiques comme
son meilleur Ouvrage.
Cependant celuy qu'il avoit
chargédu soin de l'impression
l'a
refusée au Public
par des raisons qu'on
ne sçait point, & il y
a
apparencequ'on en auroit
esté privé encore longtemps
,
si un autre amy à
qui Mr de Segrais avoit
permis qu'il prit une copie
de sa traduction ne l'eust
donnée aujourd'huy. Chacun
sçait quel efl: le sujet
des Georgiques de Virgile.
Il y traite des occupations
dela vie pastorale.
Je chante les beautez de la.
blonde Ceres;
Sous quelastre
y
Àdeceney on
tourne lesguerets
;
Par quels accords la vigne
„
a
l'ormeau Se marie;
Lesoin qu'on a des boeufs
,
CT de la bergerie;
L'éparzne de l'abeille,&
l'artiste travail
qui change en miel les fleurs
sans ternir leur émail.
C'estainsi que Virgile
commence, & que l'habile
Traducteur rend la pensée.
Apres que le Poëre a invo-
.qué toures les Divinitez
champestres
,
il invoque
ainsidune maniéré fine &
ddicate, l'Empereur AuguHie
quiestoit sa grande
Divinité.
Et toy
y
car il rielf pas encor
permis de dire
Quelrang t'ejlde(line dans le
celeste Empire,
Cesar sot qu'ausalut de ta
noble Cité
Tu renfermes les sins de ta
Divinité,
Ou que le front orné du myrthe
de ta mere,
Arbitre des sisons
,
la terre
te revere,
Soit que mais*e de l'ijle eu
finit l'IVrivers
Seul tu fois des Nauchers irvvoquésur
les mers,
Et que Vainqueur des flots,
pour tefaireson gendre,
Thetisvienne à tes pieds tous
ses thresors répandre;
Soitqu'enfin préferant la demeure
des Dieux,
Nouveau signe des mois , tu
•regne•dans«les C•ieux,»&c. Victorieux Cesar, sécondé
mon ardeur,
Soulage d'un regard les soins
du laboureur ;;
Entre dans ma carriere , &
souffrant quon t'implore,
Sois Dieu dés maintenant
pour quiconque t'adore.
Quoyquetout lePoème
des Georgiques soit remply
de beautez ,
il faut
pourtant avouer que rien
n'approche de l'excellent
Epifodc que le Poëte a cousu
à son quatrième Livre:
c'est celuy du Pasteur Arisiée
qui voyant perir routes
ses Abeilles, eut recours
à sa mere Cyrene pour Ravoir
d'où venoit la catase
de cette desolation, & pour
apprendre les moyens de la
reparer. Là-dcifuslaNYIn.,
phe luy conseilla d'aller
trouver Prothée, & luy
apprit que pour éluder de
luy répondre, le Dieu Ce
changeroit en plusieurs sigures
,&: que pour l'epouventer,
il prendroit successivement
la forme d'un
Lion, d'un Serpent,&c;.
mais qu'il ne falloit
-
point
le laisser échapper juiques à
ce qu'il fut revenu en son
premier estat, & qu'alors
il luy apprendroit ce qui
causoit son malheur
,
elle
l'envoyaàce Dieu marin,
qui après avoir Joue tout
le manege dont elle luy
avoitparlé
,
luy apprit que
la cau se de son mal heur
estoit la mort d'Euridice
que son amour avoit cau- sée.
Ungrand crime des D ieux
t'attire la colere,
Du malheureux Orphée ayant
cause les, pleurs,
Lefort deson Epouse a fait
tesgrands malheurs.
Irrité de sa mort, il poursuit
tonsupplice, ibJ
C'étoit en tefuyant quesa chere
Euridice5
Pressoit lherbedes Prez
:J
e:3;
ne découvritpas,
Le venimeux Serpent autheur
deson trépas.
Le Poëte raconteensuite
comment Orphée tenta la
descente des enfers pour
obtenir de Pluton le retour
de sachere Euridice, &de
quelle sorte il charma les
ombres decetristeséjour,
qui dançoient au son de sa
Lyre.
Dans le fonds du tartare on
vîtjusques aux Furies
Avec tous leurs Serpens par
Orphée attendris. *
Ixionvitsa rouë arrester à sa
voix;
Cerbere donna treve àses tristes
aboix.
Déja s'en revenant avec fit
prisonniere,
Euridice avec luy marchoit
vers la lumiere.
'( Telle de Proserpine estoit la
dure loy)
Quand son amour trop vif
luyfitmanquer de foy.
Unregard imprudent (offens-e
pardonnable
Sijamais pardonnoit l'Enfer
inexorable)
Luyfit voir Euridice abismée
'-'. enUmity
Et de ses vains travauxy
remporter lefruit.
Tout le reste de l'Episode,
le deüild'Orphée,sa
retraite sur les montagnes
où il charmoit les Tigres
& les Ours; safin tragique;
tout celaest traduit avec
beaucoup de force & d'exactitude.
-,' Feu Mr de Segrais estoit
deCaën, ôcilyavôfc fait
sesestudes au College des
Jesuites.Il s'exerçadans la
jeunesse à faire des Vers
lyriques, des Chansons
>
& quelques petites Historiettes
pour se divertir avec
ses amis.Pendant cetempslà
Mr le Comte de Fiesque
ayantété éloigné de la
Cour,se retira à Caën ,
&
ayant connu là le jeune Segraisquin'avoit
alors que
dix-neufans, il le gousta
si fort qu'ille mena avec
luy lorsqu'ilfutrappellé.
Ce fut alors qu'il acheva
deseformer,& qu'il prit
le bon goust & la politesse
qui ont paru depuis dans
ses Ouvrages. Estantentré
auprés de Mademoiselle,
le loisir de S. Fargeau où
elle fut releguée luy donna
le temps de travailler à fa*
traduction de l'Eneïde.Mademoiselle
ayant eu quelquesujet
d'estremécontente
de luy
,
il se retira chez
Me de la Fayette
,
& ce
fut là où ilcomposa laPrincesse
de Cleves
,
Ouvrage
tant loüé ôc tant critiqué:
& Zaïde,Histoire Espagnole
qui peut passer pour
le chef-d'oeuvre des Romans
qui sontécrits dans
ce genre. Comme Me de
la Fayette & Mr de la Rochefoucault
estoient en
grande relation, chacun
sçait la part que ces deux
illustres personneseurentà
la compositiondeces deux
Romans,surtout de celuy
delaPrincesse de Cleves.
L'année 1662. il fut
reçu à l'Academie Françoise:
mais s'ennuyant du
sejour de Paris quiledissipoit
trop, il se retira en
Normandie où il épo sa
une riche heritiere la parente
, & trouvant l'Academie
de Caën sans protetlcur
depuis la mort de Mr
- de Matignon
,
il en receüillit
les membres chez
luy où il fit un appartement
fort propre pour y
tenir les Assemblées. Il eue
un differend avec le fameux
Bochart qui estoit
du mesme pays, au sujet
de l'Eneïde. Celuy cy ayant
dit qu'il n'estoit pas
difficile de prouver qu'Enée
n'avoit jamais esté en
Italie, ils se firent une espece
de désy: mais le sçavant
Protestant fit sur ce
su jet une.Dissertation si
remplie d'érudition
,
&
allegua
allegua tant dAuteurs inconnus
à *Mr de Segrais
,
qu'elle demeura sans réponse.
On peut avoir tout
l'cfprit du monde
, & ce
qu'on appelle une aimable
érudition
,
sans avoir approfondi
les matieres anciennes
comme Bochart,
& ce n'est pas mesme cette
forte de science qui compose
les talents Academiques.
La traduction de l'Eneïde
quoyque l'original ait perdu
beaucoup de .feJ graces entrefis
mains
,
surpasse de bien loin
tous les Poëmes que nos Ait':
teurs ont mis aujo-ur*'av<ec plus
de confiancequedesuccès, &
il se doit contenter d'avoir
mieux trouvéle genie de Virgile
que pas un de nos Auteurs.
Je louë l'application de Mr
de Segrais à connoistre ïefyrit
du Poëte danssa Prefaceautant
que dans la version
, &'
il me semblequ'il a bien réüjft
àjuger de tout excepté des caracteres.
Ainsi parloit feu
Mr de S. Evremond dans
ses reflexions sur nos Traducteurs,
& vous sçavez
quel juge c'estoit dans ces''
matieres queM.deSaint
Evrcmond. On pourroit
pourtant dire que son jugement
se ressent un peu
du chagrin qu'il avoit contre
le peu de merite du bon.
Enée,dont il fait dans la
suite une critique impitoyable.
C'estoit, selon luy,
un pauvre Heros dans le Paganisme
,
qui pourroit estre un
grand Saint chez les Chretiens,
& plus digne Fondateur
d'unOrdre qued'unEstat.
Quoyqu'il en soit Mr
de Segrais avoit fait pluro,
sieurs autresOuvrages qu'il
a laissezàun de ses amis
pour les faire imprimer. Il
, mourut le25.de Mars1701.
âgé de 76. ans, & regretté
de tous les honnestes gens
dont il faisoit les delices.
Ce Livre se vend à Paris
chez Jacques le Febvre
dans la Grande-Salle du
Palais.Jean Musier à la descente
du Pont-Neufà l'Olivier,
& Estienne Ganeau,
ruë S. Jacques., aux Armes
de Dombes. EXTRAIT
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Résumé : LIVRES NOUVEAUX. Traduction en Vers François des Georgiques de Virgille, Ouvrage posthume de Monsieur DE SEGRAIS.
Le texte présente la traduction posthume des 'Georgiques' de Virgile par Jean Régnier de La Salle, dit Monsieur de Segrais. Segrais, connu pour sa traduction de l'Énéide, avait chargé un ami de publier cette traduction, qu'il considérait comme son meilleur ouvrage. Cependant, cet ami a refusé de la publier pour des raisons inconnues. Un autre ami de Segrais a finalement rendu la traduction publique. Les 'Georgiques' traitent des occupations de la vie pastorale, des cultures agricoles, et des arts liés à la nature. Le texte décrit également la vie et la carrière de Segrais. Né à Caen, il a étudié au Collège des Jésuites et s'est adonné à la poésie lyrique et aux chansons. Il a été introduit à la cour par le Comte de Fiesque, qui l'a pris sous son aile. Segrais a traduit l'Énéide et a travaillé sur des romans comme 'La Princesse de Clèves' et 'Zaïde' en collaboration avec Madame de Lafayette et La Rochefoucauld. Il a été reçu à l'Académie française en 1662 et s'est retiré en Normandie, où il a épousé une riche héritière. Segrais a également eu un différend avec le savant Bochart concernant l'Énéide. Sa traduction de l'Énéide est louée pour sa fidélité à l'esprit de Virgile, bien que Saint-Évremond ait critiqué le personnage d'Énée. Segrais est décédé le 25 mars 1701 à l'âge de 76 ans, laissant plusieurs ouvrages à publier. Le livre est disponible à Paris chez plusieurs libraires.
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21
p. 3-11
Histoire de l'Academie Royale des Sciences, Année 1709.
Début :
Messieurs de l'Academie Royale des Sciences viennent de donner au [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Mémoires, Public, Vérités
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Histoire de l'Academie Royale des Sciences, Année 1709.
Histoire dePAc-ademieBodes .yaleder
Sciences, Année170p.
Messieurs de l'AcademieRoyale
des Sciences
viennent de donner au
public un volume de leur
Histoire ; c'est-à-dire un
Recueil de Pieces Académiques
sur toutes les
Sciences, précédéd'un
Ouvrage particulier du
Secrétaire*de la Compagnie,
danslequelilexpose
d'une maniéré plus
générale ce qui est explique
en détail dans chaque
Mémoire.
Ceux qui aiment les
Sciences çonnoissènt le
prix dece Livre. La curiosité
est satisfaite par
? Mr de FonTcwlic.
les nouvelles découvertes
que l'on y trouve;
elles sont la pluspart le
fruit de la plus profonde
méditation & de la
recherche la plus active
-& la plus industrieuse,
unbon esprit attentif
à la méthode que l'on a
suivie pour y parvenir
doit yadmirer cette vivacité
ingenieusequia
pénétré les misteres de la
Nature, & les secrets de
la Geometriela plus fublilne;
cette attention
exacte qui met le sceau
aux Expériences les plus
difficiles; cette force .&
cette justesse de raisonnement
qui fait la régularité
des systémes les plus
hardis, qui en fondela
vrai-semblance, &qui
dans les matieres douteuses
donne de l'autorité
aux simples conjectures.
.-
Les Scavans font toûjours
un present utile au
public quand ils lui donnent
leurs découvertes ;
mais le plus important
servicequ'ils puissent lui
rendre, c'est de lui ouvrir
les chemins qui les
ont conduits à la connoissance
delàvérité )&
de lui faire part d'une
excellente methode toûjours
propre à étendre
lesvûës de l'esprit & le
progrés des sciences. -C'estencela queconsiste
la principale utilité des
Mémoires de cette fçavante
Academie. Nonseulement
on y trouve
des veritez qui n'avoient
jamais cfté connuës,
mais quand on lit ces
Mémoires avecreflexion
onydécouvre à chaque
pas des regles fûres pour
se conduire dans ses recherches.
La première partie de
ce Livre est intitulée,
Histoire de l'Academie
Royale des Sciences. On
y reprend ce qui cft con-*
tenu en substance dans
chaque Mémoire;ç'en
est
, pour ainli- dire
,
le
précis.
Elle a deux avantages,
Ellesert comme d'introduction
&C de préparation
à ceux qui veulent
lire les Mémoires & leur
en facilite l'intelligence;
&; quand ces Mémoires
sont lûs, elle devientune
récapitulation de tout ce
, "r qu'on y a vu: en forte quV
elle dispose d'abord 1ef
pritàse laisser convaincre
des veritez qu'on luiannonce;
& fert ensuite à y
fixer ces mêmes veritez,
enfaisant voir comment
elles tiennent les unes
aux autres, & en les afsemblant
fous leurs principes,
dont on fait connoistre
en même temps
la juste étenduë, l'usage
& la fécondité.
L'élegance &c la politesse
qui regnent dans
cet ouvrage, toutherissé
- d'ailleurs deveritezabs
traites de tous les genres,
lont une preuve quesi
les graces & les sciences
ne font pas toujours en.,
semble; il n'y a pas entr'elles
tant d'incompatibilité
qu'on se l'imagine.
:
Je n'entreprens pas de
donner icy un Extrait
detout ce qui effc contenu
dans le dernier Volume
qui vient de paroistre.
i'
Sur tout je respecte cetic
grands morceaux de
Geometrie qui ne veulent
point estre démembrez
,
& qu'il faudroit
presentertout d'une piece
; je choisiray seulement
dans les matieres
moins abstraites, quelquesendroits
curieux
qui peuvent se détacher ,
des Mémoires, &c qui
pour estre entendus nO.
demandent ni une grande
contention d'elprit,
ni une connoissance de
principes trop élevez. A,
l'égard du relie , je me
contenterai de donner
unetable des Matières
particulières qui font
traitées dans les inemoires
; au moinsceuxqui
s'y interessent feront
bien aise de avoir l'en*
droitoù elles [onrexpli.
quées,afin d'y avoir re*
cours aubesoin.
Sciences, Année170p.
Messieurs de l'AcademieRoyale
des Sciences
viennent de donner au
public un volume de leur
Histoire ; c'est-à-dire un
Recueil de Pieces Académiques
sur toutes les
Sciences, précédéd'un
Ouvrage particulier du
Secrétaire*de la Compagnie,
danslequelilexpose
d'une maniéré plus
générale ce qui est explique
en détail dans chaque
Mémoire.
Ceux qui aiment les
Sciences çonnoissènt le
prix dece Livre. La curiosité
est satisfaite par
? Mr de FonTcwlic.
les nouvelles découvertes
que l'on y trouve;
elles sont la pluspart le
fruit de la plus profonde
méditation & de la
recherche la plus active
-& la plus industrieuse,
unbon esprit attentif
à la méthode que l'on a
suivie pour y parvenir
doit yadmirer cette vivacité
ingenieusequia
pénétré les misteres de la
Nature, & les secrets de
la Geometriela plus fublilne;
cette attention
exacte qui met le sceau
aux Expériences les plus
difficiles; cette force .&
cette justesse de raisonnement
qui fait la régularité
des systémes les plus
hardis, qui en fondela
vrai-semblance, &qui
dans les matieres douteuses
donne de l'autorité
aux simples conjectures.
.-
Les Scavans font toûjours
un present utile au
public quand ils lui donnent
leurs découvertes ;
mais le plus important
servicequ'ils puissent lui
rendre, c'est de lui ouvrir
les chemins qui les
ont conduits à la connoissance
delàvérité )&
de lui faire part d'une
excellente methode toûjours
propre à étendre
lesvûës de l'esprit & le
progrés des sciences. -C'estencela queconsiste
la principale utilité des
Mémoires de cette fçavante
Academie. Nonseulement
on y trouve
des veritez qui n'avoient
jamais cfté connuës,
mais quand on lit ces
Mémoires avecreflexion
onydécouvre à chaque
pas des regles fûres pour
se conduire dans ses recherches.
La première partie de
ce Livre est intitulée,
Histoire de l'Academie
Royale des Sciences. On
y reprend ce qui cft con-*
tenu en substance dans
chaque Mémoire;ç'en
est
, pour ainli- dire
,
le
précis.
Elle a deux avantages,
Ellesert comme d'introduction
&C de préparation
à ceux qui veulent
lire les Mémoires & leur
en facilite l'intelligence;
&; quand ces Mémoires
sont lûs, elle devientune
récapitulation de tout ce
, "r qu'on y a vu: en forte quV
elle dispose d'abord 1ef
pritàse laisser convaincre
des veritez qu'on luiannonce;
& fert ensuite à y
fixer ces mêmes veritez,
enfaisant voir comment
elles tiennent les unes
aux autres, & en les afsemblant
fous leurs principes,
dont on fait connoistre
en même temps
la juste étenduë, l'usage
& la fécondité.
L'élegance &c la politesse
qui regnent dans
cet ouvrage, toutherissé
- d'ailleurs deveritezabs
traites de tous les genres,
lont une preuve quesi
les graces & les sciences
ne font pas toujours en.,
semble; il n'y a pas entr'elles
tant d'incompatibilité
qu'on se l'imagine.
:
Je n'entreprens pas de
donner icy un Extrait
detout ce qui effc contenu
dans le dernier Volume
qui vient de paroistre.
i'
Sur tout je respecte cetic
grands morceaux de
Geometrie qui ne veulent
point estre démembrez
,
& qu'il faudroit
presentertout d'une piece
; je choisiray seulement
dans les matieres
moins abstraites, quelquesendroits
curieux
qui peuvent se détacher ,
des Mémoires, &c qui
pour estre entendus nO.
demandent ni une grande
contention d'elprit,
ni une connoissance de
principes trop élevez. A,
l'égard du relie , je me
contenterai de donner
unetable des Matières
particulières qui font
traitées dans les inemoires
; au moinsceuxqui
s'y interessent feront
bien aise de avoir l'en*
droitoù elles [onrexpli.
quées,afin d'y avoir re*
cours aubesoin.
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Résumé : Histoire de l'Academie Royale des Sciences, Année 1709.
L'Académie Royale des Sciences a publié un volume de son Histoire, regroupant des pièces académiques sur diverses sciences. Ce volume inclut un ouvrage du secrétaire de la compagnie, qui présente les détails de chaque mémoire. Les découvertes y sont issues de méditations profondes et de recherches actives, appréciées pour leur vivacité et leur exactitude. Les savants offrent au public des connaissances utiles et ouvrent des chemins vers la vérité, partageant des méthodes pour étendre les vues de l'esprit et le progrès des sciences. Le livre est divisé en deux parties. La première, 'Histoire de l'Académie Royale des Sciences', résume chaque mémoire et sert d'introduction et de récapitulation. Elle facilite la compréhension des mémoires et montre comment les vérités se tiennent entre elles. L'ouvrage est également remarquable pour son élégance et sa politesse, prouvant que les grâces et les sciences ne sont pas incompatibles. Le texte ne fournit pas un extrait complet du dernier volume, mais mentionne des sujets moins abstraits et propose une table des matières pour localiser facilement les sujets traités.
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22
p. 83-84
L'ANONIME BURLESQUE, Sur l'Air, Reveillez-vous belle endormie.
Début :
Reveillez-vous, Seigneur Mercure, [...]
Mots clefs :
Mercure, Public
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'ANONIME BURLESQUE, Sur l'Air, Reveillez-vous belle endormie.
L'ANONIME
BUKLESUE
Sur l'Air ,
Reveillez
- vous
belle endormie. REveillez-vous,Seigne--
u--r- *M» e- rcure,
Réveillez^ vostre amy
Lecteur;
Serieuse litterature
Endort le Public &
l'Auteur.
~3L~
Vou4devencTjtrop Philosophe,
Chantez sur v:9'tre premier
ton.
Si vous donnez solide
étoffe,
Eguayez au moins la
façon.
BUKLESUE
Sur l'Air ,
Reveillez
- vous
belle endormie. REveillez-vous,Seigne--
u--r- *M» e- rcure,
Réveillez^ vostre amy
Lecteur;
Serieuse litterature
Endort le Public &
l'Auteur.
~3L~
Vou4devencTjtrop Philosophe,
Chantez sur v:9'tre premier
ton.
Si vous donnez solide
étoffe,
Eguayez au moins la
façon.
Fermer
23
p. 84-86
Réponse.
Début :
Selon l'étoffe qu'on lui donne, [...]
Mots clefs :
Mercure, Public
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Réponse.
Réponse.
Selon l'étoffe qu'on luy
donne,
Mercure ajuste safaçon
ji sa muse grave, ou
boufonne,
Le Public doit donner le
ton.
En effet, Seigneur
Anonime, envoyezmoy
poësies gaillardes,
eruditions badines, caprices
folâtres, joyeux
sujets d'historiettes, je
mettrai le tout joyeusement
en oeuvre.
Reveillez,''vous
,
cher
Anonime,
C'est vostresommeil qui
m'endort,
Pourpeu que voflre feu
m'anime,
Va tout, (sr je cave au
plUl fort.
Selon l'étoffe qu'on luy
donne,
Mercure ajuste safaçon
ji sa muse grave, ou
boufonne,
Le Public doit donner le
ton.
En effet, Seigneur
Anonime, envoyezmoy
poësies gaillardes,
eruditions badines, caprices
folâtres, joyeux
sujets d'historiettes, je
mettrai le tout joyeusement
en oeuvre.
Reveillez,''vous
,
cher
Anonime,
C'est vostresommeil qui
m'endort,
Pourpeu que voflre feu
m'anime,
Va tout, (sr je cave au
plUl fort.
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24
p. 3-8
« La varieté est un agrément de fondation dans le Mercure, [...] »
Début :
La varieté est un agrément de fondation dans le Mercure, [...]
Mots clefs :
Mercure, Variété, Public, Vin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « La varieté est un agrément de fondation dans le Mercure, [...] »
A varieté est un agrément
de fondation
dans le Mercure ,
ainsi lanecessité de varier
les sujets doit l'emporter
sur celle d'y continuer
ceux qu'ona commencé
d'ytraiter:mais en discontinuant
icy l'abregé
de l'Iliade,& leParalelle,
on prometde les donner
achevez & perfectionnez
dans un petit
volume separé
, comme
Supplément du Mercure
,- & cela au premier
loisir qu'aura l'Autheur
de l'abregé
, car le paralelleest
déja tout prelL
Il n'est pas Surprenants.
quele Publicaimela variété
,
puisque son goust
est si varié &si variable :
mais il feroiteftônnantt
qu'un Livre seul peust*
estré aussi varié que le
goust dupublic : quoy
qu'il poussesouvent fès-j
desirsau <ielàdupossible
je n'en estime pas *moins son goust
,
mais
je le prie de ne pas juger
du mien par les choses
que je luy donneray feulement
pour varier.
La saison des vins nouveaux
me fournit une similitude
qui convient à
la teste du Mercure des
vendanges ceux qui
veulent changer de vin
tous les jours, épuisent
bientost les bons, il n'y
a pas tant de bons terroirs
:s'ils veulent pousser
plus loin la varieté,
ils doivent seresoudreà
la guinguette-
Je donneray dans ce
volume-cy un article de
guinguette, mais si peu
frelatée & si verte quelle
fera secoüer les oreilles
aux bons gourmets. Les
costeaux de l'ancienne
Rome,les Petrones &
les Luculles, banniffoient
de leurs petits repas voluptueux
les viandes
communes & grossieres,
mais quand Luculle donnoit
des repas publics, il
s'attachoit moins à la delicatessequ'àla
variété ÔC
à la profusion des viandes
, le Mercure est un
repas public, on y admet
les bons morceaux, lesmediocres & mesme
les mauvais, il faut
bien que tout le monde
vive.
de fondation
dans le Mercure ,
ainsi lanecessité de varier
les sujets doit l'emporter
sur celle d'y continuer
ceux qu'ona commencé
d'ytraiter:mais en discontinuant
icy l'abregé
de l'Iliade,& leParalelle,
on prometde les donner
achevez & perfectionnez
dans un petit
volume separé
, comme
Supplément du Mercure
,- & cela au premier
loisir qu'aura l'Autheur
de l'abregé
, car le paralelleest
déja tout prelL
Il n'est pas Surprenants.
quele Publicaimela variété
,
puisque son goust
est si varié &si variable :
mais il feroiteftônnantt
qu'un Livre seul peust*
estré aussi varié que le
goust dupublic : quoy
qu'il poussesouvent fès-j
desirsau <ielàdupossible
je n'en estime pas *moins son goust
,
mais
je le prie de ne pas juger
du mien par les choses
que je luy donneray feulement
pour varier.
La saison des vins nouveaux
me fournit une similitude
qui convient à
la teste du Mercure des
vendanges ceux qui
veulent changer de vin
tous les jours, épuisent
bientost les bons, il n'y
a pas tant de bons terroirs
:s'ils veulent pousser
plus loin la varieté,
ils doivent seresoudreà
la guinguette-
Je donneray dans ce
volume-cy un article de
guinguette, mais si peu
frelatée & si verte quelle
fera secoüer les oreilles
aux bons gourmets. Les
costeaux de l'ancienne
Rome,les Petrones &
les Luculles, banniffoient
de leurs petits repas voluptueux
les viandes
communes & grossieres,
mais quand Luculle donnoit
des repas publics, il
s'attachoit moins à la delicatessequ'àla
variété ÔC
à la profusion des viandes
, le Mercure est un
repas public, on y admet
les bons morceaux, lesmediocres & mesme
les mauvais, il faut
bien que tout le monde
vive.
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Résumé : « La varieté est un agrément de fondation dans le Mercure, [...] »
Le texte aborde la nécessité de diversifier les sujets dans le Mercure, une publication périodique, afin de répondre aux goûts variés et changeants du public. L'auteur décide de poursuivre l'abrégé de l'Iliade et son parallèle dans un volume distinct, une fois qu'il en aura le temps. Il compare la variété des sujets à la diversité des vins, soulignant que ceux qui changent trop souvent de vin épuisent rapidement les bons crus. Pour illustrer cette idée, l'auteur promet un article de guinguette, bien que de qualité inférieure. Il compare également le Mercure à un repas public où tous les types de morceaux sont admis, afin que chacun puisse y trouver son compte.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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25
p. 3-10
RÉPONSES à quelques Plaintes contre le Mercure.
Début :
On se plaint qu'on alteré dans le Mercure quelques ouvrages, [...]
Mots clefs :
Plaintes, Mercure, Réponses, Auteurs, Public
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RÉPONSES à quelques Plaintes contre le Mercure.
R E'P 0 N SES
à quelques Plaintes
concfe
le
Mercure.
ONseplaintqi£mdltiùé
dans k Mercurecfueîquttouvraity & quesqucémttnotrésdcf<*tntHè,
A l'égard des Autheurs
ceux qui craignent de
bonne foy d'estre imprimez ne doivent nyreciter ny écrire leurs ouvrages, & ceux qui n'ont
pas le courage de cacher
ce qu'ilsont fait de beau.
peuvent m'en faire tenir
ibus main des copies correctes, & jurer ensuite
hautement qu'ils ne les
ontdonnées à personne,
& qu'ils en desavouent
les fautes;je prendray
ces fautes sur moy pour
leur faire plaisir.
-
A l'égard des noms de
famtHe
9
desgenealogies,
& autres mémoiresdefectueux
y
c'est purement la
faute de ceux qui ne prennentpas le soin de me les
envoyer. On n'a qu'à les
IIdrcfercheZlesLibraires
dont le nom est à la tejtc
du Livre.
Ceux dont les actions
& les familles meriteroient le plus de place
dans ce Journal, font
quelquesfois ceux dont
les articles font ou negligez ou tout- à
-
fait oubliez, parce quevoulant
m'y attacher davantage,
je me suis fié sur de beaux
mémoiresqu'on ma promis, & ces prometteurs
sontlapluspart beaucoup
plusnegligensà me tenir
leur parole que je ne le
fuis à donnerauPublic
tout ce que je luy ay promis.
On se plaintque je
Hemployé:pœ$. assezt de
sempf 4 mon JMcriwà^
Ûtlarai,ConJil faudroit
travailler une aimée pour
chaque mois,& toute
déduction faite du tems
de l'lmpression,dutems
necessairement perdu, Se
dema paresses il ne reste à
peu prés que cinq ou six
jours pour l'écrire, c'est.
trop peu, & je m'en
plains comme vous pour,
toute réponse à cet
article.
Les Nowveïïijtes se
plaignent que j'abbrege
les Nouvelles, & queJe
donne trop de Poesies.
Les Poëtes répondent
que les vers font l'ornement du Mercure.
Les DamesJe 'plaignent qu'on sétend trop
sur les morceaux de Litterature &de Physique.
Les Philosophesrépondent qu'ils s'occupent
agréablement, de ce qui
ennuye les Dames & que
ce qui fait plaisir aux
Dames ne convient
point aux gens studieux.
D'autresse plaignent
que le Mercure n'cft pas
afieZj rempli.
Les Librairesrépondent qu'on le vend bien
tel qu'il est
,
c'est ainsi
que dans le commerce
de la vie
,
celuy qui est
content répond aux
plaintes de celuy qui ne
l'estpas. Je prieinstam-
ment une partie du Public de répondre pour
moy a
l'autre.
à quelques Plaintes
concfe
le
Mercure.
ONseplaintqi£mdltiùé
dans k Mercurecfueîquttouvraity & quesqucémttnotrésdcf<*tntHè,
A l'égard des Autheurs
ceux qui craignent de
bonne foy d'estre imprimez ne doivent nyreciter ny écrire leurs ouvrages, & ceux qui n'ont
pas le courage de cacher
ce qu'ilsont fait de beau.
peuvent m'en faire tenir
ibus main des copies correctes, & jurer ensuite
hautement qu'ils ne les
ontdonnées à personne,
& qu'ils en desavouent
les fautes;je prendray
ces fautes sur moy pour
leur faire plaisir.
-
A l'égard des noms de
famtHe
9
desgenealogies,
& autres mémoiresdefectueux
y
c'est purement la
faute de ceux qui ne prennentpas le soin de me les
envoyer. On n'a qu'à les
IIdrcfercheZlesLibraires
dont le nom est à la tejtc
du Livre.
Ceux dont les actions
& les familles meriteroient le plus de place
dans ce Journal, font
quelquesfois ceux dont
les articles font ou negligez ou tout- à
-
fait oubliez, parce quevoulant
m'y attacher davantage,
je me suis fié sur de beaux
mémoiresqu'on ma promis, & ces prometteurs
sontlapluspart beaucoup
plusnegligensà me tenir
leur parole que je ne le
fuis à donnerauPublic
tout ce que je luy ay promis.
On se plaintque je
Hemployé:pœ$. assezt de
sempf 4 mon JMcriwà^
Ûtlarai,ConJil faudroit
travailler une aimée pour
chaque mois,& toute
déduction faite du tems
de l'lmpression,dutems
necessairement perdu, Se
dema paresses il ne reste à
peu prés que cinq ou six
jours pour l'écrire, c'est.
trop peu, & je m'en
plains comme vous pour,
toute réponse à cet
article.
Les Nowveïïijtes se
plaignent que j'abbrege
les Nouvelles, & queJe
donne trop de Poesies.
Les Poëtes répondent
que les vers font l'ornement du Mercure.
Les DamesJe 'plaignent qu'on sétend trop
sur les morceaux de Litterature &de Physique.
Les Philosophesrépondent qu'ils s'occupent
agréablement, de ce qui
ennuye les Dames & que
ce qui fait plaisir aux
Dames ne convient
point aux gens studieux.
D'autresse plaignent
que le Mercure n'cft pas
afieZj rempli.
Les Librairesrépondent qu'on le vend bien
tel qu'il est
,
c'est ainsi
que dans le commerce
de la vie
,
celuy qui est
content répond aux
plaintes de celuy qui ne
l'estpas. Je prieinstam-
ment une partie du Public de répondre pour
moy a
l'autre.
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Résumé : RÉPONSES à quelques Plaintes contre le Mercure.
Le texte est une réponse aux plaintes concernant le Mercure, une publication. L'auteur s'adresse aux auteurs, les encourageant à ne pas écrire ou publier leurs œuvres s'ils craignent d'être imprimés ou manquent de courage. Il propose de corriger leurs fautes s'ils lui envoient des copies et jurent ne pas les avoir données à d'autres. Les erreurs sur les noms de famille et les généalogies sont imputées à ceux qui ne fournissent pas les informations correctes. L'auteur invite à consulter les libraires pour vérifier les noms. L'auteur reconnaît que certaines actions et familles méritantes sont négligées en raison de promesses non tenues par ceux qui devaient fournir des mémoires. Il admet également que le temps de rédaction est limité, avec seulement cinq ou six jours par mois après déduction des temps d'impression et de pauses. Les nouvellistes se plaignent de la brièveté des nouvelles et de l'excès de poésie. Les poètes répondent que les vers ornent le Mercure. Les dames critiquent l'étendue des morceaux de littérature et de physique, tandis que les philosophes trouvent ces sujets agréables et adaptés aux gens studieux. Certains se plaignent que le Mercure n'est pas assez rempli, mais les libraires affirment qu'il se vend bien tel qu'il est. L'auteur conclut en invitant une partie du public à répondre aux plaintes de l'autre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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26
p. 217-223
LIVRE NOUVEAU.
Début :
On vient de donner au Public le premier Volume d'un [...]
Mots clefs :
Ouvrage périodique, Livre nouveau, Calendrier historique, Almanach, Public
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LIVRE NOUVEAU.
LIVRE NOUVEAU.
On vient de donner au
Public le premier Volume
d'un Ouvrage periodique
trés-curieux & tres-utile.
Le titre de cet Ouvrage est
Kalendrier historique ou Almanach pour l'année 1712. contenant, par ordre de date
3
les
évenemens les plus remarquables, arrivez dans tous les Estats & Empires du monde
pendantl'année 1712. Avec
l'Extrait du prononcé des EJiu;, Declarations & Arrests
publiez dans la mesme année
,
un Volume in 8°.
L'Autheur decet Ouvrage ne se ren ferme point
dans les étroites bornes de
quelques évenelllcns particuliers, maisil comprend
fous le mot d'évenemens
les mouvemens de Troupes
que les Princes arment
pour la deffense de leurs interefts
)
les Batailles, les
Sieges, les Prises deVille,
les Conferences tenuës
pour le bien des Estats de
l'Europe
,
& autres assemblées faites pour differens
sujets. Les Audiences accordées aux Ministres envoyez
prés des Testes couronnées; la Naissance
,
les
Mariages & la mort des
Princes, & Princesses, Seigneurs
,
Dames & autres
personnesillustres. Les
promotions aux charges&
dignitez Ecclesiastiques 3
civiles & militaires
,
& enfin tous autres faitsservans à l'histoiredenostretemps.
A ces faits l'Auteur a joint
un Extrait du prononcé
des Edits, Declarations &
Arrests du Conseil & des
autres Cours Souveraines.
Personne ne peut disconvenir, & on éprouve tous
les jours dans la conversation
,
que quoyque toutes
Les circonstances de ces évenemens soient encore
presentes à l'idée, on ne
peut cependant que tresrarement citer dans quel
jour tel &tel évenement
est arrivé.
C'est en vûë de rendre
un service agréable au public que l'on luy donnera
tous les six mois un volume de cet Ouvrage, qui
par le secours d'une Table
Alphabetique des évenemens, que l'on joindra à
chacun de ces volumes, fera un moyen sur & facile
de serappeller cette circonstance si agréable de l'histoire
,
dont on veut tou-
jours estre instruit
,
qui échape si souvent de la memoire, c'est-à-dire, la date
des faits.
Cet Ouvrage se vend
chez Delaunay, Libraire,
ruë Saint Jacques à la ville
de Rome;Prud -Homme,
Libraire, en la grande salle duEalais ,à la BonneFoy couronnée, & chez
Rondet
,
Imprimeur Libraire
»
ruë de la Harpe,
à la longue Allée.
Le prix de chaque volumeestde vingt-cinq sols
broché, trente sols relié
en parchemin & trentecinq foIs relié en veau.
On vient de donner au
Public le premier Volume
d'un Ouvrage periodique
trés-curieux & tres-utile.
Le titre de cet Ouvrage est
Kalendrier historique ou Almanach pour l'année 1712. contenant, par ordre de date
3
les
évenemens les plus remarquables, arrivez dans tous les Estats & Empires du monde
pendantl'année 1712. Avec
l'Extrait du prononcé des EJiu;, Declarations & Arrests
publiez dans la mesme année
,
un Volume in 8°.
L'Autheur decet Ouvrage ne se ren ferme point
dans les étroites bornes de
quelques évenelllcns particuliers, maisil comprend
fous le mot d'évenemens
les mouvemens de Troupes
que les Princes arment
pour la deffense de leurs interefts
)
les Batailles, les
Sieges, les Prises deVille,
les Conferences tenuës
pour le bien des Estats de
l'Europe
,
& autres assemblées faites pour differens
sujets. Les Audiences accordées aux Ministres envoyez
prés des Testes couronnées; la Naissance
,
les
Mariages & la mort des
Princes, & Princesses, Seigneurs
,
Dames & autres
personnesillustres. Les
promotions aux charges&
dignitez Ecclesiastiques 3
civiles & militaires
,
& enfin tous autres faitsservans à l'histoiredenostretemps.
A ces faits l'Auteur a joint
un Extrait du prononcé
des Edits, Declarations &
Arrests du Conseil & des
autres Cours Souveraines.
Personne ne peut disconvenir, & on éprouve tous
les jours dans la conversation
,
que quoyque toutes
Les circonstances de ces évenemens soient encore
presentes à l'idée, on ne
peut cependant que tresrarement citer dans quel
jour tel &tel évenement
est arrivé.
C'est en vûë de rendre
un service agréable au public que l'on luy donnera
tous les six mois un volume de cet Ouvrage, qui
par le secours d'une Table
Alphabetique des évenemens, que l'on joindra à
chacun de ces volumes, fera un moyen sur & facile
de serappeller cette circonstance si agréable de l'histoire
,
dont on veut tou-
jours estre instruit
,
qui échape si souvent de la memoire, c'est-à-dire, la date
des faits.
Cet Ouvrage se vend
chez Delaunay, Libraire,
ruë Saint Jacques à la ville
de Rome;Prud -Homme,
Libraire, en la grande salle duEalais ,à la BonneFoy couronnée, & chez
Rondet
,
Imprimeur Libraire
»
ruë de la Harpe,
à la longue Allée.
Le prix de chaque volumeestde vingt-cinq sols
broché, trente sols relié
en parchemin & trentecinq foIs relié en veau.
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Résumé : LIVRE NOUVEAU.
Le texte présente la publication du premier volume du 'Kalendrier historique ou Almanach pour l'année 1712'. Cet ouvrage compile, par ordre chronologique, les événements marquants survenus en 1712 dans divers États et empires. Il inclut des extraits de discours, déclarations et arrêts publiés la même année. Les sujets abordés vont des mouvements de troupes et batailles aux naissances, mariages et décès de personnalités notables, en passant par les promotions dans les domaines ecclésiastiques, civils et militaires. L'objectif est d'aider le public à se souvenir des dates des événements récents souvent oubliés. Chaque volume, publié tous les six mois, comprendra une table alphabétique des événements. Les volumes sont disponibles chez Delaunay à Rome, Prud'Homme à Paris, et Rondet à Paris, avec des prix variables selon la reliure.
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27
p. 143-144
« Madame la Comtesse d'Entragues, que l'on connoissoit auparavant [...] »
Début :
Madame la Comtesse d'Entragues, que l'on connoissoit auparavant [...]
Mots clefs :
Comtesse d'Entragues, Public, Pièce, Régaler , Dames, Mérite, Nouveauté, Madame de Pringy
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Madame la Comtesse d'Entragues, que l'on connoissoit auparavant [...] »
Madame la Comtesse
'Entragues, que l'on conoissoitauparavant
{ot<<
nom de Madame de
Pringy, vient de regaler
public d'une petite piece
touteenjoüée cy trés-dilerttftante
,
{oH4 le titre de
la Loterie,Feste galance.
Touslesautresouwages
de cette Damefont
affezj comprendrepar l'approbation
qu'ils ont eue,
que cette Piece ne peut
manquer d'être bien reçûë..
Il feroit à souhaiter
que les Dames d'un tell
mericc, &C qu'on annonce
avec tant de plaisir,
envoyassent quelque
nouveauté de leur
façon, pour rendre l'annonce
de leurs ouvrages
plus agreableau public.
'Entragues, que l'on conoissoitauparavant
{ot<<
nom de Madame de
Pringy, vient de regaler
public d'une petite piece
touteenjoüée cy trés-dilerttftante
,
{oH4 le titre de
la Loterie,Feste galance.
Touslesautresouwages
de cette Damefont
affezj comprendrepar l'approbation
qu'ils ont eue,
que cette Piece ne peut
manquer d'être bien reçûë..
Il feroit à souhaiter
que les Dames d'un tell
mericc, &C qu'on annonce
avec tant de plaisir,
envoyassent quelque
nouveauté de leur
façon, pour rendre l'annonce
de leurs ouvrages
plus agreableau public.
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Résumé : « Madame la Comtesse d'Entragues, que l'on connoissoit auparavant [...] »
Madame la Comtesse d'Entragues, ancienne Madame de Pringy, a présenté la pièce 'La Loterie, ou la Fête galante'. Cette œuvre a été bien accueillie pour son caractère divertissant. Ses précédents ouvrages ont également été appréciés, suggérant un succès continu. D'autres dames talentueuses sont encouragées à proposer des nouveautés littéraires.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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28
p. 3-6
ETRENNES.
Début :
On donne au Public en étrenes un renouvellement de soins [...]
Mots clefs :
Mercure nouveau, Privilège, Associé, Public
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ETRENNES.
ETRENES.
N donne au Public
en étrenes un
renouvellemeT de
foins pour le Mercure,
DU plutôt un Mercure
hotiveau., celui de l'an
passéayant beaucoup
langui
, parce que l'auteur,
par des raisons
qu'il a dites les mois derniers
,
n'a pas pu s'y appliquer,
& n'a pu être
reconnu pour auteur
que parce que le privilege
cft en son nom.
Il a chargé du soin du
Mercure en general un
associé, qui contentera
le Public autant que le
Public peut être contenté
, c'està dire tantôl
,OUI, tantot non, & autant
que le peut permettre
un livre qui ne sçauroit
jamais contenter
tout le monde: ce qui
est, comme on sçait, la
définition du Mercure.
> L'auteur tâchera d'y
placer toujours quelque
petit morceau de lui,
Taille que vaille. Il n'a
pu y mettre que fort peu
de chose ce mois-ci
,
6C
lpu" riie les lesteurs de ne
rien attribuer que
quand il y meetra son
nom ou sa marque, qui
sera D, F. Il a ses raisons
pour donner cet avis.
Au reste, il lui paroic
qu'excepré exactitude
& quelques mémoires
recherchez qu'
on aura dans la fuite,
ceMercure-ci estpassa«
ble, au degré qu'un Mercure
doit l'être. C'estaù
Public à en juger.
N donne au Public
en étrenes un
renouvellemeT de
foins pour le Mercure,
DU plutôt un Mercure
hotiveau., celui de l'an
passéayant beaucoup
langui
, parce que l'auteur,
par des raisons
qu'il a dites les mois derniers
,
n'a pas pu s'y appliquer,
& n'a pu être
reconnu pour auteur
que parce que le privilege
cft en son nom.
Il a chargé du soin du
Mercure en general un
associé, qui contentera
le Public autant que le
Public peut être contenté
, c'està dire tantôl
,OUI, tantot non, & autant
que le peut permettre
un livre qui ne sçauroit
jamais contenter
tout le monde: ce qui
est, comme on sçait, la
définition du Mercure.
> L'auteur tâchera d'y
placer toujours quelque
petit morceau de lui,
Taille que vaille. Il n'a
pu y mettre que fort peu
de chose ce mois-ci
,
6C
lpu" riie les lesteurs de ne
rien attribuer que
quand il y meetra son
nom ou sa marque, qui
sera D, F. Il a ses raisons
pour donner cet avis.
Au reste, il lui paroic
qu'excepré exactitude
& quelques mémoires
recherchez qu'
on aura dans la fuite,
ceMercure-ci estpassa«
ble, au degré qu'un Mercure
doit l'être. C'estaù
Public à en juger.
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Résumé : ETRENNES.
Le texte annonce la publication d'un nouveau numéro du Mercure, un périodique. Le numéro précédent a été retardé en raison de l'indisponibilité de l'auteur, bien que son nom apparaisse grâce à un privilège accordé. Pour compenser cette situation, un associé a été chargé de la gestion générale du Mercure. L'auteur précise que cet associé ne pourra pas satisfaire tous les lecteurs, car un livre ne peut jamais contenter tout le monde, ce qui est la définition même du Mercure. L'auteur s'engage à inclure régulièrement une contribution personnelle, bien que celle-ci soit minimale pour ce mois-ci. Il avertit les lecteurs de n'attribuer aucun texte à son nom ou à sa marque, identifiée par les lettres D, F, sauf s'ils portent effectivement cette marque. Malgré ces limitations, l'auteur estime que ce numéro du Mercure est acceptable en termes de qualité et de contenu, et laisse au public le soin d'en juger.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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29
p. 3-11
NOUVEAU MERCURE
Début :
Je ne prétens pas m'ériger en autheur pour m' [...]
Mots clefs :
Auteur, Public, Préface
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : NOUVEAU MERCURE
NOUVEAU
MERCURE
E ne prétens pas
m'érigeren autheur
pour m'eſtre rendu
garant de l'exactitude&
de l'arrangement des
faits , qui doivent(rem
plir le Mercure Galant
jeconnois trop les diffi-
A ij
4 MERCURE
1
cultez qui ſe trouvent à
ſouſtenir le titre de bon
autheur , d'ailleurs comme
j'ay tousjours efté
plus voyageur qu'écrivain
, je promets de bonnes
relations & pour
ainfi- dire , l'Hiftoire préfente
, tant galante que
,
politique de toutes les
Cours de l'Europe ,&
meſme des autres parties
du monde où je me fuis
fait des correfpondances .
Je me flatte que mon
GALANT.
attachement. , & mon
attention , me mettront
à l'abri des reproches
qu'on a pû faire à mon
Aſſocié Taveu qu'il a
fait luy meſme de ſa né
gligence m'authoriſe à
l'en accufer ; & quand
n'y luy n'y moy n'en au
rions parlé , ſa réputation
eft affez bien establie
pourmettre à l'abry fon
efpri t& fon gouft. La
décadence du Mercure
n'a fait tort qu'au Mer-
A iij
• MERCURE
cure teul , parce qu'il
s'est moins débité. Le
Mercure n'eſt plus bon ,
a dit le Public , mais fi
l'Autheur y travailloit ,
il le rendroit meilleur.
A mon égard , fi je
puis parvenir à faire dire
dans quelque mois , ces
Mercures cyvalent mieux
que les précedents; je promets
qu'on dira dans la
fuite ces derniers-cy font
encore meilleurs que les
autres ; en un mot , jo
GALANC. 7
vais fonger uniquement
à contenter , ceux qui ſe
contentent quelquefois ;
car ceux qui ne font jamais
contents me permettront
de ne point
travailler à leur intention.
asi
Si les Sçavans d'aujour
d'huy & ceux qui ont
fecouru juſqu'à préſent
les Journaux & les Mercures
, veulent redoubler
leurs ſecours , je redoubleray
mon attention à
Aiiij
8 MERCURE
ne point défigurer les
bonnes piecespar des fautes
d'impreffion & de copiſte
, je recevray les mediocres
quand la place
ſera vuide , maisdeuffayje
donner la moitié du
Mercure en blanc , je ne
metray rien de mauvais ,
Voilà ma Preface.
J'oubliois pourtant à
parler un peu de moy ,
cet oubly n'est pas ordi
naire , je diray ſeulement
que je fuis plus connu à
GALANT. 9
Madrid , à Rome , dans
le Nord , & dans les Indes
qu'à Paris , & tant
mieux pour le Public ;
au reſte j'ay de l'étude ,
de l'experience , de la
jeuneſſe , de la liberté &
du loiſir, j'aime beaucoup
le public , j'aime un peu
ma reputation , je fuis
docile aux conſeils de
mes amis , & meſine de
ceux qui ne le font pas ,
Voila mon Portrait.
Je ne change rien à
10 MERCURE
l'ordre ordinaire du Mercure
, qui doit n'en point
avoir d'autre à mon avis ,
qu'une varieté ſans ſuite ,
mais pourtant liée en
quelque façon par des
eſpeces de préludes negligez
ſur chaques matieres
,comme ſont à peu
prés dans un Opera les
ritournelles , qui vous
mettent au ton des pieces
qu'on va entendre.
Commençons par une
Hiftoriette , ou plutoſt
GALANT. Ir
relation , car les faits &
les perſonnes ſont connus
, c'eſt à- dire autant
que le permet le ſcrupule
que j'auray tousjours ,
de ne jamais compromettre
ceux dont je parle.
ray dans le Mercure.
MERCURE
E ne prétens pas
m'érigeren autheur
pour m'eſtre rendu
garant de l'exactitude&
de l'arrangement des
faits , qui doivent(rem
plir le Mercure Galant
jeconnois trop les diffi-
A ij
4 MERCURE
1
cultez qui ſe trouvent à
ſouſtenir le titre de bon
autheur , d'ailleurs comme
j'ay tousjours efté
plus voyageur qu'écrivain
, je promets de bonnes
relations & pour
ainfi- dire , l'Hiftoire préfente
, tant galante que
,
politique de toutes les
Cours de l'Europe ,&
meſme des autres parties
du monde où je me fuis
fait des correfpondances .
Je me flatte que mon
GALANT.
attachement. , & mon
attention , me mettront
à l'abri des reproches
qu'on a pû faire à mon
Aſſocié Taveu qu'il a
fait luy meſme de ſa né
gligence m'authoriſe à
l'en accufer ; & quand
n'y luy n'y moy n'en au
rions parlé , ſa réputation
eft affez bien establie
pourmettre à l'abry fon
efpri t& fon gouft. La
décadence du Mercure
n'a fait tort qu'au Mer-
A iij
• MERCURE
cure teul , parce qu'il
s'est moins débité. Le
Mercure n'eſt plus bon ,
a dit le Public , mais fi
l'Autheur y travailloit ,
il le rendroit meilleur.
A mon égard , fi je
puis parvenir à faire dire
dans quelque mois , ces
Mercures cyvalent mieux
que les précedents; je promets
qu'on dira dans la
fuite ces derniers-cy font
encore meilleurs que les
autres ; en un mot , jo
GALANC. 7
vais fonger uniquement
à contenter , ceux qui ſe
contentent quelquefois ;
car ceux qui ne font jamais
contents me permettront
de ne point
travailler à leur intention.
asi
Si les Sçavans d'aujour
d'huy & ceux qui ont
fecouru juſqu'à préſent
les Journaux & les Mercures
, veulent redoubler
leurs ſecours , je redoubleray
mon attention à
Aiiij
8 MERCURE
ne point défigurer les
bonnes piecespar des fautes
d'impreffion & de copiſte
, je recevray les mediocres
quand la place
ſera vuide , maisdeuffayje
donner la moitié du
Mercure en blanc , je ne
metray rien de mauvais ,
Voilà ma Preface.
J'oubliois pourtant à
parler un peu de moy ,
cet oubly n'est pas ordi
naire , je diray ſeulement
que je fuis plus connu à
GALANT. 9
Madrid , à Rome , dans
le Nord , & dans les Indes
qu'à Paris , & tant
mieux pour le Public ;
au reſte j'ay de l'étude ,
de l'experience , de la
jeuneſſe , de la liberté &
du loiſir, j'aime beaucoup
le public , j'aime un peu
ma reputation , je fuis
docile aux conſeils de
mes amis , & meſine de
ceux qui ne le font pas ,
Voila mon Portrait.
Je ne change rien à
10 MERCURE
l'ordre ordinaire du Mercure
, qui doit n'en point
avoir d'autre à mon avis ,
qu'une varieté ſans ſuite ,
mais pourtant liée en
quelque façon par des
eſpeces de préludes negligez
ſur chaques matieres
,comme ſont à peu
prés dans un Opera les
ritournelles , qui vous
mettent au ton des pieces
qu'on va entendre.
Commençons par une
Hiftoriette , ou plutoſt
GALANT. Ir
relation , car les faits &
les perſonnes ſont connus
, c'eſt à- dire autant
que le permet le ſcrupule
que j'auray tousjours ,
de ne jamais compromettre
ceux dont je parle.
ray dans le Mercure.
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Résumé : NOUVEAU MERCURE
Le 'Mercure Galant' est un périodique présenté par un auteur se décrivant comme un voyageur. Il promet de relater des événements galants et politiques des cours d'Europe et d'autres régions grâce à ses correspondances. Reconnaissant les difficultés rencontrées par son prédécesseur, il s'engage à améliorer la qualité du 'Mercure'. L'auteur vise à satisfaire les lecteurs modérés tout en ignorant les critiques incessantes. Il appelle les savants à contribuer pour éviter les erreurs d'impression et de copiste, et s'engage à publier uniquement des contenus de qualité. Connu à Madrid, Rome, dans le Nord et aux Indes plus qu'à Paris, il possède étude, expérience, jeunesse, liberté et loisir. Il apprécie le public et sa réputation, et est ouvert aux conseils de ses amis. La structure du 'Mercure' restera variée mais cohérente, avec des préludes sur chaque matière, similaires aux ritournelles dans une opéra. Le texte commence par une historiette ou relation de faits et personnes connus, tout en respectant la discrétion nécessaire pour ne jamais compromettre ceux dont il parle.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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30
p. 198-204
« Je prie ceux qui devineront le mot des Enigmes, & [...] »
Début :
Je prie ceux qui devineront le mot des Enigmes, & [...]
Mots clefs :
Mercure, Public, Nouvelles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Je prie ceux qui devineront le mot des Enigmes, & [...] »
Je prie ceux qui devineront
le mot des Enigmes
, & qui voudront que
leurs noms entrent dans le
Mercure , comme, cela ſe
pratiquoit fous Mr Devifé
, de fe faire écrire chez
le ſieur Jollet , ſur le Pont
S. Michel , du coſté du
Palais , au Livre Royal;
chez Ribou , fur le Quay
des Auguſtins ; & chez THEQUE DELA
LYON
BIBLIO
*
1993
*
GALANT.2
THEQUE
le ſieur Lamefle , ruẽ dứ
1833
Foin , prés S. Yves , qur
recevront tout ce qu'on
leur apportera pour leMercure
, d'avoir attention
que tous les noms propres
fur tout foient écrits de
façon , que les Imprimeurs
n'ayent pas plus de peine
à les deviner , qu'ils en au
ront eu eux-mêmes à deviner
l'Enigme. 2
Ceux qui envoyeront
des Memoires , auront
foin , s'il leur plaift d'en
1
R iiij
200 MERCURE
payer le port , & de les
adreſſer aux mêmes endroits.
Jeréponds d'avance du
bon acceüil que je feray
aux bonnes pieces que
l'on m'envoyra , & il ne
tiendra pas à moy que le
Public ne leur rende autant
de justice qu'elles en
meriteront.
Pour ce qui concerne
les nouvelles du monde
je promets de n'en donner
jamais de fauſſes , je
:
GALANT. 201
Par
prie ſeulement le Public
de me permettre de m'étendre
quelquefois ſur les
circonſtances qui me preſenteront
des faits Hiſtoriques
, que je croyray digne
de l'amuſer.
exemple l'Hiſtoire de la
mort du Bacha de Damas
, qui eſt ſi fraîche ,que
perſonne n'en apeut-eftre
encore entendu parler me
fournira la matiere d'une
des plus curieuſes nouvelles
de mon ſecondMer
202 MERCURE
cure. Je réponds encore ,
quelque libertéque je pren
ne , dans le détail de mes
nouvelles , que je ne confondray
jamais le menſonge
avec la verité : Il ſeroir
trop facile de prendre
ſouvent l'un pour l'autre,
& l'on ne me reprochera
jamais d'avoir furpris la
Religion du Public. Mais
on a affez de lumiere pour
demefler l'Epiſode du
fond de l'Hiſtoire , & af--
ſez de curioſité pour trouGALANT.
203
ver bon que je me ſerve
quelquefois d'exemples
& de comparaiſons pour
donner plus d'ornement
& d'authorité à la nouveauté
des faits que je ra
conteray.
Au reſte quelque difficile
que foit le Public ,&
quelquebonne raiſon qu'il
ait de l'eſtre , il doit , s'il
eſt juſte , comme je n'en
doute point , ſe contenter
du zele avec lequel je ſuis
preſt à le ſervir, & pour
204 MERCURE
me mettre à une épreuve
qui luy plaiſe , il n'a qu'à
me prefter de bonne foy
fes opinions & fſes avantures
, il verra comme je
luy rendray fideleinent ſes
fentimens & fon Hiftoire.
le mot des Enigmes
, & qui voudront que
leurs noms entrent dans le
Mercure , comme, cela ſe
pratiquoit fous Mr Devifé
, de fe faire écrire chez
le ſieur Jollet , ſur le Pont
S. Michel , du coſté du
Palais , au Livre Royal;
chez Ribou , fur le Quay
des Auguſtins ; & chez THEQUE DELA
LYON
BIBLIO
*
1993
*
GALANT.2
THEQUE
le ſieur Lamefle , ruẽ dứ
1833
Foin , prés S. Yves , qur
recevront tout ce qu'on
leur apportera pour leMercure
, d'avoir attention
que tous les noms propres
fur tout foient écrits de
façon , que les Imprimeurs
n'ayent pas plus de peine
à les deviner , qu'ils en au
ront eu eux-mêmes à deviner
l'Enigme. 2
Ceux qui envoyeront
des Memoires , auront
foin , s'il leur plaift d'en
1
R iiij
200 MERCURE
payer le port , & de les
adreſſer aux mêmes endroits.
Jeréponds d'avance du
bon acceüil que je feray
aux bonnes pieces que
l'on m'envoyra , & il ne
tiendra pas à moy que le
Public ne leur rende autant
de justice qu'elles en
meriteront.
Pour ce qui concerne
les nouvelles du monde
je promets de n'en donner
jamais de fauſſes , je
:
GALANT. 201
Par
prie ſeulement le Public
de me permettre de m'étendre
quelquefois ſur les
circonſtances qui me preſenteront
des faits Hiſtoriques
, que je croyray digne
de l'amuſer.
exemple l'Hiſtoire de la
mort du Bacha de Damas
, qui eſt ſi fraîche ,que
perſonne n'en apeut-eftre
encore entendu parler me
fournira la matiere d'une
des plus curieuſes nouvelles
de mon ſecondMer
202 MERCURE
cure. Je réponds encore ,
quelque libertéque je pren
ne , dans le détail de mes
nouvelles , que je ne confondray
jamais le menſonge
avec la verité : Il ſeroir
trop facile de prendre
ſouvent l'un pour l'autre,
& l'on ne me reprochera
jamais d'avoir furpris la
Religion du Public. Mais
on a affez de lumiere pour
demefler l'Epiſode du
fond de l'Hiſtoire , & af--
ſez de curioſité pour trouGALANT.
203
ver bon que je me ſerve
quelquefois d'exemples
& de comparaiſons pour
donner plus d'ornement
& d'authorité à la nouveauté
des faits que je ra
conteray.
Au reſte quelque difficile
que foit le Public ,&
quelquebonne raiſon qu'il
ait de l'eſtre , il doit , s'il
eſt juſte , comme je n'en
doute point , ſe contenter
du zele avec lequel je ſuis
preſt à le ſervir, & pour
204 MERCURE
me mettre à une épreuve
qui luy plaiſe , il n'a qu'à
me prefter de bonne foy
fes opinions & fſes avantures
, il verra comme je
luy rendray fideleinent ſes
fentimens & fon Hiftoire.
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Résumé : « Je prie ceux qui devineront le mot des Enigmes, & [...] »
Le texte est une annonce invitant les lecteurs à soumettre des solutions aux énigmes publiées dans le périodique Mercure. Les solutions doivent être envoyées chez le sieur Jollet sur le Pont Saint-Michel, chez Ribou sur le Quai des Augustins, ou chez le sieur Lamefle rue d'Ussé près Saint-Yves. Les auteurs sont priés d'écrire les noms propres de manière claire pour faciliter le travail des imprimeurs. Les mémoires peuvent également être envoyés aux mêmes adresses, avec la possibilité de payer le port. L'auteur promet un accueil favorable aux bonnes pièces et assure que le public leur rendra justice. Concernant les nouvelles, l'auteur s'engage à ne jamais en donner de fausses, tout en se réservant le droit de s'étendre sur les circonstances des faits historiques. Par exemple, l'histoire récente de la mort du Bacha de Damas sera traitée dans une des prochaines éditions. L'auteur affirme qu'il ne confondra jamais le mensonge avec la vérité et utilise des exemples et comparaisons pour enrichir ses récits. Le public est invité à se fier au zèle de l'auteur pour servir la vérité et à soumettre ses opinions et aventures pour voir comment elles seront fidèlement rapportées.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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31
p. 3-9
MERCURE NOUVEAU.
Début :
Je croy en effet qu'il n'est pas de [...]
Mots clefs :
Public, Mercure galant
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MERCURE NOUVEAU.
MERCURE DEL
=
LYON
NOUVEAU 1893
E croy en effet
J qu'il n'est pas
de meilleur métier
pour faire bientôt
connoillance avec tout
le monde que celui
d'auteurdu Mercure
7
galant
: mais je croy auffi
Juin 1714. Aij
4 1
MERCURE
qu'il n'en eſt pas de plus
importun. Eſtre diſtrait
par toute la terre , s'entretenir
pour le public
descorrefpondances par
tout, & faire un livre
tous les mois : voila juftement
l'employ dont je
fuis charge.
1 On me dit , pour
m'encouragen , qu'on a
eu affez d'indu gence
pour mon premi tvor
Jume Ce fuffrage m'eſt
indifferent ; je n'en yeux
A
1
GALANT. }S
point pour les ouvrages
que je donne : ils ne
m'appartiennent pas afſez
pour meriter tant de
grace , & ce feroit tout
de que je pourrois exiger
, ſi j'étois l'inventeur
ou le garantdes faitsque
je rapporte. D'ailleurs ,
à examiner de plus prés
ce ſentiment d'indulgence
, qu'on me fait afſez
valoir , je ne voy pas
qu'il y ait beaucoup de
quoy flater la vanité d'un
A iij
6 MERCURE
homme à qui le public ,
fans offenſer ſa delicateſſe
, peut ſçavoir meilleur
gré de ſes nouvelles.
Tant de perſonnes
m'ont queſtionné ſur le
chapitre de cette riche
eſclave dont j'ai parlé
dans mon premier Mercure;
j'ai vu tant de Cavaliers
de bonne mine
me demander ſi cette
hiſtoire n'étoit pas un
conte de ma façon ; j'ai
en un mot rafſuré tant
GALANT. 7
१
de monde ſur le merite,
la richeffe & les intentions
de cette fille , que
j'ai vûë à Madrid, & que
pluſieurs Miniſtres étrangers
, & mille honnêtes
gens qui font ici
ont vûë comme moy ,
que ce ſeul article devoit
engager tous les
pretendans à publier
qu'un homme qui donne
de fi bonnes adref
fes , merite plûtôt des
applaudiſſemens foli-
Aiiij
8 MERCURE
des qu'une ſeche indulgence.
Mais vous n'y
fongez pas , me dit- on ,
de faire tant le delicat
fur les fuffrages qu'on
vous ête , ou qu'on vous
accorde ; le public aime
auſſi peu les détails que
les repliques , &fi vous
voulez être de ſes amis ,
ne ſongez qu'à lui donner
ſouvent de bonnes
pieces , un grand nombre
de faits , & peu de
reflexions ; il eſt affez
GALANT. 9
C fage pour faire lui même
celles qui lui conviennent.
Je remercie le
donneur d'avis ; fon conſeil
me paroît ſi raifonnable
, que je vais , fans
autre prélude , debuter
par cette hiſtoire , & copier
l'original que m'en
a donné celui qui en a
été le principal acteur.
Son nom est Olivier de
la Barriere , a prefent
Capitaine commandant
un bataillon François.
=
LYON
NOUVEAU 1893
E croy en effet
J qu'il n'est pas
de meilleur métier
pour faire bientôt
connoillance avec tout
le monde que celui
d'auteurdu Mercure
7
galant
: mais je croy auffi
Juin 1714. Aij
4 1
MERCURE
qu'il n'en eſt pas de plus
importun. Eſtre diſtrait
par toute la terre , s'entretenir
pour le public
descorrefpondances par
tout, & faire un livre
tous les mois : voila juftement
l'employ dont je
fuis charge.
1 On me dit , pour
m'encouragen , qu'on a
eu affez d'indu gence
pour mon premi tvor
Jume Ce fuffrage m'eſt
indifferent ; je n'en yeux
A
1
GALANT. }S
point pour les ouvrages
que je donne : ils ne
m'appartiennent pas afſez
pour meriter tant de
grace , & ce feroit tout
de que je pourrois exiger
, ſi j'étois l'inventeur
ou le garantdes faitsque
je rapporte. D'ailleurs ,
à examiner de plus prés
ce ſentiment d'indulgence
, qu'on me fait afſez
valoir , je ne voy pas
qu'il y ait beaucoup de
quoy flater la vanité d'un
A iij
6 MERCURE
homme à qui le public ,
fans offenſer ſa delicateſſe
, peut ſçavoir meilleur
gré de ſes nouvelles.
Tant de perſonnes
m'ont queſtionné ſur le
chapitre de cette riche
eſclave dont j'ai parlé
dans mon premier Mercure;
j'ai vu tant de Cavaliers
de bonne mine
me demander ſi cette
hiſtoire n'étoit pas un
conte de ma façon ; j'ai
en un mot rafſuré tant
GALANT. 7
१
de monde ſur le merite,
la richeffe & les intentions
de cette fille , que
j'ai vûë à Madrid, & que
pluſieurs Miniſtres étrangers
, & mille honnêtes
gens qui font ici
ont vûë comme moy ,
que ce ſeul article devoit
engager tous les
pretendans à publier
qu'un homme qui donne
de fi bonnes adref
fes , merite plûtôt des
applaudiſſemens foli-
Aiiij
8 MERCURE
des qu'une ſeche indulgence.
Mais vous n'y
fongez pas , me dit- on ,
de faire tant le delicat
fur les fuffrages qu'on
vous ête , ou qu'on vous
accorde ; le public aime
auſſi peu les détails que
les repliques , &fi vous
voulez être de ſes amis ,
ne ſongez qu'à lui donner
ſouvent de bonnes
pieces , un grand nombre
de faits , & peu de
reflexions ; il eſt affez
GALANT. 9
C fage pour faire lui même
celles qui lui conviennent.
Je remercie le
donneur d'avis ; fon conſeil
me paroît ſi raifonnable
, que je vais , fans
autre prélude , debuter
par cette hiſtoire , & copier
l'original que m'en
a donné celui qui en a
été le principal acteur.
Son nom est Olivier de
la Barriere , a prefent
Capitaine commandant
un bataillon François.
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Résumé : MERCURE NOUVEAU.
Le texte est un extrait du 'Mercure Galant' de 1714. L'auteur exprime une ambivalence envers son métier d'écrivain pour cette publication, le voyant à la fois comme un moyen de se faire connaître et comme une tâche pénible. Il doit gérer des correspondances mondiales et publier un livre mensuel. Indifférent aux éloges pour son premier ouvrage, il ne se considère pas comme le créateur des faits rapportés. Le public préfère les nouvelles aux réflexions. L'auteur a souvent été interrogé sur une histoire concernant une riche esclave. Il affirme que cette histoire, vue par plusieurs ministres étrangers et honnêtes gens, mérite des applaudissements. Il décide de raconter cette histoire, dont le principal acteur est Olivier de la Barriere, actuellement capitaine commandant un bataillon français.
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32
p. 264-265
« On m'a déja envoyé des Enigmes, des avis au Public [...] »
Début :
On m'a déja envoyé des Enigmes, des avis au Public [...]
Mots clefs :
Public, Lecteurs, Énigmes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « On m'a déja envoyé des Enigmes, des avis au Public [...] »
On m'a déja envoyé des
Enigmes , des avis au Public
, & des conſeils particuliers
: je remercie ceux
qui m'ont fait ces préſents
GALANT. 265
&je les prie de m'en faire
encore. Qu'ils contribuent
au rétabliſſement duMercu
re,&pour le rendre intereffant
, utile , & agréable ,
que tant de mains y travaillent
, que tous ceux qui
m'aideront à le compoſer;
ayent le plaifir d'y reconnoiſtre
leurs Ouvrages , &
que de concert avec le
Public, j'en faſſe , pour la
fatisfaction des lecteurs ,
un Livre capable de faire
leplaifirde tout le monde ,
en amuſant agréablement
ceux qu'il ne pourra pas
inſtruire.
Enigmes , des avis au Public
, & des conſeils particuliers
: je remercie ceux
qui m'ont fait ces préſents
GALANT. 265
&je les prie de m'en faire
encore. Qu'ils contribuent
au rétabliſſement duMercu
re,&pour le rendre intereffant
, utile , & agréable ,
que tant de mains y travaillent
, que tous ceux qui
m'aideront à le compoſer;
ayent le plaifir d'y reconnoiſtre
leurs Ouvrages , &
que de concert avec le
Public, j'en faſſe , pour la
fatisfaction des lecteurs ,
un Livre capable de faire
leplaifirde tout le monde ,
en amuſant agréablement
ceux qu'il ne pourra pas
inſtruire.
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Résumé : « On m'a déja envoyé des Enigmes, des avis au Public [...] »
L'auteur sollicite des contributions pour rétablir le périodique le Mercure. Il remercie les lecteurs pour leurs énigmes, avis et conseils et les encourage à continuer. L'objectif est de rendre le périodique intéressant, utile et agréable, en réunissant les œuvres de nombreux collaborateurs. Chaque contributeur pourra reconnaître son travail et le résultat final visera à instruire et divertir les lecteurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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33
p. 115-118
« On ne commet point de petites fautes avec le public [...] »
Début :
On ne commet point de petites fautes avec le public [...]
Mots clefs :
Mercure, Public, Pièce de poésie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « On ne commet point de petites fautes avec le public [...] »
On ne commet point de
petites fautes avec le public
;- il ne s'embarasse ni
des obstacles
,
ni des rai.;
fons qui soppofent fouvenc
à l'exaaitude qu'il demande.
Les bonnes choses lui
plaisent toûjours, &les repétitions
l'ennuient. La piecede
poëlle que jai donnée
le mois paflfé,quelque
bonne qu'elle [oit)m'a prêt
que fait une querelle avec,
plusieurshonnêtes gens,
qui lisent le Mercure. Elle
avoit paru dans celui de
Mars. J'ai eu beau protester
que je n'en [çavois rien :!
Pourquoy, diicnt ils, ne le
* fçaviez-vous pas? Je vais
répondre en deux mots à
, cette objection. Je reçois
-
toutes les pièces qu'on me
donne,sur la bonne foy
des gens quime les apportene)
& je croy ,
lors qu'on
me les garantitneuves, que,
je ne fçaurois-medlfpçofer
de les donner pourtelles.
D'ailleursil y-sfïi peu -de
tems que.je fuis dans ce
pays ci, & j'ai lû si peu de
Mercures, que tout ce que
je lis àpresent me paroît
pprreessqquuee nnoouuvveeaauu, & [ou- , souvent
même étrange..
Voila mon apologie;ceux que qui ijnapporteflt de
vieilles pieces fassent la
leur. J'en ferai imprimer
autant qu'on men enverra,
pourveu quelles soient a.
peu près tournées dans leur
espece
,
sur le modèle de
celle qu'on va lire.
petites fautes avec le public
;- il ne s'embarasse ni
des obstacles
,
ni des rai.;
fons qui soppofent fouvenc
à l'exaaitude qu'il demande.
Les bonnes choses lui
plaisent toûjours, &les repétitions
l'ennuient. La piecede
poëlle que jai donnée
le mois paflfé,quelque
bonne qu'elle [oit)m'a prêt
que fait une querelle avec,
plusieurshonnêtes gens,
qui lisent le Mercure. Elle
avoit paru dans celui de
Mars. J'ai eu beau protester
que je n'en [çavois rien :!
Pourquoy, diicnt ils, ne le
* fçaviez-vous pas? Je vais
répondre en deux mots à
, cette objection. Je reçois
-
toutes les pièces qu'on me
donne,sur la bonne foy
des gens quime les apportene)
& je croy ,
lors qu'on
me les garantitneuves, que,
je ne fçaurois-medlfpçofer
de les donner pourtelles.
D'ailleursil y-sfïi peu -de
tems que.je fuis dans ce
pays ci, & j'ai lû si peu de
Mercures, que tout ce que
je lis àpresent me paroît
pprreessqquuee nnoouuvveeaauu, & [ou- , souvent
même étrange..
Voila mon apologie;ceux que qui ijnapporteflt de
vieilles pieces fassent la
leur. J'en ferai imprimer
autant qu'on men enverra,
pourveu quelles soient a.
peu près tournées dans leur
espece
,
sur le modèle de
celle qu'on va lire.
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Résumé : « On ne commet point de petites fautes avec le public [...] »
Le texte aborde les attentes du public envers les œuvres littéraires et les malentendus qui peuvent en résulter. Le public n'accepte pas les erreurs et apprécie les bonnes œuvres sans tenir compte des difficultés rencontrées par les auteurs. Une pièce de poésie publiée le mois précédent a provoqué une controverse avec des lecteurs du journal Mercure. Ces lecteurs ont reproché à l'auteur de ne pas savoir que la pièce avait déjà été publiée. L'auteur explique qu'il reçoit de nombreuses pièces et se fie à la bonne foi des auteurs, manquant de temps pour vérifier les anciens numéros du Mercure. Il considère donc les œuvres comme nouvelles. Il accepte de publier des pièces anciennes à condition qu'elles soient présentées comme nouvelles et conformes à un certain modèle.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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34
p. 149-174
LE TOMBEAU DE BOILEAU. SATYRE.
Début :
Quelle sombre tristesse attaque tes esprits ? [...]
Mots clefs :
Boileau, Auteur, Poète, Horace, Université, Barbin, Public
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE TOMBEAU DE BOILEAU. SATYRE.
LE TOMBEAU
DE BO 1LEAU,
SATYRE.
Quellesombre tristesse attaque
tes esprits ?
Lechagrinsurtonfront est
gravépar replis,
Qu'as-tufait de ceteint où
lajeunesse brille?
Jetevois plusrêveurqu'un
enfantd famille,
Qui courant vainement,
cherche depuis unmois
Quelque bonneUsurier
qui prête audeniertrois.
Ou qu'un tuteur tremblant
qui voit leverles
lustres
Pour éclairerbien-tostses
fittira illustres.
Quandle Partere en main
tient lesifflettoutprest,
Et luy va sansappel prononcersonArrest.
Ma douleur,cher Ami,
paroît avecjustice,
Cen'est pointen cejourun
effetdecaprice;
Mepompeuxattiraild'un
funesteConfvoy
Vientdesaisirmon coeurde
douleur&d'effroy,
Mesyeux ont vu passer
danslaplaceprochaine
DesMenins de la Mort
une troupe inhumaine;
De Pedans mal peignez,
un bataillon crotté,
Descendoit à paslents à
l'Université.
Leurs longs manteaux de
, :, àterre, A leurs crespesflottans les
mntsfaisoientlagutr*
rt';
Et chacun à la main avott
pïûpowjkitâbeau,
V#Umttj*di*:-?vertpour
orner untombeau,
J'ay vû parmi Içs rangs
malgréI4fouleextre*
me
Dc'"ml!inl Auteur dolent
lafaceseche&blefme.
fyey#Grecs& denxiLa*
tins escortotent le cereueil,
Et le mouchoirenmain
Barbinmenoitle deuil
pour qui crois-tu que nur*
che une telle ~oronnance.?
Ce lugubre appareil, cette
noire affluence?
D'unPoëte deffuntplains
lefunestesort,
l'Université pleure
, (7:
Despreauxestmort.
Ilestmort, c'enestfait,sa
Satyre ~T/~
Enfant infortuné d'une
plume infidelle,
Dont la Ville,&la Cour
ontfaitsipeu decas,
L'avoit déjà conduitaux
-
portes dutrépas.
Quandles cruelsefets d'une
derniere rage
L'ontfaitenfinpartirpour
cederniervoyage,
Ilcroyoit qu'Hipocrene,&
," sonpluspurcristal
Nedevoitquepour luy couleràpleincanal;
Mais apprenant qu'un au*
tre anime par lagloire
Avoit beureusementdans
Il sasourceose boire , frémit,&perce du fini
mortedépit,
Par l'ordred'Apollonilva
semettre 414 lit.
Tu ris: de tous les maux
déchaînezsur la terre
Pour livreraux Auteurs
une cruelle guerre:
Sçàis-tu bienque l'envieest
le plus dangereux?
Ils n'ontpoint d'antidoteÀ
ce poison affreux.
Un Poete aisement aidé
par lanature
Souffrelafaim,lafoif., le
Soleil
,
la fro dure,
Porte,sansmurmurer,dix
ans le même habit>-
N'a que les quatre murs
l'hiverpour tour deht*-
D'unGrand qui le nourrit ilsouffrelessaccades,
Son dosmêmeendurci si
, fait aux bastonnadesJ-'
Mais voit-ilsur lesrangs
quelqu'un se presenter,,
Et cüeillirdes lauriersqu'il
croitjcuL meriter.
Au bon goustà venirsoudainilenappelle,
AusieclepervertisaMuse
faitquerelle*
Achaque coin de ruèïlcrie,
-JO temps! omoeurs!
Lepoison cependant,augmentesesardeurs^
Etles dépits cruels ,les noires
jalousies
,
Fontàlafin l'effetdevingt
apoplexies.
quehérofiss,jourlleCini. ours leCini.
Dontun triste cercueilgardeàpresentlesos
Maissesentant voisin de l'infernalerive,
Et toutprest d'exalerson
amefugitive,
Il demandaparggrarâccee,,,&&
dunefablevoix
D'embrasser se-ç enfant
pourladernierefois.
Deux valetsaussi-tostses
dignesSecretaires I
Apportentprés de luy des
milliersd'exemplaires.
Lelitpar trop chargégemit j
souslespacquets,
Etl'Auteurmoribond dit
cesmotsparhocquets. 0 vous, mes tristes vers,
dignes objets d'envie,
JVJ)IN dont fattenst*hon~
., nveuired'u.n,e lfeéccoonnddér
PMiffitZJ-rzJOUJ:échAJler.m
naufragedesjins, Etbraverajamais £ignorance
,&Letemps,
jfenevous'verrayplus,déjà lamorthideuse
Autour de mon chevetétend
uneaile affreuse;
JMaisjt meurssans regret
dans
1
untemps dépravé;
> .- f-
Oùle mauvaisgoustregne,
&va lefront levé.
*QnlePublicsngrat,tnjidele,
perfide).
T,rouveMA veine usee, dl monstileinsipide
Moy,qui me,crusfadisa
Régnierpréfère.
Que dirontnosNeveux!
Regnardm'etfcomparé,
•Luyqùifendantdixansdu
Couchant
CouchantaL'Aurore
Errachez le Lapon&ramachezle
Maure.
Luy quinesçutjamaisnyle
Grecnyl'Hebreu.
Qui jcuajour&nuit,fîF
grandchcre&bonfeu;
Est- ce ainsi qu'autrefois
dansmavieillesouspente
Allâ,irombi-e- lueur d'une
lampe puante J'appris j pour mes pechez,
l'artdefairedesvers,
Feuilletantlesreplis de cent
Bouquinsdivers? ,
N'est-ce doncqu'enbuvant
que l'on imite Horace?
Par dessentiers defleurs , monte-t-onauParnasse?
Ce Regnardcependantvoit
éclatersestraits.
Quand mes derniers écrits
font en proye aux laquais\
0rage, ôdesespoir, ôvieillesse
ennemie!
Aprés tant de travaux
surlafin de ma vie
Par un nouvel Athlète on
meverra vaincu
Etjevis. Nonje meurs.. fayde)atropvécu,
ji ces mots bégayez, que la ".:
fureurinfvire,
Bbileaufermelesyeux,pen-
-
chela teste,expire.
Le bruit decette mort dans
lepaysLatin
Se répandaussî-lost&vole
chezBarbin.
La
, dans l'enfoncement
d'unearriere^boutique,
Safemmeétaleenvainson
embonpointantique,>
Etfaisant le débit de cent livresmauvais , Amuseun cercle entier des ,oisifs du Palais,
Là le vieux Presidenta
toujoursessceances,
Là le jeune, Avocat vient
prendreseslicences
Et le blond Senateur en
quittant leBarreau,
Vientpeignersaperruque,
&prendreson chapeau;
C'est là que le Chanoine au
sortirduservice,
Vientenaumusse encore a~
cheversonoffice.
Etqu'on voitàmidy maint
Auteur du menu
Surle projet d'un Livre
emprunterun écu.
Dansce Licée étroit cette
mortimprévue
Fut par les assistansdiversement
reçûë.
Acasteensoupira
3
le Li- braireengemt, -Crispe en eut l'oeil humide,
& Perraultensount;•-
Pendant qu'on doute encor
de la triste nouvelle
Arijitarrivéenpleurs, (:l,
suruneescabelle
Au milieu du Perron se
plaçanttristement.
Lut
-
au Cercle ces mots
extraits duTestament
EnThonneur d'Apollon à
jamaisjesouhaite
\Auxyeux de l'Universvi-
-
vre&mourirPoète,
J'en eustoute ma'V«,(9'
t'air,&lemaintien,
JMais desirantmourir en
Poëtechrestien
Je declare au Publicqueje
veux que l'on rende,
[Ce qu'à bon droitsurmoy
Juvenal redemande,
Quandmon Livreseroitré-
--
4-r- duitàdixfeüillets,
Jeveuxreflitusr les larcins
quej'ayfaits.
Si de cesvolshonteuxl'audaceefloitpunie,
Vne rame àla mainj'auroisfini
mavie,
Las d'estre simpleauteur
entésurdu Latin,
Tour imposerauxsots je
tradmfois Longin.
Maisj'avoue en mourant
quejel'ay mis en masque,
., Etque j'entendsleGrec,
aussipeu que le Basque,
Sur tout de noirs remords
mon espritagité,
Faitamandehonorable au
beau Sexe irrité,
jiu milieu des Pedans
nourrytoute mavie
J'ignoraylebeau monde,&
, lagalanterie, i
Et le coeur d'une Irispleine
demille attraits 4
Est
Estune terreaustralleoùje
n'allayjamais.
Jelaiseà mon valet dequoi
lever boutique
Des restes méprisezd'une
- Ode Pindarique,
Qu'on vit à sa naissance
expirerdans Paris:
On le verroitbien-tostrouler
en chevaux gis,
Si le langage obscuremploïé
dans cette Ode
Pouvoit unjourenfin devenirà
la mode.
Item, mais à ce mot chez
l'HorlogeurleRoux,
.La Pendulles'émeut,sonne
-
&frappedixcoups,
Alidoraussi-tost rempli
d'impatience
D'undélaicriminelaccuse
l'ajfifiance,
Faitvoir queletempspres-
,. se , & qu'il faut en
, granddeüil
Dans une heure au plus
tardescorterlecercüeil,
Il dit,&dans l'instanton
vitla Compagnie
Se lever bruspuementpour
la Ceremonie,
L'un court chezson Ami9
l'autre chez, un Frippier
Endosser l'attirail d'un
nouvel heritier,
Perrin d'un vieil bahut
d'oùpenduneserrure,
Tirasonjustaucorpsfaitau
deüil de Voiture,
Dont le coude entr'ouvert
reçut plus d'un échec
Envoulantle vêtir, tant il
se trouvasec.
Pradon, leseul Pradon eut
assez de courage
D'entrerchez, un Drapier
-
&d'un humble langage
., Pour quatre aulnes de drap
estimezvingtecus
Proposer un Billet signé
Germanicus.
Enfin midy sonnant cette
lugubre escorte
S'estsaisie aujourd'huy du
Deffuntsursaporte,
Et promenant ses os de
quartieren quartier
Le conduit au Parnasse en
songitedernier;
C'est-laqu'on va porterses
funebres reliques
Dansla cave marquée aux
Auteurssatiriques.
Là, sur un marbre offert
aux yeux de l'Univers
Encaractere d'or ongrave
ra ces vers.
Cy gist Maître Boileau
qui vécut de médire,
Et qui mourut aussiparun
traitdesatire:
Le coup qu'il assenaluyfut
enfinrendu.
Sipar malheur unjourson
livre estoitperdu,
A le chercher bien loin
Passant ne t'ernbataj^
se.
Tu le retrouveras tout entier
dans Horace.
DE BO 1LEAU,
SATYRE.
Quellesombre tristesse attaque
tes esprits ?
Lechagrinsurtonfront est
gravépar replis,
Qu'as-tufait de ceteint où
lajeunesse brille?
Jetevois plusrêveurqu'un
enfantd famille,
Qui courant vainement,
cherche depuis unmois
Quelque bonneUsurier
qui prête audeniertrois.
Ou qu'un tuteur tremblant
qui voit leverles
lustres
Pour éclairerbien-tostses
fittira illustres.
Quandle Partere en main
tient lesifflettoutprest,
Et luy va sansappel prononcersonArrest.
Ma douleur,cher Ami,
paroît avecjustice,
Cen'est pointen cejourun
effetdecaprice;
Mepompeuxattiraild'un
funesteConfvoy
Vientdesaisirmon coeurde
douleur&d'effroy,
Mesyeux ont vu passer
danslaplaceprochaine
DesMenins de la Mort
une troupe inhumaine;
De Pedans mal peignez,
un bataillon crotté,
Descendoit à paslents à
l'Université.
Leurs longs manteaux de
, :, àterre, A leurs crespesflottans les
mntsfaisoientlagutr*
rt';
Et chacun à la main avott
pïûpowjkitâbeau,
V#Umttj*di*:-?vertpour
orner untombeau,
J'ay vû parmi Içs rangs
malgréI4fouleextre*
me
Dc'"ml!inl Auteur dolent
lafaceseche&blefme.
fyey#Grecs& denxiLa*
tins escortotent le cereueil,
Et le mouchoirenmain
Barbinmenoitle deuil
pour qui crois-tu que nur*
che une telle ~oronnance.?
Ce lugubre appareil, cette
noire affluence?
D'unPoëte deffuntplains
lefunestesort,
l'Université pleure
, (7:
Despreauxestmort.
Ilestmort, c'enestfait,sa
Satyre ~T/~
Enfant infortuné d'une
plume infidelle,
Dont la Ville,&la Cour
ontfaitsipeu decas,
L'avoit déjà conduitaux
-
portes dutrépas.
Quandles cruelsefets d'une
derniere rage
L'ontfaitenfinpartirpour
cederniervoyage,
Ilcroyoit qu'Hipocrene,&
," sonpluspurcristal
Nedevoitquepour luy couleràpleincanal;
Mais apprenant qu'un au*
tre anime par lagloire
Avoit beureusementdans
Il sasourceose boire , frémit,&perce du fini
mortedépit,
Par l'ordred'Apollonilva
semettre 414 lit.
Tu ris: de tous les maux
déchaînezsur la terre
Pour livreraux Auteurs
une cruelle guerre:
Sçàis-tu bienque l'envieest
le plus dangereux?
Ils n'ontpoint d'antidoteÀ
ce poison affreux.
Un Poete aisement aidé
par lanature
Souffrelafaim,lafoif., le
Soleil
,
la fro dure,
Porte,sansmurmurer,dix
ans le même habit>-
N'a que les quatre murs
l'hiverpour tour deht*-
D'unGrand qui le nourrit ilsouffrelessaccades,
Son dosmêmeendurci si
, fait aux bastonnadesJ-'
Mais voit-ilsur lesrangs
quelqu'un se presenter,,
Et cüeillirdes lauriersqu'il
croitjcuL meriter.
Au bon goustà venirsoudainilenappelle,
AusieclepervertisaMuse
faitquerelle*
Achaque coin de ruèïlcrie,
-JO temps! omoeurs!
Lepoison cependant,augmentesesardeurs^
Etles dépits cruels ,les noires
jalousies
,
Fontàlafin l'effetdevingt
apoplexies.
quehérofiss,jourlleCini. ours leCini.
Dontun triste cercueilgardeàpresentlesos
Maissesentant voisin de l'infernalerive,
Et toutprest d'exalerson
amefugitive,
Il demandaparggrarâccee,,,&&
dunefablevoix
D'embrasser se-ç enfant
pourladernierefois.
Deux valetsaussi-tostses
dignesSecretaires I
Apportentprés de luy des
milliersd'exemplaires.
Lelitpar trop chargégemit j
souslespacquets,
Etl'Auteurmoribond dit
cesmotsparhocquets. 0 vous, mes tristes vers,
dignes objets d'envie,
JVJ)IN dont fattenst*hon~
., nveuired'u.n,e lfeéccoonnddér
PMiffitZJ-rzJOUJ:échAJler.m
naufragedesjins, Etbraverajamais £ignorance
,&Letemps,
jfenevous'verrayplus,déjà lamorthideuse
Autour de mon chevetétend
uneaile affreuse;
JMaisjt meurssans regret
dans
1
untemps dépravé;
> .- f-
Oùle mauvaisgoustregne,
&va lefront levé.
*QnlePublicsngrat,tnjidele,
perfide).
T,rouveMA veine usee, dl monstileinsipide
Moy,qui me,crusfadisa
Régnierpréfère.
Que dirontnosNeveux!
Regnardm'etfcomparé,
•Luyqùifendantdixansdu
Couchant
CouchantaL'Aurore
Errachez le Lapon&ramachezle
Maure.
Luy quinesçutjamaisnyle
Grecnyl'Hebreu.
Qui jcuajour&nuit,fîF
grandchcre&bonfeu;
Est- ce ainsi qu'autrefois
dansmavieillesouspente
Allâ,irombi-e- lueur d'une
lampe puante J'appris j pour mes pechez,
l'artdefairedesvers,
Feuilletantlesreplis de cent
Bouquinsdivers? ,
N'est-ce doncqu'enbuvant
que l'on imite Horace?
Par dessentiers defleurs , monte-t-onauParnasse?
Ce Regnardcependantvoit
éclatersestraits.
Quand mes derniers écrits
font en proye aux laquais\
0rage, ôdesespoir, ôvieillesse
ennemie!
Aprés tant de travaux
surlafin de ma vie
Par un nouvel Athlète on
meverra vaincu
Etjevis. Nonje meurs.. fayde)atropvécu,
ji ces mots bégayez, que la ".:
fureurinfvire,
Bbileaufermelesyeux,pen-
-
chela teste,expire.
Le bruit decette mort dans
lepaysLatin
Se répandaussî-lost&vole
chezBarbin.
La
, dans l'enfoncement
d'unearriere^boutique,
Safemmeétaleenvainson
embonpointantique,>
Etfaisant le débit de cent livresmauvais , Amuseun cercle entier des ,oisifs du Palais,
Là le vieux Presidenta
toujoursessceances,
Là le jeune, Avocat vient
prendreseslicences
Et le blond Senateur en
quittant leBarreau,
Vientpeignersaperruque,
&prendreson chapeau;
C'est là que le Chanoine au
sortirduservice,
Vientenaumusse encore a~
cheversonoffice.
Etqu'on voitàmidy maint
Auteur du menu
Surle projet d'un Livre
emprunterun écu.
Dansce Licée étroit cette
mortimprévue
Fut par les assistansdiversement
reçûë.
Acasteensoupira
3
le Li- braireengemt, -Crispe en eut l'oeil humide,
& Perraultensount;•-
Pendant qu'on doute encor
de la triste nouvelle
Arijitarrivéenpleurs, (:l,
suruneescabelle
Au milieu du Perron se
plaçanttristement.
Lut
-
au Cercle ces mots
extraits duTestament
EnThonneur d'Apollon à
jamaisjesouhaite
\Auxyeux de l'Universvi-
-
vre&mourirPoète,
J'en eustoute ma'V«,(9'
t'air,&lemaintien,
JMais desirantmourir en
Poëtechrestien
Je declare au Publicqueje
veux que l'on rende,
[Ce qu'à bon droitsurmoy
Juvenal redemande,
Quandmon Livreseroitré-
--
4-r- duitàdixfeüillets,
Jeveuxreflitusr les larcins
quej'ayfaits.
Si de cesvolshonteuxl'audaceefloitpunie,
Vne rame àla mainj'auroisfini
mavie,
Las d'estre simpleauteur
entésurdu Latin,
Tour imposerauxsots je
tradmfois Longin.
Maisj'avoue en mourant
quejel'ay mis en masque,
., Etque j'entendsleGrec,
aussipeu que le Basque,
Sur tout de noirs remords
mon espritagité,
Faitamandehonorable au
beau Sexe irrité,
jiu milieu des Pedans
nourrytoute mavie
J'ignoraylebeau monde,&
, lagalanterie, i
Et le coeur d'une Irispleine
demille attraits 4
Est
Estune terreaustralleoùje
n'allayjamais.
Jelaiseà mon valet dequoi
lever boutique
Des restes méprisezd'une
- Ode Pindarique,
Qu'on vit à sa naissance
expirerdans Paris:
On le verroitbien-tostrouler
en chevaux gis,
Si le langage obscuremploïé
dans cette Ode
Pouvoit unjourenfin devenirà
la mode.
Item, mais à ce mot chez
l'HorlogeurleRoux,
.La Pendulles'émeut,sonne
-
&frappedixcoups,
Alidoraussi-tost rempli
d'impatience
D'undélaicriminelaccuse
l'ajfifiance,
Faitvoir queletempspres-
,. se , & qu'il faut en
, granddeüil
Dans une heure au plus
tardescorterlecercüeil,
Il dit,&dans l'instanton
vitla Compagnie
Se lever bruspuementpour
la Ceremonie,
L'un court chezson Ami9
l'autre chez, un Frippier
Endosser l'attirail d'un
nouvel heritier,
Perrin d'un vieil bahut
d'oùpenduneserrure,
Tirasonjustaucorpsfaitau
deüil de Voiture,
Dont le coude entr'ouvert
reçut plus d'un échec
Envoulantle vêtir, tant il
se trouvasec.
Pradon, leseul Pradon eut
assez de courage
D'entrerchez, un Drapier
-
&d'un humble langage
., Pour quatre aulnes de drap
estimezvingtecus
Proposer un Billet signé
Germanicus.
Enfin midy sonnant cette
lugubre escorte
S'estsaisie aujourd'huy du
Deffuntsursaporte,
Et promenant ses os de
quartieren quartier
Le conduit au Parnasse en
songitedernier;
C'est-laqu'on va porterses
funebres reliques
Dansla cave marquée aux
Auteurssatiriques.
Là, sur un marbre offert
aux yeux de l'Univers
Encaractere d'or ongrave
ra ces vers.
Cy gist Maître Boileau
qui vécut de médire,
Et qui mourut aussiparun
traitdesatire:
Le coup qu'il assenaluyfut
enfinrendu.
Sipar malheur unjourson
livre estoitperdu,
A le chercher bien loin
Passant ne t'ernbataj^
se.
Tu le retrouveras tout entier
dans Horace.
Fermer
Résumé : LE TOMBEAU DE BOILEAU. SATYRE.
Le poème 'Le Tombeau de Boileau' évoque la mort du poète Nicolas Boileau. Le narrateur exprime une profonde tristesse et décrit Boileau comme un homme accablé par les soucis et les chagrins. Il compare Boileau à un enfant cherchant un usurier ou à un tuteur anxieux. Le narrateur révèle avoir vu des figures symbolisant la mort, notamment des pédants mal vêtus descendant à l'Université, parmi eux Boileau, accompagné de figures grecques et latines. Le poème détaille la douleur du narrateur, qui attribue la mort de Boileau à une 'funeste Convoy' et à une vision de la mort approchant. Boileau croyait que son inspiration poétique ne tarirait jamais, mais apprenant qu'un autre poète avait réussi, il mourut de dépit. Le texte souligne les difficultés des poètes, confrontés à l'envie, la faim, la soif, et l'ingratitude du public. Le poème se termine par la description des réactions diverses à la mort de Boileau dans le milieu littéraire parisien. Des figures comme Acaste, Crispe, Perrault, et Ariste réagissent différemment à la nouvelle. Boileau, dans son testament, exprime son désir de mourir en poète chrétien et demande pardon pour ses erreurs. Il avoue ignorer le grec et le latin, et exprime des remords envers le beau sexe. Le poème se conclut par la procession funéraire de Boileau, conduit au Parnasse où ses reliques seront inhumées. Une épitaphe gravée en caractères d'or résumera sa vie et sa mort : 'Cy gist Maître Boileau qui vécut de médire, Et qui mourut aussiparun traitdesatire.'
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
35
s. p.
AVERTISSEMENT.
Début :
Nous commençons cette nouvelle Année, par presenter au Public le cent-vingt-troisiéme [...]
Mots clefs :
Mercure, Public, Pièces, Morceaux, Prose
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AVERTISSEMENT.
AVERTISSEMENT,
iy t Ous commençons cette nouvelle Années
i V par. prefenttr au Public le cent-vingttroistéme
Volume du Mercure. Ce Livre
a paru tous les mois, & n'a souffert aucune
interruption depuis le mois de Juin 171t.
que nous y travaillons nous continuons
de rendre de très-humbles grâces au Lec
teur, de r'accueil favorable qu'il daigne lui
faire. Nous redoublerons nos foins & notre
application , pour qu'il soit a l'avenir en
core plus selon son goût: on n épargnera
rien pour cela. Si des gens éclairez, trou*
voient ce Journal défectueux en quelque
chose , ou qu'il fui susceptible de quelqu'autre
matière & d'un meilleur arrange
ment y on nous fera plaisir d'en donner
avis > les conseils , appuyez, de bonnes rai
sons , feront suivis,.
Nous demandons quelque indulgence
pour certains articles qui parourontJpeut*
être négliges & la diction peu châtiée 3
surtout pour ces derniers tems: Le Letleur
judicieux fera, s'il lui plaît, réflexion , que
dans un Ouvrage tel que celui-ci , il ejî
tres-aìfé de manquer , même dans les choses
Us plus communes 3 dont chacune en par
ticulier efl facile , mais qui ramassées ,
A iij font
AVERTISSEMENT:
font une multiplicité fi grande , qu'il est
bien mal- aisé de donner k toutes la même
Attention , quelque foin qu'on y apporte ;
surtout r quand une colleílion est--faite en
aussi peu de tems. Une chosè qui paroìt un
peu injuste , c'est qu'on reproche assez. sou
vint des inattentions al' Auteur de ce Li
vre , & qu'on ne lui fçache aucun gré des
eorrcòìions fans nombre qu'il fait , & des
fautes qu'il évite.
La grande difficulté dans la description
des Fêtes que nous avons données , a d'a
bord été d'être bien instruit de toutes let
circonstances , & ensuite de trouver des
fermes & des expressions qui répondent
a la beauté & a la grandeur de la ma
tière. Mais ces deux difficultez. surmontées r
il est encore tres-mal-aifê de donner une
idée )'u(ie fur le papier de certaines Fêtes 9
animées par des mouvemens extraordinai
res y pour faire connottre dans tout son
ex ces y ta j'oye & les transports, que nous
avons peints ; car le récit doit donner de
l'ablion a ce qui s'est fait, par des Pot'
traits animez,, des Peintures vives & par
lantes , enforte qu'on ait l'imagination
tellement remplie de ce qu'on lit , qu'on
croye moins lire que voir.
En y employant le tems convenable , oh
peut faire fans doute des Morceaux trisvifs
, & présenter aux yeux de l'efprit
de
A VERT ISSEMENf.
de fort belles images 5 nous osons même
nous flatter qu'on rendra juflice a quel'
Ques traits ajfez. animés , qui fi trouvent
dans plusieurs de nos Relations , maigri
la précipitation avec laquelle nous les
avons écrites \ mais dans une longue fuite
de Descriptions & de Fêtes , c'est tout a»
flus fi on peut y conserver quelque va;
rieté.
Nous faisons de la part du Public de
fiouvelles instances aux Libraires qui envoyent
des Livres pour les annoncer dans
le Mercure , d'en marquer le prix au
juste cela sert beaucoup dans les Pro'
vinces aux personnes qui fe déterminent
la-dej]ns a les acheter , & qui ne fònt pas
furs de l'exattitude des Messagers & des
autres personnes qu'elles chargent de leurs
commissions fui fimvent les font far^
payer.
On invite ici les' Marchands & les
Ouvriers qui ont quelqìies nouvelles Mo
des , soit par des Etoffes nouvelles , Ha
bits , Ajustemén's , Perruques , Coiffures,
òrnemens de tête & autres parures ,
■ainsi que de meubler, Caroffes , Chaises
& autres choses , soit pour P'utilité , soit
four l' agrément , d'en donner quelques
Mémoires pour en avertir le Public , ce
qui pourra faire plaisir à divers' particu-*'
tiers t & proçurer un débit avantageux',
A iij aux
AVERTISSEMENT.
ttux Marchands & aux Ouvriers.
Plusieurs Pieces en Prose & en Ve
envoyées pour le Aíercure , font foitvem
mal écrites qu'on ne f eut les déchifrer ,
elles font four cela rejettêes ; d'autres fc
bonnes a quelques égards 3 & dcfe5luetíJ
en d'autres ; lorsqu'elles peuvent en v
loir la peine , nous Its retouchons av
foin \ mais comme nous ne prenons ce pai
qu'avec peine , nous prions les Atiteu
de ne le pas trouver mauvais , & de tr,
vailler leurs Ouvrages avec le plus d'à
\tention qu'il leur fera possible. Si on ffi
voit leur addresse , on leur indiquera
Us defeíluofìtès & les corrections k fair
Les Sfdvans & les Curieux font prit
de vouloir concourir avec nous pot
rendre ce Livre encore plus utile & p U,
agréable, en nous communiquant les M\
moires & les Pieces en Prose & en Ver.
qui peuvent instruire & amuser. Aticu
point de Littérature n est exclus de c
Recueil , où l'on tâche de mettre une agréa
b le variété 3 Poésies , Eloquence , nou
velles Découvertes dans les Arts & dan
les Sciences , Morale, Antiquité , Hi)
toiïe sacrée & profane , Historiette , My
iologìe , Physique & Métaphifìque , Pie
ces de Théâtre , Jurisprudence , Anaio
mie & Médecine , Critique , Mathlmatl
que f Mémoires , Projets , Traductions
Gravi
AVERTISSEMENT.
Grammaire , Pièces amusantes & recréait'
ves &e. Quand les morceaux d'une cer
taine considération seront trop longs , on
les placera dans un V"tlums extraordinaire,
fjr on fera enforte qu'on puisse les en dé
tacherfacilement , pour la fatisfatlion des
dateurs & des personnes qui ne veulent
avoir que certaines Pièces.
Quelques morceaux de Prose & de
Vtrs rejettes par bonnes raisons , ont fouvent
donné lieu a des plaintes de la part
des personnes intéressées ; mais nous les
prions de considérer que c'est toujours
malgré nous que certaines Pièces font re
butées ', nous ne nous en rapportons pas
toujours a notre seul jugement dans le
choix que nous faisons de celles qui mé
ritent Vimpreffion.
Quoiqu'on ait toujours la précaution
de faire mettre un Avis a la tête de cha
que Mercure , pour avertir qu'on ûe re
cevra point de Lettres ni Paquets par la
Toste dont le port ne soit affranchi , il en
nient cependant quelquefois qu'$n est
tbïigè de rebuter. Ceux qui n'auront pas
fris cette précaution ne*doivent pas être
surpris de ne pas voir parottre les Piéces
qu ils ont envoyées.
Les personnes qui défirent avoir le Merture
des premiers , Joit dans les Provîn
tes ou dans les Pays Etraifgcrs , n'auront
A t qtfk
AVERTISSEMENT.
qu'à J'addrefler k M. Moreau , Commis
au Mercure , vis-à-vis la Comédie Fran*
çoife , k Paris , qui le leur envojera par
la'voye la plus convenable , & avant
qu'il soit en vente ici. Les amis k qui on
s'adrejse pour cela ne sont pas ordinaire
ment fort ex ails s ils n'envoyent gueres
acheter ce Livre précisément dam le tems
qu'il parois, ils ne manquent pas de le
Ure , souvent ils le prêtent k d'autres , &
ne l'envoyent que fort tard , fous le pré
texte spécieux que le Mercure n'a pas
paru plutôt. ~
Nous renouvelions la prière que nous
avons défa faite , quand on envoyé des
Piéces , soit en Vers , soit en Prose , de
lès faire transcrire lisiblement sur des pa
piers séparés , & d'une grandeur raison
nable , avec des marges , & que les noms
propres surtout , soient exatìement écrits.
y Nous aurons toujours les mêmes égards
pour les Auteurs qui ne veulent pas fi
faire connottre ; mais il fèroit bon qu'ils
dennasent une adrejfe , surtout quand il
s'agit de quelque Ouvrage qui peut de
mander des éclaircijfernens ; car souvent
faute d'un tel secours , des Piéces nous
demeurent entre les mains fans pouvoir
les faire paraître.
Nous prions £eux qui par le moyen dé
ieurs correspondances reçoivent des nou~
velU s
AVERTISSEMENT.
belles d'Afrique , du Levant , de Ferse J»
Ae Tartarie , du Japon , de la Chine , des
Indes Orientales & Occidentales & d'au
tres Pays & Contrées éloignées > de vouloir
nous en faire part à Padresse gentrale du
sjMercure. Ces nouvelles peuvent rouler
fur les guerres préfentes des Etats- voisins
teurs Révolutions , les Traités de Paix
ou de Trêve , les occupations des Souve
rains , la Religion des Peuples y leurs Cé
rémonies , Coutumes & Usages , ks Phé
nomènes & les produblions de la' Nature'
& de PArt &c. comme Pierres figurées SV
Jldarcaffltes rares t Pétrifications & Chris
ttilìfâtions' extraordinaires , Coquillages'
Nour ferons plus attentifs que jamais <*'
apprendre au Public la~mort des Spavans:
& de ceux qui fe font distingués dans des1
Arts & dans la Mécanique ; onyjoin-:
d?4 le récit de leurs- principales occupa*
lions y & des plus considérables aíïionf
de leur vie.- V Histoire des Lettres & des-
Arts doit cette marque de reconnaissanceà
la mémoire de ceux qui s'y font rendus
celíbns , ou qui les ont cultivés avec foin.
Mous espérons que tes parens & les amis
de ces illustres Morts aideront volontiers *<&.
leur rendre ce devoir par les instructions'
qu'ils voudront bien nom fournir. Ce que'
no- us- venons de dire yregirde non-feuleAVERTISSEMENT.
fhtni Paris , mais encore toutes les Pro
vinces du Royaume , qui f euvent fournir
des Evènemens considérables , Morts ,
Mariages , édiles folemnels , Fêtes & au
tres Faits dignes d'être transmis à la
postérité •, on fera, fans doute , surpris
de ne rien trouver dans le Mercure de
ce qui s'est passé dans quelques Villes
célèbres & des plus considérables du
Royaume , a l'occafion de la Naissance d»
Dauphin ì ces Villes ont marqué farts
doute leur z.ele , & ont fait de très- belles
choses \ mais cela est ignoré hors de leurs
murailles , & la Postérité l'ignorera tou
jours, faute d'avoir suivi /''exemple des
autres Villes , des moindres mime, qui
tíwt pas négligé de nous envoyer des Re
lations de leurs Réjouissances &c.
II nous reste k marquer notre reconnoijZ
fance & à remercier au nom du Public
plusieurs Ssavant du premier ordre , £7*
quantité d'autres personnes d'un mérite dis
tingué , dont les produítions enrichissent 1$
Mercure » & le font lire & rechercher*
iy t Ous commençons cette nouvelle Années
i V par. prefenttr au Public le cent-vingttroistéme
Volume du Mercure. Ce Livre
a paru tous les mois, & n'a souffert aucune
interruption depuis le mois de Juin 171t.
que nous y travaillons nous continuons
de rendre de très-humbles grâces au Lec
teur, de r'accueil favorable qu'il daigne lui
faire. Nous redoublerons nos foins & notre
application , pour qu'il soit a l'avenir en
core plus selon son goût: on n épargnera
rien pour cela. Si des gens éclairez, trou*
voient ce Journal défectueux en quelque
chose , ou qu'il fui susceptible de quelqu'autre
matière & d'un meilleur arrange
ment y on nous fera plaisir d'en donner
avis > les conseils , appuyez, de bonnes rai
sons , feront suivis,.
Nous demandons quelque indulgence
pour certains articles qui parourontJpeut*
être négliges & la diction peu châtiée 3
surtout pour ces derniers tems: Le Letleur
judicieux fera, s'il lui plaît, réflexion , que
dans un Ouvrage tel que celui-ci , il ejî
tres-aìfé de manquer , même dans les choses
Us plus communes 3 dont chacune en par
ticulier efl facile , mais qui ramassées ,
A iij font
AVERTISSEMENT:
font une multiplicité fi grande , qu'il est
bien mal- aisé de donner k toutes la même
Attention , quelque foin qu'on y apporte ;
surtout r quand une colleílion est--faite en
aussi peu de tems. Une chosè qui paroìt un
peu injuste , c'est qu'on reproche assez. sou
vint des inattentions al' Auteur de ce Li
vre , & qu'on ne lui fçache aucun gré des
eorrcòìions fans nombre qu'il fait , & des
fautes qu'il évite.
La grande difficulté dans la description
des Fêtes que nous avons données , a d'a
bord été d'être bien instruit de toutes let
circonstances , & ensuite de trouver des
fermes & des expressions qui répondent
a la beauté & a la grandeur de la ma
tière. Mais ces deux difficultez. surmontées r
il est encore tres-mal-aifê de donner une
idée )'u(ie fur le papier de certaines Fêtes 9
animées par des mouvemens extraordinai
res y pour faire connottre dans tout son
ex ces y ta j'oye & les transports, que nous
avons peints ; car le récit doit donner de
l'ablion a ce qui s'est fait, par des Pot'
traits animez,, des Peintures vives & par
lantes , enforte qu'on ait l'imagination
tellement remplie de ce qu'on lit , qu'on
croye moins lire que voir.
En y employant le tems convenable , oh
peut faire fans doute des Morceaux trisvifs
, & présenter aux yeux de l'efprit
de
A VERT ISSEMENf.
de fort belles images 5 nous osons même
nous flatter qu'on rendra juflice a quel'
Ques traits ajfez. animés , qui fi trouvent
dans plusieurs de nos Relations , maigri
la précipitation avec laquelle nous les
avons écrites \ mais dans une longue fuite
de Descriptions & de Fêtes , c'est tout a»
flus fi on peut y conserver quelque va;
rieté.
Nous faisons de la part du Public de
fiouvelles instances aux Libraires qui envoyent
des Livres pour les annoncer dans
le Mercure , d'en marquer le prix au
juste cela sert beaucoup dans les Pro'
vinces aux personnes qui fe déterminent
la-dej]ns a les acheter , & qui ne fònt pas
furs de l'exattitude des Messagers & des
autres personnes qu'elles chargent de leurs
commissions fui fimvent les font far^
payer.
On invite ici les' Marchands & les
Ouvriers qui ont quelqìies nouvelles Mo
des , soit par des Etoffes nouvelles , Ha
bits , Ajustemén's , Perruques , Coiffures,
òrnemens de tête & autres parures ,
■ainsi que de meubler, Caroffes , Chaises
& autres choses , soit pour P'utilité , soit
four l' agrément , d'en donner quelques
Mémoires pour en avertir le Public , ce
qui pourra faire plaisir à divers' particu-*'
tiers t & proçurer un débit avantageux',
A iij aux
AVERTISSEMENT.
ttux Marchands & aux Ouvriers.
Plusieurs Pieces en Prose & en Ve
envoyées pour le Aíercure , font foitvem
mal écrites qu'on ne f eut les déchifrer ,
elles font four cela rejettêes ; d'autres fc
bonnes a quelques égards 3 & dcfe5luetíJ
en d'autres ; lorsqu'elles peuvent en v
loir la peine , nous Its retouchons av
foin \ mais comme nous ne prenons ce pai
qu'avec peine , nous prions les Atiteu
de ne le pas trouver mauvais , & de tr,
vailler leurs Ouvrages avec le plus d'à
\tention qu'il leur fera possible. Si on ffi
voit leur addresse , on leur indiquera
Us defeíluofìtès & les corrections k fair
Les Sfdvans & les Curieux font prit
de vouloir concourir avec nous pot
rendre ce Livre encore plus utile & p U,
agréable, en nous communiquant les M\
moires & les Pieces en Prose & en Ver.
qui peuvent instruire & amuser. Aticu
point de Littérature n est exclus de c
Recueil , où l'on tâche de mettre une agréa
b le variété 3 Poésies , Eloquence , nou
velles Découvertes dans les Arts & dan
les Sciences , Morale, Antiquité , Hi)
toiïe sacrée & profane , Historiette , My
iologìe , Physique & Métaphifìque , Pie
ces de Théâtre , Jurisprudence , Anaio
mie & Médecine , Critique , Mathlmatl
que f Mémoires , Projets , Traductions
Gravi
AVERTISSEMENT.
Grammaire , Pièces amusantes & recréait'
ves &e. Quand les morceaux d'une cer
taine considération seront trop longs , on
les placera dans un V"tlums extraordinaire,
fjr on fera enforte qu'on puisse les en dé
tacherfacilement , pour la fatisfatlion des
dateurs & des personnes qui ne veulent
avoir que certaines Pièces.
Quelques morceaux de Prose & de
Vtrs rejettes par bonnes raisons , ont fouvent
donné lieu a des plaintes de la part
des personnes intéressées ; mais nous les
prions de considérer que c'est toujours
malgré nous que certaines Pièces font re
butées ', nous ne nous en rapportons pas
toujours a notre seul jugement dans le
choix que nous faisons de celles qui mé
ritent Vimpreffion.
Quoiqu'on ait toujours la précaution
de faire mettre un Avis a la tête de cha
que Mercure , pour avertir qu'on ûe re
cevra point de Lettres ni Paquets par la
Toste dont le port ne soit affranchi , il en
nient cependant quelquefois qu'$n est
tbïigè de rebuter. Ceux qui n'auront pas
fris cette précaution ne*doivent pas être
surpris de ne pas voir parottre les Piéces
qu ils ont envoyées.
Les personnes qui défirent avoir le Merture
des premiers , Joit dans les Provîn
tes ou dans les Pays Etraifgcrs , n'auront
A t qtfk
AVERTISSEMENT.
qu'à J'addrefler k M. Moreau , Commis
au Mercure , vis-à-vis la Comédie Fran*
çoife , k Paris , qui le leur envojera par
la'voye la plus convenable , & avant
qu'il soit en vente ici. Les amis k qui on
s'adrejse pour cela ne sont pas ordinaire
ment fort ex ails s ils n'envoyent gueres
acheter ce Livre précisément dam le tems
qu'il parois, ils ne manquent pas de le
Ure , souvent ils le prêtent k d'autres , &
ne l'envoyent que fort tard , fous le pré
texte spécieux que le Mercure n'a pas
paru plutôt. ~
Nous renouvelions la prière que nous
avons défa faite , quand on envoyé des
Piéces , soit en Vers , soit en Prose , de
lès faire transcrire lisiblement sur des pa
piers séparés , & d'une grandeur raison
nable , avec des marges , & que les noms
propres surtout , soient exatìement écrits.
y Nous aurons toujours les mêmes égards
pour les Auteurs qui ne veulent pas fi
faire connottre ; mais il fèroit bon qu'ils
dennasent une adrejfe , surtout quand il
s'agit de quelque Ouvrage qui peut de
mander des éclaircijfernens ; car souvent
faute d'un tel secours , des Piéces nous
demeurent entre les mains fans pouvoir
les faire paraître.
Nous prions £eux qui par le moyen dé
ieurs correspondances reçoivent des nou~
velU s
AVERTISSEMENT.
belles d'Afrique , du Levant , de Ferse J»
Ae Tartarie , du Japon , de la Chine , des
Indes Orientales & Occidentales & d'au
tres Pays & Contrées éloignées > de vouloir
nous en faire part à Padresse gentrale du
sjMercure. Ces nouvelles peuvent rouler
fur les guerres préfentes des Etats- voisins
teurs Révolutions , les Traités de Paix
ou de Trêve , les occupations des Souve
rains , la Religion des Peuples y leurs Cé
rémonies , Coutumes & Usages , ks Phé
nomènes & les produblions de la' Nature'
& de PArt &c. comme Pierres figurées SV
Jldarcaffltes rares t Pétrifications & Chris
ttilìfâtions' extraordinaires , Coquillages'
Nour ferons plus attentifs que jamais <*'
apprendre au Public la~mort des Spavans:
& de ceux qui fe font distingués dans des1
Arts & dans la Mécanique ; onyjoin-:
d?4 le récit de leurs- principales occupa*
lions y & des plus considérables aíïionf
de leur vie.- V Histoire des Lettres & des-
Arts doit cette marque de reconnaissanceà
la mémoire de ceux qui s'y font rendus
celíbns , ou qui les ont cultivés avec foin.
Mous espérons que tes parens & les amis
de ces illustres Morts aideront volontiers *<&.
leur rendre ce devoir par les instructions'
qu'ils voudront bien nom fournir. Ce que'
no- us- venons de dire yregirde non-feuleAVERTISSEMENT.
fhtni Paris , mais encore toutes les Pro
vinces du Royaume , qui f euvent fournir
des Evènemens considérables , Morts ,
Mariages , édiles folemnels , Fêtes & au
tres Faits dignes d'être transmis à la
postérité •, on fera, fans doute , surpris
de ne rien trouver dans le Mercure de
ce qui s'est passé dans quelques Villes
célèbres & des plus considérables du
Royaume , a l'occafion de la Naissance d»
Dauphin ì ces Villes ont marqué farts
doute leur z.ele , & ont fait de très- belles
choses \ mais cela est ignoré hors de leurs
murailles , & la Postérité l'ignorera tou
jours, faute d'avoir suivi /''exemple des
autres Villes , des moindres mime, qui
tíwt pas négligé de nous envoyer des Re
lations de leurs Réjouissances &c.
II nous reste k marquer notre reconnoijZ
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Résumé : AVERTISSEMENT.
Le texte est un avertissement pour le cent-vingt-troisième volume du Mercure, un journal publié sans interruption depuis juin 1711. Les éditeurs expriment leur gratitude envers les lecteurs et s'engagent à améliorer la qualité du journal. Ils sollicitent des conseils pour améliorer le contenu et l'arrangement des articles. Les éditeurs demandent de l'indulgence pour les articles négligés ou mal rédigés, soulignant la difficulté de maintenir une haute qualité dans un ouvrage mensuel. Ils notent également les critiques fréquentes des inattentions tout en passant sous silence les corrections et les fautes évitées. La description des fêtes a été particulièrement difficile, nécessitant une connaissance approfondie des circonstances et des expressions adaptées. Les éditeurs visent à créer des descriptions vivantes et imagées, capables de transmettre l'essence des événements. Ils invitent les libraires à indiquer le prix des livres annoncés et les marchands à partager des informations sur les nouvelles modes et produits. Le Mercure accepte des contributions en prose et en vers, mais rejette celles qui sont mal écrites ou défectueuses. Les auteurs sont encouragés à soumettre des œuvres bien rédigées et à accepter les retouches nécessaires. Les éditeurs invitent également les savants et les curieux à contribuer à divers domaines littéraires et scientifiques. Des précautions sont prises pour éviter la réception de lettres et de paquets non affranchis. Les personnes souhaitant recevoir le Mercure en premier peuvent s'adresser à M. Moreau. Les éditeurs demandent que les contributions soient bien transcrites et que les auteurs fournissent une adresse pour les éclaircissements nécessaires. Le Mercure sollicite également des nouvelles de régions éloignées, des informations sur des événements politiques, religieux, et naturels, ainsi que des détails sur la vie des personnes distinguées dans les arts et la mécanique. Les éditeurs espèrent que les proches de ces personnes aideront à fournir des informations pour honorer leur mémoire. Ils encouragent également les provinces à partager des événements notables, soulignant l'importance de transmettre ces informations à la postérité.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
36
p. 238-249
DISCOURS sur la probité de l'Avocat, prononcé par M. Gaulliere, ensuite de celui de M. Maillard, à l'ouverture de la Conference publique des Avocats.
Début :
Entre les vertus qui relevent le merite personnel de l'homme, il n'en [...]
Mots clefs :
Probité, Avocat, Public, Vertu, Confiance, Actions, Conseils, Justice, Loi, Passions, Conférence publique des avocats, Coeur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DISCOURS sur la probité de l'Avocat, prononcé par M. Gaulliere, ensuite de celui de M. Maillard, à l'ouverture de la Conference publique des Avocats.
DIS COV RS fur la probité de l'^4-
vocat >t prononcé par M. Gaulliere , en
suite de celui de M. Maillard , a Pou-*
verture de la Conférence publique des
Avocats, , ■ f
ENtre les vertus qui relèvent le mé
rite períbnnel de l'homme , il n'en?
est point cìe plus convenable que la pro
bité ; elle doit régler ses pensées & di
riger ses actions. Elle feule peut lui ap
prendre quelle est là nature de fes de
voirs , quel est son engagement , & com
ment il doit y satisfaire. Survient il dans
Pexecution des difficultés & des peines ?„
la probité lui donne les moyens de les
surmonter ; s'y trouve-t'il du danger ?
elle lui inspire assez de précaution SC
de prudence pour Tévirer , ou du moins
elle y suppléer.
La conduite de l'homme ne peut donc
jamais être régulière fans la probité;
ainsi dequoi PAvocat feroit-il capable
fans elle^ Formons-nous , Meilleurs , Pi»
dêç
FEVRIER. T73âr; ï}f
de'e de l'Avocat le plus digne de l'estime
&c de la confiance du public ; donnons
lui les talens d'un heureux naturel ,
qu'il possédé éminement l'art de la pa
role , qu'il sçac'he les Loix tant ancien
nes que nouvelles , qu'il en comprenne
les plus abstraites dispositions , qu'il er*
explique les plus grandes difficultés ,
qu'il est applique à propos les principes ,-
qu'il sçache démêler tous les tours cmbarassans-
dans lesquels se tache le monsrre
de la chicane , qu'il fe dévoué" à ses
fonctions par un travail pénible & assi
du ; donnons lui enfin en partage tou
tes les qualités extérieures qui lui font
nécessaires pout faire briller son élo
quence ; talens admirables , perfections
louables , à la vérité > mais en mêmetems
, dons pernicieux de la Nature Sc
de l'Art , s'ils ne sont accompagnés d'une
probité à toute épreuve. Il faut donc la
ïegarder , cette Vertu , comme k prin
cipale qualicé de l'Avocat dans routes
les occasions , où son ministère est né
cessaire.
Par elle l'homme est naturellement
porté à rendre service à l'homme ; il ne
fait ni ne pense rien qu'il ne puisse pu
blier hardiment & avec confiance , il m
s-'engage dans aucune entreprise sujette
à reproche > quoiqu'il soit suc que peu»
sonne
*?4<»! MËRCÛRË DË FRAttCÊ.
fbnrtè n'en empêchera la réussite $ son in
térêt ne le porte jamais à rien dire de
Contraire à la vérité » à accuser personne
sens sujet , à ne prendre que ce qui lui:
appartient, & à user de surprise pour par
venir à ses finsi Si l'Avoeat plaide , fans-
1a probité il dégénère en déclàmateur ,
H déguise ou il exagère les faits , il épou
se les passions de ses parties, il' n'a pas
honte d'entreprendre des causes injustes,-
quoiqu'il les connoiííe pour telles. >
S'il est consulté , sans la probité ce
ri'est pas pour lui un ctime de donner
conseil pour favoriser les surprises , d'u
ser de tous les détours imaginables pour
rendre les procès éternels , d'alrerer le
sens des Loix , des Coutumes 8i des Or
donnances pour en imposer aux Juges ,
enfin d'abandonner la juste deffense du
pauvre pour pallier les in justes prétentions
du riche.
Avec la probité , au contraire , le b»uc
de l'Avoeat est de sacrifier ses veilles , &
de se donner tóut entier au Public ; son
Unique attention est de soulager les peiile's
de ses patries , d'être tout pour les
autres-, & presque rien pour lui-même.
Son coeur immole à la Justice tòutes
passions , tout plaisir1, tout intérêt í
ainsi chaque jour, chaque heure , cha-
«jue instant lui fournis les occasions de
^EV R I?ÉR'. f /f* 2*'if
lùi faire pendant route la vie de nouveau»»
sacrifices.
Assiégé de routes parts , demandé enJ
tous lieux , la fin d'une affaire le sou
met au commencement d'une autre , le
dernier des malheureux a droit fut tous
les momens de son loisir.
Il se refuse jusqu'à la jouissance de sespropres
biens , & il n'á d'autre soin que
d'assurer ceux des Qiens qui implorent'
son secours.
Cet esclavage, ou sous un titre fpe-~
cieux on renonce à fa liberté pour deffendre
celle des autres , paroît bien dur; •
mais qu'il est glorieux pour le véritable-
Avocat ! c'est avec ces sentirnens qu'ilse
préfente au Barreau , ce sont eux qui '
font son principal mérite.
li n'á pas besoin de faire briHet son
éloquence par des discours pompeux qui;
ppurroient séduire'; il la fait consister*
dans le récit simple & véritable des faits.
II ne lui est pas nécessaire pour donner'
des preuves de son érudition d'employer
des citations ennuyeuses, & souvent étran
gères à la matière qu'il traire*; une juste ;
application des Loix , leur interprétationnaturelle
composent toute la deffense de
ses-parries;
Sa probité , fa sincérité lui tiennent-
Heu de tout ; fa parole vaut le ferment
*4* MEKCURÉ ÒÈ FRANCÊ.
le plus autentique , & c'est ainsi qu'il
s'attire toute l'estime & toute la con
fiance du public. Que dis- je? Messieurs,
les Rois même n'ont pas dédaigné d'hcríiorer
l'Avocat de la kttr.
En effet , il est dit dans l'Ordonnance
de i JI7- que lorsque dans la plaidoyerie
il y adroit contestation fur des faits,
les Avocats en seroienr crûs à leur fer
ment ; & ('Histoire nous rapporte en
cent endroits les avantages inséparables
de la probité de l'Avoeat.
M. de Montholori acquit par elle une
si grande confiance, que quand il s'agiffoit
de la lecture d'une piéce , les Juges
l'en dispensoient -, & ce fut cette même
probité qui l'éleva au suprême degré de
ta Magistrature.
Sans la probité , aii corítráife j l'Ávocat
feroit en proye à toutes sortes de
passions. Tantôt il feroit asseâ malheu
reux pour ne consulter que lui-même ;
on le verroit rarement marcher la ba
lance à la main , ardent en apparence à
firoscrire le vice & à protéger la vertu ;
a veuve Sc l'orphelin sembleroient être
les objets de fa compassion ; grand en
maximes , fastueux en paroles ; on croitoit
qu'il ne respire que la Justice ;
rhais si on fondoit les secrets replis de son
coeur > si on le suivoit pas à pas dans lés
sentiers
FEVRIER. í73fó. 2+î
sentiers détournés ou le conduiroicnt its
fausses lumières , si on pesoit ses actions
au poids du sanctuaire , on pourroit dé
mêler au milieu de ces vains phantômes
de vertu qui l'environnent , les charmes
féduisans de la volupté > entraîné pat
son penchant naturel au plaisir , il s'y
livreroit de -plus en plus , & il seroit
à craindre que la Justice ne fut la pre
mière victime qu'il immolerok à Tidole
de ses plaisirs.
Tantôt se trouvant dans les occasions
dangereuses de contenter un intérêt qui
exckerok fa cupidité , Tardcur d'acqué
rir 8c de poíTeder , qui est naturelle k
l'homme , ne lui permettroit pas de dis
tinguer le juste de l'ínjuste j rien ne se*
roir capable de servir de contrepoids a
fa passion ; elle lui suggereroit les moyens
d'anéantir la Loi par la Loi même.
Que d'explications forcées , mais en
même-tems captieuses.ne lui fourniroientelles
point pour faire parler à cette Loi
le langage de fa cupidité ? charmes de
Péloquence , connoiffance des Loix , il
mettroit tout à profit pour surprendre »
pour séduire } peut-être même abuseroit-
il du secret & de la confiance de
fes parties , s'il n'étoit retenu par l'integrité.
Sans cile la haine , la jalousie , ou
\ quelr
244 MERCURE DÊ FRANCE:
quelqu'autre passion l'agiteroit fanscéíïey
obscurcirok fa raison , 6c la rendroit fu
rieuse ; & à l'onibre de ces monstres ,
tantôt ea ennemi secret 8c implacable ,
il attaqueroit ceux qui sont l'objet de
ion aversion & de sa Plaine ; tantôt les
yeux blessés de la gloire importune d'un
Rival qui l'ofFufque , que ne tenteroitil
point pour détruire cet ennemi de son
orgueil & de son ambition ?
En proye successivement & quelque
fois en même-rems à toutes ces passions
qui l'agiteroient , la Justice auroit beau
se présenter , il seroit sourd à sa voix ,
elle seroit toujours- proscrire de son coeur
& sur les ruines du Tribunal dé la con
science il éleveroit un Tr-ône à ses pas
sions favorites , ce seroit elles qui lui
donneroient la Loi',. & ce seroit à elles
seules qu'U rendroit compte de ses ac
tiorir , trop content de leur avoir mé
nagé les marquîS" extérieures de la: vertu.
On ne ttouve point heureusement de
ces vices dans le véritable Avocat ; aussi
n'y a t'il rien à soupçonner dans ses dé
marches. Les Puissances ont elles be
soin de son ministère ? incapable de se
laiíîer corrompre par lés pteícns , il voit
avec indignation Demofthenc accepter lacoupe
d' Fía ?pains ; insensible aux mefia-
Cteí >; il íuivroit Papinieit fur Téchafaut,
FEVRIER. 173*. Í45
plutôt que d'excuser un Empereur cou
pable d'un fratricide.
S'agit-il de l'interêt de ses Conci*
toyens ? on ne le voit jamais examiner
une affaire qu'avec une attention scru
puleuse , & conduire un Clienr qu'avec?
prudence ; il ne jette un oeil de compas
sion que sut les objets qui la méritent «
ôc ne donne ses foins & ses conseils aux
riches qu'après avoir secouru les mal-;
heureux.
li né~ repousse l'in jure que par les ar
mes que l'e'quité , la raison & les Loix
lui administrent i il ne fait consister son
plaisir que dans un délassement honnête,
3c souvent même dans le travail y iítrouve
ses peines récompensées plutôt
ar la gloire de les avoir prises que par
utilité qu'il en retire.
S'il apperçoit dans un de ses Confire»
tes des talens supérieurs aux siens , loictd'en
concevoir une indigne jalousie , ils
fie fervent au contraire qu'à lui inspirer
une noble émulation ; enfin ses démar
ches, ses actions ont pour but la vertu
plutôt que fa propre utilité. Par là ses'
conseils font admirés , ses décisions font
regardées comme des Oracles , fa con
duite sert d'exemple à tout homme de
bien , & il se captive la bienveillance de
ffes.Confrercs , l'estime des Magistrats &
Ï4S- MERCURE -DE FRANCÈ*
la confiance du Public.
Mais est-ce dans cette idée feule qué
l'Avocat doit être n pur dans ses pensées*
si réservé dans ses diicours3si intègre dans
ses actions , dont il doit compte même à
soi-même ?
Plus l' Avocat a de talens , plus il est
responsable de sa conduite ; plus il a de
qualités éminentes , plus il doit être en
garde contre les charmes séducteurs des
passions de l'homme.
En effet , que lui servlroifil d'être ap
plaudi à l'oecasion de son éloquence , íî
ses moeurs ne tondoient pas à la perfec
tion ? Seroít-on persuadé de la sagesse de
ses conseils , s'il suivoit lui-même d'autres
routes ?
Qu'il fortifie donc de jour éri jour dans
son coeur les sentimens de la droiture &
de la prob'iré j qu'il s'empresse à pronon
cer par son propre exemple la prejniere
condamnation contre les vices.
Ce font ces sentimens , Messieurs , que
Vous avez reconnus dans les dispositions
de votre digne bienfacteur\ ce fut ainsi
qu'il s'acquit l'estime de tous ses amis ,
la considération de nôtre Ordre & la
confiance du Public. i
La noblesse de fa naissance ne lui pa-j
íut qu'un nouveau degré digne d'être joint
à notre profession ; il s'appliqua fans peine
FEVRIER. l7$o. n.7
ì U. connoissance des Lojx les plus diffi
ciles ; son esprit naturellement pene'trant
en donna facilement les solutions ; à
íe fit respecter même de tous ses enne
mis & de ses envieux ; fa vertu lui donna
pour amis tous les Cliens que fa répu
tation lui addressoit 5 la prudence de ses
conseils détermina souvent les opinions
des Magistrats > utile à tout le monde ,
il fe Uvroit fans cesse à tous > le Publiç
trouvoir des secours infinis dans ses talens
, & les pauvres des ressources iné?
puisables dans fa charité ; ceux qui le
connoissoient se le proposoient pour mor
dele de sçavoir , de modestie , de désin
téressement & de candeur, La mort enfin
s'approcha fans le surprendre ; il l'avoie
prévenue par un sage testament qui
pattageoit ses biens entre les pauvres ,
íes parens , ses amis & notre Ordre j
ses Livres & ses Manuscrits nous seronc
à jamais précieux aussi bien que fa mér
moire. Rappelions nous donc fans cesse
íe mérite de ce grand homme.
Mais fi d'un côté nous avons lieu de
regretter M. de Riparfons , nous avons
de l'autre occasion de nous consoler de
sa perte , puisque nous la trouvons re^
parée par l'illustre Confrère * qui. veut
* Voyex. le 1. Vol, d» Mereun át Dtcembr*
fut-il entré dans la carrière , qu'il
MERCURE DE FRANCE,
bien présider à nos travaux 5 en se faiiant
une gloire d'exécuter les intentions
«le notre bienfaiteur il a Ja meilleure
.part à fa .fondation > il sacrifie son tenu
à nous découvrir des trésors qui fans lui
nous íeroient inconnus -, quels avanta
ges ne trouvons<no«s pas dans ses íçavantes
instructions ? pénétrés de reconnoidance
, faifons-nous donc un mérite
de marcher fur fes traces , & si nous ne
pouvons parvenir au même dégré de
science que lui , donnons-lui du moins
îa satisfaction d'imiter fes vertus»
Animés par de si beaux & de si grands
exemples , nous ferons toujours disposés
à détester l'ufurpatjon , & à repousser 1a
■violence , toujours ptéts à defrendre la
Veuve & l'Otphelin , à soutenir l'inno-
.cence que l'en voudra opprimer , &
poursuivant la punition du 'crime , nous
jae travaillerons pas moins à la fureté
publique qu'à -la conservation des parti
culiers.
Nous sommes les premiers organes
«le la Justice , & même en quelque forte
•les maîtres des droits de nos parties ;
chaque instant de notre vie nous mec
«levant les yeux l'obligation indispensa
ble de ménager leurs intérêts , & d', ~
Cifer leur animosité. En nous faisant
nn.au de leur serviï de patrons , de
peicr
FEVRIER. 1730. 24$
fères & de protecteur* , rions nous four
viendrons encore qu'associés , pour ain$
dire , à la Magistrature , nous sommes
les enfans & les Ministres de la Justice ,
& que nous ne luj devons pas moins:
d'inregrké , de bonne foi & de sincérité
que de foin , de vigilance & de zèle pour
les affaires qui nous font commises. Nous
renoncerons à toute forte de déguisement,
la vérité régnera toujours dans nos dis
cours , & nous oe chercherons jamais des
ces ornemcns capables de surprendre la
Religion des Juges.
Fondés fur les principes de la probité,
notre ministère fera soutenu de courage
& de fermeté fans orgueil , de charité
fans foiblefle, d'une íeverité juste , utile
& nécessaire íans dureté , d'une connoissance
compatissante de la misère de l'horame
sans lâche complaisance , 8c répon
dant à Ir haute idée que l'on a de notre
profession , nous annoncerons par la fa.
gefc de nos conseils les oracles de la
Justice.
vocat >t prononcé par M. Gaulliere , en
suite de celui de M. Maillard , a Pou-*
verture de la Conférence publique des
Avocats, , ■ f
ENtre les vertus qui relèvent le mé
rite períbnnel de l'homme , il n'en?
est point cìe plus convenable que la pro
bité ; elle doit régler ses pensées & di
riger ses actions. Elle feule peut lui ap
prendre quelle est là nature de fes de
voirs , quel est son engagement , & com
ment il doit y satisfaire. Survient il dans
Pexecution des difficultés & des peines ?„
la probité lui donne les moyens de les
surmonter ; s'y trouve-t'il du danger ?
elle lui inspire assez de précaution SC
de prudence pour Tévirer , ou du moins
elle y suppléer.
La conduite de l'homme ne peut donc
jamais être régulière fans la probité;
ainsi dequoi PAvocat feroit-il capable
fans elle^ Formons-nous , Meilleurs , Pi»
dêç
FEVRIER. T73âr; ï}f
de'e de l'Avocat le plus digne de l'estime
&c de la confiance du public ; donnons
lui les talens d'un heureux naturel ,
qu'il possédé éminement l'art de la pa
role , qu'il sçac'he les Loix tant ancien
nes que nouvelles , qu'il en comprenne
les plus abstraites dispositions , qu'il er*
explique les plus grandes difficultés ,
qu'il est applique à propos les principes ,-
qu'il sçache démêler tous les tours cmbarassans-
dans lesquels se tache le monsrre
de la chicane , qu'il fe dévoué" à ses
fonctions par un travail pénible & assi
du ; donnons lui enfin en partage tou
tes les qualités extérieures qui lui font
nécessaires pout faire briller son élo
quence ; talens admirables , perfections
louables , à la vérité > mais en mêmetems
, dons pernicieux de la Nature Sc
de l'Art , s'ils ne sont accompagnés d'une
probité à toute épreuve. Il faut donc la
ïegarder , cette Vertu , comme k prin
cipale qualicé de l'Avocat dans routes
les occasions , où son ministère est né
cessaire.
Par elle l'homme est naturellement
porté à rendre service à l'homme ; il ne
fait ni ne pense rien qu'il ne puisse pu
blier hardiment & avec confiance , il m
s-'engage dans aucune entreprise sujette
à reproche > quoiqu'il soit suc que peu»
sonne
*?4<»! MËRCÛRË DË FRAttCÊ.
fbnrtè n'en empêchera la réussite $ son in
térêt ne le porte jamais à rien dire de
Contraire à la vérité » à accuser personne
sens sujet , à ne prendre que ce qui lui:
appartient, & à user de surprise pour par
venir à ses finsi Si l'Avoeat plaide , fans-
1a probité il dégénère en déclàmateur ,
H déguise ou il exagère les faits , il épou
se les passions de ses parties, il' n'a pas
honte d'entreprendre des causes injustes,-
quoiqu'il les connoiííe pour telles. >
S'il est consulté , sans la probité ce
ri'est pas pour lui un ctime de donner
conseil pour favoriser les surprises , d'u
ser de tous les détours imaginables pour
rendre les procès éternels , d'alrerer le
sens des Loix , des Coutumes 8i des Or
donnances pour en imposer aux Juges ,
enfin d'abandonner la juste deffense du
pauvre pour pallier les in justes prétentions
du riche.
Avec la probité , au contraire , le b»uc
de l'Avoeat est de sacrifier ses veilles , &
de se donner tóut entier au Public ; son
Unique attention est de soulager les peiile's
de ses patries , d'être tout pour les
autres-, & presque rien pour lui-même.
Son coeur immole à la Justice tòutes
passions , tout plaisir1, tout intérêt í
ainsi chaque jour, chaque heure , cha-
«jue instant lui fournis les occasions de
^EV R I?ÉR'. f /f* 2*'if
lùi faire pendant route la vie de nouveau»»
sacrifices.
Assiégé de routes parts , demandé enJ
tous lieux , la fin d'une affaire le sou
met au commencement d'une autre , le
dernier des malheureux a droit fut tous
les momens de son loisir.
Il se refuse jusqu'à la jouissance de sespropres
biens , & il n'á d'autre soin que
d'assurer ceux des Qiens qui implorent'
son secours.
Cet esclavage, ou sous un titre fpe-~
cieux on renonce à fa liberté pour deffendre
celle des autres , paroît bien dur; •
mais qu'il est glorieux pour le véritable-
Avocat ! c'est avec ces sentirnens qu'ilse
préfente au Barreau , ce sont eux qui '
font son principal mérite.
li n'á pas besoin de faire briHet son
éloquence par des discours pompeux qui;
ppurroient séduire'; il la fait consister*
dans le récit simple & véritable des faits.
II ne lui est pas nécessaire pour donner'
des preuves de son érudition d'employer
des citations ennuyeuses, & souvent étran
gères à la matière qu'il traire*; une juste ;
application des Loix , leur interprétationnaturelle
composent toute la deffense de
ses-parries;
Sa probité , fa sincérité lui tiennent-
Heu de tout ; fa parole vaut le ferment
*4* MEKCURÉ ÒÈ FRANCÊ.
le plus autentique , & c'est ainsi qu'il
s'attire toute l'estime & toute la con
fiance du public. Que dis- je? Messieurs,
les Rois même n'ont pas dédaigné d'hcríiorer
l'Avocat de la kttr.
En effet , il est dit dans l'Ordonnance
de i JI7- que lorsque dans la plaidoyerie
il y adroit contestation fur des faits,
les Avocats en seroienr crûs à leur fer
ment ; & ('Histoire nous rapporte en
cent endroits les avantages inséparables
de la probité de l'Avoeat.
M. de Montholori acquit par elle une
si grande confiance, que quand il s'agiffoit
de la lecture d'une piéce , les Juges
l'en dispensoient -, & ce fut cette même
probité qui l'éleva au suprême degré de
ta Magistrature.
Sans la probité , aii corítráife j l'Ávocat
feroit en proye à toutes sortes de
passions. Tantôt il feroit asseâ malheu
reux pour ne consulter que lui-même ;
on le verroit rarement marcher la ba
lance à la main , ardent en apparence à
firoscrire le vice & à protéger la vertu ;
a veuve Sc l'orphelin sembleroient être
les objets de fa compassion ; grand en
maximes , fastueux en paroles ; on croitoit
qu'il ne respire que la Justice ;
rhais si on fondoit les secrets replis de son
coeur > si on le suivoit pas à pas dans lés
sentiers
FEVRIER. í73fó. 2+î
sentiers détournés ou le conduiroicnt its
fausses lumières , si on pesoit ses actions
au poids du sanctuaire , on pourroit dé
mêler au milieu de ces vains phantômes
de vertu qui l'environnent , les charmes
féduisans de la volupté > entraîné pat
son penchant naturel au plaisir , il s'y
livreroit de -plus en plus , & il seroit
à craindre que la Justice ne fut la pre
mière victime qu'il immolerok à Tidole
de ses plaisirs.
Tantôt se trouvant dans les occasions
dangereuses de contenter un intérêt qui
exckerok fa cupidité , Tardcur d'acqué
rir 8c de poíTeder , qui est naturelle k
l'homme , ne lui permettroit pas de dis
tinguer le juste de l'ínjuste j rien ne se*
roir capable de servir de contrepoids a
fa passion ; elle lui suggereroit les moyens
d'anéantir la Loi par la Loi même.
Que d'explications forcées , mais en
même-tems captieuses.ne lui fourniroientelles
point pour faire parler à cette Loi
le langage de fa cupidité ? charmes de
Péloquence , connoiffance des Loix , il
mettroit tout à profit pour surprendre »
pour séduire } peut-être même abuseroit-
il du secret & de la confiance de
fes parties , s'il n'étoit retenu par l'integrité.
Sans cile la haine , la jalousie , ou
\ quelr
244 MERCURE DÊ FRANCE:
quelqu'autre passion l'agiteroit fanscéíïey
obscurcirok fa raison , 6c la rendroit fu
rieuse ; & à l'onibre de ces monstres ,
tantôt ea ennemi secret 8c implacable ,
il attaqueroit ceux qui sont l'objet de
ion aversion & de sa Plaine ; tantôt les
yeux blessés de la gloire importune d'un
Rival qui l'ofFufque , que ne tenteroitil
point pour détruire cet ennemi de son
orgueil & de son ambition ?
En proye successivement & quelque
fois en même-rems à toutes ces passions
qui l'agiteroient , la Justice auroit beau
se présenter , il seroit sourd à sa voix ,
elle seroit toujours- proscrire de son coeur
& sur les ruines du Tribunal dé la con
science il éleveroit un Tr-ône à ses pas
sions favorites , ce seroit elles qui lui
donneroient la Loi',. & ce seroit à elles
seules qu'U rendroit compte de ses ac
tiorir , trop content de leur avoir mé
nagé les marquîS" extérieures de la: vertu.
On ne ttouve point heureusement de
ces vices dans le véritable Avocat ; aussi
n'y a t'il rien à soupçonner dans ses dé
marches. Les Puissances ont elles be
soin de son ministère ? incapable de se
laiíîer corrompre par lés pteícns , il voit
avec indignation Demofthenc accepter lacoupe
d' Fía ?pains ; insensible aux mefia-
Cteí >; il íuivroit Papinieit fur Téchafaut,
FEVRIER. 173*. Í45
plutôt que d'excuser un Empereur cou
pable d'un fratricide.
S'agit-il de l'interêt de ses Conci*
toyens ? on ne le voit jamais examiner
une affaire qu'avec une attention scru
puleuse , & conduire un Clienr qu'avec?
prudence ; il ne jette un oeil de compas
sion que sut les objets qui la méritent «
ôc ne donne ses foins & ses conseils aux
riches qu'après avoir secouru les mal-;
heureux.
li né~ repousse l'in jure que par les ar
mes que l'e'quité , la raison & les Loix
lui administrent i il ne fait consister son
plaisir que dans un délassement honnête,
3c souvent même dans le travail y iítrouve
ses peines récompensées plutôt
ar la gloire de les avoir prises que par
utilité qu'il en retire.
S'il apperçoit dans un de ses Confire»
tes des talens supérieurs aux siens , loictd'en
concevoir une indigne jalousie , ils
fie fervent au contraire qu'à lui inspirer
une noble émulation ; enfin ses démar
ches, ses actions ont pour but la vertu
plutôt que fa propre utilité. Par là ses'
conseils font admirés , ses décisions font
regardées comme des Oracles , fa con
duite sert d'exemple à tout homme de
bien , & il se captive la bienveillance de
ffes.Confrercs , l'estime des Magistrats &
Ï4S- MERCURE -DE FRANCÈ*
la confiance du Public.
Mais est-ce dans cette idée feule qué
l'Avocat doit être n pur dans ses pensées*
si réservé dans ses diicours3si intègre dans
ses actions , dont il doit compte même à
soi-même ?
Plus l' Avocat a de talens , plus il est
responsable de sa conduite ; plus il a de
qualités éminentes , plus il doit être en
garde contre les charmes séducteurs des
passions de l'homme.
En effet , que lui servlroifil d'être ap
plaudi à l'oecasion de son éloquence , íî
ses moeurs ne tondoient pas à la perfec
tion ? Seroít-on persuadé de la sagesse de
ses conseils , s'il suivoit lui-même d'autres
routes ?
Qu'il fortifie donc de jour éri jour dans
son coeur les sentimens de la droiture &
de la prob'iré j qu'il s'empresse à pronon
cer par son propre exemple la prejniere
condamnation contre les vices.
Ce font ces sentimens , Messieurs , que
Vous avez reconnus dans les dispositions
de votre digne bienfacteur\ ce fut ainsi
qu'il s'acquit l'estime de tous ses amis ,
la considération de nôtre Ordre & la
confiance du Public. i
La noblesse de fa naissance ne lui pa-j
íut qu'un nouveau degré digne d'être joint
à notre profession ; il s'appliqua fans peine
FEVRIER. l7$o. n.7
ì U. connoissance des Lojx les plus diffi
ciles ; son esprit naturellement pene'trant
en donna facilement les solutions ; à
íe fit respecter même de tous ses enne
mis & de ses envieux ; fa vertu lui donna
pour amis tous les Cliens que fa répu
tation lui addressoit 5 la prudence de ses
conseils détermina souvent les opinions
des Magistrats > utile à tout le monde ,
il fe Uvroit fans cesse à tous > le Publiç
trouvoir des secours infinis dans ses talens
, & les pauvres des ressources iné?
puisables dans fa charité ; ceux qui le
connoissoient se le proposoient pour mor
dele de sçavoir , de modestie , de désin
téressement & de candeur, La mort enfin
s'approcha fans le surprendre ; il l'avoie
prévenue par un sage testament qui
pattageoit ses biens entre les pauvres ,
íes parens , ses amis & notre Ordre j
ses Livres & ses Manuscrits nous seronc
à jamais précieux aussi bien que fa mér
moire. Rappelions nous donc fans cesse
íe mérite de ce grand homme.
Mais fi d'un côté nous avons lieu de
regretter M. de Riparfons , nous avons
de l'autre occasion de nous consoler de
sa perte , puisque nous la trouvons re^
parée par l'illustre Confrère * qui. veut
* Voyex. le 1. Vol, d» Mereun át Dtcembr*
fut-il entré dans la carrière , qu'il
MERCURE DE FRANCE,
bien présider à nos travaux 5 en se faiiant
une gloire d'exécuter les intentions
«le notre bienfaiteur il a Ja meilleure
.part à fa .fondation > il sacrifie son tenu
à nous découvrir des trésors qui fans lui
nous íeroient inconnus -, quels avanta
ges ne trouvons<no«s pas dans ses íçavantes
instructions ? pénétrés de reconnoidance
, faifons-nous donc un mérite
de marcher fur fes traces , & si nous ne
pouvons parvenir au même dégré de
science que lui , donnons-lui du moins
îa satisfaction d'imiter fes vertus»
Animés par de si beaux & de si grands
exemples , nous ferons toujours disposés
à détester l'ufurpatjon , & à repousser 1a
■violence , toujours ptéts à defrendre la
Veuve & l'Otphelin , à soutenir l'inno-
.cence que l'en voudra opprimer , &
poursuivant la punition du 'crime , nous
jae travaillerons pas moins à la fureté
publique qu'à -la conservation des parti
culiers.
Nous sommes les premiers organes
«le la Justice , & même en quelque forte
•les maîtres des droits de nos parties ;
chaque instant de notre vie nous mec
«levant les yeux l'obligation indispensa
ble de ménager leurs intérêts , & d', ~
Cifer leur animosité. En nous faisant
nn.au de leur serviï de patrons , de
peicr
FEVRIER. 1730. 24$
fères & de protecteur* , rions nous four
viendrons encore qu'associés , pour ain$
dire , à la Magistrature , nous sommes
les enfans & les Ministres de la Justice ,
& que nous ne luj devons pas moins:
d'inregrké , de bonne foi & de sincérité
que de foin , de vigilance & de zèle pour
les affaires qui nous font commises. Nous
renoncerons à toute forte de déguisement,
la vérité régnera toujours dans nos dis
cours , & nous oe chercherons jamais des
ces ornemcns capables de surprendre la
Religion des Juges.
Fondés fur les principes de la probité,
notre ministère fera soutenu de courage
& de fermeté fans orgueil , de charité
fans foiblefle, d'une íeverité juste , utile
& nécessaire íans dureté , d'une connoissance
compatissante de la misère de l'horame
sans lâche complaisance , 8c répon
dant à Ir haute idée que l'on a de notre
profession , nous annoncerons par la fa.
gefc de nos conseils les oracles de la
Justice.
Fermer
Résumé : DISCOURS sur la probité de l'Avocat, prononcé par M. Gaulliere, ensuite de celui de M. Maillard, à l'ouverture de la Conference publique des Avocats.
M. Gaulliere, lors de l'ouverture de la Conférence publique des Avocats, a souligné l'importance cruciale de la probité dans la profession d'avocat. La probité est décrite comme la vertu fondamentale qui doit guider les pensées et les actions des avocats. Elle permet de surmonter les difficultés et les dangers, et d'éviter les tentations de la corruption et des passions. Un avocat dépourvu de probité risque de se transformer en simple déclamateur, de déformer les faits et de favoriser des causes injustes. À l'inverse, un avocat probe se consacre entièrement à ses fonctions, sacrifiant ses intérêts personnels pour servir la justice et soulager les peines de ses clients. Il est intègre dans ses démarches, refuse la corruption et se distingue par sa sincérité et son dévouement. Le discours met également en garde contre les dangers des passions, telles que la cupidité, la haine et la jalousie, qui peuvent obscurcir la raison et conduire à des actions contraires à la justice. Les puissances et les citoyens peuvent compter sur l'avocat probe pour défendre la vérité et protéger les faibles. Par ailleurs, le texte traite des responsabilités et des devoirs des magistrats. Ils doivent constamment protéger les intérêts des parties impliquées et éviter toute animosité. En tant que frères et protecteurs, ils sont associés à la magistrature et doivent incarner la justice avec intégrité, bonne foi et sincérité. Leur ministère doit être marqué par le courage, la fermeté, la charité, la vérité et la compassion, sans orgueil, faiblesse ou dureté. Ils doivent renoncer à toute forme de déguisement et chercher la vérité dans leurs discours, évitant de surprendre la religion des juges. Leur rôle est de conseiller avec sagesse et de répondre à l'idée élevée que l'on a de leur profession, en annonçant les oracles de la justice. Le discours se conclut par un appel à imiter les vertus des grands hommes, tels que M. de Ripafons, et à se consacrer à la défense de la justice et de l'innocence. Les avocats sont invités à suivre l'exemple de probité et de dévouement pour mériter l'estime et la confiance du public.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
37
p. 772-779
Extrait de la Comédie intitulée le Jeu de l'Amour, &c. [titre d'après la table]
Début :
Le 23 Janvier les Comédiens Italiens donnerent la premiere Représentatoin d'une Comédie [...]
Mots clefs :
Comédiens-Italiens, Théâtre, Comédie, Amour, Maître, Travestissement, Sentiment, Public
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Extrait de la Comédie intitulée le Jeu de l'Amour, &c. [titre d'après la table]
E 23 Janvier les Comédiens Italiens donnela
premiere Repréſentation d'une Comé
die en Profe , & en trois Actes , intitulée : Le Jeu
de l'Amour & du Hazard. Cette Piéce,qui eft de
M. de Marivaux, a été reçue favorablement du
public. En voici l'Extrait , avec quelques remarques
qui font venuës jufqu'à nous.
Au premier Acte , Silvia & fa fuivante Liſette
ouvrent la Scene . Sylvia paroît fâchée contre Lifette,
parce qu'elle a dit ingénument à Orgon fon
pere , qu'elle feroit bien aife d'être mariée . La
raifon qui la porte à témoigner ce mécontentement
à la Suivante , c'eft qu'elle ne fçait pas fi le
mari que fon perelui deftine lui conviendra, quoiqu'on
lui en ait fait des rapports tres-avantageux.
Orgon vient annoncer à fa fille que fon Prétendu
doit arriver ce jour même. Sylvia ne reçoit pas
Cette
AVRIL. 1730. 773
gette nouvelle fans quelques troubles , dont fon
pere lui demande la raiſon ; elle lui fait entendre
- qu'elle voudroit bien voir , avant que de s'engager
, fi cet époux dont on dit tant de bien , lui
convient. Elle prie Orgon de confentir qu'elle l'éprouve
fous les habits & le nom de Lifette , tandis
que Lifette paffera pour Sylvia. Cette idée fait
rire Orgon pour des raifons qu'on va apprendre
dans la Scene fuivante. Il confent au double traveftiffement.
Sylvia & Liſette fortent pour l'aller
exécuter.
Mario , fils d'Orgon , vient féliciter fa foeur
fur fon Hymen prochain , mais elle le quitte en
lui difant qu'elle a des affaires plus férieufes &
plus preffées . Orgon explique cet Enigme à fon
fils ; il commence par lui lire un Fragment d'une
Lettre du pere de fon gendre futur. En voici les
propres termes :
Je ne fçai, au refte , ce que vous penferez d'une
imagination qui eft venue à mon fils ; elle eft
bizare, il en convient lui - même , mais le motif
en eft pardonnable & même délicat ; c'est qu'il
m'a prié de lui permettre de n'arriver d'abord
ehez vous que fous la figure defon valet , qui
de fon côtéfera le perfonnage de fon Maître.
Cette idée paroît tout -à-fait finguliere à Mario
; mais il l'a trouve bien plus comique quand
Orgon lui apprend que par un effet du bazard ,
Sylvia entreprend le même déguiſement faus ſçavoir
le traveftiffement de fon futur époux ; le pere
& le fils fe propofent de jouir de cette Comedie ,
fans prévenir aucun des perfonnages qui l'a vont
jouer.
?
Sylvia , n'ayant pas befoin d'employer tant de
temps que Lifette à fe métamorphofer , revient la
premiere de fa Toilette,& le prépare à bien jouer
fon nouveau rôle.
Derante
774 MER CURE DE FRANCE
Dorante arrive fous les habits d'Arlequin fon
valet , fuivant le projet déja annoncé ; fon début
n'eft pas moins galant que fa perfonne eft relevée.
Orgon & Mario le laiffent tête à tête avec
la fauffe Lifette ; leur converfation eft tout-à-fait
plaifante ; & leurs coeurs commencent à fentir de
la difpofition à s'unir ; ils ont beau protefter l'un
& l'autre que leur horofcope porte qu'ils n'aimeront
que des perfonnes de condition; leur penchant
les entraine malgré eux ce qui femble
les authoriſer en fecret , c'eft que Dorante de fon
côté dit à Sylvia qu'il n'eft pas né pour être va
let, & que Sylvia fait entendre quelque chofe d'aprochant.
Quoiqu'il en foit , cette Scene a fait
plaifir , & a commencé à intereffer le public.
Arlequin arrive enfin ; mais toutes ces paroles
& toutes fes actions font fi peut dignes du perfonnage
qu'il vient reprefenter, que Sylvia le quitte
brufquement, en difant à part : Que le fort eft
bifarre ! aucun de ces deux hommes n'eft à fa
place.
Ce que l'Auteur met dans la bouche du vrai
Dorante , prévient la critique qu'il n'a pas manqué
de prévoir. Il lui dit qu'il lui avoit promis
de quitter fes manieres de parler fottes & triviales
, & qu'il lui avoit fur tout recommandé
d'être férieux , mais a -t- il dû ſe promettre qu'un
Butor lui tiendroit parole ? En effet il retombe
le moment après dans la même faute; on en peut
juger par la réponſe à Orgon, fon prétendu beaupere
; la voicy :
Monfieur, mille pardons! c'eft beaucoup trop ,
& il n'en faut qu'un, quand on n'a fait qu'une
faute ; aufurplus tous mes pardonsfont à votre
Service.
Dans la premiere Scene du fecond Acte , Lifette
fait entendre à Orgon, qu'il eft temps de finir
AVRIL 1730. 775.
nir un jeu qui pourroit aller trop loin , parce que
fes charmes commencent à faire bien du ravage
fur le coeur de Dorante , & que de la maniere
dont il prend feu , elle fe garantit bien - tôt
adorée. Orgon la félicite de fa conquête , & lui
dit qu'il confent qu'elle pouffe fa bonne fortune
jufqu'à l'Hymen. Il l'a charge de faire entendre'
à fa Maîtreffe qu'elle foupçonne Bourguignon , le
prétendu valet de Dorante , de la prévenir contre
fon Maître. Lifette lui promet tout , & fe promer
tout à elle -même. Orgon fe retire voyant venir
le faux Dorante.
Arlequin parle d'amour à Lifette à fa maniere;
le vrai Dorante le vient interrompre pour lui
ordonner tout bas de le débaraffer de tout ce qui
fe paffe , de ne fe point trop livrer à dire fes impertinences
ordinaires , & de paroître férieux ,
rêveur & mêcontent .
Arlequin & Lifette continuent leur entretien ;
chacun d'eux fe croyant indigne de fon bonheur,
s'humilie : Vous me croyez plus de quali
tez que je n'en ay , dit Lifette. Et vous , Madame
, répond Arlequin ; vous ne sçavez pas
les miennes , & je ne devrois vous parler qu'à
genoux. Cette Scene eft le germe de la reconnoiffance
qui doit fe faire entr'eux dans le troifiéme
Acte.
La fauffe Lifette vient les interrompre , comme
le faux Bourguignon vient de faire. Arlequin fe
retire.
Sylvia ordonne à Lifette de fe défaire de ce
brutal qui vient de lui dire des groffiéretez . Lifette
lui répond que M. Orgon vient de lui donner
des ordres directement oppofez aux fiens
elle lui parle de Bourguignon , comme d'un valer
qui l'a prévient contre fon Maître, Sylvia ne peut
s'empêcher de prendre le parti du faux Bourguignon
>
776 MERCURE DE FRANCE
!
gnon, ce qui donne d'étranges foupçons à Lifette,
Les foupçons , quoiqu'ils ne foient expliquez qu'à
demi, la mettent dans une mauvaiſe humeur qui
l'oblige à chaffer Liſette.
Sylvia fait entrevoir dans un court monolo
gue une partie de ce qui fe paffe dans fon coeur.
Voicy par où elle finit fon monologue , voyant
paroître Bourguignon : Voilà cet objet en queftion
, pour qui on veut que je m'emporte , mais
se n'est pas fa faute , le pauvre garçon , ¿je
ne dois pas m'en prendre à lui.
Le faux Bourguignon fait une Scene avec la
fauffe Lifette , dans laquelle ils paroiffent également
agitez. Cette Scene eft interrompue par
l'arrivée d'Orgon & de Mario, qui ayant furpris
Bourguignon à fes genoux, lui en font la guerre
a
d'une maniere à la livrer toute entiere à ſon dépit;
fon pere lui ordonne de continuer fon dé→
guifement , pour voir fi l'averfion qu'elle a pour
Dorante continuëra.
Le faux Bourguignon vient renouer avec la
fauffe Lifette la converfation qu'Orgon & Mario
avoient interrompuë. Cette Scene a été generalement
applaudie & a paru la plus intéreffante de
la Piece. Dorante, par un fentiment de probité
ne veut plus abufer la prétendue Sylvia , qui fe
livre un peu trop au faux Dorante; il déclare à la
fauffe Lifette qu'il n'eft que fon valet , & que c'eft
le vrai Dorante qui lui parle actuellement. Il lui
dit que l'amour qu'il a pour elle ne lui permet
plus aucun engagement , & que ne pouvant être
uni avec elle , attendu la diftance des conditions
qui les fépare ; il feroit trop heureux s'il pouvoit
être affuré de fon coeur. Sylvia lui fait efperer cet
amour qu'il lui demande ; cependant , elle ne lui
rend pas confidence pour confidence , fans qu'on
en puifle pénétrer d'autre raifon que celle de faiAVRIL.
1730. 777
te durer la piece , qui n'eft encore qu'à la fin du
fecond Acte : Paffons au troifiéme.
Nous ne nous étendrons pas beaucoup fur ce
dernier Acte. Il ne s'y agit que de fatisfaire la
petite vanité de Sylvia , qui veut que Dorantefo
détermine à l'époufer , malgré la prétendue inégalité
de conditions. Nous n'appuyerons pas
beaucoup fur la jaloufie que Dorante prend au
fujet de Mario ; la Piece n'en a pas befoin pour
aller fon train.
Dans la premiere Scene , Dorante par un fentiment
de probité , ne veut pas que la fauffe Sylvia
foit abufée plus long-temps par un valet déguifé
. Arlequin ne pouvant obtenir de lui qu'il
lui laiffe pouffer fa pointe , lui promet de lui déclarer
fon état , & le prie de ne pas s'opposer à
fa bonne fortune , fi malgre fa qualité de valet ,
elle veut bien confentir à l'épouſer. Dorante
croyant la chofe impoffible , lui promet ce qu'il
lui demande. Lifette a déja obtenu la même grace
de M. Orgon , qui la lui a d'autant plus facilement
accordée , qu'il fçavoit l'égalité des conditions.
Nous paffons le plus promptement qu'il
nous eft poffible à la reconnoiffance réciproque
du valet & de la fervante. Cette Scene contrafte
parfaitement avec celle duMaître & de la Maîtreſſe
que nous avons déja vûë ; fi cette derniere a été
intereffante , celle qui la fuit eft plaifante . Arlequin
& Lifette s'humilient l'un devant l'autre ,
faute de fe connoître ; enfin Lifette , que la modeftie
outrée d'Arlequin commence à faire douter
de quelque chofe, après avoir dit à part: Tant
d'abaiffement n'eft pas naturel; lui dit tout haut:
Pourquoi me dites - vous cela? Arlequin lui avouë
enfin qu'il n'eft que le valet de Dorante, & Life:-
te ne pouvant s'empêcher d'en rire , prend fa revanche
en lui confeffant qu'elle n'eft que la Sui
vante de Sylvia. G Dorante
A
778 MERCURE DE FRANCE
Dorante a encore une tres -belle Scene avec
Sylvia , mais on l'a trouvée inférieure à celle du
fecond Acte. Elle roule fur la jaloufie que Mario
a donnée à Dorante , dont , comme on l'a déja
remarqué , la piece n'avoit prefque que faire.Le
facrifice que Dorante fait à fa prétendue Suivante,
qui eft de confentir à l'époufer , toute Lifette
qu'elle paroît , détermine enfin Sylvia à lui apprendre
tout fon bonheur.
Voicy les remarques qu'on a faites fur cette
Comédie ; nous ne lommes icy que les échos
du Public. On dit , 1 ° . qu'il n'eft pas vrai-femblable
que Sylvia puiffe fe perfuader qu'un butor
tel qu'Arlequin foit ce même Dorante dont on
lui a fait une peinture fi avantageufe. En effet ,
dès la premiere Scene de la piece, Lifette lui parle
ainfi : On dit que votre futur est bien fait , aimable
, de bonne mine, qu'on ne peut pas avoir
plus d'efprit , qu'on ne sçauroit être d'un meilleur
caractere , &c. Sylvia lui répond : L'Utile
& l'agréable fe trouvent dans le portrait que tu
en fais, on dit qu'il lui reffemble . Dans la
Scene fuivante , M. Orgon parle ainfi à fa fille :
Pour moi , je n'ai jamais vu Dorante , il étoit
abfent quand j'étois chez fon pere ; mais, fur
tout le bien qu'on m'en a dit , je ne sçaurois
craindre que vous vous déplaifiez ni l'un ni
l'autre. La feule vue du faux Dorante ne doitelle
pas faire foupçonner du myftere , fur tout à
Sylvia qui fe trouve dans le cas d'un traveftiffement
, dont elle peut facilement foupçonner fon
Prétendu?
2. Arlequin, à t'on dit, ne ſoûtient pas fon ca
ractere par tout ; des chofes tres-jolies fuccedent
à des groffieretés . En effet,peut-on s'imaginer que
celui qui a dit fi maufladement à fon prétendu
Beaupere : Au furplus tous mes pardons font à
*
Votre
AVRIL. 1730. 779
votre fervice , dife fi joliment à la fauffe Sylvia:
Je voudrois bien pouvoir baiser ces petits mots
là les cueillir fur votre bouche avec la
mienne. 3
3°On auroit voulu que le fecondActe eût été le
troifiéme , & l'on croît que cela n'auroit pas été
difficile ; la raifon qui empêche Sylvia de fe découvrir
après avoir appris que Bourguignon eft
Dorante , n'étant qu'une petite vanité , ne fçau
roit excufer fon filence ; d'ailleurs , Dorante &
Sylvia étant les objets principaux de la piece, c'é
toit par leur reconnoiffance qu'elle devoit finir
& non par celle d'Arlequin & de Lifette , qui
ne font que les finges , l'un de fon Maître , l'autre
de fa Maîtreffe. Au refte tout le monde convient
que la Piece eft bien écrite & pleine d'efprit ,
fentiment & de délicateffe.
premiere Repréſentation d'une Comé
die en Profe , & en trois Actes , intitulée : Le Jeu
de l'Amour & du Hazard. Cette Piéce,qui eft de
M. de Marivaux, a été reçue favorablement du
public. En voici l'Extrait , avec quelques remarques
qui font venuës jufqu'à nous.
Au premier Acte , Silvia & fa fuivante Liſette
ouvrent la Scene . Sylvia paroît fâchée contre Lifette,
parce qu'elle a dit ingénument à Orgon fon
pere , qu'elle feroit bien aife d'être mariée . La
raifon qui la porte à témoigner ce mécontentement
à la Suivante , c'eft qu'elle ne fçait pas fi le
mari que fon perelui deftine lui conviendra, quoiqu'on
lui en ait fait des rapports tres-avantageux.
Orgon vient annoncer à fa fille que fon Prétendu
doit arriver ce jour même. Sylvia ne reçoit pas
Cette
AVRIL. 1730. 773
gette nouvelle fans quelques troubles , dont fon
pere lui demande la raiſon ; elle lui fait entendre
- qu'elle voudroit bien voir , avant que de s'engager
, fi cet époux dont on dit tant de bien , lui
convient. Elle prie Orgon de confentir qu'elle l'éprouve
fous les habits & le nom de Lifette , tandis
que Lifette paffera pour Sylvia. Cette idée fait
rire Orgon pour des raifons qu'on va apprendre
dans la Scene fuivante. Il confent au double traveftiffement.
Sylvia & Liſette fortent pour l'aller
exécuter.
Mario , fils d'Orgon , vient féliciter fa foeur
fur fon Hymen prochain , mais elle le quitte en
lui difant qu'elle a des affaires plus férieufes &
plus preffées . Orgon explique cet Enigme à fon
fils ; il commence par lui lire un Fragment d'une
Lettre du pere de fon gendre futur. En voici les
propres termes :
Je ne fçai, au refte , ce que vous penferez d'une
imagination qui eft venue à mon fils ; elle eft
bizare, il en convient lui - même , mais le motif
en eft pardonnable & même délicat ; c'est qu'il
m'a prié de lui permettre de n'arriver d'abord
ehez vous que fous la figure defon valet , qui
de fon côtéfera le perfonnage de fon Maître.
Cette idée paroît tout -à-fait finguliere à Mario
; mais il l'a trouve bien plus comique quand
Orgon lui apprend que par un effet du bazard ,
Sylvia entreprend le même déguiſement faus ſçavoir
le traveftiffement de fon futur époux ; le pere
& le fils fe propofent de jouir de cette Comedie ,
fans prévenir aucun des perfonnages qui l'a vont
jouer.
?
Sylvia , n'ayant pas befoin d'employer tant de
temps que Lifette à fe métamorphofer , revient la
premiere de fa Toilette,& le prépare à bien jouer
fon nouveau rôle.
Derante
774 MER CURE DE FRANCE
Dorante arrive fous les habits d'Arlequin fon
valet , fuivant le projet déja annoncé ; fon début
n'eft pas moins galant que fa perfonne eft relevée.
Orgon & Mario le laiffent tête à tête avec
la fauffe Lifette ; leur converfation eft tout-à-fait
plaifante ; & leurs coeurs commencent à fentir de
la difpofition à s'unir ; ils ont beau protefter l'un
& l'autre que leur horofcope porte qu'ils n'aimeront
que des perfonnes de condition; leur penchant
les entraine malgré eux ce qui femble
les authoriſer en fecret , c'eft que Dorante de fon
côté dit à Sylvia qu'il n'eft pas né pour être va
let, & que Sylvia fait entendre quelque chofe d'aprochant.
Quoiqu'il en foit , cette Scene a fait
plaifir , & a commencé à intereffer le public.
Arlequin arrive enfin ; mais toutes ces paroles
& toutes fes actions font fi peut dignes du perfonnage
qu'il vient reprefenter, que Sylvia le quitte
brufquement, en difant à part : Que le fort eft
bifarre ! aucun de ces deux hommes n'eft à fa
place.
Ce que l'Auteur met dans la bouche du vrai
Dorante , prévient la critique qu'il n'a pas manqué
de prévoir. Il lui dit qu'il lui avoit promis
de quitter fes manieres de parler fottes & triviales
, & qu'il lui avoit fur tout recommandé
d'être férieux , mais a -t- il dû ſe promettre qu'un
Butor lui tiendroit parole ? En effet il retombe
le moment après dans la même faute; on en peut
juger par la réponſe à Orgon, fon prétendu beaupere
; la voicy :
Monfieur, mille pardons! c'eft beaucoup trop ,
& il n'en faut qu'un, quand on n'a fait qu'une
faute ; aufurplus tous mes pardonsfont à votre
Service.
Dans la premiere Scene du fecond Acte , Lifette
fait entendre à Orgon, qu'il eft temps de finir
AVRIL 1730. 775.
nir un jeu qui pourroit aller trop loin , parce que
fes charmes commencent à faire bien du ravage
fur le coeur de Dorante , & que de la maniere
dont il prend feu , elle fe garantit bien - tôt
adorée. Orgon la félicite de fa conquête , & lui
dit qu'il confent qu'elle pouffe fa bonne fortune
jufqu'à l'Hymen. Il l'a charge de faire entendre'
à fa Maîtreffe qu'elle foupçonne Bourguignon , le
prétendu valet de Dorante , de la prévenir contre
fon Maître. Lifette lui promet tout , & fe promer
tout à elle -même. Orgon fe retire voyant venir
le faux Dorante.
Arlequin parle d'amour à Lifette à fa maniere;
le vrai Dorante le vient interrompre pour lui
ordonner tout bas de le débaraffer de tout ce qui
fe paffe , de ne fe point trop livrer à dire fes impertinences
ordinaires , & de paroître férieux ,
rêveur & mêcontent .
Arlequin & Lifette continuent leur entretien ;
chacun d'eux fe croyant indigne de fon bonheur,
s'humilie : Vous me croyez plus de quali
tez que je n'en ay , dit Lifette. Et vous , Madame
, répond Arlequin ; vous ne sçavez pas
les miennes , & je ne devrois vous parler qu'à
genoux. Cette Scene eft le germe de la reconnoiffance
qui doit fe faire entr'eux dans le troifiéme
Acte.
La fauffe Lifette vient les interrompre , comme
le faux Bourguignon vient de faire. Arlequin fe
retire.
Sylvia ordonne à Lifette de fe défaire de ce
brutal qui vient de lui dire des groffiéretez . Lifette
lui répond que M. Orgon vient de lui donner
des ordres directement oppofez aux fiens
elle lui parle de Bourguignon , comme d'un valer
qui l'a prévient contre fon Maître, Sylvia ne peut
s'empêcher de prendre le parti du faux Bourguignon
>
776 MERCURE DE FRANCE
!
gnon, ce qui donne d'étranges foupçons à Lifette,
Les foupçons , quoiqu'ils ne foient expliquez qu'à
demi, la mettent dans une mauvaiſe humeur qui
l'oblige à chaffer Liſette.
Sylvia fait entrevoir dans un court monolo
gue une partie de ce qui fe paffe dans fon coeur.
Voicy par où elle finit fon monologue , voyant
paroître Bourguignon : Voilà cet objet en queftion
, pour qui on veut que je m'emporte , mais
se n'est pas fa faute , le pauvre garçon , ¿je
ne dois pas m'en prendre à lui.
Le faux Bourguignon fait une Scene avec la
fauffe Lifette , dans laquelle ils paroiffent également
agitez. Cette Scene eft interrompue par
l'arrivée d'Orgon & de Mario, qui ayant furpris
Bourguignon à fes genoux, lui en font la guerre
a
d'une maniere à la livrer toute entiere à ſon dépit;
fon pere lui ordonne de continuer fon dé→
guifement , pour voir fi l'averfion qu'elle a pour
Dorante continuëra.
Le faux Bourguignon vient renouer avec la
fauffe Lifette la converfation qu'Orgon & Mario
avoient interrompuë. Cette Scene a été generalement
applaudie & a paru la plus intéreffante de
la Piece. Dorante, par un fentiment de probité
ne veut plus abufer la prétendue Sylvia , qui fe
livre un peu trop au faux Dorante; il déclare à la
fauffe Lifette qu'il n'eft que fon valet , & que c'eft
le vrai Dorante qui lui parle actuellement. Il lui
dit que l'amour qu'il a pour elle ne lui permet
plus aucun engagement , & que ne pouvant être
uni avec elle , attendu la diftance des conditions
qui les fépare ; il feroit trop heureux s'il pouvoit
être affuré de fon coeur. Sylvia lui fait efperer cet
amour qu'il lui demande ; cependant , elle ne lui
rend pas confidence pour confidence , fans qu'on
en puifle pénétrer d'autre raifon que celle de faiAVRIL.
1730. 777
te durer la piece , qui n'eft encore qu'à la fin du
fecond Acte : Paffons au troifiéme.
Nous ne nous étendrons pas beaucoup fur ce
dernier Acte. Il ne s'y agit que de fatisfaire la
petite vanité de Sylvia , qui veut que Dorantefo
détermine à l'époufer , malgré la prétendue inégalité
de conditions. Nous n'appuyerons pas
beaucoup fur la jaloufie que Dorante prend au
fujet de Mario ; la Piece n'en a pas befoin pour
aller fon train.
Dans la premiere Scene , Dorante par un fentiment
de probité , ne veut pas que la fauffe Sylvia
foit abufée plus long-temps par un valet déguifé
. Arlequin ne pouvant obtenir de lui qu'il
lui laiffe pouffer fa pointe , lui promet de lui déclarer
fon état , & le prie de ne pas s'opposer à
fa bonne fortune , fi malgre fa qualité de valet ,
elle veut bien confentir à l'épouſer. Dorante
croyant la chofe impoffible , lui promet ce qu'il
lui demande. Lifette a déja obtenu la même grace
de M. Orgon , qui la lui a d'autant plus facilement
accordée , qu'il fçavoit l'égalité des conditions.
Nous paffons le plus promptement qu'il
nous eft poffible à la reconnoiffance réciproque
du valet & de la fervante. Cette Scene contrafte
parfaitement avec celle duMaître & de la Maîtreſſe
que nous avons déja vûë ; fi cette derniere a été
intereffante , celle qui la fuit eft plaifante . Arlequin
& Lifette s'humilient l'un devant l'autre ,
faute de fe connoître ; enfin Lifette , que la modeftie
outrée d'Arlequin commence à faire douter
de quelque chofe, après avoir dit à part: Tant
d'abaiffement n'eft pas naturel; lui dit tout haut:
Pourquoi me dites - vous cela? Arlequin lui avouë
enfin qu'il n'eft que le valet de Dorante, & Life:-
te ne pouvant s'empêcher d'en rire , prend fa revanche
en lui confeffant qu'elle n'eft que la Sui
vante de Sylvia. G Dorante
A
778 MERCURE DE FRANCE
Dorante a encore une tres -belle Scene avec
Sylvia , mais on l'a trouvée inférieure à celle du
fecond Acte. Elle roule fur la jaloufie que Mario
a donnée à Dorante , dont , comme on l'a déja
remarqué , la piece n'avoit prefque que faire.Le
facrifice que Dorante fait à fa prétendue Suivante,
qui eft de confentir à l'époufer , toute Lifette
qu'elle paroît , détermine enfin Sylvia à lui apprendre
tout fon bonheur.
Voicy les remarques qu'on a faites fur cette
Comédie ; nous ne lommes icy que les échos
du Public. On dit , 1 ° . qu'il n'eft pas vrai-femblable
que Sylvia puiffe fe perfuader qu'un butor
tel qu'Arlequin foit ce même Dorante dont on
lui a fait une peinture fi avantageufe. En effet ,
dès la premiere Scene de la piece, Lifette lui parle
ainfi : On dit que votre futur est bien fait , aimable
, de bonne mine, qu'on ne peut pas avoir
plus d'efprit , qu'on ne sçauroit être d'un meilleur
caractere , &c. Sylvia lui répond : L'Utile
& l'agréable fe trouvent dans le portrait que tu
en fais, on dit qu'il lui reffemble . Dans la
Scene fuivante , M. Orgon parle ainfi à fa fille :
Pour moi , je n'ai jamais vu Dorante , il étoit
abfent quand j'étois chez fon pere ; mais, fur
tout le bien qu'on m'en a dit , je ne sçaurois
craindre que vous vous déplaifiez ni l'un ni
l'autre. La feule vue du faux Dorante ne doitelle
pas faire foupçonner du myftere , fur tout à
Sylvia qui fe trouve dans le cas d'un traveftiffement
, dont elle peut facilement foupçonner fon
Prétendu?
2. Arlequin, à t'on dit, ne ſoûtient pas fon ca
ractere par tout ; des chofes tres-jolies fuccedent
à des groffieretés . En effet,peut-on s'imaginer que
celui qui a dit fi maufladement à fon prétendu
Beaupere : Au furplus tous mes pardons font à
*
Votre
AVRIL. 1730. 779
votre fervice , dife fi joliment à la fauffe Sylvia:
Je voudrois bien pouvoir baiser ces petits mots
là les cueillir fur votre bouche avec la
mienne. 3
3°On auroit voulu que le fecondActe eût été le
troifiéme , & l'on croît que cela n'auroit pas été
difficile ; la raifon qui empêche Sylvia de fe découvrir
après avoir appris que Bourguignon eft
Dorante , n'étant qu'une petite vanité , ne fçau
roit excufer fon filence ; d'ailleurs , Dorante &
Sylvia étant les objets principaux de la piece, c'é
toit par leur reconnoiffance qu'elle devoit finir
& non par celle d'Arlequin & de Lifette , qui
ne font que les finges , l'un de fon Maître , l'autre
de fa Maîtreffe. Au refte tout le monde convient
que la Piece eft bien écrite & pleine d'efprit ,
fentiment & de délicateffe.
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Résumé : Extrait de la Comédie intitulée le Jeu de l'Amour, &c. [titre d'après la table]
Le 23 janvier, les Comédiens Italiens ont présenté la première représentation de la comédie en prose et en trois actes intitulée 'Le Jeu de l'Amour et du Hazard' de Pierre de Marivaux. La pièce a été bien accueillie par le public. L'intrigue commence avec Silvia, fille d'Orgon, qui est mécontente de sa suivante Lisette après que celle-ci a exprimé son désir de se marier. Silvia craint que le mari choisi par son père ne lui convienne pas. Orgon annonce à Silvia que son prétendant, Dorante, doit arriver ce jour-là. Silvia demande à son père de lui permettre d'éprouver Dorante en échangeant leurs rôles avec Lisette. Orgon accepte cette idée. Mario, fils d'Orgon, félicite Silvia pour son prochain mariage, mais elle le quitte pour des affaires plus urgentes. Orgon explique à Mario le projet de Silvia et lui lit une lettre du père de Dorante, qui révèle que Dorante souhaite arriver déguisé en valet. Silvia revient déguisée en Lisette et rencontre Dorante, déguisé en valet. Leur conversation est plaisante et ils commencent à s'attirer mutuellement. Cependant, Silvia est déçue par le comportement d'Arlequin, le valet de Dorante, qui ne correspond pas à l'image qu'elle avait de Dorante. Dans le deuxième acte, Lisette informe Orgon que Dorante est tombé amoureux d'elle. Orgon lui permet de poursuivre sa 'bonne fortune'. Dorante ordonne à Arlequin de se comporter sérieusement. Silvia, toujours déguisée, ordonne à Lisette de se débarrasser du valet brutal. Lisette révèle à Silvia que Bourguignon, le valet de Dorante, l'a prévenue contre son maître, ce qui suscite des soupçons chez Silvia. Dans le troisième acte, Dorante, par probité, révèle son identité à Silvia. Arlequin et Lisette se reconnaissent mutuellement comme valets. Silvia finit par révéler son identité à Dorante, qui accepte de l'épouser malgré les différences de condition. La pièce se termine par la reconnaissance réciproque des personnages. Les critiques notent que certaines scènes sont peu vraisemblables et que le caractère d'Arlequin manque de cohérence. Cependant, la pièce est jugée bien écrite et pleine d'esprit, de sentiment et de délicatesse.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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38
p. 1058
« On donnera deux Volumes du Mercure de France le mois prochain, pour avoir lieu d'employer [...] »
Début :
On donnera deux Volumes du Mercure de France le mois prochain, pour avoir lieu d'employer [...]
Mots clefs :
Public
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « On donnera deux Volumes du Mercure de France le mois prochain, pour avoir lieu d'employer [...] »
On donnera deux Volumes du Mercure de
France le mois prochain , pour avoir lieu d'employer
quelques Piéces dont on n'a pas encore
ufage , à caufe de l'abondance des matieres du
tems, & qui nous paroiffent dignes de la cu
viofité du Public
France le mois prochain , pour avoir lieu d'employer
quelques Piéces dont on n'a pas encore
ufage , à caufe de l'abondance des matieres du
tems, & qui nous paroiffent dignes de la cu
viofité du Public
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39
p. 2459-2464
« RELATION HISTORIQUE & Apologetique des Sentimens & de la conduite du [...] »
Début :
RELATION HISTORIQUE & Apologetique des Sentimens & de la conduite du [...]
Mots clefs :
Composition, Public
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « RELATION HISTORIQUE & Apologetique des Sentimens & de la conduite du [...] »
RELATION HISTORIQUE & Apologetique
des Sentimens & de la conduite du
P. le Courayer , Chanoine Regulier de
fainte Geneviève. Avec les preuves juftificatives
des faits avancez dans l'ouvrage .
A Amfterdam , aux dépens de la Compagnie
, 17.29. 2 vol. in 12. de plus de 800.
pages.
LES VOYAGES DE CYRUS , HOuvelle édition.
A Londres , chez Jacques Bertenham.
1730. in 4° .
TRAITE' DE L'UNIVERS materiel ou Aftronomie
Phyfique , continuation de la
troifiéme Pattie , contenant les Tables du
Flux & du Reflux de la Mer Oceane , les
aspects des Planetes avec la Lune , les
vents qui pourront être caufés par fa preffion.
Avec les Tables du paffage de quel-
F vj 1.
ques
f
1
2460 MERCURE DE FRANCE
ques Etoiles fixes par le premier Méri
dien , pendant l'année 1731 Par M. Petit,
Arpenteur à Blois. A Paris , chez J.Villette,
fils , rue S. Jacques . 1731 .
Quoiqu'il ait paru depuis quelques années un
nombre prodigicus d'Almanachs ,& même d'une
efpece toute nouvelle , il ne s'en est pourtant
point encore trouvé où l'on ſe foit avifé de faire
en faveur des Etrangers qui , voyagent ce qu'a
entrepris de faire P'Auteur d'un petit ouvrage qui
va paroître fous le titre de l'Agenda du i oyagear
, ou le Calender des Fêtes & Solennitez
de la Cour de la Ville , dreffé en faveur des
Etrangers , pour l'année 1731. A Paris , chez
Simon Langlois , rue S. Etienne d'Egrès . in 16.
Il fe trouvera encore rue S. Jacques, chez Pierre
Kvitte ; & à l'entrée du Quai des Auguſtins , dur
côté du Tont S, Michel , chez Jean Mufier.
Le fecond volume du Dictionaire Geographique
, de M. Bruzen de la Martiniere , vient d'être
achevé d'imprimer , à la Haye , & l'on en
délivre actuellement icy les Exemplaires aux Soufchivans
, chez Jean Mariette, Libraire, rue faint,
Jacques , aux Colonnes d'Hercule. Les deux Volumes
de cet Ouvrage qui ont déja paru, ont me
rité une approbation univerfelle , & celui - ci ne
fera pas moins bien reçû, par la mukitude des recherches
curieufes , & la favante Critique dont ,
P'Autur a enrichi fon travail. Il l'a infenfiblement
pouffé fi loin, que ce fecond volume , compofé
feulement ds Lettres B & C, ne pouvant fe
relier en un , à caufe de fa groffeur , on a été
obligé de le aivifer en deux parties,dont une occupe
la lettre B , & l'autre la lettre C.
Од
NOVEMBRE. 1730. 246.1
On nous écrit de Conftantinople , du 23 Septembre
dernier, qu'on y imprimoit actuellement ,:
dans la nouvelle Imprimerie du Serail , par les
foins du R. P. Holdermar , Jéfuite une Grammaire
Turque, dont les Préceptes font François.
Tous les mots Turcs qui y font employez , fe-
ກ
ront en caracteers Turcs & en caracteres François
avec la traduction françoiſe.Lorfque ce Livre
fera imprimé , ajoûte l'Auteur de la Lettre , je
ne vous promets pas de vous envoyer le Plan de
la Méthode qui y aura été observée , mais je
vous promets un des premiers Exemplaires de
cet Ouvrage.
Une Lettre écrite de Caen , le 31 Octobre
marque ce qui fait. La mort d'un jeune Poëte de
cette Ville , caufe la douleur publique . C'eft Jean-
Baptifle Gedeon Faguet , dont vous avez imprimé
plufieurs Piéces La Mer , cette année , un
Sonnet , en bouts rimez , l'année paffée , dans le
Mercure de Septembre. Il a fait imprimer icy une
Cantate , fur la naiffance du Dauphin , une Ode
fur l'arrivée de M. de Luynes , notre Evêque. It
avoit tous les talens pour être Poete un corps
bien compofé , un efprit vif & aifé , avec beaucoup
de feu. Il.fe noya dans notre Riviere d'Orne
en fe baignant le foir du 26 Aouft dernier , âgé
feulement de 21 ans . Je vous aurois écrit plutôt
La mort en vous envoyant une Ode de fa façon
intitulée l'Esprit , corrigée par lui un peu avant
fon malheur , mais je n'ay pû encore l'avoir de
M. fon pere , dont la douleur ne fera pas fi - tôt
calmée. On doit lui ériger un Tombeau , & on a
déja fait plufieurs Epitaphes.
On apprend de Naples que les Comédies de
IB de la Porte , Poëte Napolitain , étant devenues
2462 MERCURE DE FRANCE
venues tres- rares , Mario , Libraire , les a réimprimées
en 4 vol. in 12. 1730. Elles ont pour
titre : La Curiofa , Laftrologo , Il Moro ,la Chiappinaria
, la Cintia, i due Fratelli Rivali, i due
Fratelli Simili , la Trappolaria , la Sorella , la
Turca , l'Olimpia , la Fantefca , la Tabernaria
& la CarbonarA.
On écrit de Firizano en Tofcane que le 7. du
mois dernier on y avoit reffenti quatre fecouffes
de tremblement de terre affez violentes ; mais
fans caufer aucun dommage.
La nuit du 8 au 9. d'Octobre , on apperçût à
Rome une Aurore Boreale qui dura près de 4.
heures.
Les Lettres d'Arles en Provence du commen
cement de ce mois , portent que depuis le mois
d'Août dernier , on y avoit reffenti plus de vingt
fecouffes de tremblemens de terre , celle du 11.
du mois dernier à 4. heures après - midi fut trèsfenfible
, & le 28. il y en eut cinq dans la mati
née , une defquelles fut très-violente.
Les Marchands Apoticaires de Paris connoiffant
la prévention du Public en faveur des Thétiaques
étrangeres telles que celles de Venife &c.
ont voulu le détromper en lui failant connoître
qu'on pouvoit compofer ce remede à Paris auffi
bien que dans aucune Ville du Royaume , & mieux
que dans aucun Pays Etranger par la facilite
qu'on a depuis plufieurs années de recouvrer les
drogues les plus rares . Ces Meffieurs ayant fait
un choix très exact de toutes celles qui entrent
dans la compofition de ce celebre Antidote , ils
en firent le 25. du mois dernier l'expofition pu
blique
NOVEMBRE . 1730. 2463
Blique dans leur Maifon de la rue de l'Arbalêtre
en préfence des Magiftrats aufquels la fûreté pu
blique eft confiée , & de la Faculté de Medecine
de cette Ville , l'une des plus celebres de l'Europe.
M. Baron , Docteur de cette Faculté , & Profeffeur
de Pharmacie , prononça un Difcours Hif
torique de cette compofition , & M. Piat , le premier
des Gardes en charge du Corps des Apoticaires
, en fit un autre fur le même fujet. Enfuite
it fit connoître chaque drogue en particulier aux
Magiftrats qui avoient honoré cette Affemblée
de leur préfence. L'après- midi & les jours fuivans
cette expofition attira un concours prodigieux
de fpectateurs aufquels il a été permis d'être
préfens au mélange de toutes les drogues pour
la compofition de la Thériaque , ces M M. ne
voulant pas qu'il pût refter aucun doute fur l'exactitude
& fur la fidelité de ce mélange qui a
été fait fcrupuleufement , fuivant la difpenfation
d'Andromaque le vieillard , qui eft celle que les
plus celebres Facultés de Medecine ont approuvée
de tous les tems.
Le Public eft averti que le veritable fuc de Res
gliffe & Guimauve blanc , fi eftimé pour toutes
les maladies du poulmon , inflammations , enrouëmens
,toux , rhumes , pituite , afthme , poul
monie , continue à fe débiter depuis plus de trente
ans , de l'aveu & approbation de M. le Premier
Medecin du Roi , chez Mlle Desmoulins
qui eft la feule qui en a le fecret de deffunte Mile
Guy , quoique depuis quelques années des particuliers
ayent voulu le contrefaire , lefquels fe.
font dits Enfans de M. Guy , ce qui eft une fuppofition
, & la difference s'en connoîtra aisément
par la comparaifon qu'on en pourra faire. On
peut s'en fervir en tout tems , le traifporter par
tour
2464 MERCURE DE FRANCE
tout & le garder fi long-tems que l'on veut fans
jamais le gater , ni rien perdre de fa qualité.
Mile Defmoulins demeure rue Guenegaud ,
Eauxbourg S Germain , du côté de la ruë Mazarine
, chez le Boulanger , au premier appar
tement.
Le fieur Rivot donne avis au Public .qu'il vient
d'obtenir des Commiffaires du Confeil pour l'examen
des Remedes fpecifiques , topiques & autres
, le privilege pour faire vendre & diftribuer
dans toutes les Provinces du Royaume , excepté ,
Paris , fon Opiate Febrifuge pour toutes fortes
de fièvres quartes. On en trouvera dans les principales
Villes de chaque Province , & l'endroit
où elle fe débitera fera indiqué.
Ledit feur Rivot demeure à Paffi , chez Madame
Gorge , aux anciennes Eaux Minerales , fur
le Chemin de Paris à Verfailles , où eft fon enfeigne,
auquel on pourra écrire, & il en envoyera
à ceux defdites Provinces qui lui en demanderont
ou qui iront chez lui en demander..
Les Pots de ladite Opiate feront vendus depuis
quatre franes jufqu'à buit , douze i feize :
fçavoir , le Pot de quatre francs , c'eſt ia dofe
pour les Enfans depuis deux ans jufqu'à cinq ,
contenant une once deux gros d'Opiate.
Le Pot de huit francs eft la dole pour ceux
depuis cinq ans jufqu'à dix , contenant deux onces
& demie d'Opiate.
Le Pot de douze francs eft la dofe pour ceux
depuis dix ans jufqu'à quinze , contenant trois
onces fix gros d'Opiate .
Le Pot de feize francs eft la dofe pour ceux
depuis quinze ans jufqu'à foixante & dix , contenant
cinq onces d'Opiate.
A la délivrance defdits Pots on trouvera y joint
la maniere de s'en fervir.
des Sentimens & de la conduite du
P. le Courayer , Chanoine Regulier de
fainte Geneviève. Avec les preuves juftificatives
des faits avancez dans l'ouvrage .
A Amfterdam , aux dépens de la Compagnie
, 17.29. 2 vol. in 12. de plus de 800.
pages.
LES VOYAGES DE CYRUS , HOuvelle édition.
A Londres , chez Jacques Bertenham.
1730. in 4° .
TRAITE' DE L'UNIVERS materiel ou Aftronomie
Phyfique , continuation de la
troifiéme Pattie , contenant les Tables du
Flux & du Reflux de la Mer Oceane , les
aspects des Planetes avec la Lune , les
vents qui pourront être caufés par fa preffion.
Avec les Tables du paffage de quel-
F vj 1.
ques
f
1
2460 MERCURE DE FRANCE
ques Etoiles fixes par le premier Méri
dien , pendant l'année 1731 Par M. Petit,
Arpenteur à Blois. A Paris , chez J.Villette,
fils , rue S. Jacques . 1731 .
Quoiqu'il ait paru depuis quelques années un
nombre prodigicus d'Almanachs ,& même d'une
efpece toute nouvelle , il ne s'en est pourtant
point encore trouvé où l'on ſe foit avifé de faire
en faveur des Etrangers qui , voyagent ce qu'a
entrepris de faire P'Auteur d'un petit ouvrage qui
va paroître fous le titre de l'Agenda du i oyagear
, ou le Calender des Fêtes & Solennitez
de la Cour de la Ville , dreffé en faveur des
Etrangers , pour l'année 1731. A Paris , chez
Simon Langlois , rue S. Etienne d'Egrès . in 16.
Il fe trouvera encore rue S. Jacques, chez Pierre
Kvitte ; & à l'entrée du Quai des Auguſtins , dur
côté du Tont S, Michel , chez Jean Mufier.
Le fecond volume du Dictionaire Geographique
, de M. Bruzen de la Martiniere , vient d'être
achevé d'imprimer , à la Haye , & l'on en
délivre actuellement icy les Exemplaires aux Soufchivans
, chez Jean Mariette, Libraire, rue faint,
Jacques , aux Colonnes d'Hercule. Les deux Volumes
de cet Ouvrage qui ont déja paru, ont me
rité une approbation univerfelle , & celui - ci ne
fera pas moins bien reçû, par la mukitude des recherches
curieufes , & la favante Critique dont ,
P'Autur a enrichi fon travail. Il l'a infenfiblement
pouffé fi loin, que ce fecond volume , compofé
feulement ds Lettres B & C, ne pouvant fe
relier en un , à caufe de fa groffeur , on a été
obligé de le aivifer en deux parties,dont une occupe
la lettre B , & l'autre la lettre C.
Од
NOVEMBRE. 1730. 246.1
On nous écrit de Conftantinople , du 23 Septembre
dernier, qu'on y imprimoit actuellement ,:
dans la nouvelle Imprimerie du Serail , par les
foins du R. P. Holdermar , Jéfuite une Grammaire
Turque, dont les Préceptes font François.
Tous les mots Turcs qui y font employez , fe-
ກ
ront en caracteers Turcs & en caracteres François
avec la traduction françoiſe.Lorfque ce Livre
fera imprimé , ajoûte l'Auteur de la Lettre , je
ne vous promets pas de vous envoyer le Plan de
la Méthode qui y aura été observée , mais je
vous promets un des premiers Exemplaires de
cet Ouvrage.
Une Lettre écrite de Caen , le 31 Octobre
marque ce qui fait. La mort d'un jeune Poëte de
cette Ville , caufe la douleur publique . C'eft Jean-
Baptifle Gedeon Faguet , dont vous avez imprimé
plufieurs Piéces La Mer , cette année , un
Sonnet , en bouts rimez , l'année paffée , dans le
Mercure de Septembre. Il a fait imprimer icy une
Cantate , fur la naiffance du Dauphin , une Ode
fur l'arrivée de M. de Luynes , notre Evêque. It
avoit tous les talens pour être Poete un corps
bien compofé , un efprit vif & aifé , avec beaucoup
de feu. Il.fe noya dans notre Riviere d'Orne
en fe baignant le foir du 26 Aouft dernier , âgé
feulement de 21 ans . Je vous aurois écrit plutôt
La mort en vous envoyant une Ode de fa façon
intitulée l'Esprit , corrigée par lui un peu avant
fon malheur , mais je n'ay pû encore l'avoir de
M. fon pere , dont la douleur ne fera pas fi - tôt
calmée. On doit lui ériger un Tombeau , & on a
déja fait plufieurs Epitaphes.
On apprend de Naples que les Comédies de
IB de la Porte , Poëte Napolitain , étant devenues
2462 MERCURE DE FRANCE
venues tres- rares , Mario , Libraire , les a réimprimées
en 4 vol. in 12. 1730. Elles ont pour
titre : La Curiofa , Laftrologo , Il Moro ,la Chiappinaria
, la Cintia, i due Fratelli Rivali, i due
Fratelli Simili , la Trappolaria , la Sorella , la
Turca , l'Olimpia , la Fantefca , la Tabernaria
& la CarbonarA.
On écrit de Firizano en Tofcane que le 7. du
mois dernier on y avoit reffenti quatre fecouffes
de tremblement de terre affez violentes ; mais
fans caufer aucun dommage.
La nuit du 8 au 9. d'Octobre , on apperçût à
Rome une Aurore Boreale qui dura près de 4.
heures.
Les Lettres d'Arles en Provence du commen
cement de ce mois , portent que depuis le mois
d'Août dernier , on y avoit reffenti plus de vingt
fecouffes de tremblemens de terre , celle du 11.
du mois dernier à 4. heures après - midi fut trèsfenfible
, & le 28. il y en eut cinq dans la mati
née , une defquelles fut très-violente.
Les Marchands Apoticaires de Paris connoiffant
la prévention du Public en faveur des Thétiaques
étrangeres telles que celles de Venife &c.
ont voulu le détromper en lui failant connoître
qu'on pouvoit compofer ce remede à Paris auffi
bien que dans aucune Ville du Royaume , & mieux
que dans aucun Pays Etranger par la facilite
qu'on a depuis plufieurs années de recouvrer les
drogues les plus rares . Ces Meffieurs ayant fait
un choix très exact de toutes celles qui entrent
dans la compofition de ce celebre Antidote , ils
en firent le 25. du mois dernier l'expofition pu
blique
NOVEMBRE . 1730. 2463
Blique dans leur Maifon de la rue de l'Arbalêtre
en préfence des Magiftrats aufquels la fûreté pu
blique eft confiée , & de la Faculté de Medecine
de cette Ville , l'une des plus celebres de l'Europe.
M. Baron , Docteur de cette Faculté , & Profeffeur
de Pharmacie , prononça un Difcours Hif
torique de cette compofition , & M. Piat , le premier
des Gardes en charge du Corps des Apoticaires
, en fit un autre fur le même fujet. Enfuite
it fit connoître chaque drogue en particulier aux
Magiftrats qui avoient honoré cette Affemblée
de leur préfence. L'après- midi & les jours fuivans
cette expofition attira un concours prodigieux
de fpectateurs aufquels il a été permis d'être
préfens au mélange de toutes les drogues pour
la compofition de la Thériaque , ces M M. ne
voulant pas qu'il pût refter aucun doute fur l'exactitude
& fur la fidelité de ce mélange qui a
été fait fcrupuleufement , fuivant la difpenfation
d'Andromaque le vieillard , qui eft celle que les
plus celebres Facultés de Medecine ont approuvée
de tous les tems.
Le Public eft averti que le veritable fuc de Res
gliffe & Guimauve blanc , fi eftimé pour toutes
les maladies du poulmon , inflammations , enrouëmens
,toux , rhumes , pituite , afthme , poul
monie , continue à fe débiter depuis plus de trente
ans , de l'aveu & approbation de M. le Premier
Medecin du Roi , chez Mlle Desmoulins
qui eft la feule qui en a le fecret de deffunte Mile
Guy , quoique depuis quelques années des particuliers
ayent voulu le contrefaire , lefquels fe.
font dits Enfans de M. Guy , ce qui eft une fuppofition
, & la difference s'en connoîtra aisément
par la comparaifon qu'on en pourra faire. On
peut s'en fervir en tout tems , le traifporter par
tour
2464 MERCURE DE FRANCE
tout & le garder fi long-tems que l'on veut fans
jamais le gater , ni rien perdre de fa qualité.
Mile Defmoulins demeure rue Guenegaud ,
Eauxbourg S Germain , du côté de la ruë Mazarine
, chez le Boulanger , au premier appar
tement.
Le fieur Rivot donne avis au Public .qu'il vient
d'obtenir des Commiffaires du Confeil pour l'examen
des Remedes fpecifiques , topiques & autres
, le privilege pour faire vendre & diftribuer
dans toutes les Provinces du Royaume , excepté ,
Paris , fon Opiate Febrifuge pour toutes fortes
de fièvres quartes. On en trouvera dans les principales
Villes de chaque Province , & l'endroit
où elle fe débitera fera indiqué.
Ledit feur Rivot demeure à Paffi , chez Madame
Gorge , aux anciennes Eaux Minerales , fur
le Chemin de Paris à Verfailles , où eft fon enfeigne,
auquel on pourra écrire, & il en envoyera
à ceux defdites Provinces qui lui en demanderont
ou qui iront chez lui en demander..
Les Pots de ladite Opiate feront vendus depuis
quatre franes jufqu'à buit , douze i feize :
fçavoir , le Pot de quatre francs , c'eſt ia dofe
pour les Enfans depuis deux ans jufqu'à cinq ,
contenant une once deux gros d'Opiate.
Le Pot de huit francs eft la dole pour ceux
depuis cinq ans jufqu'à dix , contenant deux onces
& demie d'Opiate.
Le Pot de douze francs eft la dofe pour ceux
depuis dix ans jufqu'à quinze , contenant trois
onces fix gros d'Opiate .
Le Pot de feize francs eft la dofe pour ceux
depuis quinze ans jufqu'à foixante & dix , contenant
cinq onces d'Opiate.
A la délivrance defdits Pots on trouvera y joint
la maniere de s'en fervir.
Fermer
Résumé : « RELATION HISTORIQUE & Apologetique des Sentimens & de la conduite du [...] »
En 1730, plusieurs publications et événements historiques marquants sont rapportés. Parmi les ouvrages notables, on trouve 'Relation historique & apologétique des Sentiments & de la conduite du P. le Courayer', publié à Amsterdam en 1729, et 'Les Voyages de Cyrus', édité à Londres en 1730. Le 'Traité de l'Univers matériel ou Astronomie Physique' de M. Petit, incluant des tables astronomiques pour l'année 1731, est également mentionné. Un nouvel almanach, 'L'Agenda du Voyageur', est annoncé pour aider les étrangers à connaître les fêtes et solennités en France. Le second volume du 'Dictionnaire Géographique' de M. Bruzen de la Martinière est achevé et disponible à la Haye. À Constantinople, une grammaire turque avec des préceptes français est en cours d'impression. Le document rapporte également la mort du jeune poète Jean-Baptiste Gedeon Faguet à Caen. À Naples, les comédies de I.B. de la Porte sont réimprimées. Des tremblements de terre sont signalés à Firenzano en Toscane et à Arles en Provence. Une aurore boréale est observée à Rome. Les apothicaires de Paris présentent publiquement la composition de la thériaque, un antidote célèbre. Des informations sur des remèdes spécifiques, comme le suc de réglisse et de guimauve blanc, et un opiate fébrifuge de M. Rivot, sont également fournies.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
40
s. p.
AVERTISSEMENT.
Début :
Voici le cent trente-septiéme Volume du Mercure de France [...]
Mots clefs :
Public, Lecteurs, Livre, Ouvrage, Marchands
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AVERTISSEMENT.
AVERTISSEMENT.
Voici le cent trente- septième Volume du
Mercure de France , que nous avons
l'honneur de présenter au Public , depuis le
mois de fuin 1721. que nous y travaillons ,
sans que ce Livre ait souffert aucune interruption
, ayant toujours paru régulierement
au tems marqué , et quelquefois même avec
des Supplémens , selon l'exigence des cas ,
de quoi nos Lecteurs ne se sont pas plaint.
Nous
redoublerons nos soins et notre application
,» pour que la lecture du Mercure soit
desarmais encore plus utile et plus amusante.
Nous sommes cependant bien éloignez du
nombre des Mercures de la composition defen
M. de Visé , qui jusques et compris le mois de
May 1710. tems de sa mort , en avoit fait
paroître 483. Volumes , lesquels sont aujour→
d'hui fort recherchez pour quantité de faits
historiques qu'on ne trouve que dans cet Ouvrage
, et dont il n'y a peut être pas de collection
parfaitement complette , si ce n'est
celle qui est à la Bibliotheque du Roi,
il ne manque pas un seul Volume de toute
la suite des Mercures depuis les premiers
que M.de Visé fit paroître jusqu'aujourd'hui.
ой
En remerciant nos Lecteurs du cas qu'ils
daignent faire de ce Livre , nous leur demandons
AVERTISSEMENT
.
mandons toujours quelque indulgence pour
les endroits qui paroîtront négligez et dont
la diction n'est pas assez ehatiée . Le Lecteur
judicieux fera , s'il lui plaît , reflexion
que dans un Ouvrage tel que celui - cy , il est
trés aisé de manquer , même dans les choses
les plus communes , dont chacune en parti
culier est facile , mais qui ramassées , font
une multiplicité si grande , qu'il est bien
malaisé de donner à toutes la même attention
, quelque soin qu'on y apporte ; sur tout
quand une collection est faite en aussi
de tems. Une chose qui paroît un peu
juste , c'est qu'on nous reproche assez souvent
des inattentions , et qu'on ne nous sçache aucun
gré des corrections sans nombre qu'on
fait et des fautes qu'on évite .
pen
in-
Nous faisons de la part du Public de
nouvelles instances aux Libraires qui en- .
voyent des Livres pour les annoncer dans
le Mercure , d'en marquer le prix au juste ;
cela sert beaucoup dans les Provinces aux
personnes qui se déterminent là-dessus à les
acheter, et qui ne sont pas sûrs de l'exactitude
des Messagers et des autres personnes
qu'elles chargent de leurs commissions , qui
souvent les font surpayer,
On invite ici les Marchands et les Onvriers
qui ont quelques nouvelles Modes ,
soitpar des Etoffes nouvelles , Habits Ajustemens
, Perruques , Coëffures , Ornemens de
A iiij tête
AVERTISSEMENT.
que gête et autres parures , ainsi de meubles,
Carosses , Chaises et autres choses , soit pour
P'utilité , soit pour l'agrément , d'en donner
quelques Memoires pour en avertir le Public
, ce qui pourrafaire plaisir à divers Particuliers,
et procurer un débit avantageux
aux Marchans et aux Ouvriers.
Plusieurs Pieces en Prose et en Vers ,
envoyées pour le Mercure , sont souvent si
mal écrites qu'on ne peut les déchifrer , et
elles sont pour cela rejettées ; d'autres sont
bonnes à quelques égards , et défectueuses en
d'autres ; lorsquelles peuvent en valoir la peine
, nous les retouchons avec soin ; mais comme
nous ne prenons ce parti qu'avec peine ,
nous prions les Auteurs de ne le pas trouver
mauvais , et de travailler leurs Ouvrages
avec le plus d'attention qu'il leur sera possible.
Si on sçavoit leur addresse , on leur
indiqueroit les défectuositez et les corrections
à faire.
Les Sçavans et les Curieux sont priez de
vouloir concourir avec nous pour rendre ce
Livre encore plus utile et plus agréable , en
nous communiquant les Memoires et les Pieces
en Prose et en Vers , qui peuvent instruire
et amuser. Aucun point de Litterature
n'est exclus de ce Recueil , où l'on tâche de
mettre une agréable varieté , Poësies , Elaquence
, nouvelles Découvertes dans les Arts
et dans les Sciences , Morale , Antiquités ,
HisAVERTISSEMENT.
Histoire sacrée et profane , Historiette , Mythologie
, Physique et Métaphysique , Pieces
de Théatre, Jurisprudence, Anatomie et Médecine
, Critique, Mathématique, Mémoires,
Projets , Traductions , Grammaire , Pieces
amusantes et récréatives , etc. Quand les
morceaux d'une certaine considération seront
trop longs , on les placera dans un Volume
extraordinaire , on fera ensorte qu'on puisse
les en détacherfacilement , pour la satisfaction
des Auteurs et des personnes qui ne
veulent avoir que certaines Pieces.
Quelques morceaux de Prose et de Vers
rejeitez par bonnes raisons , ont souvent donné
lieu à des plaintes de la part des per
sonnes interessées ; mais nous les prions de
considerer que c'est toujours malgré nous que
certaines Pieces sont rebutées ; nous ne nous
en rapportons pas toujours à notre seul ju
gement dans le choix que nous faisons de
eelles qui méritent l'impression.
Quoiqu'on ait toujours la précaution de
faire mettre un Avis à la tête de chaque
Mercure ,pour avertir qu'on ne recevra point
de Lettres ni Paquets par la Postel dont le
port ne soit affranchi , il en vient cependant
quelquefois qu'on est obligé de rebuter. Ceux
qui n'auront pas pris cette précaution ne doi
vent pas être surpris de ne pas voir paroî
tre les Pieces qu'ils ont envoyées .
Les personnes qui désirent avoir le Mer
A v Curc
AVERTISSEMENT.
cure des premiers , soit dans les Provinces on
dans les Pais Etrangers , n'auront qu'à s'addresser
à M. Moreau , Commis au Mercure,
vis-à- vis la Comedie Françoise , à Paris ,
qui le leur envoyera par la voye la plus convenable
, et avant qu'il soit en vente ici. Les
amis à qui on s'adresse pour cela ne sont
ordinairement fort exacts ; ils n'envoyent
gueres acheter ce Livre précisément dans le
tems qu'il paroît; ils ne manquent pas de lo
Lire , souvent ils le prêtent à d'autres , et ne
l'envoyent que fort tard , sous le prétexte specieux
que le Mercure n'a pas paru plutôt.
pas
Nous renouvellons la priere que nous avons
déja faite , quand on envoye des Pieces , soit
en Vers , soit en Prose , de les faire transcrire
lisiblement sur des papiers séparez , et
d'unegrandeur raisonnable avec des marges,
et que les noms propres , sur tout , soient exactement
écrits.
Nous aurons toujours les mêmes égards
pour les Auteurs qui ne veulent pas se faire
connoître ; mais il seroit bon qu'ils donnassènt
une adresse , sur tout quand il s'agit de
quelque Ouvrage qui peut demander des
éclaircissemens ; car souvent faute d'un tel secours
, des Pieces nous demeurent entre les:
mains , sans pouvoir les faire paroître.
Nous prions ceux qui par le moyen de leurs
correspondances reçoivent des nouvelles d'Affrique
du Levant , de Perse , de Tartarie
dia
G
AVERTISSEMENT.
les
du Japon , de la Chine , des Indes Orientales
et Occidentales et d'autres Pays et Contrées
éloignées , de vouloir nous en faire part
à l'adresse generale du Mercure. Ces nouvelles
peuvent rouler sur les guerres présentes
des Etats voisins , leurs Révolutions ,
Traite de Paix ou de Tréve , les оссира-
tions des Souverains , la Religion des Peuples
,leurs Ceremonies , Coûtumes et Usages,
les Phénomenes et les productions de la Nature
et de l'Art , etc. comme Pierres figurées ,
Marcassites rares , Pétrifications et Christalisations
extraordinaires , Coquillages , etc.
Nous serons plus attentifs que jamais à
apprendre au Public la mort des Sçavans et
de ceux qui se sont distinguez dans les Arts
et dans la Mécanique ; on y joindra le récit
de leurs principales occupations , et des plus
considérables actions de leur vie. L'Histoire
des Lettres et des Arts doit cette marque de
reconnoissance à la mémoire de ceux qui s'y
sont rendus celebres , ou qui les ont cultiveZ
avec soin. Nous esperons que les parens et
les amis de ces illustres Morts aideront volontiers
à leur rendre ce devoir par les instructions
qu'ils voudront bien nous fournir.
Ce que nous venons de dire , regarde nonseulement
Paris , mais encore toutes les Provinces
du Royaume , qui peuvent fournir des
Evenemens considerables Morts , Mariages
, Actes solemnels , Fêtes et autres
A vj Faits
3
AVERTISSEMENT.
Faits dignes d'êtres transmis à la posterité.
Nous prions les personnes qui nous font
l'honneur de nous écrire pour demander des
nouvelles ou des éclaircissemens sur quelque
chose que ce soit , qui se trouve imprimé
dans ce Livre , et à laquelle ils prennent interêt
; nous prions , disje , ces personnes de
vouloir bien citer l'année , le mois , la page
même du Mercure dans lequel ils ont lû ce
qui fait le sujet de leur demande , pour nous
mettre en état de leur donner une plus prompte
satisfaction ; car il est impossible que nous
ayons assez présents toutes les matieres et
tous les arcicles contenus dans un´si grand
nombre de Volumes , pour sçavoir à point
nommé où trouver la chose dont il s'agit.
le tems nous étant d'ailleurs assez précieux.
Cet Avis servira de réponse à la Lettre
qu'on nous a écrite de Villeneuve d'Agenois
le 29. Novembre 1730 .
Il nous reste à marquer notre reconnoissance
et à remercier au nom du Public plusieurs
Sçavans du premier ordre , et quantité
d'autres personnes d'un mérite distingué,
dont les productions enrichissent le Mercure,
et le font lire et rechercher.
Voici le cent trente- septième Volume du
Mercure de France , que nous avons
l'honneur de présenter au Public , depuis le
mois de fuin 1721. que nous y travaillons ,
sans que ce Livre ait souffert aucune interruption
, ayant toujours paru régulierement
au tems marqué , et quelquefois même avec
des Supplémens , selon l'exigence des cas ,
de quoi nos Lecteurs ne se sont pas plaint.
Nous
redoublerons nos soins et notre application
,» pour que la lecture du Mercure soit
desarmais encore plus utile et plus amusante.
Nous sommes cependant bien éloignez du
nombre des Mercures de la composition defen
M. de Visé , qui jusques et compris le mois de
May 1710. tems de sa mort , en avoit fait
paroître 483. Volumes , lesquels sont aujour→
d'hui fort recherchez pour quantité de faits
historiques qu'on ne trouve que dans cet Ouvrage
, et dont il n'y a peut être pas de collection
parfaitement complette , si ce n'est
celle qui est à la Bibliotheque du Roi,
il ne manque pas un seul Volume de toute
la suite des Mercures depuis les premiers
que M.de Visé fit paroître jusqu'aujourd'hui.
ой
En remerciant nos Lecteurs du cas qu'ils
daignent faire de ce Livre , nous leur demandons
AVERTISSEMENT
.
mandons toujours quelque indulgence pour
les endroits qui paroîtront négligez et dont
la diction n'est pas assez ehatiée . Le Lecteur
judicieux fera , s'il lui plaît , reflexion
que dans un Ouvrage tel que celui - cy , il est
trés aisé de manquer , même dans les choses
les plus communes , dont chacune en parti
culier est facile , mais qui ramassées , font
une multiplicité si grande , qu'il est bien
malaisé de donner à toutes la même attention
, quelque soin qu'on y apporte ; sur tout
quand une collection est faite en aussi
de tems. Une chose qui paroît un peu
juste , c'est qu'on nous reproche assez souvent
des inattentions , et qu'on ne nous sçache aucun
gré des corrections sans nombre qu'on
fait et des fautes qu'on évite .
pen
in-
Nous faisons de la part du Public de
nouvelles instances aux Libraires qui en- .
voyent des Livres pour les annoncer dans
le Mercure , d'en marquer le prix au juste ;
cela sert beaucoup dans les Provinces aux
personnes qui se déterminent là-dessus à les
acheter, et qui ne sont pas sûrs de l'exactitude
des Messagers et des autres personnes
qu'elles chargent de leurs commissions , qui
souvent les font surpayer,
On invite ici les Marchands et les Onvriers
qui ont quelques nouvelles Modes ,
soitpar des Etoffes nouvelles , Habits Ajustemens
, Perruques , Coëffures , Ornemens de
A iiij tête
AVERTISSEMENT.
que gête et autres parures , ainsi de meubles,
Carosses , Chaises et autres choses , soit pour
P'utilité , soit pour l'agrément , d'en donner
quelques Memoires pour en avertir le Public
, ce qui pourrafaire plaisir à divers Particuliers,
et procurer un débit avantageux
aux Marchans et aux Ouvriers.
Plusieurs Pieces en Prose et en Vers ,
envoyées pour le Mercure , sont souvent si
mal écrites qu'on ne peut les déchifrer , et
elles sont pour cela rejettées ; d'autres sont
bonnes à quelques égards , et défectueuses en
d'autres ; lorsquelles peuvent en valoir la peine
, nous les retouchons avec soin ; mais comme
nous ne prenons ce parti qu'avec peine ,
nous prions les Auteurs de ne le pas trouver
mauvais , et de travailler leurs Ouvrages
avec le plus d'attention qu'il leur sera possible.
Si on sçavoit leur addresse , on leur
indiqueroit les défectuositez et les corrections
à faire.
Les Sçavans et les Curieux sont priez de
vouloir concourir avec nous pour rendre ce
Livre encore plus utile et plus agréable , en
nous communiquant les Memoires et les Pieces
en Prose et en Vers , qui peuvent instruire
et amuser. Aucun point de Litterature
n'est exclus de ce Recueil , où l'on tâche de
mettre une agréable varieté , Poësies , Elaquence
, nouvelles Découvertes dans les Arts
et dans les Sciences , Morale , Antiquités ,
HisAVERTISSEMENT.
Histoire sacrée et profane , Historiette , Mythologie
, Physique et Métaphysique , Pieces
de Théatre, Jurisprudence, Anatomie et Médecine
, Critique, Mathématique, Mémoires,
Projets , Traductions , Grammaire , Pieces
amusantes et récréatives , etc. Quand les
morceaux d'une certaine considération seront
trop longs , on les placera dans un Volume
extraordinaire , on fera ensorte qu'on puisse
les en détacherfacilement , pour la satisfaction
des Auteurs et des personnes qui ne
veulent avoir que certaines Pieces.
Quelques morceaux de Prose et de Vers
rejeitez par bonnes raisons , ont souvent donné
lieu à des plaintes de la part des per
sonnes interessées ; mais nous les prions de
considerer que c'est toujours malgré nous que
certaines Pieces sont rebutées ; nous ne nous
en rapportons pas toujours à notre seul ju
gement dans le choix que nous faisons de
eelles qui méritent l'impression.
Quoiqu'on ait toujours la précaution de
faire mettre un Avis à la tête de chaque
Mercure ,pour avertir qu'on ne recevra point
de Lettres ni Paquets par la Postel dont le
port ne soit affranchi , il en vient cependant
quelquefois qu'on est obligé de rebuter. Ceux
qui n'auront pas pris cette précaution ne doi
vent pas être surpris de ne pas voir paroî
tre les Pieces qu'ils ont envoyées .
Les personnes qui désirent avoir le Mer
A v Curc
AVERTISSEMENT.
cure des premiers , soit dans les Provinces on
dans les Pais Etrangers , n'auront qu'à s'addresser
à M. Moreau , Commis au Mercure,
vis-à- vis la Comedie Françoise , à Paris ,
qui le leur envoyera par la voye la plus convenable
, et avant qu'il soit en vente ici. Les
amis à qui on s'adresse pour cela ne sont
ordinairement fort exacts ; ils n'envoyent
gueres acheter ce Livre précisément dans le
tems qu'il paroît; ils ne manquent pas de lo
Lire , souvent ils le prêtent à d'autres , et ne
l'envoyent que fort tard , sous le prétexte specieux
que le Mercure n'a pas paru plutôt.
pas
Nous renouvellons la priere que nous avons
déja faite , quand on envoye des Pieces , soit
en Vers , soit en Prose , de les faire transcrire
lisiblement sur des papiers séparez , et
d'unegrandeur raisonnable avec des marges,
et que les noms propres , sur tout , soient exactement
écrits.
Nous aurons toujours les mêmes égards
pour les Auteurs qui ne veulent pas se faire
connoître ; mais il seroit bon qu'ils donnassènt
une adresse , sur tout quand il s'agit de
quelque Ouvrage qui peut demander des
éclaircissemens ; car souvent faute d'un tel secours
, des Pieces nous demeurent entre les:
mains , sans pouvoir les faire paroître.
Nous prions ceux qui par le moyen de leurs
correspondances reçoivent des nouvelles d'Affrique
du Levant , de Perse , de Tartarie
dia
G
AVERTISSEMENT.
les
du Japon , de la Chine , des Indes Orientales
et Occidentales et d'autres Pays et Contrées
éloignées , de vouloir nous en faire part
à l'adresse generale du Mercure. Ces nouvelles
peuvent rouler sur les guerres présentes
des Etats voisins , leurs Révolutions ,
Traite de Paix ou de Tréve , les оссира-
tions des Souverains , la Religion des Peuples
,leurs Ceremonies , Coûtumes et Usages,
les Phénomenes et les productions de la Nature
et de l'Art , etc. comme Pierres figurées ,
Marcassites rares , Pétrifications et Christalisations
extraordinaires , Coquillages , etc.
Nous serons plus attentifs que jamais à
apprendre au Public la mort des Sçavans et
de ceux qui se sont distinguez dans les Arts
et dans la Mécanique ; on y joindra le récit
de leurs principales occupations , et des plus
considérables actions de leur vie. L'Histoire
des Lettres et des Arts doit cette marque de
reconnoissance à la mémoire de ceux qui s'y
sont rendus celebres , ou qui les ont cultiveZ
avec soin. Nous esperons que les parens et
les amis de ces illustres Morts aideront volontiers
à leur rendre ce devoir par les instructions
qu'ils voudront bien nous fournir.
Ce que nous venons de dire , regarde nonseulement
Paris , mais encore toutes les Provinces
du Royaume , qui peuvent fournir des
Evenemens considerables Morts , Mariages
, Actes solemnels , Fêtes et autres
A vj Faits
3
AVERTISSEMENT.
Faits dignes d'êtres transmis à la posterité.
Nous prions les personnes qui nous font
l'honneur de nous écrire pour demander des
nouvelles ou des éclaircissemens sur quelque
chose que ce soit , qui se trouve imprimé
dans ce Livre , et à laquelle ils prennent interêt
; nous prions , disje , ces personnes de
vouloir bien citer l'année , le mois , la page
même du Mercure dans lequel ils ont lû ce
qui fait le sujet de leur demande , pour nous
mettre en état de leur donner une plus prompte
satisfaction ; car il est impossible que nous
ayons assez présents toutes les matieres et
tous les arcicles contenus dans un´si grand
nombre de Volumes , pour sçavoir à point
nommé où trouver la chose dont il s'agit.
le tems nous étant d'ailleurs assez précieux.
Cet Avis servira de réponse à la Lettre
qu'on nous a écrite de Villeneuve d'Agenois
le 29. Novembre 1730 .
Il nous reste à marquer notre reconnoissance
et à remercier au nom du Public plusieurs
Sçavans du premier ordre , et quantité
d'autres personnes d'un mérite distingué,
dont les productions enrichissent le Mercure,
et le font lire et rechercher.
Fermer
Résumé : AVERTISSEMENT.
Le Mercure de France, publié sans interruption depuis juin 1721, annonce dans son cent trente-septième volume son intention de rendre la lecture plus utile et amusante. Les éditeurs reconnaissent la valeur historique des volumes précédents, publiés par M. de Visé, qui sont très prisés pour leur contenu historique. La bibliothèque du Roi possède une collection complète de ces volumes. Les éditeurs sollicitent l'indulgence des lecteurs pour les négligences et erreurs, soulignant la difficulté de maintenir une haute qualité dans une publication aussi vaste et régulière. Ils demandent aux libraires de préciser le prix des livres annoncés et aux marchands de partager les nouvelles modes et innovations. Les auteurs sont invités à bien écrire et à corriger leurs œuvres avant de les soumettre. Le Mercure accepte diverses contributions, allant de la poésie à la jurisprudence, en passant par les découvertes scientifiques et les pièces de théâtre. Les textes trop longs seront placés dans des volumes extraordinaires. Les éditeurs rappellent également les précautions à prendre pour l'envoi des manuscrits et des lettres. Les correspondants sont encouragés à partager des nouvelles de régions éloignées et des informations sur des événements notables, tels que des décès de savants ou des révolutions. Les lecteurs sont invités à citer précisément les références des articles qu'ils consultent pour faciliter les réponses aux demandes d'informations. Enfin, les éditeurs expriment leur gratitude envers les savants et les personnes de mérite qui contribuent au Mercure.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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41
s. p.
AVERTISSEMENT.
Début :
C'est ici le cent cinquante-deuxiéme Volume du Mercure [...]
Mots clefs :
Avertissement, Public, Charles Dufresny, Donneau de Visé, Lefèvre de Fontenay, Buchet, Libraires, Mercure
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AVERTISSEMENT.
VERTISSEMENT.
CE
Est ici le cent cinquante - deuxième
Volume du Mercure de France que
nous avons l'honneur de préfenter au Roy et
au Public , depuis le mois de Juin 1721 .
que nousy travaillons,fans que ce Livre ait
fouffert aucune interruption; il a toujours paru
régulierement au temps marqué , et quelquefois même avec des Supplemens , felon l'exigence des cas , de quoi nos Lecteurs ne
fe font pas plaints. Nous redoublerons nos
foins et notre application pour que la lecture du Mercure foit deformais encore plus
utile et plus agréable.
Nousfommes encore bien éloignez du nombre des Mercures de la compofition de feu
M. de Visé, qui jufques et compris le
mois de May 1710. temps de fa mort , en
avoit fait paroître 483. Volumes , lefquels
font aujourd'hui fort recherchez pour quan
tité de faits hiftoriques qu'on ne trouve que
dans cet Ouvrage , et dont il n'y a peutêtrepas de collection parfaitement complette , que celle qui eft à la Bibliotheque du
Roy, où il ne manque pas un feul Volume
de toute la fuite des Mercures depuis les
premiers de M.de Vifé en 1672. jufqu'au
jourd'hui.
Aij M.
AVERTISSEMENT.
M. du Frefni fucceda à M. de Viſe , et
fit paroître au mois de Septembre 1710.un
Volumefous le mêmetitre deMercureGalant
contenant les mois de Juin , fuillet et Août
1710. jufques et compris le mois d'Avril
1714. il parut 44. Volumes du même
Auteur.
M. le Fevre de Fontenay , fuccceffeur de
M. du Frefni , a commencé par le mois de
May 1714. il continua juſques et compris
le mois d'Octobre 1716 et donna 30. Volumes. En Novembre et Décembre 1716.
il n'y eut point de Mercures,
Au mois deJanvier 1717.feu M. l'Ab„.
bé Buchet travailla à cet Ouvrage fous
le titre de Nouveau Mercure , et le fit
paroître régulierement pendant quatre an
nées et cinq mois, ce quifait 5 3. Mercurės.
En remerciant nos Lecteurs du cas qu'ils.
daignent faire de notre Livre, nous leur demandons toujours quelque indulgence pourles
endroits qui paroit, ont negligez , et dont la
diction ne fera pas affez châtiée. Le Lec
teur judicieux fera , s'il lui plaît , refléxion.
que dans un Ouvrage tel que celui-cy , il
eft très-aisé de manquer, même dans les chofes le plus communes , dont chacune en particulier eft facile , mais qui ramaffées , font
une multiplicité fi grande , qu'il eft bien
mal aife de donner à toutes la même attention
AVERTISSEMENT.
tion , quelque foin qu'on y apporte fur
tout quand une telle collection eft faite en
auffi peu de temps. Une chose qui paroît
un peu injuste , c'est qu'on nous réproche
affez souvent des inattentions , & qu'on ne
nous fçache aucun gré des correction's fans
nombre qu'on fait , & des fautes qu'or
évite.
Nousfaifons , de la part du Public , de
nouvelles inftances aux Libraires qui envoyent des Livres pour les annoncer dans
le Mercure , d'en marquer le prix aujustes
sela fert beaucoup dans les Provinces , aux
Perfonnes qui fe déterminent là deffus à les
acheter , &qui ne font pasfürs de l'exactitude des Meffagers , & des autres Perfonnes qu'elles chargent de leurs commiffions ,
qui , fouvent , les font furpayer.
On invite icy les Marchands & les Ouriers qui ont quelques nouvelles modes ,
foit par des Etoffes nouvelles , Habits
Ajuftemens , Perruques , Coëffures , Ornemens de tête , et autres parures , ainsi que
de Meubles, Caroffes , Chaifes , & autres
chofes , foit pour l'utilité , foit pour l'agrément , d'en donner quelques Memoires pour
en avertir le Public , ce qui pourrafaire
plaifir à divers Particuliers , et procurer un
débit avantageux aux Marchands & aux
Quvriers.
A iiij Pl
AVERTISSEMENT.
Plufieurs Pieces en Profe & en Vers
envoyées pour le Mercure , font fouvent fo
mal écrites , qu'on ne peut les déchiffrer , et
elles font pour cela rejettées ; d'autres font
bonnes à quelques égards , et défectueuses
en d'autres lorfqu'elles peuvent en valoir
la peine , nous les retouchons avec foin ;
mais comme nous ne prenons ce party qu'avec répugnance nous prions les Auteurs
de ne le pas trouver mauvais , & de travailler leurs Ouvrages avec le plus d'atten
tion qu'il leur fera poffible. Si on Sçavoir
leur adreffe , on leur indiqueroit les défectuofitez les corrections àfaire.
'
Les Sçavans & les Curieux font priez
de vouloir concourir avec nous pour rendre
ce Livre encore plus utile & plus agréable,
en nous communiquant les Memoires et les
Pieces en Profe & en Vers , qui peuvent
inftruire & amufer. Aucun genre de Litte
rature n'eft exclu de ce Recueil , où l'on
tâche de mettre une agréable varieté , Poëfie , Eloquence , nouvelles découvertes dans
les Arts & dans les Sciences , Morale
Antiquitez , Hiftoire facrée &
profane ,
Hiftoriette, Mythologie , Phyfique & Métaphyfique , Picces de Théatre , Jurisprudence , Anatomie & Medecine , Critique ,
Mathématique , Memoires , Projets , Traductions , Grammaires , Pieces amusantes
تو
et
AVERTISSEMENT.
récréatives , &c. Quand les morceaux
Pune certaine confideration feront trop
tongs , on les placera dans un Volume extraordinaire , et onfera enforte qu'on puiffe
les en détacher facilement , pour la fatisfaction des Auteurs et des personnes qui ne.
veulent avoir que certaines Pieces.-
Al'égard de la Jurisprudence , nous con--
tinuerons autant que nous le pourrons defaire
part au Public des Questions importantes ,
nouvelles ou fingulieres qui fe préfenteront,
et qui feront difcutées &jugées dans les differens Parlements autres Coursfupérieures du Royaume , en obfervant l'ordre et la
méthode que nous avons déja tenue en pareille matiere ; fur quoy nous prions Meffieurs les Avocats , et les Parties intereffees , &c. de vouloir bien nous fournir les
Memoires néceffaires. Il n'eft peut - être
point d'article dans no re Livre qui rega de
plus directement le bien public , que celuy-·
là, & qui fe faffe plus lire.
Quelques morceaux de Prose et de Vers:
rejettez par bonnes raisons , ont souvent
donné lieu à des plaintes de la part des
personnes interessées ; mais nous les prions
de considerer que cest toûjours malgré nous
que certaines Pieces sont rebutées ; nous
ne nous en rapportons pas toujours à notreseul jugement dans le choix que nous fai A.Y sonss
AVERTISSEMENT:
sons de celles qui méritent l'impression.
Quoiqu'on ait toujours la précaution de
mettre un Avis à la tête de chaque Mer-..
cure, pour avertir qu'on ne recevra point
de Lettres ni de Paquets par la Poste dont
le port ne soit affranchi , il en vient cepen-.
dant quelquefois qu'on est obligé de rebuter.
Ceux quin'aurontpas pris cette précaution,
ne doivent pas être su pris de ne pas voir.
paroître les Pieces qu'ils ont envoyées , lesquelles sont dailleurs perdues pour eux, s'ils.
n'en ont pas gardé de copie.
Lespersonnes qui desirent avoir le Mer
cure des premiers, soit dans les Provinces:
ou dans les Pays Etrangers , n'auront qu'à.
sadresser à M. Moreau , Commis au
Mercure , vis-à-vis la Comédie Françoise , à Paris , qui le leur envoyera par
la voye la plus convenable , et avant qu'il
soit en vente ici. Les amis à qui on s'adress pour cela ne sont pas ordinairement.
fort exacts ; ils n'envoyent gueres acheter ce
Livre précisément dans le temps qu'il paroit; ils ne manquent pas de le lire , souvent ils le prêtent , et ne l'envoyent enfin
que fort tard, sous le prétexte specieux que
le Mercure n'a pas pa u plutôt.
Nous renouvellons la priere que nous
avons déja faite , quand on envoye des Pieees , soit en Vers , soit en Prose, de les
ร
faire
AVERTISSEMENT.
·
Faire transcrire lisiblement sur des papiez séparez , et d'une grandeur raisonnable, avec des marges pour placer les
additions ou corrections convenables , et que
les noms propres, sur tout , soient exactement écrits..
Nous aurons toûjours les mêmes égards
pourles Auteurs qui ne veulent pas se faire
connoître; mais il seroit bon qu'ils donnas--
sent une adresse , fur tout quand il s'agit
de quelque Ouvrage qui peut demander des
éclairciffemens; car fouvent faute d'un tel
Lecours , des Pieces nous reftent entre les
mains, fans pouvoir les employer.
Nous prions ceux, qui par le moyen de
leurs correfpondances reçoivent des nouvelles
d'Affrique , du Levant , de Perfe , de Tar
tarie , du Japon , de la Chine, des Indes
Orientales et Occidentales et d'autres Pays
et Contrées éloignées ; les Capitaines, Pi--
lotes et Officiers des Navires et Voyageurs
de vouloir nousfaire part de ces Nouvelles
à l'adreffe generale du Mercure. Ces ma--
tieres peuvent rouler fur les Guerres pré--
fentes des Etats voisins , leurs Révolutions,
les Traitez de Paix ou de Treve, les occupations des Souverains , la Religion des
Peuples , leurs Cérémonies , Coûtumes et
fages , les Phenomenes et les Productions
de la Nature et de l'Art , &c. comme.
A vj Pierres
AVERTISSEMENT.
Pierres précieufes , Pierres figurées , Mar
caffites rares , Pétrifications et Chriftalifations extraordinaires , Coquillages , &c.
Edifices anciens et modernes , Ruines
Statues , Bas-Reliefs , Infcriptions , Médailles , Tableaux , &c.
9.
Nous serons plus attentifs que jamais
à apprendre au Public la Mort des Sçavans et de tous ceux qui se sont distinguez
dans les Arts et dans les Mécaniques ; on
y joindra le récit de leurs principales occupations et des plus considerables actions
de leur vie. L'Histoire des Lettres et des
Arts doit cette marque de reconnoissance
à la memoire de ceux qui s'y sont rendus
celeb es, ou qui les ont cultivez avec soin.
Nous esperons que les Parens et les Amis
de ces illustres Morts aideront volontiers
à leur rendre ce devoir par les instructions
qu'ils voudront bien nous fournir.
Ce que nous venons de dire , regarde ,
non-seulement Paris , mais encore toutes les
Provinces du Royaume et les Pays Etrangers, qui peuvent fournir des Evenemens
considerables, Morts , Mariages , Actes.
solemnels , Fêtes et autres Faits dignes d'êtres transmis à la Posterité.
On a fait au Mercure , et même plus
d'une fois, l'honneur de le critiquer ; c'est
une gloire qui manquoit à ce Livre. On a
beau
AVERTISSEMENT.
beau dire ; Nous ne changerons rien à notre
méthode, puisque nos Lecteurs la trouvent
passablement bonne. Un Ouvrage de la
nature de celui-cy ne sçauroit plaire également à tout le monde , à cause de la multiplicité et de la varieté des Matieres , dont
quelques unes sont lûes par certains Lecteurs avec plaisir et avidité , et par d'autres avec des dispositions contraires. M. di
Fresny avoit bien raison de dire que pour
que le Mercurefut generalement approuvé,
il faudroit que comme un autre Protée , il
put prendre entre les mains de chaque Lecteur uneforme convenable à l'idée qu'il s'en
est faitė.
C'est assez pour ce Livre de contribuer
tous les mois en quelque chose à l'instruc→
tion et à l'amusement des Citoyens qui vivent ensemble , paisiblement et agréablement. Le Mercure ne doit rien prétendre
au-delà. Nous savons , il est vrai , que la
médisance , plus ou moins malignement épicée , fur toujours un mets délicieux pour la
plupart des Lecteurs , mais outre que nous
ny avons pas le moindre penchant , nous
renonçons et de très-bon cœur , à la dangereuse gloire d'être lûs et applaudis aux
dépens du Prochain.
2
Nous continuerons à donner des mor
ceaux de Critique , mais nous n'y souffrirons
AVERTISSEMENT.
rons jamais rien de trop libre , d'indecent
ni rien qui puisse desobliger ou offenſer personne, Nous ne sommes point hardis et ne
nous en picquons nullement ; nous serons
même plus engarde que jamais sur les per--
nicieux exemples qu'on pourroit nous don
mer là-dessus.
"
Nous serons encore plus retenus sur les
louanges , que quelques Lecteurs n'ont pas:
generalement approuvées , en effet nous
nous sommes apperçus que nous y trouvions
peu d'avantage ; au contraire nous nous
sommes vus exposez à des especes de re--
proches, au lieu des témoignages de recon
noissance , sur tout de la part des gens à ta◄
lens,parce que tel qu'on loue nefait nuldoute
que ce ne soit une chose qui lui est absolument dûë , souvent même il trouve qu'on:
ne le loie pas assez; et ceux qu'on ne loie
pas , ou qu'on loue moins , sont très-indispo
sez; car prétendant qu'on loue les autres
à leurs dépens , ils sont doublement fachez.. Nous donnons ordinairement des Extraits
des Pieces nouvelles qui paroissent sur lesThéatres de Paris , et nousfaisons quelques
Observations d'après le jugement du Pu
blic sur les beautez etfur les deffauts qu'on:
y trouve la crainte de blesser la délicatesse.
des Auteurs nous retient quelquefois et nous
empêche d'aller plus loin , et crainte aussi
;
que
AVERTISSEMENT.
que voulant être plus sinceres on ne nous
accuse d'être partiaux. Si les Auteurs eux
mêmes vouloient bien prendre sur eux de
faire un Extrait ou Memoire de leurs Ouvrages , sans dissimuler les deffauts, qu'on
y trouve , cela nous donneroit la hardiesse·
d'être un peu plus severes , le Lecteur leur
en sçauroit gré, et ils n'y perdroient pas par
les Remarques , à charge et à décharge , que
nous ne manquerions pas d'ajouter , sans
oublier de faire obferver l'extrême diff
culté qu'il y a de plaire aujourd'hui au Public , et le péril que courent tous les Ou
vrages d'esprit qu'on lui présente ; nous faisons avec d'autant plus de confiance cette
priere aux Auteurs Dramatiques et à tous
autres, que certainement Corneille , Quinault , Moliere , kacine , &c. n'auroient
pas rougi d'avouer des deffauts dans leurs.
Pieces,
Il nous reste à marquer notre reconnoissance et à remercier au nom du Public.
plusieurs Sçavans du premier ordre, d'aimables Muses et quantité d'autres Personnes d'un mérite distingué , dont les produc
tions enrichissent le Mercure et le font lire.
et rechercher
CE
Est ici le cent cinquante - deuxième
Volume du Mercure de France que
nous avons l'honneur de préfenter au Roy et
au Public , depuis le mois de Juin 1721 .
que nousy travaillons,fans que ce Livre ait
fouffert aucune interruption; il a toujours paru
régulierement au temps marqué , et quelquefois même avec des Supplemens , felon l'exigence des cas , de quoi nos Lecteurs ne
fe font pas plaints. Nous redoublerons nos
foins et notre application pour que la lecture du Mercure foit deformais encore plus
utile et plus agréable.
Nousfommes encore bien éloignez du nombre des Mercures de la compofition de feu
M. de Visé, qui jufques et compris le
mois de May 1710. temps de fa mort , en
avoit fait paroître 483. Volumes , lefquels
font aujourd'hui fort recherchez pour quan
tité de faits hiftoriques qu'on ne trouve que
dans cet Ouvrage , et dont il n'y a peutêtrepas de collection parfaitement complette , que celle qui eft à la Bibliotheque du
Roy, où il ne manque pas un feul Volume
de toute la fuite des Mercures depuis les
premiers de M.de Vifé en 1672. jufqu'au
jourd'hui.
Aij M.
AVERTISSEMENT.
M. du Frefni fucceda à M. de Viſe , et
fit paroître au mois de Septembre 1710.un
Volumefous le mêmetitre deMercureGalant
contenant les mois de Juin , fuillet et Août
1710. jufques et compris le mois d'Avril
1714. il parut 44. Volumes du même
Auteur.
M. le Fevre de Fontenay , fuccceffeur de
M. du Frefni , a commencé par le mois de
May 1714. il continua juſques et compris
le mois d'Octobre 1716 et donna 30. Volumes. En Novembre et Décembre 1716.
il n'y eut point de Mercures,
Au mois deJanvier 1717.feu M. l'Ab„.
bé Buchet travailla à cet Ouvrage fous
le titre de Nouveau Mercure , et le fit
paroître régulierement pendant quatre an
nées et cinq mois, ce quifait 5 3. Mercurės.
En remerciant nos Lecteurs du cas qu'ils.
daignent faire de notre Livre, nous leur demandons toujours quelque indulgence pourles
endroits qui paroit, ont negligez , et dont la
diction ne fera pas affez châtiée. Le Lec
teur judicieux fera , s'il lui plaît , refléxion.
que dans un Ouvrage tel que celui-cy , il
eft très-aisé de manquer, même dans les chofes le plus communes , dont chacune en particulier eft facile , mais qui ramaffées , font
une multiplicité fi grande , qu'il eft bien
mal aife de donner à toutes la même attention
AVERTISSEMENT.
tion , quelque foin qu'on y apporte fur
tout quand une telle collection eft faite en
auffi peu de temps. Une chose qui paroît
un peu injuste , c'est qu'on nous réproche
affez souvent des inattentions , & qu'on ne
nous fçache aucun gré des correction's fans
nombre qu'on fait , & des fautes qu'or
évite.
Nousfaifons , de la part du Public , de
nouvelles inftances aux Libraires qui envoyent des Livres pour les annoncer dans
le Mercure , d'en marquer le prix aujustes
sela fert beaucoup dans les Provinces , aux
Perfonnes qui fe déterminent là deffus à les
acheter , &qui ne font pasfürs de l'exactitude des Meffagers , & des autres Perfonnes qu'elles chargent de leurs commiffions ,
qui , fouvent , les font furpayer.
On invite icy les Marchands & les Ouriers qui ont quelques nouvelles modes ,
foit par des Etoffes nouvelles , Habits
Ajuftemens , Perruques , Coëffures , Ornemens de tête , et autres parures , ainsi que
de Meubles, Caroffes , Chaifes , & autres
chofes , foit pour l'utilité , foit pour l'agrément , d'en donner quelques Memoires pour
en avertir le Public , ce qui pourrafaire
plaifir à divers Particuliers , et procurer un
débit avantageux aux Marchands & aux
Quvriers.
A iiij Pl
AVERTISSEMENT.
Plufieurs Pieces en Profe & en Vers
envoyées pour le Mercure , font fouvent fo
mal écrites , qu'on ne peut les déchiffrer , et
elles font pour cela rejettées ; d'autres font
bonnes à quelques égards , et défectueuses
en d'autres lorfqu'elles peuvent en valoir
la peine , nous les retouchons avec foin ;
mais comme nous ne prenons ce party qu'avec répugnance nous prions les Auteurs
de ne le pas trouver mauvais , & de travailler leurs Ouvrages avec le plus d'atten
tion qu'il leur fera poffible. Si on Sçavoir
leur adreffe , on leur indiqueroit les défectuofitez les corrections àfaire.
'
Les Sçavans & les Curieux font priez
de vouloir concourir avec nous pour rendre
ce Livre encore plus utile & plus agréable,
en nous communiquant les Memoires et les
Pieces en Profe & en Vers , qui peuvent
inftruire & amufer. Aucun genre de Litte
rature n'eft exclu de ce Recueil , où l'on
tâche de mettre une agréable varieté , Poëfie , Eloquence , nouvelles découvertes dans
les Arts & dans les Sciences , Morale
Antiquitez , Hiftoire facrée &
profane ,
Hiftoriette, Mythologie , Phyfique & Métaphyfique , Picces de Théatre , Jurisprudence , Anatomie & Medecine , Critique ,
Mathématique , Memoires , Projets , Traductions , Grammaires , Pieces amusantes
تو
et
AVERTISSEMENT.
récréatives , &c. Quand les morceaux
Pune certaine confideration feront trop
tongs , on les placera dans un Volume extraordinaire , et onfera enforte qu'on puiffe
les en détacher facilement , pour la fatisfaction des Auteurs et des personnes qui ne.
veulent avoir que certaines Pieces.-
Al'égard de la Jurisprudence , nous con--
tinuerons autant que nous le pourrons defaire
part au Public des Questions importantes ,
nouvelles ou fingulieres qui fe préfenteront,
et qui feront difcutées &jugées dans les differens Parlements autres Coursfupérieures du Royaume , en obfervant l'ordre et la
méthode que nous avons déja tenue en pareille matiere ; fur quoy nous prions Meffieurs les Avocats , et les Parties intereffees , &c. de vouloir bien nous fournir les
Memoires néceffaires. Il n'eft peut - être
point d'article dans no re Livre qui rega de
plus directement le bien public , que celuy-·
là, & qui fe faffe plus lire.
Quelques morceaux de Prose et de Vers:
rejettez par bonnes raisons , ont souvent
donné lieu à des plaintes de la part des
personnes interessées ; mais nous les prions
de considerer que cest toûjours malgré nous
que certaines Pieces sont rebutées ; nous
ne nous en rapportons pas toujours à notreseul jugement dans le choix que nous fai A.Y sonss
AVERTISSEMENT:
sons de celles qui méritent l'impression.
Quoiqu'on ait toujours la précaution de
mettre un Avis à la tête de chaque Mer-..
cure, pour avertir qu'on ne recevra point
de Lettres ni de Paquets par la Poste dont
le port ne soit affranchi , il en vient cepen-.
dant quelquefois qu'on est obligé de rebuter.
Ceux quin'aurontpas pris cette précaution,
ne doivent pas être su pris de ne pas voir.
paroître les Pieces qu'ils ont envoyées , lesquelles sont dailleurs perdues pour eux, s'ils.
n'en ont pas gardé de copie.
Lespersonnes qui desirent avoir le Mer
cure des premiers, soit dans les Provinces:
ou dans les Pays Etrangers , n'auront qu'à.
sadresser à M. Moreau , Commis au
Mercure , vis-à-vis la Comédie Françoise , à Paris , qui le leur envoyera par
la voye la plus convenable , et avant qu'il
soit en vente ici. Les amis à qui on s'adress pour cela ne sont pas ordinairement.
fort exacts ; ils n'envoyent gueres acheter ce
Livre précisément dans le temps qu'il paroit; ils ne manquent pas de le lire , souvent ils le prêtent , et ne l'envoyent enfin
que fort tard, sous le prétexte specieux que
le Mercure n'a pas pa u plutôt.
Nous renouvellons la priere que nous
avons déja faite , quand on envoye des Pieees , soit en Vers , soit en Prose, de les
ร
faire
AVERTISSEMENT.
·
Faire transcrire lisiblement sur des papiez séparez , et d'une grandeur raisonnable, avec des marges pour placer les
additions ou corrections convenables , et que
les noms propres, sur tout , soient exactement écrits..
Nous aurons toûjours les mêmes égards
pourles Auteurs qui ne veulent pas se faire
connoître; mais il seroit bon qu'ils donnas--
sent une adresse , fur tout quand il s'agit
de quelque Ouvrage qui peut demander des
éclairciffemens; car fouvent faute d'un tel
Lecours , des Pieces nous reftent entre les
mains, fans pouvoir les employer.
Nous prions ceux, qui par le moyen de
leurs correfpondances reçoivent des nouvelles
d'Affrique , du Levant , de Perfe , de Tar
tarie , du Japon , de la Chine, des Indes
Orientales et Occidentales et d'autres Pays
et Contrées éloignées ; les Capitaines, Pi--
lotes et Officiers des Navires et Voyageurs
de vouloir nousfaire part de ces Nouvelles
à l'adreffe generale du Mercure. Ces ma--
tieres peuvent rouler fur les Guerres pré--
fentes des Etats voisins , leurs Révolutions,
les Traitez de Paix ou de Treve, les occupations des Souverains , la Religion des
Peuples , leurs Cérémonies , Coûtumes et
fages , les Phenomenes et les Productions
de la Nature et de l'Art , &c. comme.
A vj Pierres
AVERTISSEMENT.
Pierres précieufes , Pierres figurées , Mar
caffites rares , Pétrifications et Chriftalifations extraordinaires , Coquillages , &c.
Edifices anciens et modernes , Ruines
Statues , Bas-Reliefs , Infcriptions , Médailles , Tableaux , &c.
9.
Nous serons plus attentifs que jamais
à apprendre au Public la Mort des Sçavans et de tous ceux qui se sont distinguez
dans les Arts et dans les Mécaniques ; on
y joindra le récit de leurs principales occupations et des plus considerables actions
de leur vie. L'Histoire des Lettres et des
Arts doit cette marque de reconnoissance
à la memoire de ceux qui s'y sont rendus
celeb es, ou qui les ont cultivez avec soin.
Nous esperons que les Parens et les Amis
de ces illustres Morts aideront volontiers
à leur rendre ce devoir par les instructions
qu'ils voudront bien nous fournir.
Ce que nous venons de dire , regarde ,
non-seulement Paris , mais encore toutes les
Provinces du Royaume et les Pays Etrangers, qui peuvent fournir des Evenemens
considerables, Morts , Mariages , Actes.
solemnels , Fêtes et autres Faits dignes d'êtres transmis à la Posterité.
On a fait au Mercure , et même plus
d'une fois, l'honneur de le critiquer ; c'est
une gloire qui manquoit à ce Livre. On a
beau
AVERTISSEMENT.
beau dire ; Nous ne changerons rien à notre
méthode, puisque nos Lecteurs la trouvent
passablement bonne. Un Ouvrage de la
nature de celui-cy ne sçauroit plaire également à tout le monde , à cause de la multiplicité et de la varieté des Matieres , dont
quelques unes sont lûes par certains Lecteurs avec plaisir et avidité , et par d'autres avec des dispositions contraires. M. di
Fresny avoit bien raison de dire que pour
que le Mercurefut generalement approuvé,
il faudroit que comme un autre Protée , il
put prendre entre les mains de chaque Lecteur uneforme convenable à l'idée qu'il s'en
est faitė.
C'est assez pour ce Livre de contribuer
tous les mois en quelque chose à l'instruc→
tion et à l'amusement des Citoyens qui vivent ensemble , paisiblement et agréablement. Le Mercure ne doit rien prétendre
au-delà. Nous savons , il est vrai , que la
médisance , plus ou moins malignement épicée , fur toujours un mets délicieux pour la
plupart des Lecteurs , mais outre que nous
ny avons pas le moindre penchant , nous
renonçons et de très-bon cœur , à la dangereuse gloire d'être lûs et applaudis aux
dépens du Prochain.
2
Nous continuerons à donner des mor
ceaux de Critique , mais nous n'y souffrirons
AVERTISSEMENT.
rons jamais rien de trop libre , d'indecent
ni rien qui puisse desobliger ou offenſer personne, Nous ne sommes point hardis et ne
nous en picquons nullement ; nous serons
même plus engarde que jamais sur les per--
nicieux exemples qu'on pourroit nous don
mer là-dessus.
"
Nous serons encore plus retenus sur les
louanges , que quelques Lecteurs n'ont pas:
generalement approuvées , en effet nous
nous sommes apperçus que nous y trouvions
peu d'avantage ; au contraire nous nous
sommes vus exposez à des especes de re--
proches, au lieu des témoignages de recon
noissance , sur tout de la part des gens à ta◄
lens,parce que tel qu'on loue nefait nuldoute
que ce ne soit une chose qui lui est absolument dûë , souvent même il trouve qu'on:
ne le loie pas assez; et ceux qu'on ne loie
pas , ou qu'on loue moins , sont très-indispo
sez; car prétendant qu'on loue les autres
à leurs dépens , ils sont doublement fachez.. Nous donnons ordinairement des Extraits
des Pieces nouvelles qui paroissent sur lesThéatres de Paris , et nousfaisons quelques
Observations d'après le jugement du Pu
blic sur les beautez etfur les deffauts qu'on:
y trouve la crainte de blesser la délicatesse.
des Auteurs nous retient quelquefois et nous
empêche d'aller plus loin , et crainte aussi
;
que
AVERTISSEMENT.
que voulant être plus sinceres on ne nous
accuse d'être partiaux. Si les Auteurs eux
mêmes vouloient bien prendre sur eux de
faire un Extrait ou Memoire de leurs Ouvrages , sans dissimuler les deffauts, qu'on
y trouve , cela nous donneroit la hardiesse·
d'être un peu plus severes , le Lecteur leur
en sçauroit gré, et ils n'y perdroient pas par
les Remarques , à charge et à décharge , que
nous ne manquerions pas d'ajouter , sans
oublier de faire obferver l'extrême diff
culté qu'il y a de plaire aujourd'hui au Public , et le péril que courent tous les Ou
vrages d'esprit qu'on lui présente ; nous faisons avec d'autant plus de confiance cette
priere aux Auteurs Dramatiques et à tous
autres, que certainement Corneille , Quinault , Moliere , kacine , &c. n'auroient
pas rougi d'avouer des deffauts dans leurs.
Pieces,
Il nous reste à marquer notre reconnoissance et à remercier au nom du Public.
plusieurs Sçavans du premier ordre, d'aimables Muses et quantité d'autres Personnes d'un mérite distingué , dont les produc
tions enrichissent le Mercure et le font lire.
et rechercher
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Résumé : AVERTISSEMENT.
Le Mercure de France, périodique publié sans interruption depuis juin 1721, présente son cent cinquante-deuxième volume. Les éditeurs s'engagent à rendre le Mercure encore plus utile et agréable. Ils évoquent la collection précédente de M. de Visé, qui a publié 483 volumes jusqu'à sa mort en mai 1710, très recherchée pour ses faits historiques. Après M. de Visé, M. du Fresny a publié 44 volumes de juin 1710 à avril 1714, suivi par M. le Fevre de Fontenay avec 30 volumes jusqu'en octobre 1716. En janvier 1717, l'abbé Buchet a repris la publication sous le titre de Nouveau Mercure pendant quatre ans et cinq mois, soit 53 volumes. Les éditeurs sollicitent l'indulgence des lecteurs pour les erreurs et les négligences et invitent les libraires à indiquer les prix des livres annoncés. Ils encouragent les marchands et artisans à partager les nouvelles modes et innovations. Les pièces envoyées pour publication doivent être bien écrites, et les auteurs sont priés de corriger leurs œuvres. Le Mercure accepte divers genres littéraires et scientifiques, les pièces trop longues étant placées dans des volumes extraordinaires. Les éditeurs continuent de publier des questions juridiques importantes et prient les avocats de fournir les mémoires nécessaires. Ils demandent également aux correspondants de partager les nouvelles des régions éloignées. Le Mercure annonce la mort des savants et des personnes distinguées dans les arts, et invite les parents et amis à fournir des informations. Le périodique a été critiqué, mais les éditeurs maintiennent leur méthode, reconnaissant que toutes les matières ne plaisent pas à tous les lecteurs. Ils continuent de publier des critiques tout en évitant les propos indécents ou offensants. Ils sont prudents dans leurs louanges pour éviter les reproches et les malentendus. Ils publient des extraits de pièces de théâtre avec des observations sur les beautés et les défauts, tout en évitant de blesser la sensibilité des auteurs. Le texte aborde la difficulté de plaire au public contemporain et les risques que courent les œuvres littéraires soumises à son jugement. Il exprime une demande de compréhension et de tolérance envers les auteurs dramatiques et autres écrivains, soulignant que des figures emblématiques comme Corneille, Quinault, Molière et Racine n'auraient pas hésité à reconnaître les défauts dans leurs pièces. Le texte se conclut par une expression de gratitude envers divers savants, muses aimables et autres personnes de mérite distingué, dont les contributions enrichissent le Mercure et en augmentent la popularité.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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42
p. 232-250
DISSERTATION sur la Comedie, pour servir de réponse à la Lettre, inserée dans le Mercure d'Aoust 1731. au sujet des Discours du Pere LE BRUN, sur la même matiere. Par M. SIMONET, Prieur d'Heurgeville.
Début :
Vous ne deviez pas, Monsieur, attendre aux reproches si mal [...]
Mots clefs :
Théâtre, Spectacles, Comédie, Amour profane, Anathèmes, Public, Mercure, Comédiens, Auteurs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DISSERTATION sur la Comedie, pour servir de réponse à la Lettre, inserée dans le Mercure d'Aoust 1731. au sujet des Discours du Pere LE BRUN, sur la même matiere. Par M. SIMONET, Prieur d'Heurgeville.
DISSERTATION sur la Comedie ,
pour servir de réponse à la Lettre ,
inserée dans le Mercure d'Aoust 1731. au
sujet des Discours du Pere LE BRUN,
sur la même matiere. Par M. SIMONET ,
Prieur d'Heurgeville.
Ous ne deviez pas , Monsieur, vous
attendre aux reproches si mal fondez
que l'on vous a faits , à l'occasion des Discours du P. le Brun sur la Comédie. La
candeur, la justesse, le discernement avec
lesquels vous avez rendu compte au public des ouvrages qui ont paru , et de celui - ci en particulier , ne les méritoient
certainement pas , et on ne sçauroit trop
louer la modération qui vous fait garder
un profond silence sur ce sujet.
Si le nouveau deffenseur du Théatre aété
dans l'étonnement de ce que vous annonciez avec éloge ces discours du P.le Brun;
on est encore plus surpris de le voir vous
censurer avec hauteur , et se déchaîner
contre un ouvrage depuis long-temps approuvé, pour soutenir une cause déja perduë au jugement de tout ce qu'il y a de
personnes équitables et desinteressées.
Il vous est glorieux, Monsieur , qu'on
n'ait
FEVRIER: 1732. 233
n'ait pû vous attaquer sans entreprendre
de ternir la réputation d'un Auteur également recommandable par sa piété , ses
lumieres , sa profonde érudition , sans se
déclarer le Protecteur d'une profession
de tout temps décriée ; sans s'élever même
contre l'Eglise qui l'a justement frappée d'Anathémes.
Quelque foibles que soient dans le fond
les principes que l'on vous objecte , ils ne
laissent pas d'avoir quelque chose de spécieux et d'apparent , qui pourroit trouver des Approbateurs parmi ce grand
nombre de personnes , déja trop préve- nuës en faveur du Théatre.
On aime ce qui flate agréablement l'imagination , ce qui charme l'esprit , ce
qui touche et qui enleve le cœur : comme
les Spectacles excellent en ce genre , on se
laisse facilement persuader qu'il n'y a rien de si criminel dans ces sortes d'amusemens ; on s'apprivoise à ce langage délicat des passions , et on est bien-tôt séduit. •
Les funestes impressions que l'on ressent,
paroissent trop douces pour s'en méfier.
Il suffit que la Comédie plaise pour qu'on
la trouve innocente , et qu'on ne s'en
fasse plus de scrupule. De là vient qu'on
est porté plutôt par inclination , que par lumieres, à juger favorablement d'un Ecrit
fait exprès pour la justifier.
De
234 MERCURE DE FRANCE
De pareils Ecrits sont si contraires aux
bonnes mœurs et à l'esprit du Christianisme, que feu M.de Harlay , Prélat recommandable par sa grande capacité, obligea le
P. Caffaro , qui en avoit produit un semblable , de se retracter. Il seroit à souhaiter que le nouveau Deffenseur de la Comédie , voulut suivre l'exemple de celui
qu'il a si-bien copie ; et que rendant gloire à la vérité , il avoüat franchement ce
qu'il ne devroit pas se dissimuler à luimême, que le Théatre est à présent, comme autrefois , tres - pernicieux à l'innocence.
Mais comme on n'a gueres sujet d'attendre de lui cet aveu , qui apparemment
lui couteroit trop , il faut essayer du
moins de détromper les personnes qui ne
seroient pas assez en garde contre ses illusions et qui s'en rapporteroient à son
sentiment pour juger , soit de l'exposé du
Mercure , soit du fond de l'ouvrage du
P. le Brun.
A entendre l'Avocat des Comédiens , le
Mercure ne parle et n'agit point en cette
occasion , par principes ; il établit d'une
main, ce qu'il détruit de l'autre. Là il attire ses Lecteurs aux Spectacles par des
Analyses vives et expressives ; icy il en
détourne par les éloges qu'il donne à des
dis-
FEVRIER. 1732. 235
discours qui representent ces Spectacles
comme pernicieux et criminels ; c'est ce
qui étonne son Antagoniste , c'est ce qui
lui paroit étrange.
Toute la dispute se réduit donc à examiner si le Mercure après avoir donné
dans ses Analyses , une idée avantageuse
des Spectacles , ne pouvoit , sans se contredire , louer les Discours du P. le Brun
qui les condamnent? Une observation des
plus communes suffira pour dissiper toutes les ombres qu'on a essayé de répandre
sur cet article ; c'est que la même chose
considerée sous différents rapports , sous
differens points de vûë , peut être bonne
et mauvaise , loüable et repréhensible en
même- temps ; et tels sont les Spectacles ,
ils ont leur beauté et même leur bonté en
un sens. On dit tous les jours , et avec
raison : Voilà une bonne Piece , en parlant d'une Comédie qui plaît, c'est un ouvrage d'esprit qui est bon en ce genre ,
mais souvent tres- pernicieux , par rapport au cœur , et rien n'empêche qu'on
ne le loue d'un côté , et qu'on ne le blâme de l'autre.
Le Mercure , dans ses Analyses , montre simplement ce qu'on a trouvé de beau
ou de bon dans les Pieces de Théatre, mais
cela ne regarde que l'esprit ; sans toucher
aux
236 MERCURE DE FRANCE,
aux mœurs et à la conscience dont alors il
n'est point question. D'ailleurs le dessein
de ces Analyses n'est pas , comme on le
suppose , d'attirer les Lecteurs aux Spectacles , mais seulement de leur en donner
une légere teinture , qui peut avoir son
utilité pour plusieurs , et qui ne fera pas
grande impression , ni sur les personnes
portées d'elles-mêmes à y participer , ni
sur celles qui par principe de Religion en
ont de l'éloignement.
La nouvelle édition des Discours du
P. le Brun présente l'occasion favorable
de montrer la Comédie par son mauvais
côté , le Mercure la saisit avec plaisir , et
fait sentir par les éloges qu'il donne à ces
discours , que tous ces Spectacles dont il a
fait les Analyses , pour la satisfaction de
ceux qui s'y interressent , ont des dangers et des écueils dont il faut bien se
donner de garde, et qu'on risque au moins
beaucoup , lorsqu'on y participe. N'est- ce
pas là parler et agir par principes, en homme d'esprit, en honnête homme, sans être
rigoriste ?
On peut dire même que le Mercure n'a
été que l'écho des applaudissemens que le
Public , malgré sa prévention pour les
Spectacles , avoit déja fait éclatter , en faveur de ces Discours pleins de lumiere et
de
FEVRIER 1732 237
de piété ; et il n'en auroit pasfait un rapport fidele , s'il les cut annoncez d'un autre ton , ce qui n'empêchoit pas qu'il ne
fut aussi de son ressort de rendre compte
avec la même fidelité de ce que l'on pensoit communement des différentes Piéces
qui ont paru sur la Scene.
Venons à présent au fond , et exami
nons si c'est à tort,comme on le prétend,
que le P. le Brun représente les Spectacles comme pernicieux et criminels , et si
son ouvrage est aussi peu solide qu'on le
veut faire croire. Tout le point de la difficulté consiste à sçavoir si la Comédie est
à present moins mauvaise en elle - même,
et moins contraire aux bonnes mœurs,
" qu'elle ne l'étoit du temps que les Peres
et les Conciles l'ont chargée d'Anathémes ; car s'il est vrai qu'elle soit toujours
également vicieuse, quelque épurée, quelque chatiée qu'on la suppose quant au
langage , aux expressions , aux manieres;
les Comédiens méritent toujours les mê
mes Anathémes . et c'esr avec raison
qu'on en détourne les Fideles.
و
Or je soutiens que la Comédie , telle
qu'elle paroit depuis Moliere sur le
Théatre François ( fameuse époque de sa
plus grande perfection ) est pour le moins
aussi mauvaise et aussi dangereuse pour les
mœurs
238 MERCURE DE FRANCE
•
mœurs , qu'elle l'étoit auparavant. Je dis
pour le moins; en effet , lorsqu'il ne pa
roissoit sur la Scene que des vices grossiers ; lorsque les Acteursjouoient avec les
gestes les plus honteux , que les hommes et les
femmes méprisoient toutes les regles de lapu
deur, et que l'on y prononçoit ouvertement
des blasphemes contre le saint Nom deDieu ;
pour peu qu'on eut de conscience et d'éducation , ces Spectacles devoient naturellement faire horreurs du moins on ne
pouvoit s'y méprendre , et regarder comme permis ces discours tout profanes, ces
actions si licentieuses , et si contraires à
l'honnêteté ; le vice qui paroît à décou
vert , a bien moins d'appas que lorsqu'il
se déguise et ne se montre que sous des ap- parences trompeuses , comme il fait à
present.
Le goût fin et la politesse de notre siecle ne s'accommoderoient pas de ces excès monstrueux , de ces infames libertez
qui choqueroient ouvertement la modestie. Elles révolteroient les personnes un
peu délicates , et feroient rougir ce reste
de pudeur , dont , malgré la corruption
du Monde, on aime à se parer. Le Théatre seroit décrié par lui-même , et il n'y
auroit gueres que des personnes perduës
d'honneur et de réputation qui oseroient
y assister.
On
FEVRIER 1732. 239
On prend donc un autre tour; le vice
en est toujours l'ame et le mobile , mais
il ne s'y montre que dans un aspect , qui
n'a rien d'affreux , ni d'indécent, rien du
moins qu'on n'excuse , et qu'on ne se pardonne aisément dans le monde. Il y paroît sous un langage poli et châtié , sous
des images riantes et agréables , avec des
manieres toutes engageantes , qui tantôt
le font aimer , tantôt excitent la pitié , la
compassion; quelquefois il se couvre d'un
brillant , qui lui fait honneur ; il se pare
des dehors de la vertu , et sous ombre de
rendre ridicule ou odieuse une passion , il
en inspire d'autres encore plus funestes.
Le venin adouci et bien préparé , s'avale
aisément ; on ne s'en méfie pas , mais il
n'en est que plus mortel. Le Serpent avec
toutes ses ruses et ses détours , se glisse
adroitement dans les ames , et les corrompt en les flattant. C'est ainsi qu'on a
trouvé le secret, en laissant dans le fond ,
le Spectacle également vicieux , de le rendre plus supportable aux yeux et aux
oreilles chastes , et c'est par- là qu'il séduit
plus sûrement.
Quoiqu'on en dise , le Théatre est toujours , comme autrefois, l'école de l'impureté. On y apprend à perdre une certaine retenuë qui tient en garde contre les
pre-
240 MERCURE DE FRANCE
premieres atteintes de ce vice , et à n'en
avoir plus tant d'horreur. On y apprend
l'art d'aimer et de se faire aimer avec déli--
catesse,art toujours dangereux, et trop sou- vent mis en pratique pour la perte des
amessonyapprendle langage de l'amour,
eton s'accoutume à l'entendre avecplaisir,
ce langage seducteur qui a tant de fois suborné la vertu la plus pure; on y apprend
à entretenir des pensées , à nourrir des desirs , à former des intrigues , dont l'innocence étoit avant cela justement allarmée.
Les Spectacles sont encore à present le
triomphe de l'amour profane. Il s'y fait
valoir commeune divinité maligne , dont
la puissance n'a point de bornes , et à laquelle tous les humains par une fatale necessité ne peuvent se soustraire. Aimer
follement , éperdument , sur la Scene ,
c'est plutôt une foiblesse qu'un vice : on
se la reproche quelquefois , non pas tant
la rendre odieuse , que pour
voir le spectateur , et paroître digne de
compassion ; d'autres fois on en fait gloire , on s'estime heureux d'être sous l'empire de l'Amour , on vente la chimerique
douceur de son esclavage : quoi de plus
capable d'énerver le cœur de l'amollir,
et de le corrompre !
pour émouC'est cependant ce que l'on trouve de
plus
FEVRIER 17320 *241
plus beau , de plus fin , de plus charmant
dans toutes les Pieces de Théatre. Il y
regne presque toujours une intrigue d'amour adroitement conduite. Chacun
en est avide , chacun la suit , et attend
avec une douce impatience quel en sera
le dénouement. Dans les Comédies l'intrigue est moins fougueuse , plus moderée , et se termine toujours par quelque
agréable surprise , qui met chacun au
comble de ses souhaits. Dans la Tragedie,
ce ne sont gueres que les furieux transports d'un amour mécontent , outragé ,
ne respirant que vengeance , que desespoir , quoiqu'il soupire encore après l'objet de ses peines ; et l'intrigue aboutit à
quelque funeste catastrophe. Dans l'une
et dans l'autre c'est l'Amour qui regne ,
qui domine , qui conduit tout , qui donne le mouvement à tout, et il ne s'y montre certainement pas par des endroits
qui le rendent ridicule , méprisable ou
odieux. Au contraire , il y paroît dans un
si beau jour , er avec tant d'agremens,
qu'on a de la peine à se défendre de ses
charmes ; et cependant cet amour tendre
et vehement est une passion des plus pernicieuses : il trouble la raison , il obscurcit les lumieres de l'esprit , et infecte le
cœur par un poison d'autant plus dangereux
242 MERCURE DE FRANCE
reux , qu'il est plus subtil et paroît plus doux.
En vain se défendroit- on sur ce que ces
intrigues sont , à ce que l'on pretend , innocentes , et qu'il ne s'agit que d'un
amour honnête. Comment le supposer
honnête, cet amour si hardi › si peu modeste ? si entreprenant ? Dès qu'il a le
front de se montrer au grand jour , et de
se produire devant tout le monde , avec
toutes les ruses et les artifices d'une intrigue , ne passe- t'il pas les bornes de la retenue et de l'honnêté ? -Il n'y a gueres au
reste de difference entre les démonstrations exterieures d'un amour legitime et
d'un amour déreglé, et ces démonstrations
produisent dans ceux qui en sont témoins
à peu près les mêmes effets , même sensibilité , même desirs , même corruption.
Il faudroit s'aveugler soi-même pour ne
pas voir que cet amour , quelque innocent , quelque honnête qu'on le suppose,
étant representé au vifet au naturel , n'est
propre qu'à exciter des flammes impures:
ces airs passionnés , ces regards tendres et
languissants,ces soupirs et ces larmes feintes,qui en tirent de veritables des yeux des
spectateurs, ces entretiens d'hommes et de
femmes qui se parlent avec tant degraces,
de naïveté,de douceur;ces charmantes Actrices
FEVRIER. 1732. 243
trices, d'un air si libre, aisé , galant , dont
les attraits sont relevez par tant d'ajustemens , et animez par la voix , le geste , la
déclamation ; ces beautez si piquantes, qui
se plaisent à piquer , dont toute l'étude
est d'attirer les yeux et de se faire d'illustres conquêtes ; à quoi tout cela tend- il ?
Chacun le sent , pourquoi le dissimuler ?
Au milieu de ce ravissant prestige qui
fixe les yeux , les oreilles , et charme tous
fes sens , lorsque la passion a penétré ,
pour ainsi dire ,jusqu'à la moële de l'ame;
viennent ces beaux principes de generosité , d'honncur, de probité dont le Théatre se glorifie. Mais c'est trop tard : le
coup mortel est donné , le cœur ne fait
plus que languir , la vertu envain se débat , elle expire , elle n'est déja plus: à quoi
sert l'antidote , quand le poison a operé ?
Aprés cela on a bonne grace de nous
vanter les Tragedies et les Comédies
comme n'étant faites que pourinspirer de
nobles sentimens , pour rendre les vices
ridicules et odieux. Tous ces sentimens
si nobles , si élevez se reduisent à des
saillies d'amour propre , de vanité , à des
mouvemens d'ambition , à des transports
de jalousie , de haine , de vengeance , de
desespoir.
La Comédie jette un ridicule sur certains
244 MERCURE DE FRANCE
tains vices décriez dans le Monde , mais
il y en a de plus subtils , quoique souvent
plus criminels , qui sont trop flateurs et
tropcommuns pour qu'elle ose y toucher.
Elle n'amuse , elle ne divertit , elle ne
plaît , que parce qu'en se jouant des passions des hommes , elle en ménage , elle
eninspiretoujours quelques- unes qui sont
les plus douces et les plus favorites.
Telle est la Morale si vantée du Théa
tre , bien opposée à la pure morale de
Jesus-Christ : celle- ci rabaisse l'homme à
ses propres yeux, le détache de lui-même,
et lui fait trouver sa veritable grandeur
dans la modestie et l'humilité : celle- là ne
produit que des Heros pleins de faste et
de présomption , entêtez de leur prétendu merite , faisant gloire de ne rien souffrir qui les humilie. L'une regle l'inte
rieur autant que l'exterieur : l'autre ne
s'arrête qu'à lavaine parade d'une probité
toute mondaine. A l'Ecole de notre Divin Maître on apprend à pardonner les
injures , à aimer ses ennemis , à étouffer
jusqu'aux ressentimens de vengeange et
d'animosité : au Théatre c'est être un lâche ,un poltron , un faquin que de souffrir une insulte sans en tirer raison ; c'est
en ce faux point d'honneur que consiste
la grandeur d'ame qui regne dans les Pieces
FEVRIER 1732. 245
ces tragiques. La morale de J. C. prêche
par tout la mortification des sens et des passions : elle ne permet pas même de regarder avec complaisance les objets capables
de faire naître des pensées et des désirs criminels. Au Théatre on ne respire-qu'un air
de molesse , de volupté , de sensualité ; on
n'y vient que pour voir et entendre des
personnages de l'un et de l'autre Sexe
tous propres par leurs charmes et leurs
mouvemens artificieux , mais expressifs
à exciter de veritables passions.
Et qu'on ne s'imagine pas qu'il n'y ait
que quelques ames foibles à qui les spectacles puissent causer de si funestes effets.
Le penchant universel qui porte à la volupté , les rend au moins très-dangereux
à toutes sortes de personnes. Il faut être
bien temeraire pour se répondre de ses
forces , en s'exposant à un péril si évident
de succomber et de se perdre. Plusieurs
moins susceptibles ou par vertu ou par
temperament , ne s'appercevront peutêtre pas d'abord de la contagion qui les
gagne. Mais insensiblement le cœur s'affoiblit , la passion s'insinuë ; elle fait sans
qu'on y pense des progrès imperceptibles,
et l'on risque toujours d'en devenir l'esclave. Celui qui aime le péril , dit JesusChrist , périra dans le péril.
C
246 MERCURE DE FRANCE
Il est donc constant que la Comédie,
quelque châtiée, quelque épurée qu'on la
suppose , est à present du moins aussi
mauvaise et aussi pernicieuse , qu'elle l'étoitautrefois. La reforme qu'on en a faite
l'a renduë plus agreable , plus attirante
sans qu'elle en soit devenue effectivement
plus chaste , et moins criminelle. Qu'on
dise tant qu'on voudra qu'elle corrige les
vices des hommes : il est toujours évident
que personne n'en devient meilleur , que
plusieurs s'y pervertissent , que tout ce
qu'il y a de gens déreglez y trouvent dequoi fomenter et nourrir leurs passions et
que la morale du Théatre ne les conver
tira jamais.
Non, la Comédie ne corrige pas les vices, elle ne fait qu'en rire, qu'en badiner, er
son badinage y attire plus qu'il n'en éloigne. Si elle y répand un certain ridicule,
ce ridicule est trop plaisant et trop gra
cieuxpour endonner de l'horreur. Qu'on
fasse valoir les beaux preceptes de morale
qu'elle debite , il n'en sera pas moins vrai
qu'ils n'ont aucune force contre l'esprit
impur et profane qui anime les spectacles,
et quesi l'on yreçoit des leçons de vertu,
on n'en remporte cependant que les impressions du vice.
Le P. le Brun par consequent n'a pas
cu
FEVRIER. 1732. 247
eu tort de dépeindre le Theatre avec ces
couleurs qui ne déplaisent si fort à l'Avocar des Comédiens , que parce qu'elles sont trop naturelles. Cet homme venerable ne meritoit pas qu'on vint troubler ses cendres , décrier ses sçavans Ecrits
et flétrir sa memoire , en le faisant passer
pourun Auteur sansjugement , sans principes , sans raisonnement. Je ne dis pas
qu'il n'ait pû quelquefois se méprendre ,
et quel est l'homme si attentifqui ne s'égare jamais dans un ouvrage d'assez longue haleine ? Mais s'il s'est trompé , ce
n'est sûrement pas dans l'essensiel, et dans
le dessein qu'il a eu de montrer combien
les Spectacles sont dangereux et opposez à
l'esprit du Christianisme.
Comment ose- t'on avancer qu'on se
roit mieux fondé à lui demander une retractation , si la mort ne l'avoit pas mis
àcouvert d'un tel attentat , qu'on ne l'a
été à en exiger une du P. Caffaro ? Que
dire de la hardiesse avec laquelle on suppose, et on decide que les Comédiens ne
meritent plus les foudres de l'Eglise , et
qu'ils sont en droit de faire des remontrances à Messieurs nos Evêques qui font
publier contre eux des Anathêmes? Commesi de tels personnages pouvoient être
Juges dans leur propre cause , et se déCij clareg
243 MERCURE DE FRANCE
T
clarer eux mêmes innocens , lorsque l'Eglise les condamne ; comme s'ils avoient
plus d'équité et de lumieres , que les Prelats les plus respectables , que les plus
pieux et les plus sçavans Theologiens ,
pour decider sur leur état et leur profession. Il suffit de jetter les yeux sur ce qui
se passe au Theatre , pour concevoir , si
lon agit de bonne foi et sans prévention ,
que les Comédiens de nos jours sont
du moins aussi coupables et aussi dignes
de Censures , que ceux des siecles passez,
quoiqu'on avoue qu'ils sont plus polis et
moins impudens.
Que devient à present ce pompeux étalage d'érudition et d'autoritez que l'on
remet sur le tapis après le P. Caffaro ?
Qui pourra s'imaginer que d'habiles Theologiens , que des Saints mêmes très- illustres , ayent regardé comme permis et digne d'approbation, ce qui tend si visiblement à la corruption des mœurs? S'ils l'avoient fait , on ne risqueroit rien de les
desavoüer , n'étant pas le plus grand nom
bre l'esprit et la tradition de l'Eglise leur
étant contraires; mais il est bien plus juste
de croire qu'on les cite à tort , et qu'on ne les entend pas.
S'ils ont approuvé des Comédies, il fal-"
loit qu'elles fussent bien chastes , et bien,
éloignées
FEVRIER. 17320 249
éloignées de l'esprit impur qui anime celles de nosjours; ils entendoient, sans doute , des Spectacles , où il n'y auroit ni intrigues d'amour , ni airs de molesse , ni
rien de capable de flater la sensualité , de
fomenter le déreglement des passions :apparamment comme ces Pieces que l'on représente dans les Colleges pour exercer et
divertir innocemment la jeunesse. Que
nos Comédiens n'en donnent que de semblables , et nous conviendrons qu'étant
ainsi purifiées , elles ne seront plus dignesde censure. Mais ils n'ont garde d'être si
severes , ils ni trouveroient pas leur com.
ptpte. Cet air de reforme ne plairoit pas à
la plupart des spectateurs , le Théatre ne
seroit plus si frequenté , et la Comédie
n'auroit peut- être plus tant d'appuis , ni
tant de ressources .
Il est curieux de la voir se vanter d'ê
tre soutenue par les Puissances , bien teçûë dans les Cours , et entretenue par de
bons appointemens. C'est à peu prèscomme si une femme infidelle faisoit gloire du
prix de ses infidelitez , et qu'elle voulut passer pour innocente , parce qu'on
la souffriroit devant d'honnêtes gens ,
par des raisons de necessité ou de politique.
Dans les Etats les mieux policez , il y
Ciij
250 MERCURE DE FRANCE
a certains abus , certains déreglemens
qu'il seroit trop dangereux de vouloir extirper. On est obligé prudemment de
laisser croître l'yvroye avec le bon grains
et si les Puissances Superieures semblent
influer et fournir en quelque sorte à l'accroissement de cette mauvaise semence
c'est un mystere qu'il faut respecter par
unesage discretion , etnon pas entrepren
dre temerairement de le sonder. Mais les
raisons d'Etat et de politique peuventelles ôter à l'Eglise le droit de condamner
ces abus et ces dereglemens ? Et les coupables,quelques autorisez d'ailleurs qu'ils
se prétendent , auront-ils lieu de se plaindre des menaces ou des justes peines dont
cette charitable Mere n'use à leur égard,
que pour les rappeller de la voye de perdition . Je suis , &c.
A Heurgeville le 29. Janvie 1732
pour servir de réponse à la Lettre ,
inserée dans le Mercure d'Aoust 1731. au
sujet des Discours du Pere LE BRUN,
sur la même matiere. Par M. SIMONET ,
Prieur d'Heurgeville.
Ous ne deviez pas , Monsieur, vous
attendre aux reproches si mal fondez
que l'on vous a faits , à l'occasion des Discours du P. le Brun sur la Comédie. La
candeur, la justesse, le discernement avec
lesquels vous avez rendu compte au public des ouvrages qui ont paru , et de celui - ci en particulier , ne les méritoient
certainement pas , et on ne sçauroit trop
louer la modération qui vous fait garder
un profond silence sur ce sujet.
Si le nouveau deffenseur du Théatre aété
dans l'étonnement de ce que vous annonciez avec éloge ces discours du P.le Brun;
on est encore plus surpris de le voir vous
censurer avec hauteur , et se déchaîner
contre un ouvrage depuis long-temps approuvé, pour soutenir une cause déja perduë au jugement de tout ce qu'il y a de
personnes équitables et desinteressées.
Il vous est glorieux, Monsieur , qu'on
n'ait
FEVRIER: 1732. 233
n'ait pû vous attaquer sans entreprendre
de ternir la réputation d'un Auteur également recommandable par sa piété , ses
lumieres , sa profonde érudition , sans se
déclarer le Protecteur d'une profession
de tout temps décriée ; sans s'élever même
contre l'Eglise qui l'a justement frappée d'Anathémes.
Quelque foibles que soient dans le fond
les principes que l'on vous objecte , ils ne
laissent pas d'avoir quelque chose de spécieux et d'apparent , qui pourroit trouver des Approbateurs parmi ce grand
nombre de personnes , déja trop préve- nuës en faveur du Théatre.
On aime ce qui flate agréablement l'imagination , ce qui charme l'esprit , ce
qui touche et qui enleve le cœur : comme
les Spectacles excellent en ce genre , on se
laisse facilement persuader qu'il n'y a rien de si criminel dans ces sortes d'amusemens ; on s'apprivoise à ce langage délicat des passions , et on est bien-tôt séduit. •
Les funestes impressions que l'on ressent,
paroissent trop douces pour s'en méfier.
Il suffit que la Comédie plaise pour qu'on
la trouve innocente , et qu'on ne s'en
fasse plus de scrupule. De là vient qu'on
est porté plutôt par inclination , que par lumieres, à juger favorablement d'un Ecrit
fait exprès pour la justifier.
De
234 MERCURE DE FRANCE
De pareils Ecrits sont si contraires aux
bonnes mœurs et à l'esprit du Christianisme, que feu M.de Harlay , Prélat recommandable par sa grande capacité, obligea le
P. Caffaro , qui en avoit produit un semblable , de se retracter. Il seroit à souhaiter que le nouveau Deffenseur de la Comédie , voulut suivre l'exemple de celui
qu'il a si-bien copie ; et que rendant gloire à la vérité , il avoüat franchement ce
qu'il ne devroit pas se dissimuler à luimême, que le Théatre est à présent, comme autrefois , tres - pernicieux à l'innocence.
Mais comme on n'a gueres sujet d'attendre de lui cet aveu , qui apparemment
lui couteroit trop , il faut essayer du
moins de détromper les personnes qui ne
seroient pas assez en garde contre ses illusions et qui s'en rapporteroient à son
sentiment pour juger , soit de l'exposé du
Mercure , soit du fond de l'ouvrage du
P. le Brun.
A entendre l'Avocat des Comédiens , le
Mercure ne parle et n'agit point en cette
occasion , par principes ; il établit d'une
main, ce qu'il détruit de l'autre. Là il attire ses Lecteurs aux Spectacles par des
Analyses vives et expressives ; icy il en
détourne par les éloges qu'il donne à des
dis-
FEVRIER. 1732. 235
discours qui representent ces Spectacles
comme pernicieux et criminels ; c'est ce
qui étonne son Antagoniste , c'est ce qui
lui paroit étrange.
Toute la dispute se réduit donc à examiner si le Mercure après avoir donné
dans ses Analyses , une idée avantageuse
des Spectacles , ne pouvoit , sans se contredire , louer les Discours du P. le Brun
qui les condamnent? Une observation des
plus communes suffira pour dissiper toutes les ombres qu'on a essayé de répandre
sur cet article ; c'est que la même chose
considerée sous différents rapports , sous
differens points de vûë , peut être bonne
et mauvaise , loüable et repréhensible en
même- temps ; et tels sont les Spectacles ,
ils ont leur beauté et même leur bonté en
un sens. On dit tous les jours , et avec
raison : Voilà une bonne Piece , en parlant d'une Comédie qui plaît, c'est un ouvrage d'esprit qui est bon en ce genre ,
mais souvent tres- pernicieux , par rapport au cœur , et rien n'empêche qu'on
ne le loue d'un côté , et qu'on ne le blâme de l'autre.
Le Mercure , dans ses Analyses , montre simplement ce qu'on a trouvé de beau
ou de bon dans les Pieces de Théatre, mais
cela ne regarde que l'esprit ; sans toucher
aux
236 MERCURE DE FRANCE,
aux mœurs et à la conscience dont alors il
n'est point question. D'ailleurs le dessein
de ces Analyses n'est pas , comme on le
suppose , d'attirer les Lecteurs aux Spectacles , mais seulement de leur en donner
une légere teinture , qui peut avoir son
utilité pour plusieurs , et qui ne fera pas
grande impression , ni sur les personnes
portées d'elles-mêmes à y participer , ni
sur celles qui par principe de Religion en
ont de l'éloignement.
La nouvelle édition des Discours du
P. le Brun présente l'occasion favorable
de montrer la Comédie par son mauvais
côté , le Mercure la saisit avec plaisir , et
fait sentir par les éloges qu'il donne à ces
discours , que tous ces Spectacles dont il a
fait les Analyses , pour la satisfaction de
ceux qui s'y interressent , ont des dangers et des écueils dont il faut bien se
donner de garde, et qu'on risque au moins
beaucoup , lorsqu'on y participe. N'est- ce
pas là parler et agir par principes, en homme d'esprit, en honnête homme, sans être
rigoriste ?
On peut dire même que le Mercure n'a
été que l'écho des applaudissemens que le
Public , malgré sa prévention pour les
Spectacles , avoit déja fait éclatter , en faveur de ces Discours pleins de lumiere et
de
FEVRIER 1732 237
de piété ; et il n'en auroit pasfait un rapport fidele , s'il les cut annoncez d'un autre ton , ce qui n'empêchoit pas qu'il ne
fut aussi de son ressort de rendre compte
avec la même fidelité de ce que l'on pensoit communement des différentes Piéces
qui ont paru sur la Scene.
Venons à présent au fond , et exami
nons si c'est à tort,comme on le prétend,
que le P. le Brun représente les Spectacles comme pernicieux et criminels , et si
son ouvrage est aussi peu solide qu'on le
veut faire croire. Tout le point de la difficulté consiste à sçavoir si la Comédie est
à present moins mauvaise en elle - même,
et moins contraire aux bonnes mœurs,
" qu'elle ne l'étoit du temps que les Peres
et les Conciles l'ont chargée d'Anathémes ; car s'il est vrai qu'elle soit toujours
également vicieuse, quelque épurée, quelque chatiée qu'on la suppose quant au
langage , aux expressions , aux manieres;
les Comédiens méritent toujours les mê
mes Anathémes . et c'esr avec raison
qu'on en détourne les Fideles.
و
Or je soutiens que la Comédie , telle
qu'elle paroit depuis Moliere sur le
Théatre François ( fameuse époque de sa
plus grande perfection ) est pour le moins
aussi mauvaise et aussi dangereuse pour les
mœurs
238 MERCURE DE FRANCE
•
mœurs , qu'elle l'étoit auparavant. Je dis
pour le moins; en effet , lorsqu'il ne pa
roissoit sur la Scene que des vices grossiers ; lorsque les Acteursjouoient avec les
gestes les plus honteux , que les hommes et les
femmes méprisoient toutes les regles de lapu
deur, et que l'on y prononçoit ouvertement
des blasphemes contre le saint Nom deDieu ;
pour peu qu'on eut de conscience et d'éducation , ces Spectacles devoient naturellement faire horreurs du moins on ne
pouvoit s'y méprendre , et regarder comme permis ces discours tout profanes, ces
actions si licentieuses , et si contraires à
l'honnêteté ; le vice qui paroît à décou
vert , a bien moins d'appas que lorsqu'il
se déguise et ne se montre que sous des ap- parences trompeuses , comme il fait à
present.
Le goût fin et la politesse de notre siecle ne s'accommoderoient pas de ces excès monstrueux , de ces infames libertez
qui choqueroient ouvertement la modestie. Elles révolteroient les personnes un
peu délicates , et feroient rougir ce reste
de pudeur , dont , malgré la corruption
du Monde, on aime à se parer. Le Théatre seroit décrié par lui-même , et il n'y
auroit gueres que des personnes perduës
d'honneur et de réputation qui oseroient
y assister.
On
FEVRIER 1732. 239
On prend donc un autre tour; le vice
en est toujours l'ame et le mobile , mais
il ne s'y montre que dans un aspect , qui
n'a rien d'affreux , ni d'indécent, rien du
moins qu'on n'excuse , et qu'on ne se pardonne aisément dans le monde. Il y paroît sous un langage poli et châtié , sous
des images riantes et agréables , avec des
manieres toutes engageantes , qui tantôt
le font aimer , tantôt excitent la pitié , la
compassion; quelquefois il se couvre d'un
brillant , qui lui fait honneur ; il se pare
des dehors de la vertu , et sous ombre de
rendre ridicule ou odieuse une passion , il
en inspire d'autres encore plus funestes.
Le venin adouci et bien préparé , s'avale
aisément ; on ne s'en méfie pas , mais il
n'en est que plus mortel. Le Serpent avec
toutes ses ruses et ses détours , se glisse
adroitement dans les ames , et les corrompt en les flattant. C'est ainsi qu'on a
trouvé le secret, en laissant dans le fond ,
le Spectacle également vicieux , de le rendre plus supportable aux yeux et aux
oreilles chastes , et c'est par- là qu'il séduit
plus sûrement.
Quoiqu'on en dise , le Théatre est toujours , comme autrefois, l'école de l'impureté. On y apprend à perdre une certaine retenuë qui tient en garde contre les
pre-
240 MERCURE DE FRANCE
premieres atteintes de ce vice , et à n'en
avoir plus tant d'horreur. On y apprend
l'art d'aimer et de se faire aimer avec déli--
catesse,art toujours dangereux, et trop sou- vent mis en pratique pour la perte des
amessonyapprendle langage de l'amour,
eton s'accoutume à l'entendre avecplaisir,
ce langage seducteur qui a tant de fois suborné la vertu la plus pure; on y apprend
à entretenir des pensées , à nourrir des desirs , à former des intrigues , dont l'innocence étoit avant cela justement allarmée.
Les Spectacles sont encore à present le
triomphe de l'amour profane. Il s'y fait
valoir commeune divinité maligne , dont
la puissance n'a point de bornes , et à laquelle tous les humains par une fatale necessité ne peuvent se soustraire. Aimer
follement , éperdument , sur la Scene ,
c'est plutôt une foiblesse qu'un vice : on
se la reproche quelquefois , non pas tant
la rendre odieuse , que pour
voir le spectateur , et paroître digne de
compassion ; d'autres fois on en fait gloire , on s'estime heureux d'être sous l'empire de l'Amour , on vente la chimerique
douceur de son esclavage : quoi de plus
capable d'énerver le cœur de l'amollir,
et de le corrompre !
pour émouC'est cependant ce que l'on trouve de
plus
FEVRIER 17320 *241
plus beau , de plus fin , de plus charmant
dans toutes les Pieces de Théatre. Il y
regne presque toujours une intrigue d'amour adroitement conduite. Chacun
en est avide , chacun la suit , et attend
avec une douce impatience quel en sera
le dénouement. Dans les Comédies l'intrigue est moins fougueuse , plus moderée , et se termine toujours par quelque
agréable surprise , qui met chacun au
comble de ses souhaits. Dans la Tragedie,
ce ne sont gueres que les furieux transports d'un amour mécontent , outragé ,
ne respirant que vengeance , que desespoir , quoiqu'il soupire encore après l'objet de ses peines ; et l'intrigue aboutit à
quelque funeste catastrophe. Dans l'une
et dans l'autre c'est l'Amour qui regne ,
qui domine , qui conduit tout , qui donne le mouvement à tout, et il ne s'y montre certainement pas par des endroits
qui le rendent ridicule , méprisable ou
odieux. Au contraire , il y paroît dans un
si beau jour , er avec tant d'agremens,
qu'on a de la peine à se défendre de ses
charmes ; et cependant cet amour tendre
et vehement est une passion des plus pernicieuses : il trouble la raison , il obscurcit les lumieres de l'esprit , et infecte le
cœur par un poison d'autant plus dangereux
242 MERCURE DE FRANCE
reux , qu'il est plus subtil et paroît plus doux.
En vain se défendroit- on sur ce que ces
intrigues sont , à ce que l'on pretend , innocentes , et qu'il ne s'agit que d'un
amour honnête. Comment le supposer
honnête, cet amour si hardi › si peu modeste ? si entreprenant ? Dès qu'il a le
front de se montrer au grand jour , et de
se produire devant tout le monde , avec
toutes les ruses et les artifices d'une intrigue , ne passe- t'il pas les bornes de la retenue et de l'honnêté ? -Il n'y a gueres au
reste de difference entre les démonstrations exterieures d'un amour legitime et
d'un amour déreglé, et ces démonstrations
produisent dans ceux qui en sont témoins
à peu près les mêmes effets , même sensibilité , même desirs , même corruption.
Il faudroit s'aveugler soi-même pour ne
pas voir que cet amour , quelque innocent , quelque honnête qu'on le suppose,
étant representé au vifet au naturel , n'est
propre qu'à exciter des flammes impures:
ces airs passionnés , ces regards tendres et
languissants,ces soupirs et ces larmes feintes,qui en tirent de veritables des yeux des
spectateurs, ces entretiens d'hommes et de
femmes qui se parlent avec tant degraces,
de naïveté,de douceur;ces charmantes Actrices
FEVRIER. 1732. 243
trices, d'un air si libre, aisé , galant , dont
les attraits sont relevez par tant d'ajustemens , et animez par la voix , le geste , la
déclamation ; ces beautez si piquantes, qui
se plaisent à piquer , dont toute l'étude
est d'attirer les yeux et de se faire d'illustres conquêtes ; à quoi tout cela tend- il ?
Chacun le sent , pourquoi le dissimuler ?
Au milieu de ce ravissant prestige qui
fixe les yeux , les oreilles , et charme tous
fes sens , lorsque la passion a penétré ,
pour ainsi dire ,jusqu'à la moële de l'ame;
viennent ces beaux principes de generosité , d'honncur, de probité dont le Théatre se glorifie. Mais c'est trop tard : le
coup mortel est donné , le cœur ne fait
plus que languir , la vertu envain se débat , elle expire , elle n'est déja plus: à quoi
sert l'antidote , quand le poison a operé ?
Aprés cela on a bonne grace de nous
vanter les Tragedies et les Comédies
comme n'étant faites que pourinspirer de
nobles sentimens , pour rendre les vices
ridicules et odieux. Tous ces sentimens
si nobles , si élevez se reduisent à des
saillies d'amour propre , de vanité , à des
mouvemens d'ambition , à des transports
de jalousie , de haine , de vengeance , de
desespoir.
La Comédie jette un ridicule sur certains
244 MERCURE DE FRANCE
tains vices décriez dans le Monde , mais
il y en a de plus subtils , quoique souvent
plus criminels , qui sont trop flateurs et
tropcommuns pour qu'elle ose y toucher.
Elle n'amuse , elle ne divertit , elle ne
plaît , que parce qu'en se jouant des passions des hommes , elle en ménage , elle
eninspiretoujours quelques- unes qui sont
les plus douces et les plus favorites.
Telle est la Morale si vantée du Théa
tre , bien opposée à la pure morale de
Jesus-Christ : celle- ci rabaisse l'homme à
ses propres yeux, le détache de lui-même,
et lui fait trouver sa veritable grandeur
dans la modestie et l'humilité : celle- là ne
produit que des Heros pleins de faste et
de présomption , entêtez de leur prétendu merite , faisant gloire de ne rien souffrir qui les humilie. L'une regle l'inte
rieur autant que l'exterieur : l'autre ne
s'arrête qu'à lavaine parade d'une probité
toute mondaine. A l'Ecole de notre Divin Maître on apprend à pardonner les
injures , à aimer ses ennemis , à étouffer
jusqu'aux ressentimens de vengeange et
d'animosité : au Théatre c'est être un lâche ,un poltron , un faquin que de souffrir une insulte sans en tirer raison ; c'est
en ce faux point d'honneur que consiste
la grandeur d'ame qui regne dans les Pieces
FEVRIER 1732. 245
ces tragiques. La morale de J. C. prêche
par tout la mortification des sens et des passions : elle ne permet pas même de regarder avec complaisance les objets capables
de faire naître des pensées et des désirs criminels. Au Théatre on ne respire-qu'un air
de molesse , de volupté , de sensualité ; on
n'y vient que pour voir et entendre des
personnages de l'un et de l'autre Sexe
tous propres par leurs charmes et leurs
mouvemens artificieux , mais expressifs
à exciter de veritables passions.
Et qu'on ne s'imagine pas qu'il n'y ait
que quelques ames foibles à qui les spectacles puissent causer de si funestes effets.
Le penchant universel qui porte à la volupté , les rend au moins très-dangereux
à toutes sortes de personnes. Il faut être
bien temeraire pour se répondre de ses
forces , en s'exposant à un péril si évident
de succomber et de se perdre. Plusieurs
moins susceptibles ou par vertu ou par
temperament , ne s'appercevront peutêtre pas d'abord de la contagion qui les
gagne. Mais insensiblement le cœur s'affoiblit , la passion s'insinuë ; elle fait sans
qu'on y pense des progrès imperceptibles,
et l'on risque toujours d'en devenir l'esclave. Celui qui aime le péril , dit JesusChrist , périra dans le péril.
C
246 MERCURE DE FRANCE
Il est donc constant que la Comédie,
quelque châtiée, quelque épurée qu'on la
suppose , est à present du moins aussi
mauvaise et aussi pernicieuse , qu'elle l'étoitautrefois. La reforme qu'on en a faite
l'a renduë plus agreable , plus attirante
sans qu'elle en soit devenue effectivement
plus chaste , et moins criminelle. Qu'on
dise tant qu'on voudra qu'elle corrige les
vices des hommes : il est toujours évident
que personne n'en devient meilleur , que
plusieurs s'y pervertissent , que tout ce
qu'il y a de gens déreglez y trouvent dequoi fomenter et nourrir leurs passions et
que la morale du Théatre ne les conver
tira jamais.
Non, la Comédie ne corrige pas les vices, elle ne fait qu'en rire, qu'en badiner, er
son badinage y attire plus qu'il n'en éloigne. Si elle y répand un certain ridicule,
ce ridicule est trop plaisant et trop gra
cieuxpour endonner de l'horreur. Qu'on
fasse valoir les beaux preceptes de morale
qu'elle debite , il n'en sera pas moins vrai
qu'ils n'ont aucune force contre l'esprit
impur et profane qui anime les spectacles,
et quesi l'on yreçoit des leçons de vertu,
on n'en remporte cependant que les impressions du vice.
Le P. le Brun par consequent n'a pas
cu
FEVRIER. 1732. 247
eu tort de dépeindre le Theatre avec ces
couleurs qui ne déplaisent si fort à l'Avocar des Comédiens , que parce qu'elles sont trop naturelles. Cet homme venerable ne meritoit pas qu'on vint troubler ses cendres , décrier ses sçavans Ecrits
et flétrir sa memoire , en le faisant passer
pourun Auteur sansjugement , sans principes , sans raisonnement. Je ne dis pas
qu'il n'ait pû quelquefois se méprendre ,
et quel est l'homme si attentifqui ne s'égare jamais dans un ouvrage d'assez longue haleine ? Mais s'il s'est trompé , ce
n'est sûrement pas dans l'essensiel, et dans
le dessein qu'il a eu de montrer combien
les Spectacles sont dangereux et opposez à
l'esprit du Christianisme.
Comment ose- t'on avancer qu'on se
roit mieux fondé à lui demander une retractation , si la mort ne l'avoit pas mis
àcouvert d'un tel attentat , qu'on ne l'a
été à en exiger une du P. Caffaro ? Que
dire de la hardiesse avec laquelle on suppose, et on decide que les Comédiens ne
meritent plus les foudres de l'Eglise , et
qu'ils sont en droit de faire des remontrances à Messieurs nos Evêques qui font
publier contre eux des Anathêmes? Commesi de tels personnages pouvoient être
Juges dans leur propre cause , et se déCij clareg
243 MERCURE DE FRANCE
T
clarer eux mêmes innocens , lorsque l'Eglise les condamne ; comme s'ils avoient
plus d'équité et de lumieres , que les Prelats les plus respectables , que les plus
pieux et les plus sçavans Theologiens ,
pour decider sur leur état et leur profession. Il suffit de jetter les yeux sur ce qui
se passe au Theatre , pour concevoir , si
lon agit de bonne foi et sans prévention ,
que les Comédiens de nos jours sont
du moins aussi coupables et aussi dignes
de Censures , que ceux des siecles passez,
quoiqu'on avoue qu'ils sont plus polis et
moins impudens.
Que devient à present ce pompeux étalage d'érudition et d'autoritez que l'on
remet sur le tapis après le P. Caffaro ?
Qui pourra s'imaginer que d'habiles Theologiens , que des Saints mêmes très- illustres , ayent regardé comme permis et digne d'approbation, ce qui tend si visiblement à la corruption des mœurs? S'ils l'avoient fait , on ne risqueroit rien de les
desavoüer , n'étant pas le plus grand nom
bre l'esprit et la tradition de l'Eglise leur
étant contraires; mais il est bien plus juste
de croire qu'on les cite à tort , et qu'on ne les entend pas.
S'ils ont approuvé des Comédies, il fal-"
loit qu'elles fussent bien chastes , et bien,
éloignées
FEVRIER. 17320 249
éloignées de l'esprit impur qui anime celles de nosjours; ils entendoient, sans doute , des Spectacles , où il n'y auroit ni intrigues d'amour , ni airs de molesse , ni
rien de capable de flater la sensualité , de
fomenter le déreglement des passions :apparamment comme ces Pieces que l'on représente dans les Colleges pour exercer et
divertir innocemment la jeunesse. Que
nos Comédiens n'en donnent que de semblables , et nous conviendrons qu'étant
ainsi purifiées , elles ne seront plus dignesde censure. Mais ils n'ont garde d'être si
severes , ils ni trouveroient pas leur com.
ptpte. Cet air de reforme ne plairoit pas à
la plupart des spectateurs , le Théatre ne
seroit plus si frequenté , et la Comédie
n'auroit peut- être plus tant d'appuis , ni
tant de ressources .
Il est curieux de la voir se vanter d'ê
tre soutenue par les Puissances , bien teçûë dans les Cours , et entretenue par de
bons appointemens. C'est à peu prèscomme si une femme infidelle faisoit gloire du
prix de ses infidelitez , et qu'elle voulut passer pour innocente , parce qu'on
la souffriroit devant d'honnêtes gens ,
par des raisons de necessité ou de politique.
Dans les Etats les mieux policez , il y
Ciij
250 MERCURE DE FRANCE
a certains abus , certains déreglemens
qu'il seroit trop dangereux de vouloir extirper. On est obligé prudemment de
laisser croître l'yvroye avec le bon grains
et si les Puissances Superieures semblent
influer et fournir en quelque sorte à l'accroissement de cette mauvaise semence
c'est un mystere qu'il faut respecter par
unesage discretion , etnon pas entrepren
dre temerairement de le sonder. Mais les
raisons d'Etat et de politique peuventelles ôter à l'Eglise le droit de condamner
ces abus et ces dereglemens ? Et les coupables,quelques autorisez d'ailleurs qu'ils
se prétendent , auront-ils lieu de se plaindre des menaces ou des justes peines dont
cette charitable Mere n'use à leur égard,
que pour les rappeller de la voye de perdition . Je suis , &c.
A Heurgeville le 29. Janvie 1732
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Résumé : DISSERTATION sur la Comedie, pour servir de réponse à la Lettre, inserée dans le Mercure d'Aoust 1731. au sujet des Discours du Pere LE BRUN, sur la même matiere. Par M. SIMONET, Prieur d'Heurgeville.
M. Simonet, prieur d'Heurgeville, répond à une lettre critique parue dans le Mercure d'août 1731, qui contestait les discours du Père Le Brun sur la comédie. Simonet défend la modération et la justesse de son compte rendu des ouvrages, y compris ceux du Père Le Brun. Il critique le nouveau défenseur du théâtre, qui s'étonne des éloges accordés aux discours du Père Le Brun et les censure avec hauteur, soutenant une cause déjà perdue selon les personnes équitables. Simonet souligne que les principes objectés, bien que faibles, peuvent séduire par leur apparence et leur capacité à flatter l'imagination. Il rappelle que le théâtre, bien qu'il plaise, est pernicieux pour les mœurs et l'innocence. Il cite l'exemple de M. de Harlay, qui avait obligé le Père Caffaro à se rétracter pour un écrit similaire. Simonet souhaite que le défenseur du théâtre reconnaisse la dangerosité du théâtre, mais il doute que cela se produise. Le texte examine ensuite la contradiction apparente du Mercure, qui analyse favorablement les pièces de théâtre tout en louant les discours du Père Le Brun qui les condamnent. Simonet explique que le théâtre peut être apprécié pour son esprit tout en étant condamné pour ses effets pernicieux sur les mœurs. Il souligne que le Mercure, en louant les discours du Père Le Brun, met en garde contre les dangers du théâtre. Simonet soutient que la comédie, depuis Molière, est aussi mauvaise et dangereuse pour les mœurs qu'elle l'était auparavant. Il décrit comment le théâtre moderne, avec son langage poli et ses apparences trompeuses, séduit plus sûrement en cachant le vice sous des dehors engageants. Il conclut que le théâtre reste une école de l'impureté, enseignant l'art d'aimer de manière délicate et dangereuse, et glorifiant l'amour profane. Le texte critique sévèrement le théâtre, en particulier la comédie, en raison de son impact moral. Les représentations théâtrales, malgré leur apparence innocente, excitent des passions impures. Les acteurs, par leurs regards tendres, leurs soupirs et leurs larmes feintes, ainsi que leurs entretiens gracieux, attirent les spectateurs et les incitent à des désirs criminels. La morale du théâtre est jugée opposée à celle de Jésus-Christ, qui prône l'humilité et la modestie, tandis que le théâtre produit des héros présomptueux et vaniteux. Le théâtre est accusé de ne pas corriger les vices mais de les rendre plaisants et attractifs. Le Père Le Brun est défendu contre les critiques, car il a correctement dénoncé les dangers des spectacles. Le texte conclut que les comédiens modernes sont aussi coupables que ceux des siècles passés, malgré leur apparente politesse. Il critique également les puissances qui soutiennent le théâtre pour des raisons politiques, tout en reconnaissant que l'Église a le droit de condamner ces abus.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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43
p. 347-350
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Nimes le 24. Decembre 1731. au sujet de quelques Comédies joüées dans cette Ville.
Début :
Les Officiers du Régiment du Maine Infanterie, dont un Bataillon [...]
Mots clefs :
Comédie, Officiers, Représentations, Public
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Nimes le 24. Decembre 1731. au sujet de quelques Comédies joüées dans cette Ville.
SPECTACLES.
EXTRAIT d'une Lettre écrite de
Nimes le 24 Decembre 1731. au sujet
de quelques Comédies jouées dans cette
Ville.
Es Officiers du Régiment du Maine
LEDInfanterie , dont un Bataillon est en
Garnison dans cette Ville , résolurent ,
pour divertir nos Dames , de leur donner la Comédie une fois la Semaine; ils
engagerent quelques jeunes gens de cette
Ville à seconder leur projet , et ainsi , secourus de notre plus brillante Jeunesse
ils se mirent en état de commencer ce
Divertissement.
Ils débuterent par la Comédie du Foiseur,
de M. Regnard , suivie de celle du Retour
imprévu , du même Auteur. Ces deux
Pieces furent jouées si parfaitement, qu'el-
-les attirerent à ces Mrs les justes applaudissemens qu'ils méritoient , et exciterent
si fort l'empressement du Public , qu'on
fut obligé de mettre une Garde considerable à la Porte , pour éloigner ceux qui
ne pouvant avoir des Billets d'entrée , tâGiiij choient
348 MERCURE DE FRANCE
choient de se glisser par force ou par
adresse. Ces Officiers se chargerent de
tous les frais du Spectacle , et ils n'épargnerent rien pour le rendre magnifique ,
Décorations , Illuminations, Symphonie,
tout répondoit au Jeu des Acteurs. Ils
distribuoient ordinairement cinq ou six
cent Billets , et ils étoient obligez d'en
refuser plus qu'ils n'en donnoient , le bon
ordre ne leur permettant pas d'en distribuer plus que la Sale de la Comédie
ne pouvoit contenir de monde. Jamais
Comédie n'a mieux mérité d'attirer les
Spectateurs. Je puis assurer hardiment
qu'il y a bien de ces Mrs qui seroient distingués au Théatre de Paris.
Ils nous donnerent ensuite des Représentations du Tartufe , du Medecin malgré
lui , de l'Avocat Patelin , du Légataire ,
du François à Londres , des Folies amoureuses , de Phedre , et Hypolite , &c. et
toutes ces Pieces furent jouées aussi parfaitement que la prémiere. Je ne vous
nommerai pas ceux qui se distinguerent
le plus , parce qu'il n'y en avoit point
qui ne remplît parfaitement son Rôle et
il faudroit les nommer tous. Ce qu'il y
a de plus surprenant , c'est que quoique
les Rôles de femmes fussent jouez par des
hommes, ceux qui les représentoient ,
imitoient
FEVRIER: 1732. 349
imitoient si bien le geste et le maintien
des femmes , qu'on ne pouvoit raisonnablement soupçonner que ce ne fussent pas de veritables Actrices.
Sous le nom des Officiers de la Garnison et de la Jeunesse de notre Ville ,
je ne dois point confondre un jeune
Gentilhomme d'Arles , qui s'étan trouvé
ici par hazard , fut prié de jouer quelques Rôles dans ces Comédies ; if ne
faut pas se faire honneur de ce qui ne
nous appartient pas. Ce jeune homme se
chargea du Rôle de Dorine dans la Comédie de Tartufe et de plusieurs autres
de ce caractere , qu'il joia avec tant de
grace , d'intelligence et de gout , que les
plus difficiles connoisseurs avouerent
qu'il n'y avoit que le Théatre de Paris
où l'on pût trouver une aussi bonne Actrice. Comme il étoit peu connu dans
cette Ville , il fut aisément pris pour une
femme ; il y eut même un Marchand de
la Ville à qui l'on eut beau assurer que
ce n'en étoit point une , il dit toujours
que cela ne pouvoit être , qu'on se mocquoit de lui , et s'obstina à parier , &c.
C'est cet admirable Acteur ou Actrice ,
( comme il vous plaira de l'appeller, ) qui
engagea la noble Troupe à représenter la
Tragédie de Phédre et Hypolite , dans
Gv laquelle
350 MERCURE DE FRANCE
laquelle il joua le Rôle de Phédre. Quelques applaudissemens qu'il eût déja reçûs
dans la Comédie , ceux qu'il mérita dans
ce nouveau genre , furent encore plus
vifs et plus universels , de sorte que le
Public n'a trouvé que bien peu d'exageration dans les Vers suivans , envoyez રે
cet Acteur , et ausquels il fit la réponse
que je joins au Compliment.
EXTRAIT d'une Lettre écrite de
Nimes le 24 Decembre 1731. au sujet
de quelques Comédies jouées dans cette
Ville.
Es Officiers du Régiment du Maine
LEDInfanterie , dont un Bataillon est en
Garnison dans cette Ville , résolurent ,
pour divertir nos Dames , de leur donner la Comédie une fois la Semaine; ils
engagerent quelques jeunes gens de cette
Ville à seconder leur projet , et ainsi , secourus de notre plus brillante Jeunesse
ils se mirent en état de commencer ce
Divertissement.
Ils débuterent par la Comédie du Foiseur,
de M. Regnard , suivie de celle du Retour
imprévu , du même Auteur. Ces deux
Pieces furent jouées si parfaitement, qu'el-
-les attirerent à ces Mrs les justes applaudissemens qu'ils méritoient , et exciterent
si fort l'empressement du Public , qu'on
fut obligé de mettre une Garde considerable à la Porte , pour éloigner ceux qui
ne pouvant avoir des Billets d'entrée , tâGiiij choient
348 MERCURE DE FRANCE
choient de se glisser par force ou par
adresse. Ces Officiers se chargerent de
tous les frais du Spectacle , et ils n'épargnerent rien pour le rendre magnifique ,
Décorations , Illuminations, Symphonie,
tout répondoit au Jeu des Acteurs. Ils
distribuoient ordinairement cinq ou six
cent Billets , et ils étoient obligez d'en
refuser plus qu'ils n'en donnoient , le bon
ordre ne leur permettant pas d'en distribuer plus que la Sale de la Comédie
ne pouvoit contenir de monde. Jamais
Comédie n'a mieux mérité d'attirer les
Spectateurs. Je puis assurer hardiment
qu'il y a bien de ces Mrs qui seroient distingués au Théatre de Paris.
Ils nous donnerent ensuite des Représentations du Tartufe , du Medecin malgré
lui , de l'Avocat Patelin , du Légataire ,
du François à Londres , des Folies amoureuses , de Phedre , et Hypolite , &c. et
toutes ces Pieces furent jouées aussi parfaitement que la prémiere. Je ne vous
nommerai pas ceux qui se distinguerent
le plus , parce qu'il n'y en avoit point
qui ne remplît parfaitement son Rôle et
il faudroit les nommer tous. Ce qu'il y
a de plus surprenant , c'est que quoique
les Rôles de femmes fussent jouez par des
hommes, ceux qui les représentoient ,
imitoient
FEVRIER: 1732. 349
imitoient si bien le geste et le maintien
des femmes , qu'on ne pouvoit raisonnablement soupçonner que ce ne fussent pas de veritables Actrices.
Sous le nom des Officiers de la Garnison et de la Jeunesse de notre Ville ,
je ne dois point confondre un jeune
Gentilhomme d'Arles , qui s'étan trouvé
ici par hazard , fut prié de jouer quelques Rôles dans ces Comédies ; if ne
faut pas se faire honneur de ce qui ne
nous appartient pas. Ce jeune homme se
chargea du Rôle de Dorine dans la Comédie de Tartufe et de plusieurs autres
de ce caractere , qu'il joia avec tant de
grace , d'intelligence et de gout , que les
plus difficiles connoisseurs avouerent
qu'il n'y avoit que le Théatre de Paris
où l'on pût trouver une aussi bonne Actrice. Comme il étoit peu connu dans
cette Ville , il fut aisément pris pour une
femme ; il y eut même un Marchand de
la Ville à qui l'on eut beau assurer que
ce n'en étoit point une , il dit toujours
que cela ne pouvoit être , qu'on se mocquoit de lui , et s'obstina à parier , &c.
C'est cet admirable Acteur ou Actrice ,
( comme il vous plaira de l'appeller, ) qui
engagea la noble Troupe à représenter la
Tragédie de Phédre et Hypolite , dans
Gv laquelle
350 MERCURE DE FRANCE
laquelle il joua le Rôle de Phédre. Quelques applaudissemens qu'il eût déja reçûs
dans la Comédie , ceux qu'il mérita dans
ce nouveau genre , furent encore plus
vifs et plus universels , de sorte que le
Public n'a trouvé que bien peu d'exageration dans les Vers suivans , envoyez રે
cet Acteur , et ausquels il fit la réponse
que je joins au Compliment.
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Nimes le 24. Decembre 1731. au sujet de quelques Comédies joüées dans cette Ville.
En décembre 1731, à Nîmes, les officiers du Régiment du Maine d'Infanterie organisèrent des représentations théâtrales hebdomadaires pour divertir les dames de la ville. Ils formèrent une troupe avec des jeunes gens locaux. Les premières pièces jouées furent 'Le Foiseur' et 'Le Retour imprévu' de Jean-François Regnard, qui furent très bien accueillies. La demande fut si grande qu'une garde fut nécessaire pour gérer l'afflux de spectateurs. Les officiers prirent en charge tous les frais, assurant des décorations, des illuminations et une symphonie de qualité. Ils distribuaient environ cinq ou six cents billets, mais en refusaient autant en raison des limites de la salle. Les représentations suivantes inclurent 'Le Tartufe', 'Le Médecin malgré lui', 'L'Avocat Patelin', 'Le Légataire', 'Le François à Londres', 'Les Folies amoureuses', 'Phèdre' et 'Hippolyte'. Un jeune gentilhomme d'Arles interpréta plusieurs rôles, notamment celui de Dorine dans 'Le Tartufe', et fut acclamé pour sa performance. Il encouragea également la troupe à jouer 'Phèdre et Hippolyte', où il interpréta le rôle de Phèdre, recevant des applaudissements universels.
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44
p. 1053-1076
REPONSE de M. Meynier, Ingénieur de la Marine, à la Lettre que M. Bouguer, Professeur Royal d'Hidrographie, a fait inserer dans le Mercure de France du mois d'Avril dernier, page 693.
Début :
J'ay vû depuis trois jours dans le Mercure du [...]
Mots clefs :
Demi-cercle, Hydrographie, Public, Plainte, Prix de l'Académie royale des sciences, Académie royale des sciences, Astres, Marins, Instruments, Théorie, Observations, Professeur royal, Mathématiques, Expériences, Pilotes, Mémoires
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REPONSE de M. Meynier, Ingénieur de la Marine, à la Lettre que M. Bouguer, Professeur Royal d'Hidrographie, a fait inserer dans le Mercure de France du mois d'Avril dernier, page 693.
REPONSE de M. Meynier , Ingénieur
de la Marine , à la Lettre que M. Bouguer , Professeur Royal d'Hidrographie ,
a fait inserer dans le Mercure de France
du mois d'Avril dernier , page 693.
"Ay vû depuis trois jours dans le MerJacure du mois d'Avril dernier , la Réponse que vous avez donnée au Public
sur ma plainte que je lui avois exposée
dans le Mercure du mois de Fevrier de
la même année , page 247. Vous ditës
d'abord , que le Public ne découvrira pas
les raisons de ma plainte. Elles étoient trop
évidentes pour que cette découverte pût 1. Vol.
A iiij lui
1054 MERCURE DE FRANCE
lui avoir donné de la peine; j'ai eu la satisfaction de voir qu'il m'a rendu justice
et à vous aussi , et de lui entendre dire
qu'il ne comprenoit pas comment vous
aviez pû vous écarter si fort sur cet article , en décidant d'une chose que vous
ne connoissiez pas , de laquelle vous avez
fait un portrait qui n'y a aucune ressemblance , et que vous n'en avez agi de
même que pour tâcher de sapper tout
ce qui étoit connu , afin de donner plus
d'éclat à vos productions , et afin d'avoir
plus de part au Prix que l'Académie avoit
proposé à ce sujet. Ce même Public est
trop éclairé pour ne pas voir que votre
Réponse est montée sur le même ton
que ce qui a donné lieu à ma plainte.
Vous ne lui persuaderez jamais que ce que
vous avez dit de mon demi Cercle.en
étoit une espece d'approbation ; en tout
cas le Public trouvera l'espece d'approbation fort singuliere.
Dans votre Réponse , page 694. ligne
15. vous dites : Que vous avez parlé de
mon demi Cercle dans votre Livre sur la
meilleure maniere d'observer la hauteur
des Atres , en disant qu'il vous semble
qu'il est sujet à un inconvénient , et que
vous affirmez aussi- tôt sur la connoissance
que vous avez de mes lumieres , que j'ai
1. Vol. trouvé
JUIN 1732. 1055
trouvé le moyen de l'éviter. Ceux qui ont
lû ma plainte , où je répete mot à mot ce
que vous en avez dit , verront bien que
Ce n'est pas-là ce que vous en dites aujourd'hui , que vous en avez changé le
veritable sens , en employant dans votre
Réponse le présent où vous aviez employé l'avenir , et le doute où vous aviez
employé l'affirmation ; vous en avez repeté quelques mots , comme si vous n'en
eussiez pas dit davantage ailleurs , et vous
avez obmis les principaux termes , comme, par exemple, celui de qu'on est obligé,
parce qu'il exprime une chose qui est indispensable et non une chose qui semble
être , &c. Auriez- vous voulu en faire une
Enigme j'ai été fort aise de voir que
vous prévenez le Public , page 695. que
vous en répandez dans vos Ouvrages , en
disant que vous allez expliquer l'Enigme.
Dès la premiere lecture que je fis de vos
Ouvrages, je m'étois apperçu qu'ils étoient
fort énigmatiques , et j'avoue que je n'ai
pas pû reconnoître le sens que vous leur
donnez pour être leur sens naturel , comme vous le verrez un jour dans un Ouvrage que je donnerai au Public.
Après ce que vous avez dit de mon
demi Cercle et ce que vous venez de répondre à ma juste plainte, je m'attends
I, Vol.
Αν bien
1016 MERCURE DE FRANCE
bien que vous donnerez au Public de
nouvelles Enigmes sur mon compte ; mais
j'espere que je n'aurai pas de peine à lui .
en expliquer le sens naturel , et qu'il ne
prendra pas , comme vous avez fait , le
retard du temps à votre avantage.
L'article de votre Livre qui a donné
occasion à nos écritures , est sur le projet
du Programme que l'Académie Royale
des Sciences avoit publié pour l'année
1729 qui ne consistoit que sur la meil
leure maniere d'observer la hauteur des
Astres sur Mer , soit par des Instrumens
déja connus , soit par des Instrumens de
nouvelle invention. Il ne s'agissoit donc
que de décider sur l'Instrument le plus
utile , le mien ne fut pas dans le cas de
pouvoir disputer le Prix au vôtre , parce
que sur l'annoncé du Programme , j'avois
cru que le Mémoire que j'avois remis à
l'Académie quatre ans auparavant sur ce
même sujet , lorsqu'elle m'en donna son
Certificat , devoit suffire , attendu que
mon demi Cercle répondoit aux deux cas
du Programme , et que par cette raison il
seroit inutile d'envoyer une seconde copie
de mon Mémoire ; mais Mrs de l'Académie ne penserent pas de- même , ils ne
firent aucun usage de mon Mémoire , disant que j'aurois dû en envoyer une autre
1. Vol.
copie
JUIN. 1732 1057
copie dans le temps prescrit par le Programme , ce que j'avois cru inutile ; mais
puisque vous m'obligez à vous parler net,
je croi Mrs de l'Académie trop éclairez
pour qu'ils n'eussent pas préferé mon demi Cercle à vos deux quarts de Cercle,
s'ils eussent fait usage de mon Memoire.
pas
Vous voudriez faire entendre au Public , que j'ai crû vos quarts de Cercle
fort bons et plus utiles à la Navigation
que mon demi Cercle , parce que je ne
l'ai d'abord réfuté ; la consequence
n'est pas juste , je ne pensois pas même
à le faire , parce que j'avois des occupa
tions plus essentielles , et ce n'a été que
votre maniere de m'en parler qui m'y a
contraint; il me suffiroit de sçavoir avec
tous les Marins , qu'on ne peut pas mettre en pratique votre quart de Cercle sur
Mer aussi utilement que les Instrumens
ordinaires ; je ne travaille d'ailleurs à examiner les Ouvrages des autres et à en faire
des Notes , qu'à certaines heures de récréation qui sont toujours fort courtes chez
moi , parce que je commence d'abord par
remplir mon devoir et travailler à ce qui
me paroît pouvoir être utile au service du
Roiou du public ; les succès que j'ai eu
dans ces occupations , m'y attachent si
fort , qu'il est bien rare que je les discon
I. Vol. A vj tinue
1058 MERCURE DE FRANCE
·
tinue pour m'amuser à autre chose , à
moins que ce ne soit pour remplir mon
devoir , de maniere que très- souvent je
ne trouve pas seulement le temps de répondre aux Lettres de mes amis même
les plus intimes ; ainsi vous ne devez pas
croire que je me dérange jamais beaucoup
de cette conduite pour vous répondre
incessamment ; qu'importe que je le fasse
plus tôt ou plus tard , mes Réponses n'en
vaudront pas moins ? Je ne veux rien réfuter legerement , ni m'attacher à ce qui
n'est point essentiel au fait , ni chercher
des détours qui ne sçauroient instruire le
Public pour l'éclaircir des faits. Je crois,
Monsieur , qu'il nous convient à tous les
deux de prendre ce parti là , afin de rendre nos Ouvrages plus instructifs ; car
si nous nous avisions de faire autrement,
il nous en coûteroit notre argent pour
l'impression , parce que nous ne trouverions aucun Libraire qui voulût s'en charger , dans la crainte d'être obligé de
les vendre à des Marchands de Poivre.
Le Public qui n'aime pas à être fatigué
par les longs discours , lorsqu'ils ne décident point avec évidence , jugera beaucoup plus sainement de nos Ouvrages
par des raisons simples et sensibles et par
leur utilité dans la pratique , que par tou
I, Vol. tes
JUIN. 1732.
1055
tes les autres voyes que nous pourrions
prendre.
Tout le monde est convaincu que l'experience dément souvent la théorie , ou
la rend impraticable , principalement sur
Mer , lorsque les fondemens de cette
Théorie sont douteux , comme il arrive
à bien des propositions , comme dans toutes celles qui ne sont que de pure spéculation . C'est par cette raison qu'on ne
doit disputer que sur des faits certains ,
dont les principes sont bien démontrez
et les consequences,sûres ; à moins que
l'experience ne décide des choses qui sont
fondées sur des principes douteux , ou
qu'elle se déclare contre les principes qui
paroissent évidents , ou lorsque les difficultez de mettre ces principes en execution
ne peuvent pas assez répondre à la proposition pour la rendre utile. C'est- là
mon unique but le Public qui sçait que
je l'ai atteint en plusieurs occasions , me
rend justice là- dessus.
J'ai vû avec plaisir dans votre Réponse.
que vous reconnoissez que les Instrumens
qui sont actuellement en usage pour observer
la hauteur des Astres sur Mer , sont préferables à tous les autres , et par consequent
aux vôtres qui ne sont point en usage ;
mais vous ne devriez pas dire que vous
چر I. Vol. l'avez
fogo MERCURE DE FRANCE
L'avez toujours soutenu de même ; puisque vous avez soutenu le contraire en faveur
de votre demi Cercle , dans la troisiéme
Section de votre Livre , page 32. sous le
titre de Changemens qu'il faut faire au
quartier Anglois , pour lui donner toute la
perfection possible ; c'est sur ces changemens que vous avez donné votre quart
de Cercle pour être préferable à tous les
autres Instrumens. Je vous felicite d'être
revenu de- même sur le compte de votre
quart de Cercle , je dois l'attribuer à l'évidence de l'explication que j'en ai donnée dans ma plainte.
Vous ne vous êtes pas contenté de
parle de mon demiCercle sans fondement,
vous avez encore voulu me faire mon procès un peu cavalierement sur les Observations qui en ont été faites dans la
Rade de Brest , en disant , que je connoissois la latitude du lieu où elles furent faites;
faisant entendre que c'étoit sur cette connoissance que le Certificat avoit été fait
et non sur le mérite de l'Instrument.
Vous me connoissez bien mal , Monsieur,
de me croire capable d'en imposer de
même à la verité , tout autre que moi
vous en accuseroit aussi dans vos Ouvrages ; mais parce que croyant faire mon
procès , vous avez fait en deux façons
I. Vol. celui
JUIN. 1734. 1061
celui des personnes qui m'ont donné le
Certificat dont j'ai parlé , qui firent euxmêmes l'experience de mon demi Cercle
dans cette Rade , en ma présence. Ce
sont M. Deslandes , Contrôleur de la Marine , de l'Académie Royale des Sciences,
le R. P. le Brun , Professeur Royal de
Mathématiques pour Mr les Gardes de la
Marine , Mrs Liard et Michot , Pilotes
Amiraux , qui en dresserent ensuite un
Certificat , dont ils envoyerent copie à
⚫ M. le Comte de Maurepas et à l'Académie des Sciences , à ce que ces M m'en
dirent six mois après , c'est- à - dire , au
retour de la campagne , en m'en remettant aussi une copie ; c'est donc à ces
Mrs là à se plaindre de votre jugement
sur cet article ; ce qu'il y a de bien certain , c'est qu'ils n'avoient aucun interêt
d'en imposer à la Cour et à l'Académie
qu'ils ont trop de probité pour l'avoir
fait sous aucun prétexte , que je n'avois
pas l'honneur de les connoître trois jours
avant mon départ pour l'Amerique , et
queje n'ai contribué en rien aux termes du
Certificat , puisque dès le lendemain de la
derniere Observation nous partîmes pour
l'Amerique , qu'il n'a été dressé qu'après ,
et queje n'ai sçû ce qu'il contenoit que six
mois après.
1. Vol. Puisque
1062 MERCURE DE FRANCE
Puisque vous n'avez pas jugé à propos
de vous appercevoir de la proposition que
je vous ai faite dans maplainte, je vais vous
la répeter afin que le Public sçache encore
mieux de quoi il s'agit , et que vous ne
puissiez plus feindre de l'ignorer. Je
vous avois proposé de faire en presence
des gens du métier , l'experience de votre quart de Cercle et en même temps
de mon demi Cercle.dans une Rade ,
ou même à terre , à un endroit qui seroit
exposé au vent et à un mouvement qui
imiteroit à peu près le roulis d'un Vaisseau ; mais ne l'ayant pas accepté , si vous
le refusez encore , ce sera , pour me servir de vos termes , proscrire vous- même
vos quarts de Cercle de l'usage que vous
auriez voulu en faire prendre au Public ,
et les reconnoître en même temps beauinferieurs à mon demi Cercle pour coup
l'usage de la Navigation ; et comme notre dispute ne roule que là-dessus , vous y
cederez entierement par votre refus. Vous
êtes encore à temps d'accepter mon défi , vous pouvez même joindre à votre
quart de Gercle que j'ai réfuté dans mat
plainte , celui que vous suspendez par
une boucle , que vous dites être mieux
suspendue que le mien ;je vous permettrai dans l'experience que vous employez
I. Vol. l'un
JUIN. 17328 1063
l'un et l'autre indifferemment à votre
choix. Pour nous assurer par l'experiencé
de l'avantage de nos Instrumens les uns
sur les autres , on assemblera à terre un
quart de Cercle à lunette de 3. ou 4.
pieds du Rayon , pour observer pendant
le jour la hauteur du Soleil , er pendant
la nuit celle de quelque Etoile ; nous
serons ensuite tous les deux en Rade dans
le même Vaisseau , sans Montre ni Horloge , nous aurons pris d'avance toutes les précautions qu'on pourra proposer , afin
que nous ne puissions pas avoir connoissance de l'heure , parce qu'elle pourroit
nous servir pour déterminer les hauteurs
des Astres , indépendamment de nos Ins
trumens ; nous observerions ensuite la
hauteur du Soleil le jour , et celle de
quelque Etoile la nuit , dans le temps
qu'on feroit la même observation à terre
avec le susdit quart de Cercle ; et au
moyen des signaux , on n'ôteroit en même temps la quantité de chacune des Observations , qui étant ensuite comparées
avec celles qui auroient été faites en même-temps à terre , serviroient à décider
d'une maniere incontestable lequel des
deux Instrumens vaut le mieux. On peut
faire les mêmes experiences à terre sur
quelques planches mobiles ; il n'y auroie
I. Vol.
en
1064 MERCURE DE FRANCÉ
en cela de l'avantage pour personne. Quesi
yous n'acceptez pas une proposition si raisonnable , qui est la maniere la plus sure
de faire connoître au Public l'avantage
de vos Instrumens sur le mien , ou du
mien sur les vôtres , il employera avec bien
plus de fondement le terme de proscription pour vos deux quarts de Cercle , que
vous ne l'avez employé mal - à- propos
pour mon demi Cercle ; je dis mal- à- pro-.
pos , parce que vous en parlez comme
une personne qui ne le connoît pas encore , qui ne veut pas s'en rapporter aux experiences qui en ont été faites par des
gens de probité et du métier , ni à tous
les Pilotes de Brest , qui l'ont reconnu
fort utile pour la Marine , dans un Certificat qu'ils m'en ont donné. J'espere cependant que les Pilotes des autres Ports
ne l'approuveront pas moins , et que je
m'en servirai utilement à la campagne que
je vais faire dans le Levant.Je ne crois pas
que vous puissiez jamais en dire autant
de vos deux quarts de Cercle.
Vous prétendez , Monsieur , que la
suspension que je donne à mon demi Cercle est inutile , et que je n'ai pas fait at
tention aux cas qu'on employe cette sus
pension. Avez-vous fait attention vousmême que la suspension de mon demi I. Vel.
Cercle
JUIN. 1732. 1065
Cercle est la même que celle des Compas de variation dont on se sert sur Mer
que l'effet de cette suspension , dans l'un
comme dans l'autre Instrument , porte
l'Instrument à obéïr aux differens mouvemens du Vaisseau ? qu'on ne les employe
que pour cela , et que vous ne sçauriez
condamner l'un sans condamner Pautre ?
Si vous aviez fait quelque campagne sur la
Mer , vous auriez vû que cette suspension est si necessaire qu'il ne seroit pas
possible de se servir également des Compas de variation sans cela ; je la laisse subsister dans le Compas de variation que
j'ai donné au Public , et par consequent
je la croi très-utile , parce qu'elle l'est veritablement.
Je m'apperçois dans toute votre Répon
se , que vos idées sont bien differentes
de celles qui ont été acquises par la pratique , ce qui me fait penser que vous en
doutez au moins , c'est le refus que vous
avez fait à mon défi sur la comparaison
de nos Instrumens par des experiences ;
parlant dans votre Réponse comme si je
ne l'avois pas proposé.
Vous dites que parce que je ne donne
aucune atteinte à vos Remarques, qu'elles
ont fait une impression sur moi ; la consequence n'est pas prouvée , en disant qu'elI. Vol. los
1066 MERCURE DE FRANCE
les ne m'ont pas été inutiles , que depuis
j'ai changé d'avis dans l'Ouvrage que je
viens de donner au Public , sur la meilleure maniere d'observer la variation de
la Boussole à la Mer. Je n'ai du tout
point changé d'avis ; et une preuve que
je soutiens toûjours cette suspension bonne , c'est que je l'ai employée , comme je
viens de le dire , au Compas de Variation
que vous citez de la même manieré qu'elle est employée à mon demi Cercle , et
vous vous attribuez mal à propos les avis
que j'ai suivis pour faire tenir mon Compas de variation , par celui qui fait l'Observation.
Etant à Brest 4. ans avant l'impression
de votre Ouvrage , Mr les Officiers de ce
Port , tant d'Epée que de Plume , m'en
donnerent l'idée , que j'ai réduite à la
maniere qui est expliquée dans mon Livre;il y a apparence que vous aviez puisé
cette idée à la même source , puisque j'ai
appris que vous aviez aussi été à Brest ;
d'ailleurs les Marins l'ont toûjours dit
ainsi , et la théorie seule ne sçauroit nous
l'avoir appris de même.
Le public trouvera , comme moi fort
singulier , que vous desaprouvicz , page
703. que je consulte les Marins d'aujourd'hui , ne diroit-on pas à ce terme
I. Vol.
de
JUIN. 1732. 1067
de Marins d'aujourd'hui , que vous voudriez les mettre bien au dessous de
ceux de l'ancien temps ; il est pourtant
certain que de l'aveu de tout l'Univers
la Marine est à un plus haut point de
perfection qu'elle ait jamais été , et la
comparaison que nous faisons des anciens
écrits avec les modernes qui la regar
dent, nous le confirment ; vous conviendrez, sans doute, qu'elle n'a reçu ce grand
avantage ni de vous ni de moi ; d'où je
conclus que les Marins d'aujourd'hui
valent bien mieux que ceux de l'ancien
temps ; qu'ils sont plus habiles , qu'ils
naviguent bien mieux , et que nous devons les consulter préférablement aux
écrits des anciens. L'expérience et la tradition ont appris aux Marins d'aujour
d'hui ( pour me servir de votre terme )
que vos deux quarts de Cercle sont proscrits à l'usage de la Marine, par les raisons que j'ai détaillées dans ma plainte,
Elles sont si évidentes , qu'il n'est pas
possible de les contester avec fondement
et n'exigent aucune citation, parce qu'aucun des Livres qui traitent de la Navigation ou du Pilotage , ne nous donne
l'histoire suivie d'aucun des Instrumens
qui ont été employez , ou qu'on employe
sur mer ; mais seulement leur construc
I.Vol. tion
068 MERCURE DE FRANCE
tion et leurs usages,comme ils l'ont fait de
beaucoup d'autres Instrumens qu'on ne
sçauroit mettre en pratique utilement et
qui sont inutiles. Auroit-il falu vous consulter préférablement aux Marins d'aujourd'hui, et s'en raporter à vos décisions?
il y auroit eu de la témérité. On doitagir
avec plus de prudence lorsqu'on veut.
donner des choses qui soient praticables
sur Mer. Il ne paroît pas dans vos écrits
que vous ayez la moindre pratique de la
Navigation. Si vous ne les consultiez pas
vous- même bien souvent , dans un cas où
vous seriez chargé de la conduite d'un
Vaisseau , il y a toute apparence que vous
iriez bien- tôt habiter avec les Poissons, par
le deffaut de pratique. Vous reconnoître
peut-être unjour la nécessité de les consúlter , ou de frequenter long- temps
Mer soi-même , lorsqu'on veut donner
du nouveau qui soit utile. Si vous aviez
pris cette sage précaution , je ne croi pas
que vous eussiez donné votre Traité sur
la matiere des Vaisseaux, tel que vous l'avez publié ; je vous en expliquerai un jour
les raisons, appuïées la plus part sur l'expérience et sur des démonstrations géométriques , qui seront à la portée de tous
les Géometres.
la
La Campagne que j'ai faite à l'AmériI. Vol.
que
JUIN. 1732. 1069
que , les avis que je pris de Mrs les Marins
pendant le voyage , et à Brest à mon retour me donnerent dans ce temps- là l'idée de réduire le Compas de Variation
que j'avois inventé , tel que je viens de
le donner au public , n'ayant fait , comme je l'ai déja dit , aucun changement à sa
suspension , ainsi vous me félicitez mal à
propos sur ce prétendu changement,
Vous cherchez , Monsieur , à vous défendre inutilement d'avoir voulu décider
de mon demi Cercle sans le connoître ;
l'histoire de l'Académie , de l'année 1724.
où on voit , pag. 93. la Relation de mon
demi Cercle , laquelle Relation vous a
donné occasion d'en parler , comme vous
avez fait , subsiste encore ; de même que
le Traité sur la meilleure maniere d'observer la hauteur des Astres que vous.
avez fait imprimer en l'année 1729. chez
Claude Jombert , à Paris , où vous avez
donné occasion à ma plainte , page 11.
ainsi vous avez beau dire que vous n'aviez pas pu en prendre assez de connoissance dans l'histoire de l'Académie ; vous
prononcez votre condamnation par cet
aveu ; car quand même l'instrument seroit tel que vous le dites à present , vous
n'étiez pas en droit d'en faire un portrait
qui n'y eût aucune ressemblance, et encore I. Vol. toins
1070 MERCURE DE FRANCE
moins d'en décider , sans le connoître ,
parce qu'on ne doit faite le portrait et
décider que des choses qu'on connoît entierement ; et parce que j'ai fait voir dans
ma plainte , par la copie des pièces justificatives , que tout ce que vous en avez
dit , n'a aucun rapport à ce qui est inseré
dans l'histoire de l'Académie. Vous voulez soutenir une partie de ce que vous
avez avancé ; mais il ne vous est pas possible d'y réussir , à moins que vous n'acceptiez le défi que je vous en ai fait , et
que vous ayez gain de cause dans les expériences proposées. Vous avez cru vous
en deffendre , en disant que vous n'avez
faire d'en venir à l'expérience de mon
demi Cercle. N'auriez- vous pas fait attention qu'il s'agissoit aussi dans mon défi
de l'expérience de votre quart de Cercle,
afin de juger ensuite s'il vaut mieux que
mon demi Cercle , par la comparaison de
leurs expériences. Vous êtes encore àtems
de l'accepter et d'y joindre votre autre
quart de Cercle suspendu par une boucle , comme je vous l'ai déja dit ; que si
vous le refusez , le public ne manquera
pas de dire avec raison que vous cedez entierement , quelques détours que vous
puissiez chercher , parce que c'est- là le
seul point sur lequel roule toute notre
que
*I.Vol. dispute ;
JUIN. 1732.
1071
dispute ; jusqu'icy les détours que vous
pourrez prendre , ne pourront être que
de la nature de ceux qui ont donné occasion à ma plainte, de ceux que vous venez de produire et de ceux que vous avez
cherchez pour ne pas effectuer la gageure
que vous m'aviez fait proposer au sujet
de nos deux Mémoires , sur la meilleure
maniere d'observer la variation de l'Eguille Aimantée sur mer. Le public sera
bien aise d'être informé de cette petite.
'histoire , afin de sçavoir à quoi il doit s'en
tenir , sur ce que vous avancez.
Au commencement du mois de Juillet
dernier, vous me fîtes proposer du Ha
vre, par un de mes amis , une gageure de
Jo Louis , au sujet de nos deux Mémoi
res ; lesquels so Louis seroient au profitde celui dont le Mémoire seroit reconnu
par Mrs les Commissaires de l'Académie
avoir mieux mérité le prix qui avoit été
proposé à ce sujet. J'appris cette nouvelle
à Paris , où j'étois pour lors , et où j'en
parlai par occasion , à des personnes qui
me dirent, qu'avant votre départ de Paris
pour le Havre , vous aviez dit chez votre
Libraire et ailleurs , en présence de plusieurs personnes, que si je croïois que mon
Mémoire eut eu le prix , s'il n'eut pas été
oublié à la Poste , vous me gageriez les
1.Vol. B 2000
1072 MERCURE DE FRANCE
2000 liv. que vous en aviez reçuës, pour,
soûtenir qu'il vous auroit été attribué également depuis ; votre Libraire et d'autres personnes m'ont confirmé la chose.
Je vis bien par là combien vous étiez prévenu en faveur de votre Ouvrage , car
vous ne connoissiez pas encore le mien
dans ce temps- là enfin je n'ai été informé de votre proposition de gageure à Paris , qu'après que vous m'avez eu faitproposer du Havre celle de so Louis , ainsi
je n'avois pas pû y répondre , parce que
je n'en avois pas eu connoissance ; mais
parce que vous aurez pû croire que je le
sçavois , et que la crainte m'avoit empêché de l'accepter , vous m'avez fait proposer la seconde, croïant , sans doute, que
je ne l'accepterois pas ; mais vous en fûtes
bien- tôt détrompe , car j'envoié le lendemain à mon ami la gageure écrite et signée
de ma main , priant cet ami de compter
la somme , afin que vous n'eussiez qu'à
signer la gageure , pour qu'elle commençat d'avoir lieu ; mais lorsqu'on vous presenta l'écrit pour le signer , vous vous retranchates d'abord à 5o Pistoles,au lieu de
50 Louis , et l'orsqu'on voulut compter
l'argent pour moi , vous ne jugeâtes pas à
propos de fondre la cloche. Il y a apparence qu'après avoir réduit la gagcure de
J.Vol. 2000
JUIN. 1732.
2000 liv. à 5o Louis , et de so Louis à
1073
go Pistoles , vous auriez voulu la réduire
a moins de so sols , puisqu'à la fin vous
l'avez réduite à rien. Je vous avois cependant laissé le maître de choisir vousmême les Juges dans le Corps de l'Académie des Sciences , ou dans celui de la
Marine. Je dois cependant vous dire que
je l'accepterai encore , que je vous laisserai le même avantage de choisir les Juges,
et que si l'Académie refuse son jugement,
nous en ferons décider Mrs les Marins
qui assurément en rendront unjugement
équitable, parce que la matiere est de leur
competence , qu'elle les interesse même
beaucoup , et parce que toute la question
ne roule que sur la meilleure maniere
d'observer sur Mer la variation de la
Boussole; il ne s'agit que de décider ,
lequel des deux Ouvrages y sera le plus
utile.
"
Les sages restrictions de l'Académie
dont vous parlez dans votre Lettre , pag.
705.ne consistent qu'à faire sur Mer l'expérience de mon demi Cercle, pour sçavoir s'il approcheroit d'y donner la hauteur des Astres , comme il l'avoit donnée à terre. On trouve dans le Mémoire
que j'ai laissé à la même Académie à ce
sujet , cette restriction dans les mêmes
I. Vol.
Bij termes ,
2074 MERCURE DE FRANCE
termes ; depuis, l'Académie n'a pas montré comme vous l'avancez tout de suite,
qu'elle ne prétendoit point avoir décidé la
question en mafaveur , en proposant le mêmesujet pour prix. Ce qu'elle en a ditdans
-son histoire de 1724 , page 93. est tresclair , puisqu'elle ne parle qu'après les
Observations qu'elle en fit dans un sens,
qui ne demande aucune interprétation ;
ainsi vous auriez dû vous dispenser de
celle que vous y donnez , parce que cette
description n'est pas de la nature de vos
énigmes.
Vous · finissez votre Lettre , Monsieur ,
en disant, au sujet des Vaisseaux lorsqu'ils
sont à la Mer , que le point le plus essentiel et en même temps le plus difficile est de
pénétrer la cause de tous les mouvemens , ei
d'être en état d'en prévoir les différens effets
vous ajoûtez, qu'on peut s'appliquer à tous
dans cela avec autant de succès à terre que
tout autre endroit.
On vous prouvera un jour le contraire ;
mais en attendant où trouverez- vous un
Marin qui en convienne , depuis le plus
habile et le plus expert ,jusqu'au plus novice dans cette pratique ; l'expérience leur
en a appris la verité.
Vous dites de suite que personne ne
s'est encore apperçu au Havre que vous
n'as
JUIN. 1732. T07
moins
n'ayez cultivé l'Hydrographie que dans
le Cabinet,je crois qu'on ne vous l'a pas té
moigné , mais qu'on ne s'en est pas
apperçuscar moi qui n'al fait qu'une Cam
pagne de long cours , je l'ai si- bien recom
nu dans tous vos Ouvrages touchant la
Marine, que je n'ai pas pu m'empêcher de
vous le dire dans ma plainte ; quoique 15
jours auparavant vous m'eussiez soutenu
verbalement le contraire. Je vous détail
lerai à mon loisir les articles oùje m'en
suis aperçu.
Comme je pars demain pour Toulon,
et de-là pour les Echelles du Levant , je
serai assez long temps absent du Royaumesans être informé dece que vous pour
rez écrire contre moi. Vous aurez l'avantage de combattre un homme absent da
Royaume, qui ne pouvant avoir aucune
connoissance de vos écritures, ne sçauroit
vous répondre qu'à son retour, qui ne sera
pas si-tôt ; vous ne voudrez pas pour lors
tirer avantage du retard de sa replique ,.
comme vous avez voulu le faire du re.
tard de sa-Plainte; ces sortes de ressources
se réduisent à rien dans les disputes , elles
ne vont pointau fait, et lorsqu'on est obligé de les employer pour se défendre , on
annonce la perte de la cause, parce que ces
affaires - là ne prescrivent point.
I.Vol. Bij Je
1076 MERCURE DE FRANCE
Je vous propose, Monsieur, de faire ensemble une campagne par Mer , pour y
mettre en pratique vos Instrumens et les
miens ; je ne doute pas que M. le Comte
de Maurepas ne nous en accorde la per
mission , parce que cette campagne seroit
utile à la Marine, en ce que nous ne manquerions pas l'un et l'autre de bien éplu- cher nos Instrumens dans tous leurs usages , d'en apprendre , autant que nous le
pourrions, la pratique à Mr les Marins, et
de leur en faire sentir par- là le bon ou lè
mauvais ; on sçauroit pour lors fort bien
à quoi s'en tenir , sur les vôtres et sur
les miens ; vous m'y trouverez toujours
disposé; mais si vous le refusés, le public
ne manquera pas de dire, avec raison, que
connoissant vous-même la superiorité de
mes Ouvrages sur les vôtres , pour l'utilité de la Marine , vous voulez éviter de
l'en éclaircir. J'ai l'honneur d'être , malgré tous nos differens , avec beaucoup
de considération. Monsieur , votre , &c.
AVersailles , le 12 May 1732.
de la Marine , à la Lettre que M. Bouguer , Professeur Royal d'Hidrographie ,
a fait inserer dans le Mercure de France
du mois d'Avril dernier , page 693.
"Ay vû depuis trois jours dans le MerJacure du mois d'Avril dernier , la Réponse que vous avez donnée au Public
sur ma plainte que je lui avois exposée
dans le Mercure du mois de Fevrier de
la même année , page 247. Vous ditës
d'abord , que le Public ne découvrira pas
les raisons de ma plainte. Elles étoient trop
évidentes pour que cette découverte pût 1. Vol.
A iiij lui
1054 MERCURE DE FRANCE
lui avoir donné de la peine; j'ai eu la satisfaction de voir qu'il m'a rendu justice
et à vous aussi , et de lui entendre dire
qu'il ne comprenoit pas comment vous
aviez pû vous écarter si fort sur cet article , en décidant d'une chose que vous
ne connoissiez pas , de laquelle vous avez
fait un portrait qui n'y a aucune ressemblance , et que vous n'en avez agi de
même que pour tâcher de sapper tout
ce qui étoit connu , afin de donner plus
d'éclat à vos productions , et afin d'avoir
plus de part au Prix que l'Académie avoit
proposé à ce sujet. Ce même Public est
trop éclairé pour ne pas voir que votre
Réponse est montée sur le même ton
que ce qui a donné lieu à ma plainte.
Vous ne lui persuaderez jamais que ce que
vous avez dit de mon demi Cercle.en
étoit une espece d'approbation ; en tout
cas le Public trouvera l'espece d'approbation fort singuliere.
Dans votre Réponse , page 694. ligne
15. vous dites : Que vous avez parlé de
mon demi Cercle dans votre Livre sur la
meilleure maniere d'observer la hauteur
des Atres , en disant qu'il vous semble
qu'il est sujet à un inconvénient , et que
vous affirmez aussi- tôt sur la connoissance
que vous avez de mes lumieres , que j'ai
1. Vol. trouvé
JUIN 1732. 1055
trouvé le moyen de l'éviter. Ceux qui ont
lû ma plainte , où je répete mot à mot ce
que vous en avez dit , verront bien que
Ce n'est pas-là ce que vous en dites aujourd'hui , que vous en avez changé le
veritable sens , en employant dans votre
Réponse le présent où vous aviez employé l'avenir , et le doute où vous aviez
employé l'affirmation ; vous en avez repeté quelques mots , comme si vous n'en
eussiez pas dit davantage ailleurs , et vous
avez obmis les principaux termes , comme, par exemple, celui de qu'on est obligé,
parce qu'il exprime une chose qui est indispensable et non une chose qui semble
être , &c. Auriez- vous voulu en faire une
Enigme j'ai été fort aise de voir que
vous prévenez le Public , page 695. que
vous en répandez dans vos Ouvrages , en
disant que vous allez expliquer l'Enigme.
Dès la premiere lecture que je fis de vos
Ouvrages, je m'étois apperçu qu'ils étoient
fort énigmatiques , et j'avoue que je n'ai
pas pû reconnoître le sens que vous leur
donnez pour être leur sens naturel , comme vous le verrez un jour dans un Ouvrage que je donnerai au Public.
Après ce que vous avez dit de mon
demi Cercle et ce que vous venez de répondre à ma juste plainte, je m'attends
I, Vol.
Αν bien
1016 MERCURE DE FRANCE
bien que vous donnerez au Public de
nouvelles Enigmes sur mon compte ; mais
j'espere que je n'aurai pas de peine à lui .
en expliquer le sens naturel , et qu'il ne
prendra pas , comme vous avez fait , le
retard du temps à votre avantage.
L'article de votre Livre qui a donné
occasion à nos écritures , est sur le projet
du Programme que l'Académie Royale
des Sciences avoit publié pour l'année
1729 qui ne consistoit que sur la meil
leure maniere d'observer la hauteur des
Astres sur Mer , soit par des Instrumens
déja connus , soit par des Instrumens de
nouvelle invention. Il ne s'agissoit donc
que de décider sur l'Instrument le plus
utile , le mien ne fut pas dans le cas de
pouvoir disputer le Prix au vôtre , parce
que sur l'annoncé du Programme , j'avois
cru que le Mémoire que j'avois remis à
l'Académie quatre ans auparavant sur ce
même sujet , lorsqu'elle m'en donna son
Certificat , devoit suffire , attendu que
mon demi Cercle répondoit aux deux cas
du Programme , et que par cette raison il
seroit inutile d'envoyer une seconde copie
de mon Mémoire ; mais Mrs de l'Académie ne penserent pas de- même , ils ne
firent aucun usage de mon Mémoire , disant que j'aurois dû en envoyer une autre
1. Vol.
copie
JUIN. 1732 1057
copie dans le temps prescrit par le Programme , ce que j'avois cru inutile ; mais
puisque vous m'obligez à vous parler net,
je croi Mrs de l'Académie trop éclairez
pour qu'ils n'eussent pas préferé mon demi Cercle à vos deux quarts de Cercle,
s'ils eussent fait usage de mon Memoire.
pas
Vous voudriez faire entendre au Public , que j'ai crû vos quarts de Cercle
fort bons et plus utiles à la Navigation
que mon demi Cercle , parce que je ne
l'ai d'abord réfuté ; la consequence
n'est pas juste , je ne pensois pas même
à le faire , parce que j'avois des occupa
tions plus essentielles , et ce n'a été que
votre maniere de m'en parler qui m'y a
contraint; il me suffiroit de sçavoir avec
tous les Marins , qu'on ne peut pas mettre en pratique votre quart de Cercle sur
Mer aussi utilement que les Instrumens
ordinaires ; je ne travaille d'ailleurs à examiner les Ouvrages des autres et à en faire
des Notes , qu'à certaines heures de récréation qui sont toujours fort courtes chez
moi , parce que je commence d'abord par
remplir mon devoir et travailler à ce qui
me paroît pouvoir être utile au service du
Roiou du public ; les succès que j'ai eu
dans ces occupations , m'y attachent si
fort , qu'il est bien rare que je les discon
I. Vol. A vj tinue
1058 MERCURE DE FRANCE
·
tinue pour m'amuser à autre chose , à
moins que ce ne soit pour remplir mon
devoir , de maniere que très- souvent je
ne trouve pas seulement le temps de répondre aux Lettres de mes amis même
les plus intimes ; ainsi vous ne devez pas
croire que je me dérange jamais beaucoup
de cette conduite pour vous répondre
incessamment ; qu'importe que je le fasse
plus tôt ou plus tard , mes Réponses n'en
vaudront pas moins ? Je ne veux rien réfuter legerement , ni m'attacher à ce qui
n'est point essentiel au fait , ni chercher
des détours qui ne sçauroient instruire le
Public pour l'éclaircir des faits. Je crois,
Monsieur , qu'il nous convient à tous les
deux de prendre ce parti là , afin de rendre nos Ouvrages plus instructifs ; car
si nous nous avisions de faire autrement,
il nous en coûteroit notre argent pour
l'impression , parce que nous ne trouverions aucun Libraire qui voulût s'en charger , dans la crainte d'être obligé de
les vendre à des Marchands de Poivre.
Le Public qui n'aime pas à être fatigué
par les longs discours , lorsqu'ils ne décident point avec évidence , jugera beaucoup plus sainement de nos Ouvrages
par des raisons simples et sensibles et par
leur utilité dans la pratique , que par tou
I, Vol. tes
JUIN. 1732.
1055
tes les autres voyes que nous pourrions
prendre.
Tout le monde est convaincu que l'experience dément souvent la théorie , ou
la rend impraticable , principalement sur
Mer , lorsque les fondemens de cette
Théorie sont douteux , comme il arrive
à bien des propositions , comme dans toutes celles qui ne sont que de pure spéculation . C'est par cette raison qu'on ne
doit disputer que sur des faits certains ,
dont les principes sont bien démontrez
et les consequences,sûres ; à moins que
l'experience ne décide des choses qui sont
fondées sur des principes douteux , ou
qu'elle se déclare contre les principes qui
paroissent évidents , ou lorsque les difficultez de mettre ces principes en execution
ne peuvent pas assez répondre à la proposition pour la rendre utile. C'est- là
mon unique but le Public qui sçait que
je l'ai atteint en plusieurs occasions , me
rend justice là- dessus.
J'ai vû avec plaisir dans votre Réponse.
que vous reconnoissez que les Instrumens
qui sont actuellement en usage pour observer
la hauteur des Astres sur Mer , sont préferables à tous les autres , et par consequent
aux vôtres qui ne sont point en usage ;
mais vous ne devriez pas dire que vous
چر I. Vol. l'avez
fogo MERCURE DE FRANCE
L'avez toujours soutenu de même ; puisque vous avez soutenu le contraire en faveur
de votre demi Cercle , dans la troisiéme
Section de votre Livre , page 32. sous le
titre de Changemens qu'il faut faire au
quartier Anglois , pour lui donner toute la
perfection possible ; c'est sur ces changemens que vous avez donné votre quart
de Cercle pour être préferable à tous les
autres Instrumens. Je vous felicite d'être
revenu de- même sur le compte de votre
quart de Cercle , je dois l'attribuer à l'évidence de l'explication que j'en ai donnée dans ma plainte.
Vous ne vous êtes pas contenté de
parle de mon demiCercle sans fondement,
vous avez encore voulu me faire mon procès un peu cavalierement sur les Observations qui en ont été faites dans la
Rade de Brest , en disant , que je connoissois la latitude du lieu où elles furent faites;
faisant entendre que c'étoit sur cette connoissance que le Certificat avoit été fait
et non sur le mérite de l'Instrument.
Vous me connoissez bien mal , Monsieur,
de me croire capable d'en imposer de
même à la verité , tout autre que moi
vous en accuseroit aussi dans vos Ouvrages ; mais parce que croyant faire mon
procès , vous avez fait en deux façons
I. Vol. celui
JUIN. 1734. 1061
celui des personnes qui m'ont donné le
Certificat dont j'ai parlé , qui firent euxmêmes l'experience de mon demi Cercle
dans cette Rade , en ma présence. Ce
sont M. Deslandes , Contrôleur de la Marine , de l'Académie Royale des Sciences,
le R. P. le Brun , Professeur Royal de
Mathématiques pour Mr les Gardes de la
Marine , Mrs Liard et Michot , Pilotes
Amiraux , qui en dresserent ensuite un
Certificat , dont ils envoyerent copie à
⚫ M. le Comte de Maurepas et à l'Académie des Sciences , à ce que ces M m'en
dirent six mois après , c'est- à - dire , au
retour de la campagne , en m'en remettant aussi une copie ; c'est donc à ces
Mrs là à se plaindre de votre jugement
sur cet article ; ce qu'il y a de bien certain , c'est qu'ils n'avoient aucun interêt
d'en imposer à la Cour et à l'Académie
qu'ils ont trop de probité pour l'avoir
fait sous aucun prétexte , que je n'avois
pas l'honneur de les connoître trois jours
avant mon départ pour l'Amerique , et
queje n'ai contribué en rien aux termes du
Certificat , puisque dès le lendemain de la
derniere Observation nous partîmes pour
l'Amerique , qu'il n'a été dressé qu'après ,
et queje n'ai sçû ce qu'il contenoit que six
mois après.
1. Vol. Puisque
1062 MERCURE DE FRANCE
Puisque vous n'avez pas jugé à propos
de vous appercevoir de la proposition que
je vous ai faite dans maplainte, je vais vous
la répeter afin que le Public sçache encore
mieux de quoi il s'agit , et que vous ne
puissiez plus feindre de l'ignorer. Je
vous avois proposé de faire en presence
des gens du métier , l'experience de votre quart de Cercle et en même temps
de mon demi Cercle.dans une Rade ,
ou même à terre , à un endroit qui seroit
exposé au vent et à un mouvement qui
imiteroit à peu près le roulis d'un Vaisseau ; mais ne l'ayant pas accepté , si vous
le refusez encore , ce sera , pour me servir de vos termes , proscrire vous- même
vos quarts de Cercle de l'usage que vous
auriez voulu en faire prendre au Public ,
et les reconnoître en même temps beauinferieurs à mon demi Cercle pour coup
l'usage de la Navigation ; et comme notre dispute ne roule que là-dessus , vous y
cederez entierement par votre refus. Vous
êtes encore à temps d'accepter mon défi , vous pouvez même joindre à votre
quart de Gercle que j'ai réfuté dans mat
plainte , celui que vous suspendez par
une boucle , que vous dites être mieux
suspendue que le mien ;je vous permettrai dans l'experience que vous employez
I. Vol. l'un
JUIN. 17328 1063
l'un et l'autre indifferemment à votre
choix. Pour nous assurer par l'experiencé
de l'avantage de nos Instrumens les uns
sur les autres , on assemblera à terre un
quart de Cercle à lunette de 3. ou 4.
pieds du Rayon , pour observer pendant
le jour la hauteur du Soleil , er pendant
la nuit celle de quelque Etoile ; nous
serons ensuite tous les deux en Rade dans
le même Vaisseau , sans Montre ni Horloge , nous aurons pris d'avance toutes les précautions qu'on pourra proposer , afin
que nous ne puissions pas avoir connoissance de l'heure , parce qu'elle pourroit
nous servir pour déterminer les hauteurs
des Astres , indépendamment de nos Ins
trumens ; nous observerions ensuite la
hauteur du Soleil le jour , et celle de
quelque Etoile la nuit , dans le temps
qu'on feroit la même observation à terre
avec le susdit quart de Cercle ; et au
moyen des signaux , on n'ôteroit en même temps la quantité de chacune des Observations , qui étant ensuite comparées
avec celles qui auroient été faites en même-temps à terre , serviroient à décider
d'une maniere incontestable lequel des
deux Instrumens vaut le mieux. On peut
faire les mêmes experiences à terre sur
quelques planches mobiles ; il n'y auroie
I. Vol.
en
1064 MERCURE DE FRANCÉ
en cela de l'avantage pour personne. Quesi
yous n'acceptez pas une proposition si raisonnable , qui est la maniere la plus sure
de faire connoître au Public l'avantage
de vos Instrumens sur le mien , ou du
mien sur les vôtres , il employera avec bien
plus de fondement le terme de proscription pour vos deux quarts de Cercle , que
vous ne l'avez employé mal - à- propos
pour mon demi Cercle ; je dis mal- à- pro-.
pos , parce que vous en parlez comme
une personne qui ne le connoît pas encore , qui ne veut pas s'en rapporter aux experiences qui en ont été faites par des
gens de probité et du métier , ni à tous
les Pilotes de Brest , qui l'ont reconnu
fort utile pour la Marine , dans un Certificat qu'ils m'en ont donné. J'espere cependant que les Pilotes des autres Ports
ne l'approuveront pas moins , et que je
m'en servirai utilement à la campagne que
je vais faire dans le Levant.Je ne crois pas
que vous puissiez jamais en dire autant
de vos deux quarts de Cercle.
Vous prétendez , Monsieur , que la
suspension que je donne à mon demi Cercle est inutile , et que je n'ai pas fait at
tention aux cas qu'on employe cette sus
pension. Avez-vous fait attention vousmême que la suspension de mon demi I. Vel.
Cercle
JUIN. 1732. 1065
Cercle est la même que celle des Compas de variation dont on se sert sur Mer
que l'effet de cette suspension , dans l'un
comme dans l'autre Instrument , porte
l'Instrument à obéïr aux differens mouvemens du Vaisseau ? qu'on ne les employe
que pour cela , et que vous ne sçauriez
condamner l'un sans condamner Pautre ?
Si vous aviez fait quelque campagne sur la
Mer , vous auriez vû que cette suspension est si necessaire qu'il ne seroit pas
possible de se servir également des Compas de variation sans cela ; je la laisse subsister dans le Compas de variation que
j'ai donné au Public , et par consequent
je la croi très-utile , parce qu'elle l'est veritablement.
Je m'apperçois dans toute votre Répon
se , que vos idées sont bien differentes
de celles qui ont été acquises par la pratique , ce qui me fait penser que vous en
doutez au moins , c'est le refus que vous
avez fait à mon défi sur la comparaison
de nos Instrumens par des experiences ;
parlant dans votre Réponse comme si je
ne l'avois pas proposé.
Vous dites que parce que je ne donne
aucune atteinte à vos Remarques, qu'elles
ont fait une impression sur moi ; la consequence n'est pas prouvée , en disant qu'elI. Vol. los
1066 MERCURE DE FRANCE
les ne m'ont pas été inutiles , que depuis
j'ai changé d'avis dans l'Ouvrage que je
viens de donner au Public , sur la meilleure maniere d'observer la variation de
la Boussole à la Mer. Je n'ai du tout
point changé d'avis ; et une preuve que
je soutiens toûjours cette suspension bonne , c'est que je l'ai employée , comme je
viens de le dire , au Compas de Variation
que vous citez de la même manieré qu'elle est employée à mon demi Cercle , et
vous vous attribuez mal à propos les avis
que j'ai suivis pour faire tenir mon Compas de variation , par celui qui fait l'Observation.
Etant à Brest 4. ans avant l'impression
de votre Ouvrage , Mr les Officiers de ce
Port , tant d'Epée que de Plume , m'en
donnerent l'idée , que j'ai réduite à la
maniere qui est expliquée dans mon Livre;il y a apparence que vous aviez puisé
cette idée à la même source , puisque j'ai
appris que vous aviez aussi été à Brest ;
d'ailleurs les Marins l'ont toûjours dit
ainsi , et la théorie seule ne sçauroit nous
l'avoir appris de même.
Le public trouvera , comme moi fort
singulier , que vous desaprouvicz , page
703. que je consulte les Marins d'aujourd'hui , ne diroit-on pas à ce terme
I. Vol.
de
JUIN. 1732. 1067
de Marins d'aujourd'hui , que vous voudriez les mettre bien au dessous de
ceux de l'ancien temps ; il est pourtant
certain que de l'aveu de tout l'Univers
la Marine est à un plus haut point de
perfection qu'elle ait jamais été , et la
comparaison que nous faisons des anciens
écrits avec les modernes qui la regar
dent, nous le confirment ; vous conviendrez, sans doute, qu'elle n'a reçu ce grand
avantage ni de vous ni de moi ; d'où je
conclus que les Marins d'aujourd'hui
valent bien mieux que ceux de l'ancien
temps ; qu'ils sont plus habiles , qu'ils
naviguent bien mieux , et que nous devons les consulter préférablement aux
écrits des anciens. L'expérience et la tradition ont appris aux Marins d'aujour
d'hui ( pour me servir de votre terme )
que vos deux quarts de Cercle sont proscrits à l'usage de la Marine, par les raisons que j'ai détaillées dans ma plainte,
Elles sont si évidentes , qu'il n'est pas
possible de les contester avec fondement
et n'exigent aucune citation, parce qu'aucun des Livres qui traitent de la Navigation ou du Pilotage , ne nous donne
l'histoire suivie d'aucun des Instrumens
qui ont été employez , ou qu'on employe
sur mer ; mais seulement leur construc
I.Vol. tion
068 MERCURE DE FRANCE
tion et leurs usages,comme ils l'ont fait de
beaucoup d'autres Instrumens qu'on ne
sçauroit mettre en pratique utilement et
qui sont inutiles. Auroit-il falu vous consulter préférablement aux Marins d'aujourd'hui, et s'en raporter à vos décisions?
il y auroit eu de la témérité. On doitagir
avec plus de prudence lorsqu'on veut.
donner des choses qui soient praticables
sur Mer. Il ne paroît pas dans vos écrits
que vous ayez la moindre pratique de la
Navigation. Si vous ne les consultiez pas
vous- même bien souvent , dans un cas où
vous seriez chargé de la conduite d'un
Vaisseau , il y a toute apparence que vous
iriez bien- tôt habiter avec les Poissons, par
le deffaut de pratique. Vous reconnoître
peut-être unjour la nécessité de les consúlter , ou de frequenter long- temps
Mer soi-même , lorsqu'on veut donner
du nouveau qui soit utile. Si vous aviez
pris cette sage précaution , je ne croi pas
que vous eussiez donné votre Traité sur
la matiere des Vaisseaux, tel que vous l'avez publié ; je vous en expliquerai un jour
les raisons, appuïées la plus part sur l'expérience et sur des démonstrations géométriques , qui seront à la portée de tous
les Géometres.
la
La Campagne que j'ai faite à l'AmériI. Vol.
que
JUIN. 1732. 1069
que , les avis que je pris de Mrs les Marins
pendant le voyage , et à Brest à mon retour me donnerent dans ce temps- là l'idée de réduire le Compas de Variation
que j'avois inventé , tel que je viens de
le donner au public , n'ayant fait , comme je l'ai déja dit , aucun changement à sa
suspension , ainsi vous me félicitez mal à
propos sur ce prétendu changement,
Vous cherchez , Monsieur , à vous défendre inutilement d'avoir voulu décider
de mon demi Cercle sans le connoître ;
l'histoire de l'Académie , de l'année 1724.
où on voit , pag. 93. la Relation de mon
demi Cercle , laquelle Relation vous a
donné occasion d'en parler , comme vous
avez fait , subsiste encore ; de même que
le Traité sur la meilleure maniere d'observer la hauteur des Astres que vous.
avez fait imprimer en l'année 1729. chez
Claude Jombert , à Paris , où vous avez
donné occasion à ma plainte , page 11.
ainsi vous avez beau dire que vous n'aviez pas pu en prendre assez de connoissance dans l'histoire de l'Académie ; vous
prononcez votre condamnation par cet
aveu ; car quand même l'instrument seroit tel que vous le dites à present , vous
n'étiez pas en droit d'en faire un portrait
qui n'y eût aucune ressemblance, et encore I. Vol. toins
1070 MERCURE DE FRANCE
moins d'en décider , sans le connoître ,
parce qu'on ne doit faite le portrait et
décider que des choses qu'on connoît entierement ; et parce que j'ai fait voir dans
ma plainte , par la copie des pièces justificatives , que tout ce que vous en avez
dit , n'a aucun rapport à ce qui est inseré
dans l'histoire de l'Académie. Vous voulez soutenir une partie de ce que vous
avez avancé ; mais il ne vous est pas possible d'y réussir , à moins que vous n'acceptiez le défi que je vous en ai fait , et
que vous ayez gain de cause dans les expériences proposées. Vous avez cru vous
en deffendre , en disant que vous n'avez
faire d'en venir à l'expérience de mon
demi Cercle. N'auriez- vous pas fait attention qu'il s'agissoit aussi dans mon défi
de l'expérience de votre quart de Cercle,
afin de juger ensuite s'il vaut mieux que
mon demi Cercle , par la comparaison de
leurs expériences. Vous êtes encore àtems
de l'accepter et d'y joindre votre autre
quart de Cercle suspendu par une boucle , comme je vous l'ai déja dit ; que si
vous le refusez , le public ne manquera
pas de dire avec raison que vous cedez entierement , quelques détours que vous
puissiez chercher , parce que c'est- là le
seul point sur lequel roule toute notre
que
*I.Vol. dispute ;
JUIN. 1732.
1071
dispute ; jusqu'icy les détours que vous
pourrez prendre , ne pourront être que
de la nature de ceux qui ont donné occasion à ma plainte, de ceux que vous venez de produire et de ceux que vous avez
cherchez pour ne pas effectuer la gageure
que vous m'aviez fait proposer au sujet
de nos deux Mémoires , sur la meilleure
maniere d'observer la variation de l'Eguille Aimantée sur mer. Le public sera
bien aise d'être informé de cette petite.
'histoire , afin de sçavoir à quoi il doit s'en
tenir , sur ce que vous avancez.
Au commencement du mois de Juillet
dernier, vous me fîtes proposer du Ha
vre, par un de mes amis , une gageure de
Jo Louis , au sujet de nos deux Mémoi
res ; lesquels so Louis seroient au profitde celui dont le Mémoire seroit reconnu
par Mrs les Commissaires de l'Académie
avoir mieux mérité le prix qui avoit été
proposé à ce sujet. J'appris cette nouvelle
à Paris , où j'étois pour lors , et où j'en
parlai par occasion , à des personnes qui
me dirent, qu'avant votre départ de Paris
pour le Havre , vous aviez dit chez votre
Libraire et ailleurs , en présence de plusieurs personnes, que si je croïois que mon
Mémoire eut eu le prix , s'il n'eut pas été
oublié à la Poste , vous me gageriez les
1.Vol. B 2000
1072 MERCURE DE FRANCE
2000 liv. que vous en aviez reçuës, pour,
soûtenir qu'il vous auroit été attribué également depuis ; votre Libraire et d'autres personnes m'ont confirmé la chose.
Je vis bien par là combien vous étiez prévenu en faveur de votre Ouvrage , car
vous ne connoissiez pas encore le mien
dans ce temps- là enfin je n'ai été informé de votre proposition de gageure à Paris , qu'après que vous m'avez eu faitproposer du Havre celle de so Louis , ainsi
je n'avois pas pû y répondre , parce que
je n'en avois pas eu connoissance ; mais
parce que vous aurez pû croire que je le
sçavois , et que la crainte m'avoit empêché de l'accepter , vous m'avez fait proposer la seconde, croïant , sans doute, que
je ne l'accepterois pas ; mais vous en fûtes
bien- tôt détrompe , car j'envoié le lendemain à mon ami la gageure écrite et signée
de ma main , priant cet ami de compter
la somme , afin que vous n'eussiez qu'à
signer la gageure , pour qu'elle commençat d'avoir lieu ; mais lorsqu'on vous presenta l'écrit pour le signer , vous vous retranchates d'abord à 5o Pistoles,au lieu de
50 Louis , et l'orsqu'on voulut compter
l'argent pour moi , vous ne jugeâtes pas à
propos de fondre la cloche. Il y a apparence qu'après avoir réduit la gagcure de
J.Vol. 2000
JUIN. 1732.
2000 liv. à 5o Louis , et de so Louis à
1073
go Pistoles , vous auriez voulu la réduire
a moins de so sols , puisqu'à la fin vous
l'avez réduite à rien. Je vous avois cependant laissé le maître de choisir vousmême les Juges dans le Corps de l'Académie des Sciences , ou dans celui de la
Marine. Je dois cependant vous dire que
je l'accepterai encore , que je vous laisserai le même avantage de choisir les Juges,
et que si l'Académie refuse son jugement,
nous en ferons décider Mrs les Marins
qui assurément en rendront unjugement
équitable, parce que la matiere est de leur
competence , qu'elle les interesse même
beaucoup , et parce que toute la question
ne roule que sur la meilleure maniere
d'observer sur Mer la variation de la
Boussole; il ne s'agit que de décider ,
lequel des deux Ouvrages y sera le plus
utile.
"
Les sages restrictions de l'Académie
dont vous parlez dans votre Lettre , pag.
705.ne consistent qu'à faire sur Mer l'expérience de mon demi Cercle, pour sçavoir s'il approcheroit d'y donner la hauteur des Astres , comme il l'avoit donnée à terre. On trouve dans le Mémoire
que j'ai laissé à la même Académie à ce
sujet , cette restriction dans les mêmes
I. Vol.
Bij termes ,
2074 MERCURE DE FRANCE
termes ; depuis, l'Académie n'a pas montré comme vous l'avancez tout de suite,
qu'elle ne prétendoit point avoir décidé la
question en mafaveur , en proposant le mêmesujet pour prix. Ce qu'elle en a ditdans
-son histoire de 1724 , page 93. est tresclair , puisqu'elle ne parle qu'après les
Observations qu'elle en fit dans un sens,
qui ne demande aucune interprétation ;
ainsi vous auriez dû vous dispenser de
celle que vous y donnez , parce que cette
description n'est pas de la nature de vos
énigmes.
Vous · finissez votre Lettre , Monsieur ,
en disant, au sujet des Vaisseaux lorsqu'ils
sont à la Mer , que le point le plus essentiel et en même temps le plus difficile est de
pénétrer la cause de tous les mouvemens , ei
d'être en état d'en prévoir les différens effets
vous ajoûtez, qu'on peut s'appliquer à tous
dans cela avec autant de succès à terre que
tout autre endroit.
On vous prouvera un jour le contraire ;
mais en attendant où trouverez- vous un
Marin qui en convienne , depuis le plus
habile et le plus expert ,jusqu'au plus novice dans cette pratique ; l'expérience leur
en a appris la verité.
Vous dites de suite que personne ne
s'est encore apperçu au Havre que vous
n'as
JUIN. 1732. T07
moins
n'ayez cultivé l'Hydrographie que dans
le Cabinet,je crois qu'on ne vous l'a pas té
moigné , mais qu'on ne s'en est pas
apperçuscar moi qui n'al fait qu'une Cam
pagne de long cours , je l'ai si- bien recom
nu dans tous vos Ouvrages touchant la
Marine, que je n'ai pas pu m'empêcher de
vous le dire dans ma plainte ; quoique 15
jours auparavant vous m'eussiez soutenu
verbalement le contraire. Je vous détail
lerai à mon loisir les articles oùje m'en
suis aperçu.
Comme je pars demain pour Toulon,
et de-là pour les Echelles du Levant , je
serai assez long temps absent du Royaumesans être informé dece que vous pour
rez écrire contre moi. Vous aurez l'avantage de combattre un homme absent da
Royaume, qui ne pouvant avoir aucune
connoissance de vos écritures, ne sçauroit
vous répondre qu'à son retour, qui ne sera
pas si-tôt ; vous ne voudrez pas pour lors
tirer avantage du retard de sa replique ,.
comme vous avez voulu le faire du re.
tard de sa-Plainte; ces sortes de ressources
se réduisent à rien dans les disputes , elles
ne vont pointau fait, et lorsqu'on est obligé de les employer pour se défendre , on
annonce la perte de la cause, parce que ces
affaires - là ne prescrivent point.
I.Vol. Bij Je
1076 MERCURE DE FRANCE
Je vous propose, Monsieur, de faire ensemble une campagne par Mer , pour y
mettre en pratique vos Instrumens et les
miens ; je ne doute pas que M. le Comte
de Maurepas ne nous en accorde la per
mission , parce que cette campagne seroit
utile à la Marine, en ce que nous ne manquerions pas l'un et l'autre de bien éplu- cher nos Instrumens dans tous leurs usages , d'en apprendre , autant que nous le
pourrions, la pratique à Mr les Marins, et
de leur en faire sentir par- là le bon ou lè
mauvais ; on sçauroit pour lors fort bien
à quoi s'en tenir , sur les vôtres et sur
les miens ; vous m'y trouverez toujours
disposé; mais si vous le refusés, le public
ne manquera pas de dire, avec raison, que
connoissant vous-même la superiorité de
mes Ouvrages sur les vôtres , pour l'utilité de la Marine , vous voulez éviter de
l'en éclaircir. J'ai l'honneur d'être , malgré tous nos differens , avec beaucoup
de considération. Monsieur , votre , &c.
AVersailles , le 12 May 1732.
Fermer
Résumé : REPONSE de M. Meynier, Ingénieur de la Marine, à la Lettre que M. Bouguer, Professeur Royal d'Hidrographie, a fait inserer dans le Mercure de France du mois d'Avril dernier, page 693.
M. Meynier, ingénieur de la Marine, répond à la lettre de M. Bouguer, Professeur Royal d'Hydrographie, publiée dans le Mercure de France d'avril. Meynier affirme que les raisons de sa plainte étaient évidentes et que le public lui a rendu justice. Il critique Bouguer pour avoir décidé d'un sujet qu'il ne connaissait pas et pour avoir modifié le sens de ses propos sur le demi-cercle. Meynier accuse Bouguer de tenter de sapper les connaissances établies pour promouvoir ses propres productions. Le différend concerne un programme de l'Académie Royale des Sciences de 1729 sur la meilleure manière d'observer la hauteur des astres en mer. Meynier critique Bouguer pour ne pas avoir pris en compte son mémoire précédent et pour avoir mal interprété ses observations. Il souligne que ses occupations l'ont empêché de réfuter immédiatement les propos de Bouguer et qu'il travaille principalement à des projets utiles pour le service du Roi et du public. Meynier reconnaît que les instruments actuellement en usage sont préférables et critique Bouguer pour avoir changé d'avis sur la préférence de son quart de cercle. Il accuse Bouguer de l'avoir mal jugé concernant les observations faites dans la Rade de Brest et propose une expérience publique pour comparer les instruments. Meynier conclut en appelant à une dispute basée sur des faits certains et des expériences pratiques. Dans une autre correspondance, Meynier défend son demi-cercle, affirmant qu'il est reconnu utile par les pilotes de Brest et d'autres ports. Il critique Bouguer pour avoir condamné son demi-cercle sans expérience pratique et sans se baser sur des expériences validées par des marins et des experts. Meynier souligne l'importance de la suspension dans son demi-cercle, nécessaire pour les mouvements du vaisseau, et compare cette suspension à celle des compas de variation. Il mentionne également une dispute académique et une gageure proposée par Bouguer, qu'il est prêt à accepter pour prouver la supériorité de son instrument. Bouguer, écrivant depuis Versailles le 12 mai 1732, reconnaît l'expertise de Meynier en hydrographie à travers ses ouvrages. Il propose de faire une campagne en mer ensemble pour tester leurs instruments respectifs, afin de déterminer leur utilité pour la marine. Bouguer espère obtenir la permission de M. le Comte de Maurepas pour cette campagne, qui permettrait d'évaluer et d'enseigner la pratique des instruments aux marins. Il conclut en affirmant sa disponibilité pour cette entreprise, tout en soulignant que le refus de Meynier serait interprété comme une reconnaissance de la supériorité de ses propres ouvrages.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
45
p. 1828-1843
LETTRE de M. de Voltaire, à M.D.L.R. sur la Tragedie de Zaïre.
Début :
Quoique pour l'ordinaire vous vouliez bien prendre la peine, Monsieur [...]
Mots clefs :
Zaïre, Tragédie, Sensibilité, Spectacle, Public, Comédiens, Passions, Bienséance, Vanité, Succès
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M. de Voltaire, à M.D.L.R. sur la Tragedie de Zaïre.
LETTRE de M. de Voltaire,à M.D.L.R.
sur la Tragedie de Zaïre.
Q
Uoique pour l'ordinaire vous vouliez bien prendre la peine , Monsieur , de faire les Extraits des Pieces nouvelles ; cependant vous me privez de cet
avantage , et vous voulez que ce soit moi
qui parle de Zaire. Il me semble que je
vois M. le Normand ou M. Cochin (a)
réduire un de leurs Clients à plaider luimême sa cause. L'entreprise est dangereuse , mais je vais mériter au moins la
(a ) Deux fameux Avocats.
con-
AOUST. 1732 1829
confiance quevous avez en moi par la sincerité avec laquelle je m'expliquerai.
Zaïre est la premiere Piece de Théatre
dans laquelle j'aye osé m'abandonner à
toute la sensibilité de mon cœur. C'est la
seule Tragédie tendre que j'aye faite. Je
croiois dans l'âge même des passions les
plus vives , que l'amour n'étoit point fait
pour le Théatre tragique. Je ne tegardois
cette foiblesse que comme un défaut char
mant, qui avillissoit l'Art des Sophocles;
les connoisseurs qui se plaisent plus à la
douceur élégante de Racine , qu'à la force de Corneille , me paroissoient ressembler aux Curieux qui préférent les nuditez du Correge, au chaste et noble Pinceau de Raphaël.
Le public qui fréquente les Spectacles,
est aujourd'hui plus que jamais dans le
goût du Correge. Il faut de la tendresse et
du sentiment ; c'est même ce que les Acteurs jouent le mieux. Vous trouverez
vingt Comédiens qui plairont dans An
dronic et dans Hypolite , et à peine un seul
qui réussisse dans Cinna et dans Horace.
Il a donc fallu me plier aux mœurs du
temps , et commencer tard à parler d'amour.
J'ai cherché au moins à couvrir cette
passion de toute la bienseance possible ,'
1830 MERCURE DE FRANCE
et pour l'annoblir j'ai voulu la mettre à
côté de ce que les hommes ont de plus res
pectable. L'idée me vint de faire contras
ter dans un même Tableau , d'un côté ,
l'honneur, la naissance , la patrie , la religion ; et de l'autre , l'amour le plus tendre et le plus malheureux ; les mœurs des Mahometans et celles des Chrétiens , la
Cour d'un Soudan , et celle d'un Roy de
France , et de faire paroître pour la premiere fois des François , sur la Scene Tra- gique. Je n'ai pris dans l'Histoire que I'Epoque de la Guerre de S. Loüis ; tout le
reste est entierement d'invention. L'Idée
de cette Piece étant si neuve et si fertile ,
s'arrangea d'elle- même ; et au lieu que le
plan d'Eriphile m'avoit beaucoup couté ,
celui de Zaïre fut fait en un seul jour, et
Fimagination , échauffée par l'interêt qui
regnoit dans ce plan , acheva la Piece en
vingt deux jours.
Il entre peut être un peu de vanité
dans cet aveu ( car où est l'artiste sans
amour propre , mais je devois cette
excuse au public , des fautes et des négligences qu'on a trouvées dans ma
Tragédie. Il auroit été mieux , sans
doute , d'attendre à la faire représenter ,
que j'en eusse châtié le stile mais des
raisons , dont il est inutile de fatiguer
Le
AOUST. 1732. 1831
le Public , n'ont pas permis qu'on differât. Voici , Monsieur , le sujet de cette
Piece.
Il
La Palestine avoir été enlevée aux Princes Chrétiens par le Conquerant Saladin.
Noradin , Tartate d'origine , s'en étoit
ensuite rendu maître. Õrosmane , fils de
Noradin , jeune homme plein de grandeur , de vertus et de passions , commen.
çoit à regner avec gloire dans Jérusalem.
Il avoit porté sur le Trône de la Syrie
la franchise et l'esprit de liberté de ses
Ancêtres. Il méprisoit les regles austeres
du Serrail , et n'affectoit point de se rendre invisible aux Etrangers et à ses Sujets, pour devenir plus respectable. If traitoit avec douceur les Esclaves Chrétiens , dont son Serrail et ses Etats étoient
remplis. Parmi ces Esclaves il s'étoit trouvé un enfant , pris autrefois au Sac de
Césarée , sous le Regne de Noradin. Cet
enfant ayant été racheté par des Chrétiens à l'âge de neuf ans , avoit été amené
en France au Roy S. Louis , qui avoit daigné prendre soin de son éducation et de
sa fortune. Il avoit pris en France le nom
de Nerestan ; et étant retourné en Syrie ,
il avoit été fait prisonnier encore une
fois , et avoit été enfermé parmi les Esclaves d'Orosmane. Il retrouva dans la
captivité
1832, MERCURE DE FRANCE 1
captivité une jeune personne avec qui
il avoit été prisonnier dans son enfance
lorsque les Chrétiens avoient perdu Césarée. Cette jeune personne à qui on avoit
donné le nom de Zaïre , ignoroit sa naissance , aussi bien que Nerestan et que
tous ces enfans de tribut qui sont enlevez
debonne heure des mains de leurs parens,
et qui ne connoissent de famille et de Patrie que le Serrail. Zaïre sçavoit seulement qu'elle étoit née Chrétienne. Nerestan et quelques autres Esclaves un peu
plus âgez qu'elle , l'en assuroient. Elle
avoit toûjours conservé un ornement qui
renfermoit une Croix , seule preuve qu'el
le eût de sa Religion. Une autre Esclave
nommée Fatime, née Chrétienne, et mise
au Serrail à l'âge de dix ans , tâchoit d'instruire Zaïre du peu qu'elle sçavoit de la
Religion de ses Peres. Le jeune Nerestan
qui avoit la liberté de voir Zaïre et Fatime , animé du zele qu'avoient alors les
Chevaliers François , touché d'ailleurs
pour Zaïre de la plus tendre amitié , la
disposoit au Christianisme. Il se proposa
de racheter Zaïre , Fatime et dix Cheva
liers Chrétiens , du bien qu'il avoit acquis
en France et de les amener à la Cour de
S. Louis. Il eut la hardiesse de demander
au Soudan Orosmane la permission.de
retourner
AOUST. *
1833 17322
retourner en France , sur sa seule parole
et le Sultan eut la générosité de le permettre. Nerestan partit et fut deux ans
hors de Jerusalem.
Cependant la beauté de Zaïre croissoit
avec son âge , et la naïveté touchante de
son caractere , la rendoit encore plus almable que sa beauté. Orosmane la vit et
kui parla. Un cœur comme le sien ne
pouvoit l'aimer qu'éperdument. Il résolut de bannir la molesse qui avoit effeminé tant de Rois de l'Asie et d'avoir
dans Zaïre un ami , une maîtresse , une
femme , qui lui tiendroit lieu de tous les
plaisirs , et qui partageroit son cœur avec les devoirs d'un Prince et d'un Guerrier.'
Les foibles idées du Christianisme , tracées à peine dans le cœur de Zaïre , s'éyauoüirent bien-tôt à la vûë du Soudan ;
elle l'aima autant qu'elle en étoit aimée ,
sans que l'ambition se mêlât en rien à la
pureté de sa tendresse.
›
Nerestan ne revenoit point de France.
Zaïre ne voyoit qu'Orosmane et son
amour. Elle étoit prête d'épouser le Sultan lorsque le jeune François arrive.
Orosmane le fait entrer en présence même de Zaïre. Nerestan apportoit avec la
rançon de Zaïre et de Fatime , celle de
dix Chevaliers qu'il devoit choisir. J'ai satisfait
1834 MERCURE DE FRANCE
satisfait à mes sermens , dit- il au Soudan,
C'est à toi de tenir ta prom sse , de me
remettre Zaïre , Fatime et les dix Che
valiers ; mais apprends que j'ai épuisé ma
fortune à payer leur rançon. Une pauvreté noble est tout ce qui me reste ; je
ne puis me racheter moi- même ; e viens
me remettre dans tes fers. Le Soudan ,
satisfait du grand courage de ce Chrétien , et né pour être plus genereux encore , lui rendit toutes les rançons qu'il
apportoit , lui donna cent Chevaliers au
lieu de dix et le combla de présens ; mais
il lui fit entendre que Zaïre n'étoit pas
faite pour être rachetée , et qu'elle étoit
d'un prix au- dessus de toutes les rançons.
Il refusa aussi de lui rendre parmi les
Chevaliers qu'il délivroit , un Prince de
Lusignan , fait Esclave depuis long-temps
dans Cesarée.
Ce Lusignan , le dernier de la Branche
des Rois de Jerusalem , étoit un Vieil.
lard respecté dans l'Orient , l'amour de
tous les Chrétiens , et dont le nom seul
pouvoit être dangereux aux Sarrasins,
C'étoit lui principalement que Nerestan
avoit voulu racheter. Il parut devant
Orosmane accablé du refus qu'on lui faisoit de Lusignan et de Zaïre. Le Soudan
remarqua ce trouble ; il sentit dès ce moment
AOUST. 1732. 1835-
mentun commencement de jalousie que
la génerosité de son caractere lui fit étouf
fer. Cependant il ordonna que les cent
Chevaliers fussent prêts à partir le lendemain avec Nerestan.
*
Zaïre , sur le point d'être Sultane , vou
lut donner au moins à Nerestan une preu
ve de sa reconnoissance. Elle se jette aux
pieds d'Orosmane pour obtenir la liberté
du vieux Lusignan. Orosmane ne pouvoit
rien refuser à Zaïre. On alla tirer Lusignan
des fers. Les Chrétiens délivrez étoient
avec Nerestan dans les Appartemens exterieurs du Serrail ; ils pleuroient la destinée de Lusignan , sur tout le Chevalier
de Chatillon , ami tendre de ce malheureux Prince , ne pouvoit se résoudre à ac
cepter une liberté qu'on refusoit à son
ami et à son Maître , lorsque Zaïre arrive
et leur amené celui qu'ils n'esperoient
plus.
Lusignan , ébloui de la lumiere qu'il
revoyoit après vingt années de prison ,
pouvant se soutenir à peine , ne sçachant
où il est et où on le conduit. Voyant
enfin qu'il étoit avec des François et reconnoissant Chatillon , s'abandonna à
cette joye mêlée d'amertume , que les
malheureux éprouvent dans leurs consolations. Il demande à qui il doit sa délivrance
1836 MERCURE DE FRANCE
livrance. Zaïre prend la parole en lui présentant Nerestan ; c'est à ce jeune François , dit-elle , que vous et tous les Chrétiens , devez votre liberté. Alors le Vieillard apprend que Nerestan a été élevé.
dans le Serrail avec Zaire , et se tournant vers eux : hélas ! dit-il , puisque !
vous avez pitié de mes malheurs , achevez votre ouvrage , instruisez- moi du sort de mes enfans. Deux me furent enlevez au berceau , lorsque je fus pris dans
Césarée ; deux autres furent massacrez de
vant moi avec leur mere. O mes fils ! ô
Martirs ! veillez du haut du Ciel sur mes
autres enfans , s'ils sont vivans encore.
Helas ! j'ai sçû que mon dernier fils et
ma fille, furent conduits dans ce Serrail.
Vous qui m'écoutez , Nerestan , Zaïre ,
Chatillon , n'avez- vous nulle connoissance de ces tristes restes du Sang de Godefroy et de Lusignan.
Au milieu de ces questions , qui déja
remuoient le cœur de Nerestan et de Zaïre; Lusignan apperçut au bras de Zaïre
un ornement qui renfermoit une Croix,
Il se souvint que l'on avoit mis cette parure à sa fille lorsqu'on la portoit au Baptême ; Chatillon l'en avoit ornée lui-même , et Zaïre lui avoit été arrachée de
ses bras avant d'être baptisée. La ressemblance
A O UST. 1732 1837
blance des traits , l'âge , toutes les circonstances , une cicatrice de la blessure
que son jeune fils avoit reçue , tout confirme à Lusignan qu'il est pere encore; et
la Nature parlant à la fois au cœur de
tous les trois , et s'expliquant par des
larmes Embrassez- moi , mes chers enfans , s'écria Lusignan , et revoyez votre
-pere. Zaïre et Nerestan ne pouvoient s'arracher de ses bras. Mais helas ! dit ce Vieil-
-lard infortuné , goûterai- je une joye pure.
Grand Dieu qui me rends ma fille , me
la rends-tu Chrétienne ? Zaïre rougit et
frémit à ces paroles. Lusignan vit sa honte et son malheur , et Za ire avoua qu'elle
étoit Musulmane. La douleur , la Religion et la Nature , donnerent en ce moment des forces à Lusignan ; il embrassa sa fille et lui montrant d'une main
Je Tombeau de Jesus- Christ et le Ciel de
l'autre , animé de son desespoir , de son
zele , aidé de tant de Chrétiens , de son
fils et du Dieu qui l'inspire , il touche
sa fille , il l'ébranle , elle se jette à ses
pieds et lui promet d'être Chrétienne.
Au moment arrive un Officier du Serrail qui sépare Zaïre de son père et de
son frere et qui arrête tous les Chevaliers François. Cette rigueur inopinée
étoit le fruit d'un Conseil qu'on venoit
f
de
838 MERCURE DE FRANCE
de tenir en présence d'Orosmane. Là
Flotte de S. Louis étoit partie de Chipre,
et on craignoit pour les Côtes de Sirie ;
mais un second Courier ayant apporté
la nouvelle du départ de S. Louis pour
l'Egypte. Orosmane fut rassuré ; il étoit
lui- même ennemi du Soudan d'Egypte.
Ainsi n'ayant rien à craindre ni du Roy.
ni des François qui étoient à Jerusalem , il commanda qu'on les renvoyât
leur Roy,et ne songea plus qu'à réparer
par la pompe et la magnificence de son
mariage la rigueur dont il avoit usé envers Zaïre.
,
Pendant que le Mariage se préparoit,
Zaïre désolée demanda au Soudan la
permission de revoir Nerestan encore une
fois. Orosmane , trop heureux de trouver une occasion de plaire à Zaïre , eut
l'indulgence de permettre cette entrevûë. Nerestan revit donc Zaire , mais ce
fut pour lui apprendre que son pere étoit
prêt d'expirer, qu'il mouroit entre la joye
d'avoir retrouvé ses enfans et l'amertume
d'ignorer si Zaïre seroit Chrétienne , et
qu'il lui ordonnoit en mourant d'être baptisée ce jour-là même de la main du Ponrife de Jerusalem. Zaïre attendrie et vain
cuë, promit tout et jura à son frere qu'elle
ne trahiroit point le sang dont elle étoir née,
A OUST. 17328 7829
née , qu'elle seroit Chrétienne , qu'elle
n'epouseroit point Orosmane , qu'elle ne
prendroit aucun parti avant que d'avoir
été baptisée.
A peine avoit-elle prononcé ce ser,
ment , qu'Orosmane , plus amoureux et
plus aimé que jamais , vient la prendre
pour la conduire à la Mosquée. Jamais
on n'eut le cœur plus déchiré que Zaïre ;
elle étoit partagée entre son Dieu , sa famille , son nom qui la retenoient , et le
plus aimable de tous les hommes qui l'a,
doroit. Elle ne se connut plus ; elle ceda
à la douleur et s'échapa des mains de son
Amant, le quittant avec désespoir et le
laissant dans l'accablement de la surprise,
de la douleur et de la colere.
Les impressions de jalousie se reveil
lerent dans le cœur d'Orosmane. L'orgueil les empêcha de paroître , et l'amour
Ics adoucit. Il prit la fuite de Zaïre pour
un caprice , pour un artifice innocent,
pour la crainte naturelle à une jeune fille,
pour toute autre chose , enfin, que pour
une trahison . Il vit encore Zaïre , lui
pardonna et l'aima plus que jamais, L'a
mour de Zaïre augmentoit par la tendresse indulgente de son Amant. Elle se
jette en larmes à ses genoux , le supplie
de differer le Mariagejusqu'au lendemain
Elle
1840 MERCURE DE FRANCE
>
Elle comptoit que son frere seroit alors
parti , qu'elle auroit reçû le Baptême ,
que Dieu lui donneroit la force de résister. Elle se flattoit même quelquefois
que la Religion Chrétienne lui permettroit d'aimer un homme si tendre si
genereux , si vertueux , à qui il ne manquoit que d'être Chrétien. Frappée de
toutes ces idées , elle parloit à Orosmane
avec une tendresse si naïve et une douleur si vraye , qu'Orosmane ceda encore
et lui accorda le sacrifice de vivre sans
elle ce jour-là. Il étoit sur d'être aimé;
il étoit heureux dans cette idée et fermoit les yeux sur le reste.
f Cependant dans les premiers mouvemens de jalousie , il avoit ordonné que
le Serrail fût fermé à tous les Chrétiens.
Nerestan trouvant le Serrail fermé et n'en
soupçonnant pas la cause , écrivit une
Lettre pressante à Zaïre ; il lui mandoit
de lui ouvrir une porte secrette qui conduisoit vers la Mosquée , et lui recommandoit d'être fidelle.
La Lettre tomba entre les mains d'un
Garde qui la porta à Orosmane. Le Soudan en crut à peine ses yeux. Il se vit
trahi ; il ne douta pas de son malheur et
du crime de Zaïre. Avoir comblé un
Etranger , un Captif de bienfaits ; avoir
donné
A O UST. 17327 184r
donné son cœur , sa Couronne à une fille
Esclave ; lui avoir tout sacrifié ; ne vivre
que pour elle , et en être trahi pour ce
Captif même; être trompé par les appa
rences du plus tendre amour ; éprouver
en un moment ce que l'Amour a de plus
violent, ce que l'ingratitude a de plus noir,
ce que la perfidie a de plus traître : c'étoit, sans doute , un état horrible. Mais
Orosmane aimoit, et il souhaitoit de trouver Zaïre innocente. Il lui fait rendre ce
Billet par un Esclave inconnu. Il se flattoit que Zaïre pouvoit ne point écouter
Nerestan ; Nerestan seul lui paroissoit
coupable. Il ordonne qu'on l'arrête et
qu'on l'enchaîne. Et il va à l'heure et à
la place du rendez- vous , attendre l'effet
de la Lettre.
La Lettre est rendue à Zaïre , elle la
lit en tremblant; et après avoir long- tems
hesité , elle dit enfin à l'Esclave , qu'elle
attendra Nerestan , et donne ordre qu'on
l'introduise. L'Esclave rend compte de
tout à Orosmane.
Le malheureux Soudan tombe dans
l'excès d'une douleur mêlée de fureur et
de larmes. Il tire son poignard , et il
pleure, Zaïre vient au rendez- vous dans
T'obscurité de la nuit. Orosmane entend
sa voix et son poignard lui échappe. Elle
H approche
4842 MERCURE DE FRANCE
approche , elle appelle Nerestan ; et à ce
nom Orosmane la poignarde.
Dans l'instant on lui amene Nerestan
enchaîné avec Fatime, complice de Zaïre.
Orosmane hors de lui , s'adresse à Nerestan , en le nommant son Rival : C'est
toi qui m'arraches Zaïre , dit- il ; regardela avant que de mourir ; que ton supplice
Commence par le sien ; regarde- la , te
dis-je. Nerestan approche de ce corps expirant. Ah! que vois-je ! ah ! ma sœur !
barbare , qu'as- tu fait .... A ce mot de
sœur, Orosmane est comme un homme
qui revient d'un songe funeste ; il connoît son erreur ; il voit ce qu'il a perdu;
il est trop abîmé dans l'horreur de son
état pour se plaindre. Nerestan et Fatime
lui parlent ; mais de tout ce qu'ils disent
il n'entend autre chose, si-non qu'il étoit
aimé. Il prononce le nom de Zaïre , il
court à elle , on l'arrête , il retombe dans
l'engourdissement de son desespoir.Qu'ordonnes-tu de moi? lui dit Nerestan. Le
Soudan , après un long silence , fait ôter
les fers, à Nerestan , le comble de largesses , lui et tous les Chrétiens , et se
tue auprès de Zaïre.
Voilà , Monsieur le Plan exact de la
conduite de cette Tragédie que j'expose
avec toutes ses fautes. Je suis bien loin
de
A O UST. 17328 1845
de m'enorgueillir du succès passager de
quelques Représentations. Qui ne connoît
Fillusion du Théatre ? Qui ne sçait qu'une
situation interessante , mais triviale , une
nouvauté brillante et hazardée , la seule
voix d'une Actrice , suffisent pour tromper quelque temps le Public. Quelle distance immense entre un Ouvrage souffert
au Théatre et un bon Ouvrage! j'en sens
malheureusement toute la difference. Je
vois combien il est difficile de réussir au
gré des Connoisseurs. Je ne suis pas plus
indulgent qu'eux pour moi- même; et si
j'ose travailler , c'est que mon goût extrême pour cet Art, l'emporte encore sur
la connoissance que j'ai de monpeu de talent. Je suis , &c
sur la Tragedie de Zaïre.
Q
Uoique pour l'ordinaire vous vouliez bien prendre la peine , Monsieur , de faire les Extraits des Pieces nouvelles ; cependant vous me privez de cet
avantage , et vous voulez que ce soit moi
qui parle de Zaire. Il me semble que je
vois M. le Normand ou M. Cochin (a)
réduire un de leurs Clients à plaider luimême sa cause. L'entreprise est dangereuse , mais je vais mériter au moins la
(a ) Deux fameux Avocats.
con-
AOUST. 1732 1829
confiance quevous avez en moi par la sincerité avec laquelle je m'expliquerai.
Zaïre est la premiere Piece de Théatre
dans laquelle j'aye osé m'abandonner à
toute la sensibilité de mon cœur. C'est la
seule Tragédie tendre que j'aye faite. Je
croiois dans l'âge même des passions les
plus vives , que l'amour n'étoit point fait
pour le Théatre tragique. Je ne tegardois
cette foiblesse que comme un défaut char
mant, qui avillissoit l'Art des Sophocles;
les connoisseurs qui se plaisent plus à la
douceur élégante de Racine , qu'à la force de Corneille , me paroissoient ressembler aux Curieux qui préférent les nuditez du Correge, au chaste et noble Pinceau de Raphaël.
Le public qui fréquente les Spectacles,
est aujourd'hui plus que jamais dans le
goût du Correge. Il faut de la tendresse et
du sentiment ; c'est même ce que les Acteurs jouent le mieux. Vous trouverez
vingt Comédiens qui plairont dans An
dronic et dans Hypolite , et à peine un seul
qui réussisse dans Cinna et dans Horace.
Il a donc fallu me plier aux mœurs du
temps , et commencer tard à parler d'amour.
J'ai cherché au moins à couvrir cette
passion de toute la bienseance possible ,'
1830 MERCURE DE FRANCE
et pour l'annoblir j'ai voulu la mettre à
côté de ce que les hommes ont de plus res
pectable. L'idée me vint de faire contras
ter dans un même Tableau , d'un côté ,
l'honneur, la naissance , la patrie , la religion ; et de l'autre , l'amour le plus tendre et le plus malheureux ; les mœurs des Mahometans et celles des Chrétiens , la
Cour d'un Soudan , et celle d'un Roy de
France , et de faire paroître pour la premiere fois des François , sur la Scene Tra- gique. Je n'ai pris dans l'Histoire que I'Epoque de la Guerre de S. Loüis ; tout le
reste est entierement d'invention. L'Idée
de cette Piece étant si neuve et si fertile ,
s'arrangea d'elle- même ; et au lieu que le
plan d'Eriphile m'avoit beaucoup couté ,
celui de Zaïre fut fait en un seul jour, et
Fimagination , échauffée par l'interêt qui
regnoit dans ce plan , acheva la Piece en
vingt deux jours.
Il entre peut être un peu de vanité
dans cet aveu ( car où est l'artiste sans
amour propre , mais je devois cette
excuse au public , des fautes et des négligences qu'on a trouvées dans ma
Tragédie. Il auroit été mieux , sans
doute , d'attendre à la faire représenter ,
que j'en eusse châtié le stile mais des
raisons , dont il est inutile de fatiguer
Le
AOUST. 1732. 1831
le Public , n'ont pas permis qu'on differât. Voici , Monsieur , le sujet de cette
Piece.
Il
La Palestine avoir été enlevée aux Princes Chrétiens par le Conquerant Saladin.
Noradin , Tartate d'origine , s'en étoit
ensuite rendu maître. Õrosmane , fils de
Noradin , jeune homme plein de grandeur , de vertus et de passions , commen.
çoit à regner avec gloire dans Jérusalem.
Il avoit porté sur le Trône de la Syrie
la franchise et l'esprit de liberté de ses
Ancêtres. Il méprisoit les regles austeres
du Serrail , et n'affectoit point de se rendre invisible aux Etrangers et à ses Sujets, pour devenir plus respectable. If traitoit avec douceur les Esclaves Chrétiens , dont son Serrail et ses Etats étoient
remplis. Parmi ces Esclaves il s'étoit trouvé un enfant , pris autrefois au Sac de
Césarée , sous le Regne de Noradin. Cet
enfant ayant été racheté par des Chrétiens à l'âge de neuf ans , avoit été amené
en France au Roy S. Louis , qui avoit daigné prendre soin de son éducation et de
sa fortune. Il avoit pris en France le nom
de Nerestan ; et étant retourné en Syrie ,
il avoit été fait prisonnier encore une
fois , et avoit été enfermé parmi les Esclaves d'Orosmane. Il retrouva dans la
captivité
1832, MERCURE DE FRANCE 1
captivité une jeune personne avec qui
il avoit été prisonnier dans son enfance
lorsque les Chrétiens avoient perdu Césarée. Cette jeune personne à qui on avoit
donné le nom de Zaïre , ignoroit sa naissance , aussi bien que Nerestan et que
tous ces enfans de tribut qui sont enlevez
debonne heure des mains de leurs parens,
et qui ne connoissent de famille et de Patrie que le Serrail. Zaïre sçavoit seulement qu'elle étoit née Chrétienne. Nerestan et quelques autres Esclaves un peu
plus âgez qu'elle , l'en assuroient. Elle
avoit toûjours conservé un ornement qui
renfermoit une Croix , seule preuve qu'el
le eût de sa Religion. Une autre Esclave
nommée Fatime, née Chrétienne, et mise
au Serrail à l'âge de dix ans , tâchoit d'instruire Zaïre du peu qu'elle sçavoit de la
Religion de ses Peres. Le jeune Nerestan
qui avoit la liberté de voir Zaïre et Fatime , animé du zele qu'avoient alors les
Chevaliers François , touché d'ailleurs
pour Zaïre de la plus tendre amitié , la
disposoit au Christianisme. Il se proposa
de racheter Zaïre , Fatime et dix Cheva
liers Chrétiens , du bien qu'il avoit acquis
en France et de les amener à la Cour de
S. Louis. Il eut la hardiesse de demander
au Soudan Orosmane la permission.de
retourner
AOUST. *
1833 17322
retourner en France , sur sa seule parole
et le Sultan eut la générosité de le permettre. Nerestan partit et fut deux ans
hors de Jerusalem.
Cependant la beauté de Zaïre croissoit
avec son âge , et la naïveté touchante de
son caractere , la rendoit encore plus almable que sa beauté. Orosmane la vit et
kui parla. Un cœur comme le sien ne
pouvoit l'aimer qu'éperdument. Il résolut de bannir la molesse qui avoit effeminé tant de Rois de l'Asie et d'avoir
dans Zaïre un ami , une maîtresse , une
femme , qui lui tiendroit lieu de tous les
plaisirs , et qui partageroit son cœur avec les devoirs d'un Prince et d'un Guerrier.'
Les foibles idées du Christianisme , tracées à peine dans le cœur de Zaïre , s'éyauoüirent bien-tôt à la vûë du Soudan ;
elle l'aima autant qu'elle en étoit aimée ,
sans que l'ambition se mêlât en rien à la
pureté de sa tendresse.
›
Nerestan ne revenoit point de France.
Zaïre ne voyoit qu'Orosmane et son
amour. Elle étoit prête d'épouser le Sultan lorsque le jeune François arrive.
Orosmane le fait entrer en présence même de Zaïre. Nerestan apportoit avec la
rançon de Zaïre et de Fatime , celle de
dix Chevaliers qu'il devoit choisir. J'ai satisfait
1834 MERCURE DE FRANCE
satisfait à mes sermens , dit- il au Soudan,
C'est à toi de tenir ta prom sse , de me
remettre Zaïre , Fatime et les dix Che
valiers ; mais apprends que j'ai épuisé ma
fortune à payer leur rançon. Une pauvreté noble est tout ce qui me reste ; je
ne puis me racheter moi- même ; e viens
me remettre dans tes fers. Le Soudan ,
satisfait du grand courage de ce Chrétien , et né pour être plus genereux encore , lui rendit toutes les rançons qu'il
apportoit , lui donna cent Chevaliers au
lieu de dix et le combla de présens ; mais
il lui fit entendre que Zaïre n'étoit pas
faite pour être rachetée , et qu'elle étoit
d'un prix au- dessus de toutes les rançons.
Il refusa aussi de lui rendre parmi les
Chevaliers qu'il délivroit , un Prince de
Lusignan , fait Esclave depuis long-temps
dans Cesarée.
Ce Lusignan , le dernier de la Branche
des Rois de Jerusalem , étoit un Vieil.
lard respecté dans l'Orient , l'amour de
tous les Chrétiens , et dont le nom seul
pouvoit être dangereux aux Sarrasins,
C'étoit lui principalement que Nerestan
avoit voulu racheter. Il parut devant
Orosmane accablé du refus qu'on lui faisoit de Lusignan et de Zaïre. Le Soudan
remarqua ce trouble ; il sentit dès ce moment
AOUST. 1732. 1835-
mentun commencement de jalousie que
la génerosité de son caractere lui fit étouf
fer. Cependant il ordonna que les cent
Chevaliers fussent prêts à partir le lendemain avec Nerestan.
*
Zaïre , sur le point d'être Sultane , vou
lut donner au moins à Nerestan une preu
ve de sa reconnoissance. Elle se jette aux
pieds d'Orosmane pour obtenir la liberté
du vieux Lusignan. Orosmane ne pouvoit
rien refuser à Zaïre. On alla tirer Lusignan
des fers. Les Chrétiens délivrez étoient
avec Nerestan dans les Appartemens exterieurs du Serrail ; ils pleuroient la destinée de Lusignan , sur tout le Chevalier
de Chatillon , ami tendre de ce malheureux Prince , ne pouvoit se résoudre à ac
cepter une liberté qu'on refusoit à son
ami et à son Maître , lorsque Zaïre arrive
et leur amené celui qu'ils n'esperoient
plus.
Lusignan , ébloui de la lumiere qu'il
revoyoit après vingt années de prison ,
pouvant se soutenir à peine , ne sçachant
où il est et où on le conduit. Voyant
enfin qu'il étoit avec des François et reconnoissant Chatillon , s'abandonna à
cette joye mêlée d'amertume , que les
malheureux éprouvent dans leurs consolations. Il demande à qui il doit sa délivrance
1836 MERCURE DE FRANCE
livrance. Zaïre prend la parole en lui présentant Nerestan ; c'est à ce jeune François , dit-elle , que vous et tous les Chrétiens , devez votre liberté. Alors le Vieillard apprend que Nerestan a été élevé.
dans le Serrail avec Zaire , et se tournant vers eux : hélas ! dit-il , puisque !
vous avez pitié de mes malheurs , achevez votre ouvrage , instruisez- moi du sort de mes enfans. Deux me furent enlevez au berceau , lorsque je fus pris dans
Césarée ; deux autres furent massacrez de
vant moi avec leur mere. O mes fils ! ô
Martirs ! veillez du haut du Ciel sur mes
autres enfans , s'ils sont vivans encore.
Helas ! j'ai sçû que mon dernier fils et
ma fille, furent conduits dans ce Serrail.
Vous qui m'écoutez , Nerestan , Zaïre ,
Chatillon , n'avez- vous nulle connoissance de ces tristes restes du Sang de Godefroy et de Lusignan.
Au milieu de ces questions , qui déja
remuoient le cœur de Nerestan et de Zaïre; Lusignan apperçut au bras de Zaïre
un ornement qui renfermoit une Croix,
Il se souvint que l'on avoit mis cette parure à sa fille lorsqu'on la portoit au Baptême ; Chatillon l'en avoit ornée lui-même , et Zaïre lui avoit été arrachée de
ses bras avant d'être baptisée. La ressemblance
A O UST. 1732 1837
blance des traits , l'âge , toutes les circonstances , une cicatrice de la blessure
que son jeune fils avoit reçue , tout confirme à Lusignan qu'il est pere encore; et
la Nature parlant à la fois au cœur de
tous les trois , et s'expliquant par des
larmes Embrassez- moi , mes chers enfans , s'écria Lusignan , et revoyez votre
-pere. Zaïre et Nerestan ne pouvoient s'arracher de ses bras. Mais helas ! dit ce Vieil-
-lard infortuné , goûterai- je une joye pure.
Grand Dieu qui me rends ma fille , me
la rends-tu Chrétienne ? Zaïre rougit et
frémit à ces paroles. Lusignan vit sa honte et son malheur , et Za ire avoua qu'elle
étoit Musulmane. La douleur , la Religion et la Nature , donnerent en ce moment des forces à Lusignan ; il embrassa sa fille et lui montrant d'une main
Je Tombeau de Jesus- Christ et le Ciel de
l'autre , animé de son desespoir , de son
zele , aidé de tant de Chrétiens , de son
fils et du Dieu qui l'inspire , il touche
sa fille , il l'ébranle , elle se jette à ses
pieds et lui promet d'être Chrétienne.
Au moment arrive un Officier du Serrail qui sépare Zaïre de son père et de
son frere et qui arrête tous les Chevaliers François. Cette rigueur inopinée
étoit le fruit d'un Conseil qu'on venoit
f
de
838 MERCURE DE FRANCE
de tenir en présence d'Orosmane. Là
Flotte de S. Louis étoit partie de Chipre,
et on craignoit pour les Côtes de Sirie ;
mais un second Courier ayant apporté
la nouvelle du départ de S. Louis pour
l'Egypte. Orosmane fut rassuré ; il étoit
lui- même ennemi du Soudan d'Egypte.
Ainsi n'ayant rien à craindre ni du Roy.
ni des François qui étoient à Jerusalem , il commanda qu'on les renvoyât
leur Roy,et ne songea plus qu'à réparer
par la pompe et la magnificence de son
mariage la rigueur dont il avoit usé envers Zaïre.
,
Pendant que le Mariage se préparoit,
Zaïre désolée demanda au Soudan la
permission de revoir Nerestan encore une
fois. Orosmane , trop heureux de trouver une occasion de plaire à Zaïre , eut
l'indulgence de permettre cette entrevûë. Nerestan revit donc Zaire , mais ce
fut pour lui apprendre que son pere étoit
prêt d'expirer, qu'il mouroit entre la joye
d'avoir retrouvé ses enfans et l'amertume
d'ignorer si Zaïre seroit Chrétienne , et
qu'il lui ordonnoit en mourant d'être baptisée ce jour-là même de la main du Ponrife de Jerusalem. Zaïre attendrie et vain
cuë, promit tout et jura à son frere qu'elle
ne trahiroit point le sang dont elle étoir née,
A OUST. 17328 7829
née , qu'elle seroit Chrétienne , qu'elle
n'epouseroit point Orosmane , qu'elle ne
prendroit aucun parti avant que d'avoir
été baptisée.
A peine avoit-elle prononcé ce ser,
ment , qu'Orosmane , plus amoureux et
plus aimé que jamais , vient la prendre
pour la conduire à la Mosquée. Jamais
on n'eut le cœur plus déchiré que Zaïre ;
elle étoit partagée entre son Dieu , sa famille , son nom qui la retenoient , et le
plus aimable de tous les hommes qui l'a,
doroit. Elle ne se connut plus ; elle ceda
à la douleur et s'échapa des mains de son
Amant, le quittant avec désespoir et le
laissant dans l'accablement de la surprise,
de la douleur et de la colere.
Les impressions de jalousie se reveil
lerent dans le cœur d'Orosmane. L'orgueil les empêcha de paroître , et l'amour
Ics adoucit. Il prit la fuite de Zaïre pour
un caprice , pour un artifice innocent,
pour la crainte naturelle à une jeune fille,
pour toute autre chose , enfin, que pour
une trahison . Il vit encore Zaïre , lui
pardonna et l'aima plus que jamais, L'a
mour de Zaïre augmentoit par la tendresse indulgente de son Amant. Elle se
jette en larmes à ses genoux , le supplie
de differer le Mariagejusqu'au lendemain
Elle
1840 MERCURE DE FRANCE
>
Elle comptoit que son frere seroit alors
parti , qu'elle auroit reçû le Baptême ,
que Dieu lui donneroit la force de résister. Elle se flattoit même quelquefois
que la Religion Chrétienne lui permettroit d'aimer un homme si tendre si
genereux , si vertueux , à qui il ne manquoit que d'être Chrétien. Frappée de
toutes ces idées , elle parloit à Orosmane
avec une tendresse si naïve et une douleur si vraye , qu'Orosmane ceda encore
et lui accorda le sacrifice de vivre sans
elle ce jour-là. Il étoit sur d'être aimé;
il étoit heureux dans cette idée et fermoit les yeux sur le reste.
f Cependant dans les premiers mouvemens de jalousie , il avoit ordonné que
le Serrail fût fermé à tous les Chrétiens.
Nerestan trouvant le Serrail fermé et n'en
soupçonnant pas la cause , écrivit une
Lettre pressante à Zaïre ; il lui mandoit
de lui ouvrir une porte secrette qui conduisoit vers la Mosquée , et lui recommandoit d'être fidelle.
La Lettre tomba entre les mains d'un
Garde qui la porta à Orosmane. Le Soudan en crut à peine ses yeux. Il se vit
trahi ; il ne douta pas de son malheur et
du crime de Zaïre. Avoir comblé un
Etranger , un Captif de bienfaits ; avoir
donné
A O UST. 17327 184r
donné son cœur , sa Couronne à une fille
Esclave ; lui avoir tout sacrifié ; ne vivre
que pour elle , et en être trahi pour ce
Captif même; être trompé par les appa
rences du plus tendre amour ; éprouver
en un moment ce que l'Amour a de plus
violent, ce que l'ingratitude a de plus noir,
ce que la perfidie a de plus traître : c'étoit, sans doute , un état horrible. Mais
Orosmane aimoit, et il souhaitoit de trouver Zaïre innocente. Il lui fait rendre ce
Billet par un Esclave inconnu. Il se flattoit que Zaïre pouvoit ne point écouter
Nerestan ; Nerestan seul lui paroissoit
coupable. Il ordonne qu'on l'arrête et
qu'on l'enchaîne. Et il va à l'heure et à
la place du rendez- vous , attendre l'effet
de la Lettre.
La Lettre est rendue à Zaïre , elle la
lit en tremblant; et après avoir long- tems
hesité , elle dit enfin à l'Esclave , qu'elle
attendra Nerestan , et donne ordre qu'on
l'introduise. L'Esclave rend compte de
tout à Orosmane.
Le malheureux Soudan tombe dans
l'excès d'une douleur mêlée de fureur et
de larmes. Il tire son poignard , et il
pleure, Zaïre vient au rendez- vous dans
T'obscurité de la nuit. Orosmane entend
sa voix et son poignard lui échappe. Elle
H approche
4842 MERCURE DE FRANCE
approche , elle appelle Nerestan ; et à ce
nom Orosmane la poignarde.
Dans l'instant on lui amene Nerestan
enchaîné avec Fatime, complice de Zaïre.
Orosmane hors de lui , s'adresse à Nerestan , en le nommant son Rival : C'est
toi qui m'arraches Zaïre , dit- il ; regardela avant que de mourir ; que ton supplice
Commence par le sien ; regarde- la , te
dis-je. Nerestan approche de ce corps expirant. Ah! que vois-je ! ah ! ma sœur !
barbare , qu'as- tu fait .... A ce mot de
sœur, Orosmane est comme un homme
qui revient d'un songe funeste ; il connoît son erreur ; il voit ce qu'il a perdu;
il est trop abîmé dans l'horreur de son
état pour se plaindre. Nerestan et Fatime
lui parlent ; mais de tout ce qu'ils disent
il n'entend autre chose, si-non qu'il étoit
aimé. Il prononce le nom de Zaïre , il
court à elle , on l'arrête , il retombe dans
l'engourdissement de son desespoir.Qu'ordonnes-tu de moi? lui dit Nerestan. Le
Soudan , après un long silence , fait ôter
les fers, à Nerestan , le comble de largesses , lui et tous les Chrétiens , et se
tue auprès de Zaïre.
Voilà , Monsieur le Plan exact de la
conduite de cette Tragédie que j'expose
avec toutes ses fautes. Je suis bien loin
de
A O UST. 17328 1845
de m'enorgueillir du succès passager de
quelques Représentations. Qui ne connoît
Fillusion du Théatre ? Qui ne sçait qu'une
situation interessante , mais triviale , une
nouvauté brillante et hazardée , la seule
voix d'une Actrice , suffisent pour tromper quelque temps le Public. Quelle distance immense entre un Ouvrage souffert
au Théatre et un bon Ouvrage! j'en sens
malheureusement toute la difference. Je
vois combien il est difficile de réussir au
gré des Connoisseurs. Je ne suis pas plus
indulgent qu'eux pour moi- même; et si
j'ose travailler , c'est que mon goût extrême pour cet Art, l'emporte encore sur
la connoissance que j'ai de monpeu de talent. Je suis , &c
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Résumé : LETTRE de M. de Voltaire, à M.D.L.R. sur la Tragedie de Zaïre.
Dans sa lettre à M. D.L.R., Voltaire discute de sa tragédie 'Zaïre'. Il explique qu'il a dû parler lui-même de cette pièce, faute d'extrait par un avocat. Voltaire présente 'Zaïre' comme la première œuvre où il a exprimé la sensibilité de son cœur, contrairement à ses croyances antérieures sur l'amour au théâtre tragique. Cette approche est justifiée par les goûts du public contemporain, qui préfère la tendresse et le sentiment. Voltaire a cherché à couvrir la passion amoureuse de bienséance et à l'anoblir en la mettant en contraste avec des valeurs respectables comme l'honneur, la naissance, la patrie et la religion. L'action se déroule en Palestine, sous le règne d'Orosmane, fils de Noradin. Orosmane, un jeune homme vertueux, traite avec douceur les esclaves chrétiens. Parmi eux se trouvent Zaïre et Nerestan, deux enfants chrétiens élevés en France et capturés à nouveau. Zaïre, ignorant ses origines, est instruite dans la foi chrétienne par une esclave nommée Fatime. Nerestan, animé par le zèle des chevaliers français, cherche à racheter Zaïre et d'autres chrétiens pour les ramener en France. Orosmane, tombé amoureux de Zaïre, décide de l'épouser. Cependant, Nerestan revient et demande la libération de Zaïre et d'autres chevaliers. Orosmane refuse de libérer Zaïre, mais libère les chevaliers et Nerestan. Zaïre, sur le point d'épouser Orosmane, obtient la libération du vieux Lusignan, un prince de Lusignan. Lusignan, reconnaissant Zaïre et Nerestan comme ses enfants, les supplie de lui révéler le sort de ses autres enfants. Zaïre avoue être musulmane, mais promet de se convertir au christianisme sous la pression de son père. La pièce se complique lorsque des nouvelles de la flotte de Louis XIV inquiètent Orosmane, qui finit par autoriser le départ des chrétiens. Zaïre, après avoir promis à son père de se convertir, est confrontée à Orosmane, qui ignore encore sa décision. Zaïre, déchirée entre son amour pour Orosmane et ses obligations familiales et religieuses, finit par quitter Orosmane dans un moment de désespoir. Orosmane, malgré des sentiments de jalousie, pardonne à Zaïre et accepte de différer leur mariage. Cependant, une lettre de Nerestan, demandant à Zaïre de lui ouvrir une porte secrète, tombe entre les mains d'Orosmane. Ce dernier, croyant à une trahison, ordonne l'arrestation de Nerestan et attend Zaïre à un rendez-vous. Zaïre, pensant rencontrer Nerestan, est poignardée par Orosmane lorsqu'elle appelle son frère. Orosmane réalise alors son erreur et, après un moment de désespoir, libère Nerestan et se tue auprès de Zaïre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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46
p. 2580-2581
« Estre Auteur et sensé, fut toûjours difficile; [...] »
Début :
Estre Auteur et sensé, fut toûjours difficile; [...]
Mots clefs :
Goût, Amour, Public, Génie
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texteReconnaissance textuelle : « Estre Auteur et sensé, fut toûjours difficile; [...] »
Estre Auteur et sensé , fut toûjours difficile ;
Tel est le préjugé de la Cour , de la Ville :
Préjugé contre moi peut être de saison ;
Ai-je dans mon Ouvrage écouté la raison ?
Je l'ignore. Au Public ambitieux de plaire ,
( L'amour propre enfanta ce projet témeraire )
Des faux Sçavans du temps je trace les Portraits :
Mais qui déciderà si j'ai saisi leurs traits ?
I. Vol. Comé-
DECEMBRE. 1732. 2581
Comédiens en Corps , duppes des apparences ,
Rarement le Public confirme vos Sentences.
Par envie , ou par air, Savans , vous blâmez tout
Grand Monde délicat qui possedez le goût ,
Vous êtes trop poli pour être bien sincere.
Quel parti puis-je prendre ? O Ciel ! que dois- je faire ? ....
Quel Génie à l'instant se présente à mes yeux !
Vole à Sceaux , me dit-il , on rassemble en ces
Lieux
Esprit , talent , bonté , sincerité Romaine ,
Amour des Arts, sçavoir , goût épuré d'Athéne ;
A cette Cour choisie expose tes Ecrits ,
Une Muse y préside , on t'y dira leur prix
Tel est le préjugé de la Cour , de la Ville :
Préjugé contre moi peut être de saison ;
Ai-je dans mon Ouvrage écouté la raison ?
Je l'ignore. Au Public ambitieux de plaire ,
( L'amour propre enfanta ce projet témeraire )
Des faux Sçavans du temps je trace les Portraits :
Mais qui déciderà si j'ai saisi leurs traits ?
I. Vol. Comé-
DECEMBRE. 1732. 2581
Comédiens en Corps , duppes des apparences ,
Rarement le Public confirme vos Sentences.
Par envie , ou par air, Savans , vous blâmez tout
Grand Monde délicat qui possedez le goût ,
Vous êtes trop poli pour être bien sincere.
Quel parti puis-je prendre ? O Ciel ! que dois- je faire ? ....
Quel Génie à l'instant se présente à mes yeux !
Vole à Sceaux , me dit-il , on rassemble en ces
Lieux
Esprit , talent , bonté , sincerité Romaine ,
Amour des Arts, sçavoir , goût épuré d'Athéne ;
A cette Cour choisie expose tes Ecrits ,
Une Muse y préside , on t'y dira leur prix
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Résumé : « Estre Auteur et sensé, fut toûjours difficile; [...] »
En décembre 1732, un auteur évoque les défis de la création et de la réception de son œuvre, marquée par des préjugés à la cour et en ville. Il souhaite peindre les portraits des faux savants et des comédiens, critiqués pour leur manque de sincérité. Un génie lui conseille de se rendre à Sceaux, où il trouvera des esprits éclairés et pourra exposer ses écrits.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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47
p. 2727-2728
Vicairies Apostoliques d'Antibes, [titre d'après la table]
Début :
Le Memoire qui suit et que nous donnons dans les mêmes termes que nous [...]
Mots clefs :
Mémoire, Public, Procès, Vicaire Apostolique, Arrêt, Antibes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Vicairies Apostoliques d'Antibes, [titre d'après la table]
Le Memoire qui suit et que nous don
nons dans les mêmes termes que nous
l'avons reçû , instruira le Public de la
décision d'une grande Affaire Ecclesias
tique.ue.
Le grand Procès touchant la Vicairie
Apostolique et l'Officialité érigée en la
I. Vol.
Ville
2728 MERCURE DE FRANCE
Ville d'Antibes dans des temps de trouble et de schisme , par les Bulles desPapes Jean XXIII. Marin V. et Eugene
IV. a enfin été jugé définitivement par
Arrêt du Conseil d'Etat du. 11. Octobre
1732. rendu en faveur de M. d'Antelmi,
Evêque de Grasse ayant repris la suite
de cette affaire , qui dure depuis 150. ans.
L'Arrêt déclare qu'il y a abus dans lesdites Bulles , et sans s'arrêter à tout ce
qui s'en est ensuivi concernant ladite
érection et le démembrement des fonctions Episcopales des Evêques de Grasse ,
de leur Jurisdiction en ladite Ville, maintient l'Evêque de Grasse et ses Successeurs , dans le droit d'exercer toute Jurisdiction Episcopale dans ladite Ville et Territoire d'Antibes , comme auparavant.
lesdites Bulles. Il y a eu sur cette Affaire des Memoires très-curieux,imprimées,
chez Pierre Prault et la Veuve Saugrain ,
sous le Quay de Gesures , à Paris.
nons dans les mêmes termes que nous
l'avons reçû , instruira le Public de la
décision d'une grande Affaire Ecclesias
tique.ue.
Le grand Procès touchant la Vicairie
Apostolique et l'Officialité érigée en la
I. Vol.
Ville
2728 MERCURE DE FRANCE
Ville d'Antibes dans des temps de trouble et de schisme , par les Bulles desPapes Jean XXIII. Marin V. et Eugene
IV. a enfin été jugé définitivement par
Arrêt du Conseil d'Etat du. 11. Octobre
1732. rendu en faveur de M. d'Antelmi,
Evêque de Grasse ayant repris la suite
de cette affaire , qui dure depuis 150. ans.
L'Arrêt déclare qu'il y a abus dans lesdites Bulles , et sans s'arrêter à tout ce
qui s'en est ensuivi concernant ladite
érection et le démembrement des fonctions Episcopales des Evêques de Grasse ,
de leur Jurisdiction en ladite Ville, maintient l'Evêque de Grasse et ses Successeurs , dans le droit d'exercer toute Jurisdiction Episcopale dans ladite Ville et Territoire d'Antibes , comme auparavant.
lesdites Bulles. Il y a eu sur cette Affaire des Memoires très-curieux,imprimées,
chez Pierre Prault et la Veuve Saugrain ,
sous le Quay de Gesures , à Paris.
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Résumé : Vicairies Apostoliques d'Antibes, [titre d'après la table]
Le document traite d'un important procès ecclésiastique concernant la Vicairie Apostolique et l'Officialité d'Antibes. Ce litige, marqué par des troubles et des schismes, a été résolu par des bulles papales émises par Jean XXIII, Marin V et Eugène IV. L'affaire a été définitivement tranchée par un arrêt du Conseil d'État du 11 octobre 1732, en faveur de M. d'Antelmi, évêque de Grasse. Cet arrêt reconnaît que les bulles papales contenaient des abus et confirme les droits de l'évêque de Grasse et de ses successeurs à exercer la juridiction épiscopale à Antibes, comme avant les bulles. Plusieurs mémoires sur cette affaire ont été imprimés à Paris, chez Pierre Prault et la Veuve Saugrain, sous le Quai de Gesvres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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48
s. p.
AVERTISSEMENT.
Début :
NOUS avons lieu de rendre de nouvelles graces à nos Lecteurs, en leur [...]
Mots clefs :
Mercure, Pièces en prose et en vers, Livre, Public, Nouvelles, Mérite, Ouvrages, Mémoires
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AVERTISSEMENT.
AVERLTISSEMENT;
NQUS avons lieu de rendre de noul
‘ vielles graves a nos Lecteurs, en leur
présentant aucommencement de cette année
‘Wëïïëëëëïëïäïîï '
le cent soixante-sixiéme Volume du Merm
cure de France , auquel nous travaillons de4
puis le mois de fuir: 17 u. sans que ce Li
‘ure ait soufièrt aucune interruption: il a.
toujours parû relgulierement au temps marqué
et quelquefois même avec des Supplémens ,'
selon Fexigence des cas. Nous redouàleroizs
nos soins et notre application pour que la
lecture du Mercure soit désormais encore
plus utile et plus agreable.
En remerciant nos Lecteurs du cas qu’ils
claignent faire de ce Livre ,V nous leur de
mandons toujours quelque ‘indulgence pourles
endroits qui leur paraîtront négligez et ois
la diction ne sera pas assez chatiée. Le Lec
teur judicieux fera _, s’il lui plaît , reflexiore
que dans un Ouvrage ‘tel que celui- ci , il
t5! îVÊI-ñisë de manquer, même dans les
choses les plus communes , dont chacune m
particulier est facile, mais qui ramassées ,'
font ensemHe une multiplicité si grande,
A n; ‘qm
AVERTISSEMENT.
qu'il est hien malaisé de donner à toutes la mg
me atfentio/Lquelqiue soin qu'on y apporte; sur
Iout quand une telle collection est faite en
aussi peu de temps. L’Auteur du Mercure
ne peut jamais avoir celui de faire sur cha
que article les reflésçions qu'y ferait une per
sonne qui n’a que cet article en tête, le seul
aitquel elle s’interesse et peut- être ‘le ‘seul
qu'elle lit. Une chose qui parois un Peu in
" juste , c'est qu'on nous reproche quelquefois
des inattentions , et qu'on ne nous sfache au
cun gré des corrections sans nomhre qu'on
fait et des fautes qu'on évite.
Nous; faisons de la part du Puhlic, de
nouvelles instances aux Lihraires qui en
woyent des Livres pour les annoncer dans
le Mercure, d'en marquer le prix au juste,
cela sert hcaucoup dans les Provinces aux
personnes qui se déterminent lit-dessus 2; les
acheter‘, et qui ne sont pas sûrs ‘de l’exac
litnde des Messagers et des autres persan-q
ne: qu’elles chagent de leurs commissions ,_
qui soin/en: les font surpayer. o
On invite aussi les Marchands et les Ou?
wriers qui ont quelques nouvelles Modes,
soit par des Etofles nouvelles _, Hahits _,
.Ajustemens , Perruques, C oeflures, Ornemens
de tête et autres parures , ainsiqtte de Meu
bles , Carosses , Chaises etautres choses , soit
four futilité _, soit pour Pagrément, d'en don
W57‘
AVERTISSEMENT.
mr quelques Memoires pour en avertir le
Public, ce qui pourra faire plaisir}; divers
Particuliers , et procurer un débit avantae
geux aux Marchands et aux Ouvriers.
Plusieurs Piéces en Prose et en Vers , en
voyées pour le Mercure , sont souvent si mal
écrites qu’on ne peut les déchzfrer, et elles sont
pourcela rejettées; d’autres sont bonnes. a quel;
ques égards et défectueuses a d’aittres; lors
qu’elles peuvent en valoir la peine , nous les
retoucloons avec soin s mais comme nous ne
prenons ce parti qu’a:vcc répugnance , nous
prions les Auteurs de ne le pas trouver mau
vais , et de travailler leurs Ouvrages avec le
plus d’attentian qu’il leur sera possible. «fi on
servait leur adresse _, on leur indiqueroit‘ les
corrections a faire. . '
Les Scavans et les Curieux sont priez. de
vouloir concourir avec nous pour rendre ce
Livre plus utile , en nous communiquant les
Mémoires et les Pièces en Prose et en Vers
qui peuvent instruire et amuser. Aucun genre
de Littérature n’est exclus‘ de ce Recueil, ou
l ’on tâche de faire regnerune agréable variété;
Poësie , -Elaquence , nouvelles Découvertes
dans les Arts et dans les Sciences, Morale,
Politique, Antiquitez, Histoire sacre’: et pro
fane, Voyages, Historiettes, Mythologie, Phy
sique et Métaphysique , Piéees de T/gäum ,
jurisprudence , Anatomie et Médocine _, Cri
» A iiij ' tique
I 2
AVERTISSEMENT.
tique , Mathématique, Mémoires , Projets;
Traductions , Grammaires , Piéccs amusan
tes et récréatives cÿc. Quand les morceaux
d’une certaine considération seront trop longs,
on les placera dans unVolumc extraordinaire,
tt on fera cnsorte qu’on puisse les en détacher
facilement pour la satisfaction des Ans/tours
et des personnes qui ne ‘veulent avoir que cer
taines Piéccs.
A [égard de la Jurisprudence, nous con?‘ 7
tinucrons autant que nous le pourrons, de faire
part au Public des Questions importantes,
nouvelles ou singuliers: qui se presentcront é! '
I
qui seront discutees et jugées‘ dans les diflè
rens Parlement et autres Cours S uperieures du
Royaume , en observant l'ordre et la métho
deque nous avons déja tenu en pareille ma.
tien , ‘sur quoi nous prions Messieurs les
Avocats et les Parties interessées de vouloir
bien nous fournir les [Mémoires nécessaires.
Il n’:st peut-être point dZ/Irticlc dans ce Li
vre qui regarde plus directement le bien pu
blic que celui-la _, et qui se fassc plus lim‘
Qtelques Morceaux de Pros: et de Vers
rtjetttz. par bonnes raisons , ont souvent don
né lieu a des plaintes de la part des person
nes intéressées; mais nous les prions de con
‘siderer que c’est toujours malgré nous que car-i
tains: Picces sont rclzutées ; nous ne nous en
rappartonspas toitjours à notre seul jigemflnt ,
- ñïh
I
w
I?‘
AVERTISSEMENT.
3ans l: choix que nous faisons de telles qui
méritent Ffmprossion. '
‘Un: autre espace d: plainte qui nous est
venue depuis pou , merite de trouver ici su
place. On est surpris, dit-on , de voir dun:
la Aigreur; ‘des Enigmes ct des Logogrjiphes
sur des mots qui ne sont point propres , et on
a raison: il faut dans la honno reg/e que l:
sujet en soit un mot purement physique. Les
noms de Villes ni de Lieux n’)! conviennent
point : moins encore des noms épiteihiqueLUn
Lagagqphe surlæidjectfCurie uxÿommc celui
du mois dejuillet dernier n'est pus régulier,
non plus que celui dont le mot est la Belouzc
dans le même endroit _, à muse de Partial: la
qui ne peut fumais entrer dans lu oomhinkison
du substantif, s. sujet du Logogiyphe Üo‘.
Qgpiqtfon dit toujours la précaution de
faire mettre un mais à lu tête de chaque Mer
cure , pour avertir qu’on ne recevra point de
Lettres ni de Paquets par lu Poste dont I:
port ne soit afinnchi , il en vient cependant -
quelquefois qu’on est obligé de rehutor. Ceux
qui n’uuront pas pris cette précaution ne doi
' vent point, être surpris de ne pus woirparoi
tre les Piéces qu’ils ont envoyées, lesquelles
sont dÿzilleurs perduës pour aux s’ils n’en
ont pusgurdé de Copie. '
Les personnes qui desireront riz/air le Mer
mrt des premiers , soit dans les Provinces ait
' A _v_ dans
A VERTISSEMÈNT.
dans le: Pais Etrangers , n'auront qu’): s’aol
dresser a NI. Moreau, Commis au Mer
cure , vis-à-viç la Comédie Françoise, à
Paris , qui leleur envoyera par la voie la
plu: convenable , et avant qu’il soit en vente
ici. Le: amis à qui on {adresse pour cela ne
sont pas ordinairement fort exacts: il: n’en—
voyant ‘gzteres acheter ce Livre précisément
dans le tems qu’il paraît ', ils ne manquent
pas de le lire , souvent il: le prÊtent, et ne«
Ëenvoyent enfin que fort tard, sou: le prétexte
specieux que le Mercure n’a pas paru plûtot.
a Nous renouvellon: la priere que nous avons
' olëja faite, quand on envoye des Piëees, soit en
Vers soit en Prose , ole le: faire transcrire lisi
blement sur de: papier: séparez et d'une gran
deur raisonnable avec des marges et que les
noms propres, surtout, soient exactement écrits.
Nous aurons toujours les même: égard: pour
les Auteurs qui ne veulent pas se faire con
naître; mai: il serait bon qu’ils olonnassent
une adresse, sur tout quanol il fagit de quel
que Ouvrage qui peut demander des éclair
cissemens ; car souvent faute aÏ’un tel secours
des Pièces nous restent entre les qnains sans
pouvoir le: employer. —
Nous prions peux , qui , par le moyen de
leur: corresponelance: , reçoivent des nouvel
les ÆAfrique . du Levant, de Perse , de
'* Tartarie , du Japon ,_ de la Chine , de: In
des
ÀVERTISS E MENT.
‘1"'
des Orientales et _Occidentales et d’autre:
Pays et Contrées éloignées; les Capitaines ,
Pilotes et Ofiiciers de Navires et les Voya
geurs , de vouloir nous faire part de ces Nou
velles a Padresse generale du Mercure. Ces
matieres peuvent rouler surles Guerres présen
tes de ces Etats et de leurs Voisinsgles Révo
lutions, les ‘Traitez. de Paix ou de Treve;
les- occupations ‘des Souverains , la Religion
des Peuples, leurs Céremonies , Coritumes et
‘Usages, les Phénomenes e_t ‘les Productions
de la Nature et de FArt, comme Pier
res précieuses, Pierres figurées , Marcassites
rares , Pétrifications et Cristalisations ex
traordtnaires , Coquillages _, eÿc Edzfices ,
anciens ei modernes , ‘Ruines , Statues , Bas-y
Reliefs , Inscriptions , qMédailles , Pierres
gravées , Tableaux , 0%.. _
Nous serons plus attentifs que jamais a
apprendre au Public la mort des Scavans
et de ceux qui se sont distinguée dans les
Arts et dans les Mécaniques; on y joindra
le récit cle leurs principales occupations , de
leurs Ouvrages et des plus consideraltles
actions de leur vie. L’Histoire des Lettres
et des Arts doit cette marque de reconnais
sance a la mémoire de ceux qui sjisont rené
dus celeltres ou qui les ont cultivez. avec
soin. Nous esperons que les parens et les
amiÿsde ces illustres Morts aideront volon
A vj fiers
i
AVERTISSEMENT.
,\.
tiers a leur rendre ce devoir par les instrucè‘
' ‘ tions qu’tls voudront bien nous fournir. Ce
que nous venons de dire, regarde, non-seu
lement Paris , mais encore toutes les Province:
du Royaume et lesPays Etrangersgqui peuvent
fournir des évenemens considerables, Morts ,
Mariages , Actes solemnels , FÊtes et autre!
faits dignes d'être transmis 2; la Pesterité.
On a fait au Mercure , et même plul
sieurs fois l'honneur ‘de le critiquer; c’est une
gloire qui manquait a ce Livre. On a beau
dire , nous ne changerons rien a notre
méthode, puisque nos Lecteurs la trouvent
passablement bonne. Un Ottvrage de la na
ture de celui- ci ne sgauroit plaire également
à tout le monde, à cause de la ntultiplicitê
et de la variera’ des matieres , dont quelques
unes sont lues parcertains Lecteurs avec plai
sir et avidité, et par'd’autres avec des dispo
sitions contraires. M du Fresni avait bien
raison de dire que pour que le Mercure fi:
generalement approuvé , ilfaudrait que com
me un autre Prothée , il pût prendre entre
les mains de chaque Lecteur, une forme cons
venable a l'idée qu’il s’en est faite.
C’est'assez pour ce Livre, de contribuer
tous les mois en quelque chose a l'instruc
tion et a Pamusement des Citoyens ; Le
Mercure ne doit rien ‘prétendre au-delä.
Nous sfavons, il est ‘vrai , que la Critique
outre:
AVERTISSEMENT’.
' 0m70’! ou la médisance, plus ou moins ma3
ligmmsflt épicée, fut toujours un mets dé.
llfitñîv‘ pour beaucoup de Lecteurs; mai!
outre que nous n‘): avons pas le moindre
perle/tant , nous renoncons et de très- bon coeur
àqla dangereuse gloire d’être lies et applaudi!
aux dépens dfpersonne.
Nou: serons encore plus retenus sur les
lvûflflgflî, que quelques Lecteurs n’ont pas
approuvées, et en eflet , nous nous sommes
apparent que nous y trouvions peu d’a—
vanrage; au contraire , nous nous somme!
_ vûs exposez. a des especes de reproches , au
lieu de témoignages de reconnaissances, sur
tout de l'a part des gens a talens , car
tel qrfon loue , ne doute nullement que ce
W r01‘! une cbose qui lui est absolument
dûë, souvent même il trouve qu’on ne le
loue pas assez, et ceux quîon neloue pas,‘
du qu’on loue moins , sonttres-indisposez; et
prétendant qu’on loite les autres à leurs dé
‘pans , ils sont doublement fêcloez.
Nous donnons ordinairement des Extraits
des Pieces nouvellesiqui paraissent ‘sur les
‘Ï/oéatres de Paris , et nous faisons quelques
observations d’aprês le jugement du Public,‘
sur les beautez. et sur les défiants qu’on y
V0M/63 la crainte de blesser la délicates-fi‘
des Auteurs , nous retient quelquefois et nous
empêche d’aller plus loin , et crainte aussi
quo
AVERTISSEMENT.
que voulant être plus sinceres , on ne nous‘
accuse efÊtre parriaux. Si les Aztteur: eux
même: voulaient bien prendre sur eux cl:
faire un Extrait ou un [Mémoire "de leur:
Ouvrage: , sans dissimuler les eieflauts qifon
y trouve, cela nous donnerait la hardiesse
a"e"tre un peu plu: severe:, le Lecteur leur
en sftturoit gré , et il: n’): periroient pas, par
les remarques , a charge et a décharge, que
nous ne manquerions paseïajoûter , sans au
Hier de faire remarquer Pextrême difiïculte’
qu'il y al de plaire aujourolVoui au Public
et le péril que courent tous les Ouvrages ot"es
prit qu’on lui présente : nous faisons avec
efaurant plus de confiance cette priere aux
Auteurs Dramatiques et à tous aietres , que
certainement Corneille, Qiinault , Moliere ,
Racine‘, Üc, nauroient pas rougi el’avouer
de: deflaut: dans leurs Pieces.
Nous têclaerons de conserver‘ dan: no:
Narration: la simplicitéJa clarté et la précision
que nous tâchons d) mettre, ainsi que Perdre
dans Farangement de: Pieces en Prose et en
Ver: , et dans la disposition des fait: , afin
qu’une infinité de circonstances que nous rap
portons et le grand détail dans lequelnoits som
mes souvent obligez. a"entrer, ne soient point a
charge aux Lecteurs , et ce qui est encore plus
essentiel dans un Ouvrage tel que celui-c): ,
nous zêcleeron: de soutenir le caractere de mo
' ‘ - ‘ deration
‘AVERTISSEMENT.
‘deration , de :incerité et olïmpartialité , qu'on
itou: a aléja fait la justice de nou: attribuer.
Le: Pieces :er0nt toûjours placée: sans af
fectation ole rang et sans distinction pour le
mérite et la primauté. Le: premiere: yeçtas
seront toûjours le: pretniere: employées, hors le
ca: qzfun Ouvrage soit tellement du temps qu’il
mérite pour cela seulement la prefirence.
Le: honnête: gens nous, scavent gré el’a4
voir garanti ce Livre depuis près ale-douze
an: que nous y travaillons , non-seulement
de toute Satyre , mai: mérite de Portrait: trop
ironique: , trop ressemhlan: et trop sus
ceptible: ofapplication. Mais nous admet
"zron: tres-volontier: le: Ouvrages dans les
quel: une plume legere sïelgayera, même vi
vement, contre divers caracteres bien incom
mode: et souvent très- dangereux dan: la
Sllclûté‘, encore y faut- il mettre cette clause ,
t que le Lecteur n’): puisse reconnaître une telle
permntte en paniculier, mai: que chaque Pa r
ticulier se puisse reconnaître en quelque chose
dan: la peinture gîflfiflîllf de: vice: et ale: ri
dicules ale :on siecle. _
Il nou: reste a marquer notre reconnoi:
sauce et a remercier au nom du Public, plu
Jieuïa‘ Sçavan: du premier ordre , Æaimahles
JI/Iuse: , et quantité ol’autre: permnne: Æun
mérite distingué , dont les Production: enri
chissent le Mercure, et le font lire et re
chercher,
NQUS avons lieu de rendre de noul
‘ vielles graves a nos Lecteurs, en leur
présentant aucommencement de cette année
‘Wëïïëëëëïëïäïîï '
le cent soixante-sixiéme Volume du Merm
cure de France , auquel nous travaillons de4
puis le mois de fuir: 17 u. sans que ce Li
‘ure ait soufièrt aucune interruption: il a.
toujours parû relgulierement au temps marqué
et quelquefois même avec des Supplémens ,'
selon Fexigence des cas. Nous redouàleroizs
nos soins et notre application pour que la
lecture du Mercure soit désormais encore
plus utile et plus agreable.
En remerciant nos Lecteurs du cas qu’ils
claignent faire de ce Livre ,V nous leur de
mandons toujours quelque ‘indulgence pourles
endroits qui leur paraîtront négligez et ois
la diction ne sera pas assez chatiée. Le Lec
teur judicieux fera _, s’il lui plaît , reflexiore
que dans un Ouvrage ‘tel que celui- ci , il
t5! îVÊI-ñisë de manquer, même dans les
choses les plus communes , dont chacune m
particulier est facile, mais qui ramassées ,'
font ensemHe une multiplicité si grande,
A n; ‘qm
AVERTISSEMENT.
qu'il est hien malaisé de donner à toutes la mg
me atfentio/Lquelqiue soin qu'on y apporte; sur
Iout quand une telle collection est faite en
aussi peu de temps. L’Auteur du Mercure
ne peut jamais avoir celui de faire sur cha
que article les reflésçions qu'y ferait une per
sonne qui n’a que cet article en tête, le seul
aitquel elle s’interesse et peut- être ‘le ‘seul
qu'elle lit. Une chose qui parois un Peu in
" juste , c'est qu'on nous reproche quelquefois
des inattentions , et qu'on ne nous sfache au
cun gré des corrections sans nomhre qu'on
fait et des fautes qu'on évite.
Nous; faisons de la part du Puhlic, de
nouvelles instances aux Lihraires qui en
woyent des Livres pour les annoncer dans
le Mercure, d'en marquer le prix au juste,
cela sert hcaucoup dans les Provinces aux
personnes qui se déterminent lit-dessus 2; les
acheter‘, et qui ne sont pas sûrs ‘de l’exac
litnde des Messagers et des autres persan-q
ne: qu’elles chagent de leurs commissions ,_
qui soin/en: les font surpayer. o
On invite aussi les Marchands et les Ou?
wriers qui ont quelques nouvelles Modes,
soit par des Etofles nouvelles _, Hahits _,
.Ajustemens , Perruques, C oeflures, Ornemens
de tête et autres parures , ainsiqtte de Meu
bles , Carosses , Chaises etautres choses , soit
four futilité _, soit pour Pagrément, d'en don
W57‘
AVERTISSEMENT.
mr quelques Memoires pour en avertir le
Public, ce qui pourra faire plaisir}; divers
Particuliers , et procurer un débit avantae
geux aux Marchands et aux Ouvriers.
Plusieurs Piéces en Prose et en Vers , en
voyées pour le Mercure , sont souvent si mal
écrites qu’on ne peut les déchzfrer, et elles sont
pourcela rejettées; d’autres sont bonnes. a quel;
ques égards et défectueuses a d’aittres; lors
qu’elles peuvent en valoir la peine , nous les
retoucloons avec soin s mais comme nous ne
prenons ce parti qu’a:vcc répugnance , nous
prions les Auteurs de ne le pas trouver mau
vais , et de travailler leurs Ouvrages avec le
plus d’attentian qu’il leur sera possible. «fi on
servait leur adresse _, on leur indiqueroit‘ les
corrections a faire. . '
Les Scavans et les Curieux sont priez. de
vouloir concourir avec nous pour rendre ce
Livre plus utile , en nous communiquant les
Mémoires et les Pièces en Prose et en Vers
qui peuvent instruire et amuser. Aucun genre
de Littérature n’est exclus‘ de ce Recueil, ou
l ’on tâche de faire regnerune agréable variété;
Poësie , -Elaquence , nouvelles Découvertes
dans les Arts et dans les Sciences, Morale,
Politique, Antiquitez, Histoire sacre’: et pro
fane, Voyages, Historiettes, Mythologie, Phy
sique et Métaphysique , Piéees de T/gäum ,
jurisprudence , Anatomie et Médocine _, Cri
» A iiij ' tique
I 2
AVERTISSEMENT.
tique , Mathématique, Mémoires , Projets;
Traductions , Grammaires , Piéccs amusan
tes et récréatives cÿc. Quand les morceaux
d’une certaine considération seront trop longs,
on les placera dans unVolumc extraordinaire,
tt on fera cnsorte qu’on puisse les en détacher
facilement pour la satisfaction des Ans/tours
et des personnes qui ne ‘veulent avoir que cer
taines Piéccs.
A [égard de la Jurisprudence, nous con?‘ 7
tinucrons autant que nous le pourrons, de faire
part au Public des Questions importantes,
nouvelles ou singuliers: qui se presentcront é! '
I
qui seront discutees et jugées‘ dans les diflè
rens Parlement et autres Cours S uperieures du
Royaume , en observant l'ordre et la métho
deque nous avons déja tenu en pareille ma.
tien , ‘sur quoi nous prions Messieurs les
Avocats et les Parties interessées de vouloir
bien nous fournir les [Mémoires nécessaires.
Il n’:st peut-être point dZ/Irticlc dans ce Li
vre qui regarde plus directement le bien pu
blic que celui-la _, et qui se fassc plus lim‘
Qtelques Morceaux de Pros: et de Vers
rtjetttz. par bonnes raisons , ont souvent don
né lieu a des plaintes de la part des person
nes intéressées; mais nous les prions de con
‘siderer que c’est toujours malgré nous que car-i
tains: Picces sont rclzutées ; nous ne nous en
rappartonspas toitjours à notre seul jigemflnt ,
- ñïh
I
w
I?‘
AVERTISSEMENT.
3ans l: choix que nous faisons de telles qui
méritent Ffmprossion. '
‘Un: autre espace d: plainte qui nous est
venue depuis pou , merite de trouver ici su
place. On est surpris, dit-on , de voir dun:
la Aigreur; ‘des Enigmes ct des Logogrjiphes
sur des mots qui ne sont point propres , et on
a raison: il faut dans la honno reg/e que l:
sujet en soit un mot purement physique. Les
noms de Villes ni de Lieux n’)! conviennent
point : moins encore des noms épiteihiqueLUn
Lagagqphe surlæidjectfCurie uxÿommc celui
du mois dejuillet dernier n'est pus régulier,
non plus que celui dont le mot est la Belouzc
dans le même endroit _, à muse de Partial: la
qui ne peut fumais entrer dans lu oomhinkison
du substantif, s. sujet du Logogiyphe Üo‘.
Qgpiqtfon dit toujours la précaution de
faire mettre un mais à lu tête de chaque Mer
cure , pour avertir qu’on ne recevra point de
Lettres ni de Paquets par lu Poste dont I:
port ne soit afinnchi , il en vient cependant -
quelquefois qu’on est obligé de rehutor. Ceux
qui n’uuront pas pris cette précaution ne doi
' vent point, être surpris de ne pus woirparoi
tre les Piéces qu’ils ont envoyées, lesquelles
sont dÿzilleurs perduës pour aux s’ils n’en
ont pusgurdé de Copie. '
Les personnes qui desireront riz/air le Mer
mrt des premiers , soit dans les Provinces ait
' A _v_ dans
A VERTISSEMÈNT.
dans le: Pais Etrangers , n'auront qu’): s’aol
dresser a NI. Moreau, Commis au Mer
cure , vis-à-viç la Comédie Françoise, à
Paris , qui leleur envoyera par la voie la
plu: convenable , et avant qu’il soit en vente
ici. Le: amis à qui on {adresse pour cela ne
sont pas ordinairement fort exacts: il: n’en—
voyant ‘gzteres acheter ce Livre précisément
dans le tems qu’il paraît ', ils ne manquent
pas de le lire , souvent il: le prÊtent, et ne«
Ëenvoyent enfin que fort tard, sou: le prétexte
specieux que le Mercure n’a pas paru plûtot.
a Nous renouvellon: la priere que nous avons
' olëja faite, quand on envoye des Piëees, soit en
Vers soit en Prose , ole le: faire transcrire lisi
blement sur de: papier: séparez et d'une gran
deur raisonnable avec des marges et que les
noms propres, surtout, soient exactement écrits.
Nous aurons toujours les même: égard: pour
les Auteurs qui ne veulent pas se faire con
naître; mai: il serait bon qu’ils olonnassent
une adresse, sur tout quanol il fagit de quel
que Ouvrage qui peut demander des éclair
cissemens ; car souvent faute aÏ’un tel secours
des Pièces nous restent entre les qnains sans
pouvoir le: employer. —
Nous prions peux , qui , par le moyen de
leur: corresponelance: , reçoivent des nouvel
les ÆAfrique . du Levant, de Perse , de
'* Tartarie , du Japon ,_ de la Chine , de: In
des
ÀVERTISS E MENT.
‘1"'
des Orientales et _Occidentales et d’autre:
Pays et Contrées éloignées; les Capitaines ,
Pilotes et Ofiiciers de Navires et les Voya
geurs , de vouloir nous faire part de ces Nou
velles a Padresse generale du Mercure. Ces
matieres peuvent rouler surles Guerres présen
tes de ces Etats et de leurs Voisinsgles Révo
lutions, les ‘Traitez. de Paix ou de Treve;
les- occupations ‘des Souverains , la Religion
des Peuples, leurs Céremonies , Coritumes et
‘Usages, les Phénomenes e_t ‘les Productions
de la Nature et de FArt, comme Pier
res précieuses, Pierres figurées , Marcassites
rares , Pétrifications et Cristalisations ex
traordtnaires , Coquillages _, eÿc Edzfices ,
anciens ei modernes , ‘Ruines , Statues , Bas-y
Reliefs , Inscriptions , qMédailles , Pierres
gravées , Tableaux , 0%.. _
Nous serons plus attentifs que jamais a
apprendre au Public la mort des Scavans
et de ceux qui se sont distinguée dans les
Arts et dans les Mécaniques; on y joindra
le récit cle leurs principales occupations , de
leurs Ouvrages et des plus consideraltles
actions de leur vie. L’Histoire des Lettres
et des Arts doit cette marque de reconnais
sance a la mémoire de ceux qui sjisont rené
dus celeltres ou qui les ont cultivez. avec
soin. Nous esperons que les parens et les
amiÿsde ces illustres Morts aideront volon
A vj fiers
i
AVERTISSEMENT.
,\.
tiers a leur rendre ce devoir par les instrucè‘
' ‘ tions qu’tls voudront bien nous fournir. Ce
que nous venons de dire, regarde, non-seu
lement Paris , mais encore toutes les Province:
du Royaume et lesPays Etrangersgqui peuvent
fournir des évenemens considerables, Morts ,
Mariages , Actes solemnels , FÊtes et autre!
faits dignes d'être transmis 2; la Pesterité.
On a fait au Mercure , et même plul
sieurs fois l'honneur ‘de le critiquer; c’est une
gloire qui manquait a ce Livre. On a beau
dire , nous ne changerons rien a notre
méthode, puisque nos Lecteurs la trouvent
passablement bonne. Un Ottvrage de la na
ture de celui- ci ne sgauroit plaire également
à tout le monde, à cause de la ntultiplicitê
et de la variera’ des matieres , dont quelques
unes sont lues parcertains Lecteurs avec plai
sir et avidité, et par'd’autres avec des dispo
sitions contraires. M du Fresni avait bien
raison de dire que pour que le Mercure fi:
generalement approuvé , ilfaudrait que com
me un autre Prothée , il pût prendre entre
les mains de chaque Lecteur, une forme cons
venable a l'idée qu’il s’en est faite.
C’est'assez pour ce Livre, de contribuer
tous les mois en quelque chose a l'instruc
tion et a Pamusement des Citoyens ; Le
Mercure ne doit rien ‘prétendre au-delä.
Nous sfavons, il est ‘vrai , que la Critique
outre:
AVERTISSEMENT’.
' 0m70’! ou la médisance, plus ou moins ma3
ligmmsflt épicée, fut toujours un mets dé.
llfitñîv‘ pour beaucoup de Lecteurs; mai!
outre que nous n‘): avons pas le moindre
perle/tant , nous renoncons et de très- bon coeur
àqla dangereuse gloire d’être lies et applaudi!
aux dépens dfpersonne.
Nou: serons encore plus retenus sur les
lvûflflgflî, que quelques Lecteurs n’ont pas
approuvées, et en eflet , nous nous sommes
apparent que nous y trouvions peu d’a—
vanrage; au contraire , nous nous somme!
_ vûs exposez. a des especes de reproches , au
lieu de témoignages de reconnaissances, sur
tout de l'a part des gens a talens , car
tel qrfon loue , ne doute nullement que ce
W r01‘! une cbose qui lui est absolument
dûë, souvent même il trouve qu’on ne le
loue pas assez, et ceux quîon neloue pas,‘
du qu’on loue moins , sonttres-indisposez; et
prétendant qu’on loite les autres à leurs dé
‘pans , ils sont doublement fêcloez.
Nous donnons ordinairement des Extraits
des Pieces nouvellesiqui paraissent ‘sur les
‘Ï/oéatres de Paris , et nous faisons quelques
observations d’aprês le jugement du Public,‘
sur les beautez. et sur les défiants qu’on y
V0M/63 la crainte de blesser la délicates-fi‘
des Auteurs , nous retient quelquefois et nous
empêche d’aller plus loin , et crainte aussi
quo
AVERTISSEMENT.
que voulant être plus sinceres , on ne nous‘
accuse efÊtre parriaux. Si les Aztteur: eux
même: voulaient bien prendre sur eux cl:
faire un Extrait ou un [Mémoire "de leur:
Ouvrage: , sans dissimuler les eieflauts qifon
y trouve, cela nous donnerait la hardiesse
a"e"tre un peu plu: severe:, le Lecteur leur
en sftturoit gré , et il: n’): periroient pas, par
les remarques , a charge et a décharge, que
nous ne manquerions paseïajoûter , sans au
Hier de faire remarquer Pextrême difiïculte’
qu'il y al de plaire aujourolVoui au Public
et le péril que courent tous les Ouvrages ot"es
prit qu’on lui présente : nous faisons avec
efaurant plus de confiance cette priere aux
Auteurs Dramatiques et à tous aietres , que
certainement Corneille, Qiinault , Moliere ,
Racine‘, Üc, nauroient pas rougi el’avouer
de: deflaut: dans leurs Pieces.
Nous têclaerons de conserver‘ dan: no:
Narration: la simplicitéJa clarté et la précision
que nous tâchons d) mettre, ainsi que Perdre
dans Farangement de: Pieces en Prose et en
Ver: , et dans la disposition des fait: , afin
qu’une infinité de circonstances que nous rap
portons et le grand détail dans lequelnoits som
mes souvent obligez. a"entrer, ne soient point a
charge aux Lecteurs , et ce qui est encore plus
essentiel dans un Ouvrage tel que celui-c): ,
nous zêcleeron: de soutenir le caractere de mo
' ‘ - ‘ deration
‘AVERTISSEMENT.
‘deration , de :incerité et olïmpartialité , qu'on
itou: a aléja fait la justice de nou: attribuer.
Le: Pieces :er0nt toûjours placée: sans af
fectation ole rang et sans distinction pour le
mérite et la primauté. Le: premiere: yeçtas
seront toûjours le: pretniere: employées, hors le
ca: qzfun Ouvrage soit tellement du temps qu’il
mérite pour cela seulement la prefirence.
Le: honnête: gens nous, scavent gré el’a4
voir garanti ce Livre depuis près ale-douze
an: que nous y travaillons , non-seulement
de toute Satyre , mai: mérite de Portrait: trop
ironique: , trop ressemhlan: et trop sus
ceptible: ofapplication. Mais nous admet
"zron: tres-volontier: le: Ouvrages dans les
quel: une plume legere sïelgayera, même vi
vement, contre divers caracteres bien incom
mode: et souvent très- dangereux dan: la
Sllclûté‘, encore y faut- il mettre cette clause ,
t que le Lecteur n’): puisse reconnaître une telle
permntte en paniculier, mai: que chaque Pa r
ticulier se puisse reconnaître en quelque chose
dan: la peinture gîflfiflîllf de: vice: et ale: ri
dicules ale :on siecle. _
Il nou: reste a marquer notre reconnoi:
sauce et a remercier au nom du Public, plu
Jieuïa‘ Sçavan: du premier ordre , Æaimahles
JI/Iuse: , et quantité ol’autre: permnne: Æun
mérite distingué , dont les Production: enri
chissent le Mercure, et le font lire et re
chercher,
Fermer
Résumé : AVERTISSEMENT.
Le texte est un avertissement concernant la publication du cent soixante-sixième volume du Mercure de France. L'éditeur exprime sa gratitude aux lecteurs et demande leur indulgence pour les éventuelles négligences, soulignant la difficulté de maintenir une attention constante sur chaque article, surtout compte tenu du délai de publication. Il invite les libraires à indiquer le prix exact des livres annoncés et les marchands à partager les nouvelles modes et produits. L'éditeur mentionne également la réception de pièces en prose et en vers, certaines étant rejetées pour des raisons de lisibilité ou de qualité. Les savants et curieux sont encouragés à contribuer avec des mémoires et des pièces instructives et amusantes. Le Mercure couvre divers genres littéraires et scientifiques, et les articles trop longs sont placés dans des volumes extraordinaires. L'éditeur promet de continuer à informer le public des questions juridiques importantes et des événements notables. Il demande également aux lecteurs de bien transcrire les pièces envoyées et de fournir des nouvelles de diverses régions du monde. Le Mercure vise à instruire et à divertir les citoyens chaque mois, sans prétendre à une approbation universelle. L'éditeur exprime son désir de recevoir des extraits ou des mémoires des auteurs eux-mêmes, afin de pouvoir offrir des critiques constructives. Par ailleurs, le texte est un avertissement préliminaire à un ouvrage. L'auteur souligne l'importance de la modération, de l'honnêteté et de l'impartialité dans son travail. Les pièces seront présentées sans affectation, sans distinction de mérite ou de primauté, sauf si l'ouvrage est ancien et mérite une préférence pour cette raison. L'auteur garantit que le livre, rédigé sur une période de près de douze ans, est exempt de satire et de portraits trop ironiques ou susceptibles d'application personnelle. Cependant, il accepte les œuvres où une plume légère critique des caractères incommodes et dangereux, à condition que chaque lecteur puisse se reconnaître dans la peinture des vices et des ridicules de son siècle. Enfin, l'auteur exprime sa reconnaissance et remercie divers savants, muses et personnes de mérite distingué dont les productions enrichissent le Mercure.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
49
p. 327-332
Bibliotheque Italique, &c. [titre d'après la table]
Début :
BIBLIOTHEQUE ITALIQUE, ou Histoire Litteraire de l'Italie, Septembre, Octobre, [...]
Mots clefs :
Maffei, Public, Anciens, Terre, Italie, Histoire, Université de Turin, Journaliste, Savants, Monuments, Italie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Bibliotheque Italique, &c. [titre d'après la table]
BIBLIOTHEQUE ITALIQUE , ou Histoire
Litteraire de l'Italie , Septembre , Octo
bre , Novembre et Décembre 1728. Tom,
3. de 316 pag. avec la Table des Maticses.
A Genéve , chez Marc- Michel Bousquet
et Compagnie.
5 Le premier article de ce Volume est la
suite de l'Extrait de l'Histoire Diplomatique
de M. Maffei , très- connu parmi les
Sçavans d'Italie , et contient des Recherches
sur l'origine des Etrusques et des anciens
Latins, sur leur Gouvernement , leur
Langue, leurs Caracteres , leurs Ecritures,
leurs Coûtumes et leur Religion . M. Maf-
F vi fei ,
328 MERCURE DE FRANCE
>
fei , après avoir recueilli dans différens
Auteurs tout ce qu'il a pû trouver de Monumens
anciens dessinez et gravez , qui
pouvoient regarder le but qu'il s'étoit
proposé et avoir même entrepris un
voyage en Toscane , pour y trouver par
ses propres recherches , les Antiquitez qui
auroient pû échapper à l'attention des
Sçavans , telles que des Vases , des Urnes
des Pierres sépulcrales , &c . il s'est crû
en état de donner un Systême assez suivi
sur l'Histoire de ces anciens Habitans de
PItalie. Il croit donc que les Etruriens furent
des Descendans des Emins , Peuple
fort et puissant qui tiroit son origine de
Chanaan , et que les Mohabite chasserent
du Pays qu'il habitoit , c'est-à - dire , dé ce
pays qui environnoit le Torrent d'Arnon ,
du côté du Midi et du Septentrion , et
qui confinoit à l'Arabie . M. Maffey montre
la vraisemblance de cette conjecture
par la ressemblance des Noms , des Villes
, des Fleuves , des Divinitez , et même
des Peuples d'Etrurie , il les montre encore
par la ressemblance des Dialectes
par le nombre de leurs Villes , par la forme
de leur Gouvernement , par leur Religion
, leurs Sacrifices , leurs Danses et
leurs Coûtumes , ce qui s'accorde assez
avce
FEVRIER. 1733. 329
avec l'Ecriture - Sainte sur laquelle il se
fonde particulierement .
Nous passons sous silence les remar
ques que fait M. Maffei sur l'Ecriture de
ces Peuples , sur les Pélagiens qui habiterent
l'Italie avec les Toscans , et dont il
éxamine plusieurs Monumens qui peuvent
servir à l'Histoire de ces Peuples , aussibien
qu'à celle de Rome même , que ce
Sçavant Ecrivain , appuyé sur plusieurs.
Monumens d'une grande antiquité , et
fondé d'ailleurs sur d'autres raisons assez
plausibles , croit être plus ancienne que
Romulus . Nous avertirons seulement que
cette Dissertation de M. Maffei est comme
Abbregé d'un Ouvrage beaucoup plus
étendu qu'il promet au Public. Nous ne
dirons rien non plus ni des Actes du martyre
de Ferme et de Rustique , ni de la
vie de S. Zenon , Evêque de Verone dansle
troisiéme siécle , ni de la Lettre de
S. Chrysostome à Cesirius , que le même
Auteur a donné au Public avec de sçavantes
Notes , et dont le Journaliste Protestant
rend compte en peu de mots , en
ajoûtant seulement quelques Remarques
conformes à ses sentimens. Ces Ouvrages.
sont assez connus d'ailleurs des Personnes
qui aiment la belle Litterature .
Vaick
330 MERCURE DE FRANCE
>
Voici le titre des Articles suivans . Art.1.
Iliade d'Omero , &c. c'est - à-dire , l'Iliade
et l'Odyssée d'Homere, traduites du Grec
en Vers Italiens non rimés. Par M. l'Ab .
bé Antoine-Marie Salvini. A Florence
chez Glo , 1723. in 8. Le Journaliste en
parle avec beaucoup d'éloges.
Art. 3. Relation de l'ouverture solemnelle
de deux Cours d'Anatomie faits en
public au Théatre Anatomique de l'Université
de Turin le 24. Février 1724. et
le 26 Février de l'an 1725.
Art. 4. Recueil des diverses Formules
et des Discours Académiques de M. Augustin
Campiani , Jurisconsulte Napolitain
, et Professeur dans l'Université de
Turin , &c. avec les Discours de M. Bernard
André Lama , Napolitain , Professeur
en Eloquence dans l'Université de
Turin . A Turin , de l'Imprimerie de Jean
Radix , 1728. in - 8 .
Art. 5. sur une Observation des anciens
Childéens. Quoique cette Observation
ne soit point d'un Italien , le Journaliste
a crû pouvoir la placer dans son
Recueil , comme étant très - curieuse et
digne d'être présentée au Public, de qui ils
demandent le suffrage pour lui en communiquer
d'autres semblables.
L'Auteur de cette Remarque prouve
par
FEVRIER . 1733. 332
par un Passage d'Achilles Tatius dans le
Ch . 18 de son Introduction aux Phenomênes
d'Aratus , publiée par leP. Petau dans
son Vranologium , que les Chaldéens ont
connu assez au juste l'étenduë de la circonference
du Globe terrestre , pour déterminer
qu'un homme marchant d'un
bon pas sans courir , suivroit le Soleil autour
de la terre , et arriveroit en même
tems que lui au point équinoxial , c'est- àdire
, que dans l'espace d'une année Solaire
qu'ils déterminoient à 365. jours et
quelques heures , un homme marchant
d'un bon pas pourroit faire le tour de la
terre , et le feroit en effet , toutes choses
étant égales d'ailleurs.
Art. 6. Recueil des Historiens de l'Ita
, par M. Muratori , Tom. 6.
lie ,
Nous ne pouvons donner une idée de
cet Ouvrage sans entrer dans un détail
qui nous meneroit trop loin .
i
Art. 7. Francisci Travagini super Observationibus
, &c. c'est- à - dire , Recherche
Physique de François Travagini , ou
Indices du mouvement journalier de la
Terre , fondez sur les Observations qu'il
a faites sur les derniers tremblemens de
terre , principalement celui de Raguse. A
Leyde , ainsi que porte le Titre , et réellement
à Venise , 1669 , in-4º , de 29 pag.
sans
332 MERCURE DE FRANCE
sans l'Epitre Dédicatoire qui sert de Préface.
Art. 8. Lettre sur deux prétendues Inscriptions
Etrusques , à M. le Marquis de
Maffei , à Verone.
Art. 9. Lettre de M.... sur le Caractere
des Italiens.
Le 10 Article annonce le Projet de
Souscription du Dictionnaire Historique,
Critique , Chronologique et Litteraire de
la Bible , par le P. Calmet ; cette Souscription
fut proposée et éxecutée en 1728.
et 29. par les Libraires de Geneve ; ainsi
il seroit inutile d'en parler.
Art. 11. Nouvelles Litteraires , elles ne
contiennent presque rien de particulier
qui n'ait été annoncé dans nos Journaux.
On trouve à la fin de ce Tome une Tar
ble des Matieres des 1. 2. et 3. Tomes
de la Bibliotheque des Sçavans d'Italie.
Litteraire de l'Italie , Septembre , Octo
bre , Novembre et Décembre 1728. Tom,
3. de 316 pag. avec la Table des Maticses.
A Genéve , chez Marc- Michel Bousquet
et Compagnie.
5 Le premier article de ce Volume est la
suite de l'Extrait de l'Histoire Diplomatique
de M. Maffei , très- connu parmi les
Sçavans d'Italie , et contient des Recherches
sur l'origine des Etrusques et des anciens
Latins, sur leur Gouvernement , leur
Langue, leurs Caracteres , leurs Ecritures,
leurs Coûtumes et leur Religion . M. Maf-
F vi fei ,
328 MERCURE DE FRANCE
>
fei , après avoir recueilli dans différens
Auteurs tout ce qu'il a pû trouver de Monumens
anciens dessinez et gravez , qui
pouvoient regarder le but qu'il s'étoit
proposé et avoir même entrepris un
voyage en Toscane , pour y trouver par
ses propres recherches , les Antiquitez qui
auroient pû échapper à l'attention des
Sçavans , telles que des Vases , des Urnes
des Pierres sépulcrales , &c . il s'est crû
en état de donner un Systême assez suivi
sur l'Histoire de ces anciens Habitans de
PItalie. Il croit donc que les Etruriens furent
des Descendans des Emins , Peuple
fort et puissant qui tiroit son origine de
Chanaan , et que les Mohabite chasserent
du Pays qu'il habitoit , c'est-à - dire , dé ce
pays qui environnoit le Torrent d'Arnon ,
du côté du Midi et du Septentrion , et
qui confinoit à l'Arabie . M. Maffey montre
la vraisemblance de cette conjecture
par la ressemblance des Noms , des Villes
, des Fleuves , des Divinitez , et même
des Peuples d'Etrurie , il les montre encore
par la ressemblance des Dialectes
par le nombre de leurs Villes , par la forme
de leur Gouvernement , par leur Religion
, leurs Sacrifices , leurs Danses et
leurs Coûtumes , ce qui s'accorde assez
avce
FEVRIER. 1733. 329
avec l'Ecriture - Sainte sur laquelle il se
fonde particulierement .
Nous passons sous silence les remar
ques que fait M. Maffei sur l'Ecriture de
ces Peuples , sur les Pélagiens qui habiterent
l'Italie avec les Toscans , et dont il
éxamine plusieurs Monumens qui peuvent
servir à l'Histoire de ces Peuples , aussibien
qu'à celle de Rome même , que ce
Sçavant Ecrivain , appuyé sur plusieurs.
Monumens d'une grande antiquité , et
fondé d'ailleurs sur d'autres raisons assez
plausibles , croit être plus ancienne que
Romulus . Nous avertirons seulement que
cette Dissertation de M. Maffei est comme
Abbregé d'un Ouvrage beaucoup plus
étendu qu'il promet au Public. Nous ne
dirons rien non plus ni des Actes du martyre
de Ferme et de Rustique , ni de la
vie de S. Zenon , Evêque de Verone dansle
troisiéme siécle , ni de la Lettre de
S. Chrysostome à Cesirius , que le même
Auteur a donné au Public avec de sçavantes
Notes , et dont le Journaliste Protestant
rend compte en peu de mots , en
ajoûtant seulement quelques Remarques
conformes à ses sentimens. Ces Ouvrages.
sont assez connus d'ailleurs des Personnes
qui aiment la belle Litterature .
Vaick
330 MERCURE DE FRANCE
>
Voici le titre des Articles suivans . Art.1.
Iliade d'Omero , &c. c'est - à-dire , l'Iliade
et l'Odyssée d'Homere, traduites du Grec
en Vers Italiens non rimés. Par M. l'Ab .
bé Antoine-Marie Salvini. A Florence
chez Glo , 1723. in 8. Le Journaliste en
parle avec beaucoup d'éloges.
Art. 3. Relation de l'ouverture solemnelle
de deux Cours d'Anatomie faits en
public au Théatre Anatomique de l'Université
de Turin le 24. Février 1724. et
le 26 Février de l'an 1725.
Art. 4. Recueil des diverses Formules
et des Discours Académiques de M. Augustin
Campiani , Jurisconsulte Napolitain
, et Professeur dans l'Université de
Turin , &c. avec les Discours de M. Bernard
André Lama , Napolitain , Professeur
en Eloquence dans l'Université de
Turin . A Turin , de l'Imprimerie de Jean
Radix , 1728. in - 8 .
Art. 5. sur une Observation des anciens
Childéens. Quoique cette Observation
ne soit point d'un Italien , le Journaliste
a crû pouvoir la placer dans son
Recueil , comme étant très - curieuse et
digne d'être présentée au Public, de qui ils
demandent le suffrage pour lui en communiquer
d'autres semblables.
L'Auteur de cette Remarque prouve
par
FEVRIER . 1733. 332
par un Passage d'Achilles Tatius dans le
Ch . 18 de son Introduction aux Phenomênes
d'Aratus , publiée par leP. Petau dans
son Vranologium , que les Chaldéens ont
connu assez au juste l'étenduë de la circonference
du Globe terrestre , pour déterminer
qu'un homme marchant d'un
bon pas sans courir , suivroit le Soleil autour
de la terre , et arriveroit en même
tems que lui au point équinoxial , c'est- àdire
, que dans l'espace d'une année Solaire
qu'ils déterminoient à 365. jours et
quelques heures , un homme marchant
d'un bon pas pourroit faire le tour de la
terre , et le feroit en effet , toutes choses
étant égales d'ailleurs.
Art. 6. Recueil des Historiens de l'Ita
, par M. Muratori , Tom. 6.
lie ,
Nous ne pouvons donner une idée de
cet Ouvrage sans entrer dans un détail
qui nous meneroit trop loin .
i
Art. 7. Francisci Travagini super Observationibus
, &c. c'est- à - dire , Recherche
Physique de François Travagini , ou
Indices du mouvement journalier de la
Terre , fondez sur les Observations qu'il
a faites sur les derniers tremblemens de
terre , principalement celui de Raguse. A
Leyde , ainsi que porte le Titre , et réellement
à Venise , 1669 , in-4º , de 29 pag.
sans
332 MERCURE DE FRANCE
sans l'Epitre Dédicatoire qui sert de Préface.
Art. 8. Lettre sur deux prétendues Inscriptions
Etrusques , à M. le Marquis de
Maffei , à Verone.
Art. 9. Lettre de M.... sur le Caractere
des Italiens.
Le 10 Article annonce le Projet de
Souscription du Dictionnaire Historique,
Critique , Chronologique et Litteraire de
la Bible , par le P. Calmet ; cette Souscription
fut proposée et éxecutée en 1728.
et 29. par les Libraires de Geneve ; ainsi
il seroit inutile d'en parler.
Art. 11. Nouvelles Litteraires , elles ne
contiennent presque rien de particulier
qui n'ait été annoncé dans nos Journaux.
On trouve à la fin de ce Tome une Tar
ble des Matieres des 1. 2. et 3. Tomes
de la Bibliotheque des Sçavans d'Italie.
Fermer
Résumé : Bibliotheque Italique, &c. [titre d'après la table]
Le volume de la 'BIBLIOTHEQUE ITALIQUE, ou Histoire Littéraire de l'Italie' couvre les mois de septembre à décembre 1728. Publié à Genève par Marc-Michel Bousquet et Compagnie, ce volume de 316 pages comprend une table des matières. Le premier article est la suite de l''Histoire Diplomatique' de M. Maffei, qui examine l'origine des Étrusques et des anciens Latins. Maffei explore leur gouvernement, langue, caractères, écritures, coutumes et religion. Pour ses recherches, il a recueilli des monuments anciens et entrepris un voyage en Toscane. Il propose que les Étruriens étaient des descendants des Émins, un peuple puissant originaire de Chanaan, chassé par les Moabites. Cette théorie est soutenue par des similitudes dans les noms, villes, fleuves, divinités, dialectes et coutumes. Le volume inclut également des traductions de l'Iliade et de l'Odyssée d'Homère en vers italiens par l'abbé Antoine-Marie Salvini. D'autres contributions notables sont une relation de cours d'anatomie à l'Université de Turin, et un recueil de formules académiques de M. Augustin Campiani et M. Bernard André Lama. Des articles traitent également des observations des anciens Chaldéens, d'un recueil d'historiens italiens par M. Muratori, et de recherches sur les tremblements de terre par François Travagini. Le volume se conclut par une table des matières des trois tomes de la 'BIBLIOTHEQUE ITALIQUE'.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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50
p. 463-469
DISCOURS prononcé dans l'Hôtel de Ville de la Rochelle, le 18 Juillet 1732. par M. Regnaud, l'un des Membres de la nouvelle Académie Royale, à la tête de la Compagnie.
Début :
MESSIEURS, Nous venons partager avec vous la joïe que nous [...]
Mots clefs :
Académie de La Rochelle, Établissement, La Rochelle, Société littéraire, Sciences, Public, Amour, Gloire, Province, Postérité, Belles-lettres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DISCOURS prononcé dans l'Hôtel de Ville de la Rochelle, le 18 Juillet 1732. par M. Regnaud, l'un des Membres de la nouvelle Académie Royale, à la tête de la Compagnie.
DISCOURS prononcé dans l'Hôtel
de Ville de la Rochelle , le 18 Juillet
1732. par M.Regnaud , l'un des Membres
de la nouvelle Académie Royale , à
la tête de la Compagnie.
M
ESSIEURS ,
Nous venons partager avec vous la
joïe que nous cause un Etablissement
aussi glorieux pour cette Ville , qu'il lui
sera utile dans la suite. Cette Société Litteraire
qui s'est formée sous vos yeux, qui
des son commencement a eu l'approba
tion de M. Bignon , Intendant de la Province
, est aujourd'hui honorée de la Protection
de Monseigneur le Prince de
Conti , et érigée en Corps Académique ,
par les Lettres Patentes , qu'il a plû au
Roy de nous accorder .
L'amour de l'Etude avoit fait naître
l'idée de cet Etablissement , la Sagesse
l'a conduit , la Vertu l'a protegé , et l'authorité
Souveraine vient de le rendre stable
, par une de ces graces singulieres que
S. M. ne répand que sur les Villes qui lúi
sont les plus attachées , les plus soumises ,
Ciiij et
464 MERCURE DE FRANCE
et , si je l'ose dire , les plus cheres.
Prérogative bien glorieuse pour nous
mais encore plus interressante ! elle nous
découvre le caractere bienfaisant du Prince,
sous les Loix duquel nous avons le bonheur
de vivre , son zele à étendre l'Empire
des Lettres jusqu'aux extrémitez de la
France , et, ce qui doit nous toucher plus
vivement, son attention à procurer à cette
Ville , tout ce qui peut lui être avantageux.
En effet , MESSIEURS , nos besoins
sont satisfaits , dès qu'il les connoît ; il
sçait que le commerce de cette Ville a
perdu de son activité et de son étenduë
que notre Port est devenu inaccessible
aux Vaisseaux ; il en ordonne le rétablis
sement , l'ouvrage est commencé , et l'expérience
de celui à qui il est confié , nous
assure du succès .
ོ་
བ་
Vraiment Pere de ses Peuples , il veille
sans cesse à leur conservation ; des maladies
Périodiques affligent les habitans de
cette Ville ; il ordonne d'en chercher la
cause, on la découvre, et déja nous voïons
près de cette Digue fameuse , qui sembloit
devoir nous éloigner de la Mer en lui
prescrivant de nouvelles bornes , mille
bras occupez au salut public.
Mieux instruit que nous sommes de
"no"
MARS. 1733.
465
nos propres interêts , il prévient les suites
funestes de cette avidité qui avoit porté
les Contrées voisines à changer l'usage de
leurs Terres , sans faire attention , qu'en
multipliant à l'excès , les fruits d'une
même espece , elles causoient une abondance
capable de ruiner la principale ressource
de cette Province.
Il semble , MESSIEURS , que cet Astre
ne soit placé sur nos têtes que pour
nous faire sentir la douceur de ses influences
; toujours attentif à recompenser
le mérite et les services de ses Sujets , il
vient de répandre un nouveau lustre
sur une Compagnie encore plus - respectable
par les qualitez de l'esprit et
du coeur , que par le nouvel éclat dont
S. M. a bien voulu l'honorer.
Secondant les voeux d'un Corps qué la
piété et le sçavoir ont toujours distingués
il veut , à l'honneur de la Religion élever
des Autels , dignes de sa Magnificence
Royale , dans les mêmes lieux où l'on regrete
encore ceux que la Guerre et l'Hérésie
ont renverses avec tant de fureur.
›
Notre reconnoissance se ranime à la
vûë de tous ces bienfaits ; mais eussionsnous
pû , MESSIEURS la marquer
d'une manière assez éclatante , si la nouvelle
faveur que nous recevons de S. M.
C v
ne
466 MERCURE DE FRANCE
ne nous mettoit en état de la rendre publique
, et de la faire passer jusqu'à la
posterité la plus reculée.
L'amour des Letttes , et leurs progrès
dans un Etat sont des marques assurées
de grandeur et de prosperité , et leur Etablissement
dans une Ville , et pour tous
les Citoiens , une source de gloire , à laquelle
chacun a droit de prétendre,à proportion
de ses talens .
Vous le sçavez , MESSIEURS , et j'ose
le dire , vous le sçavez par expérience
quels sont les avantages que l'on retire de
la connoissance et de l'amour des belles
Lettres ; jamais l'ame n'est mieux préparée
à la vertu que lorsque les Sciences y
ont répandu la lumiere , plus on est instruit
, micux on est en état de remplir ses
devoirs.
Pour nous en convaincre , parcourons
les differens états d'une Ville où les Lettres
et les Sciences sont cultivées ; nous y
verrons tous les Postes également bien
remplis ; l'authorité y esr sans aigreur ;
Pobéissance sans contrainte ; un heureux
Equilibre y entretient l'harmonie et la
paix ; il regne entre ses habitans , " une
émulation sans envie ; des moeurs douces.
et policées y rendent la société agréable ;
les Arts sont portez à leur perfection , la
ReliMAR
S. 1733 .
467
Religion est honorée et respectée, les Loix
sont en vigueur, chacun est occupé au milieu
de l'abondance.
.. Ce sont-là , MESSIEURS , les fruits
des Sciences et des Belles - Lettres , dont
vous avez jetté les premieres semences
dans cette Province , par l'établissement
de ces Ecoles publiques , où l'on cultive
sans cesse les biens les plus précieux de la
vie , la sience et la vertu.
De là sont sortis ces grands sentimens ,
ces nobles idées , qui se sont dévelopées
peu à peu , et ausquelles il ne manquoit
que le temps et l'occasion pour éclater.
Telle est aussi , MESSIEURS , l'origine de
cette Société Litteraire , à la gloire de laquelle
vous vous trouvez interressez par
des motifs si pressans.
Jettez les yeux pour un moment , sur
un avenir , qui n'est peut - être pas si
éloigné ; et vous verrez les effets de la
noble émulation que cet établissement
va exciter dans tous les coeurs de nos Concitoiens
; vous verrez que ces Plantes si
cheres que vous cultivez avec tant de précaution
, que ces Enfans , dignes de tout
votre amour , comme de tous vos soins ;
seront les premiets à profiter de tous ces
avantages ; ces genies propres aux plus
grandes choses , cultivez par une heu-
C vi reuse
468 MERCURE DE FRANCE
reuse éducation et animez par des exem-
-ples domestiques , rempliront dignement
la place de leurs Peres , et deviendront.
un jour comme eux l'honneur et la gloire
de leur Patrie.
Si le coeur se porte sans cesse vers l'objet
qu'il aime , avec quelle impatience,
MESSIEURS , n'attendez vous point
ces heureux momens où vous pourrez
faire usage de ces sentimens de générosité
qui vous sont si naturels , et qui conviennent
si - bien au poste que voire mérite
semble vous avoir procuré avant le
temps ?
Vous n'aurez , MESSIEURS, qu'à laisser
agir . votre reconnoissance , envers les
Lettres , nos désirs seront remplis , et
l'Académie aura lieu de se féliciter d'une
si heureuse circonstance.
Tour se déclare en notre faveur ; vous.
connoissez ; MESSIEURS , le prix des
Lettres , et vous en faites la matiere de
vos plus douces occupations , les uns par
d'élégantes traductions que le public attend
avec impatience ; les autres par des
Discours aussi solides qu'éloquens , prononcez
avec grace en diverses occasions ;
d'autres , par des recherches et des Anecdotes
aussi utiles à tous les Etats , que
glorieuses à ceux qui se sont appliquez à
former
MARS. 1733.
469
former ces précieux dépôts. Enfin , MESSIEURS,
Votre gout pour les Sciences et
votre zele pour l'intérêt public , nous
donnent lieu d'esperer que vous contribuerez
de tout votre pouvoir à soutenir
un Etablissement qui ne sauroit être indifferent
à ceux qu'une heureuse éducation
distingne du yulgaire.
La gloire du Roy , celle du Prince
notre Auguste Protecteur, le Bien public,
nos interêts communs . Voilà , MESSIEURS ,
les motifs qui doivent nous réunir , pour
faire éclater notre juste reconnoissance ret
pour apprendre à la postérité que les plus
brillantes Victoires des Regnes précédens
cedenr aux douceurs dont nous
jouissons sous le meilleur de tous les
Rois.
de Ville de la Rochelle , le 18 Juillet
1732. par M.Regnaud , l'un des Membres
de la nouvelle Académie Royale , à
la tête de la Compagnie.
M
ESSIEURS ,
Nous venons partager avec vous la
joïe que nous cause un Etablissement
aussi glorieux pour cette Ville , qu'il lui
sera utile dans la suite. Cette Société Litteraire
qui s'est formée sous vos yeux, qui
des son commencement a eu l'approba
tion de M. Bignon , Intendant de la Province
, est aujourd'hui honorée de la Protection
de Monseigneur le Prince de
Conti , et érigée en Corps Académique ,
par les Lettres Patentes , qu'il a plû au
Roy de nous accorder .
L'amour de l'Etude avoit fait naître
l'idée de cet Etablissement , la Sagesse
l'a conduit , la Vertu l'a protegé , et l'authorité
Souveraine vient de le rendre stable
, par une de ces graces singulieres que
S. M. ne répand que sur les Villes qui lúi
sont les plus attachées , les plus soumises ,
Ciiij et
464 MERCURE DE FRANCE
et , si je l'ose dire , les plus cheres.
Prérogative bien glorieuse pour nous
mais encore plus interressante ! elle nous
découvre le caractere bienfaisant du Prince,
sous les Loix duquel nous avons le bonheur
de vivre , son zele à étendre l'Empire
des Lettres jusqu'aux extrémitez de la
France , et, ce qui doit nous toucher plus
vivement, son attention à procurer à cette
Ville , tout ce qui peut lui être avantageux.
En effet , MESSIEURS , nos besoins
sont satisfaits , dès qu'il les connoît ; il
sçait que le commerce de cette Ville a
perdu de son activité et de son étenduë
que notre Port est devenu inaccessible
aux Vaisseaux ; il en ordonne le rétablis
sement , l'ouvrage est commencé , et l'expérience
de celui à qui il est confié , nous
assure du succès .
ོ་
བ་
Vraiment Pere de ses Peuples , il veille
sans cesse à leur conservation ; des maladies
Périodiques affligent les habitans de
cette Ville ; il ordonne d'en chercher la
cause, on la découvre, et déja nous voïons
près de cette Digue fameuse , qui sembloit
devoir nous éloigner de la Mer en lui
prescrivant de nouvelles bornes , mille
bras occupez au salut public.
Mieux instruit que nous sommes de
"no"
MARS. 1733.
465
nos propres interêts , il prévient les suites
funestes de cette avidité qui avoit porté
les Contrées voisines à changer l'usage de
leurs Terres , sans faire attention , qu'en
multipliant à l'excès , les fruits d'une
même espece , elles causoient une abondance
capable de ruiner la principale ressource
de cette Province.
Il semble , MESSIEURS , que cet Astre
ne soit placé sur nos têtes que pour
nous faire sentir la douceur de ses influences
; toujours attentif à recompenser
le mérite et les services de ses Sujets , il
vient de répandre un nouveau lustre
sur une Compagnie encore plus - respectable
par les qualitez de l'esprit et
du coeur , que par le nouvel éclat dont
S. M. a bien voulu l'honorer.
Secondant les voeux d'un Corps qué la
piété et le sçavoir ont toujours distingués
il veut , à l'honneur de la Religion élever
des Autels , dignes de sa Magnificence
Royale , dans les mêmes lieux où l'on regrete
encore ceux que la Guerre et l'Hérésie
ont renverses avec tant de fureur.
›
Notre reconnoissance se ranime à la
vûë de tous ces bienfaits ; mais eussionsnous
pû , MESSIEURS la marquer
d'une manière assez éclatante , si la nouvelle
faveur que nous recevons de S. M.
C v
ne
466 MERCURE DE FRANCE
ne nous mettoit en état de la rendre publique
, et de la faire passer jusqu'à la
posterité la plus reculée.
L'amour des Letttes , et leurs progrès
dans un Etat sont des marques assurées
de grandeur et de prosperité , et leur Etablissement
dans une Ville , et pour tous
les Citoiens , une source de gloire , à laquelle
chacun a droit de prétendre,à proportion
de ses talens .
Vous le sçavez , MESSIEURS , et j'ose
le dire , vous le sçavez par expérience
quels sont les avantages que l'on retire de
la connoissance et de l'amour des belles
Lettres ; jamais l'ame n'est mieux préparée
à la vertu que lorsque les Sciences y
ont répandu la lumiere , plus on est instruit
, micux on est en état de remplir ses
devoirs.
Pour nous en convaincre , parcourons
les differens états d'une Ville où les Lettres
et les Sciences sont cultivées ; nous y
verrons tous les Postes également bien
remplis ; l'authorité y esr sans aigreur ;
Pobéissance sans contrainte ; un heureux
Equilibre y entretient l'harmonie et la
paix ; il regne entre ses habitans , " une
émulation sans envie ; des moeurs douces.
et policées y rendent la société agréable ;
les Arts sont portez à leur perfection , la
ReliMAR
S. 1733 .
467
Religion est honorée et respectée, les Loix
sont en vigueur, chacun est occupé au milieu
de l'abondance.
.. Ce sont-là , MESSIEURS , les fruits
des Sciences et des Belles - Lettres , dont
vous avez jetté les premieres semences
dans cette Province , par l'établissement
de ces Ecoles publiques , où l'on cultive
sans cesse les biens les plus précieux de la
vie , la sience et la vertu.
De là sont sortis ces grands sentimens ,
ces nobles idées , qui se sont dévelopées
peu à peu , et ausquelles il ne manquoit
que le temps et l'occasion pour éclater.
Telle est aussi , MESSIEURS , l'origine de
cette Société Litteraire , à la gloire de laquelle
vous vous trouvez interressez par
des motifs si pressans.
Jettez les yeux pour un moment , sur
un avenir , qui n'est peut - être pas si
éloigné ; et vous verrez les effets de la
noble émulation que cet établissement
va exciter dans tous les coeurs de nos Concitoiens
; vous verrez que ces Plantes si
cheres que vous cultivez avec tant de précaution
, que ces Enfans , dignes de tout
votre amour , comme de tous vos soins ;
seront les premiets à profiter de tous ces
avantages ; ces genies propres aux plus
grandes choses , cultivez par une heu-
C vi reuse
468 MERCURE DE FRANCE
reuse éducation et animez par des exem-
-ples domestiques , rempliront dignement
la place de leurs Peres , et deviendront.
un jour comme eux l'honneur et la gloire
de leur Patrie.
Si le coeur se porte sans cesse vers l'objet
qu'il aime , avec quelle impatience,
MESSIEURS , n'attendez vous point
ces heureux momens où vous pourrez
faire usage de ces sentimens de générosité
qui vous sont si naturels , et qui conviennent
si - bien au poste que voire mérite
semble vous avoir procuré avant le
temps ?
Vous n'aurez , MESSIEURS, qu'à laisser
agir . votre reconnoissance , envers les
Lettres , nos désirs seront remplis , et
l'Académie aura lieu de se féliciter d'une
si heureuse circonstance.
Tour se déclare en notre faveur ; vous.
connoissez ; MESSIEURS , le prix des
Lettres , et vous en faites la matiere de
vos plus douces occupations , les uns par
d'élégantes traductions que le public attend
avec impatience ; les autres par des
Discours aussi solides qu'éloquens , prononcez
avec grace en diverses occasions ;
d'autres , par des recherches et des Anecdotes
aussi utiles à tous les Etats , que
glorieuses à ceux qui se sont appliquez à
former
MARS. 1733.
469
former ces précieux dépôts. Enfin , MESSIEURS,
Votre gout pour les Sciences et
votre zele pour l'intérêt public , nous
donnent lieu d'esperer que vous contribuerez
de tout votre pouvoir à soutenir
un Etablissement qui ne sauroit être indifferent
à ceux qu'une heureuse éducation
distingne du yulgaire.
La gloire du Roy , celle du Prince
notre Auguste Protecteur, le Bien public,
nos interêts communs . Voilà , MESSIEURS ,
les motifs qui doivent nous réunir , pour
faire éclater notre juste reconnoissance ret
pour apprendre à la postérité que les plus
brillantes Victoires des Regnes précédens
cedenr aux douceurs dont nous
jouissons sous le meilleur de tous les
Rois.
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Résumé : DISCOURS prononcé dans l'Hôtel de Ville de la Rochelle, le 18 Juillet 1732. par M. Regnaud, l'un des Membres de la nouvelle Académie Royale, à la tête de la Compagnie.
Le 18 juillet 1732, M. Regnaud, membre de la nouvelle Académie Royale de La Rochelle, a prononcé un discours célébrant la création d'une société littéraire dans la ville. Cette initiative a été approuvée par M. Bignon, Intendant de la Province, et protégée par Monseigneur le Prince de Conti, avant d'être officialisée par des lettres patentes du roi. L'établissement de cette académie est perçu comme une source de gloire et d'utilité pour La Rochelle. Le discours souligne la bienveillance du roi envers les villes loyales et soumises, mettant en avant son zèle pour l'expansion des lettres et son attention aux besoins de La Rochelle. Le roi a ordonné la restauration du port et la lutte contre les maladies périodiques affectant la ville. Il a également pris des mesures pour prévenir les conséquences néfastes de l'avidité agricole dans les régions voisines. L'académie est vue comme un moyen de promouvoir la vertu et la connaissance, contribuant à une société harmonieuse et prospère. Le discours encourage les membres à cultiver les lettres et les sciences, soulignant leur rôle dans le développement des talents et des vertus civiques. La reconnaissance envers le roi et le prince est exprimée, ainsi que l'espoir de voir les jeunes générations bénéficier de cette éducation et devenir un jour l'honneur de leur patrie.
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