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1
p. 100-103
Air de M. de Moliere sur des Paroles de M. de Frontiniere, chantées devant le Roy par Madem. Jacquier. [titre d'après la table]
Début :
Cet Article seroit mal finy, si je n'y joignois ces / Grand Roy. fameux Héros à qui tout est soûmis, [...]
Mots clefs :
Paroles, Roi, Héros, Opéra, Lully, Molière
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texteReconnaissance textuelle : Air de M. de Moliere sur des Paroles de M. de Frontiniere, chantées devant le Roy par Madem. Jacquier. [titre d'après la table]
Cet Article ſeroit mal finy,
fi jen'y joignois ces Vers qui ont eſté chantez devant le
Roy avec une entiere fatisfa- ction de tous ceux qui ont eu le plaisir de les entendre.
Grand Roy , fameuxHéros à qui
tout estsoumis ,
G 2
76 LE MERCVRE
Tremblerons-nous toûjours comme
vos Ennemis ?
Nepourrons-nous jamais appren- drefans allarmes,
L'étonnantfuccésdevos armes?
Laiſſez porter la guerre en cent
Climats divers ,
Sansvous expoſerdavantage;
Mais vous ferez plûtoft Maistre
de l'Univers ,
Que de vostre Courage.
Ces Paroles ſont de Monfieur de Frontiniere. Il est fi
connude toutes les Perſonnes
de qualité qui ont le goût des bonnes chofes , qu'on ne ſcau- roit mieux loüer ce qu'il fait,
qu'en diſant qu'il en eſt l'Au- theur. C'eſt luy qui a fait l'O- péra de Narciffe , dont vous avez oüy dire tant de bien.
Monfieur de Lully y travaille
GALANT.. 77 avec beaucoup d'application;
& comme on ne peut douter que ſa Muſique ne réponde a
la douceur &à la beauté des
Vers , on a ſujet d'en attendre quelque choſe de merveil- leux. La plus grande partie des belles Paroles qui ont eſté miſes en Chant par Monfieur Lambertdepuis plufieurs an- nées , fontde ce meſmeMon--
fieur de Frontiniere. L'Air de
celles que je vous envoye , a
efté fait par M' Moliere. C'eſt un admirable Génie. Vous
voyez bien que je vous parle de celuy qu'on appelle icy communément lepetitMolie- re
fi jen'y joignois ces Vers qui ont eſté chantez devant le
Roy avec une entiere fatisfa- ction de tous ceux qui ont eu le plaisir de les entendre.
Grand Roy , fameuxHéros à qui
tout estsoumis ,
G 2
76 LE MERCVRE
Tremblerons-nous toûjours comme
vos Ennemis ?
Nepourrons-nous jamais appren- drefans allarmes,
L'étonnantfuccésdevos armes?
Laiſſez porter la guerre en cent
Climats divers ,
Sansvous expoſerdavantage;
Mais vous ferez plûtoft Maistre
de l'Univers ,
Que de vostre Courage.
Ces Paroles ſont de Monfieur de Frontiniere. Il est fi
connude toutes les Perſonnes
de qualité qui ont le goût des bonnes chofes , qu'on ne ſcau- roit mieux loüer ce qu'il fait,
qu'en diſant qu'il en eſt l'Au- theur. C'eſt luy qui a fait l'O- péra de Narciffe , dont vous avez oüy dire tant de bien.
Monfieur de Lully y travaille
GALANT.. 77 avec beaucoup d'application;
& comme on ne peut douter que ſa Muſique ne réponde a
la douceur &à la beauté des
Vers , on a ſujet d'en attendre quelque choſe de merveil- leux. La plus grande partie des belles Paroles qui ont eſté miſes en Chant par Monfieur Lambertdepuis plufieurs an- nées , fontde ce meſmeMon--
fieur de Frontiniere. L'Air de
celles que je vous envoye , a
efté fait par M' Moliere. C'eſt un admirable Génie. Vous
voyez bien que je vous parle de celuy qu'on appelle icy communément lepetitMolie- re
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Résumé : Air de M. de Moliere sur des Paroles de M. de Frontiniere, chantées devant le Roy par Madem. Jacquier. [titre d'après la table]
Le texte présente un article inachevé complété par des vers chantés devant le roi, qui ont été bien reçus. Ces vers, adressés à un 'Grand Roy, fameux Héros', expriment l'admiration pour ses exploits militaires et suggèrent qu'il pourrait dominer l'univers grâce à son courage plutôt que de se mettre en danger. Les paroles sont attribuées à Monsieur de Frontinière, connu pour son œuvre, notamment l'opéra 'Narcisse'. Monsieur de Lully travaille également sur cet opéra avec beaucoup d'application, et sa musique est attendue pour correspondre à la qualité des vers. La plupart des beaux textes mis en chant par Monsieur Lambert ces dernières années sont également de Monsieur de Frontinière. L'air des vers envoyés a été composé par Molière, décrit comme un 'admirable Génie'.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 13-15
CHANSON.
Début :
Puis que les Chansons ont tant de charmes pour vos / Vous que j'ay veu brûler d'une flame si belle, [...]
Mots clefs :
Air, Paroles, Flamme, Parque
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texteReconnaissance textuelle : CHANSON.
Puis que les chanſons ont tant de charmes pour vosbel- les Provinciales, je croy ne de- voir pas quitter cette matiere fans vous faire encor part de deux qui font tombées entre mes mains. L'Airde la premie- re eſt de M Boiffet; les Paroles furent faites fur le bruit
qui courut que Monfieur re- tourneroit à l'Armée peu de temps aprés que ce Prince fut arrivé à Paris , &c'eſt ſur ce ſujet que l'Autheur feint que Madame s'adreſſe à ce Prince
pour luy dire ce qui fuit..
GALANT. TI
ややや好好好好好好好好好好
*
CHANSON.
Vom que Ous que j'ay ven brûler d'une flamesi belle ,
Et qui m'avez juré de megarder la
foy,
Ahque c'est estre peu fidelle ,
Qu'aimer la Gloireplus quemoy!
Sivostre prompt retour ne finit ma Souffrance ,
La Parque va bien- toft me ranger fousfaLoy:
Abque c'est avoir d'inconstance,
D'aimerplus lagloire que moy.
qui courut que Monfieur re- tourneroit à l'Armée peu de temps aprés que ce Prince fut arrivé à Paris , &c'eſt ſur ce ſujet que l'Autheur feint que Madame s'adreſſe à ce Prince
pour luy dire ce qui fuit..
GALANT. TI
ややや好好好好好好好好好好
*
CHANSON.
Vom que Ous que j'ay ven brûler d'une flamesi belle ,
Et qui m'avez juré de megarder la
foy,
Ahque c'est estre peu fidelle ,
Qu'aimer la Gloireplus quemoy!
Sivostre prompt retour ne finit ma Souffrance ,
La Parque va bien- toft me ranger fousfaLoy:
Abque c'est avoir d'inconstance,
D'aimerplus lagloire que moy.
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Résumé : CHANSON.
L'auteur d'une lettre partage deux chansons, les Provinciales. La première, sur un air de M. Boiffet, répond à la rumeur du retour d'un prince à l'armée. La chanson imagine Madame exprimant son amour et sa fidélité, contrastant avec la passion du prince pour la gloire. Elle exprime sa souffrance et sa crainte de mourir s'il ne revient pas.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 226-229
AIR.
Début :
Je puis vous assurer, Madame, que tout est nouveau dans / Iris sur la Fougere, [...]
Mots clefs :
Mr de la Tour, Berger, Feux, Paroles
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texteReconnaissance textuelle : AIR.
Je puis vous affurer,
Madame , que tout eft
nouveau dans cet Air, &
que je ne vous envoyeray
rien de cette nature qui ait
efté veu dans le monde
avant que vous le receviez.
C'eft ce qui m'a empefché
de faire graver un fort bel
Air de M de la Tour, qui comme vous fçavez tient
rang parmy les premiers
Mailtres deMufique. J'ay
déja entendu parler de cet
Air enquelques endroits, &
je prétens que vous puiffiez
dire que vous aurez chanté
la premiere tout ce que
Vous trouverez noté dans
mes Lettres, fi ceux qui me
le donneront me tiennent
parole. Je ne veux pas cependant vous priver des
Paroles fur lesquelles M
de la Tour a travaillé. Elles
vous plairont beaucoup, fi
elles vous plaifent autant
qu'elles font icy ; mais
comment ne vous plairoient-elles pas, puis qu'el
les font de l'illuftre Perfonne qui ne nous donne
jamais rien que d'achevé ?
Elles ont un tour qui vous
feront connoiftre aisément
le merveilleux génie de
Madame des Houlieres.
AIR.
Rris furla Fougere,.
Dans un preffant danger,
Afon temeraire Berger
Difoit toute en colere;
Qu'eft devenu, Tirfis , cet air ref
pectueux,
Quid'unparfait Amant eft le vray
caractere?
Entrè deux cœurs , dit-il , brûlez
des mefmesfeux,
Il eft certains momensheureux
Où, ma Bergere,
Il ne faut eftre qu'amoureux.
Madame , que tout eft
nouveau dans cet Air, &
que je ne vous envoyeray
rien de cette nature qui ait
efté veu dans le monde
avant que vous le receviez.
C'eft ce qui m'a empefché
de faire graver un fort bel
Air de M de la Tour, qui comme vous fçavez tient
rang parmy les premiers
Mailtres deMufique. J'ay
déja entendu parler de cet
Air enquelques endroits, &
je prétens que vous puiffiez
dire que vous aurez chanté
la premiere tout ce que
Vous trouverez noté dans
mes Lettres, fi ceux qui me
le donneront me tiennent
parole. Je ne veux pas cependant vous priver des
Paroles fur lesquelles M
de la Tour a travaillé. Elles
vous plairont beaucoup, fi
elles vous plaifent autant
qu'elles font icy ; mais
comment ne vous plairoient-elles pas, puis qu'el
les font de l'illuftre Perfonne qui ne nous donne
jamais rien que d'achevé ?
Elles ont un tour qui vous
feront connoiftre aisément
le merveilleux génie de
Madame des Houlieres.
AIR.
Rris furla Fougere,.
Dans un preffant danger,
Afon temeraire Berger
Difoit toute en colere;
Qu'eft devenu, Tirfis , cet air ref
pectueux,
Quid'unparfait Amant eft le vray
caractere?
Entrè deux cœurs , dit-il , brûlez
des mefmesfeux,
Il eft certains momensheureux
Où, ma Bergere,
Il ne faut eftre qu'amoureux.
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Résumé : AIR.
L'auteur d'une lettre assure à une dame que tout ce qu'il lui envoie est inédit. Il mentionne un air composé par M. de la Tour, un maître de musique, qu'il n'a pas fait graver pour éviter qu'il ne soit connu avant de le lui envoyer. La destinataire sera la première à chanter cet air. L'auteur lui envoie également les paroles, écrites par Madame des Houlières, dont le génie est loué. Ces paroles décrivent un dialogue entre deux bergers, Tirsi et une bergère, sur l'amour et le danger. Tirsi exprime son désarroi face à l'attitude téméraire de la bergère et se demande où est passé son air respectueux. Il affirme que l'amour véritable doit brûler de la même flamme entre deux cœurs et qu'il existe des moments heureux où il faut être uniquement amoureux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 278-302
LETTRE DU BERGER FLEURISTE A LA BELLE CURIEUSE DES AMBARS, Sur la Pierre Philosophale.
Début :
Quoyque je vous aye déja envoyé quelques Traitez sur la Pierre / Quoy, Madame, vous m'ordonnez de vous apprendre ce que je pense de la Pierre [...]
Mots clefs :
Secret, Pierre philosophale, Végétaux, Émeraude, Mystères, Nature, Philosophe, Curiosité, Paroles, Philosophes hermétiques
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE DU BERGER FLEURISTE A LA BELLE CURIEUSE DES AMBARS, Sur la Pierre Philosophale.
Quoy queje vous aye déja envoyé
quelques Traitez fur la Pierre Philofophale
, la Lettre qui fuit est pleine
de Remarques fi particulieres , queje
fuis perfuadé que vous la lirez avec
beaucoup de plaifir.
du Mercure Galant. 279
5555 5552 $ 5255 522
LETTRE
DU BERGER FLEURISTE
A LA BELLE CURIEUSE
DES AMBARS,
Sur la Pierre Philofophale.
Q
Uoy , Madame , vous m'or
donnez de vous apprendre
ce que je penfe de la Pierre Philofophale
, & c'eft fans raillerie
que vous vous adreſſez à moy
fur un fujet de cette nature ? En
verité je vous trouve admirable
de toutes manieres. S'il s'agiffoit
de vous entretenir de fleurs , oụ
280 Extraordinaire
de vous conter fleurettes , peut.
eftre m'en acquitterois.je aflez
bien , mais comment ferois - je
pour vous parler de la multiplition
des grains d'Or ou d'Argent
, moy qui n'ay jamais vê
arriver que de la diminution au
bien que mes Parens m'avoient
laiffé , & quel commerce peut
avoir la ſcience des Parterres &
des Galanteries , avec celle des
Mines & des Métaux ? Est- ce à
cauſe que l'Or eft le Fils du Soleil
, comme les Fleurs en font
les Filles , ou que vous croyez
qu'un Galant eft obligé d'eftre
univerfel , & doit difcourir de
toutes chofes ? Il y a trop loin
de la ſurface au fonds , & de la
Bagatelle au Secret le plus important
du monde . Néanmoins
du Mercure Galant. 281
Vous commandez , & il eft de
mon devoir d'obeïr. Je vais donc
fatisfaire à vos ordres ; mais je he
réponds pas que ces grands Prometteurs
de Monts d'Or , qui ne
donnent que de la fumée , loient
d'humeur à avouer les veritez .
que vous allez lire.
Il y eut anciennement en Egypte
un fameux Monarque appel.
lé Hermes , ou Mercure , & furnommé
Trismegifte , ou trois fois
Grand , à caufe qu'il eftoit grand
Philofophe , grand Pontife , &
grand Roy. Les Chercheurs de
Pierre Philofophale fe font avifez
de publier que c'est le pre
mier Autheur de leur Art ; &
pour ne pas laiffer cette allegation
fans preuve, ils content qu'ili
eut fin d'en faire graver le Se-
2. deJanvier 1685. Aa
282 Extraordinaire
A
cret fur une Emeraude , qu'on
trouva plufieurs fiecles aprés fa
mort , dans une foffe obfcure où
il eftoit inhumé , à la maniere
de fon Païs , que c'eft de cette
Emeraude qu'ils ont tiré la copie
de cet important Secret qu'an
voit dans leurs Livres , & que·
de ce grand Homme leur eſt:
venu le nom qu'ils ont pris de
Philofophes Hermetiques..
J'ay lû ce Secret dans l'Hortulain
, ou le Jardinier , l'un de
ces Philofophes , & il eft en
beaucoup d'autres ; mais on a
beau le lire, on n'en devient pas
plus fçavant . Il n'y a que les circonftances
d'un fait qui foient
apibles de nous en inftruire , &
n n'en voit là au cune. Ce ne
ont que des termes genéraux ,
du Mercure Galant. 283
aufquels on peut donner cent fortes
d'explications . Jamais Oracle
ne fut fi ambigu. Iln'eft donc pas
à préfumer qu'on ait jamais pris
la peine de graver ſur une Pierre
préticufe , des paroles fi vaines,
& fi inutiles à l'inftruction des
Hommes ; ny qu'elles foient ja,
mais forties de la bouche d'un
auffi grand Genie que Trifmegifte.
Elles font de l'invention de
quelque Refveur oifif, pour en
amufer d'autres , & pour leur
faire perdre encore plus de temps
qu'à luy . Ce qui eft en bas , eft com.
me ce qui eft en haut , dit- il , &
ce qui est en baut comme ce qui eft en
bas. Comme toutes chofes font venues
d'un par l'entremise d'un ; ainfi tou .
tes chofes font nées de cette feule cho
fe . Le Soleil en eft le pere ; la Lune 2
Aa ij
284
Extraordinaire
la mere ; la Terre , la nourrice ; & le
vent l'a porté dans fon ventre. Le
refte eft du mefme ftile...!!
Jugez , Madame , du profit
qu'on peut tirer de cette lecture ;
& comment on pourroit faire
pour changer la deffus les moin
dres Métaux en Or ou en Ar.
gent , fuivant l'inſtruction de ces
Philofophes.
L'Ecriture de l'Emeraude eft
donc un Conte pareil à celuy
qu'ils font de la Toilon d'Or ,
qu'ils foûtiennent n'avoir eké
autre chofe que le meſme Secret
écrit fur une peau de Mouton.
Quant au nom d'Hermetiques
qu'ils prennent, & qu'ils donnent
à leur Philofophie , il ne vient
non plus de Trifmegifte que de
Pharaon. Il leur a efté imposé à
du Mercure Galant.
285
caufe que la plufpart d'eux tra
vaillent fur le Mercure ; qu'ils
difent que les Sages trouvent dans
le Mercure tout ce qu'ils cherchent;
& qu'ils ne prefchent autre chofe
que leur Eau féche qui ne mouil
le point les mains , c'eft à dire,
leur Eau Mercurielle , Mercure
en Latin eftant la mefme chofe
qu'Hermes en Grec ou en Egyptien
, & que Vif. Argent en
François.
-
C
Laiffant donc à part ces chimeres
fondamentales des Hermetiques
, je vais vous expliquer
fincerement ce que je juge de
leur vifion fateufe de fon ori
;
gine , & de la manière dont ils
en ont écrit .
H eft naturel de croire avec
facilité les chofes qu'on defire
286 Extraordinaire
avec ardeur. Quelques Curieux
fe mirent autrefois dans l'efprit,
que la vertu de fè multiplier
eftoit une vertu commune aux
trois Regnes de la Nature ; &
qu'elle appartenoit auffi bien
aux Mineraux , qu'aux Animaux
& qu'aux. Vegetaux ; & mefme
que comme elle eftoit plus
grande dans ces derniers que
dans les Animaux ,, les Poiffons
peut eftre exceptez , elle
l'eftoit auffi davantage dans les
Mineraux que dans les Vegetaux .
Ils obfervoient enfuite que la
multiplication des Vegetaux fe
faifoit de cette maniere ; qu'un
grain de Froment , par exemple,
eftant femé dans une terre feconde
, changeoit une partie de
Gette terre en fa propre fubftandu
Mercure Galant. 287
ee , je veux dire , en d'autres
grains de froment, en forte qu'un
feul grain produifoit quelquefois
jufqu'à vingt Epis , qui portoient
chacun foixante grains , ce qui
en faifoit douze cens. Puis ils
penferent qu'un grain d'Or étant
mis dans une matiere métallique,
comme dans du Vif- Argent ,
dans du Plomb , ou dans quelque
autre Métal , il pourroit auffi
changer une partie de cette matiere
enfa propre ſubſtance , c'eft.
à dire , en d'autres grains d'Or,
avec une multiplication . encore
plus grande , que celle du grain
de Froment. Sur cette imagination
ils chercherent.dans les Mines
& dans les Torrens , de petits
morceaux d'Or pur , comme les
plus propres à leur deffein , & les.
288 Extraordinaire
ayant fait fondre , ils les jetterent
dans du Vif- Argent échauffé ,
ou dans du plomb fondu , fe
perfuadant que la grande chaleur
dont l'un & l'autre Métal
eſtoient animez , produiroit en
peu de momens , ce qui n'arrive
qu'en beaucoup de mois dans les
Vegetaux , mais ayant reconnu
que quelque efpace de temps.
qu'ils laiffaffent en fufion le grain
d'Or dans la matiere métallique,
il ne faifoit pas plus d'impreffion
fur elle , qu'une goutte de vin ,
ou plûroft, qu'une goutte d'huile
en fait fur l'eau où elle eft mife,
ils jugerent alors que la vertu
multiplicative des Méraux eftoit
captive ou endormie dans la dureté
de leurs corps , & qu'il falloit
trouver un moyen de les
ouvrir
du Mercure Galant. 289
ouvrir à fonds pour l'éveiller &
pour la faire agir , & là - deffus ils
eurent recours à tout ce qu'ils
s'imaginerent de plus propre
pour produire cet effet fur l'Or
& fur l'Argent , qu'ils appellent
Métaux parfaits , afin de les multiplier
enfuite dans les autres ,
qu'ils nomment Imparfaits.
:
Si quelqu'un d'eux réüffit dans
la recherche de ce moyen , c'eft
une queſtion bien douteuſe . Quoy
qu'il en foit , chacun s'eft vanté
de l'avoir trouvé , & en a écrit
comme d'une chofe feure ; &
ces moyens que chacun a inventez
felon l'inſpiration de fa
raifon , font la fource & le fujet
de tous les Livres des Hermetiques.
Mais comme tous ces Philo .
Q. de Janvier 1685. Bb
1290 1 * Extraordinäireh
&
Hophes , depuis de premier julqu'au
dernier craignirent que
sils expliquoient trop clairement
ces Moyens our Methodes , ils
nec fuffent reconnus pour des
Fanfarons & pour des Impofteurs
, par ceux qui les mertroient
en pratique ,pils lescont
debitez de trois manieres également
differentes. L'une , c'eft de
les avoir rapportez fans circonſtances
, & en des termes fingeneraux,
qu'on n'en peur recevoir
aucune inftruction uainfunqu'a
fait leur faux Trismegifte . L'autre
, c'eſt de les avoir expliquez
avec des paroles : fi obfcures & fi
équivoques , qu'on n'eft jamais
-affuré d'avoir penetré leur pen-
-fee ; ainfi qu'a fait la Tourbe des
Philofophes , & le dernier , c'eſt
du Mercure Galant. © 291
C
-de les avoir accompagnez de
stant de repetitions & de tant de
s particularitez qu'il eſt impoſliable
de ne pas manquer à quel
a qu'une dans l'execution , ainſi
qu'a fait Remond- Lulle.
0
3
C'eft neanmoins par ces trois
Sartifices que leur réputation ſe
fe
-maintient. Ils l'acquierent par
quelques trompeufes apparences,
par quelques tours de main & de
foupleffe , ou par quelques faux
témoignages de gens apoftez ,
dont ils prirent pour duppes les
perſonnes de leur temps , & ils
Sla confervent par la folle créanice
qu'ont celles du noftre , que
ailemauvais fuccés de leurs épreu
-ves vient de leur peu d'intelliagence
, ou de leur peu d'exactitude
, & non pas de ces indignes
Bb ij
292
Extraordinaire :
Maiftres dont ils fuivent les en-
X
feignemens.
L'Efprit de Menfonge annonce
quelquefois la verité malgré luy,
par une force celefte ; & c'eft
fans doute par ce mouvement &
par cette force , que quelquesuns
de ces Hermetiques ont affus
ré que le Secret de leur Pierre
un Don de Dieu qu'il diftribuë à qui
il luy plaift. Ce qui nous apprend
en mefme temps qu'on n'en doit
pas attendre la connoiffance de
la lecture de leurs Livres ; & que
c'eft temps perdu que de s'y
amufer , parce qu'ils ne font
pleins que de leurs imaginations ,
& n'ont rien de réel & de veri
table.
Si quelqu'un d'eux avoit receu
ce don de Dieu , il n'en auroit
du Mercure Galant. 293
d
""
pas abufé , il en auroit fait part
aux autres Hommes d'une ma
niere obligeante , je veux dire
claire & nette , & n'auroit pas
eu la malice de le cacher fous
tant d'embarras & d'obfcuritez,
que fa pratique caufaft la ruine
de mille & mille Familles , com
me il eft arrivé. La nature du
bien eft de fe communiquer ; &
L'on eft trop heureux & trop
glorieux d'avoir efté le premier
Inventeur d'un Secret , ppur ne
s'en pas faire honneur. Il en auroit
du moins ufé comme celuy
qui a trouvé l'Invention du Fer
blanc , lequel aprés en avoir fait
toute fa vie , a laiffé à fa pofterité
fon Secret avec le foin d'en
faire , ce qui s'execute encore
Bb iij
294
Extraordinaire
a
aujourd'huy à l'avantage de tour
*
te la Terre. velso sup squ97
Ne foyons donc pas fi credus
les que de nous perfuader que
tant de Livres que nous avons de
andel
la Pierre Philofophale, foient au
tant d'Enigmes & d'Emblêmes
de
ce grand
Secret
.
Borel
dans
J
fa Bibliotheque Chimique sen
rapporte deux ou trois mille
imprimez ou manufcrits. Yastil
lieu de croire que tant d'Auteurs
ayent fceu l'art de faire de l'Or
Ils en écrivent neanmoins les
uns comme les autres ; & Pon ne
peut diftinguer celuy qui ment
le plus , de celuy qui ment te
moins , que par la groffeur de
leurs Volumes. S'il eft veritable
qu'un Secret ceffe de l'eftre , des
que trois perfonnes en ontla
du Mercure Galant. 295.
connoiflance , il y auroit longtemps
que celuy cy feroit divul
gué par toute la Terre , fi dans
ce prodigieux nombre d'Ecri
vains , ilyen savoit feulement
eu trois ou quatre qui l'euffent
feeu. Il feront véritablement aujourd'huy
, comme difent la pluf
part de ces beaux Meffieurs
L'ouvrage des Femmes , & le Jeu
des Enfans & quand bien mêine
l'execution en feroit difficile , il
faudroir qu'elle le fuft beaucoup,
felle n'épargnoit pas aux Efpagnols
les Voyages des Indes.
Le moyen donc de n'eftre pas
trompez , c'est de prendre tous
ces Livres pour des Romans qu
nous flatent du coſté de l'Avarice
, comme, les Romans ordi
maires nous chatouillent du côté
Bb iiij
296
Extraordinaire
de l'Amour. Sans cet attrait du
-bien , il n'y auroit point de Livres
plus au rebut que ceux- là ,
tant ils font ridicules dans leurs
expreffions & dans leurs myfteres.
Mon Fils , difent - ils à un
-Pape, ou à un Empereur, Au nom
-de la fainte & indivifible Trinité.
Enfumez les trois Rois , c'eft à dire ,
noftre Soulphre , noftre Sel , & noftre
Mercure. Belle explication qui
éclaircit admirablement bien le
Texte : Dans un Palais à double
muraille , c'est à dire , dans une
Phiole ou dans un Fourncau. Beau
rapport de l'un à l'autre Ils.
déguiſent ainfi leurs obfcuritez
par d'autres , & les chofes tes
moins myfterieufes par de vains
myfteres. Quelles extravagan-
9
ces ?
du Mercure Galant. 297
Il auroit efté bien plus à propos
& plus à fouhaiter , que tous.
ces Auteurs euffent fait des dé
clarations intelligibles , exactes
& finceres , des Méthodes qu'ils
ont inutilement obfervées pour
parvenir à la multiplication des.
Métaux parfaits , que de s'en
faire à croire , & que de nous
abuſer. Du moins fçauroit. on les
routes qu'il faut éviter , on en
tenteroit de nouvelles ; & les
Curieux ne tomberoient pas aujourd'huy
dans les fautes que
mille autres ont déja faites . Mais
il n'y a que de la vanité & de la
mauvaiſe foy parmy les Hommes
, ny rien à efperer dans cet
Art, à moins que d'eftre éclairé
par le Pere des lumieres & par
le Maiftre des . Secrets , je veux
298. (Extraordinaire
•
dire par le Seigneur, 19b1aoob
Sifonc , Madame , quelquesuns
de vos Amis afpirent à faire
cette Pierre qui n'eſt pas Pierxes
qu'ils s'adreffent à Dieu pour en
obtenir la connoiffance , qu'ils
obfervent la Nature pour en
fçavoir les voyes , & fur tour ,
qu'ils prennent garde que leur
dépente en cet Ouvrage n'aille
pas plus loin par année , que
les Aumônes que chacun d'eux
eft obligé de diftribuer fui
vant fa condition aux Pauvres
de la Paroiffe. C'eft là
lairegle des Sages dans une
entrepriſe où l'on ne travaille
qu'à l'aveugle , où il eft incertain
que Dieu nous falle la grace de
nous laiffer réuffi , & où, tang
de Curieux fe font abilmez, faute
du Merture Galant.
de garder de meſure. Patép
conduite les plus Riches potent
faire plufieurs épreuves à la fois ,
& les moms Riches le contènterǝ
d'une ou de deux . bip
La plupart des Hermetiques
difent qu'une Once d'Or pur
fuffit pour la matiere? On en
peur factifier quatre ou cinq fois
autant pour les frais , & c'eft plus
que la façon ne demande .Je fçay
bien que fi l'on confulte ces Mia
ferables qui meurent de faim , &
qui fe vantent pourtant d'avoir
le Secret de s'enrichir , & d'en_779
Fichir les a on fera bien!
d'autres dépenfes , mais il ne faur
non plus croire cesignorans Fanfarons
, dont le malheureux état
dément ficlairement les paroles, *
E que les Romans des Hermetis
300
Extraordinaire
ques , dont les vains myfteres ne
cachent que des Fables .
Il y a quelques années qu'un
de mes Amis acheta d'un artiſte
Etranger un Manufcrit Latin de
ces Meffieurs , qui venoit de
Dannemarch , & mefme du La
boratoire du fameux Tico - Brahé,
à ce qu'on difoit, Tico- Brahé ,
Madame , eftoit un Prince de ce
pays là , qui vivoit en l'autre
fiecle , & qui ne fut gueres moins
attaché à la Chimie , qu'à l'AL
trologie , où il excella . Il y avoit
dans ce Manufcrit beaucoup de
Secrets affez curieux, & un entre
autres intitulé , Le Grain Métalli.
que qui croift au centuple. Une par
tie de ce fecret eftoit écrite en
chiffres , & eftoit demeurée inconnue
à l'Artiſte . Mon Amy me
du Mercure Galant.
301
pria de la déchiffrer , fi je pou
vois ; je m'en donnay la peine,
& j'en vins à bout ; mais temps
perdu. Nous connúmes que ce
Secret reffembloit aux Motres de
Geneve & aux Armes de Forest,
dont les plus mauvaiſesfont d'or
dinaire les plus embellies, Ce
n'eftoit qu'un nienfonge revétu
de mysteres , pour mieux duper
les innocens . Ainfi les Hommes
fe plaisent à exercer leurs malices
fur leurs femblables ; & s'il
eft vray de dire qu'un des grands
articles de la Sageffe , foit de ne
I croire perfonne , c'eft principa
lement à l'égard de ceux qui nous
promettent de nous faire acquerir
de grandes richeffes en peu
de temps par des voyes juftes .
Voilà , Madame , ce que je
3023 Extraordinäise
penfe de ce Sujer. Si pourtant
vous en avez d'autres fentimens,
& que quelqu'un de vos Amis ,
veüille travailler fur les Memoires
du mien qui eſt mort , qui
paffoit pour Sçavant dans l'Art ,
& qui m'a laillé un écrit de fa
main , intitulé , Le grand Oeuvre,
oû rour
eft expliqué fans dégui.
fement , fans equivoque , & avec
toutes les circonftances neceffai .
res , je vous l'envoyeray volontiers
n'ayant rien de réſervé
pour une Perfonne comme vous ,
dont les aimables qualitez meri.
tent fi bien l'eſtime , l'affection ,
& les fervices de tout le monde,
& principalement ceux , Madamé
, du Berger Fleuristes
quelques Traitez fur la Pierre Philofophale
, la Lettre qui fuit est pleine
de Remarques fi particulieres , queje
fuis perfuadé que vous la lirez avec
beaucoup de plaifir.
du Mercure Galant. 279
5555 5552 $ 5255 522
LETTRE
DU BERGER FLEURISTE
A LA BELLE CURIEUSE
DES AMBARS,
Sur la Pierre Philofophale.
Q
Uoy , Madame , vous m'or
donnez de vous apprendre
ce que je penfe de la Pierre Philofophale
, & c'eft fans raillerie
que vous vous adreſſez à moy
fur un fujet de cette nature ? En
verité je vous trouve admirable
de toutes manieres. S'il s'agiffoit
de vous entretenir de fleurs , oụ
280 Extraordinaire
de vous conter fleurettes , peut.
eftre m'en acquitterois.je aflez
bien , mais comment ferois - je
pour vous parler de la multiplition
des grains d'Or ou d'Argent
, moy qui n'ay jamais vê
arriver que de la diminution au
bien que mes Parens m'avoient
laiffé , & quel commerce peut
avoir la ſcience des Parterres &
des Galanteries , avec celle des
Mines & des Métaux ? Est- ce à
cauſe que l'Or eft le Fils du Soleil
, comme les Fleurs en font
les Filles , ou que vous croyez
qu'un Galant eft obligé d'eftre
univerfel , & doit difcourir de
toutes chofes ? Il y a trop loin
de la ſurface au fonds , & de la
Bagatelle au Secret le plus important
du monde . Néanmoins
du Mercure Galant. 281
Vous commandez , & il eft de
mon devoir d'obeïr. Je vais donc
fatisfaire à vos ordres ; mais je he
réponds pas que ces grands Prometteurs
de Monts d'Or , qui ne
donnent que de la fumée , loient
d'humeur à avouer les veritez .
que vous allez lire.
Il y eut anciennement en Egypte
un fameux Monarque appel.
lé Hermes , ou Mercure , & furnommé
Trismegifte , ou trois fois
Grand , à caufe qu'il eftoit grand
Philofophe , grand Pontife , &
grand Roy. Les Chercheurs de
Pierre Philofophale fe font avifez
de publier que c'est le pre
mier Autheur de leur Art ; &
pour ne pas laiffer cette allegation
fans preuve, ils content qu'ili
eut fin d'en faire graver le Se-
2. deJanvier 1685. Aa
282 Extraordinaire
A
cret fur une Emeraude , qu'on
trouva plufieurs fiecles aprés fa
mort , dans une foffe obfcure où
il eftoit inhumé , à la maniere
de fon Païs , que c'eft de cette
Emeraude qu'ils ont tiré la copie
de cet important Secret qu'an
voit dans leurs Livres , & que·
de ce grand Homme leur eſt:
venu le nom qu'ils ont pris de
Philofophes Hermetiques..
J'ay lû ce Secret dans l'Hortulain
, ou le Jardinier , l'un de
ces Philofophes , & il eft en
beaucoup d'autres ; mais on a
beau le lire, on n'en devient pas
plus fçavant . Il n'y a que les circonftances
d'un fait qui foient
apibles de nous en inftruire , &
n n'en voit là au cune. Ce ne
ont que des termes genéraux ,
du Mercure Galant. 283
aufquels on peut donner cent fortes
d'explications . Jamais Oracle
ne fut fi ambigu. Iln'eft donc pas
à préfumer qu'on ait jamais pris
la peine de graver ſur une Pierre
préticufe , des paroles fi vaines,
& fi inutiles à l'inftruction des
Hommes ; ny qu'elles foient ja,
mais forties de la bouche d'un
auffi grand Genie que Trifmegifte.
Elles font de l'invention de
quelque Refveur oifif, pour en
amufer d'autres , & pour leur
faire perdre encore plus de temps
qu'à luy . Ce qui eft en bas , eft com.
me ce qui eft en haut , dit- il , &
ce qui est en baut comme ce qui eft en
bas. Comme toutes chofes font venues
d'un par l'entremise d'un ; ainfi tou .
tes chofes font nées de cette feule cho
fe . Le Soleil en eft le pere ; la Lune 2
Aa ij
284
Extraordinaire
la mere ; la Terre , la nourrice ; & le
vent l'a porté dans fon ventre. Le
refte eft du mefme ftile...!!
Jugez , Madame , du profit
qu'on peut tirer de cette lecture ;
& comment on pourroit faire
pour changer la deffus les moin
dres Métaux en Or ou en Ar.
gent , fuivant l'inſtruction de ces
Philofophes.
L'Ecriture de l'Emeraude eft
donc un Conte pareil à celuy
qu'ils font de la Toilon d'Or ,
qu'ils foûtiennent n'avoir eké
autre chofe que le meſme Secret
écrit fur une peau de Mouton.
Quant au nom d'Hermetiques
qu'ils prennent, & qu'ils donnent
à leur Philofophie , il ne vient
non plus de Trifmegifte que de
Pharaon. Il leur a efté imposé à
du Mercure Galant.
285
caufe que la plufpart d'eux tra
vaillent fur le Mercure ; qu'ils
difent que les Sages trouvent dans
le Mercure tout ce qu'ils cherchent;
& qu'ils ne prefchent autre chofe
que leur Eau féche qui ne mouil
le point les mains , c'eft à dire,
leur Eau Mercurielle , Mercure
en Latin eftant la mefme chofe
qu'Hermes en Grec ou en Egyptien
, & que Vif. Argent en
François.
-
C
Laiffant donc à part ces chimeres
fondamentales des Hermetiques
, je vais vous expliquer
fincerement ce que je juge de
leur vifion fateufe de fon ori
;
gine , & de la manière dont ils
en ont écrit .
H eft naturel de croire avec
facilité les chofes qu'on defire
286 Extraordinaire
avec ardeur. Quelques Curieux
fe mirent autrefois dans l'efprit,
que la vertu de fè multiplier
eftoit une vertu commune aux
trois Regnes de la Nature ; &
qu'elle appartenoit auffi bien
aux Mineraux , qu'aux Animaux
& qu'aux. Vegetaux ; & mefme
que comme elle eftoit plus
grande dans ces derniers que
dans les Animaux ,, les Poiffons
peut eftre exceptez , elle
l'eftoit auffi davantage dans les
Mineraux que dans les Vegetaux .
Ils obfervoient enfuite que la
multiplication des Vegetaux fe
faifoit de cette maniere ; qu'un
grain de Froment , par exemple,
eftant femé dans une terre feconde
, changeoit une partie de
Gette terre en fa propre fubftandu
Mercure Galant. 287
ee , je veux dire , en d'autres
grains de froment, en forte qu'un
feul grain produifoit quelquefois
jufqu'à vingt Epis , qui portoient
chacun foixante grains , ce qui
en faifoit douze cens. Puis ils
penferent qu'un grain d'Or étant
mis dans une matiere métallique,
comme dans du Vif- Argent ,
dans du Plomb , ou dans quelque
autre Métal , il pourroit auffi
changer une partie de cette matiere
enfa propre ſubſtance , c'eft.
à dire , en d'autres grains d'Or,
avec une multiplication . encore
plus grande , que celle du grain
de Froment. Sur cette imagination
ils chercherent.dans les Mines
& dans les Torrens , de petits
morceaux d'Or pur , comme les
plus propres à leur deffein , & les.
288 Extraordinaire
ayant fait fondre , ils les jetterent
dans du Vif- Argent échauffé ,
ou dans du plomb fondu , fe
perfuadant que la grande chaleur
dont l'un & l'autre Métal
eſtoient animez , produiroit en
peu de momens , ce qui n'arrive
qu'en beaucoup de mois dans les
Vegetaux , mais ayant reconnu
que quelque efpace de temps.
qu'ils laiffaffent en fufion le grain
d'Or dans la matiere métallique,
il ne faifoit pas plus d'impreffion
fur elle , qu'une goutte de vin ,
ou plûroft, qu'une goutte d'huile
en fait fur l'eau où elle eft mife,
ils jugerent alors que la vertu
multiplicative des Méraux eftoit
captive ou endormie dans la dureté
de leurs corps , & qu'il falloit
trouver un moyen de les
ouvrir
du Mercure Galant. 289
ouvrir à fonds pour l'éveiller &
pour la faire agir , & là - deffus ils
eurent recours à tout ce qu'ils
s'imaginerent de plus propre
pour produire cet effet fur l'Or
& fur l'Argent , qu'ils appellent
Métaux parfaits , afin de les multiplier
enfuite dans les autres ,
qu'ils nomment Imparfaits.
:
Si quelqu'un d'eux réüffit dans
la recherche de ce moyen , c'eft
une queſtion bien douteuſe . Quoy
qu'il en foit , chacun s'eft vanté
de l'avoir trouvé , & en a écrit
comme d'une chofe feure ; &
ces moyens que chacun a inventez
felon l'inſpiration de fa
raifon , font la fource & le fujet
de tous les Livres des Hermetiques.
Mais comme tous ces Philo .
Q. de Janvier 1685. Bb
1290 1 * Extraordinäireh
&
Hophes , depuis de premier julqu'au
dernier craignirent que
sils expliquoient trop clairement
ces Moyens our Methodes , ils
nec fuffent reconnus pour des
Fanfarons & pour des Impofteurs
, par ceux qui les mertroient
en pratique ,pils lescont
debitez de trois manieres également
differentes. L'une , c'eft de
les avoir rapportez fans circonſtances
, & en des termes fingeneraux,
qu'on n'en peur recevoir
aucune inftruction uainfunqu'a
fait leur faux Trismegifte . L'autre
, c'eſt de les avoir expliquez
avec des paroles : fi obfcures & fi
équivoques , qu'on n'eft jamais
-affuré d'avoir penetré leur pen-
-fee ; ainfi qu'a fait la Tourbe des
Philofophes , & le dernier , c'eſt
du Mercure Galant. © 291
C
-de les avoir accompagnez de
stant de repetitions & de tant de
s particularitez qu'il eſt impoſliable
de ne pas manquer à quel
a qu'une dans l'execution , ainſi
qu'a fait Remond- Lulle.
0
3
C'eft neanmoins par ces trois
Sartifices que leur réputation ſe
fe
-maintient. Ils l'acquierent par
quelques trompeufes apparences,
par quelques tours de main & de
foupleffe , ou par quelques faux
témoignages de gens apoftez ,
dont ils prirent pour duppes les
perſonnes de leur temps , & ils
Sla confervent par la folle créanice
qu'ont celles du noftre , que
ailemauvais fuccés de leurs épreu
-ves vient de leur peu d'intelliagence
, ou de leur peu d'exactitude
, & non pas de ces indignes
Bb ij
292
Extraordinaire :
Maiftres dont ils fuivent les en-
X
feignemens.
L'Efprit de Menfonge annonce
quelquefois la verité malgré luy,
par une force celefte ; & c'eft
fans doute par ce mouvement &
par cette force , que quelquesuns
de ces Hermetiques ont affus
ré que le Secret de leur Pierre
un Don de Dieu qu'il diftribuë à qui
il luy plaift. Ce qui nous apprend
en mefme temps qu'on n'en doit
pas attendre la connoiffance de
la lecture de leurs Livres ; & que
c'eft temps perdu que de s'y
amufer , parce qu'ils ne font
pleins que de leurs imaginations ,
& n'ont rien de réel & de veri
table.
Si quelqu'un d'eux avoit receu
ce don de Dieu , il n'en auroit
du Mercure Galant. 293
d
""
pas abufé , il en auroit fait part
aux autres Hommes d'une ma
niere obligeante , je veux dire
claire & nette , & n'auroit pas
eu la malice de le cacher fous
tant d'embarras & d'obfcuritez,
que fa pratique caufaft la ruine
de mille & mille Familles , com
me il eft arrivé. La nature du
bien eft de fe communiquer ; &
L'on eft trop heureux & trop
glorieux d'avoir efté le premier
Inventeur d'un Secret , ppur ne
s'en pas faire honneur. Il en auroit
du moins ufé comme celuy
qui a trouvé l'Invention du Fer
blanc , lequel aprés en avoir fait
toute fa vie , a laiffé à fa pofterité
fon Secret avec le foin d'en
faire , ce qui s'execute encore
Bb iij
294
Extraordinaire
a
aujourd'huy à l'avantage de tour
*
te la Terre. velso sup squ97
Ne foyons donc pas fi credus
les que de nous perfuader que
tant de Livres que nous avons de
andel
la Pierre Philofophale, foient au
tant d'Enigmes & d'Emblêmes
de
ce grand
Secret
.
Borel
dans
J
fa Bibliotheque Chimique sen
rapporte deux ou trois mille
imprimez ou manufcrits. Yastil
lieu de croire que tant d'Auteurs
ayent fceu l'art de faire de l'Or
Ils en écrivent neanmoins les
uns comme les autres ; & Pon ne
peut diftinguer celuy qui ment
le plus , de celuy qui ment te
moins , que par la groffeur de
leurs Volumes. S'il eft veritable
qu'un Secret ceffe de l'eftre , des
que trois perfonnes en ontla
du Mercure Galant. 295.
connoiflance , il y auroit longtemps
que celuy cy feroit divul
gué par toute la Terre , fi dans
ce prodigieux nombre d'Ecri
vains , ilyen savoit feulement
eu trois ou quatre qui l'euffent
feeu. Il feront véritablement aujourd'huy
, comme difent la pluf
part de ces beaux Meffieurs
L'ouvrage des Femmes , & le Jeu
des Enfans & quand bien mêine
l'execution en feroit difficile , il
faudroir qu'elle le fuft beaucoup,
felle n'épargnoit pas aux Efpagnols
les Voyages des Indes.
Le moyen donc de n'eftre pas
trompez , c'est de prendre tous
ces Livres pour des Romans qu
nous flatent du coſté de l'Avarice
, comme, les Romans ordi
maires nous chatouillent du côté
Bb iiij
296
Extraordinaire
de l'Amour. Sans cet attrait du
-bien , il n'y auroit point de Livres
plus au rebut que ceux- là ,
tant ils font ridicules dans leurs
expreffions & dans leurs myfteres.
Mon Fils , difent - ils à un
-Pape, ou à un Empereur, Au nom
-de la fainte & indivifible Trinité.
Enfumez les trois Rois , c'eft à dire ,
noftre Soulphre , noftre Sel , & noftre
Mercure. Belle explication qui
éclaircit admirablement bien le
Texte : Dans un Palais à double
muraille , c'est à dire , dans une
Phiole ou dans un Fourncau. Beau
rapport de l'un à l'autre Ils.
déguiſent ainfi leurs obfcuritez
par d'autres , & les chofes tes
moins myfterieufes par de vains
myfteres. Quelles extravagan-
9
ces ?
du Mercure Galant. 297
Il auroit efté bien plus à propos
& plus à fouhaiter , que tous.
ces Auteurs euffent fait des dé
clarations intelligibles , exactes
& finceres , des Méthodes qu'ils
ont inutilement obfervées pour
parvenir à la multiplication des.
Métaux parfaits , que de s'en
faire à croire , & que de nous
abuſer. Du moins fçauroit. on les
routes qu'il faut éviter , on en
tenteroit de nouvelles ; & les
Curieux ne tomberoient pas aujourd'huy
dans les fautes que
mille autres ont déja faites . Mais
il n'y a que de la vanité & de la
mauvaiſe foy parmy les Hommes
, ny rien à efperer dans cet
Art, à moins que d'eftre éclairé
par le Pere des lumieres & par
le Maiftre des . Secrets , je veux
298. (Extraordinaire
•
dire par le Seigneur, 19b1aoob
Sifonc , Madame , quelquesuns
de vos Amis afpirent à faire
cette Pierre qui n'eſt pas Pierxes
qu'ils s'adreffent à Dieu pour en
obtenir la connoiffance , qu'ils
obfervent la Nature pour en
fçavoir les voyes , & fur tour ,
qu'ils prennent garde que leur
dépente en cet Ouvrage n'aille
pas plus loin par année , que
les Aumônes que chacun d'eux
eft obligé de diftribuer fui
vant fa condition aux Pauvres
de la Paroiffe. C'eft là
lairegle des Sages dans une
entrepriſe où l'on ne travaille
qu'à l'aveugle , où il eft incertain
que Dieu nous falle la grace de
nous laiffer réuffi , & où, tang
de Curieux fe font abilmez, faute
du Merture Galant.
de garder de meſure. Patép
conduite les plus Riches potent
faire plufieurs épreuves à la fois ,
& les moms Riches le contènterǝ
d'une ou de deux . bip
La plupart des Hermetiques
difent qu'une Once d'Or pur
fuffit pour la matiere? On en
peur factifier quatre ou cinq fois
autant pour les frais , & c'eft plus
que la façon ne demande .Je fçay
bien que fi l'on confulte ces Mia
ferables qui meurent de faim , &
qui fe vantent pourtant d'avoir
le Secret de s'enrichir , & d'en_779
Fichir les a on fera bien!
d'autres dépenfes , mais il ne faur
non plus croire cesignorans Fanfarons
, dont le malheureux état
dément ficlairement les paroles, *
E que les Romans des Hermetis
300
Extraordinaire
ques , dont les vains myfteres ne
cachent que des Fables .
Il y a quelques années qu'un
de mes Amis acheta d'un artiſte
Etranger un Manufcrit Latin de
ces Meffieurs , qui venoit de
Dannemarch , & mefme du La
boratoire du fameux Tico - Brahé,
à ce qu'on difoit, Tico- Brahé ,
Madame , eftoit un Prince de ce
pays là , qui vivoit en l'autre
fiecle , & qui ne fut gueres moins
attaché à la Chimie , qu'à l'AL
trologie , où il excella . Il y avoit
dans ce Manufcrit beaucoup de
Secrets affez curieux, & un entre
autres intitulé , Le Grain Métalli.
que qui croift au centuple. Une par
tie de ce fecret eftoit écrite en
chiffres , & eftoit demeurée inconnue
à l'Artiſte . Mon Amy me
du Mercure Galant.
301
pria de la déchiffrer , fi je pou
vois ; je m'en donnay la peine,
& j'en vins à bout ; mais temps
perdu. Nous connúmes que ce
Secret reffembloit aux Motres de
Geneve & aux Armes de Forest,
dont les plus mauvaiſesfont d'or
dinaire les plus embellies, Ce
n'eftoit qu'un nienfonge revétu
de mysteres , pour mieux duper
les innocens . Ainfi les Hommes
fe plaisent à exercer leurs malices
fur leurs femblables ; & s'il
eft vray de dire qu'un des grands
articles de la Sageffe , foit de ne
I croire perfonne , c'eft principa
lement à l'égard de ceux qui nous
promettent de nous faire acquerir
de grandes richeffes en peu
de temps par des voyes juftes .
Voilà , Madame , ce que je
3023 Extraordinäise
penfe de ce Sujer. Si pourtant
vous en avez d'autres fentimens,
& que quelqu'un de vos Amis ,
veüille travailler fur les Memoires
du mien qui eſt mort , qui
paffoit pour Sçavant dans l'Art ,
& qui m'a laillé un écrit de fa
main , intitulé , Le grand Oeuvre,
oû rour
eft expliqué fans dégui.
fement , fans equivoque , & avec
toutes les circonftances neceffai .
res , je vous l'envoyeray volontiers
n'ayant rien de réſervé
pour une Perfonne comme vous ,
dont les aimables qualitez meri.
tent fi bien l'eſtime , l'affection ,
& les fervices de tout le monde,
& principalement ceux , Madamé
, du Berger Fleuristes
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Résumé : LETTRE DU BERGER FLEURISTE A LA BELLE CURIEUSE DES AMBARS, Sur la Pierre Philosophale.
La lettre du Berger Fleuriste à la Belle Curieuse, publiée dans le Mercure Galant en janvier 1685, aborde le sujet de la Pierre Philosophale, un domaine inattendu pour le Berger Fleuriste, plus familier avec les fleurs et les galanteries. Il exprime son scepticisme face aux promesses des alchimistes, qui prétendent pouvoir multiplier les métaux précieux. Le Berger Fleuriste mentionne Hermès Trismégiste, un ancien monarque égyptien considéré comme le premier auteur de l'art de la Pierre Philosophale. Les alchimistes affirment avoir trouvé des secrets gravés sur une émeraude, mais le Berger Fleuriste doute de l'authenticité de ces informations, les jugeant vagues et ambiguës. Il explique que les alchimistes ont cherché à multiplier les métaux en s'inspirant de la multiplication des végétaux, mais leurs expériences ont échoué. Ils ont écrit des livres sur leurs méthodes, mais les ont rendus incompréhensibles pour éviter d'être démasqués comme imposteurs. Le Berger Fleuriste conclut que les livres sur la Pierre Philosophale sont des romans qui flattent l'avarice et recommande de les considérer comme tels pour éviter d'être trompé. Il regrette que les auteurs n'aient pas partagé leurs méthodes de manière claire et sincère, ce qui aurait permis d'éviter les erreurs passées. Le texte discute également de la vanité et de la mauvaise foi des hommes dans la quête de la Pierre philosophale, soulignant que seule l'illumination divine peut guider cette recherche. Il conseille aux alchimistes de prier Dieu, d'observer la nature et de limiter leurs dépenses à hauteur de leurs aumônes annuelles aux pauvres. Il met en garde contre l'excès de curiosité et l'abus de ressources, recommandant aux riches de faire plusieurs épreuves à la fois et aux moins fortunés de se contenter d'une ou deux. Les alchimistes estiment généralement qu'une once d'or pur suffit pour la matière, mais les frais peuvent être quatre ou cinq fois plus élevés. L'auteur critique ceux qui prétendent connaître le secret de l'enrichissement tout en vivant dans la pauvreté, ainsi que les fables des écrits hermétiques. L'auteur raconte l'histoire d'un manuscrit acheté par un ami, provenant du laboratoire de Tycho Brahé, un prince danois du siècle précédent, passionné par la chimie et l'astrologie. Le manuscrit contenait des secrets, dont un intitulé 'Le Grain Métallique qui croît au centuple', écrit en chiffres et demeuré inconnu de l'artiste. L'auteur a déchiffré ce secret, mais il s'est avéré être une fable sans valeur. Le texte se conclut par une réflexion sur la malice humaine et l'importance de ne pas croire facilement les promesses de richesse rapide. L'auteur offre de partager un écrit intitulé 'Le grand Oeuvre' d'un ami décédé, qui explique l'alchimie sans détours ni équivoques, à une personne digne de confiance et respectée.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
5
p. 8-98
Description entiere d'une These qui contient toute la vie du Roy. [titre d'après la table]
Début :
C'est le dessein d'une These pour le Roy, [...]
Mots clefs :
Louis le Grand, Roi, Louis XIV, Thèse, Monarques, Monarque, Ouvrage, Actions, Paix, 1684, 1685, Médaille, Mots, Ordre, France, Royaume, 1677, Villes, Parler, Histoire, Marquer, Détail, Événements, Paroles, Armes, Clémence, Couronne, Thèses, Conduite, Guerre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Description entiere d'une These qui contient toute la vie du Roy. [titre d'après la table]
C'est le des.
sein d'une These pour leRoy,
fait par un homme qui s'est
attaché avec tant d'exactitu
de à rechercher tout ce qui
regarde la Vie de ce Grand
Monarque, que je puis vous
aíïèurer qu'encore qu'on ait ^
tâché de l'imiter , & de le co
pier en beaucoup d'endroits,
dans des Ouvrages qu'on a
GALANT.. 9
presentez {ans avoir ose' les
rendre publics , il est l'original
de tout ce que nousavons
vû de cette nature. Le tra
vail de cet Ouvrage, ou tou
tes les dates font , est quelque
chose d'incomprehensiblej íì
je puis parler ainsi, & pour
le rendre correct, Y Auteur a
a eu besoin de toute l'applicatïon
d'un hommeauíïi zelc
qu'il lest pour le Roy. Tous
les Eloges de ce Monarque i
& rout ce qu'on a fait de son
Histoire, ne nous en sçauroient
faire si bien connoik
tre la grandeur que cet Ou
vrage , & c'est ce qui merite
une réflexion bien serieuse,
& qui jettera dans tâtonne
ment tous ceux qui voudront
la faire. Il ne s'agit que de
marquer ce qu'à fait le R.oyy
fans détail , fans raisonne
ment , & sans éloge .y & ce
pendant cette These peur
passer pour une chose prek
que impoíïîble > à cause du,
grand nombre d'Actions qu'
elle contrent.Tous les Siecle*
ne nous fòurniífënt rien de
semblable. Je purs , & je dois
le dire à la teste d'un Ouvra
ge qui n'est remply que de
GALANT, ii
Faits y. & l'on ne peut ea
voyant cela que se taire , &
demeurer dans 1 etonnement»
Je n'ay dit qu'un mot de ces
raits. là , & ce n'a mefme esté.
que d'une partie ,& j'en ay
parlé dans deux cens Volu
mes. Peut-on dire apres cela
qu'il soit aisé de faire L'HiÇ
toire du Roy , si l'on y veut
renfermer tout ce qu'il a fait
de grand ? Pour moy, je suis
persuadé qu'il faudroit un Sie
cle entier , si ion vouloit
mettre dans leur jour toutes
les actions de ee Monarque M
& que cette .Histoire pour
i2 MERCURE
roit remplir seule des Biblio
theques. Vous en ferez en
tierement convaincuè,quand
vous aurez lû l'Ouvrage sui
vant , qui sera d'une grande
utilité pour tous ceux qui
voudront travailler à cette
Histoire . & qui leur epar
gnera plusieurs annees de
recherches. Sou venez- vous ,
s'il vous plaiít , que l'Auteur
luppose ion dessein executes
& qu'il décrit la Thèse com
me si elle eítoit faite. >
DESSEIN DE L'OUVRAGE.
Les Actions immortelles
de Louis XIV. estant ad
V
GALANT, i?
mirees de touce la Terre , il
n'est pas possible de trouver
aujòurd'huy quelqu'un qui
n'en soit pas informé, & qui
puiíïè demander avec raison,
pourquoy nous appelions ce
Prince Louis le Grand ,
mais afin d'en instruire la
Posterité ,on luy dédie une
These qui pourra luy servir
de regie dans les sentimens
qu'elle doit avoir des vertus
héroïques de nostre incom
parable Monarque. Les prin
cipaux évenemens de son Re
gne depuis 1658. y sont mar
quez d'une maniere qui ne
«4 MERCURE
fera peut estre pas deíagreable.
Quoy qu'il y eust une
infinité de belles choses à di
re avant ce temps. là, on n'a
pas cru devoir remonter plus
haut , afin de ne se pas co
pier soy mesme dans d'autres
Ouvrages, où elles n'ont pas
esté oubliées ; mais plus que
tout cela , pour n'établir les
louanges de Louis le
<j r a n d que fur des actions
d'éclat , dans lesquelles il a
toujours eu la premiere part,
St afin de le suivre plus exa.
#ement depuis un âge où sa
teste / son coeur, son bras &
GALANT. y rç.
son esprit ont commencé d'a
gir de concert pour le bien
2e ses Etats. .L Histoire du
Roy est une matiere riche, &
un vaste champ ouvert à tous
ceux qui s'y voudront exer
cer! Heureux mille fois celuy
cpi le fera avec succès ! On
a cru devoir ne s'expliquer
qu'en François, soit dans les
Inscriptions , soit dans les
Conclusions historiques êc
politiques , parce qu'on a eu
four objet la satisfaction des
Perfonnes qui préferent cet
te Langue , que nos Victoi
res oat rendue si florissante
ì6 MERCURE
dans toutes les Patries du
Monde.
DES C RIPT ION
... . de la Thèse.
Le Portrait du Roy est
placé au milieu d'une Cou
ronne de laurier , relevée de
quatorze Médailles , le tout
posé fur une dépqiïille de
Lion.Quatre grands Octogo
nes avec de riches bordures
accompagnent le Portrait,
&font voir par quatre gran
des Inscriptions la gloire du
Roy dans les quatre Parties
du Monde. / ,
GALANT. 17
/. INSCRIPTION.
HEurope inutilement conjus
rce pour s opposer à la Course
wiclorieusi de LOV IS LE
GRAND, cede a U force de
fin bras , &fi njoit contrainte
£accepter là Paix , que ce Mo
narque luy accorde au milieu de
fis Victoire*.
IL INSCRIPTION.
LÌAfìc étonnée des ABions ad
mirables de la Grandeur dtp
fioy 3 recherche fin Alliance , &
députe trois fois des Ambassa
deurs du Royaume de Siam a*vec
de riches Prefins. '
Janvier 1687. B
18 MERCURE
IN SCRIPT 10m.
il Afrique humiliée par les
frequentes défaites des Corsai
res d'Alger , de Tunis , de Tri
poli, de Maroc & de Salé , que
LOUIS XIV. a punk jusque
dans leurs Portereffe* , <vient de
mander la Paix'au pied du Trô
ne de Sa Majefié.
IV. INSCRIPTION.
L Amerique owverte aux Ar
mes de LOVIS LE GRAND,
a eflé le Theatre des Victoires
qu'il a remportées Jùr Jes Bar
bares 3 & des Conqueftes qùil a
faites à S. Christophe, à Tabagoy
dans toutes leslsles Antilles.
' \
». t . '
. ' 4
19
Les quatorze Médailles
font autantde Vertus ou At
tributs du Roy , representez
par des Devises ou Emblè
mes, 8c expliquez dans l'Exerque
de chaque Médaille..
Comme les Armoiries four
nissent le corps le plus naturel
Sc le plus ordinaire des Devi
ses, on s'est fait icy une obli
gation d'en tirer quatre des'
Lys , qui composent les Ar
mes de nos Rois , quatre du;
Soleil, qui est le symbole du;
Roy , &une du Coq , qui re
presente la France.
zo MERCURE ...
/. M ED AILLE.
Le Soleil éclairant tout le
monde avec ces mots, Eclai
re sVnivers. Dans l'Exerque
pour Vertu , Sagesse.
II. MEDAILLE.
Un Lys avec ces mots, Que
jòn odeur efi douce ! Dans 13*
xerque, Clemence.
III. MEDAILLE.
Une Justice tenant la Ba
lance , avec ces mots , Sou
tien des Loix. Dans l'Exer
que , Justice.
IV. MED AILLE.
Un Laurier. Pour Ame ,
Chery de Minerve & de Marr.
21
Dans l'Exerque , Liberalité.
V. MEDAILLE.
Un Lys avec ces mots. Des
Mortels Vamour & le plaifìn
Dans l'Exerque , Èonté.
VI. MEDAILLE.
Un Soleil avec ces mots ,
// commande aux Saijòns£)àn&
l'Exerque, Puissance. '
VII. MEDAILLE.
Un Coq qui a une patte
en l'air. avec ces mots , La
terreur des Lions. Dans l'Exer
que , Vigilance.
VIII. MEDAILLE,
Un double Foudre en l'air .
avec ces mots , La terreur des
22 MERCURE
Ingrats. Dans l'Exerque , fer*
metê.
IX. MEDAILLE.
Un Soleil avec ces paroles,,
A qui rien ne peut refîfter.Da.ns>
l'Exerque, Force.
X. MEDAILLE.
Un Lys avec ces mots , Son
odeur va plus loin. Dans l'E
xerque, Gloire.
XI. MEDAILLE.
Un Foudre fur un Autel
avec ces paroles , Joûijfexde
fin repos. Dans l'Exerque,
Moderation.
, XII. MEDAILLEUne
Caíîolete fumante fur;
- GALANT. 2?
un Autel avec ces mots , La
gloire des Autels. Dans l'Exer*
que, Pieté.
XIII. MEDAILLE.
Un Lys , avec un grand
rejetton à droite ,. & trois au
tres petits à gauche, & pour
ame, NofireJiècondejpoir. Dans
l'Exerque , Bonheur.
XIV. MEDAILLE.
Un Soleil qui parcourt le
Zodiaque, avec ces mots , //
ne peut sarrefter. Dans l'Exer-.
que , Vaillance.
Dans le milieu de la bor
dure, au bas du Portrait, font
les Armes de Sa Majeste' en
H MERCURE
tourées des deux Colliers des
Ordres de Saint Michel & du
Saint Esprit, & ornées de Gui
dons, d'Etendards, & de Tro
phees , qui jettent des bran
ches d'Olive , pour marquer
la Clemence de ce Prince ,
qui a bien voulu donner la
Paix au milieu de ses Victoi
res. Il y a deux grandes Trom
pettes qui accompagnent la
Couronne , avec deux aifles
qui s'étendent de chaque costé
, pour porter les Armes
de Louis le Grand ju£
ques aux extrémitez du mon
de. Tous ces ornemens qui
fonc
.GALANT, n
font le haut de la These, sonc
soutenus dune table d'atten
te , ou parement irregulier
d'Architecture d'un ordre
Composite , avec la Corni
che, sa Frise, son Architra
ve , Colomnes , Pilastres ,
Chapiteaux , Piedestaux &c
Baies. Un grand Cartouche
posé sur le milieu de la Frise,
contient ces mots , A L A
POSTERITE'. Le grand
Quadre destiné pour les The.
ses , est échaneré par le bas ,
& pôle entre les Pilastres. U
contient quatorze Theses ou
Conclusions , qui répondent
Janvier 1687. C
26 MERCURE
par ordre aux quatorze Me
dailles , & qui prouvent cha
que Vertu ou Attribut du
Roy. C'est: par cette raison
qu'on s'est attaché à com
mencer la plufpart des Con
clusions par les paroles de la
Devise qu'elles, justifient.
Comme les Theses font le
principal fondement de tout
cet Ouvrage , on croit devoir
en expliquer la conduite su.
vec un peu plus de détail. Le
stileen est assez particulier,
mais cette Philosophie que
nous donnons n'estant pas
ordinaire, & ne faisant que
GALANT. 27
de haistre , elie s'est trouvée
capable de toutes les formes
cju/on a. voulu luy donner.
Certaines expressions de Poe
sie , & d'autres libertez qu'on
ne prendroit pas ailleurs, en
ont rendu les Propositions
courtes & ferrees en des
endroits , & plus étendues
en,* d'autres, Tout cela est
permis en cette occasion, ou
l'on doit dire beaucoup de
choses en peu de paroles. On
peut inesme. parler Ecolier, si
cette expression m'est permi
se , pourveu qu'on le faíïè
pour exprimer plus naturel-
Cij
28 MERCURE .;
lement les opinions que l'on
propose. Nous n'avons pû
nous dispenser d'employer
des chifres pour marquer les
jours & les années de plu
sieurs évenemens. Cela n'est
pas íàns exemple, puis que
nous voyons tanc de Theses
remplies de semblables chi
fres. Cependant on ne l'a fais
que lors que les Actions du
Roy ne íònt pas marquées
dans les autresMédailles donc
nous parlerons dans la fuites
Cette Chronologie a sonutúj
lité, & le Public ne sera peut,
eítre pas fâché de. la tçouyer
GALANT, zf
observée dans cet Ouvrage
avec assez de íòin. Les The-t
ses ont pour Titre \
HtftQrtques&Polittqucs.
.,' Q13ESTION* ;
Qui devez - vous estimer Ic
plus Gi."and de tous les
Monarques de la Terreî
1 CONCLVSION.
LOVIS XIV. donné de
^Dieu d une maniere mira*
culeajè, éclaire Y Univers par
les rayons éclatans de fa SageC
C iij
?o MERCURE
se. Cette Vertu parut en luy
beaucoup de temps avant Vâge
ordinaire. Peut-on dire qu'il ait
manqué une feule fois a prevoir
jusqu'aux moindre* évenemens
dans tout ce qu'il a entrepris f
Qùon montre un Monarque plus
exaBa remplir J&s obligations
mieux reglé dans fa conduite ,
& plus àjjìdu au gouvernement
defm Etat. Cet Augnfte Prince
également habile dans la 'Taix
& dans la Guerre, efi l ame de
Jon Cabinet. Ses secretsfmt im
penetrable*. Il donne autant
dorades o."n de réponses &
. fréfire dwertijjimens íes
GALANT.; ?t
plm innocens au travail quil
devore , pour ainfi dire , afin de
Jòuìagerjon Peuple. Considere^
ay ec quelle Sagesfè il commença,
par le reglement de ses Finan
ces. Ensuite ayant racheté Dunquerque
, il o/la aux Etrangers le
seul Port qui leur reftoit em
France, & aux Corsaires une
ancienne retraite. Compare^ nos
Troupes d aujourdhuy a<vec cel
le* de* Regnes précedens ;faites
reflexion fur le discernement
qu il a dans le choix de ceux qui
le fervent , fur la force & fur
t étendue de fòn Genie. Voye^i
Le hel ordre quil a étably dans>
G nij,
ji MERCURE
toutfin Royaume, & vommac*
cordere^facilement que Lo ii i s.
XIV. eít le plus Sage de tous
les Monarques de la Terre.
//.
G)umd le R jy paroifl armé,
cefipour obliger des Ennemis a
profiter de fi Clemence. Telle
fut la Bataille des Dunes qui fit
conclure la Paix des Pirenées.
Combien de f'is LOUIS a-t.il
épargn é kfxng des Vaincus ? Sa
Clemence empefiha le Sac de
Vtlencienncs , (1677. ) Sans elle
Alger Tunis , Tripoli , Genes ,
& tant £autres Places auroient
esté des bûchers de viçîimes deuë.s
GALANT
a la jufiice defis Armes. Amster
dam , la Haye , & le rcfie de la
Hollande defilée ( 1672.) & mefi
me tonte l Europe firoit encore
un Theatre de feu & desang, fi
ce Grand Prince nefi suft (vain
cu luy.mcfme , ôf s il nefi fuft
arrcfié au milieu de fis Victoi
res , enforçant les Ennemis d ac
cepter la Paix , & enfiúte une
Trêve de vingt ans , aprés en
avoir prescrit l&$ conditions >
qui ont rendu le repos a l Eglifii
& qui font avoûer que
Loiiis XIV. est le plus Paci
fique de cous les Monarques,
de k Terre..
34 MERCURE
///.
> // Joûtient les Loix par la
Justice de fis Ordonnames &
defis Edits. Lific^fin Code, qui i
fuit la reg'e de nos Juges. Ad
mire^ t®m les Arrefis que ce
Monarque a rendus, comme il a
puny les Due'difics , les Empoi
sonneurs ( 1676. ) & les Vfiirim
(168.0. ) Que dites-vous de
ce bel ordre étably pourl' AdmL
nifiration de U Justice } Mon^
trex^moy un Etat ou la Police
soit mieux reglée qùen France, j
Le Roy a-t-il jamais accordé ou
refusé aucune grace quilne fuft ,
Jujk d'accorder ou. de refuser ï
GALANT. #
Mais quand <vous <vous Jouvien^
drev^qùila jugé luy-mefme con
tre Jes propres interefis dans
. lajp ire du Vofé [ufto. ] dit&
^Loiiis XIV. est le plus
Juste de rousles Monarques,
de la Terre.
IV.
Poureflre chery de Miner
ve & de Mars , /'/ faut proteger
les beaux Arts, & récompenser
dignement les Vertus militaires*.
Nos Muses donneront des loiian*
ges éternelles à Sa Majefiépour
avoirflit baflir l Observatoire,
pris la protection de l Academie
Françoise [ 1672. ] institué celles
îá MERCURH
deSoijs.ns, d' Arles, de N(/mes,
de Villefranche^ d Amiens. Le
Journal des Sqavans, qui a com
mencé en 1660 efi deua lamour
que cette protection a injpirée
pour les belles connoijfmces j &
le Mercure G4.Ia.nt qui a com.,
mencé en 1677. efi un fruit de
la grandeur de ses AíTions , qui
en fournijfent la matiere. II a.
ctably l Academie Royale des
Arts & des Sciences > celles de
Peinture & de Sculpture , les
Ecoles de Droit Civil a Parti ,
[ 1679. ] & de Droit François
par tout le Royaume [ 168 1. ]
Combien d habiles Ouvriers en~
GALANT, v
tretenus pour des Ouvrages ra
res au Us ont portes a la dernie-
» re perfiction ! Faites reflexion
Jur le grand nombre de Scavans
qui Jont dans ce Royaume , &
Jur la politejfe que ion y remar
que depuis vingt ans. Admire,z.
la Magnificence de ce Prince
dans l EntréeJolcmnelle quilfit
a la Reyne fin Epousé le 2.6.
Aouft 1660. Confidences Cours,
les Rampars, les Arcs de Triom
phe , l Edifice du Pont Royal ,
les belles Fontaines , iélargisse
ment des Rues , le Quay de la
Riviere , &lesauprcs ornemens
ajoutez, à la Ville de Paris, ^ue
>
?8 MERCURE
penfczjvous des Bafiimens su
perbes de toutes les Maisons
Roydes , de ceux du Louvre &
de ceux de Ver/ailles , qui peut
paffer pour une huitième Merveille
du mondes Voye\ les belles
dépenses que LOUIS LE
CRAND a faites dans les Car
rousels de i«6i. 1685. & l686. h*
Di'vertijsemens de f Isle enchan
tée &de la Paix,avec les grands
Balets , les Machinessurprenan
tes . & les representations des
Opera , fins parier de la richejfe
de fis Meubles & de la ma
gnificence de fa Cour. Mais fur
tout , accorde^- mqy que cefi
GALANT. ?9
dans ce Royaume que les vrais
services de la Noblejfe font re~
connus par le rétablissement de
I Ordre de S. Lazare [1673.]/^
I Institution des Compagnies des
jeunes Gentilshommes [ i68z] £5?
par la fondation de la Maifin
Royale des Dames & DcmoifèL
les de Saint Cyr [ 1686. ] Les
vieux Soldats j ou ceux qui ont
efié cfiropie^ dans le service ,
/ont nourris &Joulage^le reste
de leur vie dans t Hoftel Royal
des Invalides , fondé le 14. lé
vrier 1671. Donc Loiiis XIV.
est le plus Magnifique & le.
plus Liberal de tous les Mo4o
MERCURE.
mrques de la Terre.
V.
LeRqyefl Y Amour & le Plai
sir defin Peuple , dont il efìle
Pere.. Sçavez^vous le grand
nombre de Places quil a bien
voulu rendre en consideration de
la Paix,&'avec combien de bontéila
remis aux Espagnols trois
millions cinq cens mille livres
qu ils luy devoientpour les Con
tributions de la Flandre ( 1684 )
& comme il leur a rendu deux
gros Calions quils avoicntjuftement
perdus dans une défaite en
1686 ì LOVIS L E GR AND
a délivré jusqu'à pesent plus
GMAKs. 4v
de ijra&. Esclaves defis SujetsT
€^ de differentes Nations à Ât~
ger , outre les 600. qùtl aura, de
Tripoli , ffî tous ceux qùildoir
retirer de Tunis (d?- de Maroc..
tiy a plus ; fa bonté luy a fait
dïmnmr les Tailles de trois:
millions prés de 5 00. mille Uvres:
( 1684, ) donner de grandes som
mes pour occuper les Pauvres h
des Travaux aujfí utiles a leur'
Misere qua Vornement des Vil^
les ( 1685. .) fairè des chantes
considerables pendant lafkmnè.
de 166 1. fç) le grand Hiver"
{ 1684. ) & une diminution tres±.
grande four fis Droits fur Us
s Janvier 16S7» I>
ai MERCURE
bled. ( 1685. ) Ses mains RoyaU
les occupées à porter le Sceptre ,
n ont pas dedaigne' depuis fix
ansde composer des Remedespour
le fiulagement , fé) la guerison
deses Sujets ; & de leur en don
ner luy-mesme les secrets qùil d
publie^depuis peu, {g) quilrìavoit
achete^ que pour fin Peu
ple. N oublie^pas encore cetar-.
trfice benin dont il 'vient de Je
sèrqjir ,pour cacher a toute fi.
Famille Royale 0, àfin Royau
me une maladie qui le tourmentoit
, afin de nous épargner l in
quietude g) la douleur de fia-
*vQtr un fi bon Prince dans
4?
les peines.^ Reconnoipz dom'
de bonne.fy qu il merite mieux.
le nom de tres bon que cetËm-.
pereur Romain a qui on le decerna
5 puisque LOUIS XIV.'
vray Pere de la Patrie , est le
plus Aimable &. le Meilleur
de tous les Monarques de la'.
Terre.
VI.
Il commande aux Saisons ,4
lors qu 'il trouve le moyen de'
faire la Guerre au milieu de'
L Hiver. Qui pourra comme luy '
parvenir a cette puiflànce, d as-
Jteger en me/me temps quatre'
Villes tres-fortes [ \6yz. ) & de
D ijj ~
A4 MERCURE
faire recevoir ses Loix en un
mcfme jour a deux Places auffp
considerables que Strasbourg fg)
Ca%al ? Jl a dompté les Jroquois
( i66j. ) & reduit en fìx jours
les Algeriens ,quetout le Regne
de f Empereur ChaHes-Quint avecfa
fortune n eut pas feule~
ment le pouvoir d'intimider.
N a.t il pas contraint les Corfaires
de Tripoli , de Maroc y
de Tunis , de Salé , avec ceux
de Majorque .{ 1681. ) aprés le
avoirfournis , de refpeûer nos
Vaisseaux , fg) de rendre tous nos
Esclaves ? Conjïdere^ce que cest
que de joindre les deux Mers e»
í GALANT. 45
Languedoc par un Canal long
de 64. lieues , commencé le 16*.
Avril 166-7. (ë>r acheve dans le
y me/me mois de l année 1681. Tau
re confiruire l Acqucduc de
Maintenon pour la conduite des
Eaux de la Riviere d'Eure ,
( 1685. ) d°nt ïédifice Jurpajfe
tout Ce que les Romains ont en~
trepris de semblable. Cefi la
puiíïànce du Roy qui Va fait
triompherfur Mer des Anglçis
en 1666. des Hollandois le sep*
tiéme Juin 167.2,. & encore
deux fois de la me/me Na»
tion en 1673. ft) a Stromboli ,
*n Sicile , { Janvier 1676. ) des
4* MERCURE
Ejpagnols , fg) des Hollandais
devant Augufia le n. Avril
suivant , ou le fameux Ruiter
qui commandoit fut blessé à,
mort , le deuxième Juin de Id
mcjme Année devant Palerme ,
ou l on remporta la plus glorieu
se Victoire de Mer qui se fòit
veuè depuis la Bataille de Le
sante ì les Plotés d. Espagne @p
de Hollande ayant efié défaites 3
& ensuite brûlées clans le Port ,
dont le miserable. rejle fut vain
cu le 3. Mars 1677. a Tabago
dans l Amerique. Dom LOUIS
XI V. est le plus Puissant de
'tous les. Monarques de la
Terre.
-GALANT. 47.
.'.y vil
La terreur des Lyons , ccfl
cette vigikfvre qui fait <voir
le Roy , le premier à la tefie da
ses Aimées > moissonner des Pal
mes fg) des Lauriers avant que
le Printemps nous donne des
fleurs. G efi encore cette applica
tion exacte fç) reguliere a gou
verner par luy-mefme , q) À
tenir tous les jours ses Conseils.
Lefoin qùilprend de connoifire
Jès Officiers , de Jefaire rendre
compte de tout , (gf de prévoir
dans le détail a mille choses qui
rendent ïexecution de desordres
plusfacile ft) plusprompte. N'a
48 MERCORjE
vons-nous pas veu baflir une- *
Gídere en dix heures f ( 1679. )
N efi.ce pas par les fins de Sa
Majestéau ily a tant de Gardes. .
fç) d illuminations , pour lafu
reté de Paris ? On lu.y doitauffí
r établijfcment des Compagnies
des Indes Orientales (d?. Occidentales
, (efr de plusieurs belles
Manufactures ) une Compagnie
de Guinée1 ( 1685. ) avec beau
coup d autres avantages procures
à ce Royaume , poury faire fle»\
rir le Commerce avec succes La,
Navigation efiparvenue à une
telle perfection cheries François>
paria, vigilance de LOVÎS LR
GRAND»
GALANT. 49
CRAND y que les autres Na
tions rapprennent de nous. Tou
tes nos Provinces ont acquis la
/curetépar la bonté des Torts de
Merspur les armeniens des F'lo
tes , par lafortification des Villes
frontieres parla construction
'de Saar-Louis , d Huningue , g)
de Mon.Louis , fins parler de
tant de fortes Citadelles baflies
par les Ordres de LOUIS X IV.
ìe plus Vigilant de tous les
Monarques de la Terre.
VIJL
L0V1S prend quelque fois
le foudre en main y pour punir
les ingrats, pour maintenir les
Janvier 1687. E
T° MFRCURE
drain de fa Couronne , fg)pour
rvur.ger la foy publique , (d?- le
droit des gens violes ( 1674. )
dans lAjJemblée de Cologne. Si
la Garde Corse a la temerité
d'attaquer un Minifite Public,
le Ry fîsait en tirer la/àtisfa~
Síijn deu'è afa dignité ^obtenant
tout ce qu'il pouroit pretendre .,
par le traité de Vise conclu le íiì
Mars 1664. avantage ont
remporté les Espagnols en reffini
U pìts a noftrç JmbajC
fadeur a Londres ( 1661. ) fnon
d'avoir efié oblige\depuis a déc
'arerpubliquùmnt qu'ils cedent
par tout la préfëAme aux Bran
GALANT, v
cjmviïe íeurK^pïrkiénfpBsf Á
qttoy bon troubles leï Wibitdns
<£ Andxye \ ^) donner fant ; de
ra^fiùtâ.rfitgàtàiïsû T.rdacé
potier é%ká" de coùctúre ïaffàre
êe £ÌPnduttê fc'efioitpour fiire
ítòarSfc tohte ^Eiïïope ; t^itè U
éRWWb si/fisst p wmdntekir
jfòn titre de Duc de Rmr~
g.gnâ": t tûìó.ï) pour remettre
Jtsv:S*jeù en pòjpjfià ÏÏe UVcf,
chf{\tô$ pourfdre trembler
tmte . tífpÁgne en tenant une
grmde Vhttè bloquéè devant
ôadix ( Í68&.v ) Le Turc a <veu les
Eij
y. MERCURE
Corsaires de Tripofy poursuivis
fç) battusjusque dans le Port de
Chío \ 168 1. ) @r nostre Vlotte
^ victorieuse menaçant les Dar da
nelles , porter lépouvante jus
que dans le coeur de fin Em
pire. Ces preuves de la fermeté
du Roy , (gf. la vigueur de fin.
Ministre en 1677. 1680.(^-1681*
ont obligé le Sultan d'accorder le
Sopha à noftre Ambassadeur , ft)
d'autres Privileges pour la Re
ligion Catholique , ce qui fait
voir qu'il estime davantage
LOVJS LE GRAND que tous
les autres Monarques ensemble.
Jtfvs Allier ont aujst goûté les
GALANT. <î
fruits defa ferme ré , lors qu'il
leur a fit. rendre (1679. ) les
Villes (§>?> les Provinces qu'ils
avoient perdues pendant la,
Guerre ; toute f Europe vient
de recònnoiftre par la réunion de
-' plus de xoo. Villes famées ,.
800. grés Bourgs ffi 3000.
Villages ujurpe^jur la France
pendant les 'Revolutions de ce
Royaume , que LOUIS XIV.
est le plus ferme de tous les
Monarques à maintenir les
droits de sa Couronne.
Rien ne peut resister à la
íbree d'un Roy Invincible „
Eiij,
qui s'efi fut, luy, me/me une
routeJm le Rhin , mal.?iéjò%
extrême largeur *Jk rapidite Cs*
f profondeur ; metuint en der
r.ute une Armée qui <voulokJuy
,eu disputer le píjf^ge. * Tohyii ,
& qui fut contrainte de le luy
ahj^donn£î{ Le it. Juin. i6,7*.f
incomparable Mcfos a fins
&ej- beMwjèwnt plus de
Guerres , gagnéplus de 6p. B%-
t^ïlks ou Combats s bordéde$f
Cûnquefies le&hin ,le Viyahai'i
la Moselle , U Meuse \ íljfel i
la Lys , lFfiut , &f pris plus
4e 6oo. Villes par Sieges ^ TfaL
t&L o ou pifoteçftm. Aprés m fi
GALANT.' vf,
grand nombre de Con^uefiês ,
que d/tes^vms de & force' des
Places , les çriyczjvms imprena
bles f Je <vous oppojèray aujfìtjfl
Dunquerque s le Fort de
Schein, M.ifircic, Valenàennesy
Cambray, Suint Orner , Tpres ,
Puioerda., Strasbourg , Luxem
bourg , & tant, dautres que
vous voyez^parmy les Conquefies
d un Roy toujours le plus fort.
Voulczc^vous au contrairefiûtenir
quïl rìy a. point de Villes
qu'on ne puijfe prendre ? Sans
doute vous ave^mblié que nos
Ennemis ont levé le Siege de
vant Voêrden , & devant Char—
E ÌÌÌj'
*s MERCURE
leroy , ( 1672.. ) devant Oudenxrde
qu'ils affiegeoient avec>
trois Armées , ( Septembre
1674. J devant Haguenau
Saverne ( 1675. ) devant Augufla
en Scicilc [ Janvier ] de
vant Mzftreic le vj. Aoujl 1676.
& devant Chxrlcny le 14. Aouft
1677. Accordons-nous , ffi dïfms
qu'il n'y a point de Villes
imprenables fi Louis les attaque,
& qu'elles ne peuvent efirefor
cées lorsqu'il les dcffend. Vous
Jçave^ auffi que nofire Vlotte
Vichrieufe a toujours battu cel
les de nos Ennemis ; m iis e:iffìe%r
vuus cru , fi toute U terre ne
GALANT, r?
meus en affeuroit que le braie
d'Erlingue avec fin seul Vais
seau \ euft osé livrer le Combat
à 37. Galeres tant Espagnole?
que Genoises [ 1684. ] qu'a
pres les avoir battues , $~ leur
avoir tué zooo hsmmes 3 // cufi
pu heureusement fi retiret danr
son Port. Donc LOUIS XIV.
est: le plus fort de tous les Mo
narques de. la Terre..
X. •
Dans ler Panegyriques des
LOVIS LE GRAND , je pje*
fire toujours la vetité toute/im
pie , a la figure aux Allegotics.
le Juif donc, entierement
$ MF.RCURïï
perju.idé qUilJuffit icy d'ejì.iblir
sa ?\oirc Jurjes propres actions
(d/-sûr des sits connus de toute
l Europe. Jgui osera nier que
f Empereur n ait eu befitn du
secours de France , [ 1664. ]
poursuivcrh Hongrie & toute
s Allemagne qui allait devenir U
proye des Ottamms ì Le Grand
Duc de Mswie a recherché
í Alliance du Roy par ses Am.
b.jfideurs [ i66g & 1*81, }fEm*
percur des Turcs [ 1669. ] un Roy
de Guinée [ 1670. ] t§jr le Roy
de Si^msiit voir par des Presens
magnifiques , @r par trois
Ambajjudes qùi[ envoye du miGALANT
S9
lieu de l Asie, [ i6Sì. ] OMre
1684. &.\en Aoufi 1686. quelle,
efiìme il fut de LOUIS LE
ÇK AND . Ce Prince qui nefi
fin da jcctte cflïme que pour le
bien de la Religion y ria. t-ilpas
feu nn Souverain à fis genoux ?
[ifSf. ] (&y lun defis Gene
reux donner un Pzjjcpon le 2.4.
Septembre 1677. à l Aimée En
nemie beaucoupplus nofnbreufi
qW U nafire , pourfirtir d'un
lieu, oà'eUe benoit de fifiuver, .
nprés avo'.T efié b&ttuë ? Le
grffld Gufîoe<ze qui appeUoit il
y.tì 56 Ans les Autres Monarquesy
des Roitelets en' comparaism dfk
6o MERCURE .
Roy de France 3 s'il vivait au~
sourd huy , ne diroit ilpas avec
nous que la Gloire de LOUIS
XIV. ne peut avoir de bornes*
& que c'eír. avec justice qu'iî
est le plus estimé de tous les
Monarques de la Terre ?
XI.
Joiiiíïèz de son repos, Frìnces
inutilement jaloux d'une
grandeur à laquelle vous' «?
parviendre^jamaìs. L'on a re
fusé les Secours qu il offroit fi
genereusement ; mais fans luy on
n'a pu aller à. la Victoire , puis,
qu'il cflint le Maifire du chemin
qui vonsy acmdmts. Les droits.
' ".GALANT, rît
que ce Prince avoitjur le PaUtinat,
oni.ils esté capables de le
tenter ? Point du tout. Jl a cher,
ché les tvoycs de douceur , ^) fi
dele dans la parole qu'il avoit
donnée de ne point agir, il a
cedé fis propres avantages pour
ne pas interrompre le cours des
zostres. Jgui peut dire qu'il fa
jamais veu en colere ? Ennemy
des loila nges fg) de la flatterie ,
toujours affííble , toujours pa
tient , & le plus moderé de
tous les Monarques.
XII.
La gloire des Autels, c est la
Pieté dont LOVIS LE
MERCURE
€ R A N D, a donné, (èfy* dón±
m feus les jours de fi grandi
exemples. S efi-ilfirwy defèsú.i
wantages k>rs> quïl a <veu l!Allei
vtagne embarajfci t$mébàìùm
pás. a ft moderation een.x que
'vous avez remportez: en Hon
grie* Cefile Beffwfîtfhde^^E*
glija , le VviMfàjcr des. yEv<fl
qu.es , & le Defiruffeurde l'He*
refie. Il a fmi nf de grande?
fimmes. aux Venitiens. (1658. )
pour sûre la Çttdrre. .qu'ils'
efloient obligez defmtenir. H à
proscrit les Blasphèmes & les
Inipietcz^parfis Déclarations &
Edks de 1665. 1667* q) t6?y}
GALANT. 61
V Eglise cl recoww éfa premiere
tranquilîté fr les Jèntimens &
Jur les points delicats de la Re
ligion , par les Joins de ce Mo
narque qui a envoyé dessecours
considerables de Troupes en Can*
die contre les Turcs. [ 166S.
166y. ] ft) employeses forces de.
Mer contre.eux [1670. ] Il a
tefiab fy lexercice denofire Relu
gbn dans les Villes Herretiques
d'Osfy, de Rhimberg, de B u -
fi h ,dVtrech., (g^c. [ 1671.
de Geneve en 16S0. fê) de Stras
bourg en 1681. Ce Prince trespieux
a rtmis en p'ojfcjfion de la,
Garde du S. Sepulcre les Relï*
H MERCURE
gieux de S. François t677, $
leur continuéfa proteêiion Roya
le ses liberalits^ dans toute
la, Terre Sainte. Il a émt au
Roy de Ferse enfaveur des Ca
tholiques , (dr en a obtenu tout
ce qu 'il a demandépour nos Mf
fionnaircs^ Les grandes Con
versons quil a procurées dans
le Royaume de Siam , g) dans la
Chine depuis plusieurs années >
ï Edit de 1681. qui deffènd a ses
Sujets de quitternoftre Religions
g) cet autre de 1683. qui oblige
les Idolatres qui renoncent a
leurs erreurs , d'embrajfer la
Communion Romaine ; En un
[
mot ce qu 'il a ordonné ( ifâçy
pmr le, rejUblijfement des Eglifis
g) des Fresbiïeres y @J ce'
\ Mmdcment pourfaire observer
la, modestie cUns les Eglises ,i
14S6* tout cela ne montre t il
pas la vcritableYxçxè de LOVIS
JLE GRAND .<? Ajouflons , quaprj
la Conversion volontaire ft)
libre de plus de fíx cens mille A~
mes reunies à l Eglise Catholique'
depuis plusieurs années , que le
zgle , les Joins charitablesfs gj.
les belles Ordonnances du Roy
les sollicitent à se convertira it
a revoqué L'Edit de Nantes ,
jait abbatre tous les Temples des>
Janvier 168 j. K
(S MERCURE
tìuguenots.., g) ab&ty s Heresie1
áxns fin Royaume , W me attûée
, ce quejer PredeecjsetìTsna-
^oknt pas fait pendant plus
d un fiede : hissant a lapoflcrite.
un bel exemple dont le Duc de
&&wye u le premier Jùivy les
traces. Ces grands services ren
dus à lEglîJi ijans parler de
ceuxqxtin atteted, prouvent que
LOUIS XIV. est le plus
Pieux de tous les Monar
ques. • l"4 1 '' " \';
C'est pour 4'es grandes Vetttts
du Roy , que "Dieu l a. comblé
d'un jufte Bonheur , en hy .
.l . i rjr. A\\
galant: ef
donnant une nombreuse Pò/fe-
" rite. Heureux dans ï Alliance
qu'il a faite arvec une Keyne parfaite
& remplie des graces du
Ciel : heureux dans un Fils incomparabie,
&dansjfon Augufie
Epwíjc : heureux enfin dans un
Frere félon Jon coeur , & dans
tmdxfíFAmilk 'Rijyalequil <voit"
entierement devoiiee ajonservi- .
ce. Ses Mìnifirts font vigilans, ,
ecíaire^ &fidelles ;Jòn Rojaume '
flwiffìnt Jh Armes' invin
cibles, il eft cbery de fort Peuple, :
estimé de. toute la Terre , & par
tout Vííforieux, Ainfì lors que '
*vsHt ditçs €pue les Defltns jòntr
68 MERCURE .
pour luyjans contrainte , que
cefiparce qu'il a enchaîné laVortune
qu'il efi le plus Grand des
Rois , reconnoijfez. en mefme
temps que cefiparfa propre ver
tu qu'il efi leplus Grand de tous .
les hommes. Voila lafeule raison
pour laquelle Louis XIV. est
ie plus Heureux de cous les
Monarques de la Terre.
ll ne peut s'arrester dans la
belle route des Heros ; ce Prince
Magnanime , nmrry dans le
sein de la Victoire. Ses Ennemis
me/me avoâent qu'il ne fe con
tente pas de marcher le premier
GALANT <9
k la tefle de ses Armées , mais
qu'il les mene en personne au
Combat & a la VÏBoire , d'oà
vient qu'il efi plusbefiin de le
reunir que de l exciter. Sa Vail
lance ne nous fit-eUe pas une
frayeur fans pareille , lors quaprés
s'estre exposé à mille dan
gers , & a des fatigues inconce
vables au Siege de Dunquerque
[ 1658. ] il demeura luy seul in
trepide pendant une dangereuse
maladie qui defcfyeroit toutjòn
Royaume ? Pouvez.- vous Jans
admiration & fans larmes pen
ser avec quelle grandeur dame
LOVJS a souffert fa blejfure
7o MERCURE
dux. Septembre 1683. & une
Operation accompagnee de dou~
leurs aiguës ? [18. Nov. 1686. ]
Suive^ ce Vainqueur en Vranchc-
Comté qu'il prit luy.mcfme
en dix jours au milieu de iHy.
ver: & en Lorraine qu 'il fou
rnit en peu de jours, îl a conquis
en petfinnc fiixante-ánq
Villes en deux mois , fortifiées
dans l&endué d on%e Provinces;
M ifirich , que l<m efitmoit im
prenable , en tre ize jours z & les.
années /ùivantes, Valevúenmsy
Gand , & Tpres. Assiegeant U
Ville de Bouchaïn ìm 1676. les
Armées des Confederres tenteGALANT.
71
sent le secours de cette Place.
Le Roy aÛa au devant , leur
prtfenta la Bataille qu'ils evif
terent par U fuite. Voulc^wous
d autres Victoires rempotréesfar
Terre par L OV I S LE
• G RA N D , .<" Je <vom rapporte
les principales. Ce font les Ba
tailles ou Combats des Dunes le
14. fuin 1658. de S. Godart au
p&Jfage du Raxb en Hongrie le
premier Aoufl 1664. En 1674. de
Zein?ein , de Molsheim , de Se*
n ef contre trois Armées , d'Emf
heim , dans laquelle vingt mille
François défirent trois Arméet
defiixante &fex miUe hommes>
7& MERCURE
commande^ 9 par vingt Princes
Souverains , ou de Maison Soumeraine-,
de Mulhaufein ën 167^.
de Turshcin , apres laquelle les
Csnfedere^ furenf chajfcz^ , &
contraints de repasser le Rhin..
En 1677. lonziéme Avril .celle
de Cajfel, remportée par Son Al
tesse Royale ^ quï defit les Espa
gnols (dp les HoUàndois , mmmande^
pçr le Prince d'"Orange,.
prit enfmte*Sa}rit Orner. Lés
Batailles d'Mpoûille en Catalo
gne , de la SeiÛe, & dAufembourg.
Le Combat du Pont- a-
Mmjfon^ de Koquerberg^outre
vingt-cinq mille hommes perdus
par
GALANT, .71
par les Allemans dans le Cam
pement de Mouron. En 167g.
les Combats de Rheinsfeld le 8.
Juillet , & de Saint Denis le 14.
Aòufi. En 1684. le 16. May le
Combat de Pont . Major , au
pajfige dei la Riviere de Tur. Re.
iconnoijfeç^ donc que U Vaillan
ce duRoy ta rendu leplus grand
Conquerants qu'un concours fi
heureux de tant de Vertus Mo
rales & Politiques \ prouvent
invinciblement que L ou is XI V.
£st çeluy que vous devez esti
mer le plus Grand de tous les
Monarques de la Terre.
Dans le grand Quadre aux
Janvier 1687. G
74 MtkteOKl
deux coffe2 des Theses ©a
Conclusions historiques &
politiques ,sont marquees les
principales ; Conqu'istòs du
Roy selon Tordre dèsanne'eS}
afin qu'on puíílê1 les> tròuvéV
tout d'un corjp,^d%ríè feuX
le veuë , 4en lisant ' tes autres
Actions de ce Prince Cha
que coríjdueste k *fir titèfrífue
pour en> c1>n'si$ïfteM£
tion selón la "Geographie,,
cela se trouve eitpîîqué dans
un Cartouche poï^itfus 'le
Quadre. *^\^r^h
.. .GÀLAKÎV 7s
Pour cottuoifire la situation
des Cottquefies. ,
A AtVòîè^' Cornu, eles JPtys '-ba*
Catholiques. : v; v^,«»'.> '
.'.'Akace ; : ':£attáptèvi4Ì^ iÀBemagne.
. . ' '."'O '
B Brabant1; Dùchí «M&$sÌ>at
Catholiques.
C GleVes'; ^u^ìenlÂneriapie.
f Cologne „ EleBorar^ .en Àlle~
Magne. ' . -* 1
F Flandres, Comté desPJy:-ha.t
G Gueldres , 2>«^ , deiProvïh-
. ces-y^ìes.. , ij^.n-'. ! ? .
IjF HàìnVùt, & ktyi ú*
3J" Cathotîquês. 4t"
G ij
j4 MERCURE
h Hollande , Comté , des Provin
ces-Unies.
L Liège* Principaute , £Attenta-
,gne. ^ x- .> "WïjK
\ Luxembourg, Duché, des Paysbas
Catholiques.
N Namur, Comté , des Pays-bd*
Catholìquts. .'. ...'>' •
O Owerissel , Seigneurie, des Pro
vinces. Unies.
P Palatinat , Eleïlorat , en AUemairie.
:' .£, : J
V Utrecht , Seigneurie des Pro
vinces-Unies. . ; ... ,4. ../'.f
Z Zutphen , Comté , des Provin
ces.Unies, i •.;
Ces seize Provinces ont esté
le Theatre le plus ordinaire
des Conquestes de Louis lk
Grand, quov qu'il cn ait
GALANT. 77
fait beaucoup dans plusieurs
aurres Provinces , qui font
marquées à la fin de chacune
de ces Villes. Ainsi Ton trou
vera peut. estreaíïèr d'utilité
dayotrenïì peu d'espace les
principales Conquestes, lan,
née quelles ont esté faires,
& le Païs pu elles font situées.
Trinàpdes Conquestes du Roy*
Dunkerque. F
Gravelines» ;'" F
Oudenarde. F
Menitì. F
Ypres. F
Comm.ines. F
Grammoat. F
Giìj
78 MERCURE
Dixmude. F
M or tare v Duché de Mitau , en
Jtaïiey \"
1663.
Marûl , en Lorraine.
"... : ."s t&7> . \
L.a Bassée. F
Conde. H
Charle.Roy. . iH
Bergues. > ' ' ' B
T.Huruy. .'. .?. .. V F
AcH, . H
Doiiay. ...I.'...' 'I'- í?
.F urnes. '.. . W
Çourtray. ^ ' |?
Oudenarde- p
Lisle. .fr
.^.lost, deux fois. .• m. . F
Árrnentieres. > ,. , ' Jf
GALANT. 19
.y léóS.'
ècíànçon. . .. . ,~ sf.v . K S
Salins.' • . »
Dole. ' I»
Grais. u O
Chasteau de JoujíVj...:. ^ |
Fort Sainte Anne. >-
£t toute la Franche-Comté. . .
Pont-à.Mousson. ,„ ,y., . \\
Çpinal, Nancy , & toute la Zar*
, rainer
fpngres. . j,,7/L
Weifet. . X
ltfascik. Mjv.'vk
Sjtuar.. . ^ 3. I*
Fsluquemont,,D«^.^ Zifpktìur£.
flLhimberg. v t
jfurìck* .r....;. Ç
G iiij
8o MERCURE
Weícl. • } C
Rées , & son Fort. >:!; C
Fort de Lippe , enVvestfhalie.
Emmeuk. ;:.v ì,- G
Locken, '1 Z
Bvoí kelo. Vvtfifhalìe; >
Grool. * ,: ' Z
Doëtkum, >ír Z
VHrz. ' Z
Brtwoort. ' ' ^.^ 2^
H. sselt. c V . • O
Ommetij .. ''.'• O
Kemperi. O
Zwol. ?- >.••v^:/.|"0;.
Deventer. ' r-:
Zûtphen. H : > . . ' Z
Óoësbourg. ». ' > Z
Fort deSkeink. . ''".rí"'.»>: f
Utreicht. •
Mu'íden. .;:>.''-í\, fc:
Naërden. ••' ' h
GALANT. 8t
E&ourg. . G
Harderwick. >ì . G
Hattettî'ï *ì>♦ ï ..• .. t '>'»*.. ' . G
Amersford. A
V^oërden. h
Oudewarer. %, \v. . ' h
Arnheim. G
Vianem. ~>«t : Ja
W"agcninghen. G
Rhenéen. j:> V
Duëstede. V
'Wic... Duché de Zimècurg.
Knotzeiobourg., *. F
Les Forts de Saint André & de
W'orms. i G
Isles de Bomel & du Betwe, G
Creveeoeur. " : B
Nimegue. ' G
Grave. st
Genep. .<..'.. C
Bodengrave* .> ' 'h']
82 MERCURE
1673.
Mastreick. : '
Tout le Comte de la Marek. ' ? . '
Salins. Sf
Principauté de Lure. »*.
Chafte'au Sainte Anne.
Fauconnié , & toute la Franche-
Comte'. • •'' fj.í
<îermeinsheim. .? P
Duren. ^ Ì..t ; '>> >• 'P
Heiníberg. .'»»'•»• *v p
jpinnick. .'Jwt...i:;:^p
Citadelle de Lieo.e .n...O
.-l^: O » *
Trêves , A'Jemayie.
1674. .
TJinan.
Huy, L
GALANT. 8?
Limbourg y Duché.
F^rt de Monivic Cataleyte.
Augusta , en Sicile.
167$,
Fort de Link. F
Condé. .' H
Bouchain. H
Aire. A
Builloru £•
Tôrmiuna. j >
S.aletta. a?
La Croix. .... £s
Savoca.
Ficumedcntsi.
Fort &Iflc de k Caïenne , dans
tAmerique.
Valenciennes. H
Cambray , &; .& Citadelle. H
Saint-Omer. A
Fribourg.. :.. . .i
8+ MERCURE
ChasteaudeBoslu. s']\ .x > H
Saint Guillain. H
Sarbruk. Lorraine, ...r;
Forts de Tabago & d'Orange.
Amerique. . - \%,;\\
1678.
Fort Rouge.
2s.ores, .v,..)..,.: F
l'uycerda. Catalogne.
... > «
Fort de Kiell. , a
Kampen.
Landav, & le Chasteau de Lichtemberg^
»^//^
apte.
Aix-la Chapelle , & tout le Du.
ché dejuliers excepte la Ca
pitale. i,»C:L Vïlì :.
Nuis. .. ., , .." ^
GALANT 8c
1680.
Chademont. fss
Hombourg , Frontiere du Palàtinat.
;
Virton. JBaillages du
Chin y. Luxembourg,
Enchimont. L
Strasbourg. a
E/CazaI , Italie , en me[me jour. :
1683.
Courtray, p
Dixmude.. ' \ . • ; p
1/84.
Luxembourg. L
Cap-de-Quiers , en Catahqnt. .
réunions.
Fumay. j_j
Le Comté de Rochefort.
Le Marquisat d'Arloh. :' >
Herbemonk ,.,'.'
Urbu.
fc< ME&CfJRE
Orchimont.
Revin.
fiastoine. , > r
La Roche. rs '".lV *
HofFalize, ' ' r
Saint Hubert,
Marche-en Famines : >
Ì.c Neufchateaiu •',' .,,v.
Echternach.
L i Principauté de Sálm,êcci. dam
le Luxembourg. 1
Et les Comtez de Morîçbe'íará^
&íde Sponheim, en A ema<gn&.
LesColomnes,Jçs Pilastres,
& les Feítóns font ie^idrtïs de
cinquante.'huit revérs de Medailles,
qui font autant d'Ins
criptions qui rna&qttent seloû.
Tordre des années y les prihl.
GALANT. 87
cipales Actions du Roy, qui
n'ont pas esté compriiès en
particulier dans les Thèses.
On va les rapporter íuívanc
qu'elles font disposées.
I i! . . J . . ,.l 1 . . . ì
..t.4.; Çharrìhre de Justice, pour
rétablis l'oirdrQ daìis les Finan
ces, 1658. .•..:,/.'. í { ,
ì. Edit contre.Ies Duels , Kjj?.
3 . Les Rois de France & u'ÉC
pagnes voyemt ] & fígntnr la
Paix le 7. Novembre 1659.
4. AccruiíìtiondeDurikerque,
ì'66l. . .Jt*. />'[ ri: 'i . .. , ií í '.
. . 5. Le Roy d'Espagne cede la
préséance â 4a France , & le dé
clare le 14.. Mars 1661. ; r-'
Alliinjce/renouyellée avec
les Suisses j 1663. >; .
88 MERCURE
7. Protection accordée au
Comté de Venaiflìn , 8c à Avi
gnon ,1663.
8. Etablìílement da CommerJ
ce aux Indes , 1664.
9. Piramide élevée á Rome,
Íîour faire satisfaction au Roy de
Iníûltede la Garde Corfe,i<?64.
10. Satisfaction faite au Roy
par le Legat , 1664.
n. Victoire far les Corfaúes
d'Alger, St deTunis, , '
ïì. Grands Jours en Auvergne
pour la Justice, t66$. .
13 .Protection donnée aux Hollandois
contre l'Evefque deMunr
ster &: contre 1 Angleterre, 1666.
; 14. Paix entre la France & Jes
Algeriens, 1666.
„ 15. Paix de 3reda avec les Anglois>
i667. >.r^v.,.:.
16. Les Procedures detruites.
'par le Code » 1667.
17. Paix d'Aix-la- Chapelle ,
166$
iff. Secours de Candie „ r66&.
1669.
19. Le Roy visite ses Conqueftes
, ^70. & 1683.
zo. Le Roy fait fortifier & vi
sité ícs Conquestes , 167s,
11. Les Hollandois forcez ai»
Poste A'AmtidéttyVÍJxi. '
xi. Secours jetté dans Meflîhe
aprés 'la déraite des Ennemis ,
Février 1675V'"
~ 13 . Desunion de s Considerez „
1^78..
24. Les dix Villes imperiales;
d' Alsace prestent ferment de fi»
delité au Roy, 1679, .
. zf. Protection Sc secours don-
Janvier 1687. H
90 MERCURE
nez par Sa Majesté aux Rois de
Portugal,.i668. & de Suede 1679.
16. Les Corsaires de Tripoli
featcus ,.puis défaits jusque dans
le Porc de Cíik>: ce qui allanne le
Turc, Juillet 1681.
27. Les Villes dq Strasbourg ,
& de Gazai soumises au Roy, le
30, Septembre 1,681.
' r8. Paix de Maroc , & de Salé,
Decembre 1 681.
29. Alger foudroyé , Juin 1683.
„ 30. ìì.Decembre Luxembourg
foudio^i, 1683.
: 31. Les Vaisseaux d'Alger b rir
iez à Sarcelles i68ì. &: ces Cor
saires battus plusieurs fois 1683,
, r Genes foudroyée, May 1684.
33 . La Vifle de Trêves déman
telee 6c punie , en Juin 1684*
34. Un de^ ûos vaisseaux Mar
ì ... ^<Ì:PlLM€Tì &
l .cèaods repris au milieu de treoie-
trois, autres , 1684.
35. Protection donnée à l'Evefque
de Lîege contre íés SujjSt4s»
l jtebfeljes,i^..;. ./' y\J
. 36, T rive de ,vipgj ans accor-.
dée. à 1 Éuto,pe par le Roy, r 68 4».
. r. #8. .TîripQ)!! foudroye v .en Jaít»
*' ' p. ^Amrjassá^eû/dé Fránce"
-e&ftent le Sopha à An^rinople
p "áeî^'r^ction de i'Hétesie par tour
ic Royaume , 168'5.
?'-.4^ JLe^avf doàne jdfifîsecowiîs.
sw&ugí.de^ayojfc^r }'>£>o.&~
92 MERCURE
tiort del'Heresie dans sesEstats^
6c afin de reduire les Protestans
rebelles des Vallées , 1686.
Les deux precedentes In£. ^
criptions ont esté pôiëes íùr
lc Piedestal de chaqu c Co
lonne , pour montrer que U
Base & le fondement des
Actions de LOUIS LE
G RAND » cest ta Reli
gion. Les Festons n'estant a~
joûtez que pour TornemenÊ,
l'on a crû qu'ils fefoient trespropres
à porter lés' Médaif- \
les qui contiennent les NaiC
sances , les. Mariages , & les
autres eVenèmens de cette
t ' > .
>
GALANT. <x
forte , qui sont afïèz souvenu
representez par Les Fleurs.
Cette précaution ne déplaira
ï pas aux personnes exactes ,
.qui auroient peut.eftre trou,
vé à redire qu'on eu st meílé
ces faits avec les autres..L'on
n'.a pas eu de peine à se re
soudre à eette separation. Il y '
a tant de belles choses à dire
du Roy , que nous ne /òmmes
pas reduits à la necessite'
d'établir les louanges de ce
grand Monarque fur des efl
rets étrangers. Ainsi Ion a
piis sa Naissance t son Maria
ge, les Enfans qu'il a eus,noa
£4 MERCURE
'pas pour en faire des~ siijets
d'Eloges , mais pour donner
plus; d'osnemeint À cet; Ou
vrage ,ôc a;5n de ne pa& pri
ver ies curieux de ces remar.-
.ques , quirait paru ,de con&-
,rjuencfi. . J \ìs:ìïûy\,i.ï
v> i r : . j '''; >.i ' r,. t
43. Naissancedu Roy, aonae.
. heures avant Midy le Dimanche
5. Septembre' 1638. '* ' .
44 . Le Roy déclare : Ma^Xir te
Jeudy 7.. Septembre tápJ ' i'.'ísí
^ 43., Sacre, du Roy; ;à;R4injï§ £e
"Dimanche 7. Juin .f4f4, j
46^ Mariage *dú Roy te 3. Juki
1660,
47. Naissance de Mouseigiíeur
GALANT. 9Y
k j4^. Naiííànce de Madame" Eli!
zabethde France yle Samedy.r8V
Novembre 1662.,
. 49. Naissance de Madame
Marie Anne de France , le Di
manche 16. Novembre 1664.
50. Naissance de Madame Marie-
Therefe de France , le Di
manche z. Janvier 1667.
51. Naissance de Monsieur Phi
lippes de Bourbon Duc d'An
jou ,1e Dimanche 5. Aoust 1668.
52. Naissance de Monsieur
Louis-François de Bourbon,Dut
d'Anjou ,1e Mardy 14. Juin 1672.
5J. Mariage de Monseigneur ,
le 28.|anvier 1680.
. 54. Naiííànce de Monseigneur
îeiDtrc de Bourgogne , lejeudy
S. Aouft i8f*. ».
íSíaiQàmae de iMxsrièigneu*
oá MERCURE
le Duc d'Anjou , le Dimanche
19. Décembre 1685.
56. Naissance de Monseigneur
le Duc de Berry , le Sastiedy 31.
Aoust 1686.
$7. Mariage de Madame h
Princeíïê de Conty , le 16. Jan,
vier 1680.
58. Mariage de Madame la Du.,
chessí de Bourbon , le 14. Juil
let lé86v
Voilà un petit crayon du
plus beau Portrait qui fut ja
mais. Si lan trouve que quek
que chose y manque , Ton
fera reflexion que ce n'est icy
qu'un abregé r qui n'a pû
contenir tout ce que le Roy
a fait de grand depuis vingthuit
... GALANT. 97
huit ans. On auroit bien vou
lu marquer tant d'Illustres,
qui ont eu part aux actions
héroïques qui font aujourd'huy
l'admiration de toute
la Terre ; mais l'efpace d'une
These nous borne , il faut se
reserver pour un plus grand
Ouvrage que l'on médite , &
qui renfermera l'Histoire de
nos Braves aprés celle de leur
Auguste Souverain. Nous ne
craignons pas d*y marcher
fur 'lai mesme route que les
autres Auteurs. Celle que
nous suivrons fera nouvelle;
& c'est un bonheur de vivre*
fanyitr 1687*
98 MFRCURE
íous un Monarque, dont toui
tes les démarches sontautanc
<le miracles ; & qui occupe
tellement les Historiens, que <
quelque foin qu'ils aportent ,
ils laiíïèront encore beau
coup à dire pour ceux qui
ecriront aprés eux.
sein d'une These pour leRoy,
fait par un homme qui s'est
attaché avec tant d'exactitu
de à rechercher tout ce qui
regarde la Vie de ce Grand
Monarque, que je puis vous
aíïèurer qu'encore qu'on ait ^
tâché de l'imiter , & de le co
pier en beaucoup d'endroits,
dans des Ouvrages qu'on a
GALANT.. 9
presentez {ans avoir ose' les
rendre publics , il est l'original
de tout ce que nousavons
vû de cette nature. Le tra
vail de cet Ouvrage, ou tou
tes les dates font , est quelque
chose d'incomprehensiblej íì
je puis parler ainsi, & pour
le rendre correct, Y Auteur a
a eu besoin de toute l'applicatïon
d'un hommeauíïi zelc
qu'il lest pour le Roy. Tous
les Eloges de ce Monarque i
& rout ce qu'on a fait de son
Histoire, ne nous en sçauroient
faire si bien connoik
tre la grandeur que cet Ou
vrage , & c'est ce qui merite
une réflexion bien serieuse,
& qui jettera dans tâtonne
ment tous ceux qui voudront
la faire. Il ne s'agit que de
marquer ce qu'à fait le R.oyy
fans détail , fans raisonne
ment , & sans éloge .y & ce
pendant cette These peur
passer pour une chose prek
que impoíïîble > à cause du,
grand nombre d'Actions qu'
elle contrent.Tous les Siecle*
ne nous fòurniífënt rien de
semblable. Je purs , & je dois
le dire à la teste d'un Ouvra
ge qui n'est remply que de
GALANT, ii
Faits y. & l'on ne peut ea
voyant cela que se taire , &
demeurer dans 1 etonnement»
Je n'ay dit qu'un mot de ces
raits. là , & ce n'a mefme esté.
que d'une partie ,& j'en ay
parlé dans deux cens Volu
mes. Peut-on dire apres cela
qu'il soit aisé de faire L'HiÇ
toire du Roy , si l'on y veut
renfermer tout ce qu'il a fait
de grand ? Pour moy, je suis
persuadé qu'il faudroit un Sie
cle entier , si ion vouloit
mettre dans leur jour toutes
les actions de ee Monarque M
& que cette .Histoire pour
i2 MERCURE
roit remplir seule des Biblio
theques. Vous en ferez en
tierement convaincuè,quand
vous aurez lû l'Ouvrage sui
vant , qui sera d'une grande
utilité pour tous ceux qui
voudront travailler à cette
Histoire . & qui leur epar
gnera plusieurs annees de
recherches. Sou venez- vous ,
s'il vous plaiít , que l'Auteur
luppose ion dessein executes
& qu'il décrit la Thèse com
me si elle eítoit faite. >
DESSEIN DE L'OUVRAGE.
Les Actions immortelles
de Louis XIV. estant ad
V
GALANT, i?
mirees de touce la Terre , il
n'est pas possible de trouver
aujòurd'huy quelqu'un qui
n'en soit pas informé, & qui
puiíïè demander avec raison,
pourquoy nous appelions ce
Prince Louis le Grand ,
mais afin d'en instruire la
Posterité ,on luy dédie une
These qui pourra luy servir
de regie dans les sentimens
qu'elle doit avoir des vertus
héroïques de nostre incom
parable Monarque. Les prin
cipaux évenemens de son Re
gne depuis 1658. y sont mar
quez d'une maniere qui ne
«4 MERCURE
fera peut estre pas deíagreable.
Quoy qu'il y eust une
infinité de belles choses à di
re avant ce temps. là, on n'a
pas cru devoir remonter plus
haut , afin de ne se pas co
pier soy mesme dans d'autres
Ouvrages, où elles n'ont pas
esté oubliées ; mais plus que
tout cela , pour n'établir les
louanges de Louis le
<j r a n d que fur des actions
d'éclat , dans lesquelles il a
toujours eu la premiere part,
St afin de le suivre plus exa.
#ement depuis un âge où sa
teste / son coeur, son bras &
GALANT. y rç.
son esprit ont commencé d'a
gir de concert pour le bien
2e ses Etats. .L Histoire du
Roy est une matiere riche, &
un vaste champ ouvert à tous
ceux qui s'y voudront exer
cer! Heureux mille fois celuy
cpi le fera avec succès ! On
a cru devoir ne s'expliquer
qu'en François, soit dans les
Inscriptions , soit dans les
Conclusions historiques êc
politiques , parce qu'on a eu
four objet la satisfaction des
Perfonnes qui préferent cet
te Langue , que nos Victoi
res oat rendue si florissante
ì6 MERCURE
dans toutes les Patries du
Monde.
DES C RIPT ION
... . de la Thèse.
Le Portrait du Roy est
placé au milieu d'une Cou
ronne de laurier , relevée de
quatorze Médailles , le tout
posé fur une dépqiïille de
Lion.Quatre grands Octogo
nes avec de riches bordures
accompagnent le Portrait,
&font voir par quatre gran
des Inscriptions la gloire du
Roy dans les quatre Parties
du Monde. / ,
GALANT. 17
/. INSCRIPTION.
HEurope inutilement conjus
rce pour s opposer à la Course
wiclorieusi de LOV IS LE
GRAND, cede a U force de
fin bras , &fi njoit contrainte
£accepter là Paix , que ce Mo
narque luy accorde au milieu de
fis Victoire*.
IL INSCRIPTION.
LÌAfìc étonnée des ABions ad
mirables de la Grandeur dtp
fioy 3 recherche fin Alliance , &
députe trois fois des Ambassa
deurs du Royaume de Siam a*vec
de riches Prefins. '
Janvier 1687. B
18 MERCURE
IN SCRIPT 10m.
il Afrique humiliée par les
frequentes défaites des Corsai
res d'Alger , de Tunis , de Tri
poli, de Maroc & de Salé , que
LOUIS XIV. a punk jusque
dans leurs Portereffe* , <vient de
mander la Paix'au pied du Trô
ne de Sa Majefié.
IV. INSCRIPTION.
L Amerique owverte aux Ar
mes de LOVIS LE GRAND,
a eflé le Theatre des Victoires
qu'il a remportées Jùr Jes Bar
bares 3 & des Conqueftes qùil a
faites à S. Christophe, à Tabagoy
dans toutes leslsles Antilles.
' \
». t . '
. ' 4
19
Les quatorze Médailles
font autantde Vertus ou At
tributs du Roy , representez
par des Devises ou Emblè
mes, 8c expliquez dans l'Exerque
de chaque Médaille..
Comme les Armoiries four
nissent le corps le plus naturel
Sc le plus ordinaire des Devi
ses, on s'est fait icy une obli
gation d'en tirer quatre des'
Lys , qui composent les Ar
mes de nos Rois , quatre du;
Soleil, qui est le symbole du;
Roy , &une du Coq , qui re
presente la France.
zo MERCURE ...
/. M ED AILLE.
Le Soleil éclairant tout le
monde avec ces mots, Eclai
re sVnivers. Dans l'Exerque
pour Vertu , Sagesse.
II. MEDAILLE.
Un Lys avec ces mots, Que
jòn odeur efi douce ! Dans 13*
xerque, Clemence.
III. MEDAILLE.
Une Justice tenant la Ba
lance , avec ces mots , Sou
tien des Loix. Dans l'Exer
que , Justice.
IV. MED AILLE.
Un Laurier. Pour Ame ,
Chery de Minerve & de Marr.
21
Dans l'Exerque , Liberalité.
V. MEDAILLE.
Un Lys avec ces mots. Des
Mortels Vamour & le plaifìn
Dans l'Exerque , Èonté.
VI. MEDAILLE.
Un Soleil avec ces mots ,
// commande aux Saijòns£)àn&
l'Exerque, Puissance. '
VII. MEDAILLE.
Un Coq qui a une patte
en l'air. avec ces mots , La
terreur des Lions. Dans l'Exer
que , Vigilance.
VIII. MEDAILLE,
Un double Foudre en l'air .
avec ces mots , La terreur des
22 MERCURE
Ingrats. Dans l'Exerque , fer*
metê.
IX. MEDAILLE.
Un Soleil avec ces paroles,,
A qui rien ne peut refîfter.Da.ns>
l'Exerque, Force.
X. MEDAILLE.
Un Lys avec ces mots , Son
odeur va plus loin. Dans l'E
xerque, Gloire.
XI. MEDAILLE.
Un Foudre fur un Autel
avec ces paroles , Joûijfexde
fin repos. Dans l'Exerque,
Moderation.
, XII. MEDAILLEUne
Caíîolete fumante fur;
- GALANT. 2?
un Autel avec ces mots , La
gloire des Autels. Dans l'Exer*
que, Pieté.
XIII. MEDAILLE.
Un Lys , avec un grand
rejetton à droite ,. & trois au
tres petits à gauche, & pour
ame, NofireJiècondejpoir. Dans
l'Exerque , Bonheur.
XIV. MEDAILLE.
Un Soleil qui parcourt le
Zodiaque, avec ces mots , //
ne peut sarrefter. Dans l'Exer-.
que , Vaillance.
Dans le milieu de la bor
dure, au bas du Portrait, font
les Armes de Sa Majeste' en
H MERCURE
tourées des deux Colliers des
Ordres de Saint Michel & du
Saint Esprit, & ornées de Gui
dons, d'Etendards, & de Tro
phees , qui jettent des bran
ches d'Olive , pour marquer
la Clemence de ce Prince ,
qui a bien voulu donner la
Paix au milieu de ses Victoi
res. Il y a deux grandes Trom
pettes qui accompagnent la
Couronne , avec deux aifles
qui s'étendent de chaque costé
, pour porter les Armes
de Louis le Grand ju£
ques aux extrémitez du mon
de. Tous ces ornemens qui
fonc
.GALANT, n
font le haut de la These, sonc
soutenus dune table d'atten
te , ou parement irregulier
d'Architecture d'un ordre
Composite , avec la Corni
che, sa Frise, son Architra
ve , Colomnes , Pilastres ,
Chapiteaux , Piedestaux &c
Baies. Un grand Cartouche
posé sur le milieu de la Frise,
contient ces mots , A L A
POSTERITE'. Le grand
Quadre destiné pour les The.
ses , est échaneré par le bas ,
& pôle entre les Pilastres. U
contient quatorze Theses ou
Conclusions , qui répondent
Janvier 1687. C
26 MERCURE
par ordre aux quatorze Me
dailles , & qui prouvent cha
que Vertu ou Attribut du
Roy. C'est: par cette raison
qu'on s'est attaché à com
mencer la plufpart des Con
clusions par les paroles de la
Devise qu'elles, justifient.
Comme les Theses font le
principal fondement de tout
cet Ouvrage , on croit devoir
en expliquer la conduite su.
vec un peu plus de détail. Le
stileen est assez particulier,
mais cette Philosophie que
nous donnons n'estant pas
ordinaire, & ne faisant que
GALANT. 27
de haistre , elie s'est trouvée
capable de toutes les formes
cju/on a. voulu luy donner.
Certaines expressions de Poe
sie , & d'autres libertez qu'on
ne prendroit pas ailleurs, en
ont rendu les Propositions
courtes & ferrees en des
endroits , & plus étendues
en,* d'autres, Tout cela est
permis en cette occasion, ou
l'on doit dire beaucoup de
choses en peu de paroles. On
peut inesme. parler Ecolier, si
cette expression m'est permi
se , pourveu qu'on le faíïè
pour exprimer plus naturel-
Cij
28 MERCURE .;
lement les opinions que l'on
propose. Nous n'avons pû
nous dispenser d'employer
des chifres pour marquer les
jours & les années de plu
sieurs évenemens. Cela n'est
pas íàns exemple, puis que
nous voyons tanc de Theses
remplies de semblables chi
fres. Cependant on ne l'a fais
que lors que les Actions du
Roy ne íònt pas marquées
dans les autresMédailles donc
nous parlerons dans la fuites
Cette Chronologie a sonutúj
lité, & le Public ne sera peut,
eítre pas fâché de. la tçouyer
GALANT, zf
observée dans cet Ouvrage
avec assez de íòin. Les The-t
ses ont pour Titre \
HtftQrtques&Polittqucs.
.,' Q13ESTION* ;
Qui devez - vous estimer Ic
plus Gi."and de tous les
Monarques de la Terreî
1 CONCLVSION.
LOVIS XIV. donné de
^Dieu d une maniere mira*
culeajè, éclaire Y Univers par
les rayons éclatans de fa SageC
C iij
?o MERCURE
se. Cette Vertu parut en luy
beaucoup de temps avant Vâge
ordinaire. Peut-on dire qu'il ait
manqué une feule fois a prevoir
jusqu'aux moindre* évenemens
dans tout ce qu'il a entrepris f
Qùon montre un Monarque plus
exaBa remplir J&s obligations
mieux reglé dans fa conduite ,
& plus àjjìdu au gouvernement
defm Etat. Cet Augnfte Prince
également habile dans la 'Taix
& dans la Guerre, efi l ame de
Jon Cabinet. Ses secretsfmt im
penetrable*. Il donne autant
dorades o."n de réponses &
. fréfire dwertijjimens íes
GALANT.; ?t
plm innocens au travail quil
devore , pour ainfi dire , afin de
Jòuìagerjon Peuple. Considere^
ay ec quelle Sagesfè il commença,
par le reglement de ses Finan
ces. Ensuite ayant racheté Dunquerque
, il o/la aux Etrangers le
seul Port qui leur reftoit em
France, & aux Corsaires une
ancienne retraite. Compare^ nos
Troupes d aujourdhuy a<vec cel
le* de* Regnes précedens ;faites
reflexion fur le discernement
qu il a dans le choix de ceux qui
le fervent , fur la force & fur
t étendue de fòn Genie. Voye^i
Le hel ordre quil a étably dans>
G nij,
ji MERCURE
toutfin Royaume, & vommac*
cordere^facilement que Lo ii i s.
XIV. eít le plus Sage de tous
les Monarques de la Terre.
//.
G)umd le R jy paroifl armé,
cefipour obliger des Ennemis a
profiter de fi Clemence. Telle
fut la Bataille des Dunes qui fit
conclure la Paix des Pirenées.
Combien de f'is LOUIS a-t.il
épargn é kfxng des Vaincus ? Sa
Clemence empefiha le Sac de
Vtlencienncs , (1677. ) Sans elle
Alger Tunis , Tripoli , Genes ,
& tant £autres Places auroient
esté des bûchers de viçîimes deuë.s
GALANT
a la jufiice defis Armes. Amster
dam , la Haye , & le rcfie de la
Hollande defilée ( 1672.) & mefi
me tonte l Europe firoit encore
un Theatre de feu & desang, fi
ce Grand Prince nefi suft (vain
cu luy.mcfme , ôf s il nefi fuft
arrcfié au milieu de fis Victoi
res , enforçant les Ennemis d ac
cepter la Paix , & enfiúte une
Trêve de vingt ans , aprés en
avoir prescrit l&$ conditions >
qui ont rendu le repos a l Eglifii
& qui font avoûer que
Loiiis XIV. est le plus Paci
fique de cous les Monarques,
de k Terre..
34 MERCURE
///.
> // Joûtient les Loix par la
Justice de fis Ordonnames &
defis Edits. Lific^fin Code, qui i
fuit la reg'e de nos Juges. Ad
mire^ t®m les Arrefis que ce
Monarque a rendus, comme il a
puny les Due'difics , les Empoi
sonneurs ( 1676. ) & les Vfiirim
(168.0. ) Que dites-vous de
ce bel ordre étably pourl' AdmL
nifiration de U Justice } Mon^
trex^moy un Etat ou la Police
soit mieux reglée qùen France, j
Le Roy a-t-il jamais accordé ou
refusé aucune grace quilne fuft ,
Jujk d'accorder ou. de refuser ï
GALANT. #
Mais quand <vous <vous Jouvien^
drev^qùila jugé luy-mefme con
tre Jes propres interefis dans
. lajp ire du Vofé [ufto. ] dit&
^Loiiis XIV. est le plus
Juste de rousles Monarques,
de la Terre.
IV.
Poureflre chery de Miner
ve & de Mars , /'/ faut proteger
les beaux Arts, & récompenser
dignement les Vertus militaires*.
Nos Muses donneront des loiian*
ges éternelles à Sa Majefiépour
avoirflit baflir l Observatoire,
pris la protection de l Academie
Françoise [ 1672. ] institué celles
îá MERCURH
deSoijs.ns, d' Arles, de N(/mes,
de Villefranche^ d Amiens. Le
Journal des Sqavans, qui a com
mencé en 1660 efi deua lamour
que cette protection a injpirée
pour les belles connoijfmces j &
le Mercure G4.Ia.nt qui a com.,
mencé en 1677. efi un fruit de
la grandeur de ses AíTions , qui
en fournijfent la matiere. II a.
ctably l Academie Royale des
Arts & des Sciences > celles de
Peinture & de Sculpture , les
Ecoles de Droit Civil a Parti ,
[ 1679. ] & de Droit François
par tout le Royaume [ 168 1. ]
Combien d habiles Ouvriers en~
GALANT, v
tretenus pour des Ouvrages ra
res au Us ont portes a la dernie-
» re perfiction ! Faites reflexion
Jur le grand nombre de Scavans
qui Jont dans ce Royaume , &
Jur la politejfe que ion y remar
que depuis vingt ans. Admire,z.
la Magnificence de ce Prince
dans l EntréeJolcmnelle quilfit
a la Reyne fin Epousé le 2.6.
Aouft 1660. Confidences Cours,
les Rampars, les Arcs de Triom
phe , l Edifice du Pont Royal ,
les belles Fontaines , iélargisse
ment des Rues , le Quay de la
Riviere , &lesauprcs ornemens
ajoutez, à la Ville de Paris, ^ue
>
?8 MERCURE
penfczjvous des Bafiimens su
perbes de toutes les Maisons
Roydes , de ceux du Louvre &
de ceux de Ver/ailles , qui peut
paffer pour une huitième Merveille
du mondes Voye\ les belles
dépenses que LOUIS LE
CRAND a faites dans les Car
rousels de i«6i. 1685. & l686. h*
Di'vertijsemens de f Isle enchan
tée &de la Paix,avec les grands
Balets , les Machinessurprenan
tes . & les representations des
Opera , fins parier de la richejfe
de fis Meubles & de la ma
gnificence de fa Cour. Mais fur
tout , accorde^- mqy que cefi
GALANT. ?9
dans ce Royaume que les vrais
services de la Noblejfe font re~
connus par le rétablissement de
I Ordre de S. Lazare [1673.]/^
I Institution des Compagnies des
jeunes Gentilshommes [ i68z] £5?
par la fondation de la Maifin
Royale des Dames & DcmoifèL
les de Saint Cyr [ 1686. ] Les
vieux Soldats j ou ceux qui ont
efié cfiropie^ dans le service ,
/ont nourris &Joulage^le reste
de leur vie dans t Hoftel Royal
des Invalides , fondé le 14. lé
vrier 1671. Donc Loiiis XIV.
est le plus Magnifique & le.
plus Liberal de tous les Mo4o
MERCURE.
mrques de la Terre.
V.
LeRqyefl Y Amour & le Plai
sir defin Peuple , dont il efìle
Pere.. Sçavez^vous le grand
nombre de Places quil a bien
voulu rendre en consideration de
la Paix,&'avec combien de bontéila
remis aux Espagnols trois
millions cinq cens mille livres
qu ils luy devoientpour les Con
tributions de la Flandre ( 1684 )
& comme il leur a rendu deux
gros Calions quils avoicntjuftement
perdus dans une défaite en
1686 ì LOVIS L E GR AND
a délivré jusqu'à pesent plus
GMAKs. 4v
de ijra&. Esclaves defis SujetsT
€^ de differentes Nations à Ât~
ger , outre les 600. qùtl aura, de
Tripoli , ffî tous ceux qùildoir
retirer de Tunis (d?- de Maroc..
tiy a plus ; fa bonté luy a fait
dïmnmr les Tailles de trois:
millions prés de 5 00. mille Uvres:
( 1684, ) donner de grandes som
mes pour occuper les Pauvres h
des Travaux aujfí utiles a leur'
Misere qua Vornement des Vil^
les ( 1685. .) fairè des chantes
considerables pendant lafkmnè.
de 166 1. fç) le grand Hiver"
{ 1684. ) & une diminution tres±.
grande four fis Droits fur Us
s Janvier 16S7» I>
ai MERCURE
bled. ( 1685. ) Ses mains RoyaU
les occupées à porter le Sceptre ,
n ont pas dedaigne' depuis fix
ansde composer des Remedespour
le fiulagement , fé) la guerison
deses Sujets ; & de leur en don
ner luy-mesme les secrets qùil d
publie^depuis peu, {g) quilrìavoit
achete^ que pour fin Peu
ple. N oublie^pas encore cetar-.
trfice benin dont il 'vient de Je
sèrqjir ,pour cacher a toute fi.
Famille Royale 0, àfin Royau
me une maladie qui le tourmentoit
, afin de nous épargner l in
quietude g) la douleur de fia-
*vQtr un fi bon Prince dans
4?
les peines.^ Reconnoipz dom'
de bonne.fy qu il merite mieux.
le nom de tres bon que cetËm-.
pereur Romain a qui on le decerna
5 puisque LOUIS XIV.'
vray Pere de la Patrie , est le
plus Aimable &. le Meilleur
de tous les Monarques de la'.
Terre.
VI.
Il commande aux Saisons ,4
lors qu 'il trouve le moyen de'
faire la Guerre au milieu de'
L Hiver. Qui pourra comme luy '
parvenir a cette puiflànce, d as-
Jteger en me/me temps quatre'
Villes tres-fortes [ \6yz. ) & de
D ijj ~
A4 MERCURE
faire recevoir ses Loix en un
mcfme jour a deux Places auffp
considerables que Strasbourg fg)
Ca%al ? Jl a dompté les Jroquois
( i66j. ) & reduit en fìx jours
les Algeriens ,quetout le Regne
de f Empereur ChaHes-Quint avecfa
fortune n eut pas feule~
ment le pouvoir d'intimider.
N a.t il pas contraint les Corfaires
de Tripoli , de Maroc y
de Tunis , de Salé , avec ceux
de Majorque .{ 1681. ) aprés le
avoirfournis , de refpeûer nos
Vaisseaux , fg) de rendre tous nos
Esclaves ? Conjïdere^ce que cest
que de joindre les deux Mers e»
í GALANT. 45
Languedoc par un Canal long
de 64. lieues , commencé le 16*.
Avril 166-7. (ë>r acheve dans le
y me/me mois de l année 1681. Tau
re confiruire l Acqucduc de
Maintenon pour la conduite des
Eaux de la Riviere d'Eure ,
( 1685. ) d°nt ïédifice Jurpajfe
tout Ce que les Romains ont en~
trepris de semblable. Cefi la
puiíïànce du Roy qui Va fait
triompherfur Mer des Anglçis
en 1666. des Hollandois le sep*
tiéme Juin 167.2,. & encore
deux fois de la me/me Na»
tion en 1673. ft) a Stromboli ,
*n Sicile , { Janvier 1676. ) des
4* MERCURE
Ejpagnols , fg) des Hollandais
devant Augufia le n. Avril
suivant , ou le fameux Ruiter
qui commandoit fut blessé à,
mort , le deuxième Juin de Id
mcjme Année devant Palerme ,
ou l on remporta la plus glorieu
se Victoire de Mer qui se fòit
veuè depuis la Bataille de Le
sante ì les Plotés d. Espagne @p
de Hollande ayant efié défaites 3
& ensuite brûlées clans le Port ,
dont le miserable. rejle fut vain
cu le 3. Mars 1677. a Tabago
dans l Amerique. Dom LOUIS
XI V. est le plus Puissant de
'tous les. Monarques de la
Terre.
-GALANT. 47.
.'.y vil
La terreur des Lyons , ccfl
cette vigikfvre qui fait <voir
le Roy , le premier à la tefie da
ses Aimées > moissonner des Pal
mes fg) des Lauriers avant que
le Printemps nous donne des
fleurs. G efi encore cette applica
tion exacte fç) reguliere a gou
verner par luy-mefme , q) À
tenir tous les jours ses Conseils.
Lefoin qùilprend de connoifire
Jès Officiers , de Jefaire rendre
compte de tout , (gf de prévoir
dans le détail a mille choses qui
rendent ïexecution de desordres
plusfacile ft) plusprompte. N'a
48 MERCORjE
vons-nous pas veu baflir une- *
Gídere en dix heures f ( 1679. )
N efi.ce pas par les fins de Sa
Majestéau ily a tant de Gardes. .
fç) d illuminations , pour lafu
reté de Paris ? On lu.y doitauffí
r établijfcment des Compagnies
des Indes Orientales (d?. Occidentales
, (efr de plusieurs belles
Manufactures ) une Compagnie
de Guinée1 ( 1685. ) avec beau
coup d autres avantages procures
à ce Royaume , poury faire fle»\
rir le Commerce avec succes La,
Navigation efiparvenue à une
telle perfection cheries François>
paria, vigilance de LOVÎS LR
GRAND»
GALANT. 49
CRAND y que les autres Na
tions rapprennent de nous. Tou
tes nos Provinces ont acquis la
/curetépar la bonté des Torts de
Merspur les armeniens des F'lo
tes , par lafortification des Villes
frontieres parla construction
'de Saar-Louis , d Huningue , g)
de Mon.Louis , fins parler de
tant de fortes Citadelles baflies
par les Ordres de LOUIS X IV.
ìe plus Vigilant de tous les
Monarques de la Terre.
VIJL
L0V1S prend quelque fois
le foudre en main y pour punir
les ingrats, pour maintenir les
Janvier 1687. E
T° MFRCURE
drain de fa Couronne , fg)pour
rvur.ger la foy publique , (d?- le
droit des gens violes ( 1674. )
dans lAjJemblée de Cologne. Si
la Garde Corse a la temerité
d'attaquer un Minifite Public,
le Ry fîsait en tirer la/àtisfa~
Síijn deu'è afa dignité ^obtenant
tout ce qu'il pouroit pretendre .,
par le traité de Vise conclu le íiì
Mars 1664. avantage ont
remporté les Espagnols en reffini
U pìts a noftrç JmbajC
fadeur a Londres ( 1661. ) fnon
d'avoir efié oblige\depuis a déc
'arerpubliquùmnt qu'ils cedent
par tout la préfëAme aux Bran
GALANT, v
cjmviïe íeurK^pïrkiénfpBsf Á
qttoy bon troubles leï Wibitdns
<£ Andxye \ ^) donner fant ; de
ra^fiùtâ.rfitgàtàiïsû T.rdacé
potier é%ká" de coùctúre ïaffàre
êe £ÌPnduttê fc'efioitpour fiire
ítòarSfc tohte ^Eiïïope ; t^itè U
éRWWb si/fisst p wmdntekir
jfòn titre de Duc de Rmr~
g.gnâ": t tûìó.ï) pour remettre
Jtsv:S*jeù en pòjpjfià ÏÏe UVcf,
chf{\tô$ pourfdre trembler
tmte . tífpÁgne en tenant une
grmde Vhttè bloquéè devant
ôadix ( Í68&.v ) Le Turc a <veu les
Eij
y. MERCURE
Corsaires de Tripofy poursuivis
fç) battusjusque dans le Port de
Chío \ 168 1. ) @r nostre Vlotte
^ victorieuse menaçant les Dar da
nelles , porter lépouvante jus
que dans le coeur de fin Em
pire. Ces preuves de la fermeté
du Roy , (gf. la vigueur de fin.
Ministre en 1677. 1680.(^-1681*
ont obligé le Sultan d'accorder le
Sopha à noftre Ambassadeur , ft)
d'autres Privileges pour la Re
ligion Catholique , ce qui fait
voir qu'il estime davantage
LOVJS LE GRAND que tous
les autres Monarques ensemble.
Jtfvs Allier ont aujst goûté les
GALANT. <î
fruits defa ferme ré , lors qu'il
leur a fit. rendre (1679. ) les
Villes (§>?> les Provinces qu'ils
avoient perdues pendant la,
Guerre ; toute f Europe vient
de recònnoiftre par la réunion de
-' plus de xoo. Villes famées ,.
800. grés Bourgs ffi 3000.
Villages ujurpe^jur la France
pendant les 'Revolutions de ce
Royaume , que LOUIS XIV.
est le plus ferme de tous les
Monarques à maintenir les
droits de sa Couronne.
Rien ne peut resister à la
íbree d'un Roy Invincible „
Eiij,
qui s'efi fut, luy, me/me une
routeJm le Rhin , mal.?iéjò%
extrême largeur *Jk rapidite Cs*
f profondeur ; metuint en der
r.ute une Armée qui <voulokJuy
,eu disputer le píjf^ge. * Tohyii ,
& qui fut contrainte de le luy
ahj^donn£î{ Le it. Juin. i6,7*.f
incomparable Mcfos a fins
&ej- beMwjèwnt plus de
Guerres , gagnéplus de 6p. B%-
t^ïlks ou Combats s bordéde$f
Cûnquefies le&hin ,le Viyahai'i
la Moselle , U Meuse \ íljfel i
la Lys , lFfiut , &f pris plus
4e 6oo. Villes par Sieges ^ TfaL
t&L o ou pifoteçftm. Aprés m fi
GALANT.' vf,
grand nombre de Con^uefiês ,
que d/tes^vms de & force' des
Places , les çriyczjvms imprena
bles f Je <vous oppojèray aujfìtjfl
Dunquerque s le Fort de
Schein, M.ifircic, Valenàennesy
Cambray, Suint Orner , Tpres ,
Puioerda., Strasbourg , Luxem
bourg , & tant, dautres que
vous voyez^parmy les Conquefies
d un Roy toujours le plus fort.
Voulczc^vous au contrairefiûtenir
quïl rìy a. point de Villes
qu'on ne puijfe prendre ? Sans
doute vous ave^mblié que nos
Ennemis ont levé le Siege de
vant Voêrden , & devant Char—
E ÌÌÌj'
*s MERCURE
leroy , ( 1672.. ) devant Oudenxrde
qu'ils affiegeoient avec>
trois Armées , ( Septembre
1674. J devant Haguenau
Saverne ( 1675. ) devant Augufla
en Scicilc [ Janvier ] de
vant Mzftreic le vj. Aoujl 1676.
& devant Chxrlcny le 14. Aouft
1677. Accordons-nous , ffi dïfms
qu'il n'y a point de Villes
imprenables fi Louis les attaque,
& qu'elles ne peuvent efirefor
cées lorsqu'il les dcffend. Vous
Jçave^ auffi que nofire Vlotte
Vichrieufe a toujours battu cel
les de nos Ennemis ; m iis e:iffìe%r
vuus cru , fi toute U terre ne
GALANT, r?
meus en affeuroit que le braie
d'Erlingue avec fin seul Vais
seau \ euft osé livrer le Combat
à 37. Galeres tant Espagnole?
que Genoises [ 1684. ] qu'a
pres les avoir battues , $~ leur
avoir tué zooo hsmmes 3 // cufi
pu heureusement fi retiret danr
son Port. Donc LOUIS XIV.
est: le plus fort de tous les Mo
narques de. la Terre..
X. •
Dans ler Panegyriques des
LOVIS LE GRAND , je pje*
fire toujours la vetité toute/im
pie , a la figure aux Allegotics.
le Juif donc, entierement
$ MF.RCURïï
perju.idé qUilJuffit icy d'ejì.iblir
sa ?\oirc Jurjes propres actions
(d/-sûr des sits connus de toute
l Europe. Jgui osera nier que
f Empereur n ait eu befitn du
secours de France , [ 1664. ]
poursuivcrh Hongrie & toute
s Allemagne qui allait devenir U
proye des Ottamms ì Le Grand
Duc de Mswie a recherché
í Alliance du Roy par ses Am.
b.jfideurs [ i66g & 1*81, }fEm*
percur des Turcs [ 1669. ] un Roy
de Guinée [ 1670. ] t§jr le Roy
de Si^msiit voir par des Presens
magnifiques , @r par trois
Ambajjudes qùi[ envoye du miGALANT
S9
lieu de l Asie, [ i6Sì. ] OMre
1684. &.\en Aoufi 1686. quelle,
efiìme il fut de LOUIS LE
ÇK AND . Ce Prince qui nefi
fin da jcctte cflïme que pour le
bien de la Religion y ria. t-ilpas
feu nn Souverain à fis genoux ?
[ifSf. ] (&y lun defis Gene
reux donner un Pzjjcpon le 2.4.
Septembre 1677. à l Aimée En
nemie beaucoupplus nofnbreufi
qW U nafire , pourfirtir d'un
lieu, oà'eUe benoit de fifiuver, .
nprés avo'.T efié b&ttuë ? Le
grffld Gufîoe<ze qui appeUoit il
y.tì 56 Ans les Autres Monarquesy
des Roitelets en' comparaism dfk
6o MERCURE .
Roy de France 3 s'il vivait au~
sourd huy , ne diroit ilpas avec
nous que la Gloire de LOUIS
XIV. ne peut avoir de bornes*
& que c'eír. avec justice qu'iî
est le plus estimé de tous les
Monarques de la Terre ?
XI.
Joiiiíïèz de son repos, Frìnces
inutilement jaloux d'une
grandeur à laquelle vous' «?
parviendre^jamaìs. L'on a re
fusé les Secours qu il offroit fi
genereusement ; mais fans luy on
n'a pu aller à. la Victoire , puis,
qu'il cflint le Maifire du chemin
qui vonsy acmdmts. Les droits.
' ".GALANT, rît
que ce Prince avoitjur le PaUtinat,
oni.ils esté capables de le
tenter ? Point du tout. Jl a cher,
ché les tvoycs de douceur , ^) fi
dele dans la parole qu'il avoit
donnée de ne point agir, il a
cedé fis propres avantages pour
ne pas interrompre le cours des
zostres. Jgui peut dire qu'il fa
jamais veu en colere ? Ennemy
des loila nges fg) de la flatterie ,
toujours affííble , toujours pa
tient , & le plus moderé de
tous les Monarques.
XII.
La gloire des Autels, c est la
Pieté dont LOVIS LE
MERCURE
€ R A N D, a donné, (èfy* dón±
m feus les jours de fi grandi
exemples. S efi-ilfirwy defèsú.i
wantages k>rs> quïl a <veu l!Allei
vtagne embarajfci t$mébàìùm
pás. a ft moderation een.x que
'vous avez remportez: en Hon
grie* Cefile Beffwfîtfhde^^E*
glija , le VviMfàjcr des. yEv<fl
qu.es , & le Defiruffeurde l'He*
refie. Il a fmi nf de grande?
fimmes. aux Venitiens. (1658. )
pour sûre la Çttdrre. .qu'ils'
efloient obligez defmtenir. H à
proscrit les Blasphèmes & les
Inipietcz^parfis Déclarations &
Edks de 1665. 1667* q) t6?y}
GALANT. 61
V Eglise cl recoww éfa premiere
tranquilîté fr les Jèntimens &
Jur les points delicats de la Re
ligion , par les Joins de ce Mo
narque qui a envoyé dessecours
considerables de Troupes en Can*
die contre les Turcs. [ 166S.
166y. ] ft) employeses forces de.
Mer contre.eux [1670. ] Il a
tefiab fy lexercice denofire Relu
gbn dans les Villes Herretiques
d'Osfy, de Rhimberg, de B u -
fi h ,dVtrech., (g^c. [ 1671.
de Geneve en 16S0. fê) de Stras
bourg en 1681. Ce Prince trespieux
a rtmis en p'ojfcjfion de la,
Garde du S. Sepulcre les Relï*
H MERCURE
gieux de S. François t677, $
leur continuéfa proteêiion Roya
le ses liberalits^ dans toute
la, Terre Sainte. Il a émt au
Roy de Ferse enfaveur des Ca
tholiques , (dr en a obtenu tout
ce qu 'il a demandépour nos Mf
fionnaircs^ Les grandes Con
versons quil a procurées dans
le Royaume de Siam , g) dans la
Chine depuis plusieurs années >
ï Edit de 1681. qui deffènd a ses
Sujets de quitternoftre Religions
g) cet autre de 1683. qui oblige
les Idolatres qui renoncent a
leurs erreurs , d'embrajfer la
Communion Romaine ; En un
[
mot ce qu 'il a ordonné ( ifâçy
pmr le, rejUblijfement des Eglifis
g) des Fresbiïeres y @J ce'
\ Mmdcment pourfaire observer
la, modestie cUns les Eglises ,i
14S6* tout cela ne montre t il
pas la vcritableYxçxè de LOVIS
JLE GRAND .<? Ajouflons , quaprj
la Conversion volontaire ft)
libre de plus de fíx cens mille A~
mes reunies à l Eglise Catholique'
depuis plusieurs années , que le
zgle , les Joins charitablesfs gj.
les belles Ordonnances du Roy
les sollicitent à se convertira it
a revoqué L'Edit de Nantes ,
jait abbatre tous les Temples des>
Janvier 168 j. K
(S MERCURE
tìuguenots.., g) ab&ty s Heresie1
áxns fin Royaume , W me attûée
, ce quejer PredeecjsetìTsna-
^oknt pas fait pendant plus
d un fiede : hissant a lapoflcrite.
un bel exemple dont le Duc de
&&wye u le premier Jùivy les
traces. Ces grands services ren
dus à lEglîJi ijans parler de
ceuxqxtin atteted, prouvent que
LOUIS XIV. est le plus
Pieux de tous les Monar
ques. • l"4 1 '' " \';
C'est pour 4'es grandes Vetttts
du Roy , que "Dieu l a. comblé
d'un jufte Bonheur , en hy .
.l . i rjr. A\\
galant: ef
donnant une nombreuse Pò/fe-
" rite. Heureux dans ï Alliance
qu'il a faite arvec une Keyne parfaite
& remplie des graces du
Ciel : heureux dans un Fils incomparabie,
&dansjfon Augufie
Epwíjc : heureux enfin dans un
Frere félon Jon coeur , & dans
tmdxfíFAmilk 'Rijyalequil <voit"
entierement devoiiee ajonservi- .
ce. Ses Mìnifirts font vigilans, ,
ecíaire^ &fidelles ;Jòn Rojaume '
flwiffìnt Jh Armes' invin
cibles, il eft cbery de fort Peuple, :
estimé de. toute la Terre , & par
tout Vííforieux, Ainfì lors que '
*vsHt ditçs €pue les Defltns jòntr
68 MERCURE .
pour luyjans contrainte , que
cefiparce qu'il a enchaîné laVortune
qu'il efi le plus Grand des
Rois , reconnoijfez. en mefme
temps que cefiparfa propre ver
tu qu'il efi leplus Grand de tous .
les hommes. Voila lafeule raison
pour laquelle Louis XIV. est
ie plus Heureux de cous les
Monarques de la Terre.
ll ne peut s'arrester dans la
belle route des Heros ; ce Prince
Magnanime , nmrry dans le
sein de la Victoire. Ses Ennemis
me/me avoâent qu'il ne fe con
tente pas de marcher le premier
GALANT <9
k la tefle de ses Armées , mais
qu'il les mene en personne au
Combat & a la VÏBoire , d'oà
vient qu'il efi plusbefiin de le
reunir que de l exciter. Sa Vail
lance ne nous fit-eUe pas une
frayeur fans pareille , lors quaprés
s'estre exposé à mille dan
gers , & a des fatigues inconce
vables au Siege de Dunquerque
[ 1658. ] il demeura luy seul in
trepide pendant une dangereuse
maladie qui defcfyeroit toutjòn
Royaume ? Pouvez.- vous Jans
admiration & fans larmes pen
ser avec quelle grandeur dame
LOVJS a souffert fa blejfure
7o MERCURE
dux. Septembre 1683. & une
Operation accompagnee de dou~
leurs aiguës ? [18. Nov. 1686. ]
Suive^ ce Vainqueur en Vranchc-
Comté qu'il prit luy.mcfme
en dix jours au milieu de iHy.
ver: & en Lorraine qu 'il fou
rnit en peu de jours, îl a conquis
en petfinnc fiixante-ánq
Villes en deux mois , fortifiées
dans l&endué d on%e Provinces;
M ifirich , que l<m efitmoit im
prenable , en tre ize jours z & les.
années /ùivantes, Valevúenmsy
Gand , & Tpres. Assiegeant U
Ville de Bouchaïn ìm 1676. les
Armées des Confederres tenteGALANT.
71
sent le secours de cette Place.
Le Roy aÛa au devant , leur
prtfenta la Bataille qu'ils evif
terent par U fuite. Voulc^wous
d autres Victoires rempotréesfar
Terre par L OV I S LE
• G RA N D , .<" Je <vom rapporte
les principales. Ce font les Ba
tailles ou Combats des Dunes le
14. fuin 1658. de S. Godart au
p&Jfage du Raxb en Hongrie le
premier Aoufl 1664. En 1674. de
Zein?ein , de Molsheim , de Se*
n ef contre trois Armées , d'Emf
heim , dans laquelle vingt mille
François défirent trois Arméet
defiixante &fex miUe hommes>
7& MERCURE
commande^ 9 par vingt Princes
Souverains , ou de Maison Soumeraine-,
de Mulhaufein ën 167^.
de Turshcin , apres laquelle les
Csnfedere^ furenf chajfcz^ , &
contraints de repasser le Rhin..
En 1677. lonziéme Avril .celle
de Cajfel, remportée par Son Al
tesse Royale ^ quï defit les Espa
gnols (dp les HoUàndois , mmmande^
pçr le Prince d'"Orange,.
prit enfmte*Sa}rit Orner. Lés
Batailles d'Mpoûille en Catalo
gne , de la SeiÛe, & dAufembourg.
Le Combat du Pont- a-
Mmjfon^ de Koquerberg^outre
vingt-cinq mille hommes perdus
par
GALANT, .71
par les Allemans dans le Cam
pement de Mouron. En 167g.
les Combats de Rheinsfeld le 8.
Juillet , & de Saint Denis le 14.
Aòufi. En 1684. le 16. May le
Combat de Pont . Major , au
pajfige dei la Riviere de Tur. Re.
iconnoijfeç^ donc que U Vaillan
ce duRoy ta rendu leplus grand
Conquerants qu'un concours fi
heureux de tant de Vertus Mo
rales & Politiques \ prouvent
invinciblement que L ou is XI V.
£st çeluy que vous devez esti
mer le plus Grand de tous les
Monarques de la Terre.
Dans le grand Quadre aux
Janvier 1687. G
74 MtkteOKl
deux coffe2 des Theses ©a
Conclusions historiques &
politiques ,sont marquees les
principales ; Conqu'istòs du
Roy selon Tordre dèsanne'eS}
afin qu'on puíílê1 les> tròuvéV
tout d'un corjp,^d%ríè feuX
le veuë , 4en lisant ' tes autres
Actions de ce Prince Cha
que coríjdueste k *fir titèfrífue
pour en> c1>n'si$ïfteM£
tion selón la "Geographie,,
cela se trouve eitpîîqué dans
un Cartouche poï^itfus 'le
Quadre. *^\^r^h
.. .GÀLAKÎV 7s
Pour cottuoifire la situation
des Cottquefies. ,
A AtVòîè^' Cornu, eles JPtys '-ba*
Catholiques. : v; v^,«»'.> '
.'.'Akace ; : ':£attáptèvi4Ì^ iÀBemagne.
. . ' '."'O '
B Brabant1; Dùchí «M&$sÌ>at
Catholiques.
C GleVes'; ^u^ìenlÂneriapie.
f Cologne „ EleBorar^ .en Àlle~
Magne. ' . -* 1
F Flandres, Comté desPJy:-ha.t
G Gueldres , 2>«^ , deiProvïh-
. ces-y^ìes.. , ij^.n-'. ! ? .
IjF HàìnVùt, & ktyi ú*
3J" Cathotîquês. 4t"
G ij
j4 MERCURE
h Hollande , Comté , des Provin
ces-Unies.
L Liège* Principaute , £Attenta-
,gne. ^ x- .> "WïjK
\ Luxembourg, Duché, des Paysbas
Catholiques.
N Namur, Comté , des Pays-bd*
Catholìquts. .'. ...'>' •
O Owerissel , Seigneurie, des Pro
vinces. Unies.
P Palatinat , Eleïlorat , en AUemairie.
:' .£, : J
V Utrecht , Seigneurie des Pro
vinces-Unies. . ; ... ,4. ../'.f
Z Zutphen , Comté , des Provin
ces.Unies, i •.;
Ces seize Provinces ont esté
le Theatre le plus ordinaire
des Conquestes de Louis lk
Grand, quov qu'il cn ait
GALANT. 77
fait beaucoup dans plusieurs
aurres Provinces , qui font
marquées à la fin de chacune
de ces Villes. Ainsi Ton trou
vera peut. estreaíïèr d'utilité
dayotrenïì peu d'espace les
principales Conquestes, lan,
née quelles ont esté faires,
& le Païs pu elles font situées.
Trinàpdes Conquestes du Roy*
Dunkerque. F
Gravelines» ;'" F
Oudenarde. F
Menitì. F
Ypres. F
Comm.ines. F
Grammoat. F
Giìj
78 MERCURE
Dixmude. F
M or tare v Duché de Mitau , en
Jtaïiey \"
1663.
Marûl , en Lorraine.
"... : ."s t&7> . \
L.a Bassée. F
Conde. H
Charle.Roy. . iH
Bergues. > ' ' ' B
T.Huruy. .'. .?. .. V F
AcH, . H
Doiiay. ...I.'...' 'I'- í?
.F urnes. '.. . W
Çourtray. ^ ' |?
Oudenarde- p
Lisle. .fr
.^.lost, deux fois. .• m. . F
Árrnentieres. > ,. , ' Jf
GALANT. 19
.y léóS.'
ècíànçon. . .. . ,~ sf.v . K S
Salins.' • . »
Dole. ' I»
Grais. u O
Chasteau de JoujíVj...:. ^ |
Fort Sainte Anne. >-
£t toute la Franche-Comté. . .
Pont-à.Mousson. ,„ ,y., . \\
Çpinal, Nancy , & toute la Zar*
, rainer
fpngres. . j,,7/L
Weifet. . X
ltfascik. Mjv.'vk
Sjtuar.. . ^ 3. I*
Fsluquemont,,D«^.^ Zifpktìur£.
flLhimberg. v t
jfurìck* .r....;. Ç
G iiij
8o MERCURE
Weícl. • } C
Rées , & son Fort. >:!; C
Fort de Lippe , enVvestfhalie.
Emmeuk. ;:.v ì,- G
Locken, '1 Z
Bvoí kelo. Vvtfifhalìe; >
Grool. * ,: ' Z
Doëtkum, >ír Z
VHrz. ' Z
Brtwoort. ' ' ^.^ 2^
H. sselt. c V . • O
Ommetij .. ''.'• O
Kemperi. O
Zwol. ?- >.••v^:/.|"0;.
Deventer. ' r-:
Zûtphen. H : > . . ' Z
Óoësbourg. ». ' > Z
Fort deSkeink. . ''".rí"'.»>: f
Utreicht. •
Mu'íden. .;:>.''-í\, fc:
Naërden. ••' ' h
GALANT. 8t
E&ourg. . G
Harderwick. >ì . G
Hattettî'ï *ì>♦ ï ..• .. t '>'»*.. ' . G
Amersford. A
V^oërden. h
Oudewarer. %, \v. . ' h
Arnheim. G
Vianem. ~>«t : Ja
W"agcninghen. G
Rhenéen. j:> V
Duëstede. V
'Wic... Duché de Zimècurg.
Knotzeiobourg., *. F
Les Forts de Saint André & de
W'orms. i G
Isles de Bomel & du Betwe, G
Creveeoeur. " : B
Nimegue. ' G
Grave. st
Genep. .<..'.. C
Bodengrave* .> ' 'h']
82 MERCURE
1673.
Mastreick. : '
Tout le Comte de la Marek. ' ? . '
Salins. Sf
Principauté de Lure. »*.
Chafte'au Sainte Anne.
Fauconnié , & toute la Franche-
Comte'. • •'' fj.í
<îermeinsheim. .? P
Duren. ^ Ì..t ; '>> >• 'P
Heiníberg. .'»»'•»• *v p
jpinnick. .'Jwt...i:;:^p
Citadelle de Lieo.e .n...O
.-l^: O » *
Trêves , A'Jemayie.
1674. .
TJinan.
Huy, L
GALANT. 8?
Limbourg y Duché.
F^rt de Monivic Cataleyte.
Augusta , en Sicile.
167$,
Fort de Link. F
Condé. .' H
Bouchain. H
Aire. A
Builloru £•
Tôrmiuna. j >
S.aletta. a?
La Croix. .... £s
Savoca.
Ficumedcntsi.
Fort &Iflc de k Caïenne , dans
tAmerique.
Valenciennes. H
Cambray , &; .& Citadelle. H
Saint-Omer. A
Fribourg.. :.. . .i
8+ MERCURE
ChasteaudeBoslu. s']\ .x > H
Saint Guillain. H
Sarbruk. Lorraine, ...r;
Forts de Tabago & d'Orange.
Amerique. . - \%,;\\
1678.
Fort Rouge.
2s.ores, .v,..)..,.: F
l'uycerda. Catalogne.
... > «
Fort de Kiell. , a
Kampen.
Landav, & le Chasteau de Lichtemberg^
»^//^
apte.
Aix-la Chapelle , & tout le Du.
ché dejuliers excepte la Ca
pitale. i,»C:L Vïlì :.
Nuis. .. ., , .." ^
GALANT 8c
1680.
Chademont. fss
Hombourg , Frontiere du Palàtinat.
;
Virton. JBaillages du
Chin y. Luxembourg,
Enchimont. L
Strasbourg. a
E/CazaI , Italie , en me[me jour. :
1683.
Courtray, p
Dixmude.. ' \ . • ; p
1/84.
Luxembourg. L
Cap-de-Quiers , en Catahqnt. .
réunions.
Fumay. j_j
Le Comté de Rochefort.
Le Marquisat d'Arloh. :' >
Herbemonk ,.,'.'
Urbu.
fc< ME&CfJRE
Orchimont.
Revin.
fiastoine. , > r
La Roche. rs '".lV *
HofFalize, ' ' r
Saint Hubert,
Marche-en Famines : >
Ì.c Neufchateaiu •',' .,,v.
Echternach.
L i Principauté de Sálm,êcci. dam
le Luxembourg. 1
Et les Comtez de Morîçbe'íará^
&íde Sponheim, en A ema<gn&.
LesColomnes,Jçs Pilastres,
& les Feítóns font ie^idrtïs de
cinquante.'huit revérs de Medailles,
qui font autant d'Ins
criptions qui rna&qttent seloû.
Tordre des années y les prihl.
GALANT. 87
cipales Actions du Roy, qui
n'ont pas esté compriiès en
particulier dans les Thèses.
On va les rapporter íuívanc
qu'elles font disposées.
I i! . . J . . ,.l 1 . . . ì
..t.4.; Çharrìhre de Justice, pour
rétablis l'oirdrQ daìis les Finan
ces, 1658. .•..:,/.'. í { ,
ì. Edit contre.Ies Duels , Kjj?.
3 . Les Rois de France & u'ÉC
pagnes voyemt ] & fígntnr la
Paix le 7. Novembre 1659.
4. AccruiíìtiondeDurikerque,
ì'66l. . .Jt*. />'[ ri: 'i . .. , ií í '.
. . 5. Le Roy d'Espagne cede la
préséance â 4a France , & le dé
clare le 14.. Mars 1661. ; r-'
Alliinjce/renouyellée avec
les Suisses j 1663. >; .
88 MERCURE
7. Protection accordée au
Comté de Venaiflìn , 8c à Avi
gnon ,1663.
8. Etablìílement da CommerJ
ce aux Indes , 1664.
9. Piramide élevée á Rome,
Íîour faire satisfaction au Roy de
Iníûltede la Garde Corfe,i<?64.
10. Satisfaction faite au Roy
par le Legat , 1664.
n. Victoire far les Corfaúes
d'Alger, St deTunis, , '
ïì. Grands Jours en Auvergne
pour la Justice, t66$. .
13 .Protection donnée aux Hollandois
contre l'Evefque deMunr
ster &: contre 1 Angleterre, 1666.
; 14. Paix entre la France & Jes
Algeriens, 1666.
„ 15. Paix de 3reda avec les Anglois>
i667. >.r^v.,.:.
16. Les Procedures detruites.
'par le Code » 1667.
17. Paix d'Aix-la- Chapelle ,
166$
iff. Secours de Candie „ r66&.
1669.
19. Le Roy visite ses Conqueftes
, ^70. & 1683.
zo. Le Roy fait fortifier & vi
sité ícs Conquestes , 167s,
11. Les Hollandois forcez ai»
Poste A'AmtidéttyVÍJxi. '
xi. Secours jetté dans Meflîhe
aprés 'la déraite des Ennemis ,
Février 1675V'"
~ 13 . Desunion de s Considerez „
1^78..
24. Les dix Villes imperiales;
d' Alsace prestent ferment de fi»
delité au Roy, 1679, .
. zf. Protection Sc secours don-
Janvier 1687. H
90 MERCURE
nez par Sa Majesté aux Rois de
Portugal,.i668. & de Suede 1679.
16. Les Corsaires de Tripoli
featcus ,.puis défaits jusque dans
le Porc de Cíik>: ce qui allanne le
Turc, Juillet 1681.
27. Les Villes dq Strasbourg ,
& de Gazai soumises au Roy, le
30, Septembre 1,681.
' r8. Paix de Maroc , & de Salé,
Decembre 1 681.
29. Alger foudroyé , Juin 1683.
„ 30. ìì.Decembre Luxembourg
foudio^i, 1683.
: 31. Les Vaisseaux d'Alger b rir
iez à Sarcelles i68ì. &: ces Cor
saires battus plusieurs fois 1683,
, r Genes foudroyée, May 1684.
33 . La Vifle de Trêves déman
telee 6c punie , en Juin 1684*
34. Un de^ ûos vaisseaux Mar
ì ... ^<Ì:PlLM€Tì &
l .cèaods repris au milieu de treoie-
trois, autres , 1684.
35. Protection donnée à l'Evefque
de Lîege contre íés SujjSt4s»
l jtebfeljes,i^..;. ./' y\J
. 36, T rive de ,vipgj ans accor-.
dée. à 1 Éuto,pe par le Roy, r 68 4».
. r. #8. .TîripQ)!! foudroye v .en Jaít»
*' ' p. ^Amrjassá^eû/dé Fránce"
-e&ftent le Sopha à An^rinople
p "áeî^'r^ction de i'Hétesie par tour
ic Royaume , 168'5.
?'-.4^ JLe^avf doàne jdfifîsecowiîs.
sw&ugí.de^ayojfc^r }'>£>o.&~
92 MERCURE
tiort del'Heresie dans sesEstats^
6c afin de reduire les Protestans
rebelles des Vallées , 1686.
Les deux precedentes In£. ^
criptions ont esté pôiëes íùr
lc Piedestal de chaqu c Co
lonne , pour montrer que U
Base & le fondement des
Actions de LOUIS LE
G RAND » cest ta Reli
gion. Les Festons n'estant a~
joûtez que pour TornemenÊ,
l'on a crû qu'ils fefoient trespropres
à porter lés' Médaif- \
les qui contiennent les NaiC
sances , les. Mariages , & les
autres eVenèmens de cette
t ' > .
>
GALANT. <x
forte , qui sont afïèz souvenu
representez par Les Fleurs.
Cette précaution ne déplaira
ï pas aux personnes exactes ,
.qui auroient peut.eftre trou,
vé à redire qu'on eu st meílé
ces faits avec les autres..L'on
n'.a pas eu de peine à se re
soudre à eette separation. Il y '
a tant de belles choses à dire
du Roy , que nous ne /òmmes
pas reduits à la necessite'
d'établir les louanges de ce
grand Monarque fur des efl
rets étrangers. Ainsi Ion a
piis sa Naissance t son Maria
ge, les Enfans qu'il a eus,noa
£4 MERCURE
'pas pour en faire des~ siijets
d'Eloges , mais pour donner
plus; d'osnemeint À cet; Ou
vrage ,ôc a;5n de ne pa& pri
ver ies curieux de ces remar.-
.ques , quirait paru ,de con&-
,rjuencfi. . J \ìs:ìïûy\,i.ï
v> i r : . j '''; >.i ' r,. t
43. Naissancedu Roy, aonae.
. heures avant Midy le Dimanche
5. Septembre' 1638. '* ' .
44 . Le Roy déclare : Ma^Xir te
Jeudy 7.. Septembre tápJ ' i'.'ísí
^ 43., Sacre, du Roy; ;à;R4injï§ £e
"Dimanche 7. Juin .f4f4, j
46^ Mariage *dú Roy te 3. Juki
1660,
47. Naissance de Mouseigiíeur
GALANT. 9Y
k j4^. Naiííànce de Madame" Eli!
zabethde France yle Samedy.r8V
Novembre 1662.,
. 49. Naissance de Madame
Marie Anne de France , le Di
manche 16. Novembre 1664.
50. Naissance de Madame Marie-
Therefe de France , le Di
manche z. Janvier 1667.
51. Naissance de Monsieur Phi
lippes de Bourbon Duc d'An
jou ,1e Dimanche 5. Aoust 1668.
52. Naissance de Monsieur
Louis-François de Bourbon,Dut
d'Anjou ,1e Mardy 14. Juin 1672.
5J. Mariage de Monseigneur ,
le 28.|anvier 1680.
. 54. Naiííànce de Monseigneur
îeiDtrc de Bourgogne , lejeudy
S. Aouft i8f*. ».
íSíaiQàmae de iMxsrièigneu*
oá MERCURE
le Duc d'Anjou , le Dimanche
19. Décembre 1685.
56. Naissance de Monseigneur
le Duc de Berry , le Sastiedy 31.
Aoust 1686.
$7. Mariage de Madame h
Princeíïê de Conty , le 16. Jan,
vier 1680.
58. Mariage de Madame la Du.,
chessí de Bourbon , le 14. Juil
let lé86v
Voilà un petit crayon du
plus beau Portrait qui fut ja
mais. Si lan trouve que quek
que chose y manque , Ton
fera reflexion que ce n'est icy
qu'un abregé r qui n'a pû
contenir tout ce que le Roy
a fait de grand depuis vingthuit
... GALANT. 97
huit ans. On auroit bien vou
lu marquer tant d'Illustres,
qui ont eu part aux actions
héroïques qui font aujourd'huy
l'admiration de toute
la Terre ; mais l'efpace d'une
These nous borne , il faut se
reserver pour un plus grand
Ouvrage que l'on médite , &
qui renfermera l'Histoire de
nos Braves aprés celle de leur
Auguste Souverain. Nous ne
craignons pas d*y marcher
fur 'lai mesme route que les
autres Auteurs. Celle que
nous suivrons fera nouvelle;
& c'est un bonheur de vivre*
fanyitr 1687*
98 MFRCURE
íous un Monarque, dont toui
tes les démarches sontautanc
<le miracles ; & qui occupe
tellement les Historiens, que <
quelque foin qu'ils aportent ,
ils laiíïèront encore beau
coup à dire pour ceux qui
ecriront aprés eux.
Fermer
6
p. 3-61
Extrait ou Argument de l'Iliade en forme de Table.
Début :
Cet Extrait esté fait avec tant d'exactitude, d'ordre [...]
Mots clefs :
Grecs, Achille, Jupiter, Junon, Chefs, Armée, Ulysse, Vaisseau, Paroles, Colère, Minerve, Troyens, Dieux, Prières, Songe, Menace , Iliade, Homère, Roi, Hérauts, Thétis, Ville, Paris
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Extrait ou Argument de l'Iliade en forme de Table.
Extrait ou Argument
de l'Iliade en forme
deTable.
Et Extrait a esté
fait avec tantd'exactitude,
d'ordre
,
& de jugement,
qu'il peutsuffire pour
donner une idée generale
del'Iliade d'Homere à
ceux qui ne l'ont jamais
leuë, il peut estreutile
en mesme temps à ceux
qui possedent parfaitement
leur Homere,puisque
c'est un tableau en
racourci,ouplustost une
efquice dont le trait peut
quelquefois
,
reveiller
leurs idées, & leur aider
à jouir plus facilement
de ces peintures poëtiques
qui occupent, &
qui flattent si agréablement
leur imagination;
ceux qui craignent de
perdre de veuë la charmante
Iliade
, me doivent
sçavoir bon gré de
leur donner enmignature
le portrait de leur maistresse,
c'est leur prouver
assez que je ne blat:
me point leur attachement.
J'auray peut-estre dans
la fuite la mesme attention
pour ceux qui iont
amoureux de Rabelais,
cela dépendra du loisir
de mes amis, c'etf à la
complaisance de l'un
d'eux que j'ay obligation
de cet Extrait, qui
a deu estre aussi ennuyeux
à faire
, que je
le crois utile au Public.
Leschiffres qui ifont a
la fin de chaque article,
marquent laplace f.5 l'efitendue
des matieres. Par
exemple I. 5. c'est-à-dire
que l'invocation pour
chanter la colere d'Achille
commence au I.
vers cffinit au 5.
ARGUMENT
du premier Livre.
Le Poëte invoque la
Muse pour chanter les effets
pernicieux de la colere
d'Achille. Vers I. 5.
Sujet de la colere d'Achille.
vers 6. 11. ehryCes Pre stre d'Apol-
- lon vient au camp des
Grecs chargé de presens
pour racheter sa filleChryseis
qui estoit esclave d'Agamemnon.
vers II. 1).
,
Sa harangue aux Grecs
àce sujet. vers16.20.
ConsentementdesGrecs.
Refus d'A gamemnon. Il
menace Chryfes. Ce
vieiliardintimide se retire.
Sa priere à Apollon.
Exaucée sur le champ.
Apollon. pendant neuf
jours frappe toute l'armée
des Grecs de traits empoisonnez&
y répand la
peste. vers 21. 52.
Achille convoque une
assemblée. Il dit à Agamemnon
qu'il faut consulter
quelque Devin pour
sçavoir le sujet de la cruelle
colered'Apollon, vers
53.66.
Calchas fils de Thestor
se leve & se met en devoir
de l'expliquer. Il n'ose le
faire à moins qu'Achille
ne luy promette de le proteger
contre ceux à qui sa
déclaration pourroit de- plaire. vers 67. SI.
Achillele luy promet.
Le Devin parle. Dit qu'il
faut renvoyer Chryseis.
sansrançon,avec uneHecatombe
pour calmer Apollon.
vers83.99.
Agamemnon se fasche
contre le Devin. Tesmoigne
la repugnance qu'il a
de renvoyer Chryseis,
Declare qu'il la prefere
mesmeà la Reine Clytemnestre
sa femme
,
& pourquoy.
Prend neanmoins
la refoî ution de la renvoyer
pour le salut de son
peuple. Demande qu'on
le dedommage, vers 100.
J19.
Achille prend la parole.
Agamemnon luy respond
avec hauteur, & dit
qu'il pourroit bien luy enlever
à luy-mesme sa ca ptive
Briseis. vers 120 146
Achille s'emporte & éclatte
en injures contre
Agamemnon. vers 147.
lyo.
Agamemnon respond
avec aigreur & reitere les
menaces qu'il a faites à
Achille de luy enlever Brifeis.
vers liJ. 186.
0 Achille entre enfureur.
Delibere s'il tuëra Agamemnon.
Son épée est à
*i
demitirée. Mais Minerve
descenduë par l'ordre
de Junon, s'arreste derriere
Achille, le retient
par les Cheveux, & ne se
rend visiblequ'à luy. A>
chille se retourne. La reconnoist.
Luy demande
avec colere ce qu'elle
vient faire là. Pallasluy
respond qu'elle vient le
calmer. a Luy permet le
reproche,& luyconseille
de ne point passerauxvoyes
de fait. Achille enfonce
son épée dans le
fourreau. Minerve s'en
retourne. vers 187. m,
Achille continuë de
s'emporrer contre Agamemnon
& luy die des
injures atroces. Il jure
par; son Sceptre que jamais
les Grecs n'auront de
luy aucun secours. vers
222.24'.245.
Agamemnon qui ne
peut plus tenir contre les
invectives d'Achille, est
prest à se porter à quelque
violente extremité.
Mais le vieux Nestor se
leve, ôcse fait entendre
a ces deux Chefs irritez.
Il leur parle avec l'authorité
& le caractere que
luy donnent son grand âge
& sa longue experience.
vers246.283.
Agamemnon respond à
Nestorqu'Achille est un
homme qui veut toutemporter
par hauteur, mais
qu'il n'est pas d'humeur à
luy ceder. Achillereplique.
Apres quoy ces deux
Chefs se levent & rompent
l'assemblée. Achille
se retire dans son quartier
avec Patrocle. Agamemnon
fait mettre en mer un
de ses navires après l'avoir
pourveu de victimes pour
l'Hecatombe.Ilmene luymesme
Chryseis au Vaisseau
& l'y fait monter.
Ulysse est choisi pour la
conduites Le ,Vaisseau
part.vers 284. 311.
L'armée d'Agamemnon
se purifie. Hecatombes
offertes à Apollon sur
le rivage mesme. vers 312. 316. Agamemnon ordonne
à Talthybius & à Euribate
ses deux Herauts, d'aller
à la tente d'Achille
prendre Briseis & l'amener.
Que si Achille la
refuse il ira la prendre luymesme
bien accompagnée
vers 317.314.
Les deux Herauts arrivent
à la tente d'Achille,
& notent luy addresser la
parole. Achille qui voit
leur peine les prévient ôc
leur dit, qu'ils sont innocens
de l'affront qu'on luy
fair. Qu'il ne se plaint
que d'Agamemnon qui
envoye chercher Briseis.
En mesme temps il dit à
Patroclede laluy amener,
&
& de la remettre entre les
mains des Hérauts.Achille
reitere en leur presence
la menace qu'il a
faite à Agamemnon, de
ne jamais secourir les
Grecs. Patrocle amene
Briseis. Elle s'en va avec
les deux Herauts. vers 326.
347.
Achille va au bord de
la mer, & versant des
larmes, addresse sa plaince
à Thetis. La Déesse
fort des eaux , & luy demande
le sujet de son affliction.
Achilleluy: ep
dit la cause. La prie de
venger l'affrontqu'il a receu.
Devoir Jupiter. De
l'engager ( pour punir Agamemnon
de luyfaire
reconnoistre sa¡fatJce) :
à
secourir les Troyens,&
leur donner l'avantage sur
lesGrecs, ; ; Ilfaitressouvenir
Thetis en cet endroit
d'un service important
qu'elle rendit autrefois
à Jupiter; au,moyen
de quoy il ne -luy doit rien
refuser. Theris promet
à Achille qu'elle fera ce
qu'il luydemande, & qu'-
À*A **-
auss-tôt que Jupiter, qui
estalléàunfestin dont les
Ethiopiens l'ont prié, sera
retourné itu Ciel
,
elle ira
le voir & luy parler. Thetis
disparoift, &elle laisse
son fils tres affligé de la
perte de Briseis.vers347.
429.
Ulysse qui conduisoit
l'Hecatombe pour Apollon,
arrive dans le port de
Chrysa.Description dela
manoeuvre d'un Vaisseau
arrivé au port. Ulysse
parle à Chryfes
, & luy
presente sa fille,vers429.
Sacrifice. Priere de
Chryses à Apollon. Exaucée
dans le moment.
Festin.Libations. vers
446.470.
Les Grecs se retirent,
& paisens la nuit sur leur
Vaisseau. Le lendemain
ils retournent au Camp,
aydez d'un vent favorable
qu'Apollon leur en.
voye. lis se distribuent
dans leurs tentes,vers471.
483-
Achille se tient tousjours;
dans son quartier. Ne va
point aux assemblées.S'abandonne
entierement à
son chagrin. vers 484.491.
Le douzième jour Jupiter
estant revenu d'Ethiopie
,Thetis va le trouver
à récart au plus haut
sommet de l'Olympe.
Priere de Thetis à Jupiter.
Ju piter ne respond rien.
Thetis le presse. Jupiter
luy promet ce qu'elle demande
,
& confirme sa
promesse par un signe de
teste, donc tout l'Olympe
estébranlé, vers491.529.
•
Thetis s'en va. Ju piter
retourne dans son Palais.
Les Dieux vont au devant
deluy. Ilseplacesurson
Throne. Junon qui n'ignore
pas son dessein, parce
qu'elle l'a veu avec
Thetis,luy reproche d'un
son aigre le mystere qu'il
luy en fait. Jupiter ILy
respond d'abord avec moderation.
Junon continuë
de luy parler avec
hauteur. Jupiter la menace.
Elle se tait Vulcain
prend la parole, &
represente à sa mere qu'il
saur ménager Jupiter. Il
presente une coupe à Junon.
Il raconte la plaisante
histoire de Cacheute.
Il verteà boireaux Dieux.
Son empressement à les
servir, fait rire toute Tafsemblée
( parce qu'il boite.
) Après un repas trèsjoyeux
chaque Dieu va se
coucher dans son Appartement.
Junon couche
auprès de Jupiter.
ARG V MENT
dusecond Livre*
Jupiter pour executer
la promesse qu'il a faite
à Thetis de relever la
gloire d'Achille, & de
rendre les Troyensvictorieux
,
appuiele Songe,
luy commande d'aller
trouver Agjmernnon
,
&
de direàce Prince,qu'il
,
fasTearmer;ùj^le.Grecs,
qu'il mette toute son armée
en barri'le. Qu'il
luy fasse entendre que le
jour
jour est veuu qu'il va se
rendre maistredela Ville
deTroye. Le Songe part.
prend la forrne deNestor.
Se place sur la teste d'Agamemnon.
Luy redit les
paroles de Jupiter, & se
retire. vers 1 35.
Agamemnon se leve.
S'habille. Donne ordre
du grand matin à ses Herauts
de faire assembler
tous les Grecs. Pendant
ce temps-là il tient conseil
avec les principaux
Chefs dans le Vaisseau de
Nestor. Leur dit les parôles
du Songe. Leur fait
part du dessein qu'il a de
fonder le courage des
Grecs. Je vais,dit-il, leur
ordonner de s'enfuirsur leurs
Vaisseaux VÙUS) de vostre
cpfté vom les retiendrez par
de douces paroles. Nestor
represente qu'il faut adjousterfoy
au Songe d'Agamemnon
, parce qu'il
ne faut pas dourer que Jupiter
ne l'ait envoyé. Die
qu'il faut executer le projet
du Roy. vers 35.84.
Les Troupes arrivent.
L'armée comparée à des
Legions d'abeilles, vers 86.
5)6*
NeufHerauts font faire
silence dans l'armée. Le
Roy se leve tenant en
main son Sceptre. Histoire
de Sceptre d'Agamemnon.
vers96.109.
Agamemnon parle aux
Grecs. Il leur represente
que depuis neuf années
leur armée se consume à
attendre vainement l'effet
des promesses de Jupiter,
qui ne s'accomplissent
point. Qu'il faut prendre
le party de s'en retourner.
(Ce discoursestplein d'artifice
& ne rend qu'à persuader
aux Grecs tout le
contraire de ce qu'on leur
propose ) mais les paroles
du Roy sont prises à la Jet,
tre par la multitude qui
ive penetre pas son dessein.
Emotion de l'armée comparée
à celle des flots, &
des moissons agitées par le
vent. Les Soldats courent
à leurs Vaisseaux pour
les mettre en estat. vers
100. IJ4.
1,
Dans ce moment le retour
des Grecs estoit conclu,
si Junon ne se fust
addressée à Minerve. Elle
luyparle Luy dit d'aller
dans le Camp des Grecs,
de parcourir i leur armée,
de lesretenir, & de les
empescherdemettre leurs
Vaisseauxenmer. Minerve
obéit. Elle trouve
Ulysse qui ne donnoitaucunsordres
pour les Vaisseaux.
L'encourage à retenir
les Grecs par de douces
paroles. vers hj. 18re
Ulysse parcourt l'armée
avec diligence. Rencontre
sur son chemin Ar<smemnon
dont il prend le
Sceptre. Ce qu'il dit aux
Rois qu'il rencontre. De
quelle maniere il parleaux
Soldats seditieux quand il
en trouve. vers 182. 206.
Les discours d'Ulysse
font un puissant effet sur
toute l'armée. LesSoldats
sortent de leurs Vaisseaux
pour une seconde assemblée.
Leur bruit comparé
au mugissement des flots
irritez, LesGreess'asseient
dans un profond silence.
Le seul Thersite fait un
bruit horrible. Portrait
hideux de Thersite. Sa
taille. Son caractere d'esprit.
Il parle insolemment
d'Agamemnon en sa presence.
Veut justifier le
ressentiment d'Achille.
Est d'avis que les Grecs
retournent dans leur patrie.
Ulysseluyrespond.
Le traire ignominieusement.
Le frappe du Sce-,
ptre d'Agamemnon. Les
épaules de Thersite en
font marquez. Therfite
pleure & se tait. Les
Grecstout affligez qu'ils
sont, ne peuvent s'em pescherd'en
rire. Ce qu'ils
se disent les uns aux autres
à ce sujet. vers207.277
Ulysse s'avance au milieu
de l'assemblée. Minerve
est auprèsde luy
fous la forme d'un Heraut
& fait faire silence
:J.
afin
que l'onentende les conseilsd'Ulysse.
Ulysseparle
à Agamemnon. Luy rcpresente
que les Grecs
veulent le couvrir de confusion
par le dessein qu'ils
ont de retournerchez eux.
Luy rappelle la prophetie
de Calchas au sujet d'un
prodige qui préfageoit la
prise de Troye après neuf
ans,figurez par le nombre
de huit passereaux & de
leur mere devorez par un
dragon. Conclut que les
Grecs doivent demeurer
jusqu'à ce que laVille de
Priamsoitsaccagée. everi
278.332-
LesGrecsapplaudissent
par de grands cris aux discours
d'Ulysse. Nestorse
leve. Dit qu'il n'y a point
de temps à perd re. Est
d'avis que l'armée soit
rangée par Nations
>
afin
que l'on reconnoiffe ceux
qui auront combattu avec
courage, & ceux quin'auront
pas fait leur devoir.
vers 353.368.
Agamemnon approuve
& louë le discours de Nestor.
Convient du mauvais
effet de sa querelle avec
Achille. Advouëqu'il s'est
emporte le premier. Dit
que la perte des Troyens
est asseurée s'il est jamais
d'accord avec Achille.
Commandeauxtroupe,
de prendre de la nourritu.
re pour se disposer au combat.
Leur annonce une
grande & sanglante journée.
Menace de more tous
ceux qui demeureront
dans leurs Vaisseaux loin
du combat. Les Grecs font
descrisde joye. Leretentissement
de l'air comparé
à celuy des flots irritez.
vers 369. 399
2 Les Soldats fc levent.
Se dispersent dans leurs
tentes. Prennent leur repas.
Chacun fait des sacrifices
au Dieu qu'il adore
pour se le rendre favorable,.
Agamemnon immole
un taureau. Menelas
son frere se trouve à
ce sacrifice. Priere d'Agamemnon
àJupiter. Jupiter
reçoit son Sacrifice
sans avoir dessein d'exaucer
ses voeux. Description
du Sacrifice, ( comme au
premier Livre. ) Nestor
dit qu'il faut profiter da
temps. Ranger l'armée
en bataille,&donner enfuite
le signal du combat.
D
evers 400. 440.
Les Grecs s'assemblent,
& prennent leur rang.
Minerve est au milieu.
d'eux qui les remplie d'ardeur
& d'impatience. L'éclat
des armes compare à
celuy du feu qui ravage
une vasse forest. Bataillons
& Escadrons comparez
à des troupes nombreuses
d'oiseaux. Nombre
des Soldats comparé
à celuy des fleurs, des
feuilles, Se des mouches
qui s'assemblent autour
d'une bergerie à l'heure
qu'on remplie les vaisseaux
de lait. Les Chefs
rangent leurs Troupes &
les reconnoissent avec
autant de facilité que les
Pasteurs reconnoiffenc
leurs troupeaux de Chevres
qui se sont meslées
dans les pasturages. Agamemnon
brille ce jour-là
d'une majesté éclatante.
Ressemble à Jupiter ,
à
Mars ,ôc à Neptune. Est
comparé ensuite à un fier
taureau. vers 441. 483.
Denombrement des
Troupes Grecques & de
leurs Vaisseaux. Précedé
d'une invocation aux Muses,
vers 484. 680.
Denombrement particulier
des TroupesThessaliennes
,
qui sont celles
d'Achille. Précedé d'une
autre invocationà la Muse.
'Vers 681. 760.
Quatrième invocation
à la Muse. Pour sçavoir
qui estoit le plus vaillant
des Princes qui suivirent
Agamemnon. Et quels
estoient les meilleurs chevaux.
Eumelus Roy de
Phéres pouvoit se vanter
d'avoir les deux meilleures
cavalles de l'armée. Ajax
estoit le plus vaillant de
tous les Princes après Achille,
& les chevaux d'Achille
estoient meilleurs
que ceuxd'Eumelus.Mais
Achille ne sortoit point de
ses Vaisseaux à cause de
son ressentiment.SesTroupes
se divertissoient sur le
rivage, & les Chefs des
Troupes Thessaliennes se
promenoient dans le
Camp fort tristes de ce
que leur General ne les
menoit point au combat.
vers 761. 779.
L'armée des Grecs s'avance
en ordre de bataille.
L'éclat de leurs armes
mes comparé à celuy d'une
plaine embrasée. > La
terre qui retentit fous leurs
pieds, fait le mesme bruit
-.
que le tonnerre qui gron-
:
de. iV*r ?• vers 780. 78r.
: -." Iris la messagere des
Dieux, prend la forme de
• Polices ( un des fils de
Í" i Priam) qui estoit en fen-
1 tinelle hors des portes de -
1 la Ville, pour observe
quand les Grecs s'avanr
ceroient. Elle averti
Priam que les Grecsviennent
l'attaquer. Luv conseille
de ranger ses Trou-
.,
pesfous leurs Chefs par
Nations & par lignées.
vers786.806.
On court aux armes.
Dansun moment toute la
Cavalerie & l'infanterie
fort de la Ville & s'affenlble
fous une colline à quelque
distance des portes.
Noms des Chefs Troyens.
Etat de leurs Troupes.
*wn807.877»
ARGUMENT
du troisiéme Livre,
Les Troyens s'avancent
avec un bruit confus, 8c
des cris perçans. Comparez
à des oiseaux & des
grues. Les Grecs marchenten
silence. Lapout
fiere que les deux armées
font lever en marchant,
Comparée au brouillard.
Lesarméesfonten prefence.
Pâris s'avance à la
teste des Troyens. Comment
il est armé. Menelas
de son coite s'avance a
>
grands pas. Il estcomparé
àun Lion arrame qui
est tombé sur un Cerf.
Pâris le voyant s'enfuit.
Paris comparé à un Voyageur
qui apperçoit un Serpent
dans le fond d'une
forest.<- versI. 37.
Hedtop reproche à Paris
sa lâcheté.ver38.s57.
1
Paris respond modefl
temenc à Hedor, donr il
compare lecourage au
fer d'une hache qui nese
rebrousse jamais. Il reprend
courage. Est resolu
de se battre avec Menelas
en combat singulier. A
cesconditions: qu'Helene
& toutes les richesses
appartiendront au vainqueur;
que les Troyens,
apre'savoit fait alliance
avec les Grecs, demeureront
paisibles dans leur
Ville, & que les Grecs s'en
- retourneront. He&or
plein de joye de la resolution
de Paris
,
s'avance
à la celle des deux armées
pour en informer les TroyensSe
les Grecs. Ceuxcy
qui ignorent son deCsein,
font pleuvoir sur luy
une gresse de traits. Aga-,
memnon leur dit d'arrester.
Qu'Hector a quel.,.
que chose à leur dire. Les
Grecs cessent de tirer.
Hector parle & repete ce
que Pâris luy a dit. Menelas
respond. Declare
qu'il consent à ce que Pâris
propose, ravi de pouvoir
terminer seul une
longue guerre qui n'aesté
entreprise que pour luy.
Veut que ce son Priam
luy
-
mesme qui jure l'a}.
liance que les Grecs doivent
faire avec les Troyens.
Et pourquoy. Que
pour scéeller cet accord
il soit immolé trois agneaux
;deux de la part des
Troyens, & un de la part
des Grecs. vers 58. 110.
Cette proposition est
receuë avec joye des deux
armées. Les Grecs & les
Troyens mettent bas leurs
armes,& ran gent leurs
chevaux par file.Hedor
envoye deux Herauts à
Troye pourfaire venir
Priam
*
& pour apporter
deux agneaux. Agamennon
donne ordre à Talthybius
d'aller aux Vaisseaux
des Grecs, & den
apporter un troisiéme.
Iris prend la forme de
Laodiceune des filles de
Priam, & va avertir Helene
de rout ce quise paue.
Elle trouve Helene occupee
à un ouvrage de hrolot
derie. Elle representoit
sur un voile les combats
que les Grecs & les Troyens
livroient pour elle;
Iris luy dit de venir voir
des choses surprenantes.
Que Paris ôc Menelas
vont
vont combattre seuls
,
&
qu'elle doit estre le prix
du vainqueur. La Oéeffe
inspire dans ce moment
à Helene un très-grand
defirde retourner àLacedemone
avec son premier
mari. vers III. 140.
Helene se met en chemin
avecdeux de ses femmes.
Elles arrivent aux
portes de Scées
,
où elles
trouvent plusieurs vieillards
assis sur le haut d'une
tour, qui deliberoiententr'eux
sur les moyens de
faire cesser les malheurs
de Troye. Ces vieillards
comparez à des cigales.
Ils sont frappez d'admiration
en voyant Helene.
Ce qu'ils se disentàce sujet.
Priam qui estoit parmi
eux l'appelle. L'a fait
asseoir auprès de luy
,
&
voyant tous les Chefs de
l'armée Grecque, luy en
montre un d'abord,& luy
demande qui il est. Helene
respondque c'est Agamemnon.
Il luy en fait
voir un autre & le compare
à un belier dans tia
grand troupeau de brebis
qui le reconnoissent pour
leur Roy. Helene dit que
c'est le prudent Ulysse.
Antenor,un des vieillards,
prend la parole, & dit à
Helene qu'il se fouvienc
d'Ulysse & de Menelas ,
lorsqu'ils vinrent en qualité
d'Ambassadeurs envoyez
par les Grecs pour
la redemander. Et prend
de là occasion de dire de
quellemaniéréils parloient.
l'un & l'autre dans
lesassemblées, & quelle,
éstoit leur contenance.
Priamvoit un autre Guerrier,
& demande à Helene
qui il est. Elle dit que
c'est Ajax. Elle montre
IdomenéeàAgamemnon.
Dit qu'erereconnoift cous
les Chefs. Ettsorprised'e
ne pointvoir parmieux ses
deux freres Castor& Pollux.
Croit qu'ilsn'ont pas
daigné prendre les armes
pour elle, Elle ignore en
effet qu'ils font tous deux
morts à Lacedemone.vers
I42.Z44. ; ,-
:;
Cependant les Hérauts
traversent laVille portant
les Vi^inics3avçcvq Qutre
d'excellent vin. Ideus
estant arrivé prés dePriam
le pressede partir, luy disincque
les Généraux
Grecs &Troyens Jepriene
de venir dans la plaine, (où son fils Paris doit
combattre avec Menelas)
pour y jurer la paix entre
les deux partis. Le Vieillard
tout tremblant monte
sur son char avec Antenor.
Ils arrivent & s'avancent
entre les deux armées.
Premiere ceremonie
pour le sacrifice. Priere
d'Agamemnon. Il renouvelle
& répété les conditions
du Traité,qui sont:
que si Menelas tué. Pâris,
(ces termes sontremarquables)
il emmenera Helene
avec toutes ses richesses
; au contraire Helene
demeurera à Pâris s'il tuë
Menelas.Victimes égorgées.
Priere à Jupiter dans
les deuxarmées ( non éxaucée.)
vers 145. 302.
Les libations achevées,
Priam prend congé des
deuxarmées,disantqu'il
n'a pas la force de voir
combattre son fils avec
Menelas. Il remonte sur
son Char , em porteavec
-
luyles deuxagneaux,vers
303-1313 ?-• 'v
-t)I Hector & Ulysse mesurent
le champ de bataille.
Ils,mettent lesfores dans
uncalque & les meslent
pour les tirer,& pourvoir
lequel de Menelas ou de
Pâris doit le premier lancer
le javelot. Prièreaddressée
auxDieux par les Grecs
ôc les Troyens. Hector
mesle les forts. Celuy de
Paris fort le premier, paris.
& Menelas s'arment.
De quelle maniéré Pâris
est armé. Ils se mesurent
l'un l'autre. Paris le premier
lance un javelor. il
atteint le bouclier de Menelas
sans le percer. Me-"
nelas leve son dard.Addresse
sa priere à Jupiter.^
Lance son javelot qui va
percer le bouclier de Paris
aauussni i bien que la cuirasse,^ libienquelaculrafiè
& déchiré la tunique pres
du flanc sans blesser Paris.
Menelas tire son épée &
en décharge un grand
coup sur le casque de son
ennemy. L'épée serompe.
& luytombe de la main.
Menelas s'en prend à Jupirer
, & luy addresse la
paroleaveccolere. Se jette
sur Pâris, le prend par
le casque & le tire du costé
des Grecs. La courroye se
casse, & le casque luy demeure
dans la main. Ille
jette loin de luy du costé
des Grecs. Il veut encore
se lancer sur Pârispourluy.
oster la vie. Mais Venus
couvre Paris d'un nuage.
Le dérobe aux yeux & à
la fureur de Menelas. Le
porte dans une Chambre
du Palais de Priam toute
parfumée. Elle l'y laisse-
Elle prend la forme d'une
vieille femme qu'Helene
avoit auprés d'elle à Lacedemone
,& qu'elle aimoic
tendrement. Ellevatrouver
cette Princesse. La
prie de venirvoir Paris
qui l'attend dans le Palais,
plein d'amour & d'impatience.
Helenereconnoift
Venus malgré son deguisement.
Luy fait des reproches
de ce qu'elle veut
la tromper. La renvoye
à Paris avec mépris. Luy
declare qu'elle n'ira point
le trouver, que cette démarche
la deshonoreroic.
Venus la menace de l'abandonner
si elle ne luy
obéit. Heiene intimidée
se couvre de son voile pour
n'estre point veuë, & Ce
laisse conduire par la
Déesse. vers314.410.
.( Estant arrivées au Palais
de Paris, Venus prend
un siege pour Helene
,
ôc
le met visà-vis de Pâris.
Helene s'y place, &sans
le regarder luy fait de sanglanes
reproches de son
peu de courage. Paris respond
qu'un autre jour les
Dieux le proregeront;
comme ils ont proregé
cette fois-cy Menelas qui
doit sa victoire au secours
de Minerve. Il excite Helene
à ne plus songer qti
aux plaisirs. Illuydeclare
qu'il ne l'a jamais aimée
avec tant de passïon qu'au
moment qu'il luy parle.
Il k leve & passe dans une
autre chambre. Helene
le fuir. vers 421.447.
Pendant ce temps-là
Menelascherche partout
son ennemy qui luy estoit
échappe, & qui, pour son
bonheur,n'avoit esté veu
par aucun des Grecs ni des
Troyens: car les Troyens
eux-mesmes le haïssoient
& lauroienc livréààMenelas.
Enfin Agaraemnon
haùssant la voixdemande
aux Troyens leprix de la
victoire de Menelas, suivane
les conditions du traité.
Tous les Grecapplau.
disset àsademande
de l'Iliade en forme
deTable.
Et Extrait a esté
fait avec tantd'exactitude,
d'ordre
,
& de jugement,
qu'il peutsuffire pour
donner une idée generale
del'Iliade d'Homere à
ceux qui ne l'ont jamais
leuë, il peut estreutile
en mesme temps à ceux
qui possedent parfaitement
leur Homere,puisque
c'est un tableau en
racourci,ouplustost une
efquice dont le trait peut
quelquefois
,
reveiller
leurs idées, & leur aider
à jouir plus facilement
de ces peintures poëtiques
qui occupent, &
qui flattent si agréablement
leur imagination;
ceux qui craignent de
perdre de veuë la charmante
Iliade
, me doivent
sçavoir bon gré de
leur donner enmignature
le portrait de leur maistresse,
c'est leur prouver
assez que je ne blat:
me point leur attachement.
J'auray peut-estre dans
la fuite la mesme attention
pour ceux qui iont
amoureux de Rabelais,
cela dépendra du loisir
de mes amis, c'etf à la
complaisance de l'un
d'eux que j'ay obligation
de cet Extrait, qui
a deu estre aussi ennuyeux
à faire
, que je
le crois utile au Public.
Leschiffres qui ifont a
la fin de chaque article,
marquent laplace f.5 l'efitendue
des matieres. Par
exemple I. 5. c'est-à-dire
que l'invocation pour
chanter la colere d'Achille
commence au I.
vers cffinit au 5.
ARGUMENT
du premier Livre.
Le Poëte invoque la
Muse pour chanter les effets
pernicieux de la colere
d'Achille. Vers I. 5.
Sujet de la colere d'Achille.
vers 6. 11. ehryCes Pre stre d'Apol-
- lon vient au camp des
Grecs chargé de presens
pour racheter sa filleChryseis
qui estoit esclave d'Agamemnon.
vers II. 1).
,
Sa harangue aux Grecs
àce sujet. vers16.20.
ConsentementdesGrecs.
Refus d'A gamemnon. Il
menace Chryfes. Ce
vieiliardintimide se retire.
Sa priere à Apollon.
Exaucée sur le champ.
Apollon. pendant neuf
jours frappe toute l'armée
des Grecs de traits empoisonnez&
y répand la
peste. vers 21. 52.
Achille convoque une
assemblée. Il dit à Agamemnon
qu'il faut consulter
quelque Devin pour
sçavoir le sujet de la cruelle
colered'Apollon, vers
53.66.
Calchas fils de Thestor
se leve & se met en devoir
de l'expliquer. Il n'ose le
faire à moins qu'Achille
ne luy promette de le proteger
contre ceux à qui sa
déclaration pourroit de- plaire. vers 67. SI.
Achillele luy promet.
Le Devin parle. Dit qu'il
faut renvoyer Chryseis.
sansrançon,avec uneHecatombe
pour calmer Apollon.
vers83.99.
Agamemnon se fasche
contre le Devin. Tesmoigne
la repugnance qu'il a
de renvoyer Chryseis,
Declare qu'il la prefere
mesmeà la Reine Clytemnestre
sa femme
,
& pourquoy.
Prend neanmoins
la refoî ution de la renvoyer
pour le salut de son
peuple. Demande qu'on
le dedommage, vers 100.
J19.
Achille prend la parole.
Agamemnon luy respond
avec hauteur, & dit
qu'il pourroit bien luy enlever
à luy-mesme sa ca ptive
Briseis. vers 120 146
Achille s'emporte & éclatte
en injures contre
Agamemnon. vers 147.
lyo.
Agamemnon respond
avec aigreur & reitere les
menaces qu'il a faites à
Achille de luy enlever Brifeis.
vers liJ. 186.
0 Achille entre enfureur.
Delibere s'il tuëra Agamemnon.
Son épée est à
*i
demitirée. Mais Minerve
descenduë par l'ordre
de Junon, s'arreste derriere
Achille, le retient
par les Cheveux, & ne se
rend visiblequ'à luy. A>
chille se retourne. La reconnoist.
Luy demande
avec colere ce qu'elle
vient faire là. Pallasluy
respond qu'elle vient le
calmer. a Luy permet le
reproche,& luyconseille
de ne point passerauxvoyes
de fait. Achille enfonce
son épée dans le
fourreau. Minerve s'en
retourne. vers 187. m,
Achille continuë de
s'emporrer contre Agamemnon
& luy die des
injures atroces. Il jure
par; son Sceptre que jamais
les Grecs n'auront de
luy aucun secours. vers
222.24'.245.
Agamemnon qui ne
peut plus tenir contre les
invectives d'Achille, est
prest à se porter à quelque
violente extremité.
Mais le vieux Nestor se
leve, ôcse fait entendre
a ces deux Chefs irritez.
Il leur parle avec l'authorité
& le caractere que
luy donnent son grand âge
& sa longue experience.
vers246.283.
Agamemnon respond à
Nestorqu'Achille est un
homme qui veut toutemporter
par hauteur, mais
qu'il n'est pas d'humeur à
luy ceder. Achillereplique.
Apres quoy ces deux
Chefs se levent & rompent
l'assemblée. Achille
se retire dans son quartier
avec Patrocle. Agamemnon
fait mettre en mer un
de ses navires après l'avoir
pourveu de victimes pour
l'Hecatombe.Ilmene luymesme
Chryseis au Vaisseau
& l'y fait monter.
Ulysse est choisi pour la
conduites Le ,Vaisseau
part.vers 284. 311.
L'armée d'Agamemnon
se purifie. Hecatombes
offertes à Apollon sur
le rivage mesme. vers 312. 316. Agamemnon ordonne
à Talthybius & à Euribate
ses deux Herauts, d'aller
à la tente d'Achille
prendre Briseis & l'amener.
Que si Achille la
refuse il ira la prendre luymesme
bien accompagnée
vers 317.314.
Les deux Herauts arrivent
à la tente d'Achille,
& notent luy addresser la
parole. Achille qui voit
leur peine les prévient ôc
leur dit, qu'ils sont innocens
de l'affront qu'on luy
fair. Qu'il ne se plaint
que d'Agamemnon qui
envoye chercher Briseis.
En mesme temps il dit à
Patroclede laluy amener,
&
& de la remettre entre les
mains des Hérauts.Achille
reitere en leur presence
la menace qu'il a
faite à Agamemnon, de
ne jamais secourir les
Grecs. Patrocle amene
Briseis. Elle s'en va avec
les deux Herauts. vers 326.
347.
Achille va au bord de
la mer, & versant des
larmes, addresse sa plaince
à Thetis. La Déesse
fort des eaux , & luy demande
le sujet de son affliction.
Achilleluy: ep
dit la cause. La prie de
venger l'affrontqu'il a receu.
Devoir Jupiter. De
l'engager ( pour punir Agamemnon
de luyfaire
reconnoistre sa¡fatJce) :
à
secourir les Troyens,&
leur donner l'avantage sur
lesGrecs, ; ; Ilfaitressouvenir
Thetis en cet endroit
d'un service important
qu'elle rendit autrefois
à Jupiter; au,moyen
de quoy il ne -luy doit rien
refuser. Theris promet
à Achille qu'elle fera ce
qu'il luydemande, & qu'-
À*A **-
auss-tôt que Jupiter, qui
estalléàunfestin dont les
Ethiopiens l'ont prié, sera
retourné itu Ciel
,
elle ira
le voir & luy parler. Thetis
disparoift, &elle laisse
son fils tres affligé de la
perte de Briseis.vers347.
429.
Ulysse qui conduisoit
l'Hecatombe pour Apollon,
arrive dans le port de
Chrysa.Description dela
manoeuvre d'un Vaisseau
arrivé au port. Ulysse
parle à Chryfes
, & luy
presente sa fille,vers429.
Sacrifice. Priere de
Chryses à Apollon. Exaucée
dans le moment.
Festin.Libations. vers
446.470.
Les Grecs se retirent,
& paisens la nuit sur leur
Vaisseau. Le lendemain
ils retournent au Camp,
aydez d'un vent favorable
qu'Apollon leur en.
voye. lis se distribuent
dans leurs tentes,vers471.
483-
Achille se tient tousjours;
dans son quartier. Ne va
point aux assemblées.S'abandonne
entierement à
son chagrin. vers 484.491.
Le douzième jour Jupiter
estant revenu d'Ethiopie
,Thetis va le trouver
à récart au plus haut
sommet de l'Olympe.
Priere de Thetis à Jupiter.
Ju piter ne respond rien.
Thetis le presse. Jupiter
luy promet ce qu'elle demande
,
& confirme sa
promesse par un signe de
teste, donc tout l'Olympe
estébranlé, vers491.529.
•
Thetis s'en va. Ju piter
retourne dans son Palais.
Les Dieux vont au devant
deluy. Ilseplacesurson
Throne. Junon qui n'ignore
pas son dessein, parce
qu'elle l'a veu avec
Thetis,luy reproche d'un
son aigre le mystere qu'il
luy en fait. Jupiter ILy
respond d'abord avec moderation.
Junon continuë
de luy parler avec
hauteur. Jupiter la menace.
Elle se tait Vulcain
prend la parole, &
represente à sa mere qu'il
saur ménager Jupiter. Il
presente une coupe à Junon.
Il raconte la plaisante
histoire de Cacheute.
Il verteà boireaux Dieux.
Son empressement à les
servir, fait rire toute Tafsemblée
( parce qu'il boite.
) Après un repas trèsjoyeux
chaque Dieu va se
coucher dans son Appartement.
Junon couche
auprès de Jupiter.
ARG V MENT
dusecond Livre*
Jupiter pour executer
la promesse qu'il a faite
à Thetis de relever la
gloire d'Achille, & de
rendre les Troyensvictorieux
,
appuiele Songe,
luy commande d'aller
trouver Agjmernnon
,
&
de direàce Prince,qu'il
,
fasTearmer;ùj^le.Grecs,
qu'il mette toute son armée
en barri'le. Qu'il
luy fasse entendre que le
jour
jour est veuu qu'il va se
rendre maistredela Ville
deTroye. Le Songe part.
prend la forrne deNestor.
Se place sur la teste d'Agamemnon.
Luy redit les
paroles de Jupiter, & se
retire. vers 1 35.
Agamemnon se leve.
S'habille. Donne ordre
du grand matin à ses Herauts
de faire assembler
tous les Grecs. Pendant
ce temps-là il tient conseil
avec les principaux
Chefs dans le Vaisseau de
Nestor. Leur dit les parôles
du Songe. Leur fait
part du dessein qu'il a de
fonder le courage des
Grecs. Je vais,dit-il, leur
ordonner de s'enfuirsur leurs
Vaisseaux VÙUS) de vostre
cpfté vom les retiendrez par
de douces paroles. Nestor
represente qu'il faut adjousterfoy
au Songe d'Agamemnon
, parce qu'il
ne faut pas dourer que Jupiter
ne l'ait envoyé. Die
qu'il faut executer le projet
du Roy. vers 35.84.
Les Troupes arrivent.
L'armée comparée à des
Legions d'abeilles, vers 86.
5)6*
NeufHerauts font faire
silence dans l'armée. Le
Roy se leve tenant en
main son Sceptre. Histoire
de Sceptre d'Agamemnon.
vers96.109.
Agamemnon parle aux
Grecs. Il leur represente
que depuis neuf années
leur armée se consume à
attendre vainement l'effet
des promesses de Jupiter,
qui ne s'accomplissent
point. Qu'il faut prendre
le party de s'en retourner.
(Ce discoursestplein d'artifice
& ne rend qu'à persuader
aux Grecs tout le
contraire de ce qu'on leur
propose ) mais les paroles
du Roy sont prises à la Jet,
tre par la multitude qui
ive penetre pas son dessein.
Emotion de l'armée comparée
à celle des flots, &
des moissons agitées par le
vent. Les Soldats courent
à leurs Vaisseaux pour
les mettre en estat. vers
100. IJ4.
1,
Dans ce moment le retour
des Grecs estoit conclu,
si Junon ne se fust
addressée à Minerve. Elle
luyparle Luy dit d'aller
dans le Camp des Grecs,
de parcourir i leur armée,
de lesretenir, & de les
empescherdemettre leurs
Vaisseauxenmer. Minerve
obéit. Elle trouve
Ulysse qui ne donnoitaucunsordres
pour les Vaisseaux.
L'encourage à retenir
les Grecs par de douces
paroles. vers hj. 18re
Ulysse parcourt l'armée
avec diligence. Rencontre
sur son chemin Ar<smemnon
dont il prend le
Sceptre. Ce qu'il dit aux
Rois qu'il rencontre. De
quelle maniere il parleaux
Soldats seditieux quand il
en trouve. vers 182. 206.
Les discours d'Ulysse
font un puissant effet sur
toute l'armée. LesSoldats
sortent de leurs Vaisseaux
pour une seconde assemblée.
Leur bruit comparé
au mugissement des flots
irritez, LesGreess'asseient
dans un profond silence.
Le seul Thersite fait un
bruit horrible. Portrait
hideux de Thersite. Sa
taille. Son caractere d'esprit.
Il parle insolemment
d'Agamemnon en sa presence.
Veut justifier le
ressentiment d'Achille.
Est d'avis que les Grecs
retournent dans leur patrie.
Ulysseluyrespond.
Le traire ignominieusement.
Le frappe du Sce-,
ptre d'Agamemnon. Les
épaules de Thersite en
font marquez. Therfite
pleure & se tait. Les
Grecstout affligez qu'ils
sont, ne peuvent s'em pescherd'en
rire. Ce qu'ils
se disent les uns aux autres
à ce sujet. vers207.277
Ulysse s'avance au milieu
de l'assemblée. Minerve
est auprèsde luy
fous la forme d'un Heraut
& fait faire silence
:J.
afin
que l'onentende les conseilsd'Ulysse.
Ulysseparle
à Agamemnon. Luy rcpresente
que les Grecs
veulent le couvrir de confusion
par le dessein qu'ils
ont de retournerchez eux.
Luy rappelle la prophetie
de Calchas au sujet d'un
prodige qui préfageoit la
prise de Troye après neuf
ans,figurez par le nombre
de huit passereaux & de
leur mere devorez par un
dragon. Conclut que les
Grecs doivent demeurer
jusqu'à ce que laVille de
Priamsoitsaccagée. everi
278.332-
LesGrecsapplaudissent
par de grands cris aux discours
d'Ulysse. Nestorse
leve. Dit qu'il n'y a point
de temps à perd re. Est
d'avis que l'armée soit
rangée par Nations
>
afin
que l'on reconnoiffe ceux
qui auront combattu avec
courage, & ceux quin'auront
pas fait leur devoir.
vers 353.368.
Agamemnon approuve
& louë le discours de Nestor.
Convient du mauvais
effet de sa querelle avec
Achille. Advouëqu'il s'est
emporte le premier. Dit
que la perte des Troyens
est asseurée s'il est jamais
d'accord avec Achille.
Commandeauxtroupe,
de prendre de la nourritu.
re pour se disposer au combat.
Leur annonce une
grande & sanglante journée.
Menace de more tous
ceux qui demeureront
dans leurs Vaisseaux loin
du combat. Les Grecs font
descrisde joye. Leretentissement
de l'air comparé
à celuy des flots irritez.
vers 369. 399
2 Les Soldats fc levent.
Se dispersent dans leurs
tentes. Prennent leur repas.
Chacun fait des sacrifices
au Dieu qu'il adore
pour se le rendre favorable,.
Agamemnon immole
un taureau. Menelas
son frere se trouve à
ce sacrifice. Priere d'Agamemnon
àJupiter. Jupiter
reçoit son Sacrifice
sans avoir dessein d'exaucer
ses voeux. Description
du Sacrifice, ( comme au
premier Livre. ) Nestor
dit qu'il faut profiter da
temps. Ranger l'armée
en bataille,&donner enfuite
le signal du combat.
D
evers 400. 440.
Les Grecs s'assemblent,
& prennent leur rang.
Minerve est au milieu.
d'eux qui les remplie d'ardeur
& d'impatience. L'éclat
des armes compare à
celuy du feu qui ravage
une vasse forest. Bataillons
& Escadrons comparez
à des troupes nombreuses
d'oiseaux. Nombre
des Soldats comparé
à celuy des fleurs, des
feuilles, Se des mouches
qui s'assemblent autour
d'une bergerie à l'heure
qu'on remplie les vaisseaux
de lait. Les Chefs
rangent leurs Troupes &
les reconnoissent avec
autant de facilité que les
Pasteurs reconnoiffenc
leurs troupeaux de Chevres
qui se sont meslées
dans les pasturages. Agamemnon
brille ce jour-là
d'une majesté éclatante.
Ressemble à Jupiter ,
à
Mars ,ôc à Neptune. Est
comparé ensuite à un fier
taureau. vers 441. 483.
Denombrement des
Troupes Grecques & de
leurs Vaisseaux. Précedé
d'une invocation aux Muses,
vers 484. 680.
Denombrement particulier
des TroupesThessaliennes
,
qui sont celles
d'Achille. Précedé d'une
autre invocationà la Muse.
'Vers 681. 760.
Quatrième invocation
à la Muse. Pour sçavoir
qui estoit le plus vaillant
des Princes qui suivirent
Agamemnon. Et quels
estoient les meilleurs chevaux.
Eumelus Roy de
Phéres pouvoit se vanter
d'avoir les deux meilleures
cavalles de l'armée. Ajax
estoit le plus vaillant de
tous les Princes après Achille,
& les chevaux d'Achille
estoient meilleurs
que ceuxd'Eumelus.Mais
Achille ne sortoit point de
ses Vaisseaux à cause de
son ressentiment.SesTroupes
se divertissoient sur le
rivage, & les Chefs des
Troupes Thessaliennes se
promenoient dans le
Camp fort tristes de ce
que leur General ne les
menoit point au combat.
vers 761. 779.
L'armée des Grecs s'avance
en ordre de bataille.
L'éclat de leurs armes
mes comparé à celuy d'une
plaine embrasée. > La
terre qui retentit fous leurs
pieds, fait le mesme bruit
-.
que le tonnerre qui gron-
:
de. iV*r ?• vers 780. 78r.
: -." Iris la messagere des
Dieux, prend la forme de
• Polices ( un des fils de
Í" i Priam) qui estoit en fen-
1 tinelle hors des portes de -
1 la Ville, pour observe
quand les Grecs s'avanr
ceroient. Elle averti
Priam que les Grecsviennent
l'attaquer. Luv conseille
de ranger ses Trou-
.,
pesfous leurs Chefs par
Nations & par lignées.
vers786.806.
On court aux armes.
Dansun moment toute la
Cavalerie & l'infanterie
fort de la Ville & s'affenlble
fous une colline à quelque
distance des portes.
Noms des Chefs Troyens.
Etat de leurs Troupes.
*wn807.877»
ARGUMENT
du troisiéme Livre,
Les Troyens s'avancent
avec un bruit confus, 8c
des cris perçans. Comparez
à des oiseaux & des
grues. Les Grecs marchenten
silence. Lapout
fiere que les deux armées
font lever en marchant,
Comparée au brouillard.
Lesarméesfonten prefence.
Pâris s'avance à la
teste des Troyens. Comment
il est armé. Menelas
de son coite s'avance a
>
grands pas. Il estcomparé
àun Lion arrame qui
est tombé sur un Cerf.
Pâris le voyant s'enfuit.
Paris comparé à un Voyageur
qui apperçoit un Serpent
dans le fond d'une
forest.<- versI. 37.
Hedtop reproche à Paris
sa lâcheté.ver38.s57.
1
Paris respond modefl
temenc à Hedor, donr il
compare lecourage au
fer d'une hache qui nese
rebrousse jamais. Il reprend
courage. Est resolu
de se battre avec Menelas
en combat singulier. A
cesconditions: qu'Helene
& toutes les richesses
appartiendront au vainqueur;
que les Troyens,
apre'savoit fait alliance
avec les Grecs, demeureront
paisibles dans leur
Ville, & que les Grecs s'en
- retourneront. He&or
plein de joye de la resolution
de Paris
,
s'avance
à la celle des deux armées
pour en informer les TroyensSe
les Grecs. Ceuxcy
qui ignorent son deCsein,
font pleuvoir sur luy
une gresse de traits. Aga-,
memnon leur dit d'arrester.
Qu'Hector a quel.,.
que chose à leur dire. Les
Grecs cessent de tirer.
Hector parle & repete ce
que Pâris luy a dit. Menelas
respond. Declare
qu'il consent à ce que Pâris
propose, ravi de pouvoir
terminer seul une
longue guerre qui n'aesté
entreprise que pour luy.
Veut que ce son Priam
luy
-
mesme qui jure l'a}.
liance que les Grecs doivent
faire avec les Troyens.
Et pourquoy. Que
pour scéeller cet accord
il soit immolé trois agneaux
;deux de la part des
Troyens, & un de la part
des Grecs. vers 58. 110.
Cette proposition est
receuë avec joye des deux
armées. Les Grecs & les
Troyens mettent bas leurs
armes,& ran gent leurs
chevaux par file.Hedor
envoye deux Herauts à
Troye pourfaire venir
Priam
*
& pour apporter
deux agneaux. Agamennon
donne ordre à Talthybius
d'aller aux Vaisseaux
des Grecs, & den
apporter un troisiéme.
Iris prend la forme de
Laodiceune des filles de
Priam, & va avertir Helene
de rout ce quise paue.
Elle trouve Helene occupee
à un ouvrage de hrolot
derie. Elle representoit
sur un voile les combats
que les Grecs & les Troyens
livroient pour elle;
Iris luy dit de venir voir
des choses surprenantes.
Que Paris ôc Menelas
vont
vont combattre seuls
,
&
qu'elle doit estre le prix
du vainqueur. La Oéeffe
inspire dans ce moment
à Helene un très-grand
defirde retourner àLacedemone
avec son premier
mari. vers III. 140.
Helene se met en chemin
avecdeux de ses femmes.
Elles arrivent aux
portes de Scées
,
où elles
trouvent plusieurs vieillards
assis sur le haut d'une
tour, qui deliberoiententr'eux
sur les moyens de
faire cesser les malheurs
de Troye. Ces vieillards
comparez à des cigales.
Ils sont frappez d'admiration
en voyant Helene.
Ce qu'ils se disentàce sujet.
Priam qui estoit parmi
eux l'appelle. L'a fait
asseoir auprès de luy
,
&
voyant tous les Chefs de
l'armée Grecque, luy en
montre un d'abord,& luy
demande qui il est. Helene
respondque c'est Agamemnon.
Il luy en fait
voir un autre & le compare
à un belier dans tia
grand troupeau de brebis
qui le reconnoissent pour
leur Roy. Helene dit que
c'est le prudent Ulysse.
Antenor,un des vieillards,
prend la parole, & dit à
Helene qu'il se fouvienc
d'Ulysse & de Menelas ,
lorsqu'ils vinrent en qualité
d'Ambassadeurs envoyez
par les Grecs pour
la redemander. Et prend
de là occasion de dire de
quellemaniéréils parloient.
l'un & l'autre dans
lesassemblées, & quelle,
éstoit leur contenance.
Priamvoit un autre Guerrier,
& demande à Helene
qui il est. Elle dit que
c'est Ajax. Elle montre
IdomenéeàAgamemnon.
Dit qu'erereconnoift cous
les Chefs. Ettsorprised'e
ne pointvoir parmieux ses
deux freres Castor& Pollux.
Croit qu'ilsn'ont pas
daigné prendre les armes
pour elle, Elle ignore en
effet qu'ils font tous deux
morts à Lacedemone.vers
I42.Z44. ; ,-
:;
Cependant les Hérauts
traversent laVille portant
les Vi^inics3avçcvq Qutre
d'excellent vin. Ideus
estant arrivé prés dePriam
le pressede partir, luy disincque
les Généraux
Grecs &Troyens Jepriene
de venir dans la plaine, (où son fils Paris doit
combattre avec Menelas)
pour y jurer la paix entre
les deux partis. Le Vieillard
tout tremblant monte
sur son char avec Antenor.
Ils arrivent & s'avancent
entre les deux armées.
Premiere ceremonie
pour le sacrifice. Priere
d'Agamemnon. Il renouvelle
& répété les conditions
du Traité,qui sont:
que si Menelas tué. Pâris,
(ces termes sontremarquables)
il emmenera Helene
avec toutes ses richesses
; au contraire Helene
demeurera à Pâris s'il tuë
Menelas.Victimes égorgées.
Priere à Jupiter dans
les deuxarmées ( non éxaucée.)
vers 145. 302.
Les libations achevées,
Priam prend congé des
deuxarmées,disantqu'il
n'a pas la force de voir
combattre son fils avec
Menelas. Il remonte sur
son Char , em porteavec
-
luyles deuxagneaux,vers
303-1313 ?-• 'v
-t)I Hector & Ulysse mesurent
le champ de bataille.
Ils,mettent lesfores dans
uncalque & les meslent
pour les tirer,& pourvoir
lequel de Menelas ou de
Pâris doit le premier lancer
le javelot. Prièreaddressée
auxDieux par les Grecs
ôc les Troyens. Hector
mesle les forts. Celuy de
Paris fort le premier, paris.
& Menelas s'arment.
De quelle maniéré Pâris
est armé. Ils se mesurent
l'un l'autre. Paris le premier
lance un javelor. il
atteint le bouclier de Menelas
sans le percer. Me-"
nelas leve son dard.Addresse
sa priere à Jupiter.^
Lance son javelot qui va
percer le bouclier de Paris
aauussni i bien que la cuirasse,^ libienquelaculrafiè
& déchiré la tunique pres
du flanc sans blesser Paris.
Menelas tire son épée &
en décharge un grand
coup sur le casque de son
ennemy. L'épée serompe.
& luytombe de la main.
Menelas s'en prend à Jupirer
, & luy addresse la
paroleaveccolere. Se jette
sur Pâris, le prend par
le casque & le tire du costé
des Grecs. La courroye se
casse, & le casque luy demeure
dans la main. Ille
jette loin de luy du costé
des Grecs. Il veut encore
se lancer sur Pârispourluy.
oster la vie. Mais Venus
couvre Paris d'un nuage.
Le dérobe aux yeux & à
la fureur de Menelas. Le
porte dans une Chambre
du Palais de Priam toute
parfumée. Elle l'y laisse-
Elle prend la forme d'une
vieille femme qu'Helene
avoit auprés d'elle à Lacedemone
,& qu'elle aimoic
tendrement. Ellevatrouver
cette Princesse. La
prie de venirvoir Paris
qui l'attend dans le Palais,
plein d'amour & d'impatience.
Helenereconnoift
Venus malgré son deguisement.
Luy fait des reproches
de ce qu'elle veut
la tromper. La renvoye
à Paris avec mépris. Luy
declare qu'elle n'ira point
le trouver, que cette démarche
la deshonoreroic.
Venus la menace de l'abandonner
si elle ne luy
obéit. Heiene intimidée
se couvre de son voile pour
n'estre point veuë, & Ce
laisse conduire par la
Déesse. vers314.410.
.( Estant arrivées au Palais
de Paris, Venus prend
un siege pour Helene
,
ôc
le met visà-vis de Pâris.
Helene s'y place, &sans
le regarder luy fait de sanglanes
reproches de son
peu de courage. Paris respond
qu'un autre jour les
Dieux le proregeront;
comme ils ont proregé
cette fois-cy Menelas qui
doit sa victoire au secours
de Minerve. Il excite Helene
à ne plus songer qti
aux plaisirs. Illuydeclare
qu'il ne l'a jamais aimée
avec tant de passïon qu'au
moment qu'il luy parle.
Il k leve & passe dans une
autre chambre. Helene
le fuir. vers 421.447.
Pendant ce temps-là
Menelascherche partout
son ennemy qui luy estoit
échappe, & qui, pour son
bonheur,n'avoit esté veu
par aucun des Grecs ni des
Troyens: car les Troyens
eux-mesmes le haïssoient
& lauroienc livréààMenelas.
Enfin Agaraemnon
haùssant la voixdemande
aux Troyens leprix de la
victoire de Menelas, suivane
les conditions du traité.
Tous les Grecapplau.
disset àsademande
Fermer
Résumé : Extrait ou Argument de l'Iliade en forme de Table.
Le texte présente un extrait de l'Iliade d'Homère sous forme de tableau, destiné à offrir une vue d'ensemble de l'œuvre. Cet extrait vise à aider les lecteurs, qu'ils découvrent l'Iliade ou la connaissent déjà, en servant de rappel et d'aide à la compréhension des peintures poétiques de l'œuvre. L'auteur envisage également de créer des extraits similaires pour d'autres œuvres littéraires, comme celles de Rabelais, en fonction de son temps libre et de la complaisance de ses amis. L'argument du premier livre de l'Iliade commence par l'invocation de la Muse pour chanter la colère d'Achille. Le prêtre d'Apollon, Chryses, vient au camp des Grecs pour racheter sa fille Chryseis, esclave d'Agamemnon. Après le refus d'Agamemnon, Apollon frappe l'armée grecque de peste. Achille convoque une assemblée et le devin Calchas révèle qu'il faut renvoyer Chryseis pour apaiser Apollon. Agamemnon, furieux, accepte à contrecœur et demande une compensation, proposant de prendre Briseis, la captive d'Achille. Achille, en colère, menace de ne plus secourir les Grecs. Minerve intervient pour calmer Achille, qui jure de ne plus aider les Grecs. Nestor tente de réconcilier les deux chefs, mais en vain. Agamemnon envoie des hérauts prendre Briseis, et Achille se plaint à sa mère, Thetis, qui promet d'intercéder auprès de Jupiter. L'argument du second livre décrit comment Jupiter, après avoir promis à Thetis de soutenir Achille, envoie un songe à Agamemnon pour l'inciter à attaquer Troie. Agamemnon rassemble l'armée et tente de la persuader de combattre, mais les soldats, découragés, veulent partir. Junon demande à Minerve d'intervenir pour retenir les Grecs. Ulysse parcourt l'armée pour encourager les soldats. Agamemnon, reconnaissant son erreur, commande aux troupes de se préparer au combat. Les Grecs se rassemblent, et Minerve les remplit d'ardeur. L'armée se prépare au combat, et les chefs rangent leurs troupes. Le texte se termine par une invocation aux Muses pour connaître les détails des troupes et des chevaux des Grecs. Le texte décrit ensuite les événements de la guerre de Troie, centrés sur les préparatifs et le combat singulier entre Ménélas et Pâris. Les Grecs, bien armés et disciplinés, avancent en ordre de bataille, tandis que les Troyens, conduits par Hector, se préparent également. Iris, messagère des dieux, avertit Priam de l'avancée des Grecs. Hector organise les troupes troyennes par nations et lignées. Les deux armées se font face, les Grecs en silence et les Troyens avec des cris perçants. Pâris, à la tête des Troyens, est comparé à un voyageur effrayé par un serpent. Hector reproche à Pâris sa lâcheté, mais Pâris décide de se battre contre Ménélas en combat singulier. Les conditions du duel sont établies : le vainqueur obtiendra Hélène et les richesses, et les deux peuples feront la paix. Hector informe les deux armées, et les Grecs cessent de tirer. Priam est informé du duel et se rend sur le champ de bataille avec Anténor. Les hérauts apportent les victimes pour le sacrifice. Agamemnon renouvelle les conditions du traité. Après les prières et les libations, Hector et Ulysse mesurent le champ de bataille. Pâris lance le premier javelot, atteignant le bouclier de Ménélas sans le percer. Ménélas, après une prière à Jupiter, lance son javelot qui blesse légèrement Pâris. Dans la lutte qui suit, l'épée de Ménélas se brise. Vénus intervient pour protéger Pâris, le couvrant d'un nuage et le conduisant dans le palais de Priam.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 122-128
Fragment d'une Lettre sur l'ancienneté de l'usage de boire à la santé les uns des autres.
Début :
Chez les anciens Hebreux le pere de famille, ou [...]
Mots clefs :
Boire à la santé, Verres à boire, Moeurs et coutumes, Paroles, Vin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Fragment d'une Lettre sur l'ancienneté de l'usage de boire à la santé les uns des autres.
Fragmentd'une Lettrefur l'ancienneté de l'ufage de boire à
la fanté les uns des autres.
Chez les anciens Hebreux
le pere de femille , ou une
autre perfonne honorable
de la table , levere à la
main difoit la priere Benedictusfit Dominus , c. puis
beuvoit & donnoit enfuite
le meſme vere à boire à
la ronde.
Les anciens Princes Grecs
faifoient la mefme ceremonie de boire & de preſenter
GALANT. 123
eufuite leur verre à qui il
leur plaifoit , ce qu'ils appelloient Propinien aux jours
folelmnels qu'ils nom,
moient Filolium. Ils invo
quoient d'abord les Dieux ,
puis verfoient un peu de vin
& beuvoient à chaque nom
de Dieu qu'ils proferoient ;
enfuite ils nommoient leurs
amis & beuvoient auffi à
chaque 'nom .
Les Romains imitoient
O
cette coûtume & l'appelloient Greco-more bibere. x .
Ils beuvoient en nombre
impair ou à l'honneur des
Lij
114 MERCURE
neuf Mufes ou à celuy des
rrois Graces. 2º. I's beuvoient autant de verres de
vín qu'ils avoient de doigts
à la main , ou qu'il y avoit
dě lettres au nom de leur
Maitreffe.
3. Voici les paroles &
la formule dont ils s'attaquoient. Bene vos, bené vos ;
bene te heneme , bene noftrum
precor ut benefit , ou bene vos
Vivere precor.mola 61
4Hs beuvoient à la fanté
des, abfents , & d'abort de
PEmpereur asiamed di
abƑ• Le Maire du feſtin 23D.
>
7
GALANT. 129
fait par le fort ordonnoit
cc que chacun devoit boire,
& l'on faifoit mille impre
cations contre ceux qui
refufoient de boire.
16. Ils commençoient par
de petits verres &faniffoient
par de grands.
Selon hom.... on donnoit à chacun fon pannier ,
fa table & fon verre , on
donnoit toûjours le verre
plain , & il devoit toûjours
l'eftre pour eftre dans la
bonne grace ; Cependant
chez la plupart des Anciens
on demandoit à boire
Liij
126 MERCURE
comme chez les François.
On beuvoit à la ronde
& l'on commençoit par la
droite. Le vafe où l'on
beuvoit ainfi à la ronde ,
s'apelloit Patera quod pateret
latius ; on l'appelloit auffi
Filotefiam , comme étant le
fimbole de l'amitié. 10
On appelloit certain autre
vere Ondos , parce qu'il
n'eftoit permis ny de le prefenter ny de le recevoir fans
chanter. Lorfque quelqu'un
beuvoit les autres chan1º.
roient pour l'animer , &
l'on crioit vivas , vivas ;
GALANT 127
quand il avoit bû tout tout
d'un trait & fans refpirer,
ils le congratuloient comme
d'unechofe qu'ils eftimoient
fort & qu'ils croioient
mefine fort faine , parce
que de cette maniere le vin
paffant plus vites enivre
moins.
Celuy qui ne refoudoit
point l'égnime proposée
ou manquoit aux yeux ,
étoit condamné à boire ,
tout cela fe paffoit pendant
le deffert ou mefme aprés.
12°. On terminoit le repas
par un grand coup de vin
oliLiiij
118 MERCURE
pur qu'ils appelloient
Poculum
la fanté les uns des autres.
Chez les anciens Hebreux
le pere de femille , ou une
autre perfonne honorable
de la table , levere à la
main difoit la priere Benedictusfit Dominus , c. puis
beuvoit & donnoit enfuite
le meſme vere à boire à
la ronde.
Les anciens Princes Grecs
faifoient la mefme ceremonie de boire & de preſenter
GALANT. 123
eufuite leur verre à qui il
leur plaifoit , ce qu'ils appelloient Propinien aux jours
folelmnels qu'ils nom,
moient Filolium. Ils invo
quoient d'abord les Dieux ,
puis verfoient un peu de vin
& beuvoient à chaque nom
de Dieu qu'ils proferoient ;
enfuite ils nommoient leurs
amis & beuvoient auffi à
chaque 'nom .
Les Romains imitoient
O
cette coûtume & l'appelloient Greco-more bibere. x .
Ils beuvoient en nombre
impair ou à l'honneur des
Lij
114 MERCURE
neuf Mufes ou à celuy des
rrois Graces. 2º. I's beuvoient autant de verres de
vín qu'ils avoient de doigts
à la main , ou qu'il y avoit
dě lettres au nom de leur
Maitreffe.
3. Voici les paroles &
la formule dont ils s'attaquoient. Bene vos, bené vos ;
bene te heneme , bene noftrum
precor ut benefit , ou bene vos
Vivere precor.mola 61
4Hs beuvoient à la fanté
des, abfents , & d'abort de
PEmpereur asiamed di
abƑ• Le Maire du feſtin 23D.
>
7
GALANT. 129
fait par le fort ordonnoit
cc que chacun devoit boire,
& l'on faifoit mille impre
cations contre ceux qui
refufoient de boire.
16. Ils commençoient par
de petits verres &faniffoient
par de grands.
Selon hom.... on donnoit à chacun fon pannier ,
fa table & fon verre , on
donnoit toûjours le verre
plain , & il devoit toûjours
l'eftre pour eftre dans la
bonne grace ; Cependant
chez la plupart des Anciens
on demandoit à boire
Liij
126 MERCURE
comme chez les François.
On beuvoit à la ronde
& l'on commençoit par la
droite. Le vafe où l'on
beuvoit ainfi à la ronde ,
s'apelloit Patera quod pateret
latius ; on l'appelloit auffi
Filotefiam , comme étant le
fimbole de l'amitié. 10
On appelloit certain autre
vere Ondos , parce qu'il
n'eftoit permis ny de le prefenter ny de le recevoir fans
chanter. Lorfque quelqu'un
beuvoit les autres chan1º.
roient pour l'animer , &
l'on crioit vivas , vivas ;
GALANT 127
quand il avoit bû tout tout
d'un trait & fans refpirer,
ils le congratuloient comme
d'unechofe qu'ils eftimoient
fort & qu'ils croioient
mefine fort faine , parce
que de cette maniere le vin
paffant plus vites enivre
moins.
Celuy qui ne refoudoit
point l'égnime proposée
ou manquoit aux yeux ,
étoit condamné à boire ,
tout cela fe paffoit pendant
le deffert ou mefme aprés.
12°. On terminoit le repas
par un grand coup de vin
oliLiiij
118 MERCURE
pur qu'ils appelloient
Poculum
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Résumé : Fragment d'une Lettre sur l'ancienneté de l'usage de boire à la santé les uns des autres.
Le texte décrit les anciennes coutumes de boire à la santé des autres chez différents peuples. Chez les anciens Hébreux, le père de famille ou une personne honorable levait son verre, prononçait une prière, buvait, puis passait le verre aux autres autour de la table. Les princes grecs pratiquaient une cérémonie similaire, appelée Propinien ou Filolium, où ils invoquaient les dieux et buvaient à la santé de leurs amis. Ils commençaient par verser un peu de vin et buvaient à chaque nom de dieu ou d'ami mentionné. Les Romains adoptaient cette coutume, qu'ils nommaient Greco-more bibere. Ils buvaient en nombre impair, souvent en l'honneur des neuf Muses ou des trois Grâces, et autant de verres qu'ils avaient de doigts ou de lettres dans le nom de leur maîtresse. Ils utilisaient des formules spécifiques comme 'Bene vos, bene vos' et buvaient à la santé des absents, notamment de l'empereur. Les Romains commençaient par de petits verres et finissaient par de grands. Le maître du festin ordonnait ce que chacun devait boire, et des imprécations étaient lancées contre ceux qui refusaient. Le vase utilisé pour boire à la ronde s'appelait Patera ou Filotefiam, symbole de l'amitié. Un autre type de verre, l'Ondos, nécessitait de chanter pour être présenté ou reçu. Les convives chantaient pour encourager celui qui buvait, criant 'vivas, vivas' s'il buvait d'un trait sans respirer. Celui qui refusait une proposition de boire ou manquait aux yeux était condamné à boire davantage. Le repas se terminait par un grand coup de vin pur appelé Poculum.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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8
p. 3-62
Dissertation sur la Musique Italienne & Françoise.
Début :
C'est apparemment, Monsieur, pour m'éprouver & nous connoître ce que [...]
Mots clefs :
Musique italienne, Harmonie, Chant, Paroles, Musique française, Expression, Goût naturel, Composition, Ornementation, Genres musicaux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Dissertation sur la Musique Italienne & Françoise.
Dissertationsur la Musique
Italienne &Françoise.
,P,ar M. de L. T. ) - -E1 S\.- ,T apparemment,
Monsieur,
pourm'éprouver
& DOUÇ connoître ce que
je puissçavoir en musique,
que
vous me demandez
mon sentiment
sur le goût Italien qui yregneapresent plus
quejamais. Il n'y a personnequipuisse
decider
avec plus de justesse sur
cet a t que vous,qui le
possedez parfaitement,
& quijoignez au beau
naturel une science profonde
dans l'harmonie.
Je vous obeïs donc. Ce
ne fera point comme
Musicien prevenu en saveurde
l'uneoude l'autre
que je vous dirai
mon sentiment ; je parlerai
suivant le goût naturel
qui m'est échû en
naissant pour cette fcience
, & qui doit peu de
choses à l'art: & laissant
là les termes dont les
Musiciens font obligez
de charger leurs traitez
demusîque, & qui loin
d'instruire ne fervent
souvent qu'à embroüil1er
les idées deslesteurs
]c-râcheraydemerendre
sensîble à ceux qui me
liront, en fortequ'ils me
pourront comprend re
sans scavoirlamusique.
J'essayerai donc de vous
faire une peinture de l'une
Sede^ l'autre,ainsi
qu'elles m'ont frapéaprés
les avoir pratiquées
toutes le^sdeùx^.b
n IL y a presentement
icideux partis formez
dans làMusique : Tun
admirateur outré de la
Musique Italienne, proscrit
absolument la Musique
Françoise, comme
fade & sans goût;l'autre,
fidele au goût de sa patrie,
ne peut souffrir sans
indignation que l'on méprise
le bon goût François
, & traite la Muse
Italienne de bizarre &
de capricieuse. Il y a à
tout cela un milieu plus
raisonnable, qui est de
rendre justice à l'une & à
J'ay^re., & delesprendre
cthaecunre deans.leur carac-
-v^ll faudroic être dépourvu
de goût & de
conoissance,pournepas
avoüer que la bonne Musique
Italienne renferme
en general ce qu'il y a de
plussçavant & deplus
recherché dans cet art;
que nous lui devons une
grande partie des agrémensde
lanôtre;que les
Italiens font nos maîtres
pour les Cãcates &: pour
les Sonnattes. J'admire
dans ces picces les desfeins
nouveaux de leurs
figures,si bien imaginez
& si heureusement conduits,
la vivacitépetillantede
leurs imitations
redoublées,lavariétéde
leurs chants, la diversité
de leurs tons & de leurs
modes si bien enchaînez
les uns aux autres, leur
harmonie recherchée S£
sçavante: mais si nous
leur cedons lascience &I
l'invention, ne doiventils
pas nous ceder le bon
goût naturel dont nous
sommes en possession,&
l'execution tendre & noble
où nous excellons?les
enrichissement que nous
y avonsajoutez de nôtre
propre fond ne doiventils
pas prévaloir? & ne
sommes-nous pas de ces
écoliers qui ayant bien
profité des leçons denos
maîtres, sommes à la fin
devenus plus sçavans
qu'eux? Ne pourroit-on
pas dire, sansossenser les
sectateurs de laMusique
Italienne, que leurs ornemenstropfrequens
&
déplacez en étouffent
l'expression,qu'ils ne caracterisent
point assez
leurs ouvrages? semblables
en cela à cette arc hitecture
gothique, qui
trop chargéed'ornemens
en est obscurcie
,
& où
l'oni~ démêle plus le
corpsde louvrage.,Que
laMusique Italienne ressemble
encorea une coquette
aimable pleine de
rouge & de mouches
y toujours vive, toujours
le pied en l'air, qui chercheàbriller
partout sans
raison & sans sçavoir
pourquoy, toujours emportée
dans quelques sujets
qu'elle traite;que l'amour
tendre y danse le
plussouvent la gavotte
ou la gigue. Ne diroiton
pas que le serieuxdevient
comique entre ses
mains, &qu'elle est plus
propre auxarietes St aux
chansonnettes qu'à traiter
de grands sujets? fem- - blableen celaàces Comédiens
quin'ayant que
du talent pour le ÇOOIH
que, reüssissentfort mal
,t>-
&tournentletragiqueenridicule
quànçl
ils veulent s'erî mêler.
Il faut avoüer que la
majestéde le Musique
Françoisetraiteles sujets
heroïques avec plus de
noblesse, & convient
bien mieux au cothurne
DanslaMusiqueItalienne
tout y paroît uniforme,
la joye, la colere,
la douleurl'amourheureuxv
bb t ou quiespere:tout y semblepeintaveclesmêmes
traits&dumêmecaractere,
c'estunegiguecontinuelle,
toujours petit
ki\tfcy LreujoLWs bondisante
; la voix commence
eule, l'instrument repee
ce chant en écho. Ce
esseinsouvent d'un chat
bizarrese promene noneulement
sur toutes les
cordes du mode,mais en-
:orc sur toutes lesétrangeres
où ils peuvents'accrocher
bien ou mal, telement
queleurs pieces
roulent sur tous les tons,
& changent de mode à
chaque instant, en forte
que l'on nesçauroitdire
à la fin duquel ils font.
Après avoir fait cette
longue promenade, où
l'on repete vingt fois le
même changeant la voix
que l'instrument, il faut
encore retourner da cfr
po. Ce passage est quelquefois
très-rude à l'oreille,
étant souvent de
deux cordes, voisines:
mais il arrive souvent
quel'on passe outre,pour
éviter à prolixité&pour
eix/iiminuCerl'e'nenusi.t
C'est un grand défaut
dans tous les ouvrages
d'espit, 8C principalement,
en musique, de ne
pouvoir finir: il faut sçavoir
se modérer. Un bon
ouvrage perd la moitié
de son merite quand il
est trop diffus.
-
Nous avons peine encoreànous
accoutumer
aux intervales bizarres
des chants de leurs recits
qui passent quelquefois
l'étenduëde l'odave»éc
que les. plus habiles ont
peine àentonner juste;les
tenuessurtout,yimpatientent
l'audireur,pour
estredéplacées. Ces tenuës,
qlle nous neiaifons
&i qui ne conviennent
gueres que surles mots
de repos &quelques autees,
sy font indifferemmenusurtouslesmots
qui finissent par des
voyelles. Je ne dispas
qu'il; n'y ait beaucoup
d'art à faire badiner un
violon & une baffe Sous
une de ceslongues tenues
: mais quel rapport
a la liberté avec ce son
qui dure un quart-d'heure
?où cft le goût & l'expression
de tout cela? Il
arrive même souvét que
la Musique Italienne exprime
toute autre chofc
que ceque les paroles
signifient ; j'entens un
prelude vif & emporté.
Je crois que quelque amant
rebuté des rigueurs
de sa belleva se livrer au
dépit &chanter poüiller
à l'amour, pointdu tout.
C'est un amant tendre
qui vante le prix de sa
cpn stance, qui appelle
l'esperance à son secours,
ou qui fait une declaration
à sa bien-aimée.les
„J Passe encore à ceux
qui travaillent pour le
violon, de se livrer tout
entiers dans leurs Sonnatesau
feu de leurimagination,
&de promenet
leurs fugues &leurs
imitations par tous les
modes, eux qui ne font
point gamez par l'expression
des paroles,
qui doit faire la regle
des compositeurs. Nous
sommes redevables à Fttaliede
ces fortes de pieces;
les Corelli,lesAlbinoni,
les Miquels, ÔC
plusieurs autres ont produit
dans ce caractere
despieces qui feront immortelles,
& où peu de
gens peuvent atteindre.
Cependant mille autres
veulent les imiter. J'ai
vû deces pieces d'un
chant si bizarre&d'une
composition si extraordinaire,
qu'on auroit dit
qu'on eustjetté au hazard
des pâtezd'encre
sur du papier reglé, qu'
on y eust ensuite ajouté
des queuës & divisé par
mcfures.
La musique de leurs
Cantates paroît plutôt
convenir aux concerts
de chambrequ'à nos spectacles;
leurs Sonnates
à deux partiesnedoivent
êtrejoüéesqu'à violon
seul ,qui frise & qui
pretintaille autant qu'il
luyplaît, &deviendroient
trèsconfu ses si
la même partie étoit executéeparplusieurs
instrumens
-,
qui feroient
des diminutions differentes,
8k ainsi doit être
bannie d'une grande orchestre.
L'on n'entend en gêneral
dans la musique
qu'une basse continuë
toujours doublée, qui
souvent est une espece
de batterie d'accord,&
un harpegnement qui
jette de la poudre aux
yeux de ceux qui ne s'y
connoissent pas, & qui
reduites au simple reviendroient
aux nôtres.
CesB. C. ne font bonnes
qu'à faire briller la
vîtesse de la main de
ceux
ceux qui accompagnentou
du clavecin ou de la viole;
encore pour rencherir sur
ces; basses déjà trop doublées
d'elles-mêmes,ils les
doublent encore, & c'est
ce quidoublera le plus, de
sorte qu'on n'entend plus
le sujet, quiparoît trop nud
auprès de ce grandbrillant,
& demeureenseveli fous un
cahos de fons tricotez ôc
petillans, qui passant trop
legerement, ne peuvent
faire d'harmonie contre le
sujet.Ilfaudrait donc que
des deuxinstrumens il y
en eût un qui jouât le simple
de la baffe, & l'autre le
double ; ces B. C. passeroient
plûtôt pour des pieces
de viole que. pour un
accompagnement, qui doit
être soûmis au sujet & ne
point, prévaloir. Il faut que
la voix domine & attire la
principale atttention. Tout
le contrairearrive ici, l'on
n'entend que la B. C. qui
petille roûjours, la voix en
est étouffée. Ille trouve un
inconvenient dans les bassesen
batteries &doublées
sur le champ;c'estqu'il est
,
difficile qu'un clavecin,une
viole&une theorbe se puissent
rencontrer juste dans
la même maniere de doubler
; l'un prend un tour &
l'aurre un autre: ce qui
cause une cacophonie extraordinaire.
Un compositeur
ne reconnoît point au
milieu de tout cela son pauvre
ouvrage tout défiguré,
& se contente d'admirer la
vîtesse de la main de ceux
qui l'executent. Voila cependantle
goût de l'executionde
la Musique Italienne.
iCe
nétoit point celui de
Lully,sectateur du beau ôc
du vrai
,
qui auroit banni
de son orchestre un violon
qui eût gâté son harmonie
par quelque diminution ôc
quelque miaulement mal placé.
Ne peut-on pas s'assujettir
àjoüer la musique
comme elle est? est-ce le
goût Italien de faire de faux
accords à tout bout de
champ? J'ai vû des Musiciens
si amoureux des vîtesses
& de ces basses figu.
rées, qu'ils ne pouvoient
souffrir les adagio, c'est à
dire les endroits de recitatifs
lents, ëc. passoient ces
morceaux comme ennuyeux.
C'est cependant
dans ces endroits oùl'harmonie
peut se faire mieux
sentir que dans ces vivacitez,
où, comme je viens de
dire, la baffe passant trop
legerement, & ne faisant
que friser le dessus,ne peut
faire d'harmonie.
Mais si cette musique figurée
convient aux paroles
Italiennes & Latines, pourquoy
y veut-on assujettir la
Langue Françoise ?Un Italien
se gouverne-t-ilcomme
un François? Leurs
goûts, leurs habits, leurs
moeurs, leurs manieres leurs plaisirs , ne sont-ils pas
differens ? Pourquoy ne
veut,on pas qu'ils le soient
aussi dans leurs chants?Un
Italien chante-t-il comme
le François?Pourquoy veuton
que le François chante
comme l'Italien? Chaque
pays, chaque guise, il faut
que chacun demeure chez
soy. Pourquoy veut-on ha- 1* ~ndo tris Rome more tu vivito Roma; 10- nido tris alibi, vivito sientibi.
biller la Mufe Françoise en
masque
, & la rendre extravagante,
elle dont la
langue est si sage & si naïve,
& ne peut souffrir la
moindre violence, est en-
-
nemie des fréquentes repetitions,
de ces grands roulemens,
de ces longues tenuës
que l'on supporte dans
la Musique Italienne ou
Latine ?
On peut ici comparer la
Musique Françoise à une
belle
femme
dont la beauté
simple naturelle & sans art,
attire les coeurs de tous ceux
qui la regardent, quin'a
qu'à se montrer pour plaire,
sans craindre d'être défaite
par les minauderies affectées
d'une coquette outrée- v
qui cherche à mettre les
gens-dans son parti à quelque
prix que ce soit, à qui
nous avons comparé la
Musique Italienne. .j! u* Je pourrois encore ici,
rapporter l'autorité du beau
sexe, auprés de qui la Muse
Italienne a peine à trouver
grâce, quis'ennuye
d'un quart-d'heurede fonnates
, & qui aime mieux
entendre chanter Sangaride
ce jour,& jouer les songes
agreables, que toutes les
batteries & les harpegnemens
d'un violon touché
sçavamment auquel elles
ne connoissent rien, & ne
sentent rien qui les attire:
on a beau lui dire que cela
est sçavant,beau, sublime,
que c'est un tel auteur Italien
qui les à faits, cela est
fort beau,disent les Dames,
mais - nous n'en voulons
plus, ce font pourtant elles
qui decident du mérite 6c
du dessin des ouvrages, ôc
a qui. nous devons chercher
à plaire, & sur-tout
dans cet art qui semble être,
fait pour elles. Ilfautcependantavouer
que quelques-uns de nos
habilesMaîtres ont trouvé
le secret d'allier fort sçavamment
le goût naturel
du François avec le brillant
&.le sçavant de l'Italien,
dans des cantates qui font
entre les mains de tout le
monde, & qui font des
chef-d'oeuvres en cette espece,&
pour la Musique-
& pourlaPoësie, qu'il leur
suffise donc d'avoir montré
aux Italiens que les François
pouvoient porter aussi loin
qu'eux le génie&;le sçavoir
tant dans les cantates
que dans les sonnates:mais
pour cela le bon goût simple
& naturel du François
doit-il être méprisé, quand
les Italiens pour le perfectionnercommencent
euxmêmes
à l'imiter?
Ces sortes d'ouvrages en
ont produit une infinité
d'autres ,les cantates & les
sonnates naissent ici fous
les pas, un Musicienn'arrive
plus que la sonnate ou
la cantate en poche, il n'y
en a point qui neveuillefaire
son livre, être buriné, &
ne pretende faire assaut
contre les Italiens, & leur
damer le pion, à peinele
Poëte y peut-il suffire;il y
a même telles paroles qui
ont souffertplus d'une fois
Ja torture, de la Musique
Italienne, enfin les cantates
nous étouffent ici: j'en ai
entendu qui duroient une
heure, montre sur la table,
ensorte qu'on étoit obligé
de demander quartier, ou
de quitter la place.Qu'est
donc devenu le bon goût t
faudra-t-il qu'il expire ainsi
sous le fatras de toutes ces
cantates? que diroient les
Lambert, les Boësset, les
le Camus, les Babtistes,s'ils
revenoient au monde, de
voir le chant françois si
changé, si avili & si défiguré?
Je suis persuadé que
nos illustres Maistres ont
trop de goût & trop de
science pour l'abandonner
comme il paroist par leurs
propres ouvrages, dont les
endroits les plus gracieux,
& qui plaisent le plus, font
traitez dans le goust fran- * çois, où ils ont sçû mélanger
le bon des Italiens,'
&en ont laissé là le mauvais
, qu'ils rendent justice
au héros & au Ciceron de
la Musique francoise, je
veux dire à Lully *,qu'ils
admirent la grandeur ôc
l'élevation de son genie
au milieude cette naïve
simplicitédépourvûë de
tous ornemens étrangers,
& qui semble devoir tomber
fous les sens de tout Ic
'*l\ogtitLully.
monde. A-t-il voulu peindre
l'amour rendre, quel
coeur ne s'attendrit-il pas,
quel chant, quel naturel,
quelle harmonie dans ses
duo? ne devineroit-on pas
les paroles de ses recits à
en entendre feulement les
chants? ôc n'est-ce pas une
veritable declamation que
son récitatif? A-t-il voulu
exprimer la douleur, les
rochers ne gemissent-ils pas
avec lui? a-t-il voulu peindre
la fureur, lavengeance
,quel coeur ne ressent
pas de secrets fremissemens
? quel feu & quelle
vivacité dans ses airs de vid
Ion, quand il a voulu exprimer
la vitesse dessougueux
aquilons ou des
transports des furies? Si la
joye s'empare de la scene,
tous les peuples, tous les
bergers fautent & dansent
au
son
de ses musettes;l'horreur
& l'effroy s'empare de
nôtreame,s'il veut faire
quelque enchantement ou
evoquer les manes des enfers
; quelle tranquilitéassoupissante
nese répand
pas dans l'ame s'il veut endormir
dormir ou calmer ses heros
agitez ? s'il fait sonner la
trompette l'humeur martialle
ne saisit-elle pas ses
auditeurs, & n'est-on pas
prêt de courir aux armes
& de monter à l'assaut?s'il
veut préparer ou annoncer
quelque oracle,quelle gravité
ou quelle noblesse dans
ses fimphonies ? on diroit
que comme un scavant
Peintre il a scû avec ses
fons peindre pour ainsidire
les mouvemens de toutes
les passions du coeur de
l'homme. A t, il eu recours
pour. cela à tous ces faux
brillans & les ornemens deplacez
de la Musique Italienne
? rien n'est il plus
simple & plus naturel que
sa composition qui est à la
portée de tout le monde, &
en même temps riens desi
élevé, de si noble, & de si
spirituelle pour l'expres.
fion ? Quoy qu'il soit fort
scavant, le goût seul & le ,
genie semblent avoir été
ses guides, lk capable de
préscrire des regles nouvelles
àceux qui les suivroient
il semble quelquefois
avoir negligé les anciennes
, & s'être mis audessus
d'elles. Il faut avouer
aussiquec'est ce qui fait la
meilleure partie du Musicien
que le génie,c'est lui
qui fait aussi les Peintres
& les Poëtes ; car on peut
dire queces trois sciences
se donnent la main,&
peuventpasser pour trois
soeurs:onvoit peu de Peintresqui
nesoientaussi uti
peu ., Musiciens, &.;; qui
n'ayent du goût pour ces
deuxarts; la Musique n'est
elle pas une poësie &une
peinture sonore & harmonieufe?
la peinture & la poësie
ne sont-elles pas conu
posées d'une aimable harmonie
, d'un mélange &
d'un contraste de couleurs,
& de pensées melodieusement
enchaînées? J.
?'J
Il nesuffit doncpas seulement
de régles dans les
arts; il faut être encore inspiré&
animé dece beau
feu quelamaigrenedonne
pasà tout le monde,&qui
àfaitles Titiens & les Lebrun,
lesCorneilles & les
Racines, lesCarissimi &
les Babtistes, & tant d'autres.
Il faut dans ces arts
sçavoir inventer bercer,
outre qu'il faut qu'un CQm-,
positeur possede parfaitement
la langue dans laquelle
il travaille, connoisse
les syllabes rudes surlesquelles
il faut passer legerement
, & celles qui sont
harmonieuses & amies du
chant.Il seroit même àsouhaiter
que le Musicien fût
aussiPoëte pour ajusterles
paroles à on chant,&que
tour, l'ouvrage coulât, de source.
Ce n'est point assez de
sçavoir préparer ou sauver
des dissonances; il faut encore
sçavoir les placer à
propos ou elles conviennent
pour l'expression, les
mettre dans leur jour pour
qu'elles fassent leur effet,
ôc qu'elles fervent comme
d'ombres au tableau, en
faisant valoir les consonances
par opposition, n'en pas
diminuer la force par le.
trop frequent usage, comme
font les Italiens, dont
la musique trop rempliede
dissonances revolte quelquefois
les oreilles: mais
se garder de tomber dans
la monotomie
,
qui est le
vice contraire, & que les
Italiens pourroient plûtôt
nous reprocher.
Les réglés de l'harmonie
ne montrent pas àfaire un
beau chant, qui en est l'ame,
à imaginer un dessein,
à bien rendre l'expression
des paroles, à sçavoir placer
les cadences aux sens
finis, comme les points &
les virgules dans le discours;
à sçavoir changer de
mode quand les paroles
changent decaractere &
de sentiment. Un bon Matematicien
possède à fonds
les regles de la composition&
est un fort mauvais
compositeur. J'ai composé
jadis sans regle & sans science
; & ayantacquis depuis
quelques connoissances,j'ai
revu mes premiers ouvrages,
& j'ai trouve quej'aurois
peine à mieux faire
avec des regles. Il y en a
cependant d'essentielles,&
dont la connoissance est necessaire
: mais lesveritables
ôc lesmeilleures sont celles
que
que le goût &l'oreille vous
inspire. Vous trouvez dans
ces regles beaucoup de con- traditions, & les Italiens
n'en paroissent pas de fort
rigides observateurs : elles
ne font la plûpart fondées
que sur le caprice. J'ai vû
quelques-uns de ces traitez
de musique, & quoique
fort profonds & sçavans,
je n'ensuis pas devenu plus
habile en les lisant
; au contraire
j'en fuis forci plus embarassé.
Ils vous apprennent
bien ce qu'il faut éviter,
qui sont desinconveniens.
où l'oreille feule
nous défend de tomber
mais ils ne nous instruisent
point comment il faut s'y
prendre pour faire une
compoficion gracieuse &
de bon goût C'est donc le
genie naturel seul qui fait
le Musicien.
Si l'on reproche à Lully
d'avoir employé rarement
les tons transposez, ce n'est
pas qu'ilen ignorât l'usage:
mais c'est qu'il s'accommodoit
aux
lujets qu'il avoir
& au goût du temps;qu'il
sentoit qu'un chant n'en
étoit pasplus beau pour être
transposé d'un demi ton
plus haut ou plus bas; &
qu'une musique difficile ou
recherchée, quoique belle,
ne laisse pas que d'avoir un
défaut, qui est que rarement
elle est bien executée,
parce que le nombre
des sçavans est rare, & ainsi
rejettée; au lieu qu'une
bonne musique en est encore
meilleure quand elle
est facile, puis qu'elle est
susceptible d'une meilleure
execution, qui est l'ame de
lamusique; qu'elle invite
d'elle-même à être chantées
quelle est plus de commerce
dans le monde
, étant
plus à laportée des honnêtes
gens qui l'executent ce
qui doit être son but& sa
recompense
; au lieu que
la musique difficile effarouche
& dégoûte
,
ôc n'est
bonne que pour les Musiciens
de profession.
Peut-être auroit-ilsuivi
une autre route ,
maintenant
que tous les Musiciens
sont autant d'illustres compofiteurs
,
& que tousles
écoliers sont autantde maîtres.
:.;.
Cependant ceux qui sont
aujourd'hui entêtez de la
MusiqueItalienne ne peuvent
souffrir la Musique
Françoise, & la regardent
comme une musique fade
,&; sans goût: les Opera anciens
les endorment, ils n'y
sentent rien qui les rappelle,
ils n'y trouvent que des
tons naturels, des mouvemens
faciles;ils veulent
quela clefsoit surchargée
de dieses ou de b mois;que
la B. C.soit brodée & remplie
de tous les chiffres d'arithmetique;
qu'on invente
pour eux des tons transposez,&,
nouveaux ,&,,des
mouvemens extraordinaires;
que la baffe herissée
d'harpegnemes &d'acords
coure toûjours la poste ;enfin
ne trouvent pas une musique
bonne qu'elle ne soit
difficile. A peine peuventils
se resoudre à la regarder
quand il n'y a quedes blanches
ou des noires,& des
mouvemensà2 &a3temps,
cw.o» mme si toutes les mesu-
'"-- .t t »
,
res Italiennes ne revenoient
pas à ces deux mesures. Ne
va-t-on pas reduire la mesure
à deux temps à celle de
quatre, en renfermant deux
mesures en uneseule? Le 4
pour 8 nerevient-il pas à
nos deux temps legers? ôc
les mesures de 6 pour 8,
de 3 pour 8 & de 12 pour
8 ne reviennent-elles pas
toutes à la mesure de trois
temps, battuë plus ou moins
vîte, quoy qu'elles se battent
a 2 & à 4 temps,dont
chaque temps renferme
une de nos mesures à trois
temps?Ce n'est donc qu'une
maniere differente de
s'exprimer, qui est bonne
en soy <3e donne le caractere
de la piece pour la lenteur
ou la legereté, & a plus
defacilité pour être battuë;
carcommeil n'y a en general
que 2. modes differens,
le mineur & le majeur,ilny
a aussi en general que 2.mesures
,
celle à 2. temps ôc
celle à
3. Envainvoudroiton
en imaginer d'autres. Il
seroit aisé, pour contenter
ceux qui, aimentle ragoût
sduesrteosnesxttrraanosrpdoinsaezir,else&s mlees^
basses doublées, de transposer
un de nos Operaun
demi-ton plus bas ou plus
haut, doubler leurs basses
continuës ';& en reduire les
mesures à la maniere Italienne.
- Ils deviendroient
alors deplus difficile execution
,
mais perdroient la
moitié de leur beauté.Un
compositeur n'est-il pas
bien glorieux d'avoir fait
une piecesitransposée,pleine
de si & de mi b quatre,
& d'une si grande vîtesse,
que personnenesçauroit y
mordre,qu'il déchiffre à
peine lui-même. Voila une
piece, dit-il, que je défie à ,
tous les violonsd'execucer
y & à tous les clavecins d'en
trouver les accords sur le
champ; gardez -la donc
pour vous, mon ami: ces
forces de pieces ne font bonnes
qu'à renfermer dansle
cabinet pour la rareté, &
pour montrer qu on en peut
faire
: mais ne peuvent être
d'aucun usage que parmi
- les maîtres de l'art.
Les chants en deviennent-
ils plus beaux & plus
harmonieux pour être sur
des tons transposez ? l'harmonie
en est-elle meillcure
? Au contraire, on peut
dire qu'elleest forcée, que
ces tons ont peu de justesse
sur les instrumens
,
& princi
palement sur le clavecin,
où les seintes devroient être
coupées pour y donner le
veritable temperament;
car quelle apparence qu'une
touche serve de b mol &
deb quarre dans l'autre,
sans perdre de sa justesse?
l'asse encore sur les autres
instrumens comme sur le
violon, où avançant plus
ou moins le doigt sur la
corde,on peutmodifierces
sortes de demi-tons & les
rendre plus justes. J'ai entendu
un de nos illustres
preluder sur son violon, de
quelque maniere qu'ilfût
accordé, &ne suivre, pour
tirerses sons,d'autre regle
que son oreille, & non celle
du manche qui se trouvoit
alors dérangé.
Enfin de ces deux partis
differens il en resulte un
troisiéme plus raisonnable,
& moins entêté que ces
deuxautres, qui est celui
des gens sages & des gens
de goût, qui ne se laissant
point prévenir ni pour l'un
ni pour l'autre, vrais amateurs
de la musique, goûtent
l'une & l'autre composition,
quandelle est bonne
& bien executée,& sans
donner dansle goût pedant
&sçavant, ne vont point
épiloguer sur deux octaves
de [ujrc, sur une septiéme
ou une neuviéme bien ou
mal preparéeou sauvée;ne
méprisent point une musque
,parce qu'elle est trop
aisée, ou parce qu'elle est :
trop difficile
} ne la condamnent
point commepillée,
parce qu'il y aura quelques
bouts de chant que
ressembleront
: mais rendent
justice à la Musique
Françoise dans son caractere
& à la Musique Italienne
dans le sien, & conviennent
que l'on pourroit
faire ungenre de musique
parfait, si l'on pouvoit joindre
le goût sçavant & ingenieux
de l'Italien au bon
goût naturel Ôc simple du
François: mais cependant
qu'un Italien doit chanter
en Italien,&leFrançois
enFrançois. Je suis,&c.
Italienne &Françoise.
,P,ar M. de L. T. ) - -E1 S\.- ,T apparemment,
Monsieur,
pourm'éprouver
& DOUÇ connoître ce que
je puissçavoir en musique,
que
vous me demandez
mon sentiment
sur le goût Italien qui yregneapresent plus
quejamais. Il n'y a personnequipuisse
decider
avec plus de justesse sur
cet a t que vous,qui le
possedez parfaitement,
& quijoignez au beau
naturel une science profonde
dans l'harmonie.
Je vous obeïs donc. Ce
ne fera point comme
Musicien prevenu en saveurde
l'uneoude l'autre
que je vous dirai
mon sentiment ; je parlerai
suivant le goût naturel
qui m'est échû en
naissant pour cette fcience
, & qui doit peu de
choses à l'art: & laissant
là les termes dont les
Musiciens font obligez
de charger leurs traitez
demusîque, & qui loin
d'instruire ne fervent
souvent qu'à embroüil1er
les idées deslesteurs
]c-râcheraydemerendre
sensîble à ceux qui me
liront, en fortequ'ils me
pourront comprend re
sans scavoirlamusique.
J'essayerai donc de vous
faire une peinture de l'une
Sede^ l'autre,ainsi
qu'elles m'ont frapéaprés
les avoir pratiquées
toutes le^sdeùx^.b
n IL y a presentement
icideux partis formez
dans làMusique : Tun
admirateur outré de la
Musique Italienne, proscrit
absolument la Musique
Françoise, comme
fade & sans goût;l'autre,
fidele au goût de sa patrie,
ne peut souffrir sans
indignation que l'on méprise
le bon goût François
, & traite la Muse
Italienne de bizarre &
de capricieuse. Il y a à
tout cela un milieu plus
raisonnable, qui est de
rendre justice à l'une & à
J'ay^re., & delesprendre
cthaecunre deans.leur carac-
-v^ll faudroic être dépourvu
de goût & de
conoissance,pournepas
avoüer que la bonne Musique
Italienne renferme
en general ce qu'il y a de
plussçavant & deplus
recherché dans cet art;
que nous lui devons une
grande partie des agrémensde
lanôtre;que les
Italiens font nos maîtres
pour les Cãcates &: pour
les Sonnattes. J'admire
dans ces picces les desfeins
nouveaux de leurs
figures,si bien imaginez
& si heureusement conduits,
la vivacitépetillantede
leurs imitations
redoublées,lavariétéde
leurs chants, la diversité
de leurs tons & de leurs
modes si bien enchaînez
les uns aux autres, leur
harmonie recherchée S£
sçavante: mais si nous
leur cedons lascience &I
l'invention, ne doiventils
pas nous ceder le bon
goût naturel dont nous
sommes en possession,&
l'execution tendre & noble
où nous excellons?les
enrichissement que nous
y avonsajoutez de nôtre
propre fond ne doiventils
pas prévaloir? & ne
sommes-nous pas de ces
écoliers qui ayant bien
profité des leçons denos
maîtres, sommes à la fin
devenus plus sçavans
qu'eux? Ne pourroit-on
pas dire, sansossenser les
sectateurs de laMusique
Italienne, que leurs ornemenstropfrequens
&
déplacez en étouffent
l'expression,qu'ils ne caracterisent
point assez
leurs ouvrages? semblables
en cela à cette arc hitecture
gothique, qui
trop chargéed'ornemens
en est obscurcie
,
& où
l'oni~ démêle plus le
corpsde louvrage.,Que
laMusique Italienne ressemble
encorea une coquette
aimable pleine de
rouge & de mouches
y toujours vive, toujours
le pied en l'air, qui chercheàbriller
partout sans
raison & sans sçavoir
pourquoy, toujours emportée
dans quelques sujets
qu'elle traite;que l'amour
tendre y danse le
plussouvent la gavotte
ou la gigue. Ne diroiton
pas que le serieuxdevient
comique entre ses
mains, &qu'elle est plus
propre auxarietes St aux
chansonnettes qu'à traiter
de grands sujets? fem- - blableen celaàces Comédiens
quin'ayant que
du talent pour le ÇOOIH
que, reüssissentfort mal
,t>-
&tournentletragiqueenridicule
quànçl
ils veulent s'erî mêler.
Il faut avoüer que la
majestéde le Musique
Françoisetraiteles sujets
heroïques avec plus de
noblesse, & convient
bien mieux au cothurne
DanslaMusiqueItalienne
tout y paroît uniforme,
la joye, la colere,
la douleurl'amourheureuxv
bb t ou quiespere:tout y semblepeintaveclesmêmes
traits&dumêmecaractere,
c'estunegiguecontinuelle,
toujours petit
ki\tfcy LreujoLWs bondisante
; la voix commence
eule, l'instrument repee
ce chant en écho. Ce
esseinsouvent d'un chat
bizarrese promene noneulement
sur toutes les
cordes du mode,mais en-
:orc sur toutes lesétrangeres
où ils peuvents'accrocher
bien ou mal, telement
queleurs pieces
roulent sur tous les tons,
& changent de mode à
chaque instant, en forte
que l'on nesçauroitdire
à la fin duquel ils font.
Après avoir fait cette
longue promenade, où
l'on repete vingt fois le
même changeant la voix
que l'instrument, il faut
encore retourner da cfr
po. Ce passage est quelquefois
très-rude à l'oreille,
étant souvent de
deux cordes, voisines:
mais il arrive souvent
quel'on passe outre,pour
éviter à prolixité&pour
eix/iiminuCerl'e'nenusi.t
C'est un grand défaut
dans tous les ouvrages
d'espit, 8C principalement,
en musique, de ne
pouvoir finir: il faut sçavoir
se modérer. Un bon
ouvrage perd la moitié
de son merite quand il
est trop diffus.
-
Nous avons peine encoreànous
accoutumer
aux intervales bizarres
des chants de leurs recits
qui passent quelquefois
l'étenduëde l'odave»éc
que les. plus habiles ont
peine àentonner juste;les
tenuessurtout,yimpatientent
l'audireur,pour
estredéplacées. Ces tenuës,
qlle nous neiaifons
&i qui ne conviennent
gueres que surles mots
de repos &quelques autees,
sy font indifferemmenusurtouslesmots
qui finissent par des
voyelles. Je ne dispas
qu'il; n'y ait beaucoup
d'art à faire badiner un
violon & une baffe Sous
une de ceslongues tenues
: mais quel rapport
a la liberté avec ce son
qui dure un quart-d'heure
?où cft le goût & l'expression
de tout cela? Il
arrive même souvét que
la Musique Italienne exprime
toute autre chofc
que ceque les paroles
signifient ; j'entens un
prelude vif & emporté.
Je crois que quelque amant
rebuté des rigueurs
de sa belleva se livrer au
dépit &chanter poüiller
à l'amour, pointdu tout.
C'est un amant tendre
qui vante le prix de sa
cpn stance, qui appelle
l'esperance à son secours,
ou qui fait une declaration
à sa bien-aimée.les
„J Passe encore à ceux
qui travaillent pour le
violon, de se livrer tout
entiers dans leurs Sonnatesau
feu de leurimagination,
&de promenet
leurs fugues &leurs
imitations par tous les
modes, eux qui ne font
point gamez par l'expression
des paroles,
qui doit faire la regle
des compositeurs. Nous
sommes redevables à Fttaliede
ces fortes de pieces;
les Corelli,lesAlbinoni,
les Miquels, ÔC
plusieurs autres ont produit
dans ce caractere
despieces qui feront immortelles,
& où peu de
gens peuvent atteindre.
Cependant mille autres
veulent les imiter. J'ai
vû deces pieces d'un
chant si bizarre&d'une
composition si extraordinaire,
qu'on auroit dit
qu'on eustjetté au hazard
des pâtezd'encre
sur du papier reglé, qu'
on y eust ensuite ajouté
des queuës & divisé par
mcfures.
La musique de leurs
Cantates paroît plutôt
convenir aux concerts
de chambrequ'à nos spectacles;
leurs Sonnates
à deux partiesnedoivent
êtrejoüéesqu'à violon
seul ,qui frise & qui
pretintaille autant qu'il
luyplaît, &deviendroient
trèsconfu ses si
la même partie étoit executéeparplusieurs
instrumens
-,
qui feroient
des diminutions differentes,
8k ainsi doit être
bannie d'une grande orchestre.
L'on n'entend en gêneral
dans la musique
qu'une basse continuë
toujours doublée, qui
souvent est une espece
de batterie d'accord,&
un harpegnement qui
jette de la poudre aux
yeux de ceux qui ne s'y
connoissent pas, & qui
reduites au simple reviendroient
aux nôtres.
CesB. C. ne font bonnes
qu'à faire briller la
vîtesse de la main de
ceux
ceux qui accompagnentou
du clavecin ou de la viole;
encore pour rencherir sur
ces; basses déjà trop doublées
d'elles-mêmes,ils les
doublent encore, & c'est
ce quidoublera le plus, de
sorte qu'on n'entend plus
le sujet, quiparoît trop nud
auprès de ce grandbrillant,
& demeureenseveli fous un
cahos de fons tricotez ôc
petillans, qui passant trop
legerement, ne peuvent
faire d'harmonie contre le
sujet.Ilfaudrait donc que
des deuxinstrumens il y
en eût un qui jouât le simple
de la baffe, & l'autre le
double ; ces B. C. passeroient
plûtôt pour des pieces
de viole que. pour un
accompagnement, qui doit
être soûmis au sujet & ne
point, prévaloir. Il faut que
la voix domine & attire la
principale atttention. Tout
le contrairearrive ici, l'on
n'entend que la B. C. qui
petille roûjours, la voix en
est étouffée. Ille trouve un
inconvenient dans les bassesen
batteries &doublées
sur le champ;c'estqu'il est
,
difficile qu'un clavecin,une
viole&une theorbe se puissent
rencontrer juste dans
la même maniere de doubler
; l'un prend un tour &
l'aurre un autre: ce qui
cause une cacophonie extraordinaire.
Un compositeur
ne reconnoît point au
milieu de tout cela son pauvre
ouvrage tout défiguré,
& se contente d'admirer la
vîtesse de la main de ceux
qui l'executent. Voila cependantle
goût de l'executionde
la Musique Italienne.
iCe
nétoit point celui de
Lully,sectateur du beau ôc
du vrai
,
qui auroit banni
de son orchestre un violon
qui eût gâté son harmonie
par quelque diminution ôc
quelque miaulement mal placé.
Ne peut-on pas s'assujettir
àjoüer la musique
comme elle est? est-ce le
goût Italien de faire de faux
accords à tout bout de
champ? J'ai vû des Musiciens
si amoureux des vîtesses
& de ces basses figu.
rées, qu'ils ne pouvoient
souffrir les adagio, c'est à
dire les endroits de recitatifs
lents, ëc. passoient ces
morceaux comme ennuyeux.
C'est cependant
dans ces endroits oùl'harmonie
peut se faire mieux
sentir que dans ces vivacitez,
où, comme je viens de
dire, la baffe passant trop
legerement, & ne faisant
que friser le dessus,ne peut
faire d'harmonie.
Mais si cette musique figurée
convient aux paroles
Italiennes & Latines, pourquoy
y veut-on assujettir la
Langue Françoise ?Un Italien
se gouverne-t-ilcomme
un François? Leurs
goûts, leurs habits, leurs
moeurs, leurs manieres leurs plaisirs , ne sont-ils pas
differens ? Pourquoy ne
veut,on pas qu'ils le soient
aussi dans leurs chants?Un
Italien chante-t-il comme
le François?Pourquoy veuton
que le François chante
comme l'Italien? Chaque
pays, chaque guise, il faut
que chacun demeure chez
soy. Pourquoy veut-on ha- 1* ~ndo tris Rome more tu vivito Roma; 10- nido tris alibi, vivito sientibi.
biller la Mufe Françoise en
masque
, & la rendre extravagante,
elle dont la
langue est si sage & si naïve,
& ne peut souffrir la
moindre violence, est en-
-
nemie des fréquentes repetitions,
de ces grands roulemens,
de ces longues tenuës
que l'on supporte dans
la Musique Italienne ou
Latine ?
On peut ici comparer la
Musique Françoise à une
belle
femme
dont la beauté
simple naturelle & sans art,
attire les coeurs de tous ceux
qui la regardent, quin'a
qu'à se montrer pour plaire,
sans craindre d'être défaite
par les minauderies affectées
d'une coquette outrée- v
qui cherche à mettre les
gens-dans son parti à quelque
prix que ce soit, à qui
nous avons comparé la
Musique Italienne. .j! u* Je pourrois encore ici,
rapporter l'autorité du beau
sexe, auprés de qui la Muse
Italienne a peine à trouver
grâce, quis'ennuye
d'un quart-d'heurede fonnates
, & qui aime mieux
entendre chanter Sangaride
ce jour,& jouer les songes
agreables, que toutes les
batteries & les harpegnemens
d'un violon touché
sçavamment auquel elles
ne connoissent rien, & ne
sentent rien qui les attire:
on a beau lui dire que cela
est sçavant,beau, sublime,
que c'est un tel auteur Italien
qui les à faits, cela est
fort beau,disent les Dames,
mais - nous n'en voulons
plus, ce font pourtant elles
qui decident du mérite 6c
du dessin des ouvrages, ôc
a qui. nous devons chercher
à plaire, & sur-tout
dans cet art qui semble être,
fait pour elles. Ilfautcependantavouer
que quelques-uns de nos
habilesMaîtres ont trouvé
le secret d'allier fort sçavamment
le goût naturel
du François avec le brillant
&.le sçavant de l'Italien,
dans des cantates qui font
entre les mains de tout le
monde, & qui font des
chef-d'oeuvres en cette espece,&
pour la Musique-
& pourlaPoësie, qu'il leur
suffise donc d'avoir montré
aux Italiens que les François
pouvoient porter aussi loin
qu'eux le génie&;le sçavoir
tant dans les cantates
que dans les sonnates:mais
pour cela le bon goût simple
& naturel du François
doit-il être méprisé, quand
les Italiens pour le perfectionnercommencent
euxmêmes
à l'imiter?
Ces sortes d'ouvrages en
ont produit une infinité
d'autres ,les cantates & les
sonnates naissent ici fous
les pas, un Musicienn'arrive
plus que la sonnate ou
la cantate en poche, il n'y
en a point qui neveuillefaire
son livre, être buriné, &
ne pretende faire assaut
contre les Italiens, & leur
damer le pion, à peinele
Poëte y peut-il suffire;il y
a même telles paroles qui
ont souffertplus d'une fois
Ja torture, de la Musique
Italienne, enfin les cantates
nous étouffent ici: j'en ai
entendu qui duroient une
heure, montre sur la table,
ensorte qu'on étoit obligé
de demander quartier, ou
de quitter la place.Qu'est
donc devenu le bon goût t
faudra-t-il qu'il expire ainsi
sous le fatras de toutes ces
cantates? que diroient les
Lambert, les Boësset, les
le Camus, les Babtistes,s'ils
revenoient au monde, de
voir le chant françois si
changé, si avili & si défiguré?
Je suis persuadé que
nos illustres Maistres ont
trop de goût & trop de
science pour l'abandonner
comme il paroist par leurs
propres ouvrages, dont les
endroits les plus gracieux,
& qui plaisent le plus, font
traitez dans le goust fran- * çois, où ils ont sçû mélanger
le bon des Italiens,'
&en ont laissé là le mauvais
, qu'ils rendent justice
au héros & au Ciceron de
la Musique francoise, je
veux dire à Lully *,qu'ils
admirent la grandeur ôc
l'élevation de son genie
au milieude cette naïve
simplicitédépourvûë de
tous ornemens étrangers,
& qui semble devoir tomber
fous les sens de tout Ic
'*l\ogtitLully.
monde. A-t-il voulu peindre
l'amour rendre, quel
coeur ne s'attendrit-il pas,
quel chant, quel naturel,
quelle harmonie dans ses
duo? ne devineroit-on pas
les paroles de ses recits à
en entendre feulement les
chants? ôc n'est-ce pas une
veritable declamation que
son récitatif? A-t-il voulu
exprimer la douleur, les
rochers ne gemissent-ils pas
avec lui? a-t-il voulu peindre
la fureur, lavengeance
,quel coeur ne ressent
pas de secrets fremissemens
? quel feu & quelle
vivacité dans ses airs de vid
Ion, quand il a voulu exprimer
la vitesse dessougueux
aquilons ou des
transports des furies? Si la
joye s'empare de la scene,
tous les peuples, tous les
bergers fautent & dansent
au
son
de ses musettes;l'horreur
& l'effroy s'empare de
nôtreame,s'il veut faire
quelque enchantement ou
evoquer les manes des enfers
; quelle tranquilitéassoupissante
nese répand
pas dans l'ame s'il veut endormir
dormir ou calmer ses heros
agitez ? s'il fait sonner la
trompette l'humeur martialle
ne saisit-elle pas ses
auditeurs, & n'est-on pas
prêt de courir aux armes
& de monter à l'assaut?s'il
veut préparer ou annoncer
quelque oracle,quelle gravité
ou quelle noblesse dans
ses fimphonies ? on diroit
que comme un scavant
Peintre il a scû avec ses
fons peindre pour ainsidire
les mouvemens de toutes
les passions du coeur de
l'homme. A t, il eu recours
pour. cela à tous ces faux
brillans & les ornemens deplacez
de la Musique Italienne
? rien n'est il plus
simple & plus naturel que
sa composition qui est à la
portée de tout le monde, &
en même temps riens desi
élevé, de si noble, & de si
spirituelle pour l'expres.
fion ? Quoy qu'il soit fort
scavant, le goût seul & le ,
genie semblent avoir été
ses guides, lk capable de
préscrire des regles nouvelles
àceux qui les suivroient
il semble quelquefois
avoir negligé les anciennes
, & s'être mis audessus
d'elles. Il faut avouer
aussiquec'est ce qui fait la
meilleure partie du Musicien
que le génie,c'est lui
qui fait aussi les Peintres
& les Poëtes ; car on peut
dire queces trois sciences
se donnent la main,&
peuventpasser pour trois
soeurs:onvoit peu de Peintresqui
nesoientaussi uti
peu ., Musiciens, &.;; qui
n'ayent du goût pour ces
deuxarts; la Musique n'est
elle pas une poësie &une
peinture sonore & harmonieufe?
la peinture & la poësie
ne sont-elles pas conu
posées d'une aimable harmonie
, d'un mélange &
d'un contraste de couleurs,
& de pensées melodieusement
enchaînées? J.
?'J
Il nesuffit doncpas seulement
de régles dans les
arts; il faut être encore inspiré&
animé dece beau
feu quelamaigrenedonne
pasà tout le monde,&qui
àfaitles Titiens & les Lebrun,
lesCorneilles & les
Racines, lesCarissimi &
les Babtistes, & tant d'autres.
Il faut dans ces arts
sçavoir inventer bercer,
outre qu'il faut qu'un CQm-,
positeur possede parfaitement
la langue dans laquelle
il travaille, connoisse
les syllabes rudes surlesquelles
il faut passer legerement
, & celles qui sont
harmonieuses & amies du
chant.Il seroit même àsouhaiter
que le Musicien fût
aussiPoëte pour ajusterles
paroles à on chant,&que
tour, l'ouvrage coulât, de source.
Ce n'est point assez de
sçavoir préparer ou sauver
des dissonances; il faut encore
sçavoir les placer à
propos ou elles conviennent
pour l'expression, les
mettre dans leur jour pour
qu'elles fassent leur effet,
ôc qu'elles fervent comme
d'ombres au tableau, en
faisant valoir les consonances
par opposition, n'en pas
diminuer la force par le.
trop frequent usage, comme
font les Italiens, dont
la musique trop rempliede
dissonances revolte quelquefois
les oreilles: mais
se garder de tomber dans
la monotomie
,
qui est le
vice contraire, & que les
Italiens pourroient plûtôt
nous reprocher.
Les réglés de l'harmonie
ne montrent pas àfaire un
beau chant, qui en est l'ame,
à imaginer un dessein,
à bien rendre l'expression
des paroles, à sçavoir placer
les cadences aux sens
finis, comme les points &
les virgules dans le discours;
à sçavoir changer de
mode quand les paroles
changent decaractere &
de sentiment. Un bon Matematicien
possède à fonds
les regles de la composition&
est un fort mauvais
compositeur. J'ai composé
jadis sans regle & sans science
; & ayantacquis depuis
quelques connoissances,j'ai
revu mes premiers ouvrages,
& j'ai trouve quej'aurois
peine à mieux faire
avec des regles. Il y en a
cependant d'essentielles,&
dont la connoissance est necessaire
: mais lesveritables
ôc lesmeilleures sont celles
que
que le goût &l'oreille vous
inspire. Vous trouvez dans
ces regles beaucoup de con- traditions, & les Italiens
n'en paroissent pas de fort
rigides observateurs : elles
ne font la plûpart fondées
que sur le caprice. J'ai vû
quelques-uns de ces traitez
de musique, & quoique
fort profonds & sçavans,
je n'ensuis pas devenu plus
habile en les lisant
; au contraire
j'en fuis forci plus embarassé.
Ils vous apprennent
bien ce qu'il faut éviter,
qui sont desinconveniens.
où l'oreille feule
nous défend de tomber
mais ils ne nous instruisent
point comment il faut s'y
prendre pour faire une
compoficion gracieuse &
de bon goût C'est donc le
genie naturel seul qui fait
le Musicien.
Si l'on reproche à Lully
d'avoir employé rarement
les tons transposez, ce n'est
pas qu'ilen ignorât l'usage:
mais c'est qu'il s'accommodoit
aux
lujets qu'il avoir
& au goût du temps;qu'il
sentoit qu'un chant n'en
étoit pasplus beau pour être
transposé d'un demi ton
plus haut ou plus bas; &
qu'une musique difficile ou
recherchée, quoique belle,
ne laisse pas que d'avoir un
défaut, qui est que rarement
elle est bien executée,
parce que le nombre
des sçavans est rare, & ainsi
rejettée; au lieu qu'une
bonne musique en est encore
meilleure quand elle
est facile, puis qu'elle est
susceptible d'une meilleure
execution, qui est l'ame de
lamusique; qu'elle invite
d'elle-même à être chantées
quelle est plus de commerce
dans le monde
, étant
plus à laportée des honnêtes
gens qui l'executent ce
qui doit être son but& sa
recompense
; au lieu que
la musique difficile effarouche
& dégoûte
,
ôc n'est
bonne que pour les Musiciens
de profession.
Peut-être auroit-ilsuivi
une autre route ,
maintenant
que tous les Musiciens
sont autant d'illustres compofiteurs
,
& que tousles
écoliers sont autantde maîtres.
:.;.
Cependant ceux qui sont
aujourd'hui entêtez de la
MusiqueItalienne ne peuvent
souffrir la Musique
Françoise, & la regardent
comme une musique fade
,&; sans goût: les Opera anciens
les endorment, ils n'y
sentent rien qui les rappelle,
ils n'y trouvent que des
tons naturels, des mouvemens
faciles;ils veulent
quela clefsoit surchargée
de dieses ou de b mois;que
la B. C.soit brodée & remplie
de tous les chiffres d'arithmetique;
qu'on invente
pour eux des tons transposez,&,
nouveaux ,&,,des
mouvemens extraordinaires;
que la baffe herissée
d'harpegnemes &d'acords
coure toûjours la poste ;enfin
ne trouvent pas une musique
bonne qu'elle ne soit
difficile. A peine peuventils
se resoudre à la regarder
quand il n'y a quedes blanches
ou des noires,& des
mouvemensà2 &a3temps,
cw.o» mme si toutes les mesu-
'"-- .t t »
,
res Italiennes ne revenoient
pas à ces deux mesures. Ne
va-t-on pas reduire la mesure
à deux temps à celle de
quatre, en renfermant deux
mesures en uneseule? Le 4
pour 8 nerevient-il pas à
nos deux temps legers? ôc
les mesures de 6 pour 8,
de 3 pour 8 & de 12 pour
8 ne reviennent-elles pas
toutes à la mesure de trois
temps, battuë plus ou moins
vîte, quoy qu'elles se battent
a 2 & à 4 temps,dont
chaque temps renferme
une de nos mesures à trois
temps?Ce n'est donc qu'une
maniere differente de
s'exprimer, qui est bonne
en soy <3e donne le caractere
de la piece pour la lenteur
ou la legereté, & a plus
defacilité pour être battuë;
carcommeil n'y a en general
que 2. modes differens,
le mineur & le majeur,ilny
a aussi en general que 2.mesures
,
celle à 2. temps ôc
celle à
3. Envainvoudroiton
en imaginer d'autres. Il
seroit aisé, pour contenter
ceux qui, aimentle ragoût
sduesrteosnesxttrraanosrpdoinsaezir,else&s mlees^
basses doublées, de transposer
un de nos Operaun
demi-ton plus bas ou plus
haut, doubler leurs basses
continuës ';& en reduire les
mesures à la maniere Italienne.
- Ils deviendroient
alors deplus difficile execution
,
mais perdroient la
moitié de leur beauté.Un
compositeur n'est-il pas
bien glorieux d'avoir fait
une piecesitransposée,pleine
de si & de mi b quatre,
& d'une si grande vîtesse,
que personnenesçauroit y
mordre,qu'il déchiffre à
peine lui-même. Voila une
piece, dit-il, que je défie à ,
tous les violonsd'execucer
y & à tous les clavecins d'en
trouver les accords sur le
champ; gardez -la donc
pour vous, mon ami: ces
forces de pieces ne font bonnes
qu'à renfermer dansle
cabinet pour la rareté, &
pour montrer qu on en peut
faire
: mais ne peuvent être
d'aucun usage que parmi
- les maîtres de l'art.
Les chants en deviennent-
ils plus beaux & plus
harmonieux pour être sur
des tons transposez ? l'harmonie
en est-elle meillcure
? Au contraire, on peut
dire qu'elleest forcée, que
ces tons ont peu de justesse
sur les instrumens
,
& princi
palement sur le clavecin,
où les seintes devroient être
coupées pour y donner le
veritable temperament;
car quelle apparence qu'une
touche serve de b mol &
deb quarre dans l'autre,
sans perdre de sa justesse?
l'asse encore sur les autres
instrumens comme sur le
violon, où avançant plus
ou moins le doigt sur la
corde,on peutmodifierces
sortes de demi-tons & les
rendre plus justes. J'ai entendu
un de nos illustres
preluder sur son violon, de
quelque maniere qu'ilfût
accordé, &ne suivre, pour
tirerses sons,d'autre regle
que son oreille, & non celle
du manche qui se trouvoit
alors dérangé.
Enfin de ces deux partis
differens il en resulte un
troisiéme plus raisonnable,
& moins entêté que ces
deuxautres, qui est celui
des gens sages & des gens
de goût, qui ne se laissant
point prévenir ni pour l'un
ni pour l'autre, vrais amateurs
de la musique, goûtent
l'une & l'autre composition,
quandelle est bonne
& bien executée,& sans
donner dansle goût pedant
&sçavant, ne vont point
épiloguer sur deux octaves
de [ujrc, sur une septiéme
ou une neuviéme bien ou
mal preparéeou sauvée;ne
méprisent point une musque
,parce qu'elle est trop
aisée, ou parce qu'elle est :
trop difficile
} ne la condamnent
point commepillée,
parce qu'il y aura quelques
bouts de chant que
ressembleront
: mais rendent
justice à la Musique
Françoise dans son caractere
& à la Musique Italienne
dans le sien, & conviennent
que l'on pourroit
faire ungenre de musique
parfait, si l'on pouvoit joindre
le goût sçavant & ingenieux
de l'Italien au bon
goût naturel Ôc simple du
François: mais cependant
qu'un Italien doit chanter
en Italien,&leFrançois
enFrançois. Je suis,&c.
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Résumé : Dissertation sur la Musique Italienne & Françoise.
L'auteur d'une dissertation sur la musique italienne et française exprime son opinion sur la prédominance actuelle du goût italien. Il reconnaît la supériorité de la musique italienne dans la science et l'invention, notamment dans les cantates et les sonates, admirant la vivacité des imitations, la variété des chants et l'harmonie savante des Italiens. Cependant, il critique les ornements trop fréquents et déplacés de la musique italienne, qui étouffent l'expression et rendent les œuvres obscures. L'auteur compare la musique italienne à une coquette, toujours en mouvement et cherchant à briller sans raison. Il note que la musique italienne traite souvent des sujets sérieux de manière comique et est plus adaptée aux ariettes et aux chansonnettes qu'aux grands sujets. En revanche, la musique française traite les sujets héroïques avec plus de noblesse et convient mieux au cothurne. Il critique également les intervalles bizarres et les tenues des chants italiens, difficiles à entonner juste et impatientes pour l'auditeur. L'auteur apprécie les sonates italiennes pour le violon mais les trouve inadaptées à une grande orchestration. Il conclut en comparant la musique française à une belle femme naturelle et sage, contrairement à la musique italienne, coquette et affectée. Il reconnaît que certains maîtres français ont su allier le goût naturel français au brillant italien, créant ainsi des chefs-d'œuvre. Cependant, il déplore que la mode des cantates et des sonates en France ait conduit à une surproduction d'œuvres imitant les Italiens, souvent au détriment du bon goût français. L'auteur exprime son admiration pour les maîtres français comme Lully, dont la musique est simple, naturelle et expressive. Lully sait mélanger le bon des Italiens tout en évitant leurs excès. Sa musique est capable de peindre toutes les passions humaines avec une grande simplicité et noblesse. Le texte se termine par un appel à un genre de musique parfait, combinant le goût italien et le naturel français, tout en respectant les caractéristiques de chaque tradition.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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9
p. 222-225
AIR A BOIRE.
Début :
On mettra toûjours les paroles de chaque Air d'abord sans Musique, / Il n'est point icy bas de plaisir sans chagrin : [...]
Mots clefs :
Plaisir, Chagrin, Musique, Destin, Paroles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AIR A BOIRE.
On mettra toujours lesparoles
de chaqueAird'abordsansMufique,&
dans la feüille suivante
, les paroles avec U Note ,
afin que si lafeuille volante de
la Musique embarasse ceux qui
ne sisoucient point àu chant,
ilspuissent la décoller & que les
paroles ressent. La Musique de
celle cy est de Ad* Dubrteuil.
AIR A BOIRE.
Il n'est point icy bas de plaisir
sans chagrin:
C'est un Arrest du Destin.
Quand mon oeilse delecte à voir
ce jus divin,
Mon gosiers'impatiente,
Ma soifredouble & me tour,
mente,
Etlors qu'en avallant mon gasier
se contente,
Mon oeil voit à regretdisparoître
levin.
Il n'est point icy bas deplaisirsans
chagrin.
-C'est un Arrest du Destin.
Ab ! goûtons icy bas un plaisir
Bravons l'Arrest du Destin.
Voicy deux rouges bords que Bac-
, cus mepresentey
En buvant l'un,je voyl'autre
tout plein,
Mon gosiersedelccte,&mmoeil
se contente.
Ab ! je goûte icy bas un plaisir
sans chagrin,
Malgrél'ArretduDestin.
de chaqueAird'abordsansMufique,&
dans la feüille suivante
, les paroles avec U Note ,
afin que si lafeuille volante de
la Musique embarasse ceux qui
ne sisoucient point àu chant,
ilspuissent la décoller & que les
paroles ressent. La Musique de
celle cy est de Ad* Dubrteuil.
AIR A BOIRE.
Il n'est point icy bas de plaisir
sans chagrin:
C'est un Arrest du Destin.
Quand mon oeilse delecte à voir
ce jus divin,
Mon gosiers'impatiente,
Ma soifredouble & me tour,
mente,
Etlors qu'en avallant mon gasier
se contente,
Mon oeil voit à regretdisparoître
levin.
Il n'est point icy bas deplaisirsans
chagrin.
-C'est un Arrest du Destin.
Ab ! goûtons icy bas un plaisir
Bravons l'Arrest du Destin.
Voicy deux rouges bords que Bac-
, cus mepresentey
En buvant l'un,je voyl'autre
tout plein,
Mon gosiersedelccte,&mmoeil
se contente.
Ab ! je goûte icy bas un plaisir
sans chagrin,
Malgrél'ArretduDestin.
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Résumé : AIR A BOIRE.
Le texte présente une méthode de présentation des paroles et de la musique dans des feuilles volantes. Les paroles apparaissent d'abord sans musique, permettant de détacher la feuille musicale. La musique de l'air 'AIR A BOIRE' est composée par Ad* Dubrteuil. Cet air reflète la nature éphémère des plaisirs, soulignant que tout plaisir est accompagné de chagrin. Il décrit la frustration de boire du vin et encourage à profiter des plaisirs malgré cette fatalité.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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10
p. 1139-1152
Endymion, Extrait, [titre d'après la table]
Début :
Le Jeudi 21. de ce mois, l'Académie Royale de Musique, donna la premiere [...]
Mots clefs :
Académie royale de musique, Scène, Avertissement, Musique, Paroles, Satire, Acte, Fête, Amour, Bergers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Endymion, Extrait, [titre d'après la table]
LRO
E Jeudi 21. de ce mois , l'Académie
Royale de Musique,donna la premiere
Représentation d'Endymion , Pastorale héroïque
, sans Prologue. Les paroles sont
de M. de Fontenelle , et la Musique , de
M.de Blamont. On apprend dans un petit
Avertissement à la tête du Poëme imprimé
, que cette Piece n'est pas entierement
telle que le Public l'avoit depuis longtemps
imprimée avec d'autres Ouvrages
de la même main.
Pan ouvre la Scene , suivi d'un Satyre
et de Lycoris , Confidente de Diane ; ils
tâchent de le détourner de l'amour qu'il
a pour Diane ; il ne se rend pas à leurs sages
conseils , et s'exprime ainsi .
Je ne sens point mon coeur effrayé des obstacles ,
Pour les surmonter tous, il est d'heureux moiens;
Mais quand l'Amour fait des miracles ,
Ce n'est pas en faveur des timides Amans .
Pan se retire ; Diane vient , Lycoris lui
dit qu'elle est heureuse de ne point trouver
Pan qui vient de quitter ces lieux ,
Giij
ct
140 MERCURE DE FRANCE
et qui n'auroit pas manqué de l'entretenir
d'un amour importun .
La Bergere Ismene vient prier Diane
de la recevoir parmi ses Nymphes. L'indifference
d'Endymion , qu'elle aime encore
, quoiqu'elle se flatte de ne le plus
aimer , est le motif qui la porte à cette
résolution ; Diane se défie d'un desseinsi
précipité , et dit à Ismene qu'elle aime
encore Endymion ; Ismene se sentant trop
presser , dit enfin à la Déesse :
Si j'aime encor , helas ! permettez que j'implora
Votre secours pour n'aimer plus.,
Diane appelle ses Nymphes à qui elle
ordonne de recevoir Ismene parmi elles..
La ceremonie de cette reception fait la
Fête de ce premier Acte ; la Déesse `donne
l'Arc et le Carquois à la nouvelle-
Nymphe..
Après la Fête , Diane qui aime en secret
Endymion, fait entendre qu'Ismene choisit
mal son azile , dans une Cour dont
la Souveraine n'a pû se deffendre d'aimer..
Lycoris n'oublie rien pour la dégager
d'un amour indigne d'un coeur aussi
grand que le sien ; elle lui répond :
Je rougis de ma tendresse ,.
Et non pas de son objet.;,
L'aie
MAY. 1147 17312
L'aimable Berger que j'adore ,
N'a pas besoin d'un rang qui s'attire les yeux
Il a mille vertus que lui-même il ignore ,
Et qui feroient l'orgueil des Dieux.
Le premier Acte finit par ces beaux
Diane chante . Vers
que
Un éternel silence ,
Cachera cet amour dont ma gloire s'offense
En secret seulement j'oserai soupirer :
Je languirai sans esperance ,
Et craindrai même d'esperer.
Au second Acte le Théatre représente
un Temple rustique que les Bergers ont
élevé pour Diane , et qui n'est pas encore
consacré.
Endymion fait connoître ce qui l'engage
à consacrer ce Temple à Diane par
ces Vers qu'il dit à Eurylas, son Confident.
Jamais par des soupirs mon amour ne s'exprime;
par des Autels je le marque sans crine ;
Ce détour , ce déguisement ,
Du moins
Convient à mon respect extrême ,
Et mon coeur pour cacher qu'il aime ,
Feint qu'il adore seulement.
Eurylas combat autant qu'il lui est
Giiij possible
1142 MERCURE DE FRANCE
possible , un amour qui ne peut que condamner
son ami à un supplice éternel.
La consécration du Temple fait la Fête
de ce second Acte ; comme les Bergers
pour faire leur cour à l'insensible Déesse ,
déclament contre l'Amour ; elle vient
elle-même leur imposer silence par ces
Vers :
Bergers , jusqu'en ces lieux votre hommage
m'attire ;
De sinceres respects sçavent charmer les Dieux ;
Mais je dois arrêter des chants audacieux ,
Que trop de zele vous inspire.
Il suffit de fuir les Amours ร
Et d'éviter leur esclavage ;
Mais par de superbes discours ,
Il ne faut pas leur faire outrage.
Diane congédie les Bergers , et fait connoître
à Lycoris pourquoi elle vient de
leur imposer silence ; voici comme elle
s'explique :
Endymion ordonnoit cette Fête ,
Lui , dont mon coeur est la conquête ;
En outrageant l'Amour il croyoit me flatter ;
Excuse ma foiblesse ;
Son erreur blessoit ma tendresse ,
Etje n'ai pû la supporter.
Comme
MAY. 1731 . 1143
Comme Lycoris lui fait entendre qu'elle
veut par là enhardir Endymion à soupirer
pour elle ; la Déesse lui répond ;
Pourrois-je le vouloir, Ciel ! quelle honte ! helas!
Du moins si je le veux , ne le penetre pas.
al-
Le Théatre représente un lieu champêtre
au troisiéme Acte . Le silence que
Diane vient d'imposer aux Bergers dans
l'Acte précedent , occasionne ce qui se
passe dans celui- dans celui - cy . Pan se flatte que la
Déesse n'est plus insensible , puisqu'elle
prend le parti de l'Amour , et ne doute
point que ce ne soit lui qui ait produit
ce grand changement dans le plus superbe
de tous les coeurs ; il sort pour
ler préparer une Fête à l'honneur de la
Déesse , dont il se croit aimé. Endymion
qui vient d'être témoin du triomphe chimerique
du Dieu des Bois , a assez de
facilité pour le croire réel ; il ne peut
supporter que Diane ait fait un choix.
si indigne d'elle ; il se détermine à redemander
Ismene à la Déesse , d'autant plus
que cette Nymphe lui avoit été destinée
pour épouse ; voici comment il s'explique
en parlant à Eurylas :
Toi-même, tu m'as dit qu'en épousant Ismene ;
Et son amour , et mon devoir ,
G v Se
1144 MERCURE DE FRANCE
Se seroient opposez au penchant qui m'en
traîne ;
Je veux essayer leur pouvoir ;
Je veux redemander Ismene à la Déesse ;
Heureux si de ses mains je pouvois recevoir ;
Ce qui doit venger, ma tendresse !;
Diane vient ; Endymion lui redemande
Ismene ; la Déesse en est mortellement
frappée mais elle dissimule sa douleur ,,
et dit à Endymion :
;
Allez ,je résoudrai ce qu'il faut que je fasse ;;
Et vous sçaurez mes volontez.
Diane se trouvant seule , exprime sa
douleur er sa jalousie par ce Monologue ,
Ou suis-je ? Endymion pour Ismene soupire !!
Et moi , je me livrois au charme qui m'attire !
Déja je trahissois le secret de mon feu;
Après une foiblesse inutile et honteuse ,,
Après avoir en vain commencé cet aveu.15.
Quelle vengeance rigoureuse. .....
Mais quoi? ne dois- je pas me croire trop heureuse .
Que l'ingrat m'entende si peu , &c..
Elle forme la résolution de ne point
rendre Ismene, de redevenir Diane , c'està-
dire , mortelle ennemie de l'Amour et
des,
MA Y. 1731. 1145
des Amans ; elle finit cette Scene par ces
deux Vers :
Je vois le Dieu des Bois ; faut- il que je l'entende ?
Ma peine ,ô Ciel ! n'est donc pas assez grande.
Pan , suivi des Faunes , des Sylvains:
et des Driades , déclare hautement son
amour à la Déesse ; il la fait reconnoître
pour Souveraine des lieux où il regne
lui- même ; la Fête étant finie , Diane lui
répond froidement ::
A recevoir vos soins j'ai voulu me contraindre ;
Peut-être en les fuyant j'aurois párû les craindre;
Quan don est trop severe, on se croit en danger ::
Je veux vous annoncer d'une ame plus tranquille
Que votre amour est inutile ,
Et qu'il faut vous en dégager..
Diane se retire ; Pan ne respire que
vengeance , mais le Satyre , son Confident,
lui conseille de ne se venger de cette superbe
Déesse , qu'en formant une nouvelle
chaîne.
Ismene commence le quatrième Acte,,
elle expose ce qui se passe dans son coeur
par ce beau Monologue :
Sombres Forêts , qui charmez la Déesse 7 ,
Doux azile ou coulent mes jours ;
Gvj Plaisirs
1143 MERCURE DE FRANCE
1
Plaisirs nouveaux qui vous offrez sans cesse ,
Pourquoi ne pouvez- vous surmonter ma tristesse
Ah ! j'attendois de vous un plus puissant secours.
Qui peut me rendre encor incertaine , inquiéte §
J'aimois un insensible , et ce que j'ai quitté ,
Ne doit pas être regretté ;
Cependant sans sçavoir ce que mon coeur regrette,
Je le sens toujours agité.
Sombres Forêts , & c.
Diane vient annoncer à Ismene qu'En-
'dymion la redemande ; elle lui ordonne
de lui parler sans feinte ; Ismene n'ose
croire ce que la Déesse lui dit : Diane la
de lui dire si elle veut renoncer à
presse
vivre sous ses loix ; Ismene lui répond :
Vous sçavez qu'à jamais je m'y suis asservie ;
Rien ne peut ébranler ma foi :
A suivre d'autres loix , si l'Amour me convie ,
L'Amour , sans votre aveu , ne peut plus rien sur
moi.
Diane la congédie en lui donnant une
esperance équivoque.
Lycoris felicite Diane de la victoire
qu'elle vient de remporter sur l'Amour
Diane fait connoître la violence qu'elle
se fait par des Vers très passionnez .
Endymion vient ; Diane lui dit qu'elle
lui
MAY. 1731. 1117
lui accorde Ismene ; Endymion est frappé
de ce bienfait comme d'un coup mortel
; il se plaint d'avoir obtenu ce qu'il a
demandé ; il fait entendre à la Déesse
qu'elle n'auroit pas dû exaucer des voeux
mal conçûs ; il lui déclare qu'il aime un
objet adorable , mais que du moins il a
tenu son crime secret , et qu'il n'a jamais
été assez audacieux pour en faire l'aveu :
emporté par sa passion , il en dit plus
qu'il ne croit , l'étonnement de Diane
qu'il prend pour un sentiment de colere ,
lui persuade qu'il est criminel à ses yeux;
il l'exprime par ces Vers :
Qu'ai-je dit ? quel transport !
Ciel ai - je rompu le silence ?
L'amour à mon respect a-t'il fait violence ?
Ah ! vos yeux irritez m'instruisant de mon soft
J'y vois tout mon malheur et toute mon offenses
Mon feu s'est découvert , j'ai mérité la mort.
Diane est retirée du doux embarras où
elle se trouve par une des heures de la
nuit , qui vient l'avertir que le Soleil est
prêt à se plonger dans l'Onde et qu'il
est temps qu'elle le remplace pour éclairer
l'Univers ; la D'esse ordonne que son
Char descende , les vents à qui elle commande,
executent ses loix, pendant qu'une
partic
1148 MERCURE DE FRANCE
partie des heures de la nuit prend soin
d'atteler son Char , les autres celebrent
une Fête , dans laquelle son insensibilité
est chantée ; voici comment cet Hymne
est composé ::
Quand la nuit dans les airs répand ses voilea
sombres ,
Vous recommencez votre cours ;:
D'un seul de vos regards vous dissipez les ombres,
Qui favorisoient les Amours .
Du Dieu qui regne dans Gythére ,.
Vous troublez les soins les plus doux
Vous en bannissez le mystere ; .
Vous éclairez les yeux jaloux..
Après la Fête , Diane monte dans son
Char ; Endymion desesperé , forme la résolution
d'aller finir ses jours dans le fond
de quelque Antre affreux ..
La Décoration du cinquiéme Acte ,.
représente un Antre du Mont Latmos .
Les Amours endorment Endymion ; une
clarté qui perce les voiles de la nuit leur
annonce Diane Amante ; ils se retirent de :
peur de l'empêcher de se montrer.
Diane fait connoître le dessein qui l'a--
mene en ces lieux ; elle craint qu'Endymion
ne se livre trop à son desespoir ,.
elle balance entre sa gloire et son amour ;
Ce
M A Y.. 17312 1749
ee dernier l'emporte; Endymion se reveil
le ; à l'aspect de Diane , il ne doute pointque
cette Divinité offensée ne soit venuë
pour le punir de sa témerité ; Diane le
rassure. Leur Dialogue finit par ces Vers
Endymion .
Je ne vois point que vous êtes Déesse .
Diane.
I ne vois point que vous êtes Berger..
Ils forment le dessein de dérober lenre
amours au reste de l'Univers ; l'Amour
paroît , et leur dit qu'il ne veut pas que
l'Univers ignore sa plus brillante victoi
re ; tout ce que Diane peut obtenir de
lui , c'est qu'il ne triomphera que dans
ces lieux témoins de sa tendresse ; il or
donne à l'Antre et à la Nuit de disparoî
tre . Le Theatre change et représente un
Jardin délicieux ; les Amours , les Jeux .
et les Plaisirs , celebrent le triomphe de
l'Amour ; Diane rend graces à l'Amour:
par ces Vers :.
Dieu favorable ,,
Dieu secourable ,,
Dieu des Amants
Que tes biens sont charmants 4 !
Ta douce flamme,
Bannit
1150 MERCURE DE FRANCE
.
Bannit d'une ame ,
Le souvenir de ses tourmens,
Si dans tes chaînes ,
Il est des peines ,
Que de plaisirs ,
Succedent aux soupirs !
Douceur extréme ,
Bonheur supreme
Tu vas plus loin que les desirs
Dieu favorable , &c .
La Dlle. Pelissier et le sieur Tribou
joüent les principaux Roles de cet Opera
avec toute l'intelligence et la finesse pos
sible. Les Roles de Pan et d'Ismene sont
remplis par le sieur Chassé , et par la Dlle.
Julie , ceux de Lycoris et d'Eurylas , par
la Dlle . Petitpas et par le sieur Dun.
Les deux Décorations du cinquième
'Acte sont du Signor Alexandre Mauri ,
Peintre Italien , nouvellement arrivé en
France.
On joua à Londres le 17. du mois dernier
un nouvel Opera Italien sous le
titre de Rénaud et Armide , qui a beaucoup
de succez .
On mande de la même Ville que quelques
jours auparavant on représenta sur
lc
MAY. 17317 115
le Théatre de Lincols - inn - fields , la Comedie
des Fourberies de Scapin , au profit
de la Dlle. Marie Salé , fameuse Danseuse
de l'Opera de Paris , que le Roy , la Reine
et les Princesses honorerent de leur
présence , et que le concours des Spectateurs
fût si grand , que malgré les Echaffauts
dressez sur le Théatre , où quantité
de Dames se placerent , on fût obligé de
renvoyer bien du monde. Cela faisoit un
spectacle des plus agréables , et la noblesse
, les graces , la finesse et l'Art enfin
avec lequel cette excellente Danseuse
executa les Entrées qu'elle dansa dans differens
Caractéres , la firent généralement
applaudir ; outre la recette entiere de
cette Representation , elle a encore receu
quantité de présens considerables . On sera
sans doute bien aise d'apprendre que la
Dlle. Salé reviendra à Paris au mois de
Juillet prochain,
Le samedi 28. du mois dernier , les
Comédiens François joüerent la Tragédie
de Britannicus , dans laquelle la Dlle . Gossin
,jeune Personne qui a joué en Provinet
en dernier lieu sur le Théatre de
ce ?
Lille parut pour la premiere fois , dans
le Rôle de Junie , qu'elle a joué trois fois ,
y a toûjours été de plus en plus
et elle
aplaudie.
152 MERCURE DE FRANCE
aplaudie. Elle est d'une jolie figure , avec
la voix fort agréable et de l'intelligence .
Elle a joué dépuis le Rôle de Chimene
dans le Cid , et elle a fait voir qu'elle
avoit encore plus de talens qu'on n'avoit
crû. Elle a soutenu la bonne opinion qu'on
a de son merite dans le Rôle de Monime ,
dans Mithridate, dans ceux d'Andromaque
et d'Iphigenie , et elle l'a beaucoup augmentée
dans le Rôle d'Agnés de l'Ecole des
Femmes. Elle danse et chante quelques
couplets dans la Comédie nouvelle de
Italie Galante.
E Jeudi 21. de ce mois , l'Académie
Royale de Musique,donna la premiere
Représentation d'Endymion , Pastorale héroïque
, sans Prologue. Les paroles sont
de M. de Fontenelle , et la Musique , de
M.de Blamont. On apprend dans un petit
Avertissement à la tête du Poëme imprimé
, que cette Piece n'est pas entierement
telle que le Public l'avoit depuis longtemps
imprimée avec d'autres Ouvrages
de la même main.
Pan ouvre la Scene , suivi d'un Satyre
et de Lycoris , Confidente de Diane ; ils
tâchent de le détourner de l'amour qu'il
a pour Diane ; il ne se rend pas à leurs sages
conseils , et s'exprime ainsi .
Je ne sens point mon coeur effrayé des obstacles ,
Pour les surmonter tous, il est d'heureux moiens;
Mais quand l'Amour fait des miracles ,
Ce n'est pas en faveur des timides Amans .
Pan se retire ; Diane vient , Lycoris lui
dit qu'elle est heureuse de ne point trouver
Pan qui vient de quitter ces lieux ,
Giij
ct
140 MERCURE DE FRANCE
et qui n'auroit pas manqué de l'entretenir
d'un amour importun .
La Bergere Ismene vient prier Diane
de la recevoir parmi ses Nymphes. L'indifference
d'Endymion , qu'elle aime encore
, quoiqu'elle se flatte de ne le plus
aimer , est le motif qui la porte à cette
résolution ; Diane se défie d'un desseinsi
précipité , et dit à Ismene qu'elle aime
encore Endymion ; Ismene se sentant trop
presser , dit enfin à la Déesse :
Si j'aime encor , helas ! permettez que j'implora
Votre secours pour n'aimer plus.,
Diane appelle ses Nymphes à qui elle
ordonne de recevoir Ismene parmi elles..
La ceremonie de cette reception fait la
Fête de ce premier Acte ; la Déesse `donne
l'Arc et le Carquois à la nouvelle-
Nymphe..
Après la Fête , Diane qui aime en secret
Endymion, fait entendre qu'Ismene choisit
mal son azile , dans une Cour dont
la Souveraine n'a pû se deffendre d'aimer..
Lycoris n'oublie rien pour la dégager
d'un amour indigne d'un coeur aussi
grand que le sien ; elle lui répond :
Je rougis de ma tendresse ,.
Et non pas de son objet.;,
L'aie
MAY. 1147 17312
L'aimable Berger que j'adore ,
N'a pas besoin d'un rang qui s'attire les yeux
Il a mille vertus que lui-même il ignore ,
Et qui feroient l'orgueil des Dieux.
Le premier Acte finit par ces beaux
Diane chante . Vers
que
Un éternel silence ,
Cachera cet amour dont ma gloire s'offense
En secret seulement j'oserai soupirer :
Je languirai sans esperance ,
Et craindrai même d'esperer.
Au second Acte le Théatre représente
un Temple rustique que les Bergers ont
élevé pour Diane , et qui n'est pas encore
consacré.
Endymion fait connoître ce qui l'engage
à consacrer ce Temple à Diane par
ces Vers qu'il dit à Eurylas, son Confident.
Jamais par des soupirs mon amour ne s'exprime;
par des Autels je le marque sans crine ;
Ce détour , ce déguisement ,
Du moins
Convient à mon respect extrême ,
Et mon coeur pour cacher qu'il aime ,
Feint qu'il adore seulement.
Eurylas combat autant qu'il lui est
Giiij possible
1142 MERCURE DE FRANCE
possible , un amour qui ne peut que condamner
son ami à un supplice éternel.
La consécration du Temple fait la Fête
de ce second Acte ; comme les Bergers
pour faire leur cour à l'insensible Déesse ,
déclament contre l'Amour ; elle vient
elle-même leur imposer silence par ces
Vers :
Bergers , jusqu'en ces lieux votre hommage
m'attire ;
De sinceres respects sçavent charmer les Dieux ;
Mais je dois arrêter des chants audacieux ,
Que trop de zele vous inspire.
Il suffit de fuir les Amours ร
Et d'éviter leur esclavage ;
Mais par de superbes discours ,
Il ne faut pas leur faire outrage.
Diane congédie les Bergers , et fait connoître
à Lycoris pourquoi elle vient de
leur imposer silence ; voici comme elle
s'explique :
Endymion ordonnoit cette Fête ,
Lui , dont mon coeur est la conquête ;
En outrageant l'Amour il croyoit me flatter ;
Excuse ma foiblesse ;
Son erreur blessoit ma tendresse ,
Etje n'ai pû la supporter.
Comme
MAY. 1731 . 1143
Comme Lycoris lui fait entendre qu'elle
veut par là enhardir Endymion à soupirer
pour elle ; la Déesse lui répond ;
Pourrois-je le vouloir, Ciel ! quelle honte ! helas!
Du moins si je le veux , ne le penetre pas.
al-
Le Théatre représente un lieu champêtre
au troisiéme Acte . Le silence que
Diane vient d'imposer aux Bergers dans
l'Acte précedent , occasionne ce qui se
passe dans celui- dans celui - cy . Pan se flatte que la
Déesse n'est plus insensible , puisqu'elle
prend le parti de l'Amour , et ne doute
point que ce ne soit lui qui ait produit
ce grand changement dans le plus superbe
de tous les coeurs ; il sort pour
ler préparer une Fête à l'honneur de la
Déesse , dont il se croit aimé. Endymion
qui vient d'être témoin du triomphe chimerique
du Dieu des Bois , a assez de
facilité pour le croire réel ; il ne peut
supporter que Diane ait fait un choix.
si indigne d'elle ; il se détermine à redemander
Ismene à la Déesse , d'autant plus
que cette Nymphe lui avoit été destinée
pour épouse ; voici comment il s'explique
en parlant à Eurylas :
Toi-même, tu m'as dit qu'en épousant Ismene ;
Et son amour , et mon devoir ,
G v Se
1144 MERCURE DE FRANCE
Se seroient opposez au penchant qui m'en
traîne ;
Je veux essayer leur pouvoir ;
Je veux redemander Ismene à la Déesse ;
Heureux si de ses mains je pouvois recevoir ;
Ce qui doit venger, ma tendresse !;
Diane vient ; Endymion lui redemande
Ismene ; la Déesse en est mortellement
frappée mais elle dissimule sa douleur ,,
et dit à Endymion :
;
Allez ,je résoudrai ce qu'il faut que je fasse ;;
Et vous sçaurez mes volontez.
Diane se trouvant seule , exprime sa
douleur er sa jalousie par ce Monologue ,
Ou suis-je ? Endymion pour Ismene soupire !!
Et moi , je me livrois au charme qui m'attire !
Déja je trahissois le secret de mon feu;
Après une foiblesse inutile et honteuse ,,
Après avoir en vain commencé cet aveu.15.
Quelle vengeance rigoureuse. .....
Mais quoi? ne dois- je pas me croire trop heureuse .
Que l'ingrat m'entende si peu , &c..
Elle forme la résolution de ne point
rendre Ismene, de redevenir Diane , c'està-
dire , mortelle ennemie de l'Amour et
des,
MA Y. 1731. 1145
des Amans ; elle finit cette Scene par ces
deux Vers :
Je vois le Dieu des Bois ; faut- il que je l'entende ?
Ma peine ,ô Ciel ! n'est donc pas assez grande.
Pan , suivi des Faunes , des Sylvains:
et des Driades , déclare hautement son
amour à la Déesse ; il la fait reconnoître
pour Souveraine des lieux où il regne
lui- même ; la Fête étant finie , Diane lui
répond froidement ::
A recevoir vos soins j'ai voulu me contraindre ;
Peut-être en les fuyant j'aurois párû les craindre;
Quan don est trop severe, on se croit en danger ::
Je veux vous annoncer d'une ame plus tranquille
Que votre amour est inutile ,
Et qu'il faut vous en dégager..
Diane se retire ; Pan ne respire que
vengeance , mais le Satyre , son Confident,
lui conseille de ne se venger de cette superbe
Déesse , qu'en formant une nouvelle
chaîne.
Ismene commence le quatrième Acte,,
elle expose ce qui se passe dans son coeur
par ce beau Monologue :
Sombres Forêts , qui charmez la Déesse 7 ,
Doux azile ou coulent mes jours ;
Gvj Plaisirs
1143 MERCURE DE FRANCE
1
Plaisirs nouveaux qui vous offrez sans cesse ,
Pourquoi ne pouvez- vous surmonter ma tristesse
Ah ! j'attendois de vous un plus puissant secours.
Qui peut me rendre encor incertaine , inquiéte §
J'aimois un insensible , et ce que j'ai quitté ,
Ne doit pas être regretté ;
Cependant sans sçavoir ce que mon coeur regrette,
Je le sens toujours agité.
Sombres Forêts , & c.
Diane vient annoncer à Ismene qu'En-
'dymion la redemande ; elle lui ordonne
de lui parler sans feinte ; Ismene n'ose
croire ce que la Déesse lui dit : Diane la
de lui dire si elle veut renoncer à
presse
vivre sous ses loix ; Ismene lui répond :
Vous sçavez qu'à jamais je m'y suis asservie ;
Rien ne peut ébranler ma foi :
A suivre d'autres loix , si l'Amour me convie ,
L'Amour , sans votre aveu , ne peut plus rien sur
moi.
Diane la congédie en lui donnant une
esperance équivoque.
Lycoris felicite Diane de la victoire
qu'elle vient de remporter sur l'Amour
Diane fait connoître la violence qu'elle
se fait par des Vers très passionnez .
Endymion vient ; Diane lui dit qu'elle
lui
MAY. 1731. 1117
lui accorde Ismene ; Endymion est frappé
de ce bienfait comme d'un coup mortel
; il se plaint d'avoir obtenu ce qu'il a
demandé ; il fait entendre à la Déesse
qu'elle n'auroit pas dû exaucer des voeux
mal conçûs ; il lui déclare qu'il aime un
objet adorable , mais que du moins il a
tenu son crime secret , et qu'il n'a jamais
été assez audacieux pour en faire l'aveu :
emporté par sa passion , il en dit plus
qu'il ne croit , l'étonnement de Diane
qu'il prend pour un sentiment de colere ,
lui persuade qu'il est criminel à ses yeux;
il l'exprime par ces Vers :
Qu'ai-je dit ? quel transport !
Ciel ai - je rompu le silence ?
L'amour à mon respect a-t'il fait violence ?
Ah ! vos yeux irritez m'instruisant de mon soft
J'y vois tout mon malheur et toute mon offenses
Mon feu s'est découvert , j'ai mérité la mort.
Diane est retirée du doux embarras où
elle se trouve par une des heures de la
nuit , qui vient l'avertir que le Soleil est
prêt à se plonger dans l'Onde et qu'il
est temps qu'elle le remplace pour éclairer
l'Univers ; la D'esse ordonne que son
Char descende , les vents à qui elle commande,
executent ses loix, pendant qu'une
partic
1148 MERCURE DE FRANCE
partie des heures de la nuit prend soin
d'atteler son Char , les autres celebrent
une Fête , dans laquelle son insensibilité
est chantée ; voici comment cet Hymne
est composé ::
Quand la nuit dans les airs répand ses voilea
sombres ,
Vous recommencez votre cours ;:
D'un seul de vos regards vous dissipez les ombres,
Qui favorisoient les Amours .
Du Dieu qui regne dans Gythére ,.
Vous troublez les soins les plus doux
Vous en bannissez le mystere ; .
Vous éclairez les yeux jaloux..
Après la Fête , Diane monte dans son
Char ; Endymion desesperé , forme la résolution
d'aller finir ses jours dans le fond
de quelque Antre affreux ..
La Décoration du cinquiéme Acte ,.
représente un Antre du Mont Latmos .
Les Amours endorment Endymion ; une
clarté qui perce les voiles de la nuit leur
annonce Diane Amante ; ils se retirent de :
peur de l'empêcher de se montrer.
Diane fait connoître le dessein qui l'a--
mene en ces lieux ; elle craint qu'Endymion
ne se livre trop à son desespoir ,.
elle balance entre sa gloire et son amour ;
Ce
M A Y.. 17312 1749
ee dernier l'emporte; Endymion se reveil
le ; à l'aspect de Diane , il ne doute pointque
cette Divinité offensée ne soit venuë
pour le punir de sa témerité ; Diane le
rassure. Leur Dialogue finit par ces Vers
Endymion .
Je ne vois point que vous êtes Déesse .
Diane.
I ne vois point que vous êtes Berger..
Ils forment le dessein de dérober lenre
amours au reste de l'Univers ; l'Amour
paroît , et leur dit qu'il ne veut pas que
l'Univers ignore sa plus brillante victoi
re ; tout ce que Diane peut obtenir de
lui , c'est qu'il ne triomphera que dans
ces lieux témoins de sa tendresse ; il or
donne à l'Antre et à la Nuit de disparoî
tre . Le Theatre change et représente un
Jardin délicieux ; les Amours , les Jeux .
et les Plaisirs , celebrent le triomphe de
l'Amour ; Diane rend graces à l'Amour:
par ces Vers :.
Dieu favorable ,,
Dieu secourable ,,
Dieu des Amants
Que tes biens sont charmants 4 !
Ta douce flamme,
Bannit
1150 MERCURE DE FRANCE
.
Bannit d'une ame ,
Le souvenir de ses tourmens,
Si dans tes chaînes ,
Il est des peines ,
Que de plaisirs ,
Succedent aux soupirs !
Douceur extréme ,
Bonheur supreme
Tu vas plus loin que les desirs
Dieu favorable , &c .
La Dlle. Pelissier et le sieur Tribou
joüent les principaux Roles de cet Opera
avec toute l'intelligence et la finesse pos
sible. Les Roles de Pan et d'Ismene sont
remplis par le sieur Chassé , et par la Dlle.
Julie , ceux de Lycoris et d'Eurylas , par
la Dlle . Petitpas et par le sieur Dun.
Les deux Décorations du cinquième
'Acte sont du Signor Alexandre Mauri ,
Peintre Italien , nouvellement arrivé en
France.
On joua à Londres le 17. du mois dernier
un nouvel Opera Italien sous le
titre de Rénaud et Armide , qui a beaucoup
de succez .
On mande de la même Ville que quelques
jours auparavant on représenta sur
lc
MAY. 17317 115
le Théatre de Lincols - inn - fields , la Comedie
des Fourberies de Scapin , au profit
de la Dlle. Marie Salé , fameuse Danseuse
de l'Opera de Paris , que le Roy , la Reine
et les Princesses honorerent de leur
présence , et que le concours des Spectateurs
fût si grand , que malgré les Echaffauts
dressez sur le Théatre , où quantité
de Dames se placerent , on fût obligé de
renvoyer bien du monde. Cela faisoit un
spectacle des plus agréables , et la noblesse
, les graces , la finesse et l'Art enfin
avec lequel cette excellente Danseuse
executa les Entrées qu'elle dansa dans differens
Caractéres , la firent généralement
applaudir ; outre la recette entiere de
cette Representation , elle a encore receu
quantité de présens considerables . On sera
sans doute bien aise d'apprendre que la
Dlle. Salé reviendra à Paris au mois de
Juillet prochain,
Le samedi 28. du mois dernier , les
Comédiens François joüerent la Tragédie
de Britannicus , dans laquelle la Dlle . Gossin
,jeune Personne qui a joué en Provinet
en dernier lieu sur le Théatre de
ce ?
Lille parut pour la premiere fois , dans
le Rôle de Junie , qu'elle a joué trois fois ,
y a toûjours été de plus en plus
et elle
aplaudie.
152 MERCURE DE FRANCE
aplaudie. Elle est d'une jolie figure , avec
la voix fort agréable et de l'intelligence .
Elle a joué dépuis le Rôle de Chimene
dans le Cid , et elle a fait voir qu'elle
avoit encore plus de talens qu'on n'avoit
crû. Elle a soutenu la bonne opinion qu'on
a de son merite dans le Rôle de Monime ,
dans Mithridate, dans ceux d'Andromaque
et d'Iphigenie , et elle l'a beaucoup augmentée
dans le Rôle d'Agnés de l'Ecole des
Femmes. Elle danse et chante quelques
couplets dans la Comédie nouvelle de
Italie Galante.
Fermer
Résumé : Endymion, Extrait, [titre d'après la table]
Le 21 mai, l'Académie Royale de Musique a présenté la première représentation de 'Endymion', une pastorale héroïque sans prologue. Les paroles sont de M. de Fontenelle et la musique de M. de Blamont. Un avertissement précède le poème imprimé, indiquant que cette pièce diffère de ce que le public avait connu jusqu'alors. L'intrigue commence avec Pan, suivi d'un Satyre et de Lycoris, qui tentent de dissuader Pan de son amour pour Diane. Diane apparaît ensuite et Ismene, une bergère amoureuse d'Endymion, demande à Diane de la recevoir parmi ses Nymphes. Diane, bien que sceptique, accepte après qu'Ismene avoue encore aimer Endymion. Diane exprime ensuite son amour secret pour Endymion et met en garde Ismene sur son choix. Dans le second acte, Endymion consacre un temple à Diane, exprimant son amour de manière détournée. Diane impose silence aux bergers qui déclament contre l'amour. Dans le troisième acte, Pan croit que Diane est amoureuse de lui et prépare une fête en son honneur. Endymion, jaloux, décide de redemander Ismene à Diane. Diane, blessée, dissimule sa douleur et refuse de rendre Ismene. Le quatrième acte voit Ismene exprimer sa tristesse et son amour persistant pour Endymion. Diane annonce à Ismene qu'Endymion la redemande, mais Ismene refuse de quitter Diane. Endymion, en obtenant Ismene, est désespéré et révèle son amour pour Diane. Diane, troublée, doit partir pour remplacer le Soleil. Dans le cinquième acte, Diane retrouve Endymion dans une grotte et lui avoue son amour. Ils décident de cacher leur amour au reste du monde. L'Amour apparaît et ordonne que leur amour soit célébré dans ces lieux. La pièce se termine par une célébration de l'amour triomphant. Les rôles principaux sont interprétés par la Dlle. Pelissier et le sieur Tribou, avec des décors du Signor Alexandre Mauri. Par ailleurs, le texte mentionne le retour de Salé à Paris en juillet prochain. Le 28 du mois précédent, les comédiens François ont joué la tragédie de Britannicus. Lors de cette représentation, Mademoiselle Gossin, une jeune actrice ayant récemment joué en province au théâtre de Lille, a interprété le rôle de Junie pour la première fois. Elle a été acclamée par le public, qui a noté son amélioration à chaque représentation. Mademoiselle Gossin est décrite comme ayant une jolie figure, une voix agréable et une grande intelligence. Elle a également joué les rôles de Chimène dans Le Cid, Monime dans Mithridate, Andromaque dans Andromaque, Iphigenie dans Iphigénie, et Agnès dans L'École des femmes. De plus, elle danse et chante des couplets dans la comédie italienne Italie Galante.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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11
p. 1774-1787
LETTRE de M. D. L. R. écrite à M. l'Abbé Foubert, Docteur de Sorbonne, au sujet d'une Prophetie attribuée au Roy David.
Début :
La difficulté que je vous ai proposée, Monsieur, il y a quelque temps, et [...]
Mots clefs :
Texte hébreu, Septante, Anciens, Paroles, Église, Calmet, Version, Auteur, Psautier, David, Vulgate, Génébrard, Justin, Verset, Hymne, Leçon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M. D. L. R. écrite à M. l'Abbé Foubert, Docteur de Sorbonne, au sujet d'une Prophetie attribuée au Roy David.
LETTRE de M. D. L. R. écrite à:
M.l'Abbé Foubert , Docteur de Sorbonne,
au sujet d'une Prophetie attribuée au
Roy David.
1
LA
A difficulté que je vous ai proposée,
y a et
Monsieur , il y a quelque temps ,
que vos occupations ne vous permirent
pas alors de me résoudre , a fait le sujet
de quelques recherches de ma part ; vous.
me demandez ce que j'ai appris là- dessus
; la demande ne sçauroit venir plus
propos ; car d'un côté je suis en état
de vous rendre quelque compte , et de
l'autre nous voila dans le temps où l'Eglise
a commencé de chanter l'Hymne
respectable qui a donné lieu à la diffi
• à
culté .
Il s'agit , comme vous sçavez , d'accorder:
A O UST. 1733. 1775
der l'exacte verité avec les paroles de la
strophe que voici de l'Hymne Vexilla
Regis , &c.
Impleta sunt qua concinit
Davidfideli carmine "
Dicens in Nationibus ,
Regnavit à ligno Deus.
David , selon le pieux Auteur de l'Hym
ne , a donc chanté prophétiquement dans
ses Pseaumes que J. C. regneroit par le
Bois de la Croix , et c'est , Monsieur , ce
que d'abord j'ai été chercher dans ces sacrez
Cantiques dans la Vulgate , ne me
souvenant pas d'y avoir jamais lû rien
de pareil. Il est vrai que dans le Pseaume
XCV. Verset 10. on trouve ces paroles ,
dicite in gentibus quia Dominus regnavit
et rien davantage. Est- ce assez pour attribuer
à David la Prophétie en question?
Cependant c'est Fortunat , Evêque de
Poitiers , selon la plus commune opinion ,
qui a composé cet Hymne au vi . sie
cle , et il y a preuve qu'on l'a chanté en
France , au moins dès le IX.
Comme tout le monde n'a pas chez
soi une Bibliotheque , je n'ai pas été en
état d'abord de voir dans les sources ce
qui peut avoir donné lieu aux paroles de
Fortunat , mais j'ai tiré de Genebrard ,
dont
1776 MERCURE DE FRANCE
dont j'ai le Pseautier dans mon Cabinet ,
autant de lumieres qu'il m'en falloit pour
commencer au moins d'éclaircir ma dif
ficulté.
Vous sçavez que Genebrard , sçavant
Benedictin Docteur de Paris , Professeur
des Langues Saintes au College Royal ,
puis Archevêque d'Aix , a donné une Edition
des Pacaumes , selon la Vulgate, qu'il
a accompagnée de sçavans Commentaires
, Ouvrage dont il étoit plus capable
qu'un autre , et dont il y a eu cinq Editions.
La mienne est d'Anvers 1592. et
toute la derniere ,
Son Commentaire sur ce 10. Verset
du Pseaume 95. est assez long et rempli
d'une pieuse érudition . Voici le précis
de ce qui regarde notre Question . Genebrard
convient que regnavu à ligno n'est
point dans le Texte Hebreu ; mais il prétend
que les Septante l'ont ajoûté par
an esprit prophétique , en traduisant ce
Verset , trois cent ans avant J. C. c'est
ainsi , dit-il , que les Anciens l'ont tou
jours cité , sçavoir , S. Justin Martyr, Lactance
, Tertullien , Arnobe , S. Augustin,
Cassiodore, Théodulphe, (4 ) le Pseautier
Romain , &c. c'étoit , selon lui , la ma
(a) Théodulphe , Evêque d'Orleans , auquel on
attribuë aussi l'Hymne de la Passion.
niere
A O UST. 17335 1777
niere des Anciens , en traduisant l'Ecri
ture , d'insérer quelques mots , en passant
, pour servir à l'intelligence de ce
que la Lettre renferme de mysterieux.
c'est ainsi , continue- t'il , qu'en ont souvent
usé Jonathan et Onkelos , qui pour
cela même ne sont pas tant appellez Traducteurs
que Paraphrastes Chaldéens , en
quoi ils ont été imitcz par les Septante..
Genebrard donne ensuite quelques exemples
de cette maniere de traduire des
Septante , pour éclairer davantage le
Texte , et il paroît si persuadé de ce sentiment
, qu'il traite d'imprudence et de
témerité d'avoir retranché à ligno des
Exemplaires qui ont suivi , ces paroles
ayant , dit- il , été inspirées (a) par le
S. Esprit à ces très saints Prophetes ,
Traducteurs des Livres Sacrez. Il accuse
de ce retranchement les Juifs , comme
S. Justin le leur a effectivement reproché
, ou quelques demi sçavans , pour,
faire montre de leur capacité dans la
Langue Hébraïque , et pour critiquer les
Septante , ce qu'il appelle une vanité et
une méchanceté dont on ne voit , dit- il ,
(a) Male ergo has duas Voculas è nostris Exemplaribus
, qua de industria et per Spiritum Sanctum
a sanctissimis
his Prophetis fuerant interjecta sustlerunt
, sive Judai, &c. Genebr.
que
1778 MERCURE DE FRANCE
que trop d'exemples . Il finit en soute
mant la nécessité de cette Leçon , et en
l'expliquant d'une maniere plausible et
toujours édifiante par rapport à l'appli
cation qu'il en fait.
Je crois , Monsieur qu'en voilà autant
qu'il en faut pour justifier , du moins
pour autoriser l'Auteur de l'Hymne Ve
xilla Regis , d'avoir cité David avec l'addition
à ligno , qui a tant de Deffenseurs
et de si illustres Garants . Mais est- ce
assez , encore une fois , en bonne crititique
pour admettre des paroles qui ne
se trouvent ni dans le Texte Hébreu
qui est l'original , ni dans les Exemplaires
que nous avons aujourd'hui de la
Version des Septante , premiers Auteurs ,
selon Genebrard , de cette Addition ? Ce
qui , à vous dire le vrai , me paroît un
peu embarassant. Vous sçavez qu'on ne
peut jamais prescrire contre la verité
c'est un des plus beaux mots (a) de Tertullien
et une maxime certaine. Vous sçavez
aussi que la Mort du Messie est assez marquée
dans les Prophetes , dans David même
, qui en est lui- même une figure , sans
qu'il soit besoin de la caractériser ici
(a) Veritati nemo prascribere potest , non spatium
temporum , non patrocinia personarum , non privil
Begium regionum . Lib. de Velan. Virginib.
Par
JUILLET. 17337 1779
par des termes qui ne se trouvent pas
dans le Texte original .
it
A
i. Cela supposé , je crois qu'on peut en-
Gore reclamer en faveur de la verité contre
l'addition ou la glose attribuée aux
Septante , que je ne sçaurois encore bien
me persuader venir de la plume de ces
fameux Interpretes ; mais je n'ai pas envie
, Monsieur , pour constater ce fait ,
du moins pour l'éclaircir , d'aller m'enfoncer
dans une Bibliotheque avec une
foule d'Interpretes , de Commentateurs
de Critiques , qui peut- être , après avoir
employé bien du temps , me laisseroient
encore dans le doute où je suis. Je vous
défere cette pénible entreprise , comme
vous convenant mieux qu'à moy , et je
me contente de joindre à ce que j'ai déja
eu l'honneur de vous dire , quelques Remarques
d'un Critique moderne sur le
sujet en question , qui m'ont parâ avoir
de la solidité. Ce Critique est Dom Augustin
Calmet , Auteur d'un Commenraire
Litteral sur tous les Livres de l'Ancien
et du Nouveau Testament , dont
les premiers Volumes ont parû au commencement
de ce siecle. Vous connoissez
Get Ouvrage et vous pouvez en juger
mieux qu'un autre. Pour moi je fais un
sas particulier de son travail sur les Pseaumés,
1780 MERCURE DE FRANCE
mes. Ce Livre publié en 1713. 2. vol. in
4. chez Emery , a mérité l'Approbation
d'un ( 4 ) de vos illustres Confreres , qui
nous assure que les Explications de l'Auteur
, tirées des S S. Peres et des meilleurs
Interpretes , contribuent beaucoup à faire
entendre ce qu'il y a de plus difficile
et de plus obscur dans ce Livre divin .
Dom Calmet , après avoir rapporté le
Verset en question , Commoveatur ....
Dicite in gentibus quia Dominus regnavit
du XCV . Pseaume , et rapporte aussi un
Passage des Paralipomenes , parallele à
ce Verset pour le sens , mais un peu different
pour les expressions , fait voir qu'il
y a là -dessus dans les anciens Peres et
dans quelques anciens Pseautiers , une varieté
encore plus grande et bien plus importante
, qui est de lire regnavit à ligno ,
et il ajoûte aux autoritez citées par Genebrard
, celles de S. Léon Pape , de
l'Auteur de l'Opuscule des Montagnes de
Sina et de Sion. Sous le nom de S. Cyprien
, le Pseautier Gotique, celui de saint.
Germain des Prez , celui de Chartres , tous
Monumens où on lit , Dominus regnavit
àligno. Le P. Calmet auroit pû ajoûter
que cette Leçon se trouve aussi dansa
(a) M. Pastel, Docteur et ancien Professeur
orbonne.
Version
A O UST. 1733. 1781
Version Italique de l'Ecriture , faite sur
le Grec dès le siécle des Apôtres , et dont
toute l'Eglise Latine s'est servie jusqu'à
la Version de S. Jérôme , l'Eglise de Ro
me n'en ayant point eû d'autre dans l'Office
public , jusqu'au Pontificat de Pie V.
qui fit recevoir la Vulgate dans Rome.
C'est D. Calmet * même qui nous donne
cette instruction ; or cette ancienne Version
Italique , publiée de nouveau à
Rome en 1683. par le Cardinal Thomasi,
porte aussi Dominus regnavit à ligno.
Pour ne rien oublier , s'il est possible,
sur ce sujet , notre habile Commentateur
rapporte jusqu'à une conjecture proposée
par Agellius ; sçavoir , que les anciens
Textes Hébreux , au moins dans quelques
Livres , au lieu de Aph , que nous
lisons aujourd'hui après Malac, il a regné,
lisoient He du bois ; ce qui auroit donné
lieu aux Septante de traduire par : Le
Seigneur a regné par le bois . Leçon qui a
subsisté pendant quelques siecles , jusqu'à
ce que les Sçavans en Hébreu s'étant apperçus
que cela ne s'accordoit pas avec
le vrai Original , ils la retrancherent et
conserverent etenim , du . suivant , qui .
répond à Aph de l'Hébreu . Conjecture®
Dissert, sur le Texte et sur les anciennes V´ersions
des Pseaumes. Art. III . p. xxv.
assez
1782 MERCURE DE FRANCE
assez foible et assez mal appuyée , dit
D. Calmet , qui ouvre enfin son sentiment
particulier , et raisonne ainsi sur la
glose en question.
Si cette Leçon étoit autrefois géneralement
dans tous les Exemplaires des Septante
et dans les premieres Traductions.
Latines qui furent faites à l'usage des
Chrétiens , comment ceux - ci ont- ils si
facilement abandonné un Texte qui leur
étoit si favorable ? Si ce sont les Juifs
qui ont fait ce retranchement , pourquoi
les Chrétiens ont- ils eu pour eux la condescendance
d'admettre leur correction
dans leurs Exemplaires. Enfin si quelque
demi sçavant a pû êter de son Livre à
ligno , comment a- t'il pû faire le même
changement dans tous les Exemplaires
du Monde ?
Ces paroles ne sont en effet ni dans
PHébreu, ni dans le Chaldaique , ni dans
le Syriaque , ni dans les anciennes Versions
Grecques , faites sur l'Hébreu , ni
dans la Vulgate , l'Arabe et l'Ethiopienne,
faites sur les Septante ; ni dans la
Version de S. Jerôme , faite sur l'Hebreu.
Personne , que je sçache , continue Dom
Calmet , n'a accusé les Juifs d'avoir ôté
ces termes de leurs Exemplaires Hébreus
on ne les y trouve ni ici , ni dans le
passage
A O UST. 1733. 1783
passage parallele des Paralipomenes. Depuis
S. Justin on ne les a point vûs dans
les Septante.
N'est- il donc pas bien plus probable , com .
me le veut le Févre d'Estaples , et après
lui Justiniani , de Muis et quelques - autres
, que ces paroles à ligno , ayant été
mises par quelqu'un sur la marge de son
Pseautier , à l'endroit de regnavit , furent
ensuite inconsidérément fourrées dans le
Texte ; d'où enfin elles ont été bannies ,
parce qu'on a reconnu qu'elles n'étoient
ni dans les sources hébraïques , ni dans
les anciennes Versions des Grecs .
Il y a beaucoup d'apparence , ajoûtet'il
, que les Hexaples d'Origene servic
rent à arrêter le cours de cette maniere
de lire , en montrant qu'elle n'étoit fondée
ni dans le Texte Hébreu , ni dans
aucune Version ; et en effet , dit D. Calmet
en finissant , je ne sçache que saint
Justin le Martyr parmi les Grecs , qui
l'ait suivie ; tous les autres Peres , qui
ont vécu depuis Origene , et qui sont
en très - grand nombre , ne faisant pas
même mention de cette Leçon . Si elle
subsista plus long- temps parmi les Latins,
c'est que les Hexaples y furent moins
connues et qu'on étoit moins en état de reconnoître
l'erreur de cette Glose ajoutée, et ,
Ε inserée
1984 MERCURE DE FRANCE
inserée dans le Texte , par l'inspection
des Originaux .
Je crois , Monsieur, que ce raisonnement
et la conséquence vous paroîtront
justes. Il peut cependant rester un scrupule
là- dessus , c'est que si d'un côté les
Peres Grecs , à l'exception de S. Justin ,
n'ont point admis , n'ont pas même connû
la glose à ligno ; d'un autre côté l'E
glise Romaine l'a non - seulement admise,
mais elle l'a en quelque façon consacrée ,
en la chantant universellement par tout
dans son Office public , comme elle fait
depuis plus de 700. ans.
On pourroit opposer d'abord à cette
difficulté la grande maxime de Tertullien
, déja rapportée ; mais j'estime qu'il
est plus naturel de la concilier par l'autorité
de S. Jérôme , que vous trouverez ,
je crois , formelle et venir expressément
au sujet que nous traitons . Elle se trou-
·
* Outre S. Justin , on pourroit croire que Les
Heretiques dont il est parlé dans Origane , L. VI,
P. 298. contre Celse , faisoient allusion à ce Passage,
repetant sans cesse dans leurs Ecrits ces paroles
: Ubique autem illic lignum vitæ et Resurrec
tio carnis à ligno. Et en remontant encore plus
haut , l'Auteur de l'Epitre attribuée à S. Barnabé
pouvoit avoir en vûë ce même Passage, lorsqu'il dit.
Regnum Jesu in ligno extitit βασιλεία τοῦ Ἰησοῦ
καὶ τῷ ξύλω,
ve
A OUST. 1733 1785
ve dans l'Epitre à Sunia et à Fréteila
qui est toute remplie de varietez de Leçons
et de Remarques critiques sur le
Texte des Septante et sur la Vulgate. C'est
dans cette Lettre que le S. Docteur propose
une belle Regle dont l'application
se fait ici naturellement. Ilfaut , dit- il ,
réciter et chanter les Pseaumes ainsi que
Eglise les chante , mais aussi il faut sçavoir
, autant que l'on peut , ce que porte
le Texte Hébreu , et qu'autre chose est ce
qu'il faut chanter dans l'Eglise , par respect
pour l'Antiquité ; et autre chose , ce
qu'il faut sçavoir pour la parfaite intelligence
des Ecritures.
Le même S. Docteur qui a proposé cett
Regle , se plaint cependant qu'après avoi
corrigé le Pseautier de l'ancienne Vulgate
qui étoit fort altérée , par l'ordre du
Pape Damase , l'ancienne erreur eût plus
de force qu'à sa nouvelle réformation
plus antiquum errorem , quàm novam emendationem
valere , tant il est difficile d'abolir
certaines choses quand elles ont été
* Sic omninò psallendum ut fit in Ecclesia : es
tamen sciendum quid Hebraica veritas habeat :
atque aliud esse propter vetustatem in Ecclesia
decantandum , aliud sciendum propter eruditionem
scripturarum. S. Hyeron. Epist, ad Sun. es
Fretell.
Eij en
1736 MERCURE DE FRANCE .
en quelque façon consacrées par leur antiquité.
Je finis , .Monsieur , en soumettant à
vos lumieres tout ce que je viens de vous
exposer , et en vous exhortant d'étudier
vous-même cette matiere pour l'éclaircir
encore davantage. Vous trouverez un trèsbeau
Pseautier dans votre Bibliotheque de
Sorbonne, c'est un des plus anciens Manuscrits
de ce genre et des plus curieux. Si ,
quand j'étois au milieu de l'Eglise Marónite
du Mont Liban , la difficulté s'étoit
présentée , j'aurois pû m'assurer de
l'état où sont les anciens Pseautiers des
Maronites par rapport à la glose à
ligno si unis , comme ils se picquent de
l'être de tout temps , à l'Eglise Romaine
, ils l'ont admise , ou si , au contraire,
ils ont suivi la façon de lire le Verset
en question, comme le lit l'Eglise Orientale
, sans addition et conformément au
Texte Hébreu , cela peut avoir sa curiosité.
Je pourrai m'en éclaircir avec le
sçavant M. Assemanni , Maronite, dont
je vous ai parlé plus d'une fois , et à qui
>
Joseph Assemanni , Maronite du Mont Liban ;
Garde de la Bibliotheque du Vatican et Auteur
d'un nouveau Recueil d'anciens Monumens Ecclesiastiques
, sous le titre de Bibiotheque Orientale ,
&c, imprimé à Rome,
AOUST. 1733. 1787
je dois écrire au premier jour sur d'autres
sujets. J'ai l'honneur d'être , &c .
A Paris le 27. Mars 1733 .
M.l'Abbé Foubert , Docteur de Sorbonne,
au sujet d'une Prophetie attribuée au
Roy David.
1
LA
A difficulté que je vous ai proposée,
y a et
Monsieur , il y a quelque temps ,
que vos occupations ne vous permirent
pas alors de me résoudre , a fait le sujet
de quelques recherches de ma part ; vous.
me demandez ce que j'ai appris là- dessus
; la demande ne sçauroit venir plus
propos ; car d'un côté je suis en état
de vous rendre quelque compte , et de
l'autre nous voila dans le temps où l'Eglise
a commencé de chanter l'Hymne
respectable qui a donné lieu à la diffi
• à
culté .
Il s'agit , comme vous sçavez , d'accorder:
A O UST. 1733. 1775
der l'exacte verité avec les paroles de la
strophe que voici de l'Hymne Vexilla
Regis , &c.
Impleta sunt qua concinit
Davidfideli carmine "
Dicens in Nationibus ,
Regnavit à ligno Deus.
David , selon le pieux Auteur de l'Hym
ne , a donc chanté prophétiquement dans
ses Pseaumes que J. C. regneroit par le
Bois de la Croix , et c'est , Monsieur , ce
que d'abord j'ai été chercher dans ces sacrez
Cantiques dans la Vulgate , ne me
souvenant pas d'y avoir jamais lû rien
de pareil. Il est vrai que dans le Pseaume
XCV. Verset 10. on trouve ces paroles ,
dicite in gentibus quia Dominus regnavit
et rien davantage. Est- ce assez pour attribuer
à David la Prophétie en question?
Cependant c'est Fortunat , Evêque de
Poitiers , selon la plus commune opinion ,
qui a composé cet Hymne au vi . sie
cle , et il y a preuve qu'on l'a chanté en
France , au moins dès le IX.
Comme tout le monde n'a pas chez
soi une Bibliotheque , je n'ai pas été en
état d'abord de voir dans les sources ce
qui peut avoir donné lieu aux paroles de
Fortunat , mais j'ai tiré de Genebrard ,
dont
1776 MERCURE DE FRANCE
dont j'ai le Pseautier dans mon Cabinet ,
autant de lumieres qu'il m'en falloit pour
commencer au moins d'éclaircir ma dif
ficulté.
Vous sçavez que Genebrard , sçavant
Benedictin Docteur de Paris , Professeur
des Langues Saintes au College Royal ,
puis Archevêque d'Aix , a donné une Edition
des Pacaumes , selon la Vulgate, qu'il
a accompagnée de sçavans Commentaires
, Ouvrage dont il étoit plus capable
qu'un autre , et dont il y a eu cinq Editions.
La mienne est d'Anvers 1592. et
toute la derniere ,
Son Commentaire sur ce 10. Verset
du Pseaume 95. est assez long et rempli
d'une pieuse érudition . Voici le précis
de ce qui regarde notre Question . Genebrard
convient que regnavu à ligno n'est
point dans le Texte Hebreu ; mais il prétend
que les Septante l'ont ajoûté par
an esprit prophétique , en traduisant ce
Verset , trois cent ans avant J. C. c'est
ainsi , dit-il , que les Anciens l'ont tou
jours cité , sçavoir , S. Justin Martyr, Lactance
, Tertullien , Arnobe , S. Augustin,
Cassiodore, Théodulphe, (4 ) le Pseautier
Romain , &c. c'étoit , selon lui , la ma
(a) Théodulphe , Evêque d'Orleans , auquel on
attribuë aussi l'Hymne de la Passion.
niere
A O UST. 17335 1777
niere des Anciens , en traduisant l'Ecri
ture , d'insérer quelques mots , en passant
, pour servir à l'intelligence de ce
que la Lettre renferme de mysterieux.
c'est ainsi , continue- t'il , qu'en ont souvent
usé Jonathan et Onkelos , qui pour
cela même ne sont pas tant appellez Traducteurs
que Paraphrastes Chaldéens , en
quoi ils ont été imitcz par les Septante..
Genebrard donne ensuite quelques exemples
de cette maniere de traduire des
Septante , pour éclairer davantage le
Texte , et il paroît si persuadé de ce sentiment
, qu'il traite d'imprudence et de
témerité d'avoir retranché à ligno des
Exemplaires qui ont suivi , ces paroles
ayant , dit- il , été inspirées (a) par le
S. Esprit à ces très saints Prophetes ,
Traducteurs des Livres Sacrez. Il accuse
de ce retranchement les Juifs , comme
S. Justin le leur a effectivement reproché
, ou quelques demi sçavans , pour,
faire montre de leur capacité dans la
Langue Hébraïque , et pour critiquer les
Septante , ce qu'il appelle une vanité et
une méchanceté dont on ne voit , dit- il ,
(a) Male ergo has duas Voculas è nostris Exemplaribus
, qua de industria et per Spiritum Sanctum
a sanctissimis
his Prophetis fuerant interjecta sustlerunt
, sive Judai, &c. Genebr.
que
1778 MERCURE DE FRANCE
que trop d'exemples . Il finit en soute
mant la nécessité de cette Leçon , et en
l'expliquant d'une maniere plausible et
toujours édifiante par rapport à l'appli
cation qu'il en fait.
Je crois , Monsieur qu'en voilà autant
qu'il en faut pour justifier , du moins
pour autoriser l'Auteur de l'Hymne Ve
xilla Regis , d'avoir cité David avec l'addition
à ligno , qui a tant de Deffenseurs
et de si illustres Garants . Mais est- ce
assez , encore une fois , en bonne crititique
pour admettre des paroles qui ne
se trouvent ni dans le Texte Hébreu
qui est l'original , ni dans les Exemplaires
que nous avons aujourd'hui de la
Version des Septante , premiers Auteurs ,
selon Genebrard , de cette Addition ? Ce
qui , à vous dire le vrai , me paroît un
peu embarassant. Vous sçavez qu'on ne
peut jamais prescrire contre la verité
c'est un des plus beaux mots (a) de Tertullien
et une maxime certaine. Vous sçavez
aussi que la Mort du Messie est assez marquée
dans les Prophetes , dans David même
, qui en est lui- même une figure , sans
qu'il soit besoin de la caractériser ici
(a) Veritati nemo prascribere potest , non spatium
temporum , non patrocinia personarum , non privil
Begium regionum . Lib. de Velan. Virginib.
Par
JUILLET. 17337 1779
par des termes qui ne se trouvent pas
dans le Texte original .
it
A
i. Cela supposé , je crois qu'on peut en-
Gore reclamer en faveur de la verité contre
l'addition ou la glose attribuée aux
Septante , que je ne sçaurois encore bien
me persuader venir de la plume de ces
fameux Interpretes ; mais je n'ai pas envie
, Monsieur , pour constater ce fait ,
du moins pour l'éclaircir , d'aller m'enfoncer
dans une Bibliotheque avec une
foule d'Interpretes , de Commentateurs
de Critiques , qui peut- être , après avoir
employé bien du temps , me laisseroient
encore dans le doute où je suis. Je vous
défere cette pénible entreprise , comme
vous convenant mieux qu'à moy , et je
me contente de joindre à ce que j'ai déja
eu l'honneur de vous dire , quelques Remarques
d'un Critique moderne sur le
sujet en question , qui m'ont parâ avoir
de la solidité. Ce Critique est Dom Augustin
Calmet , Auteur d'un Commenraire
Litteral sur tous les Livres de l'Ancien
et du Nouveau Testament , dont
les premiers Volumes ont parû au commencement
de ce siecle. Vous connoissez
Get Ouvrage et vous pouvez en juger
mieux qu'un autre. Pour moi je fais un
sas particulier de son travail sur les Pseaumés,
1780 MERCURE DE FRANCE
mes. Ce Livre publié en 1713. 2. vol. in
4. chez Emery , a mérité l'Approbation
d'un ( 4 ) de vos illustres Confreres , qui
nous assure que les Explications de l'Auteur
, tirées des S S. Peres et des meilleurs
Interpretes , contribuent beaucoup à faire
entendre ce qu'il y a de plus difficile
et de plus obscur dans ce Livre divin .
Dom Calmet , après avoir rapporté le
Verset en question , Commoveatur ....
Dicite in gentibus quia Dominus regnavit
du XCV . Pseaume , et rapporte aussi un
Passage des Paralipomenes , parallele à
ce Verset pour le sens , mais un peu different
pour les expressions , fait voir qu'il
y a là -dessus dans les anciens Peres et
dans quelques anciens Pseautiers , une varieté
encore plus grande et bien plus importante
, qui est de lire regnavit à ligno ,
et il ajoûte aux autoritez citées par Genebrard
, celles de S. Léon Pape , de
l'Auteur de l'Opuscule des Montagnes de
Sina et de Sion. Sous le nom de S. Cyprien
, le Pseautier Gotique, celui de saint.
Germain des Prez , celui de Chartres , tous
Monumens où on lit , Dominus regnavit
àligno. Le P. Calmet auroit pû ajoûter
que cette Leçon se trouve aussi dansa
(a) M. Pastel, Docteur et ancien Professeur
orbonne.
Version
A O UST. 1733. 1781
Version Italique de l'Ecriture , faite sur
le Grec dès le siécle des Apôtres , et dont
toute l'Eglise Latine s'est servie jusqu'à
la Version de S. Jérôme , l'Eglise de Ro
me n'en ayant point eû d'autre dans l'Office
public , jusqu'au Pontificat de Pie V.
qui fit recevoir la Vulgate dans Rome.
C'est D. Calmet * même qui nous donne
cette instruction ; or cette ancienne Version
Italique , publiée de nouveau à
Rome en 1683. par le Cardinal Thomasi,
porte aussi Dominus regnavit à ligno.
Pour ne rien oublier , s'il est possible,
sur ce sujet , notre habile Commentateur
rapporte jusqu'à une conjecture proposée
par Agellius ; sçavoir , que les anciens
Textes Hébreux , au moins dans quelques
Livres , au lieu de Aph , que nous
lisons aujourd'hui après Malac, il a regné,
lisoient He du bois ; ce qui auroit donné
lieu aux Septante de traduire par : Le
Seigneur a regné par le bois . Leçon qui a
subsisté pendant quelques siecles , jusqu'à
ce que les Sçavans en Hébreu s'étant apperçus
que cela ne s'accordoit pas avec
le vrai Original , ils la retrancherent et
conserverent etenim , du . suivant , qui .
répond à Aph de l'Hébreu . Conjecture®
Dissert, sur le Texte et sur les anciennes V´ersions
des Pseaumes. Art. III . p. xxv.
assez
1782 MERCURE DE FRANCE
assez foible et assez mal appuyée , dit
D. Calmet , qui ouvre enfin son sentiment
particulier , et raisonne ainsi sur la
glose en question.
Si cette Leçon étoit autrefois géneralement
dans tous les Exemplaires des Septante
et dans les premieres Traductions.
Latines qui furent faites à l'usage des
Chrétiens , comment ceux - ci ont- ils si
facilement abandonné un Texte qui leur
étoit si favorable ? Si ce sont les Juifs
qui ont fait ce retranchement , pourquoi
les Chrétiens ont- ils eu pour eux la condescendance
d'admettre leur correction
dans leurs Exemplaires. Enfin si quelque
demi sçavant a pû êter de son Livre à
ligno , comment a- t'il pû faire le même
changement dans tous les Exemplaires
du Monde ?
Ces paroles ne sont en effet ni dans
PHébreu, ni dans le Chaldaique , ni dans
le Syriaque , ni dans les anciennes Versions
Grecques , faites sur l'Hébreu , ni
dans la Vulgate , l'Arabe et l'Ethiopienne,
faites sur les Septante ; ni dans la
Version de S. Jerôme , faite sur l'Hebreu.
Personne , que je sçache , continue Dom
Calmet , n'a accusé les Juifs d'avoir ôté
ces termes de leurs Exemplaires Hébreus
on ne les y trouve ni ici , ni dans le
passage
A O UST. 1733. 1783
passage parallele des Paralipomenes. Depuis
S. Justin on ne les a point vûs dans
les Septante.
N'est- il donc pas bien plus probable , com .
me le veut le Févre d'Estaples , et après
lui Justiniani , de Muis et quelques - autres
, que ces paroles à ligno , ayant été
mises par quelqu'un sur la marge de son
Pseautier , à l'endroit de regnavit , furent
ensuite inconsidérément fourrées dans le
Texte ; d'où enfin elles ont été bannies ,
parce qu'on a reconnu qu'elles n'étoient
ni dans les sources hébraïques , ni dans
les anciennes Versions des Grecs .
Il y a beaucoup d'apparence , ajoûtet'il
, que les Hexaples d'Origene servic
rent à arrêter le cours de cette maniere
de lire , en montrant qu'elle n'étoit fondée
ni dans le Texte Hébreu , ni dans
aucune Version ; et en effet , dit D. Calmet
en finissant , je ne sçache que saint
Justin le Martyr parmi les Grecs , qui
l'ait suivie ; tous les autres Peres , qui
ont vécu depuis Origene , et qui sont
en très - grand nombre , ne faisant pas
même mention de cette Leçon . Si elle
subsista plus long- temps parmi les Latins,
c'est que les Hexaples y furent moins
connues et qu'on étoit moins en état de reconnoître
l'erreur de cette Glose ajoutée, et ,
Ε inserée
1984 MERCURE DE FRANCE
inserée dans le Texte , par l'inspection
des Originaux .
Je crois , Monsieur, que ce raisonnement
et la conséquence vous paroîtront
justes. Il peut cependant rester un scrupule
là- dessus , c'est que si d'un côté les
Peres Grecs , à l'exception de S. Justin ,
n'ont point admis , n'ont pas même connû
la glose à ligno ; d'un autre côté l'E
glise Romaine l'a non - seulement admise,
mais elle l'a en quelque façon consacrée ,
en la chantant universellement par tout
dans son Office public , comme elle fait
depuis plus de 700. ans.
On pourroit opposer d'abord à cette
difficulté la grande maxime de Tertullien
, déja rapportée ; mais j'estime qu'il
est plus naturel de la concilier par l'autorité
de S. Jérôme , que vous trouverez ,
je crois , formelle et venir expressément
au sujet que nous traitons . Elle se trou-
·
* Outre S. Justin , on pourroit croire que Les
Heretiques dont il est parlé dans Origane , L. VI,
P. 298. contre Celse , faisoient allusion à ce Passage,
repetant sans cesse dans leurs Ecrits ces paroles
: Ubique autem illic lignum vitæ et Resurrec
tio carnis à ligno. Et en remontant encore plus
haut , l'Auteur de l'Epitre attribuée à S. Barnabé
pouvoit avoir en vûë ce même Passage, lorsqu'il dit.
Regnum Jesu in ligno extitit βασιλεία τοῦ Ἰησοῦ
καὶ τῷ ξύλω,
ve
A OUST. 1733 1785
ve dans l'Epitre à Sunia et à Fréteila
qui est toute remplie de varietez de Leçons
et de Remarques critiques sur le
Texte des Septante et sur la Vulgate. C'est
dans cette Lettre que le S. Docteur propose
une belle Regle dont l'application
se fait ici naturellement. Ilfaut , dit- il ,
réciter et chanter les Pseaumes ainsi que
Eglise les chante , mais aussi il faut sçavoir
, autant que l'on peut , ce que porte
le Texte Hébreu , et qu'autre chose est ce
qu'il faut chanter dans l'Eglise , par respect
pour l'Antiquité ; et autre chose , ce
qu'il faut sçavoir pour la parfaite intelligence
des Ecritures.
Le même S. Docteur qui a proposé cett
Regle , se plaint cependant qu'après avoi
corrigé le Pseautier de l'ancienne Vulgate
qui étoit fort altérée , par l'ordre du
Pape Damase , l'ancienne erreur eût plus
de force qu'à sa nouvelle réformation
plus antiquum errorem , quàm novam emendationem
valere , tant il est difficile d'abolir
certaines choses quand elles ont été
* Sic omninò psallendum ut fit in Ecclesia : es
tamen sciendum quid Hebraica veritas habeat :
atque aliud esse propter vetustatem in Ecclesia
decantandum , aliud sciendum propter eruditionem
scripturarum. S. Hyeron. Epist, ad Sun. es
Fretell.
Eij en
1736 MERCURE DE FRANCE .
en quelque façon consacrées par leur antiquité.
Je finis , .Monsieur , en soumettant à
vos lumieres tout ce que je viens de vous
exposer , et en vous exhortant d'étudier
vous-même cette matiere pour l'éclaircir
encore davantage. Vous trouverez un trèsbeau
Pseautier dans votre Bibliotheque de
Sorbonne, c'est un des plus anciens Manuscrits
de ce genre et des plus curieux. Si ,
quand j'étois au milieu de l'Eglise Marónite
du Mont Liban , la difficulté s'étoit
présentée , j'aurois pû m'assurer de
l'état où sont les anciens Pseautiers des
Maronites par rapport à la glose à
ligno si unis , comme ils se picquent de
l'être de tout temps , à l'Eglise Romaine
, ils l'ont admise , ou si , au contraire,
ils ont suivi la façon de lire le Verset
en question, comme le lit l'Eglise Orientale
, sans addition et conformément au
Texte Hébreu , cela peut avoir sa curiosité.
Je pourrai m'en éclaircir avec le
sçavant M. Assemanni , Maronite, dont
je vous ai parlé plus d'une fois , et à qui
>
Joseph Assemanni , Maronite du Mont Liban ;
Garde de la Bibliotheque du Vatican et Auteur
d'un nouveau Recueil d'anciens Monumens Ecclesiastiques
, sous le titre de Bibiotheque Orientale ,
&c, imprimé à Rome,
AOUST. 1733. 1787
je dois écrire au premier jour sur d'autres
sujets. J'ai l'honneur d'être , &c .
A Paris le 27. Mars 1733 .
Fermer
Résumé : LETTRE de M. D. L. R. écrite à M. l'Abbé Foubert, Docteur de Sorbonne, au sujet d'une Prophetie attribuée au Roy David.
La lettre de M. D. L. R. à l'Abbé Foubert traite d'une prophétie attribuée au roi David, mentionnée dans l'hymne 'Vexilla Regis'. L'auteur cherche à vérifier l'exactitude des paroles 'Regnavit à ligno Deus' (Dieu a régné par le bois de la croix) dans les Psaumes. Ces mots ne figurent pas dans le texte hébreu original mais sont présents dans la version des Septante, traduite trois cents ans avant J.-C. Genebrard, un érudit bénédictin, soutient que les Septante ont ajouté ces mots par esprit prophétique, une pratique confirmée par plusieurs Pères de l'Église. Dom Augustin Calmet rapporte diverses lectures anciennes et suggère que les mots 'à ligno' pourraient avoir été ajoutés en marge et ensuite intégrés dans le texte. Calmet estime que cette glose n'est pas originaire des Septante et a été retirée lorsque les savants ont reconnu son inexactitude. L'auteur conclut en soulignant la difficulté de concilier ces divergences et en se référant à l'autorité de saint Jérôme pour résoudre cette question. Par ailleurs, un saint docteur propose une règle pour la récitation et le chant des Psaumes, recommandant de suivre la tradition de l'Église tout en connaissant le texte hébreu pour une meilleure compréhension des Écritures. Il déplore que, malgré la correction du Psaume par le Pape Damase, l'ancienne erreur ait persisté, soulignant la difficulté de réformer des pratiques anciennes. L'auteur mentionne également un Psaume ancien et curieux dans la bibliothèque de la Sorbonne et évoque une difficulté rencontrée au sein de l'Église Maronite du Mont Liban concernant la glose et la lecture des versets. Il se demande si les Maronites suivent la tradition romaine ou orientale et envisage de consulter Joseph Assemanni, un Maronite savant et gardien de la bibliothèque du Vatican, auteur d'un recueil de monuments ecclésiastiques. La lettre se conclut par une soumission des propos à la lumière du destinataire, l'encourageant à étudier davantage la matière.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
12
p. 2206-2211
Panégirique de S. Loüis, &c. [titre d'après la table]
Début :
PANEGYRIQUE de S. Loüis, prononcé à l'Académie Françoise le 25 Aoust 1733. [...]
Mots clefs :
Saint Louis, Monde, Religion, Rois, Discours, Paroles, Éloge, Héros, Académie française
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Panégirique de S. Loüis, &c. [titre d'après la table]
PANEGYRIQUE de S. Loüis , prononcé
à l'Académie Françoise le 25 Aoust 1733.
par le R. P. Tournemine , de la Compagnie
de Jesus , brochure in 4. de 20
pag. A Paris , de l'Imprimerie de J. B.
Coignard.
Ce Discours, dont la lecture ne peut
que confirmer l'applaudissement general
avec lequel il a été écouté , a pour texte
ces
OCTOBRE. 1733. 2207
7
ces grandes paroles de S. Paul , dans son
Epître aux Galates , ch. 6. Mihi autem
absitgloriari nisi in Cruce Domini nostri
Fesu Christi , per quem mihi mundus crucifixus
est , et ego mundo . Paroles qui n'ont
peut être jamais été plus heureusement
appliquées que
dans le sujet auguste dont
il s'agit icy , dans un éloge de S. Louis
que les plus grandes prosperitez n'ont pú
corrompre , que l'adversité la plus accablante
n'a pû abbatre. Deux traits dontle
Panégiriste forme le caractere de notre
saint Roy , et qui le distinguent des autres
Saints , dont notre Religion a consacré
la mémoire. Par une sagesse divinement
éclairée S. Loüis a rebuté le monde
flateur , et s'est élevé au dessus des Héros
mondains. Par une fermeté héroïque
ce S. Monarque surmontant les rebuts
mystérieux de Dieu , qui n'étoient que
des épreuves ,a été trouvé digne de Dieu .
Heureux , lorsque le Monde le croyoit le
plus malheureux. Deux Propositions qui
enferment la division et toute l'oeconomie
d'unDiscours, dont lebut principal est
de montrer combien le Christianisme est
propre à former des Héros , et quelle est
la supériorité des Héros qu'il forme.L'Illustre
Orateur a inséré dans son Exorde
san Eloge de l'Académie Françoise , qui
mé.
2208 MERCURE DE FRANCE
mérite d'être lû, le sujet le fournit, et rien
n'est plus délicatement touché . 63
La premiere Partie offre d'abord une
peinture aussi vrayc que vive, du Monde
prophane , de ce monde que l'Evangile
ordonne de fuir , de haïr¸ au moins s'il
ne nous est pas libre de le fuït , aversion
et violence qui coutent cher , principalement
aux Grands de la Terre .C'est
cependant ce Monde que le S. Roi a vaincu
en tant de manieres . Le détail de ces
Victoires fait la matiere de cette Partie
du Discours , où l'on voit par tout que
le plus Saint de nos Rois , a été le meilleur
de nos Rois ; ainsi s'exprime l'Orateur
Chrétien .
Il n'auroit pas été le meilleur de nos
Rois , continue til , s'il n'avoit pas cultivé
l'esprit de ses peuples pour former
leur coeur ; s'il n'avoit adouci par les
sciences la barbarie des François belliqueux
et ignorans ; fiers même de leur
ignorance. Il se plaisoit , sçavant lui - même,
à rassembler dans son Palais S. Thomas
d'Aquin , S. Bonaventure , Sorbon
Colonne , Vincent de Beauvais , Pierre
de Fontaines , la lumiere de leur siécle ,
les Oracles de la Religion ,de la Jurisprudence
et de l'Erudition ; il leur. donnoit
le dessein des Ouvrages dont ils ont enrichi
1
OCTOBRE. 1733 . 2209
chi le Public . Sa liberalité soutenoit l'entrepЯse,
son goût la conduisoit. Le Grand
Cardinal de Richelieu n'a exécuté que
ce que S. Louis avoit commencé. On
voyoit dans les Assemblées où il se délassoit
des fatigues du Gouvernement, ce
qu'on voit dans les vôtres, Messieurs , les
grands Génies , et les grands Seigneurs ,
le Roy de Navarre , le Comte de Bretagne
, le Sire de Joinville , cet Historien
inimitable ; aussi naturel , plus sincere
que César , deux Cardinaux confidens
du Prince , et chargez par lui des plus
importantes négociations , dont l'un fût
élevé sur le S. Siége , mêlez sans distinction
avec les autres Sçavans , reconnoître
que la naissance et le rang doivent un
légitime hommage à la supériorité de l'esprit.
Roy véritablement tres chrétien ;
S..Louis , dans les soins qu'il prit pour
faire fleurir les Sciences , avoit en vûë le
bien de l'Etat , la gloire de la Nation
et plus encore la défense de la Religion .
Dans la seconde Partie , le`Saint Roy
est representé d'autant plus éprouvé par
une longue suite de tribulations , qu'il
étoit agréable à Dieu , suivant cet Óracle
de l'Ecriture , quia acceptus eras Deo ,
necesse fuit ut tentatio probaret te. Tob . 12.
L'Affliction des Justes étant nécessaire
E pour
2280 MERCURE DE FRANCE
pour leur interêt , pour l'inrerêt de Dieu .
Les plus beaux traits de l'Histoire de
S. Louis , appliquez à ces grandes maximes
, fournissent une Carriere dans la
quelle la Religion triomphe toujours
une Eloquence chrétienne et pathétique
Y brille par tout. On en jugera par le
traits suivans , nos bornes ne nous per
mettant pas de nous étendre davantage.
›
Le Ciel et le Nil viennent au secours
des Sarrazins vaincus ; la terre et l'air infectez
font périr l'Armée victorieuse , et
livrent sans combat le Saint Roy , languissant
à la barbarie des vaincus ... Ne
lui échapera- t- il point au moins quelques
plaintes ? Non sa douleur sera
muette , son amour pour Dieu sera maître
de sa bouche comme de son coeur :
Vous seul , dit- il , vous seul, mon Dieu ,
méritez d'être aimé , lorsque vous traitez si
rigoureusement ceux qui vous aiment... Il
fût dans les prisons de Memphis aussi
Roy que dans son Palais , plus conquerant
qu'à la tête de son Armée : Sapientia
descendit cum illo in foveam , et in
vinculis non dereliquit eum , donec afferret
illi Sceptrum regni .
Et de quelle multitude de benedictions
Dieu n'a- t-il pas continué de recompenser
la fidelité de S.Louis ? Quelle longue
suite
OCTOBRE. 1733. 221F
suite de Rois le reconnoissent pour Peret
Sa postérité regne dans les deux Mondes.
France , rendez graces à la patience de
S. Louis ; vous lui devez , Charles le Sage
, les miraculeuses victoires de Charles
VII . Louis , le Pere du Peuple , François
I. restaurateur des Sciences , la clémence
d'Henri le Grand , Louis le Juste,
* dompteur de l'Hérésie. Vous lui devez ,
LOUIS LE GRAND , qui a réuni toutès
leurs vertus avec la patience héroïque ·
de S. Louis , vous lui devez le Regne de
S. Lours qui se renouvelle.
Il faudroit tout copier ; plutôt qu'extraire
, si on vouloit ne rien omettre dans
un Discours si rempli de beautez et de
grandes véritez. Disons en finissant, que
l'Auteur du Panégyrique , dont nous rendons
compte , a solidement démontré
dans un Ouvrage , digne de passer à la
Postérité , ce qu'un * Historien n'a , pour
ainsi dire, fait qu'ébaucher ,lorsqu'en parlant
de notre S. Roy , il a fait son Eloge
dans ce peu de paroles : Il a été tres grand
Roy , mais en Saint ; il a été tres--grand
Saint , mais en Roy.
à l'Académie Françoise le 25 Aoust 1733.
par le R. P. Tournemine , de la Compagnie
de Jesus , brochure in 4. de 20
pag. A Paris , de l'Imprimerie de J. B.
Coignard.
Ce Discours, dont la lecture ne peut
que confirmer l'applaudissement general
avec lequel il a été écouté , a pour texte
ces
OCTOBRE. 1733. 2207
7
ces grandes paroles de S. Paul , dans son
Epître aux Galates , ch. 6. Mihi autem
absitgloriari nisi in Cruce Domini nostri
Fesu Christi , per quem mihi mundus crucifixus
est , et ego mundo . Paroles qui n'ont
peut être jamais été plus heureusement
appliquées que
dans le sujet auguste dont
il s'agit icy , dans un éloge de S. Louis
que les plus grandes prosperitez n'ont pú
corrompre , que l'adversité la plus accablante
n'a pû abbatre. Deux traits dontle
Panégiriste forme le caractere de notre
saint Roy , et qui le distinguent des autres
Saints , dont notre Religion a consacré
la mémoire. Par une sagesse divinement
éclairée S. Loüis a rebuté le monde
flateur , et s'est élevé au dessus des Héros
mondains. Par une fermeté héroïque
ce S. Monarque surmontant les rebuts
mystérieux de Dieu , qui n'étoient que
des épreuves ,a été trouvé digne de Dieu .
Heureux , lorsque le Monde le croyoit le
plus malheureux. Deux Propositions qui
enferment la division et toute l'oeconomie
d'unDiscours, dont lebut principal est
de montrer combien le Christianisme est
propre à former des Héros , et quelle est
la supériorité des Héros qu'il forme.L'Illustre
Orateur a inséré dans son Exorde
san Eloge de l'Académie Françoise , qui
mé.
2208 MERCURE DE FRANCE
mérite d'être lû, le sujet le fournit, et rien
n'est plus délicatement touché . 63
La premiere Partie offre d'abord une
peinture aussi vrayc que vive, du Monde
prophane , de ce monde que l'Evangile
ordonne de fuir , de haïr¸ au moins s'il
ne nous est pas libre de le fuït , aversion
et violence qui coutent cher , principalement
aux Grands de la Terre .C'est
cependant ce Monde que le S. Roi a vaincu
en tant de manieres . Le détail de ces
Victoires fait la matiere de cette Partie
du Discours , où l'on voit par tout que
le plus Saint de nos Rois , a été le meilleur
de nos Rois ; ainsi s'exprime l'Orateur
Chrétien .
Il n'auroit pas été le meilleur de nos
Rois , continue til , s'il n'avoit pas cultivé
l'esprit de ses peuples pour former
leur coeur ; s'il n'avoit adouci par les
sciences la barbarie des François belliqueux
et ignorans ; fiers même de leur
ignorance. Il se plaisoit , sçavant lui - même,
à rassembler dans son Palais S. Thomas
d'Aquin , S. Bonaventure , Sorbon
Colonne , Vincent de Beauvais , Pierre
de Fontaines , la lumiere de leur siécle ,
les Oracles de la Religion ,de la Jurisprudence
et de l'Erudition ; il leur. donnoit
le dessein des Ouvrages dont ils ont enrichi
1
OCTOBRE. 1733 . 2209
chi le Public . Sa liberalité soutenoit l'entrepЯse,
son goût la conduisoit. Le Grand
Cardinal de Richelieu n'a exécuté que
ce que S. Louis avoit commencé. On
voyoit dans les Assemblées où il se délassoit
des fatigues du Gouvernement, ce
qu'on voit dans les vôtres, Messieurs , les
grands Génies , et les grands Seigneurs ,
le Roy de Navarre , le Comte de Bretagne
, le Sire de Joinville , cet Historien
inimitable ; aussi naturel , plus sincere
que César , deux Cardinaux confidens
du Prince , et chargez par lui des plus
importantes négociations , dont l'un fût
élevé sur le S. Siége , mêlez sans distinction
avec les autres Sçavans , reconnoître
que la naissance et le rang doivent un
légitime hommage à la supériorité de l'esprit.
Roy véritablement tres chrétien ;
S..Louis , dans les soins qu'il prit pour
faire fleurir les Sciences , avoit en vûë le
bien de l'Etat , la gloire de la Nation
et plus encore la défense de la Religion .
Dans la seconde Partie , le`Saint Roy
est representé d'autant plus éprouvé par
une longue suite de tribulations , qu'il
étoit agréable à Dieu , suivant cet Óracle
de l'Ecriture , quia acceptus eras Deo ,
necesse fuit ut tentatio probaret te. Tob . 12.
L'Affliction des Justes étant nécessaire
E pour
2280 MERCURE DE FRANCE
pour leur interêt , pour l'inrerêt de Dieu .
Les plus beaux traits de l'Histoire de
S. Louis , appliquez à ces grandes maximes
, fournissent une Carriere dans la
quelle la Religion triomphe toujours
une Eloquence chrétienne et pathétique
Y brille par tout. On en jugera par le
traits suivans , nos bornes ne nous per
mettant pas de nous étendre davantage.
›
Le Ciel et le Nil viennent au secours
des Sarrazins vaincus ; la terre et l'air infectez
font périr l'Armée victorieuse , et
livrent sans combat le Saint Roy , languissant
à la barbarie des vaincus ... Ne
lui échapera- t- il point au moins quelques
plaintes ? Non sa douleur sera
muette , son amour pour Dieu sera maître
de sa bouche comme de son coeur :
Vous seul , dit- il , vous seul, mon Dieu ,
méritez d'être aimé , lorsque vous traitez si
rigoureusement ceux qui vous aiment... Il
fût dans les prisons de Memphis aussi
Roy que dans son Palais , plus conquerant
qu'à la tête de son Armée : Sapientia
descendit cum illo in foveam , et in
vinculis non dereliquit eum , donec afferret
illi Sceptrum regni .
Et de quelle multitude de benedictions
Dieu n'a- t-il pas continué de recompenser
la fidelité de S.Louis ? Quelle longue
suite
OCTOBRE. 1733. 221F
suite de Rois le reconnoissent pour Peret
Sa postérité regne dans les deux Mondes.
France , rendez graces à la patience de
S. Louis ; vous lui devez , Charles le Sage
, les miraculeuses victoires de Charles
VII . Louis , le Pere du Peuple , François
I. restaurateur des Sciences , la clémence
d'Henri le Grand , Louis le Juste,
* dompteur de l'Hérésie. Vous lui devez ,
LOUIS LE GRAND , qui a réuni toutès
leurs vertus avec la patience héroïque ·
de S. Louis , vous lui devez le Regne de
S. Lours qui se renouvelle.
Il faudroit tout copier ; plutôt qu'extraire
, si on vouloit ne rien omettre dans
un Discours si rempli de beautez et de
grandes véritez. Disons en finissant, que
l'Auteur du Panégyrique , dont nous rendons
compte , a solidement démontré
dans un Ouvrage , digne de passer à la
Postérité , ce qu'un * Historien n'a , pour
ainsi dire, fait qu'ébaucher ,lorsqu'en parlant
de notre S. Roy , il a fait son Eloge
dans ce peu de paroles : Il a été tres grand
Roy , mais en Saint ; il a été tres--grand
Saint , mais en Roy.
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Résumé : Panégirique de S. Loüis, &c. [titre d'après la table]
Le 25 août 1733, le Père Tournemine a prononcé un panégyrique de Saint Louis à l'Académie Française, s'inspirant des paroles de Saint Paul dans l'Épître aux Galates. Ce discours met en avant Saint Louis comme un roi dont les prospérités n'ont pas corrompu et les adversités n'ont pas abattu. Deux traits distinctifs de Saint Louis sont soulignés : sa sagesse divine et sa fermeté héroïque face aux épreuves. Le panégyrique est structuré en deux parties. La première partie décrit le monde profane que Saint Louis a su vaincre, le présentant comme le meilleur des rois en raison de son soutien aux sciences et à l'éducation. Saint Louis est loué pour avoir rassemblé des érudits et des savants dans son palais, favorisant ainsi le développement intellectuel et spirituel de son peuple. La seconde partie relate les tribulations de Saint Louis, soulignant que ses épreuves étaient nécessaires pour son intérêt et celui de Dieu. Le discours se termine par une série de bénédictions et de reconnaissances de la postérité de Saint Louis, soulignant son héritage durable et son influence sur les rois suivants.
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