Résultats : 19 texte(s)
Accéder à la liste des mots clefs.
Détail
Liste
1
p. 311-312
DEVISE SUR LA STATUE de Diane trouvée en la Ville d'Arles, qui depuis plusieurs siécles y estoit cachée, & qui a esté présentée au Roy.
Début :
Cette Devise a pour corps la Lune, qui apres l'Eclipse qu'elle [...]
Mots clefs :
Statue, Lune, Éclipses, Lumière, Diane, Gloire, Esprits, Bonheur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DEVISE SUR LA STATUE de Diane trouvée en la Ville d'Arles, qui depuis plusieurs siécles y estoit cachée, & qui a esté présentée au Roy.
DEVISE SUR LA STATUE
de Diane trouvée en lav VVailllëe
Artes, qui depuis plufieurs
fiécles y eftoit cachée , & qui
ma efté préſentée au Royd saa
Cette Devife a pour corps la Lune,
qui apres ↳ Eclipſe qu'elle fouffre par
l'interpofition de la Terre diametralemensoppofée
entre lle & le Soleil, fe
tire de l'ombre & reçoit la lumiere
de ce mefme Aftre. Cesparoles luyfervent
d'ame , Aliena luce corufcat .
Ellesfont expliquées par ces Vers.
Pourquoy
Ourquoy ne vanter pas cette illuftre
Diane,
Cet Oraclefameux, ce Chefd'oeuvre de
l'Art;
Puis que lesbeaux Efprits yprennent.tant
de parta
.
312
Extraordinaire
3
Et n'y trouvent rien de profane?
Pendant un long filence , & fans gloire
& fans bruit,
La terreluvfervoit d'une profonde nuit,
Quoy quel Aftredujourfist toûjoursfa
carrière ;
Mais par un bonheurfans pareil,
Si- toft qu'elle voit la lumiere,
Elle prendfon éclat de celuy du Soleil
RAULT.
de Diane trouvée en lav VVailllëe
Artes, qui depuis plufieurs
fiécles y eftoit cachée , & qui
ma efté préſentée au Royd saa
Cette Devife a pour corps la Lune,
qui apres ↳ Eclipſe qu'elle fouffre par
l'interpofition de la Terre diametralemensoppofée
entre lle & le Soleil, fe
tire de l'ombre & reçoit la lumiere
de ce mefme Aftre. Cesparoles luyfervent
d'ame , Aliena luce corufcat .
Ellesfont expliquées par ces Vers.
Pourquoy
Ourquoy ne vanter pas cette illuftre
Diane,
Cet Oraclefameux, ce Chefd'oeuvre de
l'Art;
Puis que lesbeaux Efprits yprennent.tant
de parta
.
312
Extraordinaire
3
Et n'y trouvent rien de profane?
Pendant un long filence , & fans gloire
& fans bruit,
La terreluvfervoit d'une profonde nuit,
Quoy quel Aftredujourfist toûjoursfa
carrière ;
Mais par un bonheurfans pareil,
Si- toft qu'elle voit la lumiere,
Elle prendfon éclat de celuy du Soleil
RAULT.
Fermer
Résumé : DEVISE SUR LA STATUE de Diane trouvée en la Ville d'Arles, qui depuis plusieurs siécles y estoit cachée, & qui a esté présentée au Roy.
La devise sur la statue de Diane, découverte dans la vallée de Vaillèle, utilise la Lune comme symbole central. Après une éclipse, la Lune sort de l'ombre et reçoit la lumière du Soleil, illustrée par 'Aliena luce corufcat'. Les vers soulignent la grandeur de Diane et l'admiration pour cette œuvre. Le texte décrit une période de silence et d'obscurité sur Terre, suivie d'un retour à la lumière grâce au Soleil.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
2
p. 160-163
Arivée de la Statuë du Roy au Havre, [titre d'après la table]
Début :
Le Samedy 17. de ce mois, on déchargea au Havre de Grace [...]
Mots clefs :
Statue, Cavalier, Statue du roi, Transport, Louis le Grand, Officiers, Cérémonie, Honneurs, Monarque
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Arivée de la Statuë du Roy au Havre, [titre d'après la table]
LeSamedy 17. de ce mois,
on déchargea au Havre de
Grace la Statue Equeftre du
Roy , faite par le Cavalier
Bernin , dont je vous ay parlé
plufieurs fois . Elle y a efté
conduite de Civita Vecchia ,
GALANT 161
par M Barbaut , Capitaine
de Marine , für la Flute du
Roy , nommée le Tardif. Ort
Fa mife dans un Smak Hollandois
, qui doit la porter
à Rouen , & peut- eftre jufqu'à
Paris fans la décharger,
ce qui ne s'eftoit point encore
vû , mais rien n'eft im
poffible aux François fous le
Regne , & pour le fervice de
Louis LE GRAND . M' de
Montmor, Intendant de Ma
rine au Havre , a celébré
l'heureuſe arrivée de cette
Statue , par la décharge ' du
Canon & de la Moufquete-
Février 1685.
162 MERCURE
>
rie , & par le bruit des Bombes
& des Carcaffes . Cela
s'eft paffé en préſence de
tous les Officiers & des
Dames mefme , dont beaucoup
eftoient venues des
Environs , fur ce qu'elles
avoient fçû que l'on préparoit
pour cette Cerémonie.
Chacun à l'envy a marqué
fa joye par des cris reïtérez
de Vive le Roy , & par quantité
de Muids de Vin qui
ont efté défoncez au bruit
des Tambours & des Trompetes
. On peut connoiftre
là combien noftre aupar
GALANT. 163
guſte Monarque eft aimé de
fes Sujets , puis qu'ils ren-,
dent à la Statue les honneurs
qu'on n'avoit accoûtumé de
rendre qu'aux feules Perfonnes
des Roys .
on déchargea au Havre de
Grace la Statue Equeftre du
Roy , faite par le Cavalier
Bernin , dont je vous ay parlé
plufieurs fois . Elle y a efté
conduite de Civita Vecchia ,
GALANT 161
par M Barbaut , Capitaine
de Marine , für la Flute du
Roy , nommée le Tardif. Ort
Fa mife dans un Smak Hollandois
, qui doit la porter
à Rouen , & peut- eftre jufqu'à
Paris fans la décharger,
ce qui ne s'eftoit point encore
vû , mais rien n'eft im
poffible aux François fous le
Regne , & pour le fervice de
Louis LE GRAND . M' de
Montmor, Intendant de Ma
rine au Havre , a celébré
l'heureuſe arrivée de cette
Statue , par la décharge ' du
Canon & de la Moufquete-
Février 1685.
162 MERCURE
>
rie , & par le bruit des Bombes
& des Carcaffes . Cela
s'eft paffé en préſence de
tous les Officiers & des
Dames mefme , dont beaucoup
eftoient venues des
Environs , fur ce qu'elles
avoient fçû que l'on préparoit
pour cette Cerémonie.
Chacun à l'envy a marqué
fa joye par des cris reïtérez
de Vive le Roy , & par quantité
de Muids de Vin qui
ont efté défoncez au bruit
des Tambours & des Trompetes
. On peut connoiftre
là combien noftre aupar
GALANT. 163
guſte Monarque eft aimé de
fes Sujets , puis qu'ils ren-,
dent à la Statue les honneurs
qu'on n'avoit accoûtumé de
rendre qu'aux feules Perfonnes
des Roys .
Fermer
Résumé : Arivée de la Statuë du Roy au Havre, [titre d'après la table]
Le 17 février 1685, la statue équestre du roi, sculptée par le Cavalier Bernin, a été débarquée au Havre de Grâce après un transport depuis Civita Vecchia à bord de la flûte royale 'Le Tardif', sous la direction de M. Barbaut. Elle a ensuite été transférée dans un smack hollandais pour être acheminée jusqu'à Rouen et potentiellement Paris sans être déchargée, une première en France. Cet exploit a eu lieu sous le règne de Louis XIV. M. de Montmor, intendant de marine, a marqué l'événement par des salves de canon et de mousqueterie, ainsi que par des explosions de bombes et de carcasses. La cérémonie, en présence des officiers et de nombreuses dames, a été célébrée par la population avec des cris de 'Vive le Roy' et en défonçant des muids de vin au son des tambours et des trompettes, exprimant ainsi leur loyauté envers le monarque.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
3
p. 149-162
LE TRIOMPHE DE VÉNUS.
Début :
Vous vous souvenez de la Dispute qui s'est élevée / Sur le bord de l'Arar, ma Muse solitaire, [...]
Mots clefs :
Statue, Vénus, Muse, Amour, Sommeil, Triomphe, Courtisans, Glorieux, Grâces, Jeux, Coeur, Grandeur, Lumière, Charme, Héros, Heureux, Louis le Grand
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE TRIOMPHE DE VÉNUS.
Vous vous ſouvenez de la
Diſpute qui s'eſt élevée entre
les Sçavans touchant la Statuë
de la Viile d'Arles , pour
fçavoir fi elle repreſentoit
Venus , ou Diane. La décifion
de Sa Majesté qui s'eft
déclarée pour la premiere,
ayant terminé ce differend,
M' Magnin de l'Academie
Royale d'Arles , a fait làdeſſus
le galantOuvrage que
je vous envoye.bon
Nij
150 MERCURE
?
:
52555255-52552 555
LE TRIOMPHE
DE VENUS .
Urte bord de l'Arar ,ma Mase
Jolitaire
Cher espoirde mes derniers jours
M'offroitde quelques vers leSterite
Lecours,
Et révoit à ſon ordinaire,
Quandles Feux,les Ris,lesAmours
Vinvent troubler en foule, avecque I
leursTambours رد مرا
Leurs chants, leur Haut-bois , lour
Musette,
Lefilence dema Retraite.
52
ол
LeDieu qui fait aimer , l'air gay , le
teintvermeil,
GALANT. 151
M'aborde, s'avanceà leurteste,
Etme dit,fors de cesommeil,
Qui,filoin des plaisirs , &t'endort,
&i'arreste.
Venus triomphe enfin,je t'invite à la
feſte;
Ala Cour de LOVIS, on enfait l'appareil,
Ettout en estjusqu'au Soleil.
Se
Dianeabeaufaire lafiere,
Ellen'a plusde Courtisans,
Etfesplus zelez Partiſans
Ontabandonnéla carriere.
S2
SurunSujetfi glorieux
Nous avons raisonné , mais foibles
quenoussommes,
Dis-je alors , n'est- cepas au plusparfaitdes
Hommes
Adireſon avissur l'interèt desDieux?
N iiij
152 MERCURE
LOVIS aprononcé, c'est à tuy de ré-
Soudre,
Il estdans un degréfihaut chez les
Humains,
Que quandmesme ces Dieux luy préteraient
lafoudre,
Apeine croiroit on qu'elle custchangé
demains.
Se
Aprésque ce Heros a vuidé la querolle
Ilnefautplus disputer,
Venus le doitemporter,
Les Muſes deformais vivront bien
avec elle..
Prés de LOVIS le Grand, eltesfont
enfaveur,
P
Les Graces pour Venus ont un zele
fidelte
Enſemble de ce vainqueur
Chantantlagloire immortelle
GALANT 153
Ellesfe feront honneur
Den'avoirqu'un mesme coeur.
Se :
Les Gracesme répondirent,
Ilnetiendrapoint ànous
Les Feux,les Ris repartirent,
Quepeut- on fairefansvous,
Fillesde Venus difcrettes ?
Tout ce que gouſtent de doux
Lesamours les plusparfaites ,
N'est-cepasvousquile faites?
Que peut onfairefans vous,
Filles de Venus difcrettes?
52
Entrez dans'le Palais du plusgrand
Roy du monde,
Admirezſaſageſſe , & tranquile&
profonde,
Entrez , Mere des Amours ,
Vous triomphez , & Diane
Qui vous traitoit de Propbanes
:
154 MERCURE
N'eutjamais de fibeauxjours.
८८
Aces cris d'allegreffe
LesMuſes à leurtour
Vinrent fendre la preſſe,
Etpourfaire leur cour
Meſlons nosvoix , dirent- elles,
Ala gloire du Heros,
Dont les grandeurs immortelles,
Nous donnent en cejour unsi noble
repos.
Se
Leparty plut d'abord , lesGraces l'ac
cepterent,
Etfan's perdre de temps en recitsfuflus,
Voicy comme elles chanterent
LeTriomphe de Venus.
LES GRACES.
Venus a l'airtouchant,&d'elleonpeut
apprendre
1
GALANT. 155
Amefler aux Lauriers les Myrthes
amoureux .
Venus ne gaste rien audeſtin des
heureux,
En eft.on moins Heros , pouravoir le
coeur tendre?
LES MUSES .
Quand on donnedes loix aux plus
grands des Humains,
Toûjours vainqueur, &toûjours
équitable,
Etque demille Souverains
On tient lefort entre ses mains,
Pour avoir l'amefiere, en est- on moins
aimable?
LES GRACES.
Dans un degréde gloire , ou rien ne
peutatteindre,
Ilfautsçavoirdécendre , il fautſca-
いいvoir charmer
Il est beau dese faire craindre
156 MERCURE
Ilestdoux dese faire aimer.
LES MUSES ...
Si Venus maintenant d'une Pomme
eftornée,
Del'air dont elle la tient
Onvoitqu'ellesefouvient
DuHeros qui l'a donnéc.
LES GRACES.
Celle qu'elle recent de ce Bergervolage
Qui causa d'Ilion lefuneste ravage
Eftoit- elle de ceprix?
LOUIS a le rare avantage
De ne pouvoir estresurpris;
Iljointpar unheureux , &charmant
affemblage
Alafiertéd' Hector les charmes de
Paris. 6
LES MUSES .
Son régnefiplein de merveilles
Est la gloire de l'Univers .
i
GALANT. 157
LES GRACES .
Il est l'entretien de vosveilles
Il estle charme de vos Vers.
LES MUSES .
:
Certesfafaveurfouveraine
Nous tient lieu detout aujourd'huy.
LES GRACES.
Il estAuguste , il est Macene,
Vous n'avez affaire qu'à luy.
LES MUSES .
Qui peut nous troubler ? de la
guerre
On a fermé les Esendars
LES GRACES .
Flore peut reduire en parterre
Tout le terrain du Champ de Mars.
LES MUSES .
Plusde Canons , plus de Carcaffes,
Ne troublent l'accord de nos voix.
MULES GRACES.
Ilfautlaiſſer rive les Graces,
158 MERCURE
LOVIS les remet dans leurs
droits.
LES MUSES .
Dianen'estpoint abaiffée ;
Que cede- t'elle icy dufien?
LES GRACES .
Elle estla premiereplacée,
Venusne luy dérobe rien.
LES MUSES .
Sous le Heros quiles aſſemble
Qu'elles aurontdejours heureux!
LES GRACES.
Puißent-elles toûjours enſemble
L'accompagner dans tous fes
vaux.
... LES MUSES.
Puiffent elles d'intelligence
De charmerdans ses petits Fils.
LES GRACES!
Puiffent- elles toûjours en France
Faire la culture des •
GALANT 159
LES MUSES .
Venez ,heureuſes Destinées
Venez ſeconderſes defirs.
LES GRACES .
Neveillez queſurſes années,
Neménagezqueses plaisirs.
LES MUSES .
Fieres Beautez , Venus vous preffe
Devous enflamer en ce jour.
LES GRACES.
Que toutse rendeà latendreſſe;
Quefaire d'un coeurfans amour?
LES MUSES .
-Sans amourseroit- il poſſible
D'avoir des plaiſirs accomplis?
LES GRACES.
QuAmarilisfoitinſenſible,
C'est tant pis pour Amarilis.
LES MUSES.
Venus triomphe, tout le monde
Doit estresoumis àses loix.
160 MERCURE
LES GRACES .
Elle enflame laterre & l'onde,
Peut - on avoir de plus grands
droits?
Se
Merucilledufiecle ou nnoouussfommes
Dit l'Amour , fi Venus voit rétablir
Ses droits,
N'est- ce pas par la voix
Du plus parfait des Hommes,
plus grand des Rois? Etdu
は
Son triomphe estfiny , Sa gloire estaccomplie
Sa place estoit marquée , &le fera
toujours,
Pouvoit elle eftre mieux remplie
rlaMeredes Que parla
Se
Amours?
Allez à vostre tour, allez prendre vos
GALANT. 161
!
Dans ce Palais auguſte , il ne vous
manque rien
Etpourfinirvoſtre entretien
Apprenez à tous ceux qui plaignoients
vos disgraces,
Que les Muses, &les Graces
Nefurentjamaissibien.
SS
Rag છે
Allez par toute laterre
Aſſemblervos Favoris,
Lebruit affreux de la guerre
Netroublera plus vos cris..
Signalons noftre allegreffe
Regnons dansce Siecle heureux,
C'estl'amourqui nous en preſſe,
Direntles Ris,&les feux.
Allonsfaire éclaterfur laTerre&fur
l'onde,
Allons , & ne tardóns plus,
Au nom du Maistre du monde
162 MERCURE
Le triomphe de venus.
S&
Acesmots ils difparurem wiel
Sur leurs pas les Zephirs de la Plaine
coarurent
A
Etreftantfeulje dis en soupirant,
Tropheureux qui vous peutfuivre
Dans cet airfi triomphant;
Mais plus beureux qui peutvivre
Auprés de LOUIS le Grand!
Diſpute qui s'eſt élevée entre
les Sçavans touchant la Statuë
de la Viile d'Arles , pour
fçavoir fi elle repreſentoit
Venus , ou Diane. La décifion
de Sa Majesté qui s'eft
déclarée pour la premiere,
ayant terminé ce differend,
M' Magnin de l'Academie
Royale d'Arles , a fait làdeſſus
le galantOuvrage que
je vous envoye.bon
Nij
150 MERCURE
?
:
52555255-52552 555
LE TRIOMPHE
DE VENUS .
Urte bord de l'Arar ,ma Mase
Jolitaire
Cher espoirde mes derniers jours
M'offroitde quelques vers leSterite
Lecours,
Et révoit à ſon ordinaire,
Quandles Feux,les Ris,lesAmours
Vinvent troubler en foule, avecque I
leursTambours رد مرا
Leurs chants, leur Haut-bois , lour
Musette,
Lefilence dema Retraite.
52
ол
LeDieu qui fait aimer , l'air gay , le
teintvermeil,
GALANT. 151
M'aborde, s'avanceà leurteste,
Etme dit,fors de cesommeil,
Qui,filoin des plaisirs , &t'endort,
&i'arreste.
Venus triomphe enfin,je t'invite à la
feſte;
Ala Cour de LOVIS, on enfait l'appareil,
Ettout en estjusqu'au Soleil.
Se
Dianeabeaufaire lafiere,
Ellen'a plusde Courtisans,
Etfesplus zelez Partiſans
Ontabandonnéla carriere.
S2
SurunSujetfi glorieux
Nous avons raisonné , mais foibles
quenoussommes,
Dis-je alors , n'est- cepas au plusparfaitdes
Hommes
Adireſon avissur l'interèt desDieux?
N iiij
152 MERCURE
LOVIS aprononcé, c'est à tuy de ré-
Soudre,
Il estdans un degréfihaut chez les
Humains,
Que quandmesme ces Dieux luy préteraient
lafoudre,
Apeine croiroit on qu'elle custchangé
demains.
Se
Aprésque ce Heros a vuidé la querolle
Ilnefautplus disputer,
Venus le doitemporter,
Les Muſes deformais vivront bien
avec elle..
Prés de LOVIS le Grand, eltesfont
enfaveur,
P
Les Graces pour Venus ont un zele
fidelte
Enſemble de ce vainqueur
Chantantlagloire immortelle
GALANT 153
Ellesfe feront honneur
Den'avoirqu'un mesme coeur.
Se :
Les Gracesme répondirent,
Ilnetiendrapoint ànous
Les Feux,les Ris repartirent,
Quepeut- on fairefansvous,
Fillesde Venus difcrettes ?
Tout ce que gouſtent de doux
Lesamours les plusparfaites ,
N'est-cepasvousquile faites?
Que peut onfairefans vous,
Filles de Venus difcrettes?
52
Entrez dans'le Palais du plusgrand
Roy du monde,
Admirezſaſageſſe , & tranquile&
profonde,
Entrez , Mere des Amours ,
Vous triomphez , & Diane
Qui vous traitoit de Propbanes
:
154 MERCURE
N'eutjamais de fibeauxjours.
८८
Aces cris d'allegreffe
LesMuſes à leurtour
Vinrent fendre la preſſe,
Etpourfaire leur cour
Meſlons nosvoix , dirent- elles,
Ala gloire du Heros,
Dont les grandeurs immortelles,
Nous donnent en cejour unsi noble
repos.
Se
Leparty plut d'abord , lesGraces l'ac
cepterent,
Etfan's perdre de temps en recitsfuflus,
Voicy comme elles chanterent
LeTriomphe de Venus.
LES GRACES.
Venus a l'airtouchant,&d'elleonpeut
apprendre
1
GALANT. 155
Amefler aux Lauriers les Myrthes
amoureux .
Venus ne gaste rien audeſtin des
heureux,
En eft.on moins Heros , pouravoir le
coeur tendre?
LES MUSES .
Quand on donnedes loix aux plus
grands des Humains,
Toûjours vainqueur, &toûjours
équitable,
Etque demille Souverains
On tient lefort entre ses mains,
Pour avoir l'amefiere, en est- on moins
aimable?
LES GRACES.
Dans un degréde gloire , ou rien ne
peutatteindre,
Ilfautsçavoirdécendre , il fautſca-
いいvoir charmer
Il est beau dese faire craindre
156 MERCURE
Ilestdoux dese faire aimer.
LES MUSES ...
Si Venus maintenant d'une Pomme
eftornée,
Del'air dont elle la tient
Onvoitqu'ellesefouvient
DuHeros qui l'a donnéc.
LES GRACES.
Celle qu'elle recent de ce Bergervolage
Qui causa d'Ilion lefuneste ravage
Eftoit- elle de ceprix?
LOUIS a le rare avantage
De ne pouvoir estresurpris;
Iljointpar unheureux , &charmant
affemblage
Alafiertéd' Hector les charmes de
Paris. 6
LES MUSES .
Son régnefiplein de merveilles
Est la gloire de l'Univers .
i
GALANT. 157
LES GRACES .
Il est l'entretien de vosveilles
Il estle charme de vos Vers.
LES MUSES .
:
Certesfafaveurfouveraine
Nous tient lieu detout aujourd'huy.
LES GRACES.
Il estAuguste , il est Macene,
Vous n'avez affaire qu'à luy.
LES MUSES .
Qui peut nous troubler ? de la
guerre
On a fermé les Esendars
LES GRACES .
Flore peut reduire en parterre
Tout le terrain du Champ de Mars.
LES MUSES .
Plusde Canons , plus de Carcaffes,
Ne troublent l'accord de nos voix.
MULES GRACES.
Ilfautlaiſſer rive les Graces,
158 MERCURE
LOVIS les remet dans leurs
droits.
LES MUSES .
Dianen'estpoint abaiffée ;
Que cede- t'elle icy dufien?
LES GRACES .
Elle estla premiereplacée,
Venusne luy dérobe rien.
LES MUSES .
Sous le Heros quiles aſſemble
Qu'elles aurontdejours heureux!
LES GRACES.
Puißent-elles toûjours enſemble
L'accompagner dans tous fes
vaux.
... LES MUSES.
Puiffent elles d'intelligence
De charmerdans ses petits Fils.
LES GRACES!
Puiffent- elles toûjours en France
Faire la culture des •
GALANT 159
LES MUSES .
Venez ,heureuſes Destinées
Venez ſeconderſes defirs.
LES GRACES .
Neveillez queſurſes années,
Neménagezqueses plaisirs.
LES MUSES .
Fieres Beautez , Venus vous preffe
Devous enflamer en ce jour.
LES GRACES.
Que toutse rendeà latendreſſe;
Quefaire d'un coeurfans amour?
LES MUSES .
-Sans amourseroit- il poſſible
D'avoir des plaiſirs accomplis?
LES GRACES.
QuAmarilisfoitinſenſible,
C'est tant pis pour Amarilis.
LES MUSES.
Venus triomphe, tout le monde
Doit estresoumis àses loix.
160 MERCURE
LES GRACES .
Elle enflame laterre & l'onde,
Peut - on avoir de plus grands
droits?
Se
Merucilledufiecle ou nnoouussfommes
Dit l'Amour , fi Venus voit rétablir
Ses droits,
N'est- ce pas par la voix
Du plus parfait des Hommes,
plus grand des Rois? Etdu
は
Son triomphe estfiny , Sa gloire estaccomplie
Sa place estoit marquée , &le fera
toujours,
Pouvoit elle eftre mieux remplie
rlaMeredes Que parla
Se
Amours?
Allez à vostre tour, allez prendre vos
GALANT. 161
!
Dans ce Palais auguſte , il ne vous
manque rien
Etpourfinirvoſtre entretien
Apprenez à tous ceux qui plaignoients
vos disgraces,
Que les Muses, &les Graces
Nefurentjamaissibien.
SS
Rag છે
Allez par toute laterre
Aſſemblervos Favoris,
Lebruit affreux de la guerre
Netroublera plus vos cris..
Signalons noftre allegreffe
Regnons dansce Siecle heureux,
C'estl'amourqui nous en preſſe,
Direntles Ris,&les feux.
Allonsfaire éclaterfur laTerre&fur
l'onde,
Allons , & ne tardóns plus,
Au nom du Maistre du monde
162 MERCURE
Le triomphe de venus.
S&
Acesmots ils difparurem wiel
Sur leurs pas les Zephirs de la Plaine
coarurent
A
Etreftantfeulje dis en soupirant,
Tropheureux qui vous peutfuivre
Dans cet airfi triomphant;
Mais plus beureux qui peutvivre
Auprés de LOUIS le Grand!
Fermer
4
p. 256-657
SUITE des Nouvelles de Paphos, l'An de l'Amour 1731.
Début :
On a reçû des Lettres de Paris, [...]
Mots clefs :
Iris, Amour, Vénus, Fête, Édit, Statue, Grâces, Plaisirs, Autels, Iris
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUITE des Nouvelles de Paphos, l'An de l'Amour 1731.
SUITE des Nouvelles de Paphos ,
l'An de l'Amour 1731 .
ONN a reçû des Lettres de Paris ,
Qui portent en substance ,
Qu'Iris est en convalescence.
Et ces jours passez , quelques Ris ,'
Sont arrivez à tire d'aîle ,
Pour en confirmer la nouvelle.
On pense ici differemment ,
Sur cet heureux évenement.
L'Amour en montre une allegresse entiere ,
Mais on remarque que sa mere ,
Reçoit la chose froidement ;
Que sans trop en faire mistere ,
Au rapport des Courriers elle entra brusquement
Dans son Appartement.
Cependant le Dieu de Cythere ,
Vient d'ordonner par un Edit ,
Dans les Païs de son obéissance ,
Trois jours pleins de réjouissance .
Et lui même , à ce que l'on dit ,
Dans sa Cour prépare une Fête ,
Dont Vénus à martel en tête.
Concert , Comedie , Opera ,
Bals , Jeux , Festin , et catera ,
Y
AVRIL.
1731 657
Y feront chacun leur office.
On y joint un Feu d'artifice ,
Et Vulcain le composera.
Ce Dieu ne fut jamais dans l'ame ,
Tout- à-fait content de sa femme ,
Et n'est pas fâché par ce feu ,
De la mortifier un peu.
On doit d'Iris y placer la Statuë :
De l'Echarpe divine elle sera vétuë ,
Les Graces la couronneront ,
Et les Plaisirs l'entoureront.
Ces quatre Vers se feront lire ,
Sur un Piedestal de Porphire.
Des Dieux, ainsi que des Mortels ,
Se réunit ici l'hommage ,
La Beauté dont on voit l'image ,
Mérite un culte et des Autels.
l'An de l'Amour 1731 .
ONN a reçû des Lettres de Paris ,
Qui portent en substance ,
Qu'Iris est en convalescence.
Et ces jours passez , quelques Ris ,'
Sont arrivez à tire d'aîle ,
Pour en confirmer la nouvelle.
On pense ici differemment ,
Sur cet heureux évenement.
L'Amour en montre une allegresse entiere ,
Mais on remarque que sa mere ,
Reçoit la chose froidement ;
Que sans trop en faire mistere ,
Au rapport des Courriers elle entra brusquement
Dans son Appartement.
Cependant le Dieu de Cythere ,
Vient d'ordonner par un Edit ,
Dans les Païs de son obéissance ,
Trois jours pleins de réjouissance .
Et lui même , à ce que l'on dit ,
Dans sa Cour prépare une Fête ,
Dont Vénus à martel en tête.
Concert , Comedie , Opera ,
Bals , Jeux , Festin , et catera ,
Y
AVRIL.
1731 657
Y feront chacun leur office.
On y joint un Feu d'artifice ,
Et Vulcain le composera.
Ce Dieu ne fut jamais dans l'ame ,
Tout- à-fait content de sa femme ,
Et n'est pas fâché par ce feu ,
De la mortifier un peu.
On doit d'Iris y placer la Statuë :
De l'Echarpe divine elle sera vétuë ,
Les Graces la couronneront ,
Et les Plaisirs l'entoureront.
Ces quatre Vers se feront lire ,
Sur un Piedestal de Porphire.
Des Dieux, ainsi que des Mortels ,
Se réunit ici l'hommage ,
La Beauté dont on voit l'image ,
Mérite un culte et des Autels.
Fermer
Résumé : SUITE des Nouvelles de Paphos, l'An de l'Amour 1731.
En 1731, des nouvelles de Paris confirment la convalescence d'Iris. Les réactions divergent : L'Amour exprime une grande joie, tandis que sa mère reste froide. L'Amour organise trois jours de festivités dans ses domaines, incluant concerts, comédies, opéras, bals, jeux, festins et un feu d'artifice conçu par Vulcain. Ce dernier, mécontent de son épouse, voit là une opportunité de la mortifier. Lors de la fête, une statue d'Iris, vêtue de l'écharpe divine, sera placée et couronnée par les Grâces, entourée des Plaisirs. Des vers seront lus sur un piédestal de porphyre, soulignant que la beauté d'Iris mérite un culte et des autels.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
5
p. 751-752
Ancien Temple d'Hercule découvert, &c. [titre d'après la table]
Début :
Des Lettres de Lisbonne, du commencement du mois passé, portent [...]
Mots clefs :
Tempête, Lisbonne, Poisson, Inconnu, Hercule, Pêcheurs, Temple, Carthaginois, Statue
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ancien Temple d'Hercule découvert, &c. [titre d'après la table]
Des Lettres de Lisbonne , du commencement
du mois passé , portent que
la derniere Tempête avoit fait échouet
sur la Côte , entre la Ville de Condé et
celle de Varzin , un Poisson d'une forme
extraordinaire , et inconnu à tous les Pêcheurs
et gens de Mer ; ce Poisson avoit
11. pieds 4. pouces de haut , et 46. pieds
8. pouces de circonference.
Ĉes Lettres ajoûtent , qu'on avoit ap
pris de Cadix , que quelques jours après
Fiiij la
752 MERCURE DE FRANCE
la même tempête on avoit trouvé sur le
bord de la Mer les ruines d'un ancien
Temple des Payens , avec une Statuë de
bronze et quelques Médailles qui font
conjecturer que ce Temple avoit été bâti
par les Carthaginois , et que c'étoit l'ancien
Temple d'Hercule.
du mois passé , portent que
la derniere Tempête avoit fait échouet
sur la Côte , entre la Ville de Condé et
celle de Varzin , un Poisson d'une forme
extraordinaire , et inconnu à tous les Pêcheurs
et gens de Mer ; ce Poisson avoit
11. pieds 4. pouces de haut , et 46. pieds
8. pouces de circonference.
Ĉes Lettres ajoûtent , qu'on avoit ap
pris de Cadix , que quelques jours après
Fiiij la
752 MERCURE DE FRANCE
la même tempête on avoit trouvé sur le
bord de la Mer les ruines d'un ancien
Temple des Payens , avec une Statuë de
bronze et quelques Médailles qui font
conjecturer que ce Temple avoit été bâti
par les Carthaginois , et que c'étoit l'ancien
Temple d'Hercule.
Fermer
Résumé : Ancien Temple d'Hercule découvert, &c. [titre d'après la table]
Des lettres de Lisbonne signalent un poisson inconnu échoué entre Condé et Varzin, mesurant 11 pieds 4 pouces de haut et 46 pieds 8 pouces de circonférence. À Cadix, des ruines d'un ancien temple païen, probablement carthaginois, ont été découvertes avec une statue de bronze et des médailles.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
6
p. 1196-1198
[Mort] De M. Coustou, &c. [titre d'après la table]
Début :
L'Académie Royale de Peinture et de Sculpture, a fait une des plus grandes pertes qu'elle [...]
Mots clefs :
Ouvrages, Mort, Marbre, Statue, Louis XIV, Nicolas Coustou, Académie royale de peinture et de sculpture
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : [Mort] De M. Coustou, &c. [titre d'après la table]
L'Académie Royale de Peinture et de Sculpture
, a fait une des plus grandes
pertes
qu'elle
pouvoit
faire en la personne
de NICOLAS
COUSTOU
, l'aîné , natif de Lyon , mort à
Paris le premier
May , âgé de 71. ans , extrêmement
regretté
par les Amateurs
des beaux Arts ,
et par tous ceux qui connoissoient
sa personne
et ses Ouvrages
, qu'on
a toujours
recherchez
avec beaucoup
d'empressement
.
Il étoit neveu et Eleve d'Antoine Coyzevox ,
aussi Lyonnois , mort à Paris en 1720. âgé de
80. ans.
M. Coustou étoit actuellement Chancelier et
Recteur de l'Académie . Un des Ouvrages qui lui a
fait le plus d'honneur , c'est le Groupe de Marbre
blanc , placé derriere le Maître Autel de l'Eglise
de Notre-Dame , communément appellé le
Vou de Louis XIII . où l'on voir la Vierge assise
au pied de la Croix , tenant le Christ mort
sur ses genoux .
•
Les autres principaux Ouvrages sortis de ses
mains et qui ont le plus contribué à sa grande
I. Vol. réputation
JUIN. 1733. 1197
réputation , sont deux Groupes en Marbre , réprésentant
des Chasseurs , l'un avec un Cerf,
l'autre avec un Sanglier , placez dans les Jardins
de Marly.
Un Groupe de Fleuves , représentant la Seine
et la Marne , dans le Jardin des Tuilleries .
Trois Figures , représentant des Retours de
Chasses , dans le même Jardin , sur la Terrasse
du côté du Pont Royal.
Une Figure de bronze de dix pieds de propor
tion , représentant la Saone et un grând Trophée
de Minerve. Ces deux Morceaux sont placez au
piédestal de la Statue Equestre de Louis XIV .
érigée dans la Ville de Lyon , à la Place de Belle-
Cour.
La Statue en Marbre de Louis XV . en pied
dans le Jardin du Château de Petit- Bourg.
Un petit Apollon , courant après Daphné, &c.
Nous n'entrerons pas dans un plus grand détail
pour abréger , mais nous remarquerons que ces
Ouvrages passent , de l'aveu des plus grands
Connoisseurs , pour ce qui a été fait de plus beau
en ce genre, sous le Regne de Louis XIV . On ne
dit rien de plusieurs autres grands Ouvrages de
M. Coustou , et qu'on voit avec admiration aux
Invalides , à Versailles , Marly , Trianon , &c.
La mort l'a surpris dans ces derniers temps ,
travaillant à un grand Médaillon ou Bas- relief,
représentant le Passage du Rhin , qu'on doit placer
dans le Sallon de la Guerre au Château de
Versailles. Cet Ouvrage n'est pas fini , non plus
que la Statue en pied du Maréchal de Villars ni
le Tombeau du Cardinal de Janson , mais l'inconvénient
n'est pas grand , M. N. Couston , trèsdigne
frere de celui que nous venons de perdre ,
doit les achever incessamment. Le Public est
I. Vol.
G vj persuadé
1198 MERCURE DE FRANCE
persuadé d'avance que ces grands Ouvrages ,
quoique de deux mains , ne diminueront rien de
la réputation de ces illustres freres .
, a fait une des plus grandes
pertes
qu'elle
pouvoit
faire en la personne
de NICOLAS
COUSTOU
, l'aîné , natif de Lyon , mort à
Paris le premier
May , âgé de 71. ans , extrêmement
regretté
par les Amateurs
des beaux Arts ,
et par tous ceux qui connoissoient
sa personne
et ses Ouvrages
, qu'on
a toujours
recherchez
avec beaucoup
d'empressement
.
Il étoit neveu et Eleve d'Antoine Coyzevox ,
aussi Lyonnois , mort à Paris en 1720. âgé de
80. ans.
M. Coustou étoit actuellement Chancelier et
Recteur de l'Académie . Un des Ouvrages qui lui a
fait le plus d'honneur , c'est le Groupe de Marbre
blanc , placé derriere le Maître Autel de l'Eglise
de Notre-Dame , communément appellé le
Vou de Louis XIII . où l'on voir la Vierge assise
au pied de la Croix , tenant le Christ mort
sur ses genoux .
•
Les autres principaux Ouvrages sortis de ses
mains et qui ont le plus contribué à sa grande
I. Vol. réputation
JUIN. 1733. 1197
réputation , sont deux Groupes en Marbre , réprésentant
des Chasseurs , l'un avec un Cerf,
l'autre avec un Sanglier , placez dans les Jardins
de Marly.
Un Groupe de Fleuves , représentant la Seine
et la Marne , dans le Jardin des Tuilleries .
Trois Figures , représentant des Retours de
Chasses , dans le même Jardin , sur la Terrasse
du côté du Pont Royal.
Une Figure de bronze de dix pieds de propor
tion , représentant la Saone et un grând Trophée
de Minerve. Ces deux Morceaux sont placez au
piédestal de la Statue Equestre de Louis XIV .
érigée dans la Ville de Lyon , à la Place de Belle-
Cour.
La Statue en Marbre de Louis XV . en pied
dans le Jardin du Château de Petit- Bourg.
Un petit Apollon , courant après Daphné, &c.
Nous n'entrerons pas dans un plus grand détail
pour abréger , mais nous remarquerons que ces
Ouvrages passent , de l'aveu des plus grands
Connoisseurs , pour ce qui a été fait de plus beau
en ce genre, sous le Regne de Louis XIV . On ne
dit rien de plusieurs autres grands Ouvrages de
M. Coustou , et qu'on voit avec admiration aux
Invalides , à Versailles , Marly , Trianon , &c.
La mort l'a surpris dans ces derniers temps ,
travaillant à un grand Médaillon ou Bas- relief,
représentant le Passage du Rhin , qu'on doit placer
dans le Sallon de la Guerre au Château de
Versailles. Cet Ouvrage n'est pas fini , non plus
que la Statue en pied du Maréchal de Villars ni
le Tombeau du Cardinal de Janson , mais l'inconvénient
n'est pas grand , M. N. Couston , trèsdigne
frere de celui que nous venons de perdre ,
doit les achever incessamment. Le Public est
I. Vol.
G vj persuadé
1198 MERCURE DE FRANCE
persuadé d'avance que ces grands Ouvrages ,
quoique de deux mains , ne diminueront rien de
la réputation de ces illustres freres .
Fermer
Résumé : [Mort] De M. Coustou, &c. [titre d'après la table]
L'Académie Royale de Peinture et de Sculpture a perdu Nicolas Coustou, né à Lyon et mort à Paris le 1er mai à 71 ans. Coustou, neveu et élève d'Antoine Coyzevox, était chancelier et recteur de l'Académie. Ses œuvres les plus notables incluent un groupe de marbre blanc à Notre-Dame représentant la Vierge avec le Christ mort, deux groupes de marbre de chasseurs dans les jardins de Marly, et des représentations de la Seine et de la Marne dans le jardin des Tuileries. À Lyon, il a créé une figure de bronze de la Saône et un trophée de Minerve. Parmi ses autres œuvres, on trouve la statue de Louis XV à Petit-Bourg et un Apollon courant après Daphné. Au moment de sa mort, Coustou travaillait sur un médaillon pour le château de Versailles. Ses projets inachevés, comme la statue du maréchal de Villars et le tombeau du cardinal de Janson, devaient être complétés par son frère. Les œuvres de Coustou sont reconnues comme parmi les plus belles du règne de Louis XIV.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
7
p. 1655-1658
ALLEMAGNE.
Début :
Les Troupes campées entre Oppellen et Brieg, ont reçû ordre de marcher vers Glogaw [...]
Mots clefs :
Bourgeois, Troupes, Église, Armes, Capitulaires, Mayence, Statue, Heures
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
Es Troupes campées entre Oppellen et
• de
le
gaw et d'y former un nouveau Camp
Prince Louis de Wittemberg
a été nommé
pour y commander
, et il doit partir incessamment
1655 MERCURE DE FRANCE
1
ment pour s'y rendre. Il aura sous ses ordres
les Barons de Wittigenau et de Schmertau,Ma
jors généraux de Bataille , et le Baron de Scherr,
Major général de la Cavalerie.
Le 9 de ce mois l'Electeur de Mayence reçut les
hommages de ses Etats dans sa ville Capitale. On
avoit élevé dans la Place du Marché , en face de
l'Eglise Cathedrale, une Estrade de la hauteur de
12 à 14 pieds , longue de 8 à ro toises , sur la
largeur d'environ 30 pieds . Le Plancher et les
Dégrez pour y monter étoient couverts d'un drap
écarlatte , bordé et chamarré de galons d'or. On
avoit dressé au milieu une espece de Trône , dont le
Siége et le Baldaquin étoient couverts de velours
de la même couleur, relevé d'une riche broderie
d'or à festons . A droite et à gauche étoient des
Siéges de même étoffe , pour les 24 Chanoines
Capitulaires de l'Eglise Métropolitaine .
Les deux Bataillons des Troupes de 5. A. E.et
plusieurs Compagnies du Régiment de Nassau ,
en garnison à Mayence , furent commandés . et
borderent toute la Place et les environs. La Bourgeoisie
de la Ville sous les armes , et celle des
Villes du Rheingaw occupoient toutes les rues,
depuis la Place jusqu'au Palais Electoral .
Sur les neuf heures du matin toute PArtillerie
des Ramparts , celle de la Citadelle ; du Port et
des deux Forts, firent trois Salves qui furent sui→
vies de celles des Troupes et des Bourgeois.
Vers les dix heures S. A. E. sortit de son Pa
lais et vint en Carrosse au lieu destiné pour recevoir
les hommages de ses Etats , accompagnée
de toute sa Cour. Elle prit séance sous un Dais ,
au milieu de ses Chanoines Capitulaires , qui
ayant à leur tête le Doyen de la Cathédrale
étoient venus au devant de S, A. On fit ensuite
lecture
JUILLET. 1733. 1557
lecture des articles du serment que devoient prêtér
les Bourgeois ; apres quoi S. A. donna sa
main à baiser aux plus qualifiez d'entr'eux et aux
Chefs de la Ville ; ensuite le Chancelier leur fit
lever la main et prêter serment de fidelité à S. A.
E et au Chapitre.Cette Cérémonie achevée S.A.
E. se retira en son Palais avec toute la Noblesse ,
au bruit du Canon et de la Mousqueterie des
Troupes et des Bourgeois.
ཧཱུྃ་ Depuis midi jusqu'à huit heures du soir , les
Bourgeois firent avec autant de goût que d'activité
les préparatifs de la Fête qu'ils vouloient
donner à S. A. La Place représentoit un magnifique
Jardin , dont les Parterres formoienr les
Chiffres , les Armes et les Attributs de S. A. II
étoit environné de 38 Arcades, séparées par des
Piramides qui portoient des Emblêmes et des
Devises convenables au sujet. Sur la principale
de ces Arcades étoit placée la Statuë de S.A.
de grandeur naturelle , au dessus de laquelle s'élevoit
la Renommée , qui lui présentoit une
Couronne , et au bas le Génie de Mayence, qui
lui offroit ses homages. Sur l'Arca de qui étoit
vis à- vis étoit placée la Statuë de S. Martin , Patron
de l'Eglise Métropolitaine , et sous le ceintre
de l'Arcade , les Arines de S. A. étoient représentées
sur un Médaillon , orné de Guirlandes
et de Festons ; les 36 autres Arcades
droite et à gauche portoient sur des Médaillons
les armes des 12 Suffragans, et celles des 24 Chanoises
Capitulaires du Dôme.Les 4 coins du Jardins
representez , étoient occupez par les 4 Saisons
, d'où sortoient des Fontaiues. S. A. E. se
rendit sur les 9 heures du soir , au Lieu qui lui
avoit été préparé , pour voir l'exécution d'un
tres- beau Feu d'artifice , qui fut suivi d'une Col-
I lation
16:8 MERCURE DE FRANCE
lation , où l'on avoit représenté en Karamel et
Confitures , le dessein de cette Fête . Il y eût un .
Concert magnifique de toutes sortes d'Instiumens
, qui dura jusqu'à onze heures que S. A. se
retira . La Noblesse ouvrit alors le Bal, qui dura
jusqu'à 4 heures du matin.
Es Troupes campées entre Oppellen et
• de
le
gaw et d'y former un nouveau Camp
Prince Louis de Wittemberg
a été nommé
pour y commander
, et il doit partir incessamment
1655 MERCURE DE FRANCE
1
ment pour s'y rendre. Il aura sous ses ordres
les Barons de Wittigenau et de Schmertau,Ma
jors généraux de Bataille , et le Baron de Scherr,
Major général de la Cavalerie.
Le 9 de ce mois l'Electeur de Mayence reçut les
hommages de ses Etats dans sa ville Capitale. On
avoit élevé dans la Place du Marché , en face de
l'Eglise Cathedrale, une Estrade de la hauteur de
12 à 14 pieds , longue de 8 à ro toises , sur la
largeur d'environ 30 pieds . Le Plancher et les
Dégrez pour y monter étoient couverts d'un drap
écarlatte , bordé et chamarré de galons d'or. On
avoit dressé au milieu une espece de Trône , dont le
Siége et le Baldaquin étoient couverts de velours
de la même couleur, relevé d'une riche broderie
d'or à festons . A droite et à gauche étoient des
Siéges de même étoffe , pour les 24 Chanoines
Capitulaires de l'Eglise Métropolitaine .
Les deux Bataillons des Troupes de 5. A. E.et
plusieurs Compagnies du Régiment de Nassau ,
en garnison à Mayence , furent commandés . et
borderent toute la Place et les environs. La Bourgeoisie
de la Ville sous les armes , et celle des
Villes du Rheingaw occupoient toutes les rues,
depuis la Place jusqu'au Palais Electoral .
Sur les neuf heures du matin toute PArtillerie
des Ramparts , celle de la Citadelle ; du Port et
des deux Forts, firent trois Salves qui furent sui→
vies de celles des Troupes et des Bourgeois.
Vers les dix heures S. A. E. sortit de son Pa
lais et vint en Carrosse au lieu destiné pour recevoir
les hommages de ses Etats , accompagnée
de toute sa Cour. Elle prit séance sous un Dais ,
au milieu de ses Chanoines Capitulaires , qui
ayant à leur tête le Doyen de la Cathédrale
étoient venus au devant de S, A. On fit ensuite
lecture
JUILLET. 1733. 1557
lecture des articles du serment que devoient prêtér
les Bourgeois ; apres quoi S. A. donna sa
main à baiser aux plus qualifiez d'entr'eux et aux
Chefs de la Ville ; ensuite le Chancelier leur fit
lever la main et prêter serment de fidelité à S. A.
E et au Chapitre.Cette Cérémonie achevée S.A.
E. se retira en son Palais avec toute la Noblesse ,
au bruit du Canon et de la Mousqueterie des
Troupes et des Bourgeois.
ཧཱུྃ་ Depuis midi jusqu'à huit heures du soir , les
Bourgeois firent avec autant de goût que d'activité
les préparatifs de la Fête qu'ils vouloient
donner à S. A. La Place représentoit un magnifique
Jardin , dont les Parterres formoienr les
Chiffres , les Armes et les Attributs de S. A. II
étoit environné de 38 Arcades, séparées par des
Piramides qui portoient des Emblêmes et des
Devises convenables au sujet. Sur la principale
de ces Arcades étoit placée la Statuë de S.A.
de grandeur naturelle , au dessus de laquelle s'élevoit
la Renommée , qui lui présentoit une
Couronne , et au bas le Génie de Mayence, qui
lui offroit ses homages. Sur l'Arca de qui étoit
vis à- vis étoit placée la Statuë de S. Martin , Patron
de l'Eglise Métropolitaine , et sous le ceintre
de l'Arcade , les Arines de S. A. étoient représentées
sur un Médaillon , orné de Guirlandes
et de Festons ; les 36 autres Arcades
droite et à gauche portoient sur des Médaillons
les armes des 12 Suffragans, et celles des 24 Chanoises
Capitulaires du Dôme.Les 4 coins du Jardins
representez , étoient occupez par les 4 Saisons
, d'où sortoient des Fontaiues. S. A. E. se
rendit sur les 9 heures du soir , au Lieu qui lui
avoit été préparé , pour voir l'exécution d'un
tres- beau Feu d'artifice , qui fut suivi d'une Col-
I lation
16:8 MERCURE DE FRANCE
lation , où l'on avoit représenté en Karamel et
Confitures , le dessein de cette Fête . Il y eût un .
Concert magnifique de toutes sortes d'Instiumens
, qui dura jusqu'à onze heures que S. A. se
retira . La Noblesse ouvrit alors le Bal, qui dura
jusqu'à 4 heures du matin.
Fermer
Résumé : ALLEMAGNE.
En 1655, en Allemagne, des troupes furent positionnées entre Oppellen et le Gaw pour former un nouveau camp sous le commandement du Prince Louis de Wittemberg. Il était assisté par les Barons de Wittigenau et de Schmertau, majors généraux de bataille, et le Baron de Scherr, major général de la cavalerie. Le 9 juillet 1733, l'Électeur de Mayence reçut les hommages de ses États dans sa capitale. Une estrade décorée de drap écarlate et de galons d'or fut érigée sur la place du marché, avec un trône de velours orné de broderies d'or entouré de sièges pour les chanoines capitulaires. Les troupes, la bourgeoisie de la ville et celles des villes du Rheingaw bordèrent la place. À neuf heures, l'artillerie tira trois salves, et l'Électeur prit séance sous un dais. Après la lecture des articles du serment, les bourgeois et les chefs de la ville prêtèrent serment de fidélité. Depuis midi jusqu'à huit heures du soir, une fête en l'honneur de l'Électeur fut organisée. La place fut transformée en jardin décoré avec des parterres représentant les chiffres, les armes et les attributs de l'Électeur. Des arcades et des statues, dont celles de l'Électeur et de Saint Martin, furent installées. À neuf heures, un feu d'artifice suivi d'une collation eut lieu, puis un concert se déroula jusqu'à onze heures. La noblesse ouvrit ensuite le bal, qui dura jusqu'à quatre heures du matin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
8
p. 770-772
LETTRE à M. ***
Début :
Mlle Sallé, sans trop considerer l'embarras où elle m'expose, me charge, Monsieur, de [...]
Mots clefs :
Pygmalion, Marie Sallé, Danse, Bacchus et Ariane, Statue
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE à M. ***
LETTRE à M. ***
Mlle Sallé , sans trop considerer l'embarras
où elle m'expose , me charge , Monsieur , de
vous rendre compte de ses succès. Il s'agit de
vous dire de quelle maniere elle a rendu la Fable
de Pigmalion et celle de Bacchus et d'Ariane,
et les applaudissemens que ces deux Ballets de
son invention, ont excités à la Cour d'Angleterre .
Il y a près de deux mois qu'on voit représenter
Pigmalion sans s'en lasser. Voici de quelle maniere
se développe le Sujet . Pigmalion entre
dans
AVRIL. 1734. 771
dans son Attelier avec ses Sculpteurs qui forment
une Danse caracterisée, le Maillet et le Ciseau à
la main. Pigmalion leur ordoune d'ouvrir le fond
de l'Attelier , qui est orné de Statuës aussi bien
que le devant ; il en paroît au milieu une qui
attire pardessus toutes les autres l'admiration de
tout le monde . Il la regarde , il la considere et
soupire ; il porte ses mains sur ses pieds , sur sa
taille , il en examine et en observe tous les contours
, aussi bien- que des bras qu'il pare de
bracelets précieux , il orne son col d'un riche
collier , il baise les mains de sa chere Statuë ,
en devient enfin passionné ; il exprime ses inquiétudes
, d'où il tombe dans la réverie ; après
quoi il se jette aux pieds de Venus qu'il conjure
d'animer ce marbre .
Venus répond à sa priere ; trois traits de lu
miere paroissent et sur une simphonie convenable
, la Statue commence à sortir par degré de
son insensibilité , à la surprise de Pigmalion et
de ses suivans elle témoigne son étonnement
de sa nouvelle existence et de tous les objets
dont elle est entourée .
Pigmalion plein d'étonnement et de transport
lui tend la main pour sortir de sa position ; elle
tâte , pour ainsi dire, la terre , et forme quelque
pas par degrés dans les plus elegantes attitudes .
que la Sculpture puisse desirer . Pigmalion danse
devant elle comme pour lui montrer ; elle repetè
depuis les choses les plus simples jusqu'aux composées
et aux plus difficiles ; il tâche d'inspirer
la tendresse dont il se sent penetré et il en vient
à bout.
Vous concevez , Monsieur , ce que peuvent
devenir tous les passages de cette action exécutée
et mise en danse avec les graces fines et délicates
G.iiij : de
772 MERCURE DE FRANCE
de Mlle Sallé. Elle a osé paroître dans cette
Entrée sans panier , sans jupe , sans corps et
échevelée , et sans aucun ornement sur sa tête ;
elle n'estoit vêtue avec son corset et un jupon ,
que d'une fimple robbe de mousseline tournée en
draperie , et ajustée sur le modele d'une Statue
Grecque.
• Vous ne devez pas douter Monsieur , du
prodigieux succès de cet ingenieux Balet, si heureusement
exécuté. Le Roy, la Reine, toute la Famille
Royale et toute la Cour, ont encore deman
dé cette danse pour le jour du Benefit " pour lequel
toutes les Loges et les Places du Theatre es
de l'Amphitheatre sont retenuës il y a un mois.
Ce sera le premier jour d'Avril.
N'artendez pas que je vous décrive Ariane
comme Pigmalion : ce sont des beautez plus
nobles et plus difficiles à rapporter , ce sont les
expressions et les sentimens de la douleur la plus
profonde , du désespoir , de la fureur et de
l'abbattement, en un mot, tous les grands mouvements
et la déclamation la plus parfaite , par
le moyen des pas ,. des attitudes et des
gestes
pour représenter une femme abandonnée par ce
qu'elle aime ; vous pouvez avancer , Monsieur ,
que Mlle Sallé devient ici la Rivale des Journets,
des Duclos et des le Couvreur. Les Anglois qui
conservent un tendre souvenir de la fameuse
Oldfields , jusqu'au point de l'avoir mise parmi
les grands hommes de l'Etat dans Westminster,
la regardent comme ressuscitée dans Mlle Sallé
lorsqu'elle représente Ariane. Je suis &c.
Londres 15. Mars.
Mlle Sallé , sans trop considerer l'embarras
où elle m'expose , me charge , Monsieur , de
vous rendre compte de ses succès. Il s'agit de
vous dire de quelle maniere elle a rendu la Fable
de Pigmalion et celle de Bacchus et d'Ariane,
et les applaudissemens que ces deux Ballets de
son invention, ont excités à la Cour d'Angleterre .
Il y a près de deux mois qu'on voit représenter
Pigmalion sans s'en lasser. Voici de quelle maniere
se développe le Sujet . Pigmalion entre
dans
AVRIL. 1734. 771
dans son Attelier avec ses Sculpteurs qui forment
une Danse caracterisée, le Maillet et le Ciseau à
la main. Pigmalion leur ordoune d'ouvrir le fond
de l'Attelier , qui est orné de Statuës aussi bien
que le devant ; il en paroît au milieu une qui
attire pardessus toutes les autres l'admiration de
tout le monde . Il la regarde , il la considere et
soupire ; il porte ses mains sur ses pieds , sur sa
taille , il en examine et en observe tous les contours
, aussi bien- que des bras qu'il pare de
bracelets précieux , il orne son col d'un riche
collier , il baise les mains de sa chere Statuë ,
en devient enfin passionné ; il exprime ses inquiétudes
, d'où il tombe dans la réverie ; après
quoi il se jette aux pieds de Venus qu'il conjure
d'animer ce marbre .
Venus répond à sa priere ; trois traits de lu
miere paroissent et sur une simphonie convenable
, la Statue commence à sortir par degré de
son insensibilité , à la surprise de Pigmalion et
de ses suivans elle témoigne son étonnement
de sa nouvelle existence et de tous les objets
dont elle est entourée .
Pigmalion plein d'étonnement et de transport
lui tend la main pour sortir de sa position ; elle
tâte , pour ainsi dire, la terre , et forme quelque
pas par degrés dans les plus elegantes attitudes .
que la Sculpture puisse desirer . Pigmalion danse
devant elle comme pour lui montrer ; elle repetè
depuis les choses les plus simples jusqu'aux composées
et aux plus difficiles ; il tâche d'inspirer
la tendresse dont il se sent penetré et il en vient
à bout.
Vous concevez , Monsieur , ce que peuvent
devenir tous les passages de cette action exécutée
et mise en danse avec les graces fines et délicates
G.iiij : de
772 MERCURE DE FRANCE
de Mlle Sallé. Elle a osé paroître dans cette
Entrée sans panier , sans jupe , sans corps et
échevelée , et sans aucun ornement sur sa tête ;
elle n'estoit vêtue avec son corset et un jupon ,
que d'une fimple robbe de mousseline tournée en
draperie , et ajustée sur le modele d'une Statue
Grecque.
• Vous ne devez pas douter Monsieur , du
prodigieux succès de cet ingenieux Balet, si heureusement
exécuté. Le Roy, la Reine, toute la Famille
Royale et toute la Cour, ont encore deman
dé cette danse pour le jour du Benefit " pour lequel
toutes les Loges et les Places du Theatre es
de l'Amphitheatre sont retenuës il y a un mois.
Ce sera le premier jour d'Avril.
N'artendez pas que je vous décrive Ariane
comme Pigmalion : ce sont des beautez plus
nobles et plus difficiles à rapporter , ce sont les
expressions et les sentimens de la douleur la plus
profonde , du désespoir , de la fureur et de
l'abbattement, en un mot, tous les grands mouvements
et la déclamation la plus parfaite , par
le moyen des pas ,. des attitudes et des
gestes
pour représenter une femme abandonnée par ce
qu'elle aime ; vous pouvez avancer , Monsieur ,
que Mlle Sallé devient ici la Rivale des Journets,
des Duclos et des le Couvreur. Les Anglois qui
conservent un tendre souvenir de la fameuse
Oldfields , jusqu'au point de l'avoir mise parmi
les grands hommes de l'Etat dans Westminster,
la regardent comme ressuscitée dans Mlle Sallé
lorsqu'elle représente Ariane. Je suis &c.
Londres 15. Mars.
Fermer
Résumé : LETTRE à M. ***
La lettre relate les succès de Mlle Sallé à la cour d'Angleterre, notamment à travers deux ballets de sa création : 'Pigmalion' et 'Bacchus et Ariane'. Le ballet 'Pigmalion' raconte l'histoire de Pigmalion, sculpteur qui tombe amoureux d'une statue qu'il a créée. Vénus anime la statue, permettant à Pigmalion de lui apprendre à danser. Mlle Sallé incarne le rôle principal avec grâce et délicatesse, vêtue d'une simple robe de mousseline. Ce ballet est acclamé depuis deux mois et a été demandé par le roi, la reine et toute la cour pour le jour du bénéfice. Dans 'Bacchus et Ariane', Mlle Sallé exprime des émotions intenses, rivalisant avec des acteurs renommés comme Journets, Duclos et Le Couvreur. Sa performance est comparée à celle de la célèbre Oldfields.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
9
p. 1378-1384
CEREMONIE faite à Bordeaux, lors de la Position de la premiere Pierre du Piedestal, sur lequel doit être élevée une Statuë du Roy &c.
Début :
Nous avons été instruits un peu tard de cette cérémonie ; mais [...]
Mots clefs :
Cérémonie, Bordeaux, Statue du roi, Roi, Ville, Place royale, Écuyer, Statue, Sous-maire, Médailles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CEREMONIE faite à Bordeaux, lors de la Position de la premiere Pierre du Piedestal, sur lequel doit être élevée une Statuë du Roy &c.
CEREMONIE faite à Bordeaux ;
lors de la Position de la premiere Pierre
du Piedestal , sur lequel doit être élevée
une Statue du Roy &c.
Ntard de cette cérémonie ; mais
Ous avons été instruits un peu
nous l'avons été avec exactitude , puisque
c'est par
le Procès verbal qui en a été
dressé le même jour , et qui est conservé
dans les Archives de l'Hôtel de Ville, dont
une copie vient de nous être envoyée.
Personne n'ignore que la Ville de Bordeaux
est une des plus importantes et des
plus considerables Villes du Royaume, et
que son Port , situé sur l'embouchure de
la Garonne , est un des plus beaux de l'Europe
, formant par sa disposition un point
de veuë qui frape et un spectacle charmant
Cetre Ville , en profitant d'une si
heureuse situation , a voulu faire deux
choses dans ces derniers temps. Donner
au Roy une marque éclatante de son
zele , et se procurer en même tems un
surcroît d'embellissement , qui répondit
à celui qu'elle a receu de la nature. Elle
fait construire une grande Place Royale
ornée de Bâtimens magnifiques, prise dans
II. Vol. unc
JUIN. 1734 1379
ne bonne partie du terrain , occupé cydevant
par le Fauxbourg ,ou Quartier du
Chapeau Rouge . Et c'est au milieu de
cette grande Place que doit être érigéo
la Statue équestre du Roy , en bronze ,
de 14 à 15 pieds d'élevation , sans le
Piedestal , à laquelle travaille actuelle .
ment M. Lemoine de l'Académie Royale
de Peinture et Sculpture , dont tout le
monde connoît la capacité La Ville de
Bordeaux en fait aussi la dépense .
Lorsque cet auguste Monument sera
posé et que la Place Royale sera dans
son entiere perfection , nous ne manquerons
pas de donner la Description de l'un
et de l'autre , et d'apprendre au Public
tout ce qui se sera passé à cette occasion .
Nous nous bornons aujourd'hui à ce qui
concerne la cérémonie préliminaire contenuëdans
le Procès verbal dont nous avons
parlé , et dont voici les propres termes.
L'AN mil sept cent trente- trois et le
huitièmejour du mois d'Août , Mrs Joseph
deSegur Chevalier, Vicomte de Cabannac ,
Baron d'Arsac et de Belfort & c. Sous-
Maire :: François Joseph de Galatheau ,
Chevalier, Baron de l'Isle de la Lande &c.
Joseph Dupin , Ecuyer , Avocat en Parlement
, Seigneur de la Maison Noble
du Bauquet &c . Pierre Noël de Saincrit,
II. Vole Fij Ecuyer
1380 MERCURE DE FRANCE
Ecuyer , Seigneur de la Maison Noble de
Rouffiac: Pierre Borie , Ecuyer , Seigneur
des Maisons Nobles de Poumarede
Fleury & c. Ecuyer , Avocat en Parlement
, Pierre de Kater , Ecuyer , Jurats ,
Jean- Baptiste Maignol , Ecuyer Citoyen ,
Seigneur de la Maison Noble de Mataplane
, Procureur Syndic , et Guillaume
du Boscq , Ecuyer , Conseiller du Roy ,
Clerc et Sécretaire ordinaire de la Ville ,
revêtus d'une Robe de satin rouge et
blanc , celle de M. le Sous - Maire doublée
d'un drap d'argent , faites au sujet
de la présente Céremonie , étant partis
de l'Hôtel de Ville environ sur les six
heures du soir , M. Claude Boucher
Chevalier , Seigneur des Gouttes Hebecourt
& c. Conseiller d'Honneur au Par
lemont de Bourdeaux , Président Honoraire
en la Cour des Aydes de Paris , Intendant
de Justice , Police et Finances
de la Generalité de Guyenne , à leur tête ,
se sont rendus avec leur Cortége ordipaire
sur la Place Royale et dans le lieu
où se bâtit le Piedestal destiné pour
placer la Statuë équestre de Sa Majesté ,
que cette Ville doit faire élever à son
honneur et gloire ; comme un précieux
Monument de son amour , de son respect
et de sa soumission ; ayant fait leur mar-
II Vol, che
JUI N. 1734: 1381
the par la rue Saint James , par celles
des Ayres , Poisson Sallé , Saint Pojet ,
Sainte Catherine et par le Chapeau Rouges
les Troupes Bourgeoises au nombre de
12000 hommes , tous Chefs de Familles ,
étint sous les Armes , partie rangez en
haye sur lesdites rues , partie en Bataille
sur la Place Royale : et après plusieurs
décharges de Mousqueterie et de canon ,
tant de la Ville , que des Vaisseaux , qui
avoient reçu pour cela les ordres de
Mrs les Jurats , il a été placé au milieu du
fondement du Piedestal de la Statue, dans
une Pierre creusée exprès , un coffre de
plomb , dans lequel étoit un autre petit
coffre de bois de cedre , garri en dedans
de Satin bleu , orné d'un Galon d'or et
dans icelui on a mis six Médailles , l'une
d'or et les autres d'argent , représentant
d'un côté l'Edifice de la Place Royale
et de l'autre , la Statue équestre de S. M.
sur lesquelles Médailles il a été mis un
petit coussin de la même étoffe , aussi
orné de Galons d'or , et au- dessus on a
posé une Plaque de cuivre , sur laquelle
sont gravez les noms de M. Boucher ,
Intendant , ceux de Mrs les Sous- Maire ,
Jurats , Procureur Syndic , et Clerc de
Ville , et celui de M. Gabriël , Chevalier
de l'Ordre de Saint Michel , Contrôleur
II Vol.
,
Fiij
Ge382
MERCURE DE FRANCE
,
General des Bâtimens du Roy ,, son
Architecte ordinaire , et Premier Ingénieur
des Ponts et Chaussées de France ,
qui a donné les Desseins et conduit les
Travaux de la Place Royale , laquelle se
construit actuellement sur le Port de cette
Ville. M. Boucher , Mrs les Sous- Maire,
Jurats , Procureur Syndic et Clerc de
Ville , ayant mis , chacun selòn son rang,
un peu de mortier sut la premiere Pierre,
et donné quelques coups de marteau ,
tout cela au bruit des Tambours , des
Trompettes et des décharges deMousqueterie
et de canon , souvent réïterées , ils
ont mis le feu à un grand Bucher , qui
avoit été dressé sur la même Place , les
habitans ayant marqué une grande joye
et un contenrement parfait de ce premier
Monument , qui doit annoncer à la Posterité
la plus reculée les sinceres mouvements
de leur coeur , leur amour , et leur
respect pour S. M. Mrs les Sous- Maire ,
Jurats , Procureur Syndic et Clerc de
Ville ont pendant leur marche , et étant
sur ladite Place , fait jetter abondamment
de l'argent au Peuple , et ensuite ils ont
fait tirer avec beaucoup de succès un Feu
d'artifice pour la clôture de laCérémonie;
après quoi ils se sont retirez ayant laissé à
la Garde des Bourgeois de laVille, qui ont
II. Vol. SouTHE
NEW
YORK
PUBLIC
LIBRARY
.
ASTOR
, LENOX
AND
TILDEN
FOUNDATIONS
.
MDCCXXXIII
OPTIMO
PRINCIPI
PRÆSID
ET
DECUS
BURDIGAL
CIVITAS
JUIN. 1734. 1383
souhaité chacun à leur tour de participer
à cethonneur,la conservation du précieux
Dépôt des Medailles jusques à ce que l'Edifice
fut assez élevé pour le mettre à cou
vert des atteintes qu'on pourroit y donner.
FAIT sur ladite Place Royale , lesdits
jour , mois , et an que dessus , ainsi
signé Boucher , Segur Sous- Maire , de Galatheau
Jurat , Dupin Jurat , Saincrit
Jurat, Poumarede Jurat , Dessudres Jurat,
de Kater Jurat , Maignol Procureur Syndic
de la Ville , de Boscq Clerc et Sécretaire
de la Ville , et Gabriël.
On nous sçaura , sans doute, bon gré
de trouver ici la gravure du Type des six
Médailles qui ont été mises dans les fondemens
du Piedestal, et qui est le même
sur chaque Médaille . D'un côté on voit
la Représentation de la nouvelle Place
Royale , avec tous les accompagnemens
qu'elle doit avoir , et cette Legende
PRESIDIUM, ET DECU s . Et de l'autre
la Statue Equestre du Roy sur son
Piedestal avec ces mots CIVITAS BURDIGAL
OPTIMO PRINCIPI , dans
l'Exergue M. DCC. XXXIII.
Cette Medaille qui est de la grandeur
du Dessein gravé a paru d'un grand gout
et d'une belle exécution à tous les connoisseurs
, c'est M. Duvivier , de l'Aca-
11 Vol. Fiiij démie
384 MERCURE DE FRANCE
démie Royale , qui en a gravé les coins
avec son habilité ordinaire.
་
Les accidents survenus à l'un de
ces coins , qui est celui de la figure
Equestre , ont été la cause qu'elle n'a
pas paru dans le tems.LeGraveur a été obligé
de le recommencer trois fois,le coin s'étant
cassé autant de fois, tant à la trempe
que sous le Balancier : ce dernier se ressent
encore beaucoup de l'effort du Balancier,
par le grand nombre de Medailles qu'on
a frappées , qui ont élargi les fentes , et
qui causent la confusion que l'on apperçoit
dans l'ouvrage.
Le Sr Duvivier grave actuellement an
nouveau coin de la Tête du Roy , pour les
Medailles dont il fit le modele en cire ,
dans les mois de Fevrier et Mars dernier ,
-S. M. ayant bien voulu se prêter à plusieurs
reprises. Ce modele a été trouvé
très ressemblant.
lors de la Position de la premiere Pierre
du Piedestal , sur lequel doit être élevée
une Statue du Roy &c.
Ntard de cette cérémonie ; mais
Ous avons été instruits un peu
nous l'avons été avec exactitude , puisque
c'est par
le Procès verbal qui en a été
dressé le même jour , et qui est conservé
dans les Archives de l'Hôtel de Ville, dont
une copie vient de nous être envoyée.
Personne n'ignore que la Ville de Bordeaux
est une des plus importantes et des
plus considerables Villes du Royaume, et
que son Port , situé sur l'embouchure de
la Garonne , est un des plus beaux de l'Europe
, formant par sa disposition un point
de veuë qui frape et un spectacle charmant
Cetre Ville , en profitant d'une si
heureuse situation , a voulu faire deux
choses dans ces derniers temps. Donner
au Roy une marque éclatante de son
zele , et se procurer en même tems un
surcroît d'embellissement , qui répondit
à celui qu'elle a receu de la nature. Elle
fait construire une grande Place Royale
ornée de Bâtimens magnifiques, prise dans
II. Vol. unc
JUIN. 1734 1379
ne bonne partie du terrain , occupé cydevant
par le Fauxbourg ,ou Quartier du
Chapeau Rouge . Et c'est au milieu de
cette grande Place que doit être érigéo
la Statue équestre du Roy , en bronze ,
de 14 à 15 pieds d'élevation , sans le
Piedestal , à laquelle travaille actuelle .
ment M. Lemoine de l'Académie Royale
de Peinture et Sculpture , dont tout le
monde connoît la capacité La Ville de
Bordeaux en fait aussi la dépense .
Lorsque cet auguste Monument sera
posé et que la Place Royale sera dans
son entiere perfection , nous ne manquerons
pas de donner la Description de l'un
et de l'autre , et d'apprendre au Public
tout ce qui se sera passé à cette occasion .
Nous nous bornons aujourd'hui à ce qui
concerne la cérémonie préliminaire contenuëdans
le Procès verbal dont nous avons
parlé , et dont voici les propres termes.
L'AN mil sept cent trente- trois et le
huitièmejour du mois d'Août , Mrs Joseph
deSegur Chevalier, Vicomte de Cabannac ,
Baron d'Arsac et de Belfort & c. Sous-
Maire :: François Joseph de Galatheau ,
Chevalier, Baron de l'Isle de la Lande &c.
Joseph Dupin , Ecuyer , Avocat en Parlement
, Seigneur de la Maison Noble
du Bauquet &c . Pierre Noël de Saincrit,
II. Vole Fij Ecuyer
1380 MERCURE DE FRANCE
Ecuyer , Seigneur de la Maison Noble de
Rouffiac: Pierre Borie , Ecuyer , Seigneur
des Maisons Nobles de Poumarede
Fleury & c. Ecuyer , Avocat en Parlement
, Pierre de Kater , Ecuyer , Jurats ,
Jean- Baptiste Maignol , Ecuyer Citoyen ,
Seigneur de la Maison Noble de Mataplane
, Procureur Syndic , et Guillaume
du Boscq , Ecuyer , Conseiller du Roy ,
Clerc et Sécretaire ordinaire de la Ville ,
revêtus d'une Robe de satin rouge et
blanc , celle de M. le Sous - Maire doublée
d'un drap d'argent , faites au sujet
de la présente Céremonie , étant partis
de l'Hôtel de Ville environ sur les six
heures du soir , M. Claude Boucher
Chevalier , Seigneur des Gouttes Hebecourt
& c. Conseiller d'Honneur au Par
lemont de Bourdeaux , Président Honoraire
en la Cour des Aydes de Paris , Intendant
de Justice , Police et Finances
de la Generalité de Guyenne , à leur tête ,
se sont rendus avec leur Cortége ordipaire
sur la Place Royale et dans le lieu
où se bâtit le Piedestal destiné pour
placer la Statuë équestre de Sa Majesté ,
que cette Ville doit faire élever à son
honneur et gloire ; comme un précieux
Monument de son amour , de son respect
et de sa soumission ; ayant fait leur mar-
II Vol, che
JUI N. 1734: 1381
the par la rue Saint James , par celles
des Ayres , Poisson Sallé , Saint Pojet ,
Sainte Catherine et par le Chapeau Rouges
les Troupes Bourgeoises au nombre de
12000 hommes , tous Chefs de Familles ,
étint sous les Armes , partie rangez en
haye sur lesdites rues , partie en Bataille
sur la Place Royale : et après plusieurs
décharges de Mousqueterie et de canon ,
tant de la Ville , que des Vaisseaux , qui
avoient reçu pour cela les ordres de
Mrs les Jurats , il a été placé au milieu du
fondement du Piedestal de la Statue, dans
une Pierre creusée exprès , un coffre de
plomb , dans lequel étoit un autre petit
coffre de bois de cedre , garri en dedans
de Satin bleu , orné d'un Galon d'or et
dans icelui on a mis six Médailles , l'une
d'or et les autres d'argent , représentant
d'un côté l'Edifice de la Place Royale
et de l'autre , la Statue équestre de S. M.
sur lesquelles Médailles il a été mis un
petit coussin de la même étoffe , aussi
orné de Galons d'or , et au- dessus on a
posé une Plaque de cuivre , sur laquelle
sont gravez les noms de M. Boucher ,
Intendant , ceux de Mrs les Sous- Maire ,
Jurats , Procureur Syndic , et Clerc de
Ville , et celui de M. Gabriël , Chevalier
de l'Ordre de Saint Michel , Contrôleur
II Vol.
,
Fiij
Ge382
MERCURE DE FRANCE
,
General des Bâtimens du Roy ,, son
Architecte ordinaire , et Premier Ingénieur
des Ponts et Chaussées de France ,
qui a donné les Desseins et conduit les
Travaux de la Place Royale , laquelle se
construit actuellement sur le Port de cette
Ville. M. Boucher , Mrs les Sous- Maire,
Jurats , Procureur Syndic et Clerc de
Ville , ayant mis , chacun selòn son rang,
un peu de mortier sut la premiere Pierre,
et donné quelques coups de marteau ,
tout cela au bruit des Tambours , des
Trompettes et des décharges deMousqueterie
et de canon , souvent réïterées , ils
ont mis le feu à un grand Bucher , qui
avoit été dressé sur la même Place , les
habitans ayant marqué une grande joye
et un contenrement parfait de ce premier
Monument , qui doit annoncer à la Posterité
la plus reculée les sinceres mouvements
de leur coeur , leur amour , et leur
respect pour S. M. Mrs les Sous- Maire ,
Jurats , Procureur Syndic et Clerc de
Ville ont pendant leur marche , et étant
sur ladite Place , fait jetter abondamment
de l'argent au Peuple , et ensuite ils ont
fait tirer avec beaucoup de succès un Feu
d'artifice pour la clôture de laCérémonie;
après quoi ils se sont retirez ayant laissé à
la Garde des Bourgeois de laVille, qui ont
II. Vol. SouTHE
NEW
YORK
PUBLIC
LIBRARY
.
ASTOR
, LENOX
AND
TILDEN
FOUNDATIONS
.
MDCCXXXIII
OPTIMO
PRINCIPI
PRÆSID
ET
DECUS
BURDIGAL
CIVITAS
JUIN. 1734. 1383
souhaité chacun à leur tour de participer
à cethonneur,la conservation du précieux
Dépôt des Medailles jusques à ce que l'Edifice
fut assez élevé pour le mettre à cou
vert des atteintes qu'on pourroit y donner.
FAIT sur ladite Place Royale , lesdits
jour , mois , et an que dessus , ainsi
signé Boucher , Segur Sous- Maire , de Galatheau
Jurat , Dupin Jurat , Saincrit
Jurat, Poumarede Jurat , Dessudres Jurat,
de Kater Jurat , Maignol Procureur Syndic
de la Ville , de Boscq Clerc et Sécretaire
de la Ville , et Gabriël.
On nous sçaura , sans doute, bon gré
de trouver ici la gravure du Type des six
Médailles qui ont été mises dans les fondemens
du Piedestal, et qui est le même
sur chaque Médaille . D'un côté on voit
la Représentation de la nouvelle Place
Royale , avec tous les accompagnemens
qu'elle doit avoir , et cette Legende
PRESIDIUM, ET DECU s . Et de l'autre
la Statue Equestre du Roy sur son
Piedestal avec ces mots CIVITAS BURDIGAL
OPTIMO PRINCIPI , dans
l'Exergue M. DCC. XXXIII.
Cette Medaille qui est de la grandeur
du Dessein gravé a paru d'un grand gout
et d'une belle exécution à tous les connoisseurs
, c'est M. Duvivier , de l'Aca-
11 Vol. Fiiij démie
384 MERCURE DE FRANCE
démie Royale , qui en a gravé les coins
avec son habilité ordinaire.
་
Les accidents survenus à l'un de
ces coins , qui est celui de la figure
Equestre , ont été la cause qu'elle n'a
pas paru dans le tems.LeGraveur a été obligé
de le recommencer trois fois,le coin s'étant
cassé autant de fois, tant à la trempe
que sous le Balancier : ce dernier se ressent
encore beaucoup de l'effort du Balancier,
par le grand nombre de Medailles qu'on
a frappées , qui ont élargi les fentes , et
qui causent la confusion que l'on apperçoit
dans l'ouvrage.
Le Sr Duvivier grave actuellement an
nouveau coin de la Tête du Roy , pour les
Medailles dont il fit le modele en cire ,
dans les mois de Fevrier et Mars dernier ,
-S. M. ayant bien voulu se prêter à plusieurs
reprises. Ce modele a été trouvé
très ressemblant.
Fermer
Résumé : CEREMONIE faite à Bordeaux, lors de la Position de la premiere Pierre du Piedestal, sur lequel doit être élevée une Statuë du Roy &c.
En 1733, une cérémonie a été organisée à Bordeaux pour la pose de la première pierre du piédestal d'une statue équestre du roi. Cette cérémonie, dont le procès-verbal est conservé aux archives de l'Hôtel de Ville, a été orchestrée par plusieurs dignitaires, notamment le sous-maire Joseph de Segur et l'intendant Claude Boucher. La ville de Bordeaux, située à l'embouchure de la Garonne, a entrepris cette construction pour honorer le roi et embellir la ville. La statue, en bronze, a été réalisée par M. Lemoine de l'Académie Royale de Peinture et Sculpture. La cérémonie a commencé par une procession suivie de salves d'artillerie. Un coffre contenant des médailles commémoratives a été enterré sous la première pierre. Ces médailles, gravées par M. Duvivier, représentent la nouvelle Place Royale et la statue équestre du roi. La cérémonie s'est conclue par un feu d'artifice et des distributions d'argent au peuple. Cette initiative visait à célébrer la royauté et à marquer l'importance de Bordeaux dans le royaume.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
11
p. 161-162
LETTRE sur la statue de S. Augustin, par M. Pigalle.
Début :
Mon amour pour les Arts exige de moi, Monsieur, que j'annonce au [...]
Mots clefs :
Statue, Jean-Baptiste Pigalle
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE sur la statue de S. Augustin, par M. Pigalle.
LETTRE fur la ftatue de S. Auguftin
par M. Pigalle.
On amour pour les Arts exige de
moi , Monfieur , que j'annonce au
Public les productions des grands hommes
lorfque je les découvre : celle de M. Pigalle
mérite les éloges de tous les connoif
feurs. Il fit placer le 23 Août , dans l'Eglife
des Petits Peres , une figure en marbre
repréfentant S. Auguftin en rochet
étole & chappe , avec la mitre & fa croffe.
Ce célébre Pere de l'Eglife tient fur la
main gauche un livre ouvert , où on lit ces
deux mots , Auguftini opera ; & de la main
droite il les offre au Seigneur dans fon
Temple. Cette ftatue a huit pieds de hauteur,
& paroît cependant de grandeur naturelle
: elle eft d'un marbre de Gênes blanc ,
d'autant plus précieux qu'il n'y a pas une
feule tache. Tout ce que la fageffe & la
fagacité du plus habile artifte étoient capables
d'exécuter , s'y trouve rendu avec
la plus parfaite précifion . On fent dans le
caractere de la tête cet efprit divin qui
animoit S. Auguftin , & cette force avec
laquelle il terraffoit les Hérétiques de fon
tems. Il n'étoit pas poffible de mieux dé162
MERCURE DE FRANCE.
velopper cette figure. La correction du
deffein & la hardieffe de l'exécution ne
pouvoient pas être portées plus loin .
Quelques perfonnes avec lefquelles je
me rencontrai aux Petits Peres , lorfque j'y
vis cette admirable figure , trouverent mauvais
que M. Pigalle ne l'eût point polie.
Je leur repréfentai que c'étoit au contraire
l'effet d'une fupériorité de génie & de réflexion
, en ce que le poli général d'une
figure ôte les graces de l'expreffion ; qu'il
feroit , par exemple , totalement contraire
au bon goût de polir le linge , comme le
rochet qui devoit être mat de couleur , &
qu'il n'y avoit de fufceptible du luifant
du poli , que de certaines parties d'étoffes ,
telle que les paremens d'une chappe , fans
quoi on remarqueroit une defagréable confufion
entre le linge & les étoffes.
Cet ornement confidérable de l'Eglife
des Petits Peres eft dû à la pieufe générofité
de plufieurs perfonnes de très- grande
confidération : générosité follicitée & obtenue
par le Reverend Pere Felix , ancien
Prieur de la Maiſon .
J'ai l'honneur d'être , &c.
VOISIN , Avocat en la
Cour , rue du Four S.
Euftache.
par M. Pigalle.
On amour pour les Arts exige de
moi , Monfieur , que j'annonce au
Public les productions des grands hommes
lorfque je les découvre : celle de M. Pigalle
mérite les éloges de tous les connoif
feurs. Il fit placer le 23 Août , dans l'Eglife
des Petits Peres , une figure en marbre
repréfentant S. Auguftin en rochet
étole & chappe , avec la mitre & fa croffe.
Ce célébre Pere de l'Eglife tient fur la
main gauche un livre ouvert , où on lit ces
deux mots , Auguftini opera ; & de la main
droite il les offre au Seigneur dans fon
Temple. Cette ftatue a huit pieds de hauteur,
& paroît cependant de grandeur naturelle
: elle eft d'un marbre de Gênes blanc ,
d'autant plus précieux qu'il n'y a pas une
feule tache. Tout ce que la fageffe & la
fagacité du plus habile artifte étoient capables
d'exécuter , s'y trouve rendu avec
la plus parfaite précifion . On fent dans le
caractere de la tête cet efprit divin qui
animoit S. Auguftin , & cette force avec
laquelle il terraffoit les Hérétiques de fon
tems. Il n'étoit pas poffible de mieux dé162
MERCURE DE FRANCE.
velopper cette figure. La correction du
deffein & la hardieffe de l'exécution ne
pouvoient pas être portées plus loin .
Quelques perfonnes avec lefquelles je
me rencontrai aux Petits Peres , lorfque j'y
vis cette admirable figure , trouverent mauvais
que M. Pigalle ne l'eût point polie.
Je leur repréfentai que c'étoit au contraire
l'effet d'une fupériorité de génie & de réflexion
, en ce que le poli général d'une
figure ôte les graces de l'expreffion ; qu'il
feroit , par exemple , totalement contraire
au bon goût de polir le linge , comme le
rochet qui devoit être mat de couleur , &
qu'il n'y avoit de fufceptible du luifant
du poli , que de certaines parties d'étoffes ,
telle que les paremens d'une chappe , fans
quoi on remarqueroit une defagréable confufion
entre le linge & les étoffes.
Cet ornement confidérable de l'Eglife
des Petits Peres eft dû à la pieufe générofité
de plufieurs perfonnes de très- grande
confidération : générosité follicitée & obtenue
par le Reverend Pere Felix , ancien
Prieur de la Maiſon .
J'ai l'honneur d'être , &c.
VOISIN , Avocat en la
Cour , rue du Four S.
Euftache.
Fermer
Résumé : LETTRE sur la statue de S. Augustin, par M. Pigalle.
La lettre annonce la création d'une statue de Saint Augustin par Jean-Baptiste Pigalle, inaugurée le 23 août dans l'église des Petits Pères. Réalisée en marbre blanc de Gênes, la statue représente Saint Augustin en habits ecclésiastiques, tenant un livre ouvert avec les mots 'Auguftini opera' et l'offrant à Dieu. Mesurant huit pieds de hauteur, elle apparaît de grandeur naturelle et est exécutée avec une grande précision. La tête de la statue reflète l'esprit et la force de Saint Augustin face aux hérétiques. La décision de ne pas polir la statue vise à préserver les expressions et les détails des vêtements. Cette œuvre a été rendue possible grâce à la générosité de plusieurs personnes influentes, sollicitée par le Père Félix, ancien prieur de la maison.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
12
p. 74-77
ODE A M. LE DUC D'AIGUILLON, Sur la dédicace de la Statue érigée à Louis XV, dans une des places de Rennes.
Début :
Quel Dieu, de mon réduit, troublant l'heureux silence, [...]
Mots clefs :
Statue, Louis XV, Héros, Coeur, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ODE A M. LE DUC D'AIGUILLON, Sur la dédicace de la Statue érigée à Louis XV, dans une des places de Rennes.
ODE
A M. LE DUC D'AIGUILLON ,
Sur la dédicace de la Statue érigée à Louis
XV, dans une des places de Rennes.
Q
Uel Dieu , de mon réduit , troublant Pheureux
filence ,
Au paifible fommeil d'une chere indolence ,
Par un magique effort, vient arracher mes fens! ...
N'en doutons point , du Dieu ( de la docte manie }
C'eſt le rédoutable génie :
Puis-je le méconnoître aux tranſports que je fens
Mais loin des bords pompeux de la Seine orgueilleuſe
,
Dans quelles régions fon aîle perilleuſe ,
Entraîne malgré moi mon efprit allarmé ? ...
Que vois-je ? ... ô tendre erreur ! dans ma douce
patrie ,
Au gré de mon ame attendrie ,
Soudain je me revois , moins furpris que charmé.
O théatre chéri des jeux de mon enfance !
Quel Dieu femble fur toi déployer fa puiſſance ?
O fpectacle enchanteur dont tu frappes mes yeux !
FEVRIER.
75 1755.
Quels feux ! quels doux feftins ! quels concerts
d'allégreffe t
Bacchus , la joie & la tendreffe
Te rempliffent au loin d'un trouble précieux .
Arrête , ô peuple heureux ! que la gaité tranfporte
,
Et dont la foule aimable & m'entraîne & m'emporte
;
Apprens-moi ton bonheur , dont mon coeur fait le
fien.
Mais quel beau monument s'éleve en ton enceinte
?
J'y reconnois l'image empreinte
D'un heros pacifique & d'un Roi citoyen.
C'eft donc ce monument & d'amour & de zele ,
Que confacre à ton Roi ta franchiſe fidele ,
Qui fait naitre en ton fein l'ivreffe & les tranfports
:
Si ce bronze muet , où manque fa grandeame ,
D'une fi vive ardeur t'enflamme ,
Que feroit la préſence embelliffant tes bords
Vous , à qui les talens , la vertu généreuſe ,
Plutôt que la faveur volage & dangereuſe
Ont mis entre les mains la pleine autorité ,
Et qui ne l'exercez au fein de ma province
Que pour y faire aimer un Prince
Dij
76 MERCURE DE FRANCE ,
Dont elle adore en vous l'héroïque bonté :
Apprenez , d'Aiguillon , à ce Monarque fage
Quels furent , à l'afpect de fon augufte image ,
De nos coeurs enflaminés & l'ivreffe & les voeux.
O! que d'un tel amour la peinture fidele ,
Dans une ame fenfible & belle ,
Doit enfanter foudain de tranfports généreux
Mais cette aimable fête eft à peine paſſée ,
Et déja fecondant votre ardeur empreſſée ,
Louis verfe fur nous fes dons multipliés ,
Alors même qu'il fçait que d'utiles fervices
Et d'honorables facrifices
D'un feul de fes regards feroient affez payés .
Quand , fur fon char de fang , Bellone échevelée ,
Parcourant en fureur l'Europe defolée ,
De fon fouffle homicide , eut embrafé les coeurs ;;
Partageant d'un heros les dangers & les peines ,
On vous a vû dérober Genes
Au barbare pouvoir de fes tyrans vainqueurs.
A préfent qu'un ciel pur rayonne fur nos têtes ,
Un foin pour nous plus cher que d'illuftres conquêtes
,
Remplit votre loifir fécond & glorieux ;
La guerre offroit en vous un heros formidable ,
La paix offre un heros aimable
Qui nous affujettit en nous rendant heureux,
FEVRIER. 1755 . 77
Non , ne nous croyez pas tels que nous peirt
l'envie ,
Qu'elle s'efforce en vain de noircir notre vie ; . . .
Conftamment , du devoir , nous écoutons la voix :
Chacun de nous en fait fa plus chere fcience ,
Et nous n'apprenons dans l'enfance
Qu'à refpecter les Dieux , & qu'à chérir nos Ro
Nos coeurs , quoiqu'un peu fiers , ne font pas inflexibles
,
La gloire & la vertu les trouverent ſenſibles ,
Et jamais on n'en vit plus jaloux de l'honneur.
Mais oùregne une vile & baffe flatterie ,
On doit traiter de barbarie
Une franchiſe mâle , une noble candeur.
D'une épouse , par vous juftement adorée ,
La modefte vertu par les Graces parées ,
Les talens , la douceur , le caractere heureux ,
Prouvent que parmi nous la nature difpenfe
Ses faveurs avec abondance ,
Et qu'il y naît des coeurs nobles & généreux.
A M. LE DUC D'AIGUILLON ,
Sur la dédicace de la Statue érigée à Louis
XV, dans une des places de Rennes.
Q
Uel Dieu , de mon réduit , troublant Pheureux
filence ,
Au paifible fommeil d'une chere indolence ,
Par un magique effort, vient arracher mes fens! ...
N'en doutons point , du Dieu ( de la docte manie }
C'eſt le rédoutable génie :
Puis-je le méconnoître aux tranſports que je fens
Mais loin des bords pompeux de la Seine orgueilleuſe
,
Dans quelles régions fon aîle perilleuſe ,
Entraîne malgré moi mon efprit allarmé ? ...
Que vois-je ? ... ô tendre erreur ! dans ma douce
patrie ,
Au gré de mon ame attendrie ,
Soudain je me revois , moins furpris que charmé.
O théatre chéri des jeux de mon enfance !
Quel Dieu femble fur toi déployer fa puiſſance ?
O fpectacle enchanteur dont tu frappes mes yeux !
FEVRIER.
75 1755.
Quels feux ! quels doux feftins ! quels concerts
d'allégreffe t
Bacchus , la joie & la tendreffe
Te rempliffent au loin d'un trouble précieux .
Arrête , ô peuple heureux ! que la gaité tranfporte
,
Et dont la foule aimable & m'entraîne & m'emporte
;
Apprens-moi ton bonheur , dont mon coeur fait le
fien.
Mais quel beau monument s'éleve en ton enceinte
?
J'y reconnois l'image empreinte
D'un heros pacifique & d'un Roi citoyen.
C'eft donc ce monument & d'amour & de zele ,
Que confacre à ton Roi ta franchiſe fidele ,
Qui fait naitre en ton fein l'ivreffe & les tranfports
:
Si ce bronze muet , où manque fa grandeame ,
D'une fi vive ardeur t'enflamme ,
Que feroit la préſence embelliffant tes bords
Vous , à qui les talens , la vertu généreuſe ,
Plutôt que la faveur volage & dangereuſe
Ont mis entre les mains la pleine autorité ,
Et qui ne l'exercez au fein de ma province
Que pour y faire aimer un Prince
Dij
76 MERCURE DE FRANCE ,
Dont elle adore en vous l'héroïque bonté :
Apprenez , d'Aiguillon , à ce Monarque fage
Quels furent , à l'afpect de fon augufte image ,
De nos coeurs enflaminés & l'ivreffe & les voeux.
O! que d'un tel amour la peinture fidele ,
Dans une ame fenfible & belle ,
Doit enfanter foudain de tranfports généreux
Mais cette aimable fête eft à peine paſſée ,
Et déja fecondant votre ardeur empreſſée ,
Louis verfe fur nous fes dons multipliés ,
Alors même qu'il fçait que d'utiles fervices
Et d'honorables facrifices
D'un feul de fes regards feroient affez payés .
Quand , fur fon char de fang , Bellone échevelée ,
Parcourant en fureur l'Europe defolée ,
De fon fouffle homicide , eut embrafé les coeurs ;;
Partageant d'un heros les dangers & les peines ,
On vous a vû dérober Genes
Au barbare pouvoir de fes tyrans vainqueurs.
A préfent qu'un ciel pur rayonne fur nos têtes ,
Un foin pour nous plus cher que d'illuftres conquêtes
,
Remplit votre loifir fécond & glorieux ;
La guerre offroit en vous un heros formidable ,
La paix offre un heros aimable
Qui nous affujettit en nous rendant heureux,
FEVRIER. 1755 . 77
Non , ne nous croyez pas tels que nous peirt
l'envie ,
Qu'elle s'efforce en vain de noircir notre vie ; . . .
Conftamment , du devoir , nous écoutons la voix :
Chacun de nous en fait fa plus chere fcience ,
Et nous n'apprenons dans l'enfance
Qu'à refpecter les Dieux , & qu'à chérir nos Ro
Nos coeurs , quoiqu'un peu fiers , ne font pas inflexibles
,
La gloire & la vertu les trouverent ſenſibles ,
Et jamais on n'en vit plus jaloux de l'honneur.
Mais oùregne une vile & baffe flatterie ,
On doit traiter de barbarie
Une franchiſe mâle , une noble candeur.
D'une épouse , par vous juftement adorée ,
La modefte vertu par les Graces parées ,
Les talens , la douceur , le caractere heureux ,
Prouvent que parmi nous la nature difpenfe
Ses faveurs avec abondance ,
Et qu'il y naît des coeurs nobles & généreux.
Fermer
Résumé : ODE A M. LE DUC D'AIGUILLON, Sur la dédicace de la Statue érigée à Louis XV, dans une des places de Rennes.
L'ode célèbre l'érection d'une statue de Louis XV sur une place de Rennes, dédiée à M. le Duc d'Aiguillon. Le poète exprime son admiration pour cette statue, symbole d'un roi pacifique et citoyen. Il décrit la joie et la fierté du peuple rennais face à ce monument. Le texte loue le duc d'Aiguillon pour ses talents et sa vertu, soulignant qu'il exerce son autorité pour faire aimer le prince. La statue est vue comme un témoignage de l'amour et du zèle du peuple. Le poète mentionne les services rendus par le duc, notamment la libération de Gênes des tyrans, et son rôle bénéfique durant la paix. Il conclut en affirmant la loyauté et le sens du devoir du peuple, tout en critiquant la flatterie et en valorisant la franchise et la noblesse des cœurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
13
p. 214-220
ARCHITECTURE. Suite du Mercure du mois de Juin de l'année 2355.
Début :
M. Diver rend compte dans un second mémoire, d'une antiquité découverte auprès [...]
Mots clefs :
Architecture, Église, Décoration, Bois, Vase, Prédicateur, Statue, Tribune, Antiquité
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ARCHITECTURE. Suite du Mercure du mois de Juin de l'année 2355.
ARCHITECTURE.
Suite du Mercure du mois de Juin de l'année
2355
M. Diver rend compte dans un fecond
un
mémoire , d'une antiquité découverte auprès
de l'églife de Sainte Génevieve de la
Montagne. C'eſt une forte de vafe de bois,
orné de bas reliefs & figures de fculpture
de même matiere , très - délicatement travaillées.
Il a été trouvé fous des monceaux
de petites pierres , qui paroiffent être les
ruines de quelque bâtiment confidérable.
Dans la defcription qu'il fait de ce vaſe,
il fe fert d'une comparaifon un peu triviale
, que cependant nous ne pouvons nous
difpenfer de rapporter , parce qu'elle donne
une idée précife de la forme de cette
forte de vaſe inconnu jufqu'ici. Il le compare
à l'égrugeoir qui nous fert à broyer
le fel en effet c'est une forte de demi
tonneau , d'un plus grand diametre qu'aucun
de ceux qui font en ufage ; il eft terminé
en cul de lampe. Les figures qui le
décorent , & qui repréfentent des vertus
AOUST. 1755. 215
chrétiennes , donnent lieu de croire qu'il
-étoit deftiné à quelque ufage religieux.
La difficulté eft de deviner cet ufage.
Quelques auteurs qui avoient été inftruits
des premiers de cette découverte , ont
prétendu que c'étoit une chaire à prêcher.
Ils avançoient fans aucune apparence que
cette machine étoit en l'air clouée contre
un pilier , & que l'on y montoit par une
échelle ; en effet on trouve une partie de
la rondeur interrompue , qu'ils prétendent
être l'ouverture par laquelle le Prédicateur
entroit. Ils ont été jufqu'à croire que
quelques reftes fculptés en bois , auffi de
forme ronde & convexe qu'on a trouvés au
même lieu , étoient une forte de couver-
-cle qu'on mettoit deffus , qui fermoit ce
vafe , lorfque le Prédicateur n'y étoit pas ,
& qui pouvoit s'élever par des machines
pour laiffer deffous l'efpace néceffaire à
Ï'Orateur ; alors , difent -ils , il fervoit comme
d'un rabat-voix pour empêcher qu'elle
.ne fe perdit dans l'immensité de l'églife.
Ils avancent encore pour comble d'abfurdité
, qu'une groffe ftatue de bois dont
on a trouvé quelques fragmens dans ce
même lieu , & qui n'a nulle proportion
-avec les figures qui entourent le vafe ,
étoit placée fur ce couvercle, & lui fervoit
comme de bouton .
216 MERCURE DE FRANCE.
"
·
M. Diver refute toutes ces extravagantes
idées , & ne laiffe aucun lieu à la replique
, nous donnerons ici en entier ſes
preuves , parce que c'eft un objet de curiofité
très important. " Remarquez que
quand on fuppoferoit qu'on ne dût faire
» remonter l'antiquité de ce vafe qu'au
» dix feptiéme fiécle. ( il prouve plus, bas
qu'il doit être beaucoup plus ancien, ) il eft
toujours vrai que les François de ces.tems
là pouvoient voir encore affez de reftes
» de l'ancienne Rome , & particulierement
» de la fameufe tribune aux harangues
» pour n'avoir pu adopter une forme auffi
» ridicule pour y placer l'Orateur chrétien :
de plus , comment fe figurer que cette
lourde machine ait été fimplement atta-
» chée à un pilier , & du reſte toute en l'air,
» de maniere à donner à l'Auditeur l'in-
» quiétude de voir tomber la chaire & le
»Prédicateur.
و د
39
و د
» La fuppofition qu'on y foit monté
par
» une échelle , eſt tout-à - fait indécente ,
3 ils devroient du moins fuppofer qu'il y
" avoit un escalier tournoyant autour du
pilier ; il eft vrai qu'un efcalier de cette
»forme paroît affez ridicule à imaginer
» dans une églife où tout doit être de for-
»mes fimples & grandes.
"
» De quelle utilité feroit un couvercle
1
qui
AOUS T. 1755 217
qui dans cette fuppofition ne couvriroit
» le vafe que lorfqu'il n'y a rien dedans .
» De plus il eft impoffible qu'on fe foit jamais
figuré que ce couvercle pût empêcher
la voix de fe perdre ou la réfléchir.
Le cône de voix qui fort de la bouche
» du Prédicateur ne pourroit jamais frap-
» per ce couvercle , qui n'avanceroit audeffus
de lui que d'un pied au plus , fi ce
n'eft lorfqu'il leveroit la tête d'une maniere
forcée , & dans les apoftrophes &
» exclamations vers le ciel , qui font fort
» rares dans un difcours. Si l'on prétend
33
qu'il arrête les ondulations de la voix
» & augmente leur force du côté où il eft
✯ beſoin d'être entendu , je réponds qu'une
» ſurface de fix ou fept pieds au plus , eft
de nulle valeur par rapport à l'efpace
vuide , & fans obftacle prochain pour
réfléchir la voix , qui refte dans l'églife ,
devant , au - deffus & aux côtés du Prédicateur.
Il est évident qu'on n'a point
» pu lui attribuer cette utilité. La fuppofi-
» tion même qu'on fait que ce vafe ait été
attaché à un pilier qui ne préfentoit
» derriere le Prédicateur qu'une furface
» étroite , feroit contradictoire à ce qu'on
fuppofe , & prouveroit qu'on ne cherchoit
pas même alors le moyen le plus
fimple pour arrêter les ondulations 'fu
"
20
K
1
218 MERCURE DE FRANCE.
"3
?
perflues de la voix , qui eft de préfenter
derriere le Prédicateur la plus grande
» furface poffible , fans gâter la décoration
de l'églife . Les habiles Architectes
» à qui l'on a montré les deffeins faits fur
» cette fuppofition , où l'on a cru fuppléer
» aux parties qu'on n'a pu retrouver , ont
» déclaré qu'il étoit impoffible que dans
» les fiécles où le bon goût a été connu ,
» on ait fuivi une conftruction auffi bizar-
» re pour une tribune aux harangues. Ils
» remarquent que tout architecte dès
qu'il y en a eus de dignes de porter ce
» nom , a infailliblement penfé aux principales
deſtinations pour lefquelles on
» conftruit des églifes. La premiere eft ,
» poury offrir le faint facrifice de la meffe,
» ainfi il a fallu compofer d'abord un au-
» tel , & le placer dans le lieu le plus ap-
» parent. La feconde eft , pour y prêcher
» la parole de Dieu , ainfi la tribune con-
» facrée à cette fonction doit être très- ap-
» parente & très - confidérable , compofée
» avec l'églife , conftruite folidement , ainſi
que le refte , & non pas une machine de
» bois , poftiche , & qui auroit l'air d'y
» avoir été ajoutée après coup ; cet objet
« a toujours dû être lié avec la décoration
générale , de maniere à en augmenter
» la majesté.
39
"
મું
ود
A O UST. 1755 219
» que
J
D'ailleurs , l'efpace eft confidérable-
» ment trop borné pour laiffer la liberté
demandent les grands mouvemens
» de l'art oratoire . Un homme ne pourroit
» ſe remuer là - dedans, qu'il ne parût à tout
inftant prêt à fe jetter dehors ; encore
» moins pourroit-on fuppofer qu'il ait pû
» contenir deux interlocuteurs , ce qui eft
»pourtant néceffaire dans les conférences.
» İls affurent donc que les chaires ont toujours
été ce qu'elles font à préfent , c'eſt-
» à- dire une grande tribune placée au mi-
» lieu de la plus grande arcade de l'églife ,
» ornée d'une baluftrade , terminée de part
» & d'autre par deux efcaliers ; le fond en
» doit préfenter une belle décoration d'ar-
" chitecture , & le couronnement , noble-
» ment élevé à une belle hauteur au- deflus
» des Orateurs chrétiens , les couvre com-
» me d'un dais , mais peu faillant , & non
» point pour réfléchir leur voix , ce qui
» feroit une idée tout -à- fait dépourvûe de
>> raifon , puifqu'ils ne fe tournent pas en
parlant vers la partie de l'églife qui eft
» directement au- deffus de leur tête. »
Pour abréger , M. Diver prouve que c'étoit
un baptiſtère , il en fait remonter l'antiquité
jufqu'au tems où le baptême par immerfion
étoit encore en ufage. Quand on
lui conteſteroit cette date par la difficulté
»
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
il
qu'il y a qu'un ouvrage en bois fe foit
confervé entier pendant tant de fiécles, en
lui fuppofant une date plus récente ,
s'enfuivroit que la forme qui y avoit été
donnée pour leur destination primitive ,
s'eft confervée long-tems après que cet
ufage a été changé. Ce qu'il y a de certain
, c'eſt que cette fuppofition répond
pleinement à tout , & que M. Diver l'appuie
d'argumens irréffiftibles.
Suite du Mercure du mois de Juin de l'année
2355
M. Diver rend compte dans un fecond
un
mémoire , d'une antiquité découverte auprès
de l'églife de Sainte Génevieve de la
Montagne. C'eſt une forte de vafe de bois,
orné de bas reliefs & figures de fculpture
de même matiere , très - délicatement travaillées.
Il a été trouvé fous des monceaux
de petites pierres , qui paroiffent être les
ruines de quelque bâtiment confidérable.
Dans la defcription qu'il fait de ce vaſe,
il fe fert d'une comparaifon un peu triviale
, que cependant nous ne pouvons nous
difpenfer de rapporter , parce qu'elle donne
une idée précife de la forme de cette
forte de vaſe inconnu jufqu'ici. Il le compare
à l'égrugeoir qui nous fert à broyer
le fel en effet c'est une forte de demi
tonneau , d'un plus grand diametre qu'aucun
de ceux qui font en ufage ; il eft terminé
en cul de lampe. Les figures qui le
décorent , & qui repréfentent des vertus
AOUST. 1755. 215
chrétiennes , donnent lieu de croire qu'il
-étoit deftiné à quelque ufage religieux.
La difficulté eft de deviner cet ufage.
Quelques auteurs qui avoient été inftruits
des premiers de cette découverte , ont
prétendu que c'étoit une chaire à prêcher.
Ils avançoient fans aucune apparence que
cette machine étoit en l'air clouée contre
un pilier , & que l'on y montoit par une
échelle ; en effet on trouve une partie de
la rondeur interrompue , qu'ils prétendent
être l'ouverture par laquelle le Prédicateur
entroit. Ils ont été jufqu'à croire que
quelques reftes fculptés en bois , auffi de
forme ronde & convexe qu'on a trouvés au
même lieu , étoient une forte de couver-
-cle qu'on mettoit deffus , qui fermoit ce
vafe , lorfque le Prédicateur n'y étoit pas ,
& qui pouvoit s'élever par des machines
pour laiffer deffous l'efpace néceffaire à
Ï'Orateur ; alors , difent -ils , il fervoit comme
d'un rabat-voix pour empêcher qu'elle
.ne fe perdit dans l'immensité de l'églife.
Ils avancent encore pour comble d'abfurdité
, qu'une groffe ftatue de bois dont
on a trouvé quelques fragmens dans ce
même lieu , & qui n'a nulle proportion
-avec les figures qui entourent le vafe ,
étoit placée fur ce couvercle, & lui fervoit
comme de bouton .
216 MERCURE DE FRANCE.
"
·
M. Diver refute toutes ces extravagantes
idées , & ne laiffe aucun lieu à la replique
, nous donnerons ici en entier ſes
preuves , parce que c'eft un objet de curiofité
très important. " Remarquez que
quand on fuppoferoit qu'on ne dût faire
» remonter l'antiquité de ce vafe qu'au
» dix feptiéme fiécle. ( il prouve plus, bas
qu'il doit être beaucoup plus ancien, ) il eft
toujours vrai que les François de ces.tems
là pouvoient voir encore affez de reftes
» de l'ancienne Rome , & particulierement
» de la fameufe tribune aux harangues
» pour n'avoir pu adopter une forme auffi
» ridicule pour y placer l'Orateur chrétien :
de plus , comment fe figurer que cette
lourde machine ait été fimplement atta-
» chée à un pilier , & du reſte toute en l'air,
» de maniere à donner à l'Auditeur l'in-
» quiétude de voir tomber la chaire & le
»Prédicateur.
و د
39
و د
» La fuppofition qu'on y foit monté
par
» une échelle , eſt tout-à - fait indécente ,
3 ils devroient du moins fuppofer qu'il y
" avoit un escalier tournoyant autour du
pilier ; il eft vrai qu'un efcalier de cette
»forme paroît affez ridicule à imaginer
» dans une églife où tout doit être de for-
»mes fimples & grandes.
"
» De quelle utilité feroit un couvercle
1
qui
AOUS T. 1755 217
qui dans cette fuppofition ne couvriroit
» le vafe que lorfqu'il n'y a rien dedans .
» De plus il eft impoffible qu'on fe foit jamais
figuré que ce couvercle pût empêcher
la voix de fe perdre ou la réfléchir.
Le cône de voix qui fort de la bouche
» du Prédicateur ne pourroit jamais frap-
» per ce couvercle , qui n'avanceroit audeffus
de lui que d'un pied au plus , fi ce
n'eft lorfqu'il leveroit la tête d'une maniere
forcée , & dans les apoftrophes &
» exclamations vers le ciel , qui font fort
» rares dans un difcours. Si l'on prétend
33
qu'il arrête les ondulations de la voix
» & augmente leur force du côté où il eft
✯ beſoin d'être entendu , je réponds qu'une
» ſurface de fix ou fept pieds au plus , eft
de nulle valeur par rapport à l'efpace
vuide , & fans obftacle prochain pour
réfléchir la voix , qui refte dans l'églife ,
devant , au - deffus & aux côtés du Prédicateur.
Il est évident qu'on n'a point
» pu lui attribuer cette utilité. La fuppofi-
» tion même qu'on fait que ce vafe ait été
attaché à un pilier qui ne préfentoit
» derriere le Prédicateur qu'une furface
» étroite , feroit contradictoire à ce qu'on
fuppofe , & prouveroit qu'on ne cherchoit
pas même alors le moyen le plus
fimple pour arrêter les ondulations 'fu
"
20
K
1
218 MERCURE DE FRANCE.
"3
?
perflues de la voix , qui eft de préfenter
derriere le Prédicateur la plus grande
» furface poffible , fans gâter la décoration
de l'églife . Les habiles Architectes
» à qui l'on a montré les deffeins faits fur
» cette fuppofition , où l'on a cru fuppléer
» aux parties qu'on n'a pu retrouver , ont
» déclaré qu'il étoit impoffible que dans
» les fiécles où le bon goût a été connu ,
» on ait fuivi une conftruction auffi bizar-
» re pour une tribune aux harangues. Ils
» remarquent que tout architecte dès
qu'il y en a eus de dignes de porter ce
» nom , a infailliblement penfé aux principales
deſtinations pour lefquelles on
» conftruit des églifes. La premiere eft ,
» poury offrir le faint facrifice de la meffe,
» ainfi il a fallu compofer d'abord un au-
» tel , & le placer dans le lieu le plus ap-
» parent. La feconde eft , pour y prêcher
» la parole de Dieu , ainfi la tribune con-
» facrée à cette fonction doit être très- ap-
» parente & très - confidérable , compofée
» avec l'églife , conftruite folidement , ainſi
que le refte , & non pas une machine de
» bois , poftiche , & qui auroit l'air d'y
» avoir été ajoutée après coup ; cet objet
« a toujours dû être lié avec la décoration
générale , de maniere à en augmenter
» la majesté.
39
"
મું
ود
A O UST. 1755 219
» que
J
D'ailleurs , l'efpace eft confidérable-
» ment trop borné pour laiffer la liberté
demandent les grands mouvemens
» de l'art oratoire . Un homme ne pourroit
» ſe remuer là - dedans, qu'il ne parût à tout
inftant prêt à fe jetter dehors ; encore
» moins pourroit-on fuppofer qu'il ait pû
» contenir deux interlocuteurs , ce qui eft
»pourtant néceffaire dans les conférences.
» İls affurent donc que les chaires ont toujours
été ce qu'elles font à préfent , c'eſt-
» à- dire une grande tribune placée au mi-
» lieu de la plus grande arcade de l'églife ,
» ornée d'une baluftrade , terminée de part
» & d'autre par deux efcaliers ; le fond en
» doit préfenter une belle décoration d'ar-
" chitecture , & le couronnement , noble-
» ment élevé à une belle hauteur au- deflus
» des Orateurs chrétiens , les couvre com-
» me d'un dais , mais peu faillant , & non
» point pour réfléchir leur voix , ce qui
» feroit une idée tout -à- fait dépourvûe de
>> raifon , puifqu'ils ne fe tournent pas en
parlant vers la partie de l'églife qui eft
» directement au- deffus de leur tête. »
Pour abréger , M. Diver prouve que c'étoit
un baptiſtère , il en fait remonter l'antiquité
jufqu'au tems où le baptême par immerfion
étoit encore en ufage. Quand on
lui conteſteroit cette date par la difficulté
»
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
il
qu'il y a qu'un ouvrage en bois fe foit
confervé entier pendant tant de fiécles, en
lui fuppofant une date plus récente ,
s'enfuivroit que la forme qui y avoit été
donnée pour leur destination primitive ,
s'eft confervée long-tems après que cet
ufage a été changé. Ce qu'il y a de certain
, c'eſt que cette fuppofition répond
pleinement à tout , & que M. Diver l'appuie
d'argumens irréffiftibles.
Fermer
Résumé : ARCHITECTURE. Suite du Mercure du mois de Juin de l'année 2355.
Le texte du Mercure de juin 2355 rapporte la découverte d'une antiquité près de l'église Sainte-Geneviève de la Montagne par M. Diver. Il s'agit d'un vase en bois de forme semi-cylindrique, orné de bas-reliefs et de sculptures délicates représentant des vertus chrétiennes. Cet objet a été trouvé sous des ruines et est comparé à un égrugeoir, suggérant un usage religieux. Plusieurs hypothèses ont été proposées concernant l'usage de ce vase. Certains auteurs ont suggéré qu'il pourrait s'agir d'une chaire à prêcher, suspendue contre un pilier et accessible par une échelle. Ils ont également avancé que des fragments de bois trouvés sur place pourraient être un couvercle servant de rabat-voix. Cependant, M. Diver réfute ces idées, estimant improbable que les Français aient adopté une telle forme pour une chaire à prêcher. M. Diver argue que la forme du vase et son décor ne correspondent pas à une chaire à prêcher. Il souligne l'inconfort et l'instabilité d'une telle structure, ainsi que l'inutilité d'un couvercle pour réfléchir la voix. Il conclut que le vase est plus probablement un baptistère, utilisé à une époque où le baptême par immersion était pratiqué. Cette hypothèse est appuyée par des arguments solides, bien que la conservation d'un tel objet en bois sur une longue période reste discutable.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
14
p. 199-213
Dédicace de la Statue du Roy, dans la Place Royale de Nancy.
Début :
Sa Majesté Polonoise, Duc de Lorraine & de Bar, ayant conçu en 1752 [...]
Mots clefs :
Hôtel de ville, Sa Majesté, Statue, Naissance, Cérémonies, Duc de Gesvres, Duc de Fleury, Marchands, Régiments, Loterie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Dédicace de la Statue du Roy, dans la Place Royale de Nancy.
Dédicace de la Statue du Roy , dans la Place
Royale de Nancy.
Sa Majesté Polonoife , Duc de Lorraine & de
Bar , ayant conçu en 1752 le deflein de faire élever
un monument de fa tendreffe à Sa Majesté
Très-Chrétienne , a dreffé elle - même le plan
d'une place , dont l'exécution confiée à M. Heré
de Corny, fon premier Architecte , répond à la
magnificence des idées de Sa Majesté & à la gran
deur du fujet . Les édifices qui environnent cette
place , font d'une fymmétrie parfaite . Celui du
fond eft deftiné à l'Hôtel de Ville . Ceux de droite
& de gauche forment quatre pavillons . La place
eft terminée par un Corps de bâtimens à un
étage , qui fait retour pour donner une rue de
communication de la Ville Neuve à la Ville
Vieille. Au fond de la rue eft un arc de triomphe
, compoféde trois portiques. Dans les quatre
angles de la place , dont l'extérieur eft décoré
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
d'une architecture d'ordre Corinthien en pilaftres
, on a mis quatre grands grillages fur un
plan ceintré. Les deux du fond font employés à
mafquer les baftions . Ils forment chacun un grand
portique & deux petits. Le portique du milieu
eft une cafcade , où l'on voit la figure de Neptune
fur fon char tiré par des chevaux marins ;
d'un côté , un fleuve & une Nayade ; & de l'autre
un dragon. Toutes les eaux que jettent ces différentes
figures , fe répandent en nappes dans un
vafte baffin. Les fontaines des petits portiques
font ornées de grouppes d'enfans qui jouent avec
des poiffons. Les deux autres grands grillages
font aux angles de l'Hôtel de Ville , & ils forment
deux effeces de portes Flamandes , de vingtdeux
pieds d'ouvertures , deftinés pour donner entrée
à quatre rues.
Au milieu de la place s'éleve un piedestal de
marbre blanc , fur lequel eft la ftatue pedeftre
de Louis XV habillé à la Romaine , cuiraflé &
revêtu du manteau royal . Cette figure de bronze
eft haute de onze pieds. Quatre bas reliefs auffi
de bronze décorent les quatre faces du piedeftal ,
& repréfentent , le premier le mariage du Roi
Très - Chrétien ; le fecond la paix conclue à Vienne
; le 3e la prife de poffeffion de la Lorraine ; le
quatrieme l'Academie des Sciences & Belles - Lettres
établie dans cette ville. Aux quatre angles du
piedeftal , fur le pallier des marches font quatre
figures coloffales , qui repréfentent la prudence ,
la juftice , la valeur & la clémence.
Sa Majefté Polonoiſe ayant fixé le jour de la
Dédicace de la ftatue au 26 Novembre ,vingt trois
jours auparavant à la Malgrange. La fête ne pouvoit
mieux commencer que par des actions de
graces , pour la naiffance de Monfeigneur le Com
ง
JANVIER. 1756. 201
te de Provence. Le Roi fe rendit le 25 à l'églife
primatiale , pour y aflitter à une Meffe folemnelle
, & au Te Deum. Le Primat revêtu de fes
habits pontificaux , reçut Sa Majesté à la porte de
l'églife , où les Compagnies fupérieures , les autres
Corps de Juftice , & le Clergé féculier &
régulier s'étoient rendus.
疹
Le lendemain 26 , Sa Majefté entendit dans
P'églife de Bon-Secours une Mefle célébrée par le
Primat. Vers midi , Sa Majefté arriva ici avec
toute la pompe de la Royauté. Le Régiment d'Infanterie
du Roi Très -Chrétien en garnifon dans
cette ville , bordoit en haie les rues depuis la porte
Saint Nicolas jufqu'à la place royale . Sa Majefté
Polonoife fut faluée de trois décharges de
l'artillerie des remparts. A la porte de l'Hôtel de
Ville , elle fut complimentée par M. Thibault ,
Lieutenant- Général de Police , à la tête des Magiftrats
.
Sa Majefté s'étant placée fur le balcon du grand
fallon de l'Hôtel de Ville , un Héraut d'Armes ,
précédé des Timballiers & Trompettes des plaifirs,"
& monté fur un cheval richement caparaçonné ,
fortit de deffous l'arc de triomphe , & en s'avançant
par la droite , il fit le tour de la place . Devant
chaque pavillon , il fit à haute voix la proclamation
de la Dédicace de la ftatue. La Nobleſſe
& le peuple répondirent à l'envi par des acclamations
réitérées. Alors on ôta de deffus la ftatue le
voile qui la couvroit , & de nouvelles acclamations
en couronnerent la Dédicace. Pendant la
cérémonie , l'artillerie des remparts & la moufqueterie
du Régiment du Roi Très - Chrétien firent
des falves continuelles .
Au lieu d'eau il coula du vin des Fontaines de
la place pendant le refte du jour . Quatre Confeil-
I y
202 MERCURE DE FRANCE.
lers de l'Hôtel de Ville jetterent à pleines mains
de l'argent par les fenêtres des quatre pavillons ,
& l'on diftr bua en même - tems dans toute la ville
des largeffes confidérables aux pauvres honteux .
Sa Majesté reçut les complimens de fa Cour fupérieure
, de fa Chambre des Comptes , de l'Académie
des Sciences & Belles- Lettres , & des quatre
Chapitres de Chanoineffes de Remiremont
d'Epinal , de Bouxieres & de Pouffay.
Sur les quatre heures elle fe rendit à la falle de
la Comédie , où elle entendit un prologue relatif
à la cérémonie du jour. L'Auteur des paroles eft
M. Paliffot de Montenoy , & la Mufique eft de M.
Surat . Après le fpectacle , Sa Majefté paffa à la
falle du bal paré que donnoit la Ville. Il étoit
compofé de toute la haute Nobleffe de Lorraine ,
& d'Etrangers de la plus grande diftinction , que le
défir de faire leur cour à Sa Majefté avoit attirés
de toutes parts. Le Roi y demeura une demi-heure,
& partit enfuite au bruit de l'artillerie , & au
milieu des acclamations dictées par l'allégrefle
générale.
En paffant près de la grande place de la Ville
Neuve , Sa Majefté y vit les Soldats & Sergens
des quatre Bataillons du Régiment du Roi , affis
à de longues tables , où la Ville leur avoit fait
fervir un repas dans lequel il régna autant d'ordre
que d'abondance. Les tables formoient un
quarré. Elles étoient éclairées par cinq pyramides
, dont quatre de vingt- trois pieds , & celle
du milieu de quarante , toutes furmontées de
fleurs de lys couronnées , ayant dans leurs corps
les armes de Sa Majefté Polonoife , & celles de la
Ville en feu tranfparent. Le devant & le derriere
des tables étoient ornés des faifceaux d'armes
du Régiment , fur chacun defquels il y avoit une
JANVIE R. 1756. 203
fleur de lys illuminée. Les drapeaux étoient déployés
autour des tables , fur lefquelles veillont
le Corps des Officiers , le Marquis de Guerchy ,
Colonel-Lieutenant , à la tête .
A la fuite du bal paré il y eut grand bal
mafqué à l'Hôtel de Ville.
Sa Majesté revint ici le 27. La Place royale
étoit illuminée fuivant l'ordre de l'architecture .
Après avoir confidéré l'illumination , le Roi defcendit
du grand fallon de l'Hôtel de Ville pour
fe rendre fous le periftile de l'arc de triomphe.
Avant fa fortie , M. Thibault lui préfenta fur
le feuil de la porte une médaille d'or . Eile porte
d'un côté la tête de Sa Majesté Polonoife avec cette
infcription : Stanislaus Í , Rex Polonia , Magnus
Duc Lithuania , Lotharingia & Barri . Au revers
eft la ftatue pedeſtre de Louis XV fur fon piedeftal
, avec cette légende : Uriufque immortalitati,
Et pour exergue , Civitas Nanceiana . MDCCLV.
En recevant cette médaille , qui a été gravée
par la Dame de Saint Urbain , Sa Majesté eut la
bonté de dire aux Magiftrtas : Meffieurs , fur ce médaillon
eft mon effigie , mais les vôtres font gravées
dans mon coeur.
On tira enfuite le magnifique feu d'artifice ,
qui avoit été préparé . Sa Majesté après le feu ,
retourna à la place royale , pour voir une feconde
fois l'illumination , & elle partit enfin au bruit de
nouvelles falves d'artillerie & de moufqueterie.
Pendant les trois jours qu'ont duré les réjouiffances
publiques , les habitans de Nancy ont fait
les honneurs de la Ville , en tenant table ouverte
pour les Etrangers , qui , après avoir admiré les
magnificences dont ils ont été témoins , ont remporté
la plus haute idée de l'amour fincere &
refpectueux des Lorrains pour leurs Majeftés
Très- Chrétienne & Polonoife.
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
Cette fête n'a point été particuliere à la ville
de Nancy : elle a été générale dans toutes les
villes & dans les bourgs de la Lorraine & du
Barrois.
Le 14 Décembre , les Députés de la Ville de
Nancy eurent l'honneur de préſenter au Roi les
Médailles d'or & d'argent , qui ont été frappées
à l'occafion de cette Dédicace. Le Roi pour leur
donner de fa fatisfaction une marque diftinguée ,
les reçut dans fon cabinet. Ils furent préfentés à Sa
Majefté par M. le Duc de Fleury, premier Gentilhomme
de la Chambre , Gouverneur & Lieutenant-
Général de Lorraine & du Barrois, & par M.
le Comte d'Argenfon, Miniftre & Secrétaire d'Etat.
Les Députés eurent le même honneur chez la
Reine , chez Monfeigneur le Dauphin , Madame
la Dauphine , Monfeigneur le Duc de Bourgogne
, Monfeigneur le Duc de Berry , & Monfeigneur
le Comte de Provence , ainfi que chez Madame
, & chez Mefdames Victoire , Sophie &
Louife, étant préfentés de même par M. le Duc de
Fleury , & M. le Comte d'Argenfon. La Députation
étoit compofée de M. Thibault , Lieutenant-
Général de Police , & Chef du Magiſtrat de
Nancy ; de M. Breton , Confeiller pour la Nobleffe
; de M. Puiffeur , Confeiller pour le Tiers-
Etat ; & de M. Richer , Confeiller , Tréforier de
l'Hôtel de Ville de Nancy. M. Thibault porta la
parole.
Le 12 , la rentrée de la Cour des Aides fe fit
avec les cérémonies ordinaires. Après la Meffe
célébrée , felon la coutume , dans la falle de la
Cour , les trois Chambres s'affemblerent dans la
premiere , & l'on fit la lecture des Ordonnances
& des Réglemens. Les Huifliers ayant prêté ferJANVIER
. 1756. 205
ment , M. de Lamoignon de Malesherbes , Premier
Préfident , prononça un difcours fur le choix
des Etudes. Enfuite M. Boula de Mareuil , fecond
Avocat Général , prit la parole , & haranguafur
Pemploi du Tems.
M. de Landreville , Maréchal de Camp & chef
de Brigade des Gardes du Corps , vint le 17 Novembre
, de la part du Roi , annoncer la naiffance
de Monfeigneur le Comte de Provence au Corps
de ville qui s'étoit affemblé fur la premiere nouvelle
que Madame la Dauphine avoit reffenti
quelques douleurs. M. le Marquis de Dreux , Grand
Maître des cérémonies , a remis en même tems
au Corps de ville une lettre de Sa Majeſté ſur le
même ſujet. Auffi - tôt les Prévôt des Marchands
& Echevins firent annoncer à toute la ville , par
une falve générale de l'artillerie , & par la cloche
de l'Hôtel de ville , qui a fonné jufqu'à minuit ,
la nouvelle faveur qu'il a plu à Dieu d'accorder à
la France.
A fix heures du foir on fit une feconde falve
de l'artillerie , après laquelle les Prévôt des Marchands
& Echevins allumerent , avec les cérémonies
ordinaires , le bucher qui avoit été dreſſé
dans la Place devant l'Hôtel de ville . On tira enfuite
une grande quantité de fufées volantes ; on
fit couler dans les quatre coins de la place des
fontaines de vin , & on diftribua au peuple du
pain & des viandes. Plufieurs Orcheftres remplis
de Muficiens , mêlerent le fon de leurs inftrumens
aux acclamations dictées par l'alegreffe
publique. La façade de l'Hôtel de ville fut illuminée
le foir par plufieurs filets de terrines , ainfi
que l'hôtel du Duc de Gefvres , Gouverneur de
Paris , celui du Prévôt des Marchands & les maifons
des Echevins & Officiers du Bureau de la
ville,
206 MERCURE DE FRANCE.
Le Roi ayant écrit à l'Archevêque de Paris
pour faire rendre à Dieu de folemnelles actions
de graces à l'occafion de la naiffance de Monfeigneur
le Comte de Provence , on chanta le 23
Novembre le Te Deum dans l'églife Métropolitaine
, & l'Abbé de Saint Exupery , Doyen du
Chapitre , y officia. Le Chancelier & le Garde
des Sceaux , accompagnés de plufieurs Confeillers
d'Etat & Maîtres des Requêtes , y affifterent , ainfi
que le Parlement , la Chambre des Comptes ,
la Cour des Aides , & le Corps de ville , qui y
avoient été invités de la part de Sa Majesté par
le Marquis de Dreux , Grand Maître des cérémonies.
On tira le même jour dans la place de l'Hôtel
de ville , par ordre des Prévôt des Marchands &
Echevins , un très -beau feu d'artifice . La décoration
repréfentoit un Temple de Lucine , formant
par fon plan un quarré régulier de marbre blanc.
Une ordonnance compofite , portée fur un focle
& terminée par un attique , préfentoit fur chaque
face du quarré quatre colonnes ifolées , embraffées
par des branches de lys , & grouppées
deux à deux , qui foutenoient un fronton triangulaire.
A côté des colonnes étoient des figures de
fept pieds de proportion , repréfentant des Vertus.
Le milieu des façades étoit ouvert par un portique
élevé fur des dégrés de marbre blanc , qui
conduifoient jufqu'à l'autel , fur lequel étoit placée
la Déeffe . Les colonnes , les frontons , les panneaux
du focle & de l'attique étoient de marbre
ferancolin. L'intérieur du temple étoit de bréche
violette. Les chapiteaux , la frife , les moulures ,
les bas reliefs & les figures étoient en or . Au-deffus
du fronton étoit le médaillon des armes du
Roi , fupporté par le Génie de la France , & par
JANVIER. 1756. 207
une Renommée. Des Amours , foutenus fur des
nuages , formoient différens jeux , & fervoient
de couronnement à tout l'édifice . Le temple avoit
ving- cinq pieds de largeur fur quarante de hauteur.
Il portoit fur une terraffe de quarante-huit
pieds de baſe , dont les appuis formoient autour
de l'édifice principal , une enceinte décorée dans
tous les angles par des acroteres qui foutenoient
des vafes de fleurs . On montoit fur la terrafle
par des perrons diftribués fur toutes les faces .
Après l'artifice , la façade de l'Hôtel de ville fut
illuminée avec autant de goût que de magnifi- *
cence. Toutes les colonnes dans leur pourtour
étoient garnies de lampions . Des filets de terrines
regnoient le long des entablemens. Plufieurs
Juftres formés de lanternes de verre éclairoient
les autres parties . La place vis - à- vis de l'Hôtel de
ville étoit entourée d'Ifs , portant chacun plus de
cent cinquante lumieres .
Il y eut auffi de magnifiques illuminations
aux hôtels du Duc de Gefvres & du Prévôt des
Marchands , ainfi qu'aux maifons des Echevins &
des principaux Officiers du Corps de Ville .
Des fontaines de vin coulerent dans ces différens
endroits , de même que dans la place de
l'Hôtel de ville , & dans les autres principales places
de Paris ; & l'on diftribua du pain & des viandes
au peuple. On avoit placé des orcheftres partout
où le faifoient ces diftributions.
La cloche de l'Hôtel de ville fonna en tocfin
depuis cinq heures du matin juſqu'à minuit. Pendant
la journée il y eut quatre falves d'artillerie ;
une à cinq heures du matin , une à midi , une pendant
le Te Deum , & la derniere avant le feu
d'artifice .
Le 23 , la Vicomteffe de Cambis fut préſentée
à leurs Majeftés .
208 MERCURE DE FRANCE.
Le 24 , le Corps de ville alla à l'Eglife paroiffiale
de Saint Jean en Greve , pour rendre les
actions particulieres de graces ; & il affifta à un
Te Deum qu'il fic chanter en mufique L'Hôtel
de ville , les hôtels du Duc de Gefvres & du Prévôt
des Marchands , & les maiſons des Echevins
& des principaux Officiers du Corps de Ville furent
de nouveau illuminés.
Le Marquis de Braffac , un des Chambellans du
Roi de Pologne Duc de Lorraine & de Bar , eft
venu de la part de Sa Majefté Polonoiſe pour
complimenter ieurs Majeftés & la Famille royale
fur la naiffance de Monfeigneur le Comte de Provence
; & le 24 Novembre il s'acquitta de cette
commiffion.
M. Séguier , Avocat Général du Parlement ,
ouvrit le 24 les Audiences de la Grand'Chambre ,
par une barangue fur l'Emulation. Cette harangue
fut fuivie d'un difcours de M. de Maupeou , premier
Préfident , fur le Vice de la Jalousie.
Selon les lettres de Bordeaux , on y effuya le
premier Novembre une fecouffe de tremblement
de terre qui dura quelques minutes . Elle fut accompagnée
d'une agitation extraordinaire des
eaux de la Garonne. Heureufement la ville n'a
fouffert aucun dommage.
Conformément à l'ordre que le Roi avoit donné
, le Régiment des Gardes Suiffes s'affembla
à Versailles le 29 de Novembre dans la place
d'armes vis - à-vis de la grille du château , & il
forma un bataillon quarré. A midi & demi M. le
Comte d'Eu ayant averti le Roi , que le Régiment
étoit fous les armes , Sa Majesté monta à cheval ,
accompagnée de M.le Comte d'Argenfon ,Miniftre
& Secrétaire d'Etat ayant le département de laGuerre,
ainsi que de M.le Marquis de Paulmy , Secrétaire
JANVIER. 1756. 209
d'Etat en ſurvivance de M. le Comte d'Argenſon.
Le Bataillon quarré s'ouvrit à l'arrivée du Roi ; Sa
Majefté y entra avec la fuite & avec les Officiers
des Gardes du Corps , & le Bataillon ſe referma
fur le champ , les Gardes du Corps reftant en
dehors. Les Capitaines des Gardes Suifles firent
un cercle autour de Sa Majefté ; les Lieutenans
formerent un fecond cercle , & les Sergens un
troifieme. Après que les tambours eurent battu
le ban , le Roi ordonna au Régiment de reconnoître
le Comte d'Eu pour Colonel Général des
Suiffes & Grifons , & de lui obéir en tout ce qui
concerne le fervice de Sa Majefté. Enfuite le Roi
fortit du Bataillon , & alla fe placer vis- à- vis de
la petite Ecurie , d'où Sa Majesté vit défiler le
Régiment. Le Comte d'Eu étoit à la tête. Lorfque
la premiere ligne fut paffée , ce Prince fe
plaça auprès de Sa Majeſté. Il donna le même jour
dans fon château de Clagny un fomptueux dîner
aux Officiers du Régiment , & il fit diftribuer du
pain , de la viande & du vin à tous les foldats .
Sur ce qui a été repréſenté au Roi , qu'entre les
différens moyens qui peuvent concourir avec ceux
que Sa Majefté s'elt déja procurés , pour fubvenir
aux dépenses extraordinaires auxquelles les circonftances
préfentes l'obligent , il n'en eft point
de plus facile & de plus défiré qu'une nouvelle
Loterie ; Sa Majesté s'y eſt d'autant plus volontiers
déterminée , que l'augmentation du bail de
fes Fermes la met en état d'y fatisfaire , fans rien
prendre fur fex autres revenus. En conféquence ,
par un Arrêt du Confeil d'Etat , du 11 de Novembre
, elle a établi une troiſieme Loterie royale.
Cette Loterie dont l'exécution durera douze
ans , à compter du premier Avril 1756 , & dont
le Roi a fixé le fonds à la fomme de trente mil
210 MERCURE DE FRANCE.
lions de livres , fut ouverte le 1t de Décembre au
Tréfor royal. Elle fera compofée de so mille billets
, chacun de fix cens livres. Il y aura cent mille
lots , dont cinquante mille , dits de rembourfement,
qui éteindront & amortiront le capital des
billets & cinquante mille de faveur , aufquels les
billets amortis par le remboursement qui leur
fera parvenu , participeront nonobftant ledit rem
bourfement. Les cent mille lots feront diftribués
en quatorze Tirages pendant le cours des douzé
années que durera la Loterie. Le premier tirage
du premier femeftre fe fera le 15 du mois d'Avril
prochain , & les cinq autres d'année en année au
même tems . Ces fix premiers tirages feront de
lots de rembourfement. Le feptieme qui fera de
faveur , ſe fera un mois après. Le premier des fix
tirages du deuxieme femeftre qui feront également
pour lots de remboursement , fe fera le 15
Avril 1762 , les cinq autres auffi d'année en année,
& le quatorzieme & dernier qui fera de faveur ,
un mois après le fixieme du fecond femeftre. Les
vingt-quatre mille deux ceux quarante huit billets,
qui auront obtenu les lots de rembourſement dans
les fix tirages du Ir femeftre , participeront feuls
au tirage de faveur qui les fuivra. De même les
vingt-cinq mille fept cens cinquante- deux billets.
aufquels feront échus les lots de remboursement
des fix tirages du deuxieme femeftre , auront feuls
part au quatorzieme tirage , qui formera la clôture
de la Loterie . A chacun des douze tirages
pour lots de remboursement il y aura un premier
lot de vingt mille livres , un fecond de dix mille,
un troifieme de quatre mille , deux autres de deux
mille. Dans le premier des deux tirages de faveur
le premier lot fera de cent vingt mille livies
, & le fecond de cinquante mille . Le princiJANVIE
R. 1756. 211
pal lot du quatorzieme & dernier tirage fera de
deux cens mille livres , & le fecond de quatrevingt
mille. Sa Majefté attribue pendant chacune
des deuxieme & fubfequentes années de l'exécution
de la Loterie , jufques & compris la onzieme,
vingt-quatre livres à chacun des billets qui entreront
dans la roue , pour concourir en chaque femeftre
au gain des lots de remboursement , & ce
jufqu'à ce qu'il leur en foit échu un à chacun ;
laquelle attribution fera payée , même pour l'année
révolue , au tems que lefdits lots échoiront
fans aucune réduction deſdits lots.
Il paroît une Ordonnance du Roi pour augmenter
de dix Maîtres chaque Compagnie des Régimens
de Cavalerie, tant Françoifes qu'Etrangeres,
même celles des cinq Brigades du Régiment des
Carabiniers.
Sa Majesté a accordé des lettres d'ennobliffement
à M. Daran , l'un de fes Chirurgiens , qui
s'eft acquis un nom célébre dans toute l'Europe.
Le Marquis de Soragna , Gentilhomme de la
Chambre de l'Infant Duc de Parme , & qui eft
venu de la part de ce Prince & de Madame Infante
pour complimenter leurs Majestés fur la naiffance
de Monfeigneur le Comte de Provence
s'acquitta le 16 de fa commiffion. Il fut préfenté
par Don Jaimes Mafones de Lima & Sotomayor,
Ambaffadeur Extraordinaire & Plénipotentiaire
du Roi d'Efpagne.
Six cloches de la nouvelle Eglife Paroiffiale de
Saint Louis à Verfailles furent bénites le 15. M. le
Duc de Fleury & Me. la Ducheffe de Laynes , Dame
d'honneur de la Reine , les tinrent au nom de
leurs Majeftés & de la Famille royale. Le Curé de
la Paroiffe fit la cérémonie. Il y eut mufique , illumination
, feu , & plufieurs falves de mouſqueterie,
212 MERCURE DE FRANCE.
Le 14,Mdme la Marquise de Gamaches fut préfentée
à leurs Majeftés & à la Famille royale .
Dans ces préfentations elle prit le tabouret
comme Grande d'Espagne , ayant hérité de la
Grandeffe par la mort du Maréchal de la Mothe .
Houdancourt , dont elle eft fille unique.
Madame la Marquiſe de Brehant fut préſentée le
même jour.
Le 17 M. le Marquis de Marigny, Directeur Général
des Bâtimens , Arts & Manufactures , préfenta
à Leurs Majeftés plufieurs pieces de Tapif
ferie en haute- liffe , de la Manufacture des Gobelins.
Quatre de ces pieces repréfentent : la premiere
, Jafon affoupiffant le Dragon , enlevant
la Toifon d'Or , & partant avec Medée : la
deuxieme , le mariage de Jafon & de Creüfe , fille
du Roi de Corinthe : la troisieme , Creuſe confumée
par le feu de la robe fatale , dont Medée
lui a fait préfent : la quatrieme , Medée poignar
dant les deux fils qu'elle avoit eus de Jafon , &
embrafant Corinthe. Ces morceaux ont été exécutés
fur des Tableaux de feu M. de Troy , & ils
font les trois premiers de M. Cozette , & le dernier
de M. Audran. Trois autres Pieces font de M.
Audran. Les ſujets font la Scene s du quatrieme
Acte de l'Opera de Roland : la Scene 4 du cinquieme
Acte d'Armide , d'après feu M. Coypel
& l'Entrée de Marc - Antoine à Ephefe
d'après M. Nattoire , Directeur de l'Académie
de Peinture à Rome. Une huitieme Piece de l'exécution
de M. Cozette , eft une copie d'un Tableau
de M. Parrocel , d'Avignon , repréfentant
la Sainte-Famille , & qui a trois pieds deux pouces
de haut , fur deux pieds cinq pouces de large.
Par une Ordonnance du 8 de ce mois , le Roi
a réglé que les Bataillons du Régiment Royal
JANVIER . 1756. 213
Artillerie , les Compagnies de Mineurs & d'Ouvriers
qui fervent à leur fuite , les Officiers d'Artillerie
& les Ingénieurs , ne feroient dorénavant
qu'un feul & même Corps , fous la dénomination
de Corps Royal de l'Artillerie & du Génie.
On a répandu mal -à-propos le bruit , que le
Coche d'eau d'Auxerre avoit péri. Cette Voiture
n'a pas couru le moindre danger , & celles
de cette efpece ne vont que lorfque la riviere eft
navigable.
Le 18 Décembre les Actions de la Compagnie
des Indes étoient à quatorze cens quatre-vingt livres
les Billets de la premiere Loterie Royale à
huit cens quarante quatre ; ceux de la feconde
Loterie à fept cens vingt - huit , & ceux de la
troifieme Loterie à fix cens vingt-trois.
Royale de Nancy.
Sa Majesté Polonoife , Duc de Lorraine & de
Bar , ayant conçu en 1752 le deflein de faire élever
un monument de fa tendreffe à Sa Majesté
Très-Chrétienne , a dreffé elle - même le plan
d'une place , dont l'exécution confiée à M. Heré
de Corny, fon premier Architecte , répond à la
magnificence des idées de Sa Majesté & à la gran
deur du fujet . Les édifices qui environnent cette
place , font d'une fymmétrie parfaite . Celui du
fond eft deftiné à l'Hôtel de Ville . Ceux de droite
& de gauche forment quatre pavillons . La place
eft terminée par un Corps de bâtimens à un
étage , qui fait retour pour donner une rue de
communication de la Ville Neuve à la Ville
Vieille. Au fond de la rue eft un arc de triomphe
, compoféde trois portiques. Dans les quatre
angles de la place , dont l'extérieur eft décoré
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
d'une architecture d'ordre Corinthien en pilaftres
, on a mis quatre grands grillages fur un
plan ceintré. Les deux du fond font employés à
mafquer les baftions . Ils forment chacun un grand
portique & deux petits. Le portique du milieu
eft une cafcade , où l'on voit la figure de Neptune
fur fon char tiré par des chevaux marins ;
d'un côté , un fleuve & une Nayade ; & de l'autre
un dragon. Toutes les eaux que jettent ces différentes
figures , fe répandent en nappes dans un
vafte baffin. Les fontaines des petits portiques
font ornées de grouppes d'enfans qui jouent avec
des poiffons. Les deux autres grands grillages
font aux angles de l'Hôtel de Ville , & ils forment
deux effeces de portes Flamandes , de vingtdeux
pieds d'ouvertures , deftinés pour donner entrée
à quatre rues.
Au milieu de la place s'éleve un piedestal de
marbre blanc , fur lequel eft la ftatue pedeftre
de Louis XV habillé à la Romaine , cuiraflé &
revêtu du manteau royal . Cette figure de bronze
eft haute de onze pieds. Quatre bas reliefs auffi
de bronze décorent les quatre faces du piedeftal ,
& repréfentent , le premier le mariage du Roi
Très - Chrétien ; le fecond la paix conclue à Vienne
; le 3e la prife de poffeffion de la Lorraine ; le
quatrieme l'Academie des Sciences & Belles - Lettres
établie dans cette ville. Aux quatre angles du
piedeftal , fur le pallier des marches font quatre
figures coloffales , qui repréfentent la prudence ,
la juftice , la valeur & la clémence.
Sa Majefté Polonoiſe ayant fixé le jour de la
Dédicace de la ftatue au 26 Novembre ,vingt trois
jours auparavant à la Malgrange. La fête ne pouvoit
mieux commencer que par des actions de
graces , pour la naiffance de Monfeigneur le Com
ง
JANVIER. 1756. 201
te de Provence. Le Roi fe rendit le 25 à l'églife
primatiale , pour y aflitter à une Meffe folemnelle
, & au Te Deum. Le Primat revêtu de fes
habits pontificaux , reçut Sa Majesté à la porte de
l'églife , où les Compagnies fupérieures , les autres
Corps de Juftice , & le Clergé féculier &
régulier s'étoient rendus.
疹
Le lendemain 26 , Sa Majefté entendit dans
P'églife de Bon-Secours une Mefle célébrée par le
Primat. Vers midi , Sa Majefté arriva ici avec
toute la pompe de la Royauté. Le Régiment d'Infanterie
du Roi Très -Chrétien en garnifon dans
cette ville , bordoit en haie les rues depuis la porte
Saint Nicolas jufqu'à la place royale . Sa Majefté
Polonoife fut faluée de trois décharges de
l'artillerie des remparts. A la porte de l'Hôtel de
Ville , elle fut complimentée par M. Thibault ,
Lieutenant- Général de Police , à la tête des Magiftrats
.
Sa Majefté s'étant placée fur le balcon du grand
fallon de l'Hôtel de Ville , un Héraut d'Armes ,
précédé des Timballiers & Trompettes des plaifirs,"
& monté fur un cheval richement caparaçonné ,
fortit de deffous l'arc de triomphe , & en s'avançant
par la droite , il fit le tour de la place . Devant
chaque pavillon , il fit à haute voix la proclamation
de la Dédicace de la ftatue. La Nobleſſe
& le peuple répondirent à l'envi par des acclamations
réitérées. Alors on ôta de deffus la ftatue le
voile qui la couvroit , & de nouvelles acclamations
en couronnerent la Dédicace. Pendant la
cérémonie , l'artillerie des remparts & la moufqueterie
du Régiment du Roi Très - Chrétien firent
des falves continuelles .
Au lieu d'eau il coula du vin des Fontaines de
la place pendant le refte du jour . Quatre Confeil-
I y
202 MERCURE DE FRANCE.
lers de l'Hôtel de Ville jetterent à pleines mains
de l'argent par les fenêtres des quatre pavillons ,
& l'on diftr bua en même - tems dans toute la ville
des largeffes confidérables aux pauvres honteux .
Sa Majesté reçut les complimens de fa Cour fupérieure
, de fa Chambre des Comptes , de l'Académie
des Sciences & Belles- Lettres , & des quatre
Chapitres de Chanoineffes de Remiremont
d'Epinal , de Bouxieres & de Pouffay.
Sur les quatre heures elle fe rendit à la falle de
la Comédie , où elle entendit un prologue relatif
à la cérémonie du jour. L'Auteur des paroles eft
M. Paliffot de Montenoy , & la Mufique eft de M.
Surat . Après le fpectacle , Sa Majefté paffa à la
falle du bal paré que donnoit la Ville. Il étoit
compofé de toute la haute Nobleffe de Lorraine ,
& d'Etrangers de la plus grande diftinction , que le
défir de faire leur cour à Sa Majefté avoit attirés
de toutes parts. Le Roi y demeura une demi-heure,
& partit enfuite au bruit de l'artillerie , & au
milieu des acclamations dictées par l'allégrefle
générale.
En paffant près de la grande place de la Ville
Neuve , Sa Majefté y vit les Soldats & Sergens
des quatre Bataillons du Régiment du Roi , affis
à de longues tables , où la Ville leur avoit fait
fervir un repas dans lequel il régna autant d'ordre
que d'abondance. Les tables formoient un
quarré. Elles étoient éclairées par cinq pyramides
, dont quatre de vingt- trois pieds , & celle
du milieu de quarante , toutes furmontées de
fleurs de lys couronnées , ayant dans leurs corps
les armes de Sa Majefté Polonoife , & celles de la
Ville en feu tranfparent. Le devant & le derriere
des tables étoient ornés des faifceaux d'armes
du Régiment , fur chacun defquels il y avoit une
JANVIE R. 1756. 203
fleur de lys illuminée. Les drapeaux étoient déployés
autour des tables , fur lefquelles veillont
le Corps des Officiers , le Marquis de Guerchy ,
Colonel-Lieutenant , à la tête .
A la fuite du bal paré il y eut grand bal
mafqué à l'Hôtel de Ville.
Sa Majesté revint ici le 27. La Place royale
étoit illuminée fuivant l'ordre de l'architecture .
Après avoir confidéré l'illumination , le Roi defcendit
du grand fallon de l'Hôtel de Ville pour
fe rendre fous le periftile de l'arc de triomphe.
Avant fa fortie , M. Thibault lui préfenta fur
le feuil de la porte une médaille d'or . Eile porte
d'un côté la tête de Sa Majesté Polonoife avec cette
infcription : Stanislaus Í , Rex Polonia , Magnus
Duc Lithuania , Lotharingia & Barri . Au revers
eft la ftatue pedeſtre de Louis XV fur fon piedeftal
, avec cette légende : Uriufque immortalitati,
Et pour exergue , Civitas Nanceiana . MDCCLV.
En recevant cette médaille , qui a été gravée
par la Dame de Saint Urbain , Sa Majesté eut la
bonté de dire aux Magiftrtas : Meffieurs , fur ce médaillon
eft mon effigie , mais les vôtres font gravées
dans mon coeur.
On tira enfuite le magnifique feu d'artifice ,
qui avoit été préparé . Sa Majesté après le feu ,
retourna à la place royale , pour voir une feconde
fois l'illumination , & elle partit enfin au bruit de
nouvelles falves d'artillerie & de moufqueterie.
Pendant les trois jours qu'ont duré les réjouiffances
publiques , les habitans de Nancy ont fait
les honneurs de la Ville , en tenant table ouverte
pour les Etrangers , qui , après avoir admiré les
magnificences dont ils ont été témoins , ont remporté
la plus haute idée de l'amour fincere &
refpectueux des Lorrains pour leurs Majeftés
Très- Chrétienne & Polonoife.
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
Cette fête n'a point été particuliere à la ville
de Nancy : elle a été générale dans toutes les
villes & dans les bourgs de la Lorraine & du
Barrois.
Le 14 Décembre , les Députés de la Ville de
Nancy eurent l'honneur de préſenter au Roi les
Médailles d'or & d'argent , qui ont été frappées
à l'occafion de cette Dédicace. Le Roi pour leur
donner de fa fatisfaction une marque diftinguée ,
les reçut dans fon cabinet. Ils furent préfentés à Sa
Majefté par M. le Duc de Fleury, premier Gentilhomme
de la Chambre , Gouverneur & Lieutenant-
Général de Lorraine & du Barrois, & par M.
le Comte d'Argenfon, Miniftre & Secrétaire d'Etat.
Les Députés eurent le même honneur chez la
Reine , chez Monfeigneur le Dauphin , Madame
la Dauphine , Monfeigneur le Duc de Bourgogne
, Monfeigneur le Duc de Berry , & Monfeigneur
le Comte de Provence , ainfi que chez Madame
, & chez Mefdames Victoire , Sophie &
Louife, étant préfentés de même par M. le Duc de
Fleury , & M. le Comte d'Argenfon. La Députation
étoit compofée de M. Thibault , Lieutenant-
Général de Police , & Chef du Magiſtrat de
Nancy ; de M. Breton , Confeiller pour la Nobleffe
; de M. Puiffeur , Confeiller pour le Tiers-
Etat ; & de M. Richer , Confeiller , Tréforier de
l'Hôtel de Ville de Nancy. M. Thibault porta la
parole.
Le 12 , la rentrée de la Cour des Aides fe fit
avec les cérémonies ordinaires. Après la Meffe
célébrée , felon la coutume , dans la falle de la
Cour , les trois Chambres s'affemblerent dans la
premiere , & l'on fit la lecture des Ordonnances
& des Réglemens. Les Huifliers ayant prêté ferJANVIER
. 1756. 205
ment , M. de Lamoignon de Malesherbes , Premier
Préfident , prononça un difcours fur le choix
des Etudes. Enfuite M. Boula de Mareuil , fecond
Avocat Général , prit la parole , & haranguafur
Pemploi du Tems.
M. de Landreville , Maréchal de Camp & chef
de Brigade des Gardes du Corps , vint le 17 Novembre
, de la part du Roi , annoncer la naiffance
de Monfeigneur le Comte de Provence au Corps
de ville qui s'étoit affemblé fur la premiere nouvelle
que Madame la Dauphine avoit reffenti
quelques douleurs. M. le Marquis de Dreux , Grand
Maître des cérémonies , a remis en même tems
au Corps de ville une lettre de Sa Majeſté ſur le
même ſujet. Auffi - tôt les Prévôt des Marchands
& Echevins firent annoncer à toute la ville , par
une falve générale de l'artillerie , & par la cloche
de l'Hôtel de ville , qui a fonné jufqu'à minuit ,
la nouvelle faveur qu'il a plu à Dieu d'accorder à
la France.
A fix heures du foir on fit une feconde falve
de l'artillerie , après laquelle les Prévôt des Marchands
& Echevins allumerent , avec les cérémonies
ordinaires , le bucher qui avoit été dreſſé
dans la Place devant l'Hôtel de ville . On tira enfuite
une grande quantité de fufées volantes ; on
fit couler dans les quatre coins de la place des
fontaines de vin , & on diftribua au peuple du
pain & des viandes. Plufieurs Orcheftres remplis
de Muficiens , mêlerent le fon de leurs inftrumens
aux acclamations dictées par l'alegreffe
publique. La façade de l'Hôtel de ville fut illuminée
le foir par plufieurs filets de terrines , ainfi
que l'hôtel du Duc de Gefvres , Gouverneur de
Paris , celui du Prévôt des Marchands & les maifons
des Echevins & Officiers du Bureau de la
ville,
206 MERCURE DE FRANCE.
Le Roi ayant écrit à l'Archevêque de Paris
pour faire rendre à Dieu de folemnelles actions
de graces à l'occafion de la naiffance de Monfeigneur
le Comte de Provence , on chanta le 23
Novembre le Te Deum dans l'églife Métropolitaine
, & l'Abbé de Saint Exupery , Doyen du
Chapitre , y officia. Le Chancelier & le Garde
des Sceaux , accompagnés de plufieurs Confeillers
d'Etat & Maîtres des Requêtes , y affifterent , ainfi
que le Parlement , la Chambre des Comptes ,
la Cour des Aides , & le Corps de ville , qui y
avoient été invités de la part de Sa Majesté par
le Marquis de Dreux , Grand Maître des cérémonies.
On tira le même jour dans la place de l'Hôtel
de ville , par ordre des Prévôt des Marchands &
Echevins , un très -beau feu d'artifice . La décoration
repréfentoit un Temple de Lucine , formant
par fon plan un quarré régulier de marbre blanc.
Une ordonnance compofite , portée fur un focle
& terminée par un attique , préfentoit fur chaque
face du quarré quatre colonnes ifolées , embraffées
par des branches de lys , & grouppées
deux à deux , qui foutenoient un fronton triangulaire.
A côté des colonnes étoient des figures de
fept pieds de proportion , repréfentant des Vertus.
Le milieu des façades étoit ouvert par un portique
élevé fur des dégrés de marbre blanc , qui
conduifoient jufqu'à l'autel , fur lequel étoit placée
la Déeffe . Les colonnes , les frontons , les panneaux
du focle & de l'attique étoient de marbre
ferancolin. L'intérieur du temple étoit de bréche
violette. Les chapiteaux , la frife , les moulures ,
les bas reliefs & les figures étoient en or . Au-deffus
du fronton étoit le médaillon des armes du
Roi , fupporté par le Génie de la France , & par
JANVIER. 1756. 207
une Renommée. Des Amours , foutenus fur des
nuages , formoient différens jeux , & fervoient
de couronnement à tout l'édifice . Le temple avoit
ving- cinq pieds de largeur fur quarante de hauteur.
Il portoit fur une terraffe de quarante-huit
pieds de baſe , dont les appuis formoient autour
de l'édifice principal , une enceinte décorée dans
tous les angles par des acroteres qui foutenoient
des vafes de fleurs . On montoit fur la terrafle
par des perrons diftribués fur toutes les faces .
Après l'artifice , la façade de l'Hôtel de ville fut
illuminée avec autant de goût que de magnifi- *
cence. Toutes les colonnes dans leur pourtour
étoient garnies de lampions . Des filets de terrines
regnoient le long des entablemens. Plufieurs
Juftres formés de lanternes de verre éclairoient
les autres parties . La place vis - à- vis de l'Hôtel de
ville étoit entourée d'Ifs , portant chacun plus de
cent cinquante lumieres .
Il y eut auffi de magnifiques illuminations
aux hôtels du Duc de Gefvres & du Prévôt des
Marchands , ainfi qu'aux maifons des Echevins &
des principaux Officiers du Corps de Ville .
Des fontaines de vin coulerent dans ces différens
endroits , de même que dans la place de
l'Hôtel de ville , & dans les autres principales places
de Paris ; & l'on diftribua du pain & des viandes
au peuple. On avoit placé des orcheftres partout
où le faifoient ces diftributions.
La cloche de l'Hôtel de ville fonna en tocfin
depuis cinq heures du matin juſqu'à minuit. Pendant
la journée il y eut quatre falves d'artillerie ;
une à cinq heures du matin , une à midi , une pendant
le Te Deum , & la derniere avant le feu
d'artifice .
Le 23 , la Vicomteffe de Cambis fut préſentée
à leurs Majeftés .
208 MERCURE DE FRANCE.
Le 24 , le Corps de ville alla à l'Eglife paroiffiale
de Saint Jean en Greve , pour rendre les
actions particulieres de graces ; & il affifta à un
Te Deum qu'il fic chanter en mufique L'Hôtel
de ville , les hôtels du Duc de Gefvres & du Prévôt
des Marchands , & les maiſons des Echevins
& des principaux Officiers du Corps de Ville furent
de nouveau illuminés.
Le Marquis de Braffac , un des Chambellans du
Roi de Pologne Duc de Lorraine & de Bar , eft
venu de la part de Sa Majefté Polonoiſe pour
complimenter ieurs Majeftés & la Famille royale
fur la naiffance de Monfeigneur le Comte de Provence
; & le 24 Novembre il s'acquitta de cette
commiffion.
M. Séguier , Avocat Général du Parlement ,
ouvrit le 24 les Audiences de la Grand'Chambre ,
par une barangue fur l'Emulation. Cette harangue
fut fuivie d'un difcours de M. de Maupeou , premier
Préfident , fur le Vice de la Jalousie.
Selon les lettres de Bordeaux , on y effuya le
premier Novembre une fecouffe de tremblement
de terre qui dura quelques minutes . Elle fut accompagnée
d'une agitation extraordinaire des
eaux de la Garonne. Heureufement la ville n'a
fouffert aucun dommage.
Conformément à l'ordre que le Roi avoit donné
, le Régiment des Gardes Suiffes s'affembla
à Versailles le 29 de Novembre dans la place
d'armes vis - à-vis de la grille du château , & il
forma un bataillon quarré. A midi & demi M. le
Comte d'Eu ayant averti le Roi , que le Régiment
étoit fous les armes , Sa Majesté monta à cheval ,
accompagnée de M.le Comte d'Argenfon ,Miniftre
& Secrétaire d'Etat ayant le département de laGuerre,
ainsi que de M.le Marquis de Paulmy , Secrétaire
JANVIER. 1756. 209
d'Etat en ſurvivance de M. le Comte d'Argenſon.
Le Bataillon quarré s'ouvrit à l'arrivée du Roi ; Sa
Majefté y entra avec la fuite & avec les Officiers
des Gardes du Corps , & le Bataillon ſe referma
fur le champ , les Gardes du Corps reftant en
dehors. Les Capitaines des Gardes Suifles firent
un cercle autour de Sa Majefté ; les Lieutenans
formerent un fecond cercle , & les Sergens un
troifieme. Après que les tambours eurent battu
le ban , le Roi ordonna au Régiment de reconnoître
le Comte d'Eu pour Colonel Général des
Suiffes & Grifons , & de lui obéir en tout ce qui
concerne le fervice de Sa Majefté. Enfuite le Roi
fortit du Bataillon , & alla fe placer vis- à- vis de
la petite Ecurie , d'où Sa Majesté vit défiler le
Régiment. Le Comte d'Eu étoit à la tête. Lorfque
la premiere ligne fut paffée , ce Prince fe
plaça auprès de Sa Majeſté. Il donna le même jour
dans fon château de Clagny un fomptueux dîner
aux Officiers du Régiment , & il fit diftribuer du
pain , de la viande & du vin à tous les foldats .
Sur ce qui a été repréſenté au Roi , qu'entre les
différens moyens qui peuvent concourir avec ceux
que Sa Majefté s'elt déja procurés , pour fubvenir
aux dépenses extraordinaires auxquelles les circonftances
préfentes l'obligent , il n'en eft point
de plus facile & de plus défiré qu'une nouvelle
Loterie ; Sa Majesté s'y eſt d'autant plus volontiers
déterminée , que l'augmentation du bail de
fes Fermes la met en état d'y fatisfaire , fans rien
prendre fur fex autres revenus. En conféquence ,
par un Arrêt du Confeil d'Etat , du 11 de Novembre
, elle a établi une troiſieme Loterie royale.
Cette Loterie dont l'exécution durera douze
ans , à compter du premier Avril 1756 , & dont
le Roi a fixé le fonds à la fomme de trente mil
210 MERCURE DE FRANCE.
lions de livres , fut ouverte le 1t de Décembre au
Tréfor royal. Elle fera compofée de so mille billets
, chacun de fix cens livres. Il y aura cent mille
lots , dont cinquante mille , dits de rembourfement,
qui éteindront & amortiront le capital des
billets & cinquante mille de faveur , aufquels les
billets amortis par le remboursement qui leur
fera parvenu , participeront nonobftant ledit rem
bourfement. Les cent mille lots feront diftribués
en quatorze Tirages pendant le cours des douzé
années que durera la Loterie. Le premier tirage
du premier femeftre fe fera le 15 du mois d'Avril
prochain , & les cinq autres d'année en année au
même tems . Ces fix premiers tirages feront de
lots de rembourfement. Le feptieme qui fera de
faveur , ſe fera un mois après. Le premier des fix
tirages du deuxieme femeftre qui feront également
pour lots de remboursement , fe fera le 15
Avril 1762 , les cinq autres auffi d'année en année,
& le quatorzieme & dernier qui fera de faveur ,
un mois après le fixieme du fecond femeftre. Les
vingt-quatre mille deux ceux quarante huit billets,
qui auront obtenu les lots de rembourſement dans
les fix tirages du Ir femeftre , participeront feuls
au tirage de faveur qui les fuivra. De même les
vingt-cinq mille fept cens cinquante- deux billets.
aufquels feront échus les lots de remboursement
des fix tirages du deuxieme femeftre , auront feuls
part au quatorzieme tirage , qui formera la clôture
de la Loterie . A chacun des douze tirages
pour lots de remboursement il y aura un premier
lot de vingt mille livres , un fecond de dix mille,
un troifieme de quatre mille , deux autres de deux
mille. Dans le premier des deux tirages de faveur
le premier lot fera de cent vingt mille livies
, & le fecond de cinquante mille . Le princiJANVIE
R. 1756. 211
pal lot du quatorzieme & dernier tirage fera de
deux cens mille livres , & le fecond de quatrevingt
mille. Sa Majefté attribue pendant chacune
des deuxieme & fubfequentes années de l'exécution
de la Loterie , jufques & compris la onzieme,
vingt-quatre livres à chacun des billets qui entreront
dans la roue , pour concourir en chaque femeftre
au gain des lots de remboursement , & ce
jufqu'à ce qu'il leur en foit échu un à chacun ;
laquelle attribution fera payée , même pour l'année
révolue , au tems que lefdits lots échoiront
fans aucune réduction deſdits lots.
Il paroît une Ordonnance du Roi pour augmenter
de dix Maîtres chaque Compagnie des Régimens
de Cavalerie, tant Françoifes qu'Etrangeres,
même celles des cinq Brigades du Régiment des
Carabiniers.
Sa Majesté a accordé des lettres d'ennobliffement
à M. Daran , l'un de fes Chirurgiens , qui
s'eft acquis un nom célébre dans toute l'Europe.
Le Marquis de Soragna , Gentilhomme de la
Chambre de l'Infant Duc de Parme , & qui eft
venu de la part de ce Prince & de Madame Infante
pour complimenter leurs Majestés fur la naiffance
de Monfeigneur le Comte de Provence
s'acquitta le 16 de fa commiffion. Il fut préfenté
par Don Jaimes Mafones de Lima & Sotomayor,
Ambaffadeur Extraordinaire & Plénipotentiaire
du Roi d'Efpagne.
Six cloches de la nouvelle Eglife Paroiffiale de
Saint Louis à Verfailles furent bénites le 15. M. le
Duc de Fleury & Me. la Ducheffe de Laynes , Dame
d'honneur de la Reine , les tinrent au nom de
leurs Majeftés & de la Famille royale. Le Curé de
la Paroiffe fit la cérémonie. Il y eut mufique , illumination
, feu , & plufieurs falves de mouſqueterie,
212 MERCURE DE FRANCE.
Le 14,Mdme la Marquise de Gamaches fut préfentée
à leurs Majeftés & à la Famille royale .
Dans ces préfentations elle prit le tabouret
comme Grande d'Espagne , ayant hérité de la
Grandeffe par la mort du Maréchal de la Mothe .
Houdancourt , dont elle eft fille unique.
Madame la Marquiſe de Brehant fut préſentée le
même jour.
Le 17 M. le Marquis de Marigny, Directeur Général
des Bâtimens , Arts & Manufactures , préfenta
à Leurs Majeftés plufieurs pieces de Tapif
ferie en haute- liffe , de la Manufacture des Gobelins.
Quatre de ces pieces repréfentent : la premiere
, Jafon affoupiffant le Dragon , enlevant
la Toifon d'Or , & partant avec Medée : la
deuxieme , le mariage de Jafon & de Creüfe , fille
du Roi de Corinthe : la troisieme , Creuſe confumée
par le feu de la robe fatale , dont Medée
lui a fait préfent : la quatrieme , Medée poignar
dant les deux fils qu'elle avoit eus de Jafon , &
embrafant Corinthe. Ces morceaux ont été exécutés
fur des Tableaux de feu M. de Troy , & ils
font les trois premiers de M. Cozette , & le dernier
de M. Audran. Trois autres Pieces font de M.
Audran. Les ſujets font la Scene s du quatrieme
Acte de l'Opera de Roland : la Scene 4 du cinquieme
Acte d'Armide , d'après feu M. Coypel
& l'Entrée de Marc - Antoine à Ephefe
d'après M. Nattoire , Directeur de l'Académie
de Peinture à Rome. Une huitieme Piece de l'exécution
de M. Cozette , eft une copie d'un Tableau
de M. Parrocel , d'Avignon , repréfentant
la Sainte-Famille , & qui a trois pieds deux pouces
de haut , fur deux pieds cinq pouces de large.
Par une Ordonnance du 8 de ce mois , le Roi
a réglé que les Bataillons du Régiment Royal
JANVIER . 1756. 213
Artillerie , les Compagnies de Mineurs & d'Ouvriers
qui fervent à leur fuite , les Officiers d'Artillerie
& les Ingénieurs , ne feroient dorénavant
qu'un feul & même Corps , fous la dénomination
de Corps Royal de l'Artillerie & du Génie.
On a répandu mal -à-propos le bruit , que le
Coche d'eau d'Auxerre avoit péri. Cette Voiture
n'a pas couru le moindre danger , & celles
de cette efpece ne vont que lorfque la riviere eft
navigable.
Le 18 Décembre les Actions de la Compagnie
des Indes étoient à quatorze cens quatre-vingt livres
les Billets de la premiere Loterie Royale à
huit cens quarante quatre ; ceux de la feconde
Loterie à fept cens vingt - huit , & ceux de la
troifieme Loterie à fix cens vingt-trois.
Fermer
Résumé : Dédicace de la Statue du Roy, dans la Place Royale de Nancy.
En 1752, Stanislas Leszczyński, Duc de Lorraine et de Bar, décida d'élever un monument en l'honneur de Louis XV à Nancy. Il conçut une place royale, confiée à l'architecte Emmanuel Héré, entourée de bâtiments symétriques, incluant un hôtel de ville, quatre pavillons et un corps de bâtiments à un étage. La place était ornée de fontaines et de sculptures, notamment une statue de Neptune et des figures allégoriques. Au centre de la place, une statue pédestre de Louis XV en bronze, haute de onze pieds, était placée sur un piédestal de marbre blanc. Ce piédestal était décoré de quatre bas-reliefs représentant le mariage de Louis XV, la paix de Vienne, la prise de possession de la Lorraine et l'Académie des Sciences et Belles-Lettres de Nancy. Quatre figures colossales symbolisant la prudence, la justice, la valeur et la clémence étaient également présentes. La dédicace de la statue eut lieu le 26 novembre 1755. Stanislas assista à une messe solennelle et au Te Deum à l'église primatiale. Le lendemain, après une autre messe, il se rendit à la place royale accompagné de troupes et d'artillerie. Un héraut d'armes proclama la dédicace, et la statue fut dévoilée sous les acclamations du peuple. Des salves d'artillerie et de mousqueterie furent tirées, et du vin coula des fontaines. Des largesses furent distribuées aux pauvres. Stanislas reçut les compliments des autorités locales et assista à une représentation théâtrale suivie d'un bal. Le soir, un grand feu d'artifice fut tiré, et la place fut illuminée. Stanislas reçut une médaille commémorative et repartit au milieu des acclamations. Les réjouissances durèrent trois jours, avec des tables ouvertes pour les étrangers et des illuminations. La fête fut célébrée dans toute la Lorraine et le Barrois. Le 14 décembre, des députés de Nancy présentèrent des médailles au roi et à la famille royale à Versailles. En parallèle, des festivités eurent lieu à Paris, avec l'Hôtel de ville comme centre des célébrations. La façade fut illuminée avec des lampions et des lustres, et des fontaines de vin furent organisées. Le 23 novembre, la vicomtesse de Cambis fut présentée aux Majestés. Le 24 novembre, le Corps de ville se rendit à l'église paroissiale de Saint-Jean-en-Grève pour des actions de grâce. Le marquis de Braffiac complimenta la famille royale pour la naissance du comte de Provence. M. Séguier ouvrit les audiences de la Grand'Chambre avec une harangue sur l'émulation. À Bordeaux, un tremblement de terre fut ressenti sans causer de dommages. Le régiment des Gardes Suisses se rassembla à Versailles pour reconnaître le comte d'Eu comme colonel général. Le roi ordonna une nouvelle loterie royale pour subvenir aux dépenses extraordinaires. Le marquis de Soragna complimenta la famille royale, et six cloches de la nouvelle église paroissiale de Saint-Louis à Versailles furent bénites. Plusieurs présentations à la cour eurent lieu, notamment celle de la marquise de Gamaches et de la marquise de Brehant. M. le marquis de Marigny présenta des pièces de tapisserie de la manufacture des Gobelins aux Majestés. Une ordonnance royale régla la fusion de plusieurs bataillons en un seul corps. Enfin, les actions de la Compagnie des Indes et des billets des loteries royales furent cotés à des valeurs spécifiques le 18 décembre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
15
p. 190
De ROME, le 3 Novembre.
Début :
Le tour que prend notre démêlé avec la Cour de Portugal, [...]
Mots clefs :
Cour, Tensions, Portugal, Sénat, Gênes, Réconciliation, Nobles, Naples, Statue, Honneur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De ROME, le 3 Novembre.
De ROME , Le 3 Novembre.
Letour que prend notre démêlé avec la Cour de
Portugal, caufe ici beaucoup d'inquiétude. La bonne
intelligence entre notre Cour & la République
de Génes, ne prend pas un meilleur tour. Le Sénat
de Génes exige pour préliminaire de réconciliation,
que le Vifiteur Apoftolique foit rappellé de l'Ile de
Corfe.
Dans la derniere affemblée des Nobles tenue au
Capitole , la famille des Comtes de Renaldis , originaires
du Frioul, fut aggrégée au Corps de la Nobleffe
Romaine.
On apprend que la Ville de Naples a réfolu
d'élever une Statue de Bronze en l'honneur de
Don Carlos , pour marque de reconnoiffance des
beaux établiffemens que ce Prince a faits pendant
qu'il a été fur le Trône des deux Siciles.
Letour que prend notre démêlé avec la Cour de
Portugal, caufe ici beaucoup d'inquiétude. La bonne
intelligence entre notre Cour & la République
de Génes, ne prend pas un meilleur tour. Le Sénat
de Génes exige pour préliminaire de réconciliation,
que le Vifiteur Apoftolique foit rappellé de l'Ile de
Corfe.
Dans la derniere affemblée des Nobles tenue au
Capitole , la famille des Comtes de Renaldis , originaires
du Frioul, fut aggrégée au Corps de la Nobleffe
Romaine.
On apprend que la Ville de Naples a réfolu
d'élever une Statue de Bronze en l'honneur de
Don Carlos , pour marque de reconnoiffance des
beaux établiffemens que ce Prince a faits pendant
qu'il a été fur le Trône des deux Siciles.
Fermer
Résumé : De ROME, le 3 Novembre.
Le 3 novembre, à Rome, les relations avec le Portugal et la République de Gênes restent tendues. Gênes exige le rappel du Visiteur Apostolique de Corse. La famille des Comtes de Renaldis est intégrée à la Noblesse Romaine. Naples érige une statue à Don Carlos pour ses réformes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
16
p. 148
COUPLETS Sur l'AIR : Laissez danser vos Mamans. SUR l'Elévation de la Statue du Roi ; & sur la PAIX.
Début :
QUELS transports ! quelle émotion ! [...]
Mots clefs :
Roi, Statue, Paix
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : COUPLETS Sur l'AIR : Laissez danser vos Mamans. SUR l'Elévation de la Statue du Roi ; & sur la PAIX.
COUPLETS
Sur l'AIR : Laiffex danfer vos Mamans.
SUR l'Elévation de la Statue du Roi ;
& fur la PAIX.
Q
UELS tranfports ! quelle émotion !
En voyant de Louis l'Image ?
Des Enfans de Pygmalion
C'eſt pour nous le plus bel ouvrage ;
Notre Roi s'élève à nos yeux ,
Au moment qu'il nous rend heureux !
Français , bons Français ,
Chantons Louis & la Paix ,
Le laurier croît dans les cyprès ,
Et fa recherche eſt une yvreffe :
L'olivier produit des Sujets ,
Et c'eft d'un bon Roi la richeffe :
LOUIS a les fiens dans fon coeur
Et fa gloire eft dans leur bonheur.
Français , bons Français !
Chantons Louis & la Paix.
Par M. B,,... Auteur de deux petites Piéces de
Vers inférées par erreur dans le Mercure de Mars
fous le nom de Madame B……….. pag. $ 9 & 60 . .....
Sur l'AIR : Laiffex danfer vos Mamans.
SUR l'Elévation de la Statue du Roi ;
& fur la PAIX.
Q
UELS tranfports ! quelle émotion !
En voyant de Louis l'Image ?
Des Enfans de Pygmalion
C'eſt pour nous le plus bel ouvrage ;
Notre Roi s'élève à nos yeux ,
Au moment qu'il nous rend heureux !
Français , bons Français ,
Chantons Louis & la Paix ,
Le laurier croît dans les cyprès ,
Et fa recherche eſt une yvreffe :
L'olivier produit des Sujets ,
Et c'eft d'un bon Roi la richeffe :
LOUIS a les fiens dans fon coeur
Et fa gloire eft dans leur bonheur.
Français , bons Français !
Chantons Louis & la Paix.
Par M. B,,... Auteur de deux petites Piéces de
Vers inférées par erreur dans le Mercure de Mars
fous le nom de Madame B……….. pag. $ 9 & 60 . .....
Fermer
Résumé : COUPLETS Sur l'AIR : Laissez danser vos Mamans. SUR l'Elévation de la Statue du Roi ; & sur la PAIX.
Le poème 'COUPLETS' célèbre l'élévation de la statue du roi Louis et la paix. Les auteurs expriment leur admiration pour le roi, comparé à l'œuvre de Pygmalion. La statue symbolise la prospérité et le bonheur des sujets, représentés par le laurier et l'olivier. La gloire du roi est liée au bien-être de ses sujets. Le poème se conclut par un appel à chanter Louis et la paix. L'auteur est M. B.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
17
p. 79-94
RÉPONSE de M. de SAINT- FOIX.
Début :
J'Ignorois qu'on avoit mis une nouvelle inscription au-deffous de la Statue [...]
Mots clefs :
Église, Cheval, Victoire, Archives, Statue, Bréviaire, Fondation, Armes, Reconnaissance, Manuscrits
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RÉPONSE de M. de SAINT- FOIX.
RÉPONSE de M. de SAINT - FOIX.
F'ignorois qu'on avoit mis une nou
velle infcription au - deffous de la Statue
Equeftre qui eft à Notre - Dame ; il n'y
a qu'un an que je l'appris par une Brochure
où l'on me reprenoit aigrement
fur ce que j'avois dit , dans mes Effais
Hiftoriques , que cette Statue repréfentoit
Philippe de Valois . L'Auteur de
cette Brochure , pénétré d'admiration
pour M. le Préfident Henault , ne joignoit
pas à ce mérite celui d'être poli ;
ainfi je n'ai jamais pensé à lui répondre ;
mais en faifant des corrections & des
additions à mes Effais Hiftoriques , j'ai
voulu voirfi je m'étois trompé au fujet de
cette Statue ; ma differtation a paru dans
le premier Volume du Mercure de Janvier
dernier ; voici un nouvel Anonyme
qui m'attaque ; il mêle à l'érudition
le fel de la fine plaifanterie , & je ne
doute point que les perfonnes qui dînoient
chez M. le Préfident Henault
n'ayent bien ri lorfqu'il dit qu'il me croit
Div
80 MERCURE DE FRANCE.
trop galant homme pour vouloir faire
defcendre fi malhonnêtement notre grand
Roi Philippe le Bel de deffus fon cheval.
Je ne connoiffois point le Voyage de
Munfter, je l'ai cherché , je l'ai trouvé ,
je l'ai lu , & je protefte que j'aurois
fouhaité de pouvoir dire que je m'étois
trompé ; ma pareffe en eût été flattée
; mais les raifonnemens de Claude
Joly n'ont fervi qu'à me confirmer dans
le fentiment que j'avois embraffé. Il
faut néceffairement rappeller l'état de la
queſtion , & l'on peut compter que je
vais l'expofer avec une entiere impartialité.
9 :
Philippe le Bel, en reconnoiffance
de la victoire qu'il avoit remportée fur
les Flamands à Mons en Puelle le 18
Août 1304 , fit des fondations à Notre-
Dame de Paris , à Notre - Dame de
Chartres & dans d'autres Eglifes ; mais ,
ni dans ces actes de fondation , ni dans
aucun ancien Breyiaire , ni dans aucun
Hiftorien comtemporain , il n'eft dit
qu'il foit entré à cheval dans l'Eglife de
Notre-Dame de Paris , & qu'il y ait
fait à la Vierge l'offrande de fes armes
& de fon cheval. D'ailleurs , il n'y en a
& il n'y en a jamais eu aucunes preuves
dans les Papiers , Cartulaires , Nécrologe
& Archives de Notre-Dame.
AVRIL. 1763.
81
P
*
Après avoir parlé de la victoire que
Philippe de Valois remporta à Caffel
fur les Flamands le 23 Août 1328 ,
différens manufcrits des grandes Chroniques
de S. Denis , & toutes les anciennes
Editions de ces Chroniques ,
difent , que Philippe de Valois vint à
Saint Denis , & lui rendit fur fon Autel
l'oriflame qu'il avoit pris quand ilpartit
pour aller contre les Flamands , & puis
s'en alla à Notre- Dame de Paris , &
quand il fut là , fe fit armer des armes
qu'il avoit portées dans la bataille contre
les Flamands , & puis monta fur
fon deftrier , & ainfi entra dans l'Eglife
de Notre - Dame , & très- devotement la
remercia , & luipréfenta le cheval fur lequel
il étoit monté & toutes fes armures.
Quelle peut donc être la difcuffion
demandera- t'on ? La voici : on dit que
dans différens manufcrits des grandes
Chroniques de Saint Denis , s'il y a que
Philippe de Valois alla à Notre- Dame
de Paris & y entra monté fur fon def
trier, &c. il y a dans d'autres manufcrits
de ces mêmes Chroniques , qu'il alla à
Notre-Dame de Chartres , & y entra
monté furfon deftrier , &c . & on ajoute
que dans le Continuateur de Nangis
* Edition de 1493 , de 1517 , & autres.
D v
82 MERCURE DE FRANCE.
on peut lire également iniit Parifios
ou iniit Carnotum , parce que Parifios
ou Carnotum font variantes ; & on con
clut de là que Philippe de Valois n'étant
point entré à cheval dans l'Eglife
de Paris , mais dans celle de Chartres
ce n'eft point fa Statue qu'on voit dans
l'Eglife de Paris , mais celle de Philippe
le Bel
Les grandes Chroniques de Saint
Denis , après avoir parlé fort au long
de la bataille de Mons en Puelle , difent
fimplement que Philippe le Bel revint
à Paris environ la Saint Denis à grande
joye ineftimable. Le Continuateur de
Guillaume de Nangis , après avoir parlé
des fondations que ce Prince fit dans
quelques Eglifes & dans celle de Paris
en reconnoiffance de fa victoire , ne dit
pas un mot de fa cavalcade dans cette
Eglife . Eft- il naturel que ces Hiftoriens
n'en euffent pas parlé à l'article de ce
Prince & de fes fondations ? Eft-il naturel
que dans la fuite , lorfqu'ils difent que
Philippe de Valois entra à cheval dans
l'Eglife de Paris , où , fi l'on veut , de
Chartres , ils n'euffent pas ajouté , comme
Philippe le Bel avoit fait après fa
victoire de Mons en Puelle ? Cette ob-.
jection n'eſt - elle pas convaincante 2
AVRIL 1763. 83
Ne faudroit- il pas , pour la combattre ,
préfenter quelque titre authentique où
fut porté que Philippe le Bel entra
dans l'Eglife de Paris à cheval ; or , ni
Claude Joly , ni autres n'en produifent
& n'en ont jamais produit aucun ; au
lieu que dans un manufcrit qui, paroît
être de 1360 , cotté H , numéro 22 ,
& faifant partie des manufcrits que le
Chapitre de Notre Dame a donnés au
Roi , il eft dit que Philippe de Valois ,
après la bataille de Caffel , l'an 1328
entra tout armé fur fon deftrier dans
L'Eglife de Notre- Dame de Paris ...
& que fa repréfentation eft affife fur
deux pilliers devant l'image de ladite
Dame , en la Nefde ladite Eglife.
-
Examinons à préfent la Lettre de Clau
de Joly. Paul Emile , dit-il , attribue la
Statue en queftion à Philippe le Bel ; &
Paul Emile étant Chanoine de Notre-
Dame de Paris il est vraisemblable
qu'il n'auroit pas attribué à ce . Prince
une action fi publique & fi folemnelle ,
s'il n'en eût été bien affuré, ou par
quelqu'écrit authentique. Qu par une :
tradition qui étoit alors tenue pour conftante
& certaine parmi fes Confreres.
Réponse. Sous le regne de Henri II
à côté de cette Statue , on mit des vers
9
D vj
84 MERCURE DE FRANCE.
& une infcription qui y a fubfifté plus
de cent ans , & par laquelle on difoit
que c'étoit la Statue de Philippe de Valois
; la plupart des Chanoines dont
Paul Emile avoit été Confrère , étoient
encore vivans ; eft- il naturel qu'ils ne
fe fuffent pas oppofés à cette infcription ,
& qu'ils l'euffent approuvée , fi elle
avoit été contraire à ce qui étoit porté
dans leurs Archives ?
C'eft fur le témoignage de Nicole
Gilles , dit Claude Joly , que quand on
a commencé de mettre dans les Breviaires
de Paris les Leçons qui font mention de
cette victoire , on a attribué à Philippe
de Valois , non-feulement l'entrée à cheval
dans l'Eglife de Paris , mais auffi
la victoire & la fondation de la fête de
l'année 1304 , quoiqu'il ne fut Roi que
vingt-quatre ans après.
,
Réponse. Dans plufieurs manufcrits
des grandes Chroniques de Saint Denis
bien antérieurs à Nicole Gilles &
dans toutes les anciennes Editions de
ces Chroniques , il eft dit que Philippe
de Valois entra à cheval dans la Cathédrale
de Paris ; c'eft fur ces autorités
que dans les Breviaires on a attribué
cette action folemnelle à ce Prince ;
Claude Joly ne l'ignoroit pas , & il a
AVRIL. 1763. 84
donc tort de dire qu'on ne s'eft fondé
que fur le témoignage de Nicole Gilles.
D'ailleurs , les Breviaires ne confondent
ni les deux Rois , ni les deux victoires ;
il y eft dit , in Ecclefia Parifienfi , propter
commemorationem victoria Philippi
Pulchri , fit duplum ; & après des
Leçons & verfets fur la Vierge , il eft
dit auffi , Philippus Valefius , cum infignem
victoriam de rebellibus Flandris
obtinuiffet , quæ contigit anno 1328 , &c.
Voilà les deux victoires & les deux Rois
bien diftingués ; Philippe le Bel avoit
fait une fondation ; Philippe de Valois
avoit fait une offrande qu'il racheta
par une fomme confidérable , comme
je le prouverai dans la fuite ; d'ailleurs
il avoit fait élever un monument de fa
victoire & de fa reconnoiffance envers
la Vierge ; l'Eglife de Paris faifoit commémoration
de ces deux batailles mémorables
, gagnées l'une & l'autre pendant
l'octave de l'Affomption .
Claude Joli dit qu'il eft encore bon d'obferver
qu'on n'a point mis dans les breviaires
de Paris aucune leçontouchant cela,
avant l'édition de 1584 ; car , ajoutet-
il , il n'y en a aucun qui en parle dans
ceux d'auparavant , de 1479 & 1492.
Réponse. L'Hiftoire de Paul Emile fut
86 MERCURE DE FRANCE.
il
imprimée en 1544 quarante après , eny
1584 , lorfque le Chapitre de Notre
Dame jugea apropos de mettre dans les
breviaires les leçons en queftion , n'eſtpas
vrai femblable qu'il auroit adopté
L'opinion de Paul Emile fon confrère
s'il n'avoit vû dans fes archives qu'elle
n'étoit foutenable. J'ajouterai que
dans ce temps là , il paroiffoit chaque
jour quelque écrit qui traitoit des anciens
droits de nos Rois fur la Flandres
pas
& que même les Provinces unies , cette
même année 1584, avoient offert à Henri
III de fe mettre fous fa domination ;
peut- être que le Chapitre de notre Dame
, attendu ces circonftances , jugea a
propos de joindre a la commémoration
de la victoire de Philippe le Bel , celle
de la victoire de Philippe de Valois ;
on inféroit dans ce temps là , dans les
breviaires & rituels , des prieres & des .
leçons bien moins convenables..
Claude Joli dit que M. de Sponde
Evêque de pamiers , pretend que ceux
qui ont atribué la ftatue en queftion a
Philippe Lebel, ont été refutezpar plufieursperfonnes
, & même par les anciens
Cartulaires de l'Eglife de Paris dont ils
n'avoient pas vu les Archives
ajoute Claude Joli , de quelles Archives
mais
AVRIL 1763.
87
M. de Sponde veut-il parler , puifqu'il
n'y en a point d'autres que la fondation
de Philippe le Bel & les vieux breviaires .
de cette Eglife , qui portent tous le nom
de Philippe le Belfans parler en aucune
façon de Philippe de Valois , lefquelles
Archives Paul Emile avoit pû voir , mais
que certainement Nicole Gilles ni ceuxdefon
opinion n'avoient pas vues , puifque
ce qu'il en écrit leur eft tout contraire.
Reponse , Loin de nous produire quelque
Piéce authentique , dans laquelle il
foit dit que Philippe le Bel entra à cheval
dans l'Eglife de notre Dame , & que
c'eft fa ftatue qu'on y voit , Claude Joli
convient que Paul Emile n'en a point eu
d'autres preuves , & qu'il n'y en a point
d'autres , que la fondation d'une rente
de cent livres,faite par ce Prince , & que.
ce qui eft porté dans les vieux breviaires
; Or, de l'aveu même de Claude Joli,
il n'en eft pas dit un mot dans l'acte de
fondation de cette rente ; & les vieux.
Breviaires difent uniquement , in Ecclefia
Parifienfi , propter commemorationem»
victoria Philippi pulchri , fit duplum.
Le pere Texera & M. de Sponde , qui
avoient eu communication des Archives
de Notre Dame , comme en convient
Claude Joli, ont-ils eu tort de rejetter
88 MERCURE DE FRANCE .
de pareilles preuves ? n'eft-il pas fingu
lier de dire que fi Nicole Gilles les avoit
vues , elles lui auroient fait changer d'opinion
? d'ailleurs M. de Sponde dit que
ceux qui attribuent la ftatue en queftion
à Philippe le Bel, font refutezpar d'anciens
. Cartulaires de l'Eglife de Paris ;
dira-ton que ces anciens Cartulaires
n'ont jamais exifté , & que M. de Sponde
n'en a point vûs ?
Des Prêtres de l'Oratoire ont continué
l'hiftoire particuliere de l'Eglife de Paris
; ils avoient eu en communication
les Archives , le nécrologe , & tous les
titres de cette Cathédrale ; ils avoient
lû la differtation de Claude Joli & les
lettres de M. Jouet , fon ami ; ces hiftoriens
, dans leur ouvrage in-folio , dedié
à M. le Cardinal de Noailles & imprimé
en 1710 , difent , l . 18 , c. 3 , p.
615
qu'il n'eft pas douteux que la ftatue en
queftion eft de Philippe de Valois , &
qu'aucun Roi , avant lui , n'étoit entré
à cheval dans l'Eglife de Notre-Dame ;
& ils ont lû , comme moi , dans le continuateur
de Guillaume de Nangis, qu'ils
citent , iniit Parifios ; ainfi l'anonyme
qui écrit à M. le Prefident Henault , &
qui dit fi poliment ce qui vous divertira ,
doit trouver ces Prêtres de l'Oratoire
très divertiffans. -
AVRIL. 1763. 89
Claude Joly qui tâche d'acrocher des
autorités , cite les Annales de Malingre ,
quoiqu'il n'ignorât pas que Malingre
dans fes Antiqués de Paris , page 10 ,
s'étoit retracté , & qu'il dit que la Statue
en queftion repréfente Philippe de Valois.
Thevet eft du même avis ; cela
n'empêche pas Claude Joly de le citer
en fa faveur .
Je pourrois m'autorifer de la Médaille
qu'on voit dans la France Métallique
, & faire fentir la fauffeté du
raifonnement de Claude Joly ; mais
comme je ne cherche & que je n'employe
que la vérité , j'avoue que cette
Médaille eft fuppofée ; mais on juge
bien que l'Auteur de la France Métallique
, pour fuppofer cette Médaille
alla à Notre-Dame de Paris & copia
bien exactement la Statue en queftion.
Venons à préfent aux Lettres de
M. Jouet. Il dit que Philippe le Bel , en
reconnoiffance de fa victoire de Mons
en Puelle , fit à l'Eglife de Chartres ,
comme à celle Paris , une fondation de
cent livres de rente ; qu'en conféquence
on célébre tous les ans à Chartres , le
17 Août , l'Office de Notre-Dame de
la Victoire , & que ce jour-là on tire
du tréfor & l'on expofe aux yeux du
go MERCURE DE FRANCE ..
public une Armure très- riche , mais
qui ne pouvoit être que d'un jeune
homme de treize à quatorze ans ; il
differte beaucoup fur cette armure , &
prétend que Philippe le Bel envoya
fon fils Charles en faire l'offrande à
Notre-Dame de Chartres ; mais il ne
réfléchit pas que ce fils Charles n'avoit
que neufans lors de la bataille de Mons
en Puelle ; qu'il n'étoit point à cette
bataille ; que ce n'étoient pas fes armes ,
mais celles de fon pere qu'il auroit été
chargé d'offrir ; qu'il n'eft pas douteux
que l'épée & la ceinture font femées
de Dauphins & que ces armes font
donc bien poftérieures au règne de
Philippe le Bel, le Dauphiné n'ayant
été uni à la Couronne qu'en 1349 ;
qu'enfin c'eft l'armure que Charles VI,
qu'on appella long-tems le petit Roi ,
envoya en offrande à Notre -Dame de
Chartres , après avoir battu les Fla
mands à Rofebeque en 1482 ce
Prince n'avoit alors que quatorze ans.
On demandera pourquoi on étale cette
armure le jour qu'on célébre la victoire
de Mons en Puelle ? Parce qu'apparemment
, dans la fuite des tems , on avoit
oublié de qui elle venoit , & qu'on
imagina que c'étoit une offrande de
AVRIL. 1763 91
Philippe le Bel; il eft naturel de penfer
plutôt à ceux qui font des fondations.
qu'aux autres. Ce qu'il y a de trèscertain
, c'est que dans l'acte de fondation
de cent livres de rente & dans
les Archives de l'Eglife de Chartres ,
il n'eft point parlé du tout de cette
armure ni d'aucune offrande de Philippe
le Bel ; il fit , je le répéte , des
fondations à Paris , à Chartres , & dans
d'autres Eglifes , en reconnoiffance de fa
victoire ; mais il n'y offrit jamais ni fes
armes ni fon cheval
M. Jouet produit enfuite une pièce
authentique , tirée des Archives de l'Eglife
de Chartres , dans laquelle il eft
dit , que le Chapitre s'étant aſſemblé , a
délibéré que la fomme de mille livres
que le Roi ( Philippe de Valois ) a donnée
pour le rachapt de fon cheval & de
fes armes , qu'il avoit préfentez lui même
à la Vierge , fera employée à acquerir
des fonds ou des révenus pour ladite.
Eglife de Chartres. Cela confirme ce
que j'ai toujours penfé & dit , & ce qu'a
écrit , il y a plus de cent-ans , M. Souchet
, Secrétaire & Chanoine du chapi-.
tre de Chartres , dans fon hiftoire Manuferite
de ce chapitre & de cette ville
Philippe de Valois alla d'abord à Notre
02 MERCURE DE FRANCE.
1
Dame de Paris ou il offrit à la Vierge fes
armes & fon cheval , & les racheta par
une fomme de mille livres ; il alla enfuite
à Chartres ou il fit précisément la
même cérémonie. C'étoient les anciens
ufages ; dans une tranfaction de l'an
1329 , entre les Curés de Paris & l'Eglife
du S. Sepulchre , il eft dit qu'un
mourant fera libre de choisir fa fepulture
dans cette Fglife , mais que fon corps
fera d'abord porté à la Paroiffe fur laquelle
il fera mort & que le Curé de
cette Paroiffe aura la moitié du luminaire
& de ce qui reviendra des hardes & chevaux
( ex pannis & equis ) qui feront
préfentés , lors de l'inhumation dans
Eglife du S. Sepulcre. Au fervice fait
à S. Denis en 1489 , pour Bertrand Duguefclin
, par l'ordre de Charles VI ,
L'Evêque qui célebroit la Meffe , reçut le
préfent des chevaux qui furent préſentés
à l'offrande , en leur mettant la main fur
la tête ; enfuite on les remena ; mais il
fallut compofer pour le droit de l'Abbaye
à laquelle ils étoient dévolus.
En
1329 Pierre
de
Cugneres
,
Avocat
du Roi au Parlement
, plaida
contre
les ufurpations
des Ecléfiaftiques
fur la juftice
temporelle
; le Jugement
de Philippe
de Valois
parut
favorable
AVRIL. 1763:
93
au Clergé qui tacha de lui marquer fa
réconnoiffance par des honneurs & des
tîtres ; il lui donna celui de Roi Catholique
; & comme la victoire de Caffel
& l'action folemnelle que ce Prince
avoit faite à Paris & à Chartres
étoient affez récentes, je croirois volontiers
que ce fut dans ce temps-là , que
chacune de ces deux Eglifes lui éleva
une ftatue équeftre ; ce qu'il y a de très
certain , c'eſt que l'Eglife de Sens ( 1 )
lui en éleva une dans ce même temps-
-là , femblable , dit D. du Breul , page
21 , à celle de ce Roi dans notre Eglife
de Paris , & au- deffous de laquelle
ftatue de Sens , on lit deux vers où il
eft qualifié défenfeur des droits de l'Eglife.
L'Auteur du Traité des anciennes armes
offenfives & défenfives des François
, imprimé chez Blaife , en 1635 .
dit , p . 113 , que Philippe le Bel ayant
rendu le Parlement fédentaire , les Chcvaliers
qui y préfidoient , pourfe diftinguer
des gens de Loi , firent faire des
bonnets de la forme de leurs cafques , &
( 1 ) Pierre du Roger , Archevêque de Sens ,
parla pour le Clergé , & imagina cette marque
de reconnoiffance envers Philippe de Valois , au
lieu des Décimes que ce Prince eípéroit du Clergé.
94 MERCURE DE FRANCE .
que voilà l'origine des Mortiers des Préfidens
; car ce ne fut , ajoute-t-il , que
fous le regne de Philippe le Long qu'on
imagina les cafques en forme de cone ,
s'élargiffant en defcendant fur les épau
les & comme un fabot renverfé
tel que celui qu'on voit à Philippe de
Valois dans Notre - Dame de Paris ; on
croyoit parer à l'inconvénient des cafques
trop plats , fur lefquels un coup de
maffue bien affené devoit enfoncer la tête
de celui qui le portoit ; mais dans là
fuite on trouva ces cafques fi pefans ,
qu'on changea encore.
F'ignorois qu'on avoit mis une nou
velle infcription au - deffous de la Statue
Equeftre qui eft à Notre - Dame ; il n'y
a qu'un an que je l'appris par une Brochure
où l'on me reprenoit aigrement
fur ce que j'avois dit , dans mes Effais
Hiftoriques , que cette Statue repréfentoit
Philippe de Valois . L'Auteur de
cette Brochure , pénétré d'admiration
pour M. le Préfident Henault , ne joignoit
pas à ce mérite celui d'être poli ;
ainfi je n'ai jamais pensé à lui répondre ;
mais en faifant des corrections & des
additions à mes Effais Hiftoriques , j'ai
voulu voirfi je m'étois trompé au fujet de
cette Statue ; ma differtation a paru dans
le premier Volume du Mercure de Janvier
dernier ; voici un nouvel Anonyme
qui m'attaque ; il mêle à l'érudition
le fel de la fine plaifanterie , & je ne
doute point que les perfonnes qui dînoient
chez M. le Préfident Henault
n'ayent bien ri lorfqu'il dit qu'il me croit
Div
80 MERCURE DE FRANCE.
trop galant homme pour vouloir faire
defcendre fi malhonnêtement notre grand
Roi Philippe le Bel de deffus fon cheval.
Je ne connoiffois point le Voyage de
Munfter, je l'ai cherché , je l'ai trouvé ,
je l'ai lu , & je protefte que j'aurois
fouhaité de pouvoir dire que je m'étois
trompé ; ma pareffe en eût été flattée
; mais les raifonnemens de Claude
Joly n'ont fervi qu'à me confirmer dans
le fentiment que j'avois embraffé. Il
faut néceffairement rappeller l'état de la
queſtion , & l'on peut compter que je
vais l'expofer avec une entiere impartialité.
9 :
Philippe le Bel, en reconnoiffance
de la victoire qu'il avoit remportée fur
les Flamands à Mons en Puelle le 18
Août 1304 , fit des fondations à Notre-
Dame de Paris , à Notre - Dame de
Chartres & dans d'autres Eglifes ; mais ,
ni dans ces actes de fondation , ni dans
aucun ancien Breyiaire , ni dans aucun
Hiftorien comtemporain , il n'eft dit
qu'il foit entré à cheval dans l'Eglife de
Notre-Dame de Paris , & qu'il y ait
fait à la Vierge l'offrande de fes armes
& de fon cheval. D'ailleurs , il n'y en a
& il n'y en a jamais eu aucunes preuves
dans les Papiers , Cartulaires , Nécrologe
& Archives de Notre-Dame.
AVRIL. 1763.
81
P
*
Après avoir parlé de la victoire que
Philippe de Valois remporta à Caffel
fur les Flamands le 23 Août 1328 ,
différens manufcrits des grandes Chroniques
de S. Denis , & toutes les anciennes
Editions de ces Chroniques ,
difent , que Philippe de Valois vint à
Saint Denis , & lui rendit fur fon Autel
l'oriflame qu'il avoit pris quand ilpartit
pour aller contre les Flamands , & puis
s'en alla à Notre- Dame de Paris , &
quand il fut là , fe fit armer des armes
qu'il avoit portées dans la bataille contre
les Flamands , & puis monta fur
fon deftrier , & ainfi entra dans l'Eglife
de Notre - Dame , & très- devotement la
remercia , & luipréfenta le cheval fur lequel
il étoit monté & toutes fes armures.
Quelle peut donc être la difcuffion
demandera- t'on ? La voici : on dit que
dans différens manufcrits des grandes
Chroniques de Saint Denis , s'il y a que
Philippe de Valois alla à Notre- Dame
de Paris & y entra monté fur fon def
trier, &c. il y a dans d'autres manufcrits
de ces mêmes Chroniques , qu'il alla à
Notre-Dame de Chartres , & y entra
monté furfon deftrier , &c . & on ajoute
que dans le Continuateur de Nangis
* Edition de 1493 , de 1517 , & autres.
D v
82 MERCURE DE FRANCE.
on peut lire également iniit Parifios
ou iniit Carnotum , parce que Parifios
ou Carnotum font variantes ; & on con
clut de là que Philippe de Valois n'étant
point entré à cheval dans l'Eglife
de Paris , mais dans celle de Chartres
ce n'eft point fa Statue qu'on voit dans
l'Eglife de Paris , mais celle de Philippe
le Bel
Les grandes Chroniques de Saint
Denis , après avoir parlé fort au long
de la bataille de Mons en Puelle , difent
fimplement que Philippe le Bel revint
à Paris environ la Saint Denis à grande
joye ineftimable. Le Continuateur de
Guillaume de Nangis , après avoir parlé
des fondations que ce Prince fit dans
quelques Eglifes & dans celle de Paris
en reconnoiffance de fa victoire , ne dit
pas un mot de fa cavalcade dans cette
Eglife . Eft- il naturel que ces Hiftoriens
n'en euffent pas parlé à l'article de ce
Prince & de fes fondations ? Eft-il naturel
que dans la fuite , lorfqu'ils difent que
Philippe de Valois entra à cheval dans
l'Eglife de Paris , où , fi l'on veut , de
Chartres , ils n'euffent pas ajouté , comme
Philippe le Bel avoit fait après fa
victoire de Mons en Puelle ? Cette ob-.
jection n'eſt - elle pas convaincante 2
AVRIL 1763. 83
Ne faudroit- il pas , pour la combattre ,
préfenter quelque titre authentique où
fut porté que Philippe le Bel entra
dans l'Eglife de Paris à cheval ; or , ni
Claude Joly , ni autres n'en produifent
& n'en ont jamais produit aucun ; au
lieu que dans un manufcrit qui, paroît
être de 1360 , cotté H , numéro 22 ,
& faifant partie des manufcrits que le
Chapitre de Notre Dame a donnés au
Roi , il eft dit que Philippe de Valois ,
après la bataille de Caffel , l'an 1328
entra tout armé fur fon deftrier dans
L'Eglife de Notre- Dame de Paris ...
& que fa repréfentation eft affife fur
deux pilliers devant l'image de ladite
Dame , en la Nefde ladite Eglife.
-
Examinons à préfent la Lettre de Clau
de Joly. Paul Emile , dit-il , attribue la
Statue en queftion à Philippe le Bel ; &
Paul Emile étant Chanoine de Notre-
Dame de Paris il est vraisemblable
qu'il n'auroit pas attribué à ce . Prince
une action fi publique & fi folemnelle ,
s'il n'en eût été bien affuré, ou par
quelqu'écrit authentique. Qu par une :
tradition qui étoit alors tenue pour conftante
& certaine parmi fes Confreres.
Réponse. Sous le regne de Henri II
à côté de cette Statue , on mit des vers
9
D vj
84 MERCURE DE FRANCE.
& une infcription qui y a fubfifté plus
de cent ans , & par laquelle on difoit
que c'étoit la Statue de Philippe de Valois
; la plupart des Chanoines dont
Paul Emile avoit été Confrère , étoient
encore vivans ; eft- il naturel qu'ils ne
fe fuffent pas oppofés à cette infcription ,
& qu'ils l'euffent approuvée , fi elle
avoit été contraire à ce qui étoit porté
dans leurs Archives ?
C'eft fur le témoignage de Nicole
Gilles , dit Claude Joly , que quand on
a commencé de mettre dans les Breviaires
de Paris les Leçons qui font mention de
cette victoire , on a attribué à Philippe
de Valois , non-feulement l'entrée à cheval
dans l'Eglife de Paris , mais auffi
la victoire & la fondation de la fête de
l'année 1304 , quoiqu'il ne fut Roi que
vingt-quatre ans après.
,
Réponse. Dans plufieurs manufcrits
des grandes Chroniques de Saint Denis
bien antérieurs à Nicole Gilles &
dans toutes les anciennes Editions de
ces Chroniques , il eft dit que Philippe
de Valois entra à cheval dans la Cathédrale
de Paris ; c'eft fur ces autorités
que dans les Breviaires on a attribué
cette action folemnelle à ce Prince ;
Claude Joly ne l'ignoroit pas , & il a
AVRIL. 1763. 84
donc tort de dire qu'on ne s'eft fondé
que fur le témoignage de Nicole Gilles.
D'ailleurs , les Breviaires ne confondent
ni les deux Rois , ni les deux victoires ;
il y eft dit , in Ecclefia Parifienfi , propter
commemorationem victoria Philippi
Pulchri , fit duplum ; & après des
Leçons & verfets fur la Vierge , il eft
dit auffi , Philippus Valefius , cum infignem
victoriam de rebellibus Flandris
obtinuiffet , quæ contigit anno 1328 , &c.
Voilà les deux victoires & les deux Rois
bien diftingués ; Philippe le Bel avoit
fait une fondation ; Philippe de Valois
avoit fait une offrande qu'il racheta
par une fomme confidérable , comme
je le prouverai dans la fuite ; d'ailleurs
il avoit fait élever un monument de fa
victoire & de fa reconnoiffance envers
la Vierge ; l'Eglife de Paris faifoit commémoration
de ces deux batailles mémorables
, gagnées l'une & l'autre pendant
l'octave de l'Affomption .
Claude Joli dit qu'il eft encore bon d'obferver
qu'on n'a point mis dans les breviaires
de Paris aucune leçontouchant cela,
avant l'édition de 1584 ; car , ajoutet-
il , il n'y en a aucun qui en parle dans
ceux d'auparavant , de 1479 & 1492.
Réponse. L'Hiftoire de Paul Emile fut
86 MERCURE DE FRANCE.
il
imprimée en 1544 quarante après , eny
1584 , lorfque le Chapitre de Notre
Dame jugea apropos de mettre dans les
breviaires les leçons en queftion , n'eſtpas
vrai femblable qu'il auroit adopté
L'opinion de Paul Emile fon confrère
s'il n'avoit vû dans fes archives qu'elle
n'étoit foutenable. J'ajouterai que
dans ce temps là , il paroiffoit chaque
jour quelque écrit qui traitoit des anciens
droits de nos Rois fur la Flandres
pas
& que même les Provinces unies , cette
même année 1584, avoient offert à Henri
III de fe mettre fous fa domination ;
peut- être que le Chapitre de notre Dame
, attendu ces circonftances , jugea a
propos de joindre a la commémoration
de la victoire de Philippe le Bel , celle
de la victoire de Philippe de Valois ;
on inféroit dans ce temps là , dans les
breviaires & rituels , des prieres & des .
leçons bien moins convenables..
Claude Joli dit que M. de Sponde
Evêque de pamiers , pretend que ceux
qui ont atribué la ftatue en queftion a
Philippe Lebel, ont été refutezpar plufieursperfonnes
, & même par les anciens
Cartulaires de l'Eglife de Paris dont ils
n'avoient pas vu les Archives
ajoute Claude Joli , de quelles Archives
mais
AVRIL 1763.
87
M. de Sponde veut-il parler , puifqu'il
n'y en a point d'autres que la fondation
de Philippe le Bel & les vieux breviaires .
de cette Eglife , qui portent tous le nom
de Philippe le Belfans parler en aucune
façon de Philippe de Valois , lefquelles
Archives Paul Emile avoit pû voir , mais
que certainement Nicole Gilles ni ceuxdefon
opinion n'avoient pas vues , puifque
ce qu'il en écrit leur eft tout contraire.
Reponse , Loin de nous produire quelque
Piéce authentique , dans laquelle il
foit dit que Philippe le Bel entra à cheval
dans l'Eglife de notre Dame , & que
c'eft fa ftatue qu'on y voit , Claude Joli
convient que Paul Emile n'en a point eu
d'autres preuves , & qu'il n'y en a point
d'autres , que la fondation d'une rente
de cent livres,faite par ce Prince , & que.
ce qui eft porté dans les vieux breviaires
; Or, de l'aveu même de Claude Joli,
il n'en eft pas dit un mot dans l'acte de
fondation de cette rente ; & les vieux.
Breviaires difent uniquement , in Ecclefia
Parifienfi , propter commemorationem»
victoria Philippi pulchri , fit duplum.
Le pere Texera & M. de Sponde , qui
avoient eu communication des Archives
de Notre Dame , comme en convient
Claude Joli, ont-ils eu tort de rejetter
88 MERCURE DE FRANCE .
de pareilles preuves ? n'eft-il pas fingu
lier de dire que fi Nicole Gilles les avoit
vues , elles lui auroient fait changer d'opinion
? d'ailleurs M. de Sponde dit que
ceux qui attribuent la ftatue en queftion
à Philippe le Bel, font refutezpar d'anciens
. Cartulaires de l'Eglife de Paris ;
dira-ton que ces anciens Cartulaires
n'ont jamais exifté , & que M. de Sponde
n'en a point vûs ?
Des Prêtres de l'Oratoire ont continué
l'hiftoire particuliere de l'Eglife de Paris
; ils avoient eu en communication
les Archives , le nécrologe , & tous les
titres de cette Cathédrale ; ils avoient
lû la differtation de Claude Joli & les
lettres de M. Jouet , fon ami ; ces hiftoriens
, dans leur ouvrage in-folio , dedié
à M. le Cardinal de Noailles & imprimé
en 1710 , difent , l . 18 , c. 3 , p.
615
qu'il n'eft pas douteux que la ftatue en
queftion eft de Philippe de Valois , &
qu'aucun Roi , avant lui , n'étoit entré
à cheval dans l'Eglife de Notre-Dame ;
& ils ont lû , comme moi , dans le continuateur
de Guillaume de Nangis, qu'ils
citent , iniit Parifios ; ainfi l'anonyme
qui écrit à M. le Prefident Henault , &
qui dit fi poliment ce qui vous divertira ,
doit trouver ces Prêtres de l'Oratoire
très divertiffans. -
AVRIL. 1763. 89
Claude Joly qui tâche d'acrocher des
autorités , cite les Annales de Malingre ,
quoiqu'il n'ignorât pas que Malingre
dans fes Antiqués de Paris , page 10 ,
s'étoit retracté , & qu'il dit que la Statue
en queftion repréfente Philippe de Valois.
Thevet eft du même avis ; cela
n'empêche pas Claude Joly de le citer
en fa faveur .
Je pourrois m'autorifer de la Médaille
qu'on voit dans la France Métallique
, & faire fentir la fauffeté du
raifonnement de Claude Joly ; mais
comme je ne cherche & que je n'employe
que la vérité , j'avoue que cette
Médaille eft fuppofée ; mais on juge
bien que l'Auteur de la France Métallique
, pour fuppofer cette Médaille
alla à Notre-Dame de Paris & copia
bien exactement la Statue en queftion.
Venons à préfent aux Lettres de
M. Jouet. Il dit que Philippe le Bel , en
reconnoiffance de fa victoire de Mons
en Puelle , fit à l'Eglife de Chartres ,
comme à celle Paris , une fondation de
cent livres de rente ; qu'en conféquence
on célébre tous les ans à Chartres , le
17 Août , l'Office de Notre-Dame de
la Victoire , & que ce jour-là on tire
du tréfor & l'on expofe aux yeux du
go MERCURE DE FRANCE ..
public une Armure très- riche , mais
qui ne pouvoit être que d'un jeune
homme de treize à quatorze ans ; il
differte beaucoup fur cette armure , &
prétend que Philippe le Bel envoya
fon fils Charles en faire l'offrande à
Notre-Dame de Chartres ; mais il ne
réfléchit pas que ce fils Charles n'avoit
que neufans lors de la bataille de Mons
en Puelle ; qu'il n'étoit point à cette
bataille ; que ce n'étoient pas fes armes ,
mais celles de fon pere qu'il auroit été
chargé d'offrir ; qu'il n'eft pas douteux
que l'épée & la ceinture font femées
de Dauphins & que ces armes font
donc bien poftérieures au règne de
Philippe le Bel, le Dauphiné n'ayant
été uni à la Couronne qu'en 1349 ;
qu'enfin c'eft l'armure que Charles VI,
qu'on appella long-tems le petit Roi ,
envoya en offrande à Notre -Dame de
Chartres , après avoir battu les Fla
mands à Rofebeque en 1482 ce
Prince n'avoit alors que quatorze ans.
On demandera pourquoi on étale cette
armure le jour qu'on célébre la victoire
de Mons en Puelle ? Parce qu'apparemment
, dans la fuite des tems , on avoit
oublié de qui elle venoit , & qu'on
imagina que c'étoit une offrande de
AVRIL. 1763 91
Philippe le Bel; il eft naturel de penfer
plutôt à ceux qui font des fondations.
qu'aux autres. Ce qu'il y a de trèscertain
, c'est que dans l'acte de fondation
de cent livres de rente & dans
les Archives de l'Eglife de Chartres ,
il n'eft point parlé du tout de cette
armure ni d'aucune offrande de Philippe
le Bel ; il fit , je le répéte , des
fondations à Paris , à Chartres , & dans
d'autres Eglifes , en reconnoiffance de fa
victoire ; mais il n'y offrit jamais ni fes
armes ni fon cheval
M. Jouet produit enfuite une pièce
authentique , tirée des Archives de l'Eglife
de Chartres , dans laquelle il eft
dit , que le Chapitre s'étant aſſemblé , a
délibéré que la fomme de mille livres
que le Roi ( Philippe de Valois ) a donnée
pour le rachapt de fon cheval & de
fes armes , qu'il avoit préfentez lui même
à la Vierge , fera employée à acquerir
des fonds ou des révenus pour ladite.
Eglife de Chartres. Cela confirme ce
que j'ai toujours penfé & dit , & ce qu'a
écrit , il y a plus de cent-ans , M. Souchet
, Secrétaire & Chanoine du chapi-.
tre de Chartres , dans fon hiftoire Manuferite
de ce chapitre & de cette ville
Philippe de Valois alla d'abord à Notre
02 MERCURE DE FRANCE.
1
Dame de Paris ou il offrit à la Vierge fes
armes & fon cheval , & les racheta par
une fomme de mille livres ; il alla enfuite
à Chartres ou il fit précisément la
même cérémonie. C'étoient les anciens
ufages ; dans une tranfaction de l'an
1329 , entre les Curés de Paris & l'Eglife
du S. Sepulchre , il eft dit qu'un
mourant fera libre de choisir fa fepulture
dans cette Fglife , mais que fon corps
fera d'abord porté à la Paroiffe fur laquelle
il fera mort & que le Curé de
cette Paroiffe aura la moitié du luminaire
& de ce qui reviendra des hardes & chevaux
( ex pannis & equis ) qui feront
préfentés , lors de l'inhumation dans
Eglife du S. Sepulcre. Au fervice fait
à S. Denis en 1489 , pour Bertrand Duguefclin
, par l'ordre de Charles VI ,
L'Evêque qui célebroit la Meffe , reçut le
préfent des chevaux qui furent préſentés
à l'offrande , en leur mettant la main fur
la tête ; enfuite on les remena ; mais il
fallut compofer pour le droit de l'Abbaye
à laquelle ils étoient dévolus.
En
1329 Pierre
de
Cugneres
,
Avocat
du Roi au Parlement
, plaida
contre
les ufurpations
des Ecléfiaftiques
fur la juftice
temporelle
; le Jugement
de Philippe
de Valois
parut
favorable
AVRIL. 1763:
93
au Clergé qui tacha de lui marquer fa
réconnoiffance par des honneurs & des
tîtres ; il lui donna celui de Roi Catholique
; & comme la victoire de Caffel
& l'action folemnelle que ce Prince
avoit faite à Paris & à Chartres
étoient affez récentes, je croirois volontiers
que ce fut dans ce temps-là , que
chacune de ces deux Eglifes lui éleva
une ftatue équeftre ; ce qu'il y a de très
certain , c'eſt que l'Eglife de Sens ( 1 )
lui en éleva une dans ce même temps-
-là , femblable , dit D. du Breul , page
21 , à celle de ce Roi dans notre Eglife
de Paris , & au- deffous de laquelle
ftatue de Sens , on lit deux vers où il
eft qualifié défenfeur des droits de l'Eglife.
L'Auteur du Traité des anciennes armes
offenfives & défenfives des François
, imprimé chez Blaife , en 1635 .
dit , p . 113 , que Philippe le Bel ayant
rendu le Parlement fédentaire , les Chcvaliers
qui y préfidoient , pourfe diftinguer
des gens de Loi , firent faire des
bonnets de la forme de leurs cafques , &
( 1 ) Pierre du Roger , Archevêque de Sens ,
parla pour le Clergé , & imagina cette marque
de reconnoiffance envers Philippe de Valois , au
lieu des Décimes que ce Prince eípéroit du Clergé.
94 MERCURE DE FRANCE .
que voilà l'origine des Mortiers des Préfidens
; car ce ne fut , ajoute-t-il , que
fous le regne de Philippe le Long qu'on
imagina les cafques en forme de cone ,
s'élargiffant en defcendant fur les épau
les & comme un fabot renverfé
tel que celui qu'on voit à Philippe de
Valois dans Notre - Dame de Paris ; on
croyoit parer à l'inconvénient des cafques
trop plats , fur lefquels un coup de
maffue bien affené devoit enfoncer la tête
de celui qui le portoit ; mais dans là
fuite on trouva ces cafques fi pefans ,
qu'on changea encore.
Fermer
Résumé : RÉPONSE de M. de SAINT- FOIX.
M. de Saint-Foix a été critiqué pour avoir attribué une statue équestre à Notre-Dame de Paris à Philippe de Valois. Une brochure anonyme l'accusa d'erreur en mentionnant une nouvelle inscription sous la statue. Saint-Foix vérifia cette information et publia sa réflexion dans le Mercure de Janvier. Un nouvel anonyme, admirateur du Président Henault, le critiqua à nouveau, mais Saint-Foix resta convaincu de son interprétation. Saint-Foix examina les sources historiques. Philippe le Bel, après sa victoire à Mons-en-Puelle en 1304, fit des fondations à Notre-Dame de Paris et à Chartres, mais aucune source contemporaine ne mentionne qu'il soit entré à cheval dans l'église de Notre-Dame de Paris. En revanche, les Grandes Chroniques de Saint-Denis rapportent que Philippe de Valois, après sa victoire à Cassel en 1328, entra à cheval à Notre-Dame de Paris. Saint-Foix contesta les arguments de Claude Joly, qui soutenait que la statue représentait Philippe le Bel. Il souligna que les manuscrits des Grandes Chroniques de Saint-Denis et les anciens breviaires attribuaient cette action à Philippe de Valois. Des prêtres de l'Oratoire, ayant consulté les archives de Notre-Dame, confirmèrent que la statue était bien celle de Philippe de Valois. Saint-Foix réfuta les accusations de Claude Joly en montrant que les preuves avancées par ce dernier étaient insuffisantes et contradictoires. Il conclut que la statue représentait Philippe de Valois, appuyé par les sources historiques et les archives de Notre-Dame. Par ailleurs, le texte discute de l'origine et de l'histoire d'une armure exposée à Notre-Dame de Chartres. Contrairement à une croyance populaire, cette armure n'a pas été offerte par Philippe le Bel. Charles, fils de Philippe le Bel, n'avait que neuf ans lors de la bataille de Mons-en-Puelle et n'était pas présent. L'armure et la ceinture sont des armes de Dauphins, ce qui les situe après 1349, date à laquelle le Dauphiné fut uni à la Couronne. En réalité, l'armure a été offerte par Charles VI après sa victoire contre les Flamands à Rosbecque en 1382, alors qu'il avait quatorze ans. L'armure est exposée le jour de la célébration de la victoire de Mons-en-Puelle en raison d'une confusion historique. Les archives de l'église de Chartres ne mentionnent aucune offrande de Philippe le Bel, mais confirment des fondations faites par Philippe de Valois. Ce dernier, après sa victoire, offrit ses armes et son cheval à Notre-Dame de Paris et de Chartres, suivant des usages anciens.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
18
p. 193-201
De PARIS, le 18 Février 1763.
Début :
L'Académie Royale des Sciences ayant présenté au Roi les Sieurs [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Roi, Traité de paix, Duc, Ambassadeur, Statue, Loterie, Constitution, Cavalerie, Régiment, Compagnies, Comte, Colonel, Lieutenant, Soldats, Soldes, État-major, Ordonnance, Gardes, Grenadiers, Officiers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De PARIS, le 18 Février 1763.
De PARIS , le 18 Février 1763.¨
L'Académie Royale des Sciences ayant préfenté
au Roi les Sieurs Bailli & J eaurat pour la
place d'Adjoint Aftronome , vacante par la mort
de l'Abbé de la Caille , S. M. les a nommés un
II. Vol, obim Indus »
194 MERCURE DE FRANCE.
:1
& l'autre , à la charge que la premiere place qui
vaquera dans cette Claffe ne fera point remplie.
Le Traité définitif de Paix a été figné le 10
de ce mois chez le fieur Duc de Bedfort , Ambaffadear
Extraordinaire & Plénipotentiaire du
Roi de la Grande- Bretagne , entre les Ambaffadeurs
& Plénipotentiaires qui ont figné les Préliminaires
à Fontainebleau te 3 Novembre de l'année
derniere. Le fieur de Mello , Miniftre Plénipotentiaire
du Roi de Portugal près du Roi , &
fon Ambaffadeur pour les conférences de la Paix ,
a figné en même temps l'acte d'acceffion de Sa
Majefté très fidele au Traité définitif.
Le 29 du mois dernier , le fieur Gor , Commiffaire
Général des fontes de l'Artillerie , a coulé
en bronze à l'Arfenal la Statue pédestre du Roi ,
qui doit être érigée dans la Place Royale de
Rheims. Cette fonte a eu le même fuccès que
celle qui a été faite le 20 Novembre dernier des
deux Figures de dix pieds de proportion qui doivent
accompagner le Piédeftal . La figure du Roi
a onze pieds & demi de proportion , ce Monu
ment , que la Ville de Rheims confacre à la
gloire de S.M. eft de la compofition du Sr Pigalle.
Le Vingt- cinquiéme tirage de la Loterie de
l'Hôtel-de-Ville s'eft fait le 25 du mois dernier ,
en la manière accoptumée. Le lot de cinquante
mille liv. eft échu au numero 53043 ; celui de
vingt mille liv. eft échu au numero 5 26 38 ; & les
deux de dix mille 1. aux numero 53005 & 58779 .
Les de ce mois , on a tiré la Loterie de l'Ecole
Royale Militaire . Les Numéros fortis de la roue
de fortune , font , 19 , 30 , 3 , 42 , 18. Le prochain
tirage le fera le Mars.
Le Roi ayant pris la réfolution de donner à
tout fon Brat Militaire une conftitution nouvelle ,
uniforme & conftante , vient de rendre une OrAVRIL
1763.
donnance , pour la Cavalerie , conçue fur le même
195
plan que celles qui a déja été publiée concernant
'Infanterie. Par cette nouvelle Ordonnance , darée
du 21 Décembre 1762 , Sa Majesté conferve
fur pied ,
indépendamment du Régiment des Carabiniers
de
Monfeigneur le Comte de Provence ,
les trente Régimens de Cavalerie fuivans ; le Colonel
- Général , le Meftre de- Camp- Général , le
Commiffaire-Général , Royal , du Roi , Royal-
Etranger , les Cuiratliers du Roi , Royal -Cravates ,
Royal- Rouillon , Royal-Piémont , Royal- Almand
, Royal- Pologne , Royal- Lorraine , Royal-
Picardie , Royal-
Champagne , Royal-Navarre ,
Royal
Normandie, la Reine, Dauphin,
Bourgogne ,
Berry , Artois , Orléans , Chartres , Condé, Bourbon
, Clermont , Conti , Penthiévre & Noailles,
Chacun de ces trente
Régimens fera composé en
tout temps de huit
Compagnies qui formeront quatre
efcadrons . On créera une place de Sous- Lieutenant
dans chaque
Compagnie , & le titre de
Cornette fera fupprimé , à la réserve de celui qui
eft attaché à la
compagnie du Colonel - Général
de la Cavalerie. La place de Maréchal - des - Logis
relle qu'elle eft
aujourd'hui , fera
fupprimée , &
il fera crée dans chaque
compagnie quatre places
de
Maréchal- des- Logis pour y remplir les
mêmes
fonctions que les Sergens dans l'Infanterie.
Chaque
compagnie de Cavalerie fera commandée
en tout temps par un
Capitaine y
Lieutenant & un- Sous-
Lieutenant , &
compofée
de quatre
Maréchaux -des- Logis , un Fourrier ,
huit
Brigadiers , huit
Carabiniers , trente- deux
Cavaliers & un
Trompette , tous montés . Ille-
Ta créé dans chacun des trente
Régimens de Cavalerie
deux charges de Sous -Aide Major & une
place de Tréforier ; il fera
pareillement établi
un
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
un Quartier- Maître dans chaque Régiment & un
Porte- Etendard par chaque Elcadron . Les difpofitions
qui regardent le choix , les rangs & les fon
Aions des Officiers , la police & la difcipline , l'adminiftration
de la caifle , le terme des engagemens
& des congés , &c , font les mêmes que
celles qui ont été établies pour l'Infanterie . Sa
Majeſté a auffi réglé une paye de paix & une
paye de guerre pour les troupes de fa Cavalerie
de la manière fuivante.
Compagnies. A chaque Capitaine , 2000 livres
par an en paix , & 3600 livres en guerre. Au
Capitaine Lieutenant des Compagnies Meſtrede
- Camp des Régimens du Meftre- de- Camp
Général & du Commiflaire- Général. A chaque
Lieutenant & au Sous- Lieutenant de la Compagnie
du Colonel- Général , 900 livres en paix &
1200 livres en guerre. A chacun des Cornettes
& Sous- Lieutenant des Compagnies du Colonel-
Général de Meftre- de- Camp- Général & du Commiffaire-
Général , 675 livres en paix & 900 livres
en guerre. A chaque Sous- Lieutenant , 600 livres
en paix & 800 livres en guerre. A chaque
Maréchal des Logis , 234 livres en paix & 270
livres en guerre. Au Fourrier , 216 livres en paix
>
252 livres en guerre. A chaque Brigadier
144 livres en paix & 180 livres en guerre. A
chaque Carabinier , 135 livres en paix & 171 livres
en guerre. A chaque Cavalier , Timbalier
ou Trompette , 126 livres en paix & 162 livres
en guerre.
Etat-Major. Au Meftre- de-Camp , indépendamment
de fes appointemens de Capitaine ,
2500 livres en paix & 3000 livres , en guerre.
A Chacun des Meftres-de- Camp- Commandans
des Régimens de Meftre- de-Camp- Général ,
AVRIL. 1763. 197
1
Commiffaire- Général & du Régiment Royal-
Allemand , 2500 livres en paix & 3000 livres
en guerre . Au Lieutenant- Colonel , indépendamment
de les appointemens de Capitaine , 1600 li
vres en paix & 1800 livres en guerre. Au Major
, 3000 livres en paix & 4500 livres en guerre.
A chaque Aide-Major , avec commiffion de Capitaine
, 1800 livres en paix & 3000 livres en
guerre. A chaque Aide- Major , fans commiffion
de Capitaine , 1500 livres en paix & 2000
livres en guerre. A chaque Sous - Aide - Major
1000 livres en paix & 1200 livres en guerre.
Au Quartier- Maître , 600 livres en paix & 800
livres en guerre. A chaque Porte- Etendard ,
480 livres en paix & 540 livres en guerre . Au-
Tréforier , 2000 livres en paix ,
& 3000 livres
en guerre . A l'Aumônier , 720 livres en temps
de guerre ſeulement. Au Chirurgien , 720 livres
en temps de guerre feulement .
Sa Majefte veut que la paye de guerre ne
foit donnée qu'à ceux defdits Régimens qui ferviront
en campagne , à commencer du jour de
leur arrivée à l'armée , juſqu'à celui de leur départ
de l'armée pour rentrer dans le Royaume ;
& que ceux qui demeureront en garniſon dans
le Royaume pendant la guerre ne touchent que
la paye réglée pour le temps de paix. Sa Majefté
établit les moyens de parvenir à la nouvelle
compofition & à la réforme preſcrites.
Cette Ordonnance eft terminée par un état de
l'uniforme réglé par le Roi pour l'habillement
& équipement des Régimens de fa Cavalerie.
Il paroît auffi trois autres Ordonnances du Roi.
Par la premiere , en date du 12 Décembre
1762 , & portant réduction dans les trente Compagnies
du Régiment des Gardes Françoiſes , Sa
ཙྩ
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
Majefté ordonne que ces trente Compagnies 3
qui font actuellement compofées de cent quarante
hommes , feront réduites au nombre de
cent vingt- fix , y compris fix Sergens , trois
Caporaux , neufAnfpeffades , quatre Tambours ,
& cent quatre Fusiliers .
Par la feconde & la troifiéme , du 21 du
même mois , Sa Majesté réforme la Compagnie
des Volontaires de Cambefort & le Régiment
de Cavalerie Allemande deNaffau-Wfingen.
Il paroît une Ordonnance du Roi , datée du 21 .
Décembre 1762 concernant les Régimens d'Infanterie
Irlandoife . Suivant cette Ordonnance , Sa
Majeſté conferve fur pied les Régimens de Bulkeley
, Clare , Dillon , Rothe & de Berwick ; le Régiment
Royal- Ecoffois & ceux d'Ogilvy & de Lally
feront fupprimés & incorporés dans les cinq qui
feront confervés , & dont chacun formera un bataillon
divifé en une Compagnie de Grenadiers
& huit de Fufiliers ; chacune des compagnies de
Grenadiers fera commandée en tout temps , ainfi
que chaque compagnie de Fufiliers , par un Capitaine
, un Lieutenant & un Sous - Lieutenant.
Celles des Grenadiers feront compofées chacune
de deux Sergens , d'un Fourrier, quatre Caporaux,
quatre Appointés , quarante Grenadiers , & d'un
Tambour ; celles des Fufiliers , en temps de paix ,
de quatre Sergens , d'un Fourrier , de huit Caporaux
, huit Appointés , quarante Fufiliers & de
deux Tambours : il fera créé dans chaque Régiment
un Sous-Aide- Major , un Tréſorier ,
Quartier-Maître, deur Porte -Drapeaux , un Tambour-
Major. Il continuera d'être entretenu un
Colonel en fecond dans le Régiment de Dillon .
Les difpofitions qui ont été établies pour l'Infanterie
& la Cavalerie Françoiſes feront exactement
fuivies relativement au choix , aux rangs & aux
un
AVRIL. 1763 . 199
fonctions des Officiers , à la police & à la difcipline
, ainfi qu'à l'adminiftration de la caiffe ,
&c. La paye de paix & la paye de guerre feront
réglées de la manière fuivante , & avec les mêmes
claufes que celles portées dans les précédentes
Ordonnances de Sa Majesté.
Compagnies de Grenadiers . A chaque Capitaine
, 2000 en paix , & 3000 livres ¿en guerre ;
au Lieutenant 900 livres en paix , & 1200 livres
en guerres au Sous-Lieutenant 500 livres
en paix , & 900 livres en guerre ; à chaque Sergent
, 222 livres en paix , & 228 livres en guerre ;
au Fourrier , 180 livres en paix , & 186 livres
en guerre à chaque Caporal , 156 livres en
paix , & 162 livres en guerre ; à chaque appointé ,
138 livres en paix , & 144 livres en guerre ; à
chaque Grenadier & au Tambour , 120 livres en
paix & 126 livres en guerre.
>
Compagnies de Fufilters . Au Capitaine , 1800
livres en paix , & 2400 livres en guerre au
Lieutenant 600 livres en paix , & 1000 en
guerres au Sous - Lieutenant 540 livres en
paix , & 800 livres en guerre à chaque Sergent
204 livres en paix , & 210 livres en guerre ,
au Fourrier , 162 livres en paix , & 168 en
guerre à chaque Caporal , 138 livres en paix .
& 144 livres en guerres à chaque Appointé
120 livres en paix 126 livres en guerres à cha-,
que Fufilier ou Tambour , 102 livres en paix
& 108 livres en guerre.
Etat-Major. Au Colonel , y compris les appointemens
de Capitaine , 12000 livres en tout
temps ; au Lieutenant colonel , indépendamment
de fes appointemens de Capitaine 1700.
livres en paix , & 3000 livres en guerre ; au
Major , 2880 livres en paix , & 4000 livres en
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
>
guerres à chaque Aide- Major , avec la commiffion
de Capitaine , 1800 livres en paix , &.
2400 livres en guerre ; à chaque Aide- Major ,
fans commiffion de Capitaine , 1200 livres en
paix , & 1860 livres én guerre ; à chaque Sous-
Aide- Major , 600 livres en paix , & 1200 livres
en guerres à chaque Porte- Drapeau , 450 livres
en paix , & 600 livres en guerre ; au Quartier-
Maître , 540 livres en paix & 800 livres en
guerres au Tréforier , 1200 livres en paix , &
2000 livres en guerre ; au Tambour- Major
252 livres en tout temps ; à l'Aumônier , soo
livres en paix , & 720 livres en guerre ; Au Chirurgien
, co livres en paix , & 720 livres en
guerre ; au Colonel en fecond du Régiment de
Dillon , 2400 liv . en paix , & 2880 liv . en guerre.
A
>
Les Officiers excédans le nombre préfcrit feront
reformés. Les Colonels qui feront dans ce cas
conferveront leurs appointemens en y comprenant
la gratification qui étoit attachée à leurs
charges. Les autres Officiers réformés & qui
feront étrangers , ou originaires Anglois , Ecoffois
& Irlandois , jouiront ; fçavoir , les Lieutenants-
Colonels , de 1800 livres de penſions
les Capitaines de Grenadiers de 1200 livres ; les
Capitaines de Fufiliers qui auront vingt ans de fervice
, & le Major , de 1050 livres ; les autres
Capitaines de Fufiliers , de 800 livres ; les Lieutenans
de 400 liv . & les Lieutenans en fecond
ou Enfeignes de 300 livres. Les Capitaines
ou Capitaines en fecond , qui feront François ,
jouiront en penfions fur le Tréfor Royal , s'ils
ont vingt ans de fervice , de 300 livres feulement.
Quant aux Lieutenans , Lieutenans en.
fecond ou Enfeignes qui feront François , its
fe retireront chez eux pour y attendre les em-
›
AVRIL. 1763.
201
plois auxquels Sa Majefté les deftine. Cette Ordonnance
eft terminée par un état de l'unifórme
réglé par Sa Majefté pour l'habillement
& équipement de ces cinq Régimens.
L'Académie Royale des Sciences ayant préfenté
au Roi les Sieurs Bailli & J eaurat pour la
place d'Adjoint Aftronome , vacante par la mort
de l'Abbé de la Caille , S. M. les a nommés un
II. Vol, obim Indus »
194 MERCURE DE FRANCE.
:1
& l'autre , à la charge que la premiere place qui
vaquera dans cette Claffe ne fera point remplie.
Le Traité définitif de Paix a été figné le 10
de ce mois chez le fieur Duc de Bedfort , Ambaffadear
Extraordinaire & Plénipotentiaire du
Roi de la Grande- Bretagne , entre les Ambaffadeurs
& Plénipotentiaires qui ont figné les Préliminaires
à Fontainebleau te 3 Novembre de l'année
derniere. Le fieur de Mello , Miniftre Plénipotentiaire
du Roi de Portugal près du Roi , &
fon Ambaffadeur pour les conférences de la Paix ,
a figné en même temps l'acte d'acceffion de Sa
Majefté très fidele au Traité définitif.
Le 29 du mois dernier , le fieur Gor , Commiffaire
Général des fontes de l'Artillerie , a coulé
en bronze à l'Arfenal la Statue pédestre du Roi ,
qui doit être érigée dans la Place Royale de
Rheims. Cette fonte a eu le même fuccès que
celle qui a été faite le 20 Novembre dernier des
deux Figures de dix pieds de proportion qui doivent
accompagner le Piédeftal . La figure du Roi
a onze pieds & demi de proportion , ce Monu
ment , que la Ville de Rheims confacre à la
gloire de S.M. eft de la compofition du Sr Pigalle.
Le Vingt- cinquiéme tirage de la Loterie de
l'Hôtel-de-Ville s'eft fait le 25 du mois dernier ,
en la manière accoptumée. Le lot de cinquante
mille liv. eft échu au numero 53043 ; celui de
vingt mille liv. eft échu au numero 5 26 38 ; & les
deux de dix mille 1. aux numero 53005 & 58779 .
Les de ce mois , on a tiré la Loterie de l'Ecole
Royale Militaire . Les Numéros fortis de la roue
de fortune , font , 19 , 30 , 3 , 42 , 18. Le prochain
tirage le fera le Mars.
Le Roi ayant pris la réfolution de donner à
tout fon Brat Militaire une conftitution nouvelle ,
uniforme & conftante , vient de rendre une OrAVRIL
1763.
donnance , pour la Cavalerie , conçue fur le même
195
plan que celles qui a déja été publiée concernant
'Infanterie. Par cette nouvelle Ordonnance , darée
du 21 Décembre 1762 , Sa Majesté conferve
fur pied ,
indépendamment du Régiment des Carabiniers
de
Monfeigneur le Comte de Provence ,
les trente Régimens de Cavalerie fuivans ; le Colonel
- Général , le Meftre de- Camp- Général , le
Commiffaire-Général , Royal , du Roi , Royal-
Etranger , les Cuiratliers du Roi , Royal -Cravates ,
Royal- Rouillon , Royal-Piémont , Royal- Almand
, Royal- Pologne , Royal- Lorraine , Royal-
Picardie , Royal-
Champagne , Royal-Navarre ,
Royal
Normandie, la Reine, Dauphin,
Bourgogne ,
Berry , Artois , Orléans , Chartres , Condé, Bourbon
, Clermont , Conti , Penthiévre & Noailles,
Chacun de ces trente
Régimens fera composé en
tout temps de huit
Compagnies qui formeront quatre
efcadrons . On créera une place de Sous- Lieutenant
dans chaque
Compagnie , & le titre de
Cornette fera fupprimé , à la réserve de celui qui
eft attaché à la
compagnie du Colonel - Général
de la Cavalerie. La place de Maréchal - des - Logis
relle qu'elle eft
aujourd'hui , fera
fupprimée , &
il fera crée dans chaque
compagnie quatre places
de
Maréchal- des- Logis pour y remplir les
mêmes
fonctions que les Sergens dans l'Infanterie.
Chaque
compagnie de Cavalerie fera commandée
en tout temps par un
Capitaine y
Lieutenant & un- Sous-
Lieutenant , &
compofée
de quatre
Maréchaux -des- Logis , un Fourrier ,
huit
Brigadiers , huit
Carabiniers , trente- deux
Cavaliers & un
Trompette , tous montés . Ille-
Ta créé dans chacun des trente
Régimens de Cavalerie
deux charges de Sous -Aide Major & une
place de Tréforier ; il fera
pareillement établi
un
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
un Quartier- Maître dans chaque Régiment & un
Porte- Etendard par chaque Elcadron . Les difpofitions
qui regardent le choix , les rangs & les fon
Aions des Officiers , la police & la difcipline , l'adminiftration
de la caifle , le terme des engagemens
& des congés , &c , font les mêmes que
celles qui ont été établies pour l'Infanterie . Sa
Majeſté a auffi réglé une paye de paix & une
paye de guerre pour les troupes de fa Cavalerie
de la manière fuivante.
Compagnies. A chaque Capitaine , 2000 livres
par an en paix , & 3600 livres en guerre. Au
Capitaine Lieutenant des Compagnies Meſtrede
- Camp des Régimens du Meftre- de- Camp
Général & du Commiflaire- Général. A chaque
Lieutenant & au Sous- Lieutenant de la Compagnie
du Colonel- Général , 900 livres en paix &
1200 livres en guerre. A chacun des Cornettes
& Sous- Lieutenant des Compagnies du Colonel-
Général de Meftre- de- Camp- Général & du Commiffaire-
Général , 675 livres en paix & 900 livres
en guerre. A chaque Sous- Lieutenant , 600 livres
en paix & 800 livres en guerre. A chaque
Maréchal des Logis , 234 livres en paix & 270
livres en guerre. Au Fourrier , 216 livres en paix
>
252 livres en guerre. A chaque Brigadier
144 livres en paix & 180 livres en guerre. A
chaque Carabinier , 135 livres en paix & 171 livres
en guerre. A chaque Cavalier , Timbalier
ou Trompette , 126 livres en paix & 162 livres
en guerre.
Etat-Major. Au Meftre- de-Camp , indépendamment
de fes appointemens de Capitaine ,
2500 livres en paix & 3000 livres , en guerre.
A Chacun des Meftres-de- Camp- Commandans
des Régimens de Meftre- de-Camp- Général ,
AVRIL. 1763. 197
1
Commiffaire- Général & du Régiment Royal-
Allemand , 2500 livres en paix & 3000 livres
en guerre . Au Lieutenant- Colonel , indépendamment
de les appointemens de Capitaine , 1600 li
vres en paix & 1800 livres en guerre. Au Major
, 3000 livres en paix & 4500 livres en guerre.
A chaque Aide-Major , avec commiffion de Capitaine
, 1800 livres en paix & 3000 livres en
guerre. A chaque Aide- Major , fans commiffion
de Capitaine , 1500 livres en paix & 2000
livres en guerre. A chaque Sous - Aide - Major
1000 livres en paix & 1200 livres en guerre.
Au Quartier- Maître , 600 livres en paix & 800
livres en guerre. A chaque Porte- Etendard ,
480 livres en paix & 540 livres en guerre . Au-
Tréforier , 2000 livres en paix ,
& 3000 livres
en guerre . A l'Aumônier , 720 livres en temps
de guerre ſeulement. Au Chirurgien , 720 livres
en temps de guerre feulement .
Sa Majefte veut que la paye de guerre ne
foit donnée qu'à ceux defdits Régimens qui ferviront
en campagne , à commencer du jour de
leur arrivée à l'armée , juſqu'à celui de leur départ
de l'armée pour rentrer dans le Royaume ;
& que ceux qui demeureront en garniſon dans
le Royaume pendant la guerre ne touchent que
la paye réglée pour le temps de paix. Sa Majefté
établit les moyens de parvenir à la nouvelle
compofition & à la réforme preſcrites.
Cette Ordonnance eft terminée par un état de
l'uniforme réglé par le Roi pour l'habillement
& équipement des Régimens de fa Cavalerie.
Il paroît auffi trois autres Ordonnances du Roi.
Par la premiere , en date du 12 Décembre
1762 , & portant réduction dans les trente Compagnies
du Régiment des Gardes Françoiſes , Sa
ཙྩ
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
Majefté ordonne que ces trente Compagnies 3
qui font actuellement compofées de cent quarante
hommes , feront réduites au nombre de
cent vingt- fix , y compris fix Sergens , trois
Caporaux , neufAnfpeffades , quatre Tambours ,
& cent quatre Fusiliers .
Par la feconde & la troifiéme , du 21 du
même mois , Sa Majesté réforme la Compagnie
des Volontaires de Cambefort & le Régiment
de Cavalerie Allemande deNaffau-Wfingen.
Il paroît une Ordonnance du Roi , datée du 21 .
Décembre 1762 concernant les Régimens d'Infanterie
Irlandoife . Suivant cette Ordonnance , Sa
Majeſté conferve fur pied les Régimens de Bulkeley
, Clare , Dillon , Rothe & de Berwick ; le Régiment
Royal- Ecoffois & ceux d'Ogilvy & de Lally
feront fupprimés & incorporés dans les cinq qui
feront confervés , & dont chacun formera un bataillon
divifé en une Compagnie de Grenadiers
& huit de Fufiliers ; chacune des compagnies de
Grenadiers fera commandée en tout temps , ainfi
que chaque compagnie de Fufiliers , par un Capitaine
, un Lieutenant & un Sous - Lieutenant.
Celles des Grenadiers feront compofées chacune
de deux Sergens , d'un Fourrier, quatre Caporaux,
quatre Appointés , quarante Grenadiers , & d'un
Tambour ; celles des Fufiliers , en temps de paix ,
de quatre Sergens , d'un Fourrier , de huit Caporaux
, huit Appointés , quarante Fufiliers & de
deux Tambours : il fera créé dans chaque Régiment
un Sous-Aide- Major , un Tréſorier ,
Quartier-Maître, deur Porte -Drapeaux , un Tambour-
Major. Il continuera d'être entretenu un
Colonel en fecond dans le Régiment de Dillon .
Les difpofitions qui ont été établies pour l'Infanterie
& la Cavalerie Françoiſes feront exactement
fuivies relativement au choix , aux rangs & aux
un
AVRIL. 1763 . 199
fonctions des Officiers , à la police & à la difcipline
, ainfi qu'à l'adminiftration de la caiffe ,
&c. La paye de paix & la paye de guerre feront
réglées de la manière fuivante , & avec les mêmes
claufes que celles portées dans les précédentes
Ordonnances de Sa Majesté.
Compagnies de Grenadiers . A chaque Capitaine
, 2000 en paix , & 3000 livres ¿en guerre ;
au Lieutenant 900 livres en paix , & 1200 livres
en guerres au Sous-Lieutenant 500 livres
en paix , & 900 livres en guerre ; à chaque Sergent
, 222 livres en paix , & 228 livres en guerre ;
au Fourrier , 180 livres en paix , & 186 livres
en guerre à chaque Caporal , 156 livres en
paix , & 162 livres en guerre ; à chaque appointé ,
138 livres en paix , & 144 livres en guerre ; à
chaque Grenadier & au Tambour , 120 livres en
paix & 126 livres en guerre.
>
Compagnies de Fufilters . Au Capitaine , 1800
livres en paix , & 2400 livres en guerre au
Lieutenant 600 livres en paix , & 1000 en
guerres au Sous - Lieutenant 540 livres en
paix , & 800 livres en guerre à chaque Sergent
204 livres en paix , & 210 livres en guerre ,
au Fourrier , 162 livres en paix , & 168 en
guerre à chaque Caporal , 138 livres en paix .
& 144 livres en guerres à chaque Appointé
120 livres en paix 126 livres en guerres à cha-,
que Fufilier ou Tambour , 102 livres en paix
& 108 livres en guerre.
Etat-Major. Au Colonel , y compris les appointemens
de Capitaine , 12000 livres en tout
temps ; au Lieutenant colonel , indépendamment
de fes appointemens de Capitaine 1700.
livres en paix , & 3000 livres en guerre ; au
Major , 2880 livres en paix , & 4000 livres en
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
>
guerres à chaque Aide- Major , avec la commiffion
de Capitaine , 1800 livres en paix , &.
2400 livres en guerre ; à chaque Aide- Major ,
fans commiffion de Capitaine , 1200 livres en
paix , & 1860 livres én guerre ; à chaque Sous-
Aide- Major , 600 livres en paix , & 1200 livres
en guerres à chaque Porte- Drapeau , 450 livres
en paix , & 600 livres en guerre ; au Quartier-
Maître , 540 livres en paix & 800 livres en
guerres au Tréforier , 1200 livres en paix , &
2000 livres en guerre ; au Tambour- Major
252 livres en tout temps ; à l'Aumônier , soo
livres en paix , & 720 livres en guerre ; Au Chirurgien
, co livres en paix , & 720 livres en
guerre ; au Colonel en fecond du Régiment de
Dillon , 2400 liv . en paix , & 2880 liv . en guerre.
A
>
Les Officiers excédans le nombre préfcrit feront
reformés. Les Colonels qui feront dans ce cas
conferveront leurs appointemens en y comprenant
la gratification qui étoit attachée à leurs
charges. Les autres Officiers réformés & qui
feront étrangers , ou originaires Anglois , Ecoffois
& Irlandois , jouiront ; fçavoir , les Lieutenants-
Colonels , de 1800 livres de penſions
les Capitaines de Grenadiers de 1200 livres ; les
Capitaines de Fufiliers qui auront vingt ans de fervice
, & le Major , de 1050 livres ; les autres
Capitaines de Fufiliers , de 800 livres ; les Lieutenans
de 400 liv . & les Lieutenans en fecond
ou Enfeignes de 300 livres. Les Capitaines
ou Capitaines en fecond , qui feront François ,
jouiront en penfions fur le Tréfor Royal , s'ils
ont vingt ans de fervice , de 300 livres feulement.
Quant aux Lieutenans , Lieutenans en.
fecond ou Enfeignes qui feront François , its
fe retireront chez eux pour y attendre les em-
›
AVRIL. 1763.
201
plois auxquels Sa Majefté les deftine. Cette Ordonnance
eft terminée par un état de l'unifórme
réglé par Sa Majefté pour l'habillement
& équipement de ces cinq Régimens.
Fermer
Résumé : De PARIS, le 18 Février 1763.
En février 1763, l'Académie Royale des Sciences a proposé les sieurs Bailli et Jeaurat pour le poste d'Adjoint Astronome, vacant après le décès de l'Abbé de la Caille. Le roi les a nommés à condition que la première place vacante dans cette classe ne soit pas remplie. Le 10 février, le traité définitif de paix a été signé chez le duc de Bedford, ambassadeur de Grande-Bretagne, par les ambassadeurs ayant signé les préliminaires à Fontainebleau le 3 novembre précédent. Le sieur de Mello, ministre plénipotentiaire du roi de Portugal, a également signé l'acte d'accession au traité définitif. Le 29 janvier, le sieur Gor, commissaire général des fontes de l'Artillerie, a coulé en bronze à l'Arsenal la statue pédestre du roi destinée à la Place Royale de Reims. Cette statue, de onze pieds et demi, est de la composition de M. Pigalle. La fonte des deux figures de dix pieds pour le piédestal, réalisée le 20 novembre précédent, a également réussi. Le 25 janvier, le vingt-cinquième tirage de la loterie de l'Hôtel-de-Ville a eu lieu. Les lots gagnants étaient : 50 000 livres pour le numéro 53043, 20 000 livres pour le numéro 52638, et 10 000 livres pour les numéros 53005 et 58779. Le tirage de la loterie de l'École Royale Militaire a également eu lieu, avec les numéros sortis : 19, 30, 3, 42, 18. Le prochain tirage est prévu pour mars. Le roi a décidé de réformer son bras militaire. Une ordonnance pour la cavalerie, datée du 21 décembre 1762, a été publiée. Elle conserve les trente régiments de cavalerie existants et supprime la place de maréchal-des-logis, remplacée par quatre maréchaux-des-logis par compagnie. Les soldes de paix et de guerre ont été réglées pour chaque grade. Trois autres ordonnances royales ont été publiées : une pour réduire les compagnies du régiment des Gardes Françaises à 126 hommes, et deux pour réformer la compagnie des Volontaires de Cambefort et le régiment de cavalerie allemande de Nassau-Weissen. Une ordonnance concernant les régiments d'infanterie irlandaise a également été publiée. Elle conserve les régiments de Bulkeley, Clare, Dillon, Rothe et de Berwick, et supprime les régiments Royal-Écossais, Ogilvy et de Lally, qui sont incorporés dans les cinq régiments conservés. Les soldes de paix et de guerre ont été réglées pour chaque grade. Les officiers excédentaires seront réformés et recevront des pensions selon leur grade et leur ancienneté.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
19
p. 211-216
CÉRÉMONIES ET FESTES, A L'OCCASION DE L'INAUGURATION DE LA STATUE DU ROI, DANS LA PLACE DE LOUIS XV ET DE LA PUBLICATION DE LA PAIX.
Début :
Le Corps de la Ville de Paris sembloit n'avoir consulté que son zèle & celui [...]
Mots clefs :
Citoyens, Statue, Roi de France, Réjouissances publiques, Cérémonie, Louis XV, Duc, Cortège, Richesse, Broderie, Perles, Couleurs, Musique, Illumination, Hommages, Feu d'artifice, Spectacles, Repas, Inscriptions
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CÉRÉMONIES ET FESTES, A L'OCCASION DE L'INAUGURATION DE LA STATUE DU ROI, DANS LA PLACE DE LOUIS XV ET DE LA PUBLICATION DE LA PAIX.
CÉRÉMONIES ET FESTES ,
A L'OCCASION DE L'INAUGURA-.
TION DE LA STATUE DU ROI
DANS LA PLACE DE LOUIS XV.
ET DE LA PUBLICATION DE LA
PAIX.
L.E Corps de la Ville de Paris fembloit n'avoir
confulté que ſon zéle & celui des Citoyens , dans
les premiers Projets de fêtes qu'elle fe propofoit
de faire éxécuter fur les dellens du fieur
Moreau fon Architecte , & qu'elle avoit eu l'honneur
de préfenter au Roi . L'attention paternelle
212 MERCURE DE FRANCE.
de Sa Majesté a daigné réduire les dépenfes confidérables
où elle avoit intention de s'engager par
la magnificence de fes Projets , en ne lui permettant
pour les réjouillances publiques que ce qui a
été fait pendant les 20 , 21 & 22 du mois précédent
, ainfi que nous allons le décrire.
Le premier jour zo Juin , deſtiné à célébrer
l'inauguration de la Statue du Roi dans la Place
de Louis XV. on a fait le matin la Cavalcade &
Cérémonies d'ufage.
Le Corps de Ville , en robes de Cérémonie à
cheval & en équipages très magnifiques accom
pagné de fes Gardes , fe rendit vers les dix heures
du matin à l'Hôtel de M. le Duc de Chevreufe
, Gouverneur de Paris , pour le joindre , & continuer
avec lui la marche juſqu'à la Place de
Louis XV . Il étoit accompagné de fes Gardes ,
tous avec des nouveaux uniformes , & d'un nombreux
Cortége de Domeftiques , de Gentilshommes
& de Pages fuperbement vêtus . L'équipage
de fon cheval étoit de la plus grande richelle &
chargé de diamans. Celui des chevaux de main
n'étoit pas moins riche ,, par les magnifiques
broderies qui en couvroient les houffes , ainfi que
celle d'un très-beau cheval de parade , tenu avec
des longes de treffe d'or par deux hommes d'écurie.
Lui même monté fur un cheval gris & dans
l'habit le plus riche , entre deux Ecuyers ou Gentilshommes
, jettoit avec profufion de l'argent au
Peuple , pendant tout le cours de la marche ; &
les trompettes d'argent de M. le Gouverneur accompagnées
des timballes, ainfi que celles de la
Ville , fonnoient inceffament des fanfares. Le
Négre , Timballier de M. le Gouverneur étoit
fingulierement remarquable , par la richeffe de
fon habillement , & par une coëffure en forme
de turban , ornée de divers rangs de perles & de
JUILLET. 1763. 213
diamans de couleurs , le tout furmonté d'un trèsbeau
pannache de plumes.
Lorfque cette marche entra dans la Place au
bruit des fanfares de fa mufique & de très - nombreux
orcheſtres difpofès près du Pont tournant
des Thuileries , ainfi qu'à celui des acclamations
de la multitude qui rempliffoit ce vafte eſpace ;
les voiles qui couvroient la Statue & Piedeſtal
devoient tomber ; mais l'imprudence d'un Ouvrier
avoit avancé de quelques momens ce point
de la Cérémonie. Toute la Cavalcade fit le tour
de la Place , & parvenue en face de la Statue ,
chacun de ceux qui la compofoient s'arrêtant & ſe
découvrant , on fit les faluts d'hommage ufités en
pareille occafion , au bruit des boëtes , du canon •
des bruyantes fymphonies , de la mufique , & des
cris d'allegrelle de tout le Peuple. Enfuite toute
cette marche retourna dans le même ordre juf
qu'a l'Hôtel de M. le Gouverneur où elle le reconduifit
, & de- là à l'Hôtel- de- Ville .
Le foir , il y eut illumination dans la Place par
des cordons de lumière fur les baluftres dont elle
eft environée , & par des girandoles pofées fur des
piedeftaux dans toute fon enceinte . On avoit difpofé
deux rangs de lumières fur des poteaux élevés
, dans la longueur de la grande allée des
Thuileries , qui conduifoient jufqu'à un amphi
théâtre illuminé élevé contre la façade du Palais
, fur lequel fe donnoit la ferenade de fymphonies
par l'Académie Royale de Mufique , dont
nous avons parlé dans l'Article des Spectacles.
Le 2me jour 21 Juin , la Paix a été publiée
dans 14 endroits de la Ville , y compris la nouvelle
Place , par la Ville & la Jurifdiction du Châ
telet réunies , avec les céremonies & formalités
accoutumées. L'efpace qu'avoit à parcourir cette
214 MERCURE DE FRANCE
nombreufe cavalcade , remplit tout le temps.de
cette journée. a)
Le troisième jour 22 Juin confacré aux Fêtes &
Réjouiffances publiques dans toute la Ville , fut
annoncé par les Salves ordinaires du Canon , &
le Te Deum fat chanté à Notre- Dame avec le
Cérémonial ufité .
On avoit préparé dans la longueur de plus de
480 pieds fur la Terraffe du Palais de Bourbon ,
des Loges ornées en Damas cramoifi , avec un
Luftre dans chaque divifion , pour contenir environ
, 000 perfonnes ; s'étant trouvées toutes remplies
vers les cing heures après midi , la Fête , fur
la Rivière , commença par des Joûtes qu'exécuté- ,
rent des Bateliers vêtus de blanc & ornés de rubans
fur des Bateaux peints de diverfes couleurs , auxquels
on diftribua des Prix .
A l'entrée de la nuit , on tira le grand Feu
d'Artifice qui avoit été préparé fur la Rivière ,
mais le violent Orage qui étoit furvenu ce même
jour fur les deux heures , avoit tellement endommagé
tout l'Artifice figuré de Feux de lances de
diverfes couleurs qui compofoient la décoration
du Temple élevé fur une Terraffe de Rochers ,
qu'aucune partie ne put prendre , & que l'on fut
privé par cet accident, pour ce jour- là , de la partie
principale de ce magnifique Spectacle ; ( b ) mais
ce qui en formoit un , denton ne peut le faire une
trop grande idée , étoit le vafte Baffin du Pont
Royal jufqu'à Chaillot , dont les Berges & les
Quais entiérement couverts d'une multitude innombrable
de Spectateurs , offroit l'image réelle
( a ) On donnera dans le Mercure prochain des
états détaillés des marches & cavalcades .
(b ) Le corps de Ville pour remplir l'objet de fon'
zéle & la fatisfaction des Citoyens , doitfaire éxéJUILLET.
1763 . 215
d'une Nation entière affemblée pour une grande
Solemnité . On conçoit de quelle variété de couleurs
étoit peint cet immenfe tableau , dont les
figures fur des plans en gradation , quoique
tranquiles & fans confufion , produiloient cependant
un mouvement léger & continuel qui l'animoit
& foutenoit perpétuellement l'agrément de
la vue. L'artifice , qu'on appelle Feux d'air qu'il
avoit été plus facile de préierver de l'humidité, eut
plus de fuccès . On admira de très - belles fufées
d'honneur , des Bombes d'un fort bel effet & des
Gerbes ou Girandes d'une multitude de fufées
très -brillantes. Le feu de Rivière en ferpenteaux
& autres figures , fournit fans difcontinuation ,
pendant tout le temps du feu des effets très- agréables
& très-variés fur l'eau.
Il y eut le même foir des fontaines de vin avec
des Orchestres dans toutes les places & dans tous
les lieux marqués de la Ville . Toutes les maifons
des Particuliers furent illuminées , & les Hôtels
des Princes , Seigneurs , Magiftrats , s'étoient
diftingués par des illuminations décorées & des
plus brillantes. Celle de la Place de Louis XV ,
qui mérite une defcription particulière , formoit
en lumières la repréfentation des grandes façades
des deux corps de bâtimens qui l'accompagnent
, dont la riche Architecture étoit deffinée
en lumières , ainfi que les appuis des Baluftres ,
avec des Girandoles dans tout fon circuit , & des
Obélifques de pots- à feu fur toutes les guérites
ou petits pavillons , conftruits en différens endroits
de cette Place.
cuter le Dimanche 3 du préfent mois cette partie
brillante du Feu , après y avoir fait faire les réparations
néceffaires . On inftruira les Lecteurs dans
le fecond volume de ce mois , du fucces de cette réparation
, & l'on donnera une defcription entière
de ce Feu.
216 MERCURE DE FRANCE.
Le grand & brillant effet de cette Place con
duifoit , & d'une certaine diftance , paroiffoit toucher
à celui de l'élégante & en même temps
fuperbe illumination des Jardins de l'Hôtel de
Pompadour ( ci - devant l'Hôtel d'Evreux ) qui
font ouverts dans toute leur étendue fur les
Champs Elifées , à peu de diftance de la Place.
Cette Illumination particulière que l'on décrira
avec plus de détail , ainfi que quelques autres qui
ont embelli la Fête générale a retenu jufqu'à
cinq heures du matin un concours incroyable de
Spectateurs tant en carrolle qu'à pied."
On n'a prèfque jamais remarqué en aucune
occafion plus de joie , plus de mouvement &
plus de fatisfaction dans le Public , que pendant
ces Fêtes. La gaîté du Peuple furtout & fon
allégreffe pourroit fe prouver par la prodigieuſe
confommation du Vin & des Alimens qu'il y
a cu à Paris pendant quelques jours.
Les deux Hôtels des Comédiens du Roi étoient
auffi illuminés avec décorations & autant de magnificence
, que leur étendue le comportoir. On
Tifoit , à celui des Comédiens François dans des
cartels pofés entre les lumières , les deux Inſcriptions
fuivantes.
PACE RESTITUTA
REGE DILECTISSIMO
POSITO
FASTILUSUS.
JOCORUM MATER
PAX ALMA REDIT
JOCOSA SOLVIT
THALIA VOTUM .
Les Nouvelles Politiques au Mercure prochain .
A L'OCCASION DE L'INAUGURA-.
TION DE LA STATUE DU ROI
DANS LA PLACE DE LOUIS XV.
ET DE LA PUBLICATION DE LA
PAIX.
L.E Corps de la Ville de Paris fembloit n'avoir
confulté que ſon zéle & celui des Citoyens , dans
les premiers Projets de fêtes qu'elle fe propofoit
de faire éxécuter fur les dellens du fieur
Moreau fon Architecte , & qu'elle avoit eu l'honneur
de préfenter au Roi . L'attention paternelle
212 MERCURE DE FRANCE.
de Sa Majesté a daigné réduire les dépenfes confidérables
où elle avoit intention de s'engager par
la magnificence de fes Projets , en ne lui permettant
pour les réjouillances publiques que ce qui a
été fait pendant les 20 , 21 & 22 du mois précédent
, ainfi que nous allons le décrire.
Le premier jour zo Juin , deſtiné à célébrer
l'inauguration de la Statue du Roi dans la Place
de Louis XV. on a fait le matin la Cavalcade &
Cérémonies d'ufage.
Le Corps de Ville , en robes de Cérémonie à
cheval & en équipages très magnifiques accom
pagné de fes Gardes , fe rendit vers les dix heures
du matin à l'Hôtel de M. le Duc de Chevreufe
, Gouverneur de Paris , pour le joindre , & continuer
avec lui la marche juſqu'à la Place de
Louis XV . Il étoit accompagné de fes Gardes ,
tous avec des nouveaux uniformes , & d'un nombreux
Cortége de Domeftiques , de Gentilshommes
& de Pages fuperbement vêtus . L'équipage
de fon cheval étoit de la plus grande richelle &
chargé de diamans. Celui des chevaux de main
n'étoit pas moins riche ,, par les magnifiques
broderies qui en couvroient les houffes , ainfi que
celle d'un très-beau cheval de parade , tenu avec
des longes de treffe d'or par deux hommes d'écurie.
Lui même monté fur un cheval gris & dans
l'habit le plus riche , entre deux Ecuyers ou Gentilshommes
, jettoit avec profufion de l'argent au
Peuple , pendant tout le cours de la marche ; &
les trompettes d'argent de M. le Gouverneur accompagnées
des timballes, ainfi que celles de la
Ville , fonnoient inceffament des fanfares. Le
Négre , Timballier de M. le Gouverneur étoit
fingulierement remarquable , par la richeffe de
fon habillement , & par une coëffure en forme
de turban , ornée de divers rangs de perles & de
JUILLET. 1763. 213
diamans de couleurs , le tout furmonté d'un trèsbeau
pannache de plumes.
Lorfque cette marche entra dans la Place au
bruit des fanfares de fa mufique & de très - nombreux
orcheſtres difpofès près du Pont tournant
des Thuileries , ainfi qu'à celui des acclamations
de la multitude qui rempliffoit ce vafte eſpace ;
les voiles qui couvroient la Statue & Piedeſtal
devoient tomber ; mais l'imprudence d'un Ouvrier
avoit avancé de quelques momens ce point
de la Cérémonie. Toute la Cavalcade fit le tour
de la Place , & parvenue en face de la Statue ,
chacun de ceux qui la compofoient s'arrêtant & ſe
découvrant , on fit les faluts d'hommage ufités en
pareille occafion , au bruit des boëtes , du canon •
des bruyantes fymphonies , de la mufique , & des
cris d'allegrelle de tout le Peuple. Enfuite toute
cette marche retourna dans le même ordre juf
qu'a l'Hôtel de M. le Gouverneur où elle le reconduifit
, & de- là à l'Hôtel- de- Ville .
Le foir , il y eut illumination dans la Place par
des cordons de lumière fur les baluftres dont elle
eft environée , & par des girandoles pofées fur des
piedeftaux dans toute fon enceinte . On avoit difpofé
deux rangs de lumières fur des poteaux élevés
, dans la longueur de la grande allée des
Thuileries , qui conduifoient jufqu'à un amphi
théâtre illuminé élevé contre la façade du Palais
, fur lequel fe donnoit la ferenade de fymphonies
par l'Académie Royale de Mufique , dont
nous avons parlé dans l'Article des Spectacles.
Le 2me jour 21 Juin , la Paix a été publiée
dans 14 endroits de la Ville , y compris la nouvelle
Place , par la Ville & la Jurifdiction du Châ
telet réunies , avec les céremonies & formalités
accoutumées. L'efpace qu'avoit à parcourir cette
214 MERCURE DE FRANCE
nombreufe cavalcade , remplit tout le temps.de
cette journée. a)
Le troisième jour 22 Juin confacré aux Fêtes &
Réjouiffances publiques dans toute la Ville , fut
annoncé par les Salves ordinaires du Canon , &
le Te Deum fat chanté à Notre- Dame avec le
Cérémonial ufité .
On avoit préparé dans la longueur de plus de
480 pieds fur la Terraffe du Palais de Bourbon ,
des Loges ornées en Damas cramoifi , avec un
Luftre dans chaque divifion , pour contenir environ
, 000 perfonnes ; s'étant trouvées toutes remplies
vers les cing heures après midi , la Fête , fur
la Rivière , commença par des Joûtes qu'exécuté- ,
rent des Bateliers vêtus de blanc & ornés de rubans
fur des Bateaux peints de diverfes couleurs , auxquels
on diftribua des Prix .
A l'entrée de la nuit , on tira le grand Feu
d'Artifice qui avoit été préparé fur la Rivière ,
mais le violent Orage qui étoit furvenu ce même
jour fur les deux heures , avoit tellement endommagé
tout l'Artifice figuré de Feux de lances de
diverfes couleurs qui compofoient la décoration
du Temple élevé fur une Terraffe de Rochers ,
qu'aucune partie ne put prendre , & que l'on fut
privé par cet accident, pour ce jour- là , de la partie
principale de ce magnifique Spectacle ; ( b ) mais
ce qui en formoit un , denton ne peut le faire une
trop grande idée , étoit le vafte Baffin du Pont
Royal jufqu'à Chaillot , dont les Berges & les
Quais entiérement couverts d'une multitude innombrable
de Spectateurs , offroit l'image réelle
( a ) On donnera dans le Mercure prochain des
états détaillés des marches & cavalcades .
(b ) Le corps de Ville pour remplir l'objet de fon'
zéle & la fatisfaction des Citoyens , doitfaire éxéJUILLET.
1763 . 215
d'une Nation entière affemblée pour une grande
Solemnité . On conçoit de quelle variété de couleurs
étoit peint cet immenfe tableau , dont les
figures fur des plans en gradation , quoique
tranquiles & fans confufion , produiloient cependant
un mouvement léger & continuel qui l'animoit
& foutenoit perpétuellement l'agrément de
la vue. L'artifice , qu'on appelle Feux d'air qu'il
avoit été plus facile de préierver de l'humidité, eut
plus de fuccès . On admira de très - belles fufées
d'honneur , des Bombes d'un fort bel effet & des
Gerbes ou Girandes d'une multitude de fufées
très -brillantes. Le feu de Rivière en ferpenteaux
& autres figures , fournit fans difcontinuation ,
pendant tout le temps du feu des effets très- agréables
& très-variés fur l'eau.
Il y eut le même foir des fontaines de vin avec
des Orchestres dans toutes les places & dans tous
les lieux marqués de la Ville . Toutes les maifons
des Particuliers furent illuminées , & les Hôtels
des Princes , Seigneurs , Magiftrats , s'étoient
diftingués par des illuminations décorées & des
plus brillantes. Celle de la Place de Louis XV ,
qui mérite une defcription particulière , formoit
en lumières la repréfentation des grandes façades
des deux corps de bâtimens qui l'accompagnent
, dont la riche Architecture étoit deffinée
en lumières , ainfi que les appuis des Baluftres ,
avec des Girandoles dans tout fon circuit , & des
Obélifques de pots- à feu fur toutes les guérites
ou petits pavillons , conftruits en différens endroits
de cette Place.
cuter le Dimanche 3 du préfent mois cette partie
brillante du Feu , après y avoir fait faire les réparations
néceffaires . On inftruira les Lecteurs dans
le fecond volume de ce mois , du fucces de cette réparation
, & l'on donnera une defcription entière
de ce Feu.
216 MERCURE DE FRANCE.
Le grand & brillant effet de cette Place con
duifoit , & d'une certaine diftance , paroiffoit toucher
à celui de l'élégante & en même temps
fuperbe illumination des Jardins de l'Hôtel de
Pompadour ( ci - devant l'Hôtel d'Evreux ) qui
font ouverts dans toute leur étendue fur les
Champs Elifées , à peu de diftance de la Place.
Cette Illumination particulière que l'on décrira
avec plus de détail , ainfi que quelques autres qui
ont embelli la Fête générale a retenu jufqu'à
cinq heures du matin un concours incroyable de
Spectateurs tant en carrolle qu'à pied."
On n'a prèfque jamais remarqué en aucune
occafion plus de joie , plus de mouvement &
plus de fatisfaction dans le Public , que pendant
ces Fêtes. La gaîté du Peuple furtout & fon
allégreffe pourroit fe prouver par la prodigieuſe
confommation du Vin & des Alimens qu'il y
a cu à Paris pendant quelques jours.
Les deux Hôtels des Comédiens du Roi étoient
auffi illuminés avec décorations & autant de magnificence
, que leur étendue le comportoir. On
Tifoit , à celui des Comédiens François dans des
cartels pofés entre les lumières , les deux Inſcriptions
fuivantes.
PACE RESTITUTA
REGE DILECTISSIMO
POSITO
FASTILUSUS.
JOCORUM MATER
PAX ALMA REDIT
JOCOSA SOLVIT
THALIA VOTUM .
Les Nouvelles Politiques au Mercure prochain .
Fermer
Résumé : CÉRÉMONIES ET FESTES, A L'OCCASION DE L'INAUGURATION DE LA STATUE DU ROI, DANS LA PLACE DE LOUIS XV ET DE LA PUBLICATION DE LA PAIX.
Le texte relate les cérémonies et les fêtes organisées à l'occasion de l'inauguration de la statue du roi sur la place de Louis XV et de la publication de la paix. La Ville de Paris avait initialement prévu des projets somptueux, mais le roi a réduit les dépenses, permettant des réjouissances publiques les 20, 21 et 22 juin. Le 20 juin, une cavalcade et des cérémonies traditionnelles ont marqué l'inauguration de la statue. Le Corps de Ville, accompagné du gouverneur de Paris et de nombreux domestiques, s'est rendu à la place de Louis XV. Malgré un incident technique, la statue a été dévoilée au milieu des acclamations et des salves d'artillerie. Le 21 juin, la paix a été proclamée dans 14 endroits de la ville, avec les cérémonies habituelles. Le 22 juin, des fêtes et des réjouissances publiques ont été organisées dans toute la ville. Un Te Deum a été chanté à Notre-Dame, et des illuminations ont été préparées. Des loges ont été installées au Palais de Bourbon pour les spectateurs, et des jeux nautiques ont été organisés sur la rivière. Un feu d'artifice était prévu, mais un orage a endommagé une partie de la décoration. Les fontaines de vin et les illuminations ont marqué la soirée, avec des illuminations remarquables à la place de Louis XV et aux Jardins de l'Hôtel de Pompadour. La joie et la satisfaction du public ont été remarquables, avec une consommation excessive de vin et d'aliments. Les théâtres ont également été illuminés, affichant des inscriptions célébrant la paix.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer