Résultats : 15 texte(s)
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1
p. 1-17
ODE Sur la Naissance de Monseigneur le Duc de Bretagne en 1707.
Début :
Descend de la double colline [...]
Mots clefs :
Dieu, Guerre, Duc de Bretagne, Dieux, Paix
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texteReconnaissance textuelle : ODE Sur la Naissance de Monseigneur le Duc de Bretagne en 1707.
ODE
Sur la Naiffance de
Monfeigneur le Duc
de Bretagne en 1707 .
Defcend de la double colline
Nimphe , dont le fils amou
reux ,
Février
1711 . X
PIECES
•
Du fombre Epoux de Proferpine
Sceur fléchir le coeur rigoureux
.
Viens fervir l'ardeur qui
m'inſpire ;
Décffe , prefte moy ta Lire ,
Ou celle de ce Grec * vanté,
Dont , par le fuperbe Alexandre
Au milieu de Thebes en
cendre
,
Leféjour fut feul refpecté.
Quel Dieu propice nous
ramene ,
Pindare.
FUGITIVES.
L'efpoir que nous avions
perdu ?
Un fils de Thetis ou d'Alcmene
,, -
Par les Dieux nous cft il
rendu ?
N'en doutons point ; le Ċiel
fenfible ,
Veut réparer le coup terrible
,
Qui nous fit verfer tant de
pleurs.
Hâtez vous ,ô chafte Lucine!
Jamais plus illuftre origine
,
Ne fut digne de vos faveurs.
Xij C
7
PIECES
Peuple , voici le premier
gage ,
Des biens qui vous font
préparez ,
Cet Enfant eft l'heureux
préfage ,
I
Durepos que vous defirez .
Les premiers inftans de fa
vie ,
De la Difcorde & de l'Envie
,
Verront éteindre le flambeau
;
Il renverfera leurs Tro
phées ,
Et leurs couleuvres étouf
fées
FUUGGIITIVES.
Seront les jeux de fon berceau.
Ainfi durant la nuit obfcure
,
De Venus l'Etoile nous
luit ;
Favorable & brillante augure
,
De l'Eclat du jour qui la
fuir.
Ainfi dans le fort des tempeſtes
,
Nous voïont briller fur nos
reftes ,
Ces feux amis des Matclots,
Préfage de la Paix profonde :
X iij
PIECESC
Que le Dieu qui regne fur
l'Onde ,
Va rendre à l'Empire des
flots.:
強
Quel monftre , de carnage
avide
S'eft emparé de l'Univers ?
Quelle impitoiable Eumenide
De fes feux infecte les airs ?
Quel Dieu foufle en tous
lieux la guerre
,
Et femble à dépeupler la
terre
Exciter nos fanglantes
mains a
FUGITIVES.
7 .
Megere des Enfers bannic ,
Eit elle aujourd'huy legenie,
Qui prefide au fort des
humains ?
Arrefte , Furie implacable,
Le Ciel veut calmer fes
rigueurs ;
Les feux d'une guerre cou
> pable
N'ont trop que trop
embrafé
nos coeurs.
Aimable Paix , Vierge facrée
,
Defcends de la voûte azurée;
Viens voir les Temples
relevez
,
X
iiijj
8 PIECES
Et ramene at fein de nos
Villes
Les Dieux bien faifans &
tranquilles ,
Que nos crimes ont foulevez.
維
Mais où fuis- je ? quel trait
de flame
M'échaufe d'une fainte horreur
?
Quel Dieu fait entrer dans
mon ame ,
Une profetique fureur ?
Loin d'ici prophane vulgaire
;
FUGITIVES.
Apollon m'infpire & m'éclaire,
C'est luy , je le vois , je le
lens ;
Mon coeur cede à fa violence
:
Mortels refpectez la pres
fence ;
Prétez l'orreille à mes
accens.
Les temps prédits par la
Sibille ,
A leurs termes font par
venus ,
Nous touchons au regne
tranquille ,
To PIECES
Du vieux Saturne & de
Janus.
Voici la faifon defirée ,
Où Themis & fa foeur
Aftrée ,
Rétabli fans leurs faints
Autels ,
Vont ramener ces jours
infignes ,
Où nos vertus nous rendoient
dignes
Du commerce des Immortels.
Que vois - je ! quel nouveau
miracle ,
Tient encor , mes fens enchantez
?
FUGITIVES. *
Quel vafte , quel pompeux
Lpectacle ,
Frappe mes yeux épous
vantez ?
Un nouveau monde vient
d'éclore ,
L'Univers fe reforme ens
core ,
Dans les abîmes du Chaos ;
Et pour reparer les ruines ,
Je vois des demeures divines
,
Defcendre un peuple de
Heros.
Les elemens ceffent leur
guerre ,
PIECES
Les Cieux ont repris leur
azur
Un feu facré purge la ter
rc ,
De tout ce qu'elle avoit
d'impur.
On ne craint plus l'herbe
mortelle
;
Etle crocodile infidele
Du Nil ne trouble plus les
eaux
Les Lions dépouillent leur
rage ,
Et dans le même pâturage ,
Bondiffent avec les troupeaux.
J
FUGITIVES. 1
C'eft ainfi que la main des
Parques ,
Va nous filer le fiecle heureux
Qui du plus puiffant des
Monarques ,
Doit couronner les juftes
voeux .
Efperons des jours plus pai
fibles
,
Les Dieux ne font point
inflexibles
Puifqu'ils puniffent nos
forfaits.
Dans leurs rigueurs les plus
aufteres ,
Souvent leurs Acaux falutaires
,
14 PIECES
Sont un gage de leurs bienfaits.
Le Ciel dans une nuit
fonde
pro-
Se plaift à nous cacher fes
loix ;
Les Rois font les Mailtres
du monde ,
Les Dieux font les Maitres
des Rois ;
La valeur , le foip , la prudence
,
Des decrets de la Providen
ce .
Ne changent point l'ordre
arrefté ;
Et leur regle conſtante &
fûre
FUGITIVES . 15
Fait feule icy bas la meſure
Des biens & de l'adverfité.
Mais
que
fais - cu , Mufe infenfée
?
Ou tend ce vol ambitieux ?
Ole-tu porter ta penſée
Jufques dans le Confeil des
Dicux ?
Reprime une ardeur perilleufe
,
Ne va point d'une alle ore
güeilleufe
Chercher ta perte dans les
airs ;
Et par des routes inconnuës
,
1.6 PIECES
-4
Suivant Icare au haut des
-nuës ,
Crains de tomber au fond
des Mers.
Si pourtant quelque Esprit
timide ,
Du Pinde ignorant les détours
,
Oppofoit les regles d'Euclide
Aux defordres de mes difcours
;
Qu'il fçache qu'autrefois
Virgile
Fit même aux Mufes de Sicile
FUGITIVES . 17
Approuver de pareils tranf
ports
Et qu'enfin cet heureux dé .
lire
Des plus grands Maiftres de
la Lire
Immortalife les accords.
Sur la Naiffance de
Monfeigneur le Duc
de Bretagne en 1707 .
Defcend de la double colline
Nimphe , dont le fils amou
reux ,
Février
1711 . X
PIECES
•
Du fombre Epoux de Proferpine
Sceur fléchir le coeur rigoureux
.
Viens fervir l'ardeur qui
m'inſpire ;
Décffe , prefte moy ta Lire ,
Ou celle de ce Grec * vanté,
Dont , par le fuperbe Alexandre
Au milieu de Thebes en
cendre
,
Leféjour fut feul refpecté.
Quel Dieu propice nous
ramene ,
Pindare.
FUGITIVES.
L'efpoir que nous avions
perdu ?
Un fils de Thetis ou d'Alcmene
,, -
Par les Dieux nous cft il
rendu ?
N'en doutons point ; le Ċiel
fenfible ,
Veut réparer le coup terrible
,
Qui nous fit verfer tant de
pleurs.
Hâtez vous ,ô chafte Lucine!
Jamais plus illuftre origine
,
Ne fut digne de vos faveurs.
Xij C
7
PIECES
Peuple , voici le premier
gage ,
Des biens qui vous font
préparez ,
Cet Enfant eft l'heureux
préfage ,
I
Durepos que vous defirez .
Les premiers inftans de fa
vie ,
De la Difcorde & de l'Envie
,
Verront éteindre le flambeau
;
Il renverfera leurs Tro
phées ,
Et leurs couleuvres étouf
fées
FUUGGIITIVES.
Seront les jeux de fon berceau.
Ainfi durant la nuit obfcure
,
De Venus l'Etoile nous
luit ;
Favorable & brillante augure
,
De l'Eclat du jour qui la
fuir.
Ainfi dans le fort des tempeſtes
,
Nous voïont briller fur nos
reftes ,
Ces feux amis des Matclots,
Préfage de la Paix profonde :
X iij
PIECESC
Que le Dieu qui regne fur
l'Onde ,
Va rendre à l'Empire des
flots.:
強
Quel monftre , de carnage
avide
S'eft emparé de l'Univers ?
Quelle impitoiable Eumenide
De fes feux infecte les airs ?
Quel Dieu foufle en tous
lieux la guerre
,
Et femble à dépeupler la
terre
Exciter nos fanglantes
mains a
FUGITIVES.
7 .
Megere des Enfers bannic ,
Eit elle aujourd'huy legenie,
Qui prefide au fort des
humains ?
Arrefte , Furie implacable,
Le Ciel veut calmer fes
rigueurs ;
Les feux d'une guerre cou
> pable
N'ont trop que trop
embrafé
nos coeurs.
Aimable Paix , Vierge facrée
,
Defcends de la voûte azurée;
Viens voir les Temples
relevez
,
X
iiijj
8 PIECES
Et ramene at fein de nos
Villes
Les Dieux bien faifans &
tranquilles ,
Que nos crimes ont foulevez.
維
Mais où fuis- je ? quel trait
de flame
M'échaufe d'une fainte horreur
?
Quel Dieu fait entrer dans
mon ame ,
Une profetique fureur ?
Loin d'ici prophane vulgaire
;
FUGITIVES.
Apollon m'infpire & m'éclaire,
C'est luy , je le vois , je le
lens ;
Mon coeur cede à fa violence
:
Mortels refpectez la pres
fence ;
Prétez l'orreille à mes
accens.
Les temps prédits par la
Sibille ,
A leurs termes font par
venus ,
Nous touchons au regne
tranquille ,
To PIECES
Du vieux Saturne & de
Janus.
Voici la faifon defirée ,
Où Themis & fa foeur
Aftrée ,
Rétabli fans leurs faints
Autels ,
Vont ramener ces jours
infignes ,
Où nos vertus nous rendoient
dignes
Du commerce des Immortels.
Que vois - je ! quel nouveau
miracle ,
Tient encor , mes fens enchantez
?
FUGITIVES. *
Quel vafte , quel pompeux
Lpectacle ,
Frappe mes yeux épous
vantez ?
Un nouveau monde vient
d'éclore ,
L'Univers fe reforme ens
core ,
Dans les abîmes du Chaos ;
Et pour reparer les ruines ,
Je vois des demeures divines
,
Defcendre un peuple de
Heros.
Les elemens ceffent leur
guerre ,
PIECES
Les Cieux ont repris leur
azur
Un feu facré purge la ter
rc ,
De tout ce qu'elle avoit
d'impur.
On ne craint plus l'herbe
mortelle
;
Etle crocodile infidele
Du Nil ne trouble plus les
eaux
Les Lions dépouillent leur
rage ,
Et dans le même pâturage ,
Bondiffent avec les troupeaux.
J
FUGITIVES. 1
C'eft ainfi que la main des
Parques ,
Va nous filer le fiecle heureux
Qui du plus puiffant des
Monarques ,
Doit couronner les juftes
voeux .
Efperons des jours plus pai
fibles
,
Les Dieux ne font point
inflexibles
Puifqu'ils puniffent nos
forfaits.
Dans leurs rigueurs les plus
aufteres ,
Souvent leurs Acaux falutaires
,
14 PIECES
Sont un gage de leurs bienfaits.
Le Ciel dans une nuit
fonde
pro-
Se plaift à nous cacher fes
loix ;
Les Rois font les Mailtres
du monde ,
Les Dieux font les Maitres
des Rois ;
La valeur , le foip , la prudence
,
Des decrets de la Providen
ce .
Ne changent point l'ordre
arrefté ;
Et leur regle conſtante &
fûre
FUGITIVES . 15
Fait feule icy bas la meſure
Des biens & de l'adverfité.
Mais
que
fais - cu , Mufe infenfée
?
Ou tend ce vol ambitieux ?
Ole-tu porter ta penſée
Jufques dans le Confeil des
Dicux ?
Reprime une ardeur perilleufe
,
Ne va point d'une alle ore
güeilleufe
Chercher ta perte dans les
airs ;
Et par des routes inconnuës
,
1.6 PIECES
-4
Suivant Icare au haut des
-nuës ,
Crains de tomber au fond
des Mers.
Si pourtant quelque Esprit
timide ,
Du Pinde ignorant les détours
,
Oppofoit les regles d'Euclide
Aux defordres de mes difcours
;
Qu'il fçache qu'autrefois
Virgile
Fit même aux Mufes de Sicile
FUGITIVES . 17
Approuver de pareils tranf
ports
Et qu'enfin cet heureux dé .
lire
Des plus grands Maiftres de
la Lire
Immortalife les accords.
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Résumé : ODE Sur la Naissance de Monseigneur le Duc de Bretagne en 1707.
Le texte est une ode célébrant la naissance du Duc de Bretagne en 1707, écrite en février 1711. L'auteur commence par invoquer les muses et les dieux pour inspirer son écriture, comparant son œuvre à celle du poète antique Pindare. Il exprime l'espoir renouvelé apporté par la naissance de l'enfant, perçu comme un signe de paix et de prospérité future. Le peuple est encouragé à voir en cet enfant un présage de jours meilleurs, où la discorde et l'envie seront vaincues. L'auteur décrit une vision apocalyptique suivie d'une renaissance, où la nature et les éléments retrouvent leur harmonie. Il évoque ensuite la justice et la vertu qui doivent régner, rappelant que les dieux et la providence dirigent le destin des rois et des hommes. Conscient de l'audace de ses pensées, l'auteur se reprend et rappelle que même les grands poètes comme Virgile ont osé des transports similaires dans leurs œuvres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 17-20
L'ÉTENDART. Fable Allegorique sur le retour de Mr le D. de B. de la Campagne de Nimegue.
Début :
Amour voulant lever un Regiment, [...]
Mots clefs :
Amour, Étendard
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'ÉTENDART. Fable Allegorique sur le retour de Mr le D. de B. de la Campagne de Nimegue.
L'ETENDAR T.
Fable Allegorique fur le retour
de Mrle D. de B. de la Cam
pagne de Nimegue.
Amour voulant lever un
Regiment,
Février
1711. Y
18 PIECES
Battoit la caiffe autour de
fes domaines ;
Soins & Soupirs eftoient fes
Capitaines ,
Dards & Brandons faifoient
fon armement :
Un Etendart lui manquoit
feulement .
Il en cherchoit , quand nôtre
Alcide ,
Victorieux du Batave perfi
dc ,
Lui dit : Amour, daigne entendre
ma voix ;
Va de ma part trouver Adelaïde
,
Entretiens - la de mes premiers
Exploits.
FUGITIVES . 19
C'est elle feule à qui j'en
rend l'hommage ;
Vole & reviens : le Dieu fait
fon meffage
,
Et luy parlant il voit couler
foudain
Des pleurs mêlez de tendref
Le & de joye ;
Prix du Vainqueur qu'une
foigneufe main ,
Va recueillir dans un drapeau
de foye.
Amour foûrit , & le mettant
à
part :
Bon , bon , dit-il , voila mon
Eccndart.
Sous ces Drapeaux , Caporaux
ny Gendarmes ,
20 PIECES
Tours ni Remparts , rien ne
refiftera ;
Et
par hafard quand il me
manquera ,
J'ay ma reffource en ces
yeux pleins de charmes :
Noftre Heros fouvent luy
donnera
Nouveaux fujets à de pareil
les larmes..
Fable Allegorique fur le retour
de Mrle D. de B. de la Cam
pagne de Nimegue.
Amour voulant lever un
Regiment,
Février
1711. Y
18 PIECES
Battoit la caiffe autour de
fes domaines ;
Soins & Soupirs eftoient fes
Capitaines ,
Dards & Brandons faifoient
fon armement :
Un Etendart lui manquoit
feulement .
Il en cherchoit , quand nôtre
Alcide ,
Victorieux du Batave perfi
dc ,
Lui dit : Amour, daigne entendre
ma voix ;
Va de ma part trouver Adelaïde
,
Entretiens - la de mes premiers
Exploits.
FUGITIVES . 19
C'est elle feule à qui j'en
rend l'hommage ;
Vole & reviens : le Dieu fait
fon meffage
,
Et luy parlant il voit couler
foudain
Des pleurs mêlez de tendref
Le & de joye ;
Prix du Vainqueur qu'une
foigneufe main ,
Va recueillir dans un drapeau
de foye.
Amour foûrit , & le mettant
à
part :
Bon , bon , dit-il , voila mon
Eccndart.
Sous ces Drapeaux , Caporaux
ny Gendarmes ,
20 PIECES
Tours ni Remparts , rien ne
refiftera ;
Et
par hafard quand il me
manquera ,
J'ay ma reffource en ces
yeux pleins de charmes :
Noftre Heros fouvent luy
donnera
Nouveaux fujets à de pareil
les larmes..
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Résumé : L'ÉTENDART. Fable Allegorique sur le retour de Mr le D. de B. de la Campagne de Nimegue.
La fable allégorique 'L'ETENDAR T.' de février 1711 raconte le désir d'Amour de lever un régiment. Après avoir rassemblé ses troupes et préparé son armement, Amour cherche un étendard. Alcide, victorieux des Bataves, suggère à Amour de consulter Adélaïde au sujet de ses premiers exploits. Amour rencontre Adélaïde, qui verse des larmes de tendresse et de joie. Elle offre à Amour un drapeau de soie en guise de prix, qu'il accepte comme étendard. Amour affirme que sous ce drapeau, rien ne résistera et qu'il pourra toujours compter sur les charmes d'Adélaïde pour obtenir de nouvelles larmes, symbolisant ainsi l'amour et la victoire.
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3
p. 21-26
A Mr R**** sur sa Terre du Coudray.
Début :
Digne & noble heritier des premieres vertus [...]
Mots clefs :
Coudray
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A Mr R**** sur sa Terre du Coudray.
A MR **** A&M
furfa Terre du Coudray!
Digne & noble heritier des
premieres vertus
Qu'on adora jadis fous
l'Empire de Rhée ,
Qui feul dans les Palais de
l'aveugle Plutus
Ofâtes introduire Aftrée..
Renoncez pour un tems aux
travaux de Themis ;.
PIECES
Venez voir ces Cofteaux enrichis
de verdure ,
Et ces Bois paternels où l'are
humble & foûmis
Laiffe encor regner la nature.
Les Hyades , Vertumne , &
l'humide Orion
Sur la terre embrafée ont
verfé leurs largefes ;
Ec Bacchus échappé des fureurs
du Lion ,
Songe à vous tenir fes
promeffes.
FUGITIVES. 23
O ! rivages cheris! vallons ai
mez des Cieux ,
Dont jamais n'approcha la
trifteffe importune ,
Et dont le Protecteur tran
quile & glorieux
Ne rougit pointde fa for
tune !
Trop heureux quidu champ
par fes peres laiffé
Peut parcourir au loin les li
mites antiques,
Sans redouter les cris de l'orphelin
chaffé
Da fein de fes Dieux do
meftiques !
24 PIECES
Sous des lambris dorcz l'ins
jufte raviffeur
Entretient le Vautour dont
il eft la victime :
Combien peu de mortels
connoiffent la douceur
D'un bonheur pur & legitime
!
Jouiffez en repos de ce bien
fortuné ,
Le calme & l'innocence y
tiennent leur empire ,
Et des foucis affreux le foufle
empoisonné
N'y corrompt point l'air
qu'on refpire.
Pan ,
FUGITIVES. 23
Pan , Diane , Apollon , les
Faunes , les Sylvains
Peuplent icy vos bois , vos
vergers, vos montagnes ;
La ville eft le féjour des profanes
humains ,
Les Dieux habitent la
campagne .
C'est là que Thomme apprend
leurs mifteres fecrets ,
Et que contre le fort muniffant
fa foibleffe , 13
Il jouit de foi même , & s'ab
breuve à longs traits a
Dans les fources de la Sageffe
.
Février
1711 :
Z
PIECES
1
1
C'eſt là que le Romain
T
dont l'éloquente voix
D'un joug prefque certain
fauva la Republique,
Fortifieroit fon coeur dans
l'étude des Loix
{
Ou du Licée ou du Portique.
Libre de foins publics qui
le faifoient rêver ,
Sa main du Confulat laiffoit
aller les rênes ,
Et courant à Tufcule il alloic
cultiver
Les fruits de l'Ecole d'Athénes.
furfa Terre du Coudray!
Digne & noble heritier des
premieres vertus
Qu'on adora jadis fous
l'Empire de Rhée ,
Qui feul dans les Palais de
l'aveugle Plutus
Ofâtes introduire Aftrée..
Renoncez pour un tems aux
travaux de Themis ;.
PIECES
Venez voir ces Cofteaux enrichis
de verdure ,
Et ces Bois paternels où l'are
humble & foûmis
Laiffe encor regner la nature.
Les Hyades , Vertumne , &
l'humide Orion
Sur la terre embrafée ont
verfé leurs largefes ;
Ec Bacchus échappé des fureurs
du Lion ,
Songe à vous tenir fes
promeffes.
FUGITIVES. 23
O ! rivages cheris! vallons ai
mez des Cieux ,
Dont jamais n'approcha la
trifteffe importune ,
Et dont le Protecteur tran
quile & glorieux
Ne rougit pointde fa for
tune !
Trop heureux quidu champ
par fes peres laiffé
Peut parcourir au loin les li
mites antiques,
Sans redouter les cris de l'orphelin
chaffé
Da fein de fes Dieux do
meftiques !
24 PIECES
Sous des lambris dorcz l'ins
jufte raviffeur
Entretient le Vautour dont
il eft la victime :
Combien peu de mortels
connoiffent la douceur
D'un bonheur pur & legitime
!
Jouiffez en repos de ce bien
fortuné ,
Le calme & l'innocence y
tiennent leur empire ,
Et des foucis affreux le foufle
empoisonné
N'y corrompt point l'air
qu'on refpire.
Pan ,
FUGITIVES. 23
Pan , Diane , Apollon , les
Faunes , les Sylvains
Peuplent icy vos bois , vos
vergers, vos montagnes ;
La ville eft le féjour des profanes
humains ,
Les Dieux habitent la
campagne .
C'est là que Thomme apprend
leurs mifteres fecrets ,
Et que contre le fort muniffant
fa foibleffe , 13
Il jouit de foi même , & s'ab
breuve à longs traits a
Dans les fources de la Sageffe
.
Février
1711 :
Z
PIECES
1
1
C'eſt là que le Romain
T
dont l'éloquente voix
D'un joug prefque certain
fauva la Republique,
Fortifieroit fon coeur dans
l'étude des Loix
{
Ou du Licée ou du Portique.
Libre de foins publics qui
le faifoient rêver ,
Sa main du Confulat laiffoit
aller les rênes ,
Et courant à Tufcule il alloic
cultiver
Les fruits de l'Ecole d'Athénes.
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Résumé : A Mr R**** sur sa Terre du Coudray.
En février 1711, une annonce publicitaire propose la vente de terres en France à un noble héritier. Le texte invite à quitter temporairement les travaux de la justice pour découvrir des paysages verdoyants et des bois paisibles. Les terres sont décrites comme des rivages et vallons protégés de la tristesse et de la fortune malveillante, offrant une vie loin des cris des orphelins. Le texte oppose la vie campagnarde à la vie urbaine, où règnent injustice et soucis. La campagne est présentée comme un lieu de douceur et d'innocence, habitée par des divinités comme Pan, Diane et Apollon. Elle permet à l'homme de s'abreuver à la sagesse et de jouir de soi-même. L'annonce évoque également un Romain dont l'éloquence sauva la République, suggérant qu'il pourrait cultiver les fruits de l'École d'Athènes à Tusculum, libéré des soucis publics.
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4
p. 27-39
LA VOLIERE. Fable Allegorique.
Début :
Qui voudra voir Cicognes attroupées, [...]
Mots clefs :
Amours, Volière, Nymphe
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA VOLIERE. Fable Allegorique.
LA VOLIERE.
Fable
Allegorique.
Qui voudra voir Cicognes
attroupées ,
Doir naviger fur l'Hebre
Tracien.
Qui veut fçavoir où font
Poules jafpées ,
Vifitera le bord Numidien .
Qui fe fera d'Himette Citoyen
,
Verra foifon d'Abeilles , &
de ruches ,
Zij
28 PIECES
.
Et voyageant au Pays Indien
,
L'air trouvera tout peuplé
de Perruches ,
Car en fes loix Nature a limité
A chaque efpece un climaɛ
affecté.
Mais fi quelqu'un , de d'ef
pece emplumée
Qu'on nomme Amours , a
curiofité ,
Paris tout feul doit eftre vifité.
Ville ne fçay de tant d'Amours
femée ;
Pour ce feul point croirois
FUGITIVES: 19
qu'on l'a nommée
Paris fans pair ..... or fans
obfcurité
Expliquons nous . C'eft qu'-
en cette Cité
De cent Palais , de cent Hôtels
fournie' ,
Eft un Hôtel entre tous
exalté ,
Non pour loger richeffe , &
vanité ;
Lambris dorez , Peinture
bien finie ,
Lits de brocard , ou telle autre
manie
Mais pour loger la Nimphe
Urbánie ,
Z iij
30
PIECES
En qui reluit gentilleffe &
beauté ,
Nobleffe d'ame , hilaricux
genie,
Et un efprit pardeffus l'or
•
vanté;
En ce lieu donc , Amours de
tout plumage ,
Des bords de l'Ebre & desrives
du Tage ,
De toutes parts viennent fe
rallier ,
Tels que Pigeons volans au
Colombier ;
Il en arrive & de France &
d'Espagne ,
Et d'Italie, & du Nord, d'Allemagne
;
FUGITIVES. 31
Ceux là petits , mais alertes
& vifs ,
Ceux- cy plus grands , mais
lourds, froids, & maffifs :
Et ce qui plus l'attention réveille
,
Quand on va voir ces petits
enfançons ,
C'eft qu'ils font tous differens
à merveille ,
Car il en vient de toutes les
façons :
Amours pimpans , friſques ,
&
beaux
garçons ,
Petits Amours à face rechtgnée
,
Z iiij
32
PIECES
Amours Marquis & de haute
lignée ,
Amours de Robbe & portant
le Bonnet ,
Amours d'Epée, Amours de
Cabinet ;
D'iceux pourtant eft petite
poignée ,
Tous vont chez elle employer
leur journée ;
Amours Barbons y font
même leurs Cours ,
Et font reçus malgré leurs
longs difcours ;
Car tout fait nombre . Enfin
toute l'année ,
Dimanche ou non , s'y tient
FUGITIVES. 33
Foire d'Amours ,
Comme l'on voit en l'Automne
premiere
Feuilles à tas dans l'Ardenne
pleuvoir ,
Ou bien oiſeaux voller par
fourmilliere
Sur un grand Pin qui leur
fert de dortoir ;
Auffi voit- on , du matin juf
qu'au foir ,
Gentils Amours , oifeaux de
fa voliere ,
Pleuvoir en foule en ce joli
manoir ,
Et fait bon voir attroupez
autour
d'elle
34
PIECES
Tous ces Oifeaux leur plu
mage étaler ,
Se rengorger , piaffer , caracoller
,
Toûjours fifflans chanfons ,
& ritournelle ,
Et petits Airs , langages des
ruelles ,
Puis jeux badins , volatille
nouvelle ,
་
De gentilleffe avec eux difputer
,
Voler foupirs , & petits
foins troter
Par le logis , or fretillans de
l'aile ,
Or de la queue , or des pieds
tricoter ,
FUGITIVES
35
Danfer , baller , trépudier ,
faurer :
Oncques ne fit le vray Poli
chinele
Semblables tours ; ainfi dans
la maifon
Joyeufeté , farces , badineries
,
Inventions
, &
telles
drôleries
Hiver, Eté, font toûjours de
faifon ;
Momus luy- même avec fes
momeries
Ne nous rendroit à rire plus
enclins ,
Car en tous temps ces petits
Trivelins
36 PIECES
Vont inventant nouvelles
fingeries ,
Et prend la Nimphe au vifage
vermeil ,
A leurs ébats paffe - remps
nompareil.
Mais aprés tout un point me
fcandalife ,
Et fuis honteux , s'il faut que
je le dife ,
De voir comment ces pauvres
infenfez ,
Qui pour l'honneur d'eftre
fes domeftiques
Ont laiffé - là leurs meilleures
pratiques.
De leurs travaux font mak
recompenfez ,
FUGITIVES. 37
Car ne croyez qu'ils ayent
appanages ;
Ains ils font tous tres chichement
payez ,
Ne gagnant rien , fors quelques
arrerages
De lorgnerie , ou tels menus
fuffrages ;
Et les croit on encor falariez
Trop graffement : maints la
fervent fans gages ,
Maints la fervant font baffoüez
, honnis ,
Moquez , bernez , traitez
comme ennemis ,
Et quelquefois foufflersd'entrer
en danfe ,
38 PIECES
De liberté jamais nulle efperance
,
Mieux aimerois eftre efclave
à Thunis.
Partant , Amours , qui n'avez
point de nids ,
Cherchez ailleurs ; mal feur
cft cette hofpice ;
Dehors font beaux , & beau
le frontispice ,
Mais le dedans , autre eft la
question .
Je m'en iray fi l'on me fait
outrage ,
Me direz vous : Eh! pauvre
Alerion ,
Quand une fois on eſt dans
cette cage,
FUGITIVES. 39
On n'en fort pas , c'eſt l'antre
du Lion ;
Pour échapper de fi fortes
Baftilles ,
Vous chercheriez en vain
Porte , ou guichet ,
Tout voftre effort feroit pu
res vetilles ,
Plus fins que vous font pris
au trébuchet.
Fable
Allegorique.
Qui voudra voir Cicognes
attroupées ,
Doir naviger fur l'Hebre
Tracien.
Qui veut fçavoir où font
Poules jafpées ,
Vifitera le bord Numidien .
Qui fe fera d'Himette Citoyen
,
Verra foifon d'Abeilles , &
de ruches ,
Zij
28 PIECES
.
Et voyageant au Pays Indien
,
L'air trouvera tout peuplé
de Perruches ,
Car en fes loix Nature a limité
A chaque efpece un climaɛ
affecté.
Mais fi quelqu'un , de d'ef
pece emplumée
Qu'on nomme Amours , a
curiofité ,
Paris tout feul doit eftre vifité.
Ville ne fçay de tant d'Amours
femée ;
Pour ce feul point croirois
FUGITIVES: 19
qu'on l'a nommée
Paris fans pair ..... or fans
obfcurité
Expliquons nous . C'eft qu'-
en cette Cité
De cent Palais , de cent Hôtels
fournie' ,
Eft un Hôtel entre tous
exalté ,
Non pour loger richeffe , &
vanité ;
Lambris dorez , Peinture
bien finie ,
Lits de brocard , ou telle autre
manie
Mais pour loger la Nimphe
Urbánie ,
Z iij
30
PIECES
En qui reluit gentilleffe &
beauté ,
Nobleffe d'ame , hilaricux
genie,
Et un efprit pardeffus l'or
•
vanté;
En ce lieu donc , Amours de
tout plumage ,
Des bords de l'Ebre & desrives
du Tage ,
De toutes parts viennent fe
rallier ,
Tels que Pigeons volans au
Colombier ;
Il en arrive & de France &
d'Espagne ,
Et d'Italie, & du Nord, d'Allemagne
;
FUGITIVES. 31
Ceux là petits , mais alertes
& vifs ,
Ceux- cy plus grands , mais
lourds, froids, & maffifs :
Et ce qui plus l'attention réveille
,
Quand on va voir ces petits
enfançons ,
C'eft qu'ils font tous differens
à merveille ,
Car il en vient de toutes les
façons :
Amours pimpans , friſques ,
&
beaux
garçons ,
Petits Amours à face rechtgnée
,
Z iiij
32
PIECES
Amours Marquis & de haute
lignée ,
Amours de Robbe & portant
le Bonnet ,
Amours d'Epée, Amours de
Cabinet ;
D'iceux pourtant eft petite
poignée ,
Tous vont chez elle employer
leur journée ;
Amours Barbons y font
même leurs Cours ,
Et font reçus malgré leurs
longs difcours ;
Car tout fait nombre . Enfin
toute l'année ,
Dimanche ou non , s'y tient
FUGITIVES. 33
Foire d'Amours ,
Comme l'on voit en l'Automne
premiere
Feuilles à tas dans l'Ardenne
pleuvoir ,
Ou bien oiſeaux voller par
fourmilliere
Sur un grand Pin qui leur
fert de dortoir ;
Auffi voit- on , du matin juf
qu'au foir ,
Gentils Amours , oifeaux de
fa voliere ,
Pleuvoir en foule en ce joli
manoir ,
Et fait bon voir attroupez
autour
d'elle
34
PIECES
Tous ces Oifeaux leur plu
mage étaler ,
Se rengorger , piaffer , caracoller
,
Toûjours fifflans chanfons ,
& ritournelle ,
Et petits Airs , langages des
ruelles ,
Puis jeux badins , volatille
nouvelle ,
་
De gentilleffe avec eux difputer
,
Voler foupirs , & petits
foins troter
Par le logis , or fretillans de
l'aile ,
Or de la queue , or des pieds
tricoter ,
FUGITIVES
35
Danfer , baller , trépudier ,
faurer :
Oncques ne fit le vray Poli
chinele
Semblables tours ; ainfi dans
la maifon
Joyeufeté , farces , badineries
,
Inventions
, &
telles
drôleries
Hiver, Eté, font toûjours de
faifon ;
Momus luy- même avec fes
momeries
Ne nous rendroit à rire plus
enclins ,
Car en tous temps ces petits
Trivelins
36 PIECES
Vont inventant nouvelles
fingeries ,
Et prend la Nimphe au vifage
vermeil ,
A leurs ébats paffe - remps
nompareil.
Mais aprés tout un point me
fcandalife ,
Et fuis honteux , s'il faut que
je le dife ,
De voir comment ces pauvres
infenfez ,
Qui pour l'honneur d'eftre
fes domeftiques
Ont laiffé - là leurs meilleures
pratiques.
De leurs travaux font mak
recompenfez ,
FUGITIVES. 37
Car ne croyez qu'ils ayent
appanages ;
Ains ils font tous tres chichement
payez ,
Ne gagnant rien , fors quelques
arrerages
De lorgnerie , ou tels menus
fuffrages ;
Et les croit on encor falariez
Trop graffement : maints la
fervent fans gages ,
Maints la fervant font baffoüez
, honnis ,
Moquez , bernez , traitez
comme ennemis ,
Et quelquefois foufflersd'entrer
en danfe ,
38 PIECES
De liberté jamais nulle efperance
,
Mieux aimerois eftre efclave
à Thunis.
Partant , Amours , qui n'avez
point de nids ,
Cherchez ailleurs ; mal feur
cft cette hofpice ;
Dehors font beaux , & beau
le frontispice ,
Mais le dedans , autre eft la
question .
Je m'en iray fi l'on me fait
outrage ,
Me direz vous : Eh! pauvre
Alerion ,
Quand une fois on eſt dans
cette cage,
FUGITIVES. 39
On n'en fort pas , c'eſt l'antre
du Lion ;
Pour échapper de fi fortes
Baftilles ,
Vous chercheriez en vain
Porte , ou guichet ,
Tout voftre effort feroit pu
res vetilles ,
Plus fins que vous font pris
au trébuchet.
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Résumé : LA VOLIERE. Fable Allegorique.
La fable 'La Volière' met en scène la diversité des oiseaux et des amours à travers différentes régions du monde. Elle commence par évoquer les cigognes en Tracie, les poules en Numidie et les abeilles en Himette, soulignant que chaque espèce a un climat spécifique selon les lois de la nature. Pour observer les amours, Paris est présentée comme la ville idéale, réputée pour en abriter une grande variété. À Paris, une nymphe nommée Urbánie, connue pour sa gentillesse, sa beauté, sa noblesse d'âme et son esprit, attire des amours de diverses régions, y compris la France, l'Espagne, l'Italie et l'Allemagne. Ces amours, qu'ils soient petits et vifs ou grands et lourds, se rassemblent autour d'Urbánie, formant une foire perpétuelle. Ils passent leur temps à chanter, danser et jouer, apportant joie et badinage dans la maison. Cependant, la fable critique la condition des amours, qui sont mal récompensés pour leurs services. Ils sont souvent mal payés, moqués et traités comme des ennemis. La liberté leur est refusée, et il est difficile de s'échapper de cette situation. La conclusion est que, bien que l'extérieur de cette 'volière' soit attrayant, l'intérieur est oppressant.
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5
p. 40-48
EPITRE A Monsieur le Comte d'Ayen.
Début :
Comte, pour qui terminant tout procés [...]
Mots clefs :
Comte d'Ayen
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EPITRE A Monsieur le Comte d'Ayen.
EPITRE
A Monfieur le Comte
d'Ayen.
Comte , pour qui terminant
tout procés
Avec voftre Vertu Fortune
a fait la paix ;
Jaçoit qu'en vous gloire &
haute naiffance
Soit alliée à titres & puif
fance ,
Que de fplendeurs & d'honneurs
meritez ;
Si toutesfois ne font- ce ces
bluettes
FUGITIVES. 41
Qui vous ont mis en l'eftime
où vous êtes ;
Car ce n'eft pas l'or qui fur
Vous reluit
Qui vous acquiert renommée
& bon bruit ;
Que j'aye un livre où femblable
écriture
,
Il ne me chaut de belle
couverture ,
Riches fermoirs & dehorsnon
communs ,
Si le dedans font difcours
importuns ,
Vil pot pourri de Profe dé
labrée ,
Février 1711. Aa
42 PIECES
Oeuvre de Pic, ou telle autre
denrée.
Donc , qui met l'homme en
richeffe & credit ?
Richeffe d'ame & culture :
d'efprit.
Puis joignez y revenus honorables
,
Biens de fortune , titres admirables
;
Je le veux bien , cela ne fait :
nul mal ;
Mais le premier & le point
capital ,
C'eft luy fans plus ; & c'cft
par là , beau Sire ,
Que moy chetif, vous prife
& vous admire.
FUGITIVES. 43
En vous ay vû par un mer-
• veilleux cas ,
Unis & joints Virgile & Mecenas
;
De l'un , avez la grace & la
faconde ;
De l'autre , accueil & douceur
fans feconde ,
En Profe , en Vers , eftes
paffé Docteur ,
Et recitez trop mieux qu'un
Orateur..
C'en est le tout , car en chang
harmonique ,
Non moins primez qu'en '
rime
poëtique ,
Et avec los de bon harmo
niqueur, Aaij
44
PIECES
1
Auffi l'avez de bon Poëtiqueurs
Toûjours chez vous abonde
compagnie
D'efprits divins , de fuivans
d'Uranic .
Toujours y font Ciftres me--
lodieux ,
Gentils Harpeurs , & Mc
neftrels joyeux ,
Et de leur art bien fçavez les
rubriques ;
Même on m'a dit qu'aux rives
Sequaniques ,
N'a pas longtemps ,
telle chanfon ,
fonnicz
Qu'hoftes des Bois accouru
rent au fon ,
FUGITIVES . *
Si qu'cuffiez vû fauter blans
ches Dryades
,
Et de leurs lits fortir belles
Nayades.
Et fe difoient : Oh ! qu'il
chantonne bien.
Seroit - ce point Apollon
Delphien !
Venez , voyez , tant a beau
le vifage ,
Doux fes regards , & noble
le corfage ,
C'eft il, fans faute ; & Nim-
*phes d'admirer ,
Et les Silvains entr'eux de
murmurer..
Cetuy cy vient pour nos
Nimphes féduire,
46 PIECES
Se difoient ils , il les
pourroit
induire
A quelque mal avec fon
chant mignon ;
Freres , jettons en l'eau le
compagnon.
Lors le Dieu Pan fecouant
fes narines ,
Cria tout haut , des montagnes
voifines ,
De fon Ami voyant le mau
vais pas :
Ventre de bouc , qu'ay - je´
entendu là bas ?
Rentrez, coquins ; les Forêts
en tremblerent ,
Faunes cornus vers leurs
trouss'envolerent ,,
FUGITIVES . 4
Où tous tremblans furent
fe retirer ,
Et du depuis n'ont ofé fe
montrer.
Voilà comment , digne fang
de Noailles ,
Fûtes fauvé des mains de ces
canailles.
Nimphes & Dieux fur vous
veillent ici ,
Bien fçavent- ils & le fçavons
auffi ,
Que vôtre vie acquife &
confervée
Eft pour le bien des Mora
tels refervée ;
Non des mortels de meriteindigens
,
48 FUGITIVES.
Mais des mortels de vertus
refulgens.
Or rempliffez vos hautes
deftinées
,
Que tous vos ans foient bril
lantes années ;
Et cependant nous autres
gens de bien
A nôtre employ ne manquerons
en rien ,
Vous
admirans non pas
dans le filence ,
Mais par beaux vers & pieces
d'Eloquence ,
Tant que puiffions une oeúvrè
concevoir
Digne de vous & de vôtre
vouloir
A Monfieur le Comte
d'Ayen.
Comte , pour qui terminant
tout procés
Avec voftre Vertu Fortune
a fait la paix ;
Jaçoit qu'en vous gloire &
haute naiffance
Soit alliée à titres & puif
fance ,
Que de fplendeurs & d'honneurs
meritez ;
Si toutesfois ne font- ce ces
bluettes
FUGITIVES. 41
Qui vous ont mis en l'eftime
où vous êtes ;
Car ce n'eft pas l'or qui fur
Vous reluit
Qui vous acquiert renommée
& bon bruit ;
Que j'aye un livre où femblable
écriture
,
Il ne me chaut de belle
couverture ,
Riches fermoirs & dehorsnon
communs ,
Si le dedans font difcours
importuns ,
Vil pot pourri de Profe dé
labrée ,
Février 1711. Aa
42 PIECES
Oeuvre de Pic, ou telle autre
denrée.
Donc , qui met l'homme en
richeffe & credit ?
Richeffe d'ame & culture :
d'efprit.
Puis joignez y revenus honorables
,
Biens de fortune , titres admirables
;
Je le veux bien , cela ne fait :
nul mal ;
Mais le premier & le point
capital ,
C'eft luy fans plus ; & c'cft
par là , beau Sire ,
Que moy chetif, vous prife
& vous admire.
FUGITIVES. 43
En vous ay vû par un mer-
• veilleux cas ,
Unis & joints Virgile & Mecenas
;
De l'un , avez la grace & la
faconde ;
De l'autre , accueil & douceur
fans feconde ,
En Profe , en Vers , eftes
paffé Docteur ,
Et recitez trop mieux qu'un
Orateur..
C'en est le tout , car en chang
harmonique ,
Non moins primez qu'en '
rime
poëtique ,
Et avec los de bon harmo
niqueur, Aaij
44
PIECES
1
Auffi l'avez de bon Poëtiqueurs
Toûjours chez vous abonde
compagnie
D'efprits divins , de fuivans
d'Uranic .
Toujours y font Ciftres me--
lodieux ,
Gentils Harpeurs , & Mc
neftrels joyeux ,
Et de leur art bien fçavez les
rubriques ;
Même on m'a dit qu'aux rives
Sequaniques ,
N'a pas longtemps ,
telle chanfon ,
fonnicz
Qu'hoftes des Bois accouru
rent au fon ,
FUGITIVES . *
Si qu'cuffiez vû fauter blans
ches Dryades
,
Et de leurs lits fortir belles
Nayades.
Et fe difoient : Oh ! qu'il
chantonne bien.
Seroit - ce point Apollon
Delphien !
Venez , voyez , tant a beau
le vifage ,
Doux fes regards , & noble
le corfage ,
C'eft il, fans faute ; & Nim-
*phes d'admirer ,
Et les Silvains entr'eux de
murmurer..
Cetuy cy vient pour nos
Nimphes féduire,
46 PIECES
Se difoient ils , il les
pourroit
induire
A quelque mal avec fon
chant mignon ;
Freres , jettons en l'eau le
compagnon.
Lors le Dieu Pan fecouant
fes narines ,
Cria tout haut , des montagnes
voifines ,
De fon Ami voyant le mau
vais pas :
Ventre de bouc , qu'ay - je´
entendu là bas ?
Rentrez, coquins ; les Forêts
en tremblerent ,
Faunes cornus vers leurs
trouss'envolerent ,,
FUGITIVES . 4
Où tous tremblans furent
fe retirer ,
Et du depuis n'ont ofé fe
montrer.
Voilà comment , digne fang
de Noailles ,
Fûtes fauvé des mains de ces
canailles.
Nimphes & Dieux fur vous
veillent ici ,
Bien fçavent- ils & le fçavons
auffi ,
Que vôtre vie acquife &
confervée
Eft pour le bien des Mora
tels refervée ;
Non des mortels de meriteindigens
,
48 FUGITIVES.
Mais des mortels de vertus
refulgens.
Or rempliffez vos hautes
deftinées
,
Que tous vos ans foient bril
lantes années ;
Et cependant nous autres
gens de bien
A nôtre employ ne manquerons
en rien ,
Vous
admirans non pas
dans le filence ,
Mais par beaux vers & pieces
d'Eloquence ,
Tant que puiffions une oeúvrè
concevoir
Digne de vous & de vôtre
vouloir
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Résumé : EPITRE A Monsieur le Comte d'Ayen.
L'épître est adressée au Comte d'Ayen, loué pour avoir allié vertu et fortune. L'auteur insiste sur le fait que les honneurs et les titres sont éphémères, et que la véritable renommée découle de la richesse de l'âme et de la culture de l'esprit. Le Comte est comparé à Virgile et à Mécène, réunissant grâce, éloquence, accueil et douceur. Il excelle en prose et en vers, ainsi qu'en musique. Une scène décrit des Dryades et des Nymphes, séduites par le chant du Comte, tentant de le séduire, mais arrêtées par le dieu Pan. Cette intervention divine protège le Comte, soulignant que sa vie est préservée pour le bien des mortels vertueux. L'auteur exprime son admiration et promet de célébrer les hautes destinées du Comte à travers des œuvres dignes de lui.
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6
p. 49-75
EPITRE à Madame D**** sur le veritable Amour.
Début :
Du faux encens dédaigneuse ennemie, [...]
Mots clefs :
Dieux, Amour, Vertu, Paix, Héros
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EPITRE à Madame D**** sur le veritable Amour.
EPITRE
à Madame D ****
fur le veritable Amour.
Dufaux encens dédaigneuſe
ennemie
Qui dans le vray par l'e.
xemple affermic ,
Sçavez fi bien de tout éloge
plat ,
Diftinguer l'art d'un pinceau
délicat :
Sage Uranie , en qui le don
de plaire ,
Février 1711. Bb
50 PIECES
Eft joint au don de hair le
vulgaire ,
De démêler , libre en vos
fentimens ,
Les préjugez de fes faux
jugemens ;
Et d'abhorrer ces loüanges
guindées ,
Qui n'ont d'appuy que fes
folles idées :
Si quelqu'Auteur pour vous
faire fa cour ,
S'imaginant avoir pris un
beau tour
Vous décrivoit dans fes
peintures feiches ,
" Le Dieu d'Amour , fon carFUGITIVES.
St
quois , & fes fléches :
De la raifon ennemy
langoureux
,
Et de nos fens enchanteur
doucereux ,
Vous déploiant ces lieux
communs poftiches ,
Dont l'Opera brode fes
hemiſtiches :
Sur ce tableau frivolement
conceù ,
Probablement il feroit mal
receu ,
De vous chanter en rimes
indifcretes ,
Que cet Amour ne fe plaît
qu'où vous cftes ;
Bb ij
52 PIECES
Qu'il regne en vous , qu'il
fuit par tout vos pas ,
Et qu'il languit où l'on ne
vous voit pas.
Mais fi quelqu'un plus fage
& plus habile
Vous dépeignoit d'un
crayon moins fterile
Le même Amour
, non tel
qu'on l'avoit feint
Mais en effet , tel qu'il doit
eftre peint
:
Tel qu'autrefois l'ont vŷ
nos premiers fages ,
Lors qu'au Parnaffe attirang
leurs hommages ,
FUGITIVES . 53
cux de guirlan- Le Dieu
par
des orné ,
Fût dans la Grece en triomphe
amené ;
Si pourfuivant cette noble
peinture >
Il vous traçoit d'une main
libre & feure ,
Ces vifs rayons , ces fublimes
ardeurs
Ce feu divin qu'il répand
dans les coeurs ,
Dont la fplendeur les éclaire
& les guide
Dans les fentiers de la vertu
folide :
Vous faifant voir affis à fon
côté Bb iij
54
PIECES
L'Honneur , la Paix , la Vertu
, l'Equité ;
Peut -être alors à le bannir
moins prompte
Vous fouffririez , fans rougeur
, & fans honte ,
Que ce Dieu vint embellir
vôtre Cour :
Connoiffez donc ce que c'eſt
que l'Amour ;
Et deformais l'ame débarafféc
Des préjugez d'une troupe
infenfée ,
Qui ne l'a peint que fous de
faux portraits
;
Gardons nous bien d'en
FUGITIVES .
juger fur leurs traits
De le confondre avec ce
Dieu frivole ,
De qui l'erreur nous a fait
une Idole
Et qui n'épand que des feux
criminels.
Ces deux rivaux ennemis
érernels ,
L'un fils du Ciel ; l'autre né
de la Terre ,
Se font entre eux une immortelle
guerre ;
Plus fignalez en leur divifion
,
Que les Heros de Grece ,
& d'llion.
Bb iiij
66 PIECES
Quelqu'un peut - eftre à ce
début miſtique ,
Va me traiter de cerveau
fanatique
Et me voyant monter fur
ce haut ton >
Traiter l'Amour en ftile de
Platon ,
M'objectera qu'une jeune
Heroïne ,
Mériteroit un peu moins
de doctrine .
Mais fans répondre à ce
langage vain
Laiffons - le en paix fon
Cyrus à la main :
De nos raifons l'ame peu
combatue
,
FUGITIVES . 7
Du Dieu d'Amour encen
fer la ftatuë ,
Et poursuivons nos propos
commencez .
Jadis fans choix les humains
difperfez ,
Troupe feroce & nourrie au
carnage ,
Du feul inftinct fuivoient
la loy fauvage:
Se renfermoient dans les
autres cachez ;
Et des forêts par la faim
arrachez ,
Alloient errans au gré de la
nature
Avec les Ours difputer la
pâture.
58 PIECES
De ce cahos l'Amour répara
teur
Fût de leurs loix le premier
fondateur.
Il fçait fléchir leurs humeurs
indociles..
Les réunit dans l'enceinte
des Villes.
Leur enfeigna le fecours- des
moiffons
,
Des premiers arts leur donna
des leçons ,
Chez eux logea l'amitié fecourable
,
Avec la paix fa foeur infeparable:
› Et
devant tout dans les
terreftres
lieux
FUGITIVES
. 59
Fit refpecter
l'autorité
des
Dieux .
Tel fut ici le fiecle de Ci
belle
;
Mais à ce Dieu la Terre enfin
rebelle
Se rebuta d'une fi douce
Loy ,
Et de fes mains voulut fe
faire un Roy.
Tout auffi toft , évoqué par
la haine ;
Sort de fes flancs un montre
àforme humaine ,
Refte dernier de ces affreux
Tiphons ,
Jadis formé dans des gouffres
profonds ;
PIECES
D'un foible
enfant il a le
front
timide ,
Dans fes
yeux
brille une
douceur
perfide ,
Nouveau
Prothée à
toute
heure , en
tous lieux ,
Sous un
faux
mafque il a
bufe nos
yeux.
Dabord
voilé
d'une
crainte
ingenuë ,
Humble ,
captif, il
tremble,
il
s'infinuë ,
Puis tout à
coup
imperieux
vainqueur
Porte le
trouble &
l'effroy
dans le
coeur ;
Les
trahifons , la
noire tirannie
,
FUGITIVES. GE
Le
defefpoir , la peur , l'i
gnominic ,
Et le tumulte au regard effaré
Suivent fon char de foupçons
entouré.
Ce fut fur lui que la Terre
ennemic
De fa revolte appuya l'infamic
,
Bientoft feduits par les trom
peurs appas
Les fols humains marcherent
fur fes pas.
L'Amour par lui dépouillé
de puiffance
Remonte au Ciel ſéjour de
fa naiffance ,
62
PIECES
Et las de voir l'homme
fourd à fa voix ,
Il l'abandonne à fon malheureux
choix .
Alors enflé d'une nouvelle
audace ,
L'ufurpateur prend fon
nom & fa place :
Et fous ce nom l'erreur de
toutes parts
Fait ici bas , voler fes Etendarts
.
C'eft de ce temps que nous
vîmes éclore
Tous les malheurs envoyez
par Pandore ,
La jaloufic allumant fes flambeaux
FUGITIVES. 63
Creufa dés lors mille horribles
tombeaux ;
Et des forfaits de plus d'une
Medée
Plus d'un climat vit fa rive
innondée .
Un fiecle à l'autre enviant
Les furcurs
Imagina de nouvelles horreurs
;
Chaque âge vit augmen
ter fes miferes ,
Et nos ayeux plus méchans
que leurs peres ,
Nous firent naiſtre encor
plus méchans qu'eux ,
Bientoft fuivis par de pires
neveux.
64
-PIECES
Enfin le Ciel touché de nos
difgraces
Se réfolut d'en effacer les
traces ,
Et tous les Dieux convinrent
que l'Amour
Fut renvoyé dans ce mortel
fejour :
Chacun s'en forme un agreable
augure
,
Le feul Amour,l'Amour ſcul
en murmure.
Qu'a t- il commis, pourquoi
feul immolé
D'entre les Dieux fera t- il
exilé ?
Quittera til ces demeures
heureuſes,
FUGITIVES . 65
Ces regions pures & lumineufes
,
Sejour brillant de gloire &
de clarté ,
Lieux confacrez à la felicité,
Aux doux plaiſirs enfans de
l'innocence ,
Plaifirs qu'échauffe & nourrit
fa prefence ,
Vifs fans tumulte , éternels
fans ennuy
,
Et que les Dieux ne tiennent
que de lui ?
Quoi , difoit- il , de la troupe
celefte ,
J'irai defcendre en un ſejour
funeſte ?
Février
1711.
Cc
66 PIECES
Où l'impudence étale un
front ferain ,
Où les mortels au vifage
d'airain ,
De mon fantôme eſcortant
les bannieres ,
De
l'innocence ont
rompu
les barrieres ;
Et qui d'entr'eux voudra
fuivre mes pas ?
Amour , amour ne vous allarmez
pas
Venez à moi , je connois un
azile ,
Dont les vertus ont fait leur
domicile :
Un feur rempart , un lieu de
qui jamais
FUGITIVES. 67
Nos ennemis ne troubleront
la
paix .
Celui qui regne en ce ſejour
propice ,
En a banny le coupable artifice
,
La perfidie au coup d'oeil
emprunté ,
Et la malice au rire concerté
:
Amour dit vrai, candeur hereditaire
,
Dés le berceau marqua fon
caractere ,
!
Nourry formé
par
doctes foeurs ;
les neuf
Ainfi des arts épris de leurs
douceurs Ccij
68 PIECES
Le Dieu du Pinde & la fage
Minerve ,
De leurs trefors l'ont comblé
fans referve ;
Dans ce réduit des Mufes
habité
Prefide encore une divinité :
Car la beauté dont les Dieux'
l'ont formée,
D'un moindre nom feroit
trop prohanée.
Un doux accueil , un modefte
enjouëment {
Préte à fes traits un nouvel
agrément ;
D'Enfans aîlez une troupe
fidelle ,
FUGITIVES. 69
JPlaifirs
, Amours voltigent
autour d'elle ,
Et fans effort prés d'elle
retenus ,
Pour la fervir ont oublié
Venus.
Non , non Amour ce n'eft
point à Cithere ,
Ny dans les bois qu'Amatonthe
révere ,
Qu'il faut chercher & les
jeux & les ris ? 7
Si vous voulez de vos freres
cheris ;
Revoir un jour la troupe
réünic ,
N'hefitez point , volez chez
Uranic.
70 PIECES
Mais à qui vais - je étaler ces
propos ,
Puis -je penfer qu'un Dicu
qui du cahos ,
Débarafla cette machine
ronde >
Qui voit , qui meut tous les
eftres du monde ,
De fes refforts & l'ame &
l'inftrument
Puiffe ignorer fon plus bel
ornement !
Déja porté fur les ailes
d'Eole
,
Du haut des Cieux je le vois
qui s'envole ,
Plus glorieux d'obéïr en ſa
cour >
FUGITIVES. 71
Que de regner au celefte
féjour .
Confervez bien genereufe
Uranic ,
Ce Dieu puiffant ce celeſte
genie ,
Ame du monde , Auteur
de tous les biens ,
Par qui brifant les terreftres
liens ,
D'un vol hardi nos ames
élancées ,
Jufques au Ciel élévent leurs
penſées
;
Sans fa beauté, fans fes dons
precieux ,
La vertu même eft moins
belle ànos yeux
72 PIECES
Ila produit fous d'heureux
caracteres ,
La dépouillant de fes rides
feveres ,
De qui l'afpest effrayant
les mortels ,
Leur fait fouvent deferter
fes Autels ,
De fon flambeau les flammes
immortelles ,
Jettent en nous ces vives
éteincelles
,
Dont autrefois les Heros
embrafez ,
Malgré la mort fe font
éternifez
;
Cette chaleur fi promte & fi
rapide ,
Sceut
FUGITIVES 7
Sceut échauffer un Thefée ,
un Alcide ,
Arma leurs bras pour calmer
l'Univers ,
Et pour vanger l'équité
mife aux fers .
Telle eft l'ardeur dont ce
Dieu nous enflame .
Tel eft le feu qu'il alluma
dans l'ame ,
De ce Heros aux triomphes
inftruit
>
Dont vous tenez la clarté
qui vous luit ;
}
C'est cet amour impatient
de gloire ,
Février 1711 Dd
44 PIECES
Qui tant de fois affûra la
memoire
,
Luy fic braver les feux & le
trépas ,
Luy fit chercher la guerre
& les combats :
De Jupiter allumant le tonnere
,
Brifer l'orgueil des enfans
de la terre
,
Contre leur rage armer nos
boulevarts ,
Er foudroyer leurs plus fermės
remparts.
Puiffe-t- il voir les nombreu .
ſes années
Toûjours de gloire &
d'honneurs couronnées ,
FUGITIVES 7
Et quand la Paix reviendra
parmi nous,
Se confacrer à des travaux
plus doux:
Non moins heureux fous
l'Empire de Rhée
Que quand la terre à Bellonne
eft livrée.
à Madame D ****
fur le veritable Amour.
Dufaux encens dédaigneuſe
ennemie
Qui dans le vray par l'e.
xemple affermic ,
Sçavez fi bien de tout éloge
plat ,
Diftinguer l'art d'un pinceau
délicat :
Sage Uranie , en qui le don
de plaire ,
Février 1711. Bb
50 PIECES
Eft joint au don de hair le
vulgaire ,
De démêler , libre en vos
fentimens ,
Les préjugez de fes faux
jugemens ;
Et d'abhorrer ces loüanges
guindées ,
Qui n'ont d'appuy que fes
folles idées :
Si quelqu'Auteur pour vous
faire fa cour ,
S'imaginant avoir pris un
beau tour
Vous décrivoit dans fes
peintures feiches ,
" Le Dieu d'Amour , fon carFUGITIVES.
St
quois , & fes fléches :
De la raifon ennemy
langoureux
,
Et de nos fens enchanteur
doucereux ,
Vous déploiant ces lieux
communs poftiches ,
Dont l'Opera brode fes
hemiſtiches :
Sur ce tableau frivolement
conceù ,
Probablement il feroit mal
receu ,
De vous chanter en rimes
indifcretes ,
Que cet Amour ne fe plaît
qu'où vous cftes ;
Bb ij
52 PIECES
Qu'il regne en vous , qu'il
fuit par tout vos pas ,
Et qu'il languit où l'on ne
vous voit pas.
Mais fi quelqu'un plus fage
& plus habile
Vous dépeignoit d'un
crayon moins fterile
Le même Amour
, non tel
qu'on l'avoit feint
Mais en effet , tel qu'il doit
eftre peint
:
Tel qu'autrefois l'ont vŷ
nos premiers fages ,
Lors qu'au Parnaffe attirang
leurs hommages ,
FUGITIVES . 53
cux de guirlan- Le Dieu
par
des orné ,
Fût dans la Grece en triomphe
amené ;
Si pourfuivant cette noble
peinture >
Il vous traçoit d'une main
libre & feure ,
Ces vifs rayons , ces fublimes
ardeurs
Ce feu divin qu'il répand
dans les coeurs ,
Dont la fplendeur les éclaire
& les guide
Dans les fentiers de la vertu
folide :
Vous faifant voir affis à fon
côté Bb iij
54
PIECES
L'Honneur , la Paix , la Vertu
, l'Equité ;
Peut -être alors à le bannir
moins prompte
Vous fouffririez , fans rougeur
, & fans honte ,
Que ce Dieu vint embellir
vôtre Cour :
Connoiffez donc ce que c'eſt
que l'Amour ;
Et deformais l'ame débarafféc
Des préjugez d'une troupe
infenfée ,
Qui ne l'a peint que fous de
faux portraits
;
Gardons nous bien d'en
FUGITIVES .
juger fur leurs traits
De le confondre avec ce
Dieu frivole ,
De qui l'erreur nous a fait
une Idole
Et qui n'épand que des feux
criminels.
Ces deux rivaux ennemis
érernels ,
L'un fils du Ciel ; l'autre né
de la Terre ,
Se font entre eux une immortelle
guerre ;
Plus fignalez en leur divifion
,
Que les Heros de Grece ,
& d'llion.
Bb iiij
66 PIECES
Quelqu'un peut - eftre à ce
début miſtique ,
Va me traiter de cerveau
fanatique
Et me voyant monter fur
ce haut ton >
Traiter l'Amour en ftile de
Platon ,
M'objectera qu'une jeune
Heroïne ,
Mériteroit un peu moins
de doctrine .
Mais fans répondre à ce
langage vain
Laiffons - le en paix fon
Cyrus à la main :
De nos raifons l'ame peu
combatue
,
FUGITIVES . 7
Du Dieu d'Amour encen
fer la ftatuë ,
Et poursuivons nos propos
commencez .
Jadis fans choix les humains
difperfez ,
Troupe feroce & nourrie au
carnage ,
Du feul inftinct fuivoient
la loy fauvage:
Se renfermoient dans les
autres cachez ;
Et des forêts par la faim
arrachez ,
Alloient errans au gré de la
nature
Avec les Ours difputer la
pâture.
58 PIECES
De ce cahos l'Amour répara
teur
Fût de leurs loix le premier
fondateur.
Il fçait fléchir leurs humeurs
indociles..
Les réunit dans l'enceinte
des Villes.
Leur enfeigna le fecours- des
moiffons
,
Des premiers arts leur donna
des leçons ,
Chez eux logea l'amitié fecourable
,
Avec la paix fa foeur infeparable:
› Et
devant tout dans les
terreftres
lieux
FUGITIVES
. 59
Fit refpecter
l'autorité
des
Dieux .
Tel fut ici le fiecle de Ci
belle
;
Mais à ce Dieu la Terre enfin
rebelle
Se rebuta d'une fi douce
Loy ,
Et de fes mains voulut fe
faire un Roy.
Tout auffi toft , évoqué par
la haine ;
Sort de fes flancs un montre
àforme humaine ,
Refte dernier de ces affreux
Tiphons ,
Jadis formé dans des gouffres
profonds ;
PIECES
D'un foible
enfant il a le
front
timide ,
Dans fes
yeux
brille une
douceur
perfide ,
Nouveau
Prothée à
toute
heure , en
tous lieux ,
Sous un
faux
mafque il a
bufe nos
yeux.
Dabord
voilé
d'une
crainte
ingenuë ,
Humble ,
captif, il
tremble,
il
s'infinuë ,
Puis tout à
coup
imperieux
vainqueur
Porte le
trouble &
l'effroy
dans le
coeur ;
Les
trahifons , la
noire tirannie
,
FUGITIVES. GE
Le
defefpoir , la peur , l'i
gnominic ,
Et le tumulte au regard effaré
Suivent fon char de foupçons
entouré.
Ce fut fur lui que la Terre
ennemic
De fa revolte appuya l'infamic
,
Bientoft feduits par les trom
peurs appas
Les fols humains marcherent
fur fes pas.
L'Amour par lui dépouillé
de puiffance
Remonte au Ciel ſéjour de
fa naiffance ,
62
PIECES
Et las de voir l'homme
fourd à fa voix ,
Il l'abandonne à fon malheureux
choix .
Alors enflé d'une nouvelle
audace ,
L'ufurpateur prend fon
nom & fa place :
Et fous ce nom l'erreur de
toutes parts
Fait ici bas , voler fes Etendarts
.
C'eft de ce temps que nous
vîmes éclore
Tous les malheurs envoyez
par Pandore ,
La jaloufic allumant fes flambeaux
FUGITIVES. 63
Creufa dés lors mille horribles
tombeaux ;
Et des forfaits de plus d'une
Medée
Plus d'un climat vit fa rive
innondée .
Un fiecle à l'autre enviant
Les furcurs
Imagina de nouvelles horreurs
;
Chaque âge vit augmen
ter fes miferes ,
Et nos ayeux plus méchans
que leurs peres ,
Nous firent naiſtre encor
plus méchans qu'eux ,
Bientoft fuivis par de pires
neveux.
64
-PIECES
Enfin le Ciel touché de nos
difgraces
Se réfolut d'en effacer les
traces ,
Et tous les Dieux convinrent
que l'Amour
Fut renvoyé dans ce mortel
fejour :
Chacun s'en forme un agreable
augure
,
Le feul Amour,l'Amour ſcul
en murmure.
Qu'a t- il commis, pourquoi
feul immolé
D'entre les Dieux fera t- il
exilé ?
Quittera til ces demeures
heureuſes,
FUGITIVES . 65
Ces regions pures & lumineufes
,
Sejour brillant de gloire &
de clarté ,
Lieux confacrez à la felicité,
Aux doux plaiſirs enfans de
l'innocence ,
Plaifirs qu'échauffe & nourrit
fa prefence ,
Vifs fans tumulte , éternels
fans ennuy
,
Et que les Dieux ne tiennent
que de lui ?
Quoi , difoit- il , de la troupe
celefte ,
J'irai defcendre en un ſejour
funeſte ?
Février
1711.
Cc
66 PIECES
Où l'impudence étale un
front ferain ,
Où les mortels au vifage
d'airain ,
De mon fantôme eſcortant
les bannieres ,
De
l'innocence ont
rompu
les barrieres ;
Et qui d'entr'eux voudra
fuivre mes pas ?
Amour , amour ne vous allarmez
pas
Venez à moi , je connois un
azile ,
Dont les vertus ont fait leur
domicile :
Un feur rempart , un lieu de
qui jamais
FUGITIVES. 67
Nos ennemis ne troubleront
la
paix .
Celui qui regne en ce ſejour
propice ,
En a banny le coupable artifice
,
La perfidie au coup d'oeil
emprunté ,
Et la malice au rire concerté
:
Amour dit vrai, candeur hereditaire
,
Dés le berceau marqua fon
caractere ,
!
Nourry formé
par
doctes foeurs ;
les neuf
Ainfi des arts épris de leurs
douceurs Ccij
68 PIECES
Le Dieu du Pinde & la fage
Minerve ,
De leurs trefors l'ont comblé
fans referve ;
Dans ce réduit des Mufes
habité
Prefide encore une divinité :
Car la beauté dont les Dieux'
l'ont formée,
D'un moindre nom feroit
trop prohanée.
Un doux accueil , un modefte
enjouëment {
Préte à fes traits un nouvel
agrément ;
D'Enfans aîlez une troupe
fidelle ,
FUGITIVES. 69
JPlaifirs
, Amours voltigent
autour d'elle ,
Et fans effort prés d'elle
retenus ,
Pour la fervir ont oublié
Venus.
Non , non Amour ce n'eft
point à Cithere ,
Ny dans les bois qu'Amatonthe
révere ,
Qu'il faut chercher & les
jeux & les ris ? 7
Si vous voulez de vos freres
cheris ;
Revoir un jour la troupe
réünic ,
N'hefitez point , volez chez
Uranic.
70 PIECES
Mais à qui vais - je étaler ces
propos ,
Puis -je penfer qu'un Dicu
qui du cahos ,
Débarafla cette machine
ronde >
Qui voit , qui meut tous les
eftres du monde ,
De fes refforts & l'ame &
l'inftrument
Puiffe ignorer fon plus bel
ornement !
Déja porté fur les ailes
d'Eole
,
Du haut des Cieux je le vois
qui s'envole ,
Plus glorieux d'obéïr en ſa
cour >
FUGITIVES. 71
Que de regner au celefte
féjour .
Confervez bien genereufe
Uranic ,
Ce Dieu puiffant ce celeſte
genie ,
Ame du monde , Auteur
de tous les biens ,
Par qui brifant les terreftres
liens ,
D'un vol hardi nos ames
élancées ,
Jufques au Ciel élévent leurs
penſées
;
Sans fa beauté, fans fes dons
precieux ,
La vertu même eft moins
belle ànos yeux
72 PIECES
Ila produit fous d'heureux
caracteres ,
La dépouillant de fes rides
feveres ,
De qui l'afpest effrayant
les mortels ,
Leur fait fouvent deferter
fes Autels ,
De fon flambeau les flammes
immortelles ,
Jettent en nous ces vives
éteincelles
,
Dont autrefois les Heros
embrafez ,
Malgré la mort fe font
éternifez
;
Cette chaleur fi promte & fi
rapide ,
Sceut
FUGITIVES 7
Sceut échauffer un Thefée ,
un Alcide ,
Arma leurs bras pour calmer
l'Univers ,
Et pour vanger l'équité
mife aux fers .
Telle eft l'ardeur dont ce
Dieu nous enflame .
Tel eft le feu qu'il alluma
dans l'ame ,
De ce Heros aux triomphes
inftruit
>
Dont vous tenez la clarté
qui vous luit ;
}
C'est cet amour impatient
de gloire ,
Février 1711 Dd
44 PIECES
Qui tant de fois affûra la
memoire
,
Luy fic braver les feux & le
trépas ,
Luy fit chercher la guerre
& les combats :
De Jupiter allumant le tonnere
,
Brifer l'orgueil des enfans
de la terre
,
Contre leur rage armer nos
boulevarts ,
Er foudroyer leurs plus fermės
remparts.
Puiffe-t- il voir les nombreu .
ſes années
Toûjours de gloire &
d'honneurs couronnées ,
FUGITIVES 7
Et quand la Paix reviendra
parmi nous,
Se confacrer à des travaux
plus doux:
Non moins heureux fous
l'Empire de Rhée
Que quand la terre à Bellonne
eft livrée.
Fermer
Résumé : EPITRE à Madame D**** sur le veritable Amour.
L'épître est adressée à Madame D ****, en louant son discernement et sa sagesse dans la compréhension de l'amour véritable. L'auteur dénonce les représentations superficielles et trompeuses de l'amour, souvent décrit comme un dieu langoureux et capricieux. Il oppose ce faux amour à une vision noble et vertueuse, inspirée par les anciens sages qui voyaient en l'amour un guide vers la vertu, l'honneur et la paix. L'épître retrace l'histoire de l'amour, d'abord réparateur et civilisateur, puis corrompu par la Terre, qui engendra un amour tyrannique et destructeur. Ce faux amour provoqua des malheurs et des forfaits, menant à une dégradation morale des générations. Touchés par ces disgrâces, les Dieux décidèrent de renvoyer l'amour véritable sur Terre. L'auteur invite l'amour à se réfugier auprès de Madame D ****, dont la cour est un sanctuaire de vertu et de beauté. Il loue ses qualités, soutenues par les Muses et les arts, et la décrit comme un havre de paix et de candeur. L'épître se conclut par une célébration de l'amour véritable, source de gloire et de vertu, capable d'inspirer les héros et de guider les âmes vers le bien.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
7
p. 75-90
ODE à Monsieur le Marquis de la F**.
Début :
Dans la route que je me trace, [...]
Mots clefs :
Homme, Vertu, Nature
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ODE à Monsieur le Marquis de la F**.
O DE
à Monfieur le Marquis
de la F ** .
Dans la route que je me
trace
La Fare , daigne m'éclairer ,
Dd ij
76
PIECES
Toy qui dans le fentier
d'Horace
Marches fans jamais t'égarer
,
Qui par les leçons d'Arif..
tippe ,
De la fageffe de Chrifippe ,
As fçcû corriger l'âpreté :
Et qui celle qu'au temps
d'Aftrée ,
Nous montres la vertu parée
Des attraits de la volupté.
Ce feu facré que Promethée,
Ola dérober dans les Cieux,
La raifon à l'homme apportée
,
FUGITIVES 77
Le tend prefque femblable
aux Dieux ;
Se pourroit - il fage la Fare ,
Qu'un prefent fi noble , &
fi rare
,
De nos maux devint l'inftrument
!
Et qu'une lumiere divine
Put jamais eftre l'origine ,
D'un déplorable aveuglement.
Lorsqu'à l'Epoux de Penes
lope
Minerve accorde fon fe
cours ,
Les Leftrigons , & le Cy
clope , Dd iij
78 PIECES
Envain s'arment contre fes
jours ;
Aidé de cette intelligence ,
Il triomphe de la vengeance
De Neptune en vain courroucé
;
Par elle il brave les careffes
Des Sirennes enchantereffes ,
Et le breuvage de Circé .
De la vertu qui nous conferve
C'eft le fymbolique tableau,
Chaque mortela faMinerve,
Qui doit lui fervir de flam .
beau ;
Mais cette Deité propice
Marchoit toûjours devant
FUGITIVES
Uliffe ,
Lui fervant de guide & d'appuy
Au lieu que par l'homme
conduite
,
Elle ne va plus qu'à fa fuite,
Et fe précipite avec lui .
Loin que la Raifon nous éclaire
,
Et conduife nos actions ,
Nous avons trouvé l'art d'en
faire
L'Orateur de mes paffions ;
C'eft un Sophifte qui nous
jouë ,
Un vil complaifant qui nous
loue , Dd iiij .
80 PIECES
A tous les fons de l'Univers
;
Qui s'habillant du nom de
fages ,
La tiennent fans ceffe à leurs
gages ,
Pour autorifer leurs travers.
C'est elle qui nous fait
accroire ,
Que tout cede à noftre pouvoir
:
Qui nourrit noftre folle
gloire:
De l'yvreffe d'un faux fçavoir
:
Qui par cent nouveaux
Atratagêmes ,
FUGITIVES &
請
Nous maſquant fans ceffe à
nous mêmes ,
Parmi les vices nous endort:
Du furieux fait un Achille ,
Du fourbe un politique ha
bile ,
Et de l'athée un efprit fort.
Mais vous mortels qui dans
le monde ,
Croyant tenir les premiers
rangs ,
Plaignez l'ignorance profonde
De tant de Peuples differenss
Qui confondez avec la
Brutte
82 PIECES
LcHuron caché dans fa hute
Au feul inftinct prefque réduir
,
Parlez quel eft le moins
barbare ,
D'une raiſon qui nous égare,
Ou de l'instinct qui les con
duit ?
La nature en trésors fertile
Lui fait abondamment
trouver
Tout ce qui lui peut eftre
utile ,
Soigneufe de le conferver ;
Content du partage modefte
Qu'il tient de la bonté Ccleſte
›
FUGITIVES 83
Il vit fans trouble , & fans
ennuy
Et fi fon climat lui refuſe
Quelques biens dont l'Europe
abuſe ;
++
Cene font plus des biens
lic pour lui.
Couché dans un antre ruftique
,
Du Nord il brave la rigueur,
Et noftre luxe afiatique
N'a point enervé fa vigueur;
Il ne regrette point la perte
De ces arts dont la décou
verte
A l'homme a couté tant de
foins
84
PIECES
Er qui devenus néceffaires ;
N'ont fait
qu'augmenter
nos miferes ,
En multipliant nos beſoins .
&
Il méprife la vaine étude
D'un Philoſophe pointilleux
,
Qui nâgeant dans l'incer
titude
,
Vante fon fçavoir merveil
feux ;
Il ne veut d'autre connoif
fance
Que ce que la Toute- puif
fance
A bien voulu nous en don
ner ;
FUGITIVES 85
Il fçait qu'il a crée les fages
Pour profiter de fes ouvrages
,
Et non pour les examiner .
Ainfi d'une erreur dangereuſe
,
Il n'avale point le poifon
Et noftre clarreté tenebreufe
N'a point offufqué faraifon;
Il ne fe tend point à lui .
même
Le piege d'un adroit lyftème
Pour le cacher la verité :
Le crime à fes yeux paroist
crime ,
Et jamais rien d'illegitime ,
86 PIECES
Chez lui n'a pris l'air d'équité.
Maintenantfertiles contrées,
· Sages mortels , Peuples heureux
Des Nations hyperborées
Plaignez l'aveuglement af
freux ;
Vous qui dans la vaine Nobleffe
,
Dans les honneurs , dans la
moleffe,
Mettez la gloire , & les plaifirs
:
Vous de qui l'infame avarice
,
FUGITIVES
87
Promene au gré de fon caprice
,
Les infatiables defirs .
Ouy c'eft toy monftre dé
teſtable !
Fatal ennemy des humains
Qui feul du bonheur veritable
,
Al'homme asfermé les chemins
;
Pour appaiſer ſa foifardente
La Terre en tréfors abondante
Feroit germer l'or fous fes
pas ,
Il brûle d'un feu fans remede
&S PIECES
Moins riche de ce qu'il pof
fede ,
Que pauvre de ce qu'il n'a
pas.
Ahi fi d'une pauvreté dure
Nous cherchons à nous affernchir
,
Raprochons nous de la
Nature
Qui feul peut nous enrichir
;
Forçons de funeftes obſtacles
,
Refervons pour nos Tabernacles
,
Det or, ces rubis , ces métaux.
FUGITIVES 84
Où dans le fein des mers a
vides ,
Jettons ces richeffes per fides,
L'unique inftrument de nos
maux.
Ce font là les vrais facrifices
Far qui nous pouvons étouffer
Les femences de tous les vices
Qu'on voit ici bas triompher.
Otez l'intereft de la Terre ,
Vous en exilerez la Guerre,
L'honneur rentrera dans fes
droits ,
Février 1711 Ec
50 PIECES
Et plus juftes que nous ne
fommes ,
Nous verrons regner fur les
hommes
Les moeurs à la place des
Loix.
Sur tout réprimons les faillies
De noftre curiofité , in I
Source de toutes nos folies ,
Mere de noltre vanité ;
Nous errons dans d'épaiffes
Pombres, hom
Où fouvent nos lumieres
fombres
Ne fervent qu'à nous éblouir
;
à Monfieur le Marquis
de la F ** .
Dans la route que je me
trace
La Fare , daigne m'éclairer ,
Dd ij
76
PIECES
Toy qui dans le fentier
d'Horace
Marches fans jamais t'égarer
,
Qui par les leçons d'Arif..
tippe ,
De la fageffe de Chrifippe ,
As fçcû corriger l'âpreté :
Et qui celle qu'au temps
d'Aftrée ,
Nous montres la vertu parée
Des attraits de la volupté.
Ce feu facré que Promethée,
Ola dérober dans les Cieux,
La raifon à l'homme apportée
,
FUGITIVES 77
Le tend prefque femblable
aux Dieux ;
Se pourroit - il fage la Fare ,
Qu'un prefent fi noble , &
fi rare
,
De nos maux devint l'inftrument
!
Et qu'une lumiere divine
Put jamais eftre l'origine ,
D'un déplorable aveuglement.
Lorsqu'à l'Epoux de Penes
lope
Minerve accorde fon fe
cours ,
Les Leftrigons , & le Cy
clope , Dd iij
78 PIECES
Envain s'arment contre fes
jours ;
Aidé de cette intelligence ,
Il triomphe de la vengeance
De Neptune en vain courroucé
;
Par elle il brave les careffes
Des Sirennes enchantereffes ,
Et le breuvage de Circé .
De la vertu qui nous conferve
C'eft le fymbolique tableau,
Chaque mortela faMinerve,
Qui doit lui fervir de flam .
beau ;
Mais cette Deité propice
Marchoit toûjours devant
FUGITIVES
Uliffe ,
Lui fervant de guide & d'appuy
Au lieu que par l'homme
conduite
,
Elle ne va plus qu'à fa fuite,
Et fe précipite avec lui .
Loin que la Raifon nous éclaire
,
Et conduife nos actions ,
Nous avons trouvé l'art d'en
faire
L'Orateur de mes paffions ;
C'eft un Sophifte qui nous
jouë ,
Un vil complaifant qui nous
loue , Dd iiij .
80 PIECES
A tous les fons de l'Univers
;
Qui s'habillant du nom de
fages ,
La tiennent fans ceffe à leurs
gages ,
Pour autorifer leurs travers.
C'est elle qui nous fait
accroire ,
Que tout cede à noftre pouvoir
:
Qui nourrit noftre folle
gloire:
De l'yvreffe d'un faux fçavoir
:
Qui par cent nouveaux
Atratagêmes ,
FUGITIVES &
請
Nous maſquant fans ceffe à
nous mêmes ,
Parmi les vices nous endort:
Du furieux fait un Achille ,
Du fourbe un politique ha
bile ,
Et de l'athée un efprit fort.
Mais vous mortels qui dans
le monde ,
Croyant tenir les premiers
rangs ,
Plaignez l'ignorance profonde
De tant de Peuples differenss
Qui confondez avec la
Brutte
82 PIECES
LcHuron caché dans fa hute
Au feul inftinct prefque réduir
,
Parlez quel eft le moins
barbare ,
D'une raiſon qui nous égare,
Ou de l'instinct qui les con
duit ?
La nature en trésors fertile
Lui fait abondamment
trouver
Tout ce qui lui peut eftre
utile ,
Soigneufe de le conferver ;
Content du partage modefte
Qu'il tient de la bonté Ccleſte
›
FUGITIVES 83
Il vit fans trouble , & fans
ennuy
Et fi fon climat lui refuſe
Quelques biens dont l'Europe
abuſe ;
++
Cene font plus des biens
lic pour lui.
Couché dans un antre ruftique
,
Du Nord il brave la rigueur,
Et noftre luxe afiatique
N'a point enervé fa vigueur;
Il ne regrette point la perte
De ces arts dont la décou
verte
A l'homme a couté tant de
foins
84
PIECES
Er qui devenus néceffaires ;
N'ont fait
qu'augmenter
nos miferes ,
En multipliant nos beſoins .
&
Il méprife la vaine étude
D'un Philoſophe pointilleux
,
Qui nâgeant dans l'incer
titude
,
Vante fon fçavoir merveil
feux ;
Il ne veut d'autre connoif
fance
Que ce que la Toute- puif
fance
A bien voulu nous en don
ner ;
FUGITIVES 85
Il fçait qu'il a crée les fages
Pour profiter de fes ouvrages
,
Et non pour les examiner .
Ainfi d'une erreur dangereuſe
,
Il n'avale point le poifon
Et noftre clarreté tenebreufe
N'a point offufqué faraifon;
Il ne fe tend point à lui .
même
Le piege d'un adroit lyftème
Pour le cacher la verité :
Le crime à fes yeux paroist
crime ,
Et jamais rien d'illegitime ,
86 PIECES
Chez lui n'a pris l'air d'équité.
Maintenantfertiles contrées,
· Sages mortels , Peuples heureux
Des Nations hyperborées
Plaignez l'aveuglement af
freux ;
Vous qui dans la vaine Nobleffe
,
Dans les honneurs , dans la
moleffe,
Mettez la gloire , & les plaifirs
:
Vous de qui l'infame avarice
,
FUGITIVES
87
Promene au gré de fon caprice
,
Les infatiables defirs .
Ouy c'eft toy monftre dé
teſtable !
Fatal ennemy des humains
Qui feul du bonheur veritable
,
Al'homme asfermé les chemins
;
Pour appaiſer ſa foifardente
La Terre en tréfors abondante
Feroit germer l'or fous fes
pas ,
Il brûle d'un feu fans remede
&S PIECES
Moins riche de ce qu'il pof
fede ,
Que pauvre de ce qu'il n'a
pas.
Ahi fi d'une pauvreté dure
Nous cherchons à nous affernchir
,
Raprochons nous de la
Nature
Qui feul peut nous enrichir
;
Forçons de funeftes obſtacles
,
Refervons pour nos Tabernacles
,
Det or, ces rubis , ces métaux.
FUGITIVES 84
Où dans le fein des mers a
vides ,
Jettons ces richeffes per fides,
L'unique inftrument de nos
maux.
Ce font là les vrais facrifices
Far qui nous pouvons étouffer
Les femences de tous les vices
Qu'on voit ici bas triompher.
Otez l'intereft de la Terre ,
Vous en exilerez la Guerre,
L'honneur rentrera dans fes
droits ,
Février 1711 Ec
50 PIECES
Et plus juftes que nous ne
fommes ,
Nous verrons regner fur les
hommes
Les moeurs à la place des
Loix.
Sur tout réprimons les faillies
De noftre curiofité , in I
Source de toutes nos folies ,
Mere de noltre vanité ;
Nous errons dans d'épaiffes
Pombres, hom
Où fouvent nos lumieres
fombres
Ne fervent qu'à nous éblouir
;
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Résumé : ODE à Monsieur le Marquis de la F**.
Dans une lettre adressée au Marquis de la F**, l'auteur exprime son admiration pour la sagesse et la vertu, en s'inspirant de figures mythologiques et historiques. Il compare la raison au feu sacré apporté par Prométhée, se demandant si elle peut devenir un instrument de malheur. L'auteur critique la société qui utilise la raison pour justifier ses passions et ses vices, transformant ainsi la sagesse en complaisance. Il oppose les peuples civilisés, égarés par la raison, aux peuples naturels comme les Hurons, qui vivent en harmonie avec la nature et sont contents de leur sort. Ces derniers ne sont pas corrompus par les arts et les connaissances, qui ont augmenté les misères humaines. L'auteur déplore l'aveuglement des sociétés modernes, obsédées par la richesse et les honneurs, et propose de revenir à une vie plus simple et naturelle pour échapper aux vices et aux guerres. Il conclut en appelant à réprimer la curiosité, source de toutes les folies et de la vanité.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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9
p. 97-103
ODE A une belle Veuve.
Début :
Quel respect imaginaire, [...]
Mots clefs :
Veuve, Amour
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ODE A une belle Veuve.
ODE
A une belle Veuve.
Quel refpect imaginaire ,
Pour les cendres d'un Epoux
Vous rend vous même contraire
A vos defirs les plus doux ;
Quand fa courfe fut bornéc
Par la fatale journée ;
Qui le mit dans le tombeau,
Penfez vous que l'Hymenéc
,
Février
1711. Ff
93 PIECES
Nair pas efteint ſon Alımbeau
.
Pourquoy ces fombres tenebres
,
Dans ce lugubre réduit ,
Pourquoy ces clartez funé-
2009 bres
2
Plus affreufes que la nuit ;
De ces noirs objets troublée
,
Trifte & fans ceffe immolée,
A de frivoles égards ,
Ferez vous d'un Mauzolée ,
Le plaifir de vos regards.
Voyez les Graces fidelles
BIBLIOTHE
LYON
18931
THEQUE
DE
L
FUGITIVE
Malgré vous fuivre vos
Er voltiger autour d'elles ,
L'Amour qui vous tend les
brasjevamo
Voyez ce Dieu plein de
charmes ;
Qui vous dit les yeux en
larmes
Pourquoy ces foins fuper
Alus ,
Pourquoy ces cris ces
palarmesil
Ton Epoux ne t'entend plus .
Si vôtre premiere flame,
Eut jadis un cours fi beau ,
Il doit enhardir vôtre anie ,
·Ff ij
100 PIECES I
A brûler d'un fau nouveau,
Plus d'un bonheur fi paifi
ble ,
La perte vous fut fenfible ;
Plus vous devez afpirer:
Au feul remede infaillible ,
Qui puiffe la réparer.
De la veuve de Sichée
L'Hiftoire vous a fait peur
Didon mourut attachée ,
Au Char d'un Amant trompcur
Mais l'impudente mortelle ,
N'eut à fe plaindre que
d'elle ,
Ce fut fa faute en un mot,
FUGITIVES . fot
A quoy fongeoit cette belle,
De prendre un Amant
bigot .
009
Pouvoit elle mieux atten
dre ,
De ce Heros Voyageur : Y
Qui fuyant fa Ville en
cendre
,
Et le fer du Grec vangeur
Chargé des Dieux de Pergame
Ravit fon pere à la flame
Tenant fon fils par la main
Sans prendre gårde à fa
femme
Qui le perdit en chemin.
Ff iij
102 PIECES
1
Sous un plus heureux aufpice
,
La Déeffe des Amours ,
Veut qu'un nouveau Sacri,
fice
,
Luy. confacre vos beaux
E jours
Déja le Bucher s'allume ,
L'Autel brille
* fume ,
l'Encens
La Victime s'embellit ,
L'Amour même la confume
Enfin l'Hmen
s'accomplit .
Tout confpire à l'allegreffe,
FUGITIVES. 103
De cet inftant folemnel
Une riante Jeunefle ,
Folaftre autour de l'Autel ,
Les Graces à demy nuës ]
A ces danfes ingénues ,
Meflent de tendres accens
Et fur un Trône de nues ,
Venus reçoit voftre encens
A une belle Veuve.
Quel refpect imaginaire ,
Pour les cendres d'un Epoux
Vous rend vous même contraire
A vos defirs les plus doux ;
Quand fa courfe fut bornéc
Par la fatale journée ;
Qui le mit dans le tombeau,
Penfez vous que l'Hymenéc
,
Février
1711. Ff
93 PIECES
Nair pas efteint ſon Alımbeau
.
Pourquoy ces fombres tenebres
,
Dans ce lugubre réduit ,
Pourquoy ces clartez funé-
2009 bres
2
Plus affreufes que la nuit ;
De ces noirs objets troublée
,
Trifte & fans ceffe immolée,
A de frivoles égards ,
Ferez vous d'un Mauzolée ,
Le plaifir de vos regards.
Voyez les Graces fidelles
BIBLIOTHE
LYON
18931
THEQUE
DE
L
FUGITIVE
Malgré vous fuivre vos
Er voltiger autour d'elles ,
L'Amour qui vous tend les
brasjevamo
Voyez ce Dieu plein de
charmes ;
Qui vous dit les yeux en
larmes
Pourquoy ces foins fuper
Alus ,
Pourquoy ces cris ces
palarmesil
Ton Epoux ne t'entend plus .
Si vôtre premiere flame,
Eut jadis un cours fi beau ,
Il doit enhardir vôtre anie ,
·Ff ij
100 PIECES I
A brûler d'un fau nouveau,
Plus d'un bonheur fi paifi
ble ,
La perte vous fut fenfible ;
Plus vous devez afpirer:
Au feul remede infaillible ,
Qui puiffe la réparer.
De la veuve de Sichée
L'Hiftoire vous a fait peur
Didon mourut attachée ,
Au Char d'un Amant trompcur
Mais l'impudente mortelle ,
N'eut à fe plaindre que
d'elle ,
Ce fut fa faute en un mot,
FUGITIVES . fot
A quoy fongeoit cette belle,
De prendre un Amant
bigot .
009
Pouvoit elle mieux atten
dre ,
De ce Heros Voyageur : Y
Qui fuyant fa Ville en
cendre
,
Et le fer du Grec vangeur
Chargé des Dieux de Pergame
Ravit fon pere à la flame
Tenant fon fils par la main
Sans prendre gårde à fa
femme
Qui le perdit en chemin.
Ff iij
102 PIECES
1
Sous un plus heureux aufpice
,
La Déeffe des Amours ,
Veut qu'un nouveau Sacri,
fice
,
Luy. confacre vos beaux
E jours
Déja le Bucher s'allume ,
L'Autel brille
* fume ,
l'Encens
La Victime s'embellit ,
L'Amour même la confume
Enfin l'Hmen
s'accomplit .
Tout confpire à l'allegreffe,
FUGITIVES. 103
De cet inftant folemnel
Une riante Jeunefle ,
Folaftre autour de l'Autel ,
Les Graces à demy nuës ]
A ces danfes ingénues ,
Meflent de tendres accens
Et fur un Trône de nues ,
Venus reçoit voftre encens
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Résumé : ODE A une belle Veuve.
Le poème 'ODE À une belle Veuve', daté de février 1711, s'adresse à une veuve qui, malgré ses désirs, respecte la mémoire de son époux défunt. Il évoque les souvenirs sombres et lugubres liés à la mort de son mari, contrastant avec les avances de l'amour qui tente de la séduire. La veuve est invitée à surmonter sa douleur et à aspirer à un nouveau bonheur, symbolisé par un mariage imminent. Le poème fait référence à des figures historiques comme la veuve de Sichée et Didon, soulignant les erreurs de ces dernières. Il décrit également la déesse des Amours préparant un sacrifice pour consacrer les beaux jours de la veuve. La scène finale montre une jeune fille joyeuse et les Grâces dansant autour de l'autel, tandis que Vénus reçoit l'encens, symbolisant l'accomplissement du mariage.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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10
p. 103-107
STANCES.
Début :
Arrestez, jeune Bergere, [...]
Mots clefs :
Amant, Bergère
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : STANCES.
STANCES.
Arreftez , jeune Bergere ,
Je fuis un Amant fincere ,
Un Amant vous fait il peur
Je n'ay qu'un mot à
v
dire
Ff.iiij
104 PIECES
Ec tout ce que je deſire ,
C'eft de vous tirer d'erreur
Le temps vous pourfait fans
ceffe ,
L'éclat de voſtre jeuneffe ,
Sera bientoft effacé ,
Le temps détruir toutes
chofes ,
Et l'on ne voit plus de
rofes ,
Quand le Printemps eſt paſ
fé.
Les plus fombres nuits finif-
21 fent ,
Leurs ombres s'évanoüiffent,
1
FUGITIVES . ros
Et rendent bien toft le jour s
Mais quand l'aimable jeu
neffe
A fait place à la vielleffe ,
Elle ignore le retour.
L'éclat des fleurs naturelles,
Fait l'ornement de nos Belles
,
On prife leur nouveauté ;
Mais au bout d'une journée,
Cette heureufe déftinée ,
Finit avec leur beauté !
Vos attraits belle Silvie,
Ne mettront point voſtre
for vice
106
PIECES
Hors des atteintes du fort ,
Il vous proméne fans ceffe ,
Du bel âge à la vieilleffe ;
De la vicilleffe à la mort.
-
Ainfi foyez moins volage ;
Er puis qu'avec le bel âge ,
Le plaifir paffe & s'enfuit ,
Quittez voftre indifference ,
La nuit à grands pas s'avan-
CC
Profitez du jour qui luit.
Un peu de tendre folie ,
Fait d'une Fille jolie ,
Le plaifir & le bonheur
;
Et dans le déclin de l'âge ,,
FUGITIVES. 107
Un dehors fier & fauvage.
Luy rend la gloire & l'honneur
.
Par cette leçon fidelle ,
Tircis prefloit une belle ,
D'avoir pitié de fon mal
Son Difcours la rendit fage
Mais elle n'en fit ufage ,
Qu'au profit de fon Rival .
Arreftez , jeune Bergere ,
Je fuis un Amant fincere ,
Un Amant vous fait il peur
Je n'ay qu'un mot à
v
dire
Ff.iiij
104 PIECES
Ec tout ce que je deſire ,
C'eft de vous tirer d'erreur
Le temps vous pourfait fans
ceffe ,
L'éclat de voſtre jeuneffe ,
Sera bientoft effacé ,
Le temps détruir toutes
chofes ,
Et l'on ne voit plus de
rofes ,
Quand le Printemps eſt paſ
fé.
Les plus fombres nuits finif-
21 fent ,
Leurs ombres s'évanoüiffent,
1
FUGITIVES . ros
Et rendent bien toft le jour s
Mais quand l'aimable jeu
neffe
A fait place à la vielleffe ,
Elle ignore le retour.
L'éclat des fleurs naturelles,
Fait l'ornement de nos Belles
,
On prife leur nouveauté ;
Mais au bout d'une journée,
Cette heureufe déftinée ,
Finit avec leur beauté !
Vos attraits belle Silvie,
Ne mettront point voſtre
for vice
106
PIECES
Hors des atteintes du fort ,
Il vous proméne fans ceffe ,
Du bel âge à la vieilleffe ;
De la vicilleffe à la mort.
-
Ainfi foyez moins volage ;
Er puis qu'avec le bel âge ,
Le plaifir paffe & s'enfuit ,
Quittez voftre indifference ,
La nuit à grands pas s'avan-
CC
Profitez du jour qui luit.
Un peu de tendre folie ,
Fait d'une Fille jolie ,
Le plaifir & le bonheur
;
Et dans le déclin de l'âge ,,
FUGITIVES. 107
Un dehors fier & fauvage.
Luy rend la gloire & l'honneur
.
Par cette leçon fidelle ,
Tircis prefloit une belle ,
D'avoir pitié de fon mal
Son Difcours la rendit fage
Mais elle n'en fit ufage ,
Qu'au profit de fon Rival .
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Résumé : STANCES.
Le texte est une série de stances poétiques adressées à une jeune bergère. L'auteur, se présentant comme un amant sincère, l'exhorte à apprécier sa jeunesse et sa beauté avant qu'elles ne disparaissent. Il met en garde contre le passage inexorable du temps, qui efface la jeunesse et la beauté, comparant cette transformation à la fin des nuits sombres et à la fin de la beauté des fleurs. L'auteur souligne que la jeunesse et la beauté sont éphémères, tandis que la vieillesse et la mort sont inévitables. Il encourage la jeune bergère à profiter du moment présent et à ne pas être indifférente, car la jeunesse et le plaisir passent rapidement. L'auteur conclut en racontant l'histoire de Tircis, qui a tenté de convaincre une belle de sa sincérité, mais sans succès, car elle a préféré son rival.
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11
p. 108-110
EPITRE A Monsieur l'Abbé de C**
Début :
Tant que dure la présence [...]
Mots clefs :
Ombre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EPITRE A Monsieur l'Abbé de C**
EPITRE
A Monſieur l'Abbé de
C **
Tant que dure la préfence
D'un Altre propice & doux,
J'ai fenty de ton abfence
Plus d'ennuy que de courroux
,'
Je difois je te pardonne
De préferer les beautez
De Céres & de Pomone
Au tumulte des Citez ,
Ainfi l'Amant de Glycér
Epris d'un repos obfcur
FUGITIMES . os
Cherchoit l'ombre folitaire
Des rivages de Tibur ;
Mais aujourd'hui dans mes
Plaines
Le chien bruflant de Prócris
,
De Flore aux douces haleines
Deffeiche les dons chéris.
Veux tu d'un Aftre perfide
Piquer les âpres chaleurs ,
Et dans ton jardin aride ,
Seicher ainfi que tes fleurs.
Non , non , fuis plûtoft l'exemple
De tes amis Cafaniers
110 PIECES
Et réviens chercher au temple
L'ombre de tes maronniers.
Là nous trouverons fans
peine
Avec toi le verre en main ,
Cet homme que Diogéne
Chercha filong temps en
vain ,
Et dans fa douce allégreffe ,
Dont tu fçais nous abreuver
,
Nous puiferons la fageffe
Qu'il cherchoit fans la trouver
,
A Monſieur l'Abbé de
C **
Tant que dure la préfence
D'un Altre propice & doux,
J'ai fenty de ton abfence
Plus d'ennuy que de courroux
,'
Je difois je te pardonne
De préferer les beautez
De Céres & de Pomone
Au tumulte des Citez ,
Ainfi l'Amant de Glycér
Epris d'un repos obfcur
FUGITIMES . os
Cherchoit l'ombre folitaire
Des rivages de Tibur ;
Mais aujourd'hui dans mes
Plaines
Le chien bruflant de Prócris
,
De Flore aux douces haleines
Deffeiche les dons chéris.
Veux tu d'un Aftre perfide
Piquer les âpres chaleurs ,
Et dans ton jardin aride ,
Seicher ainfi que tes fleurs.
Non , non , fuis plûtoft l'exemple
De tes amis Cafaniers
110 PIECES
Et réviens chercher au temple
L'ombre de tes maronniers.
Là nous trouverons fans
peine
Avec toi le verre en main ,
Cet homme que Diogéne
Chercha filong temps en
vain ,
Et dans fa douce allégreffe ,
Dont tu fçais nous abreuver
,
Nous puiferons la fageffe
Qu'il cherchoit fans la trouver
,
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Résumé : EPITRE A Monsieur l'Abbé de C**
L'auteur écrit à l'abbé de C** pour exprimer son ennui de son absence, qu'il attribue à une préférence pour la tranquillité des champs. Il évoque un changement de saison avec une chaleur intense et invite l'abbé à revenir pour partager une sagesse rare, sous les marronniers, comparée à celle de Diogène.
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12
p. 111-112
EPITALAME sur le Mariage de Mademoiselle D**
Début :
Seigneur Hymen, comment l'entendez vous, [...]
Mots clefs :
Mariage, Hymen, Amour
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EPITALAME sur le Mariage de Mademoiselle D**
EPIT ALAME
fur le Mariage de
Mademoiselle D **
Seigneur Hymen, comment
l'enténdez vous,
Difoit l'aîné des enfans de
Cythere ,
De cet objet qui fut formé
pour vous ,
Croyez vous feul eſtre dé.
pofitaire ,
Non dit l'Hymen , quoi
qu'à ne vous rien faire.
Pour mon profit vous soyez
peu zelé,
2 PIECES
Eh mon amy , lui dit l'enfant
aiflé,
Conſerve nous ainfi que ta
prunelle ,
Quand une fois l'Amour
s'eft envolé
Le pauvre Hymen ne bat
plus que d'une aifle.
fur le Mariage de
Mademoiselle D **
Seigneur Hymen, comment
l'enténdez vous,
Difoit l'aîné des enfans de
Cythere ,
De cet objet qui fut formé
pour vous ,
Croyez vous feul eſtre dé.
pofitaire ,
Non dit l'Hymen , quoi
qu'à ne vous rien faire.
Pour mon profit vous soyez
peu zelé,
2 PIECES
Eh mon amy , lui dit l'enfant
aiflé,
Conſerve nous ainfi que ta
prunelle ,
Quand une fois l'Amour
s'eft envolé
Le pauvre Hymen ne bat
plus que d'une aifle.
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13
p. 113-118
ODE Sur un commencement d'Année.
Début :
L'Astre qui partage nos jours, [...]
Mots clefs :
Année
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ODE Sur un commencement d'Année.
O
DEA
Sur un commencement
d'Année.
L'Aftre qui partage nos
jours ,
Et qui nous preſte ſa lu-
4
miere
Viene de terminer la carriere,
Et commencer un nouveau
cours .
Avec une viteffe extrême T
Nous avons vu l'an's'écou
ler ;
Février 1711. Gg
114 PIECES
Celui ci paffera de même
Sans qu'on puiffe le rappeller.
Tout finit , tout eft fans remede
,
Aux Loix du temps affu
jéti ,
Et par l'inftant qui lui fuccede
,
Chaque inftant eft anéantis
La plus brillante des journées
Paffe
pour
ne
plus
revenir
,
La
plus
fertile
des
années
11 FUGITIVES.
N'a commencé que pour fi
nir.
En vain par les murs qu'on
acheve ,
L'on tâche à s'immortalifer;
La vanité qui les éleve
Ne fçauroit les éternifer .
L'homme qui de tout eſt le
Maitreymi:0
Par la même Loi doit perir ;
Ici bas commencer à naiftre,
Neft que commencer à
mourir.
Pourquoi donc dans ce pèu
d'efpace Gg ij
716 PIECES
€
De tant de foins m'embarraffer
?
Pourquoi perdre le jour qui
paffe ,
Pour un autre qui doit paſſer?
Si tel eft le deftin des hommes
,
Qu'un moment peut les voir
finirs
Goutons bien l'instant où
nous fommes ,
Puifqu'il ne peut plus reve
nir.
Cet homme eft vraiment
* déplorable , citrus?
FUGITIVES.
Qui de la fortune amoureux
Serend lui même miferable ,
En travaillant pour eftre
heureux .
Infenfez ! voſtre ame fe livre
A de tumultueux projets
Vous mourez fans avoir ja
mais
Pû trouver le moment de
aplo vivre.m, qusmon I
Je fonge aux jours que j'ai
paffez ,
Sans les regreter: nimen
tanplaindregnod ! anda
Je vois ceux qui me ſongs
laiffez ,
118 PIECES
Sans les defirer ni les crain
dre.
Jak
Ne laiffons point évanouir
Des biens mis en noftre
puiffance ,
Et que l'attente d'en jouir
N'étouffe point leur joüif
fance.
Le moment paffe n'eft pluss
rien ,
Demain nous pouvons ne
plus eftre ,
Be prefent eft l'unique bien ,
Dont l'homme foit vrai
ment le Maitres
DEA
Sur un commencement
d'Année.
L'Aftre qui partage nos
jours ,
Et qui nous preſte ſa lu-
4
miere
Viene de terminer la carriere,
Et commencer un nouveau
cours .
Avec une viteffe extrême T
Nous avons vu l'an's'écou
ler ;
Février 1711. Gg
114 PIECES
Celui ci paffera de même
Sans qu'on puiffe le rappeller.
Tout finit , tout eft fans remede
,
Aux Loix du temps affu
jéti ,
Et par l'inftant qui lui fuccede
,
Chaque inftant eft anéantis
La plus brillante des journées
Paffe
pour
ne
plus
revenir
,
La
plus
fertile
des
années
11 FUGITIVES.
N'a commencé que pour fi
nir.
En vain par les murs qu'on
acheve ,
L'on tâche à s'immortalifer;
La vanité qui les éleve
Ne fçauroit les éternifer .
L'homme qui de tout eſt le
Maitreymi:0
Par la même Loi doit perir ;
Ici bas commencer à naiftre,
Neft que commencer à
mourir.
Pourquoi donc dans ce pèu
d'efpace Gg ij
716 PIECES
€
De tant de foins m'embarraffer
?
Pourquoi perdre le jour qui
paffe ,
Pour un autre qui doit paſſer?
Si tel eft le deftin des hommes
,
Qu'un moment peut les voir
finirs
Goutons bien l'instant où
nous fommes ,
Puifqu'il ne peut plus reve
nir.
Cet homme eft vraiment
* déplorable , citrus?
FUGITIVES.
Qui de la fortune amoureux
Serend lui même miferable ,
En travaillant pour eftre
heureux .
Infenfez ! voſtre ame fe livre
A de tumultueux projets
Vous mourez fans avoir ja
mais
Pû trouver le moment de
aplo vivre.m, qusmon I
Je fonge aux jours que j'ai
paffez ,
Sans les regreter: nimen
tanplaindregnod ! anda
Je vois ceux qui me ſongs
laiffez ,
118 PIECES
Sans les defirer ni les crain
dre.
Jak
Ne laiffons point évanouir
Des biens mis en noftre
puiffance ,
Et que l'attente d'en jouir
N'étouffe point leur joüif
fance.
Le moment paffe n'eft pluss
rien ,
Demain nous pouvons ne
plus eftre ,
Be prefent eft l'unique bien ,
Dont l'homme foit vrai
ment le Maitres
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Résumé : ODE Sur un commencement d'Année.
Le poème médite sur la fugacité du temps et l'inévitabilité de la mort. Il souligne la fin d'une année et le début d'une nouvelle, notant que les jours et les années passent rapidement et sans retour. Tout, y compris les réalisations humaines comme les bâtiments, est soumis aux lois du temps. L'homme, maître de tout, doit également périr. Le poème invite à profiter du moment présent, car il ne reviendra pas. Il critique ceux qui, amoureux de la fortune, travaillent pour le bonheur sans jamais le trouver. Le poète exprime son détachement des jours passés, sans regret ni désir pour les jours à venir. Il encourage à savourer les biens présents et à ne pas les laisser s'évanouir en les attendant. Le moment présent est le seul bien dont l'homme est vraiment maître.
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14
p. 119-122
LA MARMELADE. A Madame du H**
Début :
Par les mains de Daphné des pêches aprestées [...]
Mots clefs :
Marmelade
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texteReconnaissance textuelle : LA MARMELADE. A Madame du H**
LA MARMELADE
A Madame du H **
Paroles ar les mains de Daphné
des pêches apreltées
Şansordre enla poëfle jettées,
Cuifoient à bouillons lens
fur un feu moderéb
Qu'elle même avoit préparé:
Les Amours volloient autour
d'elle ,
Ils s'en écartent rarement,
Chacun d'eux s'empre foit a
lui marquer fon zele.
L'un en paffant legerements
120 PIECES
Allumoit le feu d'un coup
d'aille ;
L'autre à l'entretenir atta
ché conftament
Le ménageoit habilement .
En femme des long- temps
faite à leur badinage ;
Daphné , d'un air ailé la
El cueilliere à la main
Gouvernoit les Mutias ) prébfidoir
à l'ouvrage
Tandis que chacun fonge
aux foins qui le partage ,
La marmelade va fon train !
Et doja du fond de l'airain ,
Un parfum préferable à ceux
que l'Arabie
Renferme
FUGITIVES. 121
Renferme en fes valtes deferts
,
A replis ondoyans s'exhale
dans les airs.
Les noyaux ajoutez , Daphné
l'ame ravie ,
210319083 2019
vifa
Voyoit
d'un
vilage
fiant
Lo fuccés dont fa peine al
loit cftre fuiviend
Quand un amour impatient
Détachant fa trouffe perfide,
Qui fur de mille coeurs le fatal
homicide
,
Sous la poëlle la fit voſler.
L'éclair que nous voyons
foudain étinceler ,
Février 1711. Hh
127 PIECES
D'un éclat moins fubit s'allume
dans la nuë ;
L'airain gemit , la flame au
travers s'infinue .
Au hazard de fes doigts tendres
& délicats ,
Daphné , comme une autre
Pallas
,
Pour enlever la poëlle entre
dans la mellée ;
Le fecours vint trop tard ,
helas !
La Marmelade fut brufléc,
A Madame du H **
Paroles ar les mains de Daphné
des pêches apreltées
Şansordre enla poëfle jettées,
Cuifoient à bouillons lens
fur un feu moderéb
Qu'elle même avoit préparé:
Les Amours volloient autour
d'elle ,
Ils s'en écartent rarement,
Chacun d'eux s'empre foit a
lui marquer fon zele.
L'un en paffant legerements
120 PIECES
Allumoit le feu d'un coup
d'aille ;
L'autre à l'entretenir atta
ché conftament
Le ménageoit habilement .
En femme des long- temps
faite à leur badinage ;
Daphné , d'un air ailé la
El cueilliere à la main
Gouvernoit les Mutias ) prébfidoir
à l'ouvrage
Tandis que chacun fonge
aux foins qui le partage ,
La marmelade va fon train !
Et doja du fond de l'airain ,
Un parfum préferable à ceux
que l'Arabie
Renferme
FUGITIVES. 121
Renferme en fes valtes deferts
,
A replis ondoyans s'exhale
dans les airs.
Les noyaux ajoutez , Daphné
l'ame ravie ,
210319083 2019
vifa
Voyoit
d'un
vilage
fiant
Lo fuccés dont fa peine al
loit cftre fuiviend
Quand un amour impatient
Détachant fa trouffe perfide,
Qui fur de mille coeurs le fatal
homicide
,
Sous la poëlle la fit voſler.
L'éclair que nous voyons
foudain étinceler ,
Février 1711. Hh
127 PIECES
D'un éclat moins fubit s'allume
dans la nuë ;
L'airain gemit , la flame au
travers s'infinue .
Au hazard de fes doigts tendres
& délicats ,
Daphné , comme une autre
Pallas
,
Pour enlever la poëlle entre
dans la mellée ;
Le fecours vint trop tard ,
helas !
La Marmelade fut brufléc,
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Résumé : LA MARMELADE. A Madame du H**
Le texte relate la préparation de la marmelade par Daphné, assistée par les Amours. Ces derniers allument et entretiennent le feu, tandis que Daphné surveille la cuisson des pêches avec une cuillère. Un parfum délicieux, surpassant ceux de l'Arabie, se répand dans l'air. Daphné admire son travail, mais un Amour impatient fait voler la poêle, provoquant un accident. Un éclair illumine la scène, et malgré les efforts de Daphné pour sauver la poêle, la marmelade est brûlée.
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15
p. 123-131
AUTRE EPITALAME. A Monsieur de M** Par Monsieur ROY.
Début :
Le jour de l'Hymenée & souvent dés la veille [...]
Mots clefs :
Amour, Hymen
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texteReconnaissance textuelle : AUTRE EPITALAME. A Monsieur de M** Par Monsieur ROY.
AUTRE EPITALAME
A Monfieur de M **
Par Monfieur Roy. I
Le jour de l'Hymenée , &
fouvent dés la veille.
Une Muſe fait à merveille i
Dépeindre les Epoux dans
leur naiflante ardeur.
Huit jours plus tard c'eft
trop attendre
Le couple devenu pas tendre
,
Baille au recit de fon bon-
む
heur.
Hhij
124
PIECES
Cher Morville pour toi dans
l'objet qui t'engage ,
Tu trouves chaque jour à
l'aimer davantage .
Je viens donc affez toſt chanter
Un
bonheur que le temps
doit encor
augmenter.
Le mois paffé Venus quittas
Cythere
Pour fe rendre auprés de
Themis ;
C'eft une nouveauté ; car
- Themis eft fevore ,
Venus voudroit changer
les Juges en amis ,
Themis peur de foupçon ne
la fréquente guere.
FUGITIVES. 125
Venus pour ce jour là prit
un fage maintien,
Elle affecta certain air do
referve
Sur le regard de Minerve ;
Elle compofa le fien ;
L'Amour marchoit à cofté
de fa mere
Déguilé fous les atours
De l'Hymen fon grave frere;
Mais il fautoit , danfoit toû
jours ,
Et fi ce n'eftoit pas le plus
svif des Amours ,
C'eftoit du moins l'Hymen
plus gay que l'ordinaire,
Ils entrerent à petit bruit.
Hh iij
126: PIECES
Au fonds du Temple eſt un
réduit
Où la Déeffe retirée
Jugeoit des Epoux diviſez
Voilà , dit- elle , à Citherée,
Les querelles que vous caufez.
Vous donnez aux Amans
l'efperance frivole
De ne les point quitter, d'entretenir
leur feux
Sur votrefoy l'Hymen ferre
leurs noeuds ,
Puis vous leur manquez de
parole.
Eh bien pour tous les coeurs
dont j'ai trompé les voeux
FUGITIVES . 127
J'en fçai deux,dit Venus , que
je vais rendre heureux ,
Vous & moi formerons leur
chaîne
,
Vous n'avez qu'à vouloir
voilà ce qui m'amene ,
Qu'avec plaifir je rappelle ce
temps
Où l'on vous vit regner
fous le beau nom d'Aftrée !
Il n'eftoit point alors d'u
nion alterée
Que vous rendiez d'Epour
contens !
Formons encor des noeuds
fur ce premier modele ,
Dans voſtre vertueufe Cour
Hh iii
128 PIECES
S'éleve une aimable mortelle
Celui dont elle tient le jour,
Eft voftre Miniftre fidelle.
La jeune de Vienne ; c'eſt
elle
Dont je voudrois difpofer
avec vous .
Mais , dit Themis à qui la
deſtinerons nous ?
Epoufe du Dieu Mars, vous
me parlez peut eftre
Pour vos Guerriers préfomptueux
;
La modefte raifon chez eux
n'ole paroiftre ,
Penfez vous que mon goût
fimpatife avec eux ?
Ad H
FUGITIVES . 119
Scachez auffi que ma candeur
abhore ..
Ces honneftes trompeurs
qu'on nomme courtisans.
Que de Vienne à jamais
ignore
Leurs Arts flateurs ou méprifants.
Tant mieux reprit Venus
nous n'avons plus
d'obſtacles ,
Celui que je propofe , eft un
de vos Oracles ;
Il faut vous dire tout , il eft
auffi le mien ,
Et pour vous & pour moi
parle également bien ,
130 PIECES
Pour vous , il perfuade , il
touche
Quand il s'explique en mon
nom ,
Et je crois parler raifon
Quand je parle par ſa bouche.
Lagrave Themis lui fourit :
C'eft Morville,à ces traits je
ne m'y puis méprendre;
L'Hymen qui fuit vos pas
lui peut aller aprendre
Que vos voeux , qu'aux fiens
j'ai fouferit ,
Au moins nous n'imitons ni
l'Amant , ni la Belle ,
S'ils ne devoient s'aimer
FUGITIVES. 131
d'un amour éternelle ,
Et mieux qu'on n'aime en ce
temps.ci.
Mais qui m'en répondra
l'Amour n'eft point ici.
Hymen amenezvoftre frere:
Non
, non il n'eſt pas ncceffaire,
>
Je vous en répond , moi ,
criá le petit Dieu ,
Themis le reconnut , Amour
fongez un peu
A ne pas nous en faire accroire
,
Allez , lui dit l'Amour , il y
va de ma gloire
J'en jure par de Vienne
Adicu.
A Monfieur de M **
Par Monfieur Roy. I
Le jour de l'Hymenée , &
fouvent dés la veille.
Une Muſe fait à merveille i
Dépeindre les Epoux dans
leur naiflante ardeur.
Huit jours plus tard c'eft
trop attendre
Le couple devenu pas tendre
,
Baille au recit de fon bon-
む
heur.
Hhij
124
PIECES
Cher Morville pour toi dans
l'objet qui t'engage ,
Tu trouves chaque jour à
l'aimer davantage .
Je viens donc affez toſt chanter
Un
bonheur que le temps
doit encor
augmenter.
Le mois paffé Venus quittas
Cythere
Pour fe rendre auprés de
Themis ;
C'eft une nouveauté ; car
- Themis eft fevore ,
Venus voudroit changer
les Juges en amis ,
Themis peur de foupçon ne
la fréquente guere.
FUGITIVES. 125
Venus pour ce jour là prit
un fage maintien,
Elle affecta certain air do
referve
Sur le regard de Minerve ;
Elle compofa le fien ;
L'Amour marchoit à cofté
de fa mere
Déguilé fous les atours
De l'Hymen fon grave frere;
Mais il fautoit , danfoit toû
jours ,
Et fi ce n'eftoit pas le plus
svif des Amours ,
C'eftoit du moins l'Hymen
plus gay que l'ordinaire,
Ils entrerent à petit bruit.
Hh iij
126: PIECES
Au fonds du Temple eſt un
réduit
Où la Déeffe retirée
Jugeoit des Epoux diviſez
Voilà , dit- elle , à Citherée,
Les querelles que vous caufez.
Vous donnez aux Amans
l'efperance frivole
De ne les point quitter, d'entretenir
leur feux
Sur votrefoy l'Hymen ferre
leurs noeuds ,
Puis vous leur manquez de
parole.
Eh bien pour tous les coeurs
dont j'ai trompé les voeux
FUGITIVES . 127
J'en fçai deux,dit Venus , que
je vais rendre heureux ,
Vous & moi formerons leur
chaîne
,
Vous n'avez qu'à vouloir
voilà ce qui m'amene ,
Qu'avec plaifir je rappelle ce
temps
Où l'on vous vit regner
fous le beau nom d'Aftrée !
Il n'eftoit point alors d'u
nion alterée
Que vous rendiez d'Epour
contens !
Formons encor des noeuds
fur ce premier modele ,
Dans voſtre vertueufe Cour
Hh iii
128 PIECES
S'éleve une aimable mortelle
Celui dont elle tient le jour,
Eft voftre Miniftre fidelle.
La jeune de Vienne ; c'eſt
elle
Dont je voudrois difpofer
avec vous .
Mais , dit Themis à qui la
deſtinerons nous ?
Epoufe du Dieu Mars, vous
me parlez peut eftre
Pour vos Guerriers préfomptueux
;
La modefte raifon chez eux
n'ole paroiftre ,
Penfez vous que mon goût
fimpatife avec eux ?
Ad H
FUGITIVES . 119
Scachez auffi que ma candeur
abhore ..
Ces honneftes trompeurs
qu'on nomme courtisans.
Que de Vienne à jamais
ignore
Leurs Arts flateurs ou méprifants.
Tant mieux reprit Venus
nous n'avons plus
d'obſtacles ,
Celui que je propofe , eft un
de vos Oracles ;
Il faut vous dire tout , il eft
auffi le mien ,
Et pour vous & pour moi
parle également bien ,
130 PIECES
Pour vous , il perfuade , il
touche
Quand il s'explique en mon
nom ,
Et je crois parler raifon
Quand je parle par ſa bouche.
Lagrave Themis lui fourit :
C'eft Morville,à ces traits je
ne m'y puis méprendre;
L'Hymen qui fuit vos pas
lui peut aller aprendre
Que vos voeux , qu'aux fiens
j'ai fouferit ,
Au moins nous n'imitons ni
l'Amant , ni la Belle ,
S'ils ne devoient s'aimer
FUGITIVES. 131
d'un amour éternelle ,
Et mieux qu'on n'aime en ce
temps.ci.
Mais qui m'en répondra
l'Amour n'eft point ici.
Hymen amenezvoftre frere:
Non
, non il n'eſt pas ncceffaire,
>
Je vous en répond , moi ,
criá le petit Dieu ,
Themis le reconnut , Amour
fongez un peu
A ne pas nous en faire accroire
,
Allez , lui dit l'Amour , il y
va de ma gloire
J'en jure par de Vienne
Adicu.
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Résumé : AUTRE EPITALAME. A Monsieur de M** Par Monsieur ROY.
Le poème 'Autre Épithalame' de Monsieur Roy célèbre un mariage et les sentiments amoureux des époux. La Muse loue les jeunes mariés dans leur ardeur initiale. Huit jours plus tard, le couple partage un bonheur plus serein. Venus, déesse de l'amour, consulte Thémis, déesse de la justice, pour un mariage. Venus souhaite transformer les juges en amis, mais Thémis reste prudente. Venus et l'Amour, déguisé en Hymen, se rendent dans le temple de Thémis. Thémis reproche à Venus de donner de faux espoirs aux amants. Venus propose de former un couple heureux et évoque les unions réussies sous le règne d'Astrée. Thémis exprime ses réserves sur les courtisans et les guerriers présomptueux. Venus suggère Morville comme époux pour la jeune de Vienne, fille du ministre fidèle de Thémis. Thémis reconnaît Morville comme un oracle favorable à l'amour. L'Amour assure que les vœux des époux seront éternels et que leur amour surpassera celui des amants actuels. Thémis accepte finalement, et l'Amour jure de la véracité de ses paroles.
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