Résultats : 151 texte(s)
Accéder à la liste des mots clefs.
Détail
Liste
1
p. 88-101
REQUESTE DE L'AMOUR AU ROY. Sur le bruit de son Départ pour l'Armée.
Début :
Rien n'ayant tant de charmes que la diversité, nous / Que me dit-on de tous costez ? [...]
Mots clefs :
Amants, Ardeur , Gloire, Amour, Roi, Départ pour l'armée, Mars, Exploits
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REQUESTE DE L'AMOUR AU ROY. Sur le bruit de son Départ pour l'Armée.
Rien n ’ayant tant de
charmes que la diverfite,
nous devons pafTer d’une
matière aufli trille que
celle dont nous venons de
I
G A L A N T . 89
parler, à une plus diverciffante-, & je croy que nous
ne le pouvons faire plus
agréablement, que par la
Piece qui fuit, puis qu’il y a
de'ja quelque temps quelle
fait du bruit dans les plus
belles Ruelles de Paris.
W 1
RE Q U E S T E
DE L’AM OUR’
A U R O Y.
Sur le bruic de fon Départ
pour l’Armce.
Q
V e me d it-o n de tout
Ef-ce fournie faire querelle7
.
D e mille Amans qu'unit l'ardeur
la fins fidelle^
P a r mon ordre les vœux font p refis
d'efire acceptez^
E t fans attendre icy que la Saifon
nouvelle
— m x.
t
G A L A N T . pi
Dans îe Champ de Mars vous
Tout-à-coup y
GrandRoy^ vous
partez*.
une P lace,
i l riefl rien qui vous puijje arrefier
un moment,
E t que lors qu'aux Soldats vous
aÜez^fierement
P ar voftre exemple infpirer de
l a u d a c e »
Vous eftes dans voftre élément5
M ais qui fait tout trembler^ loifir
fe dèlaffe^
Et vous pouvez* devant envoyer la
> menace.*
Sans la fuivrefi promptement.
S” /. ,
» • W
■peine vos Guerriers dont M ____ _ H ii
9i LE MERCURE
Gloire difpofe
Sous la fa v e u r de voflre appuy,
( C aria Gloire (fix o n s aujourdi'huy
Ce ri eft plus qu'une me fine chofe)
ril peine auprès de moy cesGuerriers
de retour,
Commencent d'efperer la douceur
d'un beau jour,
Que l'ardeur de vous fiuivre à mes
foins les arrache.
E n va in en les flatant je tafihe
d'obtenir
Que l'am our du repos à moy fin i
les attache,
S i vous partc^auatn d'eux ne me
cache
Que rien ne les peut retenir.
&
A in fi voila par tout mon attonte
trompée^
G A L A N T . 9j
P ar tout mes deffeins avortez^
Pour réduire des Libertez^
M on adreffe en ces lieux a beau
s'eftre occupée, .
Chacun fe rend en foule aux Emplois de T Epée
E t dés qu'on peut aller combatre à
voscoftez^
De mes trais les plus vifs l *ame la
mieuxfrâpée,
F uit mes douces oyfivetez^
Cependant combien de tendreffes
P ar voftre éloignement des cœurs fe
vont bannir ?
Combien £ Amans à leurs M a ifirejjts ,
Ont fa it d'agréables PromeJJes^
Qu ils vont eftre par vous hors d'eftat de tenir ?
J.'un pour un bel Objet faiftant
I
9 4 LE MERCURE
gloire de vivre,
D es Patens oppofcz^devoit venir
abouti
Contre un cœur qui bientofi a céder
Je réjbut:
jJa u tre ayant commence s obfiinoit
à pourfuivrei
M a is vous partes^, & pour vous
Juivre
On fe croit dégage de tout.
JLe fins mortel chaqrin que reçoivent les B elles,
Q u i croyaient qu'un accord auffi
tendre que doux,
Æ endroit de leurs Amans les chaifnes éternelles,
C'eflde les voir courir aux coups
A v e c bien plus d'ardeur pour
vous,
Q ù i h n’en eurent jamais
elles.
»
G A LA N T. 95
p o u r obtenir q u ils ne s'eloi<£
nentpaty
Elles ont beau verferdes larmes *
Ces larmes ri ont que d'impuiffans
appas.
P ra v e r auprès de vous les plus ru •
des alarmes
y
. Chercher dans les périls l'honneur
d'un beau trépas,
C e font leursveritables charmes:
Si-tofl quevous prene^les armes
V iv e n t pour eux la Guerre & les
Combats.
L e m al eft que par tout ces Pelles
affligées
M e conjurent d'entrer dans leurs
reflentimens.
J e les rencontre à tous momens.
Q u i dans de vifs ennuis plongées
ê
96 LE MERCURE
M e viennent fatiguer de leurs gemifemens.
l'a y tort de les avoir fous mesLoix
E t je ne fuis qu'un D ieu de Chanfons, de Romans,
Si vous laijfant enlever leurs A -
mans,
z
,
J?fouffre que fa r vous elles foient
outragées.
En vain pour affaiblir Hardeur de
ces Guerriers,
le combats le panchant qui vers
vous les entraîne,
D u Cbamf de M ars dignes A '
vanturiers,
ils dédaignent pour vous ma grandeur fouveraine,
E t mes plus beaux Mirthes u
peine
Valent un
G A L A N T . i>7
le rouqisfiuisquilfaut avouer ma
D evoir que contre vous faifant ce
que je puis,
Ces Belles vainement implorent
mon adreffe^
ennuis^
le dis que c'efl a vous qu'il fa u t que
. Ion s'adrejfeî
M ais elles feavent trop par quels
fermes appuis *
pour la Gloire en tout temps vofre
cœur s*interejfeî
Elles fa v e n t que d efl vofre unique
M a i greffe.
98 LE MERCURE
Si-toÇi que la fervir efi un foin qui
vous greffe.
Pleines de vos Exploits^elles nianorent Pas
Que quittant les P la ifr s, C? liï
leu x & les Fejles^
M algré la glace & le s frim ât s,
On vous a veu déjà pour de nobles
ConqucfteS)
.Au milieu d'un H y v e r avancer a
grand pas.
Quel eft donc l’avantage où vofrc
eÇpoirfe fonde?
Ffl ce que vous voulez^ que l A~
rnour ne (bit rien?
ous vous nuifegy penffr y bien»
E t que vous fervira la fagejfe pw
GALANT. 99
Cette infiqne valeur qui ria fom t
Si ne pouvant des coeurs me rendre
un feurlien,
le laifle dépeupler le Monde?
&
P"oyez^com bien vous hasardez}
A vecm oy, qu'en cela vous fierez^
bien de croire-,
Si vous ne vous raccommodez,
le laifle rayfinir le M onde,& v offre
Gloire,
E t de vos. Actions la merveilleufe
"Mifioire
U ira pas aujjî loin que vous le
lepouroismefme parvangeace.
Pour vous ofler l'apuy de M ars,
Sur quelque autre Vénus arn
I
ioo LE MERCURE
E t l'empefcher par la d'avoir la
eomplaifance
Dém archer [bus vos EtendartsS
M a is qu en vain contre vous femVous averti oute fa Valliance
P our affronter fans luy les plus
mortels hasards,
E t vous le pa(fe\en prudence.
E e plus feurpeur vous retenir^
C'eft de de[cendre à la priere> >
yîccordc^un peu moins à cette ar~
deur querrier e3
Q u i de ces lieux fi-tofl s empreffe à
vous bannir,
jdttendezje Printemps qui senva
revenir 3
E t de v offre pouvoir, quoy que il on
fuijfe fa ire,
G A L A N T . iôi
Jamais vous ne verrez^ le mien fè
def-unir*
cœur tributaire,
Contre vous par mes foins rien ne
pourra tenir.
Cette offre ne vous touche Qqueres
M uie queff-ce auffi que f en
E t que peut’ elle m obtenir ?
Pour allumer des feu x qui ne p u if
fient finir,
Vousrfie(les bien plus neeeffiaire
Que je ne vous le fuie à les entretenir*)
A in fi c eftà moy de me taire,
Et d attendre à voffre retour
T out ce que vous voudre^ordonner
de r Am
charmes que la diverfite,
nous devons pafTer d’une
matière aufli trille que
celle dont nous venons de
I
G A L A N T . 89
parler, à une plus diverciffante-, & je croy que nous
ne le pouvons faire plus
agréablement, que par la
Piece qui fuit, puis qu’il y a
de'ja quelque temps quelle
fait du bruit dans les plus
belles Ruelles de Paris.
W 1
RE Q U E S T E
DE L’AM OUR’
A U R O Y.
Sur le bruic de fon Départ
pour l’Armce.
Q
V e me d it-o n de tout
Ef-ce fournie faire querelle7
.
D e mille Amans qu'unit l'ardeur
la fins fidelle^
P a r mon ordre les vœux font p refis
d'efire acceptez^
E t fans attendre icy que la Saifon
nouvelle
— m x.
t
G A L A N T . pi
Dans îe Champ de Mars vous
Tout-à-coup y
GrandRoy^ vous
partez*.
une P lace,
i l riefl rien qui vous puijje arrefier
un moment,
E t que lors qu'aux Soldats vous
aÜez^fierement
P ar voftre exemple infpirer de
l a u d a c e »
Vous eftes dans voftre élément5
M ais qui fait tout trembler^ loifir
fe dèlaffe^
Et vous pouvez* devant envoyer la
> menace.*
Sans la fuivrefi promptement.
S” /. ,
» • W
■peine vos Guerriers dont M ____ _ H ii
9i LE MERCURE
Gloire difpofe
Sous la fa v e u r de voflre appuy,
( C aria Gloire (fix o n s aujourdi'huy
Ce ri eft plus qu'une me fine chofe)
ril peine auprès de moy cesGuerriers
de retour,
Commencent d'efperer la douceur
d'un beau jour,
Que l'ardeur de vous fiuivre à mes
foins les arrache.
E n va in en les flatant je tafihe
d'obtenir
Que l'am our du repos à moy fin i
les attache,
S i vous partc^auatn d'eux ne me
cache
Que rien ne les peut retenir.
&
A in fi voila par tout mon attonte
trompée^
G A L A N T . 9j
P ar tout mes deffeins avortez^
Pour réduire des Libertez^
M on adreffe en ces lieux a beau
s'eftre occupée, .
Chacun fe rend en foule aux Emplois de T Epée
E t dés qu'on peut aller combatre à
voscoftez^
De mes trais les plus vifs l *ame la
mieuxfrâpée,
F uit mes douces oyfivetez^
Cependant combien de tendreffes
P ar voftre éloignement des cœurs fe
vont bannir ?
Combien £ Amans à leurs M a ifirejjts ,
Ont fa it d'agréables PromeJJes^
Qu ils vont eftre par vous hors d'eftat de tenir ?
J.'un pour un bel Objet faiftant
I
9 4 LE MERCURE
gloire de vivre,
D es Patens oppofcz^devoit venir
abouti
Contre un cœur qui bientofi a céder
Je réjbut:
jJa u tre ayant commence s obfiinoit
à pourfuivrei
M a is vous partes^, & pour vous
Juivre
On fe croit dégage de tout.
JLe fins mortel chaqrin que reçoivent les B elles,
Q u i croyaient qu'un accord auffi
tendre que doux,
Æ endroit de leurs Amans les chaifnes éternelles,
C'eflde les voir courir aux coups
A v e c bien plus d'ardeur pour
vous,
Q ù i h n’en eurent jamais
elles.
»
G A LA N T. 95
p o u r obtenir q u ils ne s'eloi<£
nentpaty
Elles ont beau verferdes larmes *
Ces larmes ri ont que d'impuiffans
appas.
P ra v e r auprès de vous les plus ru •
des alarmes
y
. Chercher dans les périls l'honneur
d'un beau trépas,
C e font leursveritables charmes:
Si-tofl quevous prene^les armes
V iv e n t pour eux la Guerre & les
Combats.
L e m al eft que par tout ces Pelles
affligées
M e conjurent d'entrer dans leurs
reflentimens.
J e les rencontre à tous momens.
Q u i dans de vifs ennuis plongées
ê
96 LE MERCURE
M e viennent fatiguer de leurs gemifemens.
l'a y tort de les avoir fous mesLoix
E t je ne fuis qu'un D ieu de Chanfons, de Romans,
Si vous laijfant enlever leurs A -
mans,
z
,
J?fouffre que fa r vous elles foient
outragées.
En vain pour affaiblir Hardeur de
ces Guerriers,
le combats le panchant qui vers
vous les entraîne,
D u Cbamf de M ars dignes A '
vanturiers,
ils dédaignent pour vous ma grandeur fouveraine,
E t mes plus beaux Mirthes u
peine
Valent un
G A L A N T . i>7
le rouqisfiuisquilfaut avouer ma
D evoir que contre vous faifant ce
que je puis,
Ces Belles vainement implorent
mon adreffe^
ennuis^
le dis que c'efl a vous qu'il fa u t que
. Ion s'adrejfeî
M ais elles feavent trop par quels
fermes appuis *
pour la Gloire en tout temps vofre
cœur s*interejfeî
Elles fa v e n t que d efl vofre unique
M a i greffe.
98 LE MERCURE
Si-toÇi que la fervir efi un foin qui
vous greffe.
Pleines de vos Exploits^elles nianorent Pas
Que quittant les P la ifr s, C? liï
leu x & les Fejles^
M algré la glace & le s frim ât s,
On vous a veu déjà pour de nobles
ConqucfteS)
.Au milieu d'un H y v e r avancer a
grand pas.
Quel eft donc l’avantage où vofrc
eÇpoirfe fonde?
Ffl ce que vous voulez^ que l A~
rnour ne (bit rien?
ous vous nuifegy penffr y bien»
E t que vous fervira la fagejfe pw
GALANT. 99
Cette infiqne valeur qui ria fom t
Si ne pouvant des coeurs me rendre
un feurlien,
le laifle dépeupler le Monde?
&
P"oyez^com bien vous hasardez}
A vecm oy, qu'en cela vous fierez^
bien de croire-,
Si vous ne vous raccommodez,
le laifle rayfinir le M onde,& v offre
Gloire,
E t de vos. Actions la merveilleufe
"Mifioire
U ira pas aujjî loin que vous le
lepouroismefme parvangeace.
Pour vous ofler l'apuy de M ars,
Sur quelque autre Vénus arn
I
ioo LE MERCURE
E t l'empefcher par la d'avoir la
eomplaifance
Dém archer [bus vos EtendartsS
M a is qu en vain contre vous femVous averti oute fa Valliance
P our affronter fans luy les plus
mortels hasards,
E t vous le pa(fe\en prudence.
E e plus feurpeur vous retenir^
C'eft de de[cendre à la priere> >
yîccordc^un peu moins à cette ar~
deur querrier e3
Q u i de ces lieux fi-tofl s empreffe à
vous bannir,
jdttendezje Printemps qui senva
revenir 3
E t de v offre pouvoir, quoy que il on
fuijfe fa ire,
G A L A N T . iôi
Jamais vous ne verrez^ le mien fè
def-unir*
cœur tributaire,
Contre vous par mes foins rien ne
pourra tenir.
Cette offre ne vous touche Qqueres
M uie queff-ce auffi que f en
E t que peut’ elle m obtenir ?
Pour allumer des feu x qui ne p u if
fient finir,
Vousrfie(les bien plus neeeffiaire
Que je ne vous le fuie à les entretenir*)
A in fi c eftà moy de me taire,
Et d attendre à voffre retour
T out ce que vous voudre^ordonner
de r Am
Fermer
Résumé : REQUESTE DE L'AMOUR AU ROY. Sur le bruit de son Départ pour l'Armée.
La pièce de théâtre 'Requête de l'Amour à Aurore' traite du départ d'un amant, Galant, pour l'armée. Galant exprime son désir ardent de partir pour le champ de Mars et de se battre. Il reconnaît que son départ causera de la tristesse parmi les amants et les belles, dont les promesses d'amour seront rompues. Les femmes, malgré leurs larmes et leurs supplications, ne peuvent retenir les guerriers attirés par la gloire et l'honneur des combats. Galant admet que son départ est inévitable et que même les prières des femmes affligées ne peuvent le retenir. Il affirme que son cœur est entièrement dédié à la gloire et aux exploits militaires, et qu'il ne peut être détourné de son chemin par les charmes de l'amour. Les femmes, admiratives de ses exploits, reconnaissent qu'il est prêt à affronter les périls pour l'honneur. Galant conclut en affirmant que son cœur est tributaire de ses devoirs militaires et qu'il ne peut être retenu par les offres d'amour. Il choisit de se taire et d'attendre son retour pour obéir aux ordres de l'amour.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
2
p. 139-150
JULIE A LEANDRE.
Début :
Apres avoir parlé de tant de Personnes illustres, disons quelque / Il est donc vray, Cruel, que sans que rien vous touche, [...]
Mots clefs :
Gloire, Maux, Amour, Honneur, Armée
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : JULIE A LEANDRE.
Apres avoir parlé de tant
de Perfonnes iliullres, difons quelque chofe d’une
Belle affligée, ou plutoft
d’une Lettre écrire par une
Amante à fon Amant, fur J >
ce qu’il fe préparoit à partir
pour fc rendre à l’Armée.
• m »
>40 LE MERCURE
Cette Lettre a tellement
efté applaudie par tout où
elle aeftéleuë, que je croirois qu’on auroitfujet de fe
plaindre du Mercure, fi
l’on ne l’y renconcroit pas.
La voicy
J U L I E
A LE A N D R E .
I
L eftdoncvray > Crue f que fans
que rien vous touche
Vous vous préparera partir?
ïa y beau faire f honneur eftunTyran farouche
Qui vousforce d y confentir.
' , ,
i l vous rend des Amans le plus impitoyable
Pour qui jamais aima le mieux,
Ltvousflatant d'un nom , malgré
le temos durable,
i l vous éloigne de mes yeux*
i
4
t LE MERCURE
E té les ! ignorez-vous quelle vaine
chimere
Eft cet honneur qui voiesféduit,
E t d'un bien effectif un bien imaginaire
D o it-il vous dérober le fruit ?
&
A u x plus mortels dangers quand
v offre vie offerte (pris,
Payera quelque Exploit entre*
Peut-effre un jour ou deux on plaindra v offre perte3
E t çenfera la tout le prix.
Vivez^ par fe$ confcils la Gloire
vous abufe. ( jour,
Quoy qu elle vous promette un
Pour ne l'écouterpas, peut-on
querd'exeufe
Lorsqu'o ne mâquepointddmourl
I
O
GA LA N T. 145
yous navez^quà vouloir, c? vous
en aurezjnille
pour rompre ce cruel départ. O uand l'Am our en rai fins ue /croit
l i a toujours fies droits àpart 9
S il efi fier quelquefois, impétueux,
terrible^ S 'il donne de fanflans Arrefis,
I l cherche le repos, ^ devien t doux,
Dans cette occafion, ou confufe,
tremblante, '
ïattens ou la vie, ou la mort: I l veut que vous cediez^aux foùpirs
d'une Amante <
Dont vous p ouvezpeoftrie fierté
x ,F /? Son^ez^vous a quels maux vofire
rigueur m'expofe,
Si vous ojez, vous éloiqner ?
E t peut-on de ces maux fe rendre
exprès la caufe,
Quandon me les peut épargner l
le veux bien, s9
il lefa u t, compter
à rien l'abfence,
QuoyquinfuportableauxAwtàiï
Que ne plaiflM au Ciel de borner
ma fouffrance
e r < W
douleur extrême..
Conjole l'Amour aux abois-,
M ais avoir à trembler toujours
pour ce quon aime,
Combien efl-ce mourir de fois ?
GALANT. i4
j
Chaque pas avâcé, chaque T ra n
chée ouverte,
M c va glacer le cæurd'effroy,
Et d'un heureux (uccezjlimage en
vain offerte, (moy.
M y peindra mille maux pour
TT"3
'euft la plus forte Place emporté
qu'une tefie,
Dontle bruitviennejufquà nous,
Vous croyant aujjl-toft le prix de
M es larmes couleront pour vous9
•îji
Toùjours impatiente , & toujours
allarmèe.
Si je voy quon fe parle bas,
le rnmagineray que parlant de
P Armée,
On me cache voflre trépas >
N
LE MERCURE
Dans l'ardeur a efre infimité , &
le doute d'entendre
Ce qui fcroit mon defefpoir3
i
ray d'apprendre
Ce que je craindray de feavoir,
1
*
Qui iauroit jamais cru 1 M a joye
efioit parfaite!
j4u bruit des Triomphes du Roy,
Rien n auroit pu me, rendre inftdelle Sujete, , .
E t je vay l'efire malgré moy.
Je voudrons que fa gloire à nulle
autre fécondé,
Entaffafi Exploits fur Exploit^
Q uainfi que de nos coeurs il
M aiftre du Monde,
Que tout y reconnut fies Rotsc,
GALANT. 147
Cependant je fensbien dans les rudes a II arm es
Où vofire fort me plongera,
Que je feray réduite à répandre des
larmes
Chaque fois q u il triomphera.
I
Sas que vos y eux en foiët témoinsÙ4ura-t'il plus de peine a fa ire des
co nquefics,
pour avoir unGuerrier de moins?
K
\A ne le fuivre pas où toujours la
Piéloire
S*emprejfe à luy faire fa cour^
Eloigné des périls vous aurerjnoins
/
M aie vous m h rere^lu s£ amour.
♦
i
4
8 le mercure
fh fo n blâme ce defein dont l'ar*
deiïr de me 'plaire
Voies doit avoir fa it fine Loy,
Efi-ce, quoy quon endife,une peine
à voies fa ire ,
S i voies ne vive^queperur moyl
& ,,
Q uynd df
un feu véritable on a l
me en fam ée,
<Aimer eft noflre unique bien,
E t pouiveu que don plaife u l#
Personne aimée,
On compte tout le rejle à rien.
Vous m'en pouvez, convaincre écoti’
tant ma priere, ,
Pourquoy ne le faites vous pris.
G A LA N T. 149
T , 5/ de vous fignalerpar quelque
grand fcrvice,
Le defir vous tient partage,
JT'n coeur comme le mien vaut bien
le fa orifice
D'un peu de renom ncgligf.
L 'A m our vous le demande, il efl
bon de [e rendre
A qui brûle tout de fesfeux>
E t ce quont fa it Ce fa r, Annibal,
Alexandre,
fo u s le pouvezjaire comme eux.
&
Ils riont cru rien ofler a l'éclat de
leur gloire,
En fa fa n t triompher F Amour*,
S ils luy lai foientfur eux emporter
la victoire,
11 le s fa i foi t vaincre a leur tour.
N iij
K
Ijo LE MERCURE
Apres ces Conquérons, vous luy
Abandonner voflre fiertés
Soûmettezfia, pourveuquil vous
■ en tienne compte
Vous en aurait il trop coûté l
I l a pour qui confient a luy rendre
les armes,
Des hiensquon ne peut exprimer^
Pour qoùter purement leurs plus
finfibles charmes,
Vous riavez^qu cifiçavoiraimer
de Perfonnes iliullres, difons quelque chofe d’une
Belle affligée, ou plutoft
d’une Lettre écrire par une
Amante à fon Amant, fur J >
ce qu’il fe préparoit à partir
pour fc rendre à l’Armée.
• m »
>40 LE MERCURE
Cette Lettre a tellement
efté applaudie par tout où
elle aeftéleuë, que je croirois qu’on auroitfujet de fe
plaindre du Mercure, fi
l’on ne l’y renconcroit pas.
La voicy
J U L I E
A LE A N D R E .
I
L eftdoncvray > Crue f que fans
que rien vous touche
Vous vous préparera partir?
ïa y beau faire f honneur eftunTyran farouche
Qui vousforce d y confentir.
' , ,
i l vous rend des Amans le plus impitoyable
Pour qui jamais aima le mieux,
Ltvousflatant d'un nom , malgré
le temos durable,
i l vous éloigne de mes yeux*
i
4
t LE MERCURE
E té les ! ignorez-vous quelle vaine
chimere
Eft cet honneur qui voiesféduit,
E t d'un bien effectif un bien imaginaire
D o it-il vous dérober le fruit ?
&
A u x plus mortels dangers quand
v offre vie offerte (pris,
Payera quelque Exploit entre*
Peut-effre un jour ou deux on plaindra v offre perte3
E t çenfera la tout le prix.
Vivez^ par fe$ confcils la Gloire
vous abufe. ( jour,
Quoy qu elle vous promette un
Pour ne l'écouterpas, peut-on
querd'exeufe
Lorsqu'o ne mâquepointddmourl
I
O
GA LA N T. 145
yous navez^quà vouloir, c? vous
en aurezjnille
pour rompre ce cruel départ. O uand l'Am our en rai fins ue /croit
l i a toujours fies droits àpart 9
S il efi fier quelquefois, impétueux,
terrible^ S 'il donne de fanflans Arrefis,
I l cherche le repos, ^ devien t doux,
Dans cette occafion, ou confufe,
tremblante, '
ïattens ou la vie, ou la mort: I l veut que vous cediez^aux foùpirs
d'une Amante <
Dont vous p ouvezpeoftrie fierté
x ,F /? Son^ez^vous a quels maux vofire
rigueur m'expofe,
Si vous ojez, vous éloiqner ?
E t peut-on de ces maux fe rendre
exprès la caufe,
Quandon me les peut épargner l
le veux bien, s9
il lefa u t, compter
à rien l'abfence,
QuoyquinfuportableauxAwtàiï
Que ne plaiflM au Ciel de borner
ma fouffrance
e r < W
douleur extrême..
Conjole l'Amour aux abois-,
M ais avoir à trembler toujours
pour ce quon aime,
Combien efl-ce mourir de fois ?
GALANT. i4
j
Chaque pas avâcé, chaque T ra n
chée ouverte,
M c va glacer le cæurd'effroy,
Et d'un heureux (uccezjlimage en
vain offerte, (moy.
M y peindra mille maux pour
TT"3
'euft la plus forte Place emporté
qu'une tefie,
Dontle bruitviennejufquà nous,
Vous croyant aujjl-toft le prix de
M es larmes couleront pour vous9
•îji
Toùjours impatiente , & toujours
allarmèe.
Si je voy quon fe parle bas,
le rnmagineray que parlant de
P Armée,
On me cache voflre trépas >
N
LE MERCURE
Dans l'ardeur a efre infimité , &
le doute d'entendre
Ce qui fcroit mon defefpoir3
i
ray d'apprendre
Ce que je craindray de feavoir,
1
*
Qui iauroit jamais cru 1 M a joye
efioit parfaite!
j4u bruit des Triomphes du Roy,
Rien n auroit pu me, rendre inftdelle Sujete, , .
E t je vay l'efire malgré moy.
Je voudrons que fa gloire à nulle
autre fécondé,
Entaffafi Exploits fur Exploit^
Q uainfi que de nos coeurs il
M aiftre du Monde,
Que tout y reconnut fies Rotsc,
GALANT. 147
Cependant je fensbien dans les rudes a II arm es
Où vofire fort me plongera,
Que je feray réduite à répandre des
larmes
Chaque fois q u il triomphera.
I
Sas que vos y eux en foiët témoinsÙ4ura-t'il plus de peine a fa ire des
co nquefics,
pour avoir unGuerrier de moins?
K
\A ne le fuivre pas où toujours la
Piéloire
S*emprejfe à luy faire fa cour^
Eloigné des périls vous aurerjnoins
/
M aie vous m h rere^lu s£ amour.
♦
i
4
8 le mercure
fh fo n blâme ce defein dont l'ar*
deiïr de me 'plaire
Voies doit avoir fa it fine Loy,
Efi-ce, quoy quon endife,une peine
à voies fa ire ,
S i voies ne vive^queperur moyl
& ,,
Q uynd df
un feu véritable on a l
me en fam ée,
<Aimer eft noflre unique bien,
E t pouiveu que don plaife u l#
Personne aimée,
On compte tout le rejle à rien.
Vous m'en pouvez, convaincre écoti’
tant ma priere, ,
Pourquoy ne le faites vous pris.
G A LA N T. 149
T , 5/ de vous fignalerpar quelque
grand fcrvice,
Le defir vous tient partage,
JT'n coeur comme le mien vaut bien
le fa orifice
D'un peu de renom ncgligf.
L 'A m our vous le demande, il efl
bon de [e rendre
A qui brûle tout de fesfeux>
E t ce quont fa it Ce fa r, Annibal,
Alexandre,
fo u s le pouvezjaire comme eux.
&
Ils riont cru rien ofler a l'éclat de
leur gloire,
En fa fa n t triompher F Amour*,
S ils luy lai foientfur eux emporter
la victoire,
11 le s fa i foi t vaincre a leur tour.
N iij
K
Ijo LE MERCURE
Apres ces Conquérons, vous luy
Abandonner voflre fiertés
Soûmettezfia, pourveuquil vous
■ en tienne compte
Vous en aurait il trop coûté l
I l a pour qui confient a luy rendre
les armes,
Des hiensquon ne peut exprimer^
Pour qoùter purement leurs plus
finfibles charmes,
Vous riavez^qu cifiçavoiraimer
Fermer
Résumé : JULIE A LEANDRE.
Dans une lettre adressée à son amant André, Julie exprime son désarroi face à son départ imminent pour l'armée. Elle compare ce départ à la tyrannie et critique l'honneur qui l'oblige à partir, le qualifiant de chimère vaine et de bien imaginaire. Julie met en garde contre les dangers auxquels André s'expose et la brièveté de la reconnaissance pour ses exploits. Julie supplie André de ne pas l'abandonner, affirmant que l'amour a toujours des droits, même s'il peut être impétueux et terrible. Elle décrit sa propre souffrance et sa peur de le perdre, imaginant les pires scénarios. Elle exprime son désir de partager sa douleur et son inquiétude constante pour lui. Malgré les triomphes et les exploits, elle sait qu'elle pleurera à chaque victoire, car elle sera loin de lui. Julie conclut en admettant que, malgré son amour, elle ne peut empêcher André de partir. Elle reconnaît la noblesse de son devoir mais exprime son espoir qu'il revienne sain et sauf. Elle compare son amour à celui des grands conquérants, soulignant que même eux n'ont pas pu résister à l'amour. Elle invite André à soumettre sa fierté à l'amour, suggérant qu'il pourrait en valoir la peine.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
3
p. 230-232
LETTRE DE MONSIEUR le Duc de S. Aignan, au Roy.
Début :
SIRE, J'ose me flater que je n'importuneray point [...]
Mots clefs :
Victoires, Gloire, Renommée, Cambrai
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE DE MONSIEUR le Duc de S. Aignan, au Roy.
LETTRE DE MONSIEVR
YON
le Duc de S.Aignan , auRoyson
IRE,
*
1993
ien'im- L'ofemeflaterque portuneraypointV. MAJESTE en me donnant l'honneurde luy écrire fur les grandes &signalées Vi- Etoires qu'elle remporté tous les iours. Sera- t'ellefatiguée par les marques du zele d'un fidelle Serviteur,au milieu des acclamations
publiques?Et pourquoy triomphe- roit-elle , si elle vouloit qu'on ne luy dist rienſurſes Conquestes ?
D'ailleurs, SIRE, en veritévoſtre Gloire m'ébloüit, voſtre épée laſſe
ma plume , &le bruit éclatant quefait laRepomméeenpubliant vos loüanges , empêchera peut- estreque je nefois écouté. Mais Tome 2. H
i
170 LE MERCURE
quelmoyen depouvoirſe taire, &
comment pouvoir éviter que ma Satisfaction neparoiſſe envoyant mon Auguste Maistre en estat de dele devenirde tant de Nations?
len'ofeplusparler , SIRE , fur cette valeur intrepide mais incorrigible , qui a fait encore pis à
Cambray qu'elle n'avoit fait à
Valenciennes, &ie voy bien que ie Suis destinéàpaſſer avecde cruel- les inquietudes dans la paix tous les jours que V.MAJESTE paffera dans la guerre. Pluſt à Dieu ,
SIRE , que vous fuffiez de retour à Versailles , vous n'y feriez pas moins le Vainqueurdela Flandre,
que vous leferéz à lateſte devos
Armées ; &sansportervous-même la terreur&la mort àvos ennemis, voſtre invincible Nom,fuf firoit pour lesſurmonter. Cepen
GALANT. 171
dant , SIRE , ienesçais quasipar onloüer V.MAJESTE' : Forcerde
toutes parts les meilleures Places,
gagner des batailles, vaincrepar
tout n'eſtrejamais vaincu , &se
voir enfin la crainte ou l'admiration de tout l'Univers,quepeut on
jamais defirer davantage?&quel
bonheurpourra s'égaler aumien fi vous me faites l'honneur de me croire aupoint où ieleſuis toûjours
SIRE,
DeVostreMajesté,
,
Letres humble, tres- obeïſlant,&
tres- fidelle Sujet & Serviteur,
LEDUCDES, AIGNAN.
DeParis le 13 d'Avril 1677.
YON
le Duc de S.Aignan , auRoyson
IRE,
*
1993
ien'im- L'ofemeflaterque portuneraypointV. MAJESTE en me donnant l'honneurde luy écrire fur les grandes &signalées Vi- Etoires qu'elle remporté tous les iours. Sera- t'ellefatiguée par les marques du zele d'un fidelle Serviteur,au milieu des acclamations
publiques?Et pourquoy triomphe- roit-elle , si elle vouloit qu'on ne luy dist rienſurſes Conquestes ?
D'ailleurs, SIRE, en veritévoſtre Gloire m'ébloüit, voſtre épée laſſe
ma plume , &le bruit éclatant quefait laRepomméeenpubliant vos loüanges , empêchera peut- estreque je nefois écouté. Mais Tome 2. H
i
170 LE MERCURE
quelmoyen depouvoirſe taire, &
comment pouvoir éviter que ma Satisfaction neparoiſſe envoyant mon Auguste Maistre en estat de dele devenirde tant de Nations?
len'ofeplusparler , SIRE , fur cette valeur intrepide mais incorrigible , qui a fait encore pis à
Cambray qu'elle n'avoit fait à
Valenciennes, &ie voy bien que ie Suis destinéàpaſſer avecde cruel- les inquietudes dans la paix tous les jours que V.MAJESTE paffera dans la guerre. Pluſt à Dieu ,
SIRE , que vous fuffiez de retour à Versailles , vous n'y feriez pas moins le Vainqueurdela Flandre,
que vous leferéz à lateſte devos
Armées ; &sansportervous-même la terreur&la mort àvos ennemis, voſtre invincible Nom,fuf firoit pour lesſurmonter. Cepen
GALANT. 171
dant , SIRE , ienesçais quasipar onloüer V.MAJESTE' : Forcerde
toutes parts les meilleures Places,
gagner des batailles, vaincrepar
tout n'eſtrejamais vaincu , &se
voir enfin la crainte ou l'admiration de tout l'Univers,quepeut on
jamais defirer davantage?&quel
bonheurpourra s'égaler aumien fi vous me faites l'honneur de me croire aupoint où ieleſuis toûjours
SIRE,
DeVostreMajesté,
,
Letres humble, tres- obeïſlant,&
tres- fidelle Sujet & Serviteur,
LEDUCDES, AIGNAN.
DeParis le 13 d'Avril 1677.
Fermer
Résumé : LETTRE DE MONSIEUR le Duc de S. Aignan, au Roy.
Dans une lettre datée du 13 avril 1677, le Duc de S.Aignan exprime son admiration et sa loyauté envers le Roi de France. Il célèbre les victoires continues du souverain et reconnaît que sa gloire éblouit. Le Duc mentionne les récentes conquêtes de Cambrai et Valenciennes, tout en espérant le retour du Roi à Versailles. Il loue l'invincibilité du nom du Roi, qui inspire la terreur aux ennemis. Le Duc se demande comment louer davantage le Roi, qui force les meilleures places et gagne des batailles. Il conclut en affirmant sa loyauté et son dévouement au souverain.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
4
p. 32-33
A MONSIEUR, Sur la Victoire, & sur son humanité apres la Bataille. SONNET,
Début :
On celebre par tout vos belles Actions, [...]
Mots clefs :
France, Chef, Gloire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A MONSIEUR, Sur la Victoire, & sur son humanité apres la Bataille. SONNET,
A MONSIEUR,
Sur la Victoire qu'il a rem- portée , & fur ſon humani- té apres la Bataille.
SONNET,
Ncelebre par tout vos belles Actions ,
La France retentit du bruit de
vostre gloire ;
Et le récit pompeux de cettegrandeHistoire,
Vafaire l'entretien de milleNations.
DeChef & de Soldat faisant les
fonctions ,
Votre rare Valeur nous donne la
Victoire,
Et
GALANT. 25
Etla Posterité ne pourrajamais
croire ,
Que l'on ait triomphe de tant de
Legions.
६००३
Surmonter à la fois l'Espagne &
laHollande,
Ce n'est pas tout l'honneur que
voſtre cœur demande :
S'il a paru terrible, il veut paroîtrehumain.
Tel qui vous vit plus fier que le Dieu des Batailles
Le jour que vostre Bras fit tant deFunerail les ,
N'apoint veu de Vainqueur plus
doux, le lendemain.
Sur la Victoire qu'il a rem- portée , & fur ſon humani- té apres la Bataille.
SONNET,
Ncelebre par tout vos belles Actions ,
La France retentit du bruit de
vostre gloire ;
Et le récit pompeux de cettegrandeHistoire,
Vafaire l'entretien de milleNations.
DeChef & de Soldat faisant les
fonctions ,
Votre rare Valeur nous donne la
Victoire,
Et
GALANT. 25
Etla Posterité ne pourrajamais
croire ,
Que l'on ait triomphe de tant de
Legions.
६००३
Surmonter à la fois l'Espagne &
laHollande,
Ce n'est pas tout l'honneur que
voſtre cœur demande :
S'il a paru terrible, il veut paroîtrehumain.
Tel qui vous vit plus fier que le Dieu des Batailles
Le jour que vostre Bras fit tant deFunerail les ,
N'apoint veu de Vainqueur plus
doux, le lendemain.
Fermer
Résumé : A MONSIEUR, Sur la Victoire, & sur son humanité apres la Bataille. SONNET,
Un sonnet célèbre un chef militaire victorieux après une bataille entre l'Espagne et la Hollande. La France résonne de ses exploits glorieux, connus mondialement. Il est loué pour sa valeur exceptionnelle et son humanité, redoutable au combat mais doux le lendemain. Sa victoire semble incroyable.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
5
p. 35-36
A MONSIEUR, Sur la Bataille de Cassel, & la prise de S. Omer. SONNET.
Début :
Attaquer Saint Omer, & d'une noble audace [...]
Mots clefs :
Saint Omer, Bataille de Cassel, Philippe, Gloire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A MONSIEUR, Sur la Bataille de Cassel, & la prise de S. Omer. SONNET.
A MONSIEVR,
Sur la Baraille deCaffel , &la
priſe de S.Omer.
SONNET..
A
Itaquer Saint Omer, &
d'une noble audace
GALANT. 27
Aller remplir d'effroy le Camp
des Ennemis ,
Les combattre, les vaincre, & les
ayent Soûmis ,
Deux fois victorieux entrer dans
cette Place
3-
AL
Forcer les Aſſiegez à luy demander grace ,
Leur faire aimer lejoug où fon
Brasles amis,
Remplir tous les Emplois à Sa
Valeurcommis ,
C'eſtſuivrele chemin que la Gloire luy trace 1
Les plus fameux Héros quait
vûs l'Antiquité,
N'alloient que pas àpas àl'ImmortalitéS TH
Ils estoient couronnezapresde longues peines .
Bij
28 LE MERCURE
2003
PHILIPPE vaplus vite , &ſon
courage est tel ,
Quepassant les Exploits des plus
grands Capitaines ,
Dés fon premier. Triomphe ilſe rend Immortel
Sur la Baraille deCaffel , &la
priſe de S.Omer.
SONNET..
A
Itaquer Saint Omer, &
d'une noble audace
GALANT. 27
Aller remplir d'effroy le Camp
des Ennemis ,
Les combattre, les vaincre, & les
ayent Soûmis ,
Deux fois victorieux entrer dans
cette Place
3-
AL
Forcer les Aſſiegez à luy demander grace ,
Leur faire aimer lejoug où fon
Brasles amis,
Remplir tous les Emplois à Sa
Valeurcommis ,
C'eſtſuivrele chemin que la Gloire luy trace 1
Les plus fameux Héros quait
vûs l'Antiquité,
N'alloient que pas àpas àl'ImmortalitéS TH
Ils estoient couronnezapresde longues peines .
Bij
28 LE MERCURE
2003
PHILIPPE vaplus vite , &ſon
courage est tel ,
Quepassant les Exploits des plus
grands Capitaines ,
Dés fon premier. Triomphe ilſe rend Immortel
Fermer
Résumé : A MONSIEUR, Sur la Bataille de Cassel, & la prise de S. Omer. SONNET.
Le sonnet célèbre les exploits militaires de Philippe IV d'Espagne lors de la bataille de Caffel et la prise de Saint-Omer. Il loue sa bravoure, son audace et sa capacité à semer la terreur parmi les ennemis. Philippe IV a gagné l'amour et le respect de ses alliés et a atteint l'immortalité rapidement grâce à son courage, surpassant ainsi les plus grands capitaines.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
6
p. 36-37
« Je n'ay rien à vous dire davantage, ce Sonnet parle [...] »
Début :
Je n'ay rien à vous dire davantage, ce Sonnet parle [...]
Mots clefs :
Sonnet, Abbé Esprit, Gloire, Altesse royale
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Je n'ay rien à vous dire davantage, ce Sonnet parle [...] »
Je n'ay rien àvous dire da- vantage,ce Sonnet parle affez. Monfieur l'Abbé Eſprit vous eſt connu,& vous ſçavez qu'il a fait d'autres Ouvrages qui luy ont acquis à juſte titre beaucoup de reputation.
Tout le monde s'eſt intereſſe à la gloire de Son Al- taffe Royale , & les Damesy
ont auſſi voulu prendre part.
Voicy les Vers que Madame le Camus a preſentez
Tout le monde s'eſt intereſſe à la gloire de Son Al- taffe Royale , & les Damesy
ont auſſi voulu prendre part.
Voicy les Vers que Madame le Camus a preſentez
Fermer
7
p. 216-217
POUR LE ROY. SONNET.
Début :
Admirons ce grand Roy, toûjours victorieux, [...]
Mots clefs :
Héros, Histoire, Gloire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POUR LE ROY. SONNET.
POVR LE ROY.
A
SONNET.
Dmirons ce grand Roy, tow- jours victorieux ,
Admirons ceHéros, si dignequ'on l'admire.
Regardons fon grandair, tel eft celuydes Dieux ,
Dont commeleurpareil,ilpartage l'Empire.
Ileſt ſage, vaillant, juste, laborieux,
Son grand cœur pour la Gloirein- ceſſamentSoûpire.
160 LE MERCURE
Toutesſes actions le rendent glorieux ,
Et l'Histoire aurapeine ànous les
bien décrire.
Seprivant du repos , s'éloignant
des plaiſirs ,
Vers cetteGloire austere il tourne
ſes defirs,
Et durant l'Hyver meſme il ouvre la Campagne.
8303- La Victoire auffi-toftse trouveà
fes costez ;
Elleluy faitpreſent de trois grandes Citez ,
Et laiffe àdeviner les fuites à
l'Espagne.
A
SONNET.
Dmirons ce grand Roy, tow- jours victorieux ,
Admirons ceHéros, si dignequ'on l'admire.
Regardons fon grandair, tel eft celuydes Dieux ,
Dont commeleurpareil,ilpartage l'Empire.
Ileſt ſage, vaillant, juste, laborieux,
Son grand cœur pour la Gloirein- ceſſamentSoûpire.
160 LE MERCURE
Toutesſes actions le rendent glorieux ,
Et l'Histoire aurapeine ànous les
bien décrire.
Seprivant du repos , s'éloignant
des plaiſirs ,
Vers cetteGloire austere il tourne
ſes defirs,
Et durant l'Hyver meſme il ouvre la Campagne.
8303- La Victoire auffi-toftse trouveà
fes costez ;
Elleluy faitpreſent de trois grandes Citez ,
Et laiffe àdeviner les fuites à
l'Espagne.
Fermer
Résumé : POUR LE ROY. SONNET.
Le sonnet célèbre un roi victorieux, héros admirable, sage, vaillant, juste et laborieux. Comparé aux dieux, il aspire à la gloire et se prive de repos. Ses actions glorieuses défient l'histoire. La victoire lui offre trois grandes cités, présageant des succès futurs pour l'Espagne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
8
p. 218-219
« De l'Auguste Loüis celebrez les Trophées [...] »
Début :
De l'Auguste Loüis celebrez les Trophées [...]
Mots clefs :
Louis, Trophées, Gloire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « De l'Auguste Loüis celebrez les Trophées [...] »
Dbrez les Trophées, Fées,
Tracez, Filles des bois, deſſusſes
Lauriers vers, Vers,
Comme il est pourſe voir dans le
Ciel couronné. Né,
Dreſſfez àceHéros que l'Univers
contemple, Temple.. L'on peut bien de Cefar ce qu'on
en fait accroire , Croire,
Mais la Gloire en Hyverſuivoit- ellefespast Pas
Aupres du Grand Loüis auroitildurenom ? Non.
Le vit- on comme luy juste, vail- lant , affable? Fable.
1
Ceque l'Antiquité, qui cheznous a credit. Dit
Des plus fameux Guerriers , eft
une bagatelle Telle
162 LE MERCU
Qu'ilsauroient tousperdudevant
ce grand Vainqueur Cœur.
६००३
Voyons-lequi jamaisdansſonſein
vigilant , Lent,
Toûjourspour entaſſer merveille
fur merveille , Veille.
Qui donc est au deſſus denôtre
Demy-Dieu? Dieu.
Tracez, Filles des bois, deſſusſes
Lauriers vers, Vers,
Comme il est pourſe voir dans le
Ciel couronné. Né,
Dreſſfez àceHéros que l'Univers
contemple, Temple.. L'on peut bien de Cefar ce qu'on
en fait accroire , Croire,
Mais la Gloire en Hyverſuivoit- ellefespast Pas
Aupres du Grand Loüis auroitildurenom ? Non.
Le vit- on comme luy juste, vail- lant , affable? Fable.
1
Ceque l'Antiquité, qui cheznous a credit. Dit
Des plus fameux Guerriers , eft
une bagatelle Telle
162 LE MERCU
Qu'ilsauroient tousperdudevant
ce grand Vainqueur Cœur.
६००३
Voyons-lequi jamaisdansſonſein
vigilant , Lent,
Toûjourspour entaſſer merveille
fur merveille , Veille.
Qui donc est au deſſus denôtre
Demy-Dieu? Dieu.
Fermer
Résumé : « De l'Auguste Loüis celebrez les Trophées [...] »
Le poème célèbre le Grand Louis, héros dont la gloire éclipse celle des guerriers antiques. Il loue sa justice, son courage et son affabilité, qualités supérieures à celles de César. Vigilant et constant, il accumule des merveilles. Qualifié de demi-dieu, il ne peut être surpassé que par Dieu.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
9
p. 31-35
EPISTRE AU ROY.
Début :
Sire je l'avouëray, la Gloire a bien des charmes: [...]
Mots clefs :
Guerriers, Gloire, Héros, Hommage, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EPISTRE AU ROY.
EPISTRE AV ROY.
SIRE l'avoüeray , laGloire a
biendecharmes :
Il est beau de vous voir au milieu des
allarmes.
Voler àses côtez ; &triomphant tou
jours.
20 LE MERCVRE
Conter par vos Exploits le nombrede
vosjours.
Il est beau de vous voir ſacrifier pour
elle
Tout ce qu'on peutjamais attendre d'un
grandzele :
Mais pardonnez-moy , SIRE , &ne
murmurez pas.
Sije crainspour mon Royſes dangereux
appas.
Quand jeſonge auxperils, oùpour luy rendre hommage Voftre intrepide cœuràtoutebeure s'engage;
Carsi j'ofe aujourd'huy m'expliquer
avecvous,
LeSceptre , ny les Lys n'exemptent pointdes coups.
Cerangde Souverain , qui vous metfur nostestes ,
Nemet point vos beaux jours à l'abry des tempestes.
Le Canon , fi fatal aux plus braves
Guerriers ,
N'ajamais des Heros reſpecté les Lanriers ,
GALAN T. 21
น
!
t
J
Etceux,dont voſtrefront s'estfait une Couronne,
N'en garantiffent point voſtre Auguste Personne.
Ilnefautqu'un malheur .... Dieux!jen'oseypenser,
Ieſens à ce discours tout monsangse
glacer.
Ah, SIRE , c'en est trop , venezre- voir la Seine,
Voulez-vous à Madrid aller tout d'une
haleine ,
Et toûjous oublier ce qu'éloigné d'icy ;
ATherese , àl'Etat , vous caufez de foucy?
Vous avez en un mois mis trois Villes
en poudre,
Vostre cœur au repos nepeut-il ſe ré- -Soudre ;
Et ces fruits que la gloire a refervez
pourvous,
Lesgoûtantdans lecalme, enferont-ils moins doux?
Voussçavez qu'autrefois un Herosdont
l'Histoire
Confervera toûjourslapõpeuſe memoire,
22 LE MERCVRE
Aprés avoirfiny de moins nobles travaux.
Fit voir qu'on peut donner des bornes
auxHéros.
Quesi la noble ardeur de vostre ame
guerriere ,
Nepeutse retenirqu'au bout de lacarriere;
Sipourvous arreſter , vous voulezvoir
foûmis Tout ce qui peut encor vousrester d'Ennemis ,
Contentez-vous au moins de ces foins
politiques,
Qui fontplus que lefer fleurir les Re- publiques,
Inſtruisez vos Guerriers àmarcher fur
vospas,
Marquez l'heure , le temps , disposer des Combats.
Et fongez qu'un Grand Roy , qui fut nomméle Sage,
Fit deſon Cabinet trembler ſon voiſinage,
Tandis qu'en ſeureté , paisible danssa
Cour,
A
GALANT. 23
4
1
fut
Ildonnoitquelquefoisdesheures àl'A.
mour.
SIRE l'avoüeray , laGloire a
biendecharmes :
Il est beau de vous voir au milieu des
allarmes.
Voler àses côtez ; &triomphant tou
jours.
20 LE MERCVRE
Conter par vos Exploits le nombrede
vosjours.
Il est beau de vous voir ſacrifier pour
elle
Tout ce qu'on peutjamais attendre d'un
grandzele :
Mais pardonnez-moy , SIRE , &ne
murmurez pas.
Sije crainspour mon Royſes dangereux
appas.
Quand jeſonge auxperils, oùpour luy rendre hommage Voftre intrepide cœuràtoutebeure s'engage;
Carsi j'ofe aujourd'huy m'expliquer
avecvous,
LeSceptre , ny les Lys n'exemptent pointdes coups.
Cerangde Souverain , qui vous metfur nostestes ,
Nemet point vos beaux jours à l'abry des tempestes.
Le Canon , fi fatal aux plus braves
Guerriers ,
N'ajamais des Heros reſpecté les Lanriers ,
GALAN T. 21
น
!
t
J
Etceux,dont voſtrefront s'estfait une Couronne,
N'en garantiffent point voſtre Auguste Personne.
Ilnefautqu'un malheur .... Dieux!jen'oseypenser,
Ieſens à ce discours tout monsangse
glacer.
Ah, SIRE , c'en est trop , venezre- voir la Seine,
Voulez-vous à Madrid aller tout d'une
haleine ,
Et toûjous oublier ce qu'éloigné d'icy ;
ATherese , àl'Etat , vous caufez de foucy?
Vous avez en un mois mis trois Villes
en poudre,
Vostre cœur au repos nepeut-il ſe ré- -Soudre ;
Et ces fruits que la gloire a refervez
pourvous,
Lesgoûtantdans lecalme, enferont-ils moins doux?
Voussçavez qu'autrefois un Herosdont
l'Histoire
Confervera toûjourslapõpeuſe memoire,
22 LE MERCVRE
Aprés avoirfiny de moins nobles travaux.
Fit voir qu'on peut donner des bornes
auxHéros.
Quesi la noble ardeur de vostre ame
guerriere ,
Nepeutse retenirqu'au bout de lacarriere;
Sipourvous arreſter , vous voulezvoir
foûmis Tout ce qui peut encor vousrester d'Ennemis ,
Contentez-vous au moins de ces foins
politiques,
Qui fontplus que lefer fleurir les Re- publiques,
Inſtruisez vos Guerriers àmarcher fur
vospas,
Marquez l'heure , le temps , disposer des Combats.
Et fongez qu'un Grand Roy , qui fut nomméle Sage,
Fit deſon Cabinet trembler ſon voiſinage,
Tandis qu'en ſeureté , paisible danssa
Cour,
A
GALANT. 23
4
1
fut
Ildonnoitquelquefoisdesheures àl'A.
mour.
Fermer
Résumé : EPISTRE AU ROY.
L'épître au roi loue ses exploits et ses sacrifices pour la renommée, tout en exprimant des inquiétudes pour sa sécurité. L'auteur souligne que le sceptre et les lys ne le protègent pas des dangers, notamment les canons et les batailles. Il mentionne les récentes conquêtes du roi, comme la prise de trois villes en un mois, et suggère qu'il serait judicieux de profiter de la paix et de la gloire acquise. L'auteur cite l'exemple d'un héros historique qui sut se modérer après ses exploits. Il conseille au roi de se concentrer sur des actions politiques et stratégiques, telles que l'instruction de ses guerriers et la planification des combats, plutôt que de s'engager constamment dans des batailles.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
10
p. 229-237
ELEGIE.
Début :
Du grand monde & du bruit l'ame peu satisfaite, [...]
Mots clefs :
Monde, Désert, Amis, Science, Âme, Roi, Raison, Gloire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ELEGIE.
ELEGI Ε.
Vgrandmonde&dubruit l'ame
penSatisfaire,
Pourtrouverdurepos je cherche une re- traite ,
GALANT. 149 Etfortant dela Ville apres cent maux Soufferts,
Ie viens chercher du Bec les aimables
Deserts..
CeSéjour agréable encor qu'ilfoit champestre,
Ne fert que rarement à son illustre
Maistre,
Et l'obligeant Emire en tous lieux reveré
AmaBarque agitéeoffre un Portaſſuré.
Trompeuse ambition ! Grandeur imagi- naire!
Qu'en vous lebien est rare &le mal
ordinaire!
Queleplus inſenſible &le mieux pre- paré,
Boit chez vous de Poison dans un Vase doré !
Qu'unefoule importune auſeul gain at- tachée ,
Sous un fasteapparent tient de fraude cachée!
Que les fermes Amisfe trouvent peu Souvent !
Qu'on barit des projets sur un fable mouvant!
Gij
igo LE MERCVRE Etqu'heureux est celuy , dont l'adroite
Science
Sçaitjoindre leſecret avecladéfiance Apeu de vrais Amis qui ſçait se re- trancher ,
Qui garde bien te nombre &n'en va point chercher,
Et qui ſur l'apparence enfin iamais ne -fonde
La folle opinion de plaire àtout le monde!
Onferoit unprodige en vertus achevé.
Qu'onseroit vicieux, pour un goust dépravé,
L'onavencomparer l'honneur à l'arti fice,
Les liberalitezàl'infame avarice,
La douceur à l'aigreur , l'orgueil àla bonté,
Aux laſches actions la generosité,
Lemodeste à celuy, qui fait le necef
faire,
Et l'ame laplusfourbe, au cœur leplus:
fincere.
Cependantdumensonge, infamesArti- fans VnMonstre vous devore , &fait des Partisans,
GALANT. 15.4
k
Voit dans ſes interests ceux qu'il rend miserables ,
Etdesplus oppreſſez fait les plusfavo rables.
On vanteſa conduite , on vanteſon efprit,
On n'oſe contredire àtout ce qu'il écrit,
L'Amour ar tout des
efolavesde l'interest faitpar to
Et regnequelquefois dans les cœurs les
plusbraves.
Al'éclat de la gloire on prefere lebien,
Et pour en acquerir les Crimes nefont
rien.
Quels divers embarras ne m'a-t-on pointfait naiſtre !
Combien , où je commande ay-je ven plusd'unMaistre ?
D'un Roy victorieux la iuste autorités
Apeineapûfléchir un Suiet irrité;
Ceux que i'aimois le mieux , emportez par la brigue,
Ont- ils à ce Torrent opposé quelque Digue!
LaGloirequi m'afait un grand Corps
effembler .... Giij
152 LE MERCVRE Contre les Ennemis qui voudroient nous troubler,
Mapreste des Lauriers dans une vaste Plaine,
Etjevois dansla Ville une Palme incertaine.
Vn indigne Ennemy , qui fort de fon devoir,
Songeàme faire teste , &nesefait pas
voir,
Devient l'injuste Chefd'une infameCabale ,
Trouvedes Courtiſans ſans partirdeſa Salle ,
Etdansſes noirs deſſeins doit estre sa- tisfait D'avoir ofé combatre , encor qu'il soit
défait.
Ilme force àrougir lors que je le furmonte ,
Au plus fort de ma gloire il me couvre
dehonte,
Et donne par caprice en cette occafion,
Au Vainqueur & Vaincu mesme con- fusion.
Ab ! que de mon dépit la juste vian lence .D
GALAN T. 153 Maisle Roy nous l'ordonne,imposons- nousfilence ,
Mon cœur,ilfaut donner encesfacheux
momens,
Au plus grand des Mortels tous nos reffentimens.
Opaisible retraite ? aimable folitude ?
Qui des plus fortunez charmez l'in- quietude , :
M'arrachantauxplaiſirs que vouspou- vezdonner:
Ah! que j'ay de regret de vous aban- donner,
De preferer au mien l'avantage des
autres ,
Etnevoirde long-temps des lieux com- meles vostres! ..
Mais deux jours fans agir mefont à regretter,
4
Etce temps, àmon gré ,nese peut ra- chetera
Pourrons- nous bien changer dans ma plainte inutile,
L'innocence des Champs aux fracas de.
la Ville ?
De cent Beautez en vain on vante les
appas,
Gv
154 LE MERCVRE Moncœur nepeut aimer ce qu'il n'estin
me pas:
Commeil ne fut jamais capable de foi- bleffe ,
Un effort genereux rompt le trait qui le bleffe ,
Etpenchant vers la Gloire
plusqu'àiny.
n'estant
Ilpeuthairdemain, ce qu'il aime aujourd'huy ;
Mais pour vos beaux Deferts , iln'en
estpas demefme,
Pastre repos flateur donne un plaifir extrême
Sans Iris,fans mon Maistre, ô Sejour fortuné.
Vous auriez tout le cœurque je leur ay donné
Le quitte donc l'émail de vos vertes.
Prairies,
Et tout. ce qui flatoit mes douces ré
veries:
Allons tendre les bras à nos illustres
fers,
Allons-nous redonner au Grand Roy que je fers
GALANT Obſerverles proiets d'une fouleimportune,
Ettrouver des plaisirs dans ma noble infortune int Maisil faut bienpenser àce que nous ferons,
Regler nos sentimens par ce que nous Sçaurons , 5
Et fuivant les conseils que la raison
inspire,
Koir,écouterbeaucoup , agir&nevien dire
L
Vgrandmonde&dubruit l'ame
penSatisfaire,
Pourtrouverdurepos je cherche une re- traite ,
GALANT. 149 Etfortant dela Ville apres cent maux Soufferts,
Ie viens chercher du Bec les aimables
Deserts..
CeSéjour agréable encor qu'ilfoit champestre,
Ne fert que rarement à son illustre
Maistre,
Et l'obligeant Emire en tous lieux reveré
AmaBarque agitéeoffre un Portaſſuré.
Trompeuse ambition ! Grandeur imagi- naire!
Qu'en vous lebien est rare &le mal
ordinaire!
Queleplus inſenſible &le mieux pre- paré,
Boit chez vous de Poison dans un Vase doré !
Qu'unefoule importune auſeul gain at- tachée ,
Sous un fasteapparent tient de fraude cachée!
Que les fermes Amisfe trouvent peu Souvent !
Qu'on barit des projets sur un fable mouvant!
Gij
igo LE MERCVRE Etqu'heureux est celuy , dont l'adroite
Science
Sçaitjoindre leſecret avecladéfiance Apeu de vrais Amis qui ſçait se re- trancher ,
Qui garde bien te nombre &n'en va point chercher,
Et qui ſur l'apparence enfin iamais ne -fonde
La folle opinion de plaire àtout le monde!
Onferoit unprodige en vertus achevé.
Qu'onseroit vicieux, pour un goust dépravé,
L'onavencomparer l'honneur à l'arti fice,
Les liberalitezàl'infame avarice,
La douceur à l'aigreur , l'orgueil àla bonté,
Aux laſches actions la generosité,
Lemodeste à celuy, qui fait le necef
faire,
Et l'ame laplusfourbe, au cœur leplus:
fincere.
Cependantdumensonge, infamesArti- fans VnMonstre vous devore , &fait des Partisans,
GALANT. 15.4
k
Voit dans ſes interests ceux qu'il rend miserables ,
Etdesplus oppreſſez fait les plusfavo rables.
On vanteſa conduite , on vanteſon efprit,
On n'oſe contredire àtout ce qu'il écrit,
L'Amour ar tout des
efolavesde l'interest faitpar to
Et regnequelquefois dans les cœurs les
plusbraves.
Al'éclat de la gloire on prefere lebien,
Et pour en acquerir les Crimes nefont
rien.
Quels divers embarras ne m'a-t-on pointfait naiſtre !
Combien , où je commande ay-je ven plusd'unMaistre ?
D'un Roy victorieux la iuste autorités
Apeineapûfléchir un Suiet irrité;
Ceux que i'aimois le mieux , emportez par la brigue,
Ont- ils à ce Torrent opposé quelque Digue!
LaGloirequi m'afait un grand Corps
effembler .... Giij
152 LE MERCVRE Contre les Ennemis qui voudroient nous troubler,
Mapreste des Lauriers dans une vaste Plaine,
Etjevois dansla Ville une Palme incertaine.
Vn indigne Ennemy , qui fort de fon devoir,
Songeàme faire teste , &nesefait pas
voir,
Devient l'injuste Chefd'une infameCabale ,
Trouvedes Courtiſans ſans partirdeſa Salle ,
Etdansſes noirs deſſeins doit estre sa- tisfait D'avoir ofé combatre , encor qu'il soit
défait.
Ilme force àrougir lors que je le furmonte ,
Au plus fort de ma gloire il me couvre
dehonte,
Et donne par caprice en cette occafion,
Au Vainqueur & Vaincu mesme con- fusion.
Ab ! que de mon dépit la juste vian lence .D
GALAN T. 153 Maisle Roy nous l'ordonne,imposons- nousfilence ,
Mon cœur,ilfaut donner encesfacheux
momens,
Au plus grand des Mortels tous nos reffentimens.
Opaisible retraite ? aimable folitude ?
Qui des plus fortunez charmez l'in- quietude , :
M'arrachantauxplaiſirs que vouspou- vezdonner:
Ah! que j'ay de regret de vous aban- donner,
De preferer au mien l'avantage des
autres ,
Etnevoirde long-temps des lieux com- meles vostres! ..
Mais deux jours fans agir mefont à regretter,
4
Etce temps, àmon gré ,nese peut ra- chetera
Pourrons- nous bien changer dans ma plainte inutile,
L'innocence des Champs aux fracas de.
la Ville ?
De cent Beautez en vain on vante les
appas,
Gv
154 LE MERCVRE Moncœur nepeut aimer ce qu'il n'estin
me pas:
Commeil ne fut jamais capable de foi- bleffe ,
Un effort genereux rompt le trait qui le bleffe ,
Etpenchant vers la Gloire
plusqu'àiny.
n'estant
Ilpeuthairdemain, ce qu'il aime aujourd'huy ;
Mais pour vos beaux Deferts , iln'en
estpas demefme,
Pastre repos flateur donne un plaifir extrême
Sans Iris,fans mon Maistre, ô Sejour fortuné.
Vous auriez tout le cœurque je leur ay donné
Le quitte donc l'émail de vos vertes.
Prairies,
Et tout. ce qui flatoit mes douces ré
veries:
Allons tendre les bras à nos illustres
fers,
Allons-nous redonner au Grand Roy que je fers
GALANT Obſerverles proiets d'une fouleimportune,
Ettrouver des plaisirs dans ma noble infortune int Maisil faut bienpenser àce que nous ferons,
Regler nos sentimens par ce que nous Sçaurons , 5
Et fuivant les conseils que la raison
inspire,
Koir,écouterbeaucoup , agir&nevien dire
L
Fermer
Résumé : ELEGIE.
Le poème 'ELEGI Ε.' explore les réflexions d'un individu sur la vie à la cour et le désir de retraite. L'auteur aspire à un repos loin de la ville et de ses maux, mais reconnaît que même les lieux déserts ne conviennent pas toujours à son maître. Il critique l'ambition trompeuse et la grandeur imaginaire, soulignant que le bien est rare et le mal ordinaire dans ce contexte. L'auteur déplore la rareté des amis sincères et la fréquente présence de projets éphémères. Il admire celui qui sait allier la science et la défiance, et qui ne cherche pas à plaire à tout le monde. Le poème condamne les vices et les artifices, préférant l'honneur, la générosité et la sincérité. Il décrit également les intrigues et les manipulations à la cour, où les intérêts personnels dominent souvent. L'auteur exprime son regret de devoir abandonner une retraite paisible pour obéir aux ordres du roi, malgré son désir de rester dans un lieu tranquille. Il conclut en exprimant son intention de suivre les conseils de la raison et de rester prudent dans ses actions.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
11
p. 86-93
VERS IRREGULIERS POUR LE ROY.
Début :
Je ne vous envoye point ce qui a esté imprimé, / Quel desir pressant m'inquiete, [...]
Mots clefs :
Nouveau, M. de Mimur, Roi, Louis, Gloire, Conquêtes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : VERS IRREGULIERS POUR LE ROY.
Je ne vous envoye point ce qui a eſté imprimé,&qui pour- roitn'eſtrepointnouveau pour vous. Jem'arreſte ſeulement à
ce qui ne peut avoir eſte veu quede fort peu de Perſonnes,
&c'eſt par là queje vous fais partde cesVers,où vous trouverez plus de naturel , que de cette élevationpompeuſe qui a quelquefois plus de grands mots quede bons fens. Ils font
deM.deMimur, dont le Pere
eft Confeiller au Parlementde
Dijon. Ce jeune Gentilhom- me fut donné pourPage de la Chambre à Monſeigneur le Dauphin , dans le temps que Monfieur de Montaufier fut
GALANT. 65 fait Gouverneurde ce Prince.
Quoy que M.de Mimurn'eust pas encor dix ans, il paſſoitde- ja pour un prodige. Il ſçavoit parfaitement l'Hiſtoire & la
Chronologie; les Sciences les plus relevées luy estoient fa- milieres,&il en donnadeflors
d'aſſez glorieuſes marques , en confondant plufieurs Perſon- nesqui enprefenced'ungrand Prince,s'attacherentà luy faire des Queſtions. Son merite augmete tous les jours,auſſi-bien que ſa modestie , qui l'auroit -toûjours empeſche de laiſſer courir ces Vers , ſi ſes Amis
n'avoient eu aſſez de memoire
pour en tirer une Copie malgré luy
F3
66 LE MERCVRE
VERS IRREGULIERS
POUR LE ROY.
Vel defir preſſant minquiete ,
Et quel jeune transportd'une ardeur indiscrete ,
Eleve mon esprit jusqu'au plus
grand des Rois ?
Quoy!temeraire avec ce peu de
voix,
Quiferviroit àpeineàparlerde
nosBois .
८
Or du travailque fait l'Abeille
auMontHimette D
Oferois-je chanter commeenmoins -dedeux mois
Loüis afçew rangertrois Villes.
fousfesLois?
Oferois - je conter la sanglante
Défaite
GALANT. 67 Quimet le Flamand aux abois ,
Ettant deſurprenans Exploits ,
Où n'auroit pas suffy le plus fameux Poëte ,
Quedansfon heureux SiecleAu- gusteeut autrefois ?
Non , à quelque deſſein que mon
zelem'engage ,
Je connois mon génie , & ne me
flate pas.
Ien'entreprendraypointde tracer
une image
Qui le peigne außi fier qu'on le
voit aux Combats
Attacher la Victoire incertaine
&volage,
Et larendre conftante àmarcher furfespas.
C'estcependantparses derniers
progrés,
Que la Frontieredeformais
68 LE MERCVRE Verra le Laboureurdansſafertile
terre
Senrichir tous les ans des trefors
de Cerés ,
Et fans estre allarmé des malheurs de la Guerre ,
Foüir enſeuretédes douceurs de la
Paix
Venez montrer ce front où brille
La Victoire
Rameneznos beaux jours , rame- neznosplaisirs ,
Revenez, &faites-nous croire Quevous preferez nos defirs
Aux interests devostregloire.
Hé! quoy tant de travaux avant
5
qu'à nos Vergers whoar LePrintemps ait rendu leurverdure ordinaire ,
Nepeuvět donc vous fatisfaire?
Toûjours nouveaux deſſeins, toû- jours nouveaux dangers.
GALANT. 69 GRAND ROY , ménagez mieux
une teſteſi chere ,
LeBelgen'a que tropſentyvoſtre colere:
Prenezà l'avenirunpeuplus de
repos,
Et laiffez deformais les Conquêtes àfaire,
A l'ardeur que je vois dans un
jeune Héros Qui cherche àse montrerdigne
Fils d'un tel Pere
ce qui ne peut avoir eſte veu quede fort peu de Perſonnes,
&c'eſt par là queje vous fais partde cesVers,où vous trouverez plus de naturel , que de cette élevationpompeuſe qui a quelquefois plus de grands mots quede bons fens. Ils font
deM.deMimur, dont le Pere
eft Confeiller au Parlementde
Dijon. Ce jeune Gentilhom- me fut donné pourPage de la Chambre à Monſeigneur le Dauphin , dans le temps que Monfieur de Montaufier fut
GALANT. 65 fait Gouverneurde ce Prince.
Quoy que M.de Mimurn'eust pas encor dix ans, il paſſoitde- ja pour un prodige. Il ſçavoit parfaitement l'Hiſtoire & la
Chronologie; les Sciences les plus relevées luy estoient fa- milieres,&il en donnadeflors
d'aſſez glorieuſes marques , en confondant plufieurs Perſon- nesqui enprefenced'ungrand Prince,s'attacherentà luy faire des Queſtions. Son merite augmete tous les jours,auſſi-bien que ſa modestie , qui l'auroit -toûjours empeſche de laiſſer courir ces Vers , ſi ſes Amis
n'avoient eu aſſez de memoire
pour en tirer une Copie malgré luy
F3
66 LE MERCVRE
VERS IRREGULIERS
POUR LE ROY.
Vel defir preſſant minquiete ,
Et quel jeune transportd'une ardeur indiscrete ,
Eleve mon esprit jusqu'au plus
grand des Rois ?
Quoy!temeraire avec ce peu de
voix,
Quiferviroit àpeineàparlerde
nosBois .
८
Or du travailque fait l'Abeille
auMontHimette D
Oferois-je chanter commeenmoins -dedeux mois
Loüis afçew rangertrois Villes.
fousfesLois?
Oferois - je conter la sanglante
Défaite
GALANT. 67 Quimet le Flamand aux abois ,
Ettant deſurprenans Exploits ,
Où n'auroit pas suffy le plus fameux Poëte ,
Quedansfon heureux SiecleAu- gusteeut autrefois ?
Non , à quelque deſſein que mon
zelem'engage ,
Je connois mon génie , & ne me
flate pas.
Ien'entreprendraypointde tracer
une image
Qui le peigne außi fier qu'on le
voit aux Combats
Attacher la Victoire incertaine
&volage,
Et larendre conftante àmarcher furfespas.
C'estcependantparses derniers
progrés,
Que la Frontieredeformais
68 LE MERCVRE Verra le Laboureurdansſafertile
terre
Senrichir tous les ans des trefors
de Cerés ,
Et fans estre allarmé des malheurs de la Guerre ,
Foüir enſeuretédes douceurs de la
Paix
Venez montrer ce front où brille
La Victoire
Rameneznos beaux jours , rame- neznosplaisirs ,
Revenez, &faites-nous croire Quevous preferez nos defirs
Aux interests devostregloire.
Hé! quoy tant de travaux avant
5
qu'à nos Vergers whoar LePrintemps ait rendu leurverdure ordinaire ,
Nepeuvět donc vous fatisfaire?
Toûjours nouveaux deſſeins, toû- jours nouveaux dangers.
GALANT. 69 GRAND ROY , ménagez mieux
une teſteſi chere ,
LeBelgen'a que tropſentyvoſtre colere:
Prenezà l'avenirunpeuplus de
repos,
Et laiffez deformais les Conquêtes àfaire,
A l'ardeur que je vois dans un
jeune Héros Qui cherche àse montrerdigne
Fils d'un tel Pere
Fermer
Résumé : VERS IRREGULIERS POUR LE ROY.
Le texte relate une correspondance où l'auteur partage des vers inédits de M. de Mimur, un jeune gentilhomme de Dijon. Mimur, fils d'un conseiller au Parlement de Dijon, a servi comme page de la Chambre du Dauphin sous Monsieur de Montaufier. À dix ans, il était déjà connu pour ses connaissances en histoire et chronologie, impressionnant des proches d'un grand prince. Les vers, intitulés 'Vers irréguliers pour le Roy', expriment l'admiration de Mimur pour le roi Louis XIV. Il y célèbre les exploits militaires du roi, tels que la prise de villes et la défaite des Flamands. Mimur reconnaît ses propres limites et espère que les frontières seront sécurisées, permettant aux laboureurs de travailler en paix. Le poème se conclut par une supplique au roi pour qu'il ménage ses forces et laisse les conquêtes à un jeune héros, le Dauphin. Malgré sa modestie, les amis de Mimur ont copié et diffusé ces vers.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
12
p. 150-153
Vers à la gloire du Roy & de Monsieur le Duc du Maine. [titre d'après la table]
Début :
Cependant, Madame, vous croirez que la Tragédie dont je vous [...]
Mots clefs :
Muses Gasconnes, Roi, Spectacle, Gloire, Duc du Maine
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Vers à la gloire du Roy & de Monsieur le Duc du Maine. [titre d'après la table]
Cepen- dant, Madame , vous croirez que la Tragédie dont je vous parle a eftequelque quel choſe de
fort provincial, & vous aurez de la peine à eſtre perfuadée que les Muſes Gafconnes ap- prochentde la politeffe de cel- les que le Roy a bien voulu loger dans le Louvre. Perdez cette penfée , & jugez de ce qu'a pû eſtre la Piece par ces Vers qui devoient ſervir de
Tome V. K
110 LE MERCVRE
complimentàMonfieur leDuc duMaine , s'il euſt eu le temps d'en voir une Repréſentation.
Q
Voyqu'ilnous
rieux ,
Soit fort gloPrince,de vous voir en ces lieux,
Nous avions intereſt à trouverdes
obstacles
Pour retenir le defir curieux
Quivousattireànos Spéttacles.
Nous connoiſſons lefangdes Demy
Dieux ,
Ilest accoûtumédetout temps aux
Miracles,
Etnousn'envenons pointétalerà
vosyeux.
C'estd'une tragiqueAvanture
Latriste &fidelle peinture Quenousavons àvous ofrir.
Les rares qualitez qu'en vous chacun admire ,
1
GALANT. I
D. Nous donneroientfans- doute affez àdiſcourir;
Mais nous n'en diſons rien , pour
avoirtrop à dire.
Pourparlerdignement de vous,
Nous voulions en ces lieux faire
venir la Gloire ,
Mais(&vous n'aurezpas depeine ànous en croire)
Elle n'a point de temps àperdre
avecquenous.
Pourl'Auguste Loüis elle est toute
occupée ,
Ellenepeut lequiter un moment,
EtpouraucunHéros jamais atta- chement
Ne rendit moins fon attente
trompée.
Si ce grand Conquerant l'eust laiſſée enpouvoir Deſe donner quelques joursderelâche,
Kij
112 LE MERCVRE
Prince,vous l'auriezvenë icy vous
recevoir ,
Mais on peut à ceprixsepaffer de lavoir ,
Etcelan'a rien qui vous fâche.
fort provincial, & vous aurez de la peine à eſtre perfuadée que les Muſes Gafconnes ap- prochentde la politeffe de cel- les que le Roy a bien voulu loger dans le Louvre. Perdez cette penfée , & jugez de ce qu'a pû eſtre la Piece par ces Vers qui devoient ſervir de
Tome V. K
110 LE MERCVRE
complimentàMonfieur leDuc duMaine , s'il euſt eu le temps d'en voir une Repréſentation.
Q
Voyqu'ilnous
rieux ,
Soit fort gloPrince,de vous voir en ces lieux,
Nous avions intereſt à trouverdes
obstacles
Pour retenir le defir curieux
Quivousattireànos Spéttacles.
Nous connoiſſons lefangdes Demy
Dieux ,
Ilest accoûtumédetout temps aux
Miracles,
Etnousn'envenons pointétalerà
vosyeux.
C'estd'une tragiqueAvanture
Latriste &fidelle peinture Quenousavons àvous ofrir.
Les rares qualitez qu'en vous chacun admire ,
1
GALANT. I
D. Nous donneroientfans- doute affez àdiſcourir;
Mais nous n'en diſons rien , pour
avoirtrop à dire.
Pourparlerdignement de vous,
Nous voulions en ces lieux faire
venir la Gloire ,
Mais(&vous n'aurezpas depeine ànous en croire)
Elle n'a point de temps àperdre
avecquenous.
Pourl'Auguste Loüis elle est toute
occupée ,
Ellenepeut lequiter un moment,
EtpouraucunHéros jamais atta- chement
Ne rendit moins fon attente
trompée.
Si ce grand Conquerant l'eust laiſſée enpouvoir Deſe donner quelques joursderelâche,
Kij
112 LE MERCVRE
Prince,vous l'auriezvenë icy vous
recevoir ,
Mais on peut à ceprixsepaffer de lavoir ,
Etcelan'a rien qui vous fâche.
Fermer
Résumé : Vers à la gloire du Roy & de Monsieur le Duc du Maine. [titre d'après la table]
La lettre traite d'une tragédie provinciale, que l'auteur reconnaît comme moins raffinée que celles du Louvre. Elle est adressée à une personne de haut rang, probablement une femme de la noblesse. L'auteur inclut des vers destinés à complimenter Monsieur le Duc du Maine, qui n'a pas pu assister à la représentation. Ces vers expriment l'intérêt et l'admiration pour le prince, tout en soulignant la modestie de la pièce. Ils mentionnent également la gloire, entièrement occupée par le roi Louis, et incapable de se détacher de lui, même pour un instant. L'auteur conclut en affirmant que, bien que la gloire ne puisse être présente, cela ne devrait pas fâcher le prince.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
13
p. 15-16
CHANSON.
Début :
Les deux Couplets qui suivent sont pour Madame la Mareschale [...]
Mots clefs :
Amour, Guerriers, Gloire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CHANSON.
Les deux Couplets qui fuivent font pourMadamelaMa- refchalede Lorge. L'Air en a
eſté fait par Monfieur Dam- broüys.
1.2 LE MERCVRE
V
******
CHANSON.
Os charmes , belle Iris , font aisément connaître Que l'Amour est toûjours le maître,
Etque tous lesGuerriersqu'on redoute leplus,
Sont ceux qu'il a plûtoſt vaincus.
Vostre Illustre Héros , que plus d'une
Victoire
Arendu tout brillant de Gloire ,
Soumis à vos appas , adore dans vos
yeux
Amour lepluspuiſſant des Dieux.
eſté fait par Monfieur Dam- broüys.
1.2 LE MERCVRE
V
******
CHANSON.
Os charmes , belle Iris , font aisément connaître Que l'Amour est toûjours le maître,
Etque tous lesGuerriersqu'on redoute leplus,
Sont ceux qu'il a plûtoſt vaincus.
Vostre Illustre Héros , que plus d'une
Victoire
Arendu tout brillant de Gloire ,
Soumis à vos appas , adore dans vos
yeux
Amour lepluspuiſſant des Dieux.
Fermer
14
p. 27-29
AU ROY, SONNET.
Début :
L'Amour fournissoit autrefois presque toute la matiere des Vers /Les Siecles à venir ne pourront jamais croire, [...]
Mots clefs :
Gloire, Cambrai, Conquêtes, Paix
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AU ROY, SONNET.
L'Amour fourniffoit autrefois preſque toute la matiere des Vers qui ſe faifoient; mais depuis quelques années les grandes Conqueſtes du Roy ont pris fa place , & la plupart de ceux qui en ont écrit, ont crû qu'ils devoient ſe ſervir de ce langage pour parler plus dignement d'un ſi beau Sujet. Ne vous étonnez pas aprés cela ſi vous avez trouvé dans
toutes mes Lettres des Vers à
la gloire de ce Monarque. Je
vous envoye encor un Son- net fur les belles Actions de
cePrince..
GALANT. 21
L
AU ROY.
SONNET.
Es Siecles àvenirne
maiscroire,
pourrontja
De noftre Roy vainqueur , les Ex- ploits merveilleux;
DesHérosde la Fable , ils croiront
voir l'Histoire ,
Dansles Faits de Loüis pareils à
ceuxdes Dieux.
Lors qu'àtant d' Ennemis ,de Victoi
re en Victoire ,
Ilmarche en Conquerant , les défait entous lieux;
Quand fur Terre &Sur Mer, il ac- quiert tant de gloire ,
Ne triomphe-t-il pas desTitans or- gueilleux ?
Un lustre deſa Vie a domptédixProvinces,
22 LE MERCVRE
Forcé mille Remparts , aux yeux de
tous les Princes ,
Armezpourſecourir le Batave expirant.
Leurs efforts impuiffans , avec cent mille Testes ,
N'ont pûSauver Cambray des mains d'un Royfi grand;
Riennepeut que la Paix arreſter ſes Conquestes.
toutes mes Lettres des Vers à
la gloire de ce Monarque. Je
vous envoye encor un Son- net fur les belles Actions de
cePrince..
GALANT. 21
L
AU ROY.
SONNET.
Es Siecles àvenirne
maiscroire,
pourrontja
De noftre Roy vainqueur , les Ex- ploits merveilleux;
DesHérosde la Fable , ils croiront
voir l'Histoire ,
Dansles Faits de Loüis pareils à
ceuxdes Dieux.
Lors qu'àtant d' Ennemis ,de Victoi
re en Victoire ,
Ilmarche en Conquerant , les défait entous lieux;
Quand fur Terre &Sur Mer, il ac- quiert tant de gloire ,
Ne triomphe-t-il pas desTitans or- gueilleux ?
Un lustre deſa Vie a domptédixProvinces,
22 LE MERCVRE
Forcé mille Remparts , aux yeux de
tous les Princes ,
Armezpourſecourir le Batave expirant.
Leurs efforts impuiffans , avec cent mille Testes ,
N'ont pûSauver Cambray des mains d'un Royfi grand;
Riennepeut que la Paix arreſter ſes Conquestes.
Fermer
Résumé : AU ROY, SONNET.
Le texte aborde l'évolution des thèmes poétiques, passant de l'amour aux conquêtes royales. Les grandes victoires du roi ont inspiré les poètes à adopter un langage plus digne pour célébrer ces exploits. Le narrateur mentionne que ses lettres contiennent des vers à la gloire du monarque et envoie un sonnet sur les actions du prince. Ce sonnet loue les exploits du roi, prédisant que les générations futures auront du mal à croire aux merveilles de ses conquêtes, comparables à celles des héros de la fable. Il décrit le roi triomphant sur terre et sur mer, domptant dix provinces et forçant mille remparts. Les efforts des ennemis, même en nombre supérieur, n'ont pas pu empêcher la prise de Cambrai. Seule la paix peut arrêter ses conquêtes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
15
p. 133-142
A MONSEIGNEUR LE PRINCE DE MARSILLAC. EPISTRE.
Début :
Vous voulez bien, Madame, que de Montpellier je vous ramene / Au lieu de jeûner le Carème, [...]
Mots clefs :
Carême, Carnage, Prise de Valenciennes, Louis, Vainqueurs, Gloire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A MONSEIGNEUR LE PRINCE DE MARSILLAC. EPISTRE.
Vous voulez bien , Madame que deMontpellierje vous ramene à la Cour , & que je vous faſſe encor une fois part de l'Epitre qui fut envoyée par Monfieurr de Ramboüillet àMonfieur le Prince de Marfillac aprés les dernieres Con- queſtes du Roy. Il manquoit beaucoup de Vers à la Copie qui estoit dans ma derniere
Lettre , vous le pourrez faci- lement connoiftre en lifant
94 LE MERCVRE celle-cy , où vous trouverez des agrémens qui n'eſtoient pas dans la premiere..
A MONSEIGNEUR
LE PRINCE
DE MARSILLAC.
A
EPISTRE.
Ulieu de jeûner le Carême,
D'estre avec un visage blême,
Afaire vos Devotions,
Et vacquer à vos Stations ;
Tout ce temps vous avez fait rage Parmyleſang &le carnage;
Vous n'avezmalgré les hazards Songéqu'àforcer des Remparts,
Vous avezpris trois grandes Villes,
Des Flamans les plus ſeurs aziles,
Mesme vous avezfait périr Ceux qui venoient les ſecourir.
GALANT. 95
L
و
Puny leur audace infolente ,
Dans une Bataille ſanglante ,
Ceque les plus grands Conquerans N'auroient jamais fait en quatre ans.
Je ne sçay ce que le Saint Pere Aura jugé de cette affaire ,
Mais jamais chez lesplus pieux -Carême neſe paſſa mieux.
Laprise de Valencienne ,
Eftune action fort Chrêtienne ,
Violer quandonfut dedans,
Sembloit estre du Droitdes Gens.
Leplus moderé, le plusfage,
Brûlealors ,met tout au pillage.
Vos Soldats mieux difciplinez ,
Parla feule gloire menez,
Dansune Placeainſi conquiſe,
Entrent comme dans une Eglife,
DesDémonsquad ils font aux mains,
Et quand ils font Vainqueurs , des Saints.
Loüis,l'ame de ces merveilles,
Qui n'eurent jamais de pareilles ,
Trouve maintenant àpropos Que les Corpsprennent durepos.
Il a bien voulu leur permettre
Quelques Sejours pour se remestre:
:
96 LE MERCVRE
Luy cependantfait mille tours ,
L'ame veille , elle agit toûjours,
Etrepaffe fur toute chofe ,
Pendantque le corps serepose.
Mais on ditque danspeude temps,
Vous allez vous remettre aux champs.
Où Diable allez-vous donc encore ?
Est-ce au Nord?est-ce vers l'Aurore
Voulez-vous vous mettre ſur l'eau,
Etpaffer la Merfans Vaiſſeau ?
Les Dauphins de la Mor Baltique Les Baloines du Pôle Arctique ,
Mafoy , vous n'aurez qu'àvouloir,
Viendrontvos ordres recevoir,
Et fur le Zelandeis rivage
Vous porter Canons &Bagage.
Cen'est pas si grand chose , enfin Vous avez bien pafse le Rhin,
Cette Barriere si terrible ,
Dontle paſſage eft fi penible,
QueRome maîtreſſe de tout ,
Apeine en vint jadis à bout.
Ayant Loüis àvostre teste ,
Vous n'aurez rien quivous arreste
Ases Armes tout réussit ,
Tout luyfuccede,tout luy rit.
D'oùvient que ceuxde qui les venës
GALANT. 97 Nefontpas assez étenduës ,
Exaltent autantfon bonheur,
Quefa prudence. &fa valeur ?
Mais quand on sçait estrefevere,
Sans ceffer toutefois de plaire ,
Lorsqu'onsçait inspirer aux cœurs Lesdefirs qui font les Vainqueurs,
Lemépris des Parques cruelles ,
Etque les Miniſtres fidelles,
Dont avecſoin on a fait choix,
Sont au deſſus de leurs Emplois,
Qu'avec justice on diſpenſe Et la peine &la récompense,
Qu'onfçait toutes choses prévoir,
Atous les accidens pourvoir,
Etque jamais on ne viole Le Don facré de ſaparole,
Avecfes talens merveilleux ,
Il est bien aisé d'eſtre heureux.
Cependantpar trop entreprendre ,
Vouspourriezplus perdre que predre :
Ilestvray qu'ilfaut que chacun Contribue au bonheur commun.
On doit facrifierſa vie
Ala gloire defa Patrie.
Ainsi, Seigneur, malgré les coups Quele Rhinvit tomberſur vous ,
98 LE MERCURE Tous les jours une ardeur nouvelle Vousfait expofer de plus belle.
Mais il est bon de regarder Qu'ilnefautpas tout hazarder ,
Etque les Teftes couronnées ,
Doivent au moins estre épargnées.
Commentfouffrez- vous que le Roy ,
(Je n'y pense pointsans effroy)
Soitàtoute heure aux mousquetades,
-Toujours en butte aux cannonades ,
Vous , Seigneur , quiſoir &matin Le voyeznud comme la main ?
Voz sçavez &devez luy dire ,
Quoyque des Dieux ſon ſangil tire,
Encore qu'ilsoit un Héros,
Qu'il estpourtant de chair &d'os,
Etqu'il abesoin d'une Armure La mieux trempée &laplus dure.
Sifon Frere n'en eûtpoint mis ,
Il n'auroit pas des Ennemis Dans cetteBataille fameuse Eu la Victoire glorieuse ,
Etnousverrions dans la douleur
Madamequi rit de bon cœur.
L'Armure pourtant la meilleure N'empesche pasqu'on n'y demeure,
Le Canon est encore plus fort ,
Turenne
رو .GALANT
7
Turenne afuby son effort ,
Et les Rois dont il est lafoudre , Peuvent en estre mis en poudre :
Ainsi vous deveztout ofer Pour l'empeſcher de s'expoſer ;
Qui doit toûjours estre le Maistre.
Encepoint nedoit jamais l'estre.
Le plusfeur est de revenir,
Rienn'a droit de vous retenir;
Lors que des Beautez defolées Sont par vostre absence accablées D'ennuis &de vives douleurs ,
Et leurs beaux yeux noyez de pleurs,
Rienn'est préferable àces Belles ,
Et laGloire est moins belle qu'elles.
Leur Carême est un peu trop long,
Et leur Jubilé hors deſaiſon.
Pourtant quoy que la Bulle dife,
Et tous les Canons de l'Eglisé ,
Ils nefiniront que le jour Qu'elles vous verront de retour.
Lettre , vous le pourrez faci- lement connoiftre en lifant
94 LE MERCVRE celle-cy , où vous trouverez des agrémens qui n'eſtoient pas dans la premiere..
A MONSEIGNEUR
LE PRINCE
DE MARSILLAC.
A
EPISTRE.
Ulieu de jeûner le Carême,
D'estre avec un visage blême,
Afaire vos Devotions,
Et vacquer à vos Stations ;
Tout ce temps vous avez fait rage Parmyleſang &le carnage;
Vous n'avezmalgré les hazards Songéqu'àforcer des Remparts,
Vous avezpris trois grandes Villes,
Des Flamans les plus ſeurs aziles,
Mesme vous avezfait périr Ceux qui venoient les ſecourir.
GALANT. 95
L
و
Puny leur audace infolente ,
Dans une Bataille ſanglante ,
Ceque les plus grands Conquerans N'auroient jamais fait en quatre ans.
Je ne sçay ce que le Saint Pere Aura jugé de cette affaire ,
Mais jamais chez lesplus pieux -Carême neſe paſſa mieux.
Laprise de Valencienne ,
Eftune action fort Chrêtienne ,
Violer quandonfut dedans,
Sembloit estre du Droitdes Gens.
Leplus moderé, le plusfage,
Brûlealors ,met tout au pillage.
Vos Soldats mieux difciplinez ,
Parla feule gloire menez,
Dansune Placeainſi conquiſe,
Entrent comme dans une Eglife,
DesDémonsquad ils font aux mains,
Et quand ils font Vainqueurs , des Saints.
Loüis,l'ame de ces merveilles,
Qui n'eurent jamais de pareilles ,
Trouve maintenant àpropos Que les Corpsprennent durepos.
Il a bien voulu leur permettre
Quelques Sejours pour se remestre:
:
96 LE MERCVRE
Luy cependantfait mille tours ,
L'ame veille , elle agit toûjours,
Etrepaffe fur toute chofe ,
Pendantque le corps serepose.
Mais on ditque danspeude temps,
Vous allez vous remettre aux champs.
Où Diable allez-vous donc encore ?
Est-ce au Nord?est-ce vers l'Aurore
Voulez-vous vous mettre ſur l'eau,
Etpaffer la Merfans Vaiſſeau ?
Les Dauphins de la Mor Baltique Les Baloines du Pôle Arctique ,
Mafoy , vous n'aurez qu'àvouloir,
Viendrontvos ordres recevoir,
Et fur le Zelandeis rivage
Vous porter Canons &Bagage.
Cen'est pas si grand chose , enfin Vous avez bien pafse le Rhin,
Cette Barriere si terrible ,
Dontle paſſage eft fi penible,
QueRome maîtreſſe de tout ,
Apeine en vint jadis à bout.
Ayant Loüis àvostre teste ,
Vous n'aurez rien quivous arreste
Ases Armes tout réussit ,
Tout luyfuccede,tout luy rit.
D'oùvient que ceuxde qui les venës
GALANT. 97 Nefontpas assez étenduës ,
Exaltent autantfon bonheur,
Quefa prudence. &fa valeur ?
Mais quand on sçait estrefevere,
Sans ceffer toutefois de plaire ,
Lorsqu'onsçait inspirer aux cœurs Lesdefirs qui font les Vainqueurs,
Lemépris des Parques cruelles ,
Etque les Miniſtres fidelles,
Dont avecſoin on a fait choix,
Sont au deſſus de leurs Emplois,
Qu'avec justice on diſpenſe Et la peine &la récompense,
Qu'onfçait toutes choses prévoir,
Atous les accidens pourvoir,
Etque jamais on ne viole Le Don facré de ſaparole,
Avecfes talens merveilleux ,
Il est bien aisé d'eſtre heureux.
Cependantpar trop entreprendre ,
Vouspourriezplus perdre que predre :
Ilestvray qu'ilfaut que chacun Contribue au bonheur commun.
On doit facrifierſa vie
Ala gloire defa Patrie.
Ainsi, Seigneur, malgré les coups Quele Rhinvit tomberſur vous ,
98 LE MERCURE Tous les jours une ardeur nouvelle Vousfait expofer de plus belle.
Mais il est bon de regarder Qu'ilnefautpas tout hazarder ,
Etque les Teftes couronnées ,
Doivent au moins estre épargnées.
Commentfouffrez- vous que le Roy ,
(Je n'y pense pointsans effroy)
Soitàtoute heure aux mousquetades,
-Toujours en butte aux cannonades ,
Vous , Seigneur , quiſoir &matin Le voyeznud comme la main ?
Voz sçavez &devez luy dire ,
Quoyque des Dieux ſon ſangil tire,
Encore qu'ilsoit un Héros,
Qu'il estpourtant de chair &d'os,
Etqu'il abesoin d'une Armure La mieux trempée &laplus dure.
Sifon Frere n'en eûtpoint mis ,
Il n'auroit pas des Ennemis Dans cetteBataille fameuse Eu la Victoire glorieuse ,
Etnousverrions dans la douleur
Madamequi rit de bon cœur.
L'Armure pourtant la meilleure N'empesche pasqu'on n'y demeure,
Le Canon est encore plus fort ,
Turenne
رو .GALANT
7
Turenne afuby son effort ,
Et les Rois dont il est lafoudre , Peuvent en estre mis en poudre :
Ainsi vous deveztout ofer Pour l'empeſcher de s'expoſer ;
Qui doit toûjours estre le Maistre.
Encepoint nedoit jamais l'estre.
Le plusfeur est de revenir,
Rienn'a droit de vous retenir;
Lors que des Beautez defolées Sont par vostre absence accablées D'ennuis &de vives douleurs ,
Et leurs beaux yeux noyez de pleurs,
Rienn'est préferable àces Belles ,
Et laGloire est moins belle qu'elles.
Leur Carême est un peu trop long,
Et leur Jubilé hors deſaiſon.
Pourtant quoy que la Bulle dife,
Et tous les Canons de l'Eglisé ,
Ils nefiniront que le jour Qu'elles vous verront de retour.
Fermer
Résumé : A MONSEIGNEUR LE PRINCE DE MARSILLAC. EPISTRE.
Le document est une lettre adressée à Madame de Montpellier, accompagnée d'une épître dédiée au Prince de Marsillac. L'épître célèbre les récentes conquêtes du roi, mettant en avant la prise de trois grandes villes et la victoire contre les Flamands. L'auteur exalte la discipline et la piété des soldats, comparant leurs actions à des actes saints. Il souligne les talents exceptionnels du roi Louis, qui allie prudence et valeur, et dont les actions sont toujours couronnées de succès. Cependant, l'auteur exprime une inquiétude concernant les dangers auxquels le roi s'expose, notamment lors des batailles, et recommande de prendre des précautions pour éviter les risques inutiles. Il conclut en soulignant l'importance de revenir auprès des beautés accablées par l'absence du prince, suggérant que la gloire est moins précieuse que l'amour.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
16
p. 131-138
Mariage du Prince d'Orange avec la Princesse Marie, Fille aisnée du Duc d'Yorck. [titre d'après la table]
Début :
C'est assurément un fort grand secret en toutes choses [...]
Mots clefs :
Prince d'Orange, Princesse Marie, Duc d'York, Gloire, Mariage, Capitaine, Louis XIV
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Mariage du Prince d'Orange avec la Princesse Marie, Fille aisnée du Duc d'Yorck. [titre d'après la table]
C'eſt aſſurément un fort
grand ſecret en toutes chofes,
que de ſçavoir profiter du temps. Il eſt le maiſtre de tout,
& c'eſt luy qui a fait renouvel- ler depuis peu l'Alliance que le Prince d'Orange avoit déja avec la Maiſon Royale d'Angle- terre. La feu Princeſſe d'OrangeſaMere,eftoit SœurdeChar- les II. qui regne à preſent , &
vous eſtes trop ſçavante dans l'Hiſtoire pour ignorer que ce jeune Prince qui vient d'épou- fer la Princeſſe Marie Fille du
Duc d'Yorck , eſt de l'illustre &
ancienne Maiſon de Naſſau,qui
a eu l'avantage de donner un Empereur. Les Princes de ce nom n'ont pas eſté ſeulement Comtes de l'Empire , ils y ont tenu long-temps le premier rang,& cette Branche particu-
GALAN T. 89 liere, a joint àune naiſſance qui en voitpeu au deſſus d'elle , un merite ſi éclatant &une valeur
ſi extraordinaire , que fi Loürs LE GRAND n'avoit fait laGuerre &gouverné ſes Peuples d'u- ne manierequi n'a point encor eud'exemple, les grandsHom- mes dont le Prince d'Orange defcend, pourroient ſervir de modele à tous ceux qui cher- chent la Gloire par la Politique &par les Armes. Quant à ce qui le regarde , on peut dire qu'il a toutes les qualitez qui font àſouhaiter dans une Perſonne de fon rang. Il eſt bra- ve autant qu'un General d'Ar- mée le peut eſtre , & fon mal- heur ne l'a point empeſché de faire paroiſtre ſon couragedans toutes les occaſions qu'il en a
pû rencontrer. Trouvez bon
9. LE MERCVRE que je m'explique. Je n'appelle point malheur le mauvais fuc- cez d'une entrepriſe , qui ſelon les évenemens ordinaires , n'en doit point avoir un heureux.
Auſſi n'est - ce point ce genre demalheur que le Prince d'O- range a éprouvé. Il n'a rien entrepris que ſur des apparen- ces favorables , & ayant autant de valeur qu'il en a, il auroit infailliblement réüſſy en d'au- tres temps , & contre de plus foibles Ennemis. Le péril ne l'étonne point. Il s'expoſe , ſe trouve par tout , & ne fait pas moins l'office de Soldat que de
Capitaine ; mais il eſt malheu- reux d'eſtre né dans le Siecle
de Loürs XIV. & d'avoir en
teſte un Conquérant à qui rien n'eſt capable de reſiſter. C'eſt ce qui redouble la gloire du
GALANT. 91 Roy, &les loüanges qu'on doit aux Miniſtres &aux Generaux
qui agiffent &combattent fous ſes ordres. Nous gagnons des Batailles & prenons des Places enpeu de temps, mais cen'eſt point ſans obſtacle. Onnous oppoſe de grandes forces , on ſe bat , on vient au ſecours ; &
fi la Victoire nous demeure , le Prince d'Orange emporte toû- jours l'honneur d'avoir beau- coup entrepris. Lajeune Prin ceſſe qu'il a épousée eſt gran- de & bien-faite , mais je ne fuis point encor affez inſtruit de ſon merite pour vous en parler. Il eſt difficile qu'elle n'en ait beaucoup, eftant Fille d'un Prince qui peut regarder ſa naiſſance, toute Royale qu'- .
elleeft , pour le moindre de ſes avantages. Il eſt brave , gene1
92 LE MERCVRE reux , fort aimé dans l'Angle- terre , &on ne le peut eſtre de tout ungrandPeuple, qu'on ne s'en ſoit montré digne par les plus éminentes qualit
grand ſecret en toutes chofes,
que de ſçavoir profiter du temps. Il eſt le maiſtre de tout,
& c'eſt luy qui a fait renouvel- ler depuis peu l'Alliance que le Prince d'Orange avoit déja avec la Maiſon Royale d'Angle- terre. La feu Princeſſe d'OrangeſaMere,eftoit SœurdeChar- les II. qui regne à preſent , &
vous eſtes trop ſçavante dans l'Hiſtoire pour ignorer que ce jeune Prince qui vient d'épou- fer la Princeſſe Marie Fille du
Duc d'Yorck , eſt de l'illustre &
ancienne Maiſon de Naſſau,qui
a eu l'avantage de donner un Empereur. Les Princes de ce nom n'ont pas eſté ſeulement Comtes de l'Empire , ils y ont tenu long-temps le premier rang,& cette Branche particu-
GALAN T. 89 liere, a joint àune naiſſance qui en voitpeu au deſſus d'elle , un merite ſi éclatant &une valeur
ſi extraordinaire , que fi Loürs LE GRAND n'avoit fait laGuerre &gouverné ſes Peuples d'u- ne manierequi n'a point encor eud'exemple, les grandsHom- mes dont le Prince d'Orange defcend, pourroient ſervir de modele à tous ceux qui cher- chent la Gloire par la Politique &par les Armes. Quant à ce qui le regarde , on peut dire qu'il a toutes les qualitez qui font àſouhaiter dans une Perſonne de fon rang. Il eſt bra- ve autant qu'un General d'Ar- mée le peut eſtre , & fon mal- heur ne l'a point empeſché de faire paroiſtre ſon couragedans toutes les occaſions qu'il en a
pû rencontrer. Trouvez bon
9. LE MERCVRE que je m'explique. Je n'appelle point malheur le mauvais fuc- cez d'une entrepriſe , qui ſelon les évenemens ordinaires , n'en doit point avoir un heureux.
Auſſi n'est - ce point ce genre demalheur que le Prince d'O- range a éprouvé. Il n'a rien entrepris que ſur des apparen- ces favorables , & ayant autant de valeur qu'il en a, il auroit infailliblement réüſſy en d'au- tres temps , & contre de plus foibles Ennemis. Le péril ne l'étonne point. Il s'expoſe , ſe trouve par tout , & ne fait pas moins l'office de Soldat que de
Capitaine ; mais il eſt malheu- reux d'eſtre né dans le Siecle
de Loürs XIV. & d'avoir en
teſte un Conquérant à qui rien n'eſt capable de reſiſter. C'eſt ce qui redouble la gloire du
GALANT. 91 Roy, &les loüanges qu'on doit aux Miniſtres &aux Generaux
qui agiffent &combattent fous ſes ordres. Nous gagnons des Batailles & prenons des Places enpeu de temps, mais cen'eſt point ſans obſtacle. Onnous oppoſe de grandes forces , on ſe bat , on vient au ſecours ; &
fi la Victoire nous demeure , le Prince d'Orange emporte toû- jours l'honneur d'avoir beau- coup entrepris. Lajeune Prin ceſſe qu'il a épousée eſt gran- de & bien-faite , mais je ne fuis point encor affez inſtruit de ſon merite pour vous en parler. Il eſt difficile qu'elle n'en ait beaucoup, eftant Fille d'un Prince qui peut regarder ſa naiſſance, toute Royale qu'- .
elleeft , pour le moindre de ſes avantages. Il eſt brave , gene1
92 LE MERCVRE reux , fort aimé dans l'Angle- terre , &on ne le peut eſtre de tout ungrandPeuple, qu'on ne s'en ſoit montré digne par les plus éminentes qualit
Fermer
Résumé : Mariage du Prince d'Orange avec la Princesse Marie, Fille aisnée du Duc d'Yorck. [titre d'après la table]
Le texte met en lumière l'importance de savoir profiter du temps, illustrée par la récente rénovation de l'alliance entre le Prince d'Orange et la Maison Royale d'Angleterre. La Princesse d'Orange, mère du Prince actuel, était la sœur de Charles II, roi d'Angleterre. Le Prince d'Orange, issu de la Maison de Nassau, a épousé la Princesse Marie, fille du Duc d'York. La Maison de Nassau possède une histoire prestigieuse, ayant fourni des empereurs et des comtes influents dans l'Empire. Le Prince d'Orange est décrit comme brave et courageux, bien que ses entreprises aient souvent échoué en raison de circonstances défavorables, notamment la domination de Louis XIV. Malgré les obstacles, il se distingue par ses actions militaires et son courage. La Princesse Marie est décrite comme grande et bien faite, fille d'un prince brave et généreux, aimé en Angleterre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
17
p. 172-180
Avantage remporté sur les Hongrois par le Colonel Boham. [titre d'après la table]
Début :
Ce qui m'en cause tous les jours, & qui en cause [...]
Mots clefs :
Armes du Roi, Hongrie, Mr de Boham, Pologne, Gloire, Grand Maréchal Sobieski, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Avantage remporté sur les Hongrois par le Colonel Boham. [titre d'après la table]
Ce qui m'en cauſe tous les
jours, &qui en cauſe ſansdou- te à toute l'Europe, c'eſt de voir qu'enquelque lieuque cepuiffe eftre , &pour quelque occafion que ce foit , les Armes du Roy *portent la terreur où elles pa- roiffent. Voyez ce qui eſt arri- vé , quand SaMajesté ſollicitée " par les Mécontens de Hongrie de les ſecourirdanslear oppref- fion, refolut enfin de les aſſiſter.
Elle fit donner ſes ordres à M
*de Boham par M' le Marquisde Bethune ſon Ambaſfadeur Ex-
GALANT. 115
2
traordinaire en Pologne , & on ytrouva des François tous preft àmarcher. Il n'eſt pas ſurpre- nantqu'ily en euft. Ils courent • par tout apres la Gloire ,&dés que la paix eſt en France , ils " vontchercher àſe ſignaler chez -tous les Princes Chreftiens qu*-
Kils ſcavent en Guerre. Mr de Boham qui en avoit appris le -meſtier parmy les Bravesde ces deux Belliqueuſes Nations , af- -ſembla des Troupes en peu de temps.Il le fitavecd'autant plus de facilité , que les Polonois qui
ne reſpirent que les armes , ne prennent ſouvent aucun autre
aveu que celuyde leur courage pour s'engager. L'ardeur de la gloire , &l'activité qui eft ordinaire aux François , luy furent d'ailleurs un grand avantage pour luy faire amafferprompte
116 LE MERCVRE
ment quatre mille huit cens Hommes effectifs avec leſquels il alla au ſecours de Mécontans.
Remarquez , Madame , que je
ne vous ay rienditd'abord que de veritable Les ſuccés avoient
efté balancez depuis pluſieurs années en Hongrie, Nos Fran- çois y arrivent. Ils n'ont encor
joint que peu de Hongrois , &
ils gagnent une celebreVictoire.
Il eſt vrayque les Polonois qu'ils commandoienty ont eu part,
ayant montrédas cette fameuſe Iournée la meſme valeur qu'ils avoient fait paroiſtre tant de fois ſous le Grand Mareſchal
Sobieski , que ſon merite extra- drdinaire amisdans leTrône,&
qui eſtant devenu leurRoy, ne les a pas moins accouſtumez à
vaincre qu'auparavant. Plus de mille morts fontdemeurez ſur la
GALANT. 117
place, ſans compter ceux qui ſe ſont noyez. Joignez à cela plus de huit cens Priſonniers , avec
toutes les dépdüilles , &vous avoüerez que cet avantage peut paſſer pour une pleine Victoire.
M.deBoham a fait voir das cette
occafion toute la prudence &
toute la conduited'ungradChef avec la fermeté d'un Soldat. M.
le Chevalier d'Alembon porta ſes ordrespar tout,& paya deſa perſonne d'une maniere qui fit connoiſtre que le peril ne l'éton- noit pas. Ilneſe peut rien adjoû- ter aux marquesde courageque donna M. de Sorbual qu'on vit toûjours à la teſte des Troupes Hondroiſes. M. le Marquis de Guenegaudnequittapointcelle de laCavalerie.Il arreſta les Ennemis qui voulurent forcer le Poſte qu'il gardoit,&les empef
118 LE MERCVRE chameſmede paſſer. Il eſt Fils de M. deGuenegaudqui a eſté Treſorier de l'Epargne. M. de Chanleu commandant l'Infanterie, donna l'exemple àſon Regi- ment, & alla Pique baiſſée aux Ennemis.M.de Valcour premier Capitaine du Regiment de Bo- ham ne ſe fit pas moins remar- quer. Je ne vous nomme point les Polonois,Hongrois &Tarta- res qui ſe ſignalerent , il yen eut beaucoup , & vous n'aurez pas de peine à le croire , puis qu'ils combatoient avec des François,
&qu'il eſt impoffible qu'enleurs voyant faire des choſes ſurpre- nantes,on ne tâche de les imiter.
Leur entrée enHongrie n'apas eſté ſeulement ſuivie de laVitoire, elle a obligé deuxgrades Comtez qui ſoufroient fans ofer ſedeclarer à ſe ranger du party .
:
GALANT. 119
des Mécontens , dont enfin le
Manifeſte a paru touchant les
juſtes raiſons qui leur ont fait implorer l'aſſiſtace du RoyTresChreftien.Depuistout ce queje viens de vous marquer,ces Peu- ples oppreſſez ont encor rem- porté des avantages confidera- bles. Il n'y a pas lieu d'en eſtre furpris , puis que la France s'en meſle.
jours, &qui en cauſe ſansdou- te à toute l'Europe, c'eſt de voir qu'enquelque lieuque cepuiffe eftre , &pour quelque occafion que ce foit , les Armes du Roy *portent la terreur où elles pa- roiffent. Voyez ce qui eſt arri- vé , quand SaMajesté ſollicitée " par les Mécontens de Hongrie de les ſecourirdanslear oppref- fion, refolut enfin de les aſſiſter.
Elle fit donner ſes ordres à M
*de Boham par M' le Marquisde Bethune ſon Ambaſfadeur Ex-
GALANT. 115
2
traordinaire en Pologne , & on ytrouva des François tous preft àmarcher. Il n'eſt pas ſurpre- nantqu'ily en euft. Ils courent • par tout apres la Gloire ,&dés que la paix eſt en France , ils " vontchercher àſe ſignaler chez -tous les Princes Chreftiens qu*-
Kils ſcavent en Guerre. Mr de Boham qui en avoit appris le -meſtier parmy les Bravesde ces deux Belliqueuſes Nations , af- -ſembla des Troupes en peu de temps.Il le fitavecd'autant plus de facilité , que les Polonois qui
ne reſpirent que les armes , ne prennent ſouvent aucun autre
aveu que celuyde leur courage pour s'engager. L'ardeur de la gloire , &l'activité qui eft ordinaire aux François , luy furent d'ailleurs un grand avantage pour luy faire amafferprompte
116 LE MERCVRE
ment quatre mille huit cens Hommes effectifs avec leſquels il alla au ſecours de Mécontans.
Remarquez , Madame , que je
ne vous ay rienditd'abord que de veritable Les ſuccés avoient
efté balancez depuis pluſieurs années en Hongrie, Nos Fran- çois y arrivent. Ils n'ont encor
joint que peu de Hongrois , &
ils gagnent une celebreVictoire.
Il eſt vrayque les Polonois qu'ils commandoienty ont eu part,
ayant montrédas cette fameuſe Iournée la meſme valeur qu'ils avoient fait paroiſtre tant de fois ſous le Grand Mareſchal
Sobieski , que ſon merite extra- drdinaire amisdans leTrône,&
qui eſtant devenu leurRoy, ne les a pas moins accouſtumez à
vaincre qu'auparavant. Plus de mille morts fontdemeurez ſur la
GALANT. 117
place, ſans compter ceux qui ſe ſont noyez. Joignez à cela plus de huit cens Priſonniers , avec
toutes les dépdüilles , &vous avoüerez que cet avantage peut paſſer pour une pleine Victoire.
M.deBoham a fait voir das cette
occafion toute la prudence &
toute la conduited'ungradChef avec la fermeté d'un Soldat. M.
le Chevalier d'Alembon porta ſes ordrespar tout,& paya deſa perſonne d'une maniere qui fit connoiſtre que le peril ne l'éton- noit pas. Ilneſe peut rien adjoû- ter aux marquesde courageque donna M. de Sorbual qu'on vit toûjours à la teſte des Troupes Hondroiſes. M. le Marquis de Guenegaudnequittapointcelle de laCavalerie.Il arreſta les Ennemis qui voulurent forcer le Poſte qu'il gardoit,&les empef
118 LE MERCVRE chameſmede paſſer. Il eſt Fils de M. deGuenegaudqui a eſté Treſorier de l'Epargne. M. de Chanleu commandant l'Infanterie, donna l'exemple àſon Regi- ment, & alla Pique baiſſée aux Ennemis.M.de Valcour premier Capitaine du Regiment de Bo- ham ne ſe fit pas moins remar- quer. Je ne vous nomme point les Polonois,Hongrois &Tarta- res qui ſe ſignalerent , il yen eut beaucoup , & vous n'aurez pas de peine à le croire , puis qu'ils combatoient avec des François,
&qu'il eſt impoffible qu'enleurs voyant faire des choſes ſurpre- nantes,on ne tâche de les imiter.
Leur entrée enHongrie n'apas eſté ſeulement ſuivie de laVitoire, elle a obligé deuxgrades Comtez qui ſoufroient fans ofer ſedeclarer à ſe ranger du party .
:
GALANT. 119
des Mécontens , dont enfin le
Manifeſte a paru touchant les
juſtes raiſons qui leur ont fait implorer l'aſſiſtace du RoyTresChreftien.Depuistout ce queje viens de vous marquer,ces Peu- ples oppreſſez ont encor rem- porté des avantages confidera- bles. Il n'y a pas lieu d'en eſtre furpris , puis que la France s'en meſle.
Fermer
Résumé : Avantage remporté sur les Hongrois par le Colonel Boham. [titre d'après la table]
Le texte décrit l'intervention militaire de la France en Hongrie à la demande des mécontents hongrois. Le roi de France, sollicité par ces derniers, décide de les secourir. Les ordres sont transmis par l'ambassadeur français en Pologne, le Marquis de Béthune. Les Français, toujours en quête de gloire, se montrent prêts à combattre. Monsieur de Boham, formé par des nations belliqueuses, rassemble rapidement des troupes, aidé par l'ardeur des Français et l'engagement des Polonais. Les Français, rejoints par quelques Hongrois, remportent une victoire célèbre malgré des succès précédemment équilibrés. Les Polonais, sous le commandement de Français, démontrent leur valeur. La bataille laisse plus de mille morts, huit cents prisonniers et des dépouilles. Plusieurs officiers français se distinguent par leur courage et leur conduite, notamment Monsieur de Boham, le Chevalier d'Alembon, Monsieur de Sorbas, le Marquis de Guénégaud, Monsieur de Chanleu et Monsieur de Valcour. Les Polonais, Hongrois et Tartares se signalent également. Cette victoire oblige deux grands comtes à se ranger du côté des mécontents, dont le manifeste justifie l'appel à l'aide du roi de France. Depuis, les peuples opprimés continuent à remporter des avantages significatifs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
18
p. 180-185
SONNET POUR LE ROY.
Début :
Voyez, Madame, ce que fait le Nom du Roy. / Destins, veuillez toûjours pour conserver ce Roy, [...]
Mots clefs :
Roi, Victoire, Gloire, Triomphes, Éloges
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SONNET POUR LE ROY.
Voyez, Madame, ce que fait le Nomdu Roy.Il ſedeclare,
&la Victoire devient infaillible,
mais ſi ces Armes ſe font redouter par tout, ſes Triomphes font en meſme temps l'inépuiſable matiere des Eloges de tout le monde , &ceux que l'embarras des Affaires du Public oblige à
rompre commerce avec les Mu- ſes,cherchent à le renoüerpour ne demeurerpas muetsquand il -
s'agit de la gloire de ce grand
120 LE MERCVRE
Monarque. Vousn'en douterez pointquand vous aurez leu ce Sonnetde M.de BrionConſeiller
au Parlement.
Sonnet pour le Roy.
Destins, veillez toûjours pourconſerver
ceRoy,
Devosſoins affidus leplus parfait onvrage.
Ne l'abandonnez point , lorſque ſon grand courage Luyfait porter par tout la terreur l'effroy.
Quoy qu'il traiſne toûjours la Victoire
apresfoy,
Comme il court ſans rien craindre ou la
gloire l'engage,
Dans les divers perils que fon grand
cœur partage,
Du ſoinde le garder faites-nous une
Loy.
Vous
GALANT. 121
Vous avez employéplus decing mille années
Aformer de Loüis les nobles deſtinées ;
Vostreplus grandeffort nous paroistau- jourd'huy.
Ne livrez doncjamais àla fureur des Parques CeRoy victorieux , lagloire des Monarques,
Vous nesçauriez donner unplus grand Royque luy.
- Cette verité eſt ſi conſtante,
que leplaiſird'admirer ſes gran- des Actions adoucit les mauxde
ceux qui ſouffrent; &cet autre Sonnetde M² l'Abbé Flanc arreſté dans la Conciergerie par ſes malheurs , en eſt une mar...
que.
TomeX. F
122 LE MERCVRE
Au ROY, Sonnet. ***
Royd'eftre feulimité de tous , les Roys digne
Ta grandeur m'ébloüit , OmaMuse tremblante
S'égare&se confond de voir, lors qu'on
tevante,
Ton meriteplus grandque tafelicité.
Tuportes tous les traitsde la Divinité,
Au ſeul bruit de ton Nom l'Europe s'épouvanteد
Etles Faits inoüls de tamain fipuis- Sante Feront l'étonnement de la Pofterité. 7
Mais lors que'tu parois environné de gloire,
Qu'entout tempstes Drapeaux devan- cent la Victoire ,
Qu'un seul de tes deſſeins suspendtout
l'Univers ;
GALANT. 123
QuedufierEspagnol les Villesſont con- quiſes,
Qu'à l'éclat de tes Lys les Aigles font Soumiſes,
:
At'admirer , Grand Roy , j'adoucis tous mesfers.
&la Victoire devient infaillible,
mais ſi ces Armes ſe font redouter par tout, ſes Triomphes font en meſme temps l'inépuiſable matiere des Eloges de tout le monde , &ceux que l'embarras des Affaires du Public oblige à
rompre commerce avec les Mu- ſes,cherchent à le renoüerpour ne demeurerpas muetsquand il -
s'agit de la gloire de ce grand
120 LE MERCVRE
Monarque. Vousn'en douterez pointquand vous aurez leu ce Sonnetde M.de BrionConſeiller
au Parlement.
Sonnet pour le Roy.
Destins, veillez toûjours pourconſerver
ceRoy,
Devosſoins affidus leplus parfait onvrage.
Ne l'abandonnez point , lorſque ſon grand courage Luyfait porter par tout la terreur l'effroy.
Quoy qu'il traiſne toûjours la Victoire
apresfoy,
Comme il court ſans rien craindre ou la
gloire l'engage,
Dans les divers perils que fon grand
cœur partage,
Du ſoinde le garder faites-nous une
Loy.
Vous
GALANT. 121
Vous avez employéplus decing mille années
Aformer de Loüis les nobles deſtinées ;
Vostreplus grandeffort nous paroistau- jourd'huy.
Ne livrez doncjamais àla fureur des Parques CeRoy victorieux , lagloire des Monarques,
Vous nesçauriez donner unplus grand Royque luy.
- Cette verité eſt ſi conſtante,
que leplaiſird'admirer ſes gran- des Actions adoucit les mauxde
ceux qui ſouffrent; &cet autre Sonnetde M² l'Abbé Flanc arreſté dans la Conciergerie par ſes malheurs , en eſt une mar...
que.
TomeX. F
122 LE MERCVRE
Au ROY, Sonnet. ***
Royd'eftre feulimité de tous , les Roys digne
Ta grandeur m'ébloüit , OmaMuse tremblante
S'égare&se confond de voir, lors qu'on
tevante,
Ton meriteplus grandque tafelicité.
Tuportes tous les traitsde la Divinité,
Au ſeul bruit de ton Nom l'Europe s'épouvanteد
Etles Faits inoüls de tamain fipuis- Sante Feront l'étonnement de la Pofterité. 7
Mais lors que'tu parois environné de gloire,
Qu'entout tempstes Drapeaux devan- cent la Victoire ,
Qu'un seul de tes deſſeins suspendtout
l'Univers ;
GALANT. 123
QuedufierEspagnol les Villesſont con- quiſes,
Qu'à l'éclat de tes Lys les Aigles font Soumiſes,
:
At'admirer , Grand Roy , j'adoucis tous mesfers.
Fermer
Résumé : SONNET POUR LE ROY.
La lettre célèbre les exploits et la gloire du roi, dont les victoires sont décrites comme infaillibles et universellement admirées. Même les personnes occupées par les affaires publiques cherchent à exalter sa renommée. La lettre inclut un sonnet de M. de Brion, conseiller au Parlement, qui appelle les destins à protéger le roi, soulignant son courage et ses triomphes constants. Ce sonnet exprime le souhait de voir le roi continuer à inspirer la terreur et l'admiration. Un autre sonnet, écrit par l'Abbé Flancar depuis la Conciergerie, admire la grandeur et le mérite du roi, comparant sa divinité et son impact sur l'Europe. Les faits héroïques du roi sont destinés à étonner la postérité. La lettre se conclut en mentionnant que l'admiration pour les actions du roi adoucit les maux des souffrants.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
19
p. 191-198
M. l'Abbé de Boistel soûtient des Theses de Philosophie dediées à M. le Marquis de Louvoys, où plusieurs Dames se trouverent. [titre d'après la table]
Début :
Cependant apres vous avoir entretenuë de la grande Assemblée qui [...]
Mots clefs :
Thèses de philosophie, Abbé de Boistel, Soutenance, Gloire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : M. l'Abbé de Boistel soûtient des Theses de Philosophie dediées à M. le Marquis de Louvoys, où plusieurs Dames se trouverent. [titre d'après la table]
Cependant apres vous avoir entretenuë de la grande Affem- blée qui s'eſt faite à Pezenas,je ne puis m'empefcher de vous dire quelque choſe de celle qui ſe fit icydernierement au Col- legeduPleſſis , où M. l'Abbé de Boiſtel foûtint des Theſes de
Philoſophie dédiées à M.le mar- quis de Louvois , qui honora l'Acte deſa prefence.Un nom- bre infiny de Gens de la pre- miere qualitéyaffiſta , quelques Dames meſme s'y trouverent, &
la capacité du Soûtenant y pa- rut avec éclat. Il eſt Fils deM.
leBoiftel, fr connu parl'impor- tant Employ qu'il exerce ſous ce miniſtre,mais plus encorpour eſtre un des plus obligeans &
Fiiij
128 LE MERCVRE
des plus honneſtes Hommes de France. Je ſoay que la matiere des Theſes eſt peu galante , &
que ce n'eſt pas un Article qui doive eſtre employé ſouvent dans mes Lettres ; mais quand les choſes ordinaires , & dontje n'ay pas accouſtumé de vous parler , font accompagnées de circonſtances extraordinaires ,
ellesmeritent bien que vous les ſçachiez. Ce qu'il y eutde nou- veaudas cet Acte ſouſtenu, c'eſt qu'ondonna en François à tou- tes les Dames le Compliment Latin quieſt au defſousduPor- trait de M. de Louvois , fans ce- la elles auroient eſté privées du plaifir que leur cauſal'Eloge de ceGrandMiniſtre. Je vous ay parlé de luy dans toutes mes Lettres,quoyque je ne l'aye pas toûjours nommé, il y'a fi peude
GALANT. 129
perſonnes qui luy reſſemblent ,
qu'ils ne vous a pas dû eſtre difficilede le reconnoiſtre.Apres les glorieuſes veritez que je vous en ay dites , il eſt bon que vous les entendiez d'une autre
bouche, & que je vous expli- que au moins en peu de mots le fujet du Compliment de M
F'Abbé le Boiſtel. Il commence parl'élevation de M. le Tellier à la Charge de Chancelier de France , qu'il regarde comme une preuve éclatante que le Roy a voulu donner à toute l'Europe de l'amour qu'il a pour ſes Peuples, il vient de la au me- rite de M' le Marquis de Lou- vois , que des travaux ſans rela- che ont entierement devoüé à
la gloire de ſon Maiſtre. II dit
quejamais Prince n'ayant cou- ru à l'immortalité à fi grands
Fv
130 LE MERCVRE pas, jamais Miniſtre n'avoit ſi promptement applany les diffi- cultez qui auroient pû l'arre- fter; Qu'il venoit plûtoſt àbout luy feulde fournir aux beſoins de quatre Armées , que plu- fieurs enſemble ne fourniſſoient
autrefois aux neceffitez d'une
feule ; que quelques deſſeins qu'on eut formez , les choſes ſe trouvoient toûjours executées avant qu'on eut ſçeu qu'elles le devoient entreprendre ; Que par les foins qu'il prenoit à
maintenir la Diſcipline Militai- re dans toute ſon exactitude,le
paffage des gens de guerre ne Tembloit eſtre par tout que ce- luy d'une Colonie d'Amis ; &
que le ſomptueux Baſtiment des Invalides , rendroit un eternell témoignage de ſa bonté pourles Soldats auſquels il avoit procu
GALAN T. 131 ré un azile glorieux, pour le re- ſte de leurs jours,quand l'âge ou les bleſſeures les rendoient incapables de continuer leurs fervices.
Philoſophie dédiées à M.le mar- quis de Louvois , qui honora l'Acte deſa prefence.Un nom- bre infiny de Gens de la pre- miere qualitéyaffiſta , quelques Dames meſme s'y trouverent, &
la capacité du Soûtenant y pa- rut avec éclat. Il eſt Fils deM.
leBoiftel, fr connu parl'impor- tant Employ qu'il exerce ſous ce miniſtre,mais plus encorpour eſtre un des plus obligeans &
Fiiij
128 LE MERCVRE
des plus honneſtes Hommes de France. Je ſoay que la matiere des Theſes eſt peu galante , &
que ce n'eſt pas un Article qui doive eſtre employé ſouvent dans mes Lettres ; mais quand les choſes ordinaires , & dontje n'ay pas accouſtumé de vous parler , font accompagnées de circonſtances extraordinaires ,
ellesmeritent bien que vous les ſçachiez. Ce qu'il y eutde nou- veaudas cet Acte ſouſtenu, c'eſt qu'ondonna en François à tou- tes les Dames le Compliment Latin quieſt au defſousduPor- trait de M. de Louvois , fans ce- la elles auroient eſté privées du plaifir que leur cauſal'Eloge de ceGrandMiniſtre. Je vous ay parlé de luy dans toutes mes Lettres,quoyque je ne l'aye pas toûjours nommé, il y'a fi peude
GALANT. 129
perſonnes qui luy reſſemblent ,
qu'ils ne vous a pas dû eſtre difficilede le reconnoiſtre.Apres les glorieuſes veritez que je vous en ay dites , il eſt bon que vous les entendiez d'une autre
bouche, & que je vous expli- que au moins en peu de mots le fujet du Compliment de M
F'Abbé le Boiſtel. Il commence parl'élevation de M. le Tellier à la Charge de Chancelier de France , qu'il regarde comme une preuve éclatante que le Roy a voulu donner à toute l'Europe de l'amour qu'il a pour ſes Peuples, il vient de la au me- rite de M' le Marquis de Lou- vois , que des travaux ſans rela- che ont entierement devoüé à
la gloire de ſon Maiſtre. II dit
quejamais Prince n'ayant cou- ru à l'immortalité à fi grands
Fv
130 LE MERCVRE pas, jamais Miniſtre n'avoit ſi promptement applany les diffi- cultez qui auroient pû l'arre- fter; Qu'il venoit plûtoſt àbout luy feulde fournir aux beſoins de quatre Armées , que plu- fieurs enſemble ne fourniſſoient
autrefois aux neceffitez d'une
feule ; que quelques deſſeins qu'on eut formez , les choſes ſe trouvoient toûjours executées avant qu'on eut ſçeu qu'elles le devoient entreprendre ; Que par les foins qu'il prenoit à
maintenir la Diſcipline Militai- re dans toute ſon exactitude,le
paffage des gens de guerre ne Tembloit eſtre par tout que ce- luy d'une Colonie d'Amis ; &
que le ſomptueux Baſtiment des Invalides , rendroit un eternell témoignage de ſa bonté pourles Soldats auſquels il avoit procu
GALAN T. 131 ré un azile glorieux, pour le re- ſte de leurs jours,quand l'âge ou les bleſſeures les rendoient incapables de continuer leurs fervices.
Fermer
Résumé : M. l'Abbé de Boistel soûtient des Theses de Philosophie dediées à M. le Marquis de Louvoys, où plusieurs Dames se trouverent. [titre d'après la table]
Le texte relate une cérémonie académique au Collège du Plessis, où l'abbé de Boistel a soutenu des thèses de philosophie en l'honneur du marquis de Louvois. L'événement a rassemblé une foule nombreuse, incluant des personnalités de haut rang et quelques dames. Boistel a été particulièrement remarqué pour son importance et son honnêteté. Bien que les thèses ne soient pas galantes, les circonstances exceptionnelles de l'événement méritaient d'être rapportées. Une innovation notable a été l'interprétation en français des compliments latins adressés aux dames, afin qu'elles puissent comprendre les éloges du ministre Louvois. Le texte met en avant les mérites de Louvois, soulignant son dévouement à la gloire de son maître, sa gestion efficace des besoins militaires et sa bonté envers les soldats, illustrée par la création des Invalides.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
20
p. 198-208
Lettre de M. Petit à Monsieur le Duc de S. Aignan. [titre d'après la table]
Début :
Ces pensées sont beaucoup mieux tournées dans une Langue à [...]
Mots clefs :
Gloire, Humble, Badin, Lettre, Compliment, Muse, Mercure
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Lettre de M. Petit à Monsieur le Duc de S. Aignan. [titre d'après la table]
Ces penſées ſont beaucoup mieux tournées dans une langue à laquelle la force del'ex- preffioneſt particuliere. Vous y
fuppleerez, s'il vous plaiſt, Ma- dame , &pour marque de la re- connoiſſance quej'en auray , je vous envoye une ſeconde Let tre de M. Petit, écrite commela premiere àM. le Duc de S. Ai- gnan. Vous aimez tout ce qui regarde la gloire du Roy, & fon ſtile qu'il appelle badin, nedes- honnore peut-eftre pas la ma- tiere qui luy faitpeur. Lifez , je vous prie , & m'en dites voſtre penfte.
Risdo
第
F وه
132 LE MERCVRE
De Ronen le 9. Decembre, 1677.
MONSEIGNEVR,
Cen'apas esté fans ſurpriſe que j'ay veudansle dernier Tome du Mercure
les vers badins qu'ilya deux ou trois mois que je pris la liberté de vous en- voyer. Ce m'est , Monseigneur , une marque bien glorieuse &bien obligeante de l'honneurde voſtre ſouvenir; &com- me ce n'a pû estre que par vos ordres qu'ils avent en place dans ce recueilde -Pieces Galantes, je ne vous ſuispasme- diocrement obligéde la bonté quevous avezde vouloir deterrer mon nomenfeveli en Province depuis uneaffezlon- que fuitte d'années : Mais , Monfei- gneur,je suis si accoutumé àrecevo
de vous des graces que je ne me
point que
voir
merite
cet- je dois peum'étonner de -sederniera,qui m'engage plus que ja- mais àvous honnorer,&àpousserjuf- qu'où elle peut aller lapaffion touteplei pr
ne de respect avec laquelle je fuis MONSEIGNEVR,
Voffre tres humble, tres obeiffant, & tres- obligé Serviteur , PETIT.
GALANT. 133 ১
HerDuc, apres ce Compliment ,
GEEt cet humble Remerciment
Vnpenſerieux pour ma Plume Dont(vous lesçavez ) la coûtume- Eft d'écrire en style badin ,
Sansſe piquer de rien de fin ;
Trouvezbon qu'elle s'y remetta,
Etquema Muse, humble Soubrette Decelledontles chants fi douxw1
Vousfont faire mille Laloux ,
Vous entretienne à l'ordinaire , ة
Songeantquejefuis vostre Frere EnApollon, l'aymable Dieu, .. Quide centplaisirs me tient liens T
Et certesj'auroispeine àdire ,
Si le feu badin qui m'inspire ,
Metoucheonplus, ou moins au Cœur,
Que celuy du Dieu dont l'ardeur Faitdesesperer l'Idolatre 3615000 D'une Coquette acariatre ,
Qui ritdestraitsda Dieu Fripon;
Mais iln'en est plus,codition,
LesCoquettesfont fort Comme enbuitjours on prenddesVilles
(Secret denostre Mars François ,
PlusRoyluy feulque trente Rois)
dociles,
134 LE MERCVR E
Enhuit ioursfans autreremise ,
Laplus fine Coquette est priſe.
Quoyqu'ilenſoit, j'aime arimer ,
EtmaMuſe ſçait s'animer,
Quand àVous s'addreſſe ſa rime ;
Mais,n'est- cepoint commettreun crime Quede vous derober du temps
Aumilieudesplaisirs charmans Dant laplusbelle Cour du monde ,
Pour l'un &l'autre Sexe abonde ?
Danscette Cour où le Soleil
Brilleenſonſuperbe appareil,
Oùdes Beautez faites àplaire Oùdes Heros hors du vulgaire Forment un éclat quisurprend Leſçayqu'ilfaut que tout foit grand.
Etd'une splendeurſans pareille.
Ainsidonc, ce n'est pas merveille Sipar tout oùparoît Loün
On voit des brillans inovis
Voustenez-bien làvostreplace ,
Et,fansquerienvous embaraſſes Vostre plus ordinaire employ,
Eft d'admirer noſtre Grand Rey Dont le Bras,fecondantlaTefto ,
Adjoûte Conqueſte à Conqueſte. )
Tout lemonde enestétonné
SH
GALANT. 135 Désqueson Canon atonné,
LesVilles en craignent lafoudre ,
Etdepeurqu'on les mette en poudrez Surpriſes defes grands Exploits ,
Viennentserangerſousſes Lois.
Si l'on voyoit des Faitsſemblables ,
Dans l'Histoire; ceſont des Fables,
Etdes Fictions , diroit- on :
Mais, certes,lepauvreLyon ,
Etl'Aigle,battus de l'orage,
Connoiſſent trop àleurdommage,
Queces Exploitspar tout vantez,
Sont defeures realitez.
NosMuses fort embarrassées Vontau filence eſtre forcées ,
Ayant dit que ce nouveau Mars,
Paſſe de bien loin les Cefars,
LesAlexandres, les Achilles ,
Etles plus grandspreneurs de Villes,
Ellespenſent avoirtout dit ;
C'est jusqu'onva leur bel esprit.
Puisse trouvant loin de leur Compte,
Elles confeffent avec honte ,
Qu'elles n'en onpas dit affez,
Etque trop de Faits entaſſez De leur éclat les ébloüiffent ,
Etfontqueleurs rimestariffent.
136 LE MERCVRE
1
Mais,digne Duc,permettez-moy,
Dedire icy, que ce grandRoy N'a rien qui luyfoit comparable Dans l'Histoire,nydans la Fable.
Quelques-uns veulent qu'il foit né Sous un Aftre bien fortuné ,
Etfous une Etoile inuincible;
Mais c'est à ce Heros terrible
Ofter de fa Gloire un Fleuron.
SonAftre eſt, ſon cœur de Lion ;
Etfon Etoile,Sa Prüdence ,
Son grandsens &sa Vigilance.
C'eſt luy quimonte les refforts,
Quifont mouvoirtout ce grand Corps DeCombatans,fous qui tout tremble Etmesme dans le temps qu'ilſemble Que ce Herosse divertit,
SaTeste inceſſamment agit.
Ses Ordresſi justes ſedonnent,
Que lesEnnemis s'en eſtonnent ,
Et lamesmepeurqu'il leurfait.
Quandil Oula estdans le Cabinet,
Gloire avec luy raisonne,
L
Quequandilcommande en Perſonne.. Enfin, pourfinir ce Discours,
C'est leMiracle de nos jours.
Mais maMuse est bien temeraire ,
GALANT. 137
;
i
Neletrouvez-vous pas cher Frere ?
Toûjours en Apollon ,s'entend,
Caril est affez important ,
Pourle respect que je vousporte ,
D'adoucir l'endroit de laforte.
C'est trop que d'élevermes Vers
AnplusGRAND ROY de l'Univers ;
Maissije manque de prudence,
I'attens de vousquelque indulgence.
Sçachaut que de ce Demy-Dien Lahaute Gloire vous tient lieu ,
D'unplaisirsigrand, qu'ilfurpaffe Tous ceux de lapremiere Claffe .
Etque lorsque le juſte Encens Qu'on doit àfesrares talens,
Fume pour ce Prince adorable ,
Rien ne vous estplus agreable.
Ah!quen'en ay-je du meilleur !
Etque je meplairois, Seigneur ,
Afaire te Panegiryque DeceGrandRoy tout Heroïque !
Ie m'en trouve l'esprit fi plein .
Que j'ay laiſſé là le deſſein Defaire une lettre badine ;
Mais, apres tout je m'imagine Que vous me le pardonnerez ,
Etque mesme vousm'enlouerez
fuppleerez, s'il vous plaiſt, Ma- dame , &pour marque de la re- connoiſſance quej'en auray , je vous envoye une ſeconde Let tre de M. Petit, écrite commela premiere àM. le Duc de S. Ai- gnan. Vous aimez tout ce qui regarde la gloire du Roy, & fon ſtile qu'il appelle badin, nedes- honnore peut-eftre pas la ma- tiere qui luy faitpeur. Lifez , je vous prie , & m'en dites voſtre penfte.
Risdo
第
F وه
132 LE MERCVRE
De Ronen le 9. Decembre, 1677.
MONSEIGNEVR,
Cen'apas esté fans ſurpriſe que j'ay veudansle dernier Tome du Mercure
les vers badins qu'ilya deux ou trois mois que je pris la liberté de vous en- voyer. Ce m'est , Monseigneur , une marque bien glorieuse &bien obligeante de l'honneurde voſtre ſouvenir; &com- me ce n'a pû estre que par vos ordres qu'ils avent en place dans ce recueilde -Pieces Galantes, je ne vous ſuispasme- diocrement obligéde la bonté quevous avezde vouloir deterrer mon nomenfeveli en Province depuis uneaffezlon- que fuitte d'années : Mais , Monfei- gneur,je suis si accoutumé àrecevo
de vous des graces que je ne me
point que
voir
merite
cet- je dois peum'étonner de -sederniera,qui m'engage plus que ja- mais àvous honnorer,&àpousserjuf- qu'où elle peut aller lapaffion touteplei pr
ne de respect avec laquelle je fuis MONSEIGNEVR,
Voffre tres humble, tres obeiffant, & tres- obligé Serviteur , PETIT.
GALANT. 133 ১
HerDuc, apres ce Compliment ,
GEEt cet humble Remerciment
Vnpenſerieux pour ma Plume Dont(vous lesçavez ) la coûtume- Eft d'écrire en style badin ,
Sansſe piquer de rien de fin ;
Trouvezbon qu'elle s'y remetta,
Etquema Muse, humble Soubrette Decelledontles chants fi douxw1
Vousfont faire mille Laloux ,
Vous entretienne à l'ordinaire , ة
Songeantquejefuis vostre Frere EnApollon, l'aymable Dieu, .. Quide centplaisirs me tient liens T
Et certesj'auroispeine àdire ,
Si le feu badin qui m'inspire ,
Metoucheonplus, ou moins au Cœur,
Que celuy du Dieu dont l'ardeur Faitdesesperer l'Idolatre 3615000 D'une Coquette acariatre ,
Qui ritdestraitsda Dieu Fripon;
Mais iln'en est plus,codition,
LesCoquettesfont fort Comme enbuitjours on prenddesVilles
(Secret denostre Mars François ,
PlusRoyluy feulque trente Rois)
dociles,
134 LE MERCVR E
Enhuit ioursfans autreremise ,
Laplus fine Coquette est priſe.
Quoyqu'ilenſoit, j'aime arimer ,
EtmaMuſe ſçait s'animer,
Quand àVous s'addreſſe ſa rime ;
Mais,n'est- cepoint commettreun crime Quede vous derober du temps
Aumilieudesplaisirs charmans Dant laplusbelle Cour du monde ,
Pour l'un &l'autre Sexe abonde ?
Danscette Cour où le Soleil
Brilleenſonſuperbe appareil,
Oùdes Beautez faites àplaire Oùdes Heros hors du vulgaire Forment un éclat quisurprend Leſçayqu'ilfaut que tout foit grand.
Etd'une splendeurſans pareille.
Ainsidonc, ce n'est pas merveille Sipar tout oùparoît Loün
On voit des brillans inovis
Voustenez-bien làvostreplace ,
Et,fansquerienvous embaraſſes Vostre plus ordinaire employ,
Eft d'admirer noſtre Grand Rey Dont le Bras,fecondantlaTefto ,
Adjoûte Conqueſte à Conqueſte. )
Tout lemonde enestétonné
SH
GALANT. 135 Désqueson Canon atonné,
LesVilles en craignent lafoudre ,
Etdepeurqu'on les mette en poudrez Surpriſes defes grands Exploits ,
Viennentserangerſousſes Lois.
Si l'on voyoit des Faitsſemblables ,
Dans l'Histoire; ceſont des Fables,
Etdes Fictions , diroit- on :
Mais, certes,lepauvreLyon ,
Etl'Aigle,battus de l'orage,
Connoiſſent trop àleurdommage,
Queces Exploitspar tout vantez,
Sont defeures realitez.
NosMuses fort embarrassées Vontau filence eſtre forcées ,
Ayant dit que ce nouveau Mars,
Paſſe de bien loin les Cefars,
LesAlexandres, les Achilles ,
Etles plus grandspreneurs de Villes,
Ellespenſent avoirtout dit ;
C'est jusqu'onva leur bel esprit.
Puisse trouvant loin de leur Compte,
Elles confeffent avec honte ,
Qu'elles n'en onpas dit affez,
Etque trop de Faits entaſſez De leur éclat les ébloüiffent ,
Etfontqueleurs rimestariffent.
136 LE MERCVRE
1
Mais,digne Duc,permettez-moy,
Dedire icy, que ce grandRoy N'a rien qui luyfoit comparable Dans l'Histoire,nydans la Fable.
Quelques-uns veulent qu'il foit né Sous un Aftre bien fortuné ,
Etfous une Etoile inuincible;
Mais c'est à ce Heros terrible
Ofter de fa Gloire un Fleuron.
SonAftre eſt, ſon cœur de Lion ;
Etfon Etoile,Sa Prüdence ,
Son grandsens &sa Vigilance.
C'eſt luy quimonte les refforts,
Quifont mouvoirtout ce grand Corps DeCombatans,fous qui tout tremble Etmesme dans le temps qu'ilſemble Que ce Herosse divertit,
SaTeste inceſſamment agit.
Ses Ordresſi justes ſedonnent,
Que lesEnnemis s'en eſtonnent ,
Et lamesmepeurqu'il leurfait.
Quandil Oula estdans le Cabinet,
Gloire avec luy raisonne,
L
Quequandilcommande en Perſonne.. Enfin, pourfinir ce Discours,
C'est leMiracle de nos jours.
Mais maMuse est bien temeraire ,
GALANT. 137
;
i
Neletrouvez-vous pas cher Frere ?
Toûjours en Apollon ,s'entend,
Caril est affez important ,
Pourle respect que je vousporte ,
D'adoucir l'endroit de laforte.
C'est trop que d'élevermes Vers
AnplusGRAND ROY de l'Univers ;
Maissije manque de prudence,
I'attens de vousquelque indulgence.
Sçachaut que de ce Demy-Dien Lahaute Gloire vous tient lieu ,
D'unplaisirsigrand, qu'ilfurpaffe Tous ceux de lapremiere Claffe .
Etque lorsque le juſte Encens Qu'on doit àfesrares talens,
Fume pour ce Prince adorable ,
Rien ne vous estplus agreable.
Ah!quen'en ay-je du meilleur !
Etque je meplairois, Seigneur ,
Afaire te Panegiryque DeceGrandRoy tout Heroïque !
Ie m'en trouve l'esprit fi plein .
Que j'ay laiſſé là le deſſein Defaire une lettre badine ;
Mais, apres tout je m'imagine Que vous me le pardonnerez ,
Etque mesme vousm'enlouerez
Fermer
Résumé : Lettre de M. Petit à Monsieur le Duc de S. Aignan. [titre d'après la table]
La correspondance entre deux individus, probablement des écrivains ou des poètes, traite de la publication de vers badins dans le Mercure. L'auteur de la première lettre, une femme, reçoit une missive de M. Petit adressée à un duc, dans laquelle M. Petit exprime sa surprise et sa gratitude pour la publication de ses vers. Il souligne l'honneur que cela représente pour lui et mentionne son habitude d'écrire dans un style badin. M. Petit exprime également son désir de continuer à honorer le duc. La lettre se termine par des compliments sur la grandeur et les conquêtes du roi, comparées à celles des héros de l'histoire et de la fable. M. Petit reconnaît la supériorité du roi et admire ses qualités de leadership et de stratégie. Il conclut en espérant que ses vers seront pardonnés pour leur style badin et en exprimant son désir de louer davantage le roi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
21
p. 71-81
POUR LA NAISSANCE DE MONSEIGNEUR LE DUC DE BOURGOGNE. IDILLE.
Début :
Je joins à ces deux Sonnets, l'Idille de Madame des / L'Amour pressé d'une douleur amere, [...]
Mots clefs :
Académie, Amour, Enfant, Jaloux, Gloire, Louis, Prince
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POUR LA NAISSANCE DE MONSEIGNEUR LE DUC DE BOURGOGNE. IDILLE.
Je joins à ces deux Sonnets,
l'Idille de Madame des
Houlieres, dont le bruit doit
estreallé jusqua vous, par
les applaudissemens qu'il a
reçeus àla Cour & a Paris.
Il y a tant de délicatesse, de
bon goust, & de bon sens,
dans tout ce qui part de
cette illustre Personne, que si l'usage estoit que les Femmes
fussentreçeuës à l'Académie,
on préviendroit ses
souhaits) pour luy offrir place
gdanslceUtte céleébré.Compa-
POUR
POUR.
LA NAISSANCE
DE MONSEIGNEUR
LE DUC
DE BOURGOGNE.
IDILLE. LAmourpressed'une douleur
sincre,
Età'a(on FlambeAU,rewp'Jes
Traits
Et parle Six jure àfk Mere
JÇu'tlnes*appat[ra jamais.
Toutse ressont desa colere,
Déjà les Oiseaux dans les Bois
Nefont plusentendre leurs rvoixJI
Et déjà le Berger néglige sa Bergere.
Ce matin lesJeux &les Ris,
De l'Amour lesseuls Favoris, 4
M'ont découvert ce qui le désespere.
Voicy ce qu'ilsm'en ont appris.
Un divin Enfant vient de naître,
M'ont-ils dit, à qui les Mortels
Avec empressement élevent des Autels,
Et pour qui pms regret nom quittons
nostreMaistre.
Sil'Amour est jaloux des honneurs
qu'on luy rend,
Ill'est encorplus deses charmes;
En vainpouressuyerses larmes,
Vénussursesgenouxleprend,
Luyfait honte desesfoibleffess
Et quandpardetendrescaresses
Elle croitl'avoiradoucy,
D'un ton plus ferme elle luyparle
diuflVous
avez,fourny de matiere
Aumalheurdontvous vous plaignez;
L'aimable Enfant que vous craignez,
Sans vous n'eut pointveu lalumière,
Maù consolez-vous-en, luy qui vom rendjaloux,
Unjoursoûmis àvostreEmpire,
£htoy que la Gloireenpuisse dire,
Fera de 10s plaisirsson bonheur le
plus doux.
Reprenez, donc vostreArc; J^oy^moit
Fils,seriez, vous
Aux ordres des Destins rebelle?
Songez- que vous devez, vossoins 4
l'Univers,
.f<.!!epttr VOM toutse renouvelle;
Que dans le vastesein des Mers,
.f<!!,estr lA Terre & cAns les Airs,
La Nature àsonaide en tout temps
vous appelle.
Ha ! s'écria l'Amour,je veux me
vangerd'elle;
Contre elle avec raison je mefins-
animé;
Avecde trop grandssoins cette [11.
grateaformé
Cet Enfant, ce Rival dema gloire
immortelle.
Concevez-vous quelle est ma douleur,
neon effroy?
Il estdéjà beau commemoy;
Maisjusqu'où les Mortels portent-ils
l'insolence?
Sans respectermonpouvoir, ny mort
rang,
On ose comparerson sangavec mon
sangs
On faitplus,surlemien ila lapréferences
On ne craint point pour luy la eélefit
vangcancc;
lid dans son Ayeul un trop puissant
| Appuy. Ji>uel DieupourlaValeur, J^utlDu#
pour la Prudence,
Pourroit avec LOVISdisputer diijourd'huy?
liefuis qu'ilfutdonné pour le bien de
la France,
On n'a plus adoré que luy.
De l' Univers, il regle lafortunes
Parunprodigeilest tout-à-la-fois
Mars,Apollon, Jupiter & Neptune;
Ses bontez,sessoins, ses exploits,
Font la félicité commune.
Au dela de luy-mesmeilporteson bonheur,
Asonauguste Filsluy-mesmesert de
guide;
On voit ce Fils brûler d'une héroïque
ardeur,
Etde Gloire en tout temps avide,
DAns lêfeinmesme de 14 Paix,
Auxfrivoles plaisirs ne s'arrester jamais.
î1fcplaiflàlaChasse, image de 14
Guerre,
Ilsi plaifla dompter d'indomptables
Chevaux,
En attendant lejourqu'armédefin
Tonnerre,
LoriS en triomphant du reste de la
Terre,
JroumiJJe asa Valeur de plus nobles
travANX.
Sien que de la Beauté voussoyez, la
VousnDelleujfyi,
eauferiez, ny transports,
Heureux&digneEpouxd'une jeune
Trinceffe,
J^uimérite tousses soûpirs,
Il ne daigne tournerses regardssur
les autres;
lAsischarmesail(si quels charmes
sontégaux?
Elle a les yeux aussi doux que les
vostres,
Etn'a pas un de vos défauts.
Vénusalors rougit de honte,
EtlançantsursonFils desregards
enflâmez,
cf!0oJ donc, dit-elle, à vostre conte
UneMortellemesurmonte?
Hé-bien, l'illustre Enfantdont vous
vous alarmez,
Pres demoy tiendra vostreplace;
Je veux ( & le Destin ne m'en dédira
pas )
,tueqtioy qu'ildise, ou quoy qu'il
fassi)
On y trouve toûjours une nouvelle
Grace;
Toutes vontpar mon ordre accompagnerses
pas.
L Amouttnmble à cette menace, IlveutfiâttrVenus ; mais Vénus s
cesmots,
Sejette dansson Char, (jp noie t1 vers
Paphos.
nllnsfin coeur la colereà lahonte
s'assemble.
Le chagrin de l'Amouri'accroifl par
ce couroux,
Etcommelechagrindrnoué
Ne pouvons demeurer ensemble,
Nous avons résolu d'abandonner
l'Amour,
Pour venirfairenostre cour
Au beau Prince qui,luy ressemble.
Voilacceqoue lnes Rtisé&l;es^uxm'ont
Ce Prince estsi charmant, qu'on les en
peut bien croire;
L'Amour estaujourd'huijalouxdesa
beauté,
À
nj.o#rtli.cnirdque Mays leserade
sagloire,
pHÎjft-t-ilteneursgrand, estresonjours
keureuxi ThïJjc * lejuste Ciel accorder à nos
vaux
Fourluy denotnbreuefséttneesi
Jfïjt'il«pl/Jlè des Héros les Exploits Mt quunjour, s'ilse peut,sesgrandts
destinées
Egalent celles de LOVIS.
l'Idille de Madame des
Houlieres, dont le bruit doit
estreallé jusqua vous, par
les applaudissemens qu'il a
reçeus àla Cour & a Paris.
Il y a tant de délicatesse, de
bon goust, & de bon sens,
dans tout ce qui part de
cette illustre Personne, que si l'usage estoit que les Femmes
fussentreçeuës à l'Académie,
on préviendroit ses
souhaits) pour luy offrir place
gdanslceUtte céleébré.Compa-
POUR
POUR.
LA NAISSANCE
DE MONSEIGNEUR
LE DUC
DE BOURGOGNE.
IDILLE. LAmourpressed'une douleur
sincre,
Età'a(on FlambeAU,rewp'Jes
Traits
Et parle Six jure àfk Mere
JÇu'tlnes*appat[ra jamais.
Toutse ressont desa colere,
Déjà les Oiseaux dans les Bois
Nefont plusentendre leurs rvoixJI
Et déjà le Berger néglige sa Bergere.
Ce matin lesJeux &les Ris,
De l'Amour lesseuls Favoris, 4
M'ont découvert ce qui le désespere.
Voicy ce qu'ilsm'en ont appris.
Un divin Enfant vient de naître,
M'ont-ils dit, à qui les Mortels
Avec empressement élevent des Autels,
Et pour qui pms regret nom quittons
nostreMaistre.
Sil'Amour est jaloux des honneurs
qu'on luy rend,
Ill'est encorplus deses charmes;
En vainpouressuyerses larmes,
Vénussursesgenouxleprend,
Luyfait honte desesfoibleffess
Et quandpardetendrescaresses
Elle croitl'avoiradoucy,
D'un ton plus ferme elle luyparle
diuflVous
avez,fourny de matiere
Aumalheurdontvous vous plaignez;
L'aimable Enfant que vous craignez,
Sans vous n'eut pointveu lalumière,
Maù consolez-vous-en, luy qui vom rendjaloux,
Unjoursoûmis àvostreEmpire,
£htoy que la Gloireenpuisse dire,
Fera de 10s plaisirsson bonheur le
plus doux.
Reprenez, donc vostreArc; J^oy^moit
Fils,seriez, vous
Aux ordres des Destins rebelle?
Songez- que vous devez, vossoins 4
l'Univers,
.f<.!!epttr VOM toutse renouvelle;
Que dans le vastesein des Mers,
.f<!!,estr lA Terre & cAns les Airs,
La Nature àsonaide en tout temps
vous appelle.
Ha ! s'écria l'Amour,je veux me
vangerd'elle;
Contre elle avec raison je mefins-
animé;
Avecde trop grandssoins cette [11.
grateaformé
Cet Enfant, ce Rival dema gloire
immortelle.
Concevez-vous quelle est ma douleur,
neon effroy?
Il estdéjà beau commemoy;
Maisjusqu'où les Mortels portent-ils
l'insolence?
Sans respectermonpouvoir, ny mort
rang,
On ose comparerson sangavec mon
sangs
On faitplus,surlemien ila lapréferences
On ne craint point pour luy la eélefit
vangcancc;
lid dans son Ayeul un trop puissant
| Appuy. Ji>uel DieupourlaValeur, J^utlDu#
pour la Prudence,
Pourroit avec LOVISdisputer diijourd'huy?
liefuis qu'ilfutdonné pour le bien de
la France,
On n'a plus adoré que luy.
De l' Univers, il regle lafortunes
Parunprodigeilest tout-à-la-fois
Mars,Apollon, Jupiter & Neptune;
Ses bontez,sessoins, ses exploits,
Font la félicité commune.
Au dela de luy-mesmeilporteson bonheur,
Asonauguste Filsluy-mesmesert de
guide;
On voit ce Fils brûler d'une héroïque
ardeur,
Etde Gloire en tout temps avide,
DAns lêfeinmesme de 14 Paix,
Auxfrivoles plaisirs ne s'arrester jamais.
î1fcplaiflàlaChasse, image de 14
Guerre,
Ilsi plaifla dompter d'indomptables
Chevaux,
En attendant lejourqu'armédefin
Tonnerre,
LoriS en triomphant du reste de la
Terre,
JroumiJJe asa Valeur de plus nobles
travANX.
Sien que de la Beauté voussoyez, la
VousnDelleujfyi,
eauferiez, ny transports,
Heureux&digneEpouxd'une jeune
Trinceffe,
J^uimérite tousses soûpirs,
Il ne daigne tournerses regardssur
les autres;
lAsischarmesail(si quels charmes
sontégaux?
Elle a les yeux aussi doux que les
vostres,
Etn'a pas un de vos défauts.
Vénusalors rougit de honte,
EtlançantsursonFils desregards
enflâmez,
cf!0oJ donc, dit-elle, à vostre conte
UneMortellemesurmonte?
Hé-bien, l'illustre Enfantdont vous
vous alarmez,
Pres demoy tiendra vostreplace;
Je veux ( & le Destin ne m'en dédira
pas )
,tueqtioy qu'ildise, ou quoy qu'il
fassi)
On y trouve toûjours une nouvelle
Grace;
Toutes vontpar mon ordre accompagnerses
pas.
L Amouttnmble à cette menace, IlveutfiâttrVenus ; mais Vénus s
cesmots,
Sejette dansson Char, (jp noie t1 vers
Paphos.
nllnsfin coeur la colereà lahonte
s'assemble.
Le chagrin de l'Amouri'accroifl par
ce couroux,
Etcommelechagrindrnoué
Ne pouvons demeurer ensemble,
Nous avons résolu d'abandonner
l'Amour,
Pour venirfairenostre cour
Au beau Prince qui,luy ressemble.
Voilacceqoue lnes Rtisé&l;es^uxm'ont
Ce Prince estsi charmant, qu'on les en
peut bien croire;
L'Amour estaujourd'huijalouxdesa
beauté,
À
nj.o#rtli.cnirdque Mays leserade
sagloire,
pHÎjft-t-ilteneursgrand, estresonjours
keureuxi ThïJjc * lejuste Ciel accorder à nos
vaux
Fourluy denotnbreuefséttneesi
Jfïjt'il«pl/Jlè des Héros les Exploits Mt quunjour, s'ilse peut,sesgrandts
destinées
Egalent celles de LOVIS.
Fermer
Résumé : POUR LA NAISSANCE DE MONSEIGNEUR LE DUC DE BOURGOGNE. IDILLE.
Le texte est une lettre accompagnant deux sonnets et une idylle de Madame des Houlières, reconnue pour ses œuvres littéraires. L'auteur exprime son admiration pour la délicatesse, le bon goût et le bon sens de Madame des Houlières, suggérant qu'elle mériterait une place à l'Académie française si les femmes y étaient admises. L'idylle célèbre la naissance de Monseigneur le Duc de Bourgogne. L'Amour, éprouvant une douleur sincère, voit ses traits marqués par la colère. Les oiseaux et les bergers ressentent cette colère, et les jeux de l'Amour sont interrompus. L'Amour apprend qu'un divin enfant est né, pour qui les mortels élèvent des autels, et qu'il doit quitter son maître. Vénus tente de consoler l'Amour, lui rappelant que l'enfant ne serait pas né sans lui et qu'un jour, l'enfant sera soumis à son empire. L'Amour, jaloux et animé par la colère, exprime sa douleur et son effroi face à la beauté et à la gloire de l'enfant. Il décrit les exploits et les qualités de l'enfant, comparant ses talents à ceux des dieux et soulignant son rôle dans le bonheur de la France. Vénus, honteuse, reconnaît que l'enfant surpassera l'Amour en beauté et en grâce. L'Amour et Vénus décident d'abandonner leur querelle et de se rendre à la cour du prince, admirant sa beauté et sa gloire. Ils espèrent que le ciel accordera à l'enfant des exploits héroïques et des destinées grandioses, égales à celles de Louis.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
22
p. 193-201
EPITRE DE MADAME DES HOULIERES, AU ROY.
Début :
Je viens au Voyage que l'opiniâtreté des Espagnols a / Pourquoy chercher une nouvelle gloire ? [...]
Mots clefs :
Gloire, Lauriers, Exploits, Conquérants, Guerre, Paix
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EPITRE DE MADAME DES HOULIERES, AU ROY.
Je viens au Voyage que
l'opiniâtreté des Efpagnols a
forcé le Royde faire en Flandre. Je vay vous en donner
un détail , non pas des couchées & du fejour de Sa Majeſté en chaque lieu, mais de
tout ce qui s'est fait pendant
ce Voyage, & des Nouvelles
que ce Monarque a reçeuës
May 1684.
R
1
194 MERCURE
de fes Armées de terre & de
mer, & de fes Ambaffadeurs
dans les Cours Etrangeres,
avec une exacte defcription
de fes Camps. En mefme
temps qu'on apprit que fon
départ eftoit réfolu , on vit
paroiftre des Vers qui méritentbien voftre curiofité. En
voicy de Madame des Houlieres. Son nom fuffit pour
vous préparer à une lecture
des plus agréables.
GALANT. 195
25525-522555:25252
EPITRE
DE MADAME
DES HOULIERES,
AU ROY.
Ourquoy chercher une nouvelle
gloire?
Po
vos Lauriers goûtez un doux Sousves
reposi
"Affez d'Exploits d'immortelle mémoire
Vousfontpafferles antiques Héros.
Pourvous, grand Roy, pour le bien
dela France,
Que refte-t-ilencore àfouhaiter?
Vosfoins chez elle ont remis l'abondance;
1
Rij
196 MERCURE
Voftre valeur qui pourroit tout dome
pter,
La rend terrible aux Nations étrang
ges,
Et quelque loin qu'on porte les
Louanges,
Iln'en eftpaint qui vous puiſſent
flater.
$2
Avous chanter nos voixfont tou-
• jours preftes;
Maisquand nos Vers àla Postérité
Pourroient vous peindre auſſi grand
que vous eftes,
Quand de vos Loix ils diroient l'é
quité,
De voftre Bras les rapides conqueftes,
De voftre Esprit la noble activité,
De voſtreabordle charme inévitable,
Quelle enferoitpour vous l'utilité?
GALANT. 197
Lors que le vray paroiſt peu vraySemblable,
Iln'afurnous que peu d'autorité.
22
Ces Conquérans qu'eurent Rome &
la Gréce,
Ccs Demy. Dieuxfur centLyres chantez,
Onteu le fortque trop de gloire laiffe,
On les a crusfervilementflatez.
Tantde vertus qu'en eux l'Hiftoire
affemble,
Eff, difoit- on, leprix de leurs bienfaits;
Etfi vousfentfous qui l'Univers tremble,
N'euffiezplusfait qu'ils n'ontfait
tousenſemble
On douteroit encor de leurs hauts
Faits
Rüj
198 MERCURE
SS
Deleur valeurlavostre nous affure,
Vous la rendez croyable en l'ifaçants
Unvelfecours chez la Racefuture
Sera pour vous unfecours impuif
Sant..
Quelques efforts que la Naturefaffe
Pour les Héros quefa mainformera,
Loin d'en trouver quelqu'un qui
vous efface,
Famais aucun ne vous égalera.
22
N'allez doncplus expofer une vie
D'où le bonheurde l'Univers dépends
Voyezla Paix, de tous les biensfui
vie,
Quidans lesbras des Plaifirs vom
attend;"
Epargnez-nous de mortelles allar
mess
GALANT: 19.
Oùcourez-vousparla Gloire animé
Si la Victoire apour vous tant de
charmes,
Vouspouvez vaincre icyfans eftre
; armé.
N'appellez point une indigne foibleſſe
Quelques momens donnez à la tendreffe;
Les plus grands Cœurs n'ont pas le
moins aimé.
S2
Mais aux trævaux de la fiere BelLonne,
F'oppoſe en vain le repos le plus
doux.
Les faux plaifirs que l'oifiveté
donne,
Nefontpas faits pour un Roy comme
vem,
Rij
200 MERCURE
Inftruit de tout, appliquéfans relâche,
Et toûjoursgranddans les moindres
Lorsprojets.
que la Paix aux périls vous
arrache,
Une autre gloire àſon tour vou
attache,
Et vous immole au bien de vos
Sujets.
Se
Ainfi l'on voit le Maistre du Tonnerre,
Diverſement occupé dans les Cieux;
Tantoft vainqueur dans l'infolente
Guerre
Quifitpérir lesTitansfuricux;
Tantoft veillant au bonheur de la
Terre,
Porterpartout un regard curieux,
Y rétablir le calme, l'innocence,
GALANT. 201
Eftredetous la crainte, l'eſpérance,
Etleplusgrand, &le meilleur des
Dieux.
SS
Craint, adoré..... Mais j'entens la
Victoire
Qui vous appelle à des Exploits
nouveaux.
Que de hauts Faits vont groffir
voftre Hiftoire!
Partez, courez à des deftins fi beaux.
Je voy l'Eſpagne aux Traitez infidelle
DefesPaispayerfesattentats;
Je voy vos coups détruire les Etats
Dufier Voifin quifoûtientfa querelle;
Etje vous voy vainqueur en cent
Combats,
Donner la Paix, & la rendre eter
netle.
l'opiniâtreté des Efpagnols a
forcé le Royde faire en Flandre. Je vay vous en donner
un détail , non pas des couchées & du fejour de Sa Majeſté en chaque lieu, mais de
tout ce qui s'est fait pendant
ce Voyage, & des Nouvelles
que ce Monarque a reçeuës
May 1684.
R
1
194 MERCURE
de fes Armées de terre & de
mer, & de fes Ambaffadeurs
dans les Cours Etrangeres,
avec une exacte defcription
de fes Camps. En mefme
temps qu'on apprit que fon
départ eftoit réfolu , on vit
paroiftre des Vers qui méritentbien voftre curiofité. En
voicy de Madame des Houlieres. Son nom fuffit pour
vous préparer à une lecture
des plus agréables.
GALANT. 195
25525-522555:25252
EPITRE
DE MADAME
DES HOULIERES,
AU ROY.
Ourquoy chercher une nouvelle
gloire?
Po
vos Lauriers goûtez un doux Sousves
reposi
"Affez d'Exploits d'immortelle mémoire
Vousfontpafferles antiques Héros.
Pourvous, grand Roy, pour le bien
dela France,
Que refte-t-ilencore àfouhaiter?
Vosfoins chez elle ont remis l'abondance;
1
Rij
196 MERCURE
Voftre valeur qui pourroit tout dome
pter,
La rend terrible aux Nations étrang
ges,
Et quelque loin qu'on porte les
Louanges,
Iln'en eftpaint qui vous puiſſent
flater.
$2
Avous chanter nos voixfont tou-
• jours preftes;
Maisquand nos Vers àla Postérité
Pourroient vous peindre auſſi grand
que vous eftes,
Quand de vos Loix ils diroient l'é
quité,
De voftre Bras les rapides conqueftes,
De voftre Esprit la noble activité,
De voſtreabordle charme inévitable,
Quelle enferoitpour vous l'utilité?
GALANT. 197
Lors que le vray paroiſt peu vraySemblable,
Iln'afurnous que peu d'autorité.
22
Ces Conquérans qu'eurent Rome &
la Gréce,
Ccs Demy. Dieuxfur centLyres chantez,
Onteu le fortque trop de gloire laiffe,
On les a crusfervilementflatez.
Tantde vertus qu'en eux l'Hiftoire
affemble,
Eff, difoit- on, leprix de leurs bienfaits;
Etfi vousfentfous qui l'Univers tremble,
N'euffiezplusfait qu'ils n'ontfait
tousenſemble
On douteroit encor de leurs hauts
Faits
Rüj
198 MERCURE
SS
Deleur valeurlavostre nous affure,
Vous la rendez croyable en l'ifaçants
Unvelfecours chez la Racefuture
Sera pour vous unfecours impuif
Sant..
Quelques efforts que la Naturefaffe
Pour les Héros quefa mainformera,
Loin d'en trouver quelqu'un qui
vous efface,
Famais aucun ne vous égalera.
22
N'allez doncplus expofer une vie
D'où le bonheurde l'Univers dépends
Voyezla Paix, de tous les biensfui
vie,
Quidans lesbras des Plaifirs vom
attend;"
Epargnez-nous de mortelles allar
mess
GALANT: 19.
Oùcourez-vousparla Gloire animé
Si la Victoire apour vous tant de
charmes,
Vouspouvez vaincre icyfans eftre
; armé.
N'appellez point une indigne foibleſſe
Quelques momens donnez à la tendreffe;
Les plus grands Cœurs n'ont pas le
moins aimé.
S2
Mais aux trævaux de la fiere BelLonne,
F'oppoſe en vain le repos le plus
doux.
Les faux plaifirs que l'oifiveté
donne,
Nefontpas faits pour un Roy comme
vem,
Rij
200 MERCURE
Inftruit de tout, appliquéfans relâche,
Et toûjoursgranddans les moindres
Lorsprojets.
que la Paix aux périls vous
arrache,
Une autre gloire àſon tour vou
attache,
Et vous immole au bien de vos
Sujets.
Se
Ainfi l'on voit le Maistre du Tonnerre,
Diverſement occupé dans les Cieux;
Tantoft vainqueur dans l'infolente
Guerre
Quifitpérir lesTitansfuricux;
Tantoft veillant au bonheur de la
Terre,
Porterpartout un regard curieux,
Y rétablir le calme, l'innocence,
GALANT. 201
Eftredetous la crainte, l'eſpérance,
Etleplusgrand, &le meilleur des
Dieux.
SS
Craint, adoré..... Mais j'entens la
Victoire
Qui vous appelle à des Exploits
nouveaux.
Que de hauts Faits vont groffir
voftre Hiftoire!
Partez, courez à des deftins fi beaux.
Je voy l'Eſpagne aux Traitez infidelle
DefesPaispayerfesattentats;
Je voy vos coups détruire les Etats
Dufier Voifin quifoûtientfa querelle;
Etje vous voy vainqueur en cent
Combats,
Donner la Paix, & la rendre eter
netle.
Fermer
Résumé : EPITRE DE MADAME DES HOULIERES, AU ROY.
En mai 1684, le roi entreprit un voyage en Flandre, motivé par la résistance des Espagnols. Le texte détaille les événements et les nouvelles reçues par le monarque durant ce mois. Il mentionne les armées de terre et de mer, ainsi que les ambassadeurs présents dans les cours étrangères. Une description précise des camps est également fournie. À l'annonce du départ du roi, plusieurs vers furent publiés, dont une épître de Madame des Houlières adressée au roi. Cette épître célèbre les exploits du roi, sa bravoure et les bienfaits qu'il apporte à la France. Elle exprime le souhait que le roi trouve un repos mérité après ses conquêtes et souligne que ses actions rendent la France prospère et redoutable pour les nations étrangères. Madame des Houlières reconnaît la difficulté de décrire pleinement la grandeur du roi et compare ses exploits à ceux des anciens héros. Elle encourage le roi à apprécier la paix et les plaisirs, tout en reconnaissant que ses devoirs l'appellent à de nouveaux exploits. L'épître conclut en évoquant la victoire du roi sur l'Espagne et ses ennemis, ainsi que sa capacité à établir une paix durable.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
23
p. 242-282
Suite de l'Article de Siam, [titre d'après la table]
Début :
Aprés avoir satisfait vostre curiosité dans une de mes Lettres, [...]
Mots clefs :
Roi de Siam, Roi de France, Envoyés, Monarque, Présents, Prince, Vaisseau, Bâtiment, Londres, Royaume, Majesté, Remèdes, Argent, Sujets, Missionnaires, Nations, Europe, Gloire, Banten, Amitié, Angleterre, Voyage, États, Religion, Hommes, Peuples, Siam
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Suite de l'Article de Siam, [titre d'après la table]
Aprés avoir satisfait vostre
curiosité dans une de mes
Lettres, touchant la Religion
& les Coûtumes des
Habitans du Royaume de
Siam
,
& vous avoir parlé
dans la suivante de l'Audience
donnée par Mrle Marquis
de Seignelay aux Envoyez
du Prince qui le gouverne,
je dois vous apprendre tout
ce qui s'est passé à l'égard de
ces mesmes Envoyez, depuis
qu'ils sont à Paris. Mais
avant que d'entrerdans ce
détail
,
j'en ay un autre fort
curieux à vous faire, qui
vous plaira d'autant plus,
qu'il vous fera connoistre
de quelle maniéré a pris
naissance la hauteestime
que le Roy de Siam a
conceuë pour Sa Majesté.
Les Millionnaires qui n'ont
que le seul Salut des Ames
pour but dans toutes les peines
qu'ils se donnent, s'étant
établisàSiam,ilsygagnerent
en peu de temps
l'affection de tous les Peuples.
L'employ de ces Ames
toutes charitables
,
n'étoit,
& n'est encore aujourd'huy,
que de faire du bien.
Comme en partant de France
ils s'estoient munis de
quantité de Remedes, &
qu'ils avoient avec eux Medecins,
Chirurgiens & Apoticaires
,ils soulageoient les
Malades, jusque-là mesmes
qu'ils avoient des Hommes
qui avec des Paniers pleins
de ces Remedes
,
alloient
dans toutes les Ruës de
Siam
,
criant que tous ceux
qui avoient quelques maux,
de quelque nature qu'ilspus-
fent estre
,
n'avoient qu'à les
faire entrer chez eux, &:
qu'ilslessoulageroient sans
prendre d'argent.En effet,
bienloind'en exiger des Mab
lades,ils en donnoient fort
souventà ceux qui leur paroissoient
en avoir besoin, &
tâchoient de les consoler
dans leurs misères. Des
maniérés siobligeantes,&si
desintéresséesgarnerens
bien-tostl'esprit des Peuples,
& servirent beaucoup à l'accroissement
de la Religion
Catholique.Le Roy deSiam
en ayant elleinftruit,8c ne
pouvant qu'àpeine lecroire
, voulut sçavoir à fonds
quiestoientceux dont ses
Sujets recevoient de si
grandssoulagemens.Ce Mo*
nàaarqrugeu. eaaccoommmmeennccee aa rree..¡-"
gner dés l'âge de huit ans,&
en a presèntementenviron
cinquante. C'estun Prince
qui voit, & quientend tout,
& quiexamine long-temps,
&meurementles choses,
avant quede porterson jugementcomme
vous le
connoirtre z par la fuice de
cet Article. Il ditauxMisfionnaires,
Qu'ilestoitsurprisde
voir quede tant de Gens de déférentes."
Nations qu'il 'PO)'oÍt
dans ses Etats, ils estoientles
seuls qui ne cherchaient point à
trafiquer. Il leur demanda 0
ils prenaient l'argent qu'ilfalloit
qu'ils dépensassent pour leursubsistance
, & pour leurs remedes.
Ils luy répondirent que cet
argent leur venoit des Missions
de France, & des charitez
que plusieurs Particuliers
faisoient pour leur estre
envoyées. Ce Monarque fut
extrêmement surpris de voir
que des Peuples éloignez de
six milleliües,contribuoient
par leurs largesses au soulagement
de ses Sujets, & que
ceux du plusgrãdMonarque
de l'Europe, venoiét de si loin
par un pur motifde pietié, ôc
qu'au lieu que les Peuples
des autres Nations, se donnoient
de la peine pour gagner
par leur trafic, les Fran- tio çois en prenoient pour dépenser,
dans le seul dessein
de travailler à la gloire du
<D Dieu qu'ils adoroient Aprés
cesréflexions,il voulue faire
ouvrir ses Tresors aux Missionnaires
,
mais ils n'accepterent
rien, ce qui tourna
tout à fait à l'avantage de la
Religion, & fut cause que
ce Roy leur fit, bâtir des Eglises,&
qu'après leur avoir.
demandé des desseins) U
voulut qu'ils en donnassent
d'autres, n'ayant pas trouvé
les premiers assez beaux.Il
avoit en ce temps-làunPremier
Ministre qui n'aimoit
pas les Millionnaires mais j
comme ç'eust este mal faire
sa Cour, que de montrer de j
l'aversion pour ceux que son
Í
Maistre honoroitde son estime,
cet adroit Politique leur.
faisoitfort bon accueil, quoy «
qu'il rechcrchast fous main,
toutes les occasions de leur
nuire. Il apprehendoit que
-
quand les Françoisparle- rf
roient parfaitement la Lan-
gue des Siamois,ils ne gouvernaient
l'esprit du Roy
,
ôc
que leur credit ne fist peu à
peu diminuer son autorité.
Ce Ministre n'estoit pas seulement
ambitieux
,
mais il
estoit fort zelé; pour la Religion
du Pays. Ainsiil est aisé
de juger qu'il avoitplus d'une
raison de haïr les Millionnaires.,
Il estmort depuis deux
aîiSjôc si celuy qui luy a succedén'a
pas hérité de ses mesmes
sentimens à l'égard des
François, on ne laisse pas de
connoistre qu'il a des raisons
politiquesquil'obligent à les
*
craindre. Cependant les bontez
du Roy pour les Missionnaires,&
lesEglises&le Seminaire
qu'illeur a fait bâtir,
ont tellement contribué à
l'augmentation de la FoyCatholique,
qu'on a parlé dans;
ce Séminaire,jusques à vingt
trois sortes de Langues dans
un mesme temps, c'est à dire
qu'il y avoit des Personnes
converties d'autat de Nations
disérentes, car il n'y a point
de lieu dans tout l'Orient.,
où il vienne un si grand nombre
d'Etrangers, qu'à Siam.
La Compagnie des Indes 0-
ientalcs voyant les grands
progrés que les Missionnaires
saisoient dans ce Royaume
,
résolu d'y établir un
Comptoir
,
sans le proposer
d'autre avantage de cét établissement,
que celuy de les
assister,& comme on fit
connoitre à nostrepieux
Monarque les bontez du
Roy deSiampourlesSujets,
& que la protectionqu'il
leur donnoit
,
estoit cause
qu'ils faisoienttous les jours
beaucoup deConversions,Sa
Majesté qui n'a point de plus
grand plaisir que de travailler
au salut des ames,voulut.
bien luy en écrire une Lettro
de remerciement; dont M
Deslandes
-
Bourreau, qu
partit dans un Navire de la
Compagnie pour l'établisse.
ment du Comptoir, fut chargé
pour la remettre entre
les mains de Mr l'Evesque
de Beryte
,
VicaireApostolique
de la Cochinchine
qui estoit pour lors à Siam
L'arrivée de cette Lettre fini
du bruit, & le Roy apprit
avec joye que le Grand Roj{
luy écrivoit. C'est le non
qu'il donc au Roy de France
,iu il 0
Cependant cette Lettre demeura
plus de deux mois entre
les mains deMrl'Evesque
deBéryte, sans estre renduë
fau Roy de Siam, & il y eut
de grandes contestations sur
la maniere de la présenter.
Le Premier Ministre vouloit
-que Mr de Béryte parust devant
ce Monarque les pieds
nus,personne ne se mon- trant chauffé devant luy
,
si
¡ ce n'est dans les Ambassades
solemnelles; ce que Mr de
Béryte ayant refusé de faire,
iel garda la Lettre. Le Roy Siam surpris de ce qu'on
diséroit si longtemps à la luy
rendre, en demanda la raiion.
Il l'apprit, & dit, que les
François pouvoientparoistre devant
luy de telle maniere qu'ils
voudraient. Ainsi une simple
Lettre du Roy portée par des
Gens qui n'estoient ny Ambassadeurs,
ny mesme Envoyez,
fut renduë comme
elle lauroit esté dans laplus.
celebre Ambassade. Cette j
Lettrefit augmenter l'estime
que le Roy de Siam avoit
déjà conçûë pour le Roy de:
France, & il résolut de iuvT
envoyer des Ambassadeurs;
avec des Présens tirez de
tour ce qu'onpourroit trouver
de plus riche dans ion
Trésor. J'ay oublié de vous
dire que ce Monarque avoit
ordonné à tous les Européans
de luy donner de
temps en temps des Relations
de tout ce qui se passoit
dans les- Lieuxdépendans
de l'obeïssance de leurs
Souverains,ou de leurs Supérieurs.
Ces Relations estant
faites par divers Particuliers,
chacan tâchoit d'obscurcir
la gloire du Roy de France,
en envelopant la vérité. Le
Roy de Siam n'en témoignoit
rien, & par une prudencemerveilleuse
, lisant
tout, & examinant les choses
, il estoit des années sans
se déclarer là- dessus. Ilvouloit
voir si ce qu'on luy donnoitainsi
de temps en temps
avoit des fuites, & si l'on ne
se contredisoit point. Enfin
il dévelopa les mauvaises intentions
de plusieurs, & connut
que les seuls Missionnaires
luy disoient vray, parce
que les nouvelles qu'ils luy
donnoient d'une année, ê.
toient confirmées par celles
,r ,1"- 1\, J
de l'autre. Leschosesétoienten
cetétat, lors qu'on demanda
au, Roy de Siam la
permissionde tirer duCanon,
& de faire des Feux de joye
pour Mastric repris par le
Prince d'Orange,& pour ladéfaite
de tousles François.
Ce prudent Monarque envoya
chercher les Missionnaires,
&leur demanda quellesnouvelles
ils avoientde Fran,
ce, duSiegedeMastric. On
luy dit qu'onavoirappris par -
une Lettre qui -,. venoit de
Perse, que Mrde Schomberg
avoit forcéle Prince- d'©—
range à lever le Siege; mais
-
que comme cette nouvelle avoit
esté mandée en quatre li- -
gnes feulementau bas d'une
Lettre,il n'avoitpas crûdevoir
la publier avant qu'elle
:
eust esté confirmée. Le Roy
répondit, que c'estoit assez; qu'il
;
estoitseûr de l'avantage que les
Françoisavoientremperté; mais i
que loin d'en vouloirrien temoigner,
sondessein estoitde permeta,
tre les Feuxde joye qu'on luy
avoit demandez.Il avoit sons
but, que vousallez voir. 'ci"
Quelque temps après,
la
nouvelle de la levée du Siege :1
de Mastric ayant esté confirméed'une
maniersqui empeschoit
d'en douter, le Roy
voulut mortifier ceux qui
s'estoient si bien réjoüis., &
leur dit, qu'ils'étonnoit qu'ils
n'eussent pas fait plus souvent
des Feux de jC!JeJ puis que les
derniers qu'ils avoientfaits marquoient,
que leur coûtume efloit
de se réjoüirapres leur défaite;
au lieu que les autres Nations
ne donnoientdepareilles marques
d'allégresse,qu'après leurs viSloL
res. Un pareil discours les
couvrit de confusion, & les
obligead'avoüer qu'ils avoient
reçeu de fausses nouvelles.
Toutes ces choses, ôii
beaucoup d'autres qu'on si~
pour oblcurcir la répatation
&lagloire des armes du Roy,
de France, & dont le temps
decouvrit la vérité, mirent ce~
grandPrince dans une si hau-~
te estime aupres du Roy de:
Siam
,
qu'il fit paroistre une
extrême impatience de luy,
envoyer des Ambassadeurs.
Il vouloit mesme luy envoyer
quelques-uns de ses Vaisseaux,
maison luy fit cOIT--
noistre le risque qu'il y avoit
à craindre pour eux dans riollgi
Mers. Enfin le Vaisseau
nomme le Vautour, a ppartenant
à la CompagnieRoyale
de France,estant arrivé à
Siam, fut choisy pour porter
jusques à Bantam les Ambassadeursque
cepuissantPrince
vouloit envoyer en France.
Il nomma en 1680. pour Chef
de cette Ambassade l'Homme
le plus intelligent de son
Royaume, & qui en cette
qualité avoit esté à la Chine
& au Japon. Il choisit aussi
pour l'accompagner, vingtcinq
Hommes des plus considérables
de ses Etats, avec
de riches Présens pour le
Roy, la Reyne, Monseigneur
le Dauphin, Madame la DauphineMonsieur,&
Madame.
Le Public n'eue aucune connoissance
de laqualité de ces
Présens, parce que c'est une
incivilité inexcusable chez;
les Orientaux de les faire voir:
à qui que ce soit, celuy à quii
on les envoye devant les voir
le premier.On embarquacesa
Présèns trois semaines avant
le depart du Vaisseau qui devoit
les porter; & les Lettresa
que le Roy de Siam écrivoit
au Roy de France, furent enfermées
ferméesdans un Bambu, ou
petit Coffre d'or. Ce Bambu
fut mis au haut de la Poupe,
avec des Flambeaux qui 1eclairerent
toutes les nuits
pendant ces trois semaines;
&. tant que ce Navire demeura
à l'ancre avant [OR
depart, tous les Vaisseaux
quipasserent furentobligez
de plier leurs Voiles, & de
salüer ces Lettres; & les Rameurs
des Galeres, de ramer
debout, & inclinez. Comme
le Papeavoit aussi écrit au
Roy de Siam pour le remercier
de la protection qu'il
donnoit aux Catholiques,&
de la libertédecosciencequ'il
laissoit dans ses Etats,ce Monarque
luy faisoit réponse par
le mesmeVaisseau, & avoic
mis les Lettres qu'il écrivvooiitt
àà Sa SSaaiinntetetétéd, adnanss
un Bambu de Calamba. C'est
un Bois que les Siamois estiment
autant. que l'or
; mais l
le Roy deSiam avoit dit qu'il
le choisissoit
, parce qu'il
faloit de la simplicité dans
toutce qui regardoit les Personnes
quise meslent
dela
Religion. Apres ces éclatantesCérémonies,
& si glorieuses
pour nostre Monarque
,l'Ambassadeur s'et-iï
barquaavec une suite nombreuse,
~&?>int jusques à
Bantan,oùilquita le Vaisseau
qui l'avoit amené,& lemit;
dans le Navire nommé
l- e Soleild'Orienta,appppaarrtetennaann'tt
à la mesme Compagnie des,
Indes, & portant pour son
compte pour plus d'un million
d'Effets
;
de sorte que
cela joint aux Présens que
le Roy de Siam envoyoit en
France,faisoit une tres-riche
charge.Le Vaisseau eftoic
d'ailleurs fort beau, & l'on
peut compter sa pertepour
une perte fort considérable..
Vous lasçavez Se je vous;
en ay souvent parlé. Ce n'est
pas qu'on en ait de nouvelles
assurées; mais depuis quatre
ans qu'il est sorty de Bantan,
il a esté impossible d'enr
rien découvrir, quelques perquisitions
qu'onen ait faites.
Quand cette nouvelle sut
portée à Siam, elle fut longtemps
ignorée du Roy, personne
n'osant luy apprendre
une chose dont on sçavoit
qu'ilauroit untres-sensibles
chagrin,non seulementparco
qu'il voyoit reculer par là
ce qu'iltémoignoit souhaiter
leplus,quiestoit de faire
demander l'amitié du Roy
de France, & qu'ilperdoit
de riches Présens, & des
Hommes d'un grand mérite
; mais encore parce qu'il
avoir fait tirer des choses trcscurieuses
de son Trésor
,
où
il n'en trouveroit plus de semblablcs
pour envoyer une seconde
fois. Tout cela frapa
ce, Prince; mais comme il
sçait prendre beaucoup d'empire
sur luy ,ilrépondit de
fangfroid à ceux qui luy
apprirent cette nouvvcllc><
qu'il faloit envoyer d'autresi
Ambassadeurs,&donna ot--
dre qu'on luypréparast de:
nouveaux Présens. Les choses
demeurèrent quelque
qu'iln'y avoit point de Vaisseau
qui vinst enEurepe,pour
porter. Le desirquele
Roy de Siam avoir d'envoyer •
de les Sujets en France, etoit:
si grand, qu'il résolut d'en,
faire partir sur un petit Bâtiment
Anglais, du port de
quatrevingt tonneaux, nommé
Bâtiment ~inteï!oof. Ces
Bâtimens ne sont point de
la Compagnie d'Angleterre,
& la plupart appartiennent à
des Bourgeois de Londres,,
qui croyent qu'il, leur est
permis de les charger pour
leur compte particulier. Le
peu d'étendüe de ce Batiment
ne fut pas seulement
cause que le Roy de Siam ne
fit partir que des Envoyez,
maislesremontrances de
son premier Ministre y contribuérent
beaucou p. Il luy
représenta qu'on n'avoit pas
encore de nouvelles certaines
de la perte du Vaisseau
iur lequel son Ambassadeur
estoit party de Bantan
, &
que ce seroit une chose embarassante,
si le dernier rencontroit
le premier enFrance.
Ainsi il sur resolu de ne faire
partir que desEnvoyez, qui.
ne seroient chargez que de
trois choses
;
la premiere, de
s'informer de ce qu'estait
devenu le premier Ambassadeur.
la secondé, de prier Mrs
Colbert, de faire connoistre
au Roy deSiamleur Maistre
les moyens les plus courts, &ç
les plus solidespourunir les
deux Couronnes d'une amitié
inviolable; &enfin,pour fe-*
liciter nostre Monarque sur
l'heureuse naissance de Monseigneur
le Duc de Bourgogne.
Le Roy de Siam voulut
que ces deux Envoyez fussent
choisisparmy les Officiers
de sa Maison, & qu'ils fussent
du nombre de ceux qui
ne payent point de Taille;
car il y a de laNoblesse dans
le Royaume de Siam, comme
en Europe, & cette Noblesse
est exempte de certains
Droits qu'on y paye au
Roy. Ce Prince voulut aussi
que les deux Envoyez qu'il
choisiroit, n'eussent point
esté châtiez, parce que le
Roy les fait tous punir pour
la moindrefaute qu'ils commettent
, ce qui n'est pas un
obstacle pour les empescher
de rentrer au service comme
auparavant. Ces deux Envoyez
ayantesté nommez
par le Roy, & ce Prince prenant
grande confiance aux
Millionnaires qui sont dans
ses Etats,ilpria Mrl'Evesque
de Metellopolis, de joindre
à ces deuxOfficiers un
Missionnaire, pour les accompagner
dans ce Voyage;
1
& comme il faloit un Homme
intelligent, actif, & propre
à souffrir les fatigues d'un
si long Voyage ,M de Metellopolis
choisitMrVachet,
ancien Millionnaire de la Cochinchine
, & cui depuis
- quatorze ans travaille au salut
desAmes en cesPaïs-là.
Le Roy de Siam ayant sçû
qu'il avoit esténommé,demanda
à l'entretenir, & le
retint huit jours à Lavau,
MaisondeCampagne où il
va souvent. Il lefit traiter
pendant ces huit jours, &
on luy servit à chaque Repas
quarante ou cinquante
Plats, chargez de tout ce
qu'il y avoit de plus exquis
dans le Païs. Mr Vachet eut
une fort longue audiencede
ce Prince, qui luy recommanda
d'avoir foin de ses
Envoyez, & de raporter en
France la verité de ce qu'il
voyoit de sa Cour, & de ses
Etats, sans exiger de luyaucune
autre chosesur cet Article.
Ensuite il luy fitune
prière, qui marque l'esprit
de ce Monarque, &: avec
combien de gloire il soûtient
sa. dignité. Illuy dit, Que
ittmrmses Envoyéz emportoient
des Présens pour les Ministres
de France, &qu'ils partoient
dans un BâtimentAnglais,ils
iroientdroit à Londres
, onapparemment
la Doüanne voudroit
voir ce que contenoient les Balots,
&se fairepayerses droits;
&c'estoit ce que ce Monarque
appréhendoit, non seulement
parce qu'il croyoit
qu'illuy estoit honteux que
ce qui luy appartenoit payast
quelques droits, mais encore
parce qu'il vouloit que
ceux à qui il envoyoit des
Présens, les vissent les premiers.
Pour remédier àcet
embarras, il chargea MrVachet
de prier de sa part l'A mbassadeur
de France ,qu'il
trouveroit à Londres, defaire
en sorteque ce qu'il envoyoic
aux Ministres de Sa Majesté,
ne payast point de Doüanne
en Angleterre,ce quifut ponctuellement
exécuté, Sa Majesté
Britannique ayant obligeamment
donnésesordres
pour empescher qu'on
; ne
prist rien à ses Doüannes des
Balots de ces Envoyez. Le
Roy de Siam dit, encore a"
MrVachet,lors queceMisfionnaire
le quita, Qu'ilprioit
le Dieu du Ciel de luy fairefaire
bon Voyage,& qu'illuyapprendroit
des choses à son retour,
dont il feroit surpris & ravy.
Il luy fit ensuite donner un
Habit longdeSatin;&c'est
celuy que ce Missionnaire a
porté dans les Audiences que
ces Envoyez onteües. Iln'y
a point de ressorts, que les
Nations établies à Siam, &
qui ne sçauroient cacher le
chagrin & la jalousie que
leur donne la grandeur du
Roy, n'ayent fait joüer,
pourempescher ces Envoyez
devenir en France. Commes
ilsfontchargez d'achetericy
beaucoup dechoses, ces Jaloux
ont offert au Roy des
Siam, de luy porter jusqu'en
son Royaume tout ce qu'il
pouvoit desirer d'Europe, ôcz
mesme de luyen faire présent;
mais vous jugez biem
que ce Monarque, du caractere
dont je vous l'ay peint,
n'étoit pas assezintéresse pour
accepter de telles propositions.
Aussi les a-t'il rejettées
y
tout ce qu'il cherches
n'estant que l'amitié du Roy
dont il se faitune gloire, uni
bonheur, & un plaisir. Ces
Envoyez partirent de Londres
,
dans un Bâtiment du
Roy d'Angleterre nommé
laCharlote, que ce Prince
leur donna pour passer à Calais,
oùje les laisse afin de
vous donnerlemois prochain
un Journal qui ne regardequela
France,&que
je commenceray par leur débarquement
à Calais. J'ay
sceu tout ce que je vous mande
,
de si bonne part,que je
-puis vous assurer que je ne
dis rien qui ne soit entierement
conforme à la verité;
Ii.
& si cette Relation a quelquechosededéfectueux
, ce
ne peut estre que pourquelques
endroits transposez,
dont jen'aypas assezbienretenu
l'ordre.
curiosité dans une de mes
Lettres, touchant la Religion
& les Coûtumes des
Habitans du Royaume de
Siam
,
& vous avoir parlé
dans la suivante de l'Audience
donnée par Mrle Marquis
de Seignelay aux Envoyez
du Prince qui le gouverne,
je dois vous apprendre tout
ce qui s'est passé à l'égard de
ces mesmes Envoyez, depuis
qu'ils sont à Paris. Mais
avant que d'entrerdans ce
détail
,
j'en ay un autre fort
curieux à vous faire, qui
vous plaira d'autant plus,
qu'il vous fera connoistre
de quelle maniéré a pris
naissance la hauteestime
que le Roy de Siam a
conceuë pour Sa Majesté.
Les Millionnaires qui n'ont
que le seul Salut des Ames
pour but dans toutes les peines
qu'ils se donnent, s'étant
établisàSiam,ilsygagnerent
en peu de temps
l'affection de tous les Peuples.
L'employ de ces Ames
toutes charitables
,
n'étoit,
& n'est encore aujourd'huy,
que de faire du bien.
Comme en partant de France
ils s'estoient munis de
quantité de Remedes, &
qu'ils avoient avec eux Medecins,
Chirurgiens & Apoticaires
,ils soulageoient les
Malades, jusque-là mesmes
qu'ils avoient des Hommes
qui avec des Paniers pleins
de ces Remedes
,
alloient
dans toutes les Ruës de
Siam
,
criant que tous ceux
qui avoient quelques maux,
de quelque nature qu'ilspus-
fent estre
,
n'avoient qu'à les
faire entrer chez eux, &:
qu'ilslessoulageroient sans
prendre d'argent.En effet,
bienloind'en exiger des Mab
lades,ils en donnoient fort
souventà ceux qui leur paroissoient
en avoir besoin, &
tâchoient de les consoler
dans leurs misères. Des
maniérés siobligeantes,&si
desintéresséesgarnerens
bien-tostl'esprit des Peuples,
& servirent beaucoup à l'accroissement
de la Religion
Catholique.Le Roy deSiam
en ayant elleinftruit,8c ne
pouvant qu'àpeine lecroire
, voulut sçavoir à fonds
quiestoientceux dont ses
Sujets recevoient de si
grandssoulagemens.Ce Mo*
nàaarqrugeu. eaaccoommmmeennccee aa rree..¡-"
gner dés l'âge de huit ans,&
en a presèntementenviron
cinquante. C'estun Prince
qui voit, & quientend tout,
& quiexamine long-temps,
&meurementles choses,
avant quede porterson jugementcomme
vous le
connoirtre z par la fuice de
cet Article. Il ditauxMisfionnaires,
Qu'ilestoitsurprisde
voir quede tant de Gens de déférentes."
Nations qu'il 'PO)'oÍt
dans ses Etats, ils estoientles
seuls qui ne cherchaient point à
trafiquer. Il leur demanda 0
ils prenaient l'argent qu'ilfalloit
qu'ils dépensassent pour leursubsistance
, & pour leurs remedes.
Ils luy répondirent que cet
argent leur venoit des Missions
de France, & des charitez
que plusieurs Particuliers
faisoient pour leur estre
envoyées. Ce Monarque fut
extrêmement surpris de voir
que des Peuples éloignez de
six milleliües,contribuoient
par leurs largesses au soulagement
de ses Sujets, & que
ceux du plusgrãdMonarque
de l'Europe, venoiét de si loin
par un pur motifde pietié, ôc
qu'au lieu que les Peuples
des autres Nations, se donnoient
de la peine pour gagner
par leur trafic, les Fran- tio çois en prenoient pour dépenser,
dans le seul dessein
de travailler à la gloire du
<D Dieu qu'ils adoroient Aprés
cesréflexions,il voulue faire
ouvrir ses Tresors aux Missionnaires
,
mais ils n'accepterent
rien, ce qui tourna
tout à fait à l'avantage de la
Religion, & fut cause que
ce Roy leur fit, bâtir des Eglises,&
qu'après leur avoir.
demandé des desseins) U
voulut qu'ils en donnassent
d'autres, n'ayant pas trouvé
les premiers assez beaux.Il
avoit en ce temps-làunPremier
Ministre qui n'aimoit
pas les Millionnaires mais j
comme ç'eust este mal faire
sa Cour, que de montrer de j
l'aversion pour ceux que son
Í
Maistre honoroitde son estime,
cet adroit Politique leur.
faisoitfort bon accueil, quoy «
qu'il rechcrchast fous main,
toutes les occasions de leur
nuire. Il apprehendoit que
-
quand les Françoisparle- rf
roient parfaitement la Lan-
gue des Siamois,ils ne gouvernaient
l'esprit du Roy
,
ôc
que leur credit ne fist peu à
peu diminuer son autorité.
Ce Ministre n'estoit pas seulement
ambitieux
,
mais il
estoit fort zelé; pour la Religion
du Pays. Ainsiil est aisé
de juger qu'il avoitplus d'une
raison de haïr les Millionnaires.,
Il estmort depuis deux
aîiSjôc si celuy qui luy a succedén'a
pas hérité de ses mesmes
sentimens à l'égard des
François, on ne laisse pas de
connoistre qu'il a des raisons
politiquesquil'obligent à les
*
craindre. Cependant les bontez
du Roy pour les Missionnaires,&
lesEglises&le Seminaire
qu'illeur a fait bâtir,
ont tellement contribué à
l'augmentation de la FoyCatholique,
qu'on a parlé dans;
ce Séminaire,jusques à vingt
trois sortes de Langues dans
un mesme temps, c'est à dire
qu'il y avoit des Personnes
converties d'autat de Nations
disérentes, car il n'y a point
de lieu dans tout l'Orient.,
où il vienne un si grand nombre
d'Etrangers, qu'à Siam.
La Compagnie des Indes 0-
ientalcs voyant les grands
progrés que les Missionnaires
saisoient dans ce Royaume
,
résolu d'y établir un
Comptoir
,
sans le proposer
d'autre avantage de cét établissement,
que celuy de les
assister,& comme on fit
connoitre à nostrepieux
Monarque les bontez du
Roy deSiampourlesSujets,
& que la protectionqu'il
leur donnoit
,
estoit cause
qu'ils faisoienttous les jours
beaucoup deConversions,Sa
Majesté qui n'a point de plus
grand plaisir que de travailler
au salut des ames,voulut.
bien luy en écrire une Lettro
de remerciement; dont M
Deslandes
-
Bourreau, qu
partit dans un Navire de la
Compagnie pour l'établisse.
ment du Comptoir, fut chargé
pour la remettre entre
les mains de Mr l'Evesque
de Beryte
,
VicaireApostolique
de la Cochinchine
qui estoit pour lors à Siam
L'arrivée de cette Lettre fini
du bruit, & le Roy apprit
avec joye que le Grand Roj{
luy écrivoit. C'est le non
qu'il donc au Roy de France
,iu il 0
Cependant cette Lettre demeura
plus de deux mois entre
les mains deMrl'Evesque
deBéryte, sans estre renduë
fau Roy de Siam, & il y eut
de grandes contestations sur
la maniere de la présenter.
Le Premier Ministre vouloit
-que Mr de Béryte parust devant
ce Monarque les pieds
nus,personne ne se mon- trant chauffé devant luy
,
si
¡ ce n'est dans les Ambassades
solemnelles; ce que Mr de
Béryte ayant refusé de faire,
iel garda la Lettre. Le Roy Siam surpris de ce qu'on
diséroit si longtemps à la luy
rendre, en demanda la raiion.
Il l'apprit, & dit, que les
François pouvoientparoistre devant
luy de telle maniere qu'ils
voudraient. Ainsi une simple
Lettre du Roy portée par des
Gens qui n'estoient ny Ambassadeurs,
ny mesme Envoyez,
fut renduë comme
elle lauroit esté dans laplus.
celebre Ambassade. Cette j
Lettrefit augmenter l'estime
que le Roy de Siam avoit
déjà conçûë pour le Roy de:
France, & il résolut de iuvT
envoyer des Ambassadeurs;
avec des Présens tirez de
tour ce qu'onpourroit trouver
de plus riche dans ion
Trésor. J'ay oublié de vous
dire que ce Monarque avoit
ordonné à tous les Européans
de luy donner de
temps en temps des Relations
de tout ce qui se passoit
dans les- Lieuxdépendans
de l'obeïssance de leurs
Souverains,ou de leurs Supérieurs.
Ces Relations estant
faites par divers Particuliers,
chacan tâchoit d'obscurcir
la gloire du Roy de France,
en envelopant la vérité. Le
Roy de Siam n'en témoignoit
rien, & par une prudencemerveilleuse
, lisant
tout, & examinant les choses
, il estoit des années sans
se déclarer là- dessus. Ilvouloit
voir si ce qu'on luy donnoitainsi
de temps en temps
avoit des fuites, & si l'on ne
se contredisoit point. Enfin
il dévelopa les mauvaises intentions
de plusieurs, & connut
que les seuls Missionnaires
luy disoient vray, parce
que les nouvelles qu'ils luy
donnoient d'une année, ê.
toient confirmées par celles
,r ,1"- 1\, J
de l'autre. Leschosesétoienten
cetétat, lors qu'on demanda
au, Roy de Siam la
permissionde tirer duCanon,
& de faire des Feux de joye
pour Mastric repris par le
Prince d'Orange,& pour ladéfaite
de tousles François.
Ce prudent Monarque envoya
chercher les Missionnaires,
&leur demanda quellesnouvelles
ils avoientde Fran,
ce, duSiegedeMastric. On
luy dit qu'onavoirappris par -
une Lettre qui -,. venoit de
Perse, que Mrde Schomberg
avoit forcéle Prince- d'©—
range à lever le Siege; mais
-
que comme cette nouvelle avoit
esté mandée en quatre li- -
gnes feulementau bas d'une
Lettre,il n'avoitpas crûdevoir
la publier avant qu'elle
:
eust esté confirmée. Le Roy
répondit, que c'estoit assez; qu'il
;
estoitseûr de l'avantage que les
Françoisavoientremperté; mais i
que loin d'en vouloirrien temoigner,
sondessein estoitde permeta,
tre les Feuxde joye qu'on luy
avoit demandez.Il avoit sons
but, que vousallez voir. 'ci"
Quelque temps après,
la
nouvelle de la levée du Siege :1
de Mastric ayant esté confirméed'une
maniersqui empeschoit
d'en douter, le Roy
voulut mortifier ceux qui
s'estoient si bien réjoüis., &
leur dit, qu'ils'étonnoit qu'ils
n'eussent pas fait plus souvent
des Feux de jC!JeJ puis que les
derniers qu'ils avoientfaits marquoient,
que leur coûtume efloit
de se réjoüirapres leur défaite;
au lieu que les autres Nations
ne donnoientdepareilles marques
d'allégresse,qu'après leurs viSloL
res. Un pareil discours les
couvrit de confusion, & les
obligead'avoüer qu'ils avoient
reçeu de fausses nouvelles.
Toutes ces choses, ôii
beaucoup d'autres qu'on si~
pour oblcurcir la répatation
&lagloire des armes du Roy,
de France, & dont le temps
decouvrit la vérité, mirent ce~
grandPrince dans une si hau-~
te estime aupres du Roy de:
Siam
,
qu'il fit paroistre une
extrême impatience de luy,
envoyer des Ambassadeurs.
Il vouloit mesme luy envoyer
quelques-uns de ses Vaisseaux,
maison luy fit cOIT--
noistre le risque qu'il y avoit
à craindre pour eux dans riollgi
Mers. Enfin le Vaisseau
nomme le Vautour, a ppartenant
à la CompagnieRoyale
de France,estant arrivé à
Siam, fut choisy pour porter
jusques à Bantam les Ambassadeursque
cepuissantPrince
vouloit envoyer en France.
Il nomma en 1680. pour Chef
de cette Ambassade l'Homme
le plus intelligent de son
Royaume, & qui en cette
qualité avoit esté à la Chine
& au Japon. Il choisit aussi
pour l'accompagner, vingtcinq
Hommes des plus considérables
de ses Etats, avec
de riches Présens pour le
Roy, la Reyne, Monseigneur
le Dauphin, Madame la DauphineMonsieur,&
Madame.
Le Public n'eue aucune connoissance
de laqualité de ces
Présens, parce que c'est une
incivilité inexcusable chez;
les Orientaux de les faire voir:
à qui que ce soit, celuy à quii
on les envoye devant les voir
le premier.On embarquacesa
Présèns trois semaines avant
le depart du Vaisseau qui devoit
les porter; & les Lettresa
que le Roy de Siam écrivoit
au Roy de France, furent enfermées
ferméesdans un Bambu, ou
petit Coffre d'or. Ce Bambu
fut mis au haut de la Poupe,
avec des Flambeaux qui 1eclairerent
toutes les nuits
pendant ces trois semaines;
&. tant que ce Navire demeura
à l'ancre avant [OR
depart, tous les Vaisseaux
quipasserent furentobligez
de plier leurs Voiles, & de
salüer ces Lettres; & les Rameurs
des Galeres, de ramer
debout, & inclinez. Comme
le Papeavoit aussi écrit au
Roy de Siam pour le remercier
de la protection qu'il
donnoit aux Catholiques,&
de la libertédecosciencequ'il
laissoit dans ses Etats,ce Monarque
luy faisoit réponse par
le mesmeVaisseau, & avoic
mis les Lettres qu'il écrivvooiitt
àà Sa SSaaiinntetetétéd, adnanss
un Bambu de Calamba. C'est
un Bois que les Siamois estiment
autant. que l'or
; mais l
le Roy deSiam avoit dit qu'il
le choisissoit
, parce qu'il
faloit de la simplicité dans
toutce qui regardoit les Personnes
quise meslent
dela
Religion. Apres ces éclatantesCérémonies,
& si glorieuses
pour nostre Monarque
,l'Ambassadeur s'et-iï
barquaavec une suite nombreuse,
~&?>int jusques à
Bantan,oùilquita le Vaisseau
qui l'avoit amené,& lemit;
dans le Navire nommé
l- e Soleild'Orienta,appppaarrtetennaann'tt
à la mesme Compagnie des,
Indes, & portant pour son
compte pour plus d'un million
d'Effets
;
de sorte que
cela joint aux Présens que
le Roy de Siam envoyoit en
France,faisoit une tres-riche
charge.Le Vaisseau eftoic
d'ailleurs fort beau, & l'on
peut compter sa pertepour
une perte fort considérable..
Vous lasçavez Se je vous;
en ay souvent parlé. Ce n'est
pas qu'on en ait de nouvelles
assurées; mais depuis quatre
ans qu'il est sorty de Bantan,
il a esté impossible d'enr
rien découvrir, quelques perquisitions
qu'onen ait faites.
Quand cette nouvelle sut
portée à Siam, elle fut longtemps
ignorée du Roy, personne
n'osant luy apprendre
une chose dont on sçavoit
qu'ilauroit untres-sensibles
chagrin,non seulementparco
qu'il voyoit reculer par là
ce qu'iltémoignoit souhaiter
leplus,quiestoit de faire
demander l'amitié du Roy
de France, & qu'ilperdoit
de riches Présens, & des
Hommes d'un grand mérite
; mais encore parce qu'il
avoir fait tirer des choses trcscurieuses
de son Trésor
,
où
il n'en trouveroit plus de semblablcs
pour envoyer une seconde
fois. Tout cela frapa
ce, Prince; mais comme il
sçait prendre beaucoup d'empire
sur luy ,ilrépondit de
fangfroid à ceux qui luy
apprirent cette nouvvcllc><
qu'il faloit envoyer d'autresi
Ambassadeurs,&donna ot--
dre qu'on luypréparast de:
nouveaux Présens. Les choses
demeurèrent quelque
qu'iln'y avoit point de Vaisseau
qui vinst enEurepe,pour
porter. Le desirquele
Roy de Siam avoir d'envoyer •
de les Sujets en France, etoit:
si grand, qu'il résolut d'en,
faire partir sur un petit Bâtiment
Anglais, du port de
quatrevingt tonneaux, nommé
Bâtiment ~inteï!oof. Ces
Bâtimens ne sont point de
la Compagnie d'Angleterre,
& la plupart appartiennent à
des Bourgeois de Londres,,
qui croyent qu'il, leur est
permis de les charger pour
leur compte particulier. Le
peu d'étendüe de ce Batiment
ne fut pas seulement
cause que le Roy de Siam ne
fit partir que des Envoyez,
maislesremontrances de
son premier Ministre y contribuérent
beaucou p. Il luy
représenta qu'on n'avoit pas
encore de nouvelles certaines
de la perte du Vaisseau
iur lequel son Ambassadeur
estoit party de Bantan
, &
que ce seroit une chose embarassante,
si le dernier rencontroit
le premier enFrance.
Ainsi il sur resolu de ne faire
partir que desEnvoyez, qui.
ne seroient chargez que de
trois choses
;
la premiere, de
s'informer de ce qu'estait
devenu le premier Ambassadeur.
la secondé, de prier Mrs
Colbert, de faire connoistre
au Roy deSiamleur Maistre
les moyens les plus courts, &ç
les plus solidespourunir les
deux Couronnes d'une amitié
inviolable; &enfin,pour fe-*
liciter nostre Monarque sur
l'heureuse naissance de Monseigneur
le Duc de Bourgogne.
Le Roy de Siam voulut
que ces deux Envoyez fussent
choisisparmy les Officiers
de sa Maison, & qu'ils fussent
du nombre de ceux qui
ne payent point de Taille;
car il y a de laNoblesse dans
le Royaume de Siam, comme
en Europe, & cette Noblesse
est exempte de certains
Droits qu'on y paye au
Roy. Ce Prince voulut aussi
que les deux Envoyez qu'il
choisiroit, n'eussent point
esté châtiez, parce que le
Roy les fait tous punir pour
la moindrefaute qu'ils commettent
, ce qui n'est pas un
obstacle pour les empescher
de rentrer au service comme
auparavant. Ces deux Envoyez
ayantesté nommez
par le Roy, & ce Prince prenant
grande confiance aux
Millionnaires qui sont dans
ses Etats,ilpria Mrl'Evesque
de Metellopolis, de joindre
à ces deuxOfficiers un
Missionnaire, pour les accompagner
dans ce Voyage;
1
& comme il faloit un Homme
intelligent, actif, & propre
à souffrir les fatigues d'un
si long Voyage ,M de Metellopolis
choisitMrVachet,
ancien Millionnaire de la Cochinchine
, & cui depuis
- quatorze ans travaille au salut
desAmes en cesPaïs-là.
Le Roy de Siam ayant sçû
qu'il avoit esténommé,demanda
à l'entretenir, & le
retint huit jours à Lavau,
MaisondeCampagne où il
va souvent. Il lefit traiter
pendant ces huit jours, &
on luy servit à chaque Repas
quarante ou cinquante
Plats, chargez de tout ce
qu'il y avoit de plus exquis
dans le Païs. Mr Vachet eut
une fort longue audiencede
ce Prince, qui luy recommanda
d'avoir foin de ses
Envoyez, & de raporter en
France la verité de ce qu'il
voyoit de sa Cour, & de ses
Etats, sans exiger de luyaucune
autre chosesur cet Article.
Ensuite il luy fitune
prière, qui marque l'esprit
de ce Monarque, &: avec
combien de gloire il soûtient
sa. dignité. Illuy dit, Que
ittmrmses Envoyéz emportoient
des Présens pour les Ministres
de France, &qu'ils partoient
dans un BâtimentAnglais,ils
iroientdroit à Londres
, onapparemment
la Doüanne voudroit
voir ce que contenoient les Balots,
&se fairepayerses droits;
&c'estoit ce que ce Monarque
appréhendoit, non seulement
parce qu'il croyoit
qu'illuy estoit honteux que
ce qui luy appartenoit payast
quelques droits, mais encore
parce qu'il vouloit que
ceux à qui il envoyoit des
Présens, les vissent les premiers.
Pour remédier àcet
embarras, il chargea MrVachet
de prier de sa part l'A mbassadeur
de France ,qu'il
trouveroit à Londres, defaire
en sorteque ce qu'il envoyoic
aux Ministres de Sa Majesté,
ne payast point de Doüanne
en Angleterre,ce quifut ponctuellement
exécuté, Sa Majesté
Britannique ayant obligeamment
donnésesordres
pour empescher qu'on
; ne
prist rien à ses Doüannes des
Balots de ces Envoyez. Le
Roy de Siam dit, encore a"
MrVachet,lors queceMisfionnaire
le quita, Qu'ilprioit
le Dieu du Ciel de luy fairefaire
bon Voyage,& qu'illuyapprendroit
des choses à son retour,
dont il feroit surpris & ravy.
Il luy fit ensuite donner un
Habit longdeSatin;&c'est
celuy que ce Missionnaire a
porté dans les Audiences que
ces Envoyez onteües. Iln'y
a point de ressorts, que les
Nations établies à Siam, &
qui ne sçauroient cacher le
chagrin & la jalousie que
leur donne la grandeur du
Roy, n'ayent fait joüer,
pourempescher ces Envoyez
devenir en France. Commes
ilsfontchargez d'achetericy
beaucoup dechoses, ces Jaloux
ont offert au Roy des
Siam, de luy porter jusqu'en
son Royaume tout ce qu'il
pouvoit desirer d'Europe, ôcz
mesme de luyen faire présent;
mais vous jugez biem
que ce Monarque, du caractere
dont je vous l'ay peint,
n'étoit pas assezintéresse pour
accepter de telles propositions.
Aussi les a-t'il rejettées
y
tout ce qu'il cherches
n'estant que l'amitié du Roy
dont il se faitune gloire, uni
bonheur, & un plaisir. Ces
Envoyez partirent de Londres
,
dans un Bâtiment du
Roy d'Angleterre nommé
laCharlote, que ce Prince
leur donna pour passer à Calais,
oùje les laisse afin de
vous donnerlemois prochain
un Journal qui ne regardequela
France,&que
je commenceray par leur débarquement
à Calais. J'ay
sceu tout ce que je vous mande
,
de si bonne part,que je
-puis vous assurer que je ne
dis rien qui ne soit entierement
conforme à la verité;
Ii.
& si cette Relation a quelquechosededéfectueux
, ce
ne peut estre que pourquelques
endroits transposez,
dont jen'aypas assezbienretenu
l'ordre.
Fermer
Résumé : Suite de l'Article de Siam, [titre d'après la table]
Le texte décrit les interactions entre les missionnaires français, appelés Millionnaires, et le roi de Siam. Ces missionnaires, établis au Siam, ont gagné la faveur des habitants en distribuant des remèdes et en soignant les malades sans demander de paiement, ce qui a favorisé l'expansion de la religion catholique dans le royaume. Le roi de Siam, intrigué par ces missionnaires, a découvert qu'ils étaient financés par des missions en France et des donations de particuliers. Impressionné par cette générosité, il a développé une haute estime pour le roi de France. Cependant, la perte d'un vaisseau chargé de présents pour le roi de France a contrarié le roi de Siam. Malgré cet incident, il a décidé d'envoyer de nouveaux envoyés à Paris à bord d'un petit bâtiment anglais. Ces envoyés, choisis parmi les officiers de la maison royale et exempts de certaines taxes, avaient pour missions de s'informer du sort du premier ambassadeur, de solliciter des moyens pour renforcer l'amitié entre les deux couronnes, et de féliciter le roi de France pour la naissance du Duc de Bourgogne. Le roi de Siam a également demandé à un missionnaire, M. Vachet, de les accompagner et de rapporter fidèlement ses observations sur la cour et les États français. Pour éviter que les présents destinés aux ministres français ne soient taxés en Angleterre, le roi de Siam a pris des mesures appropriées et a fourni à M. Vachet un habit de satin pour les audiences. Malgré les tentatives de sabotage par des nations jalouses, les envoyés ont finalement quitté Londres à bord d'un vaisseau anglais pour se rendre à Calais.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
24
p. 71-72
Présens faits par le Roy, [titre d'après la table]
Début :
Je vous ay souvent parlé depuis plusieurs années des Médailles [...]
Mots clefs :
Médailles, Gloire, Monarque, Bon goût, Gratification
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Présens faits par le Roy, [titre d'après la table]
Ie vous ay fouvent parlé depuis
plufieurs années des Médailles
qui ont efté frapées à la gloire
du Roy , & qui compofent l'Hiſtoire
de la vie de ce Monarque.
Je vous en ay mefme envoyé
quelques- unes que j'ay fait graver
en divers temps . Elles font
préfentement au nombre de
quatrevingt- dixneuf , & Sa Majefté
vient d'en faire préfent à
Monfieur le Procureur General
& à Monfieur le Nautre ; & ne
les leur a données , que comme à
des Curieux , & à des perfonnes
qui par leur bon gouſt ſe ſont
acquis une parfaite connoiffance
de tout ce que l'Antiquité à de
72. MERCURE
rare . Je vous appris il y a un mois
la gratification de cinquante mille
livres que le Roy avoit faite à
Monfieur Manfard ; Sa Majesté
luy en a donné encore vingt - cinq ,
pour luy faciliter le payement de
la Charge d'Intendant Genéral
des Baftimens , qu'il a achetée
cent mille francs. Elle eftoit à
Monfieur Gobert , qui s'en eſt
démis volontairement en fa faveur.
Le Roy qui ne laiffe aucun
fervice fans récompenfe , voulant
reconnoiftre ceux que Monfieur,
Landoüillette de Saugiviere luy,
a rendus dans le Commandement.
des Bombardiers à Tabago , Alger
, & Génes , a ennobly ce
brave Officier.
plufieurs années des Médailles
qui ont efté frapées à la gloire
du Roy , & qui compofent l'Hiſtoire
de la vie de ce Monarque.
Je vous en ay mefme envoyé
quelques- unes que j'ay fait graver
en divers temps . Elles font
préfentement au nombre de
quatrevingt- dixneuf , & Sa Majefté
vient d'en faire préfent à
Monfieur le Procureur General
& à Monfieur le Nautre ; & ne
les leur a données , que comme à
des Curieux , & à des perfonnes
qui par leur bon gouſt ſe ſont
acquis une parfaite connoiffance
de tout ce que l'Antiquité à de
72. MERCURE
rare . Je vous appris il y a un mois
la gratification de cinquante mille
livres que le Roy avoit faite à
Monfieur Manfard ; Sa Majesté
luy en a donné encore vingt - cinq ,
pour luy faciliter le payement de
la Charge d'Intendant Genéral
des Baftimens , qu'il a achetée
cent mille francs. Elle eftoit à
Monfieur Gobert , qui s'en eſt
démis volontairement en fa faveur.
Le Roy qui ne laiffe aucun
fervice fans récompenfe , voulant
reconnoiftre ceux que Monfieur,
Landoüillette de Saugiviere luy,
a rendus dans le Commandement.
des Bombardiers à Tabago , Alger
, & Génes , a ennobly ce
brave Officier.
Fermer
Résumé : Présens faits par le Roy, [titre d'après la table]
Le texte évoque des médailles célébrant la vie d'un roi. L'auteur a envoyé quatre-vingt-dix-neuf de ces médailles à des personnes distinguées, comme Monsieur le Procureur Général et Monsieur le Nautre, en reconnaissance de leur goût et de leur connaissance de l'antiquité. Le roi a accordé une gratification de cinquante mille livres à Monsieur Mansard, suivie de vingt-cinq mille livres supplémentaires pour l'achat de la charge d'Intendant Général des Bâtiments, précédemment détenue par Monsieur Gobert. Cette charge a été achetée cent mille francs. Par ailleurs, le roi a anobli Monsieur Landoüillette de Saugiviere pour ses services dans le commandement des bombardiers à Tabago, Alger et Gênes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
25
p. 83-89
INSCRIPTIONS DES NEUF GRANDS TABLEAUX DE LA GALERIE DE VERSAILLES.
Début :
Au premier Tableau qui représente le Roy préferant la Gloire aux [...]
Mots clefs :
Inscriptions, Tableaux, Gloire, Plaisirs, Repos, Ambition, Guerre, Ennemis, Attaque, Galerie de Versailles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : INSCRIPTIONS DES NEUF GRANDS TABLEAUX DE LA GALERIE DE VERSAILLES.
INSCRIPTIONS
DES NEUF GRANDS TABLEAUX
DE LA GALERIE DE
VERSAILLES
.
Au premier Tableau qui re
I
D 6 .
84
MERCURE
4
préfente le Roy préferant la
Gloire aux Plaifirs .
INSCRIPTION.
LOUIS LE GRAND dans la fleur
de fa jeuneſſe , prend en main le
Timon de l'Etat , & renonçant au
Repos & aux Plaifirs , je donne
tout entier à l'amour de la veritable
Gloire.
Seconde partie de ce même
Tableau de l'autre cofté du
Cintre.
"
INSCRIPTION.
L'Allemagne , l'Espagne & la
Hollande , font alarmées de la réfolution
de ce jeune Monarque , &
commencent à redouter fon Bras,
qui devoit eftre fatal à leur ambition.
Second Tableau , où le Roy
eft repréſenté , meditant fur la
GALANT. 85
Guerre qu'il voulois faire aux
Hollandois .
INSCRIPTION.
Le Roy delibere s'il attaquera les
Hollandois , & apres diverfes réflexions
que la prudence & la valeur
luyfontfaire , ilfe détermine à
la Guerre par le confeil de la
Iustice.
Troifiéme Tableau , repréſentant
les Préparatifs de la Guerre.
บ
INSCRIPTION.
Le Roy arme par mer &par terre
avec tant de grandeur & de promp
titude , que fes Ennemis n'en conçoivent
pas moins d'admiration que
d'épouvante.
Quatrième Tableau , reprefentant
l'ouverture de la Campagne
contre les Hollandois , par
quatre Siéges.
86 MERCURE
INSCRIPTION.
Le Roy forme le deffein d'affieger
en mesme temps Vvefel , Burich ,
Orfoy , Bhimberg , & en regle les
Préparatifs avec fes Genéraux.
Cinquième Tableau , repréfentant
le Paffage du Rhin à
Tholuis .
INSCRIPTION,
Le merveilleux paffage du Rhim
donne entrée aux François jufques
dans le coeur de la Hollande , & rien
ne peut refifter à la justice des armes
du Roy , ny retarder la rapidité de
Les Conquestes.
Seconde partie de ce mefme
Tableau , de l'autre cofté da
Cintre.
INSCRIPTION.
Treize jours d'Attaque rendent
le Roy maistre de Maſtrich à l'étonGALANT.
87
nement de toute l'Europe , tandis
que fes Vaiffeaux mettent enfuite
la flotte Hollandoife fur les Coftes
de l'Amérique
.
Sixième Tableau , repréſentant
l'Union de l'Allemagne , de
l'Espagne , & de la Hollande contre
la France.
INSCRIPTION.
La Hollande effrayée de tant de
pertes imprévues , & prefque incroyables
, cherche un remede à fes
malheurs , dans l'Alliance qu'elle
fait avec l'Espagne & l'Allemagne.
Septiéme Tableau , repréfentant
la feconde Conquefte de la
Franche Comté .
INSCRIPTION.
La Franche Comté foûmiſe pour
la feconde fois avec une promptitu
88 MERCURE
de extraordinaire , malgré l'oppofition
des Saifons , fait repentir
l'Espagne ; mais trop tard , de fon.
engagement contre la France.
Hoitiéme Tableau , reprefentant
la Priſe de Gand .
INSCRIPTION.
Le Roy tombe comme un Foudre
fur la Ville de Gand , & par cette
nouvelle Conquefte , ôte à la Flandre
La derniere efperance que luy reftoit .
Seconde partie de ce même
Tableau , de l'autre cofté du
Cintre.
INSCRIPTION.
La puiffance victorieufe du Roy
renverfe la Politique d'Espagne ,
éblouit fon Confeil , & déconcertefa
prévoyance.
Neuvième Tableau , repréfentant
la defunion de la Hollande
d'avec l'Espagne & l'Allemagne
.
GALANT. 89
•
INSCRIPTION
La Hollande tend les bras à la
Paix qui luy eft offerte, &le defunit
de l'Allemagne & de l'Espagne , qui
font de vains efforts pour l'arrester.
DES NEUF GRANDS TABLEAUX
DE LA GALERIE DE
VERSAILLES
.
Au premier Tableau qui re
I
D 6 .
84
MERCURE
4
préfente le Roy préferant la
Gloire aux Plaifirs .
INSCRIPTION.
LOUIS LE GRAND dans la fleur
de fa jeuneſſe , prend en main le
Timon de l'Etat , & renonçant au
Repos & aux Plaifirs , je donne
tout entier à l'amour de la veritable
Gloire.
Seconde partie de ce même
Tableau de l'autre cofté du
Cintre.
"
INSCRIPTION.
L'Allemagne , l'Espagne & la
Hollande , font alarmées de la réfolution
de ce jeune Monarque , &
commencent à redouter fon Bras,
qui devoit eftre fatal à leur ambition.
Second Tableau , où le Roy
eft repréſenté , meditant fur la
GALANT. 85
Guerre qu'il voulois faire aux
Hollandois .
INSCRIPTION.
Le Roy delibere s'il attaquera les
Hollandois , & apres diverfes réflexions
que la prudence & la valeur
luyfontfaire , ilfe détermine à
la Guerre par le confeil de la
Iustice.
Troifiéme Tableau , repréſentant
les Préparatifs de la Guerre.
บ
INSCRIPTION.
Le Roy arme par mer &par terre
avec tant de grandeur & de promp
titude , que fes Ennemis n'en conçoivent
pas moins d'admiration que
d'épouvante.
Quatrième Tableau , reprefentant
l'ouverture de la Campagne
contre les Hollandois , par
quatre Siéges.
86 MERCURE
INSCRIPTION.
Le Roy forme le deffein d'affieger
en mesme temps Vvefel , Burich ,
Orfoy , Bhimberg , & en regle les
Préparatifs avec fes Genéraux.
Cinquième Tableau , repréfentant
le Paffage du Rhin à
Tholuis .
INSCRIPTION,
Le merveilleux paffage du Rhim
donne entrée aux François jufques
dans le coeur de la Hollande , & rien
ne peut refifter à la justice des armes
du Roy , ny retarder la rapidité de
Les Conquestes.
Seconde partie de ce mefme
Tableau , de l'autre cofté da
Cintre.
INSCRIPTION.
Treize jours d'Attaque rendent
le Roy maistre de Maſtrich à l'étonGALANT.
87
nement de toute l'Europe , tandis
que fes Vaiffeaux mettent enfuite
la flotte Hollandoife fur les Coftes
de l'Amérique
.
Sixième Tableau , repréſentant
l'Union de l'Allemagne , de
l'Espagne , & de la Hollande contre
la France.
INSCRIPTION.
La Hollande effrayée de tant de
pertes imprévues , & prefque incroyables
, cherche un remede à fes
malheurs , dans l'Alliance qu'elle
fait avec l'Espagne & l'Allemagne.
Septiéme Tableau , repréfentant
la feconde Conquefte de la
Franche Comté .
INSCRIPTION.
La Franche Comté foûmiſe pour
la feconde fois avec une promptitu
88 MERCURE
de extraordinaire , malgré l'oppofition
des Saifons , fait repentir
l'Espagne ; mais trop tard , de fon.
engagement contre la France.
Hoitiéme Tableau , reprefentant
la Priſe de Gand .
INSCRIPTION.
Le Roy tombe comme un Foudre
fur la Ville de Gand , & par cette
nouvelle Conquefte , ôte à la Flandre
La derniere efperance que luy reftoit .
Seconde partie de ce même
Tableau , de l'autre cofté du
Cintre.
INSCRIPTION.
La puiffance victorieufe du Roy
renverfe la Politique d'Espagne ,
éblouit fon Confeil , & déconcertefa
prévoyance.
Neuvième Tableau , repréfentant
la defunion de la Hollande
d'avec l'Espagne & l'Allemagne
.
GALANT. 89
•
INSCRIPTION
La Hollande tend les bras à la
Paix qui luy eft offerte, &le defunit
de l'Allemagne & de l'Espagne , qui
font de vains efforts pour l'arrester.
Fermer
Résumé : INSCRIPTIONS DES NEUF GRANDS TABLEAUX DE LA GALERIE DE VERSAILLES.
Le document décrit neuf tableaux de la galerie de Versailles, chacun illustrant des moments clés du règne de Louis XIV. Le premier tableau montre Louis XIV, jeune, choisissant la gloire et prenant les rênes de l'État, suscitant l'inquiétude de l'Allemagne, de l'Espagne et de la Hollande. Le second tableau le représente méditant sur une guerre contre les Hollandais, qu'il décide d'entreprendre pour des raisons de justice. Le troisième tableau illustre les préparatifs de la guerre, avec Louis XIV armant ses forces par mer et par terre, provoquant admiration et épouvante chez ses ennemis. Le quatrième tableau montre l'ouverture de la campagne contre les Hollandais par quatre sièges. Le cinquième tableau représente le passage du Rhin à Tolhuis, la prise de Maastricht et la fuite de la flotte hollandaise en Amérique. Le sixième tableau décrit l'alliance de l'Allemagne, de l'Espagne et de la Hollande contre la France. Le septième tableau montre la soumission rapide de la Franche-Comté malgré l'opposition des Saisons, regrettée par l'Espagne. Le huitième tableau illustre la prise de Gand, privant la Flandre de ses dernières espérances et influençant la politique espagnole. Enfin, le neuvième tableau représente la désunion de la Hollande avec l'Espagne et l'Allemagne, la Hollande acceptant la paix offerte par Louis XIV.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
26
p. 95-116
REMERCIMENT A MESSIEURS DE L'ACADEMIE FRANÇOISE.
Début :
MESSIEURS, J'ay souhaité avec tant d'ardeur l'honneur [...]
Mots clefs :
Homme, Honneur, Donner, Matière, Demander, Place, Compagnie, Mérite, Avantages, Heureux, Perte, Roi, Gloire, Prix, Honneurs, Ministère, Places, Mémoire, Peine, Esprit
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REMERCIMENT A MESSIEURS DE L'ACADEMIE FRANÇOISE.
REMERCIMENT
A MESSIEURS
DE L'ACADEMIE
FRANCOISE.
MESSIEUE ESSIEURS ,
Fay fouhaité avec tant d'ardeur
l'honneur que je reçois aujourd'huy,
& mes empressemens à le demander
vous l'ont marqué en tant de ren96
MERCURE
1
contres , que vous ne pouviez douter
que je ne le regarde comme une chofe,
qui en rempliffant tous mes de
firs , me met en état de n'en plus
former. En effet, Meſſieurs , jusqu'où
pourroit aller mon ambition , fi elle
n'étoit pas entierement fatisfaite ?
M'accorder une Place parmy vous,
c'eft me la donner dans la plus Illustre
Compagnie où les belles Lettres
ayent jamais ouvert l'entrée.
Pour bien concevoir de quel prix.
elle eft , je n'ay qu'à jetter les yeux
fur tant de grands Hommes , qui
élevez aux premieres Dignitez de
l'Eglife & de la Robe , comblez des
honneurs du Miniftere , distingue
par une naiffance qui leur fait tenir
les plus hauts rangs à la Cour,
Je font empreffez à eftre de vostre
Corps. Ces Dignite éminentes , ces
Honneurs du Miniftere, la fplendeur
de la Naiffance , l'élevation du
Rangi
GALANT. 97
(
1
·Bang; tout cela n'a pú leur perfuader
que rien ne manquoit à leur
merite Ils en ont cherché l'accom-
:
pliffement dans les avantages que
l'esprit peut procurer à ceux en qui
l'on voit les rares Talens , qui font
voftre heureux partage ; & pour
perfectionner ce qui les mettoit au
deffus de vous , ils ont fait gloire de
vous demander des Places qui vous
égalent à eux. Mais , Meffieurs , il
n'y a point lieu d'en estre furpris .
On afpire naturellement à s'acque.
rir l Immortalité ; & où peut- on plus
feurement l'acquerir que dans une
Compagnie où toutes les belles connoiffances
fe trouvent comme ramaffées
pour communiquer à ceux
qui ont l'honneur d'y entrer
qu'elles ont de folide, de delicat, &
digne d'eftre fçeu ; car dans les
Sciences mefmes il y a des chofs
qu'on peut negliger comme inutiles ,
Janvier 1685.
E
,
ce
981 MERCURE
& je ne fçay fi ce n'est point un
défaut dans unfçavant Homme, que
de l'eftre trop. Plufieurs de ceux à
qui l'on donne ce nom , ne doivent
peut - estre qu'au bonheur de leur
memoire, ce qui les met au rang des
Sçavans. Ils ont beaucoup leu ; ils
ont travaillé à s'imprimer fortement
tout ce qu'ils ont leu ; & chargez
de l'indigefte & confus amas de ce
qu'ils ont retenu fur chaque matiere,
ce font des Bibliotheques vivantes
, preftes à fournir diverſes recherches
fur tout ce qui peut tomber
en difpute ; mais ces richellesfemées
dans un fond qui ne produit rien de
Joy , les laiffent fouvent dans l'indigence.
Aucune lumiere qui vienne
d'eux ne débrouille ce Cahos . Ils
difent de grandes chofes, qui ne leur
coûtent que
la peine de les dire , &
avec tout leurfçavoir étranger , on
pourroit avoir fujet de demander
s'ils at de l'efprit.
LYO
*
1832
GALAN T.
bye
'S
pla
Ce n'est point , Meffic
qu'on trouve parmy vous .
profonde érudition s'y rencontre.
mais dépouillée de ce qu'elle a ordinairement
d'épineux , & defanvage.
La Philofophie , la Théologie,
l'Eloquence , la Poëfie, l'Hiftoire, &
les autres Connoiffances qui font
éclater les dons que l'efprit reçoit de.
la Nature , vous les poffedez dans ce
qu'elles ont de plus fublime. Tout
vous en eft familier Vous les manie
comme il vous plaift , mais en grands
Maiftres , toûjours avec agrément ,
toûjours avec politeffe ; & fi dans
les Chef d'oeuvres qui partent de
vous , & qui font les modèles les
plus parfaits qu'onfe puiffe propofer
dans toute forte de genres d'écrire,
vous tire quelque utilité de vos
Lectures , fi vous vous fervez de
quelques penfées des Anciens , pour
mettre les voftres dans un plus bean
DEL
E 2
100 MERCURE
jour ; ces pensées tiennent toûjours
plus de vous , que de ceux qui vous
les prefent. Vous trouvez moyen de
les embellir par le tour heureux que
vous leur devez. Ce font à la verité
des Diamans , mais vous les
taillez ; vous les enchaffe avec
tant d'art , que la maniere de les
mettre en oeuvre , paffe tout le prix
qu'ils ont d'eux mefmes.
Si des excellens Ouvrages dont
chacun de vous choisit la matiere
felon fon Genie particulier , je viens
à ce grand & labourieux Travail
qui fait le fujet de vos Aſſemblées ,
& pour lequel vous uniffez tous les
jours vos foins ; qu'elles louanges ,
Meffieurs,ne doit- on pas vous donner
pour cette conftante application
avec laquelle vous vous attachez à
nous aider à déveloper ce qu'onpeut
dire , qui fait en quelquefaçon l'effence
de l'Homme. L'Homme n'eft
GALAN T.
ΠΟΙ
Homme principalement que parce
qu'il penfe . Ce qu'il conçoit au dedans
, il a befoin de le produire au
dehors , & en travaillant à nous apprendre
à quel ufage chaque mot eft
deftiné, vous cherchez à nous donner
des moyens certains de montrer ce
que nous fommes. Par ce fecours
attendu de tout le monde avec tant
d'impatience , ceux qui font affez
heureuxpour penſer juste , auront la
mefme jufteffe à s'exprimer ; & file
Public doit tirer tant d'avantages
de vos fçavantes & judicieufes décifions
, que n'en doivent point attendre
ceux qui estant reçeus dans
ces Conferences , où vous répande
vos lumiéres fi abondamment ,
peuvent
les puiferjufque dans Irurfource?
Je me vois prefentement de ce
nombre heureux , & dans la poffef
fion de ce bonheur , j'ay peine à m'imaginer
que je ne m'abuſe pas .
E
3
102 MERCURE
4
Fe le répete , Meffieurs , une Place
parmy vous donne tant de gloire,
&je la connois d'un figrand prix ,
quefilefuccés de quelques Ouvrages
que le public a reçeus de moy affez
favorablement m'a fait croire
quelque -fois que vous ne defapprouweriek
pas l'ambitieux fentimens
qui me portoit à la demander , i'ay
defefperéde pouvoir iamais en eftre
digne , quand les obftacles qui m'ont
sufqu'icy empefché de l'obtenir m'ont
fait examiner avec plus d'attention
quelles grandes qualite il faut
avoir pour réüſfir dans une entreprim
fe fi relevée. Les Illuftres Concurrens
qui ont emporté vos fuffrages
toutes les fois que j'ay ofé'y préten
dre , m'ont ouvert les yeuxfur mes
efperances trop présomptueuses. En
me montrant ce merite confommé
qui les a fait recevoir fi toft qu'ils
Se font offerts , ils m'ont fait voir
GALANT. 103
ce que je devois tâcher d'acquérir
pour eftre en état de leur reffembler.
L'ay rendu justice à voftre difcernement
, & me la rendant en même
temps à moy - même , j'ay employé
tous mes foins à ne me pas laiffer
inutiles les fameux exemples que
vous m'avezproposez
faitla
L'avoue , Meffieurs , que quand
aprés tant d'épreuves , vous m'avez
grace de jetter les yeux fur
moy , vous m'auriez mis en péril de
me permettre la vanité la plus condamnable
, fi je ne m'estois affez
fortement étudié pour n'oublier pas
ce que je fuis. Le me feroit peut- eftre
flaté, qu'enfin vous m'auriez trouvé
Les qualitez que vousfouhaitez dans
des Academiciens dignes de ce Nom ,
d'un gouft exquis , d'une penetration
entiére parfaitement éclairez
enun mot tels que vous eftes . Mais
Meffieurs , l'honneur qu'il vous a
•
E 4
104 MERCURE
plu de me faire, quelque grand qu'il
foit , ne m'aveugle point . Plus vôtre
confentement à me l'accorder a
efté prompt , & fi je l'ofe dire, unanime
, plus je voy par quel motif
Vous avez accompagné vostre choix
d'une diftinction fi peu ordinaire. Ce
que mes defauts me défendoient d'efpérer
de vous , vous l'avez donné à
la memoire d'un Homme que vous
regardiezcomme un des principaux.
ornemens de voftre Corps. L'eftime
particuliere que vous avez toujours
euë pour luy, m'attire celle dont vous
me donne des marques fi obligeantes.
Sa perte vous a touche , &
pour le faire revivreparmy vous autant
qu'il vous eft poſſible , vous
avez voulu me faire remplir fa
Place , ne doutant point que qua.
lité de Frere , qui l'a fait plus d'u
ne fois vous folliciter en mafaveur ,
ne l'euft engagé à m'inspirer les
La
GALANT.
105
fentimens d'admiration qu'il avoit
pour toute voftre Illuftre Compagnie.
Ainfi , Meffieurs , vous l'avezcherché
en moy , & n'y pouvant trouver
fon merite, vous vous cftes contentek
d'y trouver fon Nom.
Famais une perte fi confiderable
nepouvoit eftre plus imparfaitement
reparée ; mais pour vous rendre l'inégalité
du changement plus fupportable
, fongez , Meffieurs , que
lors qu'un siècle a produit un Homme
auffi extraordinaire qu'il eftoit , il
arrive rarement que ce mefme Siécle
en produife d'autres capables de
l'égaler. Il est vray que celuy où nous
vivons eft le siècle des Miracles, &
jay fans doute à rougir d'avoir ſi
mal profité de tant de Leçons que
jay reçûës de fa propre bouche , par
cette pratique continuelle qué me
donnoit avec luy la plus parfaite
union qu'on ait jamais venë entre
E S
106 MERCURE
deux Freres , quand d'heureux Gé.
nies , privez de cet avantage , fe
font elevez avec tant de gloire ,
que ce qui a paru d'eux a esté le
charme de la Cour & du Public . Ce
pendant , quand mefme l'on pourroit
dire que quelqu'un l'euft furpaſſe;
luy qu'on a mis tant de fois au deffus
des Anciens , ilferoit toûjours tresvray
que le Théatre François luy
doit tout l'éclat où nous le voyons.
Ie n'ofe , Meffieurs , vous en dire
rien de plus. Sa perte qui vous
eft fenfible à tous , eftfi particuliére
pour moy , que l'ay peine à foutenir
Les triftes idées qu'elle me prefente .
J'ajouteray feulement qu'une des
chofes qui vous doit le plus faire,
cherir fa memoire ; c'est l'attachement
queje luy ay toûjours remarqué
pour tout ce qui regardoit les interests
de l'Academie. Il montroit par
là combien il avoit d'estime pour
GALANT. 107
tous les Illuftres qui la compofent, &
reconnoiffoit en même temps les bienfaits
dont il avoit efté honoré par
Monfieur le Cardinal de Richelieu ,
qui en eft le Fondateur. Ce grand
Miniftre, tout couvert degloire qu'il
étoit par le floriffant état où il avoit
mis la France , fe répondit moins de
l'éternelle durée de fon Nom , pour
avoir executé avec des fuccés prefque
incroyables les Ordres reccus de
Louis le juste, que pour avoir étably
la celebre Compagnie dont vous foû
tenez l'honneur avec tant d'éclat.
Il n'employa ny le Bronze ny.
rain , pour leur confier les differentes
merveilles qui rendent fameux le
temps de fon Miniftere. Il s'en repofa
fur voftre reconnoiffance , & fe
tint plus affuré d'atteindre par vous
jufqu'à la pofterité la plus reculée,
que par les deffeins de l'Herefie renverfe
, & par l'orgueil fi fouvent
l'Ai-
E 6
108 MERCURE
humilié d'une Maifon fière de la
longue fuite d'Empereurs qu'il y a
plus de deux Siecles qu'elle donne à
l'Allemagne. Sa mort vous fut un
coup rude. Elle vous laiffoit dans un
état qui vous donnoit tout à craindre
, mais vous étiezrefervezà des
honneurs éclatans , &en attendant
que le temps en fuft venu , un des
grands Chanceliers que la France
ait eus, prit foin de vous confoler de
cette perte. L'amour qu'il avois pour
les belles Lettres luy infpira le def- ·
fein de vous attirer chez luy. Vous
y receûtes tous les adouciffemens que
vous pouvez efperer dans vostre
douleur , d'un Protecteur Kelé pour
vos avantages. Mais , Meffieurs ,juf
qu'où n'allerent ils point , quand le
Roy luy - mefme vous logeant dans
fon Palais ,& vous approchant defa
Ferfonne Sacrée , vous bonora de fes
graces &de fa protection ?
GALANT. 109
·
Voftre fortune eft bien glorieufe ,
mais n'a t elle rien qui vous étonne?
L'ardeur qui vous porte à reconnoître
les bontez d'un fi grand Prince ,
quelque pressée qu'elle soit par les
Miracles continuels de fa vie , n'eftelle
point arrestée par l'impuiffante
de vous exprimer ? Quoy que nostre
Langue abonde en paroles , & que
toutes les richeffes vous en foient
connues , vous la trouvez fans doute
fterile,quand voulant vous en fervir
pour expliquer ces Miracles , vous
portez vostre imagination au delà
de tout ce qu'elle peut vous fournir.
fur une fi vaste matiere . Si c'eft un
malheur pour vous de ne pouvoir
fatisfaire vostre Zele par des expreffions
qui égalent ce que l'Envie
elle - mefme ne peut fe défendre
d'admirer, au moins vous en pouvez
estre confolé par le plaifir de connoitre
que quelque foibles que puf110
MERCURE
fent estre ces expreffions , la gloire du
Roy n'y fçauroit rien perdre. Ce n'eft .
que pour relever les actions mediocres
qu'on a befoin d'éloquence. Ses
ornemens fi neceffaires à celles qui
ne brillent point par elles mefmes,
font inutiles par ces Exploits fur-.
prenans qui approchent du prodige,
& qui étant crûs, parce qu'on en eft
témoin , ne laiffent pas de nous paroître
incroyables.
Quand vous diriez feulement,
Louis LE GRAND a foûmis
une Province entiere en huit
jours , dans la plus forte rigueur
de l'Hyver.En vingt - quatre heures
il s'est rendu Maître de quatre
Villes affiegées tout à la fois .
Il a pris foixante Places en une
feule Campagne. Il a refifté luy
feul aux Puiffances les plus redoutables
de l'Europe liguées enfemble
pour empeſcher fes ConGALANT.
III
quetes. Il a rétably fes Alliez .
Aprés avoir impofé la Paix , faifapt
marcher la Juftice pour toutes
armes , il s'eft fait ouvrir en un
mefme jour les Portes de Strafbourg
, & de Cafal , qui l'ont reconnu
pour leur Souverain , Cela
eft tout fimple, cela est uny ; mais
cela remplit l'efprit de fi grandes
chofes , qu'il embrasse incontinent
tout ce qu'on n'explique pas , & je
doute que ce grand Panegyrique qui
a coûte tant de foin à Pline le feu-
пе foffe autant pour la gloire de
Trajan, que ce peu de mots , tout dénuez
qu'ils font de ce fard qui embellit
les objets , feroit capable de
faire pour celle de nostre Auguste
Monarque.
"
Il eft vray , Meffieurs , qu'il n'en
feroit pas de mefme ,fi vous vouliez
faire la Peinture des rares vertus
du Roy. Où tromveriez- vous des terII
2 MERCURE
mes pour reprefenter affez digne
ment cette grandeur d'ame , qui l'élevant
au deffus de tout ce qu'il y a
de plus Noble , de plus Heroique , &
de plus Parfait , c'eft à dire de Luymefme,
le fait renoncer à des avantages
que d'autres que luy recherche
roient aux dépens de toutes choſes ?
Aucune entreprise ne luy a manqué.
Pour fe tenir affuré de réuſſir dans
les Conqueftes les plus importantes,
il n'a qu'à vouloir tout ce qu'il peut.
La Victoire qui l'a fuivy en tous
lieux , est toujours prefte à l'accom.
pagner. Elle tâche de toucher fon
coeur par fes plus doux charmes . It
a tout vaincu , il veut la vaincre
elle mefme, & il fe fert pour cela
des armes d'une Moderation qui n'a
point d'exemple. Il s'arrefte au milieu
de fes Triomphes ; il offre la
Paix ; il en preferit les conditions,
& ces conditions fe trouventfijuftes,
GALANT. 113
que fes Ennemis font obligez de les
accepter. La jaloufte où les met la
gloire qu'il ad'eftre feul Arbitre du
Deftin du Monde , leurfait chercher
des difficulte pour troubler le calme
qu'il a rétably. On luy declare de
nouveau la Guerre . Cette Declaraleur
tation ne l'ébranle point. Il offre la
Paix encore une fois ; & comme il
Scait que la Tréve n'a aucunes fuites
qui en puiffent autorifer la rupture
, il laiffe le choix de l'une ou
de l'autre. Ses Ennemis balansent
long- temps fur la refolution qu'ils
doivent prendre. Il voit que
avantage eft de confentir à ce qu'il
leur offre. Pour les y forcer , il attaque
Luxembourg.Cette Place , impre
nable pour tout autre, fe rend en an
mois , & auroit moins refifté , fi pour
épargner le fang de fes Officiers &
de fes Soldats , ce fage Monarque
n'eust ordonné que l'on fift le Siege
114 MERCURE
dans toutes les formes. La Victoire
qui cherche toujours à l'éblouir , luy
fait voir que cette prife luy répond
de celle de toutes les Places du Païs
Efpagnol. Elle parle fans qu'elle fe
puiffe faire écouter. Il perfiste dans
fes propofitions de Tréve, elle eft enfin
acceptée , & voila l'Europe dans
un plein repos.
Que de merveilles renferme cette
grandeur d'ame , dont i'ay oféfaire
une foible ébauche ! C'est à vous ,
Meffieurs , à traiter cette matiére
dans toute fon étenduë. Si noftre
Langue ne vous prefte point dequoy
luy donner affez de poids & de force
, vousfuppléerez à cette fterilité
par le talent merveilleux que vous
avezde faire fentir plus que vous
ne dites . Ilfaut de grands traits pour
les grandes chofes que le Roy a faites
, de ces traits qui montrent tout
d'une feule veuë , & qui offrent à
GALANT. 113
L'imagination ce que les ombres du
Tableau nous cachent. Quand vous
parlerez defa vigilance exacte &
toniour's active , pour ce qui regarde
Le bien de fes Peuples , la gloire de
Jes Etats , & la maicfté du Trône ;
de ce zele ardent & infatigable, qui
luy fait donner fes plus grands foins
à détruire entierement l'Herefte , go
à rétablir le culte de Dieu , dans
toutes fa pureté; & enfin de tant
d'autres qualite auguftes , que le
Ciel a voulu voir en luy , pour le
rendre le plus grand de tous les
Hommes ; fi vous trouvez la matiere
inépuisable, voftre adreſſe à exe
cuter heureufement les plus hauts
deffeins , vous fera choisir des expreffions
fi vives , qu'elles nous feront
entrer tout d'un coup dans tout
ce que vous voudrez nous faire entendre.
Par l'ouverture qu'elles donneront
à noftre esprit , nos reflexions
2
716 MERCURE
nous meneront jufqu'où vous entreprendrez
de les faire aller , & c'eft
ainsi que vous remplire parfaitement
toute la grandeur de votre
Sujet.
Quel bon- heur pour moy , Meffieurs
, de pouvoir m'inftruire fous
de fi grands Maifires ! Mes foins
affidus à me trouver dans vos Af-
Semblées pour y profiter de vos Leçons
, vous feront connoiftre , que fi
l'honneur que vous m'avez fait ,
paffe de beaucoup mon peu de merite
, du moins vous ne pouviez le
repandre fur une perfonae qui le
reçeuft avec des fentimens plus refpectueux
& plus remplis de reconnoiffance.
A MESSIEURS
DE L'ACADEMIE
FRANCOISE.
MESSIEUE ESSIEURS ,
Fay fouhaité avec tant d'ardeur
l'honneur que je reçois aujourd'huy,
& mes empressemens à le demander
vous l'ont marqué en tant de ren96
MERCURE
1
contres , que vous ne pouviez douter
que je ne le regarde comme une chofe,
qui en rempliffant tous mes de
firs , me met en état de n'en plus
former. En effet, Meſſieurs , jusqu'où
pourroit aller mon ambition , fi elle
n'étoit pas entierement fatisfaite ?
M'accorder une Place parmy vous,
c'eft me la donner dans la plus Illustre
Compagnie où les belles Lettres
ayent jamais ouvert l'entrée.
Pour bien concevoir de quel prix.
elle eft , je n'ay qu'à jetter les yeux
fur tant de grands Hommes , qui
élevez aux premieres Dignitez de
l'Eglife & de la Robe , comblez des
honneurs du Miniftere , distingue
par une naiffance qui leur fait tenir
les plus hauts rangs à la Cour,
Je font empreffez à eftre de vostre
Corps. Ces Dignite éminentes , ces
Honneurs du Miniftere, la fplendeur
de la Naiffance , l'élevation du
Rangi
GALANT. 97
(
1
·Bang; tout cela n'a pú leur perfuader
que rien ne manquoit à leur
merite Ils en ont cherché l'accom-
:
pliffement dans les avantages que
l'esprit peut procurer à ceux en qui
l'on voit les rares Talens , qui font
voftre heureux partage ; & pour
perfectionner ce qui les mettoit au
deffus de vous , ils ont fait gloire de
vous demander des Places qui vous
égalent à eux. Mais , Meffieurs , il
n'y a point lieu d'en estre furpris .
On afpire naturellement à s'acque.
rir l Immortalité ; & où peut- on plus
feurement l'acquerir que dans une
Compagnie où toutes les belles connoiffances
fe trouvent comme ramaffées
pour communiquer à ceux
qui ont l'honneur d'y entrer
qu'elles ont de folide, de delicat, &
digne d'eftre fçeu ; car dans les
Sciences mefmes il y a des chofs
qu'on peut negliger comme inutiles ,
Janvier 1685.
E
,
ce
981 MERCURE
& je ne fçay fi ce n'est point un
défaut dans unfçavant Homme, que
de l'eftre trop. Plufieurs de ceux à
qui l'on donne ce nom , ne doivent
peut - estre qu'au bonheur de leur
memoire, ce qui les met au rang des
Sçavans. Ils ont beaucoup leu ; ils
ont travaillé à s'imprimer fortement
tout ce qu'ils ont leu ; & chargez
de l'indigefte & confus amas de ce
qu'ils ont retenu fur chaque matiere,
ce font des Bibliotheques vivantes
, preftes à fournir diverſes recherches
fur tout ce qui peut tomber
en difpute ; mais ces richellesfemées
dans un fond qui ne produit rien de
Joy , les laiffent fouvent dans l'indigence.
Aucune lumiere qui vienne
d'eux ne débrouille ce Cahos . Ils
difent de grandes chofes, qui ne leur
coûtent que
la peine de les dire , &
avec tout leurfçavoir étranger , on
pourroit avoir fujet de demander
s'ils at de l'efprit.
LYO
*
1832
GALAN T.
bye
'S
pla
Ce n'est point , Meffic
qu'on trouve parmy vous .
profonde érudition s'y rencontre.
mais dépouillée de ce qu'elle a ordinairement
d'épineux , & defanvage.
La Philofophie , la Théologie,
l'Eloquence , la Poëfie, l'Hiftoire, &
les autres Connoiffances qui font
éclater les dons que l'efprit reçoit de.
la Nature , vous les poffedez dans ce
qu'elles ont de plus fublime. Tout
vous en eft familier Vous les manie
comme il vous plaift , mais en grands
Maiftres , toûjours avec agrément ,
toûjours avec politeffe ; & fi dans
les Chef d'oeuvres qui partent de
vous , & qui font les modèles les
plus parfaits qu'onfe puiffe propofer
dans toute forte de genres d'écrire,
vous tire quelque utilité de vos
Lectures , fi vous vous fervez de
quelques penfées des Anciens , pour
mettre les voftres dans un plus bean
DEL
E 2
100 MERCURE
jour ; ces pensées tiennent toûjours
plus de vous , que de ceux qui vous
les prefent. Vous trouvez moyen de
les embellir par le tour heureux que
vous leur devez. Ce font à la verité
des Diamans , mais vous les
taillez ; vous les enchaffe avec
tant d'art , que la maniere de les
mettre en oeuvre , paffe tout le prix
qu'ils ont d'eux mefmes.
Si des excellens Ouvrages dont
chacun de vous choisit la matiere
felon fon Genie particulier , je viens
à ce grand & labourieux Travail
qui fait le fujet de vos Aſſemblées ,
& pour lequel vous uniffez tous les
jours vos foins ; qu'elles louanges ,
Meffieurs,ne doit- on pas vous donner
pour cette conftante application
avec laquelle vous vous attachez à
nous aider à déveloper ce qu'onpeut
dire , qui fait en quelquefaçon l'effence
de l'Homme. L'Homme n'eft
GALAN T.
ΠΟΙ
Homme principalement que parce
qu'il penfe . Ce qu'il conçoit au dedans
, il a befoin de le produire au
dehors , & en travaillant à nous apprendre
à quel ufage chaque mot eft
deftiné, vous cherchez à nous donner
des moyens certains de montrer ce
que nous fommes. Par ce fecours
attendu de tout le monde avec tant
d'impatience , ceux qui font affez
heureuxpour penſer juste , auront la
mefme jufteffe à s'exprimer ; & file
Public doit tirer tant d'avantages
de vos fçavantes & judicieufes décifions
, que n'en doivent point attendre
ceux qui estant reçeus dans
ces Conferences , où vous répande
vos lumiéres fi abondamment ,
peuvent
les puiferjufque dans Irurfource?
Je me vois prefentement de ce
nombre heureux , & dans la poffef
fion de ce bonheur , j'ay peine à m'imaginer
que je ne m'abuſe pas .
E
3
102 MERCURE
4
Fe le répete , Meffieurs , une Place
parmy vous donne tant de gloire,
&je la connois d'un figrand prix ,
quefilefuccés de quelques Ouvrages
que le public a reçeus de moy affez
favorablement m'a fait croire
quelque -fois que vous ne defapprouweriek
pas l'ambitieux fentimens
qui me portoit à la demander , i'ay
defefperéde pouvoir iamais en eftre
digne , quand les obftacles qui m'ont
sufqu'icy empefché de l'obtenir m'ont
fait examiner avec plus d'attention
quelles grandes qualite il faut
avoir pour réüſfir dans une entreprim
fe fi relevée. Les Illuftres Concurrens
qui ont emporté vos fuffrages
toutes les fois que j'ay ofé'y préten
dre , m'ont ouvert les yeuxfur mes
efperances trop présomptueuses. En
me montrant ce merite confommé
qui les a fait recevoir fi toft qu'ils
Se font offerts , ils m'ont fait voir
GALANT. 103
ce que je devois tâcher d'acquérir
pour eftre en état de leur reffembler.
L'ay rendu justice à voftre difcernement
, & me la rendant en même
temps à moy - même , j'ay employé
tous mes foins à ne me pas laiffer
inutiles les fameux exemples que
vous m'avezproposez
faitla
L'avoue , Meffieurs , que quand
aprés tant d'épreuves , vous m'avez
grace de jetter les yeux fur
moy , vous m'auriez mis en péril de
me permettre la vanité la plus condamnable
, fi je ne m'estois affez
fortement étudié pour n'oublier pas
ce que je fuis. Le me feroit peut- eftre
flaté, qu'enfin vous m'auriez trouvé
Les qualitez que vousfouhaitez dans
des Academiciens dignes de ce Nom ,
d'un gouft exquis , d'une penetration
entiére parfaitement éclairez
enun mot tels que vous eftes . Mais
Meffieurs , l'honneur qu'il vous a
•
E 4
104 MERCURE
plu de me faire, quelque grand qu'il
foit , ne m'aveugle point . Plus vôtre
confentement à me l'accorder a
efté prompt , & fi je l'ofe dire, unanime
, plus je voy par quel motif
Vous avez accompagné vostre choix
d'une diftinction fi peu ordinaire. Ce
que mes defauts me défendoient d'efpérer
de vous , vous l'avez donné à
la memoire d'un Homme que vous
regardiezcomme un des principaux.
ornemens de voftre Corps. L'eftime
particuliere que vous avez toujours
euë pour luy, m'attire celle dont vous
me donne des marques fi obligeantes.
Sa perte vous a touche , &
pour le faire revivreparmy vous autant
qu'il vous eft poſſible , vous
avez voulu me faire remplir fa
Place , ne doutant point que qua.
lité de Frere , qui l'a fait plus d'u
ne fois vous folliciter en mafaveur ,
ne l'euft engagé à m'inspirer les
La
GALANT.
105
fentimens d'admiration qu'il avoit
pour toute voftre Illuftre Compagnie.
Ainfi , Meffieurs , vous l'avezcherché
en moy , & n'y pouvant trouver
fon merite, vous vous cftes contentek
d'y trouver fon Nom.
Famais une perte fi confiderable
nepouvoit eftre plus imparfaitement
reparée ; mais pour vous rendre l'inégalité
du changement plus fupportable
, fongez , Meffieurs , que
lors qu'un siècle a produit un Homme
auffi extraordinaire qu'il eftoit , il
arrive rarement que ce mefme Siécle
en produife d'autres capables de
l'égaler. Il est vray que celuy où nous
vivons eft le siècle des Miracles, &
jay fans doute à rougir d'avoir ſi
mal profité de tant de Leçons que
jay reçûës de fa propre bouche , par
cette pratique continuelle qué me
donnoit avec luy la plus parfaite
union qu'on ait jamais venë entre
E S
106 MERCURE
deux Freres , quand d'heureux Gé.
nies , privez de cet avantage , fe
font elevez avec tant de gloire ,
que ce qui a paru d'eux a esté le
charme de la Cour & du Public . Ce
pendant , quand mefme l'on pourroit
dire que quelqu'un l'euft furpaſſe;
luy qu'on a mis tant de fois au deffus
des Anciens , ilferoit toûjours tresvray
que le Théatre François luy
doit tout l'éclat où nous le voyons.
Ie n'ofe , Meffieurs , vous en dire
rien de plus. Sa perte qui vous
eft fenfible à tous , eftfi particuliére
pour moy , que l'ay peine à foutenir
Les triftes idées qu'elle me prefente .
J'ajouteray feulement qu'une des
chofes qui vous doit le plus faire,
cherir fa memoire ; c'est l'attachement
queje luy ay toûjours remarqué
pour tout ce qui regardoit les interests
de l'Academie. Il montroit par
là combien il avoit d'estime pour
GALANT. 107
tous les Illuftres qui la compofent, &
reconnoiffoit en même temps les bienfaits
dont il avoit efté honoré par
Monfieur le Cardinal de Richelieu ,
qui en eft le Fondateur. Ce grand
Miniftre, tout couvert degloire qu'il
étoit par le floriffant état où il avoit
mis la France , fe répondit moins de
l'éternelle durée de fon Nom , pour
avoir executé avec des fuccés prefque
incroyables les Ordres reccus de
Louis le juste, que pour avoir étably
la celebre Compagnie dont vous foû
tenez l'honneur avec tant d'éclat.
Il n'employa ny le Bronze ny.
rain , pour leur confier les differentes
merveilles qui rendent fameux le
temps de fon Miniftere. Il s'en repofa
fur voftre reconnoiffance , & fe
tint plus affuré d'atteindre par vous
jufqu'à la pofterité la plus reculée,
que par les deffeins de l'Herefie renverfe
, & par l'orgueil fi fouvent
l'Ai-
E 6
108 MERCURE
humilié d'une Maifon fière de la
longue fuite d'Empereurs qu'il y a
plus de deux Siecles qu'elle donne à
l'Allemagne. Sa mort vous fut un
coup rude. Elle vous laiffoit dans un
état qui vous donnoit tout à craindre
, mais vous étiezrefervezà des
honneurs éclatans , &en attendant
que le temps en fuft venu , un des
grands Chanceliers que la France
ait eus, prit foin de vous confoler de
cette perte. L'amour qu'il avois pour
les belles Lettres luy infpira le def- ·
fein de vous attirer chez luy. Vous
y receûtes tous les adouciffemens que
vous pouvez efperer dans vostre
douleur , d'un Protecteur Kelé pour
vos avantages. Mais , Meffieurs ,juf
qu'où n'allerent ils point , quand le
Roy luy - mefme vous logeant dans
fon Palais ,& vous approchant defa
Ferfonne Sacrée , vous bonora de fes
graces &de fa protection ?
GALANT. 109
·
Voftre fortune eft bien glorieufe ,
mais n'a t elle rien qui vous étonne?
L'ardeur qui vous porte à reconnoître
les bontez d'un fi grand Prince ,
quelque pressée qu'elle soit par les
Miracles continuels de fa vie , n'eftelle
point arrestée par l'impuiffante
de vous exprimer ? Quoy que nostre
Langue abonde en paroles , & que
toutes les richeffes vous en foient
connues , vous la trouvez fans doute
fterile,quand voulant vous en fervir
pour expliquer ces Miracles , vous
portez vostre imagination au delà
de tout ce qu'elle peut vous fournir.
fur une fi vaste matiere . Si c'eft un
malheur pour vous de ne pouvoir
fatisfaire vostre Zele par des expreffions
qui égalent ce que l'Envie
elle - mefme ne peut fe défendre
d'admirer, au moins vous en pouvez
estre confolé par le plaifir de connoitre
que quelque foibles que puf110
MERCURE
fent estre ces expreffions , la gloire du
Roy n'y fçauroit rien perdre. Ce n'eft .
que pour relever les actions mediocres
qu'on a befoin d'éloquence. Ses
ornemens fi neceffaires à celles qui
ne brillent point par elles mefmes,
font inutiles par ces Exploits fur-.
prenans qui approchent du prodige,
& qui étant crûs, parce qu'on en eft
témoin , ne laiffent pas de nous paroître
incroyables.
Quand vous diriez feulement,
Louis LE GRAND a foûmis
une Province entiere en huit
jours , dans la plus forte rigueur
de l'Hyver.En vingt - quatre heures
il s'est rendu Maître de quatre
Villes affiegées tout à la fois .
Il a pris foixante Places en une
feule Campagne. Il a refifté luy
feul aux Puiffances les plus redoutables
de l'Europe liguées enfemble
pour empeſcher fes ConGALANT.
III
quetes. Il a rétably fes Alliez .
Aprés avoir impofé la Paix , faifapt
marcher la Juftice pour toutes
armes , il s'eft fait ouvrir en un
mefme jour les Portes de Strafbourg
, & de Cafal , qui l'ont reconnu
pour leur Souverain , Cela
eft tout fimple, cela est uny ; mais
cela remplit l'efprit de fi grandes
chofes , qu'il embrasse incontinent
tout ce qu'on n'explique pas , & je
doute que ce grand Panegyrique qui
a coûte tant de foin à Pline le feu-
пе foffe autant pour la gloire de
Trajan, que ce peu de mots , tout dénuez
qu'ils font de ce fard qui embellit
les objets , feroit capable de
faire pour celle de nostre Auguste
Monarque.
"
Il eft vray , Meffieurs , qu'il n'en
feroit pas de mefme ,fi vous vouliez
faire la Peinture des rares vertus
du Roy. Où tromveriez- vous des terII
2 MERCURE
mes pour reprefenter affez digne
ment cette grandeur d'ame , qui l'élevant
au deffus de tout ce qu'il y a
de plus Noble , de plus Heroique , &
de plus Parfait , c'eft à dire de Luymefme,
le fait renoncer à des avantages
que d'autres que luy recherche
roient aux dépens de toutes choſes ?
Aucune entreprise ne luy a manqué.
Pour fe tenir affuré de réuſſir dans
les Conqueftes les plus importantes,
il n'a qu'à vouloir tout ce qu'il peut.
La Victoire qui l'a fuivy en tous
lieux , est toujours prefte à l'accom.
pagner. Elle tâche de toucher fon
coeur par fes plus doux charmes . It
a tout vaincu , il veut la vaincre
elle mefme, & il fe fert pour cela
des armes d'une Moderation qui n'a
point d'exemple. Il s'arrefte au milieu
de fes Triomphes ; il offre la
Paix ; il en preferit les conditions,
& ces conditions fe trouventfijuftes,
GALANT. 113
que fes Ennemis font obligez de les
accepter. La jaloufte où les met la
gloire qu'il ad'eftre feul Arbitre du
Deftin du Monde , leurfait chercher
des difficulte pour troubler le calme
qu'il a rétably. On luy declare de
nouveau la Guerre . Cette Declaraleur
tation ne l'ébranle point. Il offre la
Paix encore une fois ; & comme il
Scait que la Tréve n'a aucunes fuites
qui en puiffent autorifer la rupture
, il laiffe le choix de l'une ou
de l'autre. Ses Ennemis balansent
long- temps fur la refolution qu'ils
doivent prendre. Il voit que
avantage eft de confentir à ce qu'il
leur offre. Pour les y forcer , il attaque
Luxembourg.Cette Place , impre
nable pour tout autre, fe rend en an
mois , & auroit moins refifté , fi pour
épargner le fang de fes Officiers &
de fes Soldats , ce fage Monarque
n'eust ordonné que l'on fift le Siege
114 MERCURE
dans toutes les formes. La Victoire
qui cherche toujours à l'éblouir , luy
fait voir que cette prife luy répond
de celle de toutes les Places du Païs
Efpagnol. Elle parle fans qu'elle fe
puiffe faire écouter. Il perfiste dans
fes propofitions de Tréve, elle eft enfin
acceptée , & voila l'Europe dans
un plein repos.
Que de merveilles renferme cette
grandeur d'ame , dont i'ay oféfaire
une foible ébauche ! C'est à vous ,
Meffieurs , à traiter cette matiére
dans toute fon étenduë. Si noftre
Langue ne vous prefte point dequoy
luy donner affez de poids & de force
, vousfuppléerez à cette fterilité
par le talent merveilleux que vous
avezde faire fentir plus que vous
ne dites . Ilfaut de grands traits pour
les grandes chofes que le Roy a faites
, de ces traits qui montrent tout
d'une feule veuë , & qui offrent à
GALANT. 113
L'imagination ce que les ombres du
Tableau nous cachent. Quand vous
parlerez defa vigilance exacte &
toniour's active , pour ce qui regarde
Le bien de fes Peuples , la gloire de
Jes Etats , & la maicfté du Trône ;
de ce zele ardent & infatigable, qui
luy fait donner fes plus grands foins
à détruire entierement l'Herefte , go
à rétablir le culte de Dieu , dans
toutes fa pureté; & enfin de tant
d'autres qualite auguftes , que le
Ciel a voulu voir en luy , pour le
rendre le plus grand de tous les
Hommes ; fi vous trouvez la matiere
inépuisable, voftre adreſſe à exe
cuter heureufement les plus hauts
deffeins , vous fera choisir des expreffions
fi vives , qu'elles nous feront
entrer tout d'un coup dans tout
ce que vous voudrez nous faire entendre.
Par l'ouverture qu'elles donneront
à noftre esprit , nos reflexions
2
716 MERCURE
nous meneront jufqu'où vous entreprendrez
de les faire aller , & c'eft
ainsi que vous remplire parfaitement
toute la grandeur de votre
Sujet.
Quel bon- heur pour moy , Meffieurs
, de pouvoir m'inftruire fous
de fi grands Maifires ! Mes foins
affidus à me trouver dans vos Af-
Semblées pour y profiter de vos Leçons
, vous feront connoiftre , que fi
l'honneur que vous m'avez fait ,
paffe de beaucoup mon peu de merite
, du moins vous ne pouviez le
repandre fur une perfonae qui le
reçeuft avec des fentimens plus refpectueux
& plus remplis de reconnoiffance.
Fermer
Résumé : REMERCIMENT A MESSIEURS DE L'ACADEMIE FRANÇOISE.
Le premier texte est un remerciement adressé aux membres de l'Académie française pour l'honneur de l'admission. L'auteur exprime sa gratitude et souligne l'importance de cette distinction, qui le place parmi les plus illustres représentants des belles-lettres. Il admire les grands hommes qui, malgré leurs dignités et honneurs, ont cherché à compléter leur mérite en rejoignant l'Académie. L'auteur reconnaît la valeur des connaissances et des talents partagés au sein de cette institution, où la philosophie, la théologie, l'éloquence, la poésie, et l'histoire sont maîtrisées avec subtilité et agrément. Il loue également le travail constant des académiciens pour développer et clarifier la langue française, aidant ainsi à exprimer les pensées humaines. L'auteur mentionne qu'il a été inspiré par son frère, un membre éminent de l'Académie, et exprime sa peine face à sa perte. Il conclut en soulignant l'attachement de son frère aux intérêts de l'Académie et en rendant hommage au Cardinal de Richelieu, fondateur de l'institution. Le second texte est un panégyrique célébrant les vertus et les exploits d'un monarque. L'auteur commence par souligner que quelques mots simples peuvent suffire à glorifier le roi, plus que de longs discours. Il met en avant la grandeur d'âme du monarque, qui renonce à des avantages pour maintenir la paix et la justice. Le roi est décrit comme un conquérant invincible, toujours victorieux, mais qui préfère la modération et la paix. Il offre la paix à ses ennemis, même lorsqu'ils déclarent la guerre, et ses victoires sont obtenues avec une grande humanité, épargnant le sang de ses soldats. L'auteur évoque ensuite la prise de Luxembourg, une place imprenable, qui se rend en un mois grâce à la sagesse du monarque. Cette victoire conduit à une trêve acceptée par l'Europe, rétablissant la paix. Le texte insiste sur la nécessité de grands traits pour décrire les grandes actions du roi, et encourage les orateurs à utiliser leur talent pour faire sentir plus que ce qu'ils disent. Enfin, l'auteur exprime son bonheur de pouvoir s'instruire auprès de grands maîtres et son respect pour l'honneur qui lui est fait de participer à leurs assemblées.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
27
p. 116-141
« Monsieur de Corneille ayant cessé de parler, Monsieur de Bergeret [...] »
Début :
Monsieur de Corneille ayant cessé de parler, Monsieur de Bergeret [...]
Mots clefs :
Académie française, Jean Racine, Jean-Louis Bergeret, Gloire, Roi, Parler, Corneille, Esprit, Discours, Vertus, Histoire, Rois, Protecteur, Nom, Paix, Ennemis, Lettres, Place, Royaume, Compagnie, Justice, Monde, Attention, Avantage, Public
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Monsieur de Corneille ayant cessé de parler, Monsieur de Bergeret [...] »
Monfieur de Corneille ayant
ceffé de parler , Monfieur de Bergeret
prit la parole , & fit un difcours
trés - éloquent. Il dit , qu'il
GALANT. 117
avoit déia éprouvé plus d'une fois ,
que dés qu'on vouloit penser avec
attention à l'Academie Françoife,
l'imagination fe trouvoit auffitoft
remplie & étonnée de tout ce qu'il
ya de plus beau dans l'Empire des
Lettres , qu'eft un Empire qui n'est
borné ny par les Montagnes , ny
pariles Mers , qui comprend toutes
les Nations & tous les Sicles ; dans
lequel les plus grands Princes ont
tenu à bonneurs d'avoir quelque
place , & où Meffieurs de l'Acade ·
mie Françoife ont l'avantage de
tenir le premier rang. Que s'il entreprenoit
de parler de toutes les
fortes de merites , qui font la gloire
de ceux qui la compofent , il fentoit
bien que l'habitude de parler en public
, & d'en avoir fait le Miniftere
plufieurs années , en parlant
pour le Roy dans un des Parlemens
defon Royaume, ne l'empefcheroit
118 MERCURE
pas de tomber dans le defordre.
Enfuite il loüa Monfieur de Cordemoy
dont il occupe la Place
for ce qu'il avoit joint toutes les
vertus Morales & Chrétiennes
aux plus riches talens de l'efprit,
fur les grandes lumiéres qu'il
avoit dans la Jurifprudence, dans
la Philofophie , & dans l'Hiftoire ,
& fur tout for une certaine prefence
d'efprit qui luy eftoir particuliére
, & qui le rendoit capable
de parler fans préparation ,
avec autant d'ordre & de ne teté
qu'on peut en avoir en écrivant
avec le plus de loiſir . Il n'oublia
les beaux & fçavans Traitez
de Phyfique qu'il à donnez au
Public; & en parlant de fa grande
Hiftoire de nos Roys qu'on acheve
d'imprimer, il ajoûta, Que fifa
trop promte mort avoit laiffé ce
dernier Ouvrage imparfait , quoy
qu'ily manquaft pour eftre entier ,
pas
GALANT. 119
ilne manqueroit rien à la réputa
tion de l'Autheur ; qu'on eftimeroit
toûjours ce qu'il a écrit , & qu'on regreteroit
toujours ce qu'il n'a pas eu le
temps d'écrire.Cet Eloge fut fuivy
de celuy de Monfieur le Cardinal
de Richelieu , inftituteur de l'Academie
Françoife . Il dit , Que
non feulement, il avoit fait les plus
grandes chofes pour la gloire de
lEtat , mais qu'il avoit fait les
plus grands Hommes pour celebrer
perpetuellement cette gloire ; que
tous les Academitiens luy apartenoient
par le Titre mefme de la
naiſſance de l'Academie, & qu'ils
étoient tous comme la Pofteritefçavante
& Spirituelle de ce grand
Miniftre ; Que l'illuftre Chancelier
qui luy avoit fuccedé dans la
protection de cette celebre Compagnie
, auroit toûjours part à la
mefme gloire; & que parmy toutes
"
110 MERCURE
les vertus qui l'avoient rendu digne
d'eftre Chefde la Justice , on releveroit
toûjours l'affection particulie
re qu'il avoit enë pour les Lettres,
& qui l'avoit obligé d'eftre fimple
Academicien long tems avant qu'il
devinft Protecteur de l'Academie ;
ce qui luy étoit d'autant plus glorieux
, que ces deux titres ne pou
voient plus estre reünis dans une
Perfonne privée , quelque éminente
qu'elle fuft en Dignité , le nom de
Protecteur del' Academie étant devenu
comme un titre Royal , par la
bonté que le Roy avoit euë de le
prendre , & de vouloir bien en faveur
des Lettres , que le Vainqueur
des Roys & l'Arbitre de l'Univers,
fuft auffi appellé le Protecteur de
l'Academie Françoife. Le reste de
fon Difcours roula fous les merveilleufes
qualitez de cet Augufte
Monarque. Il dit , Que tout ce
qu'il
GALANT. 121
cachoit
qu'il faifoit voir au monde n'eftoit
rien en comparaison de ce qu'il luy
; que tant de Victoire , de
Conqueftes , & d'Evenemens prodigieux
qui étonnoient toute la Terre,
n'avoient rien de comparable à
la fageffe incomprehenfible qui en
eftoit la caufe , & que lors qu'on
pouvoit voir quelque chofe des confeils
de cette Sageffe plus qu'humai
ne onfe trouvoit , pour ainsi dire,
dans une fi haute region d'esprit .
qu'on en perdoit la pensée , comme
quand on eft dans un air trop élevé ,
& troppur , on perd la refpiration.
Il ajoûta , Quefe tenant renfermé
dans les termes de l'admiration &
du filence , il ne cefferoit de fe taire
que pour nommer les Souveraines
Vertus qu'il admiroit ; une Prudence
qui penetroit tout , & qui étoit ellemefme
impenetrable ; une Justice
qui préferoit l'intereft du sujet à
Janvier 1685 .
A
F
122 MERCURE
celuy du Prince ; une Valeur qui prenoit
toutes les Villes qu'elle attaquoit
, comme un Torrent qui rompt
tous les obftacles qu'il rencontre ;
une Moderation qui avoit tant de
fois arrefté ce Torrent , &fufpendu
cet Orage ; une Bonté qui par l'entiere
abolition des Duels , prenoit
plus de foin de la vie des Sujets,
qu'ils n'en prenoient eux - mefmes ;
un Zele pour la Religion, qui faifoit
chaque jour de fi grands & de fi
heureux projets ; & que ce qui étoit
encore plus admirable dans toutes
ces Vertus fi differentes , c'eftoit de
les voir agir toutes ensemble , &
dans la Paix & dans la Guerre ,fansdifference
ny diftinction de temps.
Aprés une peinture fort vive des
grandes chofes que le Roy a faites
pendant la Paix , qui avoit
toûjours efté pour luy non feulement
agiffante , mais encore
GALANT. 123
victorieuſe , puis que par un
bonheur incomparable , elle n'avoit
pas arreſté fes Conqueftes ,
& que les trois plus importantes
Places du Royaume , & pour fa
gloire , & pour fa fûreté , Dunkerque
, Strasbourg , & Cazal
trois Villes qui font les Clefs de
trois Etats voifins , & dont la
Prife auroit fignalé trois Campagnes
, avoient efté conquifes
fans armes & fans Combats , il
dit, Qu'on avoit vû l'Europe entiere
conjurée contre la France , que
tout le Royaume avoit efté environné
d'Armées Ennemies & que
cependant il n'eftoit jamais arrivé
qu'un feul de tant de Genéraux
Etrangers euft pris feulement un
Quartier d'Hyver fur nos Frontie
res; Que tous ces Chefs Ennemis
Se promettoient d'entrer dans nos
Provinces en Vainqueurs & en Con-
,
F 2
124
MERCURE
quérans , mais qu'aucun d'eux ne
les avoit veües , que ceux qu'on y
avoit amenez Prifonniers ; que tous
les autres estoient demeure autour
du Royaume , comme s'ils l'avoient
gardé ,fans troubler la tranquilité
dont iljouiffoit , & que c'eftoit un
prodige inouy , que tant de Nations
jaloufes de la gloire du Roy , & qui
s'étoient affemblées pour le combatre
, n'eulent pû faire autre choſe
que de l'admirer
& d'entendre
d'affez loin le bruit terrible defes
Foudres , qui renverfoient les Murs
de quarante Villes en moins,
trente jours , & qui cependant par
une espece de miracle , n'avoient
point empefché que la voix des Loix
n'euft efté toujours entenduë ; toûjours
la Justice également gardée,
l'obeiffance rendue , la Difcipline
obfervée, le Commerce maintenu , les
Arts floriffans , les Lettres cultivées,
>
de
GALANT
. 125
le Mérite recompenfe , tous les Reglemens
de la Police generalement
executez ; & non feulement de la
Police Civile , qui par les heureux
changemens qu'elle avoit faits ,fembloit
nous avoir donné un autre Air
& une autre Ville ; mais encore de
la Police Militaire , qui avoit civilife
les Soldats,& leur avoit inspire
un amour de la gloire & de la difcipline
, quifaifoit que les Armées du
Roy étoient en mefme temps la plus
belle & la plus terrible chofe du
monde. Il finit en difant, Que c'étoit
une grande gloire pour un Prince
Conquerant, que l'onput dire de
Luy, qu'il avoit toûjours eu un efprit
de paix dans toutes les Guerres qu'il
avoit faites , depuis la premiere
Campagne jufqu'à la derniere , depuis
la Prife de Marfal jufqu'à
celle de Luxembourg ; Que cette
derniere & admirable Conquefte ,
F
3
126 MERCURE
qui en affurant toutes les autres, venoit
heureufement de finir la Guerreferoit
dire encor plus que jamais,
que le Roy étoit un Héros toûjours
Vainqueur & toûjours Pacifique ,puis
que non feulement il avoit pris cette
Place ,une des plusfortes du Monde,
&qu'il l'avoit prife malgré tous les
obftacles de la Nature , malgré tous
les efforts de l'Art , malgré toute la
refiftance des Ennemis ; mais ce qui
étoit encore plus, malgré luy - même:
Eftant certain qu'il ne l'avoit attaquée
qu'à regret , &aprés avoir
preßé long-temps fes Ennemis cent
fois vaincus , de vouloir accepter
Paix qu'il leur offroit , & de ne le
pas contraindre à fe fervir du Droit
des Armes ; de forte que par un évenement
tout fingulier , cettefameufe
Villeferoit toûjours pour la gloire du
Roy un Monument éternel , non feulement
de la plus grande valeur .
la
GALANT. 127
mais auffi de la plus grande modes
ration dont on euft jamais parlé.
Toute l'Affemblée fut tresfatisfaite
de ce Difcours,& Monfieurde
Bergeret eut tout lieu de
l'eftre des louanges qu'il reçûr.
Monfieur Racines , qui eftoit
alors Directeur de l'Académie ,
répondit à ces deux nouveaux
Académiciens au nom de la
Compagnie. Je tâcherois inutilement
de vous exprimer combien
cette Reponſe fut éloquente
, & avec combien de grace il
la prononça . Elle fut interrom
pue par des applaudiffemens fréquemment
reiterez ; & comme
il en employe une partie à élever
le mérite de Monfieur de Corneille
, il fut aiſé de connoiſtre
qu'on voyoit avec plaifir dans la
bouche d'un des plus grands
Maiftres du Theatre ; les louan-
F 4
128
MERCURE
ges de celuy qui a porté la Scene
Françoife au degré de perfection
où elle eft. Il dit d'abord , Que
l'Academie avoit regardé fa mort
comme un des plus rudes coups qui
La puft fraper ; Que quoy que depuis
un an une longue maladie l'euft
privée de fa présence , & qu'elle
euft perdu en quelque façon l'espérance
de le revoir iamais dans fes
Affemblées , toutefois il vivoit , &
que dans la Lifte où font les noms
de tous ceux qui la compofent , cette
Compagnie dont il eftoit le Doyen ,
avoit au moins la confolation de
voir immédiatement audeffous du
nom facré de fon augufte Protecteur,
le fameux nom de Corneille . Il fit
enfaite une peinture admirable
du defordre & de l'irrégularité
où fe trouvoit la Scene Françoife
, lors qu'il commença à travailler.
Nul gouft , nulle connoiffan
GALANT. 129
遂
ce des veritables beautez du Theatre.
Les Autheurs auffi ignorans que
les Spectateurs. La plupart des Sujets
extravagans & dénue de vraifemblance.
Point de Moeurs , point
de Caracteres. La Diction encore
plus vicieufe que l'Action , & dont
les Pointes , & de miferables jeux
de mots, faifoient le principal ornement
. En un mot, toutes les Regles de
l'Art , celles mefme de l'honnefteté
& de la bienséance , violées . Il pourfuivit
en difant , Que dans ce Cahos
du Poëme Dramatique parmy
nous , Monfieur de Corneille , aprés
avoir quelque temps cherche le bon
chemin , & lutte contre le mauvais
goût de fon Siecle , enfin infpiré d'un
Genie extraordinaire , & aidé de la
lecture des Anciens , avoit fait voir
fur la Scene la Raifon , mais la Raifon
accompagnée de toute la pompe,
de tous les ornemens dont nôtre !
F
130
MERCURE
gue eft capable , accorde heureuſement
le Vrai-femblable & le Merveilleux,
& laiffe bien loin derriere
Luy tout ce qu'il avoit de Rivaux,
dont la plupart defefperant de l'atteindre,&
n'ofant plus entreprendre
de luy difputer le Prix , s'eftoient
bornez à combatre la Voix publique
déclarée pour luy , & avoient eſſayé
en vain par leur difcours & par
Leurs frivoles critiques , de rabaiffer
un merite qu'ils ne pouvoient égaler.
Il paffa de là aux acclamations
qu'avoient excité à leur naiffance
le Cid , Horace , Cinna , Pompée ,
& les autres Chef- d'oeuvres qui
les avoient fuivis , & dit , Qu'on
ne trouvoit point de Poëte qui eust
poffedé à la fois tant d'excellantes
parties , l'Art , laforce , le lugement
, & l'Efprit. Il parla de la
furprenantes varieté qu'il avoit
mellée dans les Caracteres , en
<
GALANT.
131
forte, que tant de Roys, de Princes,
& de Heros qu'il avoit repréfentez,
étoient toujours tels qu'ils devoient
estre , toûjours uniformes en euxmémes
, & jamais ne fe reffemblant
les uns aux autres ; Qu'il y avoit
parmy tout cela une magnificence
d'expreffion proportionnée aux Maitres
du Monde qu'ilfaifoit fouvent
parler , capable neanmoins de s'abaiffer
quand il vouloit , & de defcendre
jufqu'aux plus fimples naïvete
du Comique , où il eftoit encore
inimitable; Qu'enfin ce qui luy
étoit fur tout particulier , c'étoit une
certaineforce, une certaine élevatio,
qui en furprenant & en élevant ,
rendoit jufqu'à fes defauts , fi on luy
en pouvoit reprocher quelques uns,
plus eftimables que les vertus des
autres. Il ajoûta , Qu'on pouvoit le
regarder comme un Homme veritablement
népour lagloire de fon Païs ,
·
F 6
132 MERCURE
,
efme
comparable , non pas à tout ce que
Fancienne Rome avoit eu d'excellens
Tragiques , puis qu'elle confeffoit
elle-mefme qu'en ce genre elle
n'avoit pas efté fort heureuſe , mais
aux Efchiles , aux Sophocles , aux
Euripides , dont la fameuse Athenes
ne s'honoroit pas moins que des
Themiftocles , des Pericles , & des
Alcibiades , qui vivoient en me
temps qu'eux. Il s'étendit fur la juftice
la Pofterité rend aux
que
habiles Ecrivains , en les égalant
à tout ce qu'il y a de plus confiderable
parmy les Hommes , &
faifant marcher de pair l'excellent
Poëte & le grand Capitaine ; &
dit là deffus , Que le mefme Siecie
qui fe glorifioit aujourd'huy d'avoir
produit Auguste, ne fe glorifioit
guere moins d'avoir produit Horace
& Virgile ; qu'ainfi lors
ages fuivans on parleroit avec éton
que
dans les
GALANT.
133
nement des Victoires prodigieufes ,
& de toutes les chofes qui rendront
nostre fiecle l'admiration de tous les
fiecles à venir , l'illuftre Corneille
tiendroit fa place parmis toutes ces
merveilles ; que la France fe fouviendroit
avec plaifir quefous le
Regne du plus grand de fes Roys ,
auroit fleury le plus celebre de fes
Poëtes , qu'on croiroit mefme ajoûter
quelque chofe à la gloire de noftre
Augufte Monarque , lors qu'on diroit
qu'il avoit eftimé, qu'il avoit honoré
de fes bien faits cet excellent Genie;
que même deux jours avant la mort,
& lors qu'il ne luy reftoit plus qu'un
rayon de connoiffance , il luy avoit
´encore envoyé des marques de fa liberalité
; & qu'enfin les dernieres
paroles de Corneille avoient efté
des remercimens pour Louis LE
GRANDAprés
l'avoir loué fur d'autre
134
MERCURE
qualitez particulieres , fur fa probité
, fur fa piété , & fur l'efprit
de douceur & de déference qu'il
apportoit à l'Academie , ne fe
préferant jamais à aucun de fes
Confreres , & ne tenant aucun
avantage des aplaudiffemens qu'il
recevoit dans le Public Monfieur
Racines adreffa la parole à Monfieur
de Bergeret , & dit , Que fi
l'Academie Françoife avoit perdu
en Monfieur Cordemoy , un Homme
qui aprés avoir donné au Barreau
une partie de fa vie , s'eftoit depuis
appliqué tout entier à l'étude de
nôtre ancienne Hiftoire , elle luy avoit
choisi pour Succeffeur un Homme,qui
après avoir eftélong - temps l'organe
d'un Parlement celebre , avoit effé
appellé à un des plus importans Emplois
de l'Etat , & qui avec une
connoiffance exacte , & de l'Hiftoire
& de tous les bons Livres, luy apporGALAN
T.
135
toit encore la connoiffance parfaite
de la merveilleufe Hiftoire de fon
Protecteur , qui étoit quelque chofe
de bien plus utile , & de bien plus
confiderable pour elle ; queperfonne
mieux que luy ne pouvoit parler de
tant de grands évenemens , dont
les motifs & les principaux refforts
avoient efté fi fouvent confiez à fa
fidelité & à fa fageffe , puis que
perfonne ne fçavoit mieux à fond
tout ce qui s'eftoit paßé de memorable
dans les Cours Etrangeres , les
Traitez, les Alliances , & toutes les
importantes Négotiations , qui fous
le Regne de Sa Majesté avoient
donne le branle à toute l'Europe ;
que cependant , s'il falloit dire la
verité , la voye de la négotiation
étoit bien courte fous un Prince qui
ayant toujours de fon cofté la Puiffance
& la Justice , n'avoit befoin
pour faire executerfes volontez, que
136 MERCURE
de les declarer ; Qu'autrefois la
France trop facile à fe laiffer fur
prendre par les artifices de fes Voifins
, paffoit pour eftre auffi infortunée
dans fes Accommodemens, qu'elle
étoit heureufe redoutable dans la
Guerre ; Quefur tout l'Espagne ,fon
orgueilleufe Ennemie , fe vantoit de
n'avoir jamais figné, mefme au plus
fort de nos profperitez , que des Trai
tezavantageux, & de regagnerfou
vent par un trait de plume , ce qu'elle
avoit perdu en plufieurs Campagne
; que cette adroite Politique
dont elle faifoit tant de vanité, luy
étoit prefentement inutile ; que toute
l'Europe avoit veu avec étonnement
, dés les premieres démarches
du Roy , cette fuperbe Nation contrainte
de venir jufque dans le Louvre
reconnoître publiquement fon
inferiorité , & nous abandonner de
puis par des Traitez folemnels , tant
GALANT . 137
l'emde
Places fi famenfes , tant de grandes
Provinces, celles mefme dont les
Roys empruntoient leurs plus glorieux
Titres ; que ce changement ne
s'étoit fait , ny par une longue fuite
de Négociations traînées , ny par la
dexterité de nos Ministres dans les
Pais Etrangers, puis qu'eux - mefmes
confeffoient que le Royfait tout, voit
tout dans les Cours où il les envoye,
& qu'ils n'ont tout au plus que
barras d'y faire entendre avec dignité
ce qu'il leur a dicté avec fageffe
. Il s'étendit encore quelque
temps fur les louanges de ce
grand Monarque, avec une force
d'expreffion tres - digne de fa matiere.
Il dit , Qu'ayant refolu dans
fon Cabinet,pour le bien de la Chré
tienté , qu'il n'y euft plus de guerre,
il avoit tracé fix lignes , & les avoit
envoyées à fon Ambassadeur à la
Haye , la veille qu'il devoit partir
138
MERCURE
pour se mettre à la teste d'une de
fes Armées ; que là- deffus tout s'étoit
agité , tout s'étoit remué , &
qu'enfin, fuivant ce qu'il avoit prévú,
fes Ennemis aprés bien des Conferences
, bien des Projets , bien des.
Plaintes inutiles , avoient efté contraints
d'accepter ces mefmes Conditions
qu'il leur avoit offertes, fans
avoir pu avec tous leurs efforts , s'écarter
d'un feul pas du cercle étroit
qu'il luy avoit plû de leur tracer.
Il s'adreffa alors à Meffieurs de
l'Academie , & ce qu'il leur dit fut
fi vif & fi bien peint , que j'affoiblirois
la beauté de cette fin d'un
Difcours fi éloquent , ſi j'en retranchois
une parole . Voicy les
termes qu'il y employa .
Quel avantage pour tous tant
que nous fommes, Meffieurs , qui cha
eun felon nos differens talens avons
entrepris de celebrer tant de granGALANT.
139
des chofes ! Vous n'aurez point pour
les mettre en jour , à difcuter avec
des fatigues incroyables une foule
d'intrigues , difficiles à developer.
Vous n'aurez pas mefme à fouiller
dans le Cabinet de fes Ennemis .
Leur mauvaife volonté , leur impuiffance
, leur douleur eft publique
à toute la Terre. Vous n'aurez point
à craindre enfin tous ces longs détails
de chicanes ennuyeuſes , qui
fechent l'efprit de l'Ecrivain , &
qui jettent tant de langueur dans
la plupart des Hiftoires modernes,
où le Lecteur qui cherchoit desfaits,
ne trouvant que de paroles , fent
mourir à chaque pas fon attention,
&perd de vue lefil des évenemens,
Dans l'Histoire du Roy, tout rit,tout
marche , tout eft en action. Il ne
faut que le fuivre fi l'on peut, & le
bien étudier luy feul. C'est un enchaînement
continuel de Faits mer-
3
140 MERCURË
veilleux que luy mefme commence,
que luy- mefme acheve , auffi clairs ,
auffi intelligibles quand ils font executez
, qu'impenetrables avant l'execution
. En un mot , lé miracle fut
de prés un autre miracle . L'attention
eft toûjours vive , l'admiration
toûjours tenduë , & l'on n'eft
pas moins frapé de la grandeur &
de la promptitude avec laquelle fe.
fait la Paix , que de la rapidité
avec laquelle fe font les Conquêtes .
Cette réponſe de Monfieur Racine
fut fuivie de tous les applau
diffemens qu'elle méritoit . Chacun
à l'envy s'empreffa a luy
marquer le plaifir que l'Affemblée
en avoit reçu , & on demeura
d'accord tout d'une voix , que
le Sort qui l'avoit fait Directeur,
n'avoit point efté aveugle dans
fon choix , & qu'on ne pouvoit
parler plus dignement au nom
GALANT.
141
de l'illuftre Compagnie , qui recevoit
dans fon Corps les deux
nouveaux Académiciens.
ceffé de parler , Monfieur de Bergeret
prit la parole , & fit un difcours
trés - éloquent. Il dit , qu'il
GALANT. 117
avoit déia éprouvé plus d'une fois ,
que dés qu'on vouloit penser avec
attention à l'Academie Françoife,
l'imagination fe trouvoit auffitoft
remplie & étonnée de tout ce qu'il
ya de plus beau dans l'Empire des
Lettres , qu'eft un Empire qui n'est
borné ny par les Montagnes , ny
pariles Mers , qui comprend toutes
les Nations & tous les Sicles ; dans
lequel les plus grands Princes ont
tenu à bonneurs d'avoir quelque
place , & où Meffieurs de l'Acade ·
mie Françoife ont l'avantage de
tenir le premier rang. Que s'il entreprenoit
de parler de toutes les
fortes de merites , qui font la gloire
de ceux qui la compofent , il fentoit
bien que l'habitude de parler en public
, & d'en avoir fait le Miniftere
plufieurs années , en parlant
pour le Roy dans un des Parlemens
defon Royaume, ne l'empefcheroit
118 MERCURE
pas de tomber dans le defordre.
Enfuite il loüa Monfieur de Cordemoy
dont il occupe la Place
for ce qu'il avoit joint toutes les
vertus Morales & Chrétiennes
aux plus riches talens de l'efprit,
fur les grandes lumiéres qu'il
avoit dans la Jurifprudence, dans
la Philofophie , & dans l'Hiftoire ,
& fur tout for une certaine prefence
d'efprit qui luy eftoir particuliére
, & qui le rendoit capable
de parler fans préparation ,
avec autant d'ordre & de ne teté
qu'on peut en avoir en écrivant
avec le plus de loiſir . Il n'oublia
les beaux & fçavans Traitez
de Phyfique qu'il à donnez au
Public; & en parlant de fa grande
Hiftoire de nos Roys qu'on acheve
d'imprimer, il ajoûta, Que fifa
trop promte mort avoit laiffé ce
dernier Ouvrage imparfait , quoy
qu'ily manquaft pour eftre entier ,
pas
GALANT. 119
ilne manqueroit rien à la réputa
tion de l'Autheur ; qu'on eftimeroit
toûjours ce qu'il a écrit , & qu'on regreteroit
toujours ce qu'il n'a pas eu le
temps d'écrire.Cet Eloge fut fuivy
de celuy de Monfieur le Cardinal
de Richelieu , inftituteur de l'Academie
Françoife . Il dit , Que
non feulement, il avoit fait les plus
grandes chofes pour la gloire de
lEtat , mais qu'il avoit fait les
plus grands Hommes pour celebrer
perpetuellement cette gloire ; que
tous les Academitiens luy apartenoient
par le Titre mefme de la
naiſſance de l'Academie, & qu'ils
étoient tous comme la Pofteritefçavante
& Spirituelle de ce grand
Miniftre ; Que l'illuftre Chancelier
qui luy avoit fuccedé dans la
protection de cette celebre Compagnie
, auroit toûjours part à la
mefme gloire; & que parmy toutes
"
110 MERCURE
les vertus qui l'avoient rendu digne
d'eftre Chefde la Justice , on releveroit
toûjours l'affection particulie
re qu'il avoit enë pour les Lettres,
& qui l'avoit obligé d'eftre fimple
Academicien long tems avant qu'il
devinft Protecteur de l'Academie ;
ce qui luy étoit d'autant plus glorieux
, que ces deux titres ne pou
voient plus estre reünis dans une
Perfonne privée , quelque éminente
qu'elle fuft en Dignité , le nom de
Protecteur del' Academie étant devenu
comme un titre Royal , par la
bonté que le Roy avoit euë de le
prendre , & de vouloir bien en faveur
des Lettres , que le Vainqueur
des Roys & l'Arbitre de l'Univers,
fuft auffi appellé le Protecteur de
l'Academie Françoife. Le reste de
fon Difcours roula fous les merveilleufes
qualitez de cet Augufte
Monarque. Il dit , Que tout ce
qu'il
GALANT. 121
cachoit
qu'il faifoit voir au monde n'eftoit
rien en comparaison de ce qu'il luy
; que tant de Victoire , de
Conqueftes , & d'Evenemens prodigieux
qui étonnoient toute la Terre,
n'avoient rien de comparable à
la fageffe incomprehenfible qui en
eftoit la caufe , & que lors qu'on
pouvoit voir quelque chofe des confeils
de cette Sageffe plus qu'humai
ne onfe trouvoit , pour ainsi dire,
dans une fi haute region d'esprit .
qu'on en perdoit la pensée , comme
quand on eft dans un air trop élevé ,
& troppur , on perd la refpiration.
Il ajoûta , Quefe tenant renfermé
dans les termes de l'admiration &
du filence , il ne cefferoit de fe taire
que pour nommer les Souveraines
Vertus qu'il admiroit ; une Prudence
qui penetroit tout , & qui étoit ellemefme
impenetrable ; une Justice
qui préferoit l'intereft du sujet à
Janvier 1685 .
A
F
122 MERCURE
celuy du Prince ; une Valeur qui prenoit
toutes les Villes qu'elle attaquoit
, comme un Torrent qui rompt
tous les obftacles qu'il rencontre ;
une Moderation qui avoit tant de
fois arrefté ce Torrent , &fufpendu
cet Orage ; une Bonté qui par l'entiere
abolition des Duels , prenoit
plus de foin de la vie des Sujets,
qu'ils n'en prenoient eux - mefmes ;
un Zele pour la Religion, qui faifoit
chaque jour de fi grands & de fi
heureux projets ; & que ce qui étoit
encore plus admirable dans toutes
ces Vertus fi differentes , c'eftoit de
les voir agir toutes ensemble , &
dans la Paix & dans la Guerre ,fansdifference
ny diftinction de temps.
Aprés une peinture fort vive des
grandes chofes que le Roy a faites
pendant la Paix , qui avoit
toûjours efté pour luy non feulement
agiffante , mais encore
GALANT. 123
victorieuſe , puis que par un
bonheur incomparable , elle n'avoit
pas arreſté fes Conqueftes ,
& que les trois plus importantes
Places du Royaume , & pour fa
gloire , & pour fa fûreté , Dunkerque
, Strasbourg , & Cazal
trois Villes qui font les Clefs de
trois Etats voifins , & dont la
Prife auroit fignalé trois Campagnes
, avoient efté conquifes
fans armes & fans Combats , il
dit, Qu'on avoit vû l'Europe entiere
conjurée contre la France , que
tout le Royaume avoit efté environné
d'Armées Ennemies & que
cependant il n'eftoit jamais arrivé
qu'un feul de tant de Genéraux
Etrangers euft pris feulement un
Quartier d'Hyver fur nos Frontie
res; Que tous ces Chefs Ennemis
Se promettoient d'entrer dans nos
Provinces en Vainqueurs & en Con-
,
F 2
124
MERCURE
quérans , mais qu'aucun d'eux ne
les avoit veües , que ceux qu'on y
avoit amenez Prifonniers ; que tous
les autres estoient demeure autour
du Royaume , comme s'ils l'avoient
gardé ,fans troubler la tranquilité
dont iljouiffoit , & que c'eftoit un
prodige inouy , que tant de Nations
jaloufes de la gloire du Roy , & qui
s'étoient affemblées pour le combatre
, n'eulent pû faire autre choſe
que de l'admirer
& d'entendre
d'affez loin le bruit terrible defes
Foudres , qui renverfoient les Murs
de quarante Villes en moins,
trente jours , & qui cependant par
une espece de miracle , n'avoient
point empefché que la voix des Loix
n'euft efté toujours entenduë ; toûjours
la Justice également gardée,
l'obeiffance rendue , la Difcipline
obfervée, le Commerce maintenu , les
Arts floriffans , les Lettres cultivées,
>
de
GALANT
. 125
le Mérite recompenfe , tous les Reglemens
de la Police generalement
executez ; & non feulement de la
Police Civile , qui par les heureux
changemens qu'elle avoit faits ,fembloit
nous avoir donné un autre Air
& une autre Ville ; mais encore de
la Police Militaire , qui avoit civilife
les Soldats,& leur avoit inspire
un amour de la gloire & de la difcipline
, quifaifoit que les Armées du
Roy étoient en mefme temps la plus
belle & la plus terrible chofe du
monde. Il finit en difant, Que c'étoit
une grande gloire pour un Prince
Conquerant, que l'onput dire de
Luy, qu'il avoit toûjours eu un efprit
de paix dans toutes les Guerres qu'il
avoit faites , depuis la premiere
Campagne jufqu'à la derniere , depuis
la Prife de Marfal jufqu'à
celle de Luxembourg ; Que cette
derniere & admirable Conquefte ,
F
3
126 MERCURE
qui en affurant toutes les autres, venoit
heureufement de finir la Guerreferoit
dire encor plus que jamais,
que le Roy étoit un Héros toûjours
Vainqueur & toûjours Pacifique ,puis
que non feulement il avoit pris cette
Place ,une des plusfortes du Monde,
&qu'il l'avoit prife malgré tous les
obftacles de la Nature , malgré tous
les efforts de l'Art , malgré toute la
refiftance des Ennemis ; mais ce qui
étoit encore plus, malgré luy - même:
Eftant certain qu'il ne l'avoit attaquée
qu'à regret , &aprés avoir
preßé long-temps fes Ennemis cent
fois vaincus , de vouloir accepter
Paix qu'il leur offroit , & de ne le
pas contraindre à fe fervir du Droit
des Armes ; de forte que par un évenement
tout fingulier , cettefameufe
Villeferoit toûjours pour la gloire du
Roy un Monument éternel , non feulement
de la plus grande valeur .
la
GALANT. 127
mais auffi de la plus grande modes
ration dont on euft jamais parlé.
Toute l'Affemblée fut tresfatisfaite
de ce Difcours,& Monfieurde
Bergeret eut tout lieu de
l'eftre des louanges qu'il reçûr.
Monfieur Racines , qui eftoit
alors Directeur de l'Académie ,
répondit à ces deux nouveaux
Académiciens au nom de la
Compagnie. Je tâcherois inutilement
de vous exprimer combien
cette Reponſe fut éloquente
, & avec combien de grace il
la prononça . Elle fut interrom
pue par des applaudiffemens fréquemment
reiterez ; & comme
il en employe une partie à élever
le mérite de Monfieur de Corneille
, il fut aiſé de connoiſtre
qu'on voyoit avec plaifir dans la
bouche d'un des plus grands
Maiftres du Theatre ; les louan-
F 4
128
MERCURE
ges de celuy qui a porté la Scene
Françoife au degré de perfection
où elle eft. Il dit d'abord , Que
l'Academie avoit regardé fa mort
comme un des plus rudes coups qui
La puft fraper ; Que quoy que depuis
un an une longue maladie l'euft
privée de fa présence , & qu'elle
euft perdu en quelque façon l'espérance
de le revoir iamais dans fes
Affemblées , toutefois il vivoit , &
que dans la Lifte où font les noms
de tous ceux qui la compofent , cette
Compagnie dont il eftoit le Doyen ,
avoit au moins la confolation de
voir immédiatement audeffous du
nom facré de fon augufte Protecteur,
le fameux nom de Corneille . Il fit
enfaite une peinture admirable
du defordre & de l'irrégularité
où fe trouvoit la Scene Françoife
, lors qu'il commença à travailler.
Nul gouft , nulle connoiffan
GALANT. 129
遂
ce des veritables beautez du Theatre.
Les Autheurs auffi ignorans que
les Spectateurs. La plupart des Sujets
extravagans & dénue de vraifemblance.
Point de Moeurs , point
de Caracteres. La Diction encore
plus vicieufe que l'Action , & dont
les Pointes , & de miferables jeux
de mots, faifoient le principal ornement
. En un mot, toutes les Regles de
l'Art , celles mefme de l'honnefteté
& de la bienséance , violées . Il pourfuivit
en difant , Que dans ce Cahos
du Poëme Dramatique parmy
nous , Monfieur de Corneille , aprés
avoir quelque temps cherche le bon
chemin , & lutte contre le mauvais
goût de fon Siecle , enfin infpiré d'un
Genie extraordinaire , & aidé de la
lecture des Anciens , avoit fait voir
fur la Scene la Raifon , mais la Raifon
accompagnée de toute la pompe,
de tous les ornemens dont nôtre !
F
130
MERCURE
gue eft capable , accorde heureuſement
le Vrai-femblable & le Merveilleux,
& laiffe bien loin derriere
Luy tout ce qu'il avoit de Rivaux,
dont la plupart defefperant de l'atteindre,&
n'ofant plus entreprendre
de luy difputer le Prix , s'eftoient
bornez à combatre la Voix publique
déclarée pour luy , & avoient eſſayé
en vain par leur difcours & par
Leurs frivoles critiques , de rabaiffer
un merite qu'ils ne pouvoient égaler.
Il paffa de là aux acclamations
qu'avoient excité à leur naiffance
le Cid , Horace , Cinna , Pompée ,
& les autres Chef- d'oeuvres qui
les avoient fuivis , & dit , Qu'on
ne trouvoit point de Poëte qui eust
poffedé à la fois tant d'excellantes
parties , l'Art , laforce , le lugement
, & l'Efprit. Il parla de la
furprenantes varieté qu'il avoit
mellée dans les Caracteres , en
<
GALANT.
131
forte, que tant de Roys, de Princes,
& de Heros qu'il avoit repréfentez,
étoient toujours tels qu'ils devoient
estre , toûjours uniformes en euxmémes
, & jamais ne fe reffemblant
les uns aux autres ; Qu'il y avoit
parmy tout cela une magnificence
d'expreffion proportionnée aux Maitres
du Monde qu'ilfaifoit fouvent
parler , capable neanmoins de s'abaiffer
quand il vouloit , & de defcendre
jufqu'aux plus fimples naïvete
du Comique , où il eftoit encore
inimitable; Qu'enfin ce qui luy
étoit fur tout particulier , c'étoit une
certaineforce, une certaine élevatio,
qui en furprenant & en élevant ,
rendoit jufqu'à fes defauts , fi on luy
en pouvoit reprocher quelques uns,
plus eftimables que les vertus des
autres. Il ajoûta , Qu'on pouvoit le
regarder comme un Homme veritablement
népour lagloire de fon Païs ,
·
F 6
132 MERCURE
,
efme
comparable , non pas à tout ce que
Fancienne Rome avoit eu d'excellens
Tragiques , puis qu'elle confeffoit
elle-mefme qu'en ce genre elle
n'avoit pas efté fort heureuſe , mais
aux Efchiles , aux Sophocles , aux
Euripides , dont la fameuse Athenes
ne s'honoroit pas moins que des
Themiftocles , des Pericles , & des
Alcibiades , qui vivoient en me
temps qu'eux. Il s'étendit fur la juftice
la Pofterité rend aux
que
habiles Ecrivains , en les égalant
à tout ce qu'il y a de plus confiderable
parmy les Hommes , &
faifant marcher de pair l'excellent
Poëte & le grand Capitaine ; &
dit là deffus , Que le mefme Siecie
qui fe glorifioit aujourd'huy d'avoir
produit Auguste, ne fe glorifioit
guere moins d'avoir produit Horace
& Virgile ; qu'ainfi lors
ages fuivans on parleroit avec éton
que
dans les
GALANT.
133
nement des Victoires prodigieufes ,
& de toutes les chofes qui rendront
nostre fiecle l'admiration de tous les
fiecles à venir , l'illuftre Corneille
tiendroit fa place parmis toutes ces
merveilles ; que la France fe fouviendroit
avec plaifir quefous le
Regne du plus grand de fes Roys ,
auroit fleury le plus celebre de fes
Poëtes , qu'on croiroit mefme ajoûter
quelque chofe à la gloire de noftre
Augufte Monarque , lors qu'on diroit
qu'il avoit eftimé, qu'il avoit honoré
de fes bien faits cet excellent Genie;
que même deux jours avant la mort,
& lors qu'il ne luy reftoit plus qu'un
rayon de connoiffance , il luy avoit
´encore envoyé des marques de fa liberalité
; & qu'enfin les dernieres
paroles de Corneille avoient efté
des remercimens pour Louis LE
GRANDAprés
l'avoir loué fur d'autre
134
MERCURE
qualitez particulieres , fur fa probité
, fur fa piété , & fur l'efprit
de douceur & de déference qu'il
apportoit à l'Academie , ne fe
préferant jamais à aucun de fes
Confreres , & ne tenant aucun
avantage des aplaudiffemens qu'il
recevoit dans le Public Monfieur
Racines adreffa la parole à Monfieur
de Bergeret , & dit , Que fi
l'Academie Françoife avoit perdu
en Monfieur Cordemoy , un Homme
qui aprés avoir donné au Barreau
une partie de fa vie , s'eftoit depuis
appliqué tout entier à l'étude de
nôtre ancienne Hiftoire , elle luy avoit
choisi pour Succeffeur un Homme,qui
après avoir eftélong - temps l'organe
d'un Parlement celebre , avoit effé
appellé à un des plus importans Emplois
de l'Etat , & qui avec une
connoiffance exacte , & de l'Hiftoire
& de tous les bons Livres, luy apporGALAN
T.
135
toit encore la connoiffance parfaite
de la merveilleufe Hiftoire de fon
Protecteur , qui étoit quelque chofe
de bien plus utile , & de bien plus
confiderable pour elle ; queperfonne
mieux que luy ne pouvoit parler de
tant de grands évenemens , dont
les motifs & les principaux refforts
avoient efté fi fouvent confiez à fa
fidelité & à fa fageffe , puis que
perfonne ne fçavoit mieux à fond
tout ce qui s'eftoit paßé de memorable
dans les Cours Etrangeres , les
Traitez, les Alliances , & toutes les
importantes Négotiations , qui fous
le Regne de Sa Majesté avoient
donne le branle à toute l'Europe ;
que cependant , s'il falloit dire la
verité , la voye de la négotiation
étoit bien courte fous un Prince qui
ayant toujours de fon cofté la Puiffance
& la Justice , n'avoit befoin
pour faire executerfes volontez, que
136 MERCURE
de les declarer ; Qu'autrefois la
France trop facile à fe laiffer fur
prendre par les artifices de fes Voifins
, paffoit pour eftre auffi infortunée
dans fes Accommodemens, qu'elle
étoit heureufe redoutable dans la
Guerre ; Quefur tout l'Espagne ,fon
orgueilleufe Ennemie , fe vantoit de
n'avoir jamais figné, mefme au plus
fort de nos profperitez , que des Trai
tezavantageux, & de regagnerfou
vent par un trait de plume , ce qu'elle
avoit perdu en plufieurs Campagne
; que cette adroite Politique
dont elle faifoit tant de vanité, luy
étoit prefentement inutile ; que toute
l'Europe avoit veu avec étonnement
, dés les premieres démarches
du Roy , cette fuperbe Nation contrainte
de venir jufque dans le Louvre
reconnoître publiquement fon
inferiorité , & nous abandonner de
puis par des Traitez folemnels , tant
GALANT . 137
l'emde
Places fi famenfes , tant de grandes
Provinces, celles mefme dont les
Roys empruntoient leurs plus glorieux
Titres ; que ce changement ne
s'étoit fait , ny par une longue fuite
de Négociations traînées , ny par la
dexterité de nos Ministres dans les
Pais Etrangers, puis qu'eux - mefmes
confeffoient que le Royfait tout, voit
tout dans les Cours où il les envoye,
& qu'ils n'ont tout au plus que
barras d'y faire entendre avec dignité
ce qu'il leur a dicté avec fageffe
. Il s'étendit encore quelque
temps fur les louanges de ce
grand Monarque, avec une force
d'expreffion tres - digne de fa matiere.
Il dit , Qu'ayant refolu dans
fon Cabinet,pour le bien de la Chré
tienté , qu'il n'y euft plus de guerre,
il avoit tracé fix lignes , & les avoit
envoyées à fon Ambassadeur à la
Haye , la veille qu'il devoit partir
138
MERCURE
pour se mettre à la teste d'une de
fes Armées ; que là- deffus tout s'étoit
agité , tout s'étoit remué , &
qu'enfin, fuivant ce qu'il avoit prévú,
fes Ennemis aprés bien des Conferences
, bien des Projets , bien des.
Plaintes inutiles , avoient efté contraints
d'accepter ces mefmes Conditions
qu'il leur avoit offertes, fans
avoir pu avec tous leurs efforts , s'écarter
d'un feul pas du cercle étroit
qu'il luy avoit plû de leur tracer.
Il s'adreffa alors à Meffieurs de
l'Academie , & ce qu'il leur dit fut
fi vif & fi bien peint , que j'affoiblirois
la beauté de cette fin d'un
Difcours fi éloquent , ſi j'en retranchois
une parole . Voicy les
termes qu'il y employa .
Quel avantage pour tous tant
que nous fommes, Meffieurs , qui cha
eun felon nos differens talens avons
entrepris de celebrer tant de granGALANT.
139
des chofes ! Vous n'aurez point pour
les mettre en jour , à difcuter avec
des fatigues incroyables une foule
d'intrigues , difficiles à developer.
Vous n'aurez pas mefme à fouiller
dans le Cabinet de fes Ennemis .
Leur mauvaife volonté , leur impuiffance
, leur douleur eft publique
à toute la Terre. Vous n'aurez point
à craindre enfin tous ces longs détails
de chicanes ennuyeuſes , qui
fechent l'efprit de l'Ecrivain , &
qui jettent tant de langueur dans
la plupart des Hiftoires modernes,
où le Lecteur qui cherchoit desfaits,
ne trouvant que de paroles , fent
mourir à chaque pas fon attention,
&perd de vue lefil des évenemens,
Dans l'Histoire du Roy, tout rit,tout
marche , tout eft en action. Il ne
faut que le fuivre fi l'on peut, & le
bien étudier luy feul. C'est un enchaînement
continuel de Faits mer-
3
140 MERCURË
veilleux que luy mefme commence,
que luy- mefme acheve , auffi clairs ,
auffi intelligibles quand ils font executez
, qu'impenetrables avant l'execution
. En un mot , lé miracle fut
de prés un autre miracle . L'attention
eft toûjours vive , l'admiration
toûjours tenduë , & l'on n'eft
pas moins frapé de la grandeur &
de la promptitude avec laquelle fe.
fait la Paix , que de la rapidité
avec laquelle fe font les Conquêtes .
Cette réponſe de Monfieur Racine
fut fuivie de tous les applau
diffemens qu'elle méritoit . Chacun
à l'envy s'empreffa a luy
marquer le plaifir que l'Affemblée
en avoit reçu , & on demeura
d'accord tout d'une voix , que
le Sort qui l'avoit fait Directeur,
n'avoit point efté aveugle dans
fon choix , & qu'on ne pouvoit
parler plus dignement au nom
GALANT.
141
de l'illuftre Compagnie , qui recevoit
dans fon Corps les deux
nouveaux Académiciens.
Fermer
Résumé : « Monsieur de Corneille ayant cessé de parler, Monsieur de Bergeret [...] »
Monsieur de Bergeret prononce un discours à l'Académie Française, soulignant la grandeur de cette institution qui attire les plus grands princes. Il rend hommage à Monsieur de Cordemoy, louant ses vertus morales et chrétiennes, ainsi que ses talents intellectuels. Cordemoy avait entrepris une grande histoire des rois de France, restée inachevée à cause de sa mort prématurée. Le discours est suivi d'un éloge du Cardinal de Richelieu, fondateur de l'Académie, célébré pour ses contributions à la gloire de l'État et son rôle de protecteur des lettres. Le roi est ensuite loué pour ses qualités exceptionnelles telles que la prudence, la justice, la valeur, la modération, la bonté et son zèle pour la religion. Ses actions pendant la paix et la guerre, notamment la conquête de places stratégiques sans combat et la gestion efficace du royaume malgré les menaces extérieures, illustrent ces vertus. Monsieur Racine, directeur de l'Académie, répond aux nouveaux académiciens en soulignant l'importance de Pierre Corneille pour le théâtre français. Racine décrit l'état chaotique du théâtre avant l'œuvre de Corneille, qui a introduit la raison et la vraisemblance sur scène, surpassant tous ses contemporains. Il compare Corneille aux grands tragiques de l'Antiquité et souligne son impact durable sur la littérature française. Le texte mentionne également la gloire de la France, qui se glorifie d'avoir produit des figures illustres comme Auguste, Horace et Virgile, et prédit que le siècle sera admiré pour ses victoires prodigieuses. Corneille est décrit comme une merveille parmi ces exploits. La France se souviendra avec plaisir que, sous le règne de Louis XIV, le plus célèbre de ses poètes a fleuri. Le roi a honoré Corneille de ses bienfaits, même deux jours avant sa mort, en lui envoyant des marques de libéralité. Les dernières paroles de Corneille ont été des remerciements à Louis XIV, qu'il a loué pour sa probité, sa piété et son esprit de douceur. Racine adresse ensuite la parole à Bergeret, soulignant que l'Académie française a perdu en Cordemoy un homme dédié à l'étude de l'histoire ancienne, mais a choisi un successeur compétent en Bergeret. Ce dernier, après avoir été l'organe d'un parlement célèbre et occupé un emploi important dans l'État, apporte à l'Académie une connaissance parfaite de l'histoire et des livres, ainsi que de l'histoire de son protecteur. Racine loue Bergeret pour sa connaissance des grands événements, des traités, des alliances et des négociations sous le règne de Sa Majesté. Racine mentionne également la supériorité de la France dans les négociations, contrastant avec les politiques passées où la France était souvent désavantagée. Il souligne que l'Espagne, autrefois orgueilleuse, a dû reconnaître publiquement son infériorité et abandonner des places et provinces importantes. Ce changement est attribué à la puissance et à la justice du roi, qui n'a besoin que de déclarer ses volontés pour les voir exécutées. Racine conclut en louant le roi pour sa résolution de mettre fin à la guerre et pour son habileté à tracer des lignes de paix que les ennemis ont dû accepter.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
28
p. 143-144
SUR LA MORT DE MR DE CORNEILLE.
Début :
L'Apollon de nos jours, dont la fertile Veine, [...]
Mots clefs :
Apollon, Couleurs, Mouvement, Spectacles, Corneille, Poètes, Admirateur, Hommage, Gloire, Mémoire, Pierre Corneille
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUR LA MORT DE MR DE CORNEILLE.
SUR LA MORT
DE M' DE CORNEILLE.
L'
'Apollon de nos jours , dont la
fertile Veine
Par fes vives couleurs , par fes raifonnemens
,
Marqua fi bien du coeur les divers
mouvemens ;
Le grand Corneille , hélas n'eft plus
qu'une Ombre vaine .
Que dis-je? Il vit toûjours dans nôtre
illuftre Scene ;
Toujours y regneront ces Spectacles
charmáns ,
Où l'esprit enchanté découvre à tous
momens
Mille nouveaux appas, dont la force
l'entraîne.
144
MERCURE
O vous, Hiftoriens, Poètes, Orateurs,
Ou jaloux de fon nom , ou fes admi .
rateurs ,
Rende luy voftre hommage , honorezSa
memoire.
vous Non; qui que vous soyeZtaisez vo
Ecrivains ;
Ses Ouvrages fans vous éternifent
Sa gloire ,
Et l'ont mis audeffus des Grecs &
des Romains.
DE M' DE CORNEILLE.
L'
'Apollon de nos jours , dont la
fertile Veine
Par fes vives couleurs , par fes raifonnemens
,
Marqua fi bien du coeur les divers
mouvemens ;
Le grand Corneille , hélas n'eft plus
qu'une Ombre vaine .
Que dis-je? Il vit toûjours dans nôtre
illuftre Scene ;
Toujours y regneront ces Spectacles
charmáns ,
Où l'esprit enchanté découvre à tous
momens
Mille nouveaux appas, dont la force
l'entraîne.
144
MERCURE
O vous, Hiftoriens, Poètes, Orateurs,
Ou jaloux de fon nom , ou fes admi .
rateurs ,
Rende luy voftre hommage , honorezSa
memoire.
vous Non; qui que vous soyeZtaisez vo
Ecrivains ;
Ses Ouvrages fans vous éternifent
Sa gloire ,
Et l'ont mis audeffus des Grecs &
des Romains.
Fermer
Résumé : SUR LA MORT DE MR DE CORNEILLE.
Le texte rend hommage à Pierre Corneille après sa mort, soulignant que son œuvre continue de captiver sur scène. Il appelle historiens, poètes et orateurs à honorer sa mémoire. Les écrits de Corneille assurent son immortalité, le plaçant au-dessus des auteurs grecs et romains.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
29
p. 237-238
POUR LE ROY. SONNET.
Début :
Chérir la Paix, les Arts, la Justice & la Gloire, [...]
Mots clefs :
Paix, Justice, Art, Gloire, Ennemis, Prince, Victoire, Histoire, Louis
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POUR LE ROY. SONNET.
POUR LE ROY..
SONNET.
Hérir la Paix, les Arts , laJuſtice &
CHerir
la Gloire,
Eftre Pere du Peuple, eftre Arbitre , eftre
Roy,
A tousfes Ennemisfçavoir donner laloy,
Ffurfespaffions remporter la victoire.
238
Extraordinaire
*
Grand Prince, ce font-là les traits de ton
Hiftoire,
Ces merveilles un jour ſurpaſſeront lafoy,
Aufeul Nom de LOUIS l'Aigle trem»
ble d'effroy,
Et l'on voit le Lion en craindre la mémoire..
03
Tufais récompenfer le mérite achevé,.
Abatre le Duel & le Schifme élevé,
L'Heréfie à tes yeux n'a plus l'air intrépide..
Ce Culte qu'on rendoit à defaux Iinmor
rels ,
Au redoutable Mars à l'invincible Alcide,
Eft rendu par tesfoins au Dieu de nos
Autels..
L'ANONIMEL
SONNET.
Hérir la Paix, les Arts , laJuſtice &
CHerir
la Gloire,
Eftre Pere du Peuple, eftre Arbitre , eftre
Roy,
A tousfes Ennemisfçavoir donner laloy,
Ffurfespaffions remporter la victoire.
238
Extraordinaire
*
Grand Prince, ce font-là les traits de ton
Hiftoire,
Ces merveilles un jour ſurpaſſeront lafoy,
Aufeul Nom de LOUIS l'Aigle trem»
ble d'effroy,
Et l'on voit le Lion en craindre la mémoire..
03
Tufais récompenfer le mérite achevé,.
Abatre le Duel & le Schifme élevé,
L'Heréfie à tes yeux n'a plus l'air intrépide..
Ce Culte qu'on rendoit à defaux Iinmor
rels ,
Au redoutable Mars à l'invincible Alcide,
Eft rendu par tesfoins au Dieu de nos
Autels..
L'ANONIMEL
Fermer
Résumé : POUR LE ROY. SONNET.
Le sonnet célèbre Louis XIV, mettant en avant ses qualités et réalisations. Il souligne la paix, les arts, la justice et la gloire, ainsi que son rôle de père du peuple et de souverain. Le texte évoque ses victoires militaires, sa maîtrise des passions et sa loi imposée aux ennemis. Il prédit que ses exploits surpasseront la légende, le comparant à un aigle et un lion. Le sonnet mentionne la récompense du mérite, la suppression du duel et de l'hérésie, et le transfert du culte des héros païens aux dieux chrétiens. Il se termine par une référence à la dévotion religieuse et à la protection divine.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
30
p. 239-240
SUR CE QU'ON AVOIT promis pour le Prix le Portrait du Roy à celuy qui rempliroit le mieux ces Bouts-rimez.
Début :
Non, je n'entreprens point de rimer pour la gloire, [...]
Mots clefs :
Rimes, Gloire, Portrait, Héros, Victoire, Éloge
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUR CE QU'ON AVOIT promis pour le Prix le Portrait du Roy à celuy qui rempliroit le mieux ces Bouts-rimez.
SUR CE QU'ON AVOIT
promis pour Prix le Portrait
du Roy à celuy qui rempliroit
le mieux ces Bours-rimez.
No
On, jen entreprens point de rimer
pour la gloire,
Gagne qui le pourra le Portrait de mon
Roy.
D'un Héros qui foümer l'Univers àfai
loy
Ilfaut une autre voix pour chanter la
Victoire..
RA
Nos Neveux étonnez d'une fibelle Hiftoire,
Afes Faitsinous n'ajoûteront point foy,.
Le feul bruit de fon Nomfait tout tremblerd'effroy,
Et des Héros paffez efface la mémoire.
Q -
n'en ferois jamais un Eloge achevé,
Je l'éleverois mains qu'ilne s'eft élevé,
24.0%
Extraordinaire
Qui peut affez vanter ce Héros intréspide?
C
Que quelque autre le mette au rang des
Immortels;
Tandis qu'il le fera plus brave qu'un :
Alcide,
Je vais à ma Philis élever des Autels,
promis pour Prix le Portrait
du Roy à celuy qui rempliroit
le mieux ces Bours-rimez.
No
On, jen entreprens point de rimer
pour la gloire,
Gagne qui le pourra le Portrait de mon
Roy.
D'un Héros qui foümer l'Univers àfai
loy
Ilfaut une autre voix pour chanter la
Victoire..
RA
Nos Neveux étonnez d'une fibelle Hiftoire,
Afes Faitsinous n'ajoûteront point foy,.
Le feul bruit de fon Nomfait tout tremblerd'effroy,
Et des Héros paffez efface la mémoire.
Q -
n'en ferois jamais un Eloge achevé,
Je l'éleverois mains qu'ilne s'eft élevé,
24.0%
Extraordinaire
Qui peut affez vanter ce Héros intréspide?
C
Que quelque autre le mette au rang des
Immortels;
Tandis qu'il le fera plus brave qu'un :
Alcide,
Je vais à ma Philis élever des Autels,
Fermer
Résumé : SUR CE QU'ON AVOIT promis pour le Prix le Portrait du Roy à celuy qui rempliroit le mieux ces Bouts-rimez.
Le texte rassemble des poèmes et des réflexions sur un héros royal. Plusieurs auteurs expriment leur admiration et leur incapacité à rendre pleinement hommage au roi. Ils soulignent sa grandeur et la terreur qu'il inspire, tout en reconnaissant l'impossibilité de rendre justice à ses exploits. Un auteur se consacre à sa bien-aimée, Philis, plutôt qu'à l'éloge du roi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
31
p. 256-257
IV.
Début :
Pourquoy, Galant Mercure, estre tant circonspect ? [...]
Mots clefs :
Louanges, Gloire, Morale, Auteur, Ouvrage, Écriture
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : IV.
IV.
Ourquoy, Galant Mercure, eſtre tant
circonfpect?
Pourqu
Q'avons-nous dit quifoit fufpect?
Vous avez des égards étranges,
Vous eftes à l'excés ennemy des louanges
Quifont pour bien des Gens un Mets délicieux,
Unfifriand Repas , un Ragouft merveilleux.
Vous endonnez à tous d'une main libérale,
Et vous les refufez. Voulez- vousfaire
voir
Qu'il eft plus glorieux , comme ondit en
Morale,
5
du Mercure Galant. 257
De donner que de recevoir?
Et-bien, ilfaut vousfatisfaire.
Je me tais fur ce point , mais jefuis en co-
Lere..
Apres s'eftre efforcé de loner, quoy qu'en
vain,
Les belles qualitez d'un celebre Ecrivain,
S'il ne m'eftpaspermis de louerl'Ecriture
Et l'Ouvrage de cet Autheur,
Je lefais malgré tout , il m'agagné le coeur
Souffrez donc ce qu'en dit LA. BELL &
NOURRITURE.
DU HAVRE..
Ourquoy, Galant Mercure, eſtre tant
circonfpect?
Pourqu
Q'avons-nous dit quifoit fufpect?
Vous avez des égards étranges,
Vous eftes à l'excés ennemy des louanges
Quifont pour bien des Gens un Mets délicieux,
Unfifriand Repas , un Ragouft merveilleux.
Vous endonnez à tous d'une main libérale,
Et vous les refufez. Voulez- vousfaire
voir
Qu'il eft plus glorieux , comme ondit en
Morale,
5
du Mercure Galant. 257
De donner que de recevoir?
Et-bien, ilfaut vousfatisfaire.
Je me tais fur ce point , mais jefuis en co-
Lere..
Apres s'eftre efforcé de loner, quoy qu'en
vain,
Les belles qualitez d'un celebre Ecrivain,
S'il ne m'eftpaspermis de louerl'Ecriture
Et l'Ouvrage de cet Autheur,
Je lefais malgré tout , il m'agagné le coeur
Souffrez donc ce qu'en dit LA. BELL &
NOURRITURE.
DU HAVRE..
Fermer
Résumé : IV.
L'auteur critique 'Mercure Galant' pour son refus des compliments, perçus comme délicieux par beaucoup. Il se demande si cette attitude vise à paraître plus glorieux en donnant qu'en recevant. Il mentionne un écrivain célèbre dont il n'a pas pu louer l'œuvre, bien qu'il en ait été touché. Il cite 'LA. BELL & NOURRITURE' du Havre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
32
p. 311-312
DEVISE SUR LA STATUE de Diane trouvée en la Ville d'Arles, qui depuis plusieurs siécles y estoit cachée, & qui a esté présentée au Roy.
Début :
Cette Devise a pour corps la Lune, qui apres l'Eclipse qu'elle [...]
Mots clefs :
Statue, Lune, Éclipses, Lumière, Diane, Gloire, Esprits, Bonheur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DEVISE SUR LA STATUE de Diane trouvée en la Ville d'Arles, qui depuis plusieurs siécles y estoit cachée, & qui a esté présentée au Roy.
DEVISE SUR LA STATUE
de Diane trouvée en lav VVailllëe
Artes, qui depuis plufieurs
fiécles y eftoit cachée , & qui
ma efté préſentée au Royd saa
Cette Devife a pour corps la Lune,
qui apres ↳ Eclipſe qu'elle fouffre par
l'interpofition de la Terre diametralemensoppofée
entre lle & le Soleil, fe
tire de l'ombre & reçoit la lumiere
de ce mefme Aftre. Cesparoles luyfervent
d'ame , Aliena luce corufcat .
Ellesfont expliquées par ces Vers.
Pourquoy
Ourquoy ne vanter pas cette illuftre
Diane,
Cet Oraclefameux, ce Chefd'oeuvre de
l'Art;
Puis que lesbeaux Efprits yprennent.tant
de parta
.
312
Extraordinaire
3
Et n'y trouvent rien de profane?
Pendant un long filence , & fans gloire
& fans bruit,
La terreluvfervoit d'une profonde nuit,
Quoy quel Aftredujourfist toûjoursfa
carrière ;
Mais par un bonheurfans pareil,
Si- toft qu'elle voit la lumiere,
Elle prendfon éclat de celuy du Soleil
RAULT.
de Diane trouvée en lav VVailllëe
Artes, qui depuis plufieurs
fiécles y eftoit cachée , & qui
ma efté préſentée au Royd saa
Cette Devife a pour corps la Lune,
qui apres ↳ Eclipſe qu'elle fouffre par
l'interpofition de la Terre diametralemensoppofée
entre lle & le Soleil, fe
tire de l'ombre & reçoit la lumiere
de ce mefme Aftre. Cesparoles luyfervent
d'ame , Aliena luce corufcat .
Ellesfont expliquées par ces Vers.
Pourquoy
Ourquoy ne vanter pas cette illuftre
Diane,
Cet Oraclefameux, ce Chefd'oeuvre de
l'Art;
Puis que lesbeaux Efprits yprennent.tant
de parta
.
312
Extraordinaire
3
Et n'y trouvent rien de profane?
Pendant un long filence , & fans gloire
& fans bruit,
La terreluvfervoit d'une profonde nuit,
Quoy quel Aftredujourfist toûjoursfa
carrière ;
Mais par un bonheurfans pareil,
Si- toft qu'elle voit la lumiere,
Elle prendfon éclat de celuy du Soleil
RAULT.
Fermer
Résumé : DEVISE SUR LA STATUE de Diane trouvée en la Ville d'Arles, qui depuis plusieurs siécles y estoit cachée, & qui a esté présentée au Roy.
La devise sur la statue de Diane, découverte dans la vallée de Vaillèle, utilise la Lune comme symbole central. Après une éclipse, la Lune sort de l'ombre et reçoit la lumière du Soleil, illustrée par 'Aliena luce corufcat'. Les vers soulignent la grandeur de Diane et l'admiration pour cette œuvre. Le texte décrit une période de silence et d'obscurité sur Terre, suivie d'un retour à la lumière grâce au Soleil.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
33
p. 1-2
Prélude, [titre d'après la table]
Début :
On vous a dit vray, Madame. Ce sont tous les jours Divertissemens [...]
Mots clefs :
Divertissement, Versailles, Majesté, Conseils, Gloire, Royaume de France
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Prélude, [titre d'après la table]
N vous a dit
vray,
Madame . Ce font
tous les
jours
Divertiffemens
nouveaux
à
Verſailles . Les Apartemens
, le Bal , l'Opéra
&
la
Comédie
, font des
plaifirs
que l'on y fait
fucceder
Fevrier 1685. A
2 MERCURE
les uns aux autres , & tout
y eft digne de la majeſté du
Lieu ; mais ce qui vous furprendra
, c'eft que pendant
que toute la Cour fe divertit,
le
Roy
que les longs
&Confeils
où il eft inceffamment,
devroient avoir rebuté, prend
encore ce temps pour travailler
en particulier , tant il
a foin de répondre aux intentions
du Ciel , qui ne l'a
mis dans le Trône , qu'afin
qu'en veillant au bien 'de fes
Peuples , il portaft la France
dans le haut degré de gloire
où nous la voyons .
vray,
Madame . Ce font
tous les
jours
Divertiffemens
nouveaux
à
Verſailles . Les Apartemens
, le Bal , l'Opéra
&
la
Comédie
, font des
plaifirs
que l'on y fait
fucceder
Fevrier 1685. A
2 MERCURE
les uns aux autres , & tout
y eft digne de la majeſté du
Lieu ; mais ce qui vous furprendra
, c'eft que pendant
que toute la Cour fe divertit,
le
Roy
que les longs
&Confeils
où il eft inceffamment,
devroient avoir rebuté, prend
encore ce temps pour travailler
en particulier , tant il
a foin de répondre aux intentions
du Ciel , qui ne l'a
mis dans le Trône , qu'afin
qu'en veillant au bien 'de fes
Peuples , il portaft la France
dans le haut degré de gloire
où nous la voyons .
Fermer
Résumé : Prélude, [titre d'après la table]
En février 1685, à Versailles, la cour se divertit dans les appartements, au bal, à l'opéra et à la comédie. Louis XIV profite de ces moments pour travailler en privé, motivé par le désir de répondre aux intentions divines et de porter la France à un haut degré de gloire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
34
p. 308-311
Entrée de Madame l'Abbesse de la Virginité à Port-Royal, [titre d'après la table]
Début :
Enfin Dieu s'est laissé fléchir aux larmes des Religieuses [...]
Mots clefs :
Dieu, Religieuses, Port Royal, Prières, Abbesse, Archevêque, Abbayes, Gouvernement, Satisfaction, Sagesse, Douceur, Gloire, Religion
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Entrée de Madame l'Abbesse de la Virginité à Port-Royal, [titre d'après la table]
Enfin Dieu s'eft laiffé flé
chir aux larmes des Religieufes
de Port Royal , & a
exaucé leurs prieres . Elles
ont tant fait d'inftances &
GALANT. 309
de tres humbles fupplications
au Roy , afin d'avoir pour
leur Abbeffe Madame de la
Virginité , que Sa Majesté a
ordonné à M '
l'Archevefque
de la faire venir à Paris. Le
Roy a bien voulu luy don .
ner une année pour faire fon
option fur l'une des deux
Abbaies , défirant que: durant
cet intervalle elle prift
le gouvernement de Port-
Royal , fur une Commiffion
de M. l'Archevefque , & avec
le confentement de fes Supérieurs
. Elle a obeï aux commandemens
de Sa Majefté ;
310 MERCURE
•
& les Dames de Port Royal,
qui à l'ombre de fon nom
avoient commencé à joüir
d'une profonde paix , ont
maintenant la fatisfaction de
la voir affermie par fa préfence
. Cette illuftre Abbeffe
les conduit avec une fageffe
& une douceur qui les char-
Elles font tous me toutes.
leurs efforts pour la déterminer
en faveur de leur Maifon.
Cependant elle fe laiffe
aller à la volonté de fes Supérieurs
, perfuadée que c'eft
dans cette foûmiffion que
confifte le véritable efprit de
GALANT. ZIT
Religion , dont elle a fait
jufques icy tout fon bonheur
& toute fa gloire .
chir aux larmes des Religieufes
de Port Royal , & a
exaucé leurs prieres . Elles
ont tant fait d'inftances &
GALANT. 309
de tres humbles fupplications
au Roy , afin d'avoir pour
leur Abbeffe Madame de la
Virginité , que Sa Majesté a
ordonné à M '
l'Archevefque
de la faire venir à Paris. Le
Roy a bien voulu luy don .
ner une année pour faire fon
option fur l'une des deux
Abbaies , défirant que: durant
cet intervalle elle prift
le gouvernement de Port-
Royal , fur une Commiffion
de M. l'Archevefque , & avec
le confentement de fes Supérieurs
. Elle a obeï aux commandemens
de Sa Majefté ;
310 MERCURE
•
& les Dames de Port Royal,
qui à l'ombre de fon nom
avoient commencé à joüir
d'une profonde paix , ont
maintenant la fatisfaction de
la voir affermie par fa préfence
. Cette illuftre Abbeffe
les conduit avec une fageffe
& une douceur qui les char-
Elles font tous me toutes.
leurs efforts pour la déterminer
en faveur de leur Maifon.
Cependant elle fe laiffe
aller à la volonté de fes Supérieurs
, perfuadée que c'eft
dans cette foûmiffion que
confifte le véritable efprit de
GALANT. ZIT
Religion , dont elle a fait
jufques icy tout fon bonheur
& toute fa gloire .
Fermer
Résumé : Entrée de Madame l'Abbesse de la Virginité à Port-Royal, [titre d'après la table]
Le roi a décidé de faire venir Madame de la Virginité à Paris pour qu'elle choisisse entre deux abbayes. Les religieuses de Port-Royal avaient demandé au roi qu'elle devienne leur abbesse. Le roi a accordé une année à Madame de la Virginité pour prendre sa décision, durant laquelle elle gouvernerait Port-Royal avec l'accord de ses supérieurs et une commission de l'archevêque. Les religieuses de Port-Royal, ayant déjà trouvé la paix sous son influence, sont satisfaites de sa présence. Madame de la Virginité dirige les religieuses avec sagesse et douceur, ce qui les ravit. Elles tentent de la convaincre de rester, mais elle se soumet à la volonté de ses supérieurs, croyant que la soumission est essentielle à l'esprit religieux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
35
p. 26-33
Compliment fait au Roy sur ce sujet, [titre d'après la table]
Début :
Le Roy écouta avec une bonté inconcevable le Compliment de / SIRE, Comme tous les Peuples qui ont le bon-heur de [...]
Mots clefs :
Compliment, Bonheur, Peuple, Gloire, Qualités, Monseigneur le Dauphin, Madame la Dauphine, Chapitre, Auditeur, Honneur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Compliment fait au Roy sur ce sujet, [titre d'après la table]
Le Roy écouta avec une bonté
inconcevable le Compliment
de ces Peres , qui luy
fut fait en ces termes.
SIRE.
Comme tous les Peuples qui ont
le bon- heur de vivre fous le
Regne de V. M. s'intereffent à
fa gloire , nous efperons qu'Elle
ne trouvera pas mauvais que les
Minimes
Y prennent part. Le
nom qu'ils portent ne les doit pas
9
GALANT
27
2
de
priver de cet avantage , car bien
que cette gloire n'ait rien que
grand ,fon étendue demande toutefois
que les plus petits travail .
lent auffifur une matierefi vafte.
C'est parcette raifon , SIRE,
que nous avons pris la liberté de
vous dédier une Thefe , & nous
'avons creu que fi nos forces ne
nous permettoient pas de faire en
grand l'Eloge de V. M. dans
lequel nous puffions faire voir
toutes les grandes qualitez qu'-
Elle poffede dans un degréfi éminent
, Elle agréeroit néanmoins
le deffein que nous avons de le
faire en petit , par cette bontéqui
C
ij
28 MERCURE
Luy eft fi naturelle , & qui luy
fait toujours recevoir avec complaifance
, jufques aux plus petits
témoignages de noftre Zéle.
Nousfemmes d'ailleurs obli
gez de prendre un Interest parti
culier à la Gloire de V. M. Les
Minimes , SIRE , vous regar
dent non feulement comme leur
Protecteur, comme leur Bienfaicteur
, mais encore comme leur
Pere. 200
Ce fut Louis LE SAGE
qui les appella en France , c'eft
de fa liberalité qu'ils ont reçen
une grande partie des biensqu'ils
Y poffedent ;fes Succeffeurs conGALANT.
29
t : nous
firmerent tousfes dons , & les
augmenterent confiderablement ;
& vôtre auguste Ayeul HENRY
LE GRAND , & voftre Pere
LOUIS LE JUSTB de
Triomphante mémoire , nous ont
fait les mefmes Graces : mais
V. M. les a tous ſurpaſſez en
bonté en generofité
ayant comblez de fes Faveurs.
C'est pour vous en remercier,
SIRE , que. le Pere Charles
Guilber , Provincial de vos treshumbles
tres fidéles Sujets les
9.
Religieux Minimes , de voftre
Province de Provence , nous a
Députez au nom de tout l'Ordres
Cij
30 MERCURE
comme auffi pour vous prefenter
cette Thefe , & vous ſupplier
d'agréer qu'il la foûtienne fous:
voftre Augufte Nom , dans le
Chapitre General que nous devons
tenir dans vostre Ville de
Marſeille , fous le bon plaifir:
de V. M. l'affeurant que nous
n'oublierons jamais ces Graces,
pour lesquelles nous continuërons
de demander à Dieu , qu'il répande
fes Benedictions fur voftre
Perfonne Sacrée , fur la Famille
Royale , & fur tout voſtre Etat.
Le Roy les ayant congediez
apres une réponſe fort
GALANT. 31
nom ,
obligeante , ils allerent prefenter
cette mefme Thefe à
Monſeigneur le Dauphin , &
à Madame la Dauphine , qui
la reçeurent auffi avec beau
coup de bonté. Le Pere Guillet
dont vous venez de lire le
eft un Homme d'un
tres grand merite . C'eft luy
qui préfidera aux Thefes que
ces Députez ont prefentées
à Sa Majesté. Elles feront
l'ouverture du Chapitre General
que ces Peres doivent
tenir à Marſeille ' , aux Feftes
de la Pentecofte prochaine,,
ce qu'ils font de dix- huit en
C iiij
32 MERCURE
dix huit ans , le tenant alternativement
de fix ans en fix
ans en France, en Efpagne , &
en Italie . La Theologie que
ce Provincial poffede excellemment
bien , n'eft pas le
feul avantage qui le fait confiderer
dans fon Ordre. Il eft
encore grand Predicateur , &
a remply les meilleures Chaires
avec une entiere fatisfaction
de fes Auditeurs. C'eft
pour la feconde fois qu'il
efté fait Provincial. Le Pere
Madon , Religieux auffi eftimé
par fon efprit que par fa
vertu , doit avoir l'honneur
2
GALANT. 33
defoûtenir cette Thefe , fous
un Preſident de cette force:
On a tout ſujet d'efperer de
luy,qu'il fera voir aux Italiens
& auxEſpagnols qui l'ataqueront,
que les François ne craignent
les Nations Etrangeres
en aucune forte de Combat.
inconcevable le Compliment
de ces Peres , qui luy
fut fait en ces termes.
SIRE.
Comme tous les Peuples qui ont
le bon- heur de vivre fous le
Regne de V. M. s'intereffent à
fa gloire , nous efperons qu'Elle
ne trouvera pas mauvais que les
Minimes
Y prennent part. Le
nom qu'ils portent ne les doit pas
9
GALANT
27
2
de
priver de cet avantage , car bien
que cette gloire n'ait rien que
grand ,fon étendue demande toutefois
que les plus petits travail .
lent auffifur une matierefi vafte.
C'est parcette raifon , SIRE,
que nous avons pris la liberté de
vous dédier une Thefe , & nous
'avons creu que fi nos forces ne
nous permettoient pas de faire en
grand l'Eloge de V. M. dans
lequel nous puffions faire voir
toutes les grandes qualitez qu'-
Elle poffede dans un degréfi éminent
, Elle agréeroit néanmoins
le deffein que nous avons de le
faire en petit , par cette bontéqui
C
ij
28 MERCURE
Luy eft fi naturelle , & qui luy
fait toujours recevoir avec complaifance
, jufques aux plus petits
témoignages de noftre Zéle.
Nousfemmes d'ailleurs obli
gez de prendre un Interest parti
culier à la Gloire de V. M. Les
Minimes , SIRE , vous regar
dent non feulement comme leur
Protecteur, comme leur Bienfaicteur
, mais encore comme leur
Pere. 200
Ce fut Louis LE SAGE
qui les appella en France , c'eft
de fa liberalité qu'ils ont reçen
une grande partie des biensqu'ils
Y poffedent ;fes Succeffeurs conGALANT.
29
t : nous
firmerent tousfes dons , & les
augmenterent confiderablement ;
& vôtre auguste Ayeul HENRY
LE GRAND , & voftre Pere
LOUIS LE JUSTB de
Triomphante mémoire , nous ont
fait les mefmes Graces : mais
V. M. les a tous ſurpaſſez en
bonté en generofité
ayant comblez de fes Faveurs.
C'est pour vous en remercier,
SIRE , que. le Pere Charles
Guilber , Provincial de vos treshumbles
tres fidéles Sujets les
9.
Religieux Minimes , de voftre
Province de Provence , nous a
Députez au nom de tout l'Ordres
Cij
30 MERCURE
comme auffi pour vous prefenter
cette Thefe , & vous ſupplier
d'agréer qu'il la foûtienne fous:
voftre Augufte Nom , dans le
Chapitre General que nous devons
tenir dans vostre Ville de
Marſeille , fous le bon plaifir:
de V. M. l'affeurant que nous
n'oublierons jamais ces Graces,
pour lesquelles nous continuërons
de demander à Dieu , qu'il répande
fes Benedictions fur voftre
Perfonne Sacrée , fur la Famille
Royale , & fur tout voſtre Etat.
Le Roy les ayant congediez
apres une réponſe fort
GALANT. 31
nom ,
obligeante , ils allerent prefenter
cette mefme Thefe à
Monſeigneur le Dauphin , &
à Madame la Dauphine , qui
la reçeurent auffi avec beau
coup de bonté. Le Pere Guillet
dont vous venez de lire le
eft un Homme d'un
tres grand merite . C'eft luy
qui préfidera aux Thefes que
ces Députez ont prefentées
à Sa Majesté. Elles feront
l'ouverture du Chapitre General
que ces Peres doivent
tenir à Marſeille ' , aux Feftes
de la Pentecofte prochaine,,
ce qu'ils font de dix- huit en
C iiij
32 MERCURE
dix huit ans , le tenant alternativement
de fix ans en fix
ans en France, en Efpagne , &
en Italie . La Theologie que
ce Provincial poffede excellemment
bien , n'eft pas le
feul avantage qui le fait confiderer
dans fon Ordre. Il eft
encore grand Predicateur , &
a remply les meilleures Chaires
avec une entiere fatisfaction
de fes Auditeurs. C'eft
pour la feconde fois qu'il
efté fait Provincial. Le Pere
Madon , Religieux auffi eftimé
par fon efprit que par fa
vertu , doit avoir l'honneur
2
GALANT. 33
defoûtenir cette Thefe , fous
un Preſident de cette force:
On a tout ſujet d'efperer de
luy,qu'il fera voir aux Italiens
& auxEſpagnols qui l'ataqueront,
que les François ne craignent
les Nations Etrangeres
en aucune forte de Combat.
Fermer
Résumé : Compliment fait au Roy sur ce sujet, [titre d'après la table]
Le texte décrit une rencontre entre le roi et des pères minimes. Ces derniers expriment leur désir de contribuer à la gloire du roi, soulignant que leur modeste apport est motivé par leur zèle et leur reconnaissance. Ils rappellent que leur ordre a été appelé en France par Louis le Sage et a reçu des faveurs des successeurs royaux, notamment Henri IV et Louis XIII. Le roi actuel les a également comblés de faveurs par sa bonté et sa générosité. Le père Charles Guilbert, provincial des minimes de Provence, est chargé de présenter une thèse au roi, qui sera soutenue sous le nom du roi lors du chapitre général à Marseille. Les minimes assurent qu'ils prieront pour le roi, sa famille et son État. Après leur audience avec le roi, ils présentent la thèse au dauphin et à la dauphine, qui l'acceptent avec bonté. Le père Guilbert, reconnu pour ses compétences en théologie et en prédication, présidera les thèses. Le chapitre général, qui se tient tous les dix-huit ans en alternance entre la France, l'Espagne et l'Italie, verra le père Madon soutenir la thèse sous la présidence du père Guilbert.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
36
p. 108-126
Histoire, [titre d'après la table]
Début :
Il est dangereux de forcer l'amour à se tourner en fureur ; [...]
Mots clefs :
Belle, Cavalier, Amour, Mariage, Demoiselle, Amants, Adorateur, Coeur, Destin funeste, Scrupule, Charme, Passion, Obstacle, Promesses, Gloire, Désespoir, Jalousie, Honneur, Blessures , Malheur, Peine
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Histoire, [titre d'après la table]
Il eſt dangereux de forcer
l'amour à le tourner en fu
reur ; il en arrive ordinairement
des fuites funeftes , &
ce qui s'eft paffé depuis peu
de temps dans une des plus
grandes Villes du Royaume,.
confirme les fanglans exemples
que nous en trouvons
dans les Hiftoires. Une jeu
ne Demoiselle naturellement
fenfible à la gloire , & pleine
de cette louable & noble
fierté , qui donne un nouveau
merite aux belles Perfonnes
, vivoit dans une con--
duite qui la mettoit à cou
GALANT. 109
vert de toute cenfure. L'agrément
de ſes manieres , joint
à un brillant d'efprit qui la
diftinguoit avec beaucoup
d'avantage , luy attiroit des
Amans de tous côtez . Elle
recevoit leurs foins , fans
marquer de préférence , &
confervoit une égalité , qui
n'en rebutant aucun leur
faifoit connoître qu'elle vouloit
fe donner le temps de
choifir. C'eftoit en effet fon
but ; elle gardoit avec eux
la plus éxacte regularité ; ne
leur permettant ny vifites
affidues , ny empreffemens
110 MERCURE
trop remarquables
. Ainſi la
bienséance
régloit tous les
égards complaifans
qu'elle
croyoit leur devoir ; & la raifon
demeurant
toûjours maîtreffe
de fes fentimens
, elle
attendoit qu'elle connût aſſez
bien leurs differens caractepour
pouvoir faire un
res
-
heureux , fans fe rendre
malheureuſe , ou qu'il s'offrist
un Party plus confiderable
, qui déterminaft fon
choix. Elle approchoit de
vingt ans , quand un Cavalier
affez bienfait vint fe méler
parmy fes Adorateurs
GALANT. I
Comme il n'avoit ny plus de
naiffance , ny plus de bien
que les autres il ne reçût
la mefme honne .
d'elle
que
fteté
qu'elle
avoit
pour
tous
;
& cette
maniere
trop
indifferente
l'auroit
fans
doute
obligé
de
renoncer
à la voir
,
fi par
une
vanité
que
quelques
bonnes
fortunes
luy
avoient
fait
prendre
, il n'euſt
trouvé
de
la
honte
à ne
pas
venir
à bout
de
toucher
un
coeur
qui
avoit
toûjours
paru
infenfible
. C'eftoit
un
homme
d'un
efprit
infinuant
, &
qui
fçavoit
les
moyens
de
112 MERCURE
plaire mieux que perfonne
du monde , quand il vouloit
les mettre en ufage. Il feignit
d'eftre content des conditions
que luy préſcrivit la
Belle , & fans fe plaindre du
peu de liberté qu'elle luy laiffoit
pour les vifites , il la vit
encore plus rarement qu'elle
ne parut le fouhaiter. Il eſt
vray qu'il repara
le manque
d'empreffement qu'il fembloit
avoir pour elle , par le
foin qu'il prit de ſe trouver
aux lieux de devotion où elle
alloit ordinairement . Il la faluoit
fans luy parler que des
GALANT. 113
1
yeux , & ne manquoit pas .
dans la premiere entreveuë ,
de faire valoir d'une maniere
galante le facrifice qu'il luy
avoit fait en s'impofant la
contrainte de ne luy rien dire
, pour ne pas donner ma--
tiere à fes fcrupules. Il prenoit
d'ailleurs un plaifir par--
ticulier à élever fon merite :
devant tous ceux qui la connoiffoient
, & ce qu'elle en
apprenoit la flatoit en même
temps , & luy donnoir de l'e
ftime pour le Cavalier . Tou--
tes ces chofes firent l'effet
qu'il avoit prévû. On fou-
Mars 1685. KA
114 MERCURE
haita de s'en faire aimer. I
s'en apperçût ; & rendit des
foins un peu plus frequens,
en proteſtant que fon refpect
luy en feroit toûjours retrancher
ce qu'on trouveroit contre
les regles . La Belle qui
commençoit à eftre touchée,
adoucit en fa faveur la feve
rité de fes maximes . Elle apprehenda
qu'il n'euft trop d'exactitude
à luy, obéir , fi elle
vouloit s'opposer à ſes affi
duitez & trouvant dans fa
converfation un charme fecret
qu'elle n'avoit point fen
ty dans celle des autres , elle
GALANT. 115
crût que ce feroit ufer de:
trop de rigueur envers eile .
même , que de fe refoudre à
s'en priver. Tous fes Amans
eurent bientôt remarqué le
progrés avantageux que le
Cavalier faifoit dans fon
coeur. Ils le voyoient applaudy
fur toutes chofes ; & le
dépit les forçant d'éteindre
leur paffion , ils fe retirerent,
& laifferent leur Rival fansaucun
obftacle qui puft troubler
fes deffeins . Ce fut alors
la Belle ouvrit les yeuxque
fur le pas qu'elle avoit fait.
Le Cavalier demeuré feul au-
Kij
116 MERCURE
prés d'elle , fit examiner le
changement que l'Amour
mettoit dans fa conduite .
Toute la Ville en parla ; &
ce murmure l'ayant obligée
à s'expliquer avec luy , il
luy répondit qu'elle devoit
peu s'embaraffer de ce qu'on
penfoit de l'un & de l'autre ,
fi elle l'aimoit affez pour
vouloir bien devenir fa Fem-
; que c'eftoit dans cette
veuë qu'il avoit pris de l'attachement
pour elle ; & que·
ne fouhaitant rien avec plus
d'ardeur que de l'époufer , il
luy demandoit feulement un
me
GALANT. 117
peu
de temps pour obtenir
le confentement d'un Oncle
dont il efperoit quelque a .
vantage . Je ne puis vous dire
s'il parloit fincerement ; ce
qu'il y a de certain , c'est que
la Belle fe laiffa perfuader ..
Les promeffes que luy fit le:
Cavalier la fatisfirent &%
croyant n'avoir befoin de reputation
que pour luy , elle
fe mit peu en peine d'eftre
juftifiée envers le Public
pourvûqu'un homme qu'elle
regardoit comme fon Mary,
n'euft point fujet de fe plaindre.
Une année entiere fe
;
118 MERCURE
paffa de cette forte . Elle par
la plufieurs fois d'accomplir
le Mariage , & le fâcheux
obftacle d'un Oncle difficile
à ménager empéchoit toû
jours qu'on n'éxecutaft ce
qu'on luy avoit promis . Cependant
le Cavalier qui ne
s'eftoit obftiné à cette conquefte
, que par un vain ſentiment
de gloire , s'en dégoûta
quand elle fut faite.
L'amour de la Belle ne pouvant
plus s'augmenter , il
ceffa d'avoir pour elle les
mêmes empreffemens qui
faifoient d'abord tout fon
GALANT. 119
bonheur. Elle s'en plaignit ,
& il rejetta fur fes plaintes
trop continuelles les manie
res froides qu'il ne pouvoit
s'empécher de laiffer paroître.
Elles luy fervirent même
de prétexte pour eftre moins
affidu. Les reproches redoublerent
; & leurs converfations
n'eftant plus remplies
que de chofes chagrinantes
,
le Cavalier s'éloigna entierement.
Ce fut pour la Belle un
fujet de defefpoir qu'on ne
fçauroit exprimer . Elle envoya
plufieurs perfonnes
chez luy , elle y alla elle mê120
MERCURE
me ; & fes réponſes eſtant
toûjours qu'il l'épouferoit fitôt
qu'il auroit gagné l'efprit
de fon Oncle , elle luy fit
propofer un mariage fecret .
Il rejetta cette propofition
d'une maniere qui fit connoiſtre
à la Belle , qu'elle
efperoit inutilement luy faire
tenir parole . L'excés de fon
déplaifir égala celuy de fon
amour. Elle aimoit le Cavalier
éperdument ; & quand
elle cuft pû changer cet amour
en haine , aprés l'éclat
qu'avoient fait les chofes ,
l'intereft de fon honneur l'auroit
GALANT. 121
roit obligé à l'époufer. Toutes
les voyes de douceur
ayant manqué de fuccez,
elle forma une refolution qui
n'eftoit pas de fon fexe . Elle
employa quelque temps à
s'y affermir , & s'informa cependant
de ce que faiſoit ſon
Infidele. Elle découvrit qu'il
voyoit ſouvent une jeune
Veuve , chez qui il paffoit la
plupart des foirs. La jaloufie
augmentant fa rage , elle prit
un habit d'homme , & encouragée
par fon amour &
par la juftice de fa cauſe , elle
alla l'attendre un foir dans
Mars 1685.
L
{
122 MERCURE
une affez large ruë où elle
fçavoit qu'il devoit paffer. La
Lune eftoit alors dans fon
༣ ་
plein , & favorifoit fon entre
prife. Le Cavalier revenant
chez luy comme de coûtume
, elle l'aborda ; & à peine
luy euft- elle dit quelques paroles
, qu'il la connût à fa
voix. Il plaifanta fur cette
metamorphofe ; & la Belle .
luy déclarant d'un ton refo
lu , qu'il faloit fur l'heure ve
nir luy figner un contract de
mariage , ou luy arracher la
vie , il continua de plaifanter .
La Belle outrée de fes raille
GALANT. 123
3
ries , éxecuta ce qu'elle avoit
refolu . Elle mit l'épée à la
main ; & le contraignant de
l'y mettre auffi , elle l'attaqua
avec tant de force , que
quelque foin qu'il prît de
parer , il fut percé de deux
coups qui le jetterent par
terre. Il tomba , en difant
qu'il eftoit mort. La Belle fa.
tisfaite & defefperée en méme
temps de fa vengeance ,
cria au fecours fans vouloir
prendre la fuite . Les Voifins
parurent , & on porta
Bleffé chez un Chirurgien
qui demeuroit à vingt pas
·le
Lij
124 MERCURE
de là. Les bleffures du Cava
lier eftant mortelles , il n'eut
que le temps de déclarer
qu'il meritoit fon malheur;
qu'il avoit voulu tromper la
Belle , & qu'il en eſtoit juftement
puny. Il ajouta qu'-
elle eftoit fa Femme par la
promeffe qu'il luy avoit faite
plufieurs fois de l'époufer;
qu'il vouloit qu'on la reconnuft
pour telle , & qu'il la
prioit de luy pardonner les
déplaifirs que fon injuſtice
luy avoit caufez. Il mourut
en achevant ces paroles , &
la laiffa dans une douleur qui
GALANT. 125
paffe tout ce qu'on peut s'en
imaginer. Le repentir qu'il
avoit marqué luy rendit tout
fon amour ; & le defefpoir
où elle tomba , ne fit que
trop voir combien il avoit de
violence. Jugez de la ſurpriſe
de ceux qui eftoient preſens,
dé voir une Fille ` déguifée en
Homme , & qui demandoit
par grace qu'on vängeaſt ſur
elle la mort d'un Amant qu'
elle avoit dû facrifier à fa
gloire. Elle dit les chofes du
monde les plus touchantes ;
& il n'y eut perfonne qui ne
partageât la peine . Je n'ay
Liij
126 MERCURE
point fçeû ce que la Justice
avoit ordonné contre elle .
Son crime eft de ceux que
l'honneur fait faire , & il en
eft peu qui ne femblent excufables
, quand ils partent
d'une caufe dont on n'a point
les
à rougir.
l'amour à le tourner en fu
reur ; il en arrive ordinairement
des fuites funeftes , &
ce qui s'eft paffé depuis peu
de temps dans une des plus
grandes Villes du Royaume,.
confirme les fanglans exemples
que nous en trouvons
dans les Hiftoires. Une jeu
ne Demoiselle naturellement
fenfible à la gloire , & pleine
de cette louable & noble
fierté , qui donne un nouveau
merite aux belles Perfonnes
, vivoit dans une con--
duite qui la mettoit à cou
GALANT. 109
vert de toute cenfure. L'agrément
de ſes manieres , joint
à un brillant d'efprit qui la
diftinguoit avec beaucoup
d'avantage , luy attiroit des
Amans de tous côtez . Elle
recevoit leurs foins , fans
marquer de préférence , &
confervoit une égalité , qui
n'en rebutant aucun leur
faifoit connoître qu'elle vouloit
fe donner le temps de
choifir. C'eftoit en effet fon
but ; elle gardoit avec eux
la plus éxacte regularité ; ne
leur permettant ny vifites
affidues , ny empreffemens
110 MERCURE
trop remarquables
. Ainſi la
bienséance
régloit tous les
égards complaifans
qu'elle
croyoit leur devoir ; & la raifon
demeurant
toûjours maîtreffe
de fes fentimens
, elle
attendoit qu'elle connût aſſez
bien leurs differens caractepour
pouvoir faire un
res
-
heureux , fans fe rendre
malheureuſe , ou qu'il s'offrist
un Party plus confiderable
, qui déterminaft fon
choix. Elle approchoit de
vingt ans , quand un Cavalier
affez bienfait vint fe méler
parmy fes Adorateurs
GALANT. I
Comme il n'avoit ny plus de
naiffance , ny plus de bien
que les autres il ne reçût
la mefme honne .
d'elle
que
fteté
qu'elle
avoit
pour
tous
;
& cette
maniere
trop
indifferente
l'auroit
fans
doute
obligé
de
renoncer
à la voir
,
fi par
une
vanité
que
quelques
bonnes
fortunes
luy
avoient
fait
prendre
, il n'euſt
trouvé
de
la
honte
à ne
pas
venir
à bout
de
toucher
un
coeur
qui
avoit
toûjours
paru
infenfible
. C'eftoit
un
homme
d'un
efprit
infinuant
, &
qui
fçavoit
les
moyens
de
112 MERCURE
plaire mieux que perfonne
du monde , quand il vouloit
les mettre en ufage. Il feignit
d'eftre content des conditions
que luy préſcrivit la
Belle , & fans fe plaindre du
peu de liberté qu'elle luy laiffoit
pour les vifites , il la vit
encore plus rarement qu'elle
ne parut le fouhaiter. Il eſt
vray qu'il repara
le manque
d'empreffement qu'il fembloit
avoir pour elle , par le
foin qu'il prit de ſe trouver
aux lieux de devotion où elle
alloit ordinairement . Il la faluoit
fans luy parler que des
GALANT. 113
1
yeux , & ne manquoit pas .
dans la premiere entreveuë ,
de faire valoir d'une maniere
galante le facrifice qu'il luy
avoit fait en s'impofant la
contrainte de ne luy rien dire
, pour ne pas donner ma--
tiere à fes fcrupules. Il prenoit
d'ailleurs un plaifir par--
ticulier à élever fon merite :
devant tous ceux qui la connoiffoient
, & ce qu'elle en
apprenoit la flatoit en même
temps , & luy donnoir de l'e
ftime pour le Cavalier . Tou--
tes ces chofes firent l'effet
qu'il avoit prévû. On fou-
Mars 1685. KA
114 MERCURE
haita de s'en faire aimer. I
s'en apperçût ; & rendit des
foins un peu plus frequens,
en proteſtant que fon refpect
luy en feroit toûjours retrancher
ce qu'on trouveroit contre
les regles . La Belle qui
commençoit à eftre touchée,
adoucit en fa faveur la feve
rité de fes maximes . Elle apprehenda
qu'il n'euft trop d'exactitude
à luy, obéir , fi elle
vouloit s'opposer à ſes affi
duitez & trouvant dans fa
converfation un charme fecret
qu'elle n'avoit point fen
ty dans celle des autres , elle
GALANT. 115
crût que ce feroit ufer de:
trop de rigueur envers eile .
même , que de fe refoudre à
s'en priver. Tous fes Amans
eurent bientôt remarqué le
progrés avantageux que le
Cavalier faifoit dans fon
coeur. Ils le voyoient applaudy
fur toutes chofes ; & le
dépit les forçant d'éteindre
leur paffion , ils fe retirerent,
& laifferent leur Rival fansaucun
obftacle qui puft troubler
fes deffeins . Ce fut alors
la Belle ouvrit les yeuxque
fur le pas qu'elle avoit fait.
Le Cavalier demeuré feul au-
Kij
116 MERCURE
prés d'elle , fit examiner le
changement que l'Amour
mettoit dans fa conduite .
Toute la Ville en parla ; &
ce murmure l'ayant obligée
à s'expliquer avec luy , il
luy répondit qu'elle devoit
peu s'embaraffer de ce qu'on
penfoit de l'un & de l'autre ,
fi elle l'aimoit affez pour
vouloir bien devenir fa Fem-
; que c'eftoit dans cette
veuë qu'il avoit pris de l'attachement
pour elle ; & que·
ne fouhaitant rien avec plus
d'ardeur que de l'époufer , il
luy demandoit feulement un
me
GALANT. 117
peu
de temps pour obtenir
le confentement d'un Oncle
dont il efperoit quelque a .
vantage . Je ne puis vous dire
s'il parloit fincerement ; ce
qu'il y a de certain , c'est que
la Belle fe laiffa perfuader ..
Les promeffes que luy fit le:
Cavalier la fatisfirent &%
croyant n'avoir befoin de reputation
que pour luy , elle
fe mit peu en peine d'eftre
juftifiée envers le Public
pourvûqu'un homme qu'elle
regardoit comme fon Mary,
n'euft point fujet de fe plaindre.
Une année entiere fe
;
118 MERCURE
paffa de cette forte . Elle par
la plufieurs fois d'accomplir
le Mariage , & le fâcheux
obftacle d'un Oncle difficile
à ménager empéchoit toû
jours qu'on n'éxecutaft ce
qu'on luy avoit promis . Cependant
le Cavalier qui ne
s'eftoit obftiné à cette conquefte
, que par un vain ſentiment
de gloire , s'en dégoûta
quand elle fut faite.
L'amour de la Belle ne pouvant
plus s'augmenter , il
ceffa d'avoir pour elle les
mêmes empreffemens qui
faifoient d'abord tout fon
GALANT. 119
bonheur. Elle s'en plaignit ,
& il rejetta fur fes plaintes
trop continuelles les manie
res froides qu'il ne pouvoit
s'empécher de laiffer paroître.
Elles luy fervirent même
de prétexte pour eftre moins
affidu. Les reproches redoublerent
; & leurs converfations
n'eftant plus remplies
que de chofes chagrinantes
,
le Cavalier s'éloigna entierement.
Ce fut pour la Belle un
fujet de defefpoir qu'on ne
fçauroit exprimer . Elle envoya
plufieurs perfonnes
chez luy , elle y alla elle mê120
MERCURE
me ; & fes réponſes eſtant
toûjours qu'il l'épouferoit fitôt
qu'il auroit gagné l'efprit
de fon Oncle , elle luy fit
propofer un mariage fecret .
Il rejetta cette propofition
d'une maniere qui fit connoiſtre
à la Belle , qu'elle
efperoit inutilement luy faire
tenir parole . L'excés de fon
déplaifir égala celuy de fon
amour. Elle aimoit le Cavalier
éperdument ; & quand
elle cuft pû changer cet amour
en haine , aprés l'éclat
qu'avoient fait les chofes ,
l'intereft de fon honneur l'auroit
GALANT. 121
roit obligé à l'époufer. Toutes
les voyes de douceur
ayant manqué de fuccez,
elle forma une refolution qui
n'eftoit pas de fon fexe . Elle
employa quelque temps à
s'y affermir , & s'informa cependant
de ce que faiſoit ſon
Infidele. Elle découvrit qu'il
voyoit ſouvent une jeune
Veuve , chez qui il paffoit la
plupart des foirs. La jaloufie
augmentant fa rage , elle prit
un habit d'homme , & encouragée
par fon amour &
par la juftice de fa cauſe , elle
alla l'attendre un foir dans
Mars 1685.
L
{
122 MERCURE
une affez large ruë où elle
fçavoit qu'il devoit paffer. La
Lune eftoit alors dans fon
༣ ་
plein , & favorifoit fon entre
prife. Le Cavalier revenant
chez luy comme de coûtume
, elle l'aborda ; & à peine
luy euft- elle dit quelques paroles
, qu'il la connût à fa
voix. Il plaifanta fur cette
metamorphofe ; & la Belle .
luy déclarant d'un ton refo
lu , qu'il faloit fur l'heure ve
nir luy figner un contract de
mariage , ou luy arracher la
vie , il continua de plaifanter .
La Belle outrée de fes raille
GALANT. 123
3
ries , éxecuta ce qu'elle avoit
refolu . Elle mit l'épée à la
main ; & le contraignant de
l'y mettre auffi , elle l'attaqua
avec tant de force , que
quelque foin qu'il prît de
parer , il fut percé de deux
coups qui le jetterent par
terre. Il tomba , en difant
qu'il eftoit mort. La Belle fa.
tisfaite & defefperée en méme
temps de fa vengeance ,
cria au fecours fans vouloir
prendre la fuite . Les Voifins
parurent , & on porta
Bleffé chez un Chirurgien
qui demeuroit à vingt pas
·le
Lij
124 MERCURE
de là. Les bleffures du Cava
lier eftant mortelles , il n'eut
que le temps de déclarer
qu'il meritoit fon malheur;
qu'il avoit voulu tromper la
Belle , & qu'il en eſtoit juftement
puny. Il ajouta qu'-
elle eftoit fa Femme par la
promeffe qu'il luy avoit faite
plufieurs fois de l'époufer;
qu'il vouloit qu'on la reconnuft
pour telle , & qu'il la
prioit de luy pardonner les
déplaifirs que fon injuſtice
luy avoit caufez. Il mourut
en achevant ces paroles , &
la laiffa dans une douleur qui
GALANT. 125
paffe tout ce qu'on peut s'en
imaginer. Le repentir qu'il
avoit marqué luy rendit tout
fon amour ; & le defefpoir
où elle tomba , ne fit que
trop voir combien il avoit de
violence. Jugez de la ſurpriſe
de ceux qui eftoient preſens,
dé voir une Fille ` déguifée en
Homme , & qui demandoit
par grace qu'on vängeaſt ſur
elle la mort d'un Amant qu'
elle avoit dû facrifier à fa
gloire. Elle dit les chofes du
monde les plus touchantes ;
& il n'y eut perfonne qui ne
partageât la peine . Je n'ay
Liij
126 MERCURE
point fçeû ce que la Justice
avoit ordonné contre elle .
Son crime eft de ceux que
l'honneur fait faire , & il en
eft peu qui ne femblent excufables
, quand ils partent
d'une caufe dont on n'a point
les
à rougir.
Fermer
Résumé : Histoire, [titre d'après la table]
Le texte narre l'histoire d'une jeune demoiselle résidant dans une grande ville du royaume. Réputée pour sa sensibilité à la gloire et sa fierté, elle attire de nombreux admirateurs grâce à son charme et son esprit brillant. Elle veille à maintenir une conduite irréprochable, évitant les visites fréquentes et les démonstrations excessives, tout en laissant le temps à ses admirateurs de la convaincre. Parmi ses admirateurs, un cavalier se distingue par son esprit fin et ses bonnes fortunes. Bien qu'il feigne de se conformer aux règles de la jeune femme, il utilise divers stratagèmes pour gagner son affection, tels que la fréquenter dans des lieux de dévotion et la flatter publiquement. La jeune femme finit par s'attacher à lui, adoucissant ses principes. Ses autres admirateurs, jaloux, se retirent, laissant le champ libre au cavalier. Après une année de promesses de mariage, le cavalier, lassé par son succès, commence à négliger la jeune femme. Elle tente de le retenir, mais il refuse de s'engager. Désespérée, elle décide de le confronter déguisée en homme et le blesse mortellement lors d'un duel. Avant de mourir, le cavalier reconnaît ses torts et demande pardon, confirmant leur union par promesse. La jeune femme, dévastée, est laissée dans un état de profond désespoir.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
37
p. 18-19
SUR LA PAIX DE GENES. SONNET.
Début :
Voicy un autre Sonnet sur la bonté que le Roy / Louis n'a point d'égal, n'y n'en aura jamais, [...]
Mots clefs :
Louis, Ennemis, Paix, Gênes, Tonnerre, Doge, Gloire, Lauriers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUR LA PAIX DE GENES. SONNET.
Voicy un autre Sonnet fur
la bonté que le Roy a euë
d'accorder la Paix aux Génois.
Il eſt de M' de Grammont
de Richelieu.
SUR LA PAIX DE GENES..
L
SONNETM
OVIS n'apoint d'égal, nyn'en
aurajamais,
Ilfçait se faire craindre, & fur Mer
&fur Terre;
Et quandſes Ennemis luy déclarent
la guerre,
Illes force auffi taſt à demander lo
Paix.
52
Génes n'estplus fisperbe, elle apprend
àsesfrais
GALANT. 19
Lesecret d'éviter l'effroyable tonnerre
Dont il ſcait, quand il veut, brifer
comme du verre
LesRamparts lesplusforts, &lespluss
beaux Palais.
Se
Cherche- t- elle la Paix , auffi- tost il
ladonne;
Son Doge est- ilfoûmis, volontiers il !
pardonne;
C'estce que poursa gloire il met an
premier rang;
SS
Etſes Lauriersmeſlez aux branchesde
l'Olive,
Luydonnent unejoye&plus douce&
plus vive,
Que quand ils font couverts de pouf
fiere&defang.
la bonté que le Roy a euë
d'accorder la Paix aux Génois.
Il eſt de M' de Grammont
de Richelieu.
SUR LA PAIX DE GENES..
L
SONNETM
OVIS n'apoint d'égal, nyn'en
aurajamais,
Ilfçait se faire craindre, & fur Mer
&fur Terre;
Et quandſes Ennemis luy déclarent
la guerre,
Illes force auffi taſt à demander lo
Paix.
52
Génes n'estplus fisperbe, elle apprend
àsesfrais
GALANT. 19
Lesecret d'éviter l'effroyable tonnerre
Dont il ſcait, quand il veut, brifer
comme du verre
LesRamparts lesplusforts, &lespluss
beaux Palais.
Se
Cherche- t- elle la Paix , auffi- tost il
ladonne;
Son Doge est- ilfoûmis, volontiers il !
pardonne;
C'estce que poursa gloire il met an
premier rang;
SS
Etſes Lauriersmeſlez aux branchesde
l'Olive,
Luydonnent unejoye&plus douce&
plus vive,
Que quand ils font couverts de pouf
fiere&defang.
Fermer
38
p. 93-99
A DAMON. Sur ce qu'Iris luy avoit ordonné en mourant d'aimer Celimene.
Début :
On croit quelquefois rire de la Mort quand elle est / Il est donc vray, Damon, vous aimez Celimene, [...]
Mots clefs :
Fièvre, Amies, Gentilhomme, Muses, Ardeur , Gloire, Amour, Empire, Charmes, Beauté, Iris, Mémoire, Coeur, Jeunesse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A DAMON. Sur ce qu'Iris luy avoit ordonné en mourant d'aimer Celimene.
On croit quelquefois rire
94 MERCURE
de la Mort quand elle eſtfore
proche. C'eſt ce qui eſt arrivé
à une jeune Perſonne, qui
n'ayant qu'un peu de Fievre ,
dit en badinant à un galant
Homme qui luy rendoit des
foins affidus , que quand elle.
feroitmorte, elle vouloit qu'il
donnaſt ſon coeur àune de ſos
Amies , qu'elle luy nomma.
SaFievre ayant augmenté,elle
mourut peu de jours aprés.
Un jeune Gentilhomme que
les affaires n'empêchét point
de ſonger de temps en temps
à faire ſa Cour aux Mufes,2
fait deſſus les Vers queje
vous envoye
GALANT S
5555 5552 55255522
A DAMON.
Sur ce qu'Iris luy avoit ordonné
en mourant d'aimer Celimene,
I
Lest donc vray, Damon ,
mez Celimene,
,vousai-
Foſtre Iris en mourantfit naiſtre ceive
ardeur,
Lors que par Testament, pourferrer
cette chaîne,
Elle luy laiſſa voſtre coeur..
Se
IeSçayqu'il eſtoit defagloire
Deplacer en bor lieu vos voeux;
Maishonorez - vousſa mémoire?
Voussentez- vous bien amoureux?
S2
Plus vousferezſenſible à cetteAmor
nouvelle
96 MERCURE
Dontpourvous Iris afait choix ,
Etplus vous montrerez de zéle
Aremplirſes dernieres loix .
Se
Non, non, ne craignez rien , on n'en
Sçauroit médire,
Aimez en touteseureté;
Iris avantſa mort voulut bienySoufcrire.
Si vous tournez vos voeux vers un
autre coſté,
C'est la marque de ſon Empire,
Nonde vostre legereté.
S2
Malgréce changement d'hommage
Vostre coeur ne s'estpointmépris;
Mais croyez-moy, Damon,pourn'estre
pointvolage,
DansCelimene ilfaut que vous aimiez
Iris.
Lors
GALANT. 97
1
Se
Lors qu'àvoſtrejeune Maistreffe
Vous rendrez des soins à l'écart,
Plein d' Iris , conduisezfibien voftre
tendresse,
Qu'elle en ait la meilleure part.
52
L'Affaire eft affez délicate,
Gardez de vous tromper, gardez de la
trahir.
Pour un nouvel Objet quandvoſtre
amour éclate,
Nefaites-vous rien qu'obeïr?
Se
Onfçait qu'à prendrefeu vostre ame
est affez prompte,
Qu'un bel oeil peutbeaucoup fur
vous.
Celimene faitvoir cent charmes des
plusdoux,
Avril 1685. I
98 MERCURE
Ne l'aimeriez- vous point tout- à-fait
pourson compte?
८८
Les Vivans, ce dit- on,font oublierles
Morts.
Ces derniers n'ont rien que deſom
bre.
Me trompay-je, Damon?je croy qu'un
jolyCorps
Vous accommode mieux qu'une
Ombre?
52
Voulez- vousypenſerſouvent?
Dans Celimene, Iris doit eftre regardée.
Ce raport eft aisé ; mais ce n'estqu'une
idée,
Et l'amourveutplus que du vent.
22
Comme d'une viande legere
Levostre affezmalse nourrit,
i
GALANT. 99
Pour le mieuxfoûtenir, ilfaut que la
:
matiere
Accoure ausecours de l'esprit.
52
LuySeul ne rendroit pas uneflame
conftante;
Etquand celuy d' Iris est remonté là
baut,
Une belle &jeune Vivante
Estbeaucoup mieux ce qu'il vous
faut.
Se
Cepedant voulez -vous m'en croire,
Prendre leparty le meilleur?
Qu' Iris ait toute la mémoire,
Et Celimene tout le coeur.
Se
Vousy trouverez vostre affaire,
Et ce partagefaitainsi
Atoutes deux vous laiſſantfatisfaire,
Vous vousfatisferezauffi .
94 MERCURE
de la Mort quand elle eſtfore
proche. C'eſt ce qui eſt arrivé
à une jeune Perſonne, qui
n'ayant qu'un peu de Fievre ,
dit en badinant à un galant
Homme qui luy rendoit des
foins affidus , que quand elle.
feroitmorte, elle vouloit qu'il
donnaſt ſon coeur àune de ſos
Amies , qu'elle luy nomma.
SaFievre ayant augmenté,elle
mourut peu de jours aprés.
Un jeune Gentilhomme que
les affaires n'empêchét point
de ſonger de temps en temps
à faire ſa Cour aux Mufes,2
fait deſſus les Vers queje
vous envoye
GALANT S
5555 5552 55255522
A DAMON.
Sur ce qu'Iris luy avoit ordonné
en mourant d'aimer Celimene,
I
Lest donc vray, Damon ,
mez Celimene,
,vousai-
Foſtre Iris en mourantfit naiſtre ceive
ardeur,
Lors que par Testament, pourferrer
cette chaîne,
Elle luy laiſſa voſtre coeur..
Se
IeSçayqu'il eſtoit defagloire
Deplacer en bor lieu vos voeux;
Maishonorez - vousſa mémoire?
Voussentez- vous bien amoureux?
S2
Plus vousferezſenſible à cetteAmor
nouvelle
96 MERCURE
Dontpourvous Iris afait choix ,
Etplus vous montrerez de zéle
Aremplirſes dernieres loix .
Se
Non, non, ne craignez rien , on n'en
Sçauroit médire,
Aimez en touteseureté;
Iris avantſa mort voulut bienySoufcrire.
Si vous tournez vos voeux vers un
autre coſté,
C'est la marque de ſon Empire,
Nonde vostre legereté.
S2
Malgréce changement d'hommage
Vostre coeur ne s'estpointmépris;
Mais croyez-moy, Damon,pourn'estre
pointvolage,
DansCelimene ilfaut que vous aimiez
Iris.
Lors
GALANT. 97
1
Se
Lors qu'àvoſtrejeune Maistreffe
Vous rendrez des soins à l'écart,
Plein d' Iris , conduisezfibien voftre
tendresse,
Qu'elle en ait la meilleure part.
52
L'Affaire eft affez délicate,
Gardez de vous tromper, gardez de la
trahir.
Pour un nouvel Objet quandvoſtre
amour éclate,
Nefaites-vous rien qu'obeïr?
Se
Onfçait qu'à prendrefeu vostre ame
est affez prompte,
Qu'un bel oeil peutbeaucoup fur
vous.
Celimene faitvoir cent charmes des
plusdoux,
Avril 1685. I
98 MERCURE
Ne l'aimeriez- vous point tout- à-fait
pourson compte?
८८
Les Vivans, ce dit- on,font oublierles
Morts.
Ces derniers n'ont rien que deſom
bre.
Me trompay-je, Damon?je croy qu'un
jolyCorps
Vous accommode mieux qu'une
Ombre?
52
Voulez- vousypenſerſouvent?
Dans Celimene, Iris doit eftre regardée.
Ce raport eft aisé ; mais ce n'estqu'une
idée,
Et l'amourveutplus que du vent.
22
Comme d'une viande legere
Levostre affezmalse nourrit,
i
GALANT. 99
Pour le mieuxfoûtenir, ilfaut que la
:
matiere
Accoure ausecours de l'esprit.
52
LuySeul ne rendroit pas uneflame
conftante;
Etquand celuy d' Iris est remonté là
baut,
Une belle &jeune Vivante
Estbeaucoup mieux ce qu'il vous
faut.
Se
Cepedant voulez -vous m'en croire,
Prendre leparty le meilleur?
Qu' Iris ait toute la mémoire,
Et Celimene tout le coeur.
Se
Vousy trouverez vostre affaire,
Et ce partagefaitainsi
Atoutes deux vous laiſſantfatisfaire,
Vous vousfatisferezauffi .
Fermer
39
p. 162-181
Suite de ce qui s'est fait à Paris touchant la Thériaque ; avec les discours qui ont esté prononcez sur ce sujet, [titre d'après la table]
Début :
Comme tout ce qui regarde la santé est toûjours fort bien receu, [...]
Mots clefs :
Santé, Thériaque, Avantages, Mr Rouvière, Discours, Médecins, Faculté de médecine de Paris, Galien, Admiration, Ouvrages, Magistrats, Monarques, Traité, Antidote, Sciences, Remède, Pharmacie, Charlatans, Gloire, Professeurs, Critiques, Drogues, Doyen, Assemblée
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Suite de ce qui s'est fait à Paris touchant la Thériaque ; avec les discours qui ont esté prononcez sur ce sujet, [titre d'après la table]
Comme tout ce quiregarde
la ſanté eſt toûjours fort
bien receu , & qu'il n'y a rien
qui ſoit écouté plus volontiers
je ne m'étonne pas fi
د
ce que je vous
ay mandé
dans ma derniere Lettre touchant
la Theriaque , vous a
donné autant de plaifir qu'à
GALANT. 163
quantité de Perſonnes qui
l'ont leu , puis qu'outre la fatisfaction
d'apprendre ce qui
peut contribuer à la choſe du
monde qui nous doit eſtre la
plus prétieuſe , on a encore
eu l'avantage de ſe voir inſtruit
de pluſieurs circonſtances
curieuſes , dont on
n'avoit peut- eſtre jamais en
tendu parler ,& qu'on n'aappriſes
qu'avec des morceaux
d'Hiſtoire qui les rendent remarquables
, & qui font connoiftre
, non ſeuleme les.
grandes merveilles de la
S Theriaque , mais encore l'e-
Oij
164 MERCURE
flime que l'on en doit faire
Le ſuccez qu'elle aleti ,
parmy le Public, & dans ma
derniere Lettre a eſté cauſe
que je me ſuis informé avec
plus de ſoin de tout ce qui
s'eſt paffé à Paris , à l'égard
de cétancien & grand reme
de. J'ay trouvé que le dif
cours deM' de Rouviere quia
une approbasion fi genérale,
& que je vous ay envoyé,
n'avoit pas eſté le ſeul que
l'on euft fait fur cette matie
re,& qu'un autre avoit efte
auſſi prononcé en préſence
de M'de la Reynie &deM
GALANT 165
Robert Procureur du Roy,
par Mi Lienard Medecin or
dinaire deSaMajesté,Docteur
&ancien Doyen de laFaculté
de Medecine de Paris , à pré
fent Profeffeuren Pharmacie
de lameſme Faculté Com
me il manqueroit quelque
choſe à l'Histoire de la The
riaque faire en cette grande
Ville , fi ce Diſcours qui en
quisen
eft une des plus confidéras
bles parties ne tenoit ſa placa
dans ma Lettre de ce mois,
je vous l'envoye,parce que je
fçais qu'il vous plaira , & que
je le vois d'ailleurs, fouhaité
166 MERCURE
par tout ce qu'il y a icy deCurieux.
En voicy les termes.
MESSIEURS,
Si Galien dans le Traité de
La Thériaque qu'il adreſſe à Pi-
Son , eſtime cét Illustre Romain fi
digne de toute fon admiration
des grands éloges qquu''iill lluuyy donne
Taddee ce que se relâchant un peu des
grandes occupations dont il eſtoit
chargé pour le ſalut de la Republique,
il lisoit avec tant d'atrention
le petit Ouvrage qu'Andromachus
fort celebre Medecin,
en avait fait autrefois , & s'ilfe
1
GALANT. 167
Louë endes termes fi pompeux
fi magnifiques de la bonnefortune
de fon fiecle de ce qu'il voyoit
ce grand Homme fi attaché aux
chofes qui regardoientparticulierement
la santé de fes Concitoyens
, avec combien plus de jaſtice
de raison devons-nous
aujourd'huy honorer de nos. éloges
less plus forts , les deux grands
Magiftrats que nous voyons pour
quatrième fois en moins de fix
moisse dérober aux emplois les plus
augustes les plus honorables où
Les Conſeils importans de noftre
incomparable Monarque les appel-
Jem ordinairement auprès de lays
La
T
168 MERCURE
ς
pour vacquer , non pas comme ce
Romain àla lecture moins utile
que curieuse d'un fimple Traité
de la Thériaque , mais à l'affaire
laplus ſerieuse&la plus digre
de la Police qu'ils exercent dans
leRoyaume , qui est la composttion
exacte & fidelle de ce Remede
de cét Antidote par excellense
, puis qu'elle regarde le
falut general particulier de
tous les Sujets du Roy. Disos donc,
&nous écrions avec Galien au
fujer de ces deux vigilans Magi-
Strats , comme il faisoit autrefois
àRome àl'égard de Pifon. Satisne
magnas poffumus ha
bere
GALANT. 169
bere noſtri temporis fortunæ
gratias , quòd vos , ô ſummi
Magiftratus, ufque adeo Medicinæ
ac Theriacæ ſtudioſos
confpiciamus ? En effet , Meffieurs
,quel plus grand bonheur
que celuy de nostre fiecle de vi
vre fous un Prince , dont l'application
incroyable aux plus petits
comme aux plus confiderables be.
foins de fes Sujets , réveille dans
tous les Arts & dans toutes les
-Sciences l'étude l'industrie de
ceux qui les profeſſent , pour les
- pouffer à leur souveraine perfection.
C'est donc l'exemple mefme
du Roy , le plus laborieux
Avril 1685. P
170 MERCURE
Prince qui fut jamais , qui porte
aujourd ' buy les Profeffeurs de la
Medecine de la Pharmacie de
Paris, àfaire fous LOUISle
Grand, plus grandque les Antoi
nes,que les Antonins, &que tous
les Cefars ensemble, pourqui l'on
faisoit fifolemnellement ce Remede
à Rome, dans la Capitale du
Royaume auffi celebre que cette
Superbe Ville lefut autrefois , à la
veuë &en la présence de l'IlluftreM
Daquin premier Medecin
de Sa Majesté , qui ne cede
en rien aux Andromachus premiers
Medecins de ces Princes
de ces Empereurs , avec lesecours
1
GALANT. 171
des meilleurs &des plus experi
mentez Artistes de la France,
les Geoffroy , * les fofon , les
Bolduc,les Rouviere , auffiéclai
rez que l'estoient anciennement
les Critons & les Damocrate,
premiers Pharmaciens de leurfiecle
; àfaire, dis-je,fous LOUIS
le Grand, une Thériaque dont on
n'entreprenoit jamais la compofition
à Rome , que ſous les aufpices
de ſes Empereurs , ſans la
leur voüer & consacrer comme
la choſe du monde la plus im
portante la plus falutaire à
** Ce font les quatre Apoticaires qui depuis
fix mois ont fait à leurs frais la Thériaque à
Paris.
Pij
172 MERCURE
1
leurs Etats. Prenons donc,Mes
fieurs , pour noftre Devise , celle
qui devroit l'eftre aujourd'huy de
toute la France. Ludovico Magno
felicitas parta. Réjoüif
fons- nous de ce que nous voyons,
pour ainſi dire , guerir dans Paris
la letargie des fiecles paſſez , qui
par une indolence ou une indiffe
rence condamnable , pour ne pas
dire quelque chose de pis, ontjuf
ques icy presque toûjours deu , ou
àdes Nations étrangeres , comme
à Rome & à Venise , ou à des
Provinces éloignées د
comme à
Montpellier , la composition d'un
Remededontils ne devoient avoir
تم
GALANT. 173
obligation qu'à eux- mesmes , &
àleur propre Patrie , & qui ont
presque toûjours emprunté d'au.
truy ce qu'ils ne devoient avoir
ny tenir que de leur riche fonds,
de leur induſtrieuse capacité ,
de leurhabileté laborieuse.
Loñons nous , Meffieurs , de
noſtre bonheur , de ce que le
Royaume joüira doreſnavant
par la vigilance de nos Magiſtrats
de Police , appliquez
attentifs à toutes choses , d'une
Panacée veritable ,fans fraude,
Sans alteration , &fans le rifque
d'en voir deformais debiter
enFrance aucune ny vicieuse ny
Piij
174 MERCURE
falfifiée,telle queGalien ſe plai
gnoit dés le temps qu'il estoit à
Rome , que plusieurs Impoſteurs ,
Charlatans, Monteurs de Thea
tre
د Vendeurs de Mithridat,
Cr
veritables Triacleurs en di
ſtribuoient contre l'intention des
Magistrats publics à grand prix
d'argent er fort cherement , auffi
bien qu'à la ruine e au détriment
de la fantédes Peuples ignorants
& crédules pour l'ordinai
en ces fortes de matieres qui
regardent la Medecine , & les
Remedes qu'on voile ſouvent de
nomsſpécieux de Secrets , afin de
les mieuxtromper. Multæ quipre
GALANT: 175
pe fiunt , écrit- il , ab Impoftoribus
hac etiam in re frau
des , vulgufque ſolaTheriace
famâ deceptum, abiftis, qui,
bus ars eft Mercenaria , non
recte compofitam Antido
tum multâ pecuniâ redimit
Loüons-nous encore unefois
Meffieurs , de ce que par lesfoins
bienfaiſans de ces meſmes Magi
ftrats, nous joüiffons aujourd'huy,
à la faveur de nostre veritable
Thériaque , ſous l'empire de
LOUIS le Grand , du mesme.
bien & du mesme avantage dont
les Empereurs gratifioient autre
fois leursſujets à Rome. Qui l
Piij
176 MERCURE
benter, ditle mefme Galien,in
univerfos omnia bona , deos
imitati , conferunt , tantum
que gaudium concipiunt,
quantò populi majorem fuerint
incolumitatem ab ipfis
confecuti , maximam impe
ran di partem arbitrantes,
communis falutis procurationem
; quæ res me magis
in ipforum admirationem traxit.
Ce ſontſes propres termes .
C'est lesujet , Meſſieurs , qui
m'a aujourd'huy engagé, en qualitéde
Profeſſeur en Pharmacie
de la Faculté de Medecine de
Paris , à vous faire ce petitDifGALANT.
177
rs
cours ,pour un témoignage affuré
de reconnoiſſance publique &
particuliere envers Ms nosMagiftrats
, pour une marqueſenſible
de l'obligation que nous avons à
M le premier Medecin , de vou
loir bien honorerdeſa préſence la
compoſition d'un Remede qui en tirera
afſurément beaucoup de gloire
, de credit &d'authorité , &
pour un préjugéſouhaitable de ta
confervation en ſon entier de la
bonne Medecine de Paris , & du
parfait rétabliſſementde la meil
leure Pharmacieà l'avenir, con
tre les vains efforts & les tentatives
inutiles des envieux ou des
2
178 MERCURE
ennemis de l'une de l'autre,
& de tous ceux qui voudroient
temérairement dans lafuite s'yopposer
, & les troubler dans leur
exercice dans leur ancienne
poffeffion.
Ce Diſcours fut prononcé
le 12. de Mars , & le Lundy
prononce
ſuivant , M² de Rouviere s'attacha
particulierement au 1 .
poids des Drogues dont il
avoit fait auparavant un juſte
choix pour la compoſition
de ſon Ouvrage, & qu'ilavoit
expoſées au Public , feur que
leur beauté& leur bonne qualité
le défendroient contre les
GALANT. 179
Critiques & les Envieux. Il fit
ce jour là un fort beau Dif
cours ſur la Vipere , & fur la
nature de la Theriaque , & il
expliqua fi bien la maniere
dont les fermentations ſe
font, qu'il fut genéralement
applaudy. Il peſa enſuite ſes
ر
Drogues en préſence de M
le Doyen de la Faculté , de
Mrs les Profeffeurs en Pharmacie
, & de M'Boudin , l'un
des premiers Apoticaires
du Roy. Toutes ces Dro
gues furent brifées , & mêlées
enſemble confufément
devant toute l'Aſſemblée qui
180 MERCURE
n'eſtoit pas moins nombreuſe
qu'elle avoit eſté les autres
jours. Il en falut huit entiers
pour les pulverifer , aprés
quoy les Curieux revinrent
au meſme lieu , pour
eſtre témoins du mélange
qu'on appelle Mixtion , ce
qui fit donner de nouvelles
loüanges à M' de Rouviere.
Ce fut alors que M² Pilon,
Doyen de la Faculté , & qui
dés ſa plus grande jeuneſſe a
ſceu s'acquerir le nom d'Orateur
, fit un Diſcours tresdigne
de luv, pour fermer ce
grand Ouvrage. La crainte
r
GALANT. 181
de vous entretenir trop longtemps
ſur vne meſme matiere,
m'oblige à ne vous enrien
dire de plus aujourd'huy.
Vous voudrez bien cepen.
dant que j'ajoûte , en faveur
de la Theriaque , que lors
que l'on en fait à Veniſe , le
Senaty aſſiſte en Corps , &
que dans tous les lieux où l'on
ſe donne la peine de rechercher
tout ce qu'il faut pour
cette fameuse compoſition,
elle ſe fait avec le meſme
eclat , &en préſence des Souverains
Magiſtrats .
la ſanté eſt toûjours fort
bien receu , & qu'il n'y a rien
qui ſoit écouté plus volontiers
je ne m'étonne pas fi
د
ce que je vous
ay mandé
dans ma derniere Lettre touchant
la Theriaque , vous a
donné autant de plaifir qu'à
GALANT. 163
quantité de Perſonnes qui
l'ont leu , puis qu'outre la fatisfaction
d'apprendre ce qui
peut contribuer à la choſe du
monde qui nous doit eſtre la
plus prétieuſe , on a encore
eu l'avantage de ſe voir inſtruit
de pluſieurs circonſtances
curieuſes , dont on
n'avoit peut- eſtre jamais en
tendu parler ,& qu'on n'aappriſes
qu'avec des morceaux
d'Hiſtoire qui les rendent remarquables
, & qui font connoiftre
, non ſeuleme les.
grandes merveilles de la
S Theriaque , mais encore l'e-
Oij
164 MERCURE
flime que l'on en doit faire
Le ſuccez qu'elle aleti ,
parmy le Public, & dans ma
derniere Lettre a eſté cauſe
que je me ſuis informé avec
plus de ſoin de tout ce qui
s'eſt paffé à Paris , à l'égard
de cétancien & grand reme
de. J'ay trouvé que le dif
cours deM' de Rouviere quia
une approbasion fi genérale,
& que je vous ay envoyé,
n'avoit pas eſté le ſeul que
l'on euft fait fur cette matie
re,& qu'un autre avoit efte
auſſi prononcé en préſence
de M'de la Reynie &deM
GALANT 165
Robert Procureur du Roy,
par Mi Lienard Medecin or
dinaire deSaMajesté,Docteur
&ancien Doyen de laFaculté
de Medecine de Paris , à pré
fent Profeffeuren Pharmacie
de lameſme Faculté Com
me il manqueroit quelque
choſe à l'Histoire de la The
riaque faire en cette grande
Ville , fi ce Diſcours qui en
quisen
eft une des plus confidéras
bles parties ne tenoit ſa placa
dans ma Lettre de ce mois,
je vous l'envoye,parce que je
fçais qu'il vous plaira , & que
je le vois d'ailleurs, fouhaité
166 MERCURE
par tout ce qu'il y a icy deCurieux.
En voicy les termes.
MESSIEURS,
Si Galien dans le Traité de
La Thériaque qu'il adreſſe à Pi-
Son , eſtime cét Illustre Romain fi
digne de toute fon admiration
des grands éloges qquu''iill lluuyy donne
Taddee ce que se relâchant un peu des
grandes occupations dont il eſtoit
chargé pour le ſalut de la Republique,
il lisoit avec tant d'atrention
le petit Ouvrage qu'Andromachus
fort celebre Medecin,
en avait fait autrefois , & s'ilfe
1
GALANT. 167
Louë endes termes fi pompeux
fi magnifiques de la bonnefortune
de fon fiecle de ce qu'il voyoit
ce grand Homme fi attaché aux
chofes qui regardoientparticulierement
la santé de fes Concitoyens
, avec combien plus de jaſtice
de raison devons-nous
aujourd'huy honorer de nos. éloges
less plus forts , les deux grands
Magiftrats que nous voyons pour
quatrième fois en moins de fix
moisse dérober aux emplois les plus
augustes les plus honorables où
Les Conſeils importans de noftre
incomparable Monarque les appel-
Jem ordinairement auprès de lays
La
T
168 MERCURE
ς
pour vacquer , non pas comme ce
Romain àla lecture moins utile
que curieuse d'un fimple Traité
de la Thériaque , mais à l'affaire
laplus ſerieuse&la plus digre
de la Police qu'ils exercent dans
leRoyaume , qui est la composttion
exacte & fidelle de ce Remede
de cét Antidote par excellense
, puis qu'elle regarde le
falut general particulier de
tous les Sujets du Roy. Disos donc,
&nous écrions avec Galien au
fujer de ces deux vigilans Magi-
Strats , comme il faisoit autrefois
àRome àl'égard de Pifon. Satisne
magnas poffumus ha
bere
GALANT. 169
bere noſtri temporis fortunæ
gratias , quòd vos , ô ſummi
Magiftratus, ufque adeo Medicinæ
ac Theriacæ ſtudioſos
confpiciamus ? En effet , Meffieurs
,quel plus grand bonheur
que celuy de nostre fiecle de vi
vre fous un Prince , dont l'application
incroyable aux plus petits
comme aux plus confiderables be.
foins de fes Sujets , réveille dans
tous les Arts & dans toutes les
-Sciences l'étude l'industrie de
ceux qui les profeſſent , pour les
- pouffer à leur souveraine perfection.
C'est donc l'exemple mefme
du Roy , le plus laborieux
Avril 1685. P
170 MERCURE
Prince qui fut jamais , qui porte
aujourd ' buy les Profeffeurs de la
Medecine de la Pharmacie de
Paris, àfaire fous LOUISle
Grand, plus grandque les Antoi
nes,que les Antonins, &que tous
les Cefars ensemble, pourqui l'on
faisoit fifolemnellement ce Remede
à Rome, dans la Capitale du
Royaume auffi celebre que cette
Superbe Ville lefut autrefois , à la
veuë &en la présence de l'IlluftreM
Daquin premier Medecin
de Sa Majesté , qui ne cede
en rien aux Andromachus premiers
Medecins de ces Princes
de ces Empereurs , avec lesecours
1
GALANT. 171
des meilleurs &des plus experi
mentez Artistes de la France,
les Geoffroy , * les fofon , les
Bolduc,les Rouviere , auffiéclai
rez que l'estoient anciennement
les Critons & les Damocrate,
premiers Pharmaciens de leurfiecle
; àfaire, dis-je,fous LOUIS
le Grand, une Thériaque dont on
n'entreprenoit jamais la compofition
à Rome , que ſous les aufpices
de ſes Empereurs , ſans la
leur voüer & consacrer comme
la choſe du monde la plus im
portante la plus falutaire à
** Ce font les quatre Apoticaires qui depuis
fix mois ont fait à leurs frais la Thériaque à
Paris.
Pij
172 MERCURE
1
leurs Etats. Prenons donc,Mes
fieurs , pour noftre Devise , celle
qui devroit l'eftre aujourd'huy de
toute la France. Ludovico Magno
felicitas parta. Réjoüif
fons- nous de ce que nous voyons,
pour ainſi dire , guerir dans Paris
la letargie des fiecles paſſez , qui
par une indolence ou une indiffe
rence condamnable , pour ne pas
dire quelque chose de pis, ontjuf
ques icy presque toûjours deu , ou
àdes Nations étrangeres , comme
à Rome & à Venise , ou à des
Provinces éloignées د
comme à
Montpellier , la composition d'un
Remededontils ne devoient avoir
تم
GALANT. 173
obligation qu'à eux- mesmes , &
àleur propre Patrie , & qui ont
presque toûjours emprunté d'au.
truy ce qu'ils ne devoient avoir
ny tenir que de leur riche fonds,
de leur induſtrieuse capacité ,
de leurhabileté laborieuse.
Loñons nous , Meffieurs , de
noſtre bonheur , de ce que le
Royaume joüira doreſnavant
par la vigilance de nos Magiſtrats
de Police , appliquez
attentifs à toutes choses , d'une
Panacée veritable ,fans fraude,
Sans alteration , &fans le rifque
d'en voir deformais debiter
enFrance aucune ny vicieuse ny
Piij
174 MERCURE
falfifiée,telle queGalien ſe plai
gnoit dés le temps qu'il estoit à
Rome , que plusieurs Impoſteurs ,
Charlatans, Monteurs de Thea
tre
د Vendeurs de Mithridat,
Cr
veritables Triacleurs en di
ſtribuoient contre l'intention des
Magistrats publics à grand prix
d'argent er fort cherement , auffi
bien qu'à la ruine e au détriment
de la fantédes Peuples ignorants
& crédules pour l'ordinai
en ces fortes de matieres qui
regardent la Medecine , & les
Remedes qu'on voile ſouvent de
nomsſpécieux de Secrets , afin de
les mieuxtromper. Multæ quipre
GALANT: 175
pe fiunt , écrit- il , ab Impoftoribus
hac etiam in re frau
des , vulgufque ſolaTheriace
famâ deceptum, abiftis, qui,
bus ars eft Mercenaria , non
recte compofitam Antido
tum multâ pecuniâ redimit
Loüons-nous encore unefois
Meffieurs , de ce que par lesfoins
bienfaiſans de ces meſmes Magi
ftrats, nous joüiffons aujourd'huy,
à la faveur de nostre veritable
Thériaque , ſous l'empire de
LOUIS le Grand , du mesme.
bien & du mesme avantage dont
les Empereurs gratifioient autre
fois leursſujets à Rome. Qui l
Piij
176 MERCURE
benter, ditle mefme Galien,in
univerfos omnia bona , deos
imitati , conferunt , tantum
que gaudium concipiunt,
quantò populi majorem fuerint
incolumitatem ab ipfis
confecuti , maximam impe
ran di partem arbitrantes,
communis falutis procurationem
; quæ res me magis
in ipforum admirationem traxit.
Ce ſontſes propres termes .
C'est lesujet , Meſſieurs , qui
m'a aujourd'huy engagé, en qualitéde
Profeſſeur en Pharmacie
de la Faculté de Medecine de
Paris , à vous faire ce petitDifGALANT.
177
rs
cours ,pour un témoignage affuré
de reconnoiſſance publique &
particuliere envers Ms nosMagiftrats
, pour une marqueſenſible
de l'obligation que nous avons à
M le premier Medecin , de vou
loir bien honorerdeſa préſence la
compoſition d'un Remede qui en tirera
afſurément beaucoup de gloire
, de credit &d'authorité , &
pour un préjugéſouhaitable de ta
confervation en ſon entier de la
bonne Medecine de Paris , & du
parfait rétabliſſementde la meil
leure Pharmacieà l'avenir, con
tre les vains efforts & les tentatives
inutiles des envieux ou des
2
178 MERCURE
ennemis de l'une de l'autre,
& de tous ceux qui voudroient
temérairement dans lafuite s'yopposer
, & les troubler dans leur
exercice dans leur ancienne
poffeffion.
Ce Diſcours fut prononcé
le 12. de Mars , & le Lundy
prononce
ſuivant , M² de Rouviere s'attacha
particulierement au 1 .
poids des Drogues dont il
avoit fait auparavant un juſte
choix pour la compoſition
de ſon Ouvrage, & qu'ilavoit
expoſées au Public , feur que
leur beauté& leur bonne qualité
le défendroient contre les
GALANT. 179
Critiques & les Envieux. Il fit
ce jour là un fort beau Dif
cours ſur la Vipere , & fur la
nature de la Theriaque , & il
expliqua fi bien la maniere
dont les fermentations ſe
font, qu'il fut genéralement
applaudy. Il peſa enſuite ſes
ر
Drogues en préſence de M
le Doyen de la Faculté , de
Mrs les Profeffeurs en Pharmacie
, & de M'Boudin , l'un
des premiers Apoticaires
du Roy. Toutes ces Dro
gues furent brifées , & mêlées
enſemble confufément
devant toute l'Aſſemblée qui
180 MERCURE
n'eſtoit pas moins nombreuſe
qu'elle avoit eſté les autres
jours. Il en falut huit entiers
pour les pulverifer , aprés
quoy les Curieux revinrent
au meſme lieu , pour
eſtre témoins du mélange
qu'on appelle Mixtion , ce
qui fit donner de nouvelles
loüanges à M' de Rouviere.
Ce fut alors que M² Pilon,
Doyen de la Faculté , & qui
dés ſa plus grande jeuneſſe a
ſceu s'acquerir le nom d'Orateur
, fit un Diſcours tresdigne
de luv, pour fermer ce
grand Ouvrage. La crainte
r
GALANT. 181
de vous entretenir trop longtemps
ſur vne meſme matiere,
m'oblige à ne vous enrien
dire de plus aujourd'huy.
Vous voudrez bien cepen.
dant que j'ajoûte , en faveur
de la Theriaque , que lors
que l'on en fait à Veniſe , le
Senaty aſſiſte en Corps , &
que dans tous les lieux où l'on
ſe donne la peine de rechercher
tout ce qu'il faut pour
cette fameuse compoſition,
elle ſe fait avec le meſme
eclat , &en préſence des Souverains
Magiſtrats .
Fermer
40
p. 74-85
ODE DE MADAME DES HOULIERES. AU ROY.
Début :
Madame des Houlieres ne s'est pas teuë sur cette Arrivée / Le croiras-tu, LOUIS ? à ta gloire attentive, [...]
Mots clefs :
Héros, Gloire, Doge, Roi, Louis, Siècle, France, Exploits
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ODE DE MADAME DES HOULIERES. AU ROY.
adame des Houlieres ne
s'eft pas teuë fur cette Arrivée du Doge en France. Un
Evenement fi peu ordinaire
luy adonné lieu d'adrefferune
Ode au Roy. Elle a eu le
mefme fuccez que tous fes
autres Ouvrages, ce qui fait
connoiftre que fon talent eft
également heureux en toute
forte de genres d'écrire.
GALANT. 75
ODE
DE MADAME
DES HOULIERES.
AU ROY...
E croiras tu , LOUIS ? à ta
Legloire attentive,
Pour t'immortalifer, j'ay voulu mille
fois
Te chantercouronné de Lauriers &
d'olive,
Et millefois ma Lyre a languyfous
mes doigts.
Un Heros audeffin des Heros de la
Fable,
Eftpourqui le célebre un Heros redoutable,
Gij
76 MERCURE
Contrequi cent Nochers à mes yeux
ontbrifé.
Oiy, depuis que tu cours de victoire
en victoire,
Le Dieu qui des grands nomsfait durerla memoire,
Se feroit luy-meſme épuisé.
Se
Rejette donc , grand Roy, furunejufte crainte
Malenteur à parler de tesfaits inouis.
Impofons- nous , difois-je , une fage
contrainte,
N'immolons point magloire à celle de
LOUIS.
Quedirois-je en chantantfa valeur
triomphante,
Dont aux Siecles futurs plus d'une
mainfçavante
Avantmoy n'ait tracé defideles Tableaux?
GALANT. 77
Mais à quoy mon efpritſe laiſſe- t- il
Surprendre?
Quelle erreur ! Ah! de toy ne doit on
pas attendre
Toûjours des miracles nouveaux?
Sa
Duformidable Rhin le merveilleux
Paßage,
Endixjours la Comtépriſe aufort
des Hyvers,
L'Algérienforcé de rompre l'efclavage.
Des Chrétiens gemiffansfous le poids
defesfers,
Luxembourgaffervy fous cette Lop.
commune,
Sembloientavoir pour toyfatigué la
Fortune,
T
Onne concevoit rien de plus beau , de
plusdoux.
Güj
78 MERCURE
Cependant, dans les murs de ton fameux Versailles,
Tu vois , plus grand encor qu'au mi- lieu des Batailles,
Des Souverains à tes genoux.
$2
Ah! que de defefpoir , d'étonnement,
d'envie
Ce grand évenementjettera dans les
cœurs,
De tant de Roys jaloux de l'éclat de
ta vie!
De combien voudroient- ilspayerde
telshonneurs?
Maisleurs fouhaitsfont vains ; ces
éclatantesmarques.
N'illuftrerontjamais le Nom de ces
Monarques,
Grandsparle titrefeul dont ils font
revétus.
Toy quipourun Heros as tout ce qu'on
demande,
GALANT. 79
Toyqui les paffes tous, ilfaut quebe
Cielrende
Ta gloire égale à tes vertus,
Sa
Teldans un Siecle heureux on vit rea
gner Augufte,
Son nomfutadoré decent Peuples
divers.
Il eftoit comme toy,fage, intrépide,,
jufte,
Ettufais comme luy trembler tour
l'Univers.
Commetoytriomphantfur laTerre &
furl'onde,
Luy-mefme fe vainquit , donna la
paix au Monde,
Cultivales beaux Arts, fitrevivre les
Loix.
Maistre detous les coursdansfafuper
be Ville,
G iiij
80 MERCURE
Au milieu d'une Cour magnifiques
tranquille,
Afesgenoux il vit des Roys.
S&
Abondante en Amis , plus abondante
encore
Enhonneurs, entrefors, en Vaiffeaux,
en Guerriers,
Genes jusqu'au rivage où fe leve
l'Aurore.
Fit redouterfon Nom, & cücillit des Lauriers of
Cefertile Pays, fource de tant de
baines ,
Oùregnalebeau Sang qui coule dans
tes veines,
Naples , a veufes champsparfon or
envahis,
Et de lafage Ville époufe de Neptune,
Ses efforts auroient pu renverser la
fortune,
GALANT: 81
Silefortneles euft trahis.
$2
Fiere encore aujourd'huy de plus d'un
jufte Eloge,
Que des Siecles paffezfa gloire a mcrité,
Son Senatrefufoit de t'envoyerfon
Doge,
Implorerle pardondefa témerité;
Mais l'affreuxfouvenir de l'état déplorable,
Où n'agueres l'a mis ton couroux redoutable,
Aforcéfon orgueil àne plus contefter.
Certaine que tu peux ce qu'on te voit
réfoudre,
Elie craint que ta main ne reprenne la
foudre,
A quirien ne peut réſiſter.
S&
Quelle gloire pour toy ! quel plaifir
pourla France,
82 MERCURE
Devangeraujourd'huyfur ces Ambi
tieux,
Les divers attentats qu'avec tant
d'infolence
Leurs Peres ont formez contre tes
grands Ayeux!
•Accoûtumez àvoir leur audace impunie,
Ces Peuples n'employoient leurs tre
fors , leurgenie,
Qu'à tefaire par tout de nouveaux
Ennemis.
Ils penfoient t'accablerfous lefaix
des intrigues,
Et n'ontfait queremplirpar d'impuiffantesligues
Ce que les deftins t'ontpromis.
S&
Ainfi, quanddes Hyvers les terribles
orages
Centraignentun grand Fleuve àfor
tir defes bords
GALANT. 83
Dece Fleuve irrité, fameuxparfes
ravages,
Oncroitparune Digue arrefter les
efforts;
Maisbien loin quefon onde àce frein
s'accoûtume,
Sacolere s'accroift, ilmugit , il écume,
Il renverſe demain ce qu'il laiffe aujourd'huy,
Et plusfort que la Digue àſon cours
oppofée,
Elle n'eftfurla Rive où l'on l'avoit
pofée
Qu'unnouveau triomphepour luy.
Sa
Noncontent de vangertes Ayeux &
ta gloire,
Tudomptesl'Heréfie , elle expire à tes
yeux,
Tufais defon débrista plus chere.vi
Etoire,
84 MERCURE
Ardent à foûtenir la querelle des
Cieux.
Tule dois ; leursfaveurs , diverses,
continuës,
Famaisfur les Mortels ne furent répanduës
Si liberalementqu'elles le fontfurtoy.
Quoyque le Diademe ait de grand,
d'agréable,
Desprefens dontaux Cieux on te voit
redevable
Lemoindre eft de t'avoirfait Roy.
25
Mais le Dogeparoift ; que Genes la
Superbe
Eft uncharmant fpectacle attachée à.
ton Char!
Confuſe d'avoir veufes Tours plus
bas que l'herbe,
Elle n'ofe furtoy porter un feul regard,
"
GALANT. 85
Tongrandcœur eft touché des foupirs
qu'ellepouffe,
Tnrendras ,jele voy , fafortune plus
douce;
Millefois tes bontez ont bornétes
Exploits.
Tuverrois l'Universfoûmis à ta
puiſſance,
Sidepuis vingtmoiſſons , de ta fenle
clemence
Tu n'avois écouté la noix.
s'eft pas teuë fur cette Arrivée du Doge en France. Un
Evenement fi peu ordinaire
luy adonné lieu d'adrefferune
Ode au Roy. Elle a eu le
mefme fuccez que tous fes
autres Ouvrages, ce qui fait
connoiftre que fon talent eft
également heureux en toute
forte de genres d'écrire.
GALANT. 75
ODE
DE MADAME
DES HOULIERES.
AU ROY...
E croiras tu , LOUIS ? à ta
Legloire attentive,
Pour t'immortalifer, j'ay voulu mille
fois
Te chantercouronné de Lauriers &
d'olive,
Et millefois ma Lyre a languyfous
mes doigts.
Un Heros audeffin des Heros de la
Fable,
Eftpourqui le célebre un Heros redoutable,
Gij
76 MERCURE
Contrequi cent Nochers à mes yeux
ontbrifé.
Oiy, depuis que tu cours de victoire
en victoire,
Le Dieu qui des grands nomsfait durerla memoire,
Se feroit luy-meſme épuisé.
Se
Rejette donc , grand Roy, furunejufte crainte
Malenteur à parler de tesfaits inouis.
Impofons- nous , difois-je , une fage
contrainte,
N'immolons point magloire à celle de
LOUIS.
Quedirois-je en chantantfa valeur
triomphante,
Dont aux Siecles futurs plus d'une
mainfçavante
Avantmoy n'ait tracé defideles Tableaux?
GALANT. 77
Mais à quoy mon efpritſe laiſſe- t- il
Surprendre?
Quelle erreur ! Ah! de toy ne doit on
pas attendre
Toûjours des miracles nouveaux?
Sa
Duformidable Rhin le merveilleux
Paßage,
Endixjours la Comtépriſe aufort
des Hyvers,
L'Algérienforcé de rompre l'efclavage.
Des Chrétiens gemiffansfous le poids
defesfers,
Luxembourgaffervy fous cette Lop.
commune,
Sembloientavoir pour toyfatigué la
Fortune,
T
Onne concevoit rien de plus beau , de
plusdoux.
Güj
78 MERCURE
Cependant, dans les murs de ton fameux Versailles,
Tu vois , plus grand encor qu'au mi- lieu des Batailles,
Des Souverains à tes genoux.
$2
Ah! que de defefpoir , d'étonnement,
d'envie
Ce grand évenementjettera dans les
cœurs,
De tant de Roys jaloux de l'éclat de
ta vie!
De combien voudroient- ilspayerde
telshonneurs?
Maisleurs fouhaitsfont vains ; ces
éclatantesmarques.
N'illuftrerontjamais le Nom de ces
Monarques,
Grandsparle titrefeul dont ils font
revétus.
Toy quipourun Heros as tout ce qu'on
demande,
GALANT. 79
Toyqui les paffes tous, ilfaut quebe
Cielrende
Ta gloire égale à tes vertus,
Sa
Teldans un Siecle heureux on vit rea
gner Augufte,
Son nomfutadoré decent Peuples
divers.
Il eftoit comme toy,fage, intrépide,,
jufte,
Ettufais comme luy trembler tour
l'Univers.
Commetoytriomphantfur laTerre &
furl'onde,
Luy-mefme fe vainquit , donna la
paix au Monde,
Cultivales beaux Arts, fitrevivre les
Loix.
Maistre detous les coursdansfafuper
be Ville,
G iiij
80 MERCURE
Au milieu d'une Cour magnifiques
tranquille,
Afesgenoux il vit des Roys.
S&
Abondante en Amis , plus abondante
encore
Enhonneurs, entrefors, en Vaiffeaux,
en Guerriers,
Genes jusqu'au rivage où fe leve
l'Aurore.
Fit redouterfon Nom, & cücillit des Lauriers of
Cefertile Pays, fource de tant de
baines ,
Oùregnalebeau Sang qui coule dans
tes veines,
Naples , a veufes champsparfon or
envahis,
Et de lafage Ville époufe de Neptune,
Ses efforts auroient pu renverser la
fortune,
GALANT: 81
Silefortneles euft trahis.
$2
Fiere encore aujourd'huy de plus d'un
jufte Eloge,
Que des Siecles paffezfa gloire a mcrité,
Son Senatrefufoit de t'envoyerfon
Doge,
Implorerle pardondefa témerité;
Mais l'affreuxfouvenir de l'état déplorable,
Où n'agueres l'a mis ton couroux redoutable,
Aforcéfon orgueil àne plus contefter.
Certaine que tu peux ce qu'on te voit
réfoudre,
Elie craint que ta main ne reprenne la
foudre,
A quirien ne peut réſiſter.
S&
Quelle gloire pour toy ! quel plaifir
pourla France,
82 MERCURE
Devangeraujourd'huyfur ces Ambi
tieux,
Les divers attentats qu'avec tant
d'infolence
Leurs Peres ont formez contre tes
grands Ayeux!
•Accoûtumez àvoir leur audace impunie,
Ces Peuples n'employoient leurs tre
fors , leurgenie,
Qu'à tefaire par tout de nouveaux
Ennemis.
Ils penfoient t'accablerfous lefaix
des intrigues,
Et n'ontfait queremplirpar d'impuiffantesligues
Ce que les deftins t'ontpromis.
S&
Ainfi, quanddes Hyvers les terribles
orages
Centraignentun grand Fleuve àfor
tir defes bords
GALANT. 83
Dece Fleuve irrité, fameuxparfes
ravages,
Oncroitparune Digue arrefter les
efforts;
Maisbien loin quefon onde àce frein
s'accoûtume,
Sacolere s'accroift, ilmugit , il écume,
Il renverſe demain ce qu'il laiffe aujourd'huy,
Et plusfort que la Digue àſon cours
oppofée,
Elle n'eftfurla Rive où l'on l'avoit
pofée
Qu'unnouveau triomphepour luy.
Sa
Noncontent de vangertes Ayeux &
ta gloire,
Tudomptesl'Heréfie , elle expire à tes
yeux,
Tufais defon débrista plus chere.vi
Etoire,
84 MERCURE
Ardent à foûtenir la querelle des
Cieux.
Tule dois ; leursfaveurs , diverses,
continuës,
Famaisfur les Mortels ne furent répanduës
Si liberalementqu'elles le fontfurtoy.
Quoyque le Diademe ait de grand,
d'agréable,
Desprefens dontaux Cieux on te voit
redevable
Lemoindre eft de t'avoirfait Roy.
25
Mais le Dogeparoift ; que Genes la
Superbe
Eft uncharmant fpectacle attachée à.
ton Char!
Confuſe d'avoir veufes Tours plus
bas que l'herbe,
Elle n'ofe furtoy porter un feul regard,
"
GALANT. 85
Tongrandcœur eft touché des foupirs
qu'ellepouffe,
Tnrendras ,jele voy , fafortune plus
douce;
Millefois tes bontez ont bornétes
Exploits.
Tuverrois l'Universfoûmis à ta
puiſſance,
Sidepuis vingtmoiſſons , de ta fenle
clemence
Tu n'avois écouté la noix.
Fermer
Résumé : ODE DE MADAME DES HOULIERES. AU ROY.
Madame des Houlières a écrit une ode en l'honneur du roi Louis, suite à un événement marquant. Cette œuvre a connu un succès comparable à ses autres écrits, illustrant ainsi son talent diversifié. L'ode célèbre les victoires du roi et son influence durable. Elle évoque plusieurs exploits militaires et diplomatiques, tels que la traversée du Rhin, la soumission de l'Algérien et la victoire sur le Luxembourg. Madame des Houlières exprime également l'admiration des souverains étrangers et la jalousie des rois face à la gloire de Louis. Elle compare le roi à Auguste, mettant en avant ses vertus et ses triomphes. L'ode se conclut par la soumission de Gênes, qui implore le pardon du roi après avoir été vaincue par sa puissance.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
41
p. 299-323
Particularitez touchant le Voyage de M. le Chevalier de Chaumont à Siam. [titre d'après la table]
Début :
Je ne croyois pas qu'en fermant ma Lettre, je vous [...]
Mots clefs :
Chevalier de Chaumont, Siam, Roi, France, Roi de Siam, Dignité, Monarque, Ordre, Ambassadeur, Siamois, Audience, Favori, Prince, Chine, Brest, Ambassadeurs, Palais, Temps, Princesse, Nouvelles, Canon, Cap de Bonne-Espérance, Gloire, Santé du roi, Éléphants, Alexandre de Chaumont
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Particularitez touchant le Voyage de M. le Chevalier de Chaumont à Siam. [titre d'après la table]
Je ne croyois pas qu'en
fermant ma Lettre , je vous
300 MERCURE
apprendrois des nouvelles de
M le Chevalier de Chau
mont Ambaffadeur de France
auprés du Roy de Siam.
On le croyoit encore à fix
mille liques d'icy lors qu'il
arriva a Verſailles le 24.de ce
mois. Il en a fait douze mille
en moins d'un an , & n'a employé
que 15. mois & demy
en tout fon Voyage. Il partit
de Breft le 3. Mars de
l'année derniere
, avec un
Vaiffeau du Roy nommé
Loyfeau , inonté de 36. pieces
de Canon, & la Fregate nom
mée la Maligne , montée de
GALANT. 3or
301
3
24. Il arriva en dix jours au
Tropique du Cancer du mef
me vent , dont il avoit ap
pareillé au fortir du Porr , aprés
quoy il doubla le Cap
de bonne Efperance fans le
reconnoiftre
. Il arriva à Batavia
le 1. Aouft , & à l'entrée
du Royaume
de Siam au
commencement de Septembre.
Comme il y a peu d'ha
bitations fur cette route , &
que l'on va par eau jufques
à Siam , le Roy avoit fait bâtir
, & meubler des Maifons
de cinq lieuës en cinq lieuës
pour le recevoir , & avoit en302
MERCURE
"
voyé des Officiers pour le
traiter. Il partoit tous les
jours deux nouveaux Mandarins
de Siam qui venoient
luy faire compliment de la
part du Roy,& plus il appro
choit de cette Capitale , plus
les Mandarins qu'on envoyoit
au devant de luy , éroient
élevez en dignité ,
& un des deux derniers qui
vint le complimenter, eft l'un
des trois Ambaffadeurs que
ce Monarque a nommez
pour venir en France , & que
Sa Majefté a envoyé querir
à Breft. Mr Le Chevalier de
GALANT. 203
#
Chaumont trouva un Palais
à Siam qui avoit efté baſty
exprés & meublé pour luy
Sa Table y a toûjours efté
fervie en vaiffelle d'or , & les
Tables de ceux de fa fuite en
vaiflelle d'argent. Comme
les environs de Siam font
inondez fix mois de l'année,
& que l'on eftoit au temps de
cette inondation , il y avoir
fur la Riviere un nombre
infiny de petits Bateaux dorez
que les Siamois appellent
Balons. On y voit une efpece
de Trône dans le milieu ,
où les plus confiderables ont
7
304 MERCURE
accoûtumé de fe placer. Ces
Bâtimens tiennent environ
dix ou douze perſonnes . Le
jour que M le Chevalier de
Chaumonteut Audience , le
Roy deSiam en envoya vingt
des fiens qui eftoient d'une
tres - grande magnificence ,
pour luy & fa fuite. Il y eut ce
jour la cent mille hommes de
Milices commandez pour
luy faire plus d'honneur .
Cette Audience fut remar¹
quable par trois circonftane
ces qui furent d'un grand é
clat pour la gloire de la France,
& particulierement pour
GALANT. 305
FaPerfonne duRoy , en faveur
de qui le Roy de Siam fe dépoüilla
de tout ce qui fait
foiftrefa grandeur en de pa
Pa
reilles occafions . Les Am
baffadeurs ont de coûtume
d'entrer feuls à fon Audience,
& douze Gentilshommes
que M le Chevalier de
Chaumont avoit menez a
vec luy ,
l'accompagnerent
,.
& furentaffis fur des Tabou
rets durant l'Audience , peng
dant que toute la Cour étoip
couchée le ventre , & la face
contre terre . Les Ambaffi
deurs ont auffi coûtune: de:
Juin 1686 .
306 MERCURE
a
fe profterner ainfi , & M' le
Chevalier de Chaumont en
fut difpenfé, quoy que le Favory
& le premier Miniftre
du Roy fuffent profternez.
Les Roys de Siam ne prennent
jamais de Lettres de la
main d'aucun Ambaffadeur ,
& ceMonarque prit la Lettre
de Sa Majefté de la propre
main de Mle Chevalier de
Chaumont. Il demanda des
nouvelles de la Santé duRoy,
de celle de Monfeigneur le
Dauphin , de Madame la
Dauphine , de Monſeigneur
le Duc de Bourgogne , de
GALANT. 307
8
Monfeigneur le Duc d'An
jou , & de Monfieur. L'Au
dience finie , M' l'Ambafladeur
, & toute fa fuite furent
traitez dans le Palais avec
toute la magnificence ima
ginable,fuivant les manieres
du Païs , & le Roy pour luy
marquer une plus grande
diſtinction , luy envoya trois
plats des Mers les plus exquis
de fa Table. Aprés cette Au
dience folemnelle , M de
Chaumont en eut plufieurs
r
particulieres de ce Roy , dans
lefquelles il caufa familiere
ment avec luy. Ce Prince fit
Cij
3c8 MERCURE
paroiftre beaucoup d'efprit ,
& de bon fens. I parla du
Roy avec admiration , &
fit voir que toutes les gran
des actions ne luy eftoient
pas inconnues , & je puis
vous dire fur cet Article
que j'appris dés le temps que
fes deux Envoyez eftoient
icy , que ce Monarque faifoit
traduire en Siamois tout:
ce qu'on imprime des meri
veilles de la Vie du Roy , &
que ce que je vous en ay fou - 1
vent mandé , & que vous me
permettez de rendre public,
aprés l'avoir envoyé,
ous
c
GALANT. 309
de
avoit efté aufli mis en cette
Langue. Le Roy de Siam
pria M le Chevalier de
Chaumont de vifiter quel
ques -unes de fes Places , &
permettre qu'un Ingenieur
qu'il avoit amené avec
luy , en allaſt voir quelques
autres pour remarquer le
defaut des Fortifications .
M ' le Chevalier de Chaumont
a mené avec luy juf
ques à Siam fix Jefuites des
plus habiles de leur Ordre
en toutes les parties de Ma
thematiques , fur tour en
Aftronomie , fi eftimée en
310 MERCURE
}
fa Chine , où ils font principalement
deftinez , & où ces
connoiffances peuvent eftre
d'une grande utilité pour a
chever d'y établir le Chri
ftianifme. Ils y vont pourveus
de Lunettes d'approche
& d'Inftrumen's de
Mathematique d'une nou
velle conftruction , pour faires
des Obfervations , qu'ils
ont ordre d'envoyersicy à
Academie des Sciences
par toutes les occafions qu'
ils en auront. Ils doivent
joindre à la Chine les Peres
de leur Ordre, à qui ces for
GALANT 31r
?
tes de Sciences ont acquis
les bonnes graces du Prince
Tartare qui gouverne aujourd'huy
ce grand Empi
re . Sa Majefté , outre leur
Paffage , & les Inftrumens
dont Elle les a fait fournir
abondamment , leur donne
des Penfions annuelles , afin
rien ne leur manque, &
que
qu'ils ne foient à charge à
perfonne. Ils ont ordre auffi
d'entrer dans la connoiffance
des Arts , & de tout ce
qui peut contribuer à faire
fleurir icy ce qui eft encore
fufceptible de quelque per312
MERGURE
fection, de forte que ce pra
jet peut eltre mis au nom
bre d'une infinité
d'autres
qui s'executent
, & qui marquent
que le Roy n'épargne
ny foin ny dépenfe, pour les
bien de l'Eglife , & pour aug
menter la gloire de fon Re-
& la felicité de fes Peu
1
gne, &
ples.no
wh dae
,
it ,
Le
Roy
de
Siam
ayang
fceu
que
ces
fix
Jeſuites
eftoient
venus
avec
M
de
Chaumont
, les
voulut
en
tretenir
, & comme
il arriva
une
Eclipfe
en
ce
tempsla,
ces
Peres
firent
voir
à
GALANT 313.
ce Monarque, par le moyen
de leurs Lunettes , des chofes
qui le furprirent extrémement
, de maniere qu'il offrit
de leur faire bâtir une
Eglife , & une Maiſon , &
de les entretenir , s'ils vouloient
demeurer à Siam
mais comme ils ne pouvoient
accepter des offres fi
avantageufes , eftant deſtinez
pour la Chine , il fut refolu
que l'un d'eux reviendroit
en France , & qu'il en
ameneroit fix autres Peres
quand les Ambaffadeurs s'en
retourneront. Ce choix eft
Fuin 1686.
Dd
734 MERCURE
器
3
tombe fur le Pere Tachard,
qui apporte au Pere de la
Chaife , de la part de ca
Prince , un Crucifix dont le
Chrift eft d'or , & la Crois
d'un bois que les Siamois
eftiment plus que l'or mefme
, à caufe des grandes veri
tus qu'on luy attribuë. diff
Le Roy de Siam nourrit
dix mille Elephans , ce qui
luy doit revenir à des for
mes immenſes, puis que l'entretien
d'un Elephant re
vient icy à deux mille écuss
Mais quand on les nourriroit
à meilleur compte en ce
60000000 Millionsthe
.COM MI
F
GALANT.N
3
Païs-là leur nourriture: ne
doit pas laiffer que de coû
ter beaucoup . Co Monarque
seft veuf, & n'a qu'une Fille,
qu'on appelle la Princeffe
Reyne. Elle a trois grandes
Provinces far lefquelles elle
regne fouverainement,auffr
bien que fur toute faMaiſonl
Une des Filles qui la fervent
ayant dit des chofes dont
elle nendevoir pas parler ,
cette Princeffe la jugen elle
mefme , & ordonna qu'elle
auroit la bouche coufue. Les
ftime que le Roy fon pere at
pour le Roy , luy en ayant
Dd ij
36 MERCURE
fait prendre beaucoup pour
tous les François , comme je
vous lay marqué plufieurs
fois , il en demanda dix ou
douze à M' le Chevalier de
Chaumont quelque temps
avant que cet Ambaffadeur
partift de Siam. M' Fourbin
Lieutenant de Vaiffeau eft
dece nombre, avec un Ingenieur,
un Trompette , & plufeurs
autres,qui connoiffant
l'inclination que ce Roy a
pour la France , & fur tout
pour Sa Majefté, n'ont point,
fait de difficulté de le fatisfaire,
en demeurant à Siam. Il
S
GALANT 37
a honoré Mile Chevalier del
Chaumont de la premiere
Dignité de fon Royaume, &
la fait Oya. Je ne fuis pas en
core affez inftruit de ce que
c'eft que cette Dignité, pour
vous en dire davantage,mais
j'efpere vous en éclaircir lei
mois prochain . Comme il fa
loit pour eftrereceu , faire de
vant le Roy beaucoup de fi
gures qui approchoient de la
genuflexion , & ſe profterner
plufieurs fois , ce Prince en
difpenfa Mª de Chaumont ,{
& luy envoya les marques
de cette Dignité . Outre tous
Id 1 d in
6
18 MERCURE
les Preſens qu'il luy a faits,
il luy a donnés quand il eft
party , tous les meubles du
Palais qu'il eftoit logé , mais
Mide Chaumont n'en a pris
qu'une partie , & la donnél
coux qu'il avoit apportezide
France, pourife meubler une
chainbre , avec une Chaifea
Porcours fort magnifique,au
Favory du Roy de Siam , qui
elt né Grec , & qui fait profeffon
de la Religion Ca
tholique. Ce Favory eft élevé
à une Dignité qui eft audeffus
du premier Miniſtre
appellé le Barcalon . M teChe
GALANTM319:
valier de Chaumont a fait de l
grandes liberalitez à ceux
qui lay ont apportédes Preg
fens de ce Monarque , & a
donné un tres- beau Miroir à
la Princeffe Reyne. Jamais
on n'a vû un fi bon ordre que
celuy qu'il avoit mis dans fa
Mailon. Ses Domestiques
n'ont fait aucun defordre, &
il avoit impoſé des peines
pour châtier fur l'heure ceux
qui contreviendroient à fes
Reglemens, de forte qu'il eft
party deceRoyaume là avec
l'admiration de la Cour &
des Peuples. Le Favory du
Dd iiij
220 MERCURE
Royle vint conduiré juſques :
au lieu où ils eft rembarqué,
qui eft à plus de 40 lieues
de Siam, & le regala magnifiquement.
Après quoy M²:
deChaumont's embarqua a
vec les ttrrooiiss Ambaffadeurs
if viennent vend Siamois ent
qui
France , & qui ont cinquan
të perſonnes à leur ſuite . Si
toft qu'il fut embarqué,il fa
lãa de cinquante volées de
Canon ceux qui l'avoient ac
compagne jufqu'à fon embarquement.
Ces Ambaffa
deurs apportent beaucoup
de Prefens pour le Roy,pour
GALANT 32k
?
toute la Maifon Royale , &
pour les Miniftres. Je ne
vous en feray point aujour
d'huy de dénombrement
mais je ne fçaurois m'empê
cher de vous dire que parmy
ces Prefens, il y a de tres
beauxCanons fondus à Siam,
dont toute la garniture eft
d'argent. Il y auffi de riches
érofes , une infinité de Por
celaines fingulieres , des Cabinets
de la Chine , & quantité
d'Ouvrages des plus curieux
des Indes, & du Japon.
M'de Chaumont arriva le 19.
de ce mois dans le Port de
1-
322 MERCURE
Breft , & depois que Valco
de Gama a doublé le Cap des
Bonne Efperance , & que
Chriftophe Colomb a dési
couvert l'Amerique , il n'y al
aucun exemple d'une plus
grande diligence navale en
fair de Navigation de long
cours. Mais l'Etoile du Roy
guidoit cet Ambaffadeur , &
e'eftoit affez , puis qu'elle reghe
fur les Mers comme fur
la Terre. Si cette Relation
n'eft pas tout- à - fait exacte ,
vous n'en devez pas eftre
furpriſe. A peine ay je pu
avoir deux jours pour ramal
GALANT. 323
fer ce que je vous mande , &
apparemment vous n'atten
diez pas de moy ce mois- cy
tant de recherches curieus
fes fur cette matiere. Je con
tinueray le mois prochain, &
fije me fuis abufé en quel
que chofe , je vous le feray
fçavoir.
fermant ma Lettre , je vous
300 MERCURE
apprendrois des nouvelles de
M le Chevalier de Chau
mont Ambaffadeur de France
auprés du Roy de Siam.
On le croyoit encore à fix
mille liques d'icy lors qu'il
arriva a Verſailles le 24.de ce
mois. Il en a fait douze mille
en moins d'un an , & n'a employé
que 15. mois & demy
en tout fon Voyage. Il partit
de Breft le 3. Mars de
l'année derniere
, avec un
Vaiffeau du Roy nommé
Loyfeau , inonté de 36. pieces
de Canon, & la Fregate nom
mée la Maligne , montée de
GALANT. 3or
301
3
24. Il arriva en dix jours au
Tropique du Cancer du mef
me vent , dont il avoit ap
pareillé au fortir du Porr , aprés
quoy il doubla le Cap
de bonne Efperance fans le
reconnoiftre
. Il arriva à Batavia
le 1. Aouft , & à l'entrée
du Royaume
de Siam au
commencement de Septembre.
Comme il y a peu d'ha
bitations fur cette route , &
que l'on va par eau jufques
à Siam , le Roy avoit fait bâtir
, & meubler des Maifons
de cinq lieuës en cinq lieuës
pour le recevoir , & avoit en302
MERCURE
"
voyé des Officiers pour le
traiter. Il partoit tous les
jours deux nouveaux Mandarins
de Siam qui venoient
luy faire compliment de la
part du Roy,& plus il appro
choit de cette Capitale , plus
les Mandarins qu'on envoyoit
au devant de luy , éroient
élevez en dignité ,
& un des deux derniers qui
vint le complimenter, eft l'un
des trois Ambaffadeurs que
ce Monarque a nommez
pour venir en France , & que
Sa Majefté a envoyé querir
à Breft. Mr Le Chevalier de
GALANT. 203
#
Chaumont trouva un Palais
à Siam qui avoit efté baſty
exprés & meublé pour luy
Sa Table y a toûjours efté
fervie en vaiffelle d'or , & les
Tables de ceux de fa fuite en
vaiflelle d'argent. Comme
les environs de Siam font
inondez fix mois de l'année,
& que l'on eftoit au temps de
cette inondation , il y avoir
fur la Riviere un nombre
infiny de petits Bateaux dorez
que les Siamois appellent
Balons. On y voit une efpece
de Trône dans le milieu ,
où les plus confiderables ont
7
304 MERCURE
accoûtumé de fe placer. Ces
Bâtimens tiennent environ
dix ou douze perſonnes . Le
jour que M le Chevalier de
Chaumonteut Audience , le
Roy deSiam en envoya vingt
des fiens qui eftoient d'une
tres - grande magnificence ,
pour luy & fa fuite. Il y eut ce
jour la cent mille hommes de
Milices commandez pour
luy faire plus d'honneur .
Cette Audience fut remar¹
quable par trois circonftane
ces qui furent d'un grand é
clat pour la gloire de la France,
& particulierement pour
GALANT. 305
FaPerfonne duRoy , en faveur
de qui le Roy de Siam fe dépoüilla
de tout ce qui fait
foiftrefa grandeur en de pa
Pa
reilles occafions . Les Am
baffadeurs ont de coûtume
d'entrer feuls à fon Audience,
& douze Gentilshommes
que M le Chevalier de
Chaumont avoit menez a
vec luy ,
l'accompagnerent
,.
& furentaffis fur des Tabou
rets durant l'Audience , peng
dant que toute la Cour étoip
couchée le ventre , & la face
contre terre . Les Ambaffi
deurs ont auffi coûtune: de:
Juin 1686 .
306 MERCURE
a
fe profterner ainfi , & M' le
Chevalier de Chaumont en
fut difpenfé, quoy que le Favory
& le premier Miniftre
du Roy fuffent profternez.
Les Roys de Siam ne prennent
jamais de Lettres de la
main d'aucun Ambaffadeur ,
& ceMonarque prit la Lettre
de Sa Majefté de la propre
main de Mle Chevalier de
Chaumont. Il demanda des
nouvelles de la Santé duRoy,
de celle de Monfeigneur le
Dauphin , de Madame la
Dauphine , de Monſeigneur
le Duc de Bourgogne , de
GALANT. 307
8
Monfeigneur le Duc d'An
jou , & de Monfieur. L'Au
dience finie , M' l'Ambafladeur
, & toute fa fuite furent
traitez dans le Palais avec
toute la magnificence ima
ginable,fuivant les manieres
du Païs , & le Roy pour luy
marquer une plus grande
diſtinction , luy envoya trois
plats des Mers les plus exquis
de fa Table. Aprés cette Au
dience folemnelle , M de
Chaumont en eut plufieurs
r
particulieres de ce Roy , dans
lefquelles il caufa familiere
ment avec luy. Ce Prince fit
Cij
3c8 MERCURE
paroiftre beaucoup d'efprit ,
& de bon fens. I parla du
Roy avec admiration , &
fit voir que toutes les gran
des actions ne luy eftoient
pas inconnues , & je puis
vous dire fur cet Article
que j'appris dés le temps que
fes deux Envoyez eftoient
icy , que ce Monarque faifoit
traduire en Siamois tout:
ce qu'on imprime des meri
veilles de la Vie du Roy , &
que ce que je vous en ay fou - 1
vent mandé , & que vous me
permettez de rendre public,
aprés l'avoir envoyé,
ous
c
GALANT. 309
de
avoit efté aufli mis en cette
Langue. Le Roy de Siam
pria M le Chevalier de
Chaumont de vifiter quel
ques -unes de fes Places , &
permettre qu'un Ingenieur
qu'il avoit amené avec
luy , en allaſt voir quelques
autres pour remarquer le
defaut des Fortifications .
M ' le Chevalier de Chaumont
a mené avec luy juf
ques à Siam fix Jefuites des
plus habiles de leur Ordre
en toutes les parties de Ma
thematiques , fur tour en
Aftronomie , fi eftimée en
310 MERCURE
}
fa Chine , où ils font principalement
deftinez , & où ces
connoiffances peuvent eftre
d'une grande utilité pour a
chever d'y établir le Chri
ftianifme. Ils y vont pourveus
de Lunettes d'approche
& d'Inftrumen's de
Mathematique d'une nou
velle conftruction , pour faires
des Obfervations , qu'ils
ont ordre d'envoyersicy à
Academie des Sciences
par toutes les occafions qu'
ils en auront. Ils doivent
joindre à la Chine les Peres
de leur Ordre, à qui ces for
GALANT 31r
?
tes de Sciences ont acquis
les bonnes graces du Prince
Tartare qui gouverne aujourd'huy
ce grand Empi
re . Sa Majefté , outre leur
Paffage , & les Inftrumens
dont Elle les a fait fournir
abondamment , leur donne
des Penfions annuelles , afin
rien ne leur manque, &
que
qu'ils ne foient à charge à
perfonne. Ils ont ordre auffi
d'entrer dans la connoiffance
des Arts , & de tout ce
qui peut contribuer à faire
fleurir icy ce qui eft encore
fufceptible de quelque per312
MERGURE
fection, de forte que ce pra
jet peut eltre mis au nom
bre d'une infinité
d'autres
qui s'executent
, & qui marquent
que le Roy n'épargne
ny foin ny dépenfe, pour les
bien de l'Eglife , & pour aug
menter la gloire de fon Re-
& la felicité de fes Peu
1
gne, &
ples.no
wh dae
,
it ,
Le
Roy
de
Siam
ayang
fceu
que
ces
fix
Jeſuites
eftoient
venus
avec
M
de
Chaumont
, les
voulut
en
tretenir
, & comme
il arriva
une
Eclipfe
en
ce
tempsla,
ces
Peres
firent
voir
à
GALANT 313.
ce Monarque, par le moyen
de leurs Lunettes , des chofes
qui le furprirent extrémement
, de maniere qu'il offrit
de leur faire bâtir une
Eglife , & une Maiſon , &
de les entretenir , s'ils vouloient
demeurer à Siam
mais comme ils ne pouvoient
accepter des offres fi
avantageufes , eftant deſtinez
pour la Chine , il fut refolu
que l'un d'eux reviendroit
en France , & qu'il en
ameneroit fix autres Peres
quand les Ambaffadeurs s'en
retourneront. Ce choix eft
Fuin 1686.
Dd
734 MERCURE
器
3
tombe fur le Pere Tachard,
qui apporte au Pere de la
Chaife , de la part de ca
Prince , un Crucifix dont le
Chrift eft d'or , & la Crois
d'un bois que les Siamois
eftiment plus que l'or mefme
, à caufe des grandes veri
tus qu'on luy attribuë. diff
Le Roy de Siam nourrit
dix mille Elephans , ce qui
luy doit revenir à des for
mes immenſes, puis que l'entretien
d'un Elephant re
vient icy à deux mille écuss
Mais quand on les nourriroit
à meilleur compte en ce
60000000 Millionsthe
.COM MI
F
GALANT.N
3
Païs-là leur nourriture: ne
doit pas laiffer que de coû
ter beaucoup . Co Monarque
seft veuf, & n'a qu'une Fille,
qu'on appelle la Princeffe
Reyne. Elle a trois grandes
Provinces far lefquelles elle
regne fouverainement,auffr
bien que fur toute faMaiſonl
Une des Filles qui la fervent
ayant dit des chofes dont
elle nendevoir pas parler ,
cette Princeffe la jugen elle
mefme , & ordonna qu'elle
auroit la bouche coufue. Les
ftime que le Roy fon pere at
pour le Roy , luy en ayant
Dd ij
36 MERCURE
fait prendre beaucoup pour
tous les François , comme je
vous lay marqué plufieurs
fois , il en demanda dix ou
douze à M' le Chevalier de
Chaumont quelque temps
avant que cet Ambaffadeur
partift de Siam. M' Fourbin
Lieutenant de Vaiffeau eft
dece nombre, avec un Ingenieur,
un Trompette , & plufeurs
autres,qui connoiffant
l'inclination que ce Roy a
pour la France , & fur tout
pour Sa Majefté, n'ont point,
fait de difficulté de le fatisfaire,
en demeurant à Siam. Il
S
GALANT 37
a honoré Mile Chevalier del
Chaumont de la premiere
Dignité de fon Royaume, &
la fait Oya. Je ne fuis pas en
core affez inftruit de ce que
c'eft que cette Dignité, pour
vous en dire davantage,mais
j'efpere vous en éclaircir lei
mois prochain . Comme il fa
loit pour eftrereceu , faire de
vant le Roy beaucoup de fi
gures qui approchoient de la
genuflexion , & ſe profterner
plufieurs fois , ce Prince en
difpenfa Mª de Chaumont ,{
& luy envoya les marques
de cette Dignité . Outre tous
Id 1 d in
6
18 MERCURE
les Preſens qu'il luy a faits,
il luy a donnés quand il eft
party , tous les meubles du
Palais qu'il eftoit logé , mais
Mide Chaumont n'en a pris
qu'une partie , & la donnél
coux qu'il avoit apportezide
France, pourife meubler une
chainbre , avec une Chaifea
Porcours fort magnifique,au
Favory du Roy de Siam , qui
elt né Grec , & qui fait profeffon
de la Religion Ca
tholique. Ce Favory eft élevé
à une Dignité qui eft audeffus
du premier Miniſtre
appellé le Barcalon . M teChe
GALANTM319:
valier de Chaumont a fait de l
grandes liberalitez à ceux
qui lay ont apportédes Preg
fens de ce Monarque , & a
donné un tres- beau Miroir à
la Princeffe Reyne. Jamais
on n'a vû un fi bon ordre que
celuy qu'il avoit mis dans fa
Mailon. Ses Domestiques
n'ont fait aucun defordre, &
il avoit impoſé des peines
pour châtier fur l'heure ceux
qui contreviendroient à fes
Reglemens, de forte qu'il eft
party deceRoyaume là avec
l'admiration de la Cour &
des Peuples. Le Favory du
Dd iiij
220 MERCURE
Royle vint conduiré juſques :
au lieu où ils eft rembarqué,
qui eft à plus de 40 lieues
de Siam, & le regala magnifiquement.
Après quoy M²:
deChaumont's embarqua a
vec les ttrrooiiss Ambaffadeurs
if viennent vend Siamois ent
qui
France , & qui ont cinquan
të perſonnes à leur ſuite . Si
toft qu'il fut embarqué,il fa
lãa de cinquante volées de
Canon ceux qui l'avoient ac
compagne jufqu'à fon embarquement.
Ces Ambaffa
deurs apportent beaucoup
de Prefens pour le Roy,pour
GALANT 32k
?
toute la Maifon Royale , &
pour les Miniftres. Je ne
vous en feray point aujour
d'huy de dénombrement
mais je ne fçaurois m'empê
cher de vous dire que parmy
ces Prefens, il y a de tres
beauxCanons fondus à Siam,
dont toute la garniture eft
d'argent. Il y auffi de riches
érofes , une infinité de Por
celaines fingulieres , des Cabinets
de la Chine , & quantité
d'Ouvrages des plus curieux
des Indes, & du Japon.
M'de Chaumont arriva le 19.
de ce mois dans le Port de
1-
322 MERCURE
Breft , & depois que Valco
de Gama a doublé le Cap des
Bonne Efperance , & que
Chriftophe Colomb a dési
couvert l'Amerique , il n'y al
aucun exemple d'une plus
grande diligence navale en
fair de Navigation de long
cours. Mais l'Etoile du Roy
guidoit cet Ambaffadeur , &
e'eftoit affez , puis qu'elle reghe
fur les Mers comme fur
la Terre. Si cette Relation
n'eft pas tout- à - fait exacte ,
vous n'en devez pas eftre
furpriſe. A peine ay je pu
avoir deux jours pour ramal
GALANT. 323
fer ce que je vous mande , &
apparemment vous n'atten
diez pas de moy ce mois- cy
tant de recherches curieus
fes fur cette matiere. Je con
tinueray le mois prochain, &
fije me fuis abufé en quel
que chofe , je vous le feray
fçavoir.
Fermer
42
s. p.
A SON ALTESSE SERENISSIME MONSEIGNEUR ERNEST-AUGUSTE Duc de Brunsvic-Lunebourg, de Hanover, de Calemberg, de Gottinghem, de Grubenhagen, Prince d'Osnabruc, &c.
Début :
MONSEIGNEUR, Depuis onze années que je travaille au Mercure, qu'on [...]
Mots clefs :
Souverains, Actions, Rang, Cour, Sujets, Prince, Peuples, États, Souverains, Fêtes, Spectacles, Parler, Troupes, Gloire, Sang
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A SON ALTESSE SERENISSIME MONSEIGNEUR ERNEST-AUGUSTE Duc de Brunsvic-Lunebourg, de Hanover, de Calemberg, de Gottinghem, de Grubenhagen, Prince d'Osnabruc, &c.
A SON
ALTESSE SERENISSIME.
MONSEIGNEUR
ERNEST 3 AUGUSTE
Duc de Brunfvic- Lunebourg,
de Hanover,de Calemberg, de
Gottinghem , de Grubenha-
Prince d'Ofnabruc , &c.
gen,
ONSEIGNEUR,
Depuis onze années que je travaille
au Mercure , qu'on peut
a ij
EPISTRE.
"
nommer l'Abbregé de l'Hiftoire du
Monde, & dont j'ay déja fait prés
de deux cens Volumes avec quelque
forte d'approbation , puis que le
Public a fouffert que le nombre en
foit devenu fi grand , il y a peu
de Cours , & particulierement dans
l'Europe , dont je n'aye fait voir la
galanterie , la magnificence , & la
grandeur , & par confequent peu
de Souverains dont je n'aye décrit
les plus éclatantes Actions ; mais
comme tant d'augufte Perfonnes ne
font pas toujours également diftinguées
, & qu'il s'en trouve qui font
plus d'honneur à leur rang qu'ils
n'en reçoivent d'éclat , tout ce que
la Renommée a pris foin de m'apprendre
de Vous ,
MONSEIGNEUR
,
pour embellir mon Hiftoire , m'afait
connoiftre qu'un nombre infiny de
brillantes Actions ont fait meriter
EPISTRE.
à V. A.S. une des premieres places
entre les Souverains , qui à force de
vertus fe font élevez au deffus de
beur Naiffance. Qui peut mieux en
eſtre informé que moy ,
MONSEIGNEUR
, qui ayant pris foin de
m'en inftruire , en ay rendu à toute
la terre un compte exact & fidel
le ? J'ay marqué la joye de vos
Peuples lors que vous priftes poffef
fion des Eftats où un droit hereditaire
vous a appellé. Ils connoif-
·foient V. A. S. & le bonheur dont
ils devoient jouir , fous le Regne
glorieux & fortuné d'un-Souverain.
fi digne d'eftre leur Maiftre , &
Si parfaitement honnefte Homme
qualité plus rare & plus eftimée
que les Titres les plus faftueux que
puiffent donner la naissance & la
fortune. Il feroit difficile qu'on
puft porter la magnificence plus loin
a iij
EPISTRE.
que vous avez fait , lors que vous
avez receu chez vous des Souverains
avec leur Cour entiere . Auffi
je travaillay avec beaucoup de
plaifir à la defcription des galantes
& fuperbes Feftes que vous donnaftes
à la feue Reyne Douairiere
de Dannemark , Soeur de V. A. S.
lors que cette Princeſſe y fut regalée
de tous les Spectacles qu'un magnifique
& grand Prince peut donner.
Voftre Ame genereufe n'en
demeura pas-là , & la Cour de cette
auguste Reyne ne quitta la vofre
que comblée de Prefens ; il ne
faut qu'entendre parler là- deffus
ceux qui s'y trouverent , auffi- bien
que tous les Sujets des Souverains
qui ont eu l'avantage de vous voir
dans leurs Eftats ,pour apprendre la
maniere de fe diftinguer en donnant.
L'Allemagne ne s'en tait
pass
EPISTRE.
pas ; l'Italie en parle ; Rome le
publie , & Venife fait retentir
vos loüanges fur un article fi dignes
d'une belle Ame , & qui marque
avec tant d'éclat le caractere d'un
Souverain. C'est par cet endroit,
par vos manieres galantes , & par
vos Troupes , qui ont tant cueilly de
Lauriers cette Campagne avec l'Armée
Venitienne , que vous regnez
dans les coeurs des Sujets de cette
puiffante Republique , comme dans
ceux des voftres mefmes. Quels
Spectacles n'y avez - vous point donnez
? Quels applaudiffemens
n'y
avez - vous point reccns , & avec
quelle ardeur n'y eftes vous point
fouhaité , puis qu'avec l'allegreffe
que vostre galanterie & vos Feftes
y répandent , vos liberalite font
ques ces Peuples n'oublieront jamais
V. A. S. Toutes ces Feftes, tous
-
ces
EPISTRE.
ne
ces Spectacles aufquels un Souve
rain femble eftre obligé pour fou
tenir la gloire de fon rang ,
vous ont point détourné des foins
que vous devez à la conduite de
vos Eftats , & n'ont point empef
ché que vous n'ayez toûjours en
de bonnes Troupes & bien difciplinées.
Je n'entre point dans le
détail de ce que vous avez souvent
fait à leur tefte , & je diray fenlement
que depuis ce temps-là vous
en avez eu en Hongrie qui ont eu
part aux defaites des Ennemis de
la Chreftienté , & que cette année
voftre Sang s'eft partagé pour combattre
ces mefmes Ennemis. Deux
Princes qui tiennent de Vous le
Sang glorieux qui les anime . &
qui les pouffe à chercher la gloire
par tout où on peut la trouver ,
ont combattu , l'un à la tefte des
Cui
EPISTR E.
Cuiraffters de l'Empereur , qu'il
commande , & l'autre avec les Troupes
de Voftre Alteffe Sereniffime
qui font employées dans l'Armée
Venitienne. Je devrois icy, MONSEIGNEUR
parler de voftre Perfonne
, & de cet air grand &
noble qui n'attire pas moins les regards
de tous ceux qui voyent Voftre
Alteffe Sereniffime , que le
rang que vous tenez entre les Souverains.
Je devrois auffi faire une
peinture de vostre Efprit , afin
de vous montrer tout entier aux
Peuples des Nations qui ne peuvent
vous connoistre que par ce
qu'ils entendent dire de Voftre Alteffe
Sereniffime. Mais , MO NSEIGNEUR
il feroit inutile
d'en parler aprés ce que je viens de
dire de Vous , puis qu'il eft impoffable
qu'on ne foit perfuadé qu'un
a v
EPISTRE.
Prince fi galant , fi magnifique
& fi plein de coeur , n'ait pas toutes
les qualite du corps & de l'aqu'on
peut fouhaitter dans me
ر
un Souverain accomply. Tout ce
qui vous touche de plus prés,Mon-
SEIGNEUR , & mefme tout ce qui
vous appartient , jouit des mefmes
dons de la Nature . La France a
reconnu ces veritez lors que voftre
augufte Efpoufe , & la Princeffe
voftre Fille ont brillé à la Cour
de Louis LE GRAND ,
puis qu'elles y ont efté fi eftimées
par tous les endroits qui peuvent
faire meriter au beau Sexe les
louanges d'une Cour difficile , &
de bon gouft , on ne fcauroit douter
qu'elles ne foient außi parfaites
qu'elles y ont paru. Je ne parleray
point ici de l'ancienneté de
voftre Augufte Maifon , il faudroit
fouil
EPISTR E.
fouiller trop avant dans les ficcles
les plus reculez pour penetrerjufques
à fa glorieufe fource , & puis
que les plus anciennesfont les plus
confiderables , & que celle de Voftre
Alteffe Sereniffime , eft generalement
reconnue pour eftre de ce.
nombre , ilfuffit ,fans que je m'étende
plus au long fur une chofe
fi connue , de la mettre au premier
rang des plus illuftres de la terre.
Je n'ouvriray point non plus les
Tombeaux de vos Anceftres , & ne
chercheray point leur Histoire pour
vous louer par ce qu'ils ont fait de
grand , puis que Voftre Alteffe Sereniffime
eft affe digne d'éloges
parce qu'Elle fait Elle - mefme.
Oy , MONSEIGNEUR , mille &
mille endroits de vostre vie porteront
la gloire de vostre nom jufqu'à
la pofterité la plus éloignée.
Vos
EPISTRE.
On ne
Vos Sujets ne font pas les feuls qui
vantent la douceur de voftre Regne
, & le bon choix que vous avez
fait des Miniftres qui gouvernent
fous vos ordres. Ils ne
publient pas feuls vos grandes qualitez
, mais les Etrangers mêlent
leurs voix à celles de ces Sujets
pleins d'amour & de zele.
fçauroit douter de ces veritez qui
vous font fi glorieufes , puis que
tant de Nations differentes en conviennent.
Auffi l'éloge que j'ay ofe
entreprendre, ne contient- il que des
faits , & non de ces paroles flatenfes
qu'on applique à tous ceux dont
la Vie ne fournit aucunes Actions
éclatantes qui meritent qu'on en
parle. QQuuooyy qquuee la reconnoiffance
m'ait engagé à dedier cet Ouvrage
à Voftre Alteffe Sereniffime,
j'ay au moins l'avantage qu'on ne
pren
EPISTR E.
prendra point pour flateries les éloges
que je viens de luy donner.
Je dois cette reconnoiſſance à l'eftime
que vous avez fait voirpour
le Mercure , en témoignant il y au
Sept ans que vous fouhaitiez que
j'euffe l'honneur de vous l'envoyer,
& à la bonté que vous avez euë
de vouloir bien le recevoir depuis
ce temps - là. J'ofe dire , MO NSEIGNEUR
, qu'il n'eftoit pas
indigne de vostre curiofité , puis
que vous y avez veu un nombre infini
des Actions toutes merveillenfes
de Louis LE GRAND,
& que vous y avez lû tout ce que
Vous avez fait de remarquable depuis
un affez grand nombre d'années.
Je ne vous dis rien du Livre
que je prends aujourd'huy la
liberté de vous offrir , puis que
Voftre Alteffe Sereniffime en va
juger
EPISTR E.
juger Elle - mefme. La matiere ,
MONSEIGNEUR , vous en doit
eftre d'autant plus agreable , qu'en
faifant voir les pertes que les Infidelles
viennent de faire, elle vous
fera fouvenir que vostre Sang a
beaucoup contribué à les humilier
en Hongrie,& dans la Morée. Ainfi
c'est beauconp que de vous prefenter
un Ouvrage dont le sujet doit
plaire à Voftre Alteffe Sereniffime,
& il ne me reste plus qu'à vous fupplier
de vouloir permettre que l'Autheur
fe dife avec un profond refpect
,
MONSEIGNEUR ,
De V. A. S.
Le tres- humble & tresobeïffant
ferviteur.
DEVIZE
ALTESSE SERENISSIME.
MONSEIGNEUR
ERNEST 3 AUGUSTE
Duc de Brunfvic- Lunebourg,
de Hanover,de Calemberg, de
Gottinghem , de Grubenha-
Prince d'Ofnabruc , &c.
gen,
ONSEIGNEUR,
Depuis onze années que je travaille
au Mercure , qu'on peut
a ij
EPISTRE.
"
nommer l'Abbregé de l'Hiftoire du
Monde, & dont j'ay déja fait prés
de deux cens Volumes avec quelque
forte d'approbation , puis que le
Public a fouffert que le nombre en
foit devenu fi grand , il y a peu
de Cours , & particulierement dans
l'Europe , dont je n'aye fait voir la
galanterie , la magnificence , & la
grandeur , & par confequent peu
de Souverains dont je n'aye décrit
les plus éclatantes Actions ; mais
comme tant d'augufte Perfonnes ne
font pas toujours également diftinguées
, & qu'il s'en trouve qui font
plus d'honneur à leur rang qu'ils
n'en reçoivent d'éclat , tout ce que
la Renommée a pris foin de m'apprendre
de Vous ,
MONSEIGNEUR
,
pour embellir mon Hiftoire , m'afait
connoiftre qu'un nombre infiny de
brillantes Actions ont fait meriter
EPISTRE.
à V. A.S. une des premieres places
entre les Souverains , qui à force de
vertus fe font élevez au deffus de
beur Naiffance. Qui peut mieux en
eſtre informé que moy ,
MONSEIGNEUR
, qui ayant pris foin de
m'en inftruire , en ay rendu à toute
la terre un compte exact & fidel
le ? J'ay marqué la joye de vos
Peuples lors que vous priftes poffef
fion des Eftats où un droit hereditaire
vous a appellé. Ils connoif-
·foient V. A. S. & le bonheur dont
ils devoient jouir , fous le Regne
glorieux & fortuné d'un-Souverain.
fi digne d'eftre leur Maiftre , &
Si parfaitement honnefte Homme
qualité plus rare & plus eftimée
que les Titres les plus faftueux que
puiffent donner la naissance & la
fortune. Il feroit difficile qu'on
puft porter la magnificence plus loin
a iij
EPISTRE.
que vous avez fait , lors que vous
avez receu chez vous des Souverains
avec leur Cour entiere . Auffi
je travaillay avec beaucoup de
plaifir à la defcription des galantes
& fuperbes Feftes que vous donnaftes
à la feue Reyne Douairiere
de Dannemark , Soeur de V. A. S.
lors que cette Princeſſe y fut regalée
de tous les Spectacles qu'un magnifique
& grand Prince peut donner.
Voftre Ame genereufe n'en
demeura pas-là , & la Cour de cette
auguste Reyne ne quitta la vofre
que comblée de Prefens ; il ne
faut qu'entendre parler là- deffus
ceux qui s'y trouverent , auffi- bien
que tous les Sujets des Souverains
qui ont eu l'avantage de vous voir
dans leurs Eftats ,pour apprendre la
maniere de fe diftinguer en donnant.
L'Allemagne ne s'en tait
pass
EPISTRE.
pas ; l'Italie en parle ; Rome le
publie , & Venife fait retentir
vos loüanges fur un article fi dignes
d'une belle Ame , & qui marque
avec tant d'éclat le caractere d'un
Souverain. C'est par cet endroit,
par vos manieres galantes , & par
vos Troupes , qui ont tant cueilly de
Lauriers cette Campagne avec l'Armée
Venitienne , que vous regnez
dans les coeurs des Sujets de cette
puiffante Republique , comme dans
ceux des voftres mefmes. Quels
Spectacles n'y avez - vous point donnez
? Quels applaudiffemens
n'y
avez - vous point reccns , & avec
quelle ardeur n'y eftes vous point
fouhaité , puis qu'avec l'allegreffe
que vostre galanterie & vos Feftes
y répandent , vos liberalite font
ques ces Peuples n'oublieront jamais
V. A. S. Toutes ces Feftes, tous
-
ces
EPISTRE.
ne
ces Spectacles aufquels un Souve
rain femble eftre obligé pour fou
tenir la gloire de fon rang ,
vous ont point détourné des foins
que vous devez à la conduite de
vos Eftats , & n'ont point empef
ché que vous n'ayez toûjours en
de bonnes Troupes & bien difciplinées.
Je n'entre point dans le
détail de ce que vous avez souvent
fait à leur tefte , & je diray fenlement
que depuis ce temps-là vous
en avez eu en Hongrie qui ont eu
part aux defaites des Ennemis de
la Chreftienté , & que cette année
voftre Sang s'eft partagé pour combattre
ces mefmes Ennemis. Deux
Princes qui tiennent de Vous le
Sang glorieux qui les anime . &
qui les pouffe à chercher la gloire
par tout où on peut la trouver ,
ont combattu , l'un à la tefte des
Cui
EPISTR E.
Cuiraffters de l'Empereur , qu'il
commande , & l'autre avec les Troupes
de Voftre Alteffe Sereniffime
qui font employées dans l'Armée
Venitienne. Je devrois icy, MONSEIGNEUR
parler de voftre Perfonne
, & de cet air grand &
noble qui n'attire pas moins les regards
de tous ceux qui voyent Voftre
Alteffe Sereniffime , que le
rang que vous tenez entre les Souverains.
Je devrois auffi faire une
peinture de vostre Efprit , afin
de vous montrer tout entier aux
Peuples des Nations qui ne peuvent
vous connoistre que par ce
qu'ils entendent dire de Voftre Alteffe
Sereniffime. Mais , MO NSEIGNEUR
il feroit inutile
d'en parler aprés ce que je viens de
dire de Vous , puis qu'il eft impoffable
qu'on ne foit perfuadé qu'un
a v
EPISTRE.
Prince fi galant , fi magnifique
& fi plein de coeur , n'ait pas toutes
les qualite du corps & de l'aqu'on
peut fouhaitter dans me
ر
un Souverain accomply. Tout ce
qui vous touche de plus prés,Mon-
SEIGNEUR , & mefme tout ce qui
vous appartient , jouit des mefmes
dons de la Nature . La France a
reconnu ces veritez lors que voftre
augufte Efpoufe , & la Princeffe
voftre Fille ont brillé à la Cour
de Louis LE GRAND ,
puis qu'elles y ont efté fi eftimées
par tous les endroits qui peuvent
faire meriter au beau Sexe les
louanges d'une Cour difficile , &
de bon gouft , on ne fcauroit douter
qu'elles ne foient außi parfaites
qu'elles y ont paru. Je ne parleray
point ici de l'ancienneté de
voftre Augufte Maifon , il faudroit
fouil
EPISTR E.
fouiller trop avant dans les ficcles
les plus reculez pour penetrerjufques
à fa glorieufe fource , & puis
que les plus anciennesfont les plus
confiderables , & que celle de Voftre
Alteffe Sereniffime , eft generalement
reconnue pour eftre de ce.
nombre , ilfuffit ,fans que je m'étende
plus au long fur une chofe
fi connue , de la mettre au premier
rang des plus illuftres de la terre.
Je n'ouvriray point non plus les
Tombeaux de vos Anceftres , & ne
chercheray point leur Histoire pour
vous louer par ce qu'ils ont fait de
grand , puis que Voftre Alteffe Sereniffime
eft affe digne d'éloges
parce qu'Elle fait Elle - mefme.
Oy , MONSEIGNEUR , mille &
mille endroits de vostre vie porteront
la gloire de vostre nom jufqu'à
la pofterité la plus éloignée.
Vos
EPISTRE.
On ne
Vos Sujets ne font pas les feuls qui
vantent la douceur de voftre Regne
, & le bon choix que vous avez
fait des Miniftres qui gouvernent
fous vos ordres. Ils ne
publient pas feuls vos grandes qualitez
, mais les Etrangers mêlent
leurs voix à celles de ces Sujets
pleins d'amour & de zele.
fçauroit douter de ces veritez qui
vous font fi glorieufes , puis que
tant de Nations differentes en conviennent.
Auffi l'éloge que j'ay ofe
entreprendre, ne contient- il que des
faits , & non de ces paroles flatenfes
qu'on applique à tous ceux dont
la Vie ne fournit aucunes Actions
éclatantes qui meritent qu'on en
parle. QQuuooyy qquuee la reconnoiffance
m'ait engagé à dedier cet Ouvrage
à Voftre Alteffe Sereniffime,
j'ay au moins l'avantage qu'on ne
pren
EPISTR E.
prendra point pour flateries les éloges
que je viens de luy donner.
Je dois cette reconnoiſſance à l'eftime
que vous avez fait voirpour
le Mercure , en témoignant il y au
Sept ans que vous fouhaitiez que
j'euffe l'honneur de vous l'envoyer,
& à la bonté que vous avez euë
de vouloir bien le recevoir depuis
ce temps - là. J'ofe dire , MO NSEIGNEUR
, qu'il n'eftoit pas
indigne de vostre curiofité , puis
que vous y avez veu un nombre infini
des Actions toutes merveillenfes
de Louis LE GRAND,
& que vous y avez lû tout ce que
Vous avez fait de remarquable depuis
un affez grand nombre d'années.
Je ne vous dis rien du Livre
que je prends aujourd'huy la
liberté de vous offrir , puis que
Voftre Alteffe Sereniffime en va
juger
EPISTR E.
juger Elle - mefme. La matiere ,
MONSEIGNEUR , vous en doit
eftre d'autant plus agreable , qu'en
faifant voir les pertes que les Infidelles
viennent de faire, elle vous
fera fouvenir que vostre Sang a
beaucoup contribué à les humilier
en Hongrie,& dans la Morée. Ainfi
c'est beauconp que de vous prefenter
un Ouvrage dont le sujet doit
plaire à Voftre Alteffe Sereniffime,
& il ne me reste plus qu'à vous fupplier
de vouloir permettre que l'Autheur
fe dife avec un profond refpect
,
MONSEIGNEUR ,
De V. A. S.
Le tres- humble & tresobeïffant
ferviteur.
DEVIZE
Fermer
Résumé : A SON ALTESSE SERENISSIME MONSEIGNEUR ERNEST-AUGUSTE Duc de Brunsvic-Lunebourg, de Hanover, de Calemberg, de Gottinghem, de Grubenhagen, Prince d'Osnabruc, &c.
L'épître est adressée à Ernest-Auguste, duc de Brunswick-Lunebourg, de Hanovre, de Calenberg, de Göttingen, de Grubenhagen, et prince d'Osnabrück. L'auteur, collaborateur du Mercure, un abrégé de l'histoire du monde, exprime son admiration pour les nombreuses actions brillantes du duc, qui lui ont valu une place distinguée parmi les souverains. Lors de la prise de possession de ses États héréditaires, les peuples du duc ont manifesté leur joie. Le duc a également fait preuve de magnificence en accueillant des souverains et leurs cours, notamment en offrant des fêtes somptueuses à la reine douairière de Danemark, sœur du duc. Les louanges du duc résonnent en Allemagne, en Italie, à Rome et à Venise, en particulier pour ses manières galantes et ses troupes victorieuses. Malgré ces festivités, le duc n'a pas négligé la conduite de ses États, maintenant des troupes disciplinées et participant activement aux combats contre les ennemis de la chrétienté. L'auteur admire également la famille du duc, notamment son épouse et sa fille, reconnues pour leurs qualités à la cour de Louis XIV. L'épître se conclut par une expression de reconnaissance pour le soutien du duc au Mercure et par l'offrande d'un ouvrage sur les pertes récentes des infidèles, sujet qui devrait plaire au duc.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
43
p. 136-185
Arras [titre d'après la table]
Début :
Le 19. ils disnerent à Sarbret, & ce qu'il y a de surprenant, [...]
Mots clefs :
Arras, Ville, Roi, Ambassadeurs, Comté, France, Dames, Ambassadeur, L'Arbret, Aix-Noulette, Temps, Église cathédrale, Place, Officiers, Actions, Armes, Magnificence, Fortifications, Régiment, Villeneuve, Gloire, Guerre, Prince, Citadelle, Mains, Lieutenant, Honneurs, Capitaine, Monarque, Merveilles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Arras [titre d'après la table]
Le 19. ils difnerent à Sarbret
, & ce qu'il y a de furprenant
, c'eſt qu'encore qu'il
n'y euſt en cet endroit qu'une
ſeule maiſon , deſtinée ſeulement
pour la Poſte , & dans
laquelle il n'y a que des chevaux
, les Ambaſſadeurs y
furent ſervis avec la meſme
magnificence qu'à Paris , ce
qur
qui dans un petit lieu , où
l'on ne peut rien trouver
ſembla tenir de l'enchante-
2
des Amb. de Siam. 137
ment. Les Services paroiffoient
preſque auffi grands que la
Maiſon , ce qui fit dire au
premier Ambaſſadeur que tout
contribuoit à faire voir la magnificence
du Roy. Ils partirent
enfuite pour Arras , Capitale
de l'Artois fur la riviere de
Scarpe. C'eſt une Ville dont
les Fortifications font tresregulieres.
Elle est fort ancienne
, & eftoit la premiere
du Comté de Flandre, quand
Charles leChauvé ladonna en
dotàJudith ſa fille , que Baudoüin
ditBras de fer,Comte de
Flandre épouſa en 863. Elle fut
M
138 III. P. dùVoyage
réunie à la France avec tout
l'Artois en 1180. par le mariage
de Philippe Augufte , avec
Iſabelle de Hainaut , Fille de
Baudoüin V. Le Chapitre de
l'Eglife Cathedrale de Nôtre-
Dame eſt compoſé de 40.
Chanoines , & de 52. Chapelains.
L'Evêque d'Arras eft
Suffragant de Cambray. Il y
a encore d'autres belles Eglifes
, la celebre Abaye de S.
Vaft , & unCollege de Jefuites.
Cette Ville fut livrée à
Maximilien I. en 1493. & enfin
ſoûmiſe aux François en
1640.
des Amb. de Siam. 139.
Les Ambaſſadeurs arriverent
fur les trois heures àune
demie licuë de cette Place . La
Cavalerie qui estoit allée au
devant d'eux , lesy attendoit.
Elle estoit compofée de douze
Compagnies du Regiment
de Conigſmark de 40.Maîtres
chacune. M' Mullor premier
Major du Regiment les commandoit.
Lorſque les Ambaffadeurs
approcherent , il les
fit ſaluer de l'épée par toute
cette Cavalerie , qui preceda
enfuite leur Caroffe. Ils trouverent
à la Bariere de la Contreſcarpe
, Male Comte de
Mij
140 III . P. du Voyage
1
Villeneuve Lieutenant de
Roy d'Aras , & qui commande
en l'abſence deM leComte
de Nancré qui en eſtGouverneur.
Il eſtoit accompagné
de tous les Officiers Majors. Il
leur témoigna la joye qu'il
avoit de pouvoir leur rendre
tous les honneurs que Sa Majeſté
luy avoit ordonné de
leur faire. Ils répondirent à ce
compliment de la maniere la
plus honneſte , & qui pouvoit
mieux marquer leur reconnoiſſance
Ils entrerent enfuite
dans la Ville au bruit
du Canon, & au travers d'une
des Amb. de Siam , 14
double haye d'Infanterie.Elle
eſtoit compoſée du Regiment
de Phiffer , qui avoit la droite,
& de 4 Compagnies du Regiment
de Stoup le jeune ,
qui estoit à gauche , à la tête
deſquelles eſtoit M. Lifler Capitaine
du Regiment. Les
Ambaſſadeurs faluerent toutes
les Dames qui estoient aux
feneftres pour les voir paffer.
Toute l'Infanterie les ſalua
de la pique. Pendant cetems
le carillon de la Ville ſe faifoit
entendre , & l'on fonna
une Cloche appellée Ioyeuse ,
parce qu'on ne la ſonne ja
142 III. P. du Voyage
mais que pour des ſujets de
réjoüiſlance. Quand la tête
de la Cavalerie eût atteint la
queuë de la Garde , à la teſte
de laquelle estoit M Courteft
Capitaine de Phiffer , elle
s'ouvrit , & forma deux hayes
pour laiſſer paffer leurs Caroffes
. M le Comte de Villeneuve
les reçut à la porte de
leur logis , & les conduifit
dans leur chambre , où il
entra feul avec M Torf , &
les Officiers Majors. On lia
converfation en attendant
Mrs les Magiſtrats. Les Ambaſſadeurs
ſe ſervirent de ce
desAmb. de Siam. 143
temps pour demander combien
il y avoit de feux &
d'Habitans dans Arras , & de
quelle grandeur eſtoit la Ville,
dont ils marquerent ſouhaiter
le Plan. Le Pere Recteur
des Jefuites vint pendant ce
temps- là , & leur témoigna ſa
reconnoiſſance que toute la
Compagnie avoit du bon
accüeil que le Roy de Siam
faiſoit aux Jeſuites dans fon
Royaume. L'Ambaſſadeur
luy répondit que le Roy fon
Maître les estimoit beaucoup ,
qu'ils n'en pouvoiët douter, puis
qu'il en demandoit encore. Mrs
144 III. P. du Voyage
du Magiſtrat eftant enſuite
arrivez , les Ambaſſadeurs ſe
leverent de leurs fauteüils , &
apres qu'ils les eurent ſaluez
à leur maniere pour repondre
à leur falut , Mª Palifor
d'Incourt Confeiller de Ville ,
& Deputé General & ordinaire
des Etats d'Artois pour
te tiers Etat , leur parla de cetle
forte .
MESSEIGNEVRS,
Cette Ville d' Arras a toûjours esté
Si jalouſe d'exécuter les ordres du
Roy , qu'elle les a toûjours receus
avec autant d'empreffement que de
Soumiffion. Ceux que Sa Majesté
nous
des Amb.de Siam. 145
nous donne aujourd'huy de vous
honorer avec une distinction toute
finguliere, font fi precis &fi pofitifs
, que nous avons juſte ſujet de
craindre que nos efforts ne soient
auſſi vains là deſſus, que nos volontezfont
finceres & toutes remplies
de ce zéle qui a toûjours fait toute
l'ame&tout l'esprit de nostre obéiffance.
En effet, Meſſeigneurs , ce
grand Roy ne pouvoit pas publier
avec plus d'éclat l'estime qu'il fait
de vostre Monarque & de vos Per-
Sonnes, qui charmez de la gloire
qu'il s'est acquiſe dans les expeditions
de la Guerre , &de laſageſſe
de ſa conduite dans la Paix, avez
bien voulu traverſer tant de mers
&fuivre, pour ainsi dire, le cours
du Soleil , pour voir un Prince quż
par la rapidité defes Victoires Sçait
N
146 III. P. du Voyage
le mieux imiter le mouvement de
ce bel Astre , qu'il prend pour fa
Deviſe. Vous reſſemblez en cela à
l'excellente Princeffe Nicaulis Reine
d'Egypte & d'Ethiopie, laquelle
ayant entendu parler de la vertu &
de la sagesse de Salomon, defira de
voir de ses propres yeux ,fi ce que
la Renommée publivit de luy estoit
veritable ; elle ne craignit point
pour cet effet d'entreprendre un long
voyage ; & aprés avoir esté remplie
d'étonnement de voir dans ce Prince
une capacitéfi extraordinaire, &
tant de merveilles dansfon Royau
me , elle ne pût s'empêcher de s'écrier,
Probavi quod media pars
mihi nuntiata non fuerit , major
eft fapientia tua & opera tua ,
quam rumor quem audivi. Ainsi,
Meßeigneurs , nous ne doutons pas
3
1
des Amb. de Siam. 147
qu'aprés que vous aurez admiré
l'esprit de Loüis le Grand , qui est
le Salomon de nostre fiecle, dans la
grandeur & la magnificence deſes
Bâtimens , dans l'oeconomie de sa
Maison, dans le bel ordre de fes
Troupes nombreuſes tant sur mer
quesur terre , dans le nombre infiny
deſesſurprenantes Conquestes , dans
la regularité des Fortifications de
fes Places, & en un mot, dans tout
le reste deſa conduite, vous ne rapportiezfidellement
à voſtre Souverain
Seigneur , que le bonheur de
nostre augusteMonarquefurpaſſede
beaucoup tout ce que vous vous en
estiezimaginé, &qu'il faut l'avoir
vû pour le pouvoir croire. Au reſte,
Meſſeigneurs , nous ne pouvons
mieux répondre aux commandemens
de Sa Majesté , qu'en vous
Nij
148 III . P. du Voyage
Suppliant trés-humblement de nous
honorer des vostres , & d'agréer ces
petits Prefens que nous vous apportons
pour marque qu'il n'y a rien
dans la Ville qui ne foit entierement
à voſtre diſpoſition , & que
nous sommes avec tout le respect
dont nous sommes capables,
MESSEIGNEVRS,
Vos tres humbles &
tres- obéïffans Serviteurs ,
Les Mayeur & Eſchevins
de la Ville d'Arras ..
1
L'Ambaſſadeur répondit,
Que le Roy fon Maistre estoit
un grand Monarque , qui ayant
entendu parler de la grandeur
desAmb de Siam. 149
du Roy de France , defes Conquestes,
&deſes manieres toutes
genereuſes , avoit envoyé il y a
quelques années des Ambaſſadeurs
pour luy demander fon
amitié ; mais que ces Ambaſſadeurs
ayant vray-femblablement
pery, puiſqu'on n'en avoit point
entendu parler, Sa Majesté Siamoiſe
impatiente de voirfon defir
accomply, les avoit de nouveau
envoyezenFrance, non pour aucun
interest ny pour traiterd'affaires
, puisque l'on doit estre
affez perfuadé que ces deux
grands Rois n'en ont point à
démefler enſemble ; mais uni-
Niij
150 III . P. du Voyage
quement pour l'honorer & pour
luy marquer avec quel empreffement
le Roy de Siam recherche
fon amitié. Ils adjoûterent,
qu'ils avoient beaucoup d'obligation
au Roy de la reception
qu'il avoit ordonné qu'on leur
fift dans toutes les Villes où ils
avoient paßé , & qu'ils remer
cioient en particulierMrs d'Arras
, de l'honneur & des Prefens
qu'ils leur faisoient. Cette réponſe
fit connoiſtre qu'ils
avoient compris le ſens de la
Harangue, puiſque l'Hiſtoire
nous apprend que la Reine de
Saba n'eſtoit venuë voir Sa-
1
des Amb. de Siam. 151
lomon que pouffée du defir
de reconnoiſtre en luy toutes
les merveilles que la Renommée
en publioit, & non pour
traiter avec luy d'aucunes
affaires . M de Ville eftant
fortis , M le Comte de Villeneuve
leur demanda l'ordre
, & ils donnerent pour
mot , qui m'attaque fe pert. Il
eſt à propos de marquer icy
une choſe qui vous fera connoiſtre
les raiſons qu'ils ont
cuës de donner par tout les
mots qui ont eſte ſi approuvez
, & qui leur ont fait meriter
tant de loüanges. En
Niiij
152 III. P. du Voyage
approchant de chaque Ville,
ils s'informoient de l'hiſtoire
de la Ville où ils alloient , de
l'état de la Place , des Sieges
qu'elle avoit ſoûtenus, & du
merite , de la qualité & des
actions du Gouverneur ; & de
toutes ces chofes , ainſi que
de ce qui leur arrivoit , &
de ce qu'ils voyoient dans la
Place, ils formoient les mots
que pour leur faire plus
d'honneur & marquer plus
de déference , les Commandans
leur demandoient. C'eſt
pourquoy ils donnerent celuy
de qui m'attaque se pert,
des Amb. de Siam. 153
ayant appris que de nombreuſes
Armées remplies de
Troupes de differentes Na--
tions,&commandées par des
Chefs d'une grande experience
, & d'une haute reputation
, avoient eſté contraints
de lever le Siege de devant
Arras. Le concours du peuple
fut grand pour les voir
ſouper ; mais comme ils auroient
eſté trop incommodez
, on ne laiſſa entrer que
les premieres perſonnes de la
Ville , & les principales Dames,
auſquelles ils firent tout
le bon accüeil imaginable.
154 III . P. du Voyage
Ils donnerent à la plus confiderable
ce que leur Deffert
avoit de plus beau , pour le
diftribuer aux autres ; ce
qu'ils ont fait fort ſouvent
en de pareilles occaſions .
Ils ne fortirent point le
lendemain matin , mais ils
reçûrent les viſites de M. le
Comte de Villeneuve Lieutenant
de Roy , de M² Bifſetz
Major de la Place , des
principaux Officiers de la
Garnifon , & de quelques
Mrs du Confeil. La plupart
de la Nobleſſe des environs
d'Arras vint auſſi les falier.i
des Amb. de Siam. iss
Onleur propoſa de leur faire
entendre l'aprés- dînée ce qui
fut chanté à Sceaux devant
le Roy , lorſque Sa Majefté
fit l'honneur àMª de Seignelay
d'aller voir cette belle
Maiſon , à quoy ils confentirent.
On ne laiſſa entrer
que les Dames pour les voir
dîner. Sur les deux heures
Me le Comte de Villeneuve
les vint prendre dans quatre
Carroffes , pour les mener à
la Citadelle , où Mª de la
Pleigniere qui en eſt Gouverneur
, les fit recevoir au
bruit du Canon. Ils paffer
156 III. P. du Voyage
rent au travers de deux hayes
d'Infanterie , & les Officiers
les falüerent de la Pique. II
leur fit voir les Fortifications
de la Place ; ils les examinerent
toutes , & demanderent
le nom de chaque piece. Ils
virent auſſi faire l'Exercice à
un Bataillon de Picardie qui
eftoit ſous les Armes , à quoy
ils prirent beaucoup de plaifir
. On leur fit voir enſuite
l'Arcenal , & tout ce qu'il y
a de remarquable dans cette
Citadelle ; aprés quoy on leur
fervit une magnifiqueCollation
, où l'on bût de quandesAnb.
de Siam. 157
zité de differentes Liqueurs.
Les Dames les plus diftinguées
de la Ville s'eſtoient
renduës dans la Citadelle ,
pour les voir plus commodément.
Ils les regalerent
de Confitures , & trouverent
qu'Arras ne manquoit pas de
beautez . La Santé du Roy
ne fut pas oubliée , & quelques
Dames la bûrent auffi.
Cette Affemblée n'eſtoitcompoſée
que de Gens de marque
, puiſqu'outre les Dames
il n'y avoit d'Hommes que
les Officiers de la Garniſon,
tant de la Ville , que de
158 IHI. P. du Voyage
la Citadelle . L'Ambaſſadeur
ayant apperçu un Plan qui
eſtoit attaché à la Tapiſſerie,
demanda quel Plan c'eſtoit.
On luy répondit , que s'eftoit
celuy de la Citadelle ; &
il le demanda à Mª de la
Pleigniere, qui le luy donna.
Comme ils avoient encore
beaucoup de choſes à
voir pendant le reſte de l'aprés-
dînée , ils ſortirent aufſi
- tôt que la Collation fut
finie , aprés avoir remercié
Mª de la Pleigniere en termes
fort obligeans, & le Canonſe
fit entendre à leur for
des Amb . de Siam. 159
tie de la même maniere qu'il
avoit fait lorſqu'ils eftoient
entrez. Ils allerent de là à
F'Eglife Cathedrale , où tout
le Peuple eſtoit accouru en
foule ; ils furent reçûs au
grand Portail par tout leChapitre
en corps , ce qui marquoit
quelque choſe de venerable
& d'augufte. Il avoit
à ſa tête M. le Févre
Prevoſt , Chanoine & Theologal
de cette Cathedrale ,
que nous avons veu Aumônier
& Predicateur de la Reine.
Voicy en quels termes
it parla aux Ambaſſadeurs .
160 III. P. du Voyage
MESSEIGNEURS ,
Puisque Sa Majesté vous envoye
furfes Frontieres pour vous rendre
Spectateurs de ſes Conquestes , que
la Renommée a portées jusqu'au
bout du Monde , ce qui vous afait
traverſer tant de Mers pour venir
admirer ce Salomon de nôtre Siecle
, nous ofons vous afſeurer que
la Ville d'Arras est un des plus
beaux &un des plus anciens Fleurons
de sa Couronne , & qu'il n'a
point dans tous ſes Estats de Province
plus memorable que celle
d'Artois , puisqu'elle a toûjours esté
regardée comme l'oeil & la clefde
toute la Flandre. En effet , Cefar
même n'a point balancé de paſſer
les Alpes , & de faire voir l'Aigle
Romaine aux Portes de cette CapidesAmb.
de Siam. 161
tale , dont le Siege luy cousta si
cher, qu'il avoue dansſes Commentaires
, que dans toutes les autres
attaques il avoit combattu pour la
gloire , mais qu'il avoit dans cellecy
deffendu fa propre vie , tant il
avoit trouvé de courage & de reſiſtance
dans lesPeuples qui la deffendoient.
On en voit encore les
glorieux restes , dans ce fameux
Camp * qui nous environne , où
ce grand Capitaine fut obligé de
demeurer fort long-temps , ne pou
vant vaincre cette genereuse opiniaſtreté
des Artefiens , qui arresta
le cours de ſes Victoires , &qui luy
fit acheter fi cherement la gloire
qu'il en remporta.
Cette Comté fameuse ayant par la
viciffitude des Temps & la revo-
*Le Camp de Cefar prés de l'Abbaye d'Eſtrun
162 III . P. duVoyage
lution des Guerres changé deMaitre
, & passé des mains des Ro
mains , dans celles des François,نم
de Payenne estant devenue Chrétienne,
fut l'Appanage de nos Princes
du Sang. Le grand faint Louys
enfit un Present à Robertfon Frere
; luy laiſſant pour partage les
Fleurs-de-Lys fans nombre , * it
luy fit comprendre qu'il ne devoit
point donner de bornes àson courage
sous un si glorieux Eftendart.
C'est ce Robert d'Artois qui paffantfur
le ventre à tant d'Infideles,
dont il achevoit la deffaiteà la
Mazoure dans l'Egypte , en devint
enfin la Victime , se croyant trop
heureux de verſertoutsonfangpour
la querelle du Sauveur du Monde ,
dont il vouloit arracher le facré
* Qui font les Armes encore aujourd'huy de
cetteProvince,
des Amb. de Siam. 163
Sepulchre des mains des Ottomans,
àla pointe deson épée.
Maissi cette Ville d'Arras s'est
distinguéepar les actions heroïques
qui se sont paßées au pied deses
murailles, &parses Princes qui se
font transportez chez les Nations
tesplus reculées pourysignaler leur
valeur , elle n'est pas moins recommandable
par ce fameux Traité de
Paix d'Arras en 1435.qui mit fin
à tant de differens, &à unesifanglante
guerre qui s'estoit allumée
dans toute l'Europe , ou le Duc de
Bourgogne fut en perſonne avec la
Ducheffefon Epouse Infante de Por
tugal. Ce Traitéy attira tout ce qu'il
yavoit de gens plus confiderables &
plus nobles fur la terre , les Legats
du Pape Eugene IV. ceux du Concile
de Bafle,&de l'Anti-Pape Fe
O ij
164 III. P. du Voyage
lix. L'EmpereurSigismond, lesRois
de Caſtille, d'Arragon, de Navarre,
de Naple , de Sicile & de Chypre,
de Dannemark & de Pologne, yenu.
voyerent leurs Ambaſſadeurs , qui .
jaloux de la gloire de leurs Nations
, affectoient une magnificence
extraordinaire . Ceux de France &
d'Angleterre encherirentfur les au
tres par la pompe de leurs Equipages
, les Ducs de Bourbon & de
Vendofme, avec les Conneſtable &
Chancelier, les Marcſchaux deRieux.
& de la Fayette, Adam de Cambray
Premier President au Parlement de
Paris,tous accompagnez d'une infinité
de Nobleffe de la Nation, qui
par leur politeffe & leur lustre don
nerent une haute idée de la leur.
Ce fut dans cetteAſſemblée que le..
Roy de France &le Duc de BourdesAmb.
de Siam. 165
gogne jetterent les fondemens d'une
Paix fincere, dont les fuites ont
esté trés- avantageuses à toute l'Europe
, qui fut jurée folemnellement
dans cette Eglise Cathedrale.
Voilà, Meffſeigneurs , l'éclat que
ba Ville d'Arras a tiré de la Paix
comme de la Guerre ; & cette Capitale
ayant depuis tombé tantôt.
dans les mains de Lauys XI. tantôt
dans celles de l'Empereur Maximilien
, qui faisoient à l'envy
leurs efforts pout s'en rendre les
Maistres , elle fut ensuite la dépofitaire
des cendres des Heros les.
plus distinguez dans la Guerre ;
puisque le Duc de Parme &le Maréchal
de Gaffion fant ensevelis.
dans l'enceinte de ses murailles,
comme si c'estoit le deftin à cette
Ville martiale de garder les précieux.
166 III. P. du Voyage
reftes de la bravoure& de la ge
nerosité qui fut le partage de ces
deux grands Capitaines.
Enfin Louys le lufte fut le dernier
Prince qui s'en afſeura la conqueste
par ses Armes victorieuses .
Elle ne balança pas d'ouvrir fis
Portes à un Roy qui devoit finir
fes miferes auffi- tôt qu'elle deviendroit
sasujette ; &pour en écarter
àjamais la tempeste qui la me
naçoit , LOVIS LE GRAND
en a reculé si loin la Frontiere de
fes Estats , qu'elte en est aujour
d'huy le centre , au lieu qu'elle en
estoit autrefois l'extremité : fi bien
que comme le grand Pompée fe
vantoit d'avoir fait parsa victoire
de l'Asie mineure , le milieu de
l'Empire Romain , qu'elle bornoiz
auparavant ; auffi l'on peut dire
des Amb. de Siam. 167
que la fameuse Ville d'Arras doit
aux Armesde LOVIS LE GRAND
l'avantage d'estre aujour'dbuy le
coeur de la France , dont elle estoit
cy - devant la teste.
Mais il manquoit àfagloire d'avoir
pour témoins deses antiquitez,
deses Fortifications , &defes
fertiles Campagnes , les Peuples les
plus reculez , quipour admirer toutes
ces merveilles ont traversé
toute la distance qui ſeparele Gange
d'avec la Mer Occidentale ,
qui vivant dans des Climats où
le Soleil commence sa course , font
venus jusqu'à ceux où ce grand
Aftre la finit ; en forte que l'on
peut dire de chacun de vous, Mef-
Seigneurs, ce que nous liſons dans
LeRoyProphete, quand il nous veut
donner une idée de fon mouve168
III . P. du Voyage
ment : * Exultavit ut gigas ad
currendam viam à ſummo Cælo
egreffio ejus , & occurfus ejus,
uſque ad fummum ejus.
Heureuſe Province , d'avoir receu
des Ambassadeurs Estrangers,
également venerables par le Prince
qu'ils reprefentent , &par l'importance
de leur ministere , qui n'ont
point apprehendé de faire un Voyage
de fix mille lieües pour ſe ménager
une Alliance avec LOVIS
LE GRAND. Ils pourront apprendre
au Roy de Siam toutes les
chofes quise font paßées sous fon
Regne , les grandes & fameuses
Victoires qu'il a remportées , les
Provinces qu'il a conquiſes , les
Citadelles qu'il a fait élever au
milien des Eaux , les Marais qu'il
*Pfal.. 44
desAmb de Siam. 169
deſſechez, le fecret qu'il a trouvé
de faire une Digue à la Mer,
pour arreſter l'impetuosité de ses ondes
qui n'avoient point encore più
trouver d'obstacle à leur rapidité.
Sans doute , Meſſeigneurs , le Roy
de Siam furpris de tant de merveilles
, se fera de LOVIS LE
GRAND une idée bien au deſſus
de celle que sa reputation luy avoit
donnée. Vôtre Roy que vous nommez
chez vous le Seigneur des Seigneurs
, & la seule cause du bon
heur deses Peuples , fera bien aiſe
d'apprendre de vous que vom avez
trouvé les François pleins de refpect
& de foimiſſion pour leur
Prince. Puiſſi z vous l'affeurer qu'il
n'est pas moins l'exemple , que le
Souverain de fes Sujets , &qu'il les
gouverne encore plus parses vertus,
P
1
170 III. P. du Voyage
que parses Loix. Peut- estre qu'en
luy representant l'Architecture &م
la beauté de cette Cathedrale , ore
reposent les cendres de Monfieur le
Comte de Vermandois , qui marchant
fur les traces de fon auguste Pere ,
aujourd'huy le plus grand des Rois ,
commençoit à ſe ſignaler déja dans la
Guerre ( C'est le précieux dépost que
Sa Majesté nous a confié depuis trois
ans dans ce Temple , où les ceremonies
de l'Eglife Chrétienne se celebrent
avec tant d'exactitude, & qui
depuis plus de treize Siecles a toujours
efté deffervie par tant de Saints
Evêques par tant de Chanoines,
d'un merite fi diftingué ) Peut- estre,
dis - je , que par un miracle qui n'a
point encore paru dans nosjours , le
Ciclouvrira fon coeur , & le faisant
fortir avec ses sujets des tenebres
des Amb. de Siam. 171
qui les aveuglent , il luy donnera
l'envie d'imiter LOVIS LE
GRAND dans sa Religion , comme
dans sa Domination : fi bienque
faisant tous deux une Alliance de
picté , comme de commerce ilsferont
tous deux également heureux
dans ce Monde , &pourront ajous.
ter à la Couronne qu'ils poſſedent
déjafur la Terre , celle de l'Eternité.
,
CetteHarangue ayant eſté
interpretée , l'Ambaſſadeur
répondit , Voftre Harangue ,
Monfieur , roule fur deux chefs,
fur la gloire de Loüis XIV. &
fur le defir que vous avez ainſi
que Sa Majesté , de noftre con-
Pij
172 III. P. du Voyage
version. A l'égard du premier,
on ne peut estre mieux perfuadé
que nous leſommes, des grandes
actions de ce Monarque , dont
la reputation nous a fait venir
de fi loin. Nous ne doutons pas
non plus defa magnificence &
de fa grandeur, puisque nous en
avons fait une experience ſenſible
à ſa Cour &furfes Frontieres.
A l'égard du ſecond point
qui regarde nostre converſion à
la Foy Catholique Romaine, nous
avons des Evesques en noftre
Royaume , qui pourront nous en
inftruire. Il remercia enfuite
tout le Corps du Chapitre,
des Amb. de Siam. 173
de l'honneur qu'il leur faifoit
; aprés quoy ils regarderent
l'Egliſe tant par dehors
que par dedans. Ils entrerent
dans le Choeur , dont ils admirerent
l'Architecture , &
particulierement les petits pilliers
qui ſoûtiennent un auffi
grand Vaiſſeau. On les conduifit
vers la Tombe de M
le Comte de Vermandois , &
on leur dit , qu'il eſtoit grand
Admiral, legitimé de France, &
Frere de Madame la Princeffe de
Conty. L'on s'apperceut alors
qu'ils ſe mirent tous trois fur
ce Tombeau, qu'ils porterent
Piij
174 III . P. du Voyage
leurs mains à leurs yeux , &
qu'ils les frotterent ; & l'on
apprit que c'eſt une maniere
uſitée chez eux pour témoigner
leur deüil. Ils prirent
beaucoup de plaisir à entendre
les Orgues de cette Cathedrale
, qui font fort bonnes
; & fortirent de cette
Egliſe aprés avoir fait de
nouveaux remercîmens au
Prevoſt & aux Chanoines .
Apres cela ils allerent au
Magaſin d'Armes, qu'ils trouverent
en trés-bon état. C'eſt
l'effet des ſoins du Miniſtre
qui s'en meſle. Ils virent auffi
desAmb . de Siam , 175
la celebre Abbaye de Saint-
Vaaſt , & furent receus à la
Porte par le Grand Prieur ,
qui eſtoit à la teſte de fa
Communauté , & qui leur fit
un compliment affez court.
Il le finit en diſant , qu'ils les
recevoient avec tous les honneurs
qu'il eſtoit en leur pouvoir de
leurfaire, puiſque la haute eftime
que Sa Majesté faisoit du
Monarque qui les luy avoit envoyez,
&la confideration particuliere
qu'Elle avoit pour leurs
Excellences , estoit la régle du
profond respect avec lequel ils
ſe preſentoient à eux, en leur
Piiij
176 III. P. du Voyage
offrant très-humblement leMonastere
& tout ce qui en dépendoit.
Ils répondirent qu'ils eftoient
bien perfuadez que les
honneurs que ces Religieux leur
rendoient, estoient une continiation
des effets de la bonté du
Roy à leur égard , & que c'eftoit
à Sa Majesté à qui ils en
avoient toute l'obligation ; mais
qu'ils vouloient pourtant leur en
avoir aufſi. Enfuite ils les
remercierent de la maniere
honneſte dont ils en uſoient;
aprés quoy ils entrerent dans
l'Eglife , & s'arreſterent dans
la Nef pour en confiderer la
des Amb. de Siam. 177
ſtructure ; ce qu'ils firent fort
attentivement. Puis ils entrerent
au Choeur , & s'attacherent
à regarder la ſculpture
des Chaiſes, qui eſt trés-belle
&fort eſtimée . On leur montra
leTombeau du RoyThierry
de la premiere Race , & Fondateur
de ce Convent ; & on
leur dit qu'il ne s'en faloit que
8 années qu'il ne fuft mort ily
a mille ans. L'Ambaſſadeur
demanda comment il eſtoit poffible
qu'ily eust un Roy de France
enterré dans cette Abbaye depuis
fi longtemps , &qu'ily en
cust fi peu , que ce Pays ap
178 III. P. du Voyage
partenoit à la France , Arras
ayant esté pris par le feu Roy.
Le Grand Prieur leur expliqua
en peu de mots , comment
tout le Pays-bas eſtoit
une partie du Royaume de
France ; qu'il n'en avoit eſté
ſeparé que trés-peu de temps,
ſçavoir depuis l'an 1525. jufques
en l'an 1640. & qu'à
l'exception de ce temps-là,
les Rois de France en avoient
toûjours eſté reconnus pour
legitimes Souverains . On les
mena au fortir de l'Eglife ,
dans les Cloiftres, & dans un
Refectoire. De là ils repaffe
des Amb. de Siam. 179
rent par l'Eglife , & eftant à
la porte , l'Ambaſſadeur fit
tout ce qu'il pût pour empeſcher
le Grand Prieur de le
conduire juſqu'à fon carroffe
; mais il crut eſtre obligé
de l'y voir monter. Je ne
vous parleray point des complimens
de remercîment que
firent les Ambaſſadeurs , & je
les retrancheray meſme en
beaucoup d'endroits, puiſque
leur civilité eſt aſſez connuë
pour ne pas douter qu'ils n'en
ayent donné des marques à
toutes les perſonnes qui ont
pris la peine de leur montrer
quelque choſe.
180 III. P. du Voyage
Au fortir de l'Abbaye de
Saint Vaaft , ils allerent au
Concert dont on leur avoit
parlé le matin , & dont Madame
de Préfontaine, femme
du Prefident du Confeil d'Artois
, faifoit les honneurs
Elle les reçût accompagnée
des principales Dames de la
Ville. Les Muficiens estoient
dans une fort grande Salle,
dans laquelle il ſe trouva une
grande affluence de monde,
quelque ordre qu'on cût apporté
pour empêcher la foule.
Ils furent fort fatisfaits
de ce Concert , & le témoides
Amb . de Siam. 181
gnerent à Madame de Préfontaine
, en luy faiſant leurs
remerciemens . Ils retournerent
enſuite chez eux , où ils
trouverent leur Garde ſous
les Armes ; car on avoit mis
à la porte de leur Logement
une Compagnie Suiſſe , avec
un Capitaine & un Lieutenant.
Elle fortoit du Corps
de garde pour ſe mettre en
hayequand les Ambaſſadeurs
devoient fortir , & battoit
lorſqu'ils fortoient & qu'ils
rentroient. Aufli - tôt qu'ils
furent arrivez chez eux , Mr
Biſſetz leur porta le Plan de
182 III. P.du Voyage
la Ville que le premier Am
baffadeur luy avoit deman-
-dé , & qu'il examina d'une
maniere qui marquoit qu'il
commençoit à devenir ſçavant
dans nos Fortifications .
Ce même Major leur demanda
le mot , & ils donnerent
Actions éclatantes , par
rapport à ce ce qu'on leur
avoit dit, qu'aux deux Sieges
d'Arras il y avoit eu beaucoup
d'actions remarquables,
& particulierement au ſecond
, où les Afliegeans avoient
ſouvent eſté repouffez.
On leur avoit même
4
des Amb. de Siam. 183
montré les endroits où les
actions de vigueur s'eftoient
-faites . Le premier Ambaffadeur
demanda à M Biffetz
, s'il estoit François ; &
comme on luy eut répondu ,
que oüy , &qu'il estoit Major
de la Place , il luy dit , qu'en
fon Pays on avoit la barbe &
les cheveux comme luy. M
Biſſetz luy répondit , que s'il
n'eſtoit point François , il voudroit
estre Siamois . Comme
il y avoit beaucoup de Dames
à Arras qui n'avoient
encore pû les voir , il s'en
trouva beaucoup ce foir-là à
r
184 III. P.du Voyage
leur ſoûpé , où tout ſe paſſa
à lordinaire .
Le lendemain 21. M le
Lieutenant de Roy & Ms les
Officiers Majors , ſe rendirent
à leur lever ; & les Ambaſſadeurs
aprés les avoir remerciez
avec des expreffions
pleines de reconnoiffance ,
monterent en Carroſſe à huit
heures préciſes du matin ; &
toutes les Troupes eſtant
fous les Armes comme à leur
arrivée , ils fortirent au bruit
du Canon & du Carillon de
la Ville. Mes du Magiſtrat
le firent joüer trois fois le
desAmb. de Siam. 185
jour pendant tout le temps
que ces Ambaſſadeurs féjournerent
à Arras , ſçavoir une
heure au matin , une hcure à
midy , & une heure. le ſoir,
ainſi qu'à leur entrée & à leur
fortie . Ils allerent ce jour-là
21. dîner à Aiffe , qui eſt un
petit Village entre Arras &
Bethune.
, & ce qu'il y a de furprenant
, c'eſt qu'encore qu'il
n'y euſt en cet endroit qu'une
ſeule maiſon , deſtinée ſeulement
pour la Poſte , & dans
laquelle il n'y a que des chevaux
, les Ambaſſadeurs y
furent ſervis avec la meſme
magnificence qu'à Paris , ce
qur
qui dans un petit lieu , où
l'on ne peut rien trouver
ſembla tenir de l'enchante-
2
des Amb. de Siam. 137
ment. Les Services paroiffoient
preſque auffi grands que la
Maiſon , ce qui fit dire au
premier Ambaſſadeur que tout
contribuoit à faire voir la magnificence
du Roy. Ils partirent
enfuite pour Arras , Capitale
de l'Artois fur la riviere de
Scarpe. C'eſt une Ville dont
les Fortifications font tresregulieres.
Elle est fort ancienne
, & eftoit la premiere
du Comté de Flandre, quand
Charles leChauvé ladonna en
dotàJudith ſa fille , que Baudoüin
ditBras de fer,Comte de
Flandre épouſa en 863. Elle fut
M
138 III. P. dùVoyage
réunie à la France avec tout
l'Artois en 1180. par le mariage
de Philippe Augufte , avec
Iſabelle de Hainaut , Fille de
Baudoüin V. Le Chapitre de
l'Eglife Cathedrale de Nôtre-
Dame eſt compoſé de 40.
Chanoines , & de 52. Chapelains.
L'Evêque d'Arras eft
Suffragant de Cambray. Il y
a encore d'autres belles Eglifes
, la celebre Abaye de S.
Vaft , & unCollege de Jefuites.
Cette Ville fut livrée à
Maximilien I. en 1493. & enfin
ſoûmiſe aux François en
1640.
des Amb. de Siam. 139.
Les Ambaſſadeurs arriverent
fur les trois heures àune
demie licuë de cette Place . La
Cavalerie qui estoit allée au
devant d'eux , lesy attendoit.
Elle estoit compofée de douze
Compagnies du Regiment
de Conigſmark de 40.Maîtres
chacune. M' Mullor premier
Major du Regiment les commandoit.
Lorſque les Ambaffadeurs
approcherent , il les
fit ſaluer de l'épée par toute
cette Cavalerie , qui preceda
enfuite leur Caroffe. Ils trouverent
à la Bariere de la Contreſcarpe
, Male Comte de
Mij
140 III . P. du Voyage
1
Villeneuve Lieutenant de
Roy d'Aras , & qui commande
en l'abſence deM leComte
de Nancré qui en eſtGouverneur.
Il eſtoit accompagné
de tous les Officiers Majors. Il
leur témoigna la joye qu'il
avoit de pouvoir leur rendre
tous les honneurs que Sa Majeſté
luy avoit ordonné de
leur faire. Ils répondirent à ce
compliment de la maniere la
plus honneſte , & qui pouvoit
mieux marquer leur reconnoiſſance
Ils entrerent enfuite
dans la Ville au bruit
du Canon, & au travers d'une
des Amb. de Siam , 14
double haye d'Infanterie.Elle
eſtoit compoſée du Regiment
de Phiffer , qui avoit la droite,
& de 4 Compagnies du Regiment
de Stoup le jeune ,
qui estoit à gauche , à la tête
deſquelles eſtoit M. Lifler Capitaine
du Regiment. Les
Ambaſſadeurs faluerent toutes
les Dames qui estoient aux
feneftres pour les voir paffer.
Toute l'Infanterie les ſalua
de la pique. Pendant cetems
le carillon de la Ville ſe faifoit
entendre , & l'on fonna
une Cloche appellée Ioyeuse ,
parce qu'on ne la ſonne ja
142 III. P. du Voyage
mais que pour des ſujets de
réjoüiſlance. Quand la tête
de la Cavalerie eût atteint la
queuë de la Garde , à la teſte
de laquelle estoit M Courteft
Capitaine de Phiffer , elle
s'ouvrit , & forma deux hayes
pour laiſſer paffer leurs Caroffes
. M le Comte de Villeneuve
les reçut à la porte de
leur logis , & les conduifit
dans leur chambre , où il
entra feul avec M Torf , &
les Officiers Majors. On lia
converfation en attendant
Mrs les Magiſtrats. Les Ambaſſadeurs
ſe ſervirent de ce
desAmb. de Siam. 143
temps pour demander combien
il y avoit de feux &
d'Habitans dans Arras , & de
quelle grandeur eſtoit la Ville,
dont ils marquerent ſouhaiter
le Plan. Le Pere Recteur
des Jefuites vint pendant ce
temps- là , & leur témoigna ſa
reconnoiſſance que toute la
Compagnie avoit du bon
accüeil que le Roy de Siam
faiſoit aux Jeſuites dans fon
Royaume. L'Ambaſſadeur
luy répondit que le Roy fon
Maître les estimoit beaucoup ,
qu'ils n'en pouvoiët douter, puis
qu'il en demandoit encore. Mrs
144 III. P. du Voyage
du Magiſtrat eftant enſuite
arrivez , les Ambaſſadeurs ſe
leverent de leurs fauteüils , &
apres qu'ils les eurent ſaluez
à leur maniere pour repondre
à leur falut , Mª Palifor
d'Incourt Confeiller de Ville ,
& Deputé General & ordinaire
des Etats d'Artois pour
te tiers Etat , leur parla de cetle
forte .
MESSEIGNEVRS,
Cette Ville d' Arras a toûjours esté
Si jalouſe d'exécuter les ordres du
Roy , qu'elle les a toûjours receus
avec autant d'empreffement que de
Soumiffion. Ceux que Sa Majesté
nous
des Amb.de Siam. 145
nous donne aujourd'huy de vous
honorer avec une distinction toute
finguliere, font fi precis &fi pofitifs
, que nous avons juſte ſujet de
craindre que nos efforts ne soient
auſſi vains là deſſus, que nos volontezfont
finceres & toutes remplies
de ce zéle qui a toûjours fait toute
l'ame&tout l'esprit de nostre obéiffance.
En effet, Meſſeigneurs , ce
grand Roy ne pouvoit pas publier
avec plus d'éclat l'estime qu'il fait
de vostre Monarque & de vos Per-
Sonnes, qui charmez de la gloire
qu'il s'est acquiſe dans les expeditions
de la Guerre , &de laſageſſe
de ſa conduite dans la Paix, avez
bien voulu traverſer tant de mers
&fuivre, pour ainsi dire, le cours
du Soleil , pour voir un Prince quż
par la rapidité defes Victoires Sçait
N
146 III. P. du Voyage
le mieux imiter le mouvement de
ce bel Astre , qu'il prend pour fa
Deviſe. Vous reſſemblez en cela à
l'excellente Princeffe Nicaulis Reine
d'Egypte & d'Ethiopie, laquelle
ayant entendu parler de la vertu &
de la sagesse de Salomon, defira de
voir de ses propres yeux ,fi ce que
la Renommée publivit de luy estoit
veritable ; elle ne craignit point
pour cet effet d'entreprendre un long
voyage ; & aprés avoir esté remplie
d'étonnement de voir dans ce Prince
une capacitéfi extraordinaire, &
tant de merveilles dansfon Royau
me , elle ne pût s'empêcher de s'écrier,
Probavi quod media pars
mihi nuntiata non fuerit , major
eft fapientia tua & opera tua ,
quam rumor quem audivi. Ainsi,
Meßeigneurs , nous ne doutons pas
3
1
des Amb. de Siam. 147
qu'aprés que vous aurez admiré
l'esprit de Loüis le Grand , qui est
le Salomon de nostre fiecle, dans la
grandeur & la magnificence deſes
Bâtimens , dans l'oeconomie de sa
Maison, dans le bel ordre de fes
Troupes nombreuſes tant sur mer
quesur terre , dans le nombre infiny
deſesſurprenantes Conquestes , dans
la regularité des Fortifications de
fes Places, & en un mot, dans tout
le reste deſa conduite, vous ne rapportiezfidellement
à voſtre Souverain
Seigneur , que le bonheur de
nostre augusteMonarquefurpaſſede
beaucoup tout ce que vous vous en
estiezimaginé, &qu'il faut l'avoir
vû pour le pouvoir croire. Au reſte,
Meſſeigneurs , nous ne pouvons
mieux répondre aux commandemens
de Sa Majesté , qu'en vous
Nij
148 III . P. du Voyage
Suppliant trés-humblement de nous
honorer des vostres , & d'agréer ces
petits Prefens que nous vous apportons
pour marque qu'il n'y a rien
dans la Ville qui ne foit entierement
à voſtre diſpoſition , & que
nous sommes avec tout le respect
dont nous sommes capables,
MESSEIGNEVRS,
Vos tres humbles &
tres- obéïffans Serviteurs ,
Les Mayeur & Eſchevins
de la Ville d'Arras ..
1
L'Ambaſſadeur répondit,
Que le Roy fon Maistre estoit
un grand Monarque , qui ayant
entendu parler de la grandeur
desAmb de Siam. 149
du Roy de France , defes Conquestes,
&deſes manieres toutes
genereuſes , avoit envoyé il y a
quelques années des Ambaſſadeurs
pour luy demander fon
amitié ; mais que ces Ambaſſadeurs
ayant vray-femblablement
pery, puiſqu'on n'en avoit point
entendu parler, Sa Majesté Siamoiſe
impatiente de voirfon defir
accomply, les avoit de nouveau
envoyezenFrance, non pour aucun
interest ny pour traiterd'affaires
, puisque l'on doit estre
affez perfuadé que ces deux
grands Rois n'en ont point à
démefler enſemble ; mais uni-
Niij
150 III . P. du Voyage
quement pour l'honorer & pour
luy marquer avec quel empreffement
le Roy de Siam recherche
fon amitié. Ils adjoûterent,
qu'ils avoient beaucoup d'obligation
au Roy de la reception
qu'il avoit ordonné qu'on leur
fift dans toutes les Villes où ils
avoient paßé , & qu'ils remer
cioient en particulierMrs d'Arras
, de l'honneur & des Prefens
qu'ils leur faisoient. Cette réponſe
fit connoiſtre qu'ils
avoient compris le ſens de la
Harangue, puiſque l'Hiſtoire
nous apprend que la Reine de
Saba n'eſtoit venuë voir Sa-
1
des Amb. de Siam. 151
lomon que pouffée du defir
de reconnoiſtre en luy toutes
les merveilles que la Renommée
en publioit, & non pour
traiter avec luy d'aucunes
affaires . M de Ville eftant
fortis , M le Comte de Villeneuve
leur demanda l'ordre
, & ils donnerent pour
mot , qui m'attaque fe pert. Il
eſt à propos de marquer icy
une choſe qui vous fera connoiſtre
les raiſons qu'ils ont
cuës de donner par tout les
mots qui ont eſte ſi approuvez
, & qui leur ont fait meriter
tant de loüanges. En
Niiij
152 III. P. du Voyage
approchant de chaque Ville,
ils s'informoient de l'hiſtoire
de la Ville où ils alloient , de
l'état de la Place , des Sieges
qu'elle avoit ſoûtenus, & du
merite , de la qualité & des
actions du Gouverneur ; & de
toutes ces chofes , ainſi que
de ce qui leur arrivoit , &
de ce qu'ils voyoient dans la
Place, ils formoient les mots
que pour leur faire plus
d'honneur & marquer plus
de déference , les Commandans
leur demandoient. C'eſt
pourquoy ils donnerent celuy
de qui m'attaque se pert,
des Amb. de Siam. 153
ayant appris que de nombreuſes
Armées remplies de
Troupes de differentes Na--
tions,&commandées par des
Chefs d'une grande experience
, & d'une haute reputation
, avoient eſté contraints
de lever le Siege de devant
Arras. Le concours du peuple
fut grand pour les voir
ſouper ; mais comme ils auroient
eſté trop incommodez
, on ne laiſſa entrer que
les premieres perſonnes de la
Ville , & les principales Dames,
auſquelles ils firent tout
le bon accüeil imaginable.
154 III . P. du Voyage
Ils donnerent à la plus confiderable
ce que leur Deffert
avoit de plus beau , pour le
diftribuer aux autres ; ce
qu'ils ont fait fort ſouvent
en de pareilles occaſions .
Ils ne fortirent point le
lendemain matin , mais ils
reçûrent les viſites de M. le
Comte de Villeneuve Lieutenant
de Roy , de M² Bifſetz
Major de la Place , des
principaux Officiers de la
Garnifon , & de quelques
Mrs du Confeil. La plupart
de la Nobleſſe des environs
d'Arras vint auſſi les falier.i
des Amb. de Siam. iss
Onleur propoſa de leur faire
entendre l'aprés- dînée ce qui
fut chanté à Sceaux devant
le Roy , lorſque Sa Majefté
fit l'honneur àMª de Seignelay
d'aller voir cette belle
Maiſon , à quoy ils confentirent.
On ne laiſſa entrer
que les Dames pour les voir
dîner. Sur les deux heures
Me le Comte de Villeneuve
les vint prendre dans quatre
Carroffes , pour les mener à
la Citadelle , où Mª de la
Pleigniere qui en eſt Gouverneur
, les fit recevoir au
bruit du Canon. Ils paffer
156 III. P. du Voyage
rent au travers de deux hayes
d'Infanterie , & les Officiers
les falüerent de la Pique. II
leur fit voir les Fortifications
de la Place ; ils les examinerent
toutes , & demanderent
le nom de chaque piece. Ils
virent auſſi faire l'Exercice à
un Bataillon de Picardie qui
eftoit ſous les Armes , à quoy
ils prirent beaucoup de plaifir
. On leur fit voir enſuite
l'Arcenal , & tout ce qu'il y
a de remarquable dans cette
Citadelle ; aprés quoy on leur
fervit une magnifiqueCollation
, où l'on bût de quandesAnb.
de Siam. 157
zité de differentes Liqueurs.
Les Dames les plus diftinguées
de la Ville s'eſtoient
renduës dans la Citadelle ,
pour les voir plus commodément.
Ils les regalerent
de Confitures , & trouverent
qu'Arras ne manquoit pas de
beautez . La Santé du Roy
ne fut pas oubliée , & quelques
Dames la bûrent auffi.
Cette Affemblée n'eſtoitcompoſée
que de Gens de marque
, puiſqu'outre les Dames
il n'y avoit d'Hommes que
les Officiers de la Garniſon,
tant de la Ville , que de
158 IHI. P. du Voyage
la Citadelle . L'Ambaſſadeur
ayant apperçu un Plan qui
eſtoit attaché à la Tapiſſerie,
demanda quel Plan c'eſtoit.
On luy répondit , que s'eftoit
celuy de la Citadelle ; &
il le demanda à Mª de la
Pleigniere, qui le luy donna.
Comme ils avoient encore
beaucoup de choſes à
voir pendant le reſte de l'aprés-
dînée , ils ſortirent aufſi
- tôt que la Collation fut
finie , aprés avoir remercié
Mª de la Pleigniere en termes
fort obligeans, & le Canonſe
fit entendre à leur for
des Amb . de Siam. 159
tie de la même maniere qu'il
avoit fait lorſqu'ils eftoient
entrez. Ils allerent de là à
F'Eglife Cathedrale , où tout
le Peuple eſtoit accouru en
foule ; ils furent reçûs au
grand Portail par tout leChapitre
en corps , ce qui marquoit
quelque choſe de venerable
& d'augufte. Il avoit
à ſa tête M. le Févre
Prevoſt , Chanoine & Theologal
de cette Cathedrale ,
que nous avons veu Aumônier
& Predicateur de la Reine.
Voicy en quels termes
it parla aux Ambaſſadeurs .
160 III. P. du Voyage
MESSEIGNEURS ,
Puisque Sa Majesté vous envoye
furfes Frontieres pour vous rendre
Spectateurs de ſes Conquestes , que
la Renommée a portées jusqu'au
bout du Monde , ce qui vous afait
traverſer tant de Mers pour venir
admirer ce Salomon de nôtre Siecle
, nous ofons vous afſeurer que
la Ville d'Arras est un des plus
beaux &un des plus anciens Fleurons
de sa Couronne , & qu'il n'a
point dans tous ſes Estats de Province
plus memorable que celle
d'Artois , puisqu'elle a toûjours esté
regardée comme l'oeil & la clefde
toute la Flandre. En effet , Cefar
même n'a point balancé de paſſer
les Alpes , & de faire voir l'Aigle
Romaine aux Portes de cette CapidesAmb.
de Siam. 161
tale , dont le Siege luy cousta si
cher, qu'il avoue dansſes Commentaires
, que dans toutes les autres
attaques il avoit combattu pour la
gloire , mais qu'il avoit dans cellecy
deffendu fa propre vie , tant il
avoit trouvé de courage & de reſiſtance
dans lesPeuples qui la deffendoient.
On en voit encore les
glorieux restes , dans ce fameux
Camp * qui nous environne , où
ce grand Capitaine fut obligé de
demeurer fort long-temps , ne pou
vant vaincre cette genereuse opiniaſtreté
des Artefiens , qui arresta
le cours de ſes Victoires , &qui luy
fit acheter fi cherement la gloire
qu'il en remporta.
Cette Comté fameuse ayant par la
viciffitude des Temps & la revo-
*Le Camp de Cefar prés de l'Abbaye d'Eſtrun
162 III . P. duVoyage
lution des Guerres changé deMaitre
, & passé des mains des Ro
mains , dans celles des François,نم
de Payenne estant devenue Chrétienne,
fut l'Appanage de nos Princes
du Sang. Le grand faint Louys
enfit un Present à Robertfon Frere
; luy laiſſant pour partage les
Fleurs-de-Lys fans nombre , * it
luy fit comprendre qu'il ne devoit
point donner de bornes àson courage
sous un si glorieux Eftendart.
C'est ce Robert d'Artois qui paffantfur
le ventre à tant d'Infideles,
dont il achevoit la deffaiteà la
Mazoure dans l'Egypte , en devint
enfin la Victime , se croyant trop
heureux de verſertoutsonfangpour
la querelle du Sauveur du Monde ,
dont il vouloit arracher le facré
* Qui font les Armes encore aujourd'huy de
cetteProvince,
des Amb. de Siam. 163
Sepulchre des mains des Ottomans,
àla pointe deson épée.
Maissi cette Ville d'Arras s'est
distinguéepar les actions heroïques
qui se sont paßées au pied deses
murailles, &parses Princes qui se
font transportez chez les Nations
tesplus reculées pourysignaler leur
valeur , elle n'est pas moins recommandable
par ce fameux Traité de
Paix d'Arras en 1435.qui mit fin
à tant de differens, &à unesifanglante
guerre qui s'estoit allumée
dans toute l'Europe , ou le Duc de
Bourgogne fut en perſonne avec la
Ducheffefon Epouse Infante de Por
tugal. Ce Traitéy attira tout ce qu'il
yavoit de gens plus confiderables &
plus nobles fur la terre , les Legats
du Pape Eugene IV. ceux du Concile
de Bafle,&de l'Anti-Pape Fe
O ij
164 III. P. du Voyage
lix. L'EmpereurSigismond, lesRois
de Caſtille, d'Arragon, de Navarre,
de Naple , de Sicile & de Chypre,
de Dannemark & de Pologne, yenu.
voyerent leurs Ambaſſadeurs , qui .
jaloux de la gloire de leurs Nations
, affectoient une magnificence
extraordinaire . Ceux de France &
d'Angleterre encherirentfur les au
tres par la pompe de leurs Equipages
, les Ducs de Bourbon & de
Vendofme, avec les Conneſtable &
Chancelier, les Marcſchaux deRieux.
& de la Fayette, Adam de Cambray
Premier President au Parlement de
Paris,tous accompagnez d'une infinité
de Nobleffe de la Nation, qui
par leur politeffe & leur lustre don
nerent une haute idée de la leur.
Ce fut dans cetteAſſemblée que le..
Roy de France &le Duc de BourdesAmb.
de Siam. 165
gogne jetterent les fondemens d'une
Paix fincere, dont les fuites ont
esté trés- avantageuses à toute l'Europe
, qui fut jurée folemnellement
dans cette Eglise Cathedrale.
Voilà, Meffſeigneurs , l'éclat que
ba Ville d'Arras a tiré de la Paix
comme de la Guerre ; & cette Capitale
ayant depuis tombé tantôt.
dans les mains de Lauys XI. tantôt
dans celles de l'Empereur Maximilien
, qui faisoient à l'envy
leurs efforts pout s'en rendre les
Maistres , elle fut ensuite la dépofitaire
des cendres des Heros les.
plus distinguez dans la Guerre ;
puisque le Duc de Parme &le Maréchal
de Gaffion fant ensevelis.
dans l'enceinte de ses murailles,
comme si c'estoit le deftin à cette
Ville martiale de garder les précieux.
166 III. P. du Voyage
reftes de la bravoure& de la ge
nerosité qui fut le partage de ces
deux grands Capitaines.
Enfin Louys le lufte fut le dernier
Prince qui s'en afſeura la conqueste
par ses Armes victorieuses .
Elle ne balança pas d'ouvrir fis
Portes à un Roy qui devoit finir
fes miferes auffi- tôt qu'elle deviendroit
sasujette ; &pour en écarter
àjamais la tempeste qui la me
naçoit , LOVIS LE GRAND
en a reculé si loin la Frontiere de
fes Estats , qu'elte en est aujour
d'huy le centre , au lieu qu'elle en
estoit autrefois l'extremité : fi bien
que comme le grand Pompée fe
vantoit d'avoir fait parsa victoire
de l'Asie mineure , le milieu de
l'Empire Romain , qu'elle bornoiz
auparavant ; auffi l'on peut dire
des Amb. de Siam. 167
que la fameuse Ville d'Arras doit
aux Armesde LOVIS LE GRAND
l'avantage d'estre aujour'dbuy le
coeur de la France , dont elle estoit
cy - devant la teste.
Mais il manquoit àfagloire d'avoir
pour témoins deses antiquitez,
deses Fortifications , &defes
fertiles Campagnes , les Peuples les
plus reculez , quipour admirer toutes
ces merveilles ont traversé
toute la distance qui ſeparele Gange
d'avec la Mer Occidentale ,
qui vivant dans des Climats où
le Soleil commence sa course , font
venus jusqu'à ceux où ce grand
Aftre la finit ; en forte que l'on
peut dire de chacun de vous, Mef-
Seigneurs, ce que nous liſons dans
LeRoyProphete, quand il nous veut
donner une idée de fon mouve168
III . P. du Voyage
ment : * Exultavit ut gigas ad
currendam viam à ſummo Cælo
egreffio ejus , & occurfus ejus,
uſque ad fummum ejus.
Heureuſe Province , d'avoir receu
des Ambassadeurs Estrangers,
également venerables par le Prince
qu'ils reprefentent , &par l'importance
de leur ministere , qui n'ont
point apprehendé de faire un Voyage
de fix mille lieües pour ſe ménager
une Alliance avec LOVIS
LE GRAND. Ils pourront apprendre
au Roy de Siam toutes les
chofes quise font paßées sous fon
Regne , les grandes & fameuses
Victoires qu'il a remportées , les
Provinces qu'il a conquiſes , les
Citadelles qu'il a fait élever au
milien des Eaux , les Marais qu'il
*Pfal.. 44
desAmb de Siam. 169
deſſechez, le fecret qu'il a trouvé
de faire une Digue à la Mer,
pour arreſter l'impetuosité de ses ondes
qui n'avoient point encore più
trouver d'obstacle à leur rapidité.
Sans doute , Meſſeigneurs , le Roy
de Siam furpris de tant de merveilles
, se fera de LOVIS LE
GRAND une idée bien au deſſus
de celle que sa reputation luy avoit
donnée. Vôtre Roy que vous nommez
chez vous le Seigneur des Seigneurs
, & la seule cause du bon
heur deses Peuples , fera bien aiſe
d'apprendre de vous que vom avez
trouvé les François pleins de refpect
& de foimiſſion pour leur
Prince. Puiſſi z vous l'affeurer qu'il
n'est pas moins l'exemple , que le
Souverain de fes Sujets , &qu'il les
gouverne encore plus parses vertus,
P
1
170 III. P. du Voyage
que parses Loix. Peut- estre qu'en
luy representant l'Architecture &م
la beauté de cette Cathedrale , ore
reposent les cendres de Monfieur le
Comte de Vermandois , qui marchant
fur les traces de fon auguste Pere ,
aujourd'huy le plus grand des Rois ,
commençoit à ſe ſignaler déja dans la
Guerre ( C'est le précieux dépost que
Sa Majesté nous a confié depuis trois
ans dans ce Temple , où les ceremonies
de l'Eglife Chrétienne se celebrent
avec tant d'exactitude, & qui
depuis plus de treize Siecles a toujours
efté deffervie par tant de Saints
Evêques par tant de Chanoines,
d'un merite fi diftingué ) Peut- estre,
dis - je , que par un miracle qui n'a
point encore paru dans nosjours , le
Ciclouvrira fon coeur , & le faisant
fortir avec ses sujets des tenebres
des Amb. de Siam. 171
qui les aveuglent , il luy donnera
l'envie d'imiter LOVIS LE
GRAND dans sa Religion , comme
dans sa Domination : fi bienque
faisant tous deux une Alliance de
picté , comme de commerce ilsferont
tous deux également heureux
dans ce Monde , &pourront ajous.
ter à la Couronne qu'ils poſſedent
déjafur la Terre , celle de l'Eternité.
,
CetteHarangue ayant eſté
interpretée , l'Ambaſſadeur
répondit , Voftre Harangue ,
Monfieur , roule fur deux chefs,
fur la gloire de Loüis XIV. &
fur le defir que vous avez ainſi
que Sa Majesté , de noftre con-
Pij
172 III. P. du Voyage
version. A l'égard du premier,
on ne peut estre mieux perfuadé
que nous leſommes, des grandes
actions de ce Monarque , dont
la reputation nous a fait venir
de fi loin. Nous ne doutons pas
non plus defa magnificence &
de fa grandeur, puisque nous en
avons fait une experience ſenſible
à ſa Cour &furfes Frontieres.
A l'égard du ſecond point
qui regarde nostre converſion à
la Foy Catholique Romaine, nous
avons des Evesques en noftre
Royaume , qui pourront nous en
inftruire. Il remercia enfuite
tout le Corps du Chapitre,
des Amb. de Siam. 173
de l'honneur qu'il leur faifoit
; aprés quoy ils regarderent
l'Egliſe tant par dehors
que par dedans. Ils entrerent
dans le Choeur , dont ils admirerent
l'Architecture , &
particulierement les petits pilliers
qui ſoûtiennent un auffi
grand Vaiſſeau. On les conduifit
vers la Tombe de M
le Comte de Vermandois , &
on leur dit , qu'il eſtoit grand
Admiral, legitimé de France, &
Frere de Madame la Princeffe de
Conty. L'on s'apperceut alors
qu'ils ſe mirent tous trois fur
ce Tombeau, qu'ils porterent
Piij
174 III . P. du Voyage
leurs mains à leurs yeux , &
qu'ils les frotterent ; & l'on
apprit que c'eſt une maniere
uſitée chez eux pour témoigner
leur deüil. Ils prirent
beaucoup de plaisir à entendre
les Orgues de cette Cathedrale
, qui font fort bonnes
; & fortirent de cette
Egliſe aprés avoir fait de
nouveaux remercîmens au
Prevoſt & aux Chanoines .
Apres cela ils allerent au
Magaſin d'Armes, qu'ils trouverent
en trés-bon état. C'eſt
l'effet des ſoins du Miniſtre
qui s'en meſle. Ils virent auffi
desAmb . de Siam , 175
la celebre Abbaye de Saint-
Vaaſt , & furent receus à la
Porte par le Grand Prieur ,
qui eſtoit à la teſte de fa
Communauté , & qui leur fit
un compliment affez court.
Il le finit en diſant , qu'ils les
recevoient avec tous les honneurs
qu'il eſtoit en leur pouvoir de
leurfaire, puiſque la haute eftime
que Sa Majesté faisoit du
Monarque qui les luy avoit envoyez,
&la confideration particuliere
qu'Elle avoit pour leurs
Excellences , estoit la régle du
profond respect avec lequel ils
ſe preſentoient à eux, en leur
Piiij
176 III. P. du Voyage
offrant très-humblement leMonastere
& tout ce qui en dépendoit.
Ils répondirent qu'ils eftoient
bien perfuadez que les
honneurs que ces Religieux leur
rendoient, estoient une continiation
des effets de la bonté du
Roy à leur égard , & que c'eftoit
à Sa Majesté à qui ils en
avoient toute l'obligation ; mais
qu'ils vouloient pourtant leur en
avoir aufſi. Enfuite ils les
remercierent de la maniere
honneſte dont ils en uſoient;
aprés quoy ils entrerent dans
l'Eglife , & s'arreſterent dans
la Nef pour en confiderer la
des Amb. de Siam. 177
ſtructure ; ce qu'ils firent fort
attentivement. Puis ils entrerent
au Choeur , & s'attacherent
à regarder la ſculpture
des Chaiſes, qui eſt trés-belle
&fort eſtimée . On leur montra
leTombeau du RoyThierry
de la premiere Race , & Fondateur
de ce Convent ; & on
leur dit qu'il ne s'en faloit que
8 années qu'il ne fuft mort ily
a mille ans. L'Ambaſſadeur
demanda comment il eſtoit poffible
qu'ily eust un Roy de France
enterré dans cette Abbaye depuis
fi longtemps , &qu'ily en
cust fi peu , que ce Pays ap
178 III. P. du Voyage
partenoit à la France , Arras
ayant esté pris par le feu Roy.
Le Grand Prieur leur expliqua
en peu de mots , comment
tout le Pays-bas eſtoit
une partie du Royaume de
France ; qu'il n'en avoit eſté
ſeparé que trés-peu de temps,
ſçavoir depuis l'an 1525. jufques
en l'an 1640. & qu'à
l'exception de ce temps-là,
les Rois de France en avoient
toûjours eſté reconnus pour
legitimes Souverains . On les
mena au fortir de l'Eglife ,
dans les Cloiftres, & dans un
Refectoire. De là ils repaffe
des Amb. de Siam. 179
rent par l'Eglife , & eftant à
la porte , l'Ambaſſadeur fit
tout ce qu'il pût pour empeſcher
le Grand Prieur de le
conduire juſqu'à fon carroffe
; mais il crut eſtre obligé
de l'y voir monter. Je ne
vous parleray point des complimens
de remercîment que
firent les Ambaſſadeurs , & je
les retrancheray meſme en
beaucoup d'endroits, puiſque
leur civilité eſt aſſez connuë
pour ne pas douter qu'ils n'en
ayent donné des marques à
toutes les perſonnes qui ont
pris la peine de leur montrer
quelque choſe.
180 III. P. du Voyage
Au fortir de l'Abbaye de
Saint Vaaft , ils allerent au
Concert dont on leur avoit
parlé le matin , & dont Madame
de Préfontaine, femme
du Prefident du Confeil d'Artois
, faifoit les honneurs
Elle les reçût accompagnée
des principales Dames de la
Ville. Les Muficiens estoient
dans une fort grande Salle,
dans laquelle il ſe trouva une
grande affluence de monde,
quelque ordre qu'on cût apporté
pour empêcher la foule.
Ils furent fort fatisfaits
de ce Concert , & le témoides
Amb . de Siam. 181
gnerent à Madame de Préfontaine
, en luy faiſant leurs
remerciemens . Ils retournerent
enſuite chez eux , où ils
trouverent leur Garde ſous
les Armes ; car on avoit mis
à la porte de leur Logement
une Compagnie Suiſſe , avec
un Capitaine & un Lieutenant.
Elle fortoit du Corps
de garde pour ſe mettre en
hayequand les Ambaſſadeurs
devoient fortir , & battoit
lorſqu'ils fortoient & qu'ils
rentroient. Aufli - tôt qu'ils
furent arrivez chez eux , Mr
Biſſetz leur porta le Plan de
182 III. P.du Voyage
la Ville que le premier Am
baffadeur luy avoit deman-
-dé , & qu'il examina d'une
maniere qui marquoit qu'il
commençoit à devenir ſçavant
dans nos Fortifications .
Ce même Major leur demanda
le mot , & ils donnerent
Actions éclatantes , par
rapport à ce ce qu'on leur
avoit dit, qu'aux deux Sieges
d'Arras il y avoit eu beaucoup
d'actions remarquables,
& particulierement au ſecond
, où les Afliegeans avoient
ſouvent eſté repouffez.
On leur avoit même
4
des Amb. de Siam. 183
montré les endroits où les
actions de vigueur s'eftoient
-faites . Le premier Ambaffadeur
demanda à M Biffetz
, s'il estoit François ; &
comme on luy eut répondu ,
que oüy , &qu'il estoit Major
de la Place , il luy dit , qu'en
fon Pays on avoit la barbe &
les cheveux comme luy. M
Biſſetz luy répondit , que s'il
n'eſtoit point François , il voudroit
estre Siamois . Comme
il y avoit beaucoup de Dames
à Arras qui n'avoient
encore pû les voir , il s'en
trouva beaucoup ce foir-là à
r
184 III. P.du Voyage
leur ſoûpé , où tout ſe paſſa
à lordinaire .
Le lendemain 21. M le
Lieutenant de Roy & Ms les
Officiers Majors , ſe rendirent
à leur lever ; & les Ambaſſadeurs
aprés les avoir remerciez
avec des expreffions
pleines de reconnoiffance ,
monterent en Carroſſe à huit
heures préciſes du matin ; &
toutes les Troupes eſtant
fous les Armes comme à leur
arrivée , ils fortirent au bruit
du Canon & du Carillon de
la Ville. Mes du Magiſtrat
le firent joüer trois fois le
desAmb. de Siam. 185
jour pendant tout le temps
que ces Ambaſſadeurs féjournerent
à Arras , ſçavoir une
heure au matin , une hcure à
midy , & une heure. le ſoir,
ainſi qu'à leur entrée & à leur
fortie . Ils allerent ce jour-là
21. dîner à Aiffe , qui eſt un
petit Village entre Arras &
Bethune.
Fermer
Résumé : Arras [titre d'après la table]
Le 19, les ambassadeurs de Siam arrivèrent à Sarbret, où ils furent reçus avec magnificence malgré l'absence de commodités. Ils se dirigèrent ensuite vers Arras, capitale de l'Artois, située sur la rivière de Scarpe. Arras est une ville ancienne, ayant été donnée en dot par Charles le Chauve à Judith, épouse de Baudouin Bras de Fer en 863, et réunie à la France en 1180 par le mariage de Philippe Auguste avec Isabelle de Hainaut. La ville possède des fortifications régulières et plusieurs édifices religieux notables, dont la cathédrale Notre-Dame et l'abbaye de Saint-Vaast. Les ambassadeurs furent accueillis par une cavalerie composée de douze compagnies du régiment de Conigsmark et reçus par le comte de Villeneuve, lieutenant du roi d'Arras. Ils entrèrent dans la ville au bruit du canon et au travers d'une haie d'infanterie. Les magistrats de la ville leur adressèrent un discours, soulignant la loyauté d'Arras envers le roi de France et l'estime portée aux ambassadeurs. Ces derniers répondirent en exprimant leur gratitude et en soulignant que leur visite n'avait pas de but diplomatique, mais visait à honorer le roi de France. Les ambassadeurs visitèrent la citadelle d'Arras, où ils assistèrent à un exercice militaire et reçurent une collation. Ils se rendirent également à la cathédrale Notre-Dame, où ils furent accueillis par le chapitre. Leur séjour à Arras fut marqué par des réceptions et des visites officielles, témoignant de l'importance accordée à leur mission. Les ambassadeurs assistèrent à un concert à Arras, accueillis par Madame de Préfontaine, épouse du Président du Conseil d'Artois, et les principales dames de la ville. Malgré les mesures pour éviter la foule, une grande affluence se rassembla dans la salle. Les ambassadeurs apprécièrent le concert et exprimèrent leur satisfaction à Madame de Préfontaine. De retour chez eux, ils trouvèrent une compagnie suisse en garde à leur porte. Le Major Bissetz leur apporta un plan de la ville, que le premier ambassadeur examina avec intérêt, démontrant ses connaissances en fortifications. Bissetz demanda le mot de passe, et les ambassadeurs mentionnèrent les actions militaires remarquables lors des sièges d'Arras. Le lendemain, les ambassadeurs furent salués par le Lieutenant du Roi et les officiers majors avant de quitter Arras en carrosse, escortés par les troupes et accompagnés par le canon et le carillon de la ville. Ils se rendirent à Aisse pour dîner.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
44
p. 98-110
LOUIS. ECLOGUE.
Début :
Ce n'est point assez de vous avoir donné en Prose un abregé / Dans les vastes jardins de ce charmant Palais [...]
Mots clefs :
Iris, Yeux, Célimène, Dieu, Louis XIV, Gloire, Éloge, Louer, Plaisir, Héros
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LOUIS. ECLOGUE.
Ce n'est point assez de vous
avoir donné en Prose un abre^é des surprenantes Mer
veilles du Regne du Roy ,, il
faut encore vous en fai.e voir
un Eloge en Vers dans une
Eclogue qui a l'approbation
de tous ceux qui s'y connoif,
09
sent. Elle: «ft de nllustrc
Madame des Houliercs. Ce
hom vous répond de lá beaiixé de rOuvrage. .> > .
mmmB$mm$mm
LÔ O í S.
"V,
È C L O G X3 E.
vastes jardins de ce
^ {ckâfmani Palais
- átSSf Á Zephirs , les Nayaits &
Flore i'..
n OntHfvlu de ne quitter jamiis,
Jj.p&ÇeUwne au lever de l' Au
rore
Qh/xntoient ainjt LQfVjS fous un
ombrage épais* , \...á
Iij
ìoo MERCURE
C ELI MENE.
Admirez^ cet amas superbe
D'Baux, de Marbres & d'Or qui
brillent à nos yeux, .,
Etde íAntiquité ces restes .précieux;
Cttte terre oà naguere à peine
croijsoit l'htrbe , " . ""'
QtíhnmeBoit feulement seau qui
tombe des Cieux ,»-.
Par leponvoir d'un Prince en tout
semblable aux Dieux ,
Renferme danssonsein mille &mìUe
: ; ' Noyades, , '. '>
Se pare des plus belles pleurs-*
Etpour elle Pomone & les pîamadryades
Sont prodigues de leurs faveurs.
-'' ZOV/S, plus grand qu'on ne
figure
Le Dieu qui préside aux Com
bats y
V : v
'»•'*
.'GALANT, ioi
De cent Peuples vaincus augmente
L. . 'ses Estais ,
Maisil est dans ces lieux Vainqueur
de la Nature.
IRIS. .
par ses rares Vertus yos yeux fout
éblouis$
Il faut en parler pour vous
.v * plaire^
On vous voity quoy qu'on fuisse
~1 . fan* i
Revenir toujours à ZOVlS.
CELIMENE,
D'un fijuste panchant bien loin dr
me défendre ,
^e fi**t. gloire de l'avouer,
fris y il est plus fort qu'on ne le peut
comprendre: ' [dre
Monpltis douxplaisir est d'enten-
%oiier ce Conquerantpar qui fçait
bien louer. ,.'.....
I H)
loi MERCURE
Malgré moy nepouvant hsuivre
Dans sesprompts &fameux Ex^
píoits y ... ; • .
jse ne pus me résoudre à vivre
Inutile au plus grand des Rois.
D'une noble audace animée
j4 fa gloire en secret jfi confacray.
mes jours 3
Et pour faire en tous lieux voler.
. fa renommée , t.
Des neuffcavantes Sœurs j'implaV ray le secours.
Tris , pour ces foins Heroïque*. .
Je negligeay les autres foins. '. ^
Mes infortunes' domestiques.
JEn'ftftt de fideHes témoins^
IRIS.
Le beàti xele qiti vous anime
Yvus empêche de voir quel
votes coures
GALANT, ioj
Vos •veilles , vos transports vous
rendent la v'iUime
De ce Roy que vow adorez^
CELsMENE» . •
Jíi! que fais-je four luyque
nivers ne faffe l
Depuis les Climats oi la glace
Enchaifne la fureur des Mers 3
jusque ddns les Climats oâ l'ar
deur est extrême,
Est.il un souple. qui ne fctime,
Etqui riait fas fur luy toujours les
yeux ouvertsì
IRIS.
jp U fcay. Cependantfi vous vjbh~
Uezjrìen croire.
CE LIME N E.
'^/fh ! changes dediscours , vosf*in£
font superflus ,
l
io4MER€URE ■
Avec moy celebrez^ fa gloire ,
Ou je ne vous écoute flus.
IRIS.
Hébien , deses hauts faits rappel
ions la memoire.
Qtfils font beaux , q» ils font
éclatans! .
ll a plus d'une fois foudroyé les
Titans.
Sa pieté rempórte, une pleine «jL
íknre
Sur un Monflrc orgueilleux que ref
'. fcitait le temps.
Il riefl pour luy rien d'impoJfìble>
Mais il efi plus charmant encor qu'il
n'est terrible,
Et jamais son abord ria fait de
Mècontcns. »
CELIMENE.
// Je laisse attendrir^ quefans crain
te on fe plaigne ,
GALANT, iof
Tous les malheureux font oììis.
Quel bonheur eCefire néfous son au*
guste Regne !
Que je fcay biengoâtcr ce bien dont
je jouis!
Quels que soient mes malheurs, je
' n'envie à pet sonne
Lefafie & les amis que la fortune
donne ,
Chanter ZOVlS LE GRAND
' borne tous mes dcjirs.
Ce plaisir oà je m'abandonne
Me tient lie» de tous les plaisirs*
iris. ; .
Un Roy de ces lointains Rivages
Que dore le Soleil de fes premiers
rayons >
Par de magnifiques hommages
Confirme de Z&V/S ce que nous:
en cryonSy
fol MERCURE
CELIMENE.
En vaindes diverses Provincer
Qui voudroient se soumettre aux,
Loix de ce Heros , . ^
Les jaloux &superbes Princes
S'unissent pour troublerfonglorieux
repos. . v
Si par des eforts témeraires
Ils violent la Paix dont LOVAIS
efttappuy,,
Quel Dieu peut les sauver de ces
vastes miseres
Que le fort des Vaincus traisne en
fouie après luyl
ÏRIS.
Qwnd U Ciel menaçait une teste.
fi chere
CELIMENE.
Ab! cruelle Iris, taifex^vous r
.%te renouvelle^ point une douleur
amere.
GALANT. 107
De tous fes mauxpaffez^je perce le?
myfierc.
Xl estoit regardé comme un Dicut
parmy nous s
Et de fes facrendroits jaloux
Ze Ciel nous afait voir unefi belle
Vt*.
Aux infirmitez^afsèrvïe.
Mais enfin que gagna son injuste
couroux ì
ZOljlS ne ploya point fous ces>
terribles coups..
A quelques projets qu'il s'atta-
.V . \. ehe y
Quelque soit le peril qui menace
"*; " .• ' fes jours , .*. '
On ne fçait oà l'homme se cache.
.Mais le Jieros paroist toujours t
«^» Pan ,fxtvy deplus d'un Satyre\r
A ces mots parut à leurs yeux*,,
ic8 MERCURE
Et leur donna l'effroy que la pudeur
inspire
\Au redoutable aspect de ces folafires Dieux.
Souffrez^que fous d'heureux frè~
sages > >\ », ;\ .
JTymphes , leur dit ce. Dieu des
Bois , .. ..
jfe mêle dans ces verds boccages
Mes doux concerts à vos char
mantes voix. .
Chantons le plus aimable & le plui
. grand des Rois.
Des Dieux mefmes LOVlS merix. .te les hommages^ ,
Rajjeurez^ vos esprits , ne craigne^
point d!outrages
•se ne suis point icy ce que je sui$
aittenrs , ;,.
ilfaut s y faire violence ,
De LOVlS íauguste presence
GALANT- 509
Est un terrible frein pour les mau
vaises mœurs.
Venez^ donc avec confiance
Chanter encore un Roy qui regne
fur les Cœurs.
Ahì fans la frayeur qui nuglacet
Luy dit lors Celimene avec unfies
,M foufris , \ . , .
J'oserois bien du chant vous difputer le prix.
2Tè condamnes point mon atedace, y;
Vos chalumeaux ont d'agreables
fonsi .
Mais quand ZOVlS ZE
ïGRAND anime mes chansons\
^Vi le disputerois me/me au Dieu
. du Parnasse. '
Alors plus vifie que le Fan
2Tefuit fardent Chasseur qui des
j " yeux le devore ,
ho MERCUR1
D'Iris suivie elle abandonna.
Pan y
Et fut refver ailleurs au^ Héros
qu'elle adore.
avoir donné en Prose un abre^é des surprenantes Mer
veilles du Regne du Roy ,, il
faut encore vous en fai.e voir
un Eloge en Vers dans une
Eclogue qui a l'approbation
de tous ceux qui s'y connoif,
09
sent. Elle: «ft de nllustrc
Madame des Houliercs. Ce
hom vous répond de lá beaiixé de rOuvrage. .> > .
mmmB$mm$mm
LÔ O í S.
"V,
È C L O G X3 E.
vastes jardins de ce
^ {ckâfmani Palais
- átSSf Á Zephirs , les Nayaits &
Flore i'..
n OntHfvlu de ne quitter jamiis,
Jj.p&ÇeUwne au lever de l' Au
rore
Qh/xntoient ainjt LQfVjS fous un
ombrage épais* , \...á
Iij
ìoo MERCURE
C ELI MENE.
Admirez^ cet amas superbe
D'Baux, de Marbres & d'Or qui
brillent à nos yeux, .,
Etde íAntiquité ces restes .précieux;
Cttte terre oà naguere à peine
croijsoit l'htrbe , " . ""'
QtíhnmeBoit feulement seau qui
tombe des Cieux ,»-.
Par leponvoir d'un Prince en tout
semblable aux Dieux ,
Renferme danssonsein mille &mìUe
: ; ' Noyades, , '. '>
Se pare des plus belles pleurs-*
Etpour elle Pomone & les pîamadryades
Sont prodigues de leurs faveurs.
-'' ZOV/S, plus grand qu'on ne
figure
Le Dieu qui préside aux Com
bats y
V : v
'»•'*
.'GALANT, ioi
De cent Peuples vaincus augmente
L. . 'ses Estais ,
Maisil est dans ces lieux Vainqueur
de la Nature.
IRIS. .
par ses rares Vertus yos yeux fout
éblouis$
Il faut en parler pour vous
.v * plaire^
On vous voity quoy qu'on fuisse
~1 . fan* i
Revenir toujours à ZOVlS.
CELIMENE,
D'un fijuste panchant bien loin dr
me défendre ,
^e fi**t. gloire de l'avouer,
fris y il est plus fort qu'on ne le peut
comprendre: ' [dre
Monpltis douxplaisir est d'enten-
%oiier ce Conquerantpar qui fçait
bien louer. ,.'.....
I H)
loi MERCURE
Malgré moy nepouvant hsuivre
Dans sesprompts &fameux Ex^
píoits y ... ; • .
jse ne pus me résoudre à vivre
Inutile au plus grand des Rois.
D'une noble audace animée
j4 fa gloire en secret jfi confacray.
mes jours 3
Et pour faire en tous lieux voler.
. fa renommée , t.
Des neuffcavantes Sœurs j'implaV ray le secours.
Tris , pour ces foins Heroïque*. .
Je negligeay les autres foins. '. ^
Mes infortunes' domestiques.
JEn'ftftt de fideHes témoins^
IRIS.
Le beàti xele qiti vous anime
Yvus empêche de voir quel
votes coures
GALANT, ioj
Vos •veilles , vos transports vous
rendent la v'iUime
De ce Roy que vow adorez^
CELsMENE» . •
Jíi! que fais-je four luyque
nivers ne faffe l
Depuis les Climats oi la glace
Enchaifne la fureur des Mers 3
jusque ddns les Climats oâ l'ar
deur est extrême,
Est.il un souple. qui ne fctime,
Etqui riait fas fur luy toujours les
yeux ouvertsì
IRIS.
jp U fcay. Cependantfi vous vjbh~
Uezjrìen croire.
CE LIME N E.
'^/fh ! changes dediscours , vosf*in£
font superflus ,
l
io4MER€URE ■
Avec moy celebrez^ fa gloire ,
Ou je ne vous écoute flus.
IRIS.
Hébien , deses hauts faits rappel
ions la memoire.
Qtfils font beaux , q» ils font
éclatans! .
ll a plus d'une fois foudroyé les
Titans.
Sa pieté rempórte, une pleine «jL
íknre
Sur un Monflrc orgueilleux que ref
'. fcitait le temps.
Il riefl pour luy rien d'impoJfìble>
Mais il efi plus charmant encor qu'il
n'est terrible,
Et jamais son abord ria fait de
Mècontcns. »
CELIMENE.
// Je laisse attendrir^ quefans crain
te on fe plaigne ,
GALANT, iof
Tous les malheureux font oììis.
Quel bonheur eCefire néfous son au*
guste Regne !
Que je fcay biengoâtcr ce bien dont
je jouis!
Quels que soient mes malheurs, je
' n'envie à pet sonne
Lefafie & les amis que la fortune
donne ,
Chanter ZOVlS LE GRAND
' borne tous mes dcjirs.
Ce plaisir oà je m'abandonne
Me tient lie» de tous les plaisirs*
iris. ; .
Un Roy de ces lointains Rivages
Que dore le Soleil de fes premiers
rayons >
Par de magnifiques hommages
Confirme de Z&V/S ce que nous:
en cryonSy
fol MERCURE
CELIMENE.
En vaindes diverses Provincer
Qui voudroient se soumettre aux,
Loix de ce Heros , . ^
Les jaloux &superbes Princes
S'unissent pour troublerfonglorieux
repos. . v
Si par des eforts témeraires
Ils violent la Paix dont LOVAIS
efttappuy,,
Quel Dieu peut les sauver de ces
vastes miseres
Que le fort des Vaincus traisne en
fouie après luyl
ÏRIS.
Qwnd U Ciel menaçait une teste.
fi chere
CELIMENE.
Ab! cruelle Iris, taifex^vous r
.%te renouvelle^ point une douleur
amere.
GALANT. 107
De tous fes mauxpaffez^je perce le?
myfierc.
Xl estoit regardé comme un Dicut
parmy nous s
Et de fes facrendroits jaloux
Ze Ciel nous afait voir unefi belle
Vt*.
Aux infirmitez^afsèrvïe.
Mais enfin que gagna son injuste
couroux ì
ZOljlS ne ploya point fous ces>
terribles coups..
A quelques projets qu'il s'atta-
.V . \. ehe y
Quelque soit le peril qui menace
"*; " .• ' fes jours , .*. '
On ne fçait oà l'homme se cache.
.Mais le Jieros paroist toujours t
«^» Pan ,fxtvy deplus d'un Satyre\r
A ces mots parut à leurs yeux*,,
ic8 MERCURE
Et leur donna l'effroy que la pudeur
inspire
\Au redoutable aspect de ces folafires Dieux.
Souffrez^que fous d'heureux frè~
sages > >\ », ;\ .
JTymphes , leur dit ce. Dieu des
Bois , .. ..
jfe mêle dans ces verds boccages
Mes doux concerts à vos char
mantes voix. .
Chantons le plus aimable & le plui
. grand des Rois.
Des Dieux mefmes LOVlS merix. .te les hommages^ ,
Rajjeurez^ vos esprits , ne craigne^
point d!outrages
•se ne suis point icy ce que je sui$
aittenrs , ;,.
ilfaut s y faire violence ,
De LOVlS íauguste presence
GALANT- 509
Est un terrible frein pour les mau
vaises mœurs.
Venez^ donc avec confiance
Chanter encore un Roy qui regne
fur les Cœurs.
Ahì fans la frayeur qui nuglacet
Luy dit lors Celimene avec unfies
,M foufris , \ . , .
J'oserois bien du chant vous difputer le prix.
2Tè condamnes point mon atedace, y;
Vos chalumeaux ont d'agreables
fonsi .
Mais quand ZOVlS ZE
ïGRAND anime mes chansons\
^Vi le disputerois me/me au Dieu
. du Parnasse. '
Alors plus vifie que le Fan
2Tefuit fardent Chasseur qui des
j " yeux le devore ,
ho MERCUR1
D'Iris suivie elle abandonna.
Pan y
Et fut refver ailleurs au^ Héros
qu'elle adore.
Fermer
Résumé : LOUIS. ECLOGUE.
Le texte présente une églogue en vers qui célèbre les mérites et les exploits du roi Louis XIV. Cette œuvre, approuvée par Madame des Houlières, est un éloge poétique des réalisations du règne du roi. L'action se déroule dans les jardins du château de Versailles, où des personnages mythologiques comme les Zephyrs, les Nymphes et Flore sont présents. Les personnages, tels que Célimène, Mercure, Iris et un Galant, admirent les beautés et les réalisations du roi. Ils décrivent les transformations spectaculaires des terres, les constructions magnifiques et les victoires militaires de Louis XIV. Le roi est comparé à un dieu, capable de vaincre la nature et de protéger son royaume contre les menaces. Célimène exprime son admiration et son amour pour le roi, soulignant que malgré les malheurs, elle ne peut qu'admirer son règne auguste. Mercure, après avoir hésité, décide de consacrer sa vie à servir le roi, négligeant ses propres intérêts. Iris et les autres personnages célèbrent les vertus et les exploits du roi, le comparant à des dieux et soulignant sa piété et sa grandeur. L'églogue se termine par une invitation à célébrer le roi, décrit comme le plus aimable et le plus grand des rois, méritant les hommages des dieux eux-mêmes. Les personnages expriment leur dévotion et leur admiration pour Louis XIV, le roi qui règne sur les cœurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
45
p. 30-38
EPITRE. De Madame des Houlieres à M. le Duc de Montausier.
Début :
Le Dieu couronné de pavots [...]
Mots clefs :
Gloire, Apollon, Philisbourg, Louis, Valeur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EPITRE. De Madame des Houlieres à M. le Duc de Montausier.
EPITRE.
De Madame des Houlieres à
M. le Ducde Montaufur.
E Dieu couronné de pavots
Apeinece matin m'avoit abandonnée,
Qu'Apollon à mes yeux encor à demi clos
S'eft fait voir de lauriers la tefte environnée,
Luy que j'avois prié,depuis prés d'une
année',
De ne plus troubler mon repos.
Vien chanter , m'a- t-il dit , vien , il
faut te réfoudre,
A célébrer encor de glorieux Exploits.
31 LOUIS à fon Dauphin vient de pref
ter fa foudre ;
Et ce jeune Heros , dont tout fuivra
les Loix ,
A pour fon coup d'Effay mis Philisbourg en poudre.
Quel plus noble Employ
pour ta voixà
Apollon , à ces mots , m'a préfenté fa
Lyre , (fons.
Dont j'ay déja tiré tant d'agréables
Je l'ay prife ; & malgré les mauxdont
jefoupire ,
Pleine du beau feu qu'il
m'inſpire , Je vais recommencer d'héroïques
chanfons.
IlluAre Montaufier , daigne les faire
entendre.
Au Vainqueur , à qui je les doy.
Sur elles tu fçauras répandre Uncharme , à qui fon coeur fe laiffera
furprendre :
b iv
32
Sers mon zele, & dis-
**
lny pour moy :
La Saifon , la Nature , & l'Art unis
enfemble
On fait pour Philisbourg des efforts
inoüis.
Tu les as furmontez ; par toy l'Empire
tremble ;
Tu reffembleras à LOUIS ,
Grand Prince , s'il fe peut que quelqu'un luy reffemble.
哈哈
Je m'étois attendue à tout ce que tu fais. (racles,
Le Dieu des Vers , dans fes OQuoy qu'on ait dit
jamais.
› ne ment
Lors qu'un Fils vint remplir tes plus
tendres fouhaits,
Apollon par ma bouche annonça les
miracles
Que tu ferois , lors que la paix
A ta fiére valeur ne mettroit plus
d'obstacles.
-33
Tu n'as que trop tenu ce qu'il avoit
promis.
Exposé nuit & jour au feu des Ennemis
On t'a yeû méprifer , en jeune teme- raire ,
Mille & mille volantes morts ,
Et l'on diroit à te voir faire
Que tu crois , qu'en naiffant on ait
plonge ton corps,
Comme celuy d'Achille , au fond des
eaux fatales ,
Qui voyent fur leurs fombres
bords ,
Des Rois & des Bergers les fortunes
égales.
Qu'on vient de découvrir de vertus.
dans ton cœur
Et que tu fais du temps un glorieux
partage!
Que ce partage cauſe &de joye &de
peur !
Reut, onregarder ſans frayeur
34
Les differens perils où ta valeur t'engage ?
Peut-on , fans t'adorer , te voir donnertes foins ,
Tantoft à pourvoir aux befoins
Des Guerriers que la gloire a couverts
de bleſſures ,
Et tantoft à tracer de fidelles peintures
Des grandes actions dont tes yeux
asl
font témoins ?
<
Le Soleil , infortuné Pere
D'un Fils indocile , imprudent ,
Depuis que Philisbourg a fenti ta colere ,
(dent,
Moins lumineux , & moins arD'un cours precipité paffe à l'autre
hemifphere ; (ploy;
11 remplit à regret fon glorieux emTu renouvelles fa trifteffe ,
Lors qu'il te voit conduire avec tant
de fageffe
Les deffeins dont Louis s'eft réposé
fur toy.
35
De quel oil penfes tu que l'Europe
regarde
Ce que tu viens d'executet ?
Tant d'Eftats , qu'en deux mois ton
bras vient d'ajoûter
Aux Eftats que le Ciel te garde,
Luyfont voir tout ce qu'on hazarde
Et tout ce qu'on s'apprête encore de
regrets
Quand on irrite un Roy , de qui rien
ne retarde
Ni les deffeins, ni les progrés.
Quelque loin que ta gloire aujour d'hui foit allée , f
Elle fait le plaifir du plus fage des Rois ,
Quand il voit ta prudence à ta valeur
mcflée ,
Affeurer le bonheur de l'Empire Fran
çois.
Plus feur de fon deftin que ne fut autrefois
b vj
36
Le tonnant Rival de Pelée , 10
Il ne craint point qu'un Fils, efface fes
exploits.
Arrêté une courfe fi belle ,
Aux douceurs du repos la faifon te
rappelle ,
Mars fuit les Aquilons & cherche les
Zephirs ,
Vien fécher les beaux yeux d'une augufte Princelle
Vien remplir fes plus doux defirs:: Ton ardeur pour la gloire allarme fa
tendreffe :
L'inquietude &la trifteffe
En ton abfence ont pris la place des
plaifirs.
Tu jouis , Montaufier , du doux
fruit de tes peines ,
Ton jeune Achille eft triomphant
De l'orgueil des Aigles Romaines ;
Vainement contre lui l'Empire. Le.
défend.
37
Philisbourg , Frankendal , Manhein,
Treves , Mayence ,
Que leurs Dieux n'ont pû garantir ,
Font bien voir,de quel fang le Ciel l'a
fait fortir ,
Et quelle habile main cultiva dés l'enfance ,
Lavaleur du Heros qui vient d'affu
jettir
Et du Necre & du Rhin l'orgueilleu
le puiffance..
Sur nos facrez Autels , on voit fumerl'encens ,.
Pourune fi grande victoire ;
Tout retentit icy du doux bruit de fa
gloire ::
Mais rien n'eft comparable aux tranf
ports que je fens.
Oui , l'amitié , l'eftime , & la recon
noiffance
Que depuis long- temps je te
doy,
38
Me font bien mieux fentir qu'au refte
de la France ,
Unfuccés dont l'éclat réjaillit jufqu'à
toy
De Madame des Houlieres à
M. le Ducde Montaufur.
E Dieu couronné de pavots
Apeinece matin m'avoit abandonnée,
Qu'Apollon à mes yeux encor à demi clos
S'eft fait voir de lauriers la tefte environnée,
Luy que j'avois prié,depuis prés d'une
année',
De ne plus troubler mon repos.
Vien chanter , m'a- t-il dit , vien , il
faut te réfoudre,
A célébrer encor de glorieux Exploits.
31 LOUIS à fon Dauphin vient de pref
ter fa foudre ;
Et ce jeune Heros , dont tout fuivra
les Loix ,
A pour fon coup d'Effay mis Philisbourg en poudre.
Quel plus noble Employ
pour ta voixà
Apollon , à ces mots , m'a préfenté fa
Lyre , (fons.
Dont j'ay déja tiré tant d'agréables
Je l'ay prife ; & malgré les mauxdont
jefoupire ,
Pleine du beau feu qu'il
m'inſpire , Je vais recommencer d'héroïques
chanfons.
IlluAre Montaufier , daigne les faire
entendre.
Au Vainqueur , à qui je les doy.
Sur elles tu fçauras répandre Uncharme , à qui fon coeur fe laiffera
furprendre :
b iv
32
Sers mon zele, & dis-
**
lny pour moy :
La Saifon , la Nature , & l'Art unis
enfemble
On fait pour Philisbourg des efforts
inoüis.
Tu les as furmontez ; par toy l'Empire
tremble ;
Tu reffembleras à LOUIS ,
Grand Prince , s'il fe peut que quelqu'un luy reffemble.
哈哈
Je m'étois attendue à tout ce que tu fais. (racles,
Le Dieu des Vers , dans fes OQuoy qu'on ait dit
jamais.
› ne ment
Lors qu'un Fils vint remplir tes plus
tendres fouhaits,
Apollon par ma bouche annonça les
miracles
Que tu ferois , lors que la paix
A ta fiére valeur ne mettroit plus
d'obstacles.
-33
Tu n'as que trop tenu ce qu'il avoit
promis.
Exposé nuit & jour au feu des Ennemis
On t'a yeû méprifer , en jeune teme- raire ,
Mille & mille volantes morts ,
Et l'on diroit à te voir faire
Que tu crois , qu'en naiffant on ait
plonge ton corps,
Comme celuy d'Achille , au fond des
eaux fatales ,
Qui voyent fur leurs fombres
bords ,
Des Rois & des Bergers les fortunes
égales.
Qu'on vient de découvrir de vertus.
dans ton cœur
Et que tu fais du temps un glorieux
partage!
Que ce partage cauſe &de joye &de
peur !
Reut, onregarder ſans frayeur
34
Les differens perils où ta valeur t'engage ?
Peut-on , fans t'adorer , te voir donnertes foins ,
Tantoft à pourvoir aux befoins
Des Guerriers que la gloire a couverts
de bleſſures ,
Et tantoft à tracer de fidelles peintures
Des grandes actions dont tes yeux
asl
font témoins ?
<
Le Soleil , infortuné Pere
D'un Fils indocile , imprudent ,
Depuis que Philisbourg a fenti ta colere ,
(dent,
Moins lumineux , & moins arD'un cours precipité paffe à l'autre
hemifphere ; (ploy;
11 remplit à regret fon glorieux emTu renouvelles fa trifteffe ,
Lors qu'il te voit conduire avec tant
de fageffe
Les deffeins dont Louis s'eft réposé
fur toy.
35
De quel oil penfes tu que l'Europe
regarde
Ce que tu viens d'executet ?
Tant d'Eftats , qu'en deux mois ton
bras vient d'ajoûter
Aux Eftats que le Ciel te garde,
Luyfont voir tout ce qu'on hazarde
Et tout ce qu'on s'apprête encore de
regrets
Quand on irrite un Roy , de qui rien
ne retarde
Ni les deffeins, ni les progrés.
Quelque loin que ta gloire aujour d'hui foit allée , f
Elle fait le plaifir du plus fage des Rois ,
Quand il voit ta prudence à ta valeur
mcflée ,
Affeurer le bonheur de l'Empire Fran
çois.
Plus feur de fon deftin que ne fut autrefois
b vj
36
Le tonnant Rival de Pelée , 10
Il ne craint point qu'un Fils, efface fes
exploits.
Arrêté une courfe fi belle ,
Aux douceurs du repos la faifon te
rappelle ,
Mars fuit les Aquilons & cherche les
Zephirs ,
Vien fécher les beaux yeux d'une augufte Princelle
Vien remplir fes plus doux defirs:: Ton ardeur pour la gloire allarme fa
tendreffe :
L'inquietude &la trifteffe
En ton abfence ont pris la place des
plaifirs.
Tu jouis , Montaufier , du doux
fruit de tes peines ,
Ton jeune Achille eft triomphant
De l'orgueil des Aigles Romaines ;
Vainement contre lui l'Empire. Le.
défend.
37
Philisbourg , Frankendal , Manhein,
Treves , Mayence ,
Que leurs Dieux n'ont pû garantir ,
Font bien voir,de quel fang le Ciel l'a
fait fortir ,
Et quelle habile main cultiva dés l'enfance ,
Lavaleur du Heros qui vient d'affu
jettir
Et du Necre & du Rhin l'orgueilleu
le puiffance..
Sur nos facrez Autels , on voit fumerl'encens ,.
Pourune fi grande victoire ;
Tout retentit icy du doux bruit de fa
gloire ::
Mais rien n'eft comparable aux tranf
ports que je fens.
Oui , l'amitié , l'eftime , & la recon
noiffance
Que depuis long- temps je te
doy,
38
Me font bien mieux fentir qu'au refte
de la France ,
Unfuccés dont l'éclat réjaillit jufqu'à
toy
Fermer
Résumé : EPITRE. De Madame des Houlieres à M. le Duc de Montausier.
L'épître de Madame des Houlières à Monsieur le Duc de Montaufier célèbre les exploits militaires du duc, en particulier la prise de Philisbourg. Madame des Houlières décrit une vision où Apollon lui apparaît pour lui demander de chanter les glorieux exploits du duc. Elle exprime son admiration pour le jeune héros dont les lois seront suivies par tous. Le duc est comparé à Louis XIV, et ses actions sont décrites comme surhumaines, rappelant celles d'Achille. Madame des Houlières loue également la bravoure et la sagesse du duc, soulignant qu'il a su conquérir de nombreux États en peu de temps. Elle mentionne les villes conquises, telles que Philisbourg, Frankendal, Mayence et Trèves, et exprime sa joie et son admiration pour ses victoires. Elle conclut en affirmant que son amitié et son estime pour le duc sont profondes et partagées par toute la France.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
46
p. 7-13
STANCES IRREGULIERES Sur les Victoires du Roy.
Début :
La conjoncture presente des affaires fait meriter tant de / Fille du Ciel, aimable Paix, [...]
Mots clefs :
Louis, Ennemis, Armes, Gloire, Paix
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : STANCES IRREGULIERES Sur les Victoires du Roy.
A
conjoncture prefente des affaires fait
meriter tint de
loüanges au Roy , & ce Monarque en reçoit de tant déloquentes Plumes, que je croy
devoir commencer maLettre
A iiij
8 MERCURE
en vous faifant part de leurs:
productions. L'illuftre Madame des Houlieres ne s'eft
pas teuë fur fes dernieres Vitoires. Je ne vous vanteray
point les Vers que vous allez
lire. On n'envoit point d'elle
qui ne répondent à la réputation qu'elle s'eft acquife.
off of ofcafe ofcofrafc of off of of of je de off of off of of
STANCES
Sur les Victoires du Roy.
IRREGULIERES
FilleIlle du Ciel , aimable Paix,
Vous qui de tous les biens eftes toujoursfuivie ,
Vous que l'aveugle erreur & lajaloufe envie
GALANT. 9
Ontvoulu d'icy-bas exiler pour jamais :
LOVIS eft triomphantfur la terre &
Sur l'onde,
C
Ses nombreux Ennemisfont confus,
font défaits .
Il va vous redonner au monde.
S
Si les fecrets du Cielfe peuvent
penetrer,
Les glorieux fuccés qu'il accorde à
fes armes
Forceront la difcorde & l'envie à
rentrer
Dans ces lieuxdeftinezà d'éternelles·
larmes.
Ouy,jeprevoy qu'avant le temps,
Où les Roffignolspar leurs chants
Font retentir les bois de plaintesamoureuſes,
Vous defcendrez icy du celefte fejour;
10 MERCURE
Plus fes armes feront heureufes,
Plûtoft vousferez de retour.
2
Entre les bras de la Victoire
On a vû ce Heros déja plus d'une
fois ,
Pour n'écouter que vostre voix , 1
Impoſerfilence à fa gloire.
Son ame au deffus des faveurs
Quefait l'inconftante Deeffe,
N'a point ce dur orgueil ny ces lâches
rigueurs,
Qui mettent le comble aux mal--
heurs
D'un Ennemy forcé d'avoüer fafoibleſſe,
Vice des vulgaires vainqueurs.
Icy la mefmemain qui terraffe , releve,
Et toujours de Louis le triomphe
s'acheve
Par le retour de vos douceurs.
GALANT. IL
2
Plus àfes Peuples qu'à luy-même,
Il ne voit qu'à regret ce qu'ilsfont
aujourd'huy,
Et ces Peuples inftruits à quelpoint.
il les aime,
Goûteroient un plaifir extrême
A donner tous leurs biens & tout .
leurfang pour luy.
Il voudroit qu'au milieu de ces brillantes feftes ,
Qu'enfante un doux loifir dans les
lieux où vous eftes ,
Tousfes Sujets puffent vieillir.
Ce genereux foucy fans ceffe l'accompagne,
Des Conqueftes qu'ilfait, des Batailles qu'ilgagne ,
Tous eftes lefeulfruit qu'il pretend
recueillir,
12 MERCURE
&
De rage & de douleurje les voy qui
fremiffent
Au bruit de fes fameux exploits,
Ces fiers Princes qui vous haïffent,
Et qui foulant aux pieds toutesfortes de loix ,
Pour un Ufurpateur trahiſſent
Leurgloire & l'intereft des Rois.
La terre a bû le fang de leurs meil
leures Troupes ,
La mer , malgré les vents qui com-·
battoientpour eux,
Pele mele a receu , Vaiffeaux , Canors , Chaloupes ,
Soldats & Matelots, dans fesgouffres
affreux.
Goutez, charmante Paix , une douce
vangcance
Du mépris qu'ils ontfait de vos plus
facrez nauds,
GALANT. 13
Vous ferez la ressource &l'unique
efperance
De leur monftruenfe Alliance
Qu'a cimentée un crime heureux.
conjoncture prefente des affaires fait
meriter tint de
loüanges au Roy , & ce Monarque en reçoit de tant déloquentes Plumes, que je croy
devoir commencer maLettre
A iiij
8 MERCURE
en vous faifant part de leurs:
productions. L'illuftre Madame des Houlieres ne s'eft
pas teuë fur fes dernieres Vitoires. Je ne vous vanteray
point les Vers que vous allez
lire. On n'envoit point d'elle
qui ne répondent à la réputation qu'elle s'eft acquife.
off of ofcafe ofcofrafc of off of of of je de off of off of of
STANCES
Sur les Victoires du Roy.
IRREGULIERES
FilleIlle du Ciel , aimable Paix,
Vous qui de tous les biens eftes toujoursfuivie ,
Vous que l'aveugle erreur & lajaloufe envie
GALANT. 9
Ontvoulu d'icy-bas exiler pour jamais :
LOVIS eft triomphantfur la terre &
Sur l'onde,
C
Ses nombreux Ennemisfont confus,
font défaits .
Il va vous redonner au monde.
S
Si les fecrets du Cielfe peuvent
penetrer,
Les glorieux fuccés qu'il accorde à
fes armes
Forceront la difcorde & l'envie à
rentrer
Dans ces lieuxdeftinezà d'éternelles·
larmes.
Ouy,jeprevoy qu'avant le temps,
Où les Roffignolspar leurs chants
Font retentir les bois de plaintesamoureuſes,
Vous defcendrez icy du celefte fejour;
10 MERCURE
Plus fes armes feront heureufes,
Plûtoft vousferez de retour.
2
Entre les bras de la Victoire
On a vû ce Heros déja plus d'une
fois ,
Pour n'écouter que vostre voix , 1
Impoſerfilence à fa gloire.
Son ame au deffus des faveurs
Quefait l'inconftante Deeffe,
N'a point ce dur orgueil ny ces lâches
rigueurs,
Qui mettent le comble aux mal--
heurs
D'un Ennemy forcé d'avoüer fafoibleſſe,
Vice des vulgaires vainqueurs.
Icy la mefmemain qui terraffe , releve,
Et toujours de Louis le triomphe
s'acheve
Par le retour de vos douceurs.
GALANT. IL
2
Plus àfes Peuples qu'à luy-même,
Il ne voit qu'à regret ce qu'ilsfont
aujourd'huy,
Et ces Peuples inftruits à quelpoint.
il les aime,
Goûteroient un plaifir extrême
A donner tous leurs biens & tout .
leurfang pour luy.
Il voudroit qu'au milieu de ces brillantes feftes ,
Qu'enfante un doux loifir dans les
lieux où vous eftes ,
Tousfes Sujets puffent vieillir.
Ce genereux foucy fans ceffe l'accompagne,
Des Conqueftes qu'ilfait, des Batailles qu'ilgagne ,
Tous eftes lefeulfruit qu'il pretend
recueillir,
12 MERCURE
&
De rage & de douleurje les voy qui
fremiffent
Au bruit de fes fameux exploits,
Ces fiers Princes qui vous haïffent,
Et qui foulant aux pieds toutesfortes de loix ,
Pour un Ufurpateur trahiſſent
Leurgloire & l'intereft des Rois.
La terre a bû le fang de leurs meil
leures Troupes ,
La mer , malgré les vents qui com-·
battoientpour eux,
Pele mele a receu , Vaiffeaux , Canors , Chaloupes ,
Soldats & Matelots, dans fesgouffres
affreux.
Goutez, charmante Paix , une douce
vangcance
Du mépris qu'ils ontfait de vos plus
facrez nauds,
GALANT. 13
Vous ferez la ressource &l'unique
efperance
De leur monftruenfe Alliance
Qu'a cimentée un crime heureux.
Fermer
Résumé : STANCES IRREGULIERES Sur les Victoires du Roy.
Le texte est une lettre du périodique Mercure, qui commence par louer le roi et mentionne les éloges qu'il reçoit. L'auteur décide de partager des poèmes récents, notamment ceux de Madame des Houlières, reconnue pour ses vers de qualité. Le poème principal, intitulé 'Stances sur les Victoires du Roy', célèbre les triomphes du roi Louis. Il décrit la paix comme une fille du ciel, exilée par l'erreur et la jalousie, mais appelée à revenir grâce aux succès du roi. Le poème souligne la générosité du roi, qui préfère la paix et le bien-être de ses peuples à la gloire personnelle. Il mentionne également la rage des ennemis du roi, vaincus sur terre et sur mer, et exprime l'espoir que la paix reviendra grâce aux victoires du roi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
47
p. 101-108
SUR LA MORT De Mr le Duc de Montausier. Idille
Début :
Cependant pour ne vous pas priver du plaisir de voir / Sur le bord d'un ruisseau paisible [...]
Mots clefs :
Muses, Duc de Montausier, Gloire, Vertus, Héros, Protecteur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUR LA MORT De Mr le Duc de Montausier. Idille
Cependant
pour ne vous pas priver du
plaifir de voir ce qui s'eft
fait à la gloire de ce Duc,
dont les grandes qualitez ont
fait tant de bruit dans tout
le Royaume , je vous envoye un Ouvrage de Madame
des Houlieres , fur le malheur arrivé aux Mufes , qui
en le perdant , ont perdu leur
Protecteur.
i
I iij
102 MERCURE
T
§ 2552225222255SSS
SUR LA MORT
De Mile Duc de Montaufier.
I DILLE
Ur le bord d'un ruiſſeau paiSo
Sible
Olimpe fe livroit à de vives douleurs ,
Et malgré fes autres malheurs
Au fort de Montaufier attèntive &
fenfible ,
Difoit en répandant des pleurs :
Qu'allez- vous devenir , belles Infortunées,
Mufes, qu'il protegea dés fes jeunes
années ?
GALANT. 103
Qu'allez- vous devenir , Heroïques
Vertus ,
Vous qui tremblantes , éplorées,
Aprés vos Temples abbatus ,
Chez luy vous eftiez retirées ?
Lestitresprécieux dontfurent revêtus
Ces Grecs & ces Romains , ornemens
de l'Hiftoire ,
Sont dûs à ce Heres d'immortelle
memoire ,
Quipar des fentiers peu battus.
Marcha d'un pas égal vers lafolide
gloire.
2
Mufes , Vertus , helas ! qui fera voftre appuy?
Et qui regardera comme d'affreux
Spectacles
Voftre mifere & voftre ennuy ?
Qui vous écoutera ? Qui voudra
comme luy
I iiij
104 MERCURE
Vous conduire à travers d'innom
brables obftacles
Au grand Roy qui regne aujourd'buy ?
Ah , qu'une telle perte ouvre de
precipices !
Qu'elle va vous livrer à d'injuftes
caprices !
Que de dédains, que de dégoufts ?
Mafes , Vertus , helas ! l'Ignorance
ules Vices
Peut-etre par fa mort triompheront
de vous.
2
Injustice de la Nature !
Les arbres dont l'ombrage embellit
ces cofteaux ,
Ne craignent point des ans l'irreparable injure ;
Leur vieilleffe ne fert qu'à les rendre
plus beaux.
GALANT. 105
Aprés avoir d'un fiecle achevé la
mesure ,
Ils paffent bien avant dans des fiecles nouveaux.
Où voit-on quelque homme qui
dure
Autant que les fapins , les chefnes,
les ormeaux ?
S
Mais pourquoy m'amufer dans ma
douleur mortelle
Afaire à la nature une vaine querelle ?
Arbres qui vivezplus que nous
Foüiffez d'un deftin fi doux ;
Faybien d'autresfujets de murmurercontr'elle.
Puis-je voirfans blâmer des ordres
fi cruels ,
Qu'un de ces indignes Mortels
Queue dansfa pareffe elle forme
106 MERCURE
De ce qu'elle a de plus mauvais,
Plus tard qne Montaufier s'en.
dorme
De ce fatal fommeil qui ne finit
jamais ?
Un excés de douleur & de delica.
teffe
Porte ma colere plus loin.
Tout homme , quel qu'il foit , dont
elle a pris le foin
De conduire la vie à l'extrême vieilleffe ,
Quand il s'offre à mes yeux les
bleffe.
Non , je nefçaurois plus fouffrir
Que delafin d'un fiecle icy quel
qu'un approche,
Sans luy faire un fecret reproche
Du long-temps qu'il eft à mourir.
S
GALANT. 107
Vous , qu'avec une ardeur fincere
F'invoquois pourfauver une Teftefi chere ,
Dieux , quelquefois ingrats &
Sourds!
Seize luftres entiers ne firent pas le
Cours
D'une vie également belle,
Et qui devoit durer toujours
Sile merite eftoit un affeuré fecours
Contre une loy dure & cruelle.
Vous ne vouliez pas que fon cœur
Euft le plaifir de voir ce Prince dont
l'enfance
Fut confiée àfa prudence ,
Unefeconde fois Vainqueur
Des fieres Nations que l'Envie &
[Erreur
Ofent armer contre la France.
Vous eftes fatisfaits Satisfaits . Les barbares
efforts
108 MERCURE
De la Déeffe qui delie
Les invifibles nauds qui joignent
l'ame au corps,
Ont fait quefurles fombres bords
Montaufier a rejointfa divineJulie.
Tous deuxmalgré cette Eau qui fait
que tout s'oublie,
Sentent encor de doux tranſports ;
Et tous deux fontfuivis de as illuftres Morts ,
Quidans unefaifon aux Muſes plus
propice ,
Firent de leurs charmans accords
Retentirfi longtemps le Palais d'Artenice,
Tandis que des grands noms du Heros que je plains
Auxfiecles à venir on transmet la memoire ,
Etque les plus fçavantes mains
Elevent à l'envi des Temples à fa
gloire
pour ne vous pas priver du
plaifir de voir ce qui s'eft
fait à la gloire de ce Duc,
dont les grandes qualitez ont
fait tant de bruit dans tout
le Royaume , je vous envoye un Ouvrage de Madame
des Houlieres , fur le malheur arrivé aux Mufes , qui
en le perdant , ont perdu leur
Protecteur.
i
I iij
102 MERCURE
T
§ 2552225222255SSS
SUR LA MORT
De Mile Duc de Montaufier.
I DILLE
Ur le bord d'un ruiſſeau paiSo
Sible
Olimpe fe livroit à de vives douleurs ,
Et malgré fes autres malheurs
Au fort de Montaufier attèntive &
fenfible ,
Difoit en répandant des pleurs :
Qu'allez- vous devenir , belles Infortunées,
Mufes, qu'il protegea dés fes jeunes
années ?
GALANT. 103
Qu'allez- vous devenir , Heroïques
Vertus ,
Vous qui tremblantes , éplorées,
Aprés vos Temples abbatus ,
Chez luy vous eftiez retirées ?
Lestitresprécieux dontfurent revêtus
Ces Grecs & ces Romains , ornemens
de l'Hiftoire ,
Sont dûs à ce Heres d'immortelle
memoire ,
Quipar des fentiers peu battus.
Marcha d'un pas égal vers lafolide
gloire.
2
Mufes , Vertus , helas ! qui fera voftre appuy?
Et qui regardera comme d'affreux
Spectacles
Voftre mifere & voftre ennuy ?
Qui vous écoutera ? Qui voudra
comme luy
I iiij
104 MERCURE
Vous conduire à travers d'innom
brables obftacles
Au grand Roy qui regne aujourd'buy ?
Ah , qu'une telle perte ouvre de
precipices !
Qu'elle va vous livrer à d'injuftes
caprices !
Que de dédains, que de dégoufts ?
Mafes , Vertus , helas ! l'Ignorance
ules Vices
Peut-etre par fa mort triompheront
de vous.
2
Injustice de la Nature !
Les arbres dont l'ombrage embellit
ces cofteaux ,
Ne craignent point des ans l'irreparable injure ;
Leur vieilleffe ne fert qu'à les rendre
plus beaux.
GALANT. 105
Aprés avoir d'un fiecle achevé la
mesure ,
Ils paffent bien avant dans des fiecles nouveaux.
Où voit-on quelque homme qui
dure
Autant que les fapins , les chefnes,
les ormeaux ?
S
Mais pourquoy m'amufer dans ma
douleur mortelle
Afaire à la nature une vaine querelle ?
Arbres qui vivezplus que nous
Foüiffez d'un deftin fi doux ;
Faybien d'autresfujets de murmurercontr'elle.
Puis-je voirfans blâmer des ordres
fi cruels ,
Qu'un de ces indignes Mortels
Queue dansfa pareffe elle forme
106 MERCURE
De ce qu'elle a de plus mauvais,
Plus tard qne Montaufier s'en.
dorme
De ce fatal fommeil qui ne finit
jamais ?
Un excés de douleur & de delica.
teffe
Porte ma colere plus loin.
Tout homme , quel qu'il foit , dont
elle a pris le foin
De conduire la vie à l'extrême vieilleffe ,
Quand il s'offre à mes yeux les
bleffe.
Non , je nefçaurois plus fouffrir
Que delafin d'un fiecle icy quel
qu'un approche,
Sans luy faire un fecret reproche
Du long-temps qu'il eft à mourir.
S
GALANT. 107
Vous , qu'avec une ardeur fincere
F'invoquois pourfauver une Teftefi chere ,
Dieux , quelquefois ingrats &
Sourds!
Seize luftres entiers ne firent pas le
Cours
D'une vie également belle,
Et qui devoit durer toujours
Sile merite eftoit un affeuré fecours
Contre une loy dure & cruelle.
Vous ne vouliez pas que fon cœur
Euft le plaifir de voir ce Prince dont
l'enfance
Fut confiée àfa prudence ,
Unefeconde fois Vainqueur
Des fieres Nations que l'Envie &
[Erreur
Ofent armer contre la France.
Vous eftes fatisfaits Satisfaits . Les barbares
efforts
108 MERCURE
De la Déeffe qui delie
Les invifibles nauds qui joignent
l'ame au corps,
Ont fait quefurles fombres bords
Montaufier a rejointfa divineJulie.
Tous deuxmalgré cette Eau qui fait
que tout s'oublie,
Sentent encor de doux tranſports ;
Et tous deux fontfuivis de as illuftres Morts ,
Quidans unefaifon aux Muſes plus
propice ,
Firent de leurs charmans accords
Retentirfi longtemps le Palais d'Artenice,
Tandis que des grands noms du Heros que je plains
Auxfiecles à venir on transmet la memoire ,
Etque les plus fçavantes mains
Elevent à l'envi des Temples à fa
gloire
Fermer
Résumé : SUR LA MORT De Mr le Duc de Montausier. Idille
Le texte est un poème funèbre sur la mort du duc de Montausier. Il commence par une lettre de Madame des Houlières, qui évoque le malheur des Muses ayant perdu leur protecteur. Le poème exprime la douleur d'Olimpe face à cette perte, soulignant le rôle du duc comme protecteur des Muses et des vertus héroïques. Il déplore l'avenir incertain des Muses et des vertus sans son appui. Le texte critique l'injustice de la nature, qui permet aux arbres de vivre plus longtemps que les hommes. Il exprime une colère face à la mort prématurée du duc, comparée à celle des hommes indignes qui vivent plus longtemps. Le poème s'adresse ensuite aux dieux, reprochant leur ingratitude et leur refus de prolonger la vie du duc, malgré ses mérites et ses victoires. Il conclut en évoquant la réunion du duc avec sa divine Julie dans l'au-delà et la mémoire durable de ses exploits.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
48
p. 73-93
Dialogue d'Apollon, & de Polimnie. [titre d'après la table]
Début :
Vous sçavez, Madame, quelle grande contestation s'est émeuë / Nous nous jettons, Seigneur, toutes à vos genoux, [...]
Mots clefs :
Apollon, Polimnie, Temps, Perrault, Gloire, Génie, Montmor, Esprits, Parnasse, Beau sexe
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Dialogue d'Apollon, & de Polimnie. [titre d'après la table]
Vous fçavez , Madame ,
quelle grande conteſtation
s'eft émeue il y a déja quelques années entre les Sçavans
Novembre 1690. G
74 MERCURE
aufujet d'un Poëme intirulé,
Le Siecle de Louis le Grand , de
Mr Perrault de l'Academic
Françoife. Le fieur Coignard,
Libraire , a donné au public
depuis ce temps-là deux Volumes du Paralelle des Anciens
des Modernes, du meſme
Auteur , & ces Ouvrages
ont efté attaquez par un Poëte
Hollandois fous le nom de
Montmor. C'eft cert Critique qui a donné lieu à M¹ de
Vin , dont vous connoiffez
T'heureux genic par plufieurs
galantes pieces que je vous en
ay déja envoyées ,de faire le
GALANT. 75
Dialogue que vous allez lire.
Il eſt entre Apollon , & la
Mufe Polimnic, qui parle au
nom de toutes les autres.
NOS
POLIMNIE.
Ous nous jettons , Seigneur ,
toutes à vos genoux,
Etnous vous demandonsjuſtice.
APOLLON.
Relevez-vous , mes Sœurs, parlez ,
expliquez- vous ,
Etfeachez qu'Apollon propice
Entre , comme il le doit , dans tous
vos interefts.
Quelsfont vos Ennemis,ou publics,
ou fecrets ?
De qui vous plaignez- vous , & quel témeraire ofe
Gij
76 MERCURE
·Sans craindre ma colere , à mesyeux
infulter
Les Filles du grand Jupiter ?
Du trouble où je vous vois quelle eft
enfin la caufe?
POLIMNIE.
Il ne falloit pas moins pour enfinir
le cours
Que l'offre de vostre fecours.
Nous allons reprendre courage ,
Et nous en craignons moins l'outrage
Qu'on nous faitdepuis quelques
jours.
Malgré l'épais broüllard , & les va
peurs groffieres
Qui couvrent en tout temps le Batave Climat,
Nous n'avons pas laiẞé d'y porter
nos lumieres.
Cependant ce Paysfombre , & tou-
' jours ingrat,
GALANT. 77
Loin de nous en montrer quelque
reconnoiffance ,
Ne ;
s'enfert qu'à nous décrier ;
Et Montmor vient de publier
Qu'il ne fort plus de nous qu'une
froide Eloquence.
Il eft vray que cet entefté
Nousfait encor l'honneur de croire
Qu'autrefois nous eûmes la gloire
D'inspirer à l'Antiquité
Ces traits vifs, cette politeffe,
Ce gouftfin , ce bonfens , cette delicatele
Qu'on voit briller dans fes ef
crits :
Mais ilfoutient que la vieilleffe
Qu'il nous donne , & qu'il traite
avec tant de mépris ,.
A fait fentir à nos efprits
La perte du beaufeu qu'avoit noftre
jeuneffe.
G`iij
78 MERCURE
ilfemble , fi l'on veut s'en rapporter
à luy ,
Que l'Hiver ait fur nous versé
toute fa glace ,
Et qu'inutilement Hefiode aujour
'dbuy
S'endormiroit fur le Parnaffe.
Tel eft l'impertinent difcours
De ceux qui fecs , &fans genie,
Sur ce qu'on voit de bon répandent
tous les jours
Le venin de leur jalousie,
Etfe vangentpar là du malbeureux
fuccés
Des fots Ouvrages qu'ils ontfaits.
Cependant fi leur medifance
Dans le monde unefois trouve quelque créance ,
Adieu les fuprêmes honneurs
Que nous ont juſqu'icy rendus tous
les Auteurs.
GALANT 79
Nous feront-ils , helas ! le moindre
Sacrifice ?
Ils en croirontplus leur caprice
Que lesfalutaires ardeurs
Qu'onpuife dans noftre fontaine,
Et nous refuferont les glorieux tributs
Qu'ils ont toujours payez àſon eaù
Souveraine.
Qui voudrafe donner la peine
D'y chercher unfecours qu'on traitera
d'abus ?
Qui nous invoquera? Perfonne
Ne s'avifera plus de nous offrir des
vœux ,
Et des beaux Arts ( quel coup! j'en
tremble, j'enfriffonne ) 1
Peut-eftre que chacun fe fera d'autres Dieux.
Il me femble déja que l'on nous
abandonne,
G iiij
80 MERCURE
Que l'on nefonge plus à nous ,
Et que nostre fejour , devenu foli- taire ,
Sans Encens fans Autels, n'eft plus
que le repaire
-Des Ours , des Lions & des Loups.
APOLLO N.
Le mai n'eft pas encorfi grand qu'on
s'imagine,
Raffeurez- vous , mes Sœurs , Montwow mor, & fes pareils ,
Pour vous nuire , tiendront d'inutiles confeils ,
Et quoy que du Parnaffe ils tententla ruine , C
Ils nefont pasfi dangereux,\
Que leurs traits mal lancez ne
retombent fur eux:
Autant, & plus que vous , leur audace m'offenfe,
Etje les traiterois comme des MarSyas
GALANT. 81
S'ils eftoient dignes de mon bras :
Maisplein d'une reconnoiffance
Qui doit confondre ces ingrats ,.
Vn de nos Favoris travaille à sa
deffenfe ,
Et Perrault que j'ayfçeu remplir de
tous mes feux,
Eft un Athlete vigoureux ,
Et tel que d'Apollon exige la vengeance.
Ils ont desjafenty ce quepefent fes
coups ;
•
Sa plume &polie , &féconde
Commence à détromper le monde
Des contes que l'onfait de vous.
Chacun fçait que de la vieilleffe
La froideur& l'infirmité.
N'attaquent point une Déeffe ,
Et qu'une éternelle jeunesse
Eft le fruit precieux de l'immortalité.
82 MERCURE
Chacun fçait que toujours &vives,
&folides ,
Vous pouvez aujourd'huy, comme
dans les vieux temps :>
Faire , malgré ces médifans ,
Des Sophocles , des Euripides,
Des Plines , des Saphos , des Longins , des Varrons ,
Des Ariftotes , des Euclides,
Des Horaces , des Thucidides ,
Des Terences , des Cicerons
Des Luciens , des Praxiteles
Des Virgiles, & des Appelles.
onfçait qu'autant de fois qu'on ver.
ra des Heros
Amateurs de nos jeux , affables ,
liberaux
Et tels qu'en poffede un la
reufe France ;
trop beuOn ne manquera pas de fublimes.
Efprits ;
GALANT.
83
Que vos feux, & leurs dons unis.
En produifent en abondance ,
Et quefans la douce efperance
D'eftre unjour honorez de ces glorieux dons ,
Plufieurs qui negligeoient vos inf
pirations ,
Auroient languy toute leur vie
Dans une molle oifiveté ;
Ce prix de leurs travaux réveille
leur genie ,
A mieux faire par là l'on fe fent
excité ,
Et chacun, cherchant à leurplaire,
Redoublefes efforts , &pour en obtenir
La recompenfe qu'il efpere ,
Leur confacre fes foins , fes veilles,
fon loifir.
On fçait ce que valut autrefois à la
Grece
84 MERCURE
D'Alexandre le Grand la prodigue
Largeffe,
Et quejamais l'efprit dans cet heureux Climat
Nefutplus éclairé , plus fort , plus
delicat.
Famais Romefe trouva-t-elle
Plus docte, plus polie, &plus Spiri- tuelle
Quefous les deux premiers Cefars ?
Cette tendreffe liberale
Que le Pere & leFils * eurentpour
les beaux Arts,
Les y fit cultiver d'une ardeur fans
égale ,
Et leurfecours peut-eftre autant que
fa valeur,
Fufqu'au point qu'on l'a veuë éleva
Ja grandeur.
Augufte fut adopté par Jules Celar.
GALANT. 85
Ne leur doit-elle pas la fameuse Eneide ,
Les Plaintes , les Amours, & les Fables d'Ovide ,
Le delicat Horaces & tant d'Auteurs
divers ,
Quifoit enProfe , foit en Vers,
Ont rendufa gloire immortelle,
Et dont le gouft fi fin fert encor de
modelle ?
Le Filsfurtout en leurfaveur
De fon Trône fouvent fe plaifoit à
defcendre.
Rome vit fans chagrin defon grand
Empereur
Fufqu'à l'excés fur eux les bienfaits
Je répandre ,
Et quelques - uns mefme d'entre
eux
Se trouverent affez heureux ,
Pourjouir de fa confidence .
86 MRECURE
Onfçait enfin que dans la France
Louis que le Cielaime , & qui nous
aime auffi ,
Aparfes Penfions , par leur douce
influence
Plus fait pour nous quejusqu'icy
N'ontfait tous ces Heros que vante
tant l'Hiftoire.
Tout grandqu'il eft , &plus qu'Alexandre & Cefar
De proteger les Arts dédaigne-t-il la
gloire,
Et ce favorable regard
Qu'iljette fur l'Academie ,
N-a-t-il pas des François porté le
beau genie
Jusqu'au point d'effacer ce que firent
jadis
Les Grecs, & les Romains quand ils
furent polis ?
C'est par là que chez eux ont brillé
les Molieres,
GALANT: 87
LesVoitures, les Ablancours,
Et qu'éclairé de vos lumieres
Voftre beau Sexe mefme y fait voir
en ces jours
Des Scuderis , des Deshoulieres.
POLIMNIE.
Ces Dames as Parnaffe, il eft vray,
font honneur ,
Et pleines qu'elles font de toute nofire ardeur,
Leurs Ecrits ſeuls devroient fuffire
Pour confondre nos Ennemis.
Ceux de Sapho font-ils plus vifs ,
ou plus polis ,
Et de ce fiecte enfin qui les force à
médire ?
APOLLON.
Tel qu'il fut autrefois Apollon l'eft
encor s
Ainfi méprifons de Montmor
L'ennuyeufe critique , la fade Satire.
88 MERCURE
•
L'opiniaftre erreur qui l'attache aux
vieux temps
N'a pour elle que peu de genss
Et chacun, quoy qu'il puiffe dire,
Ouvre, & prefte l'oreille à la voix
du bon fens.
•
Athenes, comme Rome , en a fourny
fans doute,
Mais fans prévention pour peu
que l'on l'écoute,
Croira-t-on qu'en ces lieux trouvant
trop de douceurs ,
Il n'ait pu fe refoudre à ſe produire
ailleurs ?
Lors qu'à l'antiquité ce fiecle rend
justice ,
Par quel injurieux caprice
Refufe- t-on aux beaux efprits
Qui regnent dans la France, &fur
tout dans Paris ,
Celle qui leur eft deuë ,
fi ere Athenes,
من que la
GALANT. 89
Plus équitable, que Montmor ,
Elle-mefme rendroit à tant de nobles
veines ?
Faut- il, pour le preffer plus fort,
Diffiper les fombres nuages
Doni un dépit jaloux envelope fes
yeux ,
Et, comme aux Ecoliers ; faire à cet
envieux ,
Comprendre , & remarquer la beauté
des Ouvrages
Des Racines , des Despréaux + ,
Des Patrus , des Le-Bruns , des
Mignards, des Corneilles.
Mais fans de tant d'Auteurs
nouveaux
M'étendre fur les doctes veilles,
Que ne veulent pas voir ces efprits
mécontens ,
Ou qui font au deffus de leur intelligence
Nov. 1690.
H
90 MERCURE
Sans , dis je- , perdre en vain &fa
peine , & fon temps
A leur en expliquer la force &
l'exellence ,
Perrault écrit pour Nous, & fes
heureux talens
Suffifent feuls pour prouver que
France
la
Egale en leur bon gouft les ficcles
précedens.
Sa netteté , fa politeffe ,
Ses traits vifs & brillans , fon
gouſt fin , Sajuſteſſe,
Tout cela de Montmor a fceu bleffer
les yeux.
Quels que foient ſes efforts , ſa
plume languiffante
Wepeut en approcher , c'eft en vain
qu'il le tente,
Et dans fon defefpoir , de ce lâche
envieux
GALANT. 91
La trop ingenieuſe & jalouſe
malice
Par un trop injufte artifice ,
Détournefur l'antiquitér
Le legitime encens qu'à Perrault il
refufe ,
-
Et par cefaux trait d'equîcê ,
D'en avoir peu pour luy ne craint
pas qu'on l'accufe.
On en ufa toujours ainsi ,
Et des ficcles paffez comme de celuycy
Telle fut l'adroite manie.
Horace, le plus beau genie
Que Rome vit chez elle , eut auffi
fon Montmort;
"
Tout habile qu'il fut le celebre
Mecene
A gouverner l'Empire eut mefme
moins de peine
Qu'à l'exemter de cet indignefort.
Hij
92 MERCURE
L'injustice toujours bizarre
Ne vantoit de fon temps que Sapho,
que Pindare ;
Toute la gloire eftoit pour eux,
On envioit la fienne, & ceux cy
dans la Grece ,
Lors qu'ils y prodiguoient leur fçaAvante vante richeffe ,
Ne fe virent-ils pas préferer leurs
Ayeux ?
Tant que vefcut legrand Homere,
Sur fa mendicité jetta-t- elle un
regard ?
Cette ingrate prit elle part
A fa longue &dure mifere ?
Non , ce ne fut qu'aprésfa mort
Que fept Villes en concurrence :
Difputant, mais trop tard, l'honneur
de fa naissance,
S'en firent un illustrefort.
Laiffons donc à Perrault lefoin de
noftre gloire,
GALANT 93
Nous ne pouvions la mettre en de
meilleures mains;
Et que les Filles de Memoire
Calmant leurs fenfibles chagrins,
S'appreftent au pluftoft à chanter fa
Victoire.
quelle grande conteſtation
s'eft émeue il y a déja quelques années entre les Sçavans
Novembre 1690. G
74 MERCURE
aufujet d'un Poëme intirulé,
Le Siecle de Louis le Grand , de
Mr Perrault de l'Academic
Françoife. Le fieur Coignard,
Libraire , a donné au public
depuis ce temps-là deux Volumes du Paralelle des Anciens
des Modernes, du meſme
Auteur , & ces Ouvrages
ont efté attaquez par un Poëte
Hollandois fous le nom de
Montmor. C'eft cert Critique qui a donné lieu à M¹ de
Vin , dont vous connoiffez
T'heureux genic par plufieurs
galantes pieces que je vous en
ay déja envoyées ,de faire le
GALANT. 75
Dialogue que vous allez lire.
Il eſt entre Apollon , & la
Mufe Polimnic, qui parle au
nom de toutes les autres.
NOS
POLIMNIE.
Ous nous jettons , Seigneur ,
toutes à vos genoux,
Etnous vous demandonsjuſtice.
APOLLON.
Relevez-vous , mes Sœurs, parlez ,
expliquez- vous ,
Etfeachez qu'Apollon propice
Entre , comme il le doit , dans tous
vos interefts.
Quelsfont vos Ennemis,ou publics,
ou fecrets ?
De qui vous plaignez- vous , & quel témeraire ofe
Gij
76 MERCURE
·Sans craindre ma colere , à mesyeux
infulter
Les Filles du grand Jupiter ?
Du trouble où je vous vois quelle eft
enfin la caufe?
POLIMNIE.
Il ne falloit pas moins pour enfinir
le cours
Que l'offre de vostre fecours.
Nous allons reprendre courage ,
Et nous en craignons moins l'outrage
Qu'on nous faitdepuis quelques
jours.
Malgré l'épais broüllard , & les va
peurs groffieres
Qui couvrent en tout temps le Batave Climat,
Nous n'avons pas laiẞé d'y porter
nos lumieres.
Cependant ce Paysfombre , & tou-
' jours ingrat,
GALANT. 77
Loin de nous en montrer quelque
reconnoiffance ,
Ne ;
s'enfert qu'à nous décrier ;
Et Montmor vient de publier
Qu'il ne fort plus de nous qu'une
froide Eloquence.
Il eft vray que cet entefté
Nousfait encor l'honneur de croire
Qu'autrefois nous eûmes la gloire
D'inspirer à l'Antiquité
Ces traits vifs, cette politeffe,
Ce gouftfin , ce bonfens , cette delicatele
Qu'on voit briller dans fes ef
crits :
Mais ilfoutient que la vieilleffe
Qu'il nous donne , & qu'il traite
avec tant de mépris ,.
A fait fentir à nos efprits
La perte du beaufeu qu'avoit noftre
jeuneffe.
G`iij
78 MERCURE
ilfemble , fi l'on veut s'en rapporter
à luy ,
Que l'Hiver ait fur nous versé
toute fa glace ,
Et qu'inutilement Hefiode aujour
'dbuy
S'endormiroit fur le Parnaffe.
Tel eft l'impertinent difcours
De ceux qui fecs , &fans genie,
Sur ce qu'on voit de bon répandent
tous les jours
Le venin de leur jalousie,
Etfe vangentpar là du malbeureux
fuccés
Des fots Ouvrages qu'ils ontfaits.
Cependant fi leur medifance
Dans le monde unefois trouve quelque créance ,
Adieu les fuprêmes honneurs
Que nous ont juſqu'icy rendus tous
les Auteurs.
GALANT 79
Nous feront-ils , helas ! le moindre
Sacrifice ?
Ils en croirontplus leur caprice
Que lesfalutaires ardeurs
Qu'onpuife dans noftre fontaine,
Et nous refuferont les glorieux tributs
Qu'ils ont toujours payez àſon eaù
Souveraine.
Qui voudrafe donner la peine
D'y chercher unfecours qu'on traitera
d'abus ?
Qui nous invoquera? Perfonne
Ne s'avifera plus de nous offrir des
vœux ,
Et des beaux Arts ( quel coup! j'en
tremble, j'enfriffonne ) 1
Peut-eftre que chacun fe fera d'autres Dieux.
Il me femble déja que l'on nous
abandonne,
G iiij
80 MERCURE
Que l'on nefonge plus à nous ,
Et que nostre fejour , devenu foli- taire ,
Sans Encens fans Autels, n'eft plus
que le repaire
-Des Ours , des Lions & des Loups.
APOLLO N.
Le mai n'eft pas encorfi grand qu'on
s'imagine,
Raffeurez- vous , mes Sœurs , Montwow mor, & fes pareils ,
Pour vous nuire , tiendront d'inutiles confeils ,
Et quoy que du Parnaffe ils tententla ruine , C
Ils nefont pasfi dangereux,\
Que leurs traits mal lancez ne
retombent fur eux:
Autant, & plus que vous , leur audace m'offenfe,
Etje les traiterois comme des MarSyas
GALANT. 81
S'ils eftoient dignes de mon bras :
Maisplein d'une reconnoiffance
Qui doit confondre ces ingrats ,.
Vn de nos Favoris travaille à sa
deffenfe ,
Et Perrault que j'ayfçeu remplir de
tous mes feux,
Eft un Athlete vigoureux ,
Et tel que d'Apollon exige la vengeance.
Ils ont desjafenty ce quepefent fes
coups ;
•
Sa plume &polie , &féconde
Commence à détromper le monde
Des contes que l'onfait de vous.
Chacun fçait que de la vieilleffe
La froideur& l'infirmité.
N'attaquent point une Déeffe ,
Et qu'une éternelle jeunesse
Eft le fruit precieux de l'immortalité.
82 MERCURE
Chacun fçait que toujours &vives,
&folides ,
Vous pouvez aujourd'huy, comme
dans les vieux temps :>
Faire , malgré ces médifans ,
Des Sophocles , des Euripides,
Des Plines , des Saphos , des Longins , des Varrons ,
Des Ariftotes , des Euclides,
Des Horaces , des Thucidides ,
Des Terences , des Cicerons
Des Luciens , des Praxiteles
Des Virgiles, & des Appelles.
onfçait qu'autant de fois qu'on ver.
ra des Heros
Amateurs de nos jeux , affables ,
liberaux
Et tels qu'en poffede un la
reufe France ;
trop beuOn ne manquera pas de fublimes.
Efprits ;
GALANT.
83
Que vos feux, & leurs dons unis.
En produifent en abondance ,
Et quefans la douce efperance
D'eftre unjour honorez de ces glorieux dons ,
Plufieurs qui negligeoient vos inf
pirations ,
Auroient languy toute leur vie
Dans une molle oifiveté ;
Ce prix de leurs travaux réveille
leur genie ,
A mieux faire par là l'on fe fent
excité ,
Et chacun, cherchant à leurplaire,
Redoublefes efforts , &pour en obtenir
La recompenfe qu'il efpere ,
Leur confacre fes foins , fes veilles,
fon loifir.
On fçait ce que valut autrefois à la
Grece
84 MERCURE
D'Alexandre le Grand la prodigue
Largeffe,
Et quejamais l'efprit dans cet heureux Climat
Nefutplus éclairé , plus fort , plus
delicat.
Famais Romefe trouva-t-elle
Plus docte, plus polie, &plus Spiri- tuelle
Quefous les deux premiers Cefars ?
Cette tendreffe liberale
Que le Pere & leFils * eurentpour
les beaux Arts,
Les y fit cultiver d'une ardeur fans
égale ,
Et leurfecours peut-eftre autant que
fa valeur,
Fufqu'au point qu'on l'a veuë éleva
Ja grandeur.
Augufte fut adopté par Jules Celar.
GALANT. 85
Ne leur doit-elle pas la fameuse Eneide ,
Les Plaintes , les Amours, & les Fables d'Ovide ,
Le delicat Horaces & tant d'Auteurs
divers ,
Quifoit enProfe , foit en Vers,
Ont rendufa gloire immortelle,
Et dont le gouft fi fin fert encor de
modelle ?
Le Filsfurtout en leurfaveur
De fon Trône fouvent fe plaifoit à
defcendre.
Rome vit fans chagrin defon grand
Empereur
Fufqu'à l'excés fur eux les bienfaits
Je répandre ,
Et quelques - uns mefme d'entre
eux
Se trouverent affez heureux ,
Pourjouir de fa confidence .
86 MRECURE
Onfçait enfin que dans la France
Louis que le Cielaime , & qui nous
aime auffi ,
Aparfes Penfions , par leur douce
influence
Plus fait pour nous quejusqu'icy
N'ontfait tous ces Heros que vante
tant l'Hiftoire.
Tout grandqu'il eft , &plus qu'Alexandre & Cefar
De proteger les Arts dédaigne-t-il la
gloire,
Et ce favorable regard
Qu'iljette fur l'Academie ,
N-a-t-il pas des François porté le
beau genie
Jusqu'au point d'effacer ce que firent
jadis
Les Grecs, & les Romains quand ils
furent polis ?
C'est par là que chez eux ont brillé
les Molieres,
GALANT: 87
LesVoitures, les Ablancours,
Et qu'éclairé de vos lumieres
Voftre beau Sexe mefme y fait voir
en ces jours
Des Scuderis , des Deshoulieres.
POLIMNIE.
Ces Dames as Parnaffe, il eft vray,
font honneur ,
Et pleines qu'elles font de toute nofire ardeur,
Leurs Ecrits ſeuls devroient fuffire
Pour confondre nos Ennemis.
Ceux de Sapho font-ils plus vifs ,
ou plus polis ,
Et de ce fiecte enfin qui les force à
médire ?
APOLLON.
Tel qu'il fut autrefois Apollon l'eft
encor s
Ainfi méprifons de Montmor
L'ennuyeufe critique , la fade Satire.
88 MERCURE
•
L'opiniaftre erreur qui l'attache aux
vieux temps
N'a pour elle que peu de genss
Et chacun, quoy qu'il puiffe dire,
Ouvre, & prefte l'oreille à la voix
du bon fens.
•
Athenes, comme Rome , en a fourny
fans doute,
Mais fans prévention pour peu
que l'on l'écoute,
Croira-t-on qu'en ces lieux trouvant
trop de douceurs ,
Il n'ait pu fe refoudre à ſe produire
ailleurs ?
Lors qu'à l'antiquité ce fiecle rend
justice ,
Par quel injurieux caprice
Refufe- t-on aux beaux efprits
Qui regnent dans la France, &fur
tout dans Paris ,
Celle qui leur eft deuë ,
fi ere Athenes,
من que la
GALANT. 89
Plus équitable, que Montmor ,
Elle-mefme rendroit à tant de nobles
veines ?
Faut- il, pour le preffer plus fort,
Diffiper les fombres nuages
Doni un dépit jaloux envelope fes
yeux ,
Et, comme aux Ecoliers ; faire à cet
envieux ,
Comprendre , & remarquer la beauté
des Ouvrages
Des Racines , des Despréaux + ,
Des Patrus , des Le-Bruns , des
Mignards, des Corneilles.
Mais fans de tant d'Auteurs
nouveaux
M'étendre fur les doctes veilles,
Que ne veulent pas voir ces efprits
mécontens ,
Ou qui font au deffus de leur intelligence
Nov. 1690.
H
90 MERCURE
Sans , dis je- , perdre en vain &fa
peine , & fon temps
A leur en expliquer la force &
l'exellence ,
Perrault écrit pour Nous, & fes
heureux talens
Suffifent feuls pour prouver que
France
la
Egale en leur bon gouft les ficcles
précedens.
Sa netteté , fa politeffe ,
Ses traits vifs & brillans , fon
gouſt fin , Sajuſteſſe,
Tout cela de Montmor a fceu bleffer
les yeux.
Quels que foient ſes efforts , ſa
plume languiffante
Wepeut en approcher , c'eft en vain
qu'il le tente,
Et dans fon defefpoir , de ce lâche
envieux
GALANT. 91
La trop ingenieuſe & jalouſe
malice
Par un trop injufte artifice ,
Détournefur l'antiquitér
Le legitime encens qu'à Perrault il
refufe ,
-
Et par cefaux trait d'equîcê ,
D'en avoir peu pour luy ne craint
pas qu'on l'accufe.
On en ufa toujours ainsi ,
Et des ficcles paffez comme de celuycy
Telle fut l'adroite manie.
Horace, le plus beau genie
Que Rome vit chez elle , eut auffi
fon Montmort;
"
Tout habile qu'il fut le celebre
Mecene
A gouverner l'Empire eut mefme
moins de peine
Qu'à l'exemter de cet indignefort.
Hij
92 MERCURE
L'injustice toujours bizarre
Ne vantoit de fon temps que Sapho,
que Pindare ;
Toute la gloire eftoit pour eux,
On envioit la fienne, & ceux cy
dans la Grece ,
Lors qu'ils y prodiguoient leur fçaAvante vante richeffe ,
Ne fe virent-ils pas préferer leurs
Ayeux ?
Tant que vefcut legrand Homere,
Sur fa mendicité jetta-t- elle un
regard ?
Cette ingrate prit elle part
A fa longue &dure mifere ?
Non , ce ne fut qu'aprésfa mort
Que fept Villes en concurrence :
Difputant, mais trop tard, l'honneur
de fa naissance,
S'en firent un illustrefort.
Laiffons donc à Perrault lefoin de
noftre gloire,
GALANT 93
Nous ne pouvions la mettre en de
meilleures mains;
Et que les Filles de Memoire
Calmant leurs fenfibles chagrins,
S'appreftent au pluftoft à chanter fa
Victoire.
Fermer
Résumé : Dialogue d'Apollon, & de Polimnie. [titre d'après la table]
En novembre 1690, une controverse majeure a éclaté entre les savants à propos du poème 'Le Siècle de Louis le Grand' de Charles Perrault. Ce poème, publié par le libraire Coignard, a suscité des critiques, notamment de la part d'un poète hollandais se faisant appeler Montmor. Cette critique a incité M. de Vin à écrire un dialogue intitulé 'Le Galant Dialogue', impliquant Apollon et la Muse Polymnie. Dans ce dialogue, les Muses se plaignent à Apollon des attaques dont elles sont victimes, notamment de la part de Montmor, qui les accuse de froide éloquence et de vieillesse. Elles expriment leur frustration face à l'ingratitude des Pays-Bas, malgré leurs efforts pour y apporter la lumière. Apollon les rassure en leur affirmant que leurs ennemis ne sont pas aussi puissants qu'ils le croient et que leur talent est toujours vivant. Apollon mentionne également que Perrault, un de ses favoris, travaille à défendre les Muses et à prouver que la littérature moderne peut égaler l'antiquité. Il cite des exemples de grands écrivains et artistes anciens et modernes pour illustrer la persistance de la créativité et du génie. Apollon souligne également le soutien des grands souverains, comme Alexandre, César et Auguste, aux arts, et compare leur patronage à celui de Louis XIV en France. Le dialogue se termine par une défense vigoureuse de la littérature moderne et une critique des préjugés en faveur de l'antiquité. Apollon encourage les Muses à mépriser les critiques de Montmor et à continuer de briller par leur talent.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
49
p. 86-101
REFLEXIONS MORALES DE MADAME DESHOULIERRES Sur l'envie immoderée de faire passer son Nom à la Posterité.
Début :
Vous ne sçauriez voir assez souvent des ouvrages de l'Illustre / La sçavante CHERON par son divin pinçeau [...]
Mots clefs :
Paris, Peinture, Portrait, Postérité, Couleurs, Gloire, Avenir, Durable, Renommée, Illustre, Nature, Arts, Passions, Sophie Chéron
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REFLEXIONS MORALES DE MADAME DESHOULIERRES Sur l'envie immoderée de faire passer son Nom à la Posterité.
Vous nesçauriez voir affez
fouvent des ouvrages de l'Illuftre Madame des Houlieres,
à Mademoiſelle Cheron dont
tout Paris admire l'habileté
pour la Peinture , ayant fait
Ton Portrait depuis quelque
temps , cela luy a donné lieu
de faire des Reflexions que
Vous trouverez dignes d'elle,
&auffi noblement exprimées,.
qu'on le peut attendre de ce
merveilleux genie, qui la rend
l'ornement de fon Sexe & de
fon ficcle.
GALANT. 87
esseses22 52225555
REFLEXIONS MORALES
DE MADAME
DES-HOULIERRES
Sur l'envie immoderée de
faire paffer fon Nom à la
Pofterité.
1Afgevante C HERONparfon divin pinceau
Meredonne un éclat nouveau.
Elle force aujourd'huy les Graces ,
Dontmes cruels ennuis & mes longues douleurs,
*Laiſſent ſur mon visage à peine quelques traces ,
D'y venir reprendre leurs places.
88 MERCURE
Elle me rend enfin mes premieres
couleurs.
Parfon art la racefuture
Connoîtra les prejens que me fit la
Nature,
Etjepuis efperer qu'avec un telfecours ,
Tandis quej'erreray fur les fombres
rivages,
Je pourray faire encor quelque honneura nosjuurs.
Oiy ,je puis m'enflater; plaire & du
rer toujours
Eft le deftin defes ouvrages.
$
Fol orgueil ! & du cœur Humain
Aveugle & fatalefoibleffe !
Nous maîtriferez-vousfans ceffe ;"
Et n'aurons- nousjamais ungencreux.
dédain
Pourtoutce qui s'oppofe aux loix de
lafageffe ?
GALANT. 89
Non; l'amourpropre en nous eſt toujours le plusfort,
Et malgré les combats que lafage fe
livre ,
On croit fe dérober en partie àla Mort
Quand dans quelque chofe onpeut
vivre.
S
Cette agreable erreur eft lafource des
fains
Quidevorent le cœurdes Hommes.
Loin de fçavoirjouir de l'état où nous
fommes.
C'est à quoy uouspensons le moins.
Unegloirefrivole &jamais poffedée,
C.
Fait qu'en tous lieux', à tous momens,
L'avenir remplit nôtre idée.
Il est l'unique but de nos empreffe.
mens.
Novembre 1693. H
90 MERCURE
Pour obtenir qu'un jour noftre nom
yparvienne ,
Etpour nous l'affurer durable &glo
rieux ,
Nousperdons le prefent , ce tempsfa
precieux ,
Lefeulbien qui nous appartienent,
Et qui tel qu'un éclair difparoiftà nos
yeux.
Au bonheur des Humains leurs chimeres s'opposent.
Victimes de leur vanité
Il n'eft chagrin , travail , danger 3
adverfité,
Aquoy les mortels ne s'exposent
Pourtranfmettre leurs uoms à la po
fterité!
2
Aqueldeffein , dans quelles vuës,
Tant d'abelifques , de portraits ,
D'Arcs, deMedailles , de Statuës,
GALANT. SI
DeVilles, de Tombeaux, de Temples,
de Palais ,
Parleur ordre ont-ils eftéfaits ?
D'où vient que pour avoir un grand
nom dans l'Hiftoire
Ils ont à pleines mains répandu les
bienfaits
Si ce n'eft dans l'espoir de rendre leur
memoire
Illuftre & durable àjamais?
2
Il est vray que ces efperances
Ont quelquefois fervy de frein aux
paffions ;
Quepar elles les loix , les beaux
Arts , les Sciences ,
Ont formé les efprits , poly les Nations
Embelly l'univers par des travaux
immenfes,
Et porté les Heros aux grandes
actions. Hij
92 MERCURE
Mais auffi combien d'impoſtures
De Sacrileges ,
d'attentats ,
D'erreurs , de cruautez, de guerres;
de parjures
Aproduit ledefir d'eftre aprés le trépas
L'entretien des races futures !
Deux chemins differens &
prefque
auffi battus ,
Au Temple de Memoire également
conduifent.
Le nom de Penelope & le nom de
Titus
Avecceux de Medée & de Neron s'y
lifent.
Lesgrands crimes immortalifent
Autantque lesgrandes vertus.
S
Je Seay que lagloire eft trop belle
Pourne pas infpirer de violens defirs:
chercher,
l'acquerir , &
pouvoir
jourd'ell e,
GALANT. 93
Eft leplus parfait des plaifirs.
Ouy, ce bonheur pour l'Homme eft le
bonheurfuprême,
Mais c'est là qu'ilfaut s'arrefter.
Toutcharmé qu'il en eft , à quelque
point qu'il l'aime,
Il a peu de bonsens quandil va s'entefter
De la vanité de porter
Sa gloire au delà de luy mefme ;
Etquand toûjours en proye à ce defir
extrème
Ilperdle temps de la goûter.
S
Encorfi dans les champs que le Cocy
te arrofe
Dépouillé de toute autre chofe,
Il eftoit permis d'esperer
Dejouir defa Renommée ,
Fe feroisbien moins animée
Contre lesfoins qu'on prend pour la
faire durer.
94 MERCURE
Mais quand nous defcendons dans
ce's demeures fombres ,
La gloire ne fuit point nos ombres ,
Nous perdons pour jamais tout ce
qu'elle ade doux;
Et quelque bruit que le merite
La valeur , la beauté , puiffe faire
aprés nous ,
Helas ?on n'entend rienfurles bords
du Cocyte !
ន
Paroù donc ces grands noms d'illu
ftres , defameux ,
Aprés quoy les mortels courent toute
leur vie,
Avides de laiffer un long Souvenir
d'eux ,
Doivent-ils faire tant d'envie ?
Est -ce par intereft pour d'indignes
Neveux
CALANT. 95
Qui feuls de ces grands noms
jouiffent ,
Quine lesfont valoir qu'en des dif
cours pompeux,
Etqui toujours plongez dans un de
fordre affreux ,
Par des lâchetez les flétriffent ?
2
De ces heureux Mortels qui n'ont
point eu d'égaux
Teleftl'ordinaire partage.
Traitez par la Nature avec moins
d'avantage
Que la plupart des Animaux ,
Leur Race dégénere , & l'on voit d'âge en age
En elle s'effacer l'éclat de leurs travaux.
Des chofes d'icy-bas c'eft le ray caracteres
Il eft rare qu'un Fils marche dans le
Sentier
96 MERCURE
Quefuivoit un illuftre Pere.
Des mœurs comme des biens on n'eft
pas heritier,
Et d'exemple on nes'inftruitguere.
S
Tandis que le Soleilfe leve encorpour
nous,
Je conviens que rien n'est plus
doux
Quedepouvoirfirement croire ,
•Qu'aprés qu'un froidnuageauracou
vert nos yeux,
Rien de lâche , rien d'odieux ,
Nefouillera noftre memoire;
Que regrettez par nos amis
Dans leur cœur nous vivrons encore ;
Pour un tel avenir tous lesfoinsfont
permis.
C'estparcet endroit feul que l'amour
propre honore.
Il
GALANT.
97
Ilfautlaiffer lerefte entre les mains
du fort ;
Quandle merite eft vray , mille fa
meuxexemples
Ontfait voir que le temps ne luy fait
pointde tort ,
On refufe aux vivans des Temples
Qu'on leur éleve aprés leur
Mort.
S
Quoy, l'Homme , ce chef- d'œuvre à
qui rien n'eft femblable!
Quoy, l'Hommepour quifeul onformal'Univers !
Luy, dont l'œil a percé le voile im- .
penetrable
Dont les arrangemens & les refforts
divers
De la Naturefont couverts !
Lay , des Loix & des Arts l'inventeur admirable !
Nov. 16 93.
I
98 MERCURE
Aveuglepourluy feul ne peut-il difcerner,
Quand il n'est question que de fe
gouverner,
Lefauxbien du bien veritable ?
$
Vainereflexion ! inutile difcours !
L'Homme malgré voftrefecours
Du frivole avenir fera toûjours la
dupe ,
Surfes vrais interefts ilcraint de voir
trop clair
Et dans la vanité qui fans ceffe l'oce
cupe
Ce nouvel Ixion n'embrasse que de
L'air.
N'eftre plus qu'un peu de pouffiere
Bleffe l'orgueil dont l'homme eft
plein.
Il a beau faire voir un visage ſca rein ,
GALANT.
99
Et traiter defangfroidune telle ma-,
tiere..
Tout démentfes dehors , tout fert à
nousprouver,
Que par un nom celebre il cherche
àfe fauver
D'une deftruction entiere.
S
Mais d'où vient qu'aujourd'huy mon
efprit eftfi vain?
Que fais-je ! &de quel droit eft-ce
queje cenfure
Legoût de tout legenre humain ,
Cegoûtfavory qui luy dure
Depuis qu'une immortelle main
Du tenebreux cahos a tire la Nature?
Ay-je acquis dans le monde affez
d'authorité
Pour rendre mes raifons utiles ,
Etpour détruire en luy ce fond de
vanité
I ij
100 MERCURE
Quine luy peut laiffer aucuns mo
mens tranquilles ?
Non , mais un efprit d'équité
A combattre le faux inceffamment
m'attache ,
Etfait qu'à tout hazardj'écris ce que
m'arrache
La force de la verité.
S
Hé, commentpourrois-je prétendre
De guerir les mortels de cette vieille
erreur,
Qu'ils aimentjufqu'à la fureur,
Si moy qui la condamne ay peine à
m'en deffendre?
Ce potrait dont Appelle auroit efte
jaloux
Meremplit malgré moy de la flateuse
attente
Queje nesçaurois voir dans autruy
fans couroux.
GALANT. IOI
Foible raison que l'Homme vante,
Voilà quel eft le fond qu'on peutfairefur vous.
Toujours vains , toûjours faux , toujours pleins d'injustices ,
Nous crions dans tous nos dif
Cours
Contre les paffions , les foibleffès, les vices ,
où nous fuccombons tous lesjours.
fouvent des ouvrages de l'Illuftre Madame des Houlieres,
à Mademoiſelle Cheron dont
tout Paris admire l'habileté
pour la Peinture , ayant fait
Ton Portrait depuis quelque
temps , cela luy a donné lieu
de faire des Reflexions que
Vous trouverez dignes d'elle,
&auffi noblement exprimées,.
qu'on le peut attendre de ce
merveilleux genie, qui la rend
l'ornement de fon Sexe & de
fon ficcle.
GALANT. 87
esseses22 52225555
REFLEXIONS MORALES
DE MADAME
DES-HOULIERRES
Sur l'envie immoderée de
faire paffer fon Nom à la
Pofterité.
1Afgevante C HERONparfon divin pinceau
Meredonne un éclat nouveau.
Elle force aujourd'huy les Graces ,
Dontmes cruels ennuis & mes longues douleurs,
*Laiſſent ſur mon visage à peine quelques traces ,
D'y venir reprendre leurs places.
88 MERCURE
Elle me rend enfin mes premieres
couleurs.
Parfon art la racefuture
Connoîtra les prejens que me fit la
Nature,
Etjepuis efperer qu'avec un telfecours ,
Tandis quej'erreray fur les fombres
rivages,
Je pourray faire encor quelque honneura nosjuurs.
Oiy ,je puis m'enflater; plaire & du
rer toujours
Eft le deftin defes ouvrages.
$
Fol orgueil ! & du cœur Humain
Aveugle & fatalefoibleffe !
Nous maîtriferez-vousfans ceffe ;"
Et n'aurons- nousjamais ungencreux.
dédain
Pourtoutce qui s'oppofe aux loix de
lafageffe ?
GALANT. 89
Non; l'amourpropre en nous eſt toujours le plusfort,
Et malgré les combats que lafage fe
livre ,
On croit fe dérober en partie àla Mort
Quand dans quelque chofe onpeut
vivre.
S
Cette agreable erreur eft lafource des
fains
Quidevorent le cœurdes Hommes.
Loin de fçavoirjouir de l'état où nous
fommes.
C'est à quoy uouspensons le moins.
Unegloirefrivole &jamais poffedée,
C.
Fait qu'en tous lieux', à tous momens,
L'avenir remplit nôtre idée.
Il est l'unique but de nos empreffe.
mens.
Novembre 1693. H
90 MERCURE
Pour obtenir qu'un jour noftre nom
yparvienne ,
Etpour nous l'affurer durable &glo
rieux ,
Nousperdons le prefent , ce tempsfa
precieux ,
Lefeulbien qui nous appartienent,
Et qui tel qu'un éclair difparoiftà nos
yeux.
Au bonheur des Humains leurs chimeres s'opposent.
Victimes de leur vanité
Il n'eft chagrin , travail , danger 3
adverfité,
Aquoy les mortels ne s'exposent
Pourtranfmettre leurs uoms à la po
fterité!
2
Aqueldeffein , dans quelles vuës,
Tant d'abelifques , de portraits ,
D'Arcs, deMedailles , de Statuës,
GALANT. SI
DeVilles, de Tombeaux, de Temples,
de Palais ,
Parleur ordre ont-ils eftéfaits ?
D'où vient que pour avoir un grand
nom dans l'Hiftoire
Ils ont à pleines mains répandu les
bienfaits
Si ce n'eft dans l'espoir de rendre leur
memoire
Illuftre & durable àjamais?
2
Il est vray que ces efperances
Ont quelquefois fervy de frein aux
paffions ;
Quepar elles les loix , les beaux
Arts , les Sciences ,
Ont formé les efprits , poly les Nations
Embelly l'univers par des travaux
immenfes,
Et porté les Heros aux grandes
actions. Hij
92 MERCURE
Mais auffi combien d'impoſtures
De Sacrileges ,
d'attentats ,
D'erreurs , de cruautez, de guerres;
de parjures
Aproduit ledefir d'eftre aprés le trépas
L'entretien des races futures !
Deux chemins differens &
prefque
auffi battus ,
Au Temple de Memoire également
conduifent.
Le nom de Penelope & le nom de
Titus
Avecceux de Medée & de Neron s'y
lifent.
Lesgrands crimes immortalifent
Autantque lesgrandes vertus.
S
Je Seay que lagloire eft trop belle
Pourne pas infpirer de violens defirs:
chercher,
l'acquerir , &
pouvoir
jourd'ell e,
GALANT. 93
Eft leplus parfait des plaifirs.
Ouy, ce bonheur pour l'Homme eft le
bonheurfuprême,
Mais c'est là qu'ilfaut s'arrefter.
Toutcharmé qu'il en eft , à quelque
point qu'il l'aime,
Il a peu de bonsens quandil va s'entefter
De la vanité de porter
Sa gloire au delà de luy mefme ;
Etquand toûjours en proye à ce defir
extrème
Ilperdle temps de la goûter.
S
Encorfi dans les champs que le Cocy
te arrofe
Dépouillé de toute autre chofe,
Il eftoit permis d'esperer
Dejouir defa Renommée ,
Fe feroisbien moins animée
Contre lesfoins qu'on prend pour la
faire durer.
94 MERCURE
Mais quand nous defcendons dans
ce's demeures fombres ,
La gloire ne fuit point nos ombres ,
Nous perdons pour jamais tout ce
qu'elle ade doux;
Et quelque bruit que le merite
La valeur , la beauté , puiffe faire
aprés nous ,
Helas ?on n'entend rienfurles bords
du Cocyte !
ន
Paroù donc ces grands noms d'illu
ftres , defameux ,
Aprés quoy les mortels courent toute
leur vie,
Avides de laiffer un long Souvenir
d'eux ,
Doivent-ils faire tant d'envie ?
Est -ce par intereft pour d'indignes
Neveux
CALANT. 95
Qui feuls de ces grands noms
jouiffent ,
Quine lesfont valoir qu'en des dif
cours pompeux,
Etqui toujours plongez dans un de
fordre affreux ,
Par des lâchetez les flétriffent ?
2
De ces heureux Mortels qui n'ont
point eu d'égaux
Teleftl'ordinaire partage.
Traitez par la Nature avec moins
d'avantage
Que la plupart des Animaux ,
Leur Race dégénere , & l'on voit d'âge en age
En elle s'effacer l'éclat de leurs travaux.
Des chofes d'icy-bas c'eft le ray caracteres
Il eft rare qu'un Fils marche dans le
Sentier
96 MERCURE
Quefuivoit un illuftre Pere.
Des mœurs comme des biens on n'eft
pas heritier,
Et d'exemple on nes'inftruitguere.
S
Tandis que le Soleilfe leve encorpour
nous,
Je conviens que rien n'est plus
doux
Quedepouvoirfirement croire ,
•Qu'aprés qu'un froidnuageauracou
vert nos yeux,
Rien de lâche , rien d'odieux ,
Nefouillera noftre memoire;
Que regrettez par nos amis
Dans leur cœur nous vivrons encore ;
Pour un tel avenir tous lesfoinsfont
permis.
C'estparcet endroit feul que l'amour
propre honore.
Il
GALANT.
97
Ilfautlaiffer lerefte entre les mains
du fort ;
Quandle merite eft vray , mille fa
meuxexemples
Ontfait voir que le temps ne luy fait
pointde tort ,
On refufe aux vivans des Temples
Qu'on leur éleve aprés leur
Mort.
S
Quoy, l'Homme , ce chef- d'œuvre à
qui rien n'eft femblable!
Quoy, l'Hommepour quifeul onformal'Univers !
Luy, dont l'œil a percé le voile im- .
penetrable
Dont les arrangemens & les refforts
divers
De la Naturefont couverts !
Lay , des Loix & des Arts l'inventeur admirable !
Nov. 16 93.
I
98 MERCURE
Aveuglepourluy feul ne peut-il difcerner,
Quand il n'est question que de fe
gouverner,
Lefauxbien du bien veritable ?
$
Vainereflexion ! inutile difcours !
L'Homme malgré voftrefecours
Du frivole avenir fera toûjours la
dupe ,
Surfes vrais interefts ilcraint de voir
trop clair
Et dans la vanité qui fans ceffe l'oce
cupe
Ce nouvel Ixion n'embrasse que de
L'air.
N'eftre plus qu'un peu de pouffiere
Bleffe l'orgueil dont l'homme eft
plein.
Il a beau faire voir un visage ſca rein ,
GALANT.
99
Et traiter defangfroidune telle ma-,
tiere..
Tout démentfes dehors , tout fert à
nousprouver,
Que par un nom celebre il cherche
àfe fauver
D'une deftruction entiere.
S
Mais d'où vient qu'aujourd'huy mon
efprit eftfi vain?
Que fais-je ! &de quel droit eft-ce
queje cenfure
Legoût de tout legenre humain ,
Cegoûtfavory qui luy dure
Depuis qu'une immortelle main
Du tenebreux cahos a tire la Nature?
Ay-je acquis dans le monde affez
d'authorité
Pour rendre mes raifons utiles ,
Etpour détruire en luy ce fond de
vanité
I ij
100 MERCURE
Quine luy peut laiffer aucuns mo
mens tranquilles ?
Non , mais un efprit d'équité
A combattre le faux inceffamment
m'attache ,
Etfait qu'à tout hazardj'écris ce que
m'arrache
La force de la verité.
S
Hé, commentpourrois-je prétendre
De guerir les mortels de cette vieille
erreur,
Qu'ils aimentjufqu'à la fureur,
Si moy qui la condamne ay peine à
m'en deffendre?
Ce potrait dont Appelle auroit efte
jaloux
Meremplit malgré moy de la flateuse
attente
Queje nesçaurois voir dans autruy
fans couroux.
GALANT. IOI
Foible raison que l'Homme vante,
Voilà quel eft le fond qu'on peutfairefur vous.
Toujours vains , toûjours faux , toujours pleins d'injustices ,
Nous crions dans tous nos dif
Cours
Contre les paffions , les foibleffès, les vices ,
où nous fuccombons tous lesjours.
Fermer
Résumé : REFLEXIONS MORALES DE MADAME DESHOULIERRES Sur l'envie immoderée de faire passer son Nom à la Posterité.
Madame des Houlières réfléchit sur l'envie excessive de laisser son nom à la postérité. Elle admire l'habileté de Mademoiselle Cheron en peinture, qui a réalisé son portrait et lui a inspiré ces réflexions. Madame des Houlières exprime son désir de plaire et de durer à travers ses œuvres, tout en critiquant l'orgueil et la vanité humaine qui poussent les hommes à chercher la gloire posthume. Elle souligne que cette quête de gloire frivole et jamais possédée occupe toutes les pensées humaines, les empêchant de jouir du présent. Les hommes sacrifient leur bonheur actuel pour des chimères, s'exposant à des chagrins, des travaux et des dangers afin de transmettre leur nom à la postérité. Cette ambition a parfois servi de frein aux passions, favorisant les lois, les arts et les sciences, mais a aussi conduit à des impostures, des sacrilèges et des guerres. Madame des Houlières reconnaît que la gloire est un désir noble, mais elle met en garde contre la vanité de vouloir la porter au-delà de soi-même, perdant ainsi le temps de la goûter. Elle conclut en admettant que l'amour-propre est difficile à vaincre et que l'homme reste souvent dupe de l'avenir frivole, cherchant à se sauver d'une destruction entière par un nom célèbre. Elle exprime finalement sa propre lutte contre cette erreur humaine.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
50
p. 27-73
Extrait de l'Oraison Funebre de Madame de Maubuisson, non pas de la maniere ordinaire, mais dont la lecture ne doit pas moins attacher & faire de plaisir que feroit celle de l'Histoire la plus curieuse. [titre d'après la table]
Début :
Quoyqu'il s'agisse d'une Oraison funebre dans l'article qui suit, [...]
Mots clefs :
Oraison funèbre, Madame de Maubuisson, Plaisir, Exorde, Électeurs, Histoire, Princesse Louise Hollandine Palatine, Maison Palatine, Abbé Maboul, Gloire, Religion, Dieu, Éloge
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Extrait de l'Oraison Funebre de Madame de Maubuisson, non pas de la maniere ordinaire, mais dont la lecture ne doit pas moins attacher & faire de plaisir que feroit celle de l'Histoire la plus curieuse. [titre d'après la table]
Quoyqu'il s'agiffe d'une Oraifon funebre dans l'article Cij 28 MERCURE qui fuit, vous le trouverez bien different de ce qui regarde ordinairement ces fortes d'ouvrages qui contiennent plus de traits d'éloquence & de loüanges que de faits , ceux qui s'y trouvent n'yétant prefque toujours rapportezque pour donner lieu de briller à l'éloquence de l'Orateur ; mais ce que vous allez lire doit être regardé comme l'Hiftoire entiere d'une vie remplie d'incidens merveilleux & de l'hiftoire d'une converfion encore plus mer veilleufe , & dont la lecture ne doit pas moins attacher GALANT 29 & faire de plaifir , que feroit celle de l'hiftoire la plus curieufe. On a fait un Service magnifique dans l'Eglife de l'Abbaye de Maubuiffon , pour la Princeffe Loüife Hollandine , Palatine , dernière Abbeffe de cette Abbaye. Mr l'Evêque de Beziers officia ; & Mr l'Abbé 'Maboul , Grand Vicaire de Poitiers , & nommé à l'Evêché d'Alet , prononça l'Oraiſon funebre en prefence de Madame la Princeffe. Mr l'Evêque d'Alet prit pour texte ces paroles du 44. Pfeaume : OMNIS GLOC iij 30 MERCURE 1 les RIA EJUS FILIE REGIS AB INTUS. Toute la gloire de la Fille du Roy vient de fon cœur. Lefaint Efprit , dit- il , dans fon Exorde , parlant dans l'Ecriture de la Fille du Roy , ne fait entendre dans fon éloge , ni les avantages de la naiſſance , ni preeminences du rang: il ne la louë ni par la majefté de fes traits, ni parla dignité defa perfonne ; il ne luy fait un merite ni de l'éclat de fes richeffes , ni de la magnifi cence defa Cour: il ne la chèrche, il ne la regarde qu'en elle- même, il met toutefa gloire dansfon cœur. Chargé du glorieux , mais GALANT 31 difficile Miniftere de rendre à la Fille d'un Roy un jufte tribut de louange , me fera-t - il permis de chercher hors d'elle- même les titres de fa gloire ? Vousparleray je de la nobleffe de ce Sang illuſtre, qui deHeros en Heros a coulétout pur dans fes veines ? Affembleray - je fur fon tombeau les lauriers que fes Anceftres ont ceüillis en tant d'occafions ? Vous reprefenteray-je la hauteur de tant de Trônes , au milieu defquels elle est née ? Feray-je le dénombrement det Empereurs , des Rois , des Electeurs que fa Maiſon a donnez à l'Europe &qui ont rempli le monde C iiij 32 MERCURE entier du bruit de leur nom? Elle-même m'en défavoüeroit , & elle me défend encore aprés fa mort de la revêtir de ces grandeurs hereditaires , & dont elle s'eft pendant fa vie figenereusement dépouillée ? Cette Princeffe étoit feconde fille de Frederic V. dit le Contant , Electeur Palatin , & élú Royde Boheme , d'Elizabeth Stuart , fille de Facques 1. Roy d'Angleterre. L'Ŏrateur tira le partage de fon Difcours de l'Hiftoire de la Converfion de cette Princeffe. Egalement fuperieure , dit-il , e aux obftacles & aux devoirs , CALANT 33 elle furmonte ces obftacles par la grandeur de fafoy ; elle remplit &furpaffe même fes devoirs , par l'étendue de fa charité. L'herefte continua- t- il au commencement de la premiere partie , qui comme un torrent impetueux , innonda dans le penultiémefiecle toute l'Allemagne & qui foûtenu par les interrefts d'u ne politique mondaine , entraîna prefque malgré eux , tous les plus puiffans Princes de l'Empire , s'étoit fait du Chef de la Marfon Palatine un de fes plus grands Protecteurs. ( C'étoit l'Ayeul de Madame l'Abbeffe de Maubuif- 34 MERCURE fon ) devenue comme hereditaire dans cette augufte Maifon , elle paffa auxPrinces fes defcendans , elle fe vantoit d'avoir en eux fes plus fermes appuis , & de trouver dans leur haute valeur, dans leur faux zele autant que des armes pour pouffer plus loin fes conqueftes. Vous le permites. ainfi, o mon Dieu , pourſuivit Mr d'Alet , non pour détruire, maispour purifier votre Eglife : Vousfiftes de ces Princes , les nobles inftrumens de vôtre Justice : Vous empruntates leurs bras pour châtier Ifrael, y établirparces falutaires effets de vôtre colere pa- GALANT 35 ternelle, la pureté de vôtre culte... Le Duc de Brunſwick & la Republique d'Hollande prefenterent au Baptême le Princeffe Loüife , ces Princes , continua- t- il , quifuivant lafage Inftitution de cette ancienne ceremonie auroient dú répondre à l'Eglife de l'integritéde fa foy , fervirent de caution & d'interpreftes de fon dévouement au Calvinisme. Il parla enfuite de l'éducation que lui donna Sybille de Keller de la Maifon des Ducs de Curlande, qui avoit auffi eu ſoin de celle du Roy de Boheme fon pere. Faifant de la droiture du 36 MERCURE cœur, dit- il , en parlant de cette Dame & de la pureté des moeurs , du mépris de la vanité de l'horreur du menfonge ; de lacompaffion pour les pauvres , de la tendreffe pour les malheu reux ; de la crainte de Dieu & de fon amour , fes plus familieres inftructions , elle verfoit dans cette amo tendre lepoifon de l'erreur avec d'autant plus de facilité , qu'à lafaveurde ces grandes vertus , ils y trouvoientplus d'accés & qu'ils fe prefentoient à elle fous les noms empruntez de verité & de Religion.... Les préjugezde la Princeffe, continua t - il, GALANT 37 pour groffiffoient encore par lapolitique des Miniftres attentifs à les cultiver : découvrant de jour en jour en elle de nouvelles vertus qui meuriffoient avec l'âge , comprenant tout ce qu'ils devoient en attendre l'honneur de la fecte pour leurpropre reputation , ils s'accrediterentde plus en plus auprés d'elle fous la qualité uſurpée d'Envoyez du Seigneur , & couvrant leur fauffe doctrine de la parole de Dieu , pour elle toujours reſpectable , ils n'oublioient rien pour luy en faire une religieufe habitude , toujoursplusforte plus infurmontable que la 38 MERCURE . nature même. Il dit enfuite , que la lecture affiduè de l'Ecriturefainte commença à diffiper fes tenebres , & il oppofa l'utilité de cette lecture au danger inévitable de celle des Romans , & autres Livres profanes. Cet endroit fut délicatement touché , & aprés quelques foli- · des réflexions fur la témerité des Proteftans , qui prétendent être feuls les Juges & les Interpretes de l'Ecriture. Il fit voir le premier moyen dont la Providence fe feroit pourtoucher le cœur de la Princeffe , la conference qu'un Medecin Catho- GALANT 39 lique de la Reine de Boheme eut en preſence de ces deux Princeffes fur le Baptême des enfans , & il dit : Que le Mini tre étant demeuré fans replique , demanda huit jours poury répondre, qu'à la fin de ce terme ayant manqué au rendez- vous s'excufant fur des affaires ; enfin preffé par la Reine , il luy avoia qu'aprés une longue attention & un penible travail , il n'avoit rien trouvédans la Bible de quoy répondre aux objections du Medecin ; que la Princeffe alors âgée de huit ans s'enfouvint toûjours depuis que la grace luy en fit 1 40 MERCUKE tirer dans un ageplus avancé des motifs de converfion. La mauvai fe foy d'un Miniftre , ajoûta ce Prélat , dont dans un âge tendre , elle avoit esté un témoin nonfufpect , vint fortifier fes doutes.... Cesfalutaires doutes , ces heureufes inquiétudes croiffoient encore lorfque lifant dans l'Ecriture les terribles vengeances que Dieu jaloux de l'honneur de fon Culte, exerce contre les Rois qui l'ont abandonné, elle enfaifoit une trifte mais juſte application aux difgraces du Royfon pere. L'Orateur fit en cet endroit un détail des mécontentemens des Etats de GALANT 41 Boheme, qui appellerent à leur fecours l'Electeur Palatin , & le firent leur Roy ; & dit que l'on trouvoit l'éloge de ce ' Prince terminé par cette penLéc. Quel Prince plus digne du trônefi l'herefie ne luy avoitfervi de premier degré pour y monter. Il fit enfuite un détail de la bataille de Prague ( en 1620) que Maximilien , Duc de Baviere , ayeul de l'Electeur de ce nom , gagna fur le Roy de Boheme : Bataille , continuat-il,dontlesfuitesfurentfifuneftes pour ce dernier &fi avantageufespour lepremier , puifque la Janvier 1710. D 42 MERCURE dignité Electorale fut transportée de la branche aînée dans la branche cadete de la Maiſon Palatine de Baviere ; pendant que les Courtisans , continua le Prélat, regardoient ces évenemens commed'injuftes caprices d'une aveuglefortune, la Princeffe yadoroit lesJugemensprofonds d'unefecrette providence, la grace fe me lant à fes réflexions , luy faifoit appercevoir dans ces malheursdomeftiques , les malheurs inévita bles que doivent craindre toft ou tard les protecteurs de l'Herefie. Il parla enfuite des Révolutions d'Angleterre, qui furent GALANT 43 pour la Princeffe un champfecond de falutaires reflexions : >> Ce Schifme fameux ', dit - il , d'un Roy , qui comme un autre Salomon abandonna la Sageffe pourfacrifierauxIdoles d'une bon teufe volupté ( il parloit d'Henry VIII.) & qui pour ferrer de plus prés les liens fcandaleuxqu'- une aveuglepaffion avoitformez, rompit les nœuds facrez qui l'attachoient à l'Eglife. Ce Schifme qui par une malheureufe fecondi. té produifit dans un Royaume autrefois fi fidelle ces monstrueuses Sectes , qui divifées entre ellesmêmes , ont donné prefque de nos Dij 44 MERCURE Į jours le plus horrible fpectacle ( il parloit de la mort tragique du Roy Charles I. oncle maternel de cette Abbeffe ) que tous les crimes enfemble puiffent donner à l'Univers : ce Schifme lafunefte origine des malheurs d'une Royale Maifon dont les plus heroïques vertus unies aux droits du fang n'ont pú la garentir. Cette Princeffe inftruite par des pieces - authentiques, & d'autant moinsfufpectes , parce qu'elle les tenoit des mains même les plus intereffées à les cacher, ne pût voir fans horreur les que nomsfpecieux de pureté &de reforme , qui l'avoient GALANT 45 n abufée , n'avoient efté que le maf que de l'ambition & de l'intereft; le zele qu'une aveugle fureur; lafeparation de l'Eglife , qu'une revolte declarée contre les Puiffances legitimes , E... Aidée, dans lafituation où ces reflexions la mettoient , des confeils de la Princeffe d'Oxeldre , fon illuftre Amie, quefon merite plus quefa naiffance luy avoit justement acquife ; éclairée de Miniftresfideles ( des Preftres Ecoffois ) enfin pleinement convaincuëpar la lecture d'un livre où l'herefie forcée dans fes derniers retranchemens , fe trouve accablée fous le poids 46 MERCURE immenfe de l'éternelle verité(c'eft un Traité écrit en Langue Flamande contre les Miniftres de BofLeduc ) elle fe declara àfes Confi dens : Catholique dans le cœur , il ne manquoit àfaparfaite converfion qu'uneprofeffion publique. Réjouiffez- vous , s'écria le Prelat en cet endroit , Anges du Ciel, la Brebis égarée eft fur les épaules du Pafteur ; la dragme perduë eſt retrouvée ; l'enfantprodigue va revenir dans la maiſon paternelle. Il fit enfuite un éloquent détail des combats interieurs que la Princeffe eut à foûtenir pour manifeſter ſa GALANT 47 1 que creance. Latendreffe paternelle , les préjugez , & les liens l'éducation luy avoit formez dans Lafamilles les hommages les deferences refpectueufes qu'unepuifSante Republique luy rendoient ; la note d'ingratitude qu'elle alloit encourir ; le regret de l'avoir efti mée prendre la place de l'eftime qu'on a eu pour elle; foûtenirfeu · le contre tous une Religionprofcrite décriée, fefaire de tous ceux qu'elle connoiffoit & qu'elle aimoit fes plus implacables ennemis. Quelle tentation ! quelle épreuve ! fondez vous icy, Grands dumonde , s'écria l'éloquent Prelat , 48 MERCURE interrogez vos cœurs nous dites quels efforts il en coûteroit à voftre Foy, fi au préjudice des plus forts des plus anciens engagemens ;ft au préjudice des liaifons les plus tendres ; jîau préjudice de vôtrefortune & de vôtre gloire ; fi au préjudice des plus flatteufes efperances elle avoit à fe declarer.... Une tentation encore plus forte s'éleva , la crainte de déplaire à une Mere Angufte qu'elle aimoit uniquement & dont elle eftoit tendrement aimée , qui faifoitfeule toutefajoye , &dont elle eftoit reciproquement la plus douce confolation ; cette crainte formée GALANT 49 formée par les plus nobles & les plus religieuxfentimens luy deffendoit de fe découvrir : elle fe défia d'elle - même ; elle apprehendoit deftre trahie par fa propre tendreffe ; elle redoutoit des larmes puiffantes; elle craignoit une douleur refpectable & n'ofant s'expofer à un combat trop inégal , elle fermapour lapremierefois defa vie à la Reinefa mere lefanctuaire de fon cœur.... Mais une voix evangelique luycriafans ceffe que quiconque ne haïfſoit pas fon pere & fa mere ne pouvoit eftre Difciple de Jefus Chrift. La Princeffe fe réveilla à cette Janvier 1710. E So MERCURE voix, penetrée de cette importante maxime, fit taire la nature pour n'entendre que la Grace & quoy qu'il en puft coûter à fon cœur , elle s'arracha par une fuite genereufe du fein de la Reine pour Je réunirà l'Eglife. Ce Prelat fit enfuite le détail de la fuite de cette Princeffe , qui déguiféc traverfa toutes les rues de la Haye, & fans aucun fecours ny aucune des précautions que la prudence peut fuggerer en pareille occafion , arriva à Anvers où elle fe jetta dans les Carmelites Angloifes. Le détail de cette fuite fut fuivi de GALANT 51 1 celuy de la defolation où fe trouva la Cour de Boheme , touchant l'éclypfe de la Princeffe , & fur tout aprés qu'on en cut reconnu le motif par un billet trouvéfur la toilette, & où eftoient écrits ces mots: Je paffe en France pour me faire Catholique merendre Religieufe ( paroles courtes , s'écria MrdAlet) mais admirables , dignes d'eftre tranfmifes à la pofteri té dans les Annales de l'Eglife , paroles marquées dufceau de l'Ef prit de Dieu qui les a dictées qui refpirant cette noble fimplicité de l'Evangile qui ne connoift ny E ij 52 MERCURE de déguisement , ny artifice , font un miroirfidelle de la candeur lapureté du cœur de la Princeffe qui les a écrites..... Aprés s'eftre affermie , ajoûta - t - il , de plus enplus fous la conduite d'un Miniftre habile & fidelle ( un Pere Jefuite) quicomme un autre Ananie , luy ouvrit deplus en plus les yeuxfur la verité de nos Myfteres , elle renonça publiquement à l'Herefie , qu'elle avoit depuis long-temps abjurée dansfon cœur. Il parla enfuite de fon exactitude fur les moindres pratiques de la Religion Catholique. Point de doutes inquiets , GALANT 53 dit-il , point de curiofité indifcrette , point d'orgueilleufe fingularité ; respectant jufques dans les moindres Ceremonies l'autorité de l'Eglife , toutluyenparoiftgrand, tout luy en paroift auguste. elleParlant cutduitedu defir qu fe confacrer à Dieu dans la Religion , il rapporta ſon voyage en France , & dit qu'elle fut reçue à Rouen par Edouard Prince Palatin fonfrere. Vous diray-je , s'écria-t - il , quels furent les tranfports de leur mutuelle amitié , qui formée par les plus purs fentimens de la nature empruntoit de nouvelles forces de E ij 54 MERCURE la conformité de Religion ? ( ce Prince ayant abjuré la Religion Proteftante) vousreprefenteray je les tendres mouvemens de fon cœur, lorfquepaffantpar la Royale Abbaye de Maubuiffon , elle embraffa les trois Princeffes fes nieces , Marie-Loüife Princeffe de Salms , AnnePrinceffe de Condé , devant qui Mr d'Alet pare loit , Benedicte de Brunswick, mere de l'Imperatrice & de la Ducheſſe de Modene; &que dans leurs vertus naiffantes elle appergutpar un heureuxpreffentiment , tout ce que l'Europe en devoit attendre , non-feulementpour le bon- GALANT 55 heur des Etats où la Providence les deftinoit mais plus encore pour lagloire & l'édification de l'Eglife. gue Il fit enfuite un éloge court, mais vif , d'Anne de Gonzaleur mere, & belle-four de Me de Maubuiffon. Enfin dit- il , la Princeffe arrivée à la Cour fut prefentée au Roy par Henriette-Marie de France , Reine d'Angleterre , Princeffe plus celebre par lagrandeur defon courage que par la fingularité de fes malheurs. Ce Prince , en parlant du Roy , joignant aux bien-faits l'accueil le plus gratieux , fit conE iiij 56 MERCURE noiftre par ce noble effai defa bondefa liberalité Royale qu'il té feroit deformaisle Protecteur, & lazile des Princes perfecutez pour laJustice, &que malgré la duretédes temps les plus difficiles il leur fourniroit du fonds de fes propres befoins dequoy foutenir avec éclar la majesté des Rois & l'honneur de la Religion. La Prin ceffe fe retira enfuite à la Vifitation de Chaillot auprés de la Reine d'Angleterre fa tante , & aprés y avoir affermifa vocation pendant une année , elle alla fe renfermer àMaubuiffon. Mr d'Alet commença faſe- GALANT 57 conde Partie par une peinture de l'état Monaftique, qui fut vi ve & touchante & qu'il finis par ces paroles : quel prodige de voir une Princeffe de 36. ans qui joignoit à la noble fierté qu'elle avoit puifée dans fon fang, un efprit folide & élevé ; & qui accoûtumée aux douceurs d'une Courflatenfe voyoit l'obeiffance courir au-devant d'elle de la voir , dis-je ,fe plier tout d'un coup àdes obfervancesfi penibles ; courir à fon tour au devant de L'obeïſſance , & oublier ce qu'elle eftoit néepour defcendre à ce qu'il yadeplus bas er de plus humi1 58 MERCURE Veut liant dans la Religion ; en vain une Sage Abbeſſe ( Catherine Angelique d'Orleans ) ménager une foy naiffante & épargnerà un temperament délicar ce que la Religion à de trop auftere ; la Princeffe n'y peut confentir leur charité en cela peu d'accord fe manifefte également dans la Superieure par la prudence & dans la Novice par la ferveur. Il prit à témoin de fa ferveur & de fon exactitude de fon humilité ; & de fes autres vertus Religieufes les Vierges fes compagnes qui luy ont furvécu. рец GALANT 59 Me de Maubuiffon , dit-il , attaquée d'une maladie mortelle & dépofitaire des vœux unanimes de fa Communauté dont tous les regards eftoient fixez fur la Princeffe , écrivit au Roj pour luy reprefenter des vœux fi juftes. Ce Prince , ajoûta-t il , qui dans le choix des Miniftres de l'Eglife a plus d'égard à la grandeur de la vertu qu'à éclat de la naiffance , les trouvant réünis au plus haut degré dans la perfonne de la Princeffe, la nomma à cette a Abbaye choix le bonheur de ce Monaftere ilpropofa àtousceuxdu Royaume affurant par ce noble 60 MERCURL من unmodele duplus fage du plus heureux Gouvernement. L'Orateur , fit enfuite un portrait de la nouvelle Abbeffe dont il oppofa la conduite à celle de quelques autres Abbelfes dont la digniténe fait qu'amollir la vertu ; & aptés les avoir peintes d'aprés le naturel , il s'écria, plut au Cielque ce nefût icy qu'un portrait defantaifie qui ne trouvat point de reffemblance; & ayant encore chargé celuy de la nouvelle Abbeffe de Maubuiffon de nouveaux traits,il le finit ainfi : contente de porter la Croix de Jefus- Chrift, GALANT 61 dans le cœur , elle ne portajamais celle qui eftant dans l'inftitution un fymbole de penitence , eft devenue dans l'opinion des hommes un ornement de dignité : confentant à peine d'eftre la premiere dans le Choeur , elle defcendit de Chaire qui l'élevoit au-deffus des autres pouryplacer l'Image de la Sainte Vierge , ofterpar cette fage conduite à celles qui viendront aprés elle jusqu'à la tentation d'y remonter ; elle effaça elle-mêmefes Armes qu'on avoit peintes à coté d'un Autel , perJonne n'ofant toucher à un monumentfirefpectable ; ce qui don. 62 MERCURE na occafion à l'Orateur de dire , qu'elle fçavoit peindre ; & que dansfes heures de loifir , elle avoit fait un grand nombre de Tableaux dont l'Eglife & fa Maifon font remplies , & qu'elle en avoit donné pluſieurs auxParoiffes , & Communautez voifines. En parlant de fon humilité, il raporta une délicate conceffion qu'elle fit à une autre Abbeſſe , ſur la fimplicité d'une naïve réponfe. Cette Abbeffe voulant venir àMaubuiffon , fit demander à la Princeffe fi elle luy donneroit la droite , Me de GALANT 63 Maubuiffon répondit : depuis que je fuis Religieufe je ne connois ni la droite ni lagauche que pourfairelefigne de la Croix. Un Orateur continua t'il la montrant elle-même dans un portrait fidelle , tout le monde s'y reconnoift , elle feule ne s'y trou ve pas , elle regarde un éloge délicat & détourné comme un innocent moyen pratiqué avec Art pour l'inftruireplus poliment de fes devoirs. Mr d'Alet s'étendit fur les fruits & l'utilité du bon exemple : les hommes, dit il , naturellementportez à l'imitation ne s'ac- 64 MERCURE ! coutument qu'à ce qu'il voyent, &l'obéiffance aux loix penibles rigoureufes par elles - mêmes ne leur devient fuportable & facile qu'autant qu'elles font gardées par ceux mêmes qui les ontfaites. Cela fut precedé d'un détail circonftancié de l'exactitude & de la pureté des mœurs de Me de Maubuiffon ; ce qu'il dit de fa douceur eftoit peint d'aprés le naturel , &il finit cet endroit par ces paroles : cette fage Abbeffe naturellement incapable des foupçons inquiets & des injurieufes défiances qui font plus d'Hypocrites que de Saints GALANT 65 Reg Jaiffoit à fes filles une liberté honnefte qui loin de dégenerer en abus ne fervoit qu'à donner de l'éclat plus de merite à la ferveur. La familiarité avec laquelle elle vivoit avec fes + Religieufes & l'accés qu'elle leur donnoit en tout temps auprés d'elle , fournirent de beaux traits à l'Orateur , mais par quel fecret pensez- vous ajouta t il , qu'elle ait entretenu danscettefainte Maiſon ( Maubuiſſon ) cette auftere regularité qui depuis tant d'années ne s'eft jamais démentie & qui fervant d'exemple aà toutes les CommuJanvier 1710, F 66 MERCURE nautez de fon Ordre , en eft en même temps l'admiration ; cefut parunrare & prudent defintereffe ment une attention particuliere à n'y admettre que des filles d'une vocation éprouvée. Il s'éleva alors contre les maximes de quelques Superieures qui fous le nom tant vanté du bien du Monaftere cachant fouvent une infatiable avarice qui met à prix l'entrée du Sanctuaire , &font un indigne trafic du vœu de pauvreté , & qui jaloufes de fignaler leur Gouvernement par de fuperbes édifices , le font peu de GALANT 67 former des temples vivans au Saint8 Elprit. Le refte fut également fort & foutenu &ce fut undes plus beaux endroits du Difcours. Jamais Traité jamais Convention , ajoutatil , en parlant de Me de Maubuiffon , dans la reception desfujets , elle laiffoit à la difcretion des parens ce que leur tendreffe ou leur charité leur infpiroit & les recevant comme une aumofne elle ne l'exigea jamais comme une dette. Ce qu'elle faifoit pour examiner la vocation des filles fut extraordinaire & éloquemment traité Fij 68 MERCURE & en parlant de fon amour pour les Pauvres , il poursuivic de la forte: dans une année de calamité dont le trifte fouvenir dureroit encore , s'il n'eftoit étouf fé fous lepoids d'une calamitéprefente , plus longue & plus rigoureufe, Mde Maubuiffonfe trou vaaffiegée parune infinité de malheureuxque lafaim, lanudité,les maladies , plus encore la répu tation de ce charitableMonafterey attiroientde toutes parts ; lesfonds prefque épuifez, &fa Communauté prête à tomber dans l'indigence qu'elle avoit voulu faire éviter aux autres , elle voit croî- GALANT 69 tre toutd'un coup les reffources & cette providence aux promeffes de qui elle avoit eftéfidelle foutenir fa Communautéallarméefans que les paurores ceffaffent d'eftre fecourus , ce qui donna lieu à M d'Alet de s'élever avec force contre les riches avares qui fe refuſent aux befoins connus • d'une mifere prefente pour prévenir les befoins incertains d'une mifere à venir. Cet endroit fur fort applaudi , & à l'occafion des vœux que M de Maubuiffon faifoit con. tinuellement pour l'extirpation de l'Herefie , & la part 70 MERCURE qu'elle prenoit aux malheurs de ceux qui errent dans la foy, l'Orateur dit qu'elle redoubloit chaque jour fes prieres & fes vœux pour la Perfonne Sacrée du Roy. L'Herefie vaincuë par fes bontez & profcrite parfapuiffance , les Nouveautez confonduës ; la Veritéprotegée , la Pieté en honneur ; la Religion affife avecluy fur le Trône ; ces merveilles toujours prefentes àſon efprit , luy faifoient compter les triomphes de la Foy par les jours de Louis le Grand, e fa charité en cela d'accordavec fa reconnoif fance , luyfaifoit un devoirpar- GALANT 71 ticulier & perfonnel d'implorer fans ceffe de nouvelles Benedictionsfurfon regne & de demander à Dieu la confervation d'un Prince fi cher à fes fujets , & fi neceffaire à l'Eglife. A des vœux fi legitimes &fi faints , continua l'eloquent Prelat , fe joignoit un zele ardent pour les Princes de l'Augufte Maifon Pa latine. Zele qui formépar la tendreffe & la charité unies enfemble, avoit moins pour objet leurs profperitez temporelles , que leur fanctification. Zele glorieufement récompenfe parla converfion d'une grande Princeffe ( Mr l'Evê 72 MERCURE que d'Alet parloit en cet endroit de S. A. R. Madame ) qui dans la place la plus proche du premier Trône du monde , ne s'y fait pas moins aimer parfes rares bontez, qu'elle y eft admirée par le brillant éclat de fes heroiques vertus. Cet endroit fut extrê mement applaudi , & il convenoit d'autant plus de louer ces deux Princeffes , que Madame & M la Princeffe qui eftoir prefente à la Ceremonie , font toutes deux niéces de feuë M de Maubuiffon , & filles de fes deux freres , feu M' l'Electeur Palatin & le feu Prince Edouard. GALANT 73 douard. Ce Prelat finit par un Compliment qu'il fit à M˚ la Princeffe ; par des éloges de la Maifon de Condé , & par un détail de la mort de cette illuftre Abbeffe à laquelleelle s'étoit preparée pendant une maladie de fept ans
Fermer
Résumé : Extrait de l'Oraison Funebre de Madame de Maubuisson, non pas de la maniere ordinaire, mais dont la lecture ne doit pas moins attacher & faire de plaisir que feroit celle de l'Histoire la plus curieuse. [titre d'après la table]
L'oraison funèbre pour Louise Hollandine, princesse palatine et dernière abbesse de l'abbaye de Maubuisson, se distingue par son accent sur les faits plutôt que sur l'éloquence. Prononcée par l'abbé Maboul, grand vicaire de Poitiers et nommé à l'évêché d'Alet, cette oraison relate la vie de Louise Hollandine, marquée par des événements remarquables et une conversion religieuse significative. Louise Hollandine était la seconde fille de Frédéric V, électeur palatin et roi de Bohême, et d'Élisabeth Stuart, fille de Jacques Ier, roi d'Angleterre. Son éducation rigoureuse l'avait formée aux valeurs de droiture, de pureté et de compassion. La princesse avait été influencée par des lectures assidues des Écritures saintes et par des ministres, ce qui avait conduit à sa conversion au catholicisme. Cette conversion fut le résultat de réflexions profondes et de rencontres, notamment avec un médecin catholique, et elle dut surmonter des obstacles intérieurs et sociaux pour manifester sa foi. Après sa conversion, Louise Hollandine quitta la Cour de Bohême pour se rendre en France. Elle fut influencée par un ministre jésuite et renonça publiquement à l'hérésie protestante. En France, elle fut reçue à Rouen par son frère, le prince Édouard Palatin, également converti au catholicisme. Elle exprima son désir de se consacrer à Dieu et fut présentée au roi de France par Henriette-Marie de France, reine d'Angleterre. Le roi promit de protéger les princes persécutés pour la justice et la religion. Louise Hollandine se retira ensuite à la Visitation de Chaillot auprès de sa tante, la reine d'Angleterre, avant de s'installer à l'abbaye de Maubuisson. Elle y affirma sa vocation pendant une année avant de devenir abbesse. Malgré son rang noble, elle s'adapta aux observances monastiques avec humilité et ferveur. L'orateur loua sa sagesse, son humilité, son exactitude et sa charité envers les pauvres. Elle maintint une austère régularité dans l'abbaye, formant des 'temples vivants au Saint-Esprit'. Louise Hollandine priait continuellement pour l'extirpation de l'hérésie et la protection de la foi. Son zèle se manifesta également par ses prières pour la famille palatine et pour la conversion de la princesse Madame. La princesse s'était préparée à sa mort pendant une maladie qui avait duré sept ans. L'oraison funèbre se conclut par des éloges à la princesse présente lors de la cérémonie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer