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Détail
Liste
1
p. 81-91
« A propos d'Ouvrages d'Esprit, je me trouvay dernierement chez une [...] »
Début :
A propos d'Ouvrages d'Esprit, je me trouvay dernierement chez une [...]
Mots clefs :
Ouvrages d'esprit, Dame, Académie française, Chevalier de Méré, Traités, Assemblée, Héroïne mousquetaire, Lettre, Nouvelle, Hollande
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texteReconnaissance textuelle : « A propos d'Ouvrages d'Esprit, je me trouvay dernierement chez une [...] »
Apro- posd'Ouvragesd'Eſprit , je me trouvaydernierement chez une Dame qui en juge admirable- mentbien, auffi voit-elle cequ'il y a de plus beaux Eſprits en France. Elle entend les Langues , fait des Vers qu'il feroit difficile demieux tourner ; &la
pluſpart de nos Illuftres de l'A- cademie Françoiſe , ne dédai- gnent pas de la conſulter fur leurs Ouvrages avantque de les
GALANT. 5安
l'afimes
dans
que
ten
donner au Public. Onmit ſur le
tapis les trois Traitez que M le ChevalierdeMeré a fait impri- mer depuis peu , &je fusravy,
Madame , de voir que tout le bien qu'on en ditſe rapportât à
F'eſtimeparticuliere que vous en faites. L'un fut pour le Traité de l'Eſprit,l'autre pour celuy de P'Eloquence , & la Dame ſe de- clara pour les Agrémens ; mais il n'y eut perſonne qui ne con- vinſt que tous les trois eſtoient able écrits avec une facilité &une
qul pureté de langage qui ne fatis- faifoit pas moins les oreilles,que leurs folides raiſonnemens rem.
pliſſoient l'eſprit. On parla en
ilen
pro
unt
sen
Lanerot
&la
I'Adair
ſuite de l'Heroïne Mouſquetaire qu'on loüa en bien des choſes , mais qu'on prit pour une - fur Hiſtoire faite à plaifir , quoy Heles qu'on nousla donne pour veri C iij
54 LE MERCVRE table. Quelqu'un pretendit qué Chriſtine qui tuë ſon Frere cro- yant tirer ſur un Sanglier , n'é- toit autre choſe que la Fable de Procris &deCephale ;&fur ce qu'une partie de l'Aſſemblée fut dumeſme ſentiment , un autre
prit la parole , & dit qu'il arri voit quelquefois des chofes extraordinaires qui pour n'avoir rien de vray-ſemblable, ne laif- foient pasd'eſtre vrayes,&qu'on luy enavoitmandé une deHol- lande , dont il ne doutoit point que toute la Compagnie ne fuft ſurpriſe. Il tira enmeſme temps une Lettre de ſa poche écrite à
Amſterdam , & datée du 15. de Juin; &en ayant paffé les tren-- te premieres lignes, leut l'Arti- cle qui fuit.
Ily a preſentement icy un Pro-- phetevestu d'une Robe de toutefor-
GALANT5
que
ne
ede
arce
-el efut
Liere
arri
Sex
vol
laifHol
point
fuft
mps
te
-.de
renrtiPro
form
te de couleurs , laquelle n'a point de couture, quoy qu'elle soit de plu- fieurs pieces. Elle n'eft ny defil ny de coton, ny defoye , ny de laine,
ny de poil, ou de peau d'aucun Ani- mal, & elle n'est point faite de main d'Homme. Le ne sçay ce que sepretendu Prophetepeut avoirde commun avec les Sectacteurs de la
ridicule Opinion des Pré-Adamites , mais onfait courir le bruitque ceux dont il tire fon origine ont
precedéAdam. Il porte une Cou- ronneſurſa teſte , &il n'est point marié,quoy qu'ilait plusieurs Fem- mes. Elles vivent toutes avec luy Sans jalousie, tant il établit un bon ordre entr'elles. Il est tres -fobre, ne
vivant pour l'ordinaire que dure- but des Chiens. Il mepriſe l'or &
l'argent , &n'enajamaisfait au- cun cas. Il va toûjours pieds nuds
auffi-bien l'Hyver que l'Esté, &il Ciiij
36 LE MERCVRE marchefort gravement. On ne m'a pûdire de quelle croyance il eſtoit
mais il est certain qu'il commence àrendrefes loüanges à Dicu dés lanuit , & avant le lever du Soleil. Il les continuë prefque àtou tes les heures du jour ; &malgré ce Join il ne pratiquepoint l'humili
té, au contraire il est courageux &ficr. Ceux quise connoiffent en phiſionomie, pretendent qu'il court riſque de ne mourir point de fa
mort naturelle , mais d'une mort
violente.
Chacun raifonna fur cette
Nouvelle. Les uns dirent qu'il
n'eſtoit pas furprenant qu'on vit de temps en temps de ces faux Prophetes ou Sectaires en Hol- fande , parce qu'on y fouffroit toute forte de Religions , & ils adjoûterent qu'il n'y avoit pas encor long-temps qu'il s'y en
A
GALANT. 57
ost
de
So
touré
mili
gens
at
Cout
efi
mon
Cettt
qull
faux
Hol
froit
ils
pas
en
eſtoit rencontréunqui catechi- foit & prefchoit publiquement,
&qui avoit eſté enfin confiné
par le Magiſtrat dans une étroi- te Priſon àEmbden, où il devoit finir ſes jours , Qu'on n'ignoroit pasle bruitqu'avoit fait enAn- gleterre pendant l'interegne un Quakel , ou Chef des Trem- bleurs , àqui le Parlement avoit fait couper la langue ; & que vers l'Arabie on en avoit veuun
autre depuis douze ans , qui ſe diſoit le Meſſie ; qu'il eſtoitſuiuy quelquefois deplus de cinquan- te mille Hommes ; & que le Grand Seigneur avoiteſte obli- gé d'envoyer contre luy une Armée confiderable pour ledé- truire avec fon party. On revint àceluy de Hollande, &il n'y eur perſonne qui ne diſt qu'il meri- toit le feu , &que le Phiſiono
Cv
58 LE MERCVRE mifte avoit eu raiſon de juger que ſa mort ſeroit violente. Il
prit là-deſſus unfort gråd éclat de rire à celuy qui avoit mon- tré la Lettre. Il ne voulut plus cacher qu'il l'avoit fait écrire pour ſe divertir , qu'elle ne con- tenoit qu'unEnigme, &que le Prophete eſtoit le Coq qui an- nonçoit la venuë du jour. On n'eutpas de peine à faire l'appli- cationdu reſte,& cette folie fut
un agreable divertiſſement à
ceux qui n'avoient pointde part aux férieuſes reflexions qu'on y
avoitfaites.
pluſpart de nos Illuftres de l'A- cademie Françoiſe , ne dédai- gnent pas de la conſulter fur leurs Ouvrages avantque de les
GALANT. 5安
l'afimes
dans
que
ten
donner au Public. Onmit ſur le
tapis les trois Traitez que M le ChevalierdeMeré a fait impri- mer depuis peu , &je fusravy,
Madame , de voir que tout le bien qu'on en ditſe rapportât à
F'eſtimeparticuliere que vous en faites. L'un fut pour le Traité de l'Eſprit,l'autre pour celuy de P'Eloquence , & la Dame ſe de- clara pour les Agrémens ; mais il n'y eut perſonne qui ne con- vinſt que tous les trois eſtoient able écrits avec une facilité &une
qul pureté de langage qui ne fatis- faifoit pas moins les oreilles,que leurs folides raiſonnemens rem.
pliſſoient l'eſprit. On parla en
ilen
pro
unt
sen
Lanerot
&la
I'Adair
ſuite de l'Heroïne Mouſquetaire qu'on loüa en bien des choſes , mais qu'on prit pour une - fur Hiſtoire faite à plaifir , quoy Heles qu'on nousla donne pour veri C iij
54 LE MERCVRE table. Quelqu'un pretendit qué Chriſtine qui tuë ſon Frere cro- yant tirer ſur un Sanglier , n'é- toit autre choſe que la Fable de Procris &deCephale ;&fur ce qu'une partie de l'Aſſemblée fut dumeſme ſentiment , un autre
prit la parole , & dit qu'il arri voit quelquefois des chofes extraordinaires qui pour n'avoir rien de vray-ſemblable, ne laif- foient pasd'eſtre vrayes,&qu'on luy enavoitmandé une deHol- lande , dont il ne doutoit point que toute la Compagnie ne fuft ſurpriſe. Il tira enmeſme temps une Lettre de ſa poche écrite à
Amſterdam , & datée du 15. de Juin; &en ayant paffé les tren-- te premieres lignes, leut l'Arti- cle qui fuit.
Ily a preſentement icy un Pro-- phetevestu d'une Robe de toutefor-
GALANT5
que
ne
ede
arce
-el efut
Liere
arri
Sex
vol
laifHol
point
fuft
mps
te
-.de
renrtiPro
form
te de couleurs , laquelle n'a point de couture, quoy qu'elle soit de plu- fieurs pieces. Elle n'eft ny defil ny de coton, ny defoye , ny de laine,
ny de poil, ou de peau d'aucun Ani- mal, & elle n'est point faite de main d'Homme. Le ne sçay ce que sepretendu Prophetepeut avoirde commun avec les Sectacteurs de la
ridicule Opinion des Pré-Adamites , mais onfait courir le bruitque ceux dont il tire fon origine ont
precedéAdam. Il porte une Cou- ronneſurſa teſte , &il n'est point marié,quoy qu'ilait plusieurs Fem- mes. Elles vivent toutes avec luy Sans jalousie, tant il établit un bon ordre entr'elles. Il est tres -fobre, ne
vivant pour l'ordinaire que dure- but des Chiens. Il mepriſe l'or &
l'argent , &n'enajamaisfait au- cun cas. Il va toûjours pieds nuds
auffi-bien l'Hyver que l'Esté, &il Ciiij
36 LE MERCVRE marchefort gravement. On ne m'a pûdire de quelle croyance il eſtoit
mais il est certain qu'il commence àrendrefes loüanges à Dicu dés lanuit , & avant le lever du Soleil. Il les continuë prefque àtou tes les heures du jour ; &malgré ce Join il ne pratiquepoint l'humili
té, au contraire il est courageux &ficr. Ceux quise connoiffent en phiſionomie, pretendent qu'il court riſque de ne mourir point de fa
mort naturelle , mais d'une mort
violente.
Chacun raifonna fur cette
Nouvelle. Les uns dirent qu'il
n'eſtoit pas furprenant qu'on vit de temps en temps de ces faux Prophetes ou Sectaires en Hol- fande , parce qu'on y fouffroit toute forte de Religions , & ils adjoûterent qu'il n'y avoit pas encor long-temps qu'il s'y en
A
GALANT. 57
ost
de
So
touré
mili
gens
at
Cout
efi
mon
Cettt
qull
faux
Hol
froit
ils
pas
en
eſtoit rencontréunqui catechi- foit & prefchoit publiquement,
&qui avoit eſté enfin confiné
par le Magiſtrat dans une étroi- te Priſon àEmbden, où il devoit finir ſes jours , Qu'on n'ignoroit pasle bruitqu'avoit fait enAn- gleterre pendant l'interegne un Quakel , ou Chef des Trem- bleurs , àqui le Parlement avoit fait couper la langue ; & que vers l'Arabie on en avoit veuun
autre depuis douze ans , qui ſe diſoit le Meſſie ; qu'il eſtoitſuiuy quelquefois deplus de cinquan- te mille Hommes ; & que le Grand Seigneur avoiteſte obli- gé d'envoyer contre luy une Armée confiderable pour ledé- truire avec fon party. On revint àceluy de Hollande, &il n'y eur perſonne qui ne diſt qu'il meri- toit le feu , &que le Phiſiono
Cv
58 LE MERCVRE mifte avoit eu raiſon de juger que ſa mort ſeroit violente. Il
prit là-deſſus unfort gråd éclat de rire à celuy qui avoit mon- tré la Lettre. Il ne voulut plus cacher qu'il l'avoit fait écrire pour ſe divertir , qu'elle ne con- tenoit qu'unEnigme, &que le Prophete eſtoit le Coq qui an- nonçoit la venuë du jour. On n'eutpas de peine à faire l'appli- cationdu reſte,& cette folie fut
un agreable divertiſſement à
ceux qui n'avoient pointde part aux férieuſes reflexions qu'on y
avoitfaites.
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Résumé : « A propos d'Ouvrages d'Esprit, je me trouvay dernierement chez une [...] »
Le texte décrit une réunion chez une dame reconnue pour son jugement et ses talents littéraires. Elle est entourée de membres de l'Académie française qui sollicitent ses avis sur leurs ouvrages. La conversation se concentre sur les traités du Chevalier de Méré, notamment ceux portant sur l'esprit, l'éloquence et les agréments. Ces traités sont loués pour leur facilité et leur pureté de langage. Les participants discutent également de l'Héroïne Mousquetaire, qu'ils considèrent comme une histoire plaisante plutôt que véridique. Un membre de l'assemblée mentionne une lettre provenant d'Amsterdam. Cette lettre décrit un prophète vêtu d'une robe sans couture, fabriquée à partir de matériaux inconnus, et vivant de manière ascétique. La lettre s'avère être une énigme, le prophète étant en réalité un coq. Cette révélation suscite amusement et divertissement parmi les convives.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 144-146
M. d'Ormoy quatriéme Fils de Monsieur Colbert, soûtint un Acte de toute la Philosophie, dédié à Monseigneur le Dauphin. [titre d'après la table]
Début :
Monsieur d'Ormoy, quatriéme Fils de Monsieur Colbert, en gagna beaucoup [...]
Mots clefs :
Assemblée, Acte de toute la Philosophie, Soutenir, M. d'Ormoy
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texteReconnaissance textuelle : M. d'Ormoy quatriéme Fils de Monsieur Colbert, soûtint un Acte de toute la Philosophie, dédié à Monseigneur le Dauphin. [titre d'après la table]
Monfieur
d'Ormoy , quatrième Fils de Monfieur Colbert , en gagna beaucoup dernierement , &ſe fit admirerd'un nombre infiny de Gens de la premiere Qua- lité , qui furent preſens à l'Acte detoute la Philofophie , dédié à Monſeigneur le Dauphin ,
qu'il ſoutint dans la Salle des Cordeliers,& auquel Monfieur l'Abbé Colbert fon Frere pré- fida. Onn'ajamais merité tant d'applaudiſſemensdansunâge
I ij
102 LE MERCURE
fi peu avancé , que ce jeune,
Soutenant en eut ce jour-là d'une grande & illuftre aſſem- blée. Ce qu'il diſoit ne paroif- ſoit point un effet de la Memoire , on eſtoit convaincu
qu'il l'entendoit , &que fon efprit & fon jugement par- loient.
d'Ormoy , quatrième Fils de Monfieur Colbert , en gagna beaucoup dernierement , &ſe fit admirerd'un nombre infiny de Gens de la premiere Qua- lité , qui furent preſens à l'Acte detoute la Philofophie , dédié à Monſeigneur le Dauphin ,
qu'il ſoutint dans la Salle des Cordeliers,& auquel Monfieur l'Abbé Colbert fon Frere pré- fida. Onn'ajamais merité tant d'applaudiſſemensdansunâge
I ij
102 LE MERCURE
fi peu avancé , que ce jeune,
Soutenant en eut ce jour-là d'une grande & illuftre aſſem- blée. Ce qu'il diſoit ne paroif- ſoit point un effet de la Memoire , on eſtoit convaincu
qu'il l'entendoit , &que fon efprit & fon jugement par- loient.
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Résumé : M. d'Ormoy quatriéme Fils de Monsieur Colbert, soûtint un Acte de toute la Philosophie, dédié à Monseigneur le Dauphin. [titre d'après la table]
Monsieur d'Ormoy, quatrième fils de Colbert, a impressionné lors d'un acte philosophique dédié au Dauphin, dans la Salle des Cordeliers. Présidé par l'Abbé Colbert, frère de d'Ormoy, l'événement a attiré des personnes de haute qualité. D'Ormoy a reçu de nombreux applaudissements, démontrant sa compréhension et son jugement du sujet.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 139-145
« Apres la lecture de ces Vers l'on passa de la [...] »
Début :
Apres la lecture de ces Vers l'on passa de la [...]
Mots clefs :
Cabinet de l'Aurore, Assemblée, Abbé Tallement, M. Perrault, Esprit, Éloges, Livres, M. Colbert
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Apres la lecture de ces Vers l'on passa de la [...] »
Apres la lecture ces Vers
LYON
90 LE MERCVRE
Fon paſſa de la Salle où l'on eſtoitdans un lieu apellé le Ca- binet de l'Aurore. Ce fut là que
Monfieur Quinaut recita cinq ou fix cens Vers ſur les Peintures de cette charmante Maiſon.
M. l'Abbé Tallemant le jeune enloüa les Eaux par un Poëme dont il fit part à l'Aſſemblée. II eſt fort à lagloire deM. leJon- gleur,qui a trouvé le ſecretd'en faire venir où il n'y en a point ,
&où il n'y a pas meſime d'appa- rence qu'il y ait moyen de les conduire. M. Perraut Intendant
des Baſtimens , parla ledernier.
Il ne dit que peu de Stances ,
mais qui réveillerent les atten- tions. Les fréquens applaudiffe- mensqu'elles reçeurent, fontune preuve incontestable de leur beauté. Il n'y a point lieu d'ené- tre furpris..M² Perraut eſt ce qui
GALANT. 91
.
s'appelle unEſprit de bon gouft,
qui ne donne jamais dans le faux brillant. Il écrit , &ſçait comme on doit écrire. Il poſſe- de toutes les belles Connoiſſances , & fes Ouvrages ont toû- jours eu un fort grand fuccés.
Il ſeroit àſouhaiter que nous en cuſſions davantage, mais ſes oc- cupations ne luy permettent pas de travailler. Au fortir du
Cabinet , on alla voir les Ap- partemens,& on ſe promena en- fuite de tous côtez dans le Jardin. Ces Meſſicurs eurent par tout ſujet d'admirer ; mais quel- ques beautez qu'il découvrif- fent , rien ne leur parut fi digne de leurs éloges , que celuy qui les avoit reçeus fi obligeam- ment. Avoüez-le, Madame.Pour aimer ainſi les Gens d'eſprit , il faut eſtre parfaitement honne
92 LE MERCVRE
ſte Homme. Il faut ſe détacher
de la grandeur &dubien , pour fe regarder en Philofophe , &
chercher la veritable ſolidité
dans les Sciences. Il eſt certain
qu'on ne peut les aimer davan- tages que fait Me Colbert. Hne ſe contente pas d'eſtre de l'A- cadémie Françoiſe , il y a un nombre de ces Meſſieurs qui compoſe une autre perite Aca- démie qui s'aſſemble toutes les Semaines fous ſon Nom. C'eſt
avec eux qu'il s'entretient fort
fouvent fur les plus hautes ma- tieres.. On aveu de tout temps la plupart de ceux qui ont fait une figure conſidérable dans le monde , avoir de grandes Bi- blioteques, &donner même des Penſions à pluſieurs Perſonnes d'eſprit , mais c'eſtoient d'igno- Fans Ambitieux qui ne fai
GALANT. 93 foient l'un & l'autre que par oftentation , & qui ſe mettoient
peu en peine de voir les Livres &les Sçavans. M' Colbertn'en uſe pas de cette forte. Il ne dé- daigne point de ſe familiarifer
avec les Gens de Lettres , de
s'abaiſſer juſqu'à ceux qui ſont fort éloignez de fonRang, &de ſe dépoüiller de la Grandeur qui l'environne , pour ſe rendre en quelque façon leur égal.
Comme il a toutes les lumieres
qui peuvent luy en faire aimer l'entretien , doit on s'étonner fi
ſe rendant le Pere & le Protecteur des Sciences &des beaux
Arts , il ſeconde ſi bien le Roy qui les fait fleurir, &qui n'a pas merité le Nom de LoürsLE
GRAND par ſa ſeule valeur ,
mais encore par toutes les
actions de ſa vie
LYON
90 LE MERCVRE
Fon paſſa de la Salle où l'on eſtoitdans un lieu apellé le Ca- binet de l'Aurore. Ce fut là que
Monfieur Quinaut recita cinq ou fix cens Vers ſur les Peintures de cette charmante Maiſon.
M. l'Abbé Tallemant le jeune enloüa les Eaux par un Poëme dont il fit part à l'Aſſemblée. II eſt fort à lagloire deM. leJon- gleur,qui a trouvé le ſecretd'en faire venir où il n'y en a point ,
&où il n'y a pas meſime d'appa- rence qu'il y ait moyen de les conduire. M. Perraut Intendant
des Baſtimens , parla ledernier.
Il ne dit que peu de Stances ,
mais qui réveillerent les atten- tions. Les fréquens applaudiffe- mensqu'elles reçeurent, fontune preuve incontestable de leur beauté. Il n'y a point lieu d'ené- tre furpris..M² Perraut eſt ce qui
GALANT. 91
.
s'appelle unEſprit de bon gouft,
qui ne donne jamais dans le faux brillant. Il écrit , &ſçait comme on doit écrire. Il poſſe- de toutes les belles Connoiſſances , & fes Ouvrages ont toû- jours eu un fort grand fuccés.
Il ſeroit àſouhaiter que nous en cuſſions davantage, mais ſes oc- cupations ne luy permettent pas de travailler. Au fortir du
Cabinet , on alla voir les Ap- partemens,& on ſe promena en- fuite de tous côtez dans le Jardin. Ces Meſſicurs eurent par tout ſujet d'admirer ; mais quel- ques beautez qu'il découvrif- fent , rien ne leur parut fi digne de leurs éloges , que celuy qui les avoit reçeus fi obligeam- ment. Avoüez-le, Madame.Pour aimer ainſi les Gens d'eſprit , il faut eſtre parfaitement honne
92 LE MERCVRE
ſte Homme. Il faut ſe détacher
de la grandeur &dubien , pour fe regarder en Philofophe , &
chercher la veritable ſolidité
dans les Sciences. Il eſt certain
qu'on ne peut les aimer davan- tages que fait Me Colbert. Hne ſe contente pas d'eſtre de l'A- cadémie Françoiſe , il y a un nombre de ces Meſſieurs qui compoſe une autre perite Aca- démie qui s'aſſemble toutes les Semaines fous ſon Nom. C'eſt
avec eux qu'il s'entretient fort
fouvent fur les plus hautes ma- tieres.. On aveu de tout temps la plupart de ceux qui ont fait une figure conſidérable dans le monde , avoir de grandes Bi- blioteques, &donner même des Penſions à pluſieurs Perſonnes d'eſprit , mais c'eſtoient d'igno- Fans Ambitieux qui ne fai
GALANT. 93 foient l'un & l'autre que par oftentation , & qui ſe mettoient
peu en peine de voir les Livres &les Sçavans. M' Colbertn'en uſe pas de cette forte. Il ne dé- daigne point de ſe familiarifer
avec les Gens de Lettres , de
s'abaiſſer juſqu'à ceux qui ſont fort éloignez de fonRang, &de ſe dépoüiller de la Grandeur qui l'environne , pour ſe rendre en quelque façon leur égal.
Comme il a toutes les lumieres
qui peuvent luy en faire aimer l'entretien , doit on s'étonner fi
ſe rendant le Pere & le Protecteur des Sciences &des beaux
Arts , il ſeconde ſi bien le Roy qui les fait fleurir, &qui n'a pas merité le Nom de LoürsLE
GRAND par ſa ſeule valeur ,
mais encore par toutes les
actions de ſa vie
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Résumé : « Apres la lecture de ces Vers l'on passa de la [...] »
À Lyon, une réunion rassemble plusieurs personnalités qui récitent des poèmes et des vers. Monsieur Quinaut présente des vers sur les peintures d'une maison, tandis que l'abbé Tallemant le Jeune enchante l'assemblée avec un poème sur les eaux. Monsieur Perraut, Intendant des Bastiments, prononce des stances acclamées par l'audience, démontrant son esprit et son talent littéraire. Après la réunion, les participants visitent les appartements et le jardin, admirant les beautés des lieux. Le texte loue particulièrement Monsieur Colbert pour son amour des gens d'esprit et des sciences. Colbert, membre de l'Académie Française, se distingue par son intérêt authentique pour les lettres et les savants, contrairement à d'autres mécènes motivés par l'ostentation. Il se familiarise avec les gens de lettres, indépendamment de leur rang, et soutient les sciences et les beaux-arts, secondant ainsi le roi Louis XIV.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 162-181
Suite de ce qui s'est fait à Paris touchant la Thériaque ; avec les discours qui ont esté prononcez sur ce sujet, [titre d'après la table]
Début :
Comme tout ce qui regarde la santé est toûjours fort bien receu, [...]
Mots clefs :
Santé, Thériaque, Avantages, Mr Rouvière, Discours, Médecins, Faculté de médecine de Paris, Galien, Admiration, Ouvrages, Magistrats, Monarques, Traité, Antidote, Sciences, Remède, Pharmacie, Charlatans, Gloire, Professeurs, Critiques, Drogues, Doyen, Assemblée
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texteReconnaissance textuelle : Suite de ce qui s'est fait à Paris touchant la Thériaque ; avec les discours qui ont esté prononcez sur ce sujet, [titre d'après la table]
Comme tout ce quiregarde
la ſanté eſt toûjours fort
bien receu , & qu'il n'y a rien
qui ſoit écouté plus volontiers
je ne m'étonne pas fi
د
ce que je vous
ay mandé
dans ma derniere Lettre touchant
la Theriaque , vous a
donné autant de plaifir qu'à
GALANT. 163
quantité de Perſonnes qui
l'ont leu , puis qu'outre la fatisfaction
d'apprendre ce qui
peut contribuer à la choſe du
monde qui nous doit eſtre la
plus prétieuſe , on a encore
eu l'avantage de ſe voir inſtruit
de pluſieurs circonſtances
curieuſes , dont on
n'avoit peut- eſtre jamais en
tendu parler ,& qu'on n'aappriſes
qu'avec des morceaux
d'Hiſtoire qui les rendent remarquables
, & qui font connoiftre
, non ſeuleme les.
grandes merveilles de la
S Theriaque , mais encore l'e-
Oij
164 MERCURE
flime que l'on en doit faire
Le ſuccez qu'elle aleti ,
parmy le Public, & dans ma
derniere Lettre a eſté cauſe
que je me ſuis informé avec
plus de ſoin de tout ce qui
s'eſt paffé à Paris , à l'égard
de cétancien & grand reme
de. J'ay trouvé que le dif
cours deM' de Rouviere quia
une approbasion fi genérale,
& que je vous ay envoyé,
n'avoit pas eſté le ſeul que
l'on euft fait fur cette matie
re,& qu'un autre avoit efte
auſſi prononcé en préſence
de M'de la Reynie &deM
GALANT 165
Robert Procureur du Roy,
par Mi Lienard Medecin or
dinaire deSaMajesté,Docteur
&ancien Doyen de laFaculté
de Medecine de Paris , à pré
fent Profeffeuren Pharmacie
de lameſme Faculté Com
me il manqueroit quelque
choſe à l'Histoire de la The
riaque faire en cette grande
Ville , fi ce Diſcours qui en
quisen
eft une des plus confidéras
bles parties ne tenoit ſa placa
dans ma Lettre de ce mois,
je vous l'envoye,parce que je
fçais qu'il vous plaira , & que
je le vois d'ailleurs, fouhaité
166 MERCURE
par tout ce qu'il y a icy deCurieux.
En voicy les termes.
MESSIEURS,
Si Galien dans le Traité de
La Thériaque qu'il adreſſe à Pi-
Son , eſtime cét Illustre Romain fi
digne de toute fon admiration
des grands éloges qquu''iill lluuyy donne
Taddee ce que se relâchant un peu des
grandes occupations dont il eſtoit
chargé pour le ſalut de la Republique,
il lisoit avec tant d'atrention
le petit Ouvrage qu'Andromachus
fort celebre Medecin,
en avait fait autrefois , & s'ilfe
1
GALANT. 167
Louë endes termes fi pompeux
fi magnifiques de la bonnefortune
de fon fiecle de ce qu'il voyoit
ce grand Homme fi attaché aux
chofes qui regardoientparticulierement
la santé de fes Concitoyens
, avec combien plus de jaſtice
de raison devons-nous
aujourd'huy honorer de nos. éloges
less plus forts , les deux grands
Magiftrats que nous voyons pour
quatrième fois en moins de fix
moisse dérober aux emplois les plus
augustes les plus honorables où
Les Conſeils importans de noftre
incomparable Monarque les appel-
Jem ordinairement auprès de lays
La
T
168 MERCURE
ς
pour vacquer , non pas comme ce
Romain àla lecture moins utile
que curieuse d'un fimple Traité
de la Thériaque , mais à l'affaire
laplus ſerieuse&la plus digre
de la Police qu'ils exercent dans
leRoyaume , qui est la composttion
exacte & fidelle de ce Remede
de cét Antidote par excellense
, puis qu'elle regarde le
falut general particulier de
tous les Sujets du Roy. Disos donc,
&nous écrions avec Galien au
fujer de ces deux vigilans Magi-
Strats , comme il faisoit autrefois
àRome àl'égard de Pifon. Satisne
magnas poffumus ha
bere
GALANT. 169
bere noſtri temporis fortunæ
gratias , quòd vos , ô ſummi
Magiftratus, ufque adeo Medicinæ
ac Theriacæ ſtudioſos
confpiciamus ? En effet , Meffieurs
,quel plus grand bonheur
que celuy de nostre fiecle de vi
vre fous un Prince , dont l'application
incroyable aux plus petits
comme aux plus confiderables be.
foins de fes Sujets , réveille dans
tous les Arts & dans toutes les
-Sciences l'étude l'industrie de
ceux qui les profeſſent , pour les
- pouffer à leur souveraine perfection.
C'est donc l'exemple mefme
du Roy , le plus laborieux
Avril 1685. P
170 MERCURE
Prince qui fut jamais , qui porte
aujourd ' buy les Profeffeurs de la
Medecine de la Pharmacie de
Paris, àfaire fous LOUISle
Grand, plus grandque les Antoi
nes,que les Antonins, &que tous
les Cefars ensemble, pourqui l'on
faisoit fifolemnellement ce Remede
à Rome, dans la Capitale du
Royaume auffi celebre que cette
Superbe Ville lefut autrefois , à la
veuë &en la présence de l'IlluftreM
Daquin premier Medecin
de Sa Majesté , qui ne cede
en rien aux Andromachus premiers
Medecins de ces Princes
de ces Empereurs , avec lesecours
1
GALANT. 171
des meilleurs &des plus experi
mentez Artistes de la France,
les Geoffroy , * les fofon , les
Bolduc,les Rouviere , auffiéclai
rez que l'estoient anciennement
les Critons & les Damocrate,
premiers Pharmaciens de leurfiecle
; àfaire, dis-je,fous LOUIS
le Grand, une Thériaque dont on
n'entreprenoit jamais la compofition
à Rome , que ſous les aufpices
de ſes Empereurs , ſans la
leur voüer & consacrer comme
la choſe du monde la plus im
portante la plus falutaire à
** Ce font les quatre Apoticaires qui depuis
fix mois ont fait à leurs frais la Thériaque à
Paris.
Pij
172 MERCURE
1
leurs Etats. Prenons donc,Mes
fieurs , pour noftre Devise , celle
qui devroit l'eftre aujourd'huy de
toute la France. Ludovico Magno
felicitas parta. Réjoüif
fons- nous de ce que nous voyons,
pour ainſi dire , guerir dans Paris
la letargie des fiecles paſſez , qui
par une indolence ou une indiffe
rence condamnable , pour ne pas
dire quelque chose de pis, ontjuf
ques icy presque toûjours deu , ou
àdes Nations étrangeres , comme
à Rome & à Venise , ou à des
Provinces éloignées د
comme à
Montpellier , la composition d'un
Remededontils ne devoient avoir
تم
GALANT. 173
obligation qu'à eux- mesmes , &
àleur propre Patrie , & qui ont
presque toûjours emprunté d'au.
truy ce qu'ils ne devoient avoir
ny tenir que de leur riche fonds,
de leur induſtrieuse capacité ,
de leurhabileté laborieuse.
Loñons nous , Meffieurs , de
noſtre bonheur , de ce que le
Royaume joüira doreſnavant
par la vigilance de nos Magiſtrats
de Police , appliquez
attentifs à toutes choses , d'une
Panacée veritable ,fans fraude,
Sans alteration , &fans le rifque
d'en voir deformais debiter
enFrance aucune ny vicieuse ny
Piij
174 MERCURE
falfifiée,telle queGalien ſe plai
gnoit dés le temps qu'il estoit à
Rome , que plusieurs Impoſteurs ,
Charlatans, Monteurs de Thea
tre
د Vendeurs de Mithridat,
Cr
veritables Triacleurs en di
ſtribuoient contre l'intention des
Magistrats publics à grand prix
d'argent er fort cherement , auffi
bien qu'à la ruine e au détriment
de la fantédes Peuples ignorants
& crédules pour l'ordinai
en ces fortes de matieres qui
regardent la Medecine , & les
Remedes qu'on voile ſouvent de
nomsſpécieux de Secrets , afin de
les mieuxtromper. Multæ quipre
GALANT: 175
pe fiunt , écrit- il , ab Impoftoribus
hac etiam in re frau
des , vulgufque ſolaTheriace
famâ deceptum, abiftis, qui,
bus ars eft Mercenaria , non
recte compofitam Antido
tum multâ pecuniâ redimit
Loüons-nous encore unefois
Meffieurs , de ce que par lesfoins
bienfaiſans de ces meſmes Magi
ftrats, nous joüiffons aujourd'huy,
à la faveur de nostre veritable
Thériaque , ſous l'empire de
LOUIS le Grand , du mesme.
bien & du mesme avantage dont
les Empereurs gratifioient autre
fois leursſujets à Rome. Qui l
Piij
176 MERCURE
benter, ditle mefme Galien,in
univerfos omnia bona , deos
imitati , conferunt , tantum
que gaudium concipiunt,
quantò populi majorem fuerint
incolumitatem ab ipfis
confecuti , maximam impe
ran di partem arbitrantes,
communis falutis procurationem
; quæ res me magis
in ipforum admirationem traxit.
Ce ſontſes propres termes .
C'est lesujet , Meſſieurs , qui
m'a aujourd'huy engagé, en qualitéde
Profeſſeur en Pharmacie
de la Faculté de Medecine de
Paris , à vous faire ce petitDifGALANT.
177
rs
cours ,pour un témoignage affuré
de reconnoiſſance publique &
particuliere envers Ms nosMagiftrats
, pour une marqueſenſible
de l'obligation que nous avons à
M le premier Medecin , de vou
loir bien honorerdeſa préſence la
compoſition d'un Remede qui en tirera
afſurément beaucoup de gloire
, de credit &d'authorité , &
pour un préjugéſouhaitable de ta
confervation en ſon entier de la
bonne Medecine de Paris , & du
parfait rétabliſſementde la meil
leure Pharmacieà l'avenir, con
tre les vains efforts & les tentatives
inutiles des envieux ou des
2
178 MERCURE
ennemis de l'une de l'autre,
& de tous ceux qui voudroient
temérairement dans lafuite s'yopposer
, & les troubler dans leur
exercice dans leur ancienne
poffeffion.
Ce Diſcours fut prononcé
le 12. de Mars , & le Lundy
prononce
ſuivant , M² de Rouviere s'attacha
particulierement au 1 .
poids des Drogues dont il
avoit fait auparavant un juſte
choix pour la compoſition
de ſon Ouvrage, & qu'ilavoit
expoſées au Public , feur que
leur beauté& leur bonne qualité
le défendroient contre les
GALANT. 179
Critiques & les Envieux. Il fit
ce jour là un fort beau Dif
cours ſur la Vipere , & fur la
nature de la Theriaque , & il
expliqua fi bien la maniere
dont les fermentations ſe
font, qu'il fut genéralement
applaudy. Il peſa enſuite ſes
ر
Drogues en préſence de M
le Doyen de la Faculté , de
Mrs les Profeffeurs en Pharmacie
, & de M'Boudin , l'un
des premiers Apoticaires
du Roy. Toutes ces Dro
gues furent brifées , & mêlées
enſemble confufément
devant toute l'Aſſemblée qui
180 MERCURE
n'eſtoit pas moins nombreuſe
qu'elle avoit eſté les autres
jours. Il en falut huit entiers
pour les pulverifer , aprés
quoy les Curieux revinrent
au meſme lieu , pour
eſtre témoins du mélange
qu'on appelle Mixtion , ce
qui fit donner de nouvelles
loüanges à M' de Rouviere.
Ce fut alors que M² Pilon,
Doyen de la Faculté , & qui
dés ſa plus grande jeuneſſe a
ſceu s'acquerir le nom d'Orateur
, fit un Diſcours tresdigne
de luv, pour fermer ce
grand Ouvrage. La crainte
r
GALANT. 181
de vous entretenir trop longtemps
ſur vne meſme matiere,
m'oblige à ne vous enrien
dire de plus aujourd'huy.
Vous voudrez bien cepen.
dant que j'ajoûte , en faveur
de la Theriaque , que lors
que l'on en fait à Veniſe , le
Senaty aſſiſte en Corps , &
que dans tous les lieux où l'on
ſe donne la peine de rechercher
tout ce qu'il faut pour
cette fameuse compoſition,
elle ſe fait avec le meſme
eclat , &en préſence des Souverains
Magiſtrats .
la ſanté eſt toûjours fort
bien receu , & qu'il n'y a rien
qui ſoit écouté plus volontiers
je ne m'étonne pas fi
د
ce que je vous
ay mandé
dans ma derniere Lettre touchant
la Theriaque , vous a
donné autant de plaifir qu'à
GALANT. 163
quantité de Perſonnes qui
l'ont leu , puis qu'outre la fatisfaction
d'apprendre ce qui
peut contribuer à la choſe du
monde qui nous doit eſtre la
plus prétieuſe , on a encore
eu l'avantage de ſe voir inſtruit
de pluſieurs circonſtances
curieuſes , dont on
n'avoit peut- eſtre jamais en
tendu parler ,& qu'on n'aappriſes
qu'avec des morceaux
d'Hiſtoire qui les rendent remarquables
, & qui font connoiftre
, non ſeuleme les.
grandes merveilles de la
S Theriaque , mais encore l'e-
Oij
164 MERCURE
flime que l'on en doit faire
Le ſuccez qu'elle aleti ,
parmy le Public, & dans ma
derniere Lettre a eſté cauſe
que je me ſuis informé avec
plus de ſoin de tout ce qui
s'eſt paffé à Paris , à l'égard
de cétancien & grand reme
de. J'ay trouvé que le dif
cours deM' de Rouviere quia
une approbasion fi genérale,
& que je vous ay envoyé,
n'avoit pas eſté le ſeul que
l'on euft fait fur cette matie
re,& qu'un autre avoit efte
auſſi prononcé en préſence
de M'de la Reynie &deM
GALANT 165
Robert Procureur du Roy,
par Mi Lienard Medecin or
dinaire deSaMajesté,Docteur
&ancien Doyen de laFaculté
de Medecine de Paris , à pré
fent Profeffeuren Pharmacie
de lameſme Faculté Com
me il manqueroit quelque
choſe à l'Histoire de la The
riaque faire en cette grande
Ville , fi ce Diſcours qui en
quisen
eft une des plus confidéras
bles parties ne tenoit ſa placa
dans ma Lettre de ce mois,
je vous l'envoye,parce que je
fçais qu'il vous plaira , & que
je le vois d'ailleurs, fouhaité
166 MERCURE
par tout ce qu'il y a icy deCurieux.
En voicy les termes.
MESSIEURS,
Si Galien dans le Traité de
La Thériaque qu'il adreſſe à Pi-
Son , eſtime cét Illustre Romain fi
digne de toute fon admiration
des grands éloges qquu''iill lluuyy donne
Taddee ce que se relâchant un peu des
grandes occupations dont il eſtoit
chargé pour le ſalut de la Republique,
il lisoit avec tant d'atrention
le petit Ouvrage qu'Andromachus
fort celebre Medecin,
en avait fait autrefois , & s'ilfe
1
GALANT. 167
Louë endes termes fi pompeux
fi magnifiques de la bonnefortune
de fon fiecle de ce qu'il voyoit
ce grand Homme fi attaché aux
chofes qui regardoientparticulierement
la santé de fes Concitoyens
, avec combien plus de jaſtice
de raison devons-nous
aujourd'huy honorer de nos. éloges
less plus forts , les deux grands
Magiftrats que nous voyons pour
quatrième fois en moins de fix
moisse dérober aux emplois les plus
augustes les plus honorables où
Les Conſeils importans de noftre
incomparable Monarque les appel-
Jem ordinairement auprès de lays
La
T
168 MERCURE
ς
pour vacquer , non pas comme ce
Romain àla lecture moins utile
que curieuse d'un fimple Traité
de la Thériaque , mais à l'affaire
laplus ſerieuse&la plus digre
de la Police qu'ils exercent dans
leRoyaume , qui est la composttion
exacte & fidelle de ce Remede
de cét Antidote par excellense
, puis qu'elle regarde le
falut general particulier de
tous les Sujets du Roy. Disos donc,
&nous écrions avec Galien au
fujer de ces deux vigilans Magi-
Strats , comme il faisoit autrefois
àRome àl'égard de Pifon. Satisne
magnas poffumus ha
bere
GALANT. 169
bere noſtri temporis fortunæ
gratias , quòd vos , ô ſummi
Magiftratus, ufque adeo Medicinæ
ac Theriacæ ſtudioſos
confpiciamus ? En effet , Meffieurs
,quel plus grand bonheur
que celuy de nostre fiecle de vi
vre fous un Prince , dont l'application
incroyable aux plus petits
comme aux plus confiderables be.
foins de fes Sujets , réveille dans
tous les Arts & dans toutes les
-Sciences l'étude l'industrie de
ceux qui les profeſſent , pour les
- pouffer à leur souveraine perfection.
C'est donc l'exemple mefme
du Roy , le plus laborieux
Avril 1685. P
170 MERCURE
Prince qui fut jamais , qui porte
aujourd ' buy les Profeffeurs de la
Medecine de la Pharmacie de
Paris, àfaire fous LOUISle
Grand, plus grandque les Antoi
nes,que les Antonins, &que tous
les Cefars ensemble, pourqui l'on
faisoit fifolemnellement ce Remede
à Rome, dans la Capitale du
Royaume auffi celebre que cette
Superbe Ville lefut autrefois , à la
veuë &en la présence de l'IlluftreM
Daquin premier Medecin
de Sa Majesté , qui ne cede
en rien aux Andromachus premiers
Medecins de ces Princes
de ces Empereurs , avec lesecours
1
GALANT. 171
des meilleurs &des plus experi
mentez Artistes de la France,
les Geoffroy , * les fofon , les
Bolduc,les Rouviere , auffiéclai
rez que l'estoient anciennement
les Critons & les Damocrate,
premiers Pharmaciens de leurfiecle
; àfaire, dis-je,fous LOUIS
le Grand, une Thériaque dont on
n'entreprenoit jamais la compofition
à Rome , que ſous les aufpices
de ſes Empereurs , ſans la
leur voüer & consacrer comme
la choſe du monde la plus im
portante la plus falutaire à
** Ce font les quatre Apoticaires qui depuis
fix mois ont fait à leurs frais la Thériaque à
Paris.
Pij
172 MERCURE
1
leurs Etats. Prenons donc,Mes
fieurs , pour noftre Devise , celle
qui devroit l'eftre aujourd'huy de
toute la France. Ludovico Magno
felicitas parta. Réjoüif
fons- nous de ce que nous voyons,
pour ainſi dire , guerir dans Paris
la letargie des fiecles paſſez , qui
par une indolence ou une indiffe
rence condamnable , pour ne pas
dire quelque chose de pis, ontjuf
ques icy presque toûjours deu , ou
àdes Nations étrangeres , comme
à Rome & à Venise , ou à des
Provinces éloignées د
comme à
Montpellier , la composition d'un
Remededontils ne devoient avoir
تم
GALANT. 173
obligation qu'à eux- mesmes , &
àleur propre Patrie , & qui ont
presque toûjours emprunté d'au.
truy ce qu'ils ne devoient avoir
ny tenir que de leur riche fonds,
de leur induſtrieuse capacité ,
de leurhabileté laborieuse.
Loñons nous , Meffieurs , de
noſtre bonheur , de ce que le
Royaume joüira doreſnavant
par la vigilance de nos Magiſtrats
de Police , appliquez
attentifs à toutes choses , d'une
Panacée veritable ,fans fraude,
Sans alteration , &fans le rifque
d'en voir deformais debiter
enFrance aucune ny vicieuse ny
Piij
174 MERCURE
falfifiée,telle queGalien ſe plai
gnoit dés le temps qu'il estoit à
Rome , que plusieurs Impoſteurs ,
Charlatans, Monteurs de Thea
tre
د Vendeurs de Mithridat,
Cr
veritables Triacleurs en di
ſtribuoient contre l'intention des
Magistrats publics à grand prix
d'argent er fort cherement , auffi
bien qu'à la ruine e au détriment
de la fantédes Peuples ignorants
& crédules pour l'ordinai
en ces fortes de matieres qui
regardent la Medecine , & les
Remedes qu'on voile ſouvent de
nomsſpécieux de Secrets , afin de
les mieuxtromper. Multæ quipre
GALANT: 175
pe fiunt , écrit- il , ab Impoftoribus
hac etiam in re frau
des , vulgufque ſolaTheriace
famâ deceptum, abiftis, qui,
bus ars eft Mercenaria , non
recte compofitam Antido
tum multâ pecuniâ redimit
Loüons-nous encore unefois
Meffieurs , de ce que par lesfoins
bienfaiſans de ces meſmes Magi
ftrats, nous joüiffons aujourd'huy,
à la faveur de nostre veritable
Thériaque , ſous l'empire de
LOUIS le Grand , du mesme.
bien & du mesme avantage dont
les Empereurs gratifioient autre
fois leursſujets à Rome. Qui l
Piij
176 MERCURE
benter, ditle mefme Galien,in
univerfos omnia bona , deos
imitati , conferunt , tantum
que gaudium concipiunt,
quantò populi majorem fuerint
incolumitatem ab ipfis
confecuti , maximam impe
ran di partem arbitrantes,
communis falutis procurationem
; quæ res me magis
in ipforum admirationem traxit.
Ce ſontſes propres termes .
C'est lesujet , Meſſieurs , qui
m'a aujourd'huy engagé, en qualitéde
Profeſſeur en Pharmacie
de la Faculté de Medecine de
Paris , à vous faire ce petitDifGALANT.
177
rs
cours ,pour un témoignage affuré
de reconnoiſſance publique &
particuliere envers Ms nosMagiftrats
, pour une marqueſenſible
de l'obligation que nous avons à
M le premier Medecin , de vou
loir bien honorerdeſa préſence la
compoſition d'un Remede qui en tirera
afſurément beaucoup de gloire
, de credit &d'authorité , &
pour un préjugéſouhaitable de ta
confervation en ſon entier de la
bonne Medecine de Paris , & du
parfait rétabliſſementde la meil
leure Pharmacieà l'avenir, con
tre les vains efforts & les tentatives
inutiles des envieux ou des
2
178 MERCURE
ennemis de l'une de l'autre,
& de tous ceux qui voudroient
temérairement dans lafuite s'yopposer
, & les troubler dans leur
exercice dans leur ancienne
poffeffion.
Ce Diſcours fut prononcé
le 12. de Mars , & le Lundy
prononce
ſuivant , M² de Rouviere s'attacha
particulierement au 1 .
poids des Drogues dont il
avoit fait auparavant un juſte
choix pour la compoſition
de ſon Ouvrage, & qu'ilavoit
expoſées au Public , feur que
leur beauté& leur bonne qualité
le défendroient contre les
GALANT. 179
Critiques & les Envieux. Il fit
ce jour là un fort beau Dif
cours ſur la Vipere , & fur la
nature de la Theriaque , & il
expliqua fi bien la maniere
dont les fermentations ſe
font, qu'il fut genéralement
applaudy. Il peſa enſuite ſes
ر
Drogues en préſence de M
le Doyen de la Faculté , de
Mrs les Profeffeurs en Pharmacie
, & de M'Boudin , l'un
des premiers Apoticaires
du Roy. Toutes ces Dro
gues furent brifées , & mêlées
enſemble confufément
devant toute l'Aſſemblée qui
180 MERCURE
n'eſtoit pas moins nombreuſe
qu'elle avoit eſté les autres
jours. Il en falut huit entiers
pour les pulverifer , aprés
quoy les Curieux revinrent
au meſme lieu , pour
eſtre témoins du mélange
qu'on appelle Mixtion , ce
qui fit donner de nouvelles
loüanges à M' de Rouviere.
Ce fut alors que M² Pilon,
Doyen de la Faculté , & qui
dés ſa plus grande jeuneſſe a
ſceu s'acquerir le nom d'Orateur
, fit un Diſcours tresdigne
de luv, pour fermer ce
grand Ouvrage. La crainte
r
GALANT. 181
de vous entretenir trop longtemps
ſur vne meſme matiere,
m'oblige à ne vous enrien
dire de plus aujourd'huy.
Vous voudrez bien cepen.
dant que j'ajoûte , en faveur
de la Theriaque , que lors
que l'on en fait à Veniſe , le
Senaty aſſiſte en Corps , &
que dans tous les lieux où l'on
ſe donne la peine de rechercher
tout ce qu'il faut pour
cette fameuse compoſition,
elle ſe fait avec le meſme
eclat , &en préſence des Souverains
Magiſtrats .
Fermer
5
p. 256-272
Histoire, [titre d'après la table]
Début :
On m'a conté une chose fort particuliere, arrivée icy sur [...]
Mots clefs :
Carnaval, Déguisements, Cavalier, Dame, Filles, Richesse, Honnêteté, Soeurs, Coeur, Charme, Belle, Correspondance, Mariage, Passion, Comédie, Galanterie, Bal, Assemblée, Amour, Divertissement, Amants, Hasard, Masques, Attaque, Diamant, Bourse, Mémoire, Jugement
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Histoire, [titre d'après la table]
On m'a conté une choſe
fort particuliere , arrivée icy
ſur la fin du Carnaval. C'eſt
la ſaiſon des Déguiſemens , &
par conféquent des Avantures.
Un Cavalier d'une Province
éloignée, eſlant venu à
Paris pour y acquerir d'air de
liberté & de politeffe qui diftingue
ceux qui ont veu le
monde , prit habitude chez
uneDame tres ſpirituelle, qui
cultiva cette connoiſſance
GALANT. 297
Voit
avec tout le ſoin qu'elle de-
Elle avoit deux Filles,
toutes deuxbien faites , & la
fortune ne luy ayant pascité
favorable , il eſtoit de l'inte
reſt de l'une & de l'autre que
ſa politique ménageaft ceux
que desviſites un peu affidues
pouvoient engager à prendre
feu Le Cavalier eſtoit
tiche , & cette ſeule raifon
euſtportéla Dame àtous les
égards qu'elle avoit pour luy,
quand mesme il n'auroit efte
confiderable par aucun merite.
Il n'eut pendant quel
que temps que des complai
Avril 1685. Y
258 MERCURE
fances genérales que l'hon
neſteté oblige d'avoir pour
toutes les Dames. On le recevoit
agréablement ,& les
deux Soeurs a l'envy luy faifoient
paroiſtre toute l'eſtime
que la bien ſéance leur pou
voit permettre , fans qu'aucunempreſſement
particulier
pour l'une ou pour l'autremarquaft
le choix de ſon coeur,
mais enfin il s'attacha à l'Aînée,&
l'égalité d'humeur qu'il
luy trouva fut pour luy un fi
grand charme qu'il mit
tous ſes foins à s'en faire
,
aimer. Vous jugez bien qu'il
GALANT. 259
n'eut pas de peine à y reüf
fir. La Belle eſtoit dans des
dipoſitions qui avoient en
quelque forte prévenu fess
voeux , & la Mere authori--
ſant la correſpondance que le
Cavalier luy demandoit, il cute
le plaifir de ſe voir aimé dés
qu'il ſe fut déclaré Amant.
Oneuſtbien voulu qu'il euſt
arreſté le Mariage , mais ill
eſtoit dangereux de l'en pref
fer , & on jugea à propos
d'attendre que fa paflion
mieux affermie l'euft mis en
état de ne point examiner les
peu d'avantage qu'il devoit
2
Yij
260 MERCURE
tirer de cette alliance. 10Gefie
pendant ce ne furent plus
que des Parties de plaifire Le
Cavalier voulant divertir das
belle Maiſtreſſe , la menoit
ſouvent à la Comédie ou à
l'Opera , & cherchoit d'ail
leurs tout ce qui pouvoit
contribuer à luy donner de la
joye. Le temps de la Foire
eſtant venu , ils yallérent
pluſieurs fois enſemble ,& ild
luy faifoir toûjours quelque
Preſent. La Mere avoit part
à ſes liberalitez , & comme il
aidoit à entretenir le Jeu chez
elle, ſes viſites affiduës luy
GALANT.261
eſtoient utiles de bien des
manieres. La fin du Carna
val approchoit , & la Belle
ayant un jour témoigné qu'
elle avoit envie de courir le
Bal , le Cavalier ſongea aufh
toftà la fatisfaire. Il alla cher ) {
cher des habits fort riches,
les fit porter chez la Dame,
& chacun choifit ce qu'il
voulut. Les deux Filles s'habillerenten
Hommes à la
Françoiſe avec des écharpes
magnifiques ,& les autres ornemens
qui pouvoient ſervin
à leur donner de l'éclat &
a. Mere & le Cavalier ſe dé262
MERCURE
guiférenten Arméniens. La
galanterie eſtoit jointe, à la
propreté & cette petite
Troupe meritoit bien qu'on
la regardaft. Le Cavalier
qui aimoit le jeu , ayant
accoûtumé de porter beaucoup
d'argent , la Belle vouloit
qu'il laiſſaſt ſa bourſe.
La Mere dit là deſſus , que
puis qu'on croyoit qu'il n'y
euſt pas feureté entiere à ſe
trouver le foir dans lesRuës,
elle aimoit mieux rompre la
Partie , que de s'expoſer
à une mauvaiſe rencontre...
Le Cavalier ne manqua pas
GALANT. 263
de répondre , qu'elle estoit fi
peu à craindre , par le bon
ordre que les Magittrats y
avoient mis , que quand il
auroit mille piſtoles , il iroit
luy ſeul par tout Paris , aufli
ſeurement que s'il eſtoit efcorté
de tous les Archersdu
Guet. En meſme temps il
donna à la Belle un Diamant
qui estoit de prix , pour tenir
fon Maſque , & ils montérent
tous en Carroffe, pour
aller dans le Fauxbourg Saint
Germain , où ils apprirent
qu'il y avoit une tres - belle
Affemblée. L'affluence des
264 MERCURE
Maſques leur permit à peine
d'y entrer , mais enfin le Ca
valier s'eſtant fait jour dans
la foule , ils arrivérent juſqu'à
la Salle du Bal. Les Luftres
dont elle eſtoit éclairée , relevoient
merveilleuſement la
beautéde leurs Habits. Toute
Affemblée les remarqua, &
cela fut cauſe qu'on les fic
d'abord dancer. Ils s'en aqui
térent avec une grace qui leur
attira de grandes honnettetez
du Maistre de la Mifon...
Il leur fit donner des ſiéges,
& le Cavalier prit place au
prés de la Belle. Tandis que
l'Amour
GALANT 265
!
l'Amour leur fourniffoit le
ſujetd'un entretien agréable,
la Mere & la Soeur n'estoient
occupées qu'à regarder ; &
s'ennuyant d'eftre toûjours
dans le meſme endroit , elles
ſe firent un divertiſſement
d'aller dans toute la Salle
nouer converſation avec les
Maſques qu'elles y trouvé
rent. On en voyoit fans cefle
entrer de nouveaux ,
confufiony devint fi grande,
qu'onfut enfin obligé de faire
ceffer les Violons. Les deux
Amans ſe leverent , & aprés
avoir cherché inutilement la
Avril1685. Z
&
266MERCURE
1
T
Mere & la Soeur , ils defoendirent
en bas , croyant les y
rencontrer. Ils n'y furent pas
plûtoſt qu'ils les apperceu
rent. Le Cavalier prit la Mere
par la main & fit paſſer
les deux Sceoeurs devant. On
ne fongea qu'à fe hater de
fortir , & ils monterent tous
quatre en Carroſſe, ſans ſe
dire rien . Le Cocher , qui
en partant du Logis avoit cu
ordre de les mener à un ſecond
Bal , en prit le chemin.
Apeine avoit il fait deux cens
pas , que le Cavalier ofta fon
maſque , pour demander à
}
GALANT. 267
7
la Mere fi elle s'estoit un peu
divertie. Cette Mere préten
düe fut fort ſurpriſe d'enten
dre une voix qu'elle ne cong
noiffoit point. Elle cria au
Cocher qu'il arreſtaſt ; & le
Cavalier & fa Maiſtreſſe ne fu
rent pas moins étonnez que
les deux autres, d'une mépriſe
qui les mettoit tous dans un
parcil embarras. Le hazard
avoit voulu qu'unHomme di
ſtingué dans la Robe, s'eſtoir
déguisé avec ſa Femme , ſa
Soeur, & fa Fille, delamesmo
forte que le Cavalier & lesq
trois Femmes dont il s'eſtoit
Zij
268 MERCURE
fait le Conducteur , c'eſt à
dire , deux en Arméniens,
&deux en habits à la Françoife.
Ils s'eſtoiem perdus
parmy la foule des Maſques,
&dans la confufion la Femme
& la Fille de l'Homme
de Robe , avoient pris le Cat
valier & la Belle pour les
deux Perſonnes qu'elles cherchoient.
Il fut queſtion de
retourner à ce premier Bal,
pour tirer de peine ceux qu'-
on y avoit laiſſez ; & lon
prenoit deja cette route , lors
que dix Hommes maſquez
approchérent duCarroffe. Ils
10
GALANT 269
forcérent le Cocher à quiter
le ſiege , & l'un d'eux s'y
eftant mis , conduiſit le Cavalier
& les trois Dames aſſez
loin dans le Fauxbourg. Le
Carroſſe s'eſtant enfin arrefté,
ceux qui l'eſcortoient leur
dirent qu'il y alloit de leur
vie s'ils faifoient du bruit , &
qu'on n'en vouloit qu'à leurs
Habits . La réſiſtance auroit
efté inutile. Ainſi le meilleur
Party qu'ils virent à prendre,
fut de defcendre fort paifiblement
, & d'entrer dans
une Maiſon de peu d'apparence,
qui leur fut ouverte
•
Z iij
270 MURCURE
Lalces Maſques un peu trop
officielux prirent la peine de
les décharger de tous d'équi
page qui avoit ſervy ales dé
guifer , & les revétirentà peu
de frais ,&feulementpourles
garantir du froid Quredes
Habits la Belle laiſſa fon Dia,
mant, de Cavalier fa bourfe,
&une fort belle Montre , &&
les deux Dames , ce qu'elles
avoient qui valoin la peine
d'eſtregardé. Apres les avoin
ainſi dépoüillez , ces Voleurs
leur demandérent où ils vou
loient qu'onlesreménaſt. Le
Cavalier & laDame ſe nom
上
GALANIM 271
mérent,&on les remit chez
eux. L'Homme de Robe ayat
retrouvé la Femmes, felper
ſuada que le Cavalier n'avoir
imité fon déguisement que
pour faire réüffir le vol qui
venoit d'eſtre commis ,& ne
doutant point qu'il n'euft
efté d'intelligence avec les
Voleurs , il commença con
tre luy des procédures qui
apparemment auront de la
fuires De l'autre coſtéle Cab
valier touché de fa perre, ſe
mit dans l'efprit que la Mere
della Belle n'avoit témoigné
vouloir rompre la partic
•
272MERCURE
€
quand on luy avoit propoſe
de laiſſer ſabourſe , que pour
Fobliger à la porter , &s'ima
ginant qu'elle s'eftoit cachée
àdeſſein parmy les Maſques
pour l'engager à fortir fans
elle, il la crut complice de
fon avanture. Ainfi fon chagrin
ayant étouffé l'amour , il
fait contr'elle les mefmes
pourſuites que fait contre luy
PHomme de Robe. L'acharnement
eft grand à plaider
de part & d'autre. Voila,
Madame , ce que portemon
Memoire.On m'aſſeure qu'il
eft vray dans toutes les cir
conſtances.
fort particuliere , arrivée icy
ſur la fin du Carnaval. C'eſt
la ſaiſon des Déguiſemens , &
par conféquent des Avantures.
Un Cavalier d'une Province
éloignée, eſlant venu à
Paris pour y acquerir d'air de
liberté & de politeffe qui diftingue
ceux qui ont veu le
monde , prit habitude chez
uneDame tres ſpirituelle, qui
cultiva cette connoiſſance
GALANT. 297
Voit
avec tout le ſoin qu'elle de-
Elle avoit deux Filles,
toutes deuxbien faites , & la
fortune ne luy ayant pascité
favorable , il eſtoit de l'inte
reſt de l'une & de l'autre que
ſa politique ménageaft ceux
que desviſites un peu affidues
pouvoient engager à prendre
feu Le Cavalier eſtoit
tiche , & cette ſeule raifon
euſtportéla Dame àtous les
égards qu'elle avoit pour luy,
quand mesme il n'auroit efte
confiderable par aucun merite.
Il n'eut pendant quel
que temps que des complai
Avril 1685. Y
258 MERCURE
fances genérales que l'hon
neſteté oblige d'avoir pour
toutes les Dames. On le recevoit
agréablement ,& les
deux Soeurs a l'envy luy faifoient
paroiſtre toute l'eſtime
que la bien ſéance leur pou
voit permettre , fans qu'aucunempreſſement
particulier
pour l'une ou pour l'autremarquaft
le choix de ſon coeur,
mais enfin il s'attacha à l'Aînée,&
l'égalité d'humeur qu'il
luy trouva fut pour luy un fi
grand charme qu'il mit
tous ſes foins à s'en faire
,
aimer. Vous jugez bien qu'il
GALANT. 259
n'eut pas de peine à y reüf
fir. La Belle eſtoit dans des
dipoſitions qui avoient en
quelque forte prévenu fess
voeux , & la Mere authori--
ſant la correſpondance que le
Cavalier luy demandoit, il cute
le plaifir de ſe voir aimé dés
qu'il ſe fut déclaré Amant.
Oneuſtbien voulu qu'il euſt
arreſté le Mariage , mais ill
eſtoit dangereux de l'en pref
fer , & on jugea à propos
d'attendre que fa paflion
mieux affermie l'euft mis en
état de ne point examiner les
peu d'avantage qu'il devoit
2
Yij
260 MERCURE
tirer de cette alliance. 10Gefie
pendant ce ne furent plus
que des Parties de plaifire Le
Cavalier voulant divertir das
belle Maiſtreſſe , la menoit
ſouvent à la Comédie ou à
l'Opera , & cherchoit d'ail
leurs tout ce qui pouvoit
contribuer à luy donner de la
joye. Le temps de la Foire
eſtant venu , ils yallérent
pluſieurs fois enſemble ,& ild
luy faifoir toûjours quelque
Preſent. La Mere avoit part
à ſes liberalitez , & comme il
aidoit à entretenir le Jeu chez
elle, ſes viſites affiduës luy
GALANT.261
eſtoient utiles de bien des
manieres. La fin du Carna
val approchoit , & la Belle
ayant un jour témoigné qu'
elle avoit envie de courir le
Bal , le Cavalier ſongea aufh
toftà la fatisfaire. Il alla cher ) {
cher des habits fort riches,
les fit porter chez la Dame,
& chacun choifit ce qu'il
voulut. Les deux Filles s'habillerenten
Hommes à la
Françoiſe avec des écharpes
magnifiques ,& les autres ornemens
qui pouvoient ſervin
à leur donner de l'éclat &
a. Mere & le Cavalier ſe dé262
MERCURE
guiférenten Arméniens. La
galanterie eſtoit jointe, à la
propreté & cette petite
Troupe meritoit bien qu'on
la regardaft. Le Cavalier
qui aimoit le jeu , ayant
accoûtumé de porter beaucoup
d'argent , la Belle vouloit
qu'il laiſſaſt ſa bourſe.
La Mere dit là deſſus , que
puis qu'on croyoit qu'il n'y
euſt pas feureté entiere à ſe
trouver le foir dans lesRuës,
elle aimoit mieux rompre la
Partie , que de s'expoſer
à une mauvaiſe rencontre...
Le Cavalier ne manqua pas
GALANT. 263
de répondre , qu'elle estoit fi
peu à craindre , par le bon
ordre que les Magittrats y
avoient mis , que quand il
auroit mille piſtoles , il iroit
luy ſeul par tout Paris , aufli
ſeurement que s'il eſtoit efcorté
de tous les Archersdu
Guet. En meſme temps il
donna à la Belle un Diamant
qui estoit de prix , pour tenir
fon Maſque , & ils montérent
tous en Carroffe, pour
aller dans le Fauxbourg Saint
Germain , où ils apprirent
qu'il y avoit une tres - belle
Affemblée. L'affluence des
264 MERCURE
Maſques leur permit à peine
d'y entrer , mais enfin le Ca
valier s'eſtant fait jour dans
la foule , ils arrivérent juſqu'à
la Salle du Bal. Les Luftres
dont elle eſtoit éclairée , relevoient
merveilleuſement la
beautéde leurs Habits. Toute
Affemblée les remarqua, &
cela fut cauſe qu'on les fic
d'abord dancer. Ils s'en aqui
térent avec une grace qui leur
attira de grandes honnettetez
du Maistre de la Mifon...
Il leur fit donner des ſiéges,
& le Cavalier prit place au
prés de la Belle. Tandis que
l'Amour
GALANT 265
!
l'Amour leur fourniffoit le
ſujetd'un entretien agréable,
la Mere & la Soeur n'estoient
occupées qu'à regarder ; &
s'ennuyant d'eftre toûjours
dans le meſme endroit , elles
ſe firent un divertiſſement
d'aller dans toute la Salle
nouer converſation avec les
Maſques qu'elles y trouvé
rent. On en voyoit fans cefle
entrer de nouveaux ,
confufiony devint fi grande,
qu'onfut enfin obligé de faire
ceffer les Violons. Les deux
Amans ſe leverent , & aprés
avoir cherché inutilement la
Avril1685. Z
&
266MERCURE
1
T
Mere & la Soeur , ils defoendirent
en bas , croyant les y
rencontrer. Ils n'y furent pas
plûtoſt qu'ils les apperceu
rent. Le Cavalier prit la Mere
par la main & fit paſſer
les deux Sceoeurs devant. On
ne fongea qu'à fe hater de
fortir , & ils monterent tous
quatre en Carroſſe, ſans ſe
dire rien . Le Cocher , qui
en partant du Logis avoit cu
ordre de les mener à un ſecond
Bal , en prit le chemin.
Apeine avoit il fait deux cens
pas , que le Cavalier ofta fon
maſque , pour demander à
}
GALANT. 267
7
la Mere fi elle s'estoit un peu
divertie. Cette Mere préten
düe fut fort ſurpriſe d'enten
dre une voix qu'elle ne cong
noiffoit point. Elle cria au
Cocher qu'il arreſtaſt ; & le
Cavalier & fa Maiſtreſſe ne fu
rent pas moins étonnez que
les deux autres, d'une mépriſe
qui les mettoit tous dans un
parcil embarras. Le hazard
avoit voulu qu'unHomme di
ſtingué dans la Robe, s'eſtoir
déguisé avec ſa Femme , ſa
Soeur, & fa Fille, delamesmo
forte que le Cavalier & lesq
trois Femmes dont il s'eſtoit
Zij
268 MERCURE
fait le Conducteur , c'eſt à
dire , deux en Arméniens,
&deux en habits à la Françoife.
Ils s'eſtoiem perdus
parmy la foule des Maſques,
&dans la confufion la Femme
& la Fille de l'Homme
de Robe , avoient pris le Cat
valier & la Belle pour les
deux Perſonnes qu'elles cherchoient.
Il fut queſtion de
retourner à ce premier Bal,
pour tirer de peine ceux qu'-
on y avoit laiſſez ; & lon
prenoit deja cette route , lors
que dix Hommes maſquez
approchérent duCarroffe. Ils
10
GALANT 269
forcérent le Cocher à quiter
le ſiege , & l'un d'eux s'y
eftant mis , conduiſit le Cavalier
& les trois Dames aſſez
loin dans le Fauxbourg. Le
Carroſſe s'eſtant enfin arrefté,
ceux qui l'eſcortoient leur
dirent qu'il y alloit de leur
vie s'ils faifoient du bruit , &
qu'on n'en vouloit qu'à leurs
Habits . La réſiſtance auroit
efté inutile. Ainſi le meilleur
Party qu'ils virent à prendre,
fut de defcendre fort paifiblement
, & d'entrer dans
une Maiſon de peu d'apparence,
qui leur fut ouverte
•
Z iij
270 MURCURE
Lalces Maſques un peu trop
officielux prirent la peine de
les décharger de tous d'équi
page qui avoit ſervy ales dé
guifer , & les revétirentà peu
de frais ,&feulementpourles
garantir du froid Quredes
Habits la Belle laiſſa fon Dia,
mant, de Cavalier fa bourfe,
&une fort belle Montre , &&
les deux Dames , ce qu'elles
avoient qui valoin la peine
d'eſtregardé. Apres les avoin
ainſi dépoüillez , ces Voleurs
leur demandérent où ils vou
loient qu'onlesreménaſt. Le
Cavalier & laDame ſe nom
上
GALANIM 271
mérent,&on les remit chez
eux. L'Homme de Robe ayat
retrouvé la Femmes, felper
ſuada que le Cavalier n'avoir
imité fon déguisement que
pour faire réüffir le vol qui
venoit d'eſtre commis ,& ne
doutant point qu'il n'euft
efté d'intelligence avec les
Voleurs , il commença con
tre luy des procédures qui
apparemment auront de la
fuires De l'autre coſtéle Cab
valier touché de fa perre, ſe
mit dans l'efprit que la Mere
della Belle n'avoit témoigné
vouloir rompre la partic
•
272MERCURE
€
quand on luy avoit propoſe
de laiſſer ſabourſe , que pour
Fobliger à la porter , &s'ima
ginant qu'elle s'eftoit cachée
àdeſſein parmy les Maſques
pour l'engager à fortir fans
elle, il la crut complice de
fon avanture. Ainfi fon chagrin
ayant étouffé l'amour , il
fait contr'elle les mefmes
pourſuites que fait contre luy
PHomme de Robe. L'acharnement
eft grand à plaider
de part & d'autre. Voila,
Madame , ce que portemon
Memoire.On m'aſſeure qu'il
eft vray dans toutes les cir
conſtances.
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6
p. 270-303
Tout ce qui s'est passé à l'Academie Françoise le jour de Saint Loüis. [titre d'après la table]
Début :
Le 25. du mois passé, l'Academie Françoise solemnisa à son [...]
Mots clefs :
Académie française, Place, Messe, Cardinal Richelieu, Assemblée, Duc de Saint-Aignan, François-Timoléon de Choisy, Saint Louis, Prix d'éloquence et de poésie, Fontenelle, Discours, M. Perrault, Louis le Grand, Gloire, France, Esprit, Hommes, Monde, Paix, Piété, Secrétaire, Louanges, Compagnie, Honneur, Héros, Zèle, Maison, Europe, Lettres, Vertus, Admirable, Éloquence, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Tout ce qui s'est passé à l'Academie Françoise le jour de Saint Loüis. [titre d'après la table]
Le 25. du mois passé, l'Academie Françoisesolemnisa
à son ordinaire la Feste de S.
Loüis Roy de France, dans la
Chapelle du Louvre. Mr l'Abbé de la Vau
,
l'un desquarante Academiciens, celebra
la Messe, pendant laquelle il
y eut une excellente Musique. Elle estoit dela composition de MrOudot qui fit
paroistre son habileté ce jourlà plus que jamais. Ensuite
Mr l'Abbé Courcier, Theolop-al de l'Eol
i
f
e
de Paris? prononça le Panegyriqne de S.
Loüis avec un succés qui
*
luy attira beaucoup de loüanges. Il remplit tout ce qu'on
pouvoit attendre d'un homme veritablement éloquent,
& lesrapports qu'il trouva des
achons de ce S. Roy à celles
deLOUIS LE GRAND,furent traitez avec tant d'esprit
& tant de delicatesse, qu'il n'y
eut personne qui n'en fust
charmé.L'Assemblée estoit
nombreuse mais en mesme
temps de gens choisis. Elle
ne le fut pas moins l'apresdinée dans la Seance publique
que tinrent Mrs de l'Académie, pour recevoir Mrl'Abbé deChoisy en la place de
Mr le Duc de Saint Aignan.
Vous connoissez son mérite,
& la Relation que je vous ay
envoyée de l'Ambassade de
MrleChevalier de Chaumont à Siam, vous a
fait voir,
combien Sa Majesté l'avoir
jugé propre aux négociations
qu'on avoit a y
traiter. Il
commença son remerciment
endisant
? que si les loix de
l'Academie le pouvoientper-
mettre, il garderoit le silence,
& ne songeroit qu'à se taire
jusqu'à ce que M" de l'Académie luy eussentappris à
bien parler. Il s'étendit enfuite sur les louanges de cette
sçavante Compagnie
,
dans
laquelle les premiers hommes de
l'Estatsedépoüillentde tout le
faste de la grandeur>(;) ne cherchent de distinction que par la
sublimité du genie é par la
profonde capacité, & dit agréablement, qu'il croyoit'- déja
sentir en luy l'esprit de l'Academie quil'élevoit au dessus de luy-mesme
,
& dont il
reconnnoissoit avoir besoin
pour reparer la perte de l'illustre Duc qu'elle regretoit.
Il prit de là occasion d'en
faire un portraitavantageux,
mais fort ressemblant,& après
avoir dit, que c~Af de
l'Academie
a marquer par des
traits immortels la gloire de ce
vrandHomme, dont la memoire
vivroit à jamais dans leurs Ouvrages
-'
puisque tout ce qui part
de leurs mains se sent du genie
sublime de leur Fondateur; il
ajouta quesil'on a
dit autrefois
que comme Cesar par ses Conquestes avoit augmentél'Empire
.le Rome
>
Ciceron par son e/o-~
quence avoitétendul'esprit des
Romains
5
on pouvoit dire que
le CardinaldeRichelieu seul,
avoit fait en France ce que Cesar £7- Ciceron anvoientfait à
Rome, & que si par les ressorts
d'unepolitiqueadmirable il avoit
reculé
nos Frontieres) il nous avoitélevé, poly
,
& si cela se
pouvoit dire, agrandy l'esprit
par l'établissement de l'Acade.
mie. Il poursuivit l'Eloge de
ce fameux Cardinal, parla de
la perte de M( le Chancelier
Seguier,qui fut après luy le
Protecteur del'Academie ,&
exagera ensuite la gloire dont
elle s'estoit Veuë comblée,
lors que le plus grand des
Rois, daignantagréerlemesme titre, avoit bien voulu
luy faire l'honneur de la recevoir dans son Palais, & de
l'égaler aux premieres Compagnies de son Royaume.
Par là, Messieurs
,
continuat-il, car je ne dois retrancher aucun des termes dont il
se servit en parlant de ce
grand Prince. ) Parlàdans
lesSieclesfuturs, vos noms devenus immortels marcheront à
lasuitedu sien
,
& vous pouue,-,
NOUS répondre avous-mesmes de
l'immortalité que vous sçavez
donnerauxautres. Vous lasçavez donner seurement
,
&vous
ladonnerezà LOUIS.Ilsefait
entre ce Prince & vous un
commerce de gloire, & si
sa protection vous fait tant
d'honneur
,
vous pouve% vous
flater de nestrepas inutiles afk
gloire. Oüy, Messieurs, ce prince
si necessaire à tous; à ses Sujets
qu'il a
rendus lesPeuples les plus
redoutables du monde, & qu'il
va achever de rendre plus
heureux
;
à ses Alliez à qui il
accorde par toutmeprotection si
puisante; àses Ennemis mesmes
dontilfaitle bonheurmalgréeux
enlesforçant à
demeureren paix,
ce Prince, qui à l'exemple de
Dieu dontilestl'image vivante
semblen'avoir besoinque de luymesme, il abesoindevouspour
sa gleire
,
&son nom, toutgrand
quil est
,
auroitpeine à passer
tout entierà la derniere posterite
sans vos Ouvrages. Vous y
travaillez, Messieurs. Déja plus
d'une fois vous l'ave^ montré
auxyeux des hommes également
granddans la Paix & dans la
Guerre. Mais qu'est-ce que la
valeur des plus grands Héros,
comparée à la pieté des verita
bles Chretiens? Il regne ce Roy
glorieux, & toujours attentifà
la reçonnoissance qu'il doit à
celuy dont iltient tout
>
ilsonge
continuellement à faireregner
dansson cœur &danssonRoyaume
,
ce Dieu qui depuis tant d'années répandsursapersonne une
si longue suite de prosperite
N'a-t-ilpasfait taire ces malheureux, qui malgré les lumieres
naturelles de l'ame, affectent
une impietéàlaquelle ilsnesçauroient parvenir? N'a-t-il pas
reprimé cette fureur de blasphême
assèz audacieusepouraller attaquerDieujusque dansson Tros-
m f Ilfaitplus; il s'embrase du
zele de la Maison de Dieu
,
il
n'épargne nysoins ny despense
four augmenter le Royaume du
Seigneur. Son zele traverse les
Mers, (jj* va chercher aux ex-
,tremitez de la Terre
,
desPeuples
ensevelis dans les tenebres de l'Idolatrie. Les premieres diffculte.-<
ne le rebutentpoint; ilsuit avec
constance un dessein
que le Ciel
luy a
inspiré
,
& si nos vœux
font exaucez
,
bien-tostfousses
auspices la foy du njray Dieu
fera triomphante dans les Royaumes de 1'0r1ent. Que diray-je
encore ? Ce Heros Chrestien at-
taque ouvertement ce Party
formidable de l'Heresie
,
qui
avoit fait trembler les Roisses
Predecesseurs.Ilacheve enmoins
d'uneannée, ce
quil/s n>a~
voient osé entreprendre depuis
prés de deux ~fc/,~rle Monstre infernal reduit aux abois
>
rentrepourjamais dans l'abisme,
d'où la malice des Novateurs,
&les mœurs corrompuës de nos
Ayeux l'avoient fait sortir.
Heureuse France,tu neverras plus tes Enfans déchirertes
entrailles.Une mesme Religion
leurfera prendre les mesmes in
teredts j&cejl à Louis -;
Grand que tu es redevable d'un
sigrand bien. Parlonsplusjuste,
c'est à Dieu,& le mesme Djetl
pour asseurernostrebonheur,vient
de nous conserver
ce Prince, &
de le rendre auxprieres ardente s
de toute l'Europe; car, Messieurs,lesfrancois ne font pas
les seuls qui s'interessent à
une
santési précieuse, &si quelques
Princes,jaloux de la gloire du
Roy
,
ont témoigné par de vains
projets de Ligues vouloirprofiter
de l'estatou ils le croyoient
,
leurs
Sujets mesmes
>
& tous les Peuples de l'Europe faisoient des
vœuxsecrets pour
luy
cachant
bien Men
saseulePersonne reside la tranquillitéuniverselleMais ou m'emporte mon
zele?
Apeine placé parmy vous,j'entreprens ce qui feroit trembler les
plus grands Orateurs,& sans
consulter mes forces,j'ose parler
d'un Roy dont il n'estpermis de
parler qu'à ceux3 qui comme
vous, Messieurs, le peuvent
faire d'une manieredigne de luy.
Aprés quelque temps laiïle
aux applaudissemens qui furent donnez à
ce Discours,
Mr deBergeret ,Secretaire du
Cabinet, & premier Commis
deMrdeCroissy,Ministre tk,
Secretaire d'Estat,pritlaparole pour y
répondre, & dit
à M l'Abbé de Choisy
,,
que
l'Academie ne luy pouvoit
donner
une marque plus honorable de l'estime qu'elle
faisoit de luy, qu'en le recevant en la place de Mrle Duc
pe S. Aignan. Dansle Portrait
qu'il fit de ce Duc, il fit voir,
Qu'ilaimoit les belles Lettres de
la mesme passion dont il aimoit
la gloire, & qu'ilavoit pris
tous les soinsnecessaires pour
avoir ce
qu'elles ont de plus utile
&deplusagreable. Il dit qu'il
çflyit bienéloigne de la vaine
erreur de ceux qui s'imaginent
que tout le meriteconsiste dans le
bazard d'estrené d'une ancienne
Maison, & qu'il ne regardoit
l'avantage d'avoirtantd'illustres
Ayeux, que comme une obligation indispensable J,'augmenter
l'éclat de leur nom par un merite
personnel; quese voyantattaché
au service d'un Prince,dont les
vertus beroiques donneront plus
d'employ auxLettres, que n'ont
fait tous les Heros de l'Antiquité,il en avoit pris encore plus
d'affection pourelles
;
qu'il s'estoit acquis une maniere de parler
&d'écrire noble,facile, élegante,
&qu'il avoit fait voir à la
France cette Urbanité Romaine,
qui estoit le caractere des Scipions &des plus illustres Romains. Jepasse beaucoup d'autres louanges qui furent écoutéesavec plaisir
,
& qu'il finit
en disant
>
Quesi M. le Duc de
S.Aignan estoit le Protecteur
d'une celebre Academiepar un
titre particulier
,
on pouvoir
dire encore qu'il l'estoit generalement de tous les
gens de
Lettres par une generosité qui
n'exceptoitpersonne; que lemerite, quelque étranger qu'ilfust,
Çy* de quelque part ~;//7~
Yiir„efloiiseur de trouveren luy
de l'appuy & de la protection;
qu'il recevoit avec des témoin
gnages d'affection tous ceux qui
avoient quelque talent
,
& qu'il
ne leurfaisoitsentirsourang èi;
sa dignité
,
que par les bons offices qu'ilseplaisoità leurrendre
Il parla ensuite de sa mort
chrestienne
,
&, de la confolation qu'il avoit euëen mou- lrant de laïsser après luy un
Fils illustre
,
qui s'estoit toujours dql-ingué' avec honneur &
sans affectation, dans lequel
onavoit toûjours veu decourageavecbeaucoupbeaucoup dedou-
crur, une admirable pureté de
mœurs, une parfaite uniformité
de conduite, de la penetration.
de l'application,de la ruigilancr.)
un cœur confiant pour la vérité
pour la justice, em sur tout
une solide pieté, qui le fait Agir
en secret & aux yeux de Dieu
seul,
comme s'il estoit veu de
tous les hommes. Il ajoûta, que
tantde vertus quiavoientmérité que dans un âge si peu avan~
cé, il eustestéfait Chef du Conseil d s
Finances, jufiifioient
chaque jour un si bon choix,(gjr
fdifoicn^ voir que le Royjufie
dijbenfateurde ses grâces "t'VO::
le don suprême de discernerles
esprits. Aprés cela Mr de Bergeret adressa de nouveau la
paroleàMrl'AbbédeChoi-
\yy&: luy dit, quequelque talent qu'il eust pour l'Eloquence
.J la nouvelle nouvelle obligationqu'il avoit o
bligationqu-'il
a-voit
de consacrerses veilles à lagloire de Louis le Grand, luy seroit
sentir de plus en plus combien il
est difficile de parler dignement
d'unPrince dont la vie est une
suite continuelle de prodiges. Les
Poëtes, poursuivit-il ,se plaignent den'avoir point d'expressionsassez fortes pourrepresenter
lemerveilleuxde sesexploits;
les Historiens au contraire de n'en
avoir point d'assi'{ simples, pour
empescher que tant de merveilles
ne passent pour autant defictions.
Quel art, quelle application,
quelle conduite ne faudra- t-il
point pour conserver la vraysemblance avec la grandeur des
choses qu.i! a
faites?Je
ne parle
point decette valeur étonnante,
qui a
pris comme en courant les
plusfortesVilles du monde, &
devant qui lesArmées les plus
nombreuses ont toujours fuy de
peur de * combattre. Je
ne pense
maintenant qu'à cette glorieuse
paix dont nous joueons., & qui
a tfl; faite dans un temps où l'on
ne voyoit de toutes parts que des
puissancesirritées de nos Viéloires, que des Estats ennemis declarez denosinterests, que des
Princesjaloux de nos avantages,
tous avec des pretentions différentes e- incompatibles. Comment donc parut tout d'un coup
cette Paix si heureuse ? C'est un
miracle de la sagesse de Louis le*
Grand
,
que la Politique neffau..
roit comprendre; & comme luy
seul a
pu la donner à toute 1"Euyope.) luy seul aussi peut la IUJl
conserver.Combien d*a£lion3de
pénétration, de prévoyance pour
faire que tant d'Etats libres, dm
dont les interestssontsi contraires,
demeurent dans les termes
qu'il leur a
prescrits? Il faut
voirégalement
ce qui •riefl plus
&ce quin'est pas encore, comme ce qui est. Il faut avoir un
genied'une force&d'une étenduë extraordinaire
,
que nulle affaire ne change, que nul objet
ne trompe, que nulle difficulté
n'arreste; telenfinqu'estle genie
de Louis le Grand
,
qui est répandu dans toutes les parties de
l'Estat, (fy qui n'yest pointrenfermé,agissant au dehors comme
au dedans avec une forceincon-
cevable. Il est jusque dans les
extrémitez du monde, où l'on a
-veit tant desaintesMissionssoutenues par les secours continuels
de sa puissance & de sa piété.
Il estsurlesFrontières duRoyalime
,
qu'il faitfortifier d'une maniere qui déconcerte ~(7 defj<:entous nos Ennemis. Il efi surles
Ports, ou il fait construire ces
Vaisseaux prodigieuxj qui portent par tout le monde la gloire
du nom François. Il est dans les
calemies de Guerre ~ù de Marine ,où la noble éducation jointe
à la Noblesse du sang,forme des
esprits & des courages également
capables du commandement v
de l'exécution dans les plus grandes entreprises Il est enfin par
tout, quifait que tout est reglé
cemme il doit l'estre.Les Garfiijbns toujours entretenues, les
Magasinstoujours pleins, les
Arsenaux toujours garnis
,
les
Troupes toujoursen baleine, v
aprésles travaux de laGuerre,
maintenant occupées à des Ouvragesmagnifiques, qui font les
fruits de la Paix.C'estainsi
que ce Grand Princeagissanten
mesmetempsde toutes parts,v
faisant des choses qui inspirent
continuellement de la terreur à
Jes Ennemis, de l'amour à Jes
Sujets de l'admiration à tout
le monde
,
il peut malgréleshaines
,
les jalousies, vles défiances, conserver la Paix qu'il a
faite3farce qu'il n'ya pointd'Etat
qui ne voye combien il seroit
dangereux de la vouloir rompre.
Quelques Princes de l'Empire
sembloient en avoir la prnsele)
& commencent à former des
Ligues nouvelles, mais le Roy
toujours également juste vsage,
ne voulant ny surprendre ny
estre surpris
:>
fit dire à l'Empereurj que si dans deux mois du
jourdesa Déclaration il ne rece-
voit de luy des asseurances poJiiives de l'observation de la Treve
,
il prendrait les mesuresqu'il
jugeroit necessaires pour le
bien
deson Efidt. Ses Troupes en même temps volentsur les Frontieres de l'Ailsnugne> (fff l'Empereur luy donne toutes les asseurancesqu'il pourvoit souhaiter.
Ainsil'Europe luy doit une seconde fois le repos & la tranquillité dont elle joüit.D'autre
part l'Espagneavoit fait une
mjujiice à nos
Marchands, (!Ï
les contraignoit de payer une taxeviolente
,
fous pretexte qu
'ils
negocioient dans les Indes contre
les Ordonnances. Le Roy3pour
arrester tout à coup ces commencemens de division
,
a
jugé à propos d'envoyer devant Cadix une
Flote capabledeconquérirtoutes
les Indes. dujfi-tost l'EJpdgne
alarmée, a
proYllÍs de rendre ce
qu'elle avoit pris e~ le Roy qui
s'en est contenté, a paru encore
plusgrand parsa moderationque
parsapuissance; car il est vray
que rienn'est si admirable sur la
Terre, que d'y voir un Prince,
qui pourvant tout ce
qu'il veuty
ne
veüille rien qui ne
soitjuste.
Maisc'est le caractere de Louis
le Grand. C'estlefond de cette
Ame heroiqne
>
où toutes les vertus font pures,sinceres
,
solides,
veritables, cm7ent toutesensemlie3 par une admirable union,
qu'il est non seulement le plus
grand de tous les Rois
,
mais encore
le plusparfait de tous les
Hommes.
Cette réponse fut interrompuëbeaucoup de fois par
des applaudissemens qui firent connoistre combien 1*ACsemblée estoit satisfaite de
l'Eloquence de MrdeBergeret. Il parut par là tres-digne
d'estre à la teile d'une si celebreCompagnie; & tout le
monde convint qu'il ne pouvoit mieux remplir la place
qu'iloccupoit. Mrl'Abbé de
Choisy a
fait connoistre par
un fort bel Ouvrage qu'il a
donné au Public depuissa reception,avec combien de justice il remplit la place qu'on
luy afait ocuper. Cet Ouvrage
est laViede Salomon. Il y
aquelquetemps qu'il fitaussiimprimer celle de David avec une
Paraphrase desPseaumes.Jene
vous dis rien de la beautéde
f- ses Livres. Vous pouvez juger
de quoy il est capable par ce
que vous venez de liredeson
Remerciment à PAcadeniieJ
Ces deuxDiscours ayantesté
prononcez ,
on distribua les
Prix d'Eloquence & dePoësie
& l'on declara que le premieravoir esté remporté par
Mrde Fontenelle,& le second
par Mademoiselle des Houlieres, Fille de l'illustre Ma..
dame desHoulieres,dontvous
avez veu tant de beauxOuvrages. Mrl'Abbé de la 'V'aU1
Secretaire de la Compagnie
en l'absence de Mr l'Abbé
Regnier des Marais, Secretaire perpetuel, leut ces deux
Pieces, dont l'uneestoit sur la
Patience, & l'autre sur l'Eduation de la jeune Noblesse
dans les Compagnies des Genilshommes
3
& dans la Maison de S. Cir, &toutes deux
furent écoutées avec l'artenion qu'elles meritoient. Je
vous en diray davantage une
autre fois. A cette lecture
ucceda celle d'un Discours
qu'avoit apporté M Hebert, le
l'Academie de Soissons,
pour sansfaire * 1à l'obligation
où sont ceux de cette Compagnie
,
suivant les Lettres
Patentes de leur établiffci-nelit,
d'enenvoyeruntous lesans,
en Prose ou en Vers,lejour de
S. Loüis
)
à l'Academie Françoise.On
y remarqua de grandes beautez
,
& M. Hébert
eut place parmy les Académiciens. Le sujet de ce Discours estoit, Que les Peuples
sont toujours heureux,lors qu'ils
sont gouvernez par un Prince,
qui a
dela pieté. Aprés cela,
on leut un Madrigal, à la
gloire de Mademoiselle des
Houliers,sur ce qu'elleavoit
remporté le Prix.M.leClerc
leut aussi quelqnes Ouvrages
dePoësie sur divers fujets>&j
la Scance finit par une
Lettré
en Vers de M. Perrault i,dans
laquelle le Siecle remercioit
le Roy de l'avantage qu'illuy
faisoit remportersur les autres Siec
à son ordinaire la Feste de S.
Loüis Roy de France, dans la
Chapelle du Louvre. Mr l'Abbé de la Vau
,
l'un desquarante Academiciens, celebra
la Messe, pendant laquelle il
y eut une excellente Musique. Elle estoit dela composition de MrOudot qui fit
paroistre son habileté ce jourlà plus que jamais. Ensuite
Mr l'Abbé Courcier, Theolop-al de l'Eol
i
f
e
de Paris? prononça le Panegyriqne de S.
Loüis avec un succés qui
*
luy attira beaucoup de loüanges. Il remplit tout ce qu'on
pouvoit attendre d'un homme veritablement éloquent,
& lesrapports qu'il trouva des
achons de ce S. Roy à celles
deLOUIS LE GRAND,furent traitez avec tant d'esprit
& tant de delicatesse, qu'il n'y
eut personne qui n'en fust
charmé.L'Assemblée estoit
nombreuse mais en mesme
temps de gens choisis. Elle
ne le fut pas moins l'apresdinée dans la Seance publique
que tinrent Mrs de l'Académie, pour recevoir Mrl'Abbé deChoisy en la place de
Mr le Duc de Saint Aignan.
Vous connoissez son mérite,
& la Relation que je vous ay
envoyée de l'Ambassade de
MrleChevalier de Chaumont à Siam, vous a
fait voir,
combien Sa Majesté l'avoir
jugé propre aux négociations
qu'on avoit a y
traiter. Il
commença son remerciment
endisant
? que si les loix de
l'Academie le pouvoientper-
mettre, il garderoit le silence,
& ne songeroit qu'à se taire
jusqu'à ce que M" de l'Académie luy eussentappris à
bien parler. Il s'étendit enfuite sur les louanges de cette
sçavante Compagnie
,
dans
laquelle les premiers hommes de
l'Estatsedépoüillentde tout le
faste de la grandeur>(;) ne cherchent de distinction que par la
sublimité du genie é par la
profonde capacité, & dit agréablement, qu'il croyoit'- déja
sentir en luy l'esprit de l'Academie quil'élevoit au dessus de luy-mesme
,
& dont il
reconnnoissoit avoir besoin
pour reparer la perte de l'illustre Duc qu'elle regretoit.
Il prit de là occasion d'en
faire un portraitavantageux,
mais fort ressemblant,& après
avoir dit, que c~Af de
l'Academie
a marquer par des
traits immortels la gloire de ce
vrandHomme, dont la memoire
vivroit à jamais dans leurs Ouvrages
-'
puisque tout ce qui part
de leurs mains se sent du genie
sublime de leur Fondateur; il
ajouta quesil'on a
dit autrefois
que comme Cesar par ses Conquestes avoit augmentél'Empire
.le Rome
>
Ciceron par son e/o-~
quence avoitétendul'esprit des
Romains
5
on pouvoit dire que
le CardinaldeRichelieu seul,
avoit fait en France ce que Cesar £7- Ciceron anvoientfait à
Rome, & que si par les ressorts
d'unepolitiqueadmirable il avoit
reculé
nos Frontieres) il nous avoitélevé, poly
,
& si cela se
pouvoit dire, agrandy l'esprit
par l'établissement de l'Acade.
mie. Il poursuivit l'Eloge de
ce fameux Cardinal, parla de
la perte de M( le Chancelier
Seguier,qui fut après luy le
Protecteur del'Academie ,&
exagera ensuite la gloire dont
elle s'estoit Veuë comblée,
lors que le plus grand des
Rois, daignantagréerlemesme titre, avoit bien voulu
luy faire l'honneur de la recevoir dans son Palais, & de
l'égaler aux premieres Compagnies de son Royaume.
Par là, Messieurs
,
continuat-il, car je ne dois retrancher aucun des termes dont il
se servit en parlant de ce
grand Prince. ) Parlàdans
lesSieclesfuturs, vos noms devenus immortels marcheront à
lasuitedu sien
,
& vous pouue,-,
NOUS répondre avous-mesmes de
l'immortalité que vous sçavez
donnerauxautres. Vous lasçavez donner seurement
,
&vous
ladonnerezà LOUIS.Ilsefait
entre ce Prince & vous un
commerce de gloire, & si
sa protection vous fait tant
d'honneur
,
vous pouve% vous
flater de nestrepas inutiles afk
gloire. Oüy, Messieurs, ce prince
si necessaire à tous; à ses Sujets
qu'il a
rendus lesPeuples les plus
redoutables du monde, & qu'il
va achever de rendre plus
heureux
;
à ses Alliez à qui il
accorde par toutmeprotection si
puisante; àses Ennemis mesmes
dontilfaitle bonheurmalgréeux
enlesforçant à
demeureren paix,
ce Prince, qui à l'exemple de
Dieu dontilestl'image vivante
semblen'avoir besoinque de luymesme, il abesoindevouspour
sa gleire
,
&son nom, toutgrand
quil est
,
auroitpeine à passer
tout entierà la derniere posterite
sans vos Ouvrages. Vous y
travaillez, Messieurs. Déja plus
d'une fois vous l'ave^ montré
auxyeux des hommes également
granddans la Paix & dans la
Guerre. Mais qu'est-ce que la
valeur des plus grands Héros,
comparée à la pieté des verita
bles Chretiens? Il regne ce Roy
glorieux, & toujours attentifà
la reçonnoissance qu'il doit à
celuy dont iltient tout
>
ilsonge
continuellement à faireregner
dansson cœur &danssonRoyaume
,
ce Dieu qui depuis tant d'années répandsursapersonne une
si longue suite de prosperite
N'a-t-ilpasfait taire ces malheureux, qui malgré les lumieres
naturelles de l'ame, affectent
une impietéàlaquelle ilsnesçauroient parvenir? N'a-t-il pas
reprimé cette fureur de blasphême
assèz audacieusepouraller attaquerDieujusque dansson Tros-
m f Ilfaitplus; il s'embrase du
zele de la Maison de Dieu
,
il
n'épargne nysoins ny despense
four augmenter le Royaume du
Seigneur. Son zele traverse les
Mers, (jj* va chercher aux ex-
,tremitez de la Terre
,
desPeuples
ensevelis dans les tenebres de l'Idolatrie. Les premieres diffculte.-<
ne le rebutentpoint; ilsuit avec
constance un dessein
que le Ciel
luy a
inspiré
,
& si nos vœux
font exaucez
,
bien-tostfousses
auspices la foy du njray Dieu
fera triomphante dans les Royaumes de 1'0r1ent. Que diray-je
encore ? Ce Heros Chrestien at-
taque ouvertement ce Party
formidable de l'Heresie
,
qui
avoit fait trembler les Roisses
Predecesseurs.Ilacheve enmoins
d'uneannée, ce
quil/s n>a~
voient osé entreprendre depuis
prés de deux ~fc/,~rle Monstre infernal reduit aux abois
>
rentrepourjamais dans l'abisme,
d'où la malice des Novateurs,
&les mœurs corrompuës de nos
Ayeux l'avoient fait sortir.
Heureuse France,tu neverras plus tes Enfans déchirertes
entrailles.Une mesme Religion
leurfera prendre les mesmes in
teredts j&cejl à Louis -;
Grand que tu es redevable d'un
sigrand bien. Parlonsplusjuste,
c'est à Dieu,& le mesme Djetl
pour asseurernostrebonheur,vient
de nous conserver
ce Prince, &
de le rendre auxprieres ardente s
de toute l'Europe; car, Messieurs,lesfrancois ne font pas
les seuls qui s'interessent à
une
santési précieuse, &si quelques
Princes,jaloux de la gloire du
Roy
,
ont témoigné par de vains
projets de Ligues vouloirprofiter
de l'estatou ils le croyoient
,
leurs
Sujets mesmes
>
& tous les Peuples de l'Europe faisoient des
vœuxsecrets pour
luy
cachant
bien Men
saseulePersonne reside la tranquillitéuniverselleMais ou m'emporte mon
zele?
Apeine placé parmy vous,j'entreprens ce qui feroit trembler les
plus grands Orateurs,& sans
consulter mes forces,j'ose parler
d'un Roy dont il n'estpermis de
parler qu'à ceux3 qui comme
vous, Messieurs, le peuvent
faire d'une manieredigne de luy.
Aprés quelque temps laiïle
aux applaudissemens qui furent donnez à
ce Discours,
Mr deBergeret ,Secretaire du
Cabinet, & premier Commis
deMrdeCroissy,Ministre tk,
Secretaire d'Estat,pritlaparole pour y
répondre, & dit
à M l'Abbé de Choisy
,,
que
l'Academie ne luy pouvoit
donner
une marque plus honorable de l'estime qu'elle
faisoit de luy, qu'en le recevant en la place de Mrle Duc
pe S. Aignan. Dansle Portrait
qu'il fit de ce Duc, il fit voir,
Qu'ilaimoit les belles Lettres de
la mesme passion dont il aimoit
la gloire, & qu'ilavoit pris
tous les soinsnecessaires pour
avoir ce
qu'elles ont de plus utile
&deplusagreable. Il dit qu'il
çflyit bienéloigne de la vaine
erreur de ceux qui s'imaginent
que tout le meriteconsiste dans le
bazard d'estrené d'une ancienne
Maison, & qu'il ne regardoit
l'avantage d'avoirtantd'illustres
Ayeux, que comme une obligation indispensable J,'augmenter
l'éclat de leur nom par un merite
personnel; quese voyantattaché
au service d'un Prince,dont les
vertus beroiques donneront plus
d'employ auxLettres, que n'ont
fait tous les Heros de l'Antiquité,il en avoit pris encore plus
d'affection pourelles
;
qu'il s'estoit acquis une maniere de parler
&d'écrire noble,facile, élegante,
&qu'il avoit fait voir à la
France cette Urbanité Romaine,
qui estoit le caractere des Scipions &des plus illustres Romains. Jepasse beaucoup d'autres louanges qui furent écoutéesavec plaisir
,
& qu'il finit
en disant
>
Quesi M. le Duc de
S.Aignan estoit le Protecteur
d'une celebre Academiepar un
titre particulier
,
on pouvoir
dire encore qu'il l'estoit generalement de tous les
gens de
Lettres par une generosité qui
n'exceptoitpersonne; que lemerite, quelque étranger qu'ilfust,
Çy* de quelque part ~;//7~
Yiir„efloiiseur de trouveren luy
de l'appuy & de la protection;
qu'il recevoit avec des témoin
gnages d'affection tous ceux qui
avoient quelque talent
,
& qu'il
ne leurfaisoitsentirsourang èi;
sa dignité
,
que par les bons offices qu'ilseplaisoità leurrendre
Il parla ensuite de sa mort
chrestienne
,
&, de la confolation qu'il avoit euëen mou- lrant de laïsser après luy un
Fils illustre
,
qui s'estoit toujours dql-ingué' avec honneur &
sans affectation, dans lequel
onavoit toûjours veu decourageavecbeaucoupbeaucoup dedou-
crur, une admirable pureté de
mœurs, une parfaite uniformité
de conduite, de la penetration.
de l'application,de la ruigilancr.)
un cœur confiant pour la vérité
pour la justice, em sur tout
une solide pieté, qui le fait Agir
en secret & aux yeux de Dieu
seul,
comme s'il estoit veu de
tous les hommes. Il ajoûta, que
tantde vertus quiavoientmérité que dans un âge si peu avan~
cé, il eustestéfait Chef du Conseil d s
Finances, jufiifioient
chaque jour un si bon choix,(gjr
fdifoicn^ voir que le Royjufie
dijbenfateurde ses grâces "t'VO::
le don suprême de discernerles
esprits. Aprés cela Mr de Bergeret adressa de nouveau la
paroleàMrl'AbbédeChoi-
\yy&: luy dit, quequelque talent qu'il eust pour l'Eloquence
.J la nouvelle nouvelle obligationqu'il avoit o
bligationqu-'il
a-voit
de consacrerses veilles à lagloire de Louis le Grand, luy seroit
sentir de plus en plus combien il
est difficile de parler dignement
d'unPrince dont la vie est une
suite continuelle de prodiges. Les
Poëtes, poursuivit-il ,se plaignent den'avoir point d'expressionsassez fortes pourrepresenter
lemerveilleuxde sesexploits;
les Historiens au contraire de n'en
avoir point d'assi'{ simples, pour
empescher que tant de merveilles
ne passent pour autant defictions.
Quel art, quelle application,
quelle conduite ne faudra- t-il
point pour conserver la vraysemblance avec la grandeur des
choses qu.i! a
faites?Je
ne parle
point decette valeur étonnante,
qui a
pris comme en courant les
plusfortesVilles du monde, &
devant qui lesArmées les plus
nombreuses ont toujours fuy de
peur de * combattre. Je
ne pense
maintenant qu'à cette glorieuse
paix dont nous joueons., & qui
a tfl; faite dans un temps où l'on
ne voyoit de toutes parts que des
puissancesirritées de nos Viéloires, que des Estats ennemis declarez denosinterests, que des
Princesjaloux de nos avantages,
tous avec des pretentions différentes e- incompatibles. Comment donc parut tout d'un coup
cette Paix si heureuse ? C'est un
miracle de la sagesse de Louis le*
Grand
,
que la Politique neffau..
roit comprendre; & comme luy
seul a
pu la donner à toute 1"Euyope.) luy seul aussi peut la IUJl
conserver.Combien d*a£lion3de
pénétration, de prévoyance pour
faire que tant d'Etats libres, dm
dont les interestssontsi contraires,
demeurent dans les termes
qu'il leur a
prescrits? Il faut
voirégalement
ce qui •riefl plus
&ce quin'est pas encore, comme ce qui est. Il faut avoir un
genied'une force&d'une étenduë extraordinaire
,
que nulle affaire ne change, que nul objet
ne trompe, que nulle difficulté
n'arreste; telenfinqu'estle genie
de Louis le Grand
,
qui est répandu dans toutes les parties de
l'Estat, (fy qui n'yest pointrenfermé,agissant au dehors comme
au dedans avec une forceincon-
cevable. Il est jusque dans les
extrémitez du monde, où l'on a
-veit tant desaintesMissionssoutenues par les secours continuels
de sa puissance & de sa piété.
Il estsurlesFrontières duRoyalime
,
qu'il faitfortifier d'une maniere qui déconcerte ~(7 defj<:entous nos Ennemis. Il efi surles
Ports, ou il fait construire ces
Vaisseaux prodigieuxj qui portent par tout le monde la gloire
du nom François. Il est dans les
calemies de Guerre ~ù de Marine ,où la noble éducation jointe
à la Noblesse du sang,forme des
esprits & des courages également
capables du commandement v
de l'exécution dans les plus grandes entreprises Il est enfin par
tout, quifait que tout est reglé
cemme il doit l'estre.Les Garfiijbns toujours entretenues, les
Magasinstoujours pleins, les
Arsenaux toujours garnis
,
les
Troupes toujoursen baleine, v
aprésles travaux de laGuerre,
maintenant occupées à des Ouvragesmagnifiques, qui font les
fruits de la Paix.C'estainsi
que ce Grand Princeagissanten
mesmetempsde toutes parts,v
faisant des choses qui inspirent
continuellement de la terreur à
Jes Ennemis, de l'amour à Jes
Sujets de l'admiration à tout
le monde
,
il peut malgréleshaines
,
les jalousies, vles défiances, conserver la Paix qu'il a
faite3farce qu'il n'ya pointd'Etat
qui ne voye combien il seroit
dangereux de la vouloir rompre.
Quelques Princes de l'Empire
sembloient en avoir la prnsele)
& commencent à former des
Ligues nouvelles, mais le Roy
toujours également juste vsage,
ne voulant ny surprendre ny
estre surpris
:>
fit dire à l'Empereurj que si dans deux mois du
jourdesa Déclaration il ne rece-
voit de luy des asseurances poJiiives de l'observation de la Treve
,
il prendrait les mesuresqu'il
jugeroit necessaires pour le
bien
deson Efidt. Ses Troupes en même temps volentsur les Frontieres de l'Ailsnugne> (fff l'Empereur luy donne toutes les asseurancesqu'il pourvoit souhaiter.
Ainsil'Europe luy doit une seconde fois le repos & la tranquillité dont elle joüit.D'autre
part l'Espagneavoit fait une
mjujiice à nos
Marchands, (!Ï
les contraignoit de payer une taxeviolente
,
fous pretexte qu
'ils
negocioient dans les Indes contre
les Ordonnances. Le Roy3pour
arrester tout à coup ces commencemens de division
,
a
jugé à propos d'envoyer devant Cadix une
Flote capabledeconquérirtoutes
les Indes. dujfi-tost l'EJpdgne
alarmée, a
proYllÍs de rendre ce
qu'elle avoit pris e~ le Roy qui
s'en est contenté, a paru encore
plusgrand parsa moderationque
parsapuissance; car il est vray
que rienn'est si admirable sur la
Terre, que d'y voir un Prince,
qui pourvant tout ce
qu'il veuty
ne
veüille rien qui ne
soitjuste.
Maisc'est le caractere de Louis
le Grand. C'estlefond de cette
Ame heroiqne
>
où toutes les vertus font pures,sinceres
,
solides,
veritables, cm7ent toutesensemlie3 par une admirable union,
qu'il est non seulement le plus
grand de tous les Rois
,
mais encore
le plusparfait de tous les
Hommes.
Cette réponse fut interrompuëbeaucoup de fois par
des applaudissemens qui firent connoistre combien 1*ACsemblée estoit satisfaite de
l'Eloquence de MrdeBergeret. Il parut par là tres-digne
d'estre à la teile d'une si celebreCompagnie; & tout le
monde convint qu'il ne pouvoit mieux remplir la place
qu'iloccupoit. Mrl'Abbé de
Choisy a
fait connoistre par
un fort bel Ouvrage qu'il a
donné au Public depuissa reception,avec combien de justice il remplit la place qu'on
luy afait ocuper. Cet Ouvrage
est laViede Salomon. Il y
aquelquetemps qu'il fitaussiimprimer celle de David avec une
Paraphrase desPseaumes.Jene
vous dis rien de la beautéde
f- ses Livres. Vous pouvez juger
de quoy il est capable par ce
que vous venez de liredeson
Remerciment à PAcadeniieJ
Ces deuxDiscours ayantesté
prononcez ,
on distribua les
Prix d'Eloquence & dePoësie
& l'on declara que le premieravoir esté remporté par
Mrde Fontenelle,& le second
par Mademoiselle des Houlieres, Fille de l'illustre Ma..
dame desHoulieres,dontvous
avez veu tant de beauxOuvrages. Mrl'Abbé de la 'V'aU1
Secretaire de la Compagnie
en l'absence de Mr l'Abbé
Regnier des Marais, Secretaire perpetuel, leut ces deux
Pieces, dont l'uneestoit sur la
Patience, & l'autre sur l'Eduation de la jeune Noblesse
dans les Compagnies des Genilshommes
3
& dans la Maison de S. Cir, &toutes deux
furent écoutées avec l'artenion qu'elles meritoient. Je
vous en diray davantage une
autre fois. A cette lecture
ucceda celle d'un Discours
qu'avoit apporté M Hebert, le
l'Academie de Soissons,
pour sansfaire * 1à l'obligation
où sont ceux de cette Compagnie
,
suivant les Lettres
Patentes de leur établiffci-nelit,
d'enenvoyeruntous lesans,
en Prose ou en Vers,lejour de
S. Loüis
)
à l'Academie Françoise.On
y remarqua de grandes beautez
,
& M. Hébert
eut place parmy les Académiciens. Le sujet de ce Discours estoit, Que les Peuples
sont toujours heureux,lors qu'ils
sont gouvernez par un Prince,
qui a
dela pieté. Aprés cela,
on leut un Madrigal, à la
gloire de Mademoiselle des
Houliers,sur ce qu'elleavoit
remporté le Prix.M.leClerc
leut aussi quelqnes Ouvrages
dePoësie sur divers fujets>&j
la Scance finit par une
Lettré
en Vers de M. Perrault i,dans
laquelle le Siecle remercioit
le Roy de l'avantage qu'illuy
faisoit remportersur les autres Siec
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Résumé : Tout ce qui s'est passé à l'Academie Françoise le jour de Saint Loüis. [titre d'après la table]
Le 25 du mois précédent, l'Académie Française a célébré la fête de Saint Louis, roi de France, dans la chapelle du Louvre. La messe, célébrée par l'abbé de la Vau, a été accompagnée d'une musique composée par Mr Oudot. L'abbé Courcier a prononcé un panégyrique de Saint Louis, comparant ses actions à celles de Louis le Grand avec esprit et délicatesse, ce qui a été très apprécié. L'après-midi, l'Académie a tenu une séance publique pour accueillir l'abbé de Choisy à la place du duc de Saint Aignan. L'abbé de Choisy a remercié l'Académie en soulignant son mérite et en évoquant son rôle dans l'ambassade du chevalier de Chaumont à Siam. Il a également rendu hommage au duc de Saint Aignan, louant son soutien aux lettres et son mérite personnel. L'abbé de Choisy a comparé le Cardinal de Richelieu à César et Cicéron, soulignant son rôle dans l'établissement de l'Académie et son influence sur l'esprit français. Mr de Bergeret, secrétaire du Cabinet, a répondu en soulignant les qualités du duc de Saint Aignan, notamment son soutien aux gens de lettres et sa générosité. Il a également parlé de la mort chrétienne du duc et de la continuation de son héritage par son fils. Mr de Bergeret a ensuite adressé un éloge à Louis le Grand, soulignant sa valeur, sa sagesse et sa capacité à maintenir la paix en Europe malgré les tensions. Il a également mentionné les missions saintes soutenues par le roi et les fortifications des frontières du royaume. Le texte décrit les actions et les qualités du roi Louis XIV, présenté comme un grand prince qui maintient la paix en Europe malgré les défis. Il agit avec justice et modération, inspirant admiration et respect. Par exemple, il menace de prendre des mesures contre l'empereur s'il ne respecte pas la trêve, mais accepte les excuses de l'Espagne concernant une injustice faite aux marchands français. Louis XIV est loué pour sa capacité à vouloir uniquement ce qui est juste, ce qui le distingue comme le plus grand et le plus parfait des hommes. Lors de la séance à l'Académie française, Monsieur de Bergerey est acclamé pour son éloquence. L'abbé de Choisy est félicité pour son ouvrage sur la vie de Salomon. Les prix d'éloquence et de poésie sont décernés à Monsieur de Fontenelle et à Mademoiselle des Houlières, respectivement. Un discours de Monsieur Hébert, envoyé par l'Académie de Soissons, est également lu et apprécié. La séance se termine par des lectures de poèmes et une lettre en vers de Monsieur Perrault, remerciant le roi pour les avantages qu'il apporte à son siècle.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 5-56
Article dont on ne peut donner dans cette Table une idée qui puisse répondre à son sujet, & qui renferme un Eloge du Roy, & de Monseigneur le Dauphin d'une maniere toute singuliere, [titre d'après la table]
Début :
On prononce tout les ans à l'Hostel de Ville de Lyon, [...]
Mots clefs :
Éloge, Seigneur de Jonage, Assemblée, Louis le Grand, Alliés, Ennemis, Ardeur militaire, Combats, Hôtel de ville de Lyon, Discours
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texteReconnaissance textuelle : Article dont on ne peut donner dans cette Table une idée qui puisse répondre à son sujet, & qui renferme un Eloge du Roy, & de Monseigneur le Dauphin d'une maniere toute singuliere, [titre d'après la table]
Nprononce tous les ans
à l'Hoſtel de Ville de
Lyon , le jour de la Fefte de
Saint Thomas , un Difcours
en prefence de M' l'Archevêque , de M' l'Intendant , de
A iij
6 MERCURD IS
M's les Comtes de Saint Jean,
& de toutes les Compagnies
de la Ville. Ce Difcours a efté
fait cette année par le fils
de Mr Yon , Seigneur de
Jonage qui fut nommé l'année
derniere premier Echevin ,
quoy que revêtu d'une Charge de Secretaire du Roy. Il a
beaucoup de merite , & il eft
fort eftimé. Le Difcours que
fon fils prononça le jour de S.
Thomas , reçut de grands applaudiffemens. Vous en jugerez par ce que je vais vous en
rapporter. Ce qu'il dit du Roy
plutinfiniment , & aprés avoir
GALANT
fini l'Eloge de Sa Majeſté , lors
quel'on croyoitqu'il n'en duft
plus rien dire , il l'apoftropha
comme fi Elle cut efté prefente, & il s'attira des applaudiffemens nouveaux. Voici le
commencement de fon Difcours.
བར
:
Tout eft grand , tout eft auguf
te , Meffieurs , dans le deffein que
j'entreprens rien n'y pourroit
eftre mediocre que la foibleffe du
file ; mais dans l'obligation que je
mefuis impofée de traiter une de
cesglorieufes matieres que d'autres
avant moy ont peut - eftre negligées ,j'ofe meflatter que la NoA iiij
8 MERCURE
bleffe de monfujer donnera du relief à mespenfées , & de l'éclat
à mes paroles ; & ma temerité
trouve fon pretexte dans l'impor
tance du difcours , & dans l'injuftice du filence.
C'est une ancienne &commune erreur , que de relever avecexcés le merite desperfonnes celebres ,
qui ont vécu avant nous , pour
diminuer lagloire de ceux dans les
temps defquels nous vivons ; cette
erreur eft , tantoft un aveuglement groffier dans l'efprit des peuples , qui croyent que la fuite des
temps a le même fort que le déclin
de leur age ; & que la nature
-GALANT 9
ffant comme l'homme , elle vieilliffant
degenere defiecle enfiecle dans fes
productions , àproportion de ce que
d'année en année il s'affoiblit dans
fes travaux ? c'est ce que le
plus fameux de tous les Poëtes a
voulu nous exprimer par ces deux
Vers traduits en noftre langue ?
O fi Dieu me rendoit mes
premieres années ,
dit- il en cet endroit en un
autre:
Les illuftres Heros nâquirent
autrefois :
Tantoft c'est une illisfion defubtiles mais vaines idées , telles
que celles de ces Philofophes ,
.
10 MERCURE
qui s'imaginoient , que les pre
miershommes formez d'uneplus
riche matiere nez fous
deplusfavorables étoiles , avoient
bien pû laiffer d'heureux fuccef
feurs deleurs noms , mais nonpas
de purs heritiers de leur gloiree ?
comme fi pour trouver ce qu'il y
a de plus grand dans le monde , il
falloit remonterjufqu'au regnefabuleux de Saturne : tantofi c'est
une enviefecrette entre des perfon
nes que la fortune ou la naiffance
a mis au niveau les uns des autres,
dans le même rang & àportée des
mêmes honneurs ; chacun pour dé
crierfon concurrent transportepour
GALANT I
ainfi dire fon eftime au fiecle de
ceux qui nepeuvent plus concourir avec perfonne : pour épargner
fon encens au merite des vivans ,
on le prodigue à la memoire des
morts , pour tout difputer à
ceux qui ne nous peuvent plus
rien difputer ? Reproche que le
Sage a peut - eſtre prétendu nous
faire par cesparoles ? J'ay donné.
aux morts les louanges que j'ay
refufées auxvivans.
Il est donc vray , Meffieurs
que foit aveuglément , foit illu
fion , foit envie , la gloire de nos
Contemporains ne va jamais
felon nous de pair avec celle de
12 MERCURE
nos predeceffeurs , par une injuftice de tous les temps" , le merite
qui refpire & qui vit encore , eft
toujours contredit , il faut que,
les fecles éloignez nous le rappelle
pour qu'il foit confacré, je veux
dire veritablement reconnu ; ainfi
parla au grand Conquerant de
, dans le temps que les
Heros paffoient pour des Dieux ,
le Philofophe Califthene : Pour
paroiftre Dieu , luy dit-il , au
jugement des hommes, il faut
avoir long- temps difparu à
leurs yeux ; les honneurs divins fuivent quelques fois les
morts , mais ils n'accompa-
GALANT 13
gnent jamais les vivants.
Je viens tâcher , Meffieurs
de rendre à tous les temps &
tous les merites , la justice qui
leur eſt deuë ; je viens louer les
grands hommes , qui excellent à
prefent , auffs bien que ceux qui
ont excellé autrefois , &proportionnant les louanges au merite ,
les Modernes y auront peut- eſtre
plus de part que les Anciens.
Icy , Meffieurs , mon deffein
cmmne à fe développer
vous vousappercevezfans doute ,
queje voudrois vous donner une
idée des Herospar des comparatfens des uns aux autres ; mais
US
14 MERCURE
que ce deffein feroit vaſte , &
qu'il feroit étendu ; il m'engageroit à rappeller dans vos efprits
tous les Heros qui ont brillé , &
qui brillent encore dans tous les
Arts & dans toutes les Sciences :
ce ne feroit que charger ma
memoirepourlaffer vos patiences :
le refpectqueje dois à voftre attentionprefcrit à monfujet des bornes
plus étroittes il m
; m'oblige nonfeulement à me fixer au plus
glorieux de tous les Arts , je
veux dire à l'Art Militaire ;
mais encore pour éviter l'ennuy
d'un trop long récit , à ne choifir
parmi les Herosde la Guerre les
SGALANT
15
plus renommez que quelques- uns
de ceux à qui leurs fameux exploits ontmeritéle nom de Grand:
mais dans les loüanges que je
leur donneray ,
j'efpere que de
vous-même vous trouverez dequoy remplir àproportion l'Eloge,
de tous les autres , &c'eſt là le
Plan de ce Difcours dans lequel ,
aprés avois tracé l'idée des Grands
Heros de l'antiquité, je tâcheray
de vous donnercelle du plus grand
de tous dans lefiecle prefent.
Voicyce qu'il dit dans fa
premiere partie.
Une des plus fortes paffions
& qui a le plus occupé le cœur
16 MERCURE .
des Grands de l'antiquité, &même de tous les temps ; c'eſtoir le
defir de fe diftinguerpar les Armes , & deſefaire par leur Epée
plus grand que un nom encore
la
celuy qu'ils avoient déja par leur
naiffance ; ils laiffoient pour la
plupart aux Orateurs l'Art du
Difcours , aux Philofophes l'étudedes Sciences , aux Politiques
Ladminiftration des Etats
gloire de tous ces Heros de Litterature de Miniftere , n'excitoit guerre leur noble émulation
quelquecharme même qu'elle eut
pour quelques uns ce n'étoit
qu'un amusement de Paix & de
·
יך
GARANT 17
repos ;toutt cédoit au premierpref=
fentiment de Guerre qui les raviffoit , ilsfe fentoient comme d'euxmême transportez dans le champ
glorieux des Combats , & ils
voloient pour l'arrofer quelques
fois de leur fang, & y cueillir
furun tas de morts
من
de bleſſez
les Lauriers & les bonneurs du
triomphe.
Cette ardeur Militaire qui
dans le cœur des Potentats , à
prefque toujours efté une envie
prodigieufe de dominere de
s'étendre , une ambition démesurée.
de s'élever au deffus de la condition humaine , a toujours efté une
Février 1710.
B
18 MERCURE
fuitefatale de l'orgueil du premier
des mortels ; mais elle ne laiffe
pas auffi deftre dans les deffens
de la fageffe éternelle , qui doit
tout raporter à fa gloire : elle ne
laiffe pas , dis-je , d'eftre comme
un caractere de divinité , imprimée dans l'ame des Souverains ;
caractere dont les traitsfe repandansfurla gloire de leurs actions ,
comme fur la majesté de leurs
perfonnes , nous porte à les respecter tous , non-feulement comme les
images éclatantes de l'Etre fuprémequilesfoutient fur le Trône:
mais encore comme les fujets les
plus nobles les plus dignes
GALANT 19
une
deftreparreprefentation en qualité
de demi- Dieux de la terre
partie de ce qu'eftpar luy même le
grand Souverain de l'Univers
en qualité de Dieu des Armées.
La gloire desgrands Conquerans , ayant donc toujours en deux
faces , qu'on pouvoit envisager,
l'une humaine , l'autre divine ;
l'une qui a des taches , l'autre qui
les couvre , mais qui ne les leve
les pas ; ayant à commencer par
Heros de l'antiquité , ne nous ar
reftons point icy à blâmer ou à
louer trop leurs Conqueftes ; tachons feulement de relever leurs
perfonnes , &fans examiner d'a
Bij
20 MERCURE
A
bord, fi l'ardeur qui les animois
eftoit injufte ou legitime ; parmy
quelques- uns de ceux qui ont paſſé
pour les plus grands donnons la
preference àdeuxfeulement ; mais
choififfons-les bien , afin qu'en étalant leur gloire on ne puiffe rien
penfer de grand de celle des autres
qui nefe trouve dans la leur , &
qui ne juftifie noftre deffein de ne
parler que
"
d'eux.
Il parla enfuite d'Alexandre
& deCefar, & dit tout ce que
l'on en pouvoit dire. Il fit voir
qu'ils avoient eu toutes les
grandes qualitez qui ont fait
le merite des plus grands He-
GALANT! 21
{
ros des ficcles paffez , & aprés
enavoir fait un portrait , &de
la reffemblance de leurs acstions , il dit : It me femble
quevous balancez & que vous
attendez que je decide ? Hé!
qu'importe Meffieurs , lequel des
deux Heros d'Alexandre ou de
Cefarfut le plus grand dans les
fiecles paffez , fi le fiecle prefent
nous en offre un plus grand que
tous les deux enfemble , &
par confequent le plus grand de
tous le Heros ; quel eft il donc ce
Heros; vous l'allez bien- toft voir
paroiftre dans toutefa gloire.
Il entra enfuite dans fa feمن
22 MERCURE
conde partie , & dits
combats par
Au-deffus de cette haute va
leur qui parcourt le monde pour
combatre pour vaincre ; je place
celle d'un Heros qui commence fes
la justice , & qui
terminefes victoires par la moderation ; qui protegefes Alliez par
La puiffance , & qui fe foutient
luy-méme parfa grandeur : Elevez icy vos efprits , Meffieurs ,
j'ay de grands évenemens à vous
reprefenter, je n'ayplus à vous
cacher de grands défauts en vous
montrant de grands courages.
Je ne parleray plus icy de ces
Heros impetueux , quiportantpar
GALANT 23
tout les armes de l'injustice & les
faifant marcher fous les Enfeignes de la Valeur & de la Generofité, raviffoient noſtre admiration avec autant de rapidité qu'ils
ravageoient les Campagnes ; c'e
toient des foudres terribles qui ne
fondoientfurla terre avec vûteffe,
que par l'impuiffance de s'arrefter ;
c'eftoient des tourbillons qui ramaffant tout ce qu'ils trouvoient à
leurrencontre ,fe groffiffoient euxmêmes , &ferendoient plus violens? Je parle d'un Heros digne de
toute loüange, & je commence d'a
bord par vous dire qu'armé de
juftes prétentions contre d'injuftes
24 MERCURE
refus , il entreprend la guerre en
Roy & nonpas en Ufurpatenr ; il
affemble fes Magiftrats avant que
de lever fes Troupes , ne met
LesArmées en Campagne , qu'aprés les avoir mifes fous la protection des Loix.
a
Aces mots , Meffieurs , vous
reconnoiffez Louis le Grand ;
ehpourriez- vous penfer à quelqu'autres cePrincegenereuxjouiffoit àpeine de la Paix par un heureux mariageavecl'Infante d'Ef
pagne , que porté à la guerre par
l'inftinct pour ainfi dire defa valeur , il regardoit avec inquietude
fes armes dans le repos ; mais il
aimoit
GALANT 25
aimoit mieux les laiffer languir,
que de lesfairefervir à l'injuftice.
à l'ambition ; c'eſt ainſi qu'il
retenoit dans une amere tranquillité , les premiers feux de fa jeuneffe ; lorfque le Roy d'Espagne
avec une ame moins guerriere
mais plus intereffée luy difpute les
droits inconteftables de la Reine
fon Epoufe: quefera- t- il ?Se prefentera-t- il d'abord avec l'épée ?
Non, il commandera àfa valeur
d'attendre ladecifion des Loix, &
les Loix confultées ordonnent àfa
valeur attentive à leurs ordres ,
defoutenirfa caufepar les armes?
Le ciel n'ayantpermis cette injufFévrier 1710.
C
26 MERCURE
tice dela part de l'Espagne , qu'a
fin que les Peuples de divers
Royaumes appriffent combien ce
fage & puillant Heros fçavoit
joindre à la force de reprimer fes
ennemis , le pouvoir de retenirfon
indignation : le voila donc qui remet à la Fuftice la direction defon
courage : allez , Prince , allez où
cette Reine des Loix portera voftre
Bouclier ; allez lancer vos foudres fur une Nationfuperbe , tant
qu'elle ne prendra confeil que de
l'obftination defes armes : ce ne
fera de fa part que Troupes affoiblies ,
que Soldats tombez aux
pieds des voftres ; mais dés qu'elle
GALANT 27
ferangera fous les loix de l'équi
té pourfe reconnoiftre , ce nefera
de vostre part qu'excés de generofité ? en vain la Fortune vous
ouvrira-t-elle le paffage à la conqueſte de l'Univers , voftre courage nefera pas las de vaincre ;
mais voftre grandeur d'ame vous
fera croire que vous avez affez
vaincus vous arrefterez vos cour
fes rapides au milieu des combats ,
par untrop grand respect pour
les Loix, vous rendrez unepartie
de vos conqueftes de peur qu'elles
n'ayent à vous reprocher que vous
vouliez trop étendre vos prétentions ? ô Prince , ô Heros valeuC ij
28 MERCURE
reux moderé tout enſemble 3
qui aime mieux ceder les droits de
la guerre que d'eftre foupçonné
d'avoirfailli contre les regles de
la Fuftice ? Loy , Meffieurs je
cherche Alexandre & Cefar , je
les trouve , peut - eftre , Grand
Roy, dans les Combats à vos côtez, poury voir des Villes mais
des plus fortes prifes dans deux
jours , des Provinces entieres reduites en deuxfemaines ; mais je
les perds &je les vois fe retirer
faifis d'étonnement à la vuede cet
excés pour ainfi dire de moderation , qui limite fi promptement la
portée de voftre valeur ? qu'il ne
GALANT 29
paroiffe donc ici , mais pour cette
fois feulement , que lefeulRoyde
Lacedemone , qui ne vouloit d'autre avantagefurfes Sujets , fi ce
n'est qu'il luyfut permis d'efre
plus vaillant , & de faire moins
qu'eux de faute contre les Loix.
Quej'aimerais à vous repreſenter ce grand Monarque , dans
d'autres Campagnes à la tefte d'une nombreuse Armée , preffant la
Fortunefans luy donner du relashe , paffant en Maiftre du monde par les Etats de plufieurs Souverains fans prefque s'enquerir fi
l'on veutfouffrirfon paffage ,
portantpar tout le flambeau de la
C
iij
30 MERCURE
guerre fans laiffer languir le feu
de faprofperité je vous compterois plus de trente Villes munies
&fortifiées , renduës à l'aspect
du Vainqueur, & prefque toutes
fans mursabatus & fans combats
donnez , effrayées feulement de
• fon grand nom, & tachant avec
les Peuples voisins , d'apaifer fa
・jufte colére en foumetant leurs
teftes à fa puiffance , & leur
cœur àfa bonté; je vous montrerois des Villes forcées malgré leurs
vigoureuses refiftances ? hé commentn'auroient-ellespas enfin cedé
à des Armes fi feures de leurs
coups , je rappellerois encore icy
GALANT zi
1
les élements forcez , les faifons
bravées , &la nature foumife en
quelque forte à fon épée , mais
Alexandre , & Céfar , ſe pouroient peut-être reconnoistre à fes
traits ; je ne veux plus loüer
en Louis le Grand , rien de ce qui
peut aprocher de luy les autres
Heros ? difons donc quelque chofe
de plus.
Unde ces efprits qui tiennent
leur fiecle en de perpetuelles agitations , & qui excitent les orages
dans la ferenité des plus beaux
jours un de ces efprits capables
de remuer de grandes machines
d'ébranler les Etats ; un de
C iiij
32 MERCURE
ces efprits qui ont toujours att
milieu de la Paix le cœur armé
la volonté ambitieuſe un
Prince heretique , car enfin fi
nous ne voulons pas le nommer ,
il faut du moins le défigner ; un
Prince , dis-je , inquiet de vivre
comme un autre Efau par fon
épée ,fe mer en tefte de vivre
parle Sceptre: il trame des deffeins
prodigieux que nul n'auroit pu
croire , parce que nul autre n'auroitpu les imaginer , il les communique aux Puiffances confederées
il les conduit fifourdement à
fesfins qu'à la tefte d'une Armée
Navale il entreprefque invifible
GALANT 33
en Angleterre ; d'abord il fe fait
jour dans les vaftes appartemens
du Roy , prendfierementſaplace
vis- à- vis de fon Trône , &partage avecluy lefuprême honneur;
dans peu l'Anglois , grand amateur des nouveautez , retire fon
obéiffance du Monarque , &la
transporte à l'Ufurpateur , &
tout d'un coup l'injuſte & aveugle Fortune , féparant les bons
fuccésde la bonnecaufe , le Prince Proteftantfe faifit de la Couronne du Prince Catholique.
› Grandeur de la gloire magranime de mon Roy , où cftes- vous
àprefent ? la voila , Meffieurs
34 MERCURE
quifort defon Palais , pour tendrela main àce Potentat defcendu
de fon Trône ; c'eſt une Majeſté
puiſſante , qui va au-devantd'une
Majefté opprimée; c'est un Prince
qui entouré de fa Cour, & revêtu defapropre Grandeur , s'arvance pour relever un Prince infortuné, poufféfur nos bordsfeulement par quelques flots officieux
de la mer; il neperdpointdetemps
pourfoulagerfa douleur , il effuye
fes larmes par des marquesfenfi
bles de l'affection de fon cœur ;
il
le reveft de tous les ornemens de la
Royauté; il luy donne un Trône
dans un defes Palais , &arraآن
GALANT 35
chepour ainfi dire d'entre les mains
du Deftinfa Royale Famille : refolu jufques à la fin de fes jours
de leurfaire part defes trefors &
defa fortune.
Je voudrois bien vous faire
voir icy tous deux grands defolateurs des Rois & des Royaumes ; vous Alexandre , qui venez
de nous faire compter pour beaucoup les honneurs que vous avez
rendus à une Reine captive fous
lejougde vos armes tandis qu'elles
eftoient injustement tournées contre le Roy fon Epoux ; & vous
Céfar , dont un des plus grands
traitsfut; de rendrele Trône d'un
36 MERCURE
frere àunefœur, pour la rendre
elle-même par cette espece de
generofité l'objet de vos amours.
&de vos profufions ; mais li je
ne puis vous voir icy en perfonne
j'y vois du moins vos ombres gémiffantes de douleur d'apprendre
qu'il y afur la terre dans l'ame
d'un plus grand Conquerant que
vous , une plus grande generofité
que la voftre.
Reduirons- nous à cette action
genereufe la Magnanimité de
noftre Heros ? non , Meffieurs
quifçait réfugier un Roy en peut
bien foutenir un autre , l'entreprife eft difficile mais elle eft
GALANT 37
jafte l'execution eft prompte mais
elle eft de Louis le Grand, un Roy
mourant nommefon Succeffeur il
faut le luy donner.
1
url
Les paroles d'un Souverain
au lit de la mortfont des Sentences depolitique, & les Peuples y
font attentifs , comme àdes Arrefts
prononcez gloire de l'Etai?
le Roy d'Espagne meurt fans
enfants , il déclare Heritierde
fes Royaumes un Fils de France?
tes Espagnols empreffez le demandent à Louis le Grand , &
Louis le Grand , comment le leur
envoit-il , avec une portion de
cettefageffe dont il fait des leçons
38 MERCURE
à toute l'Europe , aveclesconfeils
de cette prudence , qui rend l'obéiffance affectionnéepar la douceur du commandement, avec cette
grandeur d'ame qui le rend fuperieur à tous les Heros , ce n'eft
pas affez avec cette grandeur
d'ame qui le rend Louis le Grand,
Philippe V. enrichi de tous ces
J
nobles prefens du grand Royfon
ayeul , entre en Triomphe dans
toutes les Villes d'Espagne , &
toutes les vertus l'yfuivent ; mais
fes Ennemis , Ennemis de la
juftice , & de la veritable
deur, l'y attaquent.
gran
*Et que font-ils , ils entretien-
CALANT 39
nent des intelligences avec quelquesfactieux , qui affemblent des
nuagesfurfa tefte, ils s'emparent
foit par rufe foit parfureur foit
par irreligion , toujours par
injustice , de quelques Royaumes
éloignez du Siege defon Empire:
mais que n'auront ils pas à craindre , grandPrince , lorsqu'ils verront voftre Majesté s'aprocher de
vos Troupes , pour ranimer leur
valeurpar voftre prefence : autrefois dans une Guerre contre les
Gaulois , il nereftoit auxRomains
d'autre efperance , qu'an Capitole
affiegé, & en Camille banni , &
neanmoins ils repoufferent ces
40 MERCURE
fiers Ennemis , vous voftre
efperance est encore toute entiere ,
dans la poffeffion de vos plus
grand Royaumes , dans le cœur
de vos meilleurs Sujets , dans
l'affection de vos Troupes , dans
la force de voftre bras , dans la
confiance en des Victoires remportées , dans la protection de Louis
le Grand: vous diffiperez à lafin
les Germains & leurs Confederez.
Vous foupirez cependant ,
Peuples foumis , à la puiſſance
de ce jeune Roy , & nous peuteftre auffi avec vous : car enfin
que voyons nous depuis quelques
GALANT 41
années , le glaive du Tout- Puiffant eft entre les mains de fes
Ennemis , la Victoire s'égare , &
il luy eft permis de fe ranger fous
des Drapeauxprefque tous Heretiques , de prendre parti contre
les Armes défenfives même de la
Religion : mais ne nous laiffons
pasicy abattrefous les coups d'une
legere infortune ? en vain nes
Ennemis veulent-ilsfe perſuadër,
queces revers nous arrivent pour
enorgueillir leurs Armes nous
fommes comme convaincus ,
c'eft pour montrer à tous les Rois
à tous les Peuples, la grandeur
de Louis le Grand dans tous fes
Février 1710. D
que
42 MERCURE
points de veuë on ne l'avoit
ven jufques alors ce Monarque
que dans la profperité , &ilne
luy manquoit rien pour paroître
plus grand que les autres : mais
il luy manquoit un changement.
de fortune pour paroître en un
fens plus grandqu'il n'avoit encoreparu : nous l'avions veu Victorieux defes Ennemis , vaincre
fonpropre bonheur mais nous ne
L'avions pas encore affez ven ſe
vaincre foy - même , nous fçavions ce qu'ilfçavoitfaire , mais
nous nefçavions pas ce qu'ilfçavoitfuporter; il avoitparu peutêtre trop beureux, maisfans per-
GALANT 43
dre la moderation ilfaloit qu'il
parut moins heureux : mais fans
perdre laconftance.
Qu'il eft peu de ces ames égales,
faites à l'épreuve de toutes les revolutions de cette grande rouë fur
laquelle tourne toutce qu'on appelle
grands évenemens ; mais lafageffe
active e vigilante de Louis le
Grand voit changer de face à la
Fortune , fans permettre à fon
cœur de changer defituation , comme s'il n'avoit jufques alors mé
nagéles bons fuccés que pourexercer fa prefence d'efprit à foûtenir
les mauvais ; bé que feait - on ?
peut - eftre même qu'il craignoit
Dij
44 MERCURE
pour fon ame la durée defes prof
peritez & qu'il avoit demandé
quelquefois de n'eftre pas toujours.
vainqueur de fes ennemis , pour
s'exercer dans cet Art fi difficile de
vaincre l'adverſité ; ainfi lagrandeurdefoname foûtenant nos efperances , ranime la fermeté de nos
fameuxGuerriers qui commencent
déja à regarder le glorieux avan
tageremportéfur un nombre affez
grand de nos ennemis en Alface ,
la glorienfe retraite de noftre
Armée en Flandres , comme des
prefages prefque infaillibles d'un
nombre prefque infini de Victoires.
GALANT 45
+
Je finis , Meffieurs mais n'al
lez point me reprocher , que
pour faire unplus grand éloge de
Louis le Grand , il falloit le
prendre de plus haut , remonter
jufques auTrône des Clovis , des
Saint Louis , des Charlemagne ,
comparer même ces grands Rois ,
avec les Conftantin &les Theodofe , & chercher jufques dans
leurs Tombeaux , les femences de
la valeur &de lagrandeurd'ame
de Louis le Grand : Il est uray ,
Meffieurs , que fa gloire com
mençoit a fe produire à fe
mais comme il former
en
n'y en apoint excepté S. Louis ,
46 MERCURE
en qui la fortune ait affemblé
tant d'événemens divers , il eftoit
important dans les conjonctures
prefentes , de mettre fes actions a
part, &de ne pas confondre dans
la concurrence de leurs grands
noms , celuy dont la gloire remonte
juſques à eux , avec autant d'éclat qu'elle en eft defcendue : c'eft
donc fans rien diminuer de leur
gloire , que Louis le Grand eft
plus Grand que tous les autres
Heros ; plus grand par rapport
la vaillance, parce qu'il a triomphé
même defon bonheur, dans laprofperité de fes armes plus grand
par rapport à la generofité & à
à
GALANT 47
la grandeur d'ame non -feulement parce qu'il a donné azile à
unRoidépouillé de fes Etats ; nonfeulement parce qu'il a maintenu
un Prince de fa famille fur un
Trôneétranger,mais encore parce
que dans une interruption debonheur,fon cœur s'eft mis au- deffus
des injuftices de la Fortune.
AU ROY..
! Oui , SIRE, *
Vous eftes leplusgrand de tous
les Heros , pour dire encore
48 MERCURE
vous quelque chofe de grand que
nous n'avons pû dire , le nom de
LOUIS LE GRAND renfermant
toutes les qualitez d'unfouverain
Heros , trouvera quelque chofe
de foy dans les noms particuliers
quepourront prendre dans lecours
des temps , pour caracterifer leur
propregrandeur , quelques- uns des
Rois qui fuivront VÔTRE MAJESTE' fur le Trône ; il fe trouvera ce grand nom , mais comme
divifé , dans ceux qui par leur
valeur porteront le nom de Magnanime, dans ceux qui par leur
demence feront reconnus pourPcse des Peuples ; dans ceux qui
par
GALANT 49
par leur zeleferont appellez Deffenfeurs de la Religion ; dans
ceux qui par leur vertu feront
avouez pour Princes Pieux ; &
dans ceux qui dans les temps infortunezferont qualifiez d'İntrepides ; ainfi voftre grand Nom,
allant pompeufement de fiecle en
fiecle , vivra avec éclat tant qu'il
yaura , comme ily en aura toujours , de grandes vertus affifes
fur le Trone ; & tandis que l'Antiquitéfera occupée dans les Hiftoires de fes Conquerans , àplaindre le trifte fort d'Alexandre
de Cefar , tous deux fatalement.
arrachez à la vie , la Pofterité
Février 1710.
E
50 MERCURE
fera retentir lagrandeur de vostre
Ame, dans tous les grands énjenemens de voftre Regne , ne cefferajamais d'admirer unefi belle
vie, dont la Parque filera encore
refpectueufement les jours gloricux, & au de- là de ceux de
David , jufqu'à l'extremité d'une
longue carriere.
"
A MONSEIGNEUR.
MONSEIGNEUR,
Digne Fils du plus grand des
"Heros qui fe reproduit en Vous
vous avezla même valeur , vous
GALANT SI
joignez la même prudence , &
Les Peuples reffentent pour vous
le même amour qu'ils ont pourfa
Sacrée Perfonne.
pronsVous avez , MONS EIGNEUR, la même valeur; quelle
femente pour ainfi dire de triomphes , n'a- t-elle pasjetté dans vos
premieres Campagnes , quel trophée Philifbourg, monument éternel d'une vaine refiftance à vos
forces ; quel trophée , dis-je , n'at- il pas érigé à l'honneur de vôtre
gloire, quelle vive ardeur n'a pas
animée vos courſes conquerantes
du Palatinat ; & quel torrent de
réputation auroit jamais púfuiE ij
52 MERCURE
vrelarapiditéde vosVictoiresfila
fageffe du Roy n'avoit agi comme
de concert avec la Providence ,
pour retirer du peril une vie fi
neceffaire àfes Sujets , &pourne
plus expofer au Champ de Mars
un Heros qui doit à coté defon
Trônefoutenirle poids defa Cou
ronne.
Ala même valeur vous joignez la même prudence ; & où
Monfeigneur , vous auroit- elle
manqué cette prudence ; feroit-ce
dans les Armées où vostre bras
agiffoit autant par voftre efprit
que par voftre cœur , où les Soldatsfuivoient vos ordres avec vos
GALANT 53
exemples , & où vous ne laiffiez
rien prévenir par la Fortune , de
tout ce quipouvoit eftreprévúpar
voftre attention :feroit- ce au Confeil , où quelquesfois les plus éclairez ne verroient peut- eftre que de
loin les chofes les plus importantes
fi vous ne les mettiez vous- même
dans leur point de vue, pour les
leur montrer de plus prés.
Les Peuples ont pour vous ,
Monfeigneur , le même amour
que pour Sa Majesté : ils cherchentfur voftre vifage les preſages de leur bonheur à venir ; ils
croyent appercevoir dans vos yeux
dans vos regards , le fondeD iij
54 MERCURE
ment des efperancespubliques , &
l'air affable & plein de bonté,
fous l'appas duquel vousprévenz ceux qui ont l'honneur de
ous approcher, devient le charme attrayant qui gagne nos cœurs
&forme les douces chaînes qui
nous lient avec paffion à vostre
Augufte Perfonne.
Ainfi , Monfeigneur , Heros
par voftre Augufte Pere , Heros
par vous - même , Heros encore
dans vos Defcendans ; voftregloireferafans fin dans la Pofterité
comme elle eft à prefent fans mefure.
GALANT 55
Dés qu'il ' eut fini il s'éleva
dans l'Affemblée un concert
de es a
fit voir que
l'Orateur est heureux lorfqu'il
a pour objet ces merites éminents , univerfellement reconnus , & aplaudis de tous.
Il fit enfuite , felon la coutume , les Eloges de Mr l'Archevêque de Lyon ; de Mr le
Maréchal de Villeroy Gouverneur de la mêmeVille ; de Mr
le Duc de Villeroy fon fils ;
& ceux de Mr l'Intendant ;
de Mrs les Comtes de Lyon;
de Mrs de la Cour des Monnoyes ; de Mrs les Treforiers.
E
iij
56 MERCURE
9
de France ; de Mrs les Elûs ;
de Mr le Prevôt des Mar
chands ; de Mrs les Echevins ;
& de Mrs les Confuls.
Vousdevezjuger que l'Affemblée eftoit des plus nom- .
breuſes , & que l'Orateur futs
long , ayanteu à parler de tant
d'Auguftes Perfonnes , & de
tant d'Illuftres Magiftrats , &
ce qu'il y eut de furprenant fut
qu'il n'ennuya pasunmoment,
& que dans tout ce qu'il dit
le caractere de toutes les perfonnes dont il parla , fut no
blement , & ingenieuſement
mis dans fon jour.
à l'Hoſtel de Ville de
Lyon , le jour de la Fefte de
Saint Thomas , un Difcours
en prefence de M' l'Archevêque , de M' l'Intendant , de
A iij
6 MERCURD IS
M's les Comtes de Saint Jean,
& de toutes les Compagnies
de la Ville. Ce Difcours a efté
fait cette année par le fils
de Mr Yon , Seigneur de
Jonage qui fut nommé l'année
derniere premier Echevin ,
quoy que revêtu d'une Charge de Secretaire du Roy. Il a
beaucoup de merite , & il eft
fort eftimé. Le Difcours que
fon fils prononça le jour de S.
Thomas , reçut de grands applaudiffemens. Vous en jugerez par ce que je vais vous en
rapporter. Ce qu'il dit du Roy
plutinfiniment , & aprés avoir
GALANT
fini l'Eloge de Sa Majeſté , lors
quel'on croyoitqu'il n'en duft
plus rien dire , il l'apoftropha
comme fi Elle cut efté prefente, & il s'attira des applaudiffemens nouveaux. Voici le
commencement de fon Difcours.
བར
:
Tout eft grand , tout eft auguf
te , Meffieurs , dans le deffein que
j'entreprens rien n'y pourroit
eftre mediocre que la foibleffe du
file ; mais dans l'obligation que je
mefuis impofée de traiter une de
cesglorieufes matieres que d'autres
avant moy ont peut - eftre negligées ,j'ofe meflatter que la NoA iiij
8 MERCURE
bleffe de monfujer donnera du relief à mespenfées , & de l'éclat
à mes paroles ; & ma temerité
trouve fon pretexte dans l'impor
tance du difcours , & dans l'injuftice du filence.
C'est une ancienne &commune erreur , que de relever avecexcés le merite desperfonnes celebres ,
qui ont vécu avant nous , pour
diminuer lagloire de ceux dans les
temps defquels nous vivons ; cette
erreur eft , tantoft un aveuglement groffier dans l'efprit des peuples , qui croyent que la fuite des
temps a le même fort que le déclin
de leur age ; & que la nature
-GALANT 9
ffant comme l'homme , elle vieilliffant
degenere defiecle enfiecle dans fes
productions , àproportion de ce que
d'année en année il s'affoiblit dans
fes travaux ? c'est ce que le
plus fameux de tous les Poëtes a
voulu nous exprimer par ces deux
Vers traduits en noftre langue ?
O fi Dieu me rendoit mes
premieres années ,
dit- il en cet endroit en un
autre:
Les illuftres Heros nâquirent
autrefois :
Tantoft c'est une illisfion defubtiles mais vaines idées , telles
que celles de ces Philofophes ,
.
10 MERCURE
qui s'imaginoient , que les pre
miershommes formez d'uneplus
riche matiere nez fous
deplusfavorables étoiles , avoient
bien pû laiffer d'heureux fuccef
feurs deleurs noms , mais nonpas
de purs heritiers de leur gloiree ?
comme fi pour trouver ce qu'il y
a de plus grand dans le monde , il
falloit remonterjufqu'au regnefabuleux de Saturne : tantofi c'est
une enviefecrette entre des perfon
nes que la fortune ou la naiffance
a mis au niveau les uns des autres,
dans le même rang & àportée des
mêmes honneurs ; chacun pour dé
crierfon concurrent transportepour
GALANT I
ainfi dire fon eftime au fiecle de
ceux qui nepeuvent plus concourir avec perfonne : pour épargner
fon encens au merite des vivans ,
on le prodigue à la memoire des
morts , pour tout difputer à
ceux qui ne nous peuvent plus
rien difputer ? Reproche que le
Sage a peut - eſtre prétendu nous
faire par cesparoles ? J'ay donné.
aux morts les louanges que j'ay
refufées auxvivans.
Il est donc vray , Meffieurs
que foit aveuglément , foit illu
fion , foit envie , la gloire de nos
Contemporains ne va jamais
felon nous de pair avec celle de
12 MERCURE
nos predeceffeurs , par une injuftice de tous les temps" , le merite
qui refpire & qui vit encore , eft
toujours contredit , il faut que,
les fecles éloignez nous le rappelle
pour qu'il foit confacré, je veux
dire veritablement reconnu ; ainfi
parla au grand Conquerant de
, dans le temps que les
Heros paffoient pour des Dieux ,
le Philofophe Califthene : Pour
paroiftre Dieu , luy dit-il , au
jugement des hommes, il faut
avoir long- temps difparu à
leurs yeux ; les honneurs divins fuivent quelques fois les
morts , mais ils n'accompa-
GALANT 13
gnent jamais les vivants.
Je viens tâcher , Meffieurs
de rendre à tous les temps &
tous les merites , la justice qui
leur eſt deuë ; je viens louer les
grands hommes , qui excellent à
prefent , auffs bien que ceux qui
ont excellé autrefois , &proportionnant les louanges au merite ,
les Modernes y auront peut- eſtre
plus de part que les Anciens.
Icy , Meffieurs , mon deffein
cmmne à fe développer
vous vousappercevezfans doute ,
queje voudrois vous donner une
idée des Herospar des comparatfens des uns aux autres ; mais
US
14 MERCURE
que ce deffein feroit vaſte , &
qu'il feroit étendu ; il m'engageroit à rappeller dans vos efprits
tous les Heros qui ont brillé , &
qui brillent encore dans tous les
Arts & dans toutes les Sciences :
ce ne feroit que charger ma
memoirepourlaffer vos patiences :
le refpectqueje dois à voftre attentionprefcrit à monfujet des bornes
plus étroittes il m
; m'oblige nonfeulement à me fixer au plus
glorieux de tous les Arts , je
veux dire à l'Art Militaire ;
mais encore pour éviter l'ennuy
d'un trop long récit , à ne choifir
parmi les Herosde la Guerre les
SGALANT
15
plus renommez que quelques- uns
de ceux à qui leurs fameux exploits ontmeritéle nom de Grand:
mais dans les loüanges que je
leur donneray ,
j'efpere que de
vous-même vous trouverez dequoy remplir àproportion l'Eloge,
de tous les autres , &c'eſt là le
Plan de ce Difcours dans lequel ,
aprés avois tracé l'idée des Grands
Heros de l'antiquité, je tâcheray
de vous donnercelle du plus grand
de tous dans lefiecle prefent.
Voicyce qu'il dit dans fa
premiere partie.
Une des plus fortes paffions
& qui a le plus occupé le cœur
16 MERCURE .
des Grands de l'antiquité, &même de tous les temps ; c'eſtoir le
defir de fe diftinguerpar les Armes , & deſefaire par leur Epée
plus grand que un nom encore
la
celuy qu'ils avoient déja par leur
naiffance ; ils laiffoient pour la
plupart aux Orateurs l'Art du
Difcours , aux Philofophes l'étudedes Sciences , aux Politiques
Ladminiftration des Etats
gloire de tous ces Heros de Litterature de Miniftere , n'excitoit guerre leur noble émulation
quelquecharme même qu'elle eut
pour quelques uns ce n'étoit
qu'un amusement de Paix & de
·
יך
GARANT 17
repos ;toutt cédoit au premierpref=
fentiment de Guerre qui les raviffoit , ilsfe fentoient comme d'euxmême transportez dans le champ
glorieux des Combats , & ils
voloient pour l'arrofer quelques
fois de leur fang, & y cueillir
furun tas de morts
من
de bleſſez
les Lauriers & les bonneurs du
triomphe.
Cette ardeur Militaire qui
dans le cœur des Potentats , à
prefque toujours efté une envie
prodigieufe de dominere de
s'étendre , une ambition démesurée.
de s'élever au deffus de la condition humaine , a toujours efté une
Février 1710.
B
18 MERCURE
fuitefatale de l'orgueil du premier
des mortels ; mais elle ne laiffe
pas auffi deftre dans les deffens
de la fageffe éternelle , qui doit
tout raporter à fa gloire : elle ne
laiffe pas , dis-je , d'eftre comme
un caractere de divinité , imprimée dans l'ame des Souverains ;
caractere dont les traitsfe repandansfurla gloire de leurs actions ,
comme fur la majesté de leurs
perfonnes , nous porte à les respecter tous , non-feulement comme les
images éclatantes de l'Etre fuprémequilesfoutient fur le Trône:
mais encore comme les fujets les
plus nobles les plus dignes
GALANT 19
une
deftreparreprefentation en qualité
de demi- Dieux de la terre
partie de ce qu'eftpar luy même le
grand Souverain de l'Univers
en qualité de Dieu des Armées.
La gloire desgrands Conquerans , ayant donc toujours en deux
faces , qu'on pouvoit envisager,
l'une humaine , l'autre divine ;
l'une qui a des taches , l'autre qui
les couvre , mais qui ne les leve
les pas ; ayant à commencer par
Heros de l'antiquité , ne nous ar
reftons point icy à blâmer ou à
louer trop leurs Conqueftes ; tachons feulement de relever leurs
perfonnes , &fans examiner d'a
Bij
20 MERCURE
A
bord, fi l'ardeur qui les animois
eftoit injufte ou legitime ; parmy
quelques- uns de ceux qui ont paſſé
pour les plus grands donnons la
preference àdeuxfeulement ; mais
choififfons-les bien , afin qu'en étalant leur gloire on ne puiffe rien
penfer de grand de celle des autres
qui nefe trouve dans la leur , &
qui ne juftifie noftre deffein de ne
parler que
"
d'eux.
Il parla enfuite d'Alexandre
& deCefar, & dit tout ce que
l'on en pouvoit dire. Il fit voir
qu'ils avoient eu toutes les
grandes qualitez qui ont fait
le merite des plus grands He-
GALANT! 21
{
ros des ficcles paffez , & aprés
enavoir fait un portrait , &de
la reffemblance de leurs acstions , il dit : It me femble
quevous balancez & que vous
attendez que je decide ? Hé!
qu'importe Meffieurs , lequel des
deux Heros d'Alexandre ou de
Cefarfut le plus grand dans les
fiecles paffez , fi le fiecle prefent
nous en offre un plus grand que
tous les deux enfemble , &
par confequent le plus grand de
tous le Heros ; quel eft il donc ce
Heros; vous l'allez bien- toft voir
paroiftre dans toutefa gloire.
Il entra enfuite dans fa feمن
22 MERCURE
conde partie , & dits
combats par
Au-deffus de cette haute va
leur qui parcourt le monde pour
combatre pour vaincre ; je place
celle d'un Heros qui commence fes
la justice , & qui
terminefes victoires par la moderation ; qui protegefes Alliez par
La puiffance , & qui fe foutient
luy-méme parfa grandeur : Elevez icy vos efprits , Meffieurs ,
j'ay de grands évenemens à vous
reprefenter, je n'ayplus à vous
cacher de grands défauts en vous
montrant de grands courages.
Je ne parleray plus icy de ces
Heros impetueux , quiportantpar
GALANT 23
tout les armes de l'injustice & les
faifant marcher fous les Enfeignes de la Valeur & de la Generofité, raviffoient noſtre admiration avec autant de rapidité qu'ils
ravageoient les Campagnes ; c'e
toient des foudres terribles qui ne
fondoientfurla terre avec vûteffe,
que par l'impuiffance de s'arrefter ;
c'eftoient des tourbillons qui ramaffant tout ce qu'ils trouvoient à
leurrencontre ,fe groffiffoient euxmêmes , &ferendoient plus violens? Je parle d'un Heros digne de
toute loüange, & je commence d'a
bord par vous dire qu'armé de
juftes prétentions contre d'injuftes
24 MERCURE
refus , il entreprend la guerre en
Roy & nonpas en Ufurpatenr ; il
affemble fes Magiftrats avant que
de lever fes Troupes , ne met
LesArmées en Campagne , qu'aprés les avoir mifes fous la protection des Loix.
a
Aces mots , Meffieurs , vous
reconnoiffez Louis le Grand ;
ehpourriez- vous penfer à quelqu'autres cePrincegenereuxjouiffoit àpeine de la Paix par un heureux mariageavecl'Infante d'Ef
pagne , que porté à la guerre par
l'inftinct pour ainfi dire defa valeur , il regardoit avec inquietude
fes armes dans le repos ; mais il
aimoit
GALANT 25
aimoit mieux les laiffer languir,
que de lesfairefervir à l'injuftice.
à l'ambition ; c'eſt ainſi qu'il
retenoit dans une amere tranquillité , les premiers feux de fa jeuneffe ; lorfque le Roy d'Espagne
avec une ame moins guerriere
mais plus intereffée luy difpute les
droits inconteftables de la Reine
fon Epoufe: quefera- t- il ?Se prefentera-t- il d'abord avec l'épée ?
Non, il commandera àfa valeur
d'attendre ladecifion des Loix, &
les Loix confultées ordonnent àfa
valeur attentive à leurs ordres ,
defoutenirfa caufepar les armes?
Le ciel n'ayantpermis cette injufFévrier 1710.
C
26 MERCURE
tice dela part de l'Espagne , qu'a
fin que les Peuples de divers
Royaumes appriffent combien ce
fage & puillant Heros fçavoit
joindre à la force de reprimer fes
ennemis , le pouvoir de retenirfon
indignation : le voila donc qui remet à la Fuftice la direction defon
courage : allez , Prince , allez où
cette Reine des Loix portera voftre
Bouclier ; allez lancer vos foudres fur une Nationfuperbe , tant
qu'elle ne prendra confeil que de
l'obftination defes armes : ce ne
fera de fa part que Troupes affoiblies ,
que Soldats tombez aux
pieds des voftres ; mais dés qu'elle
GALANT 27
ferangera fous les loix de l'équi
té pourfe reconnoiftre , ce nefera
de vostre part qu'excés de generofité ? en vain la Fortune vous
ouvrira-t-elle le paffage à la conqueſte de l'Univers , voftre courage nefera pas las de vaincre ;
mais voftre grandeur d'ame vous
fera croire que vous avez affez
vaincus vous arrefterez vos cour
fes rapides au milieu des combats ,
par untrop grand respect pour
les Loix, vous rendrez unepartie
de vos conqueftes de peur qu'elles
n'ayent à vous reprocher que vous
vouliez trop étendre vos prétentions ? ô Prince , ô Heros valeuC ij
28 MERCURE
reux moderé tout enſemble 3
qui aime mieux ceder les droits de
la guerre que d'eftre foupçonné
d'avoirfailli contre les regles de
la Fuftice ? Loy , Meffieurs je
cherche Alexandre & Cefar , je
les trouve , peut - eftre , Grand
Roy, dans les Combats à vos côtez, poury voir des Villes mais
des plus fortes prifes dans deux
jours , des Provinces entieres reduites en deuxfemaines ; mais je
les perds &je les vois fe retirer
faifis d'étonnement à la vuede cet
excés pour ainfi dire de moderation , qui limite fi promptement la
portée de voftre valeur ? qu'il ne
GALANT 29
paroiffe donc ici , mais pour cette
fois feulement , que lefeulRoyde
Lacedemone , qui ne vouloit d'autre avantagefurfes Sujets , fi ce
n'est qu'il luyfut permis d'efre
plus vaillant , & de faire moins
qu'eux de faute contre les Loix.
Quej'aimerais à vous repreſenter ce grand Monarque , dans
d'autres Campagnes à la tefte d'une nombreuse Armée , preffant la
Fortunefans luy donner du relashe , paffant en Maiftre du monde par les Etats de plufieurs Souverains fans prefque s'enquerir fi
l'on veutfouffrirfon paffage ,
portantpar tout le flambeau de la
C
iij
30 MERCURE
guerre fans laiffer languir le feu
de faprofperité je vous compterois plus de trente Villes munies
&fortifiées , renduës à l'aspect
du Vainqueur, & prefque toutes
fans mursabatus & fans combats
donnez , effrayées feulement de
• fon grand nom, & tachant avec
les Peuples voisins , d'apaifer fa
・jufte colére en foumetant leurs
teftes à fa puiffance , & leur
cœur àfa bonté; je vous montrerois des Villes forcées malgré leurs
vigoureuses refiftances ? hé commentn'auroient-ellespas enfin cedé
à des Armes fi feures de leurs
coups , je rappellerois encore icy
GALANT zi
1
les élements forcez , les faifons
bravées , &la nature foumife en
quelque forte à fon épée , mais
Alexandre , & Céfar , ſe pouroient peut-être reconnoistre à fes
traits ; je ne veux plus loüer
en Louis le Grand , rien de ce qui
peut aprocher de luy les autres
Heros ? difons donc quelque chofe
de plus.
Unde ces efprits qui tiennent
leur fiecle en de perpetuelles agitations , & qui excitent les orages
dans la ferenité des plus beaux
jours un de ces efprits capables
de remuer de grandes machines
d'ébranler les Etats ; un de
C iiij
32 MERCURE
ces efprits qui ont toujours att
milieu de la Paix le cœur armé
la volonté ambitieuſe un
Prince heretique , car enfin fi
nous ne voulons pas le nommer ,
il faut du moins le défigner ; un
Prince , dis-je , inquiet de vivre
comme un autre Efau par fon
épée ,fe mer en tefte de vivre
parle Sceptre: il trame des deffeins
prodigieux que nul n'auroit pu
croire , parce que nul autre n'auroitpu les imaginer , il les communique aux Puiffances confederées
il les conduit fifourdement à
fesfins qu'à la tefte d'une Armée
Navale il entreprefque invifible
GALANT 33
en Angleterre ; d'abord il fe fait
jour dans les vaftes appartemens
du Roy , prendfierementſaplace
vis- à- vis de fon Trône , &partage avecluy lefuprême honneur;
dans peu l'Anglois , grand amateur des nouveautez , retire fon
obéiffance du Monarque , &la
transporte à l'Ufurpateur , &
tout d'un coup l'injuſte & aveugle Fortune , féparant les bons
fuccésde la bonnecaufe , le Prince Proteftantfe faifit de la Couronne du Prince Catholique.
› Grandeur de la gloire magranime de mon Roy , où cftes- vous
àprefent ? la voila , Meffieurs
34 MERCURE
quifort defon Palais , pour tendrela main àce Potentat defcendu
de fon Trône ; c'eſt une Majeſté
puiſſante , qui va au-devantd'une
Majefté opprimée; c'est un Prince
qui entouré de fa Cour, & revêtu defapropre Grandeur , s'arvance pour relever un Prince infortuné, poufféfur nos bordsfeulement par quelques flots officieux
de la mer; il neperdpointdetemps
pourfoulagerfa douleur , il effuye
fes larmes par des marquesfenfi
bles de l'affection de fon cœur ;
il
le reveft de tous les ornemens de la
Royauté; il luy donne un Trône
dans un defes Palais , &arraآن
GALANT 35
chepour ainfi dire d'entre les mains
du Deftinfa Royale Famille : refolu jufques à la fin de fes jours
de leurfaire part defes trefors &
defa fortune.
Je voudrois bien vous faire
voir icy tous deux grands defolateurs des Rois & des Royaumes ; vous Alexandre , qui venez
de nous faire compter pour beaucoup les honneurs que vous avez
rendus à une Reine captive fous
lejougde vos armes tandis qu'elles
eftoient injustement tournées contre le Roy fon Epoux ; & vous
Céfar , dont un des plus grands
traitsfut; de rendrele Trône d'un
36 MERCURE
frere àunefœur, pour la rendre
elle-même par cette espece de
generofité l'objet de vos amours.
&de vos profufions ; mais li je
ne puis vous voir icy en perfonne
j'y vois du moins vos ombres gémiffantes de douleur d'apprendre
qu'il y afur la terre dans l'ame
d'un plus grand Conquerant que
vous , une plus grande generofité
que la voftre.
Reduirons- nous à cette action
genereufe la Magnanimité de
noftre Heros ? non , Meffieurs
quifçait réfugier un Roy en peut
bien foutenir un autre , l'entreprife eft difficile mais elle eft
GALANT 37
jafte l'execution eft prompte mais
elle eft de Louis le Grand, un Roy
mourant nommefon Succeffeur il
faut le luy donner.
1
url
Les paroles d'un Souverain
au lit de la mortfont des Sentences depolitique, & les Peuples y
font attentifs , comme àdes Arrefts
prononcez gloire de l'Etai?
le Roy d'Espagne meurt fans
enfants , il déclare Heritierde
fes Royaumes un Fils de France?
tes Espagnols empreffez le demandent à Louis le Grand , &
Louis le Grand , comment le leur
envoit-il , avec une portion de
cettefageffe dont il fait des leçons
38 MERCURE
à toute l'Europe , aveclesconfeils
de cette prudence , qui rend l'obéiffance affectionnéepar la douceur du commandement, avec cette
grandeur d'ame qui le rend fuperieur à tous les Heros , ce n'eft
pas affez avec cette grandeur
d'ame qui le rend Louis le Grand,
Philippe V. enrichi de tous ces
J
nobles prefens du grand Royfon
ayeul , entre en Triomphe dans
toutes les Villes d'Espagne , &
toutes les vertus l'yfuivent ; mais
fes Ennemis , Ennemis de la
juftice , & de la veritable
deur, l'y attaquent.
gran
*Et que font-ils , ils entretien-
CALANT 39
nent des intelligences avec quelquesfactieux , qui affemblent des
nuagesfurfa tefte, ils s'emparent
foit par rufe foit parfureur foit
par irreligion , toujours par
injustice , de quelques Royaumes
éloignez du Siege defon Empire:
mais que n'auront ils pas à craindre , grandPrince , lorsqu'ils verront voftre Majesté s'aprocher de
vos Troupes , pour ranimer leur
valeurpar voftre prefence : autrefois dans une Guerre contre les
Gaulois , il nereftoit auxRomains
d'autre efperance , qu'an Capitole
affiegé, & en Camille banni , &
neanmoins ils repoufferent ces
40 MERCURE
fiers Ennemis , vous voftre
efperance est encore toute entiere ,
dans la poffeffion de vos plus
grand Royaumes , dans le cœur
de vos meilleurs Sujets , dans
l'affection de vos Troupes , dans
la force de voftre bras , dans la
confiance en des Victoires remportées , dans la protection de Louis
le Grand: vous diffiperez à lafin
les Germains & leurs Confederez.
Vous foupirez cependant ,
Peuples foumis , à la puiſſance
de ce jeune Roy , & nous peuteftre auffi avec vous : car enfin
que voyons nous depuis quelques
GALANT 41
années , le glaive du Tout- Puiffant eft entre les mains de fes
Ennemis , la Victoire s'égare , &
il luy eft permis de fe ranger fous
des Drapeauxprefque tous Heretiques , de prendre parti contre
les Armes défenfives même de la
Religion : mais ne nous laiffons
pasicy abattrefous les coups d'une
legere infortune ? en vain nes
Ennemis veulent-ilsfe perſuadër,
queces revers nous arrivent pour
enorgueillir leurs Armes nous
fommes comme convaincus ,
c'eft pour montrer à tous les Rois
à tous les Peuples, la grandeur
de Louis le Grand dans tous fes
Février 1710. D
que
42 MERCURE
points de veuë on ne l'avoit
ven jufques alors ce Monarque
que dans la profperité , &ilne
luy manquoit rien pour paroître
plus grand que les autres : mais
il luy manquoit un changement.
de fortune pour paroître en un
fens plus grandqu'il n'avoit encoreparu : nous l'avions veu Victorieux defes Ennemis , vaincre
fonpropre bonheur mais nous ne
L'avions pas encore affez ven ſe
vaincre foy - même , nous fçavions ce qu'ilfçavoitfaire , mais
nous nefçavions pas ce qu'ilfçavoitfuporter; il avoitparu peutêtre trop beureux, maisfans per-
GALANT 43
dre la moderation ilfaloit qu'il
parut moins heureux : mais fans
perdre laconftance.
Qu'il eft peu de ces ames égales,
faites à l'épreuve de toutes les revolutions de cette grande rouë fur
laquelle tourne toutce qu'on appelle
grands évenemens ; mais lafageffe
active e vigilante de Louis le
Grand voit changer de face à la
Fortune , fans permettre à fon
cœur de changer defituation , comme s'il n'avoit jufques alors mé
nagéles bons fuccés que pourexercer fa prefence d'efprit à foûtenir
les mauvais ; bé que feait - on ?
peut - eftre même qu'il craignoit
Dij
44 MERCURE
pour fon ame la durée defes prof
peritez & qu'il avoit demandé
quelquefois de n'eftre pas toujours.
vainqueur de fes ennemis , pour
s'exercer dans cet Art fi difficile de
vaincre l'adverſité ; ainfi lagrandeurdefoname foûtenant nos efperances , ranime la fermeté de nos
fameuxGuerriers qui commencent
déja à regarder le glorieux avan
tageremportéfur un nombre affez
grand de nos ennemis en Alface ,
la glorienfe retraite de noftre
Armée en Flandres , comme des
prefages prefque infaillibles d'un
nombre prefque infini de Victoires.
GALANT 45
+
Je finis , Meffieurs mais n'al
lez point me reprocher , que
pour faire unplus grand éloge de
Louis le Grand , il falloit le
prendre de plus haut , remonter
jufques auTrône des Clovis , des
Saint Louis , des Charlemagne ,
comparer même ces grands Rois ,
avec les Conftantin &les Theodofe , & chercher jufques dans
leurs Tombeaux , les femences de
la valeur &de lagrandeurd'ame
de Louis le Grand : Il est uray ,
Meffieurs , que fa gloire com
mençoit a fe produire à fe
mais comme il former
en
n'y en apoint excepté S. Louis ,
46 MERCURE
en qui la fortune ait affemblé
tant d'événemens divers , il eftoit
important dans les conjonctures
prefentes , de mettre fes actions a
part, &de ne pas confondre dans
la concurrence de leurs grands
noms , celuy dont la gloire remonte
juſques à eux , avec autant d'éclat qu'elle en eft defcendue : c'eft
donc fans rien diminuer de leur
gloire , que Louis le Grand eft
plus Grand que tous les autres
Heros ; plus grand par rapport
la vaillance, parce qu'il a triomphé
même defon bonheur, dans laprofperité de fes armes plus grand
par rapport à la generofité & à
à
GALANT 47
la grandeur d'ame non -feulement parce qu'il a donné azile à
unRoidépouillé de fes Etats ; nonfeulement parce qu'il a maintenu
un Prince de fa famille fur un
Trôneétranger,mais encore parce
que dans une interruption debonheur,fon cœur s'eft mis au- deffus
des injuftices de la Fortune.
AU ROY..
! Oui , SIRE, *
Vous eftes leplusgrand de tous
les Heros , pour dire encore
48 MERCURE
vous quelque chofe de grand que
nous n'avons pû dire , le nom de
LOUIS LE GRAND renfermant
toutes les qualitez d'unfouverain
Heros , trouvera quelque chofe
de foy dans les noms particuliers
quepourront prendre dans lecours
des temps , pour caracterifer leur
propregrandeur , quelques- uns des
Rois qui fuivront VÔTRE MAJESTE' fur le Trône ; il fe trouvera ce grand nom , mais comme
divifé , dans ceux qui par leur
valeur porteront le nom de Magnanime, dans ceux qui par leur
demence feront reconnus pourPcse des Peuples ; dans ceux qui
par
GALANT 49
par leur zeleferont appellez Deffenfeurs de la Religion ; dans
ceux qui par leur vertu feront
avouez pour Princes Pieux ; &
dans ceux qui dans les temps infortunezferont qualifiez d'İntrepides ; ainfi voftre grand Nom,
allant pompeufement de fiecle en
fiecle , vivra avec éclat tant qu'il
yaura , comme ily en aura toujours , de grandes vertus affifes
fur le Trone ; & tandis que l'Antiquitéfera occupée dans les Hiftoires de fes Conquerans , àplaindre le trifte fort d'Alexandre
de Cefar , tous deux fatalement.
arrachez à la vie , la Pofterité
Février 1710.
E
50 MERCURE
fera retentir lagrandeur de vostre
Ame, dans tous les grands énjenemens de voftre Regne , ne cefferajamais d'admirer unefi belle
vie, dont la Parque filera encore
refpectueufement les jours gloricux, & au de- là de ceux de
David , jufqu'à l'extremité d'une
longue carriere.
"
A MONSEIGNEUR.
MONSEIGNEUR,
Digne Fils du plus grand des
"Heros qui fe reproduit en Vous
vous avezla même valeur , vous
GALANT SI
joignez la même prudence , &
Les Peuples reffentent pour vous
le même amour qu'ils ont pourfa
Sacrée Perfonne.
pronsVous avez , MONS EIGNEUR, la même valeur; quelle
femente pour ainfi dire de triomphes , n'a- t-elle pasjetté dans vos
premieres Campagnes , quel trophée Philifbourg, monument éternel d'une vaine refiftance à vos
forces ; quel trophée , dis-je , n'at- il pas érigé à l'honneur de vôtre
gloire, quelle vive ardeur n'a pas
animée vos courſes conquerantes
du Palatinat ; & quel torrent de
réputation auroit jamais púfuiE ij
52 MERCURE
vrelarapiditéde vosVictoiresfila
fageffe du Roy n'avoit agi comme
de concert avec la Providence ,
pour retirer du peril une vie fi
neceffaire àfes Sujets , &pourne
plus expofer au Champ de Mars
un Heros qui doit à coté defon
Trônefoutenirle poids defa Cou
ronne.
Ala même valeur vous joignez la même prudence ; & où
Monfeigneur , vous auroit- elle
manqué cette prudence ; feroit-ce
dans les Armées où vostre bras
agiffoit autant par voftre efprit
que par voftre cœur , où les Soldatsfuivoient vos ordres avec vos
GALANT 53
exemples , & où vous ne laiffiez
rien prévenir par la Fortune , de
tout ce quipouvoit eftreprévúpar
voftre attention :feroit- ce au Confeil , où quelquesfois les plus éclairez ne verroient peut- eftre que de
loin les chofes les plus importantes
fi vous ne les mettiez vous- même
dans leur point de vue, pour les
leur montrer de plus prés.
Les Peuples ont pour vous ,
Monfeigneur , le même amour
que pour Sa Majesté : ils cherchentfur voftre vifage les preſages de leur bonheur à venir ; ils
croyent appercevoir dans vos yeux
dans vos regards , le fondeD iij
54 MERCURE
ment des efperancespubliques , &
l'air affable & plein de bonté,
fous l'appas duquel vousprévenz ceux qui ont l'honneur de
ous approcher, devient le charme attrayant qui gagne nos cœurs
&forme les douces chaînes qui
nous lient avec paffion à vostre
Augufte Perfonne.
Ainfi , Monfeigneur , Heros
par voftre Augufte Pere , Heros
par vous - même , Heros encore
dans vos Defcendans ; voftregloireferafans fin dans la Pofterité
comme elle eft à prefent fans mefure.
GALANT 55
Dés qu'il ' eut fini il s'éleva
dans l'Affemblée un concert
de es a
fit voir que
l'Orateur est heureux lorfqu'il
a pour objet ces merites éminents , univerfellement reconnus , & aplaudis de tous.
Il fit enfuite , felon la coutume , les Eloges de Mr l'Archevêque de Lyon ; de Mr le
Maréchal de Villeroy Gouverneur de la mêmeVille ; de Mr
le Duc de Villeroy fon fils ;
& ceux de Mr l'Intendant ;
de Mrs les Comtes de Lyon;
de Mrs de la Cour des Monnoyes ; de Mrs les Treforiers.
E
iij
56 MERCURE
9
de France ; de Mrs les Elûs ;
de Mr le Prevôt des Mar
chands ; de Mrs les Echevins ;
& de Mrs les Confuls.
Vousdevezjuger que l'Affemblée eftoit des plus nom- .
breuſes , & que l'Orateur futs
long , ayanteu à parler de tant
d'Auguftes Perfonnes , & de
tant d'Illuftres Magiftrats , &
ce qu'il y eut de furprenant fut
qu'il n'ennuya pasunmoment,
& que dans tout ce qu'il dit
le caractere de toutes les perfonnes dont il parla , fut no
blement , & ingenieuſement
mis dans fon jour.
Fermer
Résumé : Article dont on ne peut donner dans cette Table une idée qui puisse répondre à son sujet, & qui renferme un Eloge du Roy, & de Monseigneur le Dauphin d'une maniere toute singuliere, [titre d'après la table]
Le texte relate la prononciation annuelle d'un discours à l'Hôtel de Ville de Lyon, le jour de la fête de Saint Thomas, en présence de l'archevêque, de l'intendant, des comtes de Saint Jean et des compagnies de la ville. Cette année, le discours a été prononcé par le fils de Monsieur Yon, seigneur de Jonage, récemment nommé premier échevin malgré ses fonctions de secrétaire du roi. Le discours a reçu de grands applaudissements. L'orateur commence par une réflexion sur la grandeur de la tâche entreprise, reconnaissant la faiblesse humaine mais espérant que la noblesse du sujet donnera du relief aux paroles. Il critique l'erreur commune de surévaluer les mérites des personnes célèbres du passé pour diminuer la gloire des contemporains. Il cite des poètes et des philosophes pour illustrer cette erreur et affirme que la gloire des contemporains est souvent méconnue. L'orateur se propose de rendre justice à tous les mérites, anciens et modernes, en louant les grands hommes actuels autant que ceux du passé. Il se concentre sur l'art militaire et choisit de parler des héros les plus renommés, en particulier Alexandre et César, dont il vante les grandes qualités. Cependant, il introduit la figure d'un héros contemporain, Louis le Grand, qui incarne la justice, la modération et la grandeur d'âme. Louis est décrit comme un roi qui entreprend la guerre avec justice, respecte les lois et fait preuve de générosité même dans la victoire. Le texte célèbre la grandeur et la magnanimité de Louis le Grand, roi de France. Il le compare à des figures historiques comme Alexandre le Grand et Jules César, mais souligne que Louis dépasse ces héros par sa modération et sa générosité. Le texte décrit plusieurs exploits de Louis, notamment son refus de tirer avantage de ses sujets et sa capacité à inspirer la peur et le respect sans combat. Il mentionne également des campagnes militaires où Louis a conquis de nombreuses villes par sa seule réputation. Le texte évoque ensuite une menace potentielle d'un prince hérétique qui trame des plans ambitieux pour s'emparer du trône d'Angleterre. Louis est présenté comme un défenseur des rois opprimés, prêt à soutenir un monarque déchu et à lui offrir refuge et soutien. Le texte souligne également la sagesse politique de Louis, qui a su gérer les revers de fortune avec constance et sagesse. Il mentionne la mort du roi d'Espagne sans héritier et la nomination de Philippe V, fils de Louis, comme successeur. Malgré les attaques des ennemis de la justice, Louis reste un modèle de grandeur et de prudence. Enfin, le texte conclut en exaltant la grandeur de Louis, comparée à celle des plus grands rois de l'histoire. Il prédit que le nom de Louis le Grand sera synonyme de toutes les vertus royales et que sa mémoire sera célébrée pour sa vie exemplaire et ses actions héroïques. Le discours s'adresse également à un haut dignitaire, louant ses qualités et ses actions. L'orateur souligne la prudence et l'esprit stratégique du destinataire sur le champ de bataille, où ses soldats suivent ses ordres et ses exemples, et où il anticipe les événements grâce à son attention. Il mentionne également son rôle au conseil, où il éclaire les décisions importantes. Les peuples éprouvent pour lui un amour similaire à celui qu'ils portent à leur souverain, voyant en lui les signes de leur bonheur futur et étant charmés par sa bonté et son affabilité. Le discours célèbre également la lignée héroïque du destinataire, soulignant qu'il est un héros par son père, par lui-même et par ses descendants, et que sa gloire perdurera dans la postérité.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
8
p. 56-102
Discours prononcez le lendemain à l'ouverture de celle des Sciences, [titre d'après la table]
Début :
Le lendemain 30e. l'Academie Royale des Sciences ayant [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Fontenelle, Discours, Plantes, Baromètre, Animaux, Matière, Malades, Médecine, Mercure, Assemblée, Botanique, Métal, Minéral
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Discours prononcez le lendemain à l'ouverture de celle des Sciences, [titre d'après la table]
Le lendemain 30e. l'Academie Royale des Sciences ayant
tenu aussi sa premiere Assemblée publique d'aprèsPasques,
fut ouverte par M' de Fontenelle Secretaire perpetuel de
la Compagnie, qui estant eagagé par la coûtume à faire un
Eloge historique de tous les
Académiciens - morts, fit celuy
de M de Chazelles Proresseur
en Hidrographie à Marseille. ,.
Il dit qu'il excelloit dans l'Art
de lever des Plans
y
& de dresser
der Cartes par le moyen des
Observations Astronomiques,
ausquelles il s'estoit fort exercé à l'Observatoire sous Mr
Cassini, éc qu'il avoir fait un
grand nombre de Campagnes
sur les Galeres, & avoit couru
toute la Mediterannée en faisant. des Descriptions exactes
des Ports,des Rades, des Côtes, &c.
Mr Reneaume, lûtun Difcours
de sa composition sur la
découverte d'un nouveau Febrifuge.
Il dit que si la Botanique se
bornoit àlanomenclature des
Plantes, & à la critique des
Auteurs, ce ne seroit qu'une
Science sterile, quoyque
tres-étenduë, dont le travail
& les fatigues ne produiroient
aucune utilité; mais que le
dessein des Botanistes estoit
bien plus vaste, puisque non
seulement ils pretendoient rassembler fous un certain point
de vûë, tout ce ce que l'Univers contient de Plantes, ils
vouloient encore rechercher
soigneusement l'usage & la
la vertu de chacune en particulier; que c'estoit par cet endroit que la Botanique devenoit une partie essentielle de la
Medecine; que ce grand dessein ne pouvoir s'exccuter que
par parties, & pour ainsi dire
piece à piece,tantôtenrecherchant curieusement ce que
chaque Contrée produisoitde
Plantes, tantôt en examinant avec exactitude, & par
différentes routes, leurs bonnes ou mauvaises qualitez.
Il ajoûta, qu'entre ces soins,
celuy de découvrir de nouvel-
lesPlantes,& çeluy de mettre à profit les experiences des
Etrangers
,
estoient devenus
dans les derniers temps la passion dominante desBotanstes
qu'ils y
avoient mesme si heureusement réüssi, qu'on pouvoir dire que jamais le nombre des Plantes connuës n'avoit eite si grand, ny la matiere Medecinale plus abont dance; qu'on pourroit cependant dourer avec raiCon)fices
rîchesses estoient aussi avanrageusesà la Medicine, que tout
le monde se l'imaçinoit;qu'elle en avoit sans doute ressenty
le contrecoup; que comme il
arrivoit que dans la construction de la plûpart des nouvelles Machines,on perdoit d'un
côté ce que l'on gagnoit de
l'autre, de mesme à force d'avoir trop de remedes, d'un
côté on negligeoit la Methode si necessaire pour en bien
user, de l'autre le trop grand
empressement que l'on avoit
eu pour connaître les Plantes
étrangeres, avoit presque fait
abandonner l'étude de celles
qui croissoient fous nos pieds.
Il fit voir que cela se remarquoic particulièrement dans le
genre des Febrifuges, & il fit
une peinture par laquelle il fit
connoîtrc que la connoissance
du Kinkina qui fut d'abord
élevé jusqu'aux Cieux, fit auffitôc disparoître la plûpart des
remedes qui l'avoient précédé,
& il nomma plusieurs remedes
mis en oubly, quilorsqu'on
les sçavoit bien employer, fai-
,
soient des effets qui n'eftoienc
ny moins feurs ny moins fur-'
prenans que ceux du Kinkina;
& il fit connoître qu'il estoit
peu de Medecins qui n'eussent
trouvé plusieurs Malades rebutez du Kankina, ou pleins
d'aversion pour ce remede, cc
qui luy avoit donné occasion
de découvrir le nouveau Febrisuge, dont il entretint ensuite la Compagnie:il dit toutes les raisons que les Malades
avoient de s'en plaindre, & il
fit beaucoup de reflexions làdessus. Ilparla de plusieurs experiences d'Alexandre Pascoli
faites en France sur la vertu sebrifuge de la noix de Cyprès,
affirmant qu'il les avoit verifiées avec succés, & il dit que
tout le monde connoissoiit cette noix pour un Astringent;
qu'il trouvoit dans cc remede
dequoysurvenir à tous les inconveniens dont il venoit de
parler ; qu'outre cela l'idée
nouvelle, & peut-estre veritable, de la digestion faite par latritutation, luy avoit sourny beaucoup de raisons pour
appuyer ce remede, & pour
luy en faire esperer une heureuseréussîte. Mais que bien
loin, comme il arrive souvent
à
ceux qui raisonnent ainsi,
que ses espennces sussent vau
nés
,
lévenement avoir furpnffe son attente.
Il dit qu'il commença à se
se servir de la noix de Cyprès
en 1704. qu'en Essé & pendant l'Automne il y eut beaucoup de Malades; que la plûpart n'estoient attaquez que
de fievresintermitentes de
toute espece & de différent caraétere; mais beaucoup plus
de tierces trregutieres & doubles tierces, qui estoient souvent accompagnées de dévoyemenr; que plusieurs de
ces Maladesqui avoienc esté
préparez par ces remedes géneraux, ayant pris de cette
noix avec succés, il arriva une
occasion dans laquelle la personne qui preparoit les reme-
des donna la noix de Galle au
lieu de celle de Cyprés qu'il
avoir ordonnée; que ce remede ayant eu tout le succés qu'il
en auendoit, & qu'il avoic
éprouvé de l'autre, il ne se feroit point apperçû de l'erreur
sans le fait qui fuit. Qu'entre
les Malades qui furent guéris
par la mesme méprise, il s'en
trouva un qui se plaignit, quoique guery
,
d'avoir esté resserré pendant trois jours,& d'avoir rendu des excrcmens noirs
comme de l'encre après un lavement,ce qui épouventa fore
le Malade, & luy fit craindre
que l'on ne se fût trompé
y
&
que l'on n'eut mêlé quelque
chose de vitriolique, ou de serrugineux avec cette poudre;
que pour s'en éclaircir il demanda ce que l'on avoir donné à
ce malade; qu'il remarqua
dans la réponse l'heureuse meprise qui luydécouvrit un nouveau remede; qu'il dissunula
la chose,estant bienaise d'observer le fait de plus prés; que
la noirceur des digestions ne
l'embarassa pas quand il fit reflexion que lorsqu'on laisse ces
fortes d'artringens dans quelque liqueur,& qu'il s'y ren-
contre quelque acide, ou partie serrugineuse,ils ne manquoient point de senoircit, &
de communiquer leur teinture,
& que l'usage qu'en saisoient
les Teinturiers prouvoit ce
fair.
Il fit ensuite une description
de toutes les noix de galle, &
du bien qu'elles avoient fait à
tous ceux à qui il en avoit donné, ce qui luy reiïffit si bien,
que Mr Collot Docteur en
Medecine de la Faculté de Pa.
ris, auquel il avoit fait part de
ces faits, s'en voulut aussi servir
:
Et il ajoüca, quel'expe-
rience répondit à
souhais, que
quelques personnes charitables
surprises de la bonté d'un Remede qui coutoit si
peu, s'épargnerent ladépense du Kinkina dont elles ne se servirent
prcfque plus dans la fuire, donnant en sa place le nouveau
fébrifuge dans toutes les incermitentes. Il nomma deux autres Medecins de la Faculré qui
avoient fait la mesme chose,
& dit, que ce grand nombre
de guerisons ne laissoit aucun
scrupule sur l'efficacité de ce
Rcmede; & l'obligeoit à\cn
faire part à la Compagnie.
Il décrivitensuite la maniere
dont on dévoie préparer les
Malades pour bien faire operer
ce remede, & la maniere de le
mettre en usage. Il poursuivit
en disant qu'il estoit confiant
que les fièvres inrermitentes,
dépendoicnt uniquement de la
mauvaise qualité duchyle; que
ce feroit si l'on vouloit l'aigreur comme quelques-uns
l'assurent
;
qu'il falloit une certaine quantité de ce chyle aigre
dans le fang pour y
causer le
trouble ou fermentation que
l'on nomme siévre; que cette
quantités'accumuloit plus ou
moins promptemenr à proportion que lesalimensétoient
plus ou moins bien digérez, ce
qui cau foit ladistancedifférente des accès, & rendoit raison
de leur retour si regulier
,
que
les vices de la digestion pouvoient venir tantôt de la disposition de lestomac
,
tantôt
de celles des parties voisines, ce
qui donnoit à
ces fiévres un caractere & des accidents différents qui servoient alesdistinguer, & montroient qu'elles
devoient estre traitéesdifferemment,quoy qu'elles parussent
assez semblables aux yeux du
vulg aire.
Il continua en disant si on
ne pouvoir pas attribuer ces
vices de la digestion à trois choses princi pales
,
sçvoir, pour
ce qui regardoit l'estomac, ses
si')res relâchées, ou irregutierement tendues ; & pour ce qui
regardoit l'estomac étantchargé & rempli d'alimens plus
qu'il ne devoit l'estre, ses fibres
qui se trouvoient trop tenduës
pendantuncertain temps, perdoient leur ressort & ne se
contractoient plusassez pour
broyer les alimens aussiparfaitement qu'il étoit necessaire;
que les fruits, par exemple, qui
souvent
souvent n'estoient îndigestes
que par la trop grande quantité que l'on en mangeoir,
pouvoient facilement caufcr ce
relâchemenr des fibres par leur
volumeou par leur humidité,
& par consequent empêcher la
digestion, ce qui donnoit lieu
au chyle de s'aigrir, & causoit
enfin la fiévre
> que d'un autre
côté le trop grand usage du
vin & des liqueurs ardentes &
spiritueuses pouvoient alrerer
le tissu des fibres & leur causer
une tensionvicieuse&irreguliere;&untenesme si l'onvouloit
,
ou irritation qui enlpê::
choit l'égalité du broyemenç
& la parfaite digestion; de fou
te que cette disposition, quoy
qu'opposée aurelâchement,
produiroit néanmoins des ef.
fcts a(kz semblables; mais lors
que le cours de la bile eftoic
interrompu
,
le chyle qui tendoit toûjours à s'aigrir, dénué
de cet amer huileux & balsa.
mique
,
n'avoit plus rien qui
corrigeât son aigreur
,
& réunît ses principes; de maniere
qu'il ne manquoit point en se
mêlant au fang de le faire fer-,
menter, & decauser une fièvre
intermitente. Hltermncore.. - -
Il dit encore plusieurs choses pour prouver que le nouveau febrifuge dans les fiévres
produites par les deux premie-
,
res causes, devoit estrepréféré
au Kinkina, ce qu'il prouva par
beaucoup de raisons, & il finit
en disant
,
que si l'on faisoit
attention à tout ce qu'il venoit
de dire,ilseroit facile dediscerner les occasions dans lesquclles on devoir employer le nouveau febrifuge,d'avec celles qui
,
demandoient l'usage du Kinkina, auquel on pouvoir nean-
[ moins le substituer en toute
! rencontre.
Mrde laHireleCadet,lût
un beau Discours touchant
l'Analogie qu'il y a entre les
plantes & les animaux- & l'utilité que l'on en peut tirer. Il
commença par faire voir les
raisons pour lesquelles l'étude
de la Botanique&de la Physique des plantes, avoit paru
jusqu'icy la plus sterile qu'il y
ait dans toute la nature. Il fit
voir après,que quoique laBotanique parut fournir si peu,elle
estoit neanmoins toute remplie de faits curieux IIdit,qu'il
n'étoit pas aisé de rendre raison
de tous les faits qu'on y pou-
voit observer sur tout si l'on
demandoit que les preuves que
l'on en rapporteroit
,
fussent
tirées immédiatement des plantes; que si l'on ne trouvoit pas
dans une plante l'effet quel'on
y
recherchait, on le trouvoit
dans un autre; il en rapporra
les raisons
;
3c il fit voir qu'on
fc pouvoit servir de la connoissance que l'on avoit des
animaux
,
pour en faire une
application aux plantes. Il fit
voir aussi que comme chaque
Pays a
ses animaux qui luy
font propres, & qui ne peuvent vivre ailleurs,il n'yavoit
aussi point delieu sur la terre
quin'eût ses plantes particu- -
lières qui ne peuvent vivre en
aucun autre endroit que dans
celuy qui leurest naturel.Il
donna des exemples pour fai-
*reconnaître que les plantes
transplantées en d'autres pays
souffroient, & dit en quoy elles
souffroient.
Il parla d'une espece de Plante que les naturels du Pays où
elle croît, regardent comme
un veritable animal.Il dit qu'ils
l'appellent Baromets, ou Boranets,
qiêïucut dire, un Agneau; que
cette plantevientdans la Tartarie
&dans leprincipal Horde qu'on
appelle Zavolha
;
qu'elle a toute
lafigure d'un Mouton
; que cette
cjj>cce d'Agneaua quatre pieds;
que sa teste a
deux oreilles; qu'il
rfl couvert d'une peau très-délicateJ
dont les Habitansse couvrent
la tesse & la poitrine; que sa
chair
a
du rapport a celle des Ecrevisses de Mer,&mesme que lors
qu'ony fait une incision , il
en
sort une liqueur comme dusang;
qu'il a un goût fort agréable;
que laTigequi le soûtients'éleve
en sortant de
terre à
la hauteur de
trois pieds, & qu'ily est attaché
à l'endroit du nombril. Que ce qui
est encore deplus merveilleux, efl
que tant qu'ily a
del'herbe autour de luy
3
il se porte bien;
mais qu'ilsiseche&périt quand
elle vient à luy manquer; ce qui
confirme que cette herbe luy est
absolument necessaire pour vivre,
est que l'on a
experimenté que si
on
l'arrache, il nepeutplussubso.Ilajouta, qu'on disoit
que les Loups en estoient sort
friands, & il fit voir qu'on ne
pouvoir douter que ce ne fût
une veritable plante, puisqu'il
venoit d'une graine qui ressembloit à celle du Melon, excepté
qu'elle estoit un peu moins
longue, & qu'on la cultivoit
dansce pays-là. Il fit voir que
quoy que ce recit parust fabuleux >il estoit attesté par plusieurs Auteurs dignes de foy,
& que l'on dévoieconsiderer
cette plante animale commé
une espece de grand Champignon qui auroir cette figure.
Il parla ensuite des Plantes
de ce Pays-cy
,
dont les graines
ont des figuressingulieres, &
particulièrement de celle qui
ressemble à
un mufle de veau,
& il fit voir que les fondions
qui se font dans les Plantes se
faisoient pareillement dans les
Animaux, & que les uns & les
autres estoient su jets aux mêmes accidens. Il fit voir que
cestoit à
ces dernierstemps que
l'on devoit la découverte des
œufs dans les Plantes, en forte
que les Plantes aussi bien que
les Animaux prenoientnaissance d'un œuf, & dit plusieurs
choses curieuses sur ce sujet.
Il parla ensuite de l'âge plus
avancé des Plantes, & il fit
voir que le temps auquel elles
commencent à estre secondes,
avoit du rapport avec l'âge de
puberté dans les Animaux. Il
dit que dans une même espece
9
de graine
,
il y en avoir qui
produifoient des Plantes qui
donnoient du fruit, & d'autres qui n'en donnoient point,
ce qui avoir du rapport aux
differens sexes dans les Animaux. Il fit voir aussi qu'il y
avoit des Plantes & des Animaux plus ou moins tardifs à
produire,& qu'en general routes les Plantes hcrbacécs der,^
noient beaucoup plutost du
fruit que tous les Ar bres
>
il
parla de la variété des especes des Plantes & des Animaux, & il dit beaucoup de
choses curieuses sur ce sujet. Il
fit voir aussi le rapport des
Plantes annuelles avec les Infectes, & il parla des moyens
de faire vivre les Plantes qui
ne sont pas naturellement vivaces. Il parla aussides alimens
particuliers que demandoient
les unes & les autres, & il expliqua ce quiregardoit leur
'fue nourricier, & celuy des
animmiir
Il passa de là aux Maladies
des Plantes
,
& fit voir que
chaque especede Plante & d'Animal avoit son temperamment. Il fit connoistre qu'il y
avoir des moyens pour guérir
des Arbres maladesmais que la
plûpart des Jardiniers aimoient
mieux les arracher, que de [c
donner la peine de faire les choses necessaires pourles guérir. Il
fit voir que la sterilité estoit un
mal ordinaire à
tous les Animaux,& que ce mal estoit fort
commun parmi les Plantes,&:
il dit que l'experience faisoit
connoistre que l'on y
pouvoir
remedier& qu'on pouvoit même les rendre plus secondesqu'-
elles ne l'estoient au paravant.
Il dit ensuite,qu'après avoir
montré le rapport qu'il yavoit
entre les Plantes & les Ani-
maux depuis leur origine juLqu'à leur fin, qu'après les avoir
considerez lorsqu'ils eftoienc
encore enfermez dans leurs
œufs, & lorsque la Narureles
développoit & les en faisoit
sortir, il les avoir suivis dans
un âge plus avancé;illes avoit
confi derez dans le temps qu'ils
commençoient à devenir seconds, & dansceluy auquel ils]
cessoient naturellement de le- j
tre; qu'il avoit ensuite couché]
quelque chose de la vieillesse
des Plantes & des Animaux &
de la durée de leurs jours, &
qu'enfin il avoit passé aux mai
ladies quiles affigeoient & aux
remedes qu'on y pouvoit apporter, il sembloit qu'on ne
devoit plus douter qu'il n'y
eustbeaucoup d'analogie entre
les Plantes & les Animaux, &
il dit qu'à l'égard de l'utilité
qu'on pouvoit tirer de cette
comparaison
,
il l'avoit déja
fait sentir en quelques endroits,
lorsqu'il s'estoit servi des Animaux pour tirer quelques consequences touchant les Plantes) ce qui pouvoit suffire pour
prouver ce qu'ils'estoit propofé
; que cependant il expliqueroit encore un fait beaucoup
t'.
[
plus sensible que tous les precedens, & il finit par cet endroit, qui fut l'explication de
la raison pour laquelle en l'année 1709. il n'y eut presque
que les vieux Arbres quigelerent. La lecturedece Discours
fut trouvéetrès-curieuse
,
&
fut écoutée avec beaucoup
d'attention.
Mr Hombert lût un Discours sur les MatieresSulphureu ses, & sur la facilité de les
changer d'une espèce de soufre en une autre.
Ce Discours estoit la fuite
d'un autre Discours qu'il avoic
déjà lu sur la mesme matiere.
-
Il dit qu'il avoit oppellé dans
ses Mémoires precedens, Matïcrc Sulpbureuse ou
Soufre,
toutes les Matieres huileuses
- ou graffes, que l'onconnoissoit, & qu'il en avoit usé
ainsi pour la distinguer d'avec
le soufre principe; qu'ensuite
il avoit supposé, & croyoit
mesme avoir en quelque façon
prouvé que ce soufre principe
n'estoit autre chose que la matiere de lalumiere qui n'estoit
pas encore déterminée à
aucunes des especes de soufres ou
i de matieres sulphureuses que
l'on connoissoit; mais qui les
produisoit en s'arrestant en
quantité convenable dans les
differens corps ou elle s'estoit
introduite; car quoy qu'avant
ce temps elle ne parût pas une
matiere qui fût évidemment
huileuse, elle ne laissoit pas
d'en donner quelques marques
qu'il avoit raportées ailleurs.
Il ajoûta qu'il avoir divisé
les matières fulphureufes en
trois classes; que la premiere
estoit lorsque le soufre principe s'arrestoit principalement
dans les matières terreuses, &
que pour lors il produisoit un
soufre bylumineux sec, comme font le soufre commun,
les Char bons de terre, le Jayet,
l'Aspbalte,l'Ambre jaune, &
autres; que la secondé estoit
lorsqu'il s'arrestoitoit principalement dans une matièreaqueuse, & qu'en ce cas il produisoit
une graisse ou une huile qui
estoit animale ouvegetale, séion qu'elle se tiroit d'une partie animale ou d'une Plante;
que la troisiémeestoit quand
il s'arrefioit principalement
dans une matière mercurielle,-
& que pour lors il produisoit
! un soufre métallique.
Il continua en allant; qu'il
avoit supposé aussi que le soufre principe, ainsi devenu maticre sulphureuse de quelque
cfpece qu'elle pût estre, ne
changeoit point de nature;
qu'il pouvoit donc non seulement Te dégager des matières
fulphureufes qu'il avoir produites, & alors redevenir fimplement Matière de la lumiere; mais aussi qu'il pouvoir encore en restant mesmematiere
fulphureufe changer d'état;
c'està-dire, passer d'une espece de soufre en une autre espece, sans se dépouiller du
corps qui l'avoit caracterisé en
premier lieu, ce qu'il faisoit
en s'introduisant simplement
dans un autre mixte, qui par
quelque accident avoit perdu
sa propre matiere fulphureuse; qu'il avoit commencé
dans un Memoire precedent àf
prouver cette supposition par
quelques exemples des huiles
vegetales & des graisses animales, que l'on pouvoit faire rentrer dans les matieres minérales dessechées par la calcination au point qu'elles ne fc
fondoient plus, ou qu'elles se
vitrisioent seulement en une
maticre scorieuse; que si l'on
ajoûtoit quelque huile que ce
sût à
ces Minéraux ainsi détruits,ilsreprenoient dans un
moment au grand feu, la même forme de Mineral ou de
Metal qu'ils avoient auparavant; que laraison en estoit
que l'huile du végétal se mettoit à la place de la matiere huileuse ou sulpbureuse du Mine-
-
rai, que le feu de la calcination
en avoit fait évaporer ce
qui
fevoyoit dans toutesles chaux
4
des moindres métaux; mais
plus évidemment dans celle
qui se saisoit de lecain, au
Verreardent. !
Il expliqua toutes ceschoses en homme qui possedoit
parfaitement bien ces matieres,
& les rendit tressensibles par
un grand nombre d'experiences qu'il raporta; en forte que
ses Auditeurs eurent beaucoup
de plaisir à l'entendre.
Mr de Bernoüilly
,
Professeur àBasle, ayant envoyé à
Mrs de l'Academie une Lettre
sur un nouveauBaromètre fort
sensible qu'il a
inventé, Mr de
Varignon en fit la lecture, &
voicy à peu prés sur quoy elle
roul
a.
Il dit qu'à l'occasiondune
lecture il s'estoit souvenu d'un
Barometre qu'il avoit imaginé
il y
avoit plus de douze ans,
& que Mr de Leibnitz qui il
avoit communiqué dés-lors
cette invention s'en fouviendroit sans doute. Ilajoûta qu'il
sir construire en Hollande ce
Barometre, qui ne réussit pas
mal, & qu'illuy paroissoit preferable aux autres pour plusieurs raisons, n'estant pas sujet à leurs défauts,&ayant des
perfections qu'ils nont pas. Il
continua en disant, qu'avec
une mesme quantité de vifargent il pouvait estre rendu
deux
deux fois plussensible que le
plus parfait des autres; que le
tuyau de ceux là sur lequel se
marquent les variations causées par les différentes pesanteurs de l'Atmosphere, devant
estre d'autant plus longs qu'on
les y veut rendre plus sensibles; que par exemple, d'environ 40. pieds pour lesy rendre
ILy. fois plus sensibles que
dans le Barometre fitnple étant droit & vertical, les rendroit toûjours incommodes,
& souvent intraitables
,
au
lieu que dans son Barometre,
pouvant citrereplié en mille
manières différentes n'y causoit rien de cet embaras,
ny
aucun autre qui en approchât
quelque longueur qu'il eût. Il
dit aussi que quelques liqueurs
qu'on employât dans les autres Barometres pour y marquer ces variations, ces liqueurs
feroient toujours sujetesàlevaporation qui en troubleroit
J'tff.tJ ce qui estoit encore un
grand Inconvenient, auquelle
sien n'estoit pas su jet, n'ayant
besoin que de Mercure qui ne
s'évapore pas sensiblement. Il
fit ensuite une peinture, par le
moyen de laquelle il sit connoître que son Barometre étoit si simple qu'il pouvoit
-
estre construit sans beaucoup
d'adroite, remply presque aussï
facilement que celuy de Toricclli, & porté à
telle étendue
desensibilité qu'on voudroit,
& ildit que son Barometre étoit si simple, qu'il estoit étonné que personne avant luy n'y
eûtpensé. Il continua,en disant
:
Vous sçavezqu'un tuyau
étroit estant remply à moitié
d'une liqueur, & puis incliné
peu à
peu jusquà la situation
horisontale, la surfacedecette
liqueur ( felon les Loix Hydroltaciques ) devroits'étendre en Eclypse, comme nous
voyons qu'il arrive dans un
Vaisseau
,
ou dans un tuyau îargCi Cependant dans un
tuyau étroit, la surfacedu
Mercure ne s'étend pas ainsi
pourconserver son niveau, elle demeure toûjours perpendiculaire à l'axe du tuyau, quoi
qu'incliné jusqu"a Ihorifon/
ce qui m'a donné lieu de penser à
ce Barometre. Il fit enfuite une Description tres-senlîble de la figure & des effets
de ce Barometre, par laquelleil
fit connoître qu'il n'estoit
point sujet aux inconveniens
que peuvent causerl'évaporation, la raresaction & la con-
- denfation des liqueurs par le
chaud & par le froid,excepté
celle à laquelle le Mercureest
sujet, laquelle est incomparablement moins considerable
que celle des autres liqueurs;
de forte que ce nouveau Barometre pourroit aisément être rectifié à la maniere de feu
Mr Amontons L'Assemblée
fut fort satisfaite de cette lecture.»
Mrl'Abbé Bignon resuma
à son ordinaire tous les Discours de ceux qui parlerent
dans cette Assemblée. Je vous
ai déja fait voir le plaisir qu'il
y a
à l'entendre en cette occasion; qu'il releve d'une maniére si spirituelle tout ce que l'on
dit;qu'il y
fait voir de nouvelles beautez
,
& qu'il fait aussi
connoître ce que l'on pourroic
dire de plus. De manière qu'il
y a toujours beaucoup a prositer dans tout ce qu'il dit, &
l'on allùre que jamais son esprit n'avoit brillé davantage
qu'il fit dans la dcrnicre Séance dans laquelle il a
parlé
tenu aussi sa premiere Assemblée publique d'aprèsPasques,
fut ouverte par M' de Fontenelle Secretaire perpetuel de
la Compagnie, qui estant eagagé par la coûtume à faire un
Eloge historique de tous les
Académiciens - morts, fit celuy
de M de Chazelles Proresseur
en Hidrographie à Marseille. ,.
Il dit qu'il excelloit dans l'Art
de lever des Plans
y
& de dresser
der Cartes par le moyen des
Observations Astronomiques,
ausquelles il s'estoit fort exercé à l'Observatoire sous Mr
Cassini, éc qu'il avoir fait un
grand nombre de Campagnes
sur les Galeres, & avoit couru
toute la Mediterannée en faisant. des Descriptions exactes
des Ports,des Rades, des Côtes, &c.
Mr Reneaume, lûtun Difcours
de sa composition sur la
découverte d'un nouveau Febrifuge.
Il dit que si la Botanique se
bornoit àlanomenclature des
Plantes, & à la critique des
Auteurs, ce ne seroit qu'une
Science sterile, quoyque
tres-étenduë, dont le travail
& les fatigues ne produiroient
aucune utilité; mais que le
dessein des Botanistes estoit
bien plus vaste, puisque non
seulement ils pretendoient rassembler fous un certain point
de vûë, tout ce ce que l'Univers contient de Plantes, ils
vouloient encore rechercher
soigneusement l'usage & la
la vertu de chacune en particulier; que c'estoit par cet endroit que la Botanique devenoit une partie essentielle de la
Medecine; que ce grand dessein ne pouvoir s'exccuter que
par parties, & pour ainsi dire
piece à piece,tantôtenrecherchant curieusement ce que
chaque Contrée produisoitde
Plantes, tantôt en examinant avec exactitude, & par
différentes routes, leurs bonnes ou mauvaises qualitez.
Il ajoûta, qu'entre ces soins,
celuy de découvrir de nouvel-
lesPlantes,& çeluy de mettre à profit les experiences des
Etrangers
,
estoient devenus
dans les derniers temps la passion dominante desBotanstes
qu'ils y
avoient mesme si heureusement réüssi, qu'on pouvoir dire que jamais le nombre des Plantes connuës n'avoit eite si grand, ny la matiere Medecinale plus abont dance; qu'on pourroit cependant dourer avec raiCon)fices
rîchesses estoient aussi avanrageusesà la Medicine, que tout
le monde se l'imaçinoit;qu'elle en avoit sans doute ressenty
le contrecoup; que comme il
arrivoit que dans la construction de la plûpart des nouvelles Machines,on perdoit d'un
côté ce que l'on gagnoit de
l'autre, de mesme à force d'avoir trop de remedes, d'un
côté on negligeoit la Methode si necessaire pour en bien
user, de l'autre le trop grand
empressement que l'on avoit
eu pour connaître les Plantes
étrangeres, avoit presque fait
abandonner l'étude de celles
qui croissoient fous nos pieds.
Il fit voir que cela se remarquoic particulièrement dans le
genre des Febrifuges, & il fit
une peinture par laquelle il fit
connoîtrc que la connoissance
du Kinkina qui fut d'abord
élevé jusqu'aux Cieux, fit auffitôc disparoître la plûpart des
remedes qui l'avoient précédé,
& il nomma plusieurs remedes
mis en oubly, quilorsqu'on
les sçavoit bien employer, fai-
,
soient des effets qui n'eftoienc
ny moins feurs ny moins fur-'
prenans que ceux du Kinkina;
& il fit connoître qu'il estoit
peu de Medecins qui n'eussent
trouvé plusieurs Malades rebutez du Kankina, ou pleins
d'aversion pour ce remede, cc
qui luy avoit donné occasion
de découvrir le nouveau Febrisuge, dont il entretint ensuite la Compagnie:il dit toutes les raisons que les Malades
avoient de s'en plaindre, & il
fit beaucoup de reflexions làdessus. Ilparla de plusieurs experiences d'Alexandre Pascoli
faites en France sur la vertu sebrifuge de la noix de Cyprès,
affirmant qu'il les avoit verifiées avec succés, & il dit que
tout le monde connoissoiit cette noix pour un Astringent;
qu'il trouvoit dans cc remede
dequoysurvenir à tous les inconveniens dont il venoit de
parler ; qu'outre cela l'idée
nouvelle, & peut-estre veritable, de la digestion faite par latritutation, luy avoit sourny beaucoup de raisons pour
appuyer ce remede, & pour
luy en faire esperer une heureuseréussîte. Mais que bien
loin, comme il arrive souvent
à
ceux qui raisonnent ainsi,
que ses espennces sussent vau
nés
,
lévenement avoir furpnffe son attente.
Il dit qu'il commença à se
se servir de la noix de Cyprès
en 1704. qu'en Essé & pendant l'Automne il y eut beaucoup de Malades; que la plûpart n'estoient attaquez que
de fievresintermitentes de
toute espece & de différent caraétere; mais beaucoup plus
de tierces trregutieres & doubles tierces, qui estoient souvent accompagnées de dévoyemenr; que plusieurs de
ces Maladesqui avoienc esté
préparez par ces remedes géneraux, ayant pris de cette
noix avec succés, il arriva une
occasion dans laquelle la personne qui preparoit les reme-
des donna la noix de Galle au
lieu de celle de Cyprés qu'il
avoir ordonnée; que ce remede ayant eu tout le succés qu'il
en auendoit, & qu'il avoic
éprouvé de l'autre, il ne se feroit point apperçû de l'erreur
sans le fait qui fuit. Qu'entre
les Malades qui furent guéris
par la mesme méprise, il s'en
trouva un qui se plaignit, quoique guery
,
d'avoir esté resserré pendant trois jours,& d'avoir rendu des excrcmens noirs
comme de l'encre après un lavement,ce qui épouventa fore
le Malade, & luy fit craindre
que l'on ne se fût trompé
y
&
que l'on n'eut mêlé quelque
chose de vitriolique, ou de serrugineux avec cette poudre;
que pour s'en éclaircir il demanda ce que l'on avoir donné à
ce malade; qu'il remarqua
dans la réponse l'heureuse meprise qui luydécouvrit un nouveau remede; qu'il dissunula
la chose,estant bienaise d'observer le fait de plus prés; que
la noirceur des digestions ne
l'embarassa pas quand il fit reflexion que lorsqu'on laisse ces
fortes d'artringens dans quelque liqueur,& qu'il s'y ren-
contre quelque acide, ou partie serrugineuse,ils ne manquoient point de senoircit, &
de communiquer leur teinture,
& que l'usage qu'en saisoient
les Teinturiers prouvoit ce
fair.
Il fit ensuite une description
de toutes les noix de galle, &
du bien qu'elles avoient fait à
tous ceux à qui il en avoit donné, ce qui luy reiïffit si bien,
que Mr Collot Docteur en
Medecine de la Faculté de Pa.
ris, auquel il avoit fait part de
ces faits, s'en voulut aussi servir
:
Et il ajoüca, quel'expe-
rience répondit à
souhais, que
quelques personnes charitables
surprises de la bonté d'un Remede qui coutoit si
peu, s'épargnerent ladépense du Kinkina dont elles ne se servirent
prcfque plus dans la fuire, donnant en sa place le nouveau
fébrifuge dans toutes les incermitentes. Il nomma deux autres Medecins de la Faculré qui
avoient fait la mesme chose,
& dit, que ce grand nombre
de guerisons ne laissoit aucun
scrupule sur l'efficacité de ce
Rcmede; & l'obligeoit à\cn
faire part à la Compagnie.
Il décrivitensuite la maniere
dont on dévoie préparer les
Malades pour bien faire operer
ce remede, & la maniere de le
mettre en usage. Il poursuivit
en disant qu'il estoit confiant
que les fièvres inrermitentes,
dépendoicnt uniquement de la
mauvaise qualité duchyle; que
ce feroit si l'on vouloit l'aigreur comme quelques-uns
l'assurent
;
qu'il falloit une certaine quantité de ce chyle aigre
dans le fang pour y
causer le
trouble ou fermentation que
l'on nomme siévre; que cette
quantités'accumuloit plus ou
moins promptemenr à proportion que lesalimensétoient
plus ou moins bien digérez, ce
qui cau foit ladistancedifférente des accès, & rendoit raison
de leur retour si regulier
,
que
les vices de la digestion pouvoient venir tantôt de la disposition de lestomac
,
tantôt
de celles des parties voisines, ce
qui donnoit à
ces fiévres un caractere & des accidents différents qui servoient alesdistinguer, & montroient qu'elles
devoient estre traitéesdifferemment,quoy qu'elles parussent
assez semblables aux yeux du
vulg aire.
Il continua en disant si on
ne pouvoir pas attribuer ces
vices de la digestion à trois choses princi pales
,
sçvoir, pour
ce qui regardoit l'estomac, ses
si')res relâchées, ou irregutierement tendues ; & pour ce qui
regardoit l'estomac étantchargé & rempli d'alimens plus
qu'il ne devoit l'estre, ses fibres
qui se trouvoient trop tenduës
pendantuncertain temps, perdoient leur ressort & ne se
contractoient plusassez pour
broyer les alimens aussiparfaitement qu'il étoit necessaire;
que les fruits, par exemple, qui
souvent
souvent n'estoient îndigestes
que par la trop grande quantité que l'on en mangeoir,
pouvoient facilement caufcr ce
relâchemenr des fibres par leur
volumeou par leur humidité,
& par consequent empêcher la
digestion, ce qui donnoit lieu
au chyle de s'aigrir, & causoit
enfin la fiévre
> que d'un autre
côté le trop grand usage du
vin & des liqueurs ardentes &
spiritueuses pouvoient alrerer
le tissu des fibres & leur causer
une tensionvicieuse&irreguliere;&untenesme si l'onvouloit
,
ou irritation qui enlpê::
choit l'égalité du broyemenç
& la parfaite digestion; de fou
te que cette disposition, quoy
qu'opposée aurelâchement,
produiroit néanmoins des ef.
fcts a(kz semblables; mais lors
que le cours de la bile eftoic
interrompu
,
le chyle qui tendoit toûjours à s'aigrir, dénué
de cet amer huileux & balsa.
mique
,
n'avoit plus rien qui
corrigeât son aigreur
,
& réunît ses principes; de maniere
qu'il ne manquoit point en se
mêlant au fang de le faire fer-,
menter, & decauser une fièvre
intermitente. Hltermncore.. - -
Il dit encore plusieurs choses pour prouver que le nouveau febrifuge dans les fiévres
produites par les deux premie-
,
res causes, devoit estrepréféré
au Kinkina, ce qu'il prouva par
beaucoup de raisons, & il finit
en disant
,
que si l'on faisoit
attention à tout ce qu'il venoit
de dire,ilseroit facile dediscerner les occasions dans lesquclles on devoir employer le nouveau febrifuge,d'avec celles qui
,
demandoient l'usage du Kinkina, auquel on pouvoir nean-
[ moins le substituer en toute
! rencontre.
Mrde laHireleCadet,lût
un beau Discours touchant
l'Analogie qu'il y a entre les
plantes & les animaux- & l'utilité que l'on en peut tirer. Il
commença par faire voir les
raisons pour lesquelles l'étude
de la Botanique&de la Physique des plantes, avoit paru
jusqu'icy la plus sterile qu'il y
ait dans toute la nature. Il fit
voir après,que quoique laBotanique parut fournir si peu,elle
estoit neanmoins toute remplie de faits curieux IIdit,qu'il
n'étoit pas aisé de rendre raison
de tous les faits qu'on y pou-
voit observer sur tout si l'on
demandoit que les preuves que
l'on en rapporteroit
,
fussent
tirées immédiatement des plantes; que si l'on ne trouvoit pas
dans une plante l'effet quel'on
y
recherchait, on le trouvoit
dans un autre; il en rapporra
les raisons
;
3c il fit voir qu'on
fc pouvoit servir de la connoissance que l'on avoit des
animaux
,
pour en faire une
application aux plantes. Il fit
voir aussi que comme chaque
Pays a
ses animaux qui luy
font propres, & qui ne peuvent vivre ailleurs,il n'yavoit
aussi point delieu sur la terre
quin'eût ses plantes particu- -
lières qui ne peuvent vivre en
aucun autre endroit que dans
celuy qui leurest naturel.Il
donna des exemples pour fai-
*reconnaître que les plantes
transplantées en d'autres pays
souffroient, & dit en quoy elles
souffroient.
Il parla d'une espece de Plante que les naturels du Pays où
elle croît, regardent comme
un veritable animal.Il dit qu'ils
l'appellent Baromets, ou Boranets,
qiêïucut dire, un Agneau; que
cette plantevientdans la Tartarie
&dans leprincipal Horde qu'on
appelle Zavolha
;
qu'elle a toute
lafigure d'un Mouton
; que cette
cjj>cce d'Agneaua quatre pieds;
que sa teste a
deux oreilles; qu'il
rfl couvert d'une peau très-délicateJ
dont les Habitansse couvrent
la tesse & la poitrine; que sa
chair
a
du rapport a celle des Ecrevisses de Mer,&mesme que lors
qu'ony fait une incision , il
en
sort une liqueur comme dusang;
qu'il a un goût fort agréable;
que laTigequi le soûtients'éleve
en sortant de
terre à
la hauteur de
trois pieds, & qu'ily est attaché
à l'endroit du nombril. Que ce qui
est encore deplus merveilleux, efl
que tant qu'ily a
del'herbe autour de luy
3
il se porte bien;
mais qu'ilsiseche&périt quand
elle vient à luy manquer; ce qui
confirme que cette herbe luy est
absolument necessaire pour vivre,
est que l'on a
experimenté que si
on
l'arrache, il nepeutplussubso.Ilajouta, qu'on disoit
que les Loups en estoient sort
friands, & il fit voir qu'on ne
pouvoir douter que ce ne fût
une veritable plante, puisqu'il
venoit d'une graine qui ressembloit à celle du Melon, excepté
qu'elle estoit un peu moins
longue, & qu'on la cultivoit
dansce pays-là. Il fit voir que
quoy que ce recit parust fabuleux >il estoit attesté par plusieurs Auteurs dignes de foy,
& que l'on dévoieconsiderer
cette plante animale commé
une espece de grand Champignon qui auroir cette figure.
Il parla ensuite des Plantes
de ce Pays-cy
,
dont les graines
ont des figuressingulieres, &
particulièrement de celle qui
ressemble à
un mufle de veau,
& il fit voir que les fondions
qui se font dans les Plantes se
faisoient pareillement dans les
Animaux, & que les uns & les
autres estoient su jets aux mêmes accidens. Il fit voir que
cestoit à
ces dernierstemps que
l'on devoit la découverte des
œufs dans les Plantes, en forte
que les Plantes aussi bien que
les Animaux prenoientnaissance d'un œuf, & dit plusieurs
choses curieuses sur ce sujet.
Il parla ensuite de l'âge plus
avancé des Plantes, & il fit
voir que le temps auquel elles
commencent à estre secondes,
avoit du rapport avec l'âge de
puberté dans les Animaux. Il
dit que dans une même espece
9
de graine
,
il y en avoir qui
produifoient des Plantes qui
donnoient du fruit, & d'autres qui n'en donnoient point,
ce qui avoir du rapport aux
differens sexes dans les Animaux. Il fit voir aussi qu'il y
avoit des Plantes & des Animaux plus ou moins tardifs à
produire,& qu'en general routes les Plantes hcrbacécs der,^
noient beaucoup plutost du
fruit que tous les Ar bres
>
il
parla de la variété des especes des Plantes & des Animaux, & il dit beaucoup de
choses curieuses sur ce sujet. Il
fit voir aussi le rapport des
Plantes annuelles avec les Infectes, & il parla des moyens
de faire vivre les Plantes qui
ne sont pas naturellement vivaces. Il parla aussides alimens
particuliers que demandoient
les unes & les autres, & il expliqua ce quiregardoit leur
'fue nourricier, & celuy des
animmiir
Il passa de là aux Maladies
des Plantes
,
& fit voir que
chaque especede Plante & d'Animal avoit son temperamment. Il fit connoistre qu'il y
avoir des moyens pour guérir
des Arbres maladesmais que la
plûpart des Jardiniers aimoient
mieux les arracher, que de [c
donner la peine de faire les choses necessaires pourles guérir. Il
fit voir que la sterilité estoit un
mal ordinaire à
tous les Animaux,& que ce mal estoit fort
commun parmi les Plantes,&:
il dit que l'experience faisoit
connoistre que l'on y
pouvoir
remedier& qu'on pouvoit même les rendre plus secondesqu'-
elles ne l'estoient au paravant.
Il dit ensuite,qu'après avoir
montré le rapport qu'il yavoit
entre les Plantes & les Ani-
maux depuis leur origine juLqu'à leur fin, qu'après les avoir
considerez lorsqu'ils eftoienc
encore enfermez dans leurs
œufs, & lorsque la Narureles
développoit & les en faisoit
sortir, il les avoir suivis dans
un âge plus avancé;illes avoit
confi derez dans le temps qu'ils
commençoient à devenir seconds, & dansceluy auquel ils]
cessoient naturellement de le- j
tre; qu'il avoit ensuite couché]
quelque chose de la vieillesse
des Plantes & des Animaux &
de la durée de leurs jours, &
qu'enfin il avoit passé aux mai
ladies quiles affigeoient & aux
remedes qu'on y pouvoit apporter, il sembloit qu'on ne
devoit plus douter qu'il n'y
eustbeaucoup d'analogie entre
les Plantes & les Animaux, &
il dit qu'à l'égard de l'utilité
qu'on pouvoit tirer de cette
comparaison
,
il l'avoit déja
fait sentir en quelques endroits,
lorsqu'il s'estoit servi des Animaux pour tirer quelques consequences touchant les Plantes) ce qui pouvoit suffire pour
prouver ce qu'ils'estoit propofé
; que cependant il expliqueroit encore un fait beaucoup
t'.
[
plus sensible que tous les precedens, & il finit par cet endroit, qui fut l'explication de
la raison pour laquelle en l'année 1709. il n'y eut presque
que les vieux Arbres quigelerent. La lecturedece Discours
fut trouvéetrès-curieuse
,
&
fut écoutée avec beaucoup
d'attention.
Mr Hombert lût un Discours sur les MatieresSulphureu ses, & sur la facilité de les
changer d'une espèce de soufre en une autre.
Ce Discours estoit la fuite
d'un autre Discours qu'il avoic
déjà lu sur la mesme matiere.
-
Il dit qu'il avoit oppellé dans
ses Mémoires precedens, Matïcrc Sulpbureuse ou
Soufre,
toutes les Matieres huileuses
- ou graffes, que l'onconnoissoit, & qu'il en avoit usé
ainsi pour la distinguer d'avec
le soufre principe; qu'ensuite
il avoit supposé, & croyoit
mesme avoir en quelque façon
prouvé que ce soufre principe
n'estoit autre chose que la matiere de lalumiere qui n'estoit
pas encore déterminée à
aucunes des especes de soufres ou
i de matieres sulphureuses que
l'on connoissoit; mais qui les
produisoit en s'arrestant en
quantité convenable dans les
differens corps ou elle s'estoit
introduite; car quoy qu'avant
ce temps elle ne parût pas une
matiere qui fût évidemment
huileuse, elle ne laissoit pas
d'en donner quelques marques
qu'il avoit raportées ailleurs.
Il ajoûta qu'il avoir divisé
les matières fulphureufes en
trois classes; que la premiere
estoit lorsque le soufre principe s'arrestoit principalement
dans les matières terreuses, &
que pour lors il produisoit un
soufre bylumineux sec, comme font le soufre commun,
les Char bons de terre, le Jayet,
l'Aspbalte,l'Ambre jaune, &
autres; que la secondé estoit
lorsqu'il s'arrestoitoit principalement dans une matièreaqueuse, & qu'en ce cas il produisoit
une graisse ou une huile qui
estoit animale ouvegetale, séion qu'elle se tiroit d'une partie animale ou d'une Plante;
que la troisiémeestoit quand
il s'arrefioit principalement
dans une matière mercurielle,-
& que pour lors il produisoit
! un soufre métallique.
Il continua en allant; qu'il
avoit supposé aussi que le soufre principe, ainsi devenu maticre sulphureuse de quelque
cfpece qu'elle pût estre, ne
changeoit point de nature;
qu'il pouvoit donc non seulement Te dégager des matières
fulphureufes qu'il avoir produites, & alors redevenir fimplement Matière de la lumiere; mais aussi qu'il pouvoir encore en restant mesmematiere
fulphureufe changer d'état;
c'està-dire, passer d'une espece de soufre en une autre espece, sans se dépouiller du
corps qui l'avoit caracterisé en
premier lieu, ce qu'il faisoit
en s'introduisant simplement
dans un autre mixte, qui par
quelque accident avoit perdu
sa propre matiere fulphureuse; qu'il avoit commencé
dans un Memoire precedent àf
prouver cette supposition par
quelques exemples des huiles
vegetales & des graisses animales, que l'on pouvoit faire rentrer dans les matieres minérales dessechées par la calcination au point qu'elles ne fc
fondoient plus, ou qu'elles se
vitrisioent seulement en une
maticre scorieuse; que si l'on
ajoûtoit quelque huile que ce
sût à
ces Minéraux ainsi détruits,ilsreprenoient dans un
moment au grand feu, la même forme de Mineral ou de
Metal qu'ils avoient auparavant; que laraison en estoit
que l'huile du végétal se mettoit à la place de la matiere huileuse ou sulpbureuse du Mine-
-
rai, que le feu de la calcination
en avoit fait évaporer ce
qui
fevoyoit dans toutesles chaux
4
des moindres métaux; mais
plus évidemment dans celle
qui se saisoit de lecain, au
Verreardent. !
Il expliqua toutes ceschoses en homme qui possedoit
parfaitement bien ces matieres,
& les rendit tressensibles par
un grand nombre d'experiences qu'il raporta; en forte que
ses Auditeurs eurent beaucoup
de plaisir à l'entendre.
Mr de Bernoüilly
,
Professeur àBasle, ayant envoyé à
Mrs de l'Academie une Lettre
sur un nouveauBaromètre fort
sensible qu'il a
inventé, Mr de
Varignon en fit la lecture, &
voicy à peu prés sur quoy elle
roul
a.
Il dit qu'à l'occasiondune
lecture il s'estoit souvenu d'un
Barometre qu'il avoit imaginé
il y
avoit plus de douze ans,
& que Mr de Leibnitz qui il
avoit communiqué dés-lors
cette invention s'en fouviendroit sans doute. Ilajoûta qu'il
sir construire en Hollande ce
Barometre, qui ne réussit pas
mal, & qu'illuy paroissoit preferable aux autres pour plusieurs raisons, n'estant pas sujet à leurs défauts,&ayant des
perfections qu'ils nont pas. Il
continua en disant, qu'avec
une mesme quantité de vifargent il pouvait estre rendu
deux
deux fois plussensible que le
plus parfait des autres; que le
tuyau de ceux là sur lequel se
marquent les variations causées par les différentes pesanteurs de l'Atmosphere, devant
estre d'autant plus longs qu'on
les y veut rendre plus sensibles; que par exemple, d'environ 40. pieds pour lesy rendre
ILy. fois plus sensibles que
dans le Barometre fitnple étant droit & vertical, les rendroit toûjours incommodes,
& souvent intraitables
,
au
lieu que dans son Barometre,
pouvant citrereplié en mille
manières différentes n'y causoit rien de cet embaras,
ny
aucun autre qui en approchât
quelque longueur qu'il eût. Il
dit aussi que quelques liqueurs
qu'on employât dans les autres Barometres pour y marquer ces variations, ces liqueurs
feroient toujours sujetesàlevaporation qui en troubleroit
J'tff.tJ ce qui estoit encore un
grand Inconvenient, auquelle
sien n'estoit pas su jet, n'ayant
besoin que de Mercure qui ne
s'évapore pas sensiblement. Il
fit ensuite une peinture, par le
moyen de laquelle il sit connoître que son Barometre étoit si simple qu'il pouvoit
-
estre construit sans beaucoup
d'adroite, remply presque aussï
facilement que celuy de Toricclli, & porté à
telle étendue
desensibilité qu'on voudroit,
& ildit que son Barometre étoit si simple, qu'il estoit étonné que personne avant luy n'y
eûtpensé. Il continua,en disant
:
Vous sçavezqu'un tuyau
étroit estant remply à moitié
d'une liqueur, & puis incliné
peu à
peu jusquà la situation
horisontale, la surfacedecette
liqueur ( felon les Loix Hydroltaciques ) devroits'étendre en Eclypse, comme nous
voyons qu'il arrive dans un
Vaisseau
,
ou dans un tuyau îargCi Cependant dans un
tuyau étroit, la surfacedu
Mercure ne s'étend pas ainsi
pourconserver son niveau, elle demeure toûjours perpendiculaire à l'axe du tuyau, quoi
qu'incliné jusqu"a Ihorifon/
ce qui m'a donné lieu de penser à
ce Barometre. Il fit enfuite une Description tres-senlîble de la figure & des effets
de ce Barometre, par laquelleil
fit connoître qu'il n'estoit
point sujet aux inconveniens
que peuvent causerl'évaporation, la raresaction & la con-
- denfation des liqueurs par le
chaud & par le froid,excepté
celle à laquelle le Mercureest
sujet, laquelle est incomparablement moins considerable
que celle des autres liqueurs;
de forte que ce nouveau Barometre pourroit aisément être rectifié à la maniere de feu
Mr Amontons L'Assemblée
fut fort satisfaite de cette lecture.»
Mrl'Abbé Bignon resuma
à son ordinaire tous les Discours de ceux qui parlerent
dans cette Assemblée. Je vous
ai déja fait voir le plaisir qu'il
y a
à l'entendre en cette occasion; qu'il releve d'une maniére si spirituelle tout ce que l'on
dit;qu'il y
fait voir de nouvelles beautez
,
& qu'il fait aussi
connoître ce que l'on pourroic
dire de plus. De manière qu'il
y a toujours beaucoup a prositer dans tout ce qu'il dit, &
l'on allùre que jamais son esprit n'avoit brillé davantage
qu'il fit dans la dcrnicre Séance dans laquelle il a
parlé
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Résumé : Discours prononcez le lendemain à l'ouverture de celle des Sciences, [titre d'après la table]
Le 30 avril, l'Académie Royale des Sciences organisa sa première assemblée publique après Pâques. M. de Fontenelle, secrétaire perpétuel, ouvrit la séance en rendant hommage à M. de Chazelles, professeur en hydrographie à Marseille. Chazelles est reconnu pour son expertise dans la création de plans et de cartes grâce à des observations astronomiques, compétences acquises à l'Observatoire sous la direction de M. Cassini. Il a mené de nombreuses campagnes en Méditerranée, décrivant avec précision les ports, rades et côtes. M. Renéaume présenta ensuite un discours sur la découverte d'un nouveau fébrifuge. Il souligna que la botanique ne se limite pas à la nomenclature des plantes mais vise à en découvrir les usages médicaux. Renéaume critiqua l'abandon des remèdes locaux au profit de plantes étrangères, comme la quinquina, qui avait éclipsé de nombreux remèdes efficaces. Il présenta la noix de galle comme un nouveau fébrifuge, découvert par erreur, et décrivit ses propriétés et son efficacité, confirmée par plusieurs guérisons. M. de la Hire, le cadet, lut un discours sur l'analogie entre les plantes et les animaux, et l'utilité de cette étude. Il expliqua que, bien que la botanique puisse sembler stérile, elle est riche en faits curieux et peut bénéficier des connaissances sur les animaux. Il donna des exemples de plantes spécifiques à certains pays et de leur comportement lorsqu'elles sont transplantées. Il mentionna également une plante appelée Baromets ou Boranets, ressemblant à un agneau, qui pousse en Tartarie et nécessite de l'herbe pour survivre. Un autre orateur discuta des similitudes entre les plantes et les animaux, soulignant que les processus de croissance et de reproduction sont comparables. Il mentionna la découverte des œufs dans les plantes, la puberté des plantes comparée à celle des animaux, et la variété des espèces. Il aborda également les maladies des plantes, les moyens de les guérir, et la stérilité. Il conclut en affirmant une forte analogie entre les plantes et les animaux. Mr. Hombert présenta un discours sur les matières sulphureuses, expliquant leur transformation et classification en trois classes selon leur état (terreux, aqueux, ou mercuriel). Il décrivit comment ces matières peuvent changer d'état sans perdre leur nature sulphureuse, illustrant ses propos par des expériences. Mr. de Bernouilly, professeur à Bâle, envoya une lettre sur un nouveau baromètre sensible qu'il a inventé. Mr. de Varignon lut cette lettre, décrivant les avantages de ce baromètre, notamment sa sensibilité accrue, son absence de problèmes liés à l'évaporation, et sa simplicité de construction. Il expliqua le principe de fonctionnement du baromètre et sa résistance aux variations de température. Enfin, l'Abbé Bignon résuma les discours avec esprit et pertinence, soulignant les beautés et les nouvelles perspectives apportées par chaque intervention.
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9
p. 121-132
Theses soûtenuë au grand Convent des Augustins devant Messieurs de l'Assemblée du Clergé, [titre d'après la table]
Début :
On a soûtenu le 16e de ce mois au grand Convent des [...]
Mots clefs :
Soutenance de thèse, Couvent des augustins, Père Picoté, Assemblée, Discours
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texteReconnaissance textuelle : Theses soûtenuë au grand Convent des Augustins devant Messieurs de l'Assemblée du Clergé, [titre d'après la table]
On a
soûtenu le16e de ce
mois au grand Convent des
Augustins de cette Ville
,
une
These dont je ne dois pas oublier de vous parler; ce qui
s'est passe à cet Acte étant
digne de la curiosité du public.
Le Pere Picoté Religieux de
ce Convent, & Licentié en
Theologie de la Faculté de
Paris, eut l'honneur de dédier
cette These à Messieurs de
l'Assemblée Generale du Clergé de France;l'Estampe de la
These convenait cres bien aux
Affaires du temps ;
elle representoit Moyse sur la Montagne, priant Dieu Icî mains &
les bras levez vers le Ciel, &
soûtenus des deux costez par
Aaron son frere, & Hur, tandis que Josué combattoit contre les Amalecites.
Cette These qu'on appelle
Vesperie, & qui efl; le dernier
Acte que l'on fait pour prendre le Bonnet de Dodteur, fut
soûtenuë l'aprés-midy dans la
Salle des Actes du Convent,
qui estoit magnisquement ornée. Sur les cinq heures S. E.
Monsieur le Cardinal de Noailles, President de l'Assemblée
générale du Clergé de France, s'y rendit avec Messieurs
les Archevêques, Evêques, &
Abbez; les Prclats étoient tous
cn Rochet & Camail, & les
Abbcz Deputez du second
Ordre en Manteau long. Ils
marcherent deux à deux depuis la grande Salle de leur
Assemblée, jusques à celle où
serépondoit laThcfc;le Porte- Croix de S. E. & les Suisses
du Roy quisont destinez pour
leur Garde avec leurs Hallebardeslesprécedoient &marchoient devant eux:le Prieur
du Convent à la telle de sa
Communauté les reçût à la
porte de la Salle. A peine fu-
rent-ils tous entrez & placez,
queMonsieur le Cardinal d'Estréesarriva; Monsieur le Cardinal de Noailles luy ceda la
premiere place comme plusancien Cardinal. Il y eut encore
d'autres Evêques qui n'estoient
pas de l'AssembléeduClergé
qui s'y trouverent, &plusieurs
Abbez de qualité, outreun
grand nombre de personnes dt
distinction & de Lettre; en
forte que la Salle estoit toute
pleine.
Alors le Pere Picotéayant
salué profondément cette auguste Compagnie, expliqua ses
sentimens avec toute la netteté
& la solidité possible sur les
grandes difficultez que le Pere
Orceau Docteur de Sorbonne
luy proposa touchant le vœu
de Jephté
:
l'argument estant
fini le R. Pere le Torr Docteur
de Sorbonne, ancien Prieur du
grand Convent, & Professeur
en Theologie qui presidoit en
qualité de grand Maître, fit
un tres beau,très-sçavant, &
tres éloquent Discours en Latin sur les qualitez necessaires
pour remplir dignement les
devoirs d'un parfait Docteur.
Il fit entrer en peu de mots
l'éloge de son Eminence Monsieur le Cardinal de Noailles,
& de tous les Prelats qui composent l'Assembléegenerale du
Clergé; mais avec un tour aussi
naturel, qu'il estoit propre &
convenable à son sujet. Il dit
entre autres choses en parlant
du Clergé, que Tout l'éclat e
la majesté des vertus paroissoient
avoir établi leur demeure &fixé
leur Siege dans cette auguste.Af
semblée; que non seulement la
Ville Capitale du Royaume, mais
la France & toute la Terre regardoient avec admiration cm tejpeél
leur '{fie ardent 0* infatigable
pourl'accroissement de la Religion,
la défense du Royaume
3
&l'entiere extirpation des Heresies, &
des Nouveautez de quelque nature quellesfussent,cju'ilsefloient
les vrais Dépositaires de la Foy,
Ausquels le Seigneur avoitconfié
la Regle de la ine&de la doctrine pour instruire les Puissances de ne pour inflrui
re les Pui ances de
savolonté, & pour apprendreà
leurs Sujets l'observance exacte de
ses Commandemens. Qu'enfin la
memoire des grandsservices qu'ils
venoient de rendre à l'Etat, & à
rEglifi) neseperdroitjamais,&
que lagloire de leur nom feroit
rappellée degénération en generation.
Lors qu'il s'adressa aMon-,
sieurleCardinal de Noailles,
il dit, que laprefence de sonEminence luy donnoit de nouvelles
forces pour representervivement
l'étroite& indispensableunion de
la pieté avec la science
,
particulierementdans un Docteur
:
quU
le l'encourageoit d'autant plus de
s'estendre principalement sur ces
deux qualitcz quisçavoit,&
que personnen'ignoroit que rien
au monde n'estoitpluscher à son
Eminence que ces deux vertus,
&pourparlervéritablement, que
rien n'avoitplus de rapport ede
liaison avec les loüanges quiluy
estoientsijustementdûës,car, ditil, qui est-ce qui peut aimer &
s'attacher avec plus d'ardeur Ëe
d'assiduité que son Eminence 31
une pieté plussincere & plussolide, & à
une
doctrineplussaine
&plus pure, cc. Il fit voir cDfuite que toute fciencc
-
estoit
prophane, que ce n'étoit qu'un
arbre sec, &un feu solet,sielle
n'estoit pas soûtenuë,& assaisonnée des divines douceurs de
la pieté; mais que la pieté estoit
aussïtrès inutile,& que même
elle estoit pernicieuse, si elle
ne se trouvoit pas éclairée par
le flambeau de la science.
Versla fin du Discours, aprés
avoir élevé la vigilance, le merite & la capacité du répondant, il finit par ces belles pa- -
roles, HOCUNUM VELIM,
MERITISSIME LICENTIATE IN ORE ATQUE IN MENTE SEMPER HABEAS, PARUM
ESSE
-
ARDERE,
-
LUCERE VANUM; ARDERE VERO ET LUCEM PERFECTUM; qui veulent
dire,Je vous prie mon très-digne
Licentié,d'avoir continuellement
dans la bouche & dans l'esprit,
Xjue c'estpeu dechose à
un Docteur
d'avoirseulementdelapieté,que
lascienceestabsolument necessai-
re ; mais que quelque brillante
qu'ellefoit> elle est vainesansla
pieté; & qu'ainsi pour estreun
parfaitDocteur,ilfautavoir ensemble l'une (y l'autre vertu. --
Tout le Discours fut universellement approuvé & applaudy, tant à cause de la clarté, de la finesse & de l'affinité,
que d'un grand nombre de
pcnfées choisies& bienappliquées tirées del'Ecriture &des
Saints Peres.
soûtenu le16e de ce
mois au grand Convent des
Augustins de cette Ville
,
une
These dont je ne dois pas oublier de vous parler; ce qui
s'est passe à cet Acte étant
digne de la curiosité du public.
Le Pere Picoté Religieux de
ce Convent, & Licentié en
Theologie de la Faculté de
Paris, eut l'honneur de dédier
cette These à Messieurs de
l'Assemblée Generale du Clergé de France;l'Estampe de la
These convenait cres bien aux
Affaires du temps ;
elle representoit Moyse sur la Montagne, priant Dieu Icî mains &
les bras levez vers le Ciel, &
soûtenus des deux costez par
Aaron son frere, & Hur, tandis que Josué combattoit contre les Amalecites.
Cette These qu'on appelle
Vesperie, & qui efl; le dernier
Acte que l'on fait pour prendre le Bonnet de Dodteur, fut
soûtenuë l'aprés-midy dans la
Salle des Actes du Convent,
qui estoit magnisquement ornée. Sur les cinq heures S. E.
Monsieur le Cardinal de Noailles, President de l'Assemblée
générale du Clergé de France, s'y rendit avec Messieurs
les Archevêques, Evêques, &
Abbez; les Prclats étoient tous
cn Rochet & Camail, & les
Abbcz Deputez du second
Ordre en Manteau long. Ils
marcherent deux à deux depuis la grande Salle de leur
Assemblée, jusques à celle où
serépondoit laThcfc;le Porte- Croix de S. E. & les Suisses
du Roy quisont destinez pour
leur Garde avec leurs Hallebardeslesprécedoient &marchoient devant eux:le Prieur
du Convent à la telle de sa
Communauté les reçût à la
porte de la Salle. A peine fu-
rent-ils tous entrez & placez,
queMonsieur le Cardinal d'Estréesarriva; Monsieur le Cardinal de Noailles luy ceda la
premiere place comme plusancien Cardinal. Il y eut encore
d'autres Evêques qui n'estoient
pas de l'AssembléeduClergé
qui s'y trouverent, &plusieurs
Abbez de qualité, outreun
grand nombre de personnes dt
distinction & de Lettre; en
forte que la Salle estoit toute
pleine.
Alors le Pere Picotéayant
salué profondément cette auguste Compagnie, expliqua ses
sentimens avec toute la netteté
& la solidité possible sur les
grandes difficultez que le Pere
Orceau Docteur de Sorbonne
luy proposa touchant le vœu
de Jephté
:
l'argument estant
fini le R. Pere le Torr Docteur
de Sorbonne, ancien Prieur du
grand Convent, & Professeur
en Theologie qui presidoit en
qualité de grand Maître, fit
un tres beau,très-sçavant, &
tres éloquent Discours en Latin sur les qualitez necessaires
pour remplir dignement les
devoirs d'un parfait Docteur.
Il fit entrer en peu de mots
l'éloge de son Eminence Monsieur le Cardinal de Noailles,
& de tous les Prelats qui composent l'Assembléegenerale du
Clergé; mais avec un tour aussi
naturel, qu'il estoit propre &
convenable à son sujet. Il dit
entre autres choses en parlant
du Clergé, que Tout l'éclat e
la majesté des vertus paroissoient
avoir établi leur demeure &fixé
leur Siege dans cette auguste.Af
semblée; que non seulement la
Ville Capitale du Royaume, mais
la France & toute la Terre regardoient avec admiration cm tejpeél
leur '{fie ardent 0* infatigable
pourl'accroissement de la Religion,
la défense du Royaume
3
&l'entiere extirpation des Heresies, &
des Nouveautez de quelque nature quellesfussent,cju'ilsefloient
les vrais Dépositaires de la Foy,
Ausquels le Seigneur avoitconfié
la Regle de la ine&de la doctrine pour instruire les Puissances de ne pour inflrui
re les Pui ances de
savolonté, & pour apprendreà
leurs Sujets l'observance exacte de
ses Commandemens. Qu'enfin la
memoire des grandsservices qu'ils
venoient de rendre à l'Etat, & à
rEglifi) neseperdroitjamais,&
que lagloire de leur nom feroit
rappellée degénération en generation.
Lors qu'il s'adressa aMon-,
sieurleCardinal de Noailles,
il dit, que laprefence de sonEminence luy donnoit de nouvelles
forces pour representervivement
l'étroite& indispensableunion de
la pieté avec la science
,
particulierementdans un Docteur
:
quU
le l'encourageoit d'autant plus de
s'estendre principalement sur ces
deux qualitcz quisçavoit,&
que personnen'ignoroit que rien
au monde n'estoitpluscher à son
Eminence que ces deux vertus,
&pourparlervéritablement, que
rien n'avoitplus de rapport ede
liaison avec les loüanges quiluy
estoientsijustementdûës,car, ditil, qui est-ce qui peut aimer &
s'attacher avec plus d'ardeur Ëe
d'assiduité que son Eminence 31
une pieté plussincere & plussolide, & à
une
doctrineplussaine
&plus pure, cc. Il fit voir cDfuite que toute fciencc
-
estoit
prophane, que ce n'étoit qu'un
arbre sec, &un feu solet,sielle
n'estoit pas soûtenuë,& assaisonnée des divines douceurs de
la pieté; mais que la pieté estoit
aussïtrès inutile,& que même
elle estoit pernicieuse, si elle
ne se trouvoit pas éclairée par
le flambeau de la science.
Versla fin du Discours, aprés
avoir élevé la vigilance, le merite & la capacité du répondant, il finit par ces belles pa- -
roles, HOCUNUM VELIM,
MERITISSIME LICENTIATE IN ORE ATQUE IN MENTE SEMPER HABEAS, PARUM
ESSE
-
ARDERE,
-
LUCERE VANUM; ARDERE VERO ET LUCEM PERFECTUM; qui veulent
dire,Je vous prie mon très-digne
Licentié,d'avoir continuellement
dans la bouche & dans l'esprit,
Xjue c'estpeu dechose à
un Docteur
d'avoirseulementdelapieté,que
lascienceestabsolument necessai-
re ; mais que quelque brillante
qu'ellefoit> elle est vainesansla
pieté; & qu'ainsi pour estreun
parfaitDocteur,ilfautavoir ensemble l'une (y l'autre vertu. --
Tout le Discours fut universellement approuvé & applaudy, tant à cause de la clarté, de la finesse & de l'affinité,
que d'un grand nombre de
pcnfées choisies& bienappliquées tirées del'Ecriture &des
Saints Peres.
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Résumé : Theses soûtenuë au grand Convent des Augustins devant Messieurs de l'Assemblée du Clergé, [titre d'après la table]
Le 16 du mois, le Père Picoté, religieux du grand couvent des Augustins et licencié en théologie de la Faculté de Paris, a soutenu sa thèse intitulée 'Vesperie' devant l'Assemblée générale du Clergé de France. Cette thèse, dédiée à l'Assemblée, représentait Moïse priant sur la montagne, soutenu par Aaron et Hur, tandis que Josué combattait les Amalécites. La soutenance a eu lieu l'après-midi dans la salle des actes du couvent, magnifiquement ornée. Vers cinq heures, le Cardinal de Noailles, président de l'Assemblée générale du Clergé, est arrivé accompagné d'autres prélats, tous vêtus de rochet et camail. Le Prieur du couvent les a accueillis à la porte de la salle. Plusieurs évêques et abbés de qualité étaient également présents, remplissant la salle. Le Père Picoté a présenté ses réflexions sur les difficultés soulevées par le Père Orceau concernant le vœu de Jephté. Ensuite, le Père le Torr, docteur de Sorbonne et ancien prieur du couvent, a prononcé un discours en latin sur les qualités nécessaires pour devenir un parfait docteur. Il a loué le Cardinal de Noailles et les prélats pour leur dévotion et leur science, insistant sur l'importance de l'union de la piété et de la science. Le Père le Torr a conclu en affirmant qu'un docteur doit posséder à la fois la piété et la science pour être parfait. Le discours a été universellement approuvé et applaudi pour sa clarté et ses références aux Écritures et aux Saints Pères.
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10
p. 36-42
Memoire pour une Assemblée de Droit, [titre d'après la table]
Début :
Le 25.Février, jour de S. Mathias, la Faculté de Droit [...]
Mots clefs :
Doyen, Docteurs, Faculté de droit, Honneur, Élections, Assemblée
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Memoire pour une Assemblée de Droit, [titre d'après la table]
On a negligé au mois
de Fevrier de m'envoyer
un memoire qu'on m'avoit promis , pour une
affemblée qui fe tient
tous les ans, & dont je
ne crois pas qu'on ait
encore fait le détail dans
aucun Mercure , quoy
qu'elle foit auffi importante par fon inftitution ,
que par les perfonnes illuftres qui la compofent.
Le 25. Février , jour de
GALANT. 37
S. Mathias , la Faculté de
Droit fit une aſſemblée generale à l'ordinaire , où ſe
trouverent M. le Cardinal
de Noailles , Doyend'honneur de la Faculté , & plufieurs Confeillers d'Etat
tous Docteurs honoraires
de la même Faculté , pour
proceder à l'élection d'un
Doyen d'honneur
place de M. le Cardinal de
Noailles , dont le temps étoit fini ; & de deux Docteurs honoraires en la place de Meffieurs le Pelletier,
Miniftre d'Etat, & le Caen la
38 MERCURE
mus , Lieutenant Civil : &
on élut pour Doyen d'honneur M. de Marillac, Doyen
du Confeil ; & pour Doc.
teurs honoraires Meffieurs
Dargouges Lieutenant Civil , & l'Abbé Menguy ,
Confeiller- Clerc au Parlement, & Chanoine de Nôtre-Dame.
Il faut obferver que cette
illuftre Compagnie eft
com ofée de fix Anteceffeurs , ou Profeffeurs , qui
font le Corps de la Faculté,
à laquelle les Arrêts &Declarations du Royontajoû
GALANT.
39
té deux fortes de Docteurs
aggregez , dont douze font
Aggregez d'honneur , ou
Docteurs honoraires , qui
font ou Magiftrats , ou Ecclefiaftiques conftituez en
dignité ; & douze Docteurs
aggregez de fonction ou
d'exercice. Les premiers
peuvent affiſter à toutes les
affemblées de la Faculté ,
+
même pour les élections
des Profeffeurs , Docteurs
honoraires &aggregez d'exercice & pour les derniers, ils n'y peuvent affiffter qu'en nombre égal à
40 MERCURE
celui des Profeffeurs actuellement regentans , la voix
conclufive refervée à celui
qui prefide.
Il y a
pour Officiers un
Doyen d'honneur un
Doyen de charge ou de
fonction , un Syndic , un
Queſteur ou Receveur , &
un Cenfeur. Le Doyen
d'honneur eft toûjours un
Docteur honoraire confti
tué en dignité. Les autres
Charges font exercées par
les Profeffeurs. Le Doyen
d'honneur prefide à toutes
les affemblées où il fe trouve ,
GALANT. 41
ve , & en fon abfence le
Doyen de charge.
Tous les ans à la S. Mathias la Faculté s'affemble
pour nommer les Officiers.
commence par le On
Doyen d'honneur , qu'on
peut continuer deux ans
mais pas davantage : aprés
les deux ans on en élit un
autre du nombre des Docteurs honoraires , comme
il a été obfervé ci- deffus.
Enfuite on paſſe à l'élection
des autres Officiers , qui
changent tous ce jour-là.
M. de Marillac , Doyen
May1712.
D
42 MERCURE
du Confeil , Docteur hono
raire , fut élû Doyen d'hon
neur en la place de Monfieur le Cardinal , qui l'avoit été deux ans.
de Fevrier de m'envoyer
un memoire qu'on m'avoit promis , pour une
affemblée qui fe tient
tous les ans, & dont je
ne crois pas qu'on ait
encore fait le détail dans
aucun Mercure , quoy
qu'elle foit auffi importante par fon inftitution ,
que par les perfonnes illuftres qui la compofent.
Le 25. Février , jour de
GALANT. 37
S. Mathias , la Faculté de
Droit fit une aſſemblée generale à l'ordinaire , où ſe
trouverent M. le Cardinal
de Noailles , Doyend'honneur de la Faculté , & plufieurs Confeillers d'Etat
tous Docteurs honoraires
de la même Faculté , pour
proceder à l'élection d'un
Doyen d'honneur
place de M. le Cardinal de
Noailles , dont le temps étoit fini ; & de deux Docteurs honoraires en la place de Meffieurs le Pelletier,
Miniftre d'Etat, & le Caen la
38 MERCURE
mus , Lieutenant Civil : &
on élut pour Doyen d'honneur M. de Marillac, Doyen
du Confeil ; & pour Doc.
teurs honoraires Meffieurs
Dargouges Lieutenant Civil , & l'Abbé Menguy ,
Confeiller- Clerc au Parlement, & Chanoine de Nôtre-Dame.
Il faut obferver que cette
illuftre Compagnie eft
com ofée de fix Anteceffeurs , ou Profeffeurs , qui
font le Corps de la Faculté,
à laquelle les Arrêts &Declarations du Royontajoû
GALANT.
39
té deux fortes de Docteurs
aggregez , dont douze font
Aggregez d'honneur , ou
Docteurs honoraires , qui
font ou Magiftrats , ou Ecclefiaftiques conftituez en
dignité ; & douze Docteurs
aggregez de fonction ou
d'exercice. Les premiers
peuvent affiſter à toutes les
affemblées de la Faculté ,
+
même pour les élections
des Profeffeurs , Docteurs
honoraires &aggregez d'exercice & pour les derniers, ils n'y peuvent affiffter qu'en nombre égal à
40 MERCURE
celui des Profeffeurs actuellement regentans , la voix
conclufive refervée à celui
qui prefide.
Il y a
pour Officiers un
Doyen d'honneur un
Doyen de charge ou de
fonction , un Syndic , un
Queſteur ou Receveur , &
un Cenfeur. Le Doyen
d'honneur eft toûjours un
Docteur honoraire confti
tué en dignité. Les autres
Charges font exercées par
les Profeffeurs. Le Doyen
d'honneur prefide à toutes
les affemblées où il fe trouve ,
GALANT. 41
ve , & en fon abfence le
Doyen de charge.
Tous les ans à la S. Mathias la Faculté s'affemble
pour nommer les Officiers.
commence par le On
Doyen d'honneur , qu'on
peut continuer deux ans
mais pas davantage : aprés
les deux ans on en élit un
autre du nombre des Docteurs honoraires , comme
il a été obfervé ci- deffus.
Enfuite on paſſe à l'élection
des autres Officiers , qui
changent tous ce jour-là.
M. de Marillac , Doyen
May1712.
D
42 MERCURE
du Confeil , Docteur hono
raire , fut élû Doyen d'hon
neur en la place de Monfieur le Cardinal , qui l'avoit été deux ans.
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Résumé : Memoire pour une Assemblée de Droit, [titre d'après la table]
Le 25 février, jour de la Saint-Mathias, la Faculté de Droit a tenu son assemblée annuelle. Cette réunion a marqué l'élection de M. de Marillac comme nouveau Doyen d'honneur, succédant à M. le Cardinal de Noailles. Deux nouveaux Docteurs honoraires ont également été élus : M. Dargouges, Lieutenant Civil, et l'Abbé Menguy, Conseiller-Clerc au Parlement et Chanoine de Notre-Dame. La Faculté est structurée autour de six Professeurs, appelés Antecesseurs, et vingt-quatre Docteurs agrégés, divisés en douze Docteurs honoraires et douze Docteurs agrégés de fonction. Les Docteurs honoraires, souvent magistrats ou ecclésiastiques, peuvent participer à toutes les assemblées, y compris les élections, contrairement aux Docteurs agrégés de fonction, dont la présence est limitée. Les officiers de la Faculté comprennent un Doyen d'honneur, un Doyen de charge, un Syndic, un Questeur ou Receveur, et un Censeur. Le Doyen d'honneur, toujours un Docteur honoraire, préside les assemblées. En son absence, le Doyen de charge assure la présidence. Chaque année, à la Saint-Mathias, la Faculté se réunit pour nommer ces officiers, le Doyen d'honneur pouvant être réélu pour un second mandat mais pas au-delà.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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11
p. 265-286
REJOUISSANCES ET CEREMONIES FAITES A L'INAUGURATION DE S.A.S.E. DE BAVIERE. Prince Souverain des Pays-Bas.
Début :
L'Avenement de S. A. S. E. à la souveraineté des Païs Bas [...]
Mots clefs :
Cérémonie, Inauguration, Marche, Pays-Bas, Députés, Musiciens, Clergé, Bavière, Bénédiction, Assemblée, Serment, Namur, Ordre
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texteReconnaissance textuelle : REJOUISSANCES ET CEREMONIES FAITES A L'INAUGURATION DE S.A.S.E. DE BAVIERE. Prince Souverain des Pays-Bas.
REJOUISSANCES,
ET CEREMONIES,
FAITES
A L'INAUGURATION 13
CORDES, A. S. E..
་་
DE BAVIERE.
Prince Souverain les
For pr 7Pays
- Bas,
L
༢
2
¡Avenement de S. A
S. E. à la fouveraineté
des Païs Bas avoit comblé
de joye tous les Peuples du
Ꮓ
Juillet 1712.
266 MERCURE
Comté de Namur. Heureux d'obéir à un fi grand
Prince, & devenir fes Sujets,
ils attendoient avec impatience le jour qu'Elle voudroit bien marquer , pour
avoir l'honneur de luy preter le Serment de fidelité
& dans cette eſperance ils
préparoient à rendre ce
jourundes plusmagnifiques
& des plus pompeux.
En effet , S. A. S. E. ayant
fixé cette Augufte Ceremonic au 17. de May les Peuples n'ont rien oublié pour
la rendre folemnelle &
Le
GALANT. 267
témoigner leur zele & leur
ardeur.
Meffieurs les Etats qui
avoient été convoquez à ce
fujet s'affemblerent la veille ,
& le concours des Ecclefiaf
tiques & des Nobles fut tresnombreux. Le lendemain
ils fe rendirent en Corps au
Palais de S. A. S. E. & fur
les dix heures du matin la
Marche commença.
ORDRE DE LA MARCHE.
Meffieurs les Magiftrats.
Mr le Mayeur, M" les
Zij
268 MERCURE 15 1
Efchevins , M les Jurez
& autres du même Corps.
2
*
Meffieurs les Etats Nobles,
Mr le Baron de Spontin
de Freyr , &c. & Mr le
Comte de Groefbeck
&c. Députez. Accompa
gnez d'un grand nombre de
Gentilhommes de la Pro .
vince qui à l'envi s'étoient
proprement & richement
habillez.
Meffieurs les Etats
Ecclefiaftiques.
Mr l'Abbé de Moulin ,
GALANT. 269
& Mr l'Abbé de Geronfart
Députez. Accompagnez de
fix autres Abbez de la
Province & Comté, de
Namur.
Les deux Herauts d'Armes
Reveftus de la Cote d'Armes avec la Couronne ,
Toque , Panaches , Aigrettes , émaillez fur la poitrine
aux , Armes de S. A. S. E. &
celles du Comté de Namur,
& le Caducée à la main.
Ziij
270 MERCURE
Son Alteße Sereniffime.
Sous un Dais magnifique ,
de velours bleu , orné de
crépines , franges & galons
d'argent avec les Armes
entieres de S. A. S. E. proprement brodées dans le
le fonds, & les Armes de la
Province aux quatre coins ;
preparé & prefenté par M
les Etats Nobles , & porté
par fix Gentils hommes des
plus qualifiez de la Province.
Sçavoir , Mr le Comte de
Frezin , Mr le Comte de
GALANT. 271
Corfuarem Lontchamps ,
Colonel , Mr de Glimes
Marquis de Courcelles , Mr
de Liede Kerke Baron
d'Arc , Mr le Comte de
Berlo de Sainte Gertrude ,
& Mr Claude de Namur
Vicomte Delzée.
Auxdeux coftez du Dais.
M. le Capitaine des Archers
Nobles gardes du Corps de
S. A. S. E. avec les Officiers.
Immediatement aprés
S. A. S. E. marchoient S. E.
Mr le Comte de Terring
Ziiij
272 MERCURE
& Seefelde grand Marêchal
de la Cour, Lieutenant Ge
neral, Chevalier de la Toifon
d'or faifant la fonction de
grand Maiftre de la Maifon
de S. A. SE, & Mrle Baron
de Dobelſtein & d'Eynem
bourg Gentilhomme de la
Chambre de S. A. S. E. de
Cologne, Marefchal de
Camp & Colonel d'un Rement de Cavalerie , Envoyé
Extraordinaire de S. A. S. E.
વે
de Cologne pour affifter
de la part à cette Auguſte
Ceremonie. ar 72A2
7 2 A2
Enfuite marchoient tous
GALANT. 273
les Seigneurs , Miniftres ,
Gentilhommes & autres
Officiers en grand nombre
de S A.S. E. felon le rang
qui leur cft dû
20
Les Archers Nobles Gardes du Corps marchoient
fur les coftez de cette Augufte Affemblée On continua ainfi la marche depuis
le Palais de S A.S. E. juf
qu'à l'Eglife Cathedrale de
S. Aubain. Plus de douze
ou quinze cent Bourgeois le
flambeau de cire blanche à
la main s'étoient rangez
pour former le paffage de
274 MERGURE
cette Noble Affemblée ; La
Garniſon étoit fous les Armes , & le Regiment des
Gardes à pied de S. A. S. E.
étoit pofté depuis le Palais
jufqu'aux environs de l'Eglife de S. Aubain. Mr de
Mercy Brigadier & Commandant de ce Regiment
étoit à la tefte avec tous les
Officiers nouvellement &
proprement habillez uniforme , de drap bleu galonné
d'argent.
Lorfque l'Electeur arriva
devant l'Evefché , un Bourgeois s'avança devant S A.
GALANT. 275
S. E. étendit fon manteau
par terre,le couvrit de fleurs,
& s'écria dans la joye de fon
cœear , Benedictus qui venit
in nomine Domini , &c.
Mr le Comte de Berlo
tres- Illuftre & tres-Digne
Evefque de Namur avoit
affemblé tout fon Clergé.
Le Chapitre de S. Aubain ,
le Chapitre de Nôtre Dame,
tous les Curez & les Prêtres
des Paroiffes , & tous les Ordres Religieux de la Ville. Il
attendoit S. A. S. E avec
tout ce Clergé devant fa
Cathedrale. Onavoit placé
276 MERGURE
*
rs
ún priédicu où S. A. S. E. fe
mit à genoux , & adora la
vraye Croix que Mr l'Eve.
que luy prefenta. On entra
enfuite dans Eglife , où
toutes les places étoient
marquées. Onytrouva déja
placez dans le Chour, M
du Confeil des Finances de
S. A. S. E. M's du Confeil
Provincial , & M du Souverain Baillage.
L'Eglife Cathedrale de S.
Aubain étoit proprement
ornée de verdure naiffante
& de riches Tapifleries.
rs
IS
On avoit élevé un Dais
magnifiquedevelours rouge
GALANT. 277
galonné d'or du cofté de
' Evangile où S. A. S. E. fe
plaça. SE Mr le grand
Maiêchal, faifant la fonction du grand Maiftre , étoit
placé à coté de S. A. S. E,
avec le Capitaine des Gardes
du Corps Archers Nobles ,
& les autres Seigneurs , Miniftres , & Gentilhommes
étoient placez felon l'ordre
que l'on avoit marqué.
Mr Marefchal Fourier de
de la Chambre de S. A. S. E
avoit fait conftruire une ef
pece de Galerie au- deſſus des
formes de M les Chanoi-
278 MERCURE
nes , fort pacieuſe pour
gagner de la place & y
mettre les Dames de la premiere qualité , & autres
caractere , & avoit poſté
un certain nombre d'Officiers qui avoient l'honneur
de placer les Dames felon
leur qualité & leur rang.
M's les Muficiens de la
Chambre de S. A. S. E.
étoient placez dans la Tribune proche de l'Orgue
avec les Trompettes & les
Timbales de S.A.S. E. &
plufieurs autres Muficiens.
Toute cette Augufte Af-
GALANT. 279
femblée étant ainfi placée ,
Mr l'Eveſque aſſiſté d'un
grand nombre de Preftres
officians , celebra pontificalement la Meffe. Aprés la
Meffe on chanta le Pfalme
Exaudiaten mufique. Auffitoſt qu'il fut fini”, M" les
Députez des Etats s'avancerent devant le Trône de
S.A. S. E.
L'Acte quiles authoriſoit
曩
pour recevoir & prefter le
ferment les nomme ainfi.
Les Reverends Abbez ,
Dom Maximilien Abbé de
Moulin, & Frere Auguftin
180 MERCURE
Illuftre
Abbé de Geronfart, de la part
du Clergé ; Noble
Seigneur Meffire Facques Baron de Spontin de Freyr , Vicomte d'Efclaye & 'dAudembourg; Noble & Illuftre Seis
gneur MeffireJacques François
Comte de Groesbeck , Wemelin
& du S. Empire , Vicomte
d'Aublin, Confeiller d'Etat
de S. A.S. E. de la part de la
Nobleß ; Noble & Illuſtre
Seigneur Adrien Charles de
Glimes de Brabant Seigneur dè
S.Martin , Noble Homme ,
Albert Ignace de Kffel de lå
part du Tiers Etat,
GALANT. 281
En préfence de ces M
Députez & de toute l'Af
femblée S. A. S. E. tenant
majestueufement les mains
fur les faints Evangiles , &
devant les faintes Reliques ,
prononça le ferment en ces
termes :
Je MAXIMILIEN
EMANUEL-par la grace
de Dieu , Ducde la Haute&
Baße Baviere , du Haut Pa
latinat , de Brabant , de Limbourg, de Luxembourg, &
de Gueldres , Comte Palatin
du Rhin , Archi- Dapifer
Electeur Vicaire du S
Juillet 1712 Aa
282 MERCURE
"Empire Romain , Landigrave
de Leichtenberg, Comte de
Flandres , de Hainaut & de
Namur, Marquis du S.
Empire , Seigneur de Malines,
&c.
Fure devant les faintes Reliques, &par les faints Evangiles de Dieu,quejegarderayles
Eglifes & Suppors d'icelles , les
Nobles, Feodeaux, Oppidains,
Communautez , Veuves &
Orphelins , des Villes , Pays
Comtéde Namur, en leurs
Droits, Ufages , Loix, &
Coûtumes loüables & anciennes; AINSI M'AIDE DIEU
GALANT. 283
ET TOUS SES SAINTS.
Cette formule de ferment avoit été préſentée par
le fieur Marefchal en qualité
de Greffier du fouverain
Baillage , à Mr le grand
Marefchal qui la pofa devant
S. A. S. E. & qui luy rendit
aprés que S. A. S. E. cut fini.
Le Nom du Seigneur & celuy de S. A. S. E. étoient
écrits en lettres d'or.
Mr Lardenois Confeiller
Penfionnaire lût enfuite la
Procuration qui authoriſoit
les Députez à prefter le fer.
ment. Et Mr l'Abbé de
Aaij
284 MERCURE
Moulin le lûc au nom de
tous en ces termes :
* NousFurons à vous treshaut& tres puiffant Prince
Seigneur MAXIMILIEN
EMANUEL par la grace
de Dieu Duc de la Haute &
Baffe Baviere, du Haut Palatinar , Comte Palatin du
Rhin , Archi-Dapifer, Elec
teur Vicaire du S. Empire
Romain , Landtgrave de Leichrenberg, Comte dudit Namur, que les Prélats , Nobles ,
Feodeaux, Oppidains &Com·
munautez d'iceluy Comie &
Pays de Namur, vousferont
GALANT. 283
Lons , vrais & loyaux Sujets
ferviteurs , comme its
doivent, font tenus d'estre
leur Prince & Seigneur.
M's les Députez levant
les doigt , prononcerent la
force du ferment felon
l'ordre fuivant.
Les deux Députez de
Etat Ecclefiaftique.
Ainfi nous aide Dieu &
rous fés Saints.
Les deux Députez de
l'Etat Noble.
Ainfi nous aide Dieu &
tous fes Saints.
Les deux Députez du
Tiers Etat.
286 MERCURE
Ainfi nous aide Dicu &
tous fes Saints,
Alors un bruit éclatant
ſe fit entendre dans l'Eglife ,
toute l'Affemblée s'écria ,
Vive l'Electeur , Vive le
Comte de Namur Noftre
Souverain.
On chanta enfuite le
TE DEUM, & aprés la
Benediction du Tres- Saint
Sacrement on recommença
la marche dans le mefme
ordre qu'on étoit venu.
ET CEREMONIES,
FAITES
A L'INAUGURATION 13
CORDES, A. S. E..
་་
DE BAVIERE.
Prince Souverain les
For pr 7Pays
- Bas,
L
༢
2
¡Avenement de S. A
S. E. à la fouveraineté
des Païs Bas avoit comblé
de joye tous les Peuples du
Ꮓ
Juillet 1712.
266 MERCURE
Comté de Namur. Heureux d'obéir à un fi grand
Prince, & devenir fes Sujets,
ils attendoient avec impatience le jour qu'Elle voudroit bien marquer , pour
avoir l'honneur de luy preter le Serment de fidelité
& dans cette eſperance ils
préparoient à rendre ce
jourundes plusmagnifiques
& des plus pompeux.
En effet , S. A. S. E. ayant
fixé cette Augufte Ceremonic au 17. de May les Peuples n'ont rien oublié pour
la rendre folemnelle &
Le
GALANT. 267
témoigner leur zele & leur
ardeur.
Meffieurs les Etats qui
avoient été convoquez à ce
fujet s'affemblerent la veille ,
& le concours des Ecclefiaf
tiques & des Nobles fut tresnombreux. Le lendemain
ils fe rendirent en Corps au
Palais de S. A. S. E. & fur
les dix heures du matin la
Marche commença.
ORDRE DE LA MARCHE.
Meffieurs les Magiftrats.
Mr le Mayeur, M" les
Zij
268 MERCURE 15 1
Efchevins , M les Jurez
& autres du même Corps.
2
*
Meffieurs les Etats Nobles,
Mr le Baron de Spontin
de Freyr , &c. & Mr le
Comte de Groefbeck
&c. Députez. Accompa
gnez d'un grand nombre de
Gentilhommes de la Pro .
vince qui à l'envi s'étoient
proprement & richement
habillez.
Meffieurs les Etats
Ecclefiaftiques.
Mr l'Abbé de Moulin ,
GALANT. 269
& Mr l'Abbé de Geronfart
Députez. Accompagnez de
fix autres Abbez de la
Province & Comté, de
Namur.
Les deux Herauts d'Armes
Reveftus de la Cote d'Armes avec la Couronne ,
Toque , Panaches , Aigrettes , émaillez fur la poitrine
aux , Armes de S. A. S. E. &
celles du Comté de Namur,
& le Caducée à la main.
Ziij
270 MERCURE
Son Alteße Sereniffime.
Sous un Dais magnifique ,
de velours bleu , orné de
crépines , franges & galons
d'argent avec les Armes
entieres de S. A. S. E. proprement brodées dans le
le fonds, & les Armes de la
Province aux quatre coins ;
preparé & prefenté par M
les Etats Nobles , & porté
par fix Gentils hommes des
plus qualifiez de la Province.
Sçavoir , Mr le Comte de
Frezin , Mr le Comte de
GALANT. 271
Corfuarem Lontchamps ,
Colonel , Mr de Glimes
Marquis de Courcelles , Mr
de Liede Kerke Baron
d'Arc , Mr le Comte de
Berlo de Sainte Gertrude ,
& Mr Claude de Namur
Vicomte Delzée.
Auxdeux coftez du Dais.
M. le Capitaine des Archers
Nobles gardes du Corps de
S. A. S. E. avec les Officiers.
Immediatement aprés
S. A. S. E. marchoient S. E.
Mr le Comte de Terring
Ziiij
272 MERCURE
& Seefelde grand Marêchal
de la Cour, Lieutenant Ge
neral, Chevalier de la Toifon
d'or faifant la fonction de
grand Maiftre de la Maifon
de S. A. SE, & Mrle Baron
de Dobelſtein & d'Eynem
bourg Gentilhomme de la
Chambre de S. A. S. E. de
Cologne, Marefchal de
Camp & Colonel d'un Rement de Cavalerie , Envoyé
Extraordinaire de S. A. S. E.
વે
de Cologne pour affifter
de la part à cette Auguſte
Ceremonie. ar 72A2
7 2 A2
Enfuite marchoient tous
GALANT. 273
les Seigneurs , Miniftres ,
Gentilhommes & autres
Officiers en grand nombre
de S A.S. E. felon le rang
qui leur cft dû
20
Les Archers Nobles Gardes du Corps marchoient
fur les coftez de cette Augufte Affemblée On continua ainfi la marche depuis
le Palais de S A.S. E. juf
qu'à l'Eglife Cathedrale de
S. Aubain. Plus de douze
ou quinze cent Bourgeois le
flambeau de cire blanche à
la main s'étoient rangez
pour former le paffage de
274 MERGURE
cette Noble Affemblée ; La
Garniſon étoit fous les Armes , & le Regiment des
Gardes à pied de S. A. S. E.
étoit pofté depuis le Palais
jufqu'aux environs de l'Eglife de S. Aubain. Mr de
Mercy Brigadier & Commandant de ce Regiment
étoit à la tefte avec tous les
Officiers nouvellement &
proprement habillez uniforme , de drap bleu galonné
d'argent.
Lorfque l'Electeur arriva
devant l'Evefché , un Bourgeois s'avança devant S A.
GALANT. 275
S. E. étendit fon manteau
par terre,le couvrit de fleurs,
& s'écria dans la joye de fon
cœear , Benedictus qui venit
in nomine Domini , &c.
Mr le Comte de Berlo
tres- Illuftre & tres-Digne
Evefque de Namur avoit
affemblé tout fon Clergé.
Le Chapitre de S. Aubain ,
le Chapitre de Nôtre Dame,
tous les Curez & les Prêtres
des Paroiffes , & tous les Ordres Religieux de la Ville. Il
attendoit S. A. S. E avec
tout ce Clergé devant fa
Cathedrale. Onavoit placé
276 MERGURE
*
rs
ún priédicu où S. A. S. E. fe
mit à genoux , & adora la
vraye Croix que Mr l'Eve.
que luy prefenta. On entra
enfuite dans Eglife , où
toutes les places étoient
marquées. Onytrouva déja
placez dans le Chour, M
du Confeil des Finances de
S. A. S. E. M's du Confeil
Provincial , & M du Souverain Baillage.
L'Eglife Cathedrale de S.
Aubain étoit proprement
ornée de verdure naiffante
& de riches Tapifleries.
rs
IS
On avoit élevé un Dais
magnifiquedevelours rouge
GALANT. 277
galonné d'or du cofté de
' Evangile où S. A. S. E. fe
plaça. SE Mr le grand
Maiêchal, faifant la fonction du grand Maiftre , étoit
placé à coté de S. A. S. E,
avec le Capitaine des Gardes
du Corps Archers Nobles ,
& les autres Seigneurs , Miniftres , & Gentilhommes
étoient placez felon l'ordre
que l'on avoit marqué.
Mr Marefchal Fourier de
de la Chambre de S. A. S. E
avoit fait conftruire une ef
pece de Galerie au- deſſus des
formes de M les Chanoi-
278 MERCURE
nes , fort pacieuſe pour
gagner de la place & y
mettre les Dames de la premiere qualité , & autres
caractere , & avoit poſté
un certain nombre d'Officiers qui avoient l'honneur
de placer les Dames felon
leur qualité & leur rang.
M's les Muficiens de la
Chambre de S. A. S. E.
étoient placez dans la Tribune proche de l'Orgue
avec les Trompettes & les
Timbales de S.A.S. E. &
plufieurs autres Muficiens.
Toute cette Augufte Af-
GALANT. 279
femblée étant ainfi placée ,
Mr l'Eveſque aſſiſté d'un
grand nombre de Preftres
officians , celebra pontificalement la Meffe. Aprés la
Meffe on chanta le Pfalme
Exaudiaten mufique. Auffitoſt qu'il fut fini”, M" les
Députez des Etats s'avancerent devant le Trône de
S.A. S. E.
L'Acte quiles authoriſoit
曩
pour recevoir & prefter le
ferment les nomme ainfi.
Les Reverends Abbez ,
Dom Maximilien Abbé de
Moulin, & Frere Auguftin
180 MERCURE
Illuftre
Abbé de Geronfart, de la part
du Clergé ; Noble
Seigneur Meffire Facques Baron de Spontin de Freyr , Vicomte d'Efclaye & 'dAudembourg; Noble & Illuftre Seis
gneur MeffireJacques François
Comte de Groesbeck , Wemelin
& du S. Empire , Vicomte
d'Aublin, Confeiller d'Etat
de S. A.S. E. de la part de la
Nobleß ; Noble & Illuſtre
Seigneur Adrien Charles de
Glimes de Brabant Seigneur dè
S.Martin , Noble Homme ,
Albert Ignace de Kffel de lå
part du Tiers Etat,
GALANT. 281
En préfence de ces M
Députez & de toute l'Af
femblée S. A. S. E. tenant
majestueufement les mains
fur les faints Evangiles , &
devant les faintes Reliques ,
prononça le ferment en ces
termes :
Je MAXIMILIEN
EMANUEL-par la grace
de Dieu , Ducde la Haute&
Baße Baviere , du Haut Pa
latinat , de Brabant , de Limbourg, de Luxembourg, &
de Gueldres , Comte Palatin
du Rhin , Archi- Dapifer
Electeur Vicaire du S
Juillet 1712 Aa
282 MERCURE
"Empire Romain , Landigrave
de Leichtenberg, Comte de
Flandres , de Hainaut & de
Namur, Marquis du S.
Empire , Seigneur de Malines,
&c.
Fure devant les faintes Reliques, &par les faints Evangiles de Dieu,quejegarderayles
Eglifes & Suppors d'icelles , les
Nobles, Feodeaux, Oppidains,
Communautez , Veuves &
Orphelins , des Villes , Pays
Comtéde Namur, en leurs
Droits, Ufages , Loix, &
Coûtumes loüables & anciennes; AINSI M'AIDE DIEU
GALANT. 283
ET TOUS SES SAINTS.
Cette formule de ferment avoit été préſentée par
le fieur Marefchal en qualité
de Greffier du fouverain
Baillage , à Mr le grand
Marefchal qui la pofa devant
S. A. S. E. & qui luy rendit
aprés que S. A. S. E. cut fini.
Le Nom du Seigneur & celuy de S. A. S. E. étoient
écrits en lettres d'or.
Mr Lardenois Confeiller
Penfionnaire lût enfuite la
Procuration qui authoriſoit
les Députez à prefter le fer.
ment. Et Mr l'Abbé de
Aaij
284 MERCURE
Moulin le lûc au nom de
tous en ces termes :
* NousFurons à vous treshaut& tres puiffant Prince
Seigneur MAXIMILIEN
EMANUEL par la grace
de Dieu Duc de la Haute &
Baffe Baviere, du Haut Palatinar , Comte Palatin du
Rhin , Archi-Dapifer, Elec
teur Vicaire du S. Empire
Romain , Landtgrave de Leichrenberg, Comte dudit Namur, que les Prélats , Nobles ,
Feodeaux, Oppidains &Com·
munautez d'iceluy Comie &
Pays de Namur, vousferont
GALANT. 283
Lons , vrais & loyaux Sujets
ferviteurs , comme its
doivent, font tenus d'estre
leur Prince & Seigneur.
M's les Députez levant
les doigt , prononcerent la
force du ferment felon
l'ordre fuivant.
Les deux Députez de
Etat Ecclefiaftique.
Ainfi nous aide Dieu &
rous fés Saints.
Les deux Députez de
l'Etat Noble.
Ainfi nous aide Dieu &
tous fes Saints.
Les deux Députez du
Tiers Etat.
286 MERCURE
Ainfi nous aide Dicu &
tous fes Saints,
Alors un bruit éclatant
ſe fit entendre dans l'Eglife ,
toute l'Affemblée s'écria ,
Vive l'Electeur , Vive le
Comte de Namur Noftre
Souverain.
On chanta enfuite le
TE DEUM, & aprés la
Benediction du Tres- Saint
Sacrement on recommença
la marche dans le mefme
ordre qu'on étoit venu.
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Résumé : REJOUISSANCES ET CEREMONIES FAITES A L'INAUGURATION DE S.A.S.E. DE BAVIERE. Prince Souverain des Pays-Bas.
Le texte relate les cérémonies d'inauguration de l'avènement de Son Altesse Sérénissime (S.A.S.E.) à la souveraineté des Pays-Bas en juillet 1712. Cet événement a suscité une grande joie parmi les peuples, qui se préparaient à prêter serment de fidélité. La cérémonie officielle a été fixée au 17 mai et a été marquée par une grande solennité et un zèle ardent des populations. Les États, les ecclésiastiques et les nobles se sont rassemblés la veille et ont participé à une marche ordonnée le lendemain. La procession, dirigée par les magistrats, les États nobles et ecclésiastiques, a conduit S.A.S.E. sous un dais magnifique jusqu'à la cathédrale Saint-Aubin. La garnison et les gardes étaient présents, et un bourgeois a accueilli l'Électeur avec des fleurs et des bénédictions. À la cathédrale, S.A.S.E. a adoré la vraie Croix et a pris place sur un dais orné. La messe a été célébrée par l'évêque de Namur, assisté de nombreux prêtres. Après la messe, les députés des États ont prêté serment de fidélité à S.A.S.E., qui a prononcé un serment solennel de protéger les églises, les nobles, les veuves et les orphelins. Le Te Deum a été chanté, suivi d'une bénédiction, et la procession est revenue au palais dans le même ordre.
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12
p. 121-131
HARANGUE de la Reine d'Angleterre à son Parlement.
Début :
MYLORDS, & MESSIEURS, Je finis la derniere Seance en vous remerciant [...]
Mots clefs :
Paix, Harangue, Peuple, Reine d'Angleterre, Assemblée, Ratification, Dépenses publiques, Providence divine, Fidélité, Affection
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : HARANGUE de la Reine d'Angleterre à son Parlement.
H A R A N GU E
de la Reine d'Angle-
: terre àson Parlement.
MYLORDS,&
Messieurs,
( Je finis la derniere Sean
ce en vous remerciant des
assurances solemnelles que
vous m'aviez données, par
le moyen desquelles je me
fuis trouvée en estat de furmonter
les difficultez qu'-
on avoit concertées pour
empescher la Paix generale.
J'ay differé la Seance
jusqu'à present, desirant de
vous communiquer à vostre
premiere Assemblée le
succez de cetteimportante
affaire. C'est donc avec un
grand plaisir que je vous
dis que la Paix est signée,
& que dans peu de jours les
ratifications feront eschangées.
La negociation a tiré en
de si grandes longueurs,
que tous nos Alliez ont eu
du temps suffisamment
pour regler leurs differents
interests. Quoyque les despenses
publiques ayent esté
augmentées par ces delais,
j'espere que mes peuples les
su pporteront, puisque nous
avons heureusement obtenu
la fin que nous nous estions
proposée. Ce que j'ay
fait pour la seureté de la
succession Protestante&la
parfaite amitié qui est entre
moy & la Maison de
Hanover,doit convaincre
ceux qui nous souhaittent
du bien, & qui aiment le
re pos & la seureté de leur
pays, combien sont inutiles
les attentats qu'on a
faits pour nous diviser, &
que ceux qui voudroient se
faire un merice de separer
nos interests ne reüssiront
jamais dans leurs mauvais
desseins.
Messieurs de la Chambre
des Communes.
On a fait autant de progrez
pour diminuer les despenses
publiques, que les
circonstances des affaires
l'ont pû permettre.
Je laisse entierement à
mon Parlement lefoin de
voir quelles forces feront
necessaires pour assurernostre
commerce par Mer, &
pour les gardes & les garnisons.
Mettez vous vousmesmes
en seureté
, & je
seray satisfaire. Aprés la
protection de la Providence
divine, je me repose sur
la fidelité & l'affection de
mon peuple, & je n'ay pas
besoin d'autre garant. Je
recommande à vos soins les
braves gens qui ont bien
servi par Mer & par Terre
durant cette guerre,& qui
ne peuvent estre employez
en temps de Paix.
Il faut aussi que je vous
demande de pourvoir aux
subsides que vous jugerez
necessaires, & d'y a pporter
toute la diligence qu'il faudra
pour vostre commodité
& pour le servicepublic.
Mylords & Messieurs,
Les grands avantages que
j'ayobtenus pour mes Sujets
, ont causé beaucoup
d'opposition & de longs délais
à cette Paix. Ce m'est
une grande satisfaction de
voir qu'il feraau pouvoir
de mon peuple de reparer.
peu à peu ce qu'il a souffert
durant cette si longue& si
onereuse guerre.
Il est de vostre interest
d'employer vos soins à rendre
nostre Commerce dans
les pays estrangersaussi aisé
que le peut permettre le
credit de la Narion, & à
choisirles moyens les plus
propres pour avancer &
encourager nostre Commerce
& nos Manufactures
au dedans, & particulierement
la pesche qu'on
peut augmenter pourtous
nos gens inutiles: ce qui
fera d'un grand avantage,
mesmeauxendroits les plus
éloignez de ce Royaume.
Dans la derniere Seance
on mit devant vous plusieurs
choses que le poids
& la multiplicité des affaires
ne permirent pas de
finir. J'espere que vous
prendrezun temps propre
à y donner toute la con sideration
qu'elles meritent.
Je ne fçaurois pourtant
m'empescher de vous marquer
expressément le déplaisir
que j'ay de la licence
sans exemple qu'on
prend de publier des libelles
seditieux & scandaleux.
L'impunité de telles pratiques
a encouragé leblafpheme
contre toutes les
choses les plus sacrées ,&
répandu des opinions qui
tendent à la deftrudion de
toute forte de Religicn &
de Gouvernement. On a
ordonnéde faiie des pourfuites;
mais il faut de nouvelles
Loix pour arrelter ce
mal naissant & vos plus
grands efforts chacun dans
son posse,pour le décourager.
Lacouftumeimpiede?
duels demande au/ïi qu'on
y apporte un remede
prompt & efficace.
Prefenrement que nous
sommes en paix au dehors,
je vous conjure de faire vos
derniers efforts pour calmer
les esprits au dedans,
afin de cultiver les arts pacifiquîs,&
qu'une jalousie
mal fondée formée par une
fadtion, & fomentee par
une rage de parti ne puifïb
effeauer ce que nos ennemis
n'ont pu faire.
Je prie Dieu qu'il dirige
toutes vos déliberations
pour lagloire & pour le
bien du peuple,&c.
de la Reine d'Angle-
: terre àson Parlement.
MYLORDS,&
Messieurs,
( Je finis la derniere Sean
ce en vous remerciant des
assurances solemnelles que
vous m'aviez données, par
le moyen desquelles je me
fuis trouvée en estat de furmonter
les difficultez qu'-
on avoit concertées pour
empescher la Paix generale.
J'ay differé la Seance
jusqu'à present, desirant de
vous communiquer à vostre
premiere Assemblée le
succez de cetteimportante
affaire. C'est donc avec un
grand plaisir que je vous
dis que la Paix est signée,
& que dans peu de jours les
ratifications feront eschangées.
La negociation a tiré en
de si grandes longueurs,
que tous nos Alliez ont eu
du temps suffisamment
pour regler leurs differents
interests. Quoyque les despenses
publiques ayent esté
augmentées par ces delais,
j'espere que mes peuples les
su pporteront, puisque nous
avons heureusement obtenu
la fin que nous nous estions
proposée. Ce que j'ay
fait pour la seureté de la
succession Protestante&la
parfaite amitié qui est entre
moy & la Maison de
Hanover,doit convaincre
ceux qui nous souhaittent
du bien, & qui aiment le
re pos & la seureté de leur
pays, combien sont inutiles
les attentats qu'on a
faits pour nous diviser, &
que ceux qui voudroient se
faire un merice de separer
nos interests ne reüssiront
jamais dans leurs mauvais
desseins.
Messieurs de la Chambre
des Communes.
On a fait autant de progrez
pour diminuer les despenses
publiques, que les
circonstances des affaires
l'ont pû permettre.
Je laisse entierement à
mon Parlement lefoin de
voir quelles forces feront
necessaires pour assurernostre
commerce par Mer, &
pour les gardes & les garnisons.
Mettez vous vousmesmes
en seureté
, & je
seray satisfaire. Aprés la
protection de la Providence
divine, je me repose sur
la fidelité & l'affection de
mon peuple, & je n'ay pas
besoin d'autre garant. Je
recommande à vos soins les
braves gens qui ont bien
servi par Mer & par Terre
durant cette guerre,& qui
ne peuvent estre employez
en temps de Paix.
Il faut aussi que je vous
demande de pourvoir aux
subsides que vous jugerez
necessaires, & d'y a pporter
toute la diligence qu'il faudra
pour vostre commodité
& pour le servicepublic.
Mylords & Messieurs,
Les grands avantages que
j'ayobtenus pour mes Sujets
, ont causé beaucoup
d'opposition & de longs délais
à cette Paix. Ce m'est
une grande satisfaction de
voir qu'il feraau pouvoir
de mon peuple de reparer.
peu à peu ce qu'il a souffert
durant cette si longue& si
onereuse guerre.
Il est de vostre interest
d'employer vos soins à rendre
nostre Commerce dans
les pays estrangersaussi aisé
que le peut permettre le
credit de la Narion, & à
choisirles moyens les plus
propres pour avancer &
encourager nostre Commerce
& nos Manufactures
au dedans, & particulierement
la pesche qu'on
peut augmenter pourtous
nos gens inutiles: ce qui
fera d'un grand avantage,
mesmeauxendroits les plus
éloignez de ce Royaume.
Dans la derniere Seance
on mit devant vous plusieurs
choses que le poids
& la multiplicité des affaires
ne permirent pas de
finir. J'espere que vous
prendrezun temps propre
à y donner toute la con sideration
qu'elles meritent.
Je ne fçaurois pourtant
m'empescher de vous marquer
expressément le déplaisir
que j'ay de la licence
sans exemple qu'on
prend de publier des libelles
seditieux & scandaleux.
L'impunité de telles pratiques
a encouragé leblafpheme
contre toutes les
choses les plus sacrées ,&
répandu des opinions qui
tendent à la deftrudion de
toute forte de Religicn &
de Gouvernement. On a
ordonnéde faiie des pourfuites;
mais il faut de nouvelles
Loix pour arrelter ce
mal naissant & vos plus
grands efforts chacun dans
son posse,pour le décourager.
Lacouftumeimpiede?
duels demande au/ïi qu'on
y apporte un remede
prompt & efficace.
Prefenrement que nous
sommes en paix au dehors,
je vous conjure de faire vos
derniers efforts pour calmer
les esprits au dedans,
afin de cultiver les arts pacifiquîs,&
qu'une jalousie
mal fondée formée par une
fadtion, & fomentee par
une rage de parti ne puifïb
effeauer ce que nos ennemis
n'ont pu faire.
Je prie Dieu qu'il dirige
toutes vos déliberations
pour lagloire & pour le
bien du peuple,&c.
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Résumé : HARANGUE de la Reine d'Angleterre à son Parlement.
La Reine d'Angleterre adresse un discours au Parlement pour annoncer la signature de la paix et l'échange imminent des ratifications. Les négociations ont été longues, permettant à tous les alliés de régler leurs intérêts. Bien que les dépenses publiques aient augmenté, la Reine espère que ses peuples les supporteront, car la paix a été obtenue. Elle réaffirme son engagement pour la sécurité de la succession protestante et l'amitié avec la Maison de Hanovre, condamnant les tentatives de division. La Reine laisse au Parlement le soin de déterminer les forces nécessaires pour sécuriser le commerce maritime et les garnisons. Elle recommande de prendre soin des vétérans et de pourvoir aux subsides nécessaires. Elle exprime sa satisfaction de voir que le peuple pourra réparer les dommages causés par la guerre et encourage le développement du commerce et des manufactures, notamment la pêche. La Reine déplore la publication de libelles séditieux et scandaleux, appelant à des lois pour arrêter ce fléau. Elle condamne également la coutume des duels et conjure le Parlement de calmer les esprits intérieurs pour cultiver les arts pacifiques et éviter les divisions partisanes. Elle conclut en priant Dieu de diriger les délibérations pour la gloire et le bien du peuple.
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13
p. 54-57
DISCOURS de M. l'Olivier, Avocat au Parlement, Substitut de M. le Procureur General, et l'un des deux Substituts des Procureurs Generaux, Sindics des Etats de Bretagne, prononcé dans l'Assemblée des Etats.
Début :
Messieurs, Depuis l'élection que vous avez bien voulu faire en [...]
Mots clefs :
Discours, Assemblée, Prélat, Épiscopat, Honneur, Magistrat, Reconnaissance
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texteReconnaissance textuelle : DISCOURS de M. l'Olivier, Avocat au Parlement, Substitut de M. le Procureur General, et l'un des deux Substituts des Procureurs Generaux, Sindics des Etats de Bretagne, prononcé dans l'Assemblée des Etats.
DISCOURS de M. l'Olivier , Avocat
au Parlement , Substitut de M. le
Procureur General , et l'un des deux
Substituts des Procureurs Generaux ,
Sindics des Etats de Bretagne , prononcé
dans l'Assemblée des Etats.
MESSI ESSIEURS ,
Depuis l'élection que vous avez bien voulu
faire en ma faveur , j'ai 'souhaité avec
empressement qu'il se présentat quelque occasion
de vous en faire mes trés
remercimens.
respectueux
Penetré de la reconnoissance la plus vive,
je m'étois flatté que les expressions qui pou
voient la rendre sensible suivroient de près
les mouvemens de mon coeur ; mais le
respect
at la crainte dont je me sens penetré à la vuë
de cette auguste assemblée , ne me permettent
qu'à peine de vous faire entendre ma timide
voix.
Je ne trouve rien , Messieurs , de comparable
pour moi à la grace dont vous avez
bien voulu m'honorer. La préference que
vous m'avez donnée sur une foule de concurrens
distingués par leur mérite , en rehausse
infiniment le prix . Quelle gloire ne reçois-je
pas
JANVIER. 1731. 58
pas d'une place où je suis chargé de veiller
à la conservation des droits de la patrie ?
quelle satisfaction de pouvoir chaque jour
trouver de nouvelles occasions de la servir ?
L'honneur d'être admis dans vos assemblées
est encore un avantage qui me rend
cette place très précieuse ; c'est cette prérogative
, Messieurs , qui me met à portée de
connoître et d'admirer en même tems la superiorité
de vos lumieres , la penétration de
vos esprits , la sagesse de vos déliberations
c'est cette prérogative qui me rend témoin de
Fart et de la prudence avec lesquels vous
Scavez , Messieurs , concilier le service du
Roi avec les franchises et les libertés de cette
grande Province.
C'est enfin cette prérogative qui me procure
l'inestimable honneur d'approcher les augustes
personnages qui président à vos déliberations.
Un Prélat nourri dans la sagesse et dans
la pieté , également instruit de tous ses devoirs,
et fidele à les observer , qui joignant aux
vertus de l'Episcopat une parfaite connoissance
des affaires , et destiné à remplir
un jour les plus sublimes emplois de l'Eglise
et de l'Etat.
Un Seigneur aussi grand par sa haute
naissance , qu'il est aimable par les graces
naturelles qui l'accompagnent ; un Seigneur
qui dans un âge de tout tems consacré auxe
plaisirs
56 MERCURE DE FRANCE
plaisirs sçait s'occuper avec autant de dignité
que de succès des affaires les plus importantes
d'une Nation dont il est tout à la fois les délices
et la gloire.
Un Magistrat habile , prudent , équitable
qui par ses lumieres et une longue experience
s'est acquis une profonde connoissance des affaires
de la Province , et s'est tant de fois
distingué dans la place qu'il occupe si dignement.
Quelle gloire n'est ce pas pour moi , Messieurs
, de devoir à vos suffrages une place
qui me procure l'honneur de parler devant
des Personnes si illustres .
"
Des témoignages de bonté si marqués et si
éclatans exigent sans doute de ma part des
hommages pleins de respect pour cette majestueuse
assemblée , un zele à toute épreuve
pour les interêts qu'elle confie et une exactitude
scrupuleuse à tous mes devoirs.
C'est aussi , Messieurs , ce que je vous
supplie d'agréer , et en même tems tout ce
que je puis vous offrir. Quoique jeune , jose
esperer et le désir de répondre à votre choix
est le garant de mon esperance , que par mes:
soins et par mon attention à consulter les
maximes et à suivre les exemples de Messieurs
vos Procureurs Generaux Sindics , je
serai dans peu en état de travailler utilement
sous leurs ordres , et de vous donner des preuves
de mon inviolable dévouëment et de ma
respecineuse reconnoissance- Le
JANVIER. 1731. 57
Le Collegue de M. l'Olivier , dans la
même Charge de Subsitut des Procureurs
Generaux Sindics des Etats , est M. Odye,
Avocat au Parlement , et d'une réputation
distinguée.
au Parlement , Substitut de M. le
Procureur General , et l'un des deux
Substituts des Procureurs Generaux ,
Sindics des Etats de Bretagne , prononcé
dans l'Assemblée des Etats.
MESSI ESSIEURS ,
Depuis l'élection que vous avez bien voulu
faire en ma faveur , j'ai 'souhaité avec
empressement qu'il se présentat quelque occasion
de vous en faire mes trés
remercimens.
respectueux
Penetré de la reconnoissance la plus vive,
je m'étois flatté que les expressions qui pou
voient la rendre sensible suivroient de près
les mouvemens de mon coeur ; mais le
respect
at la crainte dont je me sens penetré à la vuë
de cette auguste assemblée , ne me permettent
qu'à peine de vous faire entendre ma timide
voix.
Je ne trouve rien , Messieurs , de comparable
pour moi à la grace dont vous avez
bien voulu m'honorer. La préference que
vous m'avez donnée sur une foule de concurrens
distingués par leur mérite , en rehausse
infiniment le prix . Quelle gloire ne reçois-je
pas
JANVIER. 1731. 58
pas d'une place où je suis chargé de veiller
à la conservation des droits de la patrie ?
quelle satisfaction de pouvoir chaque jour
trouver de nouvelles occasions de la servir ?
L'honneur d'être admis dans vos assemblées
est encore un avantage qui me rend
cette place très précieuse ; c'est cette prérogative
, Messieurs , qui me met à portée de
connoître et d'admirer en même tems la superiorité
de vos lumieres , la penétration de
vos esprits , la sagesse de vos déliberations
c'est cette prérogative qui me rend témoin de
Fart et de la prudence avec lesquels vous
Scavez , Messieurs , concilier le service du
Roi avec les franchises et les libertés de cette
grande Province.
C'est enfin cette prérogative qui me procure
l'inestimable honneur d'approcher les augustes
personnages qui président à vos déliberations.
Un Prélat nourri dans la sagesse et dans
la pieté , également instruit de tous ses devoirs,
et fidele à les observer , qui joignant aux
vertus de l'Episcopat une parfaite connoissance
des affaires , et destiné à remplir
un jour les plus sublimes emplois de l'Eglise
et de l'Etat.
Un Seigneur aussi grand par sa haute
naissance , qu'il est aimable par les graces
naturelles qui l'accompagnent ; un Seigneur
qui dans un âge de tout tems consacré auxe
plaisirs
56 MERCURE DE FRANCE
plaisirs sçait s'occuper avec autant de dignité
que de succès des affaires les plus importantes
d'une Nation dont il est tout à la fois les délices
et la gloire.
Un Magistrat habile , prudent , équitable
qui par ses lumieres et une longue experience
s'est acquis une profonde connoissance des affaires
de la Province , et s'est tant de fois
distingué dans la place qu'il occupe si dignement.
Quelle gloire n'est ce pas pour moi , Messieurs
, de devoir à vos suffrages une place
qui me procure l'honneur de parler devant
des Personnes si illustres .
"
Des témoignages de bonté si marqués et si
éclatans exigent sans doute de ma part des
hommages pleins de respect pour cette majestueuse
assemblée , un zele à toute épreuve
pour les interêts qu'elle confie et une exactitude
scrupuleuse à tous mes devoirs.
C'est aussi , Messieurs , ce que je vous
supplie d'agréer , et en même tems tout ce
que je puis vous offrir. Quoique jeune , jose
esperer et le désir de répondre à votre choix
est le garant de mon esperance , que par mes:
soins et par mon attention à consulter les
maximes et à suivre les exemples de Messieurs
vos Procureurs Generaux Sindics , je
serai dans peu en état de travailler utilement
sous leurs ordres , et de vous donner des preuves
de mon inviolable dévouëment et de ma
respecineuse reconnoissance- Le
JANVIER. 1731. 57
Le Collegue de M. l'Olivier , dans la
même Charge de Subsitut des Procureurs
Generaux Sindics des Etats , est M. Odye,
Avocat au Parlement , et d'une réputation
distinguée.
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Résumé : DISCOURS de M. l'Olivier, Avocat au Parlement, Substitut de M. le Procureur General, et l'un des deux Substituts des Procureurs Generaux, Sindics des Etats de Bretagne, prononcé dans l'Assemblée des Etats.
M. l'Olivier, avocat au Parlement et substitut du Procureur Général, adresse un discours aux États de Bretagne après son élection. Il exprime sa gratitude pour l'honneur reçu et la préférence accordée parmi de nombreux concurrents. Il se réjouit de pouvoir veiller sur les droits de la patrie et servir quotidiennement la province. L'honneur d'être admis dans les assemblées lui permet d'admirer la sagesse et la prudence des délibérations des États, ainsi que leur capacité à concilier le service du Roi avec les franchises et libertés de la Bretagne. M. l'Olivier admire également les personnalités présentes, notamment un prélat sage et pieux, un seigneur distingué par sa naissance et ses compétences, et un magistrat expérimenté. Il promet de faire preuve de respect, de zèle et de scrupule dans l'exercice de ses devoirs. Bien que jeune, il espère, en suivant les exemples de ses prédécesseurs, pouvoir travailler utilement et prouver son dévouement et sa reconnaissance. Son collègue, M. Odye, est également mentionné pour sa réputation distinguée.
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14
p. 324-327
Programme sur un exercice de Belles Lettres, [titre d'après la table]
Début :
Nous venons de recevoir de Nîmes un Programme, imprimé à Montpellier, au sujet d'un [...]
Mots clefs :
Exercice, Belles-lettres, Programme, Poètes, Orateurs, Historiens, Assemblée
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Programme sur un exercice de Belles Lettres, [titre d'après la table]
Nous venons de recevoir de Nîmes un Programme
, imprimé à Montpellier , au sujet d'un
Exercice de Belles- Lettres, dans lequel M.de Bernage
, fils de M. de Bernage ,Intendant de la Province
de Languedoc, a donné le 21 du mois passé,
en presence des Etats assemblez ,des preuves d'une
capacité fort audessus de son âge. Il commença
són Exercice par un compliment tres-délicat,addressé
à l'Illustre Assemblée que composoient
Messieurs des Etats.
Voicy le plan, selon ce Programme, que M.de
Bernage a eu en vue de remplir. 1. D'expliquer.
un grand nombre des plus beaux endroits des
Auteurs Latins , Poëtes , Historiens , Orateurs
et autres . 2. De réciter quelques - uns de ceux qui
paroissent les plus propres à orner l'esprit. 3. De
rappeller et de réciter dans le cours de son explication,
quantité de traits choisis dans nos Poëtes
François , qui peuvent avoir quelque rapport
aux Auteurs Latins.4.D'y ajoûterplusieurs Notes
de Chronologie , de Mythologie et d'Histoire.
Entre les Poëtes Latins , ausquels M. Bernage
s'est attaché , sont , 1. Horace , dont il étoit en
état de réciter près de 30 Odes , aprés les avoir
expliquées ; cinq ou six Satyres entieres , sans
compter un nombre considérable de Pieces détachées
des autres Satyres ; plusieurs des Epîtres de
cet Auteur , et un grand nombre de morceaux
détachez des autres Epîtres.
Quant à l'Art Poëtique d'Horace , M, de Bernage
étoit aussi en état d'en réciter les Endroits
les plus remarquables et les plus utiles qui font la
beauté et le prix de ce Traité.
2.Virgile,auquel M.de Bernage s'est attaché avec
une singuliere application . On voit par le Programme
qu'il avoit fait uneAnalyse presque complette
de l'Eneide ; mais il en avoit trois Livres
prinFEVRIER.
1731. 325
principaux en vûë dans son explication ; sçavoir ,
le 1. remarquable par la versification châtiée. Le
4. où les mouvemens du coeur sont mènagez avec
tant d'art. Et le 6. qui est le plus rempli de la
Théologie Payenne. Il n'oublia pas de parcourir.
de même les Géorgiques , dont il pouvoit réciter
plusieurs beaux Endroits , et expliquer le reste ;
préparé d'ailleurs à réciter un nombre prodigieux.
de Piéces de nos Poëtes François qui ont imité
ces celebres Auteurs , ou dont les pensées ont
quelque rapport avec les Passages des Poëtes
Latins.
3. M. de Bernage n'étoit pas moins préparé
sur les Métamorphoses , les Fastes , les Tristes ,
et les Livres de Ponto , d'Ovide . L
4. Pour ne pas passer les bornes d'un Extrait
nous nous contenterons d'indiquer les autres
Poetes , sur lesquels le Répondant étoit préparé.
Tels sont entre les Poëtes Latins , Juvenal, Perse ,
Martial , Catule , Tibule , Pétrone et Phédre . Il
étoit en état d'en réciter un grand nombre de
Piéces , de les expliquer, avec quantité d'autres ,
de rapprocher du Texte latin les endroits de nos
Poetes François qui y ont rapport , sans oublier
les principaux points de Mythologie qui se
trouvent à discuter dans ces Poëtes , et sur lesquels
M. de Bernage étoit prêt de satisfaire.
Entre les Poëtes François qu'il avoit en vûë ,
et que nous rapporterons dans le même ordre
alphabétique , qu'ils se trouvent au commencement
du Programme ; on remarque Boileau ,
Corneille , Deshoulieres , du Cerceau , la Fontaine
, la Mothe , Lingendes , Malherbe , Maynard
, Moliere , Pellegrin, Racan , Racine,Rousseau
, Scarron , Voiture , et un nombre d'autres ,
que nous passons sous silence.
M. de Bernage avoit choisi entre les Orateurs ,
Fiij
Cice316
MERCURE DE FRANCE
Ciceron , dont il pouvoit expliquer un grand
nombre de beaux endroits.
Parmi les Auteurs renommez pour le style
Epistolaire, il s'étoit appliqué à Pline le jeune, et
entre ses Lettres , à celles qui sont les plus remarquables.
;-
Il nous suffira aussi de nommer les Historiens
dont M. de Bernage pouvoit rendre compte ; ils
sont sur l'Histoire Romaine , Tite-Live , Florus ,
Velleius-Paterculus , Salluste , Cesar , Suetone
dans lesquels le Répondant avoit choisi les endroits
les plus considerables , lesquels réunis ,
metrent tout d'un coup sous les yeux une chaîne
et une suite des plus grands Evenemens qui ont
illustré ou obscurci la gloire de Rome , soit pen
dant le tems de ses Rois , soit dans son indépendance
Républicaine , soit pendant le regne de ses.
Empereurs. I joignit à l'Histoire Romaine celled'Alexandre
le Grand , écrite par Quinte -Curce;.
et enfin celle d'un grand nombre de Peuples
écrite par Justin.
Tels sont les principaux Auteurs dont M. de
Bernage rendit compte , dont il récita de mémoi➡
re les endroits les plus beaux et les plus frappans,
qu'il expliqua lorsqu'on le lui demanda Il faut
ajoûter qu'il eut soin à chaque Auteur dont il eut
occasion de parler , de rapporter le jugement
qu'en ont fait les Sçavans et les Critiques.
Entre ceux qui firent à M. Bernage l'honneur
de l'interroger , on distingue MM . les Archevêques
de Toulouse et d'Alby ; et MM . les Evêques
de Beziers , d'Agde , d'Alet , de S. Papoul et de
Viviers ; et pour nous servir des termes d'une
Lettre que nous avons reçûë de Nîmes sur ce sujet ,
il étonna toute l'Assemblée, tant par la quantité des,
choses qu'il sçavoit , que par la maniere aisée avec
laquelle il s'énonça en les expliquant et en les
dé
"
FEVRIER . 1731. 327
développant. Il finit par un remerciment trèscourt
, mais très- bien ménagé à l'Assemblée qui
l'avoit honoré de sa présence et de son attention."
Voici des Stances adressées à M. de Bernage
de S. Maurice , Intendant de Languedoc , à l'oc-'
casion de l'Exercice dont nous venons de rendre
compte. Nous sçavons bon gré à l'Auteur de la
Lettre écrite de Nîmes , qui les a ajoûtées à sa
Lettre en nous envoyant le Programinę.
, imprimé à Montpellier , au sujet d'un
Exercice de Belles- Lettres, dans lequel M.de Bernage
, fils de M. de Bernage ,Intendant de la Province
de Languedoc, a donné le 21 du mois passé,
en presence des Etats assemblez ,des preuves d'une
capacité fort audessus de son âge. Il commença
són Exercice par un compliment tres-délicat,addressé
à l'Illustre Assemblée que composoient
Messieurs des Etats.
Voicy le plan, selon ce Programme, que M.de
Bernage a eu en vue de remplir. 1. D'expliquer.
un grand nombre des plus beaux endroits des
Auteurs Latins , Poëtes , Historiens , Orateurs
et autres . 2. De réciter quelques - uns de ceux qui
paroissent les plus propres à orner l'esprit. 3. De
rappeller et de réciter dans le cours de son explication,
quantité de traits choisis dans nos Poëtes
François , qui peuvent avoir quelque rapport
aux Auteurs Latins.4.D'y ajoûterplusieurs Notes
de Chronologie , de Mythologie et d'Histoire.
Entre les Poëtes Latins , ausquels M. Bernage
s'est attaché , sont , 1. Horace , dont il étoit en
état de réciter près de 30 Odes , aprés les avoir
expliquées ; cinq ou six Satyres entieres , sans
compter un nombre considérable de Pieces détachées
des autres Satyres ; plusieurs des Epîtres de
cet Auteur , et un grand nombre de morceaux
détachez des autres Epîtres.
Quant à l'Art Poëtique d'Horace , M, de Bernage
étoit aussi en état d'en réciter les Endroits
les plus remarquables et les plus utiles qui font la
beauté et le prix de ce Traité.
2.Virgile,auquel M.de Bernage s'est attaché avec
une singuliere application . On voit par le Programme
qu'il avoit fait uneAnalyse presque complette
de l'Eneide ; mais il en avoit trois Livres
prinFEVRIER.
1731. 325
principaux en vûë dans son explication ; sçavoir ,
le 1. remarquable par la versification châtiée. Le
4. où les mouvemens du coeur sont mènagez avec
tant d'art. Et le 6. qui est le plus rempli de la
Théologie Payenne. Il n'oublia pas de parcourir.
de même les Géorgiques , dont il pouvoit réciter
plusieurs beaux Endroits , et expliquer le reste ;
préparé d'ailleurs à réciter un nombre prodigieux.
de Piéces de nos Poëtes François qui ont imité
ces celebres Auteurs , ou dont les pensées ont
quelque rapport avec les Passages des Poëtes
Latins.
3. M. de Bernage n'étoit pas moins préparé
sur les Métamorphoses , les Fastes , les Tristes ,
et les Livres de Ponto , d'Ovide . L
4. Pour ne pas passer les bornes d'un Extrait
nous nous contenterons d'indiquer les autres
Poetes , sur lesquels le Répondant étoit préparé.
Tels sont entre les Poëtes Latins , Juvenal, Perse ,
Martial , Catule , Tibule , Pétrone et Phédre . Il
étoit en état d'en réciter un grand nombre de
Piéces , de les expliquer, avec quantité d'autres ,
de rapprocher du Texte latin les endroits de nos
Poetes François qui y ont rapport , sans oublier
les principaux points de Mythologie qui se
trouvent à discuter dans ces Poëtes , et sur lesquels
M. de Bernage étoit prêt de satisfaire.
Entre les Poëtes François qu'il avoit en vûë ,
et que nous rapporterons dans le même ordre
alphabétique , qu'ils se trouvent au commencement
du Programme ; on remarque Boileau ,
Corneille , Deshoulieres , du Cerceau , la Fontaine
, la Mothe , Lingendes , Malherbe , Maynard
, Moliere , Pellegrin, Racan , Racine,Rousseau
, Scarron , Voiture , et un nombre d'autres ,
que nous passons sous silence.
M. de Bernage avoit choisi entre les Orateurs ,
Fiij
Cice316
MERCURE DE FRANCE
Ciceron , dont il pouvoit expliquer un grand
nombre de beaux endroits.
Parmi les Auteurs renommez pour le style
Epistolaire, il s'étoit appliqué à Pline le jeune, et
entre ses Lettres , à celles qui sont les plus remarquables.
;-
Il nous suffira aussi de nommer les Historiens
dont M. de Bernage pouvoit rendre compte ; ils
sont sur l'Histoire Romaine , Tite-Live , Florus ,
Velleius-Paterculus , Salluste , Cesar , Suetone
dans lesquels le Répondant avoit choisi les endroits
les plus considerables , lesquels réunis ,
metrent tout d'un coup sous les yeux une chaîne
et une suite des plus grands Evenemens qui ont
illustré ou obscurci la gloire de Rome , soit pen
dant le tems de ses Rois , soit dans son indépendance
Républicaine , soit pendant le regne de ses.
Empereurs. I joignit à l'Histoire Romaine celled'Alexandre
le Grand , écrite par Quinte -Curce;.
et enfin celle d'un grand nombre de Peuples
écrite par Justin.
Tels sont les principaux Auteurs dont M. de
Bernage rendit compte , dont il récita de mémoi➡
re les endroits les plus beaux et les plus frappans,
qu'il expliqua lorsqu'on le lui demanda Il faut
ajoûter qu'il eut soin à chaque Auteur dont il eut
occasion de parler , de rapporter le jugement
qu'en ont fait les Sçavans et les Critiques.
Entre ceux qui firent à M. Bernage l'honneur
de l'interroger , on distingue MM . les Archevêques
de Toulouse et d'Alby ; et MM . les Evêques
de Beziers , d'Agde , d'Alet , de S. Papoul et de
Viviers ; et pour nous servir des termes d'une
Lettre que nous avons reçûë de Nîmes sur ce sujet ,
il étonna toute l'Assemblée, tant par la quantité des,
choses qu'il sçavoit , que par la maniere aisée avec
laquelle il s'énonça en les expliquant et en les
dé
"
FEVRIER . 1731. 327
développant. Il finit par un remerciment trèscourt
, mais très- bien ménagé à l'Assemblée qui
l'avoit honoré de sa présence et de son attention."
Voici des Stances adressées à M. de Bernage
de S. Maurice , Intendant de Languedoc , à l'oc-'
casion de l'Exercice dont nous venons de rendre
compte. Nous sçavons bon gré à l'Auteur de la
Lettre écrite de Nîmes , qui les a ajoûtées à sa
Lettre en nous envoyant le Programinę.
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Résumé : Programme sur un exercice de Belles Lettres, [titre d'après la table]
Le 21 du mois précédent, M. de Bernage, fils de l'Intendant de la Province de Languedoc, a réalisé un exercice de Belles-Lettres en présence des États assemblés à Montpellier. Cet exercice a mis en lumière ses compétences exceptionnelles pour son âge. M. de Bernage a expliqué et récité des passages d'auteurs latins tels que Horace, Virgile, Ovide, Juvenal, Perse, Martial, Catulle, Tibulle, Pétrone et Phèdre. Il a également interprété des œuvres de poètes français comme Boileau, Corneille, La Fontaine, Molière et Racine. Parmi les orateurs, il a choisi Cicéron, et parmi les auteurs épistoliers, Pline le Jeune. En histoire, il a couvert Tite-Live, Florus, Velleius Paterculus, Salluste, César, Suétone, Quinte-Curce et Justin. M. de Bernage a également rapporté les jugements des savants et des critiques sur chaque auteur mentionné. Lors de cet exercice, M. de Bernage a été interrogé par plusieurs dignitaires ecclésiastiques, notamment les archevêques de Toulouse et d'Alby, ainsi que les évêques de Béziers, d'Agde, d'Alet, de Saint-Papoul et de Viviers. Ces derniers ont été impressionnés par sa connaissance approfondie et sa facilité d'expression. L'exercice s'est conclu par un remerciement adressé à l'assemblée.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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15
p. 192-196
DELIBERATION de la Noblesse de Provence, prise dans l'Assemblée du 15 Decembre 1731, au sujet du Passage de l'Infant Don Carlos dans cette Province.
Début :
Mr Le Blanc Castillon, Syndic de robe, portant la parole, [...]
Mots clefs :
Infant, Don Carlos, Provence, Syndic, Noblesse, Assemblée
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DELIBERATION de la Noblesse de Provence, prise dans l'Assemblée du 15 Decembre 1731, au sujet du Passage de l'Infant Don Carlos dans cette Province.
DELIBERATION de la Noblesse de
Provence, prife dans l' Affemblée du 15
Decembre 1731 , au sujet du Paffage de
l'Infant Don Carlos dans cette Province.
M
R Le Blanc Castillon , Syndic de *
robe , portant la parole , a dit , que l'arrivée de S. A. R. le Duc Infant en
cette Province , ayant été avancée de près
d'un mois , on n'a pûavertir assez tôt
Mrs de Villeneuve Vence , & de Villeneuve du Cadre , Syndics en exercice ,
qui sont actuellement dans leurs Terres ,
pour les engager à venir en cette ville
d'Aix.
3
Mais M. Le Blanc en ayant conferé
avec le Marquis de Vauvenargues , &
avec M. Le Camus Peypin , Syndics de la
même Election , avec quelques-uns des
Commissaires & plusieurs Gentilshom- ~
mes , ils ont tous pensé unanimement ,
qu'il convient dans cette occasion de ne
rien oublier de la part du Corps de la
Noblesse , pour donner des marques de
son zele pour la gloire du Roy en la personne d'un Prince de la Maison de France , &c.
Il a été jugé à propos d'assembler les *
Gentilshommes qui se trouveroient à por.
tée
JANVIER 1737.
1934
tee , lesquels en qualité de Députez du
Corps , iroient avec les Syndics offrir
leurs respects à ce Prince ; & comme onapprit qu'il devoit arriver en cette ville
le 8. de ce mois , M. le Marquis de Vau
venargues & M. Le Blanc crurent devoir
prévenir M. Desgranges , Maître des Ce
remonies , qui étoit arrivé la veille à Aix.
Il leur demanda quelques éclaircissemens
sur les Titres & les Usages en vertu desquels la Noblesse de cette Province for
me un Corps , les preuves en furent facilement raportées & confirmées par le té--
moignage de M. l'Archevêque; sur quoy'
M. Desgranges ayant consulté ses Memoires , & pris les arrangemens qu'il crut
les plus convenables , dit que Mrs les
Consuls représentant le Corps de Ville
devoient recevoir le Prince à la porte ,
lay faire le premier compliment ; que
lorsque S. A. R. se seroit renduë dans
l'apartement qui luy avoit été destiné ,
il recevroit les complimens des Corps de
Juftice qu'on introduiroit ensuite les
deux Corps qui font partie des deux
premiers Ordres du Royaume ; c'eſtà- dire , qu'après que le Chapitre do
PEglise Metropolitaine en Corps , ayant
à la tête M. l'Archevêque , qui por-.
toit la parole , auroit fait son compli-
&
ment
194 MERCURE DE FRANCE
ment , les Deputez de la Noblesse seroientadmis pour faire le leur au nom de
ce Corps. Cet ordre ayant été ainsi reglé,
les Syndics firent la convocation dont on
étoit convenu, et partirent du lieu ordinairé des Assemblées du Corps avec plusieurs
Gentilshommes.
Ils furent reçus chez le Prince par
M. Desgranges au moment qu'ils se firent annoncer , ils traverserent avec lui la Sale
et l'Antichambre où ils trouverent un
grand nombre d'autres Gentilshommes, et
furentaussitôt introduits dans la chambre
de S. A. R.
M. le Marquis de Vauvenargues après.
une profonde reverence dit :
MONSEIGNEUR ,
Nous venons offrir à V. A. R. les respects
de la Noblesse de Provence , et lui exprimer
nos sentimens parla bouche de notre Syndic de Robe
Après quoi M. le Blanc dit :
MONSEIGNEUR ,
La Noblesse decette Province quijouit du
Privilege de s'assembler'en Corps , n'en sçauroit faire un plus glorieux usage , qu'en venant offrir ses vœux et ses respects à votre Altesse Royale. Plus attachez que le reste du
Peuple au sort et à la personne des grands Princes
JANVIER. 1732. 195
Princes , nous ressentons plus vivement la
douce impression que votre presence fait sur
tous les cœurs , et nous sommes charmez de
pouvoirvous exprimer des sentimens que votre nom seul nous avoit deja inspirés .
Nous respectons en vous , Monseigneur ;
Auguste Sang de nos Roys , et celui d'un
Prince aussi grand par ses vertus que par sa
naissance ; nous admirons tant de belles qua
litez qui, devançant le cours des années, vous
ont rendu l'amour des Peuples , et nous preju
geons avecjoye l'heureux avenir que les hau
tes destinées de votre Altesse Royale lui preparent.
Vous avez été , Monseigneur, dès votre
naissance l'objet de l'attention de toute l'Europe , vous êtes devenu le lien et le sceau de la
paix , vousallezporter lagloire des deux plus
grands Royaumes de l'Univers au delà des
bornes qui les renferment , et donner à l'Italie
un nouvel éclat en lui communiquant celui
dela France et de l'Espagne.
Puisse votre Altesse Royale , jouir long
tems de cesglorieux avantages, ajouter de nonveaux Empires aux Etats florissants qu'un
illustre sort lui destine , les transmettre à la
posterité la plus reculée , et recevoir de nos
neveux de nouvelles preuves du même zele
dont nous sommes animez.
L'Infant témoignant beaucoup de satis- faction
196 MERCURE DE FRANCE
*
tion du zele de Mrs de laNoblesse s'avança
quelque pas avec eux et jusqu'au milieu de
sa chambreà mesure qu'ils se retiroient, et
lorsqu'ils en sortirent ils furent recon
duits par M. Desgranges.
*********
Provence, prife dans l' Affemblée du 15
Decembre 1731 , au sujet du Paffage de
l'Infant Don Carlos dans cette Province.
M
R Le Blanc Castillon , Syndic de *
robe , portant la parole , a dit , que l'arrivée de S. A. R. le Duc Infant en
cette Province , ayant été avancée de près
d'un mois , on n'a pûavertir assez tôt
Mrs de Villeneuve Vence , & de Villeneuve du Cadre , Syndics en exercice ,
qui sont actuellement dans leurs Terres ,
pour les engager à venir en cette ville
d'Aix.
3
Mais M. Le Blanc en ayant conferé
avec le Marquis de Vauvenargues , &
avec M. Le Camus Peypin , Syndics de la
même Election , avec quelques-uns des
Commissaires & plusieurs Gentilshom- ~
mes , ils ont tous pensé unanimement ,
qu'il convient dans cette occasion de ne
rien oublier de la part du Corps de la
Noblesse , pour donner des marques de
son zele pour la gloire du Roy en la personne d'un Prince de la Maison de France , &c.
Il a été jugé à propos d'assembler les *
Gentilshommes qui se trouveroient à por.
tée
JANVIER 1737.
1934
tee , lesquels en qualité de Députez du
Corps , iroient avec les Syndics offrir
leurs respects à ce Prince ; & comme onapprit qu'il devoit arriver en cette ville
le 8. de ce mois , M. le Marquis de Vau
venargues & M. Le Blanc crurent devoir
prévenir M. Desgranges , Maître des Ce
remonies , qui étoit arrivé la veille à Aix.
Il leur demanda quelques éclaircissemens
sur les Titres & les Usages en vertu desquels la Noblesse de cette Province for
me un Corps , les preuves en furent facilement raportées & confirmées par le té--
moignage de M. l'Archevêque; sur quoy'
M. Desgranges ayant consulté ses Memoires , & pris les arrangemens qu'il crut
les plus convenables , dit que Mrs les
Consuls représentant le Corps de Ville
devoient recevoir le Prince à la porte ,
lay faire le premier compliment ; que
lorsque S. A. R. se seroit renduë dans
l'apartement qui luy avoit été destiné ,
il recevroit les complimens des Corps de
Juftice qu'on introduiroit ensuite les
deux Corps qui font partie des deux
premiers Ordres du Royaume ; c'eſtà- dire , qu'après que le Chapitre do
PEglise Metropolitaine en Corps , ayant
à la tête M. l'Archevêque , qui por-.
toit la parole , auroit fait son compli-
&
ment
194 MERCURE DE FRANCE
ment , les Deputez de la Noblesse seroientadmis pour faire le leur au nom de
ce Corps. Cet ordre ayant été ainsi reglé,
les Syndics firent la convocation dont on
étoit convenu, et partirent du lieu ordinairé des Assemblées du Corps avec plusieurs
Gentilshommes.
Ils furent reçus chez le Prince par
M. Desgranges au moment qu'ils se firent annoncer , ils traverserent avec lui la Sale
et l'Antichambre où ils trouverent un
grand nombre d'autres Gentilshommes, et
furentaussitôt introduits dans la chambre
de S. A. R.
M. le Marquis de Vauvenargues après.
une profonde reverence dit :
MONSEIGNEUR ,
Nous venons offrir à V. A. R. les respects
de la Noblesse de Provence , et lui exprimer
nos sentimens parla bouche de notre Syndic de Robe
Après quoi M. le Blanc dit :
MONSEIGNEUR ,
La Noblesse decette Province quijouit du
Privilege de s'assembler'en Corps , n'en sçauroit faire un plus glorieux usage , qu'en venant offrir ses vœux et ses respects à votre Altesse Royale. Plus attachez que le reste du
Peuple au sort et à la personne des grands Princes
JANVIER. 1732. 195
Princes , nous ressentons plus vivement la
douce impression que votre presence fait sur
tous les cœurs , et nous sommes charmez de
pouvoirvous exprimer des sentimens que votre nom seul nous avoit deja inspirés .
Nous respectons en vous , Monseigneur ;
Auguste Sang de nos Roys , et celui d'un
Prince aussi grand par ses vertus que par sa
naissance ; nous admirons tant de belles qua
litez qui, devançant le cours des années, vous
ont rendu l'amour des Peuples , et nous preju
geons avecjoye l'heureux avenir que les hau
tes destinées de votre Altesse Royale lui preparent.
Vous avez été , Monseigneur, dès votre
naissance l'objet de l'attention de toute l'Europe , vous êtes devenu le lien et le sceau de la
paix , vousallezporter lagloire des deux plus
grands Royaumes de l'Univers au delà des
bornes qui les renferment , et donner à l'Italie
un nouvel éclat en lui communiquant celui
dela France et de l'Espagne.
Puisse votre Altesse Royale , jouir long
tems de cesglorieux avantages, ajouter de nonveaux Empires aux Etats florissants qu'un
illustre sort lui destine , les transmettre à la
posterité la plus reculée , et recevoir de nos
neveux de nouvelles preuves du même zele
dont nous sommes animez.
L'Infant témoignant beaucoup de satis- faction
196 MERCURE DE FRANCE
*
tion du zele de Mrs de laNoblesse s'avança
quelque pas avec eux et jusqu'au milieu de
sa chambreà mesure qu'ils se retiroient, et
lorsqu'ils en sortirent ils furent recon
duits par M. Desgranges.
*********
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Résumé : DELIBERATION de la Noblesse de Provence, prise dans l'Assemblée du 15 Decembre 1731, au sujet du Passage de l'Infant Don Carlos dans cette Province.
Le 15 décembre 1731, la Noblesse de Provence a délibéré sur le passage de l'Infant Don Carlos dans la province. L'arrivée anticipée du Duc Infant a empêché les syndics en exercice d'être avertis à temps. M. Le Blanc, syndic de robe, a consulté le Marquis de Vauvenargues, M. Le Camus Peypin et plusieurs gentilshommes pour organiser une réception appropriée. Ils ont décidé de rassembler des gentilshommes pour offrir leurs respects au prince, prévu arriver le 8 janvier. M. Desgranges, Maître des Cérémonies, a été informé et a consulté ses mémoires pour établir l'ordre des réceptions. Les consuls représentant le Corps de Ville devaient accueillir le prince à la porte, suivis par les corps de justice, le Chapitre de l'Église Métropolitaine, et enfin les députés de la Noblesse. Le jour de l'arrivée, les syndics et plusieurs gentilshommes se sont rendus chez le prince. Le Marquis de Vauvenargues a exprimé les respects de la Noblesse de Provence. M. Le Blanc a souligné le privilège de la Noblesse de s'assembler en corps pour offrir ses vœux et ses respects au prince. Il a également mentionné l'attachement de la Noblesse au sort des grands princes et l'admiration pour les qualités du prince. L'Infant a témoigné sa satisfaction et a accompagné les gentilshommes jusqu'à la sortie de sa chambre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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16
p. 756-769
Discours de M. l'Evêque de Luçon à l'Académie Françoise, &c. [titre d'après la table]
Début :
M. l'Evêque de Luçon, (Michel Celse Roger de Rabutin [...]
Mots clefs :
Académie française, Discours, Éloquence grave, Évêque de Luçon, Fontenelle, Assemblée, Antoine Houdard de la Motte
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Discours de M. l'Evêque de Luçon à l'Académie Françoise, &c. [titre d'après la table]
M. l'Evêque de Luçon , ( Michel Celse
Roger de Rabutin de Bussy ) , ayant été
élu par Messieurs de l'Académie Françoise , à la place de feu M. Houdar de la
Motte; y prit séance le Jeudi , 6 Mars
1732, et prononça un Discours de remerciment , également convenable à sa dignité et à sa naissance ; un Discours dont le
caractére est une Eloquencé grave , noble
et simple. Ce Discours , quoique prononcé avec beaucoup de grace ,
fit moins de
plaisir aux Auditeurs , qu'il n'en a fait depuis aux Lecteurs. C'est le sort des Ouvrages excellens qui gagnent toujours à
être approfondis. La mesure d'attention
que peut donner l'Auditeur , ne suffit
pas pour sentir dans toute leur étendueJ
les.
AVRIL ' . 1732. 797
que
les beautez d'un certain ordre. M. l'Evêde Luçon commence en ces termes :
MESSIEURS ,
Ce n'est point avec des sentimens ordinaires que je reçois l'honneur que vous
me faites aujourd'hui. Attentif, dès mon
enfance , au récit de vos exercices , accoutumé à entendre exalter vos talens , né
dans une Maison où je croyois partager
vos avantages et votre gloire : Disciple de
ces Hommes celebres, qui formoient alors
l'Académie ; je n'ai jamais pensé que je
fusse étranger pour vous ; et quoique persuadé de mon insuffisance , je me suis fa
miliarisé avec l'idée , que je pourrois vous
appartenir quelque jour. Souffrez donc
Messieurs , que sans rien perdre de l'admiration que vous méritez , j'ose me présenter à Vous , avec la confiance d'un
homme.élevé sous vos auspices.
·
1
Ensuite M. l'Evêque de Luçon, par un
tour très heureux , fait l'éloge du Cardinal de Richelieu , comme d'après les
Grands Hommes qui l'ont souvent entretenu des qualitez éminentes de ce fameux Ministre et des merveilles de son
Ministere. Il saisit la circonstance de le
compter au nombre de ses Prédécesseurs
dans l'Evêché de Luçon , et le loue, comme
758 MERCURE DE FRANCE
me Evêque , après l'avoir loué comme
Ministre d'Etat.
Deux Monumens immortaliseront à jamais le C. de R. La Sorbonne et l'Académie. La Sorbonne , qui sera toujours la
Mere et la Maîtresse des Forts d'Israel ; la
Dépositaire fidelle de la saine Doctrine.
L'Académie Françoise , destinée , non à
L'unique emploi depolir le Langage, mais encore àformer le goût en tout genre de Litterature.
Tels furent , Messieurs , continue l'élo
quent Prélat, les nobles Emplois que vous ·
destina votre illustre Fondateur. Il voyoit
approcher les temps où vous deveniez
plus necessaires à la France ; il présageoit
les merveilles du Regne suivant , parce
qu'il les avoit préparées. il falloit donc
une Société d'Hommes choisis pour les
recueillir ; il falloit une juste proportion
entre ces merveilles et ceux qui devoient
les célébrer ; il falloit pour unnouvel Au
guste , des Ecrivains dignes du siécle
d'Auguste même.
Vous l'avez fait revivre, Messieurs , ce
siécle admirable. Eh ! qui pourroit exprimer aujourd'hui ce que la France vousdoit
d'éclat et de splendeur. Je ne parle pas
seulement de ces Ouvrages comparables à
ceux de la Grece et de l'ancienne Rome,
mais
AVRIL. 1732: 759
mais encore de ce nombre infini de grandes actions , que nous devons au désir de l'Immortalité , dont vous êtes les dispensateurs. Semblables à ce fameux Tribunal
des Egyptiens , où la vie des Princes mêmes étoit jugée après leur mort ; c'est
vous qui pesez les actions des plus grands personages ; c'est icy que le vrai merite
peut esperer le juste tribut qui lui est dû.
Noms celebres , réputations éclatantes
vous n'auriez jamais été sans l'amour de
la gloire. C'est cet amour qui a produit
les Héros ; et à la honte de la Nature hu
maine , c'est à ce même amourque la vertu
est souvent redevable de ses plus grands efforts.
A la fin de l'éloge du feu Roy, M. de
Luçon parle de sa mort en ces termes :
Courageux sans ostentation , tendre sans
foiblesse ; il fut occupé , comme Roy et
comme Pere , à préparer à ses sujets un
Regne qui , avec les avantages du sien
eut encore ceux ausquels il n'avoit pû
parvenir. Bien éloigné de cet Empereur
qui se ménagea le plaisir barbare de se
faire regretter par les défauts de son successeur, il ne fut point jaloux qu'un autre
rendit ses peuples plus heureux. Assuré
d'être à jamais célébré dans une Nation
qu'il avoit élevée au dessus des autres ; il
n'en-
760 MERCURE DE FRANCE
n'envia point à son successeur le bonheur
de la faire jouir de toutes les douceurs de
la paix. Dans ces derniers momens , où
l'on voit si nettement le faux des opinions des hommes , il connut que la
Guerre ne peut passer aux yeux du Sage
que pour un mal quelquefois nécessaire ,
et que la paix qui en doit étre l'unique
objet, est presque toujours trop achetée ,
même par la Guerre la plus heureuse.
Cependant vous n'étiez encore qu'un
bien stérile pour nous , poursuit l'Orateur plus bas , en parlant du Roy , et de
Louis XIV. Si ce grand Roy , qui connoissoit si parfaitement les talens necessaires à chaque place , n'avoit choisi le Ministre le plus digne pour être le dépositaire de l'éducation de cet Auguste Enfant , de ce gage précieux de la sureté de
toutes les Nations. Que ne devient point
le plus heureux naturel , cultivé par des
mains si habiles ? De là , toutes ces vertus , qui font aujourd'hui le bonheur de
la France ; cette piété tendre et égale, dont
l'exemple a plus de force que les Loix :
une justice qui garentit les Sujets de toutes oppression. De- là , cette Sagesse qui
contient les hommes , et cette douceur
qui les concilie ; enfin cette modération
qui fait l'assurance de nos voisins , et la
tranquillité de l'Europe,
Quelle
AVRIL 1732. 761
Quelle entreprise pour moi , ( dit M.de
Luçon sur la fin de son Discours , en parlant de M. de la Motte ) que l'éloge d'un
homme de tous les talens , et à qui ses
ennemis , ou plutôt ses envieux , ne refuseront pas l'excellence en plusieurs genres , et des places honorables en tous les
autres. Content de jetter quelques fleurs
sur son Tombeau , je ne m'attacherai
donc qu'à vous rappeller ici les qualitez
estimables qu'il possedoit..
Avant lui peu d'Auteurs avoient connu la moderation et la douceur dans la
dispute. On voyoit souvent l'homme de
Lettre écrire avec grossiereté , le Philosophe avec emportement , le Chrétien
même, en combattant pour la Religion ,
oublier la charité. M. de la Motte , Maître en cet Art presque inconnu , nous
apprit que dans les disputes les plus vives,
on peut conserver toute la grace et toute la moderation d'un homme du monde. Dans cette fameuse querelle , où il
entreprit d'élever les Modernes au- dessus
des Anciens , s'il ne remporta pas la victoire , du moins un jour ses Ouvrages devenus anciens , serviront à leur tour de
preuves à ceux qui soutiendront l'opinion
contraire à la sienne. Jamais la force de
ses raisons ne prit rien sur la politesse
qui
762 MERCURE DE FRANCE
qui les accompagnoit , son Adversaire négligea cet avantage et si leur cause avoit
été jugée sur leur maniere d'écrire , elle
ne seroit pas restée indécise , &c.
Après le Discours de M. l'Evêque de
Luçon , M. de Fontenelle , Directeur , répondit au nom de l'Académie.
MONSIEUR,
Il arrive quelquefois que sans examiner
les motifs de notre conduite , on nous
accuse d'avoir dans nos Elections beaucoup d'égard aux noms et aux dignitez ,
et de songer du moins autant à décorer
notre Liste , qu'à fortifier solidement la
Compagnie. Aujourd'hui nous n'avons
point cette injuste accusation à craindre ;
il est vrai que vous portez un beau nom,
il est vrai que vous êtes revêtu d'une
dignité respectable ; on ne nous reprochera cependant ni l'un ni l'autre. Le
nom vous donneroit presque un droit
hereditaire , la dignité vous a donné lieu
de fournir vos veritables titres , ces Ouvrages où vous avez traité des matieres
qui , très-épineuses par elles- mêmes , le
sont devenues encore davantage par les
circonstances présentes , &c.
t
3
Ici , Monsieur , je ne puis resister à la
vanité de dire que vous n'avez pas dédaigné
AVRIL. 1732. 75.3
gné de m'admettre au plaisir que votre›
commerce faisoit à un nombre de personnes mieux choisies, et je rendrois graces avec beaucoup de joye au sort qui m'a
place de vous en marquer publiquement ma reconnoissance , si ce même
sort ne me chargeoit aussi d'une autre
fonction très- douloureuse et très pénible.
Il fautque je parle de votre illustre Prédecesseur , d'un ami qui m'étoit extrémement cher, et que j'ai perdu ; il faut que
j'en parle , que j'appuye sur tout ce qui
cause mes regrets , et que je mette du
soin à rendre la playe de mon cœur encore plus profonde. Je conviens qu'il y
a toujours un certain plaisir à dire ce
que que l'on sent , mais il faudroit le dire
dans cette Assemblée d'une maniere digne
d'elle et digne du sujet , et c'est à quoi
je ne crols pas pouvoir suffire, quelque
aidé que je sois par un tendre souvenir,
par ma douleur même , et par mon zele
pour la memoire de mon ami.
Le plus souvent on est étrangement
borné par la Nature. On ne sera qu'un.
bon Poëte , c'est être déja assez réduit ,
mais de plus on ne le sera que dans un
certain genre; la Chanson même en est
un où on peut se trouver renfermé. M. de
la . Motre a traité presque tous les genres
de
764 MERCURE DE FRANCE
de Poësie. L'Ode étoit assez oubliée de
puis Malherbe , l'élevation qu'elle demande, les contraintes particulieres qu'elle impose , avoient causé sa disgrace
quand un jeune Inconnu parut subitement avec des Odes à la main , dont plusieurs étoient des Chef- d'œuvres , et les
plus foibles avoient de grandes beautez.
Pindare , dans les siennes , est toujours
Pindare , Anacreon toujours Anacreon
et ils sont tous deux très- opposez. M. de
la Motte, après avoir commencé par être
Pindare , sçut devenir Anacreon.
Il passa au Théatre Tragique , et il y
fut universellement applaudi dans trois
Pieces de caracteres differens. Les Machas
bées ont le sublime et le majestueux qu'exige une Religion divine ; Romulus réprésente la grandeur Romaine , naissante
et mêlée de quelque ferocité ; Inés de
Castro , exprime les sentimens les plus
tendres , les plus touchans , les plus adroitement puisez dans le sein de la Nature.
Aussi l'Histoire du Théatre n'a- t'elle
point d'exemple d'un succès pareil à celui
d'Inés. C'en est un grand pour une Piece
que d'avoir attiré une fois chacun de ceux
qui vont aux Spectacles ; Inés n'a peutêtre pas eu un seul Spectateur qui ne l'ait
été qu'une fois. Le desir de la voir renaissoit après la curiosité satisfaite.
AVRIL 1732 765
Un autre Théatre a encore plus souvent occupé le même Auteur , c'est celui
où la Musique , s'unissant à la Poësie , la
pare quelquefois et la tient toujours dans
un rigoureux esclavage. De grands Poëtes ont fierement méprisé ce genre , dont
leur génie trop roide et trop flexible , les
excluoit ; et quand ils ont voulu prouver
que leur mépris ne venoit pas d'incapacité , ils n'ont fait que prouver par des
efforts malheureux , que c'est un genre
très-difficile. M. de la Motte eût été aussi
en droit de le mépriser ; mais il a fait
mieux , il y a beaucoup reüssi , &c.
Lorsque ses premiers Ouvrages parurent , il n'avoit point passé par de foibles
Essais , propres seulement à donner des
esperances , on n'étoit point averti , et
on n'eut point le loisir de se précautionner contre l'admiration , mais dans la
suite on se tint sur ses gardes , on l'attendoit avec une indisposition secrette
contre lui. Il en eût coûté trop d'estime
pour lui rendre une justice entiere. Il fit
une Iliade , en suivant seulement le plan
general d'Homere , et on trouva mauvais
qu'il touchât au divin Homere sans l'adorer. Il donna un Recueil de Fables ,
dont il avoit inventé la plupart des sujets , et on demanda pourquoi il faisoit
des
66 MERCURE DE FRANCE
des Fables après la Fontaine. Sur ces raisons on prit la résolution de ne lire ni
I'lliade , ni les Fables , et de les condamner , &c.
Il n'a manqué, poursuit plus bas le célébre Académicien , à un Poëte si universel, qu'un seul genre , la Satyre , et il
est plus glorieux pour lui qu'elle lui manque , qu'il ne l'est d'avoir eu tout les
autres genres à sa disposition.
Malgré tout cela , M. de la M. n'étoit
pas Poëte ( ont dit quelques- uns, et mille
echos l'ont repeté, ) Ce n'étoit point un
enthousiasme involontaire qui le saisît,
une fureur divine qui l'agitât , c'étoit seulement une volonté de faire des Vers qu'il
executoit , parce qu'il avoit beaucoup
d'esprit. Quoi ce qu'il y aura de plus
estimable en nous , sera-ce donc ce qui
dépendra le moins de nous , ce qui agira
le plus en nous , sans nous- mêmes ? ce
qui aura le plus de conformité avec l'instinct des animaux? car cet enthousiasme ,
cette fureur bien expliquez , se réduiront
à de veritables instincts, &c.
Après avoir parlé éloquemment sur
cette foule de Censeurs que son mérite
lui avoit faits , et dont les coups partoient de trop bas pour aller jusqu'à lui,
dit M. de Fontenelle , il continuë en cette
maniere. Quand
AVRIL. 1732. 767
Quand on a été le plus avare de louanges sur son sujet , on lui a accordé un ,
premier rang dans la Prose , pour se dispenser de lui en donner un pareil dans
la Poësie ; et le moyen qu'il n'eût pas excellé en Prose ! lui , qui avec un esprit
• nourri de refléxions , plein d'idées bien
saines et bien ordonnées , avoit une force,
une noblesse et une élegance singuliere
d'expression , même dans son discours
ordinaire.
1
Cependant cette beauté d'expression ,
ces refléxions , ces idées , il ne les devoit
presque qu'à lui- même. Privé dès sa jeunesse de l'usage de ses yeux et de ses jambes , il n'avoit pû guere profiter ni du
grand commerce du monde , ni du secours des Livres. Il ne se servoit que des
yeux d'un Neveu , dont les soins constans et perpetuels pendant 24. années qu'il
a entierement sacrifiées à son Oncle , méritent l'estime , et en quelque sorte la reconnoissance de tous ceux qui aiment les
Lettres , ou qui sont sensibles à l'agréa
bleSpectacle que donnent des devoirs d'amitié bien remplis. Ce qu'on peut se faire,
lire , ne va pas foin ; et M. de la Motte
étoit donc bien éloigné d'être sçavants
Mais sa gloire en redouble. Il seroit luimême dans la dispute des Anciens et des
G Mo-
768 MERCURE DE FRANCE
Modernes , un assez fort argument contre
l'indispensable necessité dont on prétend
que soit la grande connoissance des Anciens, si ce n'est qu'on pourroit fort légi
timement répondre qu'un homme si rare
ne tire pas à conséquence.
Nousesperons que nos Lecteurs nedesapprouverontpas la longueur de ces Extraits
ou plutôt nous nous flattens qu'ils nous en
sçauront gré.Nous finirons par cet Article.
Un des plus celebres incidens de la
querelle sur Homere , fut celui où l'on
vit paroître dans la lice , d'un côté le
Sçavoir, sous la figure d'une Dame illustre; de l'autre l'Esprit , je ne veux pas
dire la Raison , car je ne pétens point
toucher au fond de la dispute , mais seulement à la maniere dont elle fut traitée.
En vain le Sçavoir voulut se contraindre
à quelques dehors de moderation dont
notre siecle impose la nécessité , il retomba malgré lui dans son ancien stile , et
laissa échapper de l'aigreur , de la hauteur et de l'emportement. L'Esprit au
-contraire fut doux , modeste , tranquille
même enjoi é , toûjours respectueux pour
le venerable Sçavoir , et encore plus pour
celle qui le représentoit.Si M.de la Morte
eût par art le ton qu'il prit , il eût fait
un Chef d'œuvre d'habileté ; mais les effets
AVRIL. 17320 789
forts7 de l'Art ne vont pas si loin , et
son caractere naturel eut beaucoup de
part à la victoire complette qu'il rem
porta.
Roger de Rabutin de Bussy ) , ayant été
élu par Messieurs de l'Académie Françoise , à la place de feu M. Houdar de la
Motte; y prit séance le Jeudi , 6 Mars
1732, et prononça un Discours de remerciment , également convenable à sa dignité et à sa naissance ; un Discours dont le
caractére est une Eloquencé grave , noble
et simple. Ce Discours , quoique prononcé avec beaucoup de grace ,
fit moins de
plaisir aux Auditeurs , qu'il n'en a fait depuis aux Lecteurs. C'est le sort des Ouvrages excellens qui gagnent toujours à
être approfondis. La mesure d'attention
que peut donner l'Auditeur , ne suffit
pas pour sentir dans toute leur étendueJ
les.
AVRIL ' . 1732. 797
que
les beautez d'un certain ordre. M. l'Evêde Luçon commence en ces termes :
MESSIEURS ,
Ce n'est point avec des sentimens ordinaires que je reçois l'honneur que vous
me faites aujourd'hui. Attentif, dès mon
enfance , au récit de vos exercices , accoutumé à entendre exalter vos talens , né
dans une Maison où je croyois partager
vos avantages et votre gloire : Disciple de
ces Hommes celebres, qui formoient alors
l'Académie ; je n'ai jamais pensé que je
fusse étranger pour vous ; et quoique persuadé de mon insuffisance , je me suis fa
miliarisé avec l'idée , que je pourrois vous
appartenir quelque jour. Souffrez donc
Messieurs , que sans rien perdre de l'admiration que vous méritez , j'ose me présenter à Vous , avec la confiance d'un
homme.élevé sous vos auspices.
·
1
Ensuite M. l'Evêque de Luçon, par un
tour très heureux , fait l'éloge du Cardinal de Richelieu , comme d'après les
Grands Hommes qui l'ont souvent entretenu des qualitez éminentes de ce fameux Ministre et des merveilles de son
Ministere. Il saisit la circonstance de le
compter au nombre de ses Prédécesseurs
dans l'Evêché de Luçon , et le loue, comme
758 MERCURE DE FRANCE
me Evêque , après l'avoir loué comme
Ministre d'Etat.
Deux Monumens immortaliseront à jamais le C. de R. La Sorbonne et l'Académie. La Sorbonne , qui sera toujours la
Mere et la Maîtresse des Forts d'Israel ; la
Dépositaire fidelle de la saine Doctrine.
L'Académie Françoise , destinée , non à
L'unique emploi depolir le Langage, mais encore àformer le goût en tout genre de Litterature.
Tels furent , Messieurs , continue l'élo
quent Prélat, les nobles Emplois que vous ·
destina votre illustre Fondateur. Il voyoit
approcher les temps où vous deveniez
plus necessaires à la France ; il présageoit
les merveilles du Regne suivant , parce
qu'il les avoit préparées. il falloit donc
une Société d'Hommes choisis pour les
recueillir ; il falloit une juste proportion
entre ces merveilles et ceux qui devoient
les célébrer ; il falloit pour unnouvel Au
guste , des Ecrivains dignes du siécle
d'Auguste même.
Vous l'avez fait revivre, Messieurs , ce
siécle admirable. Eh ! qui pourroit exprimer aujourd'hui ce que la France vousdoit
d'éclat et de splendeur. Je ne parle pas
seulement de ces Ouvrages comparables à
ceux de la Grece et de l'ancienne Rome,
mais
AVRIL. 1732: 759
mais encore de ce nombre infini de grandes actions , que nous devons au désir de l'Immortalité , dont vous êtes les dispensateurs. Semblables à ce fameux Tribunal
des Egyptiens , où la vie des Princes mêmes étoit jugée après leur mort ; c'est
vous qui pesez les actions des plus grands personages ; c'est icy que le vrai merite
peut esperer le juste tribut qui lui est dû.
Noms celebres , réputations éclatantes
vous n'auriez jamais été sans l'amour de
la gloire. C'est cet amour qui a produit
les Héros ; et à la honte de la Nature hu
maine , c'est à ce même amourque la vertu
est souvent redevable de ses plus grands efforts.
A la fin de l'éloge du feu Roy, M. de
Luçon parle de sa mort en ces termes :
Courageux sans ostentation , tendre sans
foiblesse ; il fut occupé , comme Roy et
comme Pere , à préparer à ses sujets un
Regne qui , avec les avantages du sien
eut encore ceux ausquels il n'avoit pû
parvenir. Bien éloigné de cet Empereur
qui se ménagea le plaisir barbare de se
faire regretter par les défauts de son successeur, il ne fut point jaloux qu'un autre
rendit ses peuples plus heureux. Assuré
d'être à jamais célébré dans une Nation
qu'il avoit élevée au dessus des autres ; il
n'en-
760 MERCURE DE FRANCE
n'envia point à son successeur le bonheur
de la faire jouir de toutes les douceurs de
la paix. Dans ces derniers momens , où
l'on voit si nettement le faux des opinions des hommes , il connut que la
Guerre ne peut passer aux yeux du Sage
que pour un mal quelquefois nécessaire ,
et que la paix qui en doit étre l'unique
objet, est presque toujours trop achetée ,
même par la Guerre la plus heureuse.
Cependant vous n'étiez encore qu'un
bien stérile pour nous , poursuit l'Orateur plus bas , en parlant du Roy , et de
Louis XIV. Si ce grand Roy , qui connoissoit si parfaitement les talens necessaires à chaque place , n'avoit choisi le Ministre le plus digne pour être le dépositaire de l'éducation de cet Auguste Enfant , de ce gage précieux de la sureté de
toutes les Nations. Que ne devient point
le plus heureux naturel , cultivé par des
mains si habiles ? De là , toutes ces vertus , qui font aujourd'hui le bonheur de
la France ; cette piété tendre et égale, dont
l'exemple a plus de force que les Loix :
une justice qui garentit les Sujets de toutes oppression. De- là , cette Sagesse qui
contient les hommes , et cette douceur
qui les concilie ; enfin cette modération
qui fait l'assurance de nos voisins , et la
tranquillité de l'Europe,
Quelle
AVRIL 1732. 761
Quelle entreprise pour moi , ( dit M.de
Luçon sur la fin de son Discours , en parlant de M. de la Motte ) que l'éloge d'un
homme de tous les talens , et à qui ses
ennemis , ou plutôt ses envieux , ne refuseront pas l'excellence en plusieurs genres , et des places honorables en tous les
autres. Content de jetter quelques fleurs
sur son Tombeau , je ne m'attacherai
donc qu'à vous rappeller ici les qualitez
estimables qu'il possedoit..
Avant lui peu d'Auteurs avoient connu la moderation et la douceur dans la
dispute. On voyoit souvent l'homme de
Lettre écrire avec grossiereté , le Philosophe avec emportement , le Chrétien
même, en combattant pour la Religion ,
oublier la charité. M. de la Motte , Maître en cet Art presque inconnu , nous
apprit que dans les disputes les plus vives,
on peut conserver toute la grace et toute la moderation d'un homme du monde. Dans cette fameuse querelle , où il
entreprit d'élever les Modernes au- dessus
des Anciens , s'il ne remporta pas la victoire , du moins un jour ses Ouvrages devenus anciens , serviront à leur tour de
preuves à ceux qui soutiendront l'opinion
contraire à la sienne. Jamais la force de
ses raisons ne prit rien sur la politesse
qui
762 MERCURE DE FRANCE
qui les accompagnoit , son Adversaire négligea cet avantage et si leur cause avoit
été jugée sur leur maniere d'écrire , elle
ne seroit pas restée indécise , &c.
Après le Discours de M. l'Evêque de
Luçon , M. de Fontenelle , Directeur , répondit au nom de l'Académie.
MONSIEUR,
Il arrive quelquefois que sans examiner
les motifs de notre conduite , on nous
accuse d'avoir dans nos Elections beaucoup d'égard aux noms et aux dignitez ,
et de songer du moins autant à décorer
notre Liste , qu'à fortifier solidement la
Compagnie. Aujourd'hui nous n'avons
point cette injuste accusation à craindre ;
il est vrai que vous portez un beau nom,
il est vrai que vous êtes revêtu d'une
dignité respectable ; on ne nous reprochera cependant ni l'un ni l'autre. Le
nom vous donneroit presque un droit
hereditaire , la dignité vous a donné lieu
de fournir vos veritables titres , ces Ouvrages où vous avez traité des matieres
qui , très-épineuses par elles- mêmes , le
sont devenues encore davantage par les
circonstances présentes , &c.
t
3
Ici , Monsieur , je ne puis resister à la
vanité de dire que vous n'avez pas dédaigné
AVRIL. 1732. 75.3
gné de m'admettre au plaisir que votre›
commerce faisoit à un nombre de personnes mieux choisies, et je rendrois graces avec beaucoup de joye au sort qui m'a
place de vous en marquer publiquement ma reconnoissance , si ce même
sort ne me chargeoit aussi d'une autre
fonction très- douloureuse et très pénible.
Il fautque je parle de votre illustre Prédecesseur , d'un ami qui m'étoit extrémement cher, et que j'ai perdu ; il faut que
j'en parle , que j'appuye sur tout ce qui
cause mes regrets , et que je mette du
soin à rendre la playe de mon cœur encore plus profonde. Je conviens qu'il y
a toujours un certain plaisir à dire ce
que que l'on sent , mais il faudroit le dire
dans cette Assemblée d'une maniere digne
d'elle et digne du sujet , et c'est à quoi
je ne crols pas pouvoir suffire, quelque
aidé que je sois par un tendre souvenir,
par ma douleur même , et par mon zele
pour la memoire de mon ami.
Le plus souvent on est étrangement
borné par la Nature. On ne sera qu'un.
bon Poëte , c'est être déja assez réduit ,
mais de plus on ne le sera que dans un
certain genre; la Chanson même en est
un où on peut se trouver renfermé. M. de
la . Motre a traité presque tous les genres
de
764 MERCURE DE FRANCE
de Poësie. L'Ode étoit assez oubliée de
puis Malherbe , l'élevation qu'elle demande, les contraintes particulieres qu'elle impose , avoient causé sa disgrace
quand un jeune Inconnu parut subitement avec des Odes à la main , dont plusieurs étoient des Chef- d'œuvres , et les
plus foibles avoient de grandes beautez.
Pindare , dans les siennes , est toujours
Pindare , Anacreon toujours Anacreon
et ils sont tous deux très- opposez. M. de
la Motte, après avoir commencé par être
Pindare , sçut devenir Anacreon.
Il passa au Théatre Tragique , et il y
fut universellement applaudi dans trois
Pieces de caracteres differens. Les Machas
bées ont le sublime et le majestueux qu'exige une Religion divine ; Romulus réprésente la grandeur Romaine , naissante
et mêlée de quelque ferocité ; Inés de
Castro , exprime les sentimens les plus
tendres , les plus touchans , les plus adroitement puisez dans le sein de la Nature.
Aussi l'Histoire du Théatre n'a- t'elle
point d'exemple d'un succès pareil à celui
d'Inés. C'en est un grand pour une Piece
que d'avoir attiré une fois chacun de ceux
qui vont aux Spectacles ; Inés n'a peutêtre pas eu un seul Spectateur qui ne l'ait
été qu'une fois. Le desir de la voir renaissoit après la curiosité satisfaite.
AVRIL 1732 765
Un autre Théatre a encore plus souvent occupé le même Auteur , c'est celui
où la Musique , s'unissant à la Poësie , la
pare quelquefois et la tient toujours dans
un rigoureux esclavage. De grands Poëtes ont fierement méprisé ce genre , dont
leur génie trop roide et trop flexible , les
excluoit ; et quand ils ont voulu prouver
que leur mépris ne venoit pas d'incapacité , ils n'ont fait que prouver par des
efforts malheureux , que c'est un genre
très-difficile. M. de la Motte eût été aussi
en droit de le mépriser ; mais il a fait
mieux , il y a beaucoup reüssi , &c.
Lorsque ses premiers Ouvrages parurent , il n'avoit point passé par de foibles
Essais , propres seulement à donner des
esperances , on n'étoit point averti , et
on n'eut point le loisir de se précautionner contre l'admiration , mais dans la
suite on se tint sur ses gardes , on l'attendoit avec une indisposition secrette
contre lui. Il en eût coûté trop d'estime
pour lui rendre une justice entiere. Il fit
une Iliade , en suivant seulement le plan
general d'Homere , et on trouva mauvais
qu'il touchât au divin Homere sans l'adorer. Il donna un Recueil de Fables ,
dont il avoit inventé la plupart des sujets , et on demanda pourquoi il faisoit
des
66 MERCURE DE FRANCE
des Fables après la Fontaine. Sur ces raisons on prit la résolution de ne lire ni
I'lliade , ni les Fables , et de les condamner , &c.
Il n'a manqué, poursuit plus bas le célébre Académicien , à un Poëte si universel, qu'un seul genre , la Satyre , et il
est plus glorieux pour lui qu'elle lui manque , qu'il ne l'est d'avoir eu tout les
autres genres à sa disposition.
Malgré tout cela , M. de la M. n'étoit
pas Poëte ( ont dit quelques- uns, et mille
echos l'ont repeté, ) Ce n'étoit point un
enthousiasme involontaire qui le saisît,
une fureur divine qui l'agitât , c'étoit seulement une volonté de faire des Vers qu'il
executoit , parce qu'il avoit beaucoup
d'esprit. Quoi ce qu'il y aura de plus
estimable en nous , sera-ce donc ce qui
dépendra le moins de nous , ce qui agira
le plus en nous , sans nous- mêmes ? ce
qui aura le plus de conformité avec l'instinct des animaux? car cet enthousiasme ,
cette fureur bien expliquez , se réduiront
à de veritables instincts, &c.
Après avoir parlé éloquemment sur
cette foule de Censeurs que son mérite
lui avoit faits , et dont les coups partoient de trop bas pour aller jusqu'à lui,
dit M. de Fontenelle , il continuë en cette
maniere. Quand
AVRIL. 1732. 767
Quand on a été le plus avare de louanges sur son sujet , on lui a accordé un ,
premier rang dans la Prose , pour se dispenser de lui en donner un pareil dans
la Poësie ; et le moyen qu'il n'eût pas excellé en Prose ! lui , qui avec un esprit
• nourri de refléxions , plein d'idées bien
saines et bien ordonnées , avoit une force,
une noblesse et une élegance singuliere
d'expression , même dans son discours
ordinaire.
1
Cependant cette beauté d'expression ,
ces refléxions , ces idées , il ne les devoit
presque qu'à lui- même. Privé dès sa jeunesse de l'usage de ses yeux et de ses jambes , il n'avoit pû guere profiter ni du
grand commerce du monde , ni du secours des Livres. Il ne se servoit que des
yeux d'un Neveu , dont les soins constans et perpetuels pendant 24. années qu'il
a entierement sacrifiées à son Oncle , méritent l'estime , et en quelque sorte la reconnoissance de tous ceux qui aiment les
Lettres , ou qui sont sensibles à l'agréa
bleSpectacle que donnent des devoirs d'amitié bien remplis. Ce qu'on peut se faire,
lire , ne va pas foin ; et M. de la Motte
étoit donc bien éloigné d'être sçavants
Mais sa gloire en redouble. Il seroit luimême dans la dispute des Anciens et des
G Mo-
768 MERCURE DE FRANCE
Modernes , un assez fort argument contre
l'indispensable necessité dont on prétend
que soit la grande connoissance des Anciens, si ce n'est qu'on pourroit fort légi
timement répondre qu'un homme si rare
ne tire pas à conséquence.
Nousesperons que nos Lecteurs nedesapprouverontpas la longueur de ces Extraits
ou plutôt nous nous flattens qu'ils nous en
sçauront gré.Nous finirons par cet Article.
Un des plus celebres incidens de la
querelle sur Homere , fut celui où l'on
vit paroître dans la lice , d'un côté le
Sçavoir, sous la figure d'une Dame illustre; de l'autre l'Esprit , je ne veux pas
dire la Raison , car je ne pétens point
toucher au fond de la dispute , mais seulement à la maniere dont elle fut traitée.
En vain le Sçavoir voulut se contraindre
à quelques dehors de moderation dont
notre siecle impose la nécessité , il retomba malgré lui dans son ancien stile , et
laissa échapper de l'aigreur , de la hauteur et de l'emportement. L'Esprit au
-contraire fut doux , modeste , tranquille
même enjoi é , toûjours respectueux pour
le venerable Sçavoir , et encore plus pour
celle qui le représentoit.Si M.de la Morte
eût par art le ton qu'il prit , il eût fait
un Chef d'œuvre d'habileté ; mais les effets
AVRIL. 17320 789
forts7 de l'Art ne vont pas si loin , et
son caractere naturel eut beaucoup de
part à la victoire complette qu'il rem
porta.
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Résumé : Discours de M. l'Evêque de Luçon à l'Académie Françoise, &c. [titre d'après la table]
Le 6 mars 1732, Michel Celse Roger de Rabutin de Bussy, évêque de Luçon, fut élu à l'Académie Française pour succéder à Houdar de la Motte. Lors de son discours de remerciement, il exprima son admiration pour l'Académie et son honneur de rejoindre ses rangs. Il loua le cardinal de Richelieu pour ses qualités de ministre d'État et son rôle d'évêque de Luçon. L'évêque de Luçon souligna l'importance de l'Académie Française, non seulement pour polir le langage, mais aussi pour former le goût littéraire. Il rendit hommage au siècle admirable que l'Académie avait contribué à revivre, en célébrant les grands écrivains et les actions héroïques. Il évoqua également la mort du roi, le décrivant comme courageux et sage, préoccupé par le bien-être de ses sujets et la paix en Europe. Enfin, il rendit hommage à Houdar de la Motte, louant sa modération et sa douceur dans les disputes littéraires. Après le discours de l'évêque de Luçon, M. de Fontenelle, directeur de l'Académie, répondit en soulignant les mérites de l'évêque et en évoquant la mémoire de Houdar de la Motte. Le texte traite de la figure de M. de la Motte, reconnu pour son excellence en prose et son potentiel en poésie. Doté d'un esprit riche en réflexions et idées bien ordonnées, il possédait une force, une noblesse et une élégance singulières dans son expression, même dans son discours ordinaire. Malgré une jeunesse marquée par la privation de l'usage de ses yeux et de ses jambes, il a développé ses compétences principalement par lui-même, sans bénéficier du grand commerce du monde ou du secours des livres. Il se servait des yeux de son neveu, qui a consacré 24 années à l'assister, méritant ainsi l'estime et la reconnaissance des amateurs de lettres et des sensibles aux devoirs d'amitié. Bien que M. de la Motte ne fût pas savant, sa gloire en est redoublée. Il aurait pu être un argument contre la nécessité absolue de la grande connaissance des Anciens. Le texte mentionne également un incident célèbre de la querelle sur Homère, opposant le Savoir et l'Esprit. Le Savoir, représenté par une dame illustre, a montré de l'aigreur et de l'emportement malgré des efforts de modération, tandis que l'Esprit a adopté une attitude douce, modeste et respectueuse. M. de la Motte, par son caractère naturel, a remporté une victoire complète dans cette dispute.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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17
p. 1813
Jean-Paul Panini, Peintre Italien, reçû à l'Académie de Paris [titre d'après la table]
Début :
M. Jean-Paul Panini, de Plaisance, fort habile Peintre, établi à Rome, a [...]
Mots clefs :
Jean-Paul Panini, Académie royale de peinture et de sculpture, Assemblée, Peintre italien
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texteReconnaissance textuelle : Jean-Paul Panini, Peintre Italien, reçû à l'Académie de Paris [titre d'après la table]
M. Jean- Paul Panini , de Plaisance ;
fort habile Peintre , établi à Rome , a
desiré depuis peu d'étre de l'Académie
Royale de Peinture et de Sculpture. C'est
lui qui a fait le beau Tableau qu'on a
vûà Versailles , représentant la Fête que
le Cardinal de Polignac a donnée à Rome
pour la Naissance deMonseigneur le Dauphin. Il excelle sur tout pour les Perspectives et en fait les figures ; ce qui n'est
pas ordinaire aux Peintres de ce talent.
Dans l'Assemblée du 26, de Juillet, M. de
Largiliere , Recteur , présenta à l'Acadé
mie plusieurs de ses Ouvrages ; elle les
trouva dignes de sa réputation , et l'ayant
agréé tout d'une voix , elle le reçût dans
la même Séance , par une consideration
particuliere pour son mérite.
fort habile Peintre , établi à Rome , a
desiré depuis peu d'étre de l'Académie
Royale de Peinture et de Sculpture. C'est
lui qui a fait le beau Tableau qu'on a
vûà Versailles , représentant la Fête que
le Cardinal de Polignac a donnée à Rome
pour la Naissance deMonseigneur le Dauphin. Il excelle sur tout pour les Perspectives et en fait les figures ; ce qui n'est
pas ordinaire aux Peintres de ce talent.
Dans l'Assemblée du 26, de Juillet, M. de
Largiliere , Recteur , présenta à l'Acadé
mie plusieurs de ses Ouvrages ; elle les
trouva dignes de sa réputation , et l'ayant
agréé tout d'une voix , elle le reçût dans
la même Séance , par une consideration
particuliere pour son mérite.
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Résumé : Jean-Paul Panini, Peintre Italien, reçû à l'Académie de Paris [titre d'après la table]
M. Jean-Paul Panini, peintre de Plaisance établi à Rome, a été agréé à l'Académie Royale de Peinture et de Sculpture le 26 juillet. Connu pour son tableau à Versailles célébrant la naissance du Dauphin, il excelle en perspectives et figures. M. de Largillière a présenté ses œuvres, jugées dignes de sa réputation.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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18
p. 2381-2387
ETABLISSEMENT d'une Académie Royale des Belles Lettres, à la Rochelle. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville, le 20 Août 1732.
Début :
Il y a depuis plusieurs années dans la Ville de la Rochelle, une Société de [...]
Mots clefs :
Académie royale des belles-lettres, La Rochelle, Société de gens de Lettres, Lettres patentes, Académiciens honoraires, nommer, Académiciens titulaires, Assemblée
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texteReconnaissance textuelle : ETABLISSEMENT d'une Académie Royale des Belles Lettres, à la Rochelle. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville, le 20 Août 1732.
ETABLISSEMENT d'une Académie
Royale des Belles Lettres , à la Rochelle.
Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville
le 20 Août 1732.
Iville Rochelle , une Société de
Ly a depuis plusieurs années dans la
Gens de Lettres , dont l'objet est de se
perfectionner dans les connoissances qui
concernent l'Eloquence et la Poësie . Cette
Société a enfin obtenu des Lettres Patendes bons Poëtes du dernier siecle. Voici une Allusion quifutfaite à son nom par M. le Comte de
Saint Aignan.
D tes
2382 MERCURE DE FRANCE
>
tes à l'instar des autres Corps Académiques du Royaume, par lesquelles le Roy,
en approuvant un dessein qui tend à distinguer cette Ville par la Litterature
comme elle l'est par l'étendue et par l'éclat de son commerce , authorise les Assemblées et les Reglemens necessaires
pour maintenir l'ordre et la splendeur de
la nouvelle Académie.
A la fin des Lettres Patentes en forme
d'Edit, donné à Versailles au mois d'Août
1732. est un Etat des Personnes que S. M.
a nommées pour composer l'Académie
Royale ; le Roy se réservant de nommer
encore pour une fois seulement, cinquante Personnes , à mesure que les sujets se
présenteront pour faire le nombre de 30
Personnes conformement aux Lettres
Patentes.
Académiciens honoraires.
MESSIEURS.
L'Evêque de la Rochelle.
Le *** Commandant dans la Ville.
Bignon , Intendant de la Généralité.
Le Marquis de Bourzac..
Le Président du Présidial.
Le Lieutenant General.
Le Procureur du Roy
Le
NOVEMBRE, 1732. 2383
Le Maire de la Ville.
L'Abbé de Langery.
Académiciens Titulaires.
MESSIEURS le Marquis de la Cheva
Leraye. Boutiron Avocat. Cadoret Chanolne et Conseiller au Présidial, Cadoret de
Beaupreau Conseiller au Présidial. De
Hillerin Doyen du Chapitre. De Hillerin
Trésorier du Chapitre. De Chassiron
Conseiller d'honneur. Darger Chanoine.
Fontaine Lieutenant particulier. L'Abbé
Girouard. Girard de Bellevue Assesseur.
Gastumaux Négociant. L'Abbé de Moncrif Theologal. Robert de Beaurepaire
Conseiller au Présidial. Regnaud Avocat.
Valin Avocat.
+
Fait et arrêté , à Versailles le 24º jour
d'Avril 1732. Signé , LOUIS. Etplus
bas, PHELYPPE AUX.
Suivent aussi les Statuts que le Roy
veut et ordonne être observez par l'Académie.
Ils sont au nombre de xxxv. dont le
premier porte qu'elle sera composée de
Xxx Académiciens, nez dans le Païs d'Aunix ,ou de Pere de la même Province. On
les choisira , s'il se peut , résidents dans la
même Ville de la Rochelle. On pourra
Dij nean-
2384 MERCURE DE FRANCE
néanmoins élire des personnes de la Province domiciliées ailleurs , ou des Etrangers établis et demeurant dans cette Ville, par la considération de leur merite.
Les fonctions du Directeur , du Chancelier , et de deux Secretaires , sont réglées par les Articles III. IV. et V. Les
autres Articles concernent les fonctions
l'ordre , et la police de l'Académie. Fait
et arrêté à Versailles le même jour 24.
Avril 1732. Signé , Phelyppeaux.
Ces Lettres Patentes furent envoyées à
la Societé Litteraire par M. Bignon , Intendant de la Rochelle , qui étoit alors
à Paris ,avec une de ses Lettres , dattée du
premier Juillet , par laquelle il paroît que
S. A. S. M. le Prince de Conti , Protecteur de l'Académie , les lui avoit addressées.
On en fit pour la premiere fois la lecture dans une Assemblée tenuë le 14 Juillet. L'Abbé de Moncrif , l'un des nouveaux Académiciens nommez par le Roi,
en prit occasion de faire son remerciment à M M. de la Societé Litteraire, qui
l'avoient admis depuis peu dans leur
Compagnie , et l'avoient chargé de porter la parole à M. l'Intendant , à l'occasion des services qu'il venoit de rendre
pendant son séjour à Paris , pour l'expé- dition
NOVEMBRE. 1732. 2385
dition des Lettres Patentes. Ce Discours
fut extrêmement goûté par sa délicatesse
et par sa précision , rien n'y fut cependant oublié de tout ce qui devoit natu
rellement y entrer. On écouta surtout
avec une attention singuliere ce que dit
l'Académicien au sujet de la * Princesse à
qui l'Académie doit son Auguste Protecteur , et en particulier l'article qui concerne le Prince.
Prince charmant , dit- il , reste précieux et
unique d'Ayeux si dignes de l'amour des
François , en particulier des Provinces voisines dont ils ont été les Peres , et les Mat
tres. Prince en qui l'on a vu des dispositions
toujours si fort au- dessus de son âge , un espritjuste , penetrant , dont éclatent tous les
jours des traits d'un naturel si heureux , que
nous ne devons point douter de voir se réunir
en lui avec le sang des Condés , des Contys ,
toutes les perfections glorieuses qu'ont partagées tant de Heros dont il est descendu. Aussi le Ciel semble en avoir pris un soin si
singulier, qu'il a fait naître pour le former
un de ces Hommes rares , dont le génie vaste, l'imagination féconde , la solidité du ju
gement , font un de ses plus parfaits Ouvrages. C'est Mentor lui- même , dont les sages
* S. A. S. la Princesse de Conty.
* M. De la Chevaleraye.
*
Diij leçons
2386 MERCURE DE FRANCE
Leçons , et l'active vigilance ont donné aux
dispositions si admirables du jeune Prince
tout l'éclat dont elles étoient susceptibles.
M. Gastumaux , Directeur de la Societé Litteraire , quoique non prévenu sur
le Discours dont on vient de parler , fit
sur le champ une Réponse qui contenta
tous les Auditeurs.
•
?
Le 18 du même mois l'Académie s'étant
' assemblée , M. Regnaud , Avocat , à la
tête de tous les Membres , prononça à
l'Hôtel de Ville un Discours qui mériteroit d'être transcrit ici en son entier ; c'est
ce que les bornes d'unExtrait ne sçauroient
permettre , et ce qu'on tâchera de réparer dans la suite. Če Discours reçût tous
les applaudissemens qu'il méritoit.
Le 25. l'Abbé de Moncrif , choisi par
l'Académie , comme on l'a déja dit , pour
marquer sa reconnoissance à M. Bignon ",
s'acquitta de cette fonction par un autre
Discours , qui en son genre n'étoit pas inferieur à celui du même Académicien
dont il est parlé ci - dessus.
Le 28. M. de Chassiron , Conseiller
d'Honneur au Présidial , complimenta
au nom et à la tête de l'Académie
M. de Chambon , Lieutenant pour le Roi
dans la Ville et Château de la Rochelle
Commandant en l'absence du Gouverneur
NOVEMBRE. 1732. 2387
neur , et Académicien honoraire. On ne
peut parler plus dignement ni en moins
de paroles sut ce sujet.
Comme M. l'Evêque de la Rochelle
n'étoit pas dans la Ville , l'Académie jugea à propos de lui écrire pour lui faire
part de son érection , &c. La Lettre ne
contient rien que de beau et de mesuré.
Elle est dattée du même jour 18 Juillet ,
et signée de MM. l'Abbé de Moncrif
Darger , Fontaine , Cadoret , de Chassiron , Gastumeau , Valin , Regnaud , et
Cadoret de Beaupreau.
Royale des Belles Lettres , à la Rochelle.
Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville
le 20 Août 1732.
Iville Rochelle , une Société de
Ly a depuis plusieurs années dans la
Gens de Lettres , dont l'objet est de se
perfectionner dans les connoissances qui
concernent l'Eloquence et la Poësie . Cette
Société a enfin obtenu des Lettres Patendes bons Poëtes du dernier siecle. Voici une Allusion quifutfaite à son nom par M. le Comte de
Saint Aignan.
D tes
2382 MERCURE DE FRANCE
>
tes à l'instar des autres Corps Académiques du Royaume, par lesquelles le Roy,
en approuvant un dessein qui tend à distinguer cette Ville par la Litterature
comme elle l'est par l'étendue et par l'éclat de son commerce , authorise les Assemblées et les Reglemens necessaires
pour maintenir l'ordre et la splendeur de
la nouvelle Académie.
A la fin des Lettres Patentes en forme
d'Edit, donné à Versailles au mois d'Août
1732. est un Etat des Personnes que S. M.
a nommées pour composer l'Académie
Royale ; le Roy se réservant de nommer
encore pour une fois seulement, cinquante Personnes , à mesure que les sujets se
présenteront pour faire le nombre de 30
Personnes conformement aux Lettres
Patentes.
Académiciens honoraires.
MESSIEURS.
L'Evêque de la Rochelle.
Le *** Commandant dans la Ville.
Bignon , Intendant de la Généralité.
Le Marquis de Bourzac..
Le Président du Présidial.
Le Lieutenant General.
Le Procureur du Roy
Le
NOVEMBRE, 1732. 2383
Le Maire de la Ville.
L'Abbé de Langery.
Académiciens Titulaires.
MESSIEURS le Marquis de la Cheva
Leraye. Boutiron Avocat. Cadoret Chanolne et Conseiller au Présidial, Cadoret de
Beaupreau Conseiller au Présidial. De
Hillerin Doyen du Chapitre. De Hillerin
Trésorier du Chapitre. De Chassiron
Conseiller d'honneur. Darger Chanoine.
Fontaine Lieutenant particulier. L'Abbé
Girouard. Girard de Bellevue Assesseur.
Gastumaux Négociant. L'Abbé de Moncrif Theologal. Robert de Beaurepaire
Conseiller au Présidial. Regnaud Avocat.
Valin Avocat.
+
Fait et arrêté , à Versailles le 24º jour
d'Avril 1732. Signé , LOUIS. Etplus
bas, PHELYPPE AUX.
Suivent aussi les Statuts que le Roy
veut et ordonne être observez par l'Académie.
Ils sont au nombre de xxxv. dont le
premier porte qu'elle sera composée de
Xxx Académiciens, nez dans le Païs d'Aunix ,ou de Pere de la même Province. On
les choisira , s'il se peut , résidents dans la
même Ville de la Rochelle. On pourra
Dij nean-
2384 MERCURE DE FRANCE
néanmoins élire des personnes de la Province domiciliées ailleurs , ou des Etrangers établis et demeurant dans cette Ville, par la considération de leur merite.
Les fonctions du Directeur , du Chancelier , et de deux Secretaires , sont réglées par les Articles III. IV. et V. Les
autres Articles concernent les fonctions
l'ordre , et la police de l'Académie. Fait
et arrêté à Versailles le même jour 24.
Avril 1732. Signé , Phelyppeaux.
Ces Lettres Patentes furent envoyées à
la Societé Litteraire par M. Bignon , Intendant de la Rochelle , qui étoit alors
à Paris ,avec une de ses Lettres , dattée du
premier Juillet , par laquelle il paroît que
S. A. S. M. le Prince de Conti , Protecteur de l'Académie , les lui avoit addressées.
On en fit pour la premiere fois la lecture dans une Assemblée tenuë le 14 Juillet. L'Abbé de Moncrif , l'un des nouveaux Académiciens nommez par le Roi,
en prit occasion de faire son remerciment à M M. de la Societé Litteraire, qui
l'avoient admis depuis peu dans leur
Compagnie , et l'avoient chargé de porter la parole à M. l'Intendant , à l'occasion des services qu'il venoit de rendre
pendant son séjour à Paris , pour l'expé- dition
NOVEMBRE. 1732. 2385
dition des Lettres Patentes. Ce Discours
fut extrêmement goûté par sa délicatesse
et par sa précision , rien n'y fut cependant oublié de tout ce qui devoit natu
rellement y entrer. On écouta surtout
avec une attention singuliere ce que dit
l'Académicien au sujet de la * Princesse à
qui l'Académie doit son Auguste Protecteur , et en particulier l'article qui concerne le Prince.
Prince charmant , dit- il , reste précieux et
unique d'Ayeux si dignes de l'amour des
François , en particulier des Provinces voisines dont ils ont été les Peres , et les Mat
tres. Prince en qui l'on a vu des dispositions
toujours si fort au- dessus de son âge , un espritjuste , penetrant , dont éclatent tous les
jours des traits d'un naturel si heureux , que
nous ne devons point douter de voir se réunir
en lui avec le sang des Condés , des Contys ,
toutes les perfections glorieuses qu'ont partagées tant de Heros dont il est descendu. Aussi le Ciel semble en avoir pris un soin si
singulier, qu'il a fait naître pour le former
un de ces Hommes rares , dont le génie vaste, l'imagination féconde , la solidité du ju
gement , font un de ses plus parfaits Ouvrages. C'est Mentor lui- même , dont les sages
* S. A. S. la Princesse de Conty.
* M. De la Chevaleraye.
*
Diij leçons
2386 MERCURE DE FRANCE
Leçons , et l'active vigilance ont donné aux
dispositions si admirables du jeune Prince
tout l'éclat dont elles étoient susceptibles.
M. Gastumaux , Directeur de la Societé Litteraire , quoique non prévenu sur
le Discours dont on vient de parler , fit
sur le champ une Réponse qui contenta
tous les Auditeurs.
•
?
Le 18 du même mois l'Académie s'étant
' assemblée , M. Regnaud , Avocat , à la
tête de tous les Membres , prononça à
l'Hôtel de Ville un Discours qui mériteroit d'être transcrit ici en son entier ; c'est
ce que les bornes d'unExtrait ne sçauroient
permettre , et ce qu'on tâchera de réparer dans la suite. Če Discours reçût tous
les applaudissemens qu'il méritoit.
Le 25. l'Abbé de Moncrif , choisi par
l'Académie , comme on l'a déja dit , pour
marquer sa reconnoissance à M. Bignon ",
s'acquitta de cette fonction par un autre
Discours , qui en son genre n'étoit pas inferieur à celui du même Académicien
dont il est parlé ci - dessus.
Le 28. M. de Chassiron , Conseiller
d'Honneur au Présidial , complimenta
au nom et à la tête de l'Académie
M. de Chambon , Lieutenant pour le Roi
dans la Ville et Château de la Rochelle
Commandant en l'absence du Gouverneur
NOVEMBRE. 1732. 2387
neur , et Académicien honoraire. On ne
peut parler plus dignement ni en moins
de paroles sut ce sujet.
Comme M. l'Evêque de la Rochelle
n'étoit pas dans la Ville , l'Académie jugea à propos de lui écrire pour lui faire
part de son érection , &c. La Lettre ne
contient rien que de beau et de mesuré.
Elle est dattée du même jour 18 Juillet ,
et signée de MM. l'Abbé de Moncrif
Darger , Fontaine , Cadoret , de Chassiron , Gastumeau , Valin , Regnaud , et
Cadoret de Beaupreau.
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Résumé : ETABLISSEMENT d'une Académie Royale des Belles Lettres, à la Rochelle. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville, le 20 Août 1732.
En août 1732, une lettre de La Rochelle annonce la création de l'Académie Royale des Belles Lettres. Depuis plusieurs années, une société de gens de lettres s'était formée dans cette ville pour se perfectionner en éloquence et poésie. Cette société a obtenu des Lettres Patentes du roi, qui approuvent son projet de distinguer La Rochelle par la littérature, à l'image de son commerce. Le roi autorise les assemblées et les règlements nécessaires pour maintenir l'ordre et la splendeur de la nouvelle Académie. Les Lettres Patentes, datées d'août 1732, nomment les premiers académiciens, incluant l'évêque de La Rochelle, l'intendant Bignon, et plusieurs notables locaux. Le roi se réserve le droit de nommer cinquante personnes supplémentaires pour atteindre un total de trente académiciens. Les statuts de l'Académie, au nombre de trente-cinq, régissent son fonctionnement. Ils stipulent que les académiciens doivent être nés ou résidents dans la province d'Aunis, ou domiciliés à La Rochelle. Les rôles du directeur, du chancelier, et des secrétaires sont également définis. Les Lettres Patentes ont été envoyées à la société littéraire par l'intendant Bignon, qui les avait reçues du prince de Conti, protecteur de l'Académie. La première lecture des Lettres Patentes a eu lieu le 14 juillet 1732, lors d'une assemblée où l'abbé de Moncrif a remercié la société littéraire et l'intendant pour leurs services. Plusieurs discours ont été prononcés par les nouveaux académiciens pour marquer leur reconnaissance et leur engagement. Notamment, M. Regnaud a prononcé un discours à l'Hôtel de Ville le 18 juillet, et l'abbé de Moncrif a adressé un discours à M. Bignon le 25 juillet. Le 28 juillet, M. de Chassiron a complimenté M. de Chambon, lieutenant du roi et académicien honoraire. Une lettre a également été envoyée à l'évêque de La Rochelle pour l'informer de l'érection de l'Académie.
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19
p. 375-378
POLOGNE.
Début :
Le 16 Février, jour de l'arrivée du Roy à Warsovie, o[n] publia au Palais que sa santé [...]
Mots clefs :
Roi, Maréchal de la Diète, Chambre des nonces, Château, Assemblée, Saxe, Santé
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE.
E 16 Février , jour de l'arrivée du Roy à
Warsovie , ou publia au Palais que sa santé
étoit bonne , et que S. M. avoit résolu de passer
quelques jours sans paroître en public pour
se reposer de la fatigue de son voiage ; cependant
le Roy étoit très-incommodé ; il souffroit au
pied des douleurs tres -vives , et il avoit une fiévre
lente, accompagnée de beaucoup de foiblesses
et d'un tres-grand dégout. Le lendemain et les
jours suivans, le Roy reçut les respects des Senateurs
et des Seigneurs de la Cour , et quoiqu'il
fut toujours aussi indisposé , il voulut le 25 ,
veille de l'ouverture de la Diette generale , se
rendre du Palais au Château , pour assister le
lendemain à la Messe du S. Esprit , à la Prédica
tion › et aux autres cérémonies qui précedent .
l'Assemblée. Les Médecins s'y opposerent avec
tant d'instance , que S. M. s'étant rendue à leur
représentation , envoya chercher le Référendai-
HvJ re
376 MERCURE DE FRANCE.
(
re de la Couronne , et le chargea de faire sçavoir
de sa part aux Sénateurs , qu'elle ne se trouveroit
point à la grande Messe et à la Prédica
tion; que les Nonces pouvoient s'assembler comme
à l'ordinaire, pour proceder à l'Election d'un
Maréchal de la Diette , et que lorsqu'elle seroit
faite , S. M. ne differeroit point de se rendre au
Château , pour y recevoir leurs hommages.
Le 26 , jour de l'ouverture de l'Assemblée , les
Sénateurs et la plus grande partie de la Noblesse,
se rendirent au Palais , pour y apprendre des
nouvelles de la santé du Roy ; et S. M. en ayant
été avertie , Elle, fit entrer dans sa Chambre le
Grand et le Petit Maréchal de la Couronne , et
M. Osarowski , Député du Palatinat de Zator ;
lequel en cette qualité étoit Directeur de la
Chambre des Nonces , parce que la Diete particuliere
de Cracovie n'en a point nommé pour
assister à la Diette. Le Roy après les avoir exhortez
à se conduire toujours avec zéle pour
le bien public , les assura qu'elle n'écouteroit
point les ménagemens qu'on lui ordonnoit pour
sa santé , lorsqu'il s'agiroit de seconder leurs
bonnes intentions , et qu'elle se rendroit au Châ
teau , dès que les Nonces pourroient venir au
Trône.
Au sortir du Palais , les Nonces allerent au
Château , et ensuite à l'Eglise Cathédrale , où ils
assisterent à la grande Messe , et à la Prédication
. Après cette cérémonie, les Nonces s'assemblerent
dans leur Chambre , et M. Osarowski ,
Directeur , ayant pris le Bâton , fit un Discours
à l'Assemblée , pour faire connoître de quel interêt
il étoit pour la Répuplique de faire regner
dans cette Diette plus d'union que dans
les précedentes , et de ne s'occuper que du bien
public
FEVRIER. 1733- 377
public. On voulut ce jour-là proceder à l'Election
du Maréchal de la Diette , mais elle ne put
être faite dans cette séance ; et ce fut le lendemain
que M. Osarowski fut élu .
Le même-jour , le Vice -Chancelier et le Petit
Maréchal de la Couronne , allerent apprendre
au Roy l'Election du Maréchal de la Diette , qui
le soir eut l'honneur de voir S. M.
Le 28 au matin , les Députez de la Chambre
des Nonces , nommez pour rendre compte au
Roy de cette Election , eurent audience de S. M.
qui les reçut dans sa Chambre. Le Vice - Chancelier
répondit à leur Harangue , au nom du
Roy , que S. M. feroit sçavoir au Maréchal de
la Diette , quand elle seroit en état de se rendre
au Château , et qu'Elle désiroit que l'Assemblée
continuat de délibérer sur les affaires publiques.
Depuis ce jour- là , le Roy se trouva plus mal ;
ses forces diminuerent. Le 30 , à midy , i , il sentit
des douleurs tres - violentes dans le bas ventre , et
on s'apperçut en même temps d'un dépôt qui se
formoit à la Cuisse. Le Roy ayant connu le
danger où il étoit, fit venir l'Abbé de S.Germain ,
François , Prédicateur de la Cour , il se confessa
, et il se prépara ensuite à communier le
lendemain ; mais vers le milieu de la nuit, le mal
ayant augmenté , il reçut le S. Viatique et l'Extrême-
Onction , il mourut le 1. de ce mois à 4
heures du matin , âgé de 62 ans , 8 mois et 19
jours , étant né le 12 May 1670 .
Frederic Auguste , Roy de Pologne , Grand
Duc de Lithuanie , Electeur de Saxe , naquit le
12 May de l'année 1670. il étoit fils de Jean-
George III . Electeur de Saxe , de la Branche
Albertine , mort le 12 Septembre 1691. et d'Anne
Sophie , fille de Frederic III. Roy de Dannemarck
378 MERCURE DE FRANCE
marck. Il succeda à PElectorat de Saxe , au mois
d'Avril, 1694 après la mort de Jean- George IV.
son frere aîné , qui mourut sans enfans . Il fut
élu Roy de Pologne le 17 Juin 1697 , et couronné
le 1 Septembre suivant. Il avoit épousé le
1o de Janvier 1693 , Christine Everhardine de
Brandebourg Bareith , qui mourut le 5 Septembre
1727 , âgée de 56 ans , et ne laissa qu'un fils,
qui est Frédéric - Auguste , Prince Royal de
Pologne , et Electoral de Saxe , à present Electeur,
né le d'Octobre 1596. 7 et marié en 1719. avec
Marie- Josephine d'Autriche , fille aînée du feu
Empereur Joseph.
E 16 Février , jour de l'arrivée du Roy à
Warsovie , ou publia au Palais que sa santé
étoit bonne , et que S. M. avoit résolu de passer
quelques jours sans paroître en public pour
se reposer de la fatigue de son voiage ; cependant
le Roy étoit très-incommodé ; il souffroit au
pied des douleurs tres -vives , et il avoit une fiévre
lente, accompagnée de beaucoup de foiblesses
et d'un tres-grand dégout. Le lendemain et les
jours suivans, le Roy reçut les respects des Senateurs
et des Seigneurs de la Cour , et quoiqu'il
fut toujours aussi indisposé , il voulut le 25 ,
veille de l'ouverture de la Diette generale , se
rendre du Palais au Château , pour assister le
lendemain à la Messe du S. Esprit , à la Prédica
tion › et aux autres cérémonies qui précedent .
l'Assemblée. Les Médecins s'y opposerent avec
tant d'instance , que S. M. s'étant rendue à leur
représentation , envoya chercher le Référendai-
HvJ re
376 MERCURE DE FRANCE.
(
re de la Couronne , et le chargea de faire sçavoir
de sa part aux Sénateurs , qu'elle ne se trouveroit
point à la grande Messe et à la Prédica
tion; que les Nonces pouvoient s'assembler comme
à l'ordinaire, pour proceder à l'Election d'un
Maréchal de la Diette , et que lorsqu'elle seroit
faite , S. M. ne differeroit point de se rendre au
Château , pour y recevoir leurs hommages.
Le 26 , jour de l'ouverture de l'Assemblée , les
Sénateurs et la plus grande partie de la Noblesse,
se rendirent au Palais , pour y apprendre des
nouvelles de la santé du Roy ; et S. M. en ayant
été avertie , Elle, fit entrer dans sa Chambre le
Grand et le Petit Maréchal de la Couronne , et
M. Osarowski , Député du Palatinat de Zator ;
lequel en cette qualité étoit Directeur de la
Chambre des Nonces , parce que la Diete particuliere
de Cracovie n'en a point nommé pour
assister à la Diette. Le Roy après les avoir exhortez
à se conduire toujours avec zéle pour
le bien public , les assura qu'elle n'écouteroit
point les ménagemens qu'on lui ordonnoit pour
sa santé , lorsqu'il s'agiroit de seconder leurs
bonnes intentions , et qu'elle se rendroit au Châ
teau , dès que les Nonces pourroient venir au
Trône.
Au sortir du Palais , les Nonces allerent au
Château , et ensuite à l'Eglise Cathédrale , où ils
assisterent à la grande Messe , et à la Prédication
. Après cette cérémonie, les Nonces s'assemblerent
dans leur Chambre , et M. Osarowski ,
Directeur , ayant pris le Bâton , fit un Discours
à l'Assemblée , pour faire connoître de quel interêt
il étoit pour la Répuplique de faire regner
dans cette Diette plus d'union que dans
les précedentes , et de ne s'occuper que du bien
public
FEVRIER. 1733- 377
public. On voulut ce jour-là proceder à l'Election
du Maréchal de la Diette , mais elle ne put
être faite dans cette séance ; et ce fut le lendemain
que M. Osarowski fut élu .
Le même-jour , le Vice -Chancelier et le Petit
Maréchal de la Couronne , allerent apprendre
au Roy l'Election du Maréchal de la Diette , qui
le soir eut l'honneur de voir S. M.
Le 28 au matin , les Députez de la Chambre
des Nonces , nommez pour rendre compte au
Roy de cette Election , eurent audience de S. M.
qui les reçut dans sa Chambre. Le Vice - Chancelier
répondit à leur Harangue , au nom du
Roy , que S. M. feroit sçavoir au Maréchal de
la Diette , quand elle seroit en état de se rendre
au Château , et qu'Elle désiroit que l'Assemblée
continuat de délibérer sur les affaires publiques.
Depuis ce jour- là , le Roy se trouva plus mal ;
ses forces diminuerent. Le 30 , à midy , i , il sentit
des douleurs tres - violentes dans le bas ventre , et
on s'apperçut en même temps d'un dépôt qui se
formoit à la Cuisse. Le Roy ayant connu le
danger où il étoit, fit venir l'Abbé de S.Germain ,
François , Prédicateur de la Cour , il se confessa
, et il se prépara ensuite à communier le
lendemain ; mais vers le milieu de la nuit, le mal
ayant augmenté , il reçut le S. Viatique et l'Extrême-
Onction , il mourut le 1. de ce mois à 4
heures du matin , âgé de 62 ans , 8 mois et 19
jours , étant né le 12 May 1670 .
Frederic Auguste , Roy de Pologne , Grand
Duc de Lithuanie , Electeur de Saxe , naquit le
12 May de l'année 1670. il étoit fils de Jean-
George III . Electeur de Saxe , de la Branche
Albertine , mort le 12 Septembre 1691. et d'Anne
Sophie , fille de Frederic III. Roy de Dannemarck
378 MERCURE DE FRANCE
marck. Il succeda à PElectorat de Saxe , au mois
d'Avril, 1694 après la mort de Jean- George IV.
son frere aîné , qui mourut sans enfans . Il fut
élu Roy de Pologne le 17 Juin 1697 , et couronné
le 1 Septembre suivant. Il avoit épousé le
1o de Janvier 1693 , Christine Everhardine de
Brandebourg Bareith , qui mourut le 5 Septembre
1727 , âgée de 56 ans , et ne laissa qu'un fils,
qui est Frédéric - Auguste , Prince Royal de
Pologne , et Electoral de Saxe , à present Electeur,
né le d'Octobre 1596. 7 et marié en 1719. avec
Marie- Josephine d'Autriche , fille aînée du feu
Empereur Joseph.
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Résumé : POLOGNE.
Le 16 février, le roi de Pologne arriva à Varsovie et annonça que sa santé était bonne, bien qu'il souffrît en réalité de douleurs intenses au pied, d'une fièvre lente et de grandes faiblesses. Malgré son indisposition, il reçut les respects des sénateurs et des seigneurs de la cour les jours suivants. Le 25 février, les médecins l'empêchèrent d'assister aux cérémonies précédant l'ouverture de la Diète générale. Le 26 février, jour de l'ouverture de l'Assemblée, les sénateurs et la noblesse se rendirent au palais pour prendre des nouvelles de sa santé. Le roi les assura qu'il se rendrait au château dès que possible. La même journée, les nonces se réunirent pour élire le maréchal de la Diète, élection qui eut lieu le lendemain. L'état de santé du roi s'aggrava, et il se confessa et se prépara à communier. Il reçut le viatique et l'extrême-onction et mourut le 1er mars à 4 heures du matin, à l'âge de 62 ans, 8 mois et 19 jours. Frédéric Auguste, roi de Pologne, grand-duc de Lituanie et électeur de Saxe, était né le 12 mai 1670. Il succéda à l'électorat de Saxe en avril 1694 et fut élu roi de Pologne le 17 juin 1697. Il avait épousé Christine Everhardine de Brandebourg-Bareith, avec qui il eut un fils, Frédéric-Auguste, prince royal de Pologne et électeur de Saxe.
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20
p. 1226-1229
« Le 26. May, les Prêtres de la Doctrine Chrétienne, tinrent leur Assemblée [...] »
Début :
Le 26. May, les Prêtres de la Doctrine Chrétienne, tinrent leur Assemblée [...]
Mots clefs :
Roi, Assemblée, Doctrine chrétienne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 26. May, les Prêtres de la Doctrine Chrétienne, tinrent leur Assemblée [...] »
E 26. May , les Prêtres de la Doctrihe
Chrétienne , tinrent leur Assemblée
Générale en cette Ville dans leur
1. Vol. Maison
MA Y. 1733 1227
Maison de S. Charles. Après la Messe
du S. Esprit , M. Hérault , Conseiller d'Etat
, nommé Commissaire par le Roy
pour y présider , en fit l'ouverture par
un Discours très- poli et très- éloquent ,
rempli sur tout de témoignages d'estime
et de consideration pour la Congrégation
de la Doctrine Chrétienne.
L'Assemblée cut d'autant plus lieu
d'être contente de ce Magistrat , qu'il
déclara expressément ne venir que dans
un esprit de paix , et qu'en effet il ne
proposa rien qui fût capable ni de bløsser
les sentimens , ni de gêner la liberté
des suffrages de ceux ausquels il parloit ;
aussi tout s'est- il passé dans une tranquillité
parfaite et dans une intelligence
si grande que dès ce jour là même et
à la premiere nomination , le Pere Bacarere
a été élû Superieur Général . Ce
Pere étoit actuellement Assistant pour
la troisième foit.
M. Herault, en sortant de l'Assemblée ,
ne put s'empêcher de marquer combien
il étoit édifié et satisfait de la maniere
dont toutes les choses s'étoient passées
dans cette Election . La Congrégation
espere beaucoup de la sagesse de ce nouveau
Général .
1. Vol.
Le
# 228 MERCURE DE FRANCE
Le Marquis de Chalmazel , que le Roy
a nommé son Envoyé Extraordinaire pour
aller complimenter l'Electeur de Saxe
sur la mort du Roy de Pologne , som
Pere , partit le 2. de ce mois pour se rendre
à Dresde.
Le 4. Fête du S. Sacrement , le Roy
accompagné du Duc d'Orleans , du Prince
de Conty , du Prince de Dombes , du
Comte d'Eu , et de ses principaux Officiers
, se rendit à l'Eglise de la Paroisse
de Versailles , où S.M. entendit la grand'-
Messe après avoir assisté à la Proces
sion qui alla , suivant l'usage , à la Chapelle
du Château.
Le même jour , il y eut Concert Spirituel
au Château des Tuilleries ; on
y chanta deux Motets de M. de la Lande,
dont l'exécution fit beaucoup de plaisir
; la Dile le Maure chanta seule un
Motet , qui fut tres- applaudi . Le sicur
le Clair l'aîné , dont on a déja eu occasion
de parler plusieurs fois au sujet de
differens Ouvrages qu'il a donnez au pu-'
blic , joiia un nouveau Concerto de sa
composition , qui fut généralement goûté
et applaudi par une tres nombreuse
assemblée.
尊
1. Vol Le
JUIN. 1733 . 1229
Le 7 Juin , le R. P. Bacarere , nouveau
General de la Doctrine Chrétienne
eut l'honneur de saluer le Roy , accompagné
de ses Assistans. Il fut présenté à
Sa Majesté par S. E. M. le Cardinal de
Fleury ; et fit un petit Discours que S.M.
écouta avec bonté.
Il alla ensuite chez les Ministres et les
principaux Seigneurs de la Cour , qui lui
firent compliment sur sa nouvelle Digni
té de General.
Le 12. le Roy partit de Versailles pour
aller à Compiegne.
Chrétienne , tinrent leur Assemblée
Générale en cette Ville dans leur
1. Vol. Maison
MA Y. 1733 1227
Maison de S. Charles. Après la Messe
du S. Esprit , M. Hérault , Conseiller d'Etat
, nommé Commissaire par le Roy
pour y présider , en fit l'ouverture par
un Discours très- poli et très- éloquent ,
rempli sur tout de témoignages d'estime
et de consideration pour la Congrégation
de la Doctrine Chrétienne.
L'Assemblée cut d'autant plus lieu
d'être contente de ce Magistrat , qu'il
déclara expressément ne venir que dans
un esprit de paix , et qu'en effet il ne
proposa rien qui fût capable ni de bløsser
les sentimens , ni de gêner la liberté
des suffrages de ceux ausquels il parloit ;
aussi tout s'est- il passé dans une tranquillité
parfaite et dans une intelligence
si grande que dès ce jour là même et
à la premiere nomination , le Pere Bacarere
a été élû Superieur Général . Ce
Pere étoit actuellement Assistant pour
la troisième foit.
M. Herault, en sortant de l'Assemblée ,
ne put s'empêcher de marquer combien
il étoit édifié et satisfait de la maniere
dont toutes les choses s'étoient passées
dans cette Election . La Congrégation
espere beaucoup de la sagesse de ce nouveau
Général .
1. Vol.
Le
# 228 MERCURE DE FRANCE
Le Marquis de Chalmazel , que le Roy
a nommé son Envoyé Extraordinaire pour
aller complimenter l'Electeur de Saxe
sur la mort du Roy de Pologne , som
Pere , partit le 2. de ce mois pour se rendre
à Dresde.
Le 4. Fête du S. Sacrement , le Roy
accompagné du Duc d'Orleans , du Prince
de Conty , du Prince de Dombes , du
Comte d'Eu , et de ses principaux Officiers
, se rendit à l'Eglise de la Paroisse
de Versailles , où S.M. entendit la grand'-
Messe après avoir assisté à la Proces
sion qui alla , suivant l'usage , à la Chapelle
du Château.
Le même jour , il y eut Concert Spirituel
au Château des Tuilleries ; on
y chanta deux Motets de M. de la Lande,
dont l'exécution fit beaucoup de plaisir
; la Dile le Maure chanta seule un
Motet , qui fut tres- applaudi . Le sicur
le Clair l'aîné , dont on a déja eu occasion
de parler plusieurs fois au sujet de
differens Ouvrages qu'il a donnez au pu-'
blic , joiia un nouveau Concerto de sa
composition , qui fut généralement goûté
et applaudi par une tres nombreuse
assemblée.
尊
1. Vol Le
JUIN. 1733 . 1229
Le 7 Juin , le R. P. Bacarere , nouveau
General de la Doctrine Chrétienne
eut l'honneur de saluer le Roy , accompagné
de ses Assistans. Il fut présenté à
Sa Majesté par S. E. M. le Cardinal de
Fleury ; et fit un petit Discours que S.M.
écouta avec bonté.
Il alla ensuite chez les Ministres et les
principaux Seigneurs de la Cour , qui lui
firent compliment sur sa nouvelle Digni
té de General.
Le 12. le Roy partit de Versailles pour
aller à Compiegne.
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Résumé : « Le 26. May, les Prêtres de la Doctrine Chrétienne, tinrent leur Assemblée [...] »
Le 26 mai 1733, les Prêtres de la Doctrine Chrétienne tinrent leur Assemblée Générale à Paris. M. Hérault, Conseiller d'État et Commissaire du Roi, ouvrit l'assemblée en témoignant d'estime et de considération pour la congrégation. L'élection du Supérieur Général se déroula dans la tranquillité, et le Père Bacarere fut élu dès le premier tour. M. Hérault exprima sa satisfaction quant au déroulement de l'élection. Le même mois, le Marquis de Chalmazel partit pour Dresde afin de complimenter l'Électeur de Saxe sur la mort du Roi de Pologne. Le 4 mai, le Roi assista à la fête du Saint-Sacrement à Versailles et à une procession au château, suivie d'un concert spirituel aux Tuileries. Le 7 juin, le Père Bacarere salua le Roi et fut présenté par le Cardinal de Fleury. Il rendit ensuite visite aux ministres et principaux seigneurs de la cour. Le 12 juin, le Roi partit de Versailles pour se rendre à Compiègne.
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21
p. 2454-2455
Ouverture des Academies après les vacances [titre d'après la table]
Début :
L'Académie Royale des Inscriptions et Belles-Lettres, recommença ses Séances le Vendredy [...]
Mots clefs :
Séance, Assemblée, Rivières, Instrument, Académie royale des inscriptions et belles-lettres, Académie royale des sciences
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ouverture des Academies après les vacances [titre d'après la table]
L'Académie Royale des Inscriptions et Belles.
Lettres , recommença ses Séances le Vendredy
13. Novembre , par une Assemblée publique à
P'ordinaire ; M. le Cardinal de Polignac prési
doit à cette Assemblée , M. de Bose , Secretaire
de cette Académie , ouvrit la Séance par l'Eloge
de feu M. de Caumartin , Evêque de Blois , Académicien
Honoraire , mort le 30. Août dernier.
M. l'Abbé de Rosnel , lût ensuite une Dissertation
sur le renouvellement de l'ancien usage
de couronner les Poëtes et de leur décerner la
Couronne de Laurier avec le titre de Poeta Laureati.
M. Freret termina la Séance par une Dissertation
sur la certitude et sur l'antiquité de la Chronologie
Chinoise , et montra que l'Epoque du
commencement des temps historiques de cette
Nation ne remonte tout au plus qu'au temps de
la Vocation d'Abraham , à ne consulter même
que les Traditions assurées et les Monumens authentiques
de l'Histoire Chinoise , d'où il résulte
que la Chronologie de cette Nation s'accorde
parfaitement avec celle de l'Ecriture , quoique
tous ceux qui en avoient parlé jusques à present
ayent supposé le contraire,
Le Samedy 14. l'Académie Royale des Sciences
, tint son Assemblée publique , à laquelle le
Cardinal de Polignac présida . M. Cassini ouvrit
la Séance par la lecture d'un Mémoire qui contient
:
NOVEMBRE . 1733. 2453
tient une partie des Opérations qu'il a faites pour
décrire sur la Superficie convexe de la Terre ,
une ligne perpendiculaire au Méridien qui passe
par l'Observatoire Royal de Paris. Ce grand tra
vail , qui a été fait par l'ordre du Roy , a été
poussé cet Eté jusqu'à S. Malo.
M. Jussieu , lût ensuite un Mémoire , dans lequel
il recherche la cause des Maladies populaires
, qui accompagnent ordinairement les basses
eaux des Rivieres , et telles qu'on les éprouva
dans l'Eté de 1731. où les Rivieres de Seine et
de Marne furent extrêmement basses .
M. de la Condamine , donna ensuite la Description
d'un Instrument propre à observer en
Mer avec plus de justesse , la variation de l'Aiguille
aimantée.
M. Pitot , lût aussi un Memoire tendant à
perfectionner l'Instrument qu'il publia l'année
derniere et qui est propre à mesurer la vitesse des
Courants des Rivieres , et du Sillage des Vaisseaux.
M. Pitot déclara qu'il devoit cette Addition,
faite à son Instrument, à M. d'Onsembray.
M. Dufay , finit la Séance par la lecture d'un
troisiéme Memoire sur l'Electricité des corps.
Nous donnerons des Extraits de ces Memoires
dans le premier et le second Volume du Mercure
de Décembre.
Lettres , recommença ses Séances le Vendredy
13. Novembre , par une Assemblée publique à
P'ordinaire ; M. le Cardinal de Polignac prési
doit à cette Assemblée , M. de Bose , Secretaire
de cette Académie , ouvrit la Séance par l'Eloge
de feu M. de Caumartin , Evêque de Blois , Académicien
Honoraire , mort le 30. Août dernier.
M. l'Abbé de Rosnel , lût ensuite une Dissertation
sur le renouvellement de l'ancien usage
de couronner les Poëtes et de leur décerner la
Couronne de Laurier avec le titre de Poeta Laureati.
M. Freret termina la Séance par une Dissertation
sur la certitude et sur l'antiquité de la Chronologie
Chinoise , et montra que l'Epoque du
commencement des temps historiques de cette
Nation ne remonte tout au plus qu'au temps de
la Vocation d'Abraham , à ne consulter même
que les Traditions assurées et les Monumens authentiques
de l'Histoire Chinoise , d'où il résulte
que la Chronologie de cette Nation s'accorde
parfaitement avec celle de l'Ecriture , quoique
tous ceux qui en avoient parlé jusques à present
ayent supposé le contraire,
Le Samedy 14. l'Académie Royale des Sciences
, tint son Assemblée publique , à laquelle le
Cardinal de Polignac présida . M. Cassini ouvrit
la Séance par la lecture d'un Mémoire qui contient
:
NOVEMBRE . 1733. 2453
tient une partie des Opérations qu'il a faites pour
décrire sur la Superficie convexe de la Terre ,
une ligne perpendiculaire au Méridien qui passe
par l'Observatoire Royal de Paris. Ce grand tra
vail , qui a été fait par l'ordre du Roy , a été
poussé cet Eté jusqu'à S. Malo.
M. Jussieu , lût ensuite un Mémoire , dans lequel
il recherche la cause des Maladies populaires
, qui accompagnent ordinairement les basses
eaux des Rivieres , et telles qu'on les éprouva
dans l'Eté de 1731. où les Rivieres de Seine et
de Marne furent extrêmement basses .
M. de la Condamine , donna ensuite la Description
d'un Instrument propre à observer en
Mer avec plus de justesse , la variation de l'Aiguille
aimantée.
M. Pitot , lût aussi un Memoire tendant à
perfectionner l'Instrument qu'il publia l'année
derniere et qui est propre à mesurer la vitesse des
Courants des Rivieres , et du Sillage des Vaisseaux.
M. Pitot déclara qu'il devoit cette Addition,
faite à son Instrument, à M. d'Onsembray.
M. Dufay , finit la Séance par la lecture d'un
troisiéme Memoire sur l'Electricité des corps.
Nous donnerons des Extraits de ces Memoires
dans le premier et le second Volume du Mercure
de Décembre.
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Résumé : Ouverture des Academies après les vacances [titre d'après la table]
Le 13 novembre 1733, l'Académie Royale des Inscriptions et Belles-Lettres reprit ses séances avec une assemblée publique présidée par le Cardinal de Polignac. M. de Bose rendit hommage à feu M. de Caumartin, évêque de Blois. L'Abbé de Rosnel discuta du renouvellement de l'usage de couronner les poètes avec une couronne de laurier. M. Freret présenta une dissertation sur la chronologie chinoise, démontrant que les temps historiques de cette nation ne remontent pas au-delà de la vocation d'Abraham, en accord avec la chronologie biblique. Le 14 novembre, l'Académie Royale des Sciences tint également une assemblée publique présidée par le Cardinal de Polignac. M. Cassini parla des travaux pour décrire une ligne perpendiculaire au méridien passant par l'Observatoire Royal de Paris. M. Jussieu aborda les causes des maladies populaires lors des basses eaux des rivières. M. de la Condamine présenta un instrument pour observer la variation de l'aiguille aimantée en mer. M. Pitot améliora son instrument pour mesurer la vitesse des courants des rivières et du sillage des vaisseaux. Enfin, M. Dufay lut un mémoire sur l'électricité des corps. Des extraits de ces mémoires furent publiés dans les premiers volumes du Mercure de décembre.
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22
p. 2458
Prix de la Sosieté [sic] des Arts &c. [titre d'après la table]
Début :
La Societé des Arts differera jusqu'au retour de S. A. S. Monseigneur le Comte de Clermont, [...]
Mots clefs :
Société des arts, Comte de Clermont, Prix, Assemblée, Mémoires, Sujets
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Prix de la Sosieté [sic] des Arts &c. [titre d'après la table]
La Societé des Arts differera jusqu'au retouf
de S. A. S Monseigneur le Comte de Clermont,
son Protecteur , l'Assemblée publique , qu'elle
devoit tenir immédiatement après la S. Martin
de cette année 1733. Elle avertit qu'à l'égard des
deux Prix qu'elle devoit distribuer dans la même
Assemblée , quoique dans les Memoires qui
ont concouru pour ces Prix , il y ait beaucoup
de choses aussi utiles que curieuses , et qui prouvent
le zele et la capacité de leurs Auteurs ,
elle n'y a trouvé neanmoins rien d'assez
nouveau ou d'assez bien developpé pour mériter
de remporrer les Prix proposez , et qu'ainsi
elle recevra encore jusques au premier
Mars 1734. non seulement les mêmes Memoires
augmentez ou éclaircis par des figures
exactes ( qui manquent à la plupart ) mais même
les Memoires nouveaux qui lui seront envoyez
, soit sur les Sujets compris dans le Programme
, soit sur d'autres Sujets , pourvû qu'ils
puissent contribuer à la perfection des Arts , et
qu'elle ne distribuera les Prix que dans l'Assemblée
d'après Pâques de l'année. 1734.
de S. A. S Monseigneur le Comte de Clermont,
son Protecteur , l'Assemblée publique , qu'elle
devoit tenir immédiatement après la S. Martin
de cette année 1733. Elle avertit qu'à l'égard des
deux Prix qu'elle devoit distribuer dans la même
Assemblée , quoique dans les Memoires qui
ont concouru pour ces Prix , il y ait beaucoup
de choses aussi utiles que curieuses , et qui prouvent
le zele et la capacité de leurs Auteurs ,
elle n'y a trouvé neanmoins rien d'assez
nouveau ou d'assez bien developpé pour mériter
de remporrer les Prix proposez , et qu'ainsi
elle recevra encore jusques au premier
Mars 1734. non seulement les mêmes Memoires
augmentez ou éclaircis par des figures
exactes ( qui manquent à la plupart ) mais même
les Memoires nouveaux qui lui seront envoyez
, soit sur les Sujets compris dans le Programme
, soit sur d'autres Sujets , pourvû qu'ils
puissent contribuer à la perfection des Arts , et
qu'elle ne distribuera les Prix que dans l'Assemblée
d'après Pâques de l'année. 1734.
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Résumé : Prix de la Sosieté [sic] des Arts &c. [titre d'après la table]
La Société des Arts a reporté l'assemblée publique prévue après la Saint-Martin 1733 en attendant le retour du Comte de Clermont, son protecteur. Les mémoires soumis pour les deux prix à attribuer contenaient des informations utiles mais manquaient de nouveauté ou de développement. La Société accepte de recevoir jusqu'au 1er mars 1734 les mêmes mémoires améliorés ou éclaircis par des figures exactes, ainsi que de nouveaux mémoires sur les sujets du programme ou d'autres sujets pertinents. Les prix seront distribués lors de l'assemblée suivant Pâques en 1734.
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23
p. 2704-2712
MANIFESTE du Primat de Pologne.
Début :
Les faux rapports répandus dans le Public, à l'occasion de ce qui s'est passé en Pologne [...]
Mots clefs :
Élection, Roi, République, Interrègne, Liberté, Diète de convocation, Serment, Royaume, Primat, Ministres, Nation, Stanislas Leszczynski, Ennemis, Conduite, Assemblée
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MANIFESTE du Primat de Pologne.
MANIFESTE du Primat de Pologne:
Es faux rapports répandus dans le Public , à
l'occasion de ce qui s'est passé en Pologne
pendant l'interregne , les insinuations injustes ,
et malicieuses dont les ennemis du repos de la
République ont tâché de noircir ma conduite ,
J. Vel.
DECEMBRE. 1733 2705
en m'accusant d'avoir gouverné le Royaume d'une
maniere affectée et interessé , ont arrêté la liberté
des suffrages et violé les droits sur lesquels cette
liberté est fondée , et la necessité enfin de faire
voir au Monde entier que nos ennemis par de
pareils procedez , n'ont eu et n'ont encore pour
but que de ruiner et renverser totalement les
droits , les prérogatives et la liberté de notre
chere Patrie , sont des motifs trop pressans , pour
que je differe plus long- temps à justifier ma
conduite , afin de convaincre tout l'Univers par
une narration succincte et sincere de ce qui s'est
passé avant et après l'Election , la fausseté de ce
qu'on a publié de contraire,
Mon premier soin , depuis la mort du Roy
Auguste, de glorieuse memoire , a été de concilier
et de réunir nos Freres , et j'eus le bonheur
d'y réussir . Je n'entrepris rien que
du consentement
et de l'aveu du Sénat et de la Noblesse encore
assemblée à l'occasion de la Diette extraor
dinaire, convoquée par le feu Roy; j'envoyai des
Ministres aux Cours voisines , je tins de fréquens
Conseils avec les Sénateurs et les Minis
tres des deux Nations ; je ne signai que ce qui
avoit été unanimement résolu ; je pris les mesu
res convenables avec les Régimentaires des deux
Nations pour assurer la sureté interieure et exte
rieure du Royaume et prévenir les inconvéniens
qui pourroient résulter des Assemblées particu
lieres et illicites ; en un mot , afin de n'avoir
rien à me reprocher , je communiquai tout à la
République et ne fis rien sans son approbation ,
quoiqu'en qualité de Primat j'usse pû m'en dis
penser en bien des choses.
Le jour de l'assemblée de la Diette de Convo
Cation étant yenu , je me contentai d'y represen
J. Vol.
2756 MERCURE DE FRANCE
ter le danger auquel le Royaume se trouvoit ex
posé , et je laissai à la prudence d'une Nation libre
le soin de le prévenir. Il y eut au commence
ment de cette Diette de grands débats pour l'E
Jection d'un Maréchal ; les esprits parurent fort
animez , ce qui dura quelques jours et retarda
l'expedition des affaires ; mais par mes soins et
ceux du Sénat , le calmne fut enfin rétabli ; on
élût le Maréchal , et la Noblesse se joignit ensui
te au Sénat ; en qualité de Primat j'écoutai les
avis des Nonces, et me conformai à ce qu'ils désiroient
et à ce qu'ils rejettoient. Le principal
objet de leur délibération regardoit la résolution
prise cy- devant, d'exclure du Trône tout Piaste;
ils ressenroient vivement l'injustice d'une telle
résolution ; ils voyoient , avec indignation , la
honte qui en résultoit à la Nation ; et afin de le
rendre plus efficace , on résolut de le confirmer
par un serment. Cette résolution passa aussi unanimement.
Il est vrai qu'il y a eu à ce sujet des
débats tres vifs , mais ils n'ont eu pour objet que
le formulaire du Serment , et non le Serment
même. Après qu'en qualité de Primat , j'eus
prêté ce Serment , par lequel non seulement
tout Erranger , mais aussi tous ceux qui posse
dent des Provinces Etrangeres , ou qui ont des
Troupes sur pied , qui ne sont pas nez de peres et
de meres Catholiques , sont exclus du Trône.
Les Evêques, Sénateurs et autres le prêterent après
moi , et le firent tous avec joie et sans la moindre
contrainte Les Evêques jurerent aussi qu'ils
m'empiéteroient point sur les Droits du Primat.
La République déclara ensuite ce Serment com
me une Loy fondamentale du Royaume. Oa
dressa quelques Constitutions , et on fixa le jour
pour la Diette d'Election, au lieu ordinaire, con
CI. Vol.
forDECEMBRE.
1733 2707
formément aux Droits ; c'est par là que finit la
Diette de Convocation.
En attendant ce jour important je m'abstins de
toute intrigue , préjudiciab.e à la République ,
et bien loin que je fusse porté par un amour
aveugle pour aucun particulier, l'évitai avec soin
d'entrer dans aucune faction , j'avoue cepen ant
que je souhaitois fort que le Serenissime Roy
Stanislas fut élevé au Trône; je l'en croyois tres
digne, et même plus qu'aucun autre , à cause de
ses éminentes qualitez ; mais je declare en même.
temps que quelque fussent mes souhaits , mon
obstination n'alloit pas jusqu'à le vouloir au
préjudice de la République. J'avois mis toute
ma confiance en Dieu ; c'est par son secours et
celui de la libre Nation Polonoise que j'esperois
voir finir les maux de la République par l'E
lection d'un Roy désiré.
On me fit des offres avantageuses , on me fir
même des menaces , mais je rejettai les premieres
et méprisai les autres ; je n'ai jamais voulų
donner les mains directement ni indirectement
à l'entrée de quelqu'Armée Etrangere. J'ai rejetté
constamment les Instances faites par les
Ministres des Puissances voisines, pour une exclusion
, parce que je voyois qu'elle n'avoit pour
but que leur interêt et leur utilité particuliere ,
et qu'une pareille exclusion ne pouvoit être que
deshonorable à la République et tendre à sa totale
ruine . Comme lesdites Puissances ne laissoient
pas de continuer leurs Instances à ce sujet
, je m'apperçûs bien- tôt qu'on avoit dessein
d'enfoncer le Poignard dans le sein de notre -
berté . J'écrivis pour cet effet au nom de la République
, representée par ceux que les deux Na-
Lions avoient nommés à la Diette de Convoca-
I. Vol. tion
2708 MERCURE DE FRANCE
tion , pour me servir de conseil , à toutes le
Cours de l'Europe , pour les prier de ne pas per
mettre qu'on opprimâ: la Répub ique , d'envoir
des Ministres à S. M 1. et à l'Illustrissime Czarine
pour leur representer que nout ctions une
Nution libre que nous ne dépen tions de personne
, que nous ne permettrions jamais qu'on
donna: Pexclusion , les pliant de se désister de
leurs Instances à ce sujet , et de ne pas se mêlet
de notre Election qui ne dépend que de nous
seuls .
Le jour de l'ouverture de la Diette d'Election
étant venu , je n'eus en vue que l'exacte exécution
des Loix établies dans la Diette de Convocation
, en ce qui regarde l'Election et le maintien
inviolable de la liberté de la Patrie , les commencemens
de cette Diette furent fort paisibles,
et le Maréchal fut élû en peu de jours ; mais cette
tranquilité ne , dura guere ; les esprits s'échaufferent
à la nouvelle de l'entrée des Russiens
dans le Royaume , certifiée et affirmée par le
Chancelier et Régimentaire de Lithuanie toute
l'Assemblée en fut troublée , on fut surpris de
la conduite du Régimentaire en cette occasion ,
et après plusieurs Discours qui ne pouvoient lui
être agréables , on résolut de ne rien négliger
pour découvrir ceux qui avoient appellé les Russiens
dans le Royaume .
·
La peur ayant saisi le Régimentaire , apparemment
par un remords de conscience , il quitta
le Champ Electoral, sans faire aucune protes-
Lation et se retira à Praage,
-On lui envoya des Députez pour demander la
cause de sa Retraite ; sa réponse fut que sa Retraite
ne troubleroit en aucune maniere l'Elec
tion .
I. Vol. Peu
DECEMBRE . 1733. 2709
Peu de jours après, les Etats dresserent un Manifeste
contre ceux qui avoient appellé les Kussiens
dans le Royaume. Nous résolumes là - dessus
de proceder incessament à l'Election ,
selon
la teneur de la Constitution de la Diette de Convocation
, qui porte que l'Election se feroit dans
le terme le plus court qu'il seroit possible , mais
qu'au cas qu'elle ne se pût faire si- tôt qu'on le
souhaiteroit , la Diette ne dureroit neanmoins
que six semaines.
·
Avant que de proceder à l'Acte d'Election je
parcourus , à Cheval , selon le Cérémonial , les
Palatinats , les Starosties et les Districts assemblez
, pour
leur demander quel Roy ils souhaitoient
, et pour leur notifier en même temps
que la Proclamation se feroit le lendemain . Pendant
que j'en faisois le tour , on n'entendit
crier par tout que Vive le Roy Stanislas. Je conviens
cependant qu'il paroissoit qu'il y en avoit
quelques- uns qui y étoient contraires , ceux - cy
se retirreent dans leurs Quartiers, apparemment
pour y dresser le Niepozvalam.
Le lendemain j'achevai le tour des Palatinats , *
Starosties et Districts , je fus obligé dele faire à
pied , mon Cheval étant devenu ombrageux
par les cris réiterez de Vive le Roy Stanislas . Ces
cris se redoublerent avec tant de zéle que je ne
pus m'empêcher de me conformer aux pressantes
Instances de l'Assemblée , et de proceder incessamment
à la nomination du Roy ; mais
avant que de le faire, je déclarai absens ceux qui
s'étoient rendus à Praage ; et comme il ne paroissoit
personne pour contre- dire , car les uns se
tûrent , les autres partirent pour leurs Terres .
parmi ces derniers , le Staroste Opoczynski
1. Vol. ᏗᏤ gu
H
2710 MERCURE DE FRANCE
qui m'assura par une Lettre , qu'il s'étoit retiré
sans contradiction .
Je procedai , en vertu de ma Charge , à la no
mination du Roy , mais je fus interrompu park:
S.Kamienski, Capitaine du District de Krziemit,
dans le Palatinat de Vobhinie , qui me présenta
son Niepozwalam , ce qui m'obligea à garder k
silence pendant quelque temps , jusqu'à ce que
s'étant enfin désisté de sa contradiction , je pro
clamé le Serenissime Roy Stanislas , à present
regnant , sans aucune opposition , dont Dieu ,
qui connoît ce qu'il y a de plus caché dans nos
coeurs , est le témoin , ainsi que le Peuple , con
sistant en plus de 100 Enseignes , et criant una
nimement et sans cesse ; Vive le Roy Stanislas,
Je regarde comme un bonheur particulier d'
voir proclamé pour Roy , celui que des Nation
envieuses ont voulu exclure du Trône ; car
elles avoient réussi dans leur dessein , c'éto
fait à jamais de notre liberté , on nous auro
toujours forcé à élire un Roy à leur gré.
Voilà le récit sincere et veritable de tout
qui s'est passé à l'égard de l'Election de not
Roy , cependant , quelqu'unanime et légitin
qu'ait été cette Election , il se trouve de fau
Freres qui la révoquent en doute ; ils osent avar
cer qu'elle n'a été faite qu'en violant la liberté
et par là , ainsi que par toute la conduite qu'i
ont tenue depuis leur retraite à Praage , ils for
voir évidemment qu'ils ont appellé les Russier
dans le Royaume , ce qui les rend coupables e
tant de sang innocent qui sera peut- être vers
Mais supposé qu'il se soit trouvé quelques Pa
sonnes d'un sentiment opposé , le nombre e
étoit tres- petit , et elles n'ont paru que le jo
I.Vel
.qu'o
DECEMBRE. 1732. 2711
qu'on annonçoit au Peuple la prochaine Election
fixée au lendemain , et non le jour de la nomination
du Roy , qui , selon les Loix ou l'usage
ne se fait jamais à Cheval , mais dans les Tran
chées ou Quartiers préparez pour cet effet , et
où il étoit libre encore à ceux qui vouloient contredire
, d'exhiber leur Niepozvalam.
Les Ennemis du Roy voulant exécuter les pernicieux
desseins qu'ils avoient tramez à Praage ,
allérent joindre les Russiens , et formérent entr'eux
une prétendue République, ou, pour mieux
dire ,un Complot tumultueux de gens qui s'é
tant déclarez eux - mêmes Ennemis de la Patrie ,
en conséquence du Manifeste qu'ils avoient signé
, ne cherchent qu'à renverser la liberté , en
opprimant la veritable et innocente République.
Ce qu'il y a de plus déplorable , c'est qu'il se
trouve parmi eux des Apôtres du Seigneur , des
Evêques , qui comme Judas , trahissent leur propre
Mere , c'est- à- dire , leur Patrie. Ce sont ces.
Evêques qui coupables d'un triple parjure endure
cissent encore davantage les coeurs des Seigneurs
séculiers , en autorisant leur témérité ,
en leur faisant accroire qu'elle est juste et per
mise.
Les Opposans retournerent enfin à Praage ; Ils,
s'imaginoient que pourvu qu'ils pûssent proceder
à une nouvelle Election avant l'échéance des
six semaines que la Diette pouvoit durer , cette
Election seroit légitime ; mais ce terme n'ayant
point été établi comme une Loy , mais comme
une prolongation , au cas qu'on ne pût parvenir
plutôt à une Election , ne peut être regardé que
comme une chimere , puisque l'Election avoit
Jéja été faite légitimement et selon les Loix. Ils
crurent aussi que s'ils pouvoient se rendre sur
1
No I. Vol.
le Hij
2712 MERCURE DE FRANCE
le Champ Electoral , entre Varsovie et Vvola ,
leur Election seroit plus valide ; ils firent tous les
efforts imaginables , mais inutiles , afin d'y parvenir,
employant pour cet effet le fer et le feu.
Pendant ce temps-là on découvrit que les Ministres
de Russie et de Saxe entretenoient une
correspondance avec les Opposans; le Régimentaire
résolut là - dessus de les faire sortir de Varsovie,
et de les attaquer, en cas de refus , ce qu'il
fit , les Ministres Etrangers ne doivent jouir des
prérogatives du Droit des Gens , qu'aussi long.
temps qu'ils observent eux- mêmes les Loix qui
y sont attachéts.
Enfin les Opposans voyant qu'ils ne pouvoient
passer la Vistule , se retirerent dans un Bois , y
dressérent une espece de Kolo , et élurent un
Roy , mais quel Roy ? Un Etranger , un Prince
qui possede des Provinces hors du Royaume , et
qui a des Troupes sur pied , un Prince né d'une
Mere Luthérienne , un Prince enfin qui veut employer
ses Troupes pour réduire une Nation libre
, à une obéissance aveugle. Grand Dieu , à
quoi servent les Constitutions établies dans la
Diette de Convocation ? A quoi sert le serment
qu'on y a prêté ? A quoi sert cette Confédéra¬
tion si solemnelle, pour n'élire qu'un Piaste? &c.
Fait à Dantzick , le 10 Octobre 1733 .
Es faux rapports répandus dans le Public , à
l'occasion de ce qui s'est passé en Pologne
pendant l'interregne , les insinuations injustes ,
et malicieuses dont les ennemis du repos de la
République ont tâché de noircir ma conduite ,
J. Vel.
DECEMBRE. 1733 2705
en m'accusant d'avoir gouverné le Royaume d'une
maniere affectée et interessé , ont arrêté la liberté
des suffrages et violé les droits sur lesquels cette
liberté est fondée , et la necessité enfin de faire
voir au Monde entier que nos ennemis par de
pareils procedez , n'ont eu et n'ont encore pour
but que de ruiner et renverser totalement les
droits , les prérogatives et la liberté de notre
chere Patrie , sont des motifs trop pressans , pour
que je differe plus long- temps à justifier ma
conduite , afin de convaincre tout l'Univers par
une narration succincte et sincere de ce qui s'est
passé avant et après l'Election , la fausseté de ce
qu'on a publié de contraire,
Mon premier soin , depuis la mort du Roy
Auguste, de glorieuse memoire , a été de concilier
et de réunir nos Freres , et j'eus le bonheur
d'y réussir . Je n'entrepris rien que
du consentement
et de l'aveu du Sénat et de la Noblesse encore
assemblée à l'occasion de la Diette extraor
dinaire, convoquée par le feu Roy; j'envoyai des
Ministres aux Cours voisines , je tins de fréquens
Conseils avec les Sénateurs et les Minis
tres des deux Nations ; je ne signai que ce qui
avoit été unanimement résolu ; je pris les mesu
res convenables avec les Régimentaires des deux
Nations pour assurer la sureté interieure et exte
rieure du Royaume et prévenir les inconvéniens
qui pourroient résulter des Assemblées particu
lieres et illicites ; en un mot , afin de n'avoir
rien à me reprocher , je communiquai tout à la
République et ne fis rien sans son approbation ,
quoiqu'en qualité de Primat j'usse pû m'en dis
penser en bien des choses.
Le jour de l'assemblée de la Diette de Convo
Cation étant yenu , je me contentai d'y represen
J. Vol.
2756 MERCURE DE FRANCE
ter le danger auquel le Royaume se trouvoit ex
posé , et je laissai à la prudence d'une Nation libre
le soin de le prévenir. Il y eut au commence
ment de cette Diette de grands débats pour l'E
Jection d'un Maréchal ; les esprits parurent fort
animez , ce qui dura quelques jours et retarda
l'expedition des affaires ; mais par mes soins et
ceux du Sénat , le calmne fut enfin rétabli ; on
élût le Maréchal , et la Noblesse se joignit ensui
te au Sénat ; en qualité de Primat j'écoutai les
avis des Nonces, et me conformai à ce qu'ils désiroient
et à ce qu'ils rejettoient. Le principal
objet de leur délibération regardoit la résolution
prise cy- devant, d'exclure du Trône tout Piaste;
ils ressenroient vivement l'injustice d'une telle
résolution ; ils voyoient , avec indignation , la
honte qui en résultoit à la Nation ; et afin de le
rendre plus efficace , on résolut de le confirmer
par un serment. Cette résolution passa aussi unanimement.
Il est vrai qu'il y a eu à ce sujet des
débats tres vifs , mais ils n'ont eu pour objet que
le formulaire du Serment , et non le Serment
même. Après qu'en qualité de Primat , j'eus
prêté ce Serment , par lequel non seulement
tout Erranger , mais aussi tous ceux qui posse
dent des Provinces Etrangeres , ou qui ont des
Troupes sur pied , qui ne sont pas nez de peres et
de meres Catholiques , sont exclus du Trône.
Les Evêques, Sénateurs et autres le prêterent après
moi , et le firent tous avec joie et sans la moindre
contrainte Les Evêques jurerent aussi qu'ils
m'empiéteroient point sur les Droits du Primat.
La République déclara ensuite ce Serment com
me une Loy fondamentale du Royaume. Oa
dressa quelques Constitutions , et on fixa le jour
pour la Diette d'Election, au lieu ordinaire, con
CI. Vol.
forDECEMBRE.
1733 2707
formément aux Droits ; c'est par là que finit la
Diette de Convocation.
En attendant ce jour important je m'abstins de
toute intrigue , préjudiciab.e à la République ,
et bien loin que je fusse porté par un amour
aveugle pour aucun particulier, l'évitai avec soin
d'entrer dans aucune faction , j'avoue cepen ant
que je souhaitois fort que le Serenissime Roy
Stanislas fut élevé au Trône; je l'en croyois tres
digne, et même plus qu'aucun autre , à cause de
ses éminentes qualitez ; mais je declare en même.
temps que quelque fussent mes souhaits , mon
obstination n'alloit pas jusqu'à le vouloir au
préjudice de la République. J'avois mis toute
ma confiance en Dieu ; c'est par son secours et
celui de la libre Nation Polonoise que j'esperois
voir finir les maux de la République par l'E
lection d'un Roy désiré.
On me fit des offres avantageuses , on me fir
même des menaces , mais je rejettai les premieres
et méprisai les autres ; je n'ai jamais voulų
donner les mains directement ni indirectement
à l'entrée de quelqu'Armée Etrangere. J'ai rejetté
constamment les Instances faites par les
Ministres des Puissances voisines, pour une exclusion
, parce que je voyois qu'elle n'avoit pour
but que leur interêt et leur utilité particuliere ,
et qu'une pareille exclusion ne pouvoit être que
deshonorable à la République et tendre à sa totale
ruine . Comme lesdites Puissances ne laissoient
pas de continuer leurs Instances à ce sujet
, je m'apperçûs bien- tôt qu'on avoit dessein
d'enfoncer le Poignard dans le sein de notre -
berté . J'écrivis pour cet effet au nom de la République
, representée par ceux que les deux Na-
Lions avoient nommés à la Diette de Convoca-
I. Vol. tion
2708 MERCURE DE FRANCE
tion , pour me servir de conseil , à toutes le
Cours de l'Europe , pour les prier de ne pas per
mettre qu'on opprimâ: la Répub ique , d'envoir
des Ministres à S. M 1. et à l'Illustrissime Czarine
pour leur representer que nout ctions une
Nution libre que nous ne dépen tions de personne
, que nous ne permettrions jamais qu'on
donna: Pexclusion , les pliant de se désister de
leurs Instances à ce sujet , et de ne pas se mêlet
de notre Election qui ne dépend que de nous
seuls .
Le jour de l'ouverture de la Diette d'Election
étant venu , je n'eus en vue que l'exacte exécution
des Loix établies dans la Diette de Convocation
, en ce qui regarde l'Election et le maintien
inviolable de la liberté de la Patrie , les commencemens
de cette Diette furent fort paisibles,
et le Maréchal fut élû en peu de jours ; mais cette
tranquilité ne , dura guere ; les esprits s'échaufferent
à la nouvelle de l'entrée des Russiens
dans le Royaume , certifiée et affirmée par le
Chancelier et Régimentaire de Lithuanie toute
l'Assemblée en fut troublée , on fut surpris de
la conduite du Régimentaire en cette occasion ,
et après plusieurs Discours qui ne pouvoient lui
être agréables , on résolut de ne rien négliger
pour découvrir ceux qui avoient appellé les Russiens
dans le Royaume .
·
La peur ayant saisi le Régimentaire , apparemment
par un remords de conscience , il quitta
le Champ Electoral, sans faire aucune protes-
Lation et se retira à Praage,
-On lui envoya des Députez pour demander la
cause de sa Retraite ; sa réponse fut que sa Retraite
ne troubleroit en aucune maniere l'Elec
tion .
I. Vol. Peu
DECEMBRE . 1733. 2709
Peu de jours après, les Etats dresserent un Manifeste
contre ceux qui avoient appellé les Kussiens
dans le Royaume. Nous résolumes là - dessus
de proceder incessament à l'Election ,
selon
la teneur de la Constitution de la Diette de Convocation
, qui porte que l'Election se feroit dans
le terme le plus court qu'il seroit possible , mais
qu'au cas qu'elle ne se pût faire si- tôt qu'on le
souhaiteroit , la Diette ne dureroit neanmoins
que six semaines.
·
Avant que de proceder à l'Acte d'Election je
parcourus , à Cheval , selon le Cérémonial , les
Palatinats , les Starosties et les Districts assemblez
, pour
leur demander quel Roy ils souhaitoient
, et pour leur notifier en même temps
que la Proclamation se feroit le lendemain . Pendant
que j'en faisois le tour , on n'entendit
crier par tout que Vive le Roy Stanislas. Je conviens
cependant qu'il paroissoit qu'il y en avoit
quelques- uns qui y étoient contraires , ceux - cy
se retirreent dans leurs Quartiers, apparemment
pour y dresser le Niepozvalam.
Le lendemain j'achevai le tour des Palatinats , *
Starosties et Districts , je fus obligé dele faire à
pied , mon Cheval étant devenu ombrageux
par les cris réiterez de Vive le Roy Stanislas . Ces
cris se redoublerent avec tant de zéle que je ne
pus m'empêcher de me conformer aux pressantes
Instances de l'Assemblée , et de proceder incessamment
à la nomination du Roy ; mais
avant que de le faire, je déclarai absens ceux qui
s'étoient rendus à Praage ; et comme il ne paroissoit
personne pour contre- dire , car les uns se
tûrent , les autres partirent pour leurs Terres .
parmi ces derniers , le Staroste Opoczynski
1. Vol. ᏗᏤ gu
H
2710 MERCURE DE FRANCE
qui m'assura par une Lettre , qu'il s'étoit retiré
sans contradiction .
Je procedai , en vertu de ma Charge , à la no
mination du Roy , mais je fus interrompu park:
S.Kamienski, Capitaine du District de Krziemit,
dans le Palatinat de Vobhinie , qui me présenta
son Niepozwalam , ce qui m'obligea à garder k
silence pendant quelque temps , jusqu'à ce que
s'étant enfin désisté de sa contradiction , je pro
clamé le Serenissime Roy Stanislas , à present
regnant , sans aucune opposition , dont Dieu ,
qui connoît ce qu'il y a de plus caché dans nos
coeurs , est le témoin , ainsi que le Peuple , con
sistant en plus de 100 Enseignes , et criant una
nimement et sans cesse ; Vive le Roy Stanislas,
Je regarde comme un bonheur particulier d'
voir proclamé pour Roy , celui que des Nation
envieuses ont voulu exclure du Trône ; car
elles avoient réussi dans leur dessein , c'éto
fait à jamais de notre liberté , on nous auro
toujours forcé à élire un Roy à leur gré.
Voilà le récit sincere et veritable de tout
qui s'est passé à l'égard de l'Election de not
Roy , cependant , quelqu'unanime et légitin
qu'ait été cette Election , il se trouve de fau
Freres qui la révoquent en doute ; ils osent avar
cer qu'elle n'a été faite qu'en violant la liberté
et par là , ainsi que par toute la conduite qu'i
ont tenue depuis leur retraite à Praage , ils for
voir évidemment qu'ils ont appellé les Russier
dans le Royaume , ce qui les rend coupables e
tant de sang innocent qui sera peut- être vers
Mais supposé qu'il se soit trouvé quelques Pa
sonnes d'un sentiment opposé , le nombre e
étoit tres- petit , et elles n'ont paru que le jo
I.Vel
.qu'o
DECEMBRE. 1732. 2711
qu'on annonçoit au Peuple la prochaine Election
fixée au lendemain , et non le jour de la nomination
du Roy , qui , selon les Loix ou l'usage
ne se fait jamais à Cheval , mais dans les Tran
chées ou Quartiers préparez pour cet effet , et
où il étoit libre encore à ceux qui vouloient contredire
, d'exhiber leur Niepozvalam.
Les Ennemis du Roy voulant exécuter les pernicieux
desseins qu'ils avoient tramez à Praage ,
allérent joindre les Russiens , et formérent entr'eux
une prétendue République, ou, pour mieux
dire ,un Complot tumultueux de gens qui s'é
tant déclarez eux - mêmes Ennemis de la Patrie ,
en conséquence du Manifeste qu'ils avoient signé
, ne cherchent qu'à renverser la liberté , en
opprimant la veritable et innocente République.
Ce qu'il y a de plus déplorable , c'est qu'il se
trouve parmi eux des Apôtres du Seigneur , des
Evêques , qui comme Judas , trahissent leur propre
Mere , c'est- à- dire , leur Patrie. Ce sont ces.
Evêques qui coupables d'un triple parjure endure
cissent encore davantage les coeurs des Seigneurs
séculiers , en autorisant leur témérité ,
en leur faisant accroire qu'elle est juste et per
mise.
Les Opposans retournerent enfin à Praage ; Ils,
s'imaginoient que pourvu qu'ils pûssent proceder
à une nouvelle Election avant l'échéance des
six semaines que la Diette pouvoit durer , cette
Election seroit légitime ; mais ce terme n'ayant
point été établi comme une Loy , mais comme
une prolongation , au cas qu'on ne pût parvenir
plutôt à une Election , ne peut être regardé que
comme une chimere , puisque l'Election avoit
Jéja été faite légitimement et selon les Loix. Ils
crurent aussi que s'ils pouvoient se rendre sur
1
No I. Vol.
le Hij
2712 MERCURE DE FRANCE
le Champ Electoral , entre Varsovie et Vvola ,
leur Election seroit plus valide ; ils firent tous les
efforts imaginables , mais inutiles , afin d'y parvenir,
employant pour cet effet le fer et le feu.
Pendant ce temps-là on découvrit que les Ministres
de Russie et de Saxe entretenoient une
correspondance avec les Opposans; le Régimentaire
résolut là - dessus de les faire sortir de Varsovie,
et de les attaquer, en cas de refus , ce qu'il
fit , les Ministres Etrangers ne doivent jouir des
prérogatives du Droit des Gens , qu'aussi long.
temps qu'ils observent eux- mêmes les Loix qui
y sont attachéts.
Enfin les Opposans voyant qu'ils ne pouvoient
passer la Vistule , se retirerent dans un Bois , y
dressérent une espece de Kolo , et élurent un
Roy , mais quel Roy ? Un Etranger , un Prince
qui possede des Provinces hors du Royaume , et
qui a des Troupes sur pied , un Prince né d'une
Mere Luthérienne , un Prince enfin qui veut employer
ses Troupes pour réduire une Nation libre
, à une obéissance aveugle. Grand Dieu , à
quoi servent les Constitutions établies dans la
Diette de Convocation ? A quoi sert le serment
qu'on y a prêté ? A quoi sert cette Confédéra¬
tion si solemnelle, pour n'élire qu'un Piaste? &c.
Fait à Dantzick , le 10 Octobre 1733 .
Fermer
Résumé : MANIFESTE du Primat de Pologne.
En décembre 1733, le Primat de Pologne publie un manifeste pour répondre aux accusations portées contre lui concernant sa conduite pendant l'interrègne. L'auteur, J. Vel., réfute les insinuations selon lesquelles il aurait gouverné de manière intéressée et violé les droits de la République. Il affirme avoir agi dans l'intérêt du royaume, en conciliant les frères et en prenant des mesures avec l'approbation du Sénat et de la Noblesse. Il mentionne avoir envoyé des ministres aux cours voisines et avoir pris des mesures pour assurer la sécurité intérieure et extérieure du royaume. Le Primat décrit les événements entourant l'élection du roi, soulignant les débats initiaux et les efforts pour rétablir le calme. Il précise avoir écouté les avis des nonces et s'être conformé à leurs désirs. La principale résolution prise fut l'exclusion des Piastes du trône, confirmée par un serment. Il déclare avoir souhaité l'élection de Stanislas, mais sans préjudice pour la République. Il rejette les offres et menaces des puissances étrangères visant à influencer l'élection. Le manifeste détaille les actions entreprises pour maintenir la liberté de la Pologne et la légitimité de l'élection de Stanislas. Il mentionne les tentatives des opposants de contester l'élection et leur alliance avec les Russiens. Le Primat conclut en affirmant la légitimité de l'élection de Stanislas et en dénonçant les actions des opposants, qu'il qualifie de traîtres à la patrie. Un autre document, daté du 10 octobre 1733 et rédigé à Dantzick, dénonce un prince possédant des provinces en dehors du Royaume et ayant des troupes armées. Ce prince, né d'une mère luthérienne, souhaite utiliser ses troupes pour soumettre une nation libre à une obéissance aveugle. Le texte s'interroge sur l'utilité des constitutions établies lors de la Diète de Convocation, du serment prêté et de la solennelle confédération, qui semblent n'avoir servi qu'à élire un Piaste.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
24
p. 934-936
Assemblées publiques des Académies des Sciences et Belles-Lettres, [titre d'après la table]
Début :
Le Mercredi 5. Mai l'Académie Royale des Sciences tint son Assemblée publique, à laquelle [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Académie royale des inscriptions et belles-lettres, Assemblée, Séance, Mémoire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Assemblées publiques des Académies des Sciences et Belles-Lettres, [titre d'après la table]
Le Mercredi 5. Mai l'Académie Royale des
Sciences tint son Assemblée publique , à laquelle
IAbbé Bignon présida.
M. de Fontenelle ouvrit la séance par la lecture
du Jugement de l'Académie , sur les Piéces
envoyées pour le Prix double de cette année qui
étoit de sooo. livres , à cause qu'il ne fut point
donné en 1732. Il déclara que ce Prix avoit été
accordé par égale portion à deux Piéces dont les
Auteurs sont M. Jean Bernoulli , Professeur de
Mathematiques à Bafle , et M. Nicolas Bernoulli
son Fils ,qui vient de quitter la place de Professeur
de Mathematiques de Petersbourg.
Ensuite M. d'Onz- en- Brai- lut la Description
et les usages d'une Machine qui marque continuellement
sur un papier ; non - seulement les
vents qu'il a fait , et à quelle heure chacun a
commencé et fini , mais aussi leurs differentes.
vitesses, ou forces relatives .
M. de Reaumur lut après cela un Memoire sur
les congellations.
M. Morand lut une Dissertation sur les pores
de toutes les parties interieures du corps humain ..
M. Duhamel finit la séance par la lecture d'un
Memoire qui contient les differentes tentatives
qu'il a faites , et un de ses Amis , aussi - bien que
M. Grosse , chacun separément , pour découvrir
une liqueur que les Chimistes appellent liqueur
Etherée ; il finit ce Memoire en rapportant plusieurs
manieres sûres dont M. Grosse se sert
pour trouver cette liqueur.
On donnera des Extraits de tous ces Memoires.
L&
MAY 1734.
935
Le Vendredi 7. Mai l'Académie Royale des
Inscriptions et des BellesLettres,tint aussi une Assemblée
publique ; M. le Cardinal de Polignac y
présida. M. de Boze, Secretaire perpetuel , décla
ra d'abord que la Piéce composée par l'Abbé le
Boeuf, sur le Sujet proposé par l'Académie dans
l'Assemblée du 14. d'Avril 1733. avoit remporté
le Prix . Cet Abbé present à l'Assemblée s'avança
et eut l'honneur de recevoir des mains de S. É .
une très - belle Medaille d'or , de la valeur de 400.
livres . La Tête du Roi couronnée de Laurier ,
avec la Legende ordinaire : LUDOVICUS REX
CHRISTIANISSIMUS , paroît d'un côté sur cette
Medaille , et sur le Revers on lit cette Inscription
dans une Couronne de Laurier : PRÆMIUM
IN REGIA INSCRIPTIONUM ET HUMANIORUM
LITTERARUM ACADEMIA CONSTITUTUM. ANNO
M. DCC. XXXIII.
>
M. l'Abbé le Boeuf qui a remporté ce Prix
étoit déja connu des Gens de Lettres par plusieurs
Ecrits sur les Antiquités , la Géographie , et
P'Histoire de France , et par la grande connoissance
qu'il a des anciens Monumens.
M. de Boze ouvrit la séance par un très-bel
éloge de feu M. de Gondrin Dantin , Evêque et
Duc de Langres , Académicien honoraire .
M. l'Abbé Banier lut ensuite une Dissertation
sur l'étude de fa Mythologie.
M. l'Abbé Sallier lut un Discours Historique
et Critique sur les Poësies de Charles Duc d'Orleans
, sous le Regne du Roi Charles VII . dont
le Recueil est manuscrit dans la Bibliotheque de
S. M.
M. Fourmont l'aîné parla ensuite sur les Annales
Chinoises , de leur ancienneté , de leur autenticité,
et de leur conservation.
E iiij M.
936
MERCURE DE FRANCE
M. l'Abbé Souchay termina la séance par la
lecture qu'il fit de ses recherches Historiques sur
Mecenas.
Un peu avant l'ouverture on avoit distribué
le Programe suivant.
Sciences tint son Assemblée publique , à laquelle
IAbbé Bignon présida.
M. de Fontenelle ouvrit la séance par la lecture
du Jugement de l'Académie , sur les Piéces
envoyées pour le Prix double de cette année qui
étoit de sooo. livres , à cause qu'il ne fut point
donné en 1732. Il déclara que ce Prix avoit été
accordé par égale portion à deux Piéces dont les
Auteurs sont M. Jean Bernoulli , Professeur de
Mathematiques à Bafle , et M. Nicolas Bernoulli
son Fils ,qui vient de quitter la place de Professeur
de Mathematiques de Petersbourg.
Ensuite M. d'Onz- en- Brai- lut la Description
et les usages d'une Machine qui marque continuellement
sur un papier ; non - seulement les
vents qu'il a fait , et à quelle heure chacun a
commencé et fini , mais aussi leurs differentes.
vitesses, ou forces relatives .
M. de Reaumur lut après cela un Memoire sur
les congellations.
M. Morand lut une Dissertation sur les pores
de toutes les parties interieures du corps humain ..
M. Duhamel finit la séance par la lecture d'un
Memoire qui contient les differentes tentatives
qu'il a faites , et un de ses Amis , aussi - bien que
M. Grosse , chacun separément , pour découvrir
une liqueur que les Chimistes appellent liqueur
Etherée ; il finit ce Memoire en rapportant plusieurs
manieres sûres dont M. Grosse se sert
pour trouver cette liqueur.
On donnera des Extraits de tous ces Memoires.
L&
MAY 1734.
935
Le Vendredi 7. Mai l'Académie Royale des
Inscriptions et des BellesLettres,tint aussi une Assemblée
publique ; M. le Cardinal de Polignac y
présida. M. de Boze, Secretaire perpetuel , décla
ra d'abord que la Piéce composée par l'Abbé le
Boeuf, sur le Sujet proposé par l'Académie dans
l'Assemblée du 14. d'Avril 1733. avoit remporté
le Prix . Cet Abbé present à l'Assemblée s'avança
et eut l'honneur de recevoir des mains de S. É .
une très - belle Medaille d'or , de la valeur de 400.
livres . La Tête du Roi couronnée de Laurier ,
avec la Legende ordinaire : LUDOVICUS REX
CHRISTIANISSIMUS , paroît d'un côté sur cette
Medaille , et sur le Revers on lit cette Inscription
dans une Couronne de Laurier : PRÆMIUM
IN REGIA INSCRIPTIONUM ET HUMANIORUM
LITTERARUM ACADEMIA CONSTITUTUM. ANNO
M. DCC. XXXIII.
>
M. l'Abbé le Boeuf qui a remporté ce Prix
étoit déja connu des Gens de Lettres par plusieurs
Ecrits sur les Antiquités , la Géographie , et
P'Histoire de France , et par la grande connoissance
qu'il a des anciens Monumens.
M. de Boze ouvrit la séance par un très-bel
éloge de feu M. de Gondrin Dantin , Evêque et
Duc de Langres , Académicien honoraire .
M. l'Abbé Banier lut ensuite une Dissertation
sur l'étude de fa Mythologie.
M. l'Abbé Sallier lut un Discours Historique
et Critique sur les Poësies de Charles Duc d'Orleans
, sous le Regne du Roi Charles VII . dont
le Recueil est manuscrit dans la Bibliotheque de
S. M.
M. Fourmont l'aîné parla ensuite sur les Annales
Chinoises , de leur ancienneté , de leur autenticité,
et de leur conservation.
E iiij M.
936
MERCURE DE FRANCE
M. l'Abbé Souchay termina la séance par la
lecture qu'il fit de ses recherches Historiques sur
Mecenas.
Un peu avant l'ouverture on avoit distribué
le Programe suivant.
Fermer
Résumé : Assemblées publiques des Académies des Sciences et Belles-Lettres, [titre d'après la table]
Le 5 mai 1734, l'Académie Royale des Sciences tint une assemblée publique présidée par l'Abbé Bignon. M. de Fontenelle annonça l'attribution du prix double de 5000 livres à deux œuvres : celle de M. Jean Bernoulli, professeur de mathématiques à Bâle, et celle de son fils M. Nicolas Bernoulli, ancien professeur à Petersbourg. M. d'Onz-en-Brai décrivit une machine enregistrant les vents, leurs vitesses et durées. M. de Reaumur présenta un mémoire sur les congélations, M. Morand discuta des pores des parties internes du corps humain, et M. Duhamel rapporta des tentatives pour découvrir la liqueur éthérée, avec l'aide de M. Grosse. Le 7 mai 1734, l'Académie Royale des Inscriptions et des Belles-Lettres organisa également une assemblée publique, présidée par le Cardinal de Polignac. M. de Boze annonça que l'Abbé le Boeuf avait remporté le prix pour une pièce sur un sujet proposé en avril 1733, recevant une médaille d'or de 400 livres. L'Abbé le Boeuf était reconnu pour ses écrits sur les antiquités, la géographie et l'histoire de France. M. de Boze rendit hommage à M. de Gondrin Dantin, évêque de Langres. L'Abbé Banier parla de la mythologie, l'Abbé Sallier des poésies de Charles d'Orléans, M. Fourmont des annales chinoises, et l'Abbé Souchay des recherches historiques sur Mécène.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
25
p. 181-191
ALLEMAGNE.
Début :
Toute la Prusse est actuellement au pouvoir des troupes Russiennes. [...]
Mots clefs :
Königsberg, Russes, Garnison, Armée, Soldats, Mouvements des troupes, Leipzig, Assemblée, Députés, Paiements, Taxes, Exécutions, Déserteurs, Marchands, Magistrats, Maréchaux, Comtes, Vienne, Prince Charles de Lorraine, Prisonniers, Enrôlement, Officiers, Ennemis, Attaques, Hambourg, Roi de Prusse, Marquis, Camp d'Hamelen, Combats, Capitulation, Comtes, Hanovre, Prague, Impératrice-Reine, Actions militaires
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE KONIGSBERG , le 13 Février.
Toute la Pruffe eft actuellement au pouvoir des
troupes Ruffiennes. En entrant fur le territoire
d'Elbing , elles ont pris environ quarante foldats
qui occupoient un petit Fort. La garnifon que le
Général Fermer a laiffée ici eft de fix mille hom-'
mes , infanterie & cavalerie. Les Cofaques de fon
armée obfervent la même difcipline que les troupes
nationales , & font traités en conféquence fur
le pied de troupes régulieres.
On affure qu'avant un mois , l'armée Ruffienne
fera forte au moins de quatre-vingts mille hommes
, & qu'il en marchera la moitié vers la Siléſie .
Le corps du Général Fermer eft en pleine marche
pour fe rendre dans la Poméranie.
•
Konigsberg vient d'être impofée par les Ruffiens
à une contribution de cinquante mille écus. Les
Commiffaires de l'Impératrice font de grands amas
de vivres à Kowno , pour y établir un magazin
capable de faire fubfifter un corps de quarante
mille hommes.
L'armée Ruffienne eft en mouvement pour
s'approcher de la Viftule. Le Major général Stolfen
eft entré le 11 dans Marienwerder avec un
détachement de trois cens hommes.
、
On ne peut qu'admirer la modération des Ruf
182 MERCURE DE FRANCE
fiens dans toute leur conduite à notre égard. Cea
pendant on a toujours lieu de craindre que les
violences exercées en Saxe , ne les forcent enfin
d'en venir à de fâcheufes repréfailles.
DE LEIPSICK , le 25 Février.
Les Etats des Cercles de Saxe font toujours af
femblés ici . Le 16 de Février , M. de Borck ,
Miniftre du Roi de Pruffe , propofa de la part de
fon Maître , aux Députés des Cercles , de remettre
aux Etats l'adminiftration des revenus de l'Electorat
, à condition 1º . de payer au Roi de
Pruffe la fomme de fix millions d'écus , y com
pris le produit des domaines & de l'accife géné
male , ou celle de quatre millions & demi , fans ces
deux branches des revenus ; 2º, de donner encore
en portions & rations la valeur de cent mille écus
par mois , pour l'entretien des troupes Pruffiennes
qui font en Saxe ; 3 °. d'acquitter en outre
exactement ce que cet Electorat redoit de l'année
derniere .
Ces demandes n'interrompent point le cours
des exécutions militaires qui fe font avec plus de
rigueur que jamais . Elles commencerent le 8 Janvier
dans les Bailliages de Moiffen & d'Ofchutz ,
pour la livraifon de deux mille wifpels , ou quarante-
huit mille boiffeaux de froment à quoi le
Cercle de Milnie eft taxé . On menace de traiter
de même les autres Bailliages , & de condamner.
au double ceux qui n'auront pas fourni leur con
tingent. Plufieurs Cercles , que les événemens de
la guerre affujettiffent également aux ordres des
deux partis ennemis , ont beau repréſenter les
obftacles que ces ordres contradictoires apportent
au fournitures qu'on exige d'eux, on veut qu'elles
AVRIL. 1758. 183
Te faffent à quelque prix que ce foit , à peine d'être
livrés au pillage des Huffards , & pour les Gentilshommes
dont on pourra le faifir , d'être mis dans
la Fortereffe de Magdebourg,
On a exécuté dans cette Ville douze Marchands
Italiens , taxés enfemble à quinze mille écus de
douceurs ( ainfi nomme- t'on cette nouvelle taxe ) ,
pour le premier bataillon des Gardes Pruffiennes.
Mêmes exactions à Drefde , mêmes violences de
la part du Commandant. Propriétaires & Locatai,
res de maiſons , pauvres & riches , tout y eft taxé,
A l'égard des Saxons enrôlés de force , qui ont
déferté des troupes Pruffiennes , le Directoire de
Torgau a enjoint aux Tribunaux de Juftice , fous
les plus féveres menaces , de confifquer tous leurs
biens meubles & immeubles , fans exception , de
les faire vendre à l'encan dans le terme de fix femaines
, & d'en faire porter le prix à la caiffe militaire
des Pruffiens . Le même traitement fera fait
aux Officiers Saxons qui ont paffé au ſervice de
l'Empereur ou de l'Empire. On veut encore forcer
les parens des déferteurs à les repréſenter. Un
paylan du Bailliage de Noffen qu'on avoit arrêté
pour répondre de fon fils qui étoit fugitif , cherchant
à fe fauver lui-même , a été jetté mort fur
le carreau.
On a mis le fcellé fur l'hôtel des Monnoies à
Drefde , & l'on n'en fait pas la raifon, à moins
que les malverfations du JuifEphraïm , qui depuis
La guerre ont été portées à l'excès , ne lui ayent
attiré cette difgrace.
Les Députés des Etats font encore ici . Le premier
payement des fix cens mille écus qu'ils ont
été contraints d'accorder fous le nom fpécieux de
don gratuit , fe fait actuellement avec la plus
grande rigueur. La moindre Terre noble eft taxée
184 MERCURE DE FRANCE.
à mille écus , & les autres à proportion .
Nos Magiftrats font aux arrêts à l'Hôtel de Ville
& gardés par foixante foldats. On permet feulement
aux plus âgés de retourner chez eux le foir ;
les autres font obligés de refter & de coucher fur
des paillaffes. Il y a fur toutes les maiſons & fur
les biens de fonds une nouvelle taxe fixée à deux
pour cent du prix de la derniere acquifition . Les
Locataires font impofés à quatre gros par écu de
tout bail qui excede vingt écus par an. Si l'on
manque d'argent comptant pour fatisfaire à ces
exactions , il faut donner de l'argenterie ou des
marchandiſes ; les Pruffiens s'accommodent de
tout. Indépendamment de ces taxes , chaque Négociant
eft encore obligé de payer féparément
mille ou deux mille écus. Le commerce eft entiérement
fufpendu , & l'on ne permet plus le tranf
port d'aucunes marchandifes. Enfin les foldats
vont de maifon en maifon , & prennent de force
tout ce qu'on ne veut pas leur donner. Drefde
Chemnitz , Naumbourg , Merfebourg , font traités
à peu près de même. On vend aux Juifs à trèsvil
prix les meubles , habits , effets , jufqu'aux lits
mêmes des habitans qui ne font point en état de
payer les taxes.
A Drefde , la cherté des vivres & la mifere des
habitans font à un tel point , qu'un grand nombre
eft réduit à la mendicité. La Princeffe Royale &
à fon exemple , plufieurs perfonnes de diftinction ,
font obligées , pour les faire vivre , de faire diftri
buer une certaine quantité de pain par femaine.
Le Directeur des biens que le Comte de Bruhl
poffede dans la baffe- Luface, a reçu ordre du Com
mandant de Drefde de s'y rendre au plutôt , pour
rendre compte du revenu de ces biens.
Tous les maux dont Léipfick eft accablée
AVRIL 1758 1185
viennent d'être portés à leur comble . Nos Magif
trats ont été forcés de prêter ferment de fidélité
aux Pruffiens. Pour leur arracher ce ferment , on
avoit planté le canon contre l'Hôtel de Ville. Les
Pruffiens ont voulu exiger le même ferment des
Etats de Saxe , mais ces Etats l'ont refufé ; ils ont
même déclaré hautement qu'ils périroient plutôt
que de manquer de fidélité à leur Souverain légitime
, & plufieurs Députés ont difparu . La Terre
du Comte de Loefer , Maréchal héréditaire & Préfident
né des Etats , & celle du Baron de Ponickau
, Miniftre de Saxe à la Diete de l'Empire , ont
été depuis ravagées & détruites comme celles du
Comte & de la Comteffe de Bruhl. Il eft à remarquer
que le fameux partifan Meyer , exécuteur de
ces violences , a été long- temps au fervice de Saxe.
On apprend de Drefde que le Commandant
Pruffien a auffi obligé les Magiftrats de cette Ville
de prêter ferment de fidélité à fon Maître , & que
la même cérémonie va ſe faire dans les autres Villes
& Bailliages de l'Electorat .
Le château de Lavenftein , appartenant au
Comte de Bunau , Chambellan du Roi , a été ra➡
vagé par les Pruffiens , & tous les effets , meubles
beftiaux , &c. ont été tranſportés à Dreſde.
DE VIENNE , le 27 Février.
On ne croit pas que la ſanté du Prince Charles,
qui eft confidérablement altérée par les fatigues
de la derniere campagne , lui permette de commander
l'armée Impériale dans la campagne prochaine.
Ainfi , felon toutes les apparences , le
Feld -Maréchal Comte de Daun fera chargé da
commandement en chef.
L'échange des prifonniers refpectifs faits dans
186 MERCURE DE FRANCE:
la derniere campagne eſt enfin réglé. Les Coma
miffaires Impériaux & ceux du Roi de Pruffe
vont fe rendre pour cet effet à Peterfwalde &
Jagerndorff , & les troupes qui doivent être
échangées font en marche. Il a paffé par ici le 11
douze cens Craates , qui efcortoient huit cens
prifonniers Pruffiens , & le 14 , il a défilé une autre
Colonne de douze cens Croates qui vont en
Boheme.
On forme aux environs de cette Ville un nouveau
corps de Pionniers , & un autre corps deftiné
uniquement à la garde des équipages : ils fe levent
l'un & l'autre avec tout le fuccès poffible.
Les enrollemens conditionnels ont très- bien
réuffi dans cette Capitale , ainfi qu'à Lints , en
Stirie , & dans les autres Etats héréditaires de
Impératrice- Reine.
M. le Comte de Broglie , Ambaſſadeur du Roi
Très- Chrétien auprès du Roi de Pologne , eſt arrivé
de Warfovie , & retourne en France pour rétablir
fa fanté .
Tout ce qu'il y avoit ici d'Officiers Généraux
& autres , ont en ordre de partir fans délai , pour
rejoindre leurs corps. Le Feld-Maréchal Comte
de Daun eft auffi fur fon départ.
Le 23 Février , la glace dont le Danube étoit
couvert , fe rompit fi fubitement & avec une telle
violence , que quatre arches du grand pont furent
emportées.
La marche des troupes qui viennent d'Italie
pour aller renforcer l'armée de Boheme , a été
retardée quelque temps par le débordement de:
l'Adige ; mais on a des avis certains. que la tête de
ces troupes eft arrivée dans le Tirol.
Les ennemis ont été chaffés de Troppau le 18
par le Marquis de Ville , & ils fe font retirés avec
AVRIL. 1758. 187
perte. Le lendemain de la retraite , le régiment
de Stechau , dragons , croyant que les Pruffiens
occupoient encore ce pofte , s'approcha des fauxbourgs
de la Ville . On le fit attaquer par les
Uhlans , par les Huffards de Karoly , & par les
Huffards Carlftadiens , qui le mirent bientôt en
fuite , lui tuerent du monde , & firent prifonniers
le Major Pruffien qui le commandoit , un Capitaine
, Lieutenans , un Enſeigne , & deux cens
foixante Dragons.
DE HAMBOURG , le z Mars.
Ce qui vient de fe paffer à Zerbft caufe un
étonnement général . Un détachement de Huffards
Pruffiens étant revenu dans cette Ville pour enlever
le Marquis de Fraygne , a procédé de cette
maniere. Ils inveftirent d'abord le château , où le
Prince régnant avoit cru devoir mettre le Marquis
à couvert des violences qu'il avoit déja effayées
, & le tinrent bloqué pendant un jour.
L'Officier qui commandoit le détachement fit
enfuite braquer le canon , & fomma le Prince de
lui livrer le Marquis de Fraygne. Après quelques
négociations tentées infructueufement auprès du
Roi de Pruffe & du Prince Henry , le Comman
dant Pruffien déclara , que , file Marquis ne lui
étoit pas remis avant le 24 Février , il auroit recours
aux voies extrêmes. Sur ces difpofitions , le
Marquis de Fraygne , pour empêcher qu'à fon
occalion on n'achevât de violer tous les droits ,
en forçant jufqu'à l'afyle d'un Prince Souverain &
libre, qui n'eft en guerre avec perfonne , prit le
parti de fe remettre volontairement entre les
mains des Pruffiens. Il fut donc conduit fur le
champ à la citadelle de Magdebourg , où il eft
188 MERCURE DE FRANCE.
traité avec autant de rigueur que le plus coupable
fujet pourroit l'être fous l'autorité légitime de fon
Souverain naturel .
Quelques jours après cet événement , la Princeffe
douairiere d'Anhalt - Zerbft , & le Prince ré→
gnant fon fils , le font retirés dans cette Ville
pour fe fouftraire à de nouvelles extrêmités de la
part des Pruffiens.
DU CAMP D'HAMELEN , le 9 Mars.
Les troupes d'Hanovre , de Brunfwick & de
Heffe , auxquelles plufieurs régimens Pruffiens
s'étoient joints , fe mirent en mouvement le 18
du mois dernier , pour attaquer nos quartiers. Un
corps confidérable des ennemis fe porta fur Vehrden
, ce qui obligea M. le Marquis de Saint - Cha-
Maréchal de Camp , commandant alors
dans ce pofte , qui n'eft d'aucune défenſe , de l'évacuer,
& les inondations l'obligerent de ſe replier
fur Brême.
mans ,
Le 23 Février, M le Comte de Chabot- la Serre,
Brigadier des Armées du Roi & Colonel desVolontaires
Royaux , fut vivement attaqué dans Hoya
par des troupes fupérieures aux fiennes. Il avoit
fous fes ordres le rég ment des Gardes Lorraines ,
deux compagnies de Grenadiers , deux Piquets de
Bretagne , & cent Dragons du régiment Meſtre
de Camp Général. Il fit la plus vigoureufe défenfe
, & fe battit de rue en rue : enfin forcé de fe
retirer dans le château , il obtint une capitulation
très-honorable & fortit , ainfi que les troupes
qu'il commandoit , avec tous les honneur de la
guerre. Le régiment des Gardes Lorraines a beaucoup
perdu à cette attaque. M. le Chevalier Mecles
, Lieutenant- Colonel du régiment Mestre de
AVRIL 1758. 189
Camp Général , qui étoit venu volontairement
avec les Dragons , & M de Prade , Aide Major de
ce corps , ont été tués . M. le Chevalier de Lemps ,
Lieutenant-Colonel du régiment de Bretagne
s'eft fort dift.ngué , ainfi que tous les Officiers des
différens corps.
M. le Comte de Chabot ayant fait fçavoir le 24
à M. le Comte de Saint- Germain l'événement de
Hoya , ce Lieutenant géneral jugea qu'il ne pouvoit
plus être d'aucune utilité dans Brême au refte
de l'armée dont il fe trouvoit féparé , & qu'en y
reftant , il couroit rifque d'être coupé tout -à -fait
par l'ennemi ainfi il fit fur le champ fes difpofitions
pour ſe retirer avec fa nombreuſe garnifon.
Il a fait fa retraite dans le meilleur ordre jufqu'à
Ofnabruck , où il a trouvé le régiment de Champagne
, deux régimens de Cavalerie , & le régi
ment Colonel général des Dragons.
;.
M. le Comte de Clermont ayant jugé à propos
de replier fon quartier général pour donner le
temps à tous les corps de fon armée de le joindre ,
ce Prince partit le 28 d'Hanovre dans le plus
grand ordre , & en faifant obferver à les troupes
la plus exacte difcipline. Il a fait diftribuer aux
pauvres les farines qui ne pouvoient fe transporter.
Il avoit donné les ordres pour faire évacuer dès le
26 les Villes de Zell , de Brunſwick , de Wolfenbuttel
, & tous les autres poftes que nos troupes
occupoient. Cette retraite générale n'a pu fe faire
fans perdre les malades qui ne ſe font pas trouvés
en état de fupporter le tranſport , quelques chariots
mal attelés , & beaucoup de provifions ; mais
on a pris de juftes mefures pour empêcher l'ennemi
de profiter de nos magazins.
Le 9 Mars , toute l'armée ſe trouvoit raffemblée
à Hamelen , où M. le Comte de Clermont a établi
190 MERCURE DE FRANCE.
fon quartier général. Depuis ce Prince a donné
ordre de jetter un pont fur le Wefer à Rhintlen ,
affurer la communication avec le corps que pour
commande M. le Comte de Saint- Germain fur la
rive gauche de cette riviere , & pour obferver de
plus près les mouvemens des ennemis fur Munden.
DE PRAGUE , le 3 Mars.
On affure ici que , fuivant le plan d'opérations
concerté à Vienne , l'Impératrice- Reine aura trois
grandes armées qui agiront tout à la fois ; l'une
en Siléfie , fous les ordres du Feld-Maréchal Comte
de Daun ; la deuxieme , commandée par le Feld-
Maréchal Comte de Nadafty , du côté de Troppau
; & la troifieme , dans la Luface , aux ordres
du Feld-Maréchal Bathiani.
Plufieurs lettres ont confirmé l'action particu
liere dont voici le détail. Le 16 Février , un Officier
de nos troupes vint loger à Kaldekerich. II
n'avoit qu'un petit détachement avec lui , & cependant
il fit marquer des logemens pour mille
hommes ; mais il n'exigea pour fa troupe que les
provifions néceffaires , & fit obferver le meilleur
ordre. A peine ce qu'il avoit demandé aux habitans
lui fut délivré , qu'il parut un corps de troupes
ennemies fort fupérieur au fien , dans le deffein
de l'enlever. Le Capitaine n'eut que le temps
de s'emparer du cimetiere , & de s'y retrancher
comme il put . Les Pruffiens voulurent l'y forcer ,
& des deux côtés on ſe fufilla vivement. Après
une demi -heure de combat , ils fommerent l'Officier
de fe rendre. Celui-ci pour toute réponſe
dit, qu'il avoit fait marquer du logement pour
deux Bataillons , & qu'il étoit bien réfolu de tenir
juſqu'à leur arrivée. Le feu recommença fur la
AVRIL. 1758. 191
champ ; mais l'Officier voulant ménager fon
monde , fit demander des conditions. Pendant les
pourparlers qui fufpendirent l'attaque , l'Officier
reconnut une maiſon qui communiquoit au cimetiere.
Il fit fortir par-là fon Lieutenant avec la
moitié de fa troupe. Ce dernier après quelques
détours vint charger les Pruffiens en queue , & le
Capitaine fortant tout-à-coup du cimetiere , força
la tête. Les Pruffiens , qui crurent alors avoir fur
les bras les mille hommes dont on avoit parlé,
furent culbutés , & fe retirerent en défordre , laif
fant fur la place vingt-fept hommes morts , fans
les bleffés qu'ils remmenerent avec eux. Le nom
de ce Capitaine eft Lallieux , & le Lieutenant ſe
aomme Ryff.
DE KONIGSBERG , le 13 Février.
Toute la Pruffe eft actuellement au pouvoir des
troupes Ruffiennes. En entrant fur le territoire
d'Elbing , elles ont pris environ quarante foldats
qui occupoient un petit Fort. La garnifon que le
Général Fermer a laiffée ici eft de fix mille hom-'
mes , infanterie & cavalerie. Les Cofaques de fon
armée obfervent la même difcipline que les troupes
nationales , & font traités en conféquence fur
le pied de troupes régulieres.
On affure qu'avant un mois , l'armée Ruffienne
fera forte au moins de quatre-vingts mille hommes
, & qu'il en marchera la moitié vers la Siléſie .
Le corps du Général Fermer eft en pleine marche
pour fe rendre dans la Poméranie.
•
Konigsberg vient d'être impofée par les Ruffiens
à une contribution de cinquante mille écus. Les
Commiffaires de l'Impératrice font de grands amas
de vivres à Kowno , pour y établir un magazin
capable de faire fubfifter un corps de quarante
mille hommes.
L'armée Ruffienne eft en mouvement pour
s'approcher de la Viftule. Le Major général Stolfen
eft entré le 11 dans Marienwerder avec un
détachement de trois cens hommes.
、
On ne peut qu'admirer la modération des Ruf
182 MERCURE DE FRANCE
fiens dans toute leur conduite à notre égard. Cea
pendant on a toujours lieu de craindre que les
violences exercées en Saxe , ne les forcent enfin
d'en venir à de fâcheufes repréfailles.
DE LEIPSICK , le 25 Février.
Les Etats des Cercles de Saxe font toujours af
femblés ici . Le 16 de Février , M. de Borck ,
Miniftre du Roi de Pruffe , propofa de la part de
fon Maître , aux Députés des Cercles , de remettre
aux Etats l'adminiftration des revenus de l'Electorat
, à condition 1º . de payer au Roi de
Pruffe la fomme de fix millions d'écus , y com
pris le produit des domaines & de l'accife géné
male , ou celle de quatre millions & demi , fans ces
deux branches des revenus ; 2º, de donner encore
en portions & rations la valeur de cent mille écus
par mois , pour l'entretien des troupes Pruffiennes
qui font en Saxe ; 3 °. d'acquitter en outre
exactement ce que cet Electorat redoit de l'année
derniere .
Ces demandes n'interrompent point le cours
des exécutions militaires qui fe font avec plus de
rigueur que jamais . Elles commencerent le 8 Janvier
dans les Bailliages de Moiffen & d'Ofchutz ,
pour la livraifon de deux mille wifpels , ou quarante-
huit mille boiffeaux de froment à quoi le
Cercle de Milnie eft taxé . On menace de traiter
de même les autres Bailliages , & de condamner.
au double ceux qui n'auront pas fourni leur con
tingent. Plufieurs Cercles , que les événemens de
la guerre affujettiffent également aux ordres des
deux partis ennemis , ont beau repréſenter les
obftacles que ces ordres contradictoires apportent
au fournitures qu'on exige d'eux, on veut qu'elles
AVRIL. 1758. 183
Te faffent à quelque prix que ce foit , à peine d'être
livrés au pillage des Huffards , & pour les Gentilshommes
dont on pourra le faifir , d'être mis dans
la Fortereffe de Magdebourg,
On a exécuté dans cette Ville douze Marchands
Italiens , taxés enfemble à quinze mille écus de
douceurs ( ainfi nomme- t'on cette nouvelle taxe ) ,
pour le premier bataillon des Gardes Pruffiennes.
Mêmes exactions à Drefde , mêmes violences de
la part du Commandant. Propriétaires & Locatai,
res de maiſons , pauvres & riches , tout y eft taxé,
A l'égard des Saxons enrôlés de force , qui ont
déferté des troupes Pruffiennes , le Directoire de
Torgau a enjoint aux Tribunaux de Juftice , fous
les plus féveres menaces , de confifquer tous leurs
biens meubles & immeubles , fans exception , de
les faire vendre à l'encan dans le terme de fix femaines
, & d'en faire porter le prix à la caiffe militaire
des Pruffiens . Le même traitement fera fait
aux Officiers Saxons qui ont paffé au ſervice de
l'Empereur ou de l'Empire. On veut encore forcer
les parens des déferteurs à les repréſenter. Un
paylan du Bailliage de Noffen qu'on avoit arrêté
pour répondre de fon fils qui étoit fugitif , cherchant
à fe fauver lui-même , a été jetté mort fur
le carreau.
On a mis le fcellé fur l'hôtel des Monnoies à
Drefde , & l'on n'en fait pas la raifon, à moins
que les malverfations du JuifEphraïm , qui depuis
La guerre ont été portées à l'excès , ne lui ayent
attiré cette difgrace.
Les Députés des Etats font encore ici . Le premier
payement des fix cens mille écus qu'ils ont
été contraints d'accorder fous le nom fpécieux de
don gratuit , fe fait actuellement avec la plus
grande rigueur. La moindre Terre noble eft taxée
184 MERCURE DE FRANCE.
à mille écus , & les autres à proportion .
Nos Magiftrats font aux arrêts à l'Hôtel de Ville
& gardés par foixante foldats. On permet feulement
aux plus âgés de retourner chez eux le foir ;
les autres font obligés de refter & de coucher fur
des paillaffes. Il y a fur toutes les maiſons & fur
les biens de fonds une nouvelle taxe fixée à deux
pour cent du prix de la derniere acquifition . Les
Locataires font impofés à quatre gros par écu de
tout bail qui excede vingt écus par an. Si l'on
manque d'argent comptant pour fatisfaire à ces
exactions , il faut donner de l'argenterie ou des
marchandiſes ; les Pruffiens s'accommodent de
tout. Indépendamment de ces taxes , chaque Négociant
eft encore obligé de payer féparément
mille ou deux mille écus. Le commerce eft entiérement
fufpendu , & l'on ne permet plus le tranf
port d'aucunes marchandifes. Enfin les foldats
vont de maifon en maifon , & prennent de force
tout ce qu'on ne veut pas leur donner. Drefde
Chemnitz , Naumbourg , Merfebourg , font traités
à peu près de même. On vend aux Juifs à trèsvil
prix les meubles , habits , effets , jufqu'aux lits
mêmes des habitans qui ne font point en état de
payer les taxes.
A Drefde , la cherté des vivres & la mifere des
habitans font à un tel point , qu'un grand nombre
eft réduit à la mendicité. La Princeffe Royale &
à fon exemple , plufieurs perfonnes de diftinction ,
font obligées , pour les faire vivre , de faire diftri
buer une certaine quantité de pain par femaine.
Le Directeur des biens que le Comte de Bruhl
poffede dans la baffe- Luface, a reçu ordre du Com
mandant de Drefde de s'y rendre au plutôt , pour
rendre compte du revenu de ces biens.
Tous les maux dont Léipfick eft accablée
AVRIL 1758 1185
viennent d'être portés à leur comble . Nos Magif
trats ont été forcés de prêter ferment de fidélité
aux Pruffiens. Pour leur arracher ce ferment , on
avoit planté le canon contre l'Hôtel de Ville. Les
Pruffiens ont voulu exiger le même ferment des
Etats de Saxe , mais ces Etats l'ont refufé ; ils ont
même déclaré hautement qu'ils périroient plutôt
que de manquer de fidélité à leur Souverain légitime
, & plufieurs Députés ont difparu . La Terre
du Comte de Loefer , Maréchal héréditaire & Préfident
né des Etats , & celle du Baron de Ponickau
, Miniftre de Saxe à la Diete de l'Empire , ont
été depuis ravagées & détruites comme celles du
Comte & de la Comteffe de Bruhl. Il eft à remarquer
que le fameux partifan Meyer , exécuteur de
ces violences , a été long- temps au fervice de Saxe.
On apprend de Drefde que le Commandant
Pruffien a auffi obligé les Magiftrats de cette Ville
de prêter ferment de fidélité à fon Maître , & que
la même cérémonie va ſe faire dans les autres Villes
& Bailliages de l'Electorat .
Le château de Lavenftein , appartenant au
Comte de Bunau , Chambellan du Roi , a été ra➡
vagé par les Pruffiens , & tous les effets , meubles
beftiaux , &c. ont été tranſportés à Dreſde.
DE VIENNE , le 27 Février.
On ne croit pas que la ſanté du Prince Charles,
qui eft confidérablement altérée par les fatigues
de la derniere campagne , lui permette de commander
l'armée Impériale dans la campagne prochaine.
Ainfi , felon toutes les apparences , le
Feld -Maréchal Comte de Daun fera chargé da
commandement en chef.
L'échange des prifonniers refpectifs faits dans
186 MERCURE DE FRANCE:
la derniere campagne eſt enfin réglé. Les Coma
miffaires Impériaux & ceux du Roi de Pruffe
vont fe rendre pour cet effet à Peterfwalde &
Jagerndorff , & les troupes qui doivent être
échangées font en marche. Il a paffé par ici le 11
douze cens Craates , qui efcortoient huit cens
prifonniers Pruffiens , & le 14 , il a défilé une autre
Colonne de douze cens Croates qui vont en
Boheme.
On forme aux environs de cette Ville un nouveau
corps de Pionniers , & un autre corps deftiné
uniquement à la garde des équipages : ils fe levent
l'un & l'autre avec tout le fuccès poffible.
Les enrollemens conditionnels ont très- bien
réuffi dans cette Capitale , ainfi qu'à Lints , en
Stirie , & dans les autres Etats héréditaires de
Impératrice- Reine.
M. le Comte de Broglie , Ambaſſadeur du Roi
Très- Chrétien auprès du Roi de Pologne , eſt arrivé
de Warfovie , & retourne en France pour rétablir
fa fanté .
Tout ce qu'il y avoit ici d'Officiers Généraux
& autres , ont en ordre de partir fans délai , pour
rejoindre leurs corps. Le Feld-Maréchal Comte
de Daun eft auffi fur fon départ.
Le 23 Février , la glace dont le Danube étoit
couvert , fe rompit fi fubitement & avec une telle
violence , que quatre arches du grand pont furent
emportées.
La marche des troupes qui viennent d'Italie
pour aller renforcer l'armée de Boheme , a été
retardée quelque temps par le débordement de:
l'Adige ; mais on a des avis certains. que la tête de
ces troupes eft arrivée dans le Tirol.
Les ennemis ont été chaffés de Troppau le 18
par le Marquis de Ville , & ils fe font retirés avec
AVRIL. 1758. 187
perte. Le lendemain de la retraite , le régiment
de Stechau , dragons , croyant que les Pruffiens
occupoient encore ce pofte , s'approcha des fauxbourgs
de la Ville . On le fit attaquer par les
Uhlans , par les Huffards de Karoly , & par les
Huffards Carlftadiens , qui le mirent bientôt en
fuite , lui tuerent du monde , & firent prifonniers
le Major Pruffien qui le commandoit , un Capitaine
, Lieutenans , un Enſeigne , & deux cens
foixante Dragons.
DE HAMBOURG , le z Mars.
Ce qui vient de fe paffer à Zerbft caufe un
étonnement général . Un détachement de Huffards
Pruffiens étant revenu dans cette Ville pour enlever
le Marquis de Fraygne , a procédé de cette
maniere. Ils inveftirent d'abord le château , où le
Prince régnant avoit cru devoir mettre le Marquis
à couvert des violences qu'il avoit déja effayées
, & le tinrent bloqué pendant un jour.
L'Officier qui commandoit le détachement fit
enfuite braquer le canon , & fomma le Prince de
lui livrer le Marquis de Fraygne. Après quelques
négociations tentées infructueufement auprès du
Roi de Pruffe & du Prince Henry , le Comman
dant Pruffien déclara , que , file Marquis ne lui
étoit pas remis avant le 24 Février , il auroit recours
aux voies extrêmes. Sur ces difpofitions , le
Marquis de Fraygne , pour empêcher qu'à fon
occalion on n'achevât de violer tous les droits ,
en forçant jufqu'à l'afyle d'un Prince Souverain &
libre, qui n'eft en guerre avec perfonne , prit le
parti de fe remettre volontairement entre les
mains des Pruffiens. Il fut donc conduit fur le
champ à la citadelle de Magdebourg , où il eft
188 MERCURE DE FRANCE.
traité avec autant de rigueur que le plus coupable
fujet pourroit l'être fous l'autorité légitime de fon
Souverain naturel .
Quelques jours après cet événement , la Princeffe
douairiere d'Anhalt - Zerbft , & le Prince ré→
gnant fon fils , le font retirés dans cette Ville
pour fe fouftraire à de nouvelles extrêmités de la
part des Pruffiens.
DU CAMP D'HAMELEN , le 9 Mars.
Les troupes d'Hanovre , de Brunfwick & de
Heffe , auxquelles plufieurs régimens Pruffiens
s'étoient joints , fe mirent en mouvement le 18
du mois dernier , pour attaquer nos quartiers. Un
corps confidérable des ennemis fe porta fur Vehrden
, ce qui obligea M. le Marquis de Saint - Cha-
Maréchal de Camp , commandant alors
dans ce pofte , qui n'eft d'aucune défenſe , de l'évacuer,
& les inondations l'obligerent de ſe replier
fur Brême.
mans ,
Le 23 Février, M le Comte de Chabot- la Serre,
Brigadier des Armées du Roi & Colonel desVolontaires
Royaux , fut vivement attaqué dans Hoya
par des troupes fupérieures aux fiennes. Il avoit
fous fes ordres le rég ment des Gardes Lorraines ,
deux compagnies de Grenadiers , deux Piquets de
Bretagne , & cent Dragons du régiment Meſtre
de Camp Général. Il fit la plus vigoureufe défenfe
, & fe battit de rue en rue : enfin forcé de fe
retirer dans le château , il obtint une capitulation
très-honorable & fortit , ainfi que les troupes
qu'il commandoit , avec tous les honneur de la
guerre. Le régiment des Gardes Lorraines a beaucoup
perdu à cette attaque. M. le Chevalier Mecles
, Lieutenant- Colonel du régiment Mestre de
AVRIL 1758. 189
Camp Général , qui étoit venu volontairement
avec les Dragons , & M de Prade , Aide Major de
ce corps , ont été tués . M. le Chevalier de Lemps ,
Lieutenant-Colonel du régiment de Bretagne
s'eft fort dift.ngué , ainfi que tous les Officiers des
différens corps.
M. le Comte de Chabot ayant fait fçavoir le 24
à M. le Comte de Saint- Germain l'événement de
Hoya , ce Lieutenant géneral jugea qu'il ne pouvoit
plus être d'aucune utilité dans Brême au refte
de l'armée dont il fe trouvoit féparé , & qu'en y
reftant , il couroit rifque d'être coupé tout -à -fait
par l'ennemi ainfi il fit fur le champ fes difpofitions
pour ſe retirer avec fa nombreuſe garnifon.
Il a fait fa retraite dans le meilleur ordre jufqu'à
Ofnabruck , où il a trouvé le régiment de Champagne
, deux régimens de Cavalerie , & le régi
ment Colonel général des Dragons.
;.
M. le Comte de Clermont ayant jugé à propos
de replier fon quartier général pour donner le
temps à tous les corps de fon armée de le joindre ,
ce Prince partit le 28 d'Hanovre dans le plus
grand ordre , & en faifant obferver à les troupes
la plus exacte difcipline. Il a fait diftribuer aux
pauvres les farines qui ne pouvoient fe transporter.
Il avoit donné les ordres pour faire évacuer dès le
26 les Villes de Zell , de Brunſwick , de Wolfenbuttel
, & tous les autres poftes que nos troupes
occupoient. Cette retraite générale n'a pu fe faire
fans perdre les malades qui ne ſe font pas trouvés
en état de fupporter le tranſport , quelques chariots
mal attelés , & beaucoup de provifions ; mais
on a pris de juftes mefures pour empêcher l'ennemi
de profiter de nos magazins.
Le 9 Mars , toute l'armée ſe trouvoit raffemblée
à Hamelen , où M. le Comte de Clermont a établi
190 MERCURE DE FRANCE.
fon quartier général. Depuis ce Prince a donné
ordre de jetter un pont fur le Wefer à Rhintlen ,
affurer la communication avec le corps que pour
commande M. le Comte de Saint- Germain fur la
rive gauche de cette riviere , & pour obferver de
plus près les mouvemens des ennemis fur Munden.
DE PRAGUE , le 3 Mars.
On affure ici que , fuivant le plan d'opérations
concerté à Vienne , l'Impératrice- Reine aura trois
grandes armées qui agiront tout à la fois ; l'une
en Siléfie , fous les ordres du Feld-Maréchal Comte
de Daun ; la deuxieme , commandée par le Feld-
Maréchal Comte de Nadafty , du côté de Troppau
; & la troifieme , dans la Luface , aux ordres
du Feld-Maréchal Bathiani.
Plufieurs lettres ont confirmé l'action particu
liere dont voici le détail. Le 16 Février , un Officier
de nos troupes vint loger à Kaldekerich. II
n'avoit qu'un petit détachement avec lui , & cependant
il fit marquer des logemens pour mille
hommes ; mais il n'exigea pour fa troupe que les
provifions néceffaires , & fit obferver le meilleur
ordre. A peine ce qu'il avoit demandé aux habitans
lui fut délivré , qu'il parut un corps de troupes
ennemies fort fupérieur au fien , dans le deffein
de l'enlever. Le Capitaine n'eut que le temps
de s'emparer du cimetiere , & de s'y retrancher
comme il put . Les Pruffiens voulurent l'y forcer ,
& des deux côtés on ſe fufilla vivement. Après
une demi -heure de combat , ils fommerent l'Officier
de fe rendre. Celui-ci pour toute réponſe
dit, qu'il avoit fait marquer du logement pour
deux Bataillons , & qu'il étoit bien réfolu de tenir
juſqu'à leur arrivée. Le feu recommença fur la
AVRIL. 1758. 191
champ ; mais l'Officier voulant ménager fon
monde , fit demander des conditions. Pendant les
pourparlers qui fufpendirent l'attaque , l'Officier
reconnut une maiſon qui communiquoit au cimetiere.
Il fit fortir par-là fon Lieutenant avec la
moitié de fa troupe. Ce dernier après quelques
détours vint charger les Pruffiens en queue , & le
Capitaine fortant tout-à-coup du cimetiere , força
la tête. Les Pruffiens , qui crurent alors avoir fur
les bras les mille hommes dont on avoit parlé,
furent culbutés , & fe retirerent en défordre , laif
fant fur la place vingt-fept hommes morts , fans
les bleffés qu'ils remmenerent avec eux. Le nom
de ce Capitaine eft Lallieux , & le Lieutenant ſe
aomme Ryff.
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Résumé : ALLEMAGNE.
En février 1758, l'Allemagne est sous contrôle des troupes russes. À Königsberg, les Russes ont capturé environ quarante soldats et laissé une garnison de six mille hommes. Les Cosaques montrent une discipline comparable aux troupes nationales. Les Russes prévoient d'augmenter leur armée à quatre-vingt mille hommes, dont la moitié se dirigera vers la Silésie. Le général Fermer se dirige vers la Poméranie. Königsberg a été imposée d'une contribution de cinquante mille écus. Les commissaires de l'impératrice stockent des vivres à Kowno pour soutenir une armée de quarante mille hommes. Les Russes avancent vers la Vistule, et le major général Stolfen a pris Marienwerder avec trois cents hommes. À Leipzig, les États des Cercles de Saxe sont réunis. Le ministre du roi de Prusse, M. de Borck, propose de remettre l'administration des revenus de l'Électorat aux États en échange de paiements et de fournitures pour les troupes prussiennes. Les exécutions militaires continuent avec rigueur, notamment dans les bailliages de Moissen et d'Oschutz, où des contingents de blé sont exigés. Les Cercles saxons, soumis aux ordres des deux partis ennemis, doivent fournir des approvisionnements sous peine de pillage. Douze marchands italiens ont été exécutés à Dresde pour non-paiement de taxes. Les biens des déserteurs saxons sont confisqués, et leurs familles menacées. Le commerce est suspendu, et les troupes prussiennes prennent de force ce qui n'est pas donné. À Vienne, la santé du prince Charles est altérée, et le comte de Daun devrait commander l'armée impériale. L'échange des prisonniers est réglé, et de nouvelles troupes sont levées. Le comte de Broglie retourne en France pour raisons de santé. Les ennemis ont été chassés de Troppau par le marquis de Ville. À Hambourg, un détachement prussien a enlevé le marquis de Fraygne à Zerbst, malgré les protestations du prince régnant. La princesse douairière et le prince régnant se sont retirés pour éviter de nouvelles extrémités. À Hamelen, les troupes hanovriennes, brunswickoises et hessoises, rejointes par des régiments prussiens, ont attaqué les quartiers français. Le comte de Chabot a obtenu une capitulation honorable à Hoya après une vigoureuse défense. En février 1758, un officier français, séparé de son armée à Brême, se retire avec sa garnison jusqu'à Osnabrück pour éviter d'être coupé par l'ennemi. Le Comte de Clermont replie son quartier général pour permettre à toutes les troupes de le rejoindre, partant d'Hanovre le 28 avec discipline et en distribuant des farines aux pauvres. Il ordonne l'évacuation de plusieurs villes et postes occupés par les troupes françaises. Cette retraite entraîne la perte de malades, de chariots mal attelés et de provisions, mais des mesures sont prises pour protéger les magasins. Le 9 mars, l'armée se rassemble à Hamelin, où le Comte de Clermont établit son quartier général. Il ordonne la construction d'un pont sur la Weser à Rinteln pour assurer la communication avec les troupes commandées par le Comte de Saint-Germain. En Bohême, selon un plan d'opérations concerté à Vienne, l'Impératrice-Reine doit diriger trois grandes armées en Silésie, en Moravie et en Lusace. Le 16 février, un officier français avec un petit détachement se retranche dans un cimetière face à un corps de troupes ennemies supérieur. Après une demi-heure de combat, l'officier négocie des conditions et parvient à surprendre les Prussiens en les attaquant de deux côtés. Les Prussiens sont repoussés, laissant 27 morts sur le champ de bataille. Les noms des officiers français impliqués sont le Capitaine Lallieux et le Lieutenant Ryff.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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26
p. 208-209
DE PARIS, le 30 Juin.
Début :
L'Académie Royale des Inscriptions & Belles-Lettres, dans son assemblée du 19 de [...]
Mots clefs :
Académie royale des inscriptions et belles-lettres, Assemblée, Élection
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE PARIS, le 30 Juin.
DE PARIS , le 30 Juin.
L'Académie Royale des Inſcriptions & Belles;
JUILLET. 1759 .
209
Lettres , dans fon affemblée du 19 de ce mois ,
a élu pour Académicien honoraire le fieur de
Lamoignon de Malesherbes , premier Préfident
de la Cour des Aydes , à la place vacante par la
mort du fieur de Lamoignon , Préfident honoraire
du Parlement.
L'Académie Royale des Inſcriptions & Belles;
JUILLET. 1759 .
209
Lettres , dans fon affemblée du 19 de ce mois ,
a élu pour Académicien honoraire le fieur de
Lamoignon de Malesherbes , premier Préfident
de la Cour des Aydes , à la place vacante par la
mort du fieur de Lamoignon , Préfident honoraire
du Parlement.
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27
p. 197
DE ROME, le 25 Janvier.
Début :
Dans la derniere assemblée des Nobles, tenue au Capitole, la famille de [...]
Mots clefs :
Assemblée, Nobles, Capitole, Familles patriciennes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE ROME, le 25 Janvier.
De ROME , le 25 Janvier.
Dans la derniere affemblée des Nobles , tenue
au Capitole , la famille de Cinque a été reçuë
au nombre de foixante familles Patriciennes de
Rome , à la place de celle des Cinci , éteinte par
la mort du noble Chriftophe Cenci .
Dans la derniere affemblée des Nobles , tenue
au Capitole , la famille de Cinque a été reçuë
au nombre de foixante familles Patriciennes de
Rome , à la place de celle des Cinci , éteinte par
la mort du noble Chriftophe Cenci .
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28
p. 93-96
LETTRE au même sur l'Etablissement d'un Bureau de Consultations pour les PAUVRES.
Début :
ON. trouve, Monsieur, dans le Mercure de Fevrier 1763. l'extrait d'une [...]
Mots clefs :
Consultations , Pauvres, Assemblée
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE au même sur l'Etablissement d'un Bureau de Consultations pour les PAUVRES.
LETTRE au même fur l'Etabliſſement
d'un Bureau de Confultations pour
les PAUVRES.
ON
>
N. trouve , Monfieur , dans le Mercure
de Fevrier 1763. l'extrait d'une
Lettre de M. Marin Cenfeur Royal
qui contient un projet auquel on ne
peut donner trop d'éloges. Il s'agit de
I'Etabliffement d'un Bureau de Con-
-fultations pour les Pauvres . En attendant
que le plan propofé par l'Auteur
puiffe recevoir fon entiere exécution
, le bien public & la juftice due
à l'ordre des Avocats du Parlement de
་
94 MERCURE DE FRANCE.
Paris , femblent éxiger que l'on faff
mention des Confultations de charité,
qui fe donnent tout les Mercredis , dans
leur Bibliothéque , fituée première Cour
de l'Archevêché. L'affemblée eft compofée
de fix ou huit' Avocats , qui font
invités de s'y trouver par une Lettre
de M. le Premier Avocat Général .
Ces Meffieurs écoutent tout ce que les
Pauvres viennent leur expofer ; ils éxaminent
les piéces qui leur font préfentées
; & lorfque les queftions ne font
pas d'une trop longue difcuffion , ils
délivrent fur le champ une confultation
fignée de tous les Affiftans. Si l'affaire
éxige un ample éxamen , on diftribue
les piéces à quelqu'un de la compagnie,
qui fe charge d'en faire le rapport dans
une autre Affemblée.
Vous voyez par-là , Monfieur , qu'il
ne s'agiroit que d'étendre les reffources
de l'Etabliffement déja formé , pour
remplir les vues de M. Marin. Les Confultans
, les livres , le lieu d'aſſemblée
fubfiftent ainfi tous les nouveaux fecours
que des Citoyens généreux voudroient
fournir , pourroient être employés
à la pourfuite des droits reconnus
légitimes,des malheureux qui ne feroient
pas en état d'en avancer les frais.
:
Qu'il me foit permis d'ajouter ici une
AVRIL 1763 . 95
bfervation qui intéreffe également le
-repos des familles , & dont l'objet pourroit
être du reffort de cette Affemblée
refpectable. Ne feroit-il pas poffible de
mettre un frein à la paffion de ces Plaideurs
entêtés qui, malgré l'évidence d'une
mauvaife caufe , ont la funefte manie
de fufciter des procès injuftes avec
d'autant plus de hardieffe , qu'ils n'ont
rien à perdre ? De là il arrive fouvent
qu'un Père de famille , très-malaifé luimême
, fe trouve forcé d'avancer pour
fa défenfe , des fommes qui feront à
jamais perdues pour lui , attendu l'infolvabilité
de fon Adverfaire . Les Etrangers
& les Dévolutaires font obligés en
pareil cas de donner une caution pour
la fureté du recouvrement des frais
que l'on appelle Cautio judicatum folvi.
On pourroit en étendre l'obligation
aux Plaideurs dont je parle , & rendre
le Bureau des Confultations Juge des
cas où cette précaution feroit néceffaire.
S'il eft trifte de ne pouvoir pas obtenir
la reftitution d'un bien far lequel on a
des droits , faute d'être en état d'avancer
quelques argent pour les faire valoir
, il n'eft pas moins fâcheux de perdre
une partie de fa fortune par la né
ceffité de repouffer les atteintes d'un
.
96 MERCURE DE FRANCE.
aggreffeur injufte , fur lequel il n'y
rien à recouvrer.
J'ai l'honneur d'être & c.
Ce 26 Février 1763.
d'un Bureau de Confultations pour
les PAUVRES.
ON
>
N. trouve , Monfieur , dans le Mercure
de Fevrier 1763. l'extrait d'une
Lettre de M. Marin Cenfeur Royal
qui contient un projet auquel on ne
peut donner trop d'éloges. Il s'agit de
I'Etabliffement d'un Bureau de Con-
-fultations pour les Pauvres . En attendant
que le plan propofé par l'Auteur
puiffe recevoir fon entiere exécution
, le bien public & la juftice due
à l'ordre des Avocats du Parlement de
་
94 MERCURE DE FRANCE.
Paris , femblent éxiger que l'on faff
mention des Confultations de charité,
qui fe donnent tout les Mercredis , dans
leur Bibliothéque , fituée première Cour
de l'Archevêché. L'affemblée eft compofée
de fix ou huit' Avocats , qui font
invités de s'y trouver par une Lettre
de M. le Premier Avocat Général .
Ces Meffieurs écoutent tout ce que les
Pauvres viennent leur expofer ; ils éxaminent
les piéces qui leur font préfentées
; & lorfque les queftions ne font
pas d'une trop longue difcuffion , ils
délivrent fur le champ une confultation
fignée de tous les Affiftans. Si l'affaire
éxige un ample éxamen , on diftribue
les piéces à quelqu'un de la compagnie,
qui fe charge d'en faire le rapport dans
une autre Affemblée.
Vous voyez par-là , Monfieur , qu'il
ne s'agiroit que d'étendre les reffources
de l'Etabliffement déja formé , pour
remplir les vues de M. Marin. Les Confultans
, les livres , le lieu d'aſſemblée
fubfiftent ainfi tous les nouveaux fecours
que des Citoyens généreux voudroient
fournir , pourroient être employés
à la pourfuite des droits reconnus
légitimes,des malheureux qui ne feroient
pas en état d'en avancer les frais.
:
Qu'il me foit permis d'ajouter ici une
AVRIL 1763 . 95
bfervation qui intéreffe également le
-repos des familles , & dont l'objet pourroit
être du reffort de cette Affemblée
refpectable. Ne feroit-il pas poffible de
mettre un frein à la paffion de ces Plaideurs
entêtés qui, malgré l'évidence d'une
mauvaife caufe , ont la funefte manie
de fufciter des procès injuftes avec
d'autant plus de hardieffe , qu'ils n'ont
rien à perdre ? De là il arrive fouvent
qu'un Père de famille , très-malaifé luimême
, fe trouve forcé d'avancer pour
fa défenfe , des fommes qui feront à
jamais perdues pour lui , attendu l'infolvabilité
de fon Adverfaire . Les Etrangers
& les Dévolutaires font obligés en
pareil cas de donner une caution pour
la fureté du recouvrement des frais
que l'on appelle Cautio judicatum folvi.
On pourroit en étendre l'obligation
aux Plaideurs dont je parle , & rendre
le Bureau des Confultations Juge des
cas où cette précaution feroit néceffaire.
S'il eft trifte de ne pouvoir pas obtenir
la reftitution d'un bien far lequel on a
des droits , faute d'être en état d'avancer
quelques argent pour les faire valoir
, il n'eft pas moins fâcheux de perdre
une partie de fa fortune par la né
ceffité de repouffer les atteintes d'un
.
96 MERCURE DE FRANCE.
aggreffeur injufte , fur lequel il n'y
rien à recouvrer.
J'ai l'honneur d'être & c.
Ce 26 Février 1763.
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Résumé : LETTRE au même sur l'Etablissement d'un Bureau de Consultations pour les PAUVRES.
La lettre traite de la création d'un Bureau de Consultations pour les Pauvres, un projet annoncé dans le Mercure de février 1763 par M. Marin. Ce projet offre des consultations juridiques gratuites aux personnes démunies. Actuellement, des consultations de charité se tiennent chaque mercredi à la bibliothèque du Parlement de Paris, avec la participation de six à huit avocats invités par le Premier Avocat Général. Ces avocats écoutent les problèmes des pauvres, examinent les pièces présentées et délivrent des consultations signées par tous les assistants. Si une affaire nécessite un examen approfondi, les pièces sont distribuées à un membre de la compagnie pour un rapport ultérieur. L'auteur propose d'étendre cet établissement pour répondre pleinement aux vues de M. Marin. Il suggère également de mettre un frein aux plaideurs entêtés qui suscitent des procès injustes en les obligeant à fournir une caution pour le recouvrement des frais, similaire à la Cautio judicatum solvi exigée des étrangers et des dévolutaires. Cela protégerait les familles contre les pertes financières dues à des procès inutiles.
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29
p. 180-181
SUITE de l'Article de WARSOVIE.
Début :
Loin donc que Sa Majesté Impériale veuille usurper les droits de la République [...]
Mots clefs :
Majesté impériale, République, Pologne, Duc, Assemblée, Noblesse, Régence, Honneur, Universaux, Souverain, Lettres, Conseil
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texteReconnaissance textuelle : SUITE de l'Article de WARSOVIE.
SUITE de l'Article de WARSOVIE.
„ Loin donc que Sa Majefté Impériale veuille
> ufurper les droits de la République , Elle avoue
» hautement la Suzeraineté de la République de
Pologne fur lefdits Duchés , & elle ne le pro-
» pole pas moins de les maintenir conftamment
» dans leurs dépendances féodales avec la République.
Elle ne reconnoît & ne reconnoîtra
» jamais pour Duc légitime des Duchés de Cour-
>>lande & de Semigalle que le Duc Erneſt -Jean ,
>> invefti légalement du confentement de toute la
République.
כ כ
02
Par- là Sa Majefté Impériale remplit ce qu'exigent
la juftice & le droit du voisinage , & ne
> fait que fuivre les conftitutions & les loix de la
République , à l'exemple de toutes les Puiffances
» de l'Europe qui , en vertu de fes conftitutions ,
» ont reconnu Erneft - Jean , Duc légitime de
Courlande.
Le Duc de Biren, par desUniverfaux datés de Mittau,
oùila fait un voyage leiode ce mois ,a fixé leroe
du mois prochain pour l'affemblée qu'il annonce ,
& en preffant la Régence & la Nobleffe dontelle
fera compofée , de lui rendre hommage
il s'étend fur les fervices que lui rend l'Impératrice
Catherine , en le rétabliffant dans fon
honneur & dans fes biens , fans dire un mot
AVRIL. 1763.
181
ni du Roi ni de la République de Pologne
enfin il déclare que Samedi prochain 22 de ce
mois , il s'établira à Mittau avec toute fa famille.
Le fieur Simolin', Réfident de Ruffie , a
accompagné les Univerfaux du Duc de Biren
' d'une lettre circulaire , dans laquelle il recommande
de la part de fa Cour à la Nobleffe
Courlandoife de fe foumettre à l'ancien Souverain
rappellé. Il promet à ceux qui le reconnoîtront
aujourd'hui , la protection de l'Impératrice
fa maîtreffe , & menace au contraire de l'indignation
de cette Princeffe ceux qui voudroient lui
réfifter. Le Duc Charles , qui eft toujours à Mitrau
, a cru devoir envoyer ces deux Piéces au Roi
fon père , en lui écrivant , comme à fon Seigneur
Suzerain lui dénoncer ces procédés vio- > pour
lens , dont l'effet achévera de détruire fon établiffement
en Courlande : il réclame toujours la
protection du Roi , celle de la République , & les
ordres de Sa Majefté fur la conduite qu'il doit
tenir.
Sa Majesté Polonoiſe a répondu à ce Prince
que , ne pouvant lui rien préfcrire fans l'avis du
Sénat , elle a fait expédier fes Lettres néceffaires
pour le convoquer , & que le réfultat des délibérations
de cette Affemblée fixera le parti qu'il
aura à prendre. On compte que ce Confeil aura
lieu vers la fin du mois . prochain .
„ Loin donc que Sa Majefté Impériale veuille
> ufurper les droits de la République , Elle avoue
» hautement la Suzeraineté de la République de
Pologne fur lefdits Duchés , & elle ne le pro-
» pole pas moins de les maintenir conftamment
» dans leurs dépendances féodales avec la République.
Elle ne reconnoît & ne reconnoîtra
» jamais pour Duc légitime des Duchés de Cour-
>>lande & de Semigalle que le Duc Erneſt -Jean ,
>> invefti légalement du confentement de toute la
République.
כ כ
02
Par- là Sa Majefté Impériale remplit ce qu'exigent
la juftice & le droit du voisinage , & ne
> fait que fuivre les conftitutions & les loix de la
République , à l'exemple de toutes les Puiffances
» de l'Europe qui , en vertu de fes conftitutions ,
» ont reconnu Erneft - Jean , Duc légitime de
Courlande.
Le Duc de Biren, par desUniverfaux datés de Mittau,
oùila fait un voyage leiode ce mois ,a fixé leroe
du mois prochain pour l'affemblée qu'il annonce ,
& en preffant la Régence & la Nobleffe dontelle
fera compofée , de lui rendre hommage
il s'étend fur les fervices que lui rend l'Impératrice
Catherine , en le rétabliffant dans fon
honneur & dans fes biens , fans dire un mot
AVRIL. 1763.
181
ni du Roi ni de la République de Pologne
enfin il déclare que Samedi prochain 22 de ce
mois , il s'établira à Mittau avec toute fa famille.
Le fieur Simolin', Réfident de Ruffie , a
accompagné les Univerfaux du Duc de Biren
' d'une lettre circulaire , dans laquelle il recommande
de la part de fa Cour à la Nobleffe
Courlandoife de fe foumettre à l'ancien Souverain
rappellé. Il promet à ceux qui le reconnoîtront
aujourd'hui , la protection de l'Impératrice
fa maîtreffe , & menace au contraire de l'indignation
de cette Princeffe ceux qui voudroient lui
réfifter. Le Duc Charles , qui eft toujours à Mitrau
, a cru devoir envoyer ces deux Piéces au Roi
fon père , en lui écrivant , comme à fon Seigneur
Suzerain lui dénoncer ces procédés vio- > pour
lens , dont l'effet achévera de détruire fon établiffement
en Courlande : il réclame toujours la
protection du Roi , celle de la République , & les
ordres de Sa Majefté fur la conduite qu'il doit
tenir.
Sa Majesté Polonoiſe a répondu à ce Prince
que , ne pouvant lui rien préfcrire fans l'avis du
Sénat , elle a fait expédier fes Lettres néceffaires
pour le convoquer , & que le réfultat des délibérations
de cette Affemblée fixera le parti qu'il
aura à prendre. On compte que ce Confeil aura
lieu vers la fin du mois . prochain .
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Résumé : SUITE de l'Article de WARSOVIE.
Le texte aborde les relations entre l'Empire et la République de Pologne concernant les duchés de Courlande et de Semigalle. L'empereur reconnaît la suzeraineté de la République sur ces duchés et Ernest-Jean comme duc légitime, conformément aux constitutions et lois de la République ainsi qu'aux reconnaissances des autres puissances européennes. Le duc de Biren convoque une assemblée pour prêter hommage, mettant en avant les services de l'impératrice Catherine sans mentionner le roi ou la République de Pologne. Il annonce également son installation à Mittau avec sa famille. Le résident russe, Simolin, envoie une lettre circulaire exhortant la noblesse courlandaise à se soumettre à Biren, promettant la protection de l'impératrice et menaçant les résistants. Le duc Charles informe le roi de Pologne de ces procédés violents et réclame protection. Le roi convoque le Sénat pour délibérer et prendre une décision à la fin du mois prochain.
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30
p. 207-209
« Le Duc de Biren est arrivé avec sa famille à Mittau, & y a fait son entrée [...] »
Début :
Le Duc de Biren est arrivé avec sa famille à Mittau, & y a fait son entrée [...]
Mots clefs :
Duc de Biren, Magistrat, Garde, Magistrats, Exécution militaire, Régence, Couronne, Troupes russes, Artillerie, Attaque, Lituanie, Noblesse, Armée, Assemblée
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texteReconnaissance textuelle : « Le Duc de Biren est arrivé avec sa famille à Mittau, & y a fait son entrée [...] »
Le Duc de Biren eſt arrivé avec . La famille
""
20
208 MERCURE DE FRANCE.
•
•
à Mittau , & y a fait fon entrée folemnelle k
22 du mois dernier . Le Magiſtrat & les Gardes
de la Bourgeoifie , qui ont d'abord refuſé de
prêter fement de fidélité au nouveau Duc , y
'ont été contraints par des éxécutions militaires.
Le fieur Simolin a même fait menacer les Magiftrats
de les faire enlever. La nuit avant cette
entrée folemnelle , on avoit enlevé de l'arc de
triomphe érigé en 1759 pour l'hommage rendu
au Prince Charles comme Duc de Courlande ,
la Couronne Royale & Ducale de ce Prince , fes
armes & celles de la Couronne de Pologne ,
ainfi que les infcriptions qui avoient été gra
vées fur ce monument. Les Membres de la Régence
Ducale ont été fommés par un Officier
Ruffe envoyé par le fieur Simolin de reconnoître
& de fervir le Duc de Biren comme légitime Duc
de Courlande ; mais ils ont répondu qu'ils ne
pouvoient le faire ; fans manquet à la fidélité
qu'ils doivent au Roi & à la République comme
Seigneurs Suzerains de ces Duchés , & au double
ferment de Vaffaux & de Serviteurs qu'ils ont
prêté au Prince Charles leur légitime Duc. Le
Dimanche fuivant , les troupes Ruffes ont forcé
la porte de la Tribune Ducale dans la principale
Eglife Luthérienne de Mittau. Le Duc de Biren
s'y est rendu ; & le Sur-Intendant Luthérien a
été forcé de le haranguer en qualité de Souverain
du pays , & d'entonner le Te Deum , qui
a été chanté au bruit d'une décharge de l'artillerie
Ruffe. La Bourgeoisie a été forcée de nouveau
à illuminer fes maifons le foir. Mais tour cet appareil
& ces actes de violence n'ont pu ébranler
la fermeté du Prince Charles , qui perfifte à refter
dans fon Palais jufqu'à la dernière extrémité.
AVRIL. 1763. 209
Du 17 Février..
Des nouvelles de Lithuanie nous apprennent
que le fieur Zabielo , Grand Veneur de ce Duché
, préfidant à la Diétine qui s'eft affemblée le
de ce mois à Kowno pour l'élection des Députés
au Tribunal annuel de Lithuanie , a haran-.
gué la Nobleffe de ce diftrict , & lui a expoſé d'une
manière G pathétique fes droits & la fituation du.
Duc Charles , qu'il a déterminé tous les Gentilshommes
de ce canton , au nombre de près de
cinq cens , à marcher avec leur fuité à Mittau ,
qui n'eft qu'à deux petites journées de Kowno ,
pour y foutenir la caufe du fils de leur Roi , y
défendre fa perfonne , & fe joindre à la partie
de la Nobleffe Courlandoiſe qui lui eſt reſtée fidelle.
Toute cette troupe s'eft mife en marche le 8 ,
accompagnée de quelques Dragons de l'armée de
Lithuanie , & elle a du être rendue le lendemain
à Mittau. On ignore encore quel effet cet événement
aura produit parmi les Partifans du Duc
de Biren , & ce qui s'eft paffé dans l'affemblée
de la Nobleife qu'il avoit indiquée pour le ro..
""
20
208 MERCURE DE FRANCE.
•
•
à Mittau , & y a fait fon entrée folemnelle k
22 du mois dernier . Le Magiſtrat & les Gardes
de la Bourgeoifie , qui ont d'abord refuſé de
prêter fement de fidélité au nouveau Duc , y
'ont été contraints par des éxécutions militaires.
Le fieur Simolin a même fait menacer les Magiftrats
de les faire enlever. La nuit avant cette
entrée folemnelle , on avoit enlevé de l'arc de
triomphe érigé en 1759 pour l'hommage rendu
au Prince Charles comme Duc de Courlande ,
la Couronne Royale & Ducale de ce Prince , fes
armes & celles de la Couronne de Pologne ,
ainfi que les infcriptions qui avoient été gra
vées fur ce monument. Les Membres de la Régence
Ducale ont été fommés par un Officier
Ruffe envoyé par le fieur Simolin de reconnoître
& de fervir le Duc de Biren comme légitime Duc
de Courlande ; mais ils ont répondu qu'ils ne
pouvoient le faire ; fans manquet à la fidélité
qu'ils doivent au Roi & à la République comme
Seigneurs Suzerains de ces Duchés , & au double
ferment de Vaffaux & de Serviteurs qu'ils ont
prêté au Prince Charles leur légitime Duc. Le
Dimanche fuivant , les troupes Ruffes ont forcé
la porte de la Tribune Ducale dans la principale
Eglife Luthérienne de Mittau. Le Duc de Biren
s'y est rendu ; & le Sur-Intendant Luthérien a
été forcé de le haranguer en qualité de Souverain
du pays , & d'entonner le Te Deum , qui
a été chanté au bruit d'une décharge de l'artillerie
Ruffe. La Bourgeoisie a été forcée de nouveau
à illuminer fes maifons le foir. Mais tour cet appareil
& ces actes de violence n'ont pu ébranler
la fermeté du Prince Charles , qui perfifte à refter
dans fon Palais jufqu'à la dernière extrémité.
AVRIL. 1763. 209
Du 17 Février..
Des nouvelles de Lithuanie nous apprennent
que le fieur Zabielo , Grand Veneur de ce Duché
, préfidant à la Diétine qui s'eft affemblée le
de ce mois à Kowno pour l'élection des Députés
au Tribunal annuel de Lithuanie , a haran-.
gué la Nobleffe de ce diftrict , & lui a expoſé d'une
manière G pathétique fes droits & la fituation du.
Duc Charles , qu'il a déterminé tous les Gentilshommes
de ce canton , au nombre de près de
cinq cens , à marcher avec leur fuité à Mittau ,
qui n'eft qu'à deux petites journées de Kowno ,
pour y foutenir la caufe du fils de leur Roi , y
défendre fa perfonne , & fe joindre à la partie
de la Nobleffe Courlandoiſe qui lui eſt reſtée fidelle.
Toute cette troupe s'eft mife en marche le 8 ,
accompagnée de quelques Dragons de l'armée de
Lithuanie , & elle a du être rendue le lendemain
à Mittau. On ignore encore quel effet cet événement
aura produit parmi les Partifans du Duc
de Biren , & ce qui s'eft paffé dans l'affemblée
de la Nobleife qu'il avoit indiquée pour le ro..
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Résumé : « Le Duc de Biren est arrivé avec sa famille à Mittau, & y a fait son entrée [...] »
Le Duc de Biren a fait une entrée solennelle à Mittau le 22 du mois dernier. Initialement, le magistrat et les gardes bourgeois avaient refusé de prêter serment de fidélité au nouveau duc, mais ils y ont été contraints par des exécutions militaires. La nuit précédant cette entrée, des éléments symboliques, tels que la couronne royale et ducale du Prince Charles, ont été enlevés d'un arc de triomphe. Les membres de la régence ducale ont refusé de reconnaître le Duc de Biren comme légitime duc de Courlande, invoquant leur fidélité au Roi et à la République. Les troupes russes ont forcé l'accès à la tribune ducale dans la principale église luthérienne de Mittau, où le Duc de Biren a été acclamé par le sur-intendant luthérien. Malgré ces actes de violence, le Prince Charles persiste à rester dans son palais. En Lituanie, le sieur Zabielo, Grand Veneur, a harangué la noblesse lors d'une diétine à Kowno, les incitant à soutenir le Duc Charles. Près de cinq cents gentilshommes se sont mis en marche vers Mittau pour défendre le Duc Charles, accompagnés de quelques dragons de l'armée de Lituanie.
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31
p. 198-200
De NUREMBERG le 1 Mars 1763.
Début :
Le 27 Janvier dernier, Antoine-Ulric, Duc Régent de Saxe-Meinungen, est mort [...]
Mots clefs :
Duc de Meinungen, Décès, Empereur Charles VI, Prince, Décret, Testament, Assemblée, Général, Infanterie, Cavalerie, Chevalier, Électeurs, Mariage, Princesse, Successeur
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texteReconnaissance textuelle : De NUREMBERG le 1 Mars 1763.
De NUREMBERG le Mars 1763.
Le 27 Janvier dernier , Antoine-Ulric , Duc
Régent de Saxe- Meinungen , eft mort à Francfort
, dans la foixante-dix- feptiéme année de fon
âge , étant né le 22 Octobre 1687. Il avoit été
marié deux fois , la première en 1713 avec Philippine
Elifabeth Cefarin Schurmann , morte au
mois d'Août 1744 , & la feconde le 26 Septembre
1750 avec Charlotte- Amélie de Helle - Philipfthat,
actuellement vivante . "
".
L'Empereur Charles VI avoit élevé en 1,727
la dignité de Princes , la première femme du Duc
de Meinungen & les enfans ; mais les Ducs de
Saxe de la branche Erneftine
, ayant conftamment
protefté contre cette élévation , obtinrent
en 1744 un Décret du Confeil Aulique de l'Empire
, portant que le Diplome de 1727 ne rendroit
pas lefdits enfans habiles à fuccéder au Duché
de Meinungen , & ce Décret a été confirmé
en 1747 par la Diete de l'Empire , à laquelle le
Duc de Saxe-Meinungen avoit eu recours.
Il s'élève aujourd'hui une nouvelle conteftation
à l'occafion de la mort ce Prince il avoit nommé
par fon teftament la Ducheffe , fa veuve , tutrice
MA I. 1763. Icg
de fes enfans & Régente du Pays. Les Ducs de
Saxe , de la branche Erneftine , qui prétendent ,
· en qualité d'Agnats , participer à cette adminif
eration en vertu des Pactes de Famille de leur
Maiſon , fe font oppofés à l'exécution du teſtament
du Duc de Meinungen , & ont nommé une
commiffion pour l'adminiftration du Pays. En
même-temps , ils y ont envoyé des Troupes pour
foutenir à main armée leur droit d'Agnation . La
Régence de Meinungen s'eft adreffée à l'Affemblée
du Cercle de Franconie pour demander ſon aſſiftance
, & celle- ci a écrit aux Ducs de Saxe pour
des engager à le défifter des voies de fait , & à
laifler le cours libre à la Justice .
>
Le Margrave Frédéric de Brandebourg-Culmbach
, Lieutenant-Feld- Maréchal de l'Empire ,
Lieutenant Général de Cavalerie du Roi de Pruffe ,
Général- Feld - Maréchal du Cercle de Franconie ,
Colonel de trois Régimens d'Infanterie & de Cavalerie
, Chevalier des Ordres de l'Eléphant
de l'Aigle blanc , de l'Aigle noire , & de l'Union
parfaite , & Grand Maître de l'Ordre de l'Aigle
rouge , eft mort le 26 Février à Bareith , où il
faifoit la réfidence ordinaire , dans la cinquantedeuxième
année de fon âge . Il étoit fils du Margrave
George Frédéric- Charles , & petit - fils de
Chrétien- Henri , dont l'Ayeul étoit Chrétien , auteur
de la branche de Culmbach , & le bifayeul
Jean - George , Electeur de Brandebourg , tige
commune de tous les Margraves de Brandebourg ,
actuellement vivans .
Le feu Margrave avoit épousé en 1731 , une
Princeffe de Pruffe , Fille du Roi Frédéric- Guillaume
, & Soeur aînée du Roi régnant , & en
1759 une Princeffe de Brunſwick , Fille du Duc
-Charles de Brunswick Wolfembutel . Comme il
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
e laiffe qu'une Princeffe née de foh premier
mariage , & mariée au Duc régnant de Wur
temberg , le Prince Frédéric- Chrétien , réfidam
à Wansbeck près de Hambourg , devient fon fuc
ceffeur.
Le 27 Janvier dernier , Antoine-Ulric , Duc
Régent de Saxe- Meinungen , eft mort à Francfort
, dans la foixante-dix- feptiéme année de fon
âge , étant né le 22 Octobre 1687. Il avoit été
marié deux fois , la première en 1713 avec Philippine
Elifabeth Cefarin Schurmann , morte au
mois d'Août 1744 , & la feconde le 26 Septembre
1750 avec Charlotte- Amélie de Helle - Philipfthat,
actuellement vivante . "
".
L'Empereur Charles VI avoit élevé en 1,727
la dignité de Princes , la première femme du Duc
de Meinungen & les enfans ; mais les Ducs de
Saxe de la branche Erneftine
, ayant conftamment
protefté contre cette élévation , obtinrent
en 1744 un Décret du Confeil Aulique de l'Empire
, portant que le Diplome de 1727 ne rendroit
pas lefdits enfans habiles à fuccéder au Duché
de Meinungen , & ce Décret a été confirmé
en 1747 par la Diete de l'Empire , à laquelle le
Duc de Saxe-Meinungen avoit eu recours.
Il s'élève aujourd'hui une nouvelle conteftation
à l'occafion de la mort ce Prince il avoit nommé
par fon teftament la Ducheffe , fa veuve , tutrice
MA I. 1763. Icg
de fes enfans & Régente du Pays. Les Ducs de
Saxe , de la branche Erneftine , qui prétendent ,
· en qualité d'Agnats , participer à cette adminif
eration en vertu des Pactes de Famille de leur
Maiſon , fe font oppofés à l'exécution du teſtament
du Duc de Meinungen , & ont nommé une
commiffion pour l'adminiftration du Pays. En
même-temps , ils y ont envoyé des Troupes pour
foutenir à main armée leur droit d'Agnation . La
Régence de Meinungen s'eft adreffée à l'Affemblée
du Cercle de Franconie pour demander ſon aſſiftance
, & celle- ci a écrit aux Ducs de Saxe pour
des engager à le défifter des voies de fait , & à
laifler le cours libre à la Justice .
>
Le Margrave Frédéric de Brandebourg-Culmbach
, Lieutenant-Feld- Maréchal de l'Empire ,
Lieutenant Général de Cavalerie du Roi de Pruffe ,
Général- Feld - Maréchal du Cercle de Franconie ,
Colonel de trois Régimens d'Infanterie & de Cavalerie
, Chevalier des Ordres de l'Eléphant
de l'Aigle blanc , de l'Aigle noire , & de l'Union
parfaite , & Grand Maître de l'Ordre de l'Aigle
rouge , eft mort le 26 Février à Bareith , où il
faifoit la réfidence ordinaire , dans la cinquantedeuxième
année de fon âge . Il étoit fils du Margrave
George Frédéric- Charles , & petit - fils de
Chrétien- Henri , dont l'Ayeul étoit Chrétien , auteur
de la branche de Culmbach , & le bifayeul
Jean - George , Electeur de Brandebourg , tige
commune de tous les Margraves de Brandebourg ,
actuellement vivans .
Le feu Margrave avoit épousé en 1731 , une
Princeffe de Pruffe , Fille du Roi Frédéric- Guillaume
, & Soeur aînée du Roi régnant , & en
1759 une Princeffe de Brunſwick , Fille du Duc
-Charles de Brunswick Wolfembutel . Comme il
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
e laiffe qu'une Princeffe née de foh premier
mariage , & mariée au Duc régnant de Wur
temberg , le Prince Frédéric- Chrétien , réfidam
à Wansbeck près de Hambourg , devient fon fuc
ceffeur.
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Résumé : De NUREMBERG le 1 Mars 1763.
Le 27 janvier 1763, Antoine-Ulric, Duc Régent de Saxe-Meiningen, est décédé à Francfort à l'âge de 75 ans. Il avait été marié deux fois : en 1713 avec Philippine Élisabeth Charin Schurmann, décédée en 1744, et en 1750 avec Charlotte-Amélie de Hesse-Philippsthal. En 1727, l'Empereur Charles VI avait élevé la première épouse du Duc et leurs enfants au rang de Princes. Cependant, les Ducs de Saxe de la branche Ernestine avaient contesté cette élévation, obtenant en 1744 un décret du Conseil Aulique de l'Empire, confirmé en 1747 par la Diète de l'Empire, stipulant que les enfants n'étaient pas habilités à succéder au Duché de Saxe-Meiningen. À la mort du Duc, une nouvelle contestation a surgi concernant la tutelle de leurs enfants et la Régence du Pays. Les Ducs de Saxe de la branche Ernestine ont nommé une commission pour l'administration du Pays et envoyé des troupes. La Régence de Saxe-Meiningen a sollicité l'assistance de l'Assemblée du Cercle de Franconie. Par ailleurs, le Margrave Frédéric de Brandebourg-Culmbach est décédé le 26 février 1763 à Bareith à l'âge de 52 ans. Il laisse une fille issue de son premier mariage et son successeur est le Prince Frédéric-Chrétien.
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32
p. 201-202
D'UTRECHT, le 11 Mars 1763.
Début :
Le Prince de Nassau est entré le 8 de ce mois dans sa seiziéme année, [...]
Mots clefs :
Prince de Nassau, Ministres, Anniversaire, Assemblée, États, Président, Serment, Stathouder, Alger, Esclaves chrétiens, Soulèvement
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : D'UTRECHT, le 11 Mars 1763.
D'UTRECHT, le 11 Mars 1763.
Le Prince de Naflau eft entré le 8 de ce mois
dans ſa ſeizième année , & à reçu à cette occafion
les complimens des Miniftres Etrangers , des
Membres du Gouvernement & de toutes les autres
perfonnes de diftinction . Le lendemain , il a été
introduit à l'affemblée des Etats- Généraux & au
Confeil d'Etat, fuivant le cérémonial établi . Deux
Députés , l'un de la Province de Zélande , l'autre
de la Province d'Utrecht , font allés prendre le
Prince , & l'ont conduit de l'appartement du Stathouder
dans la falle où s'affemblent les Etats- Généraux
. Le Préfident dès Etats lui a adreffé un
diſcours de félicitation , & lui a demandé s'il étoit
dilpolé à prêter ferment du fecret. Le Prince lui
répondit qu'il y étoit difpofé , & ayant prêté ce
ferment en mettant la main dans celle du Préfident
, il a été conduit par les deux Députés vers
le fiége deftiné pour les Stathouders , & fur le
quel il s'eft placé . Il a été enfuite introduit aue
Confeil d'Etat par trois autres députés qui , en
préfentant le Prince , ont déclaré qu'il avoit prêté
le ferment du fecret fuivant la forme ordinaire.
On mande d'Alger que les eíclaves Chrétiens ,
au nombre de plus de quatre mille , réduits au défefpoir
par les mauvais traitemens qu'on leur fait …..
éprouver , fe font foulevés le 13 Janvier , & on
Ly.
202 MERCURE DE FRANCE.
maffacrés ceux qui les gardoient : l'allarme s'eft
répandue dans la Ville , dont on a fait fermer les
portes , toutes les troupes ont pris les armes &
ont remis les esclaves à la chaîne. Il y a eu beaucoup
de fang répandu dans ce tumulte dont on
ignore les fuites.
Le Prince de Naflau eft entré le 8 de ce mois
dans ſa ſeizième année , & à reçu à cette occafion
les complimens des Miniftres Etrangers , des
Membres du Gouvernement & de toutes les autres
perfonnes de diftinction . Le lendemain , il a été
introduit à l'affemblée des Etats- Généraux & au
Confeil d'Etat, fuivant le cérémonial établi . Deux
Députés , l'un de la Province de Zélande , l'autre
de la Province d'Utrecht , font allés prendre le
Prince , & l'ont conduit de l'appartement du Stathouder
dans la falle où s'affemblent les Etats- Généraux
. Le Préfident dès Etats lui a adreffé un
diſcours de félicitation , & lui a demandé s'il étoit
dilpolé à prêter ferment du fecret. Le Prince lui
répondit qu'il y étoit difpofé , & ayant prêté ce
ferment en mettant la main dans celle du Préfident
, il a été conduit par les deux Députés vers
le fiége deftiné pour les Stathouders , & fur le
quel il s'eft placé . Il a été enfuite introduit aue
Confeil d'Etat par trois autres députés qui , en
préfentant le Prince , ont déclaré qu'il avoit prêté
le ferment du fecret fuivant la forme ordinaire.
On mande d'Alger que les eíclaves Chrétiens ,
au nombre de plus de quatre mille , réduits au défefpoir
par les mauvais traitemens qu'on leur fait …..
éprouver , fe font foulevés le 13 Janvier , & on
Ly.
202 MERCURE DE FRANCE.
maffacrés ceux qui les gardoient : l'allarme s'eft
répandue dans la Ville , dont on a fait fermer les
portes , toutes les troupes ont pris les armes &
ont remis les esclaves à la chaîne. Il y a eu beaucoup
de fang répandu dans ce tumulte dont on
ignore les fuites.
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Résumé : D'UTRECHT, le 11 Mars 1763.
Le 11 mars 1763, à Utrecht, le Prince de Naflau a fêté ses seize ans. Il a reçu les félicitations des ministres étrangers, des membres du gouvernement et des personnalités distinguées. Le lendemain, il a été introduit à l'assemblée des États-Généraux et au Conseil d'État selon le protocole. Deux députés, l'un de Zélande et l'autre d'Utrecht, l'ont conduit à la salle des États-Généraux, où le Président lui a adressé un discours de félicitation et lui a demandé de prêter serment de secret, ce qu'il a fait en mettant la main dans celle du Président. Ensuite, trois autres députés l'ont introduit au Conseil d'État, confirmant qu'il avait prêté serment. Par ailleurs, des nouvelles d'Alger rapportent qu'environ quatre mille esclaves chrétiens se sont révoltés le 13 janvier, massacrant leurs gardiens et provoquant une alarme dans la ville. Les autorités ont fermé les portes et mobilisé les troupes pour réprimer la révolte, causant de nombreux morts. Les causes de cette révolte restent inconnues.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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33
p. 214-222
TRAITÉ de paix conclu entre sa Majesté le Roi de POLOGNE, Electeur de Saxe, & Sa Majesté le Roi de PRUSSE, au Château de Hubertzbourg, le 15 Février 1763.
Début :
Sa Majesté le Roi de Pologne, Electeur de Saxe, & Sa Majesté le Roi de Prusse, [...]
Mots clefs :
Roi de Pologne, Électeur de Saxe, Roi de Prusse, Guerre, Paix, États, Assemblée, Conseiller, Traité de paix, Articles, Voisinage, Amitié, Amnistie générale, Harmonie, Contributions, Troupes, Évacuation, Règlement, Officiers, Soldats, Artillerie, Fortifications, Obligation, Justice, Accords, Intérêts, Diète, Paiements
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texteReconnaissance textuelle : TRAITÉ de paix conclu entre sa Majesté le Roi de POLOGNE, Electeur de Saxe, & Sa Majesté le Roi de PRUSSE, au Château de Hubertzbourg, le 15 Février 1763.
TRAITÉ de paix conclu entre Sa Majesté le Roi
de POLOGNE , Electeur de Saxe , & Sa Majesté
le Roi de PRUSSE , au Château de Hubertzbourg
,le 15 Février 1763 .
Sa Majesté le Roi de Pologne , Electeur de
Saxe , & Sa Majesté le Roi de Pruſſe , animés du
defir réciproque de mettre fin aux calamités de
la guerre , & de rétablir l'union , la bonne intelligence&
le bon voiſinage entre eux & leurs Etats
reſpectifs , ayant réfléchi ſur les moyens les plus
propres pour parvenir à un but ſi ſalutaire , & le
Prince Royal de Pologne & Electoral Héréditaire
de Saxe s'étant employé à concerter une aſſemblée
de Plénipotentiaires , qui fut ſuivie d'une négociation:
pour en avancer le ſuccès , & pour écarter
les retardemens que l'éloignement auroit pû faire
naître, Sa Majesté le Roi de Pologne , Electeur
de Saxe , a confié à Son Alteſſe Royale le ſoin d'y
ménager ſes intérêts : on eſt convenu de faire tenir
au château de Huberzbourg des conférences
depaix.
En conféquence de quoi Leurs Majeſtés ont
nommé & autoriſé des Plénipotentiaires , ſavoir :
Sa Majeſté le Roi de Pologne , Electeur de Saxe ,
le ſieur Thomas , Baron de Fritſch , ſon Conſeiller
Privé ; & Sa Majeſté le Roi de Pruſſe, le ſieur
Ewald- Frederic de Hertzberg , ſon conſeiller Privé
d'Ambaſſade, leſquels , après s'etre duement
communiqué & avoir échangé leurs pleins pouvoirs
en bonne forme, ont arrêté , conclu & figné
les Articles ſuivans d'un Traité de paix.
JUIN. 1763 . 215
ARTICLE I. Il y aura une paix ſolide , une
amitié ſincère & un bon voifinage entre S. M. le
Roi de Pologne , Electeur de Saxe , & S. M. le
Roi de Pruſie & leurs Héritiers , Etats , Pays &
Sujets : & en conféquence , il y aura une amnif
tie générale & un oubli éternel de tout ce qui eſt
arrivé entre les hautes Parties contractantes , à
l'occaſion de la préſente guerre , de quelque nature
que cela puiſſe avoir été , & il ne ſera point
demandé de dédommagement de part& d'autre ;
ſous quelque prétexte ou nom que ce puiſſe être ,
mais toutes les prétentions réciproques , occafionnées
par cette guerre , demeureront entiérement
éteintes , annullées & anéanties .
Les hautes Parties contractantes & leurs Héritiers
cultiveront à l'avenir entr'elles une bonne
harmonie & parfaite intelligence, en tâchant d'avancer
leurs intérêts réciproques , & d'écarter
tout ce qui pourroity nuire ou y donner la moindreatteinte
.
Sa Majeſté le Roi de Pruſſe promet en particulier
que , dans les occaſions qui ſe préſenteront de
pouvoir procurer des convenances à Sa Majefté
le Roi de Pologne , Electeur de Saxe , ou à la
Maiſon , ſans que ce ſoit aux dépens de Sadite
Majesté Pruſienne. Elle y contribuera avec le
plus grand zéle , & ſe concertera à cet effet avec
Sa Majesté Polonoiſe & avec leurs Amis communs
.
ART . II . Toutes les hoftilités ceſſeront entiérement
à compter du II Février incluſivement ;
&depűis le même jour Sa Majesté Pruſſienne fera
ceffer entiérement & pleinement toutes contributions
ordinaires & extraordinaires , toutes livraiſons
de proviſions de bouche , fourrages , chevaux
& autre bérail ou autres effets ; toutes demandes
216 MERCURE DE FRANCE.
1
de recrues , valets , travailleurs & voitures , &
généralement toutes fortes de preſtations , de
quelque nature & dénomination qu'elles puiffent
être , & fous quelque titre ou prétexte qu'elles
foient demandées & éxigées , comme auſſi toute
coupe de bois & autres endommagemens dans
tout l'Electorat de Saxe & toutes les parties &
dépendances , y compris la Haute & Balle- Luface.
Si les ordres que Sa Majeſté le Roi de Pruſſe a
donnés là-deſſus, n'étoient pas parvenus leditjour
en tous les endroits occupés par les Troupes de
Sa Majesté Pruſſienne , & que par cette raiſon ,
ou fous d'autres prétextes , il dût arriver qu'on
eût encore pris ou éxigé des caiſſes ou des Sujets
de Sa Majeſté Polonoiſe quelque argent ou quelque
autre preſtation de quelque nature ou valeur
qu'elle pût être , ou qu'on eût cauſé d'autres
dommages , Sa Majesté Pruſſienne fera reſtituer
ſans délai tout ce qui auroit été pris ou éxigé ,
& bonifier toutdommage & perte. En conféquence
de cette ceſſation générale de toute forte de
preſtations , Sa Majesté Pruſſienne renonce également
à tous les arrérages des contributions , livraiſons
& autres preſtations antérieurement demandées
& éxigées , & déclare que toutes les
prétentions y relatives ſeront & demeureront entiérement
éteintes , annullées & anéanties , de
forte qu'il n'en ſera jamais plus fait mention.
ART. III . Sa Majefté le Roi de Pruſſe promet
de commencer les diſpoſitions néceſſaires pour
une prompte évacuation de la Saxe , dès que le
préfent Traité ſera ſigné , & d'effectuer & achever
l'évacuation & la reſtitution de tous les Etats
& Pays , Villes , Places & Forts de S. M.Polonoiſe,
&généralement de toutes parties & dépen' ances
deldirs Etats que S. M. Polonoiſe a poſlédés avant
la
JUIN. 1763. 217
la préſente guerre , dans l'eſpace de trois ſemai
nes , à compter du jour de l'échange des ratificasions;
bien entendu que les Troupes de S. M.
l'Impératrice-Reine de Hongrie & de Bohême
évacueront toute la Saxe dans le même eſpace de
temps. Y
Dès le de Février , Sa Majeſté le Roi de
Pruffe fera nourrir ſes Troupes de ſes propres
magaſins ſans qu'elles foient à charge au pays ,
&on procédera inceſſamment au réglement des
routes que leſdites Troupes prendront en quittant
les Etats de Sa Majesté le Roi de Pologne ,
dans leſquelles elles ſeront conduites & logées
par les Commiſſaires nommés par Sa' Majeſté
Polonoile, qui auront pareillement ſoin des Vorfpanndont
les Troupes auront beſoin pour leurs
marches , &qui leur feront fournisgratuitement ,
à condition que ces Vorſpann ne feront obligés
depafler les frontières de Saxe , quejuſqu'au premier
gîte.
ART. IV. Sa Majesté le Roi de Pruſſe renverra
fans rançon & ſans délai tous lesGénéraux , Officiers
& Soldats de Sa Majesté le Roi de Pologne
, Electeur de Saxe , qui font encore priſonniers
de guerre , & les autres Sujets de Sa lite
Majesté Polonoiſe qui ne voudront pas reſter
dans le ſervice & dans les Etats de Sa Majeſté
Pruſſienne , bien entendu que chacun payera
préalablement les dettes qu'il aura contractées. I
Sadite Majeſté le Roi de Pruſſe rendra auffe
toute l'artillerie , appartenante à Sa Majeſté le
Roi de Pologne , qui ſe trouve encore en Saxe ,
&qui eft marquée aux armes de, Sadire Majesté
Polonoiſe.
En particulier les Villes de Léipfic , Torgau
&Wittemberg feront reftituées par rapport aux
K
218 MERCURE DE FRANCE.
fortifications , dans le même état où elles ſont à
préſent & avec l'artillerie qui s'y trouve marquée
aux armes de Sa Majesté Polonoife.
Sa Majesté Pruſſienne mettra auſſi en liberté
les otages& autres perſonnes qui ont été arrêtées
àl'occaſion de la préſente guerre , & fera rendre
tous les papiers qui appartiennent aux archives
de Sa Majeſté le Roi de Pologne , Electeur de
Saxe , ou aux autres bureaux du Pays , & à l'avenir
il n'en ſera rien allégué ou inféré contre
Sa Majeftéie Roi de Pologne , ni contre ſes Héritiers
& Etats.
ART . V. Le Traité de paix conclu à Dreſde le
25 Décembre 1745 eſt expreſſement renouvellé
&confirmé dans la meilleure forme & dans toute
fa teneur autant que le préſent Traité n'y dérogera
pas , & que les obligations y contenues ſeront
de nature à pouvoir encore avoir lieu .
ART . VI . Pour redreſſer réciproquement tous
les abus qui ſe ſont gliffés dans le commerce au
préjudice des Pays , Etats & Sujets reſpectifs des
hautesParties contractantes , on eft convenu que ,
d'abord après la paix conclue on nommera de
part & d'autre des Commiſlaires qui régleront
les affaires de Commerce fur des principes équitables
& réciproquement utiles.
ILferacaufli réciproquement adminiſtré bonne
& prompte juſtice à ceux des Sujets reſpectifs qui
aurontdesprocès&des prétentions liquides dans
1s Etats de l'une ou de l'autre Partie , & quand
il y en aura qui auront change ou voudrontencore
changer de domicile & paffer de la domination
de l'une fous celle de l'autre des hautes. Parties
contractantes , on ne leur fera point de difficulté
à cet égard.
ART. VII. Sa Majesté le Roi de Pruſſe conſent
1
JUIN. 1763 . 219
d'accéder & fera accéder ſes Sujets créanciers de
la Steuer de Saxe aux arrangemens qu'on prendra
inceſſamment par rapport aux intérêts à payer ,
& pour l'établiſſement d'un fonds d'amortiſſement
folide & durable ſans aucune préférence .
Sa Majesté le Roi de Pologne , Electeur de
Saxe , affure & promet d'un autre côté que ,
conformément auxdits arrangemens , tous les
Sujets de Sa Majeſté Pruſſienne , qui ont ou auront
des capitaux dans la Steuer de Saxe , recevront
leurs intérêts exactement , & que les capitaux
leur feront auſſi rembourſés en entier , ſans
la moindre réduction ni diminution , & dans un
eſpacede temps raiſonnable.
ART . VIII . L'échange de la Ville & du Péage
de Furstenberg & du Village de Schildlo contre
un equivalent an Land und Leuten , ſtipulé dans
l'Article VII de la paix de Dreſde , ayant rencontré
beaucoup de difficultés dans l'éxécution , on
eſt ultérieurement convenu que pour le faciliter
la Ville de Furstenberg , avec ſes dépendances ſituées
en-deçà de l'Oder , ne ſera pas compriſe
dans ce troc & reſtera à Sa Majesté Polonoiſe
mais que d'un autre côté Sadite Majesté le Roi
de Pologne , Électeur de Saxe , cédera à S. M.
Pruſſienne non- ſeulement le Péage de l'Oder ,
qu'Elle a perçu juſqu'ici à Furstenberg , & le
Village de Schildlo avec ſes appartenances au-delà
de l'Oder , maisauſſi généralement tout ce qu'Elle
a poſſédé juſqu'ici des bords & rives de l'Oder ,
tant du côté de la Luſace que de celui de la Marche
, de forte que la rivière de l'Oder faſſe la limite
territoriale , & que la ſupériorité des deux
rives & bords de l'Oder , & de tout ce qui eſt audelà
de l'Oder du côté de la Marche , appartienne
déſormais en entier & excluſivement à Sa Majeſté
le Roi de Pruſſe , ſes Succeſſeurs & Héritiers à
perpétuité. Kij
220 MERCURE DE FRANCE .
Il eſt auſſi convenu que l'équivalent à donner à
Sa Majefté Polonoiſe ne pourra être évalué qu'à
proportion du revenu réel qu'Elle a tiré juſqu'ici
des poffeflions qu'Elle cédera àSa Majesté Pruffienne
, en conféquence de quoi Sa Majesté Polonoiſe
ſe contentera d'un équivalent an Landund
Leuten , dont le revenu réel ſeroit égal au revenu
réel des poſſeſſions qu'Eile cédera à Sa Majeſté
Brufſienne.
Au reſte dans tous les autres points relatifs à cet
échange , l'Article VII de la paix de Dreſde ſera
éxactement obſervé & éxécuté.
ART. IX. Sa Majeſté le Roi de Pruffe accorde
à Sa Majeſté le Roi de Pologne , Electeur de
Saxe , le libre paſſage en tout temps par la Siléfie
en Pologne , & renouvelle en particulier ce
qui a été ſtipulé là- deſſus dans l'Article X du Traitéde
paix conclu à Dreſde en 1745 .
ART. X. Les hautes Parties contractantes ſe gas
rantiſſent réciproquement l'abſervation & l'éx
cution du préſent Traité de paix , & tâcheront
d'en obtenir la garantie des Puillances avec lefquellesElles
font en amitié.
ART . XI . Le préſent Traité de paix ſera ratifié
de part & d'autre , & les ratifications feront expédiées
en bonne & due forme ,& échangéesdans
F'eſpace de quinze jours , ou plutôt fi faire ſe
peut , àcompter du jour de leur ſignature.
En foi de quoi , les ſouſſignés Plénipotentiaires
de Sa Majesté le Roi de Pologne , Electeur de
Saxe, & de Sa Majesté le Roi de Pruſſe , en vertu
de leurs pleins pouvoirs , ont ſigné le préſent
Traité de paix , & y ont fait appoſer les cachets
de leurs armes.
Fait au Château de Hubertzbourg , le is Février
1763.
THOMAS, BARON DE FRITSCH .
( Signé ) EWALD-FREDERIC DE HERTZBERG .
JUI N. 1763 . 221
ARTICLES SÉPARÉS.
ART. I. On est convenu que dans les arrérages
ou autres preſtations arriérées , qui devront
ceffer du II Février 1763 , ne ſera pascompris ce
qui eſt encore dû fur les lettres de change & autres
engagemens par écrit , énoncés dans la ſpécification
ci -jointe ,que Sa Majeſté le Roide Pruſſe
ſe réſerve expreffément , & que Sa Majesté le Roi
dePologne promet de faire acquitter éxactement ,
&ſelon la teneur deſdites lettres de change &
autres engagemens par écrit donnés là-deſſus ,
ſans le moindre rabais ou défalcation , & dans
les monnoiesy promiſes.
ART. II . Pour ne laiſſer aucun doute ſur la
rrature& la ſolidité des arrangemens à prendre
fur les affaires de la Steuer , dont il a été fait
mention dans l'Article VII du Traité de paix ,
Sa Majesté le Roi de Pologne , Electeur de Saxe ,
déclare qu'Elle prendra des arrangemens pour
qu'aucun des créanciers de la Steuer ne perde
riende ſon capital.
Qu'il eſt impoſſible de leur payer les intérêts
arriérés après que tous les revenus du pays ont
été notoirement abſorbés par les calamités de
laguerre.
Que la même raiſon doit valoir pour l'année
préſente après toutes les charges auxquelles le
pays a déja été obligé de fournir.
Mais qu'à l'avenir Sa Majeſté prendra inceſſam.
ment avec les Etats de la Saxe , aſſemblés en
Diéte , les arrangemens néceſſaires pour établir
un fonds prélevable ſur les revenus les plus clairs
du pays , lequel ſera , 10. principalement employé
pour payer éxactement les intérêts qui ne
pourront pas être fixés au-deſſous de trois pour
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE .
cent , tout comme ils ne pourront pas paffer lefdits
trois pour cent. 2°. Que le reſte fera le fonds
d'amortiſſement pour l'acquit ſucceſſif des capitaux
, qui augmentera à proportion de l'acquit
des capitaux & de la diminution des intérêts , &
dont la diſtribution ſe fera annuellement par le
fort , ſans aucune préférence pour perſonne à
quelque titre que ce ſoit. 30. Que l'adminiſtration
dudit fonds total deſtiné au payement des
intérêts & au rembourſement des capitaux ſera
fixée en la ſuſmentionnée Diete prochaine des
Etats de Saxe , de façon qu'il s'y trouve pleine
sûreté , Sa Majesté le Roi de Pologne , Electeur
de Saxe , promettant de donner là-deſſus
toutes les aſſurances convenables.
ART. III. Il a été convenu & arrêté que les
titres employés ou omis de part & d'autre à
l'occaſion de la préſente négociation dans les
pleins pouvoirs & autres actes , ou partout ailleurs
, ne pourront être cités ou tirés à conféquence
, & qu'il ne pourra jamais en réſulter
aucun préjudice pour aucune des Parties intéreffées.
Les trois préſens Articles ſéparés auront la
même force que s'ils étoient mot à mot inférés
dans le Traité principal , & ils ſeront également
ratifiés des deux hautes Parties contractantes .
En foi de quoi les ſouſſignés , Plénipotentiaires
de Sa Majesté le Roi de Pologne , Électeur de
Saxe , & de Sa Majeſte le Roi de Pruſſe , ont
ſigné ces préſens Articles ſéparés , & y ont fait
appoſer les cachets de leurs armes.
• Fait au Château de Huberzbourg le is Février
1763.
THOMAS , BARON DE FRITSCH .
( Signé ) EWALD- FRÉDÉRIC DE HERTZBERG ,
de POLOGNE , Electeur de Saxe , & Sa Majesté
le Roi de PRUSSE , au Château de Hubertzbourg
,le 15 Février 1763 .
Sa Majesté le Roi de Pologne , Electeur de
Saxe , & Sa Majesté le Roi de Pruſſe , animés du
defir réciproque de mettre fin aux calamités de
la guerre , & de rétablir l'union , la bonne intelligence&
le bon voiſinage entre eux & leurs Etats
reſpectifs , ayant réfléchi ſur les moyens les plus
propres pour parvenir à un but ſi ſalutaire , & le
Prince Royal de Pologne & Electoral Héréditaire
de Saxe s'étant employé à concerter une aſſemblée
de Plénipotentiaires , qui fut ſuivie d'une négociation:
pour en avancer le ſuccès , & pour écarter
les retardemens que l'éloignement auroit pû faire
naître, Sa Majesté le Roi de Pologne , Electeur
de Saxe , a confié à Son Alteſſe Royale le ſoin d'y
ménager ſes intérêts : on eſt convenu de faire tenir
au château de Huberzbourg des conférences
depaix.
En conféquence de quoi Leurs Majeſtés ont
nommé & autoriſé des Plénipotentiaires , ſavoir :
Sa Majeſté le Roi de Pologne , Electeur de Saxe ,
le ſieur Thomas , Baron de Fritſch , ſon Conſeiller
Privé ; & Sa Majeſté le Roi de Pruſſe, le ſieur
Ewald- Frederic de Hertzberg , ſon conſeiller Privé
d'Ambaſſade, leſquels , après s'etre duement
communiqué & avoir échangé leurs pleins pouvoirs
en bonne forme, ont arrêté , conclu & figné
les Articles ſuivans d'un Traité de paix.
JUIN. 1763 . 215
ARTICLE I. Il y aura une paix ſolide , une
amitié ſincère & un bon voifinage entre S. M. le
Roi de Pologne , Electeur de Saxe , & S. M. le
Roi de Pruſie & leurs Héritiers , Etats , Pays &
Sujets : & en conféquence , il y aura une amnif
tie générale & un oubli éternel de tout ce qui eſt
arrivé entre les hautes Parties contractantes , à
l'occaſion de la préſente guerre , de quelque nature
que cela puiſſe avoir été , & il ne ſera point
demandé de dédommagement de part& d'autre ;
ſous quelque prétexte ou nom que ce puiſſe être ,
mais toutes les prétentions réciproques , occafionnées
par cette guerre , demeureront entiérement
éteintes , annullées & anéanties .
Les hautes Parties contractantes & leurs Héritiers
cultiveront à l'avenir entr'elles une bonne
harmonie & parfaite intelligence, en tâchant d'avancer
leurs intérêts réciproques , & d'écarter
tout ce qui pourroity nuire ou y donner la moindreatteinte
.
Sa Majeſté le Roi de Pruſſe promet en particulier
que , dans les occaſions qui ſe préſenteront de
pouvoir procurer des convenances à Sa Majefté
le Roi de Pologne , Electeur de Saxe , ou à la
Maiſon , ſans que ce ſoit aux dépens de Sadite
Majesté Pruſienne. Elle y contribuera avec le
plus grand zéle , & ſe concertera à cet effet avec
Sa Majesté Polonoiſe & avec leurs Amis communs
.
ART . II . Toutes les hoftilités ceſſeront entiérement
à compter du II Février incluſivement ;
&depűis le même jour Sa Majesté Pruſſienne fera
ceffer entiérement & pleinement toutes contributions
ordinaires & extraordinaires , toutes livraiſons
de proviſions de bouche , fourrages , chevaux
& autre bérail ou autres effets ; toutes demandes
216 MERCURE DE FRANCE.
1
de recrues , valets , travailleurs & voitures , &
généralement toutes fortes de preſtations , de
quelque nature & dénomination qu'elles puiffent
être , & fous quelque titre ou prétexte qu'elles
foient demandées & éxigées , comme auſſi toute
coupe de bois & autres endommagemens dans
tout l'Electorat de Saxe & toutes les parties &
dépendances , y compris la Haute & Balle- Luface.
Si les ordres que Sa Majeſté le Roi de Pruſſe a
donnés là-deſſus, n'étoient pas parvenus leditjour
en tous les endroits occupés par les Troupes de
Sa Majesté Pruſſienne , & que par cette raiſon ,
ou fous d'autres prétextes , il dût arriver qu'on
eût encore pris ou éxigé des caiſſes ou des Sujets
de Sa Majeſté Polonoiſe quelque argent ou quelque
autre preſtation de quelque nature ou valeur
qu'elle pût être , ou qu'on eût cauſé d'autres
dommages , Sa Majesté Pruſſienne fera reſtituer
ſans délai tout ce qui auroit été pris ou éxigé ,
& bonifier toutdommage & perte. En conféquence
de cette ceſſation générale de toute forte de
preſtations , Sa Majesté Pruſſienne renonce également
à tous les arrérages des contributions , livraiſons
& autres preſtations antérieurement demandées
& éxigées , & déclare que toutes les
prétentions y relatives ſeront & demeureront entiérement
éteintes , annullées & anéanties , de
forte qu'il n'en ſera jamais plus fait mention.
ART. III . Sa Majefté le Roi de Pruſſe promet
de commencer les diſpoſitions néceſſaires pour
une prompte évacuation de la Saxe , dès que le
préfent Traité ſera ſigné , & d'effectuer & achever
l'évacuation & la reſtitution de tous les Etats
& Pays , Villes , Places & Forts de S. M.Polonoiſe,
&généralement de toutes parties & dépen' ances
deldirs Etats que S. M. Polonoiſe a poſlédés avant
la
JUIN. 1763. 217
la préſente guerre , dans l'eſpace de trois ſemai
nes , à compter du jour de l'échange des ratificasions;
bien entendu que les Troupes de S. M.
l'Impératrice-Reine de Hongrie & de Bohême
évacueront toute la Saxe dans le même eſpace de
temps. Y
Dès le de Février , Sa Majeſté le Roi de
Pruffe fera nourrir ſes Troupes de ſes propres
magaſins ſans qu'elles foient à charge au pays ,
&on procédera inceſſamment au réglement des
routes que leſdites Troupes prendront en quittant
les Etats de Sa Majesté le Roi de Pologne ,
dans leſquelles elles ſeront conduites & logées
par les Commiſſaires nommés par Sa' Majeſté
Polonoile, qui auront pareillement ſoin des Vorfpanndont
les Troupes auront beſoin pour leurs
marches , &qui leur feront fournisgratuitement ,
à condition que ces Vorſpann ne feront obligés
depafler les frontières de Saxe , quejuſqu'au premier
gîte.
ART. IV. Sa Majesté le Roi de Pruſſe renverra
fans rançon & ſans délai tous lesGénéraux , Officiers
& Soldats de Sa Majesté le Roi de Pologne
, Electeur de Saxe , qui font encore priſonniers
de guerre , & les autres Sujets de Sa lite
Majesté Polonoiſe qui ne voudront pas reſter
dans le ſervice & dans les Etats de Sa Majeſté
Pruſſienne , bien entendu que chacun payera
préalablement les dettes qu'il aura contractées. I
Sadite Majeſté le Roi de Pruſſe rendra auffe
toute l'artillerie , appartenante à Sa Majeſté le
Roi de Pologne , qui ſe trouve encore en Saxe ,
&qui eft marquée aux armes de, Sadire Majesté
Polonoiſe.
En particulier les Villes de Léipfic , Torgau
&Wittemberg feront reftituées par rapport aux
K
218 MERCURE DE FRANCE.
fortifications , dans le même état où elles ſont à
préſent & avec l'artillerie qui s'y trouve marquée
aux armes de Sa Majesté Polonoife.
Sa Majesté Pruſſienne mettra auſſi en liberté
les otages& autres perſonnes qui ont été arrêtées
àl'occaſion de la préſente guerre , & fera rendre
tous les papiers qui appartiennent aux archives
de Sa Majeſté le Roi de Pologne , Electeur de
Saxe , ou aux autres bureaux du Pays , & à l'avenir
il n'en ſera rien allégué ou inféré contre
Sa Majeftéie Roi de Pologne , ni contre ſes Héritiers
& Etats.
ART . V. Le Traité de paix conclu à Dreſde le
25 Décembre 1745 eſt expreſſement renouvellé
&confirmé dans la meilleure forme & dans toute
fa teneur autant que le préſent Traité n'y dérogera
pas , & que les obligations y contenues ſeront
de nature à pouvoir encore avoir lieu .
ART . VI . Pour redreſſer réciproquement tous
les abus qui ſe ſont gliffés dans le commerce au
préjudice des Pays , Etats & Sujets reſpectifs des
hautesParties contractantes , on eft convenu que ,
d'abord après la paix conclue on nommera de
part & d'autre des Commiſlaires qui régleront
les affaires de Commerce fur des principes équitables
& réciproquement utiles.
ILferacaufli réciproquement adminiſtré bonne
& prompte juſtice à ceux des Sujets reſpectifs qui
aurontdesprocès&des prétentions liquides dans
1s Etats de l'une ou de l'autre Partie , & quand
il y en aura qui auront change ou voudrontencore
changer de domicile & paffer de la domination
de l'une fous celle de l'autre des hautes. Parties
contractantes , on ne leur fera point de difficulté
à cet égard.
ART. VII. Sa Majesté le Roi de Pruſſe conſent
1
JUIN. 1763 . 219
d'accéder & fera accéder ſes Sujets créanciers de
la Steuer de Saxe aux arrangemens qu'on prendra
inceſſamment par rapport aux intérêts à payer ,
& pour l'établiſſement d'un fonds d'amortiſſement
folide & durable ſans aucune préférence .
Sa Majesté le Roi de Pologne , Electeur de
Saxe , affure & promet d'un autre côté que ,
conformément auxdits arrangemens , tous les
Sujets de Sa Majeſté Pruſſienne , qui ont ou auront
des capitaux dans la Steuer de Saxe , recevront
leurs intérêts exactement , & que les capitaux
leur feront auſſi rembourſés en entier , ſans
la moindre réduction ni diminution , & dans un
eſpacede temps raiſonnable.
ART . VIII . L'échange de la Ville & du Péage
de Furstenberg & du Village de Schildlo contre
un equivalent an Land und Leuten , ſtipulé dans
l'Article VII de la paix de Dreſde , ayant rencontré
beaucoup de difficultés dans l'éxécution , on
eſt ultérieurement convenu que pour le faciliter
la Ville de Furstenberg , avec ſes dépendances ſituées
en-deçà de l'Oder , ne ſera pas compriſe
dans ce troc & reſtera à Sa Majesté Polonoiſe
mais que d'un autre côté Sadite Majesté le Roi
de Pologne , Électeur de Saxe , cédera à S. M.
Pruſſienne non- ſeulement le Péage de l'Oder ,
qu'Elle a perçu juſqu'ici à Furstenberg , & le
Village de Schildlo avec ſes appartenances au-delà
de l'Oder , maisauſſi généralement tout ce qu'Elle
a poſſédé juſqu'ici des bords & rives de l'Oder ,
tant du côté de la Luſace que de celui de la Marche
, de forte que la rivière de l'Oder faſſe la limite
territoriale , & que la ſupériorité des deux
rives & bords de l'Oder , & de tout ce qui eſt audelà
de l'Oder du côté de la Marche , appartienne
déſormais en entier & excluſivement à Sa Majeſté
le Roi de Pruſſe , ſes Succeſſeurs & Héritiers à
perpétuité. Kij
220 MERCURE DE FRANCE .
Il eſt auſſi convenu que l'équivalent à donner à
Sa Majefté Polonoiſe ne pourra être évalué qu'à
proportion du revenu réel qu'Elle a tiré juſqu'ici
des poffeflions qu'Elle cédera àSa Majesté Pruffienne
, en conféquence de quoi Sa Majesté Polonoiſe
ſe contentera d'un équivalent an Landund
Leuten , dont le revenu réel ſeroit égal au revenu
réel des poſſeſſions qu'Eile cédera à Sa Majeſté
Brufſienne.
Au reſte dans tous les autres points relatifs à cet
échange , l'Article VII de la paix de Dreſde ſera
éxactement obſervé & éxécuté.
ART. IX. Sa Majeſté le Roi de Pruffe accorde
à Sa Majeſté le Roi de Pologne , Electeur de
Saxe , le libre paſſage en tout temps par la Siléfie
en Pologne , & renouvelle en particulier ce
qui a été ſtipulé là- deſſus dans l'Article X du Traitéde
paix conclu à Dreſde en 1745 .
ART. X. Les hautes Parties contractantes ſe gas
rantiſſent réciproquement l'abſervation & l'éx
cution du préſent Traité de paix , & tâcheront
d'en obtenir la garantie des Puillances avec lefquellesElles
font en amitié.
ART . XI . Le préſent Traité de paix ſera ratifié
de part & d'autre , & les ratifications feront expédiées
en bonne & due forme ,& échangéesdans
F'eſpace de quinze jours , ou plutôt fi faire ſe
peut , àcompter du jour de leur ſignature.
En foi de quoi , les ſouſſignés Plénipotentiaires
de Sa Majesté le Roi de Pologne , Electeur de
Saxe, & de Sa Majesté le Roi de Pruſſe , en vertu
de leurs pleins pouvoirs , ont ſigné le préſent
Traité de paix , & y ont fait appoſer les cachets
de leurs armes.
Fait au Château de Hubertzbourg , le is Février
1763.
THOMAS, BARON DE FRITSCH .
( Signé ) EWALD-FREDERIC DE HERTZBERG .
JUI N. 1763 . 221
ARTICLES SÉPARÉS.
ART. I. On est convenu que dans les arrérages
ou autres preſtations arriérées , qui devront
ceffer du II Février 1763 , ne ſera pascompris ce
qui eſt encore dû fur les lettres de change & autres
engagemens par écrit , énoncés dans la ſpécification
ci -jointe ,que Sa Majeſté le Roide Pruſſe
ſe réſerve expreffément , & que Sa Majesté le Roi
dePologne promet de faire acquitter éxactement ,
&ſelon la teneur deſdites lettres de change &
autres engagemens par écrit donnés là-deſſus ,
ſans le moindre rabais ou défalcation , & dans
les monnoiesy promiſes.
ART. II . Pour ne laiſſer aucun doute ſur la
rrature& la ſolidité des arrangemens à prendre
fur les affaires de la Steuer , dont il a été fait
mention dans l'Article VII du Traité de paix ,
Sa Majesté le Roi de Pologne , Electeur de Saxe ,
déclare qu'Elle prendra des arrangemens pour
qu'aucun des créanciers de la Steuer ne perde
riende ſon capital.
Qu'il eſt impoſſible de leur payer les intérêts
arriérés après que tous les revenus du pays ont
été notoirement abſorbés par les calamités de
laguerre.
Que la même raiſon doit valoir pour l'année
préſente après toutes les charges auxquelles le
pays a déja été obligé de fournir.
Mais qu'à l'avenir Sa Majeſté prendra inceſſam.
ment avec les Etats de la Saxe , aſſemblés en
Diéte , les arrangemens néceſſaires pour établir
un fonds prélevable ſur les revenus les plus clairs
du pays , lequel ſera , 10. principalement employé
pour payer éxactement les intérêts qui ne
pourront pas être fixés au-deſſous de trois pour
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE .
cent , tout comme ils ne pourront pas paffer lefdits
trois pour cent. 2°. Que le reſte fera le fonds
d'amortiſſement pour l'acquit ſucceſſif des capitaux
, qui augmentera à proportion de l'acquit
des capitaux & de la diminution des intérêts , &
dont la diſtribution ſe fera annuellement par le
fort , ſans aucune préférence pour perſonne à
quelque titre que ce ſoit. 30. Que l'adminiſtration
dudit fonds total deſtiné au payement des
intérêts & au rembourſement des capitaux ſera
fixée en la ſuſmentionnée Diete prochaine des
Etats de Saxe , de façon qu'il s'y trouve pleine
sûreté , Sa Majesté le Roi de Pologne , Electeur
de Saxe , promettant de donner là-deſſus
toutes les aſſurances convenables.
ART. III. Il a été convenu & arrêté que les
titres employés ou omis de part & d'autre à
l'occaſion de la préſente négociation dans les
pleins pouvoirs & autres actes , ou partout ailleurs
, ne pourront être cités ou tirés à conféquence
, & qu'il ne pourra jamais en réſulter
aucun préjudice pour aucune des Parties intéreffées.
Les trois préſens Articles ſéparés auront la
même force que s'ils étoient mot à mot inférés
dans le Traité principal , & ils ſeront également
ratifiés des deux hautes Parties contractantes .
En foi de quoi les ſouſſignés , Plénipotentiaires
de Sa Majesté le Roi de Pologne , Électeur de
Saxe , & de Sa Majeſte le Roi de Pruſſe , ont
ſigné ces préſens Articles ſéparés , & y ont fait
appoſer les cachets de leurs armes.
• Fait au Château de Huberzbourg le is Février
1763.
THOMAS , BARON DE FRITSCH .
( Signé ) EWALD- FRÉDÉRIC DE HERTZBERG ,
Fermer
Résumé : TRAITÉ de paix conclu entre sa Majesté le Roi de POLOGNE, Electeur de Saxe, & Sa Majesté le Roi de PRUSSE, au Château de Hubertzbourg, le 15 Février 1763.
Le traité de paix de Hubertusbourg, signé le 15 février 1763 entre le Roi de Pologne, Électeur de Saxe, et le Roi de Prusse, vise à mettre fin aux conflits et à rétablir la paix et l'amitié entre les deux monarchies. Les points essentiels du traité incluent : 1. **Paix et amitié** : Une paix durable et une amitié sincère doivent prévaloir entre les deux souverains et leurs héritiers, avec une amnistie générale et un oubli des événements de la guerre. Aucune demande de dédommagement ne sera faite. 2. **Cessation des hostilités** : Toutes les hostilités doivent cesser à partir du 11 février 1763. La Prusse cessera toutes contributions et prestations en Saxe et restituera les sommes prises ou exigées. 3. **Évacuation de la Saxe** : La Prusse doit commencer les dispositions pour évacuer la Saxe dans les trois semaines suivant la ratification du traité. Les troupes prussiennes et celles de l'Impératrice-Reine de Hongrie et de Bohême doivent quitter la Saxe dans le même délai. 4. **Restitution des prisonniers et des biens** : La Prusse doit libérer sans rançon tous les prisonniers de guerre saxons et restituer l'artillerie saxonne. Les villes de Leipzig, Torgau et Wittenberg doivent être restituées avec leurs fortifications. 5. **Renouvellement des traités antérieurs** : Le traité de paix de Dresde de 1745 est renouvelé et confirmé, sauf en ce qui concerne les dispositions contraires au présent traité. 6. **Commerce et justice** : Des commissaires seront nommés pour régler les abus dans le commerce et administrer justice aux sujets des deux parties. Les sujets qui changent de domicile ne rencontreront pas de difficultés. 7. **Affaires de la Steuer** : La Prusse accepte les arrangements concernant les créanciers de la Steuer de Saxe, et la Saxe assure le remboursement des capitaux sans réduction. 8. **Échange territorial** : La ville de Fürstenberg reste à la Pologne, mais la Saxe cède le péage de l'Oder, le village de Schildlo et ses possessions sur les rives de l'Oder à la Prusse. Un équivalent en terres et en sujets sera donné à la Saxe. 9. **Passage en Silésie** : La Prusse accorde à la Pologne le libre passage en Silésie. 10. **Garantie du traité** : Les deux parties se garantissent réciproquement l'observation et l'exécution du traité et chercheront la garantie des puissances amies. Le traité doit être ratifié et les ratifications échangées dans les quinze jours suivant la signature.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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34
p. 225-229
De PARIS, le 18 Avril 1763.
Début :
Le 14 du mois dernier, l'Académie Françoise a élu l'Abbé de [...]
Mots clefs :
Académie française, Élection, Comte, Assemblée, Cardinal, Cérémonie, Ordonnance du roi, Régiments, Compagnie, Légion royale, Dragons, Grenadiers, Capitaine, Pensions militaires, Soldats, Guerre, Paix, Colonels, Infanterie, Procureur du roi, Académie royale, Bibliothèque
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texteReconnaissance textuelle : De PARIS, le 18 Avril 1763.
De PARIS, le 18 Avril 1763.
Le 14 du mois dernier , l'Académie Françoiſe
a élu l'Abbé de Radonvilliers , Sous- Précepteur
de Mgr le Duc de Berri & de Mgr le Comte de
Provence, pour remplir la place vacante par la
mort du ſieur Carlet de Marivaux. Le 26 , certe
Académie tint une aſſemblée publique dans la-
Kv
226 MERCURE DE FRANCE .
1
quelle il prononcé ſon diſcours de réception,
Le Cardinalde Luynės a répondu au remerciment
de ce nouvel Académicien .
Le 22 du même mois , on fit la Proceſſion ſolemnelle
qu'on a coutume de faire tous les ans
enmémoire de la réduction de cette Capitale
ſous l'obéillance de Henri IV. Le Corps de Ville
aſſiſta , ſelon l'uſage , à cette cérémonie.
,
:
Il paroît une Ordonnance du Roi , datée du
1 Mars 1763 concernant les troupes légéres ,
par laquelle Sa Majesté conſerve ſur pied quatre
légions de ces troupes , indépendamment
des Régimens des Volontaires de Clermont & de
Soubiſe , & fupprime le Régiment des Volontaires
Etrangers de Wurmſer & la Compagnie de
ChaffeursdePoncet. La Légion Royale ſera la premièredes
quatre que S. M. entretiendra,&elle conſervera
fon nom. La ſeconde ſera compoſée du Régimentdes
Volontaires de Flandres & de celui des
Volontaires du Dauphiné qui ſeront incorporés
enſemble: cette Légion ſera ſous la dénomination
de Légion de Flandre , & commandée par
le Chevalier de Jaucourt. La troiſſéme , ſous la
dénomination de Légion du Haynaut , & commandée
par le ſieur de Grandmaiſon , ſera
compoſéedu Régiment des Volontaires du Haynaut
& de celui des Volontaires d'Auſtraſie qui
feront incorporés enſemble. Le Régiment de Dragons
chaſſeurs de Conflans ſera à l'avenir ſous
la dénomintion de Légion de Conflans , & formera
la quatriéme Légion. Ces Légions ou Régimens
continueront de marcher entr'eux ſuivant
le rang dont ils jouiſſent actuellement.
Chaque Légion ſera compoſée en tout temps de
dix-ſept compagnies , dont une de Grenadiers ,
huisde Fufiliers & huit de Dragons ; & chacun
JUIN. 1763 . 227
des Régimens des Volontaires de Clermont St.
de Soubiſe de neuf Compagnies , dont une de
Grenadiers , quatre de Fuſiliers & quatre de Dragons.
Indépendamment de pluſieurs autres difpoſitions
contenues dans cetteOrdonnance , relativement
à la ſuppreſſion de certaines places &
àla créationde quelques autres , à l'ordre quidoit
être obſervé dans chaque Compagnie , au choix
des Officiers , à la manutention de la caiffe
terme des engagemens , &c. Sa Majesté a réglé
une paye de paix & une paye de guerre de
la manière ſuivante .
,
au
COMPAGNIES DE GRENADIERS. A chaque
Capitaine , 2000 1. par an enpaix , & 3000l. en
guerre, à chaque Lieutenant , 900l . en paix, &
1200 1. en guerre , à chaque Sous- Lieutenant ,
600 l. en paix , & 900 1. en guerre , à chaque
Sergent , 222 1. en paix , & 228 1. en guerre ; à
chaque Fourrier, 180 1. en paix, & 186 1. en guerre
; à chaque Caporal , 156 1. en paix , & 162 1.
en guerre ; à chaque appointé , 1381, en paix , &
144 1. en guerre ; à chaque Grenadier & au Tambour
, 120 1. en paix , & 126 1. en guerre. Сом-
PAGNIES DE FUSILIERS . A chaque Capitaine ,
1500 1. en paix , & 2400 l. en guerre , à chaque
Lieutenant , 600.1. en paix , & 1000 l. en guerre;
à chaque Sous - Lieutenant , 5401. en paix , & 800
1. en guerre ; à chaque Sergent , 204 1. en paix ,
& 210 1. en guerre ; à chaque Fourrier , 162 l. en
paix , & 168 1. en guerre ; à chaque Caporal, 138
1. en paix,& 144 1. en guerres à chaqueAppointé,
120 1. en paix & 126 1. en guerre , à chaque Fufilier
& Tambour, 102 1. en paix , & 108 1. en
guerre. COMPAGNIES DE DRAGONS. A chaque
Capitaine , 1800 1. en paix , & 3600 l . en guerre;.
à chaque Lieutenant , 800 1. en paix , & 10001.
en guerre , à chaque Sous - Lieutenant , soul. en
228 MERCURE DE FRANCE,
paix , & 800 1. en guerre ; à chaque Maréchaldes
Logis, 216 1. en paix , & 252 1. en guerre ; à
-chaque Fourrier , 189 1. en paix,& 225 l. enguerre;
à chaque Brigadier , 135 1. en paix, & 171 1.
en guerre, àchaque Dragon ou Tambour , 117
1. en paix , & 1.53 1. en guerre. ETAT- MAJOR. AU
Colonel de Chaque Légion & au Colonel-Lieutenant
du Réglement des Volontaires de Clermont
, 4500 l . en paix , & 6000 l. en guerre; au
Colonel du Régiment des Volontaires de Soubiſe ,
2400 1. en tout temps , au Colonel en ſeconddudit
Régiment , 2100 1. en paix, & 3600 l. en guerre
; au Colonel-Commandant de chaque Légion
3600 1. en paix, 5400.1. en guerre; à chaque Lieutenant-
Colonel , 35001. en paix, & 5400 l. en
guerre,à chaque Major , 2880 1. en paix , & 4000
I. en guerre, à chaque Aide- Major d'Infanterie ,
avec commiffion de Capitaine , 1500 1. en prix , &
2400 l. en guerresà chaque Aide- Major d'Infanterie,
ſans commiſſion de Capitaine , 900 l . en paix ,
&1800 1. enguerre , à chaque Aide - Major de
-Dragons , avec commiſſion de Capitaine , 18001.
en paix, & 3000l . en guerre , à chaque Aide- Ma
jor de Dragons , ſans commiſſion de Capitaine',
1500 1. en paix , & 2000l. en guerre ; au Sous-Aide-
Major d'Infanterie , qui ſera créé en tempsde
guerre, 1200l.au Sous-Aide Major deDragonsqui
fera créé en tempsde guerre 12001. au Tréſorier ,
en temps deguerre ſeulement , 3000 l . au Quartier
Maître , en tems de guerre ſeulement 800 L.
àl'Aumônier&au Chirurgien en temps de guerre
feulement, sool.
Suivant la même Ordonnance , les Officiers réformés
jouïront annuellement en appointemens,
ſçavoir , les Colonels , de 3600 1. les Colonels-
Commandans , de 2000 l. les Lieutenans-Colo
JUI N. 1763 . 229
nels , de 1200 l . les Majors & les Commandansde
l'Infanterie , de 800 1. les Capitaines des Grenadiers
, de 600 l. ceux de Fuſiliers , de soo 1. les
Capitaines en ſecond , & les Aides - Majors d'Infanterie
, de 4001, les Capitaines des Dragons ,
de soo l . les Capitaines en ſecond , & les Aides-
Majors de Dragons , de 4501. , les Lieutenans--
Colonels réformés ala ſuitedeſdits Corps, de 1200
1. les Capitaines réformés des Dragons , de so०
1. & ceux d'infanterie , de 400 l. Les Lieutenans
qui ont paflé par les grades de Sergent ou de
Maréchal des Logis , de 300 1. Les Sous- Lieutenans
, qui auront paſſé par les mêmes gardes , de
270 1. A l'égard des Lieutenans & Sous-Lieutenans
, qui n'auront point pallé par ces grades ,
mais qui ſe trouveront avoir ſervi au moins dıx
ans , ils jouiront auſſi en appointemens , ſçavoir ,
les Lieutenans , de 200 l.& les Sous- Lieutenans ,
de 150 l . Cette Ordonnance eſt terminée par l'état
de l'uniforme réglé par Sa Majeſté pour l'habillement&
l'équipementde ces troupes.
LE FEU SR MORIAU , Procureur du Roi &de
laVille , ayant légué par teſtament ſa Bibliothéque
à la Ville de Paris , à condition qu'elle ſeroit
publique , le ſieur de Viarmes , Prévôt des
Marchands & les Echevins ont accepté le legs ,
&en conféquence ont nommé pour Bibliothécaire
, le ſieur de Bonamy, de l'Académie Royale
des Inſcriptions & Belles- Lettres , & pour Sous-
Bibliothécaire l'Abbé Ameithon . Ainfi cette Bibliotheque
, qui eſt placée à l'Hôtel de Lamoignon,
rue Pavée au Marais , a été ouverte au
Public pour la première fois le 13 de ce mois
après midi , & elle continuera de l'être tous les
Mercredis & Samedis de l'année juſqu'aux Vacances.
La fuite des Nouvelles Politiques au Mercure
prochain.
Le 14 du mois dernier , l'Académie Françoiſe
a élu l'Abbé de Radonvilliers , Sous- Précepteur
de Mgr le Duc de Berri & de Mgr le Comte de
Provence, pour remplir la place vacante par la
mort du ſieur Carlet de Marivaux. Le 26 , certe
Académie tint une aſſemblée publique dans la-
Kv
226 MERCURE DE FRANCE .
1
quelle il prononcé ſon diſcours de réception,
Le Cardinalde Luynės a répondu au remerciment
de ce nouvel Académicien .
Le 22 du même mois , on fit la Proceſſion ſolemnelle
qu'on a coutume de faire tous les ans
enmémoire de la réduction de cette Capitale
ſous l'obéillance de Henri IV. Le Corps de Ville
aſſiſta , ſelon l'uſage , à cette cérémonie.
,
:
Il paroît une Ordonnance du Roi , datée du
1 Mars 1763 concernant les troupes légéres ,
par laquelle Sa Majesté conſerve ſur pied quatre
légions de ces troupes , indépendamment
des Régimens des Volontaires de Clermont & de
Soubiſe , & fupprime le Régiment des Volontaires
Etrangers de Wurmſer & la Compagnie de
ChaffeursdePoncet. La Légion Royale ſera la premièredes
quatre que S. M. entretiendra,&elle conſervera
fon nom. La ſeconde ſera compoſée du Régimentdes
Volontaires de Flandres & de celui des
Volontaires du Dauphiné qui ſeront incorporés
enſemble: cette Légion ſera ſous la dénomination
de Légion de Flandre , & commandée par
le Chevalier de Jaucourt. La troiſſéme , ſous la
dénomination de Légion du Haynaut , & commandée
par le ſieur de Grandmaiſon , ſera
compoſéedu Régiment des Volontaires du Haynaut
& de celui des Volontaires d'Auſtraſie qui
feront incorporés enſemble. Le Régiment de Dragons
chaſſeurs de Conflans ſera à l'avenir ſous
la dénomintion de Légion de Conflans , & formera
la quatriéme Légion. Ces Légions ou Régimens
continueront de marcher entr'eux ſuivant
le rang dont ils jouiſſent actuellement.
Chaque Légion ſera compoſée en tout temps de
dix-ſept compagnies , dont une de Grenadiers ,
huisde Fufiliers & huit de Dragons ; & chacun
JUIN. 1763 . 227
des Régimens des Volontaires de Clermont St.
de Soubiſe de neuf Compagnies , dont une de
Grenadiers , quatre de Fuſiliers & quatre de Dragons.
Indépendamment de pluſieurs autres difpoſitions
contenues dans cetteOrdonnance , relativement
à la ſuppreſſion de certaines places &
àla créationde quelques autres , à l'ordre quidoit
être obſervé dans chaque Compagnie , au choix
des Officiers , à la manutention de la caiffe
terme des engagemens , &c. Sa Majesté a réglé
une paye de paix & une paye de guerre de
la manière ſuivante .
,
au
COMPAGNIES DE GRENADIERS. A chaque
Capitaine , 2000 1. par an enpaix , & 3000l. en
guerre, à chaque Lieutenant , 900l . en paix, &
1200 1. en guerre , à chaque Sous- Lieutenant ,
600 l. en paix , & 900 1. en guerre , à chaque
Sergent , 222 1. en paix , & 228 1. en guerre ; à
chaque Fourrier, 180 1. en paix, & 186 1. en guerre
; à chaque Caporal , 156 1. en paix , & 162 1.
en guerre ; à chaque appointé , 1381, en paix , &
144 1. en guerre ; à chaque Grenadier & au Tambour
, 120 1. en paix , & 126 1. en guerre. Сом-
PAGNIES DE FUSILIERS . A chaque Capitaine ,
1500 1. en paix , & 2400 l. en guerre , à chaque
Lieutenant , 600.1. en paix , & 1000 l. en guerre;
à chaque Sous - Lieutenant , 5401. en paix , & 800
1. en guerre ; à chaque Sergent , 204 1. en paix ,
& 210 1. en guerre ; à chaque Fourrier , 162 l. en
paix , & 168 1. en guerre ; à chaque Caporal, 138
1. en paix,& 144 1. en guerres à chaqueAppointé,
120 1. en paix & 126 1. en guerre , à chaque Fufilier
& Tambour, 102 1. en paix , & 108 1. en
guerre. COMPAGNIES DE DRAGONS. A chaque
Capitaine , 1800 1. en paix , & 3600 l . en guerre;.
à chaque Lieutenant , 800 1. en paix , & 10001.
en guerre , à chaque Sous - Lieutenant , soul. en
228 MERCURE DE FRANCE,
paix , & 800 1. en guerre ; à chaque Maréchaldes
Logis, 216 1. en paix , & 252 1. en guerre ; à
-chaque Fourrier , 189 1. en paix,& 225 l. enguerre;
à chaque Brigadier , 135 1. en paix, & 171 1.
en guerre, àchaque Dragon ou Tambour , 117
1. en paix , & 1.53 1. en guerre. ETAT- MAJOR. AU
Colonel de Chaque Légion & au Colonel-Lieutenant
du Réglement des Volontaires de Clermont
, 4500 l . en paix , & 6000 l. en guerre; au
Colonel du Régiment des Volontaires de Soubiſe ,
2400 1. en tout temps , au Colonel en ſeconddudit
Régiment , 2100 1. en paix, & 3600 l. en guerre
; au Colonel-Commandant de chaque Légion
3600 1. en paix, 5400.1. en guerre; à chaque Lieutenant-
Colonel , 35001. en paix, & 5400 l. en
guerre,à chaque Major , 2880 1. en paix , & 4000
I. en guerre, à chaque Aide- Major d'Infanterie ,
avec commiffion de Capitaine , 1500 1. en prix , &
2400 l. en guerresà chaque Aide- Major d'Infanterie,
ſans commiſſion de Capitaine , 900 l . en paix ,
&1800 1. enguerre , à chaque Aide - Major de
-Dragons , avec commiſſion de Capitaine , 18001.
en paix, & 3000l . en guerre , à chaque Aide- Ma
jor de Dragons , ſans commiſſion de Capitaine',
1500 1. en paix , & 2000l. en guerre ; au Sous-Aide-
Major d'Infanterie , qui ſera créé en tempsde
guerre, 1200l.au Sous-Aide Major deDragonsqui
fera créé en tempsde guerre 12001. au Tréſorier ,
en temps deguerre ſeulement , 3000 l . au Quartier
Maître , en tems de guerre ſeulement 800 L.
àl'Aumônier&au Chirurgien en temps de guerre
feulement, sool.
Suivant la même Ordonnance , les Officiers réformés
jouïront annuellement en appointemens,
ſçavoir , les Colonels , de 3600 1. les Colonels-
Commandans , de 2000 l. les Lieutenans-Colo
JUI N. 1763 . 229
nels , de 1200 l . les Majors & les Commandansde
l'Infanterie , de 800 1. les Capitaines des Grenadiers
, de 600 l. ceux de Fuſiliers , de soo 1. les
Capitaines en ſecond , & les Aides - Majors d'Infanterie
, de 4001, les Capitaines des Dragons ,
de soo l . les Capitaines en ſecond , & les Aides-
Majors de Dragons , de 4501. , les Lieutenans--
Colonels réformés ala ſuitedeſdits Corps, de 1200
1. les Capitaines réformés des Dragons , de so०
1. & ceux d'infanterie , de 400 l. Les Lieutenans
qui ont paflé par les grades de Sergent ou de
Maréchal des Logis , de 300 1. Les Sous- Lieutenans
, qui auront paſſé par les mêmes gardes , de
270 1. A l'égard des Lieutenans & Sous-Lieutenans
, qui n'auront point pallé par ces grades ,
mais qui ſe trouveront avoir ſervi au moins dıx
ans , ils jouiront auſſi en appointemens , ſçavoir ,
les Lieutenans , de 200 l.& les Sous- Lieutenans ,
de 150 l . Cette Ordonnance eſt terminée par l'état
de l'uniforme réglé par Sa Majeſté pour l'habillement&
l'équipementde ces troupes.
LE FEU SR MORIAU , Procureur du Roi &de
laVille , ayant légué par teſtament ſa Bibliothéque
à la Ville de Paris , à condition qu'elle ſeroit
publique , le ſieur de Viarmes , Prévôt des
Marchands & les Echevins ont accepté le legs ,
&en conféquence ont nommé pour Bibliothécaire
, le ſieur de Bonamy, de l'Académie Royale
des Inſcriptions & Belles- Lettres , & pour Sous-
Bibliothécaire l'Abbé Ameithon . Ainfi cette Bibliotheque
, qui eſt placée à l'Hôtel de Lamoignon,
rue Pavée au Marais , a été ouverte au
Public pour la première fois le 13 de ce mois
après midi , & elle continuera de l'être tous les
Mercredis & Samedis de l'année juſqu'aux Vacances.
La fuite des Nouvelles Politiques au Mercure
prochain.
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Résumé : De PARIS, le 18 Avril 1763.
En avril 1763, l'Académie Françoise a élu l'Abbé de Radonvilliers pour succéder à Marivaux. Le 26 avril, l'Abbé a prononcé son discours de réception lors d'une assemblée publique, auquel le Cardinal de Luynes a répondu. Le 22 avril, une procession solennelle a commémoré la réduction de Paris sous l'obéissance de Henri IV, en présence du Corps de Ville. Le 1er mars 1763, une ordonnance royale a réorganisé les troupes légères. Le roi a décidé de maintenir quatre légions de troupes légères, en plus des régiments des Volontaires de Clermont et de Soubise, et de supprimer le régiment des Volontaires Étrangers de Wurmser et la compagnie des Chauffeurs de Poncet. Les légions sont nommées Légion Royale, Légion de Flandre, Légion du Hainaut et Légion de Conflans. Chaque légion est composée de dix-sept compagnies, incluant des grenadiers, fusiliers et dragons. Les régiments des Volontaires de Clermont et de Soubise comptent neuf compagnies chacun. L'ordonnance régit également les soldes de paix et de guerre pour les différents grades des compagnies de grenadiers, fusiliers et dragons, ainsi que pour l'état-major. Les officiers réformés recevront des appointements annuels en fonction de leur grade. L'ordonnance précise aussi l'uniforme des troupes. Par ailleurs, le sieur Moriau, ancien Procureur du Roi et de la Ville, a légué sa bibliothèque à la Ville de Paris à condition qu'elle soit publique. La bibliothèque, placée à l'Hôtel de Lamoignon, a été ouverte au public le 13 avril et le sera tous les mercredis et samedis jusqu'aux vacances. Le sieur de Bonamy et l'Abbé Ameithon ont été nommés bibliothécaire et sous-bibliothécaire respectivement.
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35
p. 188-190
DE FONTAINEBLEAU, le 16 Novembre 1763.
Début :
Le Roi a nommé l'Évêque de Comminges à l'Évêché de Châlons-sur-Marne, l'Abbé d'Osmond, [...]
Mots clefs :
Évêque, Nominations, Comte, Abbaye, Diocèse, Messe, Baptême, Prince, Ministre plénipotentiaire de l'Impératrice de Russie, Audience du roi, Duc, Démission, Plaisirs, Fêtes, Opéra, Décorations, Assemblée, Famille royale
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texteReconnaissance textuelle : DE FONTAINEBLEAU, le 16 Novembre 1763.
DE FONTAINEBLEAU , le 16 Novembre 1763 .
LE a
E Roi a nommé l'Evêque de Comminges à
l'Evêché de Châlons-fur- Marne , l'Abbé d'Ofmond,
Comte de Lyon , Vicaire Général du Diocèle
d'Auxerre , à l'Evêché de Comminges ; l'Abbé
de la Chataigneraye , Comte de Lyon , Aumônier
du Roi , à l'Evêché de Saintes , & l'Abbé de
Narbonne - Lara , Vicaire Général du Diocèfe
d'Agen , à l'Evêché de Gap . Sa Majesté a donné
en même temps l'Abbaye de Montier , à l'Evêque
de Châlons ; l'Abbaye de Saint Gildas des Bois ,
Ordre de Saint Benoît , Diocèle de Nantes , à
l'Abbé de Valory , Prévôt de l'Eglife Collégiale
de Saint Pierre à Lille ; l'Abbaye de l'Ile -Chauvet,
Ordre de Saint Benoît , Diocèle de Luçon
à l'Abbé de Menou , Vicaire Général du Diocèle
de la Rochelle ; l'Abbaye de Neauffe le Vieux ,
Ordre de Saint Benoît , Diocèſe de Chartres , à
l'Abbé de Radonvilliers , Sous - Précepteur des Enfans
de France ; l'Abbaye de Saint Jean en Val
lée , Ordre de Saint Auguftin , Diocèfe de Char
JANVIER. 1764. 189
tres , à l'Abbé Dromgheld ; l'Abbaye de Mont-de-
Sion , Ordre de Citeaux , Diocèle de Marſeille ,
à la Dame de Gafparis , Religieufe au Monaſtere
des Bernardines d'Aubagne , même Diocèle ; l'Abbaye
de Saint Bernard lès-Bayonne , Ordre de
Citeaux , Diocèle d'Acqs , à la Dame de Membrede
, Religieufe de la même Abbaye ; l'Abbaye de
la Bourdilliere , Diocèle de Tours , à la Dame de
la Roche - Menou , Religieufe de la même Abbaye.
Le 30 du mois dernier , le Roi , après avoir entendu
la Meffe , tint avec Madame Victoire , fur
les fonts de Baptême , Louis-Victoire- Hippolyte-
Luce de Montmorin de Saint- Herem , fils du
Marquis de Montmorin , Lieutenant Général des
Armées du Roi , & Gouverneur de Fontainebleau.
Le Baptême fut adminiftré par l'Archevêque de
Rheims , Grand Aumônier de France , en préfence
du fieur Magniere , Curé de la Paroiffe , & du
Pere Poinfignon , Docteur de Sorbonne , & Miniftre
des Religieux du Château . Sa Majefté , précédée
des Huiffiers de fa Chambre portant leurs
Mafles , fut conduite à cette cérémonie par le
Marquis de Dreux , Grand- Maître des Cérémonies.
2
Le 6 de ce mois , le Prince Mitrix de Gallitzin ,
Miniftre Plénipotentiaire de l'Impératrice de Ruf
fie , eut une audience particuliere du Roi , à qui il
remit fes Lettres de créance. Le 8 , le Général de
Fontenay , Envoyé Extraordinaire de l'Electeur
de Saxe eut auffi une audience particuliere
de Sa Majefté , & lui remit fa Lettre de
créance . Ces deux Miniftres furent conduits à ces
Audiences , ainfi qu'à celles de la Reine , de Monfeigneur
le Dauphin ,de Madame & de Meldames,
par le fieur de la Live , Introducteur des Ambal
Ladeurs.j
go MERCURE DE FRANCE.
Le Duc de Villeroy , Capitaine de la premiere
Compagnie des Gardes du Roi , ayant donné la
démillion du Gouvernement de Lyon , Sa Majefté
en a difpofé en faveur du Marquis de Villeroy ;
& la place de Lieutenant Général de la Province ,
dont ce dernier étoit pourvu , a été donnée au
Duc de Villeroy .
•
Depuis que le Roi eft arrivé ici , les plaiſirs &
les fêtes fe font fuccédées fans interruption , & ont
rendu la Cour auffi brillante que nombreuſe.
Parmi les différens Spectacles qui ont été donnés ,
on a exécuté avec le plus grand fuccès les Opéra
de Dardanus , de Scanderberg , & de Caftor & Pollux.
La richeffe des décorations & des habits ,
jointe au mérite de l'exécution , a donné à ces repréfentations
tout l'éclat & l'intérêt dont elles
font fufceptibles, & Sa Majeſté en a paru fatisfaite.
Le 29 Octobre & le 6 de ce mois , il y a eu Bal
dans la Salle du Spectacle , qui avoit été ornée
pour cet effet avec autant de goût que de magnificence.
Le Duc de Chartres & le Prince de Condé
, avec plufieurs Seigneurs de la Cour, y ont
formé différens Quadrilles ingénieufement imaginés
, & très bien exécutés . Le Roi , la Reine ,
les Princes & Princelles du Sang , ont honoré de
leurs préfences ces Affemblées auxquelles avoient
été invités les Amballadeurs & les Miniftres Etrangers.
Les Fêtes ont été ordonnées par le Duc de
Duras , premier Gentilhomme de la Chambre du
Roi en exercice , & dirigées par le fieur de la Ferté ,
Intendant des Menus - Plaiſirs de Sa Majeſté.
Le 14 de ce mois , le Roi eft parti d'ici pour
Choify , d'où Sa Majefté s'eft rendue le 16 à
Verſailles. La Reine & Mefdames font authi parties
le 14 pour le rendre à Versailles.
LE a
E Roi a nommé l'Evêque de Comminges à
l'Evêché de Châlons-fur- Marne , l'Abbé d'Ofmond,
Comte de Lyon , Vicaire Général du Diocèle
d'Auxerre , à l'Evêché de Comminges ; l'Abbé
de la Chataigneraye , Comte de Lyon , Aumônier
du Roi , à l'Evêché de Saintes , & l'Abbé de
Narbonne - Lara , Vicaire Général du Diocèfe
d'Agen , à l'Evêché de Gap . Sa Majesté a donné
en même temps l'Abbaye de Montier , à l'Evêque
de Châlons ; l'Abbaye de Saint Gildas des Bois ,
Ordre de Saint Benoît , Diocèle de Nantes , à
l'Abbé de Valory , Prévôt de l'Eglife Collégiale
de Saint Pierre à Lille ; l'Abbaye de l'Ile -Chauvet,
Ordre de Saint Benoît , Diocèle de Luçon
à l'Abbé de Menou , Vicaire Général du Diocèle
de la Rochelle ; l'Abbaye de Neauffe le Vieux ,
Ordre de Saint Benoît , Diocèſe de Chartres , à
l'Abbé de Radonvilliers , Sous - Précepteur des Enfans
de France ; l'Abbaye de Saint Jean en Val
lée , Ordre de Saint Auguftin , Diocèfe de Char
JANVIER. 1764. 189
tres , à l'Abbé Dromgheld ; l'Abbaye de Mont-de-
Sion , Ordre de Citeaux , Diocèle de Marſeille ,
à la Dame de Gafparis , Religieufe au Monaſtere
des Bernardines d'Aubagne , même Diocèle ; l'Abbaye
de Saint Bernard lès-Bayonne , Ordre de
Citeaux , Diocèle d'Acqs , à la Dame de Membrede
, Religieufe de la même Abbaye ; l'Abbaye de
la Bourdilliere , Diocèle de Tours , à la Dame de
la Roche - Menou , Religieufe de la même Abbaye.
Le 30 du mois dernier , le Roi , après avoir entendu
la Meffe , tint avec Madame Victoire , fur
les fonts de Baptême , Louis-Victoire- Hippolyte-
Luce de Montmorin de Saint- Herem , fils du
Marquis de Montmorin , Lieutenant Général des
Armées du Roi , & Gouverneur de Fontainebleau.
Le Baptême fut adminiftré par l'Archevêque de
Rheims , Grand Aumônier de France , en préfence
du fieur Magniere , Curé de la Paroiffe , & du
Pere Poinfignon , Docteur de Sorbonne , & Miniftre
des Religieux du Château . Sa Majefté , précédée
des Huiffiers de fa Chambre portant leurs
Mafles , fut conduite à cette cérémonie par le
Marquis de Dreux , Grand- Maître des Cérémonies.
2
Le 6 de ce mois , le Prince Mitrix de Gallitzin ,
Miniftre Plénipotentiaire de l'Impératrice de Ruf
fie , eut une audience particuliere du Roi , à qui il
remit fes Lettres de créance. Le 8 , le Général de
Fontenay , Envoyé Extraordinaire de l'Electeur
de Saxe eut auffi une audience particuliere
de Sa Majefté , & lui remit fa Lettre de
créance . Ces deux Miniftres furent conduits à ces
Audiences , ainfi qu'à celles de la Reine , de Monfeigneur
le Dauphin ,de Madame & de Meldames,
par le fieur de la Live , Introducteur des Ambal
Ladeurs.j
go MERCURE DE FRANCE.
Le Duc de Villeroy , Capitaine de la premiere
Compagnie des Gardes du Roi , ayant donné la
démillion du Gouvernement de Lyon , Sa Majefté
en a difpofé en faveur du Marquis de Villeroy ;
& la place de Lieutenant Général de la Province ,
dont ce dernier étoit pourvu , a été donnée au
Duc de Villeroy .
•
Depuis que le Roi eft arrivé ici , les plaiſirs &
les fêtes fe font fuccédées fans interruption , & ont
rendu la Cour auffi brillante que nombreuſe.
Parmi les différens Spectacles qui ont été donnés ,
on a exécuté avec le plus grand fuccès les Opéra
de Dardanus , de Scanderberg , & de Caftor & Pollux.
La richeffe des décorations & des habits ,
jointe au mérite de l'exécution , a donné à ces repréfentations
tout l'éclat & l'intérêt dont elles
font fufceptibles, & Sa Majeſté en a paru fatisfaite.
Le 29 Octobre & le 6 de ce mois , il y a eu Bal
dans la Salle du Spectacle , qui avoit été ornée
pour cet effet avec autant de goût que de magnificence.
Le Duc de Chartres & le Prince de Condé
, avec plufieurs Seigneurs de la Cour, y ont
formé différens Quadrilles ingénieufement imaginés
, & très bien exécutés . Le Roi , la Reine ,
les Princes & Princelles du Sang , ont honoré de
leurs préfences ces Affemblées auxquelles avoient
été invités les Amballadeurs & les Miniftres Etrangers.
Les Fêtes ont été ordonnées par le Duc de
Duras , premier Gentilhomme de la Chambre du
Roi en exercice , & dirigées par le fieur de la Ferté ,
Intendant des Menus - Plaiſirs de Sa Majeſté.
Le 14 de ce mois , le Roi eft parti d'ici pour
Choify , d'où Sa Majefté s'eft rendue le 16 à
Verſailles. La Reine & Mefdames font authi parties
le 14 pour le rendre à Versailles.
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Résumé : DE FONTAINEBLEAU, le 16 Novembre 1763.
Le 16 novembre 1763, à Fontainebleau, le Roi a procédé à plusieurs nominations ecclésiastiques. L'Évêque de Comminges a été nommé à l'Évêché de Châlons-sur-Marne, l'Abbé d'Ofmond à l'Évêché de Comminges, l'Abbé de la Chataigneraye à l'Évêché de Saintes, et l'Abbé de Narbonne-Lara à l'Évêché de Gap. Par ailleurs, le Roi a attribué diverses abbayes à plusieurs abbés et religieuses. Le 30 octobre 1763, le Roi a organisé une cérémonie de baptême pour Louis-Victoire-Hippolyte-Luce de Montmorin de Saint-Herem, fils du Marquis de Montmorin. Cette cérémonie a été dirigée par l'Archevêque de Reims et s'est déroulée en présence de nombreux dignitaires. Le 6 janvier 1764, le Prince Mikhaïl de Gallitzin, ministre plénipotentiaire de l'Impératrice de Russie, et le Général de Fontenay, envoyé extraordinaire de l'Électeur de Saxe, ont eu des audiences privées avec le Roi. Le Duc de Villeroy a reçu le Gouvernement de Lyon et la place de Lieutenant Général de la Province. Depuis l'arrivée du Roi à Fontainebleau, diverses fêtes et spectacles ont été organisés, incluant des représentations d'opéras et des bals. Le Roi, la Reine, et les Princes du Sang ont assisté à ces événements. Le 14 janvier 1764, le Roi a quitté Fontainebleau pour se rendre à Choisy, puis à Versailles, accompagné de la Reine et de Mesdames.
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36
p. 200-205
De PARIS, le 23 Janvier 1764.
Début :
Le 29 du mois dernier, les Princes & les Pairs sont venus pour prendre leurs [...]
Mots clefs :
Princes, Pairs, Assemblée, Parlement, Duc d'Orléans, Arrêt, Cour, Remontrances, Commissaires, Missions, Canada, Procès, Observatoire, Mouvement des astres, Comète, Loterie de l'école royale militaire, Tirage, Numéros
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texteReconnaissance textuelle : De PARIS, le 23 Janvier 1764.
De PARIS , le 23 Janvier 1764 .
Le 29 du mois dernier , les Princes & les Pairs
font venus pour prendre leurs places à l'Aſſemblée
des Chambres du Parlement. Le Duc d'Orléans
a propoſé de mettre en délibération ce qu'il conviendroit
de faire , relativement aux droits & prérogatives
de la Pairie , ſur la validité du Décret
AVRIL. 1764 . 201
de priſe de corps décerné par le Parlement de
Toulouſe contre le Duc de Fitz James.
On a rendu un Arrêt portant que les Princes
& les Pairs ſeroient convoqués pour le lendemain
à huit heures du matin , & que le Premier Préſident
ſe retireroit pardevers le Roi pour lui rendre
compte de cet Arrêt & ſçavoir de Sa Majesté
ſi ſa volonté étoit de venir en ſon Parlement & fi
le jour lui convenoit.
Le lendemain 30 , le Premier Préſident ayant
rendu compte de ſa miſſion & ayant dit que le
Roi ne viendroit point en ſon Parlement , la délibération
a été repriſe au ſujet de la propoſition
faite par le Duc d'Orléans, & il a été rendu l'Arrêt
quifuit.
>>> LOUIS , par la grace de Dieu , Roi de
>> France & de Navarre : au premier Huiſſier de
>>> notre Cour de Parlement , ou autre notre Huif-
>> ſier ou Sergent ſur ce requis : ſçavoir faiſons;
>> que vû par notredite Cour , toutes les Cham-
>> bres aſſemblées, le récit fait par le Duc d'Or
>> léans le 29 Décembre de la préſente année
>> 1763 , les Extraits des Regiſtres des Délibéra-
>> tions du Parlement de Toulouſe des 13 , 15 &
>> 16 Septembre audit an , le Procès-Verbal fait
>>> audit Parlement de Toulouſe le 14 Décembre
>>> audit an , le Décret contre le Duc de Firz- Ja-
>> mes , Pair de France , décerné audit Parlement
>> de Toulouſe par Arrêt du 17 Décembre audit
>> an , le Procès-Verbal fait par Antoine Gailhard
>> & Bernard Garlene , Huiſſiers au Parlement de
>>T>oulouſe , du 19 deſdits mois & an leſdites
>> Pieces communiquées à notre Procureur Géné
>>> ral en exécution de l'Arrêt de notredite Cour
>> dudit jour 29 Décembre : autre Arrêt de no-
>> credite Cour dudit jour 29 Décembre qui or-
:
Iv
202 MERCURE DE FRANCE.
>> donne que les Princes & Pairs ſeront convoqués
>> pour le lendemain 30 dudit mois de Décem-
>>bre, huit heures du matin , & que le Premier
→→ Préſident nous ſera député , à l'effet de nous
>> inſtruire de ladite convocation & de ſçavoir s'il
>> eſt de notre volonté de venir à notre Parlement,
>>>& fi le jour nous convient:Concluſions de notre
>> Procureur Général : oui le rapport de MM.
>> Joſeph-Marie Terray & Leonard de Sahuguet,
>> Conſeillers : tout conſidéré.
» NOTREDITE COUR , toutes les Chambres
> aſſemblées , ſuffiſamment garnies de Pairs , en
>> vertu de la convocation ordonnée par l'Arrêt
>> du jour d'hier , toujours exiſtante , & eſſentiel-
•• lement & uniquement notre Cour des Pairs , a
dit& déclaré que , par l'Arrêt du Parlement de
>> Toulouſe du 17 Décembre de la préſente an-
» née 1763 , il a été incompétemment décrété con-
>> tre le Duc de Fitz - James , Pair de France , &
>> en cette qualité juſticiable de notre Cour des
>> Pairs ſeulement ; en conféquence déclare ledit
>> Décret , & tout ce qui s'en eſt enſuivi ou pourroit
s'en ſuivre , nul : fait défenſes à tous Huiffiers
ou Porteurs dudit Décret ou de toutes au-
> tres contraintes,d'en faire ſuite ſous telles peines
>> qu'il appartiendra . SI MANDONS mettre le pré-
>> ſent Arrêt à exécution ſuivant la forme&teneur ,
>> de ce faire te donnons pouvoir. Donné en notredite
Cour de Parlement , toutes les Cham-
>>bres aſſemblées , le trente Décembre , l'an de
>> grace mil ſept cent ſoixante- trois , & de notre
Régne le quarante-neuvième. Collationné ,
REGNAULT.
30 Signé , MAUPASSANT.
Le 31 , il a été arrêté qu'il ſeroit fait au Roi de
AVRIL . 1764 . 203
r
très-humbles & très-reſpectueuſes remontrances
fur les faits contenus dans les Procès-Verbaux que
le Parlement de Toulouſe a envoyés au Greffier
du Parlement de Paris , & qui avoient été dépoſés
au Greffe du Parlement ; & que pour fixer les objets
de ces remontrances , il feroit nommé des
Commiſſaires , leſquels ſe ſont aſſemblés le 4 de
cemois.
Les Commiſſaires ayant fini leur travail en ont
rendu compte le 16 aux Chambres aſſemblées. Les
objets ont été fixés & les Gens du Roi ont été chargés
de demander à Sa Majefté le lieu , le jour &
T'heure où il lui plairoit de recevoir leſdites remontrances
.
Le 18 , les Gens du Roi , rendant compte de
leur miſſion aux Chambres aſſemblées , ont dit
que Sa Majeſté recevroit les remontrances de ſon
Parlement , & que ſon intention étoit qu'elles lui
fuſſent préſentées Jeudi à fix heures du ſoir à Verfailles
par le Premier Préſident & deux Préſidens
du Parlement ; en conféquence , leſdites remontrances
ont été lues & fignées.
Le Procès qui s'inſtruiſoit depuis long-temps con
tre les Particuliers accuſés de malverſations dans
le Canada , a été jugé le 10 Décembre dernier : le
jugement eſt imprimé & paroît actuellement dans
lePublic. Il paroît auſſi un Arrêt duConſeil d'Etat
du Roi, daté du 31 du mois dernier , par lequel
Sa Majeſté évoque à ſon Conſeil toutes les conteſtations
, nées ou à naître , relatives à ce jugement
définitif & les renvoye pardevant les
Commiſſaires nommés par les Arrêts du Conſeil
du 15 Octobre 1758 , & du 29 Novembre 1761 ,
pour la liquidation des dettes de la Marine & des
Colonies , contractées en Canada.
,
La Princeſſe de Guémenée accoucha , le 18 de
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
ce mois , d'un fils qui portera le nom de Duc
de Monbazon .
Leſieur Meſſier , Aſtronome , attaché au dépôt
des Plans de la Marine , a découvert de l'Obfervatoire
de la Marine à l'Hôtel de Clugny , le 3
de ce mois ſur les huit heures da ſoir , une nouvelle
Comete : c'eſt la ſeptiéme que cet Aſtronome
découvre depuis fix ans. Le Ciel étoit très ferein ;
elle paroiſſoit alors près de l'Etoile Theta , de la
conſtellation du Dragon . A 9. heures 24 minutes
33 ſecondes du ſoir , elle avoit d'aſcenſion droite
236 degrés 29 minutes 16 ſecondes , & 58 degrés
52 minutes 58 ſecondes de déclinaiſons boréale :
le lendemain à fix heures 48 minutes ss ſecondes
du matin , ſon aſcenſion droite étoit de 241 degrés
56 minutes une ſeconde , & ſa déclinaiſon de s
degrés 2 minutes 54 ſecondes. On voit par ces
obſervations que cette Cométe a parcourus degrés
26 minutes 45 ſecondes d'aſcenſion droite
dans l'eſpacede 9 heures 24 minutes 22 ſecondes ,
&qu'elle s'eſt avancée vers le Pole de 29 minutes
56 ſecondes. Cette Cométe eſt conſidérable ; on
l'apperçoit à la vue ſimple , & elle égale en grandeur
les Etoiles de la troiſiéme claſſe ; le noyau
eſt environné d'une nébuloſité de 13 à 14 minutes
dediametre, & elle a une queue de deux degrés &
demi de longueur: elle ne ſe couche point & reſte
viſible toute la nuit on peut l'obſerver le ſoir au
Méridien ſous le Pole. Son mouvement eſt direct,
allant ſuivant l'ordre des ſignes .
Le fieur Montaigne , de la Société Royale d'Agriculture
de la Ville de Limoges , y a apperçu
cette Cométe le même jour que le ſieur Meſſier l'a
découverte à Paris. Le ſieur Montaigne l'a obſervée
le 4 , les & le 6 ſuivant ; il a trouvé que ſa lumiere
avoit un peu augmenté depuis la premiere
obſervation , & qu'elle devoit avoir un mouve
AVRIL. 1764. 205
ment d'environ huit degrés en vingt-quatre heures
ſur un arc de grand cercle. Le 7 , il a encore
obſervé la même Cométe às heures 45 minutes
du ſoir. Suivant cette derniere obſervation , la
Cométe avoit 285 degrés d'aſcenſion droite & 54
degrés 30 minutes de déclinaiſon boréale ; doù il
réíulte , d'après les obſervations antérieures , que
dans l'intervalle de 3 jours 1 sheures,elle a avancé de
4.5 degrés en aſcenſion droite , & que ſa déclinaiſon
boréale n'a diminué que de4 degrés.
Les , on a tiré la Loterie de l'Ecole Royale
Militaire. Les numéros ſortis de la roue de fortune,
font 84 87,82,86 , 23. Le prochain tirage
ſe fera le 6 Février.
Le 29 du mois dernier , les Princes & les Pairs
font venus pour prendre leurs places à l'Aſſemblée
des Chambres du Parlement. Le Duc d'Orléans
a propoſé de mettre en délibération ce qu'il conviendroit
de faire , relativement aux droits & prérogatives
de la Pairie , ſur la validité du Décret
AVRIL. 1764 . 201
de priſe de corps décerné par le Parlement de
Toulouſe contre le Duc de Fitz James.
On a rendu un Arrêt portant que les Princes
& les Pairs ſeroient convoqués pour le lendemain
à huit heures du matin , & que le Premier Préſident
ſe retireroit pardevers le Roi pour lui rendre
compte de cet Arrêt & ſçavoir de Sa Majesté
ſi ſa volonté étoit de venir en ſon Parlement & fi
le jour lui convenoit.
Le lendemain 30 , le Premier Préſident ayant
rendu compte de ſa miſſion & ayant dit que le
Roi ne viendroit point en ſon Parlement , la délibération
a été repriſe au ſujet de la propoſition
faite par le Duc d'Orléans, & il a été rendu l'Arrêt
quifuit.
>>> LOUIS , par la grace de Dieu , Roi de
>> France & de Navarre : au premier Huiſſier de
>>> notre Cour de Parlement , ou autre notre Huif-
>> ſier ou Sergent ſur ce requis : ſçavoir faiſons;
>> que vû par notredite Cour , toutes les Cham-
>> bres aſſemblées, le récit fait par le Duc d'Or
>> léans le 29 Décembre de la préſente année
>> 1763 , les Extraits des Regiſtres des Délibéra-
>> tions du Parlement de Toulouſe des 13 , 15 &
>> 16 Septembre audit an , le Procès-Verbal fait
>>> audit Parlement de Toulouſe le 14 Décembre
>>> audit an , le Décret contre le Duc de Firz- Ja-
>> mes , Pair de France , décerné audit Parlement
>> de Toulouſe par Arrêt du 17 Décembre audit
>> an , le Procès-Verbal fait par Antoine Gailhard
>> & Bernard Garlene , Huiſſiers au Parlement de
>>T>oulouſe , du 19 deſdits mois & an leſdites
>> Pieces communiquées à notre Procureur Géné
>>> ral en exécution de l'Arrêt de notredite Cour
>> dudit jour 29 Décembre : autre Arrêt de no-
>> credite Cour dudit jour 29 Décembre qui or-
:
Iv
202 MERCURE DE FRANCE.
>> donne que les Princes & Pairs ſeront convoqués
>> pour le lendemain 30 dudit mois de Décem-
>>bre, huit heures du matin , & que le Premier
→→ Préſident nous ſera député , à l'effet de nous
>> inſtruire de ladite convocation & de ſçavoir s'il
>> eſt de notre volonté de venir à notre Parlement,
>>>& fi le jour nous convient:Concluſions de notre
>> Procureur Général : oui le rapport de MM.
>> Joſeph-Marie Terray & Leonard de Sahuguet,
>> Conſeillers : tout conſidéré.
» NOTREDITE COUR , toutes les Chambres
> aſſemblées , ſuffiſamment garnies de Pairs , en
>> vertu de la convocation ordonnée par l'Arrêt
>> du jour d'hier , toujours exiſtante , & eſſentiel-
•• lement & uniquement notre Cour des Pairs , a
dit& déclaré que , par l'Arrêt du Parlement de
>> Toulouſe du 17 Décembre de la préſente an-
» née 1763 , il a été incompétemment décrété con-
>> tre le Duc de Fitz - James , Pair de France , &
>> en cette qualité juſticiable de notre Cour des
>> Pairs ſeulement ; en conféquence déclare ledit
>> Décret , & tout ce qui s'en eſt enſuivi ou pourroit
s'en ſuivre , nul : fait défenſes à tous Huiffiers
ou Porteurs dudit Décret ou de toutes au-
> tres contraintes,d'en faire ſuite ſous telles peines
>> qu'il appartiendra . SI MANDONS mettre le pré-
>> ſent Arrêt à exécution ſuivant la forme&teneur ,
>> de ce faire te donnons pouvoir. Donné en notredite
Cour de Parlement , toutes les Cham-
>>bres aſſemblées , le trente Décembre , l'an de
>> grace mil ſept cent ſoixante- trois , & de notre
Régne le quarante-neuvième. Collationné ,
REGNAULT.
30 Signé , MAUPASSANT.
Le 31 , il a été arrêté qu'il ſeroit fait au Roi de
AVRIL . 1764 . 203
r
très-humbles & très-reſpectueuſes remontrances
fur les faits contenus dans les Procès-Verbaux que
le Parlement de Toulouſe a envoyés au Greffier
du Parlement de Paris , & qui avoient été dépoſés
au Greffe du Parlement ; & que pour fixer les objets
de ces remontrances , il feroit nommé des
Commiſſaires , leſquels ſe ſont aſſemblés le 4 de
cemois.
Les Commiſſaires ayant fini leur travail en ont
rendu compte le 16 aux Chambres aſſemblées. Les
objets ont été fixés & les Gens du Roi ont été chargés
de demander à Sa Majefté le lieu , le jour &
T'heure où il lui plairoit de recevoir leſdites remontrances
.
Le 18 , les Gens du Roi , rendant compte de
leur miſſion aux Chambres aſſemblées , ont dit
que Sa Majeſté recevroit les remontrances de ſon
Parlement , & que ſon intention étoit qu'elles lui
fuſſent préſentées Jeudi à fix heures du ſoir à Verfailles
par le Premier Préſident & deux Préſidens
du Parlement ; en conféquence , leſdites remontrances
ont été lues & fignées.
Le Procès qui s'inſtruiſoit depuis long-temps con
tre les Particuliers accuſés de malverſations dans
le Canada , a été jugé le 10 Décembre dernier : le
jugement eſt imprimé & paroît actuellement dans
lePublic. Il paroît auſſi un Arrêt duConſeil d'Etat
du Roi, daté du 31 du mois dernier , par lequel
Sa Majeſté évoque à ſon Conſeil toutes les conteſtations
, nées ou à naître , relatives à ce jugement
définitif & les renvoye pardevant les
Commiſſaires nommés par les Arrêts du Conſeil
du 15 Octobre 1758 , & du 29 Novembre 1761 ,
pour la liquidation des dettes de la Marine & des
Colonies , contractées en Canada.
,
La Princeſſe de Guémenée accoucha , le 18 de
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
ce mois , d'un fils qui portera le nom de Duc
de Monbazon .
Leſieur Meſſier , Aſtronome , attaché au dépôt
des Plans de la Marine , a découvert de l'Obfervatoire
de la Marine à l'Hôtel de Clugny , le 3
de ce mois ſur les huit heures da ſoir , une nouvelle
Comete : c'eſt la ſeptiéme que cet Aſtronome
découvre depuis fix ans. Le Ciel étoit très ferein ;
elle paroiſſoit alors près de l'Etoile Theta , de la
conſtellation du Dragon . A 9. heures 24 minutes
33 ſecondes du ſoir , elle avoit d'aſcenſion droite
236 degrés 29 minutes 16 ſecondes , & 58 degrés
52 minutes 58 ſecondes de déclinaiſons boréale :
le lendemain à fix heures 48 minutes ss ſecondes
du matin , ſon aſcenſion droite étoit de 241 degrés
56 minutes une ſeconde , & ſa déclinaiſon de s
degrés 2 minutes 54 ſecondes. On voit par ces
obſervations que cette Cométe a parcourus degrés
26 minutes 45 ſecondes d'aſcenſion droite
dans l'eſpacede 9 heures 24 minutes 22 ſecondes ,
&qu'elle s'eſt avancée vers le Pole de 29 minutes
56 ſecondes. Cette Cométe eſt conſidérable ; on
l'apperçoit à la vue ſimple , & elle égale en grandeur
les Etoiles de la troiſiéme claſſe ; le noyau
eſt environné d'une nébuloſité de 13 à 14 minutes
dediametre, & elle a une queue de deux degrés &
demi de longueur: elle ne ſe couche point & reſte
viſible toute la nuit on peut l'obſerver le ſoir au
Méridien ſous le Pole. Son mouvement eſt direct,
allant ſuivant l'ordre des ſignes .
Le fieur Montaigne , de la Société Royale d'Agriculture
de la Ville de Limoges , y a apperçu
cette Cométe le même jour que le ſieur Meſſier l'a
découverte à Paris. Le ſieur Montaigne l'a obſervée
le 4 , les & le 6 ſuivant ; il a trouvé que ſa lumiere
avoit un peu augmenté depuis la premiere
obſervation , & qu'elle devoit avoir un mouve
AVRIL. 1764. 205
ment d'environ huit degrés en vingt-quatre heures
ſur un arc de grand cercle. Le 7 , il a encore
obſervé la même Cométe às heures 45 minutes
du ſoir. Suivant cette derniere obſervation , la
Cométe avoit 285 degrés d'aſcenſion droite & 54
degrés 30 minutes de déclinaiſon boréale ; doù il
réíulte , d'après les obſervations antérieures , que
dans l'intervalle de 3 jours 1 sheures,elle a avancé de
4.5 degrés en aſcenſion droite , & que ſa déclinaiſon
boréale n'a diminué que de4 degrés.
Les , on a tiré la Loterie de l'Ecole Royale
Militaire. Les numéros ſortis de la roue de fortune,
font 84 87,82,86 , 23. Le prochain tirage
ſe fera le 6 Février.
Fermer
Résumé : De PARIS, le 23 Janvier 1764.
Le 23 janvier 1764, le Parlement de Paris a délibéré sur les droits et prérogatives de la Pairie concernant un décret du Parlement de Toulouse. Le 29 décembre 1763, les Princes et Pairs avaient été convoqués pour discuter de la validité d'un décret de prise de corps contre le Duc de Fitz James. Le Premier Président avait été envoyé au Roi pour connaître sa volonté de se rendre au Parlement, mais le Roi avait refusé. La délibération a repris le lendemain, aboutissant à un arrêt. L'arrêt du Parlement de Paris a déclaré que le décret du Parlement de Toulouse était incompétent, car le Duc de Fitz James, en tant que Pair de France, était justiciable uniquement de la Cour des Pairs. Tout ce qui avait été fait ou pourrait être fait en vertu de ce décret a été déclaré nul. Des remontrances ont été préparées pour le Roi concernant les faits contenus dans les procès-verbaux du Parlement de Toulouse. Par ailleurs, un procès concernant des malversations au Canada a été jugé le 10 décembre 1763, et un arrêt du Conseil d'État du Roi a évoqué toutes les contestations relatives à ce jugement. La Princesse de Guémenée a accouché d'un fils le 18 janvier. L'astronome Messier a découvert une nouvelle comète le 3 janvier, observée également par le sieur Montaigne à Limoges. Enfin, la loterie de l'École Royale Militaire a été tirée, avec les numéros 84, 87, 82, 86 et 23.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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37
p. 198-205
De PARIS, le 2 Avril 1764.
Début :
Sa Majesté, par des Lettres-Patentes, datées du 2 Septembre 1763, & enregistrées [...]
Mots clefs :
Lettres patentes, Sa Majesté, Règlements, Ordonnance, Recrues, Colonels, Lieutenants, Négociants, Navires, Commerce, Princes, Chambre des pairs, Assemblée, Arrêts, Registres, Parlement, Cour, Jésuites, Serment, Officiers, Remontrances, Procession
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texteReconnaissance textuelle : De PARIS, le 2 Avril 1764.
De PARIs, le 2 Avril 1764.
Sa Majeſté, par des Lettres-Patentes, datées du
2 Septembre 1763 , & enregiſtrées au Parlement
le 12 Décembre ſuivant, voulant contribuer à la
perfection de l'Ecole Royale de Chirurgie qu'Elle
a établie à Orléans, par Lettres-Patentes du 23
juin 1759 , fixe des Réglemens relatifs aux obli
gations de ceux qui prétendront à la Maîtriſe, &
aux droits & prérogatives attachés aux Places de
Profeſſeurs,
Par une Ordonnance du premier Septembre
dernier, Sa Majeſté crée & établit dans le Régi
ment des Recrues de la Ville de Paris, un Colonel,
un Lieutenant-Colonel & un Major, leſquels joui
ront de tous les droits & prérogatives dont jouiſ
ſent les autres Colonels, Lieutenans-Colonels &
Majors de ſon Infanterie Françoiſe. Sa Majeſté fixe
en même temps les appointemens du Colonel à
36oo liv. par an, ceux du Lieutenant-Colonel à
24oo liv. & ceux du Major à 18oo liv,
M A I. 1764. Iq
Les Négocians & Armateurs de Grandville,
ayant repréſenté au Roi que leur Port eſt aſſez
ſpacieux, pour y contenir beaucoup de Navires,
& qu'il eſt ſitué dans un pays où l'on peut ſe pro
curer aiſément tout ce qui eſt propre à l'avitaille
ment des Navires, & qui peut ſervir à étendre la
Navigation, par la facilité § l'on a de faire ve
' nir de Paris & de plufieurs autres Villes toutes ſor
tes ſortes de Marchandiſes; Sa Majeſté, par un
Arrêt de ſon Conſeil d'Etat, du 29 Décembre der
nier, leur permet de faire directement par le Port
de ladite Ville le Commerce des Iſles & Colonies
Françoiſes de l'Amérique, & ordonne en conſé
quence qu'ils jouiſſent du privilége de l'entrepôt &
des autres priviléges & exemptions portés par les
Lettres-Patentes du mois d'Avril 1717 , ainſi qu'en
jouiſſent les Négocians des Ports admis à Com
11162fC6º,
La Société Royale de Londres a reçu, le 26
Janvier dernier, au nombre de ſes Membres le
ſieur Camus, de l'Académie Royale des Sciences,
Examinateur des Ecoles du Corps Royal de l'Artit
lerie & du Génie, Profeſſeur & Secrétaire de l'Aca
démie Royale d'Architecture, & Honoraire de
celle de Marine. -
-
Les Princes & Pairs ayant reçu avis que les
Chambres ſeroient aſſemblées le Mercredi 22
pour fixer les objets des Remontrances arrêtées
le 23 Janvier à l'occaſion de l'exil de l'Archevêque
de Paris , ſe ſont rendus au Parlement ledit jour
22 & dans cette ſéance les objets ont été fixés, &
l'aſſemblée a été remiſe au Mercredi 29 du mois•
on a auſſi dénoncé à l'aſſemblée des Chambres
différens faits & pluſieurs Ecrits ſur le Réquiſitoire
I iv
2OO MERCURE DE FRANCE.
des Gens du Roi, les Ecrits ont été condamnés à
être lacérés & brûlés par l'Exécuteur de la Haute
Juſtice; & il a été rendu Arrêt dont l'Extrait vient
dêtre imprimé dans la forme ſuivante.
ExTRAIT DEs REGIsTREs DU PARLEMENT.
- Du 22 Février 1763.
» APPERT, entr'autres diſpoſitions, avoir été
» ordonné par Arrêt rendu ledit jour par la
-» Cour , toutes les Chambres aſſemblées, que
» dans huitaine, à compter du jour de la pu
» blication dudit Arrêt , même par l'extrait ,
» tous ceux qui étoient Membres de la Société
» ſe diſant de Jeſus, au 6 Août 1761 , étant
, » actuellement dans le reſſort de la Cour, prête
» ront ſerment , de ne point vivre déſormais en
» commun, ou ſéparément, ſous l'empire de l'Inſ
» titut & des Conſtitutions de la ci-devant So
» ciété ſe diſant de Jeſus, de n'entretenir aucune
» correſpondance directe ou indirecte , par lettres ,
, º ou par perſonnes interpoſées, ou autrement, en
• • quelques forme & maniere que ce puiſſe être ,
. » avec le Général, le Régime & les Supérieurs
, » de ladite ci-devant Société, ou autres perſon
* nes pas eux propoſées, ni avec aucuns Mem
* bres d'icelle réſidans en Pays étrangers, & de
:** tenir pour impie la Doctrine contenue dans le
* Recueil des Aſſertions, tendante à compromettre
, » la ſüreté de la Perſonne ſacrée des Rois ; leſ
» quels ſermens, à l'égard de tous ceux deſdits ci
» devant ſoi diſans Jéſuites, qui ſont actuelle
» ment dans la Ville, Prévôté & Vicomté de
. » Paris, ſeront reçus pardevant Me Joſeph-Marie
, ºº Terray, Conſeiller-Rapporteur , que la Cour
, » a commis à cet effet : & qu'à l'égard de tous les
2º autres ci devant ſoi-diſans Jéſuites demeurans
M A I. 1764. 2.OI
a» actuellement hors de la Ville , Prévôté &
» Vicomté de Paris & dans le reſſort de la Cour,
» leſdits ſermens ſeront reçus dans les Bailliages
» & Sénéchauſſées du reſſort, dans le diſtrict deſ
» quels ils ſe trouveront lors de la ſuſdite publica
» tion dudit Arrêt, par le Lieutenant-Général ou
» autre Officier , ſuivant l'ordre du Tableau ; deſ
2» quels ſermens ſera donné acte, qui ſera ſouſcrit
» par celui qui aura fait ledit ſerment, & dépoſé
» au Greffe de la Cour ou aux Greffes des Baillia -
» ges & Sénéchauſſées du Reſſort, dont expédition
» en forme ſera envoyée au Procureur-Général
» du Roi, pour être pareillement par lui dépoſée
» au Greffe de la Cour, pour, ſur le compte quî
» ſera par lui rendu, être par la Cour, toutes les
» Chambres aſſemblées, ftatué ce qu'il appartien
» dra , le tout ſans préjudice du ſerment preſcrit
» par l'Arrêt du 6 Août 1726 , à l'égard de ceux
» qui voudroient remplir des grades dans les
» Univerſités du Reſſort, poſſéder Canonicats ou
» Bénéfices à charge d'âmes, Vicariats, emplois
» ou fonctions ayant même charge, Chaires ou
» Enſeignement public, Offices de Judicature ou
» Municipaux, & généralement remplir aucunes
» fonctions publiques, comme auſſi ſans préjudice
» de l'exécution de l'Arrêt du 7 Septembre ſuivant
• rendu en conſéquence. Ordonne que ledit Arrêt
» ſera imprimé, lû, publié & affiché par-tout oû
» beſoin ſera , que l'Affiche d'icelui, même par
» Extrait , vaudra ſignification & injonction à
» chacun de ceux qui audit jour 6 Août 1761 ,
» étoient Membres de ladite ci-devant Société ,
» & qu'Extraits collationnés d'icelui ſerontenvoyés
» aux Bailliages & Sénéchauſſées du Reſſort, en
» ſemble aux Conſeil Provincial d'Artois, Baillia
» ges, Gouvernances & Officiers Municipaux de
L,v.
2 o2 MERCURE DE FRANCE.
» l'Artois, pour y être pareillement lû, publié &
» regiſtré. Enjoint aux Subſtituts du Procureur
» Général du Roi d'y tenir la main, & d'en certi
» fier la Cour. Collationné. REGNAULT.
» Signé, DUFRANC. »
Le 29, les Princes & les Pairs ſe ſont rendus au
Parlement ; il y a été fait lecture des Remontran
ces rédigées d'après les Articles qui avoient été
précédemment agrées ; les Gens du Roi ont été
chargés de ſe retirer pardevers Sa Majeſté pour
ſçavoir le lieu, le jour & l'heure où il lui plaira de .
recevoir ces Remontrances & de rendre compte le
Samedi 3 Mars, de l'éxécution de cette Miſſion.
Ils ont été chargés auſſi de prendre communica
tion du Procez-Verbal de la vérification des Aſſer
tions citées dans l'Inſtruction Paſtorale de l'Ar
chevêque de Paris, & de prendre leurs Conclu
fions ſur cet objet le 3 Mars. Enfin ils ont été char
gé ſde prendre communication d'un Imprimé in
titulé : Lettre Paſtorale de Monſeigneur l'Evêque de
Langres au Clergé Séculier & Régulier de ſon
Diocèſe, lequel a été dépoſé au Greffe, enſemble
du récit fait à ce ſujet par un de MM. & de prendre
des Concluſions ſur le tout le même jour 3 Mars.
Le 3 Mars, les Princes & les Pairs ſe ſont
rendus au Parlement, Les Gens du Roi, rendant
compte de la Miſſion dont ils avoient été chargés,
le 29 du mois dernier, ont dit que le Roi recevroit
à Verſailles, Dimanche 4 du même mois à midi ,
les Remontrances de ſon Parlement, & que ſon
* intention étoit qu'elles lui fuſſent préſentées par le
Premier Préſident & deux Préſidens. Le Prince de
Condé ayant propoſé de mettre en délibération ce
qu'il convenoit de faire au ſujet de ce qui ſe trouve
dans les Remontrances du Parlement de Bretagne
M A I. 1764. 2o3
concernant la Cour des Pairs, il a été arrêté qu'il
ſeroit nommé des Commiſſaires qui s'aſſemble
roient Jeudi 8 , à l'effet d'examiner ces Remon
trances & de recueillir les principes & les faits ſur
cette matiére, pour rendre compte du tout au
Parlement. Enſuite les Gens du Roi ont rendu
compte du Procès-Verbal de la vérification des Aſ
ſertions citées dans l'Inſtruction Paſtorale de l'Ar
chevêque de Paris, ainſi que de l'Imprimé intitulé;
Lettre Paſtorale de Monſeigneur l'Evêque de Lan
gres au Clergé Séculier & Régulier de ſon Diocèſe,
& ils ont laiſſé concernant ces deux objets leurs
concluſions par écrit, ſur leſquelles il a été rendu
deux Arrêts. Par le premier, il eſt ordonné que
pour remplir de plus en plus les vues que le Par
lement s'étoit propoſées par ſon Arrêt du 5 Mars
1762 , des copies collationnées du Procès-Verbal
dépoſé au Greffe par Arrêt du 29 Février dernier ,
feroient envoyées ſans délai par le Procureur-Gé
néral du Roi à tous les Archevêques & Evêques du
Reſſort & à tous les Bailliages & Sénéchauſſées ;il
a été arrêté de plus que le premier Préſident, en
préſentant au Roi les très-humbles & très-reſpec
tueuſes Remontrances de ſon Parlement arrêtées
le 23 Février dernier, remettra à Sa Majefté co
pie collationnée du Procès-Verbal de vérification,
& on a ordonné que, pour que le Procès-Verbal
foit plus promptement & plus facilement envoyé
aux Archevêques & Evêques & aux Bailliages &
Sénéchauſſées du Reſſort, il ſera imprimé & que le
préſent Arrêt ſera imprimé en tête du Procès-Ver
bal. Il a été fait enſuite un Arrêté portant qu'un
exemplaire imprimé du Procès-Verbal de la véri
fication des Extraits das Aſſertions, collationné
par un Secrétaire du Parlement, ſera envoyé aux
Parlemens & Conſeils Supérieurs auxquels ont été
I vj
2o4 MERCURE DE FRANCE.
adreſſés des exemplaires des Aſſertions. Dans le
cours des opinions, un des Membres du Parle
ment s'étant réſervé de faire mettre en délibéra
tion ce qu'il convenoit de faire au ſujet du nom
bre d'Evêques qui ſe trouvoient à Paris, il a été
arrêté qué le Procureur Général du Roi ſeroit
chargé de veiller à l'exécution des Ordonnances &
Arrêts en ce quiconcerne la réſidence des Archevê
, ques & Evêques dans leur Diocèſe , & qu'il ren
droit compte dans la quinzaine aux Chambres aſ
ſemblées des diligences qu'il aura faites. Il a été
rendu enfin au ſujet de l'Imprimé ayant pour titre :
Lettre Paſtorale de Monſeigneur l'Evêque de Lan
gres, & c. un ſecond Arrêt qui ordonne que cet
Imprimé ſera lacéré & brûlé par l'Exécuteur de
la Haute-Juſtice, & que l'Arrêt ſera imprimé &
affiché tant à Paris qu'a Langres & par-tout où
, beſoin ſera.
Le 9 les Princes & les Pairs ſe ſont rendus au
Parlement. Le Premier Préſident ayant rendu
compte de la réponſe faite par le Roi aux Remon
, trances de ſon Parlement , on a arrêté qu'il ſeroit
fait Procès-Verbal du récit fait par le Premier Pré
ſident; &, quant au fond de l'affaire de l'Archevê
que de Paris, il a été arrêté que la délibération
, ſeroit continuée au premier jour avec les Princes
& les Pairs, en vertu de la convocation du 2 1 Jan
vier dernier, & ſans qu'il en ſoit beſoin d'autre.
Les Gens du Roi ayant enſuite rendu compte des
Inform ations faites au ſujet de la diſtribution de
Il'nſtruction Paſtorale de l'Archevêque de Paris,
& des différens Actes de ſerment faits en exécution
de l'Arrêt du 21 Février, & ayant pris des conclu
· ſions ſur le tout, le Parlement a rendu un Arrêt
par lequel il eſt enjoint aux ci-devant ſoi-diſant
Jéſuites, qui n'ont pas prêté ſerment dans le terme
M A I. 1764. , 2o5
preſcrit par l'Arrêt du 22 Février, de ſe retirer du
Royaume dans un mois , à compter du jour de la
publication du préſent Arrêt, tant dans cette Ville
| que dans les Bailliages & Sénéchauſſées du Reſ
ſort, ſauf a ceux qui par leur grand âge ou pour
cauſe d'infirmité ne pourroient ſatisfaire au pré
· ſent Arrêt, à préſenter leurs requêtes en la Cour,
tontes les Chambres aſſemblées, dans le ſuſdit dé
lai, pour être ſur leſdites requêtes & ſur les con
, cluſions du Procureur-Général du Roi ſtatué ce
qu'il appartiendra. Les Gens du Roi étant rentrés
en l'aſſemblée des Chambres, ont rendu compte
d'un Ecrit intitulé Adhéſion de Monſeigneur l'Evê
que d'Amiens a l'Inſtruction Paſtorale de Mon
ſeigneur l'Archevêque de Paris, & ont pris leurs
concluſions tendantes a ce que cet Ecrit fût lacéré
& brûlé : ſur quoi eſt intervenu Arrêt conforme
aux concluſions. -
Le 22 du même mois , on fit la Proceſſion ſo
lemnelle qu'on a coutume de faire tous les ans
en mémoire de la ré*uction de cette Capitale
ſous l'obédience de HENRY IV. Le Corps de
Ville aſſiſta , ſelon l'uſage, a cette Cérémonie,
La Société Royale de Londres reçut, le 13
Janvier dernier, au nombre de ſes Membres,
le ſieur Ferdinand Berthoud, habile Horloger
de cette Capitale. Cet Artiſte fut choiſi l'année
dernière par l'Académie Royale des Sciences &
, envoyé a Londres par Sa Majeſté, pour aſſiſter,
- conjointement avec M le Camus, à l'examen
de l'Horloge de M. Harriſſon. Il eſt Auteur du
Livre de l'Art de régier les Pendules & les Mon
tres, de l'Eſſai ſur l'Horlogerie , & de pluſieurs
- ouvrages relatifs à ſon Art, qu'il a préſentés à
. l'Académie, entr'autres de trois différentes hor
: loges de Marine pour la découverte des longi2
tudes en mer,
Sa Majeſté, par des Lettres-Patentes, datées du
2 Septembre 1763 , & enregiſtrées au Parlement
le 12 Décembre ſuivant, voulant contribuer à la
perfection de l'Ecole Royale de Chirurgie qu'Elle
a établie à Orléans, par Lettres-Patentes du 23
juin 1759 , fixe des Réglemens relatifs aux obli
gations de ceux qui prétendront à la Maîtriſe, &
aux droits & prérogatives attachés aux Places de
Profeſſeurs,
Par une Ordonnance du premier Septembre
dernier, Sa Majeſté crée & établit dans le Régi
ment des Recrues de la Ville de Paris, un Colonel,
un Lieutenant-Colonel & un Major, leſquels joui
ront de tous les droits & prérogatives dont jouiſ
ſent les autres Colonels, Lieutenans-Colonels &
Majors de ſon Infanterie Françoiſe. Sa Majeſté fixe
en même temps les appointemens du Colonel à
36oo liv. par an, ceux du Lieutenant-Colonel à
24oo liv. & ceux du Major à 18oo liv,
M A I. 1764. Iq
Les Négocians & Armateurs de Grandville,
ayant repréſenté au Roi que leur Port eſt aſſez
ſpacieux, pour y contenir beaucoup de Navires,
& qu'il eſt ſitué dans un pays où l'on peut ſe pro
curer aiſément tout ce qui eſt propre à l'avitaille
ment des Navires, & qui peut ſervir à étendre la
Navigation, par la facilité § l'on a de faire ve
' nir de Paris & de plufieurs autres Villes toutes ſor
tes ſortes de Marchandiſes; Sa Majeſté, par un
Arrêt de ſon Conſeil d'Etat, du 29 Décembre der
nier, leur permet de faire directement par le Port
de ladite Ville le Commerce des Iſles & Colonies
Françoiſes de l'Amérique, & ordonne en conſé
quence qu'ils jouiſſent du privilége de l'entrepôt &
des autres priviléges & exemptions portés par les
Lettres-Patentes du mois d'Avril 1717 , ainſi qu'en
jouiſſent les Négocians des Ports admis à Com
11162fC6º,
La Société Royale de Londres a reçu, le 26
Janvier dernier, au nombre de ſes Membres le
ſieur Camus, de l'Académie Royale des Sciences,
Examinateur des Ecoles du Corps Royal de l'Artit
lerie & du Génie, Profeſſeur & Secrétaire de l'Aca
démie Royale d'Architecture, & Honoraire de
celle de Marine. -
-
Les Princes & Pairs ayant reçu avis que les
Chambres ſeroient aſſemblées le Mercredi 22
pour fixer les objets des Remontrances arrêtées
le 23 Janvier à l'occaſion de l'exil de l'Archevêque
de Paris , ſe ſont rendus au Parlement ledit jour
22 & dans cette ſéance les objets ont été fixés, &
l'aſſemblée a été remiſe au Mercredi 29 du mois•
on a auſſi dénoncé à l'aſſemblée des Chambres
différens faits & pluſieurs Ecrits ſur le Réquiſitoire
I iv
2OO MERCURE DE FRANCE.
des Gens du Roi, les Ecrits ont été condamnés à
être lacérés & brûlés par l'Exécuteur de la Haute
Juſtice; & il a été rendu Arrêt dont l'Extrait vient
dêtre imprimé dans la forme ſuivante.
ExTRAIT DEs REGIsTREs DU PARLEMENT.
- Du 22 Février 1763.
» APPERT, entr'autres diſpoſitions, avoir été
» ordonné par Arrêt rendu ledit jour par la
-» Cour , toutes les Chambres aſſemblées, que
» dans huitaine, à compter du jour de la pu
» blication dudit Arrêt , même par l'extrait ,
» tous ceux qui étoient Membres de la Société
» ſe diſant de Jeſus, au 6 Août 1761 , étant
, » actuellement dans le reſſort de la Cour, prête
» ront ſerment , de ne point vivre déſormais en
» commun, ou ſéparément, ſous l'empire de l'Inſ
» titut & des Conſtitutions de la ci-devant So
» ciété ſe diſant de Jeſus, de n'entretenir aucune
» correſpondance directe ou indirecte , par lettres ,
, º ou par perſonnes interpoſées, ou autrement, en
• • quelques forme & maniere que ce puiſſe être ,
. » avec le Général, le Régime & les Supérieurs
, » de ladite ci-devant Société, ou autres perſon
* nes pas eux propoſées, ni avec aucuns Mem
* bres d'icelle réſidans en Pays étrangers, & de
:** tenir pour impie la Doctrine contenue dans le
* Recueil des Aſſertions, tendante à compromettre
, » la ſüreté de la Perſonne ſacrée des Rois ; leſ
» quels ſermens, à l'égard de tous ceux deſdits ci
» devant ſoi diſans Jéſuites, qui ſont actuelle
» ment dans la Ville, Prévôté & Vicomté de
. » Paris, ſeront reçus pardevant Me Joſeph-Marie
, ºº Terray, Conſeiller-Rapporteur , que la Cour
, » a commis à cet effet : & qu'à l'égard de tous les
2º autres ci devant ſoi-diſans Jéſuites demeurans
M A I. 1764. 2.OI
a» actuellement hors de la Ville , Prévôté &
» Vicomté de Paris & dans le reſſort de la Cour,
» leſdits ſermens ſeront reçus dans les Bailliages
» & Sénéchauſſées du reſſort, dans le diſtrict deſ
» quels ils ſe trouveront lors de la ſuſdite publica
» tion dudit Arrêt, par le Lieutenant-Général ou
» autre Officier , ſuivant l'ordre du Tableau ; deſ
2» quels ſermens ſera donné acte, qui ſera ſouſcrit
» par celui qui aura fait ledit ſerment, & dépoſé
» au Greffe de la Cour ou aux Greffes des Baillia -
» ges & Sénéchauſſées du Reſſort, dont expédition
» en forme ſera envoyée au Procureur-Général
» du Roi, pour être pareillement par lui dépoſée
» au Greffe de la Cour, pour, ſur le compte quî
» ſera par lui rendu, être par la Cour, toutes les
» Chambres aſſemblées, ftatué ce qu'il appartien
» dra , le tout ſans préjudice du ſerment preſcrit
» par l'Arrêt du 6 Août 1726 , à l'égard de ceux
» qui voudroient remplir des grades dans les
» Univerſités du Reſſort, poſſéder Canonicats ou
» Bénéfices à charge d'âmes, Vicariats, emplois
» ou fonctions ayant même charge, Chaires ou
» Enſeignement public, Offices de Judicature ou
» Municipaux, & généralement remplir aucunes
» fonctions publiques, comme auſſi ſans préjudice
» de l'exécution de l'Arrêt du 7 Septembre ſuivant
• rendu en conſéquence. Ordonne que ledit Arrêt
» ſera imprimé, lû, publié & affiché par-tout oû
» beſoin ſera , que l'Affiche d'icelui, même par
» Extrait , vaudra ſignification & injonction à
» chacun de ceux qui audit jour 6 Août 1761 ,
» étoient Membres de ladite ci-devant Société ,
» & qu'Extraits collationnés d'icelui ſerontenvoyés
» aux Bailliages & Sénéchauſſées du Reſſort, en
» ſemble aux Conſeil Provincial d'Artois, Baillia
» ges, Gouvernances & Officiers Municipaux de
L,v.
2 o2 MERCURE DE FRANCE.
» l'Artois, pour y être pareillement lû, publié &
» regiſtré. Enjoint aux Subſtituts du Procureur
» Général du Roi d'y tenir la main, & d'en certi
» fier la Cour. Collationné. REGNAULT.
» Signé, DUFRANC. »
Le 29, les Princes & les Pairs ſe ſont rendus au
Parlement ; il y a été fait lecture des Remontran
ces rédigées d'après les Articles qui avoient été
précédemment agrées ; les Gens du Roi ont été
chargés de ſe retirer pardevers Sa Majeſté pour
ſçavoir le lieu, le jour & l'heure où il lui plaira de .
recevoir ces Remontrances & de rendre compte le
Samedi 3 Mars, de l'éxécution de cette Miſſion.
Ils ont été chargés auſſi de prendre communica
tion du Procez-Verbal de la vérification des Aſſer
tions citées dans l'Inſtruction Paſtorale de l'Ar
chevêque de Paris, & de prendre leurs Conclu
fions ſur cet objet le 3 Mars. Enfin ils ont été char
gé ſde prendre communication d'un Imprimé in
titulé : Lettre Paſtorale de Monſeigneur l'Evêque de
Langres au Clergé Séculier & Régulier de ſon
Diocèſe, lequel a été dépoſé au Greffe, enſemble
du récit fait à ce ſujet par un de MM. & de prendre
des Concluſions ſur le tout le même jour 3 Mars.
Le 3 Mars, les Princes & les Pairs ſe ſont
rendus au Parlement, Les Gens du Roi, rendant
compte de la Miſſion dont ils avoient été chargés,
le 29 du mois dernier, ont dit que le Roi recevroit
à Verſailles, Dimanche 4 du même mois à midi ,
les Remontrances de ſon Parlement, & que ſon
* intention étoit qu'elles lui fuſſent préſentées par le
Premier Préſident & deux Préſidens. Le Prince de
Condé ayant propoſé de mettre en délibération ce
qu'il convenoit de faire au ſujet de ce qui ſe trouve
dans les Remontrances du Parlement de Bretagne
M A I. 1764. 2o3
concernant la Cour des Pairs, il a été arrêté qu'il
ſeroit nommé des Commiſſaires qui s'aſſemble
roient Jeudi 8 , à l'effet d'examiner ces Remon
trances & de recueillir les principes & les faits ſur
cette matiére, pour rendre compte du tout au
Parlement. Enſuite les Gens du Roi ont rendu
compte du Procès-Verbal de la vérification des Aſ
ſertions citées dans l'Inſtruction Paſtorale de l'Ar
chevêque de Paris, ainſi que de l'Imprimé intitulé;
Lettre Paſtorale de Monſeigneur l'Evêque de Lan
gres au Clergé Séculier & Régulier de ſon Diocèſe,
& ils ont laiſſé concernant ces deux objets leurs
concluſions par écrit, ſur leſquelles il a été rendu
deux Arrêts. Par le premier, il eſt ordonné que
pour remplir de plus en plus les vues que le Par
lement s'étoit propoſées par ſon Arrêt du 5 Mars
1762 , des copies collationnées du Procès-Verbal
dépoſé au Greffe par Arrêt du 29 Février dernier ,
feroient envoyées ſans délai par le Procureur-Gé
néral du Roi à tous les Archevêques & Evêques du
Reſſort & à tous les Bailliages & Sénéchauſſées ;il
a été arrêté de plus que le premier Préſident, en
préſentant au Roi les très-humbles & très-reſpec
tueuſes Remontrances de ſon Parlement arrêtées
le 23 Février dernier, remettra à Sa Majefté co
pie collationnée du Procès-Verbal de vérification,
& on a ordonné que, pour que le Procès-Verbal
foit plus promptement & plus facilement envoyé
aux Archevêques & Evêques & aux Bailliages &
Sénéchauſſées du Reſſort, il ſera imprimé & que le
préſent Arrêt ſera imprimé en tête du Procès-Ver
bal. Il a été fait enſuite un Arrêté portant qu'un
exemplaire imprimé du Procès-Verbal de la véri
fication des Extraits das Aſſertions, collationné
par un Secrétaire du Parlement, ſera envoyé aux
Parlemens & Conſeils Supérieurs auxquels ont été
I vj
2o4 MERCURE DE FRANCE.
adreſſés des exemplaires des Aſſertions. Dans le
cours des opinions, un des Membres du Parle
ment s'étant réſervé de faire mettre en délibéra
tion ce qu'il convenoit de faire au ſujet du nom
bre d'Evêques qui ſe trouvoient à Paris, il a été
arrêté qué le Procureur Général du Roi ſeroit
chargé de veiller à l'exécution des Ordonnances &
Arrêts en ce quiconcerne la réſidence des Archevê
, ques & Evêques dans leur Diocèſe , & qu'il ren
droit compte dans la quinzaine aux Chambres aſ
ſemblées des diligences qu'il aura faites. Il a été
rendu enfin au ſujet de l'Imprimé ayant pour titre :
Lettre Paſtorale de Monſeigneur l'Evêque de Lan
gres, & c. un ſecond Arrêt qui ordonne que cet
Imprimé ſera lacéré & brûlé par l'Exécuteur de
la Haute-Juſtice, & que l'Arrêt ſera imprimé &
affiché tant à Paris qu'a Langres & par-tout où
, beſoin ſera.
Le 9 les Princes & les Pairs ſe ſont rendus au
Parlement. Le Premier Préſident ayant rendu
compte de la réponſe faite par le Roi aux Remon
, trances de ſon Parlement , on a arrêté qu'il ſeroit
fait Procès-Verbal du récit fait par le Premier Pré
ſident; &, quant au fond de l'affaire de l'Archevê
que de Paris, il a été arrêté que la délibération
, ſeroit continuée au premier jour avec les Princes
& les Pairs, en vertu de la convocation du 2 1 Jan
vier dernier, & ſans qu'il en ſoit beſoin d'autre.
Les Gens du Roi ayant enſuite rendu compte des
Inform ations faites au ſujet de la diſtribution de
Il'nſtruction Paſtorale de l'Archevêque de Paris,
& des différens Actes de ſerment faits en exécution
de l'Arrêt du 21 Février, & ayant pris des conclu
· ſions ſur le tout, le Parlement a rendu un Arrêt
par lequel il eſt enjoint aux ci-devant ſoi-diſant
Jéſuites, qui n'ont pas prêté ſerment dans le terme
M A I. 1764. , 2o5
preſcrit par l'Arrêt du 22 Février, de ſe retirer du
Royaume dans un mois , à compter du jour de la
publication du préſent Arrêt, tant dans cette Ville
| que dans les Bailliages & Sénéchauſſées du Reſ
ſort, ſauf a ceux qui par leur grand âge ou pour
cauſe d'infirmité ne pourroient ſatisfaire au pré
· ſent Arrêt, à préſenter leurs requêtes en la Cour,
tontes les Chambres aſſemblées, dans le ſuſdit dé
lai, pour être ſur leſdites requêtes & ſur les con
, cluſions du Procureur-Général du Roi ſtatué ce
qu'il appartiendra. Les Gens du Roi étant rentrés
en l'aſſemblée des Chambres, ont rendu compte
d'un Ecrit intitulé Adhéſion de Monſeigneur l'Evê
que d'Amiens a l'Inſtruction Paſtorale de Mon
ſeigneur l'Archevêque de Paris, & ont pris leurs
concluſions tendantes a ce que cet Ecrit fût lacéré
& brûlé : ſur quoi eſt intervenu Arrêt conforme
aux concluſions. -
Le 22 du même mois , on fit la Proceſſion ſo
lemnelle qu'on a coutume de faire tous les ans
en mémoire de la ré*uction de cette Capitale
ſous l'obédience de HENRY IV. Le Corps de
Ville aſſiſta , ſelon l'uſage, a cette Cérémonie,
La Société Royale de Londres reçut, le 13
Janvier dernier, au nombre de ſes Membres,
le ſieur Ferdinand Berthoud, habile Horloger
de cette Capitale. Cet Artiſte fut choiſi l'année
dernière par l'Académie Royale des Sciences &
, envoyé a Londres par Sa Majeſté, pour aſſiſter,
- conjointement avec M le Camus, à l'examen
de l'Horloge de M. Harriſſon. Il eſt Auteur du
Livre de l'Art de régier les Pendules & les Mon
tres, de l'Eſſai ſur l'Horlogerie , & de pluſieurs
- ouvrages relatifs à ſon Art, qu'il a préſentés à
. l'Académie, entr'autres de trois différentes hor
: loges de Marine pour la découverte des longi2
tudes en mer,
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Résumé : De PARIS, le 2 Avril 1764.
Le document du 2 avril 1764 relate plusieurs décisions royales et événements parlementaires. Le roi Louis XV a établi des règlements pour l'École Royale de Chirurgie à Orléans et créé des postes de Colonel, Lieutenant-Colonel et Major dans le régiment des recrues de Paris, avec des salaires annuels respectifs de 3600, 2400 et 1800 livres. Les négociants de Grandville ont reçu l'autorisation de commercer directement avec les colonies françaises d'Amérique via leur port. La Société Royale de Londres a accueilli deux nouveaux membres : le sieur Camus et Ferdinand Berthoud, un horloger. Au Parlement, les Princes et Pairs ont discuté des remontrances concernant l'exil de l'Archevêque de Paris et ont pris des mesures contre les Jésuites. Ces derniers ont été contraints de prêter serment de ne plus vivre sous les constitutions de leur ordre et de ne pas correspondre avec leurs supérieurs. Les écrits jugés contraires à ces décisions ont été condamnés à être lacérés et brûlés. Le Parlement a également ordonné la distribution d'un procès-verbal de vérification des assertions contenues dans l'instruction pastorale de l'Archevêque de Paris et a pris des mesures contre les évêques ne résidant pas dans leur diocèse. Par ailleurs, le texte mentionne l'existence de l'Académie, qui comprend trois types distincts de loges de Marine. Ces loges sont spécifiquement dédiées à la découverte des longitudes en mer.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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38
p. 195-200
« Le 24 Février, l'Académie Royale de Peinture & de Sculpture tint [...] »
Début :
Le 24 Février, l'Académie Royale de Peinture & de Sculpture tint [...]
Mots clefs :
Académie royale de peinture et de sculpture, Assemblée, Ouvrages, Régiments, Gardes françaises, Services, Honneur, Officiers, Soldats, Ordonnance, Compagnies, Bataillons, Capitaines, Soldes, Uniforme, Règlement, Commandant, Loterie de l'école royale militaire, Loterie de l'Hôtel-de-ville, Tirage, Numéros
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 24 Février, l'Académie Royale de Peinture & de Sculpture tint [...] »
L, 24 Février, l'Académie Royale de Peinture ,
& de Sculpture tint une Aſſem blée & reçut au
nombre des Aggrégés le ſieur Prince, Peintre
de l'Impératrice de Ruſſie, connu par différens
Onvrages qui lui ont acquis de la r lutation
I ij -
196 MERCURE DE FRANCE.
|
dans cette Cour , ainſi que dans celle de
Vienne & de Warſovie. Il a préſenté a l'Aca
démie quatre Tableaux & plufieurs deſſeins qui
ont mérité les ſuffrages de tous les Membres.
Le ſieur Briſſon, dc l'Académie Royale des
Sciences , commencera , le 14 de ce mois, un
cours de phyſique expérimentale , dans la Salie
des Machines au Collége de Navarre, & le
continuera les Lundis, Mercredis & Vendredis
de chaque ſemaine.
Sa Majeſté voulant donner au Régiment des
Gardes Françoiſes des marques de la ſatisfac
tion qu'Elle a des ſervices diſtingués que ce
Corps a rendus dans tous les temps & dans tou
tes les circonſtances , & lui régler en même
temps un traitement qui réponde à l'honneur
qu'il a d'être affecté d'une manière particulière
à la garde de ſa Perſonne, a réſolu de lui fi
xer une conſtitution ſolide & invariable, & d'ac
corder, tant aux Officiers qu'aux Soldats une
· augmentation de traitement. En conſéquence,
Sà Majeſté a rendu une Ordonnance, en date
du 29 Janvier dernier, ſuivant laquelle ce Ré
· giment continuera d'être compoſé de trois com
pagnies de Grenadiers & de trente compagnies de
Fuſiliers, leſquelles formeront ſix bataillons,
compoſé chacun d'une demie-compagnie de Gre
nadiers & de cinq compagnies de Fuſiliers.Chaque
compagnie de Grenadiers ſera commandée en
tout temps par un Capitaine , deux Lieutenans,
deux Sous-Lieutenans, & deux Enſeignes à Pique ;
& compoſée de quatre Sergens, d'un Sergent
d'Armes, d'un Sergent-Fourrier, de huit Capo
raux, d'un Caporal Aide-Fourrier, d'un Caporal
Aide-Magaſinier , de huit Appointés, d'un Ap
pointé-Aide-Magaſinier , d'un Appointé-Chirur
gien, de quatre-vingt Grenadiers & de quatre
J U I N. 1764. 1q7
Tambours. Chaque compagnie de Fuſiliers ſera
commandée en tout temps par un Capitaine, un
Lieutenant, deux Sous-Lieutenans, un Enſeigne
à Picque & une Enſeigne à Drapeau, & compoſée
en temps de paix, de quatre Sergens, d'un Sér
gent-d'Armes, d'un Sergent-Fourier, de huit Ca
poraux, d'un Caporal-Porte-Drapeau , d'un Ca
poral-Magaſinier , d'un Caporal-aide-Fourrier ,
d'un Caporal-Canonnier, de huit Appointés, d'un
Appointé-Aide-Magaſinier, d'un Appointé-Chi
rurgien , de denx Appointés-Apprentifs Canon
niers, de ſoixante - ſeize Fuſiliers & de quatre
Tambours: l'Etat-Major ſera compoſé d'un Colo
nel, d'un Lieutenant-Colonel, d'un Major, de
ſept Aides-Major , de ſept Sous-Aides Major, de
deux Sergens d'Ordre, dun Tambour-Major, de
deux Sous-Tambours-Majors, de deux Commiſ
ſaires, d'un Maréchal-des-Logis, d'un Aumônier,
de deux Chirurgiens Majors, d'un Prevôt, d'un
Lieutenant de Prévôt, d'un Greffier, d'un Juge-Au
diteur des Bandes, d'un Médecin, d'un Aide-Mé
decin, d'un Apothicaire, de douze Archers, d'un
Exécuteur & de ſeize Muſiciens.La même Ordon
nance aſſigne les fonctions de chacun des Officiers
& Bas-Officiers, & porte divers Réglemens ſur le
choix des Sergens & autres. Le terme des engage
mens ſera fixé à huit ans. Les Soldats qui, après
avoir ſetvi ſeize ans, ſe retireront chez eux & non
ailleurs, y toucheront la moitié de leur ſolde,
indépendamment d'un habit de l'uniforme qui
leur ſera délivré tous les huit ans : ceux qui
auront ſervi vingt-quatre ans auront le choix, ou
d'être reçus à l'Hôtel des Invalides ou de ſe retirer
chez eux & non ailleurs, avec leur ſolde entiere &
il leur ſera délivré tous les ſix ans un habit de l'uniforme.
Les appointemens & ſolde ſeront payés à
I iij
r98 MERCURE DE FRANCE.
fp
l'avenir aux Officiers & Soldats de la maniere ſui
vante. CoMPAGNIE DE GRENADIERs. Capitaine,
12 , ooo , liv. par an en tout temps ; Lieutenant ,
4, ooo : Sous-Lieutenant, 2 , ooo ; Enſeigne, r ,
zoe ; Sergent d'Armes, 85o ; Sergent-Fourrier ,
75 o ; Sergent, 6oo ; Caporal , 2 16 , Appointé,
Aide-Magafinier & Chirurgien, 19 3 ; Tambour,
2 1 6 ; Grenadiers, 18o. CoMPAGNIEs DE FUs1
LIERs. Capitaine, 11 ooo liv. Lieutenant, 3 , ooo ;
premier Sous-Lieutenant, 1 , 5oo; ſecond Sous
Lieutenant, 1 , 2oe ; Enſeigne à Pique, 8oo ;
Fnſeigne à Drapeau, 66o ;Sergent d'Armes, 8oo,
Sergent Fourrier, 7oo; Sergent, 54o ; Caporal,
Porte-Drapeau, Magaſinier , Aide-Fourrier &
Canonnier, 198 ; Appointé, Aide-Magaſinier,
Chirurgien & Apprentif-Canonnier, 18o ; Tam
bour, 193; Fuſilier, 162. ETAT-MAJoR. Colonel,
7o, coe liv. Lieutenant-Colonel, indépendam
ment de ſes appointemens de Capitaine, 11,75o ;
Major, 18, ooo ; premier Aide-Major, 5 , eoo ;
Aide Major,4 , 5oo; Sous-Aide-Major, 2 , 5oo,
Capitaine-Appointé, 1, 5oo; Sergent d'Ordre, 1,
2 oc;Tambour-Major, 8oo Sous-Tambour Major,
36o. Aumônier, 1 , ooo; Chirurgien Major, 1, ooo
Commifſaire des Guerres ayant la Police, 1 o,
287 ; ſecond Commiſſaire, 6 , 35 o ; Maréchal
des-Logis, 3 , ooo , Prevôt, 3 , 639 , Lieutenant
de Prevôt, 8oo , Greffier, 45 ° ; Juge-Auditeur
des Bandes, 6oo ; Archer, zoo , Exécuteur, 1 5o ;
Médecin, 8oo, Aide-Médecin, 5co; Apothicaire,
6oo ; Muſicien , 1 , 5oo. Les Capitaines ſeront à
l'avenir déchargés du ſoin de faire des recrues :
l'Etat-Major en ſera chargé pour toutes les com
pagnies moyennant 12oliv. par homme,les hom
mes ne ſeront agréés qu'autant qu'ils auront
moins de vingt-cinq ans & cinq pieds quatre pou
ces de taille , & qu'ils produiront un certificat
J U I N. 1764. 199
de bonnes moeurs & de domicile : ils prêteront
ſerment entre les mains du Major à la tête du Ré
giment en bataille ſur les Drapeaux qui ſeront
réunis à cet effet: là ils jureront d'obéir aux or
dre de leurs Officiers & Bas-Officiers, de ne jamais
déſerter, de ne jamais quitter leurs Drapeaux ſous
quelque prétexte que ce ſoit, & étant particuliere
ment deſtinés à l'honneur de garder Sa Majeſté,
ils promettront de la fervir avec zéle & fidélité,
& de veiller à ſa conſervation au péril de leur vie
Le Colonel ſeul ſera chargé de donner les congés
abſolus. Au moyen du nouveau traitement, les
penſions d'ancienneté & les gratifications atta
chées aux charges ſeront ſupprimées. En temps
de guerre ſeulement, la ſomme de 4 , ooo liv.
continuera d'être payée au Commandant du
Régiment, lorſqu'il fera la campagne en qualité
de Commandant de la brigade , ainſi que la ſom
me de, 1 , 5oo liv. à chacun de quatre Capitaines
Appointés dans la colonne des Capitaines. Le Ré
giment ſera caſerné dans trois ou ſix corps de
caſernes. A commencer du 1 Avril prochain , jour
fixé pour la nouvelle compoſition, les Capitaines
ſeront déchargés du ſoin des logemens dans les
différens quartiers de Paris : le Colonel en de
meurera ſeul chargé, ainſi que de la Police & de
la diſcipline des caſernes & de l'habillement &
uniforme du Régiment. Le Roi donne au Colonel
ſeul le pouvoir d'accorder aux Soldats de leur
compagnie la permiſſion de travailler dans Paris,
de ſe marier & de s'abſenter par congé ou autre
ment : le Régiment continuera de jouir de tous
ſes anciens Priviléges & prérogatives.
Le trente - huitiéme tirage de la Loterie de
l'Hôtel de Ville s'eſt fait le 24 Mars, en la
manière accoutumée. Le lot de cinquante mille
I iv .
2oo MERCURE DE FRANCE.
livres eſt échu au numéro 13765, celui de vingr
mille livres au numéro 13 573 , & les deux de
dix mille livres aux numéres 1891 & 12 694.
Le 5 du même mois , on a tiré la Loterie
de l'Ecole Royale Militaire, les numéros ſortis
de la roue de fortune ſont 48 , 5 , 3o , 46, 36,
& de Sculpture tint une Aſſem blée & reçut au
nombre des Aggrégés le ſieur Prince, Peintre
de l'Impératrice de Ruſſie, connu par différens
Onvrages qui lui ont acquis de la r lutation
I ij -
196 MERCURE DE FRANCE.
|
dans cette Cour , ainſi que dans celle de
Vienne & de Warſovie. Il a préſenté a l'Aca
démie quatre Tableaux & plufieurs deſſeins qui
ont mérité les ſuffrages de tous les Membres.
Le ſieur Briſſon, dc l'Académie Royale des
Sciences , commencera , le 14 de ce mois, un
cours de phyſique expérimentale , dans la Salie
des Machines au Collége de Navarre, & le
continuera les Lundis, Mercredis & Vendredis
de chaque ſemaine.
Sa Majeſté voulant donner au Régiment des
Gardes Françoiſes des marques de la ſatisfac
tion qu'Elle a des ſervices diſtingués que ce
Corps a rendus dans tous les temps & dans tou
tes les circonſtances , & lui régler en même
temps un traitement qui réponde à l'honneur
qu'il a d'être affecté d'une manière particulière
à la garde de ſa Perſonne, a réſolu de lui fi
xer une conſtitution ſolide & invariable, & d'ac
corder, tant aux Officiers qu'aux Soldats une
· augmentation de traitement. En conſéquence,
Sà Majeſté a rendu une Ordonnance, en date
du 29 Janvier dernier, ſuivant laquelle ce Ré
· giment continuera d'être compoſé de trois com
pagnies de Grenadiers & de trente compagnies de
Fuſiliers, leſquelles formeront ſix bataillons,
compoſé chacun d'une demie-compagnie de Gre
nadiers & de cinq compagnies de Fuſiliers.Chaque
compagnie de Grenadiers ſera commandée en
tout temps par un Capitaine , deux Lieutenans,
deux Sous-Lieutenans, & deux Enſeignes à Pique ;
& compoſée de quatre Sergens, d'un Sergent
d'Armes, d'un Sergent-Fourrier, de huit Capo
raux, d'un Caporal Aide-Fourrier, d'un Caporal
Aide-Magaſinier , de huit Appointés, d'un Ap
pointé-Aide-Magaſinier , d'un Appointé-Chirur
gien, de quatre-vingt Grenadiers & de quatre
J U I N. 1764. 1q7
Tambours. Chaque compagnie de Fuſiliers ſera
commandée en tout temps par un Capitaine, un
Lieutenant, deux Sous-Lieutenans, un Enſeigne
à Picque & une Enſeigne à Drapeau, & compoſée
en temps de paix, de quatre Sergens, d'un Sér
gent-d'Armes, d'un Sergent-Fourier, de huit Ca
poraux, d'un Caporal-Porte-Drapeau , d'un Ca
poral-Magaſinier , d'un Caporal-aide-Fourrier ,
d'un Caporal-Canonnier, de huit Appointés, d'un
Appointé-Aide-Magaſinier, d'un Appointé-Chi
rurgien , de denx Appointés-Apprentifs Canon
niers, de ſoixante - ſeize Fuſiliers & de quatre
Tambours: l'Etat-Major ſera compoſé d'un Colo
nel, d'un Lieutenant-Colonel, d'un Major, de
ſept Aides-Major , de ſept Sous-Aides Major, de
deux Sergens d'Ordre, dun Tambour-Major, de
deux Sous-Tambours-Majors, de deux Commiſ
ſaires, d'un Maréchal-des-Logis, d'un Aumônier,
de deux Chirurgiens Majors, d'un Prevôt, d'un
Lieutenant de Prévôt, d'un Greffier, d'un Juge-Au
diteur des Bandes, d'un Médecin, d'un Aide-Mé
decin, d'un Apothicaire, de douze Archers, d'un
Exécuteur & de ſeize Muſiciens.La même Ordon
nance aſſigne les fonctions de chacun des Officiers
& Bas-Officiers, & porte divers Réglemens ſur le
choix des Sergens & autres. Le terme des engage
mens ſera fixé à huit ans. Les Soldats qui, après
avoir ſetvi ſeize ans, ſe retireront chez eux & non
ailleurs, y toucheront la moitié de leur ſolde,
indépendamment d'un habit de l'uniforme qui
leur ſera délivré tous les huit ans : ceux qui
auront ſervi vingt-quatre ans auront le choix, ou
d'être reçus à l'Hôtel des Invalides ou de ſe retirer
chez eux & non ailleurs, avec leur ſolde entiere &
il leur ſera délivré tous les ſix ans un habit de l'uniforme.
Les appointemens & ſolde ſeront payés à
I iij
r98 MERCURE DE FRANCE.
fp
l'avenir aux Officiers & Soldats de la maniere ſui
vante. CoMPAGNIE DE GRENADIERs. Capitaine,
12 , ooo , liv. par an en tout temps ; Lieutenant ,
4, ooo : Sous-Lieutenant, 2 , ooo ; Enſeigne, r ,
zoe ; Sergent d'Armes, 85o ; Sergent-Fourrier ,
75 o ; Sergent, 6oo ; Caporal , 2 16 , Appointé,
Aide-Magafinier & Chirurgien, 19 3 ; Tambour,
2 1 6 ; Grenadiers, 18o. CoMPAGNIEs DE FUs1
LIERs. Capitaine, 11 ooo liv. Lieutenant, 3 , ooo ;
premier Sous-Lieutenant, 1 , 5oo; ſecond Sous
Lieutenant, 1 , 2oe ; Enſeigne à Pique, 8oo ;
Fnſeigne à Drapeau, 66o ;Sergent d'Armes, 8oo,
Sergent Fourrier, 7oo; Sergent, 54o ; Caporal,
Porte-Drapeau, Magaſinier , Aide-Fourrier &
Canonnier, 198 ; Appointé, Aide-Magaſinier,
Chirurgien & Apprentif-Canonnier, 18o ; Tam
bour, 193; Fuſilier, 162. ETAT-MAJoR. Colonel,
7o, coe liv. Lieutenant-Colonel, indépendam
ment de ſes appointemens de Capitaine, 11,75o ;
Major, 18, ooo ; premier Aide-Major, 5 , eoo ;
Aide Major,4 , 5oo; Sous-Aide-Major, 2 , 5oo,
Capitaine-Appointé, 1, 5oo; Sergent d'Ordre, 1,
2 oc;Tambour-Major, 8oo Sous-Tambour Major,
36o. Aumônier, 1 , ooo; Chirurgien Major, 1, ooo
Commifſaire des Guerres ayant la Police, 1 o,
287 ; ſecond Commiſſaire, 6 , 35 o ; Maréchal
des-Logis, 3 , ooo , Prevôt, 3 , 639 , Lieutenant
de Prevôt, 8oo , Greffier, 45 ° ; Juge-Auditeur
des Bandes, 6oo ; Archer, zoo , Exécuteur, 1 5o ;
Médecin, 8oo, Aide-Médecin, 5co; Apothicaire,
6oo ; Muſicien , 1 , 5oo. Les Capitaines ſeront à
l'avenir déchargés du ſoin de faire des recrues :
l'Etat-Major en ſera chargé pour toutes les com
pagnies moyennant 12oliv. par homme,les hom
mes ne ſeront agréés qu'autant qu'ils auront
moins de vingt-cinq ans & cinq pieds quatre pou
ces de taille , & qu'ils produiront un certificat
J U I N. 1764. 199
de bonnes moeurs & de domicile : ils prêteront
ſerment entre les mains du Major à la tête du Ré
giment en bataille ſur les Drapeaux qui ſeront
réunis à cet effet: là ils jureront d'obéir aux or
dre de leurs Officiers & Bas-Officiers, de ne jamais
déſerter, de ne jamais quitter leurs Drapeaux ſous
quelque prétexte que ce ſoit, & étant particuliere
ment deſtinés à l'honneur de garder Sa Majeſté,
ils promettront de la fervir avec zéle & fidélité,
& de veiller à ſa conſervation au péril de leur vie
Le Colonel ſeul ſera chargé de donner les congés
abſolus. Au moyen du nouveau traitement, les
penſions d'ancienneté & les gratifications atta
chées aux charges ſeront ſupprimées. En temps
de guerre ſeulement, la ſomme de 4 , ooo liv.
continuera d'être payée au Commandant du
Régiment, lorſqu'il fera la campagne en qualité
de Commandant de la brigade , ainſi que la ſom
me de, 1 , 5oo liv. à chacun de quatre Capitaines
Appointés dans la colonne des Capitaines. Le Ré
giment ſera caſerné dans trois ou ſix corps de
caſernes. A commencer du 1 Avril prochain , jour
fixé pour la nouvelle compoſition, les Capitaines
ſeront déchargés du ſoin des logemens dans les
différens quartiers de Paris : le Colonel en de
meurera ſeul chargé, ainſi que de la Police & de
la diſcipline des caſernes & de l'habillement &
uniforme du Régiment. Le Roi donne au Colonel
ſeul le pouvoir d'accorder aux Soldats de leur
compagnie la permiſſion de travailler dans Paris,
de ſe marier & de s'abſenter par congé ou autre
ment : le Régiment continuera de jouir de tous
ſes anciens Priviléges & prérogatives.
Le trente - huitiéme tirage de la Loterie de
l'Hôtel de Ville s'eſt fait le 24 Mars, en la
manière accoutumée. Le lot de cinquante mille
I iv .
2oo MERCURE DE FRANCE.
livres eſt échu au numéro 13765, celui de vingr
mille livres au numéro 13 573 , & les deux de
dix mille livres aux numéres 1891 & 12 694.
Le 5 du même mois , on a tiré la Loterie
de l'Ecole Royale Militaire, les numéros ſortis
de la roue de fortune ſont 48 , 5 , 3o , 46, 36,
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Résumé : « Le 24 Février, l'Académie Royale de Peinture & de Sculpture tint [...] »
Le 24 février, l'Académie Royale de Peinture et de Sculpture a accueilli le sieur Prince, peintre de l'Impératrice de Russie, parmi les agrégés. Il a présenté quatre tableaux et plusieurs dessins, appréciés par les membres de l'Académie. Le sieur Brisson, de l'Académie Royale des Sciences, débutera un cours de physique expérimentale le 14 du mois suivant, les lundis, mercredis et vendredis au Collège de Navarre. Sa Majesté a exprimé sa satisfaction envers le Régiment des Gardes Françaises pour ses services distingués. Elle a décidé d'accorder une augmentation de traitement aux officiers et soldats, et a rendu une ordonnance le 29 janvier pour réorganiser le régiment. Ce dernier sera composé de trois compagnies de grenadiers et de trente compagnies de fusiliers, formant six bataillons. L'ordonnance précise la composition et les fonctions de chaque grade, ainsi que les conditions de service et les retraites. Les soldats ayant servi seize ans recevront la moitié de leur solde s'ils se retirent chez eux, tandis que ceux ayant servi vingt-quatre ans pourront choisir entre l'Hôtel des Invalides ou une retraite avec solde complète. Les traitements des officiers et soldats sont détaillés, et les capitaines seront déchargés du recrutement, remplacé par l'État-Major. Les nouvelles recrues devront avoir moins de vingt-cinq ans et une taille minimale de cinq pieds quatre pouces, avec un certificat de bonnes mœurs et de domicile. Le régiment continuera de jouir de ses anciens privilèges et prérogatives. Le 24 mars, le trente-huitième tirage de la Loterie de l'Hôtel de Ville a attribué un lot de cinquante mille livres au numéro 13765, un lot de vingt mille livres au numéro 13573, et deux lots de dix mille livres aux numéros 1891 et 12694. Le 5 mars, la Loterie de l'École Royale Militaire a également eu lieu.
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39
p. 193-194
SUPPLÉMENT à l'Art. des Nouvelles Littéraires. De Compiegne, le 17 Juillet 1764.
Début :
Le Roi vient de nommer quatre Commissaires à l'effet d'examiner [...]
Mots clefs :
Nomination, Commissaires, Ouvrage, Académie royale des belles-lettres, Membres, Censeur royal, Assemblée, Jugement, Public
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texteReconnaissance textuelle : SUPPLÉMENT à l'Art. des Nouvelles Littéraires. De Compiegne, le 17 Juillet 1764.
SUPPLÉMENT à l'Art. des Nouvelles
Littéraires .
De Compiegne , le 17 Juillet 1764.
LE Rol vient de nommer quatre
Commiſſaires à l'effet d'examiner un
Ouvrage immenfe auquel travaille depuis
long-temps M. Barletti de Saint-
Paul * , & dont voici le titre.
Inſtitutions néceſſaires , ou Corps com
plet d'éducation pratique & relative
dans lequel on trouve la vraie méthode
d'étudier & d'enſeigner les différentes
Sciences convenables aux deux ſexes ,
à tous les âges & à tous les états.
Les Commiſſaires choiſis font MM.
Bonamy , Hiſtoriographe & Bibliothécaire
de la ville de Paris , Membre de
l'Académie Royale des Belles-Lettres ,
&c.
DeGuignes, de la même Académie ,
Profeſſeur Royal de la Société Royale de
*Ancien Secrétaire du Protectorat de France
en Cour de Rome , & Membre de pluſieurs Académies
.
I
194 MERCURE DE FRANCE.
Londres , Interprète à la Bibliothéque
du Roi pour les Langues Orientales ,
&c.
De Montcarville , Cenſeur Royal
pour les Mathématiques.
De Paffe , Cenfeur Royal pour l'Hiftoire
ancienne , Gouverneur de M. de
S. Farjeau .
V
La première Aſſemblée ſe tiendra
Lundi 30 de ce mois , chez M. de Montcarville.
On fera paffer également dans le Public
le Jugement qu'auront rendu MM.
les Commiffaires .
Littéraires .
De Compiegne , le 17 Juillet 1764.
LE Rol vient de nommer quatre
Commiſſaires à l'effet d'examiner un
Ouvrage immenfe auquel travaille depuis
long-temps M. Barletti de Saint-
Paul * , & dont voici le titre.
Inſtitutions néceſſaires , ou Corps com
plet d'éducation pratique & relative
dans lequel on trouve la vraie méthode
d'étudier & d'enſeigner les différentes
Sciences convenables aux deux ſexes ,
à tous les âges & à tous les états.
Les Commiſſaires choiſis font MM.
Bonamy , Hiſtoriographe & Bibliothécaire
de la ville de Paris , Membre de
l'Académie Royale des Belles-Lettres ,
&c.
DeGuignes, de la même Académie ,
Profeſſeur Royal de la Société Royale de
*Ancien Secrétaire du Protectorat de France
en Cour de Rome , & Membre de pluſieurs Académies
.
I
194 MERCURE DE FRANCE.
Londres , Interprète à la Bibliothéque
du Roi pour les Langues Orientales ,
&c.
De Montcarville , Cenſeur Royal
pour les Mathématiques.
De Paffe , Cenfeur Royal pour l'Hiftoire
ancienne , Gouverneur de M. de
S. Farjeau .
V
La première Aſſemblée ſe tiendra
Lundi 30 de ce mois , chez M. de Montcarville.
On fera paffer également dans le Public
le Jugement qu'auront rendu MM.
les Commiffaires .
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Résumé : SUPPLÉMENT à l'Art. des Nouvelles Littéraires. De Compiegne, le 17 Juillet 1764.
Le 17 juillet 1764, à Compiègne, le Roi a nommé quatre commissaires pour examiner l'ouvrage de M. Barletti de Saint-Paul intitulé 'Institutions nécessaires, ou Corps complet d'éducation pratique & relative'. Cet ouvrage propose une méthode d'étude et d'enseignement des sciences adaptée aux deux sexes, à tous les âges et à tous les états. Les commissaires désignés sont M. Bonamy, historiographe et bibliothécaire de Paris, membre de l'Académie Royale des Belles-Lettres, M. DeGuignes, membre de cette académie et professeur royal, M. Londres, interprète à la Bibliothèque du Roi pour les langues orientales, M. De Montcarville, censeur royal pour les mathématiques, et M. De Passe, censeur royal pour l'histoire ancienne et gouverneur de M. de Saint-Farjeau. La première assemblée des commissaires est prévue pour le lundi 30 juillet chez M. De Montcarville. Le jugement des commissaires sera également rendu public.
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