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1
p. 2265-2269
Nouvelles Broderies à la maniere de Turquie, [titre d'après la table]
Début :
Le sieur Porlier, connu pour les Broderies de Constantinople, toujours animé par le desir de se [...]
Mots clefs :
Broderie, Aiguille, Ouvrages, Matières, Constantinople, Turquie, Société des arts
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles Broderies à la maniere de Turquie, [titre d'après la table]
Le fieur Porlier , connu pour les Broderies de
Conftantinople , toujours animé par le defir de fe
diftinguer dans cet Art , vient de donner de nouvelles
marques de fon adreffe & de la délicateffe
du gout qu'il a toûjours eu pour ces fortes d'Ouvrages
, par une piece de Broderie , qu'il a préfentée
à la Societé des Arts , de laquelle il a
l'honneur d'être Membre. L'Approbation que
cette Compagnie lui en a donnée, fait affez connoître
le mérite de fon travail , fans qu'il foit néceffaire
de s'étendre ici là- deffus . On ſe bornera
à un précis de fon Mémoire fur la Broderie , dans
lequel il en releve l'excellence par l'origine , & il
en prouve l'utilité par l'ufage ; il donne auffi une
idée des Outils & des Matieres qui fervent à ce
Travail.
, pour
Sur l'origine de la Broderie , il s'en tient à
ce qui en eft dit dans l'Exode , au fujet de
Bezeleel & Pooliab , que Dieu avoit remplis de
fageffe & appellez par un choix particulier pour
travailler aux Ouvrages du Tabernacle lequel
ils firent les Rideaux , les Voiles & les Habits
des Grands - Prêtres , de fin lin , parſemé d'une
broderie excellente & agréablement variée
pour la diftribution des couleurs ; ce que l'Ecriture
exprime parfaitement, en difant que ces deux
hommes peignoient avec l'aiguille ; ce qui marque
que la Broderie étoit non -feulement connáé
en ce temps- là , mais auffi en ufage pour relever
la beauté des autres Ouvrages de ce faint Tabernacle,
L'Auteur infere delà que fi-tôt que la Broderiea
Gy eté
2266 MERCURE DE FRANCE
été en ufage , elle a trouvé la place dans les befoins
de ceux, qui par l'adreffe de leurs doigts, l'ont miſe
au jour, & que cette même utilité s'eft perpetuée
jufqu'à nous,puifque l'on voit encore aujourd'hui,
lorfque lesSouverains deffendent à leurs Sujets l'excés
du luxe , dont la Broderie fait partie , ils la
réfervent par leurs Edits pour décorer les Tem--
ples , pour leurs pompes particulieres , & celles
des perfonnes qui compofent leurs Cours, & pour
les Etrangers qui y réfident ; il remarque auffi ce
que les Poëtes ont dit de l'excellence & de l'utilité
de la Broderie. Il n'oublie pas dans Homere ,
la Ceinture de Venus; & dans l'Eneïde, que les Coribantes
ou Prêtreffes de Cybelle , étoient vétués
d'habits brodez à l'aiguille , & qu'Acet , Prince
fauvé des flammes de Troyes , tira de fon Tréfor
pour décorer le Maufolée de fon cher fits
Pallás , deux Voiles mêlez de pourpre & d'or ,
qui lui avoient été donnez par Didon , que cette
Reine avoit richement brodés elle- même . Il n'ou--
blie pas auffique Minerve , fous la figure de Mentor
, recommande à Idomenée de porter de la
Broderie au bas de fa robbe , pour être diftingué
d'une maniere conforme à fa Dignité . Il ajoûte
que fon Difciple Telemaque remarquoit entre les
belles qualitez qui le portoit à aimer Antiope ,
fon induſtrie pour les Ouvrages de Broderies ; &
qu'enfin , felon Ovide , la Broderie eft utile aux
Dieux mêmes , qui prenoient la peine de s'y occuper
quelquefois. Comme il le remarque au fixe
Livre de fes Métamorphofes , lorfqu'il décrit Minerve
jaloufe d'Arachné , qui ofa défier cette
Déeffe dans l'execution de cet Art , ce qui la mit
fi fort en colere , qu'elle en tira la cruelle vengeance
de la changer en Araignée ; ce Poéte pour
donner une jufte idée de l'Ouvrage de cette fille ,
dit que Venus allant en Prygie avec Junon & Mi
nery e
OCTOBRE . 1730. 2267
nérve , difputer la Pomme d'Or , elle étoit parée
d'un Chef- d'oeuvre forti des mains induftrieufes
d'Arachné , beauté que le Pirceau d'Apelles eût
été en peine de rendre plus accompli. Junon avoit
La Robbe peinte avec l'aiguille ; pour Minerve ,
comme Déeffe des Arts , ne voulant rien devoir
à une Mortelle , qui d'ailleurs étoit fa Rivale en
adreffe , elle s'étoit revétuë d'un habit tiffu de fes
propres mains;remarques qui prouvent clairement
l'antiquité & l'utilité de la Broderie que l'on devroit
cultiver avec autant de foin qu'une infinité
d'autres Arts à qui l'on donne des prérogatives
qu'elle pourroit fort bien partager avec eux. M.
Porlier auroit pû dire ici quelque chofe de la Broderie
que les Sauvages de Canada font avec les
Picqants des Porcs - Epics, teints en noir , en rouge
& en jaune , plus durable que celle de Soye ,
d'or & d'argent . Memoires de l'Académie des
Sciences.
L'Auteur paffé enfuite à la defcription des Inftrumens
& des matieres qui fervent à la Broderie,
il nomme les noms des differens points de Brodérie
, après quoi fuit un court Eloge de l'Aiguille
, premier Outil du Brodeur , par le fecours
duquel la Broderie imite la Sculpture & la Peinture
; la Sculpture , en ce qu'elle donne du relief
à l'Etoffe, & la Peinture , en ce que l'Aiguille fait
revivre les nuances de Soye , de Laine , d'Or &
d'Argent & autres matieres , avec la même har-´´
monie que le Pinceau & les couleurs . Il ajoûte
une idée de l'habileté que doit avoir le Brodeur
dans les differentes operations de fon travail , qui
font entr'autres de bien connoître les qualitez des
matieres qu'il employe , de fçavoir deffiner ,
du moins d'avoir affez de gout pour juger de la
bonté des Deffeins qui lui font prefentez , &
l'effet qu'ils doivent faire dans l'execution.
Govje, Lee.
2268 MERCURE DE FRANCE
Le fieur Porlier termine fon Memoire par la
Deſcription de la Broderie qu'il pratique & qui
lui eft particuliere , laquelle il a apprife en Turquie
, & qui n'étoit connue cy - devant en France
que par les differens Morceaux qui en étoient apportez
fous les noms de Toillettes , de Mouchoirs,
de Robbes , de Ceintures , &c. toutes Pieces qui
' attiroient l'admiration de ceux qui les acheptoient
& des Ouvriers en Broderie , fans que les uns ni
les autres fe foient jamais donné la peine de découvrir
de quelle façon cet Ouvrage s'executoit.
Le fieur Porlier a par fa patience & par fon ap
plication , porté à un fi grand point de perfection
cette Broderie , qu'il doit avoir lieu d'efperer
qu'on s'adreffera à lui pour executer les plus beaux
& les plus riches Ouvrages de cette efpece . Sa
demeure eft à Paris , ruë neuve S. Etienne , près
les Peres de la Doctrine Chrétienne , chez M. le
Roux , au fecond Appartement fur le devant ,
Quartier S. Marceau.
COPIE DE L'APPROBATION
de MS de la Societé des Arts. ·
Xtrait des Regifires de la Societé des Arts.
EuDimanches
>
Du Dimanche 6 Août 1735. Ce jour le fieur
Porlier, Affocié en la Claffe des Arts de gout de
ladite Societé , a prefenté à la Compagnie un
Memoire fur la Broderie & une Mantille de
Gafe d'Italie , brodée à deux envers Or &
Soyes qu'il a executé de fes mains , le Deffein
qui eft de fa compofition , eft d'un gout étranger
& bien entendu , tous les Rinceaux font en
or & àjour , dans lesquels paffent des fleurs &
feuillages dont les nuances font très vives &
aufi - bienfondues qu'elles le pourroient être dans
la Miniature la plus parfaite ; cet Ouvrage
contient tous les differens points qui fe pratiquent
OCTOBRE . 1730 . 2269
·
quent en Turquie & dans les Indes , qu'aucun
Brodeur de l'Europe n'avoit pú imiter jusqu'à
prefent ; la Compagnie a jugé que cette maniere
de broder pratiquée par te fieur Porlier , pouvoit
être utile au Public , en foi de quoi , voulant
lui donner une preuve certaine de fon habileté
en cet Art , je lui ai délivré le prefent
Certificat pour lui fervir où befoin fera. A Paris
, ce 25. Août 1730. Signé , HYNAULT ,
Secretaire de ladite Societé.
Conftantinople , toujours animé par le defir de fe
diftinguer dans cet Art , vient de donner de nouvelles
marques de fon adreffe & de la délicateffe
du gout qu'il a toûjours eu pour ces fortes d'Ouvrages
, par une piece de Broderie , qu'il a préfentée
à la Societé des Arts , de laquelle il a
l'honneur d'être Membre. L'Approbation que
cette Compagnie lui en a donnée, fait affez connoître
le mérite de fon travail , fans qu'il foit néceffaire
de s'étendre ici là- deffus . On ſe bornera
à un précis de fon Mémoire fur la Broderie , dans
lequel il en releve l'excellence par l'origine , & il
en prouve l'utilité par l'ufage ; il donne auffi une
idée des Outils & des Matieres qui fervent à ce
Travail.
, pour
Sur l'origine de la Broderie , il s'en tient à
ce qui en eft dit dans l'Exode , au fujet de
Bezeleel & Pooliab , que Dieu avoit remplis de
fageffe & appellez par un choix particulier pour
travailler aux Ouvrages du Tabernacle lequel
ils firent les Rideaux , les Voiles & les Habits
des Grands - Prêtres , de fin lin , parſemé d'une
broderie excellente & agréablement variée
pour la diftribution des couleurs ; ce que l'Ecriture
exprime parfaitement, en difant que ces deux
hommes peignoient avec l'aiguille ; ce qui marque
que la Broderie étoit non -feulement connáé
en ce temps- là , mais auffi en ufage pour relever
la beauté des autres Ouvrages de ce faint Tabernacle,
L'Auteur infere delà que fi-tôt que la Broderiea
Gy eté
2266 MERCURE DE FRANCE
été en ufage , elle a trouvé la place dans les befoins
de ceux, qui par l'adreffe de leurs doigts, l'ont miſe
au jour, & que cette même utilité s'eft perpetuée
jufqu'à nous,puifque l'on voit encore aujourd'hui,
lorfque lesSouverains deffendent à leurs Sujets l'excés
du luxe , dont la Broderie fait partie , ils la
réfervent par leurs Edits pour décorer les Tem--
ples , pour leurs pompes particulieres , & celles
des perfonnes qui compofent leurs Cours, & pour
les Etrangers qui y réfident ; il remarque auffi ce
que les Poëtes ont dit de l'excellence & de l'utilité
de la Broderie. Il n'oublie pas dans Homere ,
la Ceinture de Venus; & dans l'Eneïde, que les Coribantes
ou Prêtreffes de Cybelle , étoient vétués
d'habits brodez à l'aiguille , & qu'Acet , Prince
fauvé des flammes de Troyes , tira de fon Tréfor
pour décorer le Maufolée de fon cher fits
Pallás , deux Voiles mêlez de pourpre & d'or ,
qui lui avoient été donnez par Didon , que cette
Reine avoit richement brodés elle- même . Il n'ou--
blie pas auffique Minerve , fous la figure de Mentor
, recommande à Idomenée de porter de la
Broderie au bas de fa robbe , pour être diftingué
d'une maniere conforme à fa Dignité . Il ajoûte
que fon Difciple Telemaque remarquoit entre les
belles qualitez qui le portoit à aimer Antiope ,
fon induſtrie pour les Ouvrages de Broderies ; &
qu'enfin , felon Ovide , la Broderie eft utile aux
Dieux mêmes , qui prenoient la peine de s'y occuper
quelquefois. Comme il le remarque au fixe
Livre de fes Métamorphofes , lorfqu'il décrit Minerve
jaloufe d'Arachné , qui ofa défier cette
Déeffe dans l'execution de cet Art , ce qui la mit
fi fort en colere , qu'elle en tira la cruelle vengeance
de la changer en Araignée ; ce Poéte pour
donner une jufte idée de l'Ouvrage de cette fille ,
dit que Venus allant en Prygie avec Junon & Mi
nery e
OCTOBRE . 1730. 2267
nérve , difputer la Pomme d'Or , elle étoit parée
d'un Chef- d'oeuvre forti des mains induftrieufes
d'Arachné , beauté que le Pirceau d'Apelles eût
été en peine de rendre plus accompli. Junon avoit
La Robbe peinte avec l'aiguille ; pour Minerve ,
comme Déeffe des Arts , ne voulant rien devoir
à une Mortelle , qui d'ailleurs étoit fa Rivale en
adreffe , elle s'étoit revétuë d'un habit tiffu de fes
propres mains;remarques qui prouvent clairement
l'antiquité & l'utilité de la Broderie que l'on devroit
cultiver avec autant de foin qu'une infinité
d'autres Arts à qui l'on donne des prérogatives
qu'elle pourroit fort bien partager avec eux. M.
Porlier auroit pû dire ici quelque chofe de la Broderie
que les Sauvages de Canada font avec les
Picqants des Porcs - Epics, teints en noir , en rouge
& en jaune , plus durable que celle de Soye ,
d'or & d'argent . Memoires de l'Académie des
Sciences.
L'Auteur paffé enfuite à la defcription des Inftrumens
& des matieres qui fervent à la Broderie,
il nomme les noms des differens points de Brodérie
, après quoi fuit un court Eloge de l'Aiguille
, premier Outil du Brodeur , par le fecours
duquel la Broderie imite la Sculpture & la Peinture
; la Sculpture , en ce qu'elle donne du relief
à l'Etoffe, & la Peinture , en ce que l'Aiguille fait
revivre les nuances de Soye , de Laine , d'Or &
d'Argent & autres matieres , avec la même har-´´
monie que le Pinceau & les couleurs . Il ajoûte
une idée de l'habileté que doit avoir le Brodeur
dans les differentes operations de fon travail , qui
font entr'autres de bien connoître les qualitez des
matieres qu'il employe , de fçavoir deffiner ,
du moins d'avoir affez de gout pour juger de la
bonté des Deffeins qui lui font prefentez , &
l'effet qu'ils doivent faire dans l'execution.
Govje, Lee.
2268 MERCURE DE FRANCE
Le fieur Porlier termine fon Memoire par la
Deſcription de la Broderie qu'il pratique & qui
lui eft particuliere , laquelle il a apprife en Turquie
, & qui n'étoit connue cy - devant en France
que par les differens Morceaux qui en étoient apportez
fous les noms de Toillettes , de Mouchoirs,
de Robbes , de Ceintures , &c. toutes Pieces qui
' attiroient l'admiration de ceux qui les acheptoient
& des Ouvriers en Broderie , fans que les uns ni
les autres fe foient jamais donné la peine de découvrir
de quelle façon cet Ouvrage s'executoit.
Le fieur Porlier a par fa patience & par fon ap
plication , porté à un fi grand point de perfection
cette Broderie , qu'il doit avoir lieu d'efperer
qu'on s'adreffera à lui pour executer les plus beaux
& les plus riches Ouvrages de cette efpece . Sa
demeure eft à Paris , ruë neuve S. Etienne , près
les Peres de la Doctrine Chrétienne , chez M. le
Roux , au fecond Appartement fur le devant ,
Quartier S. Marceau.
COPIE DE L'APPROBATION
de MS de la Societé des Arts. ·
Xtrait des Regifires de la Societé des Arts.
EuDimanches
>
Du Dimanche 6 Août 1735. Ce jour le fieur
Porlier, Affocié en la Claffe des Arts de gout de
ladite Societé , a prefenté à la Compagnie un
Memoire fur la Broderie & une Mantille de
Gafe d'Italie , brodée à deux envers Or &
Soyes qu'il a executé de fes mains , le Deffein
qui eft de fa compofition , eft d'un gout étranger
& bien entendu , tous les Rinceaux font en
or & àjour , dans lesquels paffent des fleurs &
feuillages dont les nuances font très vives &
aufi - bienfondues qu'elles le pourroient être dans
la Miniature la plus parfaite ; cet Ouvrage
contient tous les differens points qui fe pratiquent
OCTOBRE . 1730 . 2269
·
quent en Turquie & dans les Indes , qu'aucun
Brodeur de l'Europe n'avoit pú imiter jusqu'à
prefent ; la Compagnie a jugé que cette maniere
de broder pratiquée par te fieur Porlier , pouvoit
être utile au Public , en foi de quoi , voulant
lui donner une preuve certaine de fon habileté
en cet Art , je lui ai délivré le prefent
Certificat pour lui fervir où befoin fera. A Paris
, ce 25. Août 1730. Signé , HYNAULT ,
Secretaire de ladite Societé.
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Résumé : Nouvelles Broderies à la maniere de Turquie, [titre d'après la table]
Le sieur Porlier, connu pour ses Broderies de Constantinople, a récemment présenté une œuvre de broderie à la Société des Arts, dont il est membre. Cette pièce a été approuvée par la Société, validant ainsi la qualité et la délicatesse de son travail. Dans son mémoire sur la broderie, Porlier met en avant l'excellence et l'utilité de cet art, en s'appuyant sur des références bibliques et littéraires. Il mentionne l'origine de la broderie dans le livre de l'Exode, où Bézéléel et Pooliab, inspirés par Dieu, réalisèrent des ouvrages brodés pour le Tabernacle. Il cite également des exemples tirés de l'Iliade, de l'Énéide et des Métamorphoses d'Ovide, illustrant ainsi l'antiquité et l'importance de la broderie. Porlier décrit ensuite les outils et les matières utilisés en broderie, soulignant l'habileté nécessaire pour maîtriser cet art. Il conclut son mémoire en détaillant la technique de broderie turque qu'il a perfectionnée et qui n'était pas connue en France avant lui. Cette technique, apprise en Turquie, a été admirée pour sa complexité et sa beauté. La Société des Arts a reconnu l'utilité publique de cette technique et a délivré un certificat attestant de l'habileté de Porlier. Sa demeure est située à Paris, rue neuve S. Étienne, près des Pères de la Doctrine Chrétienne, chez M. le Roux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 763-764
Tableaux en petit point, [titre d'après la table]
Début :
Le Sieur Tessier, connu pour les Portraits au petit point [...]
Mots clefs :
Portraits, Société des arts, Tableaux, Aiguille, Curieux, Paris
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Tableaux en petit point, [titre d'après la table]
A Amiens le 9. Fevrier 1731 .
Le Sicur Tessier , connu pour les Portraits au
рем
764 MERCURE DE FRANCE
petit point , vient de donner de nouvelles preuves
de son habileté , et du goût qu'il a toûjours eu
pour ces sortes d'Ouvrages , par deux morceaux
qu'il a présenté à la Societé des Arts , de laquelle
il a l'honneur d'être Membre.
L'approbation que cette Compagnie lui en a
donnée , fera connoître le mérite de cet Ouvrage.
t :
Ce jourd'hui le Sieur Tessier , Peintre & Tapissier
, Associé en la Classe des Arts de
goût de ladite Societé , a présenté à la Compagnie
deux Tableaux enpetit point , représentant
le Roi & la Reine en Buste , de grandeur naturelle
, lesquels ont parû être executez avec une
grande régularité ; l'aiguille y afondu les nuan
ces des laines avec la même harmonie que le
pinceau méle & réunit les couleurs , la Societé
a jugé que ces fortes d'Ouvrages feroient plaifir
aux amateurs des beaux Arts & aux personnes
de goûts en consequence & pour faire cennoitre
le mérite & le talent admirable du Sieur
Tessier , elle a trouvé à propos de lui délivrer
le présent Extrait , à Paris ce 28. Novembre
1730.
Le Sieur Tessier a lieu d'esperer que les Curieux
s'adresseront à lui pour faire fabriquer ce
dont ils auront besoin en ce Genre . Il a actuelle
lement chez lui le Portrait du Roi et de la Reiné ,
une Vierge et une Madeleine , d'après M. le
Brun.
Sa demeure est sur le Pont Notre- Dame , près
la Pompe au Tapis de Turquie , à Paris .
Le Sicur Tessier , connu pour les Portraits au
рем
764 MERCURE DE FRANCE
petit point , vient de donner de nouvelles preuves
de son habileté , et du goût qu'il a toûjours eu
pour ces sortes d'Ouvrages , par deux morceaux
qu'il a présenté à la Societé des Arts , de laquelle
il a l'honneur d'être Membre.
L'approbation que cette Compagnie lui en a
donnée , fera connoître le mérite de cet Ouvrage.
t :
Ce jourd'hui le Sieur Tessier , Peintre & Tapissier
, Associé en la Classe des Arts de
goût de ladite Societé , a présenté à la Compagnie
deux Tableaux enpetit point , représentant
le Roi & la Reine en Buste , de grandeur naturelle
, lesquels ont parû être executez avec une
grande régularité ; l'aiguille y afondu les nuan
ces des laines avec la même harmonie que le
pinceau méle & réunit les couleurs , la Societé
a jugé que ces fortes d'Ouvrages feroient plaifir
aux amateurs des beaux Arts & aux personnes
de goûts en consequence & pour faire cennoitre
le mérite & le talent admirable du Sieur
Tessier , elle a trouvé à propos de lui délivrer
le présent Extrait , à Paris ce 28. Novembre
1730.
Le Sieur Tessier a lieu d'esperer que les Curieux
s'adresseront à lui pour faire fabriquer ce
dont ils auront besoin en ce Genre . Il a actuelle
lement chez lui le Portrait du Roi et de la Reiné ,
une Vierge et une Madeleine , d'après M. le
Brun.
Sa demeure est sur le Pont Notre- Dame , près
la Pompe au Tapis de Turquie , à Paris .
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Résumé : Tableaux en petit point, [titre d'après la table]
Le 9 février 1731, à Amiens, le Sieur Tessier, connu pour ses portraits au petit point, a présenté deux tableaux à la Société des Arts. Ces œuvres représentent le Roi et la Reine en buste, de grandeur naturelle, et ont été exécutées avec une grande régularité. L'aiguille y fond les nuances des laines de manière harmonieuse, comparable à l'utilisation du pinceau. La Société des Arts a reconnu le mérite et le talent de Tessier en délivrant un extrait le 28 novembre 1730. Tessier espère recevoir des commandes similaires. Il possède également les portraits du Roi et de la Reine, ainsi qu'une Vierge et une Madeleine, d'après M. le Brun. Sa demeure est située sur le Pont Notre-Dame, près de la Pompe au Tapis de Turquie, à Paris.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 1535-1538
Memoire sur le Laminage du Plomb, [titre d'après la table]
Début :
MEMOIRE sur le Laminage de Plomb, Par M. Remond, de la Société des Arts. [...]
Mots clefs :
Laminage, Plomb, Machine, Laminoir, Académie des sciences, Société des arts, Académie d'architecture
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Memoire sur le Laminage du Plomb, [titre d'après la table]
MEMOIRE Sur le Laminage de Plomb ,
Par M. Remond , de la Societé des Arts.
A Paris , chez Pierre Prault , Quay de
Gêvres , au Paradis , Brochure in 4. de
48. pages.
M.Remond a rendu service au Public ,
en laissant imprimer cette Dissertation
en forme de Memoire sur la nouvelle Ma
nufacture de Plomb , établie ruë de Bercy ,
au Fauxbourg S. Antoine. On ne dira
plus qu'il en est du Laminage comme
de tant d'autres établissemens , que la
nouveauté seule fait valoir , qui ne sont
estimez qu'autant qu'ils restent inconnus ,
et qui ne se font connoître enfin que par
la ruine de ceux qui ont eu la foiblesse
de s'y livrer.
II. Vel
Fij M :
1536 MERCURE DE FRANCE
M. Remond explique si bien la cons
truction de la Machine dont on se sert
pour laminer le Plomb , les operations
de cette Machine et les effets qui en ré
sultent pour l'usage , qu'il n'y a que
la
prévention qui puisse faire douter encore
de l'utilité de cet établissement.
Tout le monde sçait que laminer un
Métal , c'est le réduire " d'une certaine
épaisseur à une moindre , par le secours
d'une forte compression .
L'Inventeur du Laminoir avoit trois
conditions essentielles à remplir. Le Plomb
par sa pesanteur est difficile à manier. Il
falloit vaincre cet obstacle. Ce Métal est
d'un usage commun ; on devroit songer
à le rendre le moins cruteux qu'il seroit
possible ; il est de peu de consistance 5
on avoit interêt que le Laminage ne lui
causât aucune altération . C'est à ces trois
points que M.Remond borne son examen .
Dans la premiere partie de son Me
moire , il donne le détail de toutes les
précautions que l'on a prises pour que la
pesanteur du Plomb ne fût pas un obsta
cle au Laminage ; moyennant ces précau
tions , c'est assez de six hommes pour
servir la Machine , et de six chevaux pour
la faire marcher toute l'année onze heu
res par jour.
II. Vol.
La
JUIN. 1731. 1537
La deuxième partie est destinée à prou
ver, que quoique le Plomb des Plombiers
soit un peu moins cher que celui de la
Manufacture , il y a cependant de l'épar
gne à se servir de ce dernier , 1. parce
que le Plomb des Plombiers n'étant ja
mais d'une épaisseur égale , on est tou
jours obligé d'acheter chez eux beaucoup
plus de matiere qu'on n'a besoin d'en em
ployer , inconvenient qu'on n'éprouve
point à la Manufacture , puisque les Ta
bles qu'elle fournit sont parfaitement éga
les dans toute leur épaisseur. 2 ° . Parce
que ces Tables étant une fois plus lon
gues et plus larges que les Tables ordinai
ses , on employera la moitié moins de
Soudure. 3 ° . Parce que l'on diminuë par
l'usage du Plomb laminé les frais de la
Charpente et des réparations .
L'Auteur démontre dans la troisième
Partie , que le Laminoir , bien loin de
détériorer le Plomb , le rend meilleur et
d'un service plus durable. Il réfute et
par le raisonnement et par l'experience,
toutes les objections qu'un Auteur ano
nyme avoit faites contre le Plomb de la.
Manufacture , dans un Ouvrage intitulé,
Observations sur le Plomb laminé.
Pour ne laisser rien à desirer sur cette
matiere , M. Remond a joint à sa Dis
II. Vol.
Fiij
serta
1538 MERCURE DE FRANCE
sertation les suffrages de tous ceux qui
sont en état de juger de la bonté et de l'u
tilité de ce nouvel établissement . Le Cer
tificat de l'Académie des Sciences , celui.
de la Societé des Arts , celui de l'Acadé
mie d'Architecture , et le Procès verbal
des Fontainiers du Roi . Toutes ces diffe
rentes Pieces confirment tout ce qui est dit
dans le Memoire . On trouve à la fin une
Lettre de M. le Comte de Broglio à M. le
Duc d'Antin , qui justifie l'avantage qu'on
a tiré de cet établissement en Angleterre ,
où cette Machine a pris naissance , et où
l'on ne se sert depuis le commencement
de ce siecle que de Plomb laminé ; au
reste ce Memoire est fort bien écrit , le
stile en est simple , coulant et précis.
Par M. Remond , de la Societé des Arts.
A Paris , chez Pierre Prault , Quay de
Gêvres , au Paradis , Brochure in 4. de
48. pages.
M.Remond a rendu service au Public ,
en laissant imprimer cette Dissertation
en forme de Memoire sur la nouvelle Ma
nufacture de Plomb , établie ruë de Bercy ,
au Fauxbourg S. Antoine. On ne dira
plus qu'il en est du Laminage comme
de tant d'autres établissemens , que la
nouveauté seule fait valoir , qui ne sont
estimez qu'autant qu'ils restent inconnus ,
et qui ne se font connoître enfin que par
la ruine de ceux qui ont eu la foiblesse
de s'y livrer.
II. Vel
Fij M :
1536 MERCURE DE FRANCE
M. Remond explique si bien la cons
truction de la Machine dont on se sert
pour laminer le Plomb , les operations
de cette Machine et les effets qui en ré
sultent pour l'usage , qu'il n'y a que
la
prévention qui puisse faire douter encore
de l'utilité de cet établissement.
Tout le monde sçait que laminer un
Métal , c'est le réduire " d'une certaine
épaisseur à une moindre , par le secours
d'une forte compression .
L'Inventeur du Laminoir avoit trois
conditions essentielles à remplir. Le Plomb
par sa pesanteur est difficile à manier. Il
falloit vaincre cet obstacle. Ce Métal est
d'un usage commun ; on devroit songer
à le rendre le moins cruteux qu'il seroit
possible ; il est de peu de consistance 5
on avoit interêt que le Laminage ne lui
causât aucune altération . C'est à ces trois
points que M.Remond borne son examen .
Dans la premiere partie de son Me
moire , il donne le détail de toutes les
précautions que l'on a prises pour que la
pesanteur du Plomb ne fût pas un obsta
cle au Laminage ; moyennant ces précau
tions , c'est assez de six hommes pour
servir la Machine , et de six chevaux pour
la faire marcher toute l'année onze heu
res par jour.
II. Vol.
La
JUIN. 1731. 1537
La deuxième partie est destinée à prou
ver, que quoique le Plomb des Plombiers
soit un peu moins cher que celui de la
Manufacture , il y a cependant de l'épar
gne à se servir de ce dernier , 1. parce
que le Plomb des Plombiers n'étant ja
mais d'une épaisseur égale , on est tou
jours obligé d'acheter chez eux beaucoup
plus de matiere qu'on n'a besoin d'en em
ployer , inconvenient qu'on n'éprouve
point à la Manufacture , puisque les Ta
bles qu'elle fournit sont parfaitement éga
les dans toute leur épaisseur. 2 ° . Parce
que ces Tables étant une fois plus lon
gues et plus larges que les Tables ordinai
ses , on employera la moitié moins de
Soudure. 3 ° . Parce que l'on diminuë par
l'usage du Plomb laminé les frais de la
Charpente et des réparations .
L'Auteur démontre dans la troisième
Partie , que le Laminoir , bien loin de
détériorer le Plomb , le rend meilleur et
d'un service plus durable. Il réfute et
par le raisonnement et par l'experience,
toutes les objections qu'un Auteur ano
nyme avoit faites contre le Plomb de la.
Manufacture , dans un Ouvrage intitulé,
Observations sur le Plomb laminé.
Pour ne laisser rien à desirer sur cette
matiere , M. Remond a joint à sa Dis
II. Vol.
Fiij
serta
1538 MERCURE DE FRANCE
sertation les suffrages de tous ceux qui
sont en état de juger de la bonté et de l'u
tilité de ce nouvel établissement . Le Cer
tificat de l'Académie des Sciences , celui.
de la Societé des Arts , celui de l'Acadé
mie d'Architecture , et le Procès verbal
des Fontainiers du Roi . Toutes ces diffe
rentes Pieces confirment tout ce qui est dit
dans le Memoire . On trouve à la fin une
Lettre de M. le Comte de Broglio à M. le
Duc d'Antin , qui justifie l'avantage qu'on
a tiré de cet établissement en Angleterre ,
où cette Machine a pris naissance , et où
l'on ne se sert depuis le commencement
de ce siecle que de Plomb laminé ; au
reste ce Memoire est fort bien écrit , le
stile en est simple , coulant et précis.
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Résumé : Memoire sur le Laminage du Plomb, [titre d'après la table]
Le mémoire de M. Remond, publié par Pierre Prault à Paris, traite du laminage du plomb dans une nouvelle manufacture située rue de Bercy. M. Remond y décrit la construction et le fonctionnement de la machine à laminer le plomb, ainsi que les avantages de ce procédé. Le laminage réduit l'épaisseur du métal par compression. L'inventeur a dû surmonter trois défis principaux : la pesanteur, le coût et la faible consistance du plomb. La première partie du mémoire explique les précautions prises pour gérer la pesanteur du plomb, permettant à six hommes et six chevaux de faire fonctionner la machine onze heures par jour. La deuxième partie démontre que, malgré un coût initial légèrement supérieur, le plomb laminé est plus économique à long terme, car il est d'épaisseur égale, réduit les besoins en soudure et diminue les frais de charpente et de réparations. La troisième partie réfute les objections contre le plomb laminé, prouvant qu'il est de meilleure qualité et plus durable. Le mémoire inclut des certificats de l'Académie des Sciences, de la Société des Arts, de l'Académie d'Architecture et des fontainiers du Roi, ainsi qu'une lettre du Comte de Broglio justifiant l'avantage de cette technologie en Angleterre. Le style du mémoire est simple, coulant et précis.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 2203-2204
EXTRAIT du Registre des déliberations de la societé des Arts, du Dimanche dix-septiéme Decembre 1730.
Début :
Ce jour, Messieurs Medallon, Romieu, Degua et Romond, Commissaires nommés, [...]
Mots clefs :
Société des arts, Extrait, Secrétaire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT du Registre des déliberations de la societé des Arts, du Dimanche dix-septiéme Decembre 1730.
EXTRAIT du Registre des déliberations
de la societé des Arts , du Dimanche
dix- septiéme Decembre 1730.
CEjour ,Messieurs Medallon
Romiew
Degua et Romond , Commissaires nommés,
par déliberation. de la Societé du 27. Août dern
mier , pourl'examen d'une nouvelle Machine
servant à apprendre aux enfans plus facile
ment et plus promptement à connoître les let
tres , à les assembler , à lire , à ortographier
tant en Latin qu'en François , et même less
premiers Principes de la Langue Latine , présentée
à la Societé par le Sieur Damas , seuss
le nom de Bureau Typographique , ont fait leur ·
rapport à la Compagnie , conçu en ces termes :
Nous Commissaires nommés par la Societé pour
L'examen du Bureau Typographique , inventé:
G› vjs
1
2204 MERCURE DE FRANCE
par le Sieur Dumas ; Certifions que cette now
velle invention nous a paru mériter à plusieurs
titres une enviere préference sur toutes les mé
todes employées jusqu'à present pour l'instruc
tion des enfans , en ce qu'elle fournit un moyen
infaillible d'employer utilement les premieres
années de la plus tendre enfance , en mettant
en oeuvre la mesure d'intelligence , qui accom◄
pagne cet âge , en épargnant les préceptes , em
ne parlant qu'aux sens et à l'imagination qui
sont le seul partage de l'enfance , en profitant
même des imperfections de cet âge pour le progrès
des connoissances , puisqu'on n'y employe
que la voye du plaisir , et d'une pratique aisée
et toute mécanique , laquelle est néanmoins
fondée sur la Teorie la plus éxacte et la mieux
suivie ; Enfin en donnant aux enfans une habitude
d'ordre et de travail , et ce qui mérite
encore plus d'attention en leur épargnant le
dégout , qui , les éloignant de l'étude , décide
souvent de leur sort pour le reste de leur vie.
Nous croyons que tous ceux qui sentent l'importance
de l'employ, des premieres années de
l'enfance , regarderont avec estime une invention
dont l'utilité s'étend sur tous les âges
que l'Auteur récüeillera par le succès et l'ap-.
probation generale du Public , la seule récompense
qu'il ait attenduë de son travail.
> et
Je soussigné , Secretaire de la Societé des
Arts ; certifie que l'Extrait cy - dessus a été tiré
du Registre des déliberations de la Societé , et
qu'il est en tout conforme à son Original. Donné
à Paris , ce 14. Septembre 173 1..
HYNAULT
de la societé des Arts , du Dimanche
dix- septiéme Decembre 1730.
CEjour ,Messieurs Medallon
Romiew
Degua et Romond , Commissaires nommés,
par déliberation. de la Societé du 27. Août dern
mier , pourl'examen d'une nouvelle Machine
servant à apprendre aux enfans plus facile
ment et plus promptement à connoître les let
tres , à les assembler , à lire , à ortographier
tant en Latin qu'en François , et même less
premiers Principes de la Langue Latine , présentée
à la Societé par le Sieur Damas , seuss
le nom de Bureau Typographique , ont fait leur ·
rapport à la Compagnie , conçu en ces termes :
Nous Commissaires nommés par la Societé pour
L'examen du Bureau Typographique , inventé:
G› vjs
1
2204 MERCURE DE FRANCE
par le Sieur Dumas ; Certifions que cette now
velle invention nous a paru mériter à plusieurs
titres une enviere préference sur toutes les mé
todes employées jusqu'à present pour l'instruc
tion des enfans , en ce qu'elle fournit un moyen
infaillible d'employer utilement les premieres
années de la plus tendre enfance , en mettant
en oeuvre la mesure d'intelligence , qui accom◄
pagne cet âge , en épargnant les préceptes , em
ne parlant qu'aux sens et à l'imagination qui
sont le seul partage de l'enfance , en profitant
même des imperfections de cet âge pour le progrès
des connoissances , puisqu'on n'y employe
que la voye du plaisir , et d'une pratique aisée
et toute mécanique , laquelle est néanmoins
fondée sur la Teorie la plus éxacte et la mieux
suivie ; Enfin en donnant aux enfans une habitude
d'ordre et de travail , et ce qui mérite
encore plus d'attention en leur épargnant le
dégout , qui , les éloignant de l'étude , décide
souvent de leur sort pour le reste de leur vie.
Nous croyons que tous ceux qui sentent l'importance
de l'employ, des premieres années de
l'enfance , regarderont avec estime une invention
dont l'utilité s'étend sur tous les âges
que l'Auteur récüeillera par le succès et l'ap-.
probation generale du Public , la seule récompense
qu'il ait attenduë de son travail.
> et
Je soussigné , Secretaire de la Societé des
Arts ; certifie que l'Extrait cy - dessus a été tiré
du Registre des déliberations de la Societé , et
qu'il est en tout conforme à son Original. Donné
à Paris , ce 14. Septembre 173 1..
HYNAULT
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Résumé : EXTRAIT du Registre des déliberations de la societé des Arts, du Dimanche dix-septiéme Decembre 1730.
Le 17 décembre 1730, les commissaires Medallon, Romiew, Degua et Romond, désignés par la Société des Arts, ont soumis un rapport sur le Bureau Typographique, une invention du Sieur Damas. Cette machine est conçue pour enseigner aux enfants les lettres, la lecture, l'orthographe en latin et en français, ainsi que les bases de la langue latine. Les commissaires ont souligné plusieurs avantages de cette invention par rapport aux méthodes traditionnelles. Elle utilise les premières années de l'enfance de manière productive en stimulant les sens et l'imagination. Elle évite les préceptes théoriques en favorisant le plaisir et la pratique mécanique, tout en étant basée sur une théorie précise. De plus, elle inculque aux enfants l'habitude de l'ordre et du travail, évitant ainsi le dégoût de l'étude. Les commissaires ont estimé que cette invention serait appréciée par ceux qui reconnaissent l'importance des premières années de l'enfance et qu'elle serait utile à tous les âges. Le rapport a été certifié conforme par le secrétaire de la Société des Arts le 14 septembre 1731.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 1092-1108
TROISIÈME Lettre d'un Professeur de l'Université de Paris, à un Principal de Province, sur le Bureau Typographique.
Début :
Nous voicy donc enfin arrivez, Monsieur, au plus bel endroit [...]
Mots clefs :
Professeur d'Université, Bureau typographique, Société des arts, Collège du Plessis, Académies, Machine typographique, Méthodes, Alphabet, Syllabes, Ecoles d'Europe, Enfants typographes, Précepteurs typographistes, Docteur Abécédiste, Buraliste
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : TROISIÈME Lettre d'un Professeur de l'Université de Paris, à un Principal de Province, sur le Bureau Typographique.
ROISIEME Lettre d'un Professeur
del'Université de Paris , un Principal
de Province , sur le Bureau Typogra
phique.
Ni
Ous voicy donc enfin árrivez, Monsieur , au plus bel endroit de la Lettre , qui paroît au Buraliste , bien audessus des Vers de M. le Beau , et de la
Prose de M. Gaullyer , et qui nous pároît , à nous valoir au moins toutes les
Lettres écrites par le nouvel Abécédiste ,
I. Vol,
pour
JUI N. 1732 1093
pour faire valoir son ABC. Typogra
phique. C'est là qu'il met tout le fort
de sa Cause ; c'est un sujet de joye et de
triomphe pour lui ; c'est un Certificat
des plus autentiques et un Jugement sans
appel ; c'est par-là enfin , qu'en idées au
moins , il abbat et terrasse tous ses ennemis , sur tout les Régens du College du
Plessis.
Voici , Monsieur , ( dit-il d'un air victorieux
et triomphant ) un Certificat qui vous fera voir
un Jugement de la Societé des Arts , un peu dif- ferent de celui des Régens du College du Plessis.
EXTRAIT du Registre des Déliberations
de la Societé des Arts , du Dimanche
17. Décembre 1730.
Ce jour , Messieurs Medallon , Romieu , Degua , et Remond, Commissaires nommez par déliberation de la Societé du 27. Août dernier ,
pour l'examen d'une nouvelle Machine servant
à apprendre aux enfans plus facilement et plus promptement à connoître les Lettres , à les assem◄
bler , à ortographier , tant en Latin qu'en François, et même les premiers principes de la Langue
Latine , présentée à la Societé par le sieur Dumas,
sous le nom du Bureau Typographique , ont fait
leur rapport à la Compagnie , conçu en ces
termes :
Рома
Nous Commissaires nommez par la Societé pour
L'examen du Bureau Typographique , inventé
le sieur Dumas , certifions que cette nouvelle invention nous a parû mériter à plusieurs titres une entiere préference sur toutes les Méthodes employées I. Vol. jusqu'
T094 MERCURE DE FRANCE
jusqu'à présent pour l'instraction des enfans , en te
qu'ilfournit un moyen infaillible d'employer utilement les premieres années de la plus tendre enfance,
en mettant en œuvre la mesure d'intelligence qui
accompagne cet age , en épargnant les préceptes , en
ne parlant qu'au sens et à l'imagination , qui sont
le seul partage de l'enfance , en profitant même des
imperfections de cet age pour le progrès des connoissances , puisqu'on n'y employe que la voye du plaisir, et d'une prat que aisée et mécanique , laquelle
est néanmoinsfondée sur la théorie la plus exacte et la mieux suivie , enfin en donnant aux enfans une
habitude d'ordre et de travail , et ce qui mérite encore plus d'attention , en leur épargnant le dégots
qui les éloignant de l'étude , décide souvent de leur
sort pour le reste de leur vie. Nous croyons que tous
teux qui sentent l'importance de l'emploi des premieres années de l'enfance , regarderont avec estime
une invention dont l'utilité s'étend sur tous les âges,
et que l'Auteur recueillira par le succès et l'Approbation generale du Public , la seule récompense
qu'il ait attenduë de son travail.
Je soussigné Secretaire de la Societé des Arts ,
certifie que l'Extrait cy-dessus a été tiré du Registre des Déliberations de la Societé , et qu'il
est en tout conforme à son original. Donné à
Paris ce 14. Septembre 1731. HYNAULT.
Que ferai-je présentement ? de quel
côté me tournerai- je ? à qui aurai- je recours ? à l'Académie Françoise ? elle ne
voudra pas porter son jugement après la
Societé des Arts ; et comme il s'agit de
Latin , elle me renverra à l'Université
comme elle y a déja renvoyé le grand
I. Vol. Inven
JUIN. 1732. 1095
Inventeur de la Regle monosyllabique
ad, et de la Leçon d'une demie heure.
Al'Académie des Sciences ? mais oseroitelle juger d'un Systême mécanique moins
favorablement que ceux qui font, dit- on,
des mécaniques , presque toute leur occupation ? M'adresserai- je à l'Université?
il est vrai qu'elle est depuis plusieurs siecles la mere des Arts et des Sciences ,
qu'elle a le droit de prononcer sur ces
matieres, et qu'elle l'a souvent exercé avec
grand contentement , et avec l'applaudissement de la République des Lettres.
Ainsi comme elle s'est déja déclarée plus
d'une fois pour l'ancienne Méthode , je
n'aurois pas de peine à en obtenir une
décision contraire à celle de ces Mrs de
la Societé des Arts.
par des '
Mais de quelle utilité seroit pour moi
cette décision ? Le Buraliste n'en appel
leroit-il pas , comme étant faite
Juges suspects de partialité , et n'opposeroit-il pas à toutes les Universitez du Monde , l'autorité de la Societé des Arts , et
ne secroiroit- il pas bre de ce grand nom à couvert à l'omde réJe n'ai donc , je
crois , d'autre parti à prendre que
pondre au Certificat de ces M , et d'affoiblir un peu le coup mortel que le Machiniste a prétendu porter par là à tous
1. Vol. C les
1096 MERCURE DE FRANCE
les Régens , et particulierement à ceux
du College du Plessis. C'est à quoi pourront peut- être servir les Refléxions suivantes.
Je remarque donc d'abord que l'humilité de l'Auteur du Bureau, qui a bien voulu présenter et soumettre sa nouvelle Machine à l'examen de la nouvelle Societé,
la politesse et l'humanité des Examina
teurs , l'affection particuliere qu'ils ont
pour tout ce qui est mécanique , et.pour
tous les nouveaux Machinistes , tour
cela a peut-être contribué à leur faire
porter du Bureau Typographique un Jugement si favorable , autant . et même
plus, que la vûë claire et distincte de la
bonté et de l'utilité de cette Méthode de
bois.
En second lieu ces Mes n'ont point prononcé sur la préference que la Machine
doit avoir sur toutes les Méthodes employées jusqu'à present pour enseigner
aux enfans le Grec, l'Hebreu , l'Arabe
&c. 'Histoire , la Fable , la Chronolo
gie , la Géographie , les Généalogies , le
Blason , les Médailles , les Arts et les
Sciences, et par conséquent les Mécaniques , qui font leurs occupations particulieres , et à quoi le Buraliste prétend que
son Bureau est necessaire ( Lettre 4. page
1. Vol.
62.)
JUIN. 1732. 1097
2. ) ils se sont restraints à dire qu'il sert
à apprendre à connoître les Lettres , à les
assembler , à ortographier , tant en Latin
qu'en François , et même les premiers
principes de la Langue Latine , ajoûtentils, ce semble, avec quelque peine et sans
aller plus loin.
Troisièmement, l'Eloge que les quatre
Examinateurs font de la Machine Typo
graphique , et l'entiere préference qu'ils
lui donnent sur toutes les Méthodes qui
ont existé jusqu'à ce jour , nous paroît
convenir bien mieux à l'ingénieuse et à
l'admirable invention des Lettres et de
leurs combinaisons pour former les syllabes , qui se trouvent dans le moindre
petit Alphabet. C'est ce que Lucain et
son Traducteur Brebeuf ont exalté just
qu'au Ciel par ces Vers si beaux et si magnifiques :
Phænices primi, fama si creditur , ausi
Mansúram rudibus vocem signarefiguris.
Lucain 22.
C'est de lui que nous vient cet Art ingenieur
De peindre la parole et de parter aux yeux';
Et par les traits divers de figures tracées ,
Donner de la parole et du corps aux pensées.
Ainsi le Buraliste ne doit pas si fərt
I. Vol. Cijs'en
1098 MERCURE DE FRANCE
s'en orgueillir de ce qu'on a dit en faveur
de son Bureau , puisque les Lettres et les
Syllabes et par consequent l'Alphabet
qui les contient et qu'il méprise tant ,
nous paroît mériter à plusieurs titres
une entiere préference.
*
Ex
Examinons présentement plus en détail
le Certificat , et pesons en toutes les paroles. Nous certifions , dit-on , que cette
nouvelle invention nous a parû mériter à
plusieurs titres une entiere preference sur toutes les Méthodes employées jusqu'à present
pour l'instruction des enfans , même pour les
premiers principes de la Langue Latine;
par consequent sur la Méthode de Quintilien , de Despautere , de Sanctius et de
Vossius , de M M. de Port Royal , de
M. Rollin et de M. le Fevre , &c. MTs les
Commissaites nommez par déliberation
de la Societé , du Dimanche 27. Août
1730. ont fait leur rapport aussi le Dimanche 17. Septembre de la même année. Du premier terme au second , il n'y
a que 112. jours ou 16. Semaines , c'està-dire,pas quatre mois entiers. Qui pour
ra donc être assez simple pour croire
qu'un espace si court ait suffi pour lire les
anciennes Méthodes, et les comparer avec
la nouvelle , ou que sans les lire , on ait
pû en juger sainement et lui donner rai1. Vol son-
JUIN. 1732. 1099
sonnablement une entiere préference sus
elles ?!
Un Alphabet ne fournit- il pas aussi aux
enfans un moyen infaillible d'employer utibement les premieres années de la plus tendré
enfance , en mettant en œuvre la mesure d'intelligence qui accompagne cet âge ? N'épargne-t- il pas les préceptes en ne parlant qu'aux
sens ( aux yeux qui sont le sens le plus
vif ) et à l'imagination , tandis que le Maître parle aux oreilles , qui sont , non le
seul, ( car il y a la memoire ) mais un des
meilleurs partages de l'enfance ? Par le
moyen de l'Alphabet ne profite- t'on pas
même des imperfections de cet age pour le
progrès des connoissances , puisqu'on n'y employe que la voye du plaisir , sur tout si
Alphabet est de bon pain d'épice ou de
quelqu'autre pâte sucrée , comme le veut
M. de Vallange et d'une pratique aisée et
toute mécanique , c'est- à- dire d'une digestion facile , toute physique et très- utile
pour la santé , pourvû qu'on n'en prenne
pas avec excès : laquelle est neanmoins fondée sur la théorie la plus exacte et la mieux
suivie , sçavoir ,sur les combinaisons meryeilleuses des Lettres et des Syllabes ; enfin en donnant aux enfans une habitude
d'ordre et de travails d'ordre , tel qu'il est
suivi generalement dans tous les Diction
I. Vol. C iij naires
1100 MERCURE DE FRANCE
naires , et qu'il est le plus naturel pour les
enfans ; de travail , par rapport à
àlala pro
nonciation de certaines syllabes rudes et
retives sur laquelle Quintilien veut qu'on
les exerce beaucoup ; et , pour me servir
toûjours des expressions de M M. Medallon , Degua , Romieu et Remond , ce qui
mérite encore plus d'attention , en leur épar
gnant le dégoût , qui les éloignant de l'étude,
décide souvent de leur sort pour le reste de
leur vie.
Je croi donc que tous ceux qui sentent
L'importance de l'emploi des premieres années
de l'enfance , regarderont avec estime une invention dont l'utilité , durant une longue
suite de siecles , depuis Cadmus , premier
Inventeur des Lettres de l'Alphabet , jusqu'à nous, s'est étendue , et plus que problablement depuis nous jusqu'à la fin du
monde , malgré l'invention de la Machi
ne Typographique , s'étendra sur tous les
hommes,de quelque âge, de quelque sexe,
de quelque qualité et condition qu'ils
soient , et que l'Auteur ( c'est Cadmas
et non l'Auteur du Bureau ) recueillira ,
comme il l'a toûjours recueilli , par le
succès et l'approbation generale du Public ,
la seule récompense qu'il ait attendu de son travail.
N'est-il pas clair que le Certificat
de
I. Vol. Mrs
JÚ IN. 1732. 1101
Mles quatre Commissaires , ainsi tourné,
et expliqué, est bien plus conforme à la
verité et plus honorable pour eux et
pour la Societé des Arts , dont ils sont
Membres? Mais de quelle utilité peut-il
être pour le Buraliste , puis qu'il met l'invention des Lettres et de l'Alphabet qu'il
méprise tant , bien au-dessus du Bureau
Typographique , qu'il estime seul et qu'il
prefere hautement et en toutes occasions
aux Méthodes vulgaires reçûës jusqu'ici
dans toutes les Ecoles d'Europe.
Au reste on ne voit pas trop la raison
pourquoi ce Certificat donné le 17. Décembre 1730. n'a été délivré par M. Hynault , Secretaire de la Societé des Arts ,
que le 19.Septembre 173 1. ne seroit- ce pas
quel'Auteurdu Bureau n'a pas crû enavoir
besoin pour se deffendre contre ses Adversaires qui ont écrit en Prose contre lui ,
et qu'au contraire ill'a crû necessaire pour
résister à son nouvel antagoniste , qui par,
sa petite Comédie de 800. Vers environ
lui a donné un si terrible assaut et livré
un si cruel combat , qu'il n'y a pas d'apparence qu'il s'en releve jamais. Revenons
presentement au Buraliste , nous n'aurons
pas grande peine à l'expedier , présentément que nous nous sommes tirés d'un si
mauvais pas.
و
1. Vol. Ciiij Les
roz MERCURE DE FRANCE
Les parens , dit-il , curieux en fait d'éducation , qui voudront connoître par euxmêmes le mérite et l'utilité du Bureau Typographique , pourront prendre la peine d'aller
voir les Enfans Typographes , instruits et
exercez selon cette nouvelle Méthode.
Ils verront quelque chose d'infiniment
moins curieux que ce qu'on voyoit à la
Foire les années précedentes. A la Foire
on voyoit une Chienne qui avoit été tellement dressée, et qui étoit dans ses operations si bien dirigée par son Maître ,
qu'elle jouoit aux cartes et gagnoit des
parties de triomphe , assembloit des Lettres et composoit des mots bien mieux
ortographiez qu'ils ne le sont très- souvent,
suivant les principes du Buraliste , faisoit
enfin plusieurs autres choses sembla- .
bles , toutes plus merveilleuses les unes
que les autres ; et tout cela sans qu'il parût que son Maître l'aîdât en la moindre
chose. Les Enfans Typographes , au contraire , qui sont évidemment conduits
et dirigez par leurs Precepteurs Typographistes , suivent très-souvent une ortographe qui est très- mauvaise, et écrivent,
par exemple , Filipe , au lieu de Philippe ;
faute que la Chienne de la Foire n'auroit
jamais faite.
Ontrouvera, continuë le Buraliste , chez
I. Vol nn
JUIN. 17328 1103.
.
un Marchand de Soye , au Bras d'or, dins
la rue S Denis , vis- à- vis sainte Catherine ,
une aimable perite fille au- dessous de trois
ans, qui en peu de mois a appris avec le
Bureau , ce que bien des enfans ignorent
après des années d'Ecoles vulgaires. On
trouvera chez M. Procope , vis- à- vis de
la Comédie Françoise , un digne Enfant ,
dont le seul exemple est capable de fermer
la bouche à tous les Critiques. On pourroit
indiquer un grand nombre d'autres Enfans
Typographes , si on ne craignoit de fatiguer les Parens et les Maîtres.
Tous les Enfans de l'un et l'autre sexe,
qui apprennent à lire avec leBureau, sont
tous, au dire du Buraliste, de dignes et d'aimables enfans. Mais sans vouloir rien ici
rabattre de leurs esprits et de leur mérite
ne puis je pas dire des Enfins les plus ordinaires , ce qu'il dit ici de ses Enfans Typo
graphes , qu'on peut, non pas prendre la
peine de les aller voir , mais sans aucune
peine, les voir soit dans les maisons parti
culieres , soit dans les Ecoles publiques , es
remarquer que plusieurs d'entre ceux qui
ont des dispositions heureuses , apprennent à l'âge de trois ans en peu de mois
ce que bien d'autres , que la Nature a
traitez moins favorablement , ignorent
après plusieurs années d'étude opiniâtre,
3
1. Vol. Cy Cette
rio MERCURE DE FRANCE
₹
Cette seule remarque , fondée sur l'expe
rience de tous les lieux et de tous les
temps , est capable de fermer la bouche
à tous les nouveaux Méthodistes , qui
tombent très souvent dans le sophisme , que les Philosophes appellent non
causa , qui consiste à prendre pour la
cause d'un effet , ce qui ne l'est pas veritablement.
·
Don Ventura de Liria , dit-on , qui a
un Bureau au College d'Harcourt , a fait en peu de temps l'heureuse experience
de cette Méthode , de même que le petit
Remilli , qui ayant aussi un Bureau au
College du Plessis , a eu un des Prix de
mémoire, distribuez le jour de la Tragé
die ,
،et qui va en Classe , selon le goût
et la volonté de ses Parens.
Don Ventura de Liria , âgé de 7. ans
environ , et fils d'un très- illustre et trèsaimable Seigneur , que le College du Plessis a eu le bonheur de posseder autrefois , et qui n'a pas eu lieu de se repentig
d'y avoir été instruit selon la Méthode
ordinaire. Je ne sçai pourquoi , pour lui
enseigner l'A B C et les premiers princi
pes du Latin , on a suivi une autre route
que pour M. son père.
Quant au petit Remilli , il est bien vrai
qu'il a eu un Prix de memoire , mais il
1. Vol. est
U IN. 1732. 1105
est aussi très - vrai que c'est à sa memoire et à son industrie qu'il doit ce
Prix , et non au Bureau , auquel jusqu'à
present le Buraliste même n'avoit pas accordé l'avantage de donner de là mẹmoire aux enfans. Cet aimable Enfant va
en septiéme depuis plusieurs mois , selon le goût et la volonté de Mrs ses Pere
et Mere.
:
Les personnes bien intentionnées , continuë le Docteur Abécédisre , qui aiment··
le bien public, sçachant que Monseigneur
Le Dauphin et Mesdames de France , apprennent à lire par la Méthode du Bureau
Typographique , et que l'Auteur , par commission , en a déja envoyé dans les Provinces , ces personnes , dis-je , s'embarraseront
peu des Critiques qu'ont produites jusqu'ici ,
l'ignorance, la prévention et peut- être l'envie ou la mauvaise foi.
Vous voyez , Monsieur , que la source
des injures n'est point taric. Vous sçavez que nous y avons répondu ; si cela
ne suffit pas , voici une réponse de la
façon du Buraliste. Celui qui s'éleve contre
nous , dit-il dans le Mercure de Mars ,
page 426. ou 427. devroit avant que d'écrire , apprendre à penser, et s'il croit avoirraison , nous démontrer avec politesse que·
nous donnons dans Berreur : tout Ecrivain . ,
I. Vol. Cvj donts
1106 MERCURE DE FRANCE
dont le style est grossier , m'est suspect er je
n'en attends aucune instruction.
Tout ceci est bien plus vrai lorsque ,
comme lui , on attaque seul le genre hamain. Quant à l'exemple de Monseigneur
le Dauphin et de Mesdames de France ,
qu'ils nous allegue pour la seconde fois
en sa faveur , outre ce que nous y avons
déja répondu , que prouvera- t'il autre
chose , sinon qu'on peut apprendre à
lire par cette nouvelle Méthode , puisqu'on l'a bien appris jusqu'à present par Pancienne Méthode. Mais s'ensuit- il delà qu'ils pourront apprendre le Latin ,
le Grec , l'Hebreu , l'Arabe , &c tous les
Arts et toutes les Sciences , comme l'Auteur le prétend ( Lettre 4. page 62. ) si
cela est, qui m'empêchera de dire , avec
bien plus de raison , qu'on a appris jusqu'à present les Arts et les Sciences par
le moyen de l'Alphabet , et que c'est l'Alphaber qui a formé les Rois , les Guerriers , les Politiques , les Théologiens,
les Jurisconsultes , les Philosophes , les
Orateurs , les Historiens , les Poëtes , & c.
les plus illustres qui ayent paru dans le
Monde depuis l'invention des Caracteres
qui servent à peindre la parole et à par- ler aux yeux ?
Si donc , comme je le souhaite de tout
1. Kol. mon
JUIN. 17323 1107
prit.
mon cœur et comme je l'espere , il arrive
un jour que Monseigneur le Dauphin eɛ
Mesdames de France , surpassent tous les
autres , autant par la grandeur de leur esprit et de leur science , que par celle de
leur Naissance , le Buraliste en donneras,
s'il veut , la gloire à lui et à son Bureau;
pour moi j'attr bûrai plutôt un si heureux
succès à leur excellent naturel, et aux
sçavantes instructions des personnes estimables et respectables à qui le Roy a
confié le soin de leur éducation ; et je
pense qu'en cela je ne serois pas le seul
de mon sentiment.
Ceux , dit enfin le Buraliste , qui souhaiteront avoir quelqu'une des quatre Classes
du Bureau Typographique, en trouveront de
toutes garnies dans la maison attenant la
porte du College de Lisieux , ruë S. Etienne
d'Egrès; l'avis , le prix , et l'instruction sur
les quatre Classes , se trouveront à la fin de
la neuvième Lettre sur la Bibliotheque des
Enfans , inserée dans le Mercure du mois de
Février dernier , page 209. on 234. en atterdant la suite de la Relation Typographi
que , j'ay l'honneur d'être , & c. A Paris.
15 " Septembre 1731. RIOMBAL
Le prix de chacune de ces quatre Clas
ses du Bureau est marqué à la fin de la
Lettre , et fixé depuis une pistole jus1 Kolo qu'à
1108 MERCURE DE FRANCE
1
qu'à dix. Ainsi , vous voyez , Monsieur ,
que l'Auteur ne donne pas ses coquilles
et qu'on pourroit fort bien dire de lui
avec quelque proportion , ce que Ciceron
disoit du Maître de Marc- Antoine : Invideo Magistro tuo , qui te tantâ mercede
nihil sapere docuit. Vous me demanderez
peut- être , comment cela s'accorde avec
ce qui est dit dans la Lettre de Mars
qu'il n'agit par aucune vûë d'interêt et qu'il
ne lui revient rien de ses Bureaux , que bien
de la peine , et dans celle d'Avril , qu'il a
distribué bien des choses gratis , aux riches
comme aux pauvres, &c. et que jusques-là
il n'a pas touché un solpour les Bureaux , et
qu'au contraire il les a prêtez à ceux qui en
ont voulu faire l'experience ? Je n'en sçai
rien , à moins qu'on ne dise que per
sonne ne s'étoit encore présenté pour les
achepter;car je n'oserois vous le faire soupçonner de contradiction et de mensonge.
Quoiqu'il en soit , M³, vous pourrez dorénavant avoir des Bureaux , pour de l'argent,bien entendu. Il se fera aussi un plai---
sir de vous indiquer des Maîtres Typogra
phiques , à qui vous donnerez une bonne
nourriture et des appointemens tres-ho
nêtes. Je suis , Monsieur ; &c.
del'Université de Paris , un Principal
de Province , sur le Bureau Typogra
phique.
Ni
Ous voicy donc enfin árrivez, Monsieur , au plus bel endroit de la Lettre , qui paroît au Buraliste , bien audessus des Vers de M. le Beau , et de la
Prose de M. Gaullyer , et qui nous pároît , à nous valoir au moins toutes les
Lettres écrites par le nouvel Abécédiste ,
I. Vol,
pour
JUI N. 1732 1093
pour faire valoir son ABC. Typogra
phique. C'est là qu'il met tout le fort
de sa Cause ; c'est un sujet de joye et de
triomphe pour lui ; c'est un Certificat
des plus autentiques et un Jugement sans
appel ; c'est par-là enfin , qu'en idées au
moins , il abbat et terrasse tous ses ennemis , sur tout les Régens du College du
Plessis.
Voici , Monsieur , ( dit-il d'un air victorieux
et triomphant ) un Certificat qui vous fera voir
un Jugement de la Societé des Arts , un peu dif- ferent de celui des Régens du College du Plessis.
EXTRAIT du Registre des Déliberations
de la Societé des Arts , du Dimanche
17. Décembre 1730.
Ce jour , Messieurs Medallon , Romieu , Degua , et Remond, Commissaires nommez par déliberation de la Societé du 27. Août dernier ,
pour l'examen d'une nouvelle Machine servant
à apprendre aux enfans plus facilement et plus promptement à connoître les Lettres , à les assem◄
bler , à ortographier , tant en Latin qu'en François, et même les premiers principes de la Langue
Latine , présentée à la Societé par le sieur Dumas,
sous le nom du Bureau Typographique , ont fait
leur rapport à la Compagnie , conçu en ces
termes :
Рома
Nous Commissaires nommez par la Societé pour
L'examen du Bureau Typographique , inventé
le sieur Dumas , certifions que cette nouvelle invention nous a parû mériter à plusieurs titres une entiere préference sur toutes les Méthodes employées I. Vol. jusqu'
T094 MERCURE DE FRANCE
jusqu'à présent pour l'instraction des enfans , en te
qu'ilfournit un moyen infaillible d'employer utilement les premieres années de la plus tendre enfance,
en mettant en œuvre la mesure d'intelligence qui
accompagne cet age , en épargnant les préceptes , en
ne parlant qu'au sens et à l'imagination , qui sont
le seul partage de l'enfance , en profitant même des
imperfections de cet age pour le progrès des connoissances , puisqu'on n'y employe que la voye du plaisir, et d'une prat que aisée et mécanique , laquelle
est néanmoinsfondée sur la théorie la plus exacte et la mieux suivie , enfin en donnant aux enfans une
habitude d'ordre et de travail , et ce qui mérite encore plus d'attention , en leur épargnant le dégots
qui les éloignant de l'étude , décide souvent de leur
sort pour le reste de leur vie. Nous croyons que tous
teux qui sentent l'importance de l'emploi des premieres années de l'enfance , regarderont avec estime
une invention dont l'utilité s'étend sur tous les âges,
et que l'Auteur recueillira par le succès et l'Approbation generale du Public , la seule récompense
qu'il ait attenduë de son travail.
Je soussigné Secretaire de la Societé des Arts ,
certifie que l'Extrait cy-dessus a été tiré du Registre des Déliberations de la Societé , et qu'il
est en tout conforme à son original. Donné à
Paris ce 14. Septembre 1731. HYNAULT.
Que ferai-je présentement ? de quel
côté me tournerai- je ? à qui aurai- je recours ? à l'Académie Françoise ? elle ne
voudra pas porter son jugement après la
Societé des Arts ; et comme il s'agit de
Latin , elle me renverra à l'Université
comme elle y a déja renvoyé le grand
I. Vol. Inven
JUIN. 1732. 1095
Inventeur de la Regle monosyllabique
ad, et de la Leçon d'une demie heure.
Al'Académie des Sciences ? mais oseroitelle juger d'un Systême mécanique moins
favorablement que ceux qui font, dit- on,
des mécaniques , presque toute leur occupation ? M'adresserai- je à l'Université?
il est vrai qu'elle est depuis plusieurs siecles la mere des Arts et des Sciences ,
qu'elle a le droit de prononcer sur ces
matieres, et qu'elle l'a souvent exercé avec
grand contentement , et avec l'applaudissement de la République des Lettres.
Ainsi comme elle s'est déja déclarée plus
d'une fois pour l'ancienne Méthode , je
n'aurois pas de peine à en obtenir une
décision contraire à celle de ces Mrs de
la Societé des Arts.
par des '
Mais de quelle utilité seroit pour moi
cette décision ? Le Buraliste n'en appel
leroit-il pas , comme étant faite
Juges suspects de partialité , et n'opposeroit-il pas à toutes les Universitez du Monde , l'autorité de la Societé des Arts , et
ne secroiroit- il pas bre de ce grand nom à couvert à l'omde réJe n'ai donc , je
crois , d'autre parti à prendre que
pondre au Certificat de ces M , et d'affoiblir un peu le coup mortel que le Machiniste a prétendu porter par là à tous
1. Vol. C les
1096 MERCURE DE FRANCE
les Régens , et particulierement à ceux
du College du Plessis. C'est à quoi pourront peut- être servir les Refléxions suivantes.
Je remarque donc d'abord que l'humilité de l'Auteur du Bureau, qui a bien voulu présenter et soumettre sa nouvelle Machine à l'examen de la nouvelle Societé,
la politesse et l'humanité des Examina
teurs , l'affection particuliere qu'ils ont
pour tout ce qui est mécanique , et.pour
tous les nouveaux Machinistes , tour
cela a peut-être contribué à leur faire
porter du Bureau Typographique un Jugement si favorable , autant . et même
plus, que la vûë claire et distincte de la
bonté et de l'utilité de cette Méthode de
bois.
En second lieu ces Mes n'ont point prononcé sur la préference que la Machine
doit avoir sur toutes les Méthodes employées jusqu'à present pour enseigner
aux enfans le Grec, l'Hebreu , l'Arabe
&c. 'Histoire , la Fable , la Chronolo
gie , la Géographie , les Généalogies , le
Blason , les Médailles , les Arts et les
Sciences, et par conséquent les Mécaniques , qui font leurs occupations particulieres , et à quoi le Buraliste prétend que
son Bureau est necessaire ( Lettre 4. page
1. Vol.
62.)
JUIN. 1732. 1097
2. ) ils se sont restraints à dire qu'il sert
à apprendre à connoître les Lettres , à les
assembler , à ortographier , tant en Latin
qu'en François , et même les premiers
principes de la Langue Latine , ajoûtentils, ce semble, avec quelque peine et sans
aller plus loin.
Troisièmement, l'Eloge que les quatre
Examinateurs font de la Machine Typo
graphique , et l'entiere préference qu'ils
lui donnent sur toutes les Méthodes qui
ont existé jusqu'à ce jour , nous paroît
convenir bien mieux à l'ingénieuse et à
l'admirable invention des Lettres et de
leurs combinaisons pour former les syllabes , qui se trouvent dans le moindre
petit Alphabet. C'est ce que Lucain et
son Traducteur Brebeuf ont exalté just
qu'au Ciel par ces Vers si beaux et si magnifiques :
Phænices primi, fama si creditur , ausi
Mansúram rudibus vocem signarefiguris.
Lucain 22.
C'est de lui que nous vient cet Art ingenieur
De peindre la parole et de parter aux yeux';
Et par les traits divers de figures tracées ,
Donner de la parole et du corps aux pensées.
Ainsi le Buraliste ne doit pas si fərt
I. Vol. Cijs'en
1098 MERCURE DE FRANCE
s'en orgueillir de ce qu'on a dit en faveur
de son Bureau , puisque les Lettres et les
Syllabes et par consequent l'Alphabet
qui les contient et qu'il méprise tant ,
nous paroît mériter à plusieurs titres
une entiere préference.
*
Ex
Examinons présentement plus en détail
le Certificat , et pesons en toutes les paroles. Nous certifions , dit-on , que cette
nouvelle invention nous a parû mériter à
plusieurs titres une entiere preference sur toutes les Méthodes employées jusqu'à present
pour l'instruction des enfans , même pour les
premiers principes de la Langue Latine;
par consequent sur la Méthode de Quintilien , de Despautere , de Sanctius et de
Vossius , de M M. de Port Royal , de
M. Rollin et de M. le Fevre , &c. MTs les
Commissaites nommez par déliberation
de la Societé , du Dimanche 27. Août
1730. ont fait leur rapport aussi le Dimanche 17. Septembre de la même année. Du premier terme au second , il n'y
a que 112. jours ou 16. Semaines , c'està-dire,pas quatre mois entiers. Qui pour
ra donc être assez simple pour croire
qu'un espace si court ait suffi pour lire les
anciennes Méthodes, et les comparer avec
la nouvelle , ou que sans les lire , on ait
pû en juger sainement et lui donner rai1. Vol son-
JUIN. 1732. 1099
sonnablement une entiere préference sus
elles ?!
Un Alphabet ne fournit- il pas aussi aux
enfans un moyen infaillible d'employer utibement les premieres années de la plus tendré
enfance , en mettant en œuvre la mesure d'intelligence qui accompagne cet âge ? N'épargne-t- il pas les préceptes en ne parlant qu'aux
sens ( aux yeux qui sont le sens le plus
vif ) et à l'imagination , tandis que le Maître parle aux oreilles , qui sont , non le
seul, ( car il y a la memoire ) mais un des
meilleurs partages de l'enfance ? Par le
moyen de l'Alphabet ne profite- t'on pas
même des imperfections de cet age pour le
progrès des connoissances , puisqu'on n'y employe que la voye du plaisir , sur tout si
Alphabet est de bon pain d'épice ou de
quelqu'autre pâte sucrée , comme le veut
M. de Vallange et d'une pratique aisée et
toute mécanique , c'est- à- dire d'une digestion facile , toute physique et très- utile
pour la santé , pourvû qu'on n'en prenne
pas avec excès : laquelle est neanmoins fondée sur la théorie la plus exacte et la mieux
suivie , sçavoir ,sur les combinaisons meryeilleuses des Lettres et des Syllabes ; enfin en donnant aux enfans une habitude
d'ordre et de travails d'ordre , tel qu'il est
suivi generalement dans tous les Diction
I. Vol. C iij naires
1100 MERCURE DE FRANCE
naires , et qu'il est le plus naturel pour les
enfans ; de travail , par rapport à
àlala pro
nonciation de certaines syllabes rudes et
retives sur laquelle Quintilien veut qu'on
les exerce beaucoup ; et , pour me servir
toûjours des expressions de M M. Medallon , Degua , Romieu et Remond , ce qui
mérite encore plus d'attention , en leur épar
gnant le dégoût , qui les éloignant de l'étude,
décide souvent de leur sort pour le reste de
leur vie.
Je croi donc que tous ceux qui sentent
L'importance de l'emploi des premieres années
de l'enfance , regarderont avec estime une invention dont l'utilité , durant une longue
suite de siecles , depuis Cadmus , premier
Inventeur des Lettres de l'Alphabet , jusqu'à nous, s'est étendue , et plus que problablement depuis nous jusqu'à la fin du
monde , malgré l'invention de la Machi
ne Typographique , s'étendra sur tous les
hommes,de quelque âge, de quelque sexe,
de quelque qualité et condition qu'ils
soient , et que l'Auteur ( c'est Cadmas
et non l'Auteur du Bureau ) recueillira ,
comme il l'a toûjours recueilli , par le
succès et l'approbation generale du Public ,
la seule récompense qu'il ait attendu de son travail.
N'est-il pas clair que le Certificat
de
I. Vol. Mrs
JÚ IN. 1732. 1101
Mles quatre Commissaires , ainsi tourné,
et expliqué, est bien plus conforme à la
verité et plus honorable pour eux et
pour la Societé des Arts , dont ils sont
Membres? Mais de quelle utilité peut-il
être pour le Buraliste , puis qu'il met l'invention des Lettres et de l'Alphabet qu'il
méprise tant , bien au-dessus du Bureau
Typographique , qu'il estime seul et qu'il
prefere hautement et en toutes occasions
aux Méthodes vulgaires reçûës jusqu'ici
dans toutes les Ecoles d'Europe.
Au reste on ne voit pas trop la raison
pourquoi ce Certificat donné le 17. Décembre 1730. n'a été délivré par M. Hynault , Secretaire de la Societé des Arts ,
que le 19.Septembre 173 1. ne seroit- ce pas
quel'Auteurdu Bureau n'a pas crû enavoir
besoin pour se deffendre contre ses Adversaires qui ont écrit en Prose contre lui ,
et qu'au contraire ill'a crû necessaire pour
résister à son nouvel antagoniste , qui par,
sa petite Comédie de 800. Vers environ
lui a donné un si terrible assaut et livré
un si cruel combat , qu'il n'y a pas d'apparence qu'il s'en releve jamais. Revenons
presentement au Buraliste , nous n'aurons
pas grande peine à l'expedier , présentément que nous nous sommes tirés d'un si
mauvais pas.
و
1. Vol. Ciiij Les
roz MERCURE DE FRANCE
Les parens , dit-il , curieux en fait d'éducation , qui voudront connoître par euxmêmes le mérite et l'utilité du Bureau Typographique , pourront prendre la peine d'aller
voir les Enfans Typographes , instruits et
exercez selon cette nouvelle Méthode.
Ils verront quelque chose d'infiniment
moins curieux que ce qu'on voyoit à la
Foire les années précedentes. A la Foire
on voyoit une Chienne qui avoit été tellement dressée, et qui étoit dans ses operations si bien dirigée par son Maître ,
qu'elle jouoit aux cartes et gagnoit des
parties de triomphe , assembloit des Lettres et composoit des mots bien mieux
ortographiez qu'ils ne le sont très- souvent,
suivant les principes du Buraliste , faisoit
enfin plusieurs autres choses sembla- .
bles , toutes plus merveilleuses les unes
que les autres ; et tout cela sans qu'il parût que son Maître l'aîdât en la moindre
chose. Les Enfans Typographes , au contraire , qui sont évidemment conduits
et dirigez par leurs Precepteurs Typographistes , suivent très-souvent une ortographe qui est très- mauvaise, et écrivent,
par exemple , Filipe , au lieu de Philippe ;
faute que la Chienne de la Foire n'auroit
jamais faite.
Ontrouvera, continuë le Buraliste , chez
I. Vol nn
JUIN. 17328 1103.
.
un Marchand de Soye , au Bras d'or, dins
la rue S Denis , vis- à- vis sainte Catherine ,
une aimable perite fille au- dessous de trois
ans, qui en peu de mois a appris avec le
Bureau , ce que bien des enfans ignorent
après des années d'Ecoles vulgaires. On
trouvera chez M. Procope , vis- à- vis de
la Comédie Françoise , un digne Enfant ,
dont le seul exemple est capable de fermer
la bouche à tous les Critiques. On pourroit
indiquer un grand nombre d'autres Enfans
Typographes , si on ne craignoit de fatiguer les Parens et les Maîtres.
Tous les Enfans de l'un et l'autre sexe,
qui apprennent à lire avec leBureau, sont
tous, au dire du Buraliste, de dignes et d'aimables enfans. Mais sans vouloir rien ici
rabattre de leurs esprits et de leur mérite
ne puis je pas dire des Enfins les plus ordinaires , ce qu'il dit ici de ses Enfans Typo
graphes , qu'on peut, non pas prendre la
peine de les aller voir , mais sans aucune
peine, les voir soit dans les maisons parti
culieres , soit dans les Ecoles publiques , es
remarquer que plusieurs d'entre ceux qui
ont des dispositions heureuses , apprennent à l'âge de trois ans en peu de mois
ce que bien d'autres , que la Nature a
traitez moins favorablement , ignorent
après plusieurs années d'étude opiniâtre,
3
1. Vol. Cy Cette
rio MERCURE DE FRANCE
₹
Cette seule remarque , fondée sur l'expe
rience de tous les lieux et de tous les
temps , est capable de fermer la bouche
à tous les nouveaux Méthodistes , qui
tombent très souvent dans le sophisme , que les Philosophes appellent non
causa , qui consiste à prendre pour la
cause d'un effet , ce qui ne l'est pas veritablement.
·
Don Ventura de Liria , dit-on , qui a
un Bureau au College d'Harcourt , a fait en peu de temps l'heureuse experience
de cette Méthode , de même que le petit
Remilli , qui ayant aussi un Bureau au
College du Plessis , a eu un des Prix de
mémoire, distribuez le jour de la Tragé
die ,
،et qui va en Classe , selon le goût
et la volonté de ses Parens.
Don Ventura de Liria , âgé de 7. ans
environ , et fils d'un très- illustre et trèsaimable Seigneur , que le College du Plessis a eu le bonheur de posseder autrefois , et qui n'a pas eu lieu de se repentig
d'y avoir été instruit selon la Méthode
ordinaire. Je ne sçai pourquoi , pour lui
enseigner l'A B C et les premiers princi
pes du Latin , on a suivi une autre route
que pour M. son père.
Quant au petit Remilli , il est bien vrai
qu'il a eu un Prix de memoire , mais il
1. Vol. est
U IN. 1732. 1105
est aussi très - vrai que c'est à sa memoire et à son industrie qu'il doit ce
Prix , et non au Bureau , auquel jusqu'à
present le Buraliste même n'avoit pas accordé l'avantage de donner de là mẹmoire aux enfans. Cet aimable Enfant va
en septiéme depuis plusieurs mois , selon le goût et la volonté de Mrs ses Pere
et Mere.
:
Les personnes bien intentionnées , continuë le Docteur Abécédisre , qui aiment··
le bien public, sçachant que Monseigneur
Le Dauphin et Mesdames de France , apprennent à lire par la Méthode du Bureau
Typographique , et que l'Auteur , par commission , en a déja envoyé dans les Provinces , ces personnes , dis-je , s'embarraseront
peu des Critiques qu'ont produites jusqu'ici ,
l'ignorance, la prévention et peut- être l'envie ou la mauvaise foi.
Vous voyez , Monsieur , que la source
des injures n'est point taric. Vous sçavez que nous y avons répondu ; si cela
ne suffit pas , voici une réponse de la
façon du Buraliste. Celui qui s'éleve contre
nous , dit-il dans le Mercure de Mars ,
page 426. ou 427. devroit avant que d'écrire , apprendre à penser, et s'il croit avoirraison , nous démontrer avec politesse que·
nous donnons dans Berreur : tout Ecrivain . ,
I. Vol. Cvj donts
1106 MERCURE DE FRANCE
dont le style est grossier , m'est suspect er je
n'en attends aucune instruction.
Tout ceci est bien plus vrai lorsque ,
comme lui , on attaque seul le genre hamain. Quant à l'exemple de Monseigneur
le Dauphin et de Mesdames de France ,
qu'ils nous allegue pour la seconde fois
en sa faveur , outre ce que nous y avons
déja répondu , que prouvera- t'il autre
chose , sinon qu'on peut apprendre à
lire par cette nouvelle Méthode , puisqu'on l'a bien appris jusqu'à present par Pancienne Méthode. Mais s'ensuit- il delà qu'ils pourront apprendre le Latin ,
le Grec , l'Hebreu , l'Arabe , &c tous les
Arts et toutes les Sciences , comme l'Auteur le prétend ( Lettre 4. page 62. ) si
cela est, qui m'empêchera de dire , avec
bien plus de raison , qu'on a appris jusqu'à present les Arts et les Sciences par
le moyen de l'Alphabet , et que c'est l'Alphaber qui a formé les Rois , les Guerriers , les Politiques , les Théologiens,
les Jurisconsultes , les Philosophes , les
Orateurs , les Historiens , les Poëtes , & c.
les plus illustres qui ayent paru dans le
Monde depuis l'invention des Caracteres
qui servent à peindre la parole et à par- ler aux yeux ?
Si donc , comme je le souhaite de tout
1. Kol. mon
JUIN. 17323 1107
prit.
mon cœur et comme je l'espere , il arrive
un jour que Monseigneur le Dauphin eɛ
Mesdames de France , surpassent tous les
autres , autant par la grandeur de leur esprit et de leur science , que par celle de
leur Naissance , le Buraliste en donneras,
s'il veut , la gloire à lui et à son Bureau;
pour moi j'attr bûrai plutôt un si heureux
succès à leur excellent naturel, et aux
sçavantes instructions des personnes estimables et respectables à qui le Roy a
confié le soin de leur éducation ; et je
pense qu'en cela je ne serois pas le seul
de mon sentiment.
Ceux , dit enfin le Buraliste , qui souhaiteront avoir quelqu'une des quatre Classes
du Bureau Typographique, en trouveront de
toutes garnies dans la maison attenant la
porte du College de Lisieux , ruë S. Etienne
d'Egrès; l'avis , le prix , et l'instruction sur
les quatre Classes , se trouveront à la fin de
la neuvième Lettre sur la Bibliotheque des
Enfans , inserée dans le Mercure du mois de
Février dernier , page 209. on 234. en atterdant la suite de la Relation Typographi
que , j'ay l'honneur d'être , & c. A Paris.
15 " Septembre 1731. RIOMBAL
Le prix de chacune de ces quatre Clas
ses du Bureau est marqué à la fin de la
Lettre , et fixé depuis une pistole jus1 Kolo qu'à
1108 MERCURE DE FRANCE
1
qu'à dix. Ainsi , vous voyez , Monsieur ,
que l'Auteur ne donne pas ses coquilles
et qu'on pourroit fort bien dire de lui
avec quelque proportion , ce que Ciceron
disoit du Maître de Marc- Antoine : Invideo Magistro tuo , qui te tantâ mercede
nihil sapere docuit. Vous me demanderez
peut- être , comment cela s'accorde avec
ce qui est dit dans la Lettre de Mars
qu'il n'agit par aucune vûë d'interêt et qu'il
ne lui revient rien de ses Bureaux , que bien
de la peine , et dans celle d'Avril , qu'il a
distribué bien des choses gratis , aux riches
comme aux pauvres, &c. et que jusques-là
il n'a pas touché un solpour les Bureaux , et
qu'au contraire il les a prêtez à ceux qui en
ont voulu faire l'experience ? Je n'en sçai
rien , à moins qu'on ne dise que per
sonne ne s'étoit encore présenté pour les
achepter;car je n'oserois vous le faire soupçonner de contradiction et de mensonge.
Quoiqu'il en soit , M³, vous pourrez dorénavant avoir des Bureaux , pour de l'argent,bien entendu. Il se fera aussi un plai---
sir de vous indiquer des Maîtres Typogra
phiques , à qui vous donnerez une bonne
nourriture et des appointemens tres-ho
nêtes. Je suis , Monsieur ; &c.
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Résumé : TROISIÈME Lettre d'un Professeur de l'Université de Paris, à un Principal de Province, sur le Bureau Typographique.
Une lettre d'un professeur de l'Université de Paris et d'un principal de province discute du Bureau Typographique, une invention de M. Dumas. Un certificat de la Société des Arts, daté du 17 décembre 1730, loue cette invention pour son efficacité à enseigner aux enfants les lettres, l'orthographe et les principes de base du latin. Les commissaires de la Société des Arts, Messieurs Medallon, Romieu, Degua et Remond, affirment que cette méthode mérite une entière préférence sur les méthodes traditionnelles en raison de son approche ludique et mécanique, adaptée à l'intelligence des jeunes enfants. Le professeur et le principal expriment des doutes sur la rapidité avec laquelle la Société des Arts a évalué et approuvé l'invention, soulignant que seulement 112 jours séparaient la délibération initiale de la Société et le rapport final. Ils remettent également en question la portée du certificat, notant qu'il ne couvre pas l'enseignement du grec, de l'hébreu, de l'arabe, ni d'autres matières. Ils comparent l'invention des lettres et des syllabes, présentes dans tout alphabet, à l'invention du Bureau Typographique, estimant que les premières méritent une préférence. Le texte discute également de l'efficacité de la méthode d'apprentissage de la lecture à travers des bureaux typographiques. Les 'Enfants Typographes,' dirigés par leurs précepteurs, commettent souvent des erreurs orthographiques. Cependant, plusieurs exemples d'enfants ayant appris rapidement grâce à cette méthode sont mentionnés, comme une fille de moins de trois ans chez un marchand de soie et un garçon chez M. Procope. Le buraliste critique les 'nouveaux Méthodistes' qui tombent dans le sophisme de prendre pour cause d'un effet ce qui ne l'est pas. Il cite des exemples comme Don Ventura de Liria et le petit Remilli, qui ont réussi grâce à cette méthode. Le texte mentionne que des personnalités comme Monseigneur le Dauphin et Mesdames de France utilisent cette méthode, bien que le buraliste attribue leurs succès à leur naturel et à leurs instructeurs plutôt qu'au bureau typographique. Enfin, des informations sur l'achat des bureaux typographiques et des maîtres typographiques sont fournies, avec des prix allant d'une pistole à dix pistoles. Le buraliste affirme que l'auteur ne distribue pas ses bureaux gratuitement, contrairement à ce qui a été mentionné précédemment.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 1312-1326
NOUVELLE Maniere de construire de grosses Horloges, non-seulement plus simples que celles que l'on a faites jusqu'à present, mais encore d'un meilleur usage et à meilleur marché. Memoire lû à la Société des Arts le 29. Mars dernier, par M. Julien le Roy, Horloger du Roy et de la même soiciété.
Début :
Quand on s'applique à consider une Machine à dessein [...]
Mots clefs :
Société des arts, Julien Leroy, Machine, Horloge, Cage, Balancier, Roues, Bascule, Axe, Poids
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texteReconnaissance textuelle : NOUVELLE Maniere de construire de grosses Horloges, non-seulement plus simples que celles que l'on a faites jusqu'à present, mais encore d'un meilleur usage et à meilleur marché. Memoire lû à la Société des Arts le 29. Mars dernier, par M. Julien le Roy, Horloger du Roy et de la même soiciété.
NOUVELLE Maniere de construire de
grosses Horloges , non- seulement plus simples que celles que l'on a faites jusqu'à
present, mais encore d'un meilleur usage
et à meilleur marché. Memoire la à la
Societé des Arts le 23. Mars dernier,
par M.Julien le Roy, Horloger du Roy.
et de la même Societé.
Q
Uand on s'applique à considerer une
Machine à dessein de la perfectionner , il n'est guere en notre pouvoir de
nous former des idées pour réussir dans
le projet et dans l'execution , et cela à
cause que nous ne pouvons nous repré- senter les idées que nous n'avons jamais II. Vol. euës
JUIN. 1732. 1313
eues ; au contraire , il est très- aisé de nous
rappeller celles dont nous avons déja eu
la connoissance ; de- là vient qu'il est si
aisé de copier la plupart des Machines
et qu'il est si difficile et si rare d'en inventer de nouvelles..
>
Si notre imagination et nos lumieres
ne peuvent pas toûjours nous fournir des
idées neuves et de quelque usage , et que
ce soit presque toûjours le hazard qui
nous les fasse appercevoir , on ne doit
point être surpris si les progrès des Arts
sont si lents , puisque ces mêmes progrès
sont le plus souvent l'ouvrage du hazard,
que la refléxion met en œuvre. Cette nouvelle construction est un exemple sensible de ce que je viens d'avancer , elle est
si simple et si avantageuse , qu'on doit
être surpris qu'elle ait échappé à tant
d'habiles Horlogers qui ont travaillé et
médité avant moi sur cette matiere.
proQuoiqu'il soit aisé d'appercevoir tous
les avantages qui se trouvent réunis
par la nouvelle maniere , je ne la
poserai qu'après avoir donné une description en abregé de celle qui est en usage afin qu'on soit en état de les comparer l'une avec l'autre , et de juger laquelle
mérite la préference.
>
II. Vol. C v Des-
1314 MERCURE DE FRANCE
Description en abregé d'une grosse Horloge
telle que celle de l'Hôtel de Ville ou de
S. Paul, de Paris.
Le Corps de l'Horloge est composé
d'une Cage qui contient huit Roiies ,
quatre pour le Mouvement , et quatre
pour la Sonnerie, il y a de plus la Détente , la Bascule , la Verge des Palettes et
le Volant.
Les Roues duMouvement sont la grande Roue , la Roue du Remontoir , la
Roie moyenne et la Roiie de rencontre.
Les Roues de la sonnerie sont la grande
Roiie , celle du Remontoir , la Roue
moyenne ou de Cercle , et la Roue de
Compte.
La Bascule est faite à peu près comme
le fleau d'une balance , elle sert à élever
un Marteau plus ou moins gros , selon
la cloche sur laquelle il doit frapper.
La Détente est composée de son Arbre
et de trois branches , dont la premiere se
nommePied de- Biche , à cause qu'elle est
brisée par le bout , une cheville attachée
à la croisée de la grande Roue du Mouvement sert à lever le Pied- de- Biche à
toutes les heures pour faire sonner l'Hor
loge.
La deuxième branche se nomme le Coq ;
II. Vol son
JUIN. 1732.
*
1315
son usage est d'arrêter la sonnerie immé--
diatementaprès que les heures ont sonné.
La troisiéme branche dont le bout est
formé en crochet , s'appelle Compteur ,
elle s'appuye sur la Roue de Compte , à
la circonference de laquelle il y a des entailles distantes les unes des autres , suivant les nombres naturels 1.2.3.jusqu'à 12.
Tant que le Compteur s'appuye sur la circonference de la Roue de Compte, l'Horloge continuë de sonner jusqu'à ce que
ce même Compteur soit entré dans l'une des douze entailles de ladite Roüe. Je ne
décrirai point les Pignons ou Lenternes ,
parce que leur usage est assez connu.
La Cage est composée de onze pieces ;
sçavoir , de quatre Pilliers , de deux Chas
sis , l'un superieur et l'autre inferieur ,
lesquels je nommerai dans la suite ( Pa
rallelogramme rectangle , ) et de cinq"
Montans. Chaque Chassis ou Rectangle
a une mortoise ou entaillé à chacun de
ses Angles propres pour recevoir d'autres mortoises ou entailles , faites auxi
extremitez de chaque Pillier ; desorte
que les Pilliers s'enclavent dans les deux
Rectangles , au moyen de quatre clavettes
qui servent à serrer le Rectangle superieur contre les Pilliers. Au milieu de
chaque Rectangle est placée une traverse
14 Volo Cvj. qui
1316 MERCURE DE FRANCE
qui sert à affermir le Montant du milieu.
Deux autres Montans sont placez au
milieu des petits côtez des Rectangles ;
desorte que ces trois Montans sont placez
sur la même ligne et vis-à- vis les úns des
autres leur usage , est de soutenir les
Roues de la sonnerie et celles du Mouvêment.
Le quatriéme Montant est placé sur
l'un des deux grands côtez des Rectangles ; son usage est de soutenir la Roue de
Compte et le Pignon qui la fait tourner.
La Verge des Palettes est soutenuë par
deux Coqs , à une distance convenable
de la Roue de rencontre ; l'un de ces
Coqs soutient aussi la Verge du Pendule.
Le cinquiéme Montant est opposé au
Montant qui porte la Roue de Compte ;
son usage est de porter la Roue de Cadran et l'Etoile qui doit la faire tourner.
Je finis cette Description par le Volant,
c'est un Arbre qui porte un Pignon à
l'un de ses bouts , et à l'autre il y a un
Pivot qui débordé le Montant du côté
de la sonnerie ; sur ce Pivot tournent
deux Palettes de taule , lesquelles sont
plus ou moins grandes , suivant qu'on
veut faire sonner l'Horloge plus vite ou
plus lentement.
"
II. Vol. Now-
JUIN. 1732. 13177
Nouvelle construction de grosses Horloges ,
dans lesquelles tous les Arbres des Roues.
sont placez sur un Rectangle posé hori- sontalement.
Pour distinguer les deux constructions,
je nommerai celle qui est en usage , Horloge Verticale , à cause que les Roiies y
sont placées entre des plans verticaux , et
la nouvelle horisontale , à cause , que ses
Roues sont placées sur un Parallelograme rectangle , posé horisontalement.
En posant toutes les Roües sur un Rec--
tangle , de onze pieces , dont la Cage est
composée dans la construction ordinaire,
j'en supprime dix , et je ne retiens que le
Rectangle inferieur , que je fais un peu
plus grand , en donnant seulement plus
de longueur aux deux petits côtez ; ce
Rectangle , quoique plus grand , sera plus
aisé à faire que dans la construction verticale , parce qu'on le fera toûjours de
quatre pieces , sans que pour cela il en
soit moins solide. Il n'en est pas de même dans la construction ordinaire , car
on est obligé de faire ce Rectangle d'une
seule piece , afin de lui donner toute la
solidité qu'il doit avoir. Les dix Pieces
supprimées par la nouvelle construction,
sont les quatre Pilliers , les cinq Montans,
11. Vol. Je
1218 MERCURE DEFRANCE
le Cercle ou Chassis superieur , toutes ces
pieces sont non-seulement difficiles à faire
par elles-mêmes , mais encore difficiles à
ajuster pour les faire cadrer avec solidité
et précision , les unes avec les autres.
Outre la suppression des pieces dont
je viens de parler , il y a encore une diminution d'ouvrage assez considerable
dans les Chappes des Remontoirs et dans
les Coqs qui soutiennent la verge des
palettes ; desorte que dans l'Horloge ho
risontale composée de roues de même
grandeur, il y aura environ un tiers moins
d'ouvrages que dans le Vertical ; d'où il §
s'ensuit que le premier ne coûtera que
deux mille livres , lorsque le dernier en couteroit trois.
ཏི
Non-seulement la nouvelle Horloge
est plus simple, mais encoreelle est meil
leure et de plus longue durée que l'an
cienne, à cause que les frottemens y sont considerablement diminuez , et c'est ce
que jespere démontrer par le Problêmequi suit, et que j'appliquerai à la nouvelle construction.
Problême de Mécanique.
Une rone étant donnée avec son tambour
on Cilindre de même diametre , dont l'Arbre sera posé horisontalement, trouver deux
M. Vola points
JUIN. 17320 1373
points à la circonference de la roue , ausquels on・puisse placer un pignon , de telle
sorte que dans l'un l'action d'un poids ap
pliqué au cilindre par le moyen d'une cor- de soit zero sur l'arbre de la roue ,
et
dans l'autre que l'action de ce même poids
soit double de sa pesanteur sur le même
arbre.
.
passer une
Je suppose que la roue A. B. est don
née et que son Arbre est posé horisontalement; si par le centre et la circonfes
rence de cette Rože , on fait
ligne horisontale prolongée de part et
d'autre je dis que cette ligne conpera la circonference de la Rone aux deux points.
requis par les conditions du Problême.
FIG. I. Il est évident que les cordes
qui soutiennent des poids sont toûjours
Verticales , donc la corde A. C. qui soutient le poids P. est perpendiculaire à la -
ligne horizontale. B.
Ayant supposé le diametre du Tambour ;
égal au diametre de la Roue , je puis ap pliquer la corde à la circonference de la
Roue , sans rien changer à la proposi
tion.
FIG. II. La Róüe A. B. ayant son
point d'appui sur le pignon D. et au
point S. il s'ensuit necessairement que
l'action du poids P. sera zero sur l'Axe
Ila Vol de
1320 MERCURE DE FRANCE
de la Roüe , puisque la ligne de direction de la corde passe par le point S.
point d'appui de la Roue.
FIG. III. La même Roue A. B. ayant
son point d'appui sur le même Pignon
D. transporté au côté opposé , il s'ensuivra necessairement que l'action du
poids P. ( sur l'Arbre de la Roüe ) sera
du double de sa pesanteur; cela est évident, puisque la ligne S. A. est double
de la ligne S. E. ce qu'il falloit démontrer..
Premier Corolaire.
Il suit évidemment de ce qui vient
d'être démontré , que le Pignon étant
placé dans un point quelconque de la
demi-circonference A. A. l'action du poids.
sur l'Axe E. sera toûjours moindre que
sa pesanteur absoluë.
Au contraire le Pignon étant placé
dans un point quelconque de la demi- cir
conference opposée , l'action du poids sur
l'Axe E. sera plus grande que sa pesanteur absolue , d'où il suit encore qu'on
doit toûjours faire passer la corde entre
l'Axe du Pignon et celui de la Roüe , et
perpendiculairement à un plan qui passeroit par les deux Axes. Cette disposition de la corde est si avantageuse, qu'on
doit la mettre en usage , non seulement:
II. Vol. dans.
JUIN. 1732 1327
Fig.10.
€
E
Fig.2.
B
B E
Fig.3.
B
E
A
A
dans les Horloges et les pendules à poids,.. mais encore dans toutes les Machines à
II. Vol.
roles
322 MERCURE DE FRANCE
roües et à poids , excepté celles qui n'ont
qu'un ressort simple , enfermé dans un barillet , comme sont les Pendules à ressort
Deuxième Corolaire.
Il suit encore que l'Axe de la Roue sera
plus ou moins chargé par le poids , suivant le diametre du Cilindre ; desorte
que la corde passant entre les deux Axes ,
celui de la grande Roue sera toûjours
chargé d'une quantité plus petite que la
totalité du poids au contraire , en fai
sant passer la corde du côté opposé , l'Axe
de la Roüe sera toûjours chargé d'une
plus grande quantité que la totalité du
poids.
Comme dans l'Horloge horisontale les
'Axes des Roues sont dans la situation requise par le Problême , il s'ensuivra necessairement que le frottement sur les
Pivots des grandes Roues , sera moins
grand qu'en toute autre position. Cette´
circonstance seule est plus que suffisante
pour rendre la nouvelle construction ab
solument préferable à l'ancienne ; car il
ya de grosses Horloges dont chaque
poids est de mille à douze cens livres
pesant , plus ou moins , selon leur grosseur; il est aisé de s'imaginer que de tels
poids doivent produire de grands frotte1. Vol. mens
JUIN. 1732 13238
mens , et parconsequent une usure continuelle , laquelle détruisant sans cesse
les rapports des engrenages des grandes
Roues d'avec les Roues moyennes , oblige
à des réparations fréquentes , comme de
faire remonter les grandes Roües en rebouchant les troux de leurs Pivots.
de
L'Horloge horisontale ne sera nulle
ment sujette aux réparations que je viens
remarquer , on pourra même l'incliner de quelques degrez, afin que les poids
dirigeant toujours les grandes Roues vers
les Roues moyennes , ils rétablissent sans
cesse l'usure causée par le frottement des
dents des grandes Roües.
Par ce qui vient d'être dit , on doit remarquer que la nouvelle Horloge étant
moins sujette à l'usure, il en coûtera moins
pour l'entretien ; par exemple , si une
Horloge ordinaire coûte par an cent liv.
d'entretien , celle-·cy: n'en coûtera pas -
cinquante:
J'ajoûterai encore qu'elle sera incom--
parablement plus aisée à nettoyer , à cause qu'on pourra démonter les Routes les
unes après les autres ; au lieu que dans
l'ordinaire on est obligé de déplacer trois
Roues et le Montant tout à la fois ; on
est encore obligé de soutenir toutes ces
Pieces avec la main , et dans le même
11. Vol. -temps
1324 MERCURE DE FRANCE
temps , ce qui est assez difficile sur tout
pour les grandes Horloges dont les premieres Roües seules avec leurs fusées , pe
sent quelquefois jusqu'à deux cens livres
desorte qu'il faut plusieurs hommes pour
en démonter une.
Remarques.
La solution du Problême est exactement vraye dans le cas où le Pignon est
dans un repos absolu , mais lorsqu'il tourne , le frottement diminue sur l'Axe de
là Roue , à mesure que la vitesse du Piè
gnon est augmentée.
Comme cette circonstance ne touche
aucun des avantages réunis dans la position horisontale , j'ai négligé d'y avoir
égard dans la résolution du Problême ,
afin de le simplifier ; cependant je croi
qu'il est à propos de mettre sous les yeux
la question dont il s'agit , quoiqu'elle ne
soit ici que de pure curiosité.
10. Je suppose que la résistance du
Pignon est zero , et que le poids qui le
fait tourner au moyen de la Rouie , tombe aussi vite qu'il le feroit , s'il tomboit
dans l'air libre.
2°. Je suppose qu'un poids tombant
dans l'air libre , a une vitesse uniforme
et que cette vitesse est égale à celle du
5
II. Vol son ,
JUIN. 1732. 1325
son, laquelle parcourt environ 90. toises
par seconde.
39, Je suppose que le Pignon appliqué
à la Roue de sonnerie fait un tour en
deux secondes, et que le même Pignon
appliqué au mouvement, fait son tour en un demi quart d'heure.
par
En place des differentes résistances que
le Pignon oppose à être mû , je substi
tuerai la suite les espaces parcourus
par le poids , il est évident que cette substitution ne changera rien à l'état de la
proposition.
Or si le poids appliqué à la Roiie de
sonnerie parcourt trois pouces en deux
secondes , et si tombant dans l'air libreil parcourt dans le même temps 180..
toises , on aura par le calcul 30 égal à la
diminution du frottement sur l'Axe de
la Roue de sonnerie.
Si le poids appliqué à la Roue du
mouvement , parcourt trois pouces en
un demi quart d'heure , tombant dans
l'air libre , il parcourra dans le même
temps 13500. toises , ce qui donnera par
le calcul 972200 égal à la diminution du
frottement sur la Roue du mouvement.
3
Comme il est évidemment très-avantageux de faire les Horloges aux quarts ,
suivant la nouvelle construction , j'ai crû
11. Vol qu'il
326 MERCURE DE FRANCE
2 qu'il étoit inutile d'en faire un article
separé , à cause qu'il est très-aisé de s’imaginer que pour faire une Horloge aux
quarts , suivant la construction horisontale , il ne faut que le seul Chassis inferieur d'une Horloge aux quarts , mais un
peu plus grand que dans la construction
ordinaire , et placer toutes les Roües dessus , comme dans l'Horloge simple, D'ail
leurs ceux qui souhaiteront avoir des instructions plus particulieres ou faire faire
de ces sortes d'Ouvrages , pourront en
voir un Modele , ( rue Bribouché ) chez
M. Roussel , qui est très habile Horloger er generalement versé dans tout ce
qui concerne les Horloges dont je viens
de parler.
grosses Horloges , non- seulement plus simples que celles que l'on a faites jusqu'à
present, mais encore d'un meilleur usage
et à meilleur marché. Memoire la à la
Societé des Arts le 23. Mars dernier,
par M.Julien le Roy, Horloger du Roy.
et de la même Societé.
Q
Uand on s'applique à considerer une
Machine à dessein de la perfectionner , il n'est guere en notre pouvoir de
nous former des idées pour réussir dans
le projet et dans l'execution , et cela à
cause que nous ne pouvons nous repré- senter les idées que nous n'avons jamais II. Vol. euës
JUIN. 1732. 1313
eues ; au contraire , il est très- aisé de nous
rappeller celles dont nous avons déja eu
la connoissance ; de- là vient qu'il est si
aisé de copier la plupart des Machines
et qu'il est si difficile et si rare d'en inventer de nouvelles..
>
Si notre imagination et nos lumieres
ne peuvent pas toûjours nous fournir des
idées neuves et de quelque usage , et que
ce soit presque toûjours le hazard qui
nous les fasse appercevoir , on ne doit
point être surpris si les progrès des Arts
sont si lents , puisque ces mêmes progrès
sont le plus souvent l'ouvrage du hazard,
que la refléxion met en œuvre. Cette nouvelle construction est un exemple sensible de ce que je viens d'avancer , elle est
si simple et si avantageuse , qu'on doit
être surpris qu'elle ait échappé à tant
d'habiles Horlogers qui ont travaillé et
médité avant moi sur cette matiere.
proQuoiqu'il soit aisé d'appercevoir tous
les avantages qui se trouvent réunis
par la nouvelle maniere , je ne la
poserai qu'après avoir donné une description en abregé de celle qui est en usage afin qu'on soit en état de les comparer l'une avec l'autre , et de juger laquelle
mérite la préference.
>
II. Vol. C v Des-
1314 MERCURE DE FRANCE
Description en abregé d'une grosse Horloge
telle que celle de l'Hôtel de Ville ou de
S. Paul, de Paris.
Le Corps de l'Horloge est composé
d'une Cage qui contient huit Roiies ,
quatre pour le Mouvement , et quatre
pour la Sonnerie, il y a de plus la Détente , la Bascule , la Verge des Palettes et
le Volant.
Les Roues duMouvement sont la grande Roue , la Roue du Remontoir , la
Roie moyenne et la Roiie de rencontre.
Les Roues de la sonnerie sont la grande
Roiie , celle du Remontoir , la Roue
moyenne ou de Cercle , et la Roue de
Compte.
La Bascule est faite à peu près comme
le fleau d'une balance , elle sert à élever
un Marteau plus ou moins gros , selon
la cloche sur laquelle il doit frapper.
La Détente est composée de son Arbre
et de trois branches , dont la premiere se
nommePied de- Biche , à cause qu'elle est
brisée par le bout , une cheville attachée
à la croisée de la grande Roue du Mouvement sert à lever le Pied- de- Biche à
toutes les heures pour faire sonner l'Hor
loge.
La deuxième branche se nomme le Coq ;
II. Vol son
JUIN. 1732.
*
1315
son usage est d'arrêter la sonnerie immé--
diatementaprès que les heures ont sonné.
La troisiéme branche dont le bout est
formé en crochet , s'appelle Compteur ,
elle s'appuye sur la Roue de Compte , à
la circonference de laquelle il y a des entailles distantes les unes des autres , suivant les nombres naturels 1.2.3.jusqu'à 12.
Tant que le Compteur s'appuye sur la circonference de la Roue de Compte, l'Horloge continuë de sonner jusqu'à ce que
ce même Compteur soit entré dans l'une des douze entailles de ladite Roüe. Je ne
décrirai point les Pignons ou Lenternes ,
parce que leur usage est assez connu.
La Cage est composée de onze pieces ;
sçavoir , de quatre Pilliers , de deux Chas
sis , l'un superieur et l'autre inferieur ,
lesquels je nommerai dans la suite ( Pa
rallelogramme rectangle , ) et de cinq"
Montans. Chaque Chassis ou Rectangle
a une mortoise ou entaillé à chacun de
ses Angles propres pour recevoir d'autres mortoises ou entailles , faites auxi
extremitez de chaque Pillier ; desorte
que les Pilliers s'enclavent dans les deux
Rectangles , au moyen de quatre clavettes
qui servent à serrer le Rectangle superieur contre les Pilliers. Au milieu de
chaque Rectangle est placée une traverse
14 Volo Cvj. qui
1316 MERCURE DE FRANCE
qui sert à affermir le Montant du milieu.
Deux autres Montans sont placez au
milieu des petits côtez des Rectangles ;
desorte que ces trois Montans sont placez
sur la même ligne et vis-à- vis les úns des
autres leur usage , est de soutenir les
Roues de la sonnerie et celles du Mouvêment.
Le quatriéme Montant est placé sur
l'un des deux grands côtez des Rectangles ; son usage est de soutenir la Roue de
Compte et le Pignon qui la fait tourner.
La Verge des Palettes est soutenuë par
deux Coqs , à une distance convenable
de la Roue de rencontre ; l'un de ces
Coqs soutient aussi la Verge du Pendule.
Le cinquiéme Montant est opposé au
Montant qui porte la Roue de Compte ;
son usage est de porter la Roue de Cadran et l'Etoile qui doit la faire tourner.
Je finis cette Description par le Volant,
c'est un Arbre qui porte un Pignon à
l'un de ses bouts , et à l'autre il y a un
Pivot qui débordé le Montant du côté
de la sonnerie ; sur ce Pivot tournent
deux Palettes de taule , lesquelles sont
plus ou moins grandes , suivant qu'on
veut faire sonner l'Horloge plus vite ou
plus lentement.
"
II. Vol. Now-
JUIN. 1732. 13177
Nouvelle construction de grosses Horloges ,
dans lesquelles tous les Arbres des Roues.
sont placez sur un Rectangle posé hori- sontalement.
Pour distinguer les deux constructions,
je nommerai celle qui est en usage , Horloge Verticale , à cause que les Roiies y
sont placées entre des plans verticaux , et
la nouvelle horisontale , à cause , que ses
Roues sont placées sur un Parallelograme rectangle , posé horisontalement.
En posant toutes les Roües sur un Rec--
tangle , de onze pieces , dont la Cage est
composée dans la construction ordinaire,
j'en supprime dix , et je ne retiens que le
Rectangle inferieur , que je fais un peu
plus grand , en donnant seulement plus
de longueur aux deux petits côtez ; ce
Rectangle , quoique plus grand , sera plus
aisé à faire que dans la construction verticale , parce qu'on le fera toûjours de
quatre pieces , sans que pour cela il en
soit moins solide. Il n'en est pas de même dans la construction ordinaire , car
on est obligé de faire ce Rectangle d'une
seule piece , afin de lui donner toute la
solidité qu'il doit avoir. Les dix Pieces
supprimées par la nouvelle construction,
sont les quatre Pilliers , les cinq Montans,
11. Vol. Je
1218 MERCURE DEFRANCE
le Cercle ou Chassis superieur , toutes ces
pieces sont non-seulement difficiles à faire
par elles-mêmes , mais encore difficiles à
ajuster pour les faire cadrer avec solidité
et précision , les unes avec les autres.
Outre la suppression des pieces dont
je viens de parler , il y a encore une diminution d'ouvrage assez considerable
dans les Chappes des Remontoirs et dans
les Coqs qui soutiennent la verge des
palettes ; desorte que dans l'Horloge ho
risontale composée de roues de même
grandeur, il y aura environ un tiers moins
d'ouvrages que dans le Vertical ; d'où il §
s'ensuit que le premier ne coûtera que
deux mille livres , lorsque le dernier en couteroit trois.
ཏི
Non-seulement la nouvelle Horloge
est plus simple, mais encoreelle est meil
leure et de plus longue durée que l'an
cienne, à cause que les frottemens y sont considerablement diminuez , et c'est ce
que jespere démontrer par le Problêmequi suit, et que j'appliquerai à la nouvelle construction.
Problême de Mécanique.
Une rone étant donnée avec son tambour
on Cilindre de même diametre , dont l'Arbre sera posé horisontalement, trouver deux
M. Vola points
JUIN. 17320 1373
points à la circonference de la roue , ausquels on・puisse placer un pignon , de telle
sorte que dans l'un l'action d'un poids ap
pliqué au cilindre par le moyen d'une cor- de soit zero sur l'arbre de la roue ,
et
dans l'autre que l'action de ce même poids
soit double de sa pesanteur sur le même
arbre.
.
passer une
Je suppose que la roue A. B. est don
née et que son Arbre est posé horisontalement; si par le centre et la circonfes
rence de cette Rože , on fait
ligne horisontale prolongée de part et
d'autre je dis que cette ligne conpera la circonference de la Rone aux deux points.
requis par les conditions du Problême.
FIG. I. Il est évident que les cordes
qui soutiennent des poids sont toûjours
Verticales , donc la corde A. C. qui soutient le poids P. est perpendiculaire à la -
ligne horizontale. B.
Ayant supposé le diametre du Tambour ;
égal au diametre de la Roue , je puis ap pliquer la corde à la circonference de la
Roue , sans rien changer à la proposi
tion.
FIG. II. La Róüe A. B. ayant son
point d'appui sur le pignon D. et au
point S. il s'ensuit necessairement que
l'action du poids P. sera zero sur l'Axe
Ila Vol de
1320 MERCURE DE FRANCE
de la Roüe , puisque la ligne de direction de la corde passe par le point S.
point d'appui de la Roue.
FIG. III. La même Roue A. B. ayant
son point d'appui sur le même Pignon
D. transporté au côté opposé , il s'ensuivra necessairement que l'action du
poids P. ( sur l'Arbre de la Roüe ) sera
du double de sa pesanteur; cela est évident, puisque la ligne S. A. est double
de la ligne S. E. ce qu'il falloit démontrer..
Premier Corolaire.
Il suit évidemment de ce qui vient
d'être démontré , que le Pignon étant
placé dans un point quelconque de la
demi-circonference A. A. l'action du poids.
sur l'Axe E. sera toûjours moindre que
sa pesanteur absoluë.
Au contraire le Pignon étant placé
dans un point quelconque de la demi- cir
conference opposée , l'action du poids sur
l'Axe E. sera plus grande que sa pesanteur absolue , d'où il suit encore qu'on
doit toûjours faire passer la corde entre
l'Axe du Pignon et celui de la Roüe , et
perpendiculairement à un plan qui passeroit par les deux Axes. Cette disposition de la corde est si avantageuse, qu'on
doit la mettre en usage , non seulement:
II. Vol. dans.
JUIN. 1732 1327
Fig.10.
€
E
Fig.2.
B
B E
Fig.3.
B
E
A
A
dans les Horloges et les pendules à poids,.. mais encore dans toutes les Machines à
II. Vol.
roles
322 MERCURE DE FRANCE
roües et à poids , excepté celles qui n'ont
qu'un ressort simple , enfermé dans un barillet , comme sont les Pendules à ressort
Deuxième Corolaire.
Il suit encore que l'Axe de la Roue sera
plus ou moins chargé par le poids , suivant le diametre du Cilindre ; desorte
que la corde passant entre les deux Axes ,
celui de la grande Roue sera toûjours
chargé d'une quantité plus petite que la
totalité du poids au contraire , en fai
sant passer la corde du côté opposé , l'Axe
de la Roüe sera toûjours chargé d'une
plus grande quantité que la totalité du
poids.
Comme dans l'Horloge horisontale les
'Axes des Roues sont dans la situation requise par le Problême , il s'ensuivra necessairement que le frottement sur les
Pivots des grandes Roues , sera moins
grand qu'en toute autre position. Cette´
circonstance seule est plus que suffisante
pour rendre la nouvelle construction ab
solument préferable à l'ancienne ; car il
ya de grosses Horloges dont chaque
poids est de mille à douze cens livres
pesant , plus ou moins , selon leur grosseur; il est aisé de s'imaginer que de tels
poids doivent produire de grands frotte1. Vol. mens
JUIN. 1732 13238
mens , et parconsequent une usure continuelle , laquelle détruisant sans cesse
les rapports des engrenages des grandes
Roues d'avec les Roues moyennes , oblige
à des réparations fréquentes , comme de
faire remonter les grandes Roües en rebouchant les troux de leurs Pivots.
de
L'Horloge horisontale ne sera nulle
ment sujette aux réparations que je viens
remarquer , on pourra même l'incliner de quelques degrez, afin que les poids
dirigeant toujours les grandes Roues vers
les Roues moyennes , ils rétablissent sans
cesse l'usure causée par le frottement des
dents des grandes Roües.
Par ce qui vient d'être dit , on doit remarquer que la nouvelle Horloge étant
moins sujette à l'usure, il en coûtera moins
pour l'entretien ; par exemple , si une
Horloge ordinaire coûte par an cent liv.
d'entretien , celle-·cy: n'en coûtera pas -
cinquante:
J'ajoûterai encore qu'elle sera incom--
parablement plus aisée à nettoyer , à cause qu'on pourra démonter les Routes les
unes après les autres ; au lieu que dans
l'ordinaire on est obligé de déplacer trois
Roues et le Montant tout à la fois ; on
est encore obligé de soutenir toutes ces
Pieces avec la main , et dans le même
11. Vol. -temps
1324 MERCURE DE FRANCE
temps , ce qui est assez difficile sur tout
pour les grandes Horloges dont les premieres Roües seules avec leurs fusées , pe
sent quelquefois jusqu'à deux cens livres
desorte qu'il faut plusieurs hommes pour
en démonter une.
Remarques.
La solution du Problême est exactement vraye dans le cas où le Pignon est
dans un repos absolu , mais lorsqu'il tourne , le frottement diminue sur l'Axe de
là Roue , à mesure que la vitesse du Piè
gnon est augmentée.
Comme cette circonstance ne touche
aucun des avantages réunis dans la position horisontale , j'ai négligé d'y avoir
égard dans la résolution du Problême ,
afin de le simplifier ; cependant je croi
qu'il est à propos de mettre sous les yeux
la question dont il s'agit , quoiqu'elle ne
soit ici que de pure curiosité.
10. Je suppose que la résistance du
Pignon est zero , et que le poids qui le
fait tourner au moyen de la Rouie , tombe aussi vite qu'il le feroit , s'il tomboit
dans l'air libre.
2°. Je suppose qu'un poids tombant
dans l'air libre , a une vitesse uniforme
et que cette vitesse est égale à celle du
5
II. Vol son ,
JUIN. 1732. 1325
son, laquelle parcourt environ 90. toises
par seconde.
39, Je suppose que le Pignon appliqué
à la Roue de sonnerie fait un tour en
deux secondes, et que le même Pignon
appliqué au mouvement, fait son tour en un demi quart d'heure.
par
En place des differentes résistances que
le Pignon oppose à être mû , je substi
tuerai la suite les espaces parcourus
par le poids , il est évident que cette substitution ne changera rien à l'état de la
proposition.
Or si le poids appliqué à la Roiie de
sonnerie parcourt trois pouces en deux
secondes , et si tombant dans l'air libreil parcourt dans le même temps 180..
toises , on aura par le calcul 30 égal à la
diminution du frottement sur l'Axe de
la Roue de sonnerie.
Si le poids appliqué à la Roue du
mouvement , parcourt trois pouces en
un demi quart d'heure , tombant dans
l'air libre , il parcourra dans le même
temps 13500. toises , ce qui donnera par
le calcul 972200 égal à la diminution du
frottement sur la Roue du mouvement.
3
Comme il est évidemment très-avantageux de faire les Horloges aux quarts ,
suivant la nouvelle construction , j'ai crû
11. Vol qu'il
326 MERCURE DE FRANCE
2 qu'il étoit inutile d'en faire un article
separé , à cause qu'il est très-aisé de s’imaginer que pour faire une Horloge aux
quarts , suivant la construction horisontale , il ne faut que le seul Chassis inferieur d'une Horloge aux quarts , mais un
peu plus grand que dans la construction
ordinaire , et placer toutes les Roües dessus , comme dans l'Horloge simple, D'ail
leurs ceux qui souhaiteront avoir des instructions plus particulieres ou faire faire
de ces sortes d'Ouvrages , pourront en
voir un Modele , ( rue Bribouché ) chez
M. Roussel , qui est très habile Horloger er generalement versé dans tout ce
qui concerne les Horloges dont je viens
de parler.
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Résumé : NOUVELLE Maniere de construire de grosses Horloges, non-seulement plus simples que celles que l'on a faites jusqu'à present, mais encore d'un meilleur usage et à meilleur marché. Memoire lû à la Société des Arts le 29. Mars dernier, par M. Julien le Roy, Horloger du Roy et de la même soiciété.
M. Julien le Roy, horloger du Roi et membre de la Société des Arts, propose une nouvelle méthode de construction des grandes horloges, plus simple, efficace et économique que les précédentes. Il souligne la difficulté d'innovation dans les arts mécaniques, souvent due au manque d'imagination et à la dépendance au hasard. Les grandes horloges traditionnelles, comme celles de l'Hôtel de Ville ou de Saint-Paul à Paris, sont composées de huit roues (quatre pour le mouvement et quatre pour la sonnerie) et divers mécanismes tels que la bascule, la détente, la verge des palettes et le volant. La nouvelle méthode, appelée 'horloge horizontale', simplifie cette structure en supprimant dix des onze pièces de la cage traditionnelle, ne conservant que le rectangle inférieur. Cette simplification réduit les frottements et l'usure, augmentant ainsi la durée de vie de l'horloge et diminuant les coûts d'entretien. La disposition horizontale des roues minimise les forces de frottement, comme démontré par un problème de mécanique. L'horloge horizontale est également plus facile à démonter et à nettoyer, facilitant les réparations et l'entretien. Le Roy affirme que cette nouvelle méthode est préférable à l'ancienne, tant en termes de coût que de durabilité. L'auteur reconnaît avoir simplifié le problème en négligeant certains avantages de la position horizontale. Il présente plusieurs hypothèses pour résoudre ce problème : la résistance du pignon est nulle, un poids tombant dans l'air libre a une vitesse uniforme de 90 toises par seconde, et le pignon appliqué à la roue de sonnerie fait un tour en deux secondes, tandis que celui appliqué au mouvement fait un tour en un demi-quart d'heure. Il substitue les différentes résistances du pignon par les espaces parcourus par le poids, ce qui ne change pas l'état de la proposition. Il calcule la diminution du frottement sur l'axe de la roue de sonnerie et sur la roue du mouvement. Il conclut qu'il est avantageux de construire des horloges aux quarts selon la nouvelle méthode horizontale et fournit des informations sur où obtenir des instructions ou des modèles de ces horloges.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
7
p. 2639-2644
PRIX de la Societé des Arts.
Début :
Son Altesse Serenissime Monseigneur LE COMTE DE CLERMONT, Protecteur de la SOCIETÉ [...]
Mots clefs :
Société des arts, Prix, Sujets, Médailles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PRIX de la Societé des Arts.
PRIX de la Societé des Arts.
On Altesse Serenissime Monseigneur LE COM SonAl CLERMONT , Protecteur de la SocrEr
DES ARTS , ayant bien voulu accorder des fonds
à cette Compagnie pour qu'elle distribue deux
Prix tous les ans , chaque Prix sera une Médaille
d'or de 30c. liv. et toutes personnes , excepté les
Associez qui doivent être Juges , pourront aspirer à ces Prix. Les deux prémiers se distribueront
à l'Assemblée publique d'après la S. Martin de l'année 1733.
Comme la Societé se fait une loi de ne choisir
pour les sujets des Prix que des questions qui ayent rapport aux Arts , et que la solution des
problêmes de cette nature dépend souvent moins
de la simple théorie , que d'une longue suite d'experiences , elle proposera chaque année un plus
grand nombre de questions qu'elle n'aura de Prix donner l'année suivante ; par ce moyen plus
d'Auteurs seront excitez à travailler : ceux qui
s'attacheront aux matieres , sur lesquelles il n'appartient qu'à l'experience de donner des décisions,
auront tout le temps nécessaire pour la consulter;
et la Societé recevra des éclaircissemens dont elle
seroit privée, si elle exigeoit qu'on les lui donnât
dans un terme prescrit. Elle propose donc cette
année cinq Sujets , et elle en proposera chacune
des années suivantes autant de nouveaux qu'elle
aura distribué de Prix dans l'année.
Sur la Charruë.
Il n'est pas douteux que les diverses qualitez
des terres , la differente disposition de leurs plans,
er les diverses especes d'animaux qu'on est obligé
I. Vol, F d'eme
2640 MERCURE DE FRANCE
d'employer pour le labourage , n'exigent des dif
ferences dans la forme , les proportions , et le
nombre des pieces dont les Charrues sont composées. Cependant les Ouvriers qui les construisent , suivent plutôt une pratique aveugle qu'aucun principe certain et les Laboureurs rencontrent par là plusieurs difficultez , qui peut- être seroient aisées à vaincre , si les uns et les autres connoissoient mieux les raisons de suivre diffcrens usages selon les lieux differens. On demande
quelle est la meilleure construction de Charrue
tant par rapport aux diverses qualitez des terres
que par rapport à la differente disposition de leurs
lans.
Sur le Moulin.
J
Plusieurs personnes habiles se sont appliquées
avec succès à perfectionner cette Machine. Le
Moulin à vent semble même être porté à sa plus
grande perfection. Il n'en est pas ainsi des Moulins à eau , on peut les rendre plus parfaits qu'ils
ne sont , à plusieurs égards , sur- tout en déterminant plus précisément de quelle maniere ils
doivent être construits ; une certaine quantité.
d'eau soutenue à telle hauteur qu'on voudia supposer étant donnée , la Societé desireroit qu'on
ajoûtât à une Machine si utile quelque nouvelle
perfection , et elle exhorte les personnes qui travailleront sur cette matiere à chercher principalement les moyens de tirer des differens cours
d'eau le meilleur parti qu'il est possible.
Sur les Semences.
Les Livres d'Agriculture sont remplis de d
verses recettes de préparationsdestinées à féconder les Semences , et souvent en rejettant trop lé.
>
I. Vol.
germent
DECEMBRE. 1732. 2647
gerement tout ce qui porte l'air de secret , il peut
arriver qu'on se prive de quelque pratique utile.
L'un des Prix est réservé àl'Auteur du Mémoire,
dans lequel ces differentes préparations employées
pour féconder les Semences, seront discutées de
la maniere la plus satisfaisante.
Sur le Mercure.
Tous les Artisans qui employent du vif- argen
dans leurs ouvrages, éprouvent ordinairement des
coliques violentes , des tremblemens , des paraly- .
sies , et d'autres maladies, Les Doreurs en or
moulu , ou amalgamé avec le Mercure sont par- ticulierement exposez àces accidens. On propose
un Prix à l'Auteur du Mémoire , qui contiendra
quelque nouveau moyen de les prévenir ou de les diminuer , soit par la préparation du vif- argent,
soit par la maniere de l'employer , ou par quel, "
que préservatif.
Sur le Ressort du Balancier des Montres.
C'est un accident ordinaire aux Métaux que de se dilater dans la chaleur , et de se contracter
dans le froid . Par cette raison le Ressort que l'on
met au Balancier des Montres , et qui doit concourir à la justesse , y devient nuisible. La Socie- té demande si l'on ne pourroit pas , soit par le
choix de la matiere , soit par la maniere de la
travailler , soit enfin par la forme donnée au
Ressort , ou par quelques autres moyens rendre
ces Ressorts moins susceptibles des impressions.
de l'air , ou du moins rendre les variations de cer
Ressort moins contraires à la régularité des
Montres.
Quoique la Societé destine principalement ses,
Prix aux Auteurs qui travailleront sur les Sujets
I. Vol. Fij qu'elle
2642 MERCURE DE FRANCE
qu'elle aura proposez , cependant lorsqu'on lui
présentera quelques ouvrages qui seront sur d'autres matieres , mais qui contiendront quelques
découvertes d'une utilité considerable pour les
Arts , les Auteurs de ces Ouvrages pourront prétendre aux Prix : elle ne donnera la préference
aux Memoires sur les questions proposées que
dans le cas où les autres ne leur seroient supe
rieurs à nul égard.
Lorsque le nombre des Ouvrages dignes des Prix , excedera celui des Prix , les deux Médailles
de l'année , seront données aux deux Auteurs qui auront le mieux réussi , ou si tous ont réussi
également , à ceux qui auront choisi les sujets
dont l'utilité sera le plus generalement reconnue.
Les autres concourront de nouveau l'année suivante.
Si quelque Auteur ayant choisi un Sujet est
prévenu par un autre , et qu'on adjuge le Prix
au second avant que le premier ait envoyé son
Memoire , celui-cy ne perdra point l'espoir d'obtenir un Prix , pourvû qu'il propose des vûës
nouvelles et superieures à celles que l'autre aura données.
Les personnes qui voudront concourir pour le Prix la Societé doit donner dans son As- que semblée publique d'après la S. Martin de l'année
1733. seront tenues d'envoyer leurs Ouvrages
dans le cours du mois de Juin , les Etrangers ,
même ceux qui sont Membres de la Compagnie,
ayant droit aux Prix : on avertit les Sçavans qui
voudront travailler , d'écrire ou de faire traduire
en François ou en Latin , les Memoires qu'ils
envoyeront.
Une des conditions pour que les Ouvrages con
Courent c'est que les Auteurs ne se fassent pas ,
I. Vols connoître
DECEMBRE. 1732: 2643
connoître avant que le Prix soit adjugé ; on re- commande à chacun d'eux de mettre à la fin de
son Memoire une maxime ou quelque passage
d'un Ecrivain. Ceux qui seront à Paris , ou qui
auront dans cette Ville quelqu'un de confiance ,
pourront envoyer leurs Ouvrages à la Societé,
tous les jours qu'elle s'assemble. Elle tient ses
Séances chez S. A. S. M. LE COMTE DE CLERMONT , au Palais du petit Luxembourg , le Di-,
manche et le Jeudi de chaque Semaine , depuis
quatre heures du soir jusqu'à six. Le Secretaire
marquera sur les Registres de la Compagnie la
date de la reception de chaque Memoire , la maxime jointe au Memoire et les mots par lesquels il commencera ; et l'on délivrera au Porteur un
Extrait des Registres. Ceux qui ne seront pas
à portée de se servir de la voye que nous venons
d'indiquer , pourront prendre celle de la Poste.
M. LE COMTE DE CLERMONT permet qu'on
adresse en son Palais , à Paris , tous les Paquets
destinez à la Societé. Les Paquets envoyez de la
sorte doivent avoir pour suscription : A Messieurs
de la Société des Arts , au petit Luxembourg ,
à Paris.
Aussi- tôt qu'un Prix sera adjugé , la Societé
avertira le Public dans les differens Journaux de
France et dans les Gazettes , qu'un Memoire ,
commençant par tels mots , portant telle maxime, et ayant telle matiere pour sujet, a remporté l'un des Prix. L'Auteur alors fera ses diligences
pour se faire connoître , et dans l'Assemblée destinée pour donner le Prix qu'il aura obtenu , il
recevra la Médaille , ou la fera recevoir par quel- qu'un chargé de sa Procuration ; dans la même
Assemblée on lira le Memoire , et la Societé le
fera imprimer dans ses Recueils ; elle compte S. I. Vol. Fi même
2644 MERCURE DE FRANCE
même d'y faire imprimer les Ouvrages , qui n'é
tant pas jugez dignes des Prix , paroîtront cependant meriter de voir le jour
On Altesse Serenissime Monseigneur LE COM SonAl CLERMONT , Protecteur de la SocrEr
DES ARTS , ayant bien voulu accorder des fonds
à cette Compagnie pour qu'elle distribue deux
Prix tous les ans , chaque Prix sera une Médaille
d'or de 30c. liv. et toutes personnes , excepté les
Associez qui doivent être Juges , pourront aspirer à ces Prix. Les deux prémiers se distribueront
à l'Assemblée publique d'après la S. Martin de l'année 1733.
Comme la Societé se fait une loi de ne choisir
pour les sujets des Prix que des questions qui ayent rapport aux Arts , et que la solution des
problêmes de cette nature dépend souvent moins
de la simple théorie , que d'une longue suite d'experiences , elle proposera chaque année un plus
grand nombre de questions qu'elle n'aura de Prix donner l'année suivante ; par ce moyen plus
d'Auteurs seront excitez à travailler : ceux qui
s'attacheront aux matieres , sur lesquelles il n'appartient qu'à l'experience de donner des décisions,
auront tout le temps nécessaire pour la consulter;
et la Societé recevra des éclaircissemens dont elle
seroit privée, si elle exigeoit qu'on les lui donnât
dans un terme prescrit. Elle propose donc cette
année cinq Sujets , et elle en proposera chacune
des années suivantes autant de nouveaux qu'elle
aura distribué de Prix dans l'année.
Sur la Charruë.
Il n'est pas douteux que les diverses qualitez
des terres , la differente disposition de leurs plans,
er les diverses especes d'animaux qu'on est obligé
I. Vol, F d'eme
2640 MERCURE DE FRANCE
d'employer pour le labourage , n'exigent des dif
ferences dans la forme , les proportions , et le
nombre des pieces dont les Charrues sont composées. Cependant les Ouvriers qui les construisent , suivent plutôt une pratique aveugle qu'aucun principe certain et les Laboureurs rencontrent par là plusieurs difficultez , qui peut- être seroient aisées à vaincre , si les uns et les autres connoissoient mieux les raisons de suivre diffcrens usages selon les lieux differens. On demande
quelle est la meilleure construction de Charrue
tant par rapport aux diverses qualitez des terres
que par rapport à la differente disposition de leurs
lans.
Sur le Moulin.
J
Plusieurs personnes habiles se sont appliquées
avec succès à perfectionner cette Machine. Le
Moulin à vent semble même être porté à sa plus
grande perfection. Il n'en est pas ainsi des Moulins à eau , on peut les rendre plus parfaits qu'ils
ne sont , à plusieurs égards , sur- tout en déterminant plus précisément de quelle maniere ils
doivent être construits ; une certaine quantité.
d'eau soutenue à telle hauteur qu'on voudia supposer étant donnée , la Societé desireroit qu'on
ajoûtât à une Machine si utile quelque nouvelle
perfection , et elle exhorte les personnes qui travailleront sur cette matiere à chercher principalement les moyens de tirer des differens cours
d'eau le meilleur parti qu'il est possible.
Sur les Semences.
Les Livres d'Agriculture sont remplis de d
verses recettes de préparationsdestinées à féconder les Semences , et souvent en rejettant trop lé.
>
I. Vol.
germent
DECEMBRE. 1732. 2647
gerement tout ce qui porte l'air de secret , il peut
arriver qu'on se prive de quelque pratique utile.
L'un des Prix est réservé àl'Auteur du Mémoire,
dans lequel ces differentes préparations employées
pour féconder les Semences, seront discutées de
la maniere la plus satisfaisante.
Sur le Mercure.
Tous les Artisans qui employent du vif- argen
dans leurs ouvrages, éprouvent ordinairement des
coliques violentes , des tremblemens , des paraly- .
sies , et d'autres maladies, Les Doreurs en or
moulu , ou amalgamé avec le Mercure sont par- ticulierement exposez àces accidens. On propose
un Prix à l'Auteur du Mémoire , qui contiendra
quelque nouveau moyen de les prévenir ou de les diminuer , soit par la préparation du vif- argent,
soit par la maniere de l'employer , ou par quel, "
que préservatif.
Sur le Ressort du Balancier des Montres.
C'est un accident ordinaire aux Métaux que de se dilater dans la chaleur , et de se contracter
dans le froid . Par cette raison le Ressort que l'on
met au Balancier des Montres , et qui doit concourir à la justesse , y devient nuisible. La Socie- té demande si l'on ne pourroit pas , soit par le
choix de la matiere , soit par la maniere de la
travailler , soit enfin par la forme donnée au
Ressort , ou par quelques autres moyens rendre
ces Ressorts moins susceptibles des impressions.
de l'air , ou du moins rendre les variations de cer
Ressort moins contraires à la régularité des
Montres.
Quoique la Societé destine principalement ses,
Prix aux Auteurs qui travailleront sur les Sujets
I. Vol. Fij qu'elle
2642 MERCURE DE FRANCE
qu'elle aura proposez , cependant lorsqu'on lui
présentera quelques ouvrages qui seront sur d'autres matieres , mais qui contiendront quelques
découvertes d'une utilité considerable pour les
Arts , les Auteurs de ces Ouvrages pourront prétendre aux Prix : elle ne donnera la préference
aux Memoires sur les questions proposées que
dans le cas où les autres ne leur seroient supe
rieurs à nul égard.
Lorsque le nombre des Ouvrages dignes des Prix , excedera celui des Prix , les deux Médailles
de l'année , seront données aux deux Auteurs qui auront le mieux réussi , ou si tous ont réussi
également , à ceux qui auront choisi les sujets
dont l'utilité sera le plus generalement reconnue.
Les autres concourront de nouveau l'année suivante.
Si quelque Auteur ayant choisi un Sujet est
prévenu par un autre , et qu'on adjuge le Prix
au second avant que le premier ait envoyé son
Memoire , celui-cy ne perdra point l'espoir d'obtenir un Prix , pourvû qu'il propose des vûës
nouvelles et superieures à celles que l'autre aura données.
Les personnes qui voudront concourir pour le Prix la Societé doit donner dans son As- que semblée publique d'après la S. Martin de l'année
1733. seront tenues d'envoyer leurs Ouvrages
dans le cours du mois de Juin , les Etrangers ,
même ceux qui sont Membres de la Compagnie,
ayant droit aux Prix : on avertit les Sçavans qui
voudront travailler , d'écrire ou de faire traduire
en François ou en Latin , les Memoires qu'ils
envoyeront.
Une des conditions pour que les Ouvrages con
Courent c'est que les Auteurs ne se fassent pas ,
I. Vols connoître
DECEMBRE. 1732: 2643
connoître avant que le Prix soit adjugé ; on re- commande à chacun d'eux de mettre à la fin de
son Memoire une maxime ou quelque passage
d'un Ecrivain. Ceux qui seront à Paris , ou qui
auront dans cette Ville quelqu'un de confiance ,
pourront envoyer leurs Ouvrages à la Societé,
tous les jours qu'elle s'assemble. Elle tient ses
Séances chez S. A. S. M. LE COMTE DE CLERMONT , au Palais du petit Luxembourg , le Di-,
manche et le Jeudi de chaque Semaine , depuis
quatre heures du soir jusqu'à six. Le Secretaire
marquera sur les Registres de la Compagnie la
date de la reception de chaque Memoire , la maxime jointe au Memoire et les mots par lesquels il commencera ; et l'on délivrera au Porteur un
Extrait des Registres. Ceux qui ne seront pas
à portée de se servir de la voye que nous venons
d'indiquer , pourront prendre celle de la Poste.
M. LE COMTE DE CLERMONT permet qu'on
adresse en son Palais , à Paris , tous les Paquets
destinez à la Societé. Les Paquets envoyez de la
sorte doivent avoir pour suscription : A Messieurs
de la Société des Arts , au petit Luxembourg ,
à Paris.
Aussi- tôt qu'un Prix sera adjugé , la Societé
avertira le Public dans les differens Journaux de
France et dans les Gazettes , qu'un Memoire ,
commençant par tels mots , portant telle maxime, et ayant telle matiere pour sujet, a remporté l'un des Prix. L'Auteur alors fera ses diligences
pour se faire connoître , et dans l'Assemblée destinée pour donner le Prix qu'il aura obtenu , il
recevra la Médaille , ou la fera recevoir par quel- qu'un chargé de sa Procuration ; dans la même
Assemblée on lira le Memoire , et la Societé le
fera imprimer dans ses Recueils ; elle compte S. I. Vol. Fi même
2644 MERCURE DE FRANCE
même d'y faire imprimer les Ouvrages , qui n'é
tant pas jugez dignes des Prix , paroîtront cependant meriter de voir le jour
Fermer
Résumé : PRIX de la Societé des Arts.
La Société des Arts, sous la protection de Monseigneur le Comte de Clermont, a annoncé la création de deux prix annuels. Chaque prix consiste en une médaille d'or d'une valeur de 30 livres, accessible à toute personne à l'exception des juges associés. Les prix seront décernés lors de l'assemblée publique suivant la Saint-Martin de l'année 1733. Pour encourager un plus grand nombre d'auteurs et permettre des recherches approfondies, la Société propose chaque année plus de sujets que de prix à distribuer. Pour cette année, cinq sujets sont proposés : 1. **Sur la Charruë** : Recherche sur la meilleure construction de charrue adaptée aux différentes qualités des terres et à leur disposition. 2. **Sur le Moulin** : Amélioration des moulins à eau pour optimiser l'utilisation des cours d'eau. 3. **Sur les Semences** : Discussion sur les différentes préparations pour féconder les semences. 4. **Sur le Mercure** : Prévention des maladies causées par l'utilisation du mercure dans les travaux artisanaux. 5. **Sur le Ressort du Balancier des Montres** : Réduction des effets de la température sur les ressorts des montres. Les auteurs peuvent également soumettre des ouvrages sur d'autres sujets utiles pour les arts. Les médailles seront attribuées aux meilleurs mémoires ou à ceux traitant des sujets les plus utiles. Les auteurs doivent soumettre leurs travaux avant la fin du mois de juin et rester anonymes jusqu'à l'attribution du prix. Les mémoires seront lus et imprimés lors de l'assemblée publique. Le texte mentionne également que certaines œuvres, bien qu'elles ne soient pas jugées dignes des Prix, méritent néanmoins d'être publiées, soulignant ainsi la valeur potentielle de ces travaux, malgré leur non-sélection pour un prix.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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8
p. 1926-1934
LETTRE de M. Pierre LE ROY, Horloger, de la Société des Arts, demeurant à Paris, au milieu de la Place Dauphine : Description d'une Pendule à Ressorts, marquant et sonnant le temps vrai.
Début :
Le zéle que vous avez, Monsieur, pour la perfection de l'Horlogerie, m'engage [...]
Mots clefs :
Temps vrai, Mois, Minutes, Heure, Pendules, Ressorts, Levier, Plan, Soleil, Pendules à ressorts, Société des arts
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M. Pierre LE ROY, Horloger, de la Société des Arts, demeurant à Paris, au milieu de la Place Dauphine : Description d'une Pendule à Ressorts, marquant et sonnant le temps vrai.
LETTRE de M. Pierre LE ROW,
Horloger , de la Société des Arts demeurant
à Paris , au milieu de la Place
Dauphine : Description d'une Pendule à
Ressorts , marquant et sonnant le temps
*
vrai.
L
gage
E zéle que vous avez,Monsieur, pour
la perfection de l'Horlogerie , m'enà
satisfaire votre curiosité sur ce
que vous m'avez demandé au sujet de
la Pendule à ressort que j'ai présentée à
notre Société.
Cette Pendule marque et sonne le temps
vrai , d'une maniere assez simple , pour
dire qu'elle n'est pas plus composée que
les autres Pendules à ressort ; elle marque
aussi le jour du mois , avec presque autant
de simplicité , n'y ayant qu'une
Roue de plus pour le faire marquer , au
lieu qu'aux autres Pendules qui le marquent
, il y a 3 Roues et 2 Pignons.
Avant que d'entreprendre de faire marquer
et sonner le temps vrai aux Pendules
à ressort , leur justesse ne me paroissant
pas suffisante pour y appliquer le
temps vrai aussi utilement qu'on l'auroit
pû souhaitter , je me suis attaché à augmenter
SEPTEMBRE. 1733
1927
•
gmenter cette justesse . Pour y parvenir ,
j'ai imaginé une nouvelle maniere de
faire les Palettes de la Verge du Balancier,
qui rendent les frottemens des dents
de la Roue , de rencontrer sur ces Palettes
, beaucoup plus doux et moins susceptibles
de changement , et qui rend de
plus la justesse de l'échappement beaucoup
plus durable.
2
J'ai aussi trouvé le moïen de rendre
plus égale l'action du grand ressort sur
le mouvement de la Pendule. Par ce
moïen , outre que la justesse est encore.
augmentée , il est moins sujet à se rompre
par l'effort qu'il souffre en le remontant
; l'imaginai cet expédient en 1725 ,
et je l'appliquai à une Pendule que je fis
pour la Cour d'Espagne , dont la justesse
fut reconnue par M. Dosembrai . Il la
garda un mois et demi chez lui pour l'observer
, étant un des Commissaires nommez
par l'Académie des Sciences , à
l'examen de cette Pendule , à laquelle il
y avoit plusieurs autres particularitez ,
dont je vous ferai part une autre fois.
Quand j'eus trouvé le moïen d'augmenter
la justesse des Pendules à ressort , je
me déterminai d'autant plus volontiers
à leur faire marquer et sonner le temps.
vrai , que je remarquai que le Public ti-
B iij reroit
ย
1928 MERCURE DE FRANCE
reroit beaucoup plus d'utilité de l'application
du temps vrai aux Pendules à
ressort , qu'aux Pendules à secondes
parce que la plupart des personnes qui
se servent de Pendules à secondes , sont
versées dans les Sciences , et n'ont besoin
que du temps moïen pour avoir le temps
vrai ; car ils savent toujours bien , quand
ils veulent s'en donner la peine , ajouter
au temps moïen , ou en retrancher la différence
nécessaire, pour trouver le temps
vrai ; au lieu que presque toutes les personnes
qui se servent de Pendules à ressort
, ne sçachant ce que c'est que cette
différence , qu'on nomme ordinairement
Equation de l'Horloge ( qu'il faut ôter
ou ajouter ) ne peuvent presque jamais
avoir le temps vrai ; ce qui est souvent
cause que, quoique leurs Pendules soient
bien reglées sur le temps moïen , ils
croyent cependant qu'elles ne vont pas
bien , parce qu'ils leur attribuent les variétez
du Soleil. Cela les engage à hausser
ou baisser mal à propos la Lentille
du Pendule Or cette méprise est cause
qu'au lieu de les régler , ils les déreglent
du temps moïen , d'où dépend toute la
justesse du temps vrai, et par conséquent
ils les disposent en certains temps à s'écarter
encore davantage du temps vrai.
Si
SEPTEMBRE. 1733. 1929
Si leurs Pendules marquoient le temps
vrai , il leur seroit facile d'éviter cet inconvenient
quand elles viendroient à se
dérégler ; car comme une Pendule qui
marque le temps vrai , n'est autre chofe
qu'une Pendule qui marque l'heure du
Soleil ; il leur suffiroit pour sçavoir s'il
faudroit hausser ou baisser la Lentille
de voir sur le Soleil , si elle auroit avancé
ou retardé ; au lieu que pour regler
une Pendule qui marque le temps moïen,
il faut necessairement remarquer le temps
qu'on l'a mise à l'heure , et ajouter l'é
quation à la quantité des minutes marquées
par leur Eguille , ou la retrancher,
selon qu'elle est additive ou soustractive ,
autrement on ne peut pas , pour la regler
, sçavoir s'il faut hausser ou abbaisser
la Lentille. Quand même la plupart des
personnes qui ont des Pendules à ressort .
sçauroient ajouter au temps moïen , ou
retrancher la quantité de l'équation , il
est aisé de sentir qu'il leur seroit toujours
beaucoup plus avantageux qu'elles
marquassent le temps vrai; d'autant plus
que l'équation changeant journellement
de quantité , il faut toutes les fois qu'on
veut sçavoir l'heure vraie , avoir l'embarras
de faire , pour ainsi dire , une espece
de calcul, ou prendre la peine d'aller
Biiij cher1930
MERCURE DE FRANCE
chercher un Cadran Solaire , ou une Méridienne
.
Outre cet embarras , il y a des Saisons
où le Soleil est long- temps sans paroître,
sur tout dans les mois de Novembre, Décembre
et Janvier , où l'on auroit cependant
le plus de besoin de le voir souvent
pour remettre sa Pendule à l'heure
parce qu'il retarde dans ces trois mois
d'environ trente et une minutes.
Malgré cela , presque tout le monde
et même la plupart des Horlogers , ne
pouvant s'accoutumer à ajouter au temps
moyen , ni à en retrancher l'équation , ne
peuvent pas avoir d'autre ressource pour
mettre leurs Pendules à l'heure , que celle
de les remettre sur le Soleil, par conséquent
l'on ne doit pas être surpris de
voir la plupart des Pendules si mal à
l'heure dans l'espace de ces trois mois.
Il est donc évident par les raisons que
je viens de dire , que l'utilité des Pendules
à ressort se trouve considérablement
augmentée , en leur faisant marquer et
sonner le temps vrai ; dautant qu'elles
ne seront pas plus sujettes à se déranger
que les autres Pendules , étant aussi simples
,comme vous l'allez voir par la Description
qui suit :
Il y a deux Cadrans à cette Pendule ;
Le
SEPTEMBRE . 1733. 1931
le premier est fixe comme celui des Pendules
ordinaires ; il ne sert de même qu'à
marquer les heures et les minutes du tems.
moyen ou temps égal.
Le second Cadran renferme le premier,
et est mobile ; il sert à marquer le temps
vrai , par le moyen de plusieurs chifres
qui sont gravez sur ce Cadran , au - delà
des minutes et des deux index . Ces chifies
sont les jours des mois , entre lesquels
il y a environ une minute d'équation
, c'est- à dire , les jours entre lesquels
le Soleil avance ou tarde d'environ
une minute.
Pour que la Pendule marque et sonne
le temps vrai, il faut premierement faire
tourner le jour du mois sous la ligne de
foy de l'index qui convient au mois où
l'on est , et mettre ensuite l'éguille des
minutes juste à l'heure du Soleil sur le
Cadran mobile . Après cela , pour qu'elle
le marque toujours , il faudra seulement
avoir le soin de faire tourner le jour du
mois où l'on est sous l'index ; j'ai dit l'index
qui convient , parce que celui d'embas
sert pour les jours des mois , depuis
le commencement d'Octobre , jusqu'à la
fin de May , et celui d'en haut sert pour
le reste des autres mois.
En mettant les jours du mois sous la
ligne B v
1932 MERCURE DE FRANCE
•
ligne de foy de l'index , comme il est
expliqué , vous faites avancer ou tarder
le Cadran mobile de la même quantité
que le Soleil a avancé ou tardé, et la sonnerie
avance ou tarde de la même quantité
; parce que cette sonnerie est disposée
de façon qu'elle ne peut sonner que
lorsque l'éguille des minutes est arrivée
à 6c minuses et à 30 minutes de ce cadran,
en quelque position qu'il se trouve.
Pour que l'on ne soit pas obligé d'ou
vrir la porte de la Pendule , pour faire
tourner le jour du mois sur l'index , j'ai
imaginé une petite rouë dentée , qui engraine
en angles droits dans les dents
que j'ai faites autour de la circonference
du Cadran mobile . L'arbre de cette rouë
qui traverse de part en part le côté droit
de la Boëte , porte à son extrêmité un
Bouton gaudroné , qui lui est fixé, et qui
sort hors de la Boëte; par le moyen de ce
Bouton l'on fait tourner avec la main
à droit ou à gauche cette petite Rouë, et
par conséquent le Cadran mobile , pour
mettre le jour du mois sous la ligne de
foy de l'Index , sans qu'il faille ouvrir
la porte.
Ainsi ,outre qu'on évite la peine d'ouvrir
la porte de la Pendule , les Cadrans
conserveront bien plus long- temps leur
propreté.
SEPTEMBRE. 1733. 1933
Pour leur faire sonner le temps vrai
j'ai fait un Lévier , que le Cadran mobi-
Je emporte avec lui.Ce Lévier a un mouvement
perpendiculaire au Plan du Cadran.
L'extrémité de ce Lévier porte un Cera
cle dont le centre répond toujours au centre
du Cadran, et la circonférence à la détente
de la sonnerie , qui est en plan incliné
, en sorte que ce Lévier ne sçauroit
être levé sans glisser sous le plan incliné
de la détente , ce qui la fait lever.
La circonférence de ce Cercle porte un
Plan incliné, dont l'extêmité répond toujours
à 60 minutes du Cadran mobile ,
quelque mouvement qu'on donne à ce
Cadran.
La Rouë de minutes , au lieu de Chevilles,
porte deux Plans inclinez ; un pour
l'heure et l'autre pour la demie. L'extrêmité
de ces deux Plans est dans la direction
de l'éguille. Un de ces Plans rencontrant
le Plan incliné du Lévier , le fait
lever , et fait par conséquent lever la dé
tente de la sonnerie.
Comme l'extrêmité du Plan incliné du
Lévier , répond toujours à 60 minutes
du Cadran mobile , et que les Plans in
clinez de la Rouë de minutes sont dans
la direction de l'éguille ; le Plan incliné
B vj du
1934 MERCURE DE FRANCE
du levier ne peut se dégager de celui de
l'heure que quand l'éguille est arrivée à
60 minutes de ce Cadran , ni de celu
de la demie heure, que quand cette éguille
est arrivée à 30 minutes.
Si - tôt que ce Plan est dégagé de celui
de la Rouë de minutes , le Lévier et la
Détente retombent , et la Pendule sonne
le temps vrai
Horloger , de la Société des Arts demeurant
à Paris , au milieu de la Place
Dauphine : Description d'une Pendule à
Ressorts , marquant et sonnant le temps
*
vrai.
L
gage
E zéle que vous avez,Monsieur, pour
la perfection de l'Horlogerie , m'enà
satisfaire votre curiosité sur ce
que vous m'avez demandé au sujet de
la Pendule à ressort que j'ai présentée à
notre Société.
Cette Pendule marque et sonne le temps
vrai , d'une maniere assez simple , pour
dire qu'elle n'est pas plus composée que
les autres Pendules à ressort ; elle marque
aussi le jour du mois , avec presque autant
de simplicité , n'y ayant qu'une
Roue de plus pour le faire marquer , au
lieu qu'aux autres Pendules qui le marquent
, il y a 3 Roues et 2 Pignons.
Avant que d'entreprendre de faire marquer
et sonner le temps vrai aux Pendules
à ressort , leur justesse ne me paroissant
pas suffisante pour y appliquer le
temps vrai aussi utilement qu'on l'auroit
pû souhaitter , je me suis attaché à augmenter
SEPTEMBRE. 1733
1927
•
gmenter cette justesse . Pour y parvenir ,
j'ai imaginé une nouvelle maniere de
faire les Palettes de la Verge du Balancier,
qui rendent les frottemens des dents
de la Roue , de rencontrer sur ces Palettes
, beaucoup plus doux et moins susceptibles
de changement , et qui rend de
plus la justesse de l'échappement beaucoup
plus durable.
2
J'ai aussi trouvé le moïen de rendre
plus égale l'action du grand ressort sur
le mouvement de la Pendule. Par ce
moïen , outre que la justesse est encore.
augmentée , il est moins sujet à se rompre
par l'effort qu'il souffre en le remontant
; l'imaginai cet expédient en 1725 ,
et je l'appliquai à une Pendule que je fis
pour la Cour d'Espagne , dont la justesse
fut reconnue par M. Dosembrai . Il la
garda un mois et demi chez lui pour l'observer
, étant un des Commissaires nommez
par l'Académie des Sciences , à
l'examen de cette Pendule , à laquelle il
y avoit plusieurs autres particularitez ,
dont je vous ferai part une autre fois.
Quand j'eus trouvé le moïen d'augmenter
la justesse des Pendules à ressort , je
me déterminai d'autant plus volontiers
à leur faire marquer et sonner le temps.
vrai , que je remarquai que le Public ti-
B iij reroit
ย
1928 MERCURE DE FRANCE
reroit beaucoup plus d'utilité de l'application
du temps vrai aux Pendules à
ressort , qu'aux Pendules à secondes
parce que la plupart des personnes qui
se servent de Pendules à secondes , sont
versées dans les Sciences , et n'ont besoin
que du temps moïen pour avoir le temps
vrai ; car ils savent toujours bien , quand
ils veulent s'en donner la peine , ajouter
au temps moïen , ou en retrancher la différence
nécessaire, pour trouver le temps
vrai ; au lieu que presque toutes les personnes
qui se servent de Pendules à ressort
, ne sçachant ce que c'est que cette
différence , qu'on nomme ordinairement
Equation de l'Horloge ( qu'il faut ôter
ou ajouter ) ne peuvent presque jamais
avoir le temps vrai ; ce qui est souvent
cause que, quoique leurs Pendules soient
bien reglées sur le temps moïen , ils
croyent cependant qu'elles ne vont pas
bien , parce qu'ils leur attribuent les variétez
du Soleil. Cela les engage à hausser
ou baisser mal à propos la Lentille
du Pendule Or cette méprise est cause
qu'au lieu de les régler , ils les déreglent
du temps moïen , d'où dépend toute la
justesse du temps vrai, et par conséquent
ils les disposent en certains temps à s'écarter
encore davantage du temps vrai.
Si
SEPTEMBRE. 1733. 1929
Si leurs Pendules marquoient le temps
vrai , il leur seroit facile d'éviter cet inconvenient
quand elles viendroient à se
dérégler ; car comme une Pendule qui
marque le temps vrai , n'est autre chofe
qu'une Pendule qui marque l'heure du
Soleil ; il leur suffiroit pour sçavoir s'il
faudroit hausser ou baisser la Lentille
de voir sur le Soleil , si elle auroit avancé
ou retardé ; au lieu que pour regler
une Pendule qui marque le temps moïen,
il faut necessairement remarquer le temps
qu'on l'a mise à l'heure , et ajouter l'é
quation à la quantité des minutes marquées
par leur Eguille , ou la retrancher,
selon qu'elle est additive ou soustractive ,
autrement on ne peut pas , pour la regler
, sçavoir s'il faut hausser ou abbaisser
la Lentille. Quand même la plupart des
personnes qui ont des Pendules à ressort .
sçauroient ajouter au temps moïen , ou
retrancher la quantité de l'équation , il
est aisé de sentir qu'il leur seroit toujours
beaucoup plus avantageux qu'elles
marquassent le temps vrai; d'autant plus
que l'équation changeant journellement
de quantité , il faut toutes les fois qu'on
veut sçavoir l'heure vraie , avoir l'embarras
de faire , pour ainsi dire , une espece
de calcul, ou prendre la peine d'aller
Biiij cher1930
MERCURE DE FRANCE
chercher un Cadran Solaire , ou une Méridienne
.
Outre cet embarras , il y a des Saisons
où le Soleil est long- temps sans paroître,
sur tout dans les mois de Novembre, Décembre
et Janvier , où l'on auroit cependant
le plus de besoin de le voir souvent
pour remettre sa Pendule à l'heure
parce qu'il retarde dans ces trois mois
d'environ trente et une minutes.
Malgré cela , presque tout le monde
et même la plupart des Horlogers , ne
pouvant s'accoutumer à ajouter au temps
moyen , ni à en retrancher l'équation , ne
peuvent pas avoir d'autre ressource pour
mettre leurs Pendules à l'heure , que celle
de les remettre sur le Soleil, par conséquent
l'on ne doit pas être surpris de
voir la plupart des Pendules si mal à
l'heure dans l'espace de ces trois mois.
Il est donc évident par les raisons que
je viens de dire , que l'utilité des Pendules
à ressort se trouve considérablement
augmentée , en leur faisant marquer et
sonner le temps vrai ; dautant qu'elles
ne seront pas plus sujettes à se déranger
que les autres Pendules , étant aussi simples
,comme vous l'allez voir par la Description
qui suit :
Il y a deux Cadrans à cette Pendule ;
Le
SEPTEMBRE . 1733. 1931
le premier est fixe comme celui des Pendules
ordinaires ; il ne sert de même qu'à
marquer les heures et les minutes du tems.
moyen ou temps égal.
Le second Cadran renferme le premier,
et est mobile ; il sert à marquer le temps
vrai , par le moyen de plusieurs chifres
qui sont gravez sur ce Cadran , au - delà
des minutes et des deux index . Ces chifies
sont les jours des mois , entre lesquels
il y a environ une minute d'équation
, c'est- à dire , les jours entre lesquels
le Soleil avance ou tarde d'environ
une minute.
Pour que la Pendule marque et sonne
le temps vrai, il faut premierement faire
tourner le jour du mois sous la ligne de
foy de l'index qui convient au mois où
l'on est , et mettre ensuite l'éguille des
minutes juste à l'heure du Soleil sur le
Cadran mobile . Après cela , pour qu'elle
le marque toujours , il faudra seulement
avoir le soin de faire tourner le jour du
mois où l'on est sous l'index ; j'ai dit l'index
qui convient , parce que celui d'embas
sert pour les jours des mois , depuis
le commencement d'Octobre , jusqu'à la
fin de May , et celui d'en haut sert pour
le reste des autres mois.
En mettant les jours du mois sous la
ligne B v
1932 MERCURE DE FRANCE
•
ligne de foy de l'index , comme il est
expliqué , vous faites avancer ou tarder
le Cadran mobile de la même quantité
que le Soleil a avancé ou tardé, et la sonnerie
avance ou tarde de la même quantité
; parce que cette sonnerie est disposée
de façon qu'elle ne peut sonner que
lorsque l'éguille des minutes est arrivée
à 6c minuses et à 30 minutes de ce cadran,
en quelque position qu'il se trouve.
Pour que l'on ne soit pas obligé d'ou
vrir la porte de la Pendule , pour faire
tourner le jour du mois sur l'index , j'ai
imaginé une petite rouë dentée , qui engraine
en angles droits dans les dents
que j'ai faites autour de la circonference
du Cadran mobile . L'arbre de cette rouë
qui traverse de part en part le côté droit
de la Boëte , porte à son extrêmité un
Bouton gaudroné , qui lui est fixé, et qui
sort hors de la Boëte; par le moyen de ce
Bouton l'on fait tourner avec la main
à droit ou à gauche cette petite Rouë, et
par conséquent le Cadran mobile , pour
mettre le jour du mois sous la ligne de
foy de l'Index , sans qu'il faille ouvrir
la porte.
Ainsi ,outre qu'on évite la peine d'ouvrir
la porte de la Pendule , les Cadrans
conserveront bien plus long- temps leur
propreté.
SEPTEMBRE. 1733. 1933
Pour leur faire sonner le temps vrai
j'ai fait un Lévier , que le Cadran mobi-
Je emporte avec lui.Ce Lévier a un mouvement
perpendiculaire au Plan du Cadran.
L'extrémité de ce Lévier porte un Cera
cle dont le centre répond toujours au centre
du Cadran, et la circonférence à la détente
de la sonnerie , qui est en plan incliné
, en sorte que ce Lévier ne sçauroit
être levé sans glisser sous le plan incliné
de la détente , ce qui la fait lever.
La circonférence de ce Cercle porte un
Plan incliné, dont l'extêmité répond toujours
à 60 minutes du Cadran mobile ,
quelque mouvement qu'on donne à ce
Cadran.
La Rouë de minutes , au lieu de Chevilles,
porte deux Plans inclinez ; un pour
l'heure et l'autre pour la demie. L'extrêmité
de ces deux Plans est dans la direction
de l'éguille. Un de ces Plans rencontrant
le Plan incliné du Lévier , le fait
lever , et fait par conséquent lever la dé
tente de la sonnerie.
Comme l'extrêmité du Plan incliné du
Lévier , répond toujours à 60 minutes
du Cadran mobile , et que les Plans in
clinez de la Rouë de minutes sont dans
la direction de l'éguille ; le Plan incliné
B vj du
1934 MERCURE DE FRANCE
du levier ne peut se dégager de celui de
l'heure que quand l'éguille est arrivée à
60 minutes de ce Cadran , ni de celu
de la demie heure, que quand cette éguille
est arrivée à 30 minutes.
Si - tôt que ce Plan est dégagé de celui
de la Rouë de minutes , le Lévier et la
Détente retombent , et la Pendule sonne
le temps vrai
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Résumé : LETTRE de M. Pierre LE ROY, Horloger, de la Société des Arts, demeurant à Paris, au milieu de la Place Dauphine : Description d'une Pendule à Ressorts, marquant et sonnant le temps vrai.
Pierre Le Row, horloger à Paris, présente dans sa lettre une pendule à ressorts innovante capable de marquer et de sonner le temps vrai. Cette pendule, tout en étant aussi simple que les autres modèles à ressorts, intègre une roue supplémentaire pour indiquer le jour du mois. Pour améliorer la précision des pendules à ressorts, Le Row a mis au point une nouvelle méthode de fabrication des palettes de la verge du balancier, réduisant ainsi les frottements et augmentant la durabilité de l'échappement. Il a également trouvé un moyen de rendre l'action du grand ressort plus égale, ce qui améliore la justesse et réduit les risques de rupture. Le Row met en avant l'importance du temps vrai pour le public, soulignant que la plupart des utilisateurs de pendules à ressorts ignorent l'équation de l'horloge, ce qui les empêche d'obtenir le temps vrai. Les pendules à ressorts marquant le temps vrai évitent les erreurs courantes liées à la régulation des pendules sur le temps moyen. La pendule de Le Row est équipée de deux cadrans : un fixe pour les heures et les minutes du temps moyen, et un mobile pour le temps vrai. Le cadran mobile est ajusté quotidiennement pour compenser les variations de l'équation du temps. Un mécanisme permet de tourner le cadran mobile sans ouvrir la pendule, conservant ainsi la propreté des cadrans. Pour la sonnerie du temps vrai, un levier et un cercle incliné actionnent la détente de la sonnerie, assurant que la pendule sonne aux heures et demi-heures exactes du temps vrai.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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9
p. 2458
Prix de la Sosieté [sic] des Arts &c. [titre d'après la table]
Début :
La Societé des Arts differera jusqu'au retour de S. A. S. Monseigneur le Comte de Clermont, [...]
Mots clefs :
Société des arts, Comte de Clermont, Prix, Assemblée, Mémoires, Sujets
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Prix de la Sosieté [sic] des Arts &c. [titre d'après la table]
La Societé des Arts differera jusqu'au retouf
de S. A. S Monseigneur le Comte de Clermont,
son Protecteur , l'Assemblée publique , qu'elle
devoit tenir immédiatement après la S. Martin
de cette année 1733. Elle avertit qu'à l'égard des
deux Prix qu'elle devoit distribuer dans la même
Assemblée , quoique dans les Memoires qui
ont concouru pour ces Prix , il y ait beaucoup
de choses aussi utiles que curieuses , et qui prouvent
le zele et la capacité de leurs Auteurs ,
elle n'y a trouvé neanmoins rien d'assez
nouveau ou d'assez bien developpé pour mériter
de remporrer les Prix proposez , et qu'ainsi
elle recevra encore jusques au premier
Mars 1734. non seulement les mêmes Memoires
augmentez ou éclaircis par des figures
exactes ( qui manquent à la plupart ) mais même
les Memoires nouveaux qui lui seront envoyez
, soit sur les Sujets compris dans le Programme
, soit sur d'autres Sujets , pourvû qu'ils
puissent contribuer à la perfection des Arts , et
qu'elle ne distribuera les Prix que dans l'Assemblée
d'après Pâques de l'année. 1734.
de S. A. S Monseigneur le Comte de Clermont,
son Protecteur , l'Assemblée publique , qu'elle
devoit tenir immédiatement après la S. Martin
de cette année 1733. Elle avertit qu'à l'égard des
deux Prix qu'elle devoit distribuer dans la même
Assemblée , quoique dans les Memoires qui
ont concouru pour ces Prix , il y ait beaucoup
de choses aussi utiles que curieuses , et qui prouvent
le zele et la capacité de leurs Auteurs ,
elle n'y a trouvé neanmoins rien d'assez
nouveau ou d'assez bien developpé pour mériter
de remporrer les Prix proposez , et qu'ainsi
elle recevra encore jusques au premier
Mars 1734. non seulement les mêmes Memoires
augmentez ou éclaircis par des figures
exactes ( qui manquent à la plupart ) mais même
les Memoires nouveaux qui lui seront envoyez
, soit sur les Sujets compris dans le Programme
, soit sur d'autres Sujets , pourvû qu'ils
puissent contribuer à la perfection des Arts , et
qu'elle ne distribuera les Prix que dans l'Assemblée
d'après Pâques de l'année. 1734.
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Résumé : Prix de la Sosieté [sic] des Arts &c. [titre d'après la table]
La Société des Arts a reporté l'assemblée publique prévue après la Saint-Martin 1733 en attendant le retour du Comte de Clermont, son protecteur. Les mémoires soumis pour les deux prix à attribuer contenaient des informations utiles mais manquaient de nouveauté ou de développement. La Société accepte de recevoir jusqu'au 1er mars 1734 les mêmes mémoires améliorés ou éclaircis par des figures exactes, ainsi que de nouveaux mémoires sur les sujets du programme ou d'autres sujets pertinents. Les prix seront distribués lors de l'assemblée suivant Pâques en 1734.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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10
p. 285-292
LETTRE écrite à M. D. L. R. sur les Pendules à quadran mobile, par le sieur Julien le Roy, A. D. de la Societé des Arts.
Début :
J'ai remarqué, Monsieur, deux choses qui m'interessent dans la Lettre de M. [...]
Mots clefs :
Cercle, Pendules, Usage, Société des arts, Public, Cadran, Échappement, M. Dufay, Équation, Pendule
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite à M. D. L. R. sur les Pendules à quadran mobile, par le sieur Julien le Roy, A. D. de la Societé des Arts.
LETTRE écrite à M. D. L. R. sur les
Pendules à quadran mobile , par le sieur
Julien le Roy , A. D. de la Societé des
Arts.
J'ai remarqué , Monsieur , deux choses
J'ai remarqué , la 2 deue deM.
Thiou , inserée dans le Mercure de Décembre
1733. pag. 2668. l'une qu'il donne
des idées désavantageuses des Pendules
à cercle d'Equation , et l'autre , qu'il y
avance que c'est M. Dufay qui les a perfectionnées.
Comme j'ai vendu plusieurs de ces
Pendules , dont j'ai loué la justesse et l'utilité
; et que je me suis déclaré le seul
Auteur de la disposition avantageuse de
leurs Cadrans , pour marquer le tems vrai ,
et le tems moyen : ces deux motifs m'obligent
, Monsieur , à vous adresser cette
Lettre , pour me justifier dans le Public
du reproche qu'il auroit droit de me faire ,
si M. Th . accusoit juste dans toute la critique
qu'il fait de la Pendule de M. Pierre
le Roy , mon frere : c'est ce que je vais
faire le plus succinctement qu'il me sera
possible.
Dans i
186 MERCURE DE FRANCE
Dans le même Mercure pag. 2669. M.
Th . dit : « Cette me hode , quoique très
bonne , a des difficultez qui empêchent
» que le public n'en tire tout l'avantage
» qu'il désireroit , parce qu'il est difficile
d'en faire prendre connoissance aux
» personnes même intelligentes , et en ce
» qu'il faut s'approcher du Cadran toutes
>> les fois qu'on veut voir l'heure , et avoir
» toûjours égard aux nouvelles positions
»du Cercle après l'avoir misau quantiéme,
» ce qui nest guerre utile pourun usage ordinaire
, mais très - bon pour un sçavant ,
» comme étoit l'Inventeur , feu M. Dela-
» hire ,, et comme est M. Dufay , qui l'a
» si bien perfectionné.
29
Qui ne croiroit après avoir lû cet article
, que M. Th. n'a jamais voulu faire
de ces Pendules à cercle , parce qu'il les
a trouvées défectueuses ? Cependant il n'y
a peut -être pas d'Horlogeur à Paris qui en
ait fait un aussi grand nombre que lui ;
j'en appelle à témoins tous ceux qui en
ont de sa façon ; auroit- t'il vendu des ouvrages
qu'il n'estimoit pas?Ou voudroit- il
inspirer du mépris pour ceux qu'il n'a
point fait ? On en jugera par ce qui suit .
Lui- même a répandu dans le public en
1735. un Ecrit , imprimé chez la veuve
Knapen , qui a pour titre Instruction sur
l'usage
FEVRIER. 1734 287
Pusage du cercle d'Equation , que le sieur
Th. ajoûte à ses Pendules. Cet imprimé de
trois
pages commence par ces termes.
»Ce Cercle , nouvellement inventé , est
placé à la circonference du Cadran de la
» Pendule , où il est mobile , et divisé
» suivant la table du tems moyen au midy
» vrai , &c. & plus bas , par le cercle
dit il , on a non seulement l'heure du
» Soleil pour tous les jours de l'année
>> mais aussi la facilité d'y vérifier sa Pen-
> dule , &c. -
Comment M. Th. accordera- t'il ses
propres contradictions ? en 1730. il fait
imprimer , et donne au public un usage
pour regler les Pendules qu'il fait à Cercle
d'équation , et en 1733. il avance dans le
Mercu e qu'elles ne sontgueres utiles pour un
usage ordinaire.
En 1730. ce même Cercle lui a paru
nouvellement inventé. Si une invention
qu'il dattoit de huit années et plus , pou
voit alors passer pour nouvelle , il a eu
raison ; car c'est en 1722. que je fis pour
M. de Marian , de l'Académie des Sciences
, la premiere de ces Pendules à Cercle
d'Equation , et peu après une autre , que
M. Dufay me demanda pour M. Landais.
M. Th. veut faire entendre au public
que
288 MERCURE DE FRANCE
que ces Pendules ne sont gueres utiles pour un
usage ordinaire , mais très - bonnes pour un
Sçavant.
.
En effet ne faut -il pas l'être beaucoup
pour sçavoir le quantiéme du mois ? Et
pour tourner avec la main unCadran où il
est gravé , et le mettre vis-à-vis un Index
qui est fixe ? Cela est à peu près aussi difficile
d'ouvrir une montre pour
que
mettre à l'heure .
la
Pour montrer que M. Th. se trompe
totalement , quand il avance que M. Dufay
a perfectionné les Pendules .en questión
, je vais rapporter mot à mot l'Extrait
du Memoire de cet Académicien
qui est inseré dans ceux de l'Académie
Royale des Sciences , année 1725. page 72 .
«Nous avons vû les changemens qu'y
a fait le sieurJulien le Roy : il ne s'en est
» pas tenu - là ; il a imaginé de couper en
»deux la Courbe de M. Delahyre, qui re-
»venoit quatre fois sur elle- même en ser
»pentant, et par ce moyen il l'a tracée sur
» un cercle de laiton mobile , qui entoure
» le Cadran de la Pendule ; ayant placé ex-
» terieurement sur la fausse plaque deux
alidades fixes, l'une à l'heure de midy , et
l'autre à six heures , il ne reste plus qu'à
» tourner avec la main ce Cercle qui porte
» aussi un Cadran de minutes , et placer le
» jour
FEVRIER. 1734 . 289
» jour dont on veut sçavoir l'équation
»sous celle des alidades à laquelle le mois
répond par ce moyer l'aiguille des
» minutes qui marque sur le Cadran fixe
» de la Pendule l'heure moyenne et regu-
» liere , marquera sur le Cadran mobile
>> l'heure du Soleil ; je crois qu'il est difficile
de rien imaginer de plus simple , de
» plus exact , de plus commode , &c.
Peut- on rien dire de plus précis , de
plus clair , et de plus juste que ce que dit
M. Dufay dans cet article ? Il y rend avec
la derniere équité ce qui est dû à M. Delahire
, Inventeur de cette Courbe , et à
moi qui ai imaginé les changemens avantageux
qui l'ont rendue utile ; cette façon
dont je l'ai appliquée aux Pendules, a même
fourni à M. Dufay l'idée d'une machine
de carton , qui est analogue au Cadran
mobile , et qu'il a imaginé pour l'utilité
de ceux qui n'ont point de Cercle d'équation
à leur Pendule .
Si M. Th. avoit lû le Memoire de
M. du Fay , on doit penser qu'il auroit
équitablement suivi son exemple , et ne se
seroit nullement exposé à laisser entrevoir
qu'il ne lui a attribué le mérite de cette
production , qu'à dessein d'en dépoüiller
celui qui en est le veritable Auteur.
Voilà , M. ce que j'avois à vous écrire
sur
"
20 MERCURE DE FRANCE
sur un article de la Lettre de M. Th.
à l'égard de ce qu'elle contient d'ailleurs,
mon frere est très - capable d'y répondre.
Mais pendant que j'ai la plume à la main,
je suis bien aise , M. d'avoir l'honneur
de vous dire un mot sur un autre petit
démêlé d'Horlogerie que j'ai à finir avec
M. Th. au sujet d'un Echappement de
Montre qu'il a voulu mettre en usage
à Paris , deux ans après que ce même
Echappement avoit été abandonné et reconnu
pour mauvais à Londres. Voici
de quoi il s'agit.
Dans le Mercure d'Avril 1729. page
746. j'écrivis à M. Th . une Lettre dont
voici le premier article .
>> Lorsque vous vous êtes déterminé ;
» M. à donner au Public , par la voye du
» Mercure du mois dernier , page 544.
» une idée avantageuse de l'Echappement
de M. de Flamanville , vous ignoriez
» apparemment que la pluspart des Hor-
» logers de Londres l'ont mis en usage
» dès le commencement de l'année 17.7 .
» et l'ont totalement abandonné vers la
» fin de la même année .
Le Mercure de May suivant contient
une Réponse de M. Th. je n'en donnerai
point ici l'Extrait , parce qu'elle mérite
d'être lûë en entier , afin d'y voir
avec
FEVRIER. 1734 291
avec quelle confiance il y annonce le
succès du nouvel Echappement qu'il appliquoit
pour lors à ses Montres. Comme
cette Lettre fit impression sur l'esprit
de quelques personnes , et que je
fis refléxion alors combien il est difficile
au Public de juger sainement de la bonté
des Montres par leur construction ; je me
déterminai à differer ma réplique , prévoyant
que l'usage du nouvel Echappement
seroit aussi défectueux à Paris qu'il
avoit été trouvé deux ans auparavant à
Londres . A présent que mes conjectures
sont confirmées , je vous fais part , M. de
de ce que j'ay appris sur ce sujet.
Les Ouvriers de M. Th. ont publié il
y a environ deux ans , que j'avois prévû
dans ma Lettre tout ce qui lui étoit
arrivé , et qu'il avoit été obligé de remettre
à l'ordinaire toutes les Montres où
il avoit appliqué le nouvel Echappement
qu'il avoit adopté ; mais si on suppose
que ces discours ont été tenus sans fondement
, je demanderai pourquoi il n'a
pas appliqué ce merveilleux Echappement
à la Montre d'or à quantiéme
à secondes et à répetition , qu'il a eu
l'honneur de faire depuis environ un
an pour M. le Comte de Clermont ?
et pourquoi il n'en a pas fait usage en
travail-
1
292 MERCURE DE FRANCE
travaillant pour un Prince aussi respectable
par ses lumieres , que par la protection
éclatante qu'il accorde aux Arts,
et à ceux qui les professent ?
qui
En attendant que M. Th. nous rende
raison de ses variations , concluons , M.
qu'il seroit avantageux aux Horlogers
nous succederont , et aux progrès
de l'Horlogerie , qu'il nous instruisit- des
raisons qui l'ont déterminé , tant à ne
plus faire de ces Montres- là , qu'à ne
plus dorer les roues de rencontres , comme
il le marque dans sa Lettre du même
Mercure , page 980. Se seroit - il enfin
apperçu que le feu , le Mercure ,
l'eau forte , et les gratteboises , sont des
agents qui détruisent la dureté , la forme
et l'égalité que doivent avoir les dents
d'une roue de rencontre ? Faites- moi la
grace , M. d'être persuadé que je n'ai ici
principalement en vûe que de soutenir
l'usage d'une sorte de Pendule qui est
géneralement approuvée des Sçavans et
des Horlogers , parce que sa construction
est aussi simple qu'elle est commode
et utile au Public. Je suis , &c.
Le Memoire de M. de la Hire , dont
il est question dans ma Lettre , est inseré
dans ceux de l'Académie Royale des
Sciences , année 1717. page 242 .
Pendules à quadran mobile , par le sieur
Julien le Roy , A. D. de la Societé des
Arts.
J'ai remarqué , Monsieur , deux choses
J'ai remarqué , la 2 deue deM.
Thiou , inserée dans le Mercure de Décembre
1733. pag. 2668. l'une qu'il donne
des idées désavantageuses des Pendules
à cercle d'Equation , et l'autre , qu'il y
avance que c'est M. Dufay qui les a perfectionnées.
Comme j'ai vendu plusieurs de ces
Pendules , dont j'ai loué la justesse et l'utilité
; et que je me suis déclaré le seul
Auteur de la disposition avantageuse de
leurs Cadrans , pour marquer le tems vrai ,
et le tems moyen : ces deux motifs m'obligent
, Monsieur , à vous adresser cette
Lettre , pour me justifier dans le Public
du reproche qu'il auroit droit de me faire ,
si M. Th . accusoit juste dans toute la critique
qu'il fait de la Pendule de M. Pierre
le Roy , mon frere : c'est ce que je vais
faire le plus succinctement qu'il me sera
possible.
Dans i
186 MERCURE DE FRANCE
Dans le même Mercure pag. 2669. M.
Th . dit : « Cette me hode , quoique très
bonne , a des difficultez qui empêchent
» que le public n'en tire tout l'avantage
» qu'il désireroit , parce qu'il est difficile
d'en faire prendre connoissance aux
» personnes même intelligentes , et en ce
» qu'il faut s'approcher du Cadran toutes
>> les fois qu'on veut voir l'heure , et avoir
» toûjours égard aux nouvelles positions
»du Cercle après l'avoir misau quantiéme,
» ce qui nest guerre utile pourun usage ordinaire
, mais très - bon pour un sçavant ,
» comme étoit l'Inventeur , feu M. Dela-
» hire ,, et comme est M. Dufay , qui l'a
» si bien perfectionné.
29
Qui ne croiroit après avoir lû cet article
, que M. Th. n'a jamais voulu faire
de ces Pendules à cercle , parce qu'il les
a trouvées défectueuses ? Cependant il n'y
a peut -être pas d'Horlogeur à Paris qui en
ait fait un aussi grand nombre que lui ;
j'en appelle à témoins tous ceux qui en
ont de sa façon ; auroit- t'il vendu des ouvrages
qu'il n'estimoit pas?Ou voudroit- il
inspirer du mépris pour ceux qu'il n'a
point fait ? On en jugera par ce qui suit .
Lui- même a répandu dans le public en
1735. un Ecrit , imprimé chez la veuve
Knapen , qui a pour titre Instruction sur
l'usage
FEVRIER. 1734 287
Pusage du cercle d'Equation , que le sieur
Th. ajoûte à ses Pendules. Cet imprimé de
trois
pages commence par ces termes.
»Ce Cercle , nouvellement inventé , est
placé à la circonference du Cadran de la
» Pendule , où il est mobile , et divisé
» suivant la table du tems moyen au midy
» vrai , &c. & plus bas , par le cercle
dit il , on a non seulement l'heure du
» Soleil pour tous les jours de l'année
>> mais aussi la facilité d'y vérifier sa Pen-
> dule , &c. -
Comment M. Th. accordera- t'il ses
propres contradictions ? en 1730. il fait
imprimer , et donne au public un usage
pour regler les Pendules qu'il fait à Cercle
d'équation , et en 1733. il avance dans le
Mercu e qu'elles ne sontgueres utiles pour un
usage ordinaire.
En 1730. ce même Cercle lui a paru
nouvellement inventé. Si une invention
qu'il dattoit de huit années et plus , pou
voit alors passer pour nouvelle , il a eu
raison ; car c'est en 1722. que je fis pour
M. de Marian , de l'Académie des Sciences
, la premiere de ces Pendules à Cercle
d'Equation , et peu après une autre , que
M. Dufay me demanda pour M. Landais.
M. Th. veut faire entendre au public
que
288 MERCURE DE FRANCE
que ces Pendules ne sont gueres utiles pour un
usage ordinaire , mais très - bonnes pour un
Sçavant.
.
En effet ne faut -il pas l'être beaucoup
pour sçavoir le quantiéme du mois ? Et
pour tourner avec la main unCadran où il
est gravé , et le mettre vis-à-vis un Index
qui est fixe ? Cela est à peu près aussi difficile
d'ouvrir une montre pour
que
mettre à l'heure .
la
Pour montrer que M. Th. se trompe
totalement , quand il avance que M. Dufay
a perfectionné les Pendules .en questión
, je vais rapporter mot à mot l'Extrait
du Memoire de cet Académicien
qui est inseré dans ceux de l'Académie
Royale des Sciences , année 1725. page 72 .
«Nous avons vû les changemens qu'y
a fait le sieurJulien le Roy : il ne s'en est
» pas tenu - là ; il a imaginé de couper en
»deux la Courbe de M. Delahyre, qui re-
»venoit quatre fois sur elle- même en ser
»pentant, et par ce moyen il l'a tracée sur
» un cercle de laiton mobile , qui entoure
» le Cadran de la Pendule ; ayant placé ex-
» terieurement sur la fausse plaque deux
alidades fixes, l'une à l'heure de midy , et
l'autre à six heures , il ne reste plus qu'à
» tourner avec la main ce Cercle qui porte
» aussi un Cadran de minutes , et placer le
» jour
FEVRIER. 1734 . 289
» jour dont on veut sçavoir l'équation
»sous celle des alidades à laquelle le mois
répond par ce moyer l'aiguille des
» minutes qui marque sur le Cadran fixe
» de la Pendule l'heure moyenne et regu-
» liere , marquera sur le Cadran mobile
>> l'heure du Soleil ; je crois qu'il est difficile
de rien imaginer de plus simple , de
» plus exact , de plus commode , &c.
Peut- on rien dire de plus précis , de
plus clair , et de plus juste que ce que dit
M. Dufay dans cet article ? Il y rend avec
la derniere équité ce qui est dû à M. Delahire
, Inventeur de cette Courbe , et à
moi qui ai imaginé les changemens avantageux
qui l'ont rendue utile ; cette façon
dont je l'ai appliquée aux Pendules, a même
fourni à M. Dufay l'idée d'une machine
de carton , qui est analogue au Cadran
mobile , et qu'il a imaginé pour l'utilité
de ceux qui n'ont point de Cercle d'équation
à leur Pendule .
Si M. Th. avoit lû le Memoire de
M. du Fay , on doit penser qu'il auroit
équitablement suivi son exemple , et ne se
seroit nullement exposé à laisser entrevoir
qu'il ne lui a attribué le mérite de cette
production , qu'à dessein d'en dépoüiller
celui qui en est le veritable Auteur.
Voilà , M. ce que j'avois à vous écrire
sur
"
20 MERCURE DE FRANCE
sur un article de la Lettre de M. Th.
à l'égard de ce qu'elle contient d'ailleurs,
mon frere est très - capable d'y répondre.
Mais pendant que j'ai la plume à la main,
je suis bien aise , M. d'avoir l'honneur
de vous dire un mot sur un autre petit
démêlé d'Horlogerie que j'ai à finir avec
M. Th. au sujet d'un Echappement de
Montre qu'il a voulu mettre en usage
à Paris , deux ans après que ce même
Echappement avoit été abandonné et reconnu
pour mauvais à Londres. Voici
de quoi il s'agit.
Dans le Mercure d'Avril 1729. page
746. j'écrivis à M. Th . une Lettre dont
voici le premier article .
>> Lorsque vous vous êtes déterminé ;
» M. à donner au Public , par la voye du
» Mercure du mois dernier , page 544.
» une idée avantageuse de l'Echappement
de M. de Flamanville , vous ignoriez
» apparemment que la pluspart des Hor-
» logers de Londres l'ont mis en usage
» dès le commencement de l'année 17.7 .
» et l'ont totalement abandonné vers la
» fin de la même année .
Le Mercure de May suivant contient
une Réponse de M. Th. je n'en donnerai
point ici l'Extrait , parce qu'elle mérite
d'être lûë en entier , afin d'y voir
avec
FEVRIER. 1734 291
avec quelle confiance il y annonce le
succès du nouvel Echappement qu'il appliquoit
pour lors à ses Montres. Comme
cette Lettre fit impression sur l'esprit
de quelques personnes , et que je
fis refléxion alors combien il est difficile
au Public de juger sainement de la bonté
des Montres par leur construction ; je me
déterminai à differer ma réplique , prévoyant
que l'usage du nouvel Echappement
seroit aussi défectueux à Paris qu'il
avoit été trouvé deux ans auparavant à
Londres . A présent que mes conjectures
sont confirmées , je vous fais part , M. de
de ce que j'ay appris sur ce sujet.
Les Ouvriers de M. Th. ont publié il
y a environ deux ans , que j'avois prévû
dans ma Lettre tout ce qui lui étoit
arrivé , et qu'il avoit été obligé de remettre
à l'ordinaire toutes les Montres où
il avoit appliqué le nouvel Echappement
qu'il avoit adopté ; mais si on suppose
que ces discours ont été tenus sans fondement
, je demanderai pourquoi il n'a
pas appliqué ce merveilleux Echappement
à la Montre d'or à quantiéme
à secondes et à répetition , qu'il a eu
l'honneur de faire depuis environ un
an pour M. le Comte de Clermont ?
et pourquoi il n'en a pas fait usage en
travail-
1
292 MERCURE DE FRANCE
travaillant pour un Prince aussi respectable
par ses lumieres , que par la protection
éclatante qu'il accorde aux Arts,
et à ceux qui les professent ?
qui
En attendant que M. Th. nous rende
raison de ses variations , concluons , M.
qu'il seroit avantageux aux Horlogers
nous succederont , et aux progrès
de l'Horlogerie , qu'il nous instruisit- des
raisons qui l'ont déterminé , tant à ne
plus faire de ces Montres- là , qu'à ne
plus dorer les roues de rencontres , comme
il le marque dans sa Lettre du même
Mercure , page 980. Se seroit - il enfin
apperçu que le feu , le Mercure ,
l'eau forte , et les gratteboises , sont des
agents qui détruisent la dureté , la forme
et l'égalité que doivent avoir les dents
d'une roue de rencontre ? Faites- moi la
grace , M. d'être persuadé que je n'ai ici
principalement en vûe que de soutenir
l'usage d'une sorte de Pendule qui est
géneralement approuvée des Sçavans et
des Horlogers , parce que sa construction
est aussi simple qu'elle est commode
et utile au Public. Je suis , &c.
Le Memoire de M. de la Hire , dont
il est question dans ma Lettre , est inseré
dans ceux de l'Académie Royale des
Sciences , année 1717. page 242 .
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Résumé : LETTRE écrite à M. D. L. R. sur les Pendules à quadran mobile, par le sieur Julien le Roy, A. D. de la Societé des Arts.
Julien Le Roy répond à des critiques formulées par M. Thiou dans le Mercure de Décembre 1733. Il conteste deux points principaux : les idées désavantageuses sur les pendules à cercle d'équation et l'attribution des perfectionnements à M. Dufay. Julien Le Roy affirme être l'auteur de la disposition avantageuse des cadrans de ces pendules, permettant de marquer le temps vrai et le temps moyen. Il souligne que M. Thiou, malgré ses critiques, a fabriqué et vendu un grand nombre de ces pendules et a même publié un écrit en 1735 expliquant leur usage. Julien Le Roy rappelle qu'il a inventé ces pendules en 1722 et les a améliorées par la suite. Il cite un mémoire de M. Dufay de 1725, qui reconnaît ses contributions. Julien Le Roy mentionne également un différend concernant un échappement de montre, critiqué à Londres avant de l'être à Paris. Il exprime son souhait de promouvoir l'usage des pendules à cercle d'équation, appréciées pour leur simplicité et leur utilité.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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11
p. 937-938
Prix de la Societé des Arts, [titre d'après la table]
Début :
Le départ du Comte de Clermont pour l'Armée, ne lui ayant pas permis d'indiquer à la [...]
Mots clefs :
Société des arts, Mémoires, Rentrée publique, Comte de Clermont
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Prix de la Societé des Arts, [titre d'après la table]
Le départ du Comte de Clermont pour l'Armée
, ne lui ayant pas permis d'indiquer à la
Societé des Arts , un jour pour la Rentrée publique
, S. A. S. a souhaité que cette Rentrée fût
differée jusques après son retour . Pour se conformer
à ses intentions , la Societé a remis cette
premiere Rentrée publique au Dimanche d'après
la S. Martin de la presente année 1734.
Comme la Societé des Arts n'a reçû aucun
nouveau Mémoire pour concourir aux Prix depuis
son dernier Avertissement , inseré dans le
Mercure du mois de Janvier dernier , elle se
trouve forcée à differer la distribution de ces mêmes
Prix jusqu'après la S. Martin . Elle recevra
les Mémoires qui lui seront addressez jusqu'à
la fin du mois de Juillet prochain. Les Auteurs
pourront choisir où l'un des cinq Sujets proposez
par le Programine publié en l'année 1733 .
ou tel autre Sujet qu'ils jugeront à propos , pourvû
qu'ils tendent à la perfection des Arts , des
E v Ma38
MERCURE DE FRANCE
Manufactures ou de quelque Métier. Si les Mémoires
, pour être entendus , ont besoin du secours
de quelques figures , les Auteurs y en joindront
qui soient exactement dessinées . Ils ne mettront
point leurs noms au bas des Memoires ,
mais seulement une marque , une devise ou un
cachet qui puisse les distinguer et les faire reconnoître.
Ils adresseront les Paquets qui renfermeront
leurs Memoires à M. Hynault , Avocat
en Parlement , Secretaire de la Societé des Arts ,
rue des Postes , proche l'ancienne Estrapade ; et les
ports des Paquets seront acquittez jusqu'à Paris ..
, ne lui ayant pas permis d'indiquer à la
Societé des Arts , un jour pour la Rentrée publique
, S. A. S. a souhaité que cette Rentrée fût
differée jusques après son retour . Pour se conformer
à ses intentions , la Societé a remis cette
premiere Rentrée publique au Dimanche d'après
la S. Martin de la presente année 1734.
Comme la Societé des Arts n'a reçû aucun
nouveau Mémoire pour concourir aux Prix depuis
son dernier Avertissement , inseré dans le
Mercure du mois de Janvier dernier , elle se
trouve forcée à differer la distribution de ces mêmes
Prix jusqu'après la S. Martin . Elle recevra
les Mémoires qui lui seront addressez jusqu'à
la fin du mois de Juillet prochain. Les Auteurs
pourront choisir où l'un des cinq Sujets proposez
par le Programine publié en l'année 1733 .
ou tel autre Sujet qu'ils jugeront à propos , pourvû
qu'ils tendent à la perfection des Arts , des
E v Ma38
MERCURE DE FRANCE
Manufactures ou de quelque Métier. Si les Mémoires
, pour être entendus , ont besoin du secours
de quelques figures , les Auteurs y en joindront
qui soient exactement dessinées . Ils ne mettront
point leurs noms au bas des Memoires ,
mais seulement une marque , une devise ou un
cachet qui puisse les distinguer et les faire reconnoître.
Ils adresseront les Paquets qui renfermeront
leurs Memoires à M. Hynault , Avocat
en Parlement , Secretaire de la Societé des Arts ,
rue des Postes , proche l'ancienne Estrapade ; et les
ports des Paquets seront acquittez jusqu'à Paris ..
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Résumé : Prix de la Societé des Arts, [titre d'après la table]
Le Comte de Clermont, en partant pour l'Armée, a reporté la rentrée publique de la Société des Arts à son retour, fixant la date au dimanche suivant la Saint-Martin de l'année 1734. La distribution des prix, initialement prévue après le dernier avertissement publié dans le Mercure de janvier, est également reportée à après la Saint-Martin. Les mémoires pour concourir aux prix peuvent être soumis jusqu'à la fin du mois de juillet. Les auteurs peuvent choisir parmi les cinq sujets proposés en 1733 ou proposer un autre sujet pertinent pour les arts, manufactures ou métiers. Les mémoires nécessitant des figures doivent inclure des dessins exacts. Les auteurs ne signeront pas leurs noms mais utiliseront une marque, devise ou cachet distinctif. Les mémoires doivent être envoyés à M. Hynault, avocat au Parlement et secrétaire de la Société des Arts, rue des Postes, près de l'ancienne Estrapade, avec les frais de port acquittés jusqu'à Paris.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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