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1
p. 287-289
Etablissement d'un Opéra à Marseille, [titre d'après la table]
Début :
L'établissement d'un Opero ayant réüssy à Paris, Mr Gautier, [...]
Mots clefs :
Opéra, Musique, M. Lully, Marseille, Machines, Costumes , Décorations, Divertissement
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texteReconnaissance textuelle : Etablissement d'un Opéra à Marseille, [titre d'après la table]
L'établiffement d'un Opera
ayant réüffy à Paris, M'Gautier
, dont la réputation eft
connuë de tous ceux qui aiment
laMufique, s'eft accommodé
avec M¹ de Lully, pour
288 MERCURE
avoir permiffion de faire le
mefme établiſſement à Marfeille
, où il fit repreſenter
pour la premiere fois le 28. de
Janvier , un Opera intitulé ,
Le Triomphe de la Paix. Les
Habits furent trouvez magnifiques
, les Machines juftes
, & les Décorations tresbelles
. La Dance y plut fort,
la Simphonie encore davantage
, & toutes ces chofes firent
donner beaucoup de
louanges à M' Gautier, qui a
bien voulu prendre tant de
peines , & hazarder tant de
frais pour le divertiffement
de
GALANT. 289
de la Province . On s'eft rendu
de tous coftez à Marfeil-
, pour voir ce ſpectacle que
l'on y donne plufieurs fois
chaque femaine.
ayant réüffy à Paris, M'Gautier
, dont la réputation eft
connuë de tous ceux qui aiment
laMufique, s'eft accommodé
avec M¹ de Lully, pour
288 MERCURE
avoir permiffion de faire le
mefme établiſſement à Marfeille
, où il fit repreſenter
pour la premiere fois le 28. de
Janvier , un Opera intitulé ,
Le Triomphe de la Paix. Les
Habits furent trouvez magnifiques
, les Machines juftes
, & les Décorations tresbelles
. La Dance y plut fort,
la Simphonie encore davantage
, & toutes ces chofes firent
donner beaucoup de
louanges à M' Gautier, qui a
bien voulu prendre tant de
peines , & hazarder tant de
frais pour le divertiffement
de
GALANT. 289
de la Province . On s'eft rendu
de tous coftez à Marfeil-
, pour voir ce ſpectacle que
l'on y donne plufieurs fois
chaque femaine.
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Résumé : Etablissement d'un Opéra à Marseille, [titre d'après la table]
M. Gautier, musicien parisien, a obtenu la permission de M. de Lully pour organiser un opéra à Marseille. Le 28 janvier, 'Le Triomphe de la Paix' a été représenté avec des costumes magnifiques et des décorations belles. La danse et la symphonie ont été applaudies. Le spectacle a attiré un large public et s'est produit plusieurs fois par semaine.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 227-229
« L'Opera de Roland qui avoit esté fait pour le Roy, [...] »
Début :
L'Opera de Roland qui avoit esté fait pour le Roy, [...]
Mots clefs :
Opéra, Divertissement, Paris, Public, Machines, Décorations, Déguisements, Acteurs, Troupe italienne
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texteReconnaissance textuelle : « L'Opera de Roland qui avoit esté fait pour le Roy, [...] »
L'Opera de Roland qui
avoit efté fait pour le Roy,
n'ayant pû eftre reprefenté à
Paris , avant que les divertif
femens de Verfailles euffent.
ceffé , fut donné pour la premiere
fois au Public , le huitiéme
de ce mois , accompagné
des Machines & des Décorations
qui n'avoient pû
228 MERCURE
luy fervir d'ornement à la
Cour , parce que le fuperbe
Théatre où ces grands fpe-
&tacles doivent paroiftre, n'ef
pas encore achevé . Ces Dé.
corations & ces Machines,
ont donné un nouvel éclat à
cet Opera. Ils font de M ' Berrin
, auffi bien que les deffeins
des habits des Maſcarades
& du Carouſel , dont je
viens de vous parler. La .
Troupe Italienne eît augmentée
d'un Acteur nouveau
, qui attire les applaudiffemens
de tout Paris , &
qui n'a pas moins plû à la
GALANT. 229
3 Cour qu'à la Ville . Il a une
agilité de corps furprenante,
& feconde admirablement
l'incomparable Arlequin.
avoit efté fait pour le Roy,
n'ayant pû eftre reprefenté à
Paris , avant que les divertif
femens de Verfailles euffent.
ceffé , fut donné pour la premiere
fois au Public , le huitiéme
de ce mois , accompagné
des Machines & des Décorations
qui n'avoient pû
228 MERCURE
luy fervir d'ornement à la
Cour , parce que le fuperbe
Théatre où ces grands fpe-
&tacles doivent paroiftre, n'ef
pas encore achevé . Ces Dé.
corations & ces Machines,
ont donné un nouvel éclat à
cet Opera. Ils font de M ' Berrin
, auffi bien que les deffeins
des habits des Maſcarades
& du Carouſel , dont je
viens de vous parler. La .
Troupe Italienne eît augmentée
d'un Acteur nouveau
, qui attire les applaudiffemens
de tout Paris , &
qui n'a pas moins plû à la
GALANT. 229
3 Cour qu'à la Ville . Il a une
agilité de corps furprenante,
& feconde admirablement
l'incomparable Arlequin.
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Résumé : « L'Opera de Roland qui avoit esté fait pour le Roy, [...] »
L'Opéra de Roland, initialement prévu pour le roi, a été représenté à Paris après les divertissements de Versailles. La première a eu lieu le huitième jour du mois, avec des machines et des décorations inédites conçues par Monsieur Berrin. La troupe italienne a été renforcée par un nouvel acteur acclamé pour son rôle d'Arlequin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 146-151
Décoration du Temple de Minerve à l'Opera, [titre d'après la table]
Début :
On continue les représentations de l'Opera de Thesée, auquel celui de Telemaque, [...]
Mots clefs :
Décorations, Marbre, Temples, Pilastres, Architecture, Arcades
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texteReconnaissance textuelle : Décoration du Temple de Minerve à l'Opera, [titre d'après la table]
On continue lesreprésentátfons de l'Ô«
pera de Thésée , auquel .elui de Telemacftte
, qu'on repete , succédera le mois
prochain ; mais à propos de Thésée , quel
ques personnes d'un go' t exquis, nous
^ntreproçhçde n'avoir rien dit de la helle
Décoration
JANVIER. T7îo; 147'
ra , représentant le Temple de Minerve.
Nous reconnotssons notre tort , & pour le
réparer , voici une Description que nous
allons tâcher de rendre digne de la curio
sité du Lecteur , & s'il se peut , de ré
pondre au mérite de l'Ouvrage. ,
Ce Temple est d'Ordre Ionique, trèsrichement
orné. Les Colonnes , Pilastres
& Contre- Pilastres font en Marbre canelés
; les ornemens en Bronze doré,
& les Hgures & bas Reliefs , en Marbre -
blanc.
Un grand Vestibule est formé par 4. -
Arcades fort exaucées , deux à droite , .
& deux à gauche , soutenues par 16. Co
lonnes <ouplées , qui forment un passage
considérable pour í'entrée & la sortie des
Acteurs;
Dans les espaces entre lés Areades.il y &
deux Colonnes isolées & Contre pilastres»
avec leurs Piédestaux & leurs Enublemens.
De grandes Consoles posent dtssus
& soutiennent des Travées foimant un
Plafond à compartiments , dans le goût
"Antique-, lequel par l'att de \x Perspec
tive trompe les yeux , car il parcît vrai
& de niveau aux Spectateurs , quoiqu'il
seit par la position des toiles , mis per
pendiculairement.:
íiMedtóflflOT"4* Vlctlbule, font
Décoration du premier Acte de cet Ope?
4í* MERCURE DE FRANCE,
v m
des Piédestaux rotods , porcant des Fi*-"
gures qui paroiflent re'ellemenc isolées , ôi
détachées du fond où elles sont peintes.
Au fond de ce Vestibule, est une grande
Arcade de 13. piés d'ouverture , fur ï6-,
de haut , portée par huit Colonnes, L es
Entrecolonnements font de 4. piés d'ou
verture, par où l'on découvre tout le Tem
ple, qui par l'opposition de ces Colonnes,
par la manière dont elles font traitées , &c
par le jour dont il est éclairé, qui est beau
coup plus; vague & brillant que celui du
Vestibule , devient entièrement majeí3-
tueux & éclatant j- eûtre les C olonnes il
y a deux Figures isolées.
Cette grande Arcade sert de principale
entrée au Temple , íequel parou réelle
ment aux yeux de figure ronde.
Tout autour de ['intérieur- du Temple,,
sont f. Arcades voûtées qui forment desbascôtez,
dont les Voûtes sont portées
par des Colonnes de la même proportioa
que celles du Vestibule , avec lesquelles
elles s'alignent & nc font qu'un Corps
à.' Architecture-^ ■ .,
Au-dessus de ces Arcades est une Ga
lerie ou PromcBoir , formé par 5. autres-
Arcad; s , dans les Pil.istres desquels il y .a
■des Colonne* adossées au mur, de même
qu'au premier Ordre. Au-defius de leux
EnrablciDiCat ,s'éiev* ,un,Dorne , orné, de
( Mosaïques,
JAN VI E R. i fi ô. f45
Mosaïques , formé par des formes Octbgones
avec des Rozettes au milieu , dan*
le gouc Antique. Ce second Ordre est
Corinthien.
Pendant la Scène , ce Promenoir se voit
réellement rempli d'un grand nombre de
personnes, qui font Spectateurs des Cé
rémonies qui se fonr dans le Temple. Or»
voit au milieu de ce Temple la Statue de
Minerve en ronde Bosse, aíîìse sur uh
Piédestaik *
Les connoiffeurs ont mis cette Décora^
eion au>deflus de celle du Palais de Ninus
du même Auteur , dans l'Opera de Pi4-
rame & Thisbé , dont nous avons donné
la Description en Octobre 171$'. La
Perspective semble avoir donné réelle*
ment à cette derniere une élévation ex
traordinaire , puisque malgré la petitesse
du lieu , & sans avoir dérangé aucune
machine, les Décorations font beaucoup
plus hsjjrcs- dans- k fond da Tkestr-e quefur
le devant , chose qu'on n'avoit pas en
core vû à l'Opera , & qui fait un effet
admirable ; car outre le Dome , on f
voit dans le fond , deux Ordres d'Archi
tecture , le tout ayant 52 . pics de haut
réels , qui paroisseno à la vue en avoir
plus de 60. au lieu que jusqu'à présent
aucune Décoration n'a eu que 1 8. piés d«
kaur au plus dans le fond.
fc'Ordmt
ï jô MÉRCÛRE DÉ FRAI^CÉ.
E' Ordre du Vestibule, qui est Ionique 'p
Maligne tout au pourtour à l'aplomb dvr
second Ordre du Temple , qui est Co
rinthien. On y voit réellement 78. Co
lonnes ou Pilastres ; les plus grandes
portent l'Entablement qui règne au pour
tour ; lès moindres , qui ne montent
qu'aux deux tiers des grandes , portent
les Voûtes &c les Arcades ; elles font paroître
le Temple d'une grandeur d'autant
plus étonnante ,. que tout le monde fçait-
. que le lieu est très-resserré.
Le-iìeur Servandoni , Auteur de cette
Décoration $í de toutes celles dont nour
avons parle' dans nos précédents Mercures,
à travaillé jusqu'ici avec succès à faire'
pàrokre vrayes toutes' les Décorations
qu'il a données ; mais comme l'Architec-'
ture est sen principal talent , & qu'il y'
donne toute son attention, il a composé
routes ses Décorations avec tant d'étude
& d'art ..qu'elle s Re_tíYenr. ia&touícs miíc&-
réellement à exécution , selon les diíposiv
rions les plus exaótes , & les règles les plusjustes
de l'Architecture.
Il a donné par ordre de la Cour', uti
Dessein pour l'Edifice qu'ort propose de1
bâtir aux Grands Augustins de Paris. Il
est Auteur des Dispositions , Décorations,-
Illuminations de la Fête & du Feu d'arti
fice fur la Rivière de- Seine, tiré le *4-. de*
o©-'
Janvier. i7?0.
ce mois , dont nous nemancjuerons pas de
parler.
pera de Thésée , auquel .elui de Telemacftte
, qu'on repete , succédera le mois
prochain ; mais à propos de Thésée , quel
ques personnes d'un go' t exquis, nous
^ntreproçhçde n'avoir rien dit de la helle
Décoration
JANVIER. T7îo; 147'
ra , représentant le Temple de Minerve.
Nous reconnotssons notre tort , & pour le
réparer , voici une Description que nous
allons tâcher de rendre digne de la curio
sité du Lecteur , & s'il se peut , de ré
pondre au mérite de l'Ouvrage. ,
Ce Temple est d'Ordre Ionique, trèsrichement
orné. Les Colonnes , Pilastres
& Contre- Pilastres font en Marbre canelés
; les ornemens en Bronze doré,
& les Hgures & bas Reliefs , en Marbre -
blanc.
Un grand Vestibule est formé par 4. -
Arcades fort exaucées , deux à droite , .
& deux à gauche , soutenues par 16. Co
lonnes <ouplées , qui forment un passage
considérable pour í'entrée & la sortie des
Acteurs;
Dans les espaces entre lés Areades.il y &
deux Colonnes isolées & Contre pilastres»
avec leurs Piédestaux & leurs Enublemens.
De grandes Consoles posent dtssus
& soutiennent des Travées foimant un
Plafond à compartiments , dans le goût
"Antique-, lequel par l'att de \x Perspec
tive trompe les yeux , car il parcît vrai
& de niveau aux Spectateurs , quoiqu'il
seit par la position des toiles , mis per
pendiculairement.:
íiMedtóflflOT"4* Vlctlbule, font
Décoration du premier Acte de cet Ope?
4í* MERCURE DE FRANCE,
v m
des Piédestaux rotods , porcant des Fi*-"
gures qui paroiflent re'ellemenc isolées , ôi
détachées du fond où elles sont peintes.
Au fond de ce Vestibule, est une grande
Arcade de 13. piés d'ouverture , fur ï6-,
de haut , portée par huit Colonnes, L es
Entrecolonnements font de 4. piés d'ou
verture, par où l'on découvre tout le Tem
ple, qui par l'opposition de ces Colonnes,
par la manière dont elles font traitées , &c
par le jour dont il est éclairé, qui est beau
coup plus; vague & brillant que celui du
Vestibule , devient entièrement majeí3-
tueux & éclatant j- eûtre les C olonnes il
y a deux Figures isolées.
Cette grande Arcade sert de principale
entrée au Temple , íequel parou réelle
ment aux yeux de figure ronde.
Tout autour de ['intérieur- du Temple,,
sont f. Arcades voûtées qui forment desbascôtez,
dont les Voûtes sont portées
par des Colonnes de la même proportioa
que celles du Vestibule , avec lesquelles
elles s'alignent & nc font qu'un Corps
à.' Architecture-^ ■ .,
Au-dessus de ces Arcades est une Ga
lerie ou PromcBoir , formé par 5. autres-
Arcad; s , dans les Pil.istres desquels il y .a
■des Colonne* adossées au mur, de même
qu'au premier Ordre. Au-defius de leux
EnrablciDiCat ,s'éiev* ,un,Dorne , orné, de
( Mosaïques,
JAN VI E R. i fi ô. f45
Mosaïques , formé par des formes Octbgones
avec des Rozettes au milieu , dan*
le gouc Antique. Ce second Ordre est
Corinthien.
Pendant la Scène , ce Promenoir se voit
réellement rempli d'un grand nombre de
personnes, qui font Spectateurs des Cé
rémonies qui se fonr dans le Temple. Or»
voit au milieu de ce Temple la Statue de
Minerve en ronde Bosse, aíîìse sur uh
Piédestaik *
Les connoiffeurs ont mis cette Décora^
eion au>deflus de celle du Palais de Ninus
du même Auteur , dans l'Opera de Pi4-
rame & Thisbé , dont nous avons donné
la Description en Octobre 171$'. La
Perspective semble avoir donné réelle*
ment à cette derniere une élévation ex
traordinaire , puisque malgré la petitesse
du lieu , & sans avoir dérangé aucune
machine, les Décorations font beaucoup
plus hsjjrcs- dans- k fond da Tkestr-e quefur
le devant , chose qu'on n'avoit pas en
core vû à l'Opera , & qui fait un effet
admirable ; car outre le Dome , on f
voit dans le fond , deux Ordres d'Archi
tecture , le tout ayant 52 . pics de haut
réels , qui paroisseno à la vue en avoir
plus de 60. au lieu que jusqu'à présent
aucune Décoration n'a eu que 1 8. piés d«
kaur au plus dans le fond.
fc'Ordmt
ï jô MÉRCÛRE DÉ FRAI^CÉ.
E' Ordre du Vestibule, qui est Ionique 'p
Maligne tout au pourtour à l'aplomb dvr
second Ordre du Temple , qui est Co
rinthien. On y voit réellement 78. Co
lonnes ou Pilastres ; les plus grandes
portent l'Entablement qui règne au pour
tour ; lès moindres , qui ne montent
qu'aux deux tiers des grandes , portent
les Voûtes &c les Arcades ; elles font paroître
le Temple d'une grandeur d'autant
plus étonnante ,. que tout le monde fçait-
. que le lieu est très-resserré.
Le-iìeur Servandoni , Auteur de cette
Décoration $í de toutes celles dont nour
avons parle' dans nos précédents Mercures,
à travaillé jusqu'ici avec succès à faire'
pàrokre vrayes toutes' les Décorations
qu'il a données ; mais comme l'Architec-'
ture est sen principal talent , & qu'il y'
donne toute son attention, il a composé
routes ses Décorations avec tant d'étude
& d'art ..qu'elle s Re_tíYenr. ia&touícs miíc&-
réellement à exécution , selon les diíposiv
rions les plus exaótes , & les règles les plusjustes
de l'Architecture.
Il a donné par ordre de la Cour', uti
Dessein pour l'Edifice qu'ort propose de1
bâtir aux Grands Augustins de Paris. Il
est Auteur des Dispositions , Décorations,-
Illuminations de la Fête & du Feu d'arti
fice fur la Rivière de- Seine, tiré le *4-. de*
o©-'
Janvier. i7?0.
ce mois , dont nous nemancjuerons pas de
parler.
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Résumé : Décoration du Temple de Minerve à l'Opera, [titre d'après la table]
Le texte traite des représentations de l'opéra 'Thésée', suivi par 'Telemach' le mois prochain. Il critique l'absence de description du Temple de Minerve dans l'opéra. Pour pallier cette lacune, une description détaillée du Temple est fournie. Le Temple, de style ionique, est richement orné avec des colonnes, pilastres et contre-pilastres en marbre cannelé, des ornements en bronze doré, et des figures et bas-reliefs en marbre blanc. Le vestibule est formé par quatre arcades soutenues par seize colonnes. La perspective offre une élévation extraordinaire, avec deux ordres d'architecture visibles dans le fond, totalisant 52 pieds de haut. L'ordre du vestibule est ionique, tandis que le second ordre du Temple est corinthien, comptant 78 colonnes ou pilastres. L'architecte Servandoni est félicité pour son talent en architecture et ses décorations précises. Il a également conçu les dispositions et décorations pour la fête et le feu d'artifice sur la Seine le 24 janvier 1770.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 2479-2482
Décorations, [titre d'après la table]
Début :
Cet Opéra n'ayant eu que 7 representation, on reprit Thesée le jeudi 9 de ce [...]
Mots clefs :
Opéra, Décorations, Thésée, Colonnes, Tombeau
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Décorations, [titre d'après la table]
Cet Opéra n'ayant eu que 7 reprefentations
, on reprit Thefée le jeudi 9 de ce
mois , en attendant Phaeton , qu'on prépare.
Au refte quoique cet Ouvrage n'ait
pas eu le fuccès qu'on en efperoit , il doit`
faire honneur au Poëte & au Muficien par
les beaux morceaux qu'on y trouve . Les
Déco-
G iiij
2480 MERCURE DE FRANCE
Décorations en ont été trouvées tres bekles
& tres- bien entenduës. Les habits en
font riches , bien caracteriſez & de bon
gout. Trois de ces décorations meritent
une attention particuliere . Celle du premier
Acte , qui fait un effet admirable
eft une Gallerie tres - vafte , d'ordre Ionique
, richement ornée , avec des Colonnes
& des Contrepilaftres en marbre compoſé.
Les ornemens en or , avec ftatues & basreliefs
. La Gallerie eft terminée par 10
Arcades fort exhauffées , cinq de chaque
côté , foûtenuës par des colonnes qui
forment un efpace tres- grand par où en
tre le jour , lequel produit des échape
mens de lumieres tres- bien entendus.
Entre les Arcades , il y a de grandes , colonnes
ifolées & des contrepilaftres , avec
leurs Piedeftaux & Entablemens , entre
lefquels font des Statues. Le Plafond eft
à compartimens , dans le gout antique
fort riche, lequel par la perfpective trompe
fi- bien les yeux , qu'il paroît de niveau
d'un bout à l'autre, Le tout enfemble
fait une fongueur confiderable
proportionnée à la hauteur , & forme
plan poffible pour l'execution réelle .
On voit au troifiéme Acte , un Antre
ou Souterrain affreux , dont le fond s'ouvrant
tout d'un coup , on découvre les
un
>
Enfers
NOVEMBRE. 1730. 2481.
Enfers ,formez par plufieurs tranfparans
& entremêlez de flâmes naturelles ; le
tout composé d'une maniere qu'il n'y a
aucun rifque pour le feu.. Les trois Eumenides
paroiffent au milieu des flames ;
ee moment eft furprenant & plein d'horreur.
Les Spectateurs en ont été frapez.
23
Le Tombeau du cinquième Acte, étoit
une grande Colonnade circulaire , percée
àjour , avec les entre colonnes fpacieufes
pour voir tout leTombeau dans le milieu ...
Une moitié du Tombeau étoit en Sculpture
de relief, & l'autre en plate peinture ,
mais toute deux liées avec un tel art, qu'ili
paroiffoit tout de ronde boffe , & forme:
piramidalement ; il commençoit par un
Socle au bas qui portoit un Piedeftal
avec un bas - relief à chaque côté du
Piedeſtal , où l'on voyoit des figures enchaînées
de ronde boffe , grandes comme
nature , & deux Lions couchez fur le
Piedestal , qui portoient le Maufolée ,
terminé par des Trophées d'armes &
furmonté par une Urne de Lapis , envi
ronnée d'unFefton , pittorefquement jetté
ainfi . que le refte ; tout le Tombeau étoit
de Marbre précieux , & de Bronze doré
ayant 15 pieds d'hauteur , fur ro de lar
geur par le bas. Tous ces Ouvrages font
de M. Servandoni , qui donne tous les
jours de nouvelles marques de fon habi
Teré Gx L'Opera
2482 MERCURE DE FRANCE
L'Opera de Thefée avoit été remis au
Théatre au mois de Decembre de l'année
derniere . La De le Maure chante le rôle
d'Eglé avec beaucoup d'aplaudiffement.
Le 12 , le fieur Dupré, cy- devant Danfeur
de la même Academie , qui avoit
quitté le Théatre en 1722. & que le Pu
blic regrettoit fort , reparut & danfa dans
le fecond & le troifiéme Acte du même
Opera , avec l'applaudiffement d'une tresnombreuſe
affemblée . Sa danfe eft noble
vive & légere, & il exprime parfaitement
les differens caracteres , animez & violens.
Il est arrivé depuis peu de Pologne . It
doit refter à Paris cet Hyver , & il danfera
à l'Opera pendant ce temps-là .
Le même jour , il y eut à l'Opera le Bal
public , que l'Academie donne tous les
ans à la S. Martin, & qu'on continuë pendant
differens jours juſqu'à l'Avent. On
le reprend ordinairement à la fête des
Rois.
, on reprit Thefée le jeudi 9 de ce
mois , en attendant Phaeton , qu'on prépare.
Au refte quoique cet Ouvrage n'ait
pas eu le fuccès qu'on en efperoit , il doit`
faire honneur au Poëte & au Muficien par
les beaux morceaux qu'on y trouve . Les
Déco-
G iiij
2480 MERCURE DE FRANCE
Décorations en ont été trouvées tres bekles
& tres- bien entenduës. Les habits en
font riches , bien caracteriſez & de bon
gout. Trois de ces décorations meritent
une attention particuliere . Celle du premier
Acte , qui fait un effet admirable
eft une Gallerie tres - vafte , d'ordre Ionique
, richement ornée , avec des Colonnes
& des Contrepilaftres en marbre compoſé.
Les ornemens en or , avec ftatues & basreliefs
. La Gallerie eft terminée par 10
Arcades fort exhauffées , cinq de chaque
côté , foûtenuës par des colonnes qui
forment un efpace tres- grand par où en
tre le jour , lequel produit des échape
mens de lumieres tres- bien entendus.
Entre les Arcades , il y a de grandes , colonnes
ifolées & des contrepilaftres , avec
leurs Piedeftaux & Entablemens , entre
lefquels font des Statues. Le Plafond eft
à compartimens , dans le gout antique
fort riche, lequel par la perfpective trompe
fi- bien les yeux , qu'il paroît de niveau
d'un bout à l'autre, Le tout enfemble
fait une fongueur confiderable
proportionnée à la hauteur , & forme
plan poffible pour l'execution réelle .
On voit au troifiéme Acte , un Antre
ou Souterrain affreux , dont le fond s'ouvrant
tout d'un coup , on découvre les
un
>
Enfers
NOVEMBRE. 1730. 2481.
Enfers ,formez par plufieurs tranfparans
& entremêlez de flâmes naturelles ; le
tout composé d'une maniere qu'il n'y a
aucun rifque pour le feu.. Les trois Eumenides
paroiffent au milieu des flames ;
ee moment eft furprenant & plein d'horreur.
Les Spectateurs en ont été frapez.
23
Le Tombeau du cinquième Acte, étoit
une grande Colonnade circulaire , percée
àjour , avec les entre colonnes fpacieufes
pour voir tout leTombeau dans le milieu ...
Une moitié du Tombeau étoit en Sculpture
de relief, & l'autre en plate peinture ,
mais toute deux liées avec un tel art, qu'ili
paroiffoit tout de ronde boffe , & forme:
piramidalement ; il commençoit par un
Socle au bas qui portoit un Piedeftal
avec un bas - relief à chaque côté du
Piedeſtal , où l'on voyoit des figures enchaînées
de ronde boffe , grandes comme
nature , & deux Lions couchez fur le
Piedestal , qui portoient le Maufolée ,
terminé par des Trophées d'armes &
furmonté par une Urne de Lapis , envi
ronnée d'unFefton , pittorefquement jetté
ainfi . que le refte ; tout le Tombeau étoit
de Marbre précieux , & de Bronze doré
ayant 15 pieds d'hauteur , fur ro de lar
geur par le bas. Tous ces Ouvrages font
de M. Servandoni , qui donne tous les
jours de nouvelles marques de fon habi
Teré Gx L'Opera
2482 MERCURE DE FRANCE
L'Opera de Thefée avoit été remis au
Théatre au mois de Decembre de l'année
derniere . La De le Maure chante le rôle
d'Eglé avec beaucoup d'aplaudiffement.
Le 12 , le fieur Dupré, cy- devant Danfeur
de la même Academie , qui avoit
quitté le Théatre en 1722. & que le Pu
blic regrettoit fort , reparut & danfa dans
le fecond & le troifiéme Acte du même
Opera , avec l'applaudiffement d'une tresnombreuſe
affemblée . Sa danfe eft noble
vive & légere, & il exprime parfaitement
les differens caracteres , animez & violens.
Il est arrivé depuis peu de Pologne . It
doit refter à Paris cet Hyver , & il danfera
à l'Opera pendant ce temps-là .
Le même jour , il y eut à l'Opera le Bal
public , que l'Academie donne tous les
ans à la S. Martin, & qu'on continuë pendant
differens jours juſqu'à l'Avent. On
le reprend ordinairement à la fête des
Rois.
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Résumé : Décorations, [titre d'après la table]
L'opéra mentionné a été représenté sept fois avant la reprise de 'Thésée' le 9 novembre. Malgré son manque de succès, il est apprécié pour ses beaux morceaux, ses décorations et ses costumes riches et bien caractérisés. Trois décorations sont particulièrement notables : celle du premier acte, représentant une galerie ornée de colonnes ioniques, d'ornements en or et de statues ; celle du troisième acte, montrant un antre avec des flammes naturelles et les Érinyes ; et celle du cinquième acte, un tombeau circulaire avec des sculptures en relief et des peintures formant une pyramide. Ces œuvres sont de M. Servandoni. 'Thésée' avait été remis au théâtre en décembre précédent. La De la Maure a interprété avec succès le rôle d'Églé. Le 12 novembre, le danseur Dupré est revenu et a dansé dans 'Thésée', recevant les applaudissements du public. Le même jour, le bal public annuel de l'Académie a eu lieu à l'Opéra.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 2935-2941
L'Opera Phaéton, Décorations, [titre d'après la table]
Début :
Le 29. Decembre le Roi honora de sa présence l'Opera de Phaëton, qui fut [...]
Mots clefs :
Décorations, Colonnes, Arcades, Soleil, Lumière, Galerie, Vestibules, Phaëton, Opéra
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texteReconnaissance textuelle : L'Opera Phaéton, Décorations, [titre d'après la table]
Le 29. Decembre le Roi honora de
fa préfence l'Opera de Phaeton , qui fut
executé dans fa plus grande perfection :
on danfa par extraordinaire à la fin dư
Divertiffement du quatriéme Acte le Pas
de Trois , dont on a déja parlé , exécuté
par les Srs Blondi , Dumoulin le jeune , &
la Dile Camargo . S. M. étoit placée dans
fa Loge, accompagnée des Ducs de Charoft
, de la Roche-Foucault & d'Harcourt;
les autres Loges du même côté étoient
occupées par les autres Seigneurs & Officiers
de fa Maiſon, H Nous
=
2936 MERCURE DE FRANCE
Nous avons affez parlé de cet Opera la
derniere fois qu'il fut remis au Théatre
au mois de Novembre 1721 , des paroles,
de la Muſique , du Ballet , des Habits &
des Décorations de ce tems- là , avec une
Deſcription particuliere de celle du Palais
du Soleil.
Dans cette repriſe les habits ſont très
magnifiques & très bien caracteriſés . Les
Balets,toujours compofés par le St Blondi,
font auffi ingénieux que variés.
Les principaux Danfeurs font les fieurs
Dumoulin , Dupré , Malterre & Laval ,
& la De Camargo en Egyptienne , termine
le Divertiffement du cinquième
Acte. Les principaux Rôles dans la Tragedie
de Lybie , de Theone & de Climene
font remplis par les Diles Antier , le
-Maure & Erremens ; ceux de Phaëton
d'Epaphus , de Protée & du Soleil fort
repréſentés par les fieurs Tribou , Chaſſe,
Dun & du Mas.
A l'égard des deux principales Décorations
dont nous avons à parler , celle
du fecond Acte repréfente une des Entrées
d'un Palais du Roy d'Egypte , d'ordre
Dorique. On y voit une grande Arcade
de chaque côté , aux côtez deſquelles
font deux Colonnes , dont l'entrecolonne
eft d'un Diametre & demi
felon l'ordre Dorique.
II. Vol. Après
DECEMBRE . 1730. 2937
Après les Arcades on voit un Veftibule
qui forme un quarré , fe reliant avec les
autres Colonnes . Ce Veftibule eft foutenu
par huit Colonnes , efpacées de 4
Diametres au milieu , & fur les côtez ,
d'un Diamétre & demi ; & fous le Veftibule
, de chaque côté , il y a deux autres
Arcades , comme les premieres , ayant
3 diametres de large , & 3 quarts de colonnes
& 8 diametres de haut.
Les Colonnes ont 2 pieds 3 pouces de
diametre ; elles pofent fur un Socle, font
canelées jufqu'au tiers , & font de marbre
d'Egypte , ainfi que la frife , les chapiteaux
, les bazes & les triglifles , faits en
confole , font de bronze , ainfi que le
refte des ornemens.
Ce Veftibule porte une grande Terraſſe
avec une Balustrade , qui fuppofe après
l'efcalier , conduire dans le reste du Palais
; & à travers le Veftibule , on voit
une continuation d'Arcades , portées
par des Colonnes qui ne fe voyent qu'obliquement.
L'habile Architecte fuppofe
par là y en avoir autant de l'autre côté
en fimetrie , & ce point de vûë qui eft
tres - pictorefque & tres- ingénieulement
imaginé , fait parfaitement l'effet qu'il
doit faire. L'air de grandeur & de noble
fimplicité de cette magnifique décoration
la font admirer par tous les Spectateurs
II. Vol.
inte-
Hij
2938 MERCURE DE FRANCE
intelligens. Elle eſt éclairée par une lumiere
douce qui donne le repos & le relief
convenable à toutes les parties. La
Perfpective & le Clair- obfcur y font employez
avec un art infini . On a remarqué,
Tans doute , que cette décoration fait un
parfait contraſte avec celle dont nous alfons
parler ; ce qui marque le génie &
l'habileté du fieur Servandoni , qui a fait
l'une & l'autre.
Le Palais du Soleil , au 4° Acte , eft tresélevé,
& ouvert en plufieurs endroits ; il
paroît à la vûë d'un vafte prodigieux par
la quantité des Colonnes & des Arcades
qui s'y trouvent , & qui fuppofent conduire
dans Pimmenfe étendue des nuages
qui paroiffent porter le Palais , & qui s'y
introduifent de toutes parts.
Le Thrône du Soleil eft placé au fond
d'une grande Galerie , ornée à droite &
à gauche d'une colonade d'ordre Compofite
, & entre les colonnes font de
grandes & magnifiques arcades .
Derriere le Thrône eft une Baluftrade
circulaire , à hauteur d'appui , au deffus
de laquelle ou voit plufieurs Divinitez
& grand nombre de Génies ; partie perfonnages
vivans , partie figures en relief,
imitant parfaitement le naturel.
Au delà de la Balustrade fe voyent
grandes Arcades , portées par des Co-
II.Vol
lonDECEMBRE
. 1730. 29 39
·
lonnes couplées , qui forment des ouvertures
pour
aller , par un plan de niveau
, derriere les colonnes de la Galerie,
& qui, font voir par la Perfpective un
magnifique Salon , formé par des Arcades
, foutenues par des Colonnes , de
même que la Galerie.
Vers le milieu de la Galerie , on commence
à monter au Thrône du Soleil ; on
y trouve une Baluftrade interrompuë au
milieu par trois marches , pour monter
fur un grand Palier , après lequel font
trois autres marches & un fecond Palier ,
par lequel on arrive par trois autres marches
circulaires au Thrône du Soleil. Ce
fecond Palier eft à niveau des bazes des
colonnes .
Toutes les colonnes font torfes , portées
par des piedeftaux compofez ; leurs chapiteaux
& entablemens font auffi compofez
pour placer les ornemens & les pierreries
dont ils font enrichis .
Le plafond de la Galerie eft en ceintre,
formé d'une colonne à l'autre , & enrichi
de feftons & autres ornemens . Entre
les travées font des ouvertures ovales
par où entrent les nuées , & aux bas côtez
du plafond , entre chaque colonne
il y a des médaillons , chacun reprefentant
quelque Attribut du Soleil .
>
Le Thrône eſt d'une forme prefque py.
II. Vol. Hij rami
2940 MERCURE DE FRANCE
ramidale & majeftueufe , il eft entouré
par derriere de rayons , formez avec du
tranfparent de gazes d'or , à travers lefquelles
on voit une lumiere fi vive & fi
brillante , que les yeux ont peine à en
foutenir l'éclat . Cette lumiere fort du
Thrône , & fe rependant de tous côtez ,
éclaire le Salon , la Galerie & tout le refte
de la Décoration , laquelle paroît fi chargée
d'or & de pierreries , de differentes
couleurs , comme Diamans , Rubis , Topafes
, Emeraudes , Perles , Lapis , &c.
qu'il eft impoffible d'imaginer quelque
chofe qui approche de fa richeſſe & de fa
fplendeur.
Ces Pierreries , qui font au nombre de
plus de 7000. & dont les plus petites
ont au moins un pouce & demi de diametre
, jettent à la lumiere un éclat & un
brillant prodigieux , tant par rapport à
leurs formes convexes , concaves & à facettes
, que par le grand poly & les cou
leurs tranfparentes qu'on leur a données.
Le public voit tous les jours avec beaucoup
de plaifir & de nouveaux applaudiffemens
, ce pompeux & refplandiffant
Spectacle , aujourd'hui le plus magnifique
de l'Europe ; le Roy qui a voulu
le voir, a témoigné publiquement en avoir
été tres fatisfait.
Le fieur Servandoni , Florentin , dont
II. Vol Dous
DECEMBRE. 1730. 2941
nous avons eu occaſion de parler tant de
fois , & dont nous avons donné des def
criptions des décorations qu'il a faites .
comme celle du Palais de Ninus , le Tem
ple de Minerve , les Champs élizées dans
Proferpine , la vafte Galerie dans Pyrrhus
la Calcade ou Torrent avec fluctuation ;
la chute du Nil , ou grande Cafcade ;
une Forêt , & c . & plufieurs autres Décorations
qui ont été generalement ap
plaudies & reconnues poffibles dans l'execation
réelle , felon les Regles de l'Architecture
. Il a fait auffi le Feu d'artifice
fur la Riviere,à l'occafion de la naiffance
de Monfeigneur le Dauphin ; les Plans &
Profils , pour bâtir l'Eglife des Grands
Auguftins ; pour un Arc de Triomphe à
la Porte de la Conference ; pour un nou
veau Théatre avec toutes fes dépendances
; le modele d'un Temple fait par
coupe de pierres , au nombre de plus de
fooo. toutes les parties le foutenant par
la coupe des pierres . Tous ces deffeins &
modeles qui lui ont été ordonnez par la
Cour , ont attiré chez lui grand nombre
de Seigneurs & de Curieux de diftinction,
qui l'ont honoré de leurs aplaudiffemens.
Il a fait encore au Château de Trenel
pour la Ducheffe d'Orleans plufieurs Ou
vrages que tous les Princes du Sang &
Seigneurs de la Cour ont vû avec une
finguliere fatisfaction .
fa préfence l'Opera de Phaeton , qui fut
executé dans fa plus grande perfection :
on danfa par extraordinaire à la fin dư
Divertiffement du quatriéme Acte le Pas
de Trois , dont on a déja parlé , exécuté
par les Srs Blondi , Dumoulin le jeune , &
la Dile Camargo . S. M. étoit placée dans
fa Loge, accompagnée des Ducs de Charoft
, de la Roche-Foucault & d'Harcourt;
les autres Loges du même côté étoient
occupées par les autres Seigneurs & Officiers
de fa Maiſon, H Nous
=
2936 MERCURE DE FRANCE
Nous avons affez parlé de cet Opera la
derniere fois qu'il fut remis au Théatre
au mois de Novembre 1721 , des paroles,
de la Muſique , du Ballet , des Habits &
des Décorations de ce tems- là , avec une
Deſcription particuliere de celle du Palais
du Soleil.
Dans cette repriſe les habits ſont très
magnifiques & très bien caracteriſés . Les
Balets,toujours compofés par le St Blondi,
font auffi ingénieux que variés.
Les principaux Danfeurs font les fieurs
Dumoulin , Dupré , Malterre & Laval ,
& la De Camargo en Egyptienne , termine
le Divertiffement du cinquième
Acte. Les principaux Rôles dans la Tragedie
de Lybie , de Theone & de Climene
font remplis par les Diles Antier , le
-Maure & Erremens ; ceux de Phaëton
d'Epaphus , de Protée & du Soleil fort
repréſentés par les fieurs Tribou , Chaſſe,
Dun & du Mas.
A l'égard des deux principales Décorations
dont nous avons à parler , celle
du fecond Acte repréfente une des Entrées
d'un Palais du Roy d'Egypte , d'ordre
Dorique. On y voit une grande Arcade
de chaque côté , aux côtez deſquelles
font deux Colonnes , dont l'entrecolonne
eft d'un Diametre & demi
felon l'ordre Dorique.
II. Vol. Après
DECEMBRE . 1730. 2937
Après les Arcades on voit un Veftibule
qui forme un quarré , fe reliant avec les
autres Colonnes . Ce Veftibule eft foutenu
par huit Colonnes , efpacées de 4
Diametres au milieu , & fur les côtez ,
d'un Diamétre & demi ; & fous le Veftibule
, de chaque côté , il y a deux autres
Arcades , comme les premieres , ayant
3 diametres de large , & 3 quarts de colonnes
& 8 diametres de haut.
Les Colonnes ont 2 pieds 3 pouces de
diametre ; elles pofent fur un Socle, font
canelées jufqu'au tiers , & font de marbre
d'Egypte , ainfi que la frife , les chapiteaux
, les bazes & les triglifles , faits en
confole , font de bronze , ainfi que le
refte des ornemens.
Ce Veftibule porte une grande Terraſſe
avec une Balustrade , qui fuppofe après
l'efcalier , conduire dans le reste du Palais
; & à travers le Veftibule , on voit
une continuation d'Arcades , portées
par des Colonnes qui ne fe voyent qu'obliquement.
L'habile Architecte fuppofe
par là y en avoir autant de l'autre côté
en fimetrie , & ce point de vûë qui eft
tres - pictorefque & tres- ingénieulement
imaginé , fait parfaitement l'effet qu'il
doit faire. L'air de grandeur & de noble
fimplicité de cette magnifique décoration
la font admirer par tous les Spectateurs
II. Vol.
inte-
Hij
2938 MERCURE DE FRANCE
intelligens. Elle eſt éclairée par une lumiere
douce qui donne le repos & le relief
convenable à toutes les parties. La
Perfpective & le Clair- obfcur y font employez
avec un art infini . On a remarqué,
Tans doute , que cette décoration fait un
parfait contraſte avec celle dont nous alfons
parler ; ce qui marque le génie &
l'habileté du fieur Servandoni , qui a fait
l'une & l'autre.
Le Palais du Soleil , au 4° Acte , eft tresélevé,
& ouvert en plufieurs endroits ; il
paroît à la vûë d'un vafte prodigieux par
la quantité des Colonnes & des Arcades
qui s'y trouvent , & qui fuppofent conduire
dans Pimmenfe étendue des nuages
qui paroiffent porter le Palais , & qui s'y
introduifent de toutes parts.
Le Thrône du Soleil eft placé au fond
d'une grande Galerie , ornée à droite &
à gauche d'une colonade d'ordre Compofite
, & entre les colonnes font de
grandes & magnifiques arcades .
Derriere le Thrône eft une Baluftrade
circulaire , à hauteur d'appui , au deffus
de laquelle ou voit plufieurs Divinitez
& grand nombre de Génies ; partie perfonnages
vivans , partie figures en relief,
imitant parfaitement le naturel.
Au delà de la Balustrade fe voyent
grandes Arcades , portées par des Co-
II.Vol
lonDECEMBRE
. 1730. 29 39
·
lonnes couplées , qui forment des ouvertures
pour
aller , par un plan de niveau
, derriere les colonnes de la Galerie,
& qui, font voir par la Perfpective un
magnifique Salon , formé par des Arcades
, foutenues par des Colonnes , de
même que la Galerie.
Vers le milieu de la Galerie , on commence
à monter au Thrône du Soleil ; on
y trouve une Baluftrade interrompuë au
milieu par trois marches , pour monter
fur un grand Palier , après lequel font
trois autres marches & un fecond Palier ,
par lequel on arrive par trois autres marches
circulaires au Thrône du Soleil. Ce
fecond Palier eft à niveau des bazes des
colonnes .
Toutes les colonnes font torfes , portées
par des piedeftaux compofez ; leurs chapiteaux
& entablemens font auffi compofez
pour placer les ornemens & les pierreries
dont ils font enrichis .
Le plafond de la Galerie eft en ceintre,
formé d'une colonne à l'autre , & enrichi
de feftons & autres ornemens . Entre
les travées font des ouvertures ovales
par où entrent les nuées , & aux bas côtez
du plafond , entre chaque colonne
il y a des médaillons , chacun reprefentant
quelque Attribut du Soleil .
>
Le Thrône eſt d'une forme prefque py.
II. Vol. Hij rami
2940 MERCURE DE FRANCE
ramidale & majeftueufe , il eft entouré
par derriere de rayons , formez avec du
tranfparent de gazes d'or , à travers lefquelles
on voit une lumiere fi vive & fi
brillante , que les yeux ont peine à en
foutenir l'éclat . Cette lumiere fort du
Thrône , & fe rependant de tous côtez ,
éclaire le Salon , la Galerie & tout le refte
de la Décoration , laquelle paroît fi chargée
d'or & de pierreries , de differentes
couleurs , comme Diamans , Rubis , Topafes
, Emeraudes , Perles , Lapis , &c.
qu'il eft impoffible d'imaginer quelque
chofe qui approche de fa richeſſe & de fa
fplendeur.
Ces Pierreries , qui font au nombre de
plus de 7000. & dont les plus petites
ont au moins un pouce & demi de diametre
, jettent à la lumiere un éclat & un
brillant prodigieux , tant par rapport à
leurs formes convexes , concaves & à facettes
, que par le grand poly & les cou
leurs tranfparentes qu'on leur a données.
Le public voit tous les jours avec beaucoup
de plaifir & de nouveaux applaudiffemens
, ce pompeux & refplandiffant
Spectacle , aujourd'hui le plus magnifique
de l'Europe ; le Roy qui a voulu
le voir, a témoigné publiquement en avoir
été tres fatisfait.
Le fieur Servandoni , Florentin , dont
II. Vol Dous
DECEMBRE. 1730. 2941
nous avons eu occaſion de parler tant de
fois , & dont nous avons donné des def
criptions des décorations qu'il a faites .
comme celle du Palais de Ninus , le Tem
ple de Minerve , les Champs élizées dans
Proferpine , la vafte Galerie dans Pyrrhus
la Calcade ou Torrent avec fluctuation ;
la chute du Nil , ou grande Cafcade ;
une Forêt , & c . & plufieurs autres Décorations
qui ont été generalement ap
plaudies & reconnues poffibles dans l'execation
réelle , felon les Regles de l'Architecture
. Il a fait auffi le Feu d'artifice
fur la Riviere,à l'occafion de la naiffance
de Monfeigneur le Dauphin ; les Plans &
Profils , pour bâtir l'Eglife des Grands
Auguftins ; pour un Arc de Triomphe à
la Porte de la Conference ; pour un nou
veau Théatre avec toutes fes dépendances
; le modele d'un Temple fait par
coupe de pierres , au nombre de plus de
fooo. toutes les parties le foutenant par
la coupe des pierres . Tous ces deffeins &
modeles qui lui ont été ordonnez par la
Cour , ont attiré chez lui grand nombre
de Seigneurs & de Curieux de diftinction,
qui l'ont honoré de leurs aplaudiffemens.
Il a fait encore au Château de Trenel
pour la Ducheffe d'Orleans plufieurs Ou
vrages que tous les Princes du Sang &
Seigneurs de la Cour ont vû avec une
finguliere fatisfaction .
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Résumé : L'Opera Phaéton, Décorations, [titre d'après la table]
Le 29 décembre, le roi assista à la représentation de l'opéra 'Phaéton', exécuté avec une grande perfection. À la fin du quatrième acte, un 'Pas de Trois' fut dansé par Blondi, Dumoulin le jeune et la dame Camargo. Le roi était accompagné des ducs de Charost, de la Roche-Foucault et d'Harcourt, tandis que les autres loges étaient occupées par divers seigneurs et officiers de la maison royale. L'opéra 'Phaéton' avait déjà été repris en novembre 1721, avec des descriptions détaillées des paroles, de la musique, du ballet, des habits et des décorations. Les habits étaient magnifiques et bien caractérisés. Les ballets, composés par Blondi, étaient ingénieux et variés. Les principaux danseurs incluaient Dumoulin, Dupré, Malterre, Laval et la dame Camargo, qui dansait le rôle d'une Égyptienne. Dans la tragédie de 'Lybie', les rôles principaux étaient interprétés par les dames Antier, le Maure et Erremens, et les sieurs Tribou, Chasse, Dun et du Mas. Les décorations étaient particulièrement remarquables. Le second acte représentait une entrée d'un palais du roi d'Égypte d'ordre dorique, avec des arcades et des colonnes en marbre d'Égypte, éclairées par une lumière douce. Le palais du Soleil, au quatrième acte, était très élevé et ouvert, avec de nombreuses colonnes et arcades. Le trône du Soleil, placé au fond d'une grande galerie, était entouré de colonnes composites et d'arcades magnifiques. La galerie menait à un salon formé par des arcades et des colonnes, avec un plafond en voûte enrichi de festons et d'ornements. Le trône avait une forme pyramidale et majestueuse, entouré de rayons transparents diffusant une lumière vive. La décoration était riche en or et en pierreries, au nombre de plus de 7000, jetant un éclat prodigieux. Le public applaudit ce spectacle magnifique, et le roi témoigna publiquement sa satisfaction. L'architecte Servandoni, Florentin, était reconnu pour ses nombreuses décorations applaudies et ses réalisations architecturales, telles que le feu d'artifice pour la naissance du Dauphin, les plans pour l'église des Grands Augustins, et divers ouvrages au château de Trianon pour la duchesse d'Orléans.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 306-311
Le Brutus, Tragédie, [titre d'après la table]
Début :
LE BRUTUS de M. de Voltaire, avec un Discours sur la Tragedie. A Paris, [...]
Mots clefs :
Brutus , Voltaire, Tragédie, Versification, Rime, Théâtre, Milord Bolingbroke, Comédie, Décorations, Acteurs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Le Brutus, Tragédie, [titre d'après la table]
LE BRUTUS de M. de Voltaire , avec
un Discours sur la Tragedie. A Paris ;
ruë S. Jacques , chez J. F. Fosse , 1731 .
in 8. de 110. pages , sans le Discours qui
en contient 29 .
Comme nous avons déja assez parlé de
cette Piece et de ses Représentations ,
nous n'en dirons rien davantage. Mais
nos Lecteurs y perdroient trop si nous
ne disions rien du Discours qu'on lit avec
autant d'avidité que de plaisir. Nous en
allons rapporter quelques traits , et à cette
occasion nous rapporterons aussi quelques
fragmens d'une ancienne Tragédie
qui a assez de rapport à celle de Brutus .
Ce Discours est adressé à Milord Bolinbrook.
M. de Voltaire , après s'être
plaint de la difficulté de notre Versifi
cation , de sa séverité , de l'esclavage de
la rime et de la liberté qu'on a sur les
Théatres d'Italie et d'Angleterre , et de
la tentative qu'on a faite ici de donner
des Tragédies en Prose, il s'exprime ainsi :
» Il y a grande apparence qu'il faudra
» toujours des Vers sur tous les Théatres
» Tragiques , et de plus toujours des Rimes
FEVRIER. 1731. 307
»mes sur le nôtre . C'est même à cette
» contrainte de la Rime et à cette severité
>> extrême de notre versification que nous
>> devons ces excellens Ouvrages que nous
>> avons dans notre Langue.
>> Nous voulons que la Rime ne coûte
jamais rien aux pensées,qu'elle ne soit ni
» triviale , ni trop recherchée , nous exi-
» geons rigoureusement dans un Vers la
» même pureté , la même exactitude que
» dans la Prose. Nous ne permettons pas la
» moindre licence , nous demandons qu'un
»Auteur porte sans discontinuer toutes ces
» chaînes et cependant qu'il paroisse
»toujours libre , et nous ne reconnois-
» sons pour Poëtes que ceux qui ont rem
» pli toutes ces conditions .
>
>>Voilà pourquoi il est plus aisé de faire-
"cent Vers en toute autre Langue , que
quatre Vers en François , &c .
,
» Je sçai combien de disputes j'ai es
suyées sur notre Versification en Angleterre
et quels reproches me fair
» souvent le sçavant Evêque de Rochester,
» sur cette contrainte puerile qu'il pré-
» tend que nous nous imposons de gayeté
de coeur. Mais soyez persuadé , Milord ,
que plus un Etranger connoîtra notre
» Langue , et plus il se réconciliera avec:
» cette Rime qui l'effraye d'abord. Nonseulement
elle est nécessaire à notre
E vj » Tran
ן כ
308 MERCURE DE FRANCE
ง
» Tragédie , mais elle embellit nos Co
» médies même. Un bon mot en Vers en
» est retenu plus aisément , les Portraits de
>> la vie humaine seront toujours plus frap-
20 pants en Vers qu'en Prose , et qui dit
» Vers François , dit necessairement des
» Vers rimez ; en un mot , nous avons
» des Comédies en Prose du celebre Moliere
, que l'on a été obligé de mettre
en Vers après sa mort , et qui ne sont
plus jouées que de cette nouvelle mas
>> niere .
»
» Ne pouvant , Milord , hazarder sug
» le Théatre François des Vers non-rimez,
>> tels qu'ils sont en usage en Italie et en
Angleterre , j'aurois du moins voulu
>> transporter sur notre Scene certaines
» beautez de la vôtre. Il est vrai , et je
» l'avoue , que le Théatre Anglois est bien
» défectueux; j'ai entendu de votre bou-
>> che , que vous n'aviez pas une bonne-
20
Tragédie ; mais en récompense dans ces
» Pieces si monstrueuses , vous avez des
» Scenes admirables. Il a manqué jusqu'à
» present et à presque tous les Auteurs
» Tragiques de votre Nation , cette pu-
» reté , cette conduite réguliere , ces bienséances
de l'action et du stile , cettę
élegance et toutes ce , finesses de l'Art,
qui ont établi la réputation du Théatre
François depuis le grand Corneille. Mais
VOS
FEVRIER. 1731. ༢༠༡
vos Pieces les plus irregulieres ont un
» grand mérite ; c'est celui de l'action .
» Nous avons en France des Tragédies
estimées qui sont plutôt des conversa-
" tions qu'elles ne sont la représentation
» d'un évenement . Un Auteur Italien m'é-
» crivoit dans une Lettre sur les Théatres
" Un Critico del nostro Pastor filo , disse
» che quel componimento era un riassunto di
» bellissimi Madrigali , credo se vivesse
» che direbbe delle Tragedie Francesi , che
» sono un riassunto di belle Elegie et sontuosi
Epitalami & c..
A la dixiéme page , M. de Voltaire se
plaint avec raison du défaut du Théatre ·
François. » L'endroit où l'on joue la Comédie
, dit- il , et les abus qui s'y sont
» glissés sont encore une cause de cette
».secheresse qu'on peut reprocher à quel-
>> ques- unes de nos Piéces. Les bancs qui
» sont sur le Théatre destinés aux spec-
» tateurs retrécissent la scene et rendent
» toute action presque impraticable. Ce
» défaut est cause que les décorations tant
>> recommandées par les Anciens sont ra-
>> rement convenables à laPiéce. Il empêche
» sur tout que les Acteurs ne passent d'un
» appartement dans un autre aux yeux
des spectateurs , comme les Grecs et les
» Romains le pratiquoient sagement pour
conserver à la fois l'unité de lieu et la
vraisemblance & c.. Mais
fro MERCURE DE FRANCE
Mais si les Grecs et vous , vous passez
» les bornes de la bienséance , et si sur-
» tout les Anglois ont donné des specta-
» cles effroyables , voulant en donner de
>>> terribles , nous autres françois aussi
>> scrupuleux que vous avés été témeraires ,
>> nous nous arrêtons trop de peur de nous
» emporter , et quelquefois nous n'arri-
» vons pas au tragique , dans la crainte
» d'en passer les bornes & c.
L'amour dans une Tragédie n'est pas
» plus un défaut essentiel que dans l'E-
» néïde ; il n'est à reprendre que quand
» il est amené mal à propos ou traité sans
art.
39. Les Grecs ont rarement hazardé cette –
» passion sur le Théatre d'Athénes , pre-
>> mierement , parceque leurs Tragédies
» n'ayant roulé d'abord que sur des su-
» jets terribles , l'esprit des spectateurs
» étoit plié à ce genre de spectacles ; se-
» condement , parceque les femmes me
>> noient une vie infiniment plus retirée
» que les nôtres , et qu'ainsi le langage
» de l'amour n'étant pas comme aujour-
» d'hui le sujet de toutes les conversations ,
» les Poëtes en étoient moins invités à
» traiter cette passion , qui de toutes est
» la plus difficile à représenter , par les
» ménagemens infinis qu'elle demande.
Une troisiéme raison qui me paroît
assez
FEVRIER. 1731. 3rr
» assez forte , c'est que l'on n'avoit point
» de Comédienne ; les Rôles de femme
» étoient joués par des hommes masqués .
» Il semble que l'amour eut été ridicule
» dans leur bouche.
D C'est tout le contraire à Londres et
» à Paris , et il faut avouer que les Auteurs
» n'auroient gueres entendu leurs interêts ,
» ni connu leur auditoire , s'ils n'avoient
» jamais fait parler les Oldfield , ou les
» Duclos et les Lecouvreur, que d'ambition
> et de politique.
A
Mais pour terminer cet Extrait quenous
abrégeons à regret , finissons le par
ce trait. Pour que l'amour soit digne
» du Théatre Tragique , dit l'Auteur , il
» faut qu'il soit le noeud necessaire de las
» Piéce , et non qu'il soit amené par force
» pour remplir le vuide de vos Tragédies.
» et des nôtres qui sont toutes trop lon
gues , il faut que ce soit une passion ve-
>> ritablement Tragique , regardée comme
» une foiblesse , et combatuë des repar
mords ; il faut ou que l'amour conduise
» aux malheurs et aux crimes , pour faire
» voir combien il est dangereux , ou que
» la vertu en triomphe , pour montrer
ל כ
qu'elle n'est pas invincible , sans cela
» ce n'est plus qu'un amour d'Eglogue
» ou de Comédie.
un Discours sur la Tragedie. A Paris ;
ruë S. Jacques , chez J. F. Fosse , 1731 .
in 8. de 110. pages , sans le Discours qui
en contient 29 .
Comme nous avons déja assez parlé de
cette Piece et de ses Représentations ,
nous n'en dirons rien davantage. Mais
nos Lecteurs y perdroient trop si nous
ne disions rien du Discours qu'on lit avec
autant d'avidité que de plaisir. Nous en
allons rapporter quelques traits , et à cette
occasion nous rapporterons aussi quelques
fragmens d'une ancienne Tragédie
qui a assez de rapport à celle de Brutus .
Ce Discours est adressé à Milord Bolinbrook.
M. de Voltaire , après s'être
plaint de la difficulté de notre Versifi
cation , de sa séverité , de l'esclavage de
la rime et de la liberté qu'on a sur les
Théatres d'Italie et d'Angleterre , et de
la tentative qu'on a faite ici de donner
des Tragédies en Prose, il s'exprime ainsi :
» Il y a grande apparence qu'il faudra
» toujours des Vers sur tous les Théatres
» Tragiques , et de plus toujours des Rimes
FEVRIER. 1731. 307
»mes sur le nôtre . C'est même à cette
» contrainte de la Rime et à cette severité
>> extrême de notre versification que nous
>> devons ces excellens Ouvrages que nous
>> avons dans notre Langue.
>> Nous voulons que la Rime ne coûte
jamais rien aux pensées,qu'elle ne soit ni
» triviale , ni trop recherchée , nous exi-
» geons rigoureusement dans un Vers la
» même pureté , la même exactitude que
» dans la Prose. Nous ne permettons pas la
» moindre licence , nous demandons qu'un
»Auteur porte sans discontinuer toutes ces
» chaînes et cependant qu'il paroisse
»toujours libre , et nous ne reconnois-
» sons pour Poëtes que ceux qui ont rem
» pli toutes ces conditions .
>
>>Voilà pourquoi il est plus aisé de faire-
"cent Vers en toute autre Langue , que
quatre Vers en François , &c .
,
» Je sçai combien de disputes j'ai es
suyées sur notre Versification en Angleterre
et quels reproches me fair
» souvent le sçavant Evêque de Rochester,
» sur cette contrainte puerile qu'il pré-
» tend que nous nous imposons de gayeté
de coeur. Mais soyez persuadé , Milord ,
que plus un Etranger connoîtra notre
» Langue , et plus il se réconciliera avec:
» cette Rime qui l'effraye d'abord. Nonseulement
elle est nécessaire à notre
E vj » Tran
ן כ
308 MERCURE DE FRANCE
ง
» Tragédie , mais elle embellit nos Co
» médies même. Un bon mot en Vers en
» est retenu plus aisément , les Portraits de
>> la vie humaine seront toujours plus frap-
20 pants en Vers qu'en Prose , et qui dit
» Vers François , dit necessairement des
» Vers rimez ; en un mot , nous avons
» des Comédies en Prose du celebre Moliere
, que l'on a été obligé de mettre
en Vers après sa mort , et qui ne sont
plus jouées que de cette nouvelle mas
>> niere .
»
» Ne pouvant , Milord , hazarder sug
» le Théatre François des Vers non-rimez,
>> tels qu'ils sont en usage en Italie et en
Angleterre , j'aurois du moins voulu
>> transporter sur notre Scene certaines
» beautez de la vôtre. Il est vrai , et je
» l'avoue , que le Théatre Anglois est bien
» défectueux; j'ai entendu de votre bou-
>> che , que vous n'aviez pas une bonne-
20
Tragédie ; mais en récompense dans ces
» Pieces si monstrueuses , vous avez des
» Scenes admirables. Il a manqué jusqu'à
» present et à presque tous les Auteurs
» Tragiques de votre Nation , cette pu-
» reté , cette conduite réguliere , ces bienséances
de l'action et du stile , cettę
élegance et toutes ce , finesses de l'Art,
qui ont établi la réputation du Théatre
François depuis le grand Corneille. Mais
VOS
FEVRIER. 1731. ༢༠༡
vos Pieces les plus irregulieres ont un
» grand mérite ; c'est celui de l'action .
» Nous avons en France des Tragédies
estimées qui sont plutôt des conversa-
" tions qu'elles ne sont la représentation
» d'un évenement . Un Auteur Italien m'é-
» crivoit dans une Lettre sur les Théatres
" Un Critico del nostro Pastor filo , disse
» che quel componimento era un riassunto di
» bellissimi Madrigali , credo se vivesse
» che direbbe delle Tragedie Francesi , che
» sono un riassunto di belle Elegie et sontuosi
Epitalami & c..
A la dixiéme page , M. de Voltaire se
plaint avec raison du défaut du Théatre ·
François. » L'endroit où l'on joue la Comédie
, dit- il , et les abus qui s'y sont
» glissés sont encore une cause de cette
».secheresse qu'on peut reprocher à quel-
>> ques- unes de nos Piéces. Les bancs qui
» sont sur le Théatre destinés aux spec-
» tateurs retrécissent la scene et rendent
» toute action presque impraticable. Ce
» défaut est cause que les décorations tant
>> recommandées par les Anciens sont ra-
>> rement convenables à laPiéce. Il empêche
» sur tout que les Acteurs ne passent d'un
» appartement dans un autre aux yeux
des spectateurs , comme les Grecs et les
» Romains le pratiquoient sagement pour
conserver à la fois l'unité de lieu et la
vraisemblance & c.. Mais
fro MERCURE DE FRANCE
Mais si les Grecs et vous , vous passez
» les bornes de la bienséance , et si sur-
» tout les Anglois ont donné des specta-
» cles effroyables , voulant en donner de
>>> terribles , nous autres françois aussi
>> scrupuleux que vous avés été témeraires ,
>> nous nous arrêtons trop de peur de nous
» emporter , et quelquefois nous n'arri-
» vons pas au tragique , dans la crainte
» d'en passer les bornes & c.
L'amour dans une Tragédie n'est pas
» plus un défaut essentiel que dans l'E-
» néïde ; il n'est à reprendre que quand
» il est amené mal à propos ou traité sans
art.
39. Les Grecs ont rarement hazardé cette –
» passion sur le Théatre d'Athénes , pre-
>> mierement , parceque leurs Tragédies
» n'ayant roulé d'abord que sur des su-
» jets terribles , l'esprit des spectateurs
» étoit plié à ce genre de spectacles ; se-
» condement , parceque les femmes me
>> noient une vie infiniment plus retirée
» que les nôtres , et qu'ainsi le langage
» de l'amour n'étant pas comme aujour-
» d'hui le sujet de toutes les conversations ,
» les Poëtes en étoient moins invités à
» traiter cette passion , qui de toutes est
» la plus difficile à représenter , par les
» ménagemens infinis qu'elle demande.
Une troisiéme raison qui me paroît
assez
FEVRIER. 1731. 3rr
» assez forte , c'est que l'on n'avoit point
» de Comédienne ; les Rôles de femme
» étoient joués par des hommes masqués .
» Il semble que l'amour eut été ridicule
» dans leur bouche.
D C'est tout le contraire à Londres et
» à Paris , et il faut avouer que les Auteurs
» n'auroient gueres entendu leurs interêts ,
» ni connu leur auditoire , s'ils n'avoient
» jamais fait parler les Oldfield , ou les
» Duclos et les Lecouvreur, que d'ambition
> et de politique.
A
Mais pour terminer cet Extrait quenous
abrégeons à regret , finissons le par
ce trait. Pour que l'amour soit digne
» du Théatre Tragique , dit l'Auteur , il
» faut qu'il soit le noeud necessaire de las
» Piéce , et non qu'il soit amené par force
» pour remplir le vuide de vos Tragédies.
» et des nôtres qui sont toutes trop lon
gues , il faut que ce soit une passion ve-
>> ritablement Tragique , regardée comme
» une foiblesse , et combatuë des repar
mords ; il faut ou que l'amour conduise
» aux malheurs et aux crimes , pour faire
» voir combien il est dangereux , ou que
» la vertu en triomphe , pour montrer
ל כ
qu'elle n'est pas invincible , sans cela
» ce n'est plus qu'un amour d'Eglogue
» ou de Comédie.
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Résumé : Le Brutus, Tragédie, [titre d'après la table]
Le texte présente une édition de la tragédie 'Brutus' de Voltaire, publiée à Paris en 1731, accompagnée d'un discours sur la tragédie. Ce discours est adressé à Milord Bolinbrook et traite des contraintes et des mérites de la versification française. Voltaire souligne la difficulté et la rigueur de la rime en français, mais aussi la qualité des œuvres littéraires qu'elle permet de produire. Il compare les théâtres français, anglais et italiens, notant que les pièces françaises sont souvent plus régulières et élégantes, mais manquent parfois d'action vive. Il critique également les conditions matérielles des théâtres français, qui restreignent les décors et les mouvements des acteurs. Voltaire aborde aussi la question de l'amour dans la tragédie, soulignant que cette passion doit être traitée avec art et pertinence pour être digne du théâtre tragique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 2883-2893
Isis, Tragédie, Extrait, [titre d'après la table]
Début :
Le 14 Décembre l'Académie Royale de Musique remit au Théatre la Tragédie [...]
Mots clefs :
Académie royale de musique, Tragédie, Isis, Opéra, Théâtre, Décorations, Habits
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Isis, Tragédie, Extrait, [titre d'après la table]
Le 14 Décembre l'Académie Royale de
Musique remitau Théatre la Tragédie d'Isis. La grande réputation de Mrs de Lully
et Quinault , Auteurs de cet Opéra , en
doivent toujours garantir le succès ; le
II. Vol.
Gv Public
2884 MERCURE DE FRANCE
Public l'a revûë avec beaucoup de satisfaction.
Le Théatre représente au Prologue le
Palais de la Renommée ; la suite de cette
Déesse à cent voix , chante cés Vers :
Publions en tous lieux ,
Du plus grand des Heros la valeur triom
phante ;
Que la Terre et les Cieux
Retentissent du bruit de sa gloire éclatante.
La Renommée anime sa suite à chanter
le Heros de la France , et s'exprime
ainsi :
C'est lui dont les Dieux ont fait choix ,
Pour faire le bonheur de l'Empire François ;
En vain pourle troubler tout s'unit , tout cons
pire s
C'est en vain que l'envie a ligué tant de Rois ;
Heureux l'Empire
Qui suit ses loix !
Neptune ,
annoncé par les Tritons
vient au Palais de la Renommée , et dit
à la gloire du Heros qu'on celébre :
Mon Empire a servi de Théatre à la Guerre ;
Publiez des Exploits nouveaux;
II. Vol C'est
DECEMBRE. 1732. 2885
C'est le même Vainqueur si fameux sur là terre ,
Qui triomphe encor sur les eaux.
La Renommée chante avec Neptune
ces quatre Vers :
Celebrez
Celebrons son grand nom sur la Terre et sus
l'Onde
Qu'il ne soit pas borné par les plus vastes
Mers ,
Qu'il vole jusqu'au bout du monde ;
Qu'il dure autant que l'Univers.
Apollon , les Muses et les beaux Arts
viennent se joindre à cette Fête , et se
préparent à aller faire entendre leurs
chants dans une auguste Cour. La Renommée finit le Prologue par ces Vers à
la gloire du Vainqueur :
Ennemis de la paix , tremblez :
Vous le verrez bien-tôt courir à la victoire :
Vos efforts redoublés
Ne serviront qu'à redoubler sa gloire.
Ce Prologue a été très- applaudi ; la
Dile Antier qui le commence et qui le fi.
nit , n'y a pas peu contribué.
Au premier Acte le Théatre représente
de riantes Prairies , où le Fleuve Inachus
II. Vol. G vj ser-
2886 MERCURE DE FRANCE
serpente. Hierax , frere d'Argus et Amant
d'Io , fille d'Inachus , se plaint de l'inconstance de sa Maitresse. Pirante , son
ami , paroît surpris de sa tristesse , dans
le temps qu'il va posseder l'objet de son
amour ; Hierax lui répond :
L'inconstante n'a plus l'empressement extrême ,
De cet amour naissant qui répondoit au mien ;
Son changement paroît en dépit d'elle- même ;
Je ne le connoîs que trop bien ;
Sa bouche quelquefois dit encor qu'elle m'aime ;
Mais son cœur ni ses yeux ne m'en disent plus
rien.
Dans la suite de cette Scene , qui est
sans contredit la plus belle de la Piece ,
le même Hierax s'exprime ainsi :
Ce fut dans ces Vallons , où par mille détours ,
Inachus prend plaisir à prolonger son cours ;
Ce fut sur son charmant Rivage ,
Que sa fille volage ,
Me promit de m'aimer toûjours :
Le Zéphir fut témoin , l'Onde fut attentive ,
Quand la Nymphe jurâ de ne changer jamais ;
Mais le Zéphir leger et l'Onde fugitive ,
Ont enfin emporté les sermens qu'elle a faits.
Io se deffend le mieux qu'elle peut de
ΙΙ. vol. l'in-
DECEMBRE. 1732 2887
l'inconstance qu'Hierax lui reproche , elle
le prie de differer son Hymen de quelques jours , attendu un songe qu'elle a
fait ; elle ajoûte qu'il n'a point à se plaindre de quelque préference , puisqu'aucun
de ses Rivaux ne l'emporte sur lui , il
lui répond tendrement :
Le mal de mes Rivaux, n'égale point ma peine ;
La douce illusion d'une esperance vaïne ,
Ne les fait point tomber du faîte du bonheur.
Aucun d'eux, comme moi, n'a perdu votre cœur
Commeeux, à votre humeur sévere ,
Je ne suis point accoûtumé ,
Quel tourment de cesser de plaire ,
Lorsqu'on a fait l'essai du plaisir d'être aimé!
Hierax quitte Io , pour lui épargner
un fâcheux entretien ; lo dissimule moins
en parlant à Mycene , sa Confidente ; elle
lui avoue qu'Hierax se plaint avec justice;
puisque Jupiter est son Rival ; elle ajoûte
qu'elle se deffend autant qu'elle peut contre l'amour du plus grand des Dieux.
Mycene quitte la place à Mercure , qui
descend et qui annonce aux Peuples queJupiter vient les rendre heureux ; il parle un
autre langage à Io, à qui il fait tout l'honneur de la prochaine arrivée de Jupiter ;
la Nymphe tâche encore de se deffendre
f II. Fol
2888 MERCURE DE FRANCE
en faveur d'Hierax. Jupiter descend des
Cieux les Peuples s'assemblent pour lui
témoigner leur reconnoissance , &c. Cette
Fête finit le premier Acte.
Au second Acte , le Théatre est obscurci par des nuages qui l'environnent
de tous côtez ; lo ne sçait à quoi attri♣
buer cet évenement ; Jupiter la vient
rassurer , et lui dit et lui dit que c'est pour trom- per les yeux jaloux de Junon , qu'un nuage l'environne ; il la presse de répondre
son amour , elle ne fait que peu de
résistance , et n'a plus d'autre recours que
la fuite.
Mercure vient avertir Jupiter du danger qui menace ses nouvelles amours ; il
lui dit qu'il vient de voir Iris , et que
sans doute Junon n'est pas loin. Jupiter
allarmé , lui dit d'amuser Iris , et va pourvoir à la seureté d'Io.
La Scene entre Mercure et Iris est
très-legerement écrite , c'est la derniere.
dans ce goût badin que Quinault ait osé
mettre dans ses Tragédies Lyriques ; il
a bien senti que cette sorte de Comique
y étoit déplacée. Rien n'est plus élegant
que la Scene qui suit le Dialogue de Mercure et d'Iris , elle est entre Junon
et Iris ; en voici deux fragmens : c'est
Junon qui Parle de Jupiter.
II- Vol. Nos;
DECEMBRE. 1732. 2889
Non, non; je ne suis point une crédule Epouse,
Qu'on puisse tromper aisément ;
Voyons qui feindra mieux de Jupiter Amant,
Ou de Junon jalouse ,
Il est Maître des Cieux , la Terre suit sa loi
Sous sa toute-puissance, il faut que tout échisse
Mais puisqu'il ne prétend s'armer que d'artifice ,
Tout Jupiter qu'il est , il est moins fort que
inoi , &c. ...
L'Amour , cet amour infidelle ,
Qui du plus haut des Cieux l'appelle ,
Fait que tout lui rit- ici bas ;
Près d'une Maitresse nouvelle .
1
Dans le fond des Deserts , on trouve des appas
Et le Ciel même ne plaît pas ,
Avec une Epouse immortelle.
Quoique les Vers cités jusqu'ici , soient
les plus beaux de la Piece , nous en aurions encore à inserer dans cet Extrait ,
qui satisferoient la curiosité du Lecteurs
mais pour éviter la prolixité sur un Opera
fort connu, hous nous contenterons de
suivre l'action théatrale.
Jupiter arrive ; il demande à Junon
quel dessin l'appelle en ces lieux , attendu qu'elle devoit se rendre dans les
Jardins d'Hébé , pour embellir sa Cour
d'une nouvelle Nymphe ; Junon lui as11. Vol sure
2890 MERCURE DE FRANCE
sure qu'elle ne le suivra pas plus loin ,
et qu'elle vient lui demander une nouvelle marque.de son amour. Jupiter lui
promet de lui tout accorder , elle lui
demande la fille d'Inachus ; Jupiter ne
peut se retracter ; il ordonne à Mercure
d'aller tout disposer au gré de la Reine
des Cieux ; ici le Théatre change et répresente les Jardins d'Hébé ; les Nymphes
de cette Déesse qui préside à la Jeunesse,
font la Fête de cet Acte; Io est présentée
à Hébé , pour être un des plus beaux
ornemens de sa Cour.
•
Le Théatre représente au troisiéme
'Acte , un lieu solitaire , qui sert de demeure à Argus , auprès d'un Lac. Argus
annonce à lo que Junon l'a commise à sa
garde. Io se plaint de l'oubli de Jupiter.
Hierax veut entrer dans le lieu où Argus enferme lo ; Argus s'y oppose, et lui
apprend que Jupiter est son Rival.
Mercure , déguisé en Berger , vient à
la tête d'une Troupe qu'il a disposée à
servir l'amour du plus puissant des Dieux.
Il fait entendre à Argus que c'est par l'ordre de Pan qu'on va celebrer une fête en
l'honneur de Syrinx , que ce Dieu des
Bois a tendrement aimée ; Argus lui répond qu'il veutbien se prêter à leurs jeux
Innocens ; la Représentation de cette peII. Vol. tite
DECEMBRE. 1732 2890
tite Tragedie l'endort. Mercure se sert
de cet heureux moment de sommeil pour
enlever Io ; mais Hierax qui est present
ne dort pas ; il éveille Argus ; ils implorent tous deux l'assistance de Junon.
Mercure fait éprouver sa vengeance à Argus et à Hierax ; d'un coup de Caducée ,
il donne la mort à Argus et transforme
Hierax en Oyseau de Proye. Junon descend des Cieux. Mercure se retire et laisse
la malheureuse lo au pouvoir de sa jalouse Rivale. La Furie Erynnis évoquée
par Junon sort des Enfers ; Junon lui ordonne d'exercer ses plus cruelles barbaries sur sa nouvelle victime ; elle rend la
vie à Argus , qui changé en Paon , vient
se placer sur le devant du Char de Junon
et se met aux pieds de cette jalouse
Déesse.
Les deux derniers Actes ne roulent que
sur les divers supplices que la Furie fait
éprouver à Io. Cette infortunée Rivale
de l'Epouse de Jupiter est traînée des
Climats glacez aux Climats brûlans ;
elle se précipite dans la Mer,pour y trouver la fin de ses peines , et l'impitoyable
Erynnis l'en retire ; elle est enfin transportée à l'Antre fatal, où les Parques font
leur séjour. Elle leur demande la mort.
Ces trois inexorables Déïtez lui annonII. Vol. cent
2892 MERCURE DE FRANCE
cent qu'elle ne peut voir finir ses malheurs qu'en fléchissant la colere de Junon. Io invoque Jupiter. Ce Maître des
Dieux vient la consoler, mais il lui décla
re que depuis qu'il l'a soumise au pouvoir de la jalouse Reine des Cieux , il ne
peut la secourir qu'elle n'y consente ; il
ajoute que plus il l'aime , et plus il irrite
son implacable ennemie. Io le conjure
tendrement de l'aimer assez , pour contraindre sa redoutable Rivale à lui donner la mort. Junon vient enfin ; Jupiter la presse de se contenter des maux qu'elle
a faits à lo; Junon ne consent à vaincre są
vengeance qu'après que Jupiter aura vaincu son amour. Jupiter le lui promet; il
en jure par le Styx. Après le serment
Junon appaisée ordonne à la Furie de
ne plus tourmenter lo,et de rentrer dans
les Enfers. Junon consent qu'Io soit mise au rang des Divinitez que l'Univers adore ; les Dieux descendent des Cieux pour
recevoir cette nouvelle Déesse et pour
l'associer à leur gloire ; les Egyptiens
chez qui cette derniere action se passe
viennent celebrer son Apothéose et la reconnoissent pour leur Divinité tutelaire ,
sous le nom d'Isis.
Voilà quelle est cette Tragedie sur laquelle on a porté differens jugemens. On II. Vol. con-
DECEMBRE. 1732 2893
convient que la Musique en est tresbelle , et la versification tres- élegante ;
mais on n'y sent point cet interêt , qui
doit être l'ame de tous les Ouvrages de
Théatre; on rend pourtant juftice à Quinault ; il y a mis tout ce qui a dépendu
de lui , et si l'on a quelque chose à lui reprocher , c'est le choix du sujet qui ne
peut rien offrir que de triste et de desagréable.
Au reste cet Opera est tres-bien remis et tres-bien executé ; le sieur Chassé
qui est chargé du Rôle d'Hierax , et de
celui de Pan , s'en acquitte tres-bien et
merite parfaitement les applaudissemens
du public , de même que la De Antier ,
dans le rôle de Junon ; la Dlle le Maure
a toujours ces sons charmans , et cette
action naturelle qui la rendent si chere
aux Spectateurs. Elle joue le principal
Rôle.
Les Décorations et les Habits répon
dent à la magnificence du Spectacle , et
le Ballet figuré par le S Blondi est tresbien entendu et tres varié, La Dlle Ca
margo et le S Dupré , &c. y brillent à
leur ordinaire.
Musique remitau Théatre la Tragédie d'Isis. La grande réputation de Mrs de Lully
et Quinault , Auteurs de cet Opéra , en
doivent toujours garantir le succès ; le
II. Vol.
Gv Public
2884 MERCURE DE FRANCE
Public l'a revûë avec beaucoup de satisfaction.
Le Théatre représente au Prologue le
Palais de la Renommée ; la suite de cette
Déesse à cent voix , chante cés Vers :
Publions en tous lieux ,
Du plus grand des Heros la valeur triom
phante ;
Que la Terre et les Cieux
Retentissent du bruit de sa gloire éclatante.
La Renommée anime sa suite à chanter
le Heros de la France , et s'exprime
ainsi :
C'est lui dont les Dieux ont fait choix ,
Pour faire le bonheur de l'Empire François ;
En vain pourle troubler tout s'unit , tout cons
pire s
C'est en vain que l'envie a ligué tant de Rois ;
Heureux l'Empire
Qui suit ses loix !
Neptune ,
annoncé par les Tritons
vient au Palais de la Renommée , et dit
à la gloire du Heros qu'on celébre :
Mon Empire a servi de Théatre à la Guerre ;
Publiez des Exploits nouveaux;
II. Vol C'est
DECEMBRE. 1732. 2885
C'est le même Vainqueur si fameux sur là terre ,
Qui triomphe encor sur les eaux.
La Renommée chante avec Neptune
ces quatre Vers :
Celebrez
Celebrons son grand nom sur la Terre et sus
l'Onde
Qu'il ne soit pas borné par les plus vastes
Mers ,
Qu'il vole jusqu'au bout du monde ;
Qu'il dure autant que l'Univers.
Apollon , les Muses et les beaux Arts
viennent se joindre à cette Fête , et se
préparent à aller faire entendre leurs
chants dans une auguste Cour. La Renommée finit le Prologue par ces Vers à
la gloire du Vainqueur :
Ennemis de la paix , tremblez :
Vous le verrez bien-tôt courir à la victoire :
Vos efforts redoublés
Ne serviront qu'à redoubler sa gloire.
Ce Prologue a été très- applaudi ; la
Dile Antier qui le commence et qui le fi.
nit , n'y a pas peu contribué.
Au premier Acte le Théatre représente
de riantes Prairies , où le Fleuve Inachus
II. Vol. G vj ser-
2886 MERCURE DE FRANCE
serpente. Hierax , frere d'Argus et Amant
d'Io , fille d'Inachus , se plaint de l'inconstance de sa Maitresse. Pirante , son
ami , paroît surpris de sa tristesse , dans
le temps qu'il va posseder l'objet de son
amour ; Hierax lui répond :
L'inconstante n'a plus l'empressement extrême ,
De cet amour naissant qui répondoit au mien ;
Son changement paroît en dépit d'elle- même ;
Je ne le connoîs que trop bien ;
Sa bouche quelquefois dit encor qu'elle m'aime ;
Mais son cœur ni ses yeux ne m'en disent plus
rien.
Dans la suite de cette Scene , qui est
sans contredit la plus belle de la Piece ,
le même Hierax s'exprime ainsi :
Ce fut dans ces Vallons , où par mille détours ,
Inachus prend plaisir à prolonger son cours ;
Ce fut sur son charmant Rivage ,
Que sa fille volage ,
Me promit de m'aimer toûjours :
Le Zéphir fut témoin , l'Onde fut attentive ,
Quand la Nymphe jurâ de ne changer jamais ;
Mais le Zéphir leger et l'Onde fugitive ,
Ont enfin emporté les sermens qu'elle a faits.
Io se deffend le mieux qu'elle peut de
ΙΙ. vol. l'in-
DECEMBRE. 1732 2887
l'inconstance qu'Hierax lui reproche , elle
le prie de differer son Hymen de quelques jours , attendu un songe qu'elle a
fait ; elle ajoûte qu'il n'a point à se plaindre de quelque préference , puisqu'aucun
de ses Rivaux ne l'emporte sur lui , il
lui répond tendrement :
Le mal de mes Rivaux, n'égale point ma peine ;
La douce illusion d'une esperance vaïne ,
Ne les fait point tomber du faîte du bonheur.
Aucun d'eux, comme moi, n'a perdu votre cœur
Commeeux, à votre humeur sévere ,
Je ne suis point accoûtumé ,
Quel tourment de cesser de plaire ,
Lorsqu'on a fait l'essai du plaisir d'être aimé!
Hierax quitte Io , pour lui épargner
un fâcheux entretien ; lo dissimule moins
en parlant à Mycene , sa Confidente ; elle
lui avoue qu'Hierax se plaint avec justice;
puisque Jupiter est son Rival ; elle ajoûte
qu'elle se deffend autant qu'elle peut contre l'amour du plus grand des Dieux.
Mycene quitte la place à Mercure , qui
descend et qui annonce aux Peuples queJupiter vient les rendre heureux ; il parle un
autre langage à Io, à qui il fait tout l'honneur de la prochaine arrivée de Jupiter ;
la Nymphe tâche encore de se deffendre
f II. Fol
2888 MERCURE DE FRANCE
en faveur d'Hierax. Jupiter descend des
Cieux les Peuples s'assemblent pour lui
témoigner leur reconnoissance , &c. Cette
Fête finit le premier Acte.
Au second Acte , le Théatre est obscurci par des nuages qui l'environnent
de tous côtez ; lo ne sçait à quoi attri♣
buer cet évenement ; Jupiter la vient
rassurer , et lui dit et lui dit que c'est pour trom- per les yeux jaloux de Junon , qu'un nuage l'environne ; il la presse de répondre
son amour , elle ne fait que peu de
résistance , et n'a plus d'autre recours que
la fuite.
Mercure vient avertir Jupiter du danger qui menace ses nouvelles amours ; il
lui dit qu'il vient de voir Iris , et que
sans doute Junon n'est pas loin. Jupiter
allarmé , lui dit d'amuser Iris , et va pourvoir à la seureté d'Io.
La Scene entre Mercure et Iris est
très-legerement écrite , c'est la derniere.
dans ce goût badin que Quinault ait osé
mettre dans ses Tragédies Lyriques ; il
a bien senti que cette sorte de Comique
y étoit déplacée. Rien n'est plus élegant
que la Scene qui suit le Dialogue de Mercure et d'Iris , elle est entre Junon
et Iris ; en voici deux fragmens : c'est
Junon qui Parle de Jupiter.
II- Vol. Nos;
DECEMBRE. 1732. 2889
Non, non; je ne suis point une crédule Epouse,
Qu'on puisse tromper aisément ;
Voyons qui feindra mieux de Jupiter Amant,
Ou de Junon jalouse ,
Il est Maître des Cieux , la Terre suit sa loi
Sous sa toute-puissance, il faut que tout échisse
Mais puisqu'il ne prétend s'armer que d'artifice ,
Tout Jupiter qu'il est , il est moins fort que
inoi , &c. ...
L'Amour , cet amour infidelle ,
Qui du plus haut des Cieux l'appelle ,
Fait que tout lui rit- ici bas ;
Près d'une Maitresse nouvelle .
1
Dans le fond des Deserts , on trouve des appas
Et le Ciel même ne plaît pas ,
Avec une Epouse immortelle.
Quoique les Vers cités jusqu'ici , soient
les plus beaux de la Piece , nous en aurions encore à inserer dans cet Extrait ,
qui satisferoient la curiosité du Lecteurs
mais pour éviter la prolixité sur un Opera
fort connu, hous nous contenterons de
suivre l'action théatrale.
Jupiter arrive ; il demande à Junon
quel dessin l'appelle en ces lieux , attendu qu'elle devoit se rendre dans les
Jardins d'Hébé , pour embellir sa Cour
d'une nouvelle Nymphe ; Junon lui as11. Vol sure
2890 MERCURE DE FRANCE
sure qu'elle ne le suivra pas plus loin ,
et qu'elle vient lui demander une nouvelle marque.de son amour. Jupiter lui
promet de lui tout accorder , elle lui
demande la fille d'Inachus ; Jupiter ne
peut se retracter ; il ordonne à Mercure
d'aller tout disposer au gré de la Reine
des Cieux ; ici le Théatre change et répresente les Jardins d'Hébé ; les Nymphes
de cette Déesse qui préside à la Jeunesse,
font la Fête de cet Acte; Io est présentée
à Hébé , pour être un des plus beaux
ornemens de sa Cour.
•
Le Théatre représente au troisiéme
'Acte , un lieu solitaire , qui sert de demeure à Argus , auprès d'un Lac. Argus
annonce à lo que Junon l'a commise à sa
garde. Io se plaint de l'oubli de Jupiter.
Hierax veut entrer dans le lieu où Argus enferme lo ; Argus s'y oppose, et lui
apprend que Jupiter est son Rival.
Mercure , déguisé en Berger , vient à
la tête d'une Troupe qu'il a disposée à
servir l'amour du plus puissant des Dieux.
Il fait entendre à Argus que c'est par l'ordre de Pan qu'on va celebrer une fête en
l'honneur de Syrinx , que ce Dieu des
Bois a tendrement aimée ; Argus lui répond qu'il veutbien se prêter à leurs jeux
Innocens ; la Représentation de cette peII. Vol. tite
DECEMBRE. 1732 2890
tite Tragedie l'endort. Mercure se sert
de cet heureux moment de sommeil pour
enlever Io ; mais Hierax qui est present
ne dort pas ; il éveille Argus ; ils implorent tous deux l'assistance de Junon.
Mercure fait éprouver sa vengeance à Argus et à Hierax ; d'un coup de Caducée ,
il donne la mort à Argus et transforme
Hierax en Oyseau de Proye. Junon descend des Cieux. Mercure se retire et laisse
la malheureuse lo au pouvoir de sa jalouse Rivale. La Furie Erynnis évoquée
par Junon sort des Enfers ; Junon lui ordonne d'exercer ses plus cruelles barbaries sur sa nouvelle victime ; elle rend la
vie à Argus , qui changé en Paon , vient
se placer sur le devant du Char de Junon
et se met aux pieds de cette jalouse
Déesse.
Les deux derniers Actes ne roulent que
sur les divers supplices que la Furie fait
éprouver à Io. Cette infortunée Rivale
de l'Epouse de Jupiter est traînée des
Climats glacez aux Climats brûlans ;
elle se précipite dans la Mer,pour y trouver la fin de ses peines , et l'impitoyable
Erynnis l'en retire ; elle est enfin transportée à l'Antre fatal, où les Parques font
leur séjour. Elle leur demande la mort.
Ces trois inexorables Déïtez lui annonII. Vol. cent
2892 MERCURE DE FRANCE
cent qu'elle ne peut voir finir ses malheurs qu'en fléchissant la colere de Junon. Io invoque Jupiter. Ce Maître des
Dieux vient la consoler, mais il lui décla
re que depuis qu'il l'a soumise au pouvoir de la jalouse Reine des Cieux , il ne
peut la secourir qu'elle n'y consente ; il
ajoute que plus il l'aime , et plus il irrite
son implacable ennemie. Io le conjure
tendrement de l'aimer assez , pour contraindre sa redoutable Rivale à lui donner la mort. Junon vient enfin ; Jupiter la presse de se contenter des maux qu'elle
a faits à lo; Junon ne consent à vaincre są
vengeance qu'après que Jupiter aura vaincu son amour. Jupiter le lui promet; il
en jure par le Styx. Après le serment
Junon appaisée ordonne à la Furie de
ne plus tourmenter lo,et de rentrer dans
les Enfers. Junon consent qu'Io soit mise au rang des Divinitez que l'Univers adore ; les Dieux descendent des Cieux pour
recevoir cette nouvelle Déesse et pour
l'associer à leur gloire ; les Egyptiens
chez qui cette derniere action se passe
viennent celebrer son Apothéose et la reconnoissent pour leur Divinité tutelaire ,
sous le nom d'Isis.
Voilà quelle est cette Tragedie sur laquelle on a porté differens jugemens. On II. Vol. con-
DECEMBRE. 1732 2893
convient que la Musique en est tresbelle , et la versification tres- élegante ;
mais on n'y sent point cet interêt , qui
doit être l'ame de tous les Ouvrages de
Théatre; on rend pourtant juftice à Quinault ; il y a mis tout ce qui a dépendu
de lui , et si l'on a quelque chose à lui reprocher , c'est le choix du sujet qui ne
peut rien offrir que de triste et de desagréable.
Au reste cet Opera est tres-bien remis et tres-bien executé ; le sieur Chassé
qui est chargé du Rôle d'Hierax , et de
celui de Pan , s'en acquitte tres-bien et
merite parfaitement les applaudissemens
du public , de même que la De Antier ,
dans le rôle de Junon ; la Dlle le Maure
a toujours ces sons charmans , et cette
action naturelle qui la rendent si chere
aux Spectateurs. Elle joue le principal
Rôle.
Les Décorations et les Habits répon
dent à la magnificence du Spectacle , et
le Ballet figuré par le S Blondi est tresbien entendu et tres varié, La Dlle Ca
margo et le S Dupré , &c. y brillent à
leur ordinaire.
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Résumé : Isis, Tragédie, Extrait, [titre d'après la table]
Le 14 décembre, l'Académie Royale de Musique présenta l'opéra 'Isis' au théâtre, écrit par Jean-Baptiste Lully et Philippe Quinault, deux auteurs déjà célèbres. Le public accueillit favorablement la pièce. Le prologue se déroule au Palais de la Renommée, où la déesse et sa suite chantent les exploits d'un héros français. Neptune, accompagné des Tritons, célèbre les victoires de ce héros sur terre et sur mer. Apollon, les Muses et les beaux-arts se joignent à la fête, et la Renommée conclut en annonçant une victoire prochaine du héros. Dans le premier acte, la scène représente des prairies traversées par le fleuve Inachus. Hierax, frère d'Argus et amant d'Io, se plaint de l'inconstance de sa maîtresse. Io, fille d'Inachus, avoue finalement que Jupiter est son rival. Mercure annonce l'arrivée de Jupiter, qui vient rendre les peuples heureux. Io tente de résister à l'amour de Jupiter mais finit par fuir. Le second acte commence par un nuage qui obscurcit le théâtre. Jupiter rassure Io en expliquant que cela trompe Junon. Mercure avertit Jupiter du danger que représente Junon. Junon découvre la trahison de Jupiter et exige Io. Jupiter doit céder et ordonne à Mercure de préparer tout pour Junon. Io est présentée à Hébé dans les jardins d'Hébé. Le troisième acte se déroule près d'un lac, où Argus garde Io. Hierax veut entrer, mais Argus l'en empêche et révèle que Jupiter est son rival. Mercure, déguisé en berger, endort Argus et enlève Io. Junon descend des cieux et ordonne à la Furie Erynnis de tourmenter Io. Les deux derniers actes décrivent les supplices infligés à Io par la Furie. Io est traînée à travers divers climats, se précipite dans la mer, et est finalement conduite à l'antre des Parques. Elle invoque Jupiter, qui lui explique qu'il ne peut la secourir sans le consentement de Junon. Junon finit par apaiser sa vengeance après que Jupiter jure de vaincre son amour. Io est alors reconnue comme une divinité sous le nom d'Isis par les Égyptiens. L'opéra est bien exécuté, avec des décors magnifiques et des performances remarquables des acteurs, notamment le sieur Chassé, la De Antier, et la Dlle le Maure. La musique et la versification sont très appréciées, bien que l'intérêt dramatique soit jugé insuffisant.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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8
p. 213-216
DE PARIS, le 19 Janvier 1760, & jours suivans.
Début :
Le 15 de ce mois, on fit dans l'Eglise Métropolitaine de cette Ville, [...]
Mots clefs :
Service religieux, Repos de l'âme, Roi d'Espagne, Madame, Cérémonies, Église, Décorations, Autel, Oraison funèbre, Marbre, Voûte, Colonne, Lumières, Registres publics, Décès, Mariages, Baptêmes, Tremblement de terre, Secousses, Vaisseaux, Combat, Loterie de l'école royale militaire, Tirage
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE PARIS, le 19 Janvier 1760, & jours suivans.
De PARIS , le 19 Janvier 1760 , &jours fuivans .
Le 1s de ce mois , on fit dans l'Eglife Métropolitaine
de cette Ville , un Service folemnel , par
ordre du Roi , pour le repos de l'ame de Ferdinand
, VI du nom , Roi d'Espagne , & de Marie-
Madelaine de Portugal , Reine d'Espagne , fon
époufe . Sa Majefté avoit nommé pour le grand
deuil du Roi d'Eſpagne, Monfeigneur le Dauphin ,
le Duc d'Orléans , le Prince de Condé ; & pour
celui de la Reine d'Espagne , Madame la Dauphine
, Madame , & Madame Victoire . Ces Princes
& Princeffes s'étant rendus à l'Archevêché , où
le Marquis de Dreux, Grand Maître des Cérémonies
, & le fieur de Nantouillet , Maître des Cérémonies
en furvivance , allerent les prendre ,
lorfque tout fut prêt. Ils les conduifirent à l'Eglife ;
ils entrèrent par la grande porte , & furent pla
cés dans les hautes Italles , à droite & à gauche.
Plusieurs Archevêques & Evêques affiftèrent à
cette cérémonie , ainfi que le Parlement , la
Chambre des Comptes , la Cour des Aides , l'Univerfité
, & le Corps de Ville. L'Archevêque de
Paris y officia pontificalement. L'Evêque de Vence
prononça l'Oraifon funèbre.
Le portail de l'Eglife étoit tendu en noir , avec
trois lès de velours, chargés d'écuffons , entre lelquels
étoient placés trois cartels chargés des
armes & des chiffres du Roi & de la Reine d'ELpagne
Le pourtour du choeur , étoit décoré d'un ordre
Ionique , en pilaftres & arcades , furmonté d'un
entablement , dont la frife étoit femée de fleursde-
lys d'or. Cette architecture étoit figurée en
marbre antique, & tous les ornemens étoient
dorés. Ses arcades étoient garnies de rideaux
noirs , rayés d'hermine , retroulés avec des cordons
treffés en or. Au-deffus de l'entablement ,
214 MERCURE DE FRANCE.
étoit un attique , orné à l'aplomb des arcades ,
de grands écullons aux armes d'Espagne , foutenus
par des lions , entourés de palmes & de guirlandes
en or , accompagnés de chiffres du Roi &
de la Rei e d'Espagne , fur un fond d'azur , groupés
de branches de cyprès.
L'Autel , élevé de plufieurs marches , étoit au
pied d'une niche , en marbre blanc. Le fond de
la niche étoit rempli par le fymbole de la Divinité
, entouré de nuages & de grands rayons dorés.
Au haut de l'attique , terminé en fronton, un
grand dais étoit placé en baldaquin , avec des
rideaux pendans & retrouffés , rayés d'hermine.
Le Catafalque , placé à l'entrée du choeur , étoit
fur un plan quarré long. Aux quatre angles, s'élevoient
quatre focles ,; d'où partoient , quatre
corps folides . Deux colonnes , d'ordre Ionique ,
étoient engagées dans chacun de ces corps , &
portoient un entablement pareil à celui de l'architecture
du choeur. Les deux petites faces de ce monument
, étoient difpofées en arcades . Les deux
grands côtés étoient terminés , quarrément , par
la plate-bande de l'entablement . Les colonnes de
verd antique , avoient leurs bafes & leurs chapiteaux
en or. Les corps folides étoient en marbre
jaune antique , avec des encadremens renfoncés ,
chargés de trophées militaires , & de médaillons
en or , liés par des guirlandes de lauriers.
Une pyramide de brêche violette, portée par un
piédeſtal de même marbre , terminoit le monument.
Sur les quatre faces de ce piédeſtal, étoient
les Ecuffons d'Eſpagne en relief, fupportés par
deux lions ; & fur les faces de la pyramide , des
Ecuffons d'Anjou , en or.
Sous la voute du Catafalque , fur une eſtrade
élevée de fix marches , pofoit un focle de verd
campan , chargé fur fes faces de bas-reliefs & de
agures de marbre en ronde boffe. Au-deffus du foFEVRIER
. 1760. 215
cle & fur les griffes de lion , étoit un farcophage
de porphire , couvert d'un drap mortuaire en or,
chargé des écuffons d'Eſpagne en broderie d'or ,
avec deux couronnes voilées d'un crêpe .
Le Catafalque étoit couvert d'un grand poêle à
quatre rideaux pendans & retrouflés , noirs , &
rayés d'hermine.
Toute cette décoration étoit dans le goût antique.
Ses ornemens , étoient du meilleur choix.
Leur éclat étoit relevé par le grand nombre &
par l'heureufe difpofition des lumieres. Il y avoit
beaucoup de richeffe dans les détails , beaucoup
de nobleſſe & de magnificence dans l'enfemble.
Cette pompe funèbre , ordonnée de la part de
Sa Majesté , par le Duc de Duras , Pair de France ,
premier Gentilhomme de la Chambre du Roi ,
a été dirigée par le fieur de la Ferté , Intendant
des Menus- plaifirs du Roi , fur les deffeins du fieur
Michel Ange Slodtz , Deffinateur ordinaire de la
Chambre & du Cabinet de Sa Majeſté .
Suivant les regiftres publics des Eglifes Paroiffiales
de cette Ville , il eft mort , pendant le cours
de l'année derniére , 18446 perfonnes ; il s'y eſt
fait 4059 mariages ; il y a eu 19058 baptêmes ; &
le nombre des enfans trouvés monte à 5 264.
Le 20 Janvier, on a reſſenti ici , à dix heures & un
quart du foir , une légère ſecoufle de tremblement
de terre ; mais elle a été fi peu fenfible , que trèspeu
de perfonnes s'en font apperçues . On l'a reffentie
plus diftinctement , à Verlailles. On a appris
depuis, que ce tremblement de terre a été fenti
à Amfterdam , à Leyde & à Utrecht. Les lettres
de Bruxelles & de Cologne , parlent de quelques
fecoufles qui le précédèrent le 19. Il a été affez
violent dans ces deux Villes . Suivant les lettres de
Cologne , on a reffenti une nouvelle fecouffe le
21 , vers les quatre heures du matin. A Peronne,
les fecouffes du 20 au foir, durerent deux ou trois
216 MERCURE DE FRANCE.
minutes , & effrayerent plufieurs perfonnes , qui
fortirent précipitamment de leurs maifons , de
crainte d'être écralées fur leurs ruines. On a ap .
pris auffi , que le 22 de Décembre , la fecouffe di
tremblement de terre s'étoit faite fentir dans la
Norwege & dans le Duché de Holſtein . Cette fecoulle
a été précédée , en divers , endroits par un
violent coup de tonnerre.L'ébranlement a été confidérable,
à Hadersleben. Dans quelques villes, routes
les tuilles ont été jettées par terre. Cet accident
n'a pas eu d'autres fuites.
Le 1 Février , le fieur Gigot , Recteur de l'Uni-¸
verfité , accompagné des Doyens des quatre Facultés
& des Procureurs des Nations , ſe rendit à Verfailles
; & fuivant l'ancien ufage, il préſenta un
cierge au Roi , à la Reine , à Monfeigneur le Dauphin
, à Madame la Dauphine , & à Monfeigneur
le Duc de Bourgogne.
Le mêmejour, le Pere Aubert, Docteur de Sorbonne
, & Commandeur de l'Ordre de Notre
Dame de la Mercy , Rédemption des Captifs, accompagné
de trois Religieux de cet Ordre , eut
l'honneur de préfenter à la Reine un cierge , en
hommage & en reconnoillance de leur établiſſement
à Paris , par la feue Reine Marie de Médicis.
On a reçu avis de Toulon , que les vaiffeaux &
les frégates , qui étoient à Cadix depuis le combat
du fieur de la Clue , font rentrés dans le premier
de ces deux ports , au nombre de cinq vaiſſeaux &
trois frégates. Ils étoient fortis de Cadix immédiatement
après la tempête qui avoit difperfé l'Efcadre
Angloife.
Le tirage de la Loterie de l'Ecole Royale Militaire
, s'eft fait le s de Février , en la manière
accoutumée. Les Numéros fortis de la roue de
fortune font 39 , 30 , 64 , 28 , 56. Le prochain
tirage fe fera le 6 du mois de Mars.
Le 1s de ce mois , on fit dans l'Eglife Métropolitaine
de cette Ville , un Service folemnel , par
ordre du Roi , pour le repos de l'ame de Ferdinand
, VI du nom , Roi d'Espagne , & de Marie-
Madelaine de Portugal , Reine d'Espagne , fon
époufe . Sa Majefté avoit nommé pour le grand
deuil du Roi d'Eſpagne, Monfeigneur le Dauphin ,
le Duc d'Orléans , le Prince de Condé ; & pour
celui de la Reine d'Espagne , Madame la Dauphine
, Madame , & Madame Victoire . Ces Princes
& Princeffes s'étant rendus à l'Archevêché , où
le Marquis de Dreux, Grand Maître des Cérémonies
, & le fieur de Nantouillet , Maître des Cérémonies
en furvivance , allerent les prendre ,
lorfque tout fut prêt. Ils les conduifirent à l'Eglife ;
ils entrèrent par la grande porte , & furent pla
cés dans les hautes Italles , à droite & à gauche.
Plusieurs Archevêques & Evêques affiftèrent à
cette cérémonie , ainfi que le Parlement , la
Chambre des Comptes , la Cour des Aides , l'Univerfité
, & le Corps de Ville. L'Archevêque de
Paris y officia pontificalement. L'Evêque de Vence
prononça l'Oraifon funèbre.
Le portail de l'Eglife étoit tendu en noir , avec
trois lès de velours, chargés d'écuffons , entre lelquels
étoient placés trois cartels chargés des
armes & des chiffres du Roi & de la Reine d'ELpagne
Le pourtour du choeur , étoit décoré d'un ordre
Ionique , en pilaftres & arcades , furmonté d'un
entablement , dont la frife étoit femée de fleursde-
lys d'or. Cette architecture étoit figurée en
marbre antique, & tous les ornemens étoient
dorés. Ses arcades étoient garnies de rideaux
noirs , rayés d'hermine , retroulés avec des cordons
treffés en or. Au-deffus de l'entablement ,
214 MERCURE DE FRANCE.
étoit un attique , orné à l'aplomb des arcades ,
de grands écullons aux armes d'Espagne , foutenus
par des lions , entourés de palmes & de guirlandes
en or , accompagnés de chiffres du Roi &
de la Rei e d'Espagne , fur un fond d'azur , groupés
de branches de cyprès.
L'Autel , élevé de plufieurs marches , étoit au
pied d'une niche , en marbre blanc. Le fond de
la niche étoit rempli par le fymbole de la Divinité
, entouré de nuages & de grands rayons dorés.
Au haut de l'attique , terminé en fronton, un
grand dais étoit placé en baldaquin , avec des
rideaux pendans & retrouffés , rayés d'hermine.
Le Catafalque , placé à l'entrée du choeur , étoit
fur un plan quarré long. Aux quatre angles, s'élevoient
quatre focles ,; d'où partoient , quatre
corps folides . Deux colonnes , d'ordre Ionique ,
étoient engagées dans chacun de ces corps , &
portoient un entablement pareil à celui de l'architecture
du choeur. Les deux petites faces de ce monument
, étoient difpofées en arcades . Les deux
grands côtés étoient terminés , quarrément , par
la plate-bande de l'entablement . Les colonnes de
verd antique , avoient leurs bafes & leurs chapiteaux
en or. Les corps folides étoient en marbre
jaune antique , avec des encadremens renfoncés ,
chargés de trophées militaires , & de médaillons
en or , liés par des guirlandes de lauriers.
Une pyramide de brêche violette, portée par un
piédeſtal de même marbre , terminoit le monument.
Sur les quatre faces de ce piédeſtal, étoient
les Ecuffons d'Eſpagne en relief, fupportés par
deux lions ; & fur les faces de la pyramide , des
Ecuffons d'Anjou , en or.
Sous la voute du Catafalque , fur une eſtrade
élevée de fix marches , pofoit un focle de verd
campan , chargé fur fes faces de bas-reliefs & de
agures de marbre en ronde boffe. Au-deffus du foFEVRIER
. 1760. 215
cle & fur les griffes de lion , étoit un farcophage
de porphire , couvert d'un drap mortuaire en or,
chargé des écuffons d'Eſpagne en broderie d'or ,
avec deux couronnes voilées d'un crêpe .
Le Catafalque étoit couvert d'un grand poêle à
quatre rideaux pendans & retrouflés , noirs , &
rayés d'hermine.
Toute cette décoration étoit dans le goût antique.
Ses ornemens , étoient du meilleur choix.
Leur éclat étoit relevé par le grand nombre &
par l'heureufe difpofition des lumieres. Il y avoit
beaucoup de richeffe dans les détails , beaucoup
de nobleſſe & de magnificence dans l'enfemble.
Cette pompe funèbre , ordonnée de la part de
Sa Majesté , par le Duc de Duras , Pair de France ,
premier Gentilhomme de la Chambre du Roi ,
a été dirigée par le fieur de la Ferté , Intendant
des Menus- plaifirs du Roi , fur les deffeins du fieur
Michel Ange Slodtz , Deffinateur ordinaire de la
Chambre & du Cabinet de Sa Majeſté .
Suivant les regiftres publics des Eglifes Paroiffiales
de cette Ville , il eft mort , pendant le cours
de l'année derniére , 18446 perfonnes ; il s'y eſt
fait 4059 mariages ; il y a eu 19058 baptêmes ; &
le nombre des enfans trouvés monte à 5 264.
Le 20 Janvier, on a reſſenti ici , à dix heures & un
quart du foir , une légère ſecoufle de tremblement
de terre ; mais elle a été fi peu fenfible , que trèspeu
de perfonnes s'en font apperçues . On l'a reffentie
plus diftinctement , à Verlailles. On a appris
depuis, que ce tremblement de terre a été fenti
à Amfterdam , à Leyde & à Utrecht. Les lettres
de Bruxelles & de Cologne , parlent de quelques
fecoufles qui le précédèrent le 19. Il a été affez
violent dans ces deux Villes . Suivant les lettres de
Cologne , on a reffenti une nouvelle fecouffe le
21 , vers les quatre heures du matin. A Peronne,
les fecouffes du 20 au foir, durerent deux ou trois
216 MERCURE DE FRANCE.
minutes , & effrayerent plufieurs perfonnes , qui
fortirent précipitamment de leurs maifons , de
crainte d'être écralées fur leurs ruines. On a ap .
pris auffi , que le 22 de Décembre , la fecouffe di
tremblement de terre s'étoit faite fentir dans la
Norwege & dans le Duché de Holſtein . Cette fecoulle
a été précédée , en divers , endroits par un
violent coup de tonnerre.L'ébranlement a été confidérable,
à Hadersleben. Dans quelques villes, routes
les tuilles ont été jettées par terre. Cet accident
n'a pas eu d'autres fuites.
Le 1 Février , le fieur Gigot , Recteur de l'Uni-¸
verfité , accompagné des Doyens des quatre Facultés
& des Procureurs des Nations , ſe rendit à Verfailles
; & fuivant l'ancien ufage, il préſenta un
cierge au Roi , à la Reine , à Monfeigneur le Dauphin
, à Madame la Dauphine , & à Monfeigneur
le Duc de Bourgogne.
Le mêmejour, le Pere Aubert, Docteur de Sorbonne
, & Commandeur de l'Ordre de Notre
Dame de la Mercy , Rédemption des Captifs, accompagné
de trois Religieux de cet Ordre , eut
l'honneur de préfenter à la Reine un cierge , en
hommage & en reconnoillance de leur établiſſement
à Paris , par la feue Reine Marie de Médicis.
On a reçu avis de Toulon , que les vaiffeaux &
les frégates , qui étoient à Cadix depuis le combat
du fieur de la Clue , font rentrés dans le premier
de ces deux ports , au nombre de cinq vaiſſeaux &
trois frégates. Ils étoient fortis de Cadix immédiatement
après la tempête qui avoit difperfé l'Efcadre
Angloife.
Le tirage de la Loterie de l'Ecole Royale Militaire
, s'eft fait le s de Février , en la manière
accoutumée. Les Numéros fortis de la roue de
fortune font 39 , 30 , 64 , 28 , 56. Le prochain
tirage fe fera le 6 du mois de Mars.
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Résumé : DE PARIS, le 19 Janvier 1760, & jours suivans.
Le 1er janvier 1760, un service solennel fut organisé dans l'église métropolitaine de Paris pour honorer la mémoire de Ferdinand VI, roi d'Espagne, et de Marie-Madeleine de Portugal, reine d'Espagne. Ce service fut ordonné par le roi de France, qui désigna le Dauphin, le Duc d'Orléans et le Prince de Condé pour le grand deuil du roi d'Espagne, et Madame la Dauphine, Madame et Madame Victoire pour celui de la reine d'Espagne. Les princes et princesses furent conduits à l'église par le Marquis de Dreux et le sieur de Nantouillet. La cérémonie fut assistée par plusieurs archevêques, évêques, ainsi que par le Parlement, la Chambre des Comptes, la Cour des Aides, l'Université et le Corps de Ville. L'archevêque de Paris officia pontificalement, et l'évêque de Vence prononça l'oraison funèbre. L'église était somptueusement décorée : le portail était tendu de noir avec des écussons, le chœur orné d'un ordre ionique en pilastres et arcades, et un catafalque richement décoré. La décoration, dirigée par le sieur de la Ferté et conçue par Michel Ange Slodtz, était dans le goût antique et d'une grande magnificence. Les registres publics des églises paroissiales de Paris indiquèrent 18 446 décès, 4 059 mariages, 19 058 baptêmes et 5 264 enfants trouvés pour l'année précédente. Le 20 janvier, une légère secousse de tremblement de terre fut ressentie à Paris, plus distinctement à Versailles, et signalée à Amsterdam, Leyde, Utrecht, Bruxelles et Cologne. Des secousses furent également ressenties en Norvège et dans le Duché de Holstein. Le 1er février, le sieur Gigot, recteur de l'Université, présenta un cierge au roi, à la reine et à d'autres membres de la famille royale à Versailles. Le même jour, le Père Aubert présenta un cierge à la reine en reconnaissance de l'établissement de l'Ordre de Notre Dame de la Mercy à Paris. Des nouvelles de Toulon indiquèrent le retour de vaisseaux et de frégates à Cadix après une tempête. Enfin, le tirage de la loterie de l'École Royale Militaire eut lieu le 6 février, avec les numéros 39, 30, 64, 28 et 56.
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9
p. 199-202
DE PARIS, le 16 Février.
Début :
Le Samedi 9, le Sieur Vattelet, Receveur général des Finances, présenta à [...]
Mots clefs :
Académie de peinture, Art, Poème, Duc, Gouverneur de Paris, Prince, Service religieux, Princesse, Madame, Oraison funèbre, Chambre des comptes, Décorations, Choeur, Sarcophage, Lumières, Pompe funèbre, Vaisseaux, Tremblement de terre, Compagnie des Indes, Marchandises
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texteReconnaissance textuelle : DE PARIS, le 16 Février.
De PARIS , le 16 Février.
2
Le Samedi 9 , le Sieur Vattelet , Receveur général
des Finances préfenta à l'Académie de
Peinture , fon Poëme Didactique , fur l'art de
peindre. On attendoit avec empreffement l'impreffion
d'un ouvrage fi utile , & fi bien annoncé
au Public , par le bon goût & par le talent de
l'Auteur.
Le , le Duc de Luynes , Gouverneur de Paris ,
fut reçu & prit féance au Parlement , en qualité
' de Pair de France. Le Prince de Condé , le Comte
de Clermont , le Prince de Conti , le Comte de
la Marche , Princes du Sang , l'Evêque Duc de
Langres, & les Ducs d'Uzès , de Briffac , de Richelieu
, de Rohan - Chabot , de Luxembourg , de
Saint- Aignan , de Trefmes , d'Harcourt , de Filtz
James , de Villars - Brancas , de Chaulnes , de
Rohan - Rohan , Prince de Soubiſe , de la Valliere
de Fleury , de Duras & de Choiſeul , aſſiſtèrent
à fa réception.
On célébra le 12 , dans l'Eglife Métropolitaine
de cette Ville , un fervice folemnel , que le Roi
avoit ordonné,pour le repos del'âme de feueMadame
Louiſe-Elifabeth de France , Infante d'Espagne,
I iv
200 MERCURE DE FRANCE .
Duchelle de Parme , de Plaifance & de Guaſtalla ,
Fille ainée de Sa Majesté . Le Roi avoit nommé ,
pour faire le grand deuil à cette cérémonie , Madame
la Dauphine , Madame , & Madame Victoire ;
& pour conduire les Princes & les Princeffes ,
Monfeigneur le Dauphin , le Duc d'Orléans , &
le Prince de Condé . Ces Princes & Princeffes ,
qui s'étoient d'abord rendus à l'Archevêché , le
mirent en marche pour aller à l'Eglife , lorfque
tout fut en état . Ils y furent conduits par le
Marquis de Dieux , Grand- Maître , & par le fieur
de Nantouillet , Maître des Cérémonies . Madame
la Dauphine , Madame , & Madame Victoire ,
menées par les Princes , pafferent par le dehors
de l'Eglife , & entrerent par la grande porte ; ils
furent placés dans les hautes ftalles , à droite & à
gauche. Un grand nombre d'Archevêques & Evêques
, affiftèrent à cette cérémonie , ainfi que le
Parlement , la Chambre des Comptes , la Cour
des Aydes, l'Univerfité , & le Corps de Ville. L'Archevêque
de Paris officia pontificalement ; &
l'ancien Evêque de Troyes , prononça l'Oraiſon
funèbre. Toutes les perfonnes qui compofoient
la maifon de Madame Intante , affiftèrent , en
grand deuil , à cette cérémonie , ainfi qu'aux Vêpres
des Morts , qui s'étoient dites la veille .
Le Portail de l'Eglife, étoit tendu de noir ; deux
lez de velours , femés de larmes & d'écuffons ,
& trois grands cartels , chargés des armes & des
chiffres de Madame Infante , ornoient cette tenzure
funèbre.
La décoration de l'intérieur du Choeur , étoit
une ordonnance ionique de pilaftres & d'arcades,
furmontée d'un attique. La frife de l'entablement
étoit femée de fleurs -de - lys , de lions , de tours
d'aigles , & de larmes , de même que la plattebande
qui couronnoit les ſtalles.
MARS. 1760. 201
1
Le Catafalque , placé à l'entrée du Choeur ,
repréfentoit un tombeau , élevé fur un piédeftal.
Quatre marches conduifoient à ce piédeſtal , qui
étoit de marbre verd d'Egypte . Il étoit décoré de
huit colonnes doriques , de porphyre , dont les
bafes & les chapiteaux étoient en or . L'entablement
étoit pareillement de porphyre ; & la frife
étoit ornée de fleurs- de- lys , dans les métopes.
Le farcophage , placé fur le piédeſtal , étoit de
marbre verd antique , & couvert du manteau
ducal. Il étoit accompagné de quatre figures
affiles , emblêmes des vertus de la Princeffe . Tout
le monument étoit couronné d'un vaſte pavillon ,
à rideaux doublés d'hermine , femés de larmes ,
& retrouffés.
La quantité de lumières , diftribuées avec art
dans toutes les parties de cette décoration ; l'éclat
des dorures & des bronzes ; la variété des
couleurs des marbres, alliées avec harmonie , formoient
un enfemble également magnifique , &
bien entendu .
Cette pompe funèbre , ordonnée de la part de
Sa Majefté , par le Duc de Fleury , Pair de France ,
& premier Gentilhomme de la Chambre , a été
conduite par le fieur de Fontpertuis , Intendant des
Menus - plaifirs du Roi , fur les deffeins du fieur
Michel - Ange Slodtz , Deffinateur ordinaire du
Cabinet de Sa Majesté.
Un Vailleau , arrivé du Levant à Marseille , a
apporté la nouvelle , que la ville de Saphet , en
Paleftine , a été renversée & abîmée par un tremblement
de terre ; de même que quantité de villages
des environs. Cette Ville , que l'on croit être
l'ancienne Béthulie , étoit fituée fur une haute
de diftance montagne , à peu de la mer , entre
Sey de , ou l'ancienne Sidon , & Saint Jean d'Acre.
Elle étoit fort révérée des Juifs , dont plufieurs s'y
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
rendoient de toutes les parties du monde , pour
finir leurs jours dans la terre de leurs peres.
La Compagnie des Indes , a reçu avis que les
quatre Vailleaux qu'elle attendoit des Indes , font
arrivés heureuſement , le Maffiac à l'Orient , deux
autres a Rochefort , & le quatriéme à la Corogne.
Tous ces Vaiffeaux font richement chargés .
2
Le Samedi 9 , le Sieur Vattelet , Receveur général
des Finances préfenta à l'Académie de
Peinture , fon Poëme Didactique , fur l'art de
peindre. On attendoit avec empreffement l'impreffion
d'un ouvrage fi utile , & fi bien annoncé
au Public , par le bon goût & par le talent de
l'Auteur.
Le , le Duc de Luynes , Gouverneur de Paris ,
fut reçu & prit féance au Parlement , en qualité
' de Pair de France. Le Prince de Condé , le Comte
de Clermont , le Prince de Conti , le Comte de
la Marche , Princes du Sang , l'Evêque Duc de
Langres, & les Ducs d'Uzès , de Briffac , de Richelieu
, de Rohan - Chabot , de Luxembourg , de
Saint- Aignan , de Trefmes , d'Harcourt , de Filtz
James , de Villars - Brancas , de Chaulnes , de
Rohan - Rohan , Prince de Soubiſe , de la Valliere
de Fleury , de Duras & de Choiſeul , aſſiſtèrent
à fa réception.
On célébra le 12 , dans l'Eglife Métropolitaine
de cette Ville , un fervice folemnel , que le Roi
avoit ordonné,pour le repos del'âme de feueMadame
Louiſe-Elifabeth de France , Infante d'Espagne,
I iv
200 MERCURE DE FRANCE .
Duchelle de Parme , de Plaifance & de Guaſtalla ,
Fille ainée de Sa Majesté . Le Roi avoit nommé ,
pour faire le grand deuil à cette cérémonie , Madame
la Dauphine , Madame , & Madame Victoire ;
& pour conduire les Princes & les Princeffes ,
Monfeigneur le Dauphin , le Duc d'Orléans , &
le Prince de Condé . Ces Princes & Princeffes ,
qui s'étoient d'abord rendus à l'Archevêché , le
mirent en marche pour aller à l'Eglife , lorfque
tout fut en état . Ils y furent conduits par le
Marquis de Dieux , Grand- Maître , & par le fieur
de Nantouillet , Maître des Cérémonies . Madame
la Dauphine , Madame , & Madame Victoire ,
menées par les Princes , pafferent par le dehors
de l'Eglife , & entrerent par la grande porte ; ils
furent placés dans les hautes ftalles , à droite & à
gauche. Un grand nombre d'Archevêques & Evêques
, affiftèrent à cette cérémonie , ainfi que le
Parlement , la Chambre des Comptes , la Cour
des Aydes, l'Univerfité , & le Corps de Ville. L'Archevêque
de Paris officia pontificalement ; &
l'ancien Evêque de Troyes , prononça l'Oraiſon
funèbre. Toutes les perfonnes qui compofoient
la maifon de Madame Intante , affiftèrent , en
grand deuil , à cette cérémonie , ainfi qu'aux Vêpres
des Morts , qui s'étoient dites la veille .
Le Portail de l'Eglife, étoit tendu de noir ; deux
lez de velours , femés de larmes & d'écuffons ,
& trois grands cartels , chargés des armes & des
chiffres de Madame Infante , ornoient cette tenzure
funèbre.
La décoration de l'intérieur du Choeur , étoit
une ordonnance ionique de pilaftres & d'arcades,
furmontée d'un attique. La frife de l'entablement
étoit femée de fleurs -de - lys , de lions , de tours
d'aigles , & de larmes , de même que la plattebande
qui couronnoit les ſtalles.
MARS. 1760. 201
1
Le Catafalque , placé à l'entrée du Choeur ,
repréfentoit un tombeau , élevé fur un piédeftal.
Quatre marches conduifoient à ce piédeſtal , qui
étoit de marbre verd d'Egypte . Il étoit décoré de
huit colonnes doriques , de porphyre , dont les
bafes & les chapiteaux étoient en or . L'entablement
étoit pareillement de porphyre ; & la frife
étoit ornée de fleurs- de- lys , dans les métopes.
Le farcophage , placé fur le piédeſtal , étoit de
marbre verd antique , & couvert du manteau
ducal. Il étoit accompagné de quatre figures
affiles , emblêmes des vertus de la Princeffe . Tout
le monument étoit couronné d'un vaſte pavillon ,
à rideaux doublés d'hermine , femés de larmes ,
& retrouffés.
La quantité de lumières , diftribuées avec art
dans toutes les parties de cette décoration ; l'éclat
des dorures & des bronzes ; la variété des
couleurs des marbres, alliées avec harmonie , formoient
un enfemble également magnifique , &
bien entendu .
Cette pompe funèbre , ordonnée de la part de
Sa Majefté , par le Duc de Fleury , Pair de France ,
& premier Gentilhomme de la Chambre , a été
conduite par le fieur de Fontpertuis , Intendant des
Menus - plaifirs du Roi , fur les deffeins du fieur
Michel - Ange Slodtz , Deffinateur ordinaire du
Cabinet de Sa Majesté.
Un Vailleau , arrivé du Levant à Marseille , a
apporté la nouvelle , que la ville de Saphet , en
Paleftine , a été renversée & abîmée par un tremblement
de terre ; de même que quantité de villages
des environs. Cette Ville , que l'on croit être
l'ancienne Béthulie , étoit fituée fur une haute
de diftance montagne , à peu de la mer , entre
Sey de , ou l'ancienne Sidon , & Saint Jean d'Acre.
Elle étoit fort révérée des Juifs , dont plufieurs s'y
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
rendoient de toutes les parties du monde , pour
finir leurs jours dans la terre de leurs peres.
La Compagnie des Indes , a reçu avis que les
quatre Vailleaux qu'elle attendoit des Indes , font
arrivés heureuſement , le Maffiac à l'Orient , deux
autres a Rochefort , & le quatriéme à la Corogne.
Tous ces Vaiffeaux font richement chargés .
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Résumé : DE PARIS, le 16 Février.
Le 9 février, le Sieur Vattelet, Receveur général des Finances, présenta à l'Académie de Peinture un poème didactique sur l'art de peindre, suscitant une grande attente du public. Le même jour, le Duc de Luynes, Gouverneur de Paris, fut reçu au Parlement en qualité de Pair de France, en présence de plusieurs princes du sang et ducs, dont le Prince de Condé, le Comte de Clermont et le Prince de Conti. Le 12 février, un service solennel fut célébré dans l'église métropolitaine de Paris pour le repos de l'âme de la défunte Madame Louise-Élisabeth de France, Infante d'Espagne et Duchesse de Parme, de Plaisance et de Guastalla, fille aînée du roi. Le roi avait désigné Madame la Dauphine, Madame, et Madame Victoire pour faire le grand deuil, et Monseigneur le Dauphin, le Duc d'Orléans, et le Prince de Condé pour conduire les princes et princesses. La cérémonie fut marquée par la présence de nombreux archevêques, évêques, et représentants des institutions parisiennes. L'Archevêque de Paris officia, et l'ancien Évêque de Troyes prononça l'oraison funèbre. La décoration de l'église était somptueuse, avec un portail tendu de noir, des rideaux de velours ornés de larmes et d'écussons, et des cartels chargés des armes et des chiffres de Madame Infante. L'intérieur du chœur était décoré d'une ordonnance ionique de pilastres et d'arcades, surmontée d'un attique. Le catafalque, placé à l'entrée du chœur, représentait un tombeau élevé sur un piédestal de marbre verd d'Égypte, décoré de colonnes doriques en porphyre et d'or. Le sarcophage était couvert du manteau ducal et accompagné de figures symbolisant les vertus de la princesse. La quantité de lumières, les dorures, et la variété des couleurs des marbres contribuaient à la magnificence de la décoration. Par ailleurs, un vaisseau arrivé à Marseille rapporta qu'un tremblement de terre avait détruit la ville de Saphet en Palestine, ainsi que plusieurs villages environnants. La Compagnie des Indes reçut la nouvelle de l'arrivée de quatre vaisseaux chargés de riches marchandises à l'Orient, Rochefort, et La Corogne.
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10
p. 187-203
Suite de la Relation de tout ce qui s'est passé depuis.
Début :
L'Opera que l'on représenta, est composé de trois Actes ; il est intitulé [...]
Mots clefs :
Opéra, Amour, Hymen, Dieux, Querelles, Humanité, Destin, Campagne, Mer, Nymphe, Conseils, Magnificence, Enchantements, Merveilles, Fête, Noblesse, Ministres étrangers, Comte, Dîner, Marquis, Cérémonie, Mariage, Escadrons, Église, Décorations, Cortège, Ornements, Argent, Or, Étoffes, Arcades, Nef, Lumières, Sanctuaire, Hallebardiers, Chevaux, Capitaine, Carosse, Anneaux, Salle, Repas, Plats, Palais, Union, Temple, Jardins, Colonnes, Pyramides, Beauté, Clémence, Fécondité, Douceur, Figures, Dignité, Intelligence, Fontaines, Illuminations, Feu d'artifice, Guirlandes, Fleurs, Bal, Archiduchesse, Officiers, Chevaliers
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texteReconnaissance textuelle : Suite de la Relation de tout ce qui s'est passé depuis.
Suite de la Relation de tout ce qui s'eft
paffé depuis.
L'Opera que l'on repréſenta , eft compofé de
trois Actes ; il eft intitulé les Fétes de L'Hymen
pour les nôces de LL. AA. RR. &c. il eft précédé
d'un Prologue.
Ce Prologue , qui a pour Titre le Triomphe de
PAmour , eft une querelle que les Dieux font à
l'Amour , fur les maux qu'il ne ceffe de faire
aux hommes . L'Amour convient de toutes ces
fauces, & obtient fon pardon en faveur de l'Union ,
qu'il vient de faire de la vertu & de la beauté,
188 MERCURE DE FRANCE.
Les fajets des trois Actes qui compofent l'Opéra
font féparés. C'est une licence que l'on a cru
devoir prendre à caufe du merveilleux & de la
galanterie qu'apportent avec eux des fujers fabuleux
& variés , qui femblent mieux convenir à la
Fête qu'on a célébrée .
L'Acte d'Aris eft le premier. L'Amour par ordre
du Deftin , ceffe d'être aveugle ; il jette fes premiers
regards fur Iris , & en devient amoureux ;
Iris le prend pour le Zéphire ; mais revenue de
fon erreur, elle en devient éprife , diffipe les nuages
qu'Aquilon jaloux lui oppofe fans ceffe , &
sunit à l'Amour pour rendre au monde les jours
les plus beaux & les plus fereins.
Le fecond Acte , eft celui de Sapho . Le Poëte
a feint cette dixiéme Muſe , amoureufe d'Alcée
celèbre Poëte Lyrique natif de Lesbos : il a
feint aufli Doris , fils de Neptune , amant de Sapho
, qui fe voyant préferer fon rival , a recours
a fon pére , & le prie de le vanger par la mort
de l'un & de l'autre. Neptune écoute les voeux
de fon fiis ; & par le fecours d'Eole , & des vents
fouléve tellement les eaux , que les habitans de
la campagne craignent d'ètre fubmergés : 1
paroît lui-même fur une vague qui s'élève beaucoup
au defius des autres ; menace de tour
inonder , fi dans une heure , Sapho n'eft pas fenible
à l'amour de fon fils il rentre dans le fein
de la mer , qui continue dans la plus grande
agitation .
Sapho invoque Apollon , & l'Amour. Une
Lyre defcend du Ciel attachée à des guirlandes
de fleurs ; un arc s'élève dans la Mer à l'endroit
où elle doit avoir fes bornes , & les lui marque
pour l'avenir.
Sapho prend la Lyre : à mesure qu'elle chante
les prodiges opérés par Apollon , & l'Amour ;
OCTOBRE. 1760. 189
la Mer fe calme & fe retire au lieu où elle
étoit avant le débordement ; remplie des infpirations
divines , & de l'enthousiasme poétique ,
elle voit dans l'avenir la fuitte nombreufe des
héros , dont elle doit célébrer l'alliance , annonce
le bonheur dont l'Univers doit jouir ; & par fon
mariage avec Alcée , accomplit le triomphe de
l'harmonie , & de l'amour.
Le troifiéme Acte eft intitulé Eglé. Cette Nymphe
eft amoureufe de Chromis ; Alcée fa compagne
l'eft de Lincée .Elles fe plaifent enſemble
à faire foupirer leurs Amants , en leur cachant
leur tendreffe ; enfin Eglé dit à Chromis qu'elle
l'aimera , lorfqu'elle verra les eaux d'un torrent
enchaînées ; Alcée promet à Lincée de l'aimer
quand Eglé aimera Chromis.
Ces deux jeunes Faunes , déſeſpérés , fe confultent
enſemble , & vont trouver Silene pour qu'il
les aide de fes confeils . Ce vieillard leur demande
où ils ont laillé Eglé & Alcée ; ils répondent
qu'elles font à cueillir des mûres pour lui
teindre le vifage, lorfqu'elles le trouveront endormi
. Silene confole les deux Faunes, leur ordonne
de ſe retirer , leur promet de les fervir , & fe
met fur un lit de gazon où il feint de dormir
en attendant les deux Nymphes. Elles arrivent
avec des guirlandes de fleurs , en enchaînent Si-
Lene qu'elles croyent endormi ; elles le pouffents
il feint de s'éveiller & montre de la colere :
mais bien-tôt après il leur conte la fable d'Acis
& Galatée. Au milieu de cette fable , il s'arrête
comme infpiré , & leur conſeille d'aller trouver
Prothée , de le furprendre endormi , & de l'enchaîner
fans s'épouvanter des différentes formes
qu'il prendra , parce qu'à la fin il parlera , & leur
apprendra des chofes merveilleules.
Elles remercient Silene , & le quittent pour al190
MERCURE DE FRANCE:
ler chercher Prothée ; Chromis & Lincée les accoma
pagnent. Elles le furprennent , l'enchaînent , &
ferrent toujours plus fes liens , à mesure qu'il change
de forme ; il fe change enfin en un Torrent
qui refte immobile : toutes les Nymphes admirent
ce prodige . Silene arrive , rapelle à Eglé le ferment
qu'elle a fait d'être à Chromis lorſqu'elle
verra enchaîner un torrent ; Eglé confent à être
unie à Chromis , & Alcée tient auffi fa parole à
Lincée ; les Faunes & les Nymphes applaudiffent
à cette union,& Silene; au lieu de finir la fable qu'il
fe fouvient d'avoir commencée , ordonne aux Faunes,
& aux Nymphes, de célébrer cet heureux jour,
en repréfentant par leurs danfes , les amours
d'Acis , & Galatée.
L'Italie a vû dans cette occafion renaître fur la
fcène les enchantemens , & la nouveauté de ce
fpectacle digne de l'admiration des étrangers , par
la magnificence , la vérité , & le bon goût qui eft
diftribué dans l'exécution de toutes ces parties. Les
machines employées aux différens prodiges amenés
par le Sujet , ont eu le plus grand fuccès ;
& le Théâtre actuellement difpofé par les machines
à recevoir tout ce que l'imagination peut fournir
de plus merveilleux , retracera chaque fois le
fouvenir de la fête pour laquelle il fert la premiere
fois.
Après l'Opéra l'Infant & Madame Infante Iſabelle,
furent à l'hôtel Palavicini où M. le Prince de
Lichtenſtein avoit fait préparer une Fête, à laquelle
toute la Nobleſſe fut invitée ; plufieurs tables furent
abondamment ſervies , ainſi que quantité de
rafraîchiffemens. On y danſa juſqu'au matin.
1
Le lendemain, M. le Prince de Lichtenſtein donna
un fuperbe dîner à tous les Miniftres étrangers ,
& à la Nobleffe la plus confidérable de l'Etat , &
Etrangere . Le foir il y eut Opéra.
OCTOBRE. 1760. Iol
Le Vendredi cinq , M. le Comte de Rochechouart
donna un grand dîner à M. le Prince de
Lichtenſtein & aux mêmes perfonnes qui avoient
dîné chez lui la veille . Il y eut Opéra le foir.
Le Samedi fix , M. de Lichtenſtein le Prince
dîna chez M. le Marquis de Revilla . Il y eut le foir
affemblée au Palais.
Le Dimanche ſept, jour fixé pour la Cérémonie
du Mariage , les Troupes prirent les Armes dès le
matin ; deux bataillons du Régiment de Parme &
quatorze Compagnies de Grenadiers borderent
les rues par où le Cortége devoit paffer.
Six cens Carabiniers formèrent quatre eſcadrons
fur la place , deux defquelles y retterent , jufques
après que le cortége y eut paffé ; les deux autres
furent repartis pour fermer toutes les rues qui
viennent aboutir à celles par où les Princes pafferent:
chaque troupe étoit formée fur deux rangs ,
à trente pas derriere l'Infanterie qui occupoit le
débouché de la rue.
" L'Eglife Cathédrale , où fe fit la cérémonie ,
étoit magnifiquement décorée. Les Peintures du
Corrége , & des autres excellents Maîtres dont ce
vafte Edifice fe trouve orné dans les voutes , &
dans les frifes , donnant des bornes à la richeffe
de la décoration projettée pour cette Augufte cérémonie
; on fut obligé de fe contenter d'orner
les pilaftres , les arcades , & les baffes nefs de damas
cramoifi à fleurs , enrichis de grandes lames
d'étoffes d'argent , de deux pieds de large; lefquelles
interrompoient fymétriquenient , d'espace
en efpace, le cours du damas d'une maniere agréable
& gracieufe; les impoftes fur lesquelles repofent
les arcades , étoient entourées d'une riche
pente du même damas , pliffée & terminée par
une frange d'or , ainfi que les rideaux qui ornoient
le dedans des arcades , & qui étoient retrouffés
192 MERCURE DE FRANCE.
vers l'impofte , pour donner lieu de découvrir la
décoration des chapelles , & des nefs laterales . Aux
deux côtés de la porte de lagrande nef étoient deur
orcheftres , parées dans le même goût que le refte
de l'Eglife : elles étoient remplies de trente Muficiens
que l'on avoit fait venir pour jouer des
fanfares , depuis le moment où les Princes defcen➡
dirent de carolles , juſqu'a celui où ils furent entrés
dans le fanctuaire ; les deux tribunes qui fe'
trouvent près du Maître Autel , étoient remplies
des Muficiens de la Chambre de S. A. R. qui exé-'
cuterent fupérieurement d'excellentes fymphonies
à deux choeurs.
Le Maître-Autel , beaucoup plus étendu qu'à
l'ordinaire , le trouvoit richement paré d'étoffe
d'or , & couvert d'une quantité de lumieres . Du
côté de l'Evangile , étoit le dais de S. A. R. du
côté de l'Epitre , étoit la Cathetra , deftinée pour
l'Evêque de Plaifance , qui devoit faire la cérémonie.
Au milieu du Sanctuaire , qui étoit couvert de
tapis de la Savonerie , étoit un prie- Dieu , cou-'
vert d'un grand tapis de velours cramoihi galonné
d'or , ainfi que trois couffins , qui étoient pofés
au bas.
Les latereaux du Sanctuaire , furent remplis
par un nombre infini de Nobleffe. Aux deux côtés ,
en face du Maître - Autel , étoient deux grands parquets
décorés dans la même ordonnance de l'Eglife
, l'un defquels étoit deftiné pour tous les
Miniftres Etrangers , l'autre pour les Dames de
la premiere diftinction .
Le Sanctuaire étoit gardé par les Gardes du
Corps de S. A. R. le veftibule du Sanctuaire ainfi
que les degrés qui defcendent à la grande nef
& toute cette nef jufqu'à la porte de l'Eglife
étoir bordée par la garde des Hallebardiers
Royaux. M.
OCTOBRE. 1760.
M.Je Prince de Lichtenſtein partit à 11 heures de
195
l'Hôtel Palavicini où il étoit logé pour le rendre à
la Cathédrale,fon cortége marchoit dans le même
ordre que le jour de fon Audience publique ; il fut
reçu à la porte de L'Eglife par le Chapitre qui le
complimenta. Sa Livrée entra dans la nef du milieu
& fe rangea des deux côtés devant les Hailebardiers
Royaux.
Pendant ce tems- là le cortége de la Cour s'étoit
mis en mrcche dans l'ordre fuivant.
Quarante Hallebardiers Royaux ouvroient la
marche ; la mufique de cette Compagnie étoit à
la tête.
Le Commandant de l'Ecurie & deux Officiers
de l'Ecurie à cheval , quatre Palfreniers les fuivoient
à pied .
I caroffe à fix chevaux pour le Maître des
Cérémonies & trois
Majordomes.
I caroffe à fix chevaux , quatre Gentilshommes
de la Chambre.
I caroffe à fix chevaux, quatre Dames du Palais.
I caroffe à fix chevaux , quatre Dames du Palais.
I caroffe àfix chevaux , quatre
Gentilshommes
de la Chambre.
I caroffe à 8 chevaux. Le Gentilhomme de la
Chambre de fervice à l'Infant.
Le premier Ecuyer , le Majordome de ſervice.
I caroffe à huit chevaux . Le ſervice de Madame
Infante Ifabelle.
Les trompettes & timballes des Gardes du
Corps , avec feize Gardes.
1 caroffe à huit chevaux , l'Infant.
Le Capitaine des Gardes , le Grand Ecuyer.
I caroffe à 8 chevaux ,¡Madame InfanteÏfabelle,
Madame de Gonzales , Madame de Siſſa .
La Compagnie des Gardes du Corps ayant à
II. Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
leur tête le Lieutenant , l'Enſeigne , & huic
Exempts.
2 caroffes de refpect vuidės , attelés à 8 chevaux.
I caroffe à fix chevaux , quatre Gentilshommes
de la Chambre.
Tous les Pages marchoient à pied aux deux côtés
des caroffes des Princes .
On arriva dans cet ordre à la porte de l'Eglife :
on marchoit lentement pour donner aux perfonnes
qui étoient dans les caroffes qui précédoient
ceux des Princes , le temps de defcendre .
M.le Prince de Lichtenſtein attendoit à la porte
de l'Eglife.
Pendant que l'Infant defcendoit de fon carolle,
Le Maître desCérémonies fut prendre M.le Prince
Liechtenſtein & le conduifit à la portiere du caroffe
de Madame Infantelfabelle . L'Infant s'en aprocha
auffi & reçut la main droite de Madame fa fille en
defcendant du caroffe;M. le Prince reçur la main
gauche.
Ils marcherent ainfi jufqu'au prie- Dieu qui fe
trouvoit dans le Sanctuaire en face du Maître-
Autel , où ils fe mirent à genoux fur les couffins
qui étoient au bas de ce prie- Dieu. L'Infant occupa
celui de la droite ; Madame Ifabelle celui
du milieu ; M. de Lichtenſtein celui de la gauche.
Ils fe leverent un moment après , & s'approcherent
des degrés de l'Autel ; l'Evêque déranda
à M. le Prince s'il avoit le pouvoir d'épouler Mae
InfanteIfabelle, au nom de l'Archiduc Jofeph ; fes
Pouvoirs furent lus à haute voix par un Secretaire
impérial , après quoi le Chancelier de l'Evêché
lutauffi à haute voix la Difpenfe du Pape .
Le refte de la Cérémonie fut exécutée ſuivant le
Rituel ordinaire de l'Eglife , excepté que l'anneau
fut préfenté à Madame l'Archiduchelle par M. le
Prince de Lichtenftein , fur une foucoupe , & qu'elle
le mit elle-même à fon doigt.
OCTOBRE. 1760.
195
Après cette cérémonie , Madame l'Archiducheffe
retourna au Pri - Dieu , ayant toujours M.
de Lichtenſtein à la gauche. Après une courte
priere , les Princes fe remirent en marche pour
fortir de l'Eglife dans le même ordre qu'ils y
étoient entrés ; l'Infant & M. de Lichtenttein
donnerent la main à Madaine
l'Archiducheffe
pour monter dans fon carolle , l'Infant monta
dans le fien , & M. le Prince fut joindre les
équipages qui l'attendoient à une des portes latérales
de l'Eglife.
l'on
On le mit en marche pour retourner au Palais
par un chemin plus long que celui
avoit fait en venant du Palais à la Cathédrale
que
afin que tout le Peuple , & une quantité prodigieufe
d'Etrangers qui s'étoient rendus à Parme
pullent voir la magnificence , de cette marche.
Le Cortége de M. le Prince de Lichtenſtein
précédoit celui de la Cour , de 60 ou 80 pas . Les
Troupes qui bordoient les rues lui préfenterent
les armes , les tambours rappelloient , & les
Officiers le faluerent du chapeau .
Pendant l'efpace qui étoit entre le caroffe de
M. de Lichtenftein & celui de l'Infant , l'Infanterie
mit la bayonnette au bout du fufl. Lorsqu'ils
pafferent , on préſenta les armes , les tambours
battirent au champ , & les Officiers faluerent de
l'eſponton .
M. de Lichtenſtein defcendit à la porte du Palais
pour y attendre Madame l'Archiducheſſe ;
l'Infant aufuôt arrivé defcendit de fon caroffe ,
& s'avança à la portiere de celui de Madame
l'Archiducheffe fa fille pour lui donner la main.
Elle fut conduite à ſon
appartement par l'Infant
& M. de Lichtenftein toujours dans l'ordre
obfervé
précédemment , c'eft à dire l'Infant à
fa droite , & M. de Lichtenſtein à la gauche ;
I j
196 MERCURE DE FRANCE.
yne quantité prodigieufe de Nobleffe rem pliffoit
le Palais .
S. A. R. l'Infant fe retira dans fon appartement
, après avoir reſté un moment dans celui
de la fille ; qui , après que l'Infant fut retiré
donna fa main à baifer à tous les Sujets de la
Maifon d'Autriche qui fe trouverent préfens.
L'heure du repas étant arrivée , le Maître des
Cérémonies fut avertir l'Infant , & marcha devant
lui jufques à l'appartement de Madame
l'Archiducheffe , où S. A. R. s'étoit propofée de
l'aller prendre pour la conduire à la table de
nôces.
2
Cette table étoit préparée dans la falle d'audience
, de façon que les trois fiéges fe trouvoient
fous le dais ; il n'y avoit pas de fauteuil ,
mais trois chaifes à dos parfaitement égales.
Madame l'Archiducheſſe entra dans la falle &
fut conduite à table par Monfeigneur l'Infant à
qui elle donnoit la main droite , & M. le Prince
de Lichtenſtein à qui elle donnoit la main gauche
; elle fe plaça au milieu , l'Infant à fa droite ,
& M. de Lichtenftein à fa gauche ; le Maître des
Cérémonies avoit toujours précédé les Princes jufques
à la table.
M. le Comte de S. Vital , Gouverneur de la
Maifon de S. A. R. avec tous les Majordomes ,
excepté celui qui étoit de fervice , furent prendre
lés plats au buffet , & les apporterent ſur la table
dans l'ordre ci-après.
L'Huifier des viandes entre deux Gardes du
Corps , la carabine fur l'épaule : les Gardes s'arrêterent
à la porte de la falle .
Le Maître des Cérémonies marchoit feul quatre
pas après l'Huiffier des viandes.
Douze Pages , portant chacun un plat.
Six Majordomes , portant chacun un plat.
OCTOBRE. 1760. 197
M. le Comte de S. Vital , marchant feul immédiatement
après ,
Le Contrôleur de la Bouche.
Quatre Gardes du Corps la carabine fur l'épaule
, qui fe font arrêtés au même endroit que
les deux premiers.
Le Majordome de fervice prit les plats des
mains des autres Majordomes , & des Pages , &
les arrangea fur la table. Pendant ce temps ,
M. de S. Vital fut fe mettre derriere les Princes
pour fervir Madame l'Archiducheffe , il lui ap
procha fa chaife , celle de l'Infant fut approchée
par un Majordone , & celle de M. le Prince de
Lichtentein par un Gentilhomme de la Maiſon
de S. A R. Madame l'Archiducheffe fut fervie
par M. de S. Vital , l'infant le fut à l'ordinaire
par le entilhomme de la Chambre de fervice ,
& M. le Prince de Lichtenſtein par un Gentilhomme
de la Maiſon.
Ce repas fut fervi avec toute la magnificence
& tout le goût imaginable.
Au fortir de table , Madame l'Archiducheffe
fut reconduite dans fon appartement dans le mê -
me ordre qui avoit été observé en venant à table.
Il n'y eut plus rien jufqu'au foir.
L
Toute la Nobleffe étoit invitée de fe rendre à
huit heures du foir au Palais du Jardin , pour de
là , voir tirer un feu d'artifice , & voir en même
temps une fuperbe illumination difpofée dans le
Jardin . L'ordonnance en étoit riche & galante.
Le Palais du jardin fut dès fept heures rempli
d'un grand nombre de Nobleffe. M. le Prince de
Lichtenftein s'y rendit à fept heures & demie. Le
Prince Ferdinand & Madame Louife , s'y rendirent
peu après , & l'Infant & Madame l'Archiduchefle
y arriverent à huit heures précifes.
Le feu d'artifice fut appliqué à un monument
· Iiij
198 MERCURE DE FRANCE.
Hlevé au milieu d'une très- grande place dans le
jardin de Parme , & faifoit face au Palais où les
Princes fe tranfportérent pour en voir l'effet .
Il repréfentoit l'union de l'Amour & de l'hymen
dans le Temple de Minerve. Ce Temple
étoit élevé fur un grand fondement amtique , dont
la forme étoit ovale , de quatre - vingt - dix - huit
pieds de longueur , fur foixante- quatre pieds de
large ; un grand focle de porphyre , comprenant.
dans fa hauteur les gradins qui formoient les deux
entrées principales du Temple , s'élevoit au-delfus
de ce fondement , & contournoit la baſe de ce
monument , qui étoit orné de vingt- quatre colonnes
d'ordre Dorique entourées de guirlandes
de fleurs. Il avoit quatre faces égales , & fes angles
étoient flanqués de quatre pyramides ifolées
dédiées aux Arts & portant leurs attributs en trophées.
Ces Pyramides étoient environnées de quatre
colonnes du même ordre , formant des avantcorne
à jour , rachetés fur les angles du quarré
du Temple , en forme de tours ou de baftions.
L'entablement étoit décoré de guirlandes de
fleurs dans la frife , & les quatre avant- corps. de
colonnes qui couvroient les Pyramides , foutenoient
fur chaque face des médaillons , en tout au
nombre de ſeize , moitié appuyés ſur la frife &
l'architrave de cet ordre , & moitié tombant dans
le vuide de l'entre- colonne. Ils repréſentoient
des tableaux où étoient peintes les qualités vertueufes
de l'Archiduc & de Madame Iſabelle
comme la nobleffe , la magnanimité , la Majesté
Royale , la libéralité , la jeunelle , la beauté , la
bonté , la clémence , la fécondité , la douceur ,
l'amour de la gloire , l'amour de la Patrie , l'amour
des Sciences , l'amour des Arts , l'enjoûment
& l'affabilité .
Au- deffus des quatre tours des Colonnes , s'élevoir
OCTOBRE. 1760. 199
au milieu des trophées Militaires, un piédeftal portant
des renommées,fur les quatre portes ou Arcades
de ce Temple étoient les Écuffons de l'Archiduc
& de Madame Ifabelle , au milieu de deux
vales ,de Parfums , & appuyé fur le focle qui couronnait
la Corniche .
Au -dellus de ce Socle, dont le plan étoit quarré
comme le Temple , s'élevoit une attique ronde
en forme de Piédeftal couronnée d'un dôme ouvert
par le haur & décoré de guirlandes de fleurs .
Ce Piédeſtal fervita porterautour dela Naillance
du dôme 12 Figures réprefentant les Jeux , les
Ris, & les Plairs , danfant & formant une chaîne
de guirlandes autour de ce monument.
Les quatre portes du Temple étoient décorées &
comme gardées par huit Figures repréſentantes la
vigilance , la dignité , l'Intelligence , la pureté ,
le filence , la douceur , & le courage , qui compo.
fept enfemble toutes les vertus qui caractérisent.
la fagelle.
Au milieu de ce temple dont la forme intérieure.
étoit octogone rachetant une voûte ronde & farbaillée
, étoit la Figure de Minerve fur différens
plans de quées , réuniffant entre fes bras les Figures
de l'Amour & de l'Hymen.
Sur les deux aîles du focle qui joignoit toute la
longueur du fondement ovale , & qui comprenoit
toute la hauteur des perrons , étoient de chaque
côté les autels de l'Amour & de l'Hymen .
Quatre fontaines de feu élevées fur des rochers
qui fortoient de terre contribuoient à la richeſſe de
la bafe de ce monument , en même tems qu'elles
augmentoient l'effet des différens tableaux de feu
qui fortoient de cet édifice deftiné à faire éclater
la joie publique que procure cet événement.
L'Illumination générale de cette machine d'Artifice
fur accompagnée de deux Phénomènes qui
I iv
200 MERCURE DE FRANCE
fe voyoient à droite & à gauche à une certaine dif :
tance du feu & comme dans le lointain. Ils montroient
chacun le Globe du Monde tranfparent
d'un diamètre confidérable , environnés dans l'air
d'un cercle de feu , en figne de l'allégreffe que
qu'infpire à tout l'Univers cet Augufte Mariage
. Une grande quantité de fufées fortoient
également de derriere ces Phénomènes , & formoient
en l'air des Bouquets qui , dirigés pour fe
réunir ſur le ſommer du Temple , conftruifoient
une voute de feu , qui le couvroit continuelle
ment.
Tout ce Spectacle étoit accompagné d'une illumination
générale dans le jardin ; les terraffes décorées
d'ifs , de girandoles & de cordons de lu
mieres hautes & baſſes ; les miroirs de feu , les
pots à-feu formant des cordons élevés , toutes les
allées éclairées fur différens deffeins , & l'illumination
de toute la façade du Palais qui fait face
l'entrée de ce jardin , auffi bien que les différen
tes avenues en étoile , qui y conduifent ; enfin
rien ne fut oublié pour rendre cette Fête augufte
& digne de fon Souverain.
Après le feu d'artifice , l'Infant & Madame
l'Archiducheffe furent fouper. Pendant ce tems
toute la Nobleffe fe ren lit au Théâtre , que l'on
avoit préparé pour y donner un Bal mafqué.
On avoit élevé le Parterre à la hauteur du plane
cher du Théâtre , & l'on avoit pratiqué fur ce
même Théâtre , des Loges folides , femblables à
celles de la Salle ; de façon que le Theâtre &
le Parterre ne faifoient qu'une grande Salle
ovale , applatie par les flancs , & toute entourrée .
de trois rangs de Loges les unes fur les autres ;
cette Salle étoit ornée de guirlandes de fleurs , &
gazes bleues & argent , qui fe rattachoient galamment
aux montants qui feparent les Loges , &
de
OCTOBRE. 1760. 201
qui tomboient en feftons fur les appuis des Loges ,
d'une maniere agréable & pleine de goût ; elle
étoit éclairée par une quantité de luftres de cryftal
ornés de guirlandes de petites fleurs , & par
des bras de cryftal ornés de même , appliqués contre
les appuis des Loges des rangs fupérieurs ; c'étoit
à ces bras que venoient s'attacher les guirlan
des de fleurs , qui ornoient le devant des Loges .
On entroit dans cette Salle par la Loge de la couronne
qui s'avance fur le Parterre , comme les
Amphithéâtres employés en France dans les Salles
des Spectacles ; on en avoit coupé l'appui par
devant , & on defcendoit de-là dans le corps de la
Salle par quatre degrés couverts de tapis de Turquie.
Toutes les Loges étoient remplies , tant celles
pratiquées fur le Théâtre que celles de la Salle ,
pår une grande quantité de Dames & de Cavaliers
ment parés.
Madame l'Archiducheffe étant arrivée , on ouvrit
le Bal par une Allemande , où douze perfonnes
danferent enſemble : Madame l'Archiduchefe
donnoit la main au Prince François , neveu de M.
le Prince de Lichtenſtein . On danſa jufqu'à quatre
heures du matin ; & pendant tout le tems que
durat le Bal , les Officiers de la maiſon de l'Infant
fervirent abondamment de toutes fortes de rafraîchiflemens.
Tout fe paffa avec beaucoup d'ordre ,
& tout le monde fortit extrêmement fatisfait.
Le lendemain 8 , M. le Prince de Lichtenſtein
prit fon Audience de congé ; tout fut obſervé à
cette Audience comme à celle de la demande ,
excepté que l'Introducteur , le Maître des Cérémonies
, & M. le Marquis Palavicini , furent pren .
dre.M. le Prince dans l'Appartement qu'il occupoit
à la Cour ; & que M. de Lichtenſtein , en
fortant de l'Audience de l'Infant , fur à celle de
I v
200 MERCURE DE FRANCE
fe voyoient à droite & à gauche à une certaine dif
tance du feu & comme dans le lointain. Ils mon
troient chacun le Globe du Monde tranſparent
d'un diamètre confidérable , environnés dans l'air
d'un cercle de feu , en figne de l'allégreffe que
qu'infpire à tout l'Univers cet Augufte Mariage.
Une grande quantité de fufées fortoient
également de derriere ces Phénomènes , & formoient
en l'air des Bouquets qui , dirigés pour fe
réunir fur le fommer du Temple , conftruifoient
une voute de feu , qui le couvroit continuelle
ment.
Tout ce Spectacle étoit accompagné d'une illu
mination générale dans le jardin ; les terraffes décorées
d'ifs , de girandoles & de cordons de lu
mieres hautes & balles ; les miroirs de feu , les
pots à- feu formant des cordons élevés , toutes les
allées éclairées fur différens deffeins , & l'illumination
de toute la façade du Palais qui fait face à
l'entrée de ce jardin , auffi bien que les différen➡
tes avenues en étoile , qui y conduifent ; enfin
rien ne fut oublié pour rendre cette Fête auguſte
& digne de fon Souverain.
Après le feu d'artifice , l'Infant & Madame :
l'Archiducheffe furent fouper. Pendant ce tems
toute la Nobleffe fe ren lit au Théâtre , que l'on
avoit préparé pour y donner un Bal mafqué.
On avoit élevé le Parterre à la hauteur du plan
cher du Théâtre , & l'on avoit pratiqué fur ce
même Théâtre , des Loges folides , femblables à
celles de la Salle ; de façon que le Theâtre &
le Parterre ne faifoient qu'une grande Salle
ovale , applatie par les flancs , & toute entourrée
de trois rangs de Loges les unes fur les autres ;
cette Salle étoit ornée de guirlandes de fleurs , &
de gazes bleues & argent , qui fe rattachoient galamment
aux montants qui feparent les Loges , &
OCTOBRE. 1760. 201
qui tomboient en feftons fur les appuis des Loges ,
d'une maniere agréable & pleine de goût ; elle
étoit éclairée par une quantité de luftres de cryftal
ornés de guirlandes de petites fleurs , & par
des bras de cryftal ornés de même , appliqués contre
les appuis des Loges des rangs fupérieurs ; c'étoit
à ces bras que venoient s'attacher les guirlan
des de fleurs , qui ornoient le devant des Loges.
On entroit dans cette Salle par la Loge de la couronne
qui s'avance fur le Parterre , comme les
Amphithéâtres employés en France dans les Salles
des Spectacles ; on en avoit coupé l'appui pardevant
, & on defcendoit de -là dans le corps de la
Salle par quatre degrés couverts de tapis de Tur
quie.
Toutes les Loges étoient remplies , tant celles
pratiquées fur le Théâtre que celles de la Salle ,
par une grande quantité de Dames & de Cavaliers
ment parés.
Madame l'Archiducheffe étant arrivée , on ouvrit
le Bal par une Allemande , où douze perfonnes
danſerent enſemble : Madame l'Archiduchele
donnoit la main au Prince François , neveu de M.
le Prince de Lichtenſtein . On danſa jufqu'à quatre
heures du matin ; & pendant tout le tems que
durat le Bal , les Officiers de la maiſon de l'Infant
fervirent abondamment de toutes fortes de rafraîchiflemens.
Tout fe paffa avec beaucoup d'ordre ,
& tout le monde fortit extrêmement fatisfait.
Le lendemain 8 , M. le Prince de Lichtenftein
prit fon Audience de congé ; tout fut obfervé à
cette Audience comme à celle de la demande 9
excepté que l'Introducteur , le Maître des Cérémonies
, & M. le Marquis Palavicini , furent pren .
dre.M. le Prince dans l'Appartement qu'il occupoit
à la Cour ; & que M. de Lichtenſtein , en
fortant de l'Audience de l'Infant , fur à celle de
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200 MERCURE DE FRANCE
fe voyoient à droite & à gauche à une certaine dif
tance du feu & comme dans le lointain. Ils montroient
chacun le Globe du Monde tranfparent , '
d'un diamètre confidérable , environnés dans l'air
d'un cercle de feu , en figne de l'allégreffe que
qu'infpire à tout l'Univers cet Augufte Mariage
. Une grande quantité de fufées fortoient
également de derriere ces Phénomènes , & formoient
en l'air des Bouquets qui , dirigés pour fe
réunir fur le fommet du Temple , conftruifoient
une voute de feu , qui le couvroit continuelle
ment.
Tout ce Spectacle étoit accompagné d'une illu
mination générale dans le jardin ; les terraffes décorées
d'ifs , de girandoles & de cordons de lu
mieres hautes & baffes ; les miroirs de feu , les
pots à-feu formant des cordons élevés , toutes les
allées éclairées fur différens deffeins , & l'illumination
de toute la façade du Palais qui fait face à
l'entrée de ce jardin , auffi bien que les différen
tes avenues en étoile , qui y conduifent enfin
rien ne fut oublié pour rendre cette Fête augufte
& digne de fon Souverain.
Après le feu d'artifice , l'Infant & Madame
l'Archiducheffe furent fouper. Pendant ce tems
toute la Nobleffe ſe ren fit au Théâtre , que l'on
avoit préparé pour y donner un Bal maſqué .
On avoit élevé le Parterre à la hauteur du plan
cher du Théâtre , & l'on avoit pratiqué fur ce
même Théâtre , des Loges folides , femblables à
celles de la Salle ; de façon que le Theâtre &
le Parterre ne faifoient qu'une grande Salle
ovale , applatie par les flancs , & toute entourrée
de trois rangs de Loges les unes fur les autres ;
cette Salle étoit ornée de guirlandes de fleurs , &
de gazes bleues & argent , qui fe rattachoient galamment
aux montants qui ſéparent les Loges , &
OCTOBRE. 1760. 201
qui tomboient en feftons fur les appuis des Loges ,
d'une maniere agréable & pleine de goût ; elle
étoit éclairée par une quantité de luftres de cryftal
ornés de guirlandes de petites fleurs , & par
des bras de cryſtal ornés de même , appliqués contre
les appuis des Loges des rangs fupérieurs ; c'étoit
à ces bras que venoient s'attacher les guirlandes
de fleurs , qui ornoient le devant des Loges.
On entroit dans cette Salle par la Loge de la couronne
qui s'avance fur le Parterre , comme les
Amphithéâtres employés en France dans les Salles
des Spectacles ; on en avoit coupé l'appui pardevant
, & on defcendoit de -là dans le corps de la
Salle par quatre degrés couverts de tapis de Turquie.
Toutes les Loges étoient remplies , tant celles
pratiquées fur le Théâtre que celles de la Salle
pår une grande quantité de Dames & de Cavaliers
ment parés.
Madame l'Archiducheſſe étant arrivée , on ouvrit
le Bal par une Allemande , où douze perfonnes
danferent enſemble : Madame l'Archiduchele
donnoit la main au Prince François , neveu de M.
le Prince de Lichtenftein . On danſa jufqu'à quatre
heures du matin ; & pendant tout le tems que
durat le Bal , les Officiers de la maiſon de l'Infant
fervirent abondamment de toutes fortes de rafraîchiflemens.
Tout fe paffa avec beaucoup d'ordre ,
& tout le monde fortit extrêmement fatisfait.
Le lendemain 8 , M. le Prince de Lichtenftein
prit fon Audience de congé ; tout fut obfervé à
cette Audience comme à celle de la demande ,
excepté que l'Introducteur , le Maître des Cérémonies
, & M. le Marquis Palavicini , furent pren .
dre.M. le Prince dans l'Appartement qu'il occupoit
à la Cour ; & que M. de Lichtenſtein , en
fortant de l'Audience de l'Infant , fut à celle de
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
Madame l'Archiducheffe , avant d'être conduit à
celle du Prince Ferdinand.
Après l'Audience de Madame Louife , M. le
Prince , au lieu de retourner dans fon appartement
a la Cour , defcendit par le grand efcalier ,
& fut monter dans fon Caroffe qui l'attendoit a la
porte du Palais , pour le ramener à l'Hôtel Palavicini
.
Le Maître des Cérémonies l'accompagna juf
qu'au bas de l'efcalier , M. de Palavicini & M.
Introducteur jufques à la portiere de la voiture ,
qui ne fur fermée que quand ces Meffieurs fe futent
retirés.
Le foir , il y eut Opéra.
Le 9. l'Infant fut dîner chez M. de Lichtenſtein.
Lé foir , il y eut Opéra.
Le to M. le Prince de Lichtenſtein dina chez M.
Dutillot , & partit après dîner pour Cafalmajor.
Le foir , il y eut Aflemblée au Paļais .
Le 11. au matin tous les Corps de l'Etat , le
Militaire , la Nobleffe , & la Maifon de S. A R.
eurent l'honneur de baifer la main à Madame
l'Archiducheffe .
Il y eut Opéra , le ſoir.
Le .les Princes n'ont reçu perfonne .
Le 13. S. A. R. Madame l'Archiducheffe partit
à dix heures du matin pour le rendre à Cafalmajor:
elle y a été accompagnée par Madame de
Gonzales , Madame de Silla , quatre Dames du
Pálais , des Majordomes , & huit Gentilshommes
de la Chambre ; elle étoit faivîe d'un nombre de
Pages , d'Ecuyers , de fon premier fervice , & defon
fervice du fecond Ordre , du Commandant de
l'Ecurie de deux Officiers des Ecuries , du Sellier >
du Maréchal , du Charron & de 24 Palfreniers à
Cheval;elle étoit éfcortée par des Gardes du Corps.
Les rues par lesquelles elle a pallé, étoient bordées
OCTOBRE , 1760. 203
de troupes , on avoit difpofé des Détachemens de
Cavalerie & d'Infanterie fur différens endroits de
la roure.
Des Bataillons Provinciaux , fix Compagnies de
Grenadiers, un Bataillon du Régiment de Parme ,
& les deux Compagnies de Grenadiers de inême
Régiment, étoient difpofées fur les bords du Pô ,
en deçà de la tête du Pont. Elle y a trouvé des
Elcadrons de Gardes du Corps & de Cavalerie. Elle
eft arrivée à Cafalmajor à midi & deux minutes.
M. le Comte de S. Vital eft chargé de la Cérémonie
de la remife , un Secrétaire du Cabinet de
l'Acte de certe ' remiſe .
S. A. R. s'arrête demain à Cafalmajor pour y
donner la main à bailer aux Deputés de la Lombardie
Autrichienne , aux Chambres Souveraines ,
& à la Nobleffe. Le lundi elle ira à Mantoue, où elle
s'arrêtera encore un jour, pour un objet ſemblable.
paffé depuis.
L'Opera que l'on repréſenta , eft compofé de
trois Actes ; il eft intitulé les Fétes de L'Hymen
pour les nôces de LL. AA. RR. &c. il eft précédé
d'un Prologue.
Ce Prologue , qui a pour Titre le Triomphe de
PAmour , eft une querelle que les Dieux font à
l'Amour , fur les maux qu'il ne ceffe de faire
aux hommes . L'Amour convient de toutes ces
fauces, & obtient fon pardon en faveur de l'Union ,
qu'il vient de faire de la vertu & de la beauté,
188 MERCURE DE FRANCE.
Les fajets des trois Actes qui compofent l'Opéra
font féparés. C'est une licence que l'on a cru
devoir prendre à caufe du merveilleux & de la
galanterie qu'apportent avec eux des fujers fabuleux
& variés , qui femblent mieux convenir à la
Fête qu'on a célébrée .
L'Acte d'Aris eft le premier. L'Amour par ordre
du Deftin , ceffe d'être aveugle ; il jette fes premiers
regards fur Iris , & en devient amoureux ;
Iris le prend pour le Zéphire ; mais revenue de
fon erreur, elle en devient éprife , diffipe les nuages
qu'Aquilon jaloux lui oppofe fans ceffe , &
sunit à l'Amour pour rendre au monde les jours
les plus beaux & les plus fereins.
Le fecond Acte , eft celui de Sapho . Le Poëte
a feint cette dixiéme Muſe , amoureufe d'Alcée
celèbre Poëte Lyrique natif de Lesbos : il a
feint aufli Doris , fils de Neptune , amant de Sapho
, qui fe voyant préferer fon rival , a recours
a fon pére , & le prie de le vanger par la mort
de l'un & de l'autre. Neptune écoute les voeux
de fon fiis ; & par le fecours d'Eole , & des vents
fouléve tellement les eaux , que les habitans de
la campagne craignent d'ètre fubmergés : 1
paroît lui-même fur une vague qui s'élève beaucoup
au defius des autres ; menace de tour
inonder , fi dans une heure , Sapho n'eft pas fenible
à l'amour de fon fils il rentre dans le fein
de la mer , qui continue dans la plus grande
agitation .
Sapho invoque Apollon , & l'Amour. Une
Lyre defcend du Ciel attachée à des guirlandes
de fleurs ; un arc s'élève dans la Mer à l'endroit
où elle doit avoir fes bornes , & les lui marque
pour l'avenir.
Sapho prend la Lyre : à mesure qu'elle chante
les prodiges opérés par Apollon , & l'Amour ;
OCTOBRE. 1760. 189
la Mer fe calme & fe retire au lieu où elle
étoit avant le débordement ; remplie des infpirations
divines , & de l'enthousiasme poétique ,
elle voit dans l'avenir la fuitte nombreufe des
héros , dont elle doit célébrer l'alliance , annonce
le bonheur dont l'Univers doit jouir ; & par fon
mariage avec Alcée , accomplit le triomphe de
l'harmonie , & de l'amour.
Le troifiéme Acte eft intitulé Eglé. Cette Nymphe
eft amoureufe de Chromis ; Alcée fa compagne
l'eft de Lincée .Elles fe plaifent enſemble
à faire foupirer leurs Amants , en leur cachant
leur tendreffe ; enfin Eglé dit à Chromis qu'elle
l'aimera , lorfqu'elle verra les eaux d'un torrent
enchaînées ; Alcée promet à Lincée de l'aimer
quand Eglé aimera Chromis.
Ces deux jeunes Faunes , déſeſpérés , fe confultent
enſemble , & vont trouver Silene pour qu'il
les aide de fes confeils . Ce vieillard leur demande
où ils ont laillé Eglé & Alcée ; ils répondent
qu'elles font à cueillir des mûres pour lui
teindre le vifage, lorfqu'elles le trouveront endormi
. Silene confole les deux Faunes, leur ordonne
de ſe retirer , leur promet de les fervir , & fe
met fur un lit de gazon où il feint de dormir
en attendant les deux Nymphes. Elles arrivent
avec des guirlandes de fleurs , en enchaînent Si-
Lene qu'elles croyent endormi ; elles le pouffents
il feint de s'éveiller & montre de la colere :
mais bien-tôt après il leur conte la fable d'Acis
& Galatée. Au milieu de cette fable , il s'arrête
comme infpiré , & leur conſeille d'aller trouver
Prothée , de le furprendre endormi , & de l'enchaîner
fans s'épouvanter des différentes formes
qu'il prendra , parce qu'à la fin il parlera , & leur
apprendra des chofes merveilleules.
Elles remercient Silene , & le quittent pour al190
MERCURE DE FRANCE:
ler chercher Prothée ; Chromis & Lincée les accoma
pagnent. Elles le furprennent , l'enchaînent , &
ferrent toujours plus fes liens , à mesure qu'il change
de forme ; il fe change enfin en un Torrent
qui refte immobile : toutes les Nymphes admirent
ce prodige . Silene arrive , rapelle à Eglé le ferment
qu'elle a fait d'être à Chromis lorſqu'elle
verra enchaîner un torrent ; Eglé confent à être
unie à Chromis , & Alcée tient auffi fa parole à
Lincée ; les Faunes & les Nymphes applaudiffent
à cette union,& Silene; au lieu de finir la fable qu'il
fe fouvient d'avoir commencée , ordonne aux Faunes,
& aux Nymphes, de célébrer cet heureux jour,
en repréfentant par leurs danfes , les amours
d'Acis , & Galatée.
L'Italie a vû dans cette occafion renaître fur la
fcène les enchantemens , & la nouveauté de ce
fpectacle digne de l'admiration des étrangers , par
la magnificence , la vérité , & le bon goût qui eft
diftribué dans l'exécution de toutes ces parties. Les
machines employées aux différens prodiges amenés
par le Sujet , ont eu le plus grand fuccès ;
& le Théâtre actuellement difpofé par les machines
à recevoir tout ce que l'imagination peut fournir
de plus merveilleux , retracera chaque fois le
fouvenir de la fête pour laquelle il fert la premiere
fois.
Après l'Opéra l'Infant & Madame Infante Iſabelle,
furent à l'hôtel Palavicini où M. le Prince de
Lichtenſtein avoit fait préparer une Fête, à laquelle
toute la Nobleſſe fut invitée ; plufieurs tables furent
abondamment ſervies , ainſi que quantité de
rafraîchiffemens. On y danſa juſqu'au matin.
1
Le lendemain, M. le Prince de Lichtenſtein donna
un fuperbe dîner à tous les Miniftres étrangers ,
& à la Nobleffe la plus confidérable de l'Etat , &
Etrangere . Le foir il y eut Opéra.
OCTOBRE. 1760. Iol
Le Vendredi cinq , M. le Comte de Rochechouart
donna un grand dîner à M. le Prince de
Lichtenſtein & aux mêmes perfonnes qui avoient
dîné chez lui la veille . Il y eut Opéra le foir.
Le Samedi fix , M. de Lichtenſtein le Prince
dîna chez M. le Marquis de Revilla . Il y eut le foir
affemblée au Palais.
Le Dimanche ſept, jour fixé pour la Cérémonie
du Mariage , les Troupes prirent les Armes dès le
matin ; deux bataillons du Régiment de Parme &
quatorze Compagnies de Grenadiers borderent
les rues par où le Cortége devoit paffer.
Six cens Carabiniers formèrent quatre eſcadrons
fur la place , deux defquelles y retterent , jufques
après que le cortége y eut paffé ; les deux autres
furent repartis pour fermer toutes les rues qui
viennent aboutir à celles par où les Princes pafferent:
chaque troupe étoit formée fur deux rangs ,
à trente pas derriere l'Infanterie qui occupoit le
débouché de la rue.
" L'Eglife Cathédrale , où fe fit la cérémonie ,
étoit magnifiquement décorée. Les Peintures du
Corrége , & des autres excellents Maîtres dont ce
vafte Edifice fe trouve orné dans les voutes , &
dans les frifes , donnant des bornes à la richeffe
de la décoration projettée pour cette Augufte cérémonie
; on fut obligé de fe contenter d'orner
les pilaftres , les arcades , & les baffes nefs de damas
cramoifi à fleurs , enrichis de grandes lames
d'étoffes d'argent , de deux pieds de large; lefquelles
interrompoient fymétriquenient , d'espace
en efpace, le cours du damas d'une maniere agréable
& gracieufe; les impoftes fur lesquelles repofent
les arcades , étoient entourées d'une riche
pente du même damas , pliffée & terminée par
une frange d'or , ainfi que les rideaux qui ornoient
le dedans des arcades , & qui étoient retrouffés
192 MERCURE DE FRANCE.
vers l'impofte , pour donner lieu de découvrir la
décoration des chapelles , & des nefs laterales . Aux
deux côtés de la porte de lagrande nef étoient deur
orcheftres , parées dans le même goût que le refte
de l'Eglife : elles étoient remplies de trente Muficiens
que l'on avoit fait venir pour jouer des
fanfares , depuis le moment où les Princes defcen➡
dirent de carolles , juſqu'a celui où ils furent entrés
dans le fanctuaire ; les deux tribunes qui fe'
trouvent près du Maître Autel , étoient remplies
des Muficiens de la Chambre de S. A. R. qui exé-'
cuterent fupérieurement d'excellentes fymphonies
à deux choeurs.
Le Maître-Autel , beaucoup plus étendu qu'à
l'ordinaire , le trouvoit richement paré d'étoffe
d'or , & couvert d'une quantité de lumieres . Du
côté de l'Evangile , étoit le dais de S. A. R. du
côté de l'Epitre , étoit la Cathetra , deftinée pour
l'Evêque de Plaifance , qui devoit faire la cérémonie.
Au milieu du Sanctuaire , qui étoit couvert de
tapis de la Savonerie , étoit un prie- Dieu , cou-'
vert d'un grand tapis de velours cramoihi galonné
d'or , ainfi que trois couffins , qui étoient pofés
au bas.
Les latereaux du Sanctuaire , furent remplis
par un nombre infini de Nobleffe. Aux deux côtés ,
en face du Maître - Autel , étoient deux grands parquets
décorés dans la même ordonnance de l'Eglife
, l'un defquels étoit deftiné pour tous les
Miniftres Etrangers , l'autre pour les Dames de
la premiere diftinction .
Le Sanctuaire étoit gardé par les Gardes du
Corps de S. A. R. le veftibule du Sanctuaire ainfi
que les degrés qui defcendent à la grande nef
& toute cette nef jufqu'à la porte de l'Eglife
étoir bordée par la garde des Hallebardiers
Royaux. M.
OCTOBRE. 1760.
M.Je Prince de Lichtenſtein partit à 11 heures de
195
l'Hôtel Palavicini où il étoit logé pour le rendre à
la Cathédrale,fon cortége marchoit dans le même
ordre que le jour de fon Audience publique ; il fut
reçu à la porte de L'Eglife par le Chapitre qui le
complimenta. Sa Livrée entra dans la nef du milieu
& fe rangea des deux côtés devant les Hailebardiers
Royaux.
Pendant ce tems- là le cortége de la Cour s'étoit
mis en mrcche dans l'ordre fuivant.
Quarante Hallebardiers Royaux ouvroient la
marche ; la mufique de cette Compagnie étoit à
la tête.
Le Commandant de l'Ecurie & deux Officiers
de l'Ecurie à cheval , quatre Palfreniers les fuivoient
à pied .
I caroffe à fix chevaux pour le Maître des
Cérémonies & trois
Majordomes.
I caroffe à fix chevaux , quatre Gentilshommes
de la Chambre.
I caroffe à fix chevaux, quatre Dames du Palais.
I caroffe à fix chevaux , quatre Dames du Palais.
I caroffe àfix chevaux , quatre
Gentilshommes
de la Chambre.
I caroffe à 8 chevaux. Le Gentilhomme de la
Chambre de fervice à l'Infant.
Le premier Ecuyer , le Majordome de ſervice.
I caroffe à huit chevaux . Le ſervice de Madame
Infante Ifabelle.
Les trompettes & timballes des Gardes du
Corps , avec feize Gardes.
1 caroffe à huit chevaux , l'Infant.
Le Capitaine des Gardes , le Grand Ecuyer.
I caroffe à 8 chevaux ,¡Madame InfanteÏfabelle,
Madame de Gonzales , Madame de Siſſa .
La Compagnie des Gardes du Corps ayant à
II. Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
leur tête le Lieutenant , l'Enſeigne , & huic
Exempts.
2 caroffes de refpect vuidės , attelés à 8 chevaux.
I caroffe à fix chevaux , quatre Gentilshommes
de la Chambre.
Tous les Pages marchoient à pied aux deux côtés
des caroffes des Princes .
On arriva dans cet ordre à la porte de l'Eglife :
on marchoit lentement pour donner aux perfonnes
qui étoient dans les caroffes qui précédoient
ceux des Princes , le temps de defcendre .
M.le Prince de Lichtenſtein attendoit à la porte
de l'Eglife.
Pendant que l'Infant defcendoit de fon carolle,
Le Maître desCérémonies fut prendre M.le Prince
Liechtenſtein & le conduifit à la portiere du caroffe
de Madame Infantelfabelle . L'Infant s'en aprocha
auffi & reçut la main droite de Madame fa fille en
defcendant du caroffe;M. le Prince reçur la main
gauche.
Ils marcherent ainfi jufqu'au prie- Dieu qui fe
trouvoit dans le Sanctuaire en face du Maître-
Autel , où ils fe mirent à genoux fur les couffins
qui étoient au bas de ce prie- Dieu. L'Infant occupa
celui de la droite ; Madame Ifabelle celui
du milieu ; M. de Lichtenſtein celui de la gauche.
Ils fe leverent un moment après , & s'approcherent
des degrés de l'Autel ; l'Evêque déranda
à M. le Prince s'il avoit le pouvoir d'épouler Mae
InfanteIfabelle, au nom de l'Archiduc Jofeph ; fes
Pouvoirs furent lus à haute voix par un Secretaire
impérial , après quoi le Chancelier de l'Evêché
lutauffi à haute voix la Difpenfe du Pape .
Le refte de la Cérémonie fut exécutée ſuivant le
Rituel ordinaire de l'Eglife , excepté que l'anneau
fut préfenté à Madame l'Archiduchelle par M. le
Prince de Lichtenftein , fur une foucoupe , & qu'elle
le mit elle-même à fon doigt.
OCTOBRE. 1760.
195
Après cette cérémonie , Madame l'Archiducheffe
retourna au Pri - Dieu , ayant toujours M.
de Lichtenſtein à la gauche. Après une courte
priere , les Princes fe remirent en marche pour
fortir de l'Eglife dans le même ordre qu'ils y
étoient entrés ; l'Infant & M. de Lichtenttein
donnerent la main à Madaine
l'Archiducheffe
pour monter dans fon carolle , l'Infant monta
dans le fien , & M. le Prince fut joindre les
équipages qui l'attendoient à une des portes latérales
de l'Eglife.
l'on
On le mit en marche pour retourner au Palais
par un chemin plus long que celui
avoit fait en venant du Palais à la Cathédrale
que
afin que tout le Peuple , & une quantité prodigieufe
d'Etrangers qui s'étoient rendus à Parme
pullent voir la magnificence , de cette marche.
Le Cortége de M. le Prince de Lichtenſtein
précédoit celui de la Cour , de 60 ou 80 pas . Les
Troupes qui bordoient les rues lui préfenterent
les armes , les tambours rappelloient , & les
Officiers le faluerent du chapeau .
Pendant l'efpace qui étoit entre le caroffe de
M. de Lichtenftein & celui de l'Infant , l'Infanterie
mit la bayonnette au bout du fufl. Lorsqu'ils
pafferent , on préſenta les armes , les tambours
battirent au champ , & les Officiers faluerent de
l'eſponton .
M. de Lichtenſtein defcendit à la porte du Palais
pour y attendre Madame l'Archiducheſſe ;
l'Infant aufuôt arrivé defcendit de fon caroffe ,
& s'avança à la portiere de celui de Madame
l'Archiducheffe fa fille pour lui donner la main.
Elle fut conduite à ſon
appartement par l'Infant
& M. de Lichtenftein toujours dans l'ordre
obfervé
précédemment , c'eft à dire l'Infant à
fa droite , & M. de Lichtenſtein à la gauche ;
I j
196 MERCURE DE FRANCE.
yne quantité prodigieufe de Nobleffe rem pliffoit
le Palais .
S. A. R. l'Infant fe retira dans fon appartement
, après avoir reſté un moment dans celui
de la fille ; qui , après que l'Infant fut retiré
donna fa main à baifer à tous les Sujets de la
Maifon d'Autriche qui fe trouverent préfens.
L'heure du repas étant arrivée , le Maître des
Cérémonies fut avertir l'Infant , & marcha devant
lui jufques à l'appartement de Madame
l'Archiducheffe , où S. A. R. s'étoit propofée de
l'aller prendre pour la conduire à la table de
nôces.
2
Cette table étoit préparée dans la falle d'audience
, de façon que les trois fiéges fe trouvoient
fous le dais ; il n'y avoit pas de fauteuil ,
mais trois chaifes à dos parfaitement égales.
Madame l'Archiducheſſe entra dans la falle &
fut conduite à table par Monfeigneur l'Infant à
qui elle donnoit la main droite , & M. le Prince
de Lichtenſtein à qui elle donnoit la main gauche
; elle fe plaça au milieu , l'Infant à fa droite ,
& M. de Lichtenftein à fa gauche ; le Maître des
Cérémonies avoit toujours précédé les Princes jufques
à la table.
M. le Comte de S. Vital , Gouverneur de la
Maifon de S. A. R. avec tous les Majordomes ,
excepté celui qui étoit de fervice , furent prendre
lés plats au buffet , & les apporterent ſur la table
dans l'ordre ci-après.
L'Huifier des viandes entre deux Gardes du
Corps , la carabine fur l'épaule : les Gardes s'arrêterent
à la porte de la falle .
Le Maître des Cérémonies marchoit feul quatre
pas après l'Huiffier des viandes.
Douze Pages , portant chacun un plat.
Six Majordomes , portant chacun un plat.
OCTOBRE. 1760. 197
M. le Comte de S. Vital , marchant feul immédiatement
après ,
Le Contrôleur de la Bouche.
Quatre Gardes du Corps la carabine fur l'épaule
, qui fe font arrêtés au même endroit que
les deux premiers.
Le Majordome de fervice prit les plats des
mains des autres Majordomes , & des Pages , &
les arrangea fur la table. Pendant ce temps ,
M. de S. Vital fut fe mettre derriere les Princes
pour fervir Madame l'Archiducheffe , il lui ap
procha fa chaife , celle de l'Infant fut approchée
par un Majordone , & celle de M. le Prince de
Lichtentein par un Gentilhomme de la Maiſon
de S. A R. Madame l'Archiducheffe fut fervie
par M. de S. Vital , l'infant le fut à l'ordinaire
par le entilhomme de la Chambre de fervice ,
& M. le Prince de Lichtenſtein par un Gentilhomme
de la Maiſon.
Ce repas fut fervi avec toute la magnificence
& tout le goût imaginable.
Au fortir de table , Madame l'Archiducheffe
fut reconduite dans fon appartement dans le mê -
me ordre qui avoit été observé en venant à table.
Il n'y eut plus rien jufqu'au foir.
L
Toute la Nobleffe étoit invitée de fe rendre à
huit heures du foir au Palais du Jardin , pour de
là , voir tirer un feu d'artifice , & voir en même
temps une fuperbe illumination difpofée dans le
Jardin . L'ordonnance en étoit riche & galante.
Le Palais du jardin fut dès fept heures rempli
d'un grand nombre de Nobleffe. M. le Prince de
Lichtenftein s'y rendit à fept heures & demie. Le
Prince Ferdinand & Madame Louife , s'y rendirent
peu après , & l'Infant & Madame l'Archiduchefle
y arriverent à huit heures précifes.
Le feu d'artifice fut appliqué à un monument
· Iiij
198 MERCURE DE FRANCE.
Hlevé au milieu d'une très- grande place dans le
jardin de Parme , & faifoit face au Palais où les
Princes fe tranfportérent pour en voir l'effet .
Il repréfentoit l'union de l'Amour & de l'hymen
dans le Temple de Minerve. Ce Temple
étoit élevé fur un grand fondement amtique , dont
la forme étoit ovale , de quatre - vingt - dix - huit
pieds de longueur , fur foixante- quatre pieds de
large ; un grand focle de porphyre , comprenant.
dans fa hauteur les gradins qui formoient les deux
entrées principales du Temple , s'élevoit au-delfus
de ce fondement , & contournoit la baſe de ce
monument , qui étoit orné de vingt- quatre colonnes
d'ordre Dorique entourées de guirlandes
de fleurs. Il avoit quatre faces égales , & fes angles
étoient flanqués de quatre pyramides ifolées
dédiées aux Arts & portant leurs attributs en trophées.
Ces Pyramides étoient environnées de quatre
colonnes du même ordre , formant des avantcorne
à jour , rachetés fur les angles du quarré
du Temple , en forme de tours ou de baftions.
L'entablement étoit décoré de guirlandes de
fleurs dans la frife , & les quatre avant- corps. de
colonnes qui couvroient les Pyramides , foutenoient
fur chaque face des médaillons , en tout au
nombre de ſeize , moitié appuyés ſur la frife &
l'architrave de cet ordre , & moitié tombant dans
le vuide de l'entre- colonne. Ils repréſentoient
des tableaux où étoient peintes les qualités vertueufes
de l'Archiduc & de Madame Iſabelle
comme la nobleffe , la magnanimité , la Majesté
Royale , la libéralité , la jeunelle , la beauté , la
bonté , la clémence , la fécondité , la douceur ,
l'amour de la gloire , l'amour de la Patrie , l'amour
des Sciences , l'amour des Arts , l'enjoûment
& l'affabilité .
Au- deffus des quatre tours des Colonnes , s'élevoir
OCTOBRE. 1760. 199
au milieu des trophées Militaires, un piédeftal portant
des renommées,fur les quatre portes ou Arcades
de ce Temple étoient les Écuffons de l'Archiduc
& de Madame Ifabelle , au milieu de deux
vales ,de Parfums , & appuyé fur le focle qui couronnait
la Corniche .
Au -dellus de ce Socle, dont le plan étoit quarré
comme le Temple , s'élevoit une attique ronde
en forme de Piédeftal couronnée d'un dôme ouvert
par le haur & décoré de guirlandes de fleurs .
Ce Piédeſtal fervita porterautour dela Naillance
du dôme 12 Figures réprefentant les Jeux , les
Ris, & les Plairs , danfant & formant une chaîne
de guirlandes autour de ce monument.
Les quatre portes du Temple étoient décorées &
comme gardées par huit Figures repréſentantes la
vigilance , la dignité , l'Intelligence , la pureté ,
le filence , la douceur , & le courage , qui compo.
fept enfemble toutes les vertus qui caractérisent.
la fagelle.
Au milieu de ce temple dont la forme intérieure.
étoit octogone rachetant une voûte ronde & farbaillée
, étoit la Figure de Minerve fur différens
plans de quées , réuniffant entre fes bras les Figures
de l'Amour & de l'Hymen.
Sur les deux aîles du focle qui joignoit toute la
longueur du fondement ovale , & qui comprenoit
toute la hauteur des perrons , étoient de chaque
côté les autels de l'Amour & de l'Hymen .
Quatre fontaines de feu élevées fur des rochers
qui fortoient de terre contribuoient à la richeſſe de
la bafe de ce monument , en même tems qu'elles
augmentoient l'effet des différens tableaux de feu
qui fortoient de cet édifice deftiné à faire éclater
la joie publique que procure cet événement.
L'Illumination générale de cette machine d'Artifice
fur accompagnée de deux Phénomènes qui
I iv
200 MERCURE DE FRANCE
fe voyoient à droite & à gauche à une certaine dif :
tance du feu & comme dans le lointain. Ils montroient
chacun le Globe du Monde tranfparent
d'un diamètre confidérable , environnés dans l'air
d'un cercle de feu , en figne de l'allégreffe que
qu'infpire à tout l'Univers cet Augufte Mariage
. Une grande quantité de fufées fortoient
également de derriere ces Phénomènes , & formoient
en l'air des Bouquets qui , dirigés pour fe
réunir ſur le ſommer du Temple , conftruifoient
une voute de feu , qui le couvroit continuelle
ment.
Tout ce Spectacle étoit accompagné d'une illumination
générale dans le jardin ; les terraffes décorées
d'ifs , de girandoles & de cordons de lu
mieres hautes & baſſes ; les miroirs de feu , les
pots à-feu formant des cordons élevés , toutes les
allées éclairées fur différens deffeins , & l'illumination
de toute la façade du Palais qui fait face
l'entrée de ce jardin , auffi bien que les différen
tes avenues en étoile , qui y conduifent ; enfin
rien ne fut oublié pour rendre cette Fête augufte
& digne de fon Souverain.
Après le feu d'artifice , l'Infant & Madame
l'Archiducheffe furent fouper. Pendant ce tems
toute la Nobleffe fe ren lit au Théâtre , que l'on
avoit préparé pour y donner un Bal mafqué.
On avoit élevé le Parterre à la hauteur du plane
cher du Théâtre , & l'on avoit pratiqué fur ce
même Théâtre , des Loges folides , femblables à
celles de la Salle ; de façon que le Theâtre &
le Parterre ne faifoient qu'une grande Salle
ovale , applatie par les flancs , & toute entourrée .
de trois rangs de Loges les unes fur les autres ;
cette Salle étoit ornée de guirlandes de fleurs , &
gazes bleues & argent , qui fe rattachoient galamment
aux montants qui feparent les Loges , &
de
OCTOBRE. 1760. 201
qui tomboient en feftons fur les appuis des Loges ,
d'une maniere agréable & pleine de goût ; elle
étoit éclairée par une quantité de luftres de cryftal
ornés de guirlandes de petites fleurs , & par
des bras de cryftal ornés de même , appliqués contre
les appuis des Loges des rangs fupérieurs ; c'étoit
à ces bras que venoient s'attacher les guirlan
des de fleurs , qui ornoient le devant des Loges .
On entroit dans cette Salle par la Loge de la couronne
qui s'avance fur le Parterre , comme les
Amphithéâtres employés en France dans les Salles
des Spectacles ; on en avoit coupé l'appui par
devant , & on defcendoit de-là dans le corps de la
Salle par quatre degrés couverts de tapis de Turquie.
Toutes les Loges étoient remplies , tant celles
pratiquées fur le Théâtre que celles de la Salle ,
pår une grande quantité de Dames & de Cavaliers
ment parés.
Madame l'Archiducheffe étant arrivée , on ouvrit
le Bal par une Allemande , où douze perfonnes
danferent enſemble : Madame l'Archiduchefe
donnoit la main au Prince François , neveu de M.
le Prince de Lichtenſtein . On danſa jufqu'à quatre
heures du matin ; & pendant tout le tems que
durat le Bal , les Officiers de la maiſon de l'Infant
fervirent abondamment de toutes fortes de rafraîchiflemens.
Tout fe paffa avec beaucoup d'ordre ,
& tout le monde fortit extrêmement fatisfait.
Le lendemain 8 , M. le Prince de Lichtenſtein
prit fon Audience de congé ; tout fut obſervé à
cette Audience comme à celle de la demande ,
excepté que l'Introducteur , le Maître des Cérémonies
, & M. le Marquis Palavicini , furent pren .
dre.M. le Prince dans l'Appartement qu'il occupoit
à la Cour ; & que M. de Lichtenſtein , en
fortant de l'Audience de l'Infant , fur à celle de
I v
200 MERCURE DE FRANCE
fe voyoient à droite & à gauche à une certaine dif
tance du feu & comme dans le lointain. Ils mon
troient chacun le Globe du Monde tranſparent
d'un diamètre confidérable , environnés dans l'air
d'un cercle de feu , en figne de l'allégreffe que
qu'infpire à tout l'Univers cet Augufte Mariage.
Une grande quantité de fufées fortoient
également de derriere ces Phénomènes , & formoient
en l'air des Bouquets qui , dirigés pour fe
réunir fur le fommer du Temple , conftruifoient
une voute de feu , qui le couvroit continuelle
ment.
Tout ce Spectacle étoit accompagné d'une illu
mination générale dans le jardin ; les terraffes décorées
d'ifs , de girandoles & de cordons de lu
mieres hautes & balles ; les miroirs de feu , les
pots à- feu formant des cordons élevés , toutes les
allées éclairées fur différens deffeins , & l'illumination
de toute la façade du Palais qui fait face à
l'entrée de ce jardin , auffi bien que les différen➡
tes avenues en étoile , qui y conduifent ; enfin
rien ne fut oublié pour rendre cette Fête auguſte
& digne de fon Souverain.
Après le feu d'artifice , l'Infant & Madame :
l'Archiducheffe furent fouper. Pendant ce tems
toute la Nobleffe fe ren lit au Théâtre , que l'on
avoit préparé pour y donner un Bal mafqué.
On avoit élevé le Parterre à la hauteur du plan
cher du Théâtre , & l'on avoit pratiqué fur ce
même Théâtre , des Loges folides , femblables à
celles de la Salle ; de façon que le Theâtre &
le Parterre ne faifoient qu'une grande Salle
ovale , applatie par les flancs , & toute entourrée
de trois rangs de Loges les unes fur les autres ;
cette Salle étoit ornée de guirlandes de fleurs , &
de gazes bleues & argent , qui fe rattachoient galamment
aux montants qui feparent les Loges , &
OCTOBRE. 1760. 201
qui tomboient en feftons fur les appuis des Loges ,
d'une maniere agréable & pleine de goût ; elle
étoit éclairée par une quantité de luftres de cryftal
ornés de guirlandes de petites fleurs , & par
des bras de cryftal ornés de même , appliqués contre
les appuis des Loges des rangs fupérieurs ; c'étoit
à ces bras que venoient s'attacher les guirlan
des de fleurs , qui ornoient le devant des Loges.
On entroit dans cette Salle par la Loge de la couronne
qui s'avance fur le Parterre , comme les
Amphithéâtres employés en France dans les Salles
des Spectacles ; on en avoit coupé l'appui pardevant
, & on defcendoit de -là dans le corps de la
Salle par quatre degrés couverts de tapis de Tur
quie.
Toutes les Loges étoient remplies , tant celles
pratiquées fur le Théâtre que celles de la Salle ,
par une grande quantité de Dames & de Cavaliers
ment parés.
Madame l'Archiducheffe étant arrivée , on ouvrit
le Bal par une Allemande , où douze perfonnes
danſerent enſemble : Madame l'Archiduchele
donnoit la main au Prince François , neveu de M.
le Prince de Lichtenſtein . On danſa jufqu'à quatre
heures du matin ; & pendant tout le tems que
durat le Bal , les Officiers de la maiſon de l'Infant
fervirent abondamment de toutes fortes de rafraîchiflemens.
Tout fe paffa avec beaucoup d'ordre ,
& tout le monde fortit extrêmement fatisfait.
Le lendemain 8 , M. le Prince de Lichtenftein
prit fon Audience de congé ; tout fut obfervé à
cette Audience comme à celle de la demande 9
excepté que l'Introducteur , le Maître des Cérémonies
, & M. le Marquis Palavicini , furent pren .
dre.M. le Prince dans l'Appartement qu'il occupoit
à la Cour ; & que M. de Lichtenſtein , en
fortant de l'Audience de l'Infant , fur à celle de
1 ་
200 MERCURE DE FRANCE
fe voyoient à droite & à gauche à une certaine dif
tance du feu & comme dans le lointain. Ils montroient
chacun le Globe du Monde tranfparent , '
d'un diamètre confidérable , environnés dans l'air
d'un cercle de feu , en figne de l'allégreffe que
qu'infpire à tout l'Univers cet Augufte Mariage
. Une grande quantité de fufées fortoient
également de derriere ces Phénomènes , & formoient
en l'air des Bouquets qui , dirigés pour fe
réunir fur le fommet du Temple , conftruifoient
une voute de feu , qui le couvroit continuelle
ment.
Tout ce Spectacle étoit accompagné d'une illu
mination générale dans le jardin ; les terraffes décorées
d'ifs , de girandoles & de cordons de lu
mieres hautes & baffes ; les miroirs de feu , les
pots à-feu formant des cordons élevés , toutes les
allées éclairées fur différens deffeins , & l'illumination
de toute la façade du Palais qui fait face à
l'entrée de ce jardin , auffi bien que les différen
tes avenues en étoile , qui y conduifent enfin
rien ne fut oublié pour rendre cette Fête augufte
& digne de fon Souverain.
Après le feu d'artifice , l'Infant & Madame
l'Archiducheffe furent fouper. Pendant ce tems
toute la Nobleffe ſe ren fit au Théâtre , que l'on
avoit préparé pour y donner un Bal maſqué .
On avoit élevé le Parterre à la hauteur du plan
cher du Théâtre , & l'on avoit pratiqué fur ce
même Théâtre , des Loges folides , femblables à
celles de la Salle ; de façon que le Theâtre &
le Parterre ne faifoient qu'une grande Salle
ovale , applatie par les flancs , & toute entourrée
de trois rangs de Loges les unes fur les autres ;
cette Salle étoit ornée de guirlandes de fleurs , &
de gazes bleues & argent , qui fe rattachoient galamment
aux montants qui ſéparent les Loges , &
OCTOBRE. 1760. 201
qui tomboient en feftons fur les appuis des Loges ,
d'une maniere agréable & pleine de goût ; elle
étoit éclairée par une quantité de luftres de cryftal
ornés de guirlandes de petites fleurs , & par
des bras de cryſtal ornés de même , appliqués contre
les appuis des Loges des rangs fupérieurs ; c'étoit
à ces bras que venoient s'attacher les guirlandes
de fleurs , qui ornoient le devant des Loges.
On entroit dans cette Salle par la Loge de la couronne
qui s'avance fur le Parterre , comme les
Amphithéâtres employés en France dans les Salles
des Spectacles ; on en avoit coupé l'appui pardevant
, & on defcendoit de -là dans le corps de la
Salle par quatre degrés couverts de tapis de Turquie.
Toutes les Loges étoient remplies , tant celles
pratiquées fur le Théâtre que celles de la Salle
pår une grande quantité de Dames & de Cavaliers
ment parés.
Madame l'Archiducheſſe étant arrivée , on ouvrit
le Bal par une Allemande , où douze perfonnes
danferent enſemble : Madame l'Archiduchele
donnoit la main au Prince François , neveu de M.
le Prince de Lichtenftein . On danſa jufqu'à quatre
heures du matin ; & pendant tout le tems que
durat le Bal , les Officiers de la maiſon de l'Infant
fervirent abondamment de toutes fortes de rafraîchiflemens.
Tout fe paffa avec beaucoup d'ordre ,
& tout le monde fortit extrêmement fatisfait.
Le lendemain 8 , M. le Prince de Lichtenftein
prit fon Audience de congé ; tout fut obfervé à
cette Audience comme à celle de la demande ,
excepté que l'Introducteur , le Maître des Cérémonies
, & M. le Marquis Palavicini , furent pren .
dre.M. le Prince dans l'Appartement qu'il occupoit
à la Cour ; & que M. de Lichtenſtein , en
fortant de l'Audience de l'Infant , fut à celle de
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
Madame l'Archiducheffe , avant d'être conduit à
celle du Prince Ferdinand.
Après l'Audience de Madame Louife , M. le
Prince , au lieu de retourner dans fon appartement
a la Cour , defcendit par le grand efcalier ,
& fut monter dans fon Caroffe qui l'attendoit a la
porte du Palais , pour le ramener à l'Hôtel Palavicini
.
Le Maître des Cérémonies l'accompagna juf
qu'au bas de l'efcalier , M. de Palavicini & M.
Introducteur jufques à la portiere de la voiture ,
qui ne fur fermée que quand ces Meffieurs fe futent
retirés.
Le foir , il y eut Opéra.
Le 9. l'Infant fut dîner chez M. de Lichtenſtein.
Lé foir , il y eut Opéra.
Le to M. le Prince de Lichtenſtein dina chez M.
Dutillot , & partit après dîner pour Cafalmajor.
Le foir , il y eut Aflemblée au Paļais .
Le 11. au matin tous les Corps de l'Etat , le
Militaire , la Nobleffe , & la Maifon de S. A R.
eurent l'honneur de baifer la main à Madame
l'Archiducheffe .
Il y eut Opéra , le ſoir.
Le .les Princes n'ont reçu perfonne .
Le 13. S. A. R. Madame l'Archiducheffe partit
à dix heures du matin pour le rendre à Cafalmajor:
elle y a été accompagnée par Madame de
Gonzales , Madame de Silla , quatre Dames du
Pálais , des Majordomes , & huit Gentilshommes
de la Chambre ; elle étoit faivîe d'un nombre de
Pages , d'Ecuyers , de fon premier fervice , & defon
fervice du fecond Ordre , du Commandant de
l'Ecurie de deux Officiers des Ecuries , du Sellier >
du Maréchal , du Charron & de 24 Palfreniers à
Cheval;elle étoit éfcortée par des Gardes du Corps.
Les rues par lesquelles elle a pallé, étoient bordées
OCTOBRE , 1760. 203
de troupes , on avoit difpofé des Détachemens de
Cavalerie & d'Infanterie fur différens endroits de
la roure.
Des Bataillons Provinciaux , fix Compagnies de
Grenadiers, un Bataillon du Régiment de Parme ,
& les deux Compagnies de Grenadiers de inême
Régiment, étoient difpofées fur les bords du Pô ,
en deçà de la tête du Pont. Elle y a trouvé des
Elcadrons de Gardes du Corps & de Cavalerie. Elle
eft arrivée à Cafalmajor à midi & deux minutes.
M. le Comte de S. Vital eft chargé de la Cérémonie
de la remife , un Secrétaire du Cabinet de
l'Acte de certe ' remiſe .
S. A. R. s'arrête demain à Cafalmajor pour y
donner la main à bailer aux Deputés de la Lombardie
Autrichienne , aux Chambres Souveraines ,
& à la Nobleffe. Le lundi elle ira à Mantoue, où elle
s'arrêtera encore un jour, pour un objet ſemblable.
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Résumé : Suite de la Relation de tout ce qui s'est passé depuis.
Le texte relate les festivités entourant le mariage des Altesses Royales, notamment Madame l'Archiduchesse à Parme. Les célébrations incluent la représentation de l'opéra 'Les Fêtes de l'Hymen', composé de trois actes indépendants précédés d'un prologue intitulé 'Le Triomphe de l'Amour'. Ce prologue met en scène une querelle entre les dieux et l'Amour, qui obtient leur pardon pour l'union de la vertu et de la beauté. Les trois actes de l'opéra sont 'Aris', 'Sapho' et 'Eglé', chacun racontant des histoires d'amour et d'interventions divines. Les festivités comprennent des réceptions et des dîners offerts par des nobles tels que le Prince de Liechtenstein et le Comte de Rochechouart, avec des représentations d'opéra et des danses. La cérémonie de mariage à la cathédrale est décrite avec une décoration somptueuse et une procession ordonnée. Les troupes et les gardes assurent la sécurité, et la cérémonie religieuse suit le rituel ordinaire avec quelques adaptations spécifiques. Après la cérémonie, les princes retournent au palais dans le même ordre qu'à l'arrivée. Les événements incluent également un feu d'artifice et une illumination dans le jardin du palais, représentant l'union de l'Amour et de l'Hymen, suivi d'un bal masqué au théâtre. Madame l'Archiduchesse ouvre le bal avec le Prince François. Le lendemain, le Prince de Liechtenstein prend congé selon les cérémonies protocolaires. Les festivités se poursuivent avec des audiences et des repas officiels. Le 11 octobre, divers corps de l'État rendent hommage à Madame l'Archiduchesse. Le 13 octobre, elle quitte pour Casalmaggiore, escortée par des troupes et des dignitaires, et arrive à midi. Elle prévoit de s'arrêter à Casalmaggiore et à Mantoue pour saluer les députés et la noblesse.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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11
p. 183-188
De VIENNE, le 10 Octobre.
Début :
La nouvelle Archiduchesse étant arrivée le 13 du mois dernier [...]
Mots clefs :
Archiduchesse, Comte, Ministre plénipotentiaire, Duc, Cour, Déplacements, Mondanités, Bal, Repas, Princesse, Chevalier, Décorations, Magnificence, Évêque, Bourgeoises, Château, Majestés impériales, Archiduc, Concert, Carosse, Arc de triomphe, Bénédiction, Église, Symphonie, Célébrations, Constantinople, Rébellion
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texteReconnaissance textuelle : De VIENNE, le 10 Octobre.
De VIENNE ,le 10 Oftobre.
A nouvelle Archiducheffe étant arrivée le
13 du mois dernier à midi à Cafal- Maggiore ,
fut remife par le Comte de Saint Vital , Grand-
Maître , & Miniftre Plénipotentiaire de l'Infant
Duc de Parme , de Plaiſance & de Guaftalle , entre
les mains du Prince de Lichtenſtein , chargé
de la recevoir au nom de Leurs Majestés Impériales
, & de l'accompagner jufqu'à Vienne. La
Cour qui l'avoit fuivie de Parme , prit alors publiquement
congé d'elle en lui baifant la main , &
fa nouvelle Cour lui fut préfentée , & eut le même.
honneur . La Princeffe , après avoir auffi donné
fa main à baifer à un grand nombre de perfonnes
de diftinction , qui étoient venues de divers endroits
pour la complimenter , dîna en public fous
le dais. Elle fe rendit le foir à la falle que les Etats
de Milan avoient fait préparer. On y exécuta un
Concert dans lequel plufieurs excellentes voix fe
firent entendre. La Ville fut illuminée cette nuit ,
ainfi que la fuivante ..
L'Archiducheffe partit le 15 au matin de Caſal-
Maggiore pour le rendre à Mantoue. Elle y arriva
vers une heure, après midi , au bruit d'une
triple décharge de l'artillerie . Une double haie
de troupes bordoit les rues depuis la porte de la
Ville jufqu'au Château , où elle defcendit . Après
184 MERCURE DE FRANCE.
avoir pris quelques momens de repos , elle donna
fa main à baifer à une grande quantité de No.
bleffe du Milanois. Elle dîna enfuite en public ,
& le foir Elle affifta à un Concert qui fut exécuté
au Théâtre du Château ; après quoi Elle ſe rendit
au Bal où Elle retta quelque temps. Le lendemain
16 , Elle féjourna dans la même Ville , Elle parcourut
en caroffe les principales rues. Elle parur
très -fatisfaite de leur décoration . Le Duc de Modène
, qui fe trouva à Montignano , eut l'honneur
de la complimenter.
Le 17 , la Princefle continua fa route. A fon
arrivée à Rovera -Bella dans les Etats de Venife
qu'elle devoit traverfer , Elle fut reçue & compli
mentée au nom de la République par le Chevalier
Contarini , Commandant de Vérone , accompagné
de vingt -quatre Nobles . Deux détachemens de
Cavalerie des Troupes Vénitiennes fe joignirent à
fon escorte . On avoit conftruit à Caftel - Nuovo ,
où la Princeffe devoit dîner , un Bâtiment , dont
l'intérieur étoit magnifiquement décoré en glaces ,
en cryftaux & en tapis. Ce fut là que l'Archiduchelle
defcendit. Elle y dina en public . Il y eur
enfuite onze tables fervies magnifiquement , par
ordre de la République , pour la Cour de l'Archiduchelle
& pour la Nobleffe qui fe trouvoit à
Caftel-Nuovo. Au départ de la Princeffe , le Chevalier
Contarinila pria , au nom de la République ,
d'accepter les glaces , les cryftaux & les tapis qui
avoient fervi d'ameublement à la falle où Elle
avoit dîné. Le Chevalier Contarini ſe trouva encore
avec la même députation au pont d'Etích , où l'on
devoit fortir des Etats de Venife , & il y prit congé
de l'Archiducheffe , qui lui témoigna la plus gran
de fatisfaction des attentions de la République , &
de la magnificence avec laquelle elle avoit été
reçue.
NOVEMBRE. 1760.
185
On arriva le même ſoir à Ala ; la Princeffe y
fut complimentée au nom de l'Evêque de Trente.
Elle en partit le 19 , & Elle a continué fa marche
par Trente , Bolzano , Brixen , & par la Carinthie.
Elle a trouvé dans toutes les Villes de fa route
des Troupes & des Compagnies bourgeoifes fous
les armes , & l'on s'eft empreffé partout à lui témoigner
par des fêtes la joie de fon augufte union
avec l'Archiduc Jofeph. Cette Princefle arriva enfin
le i de ce mois au matin à Laxembourg où Elle
dîna . Elle partit enfuite pour le Château de Belvedere
, où Elle refta jufqu'au 6 , jour de la célébration
de fon mariage.
Le 2 , Leurs Majeftés Impériales , accompagnées
de l'Archiduc Jofeph , des deux Archiducheffes
aînées , du Prince Charles & de la Princelle
Charlotte de Lorraine , fe rendirent vers le midi
au Belvedere , pour faire la premiere vifite à l'Archiduchelle
; Elles dinèrent enfuite en particulier
avec cette Princeffe que le refte de la Famille Impériale
vint complimenter l'après - midi. Il y eut le
foir dans la Galerie un magnifique Concert , dans
lequel plufieurs Muficiens dú premier ordre , appellés
de divers endroits de l'Europe , firent connoître
leurs talens . Les Ambaffadeurs & Miniftres
Etrangers , les Confeillers d'Etat & les Principaux
Officiers de la Maifon de Leurs Majeftés Impériales
, furent préfentés le même foir à l'Archiducheffe
& eurent l'honneur de lui baiſer la main . Le
lendemain , il y eut encore concert au Belvedere.
Le 4 , jour de la fête de l'Empereur , la Cour
fut en Gala , & Sa Majefte Impériale reçut les
complimens accoutumés. La nouvelle garde des
Nobles Hongrois , qui étoit arrivée le 2 de Pref
bourg, fe rendit fur la place du Palais , & après
avoir fait le maniement des armes & plufieurs
186 MERCURE DE FRANCE.
évolutions , elle fut admiſe à l'honneur de baifer
la main de l'Empereur..
L'Archiducheffe fit , le 6 , fon entrée publique
dans cette Capitale. Elle partit du Beldevere à
deux heures après- midi. Les Trompettes & les
Timbales des Etats d'Autriche ouvroient la marche.
Après eux , venoient un grand nombre de
Caroffes remplis par diverfes perfonnes de la
Cour ou de la Maifon de Leurs Majeftés Impériales.
Ils étoient fuivis du Carolle du Grand Ecuyer
où étoient cet Oficier & le Grand- Maître de la
Maifon de l'Archiducheffe . Le Caroffe du Prince
de Lichtenſtein , avec le Cortége nombreux qui
Favoit accompagné dans fon Ambaffade , marchoic
enfuite & précédoit le Caroffe de l'Archiducheffe ,
dans lequel étoit la Comteffe d'Erdodi , Grand-
Maîtrelle de fa Maiſon . Ce Caroffe étoit fuivi par
fix Pages à cheval , par plufieurs Sous- Ecuyers ,
par un détachement des Gardes-du-Corps , par la
garde des Nobles Hongrois , & par quelques au
tres Caroffes dans lefquels étoient plufieurs perfonnes
de la Cour. La Marche étoit fermée par un
détachement du Régiment des Dragons de l'Archiduc
Jofeph.
On avoit élevé plufieurs Arcs-de-triomphe en
divers quartiers de la Ville qui étoient décorés
avec goût & magnificence. Les rues étoient bordées
par la Bourgeoifie qui étoit fous les armes , &
vêtue de beaux uniformes.
On fe rendit dans cet ordre à l'Eglife des Auguftins-
Déchauffés , où l'Archiducheffe artiva vers
les cinq heures du foir. Leurs Majeftés Impériales
vinrent la recevoir à l'entrée de l'Eglife , & l'Arehiduc
Jofeph lui donna la main lorfqu'elle defcendit
de fon Caroffe. La Princeffe , après avoir
reçu ainfi que l'Archiduc, la bénédiction du Nonce
& l'eau benite que ce Prince leur préſenta , fut
NOVEMBRE. 1760. 187
conduite par l'Impératrice dans une Chapelle par
ticuliere pendant qu'on chantoit quelques Prieres,
après lefquelles Leurs Majeftés Impériales , précé
dées du Nonce & du Clergé , fe rendirent dans le
Choeur. Leurs Majeftés Impériales fe placèrent
fous le dais du côté de l'Evangile. L'Archiduc &
P'Archiducheffe , vêtus de drap d'argent , fe placerent
en face du Grand - Autel . Après quelques
Prieres , le Nonce leur donna la Bénédiction Nuptiale
;
il entonna le Te Deum qui fut chanté par la
Mufique de la Cour. Leurs Majeftés Impériales
fortirent de l'Eglife , & Elles rentrèrent au Palais
avec toute la Famille Impériale par la Galerie
qui conduit de ce Palais à l'Eglife. L'Archiducheffe
prit enfuite quelque repos , après quoi , Elle donna
fa main à baifer à plufieurs Miniftres & Confeillers
d'Etat , aux Généraux , & aux perfonnes de la
haute Nobleffe , qui n'avoient pas encore reçu cer
honneur.
A huit heures du foir ,. Leurs Majeftés Timpé
riales , les nouveaux Epoux , les Archiducs Charles
& Léopold , les quatre Archiducheffes aînées ,
le Prince Charles & la Princeffe Charlotte de Lorraine
, fe rendirent à la falle du feftin. Cette falle
avoit été décorée par le Chevalier Servandoni ş
elle étoit éclairée par un très- grand nombre de
luftres & de Girandoles de cryftal ; celles des
quatre coins avoient vingt cinq pieds de hauteurs ,
portées par des groupes d'Amours. Le dais étoit
d'une forme nouvelle , & décoré par le même Artifte
de figures fymboliques en fculpture . La Cour :
entra dans cette falle au bruit des fanfares . L'Empereur
& l'impératrice fe placerent fous le dais ,
& l'Archiducheffe à droite , entre l'Empereur &
F'Archiduc. La table fut fervie en vailfelle d'or
nouvellement faite , & d'un travail exquis. Une
nombreuſe troupe de Muficiens exécura , pendant
188 MERCURE DE FRANCE.
le repas , des fymphonies & des morceaux de mu
fique vocale , analogues à l'objet de la Fête. La
falle étoit remplie d'une foule de Spectateus placés
fur un amphithéâtre & fur une tribune , & l'on
donna au Peuple la permiffion d'y entrer fucceffivement.
Le feftin Impérial étant fini , Leurs
Majeftés retournerent dans leurs appartemens ,
& la Princeffe fut conduite dans celui qui lui étoit
deftiné. Il y eut pendant la nuit une illumination
générale.
On célébra le lendemain , dans l'Eglife des Auguftins
, une Meffe en inufique pour la prospérité
des nouveaux Epoux. L'Archevêque de Vienne
officia , & toure la Cour y affifta. Leurs Majeftés
Impériales dînerent enfuite en public , & le
foir on exécuta , for le Théâtre de la Cour , un
nouvel Opéra , intitulé Alcide al Bivio , piéce allégorique
, dont les paroles font de l'Abbé Metaftafio
, & la musique du fieur Haffe . Le Spectacle
fut terminé par un Ballet ingénieux du ſieur
Angiolini.
Selon les nouvelles de Conftantinople , le Pacha
d'Iconium perfifie dans fa rébellion . Il a
évité les différens piéges qu'on lui avoit dreffés ,
& après avoir battu quelques corps de troupes
qu'on avoit envoyés contre lui , il a pris , aur
environs d'Erferom , une pofition avantageuſe ,
qui le met en état de réfifter à des forces trèsfupérieures.
Les mêmes nouvelles portent qu'une
des Sultanes eft enceinte de quatre mois ; ce qui
fait beaucoup de plaifir dans cette Capitale , où
F'on conçoit l'efpérance de voir naître un Succeffeur
à fa Hautelle.
A nouvelle Archiducheffe étant arrivée le
13 du mois dernier à midi à Cafal- Maggiore ,
fut remife par le Comte de Saint Vital , Grand-
Maître , & Miniftre Plénipotentiaire de l'Infant
Duc de Parme , de Plaiſance & de Guaftalle , entre
les mains du Prince de Lichtenſtein , chargé
de la recevoir au nom de Leurs Majestés Impériales
, & de l'accompagner jufqu'à Vienne. La
Cour qui l'avoit fuivie de Parme , prit alors publiquement
congé d'elle en lui baifant la main , &
fa nouvelle Cour lui fut préfentée , & eut le même.
honneur . La Princeffe , après avoir auffi donné
fa main à baifer à un grand nombre de perfonnes
de diftinction , qui étoient venues de divers endroits
pour la complimenter , dîna en public fous
le dais. Elle fe rendit le foir à la falle que les Etats
de Milan avoient fait préparer. On y exécuta un
Concert dans lequel plufieurs excellentes voix fe
firent entendre. La Ville fut illuminée cette nuit ,
ainfi que la fuivante ..
L'Archiducheffe partit le 15 au matin de Caſal-
Maggiore pour le rendre à Mantoue. Elle y arriva
vers une heure, après midi , au bruit d'une
triple décharge de l'artillerie . Une double haie
de troupes bordoit les rues depuis la porte de la
Ville jufqu'au Château , où elle defcendit . Après
184 MERCURE DE FRANCE.
avoir pris quelques momens de repos , elle donna
fa main à baifer à une grande quantité de No.
bleffe du Milanois. Elle dîna enfuite en public ,
& le foir Elle affifta à un Concert qui fut exécuté
au Théâtre du Château ; après quoi Elle ſe rendit
au Bal où Elle retta quelque temps. Le lendemain
16 , Elle féjourna dans la même Ville , Elle parcourut
en caroffe les principales rues. Elle parur
très -fatisfaite de leur décoration . Le Duc de Modène
, qui fe trouva à Montignano , eut l'honneur
de la complimenter.
Le 17 , la Princefle continua fa route. A fon
arrivée à Rovera -Bella dans les Etats de Venife
qu'elle devoit traverfer , Elle fut reçue & compli
mentée au nom de la République par le Chevalier
Contarini , Commandant de Vérone , accompagné
de vingt -quatre Nobles . Deux détachemens de
Cavalerie des Troupes Vénitiennes fe joignirent à
fon escorte . On avoit conftruit à Caftel - Nuovo ,
où la Princeffe devoit dîner , un Bâtiment , dont
l'intérieur étoit magnifiquement décoré en glaces ,
en cryftaux & en tapis. Ce fut là que l'Archiduchelle
defcendit. Elle y dina en public . Il y eur
enfuite onze tables fervies magnifiquement , par
ordre de la République , pour la Cour de l'Archiduchelle
& pour la Nobleffe qui fe trouvoit à
Caftel-Nuovo. Au départ de la Princeffe , le Chevalier
Contarinila pria , au nom de la République ,
d'accepter les glaces , les cryftaux & les tapis qui
avoient fervi d'ameublement à la falle où Elle
avoit dîné. Le Chevalier Contarini ſe trouva encore
avec la même députation au pont d'Etích , où l'on
devoit fortir des Etats de Venife , & il y prit congé
de l'Archiducheffe , qui lui témoigna la plus gran
de fatisfaction des attentions de la République , &
de la magnificence avec laquelle elle avoit été
reçue.
NOVEMBRE. 1760.
185
On arriva le même ſoir à Ala ; la Princeffe y
fut complimentée au nom de l'Evêque de Trente.
Elle en partit le 19 , & Elle a continué fa marche
par Trente , Bolzano , Brixen , & par la Carinthie.
Elle a trouvé dans toutes les Villes de fa route
des Troupes & des Compagnies bourgeoifes fous
les armes , & l'on s'eft empreffé partout à lui témoigner
par des fêtes la joie de fon augufte union
avec l'Archiduc Jofeph. Cette Princefle arriva enfin
le i de ce mois au matin à Laxembourg où Elle
dîna . Elle partit enfuite pour le Château de Belvedere
, où Elle refta jufqu'au 6 , jour de la célébration
de fon mariage.
Le 2 , Leurs Majeftés Impériales , accompagnées
de l'Archiduc Jofeph , des deux Archiducheffes
aînées , du Prince Charles & de la Princelle
Charlotte de Lorraine , fe rendirent vers le midi
au Belvedere , pour faire la premiere vifite à l'Archiduchelle
; Elles dinèrent enfuite en particulier
avec cette Princeffe que le refte de la Famille Impériale
vint complimenter l'après - midi. Il y eut le
foir dans la Galerie un magnifique Concert , dans
lequel plufieurs Muficiens dú premier ordre , appellés
de divers endroits de l'Europe , firent connoître
leurs talens . Les Ambaffadeurs & Miniftres
Etrangers , les Confeillers d'Etat & les Principaux
Officiers de la Maifon de Leurs Majeftés Impériales
, furent préfentés le même foir à l'Archiducheffe
& eurent l'honneur de lui baiſer la main . Le
lendemain , il y eut encore concert au Belvedere.
Le 4 , jour de la fête de l'Empereur , la Cour
fut en Gala , & Sa Majefte Impériale reçut les
complimens accoutumés. La nouvelle garde des
Nobles Hongrois , qui étoit arrivée le 2 de Pref
bourg, fe rendit fur la place du Palais , & après
avoir fait le maniement des armes & plufieurs
186 MERCURE DE FRANCE.
évolutions , elle fut admiſe à l'honneur de baifer
la main de l'Empereur..
L'Archiducheffe fit , le 6 , fon entrée publique
dans cette Capitale. Elle partit du Beldevere à
deux heures après- midi. Les Trompettes & les
Timbales des Etats d'Autriche ouvroient la marche.
Après eux , venoient un grand nombre de
Caroffes remplis par diverfes perfonnes de la
Cour ou de la Maifon de Leurs Majeftés Impériales.
Ils étoient fuivis du Carolle du Grand Ecuyer
où étoient cet Oficier & le Grand- Maître de la
Maifon de l'Archiducheffe . Le Caroffe du Prince
de Lichtenſtein , avec le Cortége nombreux qui
Favoit accompagné dans fon Ambaffade , marchoic
enfuite & précédoit le Caroffe de l'Archiducheffe ,
dans lequel étoit la Comteffe d'Erdodi , Grand-
Maîtrelle de fa Maiſon . Ce Caroffe étoit fuivi par
fix Pages à cheval , par plufieurs Sous- Ecuyers ,
par un détachement des Gardes-du-Corps , par la
garde des Nobles Hongrois , & par quelques au
tres Caroffes dans lefquels étoient plufieurs perfonnes
de la Cour. La Marche étoit fermée par un
détachement du Régiment des Dragons de l'Archiduc
Jofeph.
On avoit élevé plufieurs Arcs-de-triomphe en
divers quartiers de la Ville qui étoient décorés
avec goût & magnificence. Les rues étoient bordées
par la Bourgeoifie qui étoit fous les armes , &
vêtue de beaux uniformes.
On fe rendit dans cet ordre à l'Eglife des Auguftins-
Déchauffés , où l'Archiducheffe artiva vers
les cinq heures du foir. Leurs Majeftés Impériales
vinrent la recevoir à l'entrée de l'Eglife , & l'Arehiduc
Jofeph lui donna la main lorfqu'elle defcendit
de fon Caroffe. La Princeffe , après avoir
reçu ainfi que l'Archiduc, la bénédiction du Nonce
& l'eau benite que ce Prince leur préſenta , fut
NOVEMBRE. 1760. 187
conduite par l'Impératrice dans une Chapelle par
ticuliere pendant qu'on chantoit quelques Prieres,
après lefquelles Leurs Majeftés Impériales , précé
dées du Nonce & du Clergé , fe rendirent dans le
Choeur. Leurs Majeftés Impériales fe placèrent
fous le dais du côté de l'Evangile. L'Archiduc &
P'Archiducheffe , vêtus de drap d'argent , fe placerent
en face du Grand - Autel . Après quelques
Prieres , le Nonce leur donna la Bénédiction Nuptiale
;
il entonna le Te Deum qui fut chanté par la
Mufique de la Cour. Leurs Majeftés Impériales
fortirent de l'Eglife , & Elles rentrèrent au Palais
avec toute la Famille Impériale par la Galerie
qui conduit de ce Palais à l'Eglife. L'Archiducheffe
prit enfuite quelque repos , après quoi , Elle donna
fa main à baifer à plufieurs Miniftres & Confeillers
d'Etat , aux Généraux , & aux perfonnes de la
haute Nobleffe , qui n'avoient pas encore reçu cer
honneur.
A huit heures du foir ,. Leurs Majeftés Timpé
riales , les nouveaux Epoux , les Archiducs Charles
& Léopold , les quatre Archiducheffes aînées ,
le Prince Charles & la Princeffe Charlotte de Lorraine
, fe rendirent à la falle du feftin. Cette falle
avoit été décorée par le Chevalier Servandoni ş
elle étoit éclairée par un très- grand nombre de
luftres & de Girandoles de cryftal ; celles des
quatre coins avoient vingt cinq pieds de hauteurs ,
portées par des groupes d'Amours. Le dais étoit
d'une forme nouvelle , & décoré par le même Artifte
de figures fymboliques en fculpture . La Cour :
entra dans cette falle au bruit des fanfares . L'Empereur
& l'impératrice fe placerent fous le dais ,
& l'Archiducheffe à droite , entre l'Empereur &
F'Archiduc. La table fut fervie en vailfelle d'or
nouvellement faite , & d'un travail exquis. Une
nombreuſe troupe de Muficiens exécura , pendant
188 MERCURE DE FRANCE.
le repas , des fymphonies & des morceaux de mu
fique vocale , analogues à l'objet de la Fête. La
falle étoit remplie d'une foule de Spectateus placés
fur un amphithéâtre & fur une tribune , & l'on
donna au Peuple la permiffion d'y entrer fucceffivement.
Le feftin Impérial étant fini , Leurs
Majeftés retournerent dans leurs appartemens ,
& la Princeffe fut conduite dans celui qui lui étoit
deftiné. Il y eut pendant la nuit une illumination
générale.
On célébra le lendemain , dans l'Eglife des Auguftins
, une Meffe en inufique pour la prospérité
des nouveaux Epoux. L'Archevêque de Vienne
officia , & toure la Cour y affifta. Leurs Majeftés
Impériales dînerent enfuite en public , & le
foir on exécuta , for le Théâtre de la Cour , un
nouvel Opéra , intitulé Alcide al Bivio , piéce allégorique
, dont les paroles font de l'Abbé Metaftafio
, & la musique du fieur Haffe . Le Spectacle
fut terminé par un Ballet ingénieux du ſieur
Angiolini.
Selon les nouvelles de Conftantinople , le Pacha
d'Iconium perfifie dans fa rébellion . Il a
évité les différens piéges qu'on lui avoit dreffés ,
& après avoir battu quelques corps de troupes
qu'on avoit envoyés contre lui , il a pris , aur
environs d'Erferom , une pofition avantageuſe ,
qui le met en état de réfifter à des forces trèsfupérieures.
Les mêmes nouvelles portent qu'une
des Sultanes eft enceinte de quatre mois ; ce qui
fait beaucoup de plaifir dans cette Capitale , où
F'on conçoit l'efpérance de voir naître un Succeffeur
à fa Hautelle.
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Résumé : De VIENNE, le 10 Octobre.
Le 13 octobre, l'archiduchesse arriva à Casal-Maggiore, où elle fut remise au prince de Liechtenstein par le comte de Saint Vital. La cour de Parme lui présenta ses adieux, et elle rencontra sa nouvelle cour. Elle dîna en public et assista à un concert, tandis que la ville était illuminée. Le 15 octobre, elle se dirigea vers Mantoue, accueillie par une triple salve d'artillerie et une haie de troupes. Elle rencontra le duc de Modène à Montignano. Le 17 octobre, elle poursuivit son voyage à travers les États de Venise, où elle fut reçue par le chevalier Contarini. Elle dîna à Castel-Nuovo et reçut des cadeaux de la République de Venise. Son itinéraire se poursuivit par Ala, Trente, Bolzano, Brixen et la Carinthie, où elle fut accueillie par des troupes et des fêtes. Le 1er novembre, elle arriva à Laxembourg et séjourna au château de Belvedere jusqu'au 6 novembre, jour de son mariage. Le 2 novembre, les Majestés Impériales lui rendirent visite au Belvedere. Le 6 novembre, l'archiduchesse fit son entrée publique à Vienne, accompagnée d'une procession solennelle et d'arcs de triomphe. Elle se rendit à l'église des Augustins-Déchaussés pour la bénédiction nuptiale, suivie d'un festin impérial et d'une illumination générale. Le lendemain, une messe fut célébrée pour la prospérité des nouveaux époux, suivie d'un opéra allégorique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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12
p. 188-190
DE FONTAINEBLEAU, le 16 Novembre 1763.
Début :
Le Roi a nommé l'Évêque de Comminges à l'Évêché de Châlons-sur-Marne, l'Abbé d'Osmond, [...]
Mots clefs :
Évêque, Nominations, Comte, Abbaye, Diocèse, Messe, Baptême, Prince, Ministre plénipotentiaire de l'Impératrice de Russie, Audience du roi, Duc, Démission, Plaisirs, Fêtes, Opéra, Décorations, Assemblée, Famille royale
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texteReconnaissance textuelle : DE FONTAINEBLEAU, le 16 Novembre 1763.
DE FONTAINEBLEAU , le 16 Novembre 1763 .
LE a
E Roi a nommé l'Evêque de Comminges à
l'Evêché de Châlons-fur- Marne , l'Abbé d'Ofmond,
Comte de Lyon , Vicaire Général du Diocèle
d'Auxerre , à l'Evêché de Comminges ; l'Abbé
de la Chataigneraye , Comte de Lyon , Aumônier
du Roi , à l'Evêché de Saintes , & l'Abbé de
Narbonne - Lara , Vicaire Général du Diocèfe
d'Agen , à l'Evêché de Gap . Sa Majesté a donné
en même temps l'Abbaye de Montier , à l'Evêque
de Châlons ; l'Abbaye de Saint Gildas des Bois ,
Ordre de Saint Benoît , Diocèle de Nantes , à
l'Abbé de Valory , Prévôt de l'Eglife Collégiale
de Saint Pierre à Lille ; l'Abbaye de l'Ile -Chauvet,
Ordre de Saint Benoît , Diocèle de Luçon
à l'Abbé de Menou , Vicaire Général du Diocèle
de la Rochelle ; l'Abbaye de Neauffe le Vieux ,
Ordre de Saint Benoît , Diocèſe de Chartres , à
l'Abbé de Radonvilliers , Sous - Précepteur des Enfans
de France ; l'Abbaye de Saint Jean en Val
lée , Ordre de Saint Auguftin , Diocèfe de Char
JANVIER. 1764. 189
tres , à l'Abbé Dromgheld ; l'Abbaye de Mont-de-
Sion , Ordre de Citeaux , Diocèle de Marſeille ,
à la Dame de Gafparis , Religieufe au Monaſtere
des Bernardines d'Aubagne , même Diocèle ; l'Abbaye
de Saint Bernard lès-Bayonne , Ordre de
Citeaux , Diocèle d'Acqs , à la Dame de Membrede
, Religieufe de la même Abbaye ; l'Abbaye de
la Bourdilliere , Diocèle de Tours , à la Dame de
la Roche - Menou , Religieufe de la même Abbaye.
Le 30 du mois dernier , le Roi , après avoir entendu
la Meffe , tint avec Madame Victoire , fur
les fonts de Baptême , Louis-Victoire- Hippolyte-
Luce de Montmorin de Saint- Herem , fils du
Marquis de Montmorin , Lieutenant Général des
Armées du Roi , & Gouverneur de Fontainebleau.
Le Baptême fut adminiftré par l'Archevêque de
Rheims , Grand Aumônier de France , en préfence
du fieur Magniere , Curé de la Paroiffe , & du
Pere Poinfignon , Docteur de Sorbonne , & Miniftre
des Religieux du Château . Sa Majefté , précédée
des Huiffiers de fa Chambre portant leurs
Mafles , fut conduite à cette cérémonie par le
Marquis de Dreux , Grand- Maître des Cérémonies.
2
Le 6 de ce mois , le Prince Mitrix de Gallitzin ,
Miniftre Plénipotentiaire de l'Impératrice de Ruf
fie , eut une audience particuliere du Roi , à qui il
remit fes Lettres de créance. Le 8 , le Général de
Fontenay , Envoyé Extraordinaire de l'Electeur
de Saxe eut auffi une audience particuliere
de Sa Majefté , & lui remit fa Lettre de
créance . Ces deux Miniftres furent conduits à ces
Audiences , ainfi qu'à celles de la Reine , de Monfeigneur
le Dauphin ,de Madame & de Meldames,
par le fieur de la Live , Introducteur des Ambal
Ladeurs.j
go MERCURE DE FRANCE.
Le Duc de Villeroy , Capitaine de la premiere
Compagnie des Gardes du Roi , ayant donné la
démillion du Gouvernement de Lyon , Sa Majefté
en a difpofé en faveur du Marquis de Villeroy ;
& la place de Lieutenant Général de la Province ,
dont ce dernier étoit pourvu , a été donnée au
Duc de Villeroy .
•
Depuis que le Roi eft arrivé ici , les plaiſirs &
les fêtes fe font fuccédées fans interruption , & ont
rendu la Cour auffi brillante que nombreuſe.
Parmi les différens Spectacles qui ont été donnés ,
on a exécuté avec le plus grand fuccès les Opéra
de Dardanus , de Scanderberg , & de Caftor & Pollux.
La richeffe des décorations & des habits ,
jointe au mérite de l'exécution , a donné à ces repréfentations
tout l'éclat & l'intérêt dont elles
font fufceptibles, & Sa Majeſté en a paru fatisfaite.
Le 29 Octobre & le 6 de ce mois , il y a eu Bal
dans la Salle du Spectacle , qui avoit été ornée
pour cet effet avec autant de goût que de magnificence.
Le Duc de Chartres & le Prince de Condé
, avec plufieurs Seigneurs de la Cour, y ont
formé différens Quadrilles ingénieufement imaginés
, & très bien exécutés . Le Roi , la Reine ,
les Princes & Princelles du Sang , ont honoré de
leurs préfences ces Affemblées auxquelles avoient
été invités les Amballadeurs & les Miniftres Etrangers.
Les Fêtes ont été ordonnées par le Duc de
Duras , premier Gentilhomme de la Chambre du
Roi en exercice , & dirigées par le fieur de la Ferté ,
Intendant des Menus - Plaiſirs de Sa Majeſté.
Le 14 de ce mois , le Roi eft parti d'ici pour
Choify , d'où Sa Majefté s'eft rendue le 16 à
Verſailles. La Reine & Mefdames font authi parties
le 14 pour le rendre à Versailles.
LE a
E Roi a nommé l'Evêque de Comminges à
l'Evêché de Châlons-fur- Marne , l'Abbé d'Ofmond,
Comte de Lyon , Vicaire Général du Diocèle
d'Auxerre , à l'Evêché de Comminges ; l'Abbé
de la Chataigneraye , Comte de Lyon , Aumônier
du Roi , à l'Evêché de Saintes , & l'Abbé de
Narbonne - Lara , Vicaire Général du Diocèfe
d'Agen , à l'Evêché de Gap . Sa Majesté a donné
en même temps l'Abbaye de Montier , à l'Evêque
de Châlons ; l'Abbaye de Saint Gildas des Bois ,
Ordre de Saint Benoît , Diocèle de Nantes , à
l'Abbé de Valory , Prévôt de l'Eglife Collégiale
de Saint Pierre à Lille ; l'Abbaye de l'Ile -Chauvet,
Ordre de Saint Benoît , Diocèle de Luçon
à l'Abbé de Menou , Vicaire Général du Diocèle
de la Rochelle ; l'Abbaye de Neauffe le Vieux ,
Ordre de Saint Benoît , Diocèſe de Chartres , à
l'Abbé de Radonvilliers , Sous - Précepteur des Enfans
de France ; l'Abbaye de Saint Jean en Val
lée , Ordre de Saint Auguftin , Diocèfe de Char
JANVIER. 1764. 189
tres , à l'Abbé Dromgheld ; l'Abbaye de Mont-de-
Sion , Ordre de Citeaux , Diocèle de Marſeille ,
à la Dame de Gafparis , Religieufe au Monaſtere
des Bernardines d'Aubagne , même Diocèle ; l'Abbaye
de Saint Bernard lès-Bayonne , Ordre de
Citeaux , Diocèle d'Acqs , à la Dame de Membrede
, Religieufe de la même Abbaye ; l'Abbaye de
la Bourdilliere , Diocèle de Tours , à la Dame de
la Roche - Menou , Religieufe de la même Abbaye.
Le 30 du mois dernier , le Roi , après avoir entendu
la Meffe , tint avec Madame Victoire , fur
les fonts de Baptême , Louis-Victoire- Hippolyte-
Luce de Montmorin de Saint- Herem , fils du
Marquis de Montmorin , Lieutenant Général des
Armées du Roi , & Gouverneur de Fontainebleau.
Le Baptême fut adminiftré par l'Archevêque de
Rheims , Grand Aumônier de France , en préfence
du fieur Magniere , Curé de la Paroiffe , & du
Pere Poinfignon , Docteur de Sorbonne , & Miniftre
des Religieux du Château . Sa Majefté , précédée
des Huiffiers de fa Chambre portant leurs
Mafles , fut conduite à cette cérémonie par le
Marquis de Dreux , Grand- Maître des Cérémonies.
2
Le 6 de ce mois , le Prince Mitrix de Gallitzin ,
Miniftre Plénipotentiaire de l'Impératrice de Ruf
fie , eut une audience particuliere du Roi , à qui il
remit fes Lettres de créance. Le 8 , le Général de
Fontenay , Envoyé Extraordinaire de l'Electeur
de Saxe eut auffi une audience particuliere
de Sa Majefté , & lui remit fa Lettre de
créance . Ces deux Miniftres furent conduits à ces
Audiences , ainfi qu'à celles de la Reine , de Monfeigneur
le Dauphin ,de Madame & de Meldames,
par le fieur de la Live , Introducteur des Ambal
Ladeurs.j
go MERCURE DE FRANCE.
Le Duc de Villeroy , Capitaine de la premiere
Compagnie des Gardes du Roi , ayant donné la
démillion du Gouvernement de Lyon , Sa Majefté
en a difpofé en faveur du Marquis de Villeroy ;
& la place de Lieutenant Général de la Province ,
dont ce dernier étoit pourvu , a été donnée au
Duc de Villeroy .
•
Depuis que le Roi eft arrivé ici , les plaiſirs &
les fêtes fe font fuccédées fans interruption , & ont
rendu la Cour auffi brillante que nombreuſe.
Parmi les différens Spectacles qui ont été donnés ,
on a exécuté avec le plus grand fuccès les Opéra
de Dardanus , de Scanderberg , & de Caftor & Pollux.
La richeffe des décorations & des habits ,
jointe au mérite de l'exécution , a donné à ces repréfentations
tout l'éclat & l'intérêt dont elles
font fufceptibles, & Sa Majeſté en a paru fatisfaite.
Le 29 Octobre & le 6 de ce mois , il y a eu Bal
dans la Salle du Spectacle , qui avoit été ornée
pour cet effet avec autant de goût que de magnificence.
Le Duc de Chartres & le Prince de Condé
, avec plufieurs Seigneurs de la Cour, y ont
formé différens Quadrilles ingénieufement imaginés
, & très bien exécutés . Le Roi , la Reine ,
les Princes & Princelles du Sang , ont honoré de
leurs préfences ces Affemblées auxquelles avoient
été invités les Amballadeurs & les Miniftres Etrangers.
Les Fêtes ont été ordonnées par le Duc de
Duras , premier Gentilhomme de la Chambre du
Roi en exercice , & dirigées par le fieur de la Ferté ,
Intendant des Menus - Plaiſirs de Sa Majeſté.
Le 14 de ce mois , le Roi eft parti d'ici pour
Choify , d'où Sa Majefté s'eft rendue le 16 à
Verſailles. La Reine & Mefdames font authi parties
le 14 pour le rendre à Versailles.
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Résumé : DE FONTAINEBLEAU, le 16 Novembre 1763.
Le 16 novembre 1763, à Fontainebleau, le Roi a procédé à plusieurs nominations ecclésiastiques. L'Évêque de Comminges a été nommé à l'Évêché de Châlons-sur-Marne, l'Abbé d'Ofmond à l'Évêché de Comminges, l'Abbé de la Chataigneraye à l'Évêché de Saintes, et l'Abbé de Narbonne-Lara à l'Évêché de Gap. Par ailleurs, le Roi a attribué diverses abbayes à plusieurs abbés et religieuses. Le 30 octobre 1763, le Roi a organisé une cérémonie de baptême pour Louis-Victoire-Hippolyte-Luce de Montmorin de Saint-Herem, fils du Marquis de Montmorin. Cette cérémonie a été dirigée par l'Archevêque de Reims et s'est déroulée en présence de nombreux dignitaires. Le 6 janvier 1764, le Prince Mikhaïl de Gallitzin, ministre plénipotentiaire de l'Impératrice de Russie, et le Général de Fontenay, envoyé extraordinaire de l'Électeur de Saxe, ont eu des audiences privées avec le Roi. Le Duc de Villeroy a reçu le Gouvernement de Lyon et la place de Lieutenant Général de la Province. Depuis l'arrivée du Roi à Fontainebleau, diverses fêtes et spectacles ont été organisés, incluant des représentations d'opéras et des bals. Le Roi, la Reine, et les Princes du Sang ont assisté à ces événements. Le 14 janvier 1764, le Roi a quitté Fontainebleau pour se rendre à Choisy, puis à Versailles, accompagné de la Reine et de Mesdames.
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13
p. 206-210
MARIAGES.
Début :
Henri-Bernard, Marquis d'Espagne, Capitaine de Cavalerie, & premier [...]
Mots clefs :
Capitaine de cavalerie, Vicomte, Demoiselle, Bénédiction nuptiale, Marquis, Gouverneur, Comte, Maison de Cabalby, Mariage, Famille, Décès, Héritiers, Charles d'Espagne, Fêtes, Décorations, Lumières, Magistrat
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texteReconnaissance textuelle : MARIAGES.
M A R I A G E S.
Henri-Bernard, Marquis d'Eſpagne, Capitaine
de Cavalerie, & premier Baron né des Etats de la
Vicomté de Nebouzan, a épouſé la nuit du 27 au
28 Décembre dernier, Demoiſelle Claire-Char
lotte de Cabalby, à S. Lézier, dans la Chapelle
Epiſcopale de M. l'Evêque de Couzerans, qui leur
a donné la Bénédiction nuptiale. M. le Maréchal
Duc de Richelieu avec la principale Nobleſſe de la
Province, avoit honoré ſon contrat de mariage
de ſa préſence. Le Marquis d'Eſpagne, ſeul de
ſon nom, eſt fils unique de feu Joſeph-André,
| Marquis d'Eſpagne, Gouverneur pour le Roi de
ladite Vicomté, & de Dame Françoiſe de l'ancien
ne & illuſtre Maiſon d'Orbeſſan.
Mademoiſelle de Cabalby eſt fille & héritière
d'Octavien de Cabalby, Baron d'Eſplas, Gouver
neur pour Sa Majeſté de la Ville & Vallée de Seix,
& Commandant ſous les ordres de M. le Maréchal
Duc de Richelieu dans ſa partie du Couzerans, &
de feue Dame Jeanne de Dupac. Le Marquis d'Eſ
pagne deſcend en ligne directe de Léon d'Eſpagne,
Prince ſorti du Sang Royal de Léon, portant
pour armes le Lion de gueule au champ d'argent,
Comte de Paillas, & Vicomte de Couzerans, qui
épouſa la fille unique du Seigneur de Monteſpan ;
& de leur mariage vint Roger I. d'Eſpagne ,
Seigneur de Monteſpan , Comte de Paillas, &
Vicomte de Couzerans , lequel épouſa Grize
de Riviere, fille unique & héritière du Seigneur
de Riviere, Seigneur de la Ville de Montrejan,
· & Baron de Borderes ; qui eut pour fils Ar
naud d'Eſpagne , premier de ce nom , Sel
·gneur de Monteſpan , Comte de Paillas, & Vi
M A I. 1764. 2o7
comte de Couzerans, quiépouſa Philippe de Foix,
fille de Roger-Bernard, ſixiéme de ce nom, &
huitiéme Comte de Foix , ſoeur d'Eſclarmonde de
Foix, Reine de Majorque ; qui eut pour fils Ar
naud II. d'Eſpagne, Seigneur de Monteſpan,
Comte de Paillas, & Vicomte de Couzerans, qui
épouſa Marquéſe de Benac ; & de leur mariage
ſortit Azemar d'Eſpagne, premier de ce nom,
qui épouſa Léonore de Vellere, héritière de la
Maiſon de Vellere en Eſpagne, & de leur mariage
ſortit Arnaud III d'Eſpagne, Seigneur de Monteſ
pan, Sénéchal & Gouverneur de Carcaſſonne,
qui épouſa Demoiſelle de la Barthe ; & de leur
mariage ſortit Roger II du nom, Seigneur de
Monteſpan, Chevalier de l'Ordre du Roi , ſon
Chambellan , Gouverneur & Sénéchal de Tou
louſe, Albigeois & Carcaſſonne, qui épouſa Claire
de Gramont ; d'où ſortit Roger III du nom, Sei
gneur de Monteſpan, Chevalier de l'Ordre du
Roi, qui épouſa Jacquette de Moleon , d'où ſortit
Matthieu I d'Eſpagne, Seigneur de Monteſpan,
qui épouſa Catherine de Foix, & de leur mariage
ſortit trois enfans mâles. Le premier Roger IV du
nom , le ſecond, Arnaud IV du nom, & le troi
ſiéme, Charles I d'Eſpagne, qui eut pour appana
ge la Baronie de§Roger IV, qui étoit
Chevalier des Ordres du Roi, mourut ſans poſté
rité. Arnaud IV d'Eſpagne, ſon frère, lui ſuccéda,
* qui épouſa Magdelaine Daure, fille de Geraud
Daure, Chevalier des Ordres du Roi , Baron de
Larbouſt ; & de leur mariage ſortit Roger V du
nom, Chevalier des Ordres du Roi , qui mourut
ſans poſtérité, & qui, malgré la ſubſtitution gra
duelle & perpétuelle établie depuis pluſieurs ſiécles
dans la Maiſon d'Eſpagne, fit paſſer, au préjudice
de ſon oncleCharles I d'Eſpagne, Baron de Rame
2C8 MERCURE DE FRANCE.
fort, tous les biens de la Branche aînée à ſa ſoeur
Paule d'Eſpagne, qui ſe maria dans la Maiſon de
Gondrin. Charles I d'Eſpagne continua la poſté
rité , & épouſa Marie d'Aſté, fille de Jean Daure,
Vicomte d'Aſté, & ſoeur de Manaut Daure, qui
épouſa Claire de Gramont. Lequel Charles I
d'Eſpagne eut pour fils Onofre d'Eſpagne , Baron
de Ramefort, qui étoit Colonel d'un Régiment
qui a ſervi avec beaucoup de diſtinction en Pro
-vence. Il épouſa Catherine de Saman de la Mai
ſon d'Eſtarac, d'où eſt ſorti Jean-Alexandre d'Eſ
, pagne,'qui avoit commencé à ſervir à douze ans ;
il fut bleſſé dans quatre ou cinq occaſions différen
tes, & fut tué ſur la brêche de la Ville de Lambeſc,
âgé de vingt-quatre ans, Capitaine aux Gardes ,
& un des plus valeureux Capitaines de ſon temps.
Le Roi lui avoit donné , entre autres récompenſes,
pour l'aider à ſe ſoutenir dans le ſervice ſelon ſa
qualité, le Marc-d'or dû à ſon Avènement à la
Couronne. Charles II d'Eſpagne ſon frère lui ſuc
céda, qui a ſervi avec beaucoup de diſtinction, &
fut Gouverneur de la Ville & Citadelle de Siſteron,
& Capitaine d'une Compagnie de cent Hommes
d'Armes. Il épouſa Jeanne de Saman de la même
Maiſon de ſa mère , d'où eſt ſorti Charles III
: d'Eſpagne , Baron de Ramefort , qui épouſa Mar
guerite de Saint-Paſtou ; d'où ſortit Melkior d'Eſ
, pagne, Baron de Ramefort , qui épouſa Françoiſe
: d'Orbeſſan , d'où eſt ſorti Charles IV d'Eſpagne,
qui a commencé ſes ſervices dans le Régiment de
Ségur , qui épouſa Marguerite de Sapte, d'où eſt
- ſorti Joſeph-André Marquis d'Eſpagne , Baron de
- Ramefort, Gouverneur & Sénéchal de la Vicomté
de Nebouzan , qui a ſervi long-temps dans les
Régimens de Dunois & d'Auvergne, ayant reçu
- des bleſſures conſidérables deſquelles il eſt mort 1
- M A I. 1764. 2og
s'étant rouvertes le 8 Octobre r7 59. Il avoit épou
ſé Françoiſe d'Orbeſſan, & a laiſſé, comme il a
été dit pour fils unique Henri-Bernard†
d'Eſpagne. Pluſieurs filles de cette Maiſon ſont
aliiées avec des Maiſons très-illuſtres du Royaume3
entr'autres avec celles de Noailles, de Puyſegur,
de Gondrin , d'Auſſun , de Narbonne & autres.
Différens Cadets de cette Maiſon ont ſervi dans
des grades ſupérieurs, & s'y ſont également diſ
tingués. D'autres qui ont pris l'Etat Eccléſiaſtique,
ont été Evêques de Cominges, Rieux & Leitoure,
Le Mariage de M. le Comte de Freſnay, Capi
taine au Régiment du Roi, avec Mlle l'Eſcalopier,
fille de M. l'Eſcalopier , Intendant de Tours, a été
célébré le premier de ce mois dans l'Egliſe de S.
Hilaire , Paroiſſe de cette Ville.
M. & Madame l'Eſcalopier ont reçu à cette oc
caſion les complimens de tous les Corps & Compa
† de la Ville, qui étoient dictés par l'eſtime &
e ſentiment. Mais le zèle public s'eſt encore plus
particulièrement ſignalé dans la Fête qui leur a été
donnée le Dimanche quatre de Mars, par les per
ſonnes les plus diſtinguées de la Nobleſſe, de la
Robe & du Commerce. Plus de quatre - vingt
Chefs de Familles repréſentant ces différens Etats,
ſe ſont réunis pour y contribuer. Elle a été célébrée
dans la Salle ordinaire du Spectacle, dont le Par
terre avoit été mis au niveau du Théâtre. Un
nombre conſidérable de luſtres, de girandoles &
de conſoles chargés de bougies ingénieuſementdiſ
poſées y jettoient une lumière éclatante, des guir
landes de fleurs entrelacées dans des ſujets allégo
riques à la Fête la caractériſoient.Une table en fer
à-cheval, garnie de cent cinquante couverts occu
- pés par autant de Dames galamment vêtues,en or
A
21o MERCURE DE FRANCE.
noient le contour. Sur les huit heures du ſolr elle
fut ſervie ſplendidement. Chaque Cavalier ſervoit
ſa Dame. Les premières & ſecondes Loges rem
plies de Spectateurs, formoient un coup-d'oeil
agréable. Les honneurs du repas ont été déférés à
M. l'Eſcalopier, premier Magiſtrat de la Provin
ce , & à ſa Famille, dont la ſanté a été célébrée
à pluſieurs repriſes au bruit des inſtrumens de
† Le ſouper a fini à onze heures, & a été
ivi d'un Bal où toutes les Dames de la Ville qui
n'avoient pu être du repas, ſe rendirent, les unes
en habits galans, les autres maſquées. S'il eſt dif
ficile d'expoſer au naturel le coloris de la joie, il
l'eſt encore plus de rendre le tableau touchant de
la tendreſſe & de la vénération publique, qui a fait
le principal ornement de cette Fête : Monument
flatteur & reſpectable de l'hommage dû aux vertus
d'un Magiſtrat auſſi diſtingué par ſa naiſſance que
par ſon affabilité, ſon amour pour le bien public,
& par toutes les qualités qui conſtituent eſſentiel
lement l'Homme d'Etat.
Henri-Bernard, Marquis d'Eſpagne, Capitaine
de Cavalerie, & premier Baron né des Etats de la
Vicomté de Nebouzan, a épouſé la nuit du 27 au
28 Décembre dernier, Demoiſelle Claire-Char
lotte de Cabalby, à S. Lézier, dans la Chapelle
Epiſcopale de M. l'Evêque de Couzerans, qui leur
a donné la Bénédiction nuptiale. M. le Maréchal
Duc de Richelieu avec la principale Nobleſſe de la
Province, avoit honoré ſon contrat de mariage
de ſa préſence. Le Marquis d'Eſpagne, ſeul de
ſon nom, eſt fils unique de feu Joſeph-André,
| Marquis d'Eſpagne, Gouverneur pour le Roi de
ladite Vicomté, & de Dame Françoiſe de l'ancien
ne & illuſtre Maiſon d'Orbeſſan.
Mademoiſelle de Cabalby eſt fille & héritière
d'Octavien de Cabalby, Baron d'Eſplas, Gouver
neur pour Sa Majeſté de la Ville & Vallée de Seix,
& Commandant ſous les ordres de M. le Maréchal
Duc de Richelieu dans ſa partie du Couzerans, &
de feue Dame Jeanne de Dupac. Le Marquis d'Eſ
pagne deſcend en ligne directe de Léon d'Eſpagne,
Prince ſorti du Sang Royal de Léon, portant
pour armes le Lion de gueule au champ d'argent,
Comte de Paillas, & Vicomte de Couzerans, qui
épouſa la fille unique du Seigneur de Monteſpan ;
& de leur mariage vint Roger I. d'Eſpagne ,
Seigneur de Monteſpan , Comte de Paillas, &
Vicomte de Couzerans , lequel épouſa Grize
de Riviere, fille unique & héritière du Seigneur
de Riviere, Seigneur de la Ville de Montrejan,
· & Baron de Borderes ; qui eut pour fils Ar
naud d'Eſpagne , premier de ce nom , Sel
·gneur de Monteſpan , Comte de Paillas, & Vi
M A I. 1764. 2o7
comte de Couzerans, quiépouſa Philippe de Foix,
fille de Roger-Bernard, ſixiéme de ce nom, &
huitiéme Comte de Foix , ſoeur d'Eſclarmonde de
Foix, Reine de Majorque ; qui eut pour fils Ar
naud II. d'Eſpagne, Seigneur de Monteſpan,
Comte de Paillas, & Vicomte de Couzerans, qui
épouſa Marquéſe de Benac ; & de leur mariage
ſortit Azemar d'Eſpagne, premier de ce nom,
qui épouſa Léonore de Vellere, héritière de la
Maiſon de Vellere en Eſpagne, & de leur mariage
ſortit Arnaud III d'Eſpagne, Seigneur de Monteſ
pan, Sénéchal & Gouverneur de Carcaſſonne,
qui épouſa Demoiſelle de la Barthe ; & de leur
mariage ſortit Roger II du nom, Seigneur de
Monteſpan, Chevalier de l'Ordre du Roi , ſon
Chambellan , Gouverneur & Sénéchal de Tou
louſe, Albigeois & Carcaſſonne, qui épouſa Claire
de Gramont ; d'où ſortit Roger III du nom, Sei
gneur de Monteſpan, Chevalier de l'Ordre du
Roi, qui épouſa Jacquette de Moleon , d'où ſortit
Matthieu I d'Eſpagne, Seigneur de Monteſpan,
qui épouſa Catherine de Foix, & de leur mariage
ſortit trois enfans mâles. Le premier Roger IV du
nom , le ſecond, Arnaud IV du nom, & le troi
ſiéme, Charles I d'Eſpagne, qui eut pour appana
ge la Baronie de§Roger IV, qui étoit
Chevalier des Ordres du Roi, mourut ſans poſté
rité. Arnaud IV d'Eſpagne, ſon frère, lui ſuccéda,
* qui épouſa Magdelaine Daure, fille de Geraud
Daure, Chevalier des Ordres du Roi , Baron de
Larbouſt ; & de leur mariage ſortit Roger V du
nom, Chevalier des Ordres du Roi , qui mourut
ſans poſtérité, & qui, malgré la ſubſtitution gra
duelle & perpétuelle établie depuis pluſieurs ſiécles
dans la Maiſon d'Eſpagne, fit paſſer, au préjudice
de ſon oncleCharles I d'Eſpagne, Baron de Rame
2C8 MERCURE DE FRANCE.
fort, tous les biens de la Branche aînée à ſa ſoeur
Paule d'Eſpagne, qui ſe maria dans la Maiſon de
Gondrin. Charles I d'Eſpagne continua la poſté
rité , & épouſa Marie d'Aſté, fille de Jean Daure,
Vicomte d'Aſté, & ſoeur de Manaut Daure, qui
épouſa Claire de Gramont. Lequel Charles I
d'Eſpagne eut pour fils Onofre d'Eſpagne , Baron
de Ramefort, qui étoit Colonel d'un Régiment
qui a ſervi avec beaucoup de diſtinction en Pro
-vence. Il épouſa Catherine de Saman de la Mai
ſon d'Eſtarac, d'où eſt ſorti Jean-Alexandre d'Eſ
, pagne,'qui avoit commencé à ſervir à douze ans ;
il fut bleſſé dans quatre ou cinq occaſions différen
tes, & fut tué ſur la brêche de la Ville de Lambeſc,
âgé de vingt-quatre ans, Capitaine aux Gardes ,
& un des plus valeureux Capitaines de ſon temps.
Le Roi lui avoit donné , entre autres récompenſes,
pour l'aider à ſe ſoutenir dans le ſervice ſelon ſa
qualité, le Marc-d'or dû à ſon Avènement à la
Couronne. Charles II d'Eſpagne ſon frère lui ſuc
céda, qui a ſervi avec beaucoup de diſtinction, &
fut Gouverneur de la Ville & Citadelle de Siſteron,
& Capitaine d'une Compagnie de cent Hommes
d'Armes. Il épouſa Jeanne de Saman de la même
Maiſon de ſa mère , d'où eſt ſorti Charles III
: d'Eſpagne , Baron de Ramefort , qui épouſa Mar
guerite de Saint-Paſtou ; d'où ſortit Melkior d'Eſ
, pagne, Baron de Ramefort , qui épouſa Françoiſe
: d'Orbeſſan , d'où eſt ſorti Charles IV d'Eſpagne,
qui a commencé ſes ſervices dans le Régiment de
Ségur , qui épouſa Marguerite de Sapte, d'où eſt
- ſorti Joſeph-André Marquis d'Eſpagne , Baron de
- Ramefort, Gouverneur & Sénéchal de la Vicomté
de Nebouzan , qui a ſervi long-temps dans les
Régimens de Dunois & d'Auvergne, ayant reçu
- des bleſſures conſidérables deſquelles il eſt mort 1
- M A I. 1764. 2og
s'étant rouvertes le 8 Octobre r7 59. Il avoit épou
ſé Françoiſe d'Orbeſſan, & a laiſſé, comme il a
été dit pour fils unique Henri-Bernard†
d'Eſpagne. Pluſieurs filles de cette Maiſon ſont
aliiées avec des Maiſons très-illuſtres du Royaume3
entr'autres avec celles de Noailles, de Puyſegur,
de Gondrin , d'Auſſun , de Narbonne & autres.
Différens Cadets de cette Maiſon ont ſervi dans
des grades ſupérieurs, & s'y ſont également diſ
tingués. D'autres qui ont pris l'Etat Eccléſiaſtique,
ont été Evêques de Cominges, Rieux & Leitoure,
Le Mariage de M. le Comte de Freſnay, Capi
taine au Régiment du Roi, avec Mlle l'Eſcalopier,
fille de M. l'Eſcalopier , Intendant de Tours, a été
célébré le premier de ce mois dans l'Egliſe de S.
Hilaire , Paroiſſe de cette Ville.
M. & Madame l'Eſcalopier ont reçu à cette oc
caſion les complimens de tous les Corps & Compa
† de la Ville, qui étoient dictés par l'eſtime &
e ſentiment. Mais le zèle public s'eſt encore plus
particulièrement ſignalé dans la Fête qui leur a été
donnée le Dimanche quatre de Mars, par les per
ſonnes les plus diſtinguées de la Nobleſſe, de la
Robe & du Commerce. Plus de quatre - vingt
Chefs de Familles repréſentant ces différens Etats,
ſe ſont réunis pour y contribuer. Elle a été célébrée
dans la Salle ordinaire du Spectacle, dont le Par
terre avoit été mis au niveau du Théâtre. Un
nombre conſidérable de luſtres, de girandoles &
de conſoles chargés de bougies ingénieuſementdiſ
poſées y jettoient une lumière éclatante, des guir
landes de fleurs entrelacées dans des ſujets allégo
riques à la Fête la caractériſoient.Une table en fer
à-cheval, garnie de cent cinquante couverts occu
- pés par autant de Dames galamment vêtues,en or
A
21o MERCURE DE FRANCE.
noient le contour. Sur les huit heures du ſolr elle
fut ſervie ſplendidement. Chaque Cavalier ſervoit
ſa Dame. Les premières & ſecondes Loges rem
plies de Spectateurs, formoient un coup-d'oeil
agréable. Les honneurs du repas ont été déférés à
M. l'Eſcalopier, premier Magiſtrat de la Provin
ce , & à ſa Famille, dont la ſanté a été célébrée
à pluſieurs repriſes au bruit des inſtrumens de
† Le ſouper a fini à onze heures, & a été
ivi d'un Bal où toutes les Dames de la Ville qui
n'avoient pu être du repas, ſe rendirent, les unes
en habits galans, les autres maſquées. S'il eſt dif
ficile d'expoſer au naturel le coloris de la joie, il
l'eſt encore plus de rendre le tableau touchant de
la tendreſſe & de la vénération publique, qui a fait
le principal ornement de cette Fête : Monument
flatteur & reſpectable de l'hommage dû aux vertus
d'un Magiſtrat auſſi diſtingué par ſa naiſſance que
par ſon affabilité, ſon amour pour le bien public,
& par toutes les qualités qui conſtituent eſſentiel
lement l'Homme d'Etat.
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Résumé : MARIAGES.
Le texte relate le mariage de Henri-Bernard, Marquis d'Espagne, Capitaine de Cavalerie et premier Baron né des États de la Vicomté de Nebouzan, avec Demoiselle Claire-Charlotte de Cabalby. La cérémonie s'est déroulée la nuit du 27 au 28 décembre dans la Chapelle Épiscopale de M. l'Évêque de Couzerans à Saint-Lézier. Le contrat de mariage a été honoré par la présence du Maréchal Duc de Richelieu et de la principale noblesse de la province. Henri-Bernard est le fils unique de feu Joseph-André, Marquis d'Espagne, Gouverneur pour le Roi de la Vicomté de Nebouzan, et de Dame Françoise de la Maison d'Orbessan. Claire-Charlotte est la fille et héritière d'Octavien de Cabalby, Baron d'Esplas, Gouverneur de la Ville et Vallée de Seix, et de feue Dame Jeanne de Dupac. Le Marquis d'Espagne descend en ligne directe de Léon d'Espagne, Prince du Sang Royal de Léon, portant pour armes le Lion de gueule au champ d'argent, Comte de Paillas et Vicomte de Couzerans. La lignée inclut plusieurs générations de seigneurs de Montespan, Comtes de Paillas et Vicomtes de Couzerans, avec des alliances notables telles que les Maisons de Foix, de Gramont, et de Vellere. La famille d'Espagne a également produit plusieurs membres distingués dans les armées et l'Église, avec des alliances avec des Maisons illustres comme Noailles, Puysegur, et Gondrin. Le texte mentionne également le mariage du Comte de Fresnay, Capitaine au Régiment du Roi, avec Mlle l'Escalopier, fille de M. l'Escalopier, Intendant de Tours. Cette cérémonie a eu lieu le 1er mars dans l'Église de Saint-Hilaire à Tours. La fête en leur honneur a réuni des personnes distinguées de la noblesse, de la robe et du commerce, avec une table de cent cinquante couverts et un bal masqué.
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