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Liste
1
p. 132-151
Harangues faites à Dunkerque, à Gravelines, & à l'Isle, qui avoient esté oubliées dans la premiere Partie du Voyage de Flandres, avec quelques nouvelles particularités. [titre d'après la table]
Début :
Je croyois ne devoir plus vous parler d'aucune des Villes [...]
Mots clefs :
Dunkerque, Gravelines, Lille, Ville, Harangues, Roi, Ambassadeurs, Lieutenant, Compliment, Joie, Invincible monarque, Magistrat, Échevins, Amitié, Vin, Seigneurs, Troupes, Fortifications, Cérémonie
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texteReconnaissance textuelle : Harangues faites à Dunkerque, à Gravelines, & à l'Isle, qui avoient esté oubliées dans la premiere Partie du Voyage de Flandres, avec quelques nouvelles particularités. [titre d'après la table]
Je croyois ne devoir plus
vous parler d'aucune des Vil
les de Flandre où les Ambaſ
fadeurs ont eſté ; cependant
je ne puis me difpenferdevous
entretenir encore de Gravelines
, de Dunquerque & de
l'Iſle , dont il me reſte pluſieurs
chofes à vous dire, &
les harangues àvous envoyer,
le defir que j'ay eu de fatisfaire
voſtre curioſité , ayant
eſté cauſe que je vous ay écrit
avant que tous mes me-
1
des Amb de Siam. 133
moires ſuſſent arrivez . Ainfi
pour rendre juſtice à tous
ceux qui le meritent , je vais
encore vous apprendre quelques
particularitez de ce qui
s'eſt fait dans ces troisVilles,
mais ſans vous rien repeter
de ce que je vous ay déja dit.
Quoique Gravelines ne fuft
point du nombre de celles
que les Ambaſſadeurs devoient
voir , & qu'elle n'ait
fçû qu'ils y devoient dîner
que deux heures avant qu'ils
y arrivaſſent, comme on n'eſt
jamais ſurpris dans lesPlaces
duRoy, tout s'eſt paffé dans
134 IV. P. du Voyage
د
cette Ville là de la même ma
niere que dans les autres.
M Benoist Lieutenant
de Roy , reçût les Ambafſadeurs
avec l'Etat Major.
Les Troupes qui eſtoient en
haye eſtoient le Regimentde
Foreft, commandé parMde
Cleran , & les Compagnies
de Meuſnier & de Manuel ,
du Regiment d'Erlac. M. de
la Puiſade avec un Lieutenant
, & so hommes eſtoit
de garde au logis qui leur
avoit eſté preparé . M.le Prevoſt
Bailly à la teſte de Mles
Mayeur & Eſchevins , leur
A
des Amb. de Siam. 135
offrit les Vins de Ville, & leur
fit le compliment que je vous
envoye , auquel il avoit eſté
obligé de ſe preparer pref
que fur le champ.
MESSEIGNEVRS ,
Les Magistrats , aussi bien que
tout le Peuplede Graveline, reffentant
une joye extrême de ce qu'il
a plû à vos Excellences , d'honorer
cette ville de leurs illuftres presences
,
vous viennent en donner
des marques, en vous afſeurant qu'-
ils en auront une eternelle reconnoiffance
. Ils souhaiteroient avec
paffion, pouvoirpar un difcours accomply,
&par des Presens magnifiques,
témoigner les respects qu'ils
136 IV. P. du Voyage
ont pour vos Excellences, qui com
me Ambassadeurs reprefentent la
Majesté d'un grand Roy , pourlequel
ils auront toûjours toute la
veneration , qui est deuë à un Allié
de nostre Auguste &Invincible
Monarque ; mais n'ayant rien quż
Soit digne de vos Excellences , ils
leur offrent leurs coeurs pour leur
faire voir combien ils fontſenſibles
à la grace qu'ils reçoivent & ces
Vins de Ville , pour un effet de
leur Zele.
Mrs du Clergé les haranguerent
enſuite. Tous ces
compliments eftant finis , les
Ambaſſadeurs dirent , qu'ils
avoient trouvé les Troupes fi
desAmb. de Siam. 137
leftes &fi belles , qu'ilsfouhaitoient
de les revoir. On ordonna
à Mª de Cleran , Lieutenant
Colonel de Foreft , de
les faire défiler. Tous les OfficiersFrançois&
Suiffes,faluerent
de la Pique avec beaucoup
de grace, & un air qui
furprit les Ambaſſadeurs ,
quoiqu'ils fuſſent accoûtumez
à recevoir tous les jours
de pareils faluts. Comme
le temps eſtoit fort vilain, &
que d'ailleurs ils eſtoient preffez
de partir , ils ne purent
viſiter les Fortifications de la
Place; mais ils en demande-
M
138 IV. P. du Voyage
rent le Plan, qu'ils regarde
rent avec beaucoup de plaifir
& d'attention , juſqu'à ce
qu'ils ſe miſſent à table. Ils
dirent en l'examinant , que
s'estoit avecjustice que cettePlace
avoit une fi grande reputation.
ParmylesDames deBourbourg
qui estoient venues
pour les voir dîner, & celles
de Gravelines qui eurent la
même curiofité, ils en trouverent
de trés-belles , du
nombre deſquelles furent
Meſdemoiselles Charpentier
& de Seine ; auffi reçûrentelles
de grandes honeſtere,z
des Amb. de Siam. 139
des Ambaſſadeurs , qui leur
donnerent des fruits.
J'adjoûteray peu de choſes
à ce que je vous ay déja
dit de leur séjour àDunkerque.
Ils furent conduits dans
la grande Chambre deJuſtice
de l'Hôtel de Ville , où Mrs
du Magiftrat les vinrent
complimenter . A la teſte
anarchoient les quatre Sergens
du Baillage , vêtus de
leurs Caſaques de ceremonie,
& ayant leurs Halebardes fur
leurs épaules. Aprés eux entrerent
leBailly , le Bourguemeſtre,
les Echevins, les trois
міj
140 IV. P. du Voyage
t
Penſionnaires de la Ville , le
Greffier , le Treforier & les
Conſeillers; ceux qui compofent
le Corps du Magiſtrat les
fuivoient en robbes &
avoient aprés eux les quatre
Huiffiers de la Chambre du
Magiftrat , reveſtus auſſi de
leurs Manteaux de ceremonie.
Aprés que le Magiftrat
eut fait les reverences ordinaires
, le ſieur Alonſe Laurent
de Briſe , l'un des trois
Penſionnaires , prononça ce
compliment par ordre de M
Coppens,Bourguemeſtre, fuivant
l'ancien uſage du Païs,
r
desAmb. de Siam. 141
MESSEIGNEVRS ,
Les Bailly , Bourguemestre , Echevins
& Conseillers de cette ville
de Dunkerque ,sçachant aussi bien
que tous les Peuples de l'Europe,
avec combien de joye le Roy Louis
le Grand noftre trés-Auguste &Invincible
Monarque, vous a recens
enſesEtats, &l'eftime trés-particuliere
qu'il fait de l'amitié du puiffant
Royde Siam voſtre Souverain,
ont voulu s'aquiter de leur devoir,
en presentant à vos Excellences
leurs trés-humbles respects &fervices,
avec offre de Vin de Ville.
1
L'Ambaſſadeur répondit ,
qu'ils estoient fort obligez à
Ms du Magistrat , de leurs
142 IV. P. du Voyage
civilitez, &que leur Present
leur feroit fort agreable. Ils
fouperent en public , & M*
Coppens leur députa MSOmair
& Blomme , Echevins
qui leur preſenterent de la
part duMagiſtrat fix douzai
nes de bouteilles du plus excellent
Vin de Champagne,
qu'on euſt pû trouver , pour
Preſent du Vin de Ville.
Les Ambaſſadeurs ayant veu
les Ouvrages de la Marine
qui font àDunkerque, le Fort
du Rifban , & les Fortifications
de la Ville, come je vous
l'ay marqué dans la troifié
desAmb. de Siam. 143
me partie de cette Relation ,
partirent le 31. Octobre au
bruit du Canon , & au fon
des Cloches qui carrillonnerent
tant qu'ils les purent entendre.
Ils prirent leur route
par le Canal de Bergues pour
aller à Ypres, & l'on fit marcher
leurs Carroſſes vuides
par la Digue le long du Canal.
Le Magiſtrat avoit commandé
la Barque ou Yack de
laVille, pour les conduire par
caujuſqu'àlaVilledeBergues.
Cette Barque eft fort propre
&baſtie en forme de Fregate.
Je vous aydéja parlé fi am
144 IV. P.du Voyage
plement de la reception qui
leur a eſté faite à Lifle , que
ne retouchant cet article
que pour la harangue , tout
ce que j'y puis adjouter, c'eſt
que les principaux Officiers
de la Garniſon allerent environ
une lieuë au devant d'eux
avec les Gardes de M.le Marêchal
de Humiere , le reſte
ſe paſſa.comme je vous l'ay
déja maqué à l'égard de la
Gendarmerie. Voicy le compliment
que leur fit au nom
de la VilleM de Broide, Seigneur
de Gondecourt, & pre
mierConfeiller Penſionnaire.
ILLVS
des Amb. de Siam. 145
ILLYSTRES SEIGNEURS,
Les augustes qualitez , & les
triomphes de nôtre trés Haut, trés-
Magnanime & trés - Invincible Monarque
, ne vous avoient parû que
par ce que vous en avoit appris lakenommée
en publiant ses heroïques
exploits ; mais depuis que vous avez
eu l'honneur de ſes Audiences , que
vous avez veu la magnificence de
Sa Cour, la grandeur desa Puiſſance
& l'étendue de ſon Empire, &deſes
glorieuses conquêtes , vous aurez reconnu
au dessus de cette reputation
tout ce que vous aviezconceu de la
personne de cet Auguste Conquerant,
unegrandeurdAme incomparable une
Sageſſe ſurprenante en toutes choses,
& une prudence qui na pono d'é
N
146 IV. P. du Voyage
gale dons le Gouvernement de fes
Etats. Les penibles fatigues & les
travaux que vous avez effuyez dans
ce long trajet de vastes Mers ; l'inconstance
des vents &le dangerdes
écueils où vous vous estes exposez
pour luy rendre les honneurs qui luy
font dûs , & pour rechercher Son
amitié, nous font connoître l'admiration
où vous eſtes de le voir comblé
de gloire. Le commandement que
SaMajesténous afaitde vous recevoir
avec tous leshonneurs qu'on doit aux
personnes de vôtre caractere, marque
l'estime qu'Elle fait de la persoune
des merites du très- Puiſſant & tres-
Excellent Prince le Roy de Siam.
Nous ne doutons point, Illuftres Seigneurs
, que vous n'ayez receu tous
les temoignages que vous attendiez
du Zele de la France, pour la réuffite
des Amb. de Siam. 147
de l'union que vous désirez . Ce zele
n'est point particulier; il est commun
à tous les bons&fideles Suiets do
Roy , & principalement aux Magistrats
& au Peuple de cette ville de
Lifle, qui ne peuvent affez exprimer
la joye qu'ils reçoiventde l'honneur
de vôtre presence. Ils admirent
estiment , Meffeigneurs, vôtre generositéde
paſſer des extrêmitez de l'Ovient
dans ces contrées au peril de
vôtre vie, & ils tiennentcettefera
veur pour une preuve aſſurée de la
finceritéde vos affections. Cette inf
piration de l'Auguste Roy de Siam,
à rechercher l'amitié de ſa Majesté,
preferablement à tous autres , leur
paroit un effet de la Divine Provi
dence , qui leur preſage que cette
union perfuadera plus fortement le
Roy votre Maitre , d'embrasfer la
Nij
148 IV.P du Voyage
même creance, &de sefaire instruire
de la veritéde laReligion Chreftienne.
Noussouhaitons , Meſſeigneurs, que
cette penséefuit lafin heureuse &le
fruit de vôtre Voyage & de vosglorieux
travaux , à l'exemple de ce
Roy très- Pieux&très- Chieſtien, qui
apres avoir heureusement foûtenu la
Guerre ,& donné glorieusement la
Paix à l'Europe , s'applique avec
tous les soins imaginables , à faire
regnersouverainementla Loy du vray
Dieu. Enfin nous souhaitons au Roy
de Siam fous les auspices de cette
Divinité infinie & éternelle , l'accroiſſement
de sa grandeur &prof
perité, & que vous soyez auffi heureux
sous son Regne, que nous le
Sommes fous celuy du plus Sage , du
plus luſte & du plus parfait de tous
les Rois. Aggreez, Illustres Seigneurs,
des Amb. de Siam. 149
tes voeux de vos très-humbles &
três- obeiſſans Serviteurs ."
Pendant le ſéjour que les
Ambaffadeurs firent à Lifle,
ils eurent cent Hommes de
garde à leur logis , & les ruës
furent éclairées le ſoir & toute
la nuit. Ils allerent viſiter
l'Eglife Collegiale de S. Pierre
, & celle des Dominicains,
qui eſt une des plus belles
Eglifes de la Ville , & qu'ils
examinerent avec beaucoup
de ſoin. Je vous ay déja par- .
lé de l'Hôpital Comteſſe, où
ces Ambaſſadeurs allerent
Ninj
150 IV. P. du Voyage
auſſi ; mais je ne vous ay pas
dit qu'il eft ainſi nommé
parcequ'il a eſté fondé par
une Comteffe de Flandres .
Lorſque la Prieure leur preſenta
des Bouquets de Fleurs
de ſoye , comme je vous l'ay
marqué dans ma Relation
précedente , elle leur dit que
la couleur n'en changeroit ja
mais , & garderoit toûjours le
mesme éclat ; & les pria en
meſme temps de ſe ſouvenir
d'elle. Aquoy l'Ambaſſadeur
répondit qu'il s'enfſouviendroit
auſſi longtemps que les Fleurs
qu'elle leur avoit preſentées
des Amb de Siam. 151
garderoient leur couleur.
vous parler d'aucune des Vil
les de Flandre où les Ambaſ
fadeurs ont eſté ; cependant
je ne puis me difpenferdevous
entretenir encore de Gravelines
, de Dunquerque & de
l'Iſle , dont il me reſte pluſieurs
chofes à vous dire, &
les harangues àvous envoyer,
le defir que j'ay eu de fatisfaire
voſtre curioſité , ayant
eſté cauſe que je vous ay écrit
avant que tous mes me-
1
des Amb de Siam. 133
moires ſuſſent arrivez . Ainfi
pour rendre juſtice à tous
ceux qui le meritent , je vais
encore vous apprendre quelques
particularitez de ce qui
s'eſt fait dans ces troisVilles,
mais ſans vous rien repeter
de ce que je vous ay déja dit.
Quoique Gravelines ne fuft
point du nombre de celles
que les Ambaſſadeurs devoient
voir , & qu'elle n'ait
fçû qu'ils y devoient dîner
que deux heures avant qu'ils
y arrivaſſent, comme on n'eſt
jamais ſurpris dans lesPlaces
duRoy, tout s'eſt paffé dans
134 IV. P. du Voyage
د
cette Ville là de la même ma
niere que dans les autres.
M Benoist Lieutenant
de Roy , reçût les Ambafſadeurs
avec l'Etat Major.
Les Troupes qui eſtoient en
haye eſtoient le Regimentde
Foreft, commandé parMde
Cleran , & les Compagnies
de Meuſnier & de Manuel ,
du Regiment d'Erlac. M. de
la Puiſade avec un Lieutenant
, & so hommes eſtoit
de garde au logis qui leur
avoit eſté preparé . M.le Prevoſt
Bailly à la teſte de Mles
Mayeur & Eſchevins , leur
A
des Amb. de Siam. 135
offrit les Vins de Ville, & leur
fit le compliment que je vous
envoye , auquel il avoit eſté
obligé de ſe preparer pref
que fur le champ.
MESSEIGNEVRS ,
Les Magistrats , aussi bien que
tout le Peuplede Graveline, reffentant
une joye extrême de ce qu'il
a plû à vos Excellences , d'honorer
cette ville de leurs illuftres presences
,
vous viennent en donner
des marques, en vous afſeurant qu'-
ils en auront une eternelle reconnoiffance
. Ils souhaiteroient avec
paffion, pouvoirpar un difcours accomply,
&par des Presens magnifiques,
témoigner les respects qu'ils
136 IV. P. du Voyage
ont pour vos Excellences, qui com
me Ambassadeurs reprefentent la
Majesté d'un grand Roy , pourlequel
ils auront toûjours toute la
veneration , qui est deuë à un Allié
de nostre Auguste &Invincible
Monarque ; mais n'ayant rien quż
Soit digne de vos Excellences , ils
leur offrent leurs coeurs pour leur
faire voir combien ils fontſenſibles
à la grace qu'ils reçoivent & ces
Vins de Ville , pour un effet de
leur Zele.
Mrs du Clergé les haranguerent
enſuite. Tous ces
compliments eftant finis , les
Ambaſſadeurs dirent , qu'ils
avoient trouvé les Troupes fi
desAmb. de Siam. 137
leftes &fi belles , qu'ilsfouhaitoient
de les revoir. On ordonna
à Mª de Cleran , Lieutenant
Colonel de Foreft , de
les faire défiler. Tous les OfficiersFrançois&
Suiffes,faluerent
de la Pique avec beaucoup
de grace, & un air qui
furprit les Ambaſſadeurs ,
quoiqu'ils fuſſent accoûtumez
à recevoir tous les jours
de pareils faluts. Comme
le temps eſtoit fort vilain, &
que d'ailleurs ils eſtoient preffez
de partir , ils ne purent
viſiter les Fortifications de la
Place; mais ils en demande-
M
138 IV. P. du Voyage
rent le Plan, qu'ils regarde
rent avec beaucoup de plaifir
& d'attention , juſqu'à ce
qu'ils ſe miſſent à table. Ils
dirent en l'examinant , que
s'estoit avecjustice que cettePlace
avoit une fi grande reputation.
ParmylesDames deBourbourg
qui estoient venues
pour les voir dîner, & celles
de Gravelines qui eurent la
même curiofité, ils en trouverent
de trés-belles , du
nombre deſquelles furent
Meſdemoiselles Charpentier
& de Seine ; auffi reçûrentelles
de grandes honeſtere,z
des Amb. de Siam. 139
des Ambaſſadeurs , qui leur
donnerent des fruits.
J'adjoûteray peu de choſes
à ce que je vous ay déja
dit de leur séjour àDunkerque.
Ils furent conduits dans
la grande Chambre deJuſtice
de l'Hôtel de Ville , où Mrs
du Magiftrat les vinrent
complimenter . A la teſte
anarchoient les quatre Sergens
du Baillage , vêtus de
leurs Caſaques de ceremonie,
& ayant leurs Halebardes fur
leurs épaules. Aprés eux entrerent
leBailly , le Bourguemeſtre,
les Echevins, les trois
міj
140 IV. P. du Voyage
t
Penſionnaires de la Ville , le
Greffier , le Treforier & les
Conſeillers; ceux qui compofent
le Corps du Magiſtrat les
fuivoient en robbes &
avoient aprés eux les quatre
Huiffiers de la Chambre du
Magiftrat , reveſtus auſſi de
leurs Manteaux de ceremonie.
Aprés que le Magiftrat
eut fait les reverences ordinaires
, le ſieur Alonſe Laurent
de Briſe , l'un des trois
Penſionnaires , prononça ce
compliment par ordre de M
Coppens,Bourguemeſtre, fuivant
l'ancien uſage du Païs,
r
desAmb. de Siam. 141
MESSEIGNEVRS ,
Les Bailly , Bourguemestre , Echevins
& Conseillers de cette ville
de Dunkerque ,sçachant aussi bien
que tous les Peuples de l'Europe,
avec combien de joye le Roy Louis
le Grand noftre trés-Auguste &Invincible
Monarque, vous a recens
enſesEtats, &l'eftime trés-particuliere
qu'il fait de l'amitié du puiffant
Royde Siam voſtre Souverain,
ont voulu s'aquiter de leur devoir,
en presentant à vos Excellences
leurs trés-humbles respects &fervices,
avec offre de Vin de Ville.
1
L'Ambaſſadeur répondit ,
qu'ils estoient fort obligez à
Ms du Magistrat , de leurs
142 IV. P. du Voyage
civilitez, &que leur Present
leur feroit fort agreable. Ils
fouperent en public , & M*
Coppens leur députa MSOmair
& Blomme , Echevins
qui leur preſenterent de la
part duMagiſtrat fix douzai
nes de bouteilles du plus excellent
Vin de Champagne,
qu'on euſt pû trouver , pour
Preſent du Vin de Ville.
Les Ambaſſadeurs ayant veu
les Ouvrages de la Marine
qui font àDunkerque, le Fort
du Rifban , & les Fortifications
de la Ville, come je vous
l'ay marqué dans la troifié
desAmb. de Siam. 143
me partie de cette Relation ,
partirent le 31. Octobre au
bruit du Canon , & au fon
des Cloches qui carrillonnerent
tant qu'ils les purent entendre.
Ils prirent leur route
par le Canal de Bergues pour
aller à Ypres, & l'on fit marcher
leurs Carroſſes vuides
par la Digue le long du Canal.
Le Magiſtrat avoit commandé
la Barque ou Yack de
laVille, pour les conduire par
caujuſqu'àlaVilledeBergues.
Cette Barque eft fort propre
&baſtie en forme de Fregate.
Je vous aydéja parlé fi am
144 IV. P.du Voyage
plement de la reception qui
leur a eſté faite à Lifle , que
ne retouchant cet article
que pour la harangue , tout
ce que j'y puis adjouter, c'eſt
que les principaux Officiers
de la Garniſon allerent environ
une lieuë au devant d'eux
avec les Gardes de M.le Marêchal
de Humiere , le reſte
ſe paſſa.comme je vous l'ay
déja maqué à l'égard de la
Gendarmerie. Voicy le compliment
que leur fit au nom
de la VilleM de Broide, Seigneur
de Gondecourt, & pre
mierConfeiller Penſionnaire.
ILLVS
des Amb. de Siam. 145
ILLYSTRES SEIGNEURS,
Les augustes qualitez , & les
triomphes de nôtre trés Haut, trés-
Magnanime & trés - Invincible Monarque
, ne vous avoient parû que
par ce que vous en avoit appris lakenommée
en publiant ses heroïques
exploits ; mais depuis que vous avez
eu l'honneur de ſes Audiences , que
vous avez veu la magnificence de
Sa Cour, la grandeur desa Puiſſance
& l'étendue de ſon Empire, &deſes
glorieuses conquêtes , vous aurez reconnu
au dessus de cette reputation
tout ce que vous aviezconceu de la
personne de cet Auguste Conquerant,
unegrandeurdAme incomparable une
Sageſſe ſurprenante en toutes choses,
& une prudence qui na pono d'é
N
146 IV. P. du Voyage
gale dons le Gouvernement de fes
Etats. Les penibles fatigues & les
travaux que vous avez effuyez dans
ce long trajet de vastes Mers ; l'inconstance
des vents &le dangerdes
écueils où vous vous estes exposez
pour luy rendre les honneurs qui luy
font dûs , & pour rechercher Son
amitié, nous font connoître l'admiration
où vous eſtes de le voir comblé
de gloire. Le commandement que
SaMajesténous afaitde vous recevoir
avec tous leshonneurs qu'on doit aux
personnes de vôtre caractere, marque
l'estime qu'Elle fait de la persoune
des merites du très- Puiſſant & tres-
Excellent Prince le Roy de Siam.
Nous ne doutons point, Illuftres Seigneurs
, que vous n'ayez receu tous
les temoignages que vous attendiez
du Zele de la France, pour la réuffite
des Amb. de Siam. 147
de l'union que vous désirez . Ce zele
n'est point particulier; il est commun
à tous les bons&fideles Suiets do
Roy , & principalement aux Magistrats
& au Peuple de cette ville de
Lifle, qui ne peuvent affez exprimer
la joye qu'ils reçoiventde l'honneur
de vôtre presence. Ils admirent
estiment , Meffeigneurs, vôtre generositéde
paſſer des extrêmitez de l'Ovient
dans ces contrées au peril de
vôtre vie, & ils tiennentcettefera
veur pour une preuve aſſurée de la
finceritéde vos affections. Cette inf
piration de l'Auguste Roy de Siam,
à rechercher l'amitié de ſa Majesté,
preferablement à tous autres , leur
paroit un effet de la Divine Provi
dence , qui leur preſage que cette
union perfuadera plus fortement le
Roy votre Maitre , d'embrasfer la
Nij
148 IV.P du Voyage
même creance, &de sefaire instruire
de la veritéde laReligion Chreftienne.
Noussouhaitons , Meſſeigneurs, que
cette penséefuit lafin heureuse &le
fruit de vôtre Voyage & de vosglorieux
travaux , à l'exemple de ce
Roy très- Pieux&très- Chieſtien, qui
apres avoir heureusement foûtenu la
Guerre ,& donné glorieusement la
Paix à l'Europe , s'applique avec
tous les soins imaginables , à faire
regnersouverainementla Loy du vray
Dieu. Enfin nous souhaitons au Roy
de Siam fous les auspices de cette
Divinité infinie & éternelle , l'accroiſſement
de sa grandeur &prof
perité, & que vous soyez auffi heureux
sous son Regne, que nous le
Sommes fous celuy du plus Sage , du
plus luſte & du plus parfait de tous
les Rois. Aggreez, Illustres Seigneurs,
des Amb. de Siam. 149
tes voeux de vos très-humbles &
três- obeiſſans Serviteurs ."
Pendant le ſéjour que les
Ambaffadeurs firent à Lifle,
ils eurent cent Hommes de
garde à leur logis , & les ruës
furent éclairées le ſoir & toute
la nuit. Ils allerent viſiter
l'Eglife Collegiale de S. Pierre
, & celle des Dominicains,
qui eſt une des plus belles
Eglifes de la Ville , & qu'ils
examinerent avec beaucoup
de ſoin. Je vous ay déja par- .
lé de l'Hôpital Comteſſe, où
ces Ambaſſadeurs allerent
Ninj
150 IV. P. du Voyage
auſſi ; mais je ne vous ay pas
dit qu'il eft ainſi nommé
parcequ'il a eſté fondé par
une Comteffe de Flandres .
Lorſque la Prieure leur preſenta
des Bouquets de Fleurs
de ſoye , comme je vous l'ay
marqué dans ma Relation
précedente , elle leur dit que
la couleur n'en changeroit ja
mais , & garderoit toûjours le
mesme éclat ; & les pria en
meſme temps de ſe ſouvenir
d'elle. Aquoy l'Ambaſſadeur
répondit qu'il s'enfſouviendroit
auſſi longtemps que les Fleurs
qu'elle leur avoit preſentées
des Amb de Siam. 151
garderoient leur couleur.
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Résumé : Harangues faites à Dunkerque, à Gravelines, & à l'Isle, qui avoient esté oubliées dans la premiere Partie du Voyage de Flandres, avec quelques nouvelles particularités. [titre d'après la table]
Le texte décrit la visite des ambassadeurs de Siam dans plusieurs villes de Flandre. À Gravelines, les ambassadeurs furent accueillis par M. Benoist, lieutenant du roi. Les troupes présentes comprenaient le régiment de Forezt, commandé par M. de Cleran, ainsi que les compagnies de Meusnier et de Manuel du régiment d'Erlac. Les magistrats et le peuple exprimèrent leur joie et leur reconnaissance. Les ambassadeurs admirèrent les troupes et demandèrent à voir les fortifications, mais en raison du mauvais temps, ils se contentèrent d'examiner le plan de la place. Ils furent également impressionnés par les dames présentes. À Dunkerque, les ambassadeurs furent conduits à l'Hôtel de Ville où ils reçurent les compliments du magistrat. Ils visitèrent les ouvrages de la marine et les fortifications avant de partir pour Ypres via le canal de Bergues. Le magistrat de Dunkerque leur offrit du vin de Champagne. À Lille, les ambassadeurs furent accueillis par les principaux officiers de la garnison et reçurent une harangue de M. de Broide, seigneur de Gondecourt. La ville fut illuminée pendant leur séjour. Ils visitèrent plusieurs églises et l'hôpital Comtesse, fondé par une comtesse de Flandres. La prieure de l'hôpital leur offrit des bouquets de fleurs en soie et leur demanda de se souvenir d'elle.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 3-37
NOUVELLE. EPISTRE CRITIQUE à Monsieur .... faite à l'occasion d'un Ouvrage d'esprit obscur & guindé qu'on luy a envoyé dans sa retraite , il feint ingénieusement que depuis qu'il est hors de Paris tous les Ouvrages y sont devenus obscurs & guindez comme celuy qui luy a esté envoyé.
Début :
Depuis un temps mon silence en fait foy, [...]
Mots clefs :
Cantons, Magistrat, Paris, Mal, Lunettes, Lettres secrètes, Franchise, Oracle, Guindé, Code
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texteReconnaissance textuelle : NOUVELLE. EPISTRE CRITIQUE à Monsieur .... faite à l'occasion d'un Ouvrage d'esprit obscur & guindé qu'on luy a envoyé dans sa retraite , il feint ingénieusement que depuis qu'il est hors de Paris tous les Ouvrages y sont devenus obscurs & guindez comme celuy qui luy a esté envoyé.
NOUVELLE.
EPISTRE CRITlQUE
a Monsieur.faite
à l'occasion d'un Ouvrage
d'esprit obfckr
&guindéqu'on luy a
envoye dans sa retraite,
il feintingénieusement
quedepuisqu'il
est hors de Paris tous
les Ouvrages y sont
devenus obscurs (S
guindez comme celuy
qui luy a ejie envoyé.
DEpuis un temps mon
silence en fait foy,
Dans vos cantons n'oserois
plus écrire,
Grand Magistrat, si demandez
pourquoy , ,
Tout bonnement je m'en
vais vous le dire.
En maint écrit qu'à
Paris on admire,
Ou peu s'en faut
, ne
puis comprendre rien,
Le stile en est tres beau,
je le vois bien;
Mais tel qu'ilest, si n'y
puis rien entendre;
N'ay-je pas lieu d'apprehender
quau mien
Paris aussi ne puisse rien
comprendre?
Grand malm'en veux &
ne fuis point touché
D'avoir 1 esprit si dur 6C
si bouché,
Car j'ay beau faire, 6C
hausser mes lunettes,
Et Prose & Vers tout est
si haut perché
Qu'également je m'y
1 trouve empesché,
Et c'est tousjours pour
moy Lettres secrettes,
Goute n'y vois. Oh! que
tout a changé
Pour le langage, &que
dans la grand' Ville
Depuis le temps que j'en
fuis délogé
On s'est rendu subite--
ment habille !
Un point pourtant sur
cela m'a surpris,
Vous le dirai - je, excusez
ma franchise,
C'estvous, Seigneur, qui
causez ma surprise,
Tout ce qui part de vous
est d'un grand prix,
Et peut servir de régle
& de modelle;
C'estvérité dont personne
n'appelle,
Jugez par là de mon eftonnement.
Lorsqu'en discours sortis
de vostre bouche
A nousforains transmis
fidellement,
J'ay trouve tout énonce
clairement,
Rien de forcé, rien d'obscur,
rien de louche:
Est-ce donc là, d'abord
me suis-je dit,
Ce Magistrat dont par
toute la France
-
On prise tant le merveilleux
esprit ?
On vante tant la force &
l'éloquence? -
Je le croyois un Oracle
du temps,
Et cependant il parle, èC
je l'entens !
Je vous le dis, Seigneur,
c'est grand dommage,
Cette clarté qui fut une
, vertu
Au temps passé
,
n'est
plus du bel usage, --
Et ne voudrois en donnerunfestu:
On la souffroit jadis dans
lelangage
Quand on parloit afin
d'estre entendu;
Mais aujourd'huy que
l'on devient plus fagey
Adieu vous dis, son cre-
1 dit est perdu;
On a raison
, tout estoit
confondu.
Dans ce temps-là le peuple,
la canaille
Mettoit le nez dans les
meilleurs écrits
J'
Et décidoit souvent vaille
que vaille,
Chose indecente, & que
nos beaux esprits
N'ont deu souffrir
,
ils;
ont mis si bon ordre
A cet énorme Se vicieux
abus,
Que leurs écrits sont autant
de Rebus,
Enigmes mesme, & n'est
aisé d'y mordre;
Qui le pourroit? ils ne
se montrent plus
Qu'enveloppez de nuages
confus:
Impunément ils bravent
les orages
Tousjours guindez dans
le plus haut des airs;
De temps en temps du
fond de ces nuages
On voit sortir desflammesdes
éclairs ;
Un peu de bruit, &
beaucoup de fumée ;
Puis un essain, soidisant
Renommée,
Veut qu'on admire cC
nous en fait la loy ;
On obeït
, on crie à la
merveille,
Je crie aussi sans trop sçavoir
pourquoy ;
Mais si m'allois faire tirer
l'oreille
Aurais bientost la grand'
bande sur moy :
Pourquoi de peur qu'on
aille s'y méprendre
Je le déclare entant qu'il
est besoin,
Et s'il le faut vous en
prens à tesmoin,
J'admire tout sans le pouvoir
comprendre.
Pour ces Messieurs plus
ne puis,ni ne dois;
Car de vouloir que je les
-
puisse entendre
C'en feroit trop ,
Seigneur,
& je lescroy
Trop gens d'honneur,
: & trop de bonne foy
Pour l'exiger, bien loin
de le prétendre 1
Tous au contraire entre
eux-mesmes tout bas
Sont convenus qu'ils ne
s'entendroient pas.
Voila, Seigneur, touchant
le beau langage
Sur le Parnasse, un grand
remu-ménage:
Or il s'agit de prendre
son parti,
Avisez-y) vous estes bon
& sage:
Mais n'en voudrez avoir
.;
le dementi,
Je le vois bien, ÔC tiendrez
tousjours ferme
Pour le vieil goust. Qu'-
]entens-je par ce terme? entens celui d'Horace
& Ciceron,
Encor faut-il en conserver
le germe,
Et luy laisser au moins
- quelque Patron,
Vous risquez moins que
bien d'autres à l'estre.
Comme en cet art vous
estes un grand Maistre,
Peut-estre à vous le pardonnerat-
on!
, Anous chetifs, recognez
en Province,
Suivre convient l'usage
qui prévaut,
Pour
Pour resister nostre credit
est mince;
Et quant à moi qui crains
un peu la pince,
Bon-gré mal-gré c'est un
faire le faut:
Ma coustume est de peur
qu'on ne me sonde,
D'estre tousjours le premier
à crier,
Comme Salie, ami de
tout le monde,
Sur ce pied-là ne me suis
fait prier.
J'ai donc voulu,suivant
le nouveau Code,
Qu'ont establi maints &
maints beaux esprits,
Penfer
,
écrire & parler
-
à leur mode;
Ors écoutez comment je
my fuis pris.
En premier lieu j'aifait
plier bagage
An grand Virgile, Horace,
& leurs conforts , Vivants compris aussibien
que les morts;
Tels ont cedé sans murjii;
mure à l'orage ;
D'autres ont fait un peu
plus les mutins,
Mais beaucoup moins les
.1 Grecs que les Latins.
Juvenal chef de la mutinerie
, Ma regardé d'abord du
haut en bas,
Et me quittant aussi-tost
en furie,
A pris sa courseulira
sauromatas.
Vous faites bien ma dit
tout bas Horace,
Nous gasterions le bon
goust d'aujourd'hui,
Etj'en ferois autant à vostre
place;
Perse vouloit s'enaller
avec lui,
L'ai retenu par la manche
& pour cause;
Les Orateurs & tous les
gens deProse,
Grands chicaneurs ont
voulu marchander,
Et Ciceron pour la cause
publique,
Comme autrefois tousjours
prestàplaider,
A débuté par une Philippique,
J'estois perdu si j'avois
écouté
,
Mais l'ai d'abord dès FE"
xorde arresté ; -
Disant à tous, Medicursi
point de replique,
J'en suis honteux, mais
l'Arrest est porté, -.
En vous gardant l'on eust
mieux fait peut-estre,
Et resteriez si j'en estois
lemaistre : ,-
Mais comme fuis de l'avis
des plus forts
Voici la porte & voilà la
fenestre ;
Pouvez opter, mais vous
irez dehors
Plus indigné que confus
de l'ouvrage,
0 temps, ô moeurs ! s'écrioit
Ciceron.
Brefdu vieux temps dans
ce commun naufrager,
Ne se sauva que
PerîeSe
Lycophron,
Or ces Messieurs ayant
* tous pris la fuitey.
Vous jugez bien que justesse,
raison
Clarté, bon , sens
,
crai-
; gnant mesme poursuite
A petit bruit sortirent à
leur fuite ;
Nul ne resta, tout vuida
la maifbn,
Ce fut, Seigneur, une
belle décharge;
Auparavant j'estois comme
en prison:
Mais eux partis je me vois
bien au large.
Comment! tandis qu'ay
suivi leurs leçons,
Cent fois par jour j'estois
à la torture :
Pour faire un Vers c'estoit
plus de façons,
Heureux le mot qui passoit
sans rature,
Tantost le tour paroissoit
trop guindé,
Tantostla Phrase embarrassée,
obscure L'un , ne vouloit d'un terme
hasardé,
L'autre trouvoitl'expression
trop dure,
Tousjours
Tousjours la Regle &
l'Equerre à la main
Il , me falloit suivre jùf.
qu'à la fin
Le plan tracé sous peine
de censure,
M'en écarter n'estoit gueres
permis,
Mesme en donnant
mieux que n avois
promis.
Juste en ce point,il falloit
l'estre encore
Dans l'hyperbole&dans
la metaphore, -
Pour tel écart qui feroit
encensé,
Au temps present sous
nom de noble audace
Me fuis souventveu rudement
tancé;
Rien n'estoit beau s'il
n'estoitàsa place.
Les ornemens aûssî que
de raison
Estoientdemijfe3 &c l'on
pouyoit sansdoute
Cueillir des fleurs quand
c'estoit la saison,
Mais ilfalloit les trouver
V-• !
: sur sa route; > Le Synonime enhabit retourné,
Quoy qu'éclatant :n'cftoit
pas pardonné,
La plus pompeuse &
brillante épitete
On larayoit quand;;eilc
estoit muette. .- Pour un seul terme ou
froid ou négligé,
C'estoit pitié,lonnieuft
devisagé.
Rien ne passoits'il neftoitdecalibre;
Que vous dirai-jeenfin?
j'estoisàbout:
Orsdesormaisai secoüé
le joug,
Etje puis dire à present
je fuislibre;
Aussi bientostverrez ma
plumeenl'air,
En imitantlestile noble
& rare
Del'éloquentChancelier
de Navarre,
A chaque trait élancer
un éclair:
Je vais d'abord [our enrichir
mes rimes,
faire un amasde briUans
synonimes,
Et par cet art aujoufd'huy
si commun,
Dire en vingt mots ce
qu'on peut dire en un.
Tout paroistra, jusques
aux moindres fornettes,
Enluminé de nobles épitetes,
Et dansla foule égaré,
confondu,
L'objet qui plus dévoie
frapper laveuë,
Enveloppéde cette epaiC
: senuë,
Se trouvera presque
comme perdu
Enbel esprit qui creuse
& subtilise,
Je veux mefaire un patois
à ma guise,
Et sans toucher aux ter-
-; mes establis,
Que malgré nous maintient
un vieil usage,
Sous mesmes mots autrement
assortis,
Fairetrouver tout un autre
langage
Pour me former un stile
tout nouveau,
Un stile auquel nul au-
: ,
treneressemble; ;
J'accouplerai d'un bizar-
,
re pinceau
Traits qui jamais ne se
c
font vous ensemble:
Mon arc sur tout brillera
dans letour,
J'aurai grand foin qu'au
1,
langage il responde,
Tout fera neuf
, tout
~viendra par détour,
Ne fallust il dans ma ver-
-
ve seconde
Quevous donner feule-
- :j ment le bonjour,
J'amenerai cela du bout
du monde.
De suivre un ordre & se
tracer un plan,
D'avoir unbut, & ten-
:
dre à quelque chose
C'estestre esclave, & se
faire un Tyran,
Pour tien n'en veux, &
quoyque je propose,
£en avertis,&Cqu'on
l'entende bien.
C'est sans In'afireindre"
oum'engager a rien,
Je veux errer maistre de
la campagne,
Traisnant par tout mes
lecteurs esbahis
Tantost en France, SG
tantost en Espagney
Qui me suivra verra bien
du pays ;
J'irai bien viste,& me
suive qui m'aime,
Pas ne responds pourtant
qu'en me suivant
On ne se perde, helas
'xa le plus souvent
Dans mes écarts je me "perditmoi-mesme.
L'ouvrage fait, ilfaudra consulter,
Ainsi qu'en doit user tout
homme sage,
Simesme encor s'en tolere
l'usage :
Mais en ce point ne pre..
:
tends imiter
Cequefaisoitcet Auteur
quel'onvante,
Qui pour se rendre intelligible
entout,
Sur ses écrits consultoit
saservante.
Tout au rebours je veux
gens de haut goust,
Esprits perçants, déliez
& sublimes,
Devinant tout; puis leur
lisant mes rimes
Je leur crierai: dites par
vostrefoi,
M'entendez-vous? gens
': de bien, dites-moi;
Moins ils pourront com*
p,rendreà mon ou- f-.vwgeV'»Ï
Plus le croiraideslors de
bonalloy,
Et sur cela ne veuxd'aït
tre suffrage.
Vousblasmerezle pairi,
que je. prens,
Mais quoi,fèigneui',qae
voulez-vous qu'on fâflê,
Il se faut bien accommoi,
-
,
derautemps; .~,'
J'aimelapaix,je crains
; les différents,
..Et.-
-
ne veux point me
broüiller au Parnasse;
Mais après toutque
ront nos neveux? Ce qu'ilsdiront,ce sont
debeaux morveux
Pour nous reprendre ils
n'oseroient sans doute
Et puis d'ailleurssices
petits esprits
Veulent jamais gloser sur
nos écHtsy
Quinauts seront, car ils
n'y verront goute.
EPISTRE CRITlQUE
a Monsieur.faite
à l'occasion d'un Ouvrage
d'esprit obfckr
&guindéqu'on luy a
envoye dans sa retraite,
il feintingénieusement
quedepuisqu'il
est hors de Paris tous
les Ouvrages y sont
devenus obscurs (S
guindez comme celuy
qui luy a ejie envoyé.
DEpuis un temps mon
silence en fait foy,
Dans vos cantons n'oserois
plus écrire,
Grand Magistrat, si demandez
pourquoy , ,
Tout bonnement je m'en
vais vous le dire.
En maint écrit qu'à
Paris on admire,
Ou peu s'en faut
, ne
puis comprendre rien,
Le stile en est tres beau,
je le vois bien;
Mais tel qu'ilest, si n'y
puis rien entendre;
N'ay-je pas lieu d'apprehender
quau mien
Paris aussi ne puisse rien
comprendre?
Grand malm'en veux &
ne fuis point touché
D'avoir 1 esprit si dur 6C
si bouché,
Car j'ay beau faire, 6C
hausser mes lunettes,
Et Prose & Vers tout est
si haut perché
Qu'également je m'y
1 trouve empesché,
Et c'est tousjours pour
moy Lettres secrettes,
Goute n'y vois. Oh! que
tout a changé
Pour le langage, &que
dans la grand' Ville
Depuis le temps que j'en
fuis délogé
On s'est rendu subite--
ment habille !
Un point pourtant sur
cela m'a surpris,
Vous le dirai - je, excusez
ma franchise,
C'estvous, Seigneur, qui
causez ma surprise,
Tout ce qui part de vous
est d'un grand prix,
Et peut servir de régle
& de modelle;
C'estvérité dont personne
n'appelle,
Jugez par là de mon eftonnement.
Lorsqu'en discours sortis
de vostre bouche
A nousforains transmis
fidellement,
J'ay trouve tout énonce
clairement,
Rien de forcé, rien d'obscur,
rien de louche:
Est-ce donc là, d'abord
me suis-je dit,
Ce Magistrat dont par
toute la France
-
On prise tant le merveilleux
esprit ?
On vante tant la force &
l'éloquence? -
Je le croyois un Oracle
du temps,
Et cependant il parle, èC
je l'entens !
Je vous le dis, Seigneur,
c'est grand dommage,
Cette clarté qui fut une
, vertu
Au temps passé
,
n'est
plus du bel usage, --
Et ne voudrois en donnerunfestu:
On la souffroit jadis dans
lelangage
Quand on parloit afin
d'estre entendu;
Mais aujourd'huy que
l'on devient plus fagey
Adieu vous dis, son cre-
1 dit est perdu;
On a raison
, tout estoit
confondu.
Dans ce temps-là le peuple,
la canaille
Mettoit le nez dans les
meilleurs écrits
J'
Et décidoit souvent vaille
que vaille,
Chose indecente, & que
nos beaux esprits
N'ont deu souffrir
,
ils;
ont mis si bon ordre
A cet énorme Se vicieux
abus,
Que leurs écrits sont autant
de Rebus,
Enigmes mesme, & n'est
aisé d'y mordre;
Qui le pourroit? ils ne
se montrent plus
Qu'enveloppez de nuages
confus:
Impunément ils bravent
les orages
Tousjours guindez dans
le plus haut des airs;
De temps en temps du
fond de ces nuages
On voit sortir desflammesdes
éclairs ;
Un peu de bruit, &
beaucoup de fumée ;
Puis un essain, soidisant
Renommée,
Veut qu'on admire cC
nous en fait la loy ;
On obeït
, on crie à la
merveille,
Je crie aussi sans trop sçavoir
pourquoy ;
Mais si m'allois faire tirer
l'oreille
Aurais bientost la grand'
bande sur moy :
Pourquoi de peur qu'on
aille s'y méprendre
Je le déclare entant qu'il
est besoin,
Et s'il le faut vous en
prens à tesmoin,
J'admire tout sans le pouvoir
comprendre.
Pour ces Messieurs plus
ne puis,ni ne dois;
Car de vouloir que je les
-
puisse entendre
C'en feroit trop ,
Seigneur,
& je lescroy
Trop gens d'honneur,
: & trop de bonne foy
Pour l'exiger, bien loin
de le prétendre 1
Tous au contraire entre
eux-mesmes tout bas
Sont convenus qu'ils ne
s'entendroient pas.
Voila, Seigneur, touchant
le beau langage
Sur le Parnasse, un grand
remu-ménage:
Or il s'agit de prendre
son parti,
Avisez-y) vous estes bon
& sage:
Mais n'en voudrez avoir
.;
le dementi,
Je le vois bien, ÔC tiendrez
tousjours ferme
Pour le vieil goust. Qu'-
]entens-je par ce terme? entens celui d'Horace
& Ciceron,
Encor faut-il en conserver
le germe,
Et luy laisser au moins
- quelque Patron,
Vous risquez moins que
bien d'autres à l'estre.
Comme en cet art vous
estes un grand Maistre,
Peut-estre à vous le pardonnerat-
on!
, Anous chetifs, recognez
en Province,
Suivre convient l'usage
qui prévaut,
Pour
Pour resister nostre credit
est mince;
Et quant à moi qui crains
un peu la pince,
Bon-gré mal-gré c'est un
faire le faut:
Ma coustume est de peur
qu'on ne me sonde,
D'estre tousjours le premier
à crier,
Comme Salie, ami de
tout le monde,
Sur ce pied-là ne me suis
fait prier.
J'ai donc voulu,suivant
le nouveau Code,
Qu'ont establi maints &
maints beaux esprits,
Penfer
,
écrire & parler
-
à leur mode;
Ors écoutez comment je
my fuis pris.
En premier lieu j'aifait
plier bagage
An grand Virgile, Horace,
& leurs conforts , Vivants compris aussibien
que les morts;
Tels ont cedé sans murjii;
mure à l'orage ;
D'autres ont fait un peu
plus les mutins,
Mais beaucoup moins les
.1 Grecs que les Latins.
Juvenal chef de la mutinerie
, Ma regardé d'abord du
haut en bas,
Et me quittant aussi-tost
en furie,
A pris sa courseulira
sauromatas.
Vous faites bien ma dit
tout bas Horace,
Nous gasterions le bon
goust d'aujourd'hui,
Etj'en ferois autant à vostre
place;
Perse vouloit s'enaller
avec lui,
L'ai retenu par la manche
& pour cause;
Les Orateurs & tous les
gens deProse,
Grands chicaneurs ont
voulu marchander,
Et Ciceron pour la cause
publique,
Comme autrefois tousjours
prestàplaider,
A débuté par une Philippique,
J'estois perdu si j'avois
écouté
,
Mais l'ai d'abord dès FE"
xorde arresté ; -
Disant à tous, Medicursi
point de replique,
J'en suis honteux, mais
l'Arrest est porté, -.
En vous gardant l'on eust
mieux fait peut-estre,
Et resteriez si j'en estois
lemaistre : ,-
Mais comme fuis de l'avis
des plus forts
Voici la porte & voilà la
fenestre ;
Pouvez opter, mais vous
irez dehors
Plus indigné que confus
de l'ouvrage,
0 temps, ô moeurs ! s'écrioit
Ciceron.
Brefdu vieux temps dans
ce commun naufrager,
Ne se sauva que
PerîeSe
Lycophron,
Or ces Messieurs ayant
* tous pris la fuitey.
Vous jugez bien que justesse,
raison
Clarté, bon , sens
,
crai-
; gnant mesme poursuite
A petit bruit sortirent à
leur fuite ;
Nul ne resta, tout vuida
la maifbn,
Ce fut, Seigneur, une
belle décharge;
Auparavant j'estois comme
en prison:
Mais eux partis je me vois
bien au large.
Comment! tandis qu'ay
suivi leurs leçons,
Cent fois par jour j'estois
à la torture :
Pour faire un Vers c'estoit
plus de façons,
Heureux le mot qui passoit
sans rature,
Tantost le tour paroissoit
trop guindé,
Tantostla Phrase embarrassée,
obscure L'un , ne vouloit d'un terme
hasardé,
L'autre trouvoitl'expression
trop dure,
Tousjours
Tousjours la Regle &
l'Equerre à la main
Il , me falloit suivre jùf.
qu'à la fin
Le plan tracé sous peine
de censure,
M'en écarter n'estoit gueres
permis,
Mesme en donnant
mieux que n avois
promis.
Juste en ce point,il falloit
l'estre encore
Dans l'hyperbole&dans
la metaphore, -
Pour tel écart qui feroit
encensé,
Au temps present sous
nom de noble audace
Me fuis souventveu rudement
tancé;
Rien n'estoit beau s'il
n'estoitàsa place.
Les ornemens aûssî que
de raison
Estoientdemijfe3 &c l'on
pouyoit sansdoute
Cueillir des fleurs quand
c'estoit la saison,
Mais ilfalloit les trouver
V-• !
: sur sa route; > Le Synonime enhabit retourné,
Quoy qu'éclatant :n'cftoit
pas pardonné,
La plus pompeuse &
brillante épitete
On larayoit quand;;eilc
estoit muette. .- Pour un seul terme ou
froid ou négligé,
C'estoit pitié,lonnieuft
devisagé.
Rien ne passoits'il neftoitdecalibre;
Que vous dirai-jeenfin?
j'estoisàbout:
Orsdesormaisai secoüé
le joug,
Etje puis dire à present
je fuislibre;
Aussi bientostverrez ma
plumeenl'air,
En imitantlestile noble
& rare
Del'éloquentChancelier
de Navarre,
A chaque trait élancer
un éclair:
Je vais d'abord [our enrichir
mes rimes,
faire un amasde briUans
synonimes,
Et par cet art aujoufd'huy
si commun,
Dire en vingt mots ce
qu'on peut dire en un.
Tout paroistra, jusques
aux moindres fornettes,
Enluminé de nobles épitetes,
Et dansla foule égaré,
confondu,
L'objet qui plus dévoie
frapper laveuë,
Enveloppéde cette epaiC
: senuë,
Se trouvera presque
comme perdu
Enbel esprit qui creuse
& subtilise,
Je veux mefaire un patois
à ma guise,
Et sans toucher aux ter-
-; mes establis,
Que malgré nous maintient
un vieil usage,
Sous mesmes mots autrement
assortis,
Fairetrouver tout un autre
langage
Pour me former un stile
tout nouveau,
Un stile auquel nul au-
: ,
treneressemble; ;
J'accouplerai d'un bizar-
,
re pinceau
Traits qui jamais ne se
c
font vous ensemble:
Mon arc sur tout brillera
dans letour,
J'aurai grand foin qu'au
1,
langage il responde,
Tout fera neuf
, tout
~viendra par détour,
Ne fallust il dans ma ver-
-
ve seconde
Quevous donner feule-
- :j ment le bonjour,
J'amenerai cela du bout
du monde.
De suivre un ordre & se
tracer un plan,
D'avoir unbut, & ten-
:
dre à quelque chose
C'estestre esclave, & se
faire un Tyran,
Pour tien n'en veux, &
quoyque je propose,
£en avertis,&Cqu'on
l'entende bien.
C'est sans In'afireindre"
oum'engager a rien,
Je veux errer maistre de
la campagne,
Traisnant par tout mes
lecteurs esbahis
Tantost en France, SG
tantost en Espagney
Qui me suivra verra bien
du pays ;
J'irai bien viste,& me
suive qui m'aime,
Pas ne responds pourtant
qu'en me suivant
On ne se perde, helas
'xa le plus souvent
Dans mes écarts je me "perditmoi-mesme.
L'ouvrage fait, ilfaudra consulter,
Ainsi qu'en doit user tout
homme sage,
Simesme encor s'en tolere
l'usage :
Mais en ce point ne pre..
:
tends imiter
Cequefaisoitcet Auteur
quel'onvante,
Qui pour se rendre intelligible
entout,
Sur ses écrits consultoit
saservante.
Tout au rebours je veux
gens de haut goust,
Esprits perçants, déliez
& sublimes,
Devinant tout; puis leur
lisant mes rimes
Je leur crierai: dites par
vostrefoi,
M'entendez-vous? gens
': de bien, dites-moi;
Moins ils pourront com*
p,rendreà mon ou- f-.vwgeV'»Ï
Plus le croiraideslors de
bonalloy,
Et sur cela ne veuxd'aït
tre suffrage.
Vousblasmerezle pairi,
que je. prens,
Mais quoi,fèigneui',qae
voulez-vous qu'on fâflê,
Il se faut bien accommoi,
-
,
derautemps; .~,'
J'aimelapaix,je crains
; les différents,
..Et.-
-
ne veux point me
broüiller au Parnasse;
Mais après toutque
ront nos neveux? Ce qu'ilsdiront,ce sont
debeaux morveux
Pour nous reprendre ils
n'oseroient sans doute
Et puis d'ailleurssices
petits esprits
Veulent jamais gloser sur
nos écHtsy
Quinauts seront, car ils
n'y verront goute.
Fermer
Résumé : NOUVELLE. EPISTRE CRITIQUE à Monsieur .... faite à l'occasion d'un Ouvrage d'esprit obscur & guindé qu'on luy a envoyé dans sa retraite , il feint ingénieusement que depuis qu'il est hors de Paris tous les Ouvrages y sont devenus obscurs & guindez comme celuy qui luy a esté envoyé.
L'épître critique adressée à un grand magistrat retraité exprime la difficulté de l'auteur à comprendre les écrits contemporains parisiens. Il contraste l'obscurité de ces œuvres avec la clarté des discours du magistrat. L'auteur déplore que la clarté, autrefois valorisée, soit désormais délaissée au profit d'un style obscur et guindé, destiné à impressionner plutôt qu'à être compris. L'auteur décrit un changement radical dans le langage littéraire, où les écrits sont devenus des énigmes inaccessibles au commun des mortels. Il critique les auteurs contemporains qui, par orgueil, écrivent de manière obscure pour se distinguer. L'auteur décide alors de se conformer à ce nouveau style pour éviter les critiques, mais exprime son désir de revenir à une écriture plus claire et accessible. Il mentionne avoir banni les classiques comme Virgile et Horace, et avoir résisté aux tentatives de Cicéron et des orateurs de le convaincre de suivre leur exemple. Il se libère ainsi des contraintes du style actuel et aspire à créer un langage nouveau et personnel, rempli de synonymes et d'épithètes nobles, pour se démarquer tout en restant compréhensible pour les esprits subtils. L'auteur conclut en exprimant son souhait de ne pas se conformer aux attentes des critiques contemporains, préférant errer librement dans son écriture et laisser aux générations futures le jugement sur son œuvre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 225-249
LA BELLE LAIDE ou la Duperie de Bretagne, Avanture de l'an passé.
Début :
En une Ville de basse Bretagne brilloit, malgré sa laideur [...]
Mots clefs :
Bretagne, Marquis, Baron, Magistrat, Mariage, Duperie, Dot, Laideur, Amour, Stratagème, Sincérité, Contrat
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA BELLE LAIDE ou la Duperie de Bretagne, Avanture de l'an passé.
LABELLEL.AIDE
ou la Duperie de Bretagne
,
Avanture de
l'an passé. -
ENuneVille de basse
Bretagne brilloit, malgré
sa laideur,une fille
de condition, c'estoit un
prodige; car avec des
traits, dont la description
auroit donnél'idée
d'une très-laide personne,
elle avoit desja fait
de très-fortes passions.
Elle avoit les yeux petits,
le _fi.ont étroit, le nez
court & relevé, la bouche
fort grande, mais de
belles dents, un rire agréable,
un air de vivacité
répandu dans tous
les traits, la rendoient la
plus piquante personne
du la Province, en forte
qu'on la nommoit par
singularité la belle laide.
UnMarquis passionnément
amoureux d'elle,
mais qui n'avoit pas aiIèz
de bien pour l'épouser,
elle qui n'en avoit point
du tout, fit une campagne
dans la marine, Se
rencontra en plusieurs
endroits un Baron negociantqui
avoit fait plusieurs
voyages sur mer
moitié guerre,moitié
marchandise, &C n'avoit
réüssi ny à l'un ny a.rau"
tre,estant tres-pesant de
genie.Ayant fort peu de
sens& de hardiesse il perdit
par avarice beaucoup
d'occasions de gagner. Il
avoit mis sur un vaisseau
quelque argent, ce vaisseau
ayant peri, il se dégoutta
du negoce, & resolut
de revenir sur son
pallier où il vivoit dans
une de fès terres fort engagée
par les pertes qu'il
avoit faites. Ce Barcn
devenu très-mal aisé,pria
fès amis de luy chercher
quelque femme jeune ou
vieille, belle ou laide,
vertueuse ou non >
pourvû
qu'elle luyapportast
de l'argent comptant. Il
ne luy importoit
, cette
espece d'aviscirculaire
qu'il donnoit à la Province
du besoin qu'il avoit
de se marier
,
vint aux
oreilles du Marquis, qui
trouva dans la bourse de
ses amis dix mille écus
d'argent comptant, avec
lesquels il medita de faire
la fortune de sa belle laide
& la sienne en la maoiere
que vous allez voir,
& à l'occasiond'une Lettre
qu'il receut de Cadis
en ce temps-là.
Un amy du Marquis
qui l'avoit veu à Cadis
avec le Baron, & qui estoit
alors à Cadis où un
ancien associé du Baron
estoit en peine de sçavoir
ce qu'il estoit devenu,
écrivit au Marquis de
luy faire sçavoir si le Baron
estoit en Bretagne,
& luy manda par occailon
que c'estoit pour luy
donner avis que son ancien
associé avoit recouvert
depuis peu sur les
debris de ce Vaisseau qui
avoit pery, plusieurs effets,
qui pour la part du
Baron se montoient à peu
présàcinquante mille
écus. Sur cette Lettred'avis)
ce Marquis qui eût
esté assez passablement
honneste homme s'il eût
esté riche
, &C s'iln'eût
point esté amoureux, oublia
en ce moment l'exade
probité pour le rendre
legitimemaistre de
cescinquante mille écus,
en profitant de la betise
&dela paressedu Baron.
Voicyce qu'ilfitdeconcert
avec sa belle laide.
Une fille plus vieille
que jeune,& réellement
trés
-
laide, les seconda
dans cette intrigue:elle
alla trouverun Magistrat
de la Ville de homme
aisé à tromper, parce
qu'il estoit bon & charitable
table, elle luy dit qu'estant
de famille delicate
sur l' honneur, elle seroit
assomée par deux brutaux
de freres qu'elle avoit,
si elle ne se marioit
au plus viste, parce que,
disoit-elle
, pour sauver
son honneur elle n'avoit
point de temps à perdre;
& pour faire croire qu'elle
avoitraison de se presser,
elle avoit un peu outré
son deshabillé&
garni son corset. Le Magiftrat
eutpeine à estre
desabusé de la sagesse de
lafille, parce qu'elle estoit
d'une laideur à rester
fage toute sa viemalgré
qu'elle en eust. Enfin le
Magistrat luy promit de
proposer au Baron les dix
mille écus qu'elle offrit,
& de disposer adroitement
le Baron à la prendre
en deshabillé en faveur
des dix mille écus;
& il fut resolu, qu'on
addresseroit leBaronchez
une Dame avec qui elle
logeoit, & qu'on luy
diroit d'y aller incognito
fous quelqueprétexte,
pour voir si la laideur ne
le rebuteroit point.
Deux jours aprés le
Baronalla de la part du
Magistrat chez l'hofleffe
intrigantedecette entreveuë
qui l'entretint un
moment de la laideur singuliere
de la fille à marier
,luy disant qu'elle ne
laissoit pas d'avoir quelque
agrément. Enfin, elle
luy fit voir la belle laide
au lieu de la laide laide:
d'abord le Baron en
fut charmé
,
& il en devint
passionnément amoureux.
A la seconde
visite il fit confidence de
son amour au Magistrat
qui avoit entendu quelquefois
parler de la belle
laide, & qui estant un
bon homme fort retiré,
la confondit avec la laide
laide qu'il avoit vue. Il
ne pouvoit pourtant
s'empescher d'admirer
comment le Baron en estoit
devenu amoureux ;
& le Baron luy répondoit
qu'en effet elle n'avoit
pas les traits beaux,
mais qu'elle l'avoit charmé.
Le Magistrat n'ayant
nul interest d'approfondir
d'avantage ce qui
pro quo, luy dit que
puisqu'il estoit content
il n'avoitqu'à convenir
de ses faits, & qu'il iroit
signer le contrat, mais
que puifqu'il s'estoitentremis
pour ce mariage,
qu'il prit bien garde à ne
luy pas donner parole
mal - à- propos, & à ne
luy point faire de reproches
dans la suite; qu'il
ne luy garantiffoit la fille
qu'à l'égard des dix mille
écus. LeBaron protesta
qu'il estoit dans une impatience
extrême
,
Se que
dés le lendemain on termineroit.
- Le Magistrat qui set
toit informé à quelqu'un
qui estoitla belle laide,
avoit esté instruit qu'un
Marquis en estoit devenu
fort amoureux; & sans
sortir de son erreur l'a
crut tousjours la mesme
qui l'estoit venu trouver.
Le jour fut pris enfin
pour le - lendemain
, &
enprenant ce dernierrendez
vous la laide belle
qui avoittousjours imité
le deshabiller dontl'autre
avoit dit la cause au Magistrat,
affectasurtout ce
jour-là del'estaller encore
davantage, en mesme
temps que ses charmes
achevoient de déterminer
le Baron à supporter les
malheurs qu'on luyavoit
fait pressentir
,
& qu'il
avoit à demy preveu,
comme nous l'avons dit.
Il estoit donc passionnément
amoureux, & n'avoit
sur l'amour qu'une
delicatesse basseBretonne.
Vous
Vdousoavezveu Gi;3 le bonne &>y;*
qui la donnoit au^Bai'ard
avoit estétrompé luymesme
par le manege de
la laide, &qu'il ne s'étoit
point trouveauxieh-f>
trevuësde la belle laide
&C du Baron, ce qui causace
qui pro quo que
vous verrez dans lafuite;l
La belle laide cruë enceinte
par le Baron, signa,
lapremièreune promessè
de mariage fous sein privé,
&C feignant après
avoir écrit son nom, une
honte subite 6C un remors
d'avoir à se reprocher
de ne pas avouer
franchementàson époux
qu'elle n'avoir pas un
coeur tout neuf, le tira à
quartier dans un coin de
la chambre, & luy avoüa
les yeux en pleurs, qu'il
feroit obligé de fairedans
troismoisladépensed'un
Baptême. Le Breton enchanté
de la beauté & de
la sinceritéde sa nouvelle
épouse
,
pleura aussi de
son costé, & enfuitevint
signer la promesse qu'ils
avoient quittée de vûë.
On attendoit avec impatience
,
disoit on,le Magistrat
qui devoit signer
comme témoin. Dans
cette impatiencel'épouse
monta en carrosse pour
eller au devant de luy, &C
quelque temps après on
vit revenir avec le Magistrat
la laide laide, qui
du plus loin qu'elle vit le
Baron courut l'embrasser
comme époux. M.le Baron
voyant cet épouvantail,
s'éstonna
,
setroubla,
& jura bas Breton que ce
n'estoit point la celle qui
avaitsigné : ceux qui estoient
du complot luy dirent
qu'il extravaquoit,
& le Magistrat qui n'avoit
jamaisveu que celle-
là, le crut réellement
extravagant,quandilluy
jura que celle à qui il setoit
mariéestoitcharmante.
Voicy commenton la
voit escamotée pour luy
substituer la laide affreuse.
La belle après avoir
signé un papier, avoit
occupé les yeux 6c le
coe) ur du Baron, pendant
qu'on substitua un
Wrc papier où celle-cy
avoit réellement
-
signé,
-&cestoit ce dernier que
le Baronavoit signéaussi,
ensortequ'il estoit rnai'ié
avec la laide qui luy apportoit
à ce qu'il crut ui*
enfanten mariage.D'ailleurs
les dix mille écus estoient
réellement sur table
,
& c'est ce qui tenoit
au coeur du Baron à qui
on proposa que si ce mariage
ne luy convenoit
pas qu'on pouvoitannullex
l'affaire. Comme on
vit qu'ilnepouvoit se refoudre
ny à lascher les
trente mille francs ny à fè
charger de la laide enceinte,
le Marquis qui
-èftOlt present luy fit une
proposition en ces termesf
Rien n'est plus vray- ,
Monsieur, que tout ce
qu'on vous 3. dit, &je
fuis passionnément amoureux
de cette belle
laide,& si amoureux ,
que j'avaisdessein de
l'emmener à Cadis. Vous
avez euautrefois quelque
actionsurun vaisseau qui
apery, si vous voulezme
ceder la part que vous y
av ez, j'iray denleÍlcI: làies
cequ'onpourroit en
civo r sauvé, & à tout hazard
je vous lâisse ces dix
mille écus d'argent com-
-ptspt& jcod"a& charge
.ducciitràti'j Letraité fut
conclu, &cequele Baron,
ceda au Marquis se
trouva assez considerable
pour servir de dor à» sa
bcitc maistresse oui n'avoit
jamais commis aucui-
ie faute contre sr*on honneur, mais bien contre
la sincerité en trompant
le Magistrat& le
Baron.
ou la Duperie de Bretagne
,
Avanture de
l'an passé. -
ENuneVille de basse
Bretagne brilloit, malgré
sa laideur,une fille
de condition, c'estoit un
prodige; car avec des
traits, dont la description
auroit donnél'idée
d'une très-laide personne,
elle avoit desja fait
de très-fortes passions.
Elle avoit les yeux petits,
le _fi.ont étroit, le nez
court & relevé, la bouche
fort grande, mais de
belles dents, un rire agréable,
un air de vivacité
répandu dans tous
les traits, la rendoient la
plus piquante personne
du la Province, en forte
qu'on la nommoit par
singularité la belle laide.
UnMarquis passionnément
amoureux d'elle,
mais qui n'avoit pas aiIèz
de bien pour l'épouser,
elle qui n'en avoit point
du tout, fit une campagne
dans la marine, Se
rencontra en plusieurs
endroits un Baron negociantqui
avoit fait plusieurs
voyages sur mer
moitié guerre,moitié
marchandise, &C n'avoit
réüssi ny à l'un ny a.rau"
tre,estant tres-pesant de
genie.Ayant fort peu de
sens& de hardiesse il perdit
par avarice beaucoup
d'occasions de gagner. Il
avoit mis sur un vaisseau
quelque argent, ce vaisseau
ayant peri, il se dégoutta
du negoce, & resolut
de revenir sur son
pallier où il vivoit dans
une de fès terres fort engagée
par les pertes qu'il
avoit faites. Ce Barcn
devenu très-mal aisé,pria
fès amis de luy chercher
quelque femme jeune ou
vieille, belle ou laide,
vertueuse ou non >
pourvû
qu'elle luyapportast
de l'argent comptant. Il
ne luy importoit
, cette
espece d'aviscirculaire
qu'il donnoit à la Province
du besoin qu'il avoit
de se marier
,
vint aux
oreilles du Marquis, qui
trouva dans la bourse de
ses amis dix mille écus
d'argent comptant, avec
lesquels il medita de faire
la fortune de sa belle laide
& la sienne en la maoiere
que vous allez voir,
& à l'occasiond'une Lettre
qu'il receut de Cadis
en ce temps-là.
Un amy du Marquis
qui l'avoit veu à Cadis
avec le Baron, & qui estoit
alors à Cadis où un
ancien associé du Baron
estoit en peine de sçavoir
ce qu'il estoit devenu,
écrivit au Marquis de
luy faire sçavoir si le Baron
estoit en Bretagne,
& luy manda par occailon
que c'estoit pour luy
donner avis que son ancien
associé avoit recouvert
depuis peu sur les
debris de ce Vaisseau qui
avoit pery, plusieurs effets,
qui pour la part du
Baron se montoient à peu
présàcinquante mille
écus. Sur cette Lettred'avis)
ce Marquis qui eût
esté assez passablement
honneste homme s'il eût
esté riche
, &C s'iln'eût
point esté amoureux, oublia
en ce moment l'exade
probité pour le rendre
legitimemaistre de
cescinquante mille écus,
en profitant de la betise
&dela paressedu Baron.
Voicyce qu'ilfitdeconcert
avec sa belle laide.
Une fille plus vieille
que jeune,& réellement
trés
-
laide, les seconda
dans cette intrigue:elle
alla trouverun Magistrat
de la Ville de homme
aisé à tromper, parce
qu'il estoit bon & charitable
table, elle luy dit qu'estant
de famille delicate
sur l' honneur, elle seroit
assomée par deux brutaux
de freres qu'elle avoit,
si elle ne se marioit
au plus viste, parce que,
disoit-elle
, pour sauver
son honneur elle n'avoit
point de temps à perdre;
& pour faire croire qu'elle
avoitraison de se presser,
elle avoit un peu outré
son deshabillé&
garni son corset. Le Magiftrat
eutpeine à estre
desabusé de la sagesse de
lafille, parce qu'elle estoit
d'une laideur à rester
fage toute sa viemalgré
qu'elle en eust. Enfin le
Magistrat luy promit de
proposer au Baron les dix
mille écus qu'elle offrit,
& de disposer adroitement
le Baron à la prendre
en deshabillé en faveur
des dix mille écus;
& il fut resolu, qu'on
addresseroit leBaronchez
une Dame avec qui elle
logeoit, & qu'on luy
diroit d'y aller incognito
fous quelqueprétexte,
pour voir si la laideur ne
le rebuteroit point.
Deux jours aprés le
Baronalla de la part du
Magistrat chez l'hofleffe
intrigantedecette entreveuë
qui l'entretint un
moment de la laideur singuliere
de la fille à marier
,luy disant qu'elle ne
laissoit pas d'avoir quelque
agrément. Enfin, elle
luy fit voir la belle laide
au lieu de la laide laide:
d'abord le Baron en
fut charmé
,
& il en devint
passionnément amoureux.
A la seconde
visite il fit confidence de
son amour au Magistrat
qui avoit entendu quelquefois
parler de la belle
laide, & qui estant un
bon homme fort retiré,
la confondit avec la laide
laide qu'il avoit vue. Il
ne pouvoit pourtant
s'empescher d'admirer
comment le Baron en estoit
devenu amoureux ;
& le Baron luy répondoit
qu'en effet elle n'avoit
pas les traits beaux,
mais qu'elle l'avoit charmé.
Le Magistrat n'ayant
nul interest d'approfondir
d'avantage ce qui
pro quo, luy dit que
puisqu'il estoit content
il n'avoitqu'à convenir
de ses faits, & qu'il iroit
signer le contrat, mais
que puifqu'il s'estoitentremis
pour ce mariage,
qu'il prit bien garde à ne
luy pas donner parole
mal - à- propos, & à ne
luy point faire de reproches
dans la suite; qu'il
ne luy garantiffoit la fille
qu'à l'égard des dix mille
écus. LeBaron protesta
qu'il estoit dans une impatience
extrême
,
Se que
dés le lendemain on termineroit.
- Le Magistrat qui set
toit informé à quelqu'un
qui estoitla belle laide,
avoit esté instruit qu'un
Marquis en estoit devenu
fort amoureux; & sans
sortir de son erreur l'a
crut tousjours la mesme
qui l'estoit venu trouver.
Le jour fut pris enfin
pour le - lendemain
, &
enprenant ce dernierrendez
vous la laide belle
qui avoittousjours imité
le deshabiller dontl'autre
avoit dit la cause au Magistrat,
affectasurtout ce
jour-là del'estaller encore
davantage, en mesme
temps que ses charmes
achevoient de déterminer
le Baron à supporter les
malheurs qu'on luyavoit
fait pressentir
,
& qu'il
avoit à demy preveu,
comme nous l'avons dit.
Il estoit donc passionnément
amoureux, & n'avoit
sur l'amour qu'une
delicatesse basseBretonne.
Vous
Vdousoavezveu Gi;3 le bonne &>y;*
qui la donnoit au^Bai'ard
avoit estétrompé luymesme
par le manege de
la laide, &qu'il ne s'étoit
point trouveauxieh-f>
trevuësde la belle laide
&C du Baron, ce qui causace
qui pro quo que
vous verrez dans lafuite;l
La belle laide cruë enceinte
par le Baron, signa,
lapremièreune promessè
de mariage fous sein privé,
&C feignant après
avoir écrit son nom, une
honte subite 6C un remors
d'avoir à se reprocher
de ne pas avouer
franchementàson époux
qu'elle n'avoir pas un
coeur tout neuf, le tira à
quartier dans un coin de
la chambre, & luy avoüa
les yeux en pleurs, qu'il
feroit obligé de fairedans
troismoisladépensed'un
Baptême. Le Breton enchanté
de la beauté & de
la sinceritéde sa nouvelle
épouse
,
pleura aussi de
son costé, & enfuitevint
signer la promesse qu'ils
avoient quittée de vûë.
On attendoit avec impatience
,
disoit on,le Magistrat
qui devoit signer
comme témoin. Dans
cette impatiencel'épouse
monta en carrosse pour
eller au devant de luy, &C
quelque temps après on
vit revenir avec le Magistrat
la laide laide, qui
du plus loin qu'elle vit le
Baron courut l'embrasser
comme époux. M.le Baron
voyant cet épouvantail,
s'éstonna
,
setroubla,
& jura bas Breton que ce
n'estoit point la celle qui
avaitsigné : ceux qui estoient
du complot luy dirent
qu'il extravaquoit,
& le Magistrat qui n'avoit
jamaisveu que celle-
là, le crut réellement
extravagant,quandilluy
jura que celle à qui il setoit
mariéestoitcharmante.
Voicy commenton la
voit escamotée pour luy
substituer la laide affreuse.
La belle après avoir
signé un papier, avoit
occupé les yeux 6c le
coe) ur du Baron, pendant
qu'on substitua un
Wrc papier où celle-cy
avoit réellement
-
signé,
-&cestoit ce dernier que
le Baronavoit signéaussi,
ensortequ'il estoit rnai'ié
avec la laide qui luy apportoit
à ce qu'il crut ui*
enfanten mariage.D'ailleurs
les dix mille écus estoient
réellement sur table
,
& c'est ce qui tenoit
au coeur du Baron à qui
on proposa que si ce mariage
ne luy convenoit
pas qu'on pouvoitannullex
l'affaire. Comme on
vit qu'ilnepouvoit se refoudre
ny à lascher les
trente mille francs ny à fè
charger de la laide enceinte,
le Marquis qui
-èftOlt present luy fit une
proposition en ces termesf
Rien n'est plus vray- ,
Monsieur, que tout ce
qu'on vous 3. dit, &je
fuis passionnément amoureux
de cette belle
laide,& si amoureux ,
que j'avaisdessein de
l'emmener à Cadis. Vous
avez euautrefois quelque
actionsurun vaisseau qui
apery, si vous voulezme
ceder la part que vous y
av ez, j'iray denleÍlcI: làies
cequ'onpourroit en
civo r sauvé, & à tout hazard
je vous lâisse ces dix
mille écus d'argent com-
-ptspt& jcod"a& charge
.ducciitràti'j Letraité fut
conclu, &cequele Baron,
ceda au Marquis se
trouva assez considerable
pour servir de dor à» sa
bcitc maistresse oui n'avoit
jamais commis aucui-
ie faute contre sr*on honneur, mais bien contre
la sincerité en trompant
le Magistrat& le
Baron.
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Résumé : LA BELLE LAIDE ou la Duperie de Bretagne, Avanture de l'an passé.
Le texte décrit une intrigue en Bretagne impliquant une jeune femme surnommée 'la belle laide' en raison de ses traits ingrats mais de son charme. Un Marquis amoureux mais sans fortune apprend qu'un Baron ruiné cherche une épouse fortunée. Le Marquis, aidé par la 'belle laide' et une complice plus âgée et réellement laide, élabore un plan. La complice persuade un magistrat de proposer le mariage au Baron en se faisant passer pour une jeune femme en détresse. Le magistrat, trompé par son apparence, accepte de faciliter le mariage. Le Baron, charmé par la 'belle laide' qu'il prend pour la complice, accepte de l'épouser. Lors de la signature du contrat de mariage, une substitution est effectuée : la 'belle laide' signe un faux document, remplacé par celui de la complice laide. Le Baron découvre la supercherie après la signature mais est contraint d'accepter en raison des dix mille écus promis. Le Marquis révèle alors son amour pour la 'belle laide' et propose au Baron de racheter sa part dans un vaisseau naufragé en échange des écus et de la charge de la laide. Le Baron accepte, permettant ainsi au Marquis et à la 'belle laide' de vivre ensemble avec la fortune récupérée.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 557-567
Les Vocations forcées. Piece d'un Acte, [titre d'après la table]
Début :
Le Père Porée, Jesuite, celebre Professeur de Rhétorique, fit representer le mois passé par [...]
Mots clefs :
Comédie latine, Homme, Enfant, Famille, Frère, Ciel, Magistrat, Coeur, Homme de robe, Les vocations forcées
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Les Vocations forcées. Piece d'un Acte, [titre d'après la table]
E Père Porée , Jefuite , celebre Profeffeur de
Rhétorique , fit reprefenter le mois paffé par
les Rhétoriciens du College de Louis le Grand ,
une petite Piece Latine , d'un Acte , intitulée : les
Vocations forcées. Le deffein de l'Auteur a été
de faire voir qu'il eft d'une extrémne confequence
de laiffer à un jeune homme la liberté de fe choifir
le genre de vie auquel Dieu l'appelie , foit par
attrait , foit par raifon , ou plutôt par l'un &
Pautre tout à la fois.
PROA
158 MERCURE DE FRANCE.
+
PROLOGUE.
Le Ciel , en nous donnant la vie ,
Nous affervit aux mêmes lois ,
Mais pour le bien de la Patrie ,
Il nous forme à divers emplois.
L'un doit , à couvert des allarmes ,
Dicter les Arrêts de Thémis ;
L'autre , par la force des armes ,
Repouffer nos fiers ennemis .
Celui-ci , pour donner l'exemple ,
Revêtu d'un honneur facré ,
Doit faire réverer le Temple ,.
Où lui-même il eſt reveré.
Celui-là dans la folitude ,
Où l'Amour Divin la conduit ,
Doit mettre toute ſon étude ,
A fuir le monde qui le fuit.
En marquant ces routes diverſes ,
Le Ciel nous y veut faire entrer ,
Mais que nos volontez perverſes ,.
Font d'efforts pour nous égarer !
Nous entrons fouvent par caprice ,
Dans le chemin le plus battu ;
Et nous commençons par le vice ,.
Pour arriver à la vertu .
Souvent une force étrangère ,
Captive notre liberté ;
E
MARS.
1730. $59
Et l'on eft
par
le choix d'un Pere,
Ce qu'on n'auroit jamais été.
Encor fi ce choix étoit ſage ;
Mais , helas ! que confulte-t-on !
Le hazard , l'interêt , l'ufage ,
Et prefque jamais la raiſon.
En vain le Ciel & la Nature ,
Condamnent cet aveugle choix ;
En vain notre coeur en murmure
On n'en écoute point la voix .
Ainfi voit-on l'Enfant timide ,
Qui fur les lys devroit s'affeoir ,
Forcé par un ordre homicide ,
Porter la main à l'Encenſoir.
Ainfi l'on voit croupir fans gloire ,
Dans le crime ou dans le repos ,
Le Magiftrat que la victoire ,
Eût compté parmi fes Heros .
Ici,j'apperçois l'innocence .
Qu'on arrache aux facrez Autels ;
Et qu'une injufte violence ,
Immole à des Dieux criminels.
Là, je vois marcher la Victime,
Qu'on facrifie à l'interêt :
Une autorité légitime ,
Porte un illegitime Arrêt.
Peres cruels & parricides ,
Sufpendez un coupable effort
Songez que vous êtes nos guides ,
Nor
360 MERCURE DE FRANCE.
Non les maîtres de notre fort.
Vous pouvez nous montrer la route,
Où nous devons porter nos pas ;
La raifon veut qu'on vous écoute
Mais conduifez , ne forcez pás.
Un choix dont les périls extrêmes ,
Nous menacent bien plus que vous ;
Un choix qui fe fait
pour nous-mêmes
Ne doit pas fe faire fans nous.
Tels font les avis falutairės
Que nous allons donner ici.
Eft- ce à nous d'inftruire nos Peres
Ils s'inftruiront & nous auffi.
Noms & Perfonnages des Altars.
Thémifte , Homme de Robe. Claude Teffier.
Antinous , fils aîné de Thémifte. Emmanuel
de Duras.
Agathocle , fecond fils de Thémiste. Vincent.
Michel Magnons
Philocles , Officier , frere de Thémifte. Michel
Larcher.
Deuterophile , autre Homme de Robe. Jacques
Galland.
Théophile , fils de Deuterophile. Louis - Marie de
la Salle.
Théobule , faux Dévot & faux Sçavant. Eugene
Blondel d'Aubert.
André de Creil . Himaturgus , Tailleur.
Diaphanes , Valet de Thémiſte. Louis Déſpreménil.
Thémifte , ancien Magiftrat , a deux fils , Anfinous
MARS. 17307 561
tinous & Agathocle ; le premier eft de ces jeunes
gens qui à la vivacité de l'efprit , à la franchiſe
du coeur , à la nobleffe des fentimens & à l'aifance
des manieres , ne joignent que trop ordinairement
un fond de legereté , d'impétuofité ,
d'inapplication & d'opiniâtreté qui les rend en
nemis du travail & de la contrainte. Le fecond à
des moeurs plus douces , un naturel heureux , de
la pieté même & de la Religion , mais il appréhende
de s'engager dans un état qui demande
une vocation particuliere , & pour lequel il ne fe
fent aucun attrait . Le Pere cependant deſtine Antinous
à la Robe , quelqu'oppofée qu'elle foit à
fes penchants & à les qualitez naturelles. Il eft
Paîné , il faut qu'il entre dans la Magiftrature,
Agathocle fuivroit volontiers le Barreau & feroit
un fort bon Juge,le refpect au contraire dont il eft
penetré pour le facré Miniftere , lui en fait redouter
les faintes & pénibles fonctions. N'importe
, Thémifte ne confulte ni fon goût , ni fes
répugnances ; il eft cadet , il faut qu'il foit établi
dans l'Eglife. Leur fort eft ainfi reglé , de
Pavis d'un certain Théobule , homme adroit &
rufé , fourbe & impofteur , gagnant & imperieux
qui abufe de la confiance de Thémifte , & qui
fous le mafque d'une pieté apparente & d'un attachement
fimulé , cache la malice de l'ame la
plus baffe , la plus intereffée & la plus ambitieuſe.
Antinous & Agathocle , qui fçavent l'empire que
ce faux dévot a fur l'efprit de leur pere , ne peuvent
fe réfoudre à obéir dans fa perfonne à un
vifionnaire qu'ils déteftent. Ils ont recours à la
fageffe & à la tendreffe de leur oncle Philocles.
Ce brave Officier qui foutient dans toute la Piece
un caractere de probité , d'honneur & de zele
auquel l'Affemblée a donné de frequents applau
diffements , combat les préjugez de ſon frere fur
la
662 MERCURE DE FRANCE.
la deſtination de fes neveux. Thémiſte ſe récrie
d'abord à l'impieté , à la rebellion & au defordre;
il en appelle à la Nature , à la raiſon & à l'uſage.
Philocles a beau lui repréfenter que la Nature
defavouë , que la raifon condamne & que l'ufage
ne juftifie point le pere qui facrifie le bonheur de
fon fils à la cupidité ou à l'ambition ; que le
meilleur fujet devient fouvent dans une vocation
forcée , inutile à l'Etat & plus fouvent encore
à fa famille qu'il deshonore : le bon vieillard prévenu
& féduit , ne conçoit pas comment dans
une famille Patricienne l'aîné des enfans n'appartient
pas de droit naturel à la Robbe & le
cadet au Sacerdoce. Philocles en le quittant déplore
fon aveugle entêtement , & tâche de lui
infpirer quelque défiance fur la vertu , la droiture
& la doctrine prétenduë celeſte de fon Confident.
D
Théobule arrive dans ce moment & d'un coup
d'oeil jetté amoureufement vers le Ciel , accompagné
d'un foupir dévotement ménagé , il détruit
tout ce que Philocles à pú avancer ; puis prenant
un ton fententieux & emphatique : Le Ciel , dit-il
à Thémiftes , exige de vous en cette occafion
un coup d'autorité. Vous êtes pere , il est vrai ,
quand vos enfans font foumis à vos volontez
mais quand ils fe départent du respect & de
Fobéiffance , vous devez agir en maître & en
fouverain.Le Magiftrat pouffé par les fuggeſtions
de cet homme frauduleux , fait comparoître devant
lui Antinous . & Agathocles. Il dit à l'Aîné
qu'il veut & prétend qu'il foit homme de Robe
& déclare au cadet qu'il va inceffamment le confacrer
au fervice des Autels. Les deux freres font
confternez , & paroiffent comme frappez de la
foudre. L'aîné parle ferme & refifte. Le cadet
fond en larmes , & reprefente. Tous deux , après
Pavoir affuré du refpect infini qu'ils ont pour les
$
ordres
MARS. 1730. 563
ordres , le conjurent de pefer mûrement ce qu'il
eft en droit de leur commander , & ce que de
leur côté ils peuvent ou doivent executer. Cet endroit
, qui eſt un des plus critiques de toute la
Piece , eft manié avec tant d'art , de fineffe & de
difcretion , que les peres ne fçauroient s'en offenfer
, ni les enfans s'en prévaloir.
Thémifte , irrité du refus opinâtre d'Antinous,
le chaffe de fa prefence , & lui deffend de paroîtte
devant fes yeux. Celui-ci prend cet ordre rigoureux
à la lettre , & fonge déja à fuir loin de la
maifon paternelle . On en avertit fon oncle , qui
l'arrête & le mene chez un de fes amis , où il le
fait garder, Cependant le pere donne fes ordres à
Diaphanes , fon Valet , de faire venir promptement
le Tailleur pour prendre la meſure d'un
habit Ecclefiaftique à fon fils Agathocle . Enſuite
il fe retire dans fon Appartement , où en ouvrant
de Livre divin dont Théobule lui a fi fort recommandé
la lecture , il trouve une Lettre que fon
fils Antinous avoit inferée avant que
y
de partir;
elle eft conçue en ces tetmes : J'obéis enfin , mor
pere, & puifque vous me le commandez , je
dérobe à votre colere un fils qui a le malheur
de vous déplaire. Eloigné de vous .. Thémiſte
ne fe donne pas le temps de lire la Lettre toute
entiere , & retourne auffi - tôt fur le Théatre , où
il rencontre Agatocle , triftement occupé des préparatifs
de fa nouvelle métamorphofe ; dans le
trouble où il eft , il ne fe fouvient plus de l'ordre
qu'il a donné , & renvoye le Tailleur . Il demande
des nouvelles d'Antinous , & perfonne ne peut
lui apprendre ni quand , ni comment , ni en quel
lieu il s'eft enfui. Agatocle demande auffi-tôt la
permiffion de l'aller chercher. Diaphanes eft chargé
de cette commiffion. Le pere lit une feconde
fois la Lettre , & peint fur fon vifage, en la lifant,
?.
•
aufli
564 MERCURE DE FRANCE .
uffi - bien que dans les paroles qui lui échappént,
l'amour , la colere , la crainte , l'efperance , l'indignation
& la pitié qui l'agitent tour à tour.
Ici l'Auteur Dramatique triomphe & fe fert
avec avantage de la connoiffance qu'il a du coeur
humain. Philocles arrive fur ces entrefaites &
profite de Perreur de fon frere pour lui faire de
juftes reproches fur fon infenfibilité , ſa ſimplicité
& fa prévention. Allez maintenant , lui ditil,
allez vous confoler avec votre cher Théobule,
fuivez encore fes bons confeils , vous en voyez
le fruit , &c. Enfin après l'avoir amené au point
de repentir & de docilité neceffaire pour en être
écouté favorablement , il lui déclare que le jeune
Deferteur n'eft pas fi loin qu'il fe l'imagine ; mais
qu'il ne peut le lui rendre qu'à deux conditions.
La premiere, qu'il ne le forcera point d'embraffer
un genre de vie pour lequel il marque tant de répugnance.
La feconde condition eft que l'entrée
de fa maifon fera interdite à ce brouillon , qui y
met le trouble & la divifion . Ce fecond article
fouffre quelque difficulté de la part de Thémiſte
qui n'y foufcrit qu'avec peine; mais que ne fait- on
pas pour recouvrer un fils que l'on chérit tendrement
! Thémiſte promet tout , confent à tout.
A peine fa parole en eft -elle donnée , que Diaphanes
vient annoncer Théobule. Rien de plus
comique que l'embarras du Maître en ce moment
le laiffera -t-il entrer ou lui fera-t-il dire
qu'il ne peut le voir ? Il veut & ne veut pas ;
ofe & n'ofe point. Philocles fe divertit de fa foibleffe
, & puis pour fe donner un autre plaifir ,
non moins fenfible , qui eft de faire connoître
à un fourbe que l'on n'eft point fa duppe , il or
donne à Diaphanes d'introduire Théobule. Le
benin perfonnage s'avance d'un air modeſte &
falue les deux freres avec un compliment qui s'adreg
il
MARS. 1730. 566
reffe à l'un & à l'autre ; l'Officier y répond par
une grande réverence , & entre d'abord en matiere
fur des connoiffances qu'il a eues par le
Valet. Il fait à l'homme de bien plufieurs queftions
qui le furprennent & l'inquietent. Sa furprife
& fon trouble augmentent , lorfqu'il apperçoit
qu'on eft inftruit du revenu de certain Benefice
qu'il avoit envie de faire réfigner à Agathocles
, & du partage , fans doute , qu'il fe propofoit
d'en faire. Confus &-outré de douleur de
voir la mine éventée , il fe plaint qu'on l'outrage
qu'on le prend pour quelqu'autre , que l'on infulte
à fa Religion , & là -deffus il fe retire.
le
Théobule étant ainfi congedié , Thémifte &
Philocles raiſonnent enſemble, & conviennent que
puifque Paîné ne veut point de la Charge que
pere exerce , il faut la faire paffer à fon frere
Agathocle , & laiffer prendre le parti des Armes
à Antinous. Ils confultent l'inclination d'Agathocle
, & la trouvent conforme à leur arrangement.
Philocles va chercher lui -même Antinous,
qui fe jette en entrant aux pieds de fon pere pour
fui demander pardon de la faute qu'il a commife.
Thémifte le releve , & après une legere répri
mande qu'il n'a pas même le courage de lui faire
il accorde au coupable fa grace , & l'interroge
fçavoir , s'il confent à ce que fon cadet ait la
Charge qui lui étoit deftinée , comme à l'aîné
de la famille. Antinous protefte qu'il en eft ravi ;
qu'il aime fon frere , & qu'il ne défire rien tant
que de le voir heureux. Thémifte voudroit auffi
lui annoncer fon fort & le fonder fur la profeffon
militaire ; mais Philocles qui fçait combien
la licence des armes eft pour de jeunes coeurs un
appas féduifant , détourne la converfation & fait
Agne à fon neveu de réiterer fes excufes & fes
zemercimens. Themifte embraffe fes deux fils, &
?
Jep
366 MERCURE DE FRANCE .
les renvoye contens , & charmez de leur nouvelle
deftinée. Le Magiftrat plus content qu'eux d'avoir
fi aifément & fi naturellement procuré leur
felicité , rend graces à fon frere de la joye & de la
paix qu'il goute ; il lui promet de ne plus fuivre à
l'avenir d'autres avis que les fiens . Philocles profite
de ce dernier moment d'une action ſi inſtructive
pour lui donner les leçons les plus fenſées fur la
Vocation des enfans . Enfin adreffant la parole à
ceux-cy , il les avertit de ne point s'engager témerairement
dans aucun état , d'en remplir conftammint
tous les devoirs lorfqu'ils s'y feront engagez
& de juftifier par leur perfeverance le
choix qu'ils auront fait prudemment , librement
& courageufement.
Pour ne rien omettre de ce qui regarde les vocations
forcées , l'Auteur a introduit dans fa
Piece deux Perfonnages épifodiques. L'un eft
d'un jeune homme , ( Théophile ) qui ayant
beaucoup d'agrémens exterieurs & de qualitez
capables de briller aux yeux du monde , fonge
à la retraite pour laquelle il fe fent un attrait puiffant
; l'autre, du pere de ce jeune homme, ( Ďeuterophile
) qui voudroit le retenir dans le monde
& qui ne feroit pas fàché que fon fils aîné prît le
parti de la folitude , parce qu'il n'a pas certains
avantages du corps , quoi qu'il ait tous les talens
de l'efprit toutes les qualitez du coeur neceffaires
pour faire un bon Citoyen , utile à fa famille
& à fa Patrie . Thémifte lui donne fur cela des
avis fages , & fait voir que tel qui penſe mal fur
la deftination de fes propres enfans , peut raifonner
jufte fur ce qui regarde l'établiſſement des
enfans d'autrui.
On peut dire que cette Comedie Latine qui a
merité les éloges d'un grand nombre de Conaoiffeurs
, n'a rien perdu de fa beauté dans la ré
préſentation
1"
候
MAR S. 1720.
F
7
préfentation. Elle a été précedée d'une espece de
Paftorale fur la Naiflance de Monfeigneur le
Dauphin. Ce fujet fut celebré dans plufieurs Idyles
récitées par des Bergers. Il feroit à fouhaiter
que ceux d'entre les Rhetoriciens qui ont le plus
travaillé à ces Poëfies , vouluffent bien en faire
part au Public , & prendre déja leur place fur le
Parnaffe. En attendant nous tirerons du Programe
imprimé les Vers qui ont été chantez après
les Idyles ,fur un Air compofé par M. Campra
qu'on trouvera ici gravé.
Rhétorique , fit reprefenter le mois paffé par
les Rhétoriciens du College de Louis le Grand ,
une petite Piece Latine , d'un Acte , intitulée : les
Vocations forcées. Le deffein de l'Auteur a été
de faire voir qu'il eft d'une extrémne confequence
de laiffer à un jeune homme la liberté de fe choifir
le genre de vie auquel Dieu l'appelie , foit par
attrait , foit par raifon , ou plutôt par l'un &
Pautre tout à la fois.
PROA
158 MERCURE DE FRANCE.
+
PROLOGUE.
Le Ciel , en nous donnant la vie ,
Nous affervit aux mêmes lois ,
Mais pour le bien de la Patrie ,
Il nous forme à divers emplois.
L'un doit , à couvert des allarmes ,
Dicter les Arrêts de Thémis ;
L'autre , par la force des armes ,
Repouffer nos fiers ennemis .
Celui-ci , pour donner l'exemple ,
Revêtu d'un honneur facré ,
Doit faire réverer le Temple ,.
Où lui-même il eſt reveré.
Celui-là dans la folitude ,
Où l'Amour Divin la conduit ,
Doit mettre toute ſon étude ,
A fuir le monde qui le fuit.
En marquant ces routes diverſes ,
Le Ciel nous y veut faire entrer ,
Mais que nos volontez perverſes ,.
Font d'efforts pour nous égarer !
Nous entrons fouvent par caprice ,
Dans le chemin le plus battu ;
Et nous commençons par le vice ,.
Pour arriver à la vertu .
Souvent une force étrangère ,
Captive notre liberté ;
E
MARS.
1730. $59
Et l'on eft
par
le choix d'un Pere,
Ce qu'on n'auroit jamais été.
Encor fi ce choix étoit ſage ;
Mais , helas ! que confulte-t-on !
Le hazard , l'interêt , l'ufage ,
Et prefque jamais la raiſon.
En vain le Ciel & la Nature ,
Condamnent cet aveugle choix ;
En vain notre coeur en murmure
On n'en écoute point la voix .
Ainfi voit-on l'Enfant timide ,
Qui fur les lys devroit s'affeoir ,
Forcé par un ordre homicide ,
Porter la main à l'Encenſoir.
Ainfi l'on voit croupir fans gloire ,
Dans le crime ou dans le repos ,
Le Magiftrat que la victoire ,
Eût compté parmi fes Heros .
Ici,j'apperçois l'innocence .
Qu'on arrache aux facrez Autels ;
Et qu'une injufte violence ,
Immole à des Dieux criminels.
Là, je vois marcher la Victime,
Qu'on facrifie à l'interêt :
Une autorité légitime ,
Porte un illegitime Arrêt.
Peres cruels & parricides ,
Sufpendez un coupable effort
Songez que vous êtes nos guides ,
Nor
360 MERCURE DE FRANCE.
Non les maîtres de notre fort.
Vous pouvez nous montrer la route,
Où nous devons porter nos pas ;
La raifon veut qu'on vous écoute
Mais conduifez , ne forcez pás.
Un choix dont les périls extrêmes ,
Nous menacent bien plus que vous ;
Un choix qui fe fait
pour nous-mêmes
Ne doit pas fe faire fans nous.
Tels font les avis falutairės
Que nous allons donner ici.
Eft- ce à nous d'inftruire nos Peres
Ils s'inftruiront & nous auffi.
Noms & Perfonnages des Altars.
Thémifte , Homme de Robe. Claude Teffier.
Antinous , fils aîné de Thémifte. Emmanuel
de Duras.
Agathocle , fecond fils de Thémiste. Vincent.
Michel Magnons
Philocles , Officier , frere de Thémifte. Michel
Larcher.
Deuterophile , autre Homme de Robe. Jacques
Galland.
Théophile , fils de Deuterophile. Louis - Marie de
la Salle.
Théobule , faux Dévot & faux Sçavant. Eugene
Blondel d'Aubert.
André de Creil . Himaturgus , Tailleur.
Diaphanes , Valet de Thémiſte. Louis Déſpreménil.
Thémifte , ancien Magiftrat , a deux fils , Anfinous
MARS. 17307 561
tinous & Agathocle ; le premier eft de ces jeunes
gens qui à la vivacité de l'efprit , à la franchiſe
du coeur , à la nobleffe des fentimens & à l'aifance
des manieres , ne joignent que trop ordinairement
un fond de legereté , d'impétuofité ,
d'inapplication & d'opiniâtreté qui les rend en
nemis du travail & de la contrainte. Le fecond à
des moeurs plus douces , un naturel heureux , de
la pieté même & de la Religion , mais il appréhende
de s'engager dans un état qui demande
une vocation particuliere , & pour lequel il ne fe
fent aucun attrait . Le Pere cependant deſtine Antinous
à la Robe , quelqu'oppofée qu'elle foit à
fes penchants & à les qualitez naturelles. Il eft
Paîné , il faut qu'il entre dans la Magiftrature,
Agathocle fuivroit volontiers le Barreau & feroit
un fort bon Juge,le refpect au contraire dont il eft
penetré pour le facré Miniftere , lui en fait redouter
les faintes & pénibles fonctions. N'importe
, Thémifte ne confulte ni fon goût , ni fes
répugnances ; il eft cadet , il faut qu'il foit établi
dans l'Eglife. Leur fort eft ainfi reglé , de
Pavis d'un certain Théobule , homme adroit &
rufé , fourbe & impofteur , gagnant & imperieux
qui abufe de la confiance de Thémifte , & qui
fous le mafque d'une pieté apparente & d'un attachement
fimulé , cache la malice de l'ame la
plus baffe , la plus intereffée & la plus ambitieuſe.
Antinous & Agathocle , qui fçavent l'empire que
ce faux dévot a fur l'efprit de leur pere , ne peuvent
fe réfoudre à obéir dans fa perfonne à un
vifionnaire qu'ils déteftent. Ils ont recours à la
fageffe & à la tendreffe de leur oncle Philocles.
Ce brave Officier qui foutient dans toute la Piece
un caractere de probité , d'honneur & de zele
auquel l'Affemblée a donné de frequents applau
diffements , combat les préjugez de ſon frere fur
la
662 MERCURE DE FRANCE.
la deſtination de fes neveux. Thémiſte ſe récrie
d'abord à l'impieté , à la rebellion & au defordre;
il en appelle à la Nature , à la raiſon & à l'uſage.
Philocles a beau lui repréfenter que la Nature
defavouë , que la raifon condamne & que l'ufage
ne juftifie point le pere qui facrifie le bonheur de
fon fils à la cupidité ou à l'ambition ; que le
meilleur fujet devient fouvent dans une vocation
forcée , inutile à l'Etat & plus fouvent encore
à fa famille qu'il deshonore : le bon vieillard prévenu
& féduit , ne conçoit pas comment dans
une famille Patricienne l'aîné des enfans n'appartient
pas de droit naturel à la Robbe & le
cadet au Sacerdoce. Philocles en le quittant déplore
fon aveugle entêtement , & tâche de lui
infpirer quelque défiance fur la vertu , la droiture
& la doctrine prétenduë celeſte de fon Confident.
D
Théobule arrive dans ce moment & d'un coup
d'oeil jetté amoureufement vers le Ciel , accompagné
d'un foupir dévotement ménagé , il détruit
tout ce que Philocles à pú avancer ; puis prenant
un ton fententieux & emphatique : Le Ciel , dit-il
à Thémiftes , exige de vous en cette occafion
un coup d'autorité. Vous êtes pere , il est vrai ,
quand vos enfans font foumis à vos volontez
mais quand ils fe départent du respect & de
Fobéiffance , vous devez agir en maître & en
fouverain.Le Magiftrat pouffé par les fuggeſtions
de cet homme frauduleux , fait comparoître devant
lui Antinous . & Agathocles. Il dit à l'Aîné
qu'il veut & prétend qu'il foit homme de Robe
& déclare au cadet qu'il va inceffamment le confacrer
au fervice des Autels. Les deux freres font
confternez , & paroiffent comme frappez de la
foudre. L'aîné parle ferme & refifte. Le cadet
fond en larmes , & reprefente. Tous deux , après
Pavoir affuré du refpect infini qu'ils ont pour les
$
ordres
MARS. 1730. 563
ordres , le conjurent de pefer mûrement ce qu'il
eft en droit de leur commander , & ce que de
leur côté ils peuvent ou doivent executer. Cet endroit
, qui eſt un des plus critiques de toute la
Piece , eft manié avec tant d'art , de fineffe & de
difcretion , que les peres ne fçauroient s'en offenfer
, ni les enfans s'en prévaloir.
Thémifte , irrité du refus opinâtre d'Antinous,
le chaffe de fa prefence , & lui deffend de paroîtte
devant fes yeux. Celui-ci prend cet ordre rigoureux
à la lettre , & fonge déja à fuir loin de la
maifon paternelle . On en avertit fon oncle , qui
l'arrête & le mene chez un de fes amis , où il le
fait garder, Cependant le pere donne fes ordres à
Diaphanes , fon Valet , de faire venir promptement
le Tailleur pour prendre la meſure d'un
habit Ecclefiaftique à fon fils Agathocle . Enſuite
il fe retire dans fon Appartement , où en ouvrant
de Livre divin dont Théobule lui a fi fort recommandé
la lecture , il trouve une Lettre que fon
fils Antinous avoit inferée avant que
y
de partir;
elle eft conçue en ces tetmes : J'obéis enfin , mor
pere, & puifque vous me le commandez , je
dérobe à votre colere un fils qui a le malheur
de vous déplaire. Eloigné de vous .. Thémiſte
ne fe donne pas le temps de lire la Lettre toute
entiere , & retourne auffi - tôt fur le Théatre , où
il rencontre Agatocle , triftement occupé des préparatifs
de fa nouvelle métamorphofe ; dans le
trouble où il eft , il ne fe fouvient plus de l'ordre
qu'il a donné , & renvoye le Tailleur . Il demande
des nouvelles d'Antinous , & perfonne ne peut
lui apprendre ni quand , ni comment , ni en quel
lieu il s'eft enfui. Agatocle demande auffi-tôt la
permiffion de l'aller chercher. Diaphanes eft chargé
de cette commiffion. Le pere lit une feconde
fois la Lettre , & peint fur fon vifage, en la lifant,
?.
•
aufli
564 MERCURE DE FRANCE .
uffi - bien que dans les paroles qui lui échappént,
l'amour , la colere , la crainte , l'efperance , l'indignation
& la pitié qui l'agitent tour à tour.
Ici l'Auteur Dramatique triomphe & fe fert
avec avantage de la connoiffance qu'il a du coeur
humain. Philocles arrive fur ces entrefaites &
profite de Perreur de fon frere pour lui faire de
juftes reproches fur fon infenfibilité , ſa ſimplicité
& fa prévention. Allez maintenant , lui ditil,
allez vous confoler avec votre cher Théobule,
fuivez encore fes bons confeils , vous en voyez
le fruit , &c. Enfin après l'avoir amené au point
de repentir & de docilité neceffaire pour en être
écouté favorablement , il lui déclare que le jeune
Deferteur n'eft pas fi loin qu'il fe l'imagine ; mais
qu'il ne peut le lui rendre qu'à deux conditions.
La premiere, qu'il ne le forcera point d'embraffer
un genre de vie pour lequel il marque tant de répugnance.
La feconde condition eft que l'entrée
de fa maifon fera interdite à ce brouillon , qui y
met le trouble & la divifion . Ce fecond article
fouffre quelque difficulté de la part de Thémiſte
qui n'y foufcrit qu'avec peine; mais que ne fait- on
pas pour recouvrer un fils que l'on chérit tendrement
! Thémiſte promet tout , confent à tout.
A peine fa parole en eft -elle donnée , que Diaphanes
vient annoncer Théobule. Rien de plus
comique que l'embarras du Maître en ce moment
le laiffera -t-il entrer ou lui fera-t-il dire
qu'il ne peut le voir ? Il veut & ne veut pas ;
ofe & n'ofe point. Philocles fe divertit de fa foibleffe
, & puis pour fe donner un autre plaifir ,
non moins fenfible , qui eft de faire connoître
à un fourbe que l'on n'eft point fa duppe , il or
donne à Diaphanes d'introduire Théobule. Le
benin perfonnage s'avance d'un air modeſte &
falue les deux freres avec un compliment qui s'adreg
il
MARS. 1730. 566
reffe à l'un & à l'autre ; l'Officier y répond par
une grande réverence , & entre d'abord en matiere
fur des connoiffances qu'il a eues par le
Valet. Il fait à l'homme de bien plufieurs queftions
qui le furprennent & l'inquietent. Sa furprife
& fon trouble augmentent , lorfqu'il apperçoit
qu'on eft inftruit du revenu de certain Benefice
qu'il avoit envie de faire réfigner à Agathocles
, & du partage , fans doute , qu'il fe propofoit
d'en faire. Confus &-outré de douleur de
voir la mine éventée , il fe plaint qu'on l'outrage
qu'on le prend pour quelqu'autre , que l'on infulte
à fa Religion , & là -deffus il fe retire.
le
Théobule étant ainfi congedié , Thémifte &
Philocles raiſonnent enſemble, & conviennent que
puifque Paîné ne veut point de la Charge que
pere exerce , il faut la faire paffer à fon frere
Agathocle , & laiffer prendre le parti des Armes
à Antinous. Ils confultent l'inclination d'Agathocle
, & la trouvent conforme à leur arrangement.
Philocles va chercher lui -même Antinous,
qui fe jette en entrant aux pieds de fon pere pour
fui demander pardon de la faute qu'il a commife.
Thémifte le releve , & après une legere répri
mande qu'il n'a pas même le courage de lui faire
il accorde au coupable fa grace , & l'interroge
fçavoir , s'il confent à ce que fon cadet ait la
Charge qui lui étoit deftinée , comme à l'aîné
de la famille. Antinous protefte qu'il en eft ravi ;
qu'il aime fon frere , & qu'il ne défire rien tant
que de le voir heureux. Thémifte voudroit auffi
lui annoncer fon fort & le fonder fur la profeffon
militaire ; mais Philocles qui fçait combien
la licence des armes eft pour de jeunes coeurs un
appas féduifant , détourne la converfation & fait
Agne à fon neveu de réiterer fes excufes & fes
zemercimens. Themifte embraffe fes deux fils, &
?
Jep
366 MERCURE DE FRANCE .
les renvoye contens , & charmez de leur nouvelle
deftinée. Le Magiftrat plus content qu'eux d'avoir
fi aifément & fi naturellement procuré leur
felicité , rend graces à fon frere de la joye & de la
paix qu'il goute ; il lui promet de ne plus fuivre à
l'avenir d'autres avis que les fiens . Philocles profite
de ce dernier moment d'une action ſi inſtructive
pour lui donner les leçons les plus fenſées fur la
Vocation des enfans . Enfin adreffant la parole à
ceux-cy , il les avertit de ne point s'engager témerairement
dans aucun état , d'en remplir conftammint
tous les devoirs lorfqu'ils s'y feront engagez
& de juftifier par leur perfeverance le
choix qu'ils auront fait prudemment , librement
& courageufement.
Pour ne rien omettre de ce qui regarde les vocations
forcées , l'Auteur a introduit dans fa
Piece deux Perfonnages épifodiques. L'un eft
d'un jeune homme , ( Théophile ) qui ayant
beaucoup d'agrémens exterieurs & de qualitez
capables de briller aux yeux du monde , fonge
à la retraite pour laquelle il fe fent un attrait puiffant
; l'autre, du pere de ce jeune homme, ( Ďeuterophile
) qui voudroit le retenir dans le monde
& qui ne feroit pas fàché que fon fils aîné prît le
parti de la folitude , parce qu'il n'a pas certains
avantages du corps , quoi qu'il ait tous les talens
de l'efprit toutes les qualitez du coeur neceffaires
pour faire un bon Citoyen , utile à fa famille
& à fa Patrie . Thémifte lui donne fur cela des
avis fages , & fait voir que tel qui penſe mal fur
la deftination de fes propres enfans , peut raifonner
jufte fur ce qui regarde l'établiſſement des
enfans d'autrui.
On peut dire que cette Comedie Latine qui a
merité les éloges d'un grand nombre de Conaoiffeurs
, n'a rien perdu de fa beauté dans la ré
préſentation
1"
候
MAR S. 1720.
F
7
préfentation. Elle a été précedée d'une espece de
Paftorale fur la Naiflance de Monfeigneur le
Dauphin. Ce fujet fut celebré dans plufieurs Idyles
récitées par des Bergers. Il feroit à fouhaiter
que ceux d'entre les Rhetoriciens qui ont le plus
travaillé à ces Poëfies , vouluffent bien en faire
part au Public , & prendre déja leur place fur le
Parnaffe. En attendant nous tirerons du Programe
imprimé les Vers qui ont été chantez après
les Idyles ,fur un Air compofé par M. Campra
qu'on trouvera ici gravé.
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Résumé : Les Vocations forcées. Piece d'un Acte, [titre d'après la table]
Le Père Porée, jésuite et professeur de rhétorique, a supervisé la représentation de la pièce latine 'Les Vocations forcées' par les rhétoriciens du Collège de Louis le Grand. Cette œuvre met en avant l'importance de laisser à un jeune homme la liberté de choisir son mode de vie, que ce soit par attrait, raison ou les deux à la fois. La pièce commence par un prologue où le Ciel est présenté comme formant les individus à divers emplois pour le bien de la patrie. Cependant, les volontés perverses et les forces étrangères peuvent égarer les individus, les poussant à choisir des voies qui ne leur conviennent pas. Le texte critique les choix imposés par les pères, souvent influencés par le hasard, l'intérêt ou l'usage, plutôt que par la raison. L'histoire se concentre sur Thémiste, un ancien magistrat, et ses deux fils, Antinous et Agathocle. Thémiste, influencé par un faux dévot nommé Théobule, destine Antinous à la robe et Agathocle au sacerdoce, malgré leurs inclinations contraires. Antinous, vif et impétueux, refuse cette voie, tandis qu'Agathocle, pieux mais craintif, redoute les fonctions sacerdotales. Leur oncle Philocles, un officier probe et zélé, tente de raisonner Thémiste, mais ce dernier reste obstiné. La pièce atteint son point critique lorsque Thémiste, irrité par la résistance d'Antinous, le chasse. Antinous songe à fuir, mais est arrêté par son oncle. Thémiste, après avoir lu une lettre d'Antinous, se radoucit et accepte les conditions de Philocles : ne pas forcer Antinous à embrasser une vie qui lui répugne et exclure Théobule de sa maison. Thémiste accepte finalement de laisser Antinous choisir la voie des armes et Agathocle la charge de magistrat. La pièce se termine par la réconciliation et la joie des deux fils, ainsi que par les remerciements de Thémiste à son frère pour la paix retrouvée. Philocles profite de ce moment pour donner des leçons sur la vocation des enfants. Le texte mentionne également deux personnages épisodiques : Théophile, un jeune homme charmant et talentueux qui choisit de se retirer du monde malgré ses qualités, et Deuterophile, son père, qui souhaite le retenir dans le monde. Thémiste donne des conseils sages à Deuterophile, montrant que ses jugements sur ses propres enfants peuvent être différents de ceux concernant les enfants des autres. La comédie, qui a reçu les éloges de nombreux connaisseurs, a été représentée en mars 1720 et a été précédée d'une pastorale célébrant la naissance du Dauphin. Cette pastorale, composée de plusieurs idylles récitées par des bergers, a été suivie de vers chantés sur un air composé par M. Campra. Le texte exprime le souhait que les rhétoriciens ayant travaillé à ces poèmes les partagent avec le public.
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5
p. 54-57
DISCOURS de M. l'Olivier, Avocat au Parlement, Substitut de M. le Procureur General, et l'un des deux Substituts des Procureurs Generaux, Sindics des Etats de Bretagne, prononcé dans l'Assemblée des Etats.
Début :
Messieurs, Depuis l'élection que vous avez bien voulu faire en [...]
Mots clefs :
Discours, Assemblée, Prélat, Épiscopat, Honneur, Magistrat, Reconnaissance
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texteReconnaissance textuelle : DISCOURS de M. l'Olivier, Avocat au Parlement, Substitut de M. le Procureur General, et l'un des deux Substituts des Procureurs Generaux, Sindics des Etats de Bretagne, prononcé dans l'Assemblée des Etats.
DISCOURS de M. l'Olivier , Avocat
au Parlement , Substitut de M. le
Procureur General , et l'un des deux
Substituts des Procureurs Generaux ,
Sindics des Etats de Bretagne , prononcé
dans l'Assemblée des Etats.
MESSI ESSIEURS ,
Depuis l'élection que vous avez bien voulu
faire en ma faveur , j'ai 'souhaité avec
empressement qu'il se présentat quelque occasion
de vous en faire mes trés
remercimens.
respectueux
Penetré de la reconnoissance la plus vive,
je m'étois flatté que les expressions qui pou
voient la rendre sensible suivroient de près
les mouvemens de mon coeur ; mais le
respect
at la crainte dont je me sens penetré à la vuë
de cette auguste assemblée , ne me permettent
qu'à peine de vous faire entendre ma timide
voix.
Je ne trouve rien , Messieurs , de comparable
pour moi à la grace dont vous avez
bien voulu m'honorer. La préference que
vous m'avez donnée sur une foule de concurrens
distingués par leur mérite , en rehausse
infiniment le prix . Quelle gloire ne reçois-je
pas
JANVIER. 1731. 58
pas d'une place où je suis chargé de veiller
à la conservation des droits de la patrie ?
quelle satisfaction de pouvoir chaque jour
trouver de nouvelles occasions de la servir ?
L'honneur d'être admis dans vos assemblées
est encore un avantage qui me rend
cette place très précieuse ; c'est cette prérogative
, Messieurs , qui me met à portée de
connoître et d'admirer en même tems la superiorité
de vos lumieres , la penétration de
vos esprits , la sagesse de vos déliberations
c'est cette prérogative qui me rend témoin de
Fart et de la prudence avec lesquels vous
Scavez , Messieurs , concilier le service du
Roi avec les franchises et les libertés de cette
grande Province.
C'est enfin cette prérogative qui me procure
l'inestimable honneur d'approcher les augustes
personnages qui président à vos déliberations.
Un Prélat nourri dans la sagesse et dans
la pieté , également instruit de tous ses devoirs,
et fidele à les observer , qui joignant aux
vertus de l'Episcopat une parfaite connoissance
des affaires , et destiné à remplir
un jour les plus sublimes emplois de l'Eglise
et de l'Etat.
Un Seigneur aussi grand par sa haute
naissance , qu'il est aimable par les graces
naturelles qui l'accompagnent ; un Seigneur
qui dans un âge de tout tems consacré auxe
plaisirs
56 MERCURE DE FRANCE
plaisirs sçait s'occuper avec autant de dignité
que de succès des affaires les plus importantes
d'une Nation dont il est tout à la fois les délices
et la gloire.
Un Magistrat habile , prudent , équitable
qui par ses lumieres et une longue experience
s'est acquis une profonde connoissance des affaires
de la Province , et s'est tant de fois
distingué dans la place qu'il occupe si dignement.
Quelle gloire n'est ce pas pour moi , Messieurs
, de devoir à vos suffrages une place
qui me procure l'honneur de parler devant
des Personnes si illustres .
"
Des témoignages de bonté si marqués et si
éclatans exigent sans doute de ma part des
hommages pleins de respect pour cette majestueuse
assemblée , un zele à toute épreuve
pour les interêts qu'elle confie et une exactitude
scrupuleuse à tous mes devoirs.
C'est aussi , Messieurs , ce que je vous
supplie d'agréer , et en même tems tout ce
que je puis vous offrir. Quoique jeune , jose
esperer et le désir de répondre à votre choix
est le garant de mon esperance , que par mes:
soins et par mon attention à consulter les
maximes et à suivre les exemples de Messieurs
vos Procureurs Generaux Sindics , je
serai dans peu en état de travailler utilement
sous leurs ordres , et de vous donner des preuves
de mon inviolable dévouëment et de ma
respecineuse reconnoissance- Le
JANVIER. 1731. 57
Le Collegue de M. l'Olivier , dans la
même Charge de Subsitut des Procureurs
Generaux Sindics des Etats , est M. Odye,
Avocat au Parlement , et d'une réputation
distinguée.
au Parlement , Substitut de M. le
Procureur General , et l'un des deux
Substituts des Procureurs Generaux ,
Sindics des Etats de Bretagne , prononcé
dans l'Assemblée des Etats.
MESSI ESSIEURS ,
Depuis l'élection que vous avez bien voulu
faire en ma faveur , j'ai 'souhaité avec
empressement qu'il se présentat quelque occasion
de vous en faire mes trés
remercimens.
respectueux
Penetré de la reconnoissance la plus vive,
je m'étois flatté que les expressions qui pou
voient la rendre sensible suivroient de près
les mouvemens de mon coeur ; mais le
respect
at la crainte dont je me sens penetré à la vuë
de cette auguste assemblée , ne me permettent
qu'à peine de vous faire entendre ma timide
voix.
Je ne trouve rien , Messieurs , de comparable
pour moi à la grace dont vous avez
bien voulu m'honorer. La préference que
vous m'avez donnée sur une foule de concurrens
distingués par leur mérite , en rehausse
infiniment le prix . Quelle gloire ne reçois-je
pas
JANVIER. 1731. 58
pas d'une place où je suis chargé de veiller
à la conservation des droits de la patrie ?
quelle satisfaction de pouvoir chaque jour
trouver de nouvelles occasions de la servir ?
L'honneur d'être admis dans vos assemblées
est encore un avantage qui me rend
cette place très précieuse ; c'est cette prérogative
, Messieurs , qui me met à portée de
connoître et d'admirer en même tems la superiorité
de vos lumieres , la penétration de
vos esprits , la sagesse de vos déliberations
c'est cette prérogative qui me rend témoin de
Fart et de la prudence avec lesquels vous
Scavez , Messieurs , concilier le service du
Roi avec les franchises et les libertés de cette
grande Province.
C'est enfin cette prérogative qui me procure
l'inestimable honneur d'approcher les augustes
personnages qui président à vos déliberations.
Un Prélat nourri dans la sagesse et dans
la pieté , également instruit de tous ses devoirs,
et fidele à les observer , qui joignant aux
vertus de l'Episcopat une parfaite connoissance
des affaires , et destiné à remplir
un jour les plus sublimes emplois de l'Eglise
et de l'Etat.
Un Seigneur aussi grand par sa haute
naissance , qu'il est aimable par les graces
naturelles qui l'accompagnent ; un Seigneur
qui dans un âge de tout tems consacré auxe
plaisirs
56 MERCURE DE FRANCE
plaisirs sçait s'occuper avec autant de dignité
que de succès des affaires les plus importantes
d'une Nation dont il est tout à la fois les délices
et la gloire.
Un Magistrat habile , prudent , équitable
qui par ses lumieres et une longue experience
s'est acquis une profonde connoissance des affaires
de la Province , et s'est tant de fois
distingué dans la place qu'il occupe si dignement.
Quelle gloire n'est ce pas pour moi , Messieurs
, de devoir à vos suffrages une place
qui me procure l'honneur de parler devant
des Personnes si illustres .
"
Des témoignages de bonté si marqués et si
éclatans exigent sans doute de ma part des
hommages pleins de respect pour cette majestueuse
assemblée , un zele à toute épreuve
pour les interêts qu'elle confie et une exactitude
scrupuleuse à tous mes devoirs.
C'est aussi , Messieurs , ce que je vous
supplie d'agréer , et en même tems tout ce
que je puis vous offrir. Quoique jeune , jose
esperer et le désir de répondre à votre choix
est le garant de mon esperance , que par mes:
soins et par mon attention à consulter les
maximes et à suivre les exemples de Messieurs
vos Procureurs Generaux Sindics , je
serai dans peu en état de travailler utilement
sous leurs ordres , et de vous donner des preuves
de mon inviolable dévouëment et de ma
respecineuse reconnoissance- Le
JANVIER. 1731. 57
Le Collegue de M. l'Olivier , dans la
même Charge de Subsitut des Procureurs
Generaux Sindics des Etats , est M. Odye,
Avocat au Parlement , et d'une réputation
distinguée.
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Résumé : DISCOURS de M. l'Olivier, Avocat au Parlement, Substitut de M. le Procureur General, et l'un des deux Substituts des Procureurs Generaux, Sindics des Etats de Bretagne, prononcé dans l'Assemblée des Etats.
M. l'Olivier, avocat au Parlement et substitut du Procureur Général, adresse un discours aux États de Bretagne après son élection. Il exprime sa gratitude pour l'honneur reçu et la préférence accordée parmi de nombreux concurrents. Il se réjouit de pouvoir veiller sur les droits de la patrie et servir quotidiennement la province. L'honneur d'être admis dans les assemblées lui permet d'admirer la sagesse et la prudence des délibérations des États, ainsi que leur capacité à concilier le service du Roi avec les franchises et libertés de la Bretagne. M. l'Olivier admire également les personnalités présentes, notamment un prélat sage et pieux, un seigneur distingué par sa naissance et ses compétences, et un magistrat expérimenté. Il promet de faire preuve de respect, de zèle et de scrupule dans l'exercice de ses devoirs. Bien que jeune, il espère, en suivant les exemples de ses prédécesseurs, pouvoir travailler utilement et prouver son dévouement et sa reconnaissance. Son collègue, M. Odye, est également mentionné pour sa réputation distinguée.
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6
p. 2589-2590
REQUESTE presentée à M. le Prévôt des Marchands. Par M. Richer.
Début :
Tous les François sujets à même Loy, [...]
Mots clefs :
Requête, Prévôt des marchands, Lois, Magistrat, Impôt, Modérer
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REQUESTE presentée à M. le Prévôt des Marchands. Par M. Richer.
REQUESTE presentée à M. le Prévôs
des Marchands. Par M. Richer.
Tous les François sujets à même Loy ,
Doivent par tête un tribut à leur Roy ;
Mais il te rend arbitre de la somme,
Qu'à Paris doit payer chaque homme,
Sage Turgot. Louis , dans tout l'Etat
N'eût pû choisir plus digne Magistrat.
Cette équité , ce zele qui t'anime ,
Donne à chacun la taxe légitime ,
Qui lui convient suivant ses facultez ;
Et s'il advient que par quelque artifice ,
Le noir mensonge ait surpris ta justice ,
Lors du Plaintif les cris sont écoutez ,
Les Supplians t'éprouvent secourable.
En cas pareil sois moi donc favorable ,
Grand Magistrat , car un exposé faux ,
D'un impôt juste a fait enfler le taux.
Quelqu'un t'a peint ma fortune meilleure ;
Et plût au Ciel qu'il eût dit verité ;
Mais par malheur trop bien prouve à cette heure ,
Que ce rapport est sans sincerité ;
Car ce n'est point aux Rives du Permesse ,
Tu le sçais bien , qu'habite la richesse.
I. Vol. L'on
2590 MERCURE DE FRANCE
L'on ne vit onc dans le sacré Valon ,
Plutus l'aveugle , ennemi d'Apollon.
Le Dieu des Vers à ses enfans ne donne ,
Pour tout loyer qu'une belle Couronne ,
De Lauriers verds , ornement glorieux ,
Qui remplit peu la bourse des Poëtes.
Leurs meubles sont Hautbois , Lyres , Troms
pettes ,
Faisant ouir des sons mélodieux ,
Pour celebrer Héros et demi Dieux ,
Et Magistrats d'un mérite sublime.
Donc inspiré du Maître de la Rime ,
Qui sçait combien tu prises ses Chansons ,
Que protegeat toûjours ses Nourrissons,
J'ai par son ordre écrit cette Requête.
Daigne la lire en faveur de Phébus ;
Et qu'il te plaise , en faisant droit dessus ,
De moderer l'impôt mis sur ma tête,
Et le réduire au taux que cy-
-devant c ,
Par toi réglé payoit le Suppliant.
Cette Requête a été réponduëfavorablement.
des Marchands. Par M. Richer.
Tous les François sujets à même Loy ,
Doivent par tête un tribut à leur Roy ;
Mais il te rend arbitre de la somme,
Qu'à Paris doit payer chaque homme,
Sage Turgot. Louis , dans tout l'Etat
N'eût pû choisir plus digne Magistrat.
Cette équité , ce zele qui t'anime ,
Donne à chacun la taxe légitime ,
Qui lui convient suivant ses facultez ;
Et s'il advient que par quelque artifice ,
Le noir mensonge ait surpris ta justice ,
Lors du Plaintif les cris sont écoutez ,
Les Supplians t'éprouvent secourable.
En cas pareil sois moi donc favorable ,
Grand Magistrat , car un exposé faux ,
D'un impôt juste a fait enfler le taux.
Quelqu'un t'a peint ma fortune meilleure ;
Et plût au Ciel qu'il eût dit verité ;
Mais par malheur trop bien prouve à cette heure ,
Que ce rapport est sans sincerité ;
Car ce n'est point aux Rives du Permesse ,
Tu le sçais bien , qu'habite la richesse.
I. Vol. L'on
2590 MERCURE DE FRANCE
L'on ne vit onc dans le sacré Valon ,
Plutus l'aveugle , ennemi d'Apollon.
Le Dieu des Vers à ses enfans ne donne ,
Pour tout loyer qu'une belle Couronne ,
De Lauriers verds , ornement glorieux ,
Qui remplit peu la bourse des Poëtes.
Leurs meubles sont Hautbois , Lyres , Troms
pettes ,
Faisant ouir des sons mélodieux ,
Pour celebrer Héros et demi Dieux ,
Et Magistrats d'un mérite sublime.
Donc inspiré du Maître de la Rime ,
Qui sçait combien tu prises ses Chansons ,
Que protegeat toûjours ses Nourrissons,
J'ai par son ordre écrit cette Requête.
Daigne la lire en faveur de Phébus ;
Et qu'il te plaise , en faisant droit dessus ,
De moderer l'impôt mis sur ma tête,
Et le réduire au taux que cy-
-devant c ,
Par toi réglé payoit le Suppliant.
Cette Requête a été réponduëfavorablement.
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Résumé : REQUESTE presentée à M. le Prévôt des Marchands. Par M. Richer.
M. Richer adresse une requête à M. Turgot, Prévôt des Marchands de Paris, nommé par le roi Louis. Richer reconnaît la dignité et l'équité de Turgot pour fixer une taxe juste en fonction des capacités de chacun. Cependant, il conteste un rapport erroné ayant surévalué sa fortune, augmentant ainsi son impôt. Richer, poète, affirme que sa richesse réside dans son art, qui lui rapporte seulement une couronne de lauriers. Il demande à Turgot de réviser l'impôt en fonction de sa véritable situation financière, comme il l'avait déjà fait par le passé. La requête a été acceptée favorablement.
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7
p. 1660-1666
LE DOGE, les Gouverneurs et les Procurateurs, &c. de la République de Genes.
Début :
I. APRÉS avoir manifesté aux Peuples de notre Royaume de Corse, notre très grande modération [...]
Mots clefs :
Royaume de Corse, Magistrat, Peuples, Corse, Lieux, Nobles, Orateur, Corses, Villes, Bastia, Amnistie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE DOGE, les Gouverneurs et les Procurateurs, &c. de la République de Genes.
LE DOGE , les Gouverneurs et les
Procurateurs , &c. de la République de
Genes.
I. APRE's avoir manifesté aux Peuples de
notre Royaume de Corse , notre trèsgrande modération
et clémence , par le moyen d'une Amnistie
et d'un pardon general accordé à ceux qui
avoient encouru notre disgrace à l'occasion des
troubles passez , dans la vue de déclarer plus distinctement
notre volonté ferme et inviolable
non-seulement nous renouvellons et nous confirmons
l'Amnistie et le pardon general par nous
accordé , mais nous voulons de plus l'étendre er
P'appliquer à ceux qui , pour des fautes commises
auroient été citez et ensuite condamnez , tant
par contumace qu'autrement , jusqu'au mois
de juin de l'année 1732. inclusivement › sans
néanmoins y comprendre ceux qui auroient , depuis
ce temps-là,, commis de nouvelles fautes.
II.De plus dans la vue de consoler les Corses ,
et de nous préter à leurs supplications , nous
voulons bien leur remettre libéralement les dépenses
JUILLET. 1733. 1661
enses énormes que nous avons été obligez de
Faire pour rétablir la tranquillité et pour assurer
la prosperité de ce Royaume. Ensorte que les
Corses ne pourront jamais , à l'avenir , être molestez
, ni en géneral , ni en particulier , sur ce
sujet. Et pour effacer jusqu'au souvenir des troubles
passez , nous deffendons , sous peines trèsgriéves
, à toutes sortes de personnes de les inju
rier par des paroles ou d'une autre maniere , en
les traitant de Rebelles ou d'autres semblables expressions.
III. De tout temps nous avons donné aux
Corses des preuves de notre tendre affection jusqu'à
épuiser nos Finances pour la prosperité , la,
deffense et la conservation de ce Royaume. Cependant
, comme nous desirons de leur donner
une preuve nouvelle et genereuse de nos dispositions
favorables , nous leur remettons liberalement
à tous en general , à toutes les Villes , Communautez
et Lieux de cette Ifle , toutes dettes
dont ils pourroient nous rester redevables , tanti
pour les Tailles , que pour toutes les autres impo
sitions ordonnées pendant l'an 1732. et pour les
autres subsides en argent et en victuailles , qu'on
leur a fournies pendant les temps de disette ;
tellement que nous voulons que tous les comptes
passez pour les Tailles et subsides étant étéints,
on en commence de nouveaux depuis le frois de
Janvier de cette année courante , où seront ‘marquées
les dettes à venit desdits Corses.
IV . Pour entrer dans les desirs et les instances )
de ces Peuples , nous leur accordons la création
d'un Ordre de Noblesse natureile au Royaume
que nous donnerons pour cette premiere fois et
pour toutes les autres dans la suite , à des personnes
tirées des Familles du Royaume , que
I iij hous
162 MERCURE DE FRANCE
}
nous trouverons digne de ce degré , et qui après
les informations faites et vûes par nous , paroîtront
pourvûes des qualitez nécessaires pour soutenir
ce rang avec honneur.
V On aura pour ces Nobles les mêmes égards
qu'on a pour ceux qui sont tirez des Villes de
Terre-Ferme ; ils jouiront du titre de Magnifique
et du Privilege de se couvrir dans les Sérénissimes
Colleges de l'Etat et dans le Sénat Sérénissime
; ils seront aussi reçus à se couvrir en
présence des Magistrats et des Juges de la Répubique
, y compris les Gouverneurs Generaux et
les illustres Syndics,
V I. Le Livre où seront écrits les Nobles avec
leurs légitimes Descendans , sera conservé à Gé- ,
nes , entre les mains du Sérénissime Magistrat de
P'Ile de Corse , et un autre semblable à Bastie.
Les noms des Nobles seront écrits dans ce Livre
par le Chancelier dudit Magistrat et en sa présence
, et le même Chancelier fournira un Extrait
authentique du Livre de Génes , pour être ,
déposé à Bastie ; le susdit Magistrat établira encore
un Tarif modique pour les Inscriptions et
Extraits desdits Livres.
VII. Ce Noble jouira dans les lieux de la
résidence du Gouverneur de l'Ile , de la distinction
d'une Antichambre , où il ne sera pas permis
d'entrer à ceux qui ne seront pas dans le
rang des Nobles , ou du nombre des Juges et des
Magistrats du Royaume ou des Officiers de
guerre , jusqu'à l'Enseigne , inclusivement.
VIII. Comme notre principale attention
toajours été de conserver les loibles Coûtumes
et de favoriser tous les moyens propres à faire
fleurir la Religion et la pieté Chrétienne dans
l'Ile de Corse , à quoi la bonne vie des Ecclet
siastiques
JUILLET. 1922. 1563
siastiques contribue le plus , nous déclarons que
pour entretenir l'émulation nécessaire au Clergé,
pour s'avancer dans les 9ciences et dans la prati .
que des Canons , nous ne m ttrons aucun obsta
cle au concours des Esclesiastiques pour être élûs
à quelque Evêché de l'Ifle , à moins qu'ils ne nous
ayent donné des sujets de mécontentement ; et
afin que notre présent Decret ait toute la vigueur
qu'on peut desirer , nous révoquons tout autre
Decret qui seroit contraire .
IX. Dans cette vûe , afin que Sa Sainteté daigne
exaucer les instantes prieres des Peuples qui
demandent un Visiteur Apostolique , pour corriger
les abus et les désordres , et pour rétablir
la discipline Ecclesiastique dans les Diocèses
nous coopérerons volontiers à leurs desseins , sauf
certains égards que nous jugerons à propos de ne
pas perdre de vie , afin d'éviter que le Royaume
ne soit surchargé par le grand nombre de ces
visites , qui pourroient à la fin devenir onéreuses .
X. De- même toutes les fois qu'il arrivera que
Jes Peuples demanderont la permission de fonder
et de renter à leurs dépens un College dans les
Villes de l'Ifle , pour l'éducation et instruction
de la Jeunesse du Pays , dans les Sciences divines
et humaines , nous y donnerons volontiers les
mains , en appuyant leur déssein de notre autorité
et de notre protection , en le permettant et
même le favorisant , pourvû que la forme , les
reglemens et le régime de cè College soit par
nous approuvé , nous réservant la liberté de
changer lesdits Reglemens , suivant le besoin et
l'exigence des conjectures.
•
XI. Le Royaume pourra tenir à Gênes un Sujet
avec le titre d'Orateur , qui sera de la Nation
même , tiré du nombre de ceux qui seront les
I iiij plus
1664 MERCURE DE FRANCE
plus propres à cet emploi , suivant les ordres que
nous donnerons dans son temps. Il sera du devoir
de l'Orateur de nous représenter , et au Magistrat
de Corse , les suppliques du Royaume ,
des Provinces et autres lieux , quand même elles
seroient en forme de plainte contre les Juges qui
seroient accusez de grever les Peuples dans l'administration
de la Justice Civile et Criminelle ,
ou de quelqu'autre maniere que ce soit. Et ledit
Orateur sera pendant le temps de sa Charge , reçu
par les Magistrats comme s'il avoit le
Noble , quoique peut - être ne le fût pas.
rang de
XII. Nous avons de tout temps employé tous
les moyens pour augmenter la culture des terres
incultes et abandonnéesde l'Ifle. Nous avons à
ce sujet , dépensé des sommes d'argent considerables
, offert des Privileges et d'autres avantages.
Nous n'avons pas eu moins d'application à faire
valoir le Commerce, et à mettre en honneur les
Arts Méchaniques ; c'est pourquoi pour satisfaire
notre empressement pour la prosperité da
Royaume et le profit des Peuples , nous ordonnons
que le Magistrat dudit Royaume élira tous
les trois ans trois Députez de la Nation , deux
par-çà et un par- delà les Monts , avec le titre de
Promoteurs des Arts et du Commerce , avec les
Privileges et les Exemptions que nous jugerons à
propos de leur accorder , avec obligation à eux
de veiller , et d'agir pour arriver à cette fin , et
avec liberté à eux de representer aux suprêmes
Commandans de l'Ile et au Magistrat , par le ca.
nal de l'Orateur , ou d'une autre maniere , les
moyens pratiquables pour parvenir au but qu'on
se propose , et pour executer ensuite les mesures
que nous , ou le Magistrat , aurons jugé â propos
de prendre.
XIII
JUILLET. 1733. 1665
XIII. Un des plus grands profits qui pourroient
enrichir les Peuples , seroit la Récolte d'une
plus grande quantité de Soye . C'est pourquoi
pour les y engager davantage et pour exciter
leur industrie à cet égard , nous les exemptons
pour 25 ans du payement de tous droits sur lesdites
Soyes qui se pourroient tirer du Royaume .
XIV. Nous pensions , depuis quelque temps ,
d'établir deux Charges de Capitaines pour les
Ports de Bastie et d'Ayaccio , sur la consideration
des avantages que nous en pourrions tirer
pour notre service public. Aujourd'hui nous
sommes déterminez à établir ces deux Charges
qui seront conferées par nous , avec les appointemens
que nous donnons à notre Capitaine de
Cavalerie, de Bastie.Nous voulons de plus que ces
deux postes de Capitaines pour ces deux Ports ,
soient donnez à des Sujets de Nation Corse , qui
pendant le cours de leur Charge , seront traitez'
comme les Nobles , quand d'ailleurs ils ne seroient
pas tirez du Corps de la Noblesse , et feront les '
fonctions dont nous jugerons à propos de les
charger , suivant l'exigence de notre service public.
XV. Dans tous les Lieux où résideront les
Gouverneurs , les Magistrats et les Juges , il doit
y avoir un Avocat des pauvres Prisonniers , qui
sera chargé de veiller et presser le Jugement de
leur Cause , avec la liberté à eux accordée d'avoir
, en cas de besoin , recours à nous ou au Magistrat
de Corse , par le moyen de l'Orateur , ou
autrement. Il sera ainsi du devoir du Noble , tiré.
des douze , d'assister et de proteger les Prisonniers
, et même de faire expedier les autres qui
ont recours à la Justice , quand ils sont pauvres.
X V I. Les douze Nobles de de- çà les Monts et
I v les
1666 MERCURE DE FRANCE
1
les six de de- là , pourront élire un Avocat dans
leur district , pour assister tous ceux qui sont
poursuivis par la Justice , et pour appuyer les ,
suppliques de ceux qui sont pauvres , contre les
injustices les Juges , des Officiers et des Ministres.
Ils pourront encore , pour tous les Lieux où il y,
a des Juges , députer un Avocat pour cette Jurisdiction
, qui sera chargé , comme cy - dessus , de
nous informer, ou le Magistrat de Corse, par le
canal de l'Orateur , des suppliques de ceux qui
auroient sujet de se plaindre de leurs Juges.
"
XVII . Enfin , comme le retour sincere que.
nous nous promettons de la part des Corses ,
nous a engagé à leur faire ressentir les effets de
notre modération , les Communautez , les Villes,
les Lieux ou les Particuliers qui ne se rendroient
pas au devoir de la soumission envers la Répu-,
blique , comme le doivent des Sujets obéissants,
et fidels , sont déchus tout-à -fair du pardon et,
de 1 Amnistie qui est accordée par ces Présentes,
et toutes les poursuites déja intentées contre eux,
revivront au profit de notre Fisc. , puisqu'ils se
rendront indignes par leur perséverance à désobéir
, de recevoir les preuves de la génereuse clémence
qui n'est que pour favoriser la démarche
légitime de ceux qui rentrent dans le devoir.
Procurateurs , &c. de la République de
Genes.
I. APRE's avoir manifesté aux Peuples de
notre Royaume de Corse , notre trèsgrande modération
et clémence , par le moyen d'une Amnistie
et d'un pardon general accordé à ceux qui
avoient encouru notre disgrace à l'occasion des
troubles passez , dans la vue de déclarer plus distinctement
notre volonté ferme et inviolable
non-seulement nous renouvellons et nous confirmons
l'Amnistie et le pardon general par nous
accordé , mais nous voulons de plus l'étendre er
P'appliquer à ceux qui , pour des fautes commises
auroient été citez et ensuite condamnez , tant
par contumace qu'autrement , jusqu'au mois
de juin de l'année 1732. inclusivement › sans
néanmoins y comprendre ceux qui auroient , depuis
ce temps-là,, commis de nouvelles fautes.
II.De plus dans la vue de consoler les Corses ,
et de nous préter à leurs supplications , nous
voulons bien leur remettre libéralement les dépenses
JUILLET. 1733. 1661
enses énormes que nous avons été obligez de
Faire pour rétablir la tranquillité et pour assurer
la prosperité de ce Royaume. Ensorte que les
Corses ne pourront jamais , à l'avenir , être molestez
, ni en géneral , ni en particulier , sur ce
sujet. Et pour effacer jusqu'au souvenir des troubles
passez , nous deffendons , sous peines trèsgriéves
, à toutes sortes de personnes de les inju
rier par des paroles ou d'une autre maniere , en
les traitant de Rebelles ou d'autres semblables expressions.
III. De tout temps nous avons donné aux
Corses des preuves de notre tendre affection jusqu'à
épuiser nos Finances pour la prosperité , la,
deffense et la conservation de ce Royaume. Cependant
, comme nous desirons de leur donner
une preuve nouvelle et genereuse de nos dispositions
favorables , nous leur remettons liberalement
à tous en general , à toutes les Villes , Communautez
et Lieux de cette Ifle , toutes dettes
dont ils pourroient nous rester redevables , tanti
pour les Tailles , que pour toutes les autres impo
sitions ordonnées pendant l'an 1732. et pour les
autres subsides en argent et en victuailles , qu'on
leur a fournies pendant les temps de disette ;
tellement que nous voulons que tous les comptes
passez pour les Tailles et subsides étant étéints,
on en commence de nouveaux depuis le frois de
Janvier de cette année courante , où seront ‘marquées
les dettes à venit desdits Corses.
IV . Pour entrer dans les desirs et les instances )
de ces Peuples , nous leur accordons la création
d'un Ordre de Noblesse natureile au Royaume
que nous donnerons pour cette premiere fois et
pour toutes les autres dans la suite , à des personnes
tirées des Familles du Royaume , que
I iij hous
162 MERCURE DE FRANCE
}
nous trouverons digne de ce degré , et qui après
les informations faites et vûes par nous , paroîtront
pourvûes des qualitez nécessaires pour soutenir
ce rang avec honneur.
V On aura pour ces Nobles les mêmes égards
qu'on a pour ceux qui sont tirez des Villes de
Terre-Ferme ; ils jouiront du titre de Magnifique
et du Privilege de se couvrir dans les Sérénissimes
Colleges de l'Etat et dans le Sénat Sérénissime
; ils seront aussi reçus à se couvrir en
présence des Magistrats et des Juges de la Répubique
, y compris les Gouverneurs Generaux et
les illustres Syndics,
V I. Le Livre où seront écrits les Nobles avec
leurs légitimes Descendans , sera conservé à Gé- ,
nes , entre les mains du Sérénissime Magistrat de
P'Ile de Corse , et un autre semblable à Bastie.
Les noms des Nobles seront écrits dans ce Livre
par le Chancelier dudit Magistrat et en sa présence
, et le même Chancelier fournira un Extrait
authentique du Livre de Génes , pour être ,
déposé à Bastie ; le susdit Magistrat établira encore
un Tarif modique pour les Inscriptions et
Extraits desdits Livres.
VII. Ce Noble jouira dans les lieux de la
résidence du Gouverneur de l'Ile , de la distinction
d'une Antichambre , où il ne sera pas permis
d'entrer à ceux qui ne seront pas dans le
rang des Nobles , ou du nombre des Juges et des
Magistrats du Royaume ou des Officiers de
guerre , jusqu'à l'Enseigne , inclusivement.
VIII. Comme notre principale attention
toajours été de conserver les loibles Coûtumes
et de favoriser tous les moyens propres à faire
fleurir la Religion et la pieté Chrétienne dans
l'Ile de Corse , à quoi la bonne vie des Ecclet
siastiques
JUILLET. 1922. 1563
siastiques contribue le plus , nous déclarons que
pour entretenir l'émulation nécessaire au Clergé,
pour s'avancer dans les 9ciences et dans la prati .
que des Canons , nous ne m ttrons aucun obsta
cle au concours des Esclesiastiques pour être élûs
à quelque Evêché de l'Ifle , à moins qu'ils ne nous
ayent donné des sujets de mécontentement ; et
afin que notre présent Decret ait toute la vigueur
qu'on peut desirer , nous révoquons tout autre
Decret qui seroit contraire .
IX. Dans cette vûe , afin que Sa Sainteté daigne
exaucer les instantes prieres des Peuples qui
demandent un Visiteur Apostolique , pour corriger
les abus et les désordres , et pour rétablir
la discipline Ecclesiastique dans les Diocèses
nous coopérerons volontiers à leurs desseins , sauf
certains égards que nous jugerons à propos de ne
pas perdre de vie , afin d'éviter que le Royaume
ne soit surchargé par le grand nombre de ces
visites , qui pourroient à la fin devenir onéreuses .
X. De- même toutes les fois qu'il arrivera que
Jes Peuples demanderont la permission de fonder
et de renter à leurs dépens un College dans les
Villes de l'Ifle , pour l'éducation et instruction
de la Jeunesse du Pays , dans les Sciences divines
et humaines , nous y donnerons volontiers les
mains , en appuyant leur déssein de notre autorité
et de notre protection , en le permettant et
même le favorisant , pourvû que la forme , les
reglemens et le régime de cè College soit par
nous approuvé , nous réservant la liberté de
changer lesdits Reglemens , suivant le besoin et
l'exigence des conjectures.
•
XI. Le Royaume pourra tenir à Gênes un Sujet
avec le titre d'Orateur , qui sera de la Nation
même , tiré du nombre de ceux qui seront les
I iiij plus
1664 MERCURE DE FRANCE
plus propres à cet emploi , suivant les ordres que
nous donnerons dans son temps. Il sera du devoir
de l'Orateur de nous représenter , et au Magistrat
de Corse , les suppliques du Royaume ,
des Provinces et autres lieux , quand même elles
seroient en forme de plainte contre les Juges qui
seroient accusez de grever les Peuples dans l'administration
de la Justice Civile et Criminelle ,
ou de quelqu'autre maniere que ce soit. Et ledit
Orateur sera pendant le temps de sa Charge , reçu
par les Magistrats comme s'il avoit le
Noble , quoique peut - être ne le fût pas.
rang de
XII. Nous avons de tout temps employé tous
les moyens pour augmenter la culture des terres
incultes et abandonnéesde l'Ifle. Nous avons à
ce sujet , dépensé des sommes d'argent considerables
, offert des Privileges et d'autres avantages.
Nous n'avons pas eu moins d'application à faire
valoir le Commerce, et à mettre en honneur les
Arts Méchaniques ; c'est pourquoi pour satisfaire
notre empressement pour la prosperité da
Royaume et le profit des Peuples , nous ordonnons
que le Magistrat dudit Royaume élira tous
les trois ans trois Députez de la Nation , deux
par-çà et un par- delà les Monts , avec le titre de
Promoteurs des Arts et du Commerce , avec les
Privileges et les Exemptions que nous jugerons à
propos de leur accorder , avec obligation à eux
de veiller , et d'agir pour arriver à cette fin , et
avec liberté à eux de representer aux suprêmes
Commandans de l'Ile et au Magistrat , par le ca.
nal de l'Orateur , ou d'une autre maniere , les
moyens pratiquables pour parvenir au but qu'on
se propose , et pour executer ensuite les mesures
que nous , ou le Magistrat , aurons jugé â propos
de prendre.
XIII
JUILLET. 1733. 1665
XIII. Un des plus grands profits qui pourroient
enrichir les Peuples , seroit la Récolte d'une
plus grande quantité de Soye . C'est pourquoi
pour les y engager davantage et pour exciter
leur industrie à cet égard , nous les exemptons
pour 25 ans du payement de tous droits sur lesdites
Soyes qui se pourroient tirer du Royaume .
XIV. Nous pensions , depuis quelque temps ,
d'établir deux Charges de Capitaines pour les
Ports de Bastie et d'Ayaccio , sur la consideration
des avantages que nous en pourrions tirer
pour notre service public. Aujourd'hui nous
sommes déterminez à établir ces deux Charges
qui seront conferées par nous , avec les appointemens
que nous donnons à notre Capitaine de
Cavalerie, de Bastie.Nous voulons de plus que ces
deux postes de Capitaines pour ces deux Ports ,
soient donnez à des Sujets de Nation Corse , qui
pendant le cours de leur Charge , seront traitez'
comme les Nobles , quand d'ailleurs ils ne seroient
pas tirez du Corps de la Noblesse , et feront les '
fonctions dont nous jugerons à propos de les
charger , suivant l'exigence de notre service public.
XV. Dans tous les Lieux où résideront les
Gouverneurs , les Magistrats et les Juges , il doit
y avoir un Avocat des pauvres Prisonniers , qui
sera chargé de veiller et presser le Jugement de
leur Cause , avec la liberté à eux accordée d'avoir
, en cas de besoin , recours à nous ou au Magistrat
de Corse , par le moyen de l'Orateur , ou
autrement. Il sera ainsi du devoir du Noble , tiré.
des douze , d'assister et de proteger les Prisonniers
, et même de faire expedier les autres qui
ont recours à la Justice , quand ils sont pauvres.
X V I. Les douze Nobles de de- çà les Monts et
I v les
1666 MERCURE DE FRANCE
1
les six de de- là , pourront élire un Avocat dans
leur district , pour assister tous ceux qui sont
poursuivis par la Justice , et pour appuyer les ,
suppliques de ceux qui sont pauvres , contre les
injustices les Juges , des Officiers et des Ministres.
Ils pourront encore , pour tous les Lieux où il y,
a des Juges , députer un Avocat pour cette Jurisdiction
, qui sera chargé , comme cy - dessus , de
nous informer, ou le Magistrat de Corse, par le
canal de l'Orateur , des suppliques de ceux qui
auroient sujet de se plaindre de leurs Juges.
"
XVII . Enfin , comme le retour sincere que.
nous nous promettons de la part des Corses ,
nous a engagé à leur faire ressentir les effets de
notre modération , les Communautez , les Villes,
les Lieux ou les Particuliers qui ne se rendroient
pas au devoir de la soumission envers la Répu-,
blique , comme le doivent des Sujets obéissants,
et fidels , sont déchus tout-à -fair du pardon et,
de 1 Amnistie qui est accordée par ces Présentes,
et toutes les poursuites déja intentées contre eux,
revivront au profit de notre Fisc. , puisqu'ils se
rendront indignes par leur perséverance à désobéir
, de recevoir les preuves de la génereuse clémence
qui n'est que pour favoriser la démarche
légitime de ceux qui rentrent dans le devoir.
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Résumé : LE DOGE, les Gouverneurs et les Procurateurs, &c. de la République de Genes.
Le document est un édit émanant du Doge, des Gouverneurs et des Procurateurs de la République de Gênes, adressé aux peuples du Royaume de Corse. Les points essentiels sont les suivants : L'édit annonce une amnistie générale et un pardon pour les Corses condamnés jusqu'en juin 1732, à l'exception de ceux ayant commis de nouvelles fautes. Les dépenses engagées pour rétablir la tranquillité et assurer la prospérité du Royaume sont remises, et les Corses ne seront plus inquiétés à ce sujet. Toutes les dettes des Corses, qu'elles soient pour les tailles, les impôts ou les subsides, sont également remises. Les comptes passés sont effacés et de nouveaux commencent en janvier 1733. Un Ordre de Noblesse est créé pour le Royaume, avec des privilèges spécifiques pour les nobles, qui pourront se couvrir en présence des magistrats et des juges. Un livre des nobles sera conservé à Gênes et à Bastia. Les ecclésiastiques pourront concourir pour les évêchés sans obstacle, sauf en cas de mécontentement. Un Visiteur Apostolique pourrait être demandé pour corriger les abus. Les peuples pourront fonder des collèges pour l'éducation de la jeunesse, avec l'approbation des règlements par les autorités. Le Royaume pourra avoir un Orateur à Gênes pour représenter les suppliques et les plaintes des peuples. Des promoteurs des arts et du commerce seront élus pour veiller à la prospérité du Royaume. Les peuples sont exemptés du paiement des droits sur la soie pour 25 ans. Deux charges de capitaines pour les ports de Bastia et d'Ajaccio seront établies et confiées à des sujets corses. Un avocat des pauvres prisonniers sera nommé pour veiller à leur jugement. Enfin, les communautés ou particuliers ne se soumettant pas à la République seront déchus de l'amnistie et les poursuites contre eux revivront.
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8
p. 207-209
« Le Duc de Biren est arrivé avec sa famille à Mittau, & y a fait son entrée [...] »
Début :
Le Duc de Biren est arrivé avec sa famille à Mittau, & y a fait son entrée [...]
Mots clefs :
Duc de Biren, Magistrat, Garde, Magistrats, Exécution militaire, Régence, Couronne, Troupes russes, Artillerie, Attaque, Lituanie, Noblesse, Armée, Assemblée
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le Duc de Biren est arrivé avec sa famille à Mittau, & y a fait son entrée [...] »
Le Duc de Biren eſt arrivé avec . La famille
""
20
208 MERCURE DE FRANCE.
•
•
à Mittau , & y a fait fon entrée folemnelle k
22 du mois dernier . Le Magiſtrat & les Gardes
de la Bourgeoifie , qui ont d'abord refuſé de
prêter fement de fidélité au nouveau Duc , y
'ont été contraints par des éxécutions militaires.
Le fieur Simolin a même fait menacer les Magiftrats
de les faire enlever. La nuit avant cette
entrée folemnelle , on avoit enlevé de l'arc de
triomphe érigé en 1759 pour l'hommage rendu
au Prince Charles comme Duc de Courlande ,
la Couronne Royale & Ducale de ce Prince , fes
armes & celles de la Couronne de Pologne ,
ainfi que les infcriptions qui avoient été gra
vées fur ce monument. Les Membres de la Régence
Ducale ont été fommés par un Officier
Ruffe envoyé par le fieur Simolin de reconnoître
& de fervir le Duc de Biren comme légitime Duc
de Courlande ; mais ils ont répondu qu'ils ne
pouvoient le faire ; fans manquet à la fidélité
qu'ils doivent au Roi & à la République comme
Seigneurs Suzerains de ces Duchés , & au double
ferment de Vaffaux & de Serviteurs qu'ils ont
prêté au Prince Charles leur légitime Duc. Le
Dimanche fuivant , les troupes Ruffes ont forcé
la porte de la Tribune Ducale dans la principale
Eglife Luthérienne de Mittau. Le Duc de Biren
s'y est rendu ; & le Sur-Intendant Luthérien a
été forcé de le haranguer en qualité de Souverain
du pays , & d'entonner le Te Deum , qui
a été chanté au bruit d'une décharge de l'artillerie
Ruffe. La Bourgeoisie a été forcée de nouveau
à illuminer fes maifons le foir. Mais tour cet appareil
& ces actes de violence n'ont pu ébranler
la fermeté du Prince Charles , qui perfifte à refter
dans fon Palais jufqu'à la dernière extrémité.
AVRIL. 1763. 209
Du 17 Février..
Des nouvelles de Lithuanie nous apprennent
que le fieur Zabielo , Grand Veneur de ce Duché
, préfidant à la Diétine qui s'eft affemblée le
de ce mois à Kowno pour l'élection des Députés
au Tribunal annuel de Lithuanie , a haran-.
gué la Nobleffe de ce diftrict , & lui a expoſé d'une
manière G pathétique fes droits & la fituation du.
Duc Charles , qu'il a déterminé tous les Gentilshommes
de ce canton , au nombre de près de
cinq cens , à marcher avec leur fuité à Mittau ,
qui n'eft qu'à deux petites journées de Kowno ,
pour y foutenir la caufe du fils de leur Roi , y
défendre fa perfonne , & fe joindre à la partie
de la Nobleffe Courlandoiſe qui lui eſt reſtée fidelle.
Toute cette troupe s'eft mife en marche le 8 ,
accompagnée de quelques Dragons de l'armée de
Lithuanie , & elle a du être rendue le lendemain
à Mittau. On ignore encore quel effet cet événement
aura produit parmi les Partifans du Duc
de Biren , & ce qui s'eft paffé dans l'affemblée
de la Nobleife qu'il avoit indiquée pour le ro..
""
20
208 MERCURE DE FRANCE.
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•
à Mittau , & y a fait fon entrée folemnelle k
22 du mois dernier . Le Magiſtrat & les Gardes
de la Bourgeoifie , qui ont d'abord refuſé de
prêter fement de fidélité au nouveau Duc , y
'ont été contraints par des éxécutions militaires.
Le fieur Simolin a même fait menacer les Magiftrats
de les faire enlever. La nuit avant cette
entrée folemnelle , on avoit enlevé de l'arc de
triomphe érigé en 1759 pour l'hommage rendu
au Prince Charles comme Duc de Courlande ,
la Couronne Royale & Ducale de ce Prince , fes
armes & celles de la Couronne de Pologne ,
ainfi que les infcriptions qui avoient été gra
vées fur ce monument. Les Membres de la Régence
Ducale ont été fommés par un Officier
Ruffe envoyé par le fieur Simolin de reconnoître
& de fervir le Duc de Biren comme légitime Duc
de Courlande ; mais ils ont répondu qu'ils ne
pouvoient le faire ; fans manquet à la fidélité
qu'ils doivent au Roi & à la République comme
Seigneurs Suzerains de ces Duchés , & au double
ferment de Vaffaux & de Serviteurs qu'ils ont
prêté au Prince Charles leur légitime Duc. Le
Dimanche fuivant , les troupes Ruffes ont forcé
la porte de la Tribune Ducale dans la principale
Eglife Luthérienne de Mittau. Le Duc de Biren
s'y est rendu ; & le Sur-Intendant Luthérien a
été forcé de le haranguer en qualité de Souverain
du pays , & d'entonner le Te Deum , qui
a été chanté au bruit d'une décharge de l'artillerie
Ruffe. La Bourgeoisie a été forcée de nouveau
à illuminer fes maifons le foir. Mais tour cet appareil
& ces actes de violence n'ont pu ébranler
la fermeté du Prince Charles , qui perfifte à refter
dans fon Palais jufqu'à la dernière extrémité.
AVRIL. 1763. 209
Du 17 Février..
Des nouvelles de Lithuanie nous apprennent
que le fieur Zabielo , Grand Veneur de ce Duché
, préfidant à la Diétine qui s'eft affemblée le
de ce mois à Kowno pour l'élection des Députés
au Tribunal annuel de Lithuanie , a haran-.
gué la Nobleffe de ce diftrict , & lui a expoſé d'une
manière G pathétique fes droits & la fituation du.
Duc Charles , qu'il a déterminé tous les Gentilshommes
de ce canton , au nombre de près de
cinq cens , à marcher avec leur fuité à Mittau ,
qui n'eft qu'à deux petites journées de Kowno ,
pour y foutenir la caufe du fils de leur Roi , y
défendre fa perfonne , & fe joindre à la partie
de la Nobleffe Courlandoiſe qui lui eſt reſtée fidelle.
Toute cette troupe s'eft mife en marche le 8 ,
accompagnée de quelques Dragons de l'armée de
Lithuanie , & elle a du être rendue le lendemain
à Mittau. On ignore encore quel effet cet événement
aura produit parmi les Partifans du Duc
de Biren , & ce qui s'eft paffé dans l'affemblée
de la Nobleife qu'il avoit indiquée pour le ro..
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Résumé : « Le Duc de Biren est arrivé avec sa famille à Mittau, & y a fait son entrée [...] »
Le Duc de Biren a fait une entrée solennelle à Mittau le 22 du mois dernier. Initialement, le magistrat et les gardes bourgeois avaient refusé de prêter serment de fidélité au nouveau duc, mais ils y ont été contraints par des exécutions militaires. La nuit précédant cette entrée, des éléments symboliques, tels que la couronne royale et ducale du Prince Charles, ont été enlevés d'un arc de triomphe. Les membres de la régence ducale ont refusé de reconnaître le Duc de Biren comme légitime duc de Courlande, invoquant leur fidélité au Roi et à la République. Les troupes russes ont forcé l'accès à la tribune ducale dans la principale église luthérienne de Mittau, où le Duc de Biren a été acclamé par le sur-intendant luthérien. Malgré ces actes de violence, le Prince Charles persiste à rester dans son palais. En Lituanie, le sieur Zabielo, Grand Veneur, a harangué la noblesse lors d'une diétine à Kowno, les incitant à soutenir le Duc Charles. Près de cinq cents gentilshommes se sont mis en marche vers Mittau pour défendre le Duc Charles, accompagnés de quelques dragons de l'armée de Lituanie.
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9
p. 206-210
MARIAGES.
Début :
Henri-Bernard, Marquis d'Espagne, Capitaine de Cavalerie, & premier [...]
Mots clefs :
Capitaine de cavalerie, Vicomte, Demoiselle, Bénédiction nuptiale, Marquis, Gouverneur, Comte, Maison de Cabalby, Mariage, Famille, Décès, Héritiers, Charles d'Espagne, Fêtes, Décorations, Lumières, Magistrat
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MARIAGES.
M A R I A G E S.
Henri-Bernard, Marquis d'Eſpagne, Capitaine
de Cavalerie, & premier Baron né des Etats de la
Vicomté de Nebouzan, a épouſé la nuit du 27 au
28 Décembre dernier, Demoiſelle Claire-Char
lotte de Cabalby, à S. Lézier, dans la Chapelle
Epiſcopale de M. l'Evêque de Couzerans, qui leur
a donné la Bénédiction nuptiale. M. le Maréchal
Duc de Richelieu avec la principale Nobleſſe de la
Province, avoit honoré ſon contrat de mariage
de ſa préſence. Le Marquis d'Eſpagne, ſeul de
ſon nom, eſt fils unique de feu Joſeph-André,
| Marquis d'Eſpagne, Gouverneur pour le Roi de
ladite Vicomté, & de Dame Françoiſe de l'ancien
ne & illuſtre Maiſon d'Orbeſſan.
Mademoiſelle de Cabalby eſt fille & héritière
d'Octavien de Cabalby, Baron d'Eſplas, Gouver
neur pour Sa Majeſté de la Ville & Vallée de Seix,
& Commandant ſous les ordres de M. le Maréchal
Duc de Richelieu dans ſa partie du Couzerans, &
de feue Dame Jeanne de Dupac. Le Marquis d'Eſ
pagne deſcend en ligne directe de Léon d'Eſpagne,
Prince ſorti du Sang Royal de Léon, portant
pour armes le Lion de gueule au champ d'argent,
Comte de Paillas, & Vicomte de Couzerans, qui
épouſa la fille unique du Seigneur de Monteſpan ;
& de leur mariage vint Roger I. d'Eſpagne ,
Seigneur de Monteſpan , Comte de Paillas, &
Vicomte de Couzerans , lequel épouſa Grize
de Riviere, fille unique & héritière du Seigneur
de Riviere, Seigneur de la Ville de Montrejan,
· & Baron de Borderes ; qui eut pour fils Ar
naud d'Eſpagne , premier de ce nom , Sel
·gneur de Monteſpan , Comte de Paillas, & Vi
M A I. 1764. 2o7
comte de Couzerans, quiépouſa Philippe de Foix,
fille de Roger-Bernard, ſixiéme de ce nom, &
huitiéme Comte de Foix , ſoeur d'Eſclarmonde de
Foix, Reine de Majorque ; qui eut pour fils Ar
naud II. d'Eſpagne, Seigneur de Monteſpan,
Comte de Paillas, & Vicomte de Couzerans, qui
épouſa Marquéſe de Benac ; & de leur mariage
ſortit Azemar d'Eſpagne, premier de ce nom,
qui épouſa Léonore de Vellere, héritière de la
Maiſon de Vellere en Eſpagne, & de leur mariage
ſortit Arnaud III d'Eſpagne, Seigneur de Monteſ
pan, Sénéchal & Gouverneur de Carcaſſonne,
qui épouſa Demoiſelle de la Barthe ; & de leur
mariage ſortit Roger II du nom, Seigneur de
Monteſpan, Chevalier de l'Ordre du Roi , ſon
Chambellan , Gouverneur & Sénéchal de Tou
louſe, Albigeois & Carcaſſonne, qui épouſa Claire
de Gramont ; d'où ſortit Roger III du nom, Sei
gneur de Monteſpan, Chevalier de l'Ordre du
Roi, qui épouſa Jacquette de Moleon , d'où ſortit
Matthieu I d'Eſpagne, Seigneur de Monteſpan,
qui épouſa Catherine de Foix, & de leur mariage
ſortit trois enfans mâles. Le premier Roger IV du
nom , le ſecond, Arnaud IV du nom, & le troi
ſiéme, Charles I d'Eſpagne, qui eut pour appana
ge la Baronie de§Roger IV, qui étoit
Chevalier des Ordres du Roi, mourut ſans poſté
rité. Arnaud IV d'Eſpagne, ſon frère, lui ſuccéda,
* qui épouſa Magdelaine Daure, fille de Geraud
Daure, Chevalier des Ordres du Roi , Baron de
Larbouſt ; & de leur mariage ſortit Roger V du
nom, Chevalier des Ordres du Roi , qui mourut
ſans poſtérité, & qui, malgré la ſubſtitution gra
duelle & perpétuelle établie depuis pluſieurs ſiécles
dans la Maiſon d'Eſpagne, fit paſſer, au préjudice
de ſon oncleCharles I d'Eſpagne, Baron de Rame
2C8 MERCURE DE FRANCE.
fort, tous les biens de la Branche aînée à ſa ſoeur
Paule d'Eſpagne, qui ſe maria dans la Maiſon de
Gondrin. Charles I d'Eſpagne continua la poſté
rité , & épouſa Marie d'Aſté, fille de Jean Daure,
Vicomte d'Aſté, & ſoeur de Manaut Daure, qui
épouſa Claire de Gramont. Lequel Charles I
d'Eſpagne eut pour fils Onofre d'Eſpagne , Baron
de Ramefort, qui étoit Colonel d'un Régiment
qui a ſervi avec beaucoup de diſtinction en Pro
-vence. Il épouſa Catherine de Saman de la Mai
ſon d'Eſtarac, d'où eſt ſorti Jean-Alexandre d'Eſ
, pagne,'qui avoit commencé à ſervir à douze ans ;
il fut bleſſé dans quatre ou cinq occaſions différen
tes, & fut tué ſur la brêche de la Ville de Lambeſc,
âgé de vingt-quatre ans, Capitaine aux Gardes ,
& un des plus valeureux Capitaines de ſon temps.
Le Roi lui avoit donné , entre autres récompenſes,
pour l'aider à ſe ſoutenir dans le ſervice ſelon ſa
qualité, le Marc-d'or dû à ſon Avènement à la
Couronne. Charles II d'Eſpagne ſon frère lui ſuc
céda, qui a ſervi avec beaucoup de diſtinction, &
fut Gouverneur de la Ville & Citadelle de Siſteron,
& Capitaine d'une Compagnie de cent Hommes
d'Armes. Il épouſa Jeanne de Saman de la même
Maiſon de ſa mère , d'où eſt ſorti Charles III
: d'Eſpagne , Baron de Ramefort , qui épouſa Mar
guerite de Saint-Paſtou ; d'où ſortit Melkior d'Eſ
, pagne, Baron de Ramefort , qui épouſa Françoiſe
: d'Orbeſſan , d'où eſt ſorti Charles IV d'Eſpagne,
qui a commencé ſes ſervices dans le Régiment de
Ségur , qui épouſa Marguerite de Sapte, d'où eſt
- ſorti Joſeph-André Marquis d'Eſpagne , Baron de
- Ramefort, Gouverneur & Sénéchal de la Vicomté
de Nebouzan , qui a ſervi long-temps dans les
Régimens de Dunois & d'Auvergne, ayant reçu
- des bleſſures conſidérables deſquelles il eſt mort 1
- M A I. 1764. 2og
s'étant rouvertes le 8 Octobre r7 59. Il avoit épou
ſé Françoiſe d'Orbeſſan, & a laiſſé, comme il a
été dit pour fils unique Henri-Bernard†
d'Eſpagne. Pluſieurs filles de cette Maiſon ſont
aliiées avec des Maiſons très-illuſtres du Royaume3
entr'autres avec celles de Noailles, de Puyſegur,
de Gondrin , d'Auſſun , de Narbonne & autres.
Différens Cadets de cette Maiſon ont ſervi dans
des grades ſupérieurs, & s'y ſont également diſ
tingués. D'autres qui ont pris l'Etat Eccléſiaſtique,
ont été Evêques de Cominges, Rieux & Leitoure,
Le Mariage de M. le Comte de Freſnay, Capi
taine au Régiment du Roi, avec Mlle l'Eſcalopier,
fille de M. l'Eſcalopier , Intendant de Tours, a été
célébré le premier de ce mois dans l'Egliſe de S.
Hilaire , Paroiſſe de cette Ville.
M. & Madame l'Eſcalopier ont reçu à cette oc
caſion les complimens de tous les Corps & Compa
† de la Ville, qui étoient dictés par l'eſtime &
e ſentiment. Mais le zèle public s'eſt encore plus
particulièrement ſignalé dans la Fête qui leur a été
donnée le Dimanche quatre de Mars, par les per
ſonnes les plus diſtinguées de la Nobleſſe, de la
Robe & du Commerce. Plus de quatre - vingt
Chefs de Familles repréſentant ces différens Etats,
ſe ſont réunis pour y contribuer. Elle a été célébrée
dans la Salle ordinaire du Spectacle, dont le Par
terre avoit été mis au niveau du Théâtre. Un
nombre conſidérable de luſtres, de girandoles &
de conſoles chargés de bougies ingénieuſementdiſ
poſées y jettoient une lumière éclatante, des guir
landes de fleurs entrelacées dans des ſujets allégo
riques à la Fête la caractériſoient.Une table en fer
à-cheval, garnie de cent cinquante couverts occu
- pés par autant de Dames galamment vêtues,en or
A
21o MERCURE DE FRANCE.
noient le contour. Sur les huit heures du ſolr elle
fut ſervie ſplendidement. Chaque Cavalier ſervoit
ſa Dame. Les premières & ſecondes Loges rem
plies de Spectateurs, formoient un coup-d'oeil
agréable. Les honneurs du repas ont été déférés à
M. l'Eſcalopier, premier Magiſtrat de la Provin
ce , & à ſa Famille, dont la ſanté a été célébrée
à pluſieurs repriſes au bruit des inſtrumens de
† Le ſouper a fini à onze heures, & a été
ivi d'un Bal où toutes les Dames de la Ville qui
n'avoient pu être du repas, ſe rendirent, les unes
en habits galans, les autres maſquées. S'il eſt dif
ficile d'expoſer au naturel le coloris de la joie, il
l'eſt encore plus de rendre le tableau touchant de
la tendreſſe & de la vénération publique, qui a fait
le principal ornement de cette Fête : Monument
flatteur & reſpectable de l'hommage dû aux vertus
d'un Magiſtrat auſſi diſtingué par ſa naiſſance que
par ſon affabilité, ſon amour pour le bien public,
& par toutes les qualités qui conſtituent eſſentiel
lement l'Homme d'Etat.
Henri-Bernard, Marquis d'Eſpagne, Capitaine
de Cavalerie, & premier Baron né des Etats de la
Vicomté de Nebouzan, a épouſé la nuit du 27 au
28 Décembre dernier, Demoiſelle Claire-Char
lotte de Cabalby, à S. Lézier, dans la Chapelle
Epiſcopale de M. l'Evêque de Couzerans, qui leur
a donné la Bénédiction nuptiale. M. le Maréchal
Duc de Richelieu avec la principale Nobleſſe de la
Province, avoit honoré ſon contrat de mariage
de ſa préſence. Le Marquis d'Eſpagne, ſeul de
ſon nom, eſt fils unique de feu Joſeph-André,
| Marquis d'Eſpagne, Gouverneur pour le Roi de
ladite Vicomté, & de Dame Françoiſe de l'ancien
ne & illuſtre Maiſon d'Orbeſſan.
Mademoiſelle de Cabalby eſt fille & héritière
d'Octavien de Cabalby, Baron d'Eſplas, Gouver
neur pour Sa Majeſté de la Ville & Vallée de Seix,
& Commandant ſous les ordres de M. le Maréchal
Duc de Richelieu dans ſa partie du Couzerans, &
de feue Dame Jeanne de Dupac. Le Marquis d'Eſ
pagne deſcend en ligne directe de Léon d'Eſpagne,
Prince ſorti du Sang Royal de Léon, portant
pour armes le Lion de gueule au champ d'argent,
Comte de Paillas, & Vicomte de Couzerans, qui
épouſa la fille unique du Seigneur de Monteſpan ;
& de leur mariage vint Roger I. d'Eſpagne ,
Seigneur de Monteſpan , Comte de Paillas, &
Vicomte de Couzerans , lequel épouſa Grize
de Riviere, fille unique & héritière du Seigneur
de Riviere, Seigneur de la Ville de Montrejan,
· & Baron de Borderes ; qui eut pour fils Ar
naud d'Eſpagne , premier de ce nom , Sel
·gneur de Monteſpan , Comte de Paillas, & Vi
M A I. 1764. 2o7
comte de Couzerans, quiépouſa Philippe de Foix,
fille de Roger-Bernard, ſixiéme de ce nom, &
huitiéme Comte de Foix , ſoeur d'Eſclarmonde de
Foix, Reine de Majorque ; qui eut pour fils Ar
naud II. d'Eſpagne, Seigneur de Monteſpan,
Comte de Paillas, & Vicomte de Couzerans, qui
épouſa Marquéſe de Benac ; & de leur mariage
ſortit Azemar d'Eſpagne, premier de ce nom,
qui épouſa Léonore de Vellere, héritière de la
Maiſon de Vellere en Eſpagne, & de leur mariage
ſortit Arnaud III d'Eſpagne, Seigneur de Monteſ
pan, Sénéchal & Gouverneur de Carcaſſonne,
qui épouſa Demoiſelle de la Barthe ; & de leur
mariage ſortit Roger II du nom, Seigneur de
Monteſpan, Chevalier de l'Ordre du Roi , ſon
Chambellan , Gouverneur & Sénéchal de Tou
louſe, Albigeois & Carcaſſonne, qui épouſa Claire
de Gramont ; d'où ſortit Roger III du nom, Sei
gneur de Monteſpan, Chevalier de l'Ordre du
Roi, qui épouſa Jacquette de Moleon , d'où ſortit
Matthieu I d'Eſpagne, Seigneur de Monteſpan,
qui épouſa Catherine de Foix, & de leur mariage
ſortit trois enfans mâles. Le premier Roger IV du
nom , le ſecond, Arnaud IV du nom, & le troi
ſiéme, Charles I d'Eſpagne, qui eut pour appana
ge la Baronie de§Roger IV, qui étoit
Chevalier des Ordres du Roi, mourut ſans poſté
rité. Arnaud IV d'Eſpagne, ſon frère, lui ſuccéda,
* qui épouſa Magdelaine Daure, fille de Geraud
Daure, Chevalier des Ordres du Roi , Baron de
Larbouſt ; & de leur mariage ſortit Roger V du
nom, Chevalier des Ordres du Roi , qui mourut
ſans poſtérité, & qui, malgré la ſubſtitution gra
duelle & perpétuelle établie depuis pluſieurs ſiécles
dans la Maiſon d'Eſpagne, fit paſſer, au préjudice
de ſon oncleCharles I d'Eſpagne, Baron de Rame
2C8 MERCURE DE FRANCE.
fort, tous les biens de la Branche aînée à ſa ſoeur
Paule d'Eſpagne, qui ſe maria dans la Maiſon de
Gondrin. Charles I d'Eſpagne continua la poſté
rité , & épouſa Marie d'Aſté, fille de Jean Daure,
Vicomte d'Aſté, & ſoeur de Manaut Daure, qui
épouſa Claire de Gramont. Lequel Charles I
d'Eſpagne eut pour fils Onofre d'Eſpagne , Baron
de Ramefort, qui étoit Colonel d'un Régiment
qui a ſervi avec beaucoup de diſtinction en Pro
-vence. Il épouſa Catherine de Saman de la Mai
ſon d'Eſtarac, d'où eſt ſorti Jean-Alexandre d'Eſ
, pagne,'qui avoit commencé à ſervir à douze ans ;
il fut bleſſé dans quatre ou cinq occaſions différen
tes, & fut tué ſur la brêche de la Ville de Lambeſc,
âgé de vingt-quatre ans, Capitaine aux Gardes ,
& un des plus valeureux Capitaines de ſon temps.
Le Roi lui avoit donné , entre autres récompenſes,
pour l'aider à ſe ſoutenir dans le ſervice ſelon ſa
qualité, le Marc-d'or dû à ſon Avènement à la
Couronne. Charles II d'Eſpagne ſon frère lui ſuc
céda, qui a ſervi avec beaucoup de diſtinction, &
fut Gouverneur de la Ville & Citadelle de Siſteron,
& Capitaine d'une Compagnie de cent Hommes
d'Armes. Il épouſa Jeanne de Saman de la même
Maiſon de ſa mère , d'où eſt ſorti Charles III
: d'Eſpagne , Baron de Ramefort , qui épouſa Mar
guerite de Saint-Paſtou ; d'où ſortit Melkior d'Eſ
, pagne, Baron de Ramefort , qui épouſa Françoiſe
: d'Orbeſſan , d'où eſt ſorti Charles IV d'Eſpagne,
qui a commencé ſes ſervices dans le Régiment de
Ségur , qui épouſa Marguerite de Sapte, d'où eſt
- ſorti Joſeph-André Marquis d'Eſpagne , Baron de
- Ramefort, Gouverneur & Sénéchal de la Vicomté
de Nebouzan , qui a ſervi long-temps dans les
Régimens de Dunois & d'Auvergne, ayant reçu
- des bleſſures conſidérables deſquelles il eſt mort 1
- M A I. 1764. 2og
s'étant rouvertes le 8 Octobre r7 59. Il avoit épou
ſé Françoiſe d'Orbeſſan, & a laiſſé, comme il a
été dit pour fils unique Henri-Bernard†
d'Eſpagne. Pluſieurs filles de cette Maiſon ſont
aliiées avec des Maiſons très-illuſtres du Royaume3
entr'autres avec celles de Noailles, de Puyſegur,
de Gondrin , d'Auſſun , de Narbonne & autres.
Différens Cadets de cette Maiſon ont ſervi dans
des grades ſupérieurs, & s'y ſont également diſ
tingués. D'autres qui ont pris l'Etat Eccléſiaſtique,
ont été Evêques de Cominges, Rieux & Leitoure,
Le Mariage de M. le Comte de Freſnay, Capi
taine au Régiment du Roi, avec Mlle l'Eſcalopier,
fille de M. l'Eſcalopier , Intendant de Tours, a été
célébré le premier de ce mois dans l'Egliſe de S.
Hilaire , Paroiſſe de cette Ville.
M. & Madame l'Eſcalopier ont reçu à cette oc
caſion les complimens de tous les Corps & Compa
† de la Ville, qui étoient dictés par l'eſtime &
e ſentiment. Mais le zèle public s'eſt encore plus
particulièrement ſignalé dans la Fête qui leur a été
donnée le Dimanche quatre de Mars, par les per
ſonnes les plus diſtinguées de la Nobleſſe, de la
Robe & du Commerce. Plus de quatre - vingt
Chefs de Familles repréſentant ces différens Etats,
ſe ſont réunis pour y contribuer. Elle a été célébrée
dans la Salle ordinaire du Spectacle, dont le Par
terre avoit été mis au niveau du Théâtre. Un
nombre conſidérable de luſtres, de girandoles &
de conſoles chargés de bougies ingénieuſementdiſ
poſées y jettoient une lumière éclatante, des guir
landes de fleurs entrelacées dans des ſujets allégo
riques à la Fête la caractériſoient.Une table en fer
à-cheval, garnie de cent cinquante couverts occu
- pés par autant de Dames galamment vêtues,en or
A
21o MERCURE DE FRANCE.
noient le contour. Sur les huit heures du ſolr elle
fut ſervie ſplendidement. Chaque Cavalier ſervoit
ſa Dame. Les premières & ſecondes Loges rem
plies de Spectateurs, formoient un coup-d'oeil
agréable. Les honneurs du repas ont été déférés à
M. l'Eſcalopier, premier Magiſtrat de la Provin
ce , & à ſa Famille, dont la ſanté a été célébrée
à pluſieurs repriſes au bruit des inſtrumens de
† Le ſouper a fini à onze heures, & a été
ivi d'un Bal où toutes les Dames de la Ville qui
n'avoient pu être du repas, ſe rendirent, les unes
en habits galans, les autres maſquées. S'il eſt dif
ficile d'expoſer au naturel le coloris de la joie, il
l'eſt encore plus de rendre le tableau touchant de
la tendreſſe & de la vénération publique, qui a fait
le principal ornement de cette Fête : Monument
flatteur & reſpectable de l'hommage dû aux vertus
d'un Magiſtrat auſſi diſtingué par ſa naiſſance que
par ſon affabilité, ſon amour pour le bien public,
& par toutes les qualités qui conſtituent eſſentiel
lement l'Homme d'Etat.
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Résumé : MARIAGES.
Le texte relate le mariage de Henri-Bernard, Marquis d'Espagne, Capitaine de Cavalerie et premier Baron né des États de la Vicomté de Nebouzan, avec Demoiselle Claire-Charlotte de Cabalby. La cérémonie s'est déroulée la nuit du 27 au 28 décembre dans la Chapelle Épiscopale de M. l'Évêque de Couzerans à Saint-Lézier. Le contrat de mariage a été honoré par la présence du Maréchal Duc de Richelieu et de la principale noblesse de la province. Henri-Bernard est le fils unique de feu Joseph-André, Marquis d'Espagne, Gouverneur pour le Roi de la Vicomté de Nebouzan, et de Dame Françoise de la Maison d'Orbessan. Claire-Charlotte est la fille et héritière d'Octavien de Cabalby, Baron d'Esplas, Gouverneur de la Ville et Vallée de Seix, et de feue Dame Jeanne de Dupac. Le Marquis d'Espagne descend en ligne directe de Léon d'Espagne, Prince du Sang Royal de Léon, portant pour armes le Lion de gueule au champ d'argent, Comte de Paillas et Vicomte de Couzerans. La lignée inclut plusieurs générations de seigneurs de Montespan, Comtes de Paillas et Vicomtes de Couzerans, avec des alliances notables telles que les Maisons de Foix, de Gramont, et de Vellere. La famille d'Espagne a également produit plusieurs membres distingués dans les armées et l'Église, avec des alliances avec des Maisons illustres comme Noailles, Puysegur, et Gondrin. Le texte mentionne également le mariage du Comte de Fresnay, Capitaine au Régiment du Roi, avec Mlle l'Escalopier, fille de M. l'Escalopier, Intendant de Tours. Cette cérémonie a eu lieu le 1er mars dans l'Église de Saint-Hilaire à Tours. La fête en leur honneur a réuni des personnes distinguées de la noblesse, de la robe et du commerce, avec une table de cent cinquante couverts et un bal masqué.
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