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1
p. 47-72
« Une fort aimable Marquise, qui valoit bien l'attachement entier [...] »
Début :
Une fort aimable Marquise, qui valoit bien l'attachement entier [...]
Mots clefs :
Cavalier, Amitié, Régal, Veuve, Fête, Musique, Billet, Avare, Conseiller, Amour, Jardin, Lettre
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texteReconnaissance textuelle : « Une fort aimable Marquise, qui valoit bien l'attachement entier [...] »
Une fort aimable Marquiſe,qui va- loit bien l'attachement entier
GALANT. 3:7
d'un honneſte,Homme, avoit
étably une amitié de confiance &d'eſtime avec un Cavalier qui la meritoit. Il joignoit àbeaucoup d'eſprit le don d'eſtre auffi galant qu'aucum
autre qui ait jamais eu de la complaifance pour le beau Sexe;&unedes conditions de
leur amitié fut qu'ils ne ſe cacheroient rien l'un à l'autre.
Cependant il eut du panchant
pour une jeune Veuve qui
qui avoit autant de naiſſance
que de merite , ce panchant approchoit un peu del'amour,
& il en fit miftere à la Mar- quiſe. La belle Veuvequiai- moit les Gens d'eſprit , n'eut
point de chagrin de ſes vifites ; tout ce qui flate plaît, il
luy ditdes douceurs , & elle
38 LE MERCURE ne crût pas avoir ſujet des'en gendarmer. Le Cavalier qui ſçavoit que les Femmes ſe laif- fent toucher par tout ce qui fe fait de bonne grace,ſe mon- tre empreſſfé à la divertir. Il la veut régaler , tâche à la tirer de chez elle , luy propoſed'a- greables parties , mais tout ce- la inutilement. LaBelle étoit
ſcrupuleuſe , elle haïfſoit l'é- clat ,&ne vouloit pointdon- ner àparler.Une de ſes Amies,
qui l'étoit auffi du Cavalier,
trouvamoyende concilier les
choſes. Elle convint qu'il em- prunteroit quelque Maiſon à
une lieuë de Paris , fans dire
pour qui, qu'il luy apporteroit un Billet portant ordre au Conciergede recevoir quatre Dames à l'exclufion de tous
GALANT. 39
3
autres(car la belle Veuve vou
loit des Témoins qui éloignaf- fent l'idée d'un Rendez-vous
trop particulier ) qu'il pren- droit ſes meſures pour le Ré- gal,& qu'il ne ſe ſcandalife- roit pas ſi onluyentémoignoir de la ſurpriſe, &même un peu de colere , felon que le cas échéeroit La Veuve étoit fie HÈQUE re,& ne fouffroit pas volont VOR
tiers qu on ſe mit en frais pour elle. Tout cela ſe faifoit fous
pretexte de promenade , &
elle ne devoit rien fçavoir de plus. Il n'en falloit pas dire davantage au Cavalier. Il'ari rêté le jour , envoye le Biller,
donne les ordres pour le Ré- gal;&afinde faire les choſes plus galamment , il ſe réſout à
ne s'y trouver que fur la fin
40 LE MERCURE
Cela luy donnoit lieu de def- avoüer qu'il fût l'Autheur de
la Feſte , & on ne l'auroit pas moins crû pour cela. Lejour choiſi arrive ; le Concierge avoit efté averty par ſon Maî- tre,de ne laifſfer entrer que les
quatreDamesqui luy montre- roient un Billet de ſa main.
Pour le Cavalier il avoit tout pouvoir, & dés lejour prece- dent il avoit diſposé ce qui eſtoit neceffaire à fondeſſein,
mais par malheur pour luy la belle Veuve ſe trouva cejour là même dans un engagement indiſpenſable de monter en Caroffe à dix heures du ma
tin,pour ne revenir qu'au foir.
Son Amie écrit promptement.
au Cavalier de remettre la
partie aulendemain , de faire
GALAN T. 41
changer le Billet d'entrée qu'on luy renvoye ( car le jour yeſtoit marqué ) & d'eſtre af- ſeuré qu'il n'y auroit plus de
changement. On donne la Lettre à un Laquais ; le La- quais perd la Lettre en la por- tant; &de peur d'eſtre batu,
il revient dire qu'il l'a donnée
au Portier,parce que le Cava- lier venoit de ſortir. La Veuve
&fon Amiepartent; leCava- lier va chez la Marquiſe. On l'y veut retenir à dîner,il s'excuſe ſur un embaras d'affaires
chagrinantes qu'il ne peut re- mettre, & il attend impatiem- ment que le ſoir arrive pour voir le fuccés de ſon Regal. Il eſt à peine forty,
que la Suivante de la Marqui- ſe vientdire en riant àſa Maîtreſſe , qu'elle avoit bien des
42 LE MERCURE
4
nouvelles à luy conter. Ces nouvelles eſtoient, qu'un Laquais marchoit devant elle dans la Ruë , qu'il avoit laiſſé tomberun Billet,qu'elle l'avoit ramaffé , que ce Billet s'adreffoit au Cavalier,& que le deffus eſtoit d'une écriture de
femme. La Marquiſe l'ouvre,
trouve l'ordre au Concierge de recevoir quatre Fem- mes ce jour là , &reconnoît ſeulement la main de celuy qui l'avoit écrit. C'eſtoit un Conſeiller d'un âge affez a- vancé , &en réputationd'u- ne avarice conſommée. Il
venoit quelquefois chez elle,
ſa Maiſon de Campagne luy eſtoit connue , & il ne reſtoit plus qu'à découvrir pour qui la partie ſe faifoit. Elle
GALANT.
43 refléchit fur le refus que le Cavalier luy avoit fait dedîner avec elle , fur les preſſantes affaires qui luy en avoient fer- vy d'excuſe, & rapportant ce- la auBillet perdu , elle ne dou- te point qu'on ne luy faſſe fi- neſſe de quelque Intrigue.L'é- clairciſſement ne luy en ſcau- roit rien coûter. Elle dîne
promptement,va prendretrois de ſes Amies , monte enCarroffe , fort de Paris , & les me- ne à la Maiſon du Conſeiller.
Onla refuſe ſur l'ordre reçeu de ne laiſſer entrer perſonne.
Elle ſoûrit , dit que l'ordre ne
doit pas eſtre pour elle , mon- tre le Billet ; grandes excuſes,
tout luy eſt ouvert, & le Con- cierge l'affure qu'il n'eſt là quepourluy obeïr. Ce début
44 LE MERCURE
contente aſſez la Marquiſe ,
elle entre dans le Jardin avec
ſes Amies, leur fait fairequel- ques tours d'Allée , & les ayant conviées às'aſſeoir dans un Cabinet de verdure ( car puis qu'on la laiſſoit maîtrefſe de la Maiſon , c'eſtoit à elle
àen faire les honneurs ) elles n'ont pas plûtôt pris pla- qu'elles entendent des Voix toutes charmantes foûtenuës de Theorbes & de
Claveſſins. La Marquiſe re- garde les Dames , elles ne ſçavent toutes que penſer , la reception eſt merveilleufe, &
ces préparatifs n'ont pas êté faits en vain. Apres que cet- te agreable Muſique a cef- sé , elles ſe levent & pren- nent une autre Allée qui ſe
ce,
GALAN Τ. 45
terminoit dansun petit Bois ;
elles yentrent. Autre divertiſſement. C'eſt un Concert
merveilleux de Muſetes , de
Flûtes douces , & de Hautbois. Cela va le mieux du
monde;mais il faut voir à quoy tout aboutira. Le plus grand étonnementdes Dames eſt de
ne voir perſone qui s'intéreſſe
à cette Feſte. Elles ſortent
du Jardin ; le Concierge qui les attend à la porte , les prie de vouloir entrer dans la Salle , & elles y trouvent une
Collation ſervie avec une
magnificence qui ne ſe peut exprimer. La Marquiſe qui avoit êté bien-aiſe de jouir des Hautbois&de la Muſique,uſe de quelque referve fur l'article dela Collatió.Elle dit qu'aſſu
46 LE MERCURE rément on ſe méprenoit , que tant d'apprêts n'avoient point eſté faits pout elle ; & on luy proteſte tant de fois qu'autre qu'elle n'entreroit das laMai- fon de tout lejour , qu'elle est obligée de ſe rendre. Quoy qu'elle ne doute point que cette mépriſe ne ſoit l'effet du Billet perdu , & qu'elle voye clairement que le Régal vient du Cavalier , qui com- me j'ay dit étoit fort galant ,
elle prie qu'au moins on luy apprenne à qui elle est obli gée d'une honneſteté ſi ſur+
prennante. Acela point d'au tre réponſe que de la prier de s'aſſeoir. Voila doncles Dames à table ; elles mangent toûjours à bon compte , au hazard de ce qui peut arriver;
GALANT. 47
e
4
& les Violons qui les viennent divertir pendant la Collation , font l'achevement de
la Feſte. Enfin le Cavalier arrive , on luy dit qu'il y a qua- tre Dames àtable. Il entend
les Violons,&n'ayant point à
douter que ce neſoit ſa belle Veuve,il ſe prépare à luy fai- re la guerre de la manierela plus enjoüée,de ce qu'elle luy a fait fineſſe du Régal qu'on luy donnoit. Il entre dans la Salle en criant , voila qui eft
bien honnefte , & n'a pas ache véce peu demots, que reconnoiffant la Marquiſe , il croit eſtre tombé des nuës , & ne
rien voir detout cequ'il voit.
LaMarquiſe l'obſerve.ſe cons firme dans ce qu'elle croit par le trouble où il eſt, &feignant
48 LE MERCURE de n'y rien penetrer ; que je fuis ravie de voir, luy dit-elle !
parquel privilege eſtes-vous icy ? car on n'y laiſſe entrer aujourd'huy perſonne. Venez , mettez- vous aupres de moy; Monfieur le Conſeiller qui me reçoit avec lamagni- ficence que vous voyez, vou- dra bien que je vous faſſe prendre part à la Feſte. Ces paroles jettent le Cavalier dans un embarras nouveau. Il
ne ſçait ſi le Coſeiller le jouë,
ou ſi c'eſt la Veuve qui luy fait piece; & ne pouvant de- viner par quelle avanture il trouve la Marquiſe dans un lieu où il ne l'attendoit pas, il tâche à luy cacher ſa ſurpriſe,
pour ne luy pas apprendre ce qu'elle peut ignorer ; maisila
beau
GALANT. 49
-
e
S
T
1
لا
1
1
F
a
1
beau ſe vouloir mettre de
bonne humeur , ſa gayeré pa- roît forcée , & la malicieuſe Marquiſe ſe fait un plaiſir merveilleux de ſon deſordre.
S'il reſve un moment,elle veut
qu'il ſoit jaloux de ce qu'un autre que luy la régale d'une maniere ſi galante , &luy dit plaiſamment qu'il faut quintel
ait de bons Eſpions , pour avoir aſté averty de tout fi à
point nommé. Il répond qu'à pres s'être tiré de ſon affaire chagrine qui n'alloit pas com- me il ſouhaitoit, il avoit appris qu'on luy avoit veu prendre la route de cette Maiſon où ils
s'eſtoient ſouvent promenez enſemble , qu'il l'y eſtoit ve- nu chercher , & qu'il avoit eu biende la peine à ſe faire Tom. 3 . C
50 LE MERCURE
ouvrir. La Marquiſe feint de
croire ce qu'il lui dit,&lui par- lãt àdemi bas, mais affez haut pour être entenduë des Dames , n'admirez- vous pas , lui dit-elle , ce que fait faire l'amour ? car il faut de neceſſité
que Monfieur le Conſeiller m'aime ſans me l'avoirosédire. Voyez de quelle maniere
il me fait recevoir chez luy.
Il eſt leplus avare de tous les
Hommes, &cependant il n'y a point de profufion pareille àla ſienne. Nous avons eſté
déja régaléesdans leJardinde Voix,de Hautbois,&de Concerts ; c'eſt une galanterie achevée,&je croy que je l'ai- meray s'il continuë. Le Cava- lier perdoit patience, & il fut tenté vingtfois des'expliquer,
GALAN T. 51
i
e
1.
es
e
é
e
-
e
dans la penſée que ſonſecret eſtoit découvert; mais il pouvoit ne l'eſtre pas , & c'eſtoit affez pour le retenir. Le jour s'abaiſſoit, on remonte en Carroffe. Le Cavalier prend pla- cedans celui de la Marquiſe,
qui le mene ſouper chez elle,
&ne le laiſſe ſortir qu'à mi- nuit. Ce n'eſtoit point aſſez,
la Piece pouvoit eſtre pouffée plus loin , & c'eſt à quoy la Marquiſe nemanque pas. Elle ſçait par le Billet perdu , que lesDames inconnues s'attendoient à eſtre régalées le len- demain. Elle fonge à mettre le Cavalier hors d'eſtat de s'éclaircir,&par conféquent de
t
fatisfaire les Belles. Elle luy envoye pour cela de fort bon matin deux de ſes Amis
Cij
52 LE MERCURE qui l'arreſtent, juſqu'à ce qu'- elle paſſe chez luy elle mé- me, &fait ſi bien, que malgré qu'il en ait, elle l'engage pour tout le reſte du jour. Ce n'eſt pas ſans plaiſanter plus d'une
:
fois ſur la prétenduë galante- rie du Conſeiller. Mais tandis que la Marquiſe ſe diver- tit agreablement; on s'ennuye chez la belle Veuve de n'avoir point de nouvelles du Cavalier. L'heure de la prome- nade ſe paſſant , on s'imagine qu'il s'eſt piqué de ce qu'on avoit remis la Partie , on le
traite de bizarre , & on prote- ſte fort qu'on ne luy donnera jamais lieu d'exercer ſa mé- chante humeur. Il rend viſite le lendemain , débute par quelque plainte ; & labelle
GALANT. 53
DE
LA
le
Veuve qui ne luy explique rien , ſe contente de luy ré- pondre fort froidement. Son
Amie plus impatiente querelle de les avoir fait at- tendre tout le jour ; la cho- ſe s'éclaircit , on fait venir
le Laquais. Le Laquais ſou- tient qu'il a donné le Billet à ſon Portier ; & alors le Cavalier ne doute plus qu'il n'ait été remis entre les mains de la Marquiſe , quoy qu'il ne ſcache comment. Il conjure la belle Veuve de choifir tel autrejour qu'il luy plai- ra , & il n'en peut rien obtenir. Il retourne chez la Marquiſe , qui luy demande s'il a fait ſa paix avec les Belles qu'il a manqué à régaler le jour precedent. Il ſe plaint de
Ciij
1
$4
54 LE MERCURE ſa maniere d'agir avec luy; el- lereproche le ſecret qu'il lui a
fait de ſes Intrigues contre les loix de leur amitié. Ils ſe ſeparent en grondant , & je croy qu'ils grondent encor preſentement. J'ay ſçeutou- tes les circonstances de l'Hiſtoire , d'un des plus parti- culiers Amis du Cavalier. La
Marquiſe veut qu'il lui nom- me la Dame pour qui ſe fai- foit la Feſte , & le Cavalier
veut eſtre difcret. Voila l'obſtacle du racommodement
GALANT. 3:7
d'un honneſte,Homme, avoit
étably une amitié de confiance &d'eſtime avec un Cavalier qui la meritoit. Il joignoit àbeaucoup d'eſprit le don d'eſtre auffi galant qu'aucum
autre qui ait jamais eu de la complaifance pour le beau Sexe;&unedes conditions de
leur amitié fut qu'ils ne ſe cacheroient rien l'un à l'autre.
Cependant il eut du panchant
pour une jeune Veuve qui
qui avoit autant de naiſſance
que de merite , ce panchant approchoit un peu del'amour,
& il en fit miftere à la Mar- quiſe. La belle Veuvequiai- moit les Gens d'eſprit , n'eut
point de chagrin de ſes vifites ; tout ce qui flate plaît, il
luy ditdes douceurs , & elle
38 LE MERCURE ne crût pas avoir ſujet des'en gendarmer. Le Cavalier qui ſçavoit que les Femmes ſe laif- fent toucher par tout ce qui fe fait de bonne grace,ſe mon- tre empreſſfé à la divertir. Il la veut régaler , tâche à la tirer de chez elle , luy propoſed'a- greables parties , mais tout ce- la inutilement. LaBelle étoit
ſcrupuleuſe , elle haïfſoit l'é- clat ,&ne vouloit pointdon- ner àparler.Une de ſes Amies,
qui l'étoit auffi du Cavalier,
trouvamoyende concilier les
choſes. Elle convint qu'il em- prunteroit quelque Maiſon à
une lieuë de Paris , fans dire
pour qui, qu'il luy apporteroit un Billet portant ordre au Conciergede recevoir quatre Dames à l'exclufion de tous
GALANT. 39
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autres(car la belle Veuve vou
loit des Témoins qui éloignaf- fent l'idée d'un Rendez-vous
trop particulier ) qu'il pren- droit ſes meſures pour le Ré- gal,& qu'il ne ſe ſcandalife- roit pas ſi onluyentémoignoir de la ſurpriſe, &même un peu de colere , felon que le cas échéeroit La Veuve étoit fie HÈQUE re,& ne fouffroit pas volont VOR
tiers qu on ſe mit en frais pour elle. Tout cela ſe faifoit fous
pretexte de promenade , &
elle ne devoit rien fçavoir de plus. Il n'en falloit pas dire davantage au Cavalier. Il'ari rêté le jour , envoye le Biller,
donne les ordres pour le Ré- gal;&afinde faire les choſes plus galamment , il ſe réſout à
ne s'y trouver que fur la fin
40 LE MERCURE
Cela luy donnoit lieu de def- avoüer qu'il fût l'Autheur de
la Feſte , & on ne l'auroit pas moins crû pour cela. Lejour choiſi arrive ; le Concierge avoit efté averty par ſon Maî- tre,de ne laifſfer entrer que les
quatreDamesqui luy montre- roient un Billet de ſa main.
Pour le Cavalier il avoit tout pouvoir, & dés lejour prece- dent il avoit diſposé ce qui eſtoit neceffaire à fondeſſein,
mais par malheur pour luy la belle Veuve ſe trouva cejour là même dans un engagement indiſpenſable de monter en Caroffe à dix heures du ma
tin,pour ne revenir qu'au foir.
Son Amie écrit promptement.
au Cavalier de remettre la
partie aulendemain , de faire
GALAN T. 41
changer le Billet d'entrée qu'on luy renvoye ( car le jour yeſtoit marqué ) & d'eſtre af- ſeuré qu'il n'y auroit plus de
changement. On donne la Lettre à un Laquais ; le La- quais perd la Lettre en la por- tant; &de peur d'eſtre batu,
il revient dire qu'il l'a donnée
au Portier,parce que le Cava- lier venoit de ſortir. La Veuve
&fon Amiepartent; leCava- lier va chez la Marquiſe. On l'y veut retenir à dîner,il s'excuſe ſur un embaras d'affaires
chagrinantes qu'il ne peut re- mettre, & il attend impatiem- ment que le ſoir arrive pour voir le fuccés de ſon Regal. Il eſt à peine forty,
que la Suivante de la Marqui- ſe vientdire en riant àſa Maîtreſſe , qu'elle avoit bien des
42 LE MERCURE
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nouvelles à luy conter. Ces nouvelles eſtoient, qu'un Laquais marchoit devant elle dans la Ruë , qu'il avoit laiſſé tomberun Billet,qu'elle l'avoit ramaffé , que ce Billet s'adreffoit au Cavalier,& que le deffus eſtoit d'une écriture de
femme. La Marquiſe l'ouvre,
trouve l'ordre au Concierge de recevoir quatre Fem- mes ce jour là , &reconnoît ſeulement la main de celuy qui l'avoit écrit. C'eſtoit un Conſeiller d'un âge affez a- vancé , &en réputationd'u- ne avarice conſommée. Il
venoit quelquefois chez elle,
ſa Maiſon de Campagne luy eſtoit connue , & il ne reſtoit plus qu'à découvrir pour qui la partie ſe faifoit. Elle
GALANT.
43 refléchit fur le refus que le Cavalier luy avoit fait dedîner avec elle , fur les preſſantes affaires qui luy en avoient fer- vy d'excuſe, & rapportant ce- la auBillet perdu , elle ne dou- te point qu'on ne luy faſſe fi- neſſe de quelque Intrigue.L'é- clairciſſement ne luy en ſcau- roit rien coûter. Elle dîne
promptement,va prendretrois de ſes Amies , monte enCarroffe , fort de Paris , & les me- ne à la Maiſon du Conſeiller.
Onla refuſe ſur l'ordre reçeu de ne laiſſer entrer perſonne.
Elle ſoûrit , dit que l'ordre ne
doit pas eſtre pour elle , mon- tre le Billet ; grandes excuſes,
tout luy eſt ouvert, & le Con- cierge l'affure qu'il n'eſt là quepourluy obeïr. Ce début
44 LE MERCURE
contente aſſez la Marquiſe ,
elle entre dans le Jardin avec
ſes Amies, leur fait fairequel- ques tours d'Allée , & les ayant conviées às'aſſeoir dans un Cabinet de verdure ( car puis qu'on la laiſſoit maîtrefſe de la Maiſon , c'eſtoit à elle
àen faire les honneurs ) elles n'ont pas plûtôt pris pla- qu'elles entendent des Voix toutes charmantes foûtenuës de Theorbes & de
Claveſſins. La Marquiſe re- garde les Dames , elles ne ſçavent toutes que penſer , la reception eſt merveilleufe, &
ces préparatifs n'ont pas êté faits en vain. Apres que cet- te agreable Muſique a cef- sé , elles ſe levent & pren- nent une autre Allée qui ſe
ce,
GALAN Τ. 45
terminoit dansun petit Bois ;
elles yentrent. Autre divertiſſement. C'eſt un Concert
merveilleux de Muſetes , de
Flûtes douces , & de Hautbois. Cela va le mieux du
monde;mais il faut voir à quoy tout aboutira. Le plus grand étonnementdes Dames eſt de
ne voir perſone qui s'intéreſſe
à cette Feſte. Elles ſortent
du Jardin ; le Concierge qui les attend à la porte , les prie de vouloir entrer dans la Salle , & elles y trouvent une
Collation ſervie avec une
magnificence qui ne ſe peut exprimer. La Marquiſe qui avoit êté bien-aiſe de jouir des Hautbois&de la Muſique,uſe de quelque referve fur l'article dela Collatió.Elle dit qu'aſſu
46 LE MERCURE rément on ſe méprenoit , que tant d'apprêts n'avoient point eſté faits pout elle ; & on luy proteſte tant de fois qu'autre qu'elle n'entreroit das laMai- fon de tout lejour , qu'elle est obligée de ſe rendre. Quoy qu'elle ne doute point que cette mépriſe ne ſoit l'effet du Billet perdu , & qu'elle voye clairement que le Régal vient du Cavalier , qui com- me j'ay dit étoit fort galant ,
elle prie qu'au moins on luy apprenne à qui elle est obli gée d'une honneſteté ſi ſur+
prennante. Acela point d'au tre réponſe que de la prier de s'aſſeoir. Voila doncles Dames à table ; elles mangent toûjours à bon compte , au hazard de ce qui peut arriver;
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& les Violons qui les viennent divertir pendant la Collation , font l'achevement de
la Feſte. Enfin le Cavalier arrive , on luy dit qu'il y a qua- tre Dames àtable. Il entend
les Violons,&n'ayant point à
douter que ce neſoit ſa belle Veuve,il ſe prépare à luy fai- re la guerre de la manierela plus enjoüée,de ce qu'elle luy a fait fineſſe du Régal qu'on luy donnoit. Il entre dans la Salle en criant , voila qui eft
bien honnefte , & n'a pas ache véce peu demots, que reconnoiffant la Marquiſe , il croit eſtre tombé des nuës , & ne
rien voir detout cequ'il voit.
LaMarquiſe l'obſerve.ſe cons firme dans ce qu'elle croit par le trouble où il eſt, &feignant
48 LE MERCURE de n'y rien penetrer ; que je fuis ravie de voir, luy dit-elle !
parquel privilege eſtes-vous icy ? car on n'y laiſſe entrer aujourd'huy perſonne. Venez , mettez- vous aupres de moy; Monfieur le Conſeiller qui me reçoit avec lamagni- ficence que vous voyez, vou- dra bien que je vous faſſe prendre part à la Feſte. Ces paroles jettent le Cavalier dans un embarras nouveau. Il
ne ſçait ſi le Coſeiller le jouë,
ou ſi c'eſt la Veuve qui luy fait piece; & ne pouvant de- viner par quelle avanture il trouve la Marquiſe dans un lieu où il ne l'attendoit pas, il tâche à luy cacher ſa ſurpriſe,
pour ne luy pas apprendre ce qu'elle peut ignorer ; maisila
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beau ſe vouloir mettre de
bonne humeur , ſa gayeré pa- roît forcée , & la malicieuſe Marquiſe ſe fait un plaiſir merveilleux de ſon deſordre.
S'il reſve un moment,elle veut
qu'il ſoit jaloux de ce qu'un autre que luy la régale d'une maniere ſi galante , &luy dit plaiſamment qu'il faut quintel
ait de bons Eſpions , pour avoir aſté averty de tout fi à
point nommé. Il répond qu'à pres s'être tiré de ſon affaire chagrine qui n'alloit pas com- me il ſouhaitoit, il avoit appris qu'on luy avoit veu prendre la route de cette Maiſon où ils
s'eſtoient ſouvent promenez enſemble , qu'il l'y eſtoit ve- nu chercher , & qu'il avoit eu biende la peine à ſe faire Tom. 3 . C
50 LE MERCURE
ouvrir. La Marquiſe feint de
croire ce qu'il lui dit,&lui par- lãt àdemi bas, mais affez haut pour être entenduë des Dames , n'admirez- vous pas , lui dit-elle , ce que fait faire l'amour ? car il faut de neceſſité
que Monfieur le Conſeiller m'aime ſans me l'avoirosédire. Voyez de quelle maniere
il me fait recevoir chez luy.
Il eſt leplus avare de tous les
Hommes, &cependant il n'y a point de profufion pareille àla ſienne. Nous avons eſté
déja régaléesdans leJardinde Voix,de Hautbois,&de Concerts ; c'eſt une galanterie achevée,&je croy que je l'ai- meray s'il continuë. Le Cava- lier perdoit patience, & il fut tenté vingtfois des'expliquer,
GALAN T. 51
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dans la penſée que ſonſecret eſtoit découvert; mais il pouvoit ne l'eſtre pas , & c'eſtoit affez pour le retenir. Le jour s'abaiſſoit, on remonte en Carroffe. Le Cavalier prend pla- cedans celui de la Marquiſe,
qui le mene ſouper chez elle,
&ne le laiſſe ſortir qu'à mi- nuit. Ce n'eſtoit point aſſez,
la Piece pouvoit eſtre pouffée plus loin , & c'eſt à quoy la Marquiſe nemanque pas. Elle ſçait par le Billet perdu , que lesDames inconnues s'attendoient à eſtre régalées le len- demain. Elle fonge à mettre le Cavalier hors d'eſtat de s'éclaircir,&par conféquent de
t
fatisfaire les Belles. Elle luy envoye pour cela de fort bon matin deux de ſes Amis
Cij
52 LE MERCURE qui l'arreſtent, juſqu'à ce qu'- elle paſſe chez luy elle mé- me, &fait ſi bien, que malgré qu'il en ait, elle l'engage pour tout le reſte du jour. Ce n'eſt pas ſans plaiſanter plus d'une
:
fois ſur la prétenduë galante- rie du Conſeiller. Mais tandis que la Marquiſe ſe diver- tit agreablement; on s'ennuye chez la belle Veuve de n'avoir point de nouvelles du Cavalier. L'heure de la prome- nade ſe paſſant , on s'imagine qu'il s'eſt piqué de ce qu'on avoit remis la Partie , on le
traite de bizarre , & on prote- ſte fort qu'on ne luy donnera jamais lieu d'exercer ſa mé- chante humeur. Il rend viſite le lendemain , débute par quelque plainte ; & labelle
GALANT. 53
DE
LA
le
Veuve qui ne luy explique rien , ſe contente de luy ré- pondre fort froidement. Son
Amie plus impatiente querelle de les avoir fait at- tendre tout le jour ; la cho- ſe s'éclaircit , on fait venir
le Laquais. Le Laquais ſou- tient qu'il a donné le Billet à ſon Portier ; & alors le Cavalier ne doute plus qu'il n'ait été remis entre les mains de la Marquiſe , quoy qu'il ne ſcache comment. Il conjure la belle Veuve de choifir tel autrejour qu'il luy plai- ra , & il n'en peut rien obtenir. Il retourne chez la Marquiſe , qui luy demande s'il a fait ſa paix avec les Belles qu'il a manqué à régaler le jour precedent. Il ſe plaint de
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54 LE MERCURE ſa maniere d'agir avec luy; el- lereproche le ſecret qu'il lui a
fait de ſes Intrigues contre les loix de leur amitié. Ils ſe ſeparent en grondant , & je croy qu'ils grondent encor preſentement. J'ay ſçeutou- tes les circonstances de l'Hiſtoire , d'un des plus parti- culiers Amis du Cavalier. La
Marquiſe veut qu'il lui nom- me la Dame pour qui ſe fai- foit la Feſte , & le Cavalier
veut eſtre difcret. Voila l'obſtacle du racommodement
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Résumé : « Une fort aimable Marquise, qui valoit bien l'attachement entier [...] »
Le texte relate l'histoire d'une Marquise et d'un Cavalier, amis proches ayant convenu de ne rien se cacher. Le Cavalier développe un penchant pour une jeune Veuve et l'invite à une fête sans révéler son identité. Une amie de la Veuve propose un plan pour organiser cette rencontre dans une maison louée à une lieue de Paris. Cependant, le jour de la fête, la Veuve est indisponible. Un laquais perd le billet d'invitation, qui est ramassé par la Marquise. Intriguée, elle découvre que le billet est destiné au Cavalier et organise une visite à la maison du Conseiller, propriétaire des lieux. Elle y trouve une fête préparée pour elle et ses amies. Le Cavalier, arrivant en retard, est surpris de voir la Marquise. Cette dernière, feignant l'ignorance, profite de la situation pour le taquiner. Le Cavalier, embarrassé, tente de cacher sa surprise. La Marquise l'invite à souper chez elle et l'empêche de voir la Veuve le lendemain. La Veuve, mécontente, refuse de revoir le Cavalier. La Marquise et le Cavalier se séparent en se disputant, chacun reprochant à l'autre de ne pas avoir respecté leur accord de transparence.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 191-193
Mort de Madame de Montauglan. [titre d'après la table]
Début :
Cette gloire dont nos Descendans heritent, est la plus forte [...]
Mots clefs :
Madame de Montauglan, Conseiller, Mari
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texteReconnaissance textuelle : Mort de Madame de Montauglan. [titre d'après la table]
Cettegloiredont nos - Deſcendans heritent , eſt la plus forte conſolation qui puiſſe les ſoulager dans degrandes pertes.
Cellede Madame de Montauglan a eſté fort ſenſible à ſes Amis. Elle eſt mortedepuis peu de jours , &n'a laiſſe qu'une
Fij
124 LE MERCVRE Fille âgée de fix ans , qu'on tient qui ſera un Party de plus de huit censmille livres. Elle eſtoit
Fille de Monfieur de la Barde
qui a eſté Ambaſſadeur en Suif- fe , &Sœur de M l'Abbé de la
Barde Conſeiller en la Cour, &
de Madame de Brion , dont le Mary eſt auſſi Confeiller. Feu M. le Comte fon Mary , vivant Conſeiller du Parlement , eſtoit
Fils de M'le Comte Seigneurde Montauglan & deGermonvil- le , qui eft mort Conſeiller de laGrandChambre, apres s'eſtre allié dans la Maiſon deM. Bou- langer , ancienne Famille de la Robe , Mrs le Comte ontauſſi eu alliance dans la Maiſon de Longueval , tres-ancienne &confi- dérable enPicardie, &dans cel le deRupierre , qui ne l'eſt pas moins en Normandie.
Cellede Madame de Montauglan a eſté fort ſenſible à ſes Amis. Elle eſt mortedepuis peu de jours , &n'a laiſſe qu'une
Fij
124 LE MERCVRE Fille âgée de fix ans , qu'on tient qui ſera un Party de plus de huit censmille livres. Elle eſtoit
Fille de Monfieur de la Barde
qui a eſté Ambaſſadeur en Suif- fe , &Sœur de M l'Abbé de la
Barde Conſeiller en la Cour, &
de Madame de Brion , dont le Mary eſt auſſi Confeiller. Feu M. le Comte fon Mary , vivant Conſeiller du Parlement , eſtoit
Fils de M'le Comte Seigneurde Montauglan & deGermonvil- le , qui eft mort Conſeiller de laGrandChambre, apres s'eſtre allié dans la Maiſon deM. Bou- langer , ancienne Famille de la Robe , Mrs le Comte ontauſſi eu alliance dans la Maiſon de Longueval , tres-ancienne &confi- dérable enPicardie, &dans cel le deRupierre , qui ne l'eſt pas moins en Normandie.
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Résumé : Mort de Madame de Montauglan. [titre d'après la table]
Madame de Montauglan est décédée, laissant une fille de six ans et une fortune de plus de huit cent mille livres. Elle était la fille de Monsieur de la Barde, ancien ambassadeur en Suède, et la sœur de l'abbé de la Barde et de Madame de Brion. Son mari, le défunt Comte de Montauglan, était conseiller au Parlement. Les Comtes de Montauglan sont alliés aux familles Boulanger, Longueval et Rupierre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 16-40
Histoire de Roüen. [titre d'après la table]
Début :
Il faudroit n'estre pas Homme pour n'en point avoir [...]
Mots clefs :
Rouen, Chevalier, Mort, Maîtresse, Surprise, Château, Conseiller, Amour, Procès, Fantôme, Abbé, Ombre, Mariages
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Histoire de Roüen. [titre d'après la table]
Il faudroit n'eſtre
pas Homme pour n'en point avoir ; mais elle a quelquefois des effets bien dangereux , &
vous l'allez voir par ce qui eft arrivé depuis peu de temps à
une aimable Heritiere d'une des
meilleures Familles de Roüen.
Elle avoit pris de la tendreſſe
pour un jeune Chevalier qui
GALANT. 1.3
Laimoit avec paffion. Soit pour la naiſſance , foit pour le bien,
ils eſtoient aſſez le fait l'un de
l'autre; & comme l'Amour s'en
meſloit , il n'auroit pas eſté dif- ficile au Chevalier de ſe rendre
heureux, fi l'employ qu'il avoit à l'Armée ne l'euft obligé d'at- tendre à demander. l'agrément de ſes Parens au retour de la
Campagne , qu'il ne ſe pouvoit diſpenſer de faire. Il ſervoit en Allemagne fous Monfieur le Mareſchal de Créquy , &ayant eſté commandé dans une oсcaſion où nous perdîmes quel- que monde, il fut compte au nombre des Morts, La nouvelle
s'en répandit dans la Province.
Elle vint aux oreilles de laDemoifelle qui en fut inconfolable.
Elle pleura , foûpira, parla con- tinuellement de ſes bonnes qua
14 LE MERCVRE
litez , & ſe le mit ſi fortement dans l'eſprit, qu'elle croyoit le voir paroiſtre devant elle à tous
momens. Pour divertir un peu ſa douleur , on l'envoya chez une Dame de ſes Parentes qui avoit un Chaſteau au Païs de
Caux. C'eſtoitune Veuve d'un
eſprit fort agreable , &qui ayant encorde la jeuneffe & de la beauté , attiroit chez elle tout ce qu'il y avoit d'honneſtes Gens
dansſon voiſinage. LabelleAf- Aigée ytrouva quelquefoulage- ment à ſes déplaiſirs , elle n'en pût oublier la cauſe , &elle ſe déroboit tous les jours pour ve- nir reſver ſolitairement dans le
Jardin à la perte qu'elle avoit faite. Cependant le Chevalier n'eſtoit pas ſi bienmort, qu'il ne fit connoiſtre preſque auffi-toft qu'il avoit encor part àla vie.On
GALAN T. 15 viſita ſes bleſſures. Elles furent
trouvées dangereuſes , mais non pas de telle forte qu'il n'en puſt guerir. On en prit ſoin , &il fut eneſtat de quiter l'Armée dans
le temps que les Troupes entroient en Quartier d'Hyver. II
revient en Normandie. Grande
joye pour ſes Amis qui l'ont pleuré mort. Il s'informe de ſa Maiſtreſſe. On luy apprend où elle eft, &à quelles extremitez ſa douleur l'avoit portée. Son amour redouble par la connoif- fancequ'onluydonne deſes dé- plaiſirs. Il meurt d'impatience de la revoir , &luy veut porter luy-meſme la nouvelle de ſon retour à la vie. Comme il s'en
connoiſt fortement aimé , il ſe
faitunejoyeſenſiblede l'agrea- ble ſurpriſe que ſa veuëluy doit caufer,& fans la faire tirer de
16 LE MERCVRE
l'erreur où le bruit de ſa fauffe
mort l'a miſe , il part de Roüen avec un Confeiller &un Abbé
de ſes Amis. Aucun d'eux ne
connoiſſoit la Dame chez qui elle eſtoit , &ceła faciliteledeffein qu'ils ont de faire paſſer pour une rencontre du hazard ce qui est une occafion recher- chée. Il pouvoiteſtre onze heu- res du foir. Ils arriventau Chaſteau , feignent d'ignorer à qui il eft , le demandent au Portier
qui leur vient ouvrir; &ſur ſa -réponſe , ils le prient de fairedi- re àla Dame , qu'un Conſeiller duParlementqui s'eſt égaré en allant à Dieppe , la ſupplie de luy vouloir donner une Cham- bre à luy & à deuxde ſes Amis,
..poury attendre le jour. La Dame avoit un Procés ,& le cre
dit d'un Conſeiller qui peut ou
GALANT. I17 eſtre fon Juge , ou folliciter pour elle , luy paroiſt un ſecours en- voyéduCiel. Elle leur fait faire excuſe de ce qu'eſtant déja coit- chée,elle est contrainte d'attendre juſqu'au lendemain à les voir. Cependant les ordres ſe donnent , & on n'oublie rien
pourles recevoir obligeamment.
La nuit ſe paffe. Ils demandent à quelle heure ils pourront re- mercier la Dame de ſes bontez..
On leur répond qu'elle s'habil- le; &pendant ce temps,le Con feiller & l'Abbé defcendent à
l'Ecurie pour ſçavoir ſi on a en ſoinde leurs Chevaux. Le Chevalier qui ne fonge qu'à fon amour , obferve la ſituationdes
lieux qui font habitez , & ayant pris garde qu'ils donnent fur le Jardin , il y entre dans l'eſperan- ce que faMaiſtreſſe paroiſtra à
18 LE MERCVRE
4
quelque feneftre. Iln'y apas fait trente pas qu'il lavoit fortird'u- ne Allée couverte. Elley eftoit venuë comme elle avoit accouſtumé de le faire tous les matins,&dans ce momentelle effuyoit quelques larmes qu'elle avoit encor données au ſouvenirde ſa mort. Il s'avance. Elle
l'apperçoit ; &comme elle en avoit l'imagination toute rem- plie , elle le prend pour fon Phantoſme, fait des cris épou- vantables , & s'enfuit vers une
Salle qu'elle avoit laiſſée ouver- te. Il court apres elle pour taf- cher de l'arreſter , mais fa diligence eſt vaine. Elle redouble fes cris , & a plûtoſt fermé la Porte qu'il ne l'a pû joindre.
Cette action est remarquée d'un Domeſtique qui entroit dans le
Jardin. Il enva donneravis àla
GALANT. 19
Dame. Elle deſcend dans la
Salle , trouve ſa belle Parente
- évanoüie; & comme elle estoit
Heritiere , & qu'on avoit déja fait courir le bruit de quelque projet pour l'enlever , elle ne doute point qu'on n'ait voulu enveniràl'execution ,&que ce qu'on luy eſt venu dire le jour precedent du Conſeiller égaré,
n'ait efté un artifice pour don- ner une entrée aux Raviſſeurs.
Tout la confirme dans cette
croyance. On a ven courir un
Homme apres la Demoiselle quine s'en eſt ſauvée qu'en s'en- fermant , & on la trouve évanoüie de frayeurs. Ses deux A- mis qui s'arreſtent à voir leurs
Chevaux , femblent avoir eu deſſein de ſe tenir preſts à fuir quand il ſeroit venu à bout de
fon entrepriſe , & il n'y a rien
-
20 LE MERCVRE
I
autre choſe àpenſer de ce qui s'eſt fait. Tandis qu'on prend foin de la belle Evanoüie , la
Dame envoye chercher du Se- cours , fait armer ſes Gens , &
enmoins de rien vingt. Hom- mes , avec des Moufquetons &
des Halebardes vont àl'Ecurie,
oùle Chevalier eſtoit venu ren
de compte à ſes deuxAmísde la rencontre qu'ilavoit faite. Ils font ſurpris de ſe voir coucher enjouë,&d'entendre dire qu'il n'y a pointde quartier pour eux s'ils neſe laiſſent conduire dans
-un Cabinet grillé oùla Dame a
-donnéordre qu'on les enferme.
Ils ont beau demander la cauſe
de l'infulte qu'on leur fait , & fe
plaindre du peu dereſpect qu'on apourunConſeiller.Ce nomde
Conſeiller qui avoit fait de ſi
grands effets quand ils arrive-
GALANT. 21
rent,n'eſt plus d'aucune confi- deration ,&ils font à peine dans leCabineroù cette Troupe mu- tine les garde , que la Dame leur vient dire qu'apres les avoir fait recevoir chez elle de la maniere la plus obligeante , elle n'auroit jamais creu qu'ils euf- ſent voulu luy faire l'outrage dont elle prétend reparation. Le Conſeiller prend la parole , &
s'eſtant plaint ſans trop d'ai- greur de la violence qu'on luy a
faite , il adjoûte qu'il ne voit pas de quel mauvais deſſein on a pû le tenir ſuſpect , quand il vient avecunAbbé dont le caractere le doit faire croire incapable d'y preſter la main. La Dame répond que la partie ef- toit bien- faite , &qu'on ne vou- loit pas aller loin ſans mettre les choſes en estat deſe pacifier par
22 LE MERCVRE
le Mariage. Cette réponſe &
quelques autres paroles luy font comprendre qu'on les ſoupçon- nede n'eſtre venusau Chaſteau
quepour enlever ſa Parente. Le Chevalier qui ne devine point pourquoy on leurimpute cedef- fein ſur la frayeur qu'il ſçait que ſa veuë a cauſée àſaMaiſtreſſe,
dit qu'il eſt vray qu'une Demoi- ſelle a pris la fuite toute effrayée de l'avoir trouvé dans le Jardin,
mais qu'on la luy faſſe voir , &
qu'il eſt fort aſſuré qu'elle ne le reconnoiſtra point pour un Ra- viſſeur. Il conjure la Dame avee tant d'inſtance de luy accorder cette grace , qu'elle les quitte pour aller ſçavoir ſi ſa Parente eſt enestatde venir.Elle la trouve revenuë de fon Evanoüiffement , mais ſi interdite de ce
qu'elle a veu , quele troublede
GALANT. 23
ſon ameparoiſt encorpeintdans ſes regards. Cette belle Perſon- ne la prévient , &d'abord qu'el- le lavoit entrer elle luy dit qu'el- le ne ſçait comme elle eſt de- meurée vivante apres quel'Om- bre du Chevalier qu'elle a tant aimé luy eſt apparuë. LaDame perfuadéeque la frayeur qu'elle a euë de la pourſuite d'un Ra- viſſeur afait égarer ſa raiſon , la prie dela fuivre , &l'affurequ'- elle luy fera faire entiere ſatis- faction de l'injure qu'elle a re- çeuë. Elle entre dans leCabinet ſans ſçavoir pourquoyſa prefen- ce yeft neceſſaire , & elle n'a pas plûtoſt jetté les yeux fur leChe- valier qu'elle pouffe de nouveaux cris , & retombe preſque dans le meſme eſtat d'où elle
vientd'eſtre retirée. LeChevaliers'approche, & ſe plaint d'u-
,
24 LE MERCVRE
ne maniere fi tendredu malheur
qu'il a de ne pouvoir paroiſtre devat elle fans l'éfrayer,qu'enfin quoy qu'avec beaucoupde pei- ne , elle trouve affez de voix
pourluydemanders'il peuteſtre vray qu'il ne ſoit pas mort. Il répond qu'il ne ſçait ſi elle a
donné un ordre abſolu de le tuer à ceux qui l'ont amené dans le Cabinet avecdes Halebardes &
des Mousquetons , mais que fi elle veut bien conſentir qu'il vi- ve , il vivra tout à elle comme il
a fait juſque là , &toûjours dans les ſentimens paſſionnez qu'elle ne condamnoit pas avant qu'il la quittât pour l'Armée. Il n'en fallut pas davantage pour faire connoiſtre àla Dame ce qu'elle n'avoit pû démeſler d'abord. Ju- gez de ſa ſurpriſe. Elle entend nommerle Chevalier, & voyantla
GALANT. 25 joye éclater ſur le viſage de ſa Parente , elle tombe dans une
confufion dont elle ne fort que par les choſes agreables que le Conſeiller commence à luydire fur cettemépriſe. Elle luy en fait mille excuſes , &ſe ſertpource- la de termes ſi obligeans , que commeelle eſtoit tres-bien faite
de ſa perſonne, le Conſeiller s'en laiſſe toucher. Elle le prie de re- mettre ſon Voyage de Dieppe,
& de demeurer quelques jours chez elle pour luy donner lieu dereparer ce que fon inconfide- rée précipitation luy avoit fait faire d'injuſte. Outre que c'ef- toit ce que le Conſeiller avoit pretendu , il trouvoit tant d'ef- prit & d'agrément dans l'aima- ble Veuve , qu'il ne fut pas fa- ché de faire pour elle ce qu'un commencement d'amour luy
Tome IX. B
26 LE MERCVRE
faiſoit déja ſecrettement ſouhai- ter. Il paſſa donctrois ou quatre jours dans le Chaſteau , & l'en- tretiende cette aimable Perſonne eurde fi doux charmes pour luy, qu'iln'yparoiffoit pasmoins attaché que le Chevalier l'eſtoit àrenouveller àſa Maiſtreſſe les
proteſtations du plus tendre amour. L'Abbé s'aperçeut de l'engagement que le Confeiller prenoit pour la Dame ; & com- me il ne pouvoitſemettredela converfation d'aucun coſté fans
troubler un teſte-a-teſte , il leur dit enfin en riant qu'il s'ennu- yoit d'eſtre ſans employ , tandis qu'il les voyoit tousquatre ff agreablement occupez. Je ne ſçay ſi cet avis donna lieu au Conſeillerde s'expliquer ſerien- ſement , mais l'intelligence con- tinua ,les affaires ſe conclurent,
GALAINT.
27 & l'Abbé fut appellé quelque temps apres pour la Ceremonie des deux Mariages. Le grand oüy qu'il a fait prononcer à ces quatresAmans, les amisdans un eftat fi heureux , quepourl'en récompenfer il luy ſouhaitent tous les jours une Mitre
pas Homme pour n'en point avoir ; mais elle a quelquefois des effets bien dangereux , &
vous l'allez voir par ce qui eft arrivé depuis peu de temps à
une aimable Heritiere d'une des
meilleures Familles de Roüen.
Elle avoit pris de la tendreſſe
pour un jeune Chevalier qui
GALANT. 1.3
Laimoit avec paffion. Soit pour la naiſſance , foit pour le bien,
ils eſtoient aſſez le fait l'un de
l'autre; & comme l'Amour s'en
meſloit , il n'auroit pas eſté dif- ficile au Chevalier de ſe rendre
heureux, fi l'employ qu'il avoit à l'Armée ne l'euft obligé d'at- tendre à demander. l'agrément de ſes Parens au retour de la
Campagne , qu'il ne ſe pouvoit diſpenſer de faire. Il ſervoit en Allemagne fous Monfieur le Mareſchal de Créquy , &ayant eſté commandé dans une oсcaſion où nous perdîmes quel- que monde, il fut compte au nombre des Morts, La nouvelle
s'en répandit dans la Province.
Elle vint aux oreilles de laDemoifelle qui en fut inconfolable.
Elle pleura , foûpira, parla con- tinuellement de ſes bonnes qua
14 LE MERCVRE
litez , & ſe le mit ſi fortement dans l'eſprit, qu'elle croyoit le voir paroiſtre devant elle à tous
momens. Pour divertir un peu ſa douleur , on l'envoya chez une Dame de ſes Parentes qui avoit un Chaſteau au Païs de
Caux. C'eſtoitune Veuve d'un
eſprit fort agreable , &qui ayant encorde la jeuneffe & de la beauté , attiroit chez elle tout ce qu'il y avoit d'honneſtes Gens
dansſon voiſinage. LabelleAf- Aigée ytrouva quelquefoulage- ment à ſes déplaiſirs , elle n'en pût oublier la cauſe , &elle ſe déroboit tous les jours pour ve- nir reſver ſolitairement dans le
Jardin à la perte qu'elle avoit faite. Cependant le Chevalier n'eſtoit pas ſi bienmort, qu'il ne fit connoiſtre preſque auffi-toft qu'il avoit encor part àla vie.On
GALAN T. 15 viſita ſes bleſſures. Elles furent
trouvées dangereuſes , mais non pas de telle forte qu'il n'en puſt guerir. On en prit ſoin , &il fut eneſtat de quiter l'Armée dans
le temps que les Troupes entroient en Quartier d'Hyver. II
revient en Normandie. Grande
joye pour ſes Amis qui l'ont pleuré mort. Il s'informe de ſa Maiſtreſſe. On luy apprend où elle eft, &à quelles extremitez ſa douleur l'avoit portée. Son amour redouble par la connoif- fancequ'onluydonne deſes dé- plaiſirs. Il meurt d'impatience de la revoir , &luy veut porter luy-meſme la nouvelle de ſon retour à la vie. Comme il s'en
connoiſt fortement aimé , il ſe
faitunejoyeſenſiblede l'agrea- ble ſurpriſe que ſa veuëluy doit caufer,& fans la faire tirer de
16 LE MERCVRE
l'erreur où le bruit de ſa fauffe
mort l'a miſe , il part de Roüen avec un Confeiller &un Abbé
de ſes Amis. Aucun d'eux ne
connoiſſoit la Dame chez qui elle eſtoit , &ceła faciliteledeffein qu'ils ont de faire paſſer pour une rencontre du hazard ce qui est une occafion recher- chée. Il pouvoiteſtre onze heu- res du foir. Ils arriventau Chaſteau , feignent d'ignorer à qui il eft , le demandent au Portier
qui leur vient ouvrir; &ſur ſa -réponſe , ils le prient de fairedi- re àla Dame , qu'un Conſeiller duParlementqui s'eſt égaré en allant à Dieppe , la ſupplie de luy vouloir donner une Cham- bre à luy & à deuxde ſes Amis,
..poury attendre le jour. La Dame avoit un Procés ,& le cre
dit d'un Conſeiller qui peut ou
GALANT. I17 eſtre fon Juge , ou folliciter pour elle , luy paroiſt un ſecours en- voyéduCiel. Elle leur fait faire excuſe de ce qu'eſtant déja coit- chée,elle est contrainte d'attendre juſqu'au lendemain à les voir. Cependant les ordres ſe donnent , & on n'oublie rien
pourles recevoir obligeamment.
La nuit ſe paffe. Ils demandent à quelle heure ils pourront re- mercier la Dame de ſes bontez..
On leur répond qu'elle s'habil- le; &pendant ce temps,le Con feiller & l'Abbé defcendent à
l'Ecurie pour ſçavoir ſi on a en ſoinde leurs Chevaux. Le Chevalier qui ne fonge qu'à fon amour , obferve la ſituationdes
lieux qui font habitez , & ayant pris garde qu'ils donnent fur le Jardin , il y entre dans l'eſperan- ce que faMaiſtreſſe paroiſtra à
18 LE MERCVRE
4
quelque feneftre. Iln'y apas fait trente pas qu'il lavoit fortird'u- ne Allée couverte. Elley eftoit venuë comme elle avoit accouſtumé de le faire tous les matins,&dans ce momentelle effuyoit quelques larmes qu'elle avoit encor données au ſouvenirde ſa mort. Il s'avance. Elle
l'apperçoit ; &comme elle en avoit l'imagination toute rem- plie , elle le prend pour fon Phantoſme, fait des cris épou- vantables , & s'enfuit vers une
Salle qu'elle avoit laiſſée ouver- te. Il court apres elle pour taf- cher de l'arreſter , mais fa diligence eſt vaine. Elle redouble fes cris , & a plûtoſt fermé la Porte qu'il ne l'a pû joindre.
Cette action est remarquée d'un Domeſtique qui entroit dans le
Jardin. Il enva donneravis àla
GALANT. 19
Dame. Elle deſcend dans la
Salle , trouve ſa belle Parente
- évanoüie; & comme elle estoit
Heritiere , & qu'on avoit déja fait courir le bruit de quelque projet pour l'enlever , elle ne doute point qu'on n'ait voulu enveniràl'execution ,&que ce qu'on luy eſt venu dire le jour precedent du Conſeiller égaré,
n'ait efté un artifice pour don- ner une entrée aux Raviſſeurs.
Tout la confirme dans cette
croyance. On a ven courir un
Homme apres la Demoiselle quine s'en eſt ſauvée qu'en s'en- fermant , & on la trouve évanoüie de frayeurs. Ses deux A- mis qui s'arreſtent à voir leurs
Chevaux , femblent avoir eu deſſein de ſe tenir preſts à fuir quand il ſeroit venu à bout de
fon entrepriſe , & il n'y a rien
-
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autre choſe àpenſer de ce qui s'eſt fait. Tandis qu'on prend foin de la belle Evanoüie , la
Dame envoye chercher du Se- cours , fait armer ſes Gens , &
enmoins de rien vingt. Hom- mes , avec des Moufquetons &
des Halebardes vont àl'Ecurie,
oùle Chevalier eſtoit venu ren
de compte à ſes deuxAmísde la rencontre qu'ilavoit faite. Ils font ſurpris de ſe voir coucher enjouë,&d'entendre dire qu'il n'y a pointde quartier pour eux s'ils neſe laiſſent conduire dans
-un Cabinet grillé oùla Dame a
-donnéordre qu'on les enferme.
Ils ont beau demander la cauſe
de l'infulte qu'on leur fait , & fe
plaindre du peu dereſpect qu'on apourunConſeiller.Ce nomde
Conſeiller qui avoit fait de ſi
grands effets quand ils arrive-
GALANT. 21
rent,n'eſt plus d'aucune confi- deration ,&ils font à peine dans leCabineroù cette Troupe mu- tine les garde , que la Dame leur vient dire qu'apres les avoir fait recevoir chez elle de la maniere la plus obligeante , elle n'auroit jamais creu qu'ils euf- ſent voulu luy faire l'outrage dont elle prétend reparation. Le Conſeiller prend la parole , &
s'eſtant plaint ſans trop d'ai- greur de la violence qu'on luy a
faite , il adjoûte qu'il ne voit pas de quel mauvais deſſein on a pû le tenir ſuſpect , quand il vient avecunAbbé dont le caractere le doit faire croire incapable d'y preſter la main. La Dame répond que la partie ef- toit bien- faite , &qu'on ne vou- loit pas aller loin ſans mettre les choſes en estat deſe pacifier par
22 LE MERCVRE
le Mariage. Cette réponſe &
quelques autres paroles luy font comprendre qu'on les ſoupçon- nede n'eſtre venusau Chaſteau
quepour enlever ſa Parente. Le Chevalier qui ne devine point pourquoy on leurimpute cedef- fein ſur la frayeur qu'il ſçait que ſa veuë a cauſée àſaMaiſtreſſe,
dit qu'il eſt vray qu'une Demoi- ſelle a pris la fuite toute effrayée de l'avoir trouvé dans le Jardin,
mais qu'on la luy faſſe voir , &
qu'il eſt fort aſſuré qu'elle ne le reconnoiſtra point pour un Ra- viſſeur. Il conjure la Dame avee tant d'inſtance de luy accorder cette grace , qu'elle les quitte pour aller ſçavoir ſi ſa Parente eſt enestatde venir.Elle la trouve revenuë de fon Evanoüiffement , mais ſi interdite de ce
qu'elle a veu , quele troublede
GALANT. 23
ſon ameparoiſt encorpeintdans ſes regards. Cette belle Perſon- ne la prévient , &d'abord qu'el- le lavoit entrer elle luy dit qu'el- le ne ſçait comme elle eſt de- meurée vivante apres quel'Om- bre du Chevalier qu'elle a tant aimé luy eſt apparuë. LaDame perfuadéeque la frayeur qu'elle a euë de la pourſuite d'un Ra- viſſeur afait égarer ſa raiſon , la prie dela fuivre , &l'affurequ'- elle luy fera faire entiere ſatis- faction de l'injure qu'elle a re- çeuë. Elle entre dans leCabinet ſans ſçavoir pourquoyſa prefen- ce yeft neceſſaire , & elle n'a pas plûtoſt jetté les yeux fur leChe- valier qu'elle pouffe de nouveaux cris , & retombe preſque dans le meſme eſtat d'où elle
vientd'eſtre retirée. LeChevaliers'approche, & ſe plaint d'u-
,
24 LE MERCVRE
ne maniere fi tendredu malheur
qu'il a de ne pouvoir paroiſtre devat elle fans l'éfrayer,qu'enfin quoy qu'avec beaucoupde pei- ne , elle trouve affez de voix
pourluydemanders'il peuteſtre vray qu'il ne ſoit pas mort. Il répond qu'il ne ſçait ſi elle a
donné un ordre abſolu de le tuer à ceux qui l'ont amené dans le Cabinet avecdes Halebardes &
des Mousquetons , mais que fi elle veut bien conſentir qu'il vi- ve , il vivra tout à elle comme il
a fait juſque là , &toûjours dans les ſentimens paſſionnez qu'elle ne condamnoit pas avant qu'il la quittât pour l'Armée. Il n'en fallut pas davantage pour faire connoiſtre àla Dame ce qu'elle n'avoit pû démeſler d'abord. Ju- gez de ſa ſurpriſe. Elle entend nommerle Chevalier, & voyantla
GALANT. 25 joye éclater ſur le viſage de ſa Parente , elle tombe dans une
confufion dont elle ne fort que par les choſes agreables que le Conſeiller commence à luydire fur cettemépriſe. Elle luy en fait mille excuſes , &ſe ſertpource- la de termes ſi obligeans , que commeelle eſtoit tres-bien faite
de ſa perſonne, le Conſeiller s'en laiſſe toucher. Elle le prie de re- mettre ſon Voyage de Dieppe,
& de demeurer quelques jours chez elle pour luy donner lieu dereparer ce que fon inconfide- rée précipitation luy avoit fait faire d'injuſte. Outre que c'ef- toit ce que le Conſeiller avoit pretendu , il trouvoit tant d'ef- prit & d'agrément dans l'aima- ble Veuve , qu'il ne fut pas fa- ché de faire pour elle ce qu'un commencement d'amour luy
Tome IX. B
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faiſoit déja ſecrettement ſouhai- ter. Il paſſa donctrois ou quatre jours dans le Chaſteau , & l'en- tretiende cette aimable Perſonne eurde fi doux charmes pour luy, qu'iln'yparoiffoit pasmoins attaché que le Chevalier l'eſtoit àrenouveller àſa Maiſtreſſe les
proteſtations du plus tendre amour. L'Abbé s'aperçeut de l'engagement que le Confeiller prenoit pour la Dame ; & com- me il ne pouvoitſemettredela converfation d'aucun coſté fans
troubler un teſte-a-teſte , il leur dit enfin en riant qu'il s'ennu- yoit d'eſtre ſans employ , tandis qu'il les voyoit tousquatre ff agreablement occupez. Je ne ſçay ſi cet avis donna lieu au Conſeillerde s'expliquer ſerien- ſement , mais l'intelligence con- tinua ,les affaires ſe conclurent,
GALAINT.
27 & l'Abbé fut appellé quelque temps apres pour la Ceremonie des deux Mariages. Le grand oüy qu'il a fait prononcer à ces quatresAmans, les amisdans un eftat fi heureux , quepourl'en récompenfer il luy ſouhaitent tous les jours une Mitre
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Résumé : Histoire de Roüen. [titre d'après la table]
Le texte relate l'histoire d'une jeune héritière de Rouen qui sombre dans le désespoir après avoir appris la mort de son amant, un jeune chevalier. Pour la distraire, on l'envoie chez une parente veuve, réputée pour son esprit agréable et sa beauté, qui attire de nombreuses personnes honorables. Malgré les efforts pour la divertir, la jeune femme continue de pleurer la perte de son amant. Cependant, le chevalier n'est pas mort et, après avoir guéri de ses blessures, il revient en Normandie. Apprenant la douleur de sa maîtresse, il décide de lui annoncer son retour en personne. Accompagné d'un conseiller et d'un abbé, il se rend au château de la parente, se faisant passer pour un conseiller égaré. La dame, pensant qu'il s'agit d'un ravisseur, les enferme après que la jeune femme, en voyant le chevalier, s'évanouit de frayeur. Le chevalier explique la situation, et la dame, comprenant la méprise, s'excuse. La jeune femme, revenue à elle, reconnaît son amant et se réjouit. Le conseiller, charmé par la veuve, décide de rester et finit par se marier avec elle. L'abbé, témoin de la situation, suggère une solution qui aboutit à deux mariages. Par ailleurs, le texte mentionne une cérémonie organisée par une personne pour quatre amoureux, qui prononcent des vœux. Ces amoureux se trouvent dans un état de bonheur extrême. En guise de récompense pour cet acte, ils expriment chaque jour le souhait que cette personne obtienne une mitre, un couvre-chef ecclésiastique symbolisant une haute dignité religieuse.
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4
p. 253-254
Mort de M. de Miramion. [titre d'après la table]
Début :
Mr de Miramion est mort presque dans le mesme temps. [...]
Mots clefs :
Monsieur de Miramion, Conseiller
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texteReconnaissance textuelle : Mort de M. de Miramion. [titre d'après la table]
Monfieur de Miramion eſt
mort preſque dans le meſme temps. On l'appelloit Sevinde Miramion. Il eſtoit de ces
Sevins qui font d'une des plus anciennes & des meilleures
Maiſons dela Robe. LaCharge de Confeiller du Grand Conſeil qu'il aexercée vingt-unan,
luy avoit acquis la réputation d'un tres - bon & tres - juſte Juge , & il n'eſtoit pas moins aimé de ſa Compagnie , qu'- eſtimé de tous ceux dont il
avoit cu les affaires entre les
mains.
mort preſque dans le meſme temps. On l'appelloit Sevinde Miramion. Il eſtoit de ces
Sevins qui font d'une des plus anciennes & des meilleures
Maiſons dela Robe. LaCharge de Confeiller du Grand Conſeil qu'il aexercée vingt-unan,
luy avoit acquis la réputation d'un tres - bon & tres - juſte Juge , & il n'eſtoit pas moins aimé de ſa Compagnie , qu'- eſtimé de tous ceux dont il
avoit cu les affaires entre les
mains.
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5
p. 148-149
Mort de M. de Nointel, [titre d'après la table]
Début :
Messire François Olier de Nointel est mort icy sur la [...]
Mots clefs :
Messire, Décès, Parlement, Conseiller, Ambassadeur, Constantinople
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Mort de M. de Nointel, [titre d'après la table]
Meffire François Olier de
Nointel eſt mort icy ſur la
fin du dernier mois. Il avoit
eſte Confeiller au Parlement
de Paris , & Ambaſſadeur ,
GALANT. 149
pour Sa Majesté à Conſtantinople.
Nointel eſt mort icy ſur la
fin du dernier mois. Il avoit
eſte Confeiller au Parlement
de Paris , & Ambaſſadeur ,
GALANT. 149
pour Sa Majesté à Conſtantinople.
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6
p. 60-66
Morts, [titre d'après la table]
Début :
Il y a eu depuis peu de temps plusieurs Morts considérables, [...]
Mots clefs :
Seigneur, Parlement, Madame, Duchesse, Capitaine, Maisons, Décès, Conseiller, Monsieur de Manicamp
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Morts, [titre d'après la table]
Il y a eu depuis peu de temps
plufieurs Morts confidérables ,
dont voicy les noms .
Meffire lean Louis l'Etang de
Fromentieres , Evefque d'Aire.
Il eftoit d'une illuftre Maifon du
Maine , & digne de l'Epifcopat ,
par fa naiffance , par fa vertu , &
par fon érudition. Vous fçavez ,
Madame , qu'il avoit prefché
>
dans les meilleures Chaires de
Paris,& à la Cour, avec de grands
applaudiffement , & que le fuccés
qu'il Y avoit eu luy avoit
acquis le nom d'un des plus
grands Prédicateurs qu'on euft
entendus. Il eft mort dans fom
Diocéfe.
GALANT. 61
Monfieur de Manicamp . II
eftoit Frere de Madame la Maréchale
Ducheffe d'Eftrées , Fils
de Charles de Longueval , Seigneur
de Manicamp , Meftre de
Camp du Regiment de Normandie
, & Maréchal des Camps &
Armées du Roy , & Petit- fils de
Phillippe de Longueval , Seigneur
de Manicamp, & d'Ifabeau
de Tou . La Maifon de Longueval
, qui eft divifée en plufieurs
Branches , qui font celles de Buquoy
, Tenelles , Anaucourt ,
Creffy , & Manicamp , eft une
des plus anciennes & des plus
illuftres de Picardie. Elle a commencé
à paroiftre il y a quatre ou
cinq fiécles. Plufieurs Seigneurs
de ce nom ont efté à la Terre
Sainte, où ils ont fait des actions
mémorables . Quelques - uns fe
font diftinguez à des Batailles ,
62 MERCURE
comme à celles de Courtra , & ·
d'Azincourt . L'un d'eux qui étoit
Gouverneur de Luxembourg,en
foûtint le Siege en 1643. & fut
fait enfuite Gouverneur , Lieutenant
Genéral en Champagne.
Dela Branche de Buquoy , étoit
ce grand Capitaine le Comte de
Buquoy , qui fit tant de belles
chofes fous Charles- Quint dans
les Païs- Bas . Cette Branche de
Buquoy eft celebre en France ,
& fort attachée aux Princes du
Païs Bas Espagnol . La Maifon
de Longueval porte pour Armes ,
Bande de verd & de gueule de
fix pièces , & a pris Alliance dans
celles de Montmorency , Beaumart
, Auxis , Melun , Divion ,
Mailly, Lamdas , Flandres , Comte
, Eftourmel , Aumale , Mifcocq
, Vignancourt , Etrées ,
Bourbon , Maridor & autres
GALANT. 63
Monfieur de Manicamp eft mortavec
beaucoup de réfignation , &
apres avoir reçeu tous les Sacremens.
Meffire Jacques Defpériers ,
Preftre , Docteur en Theologie ,
de la Maiſon & Societé de Sor
bonne , mort le 28. du dernier
mois. Il eftoit Profeffeur du Roy
aux Ecoles de la méme Maiſon
de Sorbonne , & Principal du
Collège de Lifieux . Il a enfeigné
long temps la Philofophie , & l'on
s'empreffoit à faire fon Cours
fous luy.
>
Meffire Jacques Charton ;
Preftre Docteur en Theolo
gie , de la maifon & Societé de
Sorbonne , mort le premier jour
de cette année . Il eftoit Chanoine
& Grand Pénitentier de l'Eglife
de Paris. Monfieur l'Archevefque
a donné fa Chanoinie à
Monfieur l'Abbé Robert , Fils
64 MERCURE
d'un fameux Avocat , & Frere
de Monfieur Robert , Procureur
du Roy au Châtelet . Ie ne vous
dis point , Madame , que Mon-
Geur Robert , demeuré feul
Procureur du Roy , eft fage , intelligent
, & fort eftimé de Sa
Majefté , & dans fa Compagnie,
Ce font des chofes que tout le
monde connoift .
Meffire Louis de Faure , Baron
de Dampmard , Seigneur de
Puifieux , de Brumiers , & de Clamare
en partie , mort le 8. de ce
mois , âgé de foixante & douze
ans. Il eftoit de la Grand'Chambre
, & avoit efté receu Confeiller
au Parlement de Paris le 11.
May 1640. apres l'avoir efté au
Parlement de Grenoble. Meffire
lean de Faure , fon Pere , Seigneur
de Brumiers & d'Orme ,
eftoit Fils d'un autre lean de FauGALANT.
65
re , Secretaire du Roy , & proche
Parent de Meffieurs de Bezons
, Perrot , Malo , Doujat ,
Philippes de Gilly , Tronçon ,
Cognard , tous Confeillers au
parlement , & allié de Meffieurs
de Seve , Boulanger , Gobelin ,
Clapiffon , & de plufieurs autres
des premieres Familles de la Robe
. Monfieur de Faure, qui vient
de mourir , a laiffé cinq Enfans ,
trois Fils , & deux Filles & beaucoup
de Bien. Ses Armes font
fix Couronnes d'argent en champ de
gueules , qui traverſent l'Ecu
trois Cornets d'or en champ d'azur
, trois Grenades rouges auffi
en champ d'azur , un Chevron
d'or rompu , & une Couronne de
Baron au deffus, Monfieur de
Flos eft monté à la Grand'Chambre
en la place de Monfieur
Faure .
66 MERCURE
Jacques Pouffet, Ecuyer , Sieur
de Montaubau , mort le 16. de ce
mois . Il eftoit ancien Avocat au
Parlement , où il avoit paru avec
éclat , & ancien Echevin de Paris.
Son heureux génie ne l'avoit pas
feulement fait diftinguer dans les
chofes du Barreau , mais encore
dans ce qui regarde le Theatre.
Nous avons de luy plufieursTragédies
, qui ont efté reçues tresfavorablement
du Public .
On fait des Hyvers comme des
Printemps . En voicy un d'un
habile Maiftre . Les paroles font
de Monfieur Diéreville .
plufieurs Morts confidérables ,
dont voicy les noms .
Meffire lean Louis l'Etang de
Fromentieres , Evefque d'Aire.
Il eftoit d'une illuftre Maifon du
Maine , & digne de l'Epifcopat ,
par fa naiffance , par fa vertu , &
par fon érudition. Vous fçavez ,
Madame , qu'il avoit prefché
>
dans les meilleures Chaires de
Paris,& à la Cour, avec de grands
applaudiffement , & que le fuccés
qu'il Y avoit eu luy avoit
acquis le nom d'un des plus
grands Prédicateurs qu'on euft
entendus. Il eft mort dans fom
Diocéfe.
GALANT. 61
Monfieur de Manicamp . II
eftoit Frere de Madame la Maréchale
Ducheffe d'Eftrées , Fils
de Charles de Longueval , Seigneur
de Manicamp , Meftre de
Camp du Regiment de Normandie
, & Maréchal des Camps &
Armées du Roy , & Petit- fils de
Phillippe de Longueval , Seigneur
de Manicamp, & d'Ifabeau
de Tou . La Maifon de Longueval
, qui eft divifée en plufieurs
Branches , qui font celles de Buquoy
, Tenelles , Anaucourt ,
Creffy , & Manicamp , eft une
des plus anciennes & des plus
illuftres de Picardie. Elle a commencé
à paroiftre il y a quatre ou
cinq fiécles. Plufieurs Seigneurs
de ce nom ont efté à la Terre
Sainte, où ils ont fait des actions
mémorables . Quelques - uns fe
font diftinguez à des Batailles ,
62 MERCURE
comme à celles de Courtra , & ·
d'Azincourt . L'un d'eux qui étoit
Gouverneur de Luxembourg,en
foûtint le Siege en 1643. & fut
fait enfuite Gouverneur , Lieutenant
Genéral en Champagne.
Dela Branche de Buquoy , étoit
ce grand Capitaine le Comte de
Buquoy , qui fit tant de belles
chofes fous Charles- Quint dans
les Païs- Bas . Cette Branche de
Buquoy eft celebre en France ,
& fort attachée aux Princes du
Païs Bas Espagnol . La Maifon
de Longueval porte pour Armes ,
Bande de verd & de gueule de
fix pièces , & a pris Alliance dans
celles de Montmorency , Beaumart
, Auxis , Melun , Divion ,
Mailly, Lamdas , Flandres , Comte
, Eftourmel , Aumale , Mifcocq
, Vignancourt , Etrées ,
Bourbon , Maridor & autres
GALANT. 63
Monfieur de Manicamp eft mortavec
beaucoup de réfignation , &
apres avoir reçeu tous les Sacremens.
Meffire Jacques Defpériers ,
Preftre , Docteur en Theologie ,
de la Maiſon & Societé de Sor
bonne , mort le 28. du dernier
mois. Il eftoit Profeffeur du Roy
aux Ecoles de la méme Maiſon
de Sorbonne , & Principal du
Collège de Lifieux . Il a enfeigné
long temps la Philofophie , & l'on
s'empreffoit à faire fon Cours
fous luy.
>
Meffire Jacques Charton ;
Preftre Docteur en Theolo
gie , de la maifon & Societé de
Sorbonne , mort le premier jour
de cette année . Il eftoit Chanoine
& Grand Pénitentier de l'Eglife
de Paris. Monfieur l'Archevefque
a donné fa Chanoinie à
Monfieur l'Abbé Robert , Fils
64 MERCURE
d'un fameux Avocat , & Frere
de Monfieur Robert , Procureur
du Roy au Châtelet . Ie ne vous
dis point , Madame , que Mon-
Geur Robert , demeuré feul
Procureur du Roy , eft fage , intelligent
, & fort eftimé de Sa
Majefté , & dans fa Compagnie,
Ce font des chofes que tout le
monde connoift .
Meffire Louis de Faure , Baron
de Dampmard , Seigneur de
Puifieux , de Brumiers , & de Clamare
en partie , mort le 8. de ce
mois , âgé de foixante & douze
ans. Il eftoit de la Grand'Chambre
, & avoit efté receu Confeiller
au Parlement de Paris le 11.
May 1640. apres l'avoir efté au
Parlement de Grenoble. Meffire
lean de Faure , fon Pere , Seigneur
de Brumiers & d'Orme ,
eftoit Fils d'un autre lean de FauGALANT.
65
re , Secretaire du Roy , & proche
Parent de Meffieurs de Bezons
, Perrot , Malo , Doujat ,
Philippes de Gilly , Tronçon ,
Cognard , tous Confeillers au
parlement , & allié de Meffieurs
de Seve , Boulanger , Gobelin ,
Clapiffon , & de plufieurs autres
des premieres Familles de la Robe
. Monfieur de Faure, qui vient
de mourir , a laiffé cinq Enfans ,
trois Fils , & deux Filles & beaucoup
de Bien. Ses Armes font
fix Couronnes d'argent en champ de
gueules , qui traverſent l'Ecu
trois Cornets d'or en champ d'azur
, trois Grenades rouges auffi
en champ d'azur , un Chevron
d'or rompu , & une Couronne de
Baron au deffus, Monfieur de
Flos eft monté à la Grand'Chambre
en la place de Monfieur
Faure .
66 MERCURE
Jacques Pouffet, Ecuyer , Sieur
de Montaubau , mort le 16. de ce
mois . Il eftoit ancien Avocat au
Parlement , où il avoit paru avec
éclat , & ancien Echevin de Paris.
Son heureux génie ne l'avoit pas
feulement fait diftinguer dans les
chofes du Barreau , mais encore
dans ce qui regarde le Theatre.
Nous avons de luy plufieursTragédies
, qui ont efté reçues tresfavorablement
du Public .
On fait des Hyvers comme des
Printemps . En voicy un d'un
habile Maiftre . Les paroles font
de Monfieur Diéreville .
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Résumé : Morts, [titre d'après la table]
Le texte évoque plusieurs décès récents de personnalités notables. Jean Louis l'Etang de Fromentières, évêque d'Aire, provenait d'une famille illustre du Maine et était célèbre pour ses talents de prédicateur, ayant été acclamé à Paris et à la cour. Il est décédé dans son diocèse. Monsieur de Manicamp, frère de la maréchale d'Estrées, appartenait à la maison de Longueval, une des plus anciennes et prestigieuses de Picardie. Il est mort avec résignation après avoir reçu les sacrements. Jacques Despériers, professeur au Collège de Lisieux et docteur en théologie à la Sorbonne, est décédé le 28 du mois précédent. Jacques Charton, chanoine et grand pénitentier de l'église de Paris, est mort le premier jour de l'année. Louis de Faure, baron de Dampmard, conseiller au Parlement de Paris, est décédé à l'âge de soixante-douze ans, laissant cinq enfants et une importante fortune. Jacques Pouffet, ancien avocat au Parlement et échevin de Paris, est connu pour ses tragédies bien accueillies par le public. Le texte mentionne également des événements météorologiques et littéraires, comme une pièce de théâtre dont les paroles sont de Monsieur Diéreville.
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7
p. 133-137
Morts, [titre d'après la table]
Début :
Je croy, Madame, que vous apprendrez avec déplaisir la perte [...]
Mots clefs :
Morts, François le Boults, Conseiller, Charge, Maison de la Chefnaye, Veuve, Soeur, Fils, Chancelière Daligre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Morts, [titre d'après la table]
Je croy , Madame , que vous
aprendrez avec déplaifir la
perte que le Parlement a faite
en la perfonne de Meffire
François le Boults , Seigneur
Dobuois , Confeiller en la feconde
Chambre des Requêtes
du Palais , mort le 5. de ce
mois . Son merite le fait regreter
de tout Paris . Il étoit
éclairé, penétrant , laborieux,
& le dernier de quatre Freres,
qui tous ayant eu des Charges
dans la Robe , les ont
exercées avec beaucoup de
crédit , d'éclat , & d'eftime.
Mellire Noël le Boults , Sei134
MERCURE
gneur de Chaumot , étoit l'aî
né. Il fut Cófeiller en la Grand'
Chambre , & mourut l'année
derniere. M' le Boults , à
preſent Confeiller en la troiféme
des Enqueftes
, & M *
l'Abbé le Boults Aumônier
du Roy , font fes Fils . Feu
Meffire Luc le Boults , Maître
des Comptes à Paris , étoit
le fecond. Il avoit pris alliance
dans la Maifon de la Chef
naye , & a laiffé plufieurs Enfans.
Le troifiéme eft Meffire
Louis le Boults , Seigneur de
Roncerey , Maiſtre des Requeſtes
, cy-devant ConfeilGALANT.
135
ler au Parlement de Metz.
Il a des Enfans de Dame
Marie Françoiſe Charreton ,
Fille unique du premier lit
de M le Prefident Charreton
, mort Doyen du Parlement
de Paris . C'eft le feul
qui refte des quatre Freres,
Meffire François le Boults,
Confeiller en la feconde des
Requestes du Palais , & auparavant
Conſeiller au Parlement
de Dijon , s'étoit allié à
la Maiſon de Choart , & laiffe
plufieurs Enfans. M's le
Boults avoient deux Soeurs ,
l'une mariée à M ' Blondeau ,
136 MERCURE
Prefident de la Chambre des
Comptes à Paris , dont font
ifflues Madame Daligre d'aujourd'huy
, Veuve du Maiſtre
des Requeftes , Fils aîné de
feu M le Chancelier d'Aligre
, & Madame de Fieubet-
Launac,Femme duConſeiller
d'Etat . L'autre Soeur époufa
Meffire Charles duTronchey,
Préfident aux Enquestes du
Parlement de Paris . On voit
fort peu de Familles , qui
ayent poffedé en meſme
temps tant de belles Charges ,
& fait des Alliances confiderables.
Auffi celle - cy eft elle
GALANT. 137
Elle vi--
des plus puifsátes de la Robe..
Madame la Chanceliere
Daligre , appellée Elizabet
Luillier, eft morte dans fa 78 .
année , quatre jours apres M *
le Boults. C'étoit la feconde
Femme de feu M' Daligre ,,
Chancelier , & Garde des
Sceaux de France .
voit dans de grandes pratiques
de pieté , & avoit fais :
bâtir un lieu au Fauxbourg .
S. Antoine , pour les Enfans :
trouvez , où elle demeuroit,,
& où elle a efté enterrée
aprendrez avec déplaifir la
perte que le Parlement a faite
en la perfonne de Meffire
François le Boults , Seigneur
Dobuois , Confeiller en la feconde
Chambre des Requêtes
du Palais , mort le 5. de ce
mois . Son merite le fait regreter
de tout Paris . Il étoit
éclairé, penétrant , laborieux,
& le dernier de quatre Freres,
qui tous ayant eu des Charges
dans la Robe , les ont
exercées avec beaucoup de
crédit , d'éclat , & d'eftime.
Mellire Noël le Boults , Sei134
MERCURE
gneur de Chaumot , étoit l'aî
né. Il fut Cófeiller en la Grand'
Chambre , & mourut l'année
derniere. M' le Boults , à
preſent Confeiller en la troiféme
des Enqueftes
, & M *
l'Abbé le Boults Aumônier
du Roy , font fes Fils . Feu
Meffire Luc le Boults , Maître
des Comptes à Paris , étoit
le fecond. Il avoit pris alliance
dans la Maifon de la Chef
naye , & a laiffé plufieurs Enfans.
Le troifiéme eft Meffire
Louis le Boults , Seigneur de
Roncerey , Maiſtre des Requeſtes
, cy-devant ConfeilGALANT.
135
ler au Parlement de Metz.
Il a des Enfans de Dame
Marie Françoiſe Charreton ,
Fille unique du premier lit
de M le Prefident Charreton
, mort Doyen du Parlement
de Paris . C'eft le feul
qui refte des quatre Freres,
Meffire François le Boults,
Confeiller en la feconde des
Requestes du Palais , & auparavant
Conſeiller au Parlement
de Dijon , s'étoit allié à
la Maiſon de Choart , & laiffe
plufieurs Enfans. M's le
Boults avoient deux Soeurs ,
l'une mariée à M ' Blondeau ,
136 MERCURE
Prefident de la Chambre des
Comptes à Paris , dont font
ifflues Madame Daligre d'aujourd'huy
, Veuve du Maiſtre
des Requeftes , Fils aîné de
feu M le Chancelier d'Aligre
, & Madame de Fieubet-
Launac,Femme duConſeiller
d'Etat . L'autre Soeur époufa
Meffire Charles duTronchey,
Préfident aux Enquestes du
Parlement de Paris . On voit
fort peu de Familles , qui
ayent poffedé en meſme
temps tant de belles Charges ,
& fait des Alliances confiderables.
Auffi celle - cy eft elle
GALANT. 137
Elle vi--
des plus puifsátes de la Robe..
Madame la Chanceliere
Daligre , appellée Elizabet
Luillier, eft morte dans fa 78 .
année , quatre jours apres M *
le Boults. C'étoit la feconde
Femme de feu M' Daligre ,,
Chancelier , & Garde des
Sceaux de France .
voit dans de grandes pratiques
de pieté , & avoit fais :
bâtir un lieu au Fauxbourg .
S. Antoine , pour les Enfans :
trouvez , où elle demeuroit,,
& où elle a efté enterrée
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Résumé : Morts, [titre d'après la table]
Le texte annonce la mort de François Le Boults, Seigneur Dubois, Conseiller à la seconde Chambre des Requêtes du Palais, survenue le 5 du mois. Son mérite est regretté par tout Paris. Il était éclairé, pénétrant et laborieux. Il était le dernier survivant de quatre frères, tous ayant occupé des charges prestigieuses dans la Robe. Noël Le Boults, Seigneur de Chaumot, aîné des frères, fut Conseiller à la Grand' Chambre et est décédé l'année précédente. Ses fils sont actuellement Conseiller à la troisième des Enquêtes et Abbé Aumônier du Roi. Luc Le Boults, Maître des Comptes à Paris, était le second frère et a laissé plusieurs enfants après s'être allié à la Maison de La Chesnaye. Louis Le Boults, Seigneur de Roncerey, Maître des Requêtes, a été Conseiller au Parlement de Metz et a des enfants de Marie Françoise Charreton. François Le Boults a également laissé plusieurs enfants après s'être allié à la Maison de Choart. La famille comptait deux sœurs, l'une mariée à Blondeau, Président de la Chambre des Comptes à Paris, et l'autre à Charles Du Tronchey, Président aux Enquêtes du Parlement de Paris. Madame la Chanceliere Daligre, Élisabeth Luillier, seconde femme du Chancelier Daligre, est décédée à l'âge de 78 ans, quatre jours après le décès de M. Le Boults. Elle était connue pour ses pratiques de piété et avait fait construire un lieu au Faubourg Saint-Antoine pour les enfants trouvés.
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8
p. 286-287
Mariage, [titre d'après la table]
Début :
Mr le Marquis de Courcy, Fils de Mr de Bullion, Conseiller [...]
Mots clefs :
Mariage, Marquis de Courcy, Conseiller, Mademoiselle de Charmoy, Piété
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Mariage, [titre d'après la table]
Mile Marquis de Courcy,
Fils de M de Bullion , Confeiller
en la Grand Chambre,
& Neveu de M. de Bullion,
Miniftre d'Etat, & Sur- Inten
GALANT. 287
dant des Finances , a épousé
Mademoiſelle de Charmoy,
Fille de M de Charmoy,
Maistre des Comptes , & Secretaire
des Commandemens
de Madame de Guife . On dit
beaucoup de bien de cette
nouvelle Mariée . C'eft une
jeune Brune des plus aimables
, & qui fe fait diftinguer
par fa Pieté.
Fils de M de Bullion , Confeiller
en la Grand Chambre,
& Neveu de M. de Bullion,
Miniftre d'Etat, & Sur- Inten
GALANT. 287
dant des Finances , a épousé
Mademoiſelle de Charmoy,
Fille de M de Charmoy,
Maistre des Comptes , & Secretaire
des Commandemens
de Madame de Guife . On dit
beaucoup de bien de cette
nouvelle Mariée . C'eft une
jeune Brune des plus aimables
, & qui fe fait diftinguer
par fa Pieté.
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9
p. 299-308
Morts, [titre d'après la table]
Début :
J'ay encore quelques morts à vous apprendre. Je commence [...]
Mots clefs :
Morts, Marquis de Vitry, Baron, Seigneur, Ambassade de Pologne, Duc, Chevalier, Capitaine, Maison de Lhôpital, Charges, Gouverneurs, Marquis de Vandeuvre, Décès, Fils, Filles, Conseiller, Parlement, Seigneur de Villebon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Morts, [titre d'après la table]
Jay encore quelques morts
à vous apprendre. Je com
mence par celle de Meffire
300 MERCURE
Nicolas Louis de Lhôpital,
Marquis de Vitry , Baron du
Pleffis aux Tournelles , Seigneur
de Morvilliers , & c. Il
a fait connoiftre fon efprit
& fa conduite en divers Employs
, qu'il a pleu au Roy de
luy confier , & fur tout en fon
Ambaffade de Pologne . Il n'a
point laiffé d'Enfans , le ſeul
Fils qu'il avoit eu étant mort
en fon bas âge . Il étoit Frere
du dernier Duc de Vitry , qui
n'a laiffé qu'une Fille , Marie
Françoife Elizabeth de Lhôpital
, mariée à M' le Marquis
de Torcy , de la Maiſon de la
GALANT. 301
Tour, un Fils qu'il avoit étant
mort avant luy par un accident
funcfte. Ce Duc & ce
Marquis de Vitry , étoient
tous deux Fils de Meffire Nicolas
de Lhôpital , Marquis,
puis Duc de Vitry , Maréchal
de France , Chevalier des Ordres
du Roy , & Gouverneur
de Provence. Il avoit efté auparavant
Capitaine des Gardes
de Sa Majefté, & avoit un
Frere connu fous le nom du
Maréchal de Lhôpital , Gouverneur
de Paris , & Chevalier
des Ordres du Roy , qui avoit
auffi efté Capitaine des Gar302
MERCURE
des du Corps . Le Pere de ces
deux Maréchaux de France,
étoit Meffire Louis de Lhô.
pital , Seigneur de Vitry , Capitaine
des Gardes du Corps.
La Branche des Seigneurs de
Vitry , eft la derniere de la
Maiſon de Lhôpital, dont les
Ainez font Marquis & Comtes
de Lhôpital. Les Marquis
de Sainte Meſme , en font les
premiers Cadets. Cette Maifon
eft trés ancienne, établie
en France il y a prés de quatre
fiécles . On la croit iffue
des anciens Seigneurs de
Lhôpitalet , au Royaume de
•
GALANT. 303
Naples . Elle a eu en France
de tres grands employs , &
l'on y trouve des Chambellans
de nos Roys , des Grands
Mailtres des Eaux & Forefts ,
un grand Maiſtre de la Reyne
Ifabeau de Baviere , des Generaux
d'Armées , des Gou
verneurs de Villes & de Provinces
, des Capitaines de
Gendarmes , des Chevaliers
des Ordres , des Confeillers
de Roys , des Gouverneurs
des Enfans de France , des
Chevaliers d'Honneur des
Reynes , des Maréchaux de
France , &c. Elle eft alliée
304 MERCURE
aux plus illuftres Maiſon's du
Royaume , comme Bracque ,
le Bouteiller de Senslis ,
Courtenay- Blaineau , Rou
hauft , Laval , Coffe , Bruges,
Beauvau , la Mark , Mouſtiers,
Montmirail Huraut
, la
Tour , Do , la Chaftre , Brichanteau
, Levis , Pot , & c.
Ses Armies font , De gueule au
Coq d'argent , armé, cretté,
barbelé d'or. Les diverfes Branches
ont pris diverſes brifu
res .
I
>
عوم
Meffire Jean François de
Megrigny , Marquis de Vandeuvre
, Baron de Couchey,
GALANT. 305
Vicomte de Troye , Cornetre-
Blanche de France , & cy
devant Grand Tranchant du
Roy , eft mort auffi depuis
peu de temps. Il laiffe un Fils
& deux Filles , de feue Dame.
Françoiſe Henriette du Mefnil-
Simon de Beaujeu , fçavoir
Charles Hubert de Megrigny,
Marquis de Vandeuvre , Baron
de Beaujeu , Gabrielle de
Megrigny , & Marie Françoife
de Megrigny.. M' le Marquis
de Vandeuvre qui vient
de mourir , étoit Fils de Mef
fire Jean de Megrigny , Marquis
de Vandeuvre, Vicomte
Fevrier 1685.
Cc
306 MERCURE
de Troye , Baron de Colom
bey , premier Preſident au
Parlement de Provence , puis
Confeiller d'Etat, & de Dame
Renée de Bucy , & petit Fils
de Jean de Megrigny , Vicomte
de Troye & de Briel,
& de Dame Marie Bouguier
Fille de Chriſtophe Bouguier;
Seigneur d'Echarfon , Confeiller
au Parlement , & de
Dame Marie Chartier , Dame
d'Alainville , de la Famille
des Fondateurs , de la Maifon
& College de Boiffy.
Feu M' de Mégrigny , Confeiller
d'Etat , avoit cinq Fre
GALANT. 307
res; Louis de Mégrigny,Chevalier
de Malte ; Jacques de
Mégrigny , Baron de Bonivet,
Préfident au Mortier du
Parlement de Paris, puis Con
feiller d'Honneur dans le même
Parlement ; Mathieu de
Mégrigny , Abbé de Pontigny
, Nicolas de Mégrigny,
Prieur de Souvigny , Chanoine
de l'Eglife de Paris ,,
Avocat Genéral en la Cour
des Aydes ; & François de
Mégrigny , Comte de Briel,
& d'Alainville
, De Mégrigny
porte d'argent au Lion de
fable...
Cc ij
3c8 MERCURE
Ces morts ont efté fuivies
de celle de Meffire Chriftophe
de Mallebranche , Seigneur
de Villebon . Il eftoit
Frere de M' de Mallebranche
Confeiller au Parlement , fi
eftimé par l'exacte aplication
qu'il a aux Affaires , & du
Pere de Mallebranche , Prêtre
de l'Oratoire , que tant
de doctes Ecrits ont rendu
celebre .
à vous apprendre. Je com
mence par celle de Meffire
300 MERCURE
Nicolas Louis de Lhôpital,
Marquis de Vitry , Baron du
Pleffis aux Tournelles , Seigneur
de Morvilliers , & c. Il
a fait connoiftre fon efprit
& fa conduite en divers Employs
, qu'il a pleu au Roy de
luy confier , & fur tout en fon
Ambaffade de Pologne . Il n'a
point laiffé d'Enfans , le ſeul
Fils qu'il avoit eu étant mort
en fon bas âge . Il étoit Frere
du dernier Duc de Vitry , qui
n'a laiffé qu'une Fille , Marie
Françoife Elizabeth de Lhôpital
, mariée à M' le Marquis
de Torcy , de la Maiſon de la
GALANT. 301
Tour, un Fils qu'il avoit étant
mort avant luy par un accident
funcfte. Ce Duc & ce
Marquis de Vitry , étoient
tous deux Fils de Meffire Nicolas
de Lhôpital , Marquis,
puis Duc de Vitry , Maréchal
de France , Chevalier des Ordres
du Roy , & Gouverneur
de Provence. Il avoit efté auparavant
Capitaine des Gardes
de Sa Majefté, & avoit un
Frere connu fous le nom du
Maréchal de Lhôpital , Gouverneur
de Paris , & Chevalier
des Ordres du Roy , qui avoit
auffi efté Capitaine des Gar302
MERCURE
des du Corps . Le Pere de ces
deux Maréchaux de France,
étoit Meffire Louis de Lhô.
pital , Seigneur de Vitry , Capitaine
des Gardes du Corps.
La Branche des Seigneurs de
Vitry , eft la derniere de la
Maiſon de Lhôpital, dont les
Ainez font Marquis & Comtes
de Lhôpital. Les Marquis
de Sainte Meſme , en font les
premiers Cadets. Cette Maifon
eft trés ancienne, établie
en France il y a prés de quatre
fiécles . On la croit iffue
des anciens Seigneurs de
Lhôpitalet , au Royaume de
•
GALANT. 303
Naples . Elle a eu en France
de tres grands employs , &
l'on y trouve des Chambellans
de nos Roys , des Grands
Mailtres des Eaux & Forefts ,
un grand Maiſtre de la Reyne
Ifabeau de Baviere , des Generaux
d'Armées , des Gou
verneurs de Villes & de Provinces
, des Capitaines de
Gendarmes , des Chevaliers
des Ordres , des Confeillers
de Roys , des Gouverneurs
des Enfans de France , des
Chevaliers d'Honneur des
Reynes , des Maréchaux de
France , &c. Elle eft alliée
304 MERCURE
aux plus illuftres Maiſon's du
Royaume , comme Bracque ,
le Bouteiller de Senslis ,
Courtenay- Blaineau , Rou
hauft , Laval , Coffe , Bruges,
Beauvau , la Mark , Mouſtiers,
Montmirail Huraut
, la
Tour , Do , la Chaftre , Brichanteau
, Levis , Pot , & c.
Ses Armies font , De gueule au
Coq d'argent , armé, cretté,
barbelé d'or. Les diverfes Branches
ont pris diverſes brifu
res .
I
>
عوم
Meffire Jean François de
Megrigny , Marquis de Vandeuvre
, Baron de Couchey,
GALANT. 305
Vicomte de Troye , Cornetre-
Blanche de France , & cy
devant Grand Tranchant du
Roy , eft mort auffi depuis
peu de temps. Il laiffe un Fils
& deux Filles , de feue Dame.
Françoiſe Henriette du Mefnil-
Simon de Beaujeu , fçavoir
Charles Hubert de Megrigny,
Marquis de Vandeuvre , Baron
de Beaujeu , Gabrielle de
Megrigny , & Marie Françoife
de Megrigny.. M' le Marquis
de Vandeuvre qui vient
de mourir , étoit Fils de Mef
fire Jean de Megrigny , Marquis
de Vandeuvre, Vicomte
Fevrier 1685.
Cc
306 MERCURE
de Troye , Baron de Colom
bey , premier Preſident au
Parlement de Provence , puis
Confeiller d'Etat, & de Dame
Renée de Bucy , & petit Fils
de Jean de Megrigny , Vicomte
de Troye & de Briel,
& de Dame Marie Bouguier
Fille de Chriſtophe Bouguier;
Seigneur d'Echarfon , Confeiller
au Parlement , & de
Dame Marie Chartier , Dame
d'Alainville , de la Famille
des Fondateurs , de la Maifon
& College de Boiffy.
Feu M' de Mégrigny , Confeiller
d'Etat , avoit cinq Fre
GALANT. 307
res; Louis de Mégrigny,Chevalier
de Malte ; Jacques de
Mégrigny , Baron de Bonivet,
Préfident au Mortier du
Parlement de Paris, puis Con
feiller d'Honneur dans le même
Parlement ; Mathieu de
Mégrigny , Abbé de Pontigny
, Nicolas de Mégrigny,
Prieur de Souvigny , Chanoine
de l'Eglife de Paris ,,
Avocat Genéral en la Cour
des Aydes ; & François de
Mégrigny , Comte de Briel,
& d'Alainville
, De Mégrigny
porte d'argent au Lion de
fable...
Cc ij
3c8 MERCURE
Ces morts ont efté fuivies
de celle de Meffire Chriftophe
de Mallebranche , Seigneur
de Villebon . Il eftoit
Frere de M' de Mallebranche
Confeiller au Parlement , fi
eftimé par l'exacte aplication
qu'il a aux Affaires , & du
Pere de Mallebranche , Prêtre
de l'Oratoire , que tant
de doctes Ecrits ont rendu
celebre .
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Résumé : Morts, [titre d'après la table]
Le texte relate le décès de plusieurs personnalités notables et leurs familles. Nicolas Louis de Lhôpital, Marquis de Vitry, Baron du Pleffis aux Tournelles et Seigneur de Morvilliers, a été distingué par ses fonctions, notamment son ambassade en Pologne. Il n'a pas laissé d'enfants, son unique fils étant mort en bas âge. Il était le frère du dernier Duc de Vitry, qui avait une fille, Marie Françoise Elizabeth de Lhôpital, mariée au Marquis de Torcy. Leur père, Nicolas de Lhôpital, Marquis puis Duc de Vitry, Maréchal de France, Chevalier des Ordres du Roy et Gouverneur de Provence, avait également été Capitaine des Gardes du Corps. La famille de Lhôpital est une maison ancienne, établie en France depuis près de quatre siècles, et a occupé de nombreux postes prestigieux, y compris des Chambellans, des Généraux d'Armées, des Maréchaux de France, et des Chevaliers des Ordres. Le texte mentionne également le décès de Jean François de Megrigny, Marquis de Vandeuvre, Baron de Couchey, Vicomte de Troye et Cornette-Blanche de France. Il laisse un fils et deux filles. Son père, Jean de Megrigny, avait été premier Président au Parlement de Provence puis Conseiller d'État. La famille de Megrigny compte plusieurs membres illustres, dont des Chevaliers de Malte, des Présidents au Parlement, et des Abbés. Enfin, le texte rapporte le décès de Christophe de Mallebranche, Seigneur de Villebon. Il était le frère d'un Conseiller au Parlement et le fils d'un Prêtre de l'Oratoire célèbre pour ses écrits doctes.
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10
p. 156-159
Autres Morts, [titre d'après la table]
Début :
Mr Bordel, Seigneur de Viantais, Meherry, le Heaume, la Brereche, [...]
Mots clefs :
Seigneur, Avocat au parlement, Décès, Capitaine aux gardes françaises, Noblesse, Prévôt des marchands, Dame, Conseiller, Commissaire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Autres Morts, [titre d'après la table]
M' Bordel , Seigneur de
Viantais , Meherry , le HeauGALANT.
157
me, la Breteche , eft mort fur
la fin du dernier mois. C'étoit
un des plus anciens Avocats
du Parlement , mais plus attaché
à la Cour des Aydes
qu'ailleurs. Il travailloit pour
la plufpart des Gens d'affaires
, & avoit une parfaite intelligence
dans tout ce qui
les regardoit.
Ces morts ont efté fuivies
de celle de plufieurs autres
Perfonnes dont voicy les
noms. Meffire Jean de Séve,
Seigneur de Gomerville , cydevant
Capitaine aux Gardes
Françoiſes , mort le dixiéme
158 MERCURE
de ce mois. Il étoit d'une
bonne Nobleffe deLyonnois,
Fils de M' de Séve , quia efté
Prevoft des Marchands , &
eft mort Conſeiller d'Etat , &
Frere de M' l'Evefque d'Ar
ras .
Meffire Charles Petit, Com .
te de la Selle , Bailly & Gouverneur
des Ville & Château
de Montargis , mort le
ziéme de ce mois .
quin-
Meffire Hilaire Marcez,
Maistre des Comptes , mort
le feiziéme de ce mois.
Dame Anne Hinfelin , morte
le dix. huit . Elle étoit veuve
GALANT. 159.
de Meffire Charles Hoüel ,
Gouverneur & Lieutenant
General pour le Roy , des
Ifles de la Gardeloupe en
l'Ameriqué , Marquis & Seigneur
proprietaire des mel
mes Ifles , de Varenne , Petit-
Pré , & autres lieux .
On m'apprend auffi la
mort de Meffire Hierôme
Palluau , Confeiller au Parle
ment , & Commiffaire aux
Requeſtes du Palais .
Viantais , Meherry , le HeauGALANT.
157
me, la Breteche , eft mort fur
la fin du dernier mois. C'étoit
un des plus anciens Avocats
du Parlement , mais plus attaché
à la Cour des Aydes
qu'ailleurs. Il travailloit pour
la plufpart des Gens d'affaires
, & avoit une parfaite intelligence
dans tout ce qui
les regardoit.
Ces morts ont efté fuivies
de celle de plufieurs autres
Perfonnes dont voicy les
noms. Meffire Jean de Séve,
Seigneur de Gomerville , cydevant
Capitaine aux Gardes
Françoiſes , mort le dixiéme
158 MERCURE
de ce mois. Il étoit d'une
bonne Nobleffe deLyonnois,
Fils de M' de Séve , quia efté
Prevoft des Marchands , &
eft mort Conſeiller d'Etat , &
Frere de M' l'Evefque d'Ar
ras .
Meffire Charles Petit, Com .
te de la Selle , Bailly & Gouverneur
des Ville & Château
de Montargis , mort le
ziéme de ce mois .
quin-
Meffire Hilaire Marcez,
Maistre des Comptes , mort
le feiziéme de ce mois.
Dame Anne Hinfelin , morte
le dix. huit . Elle étoit veuve
GALANT. 159.
de Meffire Charles Hoüel ,
Gouverneur & Lieutenant
General pour le Roy , des
Ifles de la Gardeloupe en
l'Ameriqué , Marquis & Seigneur
proprietaire des mel
mes Ifles , de Varenne , Petit-
Pré , & autres lieux .
On m'apprend auffi la
mort de Meffire Hierôme
Palluau , Confeiller au Parle
ment , & Commiffaire aux
Requeſtes du Palais .
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Résumé : Autres Morts, [titre d'après la table]
Le texte mentionne plusieurs décès récents de personnalités notables. Me Bordel, Seigneur de Viantais et Meherry, avocat au Parlement, est décédé à la fin du mois précédent. Il était connu pour son expertise en tant qu'avocat pour des gens d'affaires à la Cour des Aydes. Me Jean de Séve, Seigneur de Gomerville et capitaine aux Gardes Françaises, est mort le dixième du mois. Issu d'une noble famille du Lyonnais, il était le fils de Me de Séve, ancien Prévôt des Marchands et Conseiller d'État, et le frère de l'Évêque d'Arras. Me Charles Petit, Comte de la Selle, Bailly et Gouverneur de Montargis, est décédé le onzième du mois. Me Hilaire Marcez, Maître des Comptes, est mort le seizième du mois. Dame Anne Hinfelin, veuve de Me Charles Houël, Gouverneur des îles de la Guadeloupe et Marquis, est décédée le dix-huitième du mois. Enfin, Me Jérôme Palluau, Conseiller au Parlement et Commissaire aux Requestes du Palais, est également décédé.
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11
p. 164-169
Mariage de M. le Marquis de Novion avec Mademoiselle de Montauglan, [titre d'après la table]
Début :
Enfin, Madame, le Mariage de Mr le Marquis de Novion [...]
Mots clefs :
Mariage, Marquis de Novion, Mademoiselle de Montauglan, Fils, Fille, Famille, Conseiller
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Mariage de M. le Marquis de Novion avec Mademoiselle de Montauglan, [titre d'après la table]
Enfin , Madame , le Maria
GALANT. 165.
ge de M' le Marquis de No.
vion avec Mademoiſelle de
Montauglan , s'eft fait au
commencement de ce mois.
La part que je fçay que vous
prenez en tout ce qui regar
de M le premier Préfident,.
me fait vous donner cette
Nouvelle avec plaifir, & vous
dire qu'il ne fe peut rien de
mieux afforty que les Maricz..
M' le Marquis de Novion eft
un jeune Homme fort bien
fait, qui a beaucoup d'esprit,
& qui fouftient dignement
tous les avantages de fon
rang & de ſa naiſſance . Quoy
166 MERCURE
qu'il ne foit pas encore dans
fa vingtiéme année , il fe voit
à la tefte du Regiment de
Bretagne , dont il eſt Colonel
, & a toute la conduite
d'un Homme confommé par
l'uſage du Monde & l'experience.
Il eft fecond Fils de
feu M de Novion , Maiftre
des Requeftes , Fils aîné de
M' le premier Préſident. La
Famille de Novion Potier
vous eft fi connuë , que je
ne vous en diray icy rien
autre chofe , finon que de
puis deux cens ans qu'il y a
qu'on la voir paroiftre avec
GALANT. 167
éclat , elle a eu tous les a
vantages & toutes les diftinctions
d'honneur que l'on
peut avoir , & qu'elle s'eft allée
aux premieres Maiſons de
la Cour & de la Ville. Mademoiſelle
de Montauglan eft
une jeune & belle Perfonne.
qui entre dans fa quinziéme
année. Je me fouviens de
vous avoir mandé dans quelqu'une
de mes Lettres , que
c'étoit une des plus riches
Heritieres de Paris , ayant pres
d'un million de bien , & de
grands retours encore à ef
perer , tant de la Maifon de la
168 MERCURE
Barde , que de Madame Regnoüard
fa grand' Tante,.
une des plus riches veuves de
Paris. Elle eft Fille de feu M
Montauglan , Conſeiller de
au Parlement de Paris , & .
d'une Fille de M de la Barde,.
qui a efté Ambaſſadeur extraordinaire
en Suiffe . Il eft
encore vivant , & conferve.
dans une vieilleffe de quatrevingt
- quatre ans un efprite
admirable & auffi vif, &
prefent, qu'il l'a fait voir autrefois
dans le maniment
qu'il a eu des affaires d'Etat..
La Maiſon de Montauglan
efti
GALANT. 169
eft fort ancienne dans la
Robe, & eft alliée à celles de
Manicamp , Longueval , Rupierre
, de la Barde , Charreton
, Regnoüard, Boulanger,
Bouthillier , Chavigny , & à
plufieurs autres fort confiderables
de l'Epée & de la
Robe.
GALANT. 165.
ge de M' le Marquis de No.
vion avec Mademoiſelle de
Montauglan , s'eft fait au
commencement de ce mois.
La part que je fçay que vous
prenez en tout ce qui regar
de M le premier Préfident,.
me fait vous donner cette
Nouvelle avec plaifir, & vous
dire qu'il ne fe peut rien de
mieux afforty que les Maricz..
M' le Marquis de Novion eft
un jeune Homme fort bien
fait, qui a beaucoup d'esprit,
& qui fouftient dignement
tous les avantages de fon
rang & de ſa naiſſance . Quoy
166 MERCURE
qu'il ne foit pas encore dans
fa vingtiéme année , il fe voit
à la tefte du Regiment de
Bretagne , dont il eſt Colonel
, & a toute la conduite
d'un Homme confommé par
l'uſage du Monde & l'experience.
Il eft fecond Fils de
feu M de Novion , Maiftre
des Requeftes , Fils aîné de
M' le premier Préſident. La
Famille de Novion Potier
vous eft fi connuë , que je
ne vous en diray icy rien
autre chofe , finon que de
puis deux cens ans qu'il y a
qu'on la voir paroiftre avec
GALANT. 167
éclat , elle a eu tous les a
vantages & toutes les diftinctions
d'honneur que l'on
peut avoir , & qu'elle s'eft allée
aux premieres Maiſons de
la Cour & de la Ville. Mademoiſelle
de Montauglan eft
une jeune & belle Perfonne.
qui entre dans fa quinziéme
année. Je me fouviens de
vous avoir mandé dans quelqu'une
de mes Lettres , que
c'étoit une des plus riches
Heritieres de Paris , ayant pres
d'un million de bien , & de
grands retours encore à ef
perer , tant de la Maifon de la
168 MERCURE
Barde , que de Madame Regnoüard
fa grand' Tante,.
une des plus riches veuves de
Paris. Elle eft Fille de feu M
Montauglan , Conſeiller de
au Parlement de Paris , & .
d'une Fille de M de la Barde,.
qui a efté Ambaſſadeur extraordinaire
en Suiffe . Il eft
encore vivant , & conferve.
dans une vieilleffe de quatrevingt
- quatre ans un efprite
admirable & auffi vif, &
prefent, qu'il l'a fait voir autrefois
dans le maniment
qu'il a eu des affaires d'Etat..
La Maiſon de Montauglan
efti
GALANT. 169
eft fort ancienne dans la
Robe, & eft alliée à celles de
Manicamp , Longueval , Rupierre
, de la Barde , Charreton
, Regnoüard, Boulanger,
Bouthillier , Chavigny , & à
plufieurs autres fort confiderables
de l'Epée & de la
Robe.
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Résumé : Mariage de M. le Marquis de Novion avec Mademoiselle de Montauglan, [titre d'après la table]
Le mariage entre le Marquis de Novion et Mademoiselle de Montauglan a eu lieu au début du mois. Le Marquis de Novion, colonel du Régiment de Bretagne, est un jeune homme de moins de vingt ans, doté d'un grand esprit et d'une maturité exceptionnelle. Il est le second fils de feu Monsieur de Novion, Maître des Requêtes, et petit-fils de Monsieur le premier Président. La famille de Novion Potier est renommée et a reçu de nombreux honneurs depuis plus de deux cents ans, s'alliant aux plus grandes maisons de la Cour et de la Ville. Mademoiselle de Montauglan, âgée de quinze ans, est l'une des héritières les plus riches de Paris, possédant près d'un million de biens et des revenus supplémentaires attendus de la maison de la Barde et de Madame Regnoüard, une des veuves les plus riches de Paris. Elle est la fille de feu Monsieur Montauglan, Conseiller au Parlement de Paris, et d'une fille de Monsieur de la Barde, ancien Ambassadeur extraordinaire en Suisse. La maison de Montauglan est ancienne dans la Robe et est alliée à de nombreuses familles distinguées, tant de l'Épée que de la Robe.
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12
p. 169-171
Autre Mariage, [titre d'après la table]
Début :
Messire Loüis du Tillet, Seigneur de Montramé, Chalostre & Boug, [...]
Mots clefs :
Mariage, Louis du Tillet, Mademoiselle Belot, Mariage, Maison du Tillet, Chevalier, Conseiller, Alliance, Armes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Autre Mariage, [titre d'après la table]
Meffire Louis du Tiller,
Seigneur de Montramé, Chaloftre
& Boug, Fils de Meffire
Jacques du Tillet , Maiſtre
des Requeftes . Seigneur de
Montramé , a époulé Mademoiſelle
Belot , Fille de M
Belot , Ancien Maistre des
Mars 1685.
P
170 MERCURE
Comtes , Bailly du Palais,
Seigneur de Serreuſe , Guiné
& autres lieux . C'est une tresbelle
Perfonne qui fe fait di
ftinguer par une vertu peu
ordinaire à celles de fon âge.
La Famille de M's du Tiller
eft une des plus anciennes &
des plus confiderables de Paris.
Elle a donné des Chevaliers
à Malte , des Conſeillers
& des Prefidens au Parle
ment , des Maiftres des Requeftes
au Confeil , des Evelques
à l'Eglife , & s'eft alliée
avec les Maîſons d'Angoulefme
, de Jarnac , de Chabot,
GALANT. 171
des Seguiers , des le Maiſtre,
des Bragelones & des Daurars.
Par ce Mariage , elle
entre dans l'Alliance des
Briffonets & des Sevins , qui
font fort Illuftres dans la
Robe. Ses Armes , écartelé
au 1. tt) 4. d'Azur, au Chevron
d'or , accompagné de trois Molettes
d'Efperon de mefme. Au 2.
3. d'or , à trois Chabots de
Gueules : fur le tout , d'or à la
Croix parée & alaizée de
Gueules : tout l'Ecu entouré d'une
Bordure de Gueules , chargée
de huit Befans d'Or.
Seigneur de Montramé, Chaloftre
& Boug, Fils de Meffire
Jacques du Tillet , Maiſtre
des Requeftes . Seigneur de
Montramé , a époulé Mademoiſelle
Belot , Fille de M
Belot , Ancien Maistre des
Mars 1685.
P
170 MERCURE
Comtes , Bailly du Palais,
Seigneur de Serreuſe , Guiné
& autres lieux . C'est une tresbelle
Perfonne qui fe fait di
ftinguer par une vertu peu
ordinaire à celles de fon âge.
La Famille de M's du Tiller
eft une des plus anciennes &
des plus confiderables de Paris.
Elle a donné des Chevaliers
à Malte , des Conſeillers
& des Prefidens au Parle
ment , des Maiftres des Requeftes
au Confeil , des Evelques
à l'Eglife , & s'eft alliée
avec les Maîſons d'Angoulefme
, de Jarnac , de Chabot,
GALANT. 171
des Seguiers , des le Maiſtre,
des Bragelones & des Daurars.
Par ce Mariage , elle
entre dans l'Alliance des
Briffonets & des Sevins , qui
font fort Illuftres dans la
Robe. Ses Armes , écartelé
au 1. tt) 4. d'Azur, au Chevron
d'or , accompagné de trois Molettes
d'Efperon de mefme. Au 2.
3. d'or , à trois Chabots de
Gueules : fur le tout , d'or à la
Croix parée & alaizée de
Gueules : tout l'Ecu entouré d'une
Bordure de Gueules , chargée
de huit Befans d'Or.
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Résumé : Autre Mariage, [titre d'après la table]
En mars 1685, Louis du Tiller, seigneur de Montramé, Chaloftre et Boug, fils de Jacques du Tillet, maître des requêtes, épousa Mademoiselle Belot, fille de M. Belot, ancien maître des marches. Louis du Tiller était reconnu pour sa vertu exceptionnelle. La famille du Tiller, l'une des plus anciennes et respectées de Paris, a produit des chevaliers de Malte, des conseillers et présidents au Parlement, des maîtres des requêtes au Conseil, et des évêques. Elle s'est alliée avec des maisons nobles telles que celles d'Angoulême, de Jarnac, de Chabot, des Seguier, des Le Maistre, des Bragelonne et des Daurars. Ce mariage renforça les alliances de la famille en l'unissant aux Briffonets et aux Sevins, illustres dans la robe. Les armes de la famille du Tiller incluent des molettes d'éperon, des chabots et une croix.
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13
p. 213-232
Affaires d'Angleterre, [titre d'après la table]
Début :
Tant de Personnes m'ont témoigné avoir leu avec plaisir les [...]
Mots clefs :
Angleterre, Roi, Malheurs, Apoplexie, Décès, Trône, Vengeance, Héritier, Joies, Peuple, Confiance, Grandeur, Tranquilité, Couronnement, Cérémonie, Westminster, Fonctions, Titres, Élections, Assemblées, Liste des élus, Duc, Serment, Conseiller, Royaume, Désordres, Voleurs, Proclamation, Sureté publique, Larron, Récompenses, Guillaume Bridgeman
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Affaires d'Angleterre, [titre d'après la table]
Tant de Perſonnes m'ont
témoigné avoir leu avec plai.
fir les Nouvelles d'Angleterre
, qui font des Articles importans
dans mes deux dernieres
Lettres , que je puis
croire que vous me parlez
fincerement quand vous
m'aſſeurez que vous en eſtes
contente . L'Hiſtoire des malheurs
du Roy , dont je vous
ay fait un abregé , pouvoit ſe
trouver ſéparément en plu
ſieurs Volumes , mais peuteſtre
toutes les Relations qui
ont couru ne vous auroient
pas fourny le triſte Journal
و
ال
214 MERCURE
de ce qui s'eſtoit paſſé dans
le peu de temps qu'a duré ſa
maladie , ſi je n'avois eu le
foin d'en ramaffer les plus remarquables
circonstances.
Elle a commencé par une attaque
d'Apoplexie , contre
laquelle l'Art des Medecins 2.
efté ſans force. Il ſemble que
comme ſa vie avoit eſté extraordinaire
, il falloit auffi
que ſa mort le fuft. Je vous
envoye un Sonnet qui a esté
fait ſur cette penſée..
GALANT. 215
SUR LA MORT
DU ROY D'ANGLETERRE.
Q
Vinesçait de ceRoy l'étonnan-.
temifere!
Ses malheurs purent-ils abairefon.
grand coeur?
Un Trônequi fumoit encor dufang
d'un Pere
Poury monterfi- 10ft luyfaisoit trop
d'horreur.
Ledefirdevangeruneteftesi chere
Al'Univers entier exprimafa dou-
Ieur.
Qu'ily fatisfitbien quandle Cicl 業
moins contraire
Enfindansfes Etatsle ramena vainqueur!
Mais belas ! iln'estplus ; l'impitoyable
Parque
216 MERCURE
Vientde trancher lefildesjours de ce
..... Monarque..
C'auroit estétrop peu cependant pour
lefort
Qui d'abord lefoûmit aux fureurs
de l'envie,
D'avoirpar de grands traits voulu
marquersaviesa :
S'il n'eust faitremarquer le genre de
Samort.
Je vous ay appris avec
quelle fermeté fon Auguste
Succeffeur s'eſt déclaré Ca
tholique. Sa fincerité a efte
heureuſe. Les Peuples ont
eu de la joye de voir qu'il ne
cherchoit point à les trom
per , & qu'il s'en croyoit affez
aimé,
GALANT. 217
aimé , pour leur confier un
fecret de cette importance,
ſans qu'il en deuſt rien apprehender
de fâcheux. La
confiance qu'il a cuë dans l'amour
de ſes Sujets , a produit
l'effet qu'il en avoit attendu.
L'intrepidité en toutes chofes
leur paroiffant digne d'un
Monarque né pour leur donner
des Loix , ils ont eſtimé
en luy cette grandeur d'ame
✓ qui l'engage à foûtenir l'indépendance
du rang ou le
Ciel l'a élevé. Puis qu'il leur
laiſſe une entiere liberté de
confcience , il la doit avoir
Avril 1685. T
218 MERCURE
comme eux , & il feroit bien
injuſte qu'il ne joüiſt pas
d'un Privilege qu'il veut bien
leur accorder. Toutes les
Lettres qui viennent de ce
Pays là ne parlent que de la
tranquilité où tout le monde
s'y trouve , des Adreſſes pleines
de ſoûmiffion & de ref
pect , qu'on préſente de toutes
partsau nouveau Roy , &
du choix des Députez pour
le prochain Parlement. Le
16. du dernier mois on expedia
un ordre pour fignifier à
tous les Pairs du Royaume &
à leurs Femmes , de ſe trou
GALANT. 219
ver au Couronnement du
Royavec leurs Robes deCe
remonies & leurs Couron
nes. Les Barons & leurs Femmestauront
des Robes de
Velours Cramoiſy , de meſ
me que les Vicomtes & les
autres Pairs d'une dignité
plus relevée. On a nommé
le Docteur Turner Eveſque
d'Ely , pour preſcher en préſence
de leurs Majeſtez le
jourde cette ceremonie. Les
circonstances en ont eſté ré
ſoluës devant le Roy par le
Conſeil Privé qui s'eſt aſſemblépour
les regler. Les Com-
Tij
220 MERCURE
miſſaires que l'on a choiſis
pour citer tous ceux que le
devoir de leurs Charges , ou
les redevances de leurs Fiefs
obligent à faire quelques
fonctions auCouronnement,
s'affemblerent le 3. de ce
mois dans la Chambre Peinte
du Palais de Westminster,
&commencerent à recevoir
les Requeſtes de ceux qui
prétendent avoir droit de faire
ces fonctions. Ils s'occupentà
verifier lesTitres qu'on
leur préſente , pour accorder
àchacun la fonction qui luy
appartient. Sa Majeſté a fait
GALANT. 221
donner de nouvelles Lettres
à tous les Lords Lieutenans,
ou Gouverneurs des Provinces
que le feu Roy avoit établis.
Les Affemblées pour
les Elections des Députez
qui doivent entrer au Parlement,
ſe font par tout avec
beaucoup de tranquilité.
Ces Elections ont déja eſté
faites par l'Univerſité de
Cambridge , par celle d'OK--
ford , par les Comtez de Bedford
, de Brecon , de Kenr,
deHamp , de Middleſer , de
Durban , de Glocefter , de
Hereford, de Sommerſet, de
Tiij
222 MERCURE
Cambridge , de Suffer , de
Leiceſter , de Hartford , de
Chefter , de Lincoln , de
Huntington , de Darby,
de Radnor , & par les Villes
de Cantorbury , de Darby,
de Shaftsbury , de Wood.
ſtocke , de Midhurst de
Steyning , de Bedvvyn , d'Amodesham
, d'Aileſbury , de
Ludgerſtall , d'Andover , de
Durham , de Warvvicke , de
Leiceſter , de Reading , de
Devvntom , de Heddon , de
Corfe , de Shoreham , de
Stamford , de Brecon , de
Winchester , de Chippin
GALANT. 223
Wicomb , de Chippenham,
d'Ipſvvich , de Hindon , de
Peterboroug , de Southamptom
, de Limmington ,
Westminster , d'Yorc , de
Neſtingham , de Wendover
, d'Eaft-Grimſtead ,
de
d'Abington
,, ddee LLyymm ,, de Covventry
, d'Orford , de Tornes
, de Poole , de Warcham
, de Sbareham , de
Weoby , de Petersfield , de
Nevvcastle , de Borróbridge,
d'Albroug , de Thirske , du
Grand Yarmouth , de Colcheſter
, d'Huſlemere , de
Hereford , de Lempſter , do
T iiij.
224 MERCURE
1
Cardiffe , de Marleboroug,
d'Ilcheſter , de Nevv- Sarum,
de Castle- Rifing , de Tavi
ſtocke , de Chriſt Church,
de Rygate , de Windfor , de
Malton , deNorthallerten,
Nevvarke, de Richmond, de
de
Beverley , de Pontefract, de
Leaverpoole , de Stafford, de
Sandvvick de Cirenceſter, de
Weymouth, de Melcomb, de
Devices , de Hasting , de
Norfolk , de Higham-Ferfars
, de Hetsbury , de Thet
ford & de Dunvvich. Tous
ceux que l'on a choiſis font
Gens d'une grande probité,
GALANT. 225
&dont la pluſpart ont fair
paroiſtre un attachement in
violable au feu Roy dans
les temps les plus difficiles .
Le 6. de ce mois le Duc de
Queenſborouhg grand Trefo
rier , & préſentement grand
Commiſſaire de Sa Majesté
au Royaume d'Ecoffe , & le
Comte de Perth , grand
Chacelier du meſme Royaume
, preſtérent les Sermens
accoûtumez , en qualité de
Conſeillers d'Etat du Conseil
Privé du Roy , & prirent
ſeance au Conſeil ſelon leur
rang . Peu de jours aprés le
226 MERCURE
Duc d'Ormond arriva d'Irlande.
Plus de quarante Carroſſes
à fix Chevaux allerent
au devant de luy, avec quantitéde
Nobleſſe à Cheval. Il alla
auſſi-toſt ſaluer le Roy,& il en
receut un accueil tres -favorable.
Ce Monarque luy donna
en meſme temps le Bâton
de la Charge de Lord Stevvard
, ou Grand Maiſtre de ſa
Maiſon,qu'il poſſedoit ſous le
Roy Charles II. Comme il
employe tous ſes ſoins à éta.
blir la tranquilité de fon
Royaume , & à reprimer tous
les defordres qu'y pourGALANT.
227
}
C
roient commettre lesVoleurs
de grand chemin , il fit publier
le mois paſſe la Proclamation
dont voicy les termes.
A la Courde VVitheal.
DE PAR LE ROY,
& les Seigneurs de ſon Confeil
Privé.
TERoy voulant pourvoir à
lafeureté de fes Sujets dans
les Voyages qu'ils font en ce
Royaume , pour vaquer à leurs
affaires , a ordonné aujourd'huy
228 MERCURE
eſtant en fon Confeil , & il est
ordonné par ces Preſentes à tous
fes Officiers de Justice , &à tous
ſes autres amez Sujets de faire
leurs efforts , & d'user de dili
gence , pour apprehender tous
Larrons & Voleurs de grand
chemin , afin qu'on puiſſe proceceder
contr'eux felon les Loix; &
pour encourager ceux qui appre
benderont lesdits Voleurs , il est
de plus ordonné par Sa Majesté,
que l'on donnera une récompense
de dix livres sterling pour chaque
Voleur arreſté , à celuy ou à ceux
qui en quelque temps que ce ſoit,
depuis le jour de la date des pré
> GALANT. 229
fentes , jusqu'à ce qu'il plaiſe à
Sa Majesté de rappeller cét ordre
par proclamation , ou par un autre
ordre fait en ſon Confeil,
prendront ou apprehenderont aucun
Larron ou Voleur de grand
chemin , & le feront mettre en
lieu de ſeureté. Laquelle ſomme
de dix livres sterling leur fera
payée quinze jours aprés que ledit
Voleur aura esté convaincu ou
prouvé eſtre tel. Et il est enjoint
par ces Préfentes à tous les Sherifs
des Comtez , or autres dans
L'étenduë de leur Jurisdiction ou
telle conviction aura estéfaite ,de
payer à celuy ou à ceux qui ap-
い
230 MERCURE
ON
prehenderont de tels Malfai-
Eteurs,la recompenſeſuſdite dans
le temps cy-deſſus ſpecifié , pour
chaque Voleur ainſi pris &convaincu
,furle Certificat dufuge
ou de deux , ou davantage defuges
de Paix , devant lequel,
lesquels tel Voleur aura efté convaincu.
Laquelle ſomme d'argent
ils prendront des deniers de
Sa Majesté , par eux receus dans
leComté ou telle conviction aura
eſté faite , & laquelle leur fera
paffée encompte, lors qu'ils viendront
rendre leurs comptes à l'Echiquier,
ou Chambre des Finances.
Et le GrandTreforierd'An
GALANT. 231
:
gleterre est autorisé par ces Préſentes
, & a pouvoir de donner
des ordres aux Officiers de l'Echi
quier , de paffer lesdits deniers en
compte aufdits Sherifs selon le
préſent ordre. Il est encore ordonné
àtous Gouverneurs, Lientenans
Gouverneurs , Fuges de
Paix, Maires , Sherifs , Baillis,
&autres Officiers & Perſonnes
de quelque qualité & condition
qu'elles foient , de prendre cond
- noiſſance du préfent ordre &y
obeïr , comme auffi de prefter fecours
& affistance en tout ce qui
regardera l'execution , ſur peine
d'encourir le déplaisir de SaMa
232 MERCURE
jesté,&d'estre poursuivis comme
contempteurs defon Autorité
Royale.
GUILLAUME BRIDGEMAN.
témoigné avoir leu avec plai.
fir les Nouvelles d'Angleterre
, qui font des Articles importans
dans mes deux dernieres
Lettres , que je puis
croire que vous me parlez
fincerement quand vous
m'aſſeurez que vous en eſtes
contente . L'Hiſtoire des malheurs
du Roy , dont je vous
ay fait un abregé , pouvoit ſe
trouver ſéparément en plu
ſieurs Volumes , mais peuteſtre
toutes les Relations qui
ont couru ne vous auroient
pas fourny le triſte Journal
و
ال
214 MERCURE
de ce qui s'eſtoit paſſé dans
le peu de temps qu'a duré ſa
maladie , ſi je n'avois eu le
foin d'en ramaffer les plus remarquables
circonstances.
Elle a commencé par une attaque
d'Apoplexie , contre
laquelle l'Art des Medecins 2.
efté ſans force. Il ſemble que
comme ſa vie avoit eſté extraordinaire
, il falloit auffi
que ſa mort le fuft. Je vous
envoye un Sonnet qui a esté
fait ſur cette penſée..
GALANT. 215
SUR LA MORT
DU ROY D'ANGLETERRE.
Q
Vinesçait de ceRoy l'étonnan-.
temifere!
Ses malheurs purent-ils abairefon.
grand coeur?
Un Trônequi fumoit encor dufang
d'un Pere
Poury monterfi- 10ft luyfaisoit trop
d'horreur.
Ledefirdevangeruneteftesi chere
Al'Univers entier exprimafa dou-
Ieur.
Qu'ily fatisfitbien quandle Cicl 業
moins contraire
Enfindansfes Etatsle ramena vainqueur!
Mais belas ! iln'estplus ; l'impitoyable
Parque
216 MERCURE
Vientde trancher lefildesjours de ce
..... Monarque..
C'auroit estétrop peu cependant pour
lefort
Qui d'abord lefoûmit aux fureurs
de l'envie,
D'avoirpar de grands traits voulu
marquersaviesa :
S'il n'eust faitremarquer le genre de
Samort.
Je vous ay appris avec
quelle fermeté fon Auguste
Succeffeur s'eſt déclaré Ca
tholique. Sa fincerité a efte
heureuſe. Les Peuples ont
eu de la joye de voir qu'il ne
cherchoit point à les trom
per , & qu'il s'en croyoit affez
aimé,
GALANT. 217
aimé , pour leur confier un
fecret de cette importance,
ſans qu'il en deuſt rien apprehender
de fâcheux. La
confiance qu'il a cuë dans l'amour
de ſes Sujets , a produit
l'effet qu'il en avoit attendu.
L'intrepidité en toutes chofes
leur paroiffant digne d'un
Monarque né pour leur donner
des Loix , ils ont eſtimé
en luy cette grandeur d'ame
✓ qui l'engage à foûtenir l'indépendance
du rang ou le
Ciel l'a élevé. Puis qu'il leur
laiſſe une entiere liberté de
confcience , il la doit avoir
Avril 1685. T
218 MERCURE
comme eux , & il feroit bien
injuſte qu'il ne joüiſt pas
d'un Privilege qu'il veut bien
leur accorder. Toutes les
Lettres qui viennent de ce
Pays là ne parlent que de la
tranquilité où tout le monde
s'y trouve , des Adreſſes pleines
de ſoûmiffion & de ref
pect , qu'on préſente de toutes
partsau nouveau Roy , &
du choix des Députez pour
le prochain Parlement. Le
16. du dernier mois on expedia
un ordre pour fignifier à
tous les Pairs du Royaume &
à leurs Femmes , de ſe trou
GALANT. 219
ver au Couronnement du
Royavec leurs Robes deCe
remonies & leurs Couron
nes. Les Barons & leurs Femmestauront
des Robes de
Velours Cramoiſy , de meſ
me que les Vicomtes & les
autres Pairs d'une dignité
plus relevée. On a nommé
le Docteur Turner Eveſque
d'Ely , pour preſcher en préſence
de leurs Majeſtez le
jourde cette ceremonie. Les
circonstances en ont eſté ré
ſoluës devant le Roy par le
Conſeil Privé qui s'eſt aſſemblépour
les regler. Les Com-
Tij
220 MERCURE
miſſaires que l'on a choiſis
pour citer tous ceux que le
devoir de leurs Charges , ou
les redevances de leurs Fiefs
obligent à faire quelques
fonctions auCouronnement,
s'affemblerent le 3. de ce
mois dans la Chambre Peinte
du Palais de Westminster,
&commencerent à recevoir
les Requeſtes de ceux qui
prétendent avoir droit de faire
ces fonctions. Ils s'occupentà
verifier lesTitres qu'on
leur préſente , pour accorder
àchacun la fonction qui luy
appartient. Sa Majeſté a fait
GALANT. 221
donner de nouvelles Lettres
à tous les Lords Lieutenans,
ou Gouverneurs des Provinces
que le feu Roy avoit établis.
Les Affemblées pour
les Elections des Députez
qui doivent entrer au Parlement,
ſe font par tout avec
beaucoup de tranquilité.
Ces Elections ont déja eſté
faites par l'Univerſité de
Cambridge , par celle d'OK--
ford , par les Comtez de Bedford
, de Brecon , de Kenr,
deHamp , de Middleſer , de
Durban , de Glocefter , de
Hereford, de Sommerſet, de
Tiij
222 MERCURE
Cambridge , de Suffer , de
Leiceſter , de Hartford , de
Chefter , de Lincoln , de
Huntington , de Darby,
de Radnor , & par les Villes
de Cantorbury , de Darby,
de Shaftsbury , de Wood.
ſtocke , de Midhurst de
Steyning , de Bedvvyn , d'Amodesham
, d'Aileſbury , de
Ludgerſtall , d'Andover , de
Durham , de Warvvicke , de
Leiceſter , de Reading , de
Devvntom , de Heddon , de
Corfe , de Shoreham , de
Stamford , de Brecon , de
Winchester , de Chippin
GALANT. 223
Wicomb , de Chippenham,
d'Ipſvvich , de Hindon , de
Peterboroug , de Southamptom
, de Limmington ,
Westminster , d'Yorc , de
Neſtingham , de Wendover
, d'Eaft-Grimſtead ,
de
d'Abington
,, ddee LLyymm ,, de Covventry
, d'Orford , de Tornes
, de Poole , de Warcham
, de Sbareham , de
Weoby , de Petersfield , de
Nevvcastle , de Borróbridge,
d'Albroug , de Thirske , du
Grand Yarmouth , de Colcheſter
, d'Huſlemere , de
Hereford , de Lempſter , do
T iiij.
224 MERCURE
1
Cardiffe , de Marleboroug,
d'Ilcheſter , de Nevv- Sarum,
de Castle- Rifing , de Tavi
ſtocke , de Chriſt Church,
de Rygate , de Windfor , de
Malton , deNorthallerten,
Nevvarke, de Richmond, de
de
Beverley , de Pontefract, de
Leaverpoole , de Stafford, de
Sandvvick de Cirenceſter, de
Weymouth, de Melcomb, de
Devices , de Hasting , de
Norfolk , de Higham-Ferfars
, de Hetsbury , de Thet
ford & de Dunvvich. Tous
ceux que l'on a choiſis font
Gens d'une grande probité,
GALANT. 225
&dont la pluſpart ont fair
paroiſtre un attachement in
violable au feu Roy dans
les temps les plus difficiles .
Le 6. de ce mois le Duc de
Queenſborouhg grand Trefo
rier , & préſentement grand
Commiſſaire de Sa Majesté
au Royaume d'Ecoffe , & le
Comte de Perth , grand
Chacelier du meſme Royaume
, preſtérent les Sermens
accoûtumez , en qualité de
Conſeillers d'Etat du Conseil
Privé du Roy , & prirent
ſeance au Conſeil ſelon leur
rang . Peu de jours aprés le
226 MERCURE
Duc d'Ormond arriva d'Irlande.
Plus de quarante Carroſſes
à fix Chevaux allerent
au devant de luy, avec quantitéde
Nobleſſe à Cheval. Il alla
auſſi-toſt ſaluer le Roy,& il en
receut un accueil tres -favorable.
Ce Monarque luy donna
en meſme temps le Bâton
de la Charge de Lord Stevvard
, ou Grand Maiſtre de ſa
Maiſon,qu'il poſſedoit ſous le
Roy Charles II. Comme il
employe tous ſes ſoins à éta.
blir la tranquilité de fon
Royaume , & à reprimer tous
les defordres qu'y pourGALANT.
227
}
C
roient commettre lesVoleurs
de grand chemin , il fit publier
le mois paſſe la Proclamation
dont voicy les termes.
A la Courde VVitheal.
DE PAR LE ROY,
& les Seigneurs de ſon Confeil
Privé.
TERoy voulant pourvoir à
lafeureté de fes Sujets dans
les Voyages qu'ils font en ce
Royaume , pour vaquer à leurs
affaires , a ordonné aujourd'huy
228 MERCURE
eſtant en fon Confeil , & il est
ordonné par ces Preſentes à tous
fes Officiers de Justice , &à tous
ſes autres amez Sujets de faire
leurs efforts , & d'user de dili
gence , pour apprehender tous
Larrons & Voleurs de grand
chemin , afin qu'on puiſſe proceceder
contr'eux felon les Loix; &
pour encourager ceux qui appre
benderont lesdits Voleurs , il est
de plus ordonné par Sa Majesté,
que l'on donnera une récompense
de dix livres sterling pour chaque
Voleur arreſté , à celuy ou à ceux
qui en quelque temps que ce ſoit,
depuis le jour de la date des pré
> GALANT. 229
fentes , jusqu'à ce qu'il plaiſe à
Sa Majesté de rappeller cét ordre
par proclamation , ou par un autre
ordre fait en ſon Confeil,
prendront ou apprehenderont aucun
Larron ou Voleur de grand
chemin , & le feront mettre en
lieu de ſeureté. Laquelle ſomme
de dix livres sterling leur fera
payée quinze jours aprés que ledit
Voleur aura esté convaincu ou
prouvé eſtre tel. Et il est enjoint
par ces Préfentes à tous les Sherifs
des Comtez , or autres dans
L'étenduë de leur Jurisdiction ou
telle conviction aura estéfaite ,de
payer à celuy ou à ceux qui ap-
い
230 MERCURE
ON
prehenderont de tels Malfai-
Eteurs,la recompenſeſuſdite dans
le temps cy-deſſus ſpecifié , pour
chaque Voleur ainſi pris &convaincu
,furle Certificat dufuge
ou de deux , ou davantage defuges
de Paix , devant lequel,
lesquels tel Voleur aura efté convaincu.
Laquelle ſomme d'argent
ils prendront des deniers de
Sa Majesté , par eux receus dans
leComté ou telle conviction aura
eſté faite , & laquelle leur fera
paffée encompte, lors qu'ils viendront
rendre leurs comptes à l'Echiquier,
ou Chambre des Finances.
Et le GrandTreforierd'An
GALANT. 231
:
gleterre est autorisé par ces Préſentes
, & a pouvoir de donner
des ordres aux Officiers de l'Echi
quier , de paffer lesdits deniers en
compte aufdits Sherifs selon le
préſent ordre. Il est encore ordonné
àtous Gouverneurs, Lientenans
Gouverneurs , Fuges de
Paix, Maires , Sherifs , Baillis,
&autres Officiers & Perſonnes
de quelque qualité & condition
qu'elles foient , de prendre cond
- noiſſance du préfent ordre &y
obeïr , comme auffi de prefter fecours
& affistance en tout ce qui
regardera l'execution , ſur peine
d'encourir le déplaisir de SaMa
232 MERCURE
jesté,&d'estre poursuivis comme
contempteurs defon Autorité
Royale.
GUILLAUME BRIDGEMAN.
Fermer
14
p. 9-51
LE MARIAGE PAR INTEREST, OU LA FILLE A L'ENCHERE.
Début :
Un Pere avare, qui ne pensoit qu'à marier richement [...]
Mots clefs :
Fille, Père, Mariage, Homme, Marquis, Amour, Ami, Conseiller, Enchère, Jalousie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE MARIAGE PAR INTEREST, OU LA FILLE A L'ENCHERE.
LE MARIAGE
PAR INTEREST,
ou
LA FILLE
A L'ENCHERE. UN Pereavare, qui
ne penloit qu'à
marier richement sa
fille, avoit déja rompu
plusieurs affaires, cro-
* yant toûjours trouver
un- nouveau Gendre
plus riche que lespremiers;
il retiroit fà"pàrole.
aussi facilement
qûTI l'avoit donnée,&
ce caractère luy avoit
attiré un ridicule,que
quelquesvoisines,jaloules
de la vertu desa
fille, faisoient retoixw
ber malignement sur
elle; elles l'appelloient
la Fille à revehere; Ce
Pere ridicule disoitluimême
: Ma fille est à
cent mil francs, elle ne
sortira pas de chez moy
à moins, mais je préférerai
celui qui en aura
cent cinquante. Il le
fit comme il le disoit,
car tout prêt à concl ure
avec un jeune Marquis
dont sa Fille étoit aimée
& qu'elle aimoit,
un Gentilhomme plus
riche vint mettre enchere
; & te pere luy
ad jugea la fille, ce qui
fit imaginer au Marquis
desesperé - un
moyen de retarder au
moins ce dernier mariage.
Persuadé qu'il ne
s'agissort que de faire
paroistreun nouvel en*
chenfïèur, il alla trouver
un de ses intimes
amis
, cet ami s'appelloit
Damon, il étoit
très riche, & on le
comoi(Toit- pour tel; le
Marquis le pria d'aller
faire des offresau pere
pour l'amuser & gagnerdutemps.
Damon
rebuta d'abord son ami,
cette feinte ne lui convenoit
point,c'étoit un
des plushonnêtes hommes
du monde: mais
l'autre étoit un des plus
vifs ,& des plus deraisonnables
Marquis de
la Ville : il presse, il
conjure,ilsedesespere.
Non,lui dit Damon
,
non, rien ne peut mengager
à faire une telle
démarche; cependant
s'il ne s'agissoit que de
faire connoissance avec
ta maistresse, on ditque
c'est une des plus aimables
personnesdu
monde, en luy disant
que je la trouve telle,
jenecommettroispoint
ma sincerité:en un mot
si le pere peut concevoir
quelque esperance
surmon assiduité auprés
de sa fille, je laverrai,
à cela ne tienne,que
je ne terende service:
mais je t'avertis que si
l'on me veut faire expliquer,
je parlerai sincerement.
Tout ce que
je puis faire pour toy,
c'est d'éviter l'explication.
Le Marquis se
contenta de ce qu'il
pouvoit exiger, & dés
le même jour Damon
fit connoissanceavecla
fille, & la vit ensuite
pédant quelques jours.
-
Lucie
,
c'étoit le
nom de cette charmante
persnne,Lucie étoit
dune delicaresse scrupuleuse
sur tous ses devoirs,
& quoyqu'elle
eust de l'inclination
pour le Marquis, elle
obéissoit aveuglement
à son pere ;cependant
elle avoit conçu
une aversioneffroyable
pour le Gentilhomme,
a quielle étoit promise
en dernier lieu: elle
eust beaucoup mieux
aimé Damon,si elleeust
pû
,
pû aimer quelqu'autre
que le Marquis
J.
&
Damon de soncôtéla
trouva si belle, si vertueuse
& si affligée,
qu'il sentit bientost
pourelleunepitié fort
tendre, & cette ten-
:
dresse augmentant de
jour en jour,il s'apper-
£ut enfinqu'il étoit le
rival de son amy. Je
croirois bien que malgré
sa probité, il ne
s'aperçut de cetamour
que le plustard qu'il
put: mais enfin se trouvant
à peu prés dans la
situation où l'auteur
de Don Quixote met
l'ami du Curieux Impertinent,
& ne pouvant
plus se cacher son
amour à uy-meme, il
crut ne devoir pas le
cacher à son ami. Je ne
veux plus voir Lucie,
lui dit-il un jour, je
fuis trop honnête homme
pour vouloirmen
faire aimera je n'ai pas lecouragedeservirson
amour en lavoyant. Le
Marquis, quoyqu'un
peu extravagant d'ailleurs,
ne [ç fut pas assez
pour exiger deson ami
unservice sidangèl'eux.
Damon cessa de
voir Lucie,& le pere
quiavoit déjà ses vues
sur lui, futallarmé de
ne le plus voir: mais
la destinée de ce pere
.avare vouloirqu'il luy
vînt coup sur coup des
offres toutes plus avantageuses
les unes que
les autres:Voicy un
nouvel encherisseur
plusriche que les precedens
,
c'étoitun Conseiller
de Province,qui
étoit devenu passionnement
amoureux de
Lucie, chez une parente
où ill'avoitvûë
plusieurs fois. Abregeons
le recit des poursuitesde
cet amant,&
des chagrins qu'en eut
Lucie ;le peresedétermina
absolument pour
celui-ci : voila les articles
dressez,& le Conseillerafifuré
qu'il possedera
bientôt la fille
du monde la plus aimable
, &C la plus sage
Icyetf ce qui letouchoit
davantage car il étoit
naturellement fort jaloux.
«
""1'11--', est bon de faire
ici attention surla
sagesse de Lucie, 6C
sur la jalousie du Conseiller,
pour mieux ccm.,
prendre la surprise où
fut ce jaloux en trouvant
sur la table de sa
maitresseune lettredécachetée:
cette lettre qu'-
il crut avoir déja droit
de lire luy parut être
: d'unCavalier fort amoureux
de Lucie, &:
qui lui écrivoit d'un
stile d'amant ajlné.Ah,
WÀ chere Lucie, disoit
la lettre
,
faut-ilquun
triste devoirnous separe!
Que jesuis à plaindrey
& que <voui Î, es aplaindre
vous-même d'être
sacrifiée par un pire injujle
à un homme que
- VOl« ne pourrez, jamais
aimer,à un incotïjmode,
,- à un fâcheux. en un
mot le Conseiller voit
qu'on parle de luicomme
s'il étoitdéja mari
»
&C qu'aparemment Lucie
estdemoitiédumér
pris que ce rival témoii
gne pour lui;imaginezvous
l'effet d'une pareille
avanrure sur un
jaloux.Ce n'est pas tout
la lettre marquait ques
le Cavalier ne manqueroit
pasde se trouver
onze heures du foir*
chez Lucie pour la.
consoler, & qu'il y seroit
reçupar la porte
d'un jardin, par où la
maison tenoit à une petite
rue écartée. Enfin
tout
tout étoit si bien circonstancié
dans la lettre,
que le Conseiller resolut
d'atendre l'heurede
ce rendezvous pousséclaircir
, avant que de
prend re la dessus un parti
violent digne d'un
homme tres - vindicatif
, Se qui n'avoit
d'autre merite que celuy
d'être riche & amoureux
d'une personne
qui meritoit d'être
aimée.
Après avoir attendu
l'heure du rendez vous
avec impudence, nôA -
tre jaloux se trouve dãs
la petite ruë, par où
devoit arriver le Marquis,
carc'étoirluyqui
avoit écrit la Lettre;
que vous diraije, l'heure
sonne, le Marquis
vient, on lui ouvre une
petite porte, on la referme,
& le ja loux restant
au guet ju hlu'an
matin, eut tout le loisir
de se convaincre que le
galandn'étoit pas entré
chez Lucie pour une
conversation passagere,
ce fut pendant ces heures
si cruelles à passer,
qu'ilmédira contre Lucie
une vengeance inoüie,
voicy comment
il s'y prit. irmn
,il On devoit signer le
contrat le lendemain
au soir, il fit préparer
un souper magnifique,
cC prit foin pendant le
jour de rassembler toute
la famille de Lucie,
qui étoit nombreuse;
il y joignit quantitéde
femmes qu'il choisir exprés
les plus médisantes
qu'il pût, sans compter
les hommes, qui
sont encore plus dangereux
que les femmes,
parce qu'on les croit
moins médifans.
Le soir venu le Conseiller
fit remettre la
signature du Contrat
a près le sou per,& les
deux concradas furent
placez solemnellement
au bout de la table, le
repas fut fort serieux,
parce qu'on voyoit les
époux futurs fort taciturnes,&
enfin quand
on fut prest à forcir de
table, le Conseiller addressa
la paroleau Pere.
Monsieur, luy dit-il,
enélevant lavoix,afin
que toute l'assemblée
pût l'entendre: Je n'ai
jamais manqné, de paro
l e a personne, c'efb
pourquay j'ay -voulu
avoir icy grand nom- bretémoins des justes
raisons qui m'en
sontmanquer pour la
premiere fois,
Ce debut parue singulier
à toute l'assemblée,
on fut curieux
d'entendre ce qu'alloit
prononcer ce grave Juge
de Province, tout le
monde scaitcoiità-luat-
il, que vous avez
manqué de parole à
trois ou quatre Gendres
de suite, vous m'en
manqueriez aussi sans
doute s' il s'en pre sentoit
un plus riche que
fmiloOyY>)vvoouussmmeenmlceppri1i--
feriez, ainsi je fuis en
droit demépriservôtre
fille"1puisque j'en trouve
une plus sage qu'-
elle.
A ce discours on crut
d'abord que le vin de
la Noce avoit troublé
le cerveau du Conseiller,
le profond si lence
où l'on étoit, lui donna
le laillr de lire aux
convives la Lettre du
Marquis, & de cjrcon..
stancier il bien le rendez-
vous nocturne
qu'alors on ne l'accusa
plus que d'avoirpoulsé
trop loin sa vengeance,
tous les parens de
cette fille de s- honorée
baissent les yeux ou
s'entre-regardent sans
oser ouvrir la bouche,
les uns s'affligent de
bonne 'foy;"les autres
n'osentrireencore de
ce qui réjouit leur malignité
, ceux-cy feignent
de douter, afin
qu'on-leur en aprenne
encor davantage, quelques-
uns excusent, la
plûpartblâment,mais
presque tous ont les
yeux sur Lucie, qui
devenue immobile, pâh?
& défaite estpreste
à tomber en foiblesse.
Cependant le Conseiller
est dé-ja bien
loin, il avoir médité
son départ pour la Province,
une Chaise de
poste l'attendoit, & il
étoit sorti de la Sale
sans que pcrfonne eut
eu le courage de le retenir.
On alloit se separer,
& quelques-uns commençoient
àdéfilerlors
qu'un nouveau su jet
d'attention les rassembla
tous: C'était le jeune
Marquis, aut heur
de la Lettre, il avoit
vu partirsonrival, &C
seroit sans doute entré
triomphant, del'avoir
fait fuir par un coup de
sa rêre
,
mais a y ant a ppris
l'éclat quecebrutalvenoit
de faire,il
accouroit pour reparer
l'honneur de sa Maîtresse,
pendant que l'assemblée
étoit encore-ntière
; il dit d'abord
pour justifier Lucie ce
qui étoit vray, c'est
que la connoissant trop
scrupuleuse pour entier
d^o-ns- foa projet il
savoit gagné sa femme
de chac3mbre pour luy
aider à donner tie violens
soupçons au Conseiller
jaloux; en un
mot la Femme de
chambre à l'insçû de sa
-
maistresseavoit joüé le
stratagême de la lettre,
& se doutant bien que
le Conseiller voudroit .- approfondir la circonstance
du rendezvous,
avoit introduit le Marquis
par la petite porte
du jardin, mais il en
étoic sorti à l'instant
par la grande.
Aprés cette explication
le jeune Marquis
t pour se justifierluymême,
s'écria, pardonnez,
belle Lucie, à 1amour,&
audesespoir,je
sçavois bien continuat-
il, que mon rival estoit
allez jaloux pour
rompre l'affaire: mais
jene lecroyoispasassez
vindicatifpour la rompre
a," c tclat.
Pendant tout cedifcours
Lucieavoir pa- ruagitée hors d'ellemême,&
sacolere fut
prête - d'éclater contre
ce Marquis extravagant,
quil'avoit sicruelI.
ment offensée : mais
tout à coup on la vit
redevenir tranquile
comme une personne
qui a pris son parry ;
les femmes seules sont
ca pa bles de prend re à
l'instant le bon pary
quand ellesont i'elpriC
bon ;celles qui prenent
de mauvais partis les
prennent avec la même
vivacité, & c'est
,.
encore un avantage
qu'elles ont surnous;
car leurs fautes estant
moins reflec hies que
celles des hommes,elles
font plus excusables.
Le Marquis après
avoir parlé à toute l'assemblée,
se jetta aux
pieds deLucie,bien
feur d'obtenir pardon
d'une personne qui luy
avoitavoüé qu'elle l'aimoit
; il lui representa
que la justification la
plus authentique qu'une
fille put desirer,C"étoit
toit que celui qui avoit
fait soupçonner sa ver- tuprouvât en épousant
qu'ilcroyoit cette vertu
horsdesoupçon.
• Un murmure d'approbation
qui s'éleva
dans toute l'assemblée ,marqua qu on jugeoit
ce mariage necessaire;
la familleàl'instant
exigea du pere qu'il y
consentit, & la joye
qu'il avoit de voir sa
fille justifiée, le rendit
en ce moment moins
avare qu'iln'avoit jamais
elté; il se tourna
vers safille, & luy dit
qu'illui laissoit le choix
de sadessinée.
Puisque vous avez
la bontéarépondit modestement
Lucie, de
remettre à mon choix
la maniere de me justifier,
je veux estre justifiée
le plusparfaitement
qu'il se pourra;
il est clair que le MarKjuisme
justifie en quelque
façon par ses offres;
car il est rare qu'un
homme épQufe volontiers
celle qu'il auroit
deshonorée : mais il cO:
encore plus rarequ'une
fille refuse de pareilles
offres de celui pour
qui elle auroit eu quelque
foiblesse, ainsi je
me crois plus parfaitement
justifïée en declarant
que je n'épouserasjamais
un homme
qui a esté capable de
sacrifîer ma réputation
à son caprice.
Le Marquis futconfondu
par la fermeté de
cette resolution, tout
le monde, & le pere
même la trouvant sensée,
approuvoic le parti
que Lucie venoit de
prendre, lorsqu'on vit
paroistre Damon, qui
avoit suivi le Marquis
pour voir comment sa
justification feroit receuë,
indigné de l'imprudence
de cet amy, voici comment il parla:
Puisque mon amy,
dit-il à Lucie, a perdu
par sa faute les droits
qu'il avoitsur vostre
coeur, je crois ne devoir
plus avoir d'égards
que pour vostre justifïcation,
vous avezdéclaré
que vous choisiriez la
plus parfaite de toutes,
daignez donc comparer
aux deux autres
celle que je vais vous
proposer.
Il est rare, comme
vous l'avez dit, qu'on
fasse des offres telles
qu'en a fait le Marquis;
il est rare aussiqu'en pareil
cas une fille à marier
refuse de pareilles
offres: mais il est sans
doute encore plus rare
qu'après l'éclat que
vient de faire ce Conseiller
, un homme
aussiriche que moy3
qui passe pour homme
sensé, & quise pique
de delicatesse sur l'honneur
,prouve en offrant
de vous époufer qu'il
est assez feur de vostre
vertu pour croire rneme
que vous oublierez
entièrement le Marquis.
Tout le monde fut
attentif à cette derniere
justification on attendoit
la decision de
Lucie, oui, Monsieur,
dit- elle à Damon
, me
croirecapable d'oublîer
par estime pour vous,
un homme que j'ai eu
la foiblesse d'aimer c'est
meriter mon coeur aussi-
bien que mon estime.
Aprés avoir ainsî
parlé, Lucie tourna les
yeux vers son pere qui
n'avoit garde d'oublier
en cette occasion que
Damon étoit le plus
riche de tous ceux qui
Scs'étoient
presenté, exceptéleConseiller
5,
one joyeunanimedécida
pour Damon, &C
les plaintes du Marquis
se perdirent parmi les
applaudissemens de
toute l'assemblée.
Ceux qui soupçonneront
cettehistoriette
d'avoir esté imaginée,
diront que l'amour en
devoit faire le dénoument,
on pourroit leur
répondre qu'undénoument
fait par la raison,
est encore plus beau
felon les moeurs ,d'autant
plus que le Marquis
a méritéd'estre
puni; il est vnry qu'il
peut rester à Lucie
quelque tendresse pour
luy : mais celle qui a
fçû sacrifiercette tendresse,
à l'estimesolide
qu'elle a pour Damon , sçaurabien acheverce
qu'elle a commencé;
en tout cas c'est l'affaire
de Lucie, si l'histoire
est veritable, & si
elle est feinte, c'est l'affaire
de l'auteur, de répondre
à la critique
qu'on pourroit faire de
ton dénoûment.
PAR INTEREST,
ou
LA FILLE
A L'ENCHERE. UN Pereavare, qui
ne penloit qu'à
marier richement sa
fille, avoit déja rompu
plusieurs affaires, cro-
* yant toûjours trouver
un- nouveau Gendre
plus riche que lespremiers;
il retiroit fà"pàrole.
aussi facilement
qûTI l'avoit donnée,&
ce caractère luy avoit
attiré un ridicule,que
quelquesvoisines,jaloules
de la vertu desa
fille, faisoient retoixw
ber malignement sur
elle; elles l'appelloient
la Fille à revehere; Ce
Pere ridicule disoitluimême
: Ma fille est à
cent mil francs, elle ne
sortira pas de chez moy
à moins, mais je préférerai
celui qui en aura
cent cinquante. Il le
fit comme il le disoit,
car tout prêt à concl ure
avec un jeune Marquis
dont sa Fille étoit aimée
& qu'elle aimoit,
un Gentilhomme plus
riche vint mettre enchere
; & te pere luy
ad jugea la fille, ce qui
fit imaginer au Marquis
desesperé - un
moyen de retarder au
moins ce dernier mariage.
Persuadé qu'il ne
s'agissort que de faire
paroistreun nouvel en*
chenfïèur, il alla trouver
un de ses intimes
amis
, cet ami s'appelloit
Damon, il étoit
très riche, & on le
comoi(Toit- pour tel; le
Marquis le pria d'aller
faire des offresau pere
pour l'amuser & gagnerdutemps.
Damon
rebuta d'abord son ami,
cette feinte ne lui convenoit
point,c'étoit un
des plushonnêtes hommes
du monde: mais
l'autre étoit un des plus
vifs ,& des plus deraisonnables
Marquis de
la Ville : il presse, il
conjure,ilsedesespere.
Non,lui dit Damon
,
non, rien ne peut mengager
à faire une telle
démarche; cependant
s'il ne s'agissoit que de
faire connoissance avec
ta maistresse, on ditque
c'est une des plus aimables
personnesdu
monde, en luy disant
que je la trouve telle,
jenecommettroispoint
ma sincerité:en un mot
si le pere peut concevoir
quelque esperance
surmon assiduité auprés
de sa fille, je laverrai,
à cela ne tienne,que
je ne terende service:
mais je t'avertis que si
l'on me veut faire expliquer,
je parlerai sincerement.
Tout ce que
je puis faire pour toy,
c'est d'éviter l'explication.
Le Marquis se
contenta de ce qu'il
pouvoit exiger, & dés
le même jour Damon
fit connoissanceavecla
fille, & la vit ensuite
pédant quelques jours.
-
Lucie
,
c'étoit le
nom de cette charmante
persnne,Lucie étoit
dune delicaresse scrupuleuse
sur tous ses devoirs,
& quoyqu'elle
eust de l'inclination
pour le Marquis, elle
obéissoit aveuglement
à son pere ;cependant
elle avoit conçu
une aversioneffroyable
pour le Gentilhomme,
a quielle étoit promise
en dernier lieu: elle
eust beaucoup mieux
aimé Damon,si elleeust
pû
,
pû aimer quelqu'autre
que le Marquis
J.
&
Damon de soncôtéla
trouva si belle, si vertueuse
& si affligée,
qu'il sentit bientost
pourelleunepitié fort
tendre, & cette ten-
:
dresse augmentant de
jour en jour,il s'apper-
£ut enfinqu'il étoit le
rival de son amy. Je
croirois bien que malgré
sa probité, il ne
s'aperçut de cetamour
que le plustard qu'il
put: mais enfin se trouvant
à peu prés dans la
situation où l'auteur
de Don Quixote met
l'ami du Curieux Impertinent,
& ne pouvant
plus se cacher son
amour à uy-meme, il
crut ne devoir pas le
cacher à son ami. Je ne
veux plus voir Lucie,
lui dit-il un jour, je
fuis trop honnête homme
pour vouloirmen
faire aimera je n'ai pas lecouragedeservirson
amour en lavoyant. Le
Marquis, quoyqu'un
peu extravagant d'ailleurs,
ne [ç fut pas assez
pour exiger deson ami
unservice sidangèl'eux.
Damon cessa de
voir Lucie,& le pere
quiavoit déjà ses vues
sur lui, futallarmé de
ne le plus voir: mais
la destinée de ce pere
.avare vouloirqu'il luy
vînt coup sur coup des
offres toutes plus avantageuses
les unes que
les autres:Voicy un
nouvel encherisseur
plusriche que les precedens
,
c'étoitun Conseiller
de Province,qui
étoit devenu passionnement
amoureux de
Lucie, chez une parente
où ill'avoitvûë
plusieurs fois. Abregeons
le recit des poursuitesde
cet amant,&
des chagrins qu'en eut
Lucie ;le peresedétermina
absolument pour
celui-ci : voila les articles
dressez,& le Conseillerafifuré
qu'il possedera
bientôt la fille
du monde la plus aimable
, &C la plus sage
Icyetf ce qui letouchoit
davantage car il étoit
naturellement fort jaloux.
«
""1'11--', est bon de faire
ici attention surla
sagesse de Lucie, 6C
sur la jalousie du Conseiller,
pour mieux ccm.,
prendre la surprise où
fut ce jaloux en trouvant
sur la table de sa
maitresseune lettredécachetée:
cette lettre qu'-
il crut avoir déja droit
de lire luy parut être
: d'unCavalier fort amoureux
de Lucie, &:
qui lui écrivoit d'un
stile d'amant ajlné.Ah,
WÀ chere Lucie, disoit
la lettre
,
faut-ilquun
triste devoirnous separe!
Que jesuis à plaindrey
& que <voui Î, es aplaindre
vous-même d'être
sacrifiée par un pire injujle
à un homme que
- VOl« ne pourrez, jamais
aimer,à un incotïjmode,
,- à un fâcheux. en un
mot le Conseiller voit
qu'on parle de luicomme
s'il étoitdéja mari
»
&C qu'aparemment Lucie
estdemoitiédumér
pris que ce rival témoii
gne pour lui;imaginezvous
l'effet d'une pareille
avanrure sur un
jaloux.Ce n'est pas tout
la lettre marquait ques
le Cavalier ne manqueroit
pasde se trouver
onze heures du foir*
chez Lucie pour la.
consoler, & qu'il y seroit
reçupar la porte
d'un jardin, par où la
maison tenoit à une petite
rue écartée. Enfin
tout
tout étoit si bien circonstancié
dans la lettre,
que le Conseiller resolut
d'atendre l'heurede
ce rendezvous pousséclaircir
, avant que de
prend re la dessus un parti
violent digne d'un
homme tres - vindicatif
, Se qui n'avoit
d'autre merite que celuy
d'être riche & amoureux
d'une personne
qui meritoit d'être
aimée.
Après avoir attendu
l'heure du rendez vous
avec impudence, nôA -
tre jaloux se trouve dãs
la petite ruë, par où
devoit arriver le Marquis,
carc'étoirluyqui
avoit écrit la Lettre;
que vous diraije, l'heure
sonne, le Marquis
vient, on lui ouvre une
petite porte, on la referme,
& le ja loux restant
au guet ju hlu'an
matin, eut tout le loisir
de se convaincre que le
galandn'étoit pas entré
chez Lucie pour une
conversation passagere,
ce fut pendant ces heures
si cruelles à passer,
qu'ilmédira contre Lucie
une vengeance inoüie,
voicy comment
il s'y prit. irmn
,il On devoit signer le
contrat le lendemain
au soir, il fit préparer
un souper magnifique,
cC prit foin pendant le
jour de rassembler toute
la famille de Lucie,
qui étoit nombreuse;
il y joignit quantitéde
femmes qu'il choisir exprés
les plus médisantes
qu'il pût, sans compter
les hommes, qui
sont encore plus dangereux
que les femmes,
parce qu'on les croit
moins médifans.
Le soir venu le Conseiller
fit remettre la
signature du Contrat
a près le sou per,& les
deux concradas furent
placez solemnellement
au bout de la table, le
repas fut fort serieux,
parce qu'on voyoit les
époux futurs fort taciturnes,&
enfin quand
on fut prest à forcir de
table, le Conseiller addressa
la paroleau Pere.
Monsieur, luy dit-il,
enélevant lavoix,afin
que toute l'assemblée
pût l'entendre: Je n'ai
jamais manqné, de paro
l e a personne, c'efb
pourquay j'ay -voulu
avoir icy grand nom- bretémoins des justes
raisons qui m'en
sontmanquer pour la
premiere fois,
Ce debut parue singulier
à toute l'assemblée,
on fut curieux
d'entendre ce qu'alloit
prononcer ce grave Juge
de Province, tout le
monde scaitcoiità-luat-
il, que vous avez
manqué de parole à
trois ou quatre Gendres
de suite, vous m'en
manqueriez aussi sans
doute s' il s'en pre sentoit
un plus riche que
fmiloOyY>)vvoouussmmeenmlceppri1i--
feriez, ainsi je fuis en
droit demépriservôtre
fille"1puisque j'en trouve
une plus sage qu'-
elle.
A ce discours on crut
d'abord que le vin de
la Noce avoit troublé
le cerveau du Conseiller,
le profond si lence
où l'on étoit, lui donna
le laillr de lire aux
convives la Lettre du
Marquis, & de cjrcon..
stancier il bien le rendez-
vous nocturne
qu'alors on ne l'accusa
plus que d'avoirpoulsé
trop loin sa vengeance,
tous les parens de
cette fille de s- honorée
baissent les yeux ou
s'entre-regardent sans
oser ouvrir la bouche,
les uns s'affligent de
bonne 'foy;"les autres
n'osentrireencore de
ce qui réjouit leur malignité
, ceux-cy feignent
de douter, afin
qu'on-leur en aprenne
encor davantage, quelques-
uns excusent, la
plûpartblâment,mais
presque tous ont les
yeux sur Lucie, qui
devenue immobile, pâh?
& défaite estpreste
à tomber en foiblesse.
Cependant le Conseiller
est dé-ja bien
loin, il avoir médité
son départ pour la Province,
une Chaise de
poste l'attendoit, & il
étoit sorti de la Sale
sans que pcrfonne eut
eu le courage de le retenir.
On alloit se separer,
& quelques-uns commençoient
àdéfilerlors
qu'un nouveau su jet
d'attention les rassembla
tous: C'était le jeune
Marquis, aut heur
de la Lettre, il avoit
vu partirsonrival, &C
seroit sans doute entré
triomphant, del'avoir
fait fuir par un coup de
sa rêre
,
mais a y ant a ppris
l'éclat quecebrutalvenoit
de faire,il
accouroit pour reparer
l'honneur de sa Maîtresse,
pendant que l'assemblée
étoit encore-ntière
; il dit d'abord
pour justifier Lucie ce
qui étoit vray, c'est
que la connoissant trop
scrupuleuse pour entier
d^o-ns- foa projet il
savoit gagné sa femme
de chac3mbre pour luy
aider à donner tie violens
soupçons au Conseiller
jaloux; en un
mot la Femme de
chambre à l'insçû de sa
-
maistresseavoit joüé le
stratagême de la lettre,
& se doutant bien que
le Conseiller voudroit .- approfondir la circonstance
du rendezvous,
avoit introduit le Marquis
par la petite porte
du jardin, mais il en
étoic sorti à l'instant
par la grande.
Aprés cette explication
le jeune Marquis
t pour se justifierluymême,
s'écria, pardonnez,
belle Lucie, à 1amour,&
audesespoir,je
sçavois bien continuat-
il, que mon rival estoit
allez jaloux pour
rompre l'affaire: mais
jene lecroyoispasassez
vindicatifpour la rompre
a," c tclat.
Pendant tout cedifcours
Lucieavoir pa- ruagitée hors d'ellemême,&
sacolere fut
prête - d'éclater contre
ce Marquis extravagant,
quil'avoit sicruelI.
ment offensée : mais
tout à coup on la vit
redevenir tranquile
comme une personne
qui a pris son parry ;
les femmes seules sont
ca pa bles de prend re à
l'instant le bon pary
quand ellesont i'elpriC
bon ;celles qui prenent
de mauvais partis les
prennent avec la même
vivacité, & c'est
,.
encore un avantage
qu'elles ont surnous;
car leurs fautes estant
moins reflec hies que
celles des hommes,elles
font plus excusables.
Le Marquis après
avoir parlé à toute l'assemblée,
se jetta aux
pieds deLucie,bien
feur d'obtenir pardon
d'une personne qui luy
avoitavoüé qu'elle l'aimoit
; il lui representa
que la justification la
plus authentique qu'une
fille put desirer,C"étoit
toit que celui qui avoit
fait soupçonner sa ver- tuprouvât en épousant
qu'ilcroyoit cette vertu
horsdesoupçon.
• Un murmure d'approbation
qui s'éleva
dans toute l'assemblée ,marqua qu on jugeoit
ce mariage necessaire;
la familleàl'instant
exigea du pere qu'il y
consentit, & la joye
qu'il avoit de voir sa
fille justifiée, le rendit
en ce moment moins
avare qu'iln'avoit jamais
elté; il se tourna
vers safille, & luy dit
qu'illui laissoit le choix
de sadessinée.
Puisque vous avez
la bontéarépondit modestement
Lucie, de
remettre à mon choix
la maniere de me justifier,
je veux estre justifiée
le plusparfaitement
qu'il se pourra;
il est clair que le MarKjuisme
justifie en quelque
façon par ses offres;
car il est rare qu'un
homme épQufe volontiers
celle qu'il auroit
deshonorée : mais il cO:
encore plus rarequ'une
fille refuse de pareilles
offres de celui pour
qui elle auroit eu quelque
foiblesse, ainsi je
me crois plus parfaitement
justifïée en declarant
que je n'épouserasjamais
un homme
qui a esté capable de
sacrifîer ma réputation
à son caprice.
Le Marquis futconfondu
par la fermeté de
cette resolution, tout
le monde, & le pere
même la trouvant sensée,
approuvoic le parti
que Lucie venoit de
prendre, lorsqu'on vit
paroistre Damon, qui
avoit suivi le Marquis
pour voir comment sa
justification feroit receuë,
indigné de l'imprudence
de cet amy, voici comment il parla:
Puisque mon amy,
dit-il à Lucie, a perdu
par sa faute les droits
qu'il avoitsur vostre
coeur, je crois ne devoir
plus avoir d'égards
que pour vostre justifïcation,
vous avezdéclaré
que vous choisiriez la
plus parfaite de toutes,
daignez donc comparer
aux deux autres
celle que je vais vous
proposer.
Il est rare, comme
vous l'avez dit, qu'on
fasse des offres telles
qu'en a fait le Marquis;
il est rare aussiqu'en pareil
cas une fille à marier
refuse de pareilles
offres: mais il est sans
doute encore plus rare
qu'après l'éclat que
vient de faire ce Conseiller
, un homme
aussiriche que moy3
qui passe pour homme
sensé, & quise pique
de delicatesse sur l'honneur
,prouve en offrant
de vous époufer qu'il
est assez feur de vostre
vertu pour croire rneme
que vous oublierez
entièrement le Marquis.
Tout le monde fut
attentif à cette derniere
justification on attendoit
la decision de
Lucie, oui, Monsieur,
dit- elle à Damon
, me
croirecapable d'oublîer
par estime pour vous,
un homme que j'ai eu
la foiblesse d'aimer c'est
meriter mon coeur aussi-
bien que mon estime.
Aprés avoir ainsî
parlé, Lucie tourna les
yeux vers son pere qui
n'avoit garde d'oublier
en cette occasion que
Damon étoit le plus
riche de tous ceux qui
Scs'étoient
presenté, exceptéleConseiller
5,
one joyeunanimedécida
pour Damon, &C
les plaintes du Marquis
se perdirent parmi les
applaudissemens de
toute l'assemblée.
Ceux qui soupçonneront
cettehistoriette
d'avoir esté imaginée,
diront que l'amour en
devoit faire le dénoument,
on pourroit leur
répondre qu'undénoument
fait par la raison,
est encore plus beau
felon les moeurs ,d'autant
plus que le Marquis
a méritéd'estre
puni; il est vnry qu'il
peut rester à Lucie
quelque tendresse pour
luy : mais celle qui a
fçû sacrifiercette tendresse,
à l'estimesolide
qu'elle a pour Damon , sçaurabien acheverce
qu'elle a commencé;
en tout cas c'est l'affaire
de Lucie, si l'histoire
est veritable, & si
elle est feinte, c'est l'affaire
de l'auteur, de répondre
à la critique
qu'on pourroit faire de
ton dénoûment.
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Résumé : LE MARIAGE PAR INTEREST, OU LA FILLE A L'ENCHERE.
Le texte relate l'histoire d'un père avare déterminé à marier sa fille Lucie au plus offrant. Plusieurs fiançailles sont rompues, attirant ainsi le ridicule et des rumeurs malveillantes sur Lucie. Un jeune Marquis, amoureux de Lucie, voit sa demande rejetée au profit d'un gentilhomme plus riche. Désespéré, le Marquis demande à son ami Damon, un homme riche et honnête, de faire une offre pour gagner du temps. Damon accepte à contrecœur et rencontre Lucie, qu'il trouve charmante et vertueuse. Il finit par tomber amoureux d'elle, mais décide de ne plus la voir pour éviter de trahir son ami. Lucie est ensuite promise à un Conseiller de Province, mais elle est horrifiée par cette perspective. Le Conseiller, jaloux, découvre une lettre d'amour prétendument écrite par un autre homme, ce qui le pousse à quitter Lucie. Le Marquis révèle alors que la lettre était un stratagème pour éloigner le Conseiller. Lucie, offensée par l'imprudence du Marquis, refuse de l'épouser. Damon, présent lors de cette révélation, propose alors de l'épouser pour la justifier pleinement. Lucie accepte, impressionnée par la délicatesse et l'estime de Damon. Le père, voyant l'unanimité en faveur de Damon, consent au mariage. Le texte se termine par l'approbation générale de cette union, soulignant la sagesse et la raison qui ont guidé la décision de Lucie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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15
p. 3-45
LA BLONDE BRUNE femme & maistresse.
Début :
Une Dame jolie, enjoüée, & de beaucoup d'esprit, vertueuse [...]
Mots clefs :
Blonde, Brune, Languedoc, Mari absent, Galanterie, Maîtresse, Soupçon, Amant jaloux, Convalescence, Paris, Abbesse, Conseiller, Amour, Carrosse, Abbaye, Veuve, Couvent, Tromperie, Jalousie, Cheveux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA BLONDE BRUNE femme & maistresse.
LA BLONDE BRUNE
femme & maistreffe.
UNeDame jolie , enjouée , & de beaucoup
d'efprit , vertueufe dans
le fond , mais aimant le
Septembre 1712. Aij
4 MERCURE
monde , & les amufe->
ments d'une galanterie
fans vice , ne put s'empefcher de fuivre cette
maniere de vie pendant
l'abfence de fon mary ,
que d'importantes affai
res avoient appellé dans
le Languedoc pour quelque temps. Il eftoit tresnouveau marić , & avoit
épousé la femme par un
accommodement de famille , & ne l'avoit pas
veuë plus de deux outrois
GALANT.
jours avant ſon mariage,
& avoit efté contraint de
partir peu de jours après.
Il aima d'abord cette
femme ; mais foit jaloufic , foit delicateffe fcrupuleufe fur le point
d'honneuril eftoit un
peu trop fevere für fa
conduite ; & il luy recommanda en partant
une regularité devivie
fort efloignée des innocentes libertez qu'elle s'eftoit donnée eftant fille ,
Aiij
6 MERCURE
& qu'elle s'eftoit promis
de continuer après fon
mariage , ainfi fe voyant
maitreffe de fes actions
par ce départ , elle oùblia tous les fcrupules
qu'onlui avoit donnez en
partant , elle eftoit née
pour la vie agréable ,
l'occafion eftoit belle
elle crut qu'il luy eftoit
permis de s'en fervir ,
pourveu qu'elle évitaft
l'éclat ; elle ne vouloit
point recevoir de vifites
GALANT.
7
chez elle , mais elle avoit
des amis & des amies de
fon humeur , on la vit ,
elle plut & n'en fut point
fafchée. On lui fit de tendres déclarations , elle les
reçeut en femme d'efprit
qui veut eftre aimée &
ne point aimer, elle ne fe
faſchoit de rien, pourveu
qu'onne paffaft point les
bornes qu'elles s'eftoit
prefcrites conformément
à un fond de fageffe qui
ne pourroit eftre alteré ,
*
A iiij
8 MERCURE
les plus médifans one
pouvoient avoir que des
foupçons mal fondez , &
ceux qui eftoient les plus
entreprenans s'aperceurent bien - toft qu'il n'y
avoit à efperer d'elle que
l'agrément de la focieté
generale , ils l'en eſtimerent davantage & n'en
curent pas moins d'empreffement à la voir, car
elle plaifoit , mefme aux
femmes qui fe fentoient
un merite inferieur au
GALANT
fien , tout alloit bien jufque là mais un de ces
jeunes conquerants qui
ne veulent des femmes
que la gloire de s'en eſtre
fait aimer , prétendit un
jour eftre aimé d'elle
plus férieufement qu'elle
ne vouloit , elle le regarada fierement , changea
de ftile , prit un air fevere
& rabbatit tellement fa
vanité , qu'elle s'en fit un
ennemi tres- dangereux
il examina de prés toutes
10 MERCURE
fes demarches , la vit de
facile accès à tous ceux
qu'il regardoit comme
fes rivaux , & fans fonger qu'ils ne luy avoient
pas donné les mefmes fujets de plainte que luy , il
les mit tous fur fon compte , il prit confeil de fa
jaloufie , & ne fongea
plus qu'à fe vanger , il en
trouva une occafion toute autre qu'il ne l'efpe
roit.
La Dame eftoit allée à
GALANT.
IF
une Campagne pour
quelques jours avec une
amie;
par malheur pour
elle fon mary revint
justement de Languedoc le lendemain du
départ de fa femme , &
fut fort défagreablement
furpris de nela point
trouver chez elle en arrivant. Le premier homme qu'il vit en fortant
de chez luy ce fut l'amant jaloux , avec qui
il avoit toujours vécu
12 MERCURE
affez familierement , le
mary luy confia le chagrin qu'il avoit contre ſa
femme; il prit cette occafionpour la juftifier de la
maniere dont les prudes
medifent ordinairement
de leurs émules , c'eſtà- dire en excufant malignement les fautes qu'on
ignoreroit fans elle; il entra dans le détail de toutes les connoiffances qu
elleavoit faites depuisfon
départ , & de toutes les
GALANT. 13
parties où elles'étoit trouvée, en louant une vertu
qui pouvoit eftre à l'épreuve de tout cela , mais
cette vertu eftoit ce qui
frappoit moins le mary
les épreuves où elle s'eftoit mife le frappoient
bien davantage , en un
motil l'enviſageacomme
tres-coupable, il s'emporte, il fulmine, & il auroit
pris quelque refolution
violente, fi quelques amis
mieux intentionnez
MERCURE
n'cuffent un peu adouci
le venin que le premier
avoit infinue dans le
cœur de ce pauvre mari ,
cependant tout ce que
ceux- cy purent gagner
ce fut qu'en attendant
un éclairciſſement plus
ample cette femme iroit,
fous quelque prétexte
qu'ils trouverent , paffer
quelques femaines dans
un Couvent à quinze
lieues de Paris , dont par
bonheur l'Abeffe fe trouE
GALANT. S
foeur d'un de ces prudents amis , & la femme
va
executa cette retraite demivolontaire dès qu'elle
fut de retour ; & deux
parentes du maryfechargerent de l'y conduire.
La voila donc dans le
Couvent , fes manieres
engageantes & flateufes
la rendirent bien- toft intime amie de l'Abbeffe ,
elle fe fit aimer de tout le
Couvent, c'eftoit une neceffité pour elle que la
stoleg
16 MERCURE
vie gaye , elle fe fit des
plaifirs de tout ce qui en
peut donner dans la retraite , & elle fit amitié
avec une jeune Provençale, parente de l'Abbeſſe
qui eftoit aufli dans le
Couvent pour paſſer la
premiere année de fon
veuvage, mais elle eftoit
auffi gaye que celle - cy
qui n'eftoit pas veuve
celle - cy eut une fantaifie fi forte d'apprendre
le Provençal qu'elle le
parloit
GALANT. 17
parloit au bout de quelque temps auffi bien que
cette veuve qu'elle ne
quittoit pas d'un moment.
Le temps de cette retraite dura prés d'une an
née au lieu de quelques
femaines › parce que le
mary fut obligé de retourner en Languedoc
& qu'il ne voulut pas la
laiffer feule à Paris une
feconde fois. Pendant ce
temps là elle eut la petite
Septembre 1712. B
18 MERCURE
verole , & n'en fut prefque point marquée, mais
il fe fit un petit changementdans les traits defon
de temps vifage , en peu
la convalefcence joignit
de l'embonpoint à fa taille qui eftoit fort menuë ;
& fon teint s'éclaircit
beaucoup , elle perdit de
beaux cheveux blonds
qu'elle avoit , en forte
que mettant un jour en
badinant une coifure de
la veuve , qui eftoit bru
GALANT 19
ne , elle fe trouva fi jolic
en brun & en mefme
temps fi diférente de ce
qu'elle eftoit en blond
avant fa petite verolo
que joignant à cela le
langage Provençal, qu'el
le s'eftoit rendu naturel ,
ellecrutpouvoir fatisfaire
une fantaiſie qui luyvint;
c'eftoit d'accompagner
fan amie dans un pe
tit voyage qu'elle alloit
faire à Paris , & d'y paſfer
incognito pour une Pra
Bij
20 MERCURE
vençale parente de cette
veuve , elle en obtint la
permiffion de l'Abbeffe
& du frere de cetteAbbef
fe, qui eftoit, commej'ay
dit , le vray ami de confiance du mary , & qui
avoit mefme affez d'af1
cendant fur luy pour ſe
charger de ce qui pourroit arriver , lorſque par
hazard elle feroit reconnuë par quelqu'un. En
unmot , il ne put refuſer
cette petite confolation
GALANT. 28
d'aller voir Paris , à une
femme qu'il fçavoit innocente , & que fon mary qui menaçoit d'eftre
encore trois mois en Lan
guedoc, avoit déja laiffé
un an dans le Couvent ,
il partit donc avec la veritable & la fauffe brune,
qu'il mena en arrivant à
Paris chez unvieux Confeiller dont la femme eftoit tres vertueuse , il ne
pouvoit la placer mieux
pour la fureté du mary.
22 MERCURE
Il fit croire aifément au
vieux Confeiller & à fa
femme qu'elle eftoit Provençale & parente de la
veuve.
Nos deux brunes firent pendant quelques
jours l'admiration du petit nombre de gens que
voyoit la Confeillere , &
elles eftoient un jourtoutes trois avec le Confeiller dans fon Cabinet en
fortant de Table , lorfqu'un Soliciteur impa
}
GALANT. 27
que
tes
tient ne trouvant perfonne pour l'annoncer, parce
gens difnoient
entra dans le Cabinet du
Confeiller. Qui pourroit
imaginer la bizarerie de
cette incident , le mary
jaloux eftoit revenu en
poſté pour un procèsimportant dont ce Confeil
ler venoit d'eftre nommé
Rapporteur , il eſtoit encore aux compliments
avec le Confeiller quand
la parole luy manqua
&
24 MERCURE
tout à coup , par la ref
femblance eftonnante
qui le frappa malgré les
changemens dont j'ay
parlé ; le Conſeiller luy
dit ce qu'il croyoit de
bonne foy , que cette
belle Provençale eftoit
arrivée de Provence depuis deux jours avec la
veuve. Le mary ne put
s'empefcher contre lá
bienséance mefme de s'avancer vers les deux Dames , il leur marqua là
caufe
GALANT.
caufedefoneftonnement,
& il cuftfansdoutereconneu fa femme fans la préfence d'efprit qu'elle cut
de neparler que Provençal , comme fi elle n'euft
pas fceu bien parler
François , ce jargon dépayfa encore le mary qui
s'en tint à l'eftonnement
d'une telle reffemblance
entre une brune & fa
femme qui eftoit blonde.
En ce moment l'ami qui
avoit difné avec les DaSeptembre 1712, C
26 MERCURE
mes, & qui eftoit reſté un
moment dans le Jardin ,
fut eftonnéen remontant
de trouver dans l'antichambre un Laquais de
fon ami qu'il croyoit encore en Languedoc , &
fut bien plus furpris encore quand ce Laquais
lui dit que fon Maiſtre
eftoit dans le Cabinet du
Confeiller , il entra fort
allarmé , mais la fcene
qu'il y trouva l'ayant un
peu raffuré , lui fit naiſtre
GALANT
. 17
en grossune idée qu'il
perfectionna dans la fuite , & aprés avoir appuyé
ta folicitation de fon ami
auprès du Conſeiller , il
fortit avec luy , le fortifia dans l'idée de la
reffemblance , & lui promit pour la rareté dufait
de luy faire voir le lende-
-main cette brune, & dès
le foir mefme il prévint
ola Confeillere en lui contant la verité de tout , &
luy faiſant approuver le
C ij
& MERCURE
deffein qu'il avoit , car
foupçonnoit desja le mary d cftre un peu amoureux de fa femme traveftie. ?
La vifite du lendemain
fe pafla plus gayement
que la premiere entreveuë, car la femme ayant
concertéfon perfonnage,
le fouftint à merveille, &
dit à fon mary en langage Provençal cent jolies
chofes , que la veuve lui
interpretoit à mefure ,
GALANT. 29
elle interpretoit enfuite
la femme ce que fon mary lui difoit bon François : ce jeu donna à l'amyla fene du monde la
en
plus divertiflante , & le
maryfortit delà fì amouBeux , que fon amy n'en
douta plus ; mais il fe
garda bien de lui tefmoi
gner qu'il s'en apperceut,
de peur de le de le contraindre. Le fingulier de cett
avanture , c'eft qu'en certains momens le maryreCij
30 MERCURE
connoiffoit fi fort fa femme, que cela refroidiffoit
un peueu fon amour, toutes les differences qu'il
trouvoit le frappant , enfuite fon amour redoubloit , & les fcrupules lui
prenoient , il vit ainfi plufieurs fois fa femme, mais
le jour de fon départ eftoit arrivé , on dit hautement qu'elle retournoit
en Provence, & elle partit
pour fe rendre au Cou
vent.
ALANT 31
Ce départ mit le mary
dans un tel abbatement
qu'il ne put s'empeſcher
de faire confidence àa fon
amy du cruel cftat où
cette feparation l'avoit
que
mis. Alors Famylui confeilla de profiter de la reffemblance, de taſcher
fa femme remplaçaft cette perte dans fon cœur.
Ils partirent tous deux
pour aller au Couvent ,
où la femme redevenue
blonde , prit des ajuſte
C iiij
32 MERCURI
ments if differents de
ceux qu'elle avoit cftant
brune , que le mary crup
voirune autre perfonne ,
il y trouvoit pourtant
quelques uns des mefmes
charmes , mais celle - cy
ne fervoit qu'à lui faire
regreter l'autre , en lus
en reveillant lidée. vio
Sur ces entrefaites un
courier vint apporter une
lettre à l'amy & cette
lettre eftoit de la veuve,
qui de concert avec lui
CALANTI #
cftoit allée à une terre
qu'avoit le Confeiller à
quatre lieues du Cou
vent, cette lettre portoit,
que la belle brune s'erant
trouvée indifposée &
cette femme fe trouvant
fur la route du Langue
doc elle y séjourneroit
deux où trois jours. Il
montra le commencement de cette lettre au
mary , qui en lut en mef.
me temps la fin , où la
veuve marquoit à l'amy
34 MERCURE
comme par une espece de
confidence , que l'indif
pofition de la brune n'eftoit qu'un prétexte pour
taſcher de retournerà Paris , pour revoir fon amy
pour qui elle avoit le
cœur pris. Jugez de l'effet que cette fin de lettre
fit fur le pauvre mary .
l'amy reprit fa lettre fans
lui parler davantage de
la veuve ni de fa compagne , & dit enfuite qu'ef
tant obligé de refter deux
GALANT. 35
ou trois jours avec la
foeur Abbeffe ; il lui
donnoit fon Caroffe pour
s'en retourner à Paris ; le
mary fut charmé de cet
incident & profita du
Caroffe , il gagna le Cocher & marcha droit
vers la terre où il croyoit
trouver la brune , & c'eft
ce que l'amy avoit prévû,
la blonde partit àl'inftant
par un chemin de traverfe avec une Chaife de
pofte , & l'amy à Che-
36 MERCURE
val , ils arriverent une
heure avant le Caroffe
dont le Cocher avoit ordre d'aller fort douce,
ment, & la blonde cut
tout le loifir de le faire
brune ,
avant que fon
maryfuftarrivé, l'amyfe
fit cacher dans le Chaf
teau , & cette entreveuë
fut fi vive qu'il y eut déclaration d'amour depart
&
d'autre , car le mary
eut la tefte fi troublée de
puis la lecture de la lettre,
GALANT. 37-
qu'il fut incapable d'aucune reflexion fur l'infi- .
delitéqu'il faifoit à fa femme dans le moment
qu'ils eftoient dans le fort
de leur tendreffe l'amy
parut , la brune feignit
?
d'eftre furpriſe & troublée , fe retira avec précipitation & laiffa les
deux amis feuls enfemble , alors l'amy prenant
un ton fort fevere , dite
au mary qu'il s'etoit bien
douté de l'infidelité qu'il
38 MERCURE
vouloit faire à fa femme,
& qu'il lui avoit exprés
laiffé fon Carroffe pour
avoir lieu de le furprendre , & de lui faire cent
reproches des mauvais
procedez qu'il avoit eus
avec fa femme fur de
fimples apparences , lorf
qu'il eftoit réellement infidelle. Ce mary fut tres
honteux , fon amy avoit
beaucoupd'afcendant fur
fon efprit , il lui fit promettre qu'il ne reverroit
CALANT. 39
pas
་
jamaistla brune ?, ible
promit , mais ce n'eftoit
là ce qu'on vouloit
de lui , l'amy reprit avec
lui le chemin de l'Abbaye , & le détermina à
reprendre fa femme pour
la remener à Paris , il le
promit , mais il eut befoin de toute fa raiſon &
de toute celle de fon amy
pour faire un tel effort
fur lui-mefme. Il arriva à
l'Abbaye dans un eſtat
qui cuft fait pitié à tout
40 MERCURE
a
autre qu'à cet amy. Ils
prirent leurs mefures en
arrivant à l'Abbaye pour
pouvoir partir le lendemain pour Paris , la femme eftoit à l'Abbaye avant eux , & par le mefme chemin qu'elle avoit
pris pour aller , elle en
eftoit revenue , & reparut en blonde , mais ce
n'eftoit plus cette blonde
foumife , gracieuſe , &
fuppliante que le maryy
avoit laiffée le matin , elle
prit
GALANT 41
prit un autre ton , elle fit
la ferme jaloufe , & en
prétence de l'Abbofle dé
clara qu'elle fçavoit l'in ,
fidelité de fon mary , l'amy & l'Abbele joue
rent fr bien leur perfonnage , & feconderent fi
bien les juftes reproches
de la femme irritée , quo
le mary veritablement
convaincu de fon tort refolut fincerement de tafa
cher debien vivre avec fa
femme & d'oublier la
Septembre 1712.
D.
42 MERCURE
Provençale , il le promit,
mais la femme feignit de
ne fe fier pas à fes promeffes , de vouloir refter
au Couvent , & fe retira
fierement. L'Abbeffe, l'a
my, & le mary difnerent
fort triftement , & on le
fit refter à table autant de
temps qu'il fallut pour
donner le loifir à la blonde de redevenir brune ;
elle n'oublia rien cette
derniere fois pour plaire
à fon amant mary , il fut
GALANT
fort furpris de la voir entrer dans le parloir où ils
mangcoient, l'Abbeffe &
l'amyfeignirent auffi d'eftre furpris , la fcene qui
fe paffa s'imagine mieux
qu'elle ne fe peut écrire ,
jamais mary ne s'eft trou
vé dans un pareil embar
ras , car l'Abbeffe & l'amyne pouvoient traiter
la chofe fi férieuſement
qu'ils ne leur échapaft
quelques éclats de rire ,
ils eftoient dans cette fi
Dij
44 MERCURE
tuation lorfque la Pro
vençale commença à par
ler bon François , & à
déclarer ouvertementfon
amour , fans lui dire encore qu'elle eftoit fa fenrme, & ils firentprudem
ment de tromper le mari
par degrez, car s'ileuft appris tout d'un coup que
celle qu'il aimoit fi pafs
fionnément alloit eftre en
fa poffeffion , il en feroit
mort de joye. Enfin le
dénouement fut mené
GALANT. 45
de maniere , que le mary
fut auffi amoureux aprés
Féclairciffement , & mef
me plus qu'il ne l'avoit
eftéavant & dans la fuitele mary devenant
moins amoureux &
moins jaloux , & la femme devenant plus refervée cela fit un très bon
menage : enfin l'amy fut
remercié de la tromperie
innocente comme du
meilleure office qu'il
pouvoit rendre au mary
& à la femme
femme & maistreffe.
UNeDame jolie , enjouée , & de beaucoup
d'efprit , vertueufe dans
le fond , mais aimant le
Septembre 1712. Aij
4 MERCURE
monde , & les amufe->
ments d'une galanterie
fans vice , ne put s'empefcher de fuivre cette
maniere de vie pendant
l'abfence de fon mary ,
que d'importantes affai
res avoient appellé dans
le Languedoc pour quelque temps. Il eftoit tresnouveau marić , & avoit
épousé la femme par un
accommodement de famille , & ne l'avoit pas
veuë plus de deux outrois
GALANT.
jours avant ſon mariage,
& avoit efté contraint de
partir peu de jours après.
Il aima d'abord cette
femme ; mais foit jaloufic , foit delicateffe fcrupuleufe fur le point
d'honneuril eftoit un
peu trop fevere für fa
conduite ; & il luy recommanda en partant
une regularité devivie
fort efloignée des innocentes libertez qu'elle s'eftoit donnée eftant fille ,
Aiij
6 MERCURE
& qu'elle s'eftoit promis
de continuer après fon
mariage , ainfi fe voyant
maitreffe de fes actions
par ce départ , elle oùblia tous les fcrupules
qu'onlui avoit donnez en
partant , elle eftoit née
pour la vie agréable ,
l'occafion eftoit belle
elle crut qu'il luy eftoit
permis de s'en fervir ,
pourveu qu'elle évitaft
l'éclat ; elle ne vouloit
point recevoir de vifites
GALANT.
7
chez elle , mais elle avoit
des amis & des amies de
fon humeur , on la vit ,
elle plut & n'en fut point
fafchée. On lui fit de tendres déclarations , elle les
reçeut en femme d'efprit
qui veut eftre aimée &
ne point aimer, elle ne fe
faſchoit de rien, pourveu
qu'onne paffaft point les
bornes qu'elles s'eftoit
prefcrites conformément
à un fond de fageffe qui
ne pourroit eftre alteré ,
*
A iiij
8 MERCURE
les plus médifans one
pouvoient avoir que des
foupçons mal fondez , &
ceux qui eftoient les plus
entreprenans s'aperceurent bien - toft qu'il n'y
avoit à efperer d'elle que
l'agrément de la focieté
generale , ils l'en eſtimerent davantage & n'en
curent pas moins d'empreffement à la voir, car
elle plaifoit , mefme aux
femmes qui fe fentoient
un merite inferieur au
GALANT
fien , tout alloit bien jufque là mais un de ces
jeunes conquerants qui
ne veulent des femmes
que la gloire de s'en eſtre
fait aimer , prétendit un
jour eftre aimé d'elle
plus férieufement qu'elle
ne vouloit , elle le regarada fierement , changea
de ftile , prit un air fevere
& rabbatit tellement fa
vanité , qu'elle s'en fit un
ennemi tres- dangereux
il examina de prés toutes
10 MERCURE
fes demarches , la vit de
facile accès à tous ceux
qu'il regardoit comme
fes rivaux , & fans fonger qu'ils ne luy avoient
pas donné les mefmes fujets de plainte que luy , il
les mit tous fur fon compte , il prit confeil de fa
jaloufie , & ne fongea
plus qu'à fe vanger , il en
trouva une occafion toute autre qu'il ne l'efpe
roit.
La Dame eftoit allée à
GALANT.
IF
une Campagne pour
quelques jours avec une
amie;
par malheur pour
elle fon mary revint
justement de Languedoc le lendemain du
départ de fa femme , &
fut fort défagreablement
furpris de nela point
trouver chez elle en arrivant. Le premier homme qu'il vit en fortant
de chez luy ce fut l'amant jaloux , avec qui
il avoit toujours vécu
12 MERCURE
affez familierement , le
mary luy confia le chagrin qu'il avoit contre ſa
femme; il prit cette occafionpour la juftifier de la
maniere dont les prudes
medifent ordinairement
de leurs émules , c'eſtà- dire en excufant malignement les fautes qu'on
ignoreroit fans elle; il entra dans le détail de toutes les connoiffances qu
elleavoit faites depuisfon
départ , & de toutes les
GALANT. 13
parties où elles'étoit trouvée, en louant une vertu
qui pouvoit eftre à l'épreuve de tout cela , mais
cette vertu eftoit ce qui
frappoit moins le mary
les épreuves où elle s'eftoit mife le frappoient
bien davantage , en un
motil l'enviſageacomme
tres-coupable, il s'emporte, il fulmine, & il auroit
pris quelque refolution
violente, fi quelques amis
mieux intentionnez
MERCURE
n'cuffent un peu adouci
le venin que le premier
avoit infinue dans le
cœur de ce pauvre mari ,
cependant tout ce que
ceux- cy purent gagner
ce fut qu'en attendant
un éclairciſſement plus
ample cette femme iroit,
fous quelque prétexte
qu'ils trouverent , paffer
quelques femaines dans
un Couvent à quinze
lieues de Paris , dont par
bonheur l'Abeffe fe trouE
GALANT. S
foeur d'un de ces prudents amis , & la femme
va
executa cette retraite demivolontaire dès qu'elle
fut de retour ; & deux
parentes du maryfechargerent de l'y conduire.
La voila donc dans le
Couvent , fes manieres
engageantes & flateufes
la rendirent bien- toft intime amie de l'Abbeffe ,
elle fe fit aimer de tout le
Couvent, c'eftoit une neceffité pour elle que la
stoleg
16 MERCURE
vie gaye , elle fe fit des
plaifirs de tout ce qui en
peut donner dans la retraite , & elle fit amitié
avec une jeune Provençale, parente de l'Abbeſſe
qui eftoit aufli dans le
Couvent pour paſſer la
premiere année de fon
veuvage, mais elle eftoit
auffi gaye que celle - cy
qui n'eftoit pas veuve
celle - cy eut une fantaifie fi forte d'apprendre
le Provençal qu'elle le
parloit
GALANT. 17
parloit au bout de quelque temps auffi bien que
cette veuve qu'elle ne
quittoit pas d'un moment.
Le temps de cette retraite dura prés d'une an
née au lieu de quelques
femaines › parce que le
mary fut obligé de retourner en Languedoc
& qu'il ne voulut pas la
laiffer feule à Paris une
feconde fois. Pendant ce
temps là elle eut la petite
Septembre 1712. B
18 MERCURE
verole , & n'en fut prefque point marquée, mais
il fe fit un petit changementdans les traits defon
de temps vifage , en peu
la convalefcence joignit
de l'embonpoint à fa taille qui eftoit fort menuë ;
& fon teint s'éclaircit
beaucoup , elle perdit de
beaux cheveux blonds
qu'elle avoit , en forte
que mettant un jour en
badinant une coifure de
la veuve , qui eftoit bru
GALANT 19
ne , elle fe trouva fi jolic
en brun & en mefme
temps fi diférente de ce
qu'elle eftoit en blond
avant fa petite verolo
que joignant à cela le
langage Provençal, qu'el
le s'eftoit rendu naturel ,
ellecrutpouvoir fatisfaire
une fantaiſie qui luyvint;
c'eftoit d'accompagner
fan amie dans un pe
tit voyage qu'elle alloit
faire à Paris , & d'y paſfer
incognito pour une Pra
Bij
20 MERCURE
vençale parente de cette
veuve , elle en obtint la
permiffion de l'Abbeffe
& du frere de cetteAbbef
fe, qui eftoit, commej'ay
dit , le vray ami de confiance du mary , & qui
avoit mefme affez d'af1
cendant fur luy pour ſe
charger de ce qui pourroit arriver , lorſque par
hazard elle feroit reconnuë par quelqu'un. En
unmot , il ne put refuſer
cette petite confolation
GALANT. 28
d'aller voir Paris , à une
femme qu'il fçavoit innocente , & que fon mary qui menaçoit d'eftre
encore trois mois en Lan
guedoc, avoit déja laiffé
un an dans le Couvent ,
il partit donc avec la veritable & la fauffe brune,
qu'il mena en arrivant à
Paris chez unvieux Confeiller dont la femme eftoit tres vertueuse , il ne
pouvoit la placer mieux
pour la fureté du mary.
22 MERCURE
Il fit croire aifément au
vieux Confeiller & à fa
femme qu'elle eftoit Provençale & parente de la
veuve.
Nos deux brunes firent pendant quelques
jours l'admiration du petit nombre de gens que
voyoit la Confeillere , &
elles eftoient un jourtoutes trois avec le Confeiller dans fon Cabinet en
fortant de Table , lorfqu'un Soliciteur impa
}
GALANT. 27
que
tes
tient ne trouvant perfonne pour l'annoncer, parce
gens difnoient
entra dans le Cabinet du
Confeiller. Qui pourroit
imaginer la bizarerie de
cette incident , le mary
jaloux eftoit revenu en
poſté pour un procèsimportant dont ce Confeil
ler venoit d'eftre nommé
Rapporteur , il eſtoit encore aux compliments
avec le Confeiller quand
la parole luy manqua
&
24 MERCURE
tout à coup , par la ref
femblance eftonnante
qui le frappa malgré les
changemens dont j'ay
parlé ; le Conſeiller luy
dit ce qu'il croyoit de
bonne foy , que cette
belle Provençale eftoit
arrivée de Provence depuis deux jours avec la
veuve. Le mary ne put
s'empefcher contre lá
bienséance mefme de s'avancer vers les deux Dames , il leur marqua là
caufe
GALANT.
caufedefoneftonnement,
& il cuftfansdoutereconneu fa femme fans la préfence d'efprit qu'elle cut
de neparler que Provençal , comme fi elle n'euft
pas fceu bien parler
François , ce jargon dépayfa encore le mary qui
s'en tint à l'eftonnement
d'une telle reffemblance
entre une brune & fa
femme qui eftoit blonde.
En ce moment l'ami qui
avoit difné avec les DaSeptembre 1712, C
26 MERCURE
mes, & qui eftoit reſté un
moment dans le Jardin ,
fut eftonnéen remontant
de trouver dans l'antichambre un Laquais de
fon ami qu'il croyoit encore en Languedoc , &
fut bien plus furpris encore quand ce Laquais
lui dit que fon Maiſtre
eftoit dans le Cabinet du
Confeiller , il entra fort
allarmé , mais la fcene
qu'il y trouva l'ayant un
peu raffuré , lui fit naiſtre
GALANT
. 17
en grossune idée qu'il
perfectionna dans la fuite , & aprés avoir appuyé
ta folicitation de fon ami
auprès du Conſeiller , il
fortit avec luy , le fortifia dans l'idée de la
reffemblance , & lui promit pour la rareté dufait
de luy faire voir le lende-
-main cette brune, & dès
le foir mefme il prévint
ola Confeillere en lui contant la verité de tout , &
luy faiſant approuver le
C ij
& MERCURE
deffein qu'il avoit , car
foupçonnoit desja le mary d cftre un peu amoureux de fa femme traveftie. ?
La vifite du lendemain
fe pafla plus gayement
que la premiere entreveuë, car la femme ayant
concertéfon perfonnage,
le fouftint à merveille, &
dit à fon mary en langage Provençal cent jolies
chofes , que la veuve lui
interpretoit à mefure ,
GALANT. 29
elle interpretoit enfuite
la femme ce que fon mary lui difoit bon François : ce jeu donna à l'amyla fene du monde la
en
plus divertiflante , & le
maryfortit delà fì amouBeux , que fon amy n'en
douta plus ; mais il fe
garda bien de lui tefmoi
gner qu'il s'en apperceut,
de peur de le de le contraindre. Le fingulier de cett
avanture , c'eft qu'en certains momens le maryreCij
30 MERCURE
connoiffoit fi fort fa femme, que cela refroidiffoit
un peueu fon amour, toutes les differences qu'il
trouvoit le frappant , enfuite fon amour redoubloit , & les fcrupules lui
prenoient , il vit ainfi plufieurs fois fa femme, mais
le jour de fon départ eftoit arrivé , on dit hautement qu'elle retournoit
en Provence, & elle partit
pour fe rendre au Cou
vent.
ALANT 31
Ce départ mit le mary
dans un tel abbatement
qu'il ne put s'empeſcher
de faire confidence àa fon
amy du cruel cftat où
cette feparation l'avoit
que
mis. Alors Famylui confeilla de profiter de la reffemblance, de taſcher
fa femme remplaçaft cette perte dans fon cœur.
Ils partirent tous deux
pour aller au Couvent ,
où la femme redevenue
blonde , prit des ajuſte
C iiij
32 MERCURI
ments if differents de
ceux qu'elle avoit cftant
brune , que le mary crup
voirune autre perfonne ,
il y trouvoit pourtant
quelques uns des mefmes
charmes , mais celle - cy
ne fervoit qu'à lui faire
regreter l'autre , en lus
en reveillant lidée. vio
Sur ces entrefaites un
courier vint apporter une
lettre à l'amy & cette
lettre eftoit de la veuve,
qui de concert avec lui
CALANTI #
cftoit allée à une terre
qu'avoit le Confeiller à
quatre lieues du Cou
vent, cette lettre portoit,
que la belle brune s'erant
trouvée indifposée &
cette femme fe trouvant
fur la route du Langue
doc elle y séjourneroit
deux où trois jours. Il
montra le commencement de cette lettre au
mary , qui en lut en mef.
me temps la fin , où la
veuve marquoit à l'amy
34 MERCURE
comme par une espece de
confidence , que l'indif
pofition de la brune n'eftoit qu'un prétexte pour
taſcher de retournerà Paris , pour revoir fon amy
pour qui elle avoit le
cœur pris. Jugez de l'effet que cette fin de lettre
fit fur le pauvre mary .
l'amy reprit fa lettre fans
lui parler davantage de
la veuve ni de fa compagne , & dit enfuite qu'ef
tant obligé de refter deux
GALANT. 35
ou trois jours avec la
foeur Abbeffe ; il lui
donnoit fon Caroffe pour
s'en retourner à Paris ; le
mary fut charmé de cet
incident & profita du
Caroffe , il gagna le Cocher & marcha droit
vers la terre où il croyoit
trouver la brune , & c'eft
ce que l'amy avoit prévû,
la blonde partit àl'inftant
par un chemin de traverfe avec une Chaife de
pofte , & l'amy à Che-
36 MERCURE
val , ils arriverent une
heure avant le Caroffe
dont le Cocher avoit ordre d'aller fort douce,
ment, & la blonde cut
tout le loifir de le faire
brune ,
avant que fon
maryfuftarrivé, l'amyfe
fit cacher dans le Chaf
teau , & cette entreveuë
fut fi vive qu'il y eut déclaration d'amour depart
&
d'autre , car le mary
eut la tefte fi troublée de
puis la lecture de la lettre,
GALANT. 37-
qu'il fut incapable d'aucune reflexion fur l'infi- .
delitéqu'il faifoit à fa femme dans le moment
qu'ils eftoient dans le fort
de leur tendreffe l'amy
parut , la brune feignit
?
d'eftre furpriſe & troublée , fe retira avec précipitation & laiffa les
deux amis feuls enfemble , alors l'amy prenant
un ton fort fevere , dite
au mary qu'il s'etoit bien
douté de l'infidelité qu'il
38 MERCURE
vouloit faire à fa femme,
& qu'il lui avoit exprés
laiffé fon Carroffe pour
avoir lieu de le furprendre , & de lui faire cent
reproches des mauvais
procedez qu'il avoit eus
avec fa femme fur de
fimples apparences , lorf
qu'il eftoit réellement infidelle. Ce mary fut tres
honteux , fon amy avoit
beaucoupd'afcendant fur
fon efprit , il lui fit promettre qu'il ne reverroit
CALANT. 39
pas
་
jamaistla brune ?, ible
promit , mais ce n'eftoit
là ce qu'on vouloit
de lui , l'amy reprit avec
lui le chemin de l'Abbaye , & le détermina à
reprendre fa femme pour
la remener à Paris , il le
promit , mais il eut befoin de toute fa raiſon &
de toute celle de fon amy
pour faire un tel effort
fur lui-mefme. Il arriva à
l'Abbaye dans un eſtat
qui cuft fait pitié à tout
40 MERCURE
a
autre qu'à cet amy. Ils
prirent leurs mefures en
arrivant à l'Abbaye pour
pouvoir partir le lendemain pour Paris , la femme eftoit à l'Abbaye avant eux , & par le mefme chemin qu'elle avoit
pris pour aller , elle en
eftoit revenue , & reparut en blonde , mais ce
n'eftoit plus cette blonde
foumife , gracieuſe , &
fuppliante que le maryy
avoit laiffée le matin , elle
prit
GALANT 41
prit un autre ton , elle fit
la ferme jaloufe , & en
prétence de l'Abbofle dé
clara qu'elle fçavoit l'in ,
fidelité de fon mary , l'amy & l'Abbele joue
rent fr bien leur perfonnage , & feconderent fi
bien les juftes reproches
de la femme irritée , quo
le mary veritablement
convaincu de fon tort refolut fincerement de tafa
cher debien vivre avec fa
femme & d'oublier la
Septembre 1712.
D.
42 MERCURE
Provençale , il le promit,
mais la femme feignit de
ne fe fier pas à fes promeffes , de vouloir refter
au Couvent , & fe retira
fierement. L'Abbeffe, l'a
my, & le mary difnerent
fort triftement , & on le
fit refter à table autant de
temps qu'il fallut pour
donner le loifir à la blonde de redevenir brune ;
elle n'oublia rien cette
derniere fois pour plaire
à fon amant mary , il fut
GALANT
fort furpris de la voir entrer dans le parloir où ils
mangcoient, l'Abbeffe &
l'amyfeignirent auffi d'eftre furpris , la fcene qui
fe paffa s'imagine mieux
qu'elle ne fe peut écrire ,
jamais mary ne s'eft trou
vé dans un pareil embar
ras , car l'Abbeffe & l'amyne pouvoient traiter
la chofe fi férieuſement
qu'ils ne leur échapaft
quelques éclats de rire ,
ils eftoient dans cette fi
Dij
44 MERCURE
tuation lorfque la Pro
vençale commença à par
ler bon François , & à
déclarer ouvertementfon
amour , fans lui dire encore qu'elle eftoit fa fenrme, & ils firentprudem
ment de tromper le mari
par degrez, car s'ileuft appris tout d'un coup que
celle qu'il aimoit fi pafs
fionnément alloit eftre en
fa poffeffion , il en feroit
mort de joye. Enfin le
dénouement fut mené
GALANT. 45
de maniere , que le mary
fut auffi amoureux aprés
Féclairciffement , & mef
me plus qu'il ne l'avoit
eftéavant & dans la fuitele mary devenant
moins amoureux &
moins jaloux , & la femme devenant plus refervée cela fit un très bon
menage : enfin l'amy fut
remercié de la tromperie
innocente comme du
meilleure office qu'il
pouvoit rendre au mary
& à la femme
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Résumé : LA BLONDE BRUNE femme & maistresse.
Le texte raconte l'histoire d'une femme mariée, décrite comme jolie, enjouée et spirituelle, mais vertueuse. En septembre 1712, son mari, nouvellement marié et parti pour le Languedoc, lui recommande de mener une vie régulière. Libérée de la surveillance de son mari, la femme oublie les recommandations et profite de sa liberté tout en évitant les scandales. Elle reçoit des déclarations d'amour mais reste maîtresse de ses actions. Un jeune homme, jaloux et offensé par son refus, décide de se venger en révélant au mari les fréquentations de sa femme. Furieux, le mari envoie sa femme dans un couvent. Là, elle se lie d'amitié avec une jeune veuve provençale et apprend le provençal. Après avoir contracté la variole, elle change d'apparence et décide de se faire passer pour une Provençale. Avec l'aide de l'abbé et du frère de l'abbesse, elle retourne à Paris incognito. Par un hasard extraordinaire, son mari la rencontre sans la reconnaître. Grâce à une lettre trompeuse, le mari découvre la supercherie et retrouve sa femme. L'histoire se termine par une réconciliation et une déclaration d'amour entre les époux. Parallèlement, une intrigue complexe implique le mari, sa femme et un ami. Lors d'un moment d'intimité entre le mari et sa femme, cette dernière, déguisée en brune, feint la surprise et se retire, laissant les deux amis seuls. L'ami, prenant un ton sévère, accuse le mari d'infidélité et lui révèle qu'il a laissé son carrosse pour le surprendre. Le mari, honteux, promet de ne plus revoir la brune. L'ami le convainc de reprendre sa femme pour la ramener à Paris. À l'abbaye, la femme, désormais blonde, joue la jalouse et accuse son mari d'infidélité. L'ami et l'abbé jouent leur rôle pour convaincre le mari de son tort. La femme feint de ne pas croire aux promesses du mari et se retire au couvent. Pendant le dîner, la femme redevient brune et surprend son mari. L'ami et l'abbesse parviennent à tromper le mari par degrés, révélant progressivement l'amour de la femme. Finalement, le mari devient encore plus amoureux après l'éclaircissement. La situation évolue vers un ménage harmonieux, avec le mari moins jaloux et la femme plus réservée. L'ami est remercié pour sa tromperie innocente, considérée comme un service précieux rendu au couple.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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16
p. 157-158
RECEPTIONS de Conseillers.
Début :
Le Vendredy 17. Monsieur Roüillé de Joüy fils du Maistre [...]
Mots clefs :
Conseiller, Réceptions, Maître des requêtes, Procureur général, Grand audiencier, Parquet
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RECEPTIONS de Conseillers.
RECEPTIONS
de Conseillers.
TiE Vendredy 17. Mon^
sieurRoiiillc de Joüy fils
du Mastree des Requestes,
& frere du Conseiller, fut
receu Conseiller au Parle,,
ment. Le mesme jour Monsieur
Pajoc de Nozereau
Substitud de Monsieur le
Procureur General) fils de
Monsieur Pajot le grand
Audiencier
,
fut aussi receu
Conseiller au Parlement,
qui par sa reception
£t voir qu'il avoit sceu bien
profiter du peu de temps
qu'il aelléau Parquet.
de Conseillers.
TiE Vendredy 17. Mon^
sieurRoiiillc de Joüy fils
du Mastree des Requestes,
& frere du Conseiller, fut
receu Conseiller au Parle,,
ment. Le mesme jour Monsieur
Pajoc de Nozereau
Substitud de Monsieur le
Procureur General) fils de
Monsieur Pajot le grand
Audiencier
,
fut aussi receu
Conseiller au Parlement,
qui par sa reception
£t voir qu'il avoit sceu bien
profiter du peu de temps
qu'il aelléau Parquet.
Fermer
17
s. p.
AVANTURE, ou Historiette nouvelle. LES DÉDITS.
Début :
Comme il ne faut jurer de rien, aussi ne doit-on jamais [...]
Mots clefs :
Dédit, Veuve, Mariage, Conseiller, Cavalier, Inconstance, Caprices, Argent, Tromperie, Amitié
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AVANTURE, ou Historiette nouvelle. LES DÉDITS.
AVANTURE,
ou Historiette nouvelle.
LES DEDITS.
Ommc il ne faut
juier de rien
,
aussi
ïlc doit-on jamais faire
ded.édits confiderables. -
Lavolonté des hommes
est trop changeante,celle
des femmes l'est encore
plus ; M de toutes les
femmes que j'ai jamais
connues, la plus sujetta
à changer,c'est certaine
veuve, dont je vais vous
conter l'avanture.
Cette veuve erolttresvive
dans ses desirs
, SC
dans lesaffaires qui dépsndoient
de sa têteelle
ne laissoit aucun intervale.
entre la volonté s
l'execution > en moins
de rien en elle tout devenoit
passion, jusqu'à
ses vertus: en un mot
elle étoit excessive en
tout, hors en confiance.
Un jour cette veuve
capricieuse se prit d'amitié
dés la premicre
vûë pourune autre veuve
qu'ellc rencontra
chez une personne de sa
connoissance. Cette séconde
veuve étoit d'une
humeur gaye, enjoüéc,
ne cherchoit qua se rejoüir,
§£ l'unique chagrin
quelle eûtrepenti,
cetoic la morede son mari,
encore ne dura-t-il
guercs, & n'empêcha;
pas qu'elle ne devinft amoureuse
d'un jeune
homme aimable. Elle en
fut passionnément aimée.
Elle relit bien voulu
époufer : mais elle avoit
si peu de bien, qu'.
elle n'ellc pas pû le mettre
à son aire, lui qui
n'avoit rien du tout. Ils
se plaignoient un jour
l'un à l'autre de l'injustice
de la fortune, qui
ne leur donnoit pas seulement
de quoy contenter
leurs desirs sages &
reglez, pendant que l'autre
veuve étoit assez riche
pour fuivrc à grands
frais ses idées les plus extravagantes.
La veuve
enjouée,mais qui pensoit
serieusement au solide,
imagina un moyen
de mettre à profit les ca;
prices de la riche veuve.
Puil quelle veut lier sicteté
avec moy , dit-elle
à son amant,ilfautque
cesoit elle qui mus marie
Il ses dépens. Hé comment
cela, répondit le
Cavalier? felon le portrait
que vous m'en faites,
elle nest pas femme
à faire plaisir à personne,
que par rapportà ses
fantaisies.C'estpourcela
reprit la veuve, que je
ne serai pas grand férupule
de tirer parti de ses
caprices. Apres avoir rêve
un moment, la veuve
enjoüée fie un projet,
& voici comment elle
commença à executer.
-
Premièrement elle reçut
avec beaucoup de
froideur les avances d'amitié
que lui fie l'autre
veuve, que nous nommerons
Belise, pour cacher
son veritable nom.
Belise donc fit à celle-ci
toutes les avances de l'a- -~
miriéla plus tendre,
L'autre veuve reçut sesj
offres d'amitié avec
unef
indifférence, une froi-j
deur qui eût rebuté Belife,
si elle n'eût pas été
d'un caraétere a s'animer
par les difficultez.
Elle fut d'autant plus
empressée au prèsdecet- -
te nouvelle amie, qu'-
elle la trouva insensible
à Ces empressemens. Enfin
poussee à bout par
son indolence affecte,
elle la conjura de lui diire
pourquoy elle ne répondoit
point,du moins
parpolitesse, aux avances
d'amitié qu'elle lui falfoit. lui répondit
la veuve enjoüée,
parce que je ne veux point
être de ruas amies. L'aveu
est brusque, lui dit
Belife. Et sincere, repartit
la veuve. Qu'avez-
vous donc trouvé
enmoy,répliquaBelise,
qui puisse m'attirer un
pareil mépris? Loin de
vous méprtftr> reprit la
veuve, ce(l parce queje
vous estime trop que je
veux rompre av,c 'vous;
car quand je fais tant
que de m'attacher, ceji
pour long-temps. Je (ça;
que vous rictes pas capable
d'une amitie durable:
mais supposé que vous
Irvous fixassiez, pour moy,
il me resteroit encore une
raison plus forte dene me
point attacher à vousi ceji que vous pensez, diton,
à vousremarier , &
je ne veux point être Camie
d'une femme mariee.
Ce discours parut bigearre
à Belise, qui lui
dit qu'elle ne pensoit
point àCe remarier:mais
que quand elle se remarieroit,
elle ne comprenoit
pas que cela pût
faireobstacle à leur amitié.
C'en est un invincibleyreprit
brusquement
la veuve folâtre; ep-cë
qu'unefemme mariée peut
avoirdes amies ?avec une
femmemariéeplus desocieté,
plus dejoye, son humeur
saigrit9son esprits'émous-
Je3 &soncoeurs'endurcit.
Belise protesta que jamais
un mari ne la feroit
changer d'humeur, &:
qu'elle: en avoit déjà fait
l'experience.
Ilm'importe, continua
; l'autre, st) pour mon reposseul
à moy je ne veux
point m'atacheraunefemmemariée
; il mefaudroit
partager avec elle tous les
soinsde son ménage, j'en
auroti la tête pleine , je
seroispresqueaussi mariée
qu'elle; elle se prendrait à
moy des brusqueries deson
mari , & son mari me
rendroit responsable des
bigearrertes desa femme;
il me faudroit être conswolatrice
perpétuelle de leurs
chagrins, si) pige assiduè
de leurs querelles dome-
(tiques s & en voulant
les remettre bien Funavec
l'autre, je me ferois
hllir de tous les deux.
Cette veuve continua
ainsi en riant de faire à
l'autre un tableau siaffreux
du mariage, quelle
commença à l'en dégoûter,
& lui donna en
deux ou trois jours tant
d'aversion pour les maris
, qu'elle se voüa au
veuvage avec tout le zele
& toute la ferveur
dont elle étoit susceptible
ble dans ses nouveaux
entêtemens. La veuve
rusée feignit d'être de
moitié dans un voeu qui
devoit rendre leur amitié
durable, 8£ proposa
à l'autre de faire entr'elles
un dédit de trente
mille francs pour ce lle
qui voudroit rompre un
voeu si prudent, Le dédit
fut resolu, & elles
choisirent pour dépositaire
un ami commun,
ou-
plutôt un ami tout
dévoué à la veuve, SC
qui ne connoissoit Belife
que parce que l'autre
lui en avoit ménagé la
connoissance pour venir
à bout de ses desseins.
Voila donc le dédit
fait & consigné ; il s'agit
à present de le faire
payer à Belise, & pour
cela elle trouva moyen
de lui faire voir son amant,
dont nous avons
déja parlé. C'etoit un
jeune hommeaimable,
insinuant, & capable de
faire tourner la tête à
toutes les veuves qu'il
entreprenoit.Il trouva
la riche Belife digne d'être
dupée: mais il avoit
peine à se resoudreà
tromper. Il refusa d'abord
lacommission:mais
son amante luidit qu'en
unbesoin elle lui permettroit
de vouloir serieusement
époufer Belise
; qu'il n'avoit qu'à
lui plaire dans cette intention,
pour ôter tout
scrupule.Enfin,sans plus
examiner ce cas de conscience,
il s'attacha à Belise;
il ne fut pas longtemps
sans la faire repentir
du voeu qu'elle
avoit fait de ne se point
remarier. Elle n'osaconfier
son amour à son a,-
mie, jugeant bien qu'-
elle feroit sans quartier
sur le dédit: mais enfin
cet amour devint si violent
, qu'ellepria son
amie de vouloir bien
composer avec elle & la
quitter du dédit pour
moitié. L'amie rusée lui
jura que dans un autre
tems elle n'en auroit pas
rabattu une obole: mais
qu'un procés important,
pour lequel elle avoit befoin
incessamment de
vingt mille francs,l'obligeoitàluienremetre
dix.
On marchanda, ôc
l'on convint enfin que
Belise mettroit vingt
mille francs entre les
mains du dépositaire,
pour être remis après le
mariage dans celles de
l'amie;moyennantquoy
Belise prendroit desmesures
avec cet amant
pour le mariage. L'argent
pour le dédit fut
déposé, fous condition
qu'on ledélivreroit dans
huitaine à l'amie
,
aprés
lequel temps elle vouloit
les dix mille écus
entiers; ce fut la convention.
! Belife ne pouvoit avoir
aucun soupçon sur
le jeune amant: elle scavoit
qu'iln'étoit pas riche,
& ne croyoit pas
feulement qu'il connût
son amie. Elle se pressoit
donc de conclure dans la
huitaine prescrite: mais
l'amant lui faisoit naître
d'un jour à l'autre des sujets
de retardement si
vraisemblables
,
qu'elle
nepouvoit se défier de
lui. Enfinlahuitaine étant
échuë, le Cavalier
fit paroître un obstacle
insurmontable, qui differoit
le mariage de quelques
jours. Sur quoy l'amie
feignant d'estre fort
pressée pour son procés,
quitta le dédit pour les
vingt mille francs comptant,
& Belife les fic
livrer, dans la certitude
où elle étoit de son mariage,
pour ne pas donner
les dix mille écus entiers;
& ce fut déja une
partie
partie de la dot que cette
pauvre veuve destinoit
à son jeune amant,
en cas qu'il ne fust pas
obligé d'honneur à tenir
parole à Belife : maison
esperoit qu'elle romproit
la premiere, & ce fut
pour la mettre dans son
tort qu'on lui tendit un
fecond paneau.
Dés que la veuve eut
touché l'argent du premier
dédit, elle ne songea
plus qu'à en tirer
un second;&travaillant
en apparence à presser le
mariage de son amie Be
de son amant,elleleretardoiten
effet. Ceprocedé
n'étoit pas dans la
regle severe des bonnes
moeurs : mais l'amour
& la necessitérelâchent
souvent la morale. Nos
deux amans justifioient
tout ceci par leur intention;
car supposé, disoit
l'amant, que Belife persevere
dans son amour,
je ne puis en honneur
rompre avec elle, & il
faudra bien l'épouser. Et
siau contraire, disoit la
veuve ,
je fais que Belift
change la premiere,
il est juste qu'elle paye le
dédit de soninconstance.
Est-ce trop exiger d'el-
JeJ disoit l'amant, qu'un
mois de confiance? Il
faut absolument que je
fasse un voyage en Province
pour mes affaires:
si vous venez à bout de
la faire changer avant
mon retour, merite-telle
que je lui sacrifie l'amour
que j'aipour vous ?
2Sfon vraiment
,
répondit
la veuve ; voyons
doncsifkcon/lanceest à
l'épreuve, du paneau que
je vais lui tendre.
Aprés qu'ils eurent digeré
leur projet, le Cavalier
alla trouver Belife,
& la fit convenir
de la necessité de son
voyage. Quelques jours
aprés l'amie
,
qui commença
d'être la confidente
de ce mariage,
dit au Cavalier, en presence
de Belife, que puis
qu'il ne pouvoit pas époufer
avant son départ,
il faloitdumoins qu'il
lui signât une promesse
de mariage, avec un dédit.
La proposition fut
goutée par Belise ; on fit
le dédit de dix mil écus,
&leCavalier partit réellement
pour un voyage
necessairescar toute cette
intrigue se traitoit
moitiéfranchise, & moitié
tromperie de la part
des amans. Le Cavalier
vouloit de bonne foy
s'engager par ce dédit à
époufcr Belise, si elle
persistoit dans le dessein
de recevoir sa main. C'étoit
donc ici une véritable
crise pour nos amans
;car la jeune veuve
se voyoit dans la necessité
de rendre Be1
lise inconstante dans un
mois, ou de lui voir
épouser sonamant.
La jeune veuveavoit
été recherchée par un
jeune Conseiller trésaimable,
mais qu'elle n'avoit
jamais pû aimer.
Ce Conseiller étoitassez
mal dans ses affaires,
pour souhaiter de les rétablir
par un riche mariage.
Elle lui fit confidence
de tout ce qui s'étoitpassé,
& lui dit que
s'il vouloir longer serieusement
à se faire aimerde
Belise, elle pourroit
bien la lui faire époufer.
Le Conseiller,
dont l'amour étoit fort
ralenti, con senti t à tout
ce que luiprescrivitcelle
qu'il avoit fort aimée,
& voici le jeu qu'ils
joμüerent.
Un jour la jeune veuve
parut accablée de chagrin;
& Belife lui en demandant
lesujet,ellelui
dit, que quelque force
d'esprit &C quelquegayeté
qu'elle eust toujours
affc&é d'avoir elle ne
pouvoit surmonter une
forte patTion qu'elle avoit
- encore pour un
hommes dont l'indifference
la defoloit ; que
cet homme n'avoit jamais
rien aimé vi vement
, & n'etoit capable
que d'une amitié confiante
qu'il avoit encore
pourelle,inais quinesufsifoit
pas pour un coeur
sensible à Tàmour. Ce qui
m'asstige depuis quelques
joursyContwuxtc\\e>ct/l
qu'ilpenseàsétablir,~&
qHilepouseunefemme bïgearre;
avec qui je ne pourai
jamaisavoir aucune
haifbn ; il faudra que je
rompeaveccetamisolide.
Ensuite cette adroite
veuve fit un si beau portrait
du Conseiller à Belife,
qu'ellelui donna envie
de le voir. Elle ne
l'eut pas vû deux fois,
qu'illui parut plus aimable
que l'absent. Il s'attacha
à elle de meilleure
grace que l'autre, qui
tout occupé de son amour
pour sa veuve, n'avoit
pour Belise qu'une
politesseforcée. En un
mot le Conseiller fut aimé,&
parconsequent le
Cavalier absent fut haï;
car lavivacitédeBelise
la faisoit toûjours passer
d'une extrémité à
-
l'autre. La voila donc
entêtée du Conseiller,
& fort embarassée de
l'absent, quiarriva justement
pour se faire haïr
encore plus, en pressant
ce mariage. Alors Belife
ne peu saplus qu'aux
moyens de s'exempter
du dédit: elle con sulta
son amie, qui feignit
d'abord de croire la chose
impossible. Ce jeune
homme-la, luidit-elle,ne
iejt attachéà VOIN que
par interet : vous JugeZj
bien qu'ilprofitera de votre
inconstance pour gagner
dix mille écus, en se
débarassant d'un mariage
qui lui eut été à charge.
Ilmenafait une fois conjidence,
tt)je n'ose pas
vous dire mes sentimens
sur la folie que vous faites
s car vous êtes trop
occupée de vos entêtemens,
vous rompriez, avec moy. Alaù, continua-t-elle,
ily a bien plus; c'estque
depuis son retour il ma
paru prendre beaucoup de
plaisir à me confier ses
chagrins, &je me trompe
fort çln'a un peu de
goût pourmoy. Ohplust
au Ciel, reprit vivement
Belife, plust au
Ciel qu'il fust amoureux
de vous ; ce feroit
un moyen de l'obliger à
se dédire le premier,&
nous romprions but à
but.
Mais, répliqua la
veuve,faites-vous attention
qu'iln'est pasajftz,
riche pour avoir véritablement
envie de vous - quitter pourmoy? que
gagneroit-il en perdant
vos dixmil ecus ? Cette
conversation ne fut pas
poussée plus loin, & la
jeune veuve se contenta
dedisposerinsensîblement
Belise à payer le
déditavecmoins de peine.
LeConseiller redoubla
ses empressemens
pour elle ; & l'autre en
la pressant d'executer sa
promesse, lui dit qu'il
croyoit ecre engagé
d'honneur à lui declarer
qu'il étoit amoureux de
la jeune veuve; qu'il ne
vouloit pas la tromper
là-dessus: maisqu'en même
temps il lui declaroit
qu'il étoit tout prêt à ligner
un contrat malgré
cet amour. Les choses
resterent quelque temps
dans cet état: mais enfin
Belise
Belise impatiente se resolut
à donner un air de
generosité à la démarche
qu'il lui faloit faire: elle
alla trouver son amie,
& lui dit que si de bonne
foy elle étoit resoluë
d'épouser celui qui étoit
si passionné pour elle,
elle donneroit volontiers
les dixmil écus, non pas
commeun dédit,mais
comme un present de
noce à celle qui lui avoit
procuré la connoissance
de son cher Conseillers
Cette proposition ôta
tout scrupule à nos amans,
parce qu'en effet
ces deux mariages étant
faits, Belise fut si contente
des procédez de
son époux, qu'elle ne
regretta jamais les cinquante
mil francs qu'il
lui coûta pour avoir le
plaisîr de se dédiredeux,
fois.
ou Historiette nouvelle.
LES DEDITS.
Ommc il ne faut
juier de rien
,
aussi
ïlc doit-on jamais faire
ded.édits confiderables. -
Lavolonté des hommes
est trop changeante,celle
des femmes l'est encore
plus ; M de toutes les
femmes que j'ai jamais
connues, la plus sujetta
à changer,c'est certaine
veuve, dont je vais vous
conter l'avanture.
Cette veuve erolttresvive
dans ses desirs
, SC
dans lesaffaires qui dépsndoient
de sa têteelle
ne laissoit aucun intervale.
entre la volonté s
l'execution > en moins
de rien en elle tout devenoit
passion, jusqu'à
ses vertus: en un mot
elle étoit excessive en
tout, hors en confiance.
Un jour cette veuve
capricieuse se prit d'amitié
dés la premicre
vûë pourune autre veuve
qu'ellc rencontra
chez une personne de sa
connoissance. Cette séconde
veuve étoit d'une
humeur gaye, enjoüéc,
ne cherchoit qua se rejoüir,
§£ l'unique chagrin
quelle eûtrepenti,
cetoic la morede son mari,
encore ne dura-t-il
guercs, & n'empêcha;
pas qu'elle ne devinft amoureuse
d'un jeune
homme aimable. Elle en
fut passionnément aimée.
Elle relit bien voulu
époufer : mais elle avoit
si peu de bien, qu'.
elle n'ellc pas pû le mettre
à son aire, lui qui
n'avoit rien du tout. Ils
se plaignoient un jour
l'un à l'autre de l'injustice
de la fortune, qui
ne leur donnoit pas seulement
de quoy contenter
leurs desirs sages &
reglez, pendant que l'autre
veuve étoit assez riche
pour fuivrc à grands
frais ses idées les plus extravagantes.
La veuve
enjouée,mais qui pensoit
serieusement au solide,
imagina un moyen
de mettre à profit les ca;
prices de la riche veuve.
Puil quelle veut lier sicteté
avec moy , dit-elle
à son amant,ilfautque
cesoit elle qui mus marie
Il ses dépens. Hé comment
cela, répondit le
Cavalier? felon le portrait
que vous m'en faites,
elle nest pas femme
à faire plaisir à personne,
que par rapportà ses
fantaisies.C'estpourcela
reprit la veuve, que je
ne serai pas grand férupule
de tirer parti de ses
caprices. Apres avoir rêve
un moment, la veuve
enjoüée fie un projet,
& voici comment elle
commença à executer.
-
Premièrement elle reçut
avec beaucoup de
froideur les avances d'amitié
que lui fie l'autre
veuve, que nous nommerons
Belise, pour cacher
son veritable nom.
Belise donc fit à celle-ci
toutes les avances de l'a- -~
miriéla plus tendre,
L'autre veuve reçut sesj
offres d'amitié avec
unef
indifférence, une froi-j
deur qui eût rebuté Belife,
si elle n'eût pas été
d'un caraétere a s'animer
par les difficultez.
Elle fut d'autant plus
empressée au prèsdecet- -
te nouvelle amie, qu'-
elle la trouva insensible
à Ces empressemens. Enfin
poussee à bout par
son indolence affecte,
elle la conjura de lui diire
pourquoy elle ne répondoit
point,du moins
parpolitesse, aux avances
d'amitié qu'elle lui falfoit. lui répondit
la veuve enjoüée,
parce que je ne veux point
être de ruas amies. L'aveu
est brusque, lui dit
Belife. Et sincere, repartit
la veuve. Qu'avez-
vous donc trouvé
enmoy,répliquaBelise,
qui puisse m'attirer un
pareil mépris? Loin de
vous méprtftr> reprit la
veuve, ce(l parce queje
vous estime trop que je
veux rompre av,c 'vous;
car quand je fais tant
que de m'attacher, ceji
pour long-temps. Je (ça;
que vous rictes pas capable
d'une amitie durable:
mais supposé que vous
Irvous fixassiez, pour moy,
il me resteroit encore une
raison plus forte dene me
point attacher à vousi ceji que vous pensez, diton,
à vousremarier , &
je ne veux point être Camie
d'une femme mariee.
Ce discours parut bigearre
à Belise, qui lui
dit qu'elle ne pensoit
point àCe remarier:mais
que quand elle se remarieroit,
elle ne comprenoit
pas que cela pût
faireobstacle à leur amitié.
C'en est un invincibleyreprit
brusquement
la veuve folâtre; ep-cë
qu'unefemme mariée peut
avoirdes amies ?avec une
femmemariéeplus desocieté,
plus dejoye, son humeur
saigrit9son esprits'émous-
Je3 &soncoeurs'endurcit.
Belise protesta que jamais
un mari ne la feroit
changer d'humeur, &:
qu'elle: en avoit déjà fait
l'experience.
Ilm'importe, continua
; l'autre, st) pour mon reposseul
à moy je ne veux
point m'atacheraunefemmemariée
; il mefaudroit
partager avec elle tous les
soinsde son ménage, j'en
auroti la tête pleine , je
seroispresqueaussi mariée
qu'elle; elle se prendrait à
moy des brusqueries deson
mari , & son mari me
rendroit responsable des
bigearrertes desa femme;
il me faudroit être conswolatrice
perpétuelle de leurs
chagrins, si) pige assiduè
de leurs querelles dome-
(tiques s & en voulant
les remettre bien Funavec
l'autre, je me ferois
hllir de tous les deux.
Cette veuve continua
ainsi en riant de faire à
l'autre un tableau siaffreux
du mariage, quelle
commença à l'en dégoûter,
& lui donna en
deux ou trois jours tant
d'aversion pour les maris
, qu'elle se voüa au
veuvage avec tout le zele
& toute la ferveur
dont elle étoit susceptible
ble dans ses nouveaux
entêtemens. La veuve
rusée feignit d'être de
moitié dans un voeu qui
devoit rendre leur amitié
durable, 8£ proposa
à l'autre de faire entr'elles
un dédit de trente
mille francs pour ce lle
qui voudroit rompre un
voeu si prudent, Le dédit
fut resolu, & elles
choisirent pour dépositaire
un ami commun,
ou-
plutôt un ami tout
dévoué à la veuve, SC
qui ne connoissoit Belife
que parce que l'autre
lui en avoit ménagé la
connoissance pour venir
à bout de ses desseins.
Voila donc le dédit
fait & consigné ; il s'agit
à present de le faire
payer à Belise, & pour
cela elle trouva moyen
de lui faire voir son amant,
dont nous avons
déja parlé. C'etoit un
jeune hommeaimable,
insinuant, & capable de
faire tourner la tête à
toutes les veuves qu'il
entreprenoit.Il trouva
la riche Belife digne d'être
dupée: mais il avoit
peine à se resoudreà
tromper. Il refusa d'abord
lacommission:mais
son amante luidit qu'en
unbesoin elle lui permettroit
de vouloir serieusement
époufer Belise
; qu'il n'avoit qu'à
lui plaire dans cette intention,
pour ôter tout
scrupule.Enfin,sans plus
examiner ce cas de conscience,
il s'attacha à Belise;
il ne fut pas longtemps
sans la faire repentir
du voeu qu'elle
avoit fait de ne se point
remarier. Elle n'osaconfier
son amour à son a,-
mie, jugeant bien qu'-
elle feroit sans quartier
sur le dédit: mais enfin
cet amour devint si violent
, qu'ellepria son
amie de vouloir bien
composer avec elle & la
quitter du dédit pour
moitié. L'amie rusée lui
jura que dans un autre
tems elle n'en auroit pas
rabattu une obole: mais
qu'un procés important,
pour lequel elle avoit befoin
incessamment de
vingt mille francs,l'obligeoitàluienremetre
dix.
On marchanda, ôc
l'on convint enfin que
Belise mettroit vingt
mille francs entre les
mains du dépositaire,
pour être remis après le
mariage dans celles de
l'amie;moyennantquoy
Belise prendroit desmesures
avec cet amant
pour le mariage. L'argent
pour le dédit fut
déposé, fous condition
qu'on ledélivreroit dans
huitaine à l'amie
,
aprés
lequel temps elle vouloit
les dix mille écus
entiers; ce fut la convention.
! Belife ne pouvoit avoir
aucun soupçon sur
le jeune amant: elle scavoit
qu'iln'étoit pas riche,
& ne croyoit pas
feulement qu'il connût
son amie. Elle se pressoit
donc de conclure dans la
huitaine prescrite: mais
l'amant lui faisoit naître
d'un jour à l'autre des sujets
de retardement si
vraisemblables
,
qu'elle
nepouvoit se défier de
lui. Enfinlahuitaine étant
échuë, le Cavalier
fit paroître un obstacle
insurmontable, qui differoit
le mariage de quelques
jours. Sur quoy l'amie
feignant d'estre fort
pressée pour son procés,
quitta le dédit pour les
vingt mille francs comptant,
& Belife les fic
livrer, dans la certitude
où elle étoit de son mariage,
pour ne pas donner
les dix mille écus entiers;
& ce fut déja une
partie
partie de la dot que cette
pauvre veuve destinoit
à son jeune amant,
en cas qu'il ne fust pas
obligé d'honneur à tenir
parole à Belife : maison
esperoit qu'elle romproit
la premiere, & ce fut
pour la mettre dans son
tort qu'on lui tendit un
fecond paneau.
Dés que la veuve eut
touché l'argent du premier
dédit, elle ne songea
plus qu'à en tirer
un second;&travaillant
en apparence à presser le
mariage de son amie Be
de son amant,elleleretardoiten
effet. Ceprocedé
n'étoit pas dans la
regle severe des bonnes
moeurs : mais l'amour
& la necessitérelâchent
souvent la morale. Nos
deux amans justifioient
tout ceci par leur intention;
car supposé, disoit
l'amant, que Belife persevere
dans son amour,
je ne puis en honneur
rompre avec elle, & il
faudra bien l'épouser. Et
siau contraire, disoit la
veuve ,
je fais que Belift
change la premiere,
il est juste qu'elle paye le
dédit de soninconstance.
Est-ce trop exiger d'el-
JeJ disoit l'amant, qu'un
mois de confiance? Il
faut absolument que je
fasse un voyage en Province
pour mes affaires:
si vous venez à bout de
la faire changer avant
mon retour, merite-telle
que je lui sacrifie l'amour
que j'aipour vous ?
2Sfon vraiment
,
répondit
la veuve ; voyons
doncsifkcon/lanceest à
l'épreuve, du paneau que
je vais lui tendre.
Aprés qu'ils eurent digeré
leur projet, le Cavalier
alla trouver Belife,
& la fit convenir
de la necessité de son
voyage. Quelques jours
aprés l'amie
,
qui commença
d'être la confidente
de ce mariage,
dit au Cavalier, en presence
de Belife, que puis
qu'il ne pouvoit pas époufer
avant son départ,
il faloitdumoins qu'il
lui signât une promesse
de mariage, avec un dédit.
La proposition fut
goutée par Belise ; on fit
le dédit de dix mil écus,
&leCavalier partit réellement
pour un voyage
necessairescar toute cette
intrigue se traitoit
moitiéfranchise, & moitié
tromperie de la part
des amans. Le Cavalier
vouloit de bonne foy
s'engager par ce dédit à
époufcr Belise, si elle
persistoit dans le dessein
de recevoir sa main. C'étoit
donc ici une véritable
crise pour nos amans
;car la jeune veuve
se voyoit dans la necessité
de rendre Be1
lise inconstante dans un
mois, ou de lui voir
épouser sonamant.
La jeune veuveavoit
été recherchée par un
jeune Conseiller trésaimable,
mais qu'elle n'avoit
jamais pû aimer.
Ce Conseiller étoitassez
mal dans ses affaires,
pour souhaiter de les rétablir
par un riche mariage.
Elle lui fit confidence
de tout ce qui s'étoitpassé,
& lui dit que
s'il vouloir longer serieusement
à se faire aimerde
Belise, elle pourroit
bien la lui faire époufer.
Le Conseiller,
dont l'amour étoit fort
ralenti, con senti t à tout
ce que luiprescrivitcelle
qu'il avoit fort aimée,
& voici le jeu qu'ils
joμüerent.
Un jour la jeune veuve
parut accablée de chagrin;
& Belife lui en demandant
lesujet,ellelui
dit, que quelque force
d'esprit &C quelquegayeté
qu'elle eust toujours
affc&é d'avoir elle ne
pouvoit surmonter une
forte patTion qu'elle avoit
- encore pour un
hommes dont l'indifference
la defoloit ; que
cet homme n'avoit jamais
rien aimé vi vement
, & n'etoit capable
que d'une amitié confiante
qu'il avoit encore
pourelle,inais quinesufsifoit
pas pour un coeur
sensible à Tàmour. Ce qui
m'asstige depuis quelques
joursyContwuxtc\\e>ct/l
qu'ilpenseàsétablir,~&
qHilepouseunefemme bïgearre;
avec qui je ne pourai
jamaisavoir aucune
haifbn ; il faudra que je
rompeaveccetamisolide.
Ensuite cette adroite
veuve fit un si beau portrait
du Conseiller à Belife,
qu'ellelui donna envie
de le voir. Elle ne
l'eut pas vû deux fois,
qu'illui parut plus aimable
que l'absent. Il s'attacha
à elle de meilleure
grace que l'autre, qui
tout occupé de son amour
pour sa veuve, n'avoit
pour Belise qu'une
politesseforcée. En un
mot le Conseiller fut aimé,&
parconsequent le
Cavalier absent fut haï;
car lavivacitédeBelise
la faisoit toûjours passer
d'une extrémité à
-
l'autre. La voila donc
entêtée du Conseiller,
& fort embarassée de
l'absent, quiarriva justement
pour se faire haïr
encore plus, en pressant
ce mariage. Alors Belife
ne peu saplus qu'aux
moyens de s'exempter
du dédit: elle con sulta
son amie, qui feignit
d'abord de croire la chose
impossible. Ce jeune
homme-la, luidit-elle,ne
iejt attachéà VOIN que
par interet : vous JugeZj
bien qu'ilprofitera de votre
inconstance pour gagner
dix mille écus, en se
débarassant d'un mariage
qui lui eut été à charge.
Ilmenafait une fois conjidence,
tt)je n'ose pas
vous dire mes sentimens
sur la folie que vous faites
s car vous êtes trop
occupée de vos entêtemens,
vous rompriez, avec moy. Alaù, continua-t-elle,
ily a bien plus; c'estque
depuis son retour il ma
paru prendre beaucoup de
plaisir à me confier ses
chagrins, &je me trompe
fort çln'a un peu de
goût pourmoy. Ohplust
au Ciel, reprit vivement
Belife, plust au
Ciel qu'il fust amoureux
de vous ; ce feroit
un moyen de l'obliger à
se dédire le premier,&
nous romprions but à
but.
Mais, répliqua la
veuve,faites-vous attention
qu'iln'est pasajftz,
riche pour avoir véritablement
envie de vous - quitter pourmoy? que
gagneroit-il en perdant
vos dixmil ecus ? Cette
conversation ne fut pas
poussée plus loin, & la
jeune veuve se contenta
dedisposerinsensîblement
Belise à payer le
déditavecmoins de peine.
LeConseiller redoubla
ses empressemens
pour elle ; & l'autre en
la pressant d'executer sa
promesse, lui dit qu'il
croyoit ecre engagé
d'honneur à lui declarer
qu'il étoit amoureux de
la jeune veuve; qu'il ne
vouloit pas la tromper
là-dessus: maisqu'en même
temps il lui declaroit
qu'il étoit tout prêt à ligner
un contrat malgré
cet amour. Les choses
resterent quelque temps
dans cet état: mais enfin
Belise
Belise impatiente se resolut
à donner un air de
generosité à la démarche
qu'il lui faloit faire: elle
alla trouver son amie,
& lui dit que si de bonne
foy elle étoit resoluë
d'épouser celui qui étoit
si passionné pour elle,
elle donneroit volontiers
les dixmil écus, non pas
commeun dédit,mais
comme un present de
noce à celle qui lui avoit
procuré la connoissance
de son cher Conseillers
Cette proposition ôta
tout scrupule à nos amans,
parce qu'en effet
ces deux mariages étant
faits, Belise fut si contente
des procédez de
son époux, qu'elle ne
regretta jamais les cinquante
mil francs qu'il
lui coûta pour avoir le
plaisîr de se dédiredeux,
fois.
Fermer
Résumé : AVANTURE, ou Historiette nouvelle. LES DÉDITS.
Le texte 'AVANTURE, ou Historiette nouvelle' raconte l'histoire de deux veuves, Belise, riche et capricieuse, et une autre veuve rusée et enjouée. Cette dernière cherche à empêcher Belise de se remarier pour des raisons financières. Elle refuse d'abord les avances d'amitié de Belise, prétextant qu'elle ne veut pas être l'amie d'une femme mariée. Elle convainc ensuite Belise de signer un dédit de trente mille francs, engageant celle qui romprait son vœu de ne pas se remarier à payer cette somme. La veuve rusée organise une rencontre entre Belise et un jeune homme aimable, dont Belise tombe amoureuse. Elle souhaite se remarier, mais l'amant trouve des prétextes pour retarder le mariage. La veuve rusée feint de presser le mariage tout en le retardant en réalité. Elle convainc Belise de signer un second dédit de dix mille écus avec l'amant, qui part ensuite en voyage. Pour empêcher le mariage, la veuve rusée manipule Belise en lui présentant un jeune conseiller aimable. Belise tombe amoureuse du conseiller, ce qui la met dans l'embarras face à l'amant revenu. Elle cherche alors des moyens de se libérer du dédit, mais la veuve rusée la manipule encore en lui faisant croire que l'amant pourrait être amoureux d'elle. Finalement, Belise se retrouve piégée par ses propres caprices et inconstances, devant payer les dédits imposés par la veuve rusée. Dans une conversation ultérieure, une jeune veuve envisage de quitter son fiancé, un conseiller, mais se demande ce qu'il gagnerait en perdant une dot de dix mille écus. Belise est chargée de régler le dédit. Le conseiller, amoureux de la jeune veuve, exprime son désir de l'épouser tout en étant prêt à signer le contrat malgré ses sentiments. Belise décide de faire preuve de générosité en offrant les dix mille écus non pas comme un dédit, mais comme un présent de noces. Cette proposition lève les scrupules des deux amants, et les mariages sont célébrés. Belise est ensuite satisfaite de son époux et ne regrette pas les cinquante mille francs dépensés pour se dédire de deux engagements.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
18
p. 117-119
MORTS.
Début :
Messire Antoine le Févre, Chevalier, Seigneur de la Malmaison & de [...]
Mots clefs :
Décès, Chevalier, Conseiller, Héritage, Lieutenant, Cour
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS.
MO R T S.
Messire Antoine le Févre-r
Chevalier,.. Scigntur de la*
Malmaison & de Bissy, Con.
seiller & Doyen de la Cour
des Aydes,âgé de 80- anSJ
moins deux mois, mourut
le 19May,ilavoir esté re^fr
Conseiller de la Cour des
Aydes le 29. May 1656.il
avoir épousé. le 30. Juillet
1663. Dame Anne Marguerite
Auzanet dont il a laissequatre
enfans, sçavoir, FrançoÍÍe
le Févre de la Malmaison,
Concilier au Parlement,
& Commissaire aux
Requestes du Palais; Antoine
leFévre de la Malmaison re.
çû Chevalier de Malte le 17.
Janvier 1688 Anne leFévrc
de la Malmaison, Religieuse
Professeenl'Abbaye de Lon..
champs, & Catherine le Févre
de la Malmaison, veuve
deN. de Bonnouil, Introducteur
des Ambassadeurs
dont elle a deuxenfans.
Messire Antoine Portail,
Chevaher, Conseiller honoraire
de la grande Chambre,
mourut le9 Juin1713. iletoit
Perc du PresidentPortail.
Messire Charles Marquis
de Gaucourt, Lieutenant de
Royen Berry
, mourut le 30.
May, laissant d Albertine
Brigide de laBaume sa seconde
femme un fils qui lui succede
en sa Charge de Lieutenant
de Roy.
DONS DU
Messire Antoine le Févre-r
Chevalier,.. Scigntur de la*
Malmaison & de Bissy, Con.
seiller & Doyen de la Cour
des Aydes,âgé de 80- anSJ
moins deux mois, mourut
le 19May,ilavoir esté re^fr
Conseiller de la Cour des
Aydes le 29. May 1656.il
avoir épousé. le 30. Juillet
1663. Dame Anne Marguerite
Auzanet dont il a laissequatre
enfans, sçavoir, FrançoÍÍe
le Févre de la Malmaison,
Concilier au Parlement,
& Commissaire aux
Requestes du Palais; Antoine
leFévre de la Malmaison re.
çû Chevalier de Malte le 17.
Janvier 1688 Anne leFévrc
de la Malmaison, Religieuse
Professeenl'Abbaye de Lon..
champs, & Catherine le Févre
de la Malmaison, veuve
deN. de Bonnouil, Introducteur
des Ambassadeurs
dont elle a deuxenfans.
Messire Antoine Portail,
Chevaher, Conseiller honoraire
de la grande Chambre,
mourut le9 Juin1713. iletoit
Perc du PresidentPortail.
Messire Charles Marquis
de Gaucourt, Lieutenant de
Royen Berry
, mourut le 30.
May, laissant d Albertine
Brigide de laBaume sa seconde
femme un fils qui lui succede
en sa Charge de Lieutenant
de Roy.
DONS DU
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Résumé : MORTS.
Le texte mentionne le décès et les informations biographiques de plusieurs personnalités. Messire Antoine le Fèvre, chevalier, seigneur de la Malmaison et de Bissy, conseiller et doyen de la Cour des Aydes, est décédé à 79 ans et 10 mois le 19 mai. Il avait été nommé conseiller en 1656 et avait épousé Dame Anne Marguerite Auzanet en 1663, avec qui il a eu quatre enfants : Françoise, conseillère au Parlement ; Antoine, chevalier de Malte ; Anne, religieuse à l'Abbaye de Longchamps ; et Catherine, veuve de N. de Bonnouil. Messire Antoine Portail, chevalier et conseiller honoraire de la grande Chambre, est décédé le 9 juin 1713. Il était le fils du président Portail. Messire Charles Marquis de Gaucourt, lieutenant du Roi en Berry, est décédé le 30 mai, laissant Albertine Brigitte de la Baume, sa seconde femme, et un fils qui lui succède dans sa charge.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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19
p. 165-168
MORTS.
Début :
Messire Edme Pirot Prêtre Docteur en Theologie de la Maison [...]
Mots clefs :
Mort, Chancelier, Vicaire, Conseiller
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS.
MORTS.
Messire Edme Pirot Prê":
tre Docteur en Theologie
de la Maison & Societé de
Sorbonne, Chanoine &
Chancelier de l'Eglisede
Paris, Vicaire General de
S. E. Monseigneur le Cardinal
de Noailles & Abbé
d'Hermiere, mourut le 4
Aoust âgé de 79 ans.
M. Vivant Penitencier de
l'Eglise de Paris & Grand
Vicaire de Monseigneur le
Cardinal de Noailles, lui
succedeen laPlace de Chancelier.
Et M. de la Chasse son petit
neveu en son Canonicar.
Jean Loüis le Mairat Chevalier
Seigneur de Briere le
Chatel,&c.Conseiller du
Royenses Conseils & d'honneuren
sa Cour de Parlement,
mourut sans alliance
le
2, Aoust 1713 en sa 76 année.
Il avoit épousé Heleine
Baugier, qui mourut en 1701
âgée de 19 à20 ans. Il etoit
coufin germain de Charlotte
Lefpinette le Mairat se..
conde femme du premier
Presidentle Pelletier,&fils
d'Antoine Lespinette le Mairat
Maître des Comptes &
de Loüise Bourgoin.
Dame Loüise Therese Aubry
épouse de Messire Alexandre
le Fevre de la Faluere
Grand Maître des Eaux
& Forests au département
de France, mourut le 9
Aoust âgée de 32 ans. Elle
étoit fille de feu Messire Leonor
Aubry Maître des Comptes,
& soeur de M. Aubry
Conseiller de la premiere
des Requestes du Palais.
Dame Magdelaine Perrot,
veuve de Messire Loüis
Damas de Cormaillon, &
auparavant veuve de Messire
Jacques Honoré Barantin
premier & ancien President
au Grand Conseil, mourut
le 13 Aoust.
Messire Edme Pirot Prê":
tre Docteur en Theologie
de la Maison & Societé de
Sorbonne, Chanoine &
Chancelier de l'Eglisede
Paris, Vicaire General de
S. E. Monseigneur le Cardinal
de Noailles & Abbé
d'Hermiere, mourut le 4
Aoust âgé de 79 ans.
M. Vivant Penitencier de
l'Eglise de Paris & Grand
Vicaire de Monseigneur le
Cardinal de Noailles, lui
succedeen laPlace de Chancelier.
Et M. de la Chasse son petit
neveu en son Canonicar.
Jean Loüis le Mairat Chevalier
Seigneur de Briere le
Chatel,&c.Conseiller du
Royenses Conseils & d'honneuren
sa Cour de Parlement,
mourut sans alliance
le
2, Aoust 1713 en sa 76 année.
Il avoit épousé Heleine
Baugier, qui mourut en 1701
âgée de 19 à20 ans. Il etoit
coufin germain de Charlotte
Lefpinette le Mairat se..
conde femme du premier
Presidentle Pelletier,&fils
d'Antoine Lespinette le Mairat
Maître des Comptes &
de Loüise Bourgoin.
Dame Loüise Therese Aubry
épouse de Messire Alexandre
le Fevre de la Faluere
Grand Maître des Eaux
& Forests au département
de France, mourut le 9
Aoust âgée de 32 ans. Elle
étoit fille de feu Messire Leonor
Aubry Maître des Comptes,
& soeur de M. Aubry
Conseiller de la premiere
des Requestes du Palais.
Dame Magdelaine Perrot,
veuve de Messire Loüis
Damas de Cormaillon, &
auparavant veuve de Messire
Jacques Honoré Barantin
premier & ancien President
au Grand Conseil, mourut
le 13 Aoust.
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Résumé : MORTS.
En août 1713, plusieurs décès notables ont été enregistrés. Messire Edme Pirot, Docteur en Théologie, Chanoine et Chancelier de l'Église de Paris, Vicaire Général du Cardinal de Noailles et Abbé d'Hermiere, est décédé le 4 août à l'âge de 79 ans. M. Vivant lui a succédé comme Chancelier, et M. de la Chasse a pris la place de Chanoine. Jean Louis le Mairat, Chevalier et Conseiller du Roi au Parlement, est mort sans alliance le 2 août à l'âge de 76 ans. Il avait épousé Hélène Baugier, décédée en 1701 à l'âge de 19 ou 20 ans, et était cousin germain de Charlotte Lefpinette le Mairat. Dame Louise Thérèse Aubry, épouse de Messire Alexandre le Fevre de la Faluere, Grand Maître des Eaux et Forêts, est décédée le 9 août à l'âge de 32 ans. Elle était fille de Messire Léonor Aubry et sœur de M. Aubry, Conseiller des Requêtes du Palais. Enfin, Dame Magdelaine Perrot, veuve de Messire Louis Damas de Cormaillon et auparavant de Messire Jacques Honoré Barantin, premier Président au Grand Conseil, est décédée le 13 août.
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20
p. 3-41
LES DOUZE AMANS. Avanture nouvelle.
Début :
Une veuve de condition mediocre, assez bonne, passablement bête, & [...]
Mots clefs :
Mère, Marquis, Thérèse, Dorimont, Amants, Fortune, Riche, Conseiller, Mariage, Chambre, Premier président, Amis, Lettre, Femme de chambre, Faux commissaire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LES DOUZE AMANS. Avanture nouvelle.
LES DOUZE AMANS.
Avanittre nouvelle.
Ne veuve de
condition mediocre,
assez bonne,
passablement bête,
& fort ambitieuse, fondoit
sa fortune sur la
beauté de sa fille unique.
Cette fille avoit
toutes les bonnes qualitez
qu'on peut joindre à
une beauté parfaite, &
meritoit la prévention
que sa mere avoit pour
elle.Peu après que cette
mere l'eut retirée du
Convent,il se presenta
un parti trés-convenable
: un jeune homme
aimable, qui avoit autant
de bien Se de naissance
qu'il en saloir, la
fit demander par Tes parens.
Lamere, à qui on
en fit la proposition, ne
put trouver d'autre raison
pour le refuser, finon
que cetoitdommage
de donner une fille
comme la tienne au premier
amant oui le presentoit,
&C que peut-être
s'en preicncefoit-il
de plus riche; enfinque
quand sa fille seroit une
fois pourvuë, elle ne
pourroit plus courir le
hazard d'une :', grande
fortune: qu'il faloit du
moins attendrequelques
années, après quoy elle
pourroit penser à lui si
elle ne trouvoit pas
mieux.
Pareils discours auroient
sans doute rebuté
l'amant, que nous appellerons
Doritnont : mais
il étoit devenu vcritablement
amant, &Thevese
( c'était le nom de
la fille) l'aima réciproquement
> & ils prirent
ensemble la resolution
de tromper innocemment
la mere, pour la
faire consentir à un marriage
qui lui étoit avantageux.
Dorimont soupant
un foiravec deux
de ses amis chez une
soeur mariée qu'il avoit,
setoit plaint à eux de
son malheur ; ce cette
soeur,qui avoitl'esprit
inventis& plaisant, concerra
avec les deux amis
& son frere ce que vous
allez voir dans la fuite.
Dés le lendemain l'un
de les amis
,
qui éroit un
jeune Conseiller à marier
&: plus riche que
Dorimonc, alla trouver
la mere, dont safamille
& ses biens étoient connus
, & luy demanda
Thereseen mariage. La
mere se tournant aussitôt
du côté de sa fille,
lui dit : Eh bien, ma
fille, tu vois qu'une fille
ne perd rien pour attendre.
Vous avez bien raison,
ma mere,répondit
Therese, & si nous àvions
acceptél'autre parti,
celui -ci, qui vaut
mieux, ne se feroit pas
presenté. C'est pourquoy,
reprit la mercen
parlant au Conseiller,
vous me permettrez de
vous faire attendrequelquesannées.
Je vous entends,
répondit le Conseiller,
s'il sepresente un
President, vous le prefcrerez
à moy qui ne fuis
que Conseiller : je ne
veux point attendre un
refus, &, jeme le tiens
pour dit, je n'y penserai
plus.
Le lendemainl'autre
ami deDorimont, qui
étoir d'une riche maison,
vintoffrir desbiens considerables
à la mere de
Therese,quis'applaudit
fort d'avoir refusé la
veille le Conseiller. Le
:
Chevalier fut reçû beaucoup
mieux que le Conseiller,
& on ne lui demanda
à lui que laclau-
: se des six mois; a près
quoy, s'il ne se pre sentoit
rien de mieux, on
se feroit honneur de l'aciCCPter
pour gendre.
Quelques jours après
Dorimont, quela veuven'avoit
presque point
vû,parcequ'ilavoirfait
demander Therese par
safamille,sefitdeblond
qu'il éroit, un brun à -
sourcilsreceints, & em- -
pruntant le nom & le-N
quipage d'unriche Marquis
qui étoit brun, .&
connu même par quelques
Dames fous le nom
du brun vif du Fauxbourg
saint Germain, il
alla faire le passionné de
Therese, se trouva à
quelques bals & autres
endroits, pour obliger
la mere à avoir quelque
ombrage des poursuites
qu'il faisoit sans parler
de mariage.Therefeun
jour en fit la fausse considenceà
sa mere , qui
étoit prête à lui en faire
des reproches, & Therese
lui promit de faire
expliquer le Marquis
brun à la premiere occation.
Cette premiere
occasion se presenta
quand Therese jugea à
propos deld'ire à sa mere, r- 1 quellesetoitpresentée,
& feignant d'être fort
affligée,elle, lui dit la
larme à I'oeil,qu'elle aimoit,
le Marquis, &qu'-
elle craignoit bien qu'il
- ne fut accepte que comme
les autres ,
à.conditiond'êtrelepis-
aller;
que ce Marquis étoit sier
& n'avait point voulu se
presenter qu'il ne fût
sur, d'autant qu'un pareil
refus lui feroit tort
dans le monde. Je m'en
çonsole, répondit la merc
car onma parlé ce
matin d'un Comte qui
eU bien plus riche que
lui. En effet, on avoit
fait parler par quelque
femme du quartier d'un
Comte Allemand, qui
etoit devenu amoureux,
disoit-on, de Thercfe à
un concerta & tout cela
étoit un jeu joué comme
te reste. Voila donc
déja sur les rangs le véritable
amànt Dorimont
Sele Marquisqû'ilreprefencoit
incognito;. le
Chevalier, le Conleiller
& le Comtey cela fait
déjàcinq amans que la
mere croit avoir à son
choix : voyons les autres.
La soeur de Dorimont
s'habilla en veuve, &
en grand équipage de
deuil alla trouver la mere
deTherese,& laconjura
de ne lui point donner
lechagrindaccepri
ter pour gendre un fils
uniunique
, riche héritier
de feu sonmari,& en
âge de se marier malgré
elle,&quidevoitluidcmander
sa fille en mariage
> & ce fut la fille
de chambre de la soeur
qui avec un habit d'heritier
en grand deüil fit
son personnage le foir
même, 8c lefit de façon
à faire presque consentir
sans delay la mere
: mais dans cemême
soirelle reçut une lettre
de Province, par laquelle
le premier President
de. qui avoit vû
safille au Convent, la
lui demandoiten mariage.
Cetétablissementsolide
la fit renoncer à la
poursuite de l'autre, &
elle attendit des nouvelles
du premier President
huit jours entiers, pendant
lesquels plusieurs
autres épouseurs,. tous
partant de la mêmesabrique,&£
tous enchetifTanî:
les uns sur les autres
en biens & en fortune.
Ils pen serent faire
tourner la tête à la mere
, &C la firent resoudre
à refuser cous ceux qui
se presenteroient, ne
doutant point que le
dernier quiviendroit ne
fût un Duc ou quelque
Prince étranger, & ne
voulant plus se determinerqu'à
ce prix.
:
Elle attendit le Prince
Se le Duc pendant
quinze jours, qui penserent
la faire mourir
d'inquietude & d'embarras;
cartous les amans
qui étoient, à ce qu'elle
croyoit, au nombre de
douze, se mirent à faire
des pourfuires si vives,
qu'à chaque heure du
jour, & même de lanuit,
elle recevoit une lettre
par des laquais de differentes
livrées , & chacun
envoyant aussi des
presens, non assez grands
pour lui faire plaisir,
mais en assez grand nombre
pour la fatiguer,
comme fruits, confitures,
gibier; & tous ces
valets de pied, pages,
laquais, gentilshommes
même la réveillant dés
la pointe du jour, elle
fut bientôt aussi laffedes
amans de sa fille, qu'un
homme à bonne fortune
affecte de l'estre de fcs
maîtresses.
Enfin elle resolut de
fermer sa porte,d'autant
plus que le Marquis
brun, dont elle
commençoit à se défier
beaucoup pour l'honneur
de sa fille, se servoit
de toutes ces allées
& venuës pour voir sa
fille dans les momens
dérobez 5 k Therese,
trés-reservée au fond
pourDorimont, feignoit
de ne l'estre pas
tant pour le Marquis
brun, dontDorimont
joüoit, le rôlepour arriver
au dénoûment que
nous verrons dans la
suite.
La galante fiétion du
Marquis brun allasiloin
auxyeux de la mere,
qu'elle le vit sortit un
jour avant l'aurore de la
chambre de sa fille 5 car
ayant eu de violens sou pçons
par degrcz
,
elle se
resolut àguetter le ga- lant, qui afFcéla de se
glisser mysterieusement
lenez dans un manteau,
pour aller gagner une petite
porte qui donnoit
d1ans.u.ne cour par où il étoit entré1 un quartd'heure
devant. Lamere
crut donc qu'il avoit pa la nuit dans la
chambre de sa fille
,
où
elle entra outrée de colere,
pour la maltraiter
du moins de paroles:
mais elle ne trouva point
sa fille dans sa chambre,
elle avoit pris la précaution
tion de passer la nuit
dans un appartement
voisin qu'occupoit une
Dame fort vertueufc
dans ce même logis,&
la fille prouva par alibi
qu'elle n'avoit point vû
l'amant à bonne fortune.
Cette preuve étoit suffisante
pour prouver un
jour à sa mere que tout
ce qu'elle avoit vû &
devoit voir dans la suite
n'étoit qu'une feinte innocente:
mais cette preuve
ne passa alors que pour
une fausse justification
d'une faute réelle; k
quelque bête que fùt
cette merc, elle crut
voir clairement qu'il étoit
temps de marier sa
fille avant qu'une pareille
avanture eût fait
éclat. Cela fit qu'elle
borna son ambition au
premier President de
Province, & lui écrivit
une lettre à l'adresse qui
lui avoit été donnée
dans la pretenduëlettre
quelle avoit reçûë de
lui. Cette lettre partie,
elle fut huit jours sans
avoir réponse, & voici
le jeu qu'on joüa pendant
ces huit jours.
l, La femme de chambre
de la iceur de Dorimont
s'habilla en devote
à grande manche, un
chapelet à sa ceinture
,
8c ses heures dans son
manchon, fuivic d'une
petite servante de la même
parure. Ellealla demander
à parler en particulierà
la mere deTherese
> & aprés tous les
préambules necessaires à
cellesqui veulent calomnier
par charité chrétienlie)
elle lui donna avis de
'iintrigue du Marquis
-
orun, & conseil en mê-
- me temps de marier sa
fille avant que la chose
ik sçûë de gens qui ne
seroient pas si discrets
u'elle.
Le même matin la mere
ayant mené Thercfc
à la3elle entendit
parler un peu haut deux
Dames qui
-
s'entretenoient
enfembie de l'intrigue
de sa fille, &disoient
l'avoir apprise de
la fausse devote. Vous
devinez bien que ces
deux femmes étoient la
soeur de Dorimont&sa
femme de chambre, qui
prirent bien garde de se
posterde maniereauprès
de la mere,que personne
qu'elle ne pût entendre
une conversation qui
eût fait tort à la fille.
Toutes deux retournerent
au logis fort desolées
,
la mere l'étant
réellement, &la hIIeaffectant
de l'estre, &
priant sa mere de presser
le President de Province,
parce quedés qu'-
une devote &deux fem-
Bles du monde sçavoient
son histoire, elle deviendroit
bientôt publique.
La mere n'eut pas
pour cette alarme seules;
on lui en donna de toutes
parts, & toutcela
partoit toûjours du petit
nombre d'amis de Dorimont
déguisez en plusieurs
façons. L'un des
amis enfin s'habilla en
Commissaire, & alla
- trouver la mere, pour
lui donner avis qu'on alloit
plaider une affaire
qui perdroit sa fille
d'honneur; qu'ily avoit
eu un homme blessé à !
mort par le Marquis
brun à bonne fortune,
dans le temps qu'il fortoit
de chez sa fille &
qu'un autre y vouloit
entrer. A ce rapport la
mere fût morte enfin de
saisissement aprés toutes
les autres alarmes dont
elle étoit troublée:mais
le faux Commissaire promit
de traîner cette affaire,
& de l'empescher
d'éclater pendant quelques
jours, afinqu'elle
cftc le loisir de marier sa
fillç avec toute sa bonne
renommée, SC que l'affaire
n'éc latant qu'aprés
le mariage, elle seroit
alors sur le compte du
mari.
La mere remercia le
faux Commissaire, qui
lui fit mesme voir, pour
combler la mesure,quelques
vaudevilles faits sur
cette avanture, & qu'il
avoit étouffez dés leur
naissance.
La mere alors serieusement
pressée, & n'entendant
point de nouvelles
du riche President,
on pressa tort l'amant le
plus riche après lui, duquel
n'ayant pas réponse
prompte, on alla au devant
de celui qui valoit
mieux que le Comte,
& du Comte au Chevalier.
Enfin les douze amans
furent par gradation
de richesses sollicitez
par les mesmes canaux
par où ils avoient
fait demander Therese
en mariage : mais point
de réponse ni des uns ni
des autres.
Cette mere abandonnée
par tous ceux qui la
recherchoient, crut bien
deviner la cause de la
retraite &du silence des
douze amans; elle crut
sa filleperduë d'honneur
publiquement, &nefortoit
point de chez elle
qu'elle ne crust que tous
ceux qui regardoient sa
fille parce qu'elle étoit
belle,ne la regardassent
pour en médire. On la
laissa quelques jours das
ce supplice, & Therese
la prioit incessamment
de la remettre dans le
Convent pour toute sa
vie: mais la mere ne
pouvant s'y resoudre,
prit un jour la resolution
d'aller chercher dans un
- pays étranger la fortune
qu'elle ne pouvoit plus
esperer en France; &
pe qui lui fit prendre ce
parti defcfperé, ce fut
le dernier jour de cette
Comedie, qui fut pour
elle le pluscruel de tous:
car tous ces messagers de
lifferentes livrées qui
l'avoient importunée par
des presens, vinrent en
un seul jour l'accabler de
lettres trés- polies, qui
lui enfonçoient autant
de fois le poignard dans
le sein,en lui faisant sentir
que les douze amans
cedoient Therese au
Marquis brun, qui envoya
aussi sa lettre de
refus, alleguant ses bonnes
fortunes pour excuse.
On laissa la mere desolée
vingt- quatre heures
dans cette situation
> & le lendemain parut le
fidele Dorimont, à qui
on n'avoit osé recourir,
parce qu'ilavoir paru le
plus offensé des preferences.
Il arriva donc,
comme ayant paffé tout
le mois en solitude à la
campagne,& comme ne
sçachant rien de tout ce
qui s'étoit passé, & n'accusant
que la mere d'infidelité.
Therefc affectant
une impatience vive
de prendre pour dupe
cet amant unique,
conseilla à sa mere de
ne le pas laisser sortir
sans conclure. Le contrat
se fit ce même soir,
on les maria la nuit, &
il demanda en grace
qu'il n'y eust au dîner
qu'on fit le lendemain
chez lui que ceux 6C
celles qui avoient été de
son complot; & ce fut
a ce dîner où tournant
en plaisanterie les douze
amans, il se declara le
Marquis brun, & la mère
ravie de retrouver sa
fille blanchecomme neigc.
ge, pardonna le tour
qu'on lui avoit jcüé pour
la guerir de sa folle ambition.,
Avanittre nouvelle.
Ne veuve de
condition mediocre,
assez bonne,
passablement bête,
& fort ambitieuse, fondoit
sa fortune sur la
beauté de sa fille unique.
Cette fille avoit
toutes les bonnes qualitez
qu'on peut joindre à
une beauté parfaite, &
meritoit la prévention
que sa mere avoit pour
elle.Peu après que cette
mere l'eut retirée du
Convent,il se presenta
un parti trés-convenable
: un jeune homme
aimable, qui avoit autant
de bien Se de naissance
qu'il en saloir, la
fit demander par Tes parens.
Lamere, à qui on
en fit la proposition, ne
put trouver d'autre raison
pour le refuser, finon
que cetoitdommage
de donner une fille
comme la tienne au premier
amant oui le presentoit,
&C que peut-être
s'en preicncefoit-il
de plus riche; enfinque
quand sa fille seroit une
fois pourvuë, elle ne
pourroit plus courir le
hazard d'une :', grande
fortune: qu'il faloit du
moins attendrequelques
années, après quoy elle
pourroit penser à lui si
elle ne trouvoit pas
mieux.
Pareils discours auroient
sans doute rebuté
l'amant, que nous appellerons
Doritnont : mais
il étoit devenu vcritablement
amant, &Thevese
( c'était le nom de
la fille) l'aima réciproquement
> & ils prirent
ensemble la resolution
de tromper innocemment
la mere, pour la
faire consentir à un marriage
qui lui étoit avantageux.
Dorimont soupant
un foiravec deux
de ses amis chez une
soeur mariée qu'il avoit,
setoit plaint à eux de
son malheur ; ce cette
soeur,qui avoitl'esprit
inventis& plaisant, concerra
avec les deux amis
& son frere ce que vous
allez voir dans la fuite.
Dés le lendemain l'un
de les amis
,
qui éroit un
jeune Conseiller à marier
&: plus riche que
Dorimonc, alla trouver
la mere, dont safamille
& ses biens étoient connus
, & luy demanda
Thereseen mariage. La
mere se tournant aussitôt
du côté de sa fille,
lui dit : Eh bien, ma
fille, tu vois qu'une fille
ne perd rien pour attendre.
Vous avez bien raison,
ma mere,répondit
Therese, & si nous àvions
acceptél'autre parti,
celui -ci, qui vaut
mieux, ne se feroit pas
presenté. C'est pourquoy,
reprit la mercen
parlant au Conseiller,
vous me permettrez de
vous faire attendrequelquesannées.
Je vous entends,
répondit le Conseiller,
s'il sepresente un
President, vous le prefcrerez
à moy qui ne fuis
que Conseiller : je ne
veux point attendre un
refus, &, jeme le tiens
pour dit, je n'y penserai
plus.
Le lendemainl'autre
ami deDorimont, qui
étoir d'une riche maison,
vintoffrir desbiens considerables
à la mere de
Therese,quis'applaudit
fort d'avoir refusé la
veille le Conseiller. Le
:
Chevalier fut reçû beaucoup
mieux que le Conseiller,
& on ne lui demanda
à lui que laclau-
: se des six mois; a près
quoy, s'il ne se pre sentoit
rien de mieux, on
se feroit honneur de l'aciCCPter
pour gendre.
Quelques jours après
Dorimont, quela veuven'avoit
presque point
vû,parcequ'ilavoirfait
demander Therese par
safamille,sefitdeblond
qu'il éroit, un brun à -
sourcilsreceints, & em- -
pruntant le nom & le-N
quipage d'unriche Marquis
qui étoit brun, .&
connu même par quelques
Dames fous le nom
du brun vif du Fauxbourg
saint Germain, il
alla faire le passionné de
Therese, se trouva à
quelques bals & autres
endroits, pour obliger
la mere à avoir quelque
ombrage des poursuites
qu'il faisoit sans parler
de mariage.Therefeun
jour en fit la fausse considenceà
sa mere , qui
étoit prête à lui en faire
des reproches, & Therese
lui promit de faire
expliquer le Marquis
brun à la premiere occation.
Cette premiere
occasion se presenta
quand Therese jugea à
propos deld'ire à sa mere, r- 1 quellesetoitpresentée,
& feignant d'être fort
affligée,elle, lui dit la
larme à I'oeil,qu'elle aimoit,
le Marquis, &qu'-
elle craignoit bien qu'il
- ne fut accepte que comme
les autres ,
à.conditiond'êtrelepis-
aller;
que ce Marquis étoit sier
& n'avait point voulu se
presenter qu'il ne fût
sur, d'autant qu'un pareil
refus lui feroit tort
dans le monde. Je m'en
çonsole, répondit la merc
car onma parlé ce
matin d'un Comte qui
eU bien plus riche que
lui. En effet, on avoit
fait parler par quelque
femme du quartier d'un
Comte Allemand, qui
etoit devenu amoureux,
disoit-on, de Thercfe à
un concerta & tout cela
étoit un jeu joué comme
te reste. Voila donc
déja sur les rangs le véritable
amànt Dorimont
Sele Marquisqû'ilreprefencoit
incognito;. le
Chevalier, le Conleiller
& le Comtey cela fait
déjàcinq amans que la
mere croit avoir à son
choix : voyons les autres.
La soeur de Dorimont
s'habilla en veuve, &
en grand équipage de
deuil alla trouver la mere
deTherese,& laconjura
de ne lui point donner
lechagrindaccepri
ter pour gendre un fils
uniunique
, riche héritier
de feu sonmari,& en
âge de se marier malgré
elle,&quidevoitluidcmander
sa fille en mariage
> & ce fut la fille
de chambre de la soeur
qui avec un habit d'heritier
en grand deüil fit
son personnage le foir
même, 8c lefit de façon
à faire presque consentir
sans delay la mere
: mais dans cemême
soirelle reçut une lettre
de Province, par laquelle
le premier President
de. qui avoit vû
safille au Convent, la
lui demandoiten mariage.
Cetétablissementsolide
la fit renoncer à la
poursuite de l'autre, &
elle attendit des nouvelles
du premier President
huit jours entiers, pendant
lesquels plusieurs
autres épouseurs,. tous
partant de la mêmesabrique,&£
tous enchetifTanî:
les uns sur les autres
en biens & en fortune.
Ils pen serent faire
tourner la tête à la mere
, &C la firent resoudre
à refuser cous ceux qui
se presenteroient, ne
doutant point que le
dernier quiviendroit ne
fût un Duc ou quelque
Prince étranger, & ne
voulant plus se determinerqu'à
ce prix.
:
Elle attendit le Prince
Se le Duc pendant
quinze jours, qui penserent
la faire mourir
d'inquietude & d'embarras;
cartous les amans
qui étoient, à ce qu'elle
croyoit, au nombre de
douze, se mirent à faire
des pourfuires si vives,
qu'à chaque heure du
jour, & même de lanuit,
elle recevoit une lettre
par des laquais de differentes
livrées , & chacun
envoyant aussi des
presens, non assez grands
pour lui faire plaisir,
mais en assez grand nombre
pour la fatiguer,
comme fruits, confitures,
gibier; & tous ces
valets de pied, pages,
laquais, gentilshommes
même la réveillant dés
la pointe du jour, elle
fut bientôt aussi laffedes
amans de sa fille, qu'un
homme à bonne fortune
affecte de l'estre de fcs
maîtresses.
Enfin elle resolut de
fermer sa porte,d'autant
plus que le Marquis
brun, dont elle
commençoit à se défier
beaucoup pour l'honneur
de sa fille, se servoit
de toutes ces allées
& venuës pour voir sa
fille dans les momens
dérobez 5 k Therese,
trés-reservée au fond
pourDorimont, feignoit
de ne l'estre pas
tant pour le Marquis
brun, dontDorimont
joüoit, le rôlepour arriver
au dénoûment que
nous verrons dans la
suite.
La galante fiétion du
Marquis brun allasiloin
auxyeux de la mere,
qu'elle le vit sortit un
jour avant l'aurore de la
chambre de sa fille 5 car
ayant eu de violens sou pçons
par degrcz
,
elle se
resolut àguetter le ga- lant, qui afFcéla de se
glisser mysterieusement
lenez dans un manteau,
pour aller gagner une petite
porte qui donnoit
d1ans.u.ne cour par où il étoit entré1 un quartd'heure
devant. Lamere
crut donc qu'il avoit pa la nuit dans la
chambre de sa fille
,
où
elle entra outrée de colere,
pour la maltraiter
du moins de paroles:
mais elle ne trouva point
sa fille dans sa chambre,
elle avoit pris la précaution
tion de passer la nuit
dans un appartement
voisin qu'occupoit une
Dame fort vertueufc
dans ce même logis,&
la fille prouva par alibi
qu'elle n'avoit point vû
l'amant à bonne fortune.
Cette preuve étoit suffisante
pour prouver un
jour à sa mere que tout
ce qu'elle avoit vû &
devoit voir dans la suite
n'étoit qu'une feinte innocente:
mais cette preuve
ne passa alors que pour
une fausse justification
d'une faute réelle; k
quelque bête que fùt
cette merc, elle crut
voir clairement qu'il étoit
temps de marier sa
fille avant qu'une pareille
avanture eût fait
éclat. Cela fit qu'elle
borna son ambition au
premier President de
Province, & lui écrivit
une lettre à l'adresse qui
lui avoit été donnée
dans la pretenduëlettre
quelle avoit reçûë de
lui. Cette lettre partie,
elle fut huit jours sans
avoir réponse, & voici
le jeu qu'on joüa pendant
ces huit jours.
l, La femme de chambre
de la iceur de Dorimont
s'habilla en devote
à grande manche, un
chapelet à sa ceinture
,
8c ses heures dans son
manchon, fuivic d'une
petite servante de la même
parure. Ellealla demander
à parler en particulierà
la mere deTherese
> & aprés tous les
préambules necessaires à
cellesqui veulent calomnier
par charité chrétienlie)
elle lui donna avis de
'iintrigue du Marquis
-
orun, & conseil en mê-
- me temps de marier sa
fille avant que la chose
ik sçûë de gens qui ne
seroient pas si discrets
u'elle.
Le même matin la mere
ayant mené Thercfc
à la3elle entendit
parler un peu haut deux
Dames qui
-
s'entretenoient
enfembie de l'intrigue
de sa fille, &disoient
l'avoir apprise de
la fausse devote. Vous
devinez bien que ces
deux femmes étoient la
soeur de Dorimont&sa
femme de chambre, qui
prirent bien garde de se
posterde maniereauprès
de la mere,que personne
qu'elle ne pût entendre
une conversation qui
eût fait tort à la fille.
Toutes deux retournerent
au logis fort desolées
,
la mere l'étant
réellement, &la hIIeaffectant
de l'estre, &
priant sa mere de presser
le President de Province,
parce quedés qu'-
une devote &deux fem-
Bles du monde sçavoient
son histoire, elle deviendroit
bientôt publique.
La mere n'eut pas
pour cette alarme seules;
on lui en donna de toutes
parts, & toutcela
partoit toûjours du petit
nombre d'amis de Dorimont
déguisez en plusieurs
façons. L'un des
amis enfin s'habilla en
Commissaire, & alla
- trouver la mere, pour
lui donner avis qu'on alloit
plaider une affaire
qui perdroit sa fille
d'honneur; qu'ily avoit
eu un homme blessé à !
mort par le Marquis
brun à bonne fortune,
dans le temps qu'il fortoit
de chez sa fille &
qu'un autre y vouloit
entrer. A ce rapport la
mere fût morte enfin de
saisissement aprés toutes
les autres alarmes dont
elle étoit troublée:mais
le faux Commissaire promit
de traîner cette affaire,
& de l'empescher
d'éclater pendant quelques
jours, afinqu'elle
cftc le loisir de marier sa
fillç avec toute sa bonne
renommée, SC que l'affaire
n'éc latant qu'aprés
le mariage, elle seroit
alors sur le compte du
mari.
La mere remercia le
faux Commissaire, qui
lui fit mesme voir, pour
combler la mesure,quelques
vaudevilles faits sur
cette avanture, & qu'il
avoit étouffez dés leur
naissance.
La mere alors serieusement
pressée, & n'entendant
point de nouvelles
du riche President,
on pressa tort l'amant le
plus riche après lui, duquel
n'ayant pas réponse
prompte, on alla au devant
de celui qui valoit
mieux que le Comte,
& du Comte au Chevalier.
Enfin les douze amans
furent par gradation
de richesses sollicitez
par les mesmes canaux
par où ils avoient
fait demander Therese
en mariage : mais point
de réponse ni des uns ni
des autres.
Cette mere abandonnée
par tous ceux qui la
recherchoient, crut bien
deviner la cause de la
retraite &du silence des
douze amans; elle crut
sa filleperduë d'honneur
publiquement, &nefortoit
point de chez elle
qu'elle ne crust que tous
ceux qui regardoient sa
fille parce qu'elle étoit
belle,ne la regardassent
pour en médire. On la
laissa quelques jours das
ce supplice, & Therese
la prioit incessamment
de la remettre dans le
Convent pour toute sa
vie: mais la mere ne
pouvant s'y resoudre,
prit un jour la resolution
d'aller chercher dans un
- pays étranger la fortune
qu'elle ne pouvoit plus
esperer en France; &
pe qui lui fit prendre ce
parti defcfperé, ce fut
le dernier jour de cette
Comedie, qui fut pour
elle le pluscruel de tous:
car tous ces messagers de
lifferentes livrées qui
l'avoient importunée par
des presens, vinrent en
un seul jour l'accabler de
lettres trés- polies, qui
lui enfonçoient autant
de fois le poignard dans
le sein,en lui faisant sentir
que les douze amans
cedoient Therese au
Marquis brun, qui envoya
aussi sa lettre de
refus, alleguant ses bonnes
fortunes pour excuse.
On laissa la mere desolée
vingt- quatre heures
dans cette situation
> & le lendemain parut le
fidele Dorimont, à qui
on n'avoit osé recourir,
parce qu'ilavoir paru le
plus offensé des preferences.
Il arriva donc,
comme ayant paffé tout
le mois en solitude à la
campagne,& comme ne
sçachant rien de tout ce
qui s'étoit passé, & n'accusant
que la mere d'infidelité.
Therefc affectant
une impatience vive
de prendre pour dupe
cet amant unique,
conseilla à sa mere de
ne le pas laisser sortir
sans conclure. Le contrat
se fit ce même soir,
on les maria la nuit, &
il demanda en grace
qu'il n'y eust au dîner
qu'on fit le lendemain
chez lui que ceux 6C
celles qui avoient été de
son complot; & ce fut
a ce dîner où tournant
en plaisanterie les douze
amans, il se declara le
Marquis brun, & la mère
ravie de retrouver sa
fille blanchecomme neigc.
ge, pardonna le tour
qu'on lui avoit jcüé pour
la guerir de sa folle ambition.,
Fermer
Résumé : LES DOUZE AMANS. Avanture nouvelle.
Le texte 'Les Douze Amans' relate l'histoire d'une veuve ambitieuse qui souhaite marier sa fille unique, Thérèse, à un parti riche et prestigieux. Thérèse, belle et vertueuse, reçoit une demande en mariage de Dorimont, un jeune homme aimable, mais sa mère refuse, espérant un parti plus fortuné. Dorimont et Thérèse décident alors de tromper la mère pour obtenir son consentement. Ils mettent en scène plusieurs prétendants, tous interprétés par les amis de Dorimont, incluant un conseiller, un chevalier, un marquis brun, un comte, et même un président de province. La mère, submergée par les demandes et les rumeurs, finit par accepter le premier président de province. Cependant, les amis de Dorimont continuent de semer la confusion avec des lettres et des visites, poussant la mère à croire que Thérèse est compromise. Désespérée, la mère décide de fuir à l'étranger. Finalement, Dorimont réapparaît et ils se marient. Lors d'un dîner, le personnage principal révèle son identité en plaisantant sur les douze amants. Le Marquis Brun se déclare, et la mère, ravie de retrouver sa fille, pardonne la ruse qui lui avait été jouée pour la guérir de sa folle ambition.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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21
p. 193-219
HISTORIETTE.
Début :
Il y auroit plus d'Amans heureux que l'on en voit, [...]
Mots clefs :
Amants, Marquis, Conseiller, Comte, Jeune héritière, Soeur, Parente, Coeur, Pouvoir, Amant, Mariage
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texteReconnaissance textuelle : HISTORIETTE.
HISTORIETTE,
IL y auroit plus d'Amans
heureux que l'on n'en voit
fi on laiffoit l'amour mail
tre de fes entrepriſes , mais
s'il peut toucher les coeurs
quand il luy plaiſt , il n'a
pas toûjours le pouvoir de
les unir. Des obftacles invincibles
renverfent fouvent
fes plus grands deffeins
, & ce qui eft le plus
chagrinant , c'eft qu'il fe
Mars
1714.
R
194 MERCURE
rencontre des occafions où
il fe nuit par luy même.
Un jeune Homme de qualité
, qui ayant un Marquifat
eftoit Marquis à bon titre,
devint amoureux d'une
des plus aimables Perfonnes
de la Ville où il demeuroit.
Elle eftoit d'une Famille
de Robe , & un Frere
unique qu'elle avoit
eftoit Confeiller au Parlement
de fa Province
mais il s'attendoit bien à
monter avec l'âge dans des
Charges plus confidéra-
Eles. Ce Frere eftoit alors
GALANT. 195
fur le point de revenir d'un
voyage d'Italie , & quoy
que fon retour fuft fort
proche , le Marquis nelaiffa
pas de faire affez de progrés
dans le coeur de cette
Belle , avant qu'il fuft revenu.
Elle eftoit vive naturel.
lement,, pleine de foins &
de zele pour ce qu'elle aimoit
, & fi fenfible à l'amitié
qu'on luy témoignoit
,
qu'il y avoit fujet d'efperer
que les empreffemens
de
l'amour ne luy feroient pas
indifférens
. Elle trouva le
Marquis affez aimable
Rij
196 MERCURE
>
pour le perfuader qu'elle
en pourroit eftre aimée , &
elle eftoit trop fincere pour
douter long- temps de la
fincerité des autres fur
tout quand ils eftoient agréables
. Enfin de la ma.
niere dont le Confeiller
vit les chofes difpofées à
fon retour
il jugea bien
qu'il ne feroit plus chargé
de fa Soeur , qu'autant que
des Articles de mariage à
regler le demanderoient
car elle ne dépendoit que
de luy. Le Marquis fit tous.
les pas neceffaires , & les
GALANT
* . 197
Amans alloient eftre heureux
, s'il n'y euft point eu
d'autre amour que le leur
dans leur Famille . Le Marquis
avoit une Couſine germaine
, qui eftoit demeurée
feule Heritiere d'un
grand Ben , par la mort
de fon Pere & de fa Mere.
Elle eftoit tombée fous fa
Tutelle , parce qu'un autre
Tuteur qu'elle avoit eu
d'abord , cftoit mort depuis
fix mois. C'eftoit au jeune
Tuteur à difpofer de fa jeu
ne Pupille ; mais elle avoit
difpofé elle mefme de fon
FR iij
198 MERCURE
coeur , fans avis de Parens .
Un Gentilhomme fort fpirituel
, & qui avoit affez
de naiffance , pour pouvoir
prendre le titre de Comte ,
avoit entrepris de plaire à
la Belle , & luy avoit plû.
Il avoit fait diverfes Campagnes
avec beaucoup de
dépenfe , & affez de réputation
. Cela ébloüiffoit fort:
l'aimable Héritiere
avoit le coeur tres - bien placé
. Par malheur pour le
Marquis , le Confeiller la
vit trop fouvent , & fon
coeur en fut touché. Elle
qui
THEQUE
GALANT.
BIBLIO
avoit tout l'air d'une
LY
BAD
DE
LA
VILLE
de naiſſance , une certain e
fierté qui luy feyoit bien ,
moins de beauté que de
manieres agréables , & un
art particulier de fe faire
extrémement valoir , fans
avoir pourtant d'orgueil
qui choquaft . Peut - eftre
auroit - il choqué dans une
Perfonne, qui cuft eu moins
de naiffance , moins de jeuneffe
, & moins de Bien .
Elle ne regardoit guére les
Hommes qu'avec une efpece
de dédain . Le Comre
eftoit le plus excepté ; en-
R iiij
200 MERCURE
core le traitoit elle quelquefois
comme les autres
, quand elle en avoit
envie . Tout cela charma
le Confeiller, Ileftoit affez
riche pour ne devoir pas
eftre foupçonné d'aimer la
jeune Heritiere pour fon
Bien. Cependant il ne laif
fa peut eft e pas d'avoir
quelques veues de ce coftélà.
Ce qui luy parut d'un
fort bon augure pour fa
paffion , ce fut l'amour du
Marquis & de fa Soeur. 11
trouvoit mefme quelque
chofe d'agréable à s'imaGALANT
. 201
giner la double alliance de
leurs Maifons , & l'échange
qu'elles ferojent entreelles
de ces deux jeunes
Perfonnes . Il découvrit fon
deffein au Marquis , & luy
exagera fort le plaifir qu'il
fe feroit de devenir fon
Coufin-germain , en mef
me temps qu'il deviendroit
fon Beau -frere . Le Marquis
ne reçût point cette
propofition avec autant de
joye qu'il euft dû naturellement
la recevoir . Il luy
parut auffi - toft , fans qu'il
fçuft trop pourquoy , que
202 MERCURE
4
c'eftoit une difficulté furvenue
à fes affaires il
euft beaucoup mieux aimé
qu'on n'euft parlé que d'une
alliance. Cependant
quand il y eut fait refléxion
, il ne trouva pas que
le mariage du Confeiller
avec la Parente , duft cftre
une chofe fi malaisée , &
it fe perfuada , ou il tâcha
de fe le perfuader que
quand mefme il ne fe feroit
pas , cela n'apportéroit
point d'obſtacle à fon
bonheur. Il alla donc propofer
le Confeiller à fa
.
GALANT. 103
Coufine , avec toute l'addreffe
dont fa paffion le
rendoit capable ; mais elle
luy fit connoiftre combien
elle eftoit peu difpofée à
fonger à ce Party . Il pric
encore trois ou quatre fois
le temps le plus favorable
qu'il put , pour traiter la
mefme matiere mais ce
fut toûjours inutilement .
Le Comte n'eftoit point
trop connu pour un Amant
de la Parente du Marquis ,
& moins encore pour un
Amant qu'elle aimaſt . Elle
avoit avec luy une manie-
>
204 MERCURE
re d'agir fi inégale , que
l'on eftoit bien embaraffé à
pouvoir juger de ce qui
eftoit entre eux . Ainfi le
Marquis ne fceut pas précifement
s'il devoit fe prendre
au Comte , de l'éloi
gnement que fa Coufine
montroit pour leConfeiller,
ou s'il ne devoit s'en pren
dre qu'au peu d'inclination
qu'elle faifoit voir en general
pour la Robe , ce qui
femblait eftre affez natu
rel à une jeune Perfonne ,
dont les yeux font plus fla
tez de l'équipage d'un Ca.
GALANT.
205
valier , que de celuy d'un
Magiftrat , & dont les oreilles
fe plaifent davantage au
récit d'une Campagne
qu'à celuy du jugement
d'un Procés. Le Marquis
fit entendre au Confeiller .
le plus honneftement qu'il
luy fur poffible , le mauvais
fuccés de fa négotiation. 11
ne luy en dit qu'un partie ,
pour l'accoûtumer douce
ment au déplaifir d'être refufé
, & il quita ce difcours
fort vifte , pour luy parler
de ce qui le regardoit
mais le Confeiller luy parut
206 MERCURE
fort refroidy fur le mariage
de fa Soeur , & le Marquis
jugea bien déflors qu'il auroit
de la peine à eftre le
Beau- frere du Confeiller ,
s'il ne devenoit auffi fon
Coufin. Il fit de nouveaux
efforts fur fa Parente , qui
luy parut toûjours moins
difpofée à faire ce qu'il
vouloit. Il loüa le Confeiller
& toute la Robe & dit
tout le mal qu'il put des
Gens d'Epée . Il alla meſme
jufqu'à tourner le Comte
en ridicule , & juſqu'à
le décrier , fans épargner
•
GALANT . 207
que fon nom ; mais tout
cela ne gagna rien fur cette
Parente . A la fin voyant
qu'il ne pouvoit luy donner
de gouft pour le Confeiller
, il crut devoir le dégoûter
d'elle . Il luy dit en confidence
qu'elle n'eftoit pas
d'une humeur aiſée , & qu'-
elle donneroit aſſez de peine
à un Mary ; que mefme
elle n'avoit pas autant de
Bien qu'on s'imaginoit ,
qu'il le fçavoit mieux qu'un
autre , puis qu'il eftoit fon`
Tuteur ; mais le Confeiller
ne fe rendit point à ces ar-
&
208 MERCURE
tifices . Il foupçonna que le
Marquis ne les employoit
que pour ſe diſpenſer de le
fervir de tout fon pouvoir ,
& dans l'humeur chagrine
où il fe trouva , il luy déclara
fort nettement que le
feul moyen d'obtenir la
Soeur , eftoit de le faire aimer
de fa Parente . Le Marquis
qui eftoit fort amoureux
, fut au défefpoir. Il
repréſenta au Confeiller ,
avec toute la force & toute
la vivacité imaginable
qu'il ne devoit pas eftre
puny des bizarreries de fa
Pupille
GALANT. 209
Pupille ; mais le Confeiller
fut inexorable
. Sa Soeur
commença
à fentir pour
la jeune Heritiere
, toute la
haine qu'elle euft pû avoir
pour une Rivale . Elle n'en
parloit jamais que comme
d'une Demoifelle de Campagne
, qu'une fierté ridicule
rendoit infuportable
par tout , & qui fe croyoit
d'une meilleure Maifon
qu'une autre , parce que
fes Parens n'avoient pas
coûtume de demeurer dans
les Villes . Le Comte eftoit
charmé de la réfiftance
Mars 1714.
"
S
110 MERCURE
qu'on faiſoit pour luy aux
volontez du Marquis ; mais
il fut au déſeſpoir , quand
le Marquis dit un jour à
fa Coufine , d'un ton ferme
& prefque abfolu , que
fi c'eftoit à caufe du Comte
'qu'elle refufoit le Confeiller
, elle devoit s'affeurer
qu'il s'oppoferoit toûjours
de tout fon pouvoir aux
prétentions de cet Amant.
Elle nia que le Comte fuft
fon Amant , & qu'elle l'euft
jamais regardé fur ce piedlà
. Le Comte qui vit fes
affaires en défordre , s'aviGALANT.
21I
fa d'un expédient affez extraordinaire
. Il confidera
qui s'il pouvoit rompre l'u
nion du Marquis & de l'aimable
Perfonne à qui il
eftoit fi fort attaché , le
Marquis ne s'obſtineroit
plus à vouloir donner fa
Parente au Conſeiller ;
mais comment mettre mal
enfemble deux Perfonnes
qui s'aimoient fi tendrement
1 eftoit entreprenant
ne défefperoit jamais
de rien , & fur tout
il comptoit beaucoup fur
l'inconftance des Femmes.
,
Sij
212 MERCURE
Ainfi de concert avec la
jeune Heritiere , il réfolut
de fe feindre Amant de la
Soeur du Confeiller , & de
la conduire à faire une infidélité
au Marquis . Il fe
rendit peu à peu & fans
marque d'affectation , plus
affidu à la voir. Comme il
n'eftoit pas Amant déclaré
de l'Heritiere , fa conduite
ne parut pas fi étrange.
Le Confeiller luy - mefme
qui le foupçonnoit d'eftre
fon Rival , eftoit bien - aiſe
de commencer à avoir lieu
d'en douter. L'Heritiere de
GALANT . 20:3
fon cofté , qui vouloit favorifer
les affiduitez du
Comte chez la Soeur du
Confeiller , recevoit le Confeiller
bien plus agréablement
, depuis que le Comte
alloit moins fouvent chez
elle . Ainfi il n'y ayoit que le
Marquis à qui le nouvel attachement
du Comte ne
plaifoit pas trop. Elle eftoit
née pour la tendreffe , mais
non pas pour la conftance.
Elle avoit un coeur qui recevoit
des impreffions affez
vivement mais encore plus
facilement . Enfin elle eftoit
214 MERCURE
faite comme la plupart des
Femmes ont accoûtumé de
l'eftre . Le Comte avoit de
l'aſcendant ſur le Marquis.ll
l'étoufoit , & l'empefchant
de paroiftre en fa préfence ,
il pouffoit la converſation
jufqu'à un ton de gayeté &
d'enjouëment , où le Marquis
ne pouvoit aller , &
avoit l'adreſſe de mettre
toujours fon Rival hors de
fon génie naturel . La diférence
qui eftoit entre - eux ,
frapoit trop les yeux de la
Belle pour nnee la pas déterminer
en faveur du Com-
3
GALANT .
215
te. D'abord elle luy applaudiffoit
bien plus qu'au
Marquis. Enfuite elle le
trouva beaucoup plus à dire
quand il n'eftoit pas chez
elle , que quand le Marquis
n'y eftoit pas. Enfin
foit par fes regards , foit par
fes manieres, elle luy donna
une préference fi viſible ,
que le Marquis , aprés plufieurs
plaintes qui furent
affez mal reçûës , ne pút
douter qu'il ne fuft trahy.
Le Confeiller qui fe crut
heureux , fur ce qu'il ne
trouvoit plus le Comte en
216
MERCURE
fon chemin , & qui s'apper- '
eevoit qu'il eftoit micux
dans l'efprit de l'Heritiere ,
s'imagina que
le
temps
eftoit favorable pour pref
fer le Marquis d'achever
ce qu'il avoit commencé ;
mais le Marquis luy répondit
léchement , que fa Soeur
avoit changé , qu'elle l'avoit
quitté pour un autre , qu'il
ne fongeoit plus à elle ; &
vous ne devez pas trouver
mauvais , pourfuivir - il , que
je vous redile ce que vous
m'avez dit fi fouvent , que
nous ne pouvons faire aucunc
GALANT. 217
>
cune alliance , fi nous n'en
faifons deux à la fois. Jamais
le Confeiller ne fut
plus furpris . Il querella fa
Soeur , & luy fit mille reproches
. Il éloigna tout- àfait
le Comte de chez luy
& de Comte en fut trescontent.
La Seur meſme
qui foupçonna quelque
trahison ; auroit fouhaité
de tout fon coeur fe raccommoder
avec le Marquis.
Le Confeiller y travailla
de tout fon pouvoir ;
mais le Marquis ne put digerer
l'injure qu'on luy
Mars
1714.
T
218
MERCURE
pas
;
avoit faite . Le Comte , qui
eftoit caufe de toute cette
révolution , ne fut pas plus
heureux que les autres . Son
deffein luy avoit paru plai
fant à imaginer , & à executer
mais il n'en avoit
bien préveu les fuites.
Le Marquis conceur pour
luy toute la haine que l'on
peut avoir pour un Rival.
il mit bon ordre à empef
cher qu'il ne put voir fouvent
la jeune Heritiere , &
il fouleva tellement toute
la Parenté contre luy >
qu'il n'auroit pas efté bien
GALANT .• 0219
receu à parler de Mariage .
Ainfi perfonne ne ſe maria ;
ce ne fut que divifion de
tous coftez. Peut - eftre
quand la belle Heritiere
fera en âge de difpofer
d'elle , elle fera choix du
Comte qui l'aime toujours
; mais dans le temps
qu'il faudra attendre , c'eſt
grande merveille , fi l'une
des deux paffions ne s'affoiblit.
Aprés tout pour
tant , elles pourront ne s'affoiblir
pas , car les deux
Amans ne fe voyent guére.
IL y auroit plus d'Amans
heureux que l'on n'en voit
fi on laiffoit l'amour mail
tre de fes entrepriſes , mais
s'il peut toucher les coeurs
quand il luy plaiſt , il n'a
pas toûjours le pouvoir de
les unir. Des obftacles invincibles
renverfent fouvent
fes plus grands deffeins
, & ce qui eft le plus
chagrinant , c'eft qu'il fe
Mars
1714.
R
194 MERCURE
rencontre des occafions où
il fe nuit par luy même.
Un jeune Homme de qualité
, qui ayant un Marquifat
eftoit Marquis à bon titre,
devint amoureux d'une
des plus aimables Perfonnes
de la Ville où il demeuroit.
Elle eftoit d'une Famille
de Robe , & un Frere
unique qu'elle avoit
eftoit Confeiller au Parlement
de fa Province
mais il s'attendoit bien à
monter avec l'âge dans des
Charges plus confidéra-
Eles. Ce Frere eftoit alors
GALANT. 195
fur le point de revenir d'un
voyage d'Italie , & quoy
que fon retour fuft fort
proche , le Marquis nelaiffa
pas de faire affez de progrés
dans le coeur de cette
Belle , avant qu'il fuft revenu.
Elle eftoit vive naturel.
lement,, pleine de foins &
de zele pour ce qu'elle aimoit
, & fi fenfible à l'amitié
qu'on luy témoignoit
,
qu'il y avoit fujet d'efperer
que les empreffemens
de
l'amour ne luy feroient pas
indifférens
. Elle trouva le
Marquis affez aimable
Rij
196 MERCURE
>
pour le perfuader qu'elle
en pourroit eftre aimée , &
elle eftoit trop fincere pour
douter long- temps de la
fincerité des autres fur
tout quand ils eftoient agréables
. Enfin de la ma.
niere dont le Confeiller
vit les chofes difpofées à
fon retour
il jugea bien
qu'il ne feroit plus chargé
de fa Soeur , qu'autant que
des Articles de mariage à
regler le demanderoient
car elle ne dépendoit que
de luy. Le Marquis fit tous.
les pas neceffaires , & les
GALANT
* . 197
Amans alloient eftre heureux
, s'il n'y euft point eu
d'autre amour que le leur
dans leur Famille . Le Marquis
avoit une Couſine germaine
, qui eftoit demeurée
feule Heritiere d'un
grand Ben , par la mort
de fon Pere & de fa Mere.
Elle eftoit tombée fous fa
Tutelle , parce qu'un autre
Tuteur qu'elle avoit eu
d'abord , cftoit mort depuis
fix mois. C'eftoit au jeune
Tuteur à difpofer de fa jeu
ne Pupille ; mais elle avoit
difpofé elle mefme de fon
FR iij
198 MERCURE
coeur , fans avis de Parens .
Un Gentilhomme fort fpirituel
, & qui avoit affez
de naiffance , pour pouvoir
prendre le titre de Comte ,
avoit entrepris de plaire à
la Belle , & luy avoit plû.
Il avoit fait diverfes Campagnes
avec beaucoup de
dépenfe , & affez de réputation
. Cela ébloüiffoit fort:
l'aimable Héritiere
avoit le coeur tres - bien placé
. Par malheur pour le
Marquis , le Confeiller la
vit trop fouvent , & fon
coeur en fut touché. Elle
qui
THEQUE
GALANT.
BIBLIO
avoit tout l'air d'une
LY
BAD
DE
LA
VILLE
de naiſſance , une certain e
fierté qui luy feyoit bien ,
moins de beauté que de
manieres agréables , & un
art particulier de fe faire
extrémement valoir , fans
avoir pourtant d'orgueil
qui choquaft . Peut - eftre
auroit - il choqué dans une
Perfonne, qui cuft eu moins
de naiffance , moins de jeuneffe
, & moins de Bien .
Elle ne regardoit guére les
Hommes qu'avec une efpece
de dédain . Le Comre
eftoit le plus excepté ; en-
R iiij
200 MERCURE
core le traitoit elle quelquefois
comme les autres
, quand elle en avoit
envie . Tout cela charma
le Confeiller, Ileftoit affez
riche pour ne devoir pas
eftre foupçonné d'aimer la
jeune Heritiere pour fon
Bien. Cependant il ne laif
fa peut eft e pas d'avoir
quelques veues de ce coftélà.
Ce qui luy parut d'un
fort bon augure pour fa
paffion , ce fut l'amour du
Marquis & de fa Soeur. 11
trouvoit mefme quelque
chofe d'agréable à s'imaGALANT
. 201
giner la double alliance de
leurs Maifons , & l'échange
qu'elles ferojent entreelles
de ces deux jeunes
Perfonnes . Il découvrit fon
deffein au Marquis , & luy
exagera fort le plaifir qu'il
fe feroit de devenir fon
Coufin-germain , en mef
me temps qu'il deviendroit
fon Beau -frere . Le Marquis
ne reçût point cette
propofition avec autant de
joye qu'il euft dû naturellement
la recevoir . Il luy
parut auffi - toft , fans qu'il
fçuft trop pourquoy , que
202 MERCURE
4
c'eftoit une difficulté furvenue
à fes affaires il
euft beaucoup mieux aimé
qu'on n'euft parlé que d'une
alliance. Cependant
quand il y eut fait refléxion
, il ne trouva pas que
le mariage du Confeiller
avec la Parente , duft cftre
une chofe fi malaisée , &
it fe perfuada , ou il tâcha
de fe le perfuader que
quand mefme il ne fe feroit
pas , cela n'apportéroit
point d'obſtacle à fon
bonheur. Il alla donc propofer
le Confeiller à fa
.
GALANT. 103
Coufine , avec toute l'addreffe
dont fa paffion le
rendoit capable ; mais elle
luy fit connoiftre combien
elle eftoit peu difpofée à
fonger à ce Party . Il pric
encore trois ou quatre fois
le temps le plus favorable
qu'il put , pour traiter la
mefme matiere mais ce
fut toûjours inutilement .
Le Comte n'eftoit point
trop connu pour un Amant
de la Parente du Marquis ,
& moins encore pour un
Amant qu'elle aimaſt . Elle
avoit avec luy une manie-
>
204 MERCURE
re d'agir fi inégale , que
l'on eftoit bien embaraffé à
pouvoir juger de ce qui
eftoit entre eux . Ainfi le
Marquis ne fceut pas précifement
s'il devoit fe prendre
au Comte , de l'éloi
gnement que fa Coufine
montroit pour leConfeiller,
ou s'il ne devoit s'en pren
dre qu'au peu d'inclination
qu'elle faifoit voir en general
pour la Robe , ce qui
femblait eftre affez natu
rel à une jeune Perfonne ,
dont les yeux font plus fla
tez de l'équipage d'un Ca.
GALANT.
205
valier , que de celuy d'un
Magiftrat , & dont les oreilles
fe plaifent davantage au
récit d'une Campagne
qu'à celuy du jugement
d'un Procés. Le Marquis
fit entendre au Confeiller .
le plus honneftement qu'il
luy fur poffible , le mauvais
fuccés de fa négotiation. 11
ne luy en dit qu'un partie ,
pour l'accoûtumer douce
ment au déplaifir d'être refufé
, & il quita ce difcours
fort vifte , pour luy parler
de ce qui le regardoit
mais le Confeiller luy parut
206 MERCURE
fort refroidy fur le mariage
de fa Soeur , & le Marquis
jugea bien déflors qu'il auroit
de la peine à eftre le
Beau- frere du Confeiller ,
s'il ne devenoit auffi fon
Coufin. Il fit de nouveaux
efforts fur fa Parente , qui
luy parut toûjours moins
difpofée à faire ce qu'il
vouloit. Il loüa le Confeiller
& toute la Robe & dit
tout le mal qu'il put des
Gens d'Epée . Il alla meſme
jufqu'à tourner le Comte
en ridicule , & juſqu'à
le décrier , fans épargner
•
GALANT . 207
que fon nom ; mais tout
cela ne gagna rien fur cette
Parente . A la fin voyant
qu'il ne pouvoit luy donner
de gouft pour le Confeiller
, il crut devoir le dégoûter
d'elle . Il luy dit en confidence
qu'elle n'eftoit pas
d'une humeur aiſée , & qu'-
elle donneroit aſſez de peine
à un Mary ; que mefme
elle n'avoit pas autant de
Bien qu'on s'imaginoit ,
qu'il le fçavoit mieux qu'un
autre , puis qu'il eftoit fon`
Tuteur ; mais le Confeiller
ne fe rendit point à ces ar-
&
208 MERCURE
tifices . Il foupçonna que le
Marquis ne les employoit
que pour ſe diſpenſer de le
fervir de tout fon pouvoir ,
& dans l'humeur chagrine
où il fe trouva , il luy déclara
fort nettement que le
feul moyen d'obtenir la
Soeur , eftoit de le faire aimer
de fa Parente . Le Marquis
qui eftoit fort amoureux
, fut au défefpoir. Il
repréſenta au Confeiller ,
avec toute la force & toute
la vivacité imaginable
qu'il ne devoit pas eftre
puny des bizarreries de fa
Pupille
GALANT. 209
Pupille ; mais le Confeiller
fut inexorable
. Sa Soeur
commença
à fentir pour
la jeune Heritiere
, toute la
haine qu'elle euft pû avoir
pour une Rivale . Elle n'en
parloit jamais que comme
d'une Demoifelle de Campagne
, qu'une fierté ridicule
rendoit infuportable
par tout , & qui fe croyoit
d'une meilleure Maifon
qu'une autre , parce que
fes Parens n'avoient pas
coûtume de demeurer dans
les Villes . Le Comte eftoit
charmé de la réfiftance
Mars 1714.
"
S
110 MERCURE
qu'on faiſoit pour luy aux
volontez du Marquis ; mais
il fut au déſeſpoir , quand
le Marquis dit un jour à
fa Coufine , d'un ton ferme
& prefque abfolu , que
fi c'eftoit à caufe du Comte
'qu'elle refufoit le Confeiller
, elle devoit s'affeurer
qu'il s'oppoferoit toûjours
de tout fon pouvoir aux
prétentions de cet Amant.
Elle nia que le Comte fuft
fon Amant , & qu'elle l'euft
jamais regardé fur ce piedlà
. Le Comte qui vit fes
affaires en défordre , s'aviGALANT.
21I
fa d'un expédient affez extraordinaire
. Il confidera
qui s'il pouvoit rompre l'u
nion du Marquis & de l'aimable
Perfonne à qui il
eftoit fi fort attaché , le
Marquis ne s'obſtineroit
plus à vouloir donner fa
Parente au Conſeiller ;
mais comment mettre mal
enfemble deux Perfonnes
qui s'aimoient fi tendrement
1 eftoit entreprenant
ne défefperoit jamais
de rien , & fur tout
il comptoit beaucoup fur
l'inconftance des Femmes.
,
Sij
212 MERCURE
Ainfi de concert avec la
jeune Heritiere , il réfolut
de fe feindre Amant de la
Soeur du Confeiller , & de
la conduire à faire une infidélité
au Marquis . Il fe
rendit peu à peu & fans
marque d'affectation , plus
affidu à la voir. Comme il
n'eftoit pas Amant déclaré
de l'Heritiere , fa conduite
ne parut pas fi étrange.
Le Confeiller luy - mefme
qui le foupçonnoit d'eftre
fon Rival , eftoit bien - aiſe
de commencer à avoir lieu
d'en douter. L'Heritiere de
GALANT . 20:3
fon cofté , qui vouloit favorifer
les affiduitez du
Comte chez la Soeur du
Confeiller , recevoit le Confeiller
bien plus agréablement
, depuis que le Comte
alloit moins fouvent chez
elle . Ainfi il n'y ayoit que le
Marquis à qui le nouvel attachement
du Comte ne
plaifoit pas trop. Elle eftoit
née pour la tendreffe , mais
non pas pour la conftance.
Elle avoit un coeur qui recevoit
des impreffions affez
vivement mais encore plus
facilement . Enfin elle eftoit
214 MERCURE
faite comme la plupart des
Femmes ont accoûtumé de
l'eftre . Le Comte avoit de
l'aſcendant ſur le Marquis.ll
l'étoufoit , & l'empefchant
de paroiftre en fa préfence ,
il pouffoit la converſation
jufqu'à un ton de gayeté &
d'enjouëment , où le Marquis
ne pouvoit aller , &
avoit l'adreſſe de mettre
toujours fon Rival hors de
fon génie naturel . La diférence
qui eftoit entre - eux ,
frapoit trop les yeux de la
Belle pour nnee la pas déterminer
en faveur du Com-
3
GALANT .
215
te. D'abord elle luy applaudiffoit
bien plus qu'au
Marquis. Enfuite elle le
trouva beaucoup plus à dire
quand il n'eftoit pas chez
elle , que quand le Marquis
n'y eftoit pas. Enfin
foit par fes regards , foit par
fes manieres, elle luy donna
une préference fi viſible ,
que le Marquis , aprés plufieurs
plaintes qui furent
affez mal reçûës , ne pút
douter qu'il ne fuft trahy.
Le Confeiller qui fe crut
heureux , fur ce qu'il ne
trouvoit plus le Comte en
216
MERCURE
fon chemin , & qui s'apper- '
eevoit qu'il eftoit micux
dans l'efprit de l'Heritiere ,
s'imagina que
le
temps
eftoit favorable pour pref
fer le Marquis d'achever
ce qu'il avoit commencé ;
mais le Marquis luy répondit
léchement , que fa Soeur
avoit changé , qu'elle l'avoit
quitté pour un autre , qu'il
ne fongeoit plus à elle ; &
vous ne devez pas trouver
mauvais , pourfuivir - il , que
je vous redile ce que vous
m'avez dit fi fouvent , que
nous ne pouvons faire aucunc
GALANT. 217
>
cune alliance , fi nous n'en
faifons deux à la fois. Jamais
le Confeiller ne fut
plus furpris . Il querella fa
Soeur , & luy fit mille reproches
. Il éloigna tout- àfait
le Comte de chez luy
& de Comte en fut trescontent.
La Seur meſme
qui foupçonna quelque
trahison ; auroit fouhaité
de tout fon coeur fe raccommoder
avec le Marquis.
Le Confeiller y travailla
de tout fon pouvoir ;
mais le Marquis ne put digerer
l'injure qu'on luy
Mars
1714.
T
218
MERCURE
pas
;
avoit faite . Le Comte , qui
eftoit caufe de toute cette
révolution , ne fut pas plus
heureux que les autres . Son
deffein luy avoit paru plai
fant à imaginer , & à executer
mais il n'en avoit
bien préveu les fuites.
Le Marquis conceur pour
luy toute la haine que l'on
peut avoir pour un Rival.
il mit bon ordre à empef
cher qu'il ne put voir fouvent
la jeune Heritiere , &
il fouleva tellement toute
la Parenté contre luy >
qu'il n'auroit pas efté bien
GALANT .• 0219
receu à parler de Mariage .
Ainfi perfonne ne ſe maria ;
ce ne fut que divifion de
tous coftez. Peut - eftre
quand la belle Heritiere
fera en âge de difpofer
d'elle , elle fera choix du
Comte qui l'aime toujours
; mais dans le temps
qu'il faudra attendre , c'eſt
grande merveille , fi l'une
des deux paffions ne s'affoiblit.
Aprés tout pour
tant , elles pourront ne s'affoiblir
pas , car les deux
Amans ne fe voyent guére.
Fermer
Résumé : HISTORIETTE.
Au début du XVIIIe siècle, une histoire d'amour complexe se déroule entre plusieurs personnages de la noblesse et de la robe. Un jeune marquis s'éprend d'une femme issue d'une famille de robe, dont le frère unique est conseiller au Parlement. Bien que le marquis fasse des progrès dans le cœur de cette femme, des obstacles surgissent. Le conseiller, de retour d'Italie, approuve l'union de sa sœur avec le marquis. Cependant, il est lui-même amoureux de la cousine germaine du marquis, une jeune héritière sous la tutelle de ce dernier. Cette héritière est éprise d'un comte spirituel et réputé. Le conseiller espère une double alliance et propose au marquis d'épouser l'héritière, mais celle-ci refuse. Pour faciliter son propre mariage, le comte tente de semer la discorde entre le marquis et sa bien-aimée en se faisant passer pour son amant. Cette manœuvre échoue, et les relations entre les familles se dégradent. Finalement, personne ne se marie, et les passions restent vives, bien que les amants ne se voient plus fréquemment.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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22
p. 3-79
AVANTURE nouvelle.
Début :
Un jeune Comte, d'une des meilleures Maisons du Royaume, [...]
Mots clefs :
Comte, Marquise , Conseiller, Amant, Coeur, Mari, Passion, Amour, Reproches, Monde, Liberté, Parti, Italien, Maîtresse, Caractère, Charmes, Mérite, Prétexte, Heureux, Colère, Jeu, Espérer, Nouvelles, Lettre, Campagne, Faveur, Commerce, Fidélité, Femmes, Raison
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AVANTURE nouvelle.
AVANTUR
nouvelle.
U
LYON
N jeune Comte ,
d'une des meilleures
Maifons
du Royaume , s'étant
nouvellement établi das
Avril 1714. A ij
4 MERCURE
un quartier où le jeu &
la galanterie regnoient
également , fut obligé
d'y prendre parti comme
les autres ; & parce
que fon coeur avoit des
engagemens ailleurs , il
fe declara pour le jeu ,
comme pour fa paffion
dominante mais le peu
d'empreffement qu'il y
avoit , faifoit affez voir
qu'il fe contraignoit , &
l'on jugea que c'étoir un
homme qui ne s'attaGALANT
.
S
choit à rien , & qui dans
la neceffité de choiſir
avoit encore mieux aimé
cet amuſement, que
de dire à quelque belle
ce qu'il ne fentoit pas .
Un jour une troupe de
jeunes Dames qui ne
joüoient point , l'entreprit
fur fon humeur indifferente.
Il s'en défendit
le mieux qu'il put ,
alleguant fon peu de
merite , & le peu d'ef
perance qu'il auroit d'ê-
A iij
6 MERCURE
tre heureux en amour :
mais on lui dit que
quand il fe connoîtroit
affez mal pour avoir une
fi méchante opinion de
lui - même , cette raiſon
feroit foible contre la
vûë d'une belle perfonne
; & là - deffus on le
menaça des charmes d'u
ne jeune Marquife , qui
demeuroit dans le voifinage
, & qu'on attendoit.
Il ne manqua pas de leur
repartir qu'elles-mêmes
GALANT.
7.
ne fe connoiffoient point
affez , & que s'il pouvoit
échaper au peril où il
fe trouvoit alors , il ne
devoit plus rien craindre
pour fon coeur . Pour
réponse à fa galanterie ,
elles lui montrerent la
Dame dont il étoit queftion
, qui entroit dans
ce moment . Nous parlions
de vous , Madame ,
lui dirent - elles en l'appercevant
. Voici un indifferent
que nous vous
A iiij
8 MERCURE
donnons à convertir :
Vous y êtes engagée
d'honneur ; car il femble
yous défier auffi - bien
que nous. La Dame &
le jeune Comte ſe reconnurent
, pour s'être
vûs quelquefois à la campagne
chez une de leurs
amies . Elle étoit fort convaincuë
qu'il ne meritoit
rien moins que le
reproche qu'on luy faifoit
, & il n'étoit que
trop ſenſible à ſon gré :
GALANT. 9
mais elle avoit les raifons
pour feindre de croire
ce qu'on lui difoit.
C'étoit une occafion de
commerce avec un homme
, fur lequel depuis
long - temps elle avoit
fait des deffeins qu'elle
n'avoit pû executer . Elle
lui trouvoit de l'efprit
& de l'enjouement , &
elle avoit hazardé des
complaisāces pour beaucoup
de gens qui afſurément
ne le valoient
to MERCURE
pas : mais fon plus grand
merite étoit l'opinion
qu'elle avoit qu'il fût aimé
d'une jeune Demoifelle
qu'elle haïffoit , &
dont elle vouloit fe vanger.
Elle prit donc fans
balancer le parti qu'on
lui offroit ; & aprés lui
avoit dit qu'il faloit qu'-
on ne le crût pas bien
endurci , puis qu'on s'adreffoit
à elle pour le
toucher , elle entreprit
de faire un infidele , fous
GALANT . 11
pretexte de convertir un
indifferent. Le Comte
aimoit paffionsément la
Demoiſelle dont on le
croyoit aimé, & il tenoit
à elle par des
engagemens
fi puiffans
, qu'il
ne craignoit
pas que rien
l'en pût détacher
. Sur
tout il fe croyoit
fort en
fûreté contre les charmes
de la Marquife. Il
la connoiffoit pour une
de ces coquettes de profeffion
qui veulent , à
12 MERCURE
quelque prix que ce ſoit ,
engager tout le monde ,
& qui ne trouvent rien
de plus honteux que de
manquer une conquête .
Il fçavoit encore quedepuis
peu elle avoit un
amant , dont la nouveauté
faifoit le plus grand
merite , & pour qui elle
avoit rompu avec un
autre qu'elle aimoit depuis
long - temps , & à
qui elle avoit des obligations
effentielles . Ces
と
GALANT .
13
connoiffances lui fmbloient
un remede affuré
contre les tentations
les plus preffantes. La
Dame l'avoit affez veu
pour connoître quel étoit
fon éloignement
pour des femmes
de fon
caractere
: mais cela ne
fit que flater fa vanité.
Elle trouva plus de gloire
à triompher
d'un
coeur qui devoit être fi
bien défendu. Elle lui
fit d'abord
des reproches
14 MERCURE
de ne l'eftre pas venu
voir depuis qu'il étoit
dans le quartier , & l'engagea
à reparer fa faute
dés le lendemain . Il
alla chez elle , & s'y fit
introduire par un Confeiller
de fes amis , avec
qui il logcoit , & qui
avoit des liaiſons étroites
avec le mari de la
Marquife, Les honneftetez
qu'elle lui fit l'obligerent
enfuite d'y aller
plufieurs fois fans inGALANT.
15
troducteur ; & à chaque
yifite la Dame mit en
ufage tout ce qu'elle
crut de plus propre à .
l'engager. Elle trouva
d'abord toute la refiftance
qu'elle avoit attendue.
Ses foins , loin .
de faire effet , ne lui attirerent
pas feulement
une parole qui tendît à
une declaration : mais
elle ne defefpera point
pour cela du pouvoir de
fes charmes ; ils l'avoient
16 MERCURE
fervie trop fidelement en
d'autres occafions
, pour
ne lui donner pas lieu
de fe flater d'un pareil
fuccés en celle - ci ; elle
crut mefme remarquer
bientôt qu'elle ne s'étoit
pas trompée. Les vifites
du Comte furent
plus frequentes : elle lui
trouvoit un enjouëment
que l'on n'a point quand
on n'a aucun deffein de
plaire.Mille railleries divertissantes
qu'il faifoit
fur
+
GALANT . 17
für fon nouvel amant ;
le chagrin qu'il témoignoit
quand il ne pouvoit
eftre feul avec elle ;
Fattention qu'il preftoit.
aux moindres chofes
qu'il luy voyoit faire :
tout cela lui parut d'un
augure merveilleux , &
il eft certain que fi elle
n'avoit pas encore le
coeur de ce pretendu indifferent
, elle occupoit.
du moins fon efprit . Ih
alloit plus rarement chez
Avril 1714. B :
18 MERCURE
la Demoiſelle qu'il aimoit
, & quand il étoit
avec elle, il n'avoit point
d'autre foin , que de faire
tomber le difcours fur
la Marquife . Il aimoit
mieux railler d'elle que
de n'en rien dire . Enfin
foit qu'il fût feul , ou
en compagnie , fon idée
ne l'abandonnoit jamais
. Quel dommage ,
difoit - il quelquefois
que le Ciel ait répandu
tant de graces dans une
,
GALANT . 19
coquette ? Faut - il que la
voyant fi aimable , on
ait tant de raiſon de ne
point l'aimer ? Il ne pouvoit
lui pardonner tous
fes charmes ; & plus il
lui en trouvoit , plus il
croyoit la haïr. Il s'oublia
même un foir jufques
à lui reprocher fa
conduite , mais avec une
aigreur qu'elle n'auroit,
pas ofé efperer fitoft. A
quoy bon , lui dit- il ,
Madame , toutes ces oil-
Bij
20 MERCURE
lades & ces manieres étu
diées que chacun regarde
, & dont tant de gens
fe donnent le droit de
parler Ces foins de
chercher à plaire à tout
le monde , ne font pardonnables
qu'à celles à
qui ils tiennent lieu de
beauté . Croyez - moy ,
Madame , quittez des
affectations qui font indignes
de vous. C'étoit
où on l'attendoit . La
Dame étoit trop habile
GALANT. 2ม1
pour ne diftinguer past
les confeils de l'amitié
des reproches de la jaloufie
. Elle lui en marqua
de la reconnoiſſance
, & tâcha enfuite de
lui perfuader que ce qui
paroiffoit coquetterie ,
n'étoit en elle que la
crainte
d'un veritable
attachement ; que du
naturel dont elle fe connoiffoit
, elle ne pourroit
être heureufe dans.
un engagement , parce
22 MERCURE
qu'elle ne ſe verroit jamais
aimée , ni avec la
même fincerité , ni avec
la même delicateſſe dont
elle fouhaiteroit de l'être
, & dont elle fçavoit
bien qu'elle aimeroit .
Enfin elle lui fit an faux
portrait de fon coeur , qui
fut pour lui un veritable
poifon. Il ne pouvoit
croire tout à fait qu'elle
fût fincere : mais il ne
pouvoit s'empefcher de
le fouhaiter. Il cherGALANT.
23
choit des
apparences
ce qu'elle
lui difoit , &
il lui rappelloit
mille actions
qu'il lui avoit vû
faire , afin qu'elle les juſtifiât
; & en effet , fe fervant
du pouvoir qu'elle
commençoit à prendre
fur lui , elle y donna
des couleurs qui diffiperent
une partie de fes
foupçons mais qui
pourtant n'auroient pas
trompé un homme qui
cuft moins fouhaité de
24 MERCURE
l'eftre. Cependant, ajouta-
t- elle d'un air enjoüé ,
je ne veux pas tout à fait
difconvenir d'un défaut
qui peut me donner lieu
de vous avoir quelque
obligation . Vous fçavez
ce que j'ai entrepris pour
vous corriger de celui
qu'on vous reprochoit .
Le peu de fuccés que j'ai
eu ne vous diſpenſe pas
de reconnoître mes bonnes
intentions , & vous
me devez les mefmes
foins.
GALANT. 25
foins . Voyons fi vous ne
ferez pas plus heureux à
fixer une inconftante ,
que je l'ay été à toucher
un infenfible. Cette propofition
, quoique faite
en riant , le fit rentrer en
lui - mefme , & alarma
d'abord fa fidelité . Il vit
qu'elle n'avoit peut - eftre
que trop reüffi dans
fon entrepriſe , & il reconnut
le danger où il
étoit : mais fon penchant
commençant à lui ren-
Avril 1714.
C
26 MERCURE
dre ces reflexions facheuſes
, il tâcha bientôt
à s'en délivrer . Il
penfa avec plaifir que fa
crainte étoit indigne de
lui , & de la perfonne
qu'il aimoit depuis fi
long- temps . Sa delicateffe
alla meſme juſqu'à
fe la reprocher
comme
une infidelité
; & aprés
s'eftre dit à foy- meſme
,
que c'étoit déja eſtre inconftant
que de craindre
de changer , il embraſſa
GALANT . 27
avec joye le parti qu'on
lui offroit . Ce fut un
commerce fort agreable
de part & d'autre. Le
pretexte qu'ils prenoient
rendant leur empreffement
un jeu , ils goutoient
des plaifirs qui
n'étoient troublez d'aucuns
fcrupules. L'Italien
, qu'ils fçavoient tous
deux , étoit l'interprete :
de leurs tendres fentimens.
Ils ne fe voyoient
jamais qu'ils n'euffent à
Cij
28 MERCURE
fe donner un billet en
cette langue ; car pour
plus grande feureté, ils
étoient convenus qu'ils
ne s'enverroient jamais
leurs lettres . Sur - tout
elle lui avoit défendu dé
parler de leur commerce
au Confeiller avec qui
il logcoit , parce qu'il
étoit beaucoup plus des
amis de fon mari que des
fiens , & qu'autrefois ,
fur de moindres apparences,
il lui avoit donné
GALANT . 29
des foupçons d'elle fort
defavantageux . Elle lui
marqua même des heures
où il pouvoit le moins
craindre de les rencontrer
chez elle l'un ou
l'autre , & ils convinrent
de certains fignes d'intelligence
pour les temps
qu'ilsyferoient. Cemyf
tere étoit un nouveau
charme pour le jeune
Comte. La Marquife
prit enfuite des manieres
fiéloignées d'une co-
C
iij
30 MERCURE
quette , qu'elle acheva
bientoft
de le perdre
.
Jufques là elle avoit eu
un de ces caracteres enjoüez
, qui reviennent
quafi à tout le monde ,
mais qui deſeſperent un
amant ; & elle le quitta
pour en prendre un tout
oppofé , fans le lui faire
valoir comme un facri.
fice . Elle écarta fon nouvel
amant , qui étoit un
Cavalier fort bien fait .
Enfin loin d'aimer l'éGALANT.
31
clat , toute fon application
étoit d'empêcher
qu'on ne s'apperçût de
l'attachement que le
Comte avoit pour elle :
mais malgré tous fes
foins, il tomba unjour de
ſes poches une lettre que
fon mari ramaffa fans
qu'elle y prît garde . 11
n'en connut point le caractere
, & n'en entendit
pas le langage : mais ne
doutant pas que ce ne
fût de l'Italien , il courut
Ciiij
32 MERCURE
chez le Conſeiller , qu'il
fçavoit bien n'être pas
chez lui , feignant de lui
vouloir
communiquer
quelque affaire . C'étoit
afin d'avoir occafion de
parler au Comte , qu'il
ne foupçonnoit point
d'être l'auteur de la lettre
, parce qu'elle étoit
d'une autre main. Pour
prévenir les malheurs
qui arrivent quelquefois
des lettres perduës , le
Comte faifoit écrire touGALANT
. 33
tes celles qu'il donnoit à
la Marquise par une perfonne
dont le caractere
étoit inconnu . Il lui avoit
porté le jour precedent
le billet Italien
dont il s'agiffoit. Il étoit
écrit fur ce qu'elle avoit
engagé le Confeiller à
lui donner
à fouper ce
même jour- là ; & parce
qu'elle avoit fçû qu'il
devoit aller avec fon mari
à deux lieuës de Paris
l'apréfdînée , & qu'ils
34 MERCURE
n'en reviendroient que
fort tard , elle étoit convenue
avec ſon amant
qu'elle fe rendroit chez
lui avant leur retour. La
lettre du Comte étoit
pour l'en faire fouvenir ,
& comme un avantgoût
de la fatisfaction qu'ils
promettoient cette fe
foirée. Le mari n'ayant
point trouvé le Confeiller
, demanda le Comte .
Dés qu'il le vit , il tira
de fa poche d'un air emGALANT
.
35
preffé quantité de papiers
, & le pria de les
lui remettre quand il
féroit revenu. Parmi ces
papiers étoit celui qui
lui donnoit tant d'agitation
. En voici un , lui
dit- il en feignant de s'être
mépris , qui n'en eſt
pas. Je ne fçai ce que
c'eft , voyez fi vous l'entendrez
mieux que moy :
& l'ayant ouvert , il en
lut lui - mefme les premie-i
res lignes , de peur que
36 MERCURE
le Comte
jettant les
yeux fur la fuite , ne connût
la part que la Marquife
y pouvoit avoir ,
& que la crainte de lui
apprendre de fâcheufes
nouvelles , ne l'obligeât
à lui déguifer la verité.
Le Comte fut fort furpris
quand il reconnut
fa lettre. Untrouble foudain
s'empara de fon efprit
, & il eut befoin que
le mari fût occupé de fa
lecture , pour lui donner
(
GALANT. 37
le temps de fe remettre .
Aprés en avoir entendu
le commencement : Voila
, dit - il , contrefaifant
¡ l'étonné , ce que je chersche
depuis long - temps .
C'est le rôle d'une fille
qui ne fçait que l'Italien ,
- & qui parle à ſon amant
qui ne l'entend pas . Vous
a
aurez veu cela dans une
Comedie Françoiſe qui
a paru cet hyver. Mille
gens me l'ont demandé ,
& il faut que vous me
38.
MERCURE
faffiez le plaifir de me
le laiffer. J'y confens , lui
répondit le mari , pourveu
que vous le rendiez
à ma femme , car je croy
qu'il eft à elle. Quand le
jeune Comte crut avoir
porté affez loin la crédulité
du mari , il n'y
eut pas un mot dans ce
prétendu rôle Italien ,
dont il ne lui voulût faire
entendre l'explication
: mais le mari ayant
ce qu'il fouhaitoit , béGALANT.
39
nit le Ciel en lui - mefme
de s'être trompé fi
heureuſement , & s'en
alla où l'appelloient fes
affaires . Auffitôt qu'il
e fut forti , le Comte courut
à l'Eglife , où il étoit
fûr de trouver la Dame ,
qu'il avertit par un bilelet
, qu'il lui donna ſecretement
, de ce qui ve-
-noit de fe paffer , & de
1
l'artifice dont il s'étoit
fervi pour retirer fa let
tre. Elle ne fut pas fitôt
40 MERCURE
rentrée chez elle , qu'elle
.mit tous les domeſtiques
à la quête du papier , &
fon mari étant de retour,
elle lui demanda . Il lui
avoüa qu'il l'avoit trouvé
, & que le Comte en
ayant beſoin , il lui avoit
laiffé entre les mains .
Me voyez- vous des curiofitez
femblables pour
les lettres que vous recevez
, lui répondit- elle
d'un ton qui faifoit paroître
un peu de colere ?
Si
GALANT 41
Si c'étoit un billet tendre
, fi c'étoit un rendezvous
que l'on me donnât
, feroit - il , agréable.
que vous nous vinffiez
troubler ? Son mari lui
dic en l'embraffant , qu'il
fçavoit fort bien ce que
c'étoit ; & pour l'empêcher
de croire qu'il l'eût
foupçonnée , il l'affura
qu'il avoit cru ce papier
à lui lors qu'il l'avoit ramaffe.
La Dame ne borna
pas fon reffentiment
Avril 1714. D
42 MERCURE
à une raillerie de cette
nature . Elle fe rendit
chez le Comte de meilleure
heure qu'elle n'auroit
fait . La commodité
d'un jardin dans cette
maiſon étoit un
pretexte
pour y aller avant le
temps du foupé. La jaloufie
dans un mari eft
un défaut fi blâmable ,
quand elle n'eft pas bien
fondée , qu'elle fe fit un
devoir de juftifier ce que
le fien lui en avoit fait
J
GALANT. 43
paroître. Tout favorifoit
un fi beau deffein ;
toutes fortes de témoins
étoient éloignez , & le
Comte & la Marquiſe
pouvoient le parler en
liberté. Ce n'étoit plus
par des lettres & par des
fignes qu'ils exprimoient
leur tendreffe . Loin d'avoir
recours à une langue
étrangere , à peine
trouvoient - ils qu'ils
fçuffent affez bien le
François pour fe dire
Dij
44 MERCURE
tout ce qu'ils fentoient ;
& la défiance du mari
leur rendant tout légitime
, la Dame eut des
complaifances pour le
jeune Comte , qu'il n'auroit
pas ofé efperer. Le
mari & le Confeiller étant
arrivez fort tard ,
leur firent de grandes excufes
de les avoir fait fi
long - temps attendre.
On n'eut pas de peine à
les recevoir
, parce que
jamais on ne
s'étoit
4.
GALANT . 45
moins impatienté . Pendant
le foupé leurs yeux
firent leur devoir admirablement
; & la contrainte
où ils fe trouvoient
par la préſence
de deux témoins incommodes
, prêtoit à leurs
regards une éloquence
qui les confoloit de ne
pouvoir s'expliquer avec
plus de liberté. Le mari :
gea
ayant quelque chofe à
dire au Comte
, l'engaà
venir faire avec lui
46 MERCURE
un tour de jardin . Le
Comte en marqua par
un coup d'oeil fon déplaifir
à la Dame , & la.
Dame lui fit connoître
par un autre figne combien
l'entretien du Confeiller
alloit la faire fouffrir.
On fe fepara . Jamais
le Comte n'avoit
trouvé de fi doux momens
que ceux qu'il paffa
dans fon tête - à - tête
avec la Marquife . Il la
quitta fatisfait au derGALANT
. 47
nier point :mais dés qu'il
fut ſeul , il ne put s'abandonner
à lui mefme
fans reffentir les plus
cruelles agitations. Que
n'eut- il point à fe dire
fur l'état où il furprenoit
fon coeur ! Il n'en étoit
pas à connoître que fon
trop de confiance lui avoit
fait faire plus de
chemin qu'il ne lui étoit
permis : mais il s'étoit
imaginé jufques là qu'-
un amuſement avec une
48 MERCURE
coquete ne pouvoit bleffer
en rien la fidelité qu'il
devoit à fa maîtreffe
. Il
s'étoit toujours repofé
fur ce qu'une femme qui
ne pourroit lui donner
qu'un coeur partagé , ne
feroit jamais capable
d'inſpirer au fien un vrai
amour ; & alors il commença
à voir que ce qu'il
avoit traité d'amufement
, étoit devenu une
paffion dont il n'étoit
plus le maitre. Aprés ce
qui
GALANT 49
qui s'étoit paffé avec la
Marquife
, il fe fût flaté
inutilement de l'efperance
de n'en être point
aimé uniquement , & de
bonne foy: Peut - être
même que des doutes
là - deffus auroient été
d'un foible fecours . Il
fongeoit fans ceffe à tout
ce qu'il lupavoit trouvé
de paffion , à cet air vif
& touchant qu'elle don-*
noit à toutes les actions ;
& 'ces réflexions enfin
Avril 1714.
*
E
fo MERCURE
jointes au peu de fuccés
qu'il avoit eu dans l'attachement
qu'il avoit
pris pour la premiere
maîtreffe , mirent fa raifon
dans le parti de fon
coeur, & diffiperent tous
fes remords. Ainfi il s'abandonna
fans fcrupule
à ſon penchant , & ne
fongea plus qu'à fe ménager
mille nouvelles
douceurs avec la Marquife
; mais la jalouſic
les vinte troubler lors
GALANT. S1
qu'il s'y étoit le moins
attendu. Un jour il la
furprit feule avec l'amant
qu'il croyoit qu'el
le cût banni ; & le Cavalier
ne l'eut pas fitôt
quittée , qu'il lui en fic
des reproches , comme
d'un outrage qui ne pouvoit
être pardonné . Vous
n'avez pû long - temps
vous démentir , lui ditil
, Madame. Lorfque
vous m'avez crû affez
engagé , vous avez cellé
E ij
52 MERCURE
de vous faire violence .
J'avoue que j'applaudif
fois à ma paſſion , d'avoir
pû changer vôtre
naturel ; mais des femmes
comme
vous ne
changent jamais. J'avois
tort d'efperer un miracle
en ma faveur . Il la pria
enfuite de ne ſe plus contraindre
pour lui , & l'aſfura
qu'il la laifferoit en
liberté de recevoir toutes
les vifites qu'il lui
plairoit . La Dame fe
GALANT.
$3
connoiffoit trop bien en
dépit , pour rien apprehender
de celui - là . Elle
en tira de nouvelles affurances
de fon pouvoir
fur le jeune Comte ; &
affectant une colere qu'-
elle n'avoit pas , elle lui
fic comprendre qu'elle
ne daignoit pas ſe juſtifier
, quoy qu'elle eût de
bonnes raifons , qu'elle
lui cachoit pour le punir.
Elle lui fit même
promettre plus pofitive-
E iij
$4 MERCURE
ment qc'il n'avoit fait ,
de ne plus revenir chez
elle. Ce fut là où il put
s'appercevoir combien il
étoit peu maître de ſa
paffion . Dans un moment
il fe trouva le feul
criminel ; & plus affligé
de l'avoir irritée par les
reproches , que de la trahifon
qu'il penfoit lui
eftre faite , il fe jetta à
fes genoux , trop heureux
de pouvoir efperer
le pardon , qu'il croyoit
GALANT .
$$
auparavant qu'on lui devoit
demander
. Par quelles
foumiffions ne tâcha
t- il point de le meriter !
Bien loin de lui remetles
tre devant les yeux
marques de paffion qu'il
avoit reçues d'elle , &
qui fembloient lui donner
le droit de ſe plaindre
, il paroiffoit les avoir
oubliées , ou s'il s'en
refſouvenoit , ce n'étoit
que pour le trouver cent
fois plus coupable . Il
E mij
56 MERCURE
n'alleguoit que l'excés
de fon amour qui le faifoit
ceder à la jalousie ,
& quien de pareilles occafions
ne s'explique jamais
mieux que par la
colere. Quand elle crut
avoir pouffé fon triomphe
affez loin , elle lui
jetta un regard plein de
douceur , qui en un moment
rendit à fon ame
toute fa tranquilité . C'eft
affez me contraindre ,
lui dit- elle ; auffi bien ma
•
"
GALANT. SZ
joye & mon amour commencent
à me trahir.
Non , mon cher Comte
, ne craignez point
que je me plaigne de vôtre
colere. Je me plaindrois
bien plutôt fi vous
n'en aviez point eu . Vos
reproches il est vrai ,
>
bleffent ma fidelité : mais
je leur pardonne ce qu'ils
ont d'injurieux , en faveur
de ce qu'ils ont de
paffionné. Ces affurances
de vôtre tendreffe m'é58
MERCURE
toient fi cheres , qu'elles
ont arrefté jufqu'ici l'im
patience que j'avois de
me juftifier. Là - deffus
elle lui fit connoître
combien ſes ſoupçons étoient
indignes d'elle &
de lui ; que n'ayant point
défendu au Cavalier de
venir chez elle , elle n'avoit
pu refufer de le voir;
qu'un tel refus auroit été
une faveur pour lui ; que.
s'il le
fouhaitoit pourtant
, elle lui défendroit
V
GALANT. 59
fa maiſon pour jamais :
mais qu'il confiderât
combien il feroit peu
agreable pour elle , qu'-
un homme de cette forte
s'allât vanter dans le
monde qu'elle cuft rompu
avec lui , & laiſsât
croire qu'il y euft des
gens à qui il donnoit de
l'ombrage. L'amoureux
Comte étoit fi touché
des marques de tendreſſe
qu'on venoit de lui donner
, qu'il ſe feroit vo60
MERCURE
>
lontiers payé d'une plus
méchante raiſon . Il eut
honte de fes foupçons ,
& la pria lui- meſine de
ne point changer de conduite
. Il paffa ainfi quelques
jours à recevoir fans
ceffe de nouvelles affurances
qu'il étoit aimé ,
& il merita dans peu
qu'on lui accordât une
entrevue fecrete la nuit .
Le mari étoit à la campagne
pour quelque
temps ; & la Marquife ,
*
1
GALANT. 61
maîtreffe alors d'ellemeſme
, ne voulut pas
perdre une occafion fi
favorable de voir fon a
mant avec liberté . Le
jour que le Comte étoit
attendu chez elle fur les
neuf heures du foir , le
Confeiller foupant avec
lui , ( ce qu'il faifoit fort
fouvent ) voulut le mener
à une affemblée de
femmes du voisinage ,
qu'on regaloit d'un concert
de voix & d'inftru62
MERCURE
mens. Le Comte s'en
excufa , & ayant laiffé
fortir le Confeiller , qui
le preffa inutilement de
venir jouir de ce regal ,
il fe rendit chez la Dame
, qui les reçut avec
beaucoup de marques
d'amour
. Aprés quatre
heures d'une converfation
trés-tendre , il falut
fe féparer. Le Comte cut
fait à peine dix pas dans
la ruë , qu'il ſe vit ſuivi
d'un homme qui avoit le
GALANT. 63
vifage envelopé d'un
manteau . Il marcha toujours
; & s'il le regarda
comme un efpion , il eut
du moins le plaifir de
remarquer
qu'il étoit
trop grand pour être le
mari de la Marquife . En
rentrant chez lui , il trouva
encore le pretendu
cfpion , qu'il reconnut
enfin pour le Confeiller.
Les refus du jeune Comte
touchant le concert
de voix , lui avoit fait
64 MERCURE
croire qu'il avoit un rendez-
vous. Il le foupçonnoit
déja d'aimer la Marquife
, & fur ce foupçon
il etoit venu l'attendre à
quelques pas de fa porte
, & l'avoit vû fe couler
chez elle. Il y avoit
frapé auffitôt , & la fui-:
vante lui étoit venu dire
de la part de fa maîtreffe,
qu'un grand mal de tête
l'obligeoit à fe coucher ,
& qu'il lui étoit impoffible
de le recevoir. Par
cette
GALANT. 65
cette réponſe il avoit
compris tout le myftere.
Il fuivit le Comte dans
fa chambre , & lui ayam
declaré ce qu'il avoit fait
depuis qu'ils s'étoient
quittez : Vous avez pris ,
lui dit - il , de l'engagement
pour la Marquife ;
il faut qu'en fincere ami
je vous la faffe connoître.
J'ai commencé à l'aimer
avant que vous yinfficz
loger avec moy , &
quand elle a fçû nôtre
Avril 1714.
F
66 MERCURE
liaifon , elle m'a fait promettre
par tant de fermens
, que je vous ferois
un fecret de cet amour ,
que je n'ai ofé vous en
parler . Vous fçavez , me
difoit - elle , qu'il aime
une perfonne qui me hait
mortellement . Il ne manquera
jamais de lui apprendre
combien mon
coeur eft foible pour
vous. La diſcretion qu'-
on doit à un ami ne tient
guere contre la joye que
GALANT. 67
l'on a quand on croit
pouvoir divertir une
maîtreffe. La perfide
vouloit même que je lui
fuffe obligé de ce qu'elle
conſentoit à recevoir
vos vifites. Elle me recommandoit
fans ceffe
de n'aller jamais la voir
avec vous ; & quand
vous arriviez , elle affectoit
un air chagrin dont
je me plaignois quelquefois
à elle , & qu'apparemment
elle vous laif,
F ij
68 MERCURE
foit expliquer favorablement
pour vous . Mille
fignes & mille geſtes ,
qu'elle faifoit dans ces
temps - là , nous étoient
t
fans doute communs . Je
rappelle préfentement
une infinité de chofes
que je croyois alors indifferentes
, & je ne doute
point qu'elle ne fe foit
fait un merite auprés de
vous , de la partie qu'elle
fit il y a quelque temps
de fouper ici . Cependant
GALANT . 69
quand elle vous vit engagé
dans le jardin avec
fon mari , quels tendres
reproches ne me fit- elle
point d'être revenu ' fi
tard de la campagne , &
de l'avoir laiffée filongtemps
avec un homme
qu'elle n'aimoit pas !
Hier même encore qu'-
elle me préparoit avec
vous une trahiſon ſi noire
elle eut le front de
vous faire porteur d'une
lettre , par laquelle elle
70 MERCURE
me donnoit un rendezvous
pour ce matin ,
vous difant que c'étoit
un papier que fon mari
l'avoit chargée en partant
de me remettre. Le
Comte étoit fi troublé
de tout ce que le Confeiller
lui difoit , qu'il
n'eut pas la force de l'interrompre.
Dés qu'il fut
remis , il lui apprit comme
fon amour au commencement
n'étoit qu'
un jeu , & comme dés
GALANT. 71
S
lors la Marquife lui avoit
fait les mêmes loix
de difcretion qu'à lui.
Ils firent enfuite d'autres
éclairciffemens , qui
découvrirent au Comte
qu'il ne devoit qu'à la
coquetterie de la Dame
ce qu'il croyoit devoir à
fa paffion ; car c'étoit le
Confeiller qui avoit exigé
d'elle qu'elle ne vît
plus tant de monde , &
fur- tout qu'elle éloignât
fon troifiéme amant ; &
72 MERCURE
ils trouverent que quand
elle l'eut rappellé , elle
avoit allegué le même
pretexte
au Confeiller
qu'au Comte , pour continuer
de le voir. Il n'y
a gueres
d'amour
à l'épreuve
d'une telle perfidie
; auffi ne fe piquerent-
ils pas de conftance
pour une femme qui la
méritoit fi peu . Le Comte
honteux de la trahifon
qui'l avoit faite à fa premiere
maitreſſe , refolut
de
GALANT .
73
de n'avoir plus d'affiduitez
que pour elle feule ,
& le Confeiller fut bientôt
determiné fur les mefures
qu'il avoit à prendre
mais quelque promeffe
qu'ils fe fillent l'un
à l'autre de ne plus voir
la Marquife , ils ne purent
fe refufer le foulagement
de lui faire des reproches.
Dés qu'il leur
parut qu'ils la trouveroient
levée , ils fe tendirent
chez elle . Le
Avril
1714.
G
74 MERCURE
Comte lui dit d'abord ,
que le Confeiller étant
fon ami , l'avoit voulu
faire profiter du rendezvous
qu'elle lui avoit
donné , & qu'ainſi elle
ne devoit pas s'étonner
s'ils venoient enſemble .
Le Conſeiller prit aufſi.
tôt la parole , & n'oublia
rien de tout ce qu'il
crut capable de faire
honte à la Dame , & de
le vanger de fon infidelité.
Il lui remit devant
M
GALANT . 75
les yeux l'ardeur fincere
avec laquelle il l'avoit
aimée , les marques de
paffion qu'il avoit reçûës
d'elle , & les fermens
: qu'elle lui avoit tant de
I fois reiterez de n'aimer
jamais que lui . Elle l'écouta
fans l'interrompre
; & ayant pris fon
parti pendant qu'il parloit
: Il eft vrai , lui ré-
#pondit - elle d'un air
moins embaraffé que jamais
, je vous avois pro-
Gij
76 MERCURE
mis de n'aimer que vous :
mais vous avez attiré
Monfieur le Comte dans
ce quartier , vous l'avez
amené chez moy , & il
eft venu à m'aimer .D'ailleurs
, de quoy pouvezvous
vous plaindre ?
Tout ce qui a dépendu
de moy pour vous rendre
heureux , je l'ai fait.
Vous fçavez vous - même
quelles précautions
j'ai prifes pour vous cacher
l'un à l'autre vôtre
GALANT . 77
paffion . Si vous l'aviez
fçûë , vôtre amitié vous
auroit coûté des violences
ou des remords , que
ma bonté & ma prudence
vous ont épargnez .
N'eft- il pas vrai qu'avant
cette nuit , que vous aviez
épić Monfieur le
Comte , vous étiez tous
deux les amans du monde
les plus contens ? Suisje
coupable de vôtre indifcrétion
Pourquoy me
venir chercher le foir ?
Giij
78 MERCURE
Ne vous avois - je pas averti
par une lettre que
je donnai à Monfieur le
Comte , de ne venir que
ce matin ? Tout cela fut
dit d'une maniere fi lipeu
déconcerbre
, &
fi
tée
, que
ce
trait
leur
fit
connoître la Dame encore
mieux qu'ils n'avoient
fait . Ils admirerent
un caractere fi particulier
, & laifferent à
qui le voulut la liberté
d'en être la dupe . La
"
GALANT. 79
Marquife fe confola de
leur perte , en faiſant
croire au troifieme amant
nouvellement rappellé
, qu'elle les avoit
bannis pour lui ; & comme
elle ne pouvoit vivre
fans intrigue , elle en fit
· bientôt une nouvelle .
nouvelle.
U
LYON
N jeune Comte ,
d'une des meilleures
Maifons
du Royaume , s'étant
nouvellement établi das
Avril 1714. A ij
4 MERCURE
un quartier où le jeu &
la galanterie regnoient
également , fut obligé
d'y prendre parti comme
les autres ; & parce
que fon coeur avoit des
engagemens ailleurs , il
fe declara pour le jeu ,
comme pour fa paffion
dominante mais le peu
d'empreffement qu'il y
avoit , faifoit affez voir
qu'il fe contraignoit , &
l'on jugea que c'étoir un
homme qui ne s'attaGALANT
.
S
choit à rien , & qui dans
la neceffité de choiſir
avoit encore mieux aimé
cet amuſement, que
de dire à quelque belle
ce qu'il ne fentoit pas .
Un jour une troupe de
jeunes Dames qui ne
joüoient point , l'entreprit
fur fon humeur indifferente.
Il s'en défendit
le mieux qu'il put ,
alleguant fon peu de
merite , & le peu d'ef
perance qu'il auroit d'ê-
A iij
6 MERCURE
tre heureux en amour :
mais on lui dit que
quand il fe connoîtroit
affez mal pour avoir une
fi méchante opinion de
lui - même , cette raiſon
feroit foible contre la
vûë d'une belle perfonne
; & là - deffus on le
menaça des charmes d'u
ne jeune Marquife , qui
demeuroit dans le voifinage
, & qu'on attendoit.
Il ne manqua pas de leur
repartir qu'elles-mêmes
GALANT.
7.
ne fe connoiffoient point
affez , & que s'il pouvoit
échaper au peril où il
fe trouvoit alors , il ne
devoit plus rien craindre
pour fon coeur . Pour
réponse à fa galanterie ,
elles lui montrerent la
Dame dont il étoit queftion
, qui entroit dans
ce moment . Nous parlions
de vous , Madame ,
lui dirent - elles en l'appercevant
. Voici un indifferent
que nous vous
A iiij
8 MERCURE
donnons à convertir :
Vous y êtes engagée
d'honneur ; car il femble
yous défier auffi - bien
que nous. La Dame &
le jeune Comte ſe reconnurent
, pour s'être
vûs quelquefois à la campagne
chez une de leurs
amies . Elle étoit fort convaincuë
qu'il ne meritoit
rien moins que le
reproche qu'on luy faifoit
, & il n'étoit que
trop ſenſible à ſon gré :
GALANT. 9
mais elle avoit les raifons
pour feindre de croire
ce qu'on lui difoit.
C'étoit une occafion de
commerce avec un homme
, fur lequel depuis
long - temps elle avoit
fait des deffeins qu'elle
n'avoit pû executer . Elle
lui trouvoit de l'efprit
& de l'enjouement , &
elle avoit hazardé des
complaisāces pour beaucoup
de gens qui afſurément
ne le valoient
to MERCURE
pas : mais fon plus grand
merite étoit l'opinion
qu'elle avoit qu'il fût aimé
d'une jeune Demoifelle
qu'elle haïffoit , &
dont elle vouloit fe vanger.
Elle prit donc fans
balancer le parti qu'on
lui offroit ; & aprés lui
avoit dit qu'il faloit qu'-
on ne le crût pas bien
endurci , puis qu'on s'adreffoit
à elle pour le
toucher , elle entreprit
de faire un infidele , fous
GALANT . 11
pretexte de convertir un
indifferent. Le Comte
aimoit paffionsément la
Demoiſelle dont on le
croyoit aimé, & il tenoit
à elle par des
engagemens
fi puiffans
, qu'il
ne craignoit
pas que rien
l'en pût détacher
. Sur
tout il fe croyoit
fort en
fûreté contre les charmes
de la Marquife. Il
la connoiffoit pour une
de ces coquettes de profeffion
qui veulent , à
12 MERCURE
quelque prix que ce ſoit ,
engager tout le monde ,
& qui ne trouvent rien
de plus honteux que de
manquer une conquête .
Il fçavoit encore quedepuis
peu elle avoit un
amant , dont la nouveauté
faifoit le plus grand
merite , & pour qui elle
avoit rompu avec un
autre qu'elle aimoit depuis
long - temps , & à
qui elle avoit des obligations
effentielles . Ces
と
GALANT .
13
connoiffances lui fmbloient
un remede affuré
contre les tentations
les plus preffantes. La
Dame l'avoit affez veu
pour connoître quel étoit
fon éloignement
pour des femmes
de fon
caractere
: mais cela ne
fit que flater fa vanité.
Elle trouva plus de gloire
à triompher
d'un
coeur qui devoit être fi
bien défendu. Elle lui
fit d'abord
des reproches
14 MERCURE
de ne l'eftre pas venu
voir depuis qu'il étoit
dans le quartier , & l'engagea
à reparer fa faute
dés le lendemain . Il
alla chez elle , & s'y fit
introduire par un Confeiller
de fes amis , avec
qui il logcoit , & qui
avoit des liaiſons étroites
avec le mari de la
Marquife, Les honneftetez
qu'elle lui fit l'obligerent
enfuite d'y aller
plufieurs fois fans inGALANT.
15
troducteur ; & à chaque
yifite la Dame mit en
ufage tout ce qu'elle
crut de plus propre à .
l'engager. Elle trouva
d'abord toute la refiftance
qu'elle avoit attendue.
Ses foins , loin .
de faire effet , ne lui attirerent
pas feulement
une parole qui tendît à
une declaration : mais
elle ne defefpera point
pour cela du pouvoir de
fes charmes ; ils l'avoient
16 MERCURE
fervie trop fidelement en
d'autres occafions
, pour
ne lui donner pas lieu
de fe flater d'un pareil
fuccés en celle - ci ; elle
crut mefme remarquer
bientôt qu'elle ne s'étoit
pas trompée. Les vifites
du Comte furent
plus frequentes : elle lui
trouvoit un enjouëment
que l'on n'a point quand
on n'a aucun deffein de
plaire.Mille railleries divertissantes
qu'il faifoit
fur
+
GALANT . 17
für fon nouvel amant ;
le chagrin qu'il témoignoit
quand il ne pouvoit
eftre feul avec elle ;
Fattention qu'il preftoit.
aux moindres chofes
qu'il luy voyoit faire :
tout cela lui parut d'un
augure merveilleux , &
il eft certain que fi elle
n'avoit pas encore le
coeur de ce pretendu indifferent
, elle occupoit.
du moins fon efprit . Ih
alloit plus rarement chez
Avril 1714. B :
18 MERCURE
la Demoiſelle qu'il aimoit
, & quand il étoit
avec elle, il n'avoit point
d'autre foin , que de faire
tomber le difcours fur
la Marquife . Il aimoit
mieux railler d'elle que
de n'en rien dire . Enfin
foit qu'il fût feul , ou
en compagnie , fon idée
ne l'abandonnoit jamais
. Quel dommage ,
difoit - il quelquefois
que le Ciel ait répandu
tant de graces dans une
,
GALANT . 19
coquette ? Faut - il que la
voyant fi aimable , on
ait tant de raiſon de ne
point l'aimer ? Il ne pouvoit
lui pardonner tous
fes charmes ; & plus il
lui en trouvoit , plus il
croyoit la haïr. Il s'oublia
même un foir jufques
à lui reprocher fa
conduite , mais avec une
aigreur qu'elle n'auroit,
pas ofé efperer fitoft. A
quoy bon , lui dit- il ,
Madame , toutes ces oil-
Bij
20 MERCURE
lades & ces manieres étu
diées que chacun regarde
, & dont tant de gens
fe donnent le droit de
parler Ces foins de
chercher à plaire à tout
le monde , ne font pardonnables
qu'à celles à
qui ils tiennent lieu de
beauté . Croyez - moy ,
Madame , quittez des
affectations qui font indignes
de vous. C'étoit
où on l'attendoit . La
Dame étoit trop habile
GALANT. 2ม1
pour ne diftinguer past
les confeils de l'amitié
des reproches de la jaloufie
. Elle lui en marqua
de la reconnoiſſance
, & tâcha enfuite de
lui perfuader que ce qui
paroiffoit coquetterie ,
n'étoit en elle que la
crainte
d'un veritable
attachement ; que du
naturel dont elle fe connoiffoit
, elle ne pourroit
être heureufe dans.
un engagement , parce
22 MERCURE
qu'elle ne ſe verroit jamais
aimée , ni avec la
même fincerité , ni avec
la même delicateſſe dont
elle fouhaiteroit de l'être
, & dont elle fçavoit
bien qu'elle aimeroit .
Enfin elle lui fit an faux
portrait de fon coeur , qui
fut pour lui un veritable
poifon. Il ne pouvoit
croire tout à fait qu'elle
fût fincere : mais il ne
pouvoit s'empefcher de
le fouhaiter. Il cherGALANT.
23
choit des
apparences
ce qu'elle
lui difoit , &
il lui rappelloit
mille actions
qu'il lui avoit vû
faire , afin qu'elle les juſtifiât
; & en effet , fe fervant
du pouvoir qu'elle
commençoit à prendre
fur lui , elle y donna
des couleurs qui diffiperent
une partie de fes
foupçons mais qui
pourtant n'auroient pas
trompé un homme qui
cuft moins fouhaité de
24 MERCURE
l'eftre. Cependant, ajouta-
t- elle d'un air enjoüé ,
je ne veux pas tout à fait
difconvenir d'un défaut
qui peut me donner lieu
de vous avoir quelque
obligation . Vous fçavez
ce que j'ai entrepris pour
vous corriger de celui
qu'on vous reprochoit .
Le peu de fuccés que j'ai
eu ne vous diſpenſe pas
de reconnoître mes bonnes
intentions , & vous
me devez les mefmes
foins.
GALANT. 25
foins . Voyons fi vous ne
ferez pas plus heureux à
fixer une inconftante ,
que je l'ay été à toucher
un infenfible. Cette propofition
, quoique faite
en riant , le fit rentrer en
lui - mefme , & alarma
d'abord fa fidelité . Il vit
qu'elle n'avoit peut - eftre
que trop reüffi dans
fon entrepriſe , & il reconnut
le danger où il
étoit : mais fon penchant
commençant à lui ren-
Avril 1714.
C
26 MERCURE
dre ces reflexions facheuſes
, il tâcha bientôt
à s'en délivrer . Il
penfa avec plaifir que fa
crainte étoit indigne de
lui , & de la perfonne
qu'il aimoit depuis fi
long- temps . Sa delicateffe
alla meſme juſqu'à
fe la reprocher
comme
une infidelité
; & aprés
s'eftre dit à foy- meſme
,
que c'étoit déja eſtre inconftant
que de craindre
de changer , il embraſſa
GALANT . 27
avec joye le parti qu'on
lui offroit . Ce fut un
commerce fort agreable
de part & d'autre. Le
pretexte qu'ils prenoient
rendant leur empreffement
un jeu , ils goutoient
des plaifirs qui
n'étoient troublez d'aucuns
fcrupules. L'Italien
, qu'ils fçavoient tous
deux , étoit l'interprete :
de leurs tendres fentimens.
Ils ne fe voyoient
jamais qu'ils n'euffent à
Cij
28 MERCURE
fe donner un billet en
cette langue ; car pour
plus grande feureté, ils
étoient convenus qu'ils
ne s'enverroient jamais
leurs lettres . Sur - tout
elle lui avoit défendu dé
parler de leur commerce
au Confeiller avec qui
il logcoit , parce qu'il
étoit beaucoup plus des
amis de fon mari que des
fiens , & qu'autrefois ,
fur de moindres apparences,
il lui avoit donné
GALANT . 29
des foupçons d'elle fort
defavantageux . Elle lui
marqua même des heures
où il pouvoit le moins
craindre de les rencontrer
chez elle l'un ou
l'autre , & ils convinrent
de certains fignes d'intelligence
pour les temps
qu'ilsyferoient. Cemyf
tere étoit un nouveau
charme pour le jeune
Comte. La Marquife
prit enfuite des manieres
fiéloignées d'une co-
C
iij
30 MERCURE
quette , qu'elle acheva
bientoft
de le perdre
.
Jufques là elle avoit eu
un de ces caracteres enjoüez
, qui reviennent
quafi à tout le monde ,
mais qui deſeſperent un
amant ; & elle le quitta
pour en prendre un tout
oppofé , fans le lui faire
valoir comme un facri.
fice . Elle écarta fon nouvel
amant , qui étoit un
Cavalier fort bien fait .
Enfin loin d'aimer l'éGALANT.
31
clat , toute fon application
étoit d'empêcher
qu'on ne s'apperçût de
l'attachement que le
Comte avoit pour elle :
mais malgré tous fes
foins, il tomba unjour de
ſes poches une lettre que
fon mari ramaffa fans
qu'elle y prît garde . 11
n'en connut point le caractere
, & n'en entendit
pas le langage : mais ne
doutant pas que ce ne
fût de l'Italien , il courut
Ciiij
32 MERCURE
chez le Conſeiller , qu'il
fçavoit bien n'être pas
chez lui , feignant de lui
vouloir
communiquer
quelque affaire . C'étoit
afin d'avoir occafion de
parler au Comte , qu'il
ne foupçonnoit point
d'être l'auteur de la lettre
, parce qu'elle étoit
d'une autre main. Pour
prévenir les malheurs
qui arrivent quelquefois
des lettres perduës , le
Comte faifoit écrire touGALANT
. 33
tes celles qu'il donnoit à
la Marquise par une perfonne
dont le caractere
étoit inconnu . Il lui avoit
porté le jour precedent
le billet Italien
dont il s'agiffoit. Il étoit
écrit fur ce qu'elle avoit
engagé le Confeiller à
lui donner
à fouper ce
même jour- là ; & parce
qu'elle avoit fçû qu'il
devoit aller avec fon mari
à deux lieuës de Paris
l'apréfdînée , & qu'ils
34 MERCURE
n'en reviendroient que
fort tard , elle étoit convenue
avec ſon amant
qu'elle fe rendroit chez
lui avant leur retour. La
lettre du Comte étoit
pour l'en faire fouvenir ,
& comme un avantgoût
de la fatisfaction qu'ils
promettoient cette fe
foirée. Le mari n'ayant
point trouvé le Confeiller
, demanda le Comte .
Dés qu'il le vit , il tira
de fa poche d'un air emGALANT
.
35
preffé quantité de papiers
, & le pria de les
lui remettre quand il
féroit revenu. Parmi ces
papiers étoit celui qui
lui donnoit tant d'agitation
. En voici un , lui
dit- il en feignant de s'être
mépris , qui n'en eſt
pas. Je ne fçai ce que
c'eft , voyez fi vous l'entendrez
mieux que moy :
& l'ayant ouvert , il en
lut lui - mefme les premie-i
res lignes , de peur que
36 MERCURE
le Comte
jettant les
yeux fur la fuite , ne connût
la part que la Marquife
y pouvoit avoir ,
& que la crainte de lui
apprendre de fâcheufes
nouvelles , ne l'obligeât
à lui déguifer la verité.
Le Comte fut fort furpris
quand il reconnut
fa lettre. Untrouble foudain
s'empara de fon efprit
, & il eut befoin que
le mari fût occupé de fa
lecture , pour lui donner
(
GALANT. 37
le temps de fe remettre .
Aprés en avoir entendu
le commencement : Voila
, dit - il , contrefaifant
¡ l'étonné , ce que je chersche
depuis long - temps .
C'est le rôle d'une fille
qui ne fçait que l'Italien ,
- & qui parle à ſon amant
qui ne l'entend pas . Vous
a
aurez veu cela dans une
Comedie Françoiſe qui
a paru cet hyver. Mille
gens me l'ont demandé ,
& il faut que vous me
38.
MERCURE
faffiez le plaifir de me
le laiffer. J'y confens , lui
répondit le mari , pourveu
que vous le rendiez
à ma femme , car je croy
qu'il eft à elle. Quand le
jeune Comte crut avoir
porté affez loin la crédulité
du mari , il n'y
eut pas un mot dans ce
prétendu rôle Italien ,
dont il ne lui voulût faire
entendre l'explication
: mais le mari ayant
ce qu'il fouhaitoit , béGALANT.
39
nit le Ciel en lui - mefme
de s'être trompé fi
heureuſement , & s'en
alla où l'appelloient fes
affaires . Auffitôt qu'il
e fut forti , le Comte courut
à l'Eglife , où il étoit
fûr de trouver la Dame ,
qu'il avertit par un bilelet
, qu'il lui donna ſecretement
, de ce qui ve-
-noit de fe paffer , & de
1
l'artifice dont il s'étoit
fervi pour retirer fa let
tre. Elle ne fut pas fitôt
40 MERCURE
rentrée chez elle , qu'elle
.mit tous les domeſtiques
à la quête du papier , &
fon mari étant de retour,
elle lui demanda . Il lui
avoüa qu'il l'avoit trouvé
, & que le Comte en
ayant beſoin , il lui avoit
laiffé entre les mains .
Me voyez- vous des curiofitez
femblables pour
les lettres que vous recevez
, lui répondit- elle
d'un ton qui faifoit paroître
un peu de colere ?
Si
GALANT 41
Si c'étoit un billet tendre
, fi c'étoit un rendezvous
que l'on me donnât
, feroit - il , agréable.
que vous nous vinffiez
troubler ? Son mari lui
dic en l'embraffant , qu'il
fçavoit fort bien ce que
c'étoit ; & pour l'empêcher
de croire qu'il l'eût
foupçonnée , il l'affura
qu'il avoit cru ce papier
à lui lors qu'il l'avoit ramaffe.
La Dame ne borna
pas fon reffentiment
Avril 1714. D
42 MERCURE
à une raillerie de cette
nature . Elle fe rendit
chez le Comte de meilleure
heure qu'elle n'auroit
fait . La commodité
d'un jardin dans cette
maiſon étoit un
pretexte
pour y aller avant le
temps du foupé. La jaloufie
dans un mari eft
un défaut fi blâmable ,
quand elle n'eft pas bien
fondée , qu'elle fe fit un
devoir de juftifier ce que
le fien lui en avoit fait
J
GALANT. 43
paroître. Tout favorifoit
un fi beau deffein ;
toutes fortes de témoins
étoient éloignez , & le
Comte & la Marquiſe
pouvoient le parler en
liberté. Ce n'étoit plus
par des lettres & par des
fignes qu'ils exprimoient
leur tendreffe . Loin d'avoir
recours à une langue
étrangere , à peine
trouvoient - ils qu'ils
fçuffent affez bien le
François pour fe dire
Dij
44 MERCURE
tout ce qu'ils fentoient ;
& la défiance du mari
leur rendant tout légitime
, la Dame eut des
complaifances pour le
jeune Comte , qu'il n'auroit
pas ofé efperer. Le
mari & le Confeiller étant
arrivez fort tard ,
leur firent de grandes excufes
de les avoir fait fi
long - temps attendre.
On n'eut pas de peine à
les recevoir
, parce que
jamais on ne
s'étoit
4.
GALANT . 45
moins impatienté . Pendant
le foupé leurs yeux
firent leur devoir admirablement
; & la contrainte
où ils fe trouvoient
par la préſence
de deux témoins incommodes
, prêtoit à leurs
regards une éloquence
qui les confoloit de ne
pouvoir s'expliquer avec
plus de liberté. Le mari :
gea
ayant quelque chofe à
dire au Comte
, l'engaà
venir faire avec lui
46 MERCURE
un tour de jardin . Le
Comte en marqua par
un coup d'oeil fon déplaifir
à la Dame , & la.
Dame lui fit connoître
par un autre figne combien
l'entretien du Confeiller
alloit la faire fouffrir.
On fe fepara . Jamais
le Comte n'avoit
trouvé de fi doux momens
que ceux qu'il paffa
dans fon tête - à - tête
avec la Marquife . Il la
quitta fatisfait au derGALANT
. 47
nier point :mais dés qu'il
fut ſeul , il ne put s'abandonner
à lui mefme
fans reffentir les plus
cruelles agitations. Que
n'eut- il point à fe dire
fur l'état où il furprenoit
fon coeur ! Il n'en étoit
pas à connoître que fon
trop de confiance lui avoit
fait faire plus de
chemin qu'il ne lui étoit
permis : mais il s'étoit
imaginé jufques là qu'-
un amuſement avec une
48 MERCURE
coquete ne pouvoit bleffer
en rien la fidelité qu'il
devoit à fa maîtreffe
. Il
s'étoit toujours repofé
fur ce qu'une femme qui
ne pourroit lui donner
qu'un coeur partagé , ne
feroit jamais capable
d'inſpirer au fien un vrai
amour ; & alors il commença
à voir que ce qu'il
avoit traité d'amufement
, étoit devenu une
paffion dont il n'étoit
plus le maitre. Aprés ce
qui
GALANT 49
qui s'étoit paffé avec la
Marquife
, il fe fût flaté
inutilement de l'efperance
de n'en être point
aimé uniquement , & de
bonne foy: Peut - être
même que des doutes
là - deffus auroient été
d'un foible fecours . Il
fongeoit fans ceffe à tout
ce qu'il lupavoit trouvé
de paffion , à cet air vif
& touchant qu'elle don-*
noit à toutes les actions ;
& 'ces réflexions enfin
Avril 1714.
*
E
fo MERCURE
jointes au peu de fuccés
qu'il avoit eu dans l'attachement
qu'il avoit
pris pour la premiere
maîtreffe , mirent fa raifon
dans le parti de fon
coeur, & diffiperent tous
fes remords. Ainfi il s'abandonna
fans fcrupule
à ſon penchant , & ne
fongea plus qu'à fe ménager
mille nouvelles
douceurs avec la Marquife
; mais la jalouſic
les vinte troubler lors
GALANT. S1
qu'il s'y étoit le moins
attendu. Un jour il la
furprit feule avec l'amant
qu'il croyoit qu'el
le cût banni ; & le Cavalier
ne l'eut pas fitôt
quittée , qu'il lui en fic
des reproches , comme
d'un outrage qui ne pouvoit
être pardonné . Vous
n'avez pû long - temps
vous démentir , lui ditil
, Madame. Lorfque
vous m'avez crû affez
engagé , vous avez cellé
E ij
52 MERCURE
de vous faire violence .
J'avoue que j'applaudif
fois à ma paſſion , d'avoir
pû changer vôtre
naturel ; mais des femmes
comme
vous ne
changent jamais. J'avois
tort d'efperer un miracle
en ma faveur . Il la pria
enfuite de ne ſe plus contraindre
pour lui , & l'aſfura
qu'il la laifferoit en
liberté de recevoir toutes
les vifites qu'il lui
plairoit . La Dame fe
GALANT.
$3
connoiffoit trop bien en
dépit , pour rien apprehender
de celui - là . Elle
en tira de nouvelles affurances
de fon pouvoir
fur le jeune Comte ; &
affectant une colere qu'-
elle n'avoit pas , elle lui
fic comprendre qu'elle
ne daignoit pas ſe juſtifier
, quoy qu'elle eût de
bonnes raifons , qu'elle
lui cachoit pour le punir.
Elle lui fit même
promettre plus pofitive-
E iij
$4 MERCURE
ment qc'il n'avoit fait ,
de ne plus revenir chez
elle. Ce fut là où il put
s'appercevoir combien il
étoit peu maître de ſa
paffion . Dans un moment
il fe trouva le feul
criminel ; & plus affligé
de l'avoir irritée par les
reproches , que de la trahifon
qu'il penfoit lui
eftre faite , il fe jetta à
fes genoux , trop heureux
de pouvoir efperer
le pardon , qu'il croyoit
GALANT .
$$
auparavant qu'on lui devoit
demander
. Par quelles
foumiffions ne tâcha
t- il point de le meriter !
Bien loin de lui remetles
tre devant les yeux
marques de paffion qu'il
avoit reçues d'elle , &
qui fembloient lui donner
le droit de ſe plaindre
, il paroiffoit les avoir
oubliées , ou s'il s'en
refſouvenoit , ce n'étoit
que pour le trouver cent
fois plus coupable . Il
E mij
56 MERCURE
n'alleguoit que l'excés
de fon amour qui le faifoit
ceder à la jalousie ,
& quien de pareilles occafions
ne s'explique jamais
mieux que par la
colere. Quand elle crut
avoir pouffé fon triomphe
affez loin , elle lui
jetta un regard plein de
douceur , qui en un moment
rendit à fon ame
toute fa tranquilité . C'eft
affez me contraindre ,
lui dit- elle ; auffi bien ma
•
"
GALANT. SZ
joye & mon amour commencent
à me trahir.
Non , mon cher Comte
, ne craignez point
que je me plaigne de vôtre
colere. Je me plaindrois
bien plutôt fi vous
n'en aviez point eu . Vos
reproches il est vrai ,
>
bleffent ma fidelité : mais
je leur pardonne ce qu'ils
ont d'injurieux , en faveur
de ce qu'ils ont de
paffionné. Ces affurances
de vôtre tendreffe m'é58
MERCURE
toient fi cheres , qu'elles
ont arrefté jufqu'ici l'im
patience que j'avois de
me juftifier. Là - deffus
elle lui fit connoître
combien ſes ſoupçons étoient
indignes d'elle &
de lui ; que n'ayant point
défendu au Cavalier de
venir chez elle , elle n'avoit
pu refufer de le voir;
qu'un tel refus auroit été
une faveur pour lui ; que.
s'il le
fouhaitoit pourtant
, elle lui défendroit
V
GALANT. 59
fa maiſon pour jamais :
mais qu'il confiderât
combien il feroit peu
agreable pour elle , qu'-
un homme de cette forte
s'allât vanter dans le
monde qu'elle cuft rompu
avec lui , & laiſsât
croire qu'il y euft des
gens à qui il donnoit de
l'ombrage. L'amoureux
Comte étoit fi touché
des marques de tendreſſe
qu'on venoit de lui donner
, qu'il ſe feroit vo60
MERCURE
>
lontiers payé d'une plus
méchante raiſon . Il eut
honte de fes foupçons ,
& la pria lui- meſine de
ne point changer de conduite
. Il paffa ainfi quelques
jours à recevoir fans
ceffe de nouvelles affurances
qu'il étoit aimé ,
& il merita dans peu
qu'on lui accordât une
entrevue fecrete la nuit .
Le mari étoit à la campagne
pour quelque
temps ; & la Marquife ,
*
1
GALANT. 61
maîtreffe alors d'ellemeſme
, ne voulut pas
perdre une occafion fi
favorable de voir fon a
mant avec liberté . Le
jour que le Comte étoit
attendu chez elle fur les
neuf heures du foir , le
Confeiller foupant avec
lui , ( ce qu'il faifoit fort
fouvent ) voulut le mener
à une affemblée de
femmes du voisinage ,
qu'on regaloit d'un concert
de voix & d'inftru62
MERCURE
mens. Le Comte s'en
excufa , & ayant laiffé
fortir le Confeiller , qui
le preffa inutilement de
venir jouir de ce regal ,
il fe rendit chez la Dame
, qui les reçut avec
beaucoup de marques
d'amour
. Aprés quatre
heures d'une converfation
trés-tendre , il falut
fe féparer. Le Comte cut
fait à peine dix pas dans
la ruë , qu'il ſe vit ſuivi
d'un homme qui avoit le
GALANT. 63
vifage envelopé d'un
manteau . Il marcha toujours
; & s'il le regarda
comme un efpion , il eut
du moins le plaifir de
remarquer
qu'il étoit
trop grand pour être le
mari de la Marquife . En
rentrant chez lui , il trouva
encore le pretendu
cfpion , qu'il reconnut
enfin pour le Confeiller.
Les refus du jeune Comte
touchant le concert
de voix , lui avoit fait
64 MERCURE
croire qu'il avoit un rendez-
vous. Il le foupçonnoit
déja d'aimer la Marquife
, & fur ce foupçon
il etoit venu l'attendre à
quelques pas de fa porte
, & l'avoit vû fe couler
chez elle. Il y avoit
frapé auffitôt , & la fui-:
vante lui étoit venu dire
de la part de fa maîtreffe,
qu'un grand mal de tête
l'obligeoit à fe coucher ,
& qu'il lui étoit impoffible
de le recevoir. Par
cette
GALANT. 65
cette réponſe il avoit
compris tout le myftere.
Il fuivit le Comte dans
fa chambre , & lui ayam
declaré ce qu'il avoit fait
depuis qu'ils s'étoient
quittez : Vous avez pris ,
lui dit - il , de l'engagement
pour la Marquife ;
il faut qu'en fincere ami
je vous la faffe connoître.
J'ai commencé à l'aimer
avant que vous yinfficz
loger avec moy , &
quand elle a fçû nôtre
Avril 1714.
F
66 MERCURE
liaifon , elle m'a fait promettre
par tant de fermens
, que je vous ferois
un fecret de cet amour ,
que je n'ai ofé vous en
parler . Vous fçavez , me
difoit - elle , qu'il aime
une perfonne qui me hait
mortellement . Il ne manquera
jamais de lui apprendre
combien mon
coeur eft foible pour
vous. La diſcretion qu'-
on doit à un ami ne tient
guere contre la joye que
GALANT. 67
l'on a quand on croit
pouvoir divertir une
maîtreffe. La perfide
vouloit même que je lui
fuffe obligé de ce qu'elle
conſentoit à recevoir
vos vifites. Elle me recommandoit
fans ceffe
de n'aller jamais la voir
avec vous ; & quand
vous arriviez , elle affectoit
un air chagrin dont
je me plaignois quelquefois
à elle , & qu'apparemment
elle vous laif,
F ij
68 MERCURE
foit expliquer favorablement
pour vous . Mille
fignes & mille geſtes ,
qu'elle faifoit dans ces
temps - là , nous étoient
t
fans doute communs . Je
rappelle préfentement
une infinité de chofes
que je croyois alors indifferentes
, & je ne doute
point qu'elle ne fe foit
fait un merite auprés de
vous , de la partie qu'elle
fit il y a quelque temps
de fouper ici . Cependant
GALANT . 69
quand elle vous vit engagé
dans le jardin avec
fon mari , quels tendres
reproches ne me fit- elle
point d'être revenu ' fi
tard de la campagne , &
de l'avoir laiffée filongtemps
avec un homme
qu'elle n'aimoit pas !
Hier même encore qu'-
elle me préparoit avec
vous une trahiſon ſi noire
elle eut le front de
vous faire porteur d'une
lettre , par laquelle elle
70 MERCURE
me donnoit un rendezvous
pour ce matin ,
vous difant que c'étoit
un papier que fon mari
l'avoit chargée en partant
de me remettre. Le
Comte étoit fi troublé
de tout ce que le Confeiller
lui difoit , qu'il
n'eut pas la force de l'interrompre.
Dés qu'il fut
remis , il lui apprit comme
fon amour au commencement
n'étoit qu'
un jeu , & comme dés
GALANT. 71
S
lors la Marquife lui avoit
fait les mêmes loix
de difcretion qu'à lui.
Ils firent enfuite d'autres
éclairciffemens , qui
découvrirent au Comte
qu'il ne devoit qu'à la
coquetterie de la Dame
ce qu'il croyoit devoir à
fa paffion ; car c'étoit le
Confeiller qui avoit exigé
d'elle qu'elle ne vît
plus tant de monde , &
fur- tout qu'elle éloignât
fon troifiéme amant ; &
72 MERCURE
ils trouverent que quand
elle l'eut rappellé , elle
avoit allegué le même
pretexte
au Confeiller
qu'au Comte , pour continuer
de le voir. Il n'y
a gueres
d'amour
à l'épreuve
d'une telle perfidie
; auffi ne fe piquerent-
ils pas de conftance
pour une femme qui la
méritoit fi peu . Le Comte
honteux de la trahifon
qui'l avoit faite à fa premiere
maitreſſe , refolut
de
GALANT .
73
de n'avoir plus d'affiduitez
que pour elle feule ,
& le Confeiller fut bientôt
determiné fur les mefures
qu'il avoit à prendre
mais quelque promeffe
qu'ils fe fillent l'un
à l'autre de ne plus voir
la Marquife , ils ne purent
fe refufer le foulagement
de lui faire des reproches.
Dés qu'il leur
parut qu'ils la trouveroient
levée , ils fe tendirent
chez elle . Le
Avril
1714.
G
74 MERCURE
Comte lui dit d'abord ,
que le Confeiller étant
fon ami , l'avoit voulu
faire profiter du rendezvous
qu'elle lui avoit
donné , & qu'ainſi elle
ne devoit pas s'étonner
s'ils venoient enſemble .
Le Conſeiller prit aufſi.
tôt la parole , & n'oublia
rien de tout ce qu'il
crut capable de faire
honte à la Dame , & de
le vanger de fon infidelité.
Il lui remit devant
M
GALANT . 75
les yeux l'ardeur fincere
avec laquelle il l'avoit
aimée , les marques de
paffion qu'il avoit reçûës
d'elle , & les fermens
: qu'elle lui avoit tant de
I fois reiterez de n'aimer
jamais que lui . Elle l'écouta
fans l'interrompre
; & ayant pris fon
parti pendant qu'il parloit
: Il eft vrai , lui ré-
#pondit - elle d'un air
moins embaraffé que jamais
, je vous avois pro-
Gij
76 MERCURE
mis de n'aimer que vous :
mais vous avez attiré
Monfieur le Comte dans
ce quartier , vous l'avez
amené chez moy , & il
eft venu à m'aimer .D'ailleurs
, de quoy pouvezvous
vous plaindre ?
Tout ce qui a dépendu
de moy pour vous rendre
heureux , je l'ai fait.
Vous fçavez vous - même
quelles précautions
j'ai prifes pour vous cacher
l'un à l'autre vôtre
GALANT . 77
paffion . Si vous l'aviez
fçûë , vôtre amitié vous
auroit coûté des violences
ou des remords , que
ma bonté & ma prudence
vous ont épargnez .
N'eft- il pas vrai qu'avant
cette nuit , que vous aviez
épić Monfieur le
Comte , vous étiez tous
deux les amans du monde
les plus contens ? Suisje
coupable de vôtre indifcrétion
Pourquoy me
venir chercher le foir ?
Giij
78 MERCURE
Ne vous avois - je pas averti
par une lettre que
je donnai à Monfieur le
Comte , de ne venir que
ce matin ? Tout cela fut
dit d'une maniere fi lipeu
déconcerbre
, &
fi
tée
, que
ce
trait
leur
fit
connoître la Dame encore
mieux qu'ils n'avoient
fait . Ils admirerent
un caractere fi particulier
, & laifferent à
qui le voulut la liberté
d'en être la dupe . La
"
GALANT. 79
Marquife fe confola de
leur perte , en faiſant
croire au troifieme amant
nouvellement rappellé
, qu'elle les avoit
bannis pour lui ; & comme
elle ne pouvoit vivre
fans intrigue , elle en fit
· bientôt une nouvelle .
Fermer
Résumé : AVANTURE nouvelle.
En avril 1714, un jeune comte, issu d'une famille prestigieuse du Royaume, s'installe dans un quartier de Lyon où le jeu et la galanterie dominent. Bien qu'il préfère le jeu, il n'y joue pas avec passion. Un groupe de jeunes dames tente de l'intéresser à l'amour, mais il se défend en invoquant son manque de mérite et d'espoir en amour. Elles lui parlent alors d'une jeune marquise voisine qu'elles attendent. Un jour, les jeunes dames montrent au comte la marquise en question, qui entre dans la pièce. Le comte et la marquise se reconnaissent, ayant déjà été présentés à la campagne chez une amie commune. La marquise, convaincue que le comte ne mérite pas les reproches qu'on lui fait, décide de profiter de cette occasion pour engager une relation avec lui. Elle voit en lui un homme d'esprit et d'enjouement, et elle est motivée par le désir de se venger d'une jeune demoiselle qu'elle hait et dont elle croit que le comte est amoureux. Le comte, quant à lui, est passionnément amoureux de cette demoiselle et ne craint pas de se laisser séduire par la marquise, qu'il connaît pour une coquette professionnelle. Cependant, la marquise, flattée par le défi, entreprend de le séduire. Elle l'invite chez elle et utilise divers stratagèmes pour le charmer. Le comte, malgré ses résistances initiales, finit par se laisser séduire par les attentions de la marquise. La marquise utilise des billets en italien pour communiquer avec le comte, évitant ainsi les soupçons. Elle prend des précautions pour éviter que leur relation ne soit découverte, notamment en fixant des heures où ils peuvent se voir sans risque. Le comte, de son côté, fait écrire ses lettres par une personne dont l'écriture est inconnue pour éviter les malentendus. Un jour, le mari de la marquise trouve une lettre italienne dans les poches de sa femme. Ne comprenant pas l'italien, il la montre au comte, feignant de ne pas savoir de quoi il s'agit. Le comte, pris de court, doit improviser une explication. La lettre est en réalité un message du comte à la marquise, lui rappelant un rendez-vous qu'ils doivent avoir. Le mari, sans se douter de la vérité, remet la lettre au comte, qui doit alors trouver une manière de se sortir de cette situation délicate. Le mari, un conseiller, découvre la liaison en suivant le comte jusqu'à la maison de la marquise. Il confronte le comte et révèle qu'il aime également la marquise depuis longtemps. Le comte est troublé mais apprend que la marquise avait imposé la discrétion à tous deux. Ils décident de clarifier leurs sentiments et leurs actions passées. La marquise avait été contrainte par le conseiller de se séparer de son troisième amant, mais elle avait continué à le voir en utilisant le même prétexte auprès du conseiller et du comte. Lorsque le comte et le conseiller découvrirent cette perfidie, ils décidèrent de ne plus avoir confiance en elle. Le comte, honteux de sa trahison envers sa première maîtresse, résolut de n'avoir plus d'attache que pour elle. Le conseiller prit également des mesures, mais malgré leurs promesses de ne plus voir la marquise, ils ne purent s'empêcher de lui faire des reproches.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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23
p. 128-144
MORTS.
Début :
Messire Jean Jacques de Surbechk Lieutenant General [...]
Mots clefs :
Morts, Roi, Fille, Fils, Marquis, Parlement, Lieutenant, Armées, Comte, Veuve, Conseiller, Comte, Enfants
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS.
MORT SO
Meffire Jean Jacques de
Surbechk Lieutenant Ge.
neral des armées du Roy ,
Colonel d'un Regiment
Suiffe , & Chevalier de
l'Ordre Militaire de Saint
Loüis , mourut le 4. May.
Il eſtoit Suiffe & s'eſtoit attaché
au ſervice de la France
dés ſa jeuneſſe , il avoit
Epousé Marie Magdelaine
Chapelier , Soeur de feu
GALANTA 129
Claude Chapelier mort
Doyen de l'Eglife Colle
giale de S. Germain l'Au
xerrois , & fille de Henry
Chapelier Avocat General
de la Cour des Aydes , &
de Catherine Brice , il en
a laiffé pour fille Magde
laine Anne de Surbechk
marice le Fevrier 1708.
avec Charles Comte de Berenger
Colonel du Regi
ment de Bugey tué au fiége
de S. Venant le 24. Sep
tembre 1711. fils de Mr le
Comte de Guast Berenger
Lieutenant General des ar
mées du Roy.
:
130 MERCURE
Dame,Marguerite Pic
ques Veuve de , Mellire
François le Maye Confeil
ler au grandConfeil, mourut
fans enfans le 10. May,
elle efloit filled Olivier Picques
Ecuyer Secretaire, du
Roy ,& fon mary effoit
frere de Mrle Maye Confeiller
au Parlement , & fils
de François le Maye Con
ſeiller de la Cour des Aydes
, mort l'an 1677. d'u
ne Famille originaire de
Tours,
Meffire Jean Joſeph de
Montulé Conſeiller au ParGALANT.
In
lement , & Doyen de la
premiere des Requeſtes au
Palais , mourut le 10. May,
il eſtoit fils de François de
Montulé, Maire de la Ville
deNantes& Auditeur en la
Chambre des Comptes de
Bretagne,& de Marc Regnier
, & avoit pour frere
Antoine deMontulé Abbé,
mort depuis pluſieurs an
nées , & pour ſoeur Marie
Anne de Montulé mariée
Lan 1662. avec Gilles de
Boiſbaudry Seigneur de
Langan , il fut receu Con
ſeiller au Parlement de Pay
132 MERCURE
ris le 26. Juin 1671. & eſpous
fa en premiere nopce le
26. Juin 1672. Magdelaine
Charlot fille de Claude
Charlot Seigneur de Prince
Secretaire du Roy ,
d'Anne Aymeret de Ga
zeau , elle mourut fans enfans
, au mois de Juin 1674.
&il fe remaria avec Agnes
Bouvard fille de Michel
&1
06
Bouvard Seigneur de Fourqueux
Conſeiller au Parle
ment , & de Catherine
Leſné , & Soeur de Mrde
Fourqueux, Procureur Ge29b
neral de la Chambre desm
Jiey acului siдла эка
DOG GALANT5
-le.
Je
re
Comptes de ce dernier
mariage il a laiſſé pour en
fans , Auguſte Joſephide
Montulé, qui a embraſſé le
parti de l'Eglife & eft
Doyen de l'Egliſe de Beau- b
vais , & Jean Baptifte de
Montulé , reçû Conſeiller
au Parlement le 17.Mars,
3
Meſſire Estienne de laGal
ſte Mareſchal des camps &
armées du Roy , cy - devant
Lieutenant & Ayde Major
des Gardes de ſa Majesté ,
mourut le 13. May b
Dame Anne Pithou veu134
MERCURE
ve de Meffire Loüis Charles
de la Rochefoucault , Marquis
deMontendre, mourut
le 14. May. Elle estoit fille
de Pierre Pithou Conſeiller
au Parlement , & de Chreftienne
Loizel ,& mere de
Mr le Marquis de MontendreCapitaine
des Suiſſes de
feuMonſeigneur le Ducde
Berry , & de Mr le Comte
de Jarnac , voyez pour la famille
des Pithoux la genealogiequi
en eſt dreſſée dans
le Nobiliaire de Champagne
, dreſſé par ordre de Mr
de Caumartin Intendant à
GALANT.
135
-
Chaalons en 1667. pour la
genealogie de la maiſon de
laRochefoucault , l'hiſtoire
des grands Officiers de la
Couronnendalsport
Dame MargueriteMorin
Oveuve de MeſſireJean Comte
d'Eſtrées ,premier Baron
du Boulonois, Chevalier des
Ordres du Roy , Mareſchal
& Vice- Amiral de France ,
Viceroy de l'Amerique ,
Gouverneur des Ville &
Chaſteau de Nantes , &
Lieutenant general pour ſa
Majesté au Comté de Nantois,
mourutle,16. May âgée
)
٢٤٢ THAJAD
136TMERCUREM
defoixante quinze ans. Elle
eſtoit fille de Jacques Morin
Secretaire du Roy,& mai
ftre d'hostel ordinaire de fa
Majoſté,&d'Anne Yvelin ,
elle cut pour enfans Victor-
MarieComte d'Eſtrées ,
le 30.1 Novembre 1660 à
preſent Mareſchal deFrance,
Jean Abbé d'Eltrées ,
cy-devant Ambaſſadeur
Portugal, puis en Eſpagne ,
Prélat Commandeur Prélat
en
de
l'Ordre du S. Elprit , recey
le Janvier 1705 Marie-
Anne Catherine d'Eſtrées ,
mariée le 28. Novembre 1661
GALANT. 137
i à Michel François leTel
lier , Marquis de Courten
vaux , Colonel des Cent
Suiffes de la garde du Corps
du Roy; Marie Anne d'EC
trées,Religieuse à l'Aſſomption
, & Eliſabeth Roſalie
d'Eſtrées Demoiselle de
Tourpes. Voyez pour la genealogie
de la maiſon d'Eftées
l'hiſtoire des grands
Officiers de la Courone au
chapitre des Mareſchaux
de France & des grands
Maiſtres de l'artillerie.T
Meffire Jean-François de
Blanche fort , Chevalier
May 1714, 1.83 M
S MERCURE
I
Baron d'Afnois , Saligny ,
S.Germaindes Bois , &c.
Gouverneur pour le Roy de
la province & pays de Gex ,
mourut le 16. May.
! Il eſtoit fils de Roger de
Blanchefort , Baron d'Af
nois , Lieutenant Colonel
duRegiment deNavarre,&
Maref hal des camps & armées
du Roy , petit fils de
François de Blanchefort ,
Barond'Aſnois auffi Maref
chal de camp & armées du
Roy , & arriere petit fils
d'Adrien de Blanchefort
Baron d'Afnois, gentilhom,
GALANT
139
me de la chambre de Monſieur
le Duc d'Alençon ,
Gouverneur des villes de
Nevers & de faint Jean de
Lofne, meſtre de camp d'un
Regiment , & député de la
Nobleffe de Nivernois aux
Eftats generaux de Paris ,
en 1614. & de Henriette
de Salazar Dame d'Aſnois.
Pierre de Blanchefort , Baron
d'Aſnois ſon tris ayeul ,
de l'Ordre du Roy , gentilhomme
ordinaire de fa
chambre , & député de la
Nobleſſe de Nivernois &
Donziois aux Eftats gene-
Mij
140 MERCURE
de
raux de Blas l'an 1577.e
toit perit fils d'Antoine
Blanchefort ſeigneur de
Beauregard en Roliergue ,
que quelques curieux pré.
tendent eſtre frere puilné
de Jean de Blanchefort feigneur
de S. Clement ,& S.
Janurin,duquel defcendent
les Ducs de Leſdiguieres &
de Crequin Monfieur de
Blanchefort qui vient de
mourir avoit épousé le 27.
Janvier 1702. Gabrielle-
Charlotte Bruſlart , fille de
Roger de Bruflart Mar
quis de Sillery & de Puis
GALANTM 14
Geux, Chevalier des Ordres
du Roy , Lieutenant gene
ral de fes armées, Confeill
ler d'Estatordinaire d'épée,
& Ambaſſadeur extraordinaire
en Suiffe, & deClaus
de Godet Dame de Renne
ville , dont il laiſſe un fils
unique tak toopub ans
Dame Susanne Guyonne
deCoëtlogon , veuve de
meffire Philippe - GuyMarl
quis de Coëtlogon , mous
rut le 22.May. 1σινο
abDame Eleonore du Gué,
veuve de meſſire Jean du
Noucy,ſeigneur del'Epine,
142 MERCURE
&c. Maistre des Comptes ,
mourut le 23 May âgée
de 95. ans. Elle estoit fille
de Gaspard duGué ſeigneur
de Bagnol , Treforier de
France à Lyon , tante de
Dreux Loüis du Gué , mort
Conſeiller d'Estat ordinai
re , pere de Mr du Gué de
Bagnol,receuConſeiller au
Parlement en 1703. & de
Madame la Comreffe de
Tillier. La famille de Mr
du Gué eft originaire de
Moulins en Bourbonnois,
& a donné pluſieurs Maif
tres des Requeſtes & Con
GALANT.
143
feillers au Parlement , un
Préfident des Comptes &
pluſieurs Maiſtres desCompres
à Paris витали
Mre Henry de Chaban
nes Marquis de Curton
ComtedeRochefort, mou
rut le 15. May. Il avoit ef
pouſé en premieres nopces
en 1680. Françoiſe deMontezun
de Baiſemeau ; & en
ſecondes en 1709. Catherine
Gasparde d'Eſcorailles
de Rouffil , Veuve de Sebastien
de Rofmadec Marquis
de Molac , & foeur de
feüe Madame la Duchefſe
144 MERCURE
de Fontanges. Il ne laiſſe
point d'enfans de ce dernier
mariage , mais du premier
il laiſſe entr'autres enfans
Mr le Marquisde Curton
marié en 1706. avec N.
Glueu, Veuve de Jacques
de Vaſſan Seigneur de la
Tournelle , Avocat Generalde
laChambre des Com .
ptes , & Françoiſe Gabriël
de Chabannes mariée le 2.
Juiller 1696. avec Jean Paul
de Rochechouard Marquis
de Faudras , aprés la mort
elle ſe fit Religieuſe aux
Benedictines de Montargis ,
ler . Otobre. 1701 .
Meffire Jean Jacques de
Surbechk Lieutenant Ge.
neral des armées du Roy ,
Colonel d'un Regiment
Suiffe , & Chevalier de
l'Ordre Militaire de Saint
Loüis , mourut le 4. May.
Il eſtoit Suiffe & s'eſtoit attaché
au ſervice de la France
dés ſa jeuneſſe , il avoit
Epousé Marie Magdelaine
Chapelier , Soeur de feu
GALANTA 129
Claude Chapelier mort
Doyen de l'Eglife Colle
giale de S. Germain l'Au
xerrois , & fille de Henry
Chapelier Avocat General
de la Cour des Aydes , &
de Catherine Brice , il en
a laiffé pour fille Magde
laine Anne de Surbechk
marice le Fevrier 1708.
avec Charles Comte de Berenger
Colonel du Regi
ment de Bugey tué au fiége
de S. Venant le 24. Sep
tembre 1711. fils de Mr le
Comte de Guast Berenger
Lieutenant General des ar
mées du Roy.
:
130 MERCURE
Dame,Marguerite Pic
ques Veuve de , Mellire
François le Maye Confeil
ler au grandConfeil, mourut
fans enfans le 10. May,
elle efloit filled Olivier Picques
Ecuyer Secretaire, du
Roy ,& fon mary effoit
frere de Mrle Maye Confeiller
au Parlement , & fils
de François le Maye Con
ſeiller de la Cour des Aydes
, mort l'an 1677. d'u
ne Famille originaire de
Tours,
Meffire Jean Joſeph de
Montulé Conſeiller au ParGALANT.
In
lement , & Doyen de la
premiere des Requeſtes au
Palais , mourut le 10. May,
il eſtoit fils de François de
Montulé, Maire de la Ville
deNantes& Auditeur en la
Chambre des Comptes de
Bretagne,& de Marc Regnier
, & avoit pour frere
Antoine deMontulé Abbé,
mort depuis pluſieurs an
nées , & pour ſoeur Marie
Anne de Montulé mariée
Lan 1662. avec Gilles de
Boiſbaudry Seigneur de
Langan , il fut receu Con
ſeiller au Parlement de Pay
132 MERCURE
ris le 26. Juin 1671. & eſpous
fa en premiere nopce le
26. Juin 1672. Magdelaine
Charlot fille de Claude
Charlot Seigneur de Prince
Secretaire du Roy ,
d'Anne Aymeret de Ga
zeau , elle mourut fans enfans
, au mois de Juin 1674.
&il fe remaria avec Agnes
Bouvard fille de Michel
&1
06
Bouvard Seigneur de Fourqueux
Conſeiller au Parle
ment , & de Catherine
Leſné , & Soeur de Mrde
Fourqueux, Procureur Ge29b
neral de la Chambre desm
Jiey acului siдла эка
DOG GALANT5
-le.
Je
re
Comptes de ce dernier
mariage il a laiſſé pour en
fans , Auguſte Joſephide
Montulé, qui a embraſſé le
parti de l'Eglife & eft
Doyen de l'Egliſe de Beau- b
vais , & Jean Baptifte de
Montulé , reçû Conſeiller
au Parlement le 17.Mars,
3
Meſſire Estienne de laGal
ſte Mareſchal des camps &
armées du Roy , cy - devant
Lieutenant & Ayde Major
des Gardes de ſa Majesté ,
mourut le 13. May b
Dame Anne Pithou veu134
MERCURE
ve de Meffire Loüis Charles
de la Rochefoucault , Marquis
deMontendre, mourut
le 14. May. Elle estoit fille
de Pierre Pithou Conſeiller
au Parlement , & de Chreftienne
Loizel ,& mere de
Mr le Marquis de MontendreCapitaine
des Suiſſes de
feuMonſeigneur le Ducde
Berry , & de Mr le Comte
de Jarnac , voyez pour la famille
des Pithoux la genealogiequi
en eſt dreſſée dans
le Nobiliaire de Champagne
, dreſſé par ordre de Mr
de Caumartin Intendant à
GALANT.
135
-
Chaalons en 1667. pour la
genealogie de la maiſon de
laRochefoucault , l'hiſtoire
des grands Officiers de la
Couronnendalsport
Dame MargueriteMorin
Oveuve de MeſſireJean Comte
d'Eſtrées ,premier Baron
du Boulonois, Chevalier des
Ordres du Roy , Mareſchal
& Vice- Amiral de France ,
Viceroy de l'Amerique ,
Gouverneur des Ville &
Chaſteau de Nantes , &
Lieutenant general pour ſa
Majesté au Comté de Nantois,
mourutle,16. May âgée
)
٢٤٢ THAJAD
136TMERCUREM
defoixante quinze ans. Elle
eſtoit fille de Jacques Morin
Secretaire du Roy,& mai
ftre d'hostel ordinaire de fa
Majoſté,&d'Anne Yvelin ,
elle cut pour enfans Victor-
MarieComte d'Eſtrées ,
le 30.1 Novembre 1660 à
preſent Mareſchal deFrance,
Jean Abbé d'Eltrées ,
cy-devant Ambaſſadeur
Portugal, puis en Eſpagne ,
Prélat Commandeur Prélat
en
de
l'Ordre du S. Elprit , recey
le Janvier 1705 Marie-
Anne Catherine d'Eſtrées ,
mariée le 28. Novembre 1661
GALANT. 137
i à Michel François leTel
lier , Marquis de Courten
vaux , Colonel des Cent
Suiffes de la garde du Corps
du Roy; Marie Anne d'EC
trées,Religieuse à l'Aſſomption
, & Eliſabeth Roſalie
d'Eſtrées Demoiselle de
Tourpes. Voyez pour la genealogie
de la maiſon d'Eftées
l'hiſtoire des grands
Officiers de la Courone au
chapitre des Mareſchaux
de France & des grands
Maiſtres de l'artillerie.T
Meffire Jean-François de
Blanche fort , Chevalier
May 1714, 1.83 M
S MERCURE
I
Baron d'Afnois , Saligny ,
S.Germaindes Bois , &c.
Gouverneur pour le Roy de
la province & pays de Gex ,
mourut le 16. May.
! Il eſtoit fils de Roger de
Blanchefort , Baron d'Af
nois , Lieutenant Colonel
duRegiment deNavarre,&
Maref hal des camps & armées
du Roy , petit fils de
François de Blanchefort ,
Barond'Aſnois auffi Maref
chal de camp & armées du
Roy , & arriere petit fils
d'Adrien de Blanchefort
Baron d'Afnois, gentilhom,
GALANT
139
me de la chambre de Monſieur
le Duc d'Alençon ,
Gouverneur des villes de
Nevers & de faint Jean de
Lofne, meſtre de camp d'un
Regiment , & député de la
Nobleffe de Nivernois aux
Eftats generaux de Paris ,
en 1614. & de Henriette
de Salazar Dame d'Aſnois.
Pierre de Blanchefort , Baron
d'Aſnois ſon tris ayeul ,
de l'Ordre du Roy , gentilhomme
ordinaire de fa
chambre , & député de la
Nobleſſe de Nivernois &
Donziois aux Eftats gene-
Mij
140 MERCURE
de
raux de Blas l'an 1577.e
toit perit fils d'Antoine
Blanchefort ſeigneur de
Beauregard en Roliergue ,
que quelques curieux pré.
tendent eſtre frere puilné
de Jean de Blanchefort feigneur
de S. Clement ,& S.
Janurin,duquel defcendent
les Ducs de Leſdiguieres &
de Crequin Monfieur de
Blanchefort qui vient de
mourir avoit épousé le 27.
Janvier 1702. Gabrielle-
Charlotte Bruſlart , fille de
Roger de Bruflart Mar
quis de Sillery & de Puis
GALANTM 14
Geux, Chevalier des Ordres
du Roy , Lieutenant gene
ral de fes armées, Confeill
ler d'Estatordinaire d'épée,
& Ambaſſadeur extraordinaire
en Suiffe, & deClaus
de Godet Dame de Renne
ville , dont il laiſſe un fils
unique tak toopub ans
Dame Susanne Guyonne
deCoëtlogon , veuve de
meffire Philippe - GuyMarl
quis de Coëtlogon , mous
rut le 22.May. 1σινο
abDame Eleonore du Gué,
veuve de meſſire Jean du
Noucy,ſeigneur del'Epine,
142 MERCURE
&c. Maistre des Comptes ,
mourut le 23 May âgée
de 95. ans. Elle estoit fille
de Gaspard duGué ſeigneur
de Bagnol , Treforier de
France à Lyon , tante de
Dreux Loüis du Gué , mort
Conſeiller d'Estat ordinai
re , pere de Mr du Gué de
Bagnol,receuConſeiller au
Parlement en 1703. & de
Madame la Comreffe de
Tillier. La famille de Mr
du Gué eft originaire de
Moulins en Bourbonnois,
& a donné pluſieurs Maif
tres des Requeſtes & Con
GALANT.
143
feillers au Parlement , un
Préfident des Comptes &
pluſieurs Maiſtres desCompres
à Paris витали
Mre Henry de Chaban
nes Marquis de Curton
ComtedeRochefort, mou
rut le 15. May. Il avoit ef
pouſé en premieres nopces
en 1680. Françoiſe deMontezun
de Baiſemeau ; & en
ſecondes en 1709. Catherine
Gasparde d'Eſcorailles
de Rouffil , Veuve de Sebastien
de Rofmadec Marquis
de Molac , & foeur de
feüe Madame la Duchefſe
144 MERCURE
de Fontanges. Il ne laiſſe
point d'enfans de ce dernier
mariage , mais du premier
il laiſſe entr'autres enfans
Mr le Marquisde Curton
marié en 1706. avec N.
Glueu, Veuve de Jacques
de Vaſſan Seigneur de la
Tournelle , Avocat Generalde
laChambre des Com .
ptes , & Françoiſe Gabriël
de Chabannes mariée le 2.
Juiller 1696. avec Jean Paul
de Rochechouard Marquis
de Faudras , aprés la mort
elle ſe fit Religieuſe aux
Benedictines de Montargis ,
ler . Otobre. 1701 .
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Résumé : MORTS.
Le texte relate plusieurs décès et biographies de personnalités françaises du début du XVIIIe siècle. Jean Jacques de Surbechk, lieutenant général des armées du Roy, colonel d'un régiment suisse et chevalier de l'Ordre Militaire de Saint-Louis, est décédé le 4 mai. Né en Suisse, il a servi la France dès sa jeunesse et a épousé Marie Magdelaine Chapelier. Leur fille, Magdeleine Anne de Surbechk, est mariée à Charles Comte de Berenger, colonel du régiment de Bugey, tué au siège de Saint-Venant le 24 septembre 1711. Dame Marguerite Piques, veuve de Meffire François le Maye, conseiller au grand conseil, est décédée sans enfants le 10 mai. Elle était fille d'Olivier Piques, écuyer secrétaire du Roy, et son mari était frère de Mr le Maye, conseiller au Parlement. Jean Joseph de Montulé, conseiller au Parlement et doyen de la première des Requestes au Palais, est décédé le 10 mai. Fils de François de Montulé, maire de Nantes et auditeur à la Chambre des Comptes de Bretagne, il a laissé pour enfants Auguste Joseph de Montulé, doyen de l'Église de Beauvais, et Jean Baptiste de Montulé, conseiller au Parlement. Estienne de la Galste, maréchal des camps et armées du Roy, ancien lieutenant et aide-major des Gardes de sa Majesté, est décédé le 13 mai. Dame Anne Pithou, veuve de Meffire Loüis Charles de la Rochefoucault, marquis de Montendre, est décédée le 14 mai. Elle était fille de Pierre Pithou, conseiller au Parlement, et mère de Mr le marquis de Montendre et de Mr le comte de Jarnac. Dame Marguerite Morin, veuve de Meffire Jean Comte d'Estrées, premier baron du Boulonois, chevalier des Ordres du Roy, maréchal et vice-amiral de France, est décédée le 16 mai à l'âge de soixante-quinze ans. Elle a laissé pour enfants Victor-Marie Comte d'Estrées, maréchal de France, Jean Abbé d'Estrées, prélat commandeur de l'Ordre du Saint-Esprit, Marie-Anne Catherine d'Estrées, mariée à Michel François le Tellier, marquis de Courtenvaux, et Élisabeth Rosalie d'Estrées, demoiselle de Tourpes. Jean-François de Blanchefort, chevalier, baron d'Asnois, Saligny, Saint-Germain-des-Bois, gouverneur de la province et pays de Gex, est décédé le 16 mai. Fils de Roger de Blanchefort, baron d'Asnois, et petit-fils de François de Blanchefort, baron d'Asnois, il a épousé Gabrielle-Charlotte Bruslart, laissant un fils unique âgé de six ans. Dame Susanne Guyonne de Coëtlogon, veuve de Meffire Philippe marquis de Coëtlogon, est décédée le 22 mai. Dame Eleonore du Gué, veuve de Meffire Jean du Noucy, seigneur de l'Épine, maître des Comptes, est décédée le 23 mai à l'âge de 95 ans. Elle était fille de Gaspard du Gué, trésorier de France à Lyon, et tante de Dreux Louis du Gué, conseiller d'État ordinaire. Henry de Chabannes, marquis de Curton, comte de Rochefort, est décédé le 15 mai. Il a épousé en premières noces Françoise de Montezun de Baissemeau et en secondes noces Catherine Gasparde d'Escorailles de Rouffil, veuve de Sébastien de Rosmadec, marquis de Molac. Il a laissé plusieurs enfants de son premier mariage, dont le marquis de Curton et Françoise Gabrielle de Chabannes, mariée à Jean Paul de Rochechouard, marquis de Faudras.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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24
p. 123-143
MORTS.
Début :
Joseph Remy de Livron, Seigneur de Villenox & de [...]
Mots clefs :
Mort, Chevalier, Comte, Conseiller, Veuve, Seigneur, Roi, Fils, Dame, Marquis
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS.
MORTS.
Joſeph Remy de Livron,
Seigneur de Villenox & de
Cuile , dit le Marquis de
Livron , mourut fans alhance
le 8. May.
Il étoit frere de Jean-
Baptiſte Evrard de Livron ,
Bachelier de la Maiſon &
Societé de Sorbonne , lequel
a quitté l'Egliſe depuis
la mort de ſon frere ;
&de Marie- Françoiſe -Almodie
de Livron , mariée
le 21. Septembre 1705. avec
Lij
124
MERCURE
Marc- Antoine- Conſtantin
Valon , Seigneur de Montmain
, laquelle eſt decedée
en 1713. Il étoit fils de Joſeph-
Remy deLivron, dit le
Marquis de Livro, Colonel
d'unregimentde cavalerie,
mmoorrtteenni1687.&deFrançoiſe
Benigne de Belloix , Dame
de Villenox , & avoit pour
biſayculCharles de Livron,
Marquis deBourbone,Maréchal
desCamps&Armées
du Roy , Capitaine de so
hommes d'armes , Lieutenant
deRoy au Gouvernement
de Champagne , fait
GALANT.
125
Chevalier de l'Ordre du S.
Eſprit l'an 1633. Charles fon
ayeul , qui avoit épousé
Claude de Sallenoue , ſe fit
Prêtre aprés la mort de ſa
femme , qui mourut jeune.
Il cut l'Abbaye d'Ambournay
en Breffe. Son grandpere
maternel , M. de Villemonté
, Maître des Requêtes,
convint avec la femme
de quitter le monde ;
elley confentit ,elle ſe retira
dans un Convent : il ſe
fit Prêtre , & eut l'Evêché
de S. Malo , ſa femme vivante.
t
Liij
126 MERCURE
La maison de Livron ,
établie dans le Limoſin depuis
plus de 400. ans , eft
fortie des anciens Seigneurs
de Livron auprés de Valence
en Dauphiné , & elle
s'eſt alliée aux maiſons de
la Barre , d'Helie - Pompa.
dour, de Noailles, de Beaufremont
, de Thuiſy , de Gimel
, de Choiſeüil, d'Eſcars,
du Chatelet , de Baffompierre
, de Savigny , d'Anglure,&
autresmaiſons des
plus illuftres , tant de France
que de Lorraine. Voyez
la genealogie de Livron ,
GALANT.. 127
imprimée dans le Nobi
liaire de Champagne pa
ordre de M. de Caumartin .
Dame Genevieve - Thereſe
Chamillard , époufe de
Meffire Guy de Durfort ,
Duc de Lorge , Comte de
Quintin , mourut le 31.May
enſavingt-huitieme année.
laiſlant deux fils. Elle étoit
foeur du Marquis de Cani ,
deMadame de Dreux, femme
de M. de Dreux , grand
Maître des Ceremonies de
France , & de Madame la
Ducheſſe de la Feüillade;
Ling
128 MERCURE
tous enfans de Michel Chamillart
, Commandeur &
grandTreſorier des Ordres
du Roy , Miniſtre d'Etat ,
& ci-devant Controlleur
general des Finances , &
d'Elifabeth- Therese le Rebours.
M. de Chamillart
leur pere eſt fils de Guy
Chamillart, Maître des Requêtes
de l'Hôtel du Roy ,
mort l'an 1675. & petit- fils
de Pierre Chamillart , celebre
Avocat au Parlement
& Profeffeur en Droit,forti
d'une famille originaire de
la ville de Sens , ou des en
virons.
GALANT.
129
T
Dame Madeleine de Ri
queti, veuve de M. Jacques
du Chatelet , Seigneur de
Freſnier , Conſeiller duRoy
en fonGrandConfeil,mourut
le 3. Juin. Elle avoit été
mariée avec M. de Freſnier
en 1669. étant lors veuve de
Loüis Hurault, Seigneur de
ſaint Germain & du Cou--
dray ,& elle a eu , entre autres
enfans , Jacques du
Chatelet , Seigneur de Frefnier
, Conſeiller au Grand
Conſeil , duquel , & de Suzanne.
Genevieve Talon fa
femme, ſont ſortispluſieurs
130 MERCURE
enfans. Meſſieurs du Chatelet
ſont d'une ancienne
Nobleſſe originaire d'Artois
, alliée aux maiſons
de Rouvroy , de Choiſeuil ,
de Ligneville , de Grou
chepi , &c.
Meffire Archambaule
François Barjot d'Auneüil ,
Chanoine de la SainteChapelle
de Paris ,mourut le 9.
Juin. Il étoit fils de Loüis
Barjot, Seigneur d'Auneüil,
Maître d'Hôtel , & grand
Maître des Eaux & Forêts
de Lorraine , & Confeiller
GALANT.
131
d'Etat , & de Marie-Eliſabeth
de Baumont de ſaint
Estienne ; & pétit- fils de
Jean Barjot, Seigneur d'Auneüil
, reçû Maître des
Requêtes ordinaires de
l'Hôtel du Roy en 1587. &
depuis Conſeiller d'Etat ; &
arriere- petit fils de Philbert
| Barjot, Seigneur d'Auneüil,
Maître des Requêtes de
( l'Hôtel du Roy , & Prefident
au Grand Confeil ,
mort en 1570. & de Marie
Fernel, fille du celebre Jean
Fernel , premier Medecin
du Roy Henry II. & de
132 MERCURE
Catherine de Medicis. La
famille de Barjot eſt originaire
du Baujolois , & s'eſt
alliée aux maiſons de Beauveau
, de Broon , de Voyer
de Paulmy , & de Maillé.
Les Seigneurs d'Auneüil
font les ainez,& lesMarquis
deMoucy font les cadets.
M. Henry Jolly, Licutenant-
Colonel du regiment
de dragons de la Reine , &
Brigadier des armées du
Roy, mourut le 9. Juin.
Dame Catherine Hen
GALANT.
133
I riette d'Angennes , veuve
de Meffire Louis de la Tremoille
, Comte d'Olonne ,
mourut le 13. Juin. Elle
avoit été mariée dés l'an
1656. & avoit pour ſoeur
puînée Dame Madeleine
d'Angennes , morte depuis
peu , veuve du Maréchal
Duc de la Ferté. Elles é
toient filles de Charles
d'Angennes , Seigneur de
la Loupe , & de Marie du
Regnier de Droüé.
Meffire Claude de Saint
Georges , Archevêque &
-
34 MERCURE
Comte de Lyon , y mourut
le 9. Juin. Il avoit été d'abord
Evêque de Clermont,
puis Archevêque de Tours ,
&transferé àLyon en 1693.
Il étoit un des vingt enfans
ſortis dumariagedeClaude
de S. Georges , Seigneur de
Monceaux en Mâconnois
& de Marie de Cremeaux
d'Entragues. Il étoit frere
duChevalier de S.Georges,
Bailly de Lyon , del'Ordre
de Malte , & du Comte de
Saint Georges , Colonel du
regiment du Roy, tué à la
bataille de S. Denys en 1678.
GALANT .
138
Il étoit oncle de Marc-Antoine
de S. Georges , Seigneur
de Monceaux , marié
cn 1697. avec Claude-Eliſabeth
Apechon de Saint
André , de laquelle il a
pluſieurs enfans;& deMM.
de S. Georges , tous deux
Chanoines & Comtes de
Lyon. La maiſon dont il
étoit iſſue eſt diſtinguée par
ſon ancienneté & par ſes
alliances , & il y a grande
apparence qu'elle a la même
origine que celle des
Marquis de Verac en Poitou
, de laquelle étoit feu
136 MERCURE
M. le Marquis de Verac ,
Chevalier de l'Ordre du
S. Eſprit , pere du Marquis
de Verac d'aujourd'hui.
L'Evêque d'Autun,premier
Suffragant de l'Archevêché
de Lyon , joüit de tous les
revenus de l'Archevêché ,
en attendant que le Roy y
nomme.
M. Nicolas Meſnager
Chevalier de l'Ordre de S.
Michel , Conſeiller- Secretaire
du Roy , & ci - devant
ſon Ambaſſadeur extraor
dinaire & Plenipotentiaire
pour
3
GALANT. 137
pour la paix d'Utrecht ,
mourut le 15. Juin.
Le Chevalier de Coigni
âgé de fix ans , mourut le
18. Juin. Il étoit fils de M.
François de Franctor , Marquis
de Coigni , Colonel
general des dragons de
France , Maréchal des
Camps& Armées du Roy ,
Gouverneur & Bailly des
ville & château de Caën ,
& de Henriette de Monbourché
du Bordage ; &
petit- fils de feu M.le Comte
deCoigny, Gouverneur &
Juin 1714. M
138 MERCURE
Bailly de Caën, Lieutenant
general des armées du Roy;
& de Dame Marie - Françoiſe-
Uranie deMatignon.
Meſſieurs de Franctot d'une
famille diſtinguée dans la
Robe & dans l'Epée , & originaires
de Normandie , ſe
font alliez aux maiſons de
Montmorency , de Harcourt
,& à celles d'Ache &
de S. SimonCourtaumer, &
elle adonnédes Chevaliers
deMalthe au grandPrieuré
de France nó histoco
Dame Marie- Catherine
GALANT 139
d'Angennes , veuve de Philippe-
François Lhermite ,
Seigneur d'Hyeville de Ste
Barbe enAuge , de Mont
champ&deMelie en Normandie,
mourut le
laiſſant pour fille unique
Eliſabeth Lhermite,mariée
le Mars 1700.avec Pierre
de Monteſquiou d'Artagnan
, à preſent Maréchal
de France. Me d'Hyeville ,
qui vient de mourir , étoit
couſine-germaine de feuës
Mesdames les Comteffe
d'Olonne &Maréchale de
la Ferté , & fille de Jenn
Mij
340 MERCURE
d'Angennes , Seigneur de
Fontaine - Riant , & d'Iſabelle
Graffart ; & tante du
Comte d'Angennes , aujourd'hui
Colonel du regiment
de Normandie.
こ
: MeffireCharles Boucher,
Seigneur d'Orsay, Cóſeiller
d'Etat,& ancien Prevôt des
Marchands , mourut les.
Juin , en ſa 73. année.
Dame Marie Sebrette
Veuve de M. Jerôme Me.
reau Chevalier, Confeiller
de la Grand Chambre!
GALANT. Y
mourut le dix - ſept Juin
Dame Renée- Marie Henin,
veuve de M. de Monchalt ,
Conſeiller au Parlement , dont
la fille avoit épousé M. de Barantin
, Maître des Requêtes ,
mort Intendant de Dunkerque
, mourut le 16.de ce mois.
M. le Moyne,ancien Avocat ,
& fous-Doyen des Avocats du
Parlement de Paris , celebre
par ſa probité , & infatigable
dans le travail , mourut le 15.
M. Louis de Rochouart,Duc
deMortemar, PairdeFrance ,
Prince de Tonne- Charante
&c. prit feance au Parlement
Een qualité de Pair de France
142 MERCURE
1
le 14. Juin . Le Marquiſat de
Mortemar en Poitou fut érigé
en Duché & Pairie en faveur
de Gabriel de Rochouart , bif.
ayeul de M. le Duc de Mortemar
d'aujourd'hui , Chevalier
des Ordres du Roy , premier
Gentilhomme de ſa Chambre ,
& Gouverneur de Paris par
Lettres patentes du Roy Louis
XIV. 1653. verifiées au Parlement
le 15.Sept. 1663. La maison
de Rochouart eſt une des plus
anciennes &des plus illuſtres du
Royaume,& la genealogie s'en
trouve dans l'hiſtoire des grāds
Officiers de la Couronne , aux
chap. des Maréchaux de France
& des Generaux des galeres ,
& dans les additions aux Memoires
de Caſtelnau par le Laboureur,
GALANT. 143
Le 13. Juin Nicolas- Louis de
Bailleul , Marquis de Châteaugontier,
Confeiller au Parle
ment, fut reçû dans la Charge
de Preſident au Mortier , va-
- cante par la mort de M. fon
- pere ; & il eſt le quatrième de
pere en fils qui ait rempli cette
Charge,depuis NicolasdeBailleul
, Baron de Châteaugontier,
Chancelier de la Reine , & de-
- puis Surintendant des Finances
de France , qui y futreçû le as.
Septembre 1627410 231
M. le Pelletier des Forts, Intendant
des Financesa été
nommé Conſeiller d'Etatil
Joſeph Remy de Livron,
Seigneur de Villenox & de
Cuile , dit le Marquis de
Livron , mourut fans alhance
le 8. May.
Il étoit frere de Jean-
Baptiſte Evrard de Livron ,
Bachelier de la Maiſon &
Societé de Sorbonne , lequel
a quitté l'Egliſe depuis
la mort de ſon frere ;
&de Marie- Françoiſe -Almodie
de Livron , mariée
le 21. Septembre 1705. avec
Lij
124
MERCURE
Marc- Antoine- Conſtantin
Valon , Seigneur de Montmain
, laquelle eſt decedée
en 1713. Il étoit fils de Joſeph-
Remy deLivron, dit le
Marquis de Livro, Colonel
d'unregimentde cavalerie,
mmoorrtteenni1687.&deFrançoiſe
Benigne de Belloix , Dame
de Villenox , & avoit pour
biſayculCharles de Livron,
Marquis deBourbone,Maréchal
desCamps&Armées
du Roy , Capitaine de so
hommes d'armes , Lieutenant
deRoy au Gouvernement
de Champagne , fait
GALANT.
125
Chevalier de l'Ordre du S.
Eſprit l'an 1633. Charles fon
ayeul , qui avoit épousé
Claude de Sallenoue , ſe fit
Prêtre aprés la mort de ſa
femme , qui mourut jeune.
Il cut l'Abbaye d'Ambournay
en Breffe. Son grandpere
maternel , M. de Villemonté
, Maître des Requêtes,
convint avec la femme
de quitter le monde ;
elley confentit ,elle ſe retira
dans un Convent : il ſe
fit Prêtre , & eut l'Evêché
de S. Malo , ſa femme vivante.
t
Liij
126 MERCURE
La maison de Livron ,
établie dans le Limoſin depuis
plus de 400. ans , eft
fortie des anciens Seigneurs
de Livron auprés de Valence
en Dauphiné , & elle
s'eſt alliée aux maiſons de
la Barre , d'Helie - Pompa.
dour, de Noailles, de Beaufremont
, de Thuiſy , de Gimel
, de Choiſeüil, d'Eſcars,
du Chatelet , de Baffompierre
, de Savigny , d'Anglure,&
autresmaiſons des
plus illuftres , tant de France
que de Lorraine. Voyez
la genealogie de Livron ,
GALANT.. 127
imprimée dans le Nobi
liaire de Champagne pa
ordre de M. de Caumartin .
Dame Genevieve - Thereſe
Chamillard , époufe de
Meffire Guy de Durfort ,
Duc de Lorge , Comte de
Quintin , mourut le 31.May
enſavingt-huitieme année.
laiſlant deux fils. Elle étoit
foeur du Marquis de Cani ,
deMadame de Dreux, femme
de M. de Dreux , grand
Maître des Ceremonies de
France , & de Madame la
Ducheſſe de la Feüillade;
Ling
128 MERCURE
tous enfans de Michel Chamillart
, Commandeur &
grandTreſorier des Ordres
du Roy , Miniſtre d'Etat ,
& ci-devant Controlleur
general des Finances , &
d'Elifabeth- Therese le Rebours.
M. de Chamillart
leur pere eſt fils de Guy
Chamillart, Maître des Requêtes
de l'Hôtel du Roy ,
mort l'an 1675. & petit- fils
de Pierre Chamillart , celebre
Avocat au Parlement
& Profeffeur en Droit,forti
d'une famille originaire de
la ville de Sens , ou des en
virons.
GALANT.
129
T
Dame Madeleine de Ri
queti, veuve de M. Jacques
du Chatelet , Seigneur de
Freſnier , Conſeiller duRoy
en fonGrandConfeil,mourut
le 3. Juin. Elle avoit été
mariée avec M. de Freſnier
en 1669. étant lors veuve de
Loüis Hurault, Seigneur de
ſaint Germain & du Cou--
dray ,& elle a eu , entre autres
enfans , Jacques du
Chatelet , Seigneur de Frefnier
, Conſeiller au Grand
Conſeil , duquel , & de Suzanne.
Genevieve Talon fa
femme, ſont ſortispluſieurs
130 MERCURE
enfans. Meſſieurs du Chatelet
ſont d'une ancienne
Nobleſſe originaire d'Artois
, alliée aux maiſons
de Rouvroy , de Choiſeuil ,
de Ligneville , de Grou
chepi , &c.
Meffire Archambaule
François Barjot d'Auneüil ,
Chanoine de la SainteChapelle
de Paris ,mourut le 9.
Juin. Il étoit fils de Loüis
Barjot, Seigneur d'Auneüil,
Maître d'Hôtel , & grand
Maître des Eaux & Forêts
de Lorraine , & Confeiller
GALANT.
131
d'Etat , & de Marie-Eliſabeth
de Baumont de ſaint
Estienne ; & pétit- fils de
Jean Barjot, Seigneur d'Auneüil
, reçû Maître des
Requêtes ordinaires de
l'Hôtel du Roy en 1587. &
depuis Conſeiller d'Etat ; &
arriere- petit fils de Philbert
| Barjot, Seigneur d'Auneüil,
Maître des Requêtes de
( l'Hôtel du Roy , & Prefident
au Grand Confeil ,
mort en 1570. & de Marie
Fernel, fille du celebre Jean
Fernel , premier Medecin
du Roy Henry II. & de
132 MERCURE
Catherine de Medicis. La
famille de Barjot eſt originaire
du Baujolois , & s'eſt
alliée aux maiſons de Beauveau
, de Broon , de Voyer
de Paulmy , & de Maillé.
Les Seigneurs d'Auneüil
font les ainez,& lesMarquis
deMoucy font les cadets.
M. Henry Jolly, Licutenant-
Colonel du regiment
de dragons de la Reine , &
Brigadier des armées du
Roy, mourut le 9. Juin.
Dame Catherine Hen
GALANT.
133
I riette d'Angennes , veuve
de Meffire Louis de la Tremoille
, Comte d'Olonne ,
mourut le 13. Juin. Elle
avoit été mariée dés l'an
1656. & avoit pour ſoeur
puînée Dame Madeleine
d'Angennes , morte depuis
peu , veuve du Maréchal
Duc de la Ferté. Elles é
toient filles de Charles
d'Angennes , Seigneur de
la Loupe , & de Marie du
Regnier de Droüé.
Meffire Claude de Saint
Georges , Archevêque &
-
34 MERCURE
Comte de Lyon , y mourut
le 9. Juin. Il avoit été d'abord
Evêque de Clermont,
puis Archevêque de Tours ,
&transferé àLyon en 1693.
Il étoit un des vingt enfans
ſortis dumariagedeClaude
de S. Georges , Seigneur de
Monceaux en Mâconnois
& de Marie de Cremeaux
d'Entragues. Il étoit frere
duChevalier de S.Georges,
Bailly de Lyon , del'Ordre
de Malte , & du Comte de
Saint Georges , Colonel du
regiment du Roy, tué à la
bataille de S. Denys en 1678.
GALANT .
138
Il étoit oncle de Marc-Antoine
de S. Georges , Seigneur
de Monceaux , marié
cn 1697. avec Claude-Eliſabeth
Apechon de Saint
André , de laquelle il a
pluſieurs enfans;& deMM.
de S. Georges , tous deux
Chanoines & Comtes de
Lyon. La maiſon dont il
étoit iſſue eſt diſtinguée par
ſon ancienneté & par ſes
alliances , & il y a grande
apparence qu'elle a la même
origine que celle des
Marquis de Verac en Poitou
, de laquelle étoit feu
136 MERCURE
M. le Marquis de Verac ,
Chevalier de l'Ordre du
S. Eſprit , pere du Marquis
de Verac d'aujourd'hui.
L'Evêque d'Autun,premier
Suffragant de l'Archevêché
de Lyon , joüit de tous les
revenus de l'Archevêché ,
en attendant que le Roy y
nomme.
M. Nicolas Meſnager
Chevalier de l'Ordre de S.
Michel , Conſeiller- Secretaire
du Roy , & ci - devant
ſon Ambaſſadeur extraor
dinaire & Plenipotentiaire
pour
3
GALANT. 137
pour la paix d'Utrecht ,
mourut le 15. Juin.
Le Chevalier de Coigni
âgé de fix ans , mourut le
18. Juin. Il étoit fils de M.
François de Franctor , Marquis
de Coigni , Colonel
general des dragons de
France , Maréchal des
Camps& Armées du Roy ,
Gouverneur & Bailly des
ville & château de Caën ,
& de Henriette de Monbourché
du Bordage ; &
petit- fils de feu M.le Comte
deCoigny, Gouverneur &
Juin 1714. M
138 MERCURE
Bailly de Caën, Lieutenant
general des armées du Roy;
& de Dame Marie - Françoiſe-
Uranie deMatignon.
Meſſieurs de Franctot d'une
famille diſtinguée dans la
Robe & dans l'Epée , & originaires
de Normandie , ſe
font alliez aux maiſons de
Montmorency , de Harcourt
,& à celles d'Ache &
de S. SimonCourtaumer, &
elle adonnédes Chevaliers
deMalthe au grandPrieuré
de France nó histoco
Dame Marie- Catherine
GALANT 139
d'Angennes , veuve de Philippe-
François Lhermite ,
Seigneur d'Hyeville de Ste
Barbe enAuge , de Mont
champ&deMelie en Normandie,
mourut le
laiſſant pour fille unique
Eliſabeth Lhermite,mariée
le Mars 1700.avec Pierre
de Monteſquiou d'Artagnan
, à preſent Maréchal
de France. Me d'Hyeville ,
qui vient de mourir , étoit
couſine-germaine de feuës
Mesdames les Comteffe
d'Olonne &Maréchale de
la Ferté , & fille de Jenn
Mij
340 MERCURE
d'Angennes , Seigneur de
Fontaine - Riant , & d'Iſabelle
Graffart ; & tante du
Comte d'Angennes , aujourd'hui
Colonel du regiment
de Normandie.
こ
: MeffireCharles Boucher,
Seigneur d'Orsay, Cóſeiller
d'Etat,& ancien Prevôt des
Marchands , mourut les.
Juin , en ſa 73. année.
Dame Marie Sebrette
Veuve de M. Jerôme Me.
reau Chevalier, Confeiller
de la Grand Chambre!
GALANT. Y
mourut le dix - ſept Juin
Dame Renée- Marie Henin,
veuve de M. de Monchalt ,
Conſeiller au Parlement , dont
la fille avoit épousé M. de Barantin
, Maître des Requêtes ,
mort Intendant de Dunkerque
, mourut le 16.de ce mois.
M. le Moyne,ancien Avocat ,
& fous-Doyen des Avocats du
Parlement de Paris , celebre
par ſa probité , & infatigable
dans le travail , mourut le 15.
M. Louis de Rochouart,Duc
deMortemar, PairdeFrance ,
Prince de Tonne- Charante
&c. prit feance au Parlement
Een qualité de Pair de France
142 MERCURE
1
le 14. Juin . Le Marquiſat de
Mortemar en Poitou fut érigé
en Duché & Pairie en faveur
de Gabriel de Rochouart , bif.
ayeul de M. le Duc de Mortemar
d'aujourd'hui , Chevalier
des Ordres du Roy , premier
Gentilhomme de ſa Chambre ,
& Gouverneur de Paris par
Lettres patentes du Roy Louis
XIV. 1653. verifiées au Parlement
le 15.Sept. 1663. La maison
de Rochouart eſt une des plus
anciennes &des plus illuſtres du
Royaume,& la genealogie s'en
trouve dans l'hiſtoire des grāds
Officiers de la Couronne , aux
chap. des Maréchaux de France
& des Generaux des galeres ,
& dans les additions aux Memoires
de Caſtelnau par le Laboureur,
GALANT. 143
Le 13. Juin Nicolas- Louis de
Bailleul , Marquis de Châteaugontier,
Confeiller au Parle
ment, fut reçû dans la Charge
de Preſident au Mortier , va-
- cante par la mort de M. fon
- pere ; & il eſt le quatrième de
pere en fils qui ait rempli cette
Charge,depuis NicolasdeBailleul
, Baron de Châteaugontier,
Chancelier de la Reine , & de-
- puis Surintendant des Finances
de France , qui y futreçû le as.
Septembre 1627410 231
M. le Pelletier des Forts, Intendant
des Financesa été
nommé Conſeiller d'Etatil
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Résumé : MORTS.
Le texte présente une série de décès et de biographies de personnalités notables. Joseph Remy de Livron, Marquis de Livron, est décédé le 8 mai. Il était le frère de Jean-Baptiste Evrard de Livron et de Marie-Françoise-Almodie de Livron, mariée en 1705. Marc-Antoine-Constantin Valon, Seigneur de Montmain, est décédé en 1713. Il était le fils de Joseph-Remy de Livron, Colonel d'un régiment de cavalerie, décédé en 1687, et de Françoise Benigne de Belloix. La maison de Livron, établie en Limousin depuis plus de 400 ans, s'est alliée à plusieurs maisons illustres. Dame Geneviève-Thérèse Chamillard, épouse de Guy de Durfort, Duc de Lorge, est décédée le 31 mai à l'âge de 78 ans, laissant deux fils. Elle était la fille de Michel Chamillart, Ministre d'État et ancien Contrôleur général des Finances. Dame Madeleine de Riqueti, veuve de Jacques du Châtelet, est décédée le 3 juin. Elle avait été mariée en 1669 et avait plusieurs enfants. Messire Archambault-François Barjot d'Auneüil, Chanoine de la Sainte-Chapelle de Paris, est décédé le 9 juin. Il était issu d'une famille originaire du Baujolais, alliée à plusieurs maisons nobles. M. Henry Jolly, Lieutenant-Colonel et Brigadier des armées du Roi, est également décédé le 9 juin. Dame Catherine Henriette d'Angennes, veuve de Louis de La Trémoille, est décédée le 13 juin. Elle était la sœur de Dame Madeleine d'Angennes, veuve du Maréchal Duc de La Ferté. Messire Claude de Saint-Georges, Archevêque de Lyon, est décédé le 9 juin. Il était issu d'une famille distinguée par son ancienneté et ses alliances. Le Chevalier de Coigny, âgé de 56 ans, est décédé le 18 juin. Il était issu d'une famille distinguée dans la Robe et dans l'Épée, originaire de Normandie. Dame Marie-Catherine d'Angennes, veuve de Philippe-François Lhermite, est décédée laissant une fille unique, Élisabeth Lhermite, mariée à Pierre de Montesquiou d'Artagnan, Maréchal de France. Plusieurs autres personnalités, dont Charles Boucher, Seigneur d'Orsay, et Louis de Rochouart, Duc de Mortemar, sont également mentionnées pour leur décès ou leurs fonctions notables. Nicolas-Louis de Bailleul, Marquis de Châteaugontier, a été reçu dans la charge de Président au Mortier le 13 juin.
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25
p. 286-290
MORTS.
Début :
Marie Anne Mancini Duchesse de Boüillon mourue [...]
Mots clefs :
Comte, Auvergne, Conseiller, Parlement
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS.
MORTS.
Marie Anne Mancini Du
cheffe de Boüillon mourut
fubitement le 20 de ce
mois. Son corps fut porté
le 25. aux Theatins. Elle
avoit épousé le 20. Avril
1662. Godefroy Maurice de
la Tour Duc de Boüillon ,
Vicomte de Turenne , Duc
d'Albret & de Chasteau
GALANT. 287
Thierry , Comte d'Auvergne
, d'Evreux &c. Pair &
Grand Chambellan de
France , Gouverneur &
Lieutenant General du
haut & bas Auvergne ,
& eſtoir fille de Michel
Laurent Mancini , qui
avoit époufé Jeronime Mazarin
foeur puiſnée du Car .
dinal Mazarin , morte le
29. Decembre 1656. Leurs
enfans furent ; N. Comte
de Mancini , tué au combat
du Fauxbourg Saint Antoine
à Paris ; Philippe Julien
quijoignit à fon nomceluy
288 MERCURE
de Mazarin ; N. dit l'Abbé
Mancini , qui fut tué Malheureuſement
au College
en joüant avec ſes amis le
15. Decembre 1654. Alfonſe
mort le s. Janvier 1658.
âgé de 14. ans ; Laure alliée
le 4. Fevrier 1651. avec
Loüis Duc de Vendôme &
de Mercoeur , morte le 8.
Fevrier 1657. Olympe Sur-
Intendante de la Maiſon de
la Reine , mariée le 20 Fevrier
1657. à Eugene Maurice
de Savoye Comte de
Soiſſons , & Marie femme
de Laurent Colonne Conneftable
GALANT. 289
neſtable du Royaume de
Naples , Hortenſe qui ef
pouſa le 21. Fevrier 1661.
Armand Charles dela Porte
, Duc de la Meilleraye ,
ſubſtitué au nom & armes
de Mazarin , elle mourut
en Angleterre le 2. Juillet
1699. & Marie Anne Manncini
qui vient de mourir.
Paul Mancini Baron Romain
, aimoit les belles
Lettres , & fuft premier
Inſtituteur de l'Academie
des Humoristes , il vivoit
l'an 1600.
Dame Marie Ceberet ,
Juin 1714. Bb
$
190 MERCURE
Veuve de Mefire Hierofme
Merault , Conſeiller de la
Grande Chambre du Parlement,
mourut le 17. Juin
1714
MMeefſiirree François le Boultz
Seigneur d'Aubevois , Conſeiller
Clerc au Parlement
de Metz , mourut le 20,
Juin 1714.
• Nicolas Jean Geneſt de
Launay Secretaire du Roy,
&l'un des Fermier Generaux
de Sa Majesté , mourut
le
Marie Anne Mancini Du
cheffe de Boüillon mourut
fubitement le 20 de ce
mois. Son corps fut porté
le 25. aux Theatins. Elle
avoit épousé le 20. Avril
1662. Godefroy Maurice de
la Tour Duc de Boüillon ,
Vicomte de Turenne , Duc
d'Albret & de Chasteau
GALANT. 287
Thierry , Comte d'Auvergne
, d'Evreux &c. Pair &
Grand Chambellan de
France , Gouverneur &
Lieutenant General du
haut & bas Auvergne ,
& eſtoir fille de Michel
Laurent Mancini , qui
avoit époufé Jeronime Mazarin
foeur puiſnée du Car .
dinal Mazarin , morte le
29. Decembre 1656. Leurs
enfans furent ; N. Comte
de Mancini , tué au combat
du Fauxbourg Saint Antoine
à Paris ; Philippe Julien
quijoignit à fon nomceluy
288 MERCURE
de Mazarin ; N. dit l'Abbé
Mancini , qui fut tué Malheureuſement
au College
en joüant avec ſes amis le
15. Decembre 1654. Alfonſe
mort le s. Janvier 1658.
âgé de 14. ans ; Laure alliée
le 4. Fevrier 1651. avec
Loüis Duc de Vendôme &
de Mercoeur , morte le 8.
Fevrier 1657. Olympe Sur-
Intendante de la Maiſon de
la Reine , mariée le 20 Fevrier
1657. à Eugene Maurice
de Savoye Comte de
Soiſſons , & Marie femme
de Laurent Colonne Conneftable
GALANT. 289
neſtable du Royaume de
Naples , Hortenſe qui ef
pouſa le 21. Fevrier 1661.
Armand Charles dela Porte
, Duc de la Meilleraye ,
ſubſtitué au nom & armes
de Mazarin , elle mourut
en Angleterre le 2. Juillet
1699. & Marie Anne Manncini
qui vient de mourir.
Paul Mancini Baron Romain
, aimoit les belles
Lettres , & fuft premier
Inſtituteur de l'Academie
des Humoristes , il vivoit
l'an 1600.
Dame Marie Ceberet ,
Juin 1714. Bb
$
190 MERCURE
Veuve de Mefire Hierofme
Merault , Conſeiller de la
Grande Chambre du Parlement,
mourut le 17. Juin
1714
MMeefſiirree François le Boultz
Seigneur d'Aubevois , Conſeiller
Clerc au Parlement
de Metz , mourut le 20,
Juin 1714.
• Nicolas Jean Geneſt de
Launay Secretaire du Roy,
&l'un des Fermier Generaux
de Sa Majesté , mourut
le
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Résumé : MORTS.
Le texte mentionne plusieurs décès et informations biographiques. Marie Anne Mancini, duchesse de Bouillon, est décédée subitement le 20 du mois. Son corps a été porté aux Théatins le 25. Elle avait épousé Godefroy Maurice de La Tour, duc de Bouillon, le 20 avril 1662. Marie Anne Mancini était la fille de Michel Laurent Mancini et de Jeronime Mazarin, sœur du cardinal Mazarin, décédée le 29 décembre 1656. Parmi ses enfants, on compte plusieurs figures notables : un comte de Mancini tué au combat, Philippe Julien Mancini-Mazarin, l'abbé Mancini tué au collège, Alphonse décédé à 14 ans, Laure mariée au duc de Vendôme, Olympe mariée au comte de Soissons, Hortense mariée au duc de La Meilleraye et décédée en Angleterre, et Marie Anne Mancini elle-même. Paul Mancini, baron romain, était connu pour son amour des belles lettres et fut le premier instituteur de l'Académie des Humoristes. Le texte mentionne également le décès de Dame Marie Ceberet, veuve de Me Hierofme Merault, le 17 juin 1714, ainsi que celui de Mme Françoise Le Boultz, seigneur d'Aubevois, conseiller au Parlement de Metz, le 20 juin 1714, et de Nicolas Jean Genest de Launay, secrétaire du roi et fermier général.
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26
p. 241-245
Incendie, [titre d'après la table]
Début :
A propos de procez, la nuit du 26. au 27. Juin dernier [...]
Mots clefs :
Procès, Lieutenant, Conseiller, Incendie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Incendie, [titre d'après la table]
4partisduRoyaume.
A propos de procez ,
la
nuit du 16.au2.7. Juin dernier
entre minuit & une
heure, le feu prit chez Mr
Daguesseau Conseiller d'Estat,
par la négligence du
sieur Batincourt Secretaire
de Mr de Vallejoint Conseiller
au Parlement
, &
fÇrereedenMrelerParocu^reu,r.
Ce malheureux âged'environ
soixante & dix ans,
retire dans sa chambre au
troisiémeestage de la mai,,
son, approchasa chandelle
trop prés des papiers dont
sa table estoit couverte, &
le feu s'y communiquant
enuninstant, laflamme &
la fumée l'étoufferent dans
cette chambre qui estoit
remplie d'une infinité de
procez appartenantsadifférents
particuliers.
Les Religieux Augustins
s'apperceurent les premiers
de l'embrasement, ils sonnerent
d'abord letoscinqui
donna une sifurieuse allarme
à tout le quartier, qu'en
moins d'une heure tous les
voisins
,
les Commissaires
Bisoton,Deschau,Regnard,
& le Comte accoururentau
secours. Mr le Lieutenant
General de Police ,Mr le
Prevost des Marchands, 6c
Mrle Lieutenant Criminel
y arrivèrent presque en
mesmetemps.
4
Ces trois Magistracs donnèrent
aussi-tost des ordres
si justes, que les canaux des
ruës ouverts, les secours
d'eau & d'hommes multipliez,
les pompes de la ville
amenées, & le sieur Duperrier
tres- expert au ma";
niement desdites pompes,
arrivé, le remede fut presqueaussi
prompt que lemal.
:
Mrs Daguesseauquiont
perdu dans cetaccident
beaucoup de meubles, de
; beau linge, & des tapisse-
; ries de prix, sont infiniment
moins touchez de cette
perte, quedela mort mal-
•
heureuse de ce vieux Secrétaire,
que personne du" lo..
1 gis ne reconnoissoit plus,
j & dont le cadavre faifoic
-
horreur à voir.
A propos de procez ,
la
nuit du 16.au2.7. Juin dernier
entre minuit & une
heure, le feu prit chez Mr
Daguesseau Conseiller d'Estat,
par la négligence du
sieur Batincourt Secretaire
de Mr de Vallejoint Conseiller
au Parlement
, &
fÇrereedenMrelerParocu^reu,r.
Ce malheureux âged'environ
soixante & dix ans,
retire dans sa chambre au
troisiémeestage de la mai,,
son, approchasa chandelle
trop prés des papiers dont
sa table estoit couverte, &
le feu s'y communiquant
enuninstant, laflamme &
la fumée l'étoufferent dans
cette chambre qui estoit
remplie d'une infinité de
procez appartenantsadifférents
particuliers.
Les Religieux Augustins
s'apperceurent les premiers
de l'embrasement, ils sonnerent
d'abord letoscinqui
donna une sifurieuse allarme
à tout le quartier, qu'en
moins d'une heure tous les
voisins
,
les Commissaires
Bisoton,Deschau,Regnard,
& le Comte accoururentau
secours. Mr le Lieutenant
General de Police ,Mr le
Prevost des Marchands, 6c
Mrle Lieutenant Criminel
y arrivèrent presque en
mesmetemps.
4
Ces trois Magistracs donnèrent
aussi-tost des ordres
si justes, que les canaux des
ruës ouverts, les secours
d'eau & d'hommes multipliez,
les pompes de la ville
amenées, & le sieur Duperrier
tres- expert au ma";
niement desdites pompes,
arrivé, le remede fut presqueaussi
prompt que lemal.
:
Mrs Daguesseauquiont
perdu dans cetaccident
beaucoup de meubles, de
; beau linge, & des tapisse-
; ries de prix, sont infiniment
moins touchez de cette
perte, quedela mort mal-
•
heureuse de ce vieux Secrétaire,
que personne du" lo..
1 gis ne reconnoissoit plus,
j & dont le cadavre faifoic
-
horreur à voir.
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Résumé : Incendie, [titre d'après la table]
Le 16 juin dernier, vers minuit, un incendie s'est déclaré chez Monsieur Daguesseau, Conseiller d'État, à cause de la négligence de Monsieur Batincourt, secrétaire de Monsieur de Vallejoint, Conseiller au Parlement. Batincourt, âgé d'environ soixante-dix ans, a approché une chandelle trop près des papiers sur sa table, provoquant un feu rapide qui l'a étouffé dans sa chambre remplie de procès. Les Religieux Augustins ont été les premiers à remarquer l'incendie et ont sonné le tocsin, alertant tout le quartier. En moins d'une heure, les voisins et les commissaires Bisoton, Deschau, Regnard, ainsi que le Comte sont accourus pour porter secours. Monsieur le Lieutenant Général de Police, Monsieur le Prévost des Marchands et Monsieur le Lieutenant Criminel sont également arrivés rapidement. Ces magistrats ont donné des ordres efficaces pour ouvrir les canaux des rues, multiplier les secours d'eau et d'hommes, et amener les pompes de la ville. Le sieur Duperrier, expert en maniement des pompes, a contribué à maîtriser rapidement l'incendie. Monsieur Daguesseau a perdu de nombreux meubles, linge et tapisseries de valeur, mais est plus affecté par la mort tragique de son secrétaire que par la perte matérielle. Le cadavre de Batincourt était méconnaissable et inspirait l'horreur.
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Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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27
p. 399-403
MORTS, NAISSANCES,
Début :
Le nommé Sylvain Pruneau, Maçon, mourut à Paris le 3. [...]
Mots clefs :
Comte, Épouse, Conseiller, Gouverneur, Chevalier
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS, NAISSANCES,
MORTS , NAISSANCES ,
Proica, sur la Paroisse de
E nommé Sylvain Pruneau , Maçon , mousut
>
La
S. Nicolas des Champs , dans la 111e année de
son âge.
François-Paul de Neuville de Villeroy , Prélat
Commandeur de l'Ordre du S. Esprit, Archevêque
de Lyon & Abbé de Fécamp , mourut dans son
Diocése le 6. de ce mois , dans la 54º année de
son âge.
Dame Catherine -Magdelaine Daniau de Saint
Gilles , Epouse de M.Jean-Louis , Comte d'Haurefort
de Bosein , Maréchal des Camps et Armées
I iiij
du
400 MERCURE DE FRANCE.
}
du Roi , Gouverneur des Ville , Château & Forts
de S. Malo , veuve du Comte de Vertillac , Maréchal
de Camp , Gouverneur de Mons , Lieutenant
de Roi de Périgord , mourut à Paris le 6.
de ce mois , âgée de 68. ans , sans laisser de posterité
de son second Mariage ; il ne lui reste de
sa premiere Alliance qu'une fille mariée au Comte
de Vertillac , Gouverneur & Sénechal de Perigord.
M. Henry Bochard de Champigny , Prévôt de
l'Eglise de S. Pierre de Lille , et Abbé d'Auberive,
Diocese de Langres , mourut à Lille le 11. de ce
mois , dans la 8re année de son âge .
Antoine Grimaldi , Prince de Monaco , Duc
de Valentinois , Pair de France , Chevalier des
Ordres du Roi , mourut à Monaco le 20. de ce
mois , dans la 7 re année de son âge, étant né le 27.
Janvier 1661. Il étoit fils de Louis Grimaldi
Prince de Monaco , mort à Rome le 3. Janvier
1701. et Catherine Charlotte de Grammont F
morte à Paris le . 4. Juin 1678. Il avoit épousé le
12. Juin 1688. Marie de Lorraine , fille de Louis
de Lorraine , Comte d'Armagnac , Grand-Ecuyer
de France , morte le 30. Octobre 1724 I laisse
de ce Mariage la Duchesse de Valentinois et la
Princesse d'Isenghien.
>
M. Nicolas-Remy Frizon , Seigneur de Blamont
cy -devant Président en la quatriéme
Chambre des Enquêtes , et President Honoraire
au Parlement , mourut le 23. Février , dans la 62
année de son âge.
1 D. Catherine Constance - Emilie Arnauld de
Pomponne , Epouse de Jean-Joachim Rouault ,
Comte de Cayeux , Brigadier des Armées du Roi ,
accoucha le 16. Janvier d'un fils , qui fut nommé
Alophe- Félicité , par Louis- Alophe Rouault ,
Conseiller
FEVRIER.. 1731. 451
Conseiller d'Etat , Auditeur de Rotte pour la
France , Abbé de Montmajour , représenté par
Claude-Jean-Baptiste Hyacinte -Joachim Rouault,
Marquis de Gamache , Gouverneur de S. Valery,
&c. Lieutenant General des Armées du Roi , et
par D. Catherine- Félicité Arnauld de Pomponne ,
Epouse de Jean - Baptiste Colbert , Marquis d'
Torcy , Ministre d'Etat , Commandeur des Or
dres du Roy.
D. Marie Megret , Epouse de Claude Pellot ,
Chevalier Comte de Trévieres , Conseiller au Par
lement,accoucha le 28.Fev.d'un fils , qui fut nommé
Auguste- Louis - Denis par Denis Aug. Comte
de la Eare , Maréchal de Camp , Commandeur de
l'Ordre de S. Louis , Gouverneur de Ville- Franche
, et Baron des Etats de Languedoc , et par
D. Louise - Françoise Joly de Fleury , Epouse de
Jean- Nicolas Megret de Serilly , Avocat General
de la Cour des Aydes.
--
Dame Marie Anne Robillard , femme de
M'. Louis - Pierre d'Hozier , Juge d'Armes de
France , Chevalier de l'Ordre du Roi , son Conseiller
, Maître ordinaire en sa Chambre des
Comptes de Paris , et Généalogiste de la Maison.
et des Ecuries de Sa Majesté , et de celles de la
Reine , accoucha le 18 Janv . d'un fils , qui fut
nommé Charles - Pierre , par M. Charles d'Ho
zier , son grand Oncle , âgé de 91 ans.
2
2
D. Catherine Scholastique Bazin de Bezons
épouse de N. Hubert , Vicomte d'Aubusson
Comte de la Feuillade , Premier Baron de la Mar,
che , Seigneur du Duché de Roanez , &c. Mestre
de Camp du Regiment Royal Piémont , Cavalerie
, accoucha le 31. Janv.d'une fille, qui fut tenue:
sur les Fonts , et nommée Louise - Anne - Gabrielle
, par M. Armand Bazin de Bezons , Evê
que de Carcassonne et par D. Louise.- Mader
I V laine
402 MERCURE DE FRANCE
laine le Blanc , veuve d'Esprit -Juvenal de Har
ville , des Ursins , Marquis de Traisnel. La Cé
rémonie du Baptême fut faite par M. César le
Blanc , Evêque d'Avranches .
D. Jeanne-Catherine Coustard , épouse de Basile
- Claude-Henry Anjorrant , Conseiller au Parlement
, accoucha le 7 Fév. d'un fils, qui fut tenu
sur les Fonts , et nommé Claude - Joseph , par
Pierre-Joseph Dufort , Conseiller du Roy , Maître
Ordinaire en sa Chambre des Comptes, et par
D. Catherine Croizet , veuve de François - Guiflaume
Briçonnet , Chevalier , Seigneur de Millemant
, Comte d'Auteuil, Président au Parlement .
Il y a dans l'Article des Morts , du Mercure de
Janvier dernier une faute considérable , pag. 178 .
au sujet de la mort de Dame Eléonore de Maccarti
Réagh, &c. en ce que on a imprimé Mavarti
, au lieu de Maccarti , qui est le veritable
nom de cette Illustre Dame.La faute ne vient pas
de nous , mais de la personne qui a envoyé le
Mémoire sur lequel nous avons imprimé. Ces
sortes de méprises sont presque inévitables à notre
égard , mais elles sont aisées à réparer quand
nous en sommes avertis. Il n'en est pas de même
à l'égard des Registres publics , qui souvent n'en
sont pas exempts. Nous recevons quelquefois des
Extraits de ces Registres , qui ont besoin de correction
; nous rectifions les choses autant que
nous le pouvons ; mais cela ne remedie point à
ce qui pêche dans l'Original ; et la conséquence
en est tres grande.
La Dame qui donne lieu à cette remarque
éroit de la premiere Maison d'Irlande , et de la
Branche aînée de cette Maison , tres- connue en
Fance depuis long- temps ; et depuis peu par
Milord Montcassel , Lieutenant General, &c. son
trèsFEVRIER.
1731. 403
✔
très proche parent , mort au service du Roy
et par M. Maccarty Reagh , frere de cette Dame,
Chef de sa Maison , qui avoit amené en France
étant encore fort jeune, un Régiment , tout composé
de ses vassaux . Il a été tué , ainsi que
frere unique , au service du Roy. On est redevable
de cette instruction à M. l'Abbé Hassett , Irlandois
, Docteur de Sorbonne , & c.
Proica, sur la Paroisse de
E nommé Sylvain Pruneau , Maçon , mousut
>
La
S. Nicolas des Champs , dans la 111e année de
son âge.
François-Paul de Neuville de Villeroy , Prélat
Commandeur de l'Ordre du S. Esprit, Archevêque
de Lyon & Abbé de Fécamp , mourut dans son
Diocése le 6. de ce mois , dans la 54º année de
son âge.
Dame Catherine -Magdelaine Daniau de Saint
Gilles , Epouse de M.Jean-Louis , Comte d'Haurefort
de Bosein , Maréchal des Camps et Armées
I iiij
du
400 MERCURE DE FRANCE.
}
du Roi , Gouverneur des Ville , Château & Forts
de S. Malo , veuve du Comte de Vertillac , Maréchal
de Camp , Gouverneur de Mons , Lieutenant
de Roi de Périgord , mourut à Paris le 6.
de ce mois , âgée de 68. ans , sans laisser de posterité
de son second Mariage ; il ne lui reste de
sa premiere Alliance qu'une fille mariée au Comte
de Vertillac , Gouverneur & Sénechal de Perigord.
M. Henry Bochard de Champigny , Prévôt de
l'Eglise de S. Pierre de Lille , et Abbé d'Auberive,
Diocese de Langres , mourut à Lille le 11. de ce
mois , dans la 8re année de son âge .
Antoine Grimaldi , Prince de Monaco , Duc
de Valentinois , Pair de France , Chevalier des
Ordres du Roi , mourut à Monaco le 20. de ce
mois , dans la 7 re année de son âge, étant né le 27.
Janvier 1661. Il étoit fils de Louis Grimaldi
Prince de Monaco , mort à Rome le 3. Janvier
1701. et Catherine Charlotte de Grammont F
morte à Paris le . 4. Juin 1678. Il avoit épousé le
12. Juin 1688. Marie de Lorraine , fille de Louis
de Lorraine , Comte d'Armagnac , Grand-Ecuyer
de France , morte le 30. Octobre 1724 I laisse
de ce Mariage la Duchesse de Valentinois et la
Princesse d'Isenghien.
>
M. Nicolas-Remy Frizon , Seigneur de Blamont
cy -devant Président en la quatriéme
Chambre des Enquêtes , et President Honoraire
au Parlement , mourut le 23. Février , dans la 62
année de son âge.
1 D. Catherine Constance - Emilie Arnauld de
Pomponne , Epouse de Jean-Joachim Rouault ,
Comte de Cayeux , Brigadier des Armées du Roi ,
accoucha le 16. Janvier d'un fils , qui fut nommé
Alophe- Félicité , par Louis- Alophe Rouault ,
Conseiller
FEVRIER.. 1731. 451
Conseiller d'Etat , Auditeur de Rotte pour la
France , Abbé de Montmajour , représenté par
Claude-Jean-Baptiste Hyacinte -Joachim Rouault,
Marquis de Gamache , Gouverneur de S. Valery,
&c. Lieutenant General des Armées du Roi , et
par D. Catherine- Félicité Arnauld de Pomponne ,
Epouse de Jean - Baptiste Colbert , Marquis d'
Torcy , Ministre d'Etat , Commandeur des Or
dres du Roy.
D. Marie Megret , Epouse de Claude Pellot ,
Chevalier Comte de Trévieres , Conseiller au Par
lement,accoucha le 28.Fev.d'un fils , qui fut nommé
Auguste- Louis - Denis par Denis Aug. Comte
de la Eare , Maréchal de Camp , Commandeur de
l'Ordre de S. Louis , Gouverneur de Ville- Franche
, et Baron des Etats de Languedoc , et par
D. Louise - Françoise Joly de Fleury , Epouse de
Jean- Nicolas Megret de Serilly , Avocat General
de la Cour des Aydes.
--
Dame Marie Anne Robillard , femme de
M'. Louis - Pierre d'Hozier , Juge d'Armes de
France , Chevalier de l'Ordre du Roi , son Conseiller
, Maître ordinaire en sa Chambre des
Comptes de Paris , et Généalogiste de la Maison.
et des Ecuries de Sa Majesté , et de celles de la
Reine , accoucha le 18 Janv . d'un fils , qui fut
nommé Charles - Pierre , par M. Charles d'Ho
zier , son grand Oncle , âgé de 91 ans.
2
2
D. Catherine Scholastique Bazin de Bezons
épouse de N. Hubert , Vicomte d'Aubusson
Comte de la Feuillade , Premier Baron de la Mar,
che , Seigneur du Duché de Roanez , &c. Mestre
de Camp du Regiment Royal Piémont , Cavalerie
, accoucha le 31. Janv.d'une fille, qui fut tenue:
sur les Fonts , et nommée Louise - Anne - Gabrielle
, par M. Armand Bazin de Bezons , Evê
que de Carcassonne et par D. Louise.- Mader
I V laine
402 MERCURE DE FRANCE
laine le Blanc , veuve d'Esprit -Juvenal de Har
ville , des Ursins , Marquis de Traisnel. La Cé
rémonie du Baptême fut faite par M. César le
Blanc , Evêque d'Avranches .
D. Jeanne-Catherine Coustard , épouse de Basile
- Claude-Henry Anjorrant , Conseiller au Parlement
, accoucha le 7 Fév. d'un fils, qui fut tenu
sur les Fonts , et nommé Claude - Joseph , par
Pierre-Joseph Dufort , Conseiller du Roy , Maître
Ordinaire en sa Chambre des Comptes, et par
D. Catherine Croizet , veuve de François - Guiflaume
Briçonnet , Chevalier , Seigneur de Millemant
, Comte d'Auteuil, Président au Parlement .
Il y a dans l'Article des Morts , du Mercure de
Janvier dernier une faute considérable , pag. 178 .
au sujet de la mort de Dame Eléonore de Maccarti
Réagh, &c. en ce que on a imprimé Mavarti
, au lieu de Maccarti , qui est le veritable
nom de cette Illustre Dame.La faute ne vient pas
de nous , mais de la personne qui a envoyé le
Mémoire sur lequel nous avons imprimé. Ces
sortes de méprises sont presque inévitables à notre
égard , mais elles sont aisées à réparer quand
nous en sommes avertis. Il n'en est pas de même
à l'égard des Registres publics , qui souvent n'en
sont pas exempts. Nous recevons quelquefois des
Extraits de ces Registres , qui ont besoin de correction
; nous rectifions les choses autant que
nous le pouvons ; mais cela ne remedie point à
ce qui pêche dans l'Original ; et la conséquence
en est tres grande.
La Dame qui donne lieu à cette remarque
éroit de la premiere Maison d'Irlande , et de la
Branche aînée de cette Maison , tres- connue en
Fance depuis long- temps ; et depuis peu par
Milord Montcassel , Lieutenant General, &c. son
trèsFEVRIER.
1731. 403
✔
très proche parent , mort au service du Roy
et par M. Maccarty Reagh , frere de cette Dame,
Chef de sa Maison , qui avoit amené en France
étant encore fort jeune, un Régiment , tout composé
de ses vassaux . Il a été tué , ainsi que
frere unique , au service du Roy. On est redevable
de cette instruction à M. l'Abbé Hassett , Irlandois
, Docteur de Sorbonne , & c.
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Résumé : MORTS, NAISSANCES,
En février 1731, plusieurs décès notables ont été enregistrés. Sylvain Pruneau, maçon, est décédé à l'âge de 111 ans à la paroisse de Saint-Nicolas-des-Champs. François-Paul de Neuville de Villeroy, archevêque de Lyon et abbé de Fécamp, est mort à 54 ans. Dame Catherine-Magdelaine Daniau de Saint-Gilles, veuve du comte de Vertillac, est décédée à Paris à l'âge de 68 ans. Henry Bochard de Champigny, prévôt de l'église de Saint-Pierre de Lille, est mort à 8 ans. Antoine Grimaldi, prince de Monaco, est décédé à 73 ans, laissant deux filles de son mariage avec Marie de Lorraine. Nicolas-Rémy Frizon, ancien président au Parlement, est mort à 62 ans. Du côté des naissances, Dame Catherine Constance-Émilie Arnauld de Pomponne a accouché d'un fils nommé Alophe-Félicité. Dame Marie Megret a donné naissance à un fils nommé Auguste-Louis-Denis. Dame Marie Anne Robillard, épouse de Louis-Pierre d'Hozier, a accouché d'un fils nommé Charles-Pierre. Dame Catherine Scholastique Bazin de Bezons a eu une fille nommée Louise-Anne-Gabrielle. Enfin, Dame Jeanne-Catherine Coustard a donné naissance à un fils nommé Claude-Joseph. Le document mentionne également une erreur corrigée dans un article précédent concernant le nom de Dame Eléonore de Maccarti Réagh, grâce à l'intervention de l'abbé Hassett.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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28
p. 2041-2047
MORTS, NAISSANCES,
Début :
Le 23. du mois dernier, M. François Grillet de Brissac, Lieutenant des [...]
Mots clefs :
Épouse, Dame, Chevalier, Conseiller, Régiment
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS, NAISSANCES,
MORTS , NAISSANCES
E 23. du mois dernier , M. François
Grillet de Brissac , Lieutenant des
Gardes du Corps et Brigadier des Armées.
du Roi , mourut dans un âge avancé.
Dame Marie - Jeanne - Charlotte de
Maupeou , veuve en premieres Nôces de
M.Leon de Fontlebon ,Seigneur de Vitrac-
Montembeuf,Lieutenant au Regiment des
Gardes Françoises, et au jour de son décèds
épouse de M. Michel - Gabriel- Raphaël de
Beauvais , Baron de Gentilly , Capitaine
des Gardes de la Porte de feu Monseigneur
le Duc de Berry , mourut le 25. Juillet ,
âgée de 49. ans.
Dame Elizabeth- Therese le Rebours
veuve de M. Michel Chamillard , Ministre
d'Etat , et qui avoit été Controlleur
General des Finances , Secretaire d'Etat
avec le département de la guerre , Grand-
Trésorier et Commandeur des Ordres
du Roi , mourut en son Château de la
Suze au Maine le 26. du mois dernier
âgée d'environ 74. ans.
Dame Claude- Geneviève Cheriere
yeuve de Lancelot Turpin Crissé , Com-
IC
2042 MERCURE DE FRANCE
te de Sansay , Brigadier des Armées du
Roi , Colonel du Régiment d'Infanterie
de son nom mourut le 28. Juillet en
son Château d'Erouville en Beauce , âgée
de 48. ans.
و
Louis Comte du Bourg , petit-fils du
Maréchal de ce nom , Mestre de Camp ,
mourut à Strasbourg le premier de ce
mois.
Olivier Jegou de Querville , Docteur
en Théologie de la Faculté de Paris , Evê
que et Comte de Tréguier , mourut dans
son Diocèse , le 2. Août. Il avoit été sacréle
30. Octobre 1697.
Dime Paule de Clermont-Tonnerre de
Chafle , Abbesse de l'Abbaye Royale de
Villiers , Ordre de Cîteaux , Diocèse de
Sens , mourut le 2. Août , âgée de 63. ans..
La Dame des Bertons de Crillon , qu'elle
avoit demandé pour sa Coadjutrice , lui
succede:
Alexandre Dezouches , Seigneur de la
Lande , & c . Chevalier de S. Louis Lieutenant
de Roi de la Ville d'Arras , mou
rut le 2. Août , âgé de 48. ans.
M. de S. Yves , Chirurgien , celebre
Oculiste de S. Côme , est mort à Paris le 3 .
Août , âgé de 66. ans , après avoir exercé
sa Profession avec beaucoup de talens , et
s'être acquis la réputation qu'il méritoit .
laisse
A O UST. 1731. 2043
pour
laisse un Eleve de son nom qui travailloit
sous lui depuis seize ans , et sur lequel
il se reposoit depuis plusieurs années
toutes les Operations que ses infirmitez
ne lui permettoient pas de faire. Il occupe
le même Appartement , Place du
Palais Royal , ruë S. Thomas du Louvre.
Guillaume le Noir , Secretaire du Roi ,
Receveur General des Finances d'Alençon
, et l'un des Fermiers Generaux de
S. M. mourut le 4. Août , âgé de 48. ans ..
Gaspard- Pierre de Fieubet , Chevalier
Seigneur de Vincüil , fils de Louis - Gaspard
de Fieubet , Conseiller au Parlement,
mourut le s . Août , âgé de 17. ans , 3 .
mois.
Jean -Pierre d'Argouges de Ranes , Chevalier
, Marquis de la Chapelle - la- Reine,
Doy n du Conseil d'Etat , mourut à Paris
le 7. de ce mois , dans la 86. année
de son âge.
Le même jour , Dame Loüise Elizabeth
de Marcillac , Epouse de M. Joseph Hennequin
de Charmont , cy devant Secretaire
de la Chambre et Cabinet du Roi ,,
Secretair des Commandemens de Monseigneur
le Dauphin , et Ambassadeur du
Roi auprès de la République de Venise ,
mourut au Château de Charmont en
Champagne, dans la 62. année de son âge
Le
T044 MERCURE DE FRANCE
·
@
Le 12. Alexandre de Rochechouart ;
Marquis de Jars , Capitaine des Gardes
du Corps de la Reine, seconde Doüairiere
d'Espagne , mourut au Château de Meudon
, de la petite verole , âgé de 53. ans.
Henri , Comte de Saulx de Tavannes
ey-devant Mestre de Camp , Lieutenant
du Régiment d'Orleans, Cavalerie , mourut
à Paris le 13. de ce mois , dans la 74 .
année de son âge.
M. François de Montholon , Chevalier
de l'Ordre Militaire de S. Louis , Commandeur
de celui de S. Lazare , Mestre
de Camp de Cavalerie , ancien Cornette
de la seconde Compagnie des Mousquetaires
de la Garde du Roi , mourut à
S. Germain en Laye le 13 , de ce mois ,
dans un âge avancé. Il étoit petit - fils et
arriere - petit - fils de deux Gardes des
Sceaux de France du même nom .
Le même jour , Dame Anne- Marie-
Barbe Deville , Epouse de Anne Leon de
Montmorency , Chef du nom et Armes
de la Maison , premier Baron Chrétien en
France , Enseigne des Gendarmes de Berry
, Seigneur de Courtalin-Bois - Buffenle
Plessis- d'Arque , le Poilay , le Vernay ,;
des deux Modave , de Biemrcé , de Banderelle
, de Fermée , Termoiyne. , &c.
mourut âgée de 18 ans 7. mois .
L
La
A O UST. 1731. 2045
2.
Le 19. François de la Forest , d'Armaillé
, Chevalier , Baron de Craon , Seigneur
de la Forest d'Armaillé , & c. Conseiller
de la Grand'Chambre du Parle--
ment , mourut âgé d'environ 88. ans .
Dame Françoise Robert , Epouse de
M. François Moreau , Chevalier , Conseiller
du Roi en ses Conseils d'Etat et
Privez , Honoraire en sa Cour de Parlement
, et Procureur de Sa Majesté au
Châtelet de Paris , accoucha d'un fils
qui est le 14me enfant qu'elle a eû depuis
17. ans et demi de mariage , dont il lui
reste encore six garçons et deux filles ; il
fut baptisé le même jour sur les six heures
du soir , en l'Eglise de S.Mery sa Paroisse ,
et nommé Charles-François , par Charles-
François de Vintimille des Comtes de
Marseille , Comte du Luc , Marquis des
Arcs , la Marthe , &c. Chevalier et Commandeur
de tous les Ordres de S. M. son-
Conseiller d'État ordinaire d'Epée , Gouverneur
des Isles de Porquerolles et Lingoustier
, Lieutenant de Roi en Proven
ce , et par Dame Anne-Victoire de La-:
moignon , Epouse de M. René- Charles
de Maupeou , Conseiller du Roi en tous.
ses Conseils , Président de son Parlelement
, Seigneur de Noisy, Vicomte de
Bruyeres , Marquis de Morangue , &G
2046 MERCURE DE FRANCE
Dame V ctoire Guillard , Epouse 'de
Jean Baptiste-Martin Dartaguette- Biron ,
Baron Daguerre , &c. accoucha le 16.
*Juillet d'une fille , qui fut tenuë sur les
Fonts par Jean - Baptiste Guillard , Seigneur
de la Vacherie , Chambellan de
feu M. le Duc de Berry , Gouverneur
d'Arras , et par D. Louise , Adelaïde Herault
, fille de M. Herault , Lieutenant
General de Police .
D. Emilie de Mailly du Brüeil , Epouse
de Jean- François de Creil , Marquis de
Nancré , &c. Brigadier des Armées du
Roi , Capitaine Commandant des Grenadiers
à Cheval , accoucha le premier
Août d'une fille , qui fut nommée Louise
Felicité- Emilie ,, par Louis Gabriël des
Acres , Comte de Laigle , Colonel du.
Regiment d'Anguien , et par D. Bonne-
Felicité Bernard , fille de Samuel Bernard,
Comte de Coubeot , Conseiller d'Etat .
Dame. Louise Thevenin de Coursan ,
Epouse de Jean - Zacharie de la Faurie ,
Baron de Villandreult , Président à la
Cour des Aydes , accoucha le 8. Août
d'une fille qui fut nommée Anne Jeanne,
par Jean Thevenin , Baron de Thorci ,
Conseiller au Parlement , et par D. Anne
Thevenin de Coursan , fille de feu Jean
Thevenin , Baron de Coursan , Maître
des Requêtes.
A O UST. 1731. 2047
1
Dame Jeanne- Françoise Gardien , Epou
se de François - Elie de Chastenay , Che
valier , Marquis de Lanty , Lieutenant-
Colonel du Mestre de Camp General
Cavalerie , Chevalier de l'Ordre Royal et
Militaire de S. Louis , accoucha le 9 .
Août d'un fils , qui fut baptisé le 10. ,à
la Paroisse de S. Eustache , et tenu par
Alexis- Magdelaine Rosalie , Comte de
Chatillon , Chevalier des Ordres du Roi ,
Maréchal de Camp des Armées de S. M.
et Mestre de Camp General de la Cavalerie
Legere de France , et par Dame
Françoise de Pressigny , Epouse de M. le
Président de Nassigny.
D. Anne - Marie - Barbe Deville , Epousé
d'Anne Leon de Montmorency , accoucha
le 11. Août d'un fils , qui fut nommé
Anne Léon , par Léon de Montmorency,
et par D. Anne Barbe de Besser , veuve
de Charles- Joseph de Courcelles.
D. Magdelaine- Angelique de Neuville
de Villeroy , Epouse de Joseph Marie ,
Duc de Boufflers , Pair de France , &c.
accoucha le 17. d'un fils , qui fut nommé
Charles- Joseph , par Nicolas de Neuville
, Duc de Villeroy , Pair de France ,
Capitaine des Gardes du Corps du Roi ,
&c. et par Dame Catherine - Charlotte de
Grammont , Maréchale de Boufflers , & c.
E 23. du mois dernier , M. François
Grillet de Brissac , Lieutenant des
Gardes du Corps et Brigadier des Armées.
du Roi , mourut dans un âge avancé.
Dame Marie - Jeanne - Charlotte de
Maupeou , veuve en premieres Nôces de
M.Leon de Fontlebon ,Seigneur de Vitrac-
Montembeuf,Lieutenant au Regiment des
Gardes Françoises, et au jour de son décèds
épouse de M. Michel - Gabriel- Raphaël de
Beauvais , Baron de Gentilly , Capitaine
des Gardes de la Porte de feu Monseigneur
le Duc de Berry , mourut le 25. Juillet ,
âgée de 49. ans.
Dame Elizabeth- Therese le Rebours
veuve de M. Michel Chamillard , Ministre
d'Etat , et qui avoit été Controlleur
General des Finances , Secretaire d'Etat
avec le département de la guerre , Grand-
Trésorier et Commandeur des Ordres
du Roi , mourut en son Château de la
Suze au Maine le 26. du mois dernier
âgée d'environ 74. ans.
Dame Claude- Geneviève Cheriere
yeuve de Lancelot Turpin Crissé , Com-
IC
2042 MERCURE DE FRANCE
te de Sansay , Brigadier des Armées du
Roi , Colonel du Régiment d'Infanterie
de son nom mourut le 28. Juillet en
son Château d'Erouville en Beauce , âgée
de 48. ans.
و
Louis Comte du Bourg , petit-fils du
Maréchal de ce nom , Mestre de Camp ,
mourut à Strasbourg le premier de ce
mois.
Olivier Jegou de Querville , Docteur
en Théologie de la Faculté de Paris , Evê
que et Comte de Tréguier , mourut dans
son Diocèse , le 2. Août. Il avoit été sacréle
30. Octobre 1697.
Dime Paule de Clermont-Tonnerre de
Chafle , Abbesse de l'Abbaye Royale de
Villiers , Ordre de Cîteaux , Diocèse de
Sens , mourut le 2. Août , âgée de 63. ans..
La Dame des Bertons de Crillon , qu'elle
avoit demandé pour sa Coadjutrice , lui
succede:
Alexandre Dezouches , Seigneur de la
Lande , & c . Chevalier de S. Louis Lieutenant
de Roi de la Ville d'Arras , mou
rut le 2. Août , âgé de 48. ans.
M. de S. Yves , Chirurgien , celebre
Oculiste de S. Côme , est mort à Paris le 3 .
Août , âgé de 66. ans , après avoir exercé
sa Profession avec beaucoup de talens , et
s'être acquis la réputation qu'il méritoit .
laisse
A O UST. 1731. 2043
pour
laisse un Eleve de son nom qui travailloit
sous lui depuis seize ans , et sur lequel
il se reposoit depuis plusieurs années
toutes les Operations que ses infirmitez
ne lui permettoient pas de faire. Il occupe
le même Appartement , Place du
Palais Royal , ruë S. Thomas du Louvre.
Guillaume le Noir , Secretaire du Roi ,
Receveur General des Finances d'Alençon
, et l'un des Fermiers Generaux de
S. M. mourut le 4. Août , âgé de 48. ans ..
Gaspard- Pierre de Fieubet , Chevalier
Seigneur de Vincüil , fils de Louis - Gaspard
de Fieubet , Conseiller au Parlement,
mourut le s . Août , âgé de 17. ans , 3 .
mois.
Jean -Pierre d'Argouges de Ranes , Chevalier
, Marquis de la Chapelle - la- Reine,
Doy n du Conseil d'Etat , mourut à Paris
le 7. de ce mois , dans la 86. année
de son âge.
Le même jour , Dame Loüise Elizabeth
de Marcillac , Epouse de M. Joseph Hennequin
de Charmont , cy devant Secretaire
de la Chambre et Cabinet du Roi ,,
Secretair des Commandemens de Monseigneur
le Dauphin , et Ambassadeur du
Roi auprès de la République de Venise ,
mourut au Château de Charmont en
Champagne, dans la 62. année de son âge
Le
T044 MERCURE DE FRANCE
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@
Le 12. Alexandre de Rochechouart ;
Marquis de Jars , Capitaine des Gardes
du Corps de la Reine, seconde Doüairiere
d'Espagne , mourut au Château de Meudon
, de la petite verole , âgé de 53. ans.
Henri , Comte de Saulx de Tavannes
ey-devant Mestre de Camp , Lieutenant
du Régiment d'Orleans, Cavalerie , mourut
à Paris le 13. de ce mois , dans la 74 .
année de son âge.
M. François de Montholon , Chevalier
de l'Ordre Militaire de S. Louis , Commandeur
de celui de S. Lazare , Mestre
de Camp de Cavalerie , ancien Cornette
de la seconde Compagnie des Mousquetaires
de la Garde du Roi , mourut à
S. Germain en Laye le 13 , de ce mois ,
dans un âge avancé. Il étoit petit - fils et
arriere - petit - fils de deux Gardes des
Sceaux de France du même nom .
Le même jour , Dame Anne- Marie-
Barbe Deville , Epouse de Anne Leon de
Montmorency , Chef du nom et Armes
de la Maison , premier Baron Chrétien en
France , Enseigne des Gendarmes de Berry
, Seigneur de Courtalin-Bois - Buffenle
Plessis- d'Arque , le Poilay , le Vernay ,;
des deux Modave , de Biemrcé , de Banderelle
, de Fermée , Termoiyne. , &c.
mourut âgée de 18 ans 7. mois .
L
La
A O UST. 1731. 2045
2.
Le 19. François de la Forest , d'Armaillé
, Chevalier , Baron de Craon , Seigneur
de la Forest d'Armaillé , & c. Conseiller
de la Grand'Chambre du Parle--
ment , mourut âgé d'environ 88. ans .
Dame Françoise Robert , Epouse de
M. François Moreau , Chevalier , Conseiller
du Roi en ses Conseils d'Etat et
Privez , Honoraire en sa Cour de Parlement
, et Procureur de Sa Majesté au
Châtelet de Paris , accoucha d'un fils
qui est le 14me enfant qu'elle a eû depuis
17. ans et demi de mariage , dont il lui
reste encore six garçons et deux filles ; il
fut baptisé le même jour sur les six heures
du soir , en l'Eglise de S.Mery sa Paroisse ,
et nommé Charles-François , par Charles-
François de Vintimille des Comtes de
Marseille , Comte du Luc , Marquis des
Arcs , la Marthe , &c. Chevalier et Commandeur
de tous les Ordres de S. M. son-
Conseiller d'État ordinaire d'Epée , Gouverneur
des Isles de Porquerolles et Lingoustier
, Lieutenant de Roi en Proven
ce , et par Dame Anne-Victoire de La-:
moignon , Epouse de M. René- Charles
de Maupeou , Conseiller du Roi en tous.
ses Conseils , Président de son Parlelement
, Seigneur de Noisy, Vicomte de
Bruyeres , Marquis de Morangue , &G
2046 MERCURE DE FRANCE
Dame V ctoire Guillard , Epouse 'de
Jean Baptiste-Martin Dartaguette- Biron ,
Baron Daguerre , &c. accoucha le 16.
*Juillet d'une fille , qui fut tenuë sur les
Fonts par Jean - Baptiste Guillard , Seigneur
de la Vacherie , Chambellan de
feu M. le Duc de Berry , Gouverneur
d'Arras , et par D. Louise , Adelaïde Herault
, fille de M. Herault , Lieutenant
General de Police .
D. Emilie de Mailly du Brüeil , Epouse
de Jean- François de Creil , Marquis de
Nancré , &c. Brigadier des Armées du
Roi , Capitaine Commandant des Grenadiers
à Cheval , accoucha le premier
Août d'une fille , qui fut nommée Louise
Felicité- Emilie ,, par Louis Gabriël des
Acres , Comte de Laigle , Colonel du.
Regiment d'Anguien , et par D. Bonne-
Felicité Bernard , fille de Samuel Bernard,
Comte de Coubeot , Conseiller d'Etat .
Dame. Louise Thevenin de Coursan ,
Epouse de Jean - Zacharie de la Faurie ,
Baron de Villandreult , Président à la
Cour des Aydes , accoucha le 8. Août
d'une fille qui fut nommée Anne Jeanne,
par Jean Thevenin , Baron de Thorci ,
Conseiller au Parlement , et par D. Anne
Thevenin de Coursan , fille de feu Jean
Thevenin , Baron de Coursan , Maître
des Requêtes.
A O UST. 1731. 2047
1
Dame Jeanne- Françoise Gardien , Epou
se de François - Elie de Chastenay , Che
valier , Marquis de Lanty , Lieutenant-
Colonel du Mestre de Camp General
Cavalerie , Chevalier de l'Ordre Royal et
Militaire de S. Louis , accoucha le 9 .
Août d'un fils , qui fut baptisé le 10. ,à
la Paroisse de S. Eustache , et tenu par
Alexis- Magdelaine Rosalie , Comte de
Chatillon , Chevalier des Ordres du Roi ,
Maréchal de Camp des Armées de S. M.
et Mestre de Camp General de la Cavalerie
Legere de France , et par Dame
Françoise de Pressigny , Epouse de M. le
Président de Nassigny.
D. Anne - Marie - Barbe Deville , Epousé
d'Anne Leon de Montmorency , accoucha
le 11. Août d'un fils , qui fut nommé
Anne Léon , par Léon de Montmorency,
et par D. Anne Barbe de Besser , veuve
de Charles- Joseph de Courcelles.
D. Magdelaine- Angelique de Neuville
de Villeroy , Epouse de Joseph Marie ,
Duc de Boufflers , Pair de France , &c.
accoucha le 17. d'un fils , qui fut nommé
Charles- Joseph , par Nicolas de Neuville
, Duc de Villeroy , Pair de France ,
Capitaine des Gardes du Corps du Roi ,
&c. et par Dame Catherine - Charlotte de
Grammont , Maréchale de Boufflers , & c.
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Résumé : MORTS, NAISSANCES,
En juillet et août 1731, plusieurs décès et naissances notables ont été enregistrés. Parmi les décès, M. François Grillet de Brissac, Lieutenant des Gardes du Corps et Brigadier des Armées du Roi, est décédé à un âge avancé le 23 juillet. Dame Marie-Jeanne-Charlotte de Maupeou, veuve de M. Léon de Fontlebon et épouse de M. Michel-Gabriel-Raphaël de Beauvais, est décédée le 25 juillet à l'âge de 49 ans. Dame Élisabeth-Thérèse Le Rebours, veuve de M. Michel Chamillard, Ministre d'État et ancien Contrôleur Général des Finances, est décédée le 26 juillet à environ 74 ans. Dame Claude-Geneviève Chérière, veuve de Lancelot Turpin Crissé, est décédée le 28 juillet à 48 ans. Louis Comte du Bourg, petit-fils du Maréchal de ce nom, est décédé à Strasbourg le 1er août. Olivier Jegou de Querville, Évêque et Comte de Tréguier, est décédé le 2 août. Dame Paule de Clermont-Tonnerre de Chafle, Abbesse de l'Abbaye Royale de Villiers, est décédée le 2 août à 63 ans. Alexandre Dezouches, Seigneur de la Lande et Lieutenant du Roi de la Ville d'Arras, est décédé le 2 août à 48 ans. M. de Saint-Yves, chirurgien et oculiste célèbre, est décédé à Paris le 3 août à 66 ans. Guillaume Le Noir, Secrétaire du Roi et Receveur Général des Finances d'Alençon, est décédé le 4 août à 48 ans. Gaspard-Pierre de Fieubet, Chevalier et Seigneur de Vincüil, est décédé le 5 août à 17 ans et 3 mois. Jean-Pierre d'Argouges de Ranes, Chevalier et Marquis de la Chapelle-la-Reine, est décédé à Paris le 7 août à 86 ans. Le même jour, Dame Louise Élisabeth de Marcillac, épouse de M. Joseph Hennequin de Charmont, est décédée à 62 ans. Alexandre de Rochechouart, Marquis de Jars et Capitaine des Gardes du Corps de la Reine, est décédé le 12 août à 53 ans. Henri, Comte de Saulx de Tavannes, ancien Mestre de Camp, est décédé à Paris le 13 août à 74 ans. M. François de Montholon, Chevalier de l'Ordre Militaire de Saint-Louis et Mestre de Camp de Cavalerie, est décédé à Saint-Germain-en-Laye le 13 août à un âge avancé. Le même jour, Dame Anne-Marie-Barbe Deville, épouse de Anne Léon de Montmorency, est décédée à 18 ans et 7 mois. François de la Forest d'Armaillé, Chevalier et Conseiller de la Grand'Chambre du Parlement, est décédé à environ 88 ans le 19 août. Pour les naissances, Dame Françoise Robert, épouse de M. François Moreau, a accouché d'un fils baptisé Charles-François le 19 août. Dame Victoire Guillard, épouse de Jean-Baptiste-Martin Dartaguette-Biron, a accouché d'une fille le 16 juillet. Dame Émilie de Mailly du Brüeil, épouse de Jean-François de Creil, a accouché d'une fille nommée Louise Félicité-Émilie le 1er août. Dame Louise Thevenin de Coursan, épouse de Jean-Zacharie de la Faurie, a accouché d'une fille nommée Anne Jeanne le 8 août. Dame Jeanne-Françoise Gardien, épouse de François-Élie de Chastenay, a accouché d'un fils baptisé le 10 août. Dame Anne-Marie-Barbe Deville, épouse de Anne Léon de Montmorency, a accouché d'un fils nommé Anne Léon le 11 août. Dame Madeleine-Angélique de Neuville de Villeroy, épouse de Joseph Marie, Duc de Boufflers, a accouché d'un fils nommé Charles-Joseph le 17 août.
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29
p. 2461-2468
MORTS, NAISSANCES , & Mariages.
Début :
Claude Henin, Ecuyer, Conseiller, Secretaire du Roy, Maison, Couronne de France et de [...]
Mots clefs :
Morts, Naissances, Mariages, Conseiller, Secrétaire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS, NAISSANCES , & Mariages.
'MORTS , NAISSANCES ,
Cha
Mariages.
et de
Laude Henin , Ecuyer , Conseiller, Secretaire
du Roy , Maison , Couronne de France
ses Finances , Garde des Rôles honoraire des Of
fices de France , mourut le 14. Septembre , âgé
de 81 ans,
I Marie
2462 MERCURE DE FRANCE
Marie -Anne Hyacinthe Visdelou de Bienassis,
Epouse de Louis Engilbert , Comte de la Marck ,
Colonel du Régiment d'Infanterie de ce nom ,
mourut à Aix-la- Chapelle le 17. du mois dernier
dans la 19 année de son âge.
D. Jeanne- Jacqueline Brochet de Pontcharost,
Epouse de M. Nicolas- François Lebret , Tréso
rier General des Fortifications de France , mou→ ·
rut le 23. du même mois , âgée de 18. ans.
D. Anne Desgrés , Epouse de M. François de
de Beauharnois , Intendant au Département de
Rochefort , mourut le 24. âgée de 63. ans.
D. Marie de Jassaud , Veuve de M. Nicolas-
Joseph Foucaud , Conseiller d'Etat Ordinaire , et
Chef du Conseil de feüe Madame , mourut le 25.
du mois dernier , dans la 77 année de son âge.
Ulderic , Prince de Carpegne , mourut
le 26. du même mois , âgé de 79. ans.
Paris
Antoine le Moine , Ecuyer Sieur de la Clartiere
, Conseiller et Medecin du Roy , Docteur
Regent de la Faculté de Paris , mourut le 29. Septembre
, âgé de 38. ans . Il fut envoyé par ordre
de S. M. dans les Provinces affligées de la Peste
en 1720. et ennobli à son retour , en consideration
de ses services .
Dame Louise - Armande - Therese d'Estrades ;
Veuve de M. Pierre - Charles Lambert d'Herbigny
, Conseiller d'Etat , mourut à Marly le 10
de ce mois , âgée d'environ 47. ans .
Antoine le Févre , Chevalier Seigneur de la
Malmaison , Conseiller au Parlement , mourut le
douze , âgé de vingt- cinq ans , six mois et treize
jours.
M. Gaston de Montvala , Comte d'Entrague
Enseigne de la Compagnie des Gendarmes Ďauphins
, mourut le 13 , à Fontenay, dans la 30 an ~
ée de son âge.
OCTORRE. 1731. 2463
Charles Gabriel Tachereau de Baudry , Conseiller
au Parlement , mourut le 14 Octobre
âgé de 19. ans et six mois.
Thomas de Dreux , Chevalier, Seigneur , Marquis
de Brezé , &c. Conseiller Honoraire de la
Grand Chambre du Parlement , mourut le 20.Ocobre
, âgé de 91. ans.
Dame Catherine - Louise de Corcessin , veuve
de Jean Orry , Chevalier , Président au Parlement
, mourut à Paris le 22 Septembre , âge de
57 ans .
Ulderic- Cajetan- Louis , Prince Souverain de
la Carpegna en Italie , mourut à Paris le 25 Octobre
, âgé d'environ 80 ans.
Joseph de Planque , Ecuyer , Premier Enseigne
au Regiment des Gardes Françoises , Gouverneur
du Château Royal du Puy - Laurent
mourut le même jour , âgé de 25 ans.
Paul Sigismond de Montmorency Luxembourg
, Duc de Chatillon, &c. mourut le 28 Octobre
, dans la 68 e année de son âge . Son Corps
fut porté le lendemain à l'Eglise Paroissiale de
S. Sulpice , et ensuite transporté en grand Convoy
à celle des Celestins , où est la Sépulture de
sa Maison. M. l'Abbé Amé , Docteur en Théologie
, Prêtre de la Communauté de S. Sulpice ,
en presentant le Corps au R. P. Prieur des Célestins
, prononça le Discours suivant : -
MON R. PERE ,
C'est-là le Corps de Très-Haut et très - Puissant
Seigneur , Monseigneur Paul Sigismond
de Montmorency- Luxembourg , Duc de Chátillon
, &c.
I ij Que
2464 MERCURE DE FRANCE
Que de grands noms réunis ensemble ! un
seat suffiroit pour désigner un Héros , et c'est
assez de les nommer pour se rappeller l'idée
de la plus haute naissance , de la valeur , de
la generosité, de toutes les vertus qui forment
un grand Homme . N'attendez pas de moi queje
vous retrace ici les hauts faits de ses glorieux
Ancêtres > et que j'arrache des bras mêmes de
la mort ses plus illustres Trophées : laissons reposer
en paix les cendres respectables des Montmorency
et des Luxembourg , et ne cherchons
pas à les inquieter par le bruit de quelques éloges
trop méritez pour se flatter qu'ils puissent
en être touchez . Il ne sont plusien vain,nous dit
ie Prophete , les chercherions - nous dans les Pa-
Lais superbes qu'ils ont habitez, nous ne les
retrouverons que dans la mémoire et dans le
coeur de ces genies heureux qui ont le courage
de se proposer des modeles inimitables ; attachons-
nous donc à quelques réfléxions plus conformes
à la cérémonie triste et lugubre qui nous
assemble , et plus dignes du caractere dont j'ai
l'honneur d'être revêtu .
Que l'Apôtre S. Paul avoit bien raison de
dire que nous ne devons pas nous attacher à la
figure du monde qui passe , toute grandeur
vient aboutir à la mort ; soixante-sept ans ont
été à M.le Duc de Chatillon comme la porte par
où il est entré dans cette redoutable Eternité ;
heureux s'il en a profité pour son salut ; car enfin
quelque grand qu'ilfût , il est tombé entre
les mains d'un Dieu puissant , d'un Dieu dont
le bras n'est pas plus fatigué à punir un Roy ,
que son Sujet ; un Grand qu'un petit ; c'est dans
la méditation de ces veritez saintes et terribles
que le Roy David s'écrioit : Seigneur , qui
habitera
OCTOBRE. 1731. 2465
habitera dans vos Tabernacles , et qui sera assez
heureux pour se reposer en paix dans votre Montagne
Sainte ? Celui - là seul qui sera entré sams
tache dans cette nuit affreuse, pendant laquelle
il n'est plus permis d'operer. Grand Dieu que
vosjugemens sont justes et redoutables !
Craignons pour nous , puisque la crainte peut
encore nous être salutaire , et esperons pour l'illustre
Mort , qui fait le sujet de nos larmes . Le
Seigneur avoit appesanti sa main sur lui pendant
les derniers temps de sa vie , présage consolant
qu'il a voulu lui faire miséricorde dans
Péternité ; les douleurs d'une maladie longue et
aiguë ont été comme le Sceau sacré dont il l'a
marqué pour le dérober aux coups de l'Ange Exterminateur
; sa patience , la constance même
qu'il a fait éclater dans le cours de sa derniere
maladie , après l'avoir disposé à recevoir avec
édification , les Sacremens de l'Eglise , lui auront
obtenu de Dieu le pardon de quelques foiblesses
, le dirai -je ? ausquelles les Grands n'échapent
que par miracle. Prions pour lui M.R- Ps
offrons à la justice de Dieu le Sang de l'Agneau
sans tache ; il éteindra les flâmes destinées à
punir les malheureux restés du péché et ses plus
légeres offenses , et lui avancera son bonheur
éternel.
Cependant les précieuses dépouilles de M. le
Duc de Châtillon , attendent avec impatience
d'être réunis à celles des Héros , qui lui ont
donné le jour, triste et dernier avantage , où vai
enfin se perdre la grandeur humaine.
Dame Anne-Françoise de Musino , épouse de
Louis de Fenis , Seigneur de Lusanges , Maître
d'Hôtel de feu M. le Duc de Berry ; Ecuyer de
I iij M3-
2466 MERCURE DE FRANCE
Madame Duchesse de Berry , et Capitaine dans
le Regiment Colonel General Cavalerie ; accoucha
le 25 Septembre , d'un fils , qui fut nommé
François -Joseph par François- Joseph de Choiseuil
, Marquis de Steinville , Envoyé extraordinaire
de S. A. R. le Duc de Lorraine ; et par
Dame Pulcherie de Condé , épouse de Nicolas
de Caseau , Capitaine de Dragons.
Le même jour les Cérémonies du Baptême furent
suppléées à une fille d'Alexis - Magdelaine ,
Comte de Châtillon , Chevalier des Ordres du
Roy , Maréchal des Camps et Armées de S. M.
Mestre de Camp General de la Cavalerie Legere ,
Grand Bailli d'Hagueneau ; et de Dame Magdelaine-
Anne- Gabrielle le Veneur de Tillieres . Elle
fut nommée Gabrielle- Loüise,par Louis Vincent,
Comte de Goëbriant , Mestre de Camp du Regiment
de Dragon de Condé , et par Dame Michelle-
Gabrielle Dugué de Bagnols , épouse de
Jacques Tanneguy le Veneur , Comte de Tillieres
, Brigadier des Armées du Roy.
Dame Henriette Bibienne de Franquetot de
Coigny , épouse de Jean- Baptiste - Joachin Colbert
, Marquis de Croissy, &c. Conseiller d'Etat,
Capitaine des Gardes de la Porte ; Colonel du
Regiment Royal Infanterie; accoucha le 17 Septembre
d'un fils , qui fut nommé Simon - Corentin
, par Nicolas - Simon Arnauld , Marquis de
Pomponne , &c. ancien Lieutenant General de
Roy, Commandant pour S. M. au Gouverne
ment de l'Isle de France, Soissonnois, Laonnois ,
&c. Brigadier des Armées du Roy ; et par Dame
Marie Therese de Nevet , épouse de Jean- François
-Antoine de Franquetot , Comte de Coigny ,
Mestre de Camp General des Dragons , Gouverneur
de la Ville et du Chateau de Caën.
Dame
OCTOBRE 1731 2467
Dame Claude - Françoise Guillois , épouse de
M. Jean- Baptiste Camille de Bragelogne , Conseiller
au Parlement , accoucha le 3 de ce mois ,
d'un fille qui fut tenue sur les fonts et nommée
Marie Michelle-Louise , par M. Louis -François
Marandon de la Maisonfort , fils de M. Louis
Marandon , Conseiller , Secretaire du Roy , Seigneur
de la Maisonfort , Receveur General des
Finances , et par Dame Marie- Anne-Louise Guillois
, épouse du sieur Marandon
-
Dame Marie Josephe de Bouffler , Dame du
Palais de la Reine, épouse de M. François Camille
de Neufville de Villeroy , Duc d'Alincourt , Mestre
de Camp du Regiment de Cavalerie de Villeroy
, Lieutenant pour le Roy au Gouvernement
du Lyonnois , Forêts et Beaujollois , Baron de
Marais , &c. accoucha le 8 d'un fils , qui fut tenu
sur les Fonts , et nommé Gabriel- Louis , par M.
Louis Nicolas de Neufville , Duc de Villeroy ,
Pair de France , Chevalier des Ordres du Roy ,
Capitaine de la premiere et plus ancienne Compagnie
Françoise des Gardes du Corps du Roy ,
Lieutenant General de ses Armées , Gouverneur
de la Ville de Lyon , et des Provinces de Lyonnois
, Forêts et Beaujollois , et par D. Gabrielle-
Victoire de Rochechouart , Duchesse de Lesdiguieres
, veuve de M. Armand de Crequy , Duc
de Lesdiguieres.
Le 4 Octobre , le Comte de Blanes , fils du
Marquis de Blanes , est parti pour Tours , où il
va épouser Mademoiselle de la Rochefoucault de
-Neuilly , que Madame la Princesse de Conty ,
troisiéme Douairiere, a fait élever dans l'Abbaye
de Beaumont.Cette Princesse à qui cette Demoiselle
a l'honneur d'être alliée , et qu'elle regarde
I iiij comme
2468 MERCURE DE FRANCE
comme sa fille , fait ce mariage . Le Prince et la
Princesse de Carignan ont bien voulu se charger
de la Procuration de M. de Blanes pour conclure
ce mariage. Ils ont signé le Contrat , comme parens.
La Maison de Blanes portant les Armes de
Savoye , et n'ayant qu'un même origine avec les
Princes de cette Maison ; ce qui a été reconnu
le feu Roy et par Louis XV . dans differentes
Patentes . Le mariage se fera à Verret , où est son
A. S. Madame la Princesse de Conty. Delà les
nouveaux mariez partiront pour se rendre en
Roussillon , où sont les Terres du Comte de
Blanes.
Cha
Mariages.
et de
Laude Henin , Ecuyer , Conseiller, Secretaire
du Roy , Maison , Couronne de France
ses Finances , Garde des Rôles honoraire des Of
fices de France , mourut le 14. Septembre , âgé
de 81 ans,
I Marie
2462 MERCURE DE FRANCE
Marie -Anne Hyacinthe Visdelou de Bienassis,
Epouse de Louis Engilbert , Comte de la Marck ,
Colonel du Régiment d'Infanterie de ce nom ,
mourut à Aix-la- Chapelle le 17. du mois dernier
dans la 19 année de son âge.
D. Jeanne- Jacqueline Brochet de Pontcharost,
Epouse de M. Nicolas- François Lebret , Tréso
rier General des Fortifications de France , mou→ ·
rut le 23. du même mois , âgée de 18. ans.
D. Anne Desgrés , Epouse de M. François de
de Beauharnois , Intendant au Département de
Rochefort , mourut le 24. âgée de 63. ans.
D. Marie de Jassaud , Veuve de M. Nicolas-
Joseph Foucaud , Conseiller d'Etat Ordinaire , et
Chef du Conseil de feüe Madame , mourut le 25.
du mois dernier , dans la 77 année de son âge.
Ulderic , Prince de Carpegne , mourut
le 26. du même mois , âgé de 79. ans.
Paris
Antoine le Moine , Ecuyer Sieur de la Clartiere
, Conseiller et Medecin du Roy , Docteur
Regent de la Faculté de Paris , mourut le 29. Septembre
, âgé de 38. ans . Il fut envoyé par ordre
de S. M. dans les Provinces affligées de la Peste
en 1720. et ennobli à son retour , en consideration
de ses services .
Dame Louise - Armande - Therese d'Estrades ;
Veuve de M. Pierre - Charles Lambert d'Herbigny
, Conseiller d'Etat , mourut à Marly le 10
de ce mois , âgée d'environ 47. ans .
Antoine le Févre , Chevalier Seigneur de la
Malmaison , Conseiller au Parlement , mourut le
douze , âgé de vingt- cinq ans , six mois et treize
jours.
M. Gaston de Montvala , Comte d'Entrague
Enseigne de la Compagnie des Gendarmes Ďauphins
, mourut le 13 , à Fontenay, dans la 30 an ~
ée de son âge.
OCTORRE. 1731. 2463
Charles Gabriel Tachereau de Baudry , Conseiller
au Parlement , mourut le 14 Octobre
âgé de 19. ans et six mois.
Thomas de Dreux , Chevalier, Seigneur , Marquis
de Brezé , &c. Conseiller Honoraire de la
Grand Chambre du Parlement , mourut le 20.Ocobre
, âgé de 91. ans.
Dame Catherine - Louise de Corcessin , veuve
de Jean Orry , Chevalier , Président au Parlement
, mourut à Paris le 22 Septembre , âge de
57 ans .
Ulderic- Cajetan- Louis , Prince Souverain de
la Carpegna en Italie , mourut à Paris le 25 Octobre
, âgé d'environ 80 ans.
Joseph de Planque , Ecuyer , Premier Enseigne
au Regiment des Gardes Françoises , Gouverneur
du Château Royal du Puy - Laurent
mourut le même jour , âgé de 25 ans.
Paul Sigismond de Montmorency Luxembourg
, Duc de Chatillon, &c. mourut le 28 Octobre
, dans la 68 e année de son âge . Son Corps
fut porté le lendemain à l'Eglise Paroissiale de
S. Sulpice , et ensuite transporté en grand Convoy
à celle des Celestins , où est la Sépulture de
sa Maison. M. l'Abbé Amé , Docteur en Théologie
, Prêtre de la Communauté de S. Sulpice ,
en presentant le Corps au R. P. Prieur des Célestins
, prononça le Discours suivant : -
MON R. PERE ,
C'est-là le Corps de Très-Haut et très - Puissant
Seigneur , Monseigneur Paul Sigismond
de Montmorency- Luxembourg , Duc de Chátillon
, &c.
I ij Que
2464 MERCURE DE FRANCE
Que de grands noms réunis ensemble ! un
seat suffiroit pour désigner un Héros , et c'est
assez de les nommer pour se rappeller l'idée
de la plus haute naissance , de la valeur , de
la generosité, de toutes les vertus qui forment
un grand Homme . N'attendez pas de moi queje
vous retrace ici les hauts faits de ses glorieux
Ancêtres > et que j'arrache des bras mêmes de
la mort ses plus illustres Trophées : laissons reposer
en paix les cendres respectables des Montmorency
et des Luxembourg , et ne cherchons
pas à les inquieter par le bruit de quelques éloges
trop méritez pour se flatter qu'ils puissent
en être touchez . Il ne sont plusien vain,nous dit
ie Prophete , les chercherions - nous dans les Pa-
Lais superbes qu'ils ont habitez, nous ne les
retrouverons que dans la mémoire et dans le
coeur de ces genies heureux qui ont le courage
de se proposer des modeles inimitables ; attachons-
nous donc à quelques réfléxions plus conformes
à la cérémonie triste et lugubre qui nous
assemble , et plus dignes du caractere dont j'ai
l'honneur d'être revêtu .
Que l'Apôtre S. Paul avoit bien raison de
dire que nous ne devons pas nous attacher à la
figure du monde qui passe , toute grandeur
vient aboutir à la mort ; soixante-sept ans ont
été à M.le Duc de Chatillon comme la porte par
où il est entré dans cette redoutable Eternité ;
heureux s'il en a profité pour son salut ; car enfin
quelque grand qu'ilfût , il est tombé entre
les mains d'un Dieu puissant , d'un Dieu dont
le bras n'est pas plus fatigué à punir un Roy ,
que son Sujet ; un Grand qu'un petit ; c'est dans
la méditation de ces veritez saintes et terribles
que le Roy David s'écrioit : Seigneur , qui
habitera
OCTOBRE. 1731. 2465
habitera dans vos Tabernacles , et qui sera assez
heureux pour se reposer en paix dans votre Montagne
Sainte ? Celui - là seul qui sera entré sams
tache dans cette nuit affreuse, pendant laquelle
il n'est plus permis d'operer. Grand Dieu que
vosjugemens sont justes et redoutables !
Craignons pour nous , puisque la crainte peut
encore nous être salutaire , et esperons pour l'illustre
Mort , qui fait le sujet de nos larmes . Le
Seigneur avoit appesanti sa main sur lui pendant
les derniers temps de sa vie , présage consolant
qu'il a voulu lui faire miséricorde dans
Péternité ; les douleurs d'une maladie longue et
aiguë ont été comme le Sceau sacré dont il l'a
marqué pour le dérober aux coups de l'Ange Exterminateur
; sa patience , la constance même
qu'il a fait éclater dans le cours de sa derniere
maladie , après l'avoir disposé à recevoir avec
édification , les Sacremens de l'Eglise , lui auront
obtenu de Dieu le pardon de quelques foiblesses
, le dirai -je ? ausquelles les Grands n'échapent
que par miracle. Prions pour lui M.R- Ps
offrons à la justice de Dieu le Sang de l'Agneau
sans tache ; il éteindra les flâmes destinées à
punir les malheureux restés du péché et ses plus
légeres offenses , et lui avancera son bonheur
éternel.
Cependant les précieuses dépouilles de M. le
Duc de Châtillon , attendent avec impatience
d'être réunis à celles des Héros , qui lui ont
donné le jour, triste et dernier avantage , où vai
enfin se perdre la grandeur humaine.
Dame Anne-Françoise de Musino , épouse de
Louis de Fenis , Seigneur de Lusanges , Maître
d'Hôtel de feu M. le Duc de Berry ; Ecuyer de
I iij M3-
2466 MERCURE DE FRANCE
Madame Duchesse de Berry , et Capitaine dans
le Regiment Colonel General Cavalerie ; accoucha
le 25 Septembre , d'un fils , qui fut nommé
François -Joseph par François- Joseph de Choiseuil
, Marquis de Steinville , Envoyé extraordinaire
de S. A. R. le Duc de Lorraine ; et par
Dame Pulcherie de Condé , épouse de Nicolas
de Caseau , Capitaine de Dragons.
Le même jour les Cérémonies du Baptême furent
suppléées à une fille d'Alexis - Magdelaine ,
Comte de Châtillon , Chevalier des Ordres du
Roy , Maréchal des Camps et Armées de S. M.
Mestre de Camp General de la Cavalerie Legere ,
Grand Bailli d'Hagueneau ; et de Dame Magdelaine-
Anne- Gabrielle le Veneur de Tillieres . Elle
fut nommée Gabrielle- Loüise,par Louis Vincent,
Comte de Goëbriant , Mestre de Camp du Regiment
de Dragon de Condé , et par Dame Michelle-
Gabrielle Dugué de Bagnols , épouse de
Jacques Tanneguy le Veneur , Comte de Tillieres
, Brigadier des Armées du Roy.
Dame Henriette Bibienne de Franquetot de
Coigny , épouse de Jean- Baptiste - Joachin Colbert
, Marquis de Croissy, &c. Conseiller d'Etat,
Capitaine des Gardes de la Porte ; Colonel du
Regiment Royal Infanterie; accoucha le 17 Septembre
d'un fils , qui fut nommé Simon - Corentin
, par Nicolas - Simon Arnauld , Marquis de
Pomponne , &c. ancien Lieutenant General de
Roy, Commandant pour S. M. au Gouverne
ment de l'Isle de France, Soissonnois, Laonnois ,
&c. Brigadier des Armées du Roy ; et par Dame
Marie Therese de Nevet , épouse de Jean- François
-Antoine de Franquetot , Comte de Coigny ,
Mestre de Camp General des Dragons , Gouverneur
de la Ville et du Chateau de Caën.
Dame
OCTOBRE 1731 2467
Dame Claude - Françoise Guillois , épouse de
M. Jean- Baptiste Camille de Bragelogne , Conseiller
au Parlement , accoucha le 3 de ce mois ,
d'un fille qui fut tenue sur les fonts et nommée
Marie Michelle-Louise , par M. Louis -François
Marandon de la Maisonfort , fils de M. Louis
Marandon , Conseiller , Secretaire du Roy , Seigneur
de la Maisonfort , Receveur General des
Finances , et par Dame Marie- Anne-Louise Guillois
, épouse du sieur Marandon
-
Dame Marie Josephe de Bouffler , Dame du
Palais de la Reine, épouse de M. François Camille
de Neufville de Villeroy , Duc d'Alincourt , Mestre
de Camp du Regiment de Cavalerie de Villeroy
, Lieutenant pour le Roy au Gouvernement
du Lyonnois , Forêts et Beaujollois , Baron de
Marais , &c. accoucha le 8 d'un fils , qui fut tenu
sur les Fonts , et nommé Gabriel- Louis , par M.
Louis Nicolas de Neufville , Duc de Villeroy ,
Pair de France , Chevalier des Ordres du Roy ,
Capitaine de la premiere et plus ancienne Compagnie
Françoise des Gardes du Corps du Roy ,
Lieutenant General de ses Armées , Gouverneur
de la Ville de Lyon , et des Provinces de Lyonnois
, Forêts et Beaujollois , et par D. Gabrielle-
Victoire de Rochechouart , Duchesse de Lesdiguieres
, veuve de M. Armand de Crequy , Duc
de Lesdiguieres.
Le 4 Octobre , le Comte de Blanes , fils du
Marquis de Blanes , est parti pour Tours , où il
va épouser Mademoiselle de la Rochefoucault de
-Neuilly , que Madame la Princesse de Conty ,
troisiéme Douairiere, a fait élever dans l'Abbaye
de Beaumont.Cette Princesse à qui cette Demoiselle
a l'honneur d'être alliée , et qu'elle regarde
I iiij comme
2468 MERCURE DE FRANCE
comme sa fille , fait ce mariage . Le Prince et la
Princesse de Carignan ont bien voulu se charger
de la Procuration de M. de Blanes pour conclure
ce mariage. Ils ont signé le Contrat , comme parens.
La Maison de Blanes portant les Armes de
Savoye , et n'ayant qu'un même origine avec les
Princes de cette Maison ; ce qui a été reconnu
le feu Roy et par Louis XV . dans differentes
Patentes . Le mariage se fera à Verret , où est son
A. S. Madame la Princesse de Conty. Delà les
nouveaux mariez partiront pour se rendre en
Roussillon , où sont les Terres du Comte de
Blanes.
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Résumé : MORTS, NAISSANCES , & Mariages.
En septembre et octobre 1731, plusieurs décès et naissances notables ont été enregistrés. Parmi les décès, Laude Henin, Conseiller et Secrétaire du Roi, est décédé à l'âge de 81 ans. Marie-Anne Hyacinthe Visdelou de Bienassis, épouse du Comte de la Marck, est morte à 19 ans. D'autres personnalités décédées incluent Jeanne-Jacqueline Brochet de Pontcharost, Anne Desgrés, et Ulderic, Prince de Carpegne. À Paris, Antoine le Moine, médecin du Roi, et Antoine le Févre, Chevalier Seigneur de la Malmaison, sont également décédés. Le Duc de Châtillon, Paul Sigismond de Montmorency Luxembourg, est mort à 68 ans, et son corps a été transporté à l'église des Célestins. Du côté des naissances, Dame Anne-Françoise de Musino a donné naissance à un fils nommé François-Joseph. Gabrielle-Louise, fille du Comte de Châtillon, et Simon-Corentin, fils du Marquis de Croissy, sont également nés. Le texte mentionne aussi le mariage du Comte de Blanes avec Mademoiselle de la Rochefoucault de Neuilly, organisé par la Princesse de Conty.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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30
p. 3070-3073
Reception et Provisions du Premier Président de la Chambre des Comptes. [titre d'après la table]
Début :
M. de Nicolaï, Conseiller au Parlement, fils aîné de M. le Premier President [...]
Mots clefs :
Chambre des comptes, Président, Conseiller, Comptes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Reception et Provisions du Premier Président de la Chambre des Comptes. [titre d'après la table]
M. de Nicolaï , Conseiller au Parle
ment , fils aîné de M. le Premier President
de la Chambre des Comptes , et
dont il est fait mention dans le Mer
cure de France du mois de Juillet der
nier , ayant été pourvû en survivance
( qui est le neuviéme de sa Famille , ) de
la Charge de son pere , a été reçû à l'âge
de vingt - deux ans et demi à la Chambre
le 8. Decembre , ayant obtenu en même-
temps la voix déliberative au Parle
11. Vol:
ment
DECEMBRE. 1731. 307✡
ment. Cette Reception s'est faite en pré-.
sence de tous les Officiers de la Chambre
et d'un grand concours de persona
nes de distinction . M. de Villiers , Maî
tre des Comptes , Rapporteur des Provide
donner son avis, fit un
>
sions, avant que
grand Eloge de ce jeune Magistrat , qui
après avoir prêté Serment entre les mains .
de M. le Président de Paris , et avoir pris
place , fut complimenté
par ce Président,
qui dans un Discours très éloquent , exposa
tout ce qui étoit honorable à la
Chambre et à la Maison de Nicolaï , par
les Graces que nos Rois ont toûjours accordées
en faveur de l'une et de l'autre..
Ensuite M. de Nicolaï fit un très- beau.
Remerciement
, digne de son nom , qu'il
prononça avec toute grace et toute la
dignité convenable
au Poste éminent
qu'il doit occuper un jour.
t
' la
On verra par la lecture de l'Exposé de
ses Provisions , quels ont été les justes
motis de Sa Majesté.
LOUIS , par par la Grace de Dieu , Roy
de France et de Navarre , à tous ceux qui
ces Rresentes verront , SALUT. Les Graces
extraordinaires que nous faisons à quelquesans
de nos Sujets , en consideration de leurs
services , outre ceux de leurs Ancêtres , ne
11. Velo pouvant
1572 MERCURE
DE FRANCE
pouvant que confirmer les autres dans in
fidelité qu'ils nous doivent , nous croyons
qu'en ces rencontres l'avantage d'un Particulier
est celui de l'Etat et du Public , c'est
pourquoi nous ne faisons aucune difficulté
d'accorder de nouvelles marques de notre bien³
veillance à notre amé et feal Conseiller en
nos Conseils d'Etat et Privé , Jean- Aymard
Nicolay , .Premier President Clerc en notre
Chambre des Comptes de Paris , en considération
des grands et importans services
qu'il nous a rendus et au feu Roy , notre
très- honoré Seigneur et Bisayeul, de gloriense
mémoire , et pour lui faire connoître de plus
en plus l'estime toute particuliere que nous
faisons de son mérite personnel et de ses
vertus , nous avons en agréable la supplication
qu'il nous a faite d'admettre la
résignation de sondit Office de Premier President
en faveur de notre amé et féal Ayž
mard-Jean Nicolay , son fils , Conseiller en
notre Cour de Parlement de Paris , et Com
missaire aux Requêtes de notre Palais , à
Condition ncanmoins de survivance et retenue
de services , laquelle nous lui avions accor
dée dès l'année mil sept cent dix -sept , pour
Antoine- Nicolas Nicolay son fils ainé,qu'une
mort prématurée auroit enlevé dans un temps
où sa droiture , sa capacité et une experience
de près de vingt années dans l'exercice de
I A Vola
DECEMBRE. 1731. 3075
la Charge de Conseiller en notredite Cour de
Parlement , le mettoient en état de remplir
avec toute la distinction possible une place
aussi importante , et d'ailleurs bien informez
des qualitez avantageuses qui se trouvent en
la personne dudit Sieur Nicolay , fils , ainsi
que de son affection à notre service dans les
differes Emplois qu'il a exercez , tant en
qualité de Lieutenant dans notre Régiment
d'Infanterie , et de Capitaine de Cavalerie ,
que dans celle de Mesire de Camp d'un Régiment
de Dragonspendant près de dix années
, nous aurions estimé qu'il étoit du bien
de notre service , de le pourvoir cy- devans
dudit Office de Conseiller , dont ledit Sieur
son frere est mort revêtu , étant persuadez
qu'il nous serviroit dans la Magistrature
avec le même Zele qu'il a fait dans nos Trou
pes , ce qu'il nous a déja fait connoître par
une application suivie et une integrité à toute
épreuves ensorte que nous avons tout lien
d'esperer qu'il remplira un jour avec dignité
ladite Charge de Premier President , surtout
étant instruit et formé par un Pere d'une ex-.
perience la plus consommée , animé par son
exemple et celui de ses Ancêtres , qui ont possedé
la même Charge pendant septgenerations ,
et nousy ont servi et les Rois nos predecesseurs,
à leur satisfaction et à la nôtre. A Ces Cau-
SES , &c. 18. Octobre 1731 .
ment , fils aîné de M. le Premier President
de la Chambre des Comptes , et
dont il est fait mention dans le Mer
cure de France du mois de Juillet der
nier , ayant été pourvû en survivance
( qui est le neuviéme de sa Famille , ) de
la Charge de son pere , a été reçû à l'âge
de vingt - deux ans et demi à la Chambre
le 8. Decembre , ayant obtenu en même-
temps la voix déliberative au Parle
11. Vol:
ment
DECEMBRE. 1731. 307✡
ment. Cette Reception s'est faite en pré-.
sence de tous les Officiers de la Chambre
et d'un grand concours de persona
nes de distinction . M. de Villiers , Maî
tre des Comptes , Rapporteur des Provide
donner son avis, fit un
>
sions, avant que
grand Eloge de ce jeune Magistrat , qui
après avoir prêté Serment entre les mains .
de M. le Président de Paris , et avoir pris
place , fut complimenté
par ce Président,
qui dans un Discours très éloquent , exposa
tout ce qui étoit honorable à la
Chambre et à la Maison de Nicolaï , par
les Graces que nos Rois ont toûjours accordées
en faveur de l'une et de l'autre..
Ensuite M. de Nicolaï fit un très- beau.
Remerciement
, digne de son nom , qu'il
prononça avec toute grace et toute la
dignité convenable
au Poste éminent
qu'il doit occuper un jour.
t
' la
On verra par la lecture de l'Exposé de
ses Provisions , quels ont été les justes
motis de Sa Majesté.
LOUIS , par par la Grace de Dieu , Roy
de France et de Navarre , à tous ceux qui
ces Rresentes verront , SALUT. Les Graces
extraordinaires que nous faisons à quelquesans
de nos Sujets , en consideration de leurs
services , outre ceux de leurs Ancêtres , ne
11. Velo pouvant
1572 MERCURE
DE FRANCE
pouvant que confirmer les autres dans in
fidelité qu'ils nous doivent , nous croyons
qu'en ces rencontres l'avantage d'un Particulier
est celui de l'Etat et du Public , c'est
pourquoi nous ne faisons aucune difficulté
d'accorder de nouvelles marques de notre bien³
veillance à notre amé et feal Conseiller en
nos Conseils d'Etat et Privé , Jean- Aymard
Nicolay , .Premier President Clerc en notre
Chambre des Comptes de Paris , en considération
des grands et importans services
qu'il nous a rendus et au feu Roy , notre
très- honoré Seigneur et Bisayeul, de gloriense
mémoire , et pour lui faire connoître de plus
en plus l'estime toute particuliere que nous
faisons de son mérite personnel et de ses
vertus , nous avons en agréable la supplication
qu'il nous a faite d'admettre la
résignation de sondit Office de Premier President
en faveur de notre amé et féal Ayž
mard-Jean Nicolay , son fils , Conseiller en
notre Cour de Parlement de Paris , et Com
missaire aux Requêtes de notre Palais , à
Condition ncanmoins de survivance et retenue
de services , laquelle nous lui avions accor
dée dès l'année mil sept cent dix -sept , pour
Antoine- Nicolas Nicolay son fils ainé,qu'une
mort prématurée auroit enlevé dans un temps
où sa droiture , sa capacité et une experience
de près de vingt années dans l'exercice de
I A Vola
DECEMBRE. 1731. 3075
la Charge de Conseiller en notredite Cour de
Parlement , le mettoient en état de remplir
avec toute la distinction possible une place
aussi importante , et d'ailleurs bien informez
des qualitez avantageuses qui se trouvent en
la personne dudit Sieur Nicolay , fils , ainsi
que de son affection à notre service dans les
differes Emplois qu'il a exercez , tant en
qualité de Lieutenant dans notre Régiment
d'Infanterie , et de Capitaine de Cavalerie ,
que dans celle de Mesire de Camp d'un Régiment
de Dragonspendant près de dix années
, nous aurions estimé qu'il étoit du bien
de notre service , de le pourvoir cy- devans
dudit Office de Conseiller , dont ledit Sieur
son frere est mort revêtu , étant persuadez
qu'il nous serviroit dans la Magistrature
avec le même Zele qu'il a fait dans nos Trou
pes , ce qu'il nous a déja fait connoître par
une application suivie et une integrité à toute
épreuves ensorte que nous avons tout lien
d'esperer qu'il remplira un jour avec dignité
ladite Charge de Premier President , surtout
étant instruit et formé par un Pere d'une ex-.
perience la plus consommée , animé par son
exemple et celui de ses Ancêtres , qui ont possedé
la même Charge pendant septgenerations ,
et nousy ont servi et les Rois nos predecesseurs,
à leur satisfaction et à la nôtre. A Ces Cau-
SES , &c. 18. Octobre 1731 .
Fermer
Résumé : Reception et Provisions du Premier Président de la Chambre des Comptes. [titre d'après la table]
Le texte décrit la réception de M. de Nicolaï, fils aîné de M. le Premier Président de la Chambre des Comptes, à la Chambre des Comptes le 8 décembre 1731. À l'âge de vingt-deux ans et demi, il a été nommé pour succéder à son père, devenant ainsi le neuvième membre de sa famille à occuper cette charge. La cérémonie a eu lieu en présence de tous les officiers de la Chambre et de nombreuses personnes de distinction. M. de Villiers, Maître des Comptes, a loué les qualités du jeune magistrat, qui a ensuite prêté serment et été félicité par M. le Président de Paris. Le roi Louis XV a accordé cette nomination en reconnaissance des services rendus par Jean-Aymard Nicolay, le père, et en considération des qualités d'Aymard-Jean Nicolay, le fils. Le roi a accepté la résignation de la charge de Premier Président en faveur de son fils, avec une clause de survivance et de retenue de services. Cette décision a été motivée par les qualités et les services du fils, tant dans la magistrature que dans l'armée, ainsi que par l'exemple et l'expérience de son père et de ses ancêtres, qui ont occupé cette charge pendant sept générations.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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31
p. 1404-1408
Traité de l'Opinion, &c. [titre d'après la table]
Début :
Briasson, Acquereur du Traité de l'Opinion, a fait relier cet Ouvrage en dix [...]
Mots clefs :
Gilbert-Charles Le Gendre, Saint-Aubin-sur-Loire, Chevalier, Seigneur, Conseiller, Trésorier de France, Maître des requêtes, Cabinet du roi, Parlement, Jeton
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Traité de l'Opinion, &c. [titre d'après la table]
Briasson , Acquereur du Traité de l'Opinion
, a fait relier cet Ouvrage en dix
volumes. L'Auteur a trouvé bon d'être
nommé dans les nouveaux Frontispices.
C'est Gilbert- Charles le Gendre , Marquis.
II. Vol.
de
JUIN. 1733. 1405
·
de S. Aubin sur Loire , cy - devant Maître
des Requêtes.
Il est fils de Charles le Gendre , Chevalier
Seigneur de S. Aubin sur Loire ,
Conseiller au Grand- Conseil , dont la
mort est marquée dans le Mercure du
mois d'Avril 1752.
Le grand- pere de Gilbert- Charles le
Gendre de S. Aubin , a été Charles le
Gendre , Chevalier , Seigneur de S. Aubin
sur Loire , Ecuyer Ordinaire de
Henriette d'Angleterre , premiere femme
de Philippe de France , Duc d'Orleans.
Son Bisaïeul a été Paul le Gendre ,
Chevalier Seigneur de S. Aubin sur Loire
, Maître d'Hôtel de Louis XIII. par
Brévet , signé Louis , et plus bas de Lomenie
, du 3. Février 1634. enregistré
en la Chambre aux Deniers le 14, des mêmes
mois et an. Son nom , ses qualitez
et ses armes se voyent dans son Epitaphe
, en l'Eglise de S. Pierre à Moulins.
Paul le Gendre de S. Aubin , Maître
d'Hôtel du Roy , étoit frere de Jacques
le Gendre , Chevalier Seigneur de Lormoy
, Conseiller d'Etat par Brévet du
15. Janvier 1626. La réception dudit
sieur le Gendre et sa prestation de serment
ès mains de M. d'Aligre , Chancelier
, est du 20. Janvier suivant.
II. Vol. Giiij Jacques
1406 MERCURE DE FRANCE
Jacques le Gendre de Lormoy , Conseiller
d'Etat , a laisé Paul le Gendre
Chevalier Seigneur de Lormoy , Secretaire
du Cabinet de Louis XIII. et de-
Louis XIV . et Maître des Requêtes , décedé
dans sa 96. année en 1713. Le feu
Roy , qui l'avoit vû à la Cour pendant
70. ans , l'appelloit le plus ancien de ses
Domestiques.
›
Il a été Pere de Gaspard - François le
Gendre , Maître des Requêtes et Inten- ,
dant des Generalitez de Montauban
d'Auch et de Tours , qui a deux fils
François-Paul le Gendre , Conseiller au
Parlement , et Leon le Gendre de Lormoy
, Mestre de Camp du Régiment Colonel
Géneral de la Cavalerie ou de la
Cornette Blanche.
Paul le Gendre de Lormoy , Secretaire
du Cabinet , a eu deux freres , Jacques
le Gendre , Chanoine de Notre- Dame de
Paris et Abbé d'Anzy le - Duc , décedé
en 1705. et Claude le Gendre , qui étant
Cornette dans le Mestre de Camp Géneral
de la Cavalerie , fut pris par les
Espagnols en 1655. et mourut à l'âge
de 17. ans de ses blessures. Il en est
parlé dans les Mémoires de Bussy sur
la Campagne de 1655. T. 2. in 4. p. 14.
Jacques le Gendre de Lormoy , Con-
II. Vol. seiller
JUIN. 1733
1407
seiller d'Etat , et Paul le Gendre de Saint
Aubin , Maître d'Hôtel du Roy , étoient
fils de Jean le Gendre , Chevalier , Contrôleur
Géneral de la Marine , qui fur
chargé par Henry IV. d'entendre les propositions
faites par Antoine Perez , Ministre
disgracié de Philippe II. aur sujet
de l'augmentation de la Marine en France.
On trouve plus anciennement Claude
le Gendre , Capinaine de so . Hommes
d'Armes en 1526. Pierre le Gendre , Chanoine
de Notre - Dame de Paris , reçû
Conseiller Clerc au Parlement en 1496.
et Pierre le Gendre , Chevalier , Seigneur
d'Alincourt, Trésorier de France et Géneral
des Finances , qui épousa en premieres
Nôces Jeanne Poncher , Soeur d'Etienne
Poncher , Evêque de Paris , puis Archevêque
de Sens , et en secondes Nôces Charlotte
Briçonnet. La premiere déceda sans
enfans ; la seconde n'eut que deux filles
qui moururent le même jour , ainsi que
M.de Thou l'a remarqué.Par ces deux Mariages
Pierre le Gendre, Trésorier de Fran
ce , fut beau frere et neveu de deux Premiers
Ministres.
›
Il y a dans le Cabinet du Roy , un Jetton
frappé aux Armes des le Gendre
qui sont d'azur à la face d'argent, accompagnée
de trois têtes de filles échevelées
11. Vol. d'or G V
1408 MERCURE DE FRANCE
* d'or. Il est écrit sur ce Jetton : Pietrc
le Gendre , Trésorier de France du Roy
Lois douzeïesme de ce nom. Dans plu
sieurs Cabinets de Curieux , on voit un
autre Jetton frappé aux mêmes Armes, sur
lequel il est écrit : P. le Gendre , Cheva
lier , Trésorier de France ; et au revers on
lit : Judica me Deus , et . discerne causam
meam. Ces Armes sont sculptées anciennément
sur une Porte de la Ville de
Magny, et à Paris , .aux Saints Innocents,
à la Chapelle du S. Sépulchre , en dehors.
La Terre de S. Aubin sur Loire , a été
érigée en Marquisat par Lettres du grand
Sceau , datées d'Avril 1717. registrées au
Parlement et à la Chambre des Comptes
de Bourgogne.
, a fait relier cet Ouvrage en dix
volumes. L'Auteur a trouvé bon d'être
nommé dans les nouveaux Frontispices.
C'est Gilbert- Charles le Gendre , Marquis.
II. Vol.
de
JUIN. 1733. 1405
·
de S. Aubin sur Loire , cy - devant Maître
des Requêtes.
Il est fils de Charles le Gendre , Chevalier
Seigneur de S. Aubin sur Loire ,
Conseiller au Grand- Conseil , dont la
mort est marquée dans le Mercure du
mois d'Avril 1752.
Le grand- pere de Gilbert- Charles le
Gendre de S. Aubin , a été Charles le
Gendre , Chevalier , Seigneur de S. Aubin
sur Loire , Ecuyer Ordinaire de
Henriette d'Angleterre , premiere femme
de Philippe de France , Duc d'Orleans.
Son Bisaïeul a été Paul le Gendre ,
Chevalier Seigneur de S. Aubin sur Loire
, Maître d'Hôtel de Louis XIII. par
Brévet , signé Louis , et plus bas de Lomenie
, du 3. Février 1634. enregistré
en la Chambre aux Deniers le 14, des mêmes
mois et an. Son nom , ses qualitez
et ses armes se voyent dans son Epitaphe
, en l'Eglise de S. Pierre à Moulins.
Paul le Gendre de S. Aubin , Maître
d'Hôtel du Roy , étoit frere de Jacques
le Gendre , Chevalier Seigneur de Lormoy
, Conseiller d'Etat par Brévet du
15. Janvier 1626. La réception dudit
sieur le Gendre et sa prestation de serment
ès mains de M. d'Aligre , Chancelier
, est du 20. Janvier suivant.
II. Vol. Giiij Jacques
1406 MERCURE DE FRANCE
Jacques le Gendre de Lormoy , Conseiller
d'Etat , a laisé Paul le Gendre
Chevalier Seigneur de Lormoy , Secretaire
du Cabinet de Louis XIII. et de-
Louis XIV . et Maître des Requêtes , décedé
dans sa 96. année en 1713. Le feu
Roy , qui l'avoit vû à la Cour pendant
70. ans , l'appelloit le plus ancien de ses
Domestiques.
›
Il a été Pere de Gaspard - François le
Gendre , Maître des Requêtes et Inten- ,
dant des Generalitez de Montauban
d'Auch et de Tours , qui a deux fils
François-Paul le Gendre , Conseiller au
Parlement , et Leon le Gendre de Lormoy
, Mestre de Camp du Régiment Colonel
Géneral de la Cavalerie ou de la
Cornette Blanche.
Paul le Gendre de Lormoy , Secretaire
du Cabinet , a eu deux freres , Jacques
le Gendre , Chanoine de Notre- Dame de
Paris et Abbé d'Anzy le - Duc , décedé
en 1705. et Claude le Gendre , qui étant
Cornette dans le Mestre de Camp Géneral
de la Cavalerie , fut pris par les
Espagnols en 1655. et mourut à l'âge
de 17. ans de ses blessures. Il en est
parlé dans les Mémoires de Bussy sur
la Campagne de 1655. T. 2. in 4. p. 14.
Jacques le Gendre de Lormoy , Con-
II. Vol. seiller
JUIN. 1733
1407
seiller d'Etat , et Paul le Gendre de Saint
Aubin , Maître d'Hôtel du Roy , étoient
fils de Jean le Gendre , Chevalier , Contrôleur
Géneral de la Marine , qui fur
chargé par Henry IV. d'entendre les propositions
faites par Antoine Perez , Ministre
disgracié de Philippe II. aur sujet
de l'augmentation de la Marine en France.
On trouve plus anciennement Claude
le Gendre , Capinaine de so . Hommes
d'Armes en 1526. Pierre le Gendre , Chanoine
de Notre - Dame de Paris , reçû
Conseiller Clerc au Parlement en 1496.
et Pierre le Gendre , Chevalier , Seigneur
d'Alincourt, Trésorier de France et Géneral
des Finances , qui épousa en premieres
Nôces Jeanne Poncher , Soeur d'Etienne
Poncher , Evêque de Paris , puis Archevêque
de Sens , et en secondes Nôces Charlotte
Briçonnet. La premiere déceda sans
enfans ; la seconde n'eut que deux filles
qui moururent le même jour , ainsi que
M.de Thou l'a remarqué.Par ces deux Mariages
Pierre le Gendre, Trésorier de Fran
ce , fut beau frere et neveu de deux Premiers
Ministres.
›
Il y a dans le Cabinet du Roy , un Jetton
frappé aux Armes des le Gendre
qui sont d'azur à la face d'argent, accompagnée
de trois têtes de filles échevelées
11. Vol. d'or G V
1408 MERCURE DE FRANCE
* d'or. Il est écrit sur ce Jetton : Pietrc
le Gendre , Trésorier de France du Roy
Lois douzeïesme de ce nom. Dans plu
sieurs Cabinets de Curieux , on voit un
autre Jetton frappé aux mêmes Armes, sur
lequel il est écrit : P. le Gendre , Cheva
lier , Trésorier de France ; et au revers on
lit : Judica me Deus , et . discerne causam
meam. Ces Armes sont sculptées anciennément
sur une Porte de la Ville de
Magny, et à Paris , .aux Saints Innocents,
à la Chapelle du S. Sépulchre , en dehors.
La Terre de S. Aubin sur Loire , a été
érigée en Marquisat par Lettres du grand
Sceau , datées d'Avril 1717. registrées au
Parlement et à la Chambre des Comptes
de Bourgogne.
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Résumé : Traité de l'Opinion, &c. [titre d'après la table]
Le texte présente la famille Le Gendre et ses membres notables. Briasson a publié le 'Traité de l'Opinion' en dix volumes, attribuant la paternité de l'œuvre à Gilbert-Charles Le Gendre, Marquis de Saint-Aubin-sur-Loire. Gilbert-Charles est le fils de Charles Le Gendre, Chevalier et Seigneur de Saint-Aubin-sur-Loire, décédé en avril 1752. Son grand-père, également nommé Charles Le Gendre, était Écuyer Ordinaire d'Henriette d'Angleterre. Paul Le Gendre, arrière-grand-père de Gilbert-Charles, fut Maître d'Hôtel de Louis XIII. Jacques Le Gendre, frère de Paul, occupa la fonction de Conseiller d'État. Paul Le Gendre de Lormoy, Secrétaire du Cabinet de Louis XIII et Louis XIV, décéda à l'âge de 96 ans en 1713. Il avait deux frères : Jacques, Chanoine de Notre-Dame de Paris, et Claude, mort à 17 ans en 1755. Jean Le Gendre, père de Jacques et Paul, fut Contrôleur Général de la Marine sous Henri IV. Le texte mentionne également des ancêtres plus lointains, tels que Claude Le Gendre, Capitaine en 1526, et Pierre Le Gendre, Trésorier de France. Les armes de la famille Le Gendre sont décrites et présentes sur divers objets et lieux. La terre de Saint-Aubin-sur-Loire fut érigée en marquisat en 1717.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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32
p. 615-622
MORTS NAISSANCES, et Mariages.
Début :
Le 27 Janvier 1734. le Sieur de Salmon, Brigadier des Armées du Roy, du 21 Septembre [...]
Mots clefs :
André de Lée, René-François de Froullay de Tessé, Michel-François Berthelot, Jeanne Severt du Pin, François-Louis Dauvet, Catherine-Louise de Lamoignon, Marie-Louis Caillebot de la Salle, Paul-Marie-Bonaventure Lelay du Plessis-Le Lay, Marie-Madeleine Delpech, Armées du roi, Conseiller, Parlement de Paris
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS NAISSANCES, et Mariages.
MORTS NAISSANCES
et Mariages.
,
E 27 Janvier 1734. le Sieur de Salmon , Brigadier
des Armées du Roy , du 21 Septembre
1710. Chevalier de l'Ordre Militaire de Saint
Louis , et Chef des Ingénieurs dans l'armée de
France en Italie , mourut de maladie à Milan.
Le 16 Février 1734. André de Lée, Irlandois ,
Lieutenant General des Armées du Roy , er
Grand- Croix de l'Ordre Royal et Militaire de
S. Louis , mourut à S. Germain en Laye dans la
84 année de son âge . Il avoit suivi en France
Jacques II Roy d'Angleterre , et il avoit été
fait en 1690. Colonel d'un Régiment d'infanterie
de sa nation , Chevalier de l'Ordre de Saint
Louis , le 6 Février 1694. et Brigadier le 28
Avril suivant. Il servit en 1697 , au Siége d'Ath
en Flandres , fut fait Maréchal de Camp le 23
Décembre 1702. se trouva au passage de la Fofêt
noire , sous le Maréchal de Villars , fut
blessé
616 MERCURE DE FRANCE
1704.
blessé à la premiere Bataille d'Hocstet en 1703:
et fut fait Lieutenant General le 26 Octobre
Il servoit en 1708. au Siége de la Ville de
Lille , où il fut blessé à la tête d'un éclat de Gre
nade , ce qui l'obligea de se retirer à Douay après
la prise de cette Place. Il fut nommé alors Grand
Croix Surnumeraire de l'Ordre de S. Louis , et
1715. la place effective de Grand Croix ,
par la mort du Maréchal de Rosen. Il s'étoit
démis de son Régiment au mois de Septembredernier
, étant hors d'état de servir à cause de
son grand âge.
en
Le 28 du même mois , René-François de Froulay
de Tessé , Chevalier de l'Ordre de S. Jean de
Jerusalem , Commandeur de la Commanderie
des Schlip ou Slykes , Abbé Commandátaire de
l'Abbaye d'Aunay , Ordre de Citeaux , Diocèse
de Bayeux , Brigadier des Armées du Roy , et
Gouverneur de la Fléche en Anjou , mourut au
Château de Lavardin , au Maine , dans la 48
année de son âge. Il étoit troisiéme fils de feu
René de Froulay , Comte de Tessé , Grand d'Espagne
de la premiere classe , Maréchal de France
, Chevalier des Ordres du Roy et de la Toison
d'Or , &c. mort le 30 May 1725. et de feuë
Marie-Françoise Auber d'Aunay , morte le 30de
Mars 1709. le Commandeur de Tessé après avoir
servi dans les Mousquetaires du Roy , fut fait
Colonel du Régiment d'Infanterie ci -devant de
Gast Belleaffaire , par commission du 7 Mars
1704 alla servir à la tête de ce Régiment en
Italie , se trouva au Siége de Suse , dont il
porta au Roy la nouvelle de la prise le 26 Juin
1704. servit aussi en 1706. au Siége de Turin ,
cut le Régiment de la Couronne au mois de May
1707. et celui deChampagne au mois de Février
ap-
1712
MARS 617
1734
1712. le Gouvernement de la Fléche lui fut
donné au mois de Novembre 1714. le Roy le
nomma Brigadier le premier Février 1719. et lui.
accorda la Commanderie de l'Abbaye d'Aunay
le 30.Avril 1721. Il s'étoit démis du Régiment
de Champagne au mois de Septembre 1731 .
Le même jour Michel François Berthelot ,
Ecuyer , Sr de Rebourceau , Chevalier de l'Ordre
Militaire de S. Louis , Maréchal des Camps et
Armées du Roy , Gouverneur et Grand- Bailly
de Thionville , y mourut dans la 59 année
de son âge , étant né le 2. Avril 1675. Il
avoit été successivement Capitaine de Cavalerie
dans le Régiment Royal Etranger , Colonel
d'un Regiment d'Infanterie, ci - devant Bragelon
gne , puis de celui de Bretagne au mois de Décembre
1704. nommé Brigadier le 30 Mars
1710. Maréchal de Camp le premier Février
1719. et en dernier lieu Gouverneur de Thionville
, par la démission du Comte de Muret , au
mois de Juin 1733. Il étoit le quatriéme fils de
feu François Berthelot , Seigneur de Jouy ,
Comte de l'Isle de S. Laurent en Canada , Conseiller
du Roy en ses Conseils d'Etat et de ses Finances
, Secretaire de S. M Maison Couronne
de France et de ses Finances , Commissaire General
de l'Artillerie , Poudres et Salpêtres de
France et Sécretaire des Commandemens de
feue Madame la Dauphine , ayeule du Roy regnant
, mort le 3 Juin 1712. âgé de 84 ans , et
de feue Anne Regnault d'Uchy sa deuxième
femme , morte le 21 Août 1693 .
"
Le premier de ce mois , mourut à Paris dans
la 59 année de son âge , Charles de Renouard ,
Abbé de l'Abbaye de Conques, Collégiale, Diocèse
de Rhodes , qui lui avoit été conferée le 26 Mars,
1712. Le
618 MERCURE DE FRANCE
Le 14. mourut à Paris , dans la 53 année de
son âge D. Jeanne Severt , veuve depuis le 16
Decembre 1728. de Pierre Poncet de la Riviere ,
Comte d'Ablis , Président au Parlement de Paris
, en la Ve Chambre des Enquêtes . Elle étoit
fille d'Aimé Severt, Seigneur du Pin , et de Framaye
, Conseiller , Secretaire du Roy , près le
Parlement de Paris , et Receveur des Consigna-
- tions des Requêtes du Palais , et de Jeanne - Angelique
le Roux ; et elle laisse deux fils , dont le
cadet qui a été Chanoine de l'Eglise Cathedrale
d'Angers , est Abbé Commandataire de l'Ab
baye de Noaillé , O. S. B. Diocèse de Poitiers ,
depuis le mois d'Octobre 17,0 et Vicaire Gé
néral de l'Evêque de Séez . L'aîné , Pierre Poncet
de la Riviere , Comte d'Ablis , a été reçu
Conseiller au Parlement de Paris , en la Ve
Chambre des Enquêtes, le 14 Janvier 1724. puis
Président , au lieu et place de feu son pere , en
1729. et a épousé au mois d'Avril de la même
année , la seconde fille de Jean - Bonaventure Lelay
, Ecuyer , Seigneur de Villemare , du Guébriant
, du Rocher , &c. Lieutenant des Maréchaux
de France en Bretagne , et de feuë Dame
Anne Crocq.
D. Marie - Angelique de Gassion , épouse de
Louis-François de Damas , Comte d'Anlezy, Guidon
de la Compagnie des Gens - d'Armes de la
Garde du Roy , accoucha le 4 Mars , d'un fils
qui fut tenu sur les Fonts et nommé Jean- Pierre
, par Pierre de Gassion , Chef de Brigade des
Gardes du Corps , et par D. Marie Elisabeth ,
Comtesse d'Anlezy , veuve de Louis- François
Hérard, Comte d'Anlezy , Marêchal des Camps
et Armées du Roy.
·Le
MARS. 1734. 619
Le 13 Janvier , Joseph Joli de Bery , Prési
dent à la Chambre des Comptes de Bourgogne,
épousa Dlle Marie Portail , fille de Louis-
Gabriel Portail , Chevalier , Seigneur de . Fres
neau Granval , & c. et de Dame Mathurine le Jariel
de Forges , son Epouse.
Le 22. Fevrier Charles - François de Montholon ,
Conseiller au Parlement de Paris , où il a été reçû
le 5. Juillet 1713. fils de feu Charles-
François de Montholon , Seigneur du Vivier et
d'Aubervilliers , Premier Président au Parlement
de Rouen , mort le 9. Juin 1703. er de fenë
D. Marie -Anne de la Guillaumie , sa premiere
femme , morte le 10. Juillet 1694. épousa la
Dile Desvieux, fille du Fermier General de ce nom .
Le 23. du même mois François - Louis Dauvet,
Comte des Marests , Seigneur et Baron de Boursault
, de Rupereux , de Berneuil , de Francourt ,
&c. Grand- Fauconnier de France , et Capitaine
d'une Compagnie de Cavalerie , âgé de 23. ans ,
fils de feu M. François Dauvet , Comte des Marests
et de S. Phale , Grand - Fauconier de France,
Gouverneur de Beauvais , et Lieutenant General
du Beauvoisis , mort le 24. Fevrier 1718. à l'âge
de 37. ans , et de D. Marie Robert , sa veuve,
fut marié avec Dlle Catherine - Loüise de Lamoignon
, née le 16. Novembre 1715. fille de feu
Chrétien de Lamoignon , Marquis de Baville
Baron de S. Yon et de Boissy , Seigneur de Lamoignon
, de Broc , de Bergonne , de Gignac ,
d'Auterive , de Sainte Yonne , de la Queilhe , du
Bois- Jardin , et de Cannes , Président au Parle
ment de Paris , Commandeur des Ordres du Roy,
mort le 28. Octobre 1729. et de feue D. Marie-
Louise Gon de Bergonne, morte le 3. Janv.1728 .
Michel Ferdinand d'Albert d'Ailly , Duc de
Picquigny , Pair de France , né le 31 Decembre
1714.
620 MERCURE DE FRANCE
1714. Cornette de la Compagnie des Chevaux
Légers de la Garde ordinaire du Roy , fils
unique de Louis Auguste d'Albert d'Ailly , Duc
de Chaulnes , Pair de France , Vidame d'Amiens ,
Baron de Picquigny , de Vinacourt , & c . Chevalier
des Ordres du Roy , Capitaine- Lieutenant
de la même Compagnie ,Lieutenant General de ses
'Armées , Gouverneur des Villes et Citadelles
d'Amiens et de Corbie ; et de D. Marie- Anne de
Beaumanoir , fut marié le 25 Février 1734. avec
Dlle Anne -Josephe Bonnier , fille mineure de fen
Joseph Bonnier , Baron dè la Mosson , Conseiller
, Secretaire du Roy , Maison , Couronne de
France et de ses Finances , Thrésorier General
des Etats de la Province de Languedoc , mort au
mois de Novembre 1726.et de Dame Anne Mélon
, morte le 15 Août 1727.
Ce mariage a été célébré à Anieres , près de
Paris , dans la Maison du frere de la Mariée.
L'Archevêque de Toulouse a donné la Bénédic
tion nuptiale.
Le 3. de ce mois Marie- Louis Caillebot , Marquis
de la Salle , Capitaine de Cavalerie dans le
Régiment Royal Etranger, né du 11. Fevr. 1716.
fils unique de feu Louis Caillebot , Marquis de la
Salle, Seigneur de Montpinçon, Renancourt, Villemeux
, Prémont et Hannoüart , Chevalier des
Ordres du Roy , Maître de sa Garderobe , et auparavant
Colonel du Régiment de S. M. et Capitaine
Sous- Lieutenant des Chevaux- Legers de sa
Garde , mort le 7. Decem . 1728 âgé de 82. ans,
9. mois , et de D..Jeanne- Helene Gillain de Bénouville,
sa veuve , épousa Dile Marie - Françoise-
Charlotte Benoise de Mareuil , née du 26.Octobre
1712. fille unique de Charles - Auguste Benoise,
Conseiller au Parlement de Paris , et Doyen de
la seconde Chambre des Enquêtes et de D. MarieMARS
1734 621
ric-Anne Berthelot de Pléneuf , son Epouse.
Le même jour Paul - Marie- Bonaventure Lelay,
Seigneur du Plessix - Lelay, de Hirel, du Buchon,
ou Buisson , de Lespinasse , de la Cornilliere , de
la Saulniere , &c. Capitaine de Cavalerie dans le
Régiment de Gesvres , fils aîné de Jean Bonaventure
Lelay , Seigneur de Villemaré, du Guébriant,
du Rocher , & c . Lieutenant des Maréchaux de
France en Bretagne,et de feüe D.Anne Crocq, sa
veuve, morte au mois d'Avril 1729.fut marié avec
Dlle Marie- Magdelaine Delpech , fille de Paul
Delpech,Seigneur de Chaumot, Receveur General
d'Auvergne , et de D. Magdeleine de Monchy, sa
femme. Le Marié est d'une Famille noble de la
Province de Bretagne . Son Frere puîné Jean Bonaventure
Lelay de Guébriant , a été reçû Conseiller
au Parlement de Paris , et Commissaire
aux Requêtes du Palais le 27. Août 1728. I ) a
aussi deux Soeurs. L'aînée Françoise Richarde
Lelay de Villemaré , est veuve du Marquis de
Plumartin , de la Maison d'Isoré d'Hervaux ,
dont elle a des enfans , et la cadette a été mariée
ru mois d'Avril 1729, avec le Président Poncet ,
ainsi qu'on l'a remarqué cy-dessus, en rapportant
la mort de la Dame sa Mere. La Mariée a uu
Frere nommé Paul -Marie Delpech , reçû Conseiller
au Parlement de Paris le 26. Août 1733 .
Elle est Niece de Jean Delpech , Seignenr Vicom .
te , Haut-Châtelain de Merinville en Beausse ,
Conseiller en la Grand'Chambre du même Parlement
, où il a été reçû le 13. 1691. et dont le
Fils aîné Jean Michel Delpech d'Angerville , est
aussi Conseiller au Parlement de Paris depuis le
Avril 7, 1729.
Charles- Michel Gaspard de Saulx de Tavannes
, Colonel d'Infanterie du Regiment de Querfy
, fils d'Henry- Charles de Saulx , Comte de
Taranae
622 MERCURE DE FRANCE
Tavannes, premier Lieutenant General de la Province
de Bourgogne , Brigadier des Armées du
Roy , et de D. Marie- Anne - Ursule Amelot ,
épousa le 4 Mars , D. Marie Françoise- Cazimir
de Froulay de Tessé , Fille de René - Louis de
Froulay , Marquis de Tessé , Chef d'Escadre des
Vaisseaux du Roy, et de D. Françoise de Castan.
et Mariages.
,
E 27 Janvier 1734. le Sieur de Salmon , Brigadier
des Armées du Roy , du 21 Septembre
1710. Chevalier de l'Ordre Militaire de Saint
Louis , et Chef des Ingénieurs dans l'armée de
France en Italie , mourut de maladie à Milan.
Le 16 Février 1734. André de Lée, Irlandois ,
Lieutenant General des Armées du Roy , er
Grand- Croix de l'Ordre Royal et Militaire de
S. Louis , mourut à S. Germain en Laye dans la
84 année de son âge . Il avoit suivi en France
Jacques II Roy d'Angleterre , et il avoit été
fait en 1690. Colonel d'un Régiment d'infanterie
de sa nation , Chevalier de l'Ordre de Saint
Louis , le 6 Février 1694. et Brigadier le 28
Avril suivant. Il servit en 1697 , au Siége d'Ath
en Flandres , fut fait Maréchal de Camp le 23
Décembre 1702. se trouva au passage de la Fofêt
noire , sous le Maréchal de Villars , fut
blessé
616 MERCURE DE FRANCE
1704.
blessé à la premiere Bataille d'Hocstet en 1703:
et fut fait Lieutenant General le 26 Octobre
Il servoit en 1708. au Siége de la Ville de
Lille , où il fut blessé à la tête d'un éclat de Gre
nade , ce qui l'obligea de se retirer à Douay après
la prise de cette Place. Il fut nommé alors Grand
Croix Surnumeraire de l'Ordre de S. Louis , et
1715. la place effective de Grand Croix ,
par la mort du Maréchal de Rosen. Il s'étoit
démis de son Régiment au mois de Septembredernier
, étant hors d'état de servir à cause de
son grand âge.
en
Le 28 du même mois , René-François de Froulay
de Tessé , Chevalier de l'Ordre de S. Jean de
Jerusalem , Commandeur de la Commanderie
des Schlip ou Slykes , Abbé Commandátaire de
l'Abbaye d'Aunay , Ordre de Citeaux , Diocèse
de Bayeux , Brigadier des Armées du Roy , et
Gouverneur de la Fléche en Anjou , mourut au
Château de Lavardin , au Maine , dans la 48
année de son âge. Il étoit troisiéme fils de feu
René de Froulay , Comte de Tessé , Grand d'Espagne
de la premiere classe , Maréchal de France
, Chevalier des Ordres du Roy et de la Toison
d'Or , &c. mort le 30 May 1725. et de feuë
Marie-Françoise Auber d'Aunay , morte le 30de
Mars 1709. le Commandeur de Tessé après avoir
servi dans les Mousquetaires du Roy , fut fait
Colonel du Régiment d'Infanterie ci -devant de
Gast Belleaffaire , par commission du 7 Mars
1704 alla servir à la tête de ce Régiment en
Italie , se trouva au Siége de Suse , dont il
porta au Roy la nouvelle de la prise le 26 Juin
1704. servit aussi en 1706. au Siége de Turin ,
cut le Régiment de la Couronne au mois de May
1707. et celui deChampagne au mois de Février
ap-
1712
MARS 617
1734
1712. le Gouvernement de la Fléche lui fut
donné au mois de Novembre 1714. le Roy le
nomma Brigadier le premier Février 1719. et lui.
accorda la Commanderie de l'Abbaye d'Aunay
le 30.Avril 1721. Il s'étoit démis du Régiment
de Champagne au mois de Septembre 1731 .
Le même jour Michel François Berthelot ,
Ecuyer , Sr de Rebourceau , Chevalier de l'Ordre
Militaire de S. Louis , Maréchal des Camps et
Armées du Roy , Gouverneur et Grand- Bailly
de Thionville , y mourut dans la 59 année
de son âge , étant né le 2. Avril 1675. Il
avoit été successivement Capitaine de Cavalerie
dans le Régiment Royal Etranger , Colonel
d'un Regiment d'Infanterie, ci - devant Bragelon
gne , puis de celui de Bretagne au mois de Décembre
1704. nommé Brigadier le 30 Mars
1710. Maréchal de Camp le premier Février
1719. et en dernier lieu Gouverneur de Thionville
, par la démission du Comte de Muret , au
mois de Juin 1733. Il étoit le quatriéme fils de
feu François Berthelot , Seigneur de Jouy ,
Comte de l'Isle de S. Laurent en Canada , Conseiller
du Roy en ses Conseils d'Etat et de ses Finances
, Secretaire de S. M Maison Couronne
de France et de ses Finances , Commissaire General
de l'Artillerie , Poudres et Salpêtres de
France et Sécretaire des Commandemens de
feue Madame la Dauphine , ayeule du Roy regnant
, mort le 3 Juin 1712. âgé de 84 ans , et
de feue Anne Regnault d'Uchy sa deuxième
femme , morte le 21 Août 1693 .
"
Le premier de ce mois , mourut à Paris dans
la 59 année de son âge , Charles de Renouard ,
Abbé de l'Abbaye de Conques, Collégiale, Diocèse
de Rhodes , qui lui avoit été conferée le 26 Mars,
1712. Le
618 MERCURE DE FRANCE
Le 14. mourut à Paris , dans la 53 année de
son âge D. Jeanne Severt , veuve depuis le 16
Decembre 1728. de Pierre Poncet de la Riviere ,
Comte d'Ablis , Président au Parlement de Paris
, en la Ve Chambre des Enquêtes . Elle étoit
fille d'Aimé Severt, Seigneur du Pin , et de Framaye
, Conseiller , Secretaire du Roy , près le
Parlement de Paris , et Receveur des Consigna-
- tions des Requêtes du Palais , et de Jeanne - Angelique
le Roux ; et elle laisse deux fils , dont le
cadet qui a été Chanoine de l'Eglise Cathedrale
d'Angers , est Abbé Commandataire de l'Ab
baye de Noaillé , O. S. B. Diocèse de Poitiers ,
depuis le mois d'Octobre 17,0 et Vicaire Gé
néral de l'Evêque de Séez . L'aîné , Pierre Poncet
de la Riviere , Comte d'Ablis , a été reçu
Conseiller au Parlement de Paris , en la Ve
Chambre des Enquêtes, le 14 Janvier 1724. puis
Président , au lieu et place de feu son pere , en
1729. et a épousé au mois d'Avril de la même
année , la seconde fille de Jean - Bonaventure Lelay
, Ecuyer , Seigneur de Villemare , du Guébriant
, du Rocher , &c. Lieutenant des Maréchaux
de France en Bretagne , et de feuë Dame
Anne Crocq.
D. Marie - Angelique de Gassion , épouse de
Louis-François de Damas , Comte d'Anlezy, Guidon
de la Compagnie des Gens - d'Armes de la
Garde du Roy , accoucha le 4 Mars , d'un fils
qui fut tenu sur les Fonts et nommé Jean- Pierre
, par Pierre de Gassion , Chef de Brigade des
Gardes du Corps , et par D. Marie Elisabeth ,
Comtesse d'Anlezy , veuve de Louis- François
Hérard, Comte d'Anlezy , Marêchal des Camps
et Armées du Roy.
·Le
MARS. 1734. 619
Le 13 Janvier , Joseph Joli de Bery , Prési
dent à la Chambre des Comptes de Bourgogne,
épousa Dlle Marie Portail , fille de Louis-
Gabriel Portail , Chevalier , Seigneur de . Fres
neau Granval , & c. et de Dame Mathurine le Jariel
de Forges , son Epouse.
Le 22. Fevrier Charles - François de Montholon ,
Conseiller au Parlement de Paris , où il a été reçû
le 5. Juillet 1713. fils de feu Charles-
François de Montholon , Seigneur du Vivier et
d'Aubervilliers , Premier Président au Parlement
de Rouen , mort le 9. Juin 1703. er de fenë
D. Marie -Anne de la Guillaumie , sa premiere
femme , morte le 10. Juillet 1694. épousa la
Dile Desvieux, fille du Fermier General de ce nom .
Le 23. du même mois François - Louis Dauvet,
Comte des Marests , Seigneur et Baron de Boursault
, de Rupereux , de Berneuil , de Francourt ,
&c. Grand- Fauconnier de France , et Capitaine
d'une Compagnie de Cavalerie , âgé de 23. ans ,
fils de feu M. François Dauvet , Comte des Marests
et de S. Phale , Grand - Fauconier de France,
Gouverneur de Beauvais , et Lieutenant General
du Beauvoisis , mort le 24. Fevrier 1718. à l'âge
de 37. ans , et de D. Marie Robert , sa veuve,
fut marié avec Dlle Catherine - Loüise de Lamoignon
, née le 16. Novembre 1715. fille de feu
Chrétien de Lamoignon , Marquis de Baville
Baron de S. Yon et de Boissy , Seigneur de Lamoignon
, de Broc , de Bergonne , de Gignac ,
d'Auterive , de Sainte Yonne , de la Queilhe , du
Bois- Jardin , et de Cannes , Président au Parle
ment de Paris , Commandeur des Ordres du Roy,
mort le 28. Octobre 1729. et de feue D. Marie-
Louise Gon de Bergonne, morte le 3. Janv.1728 .
Michel Ferdinand d'Albert d'Ailly , Duc de
Picquigny , Pair de France , né le 31 Decembre
1714.
620 MERCURE DE FRANCE
1714. Cornette de la Compagnie des Chevaux
Légers de la Garde ordinaire du Roy , fils
unique de Louis Auguste d'Albert d'Ailly , Duc
de Chaulnes , Pair de France , Vidame d'Amiens ,
Baron de Picquigny , de Vinacourt , & c . Chevalier
des Ordres du Roy , Capitaine- Lieutenant
de la même Compagnie ,Lieutenant General de ses
'Armées , Gouverneur des Villes et Citadelles
d'Amiens et de Corbie ; et de D. Marie- Anne de
Beaumanoir , fut marié le 25 Février 1734. avec
Dlle Anne -Josephe Bonnier , fille mineure de fen
Joseph Bonnier , Baron dè la Mosson , Conseiller
, Secretaire du Roy , Maison , Couronne de
France et de ses Finances , Thrésorier General
des Etats de la Province de Languedoc , mort au
mois de Novembre 1726.et de Dame Anne Mélon
, morte le 15 Août 1727.
Ce mariage a été célébré à Anieres , près de
Paris , dans la Maison du frere de la Mariée.
L'Archevêque de Toulouse a donné la Bénédic
tion nuptiale.
Le 3. de ce mois Marie- Louis Caillebot , Marquis
de la Salle , Capitaine de Cavalerie dans le
Régiment Royal Etranger, né du 11. Fevr. 1716.
fils unique de feu Louis Caillebot , Marquis de la
Salle, Seigneur de Montpinçon, Renancourt, Villemeux
, Prémont et Hannoüart , Chevalier des
Ordres du Roy , Maître de sa Garderobe , et auparavant
Colonel du Régiment de S. M. et Capitaine
Sous- Lieutenant des Chevaux- Legers de sa
Garde , mort le 7. Decem . 1728 âgé de 82. ans,
9. mois , et de D..Jeanne- Helene Gillain de Bénouville,
sa veuve , épousa Dile Marie - Françoise-
Charlotte Benoise de Mareuil , née du 26.Octobre
1712. fille unique de Charles - Auguste Benoise,
Conseiller au Parlement de Paris , et Doyen de
la seconde Chambre des Enquêtes et de D. MarieMARS
1734 621
ric-Anne Berthelot de Pléneuf , son Epouse.
Le même jour Paul - Marie- Bonaventure Lelay,
Seigneur du Plessix - Lelay, de Hirel, du Buchon,
ou Buisson , de Lespinasse , de la Cornilliere , de
la Saulniere , &c. Capitaine de Cavalerie dans le
Régiment de Gesvres , fils aîné de Jean Bonaventure
Lelay , Seigneur de Villemaré, du Guébriant,
du Rocher , & c . Lieutenant des Maréchaux de
France en Bretagne,et de feüe D.Anne Crocq, sa
veuve, morte au mois d'Avril 1729.fut marié avec
Dlle Marie- Magdelaine Delpech , fille de Paul
Delpech,Seigneur de Chaumot, Receveur General
d'Auvergne , et de D. Magdeleine de Monchy, sa
femme. Le Marié est d'une Famille noble de la
Province de Bretagne . Son Frere puîné Jean Bonaventure
Lelay de Guébriant , a été reçû Conseiller
au Parlement de Paris , et Commissaire
aux Requêtes du Palais le 27. Août 1728. I ) a
aussi deux Soeurs. L'aînée Françoise Richarde
Lelay de Villemaré , est veuve du Marquis de
Plumartin , de la Maison d'Isoré d'Hervaux ,
dont elle a des enfans , et la cadette a été mariée
ru mois d'Avril 1729, avec le Président Poncet ,
ainsi qu'on l'a remarqué cy-dessus, en rapportant
la mort de la Dame sa Mere. La Mariée a uu
Frere nommé Paul -Marie Delpech , reçû Conseiller
au Parlement de Paris le 26. Août 1733 .
Elle est Niece de Jean Delpech , Seignenr Vicom .
te , Haut-Châtelain de Merinville en Beausse ,
Conseiller en la Grand'Chambre du même Parlement
, où il a été reçû le 13. 1691. et dont le
Fils aîné Jean Michel Delpech d'Angerville , est
aussi Conseiller au Parlement de Paris depuis le
Avril 7, 1729.
Charles- Michel Gaspard de Saulx de Tavannes
, Colonel d'Infanterie du Regiment de Querfy
, fils d'Henry- Charles de Saulx , Comte de
Taranae
622 MERCURE DE FRANCE
Tavannes, premier Lieutenant General de la Province
de Bourgogne , Brigadier des Armées du
Roy , et de D. Marie- Anne - Ursule Amelot ,
épousa le 4 Mars , D. Marie Françoise- Cazimir
de Froulay de Tessé , Fille de René - Louis de
Froulay , Marquis de Tessé , Chef d'Escadre des
Vaisseaux du Roy, et de D. Françoise de Castan.
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Résumé : MORTS NAISSANCES, et Mariages.
En janvier et février 1734, plusieurs personnalités notables décédèrent ou se marièrent. Le 27 janvier 1734, le Sieur de Salmon, Brigadier des Armées du Roy, Chevalier de l'Ordre Militaire de Saint-Louis et Chef des Ingénieurs en Italie, mourut de maladie à Milan. Le 16 février 1734, André de Lée, Lieutenant Général des Armées du Roy et Grand-Croix de l'Ordre de Saint-Louis, décéda à Saint-Germain-en-Laye à l'âge de 84 ans. Il avait suivi Jacques II en France et avait servi dans diverses campagnes, notamment au siège d'Ath en 1697, à la bataille d'Höchstädt en 1703, et au siège de Lille en 1708. Le même jour, René-François de Froulay de Tessé, Chevalier de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem et Brigadier des Armées du Roy, mourut au Château de Lavardin à l'âge de 48 ans. Il avait servi dans les Mousquetaires du Roy et avait été Colonel du Régiment d'Infanterie de Gast-Belleaffaire. Michel François Berthelot, Chevalier de l'Ordre Militaire de Saint-Louis et Maréchal des Camps et Armées du Roy, décéda à Thionville à l'âge de 59 ans. Il avait été Gouverneur de Thionville et avait servi dans divers régiments. Le 1er mars 1734, Charles de Renouard, Abbé de l'Abbaye de Conques, mourut à Paris à l'âge de 59 ans. Le 14 mars, D. Jeanne Severt, veuve de Pierre Poncet de la Rivière, Comte d'Ablis, décéda à Paris à l'âge de 53 ans. Elle laissa deux fils, dont l'aîné, Pierre Poncet de la Rivière, était Président au Parlement de Paris. Plusieurs mariages notables eurent lieu en janvier et février 1734. Le 13 janvier, Joseph Joli de Bery, Président à la Chambre des Comptes de Bourgogne, épousa Dlle Marie Portail. Le 22 février, Charles-François de Montholon, Conseiller au Parlement de Paris, épousa Dlle Desvieux. Le 23 février, François-Louis Dauvet, Comte des Marests et Capitaine de Cavalerie, épousa Dlle Catherine-Louise de Lamoignon. Le 25 février, Michel Ferdinand d'Albert d'Ailly, Duc de Picquigny, épousa Dlle Anne-Josèphe Bonnier. Le 3 mars, Marie-Louis Caillebot, Marquis de la Salle, épousa Dlle Marie-Françoise-Charlotte Benoise de Mareuil. Paul-Marie-Bonaventure Lelay, Capitaine de Cavalerie, épousa Dlle Marie-Magdelaine Delpech. Enfin, Charles-Michel Gaspard de Saulx de Tavannes, Colonel d'Infanterie, épousa D. Marie Françoise-Cazimir de Froulay de Tessé.
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33
p. 213-214
MARIAGE.
Début :
Emmanuel-Louis-Auguste, Comte de Pons-Saint-Michel, Maréchal des Camps & Armées [...]
Mots clefs :
Comte, Lieutenant du régiment des dragons, Duc, Conseiller, Dame
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MARIAGE.
MARIAGE.
Emmanuel - Louis - Augufte , Comte de Pons-
Saint-Michel , Maréchal des Camps & Armées de
214 MERCURE DE FRANCE.
" Sa Majefté , Meftre de Camp , Lieutenant du Régiment
de Dragons d'Orléans , Premier Gentilhomme
de la Chambre de M. le Duc d'Orléans ,
Premier Prince du Sang , & Gouverneur de M.
le Duc de Chartres , épouſa le premier de ce mois ,
au Château de Drancy , Anne- Claude Maineaud ,
Fille de Paul-Etienne Maineaud , Confeiller en la
Grand-Chambre du Parlement , & de feue Dame
Marie-Nicole Rollin , & veuve de Joſeph-
Laurent Mazade , l'un des Fermiers-Généraux de
Sa Majesté .
Emmanuel - Louis - Augufte , Comte de Pons-
Saint-Michel , Maréchal des Camps & Armées de
214 MERCURE DE FRANCE.
" Sa Majefté , Meftre de Camp , Lieutenant du Régiment
de Dragons d'Orléans , Premier Gentilhomme
de la Chambre de M. le Duc d'Orléans ,
Premier Prince du Sang , & Gouverneur de M.
le Duc de Chartres , épouſa le premier de ce mois ,
au Château de Drancy , Anne- Claude Maineaud ,
Fille de Paul-Etienne Maineaud , Confeiller en la
Grand-Chambre du Parlement , & de feue Dame
Marie-Nicole Rollin , & veuve de Joſeph-
Laurent Mazade , l'un des Fermiers-Généraux de
Sa Majesté .
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Résumé : MARIAGE.
Le texte décrit le mariage d'Emmanuel-Louis-Auguste, Comte de Pons-Saint-Michel, Maréchal des Camps et Armées, avec Anne-Claude Maineaud, fille de Paul-Étienne Maineaud et de la défunte Marie-Nicole Rollin. La cérémonie a eu lieu le premier jour du mois au Château de Drancy. Anne-Claude Maineaud est veuve de Joseph-Laurent Mazade, Fermier-Général. Le comte occupe plusieurs fonctions prestigieuses, dont Meftre de Camp et Gouverneur du Duc de Chartres.
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34
p. 209-215
SUITE de la Liste de la Vaisselle portée à la Monnoie de Paris.
Début :
Du 24 Décembre 1759. Messieurs m. o. g. Courget, Bourgeois de Paris. [...]
Mots clefs :
Vaisselle, Monnaie, Bourgeois, Conseiller, Marquis, Marchand, Comte, Secrétaire du roi, Liste
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUITE de la Liste de la Vaisselle portée à la Monnoie de Paris.
SUITE de la Lifte de la Vaiffelle portée
à la Monnoie de Paris .
Meffieurs
Du 24 Décembre 1759.
Courget , Bourgeois de Paris.
Mad. Le Blanc, Veuve du Contrôl.
des Rentes .
Brillon , Notaire.
Made Marbourg.
Plus , en or , 4 m. 4 on. ƒ gr. 4.
Le Général des Mathurias.
Pouffot , Infpecteur de Police .
Jourdain de Blicourt , intéreſſé dans
les affaires du Roi.
le Marquis de la Palun , Gouverneur
d'Orange.
De Nefines , fils , Munitionn. gén.
Telles de Saint-Andolle .
De la Salle , Secrétaire du Roi.
Voutier , Secrétaire du Roi .
De la Chenay , Fermier du Roi,
Telles de Lacofte, Grand Maître des
Eaux & Forêts,
Plus , en or , gr. & demi.
Les Peres de Nazareth.
Telle , Traiteur.
Le Marquis de Gouy , Maréchal des
Camps.
Made Gallot , Marchande.
Morinais , ( Quatrième envoi. )
de Pontcarré , ancien Prem . Préfid .
du Parlement de Rouen ,"
Made d'Emery.
m. o.g
9 7 f
II 23
125 1
30 17
10 0 0
5555
276 17
18326
5424
534
6.03
130 4 6
93 10
606
44 7 2
4657
84 1
394 3
4 2
98.1
II ƒ 6
110 MERCURE DE FRANCE.
Meffieurs
Suite du 24 Décembre.
Duport , Maître des Comptes.
de Fontenay.
Geury , Officier de la Reine .
Criftel , Receveur , Port S. Paul.
de la Touche, Intendant des Menus.
Brillon , Notaire.
Darey.
Tourton , Procureur au Châtelet.
de la Brouillaie .
Chalumeau , Proc. au Parlement.
Les Filles de l'Ave- Maria,
Made la Veuve Briffet.
le Marquis de Merry .
les Cordeliers du Grand- Couvent.
Made de Lafontaine , demeurant
au Château de Vincennes .
l'Héritier , Notaire , & Granier
ancien Marchand .
Jacob , Contrôleur de la Maifon
du Roi.
Mérault , Préfident du Bureau des
Finances & Chambre du Domaine
de la Généralité de Paris .
Plus , en or , 7 onc. gr. 12 g.
le Curé de Saint Euſtache.
Tingris , Profeffeur. de Philofophie.
Mile Rouffe , Bourgeoise de Paris .
l'Abbé de la Coffade.
m.o. g.
181 7 £
57 11
2845
456
I
177 7 6
I 2 4
79352
3342
5120
17 7 3
35
60 7
132 I
66 5 x
2472
105 12
35 1 21
10 I 41
49 4 2
915
712 S
12976
Made la Baronne de Befeuval &
M. fon fils . 18302
de Croville , ancien Exempt des
Gardes du Corps.
les Prémontrés , Chef- d'Ordre.
Made Guefnot , Veuve.
2366
222
57
9331
JANVIER. 1760 . 211
Meffieurs
Suite du 24 Décembre.
Gueriot du Vivier , Receveur des
Tailles à Moulins .
Donjon , Commis à la Recette des
Finances à Moulins.
Magnier , Notaire.
Duvieux , Secret . de M. Chauvelin ,
Intendant des Finances .
Plus , pour Mile Durieux fa foeur ,
a remis en or I onc. 4 gr. 24 g.
Made Girard de Buffon.
Mlle Rainteau de Lamarre.
m. O
g.
5651
60 O I
is 4 s
44 0 I
45 0 2
13465
3460 3 11
Du 26 Décembre.
Made Huaut , Marchande.
l'Abbé Graffin .
Made de Pormore.
Made de Montaigu , De de Pinceloup .
de Ségent , prem. Commis du Bureau
de la Guerre.
14 2 2
7001
692
29 161
Boiftel , Traiteur.
176 271
6029
356301
Du 27 Décembre.
Mlle Tinelle , 1 flacon d'or , 2 on. 27 g.
Chenu , Commiffaire au Châtelet.
Ruffet , Chirurgien.
l'Abbelle de Maubuſſon .
Made Pagnion .
Made de Vaudré , Abbeffe de l'Eau ,
Ordre de Citeaux.
49 7 61
31 7 7
6620
71 S 4
24 29
de Verneuil , Meftre de camp de Cav .
Randon de Malboiffiere .
57 2 2
173 06
474 4 7
212 MERCURE DE FRANCE.
Meffieurs
Du 28 Décembre.
Conftantin , ancien Commis de la
Marine.
le Maréchal de Clermont-Tonnerre.
Barthélemi le Coulteux.
Caruel, Marchand.
Mile Fournier ; à la Communauté
de Saint Chaumont,
les Carmes de la Place Maubert.
Aubin , Confeiller au Parlement.
Plus , en or , 3 one. 4 gr. 18 d.
de Saint Laurent , ancien premier
Commis de la Guerre.
Graffin de Mailly , Ingén. du Roi.
Made l'Abbeffe de Maubuffon.
Made l'Abbelle de Pont- aux-Dames.
La Fabrique de S. Pierre aux Boeufs.
le Président de Paris.
de Hemant , Maître des Comptes.
Made de Crillon , Abbeffe de Villier ,
Ordre de Citeaux.
Gagnat de Longuy , Maître des
Requêtes.
Gaunat de Lamotte , Secrét . du Roi,
L'Eglife de Charonne- les- Paris.
le Marquis de Poyanne ,
Petiton , Bourgeois de Paris .
Malartic , Ecayer,
Du 29 Décembre.
m. o.
2145
78 10
149 01
17 3 4
14 3.7
4936
145 of
177 5 3
102 7 S
995 S
5460
764
5.92 1
13674
79 I I
28544
SI 4 4
3.1 3. 6
428 13
700
12 7
1910 I 2
Deschamps , Tréf. gén . des Monnoies. 34 065
Made de Gouy.
Mlle de Poulprie de Tribodinie .
2
12 3 I
2
17 I IL
JANVIER. 1760 . 213
Suite du 29 Décembre.
Meffieurs
Baubec , Secrétaire du Roi.
le Marquis de Senety , Capitaine aux
Gardes.
Neigre , ancien Lieuten . Criminel.
de Marville , Confeiller d'Etat.
Prevolt , Avocat. 2 onc, 21 gr.
Bruau , Correcteur des Comptes.
Made Saunier.
Claeffen , Direct. de la Compagnie
des Indes.
Les Carmélites , rue Chapon.
m. o. g.
48 13
100 5 6
191 34
84 7 4
2844
129 12
74-4 O
2
113 I 21
2
2932
12 4 I
de Bougainville , de l'Acad . Françoife. 53 5 7 ļ
Maigrot , Secrét. de M. de Valliere.
Guillaume , Contrôleur de la Maiſon
de M. le Comte d'Eu.
Germain , Greffier des Req. du Palais.
Couette d'Eaubonne.
le Marquis d'Asfeld , Maréchal de
Camp.
le Marquis des Seftaux.
Made Hayez.
L'Eglife des Invalides.
La Cathédrale de Chartres.
de Louvel .
Les Petits Auguftins .
Made Dauderau .
Les Théatins.
Les Auguftins , Petits Peres .
Les Carmelites , Fauxb . S. Germain.
Les Cordelieres du Fauxb . S. Marcel.
le Duc de la Rochefoucault.
Les Jacobins de la rue S. Jacques.
Made Prieur , Bourgeoile de Paris.
7847
2277
44 571
66
73
IOI 4 6
4752-7
92 I 6
192 1 5
2006
55 66
677
44 2 0
5003
61-34
II 0 6
581 6 1
68 5 4
44 0 I
1
214 MERCURE DE FRANCE.
Meffieurs
Suite du 29 Décembre.
Boyer , Medecin du Roi.
Made Duclos , Bourgeoile de Paris.
Delaunay , Marchand de Vin .
Made & M. le Marquis d'Antery.
Made de Crillon , Abbeffe de Villiers.
Bercher , Receveur des Domaines
du Roi.
Magny , Maître Peintre.
l'Evêque de Séez.
Dubois de Beauvail.
Les Minimes de la Place Royale.
Vincent , Prem. Commis de M. Chauvelin.
Moraine de Lamotte , Ecuyer , demeurant
à Laval .
Made la Ducheffe de Briffac.
Les Prémontrés de l'Abbaye d'Hérmieres.
m. o. g.
177.0 G
18 I S
25 1 I
221 7
25 I 5
21-6
36 4 4
103 6 0
3202
2 I
27 371
48 4 3
57 S
14 2 I
385502
Du 31 Décembre.
Rolland , Confeiller de Grand'- Ch.
le Marquis de Boiſé de Courſenay .
Dufranc Caftel , Huiffier- Prifeur.
le Duc de la Trémoille.
Davignon , Secrétaire du Roi.
de la Salle , Secrétaire du Roi.
Lenoir l'aîné , Notaire.
Les Bénédictins de la Ville- l'Evêque .
de Moutier , Lieutenant génér, à Pon- *
toife.
Les Religieufes de Bellechaffe.
Les Religieufes du Cherchemidi .
20
907
2
39061
132 3 0
118 0 0
375
I I
70 7 4
129 7 0
88 7 5
6
43 5
2
JANVIER. 17601 215
Meffieurs
Suite du 31 Décembre,
Les Bénédictins de S. Luc d'Efferans ,
près Chantilly.
Made de Chamourfet.
Made l'Abbeffe de Montmartre.
Made Geliffe.
Graffin , Directeur général des Monnoies
, Honoraire.
Frecot de Lanty, Confeiller au Grand
Confeil.
Les Célestins de Morcoucy .
Beat , Receveur au Change de la
Monnoie.
}
Bellanger , Avocat général de la Cour
des Aydes.
le Comte de la Riviere , Vicomte de
Tonnerre .
Made la Veuve de Chancourt .
m.
9.g.
45 7 3
1503 2
I
12 69
61761
403 4 I
636 27
100 4
1857
216 2 2
98 30
169 4 2
245663
à la Monnoie de Paris .
Meffieurs
Du 24 Décembre 1759.
Courget , Bourgeois de Paris.
Mad. Le Blanc, Veuve du Contrôl.
des Rentes .
Brillon , Notaire.
Made Marbourg.
Plus , en or , 4 m. 4 on. ƒ gr. 4.
Le Général des Mathurias.
Pouffot , Infpecteur de Police .
Jourdain de Blicourt , intéreſſé dans
les affaires du Roi.
le Marquis de la Palun , Gouverneur
d'Orange.
De Nefines , fils , Munitionn. gén.
Telles de Saint-Andolle .
De la Salle , Secrétaire du Roi.
Voutier , Secrétaire du Roi .
De la Chenay , Fermier du Roi,
Telles de Lacofte, Grand Maître des
Eaux & Forêts,
Plus , en or , gr. & demi.
Les Peres de Nazareth.
Telle , Traiteur.
Le Marquis de Gouy , Maréchal des
Camps.
Made Gallot , Marchande.
Morinais , ( Quatrième envoi. )
de Pontcarré , ancien Prem . Préfid .
du Parlement de Rouen ,"
Made d'Emery.
m. o.g
9 7 f
II 23
125 1
30 17
10 0 0
5555
276 17
18326
5424
534
6.03
130 4 6
93 10
606
44 7 2
4657
84 1
394 3
4 2
98.1
II ƒ 6
110 MERCURE DE FRANCE.
Meffieurs
Suite du 24 Décembre.
Duport , Maître des Comptes.
de Fontenay.
Geury , Officier de la Reine .
Criftel , Receveur , Port S. Paul.
de la Touche, Intendant des Menus.
Brillon , Notaire.
Darey.
Tourton , Procureur au Châtelet.
de la Brouillaie .
Chalumeau , Proc. au Parlement.
Les Filles de l'Ave- Maria,
Made la Veuve Briffet.
le Marquis de Merry .
les Cordeliers du Grand- Couvent.
Made de Lafontaine , demeurant
au Château de Vincennes .
l'Héritier , Notaire , & Granier
ancien Marchand .
Jacob , Contrôleur de la Maifon
du Roi.
Mérault , Préfident du Bureau des
Finances & Chambre du Domaine
de la Généralité de Paris .
Plus , en or , 7 onc. gr. 12 g.
le Curé de Saint Euſtache.
Tingris , Profeffeur. de Philofophie.
Mile Rouffe , Bourgeoise de Paris .
l'Abbé de la Coffade.
m.o. g.
181 7 £
57 11
2845
456
I
177 7 6
I 2 4
79352
3342
5120
17 7 3
35
60 7
132 I
66 5 x
2472
105 12
35 1 21
10 I 41
49 4 2
915
712 S
12976
Made la Baronne de Befeuval &
M. fon fils . 18302
de Croville , ancien Exempt des
Gardes du Corps.
les Prémontrés , Chef- d'Ordre.
Made Guefnot , Veuve.
2366
222
57
9331
JANVIER. 1760 . 211
Meffieurs
Suite du 24 Décembre.
Gueriot du Vivier , Receveur des
Tailles à Moulins .
Donjon , Commis à la Recette des
Finances à Moulins.
Magnier , Notaire.
Duvieux , Secret . de M. Chauvelin ,
Intendant des Finances .
Plus , pour Mile Durieux fa foeur ,
a remis en or I onc. 4 gr. 24 g.
Made Girard de Buffon.
Mlle Rainteau de Lamarre.
m. O
g.
5651
60 O I
is 4 s
44 0 I
45 0 2
13465
3460 3 11
Du 26 Décembre.
Made Huaut , Marchande.
l'Abbé Graffin .
Made de Pormore.
Made de Montaigu , De de Pinceloup .
de Ségent , prem. Commis du Bureau
de la Guerre.
14 2 2
7001
692
29 161
Boiftel , Traiteur.
176 271
6029
356301
Du 27 Décembre.
Mlle Tinelle , 1 flacon d'or , 2 on. 27 g.
Chenu , Commiffaire au Châtelet.
Ruffet , Chirurgien.
l'Abbelle de Maubuſſon .
Made Pagnion .
Made de Vaudré , Abbeffe de l'Eau ,
Ordre de Citeaux.
49 7 61
31 7 7
6620
71 S 4
24 29
de Verneuil , Meftre de camp de Cav .
Randon de Malboiffiere .
57 2 2
173 06
474 4 7
212 MERCURE DE FRANCE.
Meffieurs
Du 28 Décembre.
Conftantin , ancien Commis de la
Marine.
le Maréchal de Clermont-Tonnerre.
Barthélemi le Coulteux.
Caruel, Marchand.
Mile Fournier ; à la Communauté
de Saint Chaumont,
les Carmes de la Place Maubert.
Aubin , Confeiller au Parlement.
Plus , en or , 3 one. 4 gr. 18 d.
de Saint Laurent , ancien premier
Commis de la Guerre.
Graffin de Mailly , Ingén. du Roi.
Made l'Abbeffe de Maubuffon.
Made l'Abbelle de Pont- aux-Dames.
La Fabrique de S. Pierre aux Boeufs.
le Président de Paris.
de Hemant , Maître des Comptes.
Made de Crillon , Abbeffe de Villier ,
Ordre de Citeaux.
Gagnat de Longuy , Maître des
Requêtes.
Gaunat de Lamotte , Secrét . du Roi,
L'Eglife de Charonne- les- Paris.
le Marquis de Poyanne ,
Petiton , Bourgeois de Paris .
Malartic , Ecayer,
Du 29 Décembre.
m. o.
2145
78 10
149 01
17 3 4
14 3.7
4936
145 of
177 5 3
102 7 S
995 S
5460
764
5.92 1
13674
79 I I
28544
SI 4 4
3.1 3. 6
428 13
700
12 7
1910 I 2
Deschamps , Tréf. gén . des Monnoies. 34 065
Made de Gouy.
Mlle de Poulprie de Tribodinie .
2
12 3 I
2
17 I IL
JANVIER. 1760 . 213
Suite du 29 Décembre.
Meffieurs
Baubec , Secrétaire du Roi.
le Marquis de Senety , Capitaine aux
Gardes.
Neigre , ancien Lieuten . Criminel.
de Marville , Confeiller d'Etat.
Prevolt , Avocat. 2 onc, 21 gr.
Bruau , Correcteur des Comptes.
Made Saunier.
Claeffen , Direct. de la Compagnie
des Indes.
Les Carmélites , rue Chapon.
m. o. g.
48 13
100 5 6
191 34
84 7 4
2844
129 12
74-4 O
2
113 I 21
2
2932
12 4 I
de Bougainville , de l'Acad . Françoife. 53 5 7 ļ
Maigrot , Secrét. de M. de Valliere.
Guillaume , Contrôleur de la Maiſon
de M. le Comte d'Eu.
Germain , Greffier des Req. du Palais.
Couette d'Eaubonne.
le Marquis d'Asfeld , Maréchal de
Camp.
le Marquis des Seftaux.
Made Hayez.
L'Eglife des Invalides.
La Cathédrale de Chartres.
de Louvel .
Les Petits Auguftins .
Made Dauderau .
Les Théatins.
Les Auguftins , Petits Peres .
Les Carmelites , Fauxb . S. Germain.
Les Cordelieres du Fauxb . S. Marcel.
le Duc de la Rochefoucault.
Les Jacobins de la rue S. Jacques.
Made Prieur , Bourgeoile de Paris.
7847
2277
44 571
66
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IOI 4 6
4752-7
92 I 6
192 1 5
2006
55 66
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5003
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II 0 6
581 6 1
68 5 4
44 0 I
1
214 MERCURE DE FRANCE.
Meffieurs
Suite du 29 Décembre.
Boyer , Medecin du Roi.
Made Duclos , Bourgeoile de Paris.
Delaunay , Marchand de Vin .
Made & M. le Marquis d'Antery.
Made de Crillon , Abbeffe de Villiers.
Bercher , Receveur des Domaines
du Roi.
Magny , Maître Peintre.
l'Evêque de Séez.
Dubois de Beauvail.
Les Minimes de la Place Royale.
Vincent , Prem. Commis de M. Chauvelin.
Moraine de Lamotte , Ecuyer , demeurant
à Laval .
Made la Ducheffe de Briffac.
Les Prémontrés de l'Abbaye d'Hérmieres.
m. o. g.
177.0 G
18 I S
25 1 I
221 7
25 I 5
21-6
36 4 4
103 6 0
3202
2 I
27 371
48 4 3
57 S
14 2 I
385502
Du 31 Décembre.
Rolland , Confeiller de Grand'- Ch.
le Marquis de Boiſé de Courſenay .
Dufranc Caftel , Huiffier- Prifeur.
le Duc de la Trémoille.
Davignon , Secrétaire du Roi.
de la Salle , Secrétaire du Roi.
Lenoir l'aîné , Notaire.
Les Bénédictins de la Ville- l'Evêque .
de Moutier , Lieutenant génér, à Pon- *
toife.
Les Religieufes de Bellechaffe.
Les Religieufes du Cherchemidi .
20
907
2
39061
132 3 0
118 0 0
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70 7 4
129 7 0
88 7 5
6
43 5
2
JANVIER. 17601 215
Meffieurs
Suite du 31 Décembre,
Les Bénédictins de S. Luc d'Efferans ,
près Chantilly.
Made de Chamourfet.
Made l'Abbeffe de Montmartre.
Made Geliffe.
Graffin , Directeur général des Monnoies
, Honoraire.
Frecot de Lanty, Confeiller au Grand
Confeil.
Les Célestins de Morcoucy .
Beat , Receveur au Change de la
Monnoie.
}
Bellanger , Avocat général de la Cour
des Aydes.
le Comte de la Riviere , Vicomte de
Tonnerre .
Made la Veuve de Chancourt .
m.
9.g.
45 7 3
1503 2
I
12 69
61761
403 4 I
636 27
100 4
1857
216 2 2
98 30
169 4 2
245663
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Résumé : SUITE de la Liste de la Vaisselle portée à la Monnoie de Paris.
Le document présente une liste de personnes ayant effectué des dépôts à la Monnaie de Paris entre le 24 décembre 1759 et le 31 décembre 1759. Les entrées incluent des individus de diverses professions et statuts sociaux, tels que bourgeois, veuves, notaires, maréchaux, gouverneurs, secrétaires du roi, fermiers du roi, et membres de différentes congrégations religieuses. Chaque dépôt est accompagné de montants en livres, sous, et deniers, indiquant les sommes déposées. Les dépôts sont détaillés jour par jour, avec des mentions spécifiques pour certains individus ou groupes, comme les Pères de Nazareth, les Filles de l'Ave-Maria, ou les Carmélites. Les montants varient considérablement, allant de quelques livres à plusieurs milliers de livres. Le texte se conclut par une liste de dépôts effectués le 31 décembre 1759, incluant des religieux, des avocats, et des nobles.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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35
p. 187
Note des Personnes qui sont venues à Parme, avec M. le Prince de Lichtenstein.
Début :
Sçavoir. Chambellans de leurs Majestés Impériales. M. le Prince François De [...]
Mots clefs :
Chevalier, Prince, Comte, Conseiller, Maréchal, Major de cavalerie, Liste
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Note des Personnes qui sont venues à Parme, avec M. le Prince de Lichtenstein.
Note des Perfonnes qui font venues à Parme ,
avec M. le Prince de Lichtenftein .
SCAVO I R.
Chambellans de
leurs Majeftés,
Impériales.
M. le Prince FRANÇOIS DE
LICHTENSTEIN , fon frére.
JEAN DE LICHTENSTEIN.
Le Comte ERNEST DE
KAUNITZ RITTBERG .
Son frere , DOMINIQUE DE
KAUNITZ..
Le Comte de LESTIER .
Le Comte de LAMBERG,
Le Comte BATHYANI.
Le Comte de PUTFFY .
Le Chevalier THOMASOLI . Majors deCava
M. BULDALSI . Slerie.
M. de LOCHENKHAL , Confeiller Aulique de
leurs Majeftés Impériales .
M. le Maréchal Comte BOTTA ADORNO .
M. le Comte de SÁLM .
M. le Comte de PAAR , Grand -Maître des Poftes.
avec M. le Prince de Lichtenftein .
SCAVO I R.
Chambellans de
leurs Majeftés,
Impériales.
M. le Prince FRANÇOIS DE
LICHTENSTEIN , fon frére.
JEAN DE LICHTENSTEIN.
Le Comte ERNEST DE
KAUNITZ RITTBERG .
Son frere , DOMINIQUE DE
KAUNITZ..
Le Comte de LESTIER .
Le Comte de LAMBERG,
Le Comte BATHYANI.
Le Comte de PUTFFY .
Le Chevalier THOMASOLI . Majors deCava
M. BULDALSI . Slerie.
M. de LOCHENKHAL , Confeiller Aulique de
leurs Majeftés Impériales .
M. le Maréchal Comte BOTTA ADORNO .
M. le Comte de SÁLM .
M. le Comte de PAAR , Grand -Maître des Poftes.
Fermer
Résumé : Note des Personnes qui sont venues à Parme, avec M. le Prince de Lichtenstein.
Le document énumère les visiteurs accompagnant le Prince François de Liechtenstein à Parme, incluant des nobles et dignitaires impériaux. Parmi eux figurent Jean de Liechtenstein, les comtes Ernest et Dominique de Kaunitz, les comtes de Lestier, de Lamberg, Bathyani, de Putffy, et le chevalier Thomasoli. Sont également mentionnés M. Buldalsi, M. de Lochenkhal, le maréchal comte Botta Adorno, le comte de Sálm et le comte de Paar.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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36
p. 181
De VIENNE, le 6 Janvier 1763. EXTRAIT d'une Lettre écrite de LEIPSICK, le premier Janvier 1763.
Début :
Nous pouvons enfin espérer de voir bientôt finir nos malheurs. Il y a une négociation ouverte [...]
Mots clefs :
Impératrice, Reine, Conseiller
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De VIENNE, le 6 Janvier 1763. EXTRAIT d'une Lettre écrite de LEIPSICK, le premier Janvier 1763.
De VIENNE, le 6 Janvier 1763 .
EXTRAIT d'une Lettre écrite de LEIPSICK , le
premier Janvier 1763.
Nous pouvons enfin efpérer de voir bientôt
finir nos malheurs . Il y a une négociation ou
verte entre l'Impératrice Reine & Sa Majeſté
Pruffienne pour le rétabliffement de la Paix. Les
Plénipotentiaires font , de la part de la Cour de
Vienne , le fieur de Colembach , Confeiller , &
l'un des premiers Commis des Affaires Etrangè
res; & de la part du Roi de Pruffe , le fieur Hertzberg
, Confeiller de ce Prince. Ils fe font affemblés
à Hubertzbourg , Maiſon de Plaifance de Sa Majefté
Polonoife. Après une conférence très-longue,
le Miniftre Pruffien s'eft rendu ici pour en
rendre compte à fon Maître & pour recevoir fes
ordres. Il y eft encore actuellement ; mais on
préfume que fon féjour ne fera pas long , & qu'il
partira muni des inftructions néceffaires à la réconciliation
des deux Puiffances. Il paroît qu'elles
defirent également de voir bientôt le fuccès de
cette négociation , afin d'épargner , pendant qu'il
en eft temps encore, une partie des frais de la campagne
prochaine , ou de fe préparer plus vigou
reufement à la continuation de la guerra
EXTRAIT d'une Lettre écrite de LEIPSICK , le
premier Janvier 1763.
Nous pouvons enfin efpérer de voir bientôt
finir nos malheurs . Il y a une négociation ou
verte entre l'Impératrice Reine & Sa Majeſté
Pruffienne pour le rétabliffement de la Paix. Les
Plénipotentiaires font , de la part de la Cour de
Vienne , le fieur de Colembach , Confeiller , &
l'un des premiers Commis des Affaires Etrangè
res; & de la part du Roi de Pruffe , le fieur Hertzberg
, Confeiller de ce Prince. Ils fe font affemblés
à Hubertzbourg , Maiſon de Plaifance de Sa Majefté
Polonoife. Après une conférence très-longue,
le Miniftre Pruffien s'eft rendu ici pour en
rendre compte à fon Maître & pour recevoir fes
ordres. Il y eft encore actuellement ; mais on
préfume que fon féjour ne fera pas long , & qu'il
partira muni des inftructions néceffaires à la réconciliation
des deux Puiffances. Il paroît qu'elles
defirent également de voir bientôt le fuccès de
cette négociation , afin d'épargner , pendant qu'il
en eft temps encore, une partie des frais de la campagne
prochaine , ou de fe préparer plus vigou
reufement à la continuation de la guerra
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Résumé : De VIENNE, le 6 Janvier 1763. EXTRAIT d'une Lettre écrite de LEIPSICK, le premier Janvier 1763.
Le 6 janvier 1763, une lettre de Leipzig révèle des négociations en cours entre l'Impératrice Reine et le Roi de Prusse pour rétablir la paix. Les plénipotentiaires sont le sieur de Colembach, conseiller des Affaires Étrangères de la Cour de Vienne, et le sieur Hertzberg, conseiller du Roi de Prusse. Ils se sont rencontrés à Hubertusbourg, résidence du Roi de Pologne. Après une longue conférence, le ministre prussien est retourné à Berlin pour informer son souverain et obtenir des instructions. Son séjour à Berlin doit être bref afin de repartir rapidement avec les directives nécessaires à la réconciliation. Les deux parties souhaitent accélérer les négociations pour éviter les coûts d'une prochaine campagne ou se préparer à la poursuite des hostilités.
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37
p. 214-222
TRAITÉ de paix conclu entre sa Majesté le Roi de POLOGNE, Electeur de Saxe, & Sa Majesté le Roi de PRUSSE, au Château de Hubertzbourg, le 15 Février 1763.
Début :
Sa Majesté le Roi de Pologne, Electeur de Saxe, & Sa Majesté le Roi de Prusse, [...]
Mots clefs :
Roi de Pologne, Électeur de Saxe, Roi de Prusse, Guerre, Paix, États, Assemblée, Conseiller, Traité de paix, Articles, Voisinage, Amitié, Amnistie générale, Harmonie, Contributions, Troupes, Évacuation, Règlement, Officiers, Soldats, Artillerie, Fortifications, Obligation, Justice, Accords, Intérêts, Diète, Paiements
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : TRAITÉ de paix conclu entre sa Majesté le Roi de POLOGNE, Electeur de Saxe, & Sa Majesté le Roi de PRUSSE, au Château de Hubertzbourg, le 15 Février 1763.
TRAITÉ de paix conclu entre Sa Majesté le Roi
de POLOGNE , Electeur de Saxe , & Sa Majesté
le Roi de PRUSSE , au Château de Hubertzbourg
,le 15 Février 1763 .
Sa Majesté le Roi de Pologne , Electeur de
Saxe , & Sa Majesté le Roi de Pruſſe , animés du
defir réciproque de mettre fin aux calamités de
la guerre , & de rétablir l'union , la bonne intelligence&
le bon voiſinage entre eux & leurs Etats
reſpectifs , ayant réfléchi ſur les moyens les plus
propres pour parvenir à un but ſi ſalutaire , & le
Prince Royal de Pologne & Electoral Héréditaire
de Saxe s'étant employé à concerter une aſſemblée
de Plénipotentiaires , qui fut ſuivie d'une négociation:
pour en avancer le ſuccès , & pour écarter
les retardemens que l'éloignement auroit pû faire
naître, Sa Majesté le Roi de Pologne , Electeur
de Saxe , a confié à Son Alteſſe Royale le ſoin d'y
ménager ſes intérêts : on eſt convenu de faire tenir
au château de Huberzbourg des conférences
depaix.
En conféquence de quoi Leurs Majeſtés ont
nommé & autoriſé des Plénipotentiaires , ſavoir :
Sa Majeſté le Roi de Pologne , Electeur de Saxe ,
le ſieur Thomas , Baron de Fritſch , ſon Conſeiller
Privé ; & Sa Majeſté le Roi de Pruſſe, le ſieur
Ewald- Frederic de Hertzberg , ſon conſeiller Privé
d'Ambaſſade, leſquels , après s'etre duement
communiqué & avoir échangé leurs pleins pouvoirs
en bonne forme, ont arrêté , conclu & figné
les Articles ſuivans d'un Traité de paix.
JUIN. 1763 . 215
ARTICLE I. Il y aura une paix ſolide , une
amitié ſincère & un bon voifinage entre S. M. le
Roi de Pologne , Electeur de Saxe , & S. M. le
Roi de Pruſie & leurs Héritiers , Etats , Pays &
Sujets : & en conféquence , il y aura une amnif
tie générale & un oubli éternel de tout ce qui eſt
arrivé entre les hautes Parties contractantes , à
l'occaſion de la préſente guerre , de quelque nature
que cela puiſſe avoir été , & il ne ſera point
demandé de dédommagement de part& d'autre ;
ſous quelque prétexte ou nom que ce puiſſe être ,
mais toutes les prétentions réciproques , occafionnées
par cette guerre , demeureront entiérement
éteintes , annullées & anéanties .
Les hautes Parties contractantes & leurs Héritiers
cultiveront à l'avenir entr'elles une bonne
harmonie & parfaite intelligence, en tâchant d'avancer
leurs intérêts réciproques , & d'écarter
tout ce qui pourroity nuire ou y donner la moindreatteinte
.
Sa Majeſté le Roi de Pruſſe promet en particulier
que , dans les occaſions qui ſe préſenteront de
pouvoir procurer des convenances à Sa Majefté
le Roi de Pologne , Electeur de Saxe , ou à la
Maiſon , ſans que ce ſoit aux dépens de Sadite
Majesté Pruſienne. Elle y contribuera avec le
plus grand zéle , & ſe concertera à cet effet avec
Sa Majesté Polonoiſe & avec leurs Amis communs
.
ART . II . Toutes les hoftilités ceſſeront entiérement
à compter du II Février incluſivement ;
&depűis le même jour Sa Majesté Pruſſienne fera
ceffer entiérement & pleinement toutes contributions
ordinaires & extraordinaires , toutes livraiſons
de proviſions de bouche , fourrages , chevaux
& autre bérail ou autres effets ; toutes demandes
216 MERCURE DE FRANCE.
1
de recrues , valets , travailleurs & voitures , &
généralement toutes fortes de preſtations , de
quelque nature & dénomination qu'elles puiffent
être , & fous quelque titre ou prétexte qu'elles
foient demandées & éxigées , comme auſſi toute
coupe de bois & autres endommagemens dans
tout l'Electorat de Saxe & toutes les parties &
dépendances , y compris la Haute & Balle- Luface.
Si les ordres que Sa Majeſté le Roi de Pruſſe a
donnés là-deſſus, n'étoient pas parvenus leditjour
en tous les endroits occupés par les Troupes de
Sa Majesté Pruſſienne , & que par cette raiſon ,
ou fous d'autres prétextes , il dût arriver qu'on
eût encore pris ou éxigé des caiſſes ou des Sujets
de Sa Majeſté Polonoiſe quelque argent ou quelque
autre preſtation de quelque nature ou valeur
qu'elle pût être , ou qu'on eût cauſé d'autres
dommages , Sa Majesté Pruſſienne fera reſtituer
ſans délai tout ce qui auroit été pris ou éxigé ,
& bonifier toutdommage & perte. En conféquence
de cette ceſſation générale de toute forte de
preſtations , Sa Majesté Pruſſienne renonce également
à tous les arrérages des contributions , livraiſons
& autres preſtations antérieurement demandées
& éxigées , & déclare que toutes les
prétentions y relatives ſeront & demeureront entiérement
éteintes , annullées & anéanties , de
forte qu'il n'en ſera jamais plus fait mention.
ART. III . Sa Majefté le Roi de Pruſſe promet
de commencer les diſpoſitions néceſſaires pour
une prompte évacuation de la Saxe , dès que le
préfent Traité ſera ſigné , & d'effectuer & achever
l'évacuation & la reſtitution de tous les Etats
& Pays , Villes , Places & Forts de S. M.Polonoiſe,
&généralement de toutes parties & dépen' ances
deldirs Etats que S. M. Polonoiſe a poſlédés avant
la
JUIN. 1763. 217
la préſente guerre , dans l'eſpace de trois ſemai
nes , à compter du jour de l'échange des ratificasions;
bien entendu que les Troupes de S. M.
l'Impératrice-Reine de Hongrie & de Bohême
évacueront toute la Saxe dans le même eſpace de
temps. Y
Dès le de Février , Sa Majeſté le Roi de
Pruffe fera nourrir ſes Troupes de ſes propres
magaſins ſans qu'elles foient à charge au pays ,
&on procédera inceſſamment au réglement des
routes que leſdites Troupes prendront en quittant
les Etats de Sa Majesté le Roi de Pologne ,
dans leſquelles elles ſeront conduites & logées
par les Commiſſaires nommés par Sa' Majeſté
Polonoile, qui auront pareillement ſoin des Vorfpanndont
les Troupes auront beſoin pour leurs
marches , &qui leur feront fournisgratuitement ,
à condition que ces Vorſpann ne feront obligés
depafler les frontières de Saxe , quejuſqu'au premier
gîte.
ART. IV. Sa Majesté le Roi de Pruſſe renverra
fans rançon & ſans délai tous lesGénéraux , Officiers
& Soldats de Sa Majesté le Roi de Pologne
, Electeur de Saxe , qui font encore priſonniers
de guerre , & les autres Sujets de Sa lite
Majesté Polonoiſe qui ne voudront pas reſter
dans le ſervice & dans les Etats de Sa Majeſté
Pruſſienne , bien entendu que chacun payera
préalablement les dettes qu'il aura contractées. I
Sadite Majeſté le Roi de Pruſſe rendra auffe
toute l'artillerie , appartenante à Sa Majeſté le
Roi de Pologne , qui ſe trouve encore en Saxe ,
&qui eft marquée aux armes de, Sadire Majesté
Polonoiſe.
En particulier les Villes de Léipfic , Torgau
&Wittemberg feront reftituées par rapport aux
K
218 MERCURE DE FRANCE.
fortifications , dans le même état où elles ſont à
préſent & avec l'artillerie qui s'y trouve marquée
aux armes de Sa Majesté Polonoife.
Sa Majesté Pruſſienne mettra auſſi en liberté
les otages& autres perſonnes qui ont été arrêtées
àl'occaſion de la préſente guerre , & fera rendre
tous les papiers qui appartiennent aux archives
de Sa Majeſté le Roi de Pologne , Electeur de
Saxe , ou aux autres bureaux du Pays , & à l'avenir
il n'en ſera rien allégué ou inféré contre
Sa Majeftéie Roi de Pologne , ni contre ſes Héritiers
& Etats.
ART . V. Le Traité de paix conclu à Dreſde le
25 Décembre 1745 eſt expreſſement renouvellé
&confirmé dans la meilleure forme & dans toute
fa teneur autant que le préſent Traité n'y dérogera
pas , & que les obligations y contenues ſeront
de nature à pouvoir encore avoir lieu .
ART . VI . Pour redreſſer réciproquement tous
les abus qui ſe ſont gliffés dans le commerce au
préjudice des Pays , Etats & Sujets reſpectifs des
hautesParties contractantes , on eft convenu que ,
d'abord après la paix conclue on nommera de
part & d'autre des Commiſlaires qui régleront
les affaires de Commerce fur des principes équitables
& réciproquement utiles.
ILferacaufli réciproquement adminiſtré bonne
& prompte juſtice à ceux des Sujets reſpectifs qui
aurontdesprocès&des prétentions liquides dans
1s Etats de l'une ou de l'autre Partie , & quand
il y en aura qui auront change ou voudrontencore
changer de domicile & paffer de la domination
de l'une fous celle de l'autre des hautes. Parties
contractantes , on ne leur fera point de difficulté
à cet égard.
ART. VII. Sa Majesté le Roi de Pruſſe conſent
1
JUIN. 1763 . 219
d'accéder & fera accéder ſes Sujets créanciers de
la Steuer de Saxe aux arrangemens qu'on prendra
inceſſamment par rapport aux intérêts à payer ,
& pour l'établiſſement d'un fonds d'amortiſſement
folide & durable ſans aucune préférence .
Sa Majesté le Roi de Pologne , Electeur de
Saxe , affure & promet d'un autre côté que ,
conformément auxdits arrangemens , tous les
Sujets de Sa Majeſté Pruſſienne , qui ont ou auront
des capitaux dans la Steuer de Saxe , recevront
leurs intérêts exactement , & que les capitaux
leur feront auſſi rembourſés en entier , ſans
la moindre réduction ni diminution , & dans un
eſpacede temps raiſonnable.
ART . VIII . L'échange de la Ville & du Péage
de Furstenberg & du Village de Schildlo contre
un equivalent an Land und Leuten , ſtipulé dans
l'Article VII de la paix de Dreſde , ayant rencontré
beaucoup de difficultés dans l'éxécution , on
eſt ultérieurement convenu que pour le faciliter
la Ville de Furstenberg , avec ſes dépendances ſituées
en-deçà de l'Oder , ne ſera pas compriſe
dans ce troc & reſtera à Sa Majesté Polonoiſe
mais que d'un autre côté Sadite Majesté le Roi
de Pologne , Électeur de Saxe , cédera à S. M.
Pruſſienne non- ſeulement le Péage de l'Oder ,
qu'Elle a perçu juſqu'ici à Furstenberg , & le
Village de Schildlo avec ſes appartenances au-delà
de l'Oder , maisauſſi généralement tout ce qu'Elle
a poſſédé juſqu'ici des bords & rives de l'Oder ,
tant du côté de la Luſace que de celui de la Marche
, de forte que la rivière de l'Oder faſſe la limite
territoriale , & que la ſupériorité des deux
rives & bords de l'Oder , & de tout ce qui eſt audelà
de l'Oder du côté de la Marche , appartienne
déſormais en entier & excluſivement à Sa Majeſté
le Roi de Pruſſe , ſes Succeſſeurs & Héritiers à
perpétuité. Kij
220 MERCURE DE FRANCE .
Il eſt auſſi convenu que l'équivalent à donner à
Sa Majefté Polonoiſe ne pourra être évalué qu'à
proportion du revenu réel qu'Elle a tiré juſqu'ici
des poffeflions qu'Elle cédera àSa Majesté Pruffienne
, en conféquence de quoi Sa Majesté Polonoiſe
ſe contentera d'un équivalent an Landund
Leuten , dont le revenu réel ſeroit égal au revenu
réel des poſſeſſions qu'Eile cédera à Sa Majeſté
Brufſienne.
Au reſte dans tous les autres points relatifs à cet
échange , l'Article VII de la paix de Dreſde ſera
éxactement obſervé & éxécuté.
ART. IX. Sa Majeſté le Roi de Pruffe accorde
à Sa Majeſté le Roi de Pologne , Electeur de
Saxe , le libre paſſage en tout temps par la Siléfie
en Pologne , & renouvelle en particulier ce
qui a été ſtipulé là- deſſus dans l'Article X du Traitéde
paix conclu à Dreſde en 1745 .
ART. X. Les hautes Parties contractantes ſe gas
rantiſſent réciproquement l'abſervation & l'éx
cution du préſent Traité de paix , & tâcheront
d'en obtenir la garantie des Puillances avec lefquellesElles
font en amitié.
ART . XI . Le préſent Traité de paix ſera ratifié
de part & d'autre , & les ratifications feront expédiées
en bonne & due forme ,& échangéesdans
F'eſpace de quinze jours , ou plutôt fi faire ſe
peut , àcompter du jour de leur ſignature.
En foi de quoi , les ſouſſignés Plénipotentiaires
de Sa Majesté le Roi de Pologne , Electeur de
Saxe, & de Sa Majesté le Roi de Pruſſe , en vertu
de leurs pleins pouvoirs , ont ſigné le préſent
Traité de paix , & y ont fait appoſer les cachets
de leurs armes.
Fait au Château de Hubertzbourg , le is Février
1763.
THOMAS, BARON DE FRITSCH .
( Signé ) EWALD-FREDERIC DE HERTZBERG .
JUI N. 1763 . 221
ARTICLES SÉPARÉS.
ART. I. On est convenu que dans les arrérages
ou autres preſtations arriérées , qui devront
ceffer du II Février 1763 , ne ſera pascompris ce
qui eſt encore dû fur les lettres de change & autres
engagemens par écrit , énoncés dans la ſpécification
ci -jointe ,que Sa Majeſté le Roide Pruſſe
ſe réſerve expreffément , & que Sa Majesté le Roi
dePologne promet de faire acquitter éxactement ,
&ſelon la teneur deſdites lettres de change &
autres engagemens par écrit donnés là-deſſus ,
ſans le moindre rabais ou défalcation , & dans
les monnoiesy promiſes.
ART. II . Pour ne laiſſer aucun doute ſur la
rrature& la ſolidité des arrangemens à prendre
fur les affaires de la Steuer , dont il a été fait
mention dans l'Article VII du Traité de paix ,
Sa Majesté le Roi de Pologne , Electeur de Saxe ,
déclare qu'Elle prendra des arrangemens pour
qu'aucun des créanciers de la Steuer ne perde
riende ſon capital.
Qu'il eſt impoſſible de leur payer les intérêts
arriérés après que tous les revenus du pays ont
été notoirement abſorbés par les calamités de
laguerre.
Que la même raiſon doit valoir pour l'année
préſente après toutes les charges auxquelles le
pays a déja été obligé de fournir.
Mais qu'à l'avenir Sa Majeſté prendra inceſſam.
ment avec les Etats de la Saxe , aſſemblés en
Diéte , les arrangemens néceſſaires pour établir
un fonds prélevable ſur les revenus les plus clairs
du pays , lequel ſera , 10. principalement employé
pour payer éxactement les intérêts qui ne
pourront pas être fixés au-deſſous de trois pour
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE .
cent , tout comme ils ne pourront pas paffer lefdits
trois pour cent. 2°. Que le reſte fera le fonds
d'amortiſſement pour l'acquit ſucceſſif des capitaux
, qui augmentera à proportion de l'acquit
des capitaux & de la diminution des intérêts , &
dont la diſtribution ſe fera annuellement par le
fort , ſans aucune préférence pour perſonne à
quelque titre que ce ſoit. 30. Que l'adminiſtration
dudit fonds total deſtiné au payement des
intérêts & au rembourſement des capitaux ſera
fixée en la ſuſmentionnée Diete prochaine des
Etats de Saxe , de façon qu'il s'y trouve pleine
sûreté , Sa Majesté le Roi de Pologne , Electeur
de Saxe , promettant de donner là-deſſus
toutes les aſſurances convenables.
ART. III. Il a été convenu & arrêté que les
titres employés ou omis de part & d'autre à
l'occaſion de la préſente négociation dans les
pleins pouvoirs & autres actes , ou partout ailleurs
, ne pourront être cités ou tirés à conféquence
, & qu'il ne pourra jamais en réſulter
aucun préjudice pour aucune des Parties intéreffées.
Les trois préſens Articles ſéparés auront la
même force que s'ils étoient mot à mot inférés
dans le Traité principal , & ils ſeront également
ratifiés des deux hautes Parties contractantes .
En foi de quoi les ſouſſignés , Plénipotentiaires
de Sa Majesté le Roi de Pologne , Électeur de
Saxe , & de Sa Majeſte le Roi de Pruſſe , ont
ſigné ces préſens Articles ſéparés , & y ont fait
appoſer les cachets de leurs armes.
• Fait au Château de Huberzbourg le is Février
1763.
THOMAS , BARON DE FRITSCH .
( Signé ) EWALD- FRÉDÉRIC DE HERTZBERG ,
de POLOGNE , Electeur de Saxe , & Sa Majesté
le Roi de PRUSSE , au Château de Hubertzbourg
,le 15 Février 1763 .
Sa Majesté le Roi de Pologne , Electeur de
Saxe , & Sa Majesté le Roi de Pruſſe , animés du
defir réciproque de mettre fin aux calamités de
la guerre , & de rétablir l'union , la bonne intelligence&
le bon voiſinage entre eux & leurs Etats
reſpectifs , ayant réfléchi ſur les moyens les plus
propres pour parvenir à un but ſi ſalutaire , & le
Prince Royal de Pologne & Electoral Héréditaire
de Saxe s'étant employé à concerter une aſſemblée
de Plénipotentiaires , qui fut ſuivie d'une négociation:
pour en avancer le ſuccès , & pour écarter
les retardemens que l'éloignement auroit pû faire
naître, Sa Majesté le Roi de Pologne , Electeur
de Saxe , a confié à Son Alteſſe Royale le ſoin d'y
ménager ſes intérêts : on eſt convenu de faire tenir
au château de Huberzbourg des conférences
depaix.
En conféquence de quoi Leurs Majeſtés ont
nommé & autoriſé des Plénipotentiaires , ſavoir :
Sa Majeſté le Roi de Pologne , Electeur de Saxe ,
le ſieur Thomas , Baron de Fritſch , ſon Conſeiller
Privé ; & Sa Majeſté le Roi de Pruſſe, le ſieur
Ewald- Frederic de Hertzberg , ſon conſeiller Privé
d'Ambaſſade, leſquels , après s'etre duement
communiqué & avoir échangé leurs pleins pouvoirs
en bonne forme, ont arrêté , conclu & figné
les Articles ſuivans d'un Traité de paix.
JUIN. 1763 . 215
ARTICLE I. Il y aura une paix ſolide , une
amitié ſincère & un bon voifinage entre S. M. le
Roi de Pologne , Electeur de Saxe , & S. M. le
Roi de Pruſie & leurs Héritiers , Etats , Pays &
Sujets : & en conféquence , il y aura une amnif
tie générale & un oubli éternel de tout ce qui eſt
arrivé entre les hautes Parties contractantes , à
l'occaſion de la préſente guerre , de quelque nature
que cela puiſſe avoir été , & il ne ſera point
demandé de dédommagement de part& d'autre ;
ſous quelque prétexte ou nom que ce puiſſe être ,
mais toutes les prétentions réciproques , occafionnées
par cette guerre , demeureront entiérement
éteintes , annullées & anéanties .
Les hautes Parties contractantes & leurs Héritiers
cultiveront à l'avenir entr'elles une bonne
harmonie & parfaite intelligence, en tâchant d'avancer
leurs intérêts réciproques , & d'écarter
tout ce qui pourroity nuire ou y donner la moindreatteinte
.
Sa Majeſté le Roi de Pruſſe promet en particulier
que , dans les occaſions qui ſe préſenteront de
pouvoir procurer des convenances à Sa Majefté
le Roi de Pologne , Electeur de Saxe , ou à la
Maiſon , ſans que ce ſoit aux dépens de Sadite
Majesté Pruſienne. Elle y contribuera avec le
plus grand zéle , & ſe concertera à cet effet avec
Sa Majesté Polonoiſe & avec leurs Amis communs
.
ART . II . Toutes les hoftilités ceſſeront entiérement
à compter du II Février incluſivement ;
&depűis le même jour Sa Majesté Pruſſienne fera
ceffer entiérement & pleinement toutes contributions
ordinaires & extraordinaires , toutes livraiſons
de proviſions de bouche , fourrages , chevaux
& autre bérail ou autres effets ; toutes demandes
216 MERCURE DE FRANCE.
1
de recrues , valets , travailleurs & voitures , &
généralement toutes fortes de preſtations , de
quelque nature & dénomination qu'elles puiffent
être , & fous quelque titre ou prétexte qu'elles
foient demandées & éxigées , comme auſſi toute
coupe de bois & autres endommagemens dans
tout l'Electorat de Saxe & toutes les parties &
dépendances , y compris la Haute & Balle- Luface.
Si les ordres que Sa Majeſté le Roi de Pruſſe a
donnés là-deſſus, n'étoient pas parvenus leditjour
en tous les endroits occupés par les Troupes de
Sa Majesté Pruſſienne , & que par cette raiſon ,
ou fous d'autres prétextes , il dût arriver qu'on
eût encore pris ou éxigé des caiſſes ou des Sujets
de Sa Majeſté Polonoiſe quelque argent ou quelque
autre preſtation de quelque nature ou valeur
qu'elle pût être , ou qu'on eût cauſé d'autres
dommages , Sa Majesté Pruſſienne fera reſtituer
ſans délai tout ce qui auroit été pris ou éxigé ,
& bonifier toutdommage & perte. En conféquence
de cette ceſſation générale de toute forte de
preſtations , Sa Majesté Pruſſienne renonce également
à tous les arrérages des contributions , livraiſons
& autres preſtations antérieurement demandées
& éxigées , & déclare que toutes les
prétentions y relatives ſeront & demeureront entiérement
éteintes , annullées & anéanties , de
forte qu'il n'en ſera jamais plus fait mention.
ART. III . Sa Majefté le Roi de Pruſſe promet
de commencer les diſpoſitions néceſſaires pour
une prompte évacuation de la Saxe , dès que le
préfent Traité ſera ſigné , & d'effectuer & achever
l'évacuation & la reſtitution de tous les Etats
& Pays , Villes , Places & Forts de S. M.Polonoiſe,
&généralement de toutes parties & dépen' ances
deldirs Etats que S. M. Polonoiſe a poſlédés avant
la
JUIN. 1763. 217
la préſente guerre , dans l'eſpace de trois ſemai
nes , à compter du jour de l'échange des ratificasions;
bien entendu que les Troupes de S. M.
l'Impératrice-Reine de Hongrie & de Bohême
évacueront toute la Saxe dans le même eſpace de
temps. Y
Dès le de Février , Sa Majeſté le Roi de
Pruffe fera nourrir ſes Troupes de ſes propres
magaſins ſans qu'elles foient à charge au pays ,
&on procédera inceſſamment au réglement des
routes que leſdites Troupes prendront en quittant
les Etats de Sa Majesté le Roi de Pologne ,
dans leſquelles elles ſeront conduites & logées
par les Commiſſaires nommés par Sa' Majeſté
Polonoile, qui auront pareillement ſoin des Vorfpanndont
les Troupes auront beſoin pour leurs
marches , &qui leur feront fournisgratuitement ,
à condition que ces Vorſpann ne feront obligés
depafler les frontières de Saxe , quejuſqu'au premier
gîte.
ART. IV. Sa Majesté le Roi de Pruſſe renverra
fans rançon & ſans délai tous lesGénéraux , Officiers
& Soldats de Sa Majesté le Roi de Pologne
, Electeur de Saxe , qui font encore priſonniers
de guerre , & les autres Sujets de Sa lite
Majesté Polonoiſe qui ne voudront pas reſter
dans le ſervice & dans les Etats de Sa Majeſté
Pruſſienne , bien entendu que chacun payera
préalablement les dettes qu'il aura contractées. I
Sadite Majeſté le Roi de Pruſſe rendra auffe
toute l'artillerie , appartenante à Sa Majeſté le
Roi de Pologne , qui ſe trouve encore en Saxe ,
&qui eft marquée aux armes de, Sadire Majesté
Polonoiſe.
En particulier les Villes de Léipfic , Torgau
&Wittemberg feront reftituées par rapport aux
K
218 MERCURE DE FRANCE.
fortifications , dans le même état où elles ſont à
préſent & avec l'artillerie qui s'y trouve marquée
aux armes de Sa Majesté Polonoife.
Sa Majesté Pruſſienne mettra auſſi en liberté
les otages& autres perſonnes qui ont été arrêtées
àl'occaſion de la préſente guerre , & fera rendre
tous les papiers qui appartiennent aux archives
de Sa Majeſté le Roi de Pologne , Electeur de
Saxe , ou aux autres bureaux du Pays , & à l'avenir
il n'en ſera rien allégué ou inféré contre
Sa Majeftéie Roi de Pologne , ni contre ſes Héritiers
& Etats.
ART . V. Le Traité de paix conclu à Dreſde le
25 Décembre 1745 eſt expreſſement renouvellé
&confirmé dans la meilleure forme & dans toute
fa teneur autant que le préſent Traité n'y dérogera
pas , & que les obligations y contenues ſeront
de nature à pouvoir encore avoir lieu .
ART . VI . Pour redreſſer réciproquement tous
les abus qui ſe ſont gliffés dans le commerce au
préjudice des Pays , Etats & Sujets reſpectifs des
hautesParties contractantes , on eft convenu que ,
d'abord après la paix conclue on nommera de
part & d'autre des Commiſlaires qui régleront
les affaires de Commerce fur des principes équitables
& réciproquement utiles.
ILferacaufli réciproquement adminiſtré bonne
& prompte juſtice à ceux des Sujets reſpectifs qui
aurontdesprocès&des prétentions liquides dans
1s Etats de l'une ou de l'autre Partie , & quand
il y en aura qui auront change ou voudrontencore
changer de domicile & paffer de la domination
de l'une fous celle de l'autre des hautes. Parties
contractantes , on ne leur fera point de difficulté
à cet égard.
ART. VII. Sa Majesté le Roi de Pruſſe conſent
1
JUIN. 1763 . 219
d'accéder & fera accéder ſes Sujets créanciers de
la Steuer de Saxe aux arrangemens qu'on prendra
inceſſamment par rapport aux intérêts à payer ,
& pour l'établiſſement d'un fonds d'amortiſſement
folide & durable ſans aucune préférence .
Sa Majesté le Roi de Pologne , Electeur de
Saxe , affure & promet d'un autre côté que ,
conformément auxdits arrangemens , tous les
Sujets de Sa Majeſté Pruſſienne , qui ont ou auront
des capitaux dans la Steuer de Saxe , recevront
leurs intérêts exactement , & que les capitaux
leur feront auſſi rembourſés en entier , ſans
la moindre réduction ni diminution , & dans un
eſpacede temps raiſonnable.
ART . VIII . L'échange de la Ville & du Péage
de Furstenberg & du Village de Schildlo contre
un equivalent an Land und Leuten , ſtipulé dans
l'Article VII de la paix de Dreſde , ayant rencontré
beaucoup de difficultés dans l'éxécution , on
eſt ultérieurement convenu que pour le faciliter
la Ville de Furstenberg , avec ſes dépendances ſituées
en-deçà de l'Oder , ne ſera pas compriſe
dans ce troc & reſtera à Sa Majesté Polonoiſe
mais que d'un autre côté Sadite Majesté le Roi
de Pologne , Électeur de Saxe , cédera à S. M.
Pruſſienne non- ſeulement le Péage de l'Oder ,
qu'Elle a perçu juſqu'ici à Furstenberg , & le
Village de Schildlo avec ſes appartenances au-delà
de l'Oder , maisauſſi généralement tout ce qu'Elle
a poſſédé juſqu'ici des bords & rives de l'Oder ,
tant du côté de la Luſace que de celui de la Marche
, de forte que la rivière de l'Oder faſſe la limite
territoriale , & que la ſupériorité des deux
rives & bords de l'Oder , & de tout ce qui eſt audelà
de l'Oder du côté de la Marche , appartienne
déſormais en entier & excluſivement à Sa Majeſté
le Roi de Pruſſe , ſes Succeſſeurs & Héritiers à
perpétuité. Kij
220 MERCURE DE FRANCE .
Il eſt auſſi convenu que l'équivalent à donner à
Sa Majefté Polonoiſe ne pourra être évalué qu'à
proportion du revenu réel qu'Elle a tiré juſqu'ici
des poffeflions qu'Elle cédera àSa Majesté Pruffienne
, en conféquence de quoi Sa Majesté Polonoiſe
ſe contentera d'un équivalent an Landund
Leuten , dont le revenu réel ſeroit égal au revenu
réel des poſſeſſions qu'Eile cédera à Sa Majeſté
Brufſienne.
Au reſte dans tous les autres points relatifs à cet
échange , l'Article VII de la paix de Dreſde ſera
éxactement obſervé & éxécuté.
ART. IX. Sa Majeſté le Roi de Pruffe accorde
à Sa Majeſté le Roi de Pologne , Electeur de
Saxe , le libre paſſage en tout temps par la Siléfie
en Pologne , & renouvelle en particulier ce
qui a été ſtipulé là- deſſus dans l'Article X du Traitéde
paix conclu à Dreſde en 1745 .
ART. X. Les hautes Parties contractantes ſe gas
rantiſſent réciproquement l'abſervation & l'éx
cution du préſent Traité de paix , & tâcheront
d'en obtenir la garantie des Puillances avec lefquellesElles
font en amitié.
ART . XI . Le préſent Traité de paix ſera ratifié
de part & d'autre , & les ratifications feront expédiées
en bonne & due forme ,& échangéesdans
F'eſpace de quinze jours , ou plutôt fi faire ſe
peut , àcompter du jour de leur ſignature.
En foi de quoi , les ſouſſignés Plénipotentiaires
de Sa Majesté le Roi de Pologne , Electeur de
Saxe, & de Sa Majesté le Roi de Pruſſe , en vertu
de leurs pleins pouvoirs , ont ſigné le préſent
Traité de paix , & y ont fait appoſer les cachets
de leurs armes.
Fait au Château de Hubertzbourg , le is Février
1763.
THOMAS, BARON DE FRITSCH .
( Signé ) EWALD-FREDERIC DE HERTZBERG .
JUI N. 1763 . 221
ARTICLES SÉPARÉS.
ART. I. On est convenu que dans les arrérages
ou autres preſtations arriérées , qui devront
ceffer du II Février 1763 , ne ſera pascompris ce
qui eſt encore dû fur les lettres de change & autres
engagemens par écrit , énoncés dans la ſpécification
ci -jointe ,que Sa Majeſté le Roide Pruſſe
ſe réſerve expreffément , & que Sa Majesté le Roi
dePologne promet de faire acquitter éxactement ,
&ſelon la teneur deſdites lettres de change &
autres engagemens par écrit donnés là-deſſus ,
ſans le moindre rabais ou défalcation , & dans
les monnoiesy promiſes.
ART. II . Pour ne laiſſer aucun doute ſur la
rrature& la ſolidité des arrangemens à prendre
fur les affaires de la Steuer , dont il a été fait
mention dans l'Article VII du Traité de paix ,
Sa Majesté le Roi de Pologne , Electeur de Saxe ,
déclare qu'Elle prendra des arrangemens pour
qu'aucun des créanciers de la Steuer ne perde
riende ſon capital.
Qu'il eſt impoſſible de leur payer les intérêts
arriérés après que tous les revenus du pays ont
été notoirement abſorbés par les calamités de
laguerre.
Que la même raiſon doit valoir pour l'année
préſente après toutes les charges auxquelles le
pays a déja été obligé de fournir.
Mais qu'à l'avenir Sa Majeſté prendra inceſſam.
ment avec les Etats de la Saxe , aſſemblés en
Diéte , les arrangemens néceſſaires pour établir
un fonds prélevable ſur les revenus les plus clairs
du pays , lequel ſera , 10. principalement employé
pour payer éxactement les intérêts qui ne
pourront pas être fixés au-deſſous de trois pour
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE .
cent , tout comme ils ne pourront pas paffer lefdits
trois pour cent. 2°. Que le reſte fera le fonds
d'amortiſſement pour l'acquit ſucceſſif des capitaux
, qui augmentera à proportion de l'acquit
des capitaux & de la diminution des intérêts , &
dont la diſtribution ſe fera annuellement par le
fort , ſans aucune préférence pour perſonne à
quelque titre que ce ſoit. 30. Que l'adminiſtration
dudit fonds total deſtiné au payement des
intérêts & au rembourſement des capitaux ſera
fixée en la ſuſmentionnée Diete prochaine des
Etats de Saxe , de façon qu'il s'y trouve pleine
sûreté , Sa Majesté le Roi de Pologne , Electeur
de Saxe , promettant de donner là-deſſus
toutes les aſſurances convenables.
ART. III. Il a été convenu & arrêté que les
titres employés ou omis de part & d'autre à
l'occaſion de la préſente négociation dans les
pleins pouvoirs & autres actes , ou partout ailleurs
, ne pourront être cités ou tirés à conféquence
, & qu'il ne pourra jamais en réſulter
aucun préjudice pour aucune des Parties intéreffées.
Les trois préſens Articles ſéparés auront la
même force que s'ils étoient mot à mot inférés
dans le Traité principal , & ils ſeront également
ratifiés des deux hautes Parties contractantes .
En foi de quoi les ſouſſignés , Plénipotentiaires
de Sa Majesté le Roi de Pologne , Électeur de
Saxe , & de Sa Majeſte le Roi de Pruſſe , ont
ſigné ces préſens Articles ſéparés , & y ont fait
appoſer les cachets de leurs armes.
• Fait au Château de Huberzbourg le is Février
1763.
THOMAS , BARON DE FRITSCH .
( Signé ) EWALD- FRÉDÉRIC DE HERTZBERG ,
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Résumé : TRAITÉ de paix conclu entre sa Majesté le Roi de POLOGNE, Electeur de Saxe, & Sa Majesté le Roi de PRUSSE, au Château de Hubertzbourg, le 15 Février 1763.
Le traité de paix de Hubertusbourg, signé le 15 février 1763 entre le Roi de Pologne, Électeur de Saxe, et le Roi de Prusse, vise à mettre fin aux conflits et à rétablir la paix et l'amitié entre les deux monarchies. Les points essentiels du traité incluent : 1. **Paix et amitié** : Une paix durable et une amitié sincère doivent prévaloir entre les deux souverains et leurs héritiers, avec une amnistie générale et un oubli des événements de la guerre. Aucune demande de dédommagement ne sera faite. 2. **Cessation des hostilités** : Toutes les hostilités doivent cesser à partir du 11 février 1763. La Prusse cessera toutes contributions et prestations en Saxe et restituera les sommes prises ou exigées. 3. **Évacuation de la Saxe** : La Prusse doit commencer les dispositions pour évacuer la Saxe dans les trois semaines suivant la ratification du traité. Les troupes prussiennes et celles de l'Impératrice-Reine de Hongrie et de Bohême doivent quitter la Saxe dans le même délai. 4. **Restitution des prisonniers et des biens** : La Prusse doit libérer sans rançon tous les prisonniers de guerre saxons et restituer l'artillerie saxonne. Les villes de Leipzig, Torgau et Wittenberg doivent être restituées avec leurs fortifications. 5. **Renouvellement des traités antérieurs** : Le traité de paix de Dresde de 1745 est renouvelé et confirmé, sauf en ce qui concerne les dispositions contraires au présent traité. 6. **Commerce et justice** : Des commissaires seront nommés pour régler les abus dans le commerce et administrer justice aux sujets des deux parties. Les sujets qui changent de domicile ne rencontreront pas de difficultés. 7. **Affaires de la Steuer** : La Prusse accepte les arrangements concernant les créanciers de la Steuer de Saxe, et la Saxe assure le remboursement des capitaux sans réduction. 8. **Échange territorial** : La ville de Fürstenberg reste à la Pologne, mais la Saxe cède le péage de l'Oder, le village de Schildlo et ses possessions sur les rives de l'Oder à la Prusse. Un équivalent en terres et en sujets sera donné à la Saxe. 9. **Passage en Silésie** : La Prusse accorde à la Pologne le libre passage en Silésie. 10. **Garantie du traité** : Les deux parties se garantissent réciproquement l'observation et l'exécution du traité et chercheront la garantie des puissances amies. Le traité doit être ratifié et les ratifications échangées dans les quinze jours suivant la signature.
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38
p. 192-193
Du 24.
Début :
Madame l'Archiduchesse Infante, qui étoit grosse de sept mois, [...]
Mots clefs :
Archiduchesse, Accouchement, Maladies, Princesse, Symptômes, Médecins, Désolation, Fausse couche, Affaiblissement, Empereur, Commissaire, Diète, Conseiller
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texteReconnaissance textuelle : Du 24.
Du 24.
Madame l'Archiducheffe Infante , qui étoit
groffe de fept mois , eft accouchée d'une fille
qui a vécu aflez de temps pour recevoir le baptême.
Cette faulle couche avoit rendu plus dangereux
les accidens da la petite vérole , les bou
tons s'étoient applatis , & la tête étoit embarrallée
; ces fymptêmes donnoient les plus vives
inquiétudes fur l'état de cette Princeſſe ; mais
aujourd'hui l'éruption paroît le rétablir , la tête
eft libre , & les Médecins ont repris efpérance.
Du 24. กา
·Rien ne peut exprimer la déſolation que répand
à la Cour & dans cette Ville la perte que
nous venons de faire. Tous les fecours de l'Art
n'ont pû conferver Madame l'Archiducheffe Inwicy
to tivist Alefante
JANVIER. 1764. 193
fante: les fuites de fa fauffe couche avoient entiérement
épuisé les forces , & rendoient , chaque
jour , plus dangereux les accidens de la petite vérole.
Hier au matin fe font manifeftés quelques
fymptômes de gangrene ; après midi , la Princeffe
a commencé à avoir la diglutition plus difficile ,
& peu de temps après , elle a refufé tout ce qu'on
lui préfentoit , le poulx s'eft affoibli , la refpira--
tion s'eft embarraffée de plus en plus , & tout a
annoncé dès ce moment les approches de la mort.
Cet état a duré toute la nuit ; ce matin à cinq
heures , fon Alteffe Royale a rendu le dernier foupir
après une agonie courte & tranquille . Cette
Princeffe avoit reçu les facremens le 22 , & le lendemain
, on lui avoit adminiftré l'extrême-onction
dans tout le cours de fa maladie ,
elle a
montré beaucoup de réfignation & de courage.
L'Archiduc s'eſt enfermé avec elle , dès l'inſtant
que la petite véroles'eft manifeftée, & il ne l'a pas
quittée jufqu'au dernier moment.7
Durs Décembre.
L'Empereur a nommé pour fon premier Commiffaire
à la Diete Electorale de Francfort le Prin
ce Jofeph de Lichtenſtein & pour ſecond , le Baron
de Bartenſtein , Confeiller Aulique de Sa Majefté
Impériale . On travaille avec activité aux préparatifs
néceffaires pour le départ de l'Empereur
& des Ambafladeurs qui fuivront Sa Majeſté Impériale
à Francfort .
Madame l'Archiducheffe Infante , qui étoit
groffe de fept mois , eft accouchée d'une fille
qui a vécu aflez de temps pour recevoir le baptême.
Cette faulle couche avoit rendu plus dangereux
les accidens da la petite vérole , les bou
tons s'étoient applatis , & la tête étoit embarrallée
; ces fymptêmes donnoient les plus vives
inquiétudes fur l'état de cette Princeſſe ; mais
aujourd'hui l'éruption paroît le rétablir , la tête
eft libre , & les Médecins ont repris efpérance.
Du 24. กา
·Rien ne peut exprimer la déſolation que répand
à la Cour & dans cette Ville la perte que
nous venons de faire. Tous les fecours de l'Art
n'ont pû conferver Madame l'Archiducheffe Inwicy
to tivist Alefante
JANVIER. 1764. 193
fante: les fuites de fa fauffe couche avoient entiérement
épuisé les forces , & rendoient , chaque
jour , plus dangereux les accidens de la petite vérole.
Hier au matin fe font manifeftés quelques
fymptômes de gangrene ; après midi , la Princeffe
a commencé à avoir la diglutition plus difficile ,
& peu de temps après , elle a refufé tout ce qu'on
lui préfentoit , le poulx s'eft affoibli , la refpira--
tion s'eft embarraffée de plus en plus , & tout a
annoncé dès ce moment les approches de la mort.
Cet état a duré toute la nuit ; ce matin à cinq
heures , fon Alteffe Royale a rendu le dernier foupir
après une agonie courte & tranquille . Cette
Princeffe avoit reçu les facremens le 22 , & le lendemain
, on lui avoit adminiftré l'extrême-onction
dans tout le cours de fa maladie ,
elle a
montré beaucoup de réfignation & de courage.
L'Archiduc s'eſt enfermé avec elle , dès l'inſtant
que la petite véroles'eft manifeftée, & il ne l'a pas
quittée jufqu'au dernier moment.7
Durs Décembre.
L'Empereur a nommé pour fon premier Commiffaire
à la Diete Electorale de Francfort le Prin
ce Jofeph de Lichtenſtein & pour ſecond , le Baron
de Bartenſtein , Confeiller Aulique de Sa Majefté
Impériale . On travaille avec activité aux préparatifs
néceffaires pour le départ de l'Empereur
& des Ambafladeurs qui fuivront Sa Majeſté Impériale
à Francfort .
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Résumé : Du 24.
Le 24 janvier 1764, Madame l'Archiduchesse Infante, enceinte de sept mois, accoucha d'une fille qui fut baptisée. Cependant, sa grossesse compliqua une infection de petite vérole qu'elle avait contractée. Les symptômes s'aggravèrent, avec des boutons sur le visage et la tête, provoquant une inquiétude croissante. Le 24, une amélioration temporaire fut observée, mais ses forces diminuèrent, rendant l'évolution de la maladie plus dangereuse. Le 25, des signes de gangrène apparurent, suivis de difficultés à avaler et d'un refus de nourriture. Son pouls s'affaiblit, sa respiration devint laborieuse, et elle mourut à cinq heures du matin après une agonie courte et tranquille. Elle avait reçu les sacrements le 22 et l'extrême-onction le lendemain. L'Archiduc resta à ses côtés jusqu'à son dernier moment. Par ailleurs, l'Empereur nomma le Prince Joseph de Lichtenstein et le Baron de Bartenstein comme commissaires pour la Diète électorale de Francfort, et les préparatifs pour le départ de l'Empereur et des ambassadeurs étaient en cours.
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39
p. 171-173
MORTS.
Début :
Charles de Saint Albin, Archevêque de Cambrai, Abbé Commendataire de [...]
Mots clefs :
Archevêque, Décès, Évêque, Docteur, Conseiller, Marquis, Comte, Veuve, Marquis de Pompadour, Épouse
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texteReconnaissance textuelle : MORTS.
MORT S.
Charles de Saint Albin , Archevêque de Cambrai
, Abbé Commendataire de l'Abbaye Royale
de Saint Ouen , Ordre de Saint Benoît , Diocèſe
de Rouen , & de celle de Saint Evroul ,
même Ordre , Diocèle de Lizieux , eft mort à
Paris le 9 Mai , âgé de foixante -fix ans.
Pierre Jean- Baptifte Darand de Milly , Evêque
d'Avranches , & Abbé de l'Abbaye de Lieu-
Dieu , eft mort à Miffy , le 4 Avril , âgé de
foixante-douze ans.
Pierre François Lafitau , Evêque de Siſteron ,
Abbé de l'Abbaye Royale de Corneville , Ordre
de Saint Auguftin , Diocèle de Rouen , eft
mort à Sifteron , les Avril , dans la foixantedix
neuvième année de fon âge.
Guillaume Le Febvre , Docteur en Théologie
de la Faculté de Paris , Confeiller , Aumônier
& Prédicateur du Roi , Général & Grand-
Miniftre des Chanoines Réguliers de l'Ordre de
la Rédemption des Captifs , dits Mathurins , eft
Hij
172 MERCURE DE FRANCE..
mort ici , le 11 Avril , âgé de foixante-dir
neuf ans.
Jofeph- Chriftophe de Levis , Marquis de Gau
diers , Ancien Capitaine des Galeres , Commandant
de la Compagnie des Gardes de l'Etendard
, eſt mort en les terres dans le Comté de
Foix , le 23 Mars , âgé de foixante-quatre ans .
Henri de Roux , Vicomte de Trelans , Brigadier
des Armées du Roi , & Lieutenant de
Sa Majefté au Gouvernement de Strasbourg , eft
mort dans cette dernière Ville le 2 Mai , âgé
de quatre-vingt- quatorze ans.
Antoine- Célar , Comte de la Roche , Marquis
de Rambures , fils du feu Marquis de Rambures
, Maréchal des Camps & Armées du Roi ,
eft mort dernierement en cette Ville , dans la
dix - huitième année de fon âge.
Marie - Louiſe Cunegonde de Montmorency
Luxembourg , Veuve de Louis- Ferdinand - Jofeph
de Croy , Duc d'Havré & de Croy , Prince
du faint Empire , Grand d'Efpagne de la premiere
Claffe Châtelain Héréditaire de la Ville
de Mons en Haynault , Gouverneur de Schlef
tat & Lieutenant- Général des Armées du Roi ,
eft morte en cette Ville , le dix - huit Avril ,
âgée de quarante- huit ans.
>
La Marquife de Pompadour , Dame du Palais
de la Reine , eft morte à Versailles , le
Is Avril , dans la quarante- troifiéme année de
fon âge.
Marie-Françoife de Conflans-d'Armentieres ;
Dame de Compagnie de Madame la Dauphine
, Epoufe de François- Charles , Comte de Rochechouart
, Lieutenant Général des Armées
du Roi , Chevalier de fes Ordres , Gouverneur
de l'Orléanois & Miniftre Plénipotentiaire du
JUILLET. 1764 . 173
Roi auprès de l'Infant Don Philippe de Parme,
eft morte à Bordeaux le 28 Mars âgée de
cinquante & un ans.
Marie-Françoife Poitiers de Gefvres , Veuve
de Louis - Marie Victoire Comte de Bethune- Pologne
, Maréchal des Camps & Armées du
Roi , & Chambellan du Roi de Pologne , Duc
de Lorraine & de Bar , eft morte en cette
Ville , le 25 Avril , âgée de foixante- quatre
ans.
Magdelaine- Françoife Molé , Epoufe de Jofeph-
Michel Nicolas Sublet , Marquis de Lenoncourt
d'Hendicourt , & Brigadier des Armées
du Roi eft morte en cette Ville , le
29 Mars , âgée de foixante -dix- neuf ans.
- Anne Larcher Epoufe de Marc Pierre de
Voyer de Paulmy , Comte d'Argenlon , Grand'-
Croix & Chancelier Honoraire de l'Ordre de
Saint Louis , Miniftre & ancien Secrétaire d'Etar
au Département de la Guerre & de Paris ,
eft morte en cette Ville , le 14 Avril , âgée de
inquante-huit ans.
Charles de Saint Albin , Archevêque de Cambrai
, Abbé Commendataire de l'Abbaye Royale
de Saint Ouen , Ordre de Saint Benoît , Diocèſe
de Rouen , & de celle de Saint Evroul ,
même Ordre , Diocèle de Lizieux , eft mort à
Paris le 9 Mai , âgé de foixante -fix ans.
Pierre Jean- Baptifte Darand de Milly , Evêque
d'Avranches , & Abbé de l'Abbaye de Lieu-
Dieu , eft mort à Miffy , le 4 Avril , âgé de
foixante-douze ans.
Pierre François Lafitau , Evêque de Siſteron ,
Abbé de l'Abbaye Royale de Corneville , Ordre
de Saint Auguftin , Diocèle de Rouen , eft
mort à Sifteron , les Avril , dans la foixantedix
neuvième année de fon âge.
Guillaume Le Febvre , Docteur en Théologie
de la Faculté de Paris , Confeiller , Aumônier
& Prédicateur du Roi , Général & Grand-
Miniftre des Chanoines Réguliers de l'Ordre de
la Rédemption des Captifs , dits Mathurins , eft
Hij
172 MERCURE DE FRANCE..
mort ici , le 11 Avril , âgé de foixante-dir
neuf ans.
Jofeph- Chriftophe de Levis , Marquis de Gau
diers , Ancien Capitaine des Galeres , Commandant
de la Compagnie des Gardes de l'Etendard
, eſt mort en les terres dans le Comté de
Foix , le 23 Mars , âgé de foixante-quatre ans .
Henri de Roux , Vicomte de Trelans , Brigadier
des Armées du Roi , & Lieutenant de
Sa Majefté au Gouvernement de Strasbourg , eft
mort dans cette dernière Ville le 2 Mai , âgé
de quatre-vingt- quatorze ans.
Antoine- Célar , Comte de la Roche , Marquis
de Rambures , fils du feu Marquis de Rambures
, Maréchal des Camps & Armées du Roi ,
eft mort dernierement en cette Ville , dans la
dix - huitième année de fon âge.
Marie - Louiſe Cunegonde de Montmorency
Luxembourg , Veuve de Louis- Ferdinand - Jofeph
de Croy , Duc d'Havré & de Croy , Prince
du faint Empire , Grand d'Efpagne de la premiere
Claffe Châtelain Héréditaire de la Ville
de Mons en Haynault , Gouverneur de Schlef
tat & Lieutenant- Général des Armées du Roi ,
eft morte en cette Ville , le dix - huit Avril ,
âgée de quarante- huit ans.
>
La Marquife de Pompadour , Dame du Palais
de la Reine , eft morte à Versailles , le
Is Avril , dans la quarante- troifiéme année de
fon âge.
Marie-Françoife de Conflans-d'Armentieres ;
Dame de Compagnie de Madame la Dauphine
, Epoufe de François- Charles , Comte de Rochechouart
, Lieutenant Général des Armées
du Roi , Chevalier de fes Ordres , Gouverneur
de l'Orléanois & Miniftre Plénipotentiaire du
JUILLET. 1764 . 173
Roi auprès de l'Infant Don Philippe de Parme,
eft morte à Bordeaux le 28 Mars âgée de
cinquante & un ans.
Marie-Françoife Poitiers de Gefvres , Veuve
de Louis - Marie Victoire Comte de Bethune- Pologne
, Maréchal des Camps & Armées du
Roi , & Chambellan du Roi de Pologne , Duc
de Lorraine & de Bar , eft morte en cette
Ville , le 25 Avril , âgée de foixante- quatre
ans.
Magdelaine- Françoife Molé , Epoufe de Jofeph-
Michel Nicolas Sublet , Marquis de Lenoncourt
d'Hendicourt , & Brigadier des Armées
du Roi eft morte en cette Ville , le
29 Mars , âgée de foixante -dix- neuf ans.
- Anne Larcher Epoufe de Marc Pierre de
Voyer de Paulmy , Comte d'Argenlon , Grand'-
Croix & Chancelier Honoraire de l'Ordre de
Saint Louis , Miniftre & ancien Secrétaire d'Etar
au Département de la Guerre & de Paris ,
eft morte en cette Ville , le 14 Avril , âgée de
inquante-huit ans.
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Résumé : MORTS.
Le texte énumère diverses personnalités décédées en 1764. Parmi elles, Charles de Saint Albin, Archevêque de Cambrai, est mort à Paris le 9 mai à soixante-six ans. Pierre Jean-Baptiste Darand de Milly, Evêque d'Avranches, est décédé à Missy le 4 avril à soixante-douze ans. Pierre François Lafitau, Evêque de Sisteron, est mort à Sisteron le 9 avril à soixante-dix-neuf ans. Guillaume Le Febvre, Docteur en Théologie et Prédicateur du Roi, est décédé à Paris le 11 avril à soixante-neuf ans. Joseph-Christophe de Lévis, Marquis de Gaudiers, est mort dans le Comté de Foix le 23 mars à soixante-quatre ans. Henri de Roux, Vicomte de Trelans, est décédé à Strasbourg le 2 mai à quatre-vingt-quatorze ans. Antoine-Célar, Comte de la Roche, est mort à dix-huit ans. Marie-Louise Cunégonde de Montmorency-Luxembourg, Veuve du Duc d'Havré, est décédée à Paris le 18 avril à quarante-huit ans. La Marquise de Pompadour, Dame du Palais de la Reine, est morte à Versailles le 15 avril à quarante-trois ans. Marie-Françoise de Conflans-d'Armentières, Dame de Compagnie de Madame la Dauphine, est décédée à Bordeaux le 28 mars à cinquante-et-un ans. Marie-Françoise Poitiers de Gesvres, Veuve du Comte de Bethune-Pologne, est morte à Paris le 25 avril à soixante-quatre ans. Magdelaine-Françoise Molé, Epouse du Marquis de Lenoncourt, est décédée à Paris le 29 mars à soixante-dix-neuf ans. Anne Larcher, Epouse du Comte d'Argenlon, est morte à Paris le 14 avril à cinquante-huit ans.
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