Résultats : 49 texte(s)
Accéder à la liste des mots clefs.
Détail
Liste
1
p. 243-250
M. l'Evesque de Marseille saluë le Roy apres son retour de Pologne. [titre d'après la table]
Début :
Avant qu'on quitast Fontainebleau, Monsieur l'Evesque de Marseille [...]
Mots clefs :
Evêque de Marseille, Pologne, Roi, Cardinalat, Maison
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : M. l'Evesque de Marseille saluë le Roy apres son retour de Pologne. [titre d'après la table]
Avant qu'on quitaſt Fontai nebleau , Monfieur l'Evefque de Marſeille qui arrivoit de Po- logne, y vint ſalüer Sa Majesté ,
&en fut reçeu avec des témoi- gnages d'eftime & de fatisfa- dion , dignes des importans fer- vicesqu'il luy a rendus dans cet- te Cour. Il y avoit eſté envo ye Ambaſfadeur Extraordinaire pouraffilter à la Diete qui ſete
GALANT. 157
noit à Varſovie pour l'Election de celuy qui devoit remplir la place du Roy Michel , mort en 1673. &il tourna fi bien les Eſprits par ſa prudence & par fon habileté , que malgré les engagemens que toute la. No- bleffe du Grand Duché de Lithuanie , & la plus grande par- tie de celle de Pologne, avoient pris avec la Maiſon d'Autriche,
le Grand Mareſchal Sobieski
fut proclamé Roy d'un confen- tement unanime, ſous le nomde
Jean III . Comme on ne peut- douter que le merite de ce nou- veau Prince n'ait contribué à le
faire élever au Trône , on ne
peut douter auffi que la confi- dération du plus Grand Mo->
narque du monde qui luy don- noit fa protection , & la fage &
vigilanteconduite de fon Mini
158 LE MERCVRE ſtre , n'ayent eu la plus grande part en cette Election fi glorieu- ſe à la France , fi neceſſaire àla
Pologne , & fi avantageuſe à
toute la Chrétienté. C'eſt une
verité dont ce nouveau Roy,
incontinent apres qu'il fut éleu,
fit gloire de demeurer d'accord luy-meſme, en donnant à M' de Marſeille ſa Nomination au Cardinalat , comme une premiere marque de ſa reconnoiffance envers le Roy, &de ſon eſtime envers fon Miniſtre. Ce n'eſt
pas le ſeul ſervice que cet Illu- ſtre Prélat ait rendu alors à Sa
Majesté. Le Roy qu'on venoit d'élire avoitune cruelle Guerre
fur les bras. Toutes les forces
de l'Empire Otoman eſtoient jointes contre luy à celles des Tartares , & la Paix ne devenoit pas ſeulement neceſſaire à
GALANT. 159 la Pologne , elle ne pouvoit qu'eſtre avantageuſe à la Fran- ce & à ſes Alliez. M de Marfeille ydonna toute fon applica- tion pendant trois ans, &le fuc- cés fit connoiftre qu'il ne l'avoit pas inutilement donnée. Il eſt difficile de ne pas réüffir quand on a autant d'intelligence &de penétration qu'il ena dans les Affaires. Il foûtient fon rang &les Emplois qu'on luy donne,
parune magnificence qui en eft digne ; & ce qui eft remarqua- ble, il apporte par ſes ſoins au- tant d'ordre dans ſon Dioceſe
pendant ſon abſence , que s'il demeuroit toûjours préſent. Je ne vous parle pointde fa Mai- fon , qui eft grande , illuftre , &
fort ancienne , & dont il y a des choſes tres-glorieuſes àdire. Le temps me preſſe ,&lemeritede
TON
160 LE MERCVRE
M. de Marseille me donnera fi
fouvent occaſion de vous entretenir de tout ce qui le regarde ,
que ie ne vous en laiſſeray rien ignorer. Je vousdiray ſeulement aujourd'huy qu'il eſt de la Mai-- fon de Fourbin , & de la Branchedes marquis de Janſon.
&en fut reçeu avec des témoi- gnages d'eftime & de fatisfa- dion , dignes des importans fer- vicesqu'il luy a rendus dans cet- te Cour. Il y avoit eſté envo ye Ambaſfadeur Extraordinaire pouraffilter à la Diete qui ſete
GALANT. 157
noit à Varſovie pour l'Election de celuy qui devoit remplir la place du Roy Michel , mort en 1673. &il tourna fi bien les Eſprits par ſa prudence & par fon habileté , que malgré les engagemens que toute la. No- bleffe du Grand Duché de Lithuanie , & la plus grande par- tie de celle de Pologne, avoient pris avec la Maiſon d'Autriche,
le Grand Mareſchal Sobieski
fut proclamé Roy d'un confen- tement unanime, ſous le nomde
Jean III . Comme on ne peut- douter que le merite de ce nou- veau Prince n'ait contribué à le
faire élever au Trône , on ne
peut douter auffi que la confi- dération du plus Grand Mo->
narque du monde qui luy don- noit fa protection , & la fage &
vigilanteconduite de fon Mini
158 LE MERCVRE ſtre , n'ayent eu la plus grande part en cette Election fi glorieu- ſe à la France , fi neceſſaire àla
Pologne , & fi avantageuſe à
toute la Chrétienté. C'eſt une
verité dont ce nouveau Roy,
incontinent apres qu'il fut éleu,
fit gloire de demeurer d'accord luy-meſme, en donnant à M' de Marſeille ſa Nomination au Cardinalat , comme une premiere marque de ſa reconnoiffance envers le Roy, &de ſon eſtime envers fon Miniſtre. Ce n'eſt
pas le ſeul ſervice que cet Illu- ſtre Prélat ait rendu alors à Sa
Majesté. Le Roy qu'on venoit d'élire avoitune cruelle Guerre
fur les bras. Toutes les forces
de l'Empire Otoman eſtoient jointes contre luy à celles des Tartares , & la Paix ne devenoit pas ſeulement neceſſaire à
GALANT. 159 la Pologne , elle ne pouvoit qu'eſtre avantageuſe à la Fran- ce & à ſes Alliez. M de Marfeille ydonna toute fon applica- tion pendant trois ans, &le fuc- cés fit connoiftre qu'il ne l'avoit pas inutilement donnée. Il eſt difficile de ne pas réüffir quand on a autant d'intelligence &de penétration qu'il ena dans les Affaires. Il foûtient fon rang &les Emplois qu'on luy donne,
parune magnificence qui en eft digne ; & ce qui eft remarqua- ble, il apporte par ſes ſoins au- tant d'ordre dans ſon Dioceſe
pendant ſon abſence , que s'il demeuroit toûjours préſent. Je ne vous parle pointde fa Mai- fon , qui eft grande , illuftre , &
fort ancienne , & dont il y a des choſes tres-glorieuſes àdire. Le temps me preſſe ,&lemeritede
TON
160 LE MERCVRE
M. de Marseille me donnera fi
fouvent occaſion de vous entretenir de tout ce qui le regarde ,
que ie ne vous en laiſſeray rien ignorer. Je vousdiray ſeulement aujourd'huy qu'il eſt de la Mai-- fon de Fourbin , & de la Branchedes marquis de Janſon.
Fermer
Résumé : M. l'Evesque de Marseille saluë le Roy apres son retour de Pologne. [titre d'après la table]
L'évêque de Marseille se rendit à Fontainebleau pour saluer le roi après une mission en Pologne. En 1673, il participa à la Diète de Varsovie pour l'élection du nouveau roi de Pologne, suite au décès du roi Michel. Grâce à sa prudence et son habileté, il contribua à l'élection de Jean III Sobieski, malgré les engagements de la noblesse polonaise et lituanienne avec la Maison d'Autriche. Le soutien du roi de France, via l'évêque, fut déterminant. En reconnaissance, Sobieski nomma l'évêque au cardinalat. L'évêque joua également un rôle crucial dans la négociation de la paix entre la Pologne, l'Empire ottoman et les Tartares pendant trois ans. Il est reconnu pour sa magnificence et l'ordre qu'il maintient dans son diocèse, même en son absence. L'évêque est issu de la maison de Fourbin et de la branche des marquis de Janson.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
2
p. 172-180
Avantage remporté sur les Hongrois par le Colonel Boham. [titre d'après la table]
Début :
Ce qui m'en cause tous les jours, & qui en cause [...]
Mots clefs :
Armes du Roi, Hongrie, Mr de Boham, Pologne, Gloire, Grand Maréchal Sobieski, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Avantage remporté sur les Hongrois par le Colonel Boham. [titre d'après la table]
Ce qui m'en cauſe tous les
jours, &qui en cauſe ſansdou- te à toute l'Europe, c'eſt de voir qu'enquelque lieuque cepuiffe eftre , &pour quelque occafion que ce foit , les Armes du Roy *portent la terreur où elles pa- roiffent. Voyez ce qui eſt arri- vé , quand SaMajesté ſollicitée " par les Mécontens de Hongrie de les ſecourirdanslear oppref- fion, refolut enfin de les aſſiſter.
Elle fit donner ſes ordres à M
*de Boham par M' le Marquisde Bethune ſon Ambaſfadeur Ex-
GALANT. 115
2
traordinaire en Pologne , & on ytrouva des François tous preft àmarcher. Il n'eſt pas ſurpre- nantqu'ily en euft. Ils courent • par tout apres la Gloire ,&dés que la paix eſt en France , ils " vontchercher àſe ſignaler chez -tous les Princes Chreftiens qu*-
Kils ſcavent en Guerre. Mr de Boham qui en avoit appris le -meſtier parmy les Bravesde ces deux Belliqueuſes Nations , af- -ſembla des Troupes en peu de temps.Il le fitavecd'autant plus de facilité , que les Polonois qui
ne reſpirent que les armes , ne prennent ſouvent aucun autre
aveu que celuyde leur courage pour s'engager. L'ardeur de la gloire , &l'activité qui eft ordinaire aux François , luy furent d'ailleurs un grand avantage pour luy faire amafferprompte
116 LE MERCVRE
ment quatre mille huit cens Hommes effectifs avec leſquels il alla au ſecours de Mécontans.
Remarquez , Madame , que je
ne vous ay rienditd'abord que de veritable Les ſuccés avoient
efté balancez depuis pluſieurs années en Hongrie, Nos Fran- çois y arrivent. Ils n'ont encor
joint que peu de Hongrois , &
ils gagnent une celebreVictoire.
Il eſt vrayque les Polonois qu'ils commandoienty ont eu part,
ayant montrédas cette fameuſe Iournée la meſme valeur qu'ils avoient fait paroiſtre tant de fois ſous le Grand Mareſchal
Sobieski , que ſon merite extra- drdinaire amisdans leTrône,&
qui eſtant devenu leurRoy, ne les a pas moins accouſtumez à
vaincre qu'auparavant. Plus de mille morts fontdemeurez ſur la
GALANT. 117
place, ſans compter ceux qui ſe ſont noyez. Joignez à cela plus de huit cens Priſonniers , avec
toutes les dépdüilles , &vous avoüerez que cet avantage peut paſſer pour une pleine Victoire.
M.deBoham a fait voir das cette
occafion toute la prudence &
toute la conduited'ungradChef avec la fermeté d'un Soldat. M.
le Chevalier d'Alembon porta ſes ordrespar tout,& paya deſa perſonne d'une maniere qui fit connoiſtre que le peril ne l'éton- noit pas. Ilneſe peut rien adjoû- ter aux marquesde courageque donna M. de Sorbual qu'on vit toûjours à la teſte des Troupes Hondroiſes. M. le Marquis de Guenegaudnequittapointcelle de laCavalerie.Il arreſta les Ennemis qui voulurent forcer le Poſte qu'il gardoit,&les empef
118 LE MERCVRE chameſmede paſſer. Il eſt Fils de M. deGuenegaudqui a eſté Treſorier de l'Epargne. M. de Chanleu commandant l'Infanterie, donna l'exemple àſon Regi- ment, & alla Pique baiſſée aux Ennemis.M.de Valcour premier Capitaine du Regiment de Bo- ham ne ſe fit pas moins remar- quer. Je ne vous nomme point les Polonois,Hongrois &Tarta- res qui ſe ſignalerent , il yen eut beaucoup , & vous n'aurez pas de peine à le croire , puis qu'ils combatoient avec des François,
&qu'il eſt impoffible qu'enleurs voyant faire des choſes ſurpre- nantes,on ne tâche de les imiter.
Leur entrée enHongrie n'apas eſté ſeulement ſuivie de laVitoire, elle a obligé deuxgrades Comtez qui ſoufroient fans ofer ſedeclarer à ſe ranger du party .
:
GALANT. 119
des Mécontens , dont enfin le
Manifeſte a paru touchant les
juſtes raiſons qui leur ont fait implorer l'aſſiſtace du RoyTresChreftien.Depuistout ce queje viens de vous marquer,ces Peu- ples oppreſſez ont encor rem- porté des avantages confidera- bles. Il n'y a pas lieu d'en eſtre furpris , puis que la France s'en meſle.
jours, &qui en cauſe ſansdou- te à toute l'Europe, c'eſt de voir qu'enquelque lieuque cepuiffe eftre , &pour quelque occafion que ce foit , les Armes du Roy *portent la terreur où elles pa- roiffent. Voyez ce qui eſt arri- vé , quand SaMajesté ſollicitée " par les Mécontens de Hongrie de les ſecourirdanslear oppref- fion, refolut enfin de les aſſiſter.
Elle fit donner ſes ordres à M
*de Boham par M' le Marquisde Bethune ſon Ambaſfadeur Ex-
GALANT. 115
2
traordinaire en Pologne , & on ytrouva des François tous preft àmarcher. Il n'eſt pas ſurpre- nantqu'ily en euft. Ils courent • par tout apres la Gloire ,&dés que la paix eſt en France , ils " vontchercher àſe ſignaler chez -tous les Princes Chreftiens qu*-
Kils ſcavent en Guerre. Mr de Boham qui en avoit appris le -meſtier parmy les Bravesde ces deux Belliqueuſes Nations , af- -ſembla des Troupes en peu de temps.Il le fitavecd'autant plus de facilité , que les Polonois qui
ne reſpirent que les armes , ne prennent ſouvent aucun autre
aveu que celuyde leur courage pour s'engager. L'ardeur de la gloire , &l'activité qui eft ordinaire aux François , luy furent d'ailleurs un grand avantage pour luy faire amafferprompte
116 LE MERCVRE
ment quatre mille huit cens Hommes effectifs avec leſquels il alla au ſecours de Mécontans.
Remarquez , Madame , que je
ne vous ay rienditd'abord que de veritable Les ſuccés avoient
efté balancez depuis pluſieurs années en Hongrie, Nos Fran- çois y arrivent. Ils n'ont encor
joint que peu de Hongrois , &
ils gagnent une celebreVictoire.
Il eſt vrayque les Polonois qu'ils commandoienty ont eu part,
ayant montrédas cette fameuſe Iournée la meſme valeur qu'ils avoient fait paroiſtre tant de fois ſous le Grand Mareſchal
Sobieski , que ſon merite extra- drdinaire amisdans leTrône,&
qui eſtant devenu leurRoy, ne les a pas moins accouſtumez à
vaincre qu'auparavant. Plus de mille morts fontdemeurez ſur la
GALANT. 117
place, ſans compter ceux qui ſe ſont noyez. Joignez à cela plus de huit cens Priſonniers , avec
toutes les dépdüilles , &vous avoüerez que cet avantage peut paſſer pour une pleine Victoire.
M.deBoham a fait voir das cette
occafion toute la prudence &
toute la conduited'ungradChef avec la fermeté d'un Soldat. M.
le Chevalier d'Alembon porta ſes ordrespar tout,& paya deſa perſonne d'une maniere qui fit connoiſtre que le peril ne l'éton- noit pas. Ilneſe peut rien adjoû- ter aux marquesde courageque donna M. de Sorbual qu'on vit toûjours à la teſte des Troupes Hondroiſes. M. le Marquis de Guenegaudnequittapointcelle de laCavalerie.Il arreſta les Ennemis qui voulurent forcer le Poſte qu'il gardoit,&les empef
118 LE MERCVRE chameſmede paſſer. Il eſt Fils de M. deGuenegaudqui a eſté Treſorier de l'Epargne. M. de Chanleu commandant l'Infanterie, donna l'exemple àſon Regi- ment, & alla Pique baiſſée aux Ennemis.M.de Valcour premier Capitaine du Regiment de Bo- ham ne ſe fit pas moins remar- quer. Je ne vous nomme point les Polonois,Hongrois &Tarta- res qui ſe ſignalerent , il yen eut beaucoup , & vous n'aurez pas de peine à le croire , puis qu'ils combatoient avec des François,
&qu'il eſt impoffible qu'enleurs voyant faire des choſes ſurpre- nantes,on ne tâche de les imiter.
Leur entrée enHongrie n'apas eſté ſeulement ſuivie de laVitoire, elle a obligé deuxgrades Comtez qui ſoufroient fans ofer ſedeclarer à ſe ranger du party .
:
GALANT. 119
des Mécontens , dont enfin le
Manifeſte a paru touchant les
juſtes raiſons qui leur ont fait implorer l'aſſiſtace du RoyTresChreftien.Depuistout ce queje viens de vous marquer,ces Peu- ples oppreſſez ont encor rem- porté des avantages confidera- bles. Il n'y a pas lieu d'en eſtre furpris , puis que la France s'en meſle.
Fermer
Résumé : Avantage remporté sur les Hongrois par le Colonel Boham. [titre d'après la table]
Le texte décrit l'intervention militaire de la France en Hongrie à la demande des mécontents hongrois. Le roi de France, sollicité par ces derniers, décide de les secourir. Les ordres sont transmis par l'ambassadeur français en Pologne, le Marquis de Béthune. Les Français, toujours en quête de gloire, se montrent prêts à combattre. Monsieur de Boham, formé par des nations belliqueuses, rassemble rapidement des troupes, aidé par l'ardeur des Français et l'engagement des Polonais. Les Français, rejoints par quelques Hongrois, remportent une victoire célèbre malgré des succès précédemment équilibrés. Les Polonais, sous le commandement de Français, démontrent leur valeur. La bataille laisse plus de mille morts, huit cents prisonniers et des dépouilles. Plusieurs officiers français se distinguent par leur courage et leur conduite, notamment Monsieur de Boham, le Chevalier d'Alembon, Monsieur de Sorbas, le Marquis de Guénégaud, Monsieur de Chanleu et Monsieur de Valcour. Les Polonais, Hongrois et Tartares se signalent également. Cette victoire oblige deux grands comtes à se ranger du côté des mécontents, dont le manifeste justifie l'appel à l'aide du roi de France. Depuis, les peuples opprimés continuent à remporter des avantages significatifs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
3
p. 336-355
Situation generale des Affaires de l'Europe, [titre d'après la table]
Début :
Il seroit difficile de vous parler juste de la veritable [...]
Mots clefs :
Affaires de l'Europe, Campagne, Suède, Haut-Rhin, Pologne, Armée, Milan, France
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Situation generale des Affaires de l'Europe, [titre d'après la table]
Il feroit difficile de vous
parler jufte de la veritable
fituation generale des Affaires
GALANT 1337
res del'Europe dans le moment
que je vous écris , car avant
qu'elles puiffent cftre fixées
pour la Campagne prochaine,
& quechacun puiffe voir quel
party il prendra , il faut que
les Parties intereffées fçachent
comment finiront certaines
chofes qui ont des faces differentes , &qui font en mouve
ment.
Il faut que le Roy de Suede,
dont on nous parle tous les
jours differemment , ait commencé d'entrer en action
car s'il entre en Pologne avec
une Armée formidable pour
Février 1710. Ff
>
338 MERCURE
rétablir le Roy Staniflas , le
Roy Auguſte avec toutes les
forces aura de la peine à fe
maintenir fur le Trône , & il
fera obligé de retirer toutes les
Troupes qu'il a en Flandre
ce qui apportera un grand
changement aux Affaires de
ce colté-là , & fera changer
toutes les mesures que les
Alliez peuvent avoir prifes
pour la Campagne.
Ils feront encore obligez de les
changer, fi l'Electeur de Brandebourg tient fa parole , &retire fes Troupes de Flandre , en
cas que l'on neluy rende pas la
GALANT 339
juftice qu'il pretend touchant
la fucceffion du feu Prince
d'Orange , ce qui eſt abſolument impoffible , les chofes
qu'il demande eftant trop fortes & regardant un Prince
dont les Hollandois font
charmez.
·
A l'égard des Affaires du
Haut Rhinqui paroiffent nonfeulement ; mais qui font en
effet tres avangeufes pour
nous il eft impoffible de
pouvoir dire quel party on
prendra de part & d'autre de
ce cofté- là , jufqu'à ce que
l'on ait fçu fi le Duc d'HaFfij
340 MERCURE
novre y commandera l'Armée , & fi elle fera nombreufe ou non , & il n'y a pas d'apparence qu'elle doive eftre
forte , puifque plus le temps
de l'ouverture de la Campagne avance , plus ceux qui
doivent fournir des Troupes pour cette Armée , déclarent qu'ils font dans l'impoffi
bilité de le faire , & quand
même ils en fourniroient , il
n'y a nulle apparence que
Armée puiffe eftrefuperieure à
la noſtre qui ne manque de
rien , & qui a fait payer en
bleds une partie des Contribu
leur
GALANT 341
tions qu'elle auroit pu tirere n
argent , dont elle ne manque
point , enayant tiré de l'un &
de l'autre, & de quelque manicre que ce foit , les Affaires ne
peuvent que nous eftre avantageufes de ce cofté - là , car
s'ils n'y ont pas de grandes
forces , nous penetrerons dans
leur Pays , & s'ils en ont affez,
non pas pour avoir des avantages fur nous car cela paroift impoffible , mais feulement pour nous empêcher
d'en avoirfur eux , ils ne pour
ront envoyer que tres peu
de Troupes en Flandre , ou
Ffiij
342 MERCURE
?
s'il arrive , felon que je vous
viens de marquer , que les
Troupes Saxonnes , les Pruffiennes , & les Allemandes
manquent aux Alliez , auffi
bien que l'argent qui manque
abfolument aux Hollandois
& dont les Anglois manquent
auffi beaucoup , les fubfides
accordez par le Parlement
n'ayant pû eſtre remplis à beaucoup prés , les Alliez feront
en Flandre hors d'eftat de faire
aucune Conquefte , & pendant
qu'ils y manquent d'argent
on fait tous les jours des fonds
nouveaux en France pour en
ALANT 343
avoir fuffifamment pour faire
la Campagne, Ainfi l'on ne
peut dire encore comment les
chofes tourneront. Il vient en
France du bled de toutes parts ,
& il y en aura bien- toft abondamment à Paris même , ce
qui fuffira juſqu'au temps de
la recolte , qui fera des plus
abondantes , & le vin même
diminuë de prix tous les jours
dans toute la France. Enfin
nous fommes dans le temps
des grandes revolutions , &
nous voyons des chofes dans
trop violent pour y
un eftat
pouvoir
demeurer
long- temps
,
344 MERCURE
gent
La France, comme je vous ay
fait voir le mois paffé ade l'arabondamment , & la circulation y manque feulement ,
au lieu que l'efpece manque
tout-à - fait en Angleterre , par
les raifons dont je vous ay envoyé le détail le mois paffé.
Al'égard des Affaires d'Italie , elles font dans un eſtat
trop violent pour y pouvoir
demeurer long- temps , & particulierement le Royaume de
Naples. Les peuples yfont dans
le dernier accablement , & fur
tour à Naples , où le Viceroy
fe fert tour à tour de divers
GALANT 345
pretextes pour ne point paroître en public , craignant d'eftre
infulté. Enfinles Peuples y font
dans le dernier defeſpoir , &
l'on doit tout craindre du defeſpoir d'un Peuple qu'on a
pouffé à bout, qui n'a plus rien
a menager, & qui eftoit florif
fant fous le de fon pre- regne
cedent Monarque , qu'il n'a
point ceffé d'aimer , la revolu
tion n'eftant arrivée que par
des traîtres , qui ont plongé
leur Patrie dans l'état où elle fe
trouve.
L'Etat de Milan n'eft pas
mieux. Onen tire jufqu'au der
346 MERCURE
nier fol, comme l'on a fait du
Royaume de Naples , & quand
la Maifon d'Autriche a mis
une fois le pied dans un Païs ,
elle n'en traite pas les Peuples
en fujets , mais en efclaves.
Les autres Puiffances d'Italic
ne font pas moins outrées de
la maniere dont on les traite,
& les cent mille piftoles de
contribution qu'on tire d'eux
tous les ans en font une preu
ve parlante, & qui crient vengeance ; & il n'eft enfin pas
poffible que les chofes demeurent toûjours en cet état , &
ce qu'une revolution a fait naî
GALANT 347
tre en peu de temps , finira par
une autre revolution.
Il n'en eft pas de mefme en
Espagne, où l'amour que le
Peuple a pour fon Roy cft cauLe que tout ce qui s'y fait pour
ce Monarque , eft auffi volon
taire qu'il eft forcé en Italie.
On n'a jamais vû dans aucun
fiecle , & dans aucun Etat , ce
qui fe paffe aujourd'huy en Efpagne. Les hommes s'offrent
en foule , les Troupes y paroiffent fortir de terre , auffi-bien
que les chevaux , que les Provinces qui en abondent offrent
au Roy, à qui l'on offre de 2.
348 MERCURE
l'argent de toutes parts. Enfin
il paroift par la formidable &
nombreufe Armée que S. M.
C. met fur pied, que l'Europe
entiere n'en pourroit faire davantage, & comme tout s'y
fait avec zele & de plein gré,
il y a d'autant plus lieu de croire qu'une pareille Armée fera
des prodiges , & fur tout eſtant
compofée d'Espagnols qui ne
reculent jamais , fuivant les
grands exemples que je vous
ay fouvent raportez là- deſſus,
&l'on peut dire que dans cette
occafion l'Armée d'Espagne a
pris pour Devife , Vaincre on
mourir.
Voilà
GALANT 349
Voilà la fituation oùfe trouvent aujourd'huy toutes les
affaires de l'Europe ; nous ver
rons à la fin du mois prochain
en quoy elle aura changé.
La maniere dont le Carnaval s'eft paffé à Paris , doit paroître bien differente aux Alliez, de la fituation où ils pretendent que nous nous trouvons, & dont ils font tous les
jours des peintures dans leurs
Ecrits publics bien contraires
à la verité. L'état où la France
s'eft trouvée eft venu de la
cherté du bled, qui commença
au mois de Fevrier de l'année
Février 1710. Gg
350 MERCUR F
derniere; ce quifut caufé, comme vous fçavez , par la force
de la gelée qu'il fit cette annéelà , & vous fçavez comment
les chofes fe pafferent à cette
occafion. Le Roy fe facrifia
alors pourle bien de fes Sujets;
il fit ceffer le payement des
Tailles , & de divers autres
Droits, & dans le Prelude d'une de mes Lettres , je vous fis
voir alors jufqu'à neuf Articles par lefquels Sa Majesté
abandonnoit fes Droits , & je
ne vous impofois pas , puifque
je vous raportay autant d'Arrefts , d'Edits ou de Declara
GALANT 351
tions qui regardoient le facri
fice qu'Elle faifoit à fes Peuples , outre la dépense qu'Elle
fit de plufieurs Bâtimens armez à fes dépens pour aller en
courfe , fans vouloir rien pren
dre pour les frais de l'armement , ni partager des bleds
que tous ces Bâtimens raporteroient; Sa Majeſté n'a rétably les Tailles , & commencé à recevoir plufieurs autres
Droits qu'Elle avoit abandonnez que depuis quelques mois.
Ainfi l'on ne doit pas s'étonner fi l'argent luy manquoit ;
mais l'on peut dire prefenteGg ij
352 MERCURE
ment que les chofes vont leur
train ordinaire ; mais comme
S. M. eftoit fort arrierée, il faut
encore quelque temps pour
que tous ceux à qui Elle doit ,
puiffent eftre contens , & l'on
pourroit mefme dire qu'ils le
font déja par avance, puifqu'il
eft feur que leurs efperances
ne feront pas vaines, & que la
verité de ce que j'avance eſt de
notorieté publique. Ainfi l'on
ne doit pas s'étonner fi.le Carnaval s'eft paffé à Paris de la
mefme maniere qu'il s'y eft
paffé dans tous les temps. Il eft
vray que les chofes ne s'y font
1
GALANT 353
pas faites avec les emporte
mens de joye immoderez qui
ont paru en de certains temps ;
mais pendant tout le Carnaval
il y a eu des Bals à l'ordinaire ;
on s'eft regalé , tous les fpectacles ont cfté remplis ; la foule
des Caroffes a efté auffi grande
au Fauxbourg Saint Antoine
dans les derniers jours du Carnaval , qu'elle l'a toûjours efté,
& rien n'a marqué la miferable
fituation dont tous les écrits
publics des Alliez font remplis,
dans le deffein d'éblouir leurs
Sujets en publiant des chofes
entierement contraires à la veGg iij rité.
354 MERCURE
Outre tous les bleds dont je
vous ay déja parlé qui font entrez de plufieurs endroits dans
le Royaume , je ne vous repeteray point ce que nos nouvelles publiques vous ont dit des
fix à fept mille charges de
bled , arrivées du Levant à
Toulon, & dont les Commandans des Vaiffeaux qui les ont
amenées ont rapporté qu'il en
viendroit encore beaucoup ;
de manière que tous ces bleds ,
joints à ceux des Provinces
dont la recolte a efté bonne
l'année derniere , & à l'eſpoir
de celle de cette année qui pa-
GALANY 355
roift devoir eftre des plus abondantes dans toute la France ,
& l'eſpoir du bon effet que
produira le rétabliffement des
revenus du Roy, n'ont pas peu.
contribué aux divertiffemens
du Carnaval qui ont étégrands
& continuels ; mais fans avoir
efté outrez.-
parler jufte de la veritable
fituation generale des Affaires
GALANT 1337
res del'Europe dans le moment
que je vous écris , car avant
qu'elles puiffent cftre fixées
pour la Campagne prochaine,
& quechacun puiffe voir quel
party il prendra , il faut que
les Parties intereffées fçachent
comment finiront certaines
chofes qui ont des faces differentes , &qui font en mouve
ment.
Il faut que le Roy de Suede,
dont on nous parle tous les
jours differemment , ait commencé d'entrer en action
car s'il entre en Pologne avec
une Armée formidable pour
Février 1710. Ff
>
338 MERCURE
rétablir le Roy Staniflas , le
Roy Auguſte avec toutes les
forces aura de la peine à fe
maintenir fur le Trône , & il
fera obligé de retirer toutes les
Troupes qu'il a en Flandre
ce qui apportera un grand
changement aux Affaires de
ce colté-là , & fera changer
toutes les mesures que les
Alliez peuvent avoir prifes
pour la Campagne.
Ils feront encore obligez de les
changer, fi l'Electeur de Brandebourg tient fa parole , &retire fes Troupes de Flandre , en
cas que l'on neluy rende pas la
GALANT 339
juftice qu'il pretend touchant
la fucceffion du feu Prince
d'Orange , ce qui eſt abſolument impoffible , les chofes
qu'il demande eftant trop fortes & regardant un Prince
dont les Hollandois font
charmez.
·
A l'égard des Affaires du
Haut Rhinqui paroiffent nonfeulement ; mais qui font en
effet tres avangeufes pour
nous il eft impoffible de
pouvoir dire quel party on
prendra de part & d'autre de
ce cofté- là , jufqu'à ce que
l'on ait fçu fi le Duc d'HaFfij
340 MERCURE
novre y commandera l'Armée , & fi elle fera nombreufe ou non , & il n'y a pas d'apparence qu'elle doive eftre
forte , puifque plus le temps
de l'ouverture de la Campagne avance , plus ceux qui
doivent fournir des Troupes pour cette Armée , déclarent qu'ils font dans l'impoffi
bilité de le faire , & quand
même ils en fourniroient , il
n'y a nulle apparence que
Armée puiffe eftrefuperieure à
la noſtre qui ne manque de
rien , & qui a fait payer en
bleds une partie des Contribu
leur
GALANT 341
tions qu'elle auroit pu tirere n
argent , dont elle ne manque
point , enayant tiré de l'un &
de l'autre, & de quelque manicre que ce foit , les Affaires ne
peuvent que nous eftre avantageufes de ce cofté - là , car
s'ils n'y ont pas de grandes
forces , nous penetrerons dans
leur Pays , & s'ils en ont affez,
non pas pour avoir des avantages fur nous car cela paroift impoffible , mais feulement pour nous empêcher
d'en avoirfur eux , ils ne pour
ront envoyer que tres peu
de Troupes en Flandre , ou
Ffiij
342 MERCURE
?
s'il arrive , felon que je vous
viens de marquer , que les
Troupes Saxonnes , les Pruffiennes , & les Allemandes
manquent aux Alliez , auffi
bien que l'argent qui manque
abfolument aux Hollandois
& dont les Anglois manquent
auffi beaucoup , les fubfides
accordez par le Parlement
n'ayant pû eſtre remplis à beaucoup prés , les Alliez feront
en Flandre hors d'eftat de faire
aucune Conquefte , & pendant
qu'ils y manquent d'argent
on fait tous les jours des fonds
nouveaux en France pour en
ALANT 343
avoir fuffifamment pour faire
la Campagne, Ainfi l'on ne
peut dire encore comment les
chofes tourneront. Il vient en
France du bled de toutes parts ,
& il y en aura bien- toft abondamment à Paris même , ce
qui fuffira juſqu'au temps de
la recolte , qui fera des plus
abondantes , & le vin même
diminuë de prix tous les jours
dans toute la France. Enfin
nous fommes dans le temps
des grandes revolutions , &
nous voyons des chofes dans
trop violent pour y
un eftat
pouvoir
demeurer
long- temps
,
344 MERCURE
gent
La France, comme je vous ay
fait voir le mois paffé ade l'arabondamment , & la circulation y manque feulement ,
au lieu que l'efpece manque
tout-à - fait en Angleterre , par
les raifons dont je vous ay envoyé le détail le mois paffé.
Al'égard des Affaires d'Italie , elles font dans un eſtat
trop violent pour y pouvoir
demeurer long- temps , & particulierement le Royaume de
Naples. Les peuples yfont dans
le dernier accablement , & fur
tour à Naples , où le Viceroy
fe fert tour à tour de divers
GALANT 345
pretextes pour ne point paroître en public , craignant d'eftre
infulté. Enfinles Peuples y font
dans le dernier defeſpoir , &
l'on doit tout craindre du defeſpoir d'un Peuple qu'on a
pouffé à bout, qui n'a plus rien
a menager, & qui eftoit florif
fant fous le de fon pre- regne
cedent Monarque , qu'il n'a
point ceffé d'aimer , la revolu
tion n'eftant arrivée que par
des traîtres , qui ont plongé
leur Patrie dans l'état où elle fe
trouve.
L'Etat de Milan n'eft pas
mieux. Onen tire jufqu'au der
346 MERCURE
nier fol, comme l'on a fait du
Royaume de Naples , & quand
la Maifon d'Autriche a mis
une fois le pied dans un Païs ,
elle n'en traite pas les Peuples
en fujets , mais en efclaves.
Les autres Puiffances d'Italic
ne font pas moins outrées de
la maniere dont on les traite,
& les cent mille piftoles de
contribution qu'on tire d'eux
tous les ans en font une preu
ve parlante, & qui crient vengeance ; & il n'eft enfin pas
poffible que les chofes demeurent toûjours en cet état , &
ce qu'une revolution a fait naî
GALANT 347
tre en peu de temps , finira par
une autre revolution.
Il n'en eft pas de mefme en
Espagne, où l'amour que le
Peuple a pour fon Roy cft cauLe que tout ce qui s'y fait pour
ce Monarque , eft auffi volon
taire qu'il eft forcé en Italie.
On n'a jamais vû dans aucun
fiecle , & dans aucun Etat , ce
qui fe paffe aujourd'huy en Efpagne. Les hommes s'offrent
en foule , les Troupes y paroiffent fortir de terre , auffi-bien
que les chevaux , que les Provinces qui en abondent offrent
au Roy, à qui l'on offre de 2.
348 MERCURE
l'argent de toutes parts. Enfin
il paroift par la formidable &
nombreufe Armée que S. M.
C. met fur pied, que l'Europe
entiere n'en pourroit faire davantage, & comme tout s'y
fait avec zele & de plein gré,
il y a d'autant plus lieu de croire qu'une pareille Armée fera
des prodiges , & fur tout eſtant
compofée d'Espagnols qui ne
reculent jamais , fuivant les
grands exemples que je vous
ay fouvent raportez là- deſſus,
&l'on peut dire que dans cette
occafion l'Armée d'Espagne a
pris pour Devife , Vaincre on
mourir.
Voilà
GALANT 349
Voilà la fituation oùfe trouvent aujourd'huy toutes les
affaires de l'Europe ; nous ver
rons à la fin du mois prochain
en quoy elle aura changé.
La maniere dont le Carnaval s'eft paffé à Paris , doit paroître bien differente aux Alliez, de la fituation où ils pretendent que nous nous trouvons, & dont ils font tous les
jours des peintures dans leurs
Ecrits publics bien contraires
à la verité. L'état où la France
s'eft trouvée eft venu de la
cherté du bled, qui commença
au mois de Fevrier de l'année
Février 1710. Gg
350 MERCUR F
derniere; ce quifut caufé, comme vous fçavez , par la force
de la gelée qu'il fit cette annéelà , & vous fçavez comment
les chofes fe pafferent à cette
occafion. Le Roy fe facrifia
alors pourle bien de fes Sujets;
il fit ceffer le payement des
Tailles , & de divers autres
Droits, & dans le Prelude d'une de mes Lettres , je vous fis
voir alors jufqu'à neuf Articles par lefquels Sa Majesté
abandonnoit fes Droits , & je
ne vous impofois pas , puifque
je vous raportay autant d'Arrefts , d'Edits ou de Declara
GALANT 351
tions qui regardoient le facri
fice qu'Elle faifoit à fes Peuples , outre la dépense qu'Elle
fit de plufieurs Bâtimens armez à fes dépens pour aller en
courfe , fans vouloir rien pren
dre pour les frais de l'armement , ni partager des bleds
que tous ces Bâtimens raporteroient; Sa Majeſté n'a rétably les Tailles , & commencé à recevoir plufieurs autres
Droits qu'Elle avoit abandonnez que depuis quelques mois.
Ainfi l'on ne doit pas s'étonner fi l'argent luy manquoit ;
mais l'on peut dire prefenteGg ij
352 MERCURE
ment que les chofes vont leur
train ordinaire ; mais comme
S. M. eftoit fort arrierée, il faut
encore quelque temps pour
que tous ceux à qui Elle doit ,
puiffent eftre contens , & l'on
pourroit mefme dire qu'ils le
font déja par avance, puifqu'il
eft feur que leurs efperances
ne feront pas vaines, & que la
verité de ce que j'avance eſt de
notorieté publique. Ainfi l'on
ne doit pas s'étonner fi.le Carnaval s'eft paffé à Paris de la
mefme maniere qu'il s'y eft
paffé dans tous les temps. Il eft
vray que les chofes ne s'y font
1
GALANT 353
pas faites avec les emporte
mens de joye immoderez qui
ont paru en de certains temps ;
mais pendant tout le Carnaval
il y a eu des Bals à l'ordinaire ;
on s'eft regalé , tous les fpectacles ont cfté remplis ; la foule
des Caroffes a efté auffi grande
au Fauxbourg Saint Antoine
dans les derniers jours du Carnaval , qu'elle l'a toûjours efté,
& rien n'a marqué la miferable
fituation dont tous les écrits
publics des Alliez font remplis,
dans le deffein d'éblouir leurs
Sujets en publiant des chofes
entierement contraires à la veGg iij rité.
354 MERCURE
Outre tous les bleds dont je
vous ay déja parlé qui font entrez de plufieurs endroits dans
le Royaume , je ne vous repeteray point ce que nos nouvelles publiques vous ont dit des
fix à fept mille charges de
bled , arrivées du Levant à
Toulon, & dont les Commandans des Vaiffeaux qui les ont
amenées ont rapporté qu'il en
viendroit encore beaucoup ;
de manière que tous ces bleds ,
joints à ceux des Provinces
dont la recolte a efté bonne
l'année derniere , & à l'eſpoir
de celle de cette année qui pa-
GALANY 355
roift devoir eftre des plus abondantes dans toute la France ,
& l'eſpoir du bon effet que
produira le rétabliffement des
revenus du Roy, n'ont pas peu.
contribué aux divertiffemens
du Carnaval qui ont étégrands
& continuels ; mais fans avoir
efté outrez.-
Fermer
Résumé : Situation generale des Affaires de l'Europe, [titre d'après la table]
En février 1710, l'Europe est marquée par une grande incertitude politique et économique. En Pologne, la situation est critique car le roi de Suède pourrait intervenir pour rétablir Stanislas sur le trône, ce qui obligerait le roi Auguste à retirer ses troupes de Flandre, perturbant ainsi les plans des alliés pour la prochaine campagne. De plus, l'électeur de Brandebourg menace de retirer ses troupes de Flandre si ses revendications successorales ne sont pas satisfaites. Dans le Haut-Rhin, l'incertitude règne également, dépendant de la composition et de la force de l'armée du duc de Savoie. Sur le plan économique, la France est bien approvisionnée en blé et en vin, ce qui lui permet de se préparer pour la prochaine campagne malgré des difficultés financières passées. En Italie, les populations sont dans un état de désespoir, notamment à Naples et en Espagne, où l'armée royale se prépare à combattre avec zèle. À Paris, le carnaval s'est déroulé normalement, contrairement aux descriptions alarmistes des alliés. La France a récemment rétabli certains droits et taxes qu'elle avait suspendus en raison de la cherté du blé causée par un hiver rigoureux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
4
p. 280-283
Nouvelles d'Allemagne.
Début :
On fait de grands preparatifs pour la ceremonie de l'hommage [...]
Mots clefs :
Cérémonie, Basse-Autriche, Hongrie, Pologne, Grand vizir, Tsar
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles d'Allemagne.
ouvellesd'Allemagne
On fait cjcgrands,prepa*
ratifs pour la'.ccrernow de
l'hommage que les Etats de
de la Basse Autriche doivent
rendre le 2 Novembre à
l'Archiduc qui doit ensuite
aller à Presbourg pour tcrminer la Diete. Les lettres
de Vrnne portent que le
Conseilcontinue à delibe-
Ter lui les moyens de trouver les fonds n affaires
pour lacontinuation dela
guerre. Les ordres oftt eRi
envoyez à
tous les Régira, ns
defournir un état des recrues dont ils ont besoin.
afin d'en faire la repartition
sur les Provinces hereditaires, qui seront obligées de
les lever & de les fournir
-d'armes &
d'habitsàleur
dépens. On mandedeHon
-
grie qu'il y a encore plusieurs Mtcontens quitra-
.Naillérit à exciter un nouveau
C-fittaUvirent*qii'ertïyî&
arresté depuis quelque temps
une Dame accusée d'entretenir correspondance avec
le Prince Ragotzi, & que
le valet de Chambre d'un
grand Seigneuravoit esté mis
en prison pourle mêmesujet.
Les lettres de Constantinople portent que l'Ambasfadeur du Czar étoit arrivé,
&qu'il avoit eu audiance du
GrandVifir, mais qu'il n'avoit pas encore obtenu celle
du grand Seigneur; que le
Grand Visir n'avoir pas vou- lurecevoirde luy la ratification de Paix avant l'arrivée
d'Achmct Aga qu'on attendoit de Pologne, afind'estre
informé, si les Moscovites
étoient entièrement sortis
du Royaume, &s'ilsavoient
exactement observé les
autres articles du Traité.
On assure pourtant' à
Vienne que le Grand Visir
avoit déclaré que le Grand
Seigneur étoit resolu d'observer la Paix avec le Czar
pourveu qu'on donnât au
Roy de Suede un psfljge
libre pour retourner dans
ses Etats
On fait cjcgrands,prepa*
ratifs pour la'.ccrernow de
l'hommage que les Etats de
de la Basse Autriche doivent
rendre le 2 Novembre à
l'Archiduc qui doit ensuite
aller à Presbourg pour tcrminer la Diete. Les lettres
de Vrnne portent que le
Conseilcontinue à delibe-
Ter lui les moyens de trouver les fonds n affaires
pour lacontinuation dela
guerre. Les ordres oftt eRi
envoyez à
tous les Régira, ns
defournir un état des recrues dont ils ont besoin.
afin d'en faire la repartition
sur les Provinces hereditaires, qui seront obligées de
les lever & de les fournir
-d'armes &
d'habitsàleur
dépens. On mandedeHon
-
grie qu'il y a encore plusieurs Mtcontens quitra-
.Naillérit à exciter un nouveau
C-fittaUvirent*qii'ertïyî&
arresté depuis quelque temps
une Dame accusée d'entretenir correspondance avec
le Prince Ragotzi, & que
le valet de Chambre d'un
grand Seigneuravoit esté mis
en prison pourle mêmesujet.
Les lettres de Constantinople portent que l'Ambasfadeur du Czar étoit arrivé,
&qu'il avoit eu audiance du
GrandVifir, mais qu'il n'avoit pas encore obtenu celle
du grand Seigneur; que le
Grand Visir n'avoir pas vou- lurecevoirde luy la ratification de Paix avant l'arrivée
d'Achmct Aga qu'on attendoit de Pologne, afind'estre
informé, si les Moscovites
étoient entièrement sortis
du Royaume, &s'ilsavoient
exactement observé les
autres articles du Traité.
On assure pourtant' à
Vienne que le Grand Visir
avoit déclaré que le Grand
Seigneur étoit resolu d'observer la Paix avec le Czar
pourveu qu'on donnât au
Roy de Suede un psfljge
libre pour retourner dans
ses Etats
Fermer
Résumé : Nouvelles d'Allemagne.
Le texte décrit les préparatifs en Autriche pour un hommage à l'Archiduc le 2 novembre, suivi de son départ pour Presbourg afin de conclure la Diète. Le Conseil autrichien délibère sur le financement de la guerre et a ordonné aux régiments de fournir un état des recrues nécessaires, à lever et équiper par les provinces héréditaires. En Hongrie, des arrestations ont eu lieu, notamment celle d'une dame et d'un valet de chambre accusés de correspondre avec le Prince Ragotzi, en raison de craintes de soulèvement. À Constantinople, l'ambassadeur du Czar a été reçu par le Grand Vizir mais n'a pas encore obtenu audience du Grand Seigneur. Le Grand Vizir attend Achmet Aga de Pologne pour vérifier le retrait des Moscovites du royaume et le respect des termes du traité. À Vienne, il est affirmé que le Grand Vizir a déclaré que le Grand Seigneur est résolu à observer la paix avec le Czar, à condition que le roi de Suède reçoive un passage libre pour retourner dans ses États.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
5
p. 134-142
EXTRAIT d'une Lettre de Constantinople du 5. Novembre 1712. écrite par le Tresorier de la Compagnie Angloise à M. l'Envoyé Extraordinaire Flvestel, qui est à Hambourg, recue le 24. Decembre.
Début :
Depuis ma précedente le Grand Visir a été deposé & banni ; [...]
Mots clefs :
Troupes, Armée, Aga, Vizir, Constantinople, Pologne, Suède
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre de Constantinople du 5. Novembre 1712. écrite par le Tresorier de la Compagnie Angloise à M. l'Envoyé Extraordinaire Flvestel, qui est à Hambourg, recue le 24. Decembre.
EXTRAIT
d'une Lettre de Conf
tantinople du 5. Novembre
1712. écrite par
le Treforier de la Compagnie
Angloife à M.
l'Envoyé Extraordinaire
Flveflel , qui eft
à Hambourg , recue le
24. Decembre.
Depuis ma
précedente
le Grand Vifir a été deposé
& banni ; le Grand
Seigneur
a declaré la
GALANT. ISS
guerre au Czar & enfermé
fes Ambaffadeurs
avec
les Otages
aux 7. Tours.
Il a auffi donné ordre
pour faire arrêter le Palatin
de Mafure
à Andrinople
, & le General
Goltz
Envoyé
Extraordinaire
du
Roi Augufte
y fera mené
d'icy pour luy tenir compagnie
.
Le Sultan ira luy- mefme
avec 300. mille hommes
obliger le Czar à
l'évacuation de la Polopeut
le
gne , & forcer
s'il
Roi Augufte
à en faire }
136 MERCURE
autant. Il prefte à Sa Majefté
Suedoife 600. mille
'
écus
, & envoye effectivement
cet argent à Bender
, le Grand Vifir a
preſent Solyman
Baſſa eſt
auffi grand Partiſan de
l'intereft Suedois , que le
précedent
l'a été de Mofcovite.
Le General Poniatouſki
, a eu une part confiderable
à ce changement
, dont il eut les affurances
il y a quelque tems
ce qui fe verifie maintenant.
Aujourd'huy on publie
les
GALANT . 137
les ordres par tout l'Empire
afin que les Troupes
fe rendent à Ifaachy
fur le Danube au mois de
Mars prochain ; Le Tartare
Han , ayant ordre
de faire fes courſes dans
la Moſcovie , dont vous
aurez bien- toft des nouvelles.
Les Lettres de Conftantinople
du 23. Novembre
confirment avec plus de
détail que l'Aga envoyé
en Pologne , avoit rapporté
que les Troupes
Fanvier 1713.
M
138 MERCURE
Moscovites n'eftoient pas
forties de Pologne , & que
dans le temps que les Ambaffadeurs
du Czar affuroient
qu'elles en étoient
forties ; elles y faifoient
le mefme defordre qu'auparavant
, & quelles achevoient
de ruiner le Royaume
par des logemens &
par des contributions exceffives
, que le Czar fourniffoit
de grands fecours
aux Ennemis du Roy de
Suede , leur envoyant des
Troupes , des munitions
de l'artillerie & des vivres.
GALANT. 139
Sur ce rapport il fut reſolu
aprés avoir aſſemblé le Divan
de declarer la guerre
au Czar , comme un frac
teur du traité favorable
la Porte lui avoit accordé
aprés la defaite de
Les troupes
, & que fes
que
Ambaffadeurs feroient remis
aux fept Tours , qu'on
y avoit auffi arrêté l'Envoyé
du Roi Augufte.
D'autres lettres portent
que l'Ambaffadeur Polonois
arrivé depuis peu de
la part de ce Prince &
des Senateurs de fon parti
Mij
140 MERCURE
craignoit d'efttre traité de
mefme que l'envoyé
, que
les queues de Cheval
avoient été exposées , &
que les ordres avoient été
envoyés dans toutes les
Provinces de l'Empire
Othoman , pour faire de
nouvelles levées & faire
mettre celles qui font fur
pied en eftat de marcher .
Que le Grand Seigneur
devoit partir dans peu
pour aller à Andrinople
& fe rendre à la principale
armée qu'il commandera
en perfonne , & qui doit
GALANT. 141
entrer enMofcovie ; que le
Roy de Suede commandera
l'autre pour agir contre
la Pologne , & obliger
les Polonois à reconnoiftre
le Roy Staniſlas pour
leur Souverain. Que le
Grand Seigneur avoit envoyé
douze cent bourſes
au Roy de Suede , afin
qu'il puft augmenter fes
troupes par de nouvelles
levées , & qu'on avoit depeſchéun
Courier au Kan
des Tartares , avec ordre
de tenir les troupes preftes
pour entrer en Moſcovie.
M iij
142 MERCURE
Ces mefmes lettres aflurent
que le Grand Vifir
avoit été convaincu d'avoir
eu plus d'efgard aux
interefts du Czar qu'à
l'honneur de l'Empire Othoman
& qu'il avoit été
relegué dans une Ile de
l'Archipel.
NOUVELLES
de Vifmar.
Les Lettres de Wilmar
portent qu'aprés la défaite
des Troupes Danoifes &
Saxones , le General Stenbock
laiffa rafraifchir fon
GALANT . 143
>
armée aux environs de
Gadebusch , & qu'enfuite il
eftoit venu à Vilmar pour
donner quelques ordres ;
il y a laiffé une garniſon
de trois mille hommes
quelques jours aprés il retourna
à fon armée qu'il
fit marcher vers la Trave,
qu'il avoit appris que trois
mille Dragons demontés
du renfort qu'il attendoit
de Suede , eftoient arrivés
aux environs de Vifmar , &
avoit envoyé des Pilotes
pour les amener à Travenunde
où ils ont debar144
MERCURE
quez ; d'autres lettres portent
qu'ils ont joint l'armée
, & qu'ils feront remontez
dans peu dans le
païs de Holſtein qui eft
fort abondant en Chevaux
. On mande de Roftock
du 2. Janvier que le
Lecours arrivé de Suede
confifte en cinq mille Cavaliers
tous Dragons , &
en deux mille Fantaffins .
Le General Steinbock a
envoyé ordre à quatre Regimens
qui eftoient cantonnés
prés de Stetin & à
un Bataillon Suedois qui
eftoit
GALANT . 145
eftoit à Tormingen dans
le Holften Ducal , de venir
joindre fon armée . La
nuit du premier au ſecond
de Janvier ce General fit
paffer la Trave à toute fon
armée , avec douze pieces
de Canon des Pontons &
tous les materiaux neceffaires
pour conftruire des
Ponts fur les rivieres du
Païs de Holſtein . Le deux
il fit avancer fon armée
vers Segeberg , Odeſlo &
Steinhors où l'on fit une
décharge general de l'artillerie
& de la Moufque-
Fanvier 1713 .
N
146 MERCURE
terie pour celebrer la Victoire
de Gadebuch : il
avoit fait un détachement
>
& qui pris les devants
s'empara des Magafins de
Segeberg & OldeЛlo , dont
une partie avoit été amenée
à l'armée avec le
Sieur Gericken Commiffaire
du Roi de Dannemarck
.
Danoife Sa Majefté
ayant appris que l'armée
Suedoife avoit paffé la
Trave , continua fa route
vers Copenhague & envoya
ordre aux troupes
1
GALANT. 147
du Païs de Jutland & du
refte du Royaume de Dannemarck
de fe mettre en
marche pour renforcer
fon armée , avec cinq mille
hommes qu'il a ordonné
de faire revenir de
Norwege.
Le General Steinbock
a envoyé de tous coſtez
des détachemens pour ef
tablir les contributions :
il a fait declarer au peuples
du Holftein que ne
pouvant fe difpenfer d'y
entrer fuivant les loix de
guerre , il les exhorte à la
Nij
148 MERCURE
fe tenir tranquilles , les affurant
qu'il aura foin d'empefcher
qu'on n'exerce
contre eux aucune hoftilité
, pourvu qu'ils payent
les contributions . On écrit
du Holftein que ce General
fait obferver à fes
troupes une exacte difcipline
, & qu'il a fait demander
au Holſtein -Danois
un million de Florins
de contributions
, quatrecent
vingt mille Florins au
Holftein Ducal , & trois
cens mille à cette Ville.
On efcrit de BrunfGALANT.
149
wich qu'il s'y eft tenu plufieurs
conferences entre
les Miniftres de l'Electeur
de Brandebourg , du Duc
de wolfenbutel , du Duc
d'Hanover & du Landgrave
de Heffe. Caffel pour
chercher les moyens de
terminer les troubles de
la baffe Allemagne . Que le
bruit court qu'ils ont refolu
de former une armée
de trente à quarante mille
hommes , qui fera employée
contre ceux qui
refuferont de confentir à la
Paix à des conditions rai
N iij
150 MERCURE
fonnables; qu'ils fe font feparés
à la referve du Comte
de Schonborn Miniftre
de l'Archiduc qui eft
refté icy , que les autres
font allé rendre compte
à
leurs Maiftres de ce qui
s'eft paffé aux Conferences.
Les Lettres de Berlin
du trois Janvier portent
que le Comte Flemming
General des troupes Saxones
, y eftoit arrivé ce jour
là du Holftein & qu'il
avoit eu audience de l'Electeur
de Brandebourg.
On mande de Dreide
GALANT . 151
que le Comte dewirzthumb
eftoit arrivé le 27. Decembre
; qu'il avoit quitté
le Roy Augufte fur la
Frontiere de Pologne , &
qu'il avoit ordre de faire
travailler aux recruês des
troupes Saxones principalement
de celles qui fe
font trouvées à la Bataille
de Gadebuch , & qui font
retournées en Pomeranie .
On efcrit de Varfovie du
21. Decembre qu'on y attendoit
le Roy Augufte le
26. où le 27. qu'on y avoit
publié depuis quelques
Niiij
152 MERCURE
jours par ordre de ce
Prince un Decret par lequel
le Roi Staniſlas ci devant
Palatin de Pofnanie ,
le Palatin de Kiovie , le
Prince Michel Vviefnowiefki
, le Prince Sapieha
Starofte de Bobruis , les Generaux
Grudzinski &
en
Smiegies xi , & plus de
cinquante autres nommés
dans ce Decret , fon cités
à comparoiſtre
perfonne à la Diete generale
dans fix femaines à
peine d'être declarez rebelles
, & de la confifcation
de leurs biens.
d'une Lettre de Conf
tantinople du 5. Novembre
1712. écrite par
le Treforier de la Compagnie
Angloife à M.
l'Envoyé Extraordinaire
Flveflel , qui eft
à Hambourg , recue le
24. Decembre.
Depuis ma
précedente
le Grand Vifir a été deposé
& banni ; le Grand
Seigneur
a declaré la
GALANT. ISS
guerre au Czar & enfermé
fes Ambaffadeurs
avec
les Otages
aux 7. Tours.
Il a auffi donné ordre
pour faire arrêter le Palatin
de Mafure
à Andrinople
, & le General
Goltz
Envoyé
Extraordinaire
du
Roi Augufte
y fera mené
d'icy pour luy tenir compagnie
.
Le Sultan ira luy- mefme
avec 300. mille hommes
obliger le Czar à
l'évacuation de la Polopeut
le
gne , & forcer
s'il
Roi Augufte
à en faire }
136 MERCURE
autant. Il prefte à Sa Majefté
Suedoife 600. mille
'
écus
, & envoye effectivement
cet argent à Bender
, le Grand Vifir a
preſent Solyman
Baſſa eſt
auffi grand Partiſan de
l'intereft Suedois , que le
précedent
l'a été de Mofcovite.
Le General Poniatouſki
, a eu une part confiderable
à ce changement
, dont il eut les affurances
il y a quelque tems
ce qui fe verifie maintenant.
Aujourd'huy on publie
les
GALANT . 137
les ordres par tout l'Empire
afin que les Troupes
fe rendent à Ifaachy
fur le Danube au mois de
Mars prochain ; Le Tartare
Han , ayant ordre
de faire fes courſes dans
la Moſcovie , dont vous
aurez bien- toft des nouvelles.
Les Lettres de Conftantinople
du 23. Novembre
confirment avec plus de
détail que l'Aga envoyé
en Pologne , avoit rapporté
que les Troupes
Fanvier 1713.
M
138 MERCURE
Moscovites n'eftoient pas
forties de Pologne , & que
dans le temps que les Ambaffadeurs
du Czar affuroient
qu'elles en étoient
forties ; elles y faifoient
le mefme defordre qu'auparavant
, & quelles achevoient
de ruiner le Royaume
par des logemens &
par des contributions exceffives
, que le Czar fourniffoit
de grands fecours
aux Ennemis du Roy de
Suede , leur envoyant des
Troupes , des munitions
de l'artillerie & des vivres.
GALANT. 139
Sur ce rapport il fut reſolu
aprés avoir aſſemblé le Divan
de declarer la guerre
au Czar , comme un frac
teur du traité favorable
la Porte lui avoit accordé
aprés la defaite de
Les troupes
, & que fes
que
Ambaffadeurs feroient remis
aux fept Tours , qu'on
y avoit auffi arrêté l'Envoyé
du Roi Augufte.
D'autres lettres portent
que l'Ambaffadeur Polonois
arrivé depuis peu de
la part de ce Prince &
des Senateurs de fon parti
Mij
140 MERCURE
craignoit d'efttre traité de
mefme que l'envoyé
, que
les queues de Cheval
avoient été exposées , &
que les ordres avoient été
envoyés dans toutes les
Provinces de l'Empire
Othoman , pour faire de
nouvelles levées & faire
mettre celles qui font fur
pied en eftat de marcher .
Que le Grand Seigneur
devoit partir dans peu
pour aller à Andrinople
& fe rendre à la principale
armée qu'il commandera
en perfonne , & qui doit
GALANT. 141
entrer enMofcovie ; que le
Roy de Suede commandera
l'autre pour agir contre
la Pologne , & obliger
les Polonois à reconnoiftre
le Roy Staniſlas pour
leur Souverain. Que le
Grand Seigneur avoit envoyé
douze cent bourſes
au Roy de Suede , afin
qu'il puft augmenter fes
troupes par de nouvelles
levées , & qu'on avoit depeſchéun
Courier au Kan
des Tartares , avec ordre
de tenir les troupes preftes
pour entrer en Moſcovie.
M iij
142 MERCURE
Ces mefmes lettres aflurent
que le Grand Vifir
avoit été convaincu d'avoir
eu plus d'efgard aux
interefts du Czar qu'à
l'honneur de l'Empire Othoman
& qu'il avoit été
relegué dans une Ile de
l'Archipel.
NOUVELLES
de Vifmar.
Les Lettres de Wilmar
portent qu'aprés la défaite
des Troupes Danoifes &
Saxones , le General Stenbock
laiffa rafraifchir fon
GALANT . 143
>
armée aux environs de
Gadebusch , & qu'enfuite il
eftoit venu à Vilmar pour
donner quelques ordres ;
il y a laiffé une garniſon
de trois mille hommes
quelques jours aprés il retourna
à fon armée qu'il
fit marcher vers la Trave,
qu'il avoit appris que trois
mille Dragons demontés
du renfort qu'il attendoit
de Suede , eftoient arrivés
aux environs de Vifmar , &
avoit envoyé des Pilotes
pour les amener à Travenunde
où ils ont debar144
MERCURE
quez ; d'autres lettres portent
qu'ils ont joint l'armée
, & qu'ils feront remontez
dans peu dans le
païs de Holſtein qui eft
fort abondant en Chevaux
. On mande de Roftock
du 2. Janvier que le
Lecours arrivé de Suede
confifte en cinq mille Cavaliers
tous Dragons , &
en deux mille Fantaffins .
Le General Steinbock a
envoyé ordre à quatre Regimens
qui eftoient cantonnés
prés de Stetin & à
un Bataillon Suedois qui
eftoit
GALANT . 145
eftoit à Tormingen dans
le Holften Ducal , de venir
joindre fon armée . La
nuit du premier au ſecond
de Janvier ce General fit
paffer la Trave à toute fon
armée , avec douze pieces
de Canon des Pontons &
tous les materiaux neceffaires
pour conftruire des
Ponts fur les rivieres du
Païs de Holſtein . Le deux
il fit avancer fon armée
vers Segeberg , Odeſlo &
Steinhors où l'on fit une
décharge general de l'artillerie
& de la Moufque-
Fanvier 1713 .
N
146 MERCURE
terie pour celebrer la Victoire
de Gadebuch : il
avoit fait un détachement
>
& qui pris les devants
s'empara des Magafins de
Segeberg & OldeЛlo , dont
une partie avoit été amenée
à l'armée avec le
Sieur Gericken Commiffaire
du Roi de Dannemarck
.
Danoife Sa Majefté
ayant appris que l'armée
Suedoife avoit paffé la
Trave , continua fa route
vers Copenhague & envoya
ordre aux troupes
1
GALANT. 147
du Païs de Jutland & du
refte du Royaume de Dannemarck
de fe mettre en
marche pour renforcer
fon armée , avec cinq mille
hommes qu'il a ordonné
de faire revenir de
Norwege.
Le General Steinbock
a envoyé de tous coſtez
des détachemens pour ef
tablir les contributions :
il a fait declarer au peuples
du Holftein que ne
pouvant fe difpenfer d'y
entrer fuivant les loix de
guerre , il les exhorte à la
Nij
148 MERCURE
fe tenir tranquilles , les affurant
qu'il aura foin d'empefcher
qu'on n'exerce
contre eux aucune hoftilité
, pourvu qu'ils payent
les contributions . On écrit
du Holftein que ce General
fait obferver à fes
troupes une exacte difcipline
, & qu'il a fait demander
au Holſtein -Danois
un million de Florins
de contributions
, quatrecent
vingt mille Florins au
Holftein Ducal , & trois
cens mille à cette Ville.
On efcrit de BrunfGALANT.
149
wich qu'il s'y eft tenu plufieurs
conferences entre
les Miniftres de l'Electeur
de Brandebourg , du Duc
de wolfenbutel , du Duc
d'Hanover & du Landgrave
de Heffe. Caffel pour
chercher les moyens de
terminer les troubles de
la baffe Allemagne . Que le
bruit court qu'ils ont refolu
de former une armée
de trente à quarante mille
hommes , qui fera employée
contre ceux qui
refuferont de confentir à la
Paix à des conditions rai
N iij
150 MERCURE
fonnables; qu'ils fe font feparés
à la referve du Comte
de Schonborn Miniftre
de l'Archiduc qui eft
refté icy , que les autres
font allé rendre compte
à
leurs Maiftres de ce qui
s'eft paffé aux Conferences.
Les Lettres de Berlin
du trois Janvier portent
que le Comte Flemming
General des troupes Saxones
, y eftoit arrivé ce jour
là du Holftein & qu'il
avoit eu audience de l'Electeur
de Brandebourg.
On mande de Dreide
GALANT . 151
que le Comte dewirzthumb
eftoit arrivé le 27. Decembre
; qu'il avoit quitté
le Roy Augufte fur la
Frontiere de Pologne , &
qu'il avoit ordre de faire
travailler aux recruês des
troupes Saxones principalement
de celles qui fe
font trouvées à la Bataille
de Gadebuch , & qui font
retournées en Pomeranie .
On efcrit de Varfovie du
21. Decembre qu'on y attendoit
le Roy Augufte le
26. où le 27. qu'on y avoit
publié depuis quelques
Niiij
152 MERCURE
jours par ordre de ce
Prince un Decret par lequel
le Roi Staniſlas ci devant
Palatin de Pofnanie ,
le Palatin de Kiovie , le
Prince Michel Vviefnowiefki
, le Prince Sapieha
Starofte de Bobruis , les Generaux
Grudzinski &
en
Smiegies xi , & plus de
cinquante autres nommés
dans ce Decret , fon cités
à comparoiſtre
perfonne à la Diete generale
dans fix femaines à
peine d'être declarez rebelles
, & de la confifcation
de leurs biens.
Fermer
Résumé : EXTRAIT d'une Lettre de Constantinople du 5. Novembre 1712. écrite par le Tresorier de la Compagnie Angloise à M. l'Envoyé Extraordinaire Flvestel, qui est à Hambourg, recue le 24. Decembre.
En novembre 1712, le Grand Vizir de l'Empire ottoman a été déposé et banni. Le Sultan a déclaré la guerre au Czar de Russie et a emprisonné les ambassadeurs russes ainsi que des otages dans les Sept Tours. Il a également ordonné l'arrestation du Palatin de Masurie à Andrinople et celle du général Goltz, envoyé extraordinaire du roi Auguste. Le Sultan prévoit de mener une armée de 300 000 hommes pour forcer le Czar à évacuer la Pologne et contraindre le roi Auguste à faire de même. Il a offert 600 000 écus au roi de Suède et a envoyé cet argent à Bender. Le nouveau Grand Vizir, Solyman Bassa, soutient les intérêts suédois. Le général Poniatowski a joué un rôle significatif dans ce changement politique. Des ordres ont été publiés dans tout l'Empire pour que les troupes se rendent à Isacli sur le Danube en mars 1713. Le Khan tartare a reçu l'ordre de faire des incursions en Moscovie. Des lettres confirment que les troupes russes n'ont pas quitté la Pologne et continuent de la ruiner par des logements et des contributions excessives. Le Czar fournit des secours aux ennemis du roi de Suède. Suite à ces rapports, le Divan a décidé de déclarer la guerre au Czar pour violation du traité. L'ambassadeur polonais craint d'être traité comme l'envoyé du roi Auguste. Des levées de troupes sont en cours dans tout l'Empire ottoman. Le Sultan se prépare à partir pour Andrinople et à commander l'armée en personne contre la Moscovie, tandis que le roi de Suède commandera une autre armée contre la Pologne pour y rétablir le roi Stanislas. Douze cents bourses ont été envoyées au roi de Suède pour augmenter ses troupes, et un courrier a été dépêché au Khan des Tartares pour se préparer à entrer en Moscovie. Le Grand Vizir a été relevé de ses fonctions pour avoir favorisé les intérêts du Czar au détriment de l'Empire ottoman.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
6
p. 120-136
NOUVELLES d'Allemagne.
Début :
La Guerre declarée au Czar par le Grand Seigneur, donne [...]
Mots clefs :
Tsar, Guerre, Allemagne, Cour de Vienne, Pologne, Hongrie, Paix de Carlowitz, Moscovites, Roi de Suède
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : NOUVELLES d'Allemagne.
NO VVELLEJ
d'Allemagne.
LA Guerre declaréeau
Czar. par le Grand Seigneur
, donne beaucoup
d'inquiétude
d'inquietude à la Cour de
Vienne, d'autant plus qu'-
on craint que la Pologne,
laHongrie & la Transilvanie
n'y soientenvelopées.
Cependant des Lettres
de Constantinople
portent que le GrandSeigneur
ne vouloit point
rompre la Paix de Carlowitz
,
mais seulement attaquer
le Czar qui avoit
violé deux fois la Treve
concluë à Falczin
, & depuis
renouvellee avec luy ;
Il qu'à l'égard du General
Goltz Envoyé du Roy Auguste
, il n'avoic de por
voirs que de ce Prince
Se que d'ailleurs il estoit et
tré trop avant dans les it
trigues & les interests de
Moscovites ; qu'enfin
Grand Seigneur vouloit
comme il la promis, fait
escorter en toute seures
le Roy de Suede dans se
Estats. Toutes ces nouve
les & les grands prépara
tifs des Turcs ont engag
rAmbafladeurde Venis
à faire instance, à ce qui
l'Archiducse mette en es
tat de n'estre point surpris
On travaille tousjours aux
recreuës & à la remonte
des troupes pour continuer
la guerre; cependant on
asseure que l'Archiduc a
envoyé pouvoir au Comte
de Zinzendorf son Plenipotentiaire
à Utrecht, de
consentir à une suspension
d'armes. On asseure que
,. le RoyStanistas accompagné
du General Smiegiels-
Ki ,
est arrivé à Bender,
que le Roy de Suede en
devoit partir avant la fin
du mois de Janvier avec
une puissantearmée. Les
Lettres de Transylvani
portent qu'il est en mai
che
,
les demieres Lettre
de Constantinople le cor
firment. La publication d
la guerre contre le Czar
ses Alliez, elles porter
que l'Internonce de l'Ar
chiduc avoit receu peu d
jours auparavant un Cou
rier qui luy avoitapport
de nouvelles instructior
touchant le changemer
des affaires, mais qu'il n'e
- avoit pû faire aucun usa
ge,que le Grand Seigneu
estoit resolu de faire l
guerre, & de commander
ses armées en personne,
outre que ce Ministre n'avoit
pû respondre aux reproches
qui luy avoient
esté faits touchant la mauvaise
foy avec laquelle le
Czar avoit manqué à l'execution
du Traité de Falczin.
Les mesmes Lettres
affeurent que le Palatin de
Masovie, Ambassadeur de
Pologne
,
qui estoit reste
à Andrinople, estoit menacéd'estre
conduit aux
sept Tours, de mesme que
les Ambassadeurs & les
ostages Moscovites
, &
que tous leursdomestiques
avoient été mis aux
Galeres ;qu'un Capigi
avoit été envoyé a Mete-
Jin, où estoit reeégué le
Visir deposé
, ce qui donnoic
lieu de croire que ce
ne fust pour apporter sa
celle, d'autant plus qu'on
avoit découvert des preuves
convaincantes qu'il
s'estoit laissé gagner par
prefenrs
, pour soustenir
les interests du Czar, &
ceux du Roy Auguste.
.,. Les Lettres deHambourg
portent que le General
Steinboch fit passer
la riviere d'Eyder le 16. le
17. & le 18. à son Armée.
êc quayant appris que le
Czar le suivoit en diligence
avec une Arméefort fiiperieure
,
il campa dans
un Poste avantageux entre
l'Eyder & la Ville de
Husum dans un terrain
fort estroit. Il mit sa droite
à Swabstede sur la Trene
qui tombe un peu au desfous
dans l'Eyder, & sa
gauche à Osterfeld au desfous
de Husum
; de forte
qu'il a devant luy la Trene,
des Bois, des Marests,
&des Défilés,& derriere
la Préfecture,&Presqu'isle
d'Eyderstede, entourée
de la Mer & delaRiviere
d'Eyder de tous les autres
costés:qu'ilparoissoit fort
resolu d'attendre en ce
Camp l'Armée du Czar,
& de s'y fortifier, attendu
qu'il peut tirer feulement
des vivres des Isles &de la
Dahmaise. Il a fait plusieurs
Détachements pour
lever des contributions;
néanmoins le Czar ayant
pressé la marche de son Armée
malgré le degel quia
beaucoup fatigué les Troupes
,fut joint à Rensbourg
par le General Legard
avec cinq ou six mille Danois
: il est arrivé à Gottorp
où est son Quartier
general. Il a envoyé un
Détachementà laVillede
Flenfbourg qui a empesche
le payement de vingt
huit mille escus de contribution
qu'elle avoit offerte
,
le Roy de DannemarcK
ayant deffendu
d'en payer aucune, àcause
que l'Armée Conféderée
estoit proche & en estat de
les garentir desexécutions
militaires.
D'autres Lettres portent
que cent cinquante
Suédois estant retranchez
à la teste du Pont sur la
Trene
,
avoient esté attaquez
par deux mille Danois
commandez par le
General Legard ; qu'aprés
un combat de quatre heures
ils avoient quitté le
Retranchement, rompu le
Pont, & fait un si grand
feu sur les Danois,qu'ils
les avoient obligez à se retirer
avec perte de soixante
& dix hommes:que les
Suedois estoient demeurez
maistres du Poste, & qu'ils
n'avoient pas perdu dans
cette action vingt-cinq ou
trente Soldats..
Les Lettres de Kiel, &
de plusieurs autres Villes
du Holstein assurent que
ce succés a esté suivi d'un
autre bien plus considerable.
Elles portent que le
General Steinbock ayant
esté informé par les Prisonniers
faits à l'action dupof,
te de Hollingstede, & par
d'autres voyes, que le General
Baver qui commande
l'aisle droite de l'Armée
Confederée qui estoiten
marche vers son Camp
pour le combattre,s'estoit
avancé avec huit mille
Moscovites pour le prendre
en flanc, tandis que le
reste de l'Armée l'attaqueroit
de front, avoit sur le
champ resolu de profiter
de cette occasion; qu'il
avoit pris un gros Corpsde
Cavalerie, mis sur plus de
mille Chariots une partie
deson Infanterie, & marche
avec tant de diligence
,
qu'il avoit surpris les
Moscovites, & les avoit
entierement défaits. On
assure que cinq mille ont
esté tuez sur la place,& le
reste fait Prisonniers ; que
cette défaite avoitcausé
une grande efpouvanre
dans l'Armée Confederée;
,
que la division augmentoic
xie jour en jourentreeux,
à cause que les Moscovites
prétendoient que les Danois
&les Saxons devoient
obéir absolument à leurs
ordres; que leRoy deDannemarck
estoit encore à
Fredericfode
,
où il rassembloit
ses Troupes, &
quatre mille hommes arrivez
de Norwege, pour les
joindre à la grande Armée,
dont on assure quele
Czar veut luy laisser le
commandement pour retourner
dans ses Eta-ts.-mais
que Sa Majesté Danoise
vouloir l'obliger à differer
son départ jusqu'à ce qu'on
eustveu le succés d'une Bataille
generale. Plusieurs
Lettres assurentque. le
Renfort qu'on attendoit
de Suede eftoic arrive en
divers Ports de Pomeranie,
ayant estéseparé par le
mauvais tem ps.
Les Lettres de Berlin du
21. Janvier portent que le
DérachementdeStetin,qui
avoit enlevé deFredeland
tous les vivres,& destruit le
Magasin qui y estoit,s'estant
retiré, quatre CompagniesMoscovites
étoient
entrées dans cette petite
Ville-là, avoient pillé ôc
maltraité les Habitants,
les accusant d'avoir favorisé
l'entreprise desSuédois.
-1 NOVVELLES
d'Allemagne.
LA Guerre declaréeau
Czar. par le Grand Seigneur
, donne beaucoup
d'inquiétude
d'inquietude à la Cour de
Vienne, d'autant plus qu'-
on craint que la Pologne,
laHongrie & la Transilvanie
n'y soientenvelopées.
Cependant des Lettres
de Constantinople
portent que le GrandSeigneur
ne vouloit point
rompre la Paix de Carlowitz
,
mais seulement attaquer
le Czar qui avoit
violé deux fois la Treve
concluë à Falczin
, & depuis
renouvellee avec luy ;
Il qu'à l'égard du General
Goltz Envoyé du Roy Auguste
, il n'avoic de por
voirs que de ce Prince
Se que d'ailleurs il estoit et
tré trop avant dans les it
trigues & les interests de
Moscovites ; qu'enfin
Grand Seigneur vouloit
comme il la promis, fait
escorter en toute seures
le Roy de Suede dans se
Estats. Toutes ces nouve
les & les grands prépara
tifs des Turcs ont engag
rAmbafladeurde Venis
à faire instance, à ce qui
l'Archiducse mette en es
tat de n'estre point surpris
On travaille tousjours aux
recreuës & à la remonte
des troupes pour continuer
la guerre; cependant on
asseure que l'Archiduc a
envoyé pouvoir au Comte
de Zinzendorf son Plenipotentiaire
à Utrecht, de
consentir à une suspension
d'armes. On asseure que
,. le RoyStanistas accompagné
du General Smiegiels-
Ki ,
est arrivé à Bender,
que le Roy de Suede en
devoit partir avant la fin
du mois de Janvier avec
une puissantearmée. Les
Lettres de Transylvani
portent qu'il est en mai
che
,
les demieres Lettre
de Constantinople le cor
firment. La publication d
la guerre contre le Czar
ses Alliez, elles porter
que l'Internonce de l'Ar
chiduc avoit receu peu d
jours auparavant un Cou
rier qui luy avoitapport
de nouvelles instructior
touchant le changemer
des affaires, mais qu'il n'e
- avoit pû faire aucun usa
ge,que le Grand Seigneu
estoit resolu de faire l
guerre, & de commander
ses armées en personne,
outre que ce Ministre n'avoit
pû respondre aux reproches
qui luy avoient
esté faits touchant la mauvaise
foy avec laquelle le
Czar avoit manqué à l'execution
du Traité de Falczin.
Les mesmes Lettres
affeurent que le Palatin de
Masovie, Ambassadeur de
Pologne
,
qui estoit reste
à Andrinople, estoit menacéd'estre
conduit aux
sept Tours, de mesme que
les Ambassadeurs & les
ostages Moscovites
, &
que tous leursdomestiques
avoient été mis aux
Galeres ;qu'un Capigi
avoit été envoyé a Mete-
Jin, où estoit reeégué le
Visir deposé
, ce qui donnoic
lieu de croire que ce
ne fust pour apporter sa
celle, d'autant plus qu'on
avoit découvert des preuves
convaincantes qu'il
s'estoit laissé gagner par
prefenrs
, pour soustenir
les interests du Czar, &
ceux du Roy Auguste.
.,. Les Lettres deHambourg
portent que le General
Steinboch fit passer
la riviere d'Eyder le 16. le
17. & le 18. à son Armée.
êc quayant appris que le
Czar le suivoit en diligence
avec une Arméefort fiiperieure
,
il campa dans
un Poste avantageux entre
l'Eyder & la Ville de
Husum dans un terrain
fort estroit. Il mit sa droite
à Swabstede sur la Trene
qui tombe un peu au desfous
dans l'Eyder, & sa
gauche à Osterfeld au desfous
de Husum
; de forte
qu'il a devant luy la Trene,
des Bois, des Marests,
&des Défilés,& derriere
la Préfecture,&Presqu'isle
d'Eyderstede, entourée
de la Mer & delaRiviere
d'Eyder de tous les autres
costés:qu'ilparoissoit fort
resolu d'attendre en ce
Camp l'Armée du Czar,
& de s'y fortifier, attendu
qu'il peut tirer feulement
des vivres des Isles &de la
Dahmaise. Il a fait plusieurs
Détachements pour
lever des contributions;
néanmoins le Czar ayant
pressé la marche de son Armée
malgré le degel quia
beaucoup fatigué les Troupes
,fut joint à Rensbourg
par le General Legard
avec cinq ou six mille Danois
: il est arrivé à Gottorp
où est son Quartier
general. Il a envoyé un
Détachementà laVillede
Flenfbourg qui a empesche
le payement de vingt
huit mille escus de contribution
qu'elle avoit offerte
,
le Roy de DannemarcK
ayant deffendu
d'en payer aucune, àcause
que l'Armée Conféderée
estoit proche & en estat de
les garentir desexécutions
militaires.
D'autres Lettres portent
que cent cinquante
Suédois estant retranchez
à la teste du Pont sur la
Trene
,
avoient esté attaquez
par deux mille Danois
commandez par le
General Legard ; qu'aprés
un combat de quatre heures
ils avoient quitté le
Retranchement, rompu le
Pont, & fait un si grand
feu sur les Danois,qu'ils
les avoient obligez à se retirer
avec perte de soixante
& dix hommes:que les
Suedois estoient demeurez
maistres du Poste, & qu'ils
n'avoient pas perdu dans
cette action vingt-cinq ou
trente Soldats..
Les Lettres de Kiel, &
de plusieurs autres Villes
du Holstein assurent que
ce succés a esté suivi d'un
autre bien plus considerable.
Elles portent que le
General Steinbock ayant
esté informé par les Prisonniers
faits à l'action dupof,
te de Hollingstede, & par
d'autres voyes, que le General
Baver qui commande
l'aisle droite de l'Armée
Confederée qui estoiten
marche vers son Camp
pour le combattre,s'estoit
avancé avec huit mille
Moscovites pour le prendre
en flanc, tandis que le
reste de l'Armée l'attaqueroit
de front, avoit sur le
champ resolu de profiter
de cette occasion; qu'il
avoit pris un gros Corpsde
Cavalerie, mis sur plus de
mille Chariots une partie
deson Infanterie, & marche
avec tant de diligence
,
qu'il avoit surpris les
Moscovites, & les avoit
entierement défaits. On
assure que cinq mille ont
esté tuez sur la place,& le
reste fait Prisonniers ; que
cette défaite avoitcausé
une grande efpouvanre
dans l'Armée Confederée;
,
que la division augmentoic
xie jour en jourentreeux,
à cause que les Moscovites
prétendoient que les Danois
&les Saxons devoient
obéir absolument à leurs
ordres; que leRoy deDannemarck
estoit encore à
Fredericfode
,
où il rassembloit
ses Troupes, &
quatre mille hommes arrivez
de Norwege, pour les
joindre à la grande Armée,
dont on assure quele
Czar veut luy laisser le
commandement pour retourner
dans ses Eta-ts.-mais
que Sa Majesté Danoise
vouloir l'obliger à differer
son départ jusqu'à ce qu'on
eustveu le succés d'une Bataille
generale. Plusieurs
Lettres assurentque. le
Renfort qu'on attendoit
de Suede eftoic arrive en
divers Ports de Pomeranie,
ayant estéseparé par le
mauvais tem ps.
Les Lettres de Berlin du
21. Janvier portent que le
DérachementdeStetin,qui
avoit enlevé deFredeland
tous les vivres,& destruit le
Magasin qui y estoit,s'estant
retiré, quatre CompagniesMoscovites
étoient
entrées dans cette petite
Ville-là, avoient pillé ôc
maltraité les Habitants,
les accusant d'avoir favorisé
l'entreprise desSuédois.
-1 NOVVELLES
Fermer
Résumé : NOUVELLES d'Allemagne.
Le texte décrit les tensions politiques et militaires en Europe, impliquant principalement l'Empire ottoman, la Russie et la Suède. La déclaration de guerre du sultan ottoman contre le tsar russe suscite des inquiétudes à la cour de Vienne, qui craint une extension du conflit à la Pologne, la Hongrie et la Transylvanie. Cependant, des informations de Constantinople révèlent que le sultan ne souhaite pas rompre la paix de Carlowitz, mais seulement attaquer le tsar, accusé d'avoir violé la trêve de Falczin. Le sultan refuse de recevoir le général Goltz, envoyé du roi Auguste, en raison de ses intrigues avec les Moscovites, et promet d'escorter le roi de Suède dans ses États. Les préparatifs turcs incitent l'ambassadeur de Venise à demander à l'archiduc de se préparer à une éventuelle attaque. Les troupes sont réorganisées et renforcées, mais l'archiduc envoie le comte de Zinzendorf à Utrecht pour négocier une suspension d'armes. Le roi Stanislas, accompagné du général Smiegielski, arrive à Bender, et le roi de Suède se prépare à partir avec une armée puissante. Les lettres de Transylvanie confirment la mobilisation du roi de Suède, et l'Internonce de l'archiduc reçoit des instructions sur les changements dans les affaires. Le sultan est résolu à faire la guerre en personne, et le palatin de Masovie, ambassadeur de Pologne, ainsi que les ambassadeurs et otages moscovites, sont menacés d'être conduits aux sept Tours. En Allemagne, le général Steinboch positionne son armée entre la rivière Eyder et la ville de Husum pour attendre l'armée du tsar. Malgré le dégel, le tsar rejoint le général Legard avec des renforts danois. Les Suédois repoussent une attaque danoise près de la Trene et remportent une victoire contre les Moscovites à Hollingstede, causant une grande division au sein de l'armée confédérée. Le roi de Danemark rassemble ses troupes à Fredericksode, attendant le résultat d'une bataille générale. Des renforts suédois arrivent en Pomeranie, séparés par mauvais temps. À Stettin, des troupes moscovites pillent la ville, accusant les habitants de soutenir les Suédois.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
7
p. 73-83
Nouvelles d'Allemagne.
Début :
On écrit de Vienne, qu'on avoit donné ordre de [...]
Mots clefs :
Vienne, Archiduc, Pologne, Conspiration , Turcs, Ottomans, Prusse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles d'Allemagne.
Nouvelles d'Allemagne.
On écrit de Vienne, qu'-
on avoit donné ordre de
faire venir cinq compagnies
d'infanterie du regiment
d'Heister,& le regiment
de dragons de Bareith,
afin de maintenir un
meilleur ordre pendant les
maladies contagieuses;que
nonobstant la contagion
l'Archiduc continuoit à y
faire son Séjour qu'on avoit
reçû des nouvelles de
Pologne touchant une conspiration
qu'on pretend avoir
été formée contre le
Roy Auguste, & les dispositions
où les Turcs parois
soient être de lui faire la
guerre; que le Palatin avoit
étéarrêté dans sa maison
,
& qu'on l'accusoit, avec
plusieurs autres, d'avoir
des intelligences avec le
Roy Stanislas; qu'ils avoient
resolu d'enlever le Roy Auguste
lors qu'il iroit joindre
l'armée; qu'on avoit même
arrêté un Marchand Ecossois,
accusé d'avoir servi à
entretenir des correspondances
avec le Roy Stanislas,
& d'avoir negocié des
lettres de change pour les
Suedois; qu'on avoit donné
ordre d'arrêter plusieurs
Senateurs: ce qu'on regarde
comme une infraction
de la liberté publique, &
qu'un grand nombre avoit
pris la suite, & étoit allé
trouver le Roy Stanislas.
D'autres lettres confirment
la marche des Turcs & des
Tartares vers la frontiere;
quel'armée Othomane,
qui étoit de quatre-vingt
mille hommes,avoit passé
la riviere de Pruth en Moldavie
, & que leur avantgarde
étoit arrivée prés de
Choczin sur le Niefter
)
où
elle se preparoit à jetter
des ponts ; que le Roy Stanislas
, avec ses troupes, celles du Palatin de Kiovie,
& tous ceux de son
parti ,s'avançoit de ce
côté-là, & que les Turcs
paroissoient être resolus de
le rétablir sur le trône; que
le Roy Auguste se preparoit
à partir pour se rendre
à l'armée,quis'avance vers
Caminiets j que les Generaux,
qui étoient encore à
Leopol, devoient la joindre
incessamment, & qu'il
avoit envoyé ordre à ses
troupes qui sont en Saxe,
& à celles qui reviennent
des Pays-Bas, de venir en
diligence en Pologne.
Les lettres d'Andrinople
du 16.Juillet portent que
quatre-vingt mille hommes
des troupes Othomanes,
campez des deux côtez
du Danube,s'étoient mis
en marche vers la Pologne,
feignant de faire fortifier
Chocsin,place assez proche
de Caminiets
} que les ordres
avoient été envoyez
aux Hospodars de Vvalaquie
& de Moldavie, de
fournir un grand nombre
de chariots & de provisions
pour l'armée; qu'on croyoic
que cette armée étoit destinée
contre la Pologne
attendu qu'on , ne parloit
plus de l'embarquement du
Roy de Suede : mais qu'il
paroissoit que ce Prince se
preparoit a prendre la même
route que l'armée Othomane,
& qu'il avoit même
dépêché depuis peu des
couriers à k Regence de
Suede, & aux Polonois affectionnez
au Roy Stanislas.
Ces mêmes lettres portent
qu'on avoit donnédes
gardes au Palatin de Masovie
, ambassadeur du Roy
Auguste
, & que le Sieur
Gelts son Resident avoit
été averti qu'on vouloit le
remettre auxsept tours, &
qu'il étoit arrivé à Andrinople
quarante compagnies
de Janissaires, & plusieurs
topgis ou canoniers.
Les lettres de Berlin portent
que plusieurs SenateursPolonois
avoientabandonné
le parti du Roy Auguste,
pour embrasser celui
du Roy Stanislas, qu'ils
etoient alléjoindre. Celles
de Danrzik portent que le
Roy Auguste avoit fait enlever
le 8. Août dans cette
ville-là les épouses du Palatin
de Kiovie & du General
Smiesrielski, le Sieur
Czerlokovvsfi, Tresorier
du Roy Stanislas, le Sieur
Uibanovvski son Secrétaire
,
& plusieurs Seigneurs
Polonois de son parti;qu'il
les avoit fait conduire par
une escorte de cavaliers Saf
xons à Marienbourg, où il
devoit se rendre le 20. que
cinq regimens Saxons avoient
ordre de marcher
[ en diligence vers la Pologne.-
On mande de Hambourg,
que le Duc de Vvirtembergavoit
fait le 23.
Août la revûë de huit bataillons
& de dix-huit escadrons
de troupes Danoises,
qui devoient incessamment
marcher vers Vvismar,
pour en former le blocus;
qu'on croyoit que les Etats
du Duc de Holstein-Gottorp
feroient bientôt évacuez
par les troupes Danoises;
que le Roy de Prusse
avoit fait délivrer aux Ministres
du Roy de Danemark
une déclaration, qui
contient que si Sa Majesté
Danoise persistoit dans ses
prétentions sur ces pays-là,
&àresserrer de plus en plus
la ville de Tonningen, il
seroit obligé, avec les garans
des traitez d'Altena &
de Travvendal, de songer
à d'autres expediens ; que
SaMajestéPrussienne prioit
les Ministres Danois de representerces
chosesauRoy
leur Maître, ôc d'enobtenir
une resolution capable
de mettre fin à ces fâcheux
démêlez. D'autres lettres
assurent que le Roy de Danemark
avoitresolu de faire
lever le blocus de Tonningen,
à condition qu'on
y mettroit une garnisonde
troupes neutres.
On écrit de Vienne, qu'-
on avoit donné ordre de
faire venir cinq compagnies
d'infanterie du regiment
d'Heister,& le regiment
de dragons de Bareith,
afin de maintenir un
meilleur ordre pendant les
maladies contagieuses;que
nonobstant la contagion
l'Archiduc continuoit à y
faire son Séjour qu'on avoit
reçû des nouvelles de
Pologne touchant une conspiration
qu'on pretend avoir
été formée contre le
Roy Auguste, & les dispositions
où les Turcs parois
soient être de lui faire la
guerre; que le Palatin avoit
étéarrêté dans sa maison
,
& qu'on l'accusoit, avec
plusieurs autres, d'avoir
des intelligences avec le
Roy Stanislas; qu'ils avoient
resolu d'enlever le Roy Auguste
lors qu'il iroit joindre
l'armée; qu'on avoit même
arrêté un Marchand Ecossois,
accusé d'avoir servi à
entretenir des correspondances
avec le Roy Stanislas,
& d'avoir negocié des
lettres de change pour les
Suedois; qu'on avoit donné
ordre d'arrêter plusieurs
Senateurs: ce qu'on regarde
comme une infraction
de la liberté publique, &
qu'un grand nombre avoit
pris la suite, & étoit allé
trouver le Roy Stanislas.
D'autres lettres confirment
la marche des Turcs & des
Tartares vers la frontiere;
quel'armée Othomane,
qui étoit de quatre-vingt
mille hommes,avoit passé
la riviere de Pruth en Moldavie
, & que leur avantgarde
étoit arrivée prés de
Choczin sur le Niefter
)
où
elle se preparoit à jetter
des ponts ; que le Roy Stanislas
, avec ses troupes, celles du Palatin de Kiovie,
& tous ceux de son
parti ,s'avançoit de ce
côté-là, & que les Turcs
paroissoient être resolus de
le rétablir sur le trône; que
le Roy Auguste se preparoit
à partir pour se rendre
à l'armée,quis'avance vers
Caminiets j que les Generaux,
qui étoient encore à
Leopol, devoient la joindre
incessamment, & qu'il
avoit envoyé ordre à ses
troupes qui sont en Saxe,
& à celles qui reviennent
des Pays-Bas, de venir en
diligence en Pologne.
Les lettres d'Andrinople
du 16.Juillet portent que
quatre-vingt mille hommes
des troupes Othomanes,
campez des deux côtez
du Danube,s'étoient mis
en marche vers la Pologne,
feignant de faire fortifier
Chocsin,place assez proche
de Caminiets
} que les ordres
avoient été envoyez
aux Hospodars de Vvalaquie
& de Moldavie, de
fournir un grand nombre
de chariots & de provisions
pour l'armée; qu'on croyoic
que cette armée étoit destinée
contre la Pologne
attendu qu'on , ne parloit
plus de l'embarquement du
Roy de Suede : mais qu'il
paroissoit que ce Prince se
preparoit a prendre la même
route que l'armée Othomane,
& qu'il avoit même
dépêché depuis peu des
couriers à k Regence de
Suede, & aux Polonois affectionnez
au Roy Stanislas.
Ces mêmes lettres portent
qu'on avoit donnédes
gardes au Palatin de Masovie
, ambassadeur du Roy
Auguste
, & que le Sieur
Gelts son Resident avoit
été averti qu'on vouloit le
remettre auxsept tours, &
qu'il étoit arrivé à Andrinople
quarante compagnies
de Janissaires, & plusieurs
topgis ou canoniers.
Les lettres de Berlin portent
que plusieurs SenateursPolonois
avoientabandonné
le parti du Roy Auguste,
pour embrasser celui
du Roy Stanislas, qu'ils
etoient alléjoindre. Celles
de Danrzik portent que le
Roy Auguste avoit fait enlever
le 8. Août dans cette
ville-là les épouses du Palatin
de Kiovie & du General
Smiesrielski, le Sieur
Czerlokovvsfi, Tresorier
du Roy Stanislas, le Sieur
Uibanovvski son Secrétaire
,
& plusieurs Seigneurs
Polonois de son parti;qu'il
les avoit fait conduire par
une escorte de cavaliers Saf
xons à Marienbourg, où il
devoit se rendre le 20. que
cinq regimens Saxons avoient
ordre de marcher
[ en diligence vers la Pologne.-
On mande de Hambourg,
que le Duc de Vvirtembergavoit
fait le 23.
Août la revûë de huit bataillons
& de dix-huit escadrons
de troupes Danoises,
qui devoient incessamment
marcher vers Vvismar,
pour en former le blocus;
qu'on croyoit que les Etats
du Duc de Holstein-Gottorp
feroient bientôt évacuez
par les troupes Danoises;
que le Roy de Prusse
avoit fait délivrer aux Ministres
du Roy de Danemark
une déclaration, qui
contient que si Sa Majesté
Danoise persistoit dans ses
prétentions sur ces pays-là,
&àresserrer de plus en plus
la ville de Tonningen, il
seroit obligé, avec les garans
des traitez d'Altena &
de Travvendal, de songer
à d'autres expediens ; que
SaMajestéPrussienne prioit
les Ministres Danois de representerces
chosesauRoy
leur Maître, ôc d'enobtenir
une resolution capable
de mettre fin à ces fâcheux
démêlez. D'autres lettres
assurent que le Roy de Danemark
avoitresolu de faire
lever le blocus de Tonningen,
à condition qu'on
y mettroit une garnisonde
troupes neutres.
Fermer
Résumé : Nouvelles d'Allemagne.
Le texte traite des événements politiques et militaires en Europe, notamment en Allemagne, Pologne et Turquie. À Vienne, des troupes ont été mobilisées pour maintenir l'ordre pendant une épidémie contagieuse, tandis que l'Archiduc y réside malgré la contagion. Des informations sur une conspiration contre le roi Auguste de Pologne et les intentions belliqueuses des Turcs ont été reçues. Le Palatin a été arrêté pour ses liens présumés avec le roi Stanislas, ainsi que plusieurs autres personnes, dont un marchand écossais. En Pologne, les Turcs et les Tartares se dirigent vers la frontière avec une armée ottomane de quatre-vingt mille hommes ayant traversé le Pruth en Moldavie. Le roi Stanislas, soutenu par diverses troupes, avance vers la frontière, tandis que les Turcs semblent déterminés à le rétablir sur le trône. Le roi Auguste se prépare à rejoindre son armée, qui avance vers Caminiets. Des ordres ont été donnés aux troupes en Saxe et aux Pays-Bas de se rendre en Pologne. Des lettres d'Andrinople confirment la marche des troupes ottomanes vers la Pologne, avec des ordres donnés aux hospodars de Valachie et de Moldavie de fournir des chariots et des provisions. Le roi de Suède semble également se préparer à soutenir le roi Stanislas. À Berlin, plusieurs sénateurs polonais ont changé de camp pour soutenir Stanislas. À Danzik, le roi Auguste a fait enlever des proches du roi Stanislas et les a conduits à Marienbourg. À Hambourg, le duc de Wurtemberg a passé en revue des troupes danoises destinées à former le blocus de Wismar. Le roi de Prusse a adressé une déclaration au roi de Danemark concernant les prétentions sur les États du duc de Holstein-Gottorp, menaçant d'autres actions si le blocus de Tonningen continuait. Des lettres indiquent que le roi de Danemark a résolu de lever le blocus de Tonningen à condition d'y placer une garnison de troupes neutres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
8
p. 125-132
Nouvelles de Hambourg.
Début :
On écrit de Hambourg que le Roy de Dannemark a [...]
Mots clefs :
Hambourg, Danemark, Turcs, Sultan, Pologne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de Hambourg.
Nouvelles,deHambourg,
-: Onécritde Hambourg
que le Roy de Dannemark,
a envoyé: prisonniers à
Rensbourglescanoniers
du Duc de HolsteinGottorp,
pour avoir refusé de
tirer le canon au passage
de la Reine Doüairiere.Les
Conférences continuent à
Gottorp sur les affaires du
Holstein, avec esperance
d'un heureux succès
: on
est déja convenu delaisser
entrer une certaine quantité
de provisions dans Tonningen,&
on y a même
introduit par eau des vivres,
dont cette ville-là manquoit,
& on en doit laisser
entrer de huit jours en huit
jours durant la negociation.
On assure que le Roy de
Dannemark consent qu'on
mette dans Tonningen des
troupes Angloises & Hollandoises
: mais non pas de
celles des Princes voisins,
quoique la Reine de la
Grande Bretagneoffred'en payer l•a moiti•é a causre que
le Duché de Slesvvich où
Tonnigen est situéne rele
ve pas de l'Empire, il a
cependant fait mettre ses
troupes en quartier d'hyver
dans les Etats de Holstein.
On mande du camp
devant Stetin qu'on avon
commencé à bombarder la
place le 18. septembre, que
le General Meyerfeldt qui y
commande avoit demandé
une suspension d'armes,
qu'on lui avoit envoyé deux
Officiers qui lui declarerent
qu'un ne la lui accorderoit
que pour sept heures,surquoi
il avoit offert de rendre
la placé, pourvû qu'on
lui donnâtcinq jours pour
écrire au; Comte de VveL
ling à Hambourg, ce qui
lui a été accordé. Les lettres
de Yvismar portent
qu'on avoit appris de Suede
qu'on embarquoit à Careshaven
dix à douze mille
hommes, pour les transporter
en Pomeranie.
: Lesnouvelles d'Andrinople
, touchant les affaires
du Roy deSuede,paroissent
si incertaines qu'ona
peine à y adjoûterfoy;
elles assurent que la santé
du Roy de Suede est entierement
retablie
,
& qu'il
est encore avec ses Domestiques,
& un grand nombre
d'Officiers à Demir
Tocca présd'Andrinople,
que le Sultanest dans le
dessein de maintenir la paix
avec la Pologne, & qu'il
ne faitavancer ses troupes
que pour fortifier Choczin,
qu'Abdi Bacha, qui commandelarmée
est parti le
premier SeptembredeCze
czora avec les Turques,&
le Kan des Tartares deSte
phanvvitz sur le Pruth:
que le sept ils étoient arrivez
à Choczin avec une
nombreuse artillerie & des
batteaux à faire des ponts:
que Abdi Bacha s'est
campé à la droite de
Choczin, & le Kan des
Tartares à la gauche
s'étendant jusques , vis- à
-
vis deZuaniecz : qu'ils
avoient rencontré sur leur
route d'autres troupes Othomanes
qui marchoient
pour les aller joindre,
qu'il est arrivé de Valaquie
& de Moldavie deux
mille huit cents chariots
chargez de provisions,
qu'ils ont fait demander au
Gouverneur de Caminietz
de leur faire fournir des
vivres en payant, ou de
permettre aux Polonois
d'en apporter: mais que le Gouverneur de Caminietz
leur avoit répondu
qu'il ne pouvoir pasle
faire sans un ordre du
Grand: General de la
Couronne, à qui il écriroit
incessamment.Toutes
ces particularitez donnent
d'autant plus d'inquietude,
que les Turcs
n'ont pas besoin d'une
armée de cent mille hommes
avec tant d'artillerie,&
d'autres préparatifspour
le seul dessein de fortifier
Choczin, auquelon
nets'oppose - pas,quoyqu'onprétende
que cela
foit contraire au Traité
deCarlowitz - qui porte
qu'on ne pourroit de part
&. d'autre fortifier auctunieeplacre
-: Onécritde Hambourg
que le Roy de Dannemark,
a envoyé: prisonniers à
Rensbourglescanoniers
du Duc de HolsteinGottorp,
pour avoir refusé de
tirer le canon au passage
de la Reine Doüairiere.Les
Conférences continuent à
Gottorp sur les affaires du
Holstein, avec esperance
d'un heureux succès
: on
est déja convenu delaisser
entrer une certaine quantité
de provisions dans Tonningen,&
on y a même
introduit par eau des vivres,
dont cette ville-là manquoit,
& on en doit laisser
entrer de huit jours en huit
jours durant la negociation.
On assure que le Roy de
Dannemark consent qu'on
mette dans Tonningen des
troupes Angloises & Hollandoises
: mais non pas de
celles des Princes voisins,
quoique la Reine de la
Grande Bretagneoffred'en payer l•a moiti•é a causre que
le Duché de Slesvvich où
Tonnigen est situéne rele
ve pas de l'Empire, il a
cependant fait mettre ses
troupes en quartier d'hyver
dans les Etats de Holstein.
On mande du camp
devant Stetin qu'on avon
commencé à bombarder la
place le 18. septembre, que
le General Meyerfeldt qui y
commande avoit demandé
une suspension d'armes,
qu'on lui avoit envoyé deux
Officiers qui lui declarerent
qu'un ne la lui accorderoit
que pour sept heures,surquoi
il avoit offert de rendre
la placé, pourvû qu'on
lui donnâtcinq jours pour
écrire au; Comte de VveL
ling à Hambourg, ce qui
lui a été accordé. Les lettres
de Yvismar portent
qu'on avoit appris de Suede
qu'on embarquoit à Careshaven
dix à douze mille
hommes, pour les transporter
en Pomeranie.
: Lesnouvelles d'Andrinople
, touchant les affaires
du Roy deSuede,paroissent
si incertaines qu'ona
peine à y adjoûterfoy;
elles assurent que la santé
du Roy de Suede est entierement
retablie
,
& qu'il
est encore avec ses Domestiques,
& un grand nombre
d'Officiers à Demir
Tocca présd'Andrinople,
que le Sultanest dans le
dessein de maintenir la paix
avec la Pologne, & qu'il
ne faitavancer ses troupes
que pour fortifier Choczin,
qu'Abdi Bacha, qui commandelarmée
est parti le
premier SeptembredeCze
czora avec les Turques,&
le Kan des Tartares deSte
phanvvitz sur le Pruth:
que le sept ils étoient arrivez
à Choczin avec une
nombreuse artillerie & des
batteaux à faire des ponts:
que Abdi Bacha s'est
campé à la droite de
Choczin, & le Kan des
Tartares à la gauche
s'étendant jusques , vis- à
-
vis deZuaniecz : qu'ils
avoient rencontré sur leur
route d'autres troupes Othomanes
qui marchoient
pour les aller joindre,
qu'il est arrivé de Valaquie
& de Moldavie deux
mille huit cents chariots
chargez de provisions,
qu'ils ont fait demander au
Gouverneur de Caminietz
de leur faire fournir des
vivres en payant, ou de
permettre aux Polonois
d'en apporter: mais que le Gouverneur de Caminietz
leur avoit répondu
qu'il ne pouvoir pasle
faire sans un ordre du
Grand: General de la
Couronne, à qui il écriroit
incessamment.Toutes
ces particularitez donnent
d'autant plus d'inquietude,
que les Turcs
n'ont pas besoin d'une
armée de cent mille hommes
avec tant d'artillerie,&
d'autres préparatifspour
le seul dessein de fortifier
Choczin, auquelon
nets'oppose - pas,quoyqu'onprétende
que cela
foit contraire au Traité
deCarlowitz - qui porte
qu'on ne pourroit de part
&. d'autre fortifier auctunieeplacre
Fermer
Résumé : Nouvelles de Hambourg.
Le roi de Danemark a envoyé des canonniers du duc de Holstein-Gottorp à Rensbourg en tant que prisonniers pour avoir refusé de tirer le canon au passage de la reine douairière. Les conférences à Gottorp sur les affaires du Holstein se poursuivent avec l'espoir d'un succès, et il a été convenu de laisser entrer des provisions à Tonningen tous les huit jours. Le roi de Danemark accepte la présence de troupes anglaises et hollandaises à Tonningen, mais refuse celles des princes voisins, malgré l'offre de la reine de Grande-Bretagne de payer la moitié des coûts. Le duché de Schleswig, où se situe Tonningen, ne relevant pas de l'Empire, le roi a installé ses troupes en quartier d'hiver dans les États de Holstein. À Stetin, le bombardement de la place a commencé le 18 septembre. Le général Meyerfeldt, commandant sur place, a demandé une suspension d'armes, qui lui a été accordée pour sept heures, après quoi il a offert de rendre la place à condition d'avoir cinq jours pour écrire au comte de Welling à Hambourg. En Suède, des troupes sont embarquées à Careshaven pour être transportées en Poméranie. La santé du roi de Suède est rétablie, et il se trouve à Demir Tocca avec ses domestiques et officiers. Le sultan prévoit de maintenir la paix avec la Pologne et avance ses troupes pour fortifier Choczin, inquiétant les préparatifs turcs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
9
p. 12-128
HISTOIRE nouvelle.
Début :
La peste qui exerce souvent de furieux ravages dans les [...]
Mots clefs :
Amour, Monde, Veuve, Coeur, Dames, Dame, Cavalier, Chambre, Mort, Gentilhomme, Charmes, Affaires, Esprit, Comte, Rome, Pologne, Femmes, Roi, Ambassadeur, Tendresse, Hymen, Valet de chambre, Paris, Comte, Cavalier français, Aventures, Connaissances, Duc, Fête, Veuve, Yeux, Beauté, Maison, Récit, Amis, Compagnie, Voyage, Mariage, Province, Étrangers, Peste, Curiosité, Honneur, Bosquet, Hommes, Varsovie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : HISTOIRE nouvelle.
HISTOIRE
nouvelle .
LA peſte qui exerce
ſouvent de furieux ravages
dans lesPaïsduNord,
avoit déja détruit prés
d'un tiers de la belle Ville
de Varſovie , ceux de ſes
habitans qui avoient
quelque azile dans les
campagnes , l'abandonnoient
tous les jours ;
pluſieurs alloient à cent
GALANT. 13
lieuës&plus loin encore,
chercher à ſe preſerver
des perils de la conta
gion , lorſque la Palatine
de ... arriva à Dantzic
avec pluſieurs Dames de
confideration qui n'avoient
pas voulu quitter
Varſovie ſans elle.
Le Marquis de Canop
qui eſt un des plus dignes
& des plus honneftes
homes qu'on puiſſe voir,
& qui jouoit un tresgrand
rôle en Pologne ,
14 MERCURE
eſtoit alors à Dantzic ,
où il receut la Palatine
avec tous les honneurs &
toutes les feftes qu'on
puiſſe faire àune des plus
charmantes & des plus
grandes Princeſſes du
monde.drov mes
Des intereſts d'amour,
autant que la crainte de
la maladie , avoient dé
terminé pluſieurs Sei
gneurs Polonois à ſuivre
la Palatine & les Dames
qui l'accompagnoient :
GALANT.
ces Illuſtres captifs qui
n'avoient point abandon-
-néle Char de leur Maitreffe
pendant leur route ,
regarderent leur retraite
à Dantzic , comme l'azile
dumõde le plus favorable
à leurs foupirs. Mais parmi
tant de jeunes beautez
qui briguoient peuteſtre
encore plus d'hommages
qu'elles n'en recevoient
, rien n'eftoit plus
admirable , que le droit ,
qu'uneDame autant ref-
وت
16 MERCURE
pectable par la majeſté
de ſes traits , que par le
nombre de ſes années ,
ſembloit avoir ſur les
cooeurs de tous ceux qui
l'approchoient.
Il n'eſt pas eſtonnant
qu'à un certain âge , on
plaiſe à quelqu'un , mais
quelque beau retour
qu'on puiſſe avoir , il eſt
rare que dans un âge
avancé, on plaiſe à tout
le monde.
La Dame dont je parle,
&
GALANT. 17
&qui avoit cet avantage,
ſe nommoit alors Madame
Belzeſca , elle avoit
eü déja trois maris , &
au moins mille Amants,
elle s'eſtoit tousjours conduite
avec tant de difcretion
& d'innocence , que
les plus hardis & les plus
emportés de ſes adorateurs
n'avoient jamais ofé
donner la moindre atteinte
à ſa réputation : enfin à
quinze ans elle avoit ſou
ſe faire reſpecter comme
May1714. B
18 MERCURE
à ſoixante , & à foixante
paffées ſe faire aimer &
fervir comme à quinze.
Une femme de fa Province,
de fon âge , & qui
depuis fon premier mariage
l'a ſervie juſqu'à
préſent , m'a conté dix
fois fon hiſtoire , comme
je vais la raconter.
Voicy à peu prés ce
que jay retenu de fes
avantures.
Madame Belzeſca eft
originaire d'un Villagede
:
GALANT 12
!
Tourainne , fon Pere qui
eſtoit frere du Lieutenant
Generald'une des premieres
Villes de cette Province
, y poffedoit des biens
affez confiderables . Elle
reſta ſeule de 9. enfants
qu'eut ſa Mere , qui ne
l'aima jamais. Satendreſſe
pour un fils qu'elle avoit,
lorſqu'elle vint au monde;
en fit à ſon égard une
maraſtre ſi cruelle , que
l'oin d'accorder la moindre
indulgence aux ſentih
Bij
20 MERCURE
>
ments de la nature , quelques
efforts que fit fon
mary pour la rendre plus
humaine , elle ne voulut
jamais confentir à la voir.
Cette averſion s'eſtoit
fortifiée dans ſon coeur
ſur la prédiction d'un Berger
qui luy dit un jour ,
deſeſperé des mauvais
traittements dont elle
l'accabloit , qu'elle portoit
en fon fein un enfant
qui le vangeroitdesmaux
qu'elle luy faifoit. Cette
GALANT. 21
malheureuſe Prophetie
s'imprima ſi avant dans
ſon ame , que l'exceffive
haine qu'elle conceut
pour le fruit de cette couche
, fut l'unique cauſe
de la maladie dont elle
mourut. L'enfant qui en
vint , fut nommé Georgette
Pelagie le ſecond
jour de ſa naiſſance , &le
troifiéme emmenée dans
le fond d'un Village , où
la fecrette pieté de fon
Pere , &la charité de ſa
22. MERCURE
tendre nourrice l'elevérent
juſqu'à la mort de fa
mere , qui , eutà peine les
yeux fermés, qu'on ramena
ſa fille dans les lieux
où elle avoit receu le jour.
Pelagie avoit alors prés
de douze ans , &déja elle
eſtoit l'objet de la tendrefſe
de tous les habitans ,
&de tous les voiſins du
Hameau dont les foins
avoient contribué à la
mettre à couvert des rigueurs
d'une mere inhu
4
GALANT. 23
|
€
maine. Ses charmes naiffans,
avec mille graces naturelles
, ſa taille & fes
traits qui commençoient
à ſe former , promettoient
tant de merveilles aux
yeux de ceux qui la vor
yoient, que tous les lieux
d'alentour s'entretenoient
déja du bruit de ſa beauté.
Un eſprit tranquille ,
un temperament toûjours
égal , une grande attention
ſur ſes diſcours , &&&
une douceur parfaite
1
24 MERCURE
avoient preſque réparé
en elle le déffaut de l'éducation
, lorſque ſon Pere
réſolut de la conduire à
Tours.Quoyque l'air d'une
Ville de Province , &
celuy de la campagne ſe
reffemblent affés , elle ne
laiſſa pas de trouver là
d'honneſtes gens qui regarderent
les ſoins de l'inſtruire
comme les plus
raiſonnables foins du
monde. Mais il eſtoit
temps que le Dieu qui
fait
GALANT. 25
fait aimer commençaſt a
ſe meſler de ſes affaires ,
& que fon jeune coeur
apprit à ſe ſauver des pieges
& des perils de l'amour.
La tendreſſe que
ſes charmes inſpiroient
échauffoit tous les coeurs,
à meſure que l'art poliffoit
ſon eſprit , & fon
eſprit regloit ſes ſentimens
à meſure que la
flatterie eſſayoit de corrompre
ſes moeurs. Mais
c'eſt en vain que nous
May 1714.
,
C
26 MERCURE
prétendons nous arranger
fur les deſſeins de noſtre
vie , toutes nos précautions
ſont inutiles contre
les arreſts du deſtin .
Le Ciel refervoit de
trop beaux jours à l'heureuſe
Pelagie ſous les
loix de l'amour , pour
lui faire apprehender davantage
les écuëils de fon
empire. Cependant ce fut
une des plus amoureuſes
& des plus funeftes avantures
du monde qui déGALANT.
27
termina ſon coeur à la
tendreſſe.
Un jour ſe promenant
avec une de ſes amies ſur le
bord de la Loire , au pied
de la celebre Abbaye de
Marmoutier,elle apperceut
au milieu de l'eau un petit
batteaudécouvert , dans lequel
étoient deux femmes ,
un Abbé ,& le marinier qui
les conduiſoità Tours : mais
ſoit que ce bateau ne valuſt
rien ou que quelque malheureuſe
pierre en euſt écarté
les planches , en un moment
tout ce miferable é-
Cij
28. MERCURE
quipage fut enseveli ſous
les eaux. De l'autre coſté
de la riviere deux cavaliers
bien montez ſe jetterent à
l'inſtant à la nage pour ſecourir
ces infortunez ; mais
leur diligence ne leur ſervit
au peril de leur vie , qu'au
falut d'une de ces deux femmes
, que le moins troublé
de ces cavaliers avoit heureuſement
attrapée par les
cheveux , & qu'il conduifit
aux pieds de la tendre Pelagie
, qui fut fi effrayée de
cet affreux ſpectacle , qu'elle
eutpreſque autant beſoin
GALANT. 29
!
de ſecours , que celle qui
venoit d'eſtre ſauvée de cet
évident naufrage , où l'autre
femme & l'Abbé s'eftoient
desja noyez .
:
Le cavalier qui avoit eſté
le moins utile au falut de la
perſonne que ſon ami venoit
d'arracher des bras
de la mort , eſtoir cependant
l'amant aimé de la Dame
délivrée ; mais ſon amour
, fon trouble & fon
deſeſpoir avoient telle.
ment boulversé ſon imagination
, que bien loin de ſe
courir les autres , il ne s'en
C iij
30 MERCURE
fallut preſque rien qu'il ne
perift luy meſme: enfin fon
cheval impetueux le remit
malgré luy au bord d'où il
s'eſtoit précipité ; auffi- toft
il courut à toute bride, iltraverſa
la ville , & pafla les
ponts pour ſe rendre fur le
rivage , où ſa maiſtreſſe recevoit
toute forte de nouveaux
foulagements de Pelagie
, de ſa compagne , &
de ſon ami.
L'intrepidité du liberateur,
ſa prudence , ſes ſoins
& fa bonne mine pafferent
fur le champ pour des mer
GALANT. 31
veilles aux yeux de Pelagie,
De l'admiration d'une certaine
eſpece , il n'y a ordinairement
, ſans qu'on s'en
apperçoive , qu'un pas à
faire à l'amour , & l'amour
nous mene ſi loin naturellement
qu'il arrache bientoſt
tous les conſentements
de noſtre volonté. En vain
l'on ſe flatte d'avoir le tems
de reflechir , en vain l'on
veut eſſayer de ſoumettre
le coeur à la raiſon , l'eſprit
dans ces occafions eft tousjours
ſeduit par le coeur , on
regarde d'abord l'objet avec
C iiij
32 MERCURE
complaiſance.les préjugez
viennent auſſi toſt nous é
tourdir , & nous n'eſperons
ſouvent nous mieux deffendre
, que lorſque noſtre inclination
nous determine à
luytout ceder.
La tendre Pelagie eſtonnée
de ce qu'elle vient de
voir , n'ouvre ſes yeux embaraffés
, que pour jetter
des regards languiſſans
vers la petite maiſon , où
quelques Payſans aidés de
nos deux Cavaliers emportent
la Dame qui vient d'eftre
delivrée de la fureur
GALANT. 33
des flots. Elle n'enviſage
plus l'horreur du peril
qu'elle lui a vû courir ,
comme un ſpectacle ſi digne
de compaſſion , peu
s'en faut meſme qu'elle
n'envie ſon infortune.
Quoique ſes inquietudes
épouvantent ſon coeur , fes
intereſts ſe multiplient , à
meſure que cette troupe
s'éloigne d'elle . Elle croit
desja avoir démeflé que
ſon Cavalier ne ſoupire
point pour la Dame , ni la
Dame pour lui ; neanmoins
ſon eſprit s'en fait
34 MERCURE
une Rivale , elle aprehende
qu'un ſi grand ſervice
n'ait quelqu'autre motif
que la pure generofité , ou
pluſtoſt elle tremble qu'un
amour extreſme ne ſoit la
récompenſe d'un fi grand
ſervice. Cependant elle retourne
à la Ville , elle ſe
met au lit , où elle ſe tour.
mente , s'examine & s'afflige
, à force de raiſonner
fur certe avanture , dont
chacun parle à ſa mode
elle la raconte auffi tous
و
ceux qui veulent l'entendre
, mais elle s'embaraſſe
GALANT.
35
,
د tellement dans ſon récit
qu'il n'y a que l'indulgence
qu'on a pour ſon innocence
& ſa jeuneſſe , qui déguiſe
les circonſtances
qu'elle veut qu'on ignore.
Le Chevalier de Verſan
de ſon coſté ( C'eſt le
nom du Cavalier en qui
elle s'intereſſe , ) le Chevalier
de Verſan dis-je ,
n'eſt pas plus tranquille. La
belle Pelagie eſt tousjours
preſente à ſes yeux , enchanté
de ſes attraits , il va,
court , & revient , par tout
ſa bouche ne s'ouvre , que
36 MERCURE
,
,
pour vanter les appas de
Pelagie. Le bruit que cet
Amant impetueux fait de
fon amour frappe auflitoſt
ſes oreilles , elle s'applaudit
de ſa conqueſte
elle reçoit ſes viſites , écoute
ſes ſoupirs , répond à ſes
propoſitions , enfin elle
conſent , avec ſon Pere ,
que le flambeau de l'hymen
éclaire le triomphe de
fon Amant. Cette nouvelle
allarme , & deſeſpere
en vain tous ſes Rivaux. Il
eſt heureux déja. La fortune
elle-mefme pour le com
bler de graces vient atta
cher de nouveaux préſens
aux faveurs de l'amour. La
mort de ſon frere le fait
heritier de vingt mille livres
de rente. Le Chevalier
devient Marquis : nouvel
& précieux ornement
aux douceurs d'un tendre
mariage. Mais tout s'uſe
dans la vie , l'homme ſe
demaſque , la tendreſſe reciproque
s'épuiſe imper
ceptiblement , on languit ,
on ſe quitte , peut - eſtre
meſme on ſe hait , heureux
encore ſi l'on ne fouf
38 MERCURE
fre pas infiniment des caprices
de la déſunion Mais
Prices d la mort & l'amour ſe rangent
du parti de Madame
la Marquiſe de ... que ,
pour raiſon difcrette , je
nommerai Pelagie , juſqu'à
ce qu'elle foit Madame
Belzeſca.
Ainfi l'heureuſe Pelagie
aprés avoir goufté pendant
cinq ans toutes les douceurs
de l'hymen , ne ceſſe d'aimer
fon mary ( inconſtant
huit jours avant elle )
que fix ſemaines avant ſa
mort.
GALANT. 39
Un fils unique , ſeul &
cher gage de leur union ,la
rend àvingt ansheritiere &
dépofitaire des biensdu défunt.
Elle arrange exacte
ment toutes ſes affaires, elle
abandonne tranquillement
la province , & fe rend à
Paris avec fon fils .
De quel pays , Madame ,
luy dit- on,dés qu'on la voit,
nous apportez-vous tant de
beauté? dans quelle obſcure
contrée avez - vous eu le
courage d'enſevelir ju qu'a
preſent tant de charmes ?
que vous eſtes injuſte d'a
40 MERCURE
voir ſi long - temps honoré
de voſtre preſence des lieux
preſque inconnus , vous qui
eſtes encore trop belle pour
Paris . Cependant c'eſt le
ſeul endroit du monde qui
puiſſe prétendre à la gloire
de vous regarder comme la
Reine de ſes citoyennes.
Les ſpectacles , les aſſemblées,
les promenades , tout
retentit enfin des merveillesdela
belle veuve.
Le Roy Caſimir eſtoit
alors en France , pluſieurs
grands ſeigneurs avoient
ſuivi ce Prince juſqu'à la
porte
GALANT. 41
porte de ſa retraite.
Il n'y avoit point d'eſtranger
à Paris qui ne fuſt curieux
d'apprendre noſtre
langue qui commençoit à
ſe répandre dans toutes les
cours de l'Europe , & il n'y
enavoit aucun qui ne ſceuſt
parfaitement que la connoiſſance
& le commerce
des Dames font l'art, le merite
, & le profit de cette
eftude.
Un charmant voiſinage
eſt ſouvent le premier prétexte
des liaiſons que l'on
forme.
May 1714. D
MERCURE
Pelagie avoit ſa maiſon
dans le fauxbourg S. Germain
: ce quartier eſt l'azile
le plus ordinaire de tous les
eſtrangers , que leurs affaires
ou leur curioſité attirent
à Paris .
,
La Veuve dont il eſt
queſtion eſtoit fi belle
que ſa Maiſon eſtoit tous
les jours remplie des plus
honneſtes gens de la Ville ,
& environnée de ceux qui
n'avoient chez elle ni
,
droit , ni prétexte de viſite.
Enfin on croyoit en la
voyant , que , Maiſtreſſe
GALANT. 43
!
abſoluë des mouvements
de ſon ame , elle regnoit
ſouverainement ſur l'amour
comme l'amour
qu'elle donnoit regnoit fur
tous les coeurs ; mais on ſe
trompoit , & peut- eſtre ſe
trompoit- elle elle - meſme.
Pelagie eſtoit une trop
belle conqueſte , pour n'eftre
pas bien toſt encore la
victime de l'amour.
La magnificence du plus
grand Roy du monde raviſſoit
alors les yeux des
mortels , par l'éclat & la
pompe des ſpectacles &
Dij
44 MERCURE
,
des feftes , dont rien n'avoit
jamais égalé la richefſe
& la majefté ; l'on accouroit
de toutes parts ,
pour eſtre témoins de l'excellence
de ſes plaifirs , &
chaque jour ſes peuples
eſtoient obligez d'admirer
dans le délafſſement de ſes
travaux , les merveilles de
fa grandeur.
Le dernier jour enfin
des trois deſtinés pour cette
fuperbe feſte de Verfailles,
dont la poſterité parlera
comme d'une feſte inimitable
, ce jour où l'Amour
GALANT. 45
vuida tant de fois fon Carquois
, ce jour où l'Amour
ſe plut à joüer tant de
tours malins à mille beautés
que la fplendeur de ce
Spectacle avoit attiré dans
ces lieux , fut enfin le jour
qui avança le dénoüement
du fecond du ſecond hymen de Pelagie.
Un des ſeigneurs que le
Roy Caſimir avoit amenéz
avec luy , avoit malheureuſement
veu cette belle veuve
, un mois avant de ſedéterminer
à imiter le zele &
la pieté de ſon maiſtre , elle
46 MERCURE
avoit paru à ſes yeux ornée
de tant d'agrements , ou
plutoſt ſi parfaite , que la
veuë de ſes charmes luy fit
d'abord faire le voeu de n'en
plusfaire que pour elle; mais
c'eſt un conte de prétendre
qu'il ſuffiſe d'aimer pour ef
tre aimé ; rien n'eſt plus
faux que cette maxime , &
je ſouſtiens qu'on eſt ſouvent
traité fort mal en amour
, à moins qu'une heureuſe
influence n'eſtabliſſe
des diſpoſitions reciproques.
C'eſt en vain que l'amouGALANT.
47
reux Polonois brufle pour
Pelagie , ſon eſtoille n'eft
point dans ſes interefts , elle
regarde cette flame auffi
indifféremment , qu'un feu
que d'autres auroient allumé
, & quoy qu'elle voye
tous les jours ce nouvel
eſclave l'étourdir du récit
de ſa tendreſſe , ſon coeur
ſe fait ſi peu d'honneur de
cette conquefte , qu'il femble
qu'elle ignore qu'il y
ait des Polonois au monde
.
Mais l'eſprit de l'homme
prend quelquefois des ſen48
MERCURE
timents ſi audacieux quand
il aime , que la violence
de ſa paſſion & le defefpoir
de n'eſtre point écouté
, le portent ſouvent juſqu'à
l'inſolence. D'autresfois
nos titres& noſtre rang
nous aveuglent , & nous
nous perfuadons qu'on eſt
obligé de faire , du moins
en faveur de noſtre nom
ce que nous ne meritons
,
pas qu'on faſſe pour l'amour
de nous.
Le Polonois jure , tempeſte
, & s'impatiente contre
les rigueurs de ſa Maîtreffe,
GALANT .
49
treſſe , à qui ce procedé
paroiſt ſi nouveau , qu'elle
le fait tranquillement remercier
de ſes viſites . La
rage auffi toſt s'empare de
ſon coeur , il n'eſt point de
réſolution violente qui ne
lui paroiſſe légitime , l'inſenſible
Pelagie eft injufte
de n'eſtre pas tendre pour
lui , ſa dureté la rend indigne
de ſon amour , mais
fon amour irrité doit au
moins la punir de ſa rigueur
, & quoy qu'il en
couſte à l'honneur , l'éxécution
des plus criminels
May 1714. E
10 MERCURE
projets n'est qu'une bagatelle
, lorſqu'il s'agit de ſe
vanger d'une ingratte qui
ne peut nous aimer.
Ce malheureux Amant
ſcut que ſon inhumaine
devoit se trouver à la feſte
de Verſailles, avec une Dame
de ſes amies , & un de
ſes Rivaux , dont le mérite
luy avoit d'abord fait apprehender
la concurrence ,
mais qu'il croyoit trop foible
alors pour pouvoir déconcerter
ſes deſſeins . Il
prit ainſi ſes meſures avec
des gens que ſes promeſſes
GALANT.
SI
&ſes préſents engagérent
dans ſes intereſts , & il ré.
ſolut , aſſeuré de leur courage
& de leur prudence ,
d'enlever Pelagie , pendant
que le déſordre & la confuſionde
la find'une ſi grande
feſte , lui en fourniroient
encore les moyens..
Le Carroffe & les relais
qui devoient ſervir à cet
enlevement , eſtoient déja
ſi bien diſpoſés , qu'il ne
manquoit plus que le moment
heureux de s'empa
rer de l'objet de toute cette
entrepriſe ; lorſque Pelagie
1
E ij
52
MERCURE
laſſe & accablée du ſommeilque
lui avoient dérobé
ces brillantes nuits , entra ,
avec ſon amie , dans un
fombre boſquet , où la fraîcheur
& le hazard avoient
inſenſiblement conduit ſes
pasi elle y furà peine aſſiſe,
qu'elle s'y endormit
Laiffons la pour un inftant,
dans le fein du repos
dont on va bien toſt l'arracher.
- L'occaſion est trop belle
pour n'en pas profiter ; mais
le Polonois a beſoin de tout
fon monde , pour en fortir
GALANT.
53
a ſon honneur , & il commence
à trouver tant de
difficultez , à exécuter un ſi
grand deſſein dans le Palais
d'un ſi grand Roy , qu'il
s'imagine , aveuglé de ſon
déſeſpoir & de ſon amour ,
qu'il n'y a qu'une diligence
infinie , qui puiffe réparer
le déffaut de ſes précautions.
Il court pour raffem
bler ſes confidents ; mais la
vûë de ſon Rival qui ſe préſente
à ſes yeux , fait à l'inſtant
avorter tous ſes pro
jets. Où courez- vous, Monſieur
, luy dit- il , que vous
E iij
54 MERCURE
,
importe , répond l'autre ?
rendez graces , répond le
Cavalier François au refpect
que je dois aux lieux
cù nous ſommes fans
cette conſidération je
vous aurois déja puni , &
de voſtre audace , & de
l'inſolence de vos deſſeins.
Il te fied bien de m'inſulter
icy luy dit le Polonois ; je
te le pardonne : mais ſuy
moy ? & je ne tarderay pas
à t'apprendre à me reſpecter
moi- meſme , autant que
les lieux dont tu parles . Je
conſens , luy répondit le
4
GALANT .
SS
François , à te ſuivre où tu
voudras ; mais j'ay mainte
nant quelques affaires qui
font encore plus preſſées
que les tiennes: tu peux cependant
diſpoſer du rendez
vous , où je ne le feray pas
long-temps attendre.
Le bruit de ces deux
hommes éveille pluſieurs
perſonnes qui dormoient
ſur le gazon ; on s'aſſemble
autour d'eux , ils ſe taiſent
&enfin ils ſe ſéparent,
Ainfi le Polonois ſe retire
avec ſa courte honte ,
pendant que le François
E iii
56 MERCURE
cherche de tous cotez , les
Dames qu'il a perduës :
mais cette querelle s'eſtoit
paſſée ſi prés d'elles , que le
mouvement qu'elle cauſa ,
les reveilla , comme ceux
qui en avoient entendu la
fin ; elles fortirent de leur
boſquet qu'elles trouverent
desja environné de
gens qui compoſoient &
débitoient à leur mode les
circonstances decette avanture
, ſur l'idée que pouvoit
leur en avoir donné le peu
de mots qu'ils venoient
d'entendre , lorſqu'enfin il
GALANT.
$7
les retrouva. Je prie les
Lecteurs de me diſpenſer
de le nommer , ſon nom ,
ſes armes & ſes enfans ſont
encore ſi connus en France,
que , quoy que je n'aye que
ſon éloge à faire , je ne ſçay
pas ſi les fiens approuveroient
qu'on le nommaſt.
Deux heures avant que
le Cavalier François rencontrât
le Polonois , Mon.
fieur le Duc de ... avoit
heureuſement trouvé une
lettre à fos pieds : le hazard
pluſtoſt que la curiofité
la luy avoit fait ramaf
58 MERCURE
fer , un moment avant qu'il
s'apperceut des foins extreſmes
que prenoient trois
hommes pour la chercher :
la curioſité luy fit alors un
motifd'intereſt de cet effet
du hazard ; il s'éloigna des
gens dont il avoit remarqué
l'inquiétude , il ſe tira de la
foule , & dans un lieu plus
fombre & plus écarté , il
lut enfin cette lettre , qui
eſtoit , autant que je peux
m'en ſouvenir , conceuë ,
à peu prés , en ces termes.
Quelquesjustes mesures que
nous ayons priſes , quoy que mon
GALANT. رو
Carroffe & vos Cavaliers ne
foient qu'àcent pas d'icy , il n'y
aura pas d'apparence de réuffir
fi vous attendez que le retour
du jour nous ofte les moyens de
profiter du défordre de la nuit :
quelque claire que ſoit celle-cy ,
elle n'a qu'une lumiére empruntée
dont le ſoleil que j'apprenhende
plus que la mort
bien toſt diſſipper la clarté; ainfi
hatez vous de meſuivre , &ne
me perdez pas de veuë : je vais
déſoler Pelagie par ma préfen--
ce: dés qu'elle me verra , je ne
doutepas qu'elle ne cherche à me
fuir; mais je m'y prendray de
, va
60 MERCURE
façon ,que tous les pas qu'ells
fera , la conduiront dans nostre
embuscade.
La lecture de ce billet
eſtonna fort Mr le Duc ...
quiheureuſement connoiffoit
aſſez la belle veuve pour
s'intereffer parfaitement
dans tout ce qui la regardoit
; d'ailleurs le cavalier
françois qui eſtoit l'amant
declaré de la Dame , eſtoit
ſon amy particulier : ainſi il
priatout ce qu'il putraſſembler
de gens de ſa connoifſance
de l'aider à chercher
Pelagie avant qu'elle peuſt
GALANT. 61
eftre expoſée à courir les
moindres riſques d'une pareille
avanture. Il n'y avoit
pas de tempsà perdre , auſſi
n'en perd - il pas ; il fut par
tout où il creut la pouvoir
trouver , enfin aprés bien
des pas inutiles , il rencontra
ſon ami , qui ne venoit
de quitter ces deux Dames
que pour aller leur chercher
quelques rafraichif
ſements . Il est bien maintenant
queſtion de rafraif
chiſſements pour vos Dames
, luy dit le Duc , en luy
donnant la lettre qu'il ve
62 MERCURE
noit de lire , tenez , liſez, &
dites - moy ſi vous connoifſez
cette écriture , & à quoy
l'on peut à preſent vous eftre
utile. Monfieur le Duc ,
reprit le cavalier,je connois
le caractere du Comte Piof
Ki, c'eſt aſſeurement luy qui
aécrit ce billet ; mais il n'eſt
pas encore maiſtre de Pelagie
, que j'ay laiſſée avec
Madame Dormont à vingt
pas d'icy , entre les mains
d'un officier du Roy, qui eſt
mon amy , & qui , à leur
confideration , autant qu'à
la mienne , les a obligeamGALANT
. 63
ment placées dans un endroit
où elles ſont fort à leur
aife ; ainſi je ne crains rien
de ce coſté- là ; mais je voudrois
bien voir le Comte , &
l'équipage qu'il deſtine à
cet enlevement. Ne faites
point de folie icy , mon
amy , luy dit le Duc , aſſeurez
- vous ſeulement de quelques
perſonnes de voſtre
connoiſſance ſur qui vous
puiffiez compter : je vous
offre ces Meſſieurs que vous
voyez avec moy , raſſem.
blez- les autour de vos Dames
, & mettez - les ſage
64 MERCURE
ment à couvert des inſultes
de cet extravagant : fi je
n'avois pas quelques affaires
confiderables ailleurs ,
je ne vous quitterois que
certain du fuccez de vos
précautions.
Vi
LeDuc ſe retira alors vers
un boſquet où d'autres intereſts
l'appelloient,& laifſa
ainſi le cavalier françois
avec ſes amis ,à qui il montra
l'endroit où il avoit remis
ſa maiſtreſſe entre les
mains de l'officier qui s'eftoit
chargé du ſoin de la
placer commodément ; cependant
GALANT. 65
pendant il fut de ſon coſté
à la découverte de ſon ri.
val , qu'aprés bien des détours
, il rencontra enfin à
quatre pas du boſquet dont
jay parlé , &dont il ſe ſepara
comme je l'ay dit . Neanmoins
quelque ſatisfaction
qu'il ſentit du plaifir de retrouver
ſes Dames , il leur
demanda , aprés leur avoir
conté l'hiſtoire de ce qu'il
venoit de luy arriver , par
quel haſard elles ſe trouvoient
ſi loin du lieu où il
les avoit laiſſées. Apeine ,
luy dit Pelagie , nous vous
May 1714. F
66 MERCURE
avons perdu de veuë , que le
Comte Pioski eſt venu s'affeoir
à coſté de moy , aux
dépens d'un jeune homme
timide , que ſon air brufque
& fon étalage magnifique
ont engagé à luy ceder
la place qu'il occupoit.
Ses diſcours m'ont d'abord
fi cruellement ennuyée,que
mortellement fatiguée de
les entendre ,j'ay priéMadame
de me donner le bras,
pour m'aider à me tirer des
mains de cet imprudent ; le
monde , la foulle , & les
détours m'ont derobé la
GALANT. 67
connoiſſance des pas & des
efforts que fans doute il a
faits pour nous ſuivre , &
accablée de ſommeil &
d'ennuy, je me ſuis heureuſement
ſauvée dans ce bofquet
, ſans m'aviſer ſeulement
de fonger qu'il euſt
pû nous y voir entrer ; mais
quelque peril que j'aye couru
, je ſuis bien aiſe que fon
inſolence n'ait pas plus éclaté
contre vous , que fes
deſſeins contre moy , & je
vous demande en grace de
prévenir ſagement , & par
les voyesde ladouceur,tou-
tes les ſuites facheuſes que
ſon deſeſpoir & voſtre demeſlé
pourroient avoir. Il
n'y a plus maintenant rien
à craindre , il fait grand
jour , le chemin de Verſailles
à Paris eſt plein de monde
, & vous avez icy un
grand nombre de vos amis ,
ainſi nous pouvons retourner
à la ville fans danger.
Le cavalier promit à la
belle Pelagie de luy tenir
tout ce qu'elle voulut exiger
de ſes promeſſes , & fes
conditions acceptées , illamena
juſqu'à fon carroffe,
GALANT
69
où il prit ſa place , pendant
que quatre de ſes amis ſe
diſpoſerent à le ſuivre dans
le leur.
1
Il n'eut pas plutoſt remis
les Dames chez elles , &
quitté ſes amis , qu'en entrant
chez luy , un gentila
homme luy fie preſent du
billet que voicy.
Les plus heureux Amants
ceſſeroient de l'estre autant qu'ils
ſe l'imaginent , s'ils ne rencon
troient jamais d'obstacle à leur
bonheur je m'intereſſe affez au
voſtre , pour vousyfaire trouver
des difficultez qui ne vous
70
MERCURE
establiront une felicitéparfaite,
qu'aux prix de tout lefangde
Pioski. Le Gentilhomme que
je vous envoye vous expliquera
le reſte de mes intentions.
naypas
Affoyez-vous donc, Monſieur
, luy dit froidement le
cavalier françois ,& prenez
la peine de m'apprendre les
intentions de Monfieur le
Comte Pioski . Je n'ay
beſoin de ſiege , Monfieur ,
luy répondit ſur le meſme
ton , le gentilhomme Polonois
, & je n'ay que deux
mots à vous dire. Vous eſtes
l'heureux rival de Monfieur
GALANT.
le Comte qui n'eſt pas encore
accouſtumé à de telles
préferences , il eſt ſi jaloux
qu'il veut vous tuer , & que
je le veux auſſi , il vous attend
maintenant derriere
l'Obſervatoire ; ainſi prenez
, s'il vous plaiſt , un ſecond
comme moy , qui ait
aſſez de vigueur pour m'amuſer
, pendant que vous
aurez l'honneur de vous és
ggoorrggeerreennſſeemmbbllee.
Je ne ſçay ſi le françois ſe
ſouvint, ou ne ſe ſouvint pas
alors de tout ce qu'il avoit
promis à ſa maiſtreſſe , mais
72 MERCURE
voicy à bon compte lecas
qu'il en fit.
Il appella ſon valet de
chambre , qui estoit un
grand garçon de bonne vo
lonté , il luy demanda s'il
vouloit eſtre de la partie ,
ce qu'il accepta en riant,
Aufſi - toft il dit au gentilhomme,
Monfieur leComte
eſt genereux , vous eſtes
brave, voicy voſtre homme,
& je ſuis le ſien Mais Monfieur
eft- il noble , reprit le
gentilhomme. Le valet de
chambre , Eſpagnol de nation,
piqué de cette demande
GALANT .
73
de, luy répondit fierement
ſur le champ , & en ſon langage
, avec une ſaillie romaneſque
, Quienes tu hombre
? voto a San Juan. Viejo
Chriftiano estoy , hombre blanco
,y noble como el Rey Ce que
ſon maiſtre naiſtre expliqua au Polonois
en ces termes . Il
vous demande qui vous eftes
vous mesme , & il vous
jure qu'il eſt vieux Chreftien
,homme blanc , & noble
comme le Roy. Soit ,
reprit le gentilhomme,marchons.
Ces trois braves furent
ainſi grand train au
May 1714. G
74 MERCURE
rendez vous , où ils trouverent
le Comte qui commençoit
à s'ennuyer. Aprés
le falut accouſtumé , ils mirent
tous quatre l'épée àla
main. Pioski fit en vain des
merveilles , il avoit desja
perdu beaucoup de fang ,
lang,
lorſqu'heureuſement ſon épée
ſe caſſa; le gentilhomme
fut le plus maltraité,l'Ef
pagnol ſe battit comme un
lion ,& le combat finit.
Cependant le Comte
Pioski, qui , à ces violences
prés , eftoit entout un
homme fort raiſonnable ,
GALANT. 75
eut tant de regret des extravagances
que cette derniere
paffion venoit de luy
faire faire , que la pieté étouffant
dans ſon coeur tous
les interêts du monde , il
fut s'enfermer pour le reſte
de ſa vie dans la retraitte
la plus fameuſe qui ſoit en
France , & la plus connuë
par l'auſterité de ſes maximes.
Le Cavalier françois
foupira encore quelques
temps , & enfin il devint
l'heureux & digne Epoux
d'une des plus charmantes
femmes du monde.
Gij
76 MERCURE
4
Les mariages font une fi
grande époque dans les
hiſtoires , que c'eſt ordinairement
l'endroit par où
tous les Romans finiſſent ;
mais il n'en eſt pas de meſme
icy , & il ſemble juftement
qu'ils ne ſervent à
Madame Belzeſca que de
degrés à la fortune , où ſon
bonheur & ſes vertus l'ont
amenée . Tout ce qui luy
arrive dans un engagement
qui établit communément
, ou qui doit du
moins establir pour les autres
femmes , une ſigrande
GALANT. 77
tranquilité , qu'on diroit
que l'hymen n'eſt propre ,
qu'à faire oublier juſqu'à
leur nom , eſt au contraire
pour celle cy , la baze de
ſes avantures. L'eſtalage de
ſes charmes , & le bruit de
ſabeauté ne ſont point enſevelis
dans les embraffemens
d'un eſpoux : heureuſe
maiſtreſſe d'un mary
tendre & complaiſant , &
moins eſpouſe qu'amante
infiniment aimée , comme
ſi tous les incidens du monde
ne ſe raſſembloient que
pour contribuer à luy faire
Gij
78 MERCURE
des jours heureux , innocement
& naturellement
attachée à ſes devoirs , l'amour
enchainé , à ſa fuite
ne prend pour ferrer tous
les noeuds qui l'uniſſent à
ſon eſpoux , que les formes
les plus aimables , & les
douceurs du mariage ne ſe
maſquent point pour elle
ſous les traits d'un mary.
Enfin elle joüit pendant
neuf ou dix ans , au milieu
du monde , & de ſes adorateurs
, du repos le plus
doux que l'amour ait jamais
accordé aux plus heureux
GALAN 79
Amants ; mais la mort jalouſe
de ſa fecilité luy ra
vit impitoyablement le plus
cher objet de ſa tendreſſe:
que de cris ! que de ge.
miſſements ! que de larmes
! cependant tant de
mains ſe préſentent pour
efluyer ſes pleurs , que , le
temps ,la raiſon , & la néceſſité,
aprés avoir multiplié
ſes reflexions
nent enfin au ſecours de ſa
,
viendouleur
; mais il ne luy reſte
d'un eſpoux fi regretté ,
qu'une aimable fille , que la
mort la menace encore de
(
G iiij
80 MERCURE
luy ravir , ſur le tombeaude
fon pere. Que de nouvel.
les allarmes ! que de mortelles
frayeurs ? elle tombe
dans un eſtat de langueur
qui fait preſque deſeſperer
de ſa vie. Il n'eſt point de
ſaints qu'on n'invoque ,
point de voeux qu'on ne faf
ſe, elle en fait elle-meſme
pour fon enfant , & promet
enfin de porter un tableau
magnifique à Noftre-
Dame de Lorette ſi ſa
fille en réchappe. A l'inftant,
ſoit qu'un ſuccés favo
rable recompenfat ſon zele
GALANT. 81
&fa piete , ou qu'il fur
temps que les remedes operaſſent
à la fin plus effica
cement qu'ils n'avoient fait
encore , ſa maladie diminua
preſque à veuë d'oeil ,
en tros jours l'enfant fut
hors de danger , & au bout
de neufentierement guery.
Elle reſtaencore , en attendant
le retour du printemps
, prés de fix mois à
Paris , pendant lesquels elle
s'arrangea pour l'execution
de ſon voeu. Ce temps expiré
, accompagnée de ſon
fils & de ſa fille , d'une Da82
1 MERCURE
me de ſes amis , de deux
femmes de chambre , de
deux Cavaliers , & de quatre
valets , elle prit la route de
Lyon , d'où aprés avoir
paffé Grenoble , le mont
du l'An, Briançon , le mont
Geneve & Suze , elle ſe rendit
à Turin , où elle ſéjourna
trois ſemaines avec ſa
compagnie qui ſe déffit
comme elle de tout ſon équipage,
dans cette Ville,
pour s'embarquer ſur le Po.
Elle vit en paſſant les Villes
de Cazal du Montferrat
,
d'Alexandrie , le Texin qui
GALANT. 83
1
,
paſſe à Pavie , Plaiſance ,
+ Cremone , Ferrare , & enfin
elle entra de nuit à Venife
avec la marée. Elle
deſcendit à une Auberge
moitié Allemande , &moitié
Françoiſe , & dont
l'enſeigne d'un coſté , ſur
le grand Canal , reprefente
les armes de France , &
de l'autre , fur la Place de
ES. Marc , les armes de l'Empire.
Elle reçut le lende
main à ſa toilette , comme
cela ſe pratique ordinairement
à Veniſe , avec tous
les Estrangers confidera
,
S
१
84 MERCURE
,
bles , des compliments en
proſe & en vers imprimez
à ſa loüange , fon amie
& les Cavaliers de ſa compagnie
en eurent auſſi leur
part. Ces galanteries couftent
communément , & au
moins quelques Ducats à
ceux à qui on les fait. Le
ſecond jour elle fut avec
tout fon monde ſaluer Mr
l'Ambaſſadeur qui fut
d'autant plus charmé du
plaifir de voir une ſi aimable
femme , que , quoy que
Venife ſoit une Ville , où
lesbeautez ne ſont pas car
,
GALANT. 85
Π
S
res , il n'y en avoit pas encore
vû une , faite comme
- celle dont il recevoit la viſite.
La bonne chere , les,
Spectacles , les promena-
✓ des ſur la mer& ſur la coſte,
avec le Jeu, furent les plaifirs
dont il la regala , pen-
↓ dant les quinzejours qu'elle
y reſta. Il luy fitvoir dans ſa
Gondole , la pompeuſeCeremonie
du Bucentaure qui
ſe celebre tous les ans dans
cette Ville le jour de l'Afcenfion
, avec toute la magnificence
imaginable.
Je nedoute pas que bien
3
86 MERCURE
des gens neſcachent à peu
prés ce que c'eſt que cette
feſte; mais j'auray occafion
dans une autre hiſtoire d'en
faire une deſcription meſlée
de circonstances ſi agreables
que la varieté des évenemensque
je raconteray,
pourra intereſſer mes lecteurs
au recit d'une ceremonie
dont il ignore peuteſtre
les détails.
Enfin noſtre belle veuve
prit congé de Mr l'Ambaffadeur
, & le lendemain elle
s'embarqua ſur un petit baſtiment
, qui en trois jours
GALANT. 87
لا
}}
la rendit à Lorette , où elle
accomplit avec beaucoup
de zele & de religion , le
voeu qu'elle avoit fait à Pa-
1ris. Après avoir pieuſement
fatisfait à ce devoir indifpenſable
, dégouſtée des perils
, & ennuyée des fatigues
de la mer , elle refolut
de traverſer toute l'Italie
par terre , avant de retourner
en France .
!
Il n'y avoit pas fi loin de
Lorette à Rome pour n'y
pas faire untour,& je croy
a que pour tous les voyageurs,
cinquante lieuës plus ou
88 MERCURE
moins , ne ſont qu'une bagatelle
, lorſqu'il s'agit de
voir cette capitale du mõde.
- Il faiſoit alors ſi chaud ,
qu'il eſtoit fort difficile de
faire beaucoup de chemin
par jour ; mais lorſqu'on eſt
en bonne compagnie , &
de belle humeur , rien n'ennuye
moins que les ſéjours
charmants qu'ontrouve en
Italie.
Je ne prétens pas en faire
icy un brillant tableau,pour
enchanter mes lecteurs de
la beauté de ce climat ; tant
de voyageurs en ont parlé ;
Miffon
GALANT. 89
1
Miſſon l'a ſi bien épluché,
&cette terre eſt ſi fertile
en avantures , que les hiftoires
galantes que j'en raconteray
dorenavant ſuffiront
pour inſtruire d'une
maniere peut- eftre plus agreable
que celle dont ſe
ſont ſervis les écrivains qui
en ont fait d'amples relations
, ceux qui ſe conten
teront du Mercure pour
connoiſtre aſſez particuliement
les moeurs & le plan
de ce pays . Ainſi je renonceray
pour aujourd'huy au
détail des lieux que noftre
May 1714.
H
90 MERCURE
belle veuve vit , avant d'entrer
à Rome , parce que non
ſeulement il ne luy arriva
rien fur cette route qui puifſe
rendre intereſſants les cir
conſtances de ce voyage ,
mais encore parce que je ne
veux pas faire le geographe
malà propos . Le Capitole ,
le Vatican , le Chaſteau S.
Ange , le Colizée , la Place
dEſpagne, la Place Navonne
, l'Eglife S. Pierre , le
Pantheon , les Vignes , &
enfin tous les monuments
des Anciens , & les magnifiques
ouvrages des Moder
GALANT. 91
nes,dont cette ville eſt enrichie,
n'étalérent à ſes yeux
que ce que les voyageurs
lesplus indifferents peuvent
avoirveu comme elle ; mais
lorſque jetraitteray, comme
je l'ay dit,des incidens amufants
& raifonnables que
j'ay , pour y promener mes
lecteurs , j'eſpere que leur
curioſité ſatisfaite alors , les
dédommagera fuffifamment
de la remiſe & des
frais de leur voyage...
La conduite que tint à
Rome cette charmante veuve
, fut tres eſloignée de cel- :
Hij
92 MERCURE
le que nos Dames françoi
ſes y tiennent , lorſqu'avec
des graces moindres que les
fiennes , elles ſe promettent
d'y faire valoir juſqu'à leur
plus indifferent coup d'oeil.
Celle cy parcourut les Egliſes
,les Palais , les Places
& les Vignes en femme qui
ne veut plus d'avantures ;
mais elle comptoit fans for
hoſte, & l'amourn'avoit pas
figné le traité de l'arrangement
qu'elle s'eſtoit fait.
Ungentilhomme Italien
dela ſuite de l'Ambaſſadeur
de l'Empereur , qui avoir
GALANT. 93
veu par hafard une fois à la
Vigne Farneze , le viſage
admirable de noftre belle
veuve , fur ſi ſurpris de l'é
elat de tant de charmes ,
qu'il reſtacomme immobi
le , uniquement occupé dư
foin de la regarder. Elle
s'apperceut auffi- toft de fon
eſtonnement ; mais dans
Finſtant ſon voile qu'elle
laiſſa tomber, luy déroba la
veuë de cet objet de fon admiration.
L'Italien , loin de
fe rebuter de cet inconvenient
, réſolut de l'exami
ner juſqu'à ce qu'il ſceuſt ſa
94 MERCURE
ruë , fa demeure , ſon pays ,
fes deſſeins , & fon nom.
Dés qu'il ſe fut ſuffiſamment
inſtruit de tout ce
qu'il voulut apprendre ;
aprés avoir paffé& repaffé
cent fois devant ſa maiſon ,
ſans qu'on payaſt ſes ſoins
de la moindre courtoiſie,&
pleinement convaincu qu'il
n'y avoit auprés de cette
belle veuve , nulle bonne
fortune à eſperer pour luy ,
il conclut qu'il pouvoit regaler
Monfieur l'Ambaſſadeur
du merite de ſa découverte.
A
GALANT.951
En effet un jour que l'Ambaſſadeur
de Pologne difnoit
chez ſon maiſtre , voyant
vers la fin du repas,que
la compagnie entroit en
belle humeur , & que la
- converſation rouloit de
bonne grace ſur le chapitre
- des femmes ; Meſſieurs , dit-
- il , quelques ſentimens
qu'elles vous ayent fait
prendre pour elles , je ſuis
ſeur , que ſans vous embar-
-raſſer de vouloir connoiſtre
leurs coeurs plutoſt que
leurs perſonnes,vous renonceriez
à toutes les précau
96 MERCURE
tions du monde , ſi vous
aviez vû , une ſeule fois ,
une Dame que je n'ay vûë
qu'un inſtant. Je me promenois
, ily a quinze jours
àla Vigne Farneze , elle s'y
promenoit auſſi ; mais je
vous avoue que je fus ſaiſi
d'étonnement,en la voyant,
& que je luy trouvay cant
de charmes , un ſi grand
air ,& un ſi beau viſage
que je jurerois volontiers ,
quoy que cette Ville fourmille
en beautés , qu'il n'y
a rienà Rome qui ſoit beau
comme elle. Ces Miniſtres
1
Eſtrangers
GALANT. 97
5
Eſtrangers s'échaufférent
ſur le recit du Gentilhomme
Italien , celuy de Pologne
ſur tout , ſentitun mou.
vement de curioſité fi
prompt , qu'il luy demanda
d'un air empreſſé , s'il n'a
voit pas eſté tenté de ſur
vre une ſibelle femme ,&
s'il ne sçavoit pas où elle
demeuroit. Ouy, Monfieur,
luy répondit- il , je ſçay ſon
nom , ſa demeure & les
motifs de ſon voyage à
Rome, mais je n'en ſuis
pas plus avancé pour cela ,
&je croy au contraire que
May 1714.
I
98 MERCURE
mes empreſſements l'ont
tellement inquiétée, qu'elle
ne paroiſt plus aux Eglifes ,
ny aux promenades , de
puis qu'elle s'eſt apperçuë
du ſoin que je prenois d'éxaminer
ſes démarches .
Voila une fiere beauté , dit
l'Ambafladeur de l'Empereur
, & addreſſant la parole
en riant à celuy de Pologne
, Monfieur , continuast-
il , n'ayons pas le démentide
cette découverte ,
& connoiffons à quelque
prix que ce ſoit , cette belle THEQUE DEL
BIBLI
< YON
EVILL
1893*
J'y confens reTHEQUE
DA
5,
20
LY
GALANTE
18
E
VILL
prit l'autre , férieuſent
& je ſuis fort trompé fi
dans peu de jours , je ne
vous en dis des nouvelles.
Ils auroient volontiers
bû desja à la ſanté de l'inconnue
, ſi , une Eminence
qu'on venoit d'annoncer ,
ne les avoit pas arrachez de
la table , où le vin & l'amour
commençoient
à les 0
mettre en train de dire de
de
belles choses .
e Le Gentilhomme qui
ue avoit ſi à propos mis la belle
Veuve ſur le tapis , fut au
devant du Cardinal , que
I ij
100 MERCURE
fon Maiſtre fut recevoir
juſqu'au pprreemmiieerr degré de
fon Eſcalier , & en meſme
tems il reconduifit l'Ambas
ſadeur de Pologne juſqu'à
fon Carrofle. Ce Miniſtrele
questionnaſi bien , chemin
faiſant , qu'il retourna chez
luy , parfaitement inftruit
de tout ce qu'il vouloit ſcavor.
Des qu'il fut à fon
Appartement , il appella un
Valet de chambre , à qui il
avoit ſouvent fait de pareilles
confidences & aprés
luy avoir avoüé qu'il eſtoit
desja , fur un ſimple recit ,
GALANT. 101
1
:
1
éperduëment amoureux
d'un objet qu'il n'avoit jamais
vû , il luy demanda
s'il croyoit pouvoir l'aider
de ſes conſeils de fon zele
& de ſa difcretion , dans
Tembarras où il ſe trouvoit.
Je feray , luy dit le Valet
de chambre tout ce
qu'il vous plaira ; mma.is puifque
vous me permettez de
vous donner des confeils ,
je vous avoüeray franche-
FL
د
ment , que je pennſiee que
le
portrait que vous me faites,
de la conduitte ſage & retirée
que tient la perſonne
Inj 1
102 MERCURE
dont vous me parlez , eft
fouvent le voile dont Te
fervent les plus grandes
avanturieres , pour attrapper
de meilleures dupes. Ta
pénétration eſt inutile icy ,
luy répondit l'Ambaffadeur
: tu ſçais desja ſon nom
& ſa maiſon , informe toy
ſeulement fi ce qu'on m'en
adit eft véritable ; nous
verrons aprés cela le parti
que nous aurons à prendre .
Le Confident ſe met en
campagne , il louë une
chambre dans le voiſinage
de la belle Veuveil fait
>
GALANT. 103
1
1
0
e
it
connoiſſance avec un de ſes
domeſtiques , qui le met
en liaiſon avec la femme
de chambre de la Dame
qu'il veut connoiſtre : enfin
il la voit , & il apprend
qu'elle va tous les jours à
la meſſe , entre ſept & huit
heures du matin , à l'Eglife
de ſainte Cecile. Il avertit
auffi toſt ſon Maiſtre de
tout ce qui ſe paſſe ; ce Miniſtre
ne manque point de
ſe rendre ſans ſuite à cette
Eglife , & de ſe placer auprés
de cette beauté qui n'a
garde de ſe meffier à pareil
I iiij
104 MERCURE
le heure , ni de fes char
mes , ni des ſoins , ni de la
dévotion du perſonnage
quiles adore. לכ
Cependant l'allarme fonne
,& le Valet de chambre
apprend avec bien de la
douleur , que la Damedont
ſon Maiſtre eſt épris , commence
à s'ennuyer à Rome,
&qu'enfin incertaine ſi elle
retournera en France par
Genes,où ſi elle repaſſerales
Alpes, elle veutabſolument
eſtre hors de l'Italie , avant
le retour de la mauvaiſe
faifon. A l'inſtant l'AmbafGALANT.
1ος
t
!
es
16
10
le
f
1
Tadeur informé , & defefperé
de cette nouvelles ſe
détermine à luy eſcrire en
tremblant , la lettre que
voicy.
N'eſtes vous venue àRome,
Madame , que pour y violer
le droit des gens ; fi les franchiſes
les Privileges des
Ambaffadeurs font icy de vostre
Domaine , pourquoy vous dé-
Domaine
goustez - vous du plaisir d'en
joüir plus long-temps ? Fapprends
que vous avez réfolu de
partir dans buit jours. Ab! fi
rienne peut rompre ou differer
ce funeste voyage, rende-z moy
106 MERCURE
donc ma liberté que vos yeux
m'ont ravie , & au milieu de
la Capitale du monde. Ne me
laiſſez pas , en me fuyant,la
malheureuſe victime de l'amour
que vous m'avez donné. Permettez
moy bien pluſtoſt de vous
offrir en ces lieux tout ce qui
dépend de moy , & en reeevant
ma premiere visite , recevez en
mesme temps , si vous avez
quclques sentiments d'humanité,
la fortune , le coeur , & la
main de
BELZESKI.
Le Valet de Chambre
fut chargé du ſoin de luy
rendre cette lettre à elle
meſme au nom de ſon Maître
, d'examiner tous les
mouvemens de fon viſage ,
&de lui demander un mot
de réponſe.
La Dame fut aſſez
émeuë à la vûë de ce billet ,
cependant elle ſe remit aifément
de ce petit embarras
, & aprés avoir regardé
d'un air qui n'avoit rien
de déſobligeant , le porteur
de la lettre , qu'elle
avoit vûë vingt fois ſans reflexion
, elle luy dit , ce
108 MERCURE
?
tour eſt ſans doute de voſtre
façon Monfieur mais
Monfieur l'Ambaſſadeur
qui vous envoye , ne vous
en ſera guere plus obligé,
quoyque vous ne l'ayez pas
mal ſervi. Attendez icy un
moment, je vais paſſer dans
mon Cabinet , & vous en
voyer la réponſe que vous
me demandez pour luy :
Auſſi-toſt elle le quitta pour
aller efcrire ces mors. S
Fe ne sçay dequoy je ſuis
coupable à vos yeux, Monfieur,
mais je sçay bien que je ne re
ponds que par bienfeance à l'hon-
>
BAGALAN 109
0
neur que vous me faites ,
aux avantages que vous me proposez
: & je prévoy que la
viſite que vous me rendrez , si
vous voulez , vous fera auffi
peu utile qu'à moy , puisque
rien ne peut changer la réfolution
que j'ay priſe de repaffer
inceſſamment en France.
Le Polonnois éperduëment
amoureux ( car il y
avoit de la fatalité pour elle,
à eſtre aimée des gens de ce
pays ) le Polonnois , dis- je ,
donna à tous les termes de
ce billet , qu'il expliqua en
ſa faveur, un tourde confo110
MERCURE
lation que la Dame n'avoit
peut- eſtre pas eu l'intention
d'y mettre; d'ailleurs il eſtoit
parfaitementbien fait , tres
grand ſeigneur , fort riche ,
&magnifique entout. Les
hommes ſe connoiſſent , il
n'y a pas tantde mal à cela.
Celui- cy ſçavoit aſſez ſe
rendrejustice , mais heureuſement
il ne s'en faifoit pas
trop à croire , quoy qu'il
ſentit tous ſes avantages.....
Vers les * vingt& une ou
vingt- deux heures , il ſe ren-
**C'eſt en eſté à peu prés vers les fix heures
du ſoir,ſelon noftre façon de compter.
GALANT. III
コ
el
dit au logis de la belle veuve
, qu'il trouva dans undeshabillé
charmant & modeſte
, mille fois plusaimable
qu'elle ne luy avoit jamais
paru .
Que vous eſtes , Madame ,
luy dit- il , transporté du
plafir de la voir , au deſſus
des hommages que je vous
rends ; mais en verité je vais
eſtre le plus malheureux des
hommes , fi vous ne vous
rendez pas vous meſme aux
offres que je vous fais Nous
nenous connonfons n'y l'un
ny l'autre , Monfieur , luy
70%
112 MERCURE
11
répondit - elle , & vous me
propoſez d'abord des chofes
dont nous ne pourrions
peut eſtre que nous repentir
tousdeux, mais entrons , s'il
vousplaît,dansun plus grád
détail,& commençons par
examiner , i la majeſté de
voſtre caractere s'accorde
bien avec les ſaillies de cette
paffion ; d'ailleurs n'eſt il
pas ordinaire , & vrayſemblable
qu'un feu ſi prompt
às'allumer, n'en eſt que plus
prompt à s'éteindre. Enfin
ſupposé que je voulutſe encorem'engager
ſous les loix
de :
GALANT. 113
1
1
del'hymen, ſur quel fondement,
àmoins queje nem'a.
veuglaſſe de l'eſpoir de vos
promeſſes, pourrois- je compter
que vous me tiendrez
dans un certain tems ce que
vous me propoſez aujourd'huy
. Ah ! Madame , reprit
ilavecchaleur, donnez
aujourd huy voſtre confentement
à mon amour , &
demain je vous donne la
main. Par quelles loix voulez
vous authoriſer des maximes
de connoiſſance &
d'habitude , ſur des ſujers où
le coeur doit décider tout
114 MERCURE
,
ſeul ; n'y a t'il point dans le
monde des mouvements de
ſympathie pour vous , comme
pour nous , & quelle
bonne raiſon peut vous dif
penſerde faire pour nous
enun jour,la moitié du chemin
que vos charmes nous
font faire en un inſtant. Je
ſuis perfuadé que vous avez
trop d'eſprit, pour regarder
mal à propos ces chimeriques
précautions , comme
des principes de vertu , &
vous eſtes trop belle pour
douter un moment de la
conſtante ardeur des feux
GALANT 115
mt
&
רש
la
גנ
que vous allumez. Cependant
ſi vos ſcrupules s'effrayent
de la vivacité de ma
propoſition,je vous demande
du moins quinze jours
de grace , avant de vous
prier de vous déterminer en
ma faveur ; & j'eſpere ( fi
vos yeux n'ont point de peine
à s'accouſtumer à me
voir pendant le temps que
j'exige de voſtre complaiſance
) que les ſentiments
de voſtre coeur ne tarderont
pas à répondre aux tendres
& fidelles intentions du
mien. Ne me preſſez pas da
Kij
116 MERCURE
vantage à preſent , Monfieur
, luy dit elle,& laiſſez
à mes reflexions la liberté
d'examiner les circonſtancesde
voſtre propofition.
Cette réponſe finit une
conteftation qui alloit inſenſiblement
devenir tres.
intereſſante pour l'un &
pour l'autre.
Monfieur l'Ambaſſadeur
ſe leva , & prit congé de la
belle veuve aprés avoir receu
d'elle la permiffion de
retourner la voir , lorſqu'il
le jugeroit à propos.
Ce miniſtre rentra chez
GALANT 117
-
luy , ravi d'avoir mis ſes affaires
en ſibon train , & le
lendemain au matin il écrivit
ce billet à cette Dame ,
dont il avoit abſolument refolu
la conqueſte.
Le temps que je vous ay don-
- né depuis hier , Madame , ne
fuffit-il pas pour vous tirer de
toutes vos incertitudes , s'il ne
ſuffit pas , je vais estre auffi indulgent
que vous estes aimable,
je veux bien pour vous efpargner
la peine de m'eſcrire vos
Sentiments , vous accorder, jufqu'à
ce soir , que j'iray appren
dre de vostre propre bouche , le
1
118 MERCURE
réſultat de vos reflexions.
Elles eſtoient desja faites
ces réflexions favorables à
T'heureux Polonois , & pendant
toute la nuit, cette belleveuve
n'avoit pû ſe refufer
la fatisfaction de convenir
en elle-meſme , qu'elle
meritoit bien le rang d'Ambaſſadrice.
Aufſfi luy fut-il
encore offert le meſme jour
avec des tranſports fi touchants&
fi vifs,qu'enfin elle
ne fit qu'une foible deffenſe
, avant de conſentir à la
propoſition de Mr l'Ambaffadeur.
En un mot toutes
GALANT. 119
!
les conventions faites & accordées
, entre elle & fon
amant,ſon voyage de France
fut rompu , & fon mariage
conclu , & celebré ſecretement
enquinze jours.
Legrandtheatredu monde
va maintenant eſtre le
champ où va paroiſtre dans
toute fon eſtenduë , l'excellence
du merite & du bon
efprit deMadame Belzeſca.
Elle reste encore preſque
inconnuë juſqu'à la declararion
de ſon hymen , qui
n'eſt pas plutoſt rendu public
, qu'elle ſe montre auſſi
120 MERCURE
4
éclairée dans les delicates
affaires de fon mary , que
fielle avoit toute la vie
eſte Ambaſſadrice,лэ тод
Les Miniſtres Eſtrangers,
les Prélats , les Eminences
tout rend hommage à fes
lumiéres. De concert aveo
fon Epoux , ſa pénerrap
tion abbrege , addoucit &
leve toutes les difficultez
de ſa commiffion : enfin
elle l'aide à ſortir de Rome
(ſous le bon plaifir de fon
Maſtre ) fatisfait & glorieux
du ſuccés de fonAm
baffade.altera teemal
هللا
GALANT. 121
Elle fut obligée pour le
bien de ſes affaires de repaſſer
en France avec ſon
mary : elle n'y ſéjourna que
trois ou quatre mois , de là
elle alla à Amſterdam , &
à la Haye , où elle s'embarqua
pour ſe rendre à Dant-
ZIK d'où elle fut à Varſovie
où elle jouit pendant
vingt-cinq ans , avec tous
les agréments imaginables,
de lagrande fortune , & de
la tendreſſe de ſon Epoux ,
qui fut enfin malheureufement
bleſſe à la Chaffe
d'un coup dont il mourut
May 1714.
L
127
MERCURE 122
quatreJours
Tavoir
apres la
Э
receu d'une façon toute
extraordinaire .
Rien n'eſt plus noble &
plus magnifique , que la
220
20
manière dont les Grands
Seigneurs vont à la Chaſſe
en Pologne. Ils menent ordinairement
avec eux , un
fi grand nombre deDomeftiques
, de Chevaux , & de
Chiens, que leur Equipage
reſſemble pluſtoſt à un gros
détachement de troupes reglées
, qu'à une compagnie
de gens aſſemblez , pour le
plaisir de faire la guerre à
GALANT. 123
+
20
وا
LEKCI }
des animaux. Cette précaution
me paroilt fort
raisonnable , & je trouve
qu'ils font parfaitement
bien de proportionner le
nombredes combatrants au
3
21091
nombre & à la fureur des
monſtres qu'ils attaquent.
Un jour enfin, Monfieur
Belzeſki , dans une de fes
redoutables Chaffes, fe laifſa
emporter par ſon cheval ,
à la pourſuite d'un des plus
fiers Sangliers qu'on cuſt
encore vû dans la Foreſt où
il chaſſoit alors. Le cheval
anime paſſa ſur le corps de
124 MERCURE
261
ce terrible animal , & s'abbatit
en meſme temps , à
quatre pas de luy. Monfieur
Belzeſki ſe dégagea, auflitoſt
adroitement des efriers
, avant que le Monf
tre l'attaquaft ; mais ils eftoient
trop prés l'un de Laura
tre & le Sanglier desia
bleffé trop furieux , pour ne
pas ſe meſurer
44
encore con-b
tre l'ennemi qui l'attendoit :
ainſi plein de rage , il voulut
ſe llaanncceerr fur luy , mais
dans le moment ſon ennemi
intrepide & prudent lui
abbattit la teſte d'un coup
GALANT.
1:5
ſi juſte , & fi vigoureux, que
fon fabre paffa entre le col
& le tronc de an
11
avec tant de viteſſe , que le
mouvement Violent avec
lequel il retira fon bras
entraîna fon 21911
corps , de ma
niere qu'un des pieds luy
manquant , il tomba à la
renverſe ; mais fi malheu
reuſement, qu'il alla ſe fen.
dre la tefte fur une pierfe
qui ſe trouva derriere luy.
Dans ce fatal inſtanttous
les autres Chaſſeurs arrivérent
, & emporterent en
pleurant , le Corps de leur
THAJAD
126 MERCURE
infortune maiſtre , qui vécu
encore quatre jours
qu'il employa à donner à
Madame Belzeſca les dernieres
& les plus fortes
preuves de ſon amour , if
la fiitt ſon heritiere univerſelle
, & enfin il mourut
adoré de ſa femme , & infiniment
regretté de tout
le monde.
il
Il y a plus de fix ans que
Madame Belzeſca pleure
ſa perte , malgré tous les
foins que les plus grands
Seigneurs , les Princes , &
mefme les Roys , ont pris
GALANT. 127
pour la conſoler. Enfin elle
eft depuis long-temps l'amie
inſéparable de Mada
infeparable
me la Palatine de ... elle a
maintenant foixante ans
paflez , & je puis affeurer
qu'elle est encore plus aimée
; & plus reſpectée ,
qu'elle ne le fut peut eftre
jamais , dans le plus grand
efclat de fa jeuneffe. On
parle meſme de la remarier
aun homme d'une fi grande
distinction
, que , ce
bruit , quelque fuite qu'il
ait eft toutccee qu'on en peut
dire de plus avantageux ,
Lin
128 MERCURE
pour faire un parfait éloge
de ſon mérite , & de fes
vertusaises
nouvelle .
LA peſte qui exerce
ſouvent de furieux ravages
dans lesPaïsduNord,
avoit déja détruit prés
d'un tiers de la belle Ville
de Varſovie , ceux de ſes
habitans qui avoient
quelque azile dans les
campagnes , l'abandonnoient
tous les jours ;
pluſieurs alloient à cent
GALANT. 13
lieuës&plus loin encore,
chercher à ſe preſerver
des perils de la conta
gion , lorſque la Palatine
de ... arriva à Dantzic
avec pluſieurs Dames de
confideration qui n'avoient
pas voulu quitter
Varſovie ſans elle.
Le Marquis de Canop
qui eſt un des plus dignes
& des plus honneftes
homes qu'on puiſſe voir,
& qui jouoit un tresgrand
rôle en Pologne ,
14 MERCURE
eſtoit alors à Dantzic ,
où il receut la Palatine
avec tous les honneurs &
toutes les feftes qu'on
puiſſe faire àune des plus
charmantes & des plus
grandes Princeſſes du
monde.drov mes
Des intereſts d'amour,
autant que la crainte de
la maladie , avoient dé
terminé pluſieurs Sei
gneurs Polonois à ſuivre
la Palatine & les Dames
qui l'accompagnoient :
GALANT.
ces Illuſtres captifs qui
n'avoient point abandon-
-néle Char de leur Maitreffe
pendant leur route ,
regarderent leur retraite
à Dantzic , comme l'azile
dumõde le plus favorable
à leurs foupirs. Mais parmi
tant de jeunes beautez
qui briguoient peuteſtre
encore plus d'hommages
qu'elles n'en recevoient
, rien n'eftoit plus
admirable , que le droit ,
qu'uneDame autant ref-
وت
16 MERCURE
pectable par la majeſté
de ſes traits , que par le
nombre de ſes années ,
ſembloit avoir ſur les
cooeurs de tous ceux qui
l'approchoient.
Il n'eſt pas eſtonnant
qu'à un certain âge , on
plaiſe à quelqu'un , mais
quelque beau retour
qu'on puiſſe avoir , il eſt
rare que dans un âge
avancé, on plaiſe à tout
le monde.
La Dame dont je parle,
&
GALANT. 17
&qui avoit cet avantage,
ſe nommoit alors Madame
Belzeſca , elle avoit
eü déja trois maris , &
au moins mille Amants,
elle s'eſtoit tousjours conduite
avec tant de difcretion
& d'innocence , que
les plus hardis & les plus
emportés de ſes adorateurs
n'avoient jamais ofé
donner la moindre atteinte
à ſa réputation : enfin à
quinze ans elle avoit ſou
ſe faire reſpecter comme
May1714. B
18 MERCURE
à ſoixante , & à foixante
paffées ſe faire aimer &
fervir comme à quinze.
Une femme de fa Province,
de fon âge , & qui
depuis fon premier mariage
l'a ſervie juſqu'à
préſent , m'a conté dix
fois fon hiſtoire , comme
je vais la raconter.
Voicy à peu prés ce
que jay retenu de fes
avantures.
Madame Belzeſca eft
originaire d'un Villagede
:
GALANT 12
!
Tourainne , fon Pere qui
eſtoit frere du Lieutenant
Generald'une des premieres
Villes de cette Province
, y poffedoit des biens
affez confiderables . Elle
reſta ſeule de 9. enfants
qu'eut ſa Mere , qui ne
l'aima jamais. Satendreſſe
pour un fils qu'elle avoit,
lorſqu'elle vint au monde;
en fit à ſon égard une
maraſtre ſi cruelle , que
l'oin d'accorder la moindre
indulgence aux ſentih
Bij
20 MERCURE
>
ments de la nature , quelques
efforts que fit fon
mary pour la rendre plus
humaine , elle ne voulut
jamais confentir à la voir.
Cette averſion s'eſtoit
fortifiée dans ſon coeur
ſur la prédiction d'un Berger
qui luy dit un jour ,
deſeſperé des mauvais
traittements dont elle
l'accabloit , qu'elle portoit
en fon fein un enfant
qui le vangeroitdesmaux
qu'elle luy faifoit. Cette
GALANT. 21
malheureuſe Prophetie
s'imprima ſi avant dans
ſon ame , que l'exceffive
haine qu'elle conceut
pour le fruit de cette couche
, fut l'unique cauſe
de la maladie dont elle
mourut. L'enfant qui en
vint , fut nommé Georgette
Pelagie le ſecond
jour de ſa naiſſance , &le
troifiéme emmenée dans
le fond d'un Village , où
la fecrette pieté de fon
Pere , &la charité de ſa
22. MERCURE
tendre nourrice l'elevérent
juſqu'à la mort de fa
mere , qui , eutà peine les
yeux fermés, qu'on ramena
ſa fille dans les lieux
où elle avoit receu le jour.
Pelagie avoit alors prés
de douze ans , &déja elle
eſtoit l'objet de la tendrefſe
de tous les habitans ,
&de tous les voiſins du
Hameau dont les foins
avoient contribué à la
mettre à couvert des rigueurs
d'une mere inhu
4
GALANT. 23
|
€
maine. Ses charmes naiffans,
avec mille graces naturelles
, ſa taille & fes
traits qui commençoient
à ſe former , promettoient
tant de merveilles aux
yeux de ceux qui la vor
yoient, que tous les lieux
d'alentour s'entretenoient
déja du bruit de ſa beauté.
Un eſprit tranquille ,
un temperament toûjours
égal , une grande attention
ſur ſes diſcours , &&&
une douceur parfaite
1
24 MERCURE
avoient preſque réparé
en elle le déffaut de l'éducation
, lorſque ſon Pere
réſolut de la conduire à
Tours.Quoyque l'air d'une
Ville de Province , &
celuy de la campagne ſe
reffemblent affés , elle ne
laiſſa pas de trouver là
d'honneſtes gens qui regarderent
les ſoins de l'inſtruire
comme les plus
raiſonnables foins du
monde. Mais il eſtoit
temps que le Dieu qui
fait
GALANT. 25
fait aimer commençaſt a
ſe meſler de ſes affaires ,
& que fon jeune coeur
apprit à ſe ſauver des pieges
& des perils de l'amour.
La tendreſſe que
ſes charmes inſpiroient
échauffoit tous les coeurs,
à meſure que l'art poliffoit
ſon eſprit , & fon
eſprit regloit ſes ſentimens
à meſure que la
flatterie eſſayoit de corrompre
ſes moeurs. Mais
c'eſt en vain que nous
May 1714.
,
C
26 MERCURE
prétendons nous arranger
fur les deſſeins de noſtre
vie , toutes nos précautions
ſont inutiles contre
les arreſts du deſtin .
Le Ciel refervoit de
trop beaux jours à l'heureuſe
Pelagie ſous les
loix de l'amour , pour
lui faire apprehender davantage
les écuëils de fon
empire. Cependant ce fut
une des plus amoureuſes
& des plus funeftes avantures
du monde qui déGALANT.
27
termina ſon coeur à la
tendreſſe.
Un jour ſe promenant
avec une de ſes amies ſur le
bord de la Loire , au pied
de la celebre Abbaye de
Marmoutier,elle apperceut
au milieu de l'eau un petit
batteaudécouvert , dans lequel
étoient deux femmes ,
un Abbé ,& le marinier qui
les conduiſoità Tours : mais
ſoit que ce bateau ne valuſt
rien ou que quelque malheureuſe
pierre en euſt écarté
les planches , en un moment
tout ce miferable é-
Cij
28. MERCURE
quipage fut enseveli ſous
les eaux. De l'autre coſté
de la riviere deux cavaliers
bien montez ſe jetterent à
l'inſtant à la nage pour ſecourir
ces infortunez ; mais
leur diligence ne leur ſervit
au peril de leur vie , qu'au
falut d'une de ces deux femmes
, que le moins troublé
de ces cavaliers avoit heureuſement
attrapée par les
cheveux , & qu'il conduifit
aux pieds de la tendre Pelagie
, qui fut fi effrayée de
cet affreux ſpectacle , qu'elle
eutpreſque autant beſoin
GALANT. 29
!
de ſecours , que celle qui
venoit d'eſtre ſauvée de cet
évident naufrage , où l'autre
femme & l'Abbé s'eftoient
desja noyez .
:
Le cavalier qui avoit eſté
le moins utile au falut de la
perſonne que ſon ami venoit
d'arracher des bras
de la mort , eſtoir cependant
l'amant aimé de la Dame
délivrée ; mais ſon amour
, fon trouble & fon
deſeſpoir avoient telle.
ment boulversé ſon imagination
, que bien loin de ſe
courir les autres , il ne s'en
C iij
30 MERCURE
fallut preſque rien qu'il ne
perift luy meſme: enfin fon
cheval impetueux le remit
malgré luy au bord d'où il
s'eſtoit précipité ; auffi- toft
il courut à toute bride, iltraverſa
la ville , & pafla les
ponts pour ſe rendre fur le
rivage , où ſa maiſtreſſe recevoit
toute forte de nouveaux
foulagements de Pelagie
, de ſa compagne , &
de ſon ami.
L'intrepidité du liberateur,
ſa prudence , ſes ſoins
& fa bonne mine pafferent
fur le champ pour des mer
GALANT. 31
veilles aux yeux de Pelagie,
De l'admiration d'une certaine
eſpece , il n'y a ordinairement
, ſans qu'on s'en
apperçoive , qu'un pas à
faire à l'amour , & l'amour
nous mene ſi loin naturellement
qu'il arrache bientoſt
tous les conſentements
de noſtre volonté. En vain
l'on ſe flatte d'avoir le tems
de reflechir , en vain l'on
veut eſſayer de ſoumettre
le coeur à la raiſon , l'eſprit
dans ces occafions eft tousjours
ſeduit par le coeur , on
regarde d'abord l'objet avec
C iiij
32 MERCURE
complaiſance.les préjugez
viennent auſſi toſt nous é
tourdir , & nous n'eſperons
ſouvent nous mieux deffendre
, que lorſque noſtre inclination
nous determine à
luytout ceder.
La tendre Pelagie eſtonnée
de ce qu'elle vient de
voir , n'ouvre ſes yeux embaraffés
, que pour jetter
des regards languiſſans
vers la petite maiſon , où
quelques Payſans aidés de
nos deux Cavaliers emportent
la Dame qui vient d'eftre
delivrée de la fureur
GALANT. 33
des flots. Elle n'enviſage
plus l'horreur du peril
qu'elle lui a vû courir ,
comme un ſpectacle ſi digne
de compaſſion , peu
s'en faut meſme qu'elle
n'envie ſon infortune.
Quoique ſes inquietudes
épouvantent ſon coeur , fes
intereſts ſe multiplient , à
meſure que cette troupe
s'éloigne d'elle . Elle croit
desja avoir démeflé que
ſon Cavalier ne ſoupire
point pour la Dame , ni la
Dame pour lui ; neanmoins
ſon eſprit s'en fait
34 MERCURE
une Rivale , elle aprehende
qu'un ſi grand ſervice
n'ait quelqu'autre motif
que la pure generofité , ou
pluſtoſt elle tremble qu'un
amour extreſme ne ſoit la
récompenſe d'un fi grand
ſervice. Cependant elle retourne
à la Ville , elle ſe
met au lit , où elle ſe tour.
mente , s'examine & s'afflige
, à force de raiſonner
fur certe avanture , dont
chacun parle à ſa mode
elle la raconte auffi tous
و
ceux qui veulent l'entendre
, mais elle s'embaraſſe
GALANT.
35
,
د tellement dans ſon récit
qu'il n'y a que l'indulgence
qu'on a pour ſon innocence
& ſa jeuneſſe , qui déguiſe
les circonſtances
qu'elle veut qu'on ignore.
Le Chevalier de Verſan
de ſon coſté ( C'eſt le
nom du Cavalier en qui
elle s'intereſſe , ) le Chevalier
de Verſan dis-je ,
n'eſt pas plus tranquille. La
belle Pelagie eſt tousjours
preſente à ſes yeux , enchanté
de ſes attraits , il va,
court , & revient , par tout
ſa bouche ne s'ouvre , que
36 MERCURE
,
,
pour vanter les appas de
Pelagie. Le bruit que cet
Amant impetueux fait de
fon amour frappe auflitoſt
ſes oreilles , elle s'applaudit
de ſa conqueſte
elle reçoit ſes viſites , écoute
ſes ſoupirs , répond à ſes
propoſitions , enfin elle
conſent , avec ſon Pere ,
que le flambeau de l'hymen
éclaire le triomphe de
fon Amant. Cette nouvelle
allarme , & deſeſpere
en vain tous ſes Rivaux. Il
eſt heureux déja. La fortune
elle-mefme pour le com
bler de graces vient atta
cher de nouveaux préſens
aux faveurs de l'amour. La
mort de ſon frere le fait
heritier de vingt mille livres
de rente. Le Chevalier
devient Marquis : nouvel
& précieux ornement
aux douceurs d'un tendre
mariage. Mais tout s'uſe
dans la vie , l'homme ſe
demaſque , la tendreſſe reciproque
s'épuiſe imper
ceptiblement , on languit ,
on ſe quitte , peut - eſtre
meſme on ſe hait , heureux
encore ſi l'on ne fouf
38 MERCURE
fre pas infiniment des caprices
de la déſunion Mais
Prices d la mort & l'amour ſe rangent
du parti de Madame
la Marquiſe de ... que ,
pour raiſon difcrette , je
nommerai Pelagie , juſqu'à
ce qu'elle foit Madame
Belzeſca.
Ainfi l'heureuſe Pelagie
aprés avoir goufté pendant
cinq ans toutes les douceurs
de l'hymen , ne ceſſe d'aimer
fon mary ( inconſtant
huit jours avant elle )
que fix ſemaines avant ſa
mort.
GALANT. 39
Un fils unique , ſeul &
cher gage de leur union ,la
rend àvingt ansheritiere &
dépofitaire des biensdu défunt.
Elle arrange exacte
ment toutes ſes affaires, elle
abandonne tranquillement
la province , & fe rend à
Paris avec fon fils .
De quel pays , Madame ,
luy dit- on,dés qu'on la voit,
nous apportez-vous tant de
beauté? dans quelle obſcure
contrée avez - vous eu le
courage d'enſevelir ju qu'a
preſent tant de charmes ?
que vous eſtes injuſte d'a
40 MERCURE
voir ſi long - temps honoré
de voſtre preſence des lieux
preſque inconnus , vous qui
eſtes encore trop belle pour
Paris . Cependant c'eſt le
ſeul endroit du monde qui
puiſſe prétendre à la gloire
de vous regarder comme la
Reine de ſes citoyennes.
Les ſpectacles , les aſſemblées,
les promenades , tout
retentit enfin des merveillesdela
belle veuve.
Le Roy Caſimir eſtoit
alors en France , pluſieurs
grands ſeigneurs avoient
ſuivi ce Prince juſqu'à la
porte
GALANT. 41
porte de ſa retraite.
Il n'y avoit point d'eſtranger
à Paris qui ne fuſt curieux
d'apprendre noſtre
langue qui commençoit à
ſe répandre dans toutes les
cours de l'Europe , & il n'y
enavoit aucun qui ne ſceuſt
parfaitement que la connoiſſance
& le commerce
des Dames font l'art, le merite
, & le profit de cette
eftude.
Un charmant voiſinage
eſt ſouvent le premier prétexte
des liaiſons que l'on
forme.
May 1714. D
MERCURE
Pelagie avoit ſa maiſon
dans le fauxbourg S. Germain
: ce quartier eſt l'azile
le plus ordinaire de tous les
eſtrangers , que leurs affaires
ou leur curioſité attirent
à Paris .
,
La Veuve dont il eſt
queſtion eſtoit fi belle
que ſa Maiſon eſtoit tous
les jours remplie des plus
honneſtes gens de la Ville ,
& environnée de ceux qui
n'avoient chez elle ni
,
droit , ni prétexte de viſite.
Enfin on croyoit en la
voyant , que , Maiſtreſſe
GALANT. 43
!
abſoluë des mouvements
de ſon ame , elle regnoit
ſouverainement ſur l'amour
comme l'amour
qu'elle donnoit regnoit fur
tous les coeurs ; mais on ſe
trompoit , & peut- eſtre ſe
trompoit- elle elle - meſme.
Pelagie eſtoit une trop
belle conqueſte , pour n'eftre
pas bien toſt encore la
victime de l'amour.
La magnificence du plus
grand Roy du monde raviſſoit
alors les yeux des
mortels , par l'éclat & la
pompe des ſpectacles &
Dij
44 MERCURE
,
des feftes , dont rien n'avoit
jamais égalé la richefſe
& la majefté ; l'on accouroit
de toutes parts ,
pour eſtre témoins de l'excellence
de ſes plaifirs , &
chaque jour ſes peuples
eſtoient obligez d'admirer
dans le délafſſement de ſes
travaux , les merveilles de
fa grandeur.
Le dernier jour enfin
des trois deſtinés pour cette
fuperbe feſte de Verfailles,
dont la poſterité parlera
comme d'une feſte inimitable
, ce jour où l'Amour
GALANT. 45
vuida tant de fois fon Carquois
, ce jour où l'Amour
ſe plut à joüer tant de
tours malins à mille beautés
que la fplendeur de ce
Spectacle avoit attiré dans
ces lieux , fut enfin le jour
qui avança le dénoüement
du fecond du ſecond hymen de Pelagie.
Un des ſeigneurs que le
Roy Caſimir avoit amenéz
avec luy , avoit malheureuſement
veu cette belle veuve
, un mois avant de ſedéterminer
à imiter le zele &
la pieté de ſon maiſtre , elle
46 MERCURE
avoit paru à ſes yeux ornée
de tant d'agrements , ou
plutoſt ſi parfaite , que la
veuë de ſes charmes luy fit
d'abord faire le voeu de n'en
plusfaire que pour elle; mais
c'eſt un conte de prétendre
qu'il ſuffiſe d'aimer pour ef
tre aimé ; rien n'eſt plus
faux que cette maxime , &
je ſouſtiens qu'on eſt ſouvent
traité fort mal en amour
, à moins qu'une heureuſe
influence n'eſtabliſſe
des diſpoſitions reciproques.
C'eſt en vain que l'amouGALANT.
47
reux Polonois brufle pour
Pelagie , ſon eſtoille n'eft
point dans ſes interefts , elle
regarde cette flame auffi
indifféremment , qu'un feu
que d'autres auroient allumé
, & quoy qu'elle voye
tous les jours ce nouvel
eſclave l'étourdir du récit
de ſa tendreſſe , ſon coeur
ſe fait ſi peu d'honneur de
cette conquefte , qu'il femble
qu'elle ignore qu'il y
ait des Polonois au monde
.
Mais l'eſprit de l'homme
prend quelquefois des ſen48
MERCURE
timents ſi audacieux quand
il aime , que la violence
de ſa paſſion & le defefpoir
de n'eſtre point écouté
, le portent ſouvent juſqu'à
l'inſolence. D'autresfois
nos titres& noſtre rang
nous aveuglent , & nous
nous perfuadons qu'on eſt
obligé de faire , du moins
en faveur de noſtre nom
ce que nous ne meritons
,
pas qu'on faſſe pour l'amour
de nous.
Le Polonois jure , tempeſte
, & s'impatiente contre
les rigueurs de ſa Maîtreffe,
GALANT .
49
treſſe , à qui ce procedé
paroiſt ſi nouveau , qu'elle
le fait tranquillement remercier
de ſes viſites . La
rage auffi toſt s'empare de
ſon coeur , il n'eſt point de
réſolution violente qui ne
lui paroiſſe légitime , l'inſenſible
Pelagie eft injufte
de n'eſtre pas tendre pour
lui , ſa dureté la rend indigne
de ſon amour , mais
fon amour irrité doit au
moins la punir de ſa rigueur
, & quoy qu'il en
couſte à l'honneur , l'éxécution
des plus criminels
May 1714. E
10 MERCURE
projets n'est qu'une bagatelle
, lorſqu'il s'agit de ſe
vanger d'une ingratte qui
ne peut nous aimer.
Ce malheureux Amant
ſcut que ſon inhumaine
devoit se trouver à la feſte
de Verſailles, avec une Dame
de ſes amies , & un de
ſes Rivaux , dont le mérite
luy avoit d'abord fait apprehender
la concurrence ,
mais qu'il croyoit trop foible
alors pour pouvoir déconcerter
ſes deſſeins . Il
prit ainſi ſes meſures avec
des gens que ſes promeſſes
GALANT.
SI
&ſes préſents engagérent
dans ſes intereſts , & il ré.
ſolut , aſſeuré de leur courage
& de leur prudence ,
d'enlever Pelagie , pendant
que le déſordre & la confuſionde
la find'une ſi grande
feſte , lui en fourniroient
encore les moyens..
Le Carroffe & les relais
qui devoient ſervir à cet
enlevement , eſtoient déja
ſi bien diſpoſés , qu'il ne
manquoit plus que le moment
heureux de s'empa
rer de l'objet de toute cette
entrepriſe ; lorſque Pelagie
1
E ij
52
MERCURE
laſſe & accablée du ſommeilque
lui avoient dérobé
ces brillantes nuits , entra ,
avec ſon amie , dans un
fombre boſquet , où la fraîcheur
& le hazard avoient
inſenſiblement conduit ſes
pasi elle y furà peine aſſiſe,
qu'elle s'y endormit
Laiffons la pour un inftant,
dans le fein du repos
dont on va bien toſt l'arracher.
- L'occaſion est trop belle
pour n'en pas profiter ; mais
le Polonois a beſoin de tout
fon monde , pour en fortir
GALANT.
53
a ſon honneur , & il commence
à trouver tant de
difficultez , à exécuter un ſi
grand deſſein dans le Palais
d'un ſi grand Roy , qu'il
s'imagine , aveuglé de ſon
déſeſpoir & de ſon amour ,
qu'il n'y a qu'une diligence
infinie , qui puiffe réparer
le déffaut de ſes précautions.
Il court pour raffem
bler ſes confidents ; mais la
vûë de ſon Rival qui ſe préſente
à ſes yeux , fait à l'inſtant
avorter tous ſes pro
jets. Où courez- vous, Monſieur
, luy dit- il , que vous
E iij
54 MERCURE
,
importe , répond l'autre ?
rendez graces , répond le
Cavalier François au refpect
que je dois aux lieux
cù nous ſommes fans
cette conſidération je
vous aurois déja puni , &
de voſtre audace , & de
l'inſolence de vos deſſeins.
Il te fied bien de m'inſulter
icy luy dit le Polonois ; je
te le pardonne : mais ſuy
moy ? & je ne tarderay pas
à t'apprendre à me reſpecter
moi- meſme , autant que
les lieux dont tu parles . Je
conſens , luy répondit le
4
GALANT .
SS
François , à te ſuivre où tu
voudras ; mais j'ay mainte
nant quelques affaires qui
font encore plus preſſées
que les tiennes: tu peux cependant
diſpoſer du rendez
vous , où je ne le feray pas
long-temps attendre.
Le bruit de ces deux
hommes éveille pluſieurs
perſonnes qui dormoient
ſur le gazon ; on s'aſſemble
autour d'eux , ils ſe taiſent
&enfin ils ſe ſéparent,
Ainfi le Polonois ſe retire
avec ſa courte honte ,
pendant que le François
E iii
56 MERCURE
cherche de tous cotez , les
Dames qu'il a perduës :
mais cette querelle s'eſtoit
paſſée ſi prés d'elles , que le
mouvement qu'elle cauſa ,
les reveilla , comme ceux
qui en avoient entendu la
fin ; elles fortirent de leur
boſquet qu'elles trouverent
desja environné de
gens qui compoſoient &
débitoient à leur mode les
circonstances decette avanture
, ſur l'idée que pouvoit
leur en avoir donné le peu
de mots qu'ils venoient
d'entendre , lorſqu'enfin il
GALANT.
$7
les retrouva. Je prie les
Lecteurs de me diſpenſer
de le nommer , ſon nom ,
ſes armes & ſes enfans ſont
encore ſi connus en France,
que , quoy que je n'aye que
ſon éloge à faire , je ne ſçay
pas ſi les fiens approuveroient
qu'on le nommaſt.
Deux heures avant que
le Cavalier François rencontrât
le Polonois , Mon.
fieur le Duc de ... avoit
heureuſement trouvé une
lettre à fos pieds : le hazard
pluſtoſt que la curiofité
la luy avoit fait ramaf
58 MERCURE
fer , un moment avant qu'il
s'apperceut des foins extreſmes
que prenoient trois
hommes pour la chercher :
la curioſité luy fit alors un
motifd'intereſt de cet effet
du hazard ; il s'éloigna des
gens dont il avoit remarqué
l'inquiétude , il ſe tira de la
foule , & dans un lieu plus
fombre & plus écarté , il
lut enfin cette lettre , qui
eſtoit , autant que je peux
m'en ſouvenir , conceuë ,
à peu prés , en ces termes.
Quelquesjustes mesures que
nous ayons priſes , quoy que mon
GALANT. رو
Carroffe & vos Cavaliers ne
foient qu'àcent pas d'icy , il n'y
aura pas d'apparence de réuffir
fi vous attendez que le retour
du jour nous ofte les moyens de
profiter du défordre de la nuit :
quelque claire que ſoit celle-cy ,
elle n'a qu'une lumiére empruntée
dont le ſoleil que j'apprenhende
plus que la mort
bien toſt diſſipper la clarté; ainfi
hatez vous de meſuivre , &ne
me perdez pas de veuë : je vais
déſoler Pelagie par ma préfen--
ce: dés qu'elle me verra , je ne
doutepas qu'elle ne cherche à me
fuir; mais je m'y prendray de
, va
60 MERCURE
façon ,que tous les pas qu'ells
fera , la conduiront dans nostre
embuscade.
La lecture de ce billet
eſtonna fort Mr le Duc ...
quiheureuſement connoiffoit
aſſez la belle veuve pour
s'intereffer parfaitement
dans tout ce qui la regardoit
; d'ailleurs le cavalier
françois qui eſtoit l'amant
declaré de la Dame , eſtoit
ſon amy particulier : ainſi il
priatout ce qu'il putraſſembler
de gens de ſa connoifſance
de l'aider à chercher
Pelagie avant qu'elle peuſt
GALANT. 61
eftre expoſée à courir les
moindres riſques d'une pareille
avanture. Il n'y avoit
pas de tempsà perdre , auſſi
n'en perd - il pas ; il fut par
tout où il creut la pouvoir
trouver , enfin aprés bien
des pas inutiles , il rencontra
ſon ami , qui ne venoit
de quitter ces deux Dames
que pour aller leur chercher
quelques rafraichif
ſements . Il est bien maintenant
queſtion de rafraif
chiſſements pour vos Dames
, luy dit le Duc , en luy
donnant la lettre qu'il ve
62 MERCURE
noit de lire , tenez , liſez, &
dites - moy ſi vous connoifſez
cette écriture , & à quoy
l'on peut à preſent vous eftre
utile. Monfieur le Duc ,
reprit le cavalier,je connois
le caractere du Comte Piof
Ki, c'eſt aſſeurement luy qui
aécrit ce billet ; mais il n'eſt
pas encore maiſtre de Pelagie
, que j'ay laiſſée avec
Madame Dormont à vingt
pas d'icy , entre les mains
d'un officier du Roy, qui eſt
mon amy , & qui , à leur
confideration , autant qu'à
la mienne , les a obligeamGALANT
. 63
ment placées dans un endroit
où elles ſont fort à leur
aife ; ainſi je ne crains rien
de ce coſté- là ; mais je voudrois
bien voir le Comte , &
l'équipage qu'il deſtine à
cet enlevement. Ne faites
point de folie icy , mon
amy , luy dit le Duc , aſſeurez
- vous ſeulement de quelques
perſonnes de voſtre
connoiſſance ſur qui vous
puiffiez compter : je vous
offre ces Meſſieurs que vous
voyez avec moy , raſſem.
blez- les autour de vos Dames
, & mettez - les ſage
64 MERCURE
ment à couvert des inſultes
de cet extravagant : fi je
n'avois pas quelques affaires
confiderables ailleurs ,
je ne vous quitterois que
certain du fuccez de vos
précautions.
Vi
LeDuc ſe retira alors vers
un boſquet où d'autres intereſts
l'appelloient,& laifſa
ainſi le cavalier françois
avec ſes amis ,à qui il montra
l'endroit où il avoit remis
ſa maiſtreſſe entre les
mains de l'officier qui s'eftoit
chargé du ſoin de la
placer commodément ; cependant
GALANT. 65
pendant il fut de ſon coſté
à la découverte de ſon ri.
val , qu'aprés bien des détours
, il rencontra enfin à
quatre pas du boſquet dont
jay parlé , &dont il ſe ſepara
comme je l'ay dit . Neanmoins
quelque ſatisfaction
qu'il ſentit du plaifir de retrouver
ſes Dames , il leur
demanda , aprés leur avoir
conté l'hiſtoire de ce qu'il
venoit de luy arriver , par
quel haſard elles ſe trouvoient
ſi loin du lieu où il
les avoit laiſſées. Apeine ,
luy dit Pelagie , nous vous
May 1714. F
66 MERCURE
avons perdu de veuë , que le
Comte Pioski eſt venu s'affeoir
à coſté de moy , aux
dépens d'un jeune homme
timide , que ſon air brufque
& fon étalage magnifique
ont engagé à luy ceder
la place qu'il occupoit.
Ses diſcours m'ont d'abord
fi cruellement ennuyée,que
mortellement fatiguée de
les entendre ,j'ay priéMadame
de me donner le bras,
pour m'aider à me tirer des
mains de cet imprudent ; le
monde , la foulle , & les
détours m'ont derobé la
GALANT. 67
connoiſſance des pas & des
efforts que fans doute il a
faits pour nous ſuivre , &
accablée de ſommeil &
d'ennuy, je me ſuis heureuſement
ſauvée dans ce bofquet
, ſans m'aviſer ſeulement
de fonger qu'il euſt
pû nous y voir entrer ; mais
quelque peril que j'aye couru
, je ſuis bien aiſe que fon
inſolence n'ait pas plus éclaté
contre vous , que fes
deſſeins contre moy , & je
vous demande en grace de
prévenir ſagement , & par
les voyesde ladouceur,tou-
tes les ſuites facheuſes que
ſon deſeſpoir & voſtre demeſlé
pourroient avoir. Il
n'y a plus maintenant rien
à craindre , il fait grand
jour , le chemin de Verſailles
à Paris eſt plein de monde
, & vous avez icy un
grand nombre de vos amis ,
ainſi nous pouvons retourner
à la ville fans danger.
Le cavalier promit à la
belle Pelagie de luy tenir
tout ce qu'elle voulut exiger
de ſes promeſſes , & fes
conditions acceptées , illamena
juſqu'à fon carroffe,
GALANT
69
où il prit ſa place , pendant
que quatre de ſes amis ſe
diſpoſerent à le ſuivre dans
le leur.
1
Il n'eut pas plutoſt remis
les Dames chez elles , &
quitté ſes amis , qu'en entrant
chez luy , un gentila
homme luy fie preſent du
billet que voicy.
Les plus heureux Amants
ceſſeroient de l'estre autant qu'ils
ſe l'imaginent , s'ils ne rencon
troient jamais d'obstacle à leur
bonheur je m'intereſſe affez au
voſtre , pour vousyfaire trouver
des difficultez qui ne vous
70
MERCURE
establiront une felicitéparfaite,
qu'aux prix de tout lefangde
Pioski. Le Gentilhomme que
je vous envoye vous expliquera
le reſte de mes intentions.
naypas
Affoyez-vous donc, Monſieur
, luy dit froidement le
cavalier françois ,& prenez
la peine de m'apprendre les
intentions de Monfieur le
Comte Pioski . Je n'ay
beſoin de ſiege , Monfieur ,
luy répondit ſur le meſme
ton , le gentilhomme Polonois
, & je n'ay que deux
mots à vous dire. Vous eſtes
l'heureux rival de Monfieur
GALANT.
le Comte qui n'eſt pas encore
accouſtumé à de telles
préferences , il eſt ſi jaloux
qu'il veut vous tuer , & que
je le veux auſſi , il vous attend
maintenant derriere
l'Obſervatoire ; ainſi prenez
, s'il vous plaiſt , un ſecond
comme moy , qui ait
aſſez de vigueur pour m'amuſer
, pendant que vous
aurez l'honneur de vous és
ggoorrggeerreennſſeemmbbllee.
Je ne ſçay ſi le françois ſe
ſouvint, ou ne ſe ſouvint pas
alors de tout ce qu'il avoit
promis à ſa maiſtreſſe , mais
72 MERCURE
voicy à bon compte lecas
qu'il en fit.
Il appella ſon valet de
chambre , qui estoit un
grand garçon de bonne vo
lonté , il luy demanda s'il
vouloit eſtre de la partie ,
ce qu'il accepta en riant,
Aufſi - toft il dit au gentilhomme,
Monfieur leComte
eſt genereux , vous eſtes
brave, voicy voſtre homme,
& je ſuis le ſien Mais Monfieur
eft- il noble , reprit le
gentilhomme. Le valet de
chambre , Eſpagnol de nation,
piqué de cette demande
GALANT .
73
de, luy répondit fierement
ſur le champ , & en ſon langage
, avec une ſaillie romaneſque
, Quienes tu hombre
? voto a San Juan. Viejo
Chriftiano estoy , hombre blanco
,y noble como el Rey Ce que
ſon maiſtre naiſtre expliqua au Polonois
en ces termes . Il
vous demande qui vous eftes
vous mesme , & il vous
jure qu'il eſt vieux Chreftien
,homme blanc , & noble
comme le Roy. Soit ,
reprit le gentilhomme,marchons.
Ces trois braves furent
ainſi grand train au
May 1714. G
74 MERCURE
rendez vous , où ils trouverent
le Comte qui commençoit
à s'ennuyer. Aprés
le falut accouſtumé , ils mirent
tous quatre l'épée àla
main. Pioski fit en vain des
merveilles , il avoit desja
perdu beaucoup de fang ,
lang,
lorſqu'heureuſement ſon épée
ſe caſſa; le gentilhomme
fut le plus maltraité,l'Ef
pagnol ſe battit comme un
lion ,& le combat finit.
Cependant le Comte
Pioski, qui , à ces violences
prés , eftoit entout un
homme fort raiſonnable ,
GALANT. 75
eut tant de regret des extravagances
que cette derniere
paffion venoit de luy
faire faire , que la pieté étouffant
dans ſon coeur tous
les interêts du monde , il
fut s'enfermer pour le reſte
de ſa vie dans la retraitte
la plus fameuſe qui ſoit en
France , & la plus connuë
par l'auſterité de ſes maximes.
Le Cavalier françois
foupira encore quelques
temps , & enfin il devint
l'heureux & digne Epoux
d'une des plus charmantes
femmes du monde.
Gij
76 MERCURE
4
Les mariages font une fi
grande époque dans les
hiſtoires , que c'eſt ordinairement
l'endroit par où
tous les Romans finiſſent ;
mais il n'en eſt pas de meſme
icy , & il ſemble juftement
qu'ils ne ſervent à
Madame Belzeſca que de
degrés à la fortune , où ſon
bonheur & ſes vertus l'ont
amenée . Tout ce qui luy
arrive dans un engagement
qui établit communément
, ou qui doit du
moins establir pour les autres
femmes , une ſigrande
GALANT. 77
tranquilité , qu'on diroit
que l'hymen n'eſt propre ,
qu'à faire oublier juſqu'à
leur nom , eſt au contraire
pour celle cy , la baze de
ſes avantures. L'eſtalage de
ſes charmes , & le bruit de
ſabeauté ne ſont point enſevelis
dans les embraffemens
d'un eſpoux : heureuſe
maiſtreſſe d'un mary
tendre & complaiſant , &
moins eſpouſe qu'amante
infiniment aimée , comme
ſi tous les incidens du monde
ne ſe raſſembloient que
pour contribuer à luy faire
Gij
78 MERCURE
des jours heureux , innocement
& naturellement
attachée à ſes devoirs , l'amour
enchainé , à ſa fuite
ne prend pour ferrer tous
les noeuds qui l'uniſſent à
ſon eſpoux , que les formes
les plus aimables , & les
douceurs du mariage ne ſe
maſquent point pour elle
ſous les traits d'un mary.
Enfin elle joüit pendant
neuf ou dix ans , au milieu
du monde , & de ſes adorateurs
, du repos le plus
doux que l'amour ait jamais
accordé aux plus heureux
GALAN 79
Amants ; mais la mort jalouſe
de ſa fecilité luy ra
vit impitoyablement le plus
cher objet de ſa tendreſſe:
que de cris ! que de ge.
miſſements ! que de larmes
! cependant tant de
mains ſe préſentent pour
efluyer ſes pleurs , que , le
temps ,la raiſon , & la néceſſité,
aprés avoir multiplié
ſes reflexions
nent enfin au ſecours de ſa
,
viendouleur
; mais il ne luy reſte
d'un eſpoux fi regretté ,
qu'une aimable fille , que la
mort la menace encore de
(
G iiij
80 MERCURE
luy ravir , ſur le tombeaude
fon pere. Que de nouvel.
les allarmes ! que de mortelles
frayeurs ? elle tombe
dans un eſtat de langueur
qui fait preſque deſeſperer
de ſa vie. Il n'eſt point de
ſaints qu'on n'invoque ,
point de voeux qu'on ne faf
ſe, elle en fait elle-meſme
pour fon enfant , & promet
enfin de porter un tableau
magnifique à Noftre-
Dame de Lorette ſi ſa
fille en réchappe. A l'inftant,
ſoit qu'un ſuccés favo
rable recompenfat ſon zele
GALANT. 81
&fa piete , ou qu'il fur
temps que les remedes operaſſent
à la fin plus effica
cement qu'ils n'avoient fait
encore , ſa maladie diminua
preſque à veuë d'oeil ,
en tros jours l'enfant fut
hors de danger , & au bout
de neufentierement guery.
Elle reſtaencore , en attendant
le retour du printemps
, prés de fix mois à
Paris , pendant lesquels elle
s'arrangea pour l'execution
de ſon voeu. Ce temps expiré
, accompagnée de ſon
fils & de ſa fille , d'une Da82
1 MERCURE
me de ſes amis , de deux
femmes de chambre , de
deux Cavaliers , & de quatre
valets , elle prit la route de
Lyon , d'où aprés avoir
paffé Grenoble , le mont
du l'An, Briançon , le mont
Geneve & Suze , elle ſe rendit
à Turin , où elle ſéjourna
trois ſemaines avec ſa
compagnie qui ſe déffit
comme elle de tout ſon équipage,
dans cette Ville,
pour s'embarquer ſur le Po.
Elle vit en paſſant les Villes
de Cazal du Montferrat
,
d'Alexandrie , le Texin qui
GALANT. 83
1
,
paſſe à Pavie , Plaiſance ,
+ Cremone , Ferrare , & enfin
elle entra de nuit à Venife
avec la marée. Elle
deſcendit à une Auberge
moitié Allemande , &moitié
Françoiſe , & dont
l'enſeigne d'un coſté , ſur
le grand Canal , reprefente
les armes de France , &
de l'autre , fur la Place de
ES. Marc , les armes de l'Empire.
Elle reçut le lende
main à ſa toilette , comme
cela ſe pratique ordinairement
à Veniſe , avec tous
les Estrangers confidera
,
S
१
84 MERCURE
,
bles , des compliments en
proſe & en vers imprimez
à ſa loüange , fon amie
& les Cavaliers de ſa compagnie
en eurent auſſi leur
part. Ces galanteries couftent
communément , & au
moins quelques Ducats à
ceux à qui on les fait. Le
ſecond jour elle fut avec
tout fon monde ſaluer Mr
l'Ambaſſadeur qui fut
d'autant plus charmé du
plaifir de voir une ſi aimable
femme , que , quoy que
Venife ſoit une Ville , où
lesbeautez ne ſont pas car
,
GALANT. 85
Π
S
res , il n'y en avoit pas encore
vû une , faite comme
- celle dont il recevoit la viſite.
La bonne chere , les,
Spectacles , les promena-
✓ des ſur la mer& ſur la coſte,
avec le Jeu, furent les plaifirs
dont il la regala , pen-
↓ dant les quinzejours qu'elle
y reſta. Il luy fitvoir dans ſa
Gondole , la pompeuſeCeremonie
du Bucentaure qui
ſe celebre tous les ans dans
cette Ville le jour de l'Afcenfion
, avec toute la magnificence
imaginable.
Je nedoute pas que bien
3
86 MERCURE
des gens neſcachent à peu
prés ce que c'eſt que cette
feſte; mais j'auray occafion
dans une autre hiſtoire d'en
faire une deſcription meſlée
de circonstances ſi agreables
que la varieté des évenemensque
je raconteray,
pourra intereſſer mes lecteurs
au recit d'une ceremonie
dont il ignore peuteſtre
les détails.
Enfin noſtre belle veuve
prit congé de Mr l'Ambaffadeur
, & le lendemain elle
s'embarqua ſur un petit baſtiment
, qui en trois jours
GALANT. 87
لا
}}
la rendit à Lorette , où elle
accomplit avec beaucoup
de zele & de religion , le
voeu qu'elle avoit fait à Pa-
1ris. Après avoir pieuſement
fatisfait à ce devoir indifpenſable
, dégouſtée des perils
, & ennuyée des fatigues
de la mer , elle refolut
de traverſer toute l'Italie
par terre , avant de retourner
en France .
!
Il n'y avoit pas fi loin de
Lorette à Rome pour n'y
pas faire untour,& je croy
a que pour tous les voyageurs,
cinquante lieuës plus ou
88 MERCURE
moins , ne ſont qu'une bagatelle
, lorſqu'il s'agit de
voir cette capitale du mõde.
- Il faiſoit alors ſi chaud ,
qu'il eſtoit fort difficile de
faire beaucoup de chemin
par jour ; mais lorſqu'on eſt
en bonne compagnie , &
de belle humeur , rien n'ennuye
moins que les ſéjours
charmants qu'ontrouve en
Italie.
Je ne prétens pas en faire
icy un brillant tableau,pour
enchanter mes lecteurs de
la beauté de ce climat ; tant
de voyageurs en ont parlé ;
Miffon
GALANT. 89
1
Miſſon l'a ſi bien épluché,
&cette terre eſt ſi fertile
en avantures , que les hiftoires
galantes que j'en raconteray
dorenavant ſuffiront
pour inſtruire d'une
maniere peut- eftre plus agreable
que celle dont ſe
ſont ſervis les écrivains qui
en ont fait d'amples relations
, ceux qui ſe conten
teront du Mercure pour
connoiſtre aſſez particuliement
les moeurs & le plan
de ce pays . Ainſi je renonceray
pour aujourd'huy au
détail des lieux que noftre
May 1714.
H
90 MERCURE
belle veuve vit , avant d'entrer
à Rome , parce que non
ſeulement il ne luy arriva
rien fur cette route qui puifſe
rendre intereſſants les cir
conſtances de ce voyage ,
mais encore parce que je ne
veux pas faire le geographe
malà propos . Le Capitole ,
le Vatican , le Chaſteau S.
Ange , le Colizée , la Place
dEſpagne, la Place Navonne
, l'Eglife S. Pierre , le
Pantheon , les Vignes , &
enfin tous les monuments
des Anciens , & les magnifiques
ouvrages des Moder
GALANT. 91
nes,dont cette ville eſt enrichie,
n'étalérent à ſes yeux
que ce que les voyageurs
lesplus indifferents peuvent
avoirveu comme elle ; mais
lorſque jetraitteray, comme
je l'ay dit,des incidens amufants
& raifonnables que
j'ay , pour y promener mes
lecteurs , j'eſpere que leur
curioſité ſatisfaite alors , les
dédommagera fuffifamment
de la remiſe & des
frais de leur voyage...
La conduite que tint à
Rome cette charmante veuve
, fut tres eſloignée de cel- :
Hij
92 MERCURE
le que nos Dames françoi
ſes y tiennent , lorſqu'avec
des graces moindres que les
fiennes , elles ſe promettent
d'y faire valoir juſqu'à leur
plus indifferent coup d'oeil.
Celle cy parcourut les Egliſes
,les Palais , les Places
& les Vignes en femme qui
ne veut plus d'avantures ;
mais elle comptoit fans for
hoſte, & l'amourn'avoit pas
figné le traité de l'arrangement
qu'elle s'eſtoit fait.
Ungentilhomme Italien
dela ſuite de l'Ambaſſadeur
de l'Empereur , qui avoir
GALANT. 93
veu par hafard une fois à la
Vigne Farneze , le viſage
admirable de noftre belle
veuve , fur ſi ſurpris de l'é
elat de tant de charmes ,
qu'il reſtacomme immobi
le , uniquement occupé dư
foin de la regarder. Elle
s'apperceut auffi- toft de fon
eſtonnement ; mais dans
Finſtant ſon voile qu'elle
laiſſa tomber, luy déroba la
veuë de cet objet de fon admiration.
L'Italien , loin de
fe rebuter de cet inconvenient
, réſolut de l'exami
ner juſqu'à ce qu'il ſceuſt ſa
94 MERCURE
ruë , fa demeure , ſon pays ,
fes deſſeins , & fon nom.
Dés qu'il ſe fut ſuffiſamment
inſtruit de tout ce
qu'il voulut apprendre ;
aprés avoir paffé& repaffé
cent fois devant ſa maiſon ,
ſans qu'on payaſt ſes ſoins
de la moindre courtoiſie,&
pleinement convaincu qu'il
n'y avoit auprés de cette
belle veuve , nulle bonne
fortune à eſperer pour luy ,
il conclut qu'il pouvoit regaler
Monfieur l'Ambaſſadeur
du merite de ſa découverte.
A
GALANT.951
En effet un jour que l'Ambaſſadeur
de Pologne difnoit
chez ſon maiſtre , voyant
vers la fin du repas,que
la compagnie entroit en
belle humeur , & que la
- converſation rouloit de
bonne grace ſur le chapitre
- des femmes ; Meſſieurs , dit-
- il , quelques ſentimens
qu'elles vous ayent fait
prendre pour elles , je ſuis
ſeur , que ſans vous embar-
-raſſer de vouloir connoiſtre
leurs coeurs plutoſt que
leurs perſonnes,vous renonceriez
à toutes les précau
96 MERCURE
tions du monde , ſi vous
aviez vû , une ſeule fois ,
une Dame que je n'ay vûë
qu'un inſtant. Je me promenois
, ily a quinze jours
àla Vigne Farneze , elle s'y
promenoit auſſi ; mais je
vous avoue que je fus ſaiſi
d'étonnement,en la voyant,
& que je luy trouvay cant
de charmes , un ſi grand
air ,& un ſi beau viſage
que je jurerois volontiers ,
quoy que cette Ville fourmille
en beautés , qu'il n'y
a rienà Rome qui ſoit beau
comme elle. Ces Miniſtres
1
Eſtrangers
GALANT. 97
5
Eſtrangers s'échaufférent
ſur le recit du Gentilhomme
Italien , celuy de Pologne
ſur tout , ſentitun mou.
vement de curioſité fi
prompt , qu'il luy demanda
d'un air empreſſé , s'il n'a
voit pas eſté tenté de ſur
vre une ſibelle femme ,&
s'il ne sçavoit pas où elle
demeuroit. Ouy, Monfieur,
luy répondit- il , je ſçay ſon
nom , ſa demeure & les
motifs de ſon voyage à
Rome, mais je n'en ſuis
pas plus avancé pour cela ,
&je croy au contraire que
May 1714.
I
98 MERCURE
mes empreſſements l'ont
tellement inquiétée, qu'elle
ne paroiſt plus aux Eglifes ,
ny aux promenades , de
puis qu'elle s'eſt apperçuë
du ſoin que je prenois d'éxaminer
ſes démarches .
Voila une fiere beauté , dit
l'Ambafladeur de l'Empereur
, & addreſſant la parole
en riant à celuy de Pologne
, Monfieur , continuast-
il , n'ayons pas le démentide
cette découverte ,
& connoiffons à quelque
prix que ce ſoit , cette belle THEQUE DEL
BIBLI
< YON
EVILL
1893*
J'y confens reTHEQUE
DA
5,
20
LY
GALANTE
18
E
VILL
prit l'autre , férieuſent
& je ſuis fort trompé fi
dans peu de jours , je ne
vous en dis des nouvelles.
Ils auroient volontiers
bû desja à la ſanté de l'inconnue
, ſi , une Eminence
qu'on venoit d'annoncer ,
ne les avoit pas arrachez de
la table , où le vin & l'amour
commençoient
à les 0
mettre en train de dire de
de
belles choses .
e Le Gentilhomme qui
ue avoit ſi à propos mis la belle
Veuve ſur le tapis , fut au
devant du Cardinal , que
I ij
100 MERCURE
fon Maiſtre fut recevoir
juſqu'au pprreemmiieerr degré de
fon Eſcalier , & en meſme
tems il reconduifit l'Ambas
ſadeur de Pologne juſqu'à
fon Carrofle. Ce Miniſtrele
questionnaſi bien , chemin
faiſant , qu'il retourna chez
luy , parfaitement inftruit
de tout ce qu'il vouloit ſcavor.
Des qu'il fut à fon
Appartement , il appella un
Valet de chambre , à qui il
avoit ſouvent fait de pareilles
confidences & aprés
luy avoir avoüé qu'il eſtoit
desja , fur un ſimple recit ,
GALANT. 101
1
:
1
éperduëment amoureux
d'un objet qu'il n'avoit jamais
vû , il luy demanda
s'il croyoit pouvoir l'aider
de ſes conſeils de fon zele
& de ſa difcretion , dans
Tembarras où il ſe trouvoit.
Je feray , luy dit le Valet
de chambre tout ce
qu'il vous plaira ; mma.is puifque
vous me permettez de
vous donner des confeils ,
je vous avoüeray franche-
FL
د
ment , que je pennſiee que
le
portrait que vous me faites,
de la conduitte ſage & retirée
que tient la perſonne
Inj 1
102 MERCURE
dont vous me parlez , eft
fouvent le voile dont Te
fervent les plus grandes
avanturieres , pour attrapper
de meilleures dupes. Ta
pénétration eſt inutile icy ,
luy répondit l'Ambaffadeur
: tu ſçais desja ſon nom
& ſa maiſon , informe toy
ſeulement fi ce qu'on m'en
adit eft véritable ; nous
verrons aprés cela le parti
que nous aurons à prendre .
Le Confident ſe met en
campagne , il louë une
chambre dans le voiſinage
de la belle Veuveil fait
>
GALANT. 103
1
1
0
e
it
connoiſſance avec un de ſes
domeſtiques , qui le met
en liaiſon avec la femme
de chambre de la Dame
qu'il veut connoiſtre : enfin
il la voit , & il apprend
qu'elle va tous les jours à
la meſſe , entre ſept & huit
heures du matin , à l'Eglife
de ſainte Cecile. Il avertit
auffi toſt ſon Maiſtre de
tout ce qui ſe paſſe ; ce Miniſtre
ne manque point de
ſe rendre ſans ſuite à cette
Eglife , & de ſe placer auprés
de cette beauté qui n'a
garde de ſe meffier à pareil
I iiij
104 MERCURE
le heure , ni de fes char
mes , ni des ſoins , ni de la
dévotion du perſonnage
quiles adore. לכ
Cependant l'allarme fonne
,& le Valet de chambre
apprend avec bien de la
douleur , que la Damedont
ſon Maiſtre eſt épris , commence
à s'ennuyer à Rome,
&qu'enfin incertaine ſi elle
retournera en France par
Genes,où ſi elle repaſſerales
Alpes, elle veutabſolument
eſtre hors de l'Italie , avant
le retour de la mauvaiſe
faifon. A l'inſtant l'AmbafGALANT.
1ος
t
!
es
16
10
le
f
1
Tadeur informé , & defefperé
de cette nouvelles ſe
détermine à luy eſcrire en
tremblant , la lettre que
voicy.
N'eſtes vous venue àRome,
Madame , que pour y violer
le droit des gens ; fi les franchiſes
les Privileges des
Ambaffadeurs font icy de vostre
Domaine , pourquoy vous dé-
Domaine
goustez - vous du plaisir d'en
joüir plus long-temps ? Fapprends
que vous avez réfolu de
partir dans buit jours. Ab! fi
rienne peut rompre ou differer
ce funeste voyage, rende-z moy
106 MERCURE
donc ma liberté que vos yeux
m'ont ravie , & au milieu de
la Capitale du monde. Ne me
laiſſez pas , en me fuyant,la
malheureuſe victime de l'amour
que vous m'avez donné. Permettez
moy bien pluſtoſt de vous
offrir en ces lieux tout ce qui
dépend de moy , & en reeevant
ma premiere visite , recevez en
mesme temps , si vous avez
quclques sentiments d'humanité,
la fortune , le coeur , & la
main de
BELZESKI.
Le Valet de Chambre
fut chargé du ſoin de luy
rendre cette lettre à elle
meſme au nom de ſon Maître
, d'examiner tous les
mouvemens de fon viſage ,
&de lui demander un mot
de réponſe.
La Dame fut aſſez
émeuë à la vûë de ce billet ,
cependant elle ſe remit aifément
de ce petit embarras
, & aprés avoir regardé
d'un air qui n'avoit rien
de déſobligeant , le porteur
de la lettre , qu'elle
avoit vûë vingt fois ſans reflexion
, elle luy dit , ce
108 MERCURE
?
tour eſt ſans doute de voſtre
façon Monfieur mais
Monfieur l'Ambaſſadeur
qui vous envoye , ne vous
en ſera guere plus obligé,
quoyque vous ne l'ayez pas
mal ſervi. Attendez icy un
moment, je vais paſſer dans
mon Cabinet , & vous en
voyer la réponſe que vous
me demandez pour luy :
Auſſi-toſt elle le quitta pour
aller efcrire ces mors. S
Fe ne sçay dequoy je ſuis
coupable à vos yeux, Monfieur,
mais je sçay bien que je ne re
ponds que par bienfeance à l'hon-
>
BAGALAN 109
0
neur que vous me faites ,
aux avantages que vous me proposez
: & je prévoy que la
viſite que vous me rendrez , si
vous voulez , vous fera auffi
peu utile qu'à moy , puisque
rien ne peut changer la réfolution
que j'ay priſe de repaffer
inceſſamment en France.
Le Polonnois éperduëment
amoureux ( car il y
avoit de la fatalité pour elle,
à eſtre aimée des gens de ce
pays ) le Polonnois , dis- je ,
donna à tous les termes de
ce billet , qu'il expliqua en
ſa faveur, un tourde confo110
MERCURE
lation que la Dame n'avoit
peut- eſtre pas eu l'intention
d'y mettre; d'ailleurs il eſtoit
parfaitementbien fait , tres
grand ſeigneur , fort riche ,
&magnifique entout. Les
hommes ſe connoiſſent , il
n'y a pas tantde mal à cela.
Celui- cy ſçavoit aſſez ſe
rendrejustice , mais heureuſement
il ne s'en faifoit pas
trop à croire , quoy qu'il
ſentit tous ſes avantages.....
Vers les * vingt& une ou
vingt- deux heures , il ſe ren-
**C'eſt en eſté à peu prés vers les fix heures
du ſoir,ſelon noftre façon de compter.
GALANT. III
コ
el
dit au logis de la belle veuve
, qu'il trouva dans undeshabillé
charmant & modeſte
, mille fois plusaimable
qu'elle ne luy avoit jamais
paru .
Que vous eſtes , Madame ,
luy dit- il , transporté du
plafir de la voir , au deſſus
des hommages que je vous
rends ; mais en verité je vais
eſtre le plus malheureux des
hommes , fi vous ne vous
rendez pas vous meſme aux
offres que je vous fais Nous
nenous connonfons n'y l'un
ny l'autre , Monfieur , luy
70%
112 MERCURE
11
répondit - elle , & vous me
propoſez d'abord des chofes
dont nous ne pourrions
peut eſtre que nous repentir
tousdeux, mais entrons , s'il
vousplaît,dansun plus grád
détail,& commençons par
examiner , i la majeſté de
voſtre caractere s'accorde
bien avec les ſaillies de cette
paffion ; d'ailleurs n'eſt il
pas ordinaire , & vrayſemblable
qu'un feu ſi prompt
às'allumer, n'en eſt que plus
prompt à s'éteindre. Enfin
ſupposé que je voulutſe encorem'engager
ſous les loix
de :
GALANT. 113
1
1
del'hymen, ſur quel fondement,
àmoins queje nem'a.
veuglaſſe de l'eſpoir de vos
promeſſes, pourrois- je compter
que vous me tiendrez
dans un certain tems ce que
vous me propoſez aujourd'huy
. Ah ! Madame , reprit
ilavecchaleur, donnez
aujourd huy voſtre confentement
à mon amour , &
demain je vous donne la
main. Par quelles loix voulez
vous authoriſer des maximes
de connoiſſance &
d'habitude , ſur des ſujers où
le coeur doit décider tout
114 MERCURE
,
ſeul ; n'y a t'il point dans le
monde des mouvements de
ſympathie pour vous , comme
pour nous , & quelle
bonne raiſon peut vous dif
penſerde faire pour nous
enun jour,la moitié du chemin
que vos charmes nous
font faire en un inſtant. Je
ſuis perfuadé que vous avez
trop d'eſprit, pour regarder
mal à propos ces chimeriques
précautions , comme
des principes de vertu , &
vous eſtes trop belle pour
douter un moment de la
conſtante ardeur des feux
GALANT 115
mt
&
רש
la
גנ
que vous allumez. Cependant
ſi vos ſcrupules s'effrayent
de la vivacité de ma
propoſition,je vous demande
du moins quinze jours
de grace , avant de vous
prier de vous déterminer en
ma faveur ; & j'eſpere ( fi
vos yeux n'ont point de peine
à s'accouſtumer à me
voir pendant le temps que
j'exige de voſtre complaiſance
) que les ſentiments
de voſtre coeur ne tarderont
pas à répondre aux tendres
& fidelles intentions du
mien. Ne me preſſez pas da
Kij
116 MERCURE
vantage à preſent , Monfieur
, luy dit elle,& laiſſez
à mes reflexions la liberté
d'examiner les circonſtancesde
voſtre propofition.
Cette réponſe finit une
conteftation qui alloit inſenſiblement
devenir tres.
intereſſante pour l'un &
pour l'autre.
Monfieur l'Ambaſſadeur
ſe leva , & prit congé de la
belle veuve aprés avoir receu
d'elle la permiffion de
retourner la voir , lorſqu'il
le jugeroit à propos.
Ce miniſtre rentra chez
GALANT 117
-
luy , ravi d'avoir mis ſes affaires
en ſibon train , & le
lendemain au matin il écrivit
ce billet à cette Dame ,
dont il avoit abſolument refolu
la conqueſte.
Le temps que je vous ay don-
- né depuis hier , Madame , ne
fuffit-il pas pour vous tirer de
toutes vos incertitudes , s'il ne
ſuffit pas , je vais estre auffi indulgent
que vous estes aimable,
je veux bien pour vous efpargner
la peine de m'eſcrire vos
Sentiments , vous accorder, jufqu'à
ce soir , que j'iray appren
dre de vostre propre bouche , le
1
118 MERCURE
réſultat de vos reflexions.
Elles eſtoient desja faites
ces réflexions favorables à
T'heureux Polonois , & pendant
toute la nuit, cette belleveuve
n'avoit pû ſe refufer
la fatisfaction de convenir
en elle-meſme , qu'elle
meritoit bien le rang d'Ambaſſadrice.
Aufſfi luy fut-il
encore offert le meſme jour
avec des tranſports fi touchants&
fi vifs,qu'enfin elle
ne fit qu'une foible deffenſe
, avant de conſentir à la
propoſition de Mr l'Ambaffadeur.
En un mot toutes
GALANT. 119
!
les conventions faites & accordées
, entre elle & fon
amant,ſon voyage de France
fut rompu , & fon mariage
conclu , & celebré ſecretement
enquinze jours.
Legrandtheatredu monde
va maintenant eſtre le
champ où va paroiſtre dans
toute fon eſtenduë , l'excellence
du merite & du bon
efprit deMadame Belzeſca.
Elle reste encore preſque
inconnuë juſqu'à la declararion
de ſon hymen , qui
n'eſt pas plutoſt rendu public
, qu'elle ſe montre auſſi
120 MERCURE
4
éclairée dans les delicates
affaires de fon mary , que
fielle avoit toute la vie
eſte Ambaſſadrice,лэ тод
Les Miniſtres Eſtrangers,
les Prélats , les Eminences
tout rend hommage à fes
lumiéres. De concert aveo
fon Epoux , ſa pénerrap
tion abbrege , addoucit &
leve toutes les difficultez
de ſa commiffion : enfin
elle l'aide à ſortir de Rome
(ſous le bon plaifir de fon
Maſtre ) fatisfait & glorieux
du ſuccés de fonAm
baffade.altera teemal
هللا
GALANT. 121
Elle fut obligée pour le
bien de ſes affaires de repaſſer
en France avec ſon
mary : elle n'y ſéjourna que
trois ou quatre mois , de là
elle alla à Amſterdam , &
à la Haye , où elle s'embarqua
pour ſe rendre à Dant-
ZIK d'où elle fut à Varſovie
où elle jouit pendant
vingt-cinq ans , avec tous
les agréments imaginables,
de lagrande fortune , & de
la tendreſſe de ſon Epoux ,
qui fut enfin malheureufement
bleſſe à la Chaffe
d'un coup dont il mourut
May 1714.
L
127
MERCURE 122
quatreJours
Tavoir
apres la
Э
receu d'une façon toute
extraordinaire .
Rien n'eſt plus noble &
plus magnifique , que la
220
20
manière dont les Grands
Seigneurs vont à la Chaſſe
en Pologne. Ils menent ordinairement
avec eux , un
fi grand nombre deDomeftiques
, de Chevaux , & de
Chiens, que leur Equipage
reſſemble pluſtoſt à un gros
détachement de troupes reglées
, qu'à une compagnie
de gens aſſemblez , pour le
plaisir de faire la guerre à
GALANT. 123
+
20
وا
LEKCI }
des animaux. Cette précaution
me paroilt fort
raisonnable , & je trouve
qu'ils font parfaitement
bien de proportionner le
nombredes combatrants au
3
21091
nombre & à la fureur des
monſtres qu'ils attaquent.
Un jour enfin, Monfieur
Belzeſki , dans une de fes
redoutables Chaffes, fe laifſa
emporter par ſon cheval ,
à la pourſuite d'un des plus
fiers Sangliers qu'on cuſt
encore vû dans la Foreſt où
il chaſſoit alors. Le cheval
anime paſſa ſur le corps de
124 MERCURE
261
ce terrible animal , & s'abbatit
en meſme temps , à
quatre pas de luy. Monfieur
Belzeſki ſe dégagea, auflitoſt
adroitement des efriers
, avant que le Monf
tre l'attaquaft ; mais ils eftoient
trop prés l'un de Laura
tre & le Sanglier desia
bleffé trop furieux , pour ne
pas ſe meſurer
44
encore con-b
tre l'ennemi qui l'attendoit :
ainſi plein de rage , il voulut
ſe llaanncceerr fur luy , mais
dans le moment ſon ennemi
intrepide & prudent lui
abbattit la teſte d'un coup
GALANT.
1:5
ſi juſte , & fi vigoureux, que
fon fabre paffa entre le col
& le tronc de an
11
avec tant de viteſſe , que le
mouvement Violent avec
lequel il retira fon bras
entraîna fon 21911
corps , de ma
niere qu'un des pieds luy
manquant , il tomba à la
renverſe ; mais fi malheu
reuſement, qu'il alla ſe fen.
dre la tefte fur une pierfe
qui ſe trouva derriere luy.
Dans ce fatal inſtanttous
les autres Chaſſeurs arrivérent
, & emporterent en
pleurant , le Corps de leur
THAJAD
126 MERCURE
infortune maiſtre , qui vécu
encore quatre jours
qu'il employa à donner à
Madame Belzeſca les dernieres
& les plus fortes
preuves de ſon amour , if
la fiitt ſon heritiere univerſelle
, & enfin il mourut
adoré de ſa femme , & infiniment
regretté de tout
le monde.
il
Il y a plus de fix ans que
Madame Belzeſca pleure
ſa perte , malgré tous les
foins que les plus grands
Seigneurs , les Princes , &
mefme les Roys , ont pris
GALANT. 127
pour la conſoler. Enfin elle
eft depuis long-temps l'amie
inſéparable de Mada
infeparable
me la Palatine de ... elle a
maintenant foixante ans
paflez , & je puis affeurer
qu'elle est encore plus aimée
; & plus reſpectée ,
qu'elle ne le fut peut eftre
jamais , dans le plus grand
efclat de fa jeuneffe. On
parle meſme de la remarier
aun homme d'une fi grande
distinction
, que , ce
bruit , quelque fuite qu'il
ait eft toutccee qu'on en peut
dire de plus avantageux ,
Lin
128 MERCURE
pour faire un parfait éloge
de ſon mérite , & de fes
vertusaises
Fermer
Résumé : HISTOIRE nouvelle.
La peste à Varsovie pousse de nombreux habitants à fuir vers les campagnes. La Palatine et plusieurs dames de la haute société, dont Madame Belzesca, se réfugient à Dantzic, accueillies par le Marquis de Canop. Madame Belzesca, connue pour son charme malgré son âge avancé, a déjà eu trois maris et de nombreux amants tout en conservant une réputation irréprochable. Originaire de Touraine, elle est élevée secrètement après une prédiction d'un berger. À douze ans, elle est ramenée chez elle et devient l'objet de l'admiration locale. Pelagie, de son vrai nom, reçoit une éducation soignée à Tours et rencontre le Chevalier de Versan lors d'un sauvetage dramatique sur la Loire. Ils se marient et vivent cinq ans de bonheur avant de se séparer. Pelagie devient veuve et hérite de la fortune de son mari. Elle s'installe à Paris avec son fils et devient célèbre pour sa beauté et son charme. À Paris, Pelagie attire l'attention de nombreux nobles et étrangers, notamment pendant le séjour du roi Casimir en France. Sa maison devient un lieu de rencontre pour les personnes distinguées. Un seigneur polonais, épris de Pelagie, planifie son enlèvement mais est déjoué par le duc de... et le cavalier français, amant de Pelagie. Le comte Pioski, jaloux, tente de tuer le cavalier français lors d'un duel mais se blesse gravement et se retire dans un monastère. Madame Belzesca, veuve, traverse une période de deuil intense mais se rétablit grâce à des prières et des promesses religieuses. Elle entreprend un voyage à Lorette et visite des villes italiennes. À Rome, elle rencontre un gentilhomme italien ébloui par sa beauté mais reste réservée. L'ambassadeur polonais à Rome, épris de la veuve, la retrouve et obtient son consentement. Ils se marient secrètement et retournent en Pologne, où ils vivent heureux pendant vingt-cinq ans. L'ambassadeur est mortellement blessé lors d'une chasse au sanglier. Madame Belzesca pleure sa perte depuis plus de six ans et est devenue l'amie inséparable de Madame la Palatine. À soixante ans, elle est encore respectée et aimée, et on envisage de la remarier à un homme de grande distinction.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
10
p. 155-158
De Hambourg le 9. May.
Début :
Je suis fort allarmé des Lettres que je reçois de Dantzik [...]
Mots clefs :
Roi, Troupes, Pologne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De Hambourg le 9. May.
De Hambourg le 9. May.
i Je ſuis fort allarmé des
Lettres que je reçois deDantzık
. On me mande qu'on a
publié à Varſovie des deffenſes
tres vigoureuſes de laiſſer
deſcendre du coſté de cette
156 MERCURE
Ville aucune Barque chargée
de grains , fans un paſſeport
du Roy ou du General Janus,
parce que la recolte de l'année
derniere a eſté ſi mauvaiſe,
&celle de cette année eſt
gaſtée par les inondations &
Ics pluyes continuelles , qu'on
apprehende une famine effective.
P
Les Troupes Saxones qui
eſtoient dans le territoire de
Dantzak en font enfin parties
aprés avoir exigé des contributions
pour leur ſubſiſtance,
elles ont paffé, la Viſtule &
continué leur route vers la
Podlaquie.
GALANT. 157
On a appris d'un Officier
Tartare qui avoit des Lettres
du Kan pour le Roy de Pologne
& pour le grand General
, que le Roy de Suede étoit
encore à Demir Toca , & que
le Palatin de Kiovie eſtoit
allé trouver le Kan à Kilia
pour prendre congé de luy ,
& retourner auſſi- toſt en
Pologne.
Les Troupes Danoiſes qui
gardoient les paſſages du côté
de Holſtein ne font pas
encore parties des environs de
cette Ville.
Le Duc de Hanover a fait
158 MERCURE
declarer par une Ordonnance
publique qu'il prétendoit
que les paſſages de ſon Pays
fuffent fermez , juſqu'aprés
les grandes chaleurs , & que
les Voyageurs n'entraſſent
dans ſes Etats , qu'aprés au
moins cinq jours de quaranraine.
i Je ſuis fort allarmé des
Lettres que je reçois deDantzık
. On me mande qu'on a
publié à Varſovie des deffenſes
tres vigoureuſes de laiſſer
deſcendre du coſté de cette
156 MERCURE
Ville aucune Barque chargée
de grains , fans un paſſeport
du Roy ou du General Janus,
parce que la recolte de l'année
derniere a eſté ſi mauvaiſe,
&celle de cette année eſt
gaſtée par les inondations &
Ics pluyes continuelles , qu'on
apprehende une famine effective.
P
Les Troupes Saxones qui
eſtoient dans le territoire de
Dantzak en font enfin parties
aprés avoir exigé des contributions
pour leur ſubſiſtance,
elles ont paffé, la Viſtule &
continué leur route vers la
Podlaquie.
GALANT. 157
On a appris d'un Officier
Tartare qui avoit des Lettres
du Kan pour le Roy de Pologne
& pour le grand General
, que le Roy de Suede étoit
encore à Demir Toca , & que
le Palatin de Kiovie eſtoit
allé trouver le Kan à Kilia
pour prendre congé de luy ,
& retourner auſſi- toſt en
Pologne.
Les Troupes Danoiſes qui
gardoient les paſſages du côté
de Holſtein ne font pas
encore parties des environs de
cette Ville.
Le Duc de Hanover a fait
158 MERCURE
declarer par une Ordonnance
publique qu'il prétendoit
que les paſſages de ſon Pays
fuffent fermez , juſqu'aprés
les grandes chaleurs , & que
les Voyageurs n'entraſſent
dans ſes Etats , qu'aprés au
moins cinq jours de quaranraine.
Fermer
Résumé : De Hambourg le 9. May.
Le 9 mai, un texte de Hambourg exprime une vive inquiétude concernant la situation à Dantzig. À Varsovie, des défenses interdisent le transport de grains sans passeport royal ou du général Janus en raison de mauvaises récoltes et de dégâts causés par des inondations et des pluies continues, menaçant une famine. Les troupes saxonnes, après avoir exigé des contributions, ont traversé la Vistule et se dirigent vers la Podlachie. Un officier tartare a rapporté que le roi de Suède se trouvait à Demir Toca et que le palatin de Kiev avait rencontré le Kan à Kilia avant de retourner en Pologne. Les troupes danoises surveillent toujours les passages du côté du Holstein. De plus, le duc de Hanovre a ordonné la fermeture des passages de son pays jusqu'après les grandes chaleurs et imposé une quarantaine de cinq jours pour les voyageurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
11
p. 1871
POLOGNE.
Début :
On mande de Lantiezow, que les Vassaux de la Palatine Doüairiere de Mazovie, voyant [...]
Mots clefs :
Pologne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE.
N mande de Lantiezow , que les Vaſſaux
de la Palatine Douairiere de Mazovie,voyant
avec chagrin que les Juifs établis dans cette petite
Ville , étoient plus riches qu'eux , avoient pris le
parti de les maffacrer fans épargner hi les femmes,
ni Vieillards , ni enfans. Ils ont porté même leur
fureur fi loin , qu'après ce maffacre horrible , ils
ont mis le feu à leurs maiſons , & auroient fait
périr leur Infpecteur , quoique Polonois , s'il ne
fe fût fauvé. On a été obligé d'envoyer contre
eux des Troupes reglées pour les faire rentrer
dans leur devoir,& pour arrêter les plus coupables.
La récolte du Bled en cette année fi abondante
dans tout le Royaume , que le prix du pain eft
plus bas qu'on ne l'a jamais . La Diette generale
fera ouverte à Grodno le 2. du mois prochain.
N mande de Lantiezow , que les Vaſſaux
de la Palatine Douairiere de Mazovie,voyant
avec chagrin que les Juifs établis dans cette petite
Ville , étoient plus riches qu'eux , avoient pris le
parti de les maffacrer fans épargner hi les femmes,
ni Vieillards , ni enfans. Ils ont porté même leur
fureur fi loin , qu'après ce maffacre horrible , ils
ont mis le feu à leurs maiſons , & auroient fait
périr leur Infpecteur , quoique Polonois , s'il ne
fe fût fauvé. On a été obligé d'envoyer contre
eux des Troupes reglées pour les faire rentrer
dans leur devoir,& pour arrêter les plus coupables.
La récolte du Bled en cette année fi abondante
dans tout le Royaume , que le prix du pain eft
plus bas qu'on ne l'a jamais . La Diette generale
fera ouverte à Grodno le 2. du mois prochain.
Fermer
Résumé : POLOGNE.
En Pologne, des vassaux de la Palatine Douairière de Mazovie ont massacré les Juifs d'une petite ville, y compris femmes, vieillards et enfants, puis incendié leurs maisons. L'inspecteur polonais a échappé au massacre. Des troupes ont été envoyées pour rétablir l'ordre. La récolte de blé a été abondante, baissant le prix du pain. La Diète générale se réunira à Grodno le 2 du mois prochain.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
12
p. 2055-2056
POLOGNE.
Début :
Les Etats du Duché de Curlande ont nommé des Députés qui sont chargés d'ordres & [...]
Mots clefs :
Pologne, Troupes, Députés
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE.
Es Etats du Duché de Curlande ont nommé
des Députés qui font chargés d'ordres &
d'Inftructions pour demander à la Dietté affem.
blée la révocation du Decret que la Commiffion
G vj
Po2056
MERCURE DE FRANCE
Polonoife rendit il y a quelques années à Mittau
pour réduire ce Duché en plufieurs Palati
nats après la mort du Duc Ferdinand .
Le 21. du mois dernier , le Roi arriva de
Dreſde à Warfovie en parfaite fanté.
On apprend de Mittau & des autres Places de
Curlande qu'il y étoit arrivé deux nouveaux Regimens
Mofcovites , & qu'on y en attendoit encore
deux autres de Riga & 1200. Cofaques de
Smolensko. Le Commandant des Troupes du
Duc de Meckelbourg , qui font auffi en quar
tier dans ce Duché , a reçû ordre de la Czarine
d'en augmenter l'Infanterie jufqu'à 4000. hom
mes , & la Cavallerie jufqu'à 1800.
On apprend de Copenhague qu'on y a publié
une lifte des Vaiffeaux que le Roi de Danemarc
fera en état de mettre en mer l'année prochaine,
& fuivant cette lifte , fa flotte pourra être com→
pofée de 38. Vaiffeaux de ligne , de dix Frégates :
& de 36. Galeres.
Es Etats du Duché de Curlande ont nommé
des Députés qui font chargés d'ordres &
d'Inftructions pour demander à la Dietté affem.
blée la révocation du Decret que la Commiffion
G vj
Po2056
MERCURE DE FRANCE
Polonoife rendit il y a quelques années à Mittau
pour réduire ce Duché en plufieurs Palati
nats après la mort du Duc Ferdinand .
Le 21. du mois dernier , le Roi arriva de
Dreſde à Warfovie en parfaite fanté.
On apprend de Mittau & des autres Places de
Curlande qu'il y étoit arrivé deux nouveaux Regimens
Mofcovites , & qu'on y en attendoit encore
deux autres de Riga & 1200. Cofaques de
Smolensko. Le Commandant des Troupes du
Duc de Meckelbourg , qui font auffi en quar
tier dans ce Duché , a reçû ordre de la Czarine
d'en augmenter l'Infanterie jufqu'à 4000. hom
mes , & la Cavallerie jufqu'à 1800.
On apprend de Copenhague qu'on y a publié
une lifte des Vaiffeaux que le Roi de Danemarc
fera en état de mettre en mer l'année prochaine,
& fuivant cette lifte , fa flotte pourra être com→
pofée de 38. Vaiffeaux de ligne , de dix Frégates :
& de 36. Galeres.
Fermer
Résumé : POLOGNE.
Le texte aborde la situation politique et militaire en Pologne et dans le Duché de Curlande. Les députés du Duché de Curlande ont sollicité la Diète pour annuler un décret de Mittau, qui prévoyait de diviser le Duché en plusieurs palatinats après le décès du Duc Ferdinand. Le roi est arrivé à Varsovie en bonne santé le 21 du mois précédent. En Curlande, des troupes russes, incluant deux nouveaux régiments moscovites et des Cosaques de Smolensko, ont été déployées avec des ordres d'augmenter les effectifs militaires. Le commandant des troupes du Duc de Mecklembourg, également présentes en Curlande, a reçu l'instruction de la tsarine d'accroître l'infanterie à 4000 hommes et la cavalerie à 1800. À Copenhague, une liste des vaisseaux que le roi de Danemark prévoit de mettre en mer l'année suivante a été publiée, comprenant 38 vaisseaux de ligne, 10 frégates et 36 galères.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
13
p. 2738
POLOGNE.
Début :
Le second Nonce d'Upita fit enregistrer au commencement du mois de Novembre dans [...]
Mots clefs :
Pologne, Protestation
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE.
E fecond Nonce d'Upita fit enregistrer au
LEcommencement du mois de Novembre dans
le Greffe de Grodno une proteftation contre celle
de M. Marcinkiewits , fon Collegue , qui a été
caufe de la rupture de la Diette , prétendant qu'il
n'avoit pas d'ordre particulier de faire cette proteftation.
La Czarine craignant qu'à l'occafion des changemens
arrivés à Conftantinople , les Turcs ou
les Perfans , & peut- être ces deux Puiffances
enfemble , ne vinflent attaquer les Provinces que
le feu Czar Pierre I.a conquifes en Perfe, a ordonné
à fon Miniftre à la Cour de Pologne , de
propofer un renouvellement d'alliance avec la
République , & de ne plus folliciter de paffage
pour les 3000.0. hommes qu'elle dévoit fournir
à l'Empereur , & dont elle prévoit qu'elle peut
avoir béfoin pour La propre fûreté.
E fecond Nonce d'Upita fit enregistrer au
LEcommencement du mois de Novembre dans
le Greffe de Grodno une proteftation contre celle
de M. Marcinkiewits , fon Collegue , qui a été
caufe de la rupture de la Diette , prétendant qu'il
n'avoit pas d'ordre particulier de faire cette proteftation.
La Czarine craignant qu'à l'occafion des changemens
arrivés à Conftantinople , les Turcs ou
les Perfans , & peut- être ces deux Puiffances
enfemble , ne vinflent attaquer les Provinces que
le feu Czar Pierre I.a conquifes en Perfe, a ordonné
à fon Miniftre à la Cour de Pologne , de
propofer un renouvellement d'alliance avec la
République , & de ne plus folliciter de paffage
pour les 3000.0. hommes qu'elle dévoit fournir
à l'Empereur , & dont elle prévoit qu'elle peut
avoir béfoin pour La propre fûreté.
Fermer
Résumé : POLOGNE.
En Pologne, le nonce d'Upita a protesté contre M. Marcinkiewits pour la rupture de la Diète. La czarine, inquiète des changements à Constantinople, craignait une attaque turque ou persane. Elle a ordonné à son ministre en Pologne de renouveler l'alliance avec la République et de ne plus demander le passage des troupes polonaises destinées à l'empereur.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
14
p. 377-382
POLOGNE.
Début :
On apprend de Warsovie que l'Envoyé du Kam des Tartares a représenté que le passage [...]
Mots clefs :
Pologne, Danemark, Allemagne, Italie, Duc, Comte, Palais
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE .
>
N apprend de Warsovie que l'Envoyé dư
Kam des Tartares a représenté que le passage
par ce Royaume des 30000. Moscovites
destinés au service de l'Empereur , étoit contraire
au Traité conclu entre la Porte et la Russie , et
aux anciennes conventions faites entre la Répu
blique et les Tartares.
A l'audiance que cet Envoyé , nommé Jasuff
Hora Mussu , eut le 15. Janvier , il entra dans
la Salle où étoit le Roi de Pologne , après avoir
remis son bonnet entre les mains du premier Page
de la Cour, ce que firent aussi son Truchement
et les autres personnes de sa suite . En entrant
dans la Salle , il fit une profonde reverence , tenant
la main devant sa bouche , et se baissant jusqu'à
terre , ce qu'il réïtera trois fois avant que
d'arriver au Trône ; s'étant ensuite retiré quelques
pas , il fit une autre réverence au Sénat , qui
étoit assemblé dans la Salle d'audiance. Après le
premier compliment qu'il fit au Roi pour s'informer
de sa santé au nom de Kaikan Kiray ,
Kam des Tartares , son Maitre , il lui remit une
Lettre de ce Prince , et remercia S. M. de sa part
de la protection qu'elle avoit bien voulu accorder
à un Prince Tartare. Le Vice - Chancelier lui
répondit au nom du Roi que l'affection et l'amis
tié que S. M. portoit au Kam des Tartares l'avoit
engagée à accorder sa protection au Prince
Tartare. Ensuite l'Envoyé acheva son discours
dans lequel il fit mention , entr'autres , du passage
des 30000. Russiens , et se retira après avec les
mêmes cerémonies.
DANG
378 MERCURE DE FRANCE
DANNEMARCK.
E 19. Janvier , M. Titley , Résident du Roi
d'Angleterre , eut une audience particulieredu
Roi , dans laquelle il remit à S M. la ratification
d'une convention particulière qui a été
conclue depuis quelques mois entre L. M. Brit.
et Danoise.
Le Roi a laissé à la Reine Doüairiere la liberté
de former sa Maison comme elle jugera à pro.
pos , et de choisir dans le nombre des Domestiques
du feu Roi ceux qui lui conviendront.
Les Commissaires de l'Amirauté ont reçû ordre
de faire les préparatifs necessaires pour équiper
au Printems prochain une Escadre de 18. Vaisseaux
de guerre et de cinq Frégates , sur lesquels
on embarquera les deux Régimens de Marine qui
sont dans le Zeland.
Le Vaisseau qu'on attendoit d'Islande est enfin
arrivé à Copenhague , ayant à bord 102. Faucons,
parmi lesquels il y en a cinq entierement blancs..
L
ALLEMAGNE.
E 26 Janvier , on fit partir de Vienne M..
d'Harerra , Commissaire Impérial , avec M.
Penkler , Interprete des Langues Orientales , pour
aller recevoir sur la Frontiere l'Effendi que le
G. Seigneur envoye pour donner part à l'Empereur
de l'avenement de Sa Hautesse au Trône
Ottoman. On a appris que cet Envoyé étoit arrivé
à Parakin , petite Ville située dans la Servie,
au-delà de Belgrade , sur la Morave , et la premiere
d Territoire Impérial , venant de Turquie.
Ce fut dans cette Ville que les Commissaires
de S. M. Imp. et du Grand Seigneur reglerent en
1719
FEVRIER. 173T 379
J
faisant
1719. les limites des deux Empires , en y
eriger trois grandes colones de pierre.
Ön mande de Vienne que le grand froid qui
s'y fait sentir depuis environ le 15. de Janvier a
été plus vif pendant quatre jours que le plus
grand froid de 1709. Les campagnes sont couvertes
de neige , et les loups qui n'y trouvent plus
de nourriture viennent enlever les moutons dans
les Villages , où ils ont même devoré quelques
enfans..
:
LE
ITALIE.
E 9. Janvier , on publia à Rome un Decret
du Pape , par lequel il est deffendu aux Ecclesiastiques
habitués des cinq Eglises Basilicales
de cette Ville d'y entrer autrement qu'en soutane.
Vers le soir , quelques prisonniers des prisons
secrettes ayant mis le feu aux portes de leurs .
cachots , dans l'esperance de se sauver , ils furent
tous étoufés par la fumée.
M. Firrao , ci - devant Nonce en Portugal , quis
a été nommé à l'Evêché d'Aversa , ne se rendra
pas dans son Diocèse aussi -tôt qu'on le croyoit ,
parceque le Pape qui prend beaucoup de confiance
en lui , veut le retenir auprès de sa personne .
du
Le Cardinal Fini a reçû ordre de la part
Cardinal Secretaire d'Etat de ne plus se trouver à
la Congrégation du S. Office , et le Pape a approuvé
la résolution que le Cardinal Coscia a
prise de ne plus assister à la même Congrégation
et à celles de l'Immunité et d'Avignon .
Sur la fin du mois dernier , on publia à Rome:
une Constitution du Pape , portant confirmation :
de la Bulle que le Pape Paul IV . donna en 1555%
par laquelle le plus ancien Cardinal Evêque qui
se trouve en cette Ville a droit de faire les fons-
H vj tions
380 MERCURE DE FRANCE
. tions de Doyen du Sacré College , lorsque le
Décanat est vacant , ou que le Doyen du Sacré
College est absent . La même Constitution regle
aussi les prérogatives des autres Cardinaux de
l'ordre des Evêques.
La Princesse Clementine Sobieska a fait venir :
de Flandres douze Religieuses de l'Observance
de la Regle de Sainte Ursule , pour reformer le
Monastere des Ursulines de Rome.
Le 19. du mois dernier , le Cardinal de Poli
gnac fit représenter dans son Palais une Comédie
, à laquelle il avoit fait inviter la principale
noblesse de Rome.
•
Le 20. on fit dans l'Eglise de Sainte Agnez ,
hors des murs , la benediction des deux Agneaux,
dont la laine remise entre les mains du Pape par
le Chapitre de S. Jean de Latran , doit servir à
fabriquer l'étoffe dont on fait les Pallium , que
S. S. donne aux Archevêques et à quelques Evêques
..
On écrit de Naples que le Duc de Monteleon,
Pignatelli ayant fait représenter dans son Palais
une Créche magnifique , autour de laquelle il
avoit fait placer des Joueurs d'instrumens habil
lez en Bergers. Il donna le 3 de Janvier un Concert
magnifique , auquel le Viceroy , la Comtesse
d'Arrach , son Epouse , leurs enfans , et la
principale Noblesse furent invitez , Après le Con
cert il y eut un Bal , qui fut ouvert par la fille
du Comte d'Harrach , et continué par la Duchesse
de Monteleon , er par seize autres Dames :
on y servit toutes sortes de rafraîchissemens , er
le Palais fut illuminé pendant toute la nuit.
Le 4 de ce mois , après midy , le Colonel
Comte de Lineville , Lorrain , envoya chez le
Duc de Monteleon le Colonel Comte de Sinzendorf,
qu'il avoit choisi pour son second , avec
un
FEVRIER . 1731. 381
in Cartel , par lequel il demandoit raison à ce
Duc de ce que la Marquise Viteleschi n'avoit pas
été invitée à la Fête dont on a parlé , le Duc
repondit qu'il étoit prêt de combattre dans la
Place de sainte Marie des Anges , au Bourg de
S. Antoine , et qu'il choisissoit le Colone! Papalardo
, Napolitain , pour son second . L'heure du
combat avoit été marquée au lendemain ; mais
le soir le Comte d'Harrach envoya ordre au
Duc de Monteleon , et à toute sa famille , de ne
point sortir de son Palais , et toute la Noblesse
qui prend part à cette querelle , travaille à un
accommodement , lequel a été fait le 15 , à ce
qu'on a appris depuis , par l'entremise des amis
communs qui ont obligé le Duc de Monteleon-
Pignatelli et le Comte de Lineville de donner
leur parole d'honneur d'oublier le passé .
On a appris de Parme que le surlendemain de
la mort du Duc , le Comte Stampe y arriva de
Milan , et depuis le Comte de Thaun a fait entrer
dans cette Ville quelques- uns dès Regimens
d'Infanterie qui étoient en quartier dans les environs
de cet . Etat.
?
Les Lettres de Genes portent que les Rebelles
de l'Isle de Corse , qu'on croyoit être rentrez
dans leur devoir , étoient venus le 26 Decembre
dernier près de Bastia au nombre de 22000
hommes , dans le dessein de s'emparer du Bourg
de Terra - Vecchia , que l'Evêque de Bastia étant
allé les trouver , les avoit déterminez à se retirer
, en leur promettant d'obtenir le pardon de
quelques-uns de ces Rebelles qu'on tenoit prisonniers
, et dont il fit rendre sur le champ un
certain nombre en échange d'un Officier Genois
et de quelques soldats qui avoient été surpris
dans un poste éloigné de la Ville.
On écrit de Florence , que le s. Janvier , à la
suite
382 MERCURE DE FRANCE
1
suite d'une tempête effroyable , on ressentit
Sienne une violente secousse de tremblement de
terre , qui cependant n'a causé aucun dommage
considerable.
On arrêta au commencement du mois dernier
à Livourne , un Particulier qui donnoit retraite à
quatre voleurs , lesquels depuis deux ans voloient
sur les grands chemins de la Toscane et du Milanez
, en habits de Chasseurs , ayant toujours
sept ou huit chiens et des chevaux avec eux.
>
N apprend de Warsovie que l'Envoyé dư
Kam des Tartares a représenté que le passage
par ce Royaume des 30000. Moscovites
destinés au service de l'Empereur , étoit contraire
au Traité conclu entre la Porte et la Russie , et
aux anciennes conventions faites entre la Répu
blique et les Tartares.
A l'audiance que cet Envoyé , nommé Jasuff
Hora Mussu , eut le 15. Janvier , il entra dans
la Salle où étoit le Roi de Pologne , après avoir
remis son bonnet entre les mains du premier Page
de la Cour, ce que firent aussi son Truchement
et les autres personnes de sa suite . En entrant
dans la Salle , il fit une profonde reverence , tenant
la main devant sa bouche , et se baissant jusqu'à
terre , ce qu'il réïtera trois fois avant que
d'arriver au Trône ; s'étant ensuite retiré quelques
pas , il fit une autre réverence au Sénat , qui
étoit assemblé dans la Salle d'audiance. Après le
premier compliment qu'il fit au Roi pour s'informer
de sa santé au nom de Kaikan Kiray ,
Kam des Tartares , son Maitre , il lui remit une
Lettre de ce Prince , et remercia S. M. de sa part
de la protection qu'elle avoit bien voulu accorder
à un Prince Tartare. Le Vice - Chancelier lui
répondit au nom du Roi que l'affection et l'amis
tié que S. M. portoit au Kam des Tartares l'avoit
engagée à accorder sa protection au Prince
Tartare. Ensuite l'Envoyé acheva son discours
dans lequel il fit mention , entr'autres , du passage
des 30000. Russiens , et se retira après avec les
mêmes cerémonies.
DANG
378 MERCURE DE FRANCE
DANNEMARCK.
E 19. Janvier , M. Titley , Résident du Roi
d'Angleterre , eut une audience particulieredu
Roi , dans laquelle il remit à S M. la ratification
d'une convention particulière qui a été
conclue depuis quelques mois entre L. M. Brit.
et Danoise.
Le Roi a laissé à la Reine Doüairiere la liberté
de former sa Maison comme elle jugera à pro.
pos , et de choisir dans le nombre des Domestiques
du feu Roi ceux qui lui conviendront.
Les Commissaires de l'Amirauté ont reçû ordre
de faire les préparatifs necessaires pour équiper
au Printems prochain une Escadre de 18. Vaisseaux
de guerre et de cinq Frégates , sur lesquels
on embarquera les deux Régimens de Marine qui
sont dans le Zeland.
Le Vaisseau qu'on attendoit d'Islande est enfin
arrivé à Copenhague , ayant à bord 102. Faucons,
parmi lesquels il y en a cinq entierement blancs..
L
ALLEMAGNE.
E 26 Janvier , on fit partir de Vienne M..
d'Harerra , Commissaire Impérial , avec M.
Penkler , Interprete des Langues Orientales , pour
aller recevoir sur la Frontiere l'Effendi que le
G. Seigneur envoye pour donner part à l'Empereur
de l'avenement de Sa Hautesse au Trône
Ottoman. On a appris que cet Envoyé étoit arrivé
à Parakin , petite Ville située dans la Servie,
au-delà de Belgrade , sur la Morave , et la premiere
d Territoire Impérial , venant de Turquie.
Ce fut dans cette Ville que les Commissaires
de S. M. Imp. et du Grand Seigneur reglerent en
1719
FEVRIER. 173T 379
J
faisant
1719. les limites des deux Empires , en y
eriger trois grandes colones de pierre.
Ön mande de Vienne que le grand froid qui
s'y fait sentir depuis environ le 15. de Janvier a
été plus vif pendant quatre jours que le plus
grand froid de 1709. Les campagnes sont couvertes
de neige , et les loups qui n'y trouvent plus
de nourriture viennent enlever les moutons dans
les Villages , où ils ont même devoré quelques
enfans..
:
LE
ITALIE.
E 9. Janvier , on publia à Rome un Decret
du Pape , par lequel il est deffendu aux Ecclesiastiques
habitués des cinq Eglises Basilicales
de cette Ville d'y entrer autrement qu'en soutane.
Vers le soir , quelques prisonniers des prisons
secrettes ayant mis le feu aux portes de leurs .
cachots , dans l'esperance de se sauver , ils furent
tous étoufés par la fumée.
M. Firrao , ci - devant Nonce en Portugal , quis
a été nommé à l'Evêché d'Aversa , ne se rendra
pas dans son Diocèse aussi -tôt qu'on le croyoit ,
parceque le Pape qui prend beaucoup de confiance
en lui , veut le retenir auprès de sa personne .
du
Le Cardinal Fini a reçû ordre de la part
Cardinal Secretaire d'Etat de ne plus se trouver à
la Congrégation du S. Office , et le Pape a approuvé
la résolution que le Cardinal Coscia a
prise de ne plus assister à la même Congrégation
et à celles de l'Immunité et d'Avignon .
Sur la fin du mois dernier , on publia à Rome:
une Constitution du Pape , portant confirmation :
de la Bulle que le Pape Paul IV . donna en 1555%
par laquelle le plus ancien Cardinal Evêque qui
se trouve en cette Ville a droit de faire les fons-
H vj tions
380 MERCURE DE FRANCE
. tions de Doyen du Sacré College , lorsque le
Décanat est vacant , ou que le Doyen du Sacré
College est absent . La même Constitution regle
aussi les prérogatives des autres Cardinaux de
l'ordre des Evêques.
La Princesse Clementine Sobieska a fait venir :
de Flandres douze Religieuses de l'Observance
de la Regle de Sainte Ursule , pour reformer le
Monastere des Ursulines de Rome.
Le 19. du mois dernier , le Cardinal de Poli
gnac fit représenter dans son Palais une Comédie
, à laquelle il avoit fait inviter la principale
noblesse de Rome.
•
Le 20. on fit dans l'Eglise de Sainte Agnez ,
hors des murs , la benediction des deux Agneaux,
dont la laine remise entre les mains du Pape par
le Chapitre de S. Jean de Latran , doit servir à
fabriquer l'étoffe dont on fait les Pallium , que
S. S. donne aux Archevêques et à quelques Evêques
..
On écrit de Naples que le Duc de Monteleon,
Pignatelli ayant fait représenter dans son Palais
une Créche magnifique , autour de laquelle il
avoit fait placer des Joueurs d'instrumens habil
lez en Bergers. Il donna le 3 de Janvier un Concert
magnifique , auquel le Viceroy , la Comtesse
d'Arrach , son Epouse , leurs enfans , et la
principale Noblesse furent invitez , Après le Con
cert il y eut un Bal , qui fut ouvert par la fille
du Comte d'Harrach , et continué par la Duchesse
de Monteleon , er par seize autres Dames :
on y servit toutes sortes de rafraîchissemens , er
le Palais fut illuminé pendant toute la nuit.
Le 4 de ce mois , après midy , le Colonel
Comte de Lineville , Lorrain , envoya chez le
Duc de Monteleon le Colonel Comte de Sinzendorf,
qu'il avoit choisi pour son second , avec
un
FEVRIER . 1731. 381
in Cartel , par lequel il demandoit raison à ce
Duc de ce que la Marquise Viteleschi n'avoit pas
été invitée à la Fête dont on a parlé , le Duc
repondit qu'il étoit prêt de combattre dans la
Place de sainte Marie des Anges , au Bourg de
S. Antoine , et qu'il choisissoit le Colone! Papalardo
, Napolitain , pour son second . L'heure du
combat avoit été marquée au lendemain ; mais
le soir le Comte d'Harrach envoya ordre au
Duc de Monteleon , et à toute sa famille , de ne
point sortir de son Palais , et toute la Noblesse
qui prend part à cette querelle , travaille à un
accommodement , lequel a été fait le 15 , à ce
qu'on a appris depuis , par l'entremise des amis
communs qui ont obligé le Duc de Monteleon-
Pignatelli et le Comte de Lineville de donner
leur parole d'honneur d'oublier le passé .
On a appris de Parme que le surlendemain de
la mort du Duc , le Comte Stampe y arriva de
Milan , et depuis le Comte de Thaun a fait entrer
dans cette Ville quelques- uns dès Regimens
d'Infanterie qui étoient en quartier dans les environs
de cet . Etat.
?
Les Lettres de Genes portent que les Rebelles
de l'Isle de Corse , qu'on croyoit être rentrez
dans leur devoir , étoient venus le 26 Decembre
dernier près de Bastia au nombre de 22000
hommes , dans le dessein de s'emparer du Bourg
de Terra - Vecchia , que l'Evêque de Bastia étant
allé les trouver , les avoit déterminez à se retirer
, en leur promettant d'obtenir le pardon de
quelques-uns de ces Rebelles qu'on tenoit prisonniers
, et dont il fit rendre sur le champ un
certain nombre en échange d'un Officier Genois
et de quelques soldats qui avoient été surpris
dans un poste éloigné de la Ville.
On écrit de Florence , que le s. Janvier , à la
suite
382 MERCURE DE FRANCE
1
suite d'une tempête effroyable , on ressentit
Sienne une violente secousse de tremblement de
terre , qui cependant n'a causé aucun dommage
considerable.
On arrêta au commencement du mois dernier
à Livourne , un Particulier qui donnoit retraite à
quatre voleurs , lesquels depuis deux ans voloient
sur les grands chemins de la Toscane et du Milanez
, en habits de Chasseurs , ayant toujours
sept ou huit chiens et des chevaux avec eux.
Fermer
Résumé : POLOGNE.
En Pologne, l'envoyé des Tartares, Jasuff Hora Mussu, a protesté contre le passage de 30 000 Moscovites à travers le royaume, estimant que cela violait les traités entre la Porte, la Russie et la République polonaise. Lors de son audience avec le roi de Pologne le 15 janvier, il a observé les cérémonies protocolaires, remettant une lettre de son maître, le Kam des Tartares, et remerciant le roi pour la protection accordée à un prince tartare. Le vice-chancelier a souligné l'amitié et l'affection du roi pour le Kam des Tartares. Au Danemark, le 19 janvier, M. Titley, résident du roi d'Angleterre, a remis au roi danois la ratification d'une convention entre la Grande-Bretagne et le Danemark. Le roi a laissé à la reine douairière la liberté de former sa maison et de choisir parmi les domestiques du feu roi. Les commissaires de l'Amirauté ont reçu l'ordre de préparer une escadre de 18 vaisseaux de guerre et cinq frégates pour le printemps. Un vaisseau attendu d'Islande est arrivé à Copenhague avec 102 faucons, dont cinq entièrement blancs. En Allemagne, le 26 janvier, M. d'Harrerra, commissaire impérial, et M. Penkler, interprète des langues orientales, sont partis de Vienne pour recevoir un effendi turc à la frontière. Cet envoyé est arrivé à Parakin, en Serbie, où les limites des deux empires avaient été réglées en 1719. Un grand froid a été ressenti à Vienne, couvrant les campagnes de neige et poussant les loups à attaquer les villages. En Italie, à Rome, un décret papal a interdit aux ecclésiastiques des cinq églises basilicales d'entrer autrement qu'en soutane. Des prisonniers ont tenté de s'évader en mettant le feu à leurs cachots, mais ont été étouffés par la fumée. Plusieurs nominations et décisions cardinalices ont été annoncées. La princesse Clementine Sobieska a fait venir des religieuses pour réformer le monastère des Ursulines. Le cardinal de Polignac a organisé une comédie dans son palais. À Naples, le duc de Monteleon a organisé une fête avec concert et bal, mais un duel a été évité grâce à un accommodement. À Parme, des régiments d'infanterie sont entrés en ville après la mort du duc. En Corse, des rebelles ont tenté de s'emparer de Terra Vecchia, mais ont été dissuadés par l'évêque de Bastia. À Florence, un tremblement de terre a été ressenti après une tempête. À Livourne, un particulier abritant des voleurs a été arrêté.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
15
p. 598-599
POLOGNE.
Début :
L'Envoyé des Tartares qui eut le []9 Février à Warsovie [...]
Mots clefs :
Pologne, Envoyé , Audience, Investiture
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE .
'Envoyé des Tartares qui eut le 9. Eévrier à
Warsovie son audience de congé du Roi , partit
le lendemain après qu'on lui eut remis la Lettre
du S. M. en réponse à celle du Kam son
Maître. Le Roi lui a fait présent de trois Montres
d'or , de trois paires de Pistolets et d'un fort
beau Fusil : le Régimentaire de la Couronne lui
a aussi fait présent d'une Montre d'or et d'un
Habit ; et on lui a donné un grand Coffre avec
de magnifiques présens pour le Kam.
Le
MARS. 1731. 599
Le 21. l'Envoyé du Grand-Seigneur cut sa
premiere audience publique du Roi , à laquelle il
fut conduit par M. de Sollokub , Grand Veneur
du Duché de Lithuanie, Le Roi le reçut dans la
grande Salle d'Audience , ayant à sa droite le
Grand Maréchal de la Couronne , et le Vice-
Chancelier â sa gauche ; les Senateurs formoient
un cercle devant S. M. et ils étoient assis et cou-*
verts. L'Envoyé après avoir baisé le bord de
l'habit du Roi , remit à S. M. ses Lettres de
Créance , signées de la main du Grand - Seigneur :
il se plaça ensuite sur un Carreau vis - à- vis du
Roi , et il lui fit un Compliment de la part de
S. H. auquel le Vice-Chancelier répondit au nom
de S. M. l'Envoyé se leva ensuite , et ayant salué
le Roi , il fut conduit par le Régimentaire de la
Couronne dans une grande Salle où il fut traité
magnifiquement par les Officiers de S. M. Pendant
le repas le Grand -Maréchal lui porta la
santé du G. S. et l'Envoyé lui porta celle du
Roi ; aprés quoi il fut reconduit au Palais du feu
Grand Trésorier de la Couronne , où le Roi le
fera traiter pendant tout le temps que cet Envoyé :
demeurera à Varsovie.
Le 24. le Ministre- Plenipotentiaire du Duc
Ferdinand de Curlande , reçut des mains du Roi
P'Investiture de ce Duché , avec les ceremonies
ordinaires. S. M. a depuis envoyé à ce Duc le Cordon
de l'Agle blanc.
'Envoyé des Tartares qui eut le 9. Eévrier à
Warsovie son audience de congé du Roi , partit
le lendemain après qu'on lui eut remis la Lettre
du S. M. en réponse à celle du Kam son
Maître. Le Roi lui a fait présent de trois Montres
d'or , de trois paires de Pistolets et d'un fort
beau Fusil : le Régimentaire de la Couronne lui
a aussi fait présent d'une Montre d'or et d'un
Habit ; et on lui a donné un grand Coffre avec
de magnifiques présens pour le Kam.
Le
MARS. 1731. 599
Le 21. l'Envoyé du Grand-Seigneur cut sa
premiere audience publique du Roi , à laquelle il
fut conduit par M. de Sollokub , Grand Veneur
du Duché de Lithuanie, Le Roi le reçut dans la
grande Salle d'Audience , ayant à sa droite le
Grand Maréchal de la Couronne , et le Vice-
Chancelier â sa gauche ; les Senateurs formoient
un cercle devant S. M. et ils étoient assis et cou-*
verts. L'Envoyé après avoir baisé le bord de
l'habit du Roi , remit à S. M. ses Lettres de
Créance , signées de la main du Grand - Seigneur :
il se plaça ensuite sur un Carreau vis - à- vis du
Roi , et il lui fit un Compliment de la part de
S. H. auquel le Vice-Chancelier répondit au nom
de S. M. l'Envoyé se leva ensuite , et ayant salué
le Roi , il fut conduit par le Régimentaire de la
Couronne dans une grande Salle où il fut traité
magnifiquement par les Officiers de S. M. Pendant
le repas le Grand -Maréchal lui porta la
santé du G. S. et l'Envoyé lui porta celle du
Roi ; aprés quoi il fut reconduit au Palais du feu
Grand Trésorier de la Couronne , où le Roi le
fera traiter pendant tout le temps que cet Envoyé :
demeurera à Varsovie.
Le 24. le Ministre- Plenipotentiaire du Duc
Ferdinand de Curlande , reçut des mains du Roi
P'Investiture de ce Duché , avec les ceremonies
ordinaires. S. M. a depuis envoyé à ce Duc le Cordon
de l'Agle blanc.
Fermer
Résumé : POLOGNE.
En février 1731, un envoyé des Tartares a été reçu en audience de congé par le roi de Pologne à Varsovie. Le roi lui a remis une lettre de réponse pour le Kam, ainsi que des présents incluant trois montres d'or, trois paires de pistolets et un fusil. Le Régimentaire de la Couronne a également offert une montre d'or, un habit et un coffre de présents pour le Kam. En mars 1731, le 21, l'envoyé du Grand-Seigneur a eu sa première audience publique avec le roi de Pologne. Accompagné par M. de Sollokub, Grand Veneur du Duché de Lithuanie, il a été reçu dans la grande salle d'audience en présence des sénateurs. Après avoir remis ses lettres de créance, il a prononcé un compliment auquel le Vice-Chancelier a répondu au nom du roi. L'envoyé a ensuite été logé au palais du feu Grand Trésorier de la Couronne. Le 24 mars, le ministre plénipotentiaire du Duc Ferdinand de Curlande a reçu l'investiture du duché des mains du roi, accompagnée des cérémonies ordinaires. Par la suite, le roi a envoyé au duc le cordon de l'Aigle blanc.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
16
p. 595-596
DE POLOGNE.
Début :
On écrit de Warsovie, qu'on y avoit appris de [...]
Mots clefs :
Pologne, Couvent
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE POLOGNE.
DE POLOGNE.
N écrit de Warsovie , qu'on y avoit appris
de Dublin , que le feu ayant pris la nuit dú 17. au 18. de Février , dans la Cellule d'une Religieuse du Convent de la Visitation , s'étoit
communiqué avec tant de rapidité aux apparte
mens voisins , et particulierement à celui où
étoient les Pensionaires , que ces jeunes Demoiselles n'ayant pas eu le temps de se sauver
avoient été devorées par les flammes ou étouffées
par la fumée , au nombre de 18. toutes personnes de condition , avec trois ou quatre Servantes ;
que cinq Religieuses avoient aussi perdu la vie ,
mais que P'Abbesse et quelques autres avoient eu
le bonheur de se sauver , tout le Convent ayant été entierement consumé avec l'Eglise , d'où on
n'avoit pû emporter que les Vases sacrez et quel- ques Ornemens.
On apprend de Copenhague que trois personnes
qui y sont dans les Prisons depuis quelque tems ,
l'occasion d'une fausse Lettre de Change
viennent d'être condamnées ; sçavoir, celui qui
?
-
faita.
596 MERCURE DE FRANCE
fait la Lettre , et celui qui s'en est servi , à avoir
la main coupée , et à être bannis du Royaume
avec confiscation de tous leurs biens ; le 3e , qui a fait , à ce sujet , un faux serment, aura les trois
doigts coupez , et sera pareillement banni des
Etats de S. M. Danoise.
N écrit de Warsovie , qu'on y avoit appris
de Dublin , que le feu ayant pris la nuit dú 17. au 18. de Février , dans la Cellule d'une Religieuse du Convent de la Visitation , s'étoit
communiqué avec tant de rapidité aux apparte
mens voisins , et particulierement à celui où
étoient les Pensionaires , que ces jeunes Demoiselles n'ayant pas eu le temps de se sauver
avoient été devorées par les flammes ou étouffées
par la fumée , au nombre de 18. toutes personnes de condition , avec trois ou quatre Servantes ;
que cinq Religieuses avoient aussi perdu la vie ,
mais que P'Abbesse et quelques autres avoient eu
le bonheur de se sauver , tout le Convent ayant été entierement consumé avec l'Eglise , d'où on
n'avoit pû emporter que les Vases sacrez et quel- ques Ornemens.
On apprend de Copenhague que trois personnes
qui y sont dans les Prisons depuis quelque tems ,
l'occasion d'une fausse Lettre de Change
viennent d'être condamnées ; sçavoir, celui qui
?
-
faita.
596 MERCURE DE FRANCE
fait la Lettre , et celui qui s'en est servi , à avoir
la main coupée , et à être bannis du Royaume
avec confiscation de tous leurs biens ; le 3e , qui a fait , à ce sujet , un faux serment, aura les trois
doigts coupez , et sera pareillement banni des
Etats de S. M. Danoise.
Fermer
Résumé : DE POLOGNE.
Le texte décrit deux événements distincts. À Dublin, dans la nuit du 17 au 18 février, un incendie a éclaté dans la cellule d'une religieuse du couvent de la Visitation. Le feu s'est propagé aux appartements voisins, notamment à celui des pensionnaires. Dix-huit jeunes demoiselles et trois ou quatre servantes ont péri, soit brûlées, soit asphyxiées. Cinq religieuses ont également perdu la vie, tandis que l'abbesse et quelques autres ont réussi à s'échapper. Le couvent et l'église ont été entièrement détruits, seuls les vases sacrés et quelques ornements ont été sauvés. À Copenhague, trois personnes ont été condamnées pour une fausse lettre de change. Le fauxaire et celui qui a utilisé la lettre ont été condamnés à avoir la main coupée, à être bannis du royaume et à la confiscation de leurs biens. La troisième personne, coupable de faux serment, aura les trois doigts coupés et sera également bannie des États danois.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
17
p. 784-785
DE POLOGNE.
Début :
On écrit de Warsovie, que le Roy y arriva le 5. du [...]
Mots clefs :
Pologne, Tsarine
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE POLOGNE.
DE POLOGNE.
N écrit de Warsovie , que le Roy y arriva le S. du mois dernier , et de Dantzick , qu'il
y avoit passé depuis un mois plusieurs Courriers allant de Berlin àPetersbourg , où on dit qu'il
se négocie une triple Alliance entre l'Empereur , la Czarine et le Roy de Prusse pour la
garantie et la deffense réciproque de leurs Etats ,
en
AVRIL. 1722. 7°5
de guerre avec quelque Puissance que ce être .
a dépêché depuis peu un Officier à Peters-
; , pour porter à la Czarine une Lettre du
par laquelle S M. la prie de retirer ses
pes des environs de la Curlande , parce que
Séjour près de ce Duché cause de l'inquiéa la République et pourroit faire naître dela
ntelligence entre les deux Nations. On dit
i cette Lettre du Roy ne produit pas l'effer en espere , les Sénateurs ont résolu de faire
her les Troupes de la Couronne , pour oblis Moscovites à se retirer.
écrit de Stokolm , que par le Traité d'Alqui a été conclu depuis entre le Roi de et le Roi de Dannemarc , il a été stipulé
yes deux Puissances réuniroient leurs Fotes
observer les mouvemens de celle de la Czaet s'opposer aux entreprises que cette Prin-
, ou ses Alliez pourroient faire sur les Etats Roy de Suede ou du Roy de Dannemarc.
N écrit de Warsovie , que le Roy y arriva le S. du mois dernier , et de Dantzick , qu'il
y avoit passé depuis un mois plusieurs Courriers allant de Berlin àPetersbourg , où on dit qu'il
se négocie une triple Alliance entre l'Empereur , la Czarine et le Roy de Prusse pour la
garantie et la deffense réciproque de leurs Etats ,
en
AVRIL. 1722. 7°5
de guerre avec quelque Puissance que ce être .
a dépêché depuis peu un Officier à Peters-
; , pour porter à la Czarine une Lettre du
par laquelle S M. la prie de retirer ses
pes des environs de la Curlande , parce que
Séjour près de ce Duché cause de l'inquiéa la République et pourroit faire naître dela
ntelligence entre les deux Nations. On dit
i cette Lettre du Roy ne produit pas l'effer en espere , les Sénateurs ont résolu de faire
her les Troupes de la Couronne , pour oblis Moscovites à se retirer.
écrit de Stokolm , que par le Traité d'Alqui a été conclu depuis entre le Roi de et le Roi de Dannemarc , il a été stipulé
yes deux Puissances réuniroient leurs Fotes
observer les mouvemens de celle de la Czaet s'opposer aux entreprises que cette Prin-
, ou ses Alliez pourroient faire sur les Etats Roy de Suede ou du Roy de Dannemarc.
Fermer
Résumé : DE POLOGNE.
En avril 1722, plusieurs événements diplomatiques et militaires se déroulent en Pologne et dans les pays voisins. Le roi de Pologne arrive à Varsovie, tandis que des courriers entre Berlin et Saint-Pétersbourg annoncent une négociation pour une triple alliance entre l'empereur, la czarine et le roi de Prusse. Cette alliance vise à garantir et défendre réciproquement leurs États contre toute puissance étrangère. Le roi de Pologne envoie un officier à Saint-Pétersbourg pour demander à la czarine de retirer ses troupes des environs de la Curlande, craignant des tensions. Les Moscovites ne semblent pas prêts à se retirer, poussant les Sénateurs à mobiliser les troupes de la Couronne. Par ailleurs, un traité d'alliance entre les rois de Suède et de Danemark prévoit l'union de leurs forces pour surveiller les mouvements de la czarine et s'opposer à toute entreprise contre leurs États.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
18
p. 998
DE POLOGNE.
Début :
Il a été résolu dans le Conseil des Sénateur, de [...]
Mots clefs :
Pologne, Charges
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE POLOGNE.
DE POL OG NE.
£ a été résolu dans le Conseil des Sénateurs ;
de construire un nouveau Pont de bois sur la
Vistule; et pour contribuer aux frais extraordinaires de ce Pont , on y employera une année
du revenu des Charges qui vaquent actuellement
ou qui viendront à vaquer ; les nouveaux Pala- tins de Culmi er de Cracovie , er le nouveau
Grand- Maréchal de la Cour , qui ont obtenu
leurs Charges avant cette déliberation , n'y con- tribueront que de la moitié des revenus de leurs
Charges.
Il y a eu depuis peu une émotion populaire à
Jarnowo , dans la grande Pologne , à l'occasion
de quelques ordres qu'on vouloit executer contre les Protestans de cette petite Ville. L'Official
de Camin qui s'y étoit rendu , accompagné d'un Chanoine et de deux autres Ecclesiastiques , y
24 fut maltraité , et il est mort quelques jours après
des coups qu'il avoit reçus ; ona appris depuis
qu'un grand nombre de Catholiques des environs étoient entrez en armes dans cette Ville ,
avoient obligé les Protestans d'abattre eux- mêmes leur Eglise , et en avoient emmené avec eux
les principaux , à la réserve de leur Ministre qui s'étoit sauvé.
•
£ a été résolu dans le Conseil des Sénateurs ;
de construire un nouveau Pont de bois sur la
Vistule; et pour contribuer aux frais extraordinaires de ce Pont , on y employera une année
du revenu des Charges qui vaquent actuellement
ou qui viendront à vaquer ; les nouveaux Pala- tins de Culmi er de Cracovie , er le nouveau
Grand- Maréchal de la Cour , qui ont obtenu
leurs Charges avant cette déliberation , n'y con- tribueront que de la moitié des revenus de leurs
Charges.
Il y a eu depuis peu une émotion populaire à
Jarnowo , dans la grande Pologne , à l'occasion
de quelques ordres qu'on vouloit executer contre les Protestans de cette petite Ville. L'Official
de Camin qui s'y étoit rendu , accompagné d'un Chanoine et de deux autres Ecclesiastiques , y
24 fut maltraité , et il est mort quelques jours après
des coups qu'il avoit reçus ; ona appris depuis
qu'un grand nombre de Catholiques des environs étoient entrez en armes dans cette Ville ,
avoient obligé les Protestans d'abattre eux- mêmes leur Eglise , et en avoient emmené avec eux
les principaux , à la réserve de leur Ministre qui s'étoit sauvé.
•
Fermer
Résumé : DE POLOGNE.
Le Conseil des Sénateurs a décidé de construire un nouveau pont de bois sur la Vistule. Pour financer ce projet, une année de revenu des charges vacantes ou à venir sera utilisée. Les nouveaux détenteurs des charges de Palatin de Culm, de Palatin de Cracovie et de Grand-Maréchal de la Cour, nommés avant cette délibération, contribueront seulement à hauteur de la moitié des revenus de leurs charges. Récemment, une émeute populaire a eu lieu à Jarnowo, en grande Pologne, à la suite de l'exécution d'ordres contre les protestants de cette ville. L'official de Camin, accompagné d'un chanoine et de deux autres ecclésiastiques, a été maltraité et est décédé quelques jours plus tard des blessures reçues. Il a été révélé par la suite qu'un grand nombre de catholiques des environs étaient entrés en armes dans la ville, avaient forcé les protestants à démolir leur église et avaient emmené les principaux protestants, à l'exception de leur ministre qui avait pris la fuite.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
19
p. 1224
DE POLOGNE.
Début :
Les Lettres de Mittau portent que le bruit y couroit [...]
Mots clefs :
Pologne, Princesse grosse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE POLOGNE.
DE POLOGNE.
Es Lettres de Mittau portent que le bruit y
LEScouroit que la Princesse Epouse du Duc Fer- dinand de Curlande , étoit grosse , mais que le
Prince son Epoux ne l'avoit pas encore déclaré
publiquement..
Il y a eu une émotion populaire à Bichow , à
l'occasion d'une Eglise des Grecs , dont les Catholiques de cette Ville se sont emparez. Les deux
partis ayant pris les armes , il y a eu plusieurs .
personnes de tuées de part et d'autre..
Le Roy a fait dresser un compte exact de tou
tes les sommes qu'il a tirées des Etats d'Allemagne pour les besoins de ce Royaume , ce qui fait croire que S. M. s'est proposée d'en demander le
remboursement à la République..
OFF
Es Lettres de Mittau portent que le bruit y
LEScouroit que la Princesse Epouse du Duc Fer- dinand de Curlande , étoit grosse , mais que le
Prince son Epoux ne l'avoit pas encore déclaré
publiquement..
Il y a eu une émotion populaire à Bichow , à
l'occasion d'une Eglise des Grecs , dont les Catholiques de cette Ville se sont emparez. Les deux
partis ayant pris les armes , il y a eu plusieurs .
personnes de tuées de part et d'autre..
Le Roy a fait dresser un compte exact de tou
tes les sommes qu'il a tirées des Etats d'Allemagne pour les besoins de ce Royaume , ce qui fait croire que S. M. s'est proposée d'en demander le
remboursement à la République..
OFF
Fermer
Résumé : DE POLOGNE.
En Pologne, des rumeurs évoquent la grossesse de la Princesse de Curlande. À Bichow, des violences ont éclaté entre catholiques et grecs orthodoxes pour une église, causant plusieurs morts. Le Roi a dressé un inventaire des sommes levées en Allemagne pour le Royaume, envisageant un remboursement par la République.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
20
p. 1423-1424
DE POLOGNE.
Début :
Ce ne sont point les Catholiques de Bichow qui se [...]
Mots clefs :
Pologne, Comte de Sapicha
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE POLOGNE.
DE POLOGNE.
E ne sont point les Catholiques de Bichow
Cqui se sont emparez par force de l'Eglise
des Grecs de cette Ville , comme le bruit s'en
étoit répandu d'abord : les Grecs au contraire ,
sont les premiers auteurs du tumulte dont nous
avons parlé , et on a pris contre eux des mesures
pour les punir de cette violence .
Le Comte de Sapicha , fils unique du Palatin
de Poldachie , qui étoit venu passer quelques
jours à Warsovie, où il étoit logé dans le Palais de la Comtesse de Wiloposka , se tua au commencement de ce mois d'un coup de pistolet ,
sans qu'on ait pû découvrir le sujet de son désespoir.
Le bruit qui s'étoit répandu de la grossesse de
I.Vola la
7424 MERCURE DE FRANCE
laPrincesse épouse du Duc Ferdinand deCurlan.·
de , étoit sans fondement
E ne sont point les Catholiques de Bichow
Cqui se sont emparez par force de l'Eglise
des Grecs de cette Ville , comme le bruit s'en
étoit répandu d'abord : les Grecs au contraire ,
sont les premiers auteurs du tumulte dont nous
avons parlé , et on a pris contre eux des mesures
pour les punir de cette violence .
Le Comte de Sapicha , fils unique du Palatin
de Poldachie , qui étoit venu passer quelques
jours à Warsovie, où il étoit logé dans le Palais de la Comtesse de Wiloposka , se tua au commencement de ce mois d'un coup de pistolet ,
sans qu'on ait pû découvrir le sujet de son désespoir.
Le bruit qui s'étoit répandu de la grossesse de
I.Vola la
7424 MERCURE DE FRANCE
laPrincesse épouse du Duc Ferdinand deCurlan.·
de , étoit sans fondement
Fermer
Résumé : DE POLOGNE.
En Pologne, les Grecs ont provoqué un tumulte à Bichow et des mesures punitives ont été prises. Le Comte de Sapicha s'est suicidé à Varsovie, au Palais de la Comtesse de Wiloposka. Les rumeurs sur la grossesse de la Princesse, épouse du Duc Ferdinand de Curlan, sont infondées.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
21
p. 1850-1856
POLOGNE.
Début :
Le 31 Juillet, le Roi fit donner l'ordre de décamper à l'armée qui occupe le Camp de Villanova [...]
Mots clefs :
Camp de Villanova, Pologne, Klingenberg, Infanterie, Palatin de Mazovie, Canon, Camp, Bataillons, Ligne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE.
E 31 Juillet, le Roi fit donner l'ordre de décam
à
nova , près de Warsovie. On batit la Generale
et les Uhlans Tartares, la nouvelle Grande- Garde
et les Quartiers-Maîtres et Fourriers des Régimens respectifs , se rendirent sur le chemin du
nouveau Camp , et attendirent près de l'Hôpital
de Czerniakow , le Quartier - Maître General.
L'Armée ayant plié ses Tentes , se rangea en
bataille à la tête du Camp ' , et se mit ensuite en
marche sur cinq Colonnes ; 2 de Cavalerie et 3
d'Infanterie. La Colonne de la droite , comman- dée
A OUST 1732. 1851
dée par le Major General Klingenberg , étoit
composée de 8 Escadrons de Gotha et de Nassau , celle de la gauche , commandée par le Major General Mir ,
de 4 Escadrons du Régiment
de Mir, et de 4 Escadrons , détachez de differens '
Regimens de la Couronne.
La Colonne d'Infanterie de la droite , commandée par le Pr. Czartoriski , Palatin de Russie, consistoit en un Bataillon de Grenadiers , er
en deux des Gardes de la Couronne ; celle de la
gauche , commandée par le Major General Campenhausen , étoit composée d'un Bataillon de
Grenadiers,da 3e des Gardes de la Couronne, et
des Gardes de Lithuanie et celle du Centre
commandée par le Major General Flemming ,
du Bataillon de Flemming , et de ceux de Denhof et de Frise..
;
Les Colonnes de la droite défilerent par la
gauche , et celles de la gauche par la droite. Les
Bagages de chaque Colonne marchoient à la
queue , selon l'ordre des Corps qui la formoient,.
et la vieille grande Garde faisoit l'Arriere- Garde de tout.
"
Le Palatin de Mazovie , Regimentaire , marchoit à la tête de la Colonne du Centre , il étoit
suivi du Lieutenant General Comte de Denhof,
et on portoit devant lui le Bonzouk , ( c'est une
marque d'honneur , faite en forme de queue de Cheval attachée au bout d'une espece de Pique.) Il a été placé dans le nouveau Camp , entre
·les Drapeaux du centre ; mais comme le Roy en
´a aussi un devant son Pavillon , on le portera:
devant S.M. lorsqu'elle ira au Camp ; et alors on
baissera le Bonzoux du Regimentaire. Les trois
Colonnes d'Infanterie furent obligées de se rejoindre à quelque distance du vieux Camp pour
passer une Digue; mais après l'avoir passée ,.
Havj elless
1852 MERCURE DE FRANCE
!
elles se remirent dans leur premier ordre de Bataille , et s'arrêterent au lieu marqué, pour attendre les signaux.
le
Le Roy ayant fait donner le premier signal ,
par un coup de Canon , tiré de son Pavillon ,
Quartier- Maître - General alla reconnoître le
Camp, passa la nouvelle grande- Garde ; et ayant
distribué le terrain aux Quartiers-Maîtres des
Regimens , les Fouriers tracerent le Camp.
Pendant ce temps- là les Uhlans firent plusieurs
courses à la tête du Camp, imitant des Détachemens ennemis qui se rencontrent. Au second signal , les Colonnes se mirent en mouvement,
L'Artillerie composée de 38. Canons , et de 4
Mortiers , marcha à la queue de la Colonne du
centre , et elle étoit fermée par une Compagnie
franche de Dragons , qui lui est attachée.
L'Armée étant arrivée au terrain tracé , se mit
en Bataille à la tête du nouveau Camp , dans le
même ordre où elle avoit été rangée avant de
partir de l'autre , et au 3e signal elle entra dans le Camp; les Equipages y entrerent aussi par la
queue. L'Artillerie forma son Parc derriere le Bataillon du Centre. Dès que l'Armée fut entrée, la Cour passa à l'autre face du Pavillon, et vit faire l'Exercice aux grands Mousquetaires ,
et immédiatement après on vit toutes les Tentes
tendues , &c.
Le 2 Aoust on fit la Revûë generale de l'Armée après ; sitôt eut battu la Generale , l'Assemblée et le Bouteselle , chaque Corps se rangea à
la tête de son Camp; et après que l'ordre de marcher eut été donné , toute l'Armée s'avança vers
la Place d'armes , à 150 pas , devant le front du
Camp. Chaque Bataillon avoit 2 Pieces de Campagne avec un Chariot de Munitions, qui étoient
rangez
A O UST. 1732. 1853
噶
rangez en ordre de Bataille , dans les intervales
de l'Infanterie.
Les 38 Pieces de grosse Artillerie "sortirent en
même-temps de leur Parc , avec leurs Canoniers
et Fuzeliers , et se rangerent en 2 Colonnes, cent
pas derriere le Bataillon du centre de l'Armée ;
leurs Timbales étoient posées à leur droite , sur
un Char , traîné par 4 Chevaux de front , la
Compagnie de Dragons attachée à l'Artillerie ,
étant rangée à la gauche.
Les grands Mousquetaires étoient venus de
leur Camp du quartier du Roy, joindre la droite
de l'armée , et les 2 Compagnies des Comtes de Rutouski et Prominitz se rangerent à la droite ;
et à la gauche des Tentes destinées pour la Cour.
Quand tout fut en ordre , le Regimentaire le
fit sçavoir au Roy , qui précédé de son Bon- ZOUK se rendit à la droite de l'Armée; elle y fut
reçue par le Régimentaire , qui ayant pris la droite du Roy , pour lui laisser la vûë de la Ligne , le conduisit le long du front de la queue de l'Armée , pour passer devant l'Artillerie.
Quand S. M. tourna à la queue de la Ligne, le
dernier rang de la Cavalerie et les 2 derniers de
I'Infanterie firent face. Le Roy ayant regagné la
droite de l'Armée , le Régimentaire conduisit S.
M. aux Tentes qui lui étoient préparées , et re- tourna à l'Armée ordonner les feux de salut.
Ils commencerent par les Pieces de Campagne,
qui tirerent dans les intervalles où elles étoient rangées , l'une après l'autre , de la droite à la
gauche, ensuite la grosse Artillerie de la gauche
à la droite , et enfin le feu coulant de toute l'Armée de la droite à la gauche. Tout ce feu se répeta deux autres fois ; la premiere , de la gauche à la droite ; et la seconde de la droite à la
gauche,
;
Ensuite
1854 MERCURE DE FRANCE
Ensuire au signal donné avec le Canon , toute
la Ligne fit la conversion à droite , par Brigades.
et demi division , excepté la Compagnie des.
grands Mousquetaires , qui marcha en avant , et
qui par une conversion à gauche se trouva sur la
Ligne , où l'Armée devoit passer devant le Roy.
Le Régimentaire , précédé de son Bonzouk, marcha à la tête de toute l'Armée; le General Comte
de Denhofà la tête de l'Infanterie , et les Majors
Generaux à la tête de leurs Brigades. Les deux
Pieces de Campagne , et le Chariot de Munitions
marchoient à la tête de chaque Bataillon; la grosse Artillerie suivit la Ligne , et toute la marche
fut fermée par la Compagnie de Dragons , atta-
´chée à l'Artillerie. L'Armée s'étant remise en
marche sur son premier Terrain , rentra dans le
Camp.. Le 3 , le Roy celebra la Fête de l'Ordre de
l'Aigle blanc , les Chevaliers qui se trouverent à
portée , eurent l'honneur de dîner avec S. M. quifit ce jour-là 4 nouveaux Chevaliers.
Le 4 , P'Infanterie fit l'Exercice sur la Place
d'Arines ; les Grenadiers détachez» de l'Armée , -
qui composoient deux Bataillons , se joignirent.
leurs Corps , et formerent deux Pelotons sur
chaque aîle de leurs Bataillons. Le General ayant
averti par un signal de 2 coups de Canon que l'Infanterie étoit en Bataille , le Roy par un autre coup de Canon , lui donna le signal de se
mettre en marche , ce qu'elle fit sur 3 Colonnes dans l'ordre suivant.
Les 2 Bataillons des Gardes de la Couronne
et celui de Flemming , formoient la Colonne de
la droite. Le 3e Bataillon des Gardes de la Couronne, celui de Denhof, et les Gardes de Lithua
nie formoient la Colonne de la gauche , et le
Bataillon de Frise , renforcé de la Compagnie
détachée
AOUST. 1732. 1855
.
détachée du Régiment de Campenhausen, for→
moit celle du centre.
3
Les Colonnes s'avancerent en même · temps.
par demi division vers le Pavillon , et la Colon ne du centre s'étant arrêtée à une distance marquée , celles de la droite et de la gauche continuerent leur marche ; et étant arrivées à 40 pas
de la Batterie du Pavillon , la tête de celle de la
droite fit la conversion à droite et celle de la gauche la fit à gauche , pour former des Flancs.
Le premier Bataillon des Gardes de la Couronne formoit le flanc de la droite , et celui des
Gardes de Lithuanie celui de la gauche. La Colonne du centre , dont la tête étoit en ligne avec
la queue des 2 autres Colonnes, forma en même..
temps une Phalange.
Par un second signal , les demi Divisions for❤
merent à droite et à gauche des Bataillons , et la
Colonne du Centre rompit en même- temps sa.
Phalange, en faisant joindre aux deux demi-Divisions de la tête celles qui formoient les flancs de
la Phalange.
Par un troisiéme signal , la queue des Colonnes de la droitê et de la gauche , vint se joindre aux Aîles du Bataillon du centre.
Après ce mouvement , les Bataillons étant en
parade , presenterent les Armes , et les Officiers
saluerent de pied ferme , après quoi on donna
Pavertissement pour le maniement des Armes quis se fit au son du Tambour, et fut suivi de 3 feux..
Le fut le feu coulant de la droite à la gauche ;
ensuite le feu de Chaîne par demi Bataillon , et
enfin une décharge generale de toute l'Infante- rie.
I
Par un quatriéme signal , tous les Bataillons.
défilerent à droite et à gauche par demi - Division , et celui du centre se partagea en deux
pour
1856 MERCURE DE FRANCE
pour suivre la queue des trois Bataillons de la
droite , et des trois de la gauche, qui se mirent en
marche sur 2 Colonnes , pour passer devant le
Roy. La droite et la gauche des flancs formant
les têtes des Colonnes qui s'avancerent en mêmetemps , étant vis à-vis le Pavillon , les Officiers
saluerent , et par une autre conversion , à droite
et à gauche , les Colonnes retournerent par la
centre , et se remirent en marche sur une seule
Ligne.
Par un cinquiéme signal , l'Infanterie sur une Ligne fit feu par demi Division sur la Place , et
en avançant , et par un sixiéme signal , elle fit
demi tour à droite pour se retirer au Camp , et
continua à faire feu pendant la retraite.
E 31 Juillet, le Roi fit donner l'ordre de décam
à
nova , près de Warsovie. On batit la Generale
et les Uhlans Tartares, la nouvelle Grande- Garde
et les Quartiers-Maîtres et Fourriers des Régimens respectifs , se rendirent sur le chemin du
nouveau Camp , et attendirent près de l'Hôpital
de Czerniakow , le Quartier - Maître General.
L'Armée ayant plié ses Tentes , se rangea en
bataille à la tête du Camp ' , et se mit ensuite en
marche sur cinq Colonnes ; 2 de Cavalerie et 3
d'Infanterie. La Colonne de la droite , comman- dée
A OUST 1732. 1851
dée par le Major General Klingenberg , étoit
composée de 8 Escadrons de Gotha et de Nassau , celle de la gauche , commandée par le Major General Mir ,
de 4 Escadrons du Régiment
de Mir, et de 4 Escadrons , détachez de differens '
Regimens de la Couronne.
La Colonne d'Infanterie de la droite , commandée par le Pr. Czartoriski , Palatin de Russie, consistoit en un Bataillon de Grenadiers , er
en deux des Gardes de la Couronne ; celle de la
gauche , commandée par le Major General Campenhausen , étoit composée d'un Bataillon de
Grenadiers,da 3e des Gardes de la Couronne, et
des Gardes de Lithuanie et celle du Centre
commandée par le Major General Flemming ,
du Bataillon de Flemming , et de ceux de Denhof et de Frise..
;
Les Colonnes de la droite défilerent par la
gauche , et celles de la gauche par la droite. Les
Bagages de chaque Colonne marchoient à la
queue , selon l'ordre des Corps qui la formoient,.
et la vieille grande Garde faisoit l'Arriere- Garde de tout.
"
Le Palatin de Mazovie , Regimentaire , marchoit à la tête de la Colonne du Centre , il étoit
suivi du Lieutenant General Comte de Denhof,
et on portoit devant lui le Bonzouk , ( c'est une
marque d'honneur , faite en forme de queue de Cheval attachée au bout d'une espece de Pique.) Il a été placé dans le nouveau Camp , entre
·les Drapeaux du centre ; mais comme le Roy en
´a aussi un devant son Pavillon , on le portera:
devant S.M. lorsqu'elle ira au Camp ; et alors on
baissera le Bonzoux du Regimentaire. Les trois
Colonnes d'Infanterie furent obligées de se rejoindre à quelque distance du vieux Camp pour
passer une Digue; mais après l'avoir passée ,.
Havj elless
1852 MERCURE DE FRANCE
!
elles se remirent dans leur premier ordre de Bataille , et s'arrêterent au lieu marqué, pour attendre les signaux.
le
Le Roy ayant fait donner le premier signal ,
par un coup de Canon , tiré de son Pavillon ,
Quartier- Maître - General alla reconnoître le
Camp, passa la nouvelle grande- Garde ; et ayant
distribué le terrain aux Quartiers-Maîtres des
Regimens , les Fouriers tracerent le Camp.
Pendant ce temps- là les Uhlans firent plusieurs
courses à la tête du Camp, imitant des Détachemens ennemis qui se rencontrent. Au second signal , les Colonnes se mirent en mouvement,
L'Artillerie composée de 38. Canons , et de 4
Mortiers , marcha à la queue de la Colonne du
centre , et elle étoit fermée par une Compagnie
franche de Dragons , qui lui est attachée.
L'Armée étant arrivée au terrain tracé , se mit
en Bataille à la tête du nouveau Camp , dans le
même ordre où elle avoit été rangée avant de
partir de l'autre , et au 3e signal elle entra dans le Camp; les Equipages y entrerent aussi par la
queue. L'Artillerie forma son Parc derriere le Bataillon du Centre. Dès que l'Armée fut entrée, la Cour passa à l'autre face du Pavillon, et vit faire l'Exercice aux grands Mousquetaires ,
et immédiatement après on vit toutes les Tentes
tendues , &c.
Le 2 Aoust on fit la Revûë generale de l'Armée après ; sitôt eut battu la Generale , l'Assemblée et le Bouteselle , chaque Corps se rangea à
la tête de son Camp; et après que l'ordre de marcher eut été donné , toute l'Armée s'avança vers
la Place d'armes , à 150 pas , devant le front du
Camp. Chaque Bataillon avoit 2 Pieces de Campagne avec un Chariot de Munitions, qui étoient
rangez
A O UST. 1732. 1853
噶
rangez en ordre de Bataille , dans les intervales
de l'Infanterie.
Les 38 Pieces de grosse Artillerie "sortirent en
même-temps de leur Parc , avec leurs Canoniers
et Fuzeliers , et se rangerent en 2 Colonnes, cent
pas derriere le Bataillon du centre de l'Armée ;
leurs Timbales étoient posées à leur droite , sur
un Char , traîné par 4 Chevaux de front , la
Compagnie de Dragons attachée à l'Artillerie ,
étant rangée à la gauche.
Les grands Mousquetaires étoient venus de
leur Camp du quartier du Roy, joindre la droite
de l'armée , et les 2 Compagnies des Comtes de Rutouski et Prominitz se rangerent à la droite ;
et à la gauche des Tentes destinées pour la Cour.
Quand tout fut en ordre , le Regimentaire le
fit sçavoir au Roy , qui précédé de son Bon- ZOUK se rendit à la droite de l'Armée; elle y fut
reçue par le Régimentaire , qui ayant pris la droite du Roy , pour lui laisser la vûë de la Ligne , le conduisit le long du front de la queue de l'Armée , pour passer devant l'Artillerie.
Quand S. M. tourna à la queue de la Ligne, le
dernier rang de la Cavalerie et les 2 derniers de
I'Infanterie firent face. Le Roy ayant regagné la
droite de l'Armée , le Régimentaire conduisit S.
M. aux Tentes qui lui étoient préparées , et re- tourna à l'Armée ordonner les feux de salut.
Ils commencerent par les Pieces de Campagne,
qui tirerent dans les intervalles où elles étoient rangées , l'une après l'autre , de la droite à la
gauche, ensuite la grosse Artillerie de la gauche
à la droite , et enfin le feu coulant de toute l'Armée de la droite à la gauche. Tout ce feu se répeta deux autres fois ; la premiere , de la gauche à la droite ; et la seconde de la droite à la
gauche,
;
Ensuite
1854 MERCURE DE FRANCE
Ensuire au signal donné avec le Canon , toute
la Ligne fit la conversion à droite , par Brigades.
et demi division , excepté la Compagnie des.
grands Mousquetaires , qui marcha en avant , et
qui par une conversion à gauche se trouva sur la
Ligne , où l'Armée devoit passer devant le Roy.
Le Régimentaire , précédé de son Bonzouk, marcha à la tête de toute l'Armée; le General Comte
de Denhofà la tête de l'Infanterie , et les Majors
Generaux à la tête de leurs Brigades. Les deux
Pieces de Campagne , et le Chariot de Munitions
marchoient à la tête de chaque Bataillon; la grosse Artillerie suivit la Ligne , et toute la marche
fut fermée par la Compagnie de Dragons , atta-
´chée à l'Artillerie. L'Armée s'étant remise en
marche sur son premier Terrain , rentra dans le
Camp.. Le 3 , le Roy celebra la Fête de l'Ordre de
l'Aigle blanc , les Chevaliers qui se trouverent à
portée , eurent l'honneur de dîner avec S. M. quifit ce jour-là 4 nouveaux Chevaliers.
Le 4 , P'Infanterie fit l'Exercice sur la Place
d'Arines ; les Grenadiers détachez» de l'Armée , -
qui composoient deux Bataillons , se joignirent.
leurs Corps , et formerent deux Pelotons sur
chaque aîle de leurs Bataillons. Le General ayant
averti par un signal de 2 coups de Canon que l'Infanterie étoit en Bataille , le Roy par un autre coup de Canon , lui donna le signal de se
mettre en marche , ce qu'elle fit sur 3 Colonnes dans l'ordre suivant.
Les 2 Bataillons des Gardes de la Couronne
et celui de Flemming , formoient la Colonne de
la droite. Le 3e Bataillon des Gardes de la Couronne, celui de Denhof, et les Gardes de Lithua
nie formoient la Colonne de la gauche , et le
Bataillon de Frise , renforcé de la Compagnie
détachée
AOUST. 1732. 1855
.
détachée du Régiment de Campenhausen, for→
moit celle du centre.
3
Les Colonnes s'avancerent en même · temps.
par demi division vers le Pavillon , et la Colon ne du centre s'étant arrêtée à une distance marquée , celles de la droite et de la gauche continuerent leur marche ; et étant arrivées à 40 pas
de la Batterie du Pavillon , la tête de celle de la
droite fit la conversion à droite et celle de la gauche la fit à gauche , pour former des Flancs.
Le premier Bataillon des Gardes de la Couronne formoit le flanc de la droite , et celui des
Gardes de Lithuanie celui de la gauche. La Colonne du centre , dont la tête étoit en ligne avec
la queue des 2 autres Colonnes, forma en même..
temps une Phalange.
Par un second signal , les demi Divisions for❤
merent à droite et à gauche des Bataillons , et la
Colonne du Centre rompit en même- temps sa.
Phalange, en faisant joindre aux deux demi-Divisions de la tête celles qui formoient les flancs de
la Phalange.
Par un troisiéme signal , la queue des Colonnes de la droitê et de la gauche , vint se joindre aux Aîles du Bataillon du centre.
Après ce mouvement , les Bataillons étant en
parade , presenterent les Armes , et les Officiers
saluerent de pied ferme , après quoi on donna
Pavertissement pour le maniement des Armes quis se fit au son du Tambour, et fut suivi de 3 feux..
Le fut le feu coulant de la droite à la gauche ;
ensuite le feu de Chaîne par demi Bataillon , et
enfin une décharge generale de toute l'Infante- rie.
I
Par un quatriéme signal , tous les Bataillons.
défilerent à droite et à gauche par demi - Division , et celui du centre se partagea en deux
pour
1856 MERCURE DE FRANCE
pour suivre la queue des trois Bataillons de la
droite , et des trois de la gauche, qui se mirent en
marche sur 2 Colonnes , pour passer devant le
Roy. La droite et la gauche des flancs formant
les têtes des Colonnes qui s'avancerent en mêmetemps , étant vis à-vis le Pavillon , les Officiers
saluerent , et par une autre conversion , à droite
et à gauche , les Colonnes retournerent par la
centre , et se remirent en marche sur une seule
Ligne.
Par un cinquiéme signal , l'Infanterie sur une Ligne fit feu par demi Division sur la Place , et
en avançant , et par un sixiéme signal , elle fit
demi tour à droite pour se retirer au Camp , et
continua à faire feu pendant la retraite.
Fermer
Résumé : POLOGNE.
Le 31 juillet, le roi ordonna à l'armée de quitter Nova, près de Varsovie. Les troupes se disposèrent en cinq colonnes : deux de cavalerie et trois d'infanterie. La colonne de droite, dirigée par le Major General Klingenberg, comprenait 8 escadrons de Gotha et de Nassau. La colonne de gauche, sous le commandement du Major General Mir, incluait 4 escadrons du Régiment de Mir et 4 escadrons de divers régiments de la Couronne. Les colonnes d'infanterie étaient commandées par le Prince Czartoriski, le Major General Campenhausen et le Major General Flemming. Les colonnes de droite avancèrent par la gauche et celles de gauche par la droite. Les bagages suivaient à l'arrière de chaque colonne, et la vieille grande garde formait l'arrière-garde. Le Palatin de Mazovie, régimentaire, menait la colonne du centre, suivi du Lieutenant General Comte de Denhof portant le Bonzouk, une marque d'honneur. Après avoir traversé une digue, les colonnes se remirent en ordre de bataille et attendirent les signaux. Le roi donna le premier signal par un coup de canon, et le Quartier-Maître Général reconnut le camp. L'artillerie, composée de 38 canons et 4 mortiers, suivit la colonne du centre, fermée par une compagnie de dragons. L'armée se mit en bataille à la tête du nouveau camp et y entra au troisième signal. Le 2 août, une revue générale de l'armée fut organisée. Les troupes se rangèrent à la tête de leur camp et avancèrent vers la place d'armes. Les pièces de campagne et l'artillerie se disposèrent en ordre de bataille. Le roi, précédé de son Bonzouk, passa en revue l'armée et regagna sa tente. Des feux de salut furent tirés par les pièces de campagne et l'artillerie, suivis d'un feu coulant de toute l'armée. L'armée effectua ensuite une conversion à droite et passa devant le roi. Le 3 août, le roi célébra la fête de l'Ordre de l'Aigle blanc. Le 4 août, l'infanterie fit l'exercice sur la place d'armes, effectuant divers mouvements et tirs en présence du roi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
22
p. 2045-2054
POLOGNE. / Du Camp de Villa-Nova. Suite du Journal.
Début :
Le bruit est commun à Warsovie, que les Maisons de Saxe et de Baviere avoient signé [...]
Mots clefs :
Pologne, Camp de Villanova, Mousquetaires, Armée, Compagnies
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE. / Du Camp de Villa-Nova. Suite du Journal.
POLOGNE.
E bruit est commun à Warsovie , que les
Maisons de Saxe et de Baviere avoient signé
depuis peu un nouveau Traité d'amitié pour la sûreté de leurs interêts communs.
Du Camp de Villa - Nova.
Suite du Journal.
'Armée n'ayant fait aucun mouvement le s
L'Armée, fain ufu 1 pairel'exercice
à la Cavalerie. Les grands Mousquetaires étant
venus se ranger au front du Centre de l'Armée
et la Cavalerie des 2 aîles s'étant mise en Bataille par Compagnie , à la tête de son Camp , alla
se joindre aux grands Mousquetaires par une
contre-marche , à droite et à gauche. Le Regiment de Nassau , qui formoit la gauche de Paîle
droite , prit la gauche de toute la Cavalerie , et
fut remplacé par 4 Escadrons détachez.
Tout étant en ordre, le Regimentaire en donna
le signal par 2 coups de Canon; sur quoi le Roy
en fit tirer un, qui donna le signal pour l'exercice de la Cavalerie , rangée par Compagnies.
Celles qui étoient impaires , ayant marché 100
pas en avant , la Cavalerie parut sur 2 lignes , et ! les
2016 MERCURE DE FRANCE
les Compagnies paires ayant passé dans les in
tervalles de la premiere Ligne , formerent la leur
110 pas devant celle- ci. Chaque Ligne ayant fait
3 fois ce mouvement , la 2 Ligne remplit au
3e mouvement ; les intervalles de la premiere , et
les Compagnies paires ayant fait demi- tour à
droite , sur le même terrain , formerent la premiere ligne en retournant vers le Camp.
Les Compagnies impaires firent le même demitour à droite , passant dans les intervalles de la
premiere Ligne ; en sorte que les deux Lignes
s'entrepasserent , comme elles avoient fait , en
venant vers le Pavillon , et à chaque fois qu'elfes s'arrêterent , elles firent demi - tour à droite
sur la Place, pour faire face au Pavillon du Roy, "
qui est scitué sur une Butte , dite des Lapins ; il
est occupé par S. M. depuis que ce Camp est formé.
Les Compagnies impaires de la 2e Ligne , ne passerent en retournant que 2 fois dans les Intervalles , afia de rester derricre les Compagnies
paires , qui alors formoient la premiere Ligne
laquelle ayant fait demi- tour à droite , rentra
dans le Pavillon ; et par ce dernier mouvement ,
la Cavalerie se retrouva sur une Ligne , comme
elle avoit été au commencement.
Les 8 Escadrons de la droite ayant ensuite fait
un mouvement à droite par Compagnies , & les
8 Escadrons de la gauche en ayant fait un autre
à gauche , ils marcherent quelques pas ; après
quoi la droite fit la conversion à gauche , et la
gauche à droite, pour venir en 2 colones vers le
Pavillon. Les grands Mousquetaires resterent à
leur place , et y furent dans l'inaction jusqu'au mouvement du centre. Les 2 Colones étant arrivées à une certaine distance , par une conversion
SEPTEMBRE. 1732. 2047
sion à droite et à gauche , formerent deux Lignes
qui se faisoient face et avoient le Flanc au Pavillon. Les Compagnies impaires de chaque Ligne ayant marché 80 pas en avant , chaque Ligne se partagea en 2 Lignes.
Les Trompettes ayant sonné la Charge , les 2
premieres Lignes marcheient l'une contre l'autres
elles s'entrepasserent dans les Intervalles , firent
demi tour à droite, se rechargerent une seconde
fois , et passerent dans les Intervalles des secondes I ignes, qui étoient déja en mouvement pour
se charger , et qui firent la même manœuvre
que ces premieres. Cette manoeuvre fut répétée
une seconde fois par l'une et l'autre Ligne. Les
secondes rentrerent ensuite dans les premieres ,
et par une conversion de chaque Ligne sur le
centre , elle se joignirent aux grands Mousque
taires , qui avoient marché en même temps en
avant ; en sorte que toute la Cavalerie se retrouva sur une même Ligne,faisant face au Pavillon.
·
Toute la Cavalerie , excepté les Mousquetaires qui resterent en place , ayant ensuite fait la
conversion à gauche par 4 Escadrons , où huit
Compagnies,forma 4 Lignes , qui marcherent en
avant , ayant le Pavillon à droite , qu'elles pas- serent, et ayant fait une conversion à droite elles
marcherent encore en avant jusqu'à une certaine
distance , où ces 4 Lignes ayant fait une autre
conversion à droite par Compagnies , formefent
4 Colones qui marcherent en avant , ayant le
Pavillon à gauche , et par une conversion par
Compagnie, formerent de nouveau 4 Lignes vis- à- vis du Pavillon. Les grands Mousquetaires
s'étoient avancez avant la marche des Colones
à une distance marquée pour se trouver au centre
des 4 Colones et des 4 Lignes.
Leg
2048 MERCURE DE FRANCE
Les 4 Lignes par un mouvement formerent un
Quarré, au Centre duquel étoient les Mousquetaires , et par une conversion à droite et à gau- che par Compagnie, les Troupes qui formoient le
Quarré se remirent en ordre pour le rompre , ce
qui se fit par une marche des Mousquetaires dans
Fenceinte. Ils furent suivis par le Regiment de Gog
tha, qui le fut du reste de la Cavalerie , et par plu
sieurs Marches en Coloñes faites dans l'enceinte ;
ils donnerent le temps au Quarté de se développer
et en sortirent pour passer devant le Pavillon.
Les Officiers saluerent le Roy et reconduisirent
leurs Troupes au Camp.
Le 8 , jour destiné pour l'exercice des Grenadiers , les deux Compagnies de Rutowki et ide
Promnitz, qui pendant tout l'exercice demeurerent unies , furent jointes à droite et à gauche
par les 8 Compagnies des deux Bataillons des
Grenadiers , et chaque Corps détacha ses Char
pentiers qui se rangerent à trois de hauteur , et formerent 4 Pelotons , 20 pas devant les Compagnies de Rutowki et de Promnitz.Les 10 Com,
pagnies de Grenadiers se rangerent sur 2 Lignes;
4 de ces Compagnies ; sçavoir , 3 des Cardes de
la Couronne , et une de celles de Lithuanie , s'ésant jointes à la droite et à la gauche de celles
de Rutowki et de Promnitz , firent la premiere
Ligne' ; et les 4 autres ; sçavoir , celles de Flemming, de Lublin , de Campenhausen et de Denhoff , formerent la seconde. Ce Corps étoit com mandé par le Major General le Prince de Czartoriski.
Au premier signal ordinaire , pour avertir le
Roy que tout étoit rangé , S. M. donna le sien
pour former la Phalange sur la droite. Les Charpentiers qui faisoient la pointe de la Phalange ,
ayant
SEPTEMBRE. 1732. 2049
Ayant marché en avant , les Compagnies de Rutowki et de Promnitz formerent la premiere
Ligne de la Phalange,celles de Lublin et de Campenhausen la seconde ; celles du second et du
troisiéme Bataillon des Gardes de la Couronne
la troisiéme , celles de Denhoff et de Flemining
la 4 , et celle du premier Bataillon des Gardes
de la Couronne avec celle des Gardes de Lithuanie la cinquième. La Phalange ainsi formée , elle
marcha dans cet ordre , vers le Pavillon , jusqu'à
une certaine distance,
Par un second signal , la Phalange se forma en
triangle par un demi-quart de conversion à gau- che et à droite des Corps qui la composoient, et
les Charpentiers passerent en même- temps à la
droite et à la gauche des Compagnies de Rutowki et de Promnitz qui marcherent en avant pour
prendre leur terrain. On fit ensuite le feu coulant
qui commença par l'Angle de la droite , et fut
répété par l'Angle de la gauche.
Par le troisiéme signal , les Troupes se remirent en Phalange , et chaque ligne fit une Salve
P'une après l'autre.
Au quatriéme signal , la Phalange se rompit
pour former 2 Lignes , ce qui s'exécuta ainsi.Les
4 Compagnies des Gardes marcherent en avant ,
et vinrent s'alligner avec celles de Rutowki et de
Promnitz , ce qui forma la premiere Ligne. Les
4 autres Compagnies marcherent aussi en avant
pour s'alligner avec les Charpentiers, ce qui forma la seconde Ligne ; et par une contre- imarche
à droite et à gauche , vers le Centre , les Compa
gnies qui formoient cette seconde Ligne, se trou- verent vis à- vis les Intervalles de la premiere, qui
cominença ensuite son feu par demi Compa
gnies , dont 2 rangs tirerent à la fois , ce qui se
Tépeta trois fois.
En
2050 MERCURE DE FRANCE
En même-temps que la premiere Ligne commençoit son feu , la seconde avança pas pas , et
ayant passé dans les Intervalles de la premiere
elle fit , 30 pas en avant , le même feu qu'avoit
fait la premiere Ligne ; celle- cy ayant repassé dans les Intervalles de la seconde Ligne , 30 pas
en avant , elle se prépara pour jetter les Grenanades , ce qui se fit par pelotons. Pendant cette
manœuvre , la seconde Ligue passa dans les Intervalles de la premiere , 20 pas en avant , et
jetta les Grenades de la même maniere.
Par le cinquiéme signal , les deux lignes formerent trois Brigades ; ce qui s'executa ainsi. La
Compagnie de la droite de la premiere Ligne
vint remplir l'Intervalle des deux Compagnies
de la droite de la seconde , ce qui forma la Brigade de la droite, La Compagnie de la droite de
la seconde ligne fit la même chose à l'égard de
la premiere , et forma ainsi la Brigade de la gauche ; ces 2 Brigades marcherent 40 pas en avant.
Les 2 autres Compagnies de la seconde ligne ,
joignirent la droite et la gauche de celles de Rutowki et de Promnitz , ce qui forma la Brigade
du Centre , qui passa dans l'Intervalle des deux
autres , 30 pas en avant , et les trois Brigades
s'étant mises sur une même ligne , toutes les
Compagnies jetterent en même-temps leurs Grenades , les Charpentiers s'étant placez à la droite
et à la gauche de ligne,
Au sixiéme signal , la ligne forma un zig-zag
à dix faces , avec un Drapeau sur chaque Angle.
Les Grenadiers ainsi rangez , firent le feu de
Haye , qui fut suivi d'une décharge generale ;
enfin les dix Compagnies s'étant remises sur une ligne par une conversion à droite par pelotons ,
se mirent en marche pour passer devant le Pavillon , et retourner au Camp.
LS
I
C
10
SEPTEMBRE. 1732. 2051
Le 9 , il n'y eut point de mouvement dans
l'Armée , et le 10 , jour destiné à l'exercice des
Piquiers,l'Infanterie ayant formé 9 Bataillons de
256 chacun , avec un Drapeau , un Officier de
P'Etat Major, 2 Capitaines , 6 Subalternes , 16
bas Officiers et 8 Tambours , chaque Bataillon se
rangea à la tête du Camp , en 8 pelotons , à 4 de
hauteur , de 32 hommes chacun. Les 2 Pelotons
du centre étoient de Piquiers. Ensuite chaque
Bataillon forma un Quarré plein , à 16 de hauteur et 16 de front , de sorte que les 64 Piquiers
formoient un Quarré dans le centre de celui du
Bataillon ,
par le
Les neuf Bataillons s'étant joints , se range,
rent à trois de hauteur et 8 de front ; ce qui forma un Quarré plein de 48 hommes de hauteur
et de 48 de front , chaque Bataillon ayant ses Piquiers au centre , et chaque file et chaque rang
étant à 3 pas de distance . Outre les Officiers
commandez à chaque Bataillon, il y avoit 4 Majors et 4 Ajudans. Les Majors se placerent aux
Angles du Quarré , qui étoit commandé
Major Ceneral Campenhausen.
Au signal donné du Quartier du Roy,le Quar
ré marcha dans cet ordre vers le Pavillon , jusqu'à une certaine distance , où le General Com- mandant ordonna les feux autour dn Quarré ,
qui se firent par les quatre premiers rangs , dont
le quatrième , qui s'étoit doublé dans le premier,
commença le feu ; s'étant retiré, il fut remplacé
par le troisiéme Rang; ensuite par le second , et puis par le premier ; ce qui se répeta trois fois
Après ce feu , le General fit occuper les 2 premiers Rangs autour du Quarré par les Piquiers
des coins et des faces des 8 Bataillons ; ce qui se
fir par une contre- marche de ceux- cy, et par unede
2052 MERCURE DE FRANCE
de ceux qui occuperent ces deux Rangs , et qui vinrent se ranger à la place des Piquiers. Le rèste de ces Piquiers , par une autre contre- marche
qui se fit en même-temps , formerent 2 Rangs
autour du Bataillon du Centre , celui cy gardant
ses Piquiers ne fit aucun mouvement.
Les Piquiers ainsi rangez , le General ordonna
le feu qui se fit par les 12 premiers Kangs , dont
doublerent dans les Rangs des Piquiers du tour
du Quarré , qui pendant les Salves , baisserent
tous leurs Piques , excepté ceux qui étoient dans
le centre ; ce feu se repeta 3 fois , et après le feu
des Rangs , on commanda la Salve generale de
tout le Quarré; ensuite on fit remettre les Piquiers
leur premiere place par les mêmes contie
marches qui la leur avoient fait quitter.
Par un second signal du Pavillon , le Quarré
se rompit en cette maniere ; Les 4 Bataillons des
coins ayant fait une contre- marche à droite et à
gauche , marcherent sur la ligne de la face qui
regardoit le Pavillon , et celle qui lui étoit op÷
posée , jusqu'à ce que leurs dernieres files fussent
3 pas hors du Quarre.
Au troisiéme signal , les deux Bataillons qui
étoient à droite et à gauche de celui du Centre ,
sortirent du Quarré par une contre - marche à
droite et à gauche , et marcherent jusqu'à ce que
leurs dernieers Files fussent 3 pas au delà des premieres Files des Bataillons des coins ; les 3 autres
Bataillons resterent en place , et après chaque
mouvement , les Bataillons faisoient face au Pavillon.
Au quatriéme signal , les 2 Bataillons des coins
qui faisoient face au Pavillon , ayant fait une
contre marche à droite et à gauche , marcherent
de nouveau sur la même ligne, jusqu'à ce que leurs
SEPTEMBRE. 1732. 2053
leurs dernieres Files fussent 3 pas au delà des 2
Bataillons , qui avoienr fait le dernier mouve ment.
Au cinquiéme signal , les 2 autres Bataillons
des Coins ayant marché en avant , jusqu'à ce
qu'ils fussent sur la ligne, qui faisoit face au Pa- villon , et le Batalllon du Centre , avec celui qui
étoit derriere , étant venu par une contre- marche se placer derriere les Intervalles de la droite
et de la gauche du Bataillon du Centre de la premiere ligne , en formerent une seconde avec les
deux autres Bataillons qui étoient demeurez cn
place.
Par un sixième signal , les 9 Bataillons se préparerent à se mettre à 8 de hauteur , ce qui se fit
ainsi : Les 4 Bataillons des aîles de la premiere
ligne , et les 4 qui formoient la seconde , gagne- rent , par une contre- marche à droite et à gauche,le terrain necessaire pour faire un plus grand
front , observant de garder toujours leurs trois
pas de distance ; après quoi , tous les Pelotons de
chaque Bataillon qui avoient doublé , se rangerent sur les Angles de leur Bataillon , et ceux de derriere ayant marché pour se joindre au Corps
dePiquiers, ils se trouverent à 8 de hauteur, ayant
ensuite doublé leurs rangs en avant , ils se trouverent à quatre de hauteur , les Officiers étant
à leurs places ordinaires. Au septiéme signal, les
4 Bataillons de la seconde ligne , ayant rempli
les Intervalles de la premiere , paiurent sur une
ligne, et le General ayant fait mettre les Piquiers
dans le quatrième rang , on commença les feux
qui finirent par une décharge geaerale ; les Piquiers présenterent leurs Piques pendant le feu.
Ces derniers étant ensuite rentrés dans le Centre,
toute la ligne fit la conversion à droite par PeloH tons
"
2054 MERCURE DE FRANCE
tons pour venir passer devant le Pavillon du
Roy, et s'enretourna au Camp , par la ligne da Centre.
E bruit est commun à Warsovie , que les
Maisons de Saxe et de Baviere avoient signé
depuis peu un nouveau Traité d'amitié pour la sûreté de leurs interêts communs.
Du Camp de Villa - Nova.
Suite du Journal.
'Armée n'ayant fait aucun mouvement le s
L'Armée, fain ufu 1 pairel'exercice
à la Cavalerie. Les grands Mousquetaires étant
venus se ranger au front du Centre de l'Armée
et la Cavalerie des 2 aîles s'étant mise en Bataille par Compagnie , à la tête de son Camp , alla
se joindre aux grands Mousquetaires par une
contre-marche , à droite et à gauche. Le Regiment de Nassau , qui formoit la gauche de Paîle
droite , prit la gauche de toute la Cavalerie , et
fut remplacé par 4 Escadrons détachez.
Tout étant en ordre, le Regimentaire en donna
le signal par 2 coups de Canon; sur quoi le Roy
en fit tirer un, qui donna le signal pour l'exercice de la Cavalerie , rangée par Compagnies.
Celles qui étoient impaires , ayant marché 100
pas en avant , la Cavalerie parut sur 2 lignes , et ! les
2016 MERCURE DE FRANCE
les Compagnies paires ayant passé dans les in
tervalles de la premiere Ligne , formerent la leur
110 pas devant celle- ci. Chaque Ligne ayant fait
3 fois ce mouvement , la 2 Ligne remplit au
3e mouvement ; les intervalles de la premiere , et
les Compagnies paires ayant fait demi- tour à
droite , sur le même terrain , formerent la premiere ligne en retournant vers le Camp.
Les Compagnies impaires firent le même demitour à droite , passant dans les intervalles de la
premiere Ligne ; en sorte que les deux Lignes
s'entrepasserent , comme elles avoient fait , en
venant vers le Pavillon , et à chaque fois qu'elfes s'arrêterent , elles firent demi - tour à droite
sur la Place, pour faire face au Pavillon du Roy, "
qui est scitué sur une Butte , dite des Lapins ; il
est occupé par S. M. depuis que ce Camp est formé.
Les Compagnies impaires de la 2e Ligne , ne passerent en retournant que 2 fois dans les Intervalles , afia de rester derricre les Compagnies
paires , qui alors formoient la premiere Ligne
laquelle ayant fait demi- tour à droite , rentra
dans le Pavillon ; et par ce dernier mouvement ,
la Cavalerie se retrouva sur une Ligne , comme
elle avoit été au commencement.
Les 8 Escadrons de la droite ayant ensuite fait
un mouvement à droite par Compagnies , & les
8 Escadrons de la gauche en ayant fait un autre
à gauche , ils marcherent quelques pas ; après
quoi la droite fit la conversion à gauche , et la
gauche à droite, pour venir en 2 colones vers le
Pavillon. Les grands Mousquetaires resterent à
leur place , et y furent dans l'inaction jusqu'au mouvement du centre. Les 2 Colones étant arrivées à une certaine distance , par une conversion
SEPTEMBRE. 1732. 2047
sion à droite et à gauche , formerent deux Lignes
qui se faisoient face et avoient le Flanc au Pavillon. Les Compagnies impaires de chaque Ligne ayant marché 80 pas en avant , chaque Ligne se partagea en 2 Lignes.
Les Trompettes ayant sonné la Charge , les 2
premieres Lignes marcheient l'une contre l'autres
elles s'entrepasserent dans les Intervalles , firent
demi tour à droite, se rechargerent une seconde
fois , et passerent dans les Intervalles des secondes I ignes, qui étoient déja en mouvement pour
se charger , et qui firent la même manœuvre
que ces premieres. Cette manoeuvre fut répétée
une seconde fois par l'une et l'autre Ligne. Les
secondes rentrerent ensuite dans les premieres ,
et par une conversion de chaque Ligne sur le
centre , elle se joignirent aux grands Mousque
taires , qui avoient marché en même temps en
avant ; en sorte que toute la Cavalerie se retrouva sur une même Ligne,faisant face au Pavillon.
·
Toute la Cavalerie , excepté les Mousquetaires qui resterent en place , ayant ensuite fait la
conversion à gauche par 4 Escadrons , où huit
Compagnies,forma 4 Lignes , qui marcherent en
avant , ayant le Pavillon à droite , qu'elles pas- serent, et ayant fait une conversion à droite elles
marcherent encore en avant jusqu'à une certaine
distance , où ces 4 Lignes ayant fait une autre
conversion à droite par Compagnies , formefent
4 Colones qui marcherent en avant , ayant le
Pavillon à gauche , et par une conversion par
Compagnie, formerent de nouveau 4 Lignes vis- à- vis du Pavillon. Les grands Mousquetaires
s'étoient avancez avant la marche des Colones
à une distance marquée pour se trouver au centre
des 4 Colones et des 4 Lignes.
Leg
2048 MERCURE DE FRANCE
Les 4 Lignes par un mouvement formerent un
Quarré, au Centre duquel étoient les Mousquetaires , et par une conversion à droite et à gau- che par Compagnie, les Troupes qui formoient le
Quarré se remirent en ordre pour le rompre , ce
qui se fit par une marche des Mousquetaires dans
Fenceinte. Ils furent suivis par le Regiment de Gog
tha, qui le fut du reste de la Cavalerie , et par plu
sieurs Marches en Coloñes faites dans l'enceinte ;
ils donnerent le temps au Quarté de se développer
et en sortirent pour passer devant le Pavillon.
Les Officiers saluerent le Roy et reconduisirent
leurs Troupes au Camp.
Le 8 , jour destiné pour l'exercice des Grenadiers , les deux Compagnies de Rutowki et ide
Promnitz, qui pendant tout l'exercice demeurerent unies , furent jointes à droite et à gauche
par les 8 Compagnies des deux Bataillons des
Grenadiers , et chaque Corps détacha ses Char
pentiers qui se rangerent à trois de hauteur , et formerent 4 Pelotons , 20 pas devant les Compagnies de Rutowki et de Promnitz.Les 10 Com,
pagnies de Grenadiers se rangerent sur 2 Lignes;
4 de ces Compagnies ; sçavoir , 3 des Cardes de
la Couronne , et une de celles de Lithuanie , s'ésant jointes à la droite et à la gauche de celles
de Rutowki et de Promnitz , firent la premiere
Ligne' ; et les 4 autres ; sçavoir , celles de Flemming, de Lublin , de Campenhausen et de Denhoff , formerent la seconde. Ce Corps étoit com mandé par le Major General le Prince de Czartoriski.
Au premier signal ordinaire , pour avertir le
Roy que tout étoit rangé , S. M. donna le sien
pour former la Phalange sur la droite. Les Charpentiers qui faisoient la pointe de la Phalange ,
ayant
SEPTEMBRE. 1732. 2049
Ayant marché en avant , les Compagnies de Rutowki et de Promnitz formerent la premiere
Ligne de la Phalange,celles de Lublin et de Campenhausen la seconde ; celles du second et du
troisiéme Bataillon des Gardes de la Couronne
la troisiéme , celles de Denhoff et de Flemining
la 4 , et celle du premier Bataillon des Gardes
de la Couronne avec celle des Gardes de Lithuanie la cinquième. La Phalange ainsi formée , elle
marcha dans cet ordre , vers le Pavillon , jusqu'à
une certaine distance,
Par un second signal , la Phalange se forma en
triangle par un demi-quart de conversion à gau- che et à droite des Corps qui la composoient, et
les Charpentiers passerent en même- temps à la
droite et à la gauche des Compagnies de Rutowki et de Promnitz qui marcherent en avant pour
prendre leur terrain. On fit ensuite le feu coulant
qui commença par l'Angle de la droite , et fut
répété par l'Angle de la gauche.
Par le troisiéme signal , les Troupes se remirent en Phalange , et chaque ligne fit une Salve
P'une après l'autre.
Au quatriéme signal , la Phalange se rompit
pour former 2 Lignes , ce qui s'exécuta ainsi.Les
4 Compagnies des Gardes marcherent en avant ,
et vinrent s'alligner avec celles de Rutowki et de
Promnitz , ce qui forma la premiere Ligne. Les
4 autres Compagnies marcherent aussi en avant
pour s'alligner avec les Charpentiers, ce qui forma la seconde Ligne ; et par une contre- imarche
à droite et à gauche , vers le Centre , les Compa
gnies qui formoient cette seconde Ligne, se trou- verent vis à- vis les Intervalles de la premiere, qui
cominença ensuite son feu par demi Compa
gnies , dont 2 rangs tirerent à la fois , ce qui se
Tépeta trois fois.
En
2050 MERCURE DE FRANCE
En même-temps que la premiere Ligne commençoit son feu , la seconde avança pas pas , et
ayant passé dans les Intervalles de la premiere
elle fit , 30 pas en avant , le même feu qu'avoit
fait la premiere Ligne ; celle- cy ayant repassé dans les Intervalles de la seconde Ligne , 30 pas
en avant , elle se prépara pour jetter les Grenanades , ce qui se fit par pelotons. Pendant cette
manœuvre , la seconde Ligue passa dans les Intervalles de la premiere , 20 pas en avant , et
jetta les Grenades de la même maniere.
Par le cinquiéme signal , les deux lignes formerent trois Brigades ; ce qui s'executa ainsi. La
Compagnie de la droite de la premiere Ligne
vint remplir l'Intervalle des deux Compagnies
de la droite de la seconde , ce qui forma la Brigade de la droite, La Compagnie de la droite de
la seconde ligne fit la même chose à l'égard de
la premiere , et forma ainsi la Brigade de la gauche ; ces 2 Brigades marcherent 40 pas en avant.
Les 2 autres Compagnies de la seconde ligne ,
joignirent la droite et la gauche de celles de Rutowki et de Promnitz , ce qui forma la Brigade
du Centre , qui passa dans l'Intervalle des deux
autres , 30 pas en avant , et les trois Brigades
s'étant mises sur une même ligne , toutes les
Compagnies jetterent en même-temps leurs Grenades , les Charpentiers s'étant placez à la droite
et à la gauche de ligne,
Au sixiéme signal , la ligne forma un zig-zag
à dix faces , avec un Drapeau sur chaque Angle.
Les Grenadiers ainsi rangez , firent le feu de
Haye , qui fut suivi d'une décharge generale ;
enfin les dix Compagnies s'étant remises sur une ligne par une conversion à droite par pelotons ,
se mirent en marche pour passer devant le Pavillon , et retourner au Camp.
LS
I
C
10
SEPTEMBRE. 1732. 2051
Le 9 , il n'y eut point de mouvement dans
l'Armée , et le 10 , jour destiné à l'exercice des
Piquiers,l'Infanterie ayant formé 9 Bataillons de
256 chacun , avec un Drapeau , un Officier de
P'Etat Major, 2 Capitaines , 6 Subalternes , 16
bas Officiers et 8 Tambours , chaque Bataillon se
rangea à la tête du Camp , en 8 pelotons , à 4 de
hauteur , de 32 hommes chacun. Les 2 Pelotons
du centre étoient de Piquiers. Ensuite chaque
Bataillon forma un Quarré plein , à 16 de hauteur et 16 de front , de sorte que les 64 Piquiers
formoient un Quarré dans le centre de celui du
Bataillon ,
par le
Les neuf Bataillons s'étant joints , se range,
rent à trois de hauteur et 8 de front ; ce qui forma un Quarré plein de 48 hommes de hauteur
et de 48 de front , chaque Bataillon ayant ses Piquiers au centre , et chaque file et chaque rang
étant à 3 pas de distance . Outre les Officiers
commandez à chaque Bataillon, il y avoit 4 Majors et 4 Ajudans. Les Majors se placerent aux
Angles du Quarré , qui étoit commandé
Major Ceneral Campenhausen.
Au signal donné du Quartier du Roy,le Quar
ré marcha dans cet ordre vers le Pavillon , jusqu'à une certaine distance , où le General Com- mandant ordonna les feux autour dn Quarré ,
qui se firent par les quatre premiers rangs , dont
le quatrième , qui s'étoit doublé dans le premier,
commença le feu ; s'étant retiré, il fut remplacé
par le troisiéme Rang; ensuite par le second , et puis par le premier ; ce qui se répeta trois fois
Après ce feu , le General fit occuper les 2 premiers Rangs autour du Quarré par les Piquiers
des coins et des faces des 8 Bataillons ; ce qui se
fir par une contre- marche de ceux- cy, et par unede
2052 MERCURE DE FRANCE
de ceux qui occuperent ces deux Rangs , et qui vinrent se ranger à la place des Piquiers. Le rèste de ces Piquiers , par une autre contre- marche
qui se fit en même-temps , formerent 2 Rangs
autour du Bataillon du Centre , celui cy gardant
ses Piquiers ne fit aucun mouvement.
Les Piquiers ainsi rangez , le General ordonna
le feu qui se fit par les 12 premiers Kangs , dont
doublerent dans les Rangs des Piquiers du tour
du Quarré , qui pendant les Salves , baisserent
tous leurs Piques , excepté ceux qui étoient dans
le centre ; ce feu se repeta 3 fois , et après le feu
des Rangs , on commanda la Salve generale de
tout le Quarré; ensuite on fit remettre les Piquiers
leur premiere place par les mêmes contie
marches qui la leur avoient fait quitter.
Par un second signal du Pavillon , le Quarré
se rompit en cette maniere ; Les 4 Bataillons des
coins ayant fait une contre- marche à droite et à
gauche , marcherent sur la ligne de la face qui
regardoit le Pavillon , et celle qui lui étoit op÷
posée , jusqu'à ce que leurs dernieres files fussent
3 pas hors du Quarre.
Au troisiéme signal , les deux Bataillons qui
étoient à droite et à gauche de celui du Centre ,
sortirent du Quarré par une contre - marche à
droite et à gauche , et marcherent jusqu'à ce que
leurs dernieers Files fussent 3 pas au delà des premieres Files des Bataillons des coins ; les 3 autres
Bataillons resterent en place , et après chaque
mouvement , les Bataillons faisoient face au Pavillon.
Au quatriéme signal , les 2 Bataillons des coins
qui faisoient face au Pavillon , ayant fait une
contre marche à droite et à gauche , marcherent
de nouveau sur la même ligne, jusqu'à ce que leurs
SEPTEMBRE. 1732. 2053
leurs dernieres Files fussent 3 pas au delà des 2
Bataillons , qui avoienr fait le dernier mouve ment.
Au cinquiéme signal , les 2 autres Bataillons
des Coins ayant marché en avant , jusqu'à ce
qu'ils fussent sur la ligne, qui faisoit face au Pa- villon , et le Batalllon du Centre , avec celui qui
étoit derriere , étant venu par une contre- marche se placer derriere les Intervalles de la droite
et de la gauche du Bataillon du Centre de la premiere ligne , en formerent une seconde avec les
deux autres Bataillons qui étoient demeurez cn
place.
Par un sixième signal , les 9 Bataillons se préparerent à se mettre à 8 de hauteur , ce qui se fit
ainsi : Les 4 Bataillons des aîles de la premiere
ligne , et les 4 qui formoient la seconde , gagne- rent , par une contre- marche à droite et à gauche,le terrain necessaire pour faire un plus grand
front , observant de garder toujours leurs trois
pas de distance ; après quoi , tous les Pelotons de
chaque Bataillon qui avoient doublé , se rangerent sur les Angles de leur Bataillon , et ceux de derriere ayant marché pour se joindre au Corps
dePiquiers, ils se trouverent à 8 de hauteur, ayant
ensuite doublé leurs rangs en avant , ils se trouverent à quatre de hauteur , les Officiers étant
à leurs places ordinaires. Au septiéme signal, les
4 Bataillons de la seconde ligne , ayant rempli
les Intervalles de la premiere , paiurent sur une
ligne, et le General ayant fait mettre les Piquiers
dans le quatrième rang , on commença les feux
qui finirent par une décharge geaerale ; les Piquiers présenterent leurs Piques pendant le feu.
Ces derniers étant ensuite rentrés dans le Centre,
toute la ligne fit la conversion à droite par PeloH tons
"
2054 MERCURE DE FRANCE
tons pour venir passer devant le Pavillon du
Roy, et s'enretourna au Camp , par la ligne da Centre.
Fermer
Résumé : POLOGNE. / Du Camp de Villa-Nova. Suite du Journal.
En septembre 1732, des événements militaires significatifs se déroulent en Pologne, notamment à Varsovie, où circulent des rumeurs concernant un nouveau traité d'amitié entre les Maisons de Saxe et de Bavière. L'armée, stationnée au camp de Villa Nova, effectue divers exercices militaires sous la supervision du roi. Les manœuvres impliquent plusieurs unités, dont la cavalerie dirigée par les grands Mousquetaires. La cavalerie exécute des formations en lignes et en colonnes, des charges simulées et des conversions. Les grenadiers, sous le commandement du Prince de Czartoryski, pratiquent des formations en phalange et en triangle, ainsi que des tirs de salve et des lancers de grenades. Les piquiers, organisés en bataillons, forment des carrés et exécutent des feux autour du carré. Les exercices sont minutieusement supervisés par le roi depuis un pavillon situé sur une butte. Les mouvements sont précis et coordonnés, avec des signaux donnés par le roi pour indiquer les changements de formation. Les manœuvres impliquent neuf bataillons. Initialement, deux bataillons avancent jusqu'à une ligne face au pavillon, tandis que deux autres effectuent une contre-marche pour se placer derrière les intervalles des bataillons de la première ligne, formant ainsi une seconde ligne. À un sixième signal, les neuf bataillons se préparent à former une ligne de huit de hauteur. Les bataillons des ailes de la première ligne et ceux de la seconde ligne gagnent du terrain par une contre-marche pour élargir le front tout en conservant une distance de trois pas. Les pelotons doublent ensuite leurs rangs, se rangeant sur les angles de leur bataillon, et se joignent aux piquiers pour atteindre une hauteur de huit. Après avoir doublé leurs rangs en avant, ils se trouvent à quatre de hauteur, avec les officiers à leurs places. Au septième signal, les quatre bataillons de la seconde ligne comblent les intervalles de la première ligne et se mettent en ligne. Les piquiers, placés dans le quatrième rang, présentent leurs piques pendant les feux, qui se terminent par une décharge générale. Les piquiers rentrent ensuite au centre, et toute la ligne effectue une conversion à droite par pelotons pour passer devant le pavillon du roi et retourne au camp par la ligne du centre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
23
p. 2259-2267
POLOGNE. SUITE du Journal du Camp de Villa-Nova.
Début :
Le 11 Août, tous les mouvemens militaires du Camp furent suspendus; ce spectacle [...]
Mots clefs :
Pologne, Camp de Villanova, Compagnies, Klingenberg, Signal, Armée, Cavalerie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE. SUITE du Journal du Camp de Villa-Nova.
POLOGNE.
SUITE du Journal du Camp de
Villa-Nova.
E r Août , tous les mouvemens militaires
Ldu Camp furent suspendus. ; ce spectacle
pompeux et guerrier recommença le lendemain
par l'éxercice des Lanciers. Ils s'assemblerent au
nombre de neuf Compagnies, ou demi Escadrons
à la tête de leur Camp , et vinrent ensuite se
ranger à deux de hauteur devant le centre de
' Infanterie. Le Major Général Klingenberg.
commandoit cette Troupe , qui étoit en cuirasse
avec des Casques à aîles , et armée de Lances
garnies de flammes ; les Casques des Officiers
étoient ornés de plumes.
Au premier signal , les neufCompagnies se mi- rent en mouvement , et marcherent vers le Fa
villon sur trois colonnes. Les trois Compagnies
du centre formerent la colonne du centre , et les
trois Compagnies de chaque aîle , celles de la
droite et de la gauche : chaque Compagnie mar- choit par neuf, les Timbales et Trompettes étant
à la tête de la colonne du centre, i
Les colonnes étant arrivées à une certaine dis
tance , les Compagnies marcherent par trois jusqu'à une place marquée , où au deuxième signal ,
Les Compagnies de chaque colonne ayant fait la
conversion à gauche par Brigades , les colonnes
formerent trois lignes à deux de hauteur , qui
marcherent en même tems enavant.
Au troisiéme signal , les trois lignes firent demi tour à droite , et au quatrième signal , la
Compa
2260 MERCURE DE FRANCE
•
Compagnie du centre de chaque ligne ayant
marché so pas en avant , les trois lignes se mirent en mouvement dans cet ordre , et marche.
rent jusqu'à ce que celle du centre se trouvarsur
la ligne du Pavillon qu'elles avoient à gauche où elles firent alte.*
Au cinquiéme signal, chaque Compagnie ayant
fait un quart de conversion à gauche , elles se
retrouverent sur trois lignes , faisant face au Pavillon ; et au sixième signal , elles se remirent comme elles étoient , par une conversion
àdroite.
Au septiéme signal, les Compagnies se mirent
sur deux lignes : la seconde , ayant fait un demi
tour à droite , elles marcherent en avant jusqu'ài
une certaine distance , se tournant le dos ; ayant ensuite fait demi tour à droite , elles se trouve
rent vis-à-vis l'une de l'autre pour la charge.
Au huitiéme signal , les deux lignes marche→
rent l'une contre-l'autre, les Lances baissées, s'entrepasserent dans les intervalles , firent defnit
tour à droite , se chargerent de nouveau , et s'é-*
tant remises sur leur premier terrain , elles se
chargerent encore une fois.
;
- Au neuviéme signal , les deux lignes marche rent l'une contre l'autre la deuxième ayant
rempli les intervalles de la premiere , elles s'ar rêterent et se mirent en état de faire la conversion sur le centre ; ce qui s'éxécuta au dixiéme³
signal ; et au onziéme signal , la droite ayant fait le demi tour sur la Place , les neuf Compagnies parurent sur une ligne , faisant face au Pa→→ villon. ซี เ
Au douziéme signal , les cinq Compagnies
ayant marché so pas en avant , les Lanciers se
trouverent- sur-deux lignes. Et au treiziéme si→→
gnal ,
OCTOBRE. 1732. 2261
gnal , la premiere ligne marcha au grand trot vers le Pavillon , comme pour charger , baissa
les lances , et ayant fait demi tour à droite , passa dans les intervalles de la seconde , qui avançoit
pour faire la même manœuvre : chaque ligne la
fit deux fois , après quoi la seconde étant ren
ée dans la premiere , les Officiers de toute la
ne saluerent en même-tems le Roi , et on
Daissa les Etendarts et les Lances. Les Lanciers
ayant mis ensuite leurs Lances dans les PorteLances , et tiré l'épée , ils passerent devant le
Pavillon , et par une marche en échelle elles re
tournerent au Camp.
Le sur-lendemain , 14 Août , toute l'Armée
fit divers mouvemens , et après qu'elle eut été
en bataille quelques tems,à la tête du Camp , sur
une seule ligne , P'Infanterie par une contremarche à gauche et à droite vers le centre , se
joignit sans laisser d'intervalle entre les bataillons ; la Cavalerie par les mêmes contre- marches se joignit aux aîles de l'Infanterie : celle- ci partagea ensuite ses bataillons en deux ; le Colonel et les deux Majors se mettant avec deux drapeaux à la tête du premier demi- bataillon , et
le Lieutenant, Colonel et les deux Aides- Majors
avec deux Drapeaux à la tête du deuxième. Les
Compagnies deRutowski et de Promnitz formoient un demi bataillon derriere celui du
Centre.
La Cavalerie se partagea aussi par Compa
gnies ou demi-Escadrons. Toutes les premieres
Compagnies de chaque Escadron , et chaque
premier demi bataillon , avec les deux du centre,
ayant marché cent pas en avant , l'Armée se
forma sur deux lignes , le demi- bataillon de
Lutowski , ayant marché en avant pour occuPS
2262 MERCURE DE FRANCE
per le terrain que les deux du centre venoient de
quitter.
L'Armée étant en bataille , et le signal donné du Pavillon , elle se mit en marche sur treize
colonnes ; sçavoir , 8. de Cavalerie , et 5. d'Infanterie , qui s'avancerent vers le Pavillon jusqu'à une certaine distance. Chaque colonne de
Cavalerie étoit composée de deux Compagnies de
la premiere ligne , et de deux de la seconde.
Chaque colonne d'Infanterie de quatre demi
bataillons de la premiere ligne , et de deux de la
seconde , excepté la colonne du centre , qui n'avoit que les deux demi-bataillons de Frise et celui
de Rutowski et de Promnitz : le Régimentai- re et le Comte de Denhoff marchoient à la tête
de cette derniere , et les autres Généraux étoient
distribués aux autres colonnes.
Au deuxième signal , l'Armée se remit sur
deux lignes , les têtes des colonnes restant , et
les suites par des contre- marches à droite et à
gauche , venant se remettre dans l'ordre où elles
étoient avant que de partir de la tête du
Camp.
Au troisiéme signal , le feu coulant commença à la droite de la premiere ligne , et finit à la droite de la seconde ; et au quatriéme signal , les
deux lignes formerent le premier ordre de bataille mêlé , ce qui s'éxécuta de la maniere suivante: les quatre Compagnies de la droite et de
la gauche de la Cavalerie de l'une et de l'autre
ligne , resterent en place , aussi bien que les
quatre demi-bataillons du centre de la premiere
ligne , et les trois du centre de la seconde , mais
les quatre Compagnies de Cavalerie qui joigroient la droite et la gauche de l'Infanterie de Pune et de l'autre ligne , ayant marché 20 pas
-
en
OCTOBRE. 1732. 2263
en avant , firent une contre-marche à droite et á
gauche pour se former à la tête des trois bataillons de la droite et de la gauche de l'une et de
l'autre ligne. Ceux- ci firent en même tems leur contre-marche pour occnper le terrain que la Cavalerie qui les joignoit , venoit de quitter , et
toute l'Infanterie aussi -bien que les aîles de Ca
valerie de l'une et de l'autre ligne , ayant aussi
marché 20 pas en avant , toute l'Armée se trou
va en ordre de bataille mêlé d'Infanterie et de
Cavalerie.
L'Armée étant ainsi rangée , on ordonna le
signal pour le feu , qui se fit ainsi : la premiere,
Compagnie qui fermoit l'aîle droite de la premiere ligne , et celle qui fermoit l'aîle gauche , tirerent en même-tems : le feu continua ainsi par
une troupe de la droite et une de la gauche de la
premiere ligne en venant vers le centre , et suivit
par le centre de la seconde ligne en s'étendant vers les aîles..
Le feu étant fini , on donna le cinquiéme signal pour faire le second ordre de bataille mêlé
qui s'éxécuta ainsi : les quatre Brigades d'Infan
terie de la droite et de la gauche de l'une et de
Pautre ligne , et les deux bataillons de la droite
et de la gauche de chaque Brigade , par une contre-marche changerent de place avec les deux
Compagnies de Cavalerie , qui les joignoient , de
sorte que l'Armée se trouva aux aîles de deux
Compagnies de Cavalerie , avec un demi- Bataillon , et un Corps d'Infanterie au centre de chaque ligne.
Au sixième signal , le feu de chaine commença par les demi-Escadrons de la droite de la pre- miere ligne , et étant venu à la droite de la se
conde ligne, il recommença par demi batail- Lons
1
1
' ,
54 MERCURE DE FRANCE
ons de la droite de la premiere jusqu'à la droite
de la seconde.
Au septième signal , l'Arméese remit dans son
ordre de bataille non-mêlé , par les mêmes con- tre- marches , dont chaque Troupe s'étoit servie
pour se mettre en ordre mêlé ; ensuite l'Infanterie de la premiere ligne fit feu sur la Place par divisions , et ayant fait demi-tour à droite , se
retira par les intervalles de la seconde , et se forma derriere ; les deux lignes- firent successivement
cette manœuvre jusqu'au Camp , en continuant
leur feu , et la Cavalerie de chaque ligne se retira en même-tems que l'Infanterie.
Le 16. Août on fit l'attaque d'un retranchement qui s'étendoit depuis la hauteur de la gauche du Pavillon du Roi , jusqu'à cent pas vers la tête du Camp. Les quatre Compagnies de Gre- nadiers Rutowski , Promnitz , Denhoff et Flemming , bordoient le retranchement dans les intervalles de cinq Batteries de quatre piéces de Canon chacune , outre lesquelles on en avoit
placé huit plus petites sur les aîles du Retranchement.
Au premier signal , la Cavalerie de la droite ,
rangée par Compagnies , et commandée par le
Major-Général Klingnberg , se mit en marche
sur deux colonnes pour venir soutenir le Retran- chement , et se forma derriere l'Infanterie sur
deux lignes ; la premiere , composée des quatre Escadrons de Nassau, étoit à cent pas du Retranchement ; et la deuxième , composée des quatre Escadrons de Grenadiers de Gotha , étoit à 80.
pas derriere la premiere , dès qu'elles furent rangées , le Major- Général fit mettre pied à terre
aux Grenadiers de Gotha , qui vinrent renforcerLe
OCTOBRE. 1732. 2265
JeRetranchement où le Lieutenant- ColonelFranckenberg commandoit.
Pendant cette manœuvre , les huit Escadrons
de la gauche vinrent se former sur deux lignes ,
à l'extrêmité de la gauche de la Place d'Armes ,
qui étoit la face opposée à celle du Retranchement , et resterent dans l'inaction jusqu'à l'attaque du Quarré.
Pendant que la Cavalerie se rangeoit ainsi ,
toute l'Infanterie , partagée comme le jour des
divers mouvemens de l'Armée ,
marcha par divisions sur sept colonnes , formant une Phalange qui pouvoit faire face de tous côtez , figurée
en lozange ; et lorsqu'elle fut arrivée à une certaine distance , elle fit alte.
Au deuxième signal toutes les divisions ayant fait la Conversion à droite, la phalange parut sur
sept lignes , faisant face au Retranchement :
deux Compagnies de Grenadiers rangées en trois divisions faisoient la pointe de l'attaque.
Au troisiéme signal , la Phalange marcha vers
le Retranchement ; et quand elle fut à deux cent
pas , les Batteries qui le défendoient , commencerent à tirer , et furent servies avec tant de
promptitude , que chaque piéce tiroit au moins
cinq coups par minute , de sorte que le feu se
soutint pendant toute l'attaque avec la même vivacité. La Phalange étant arrivée à cinquante pas
du Retranchement , l'Infanterie qui attaquoit et
-celle qui défendoit , commencerent leur fen
chaque ligne de la Phalange faisant le sien en
-même-tems demi- divisions ; et dès qu'une
ligne avoit tiré , toutes les divisions qui la com
posoient se coupoient par le milieu pour se retirer par les intervalles de toute la Phalange , et se
reformerent sur le terrain qu'elles avoient occupé H avant
par
266 MERCURE DE FRANCE
avant l'attaque , ce qui fut répeté une seconde
fois la Phalange étant ensuite- retournée à son
premier terrain , on distribua 96 Piques à cha- demi-Bataillon , et pendant ce tems là les
Grenadiers de Gotha remonterent à cheval.
que
Au quatriéme signal , la Phalange se rompit
et forma un grand quarré autour d'un petit , le
premier rang de chaque quarré étant garni de
Piques ; la Cavalerie qui étoit derriere le Retranchement , en sortit par les deux extrêmitez
et vint se former sur deux lignes devant le Retranchement , au moyen de quoi le Quarré se trouva entre la Cavalerie de la droite et de la
gauche , rangée sur deux lignes,
9
Au cinquième signal , la premiere ligne de la
Cavalerie de la gauche , chargea le Quarré par
la face et les angles qui étoient de leur côté , et
se retira par les intervalles de la deuxième ligne
ayant été repoussée par le feu du Quarré , les
Grenades et les Piques que les Piquiers tenoient
présentées. La deuxième ligne fit la même manoeuvre; ce qui fut pareillement éxécuté par la
Cavalerie de la droite , et répeté plusieurs fois
par l'un et par l'autre chaque Troupe de Cavalerie faisoit deux charges ; après quoi le Quarré fut attaqué par la Cavalerie des aîles tout
la fois.
Au sixième signál , l'Infanterie se mit en marche pour rentrer dans le Camp , en conservant
toujours son Quarré. Elle fut attaquée pendant
sa retraite par la Cavalerie ; le feu , pour repousser ces attaques , se faisoit par rangs. L'Armée ,
en faisant cette manceuvre , arriva à la tête du
Camp , où chaque Corps se forma sur la Place
d'Armes , et rentra.
Le 17 , le Roi donna dans son Pavillon un magnifique
OCTOBRE. 1732. 2267
gnifique Souper , suivi d'un Bal , à tout ce qu'il
y avoit de Seigneurs et de Dames.
Le 18. jour destiné pour la séparation de l'Armée , les Trouples plierent leurs Tentes , et s'étant mises en bataille à la tête du Camp , le Roi
fit tirer la grande Batterie qui étoit au bas du Pavillon de S. M. pour leur donner le signal de
leur séparation. L'Artillerie de campagne y répondit , et l'on fit ensuite le feu coulant , ce qui fut éxécuté une seconde fois ; et à la troisiéme
fois , la grande Batterie fit une salve de ses 18.
piéces l'Armée y répondit par une salve générale avec toute son Artillerie ; après quoi toute
l'Armée se mit en marche sur cinq colonnes
chaque aîle de Cavalerie en formoit une. Les
Grenadiers détachez qui formoient deux Batail
lons , étoient rentrez dans leurs Régimens. Les
colonnes d'Infanterie de la droite et de la gauche étoient composées de trois Bataillons chacune ; celle du centre avoit le Régiment de Frise
à la tête , qui étoit suivi de l'Artillerie de campagne , et elle étoit fermée par les deux Compagnies de Grenadiers de Lublin et de Compenhau- son. L'Armée se rendit dans cet ordre au nouveau Camp qu'elle devoit occuper sur la hauteur , à la droite et à la gauche du Pavillon ,
le 20 Août , le Roi ayant quitté son Pavillon
pour retourner à Warsovie , les Régimens du
Camp se mirent en marche pour retourner dans
leurs anciens Quartiers. On a appris depuis que
ces Troupes sont arrivées à leurs Garnisons, fort satisfaites des liberalitez du Roi de Pologne , qui
a fait de forts beaux présens aux Officiers , et
donné à chaque Soldat deux mois de solde audeà de leur paye ordinaire.
SUITE du Journal du Camp de
Villa-Nova.
E r Août , tous les mouvemens militaires
Ldu Camp furent suspendus. ; ce spectacle
pompeux et guerrier recommença le lendemain
par l'éxercice des Lanciers. Ils s'assemblerent au
nombre de neuf Compagnies, ou demi Escadrons
à la tête de leur Camp , et vinrent ensuite se
ranger à deux de hauteur devant le centre de
' Infanterie. Le Major Général Klingenberg.
commandoit cette Troupe , qui étoit en cuirasse
avec des Casques à aîles , et armée de Lances
garnies de flammes ; les Casques des Officiers
étoient ornés de plumes.
Au premier signal , les neufCompagnies se mi- rent en mouvement , et marcherent vers le Fa
villon sur trois colonnes. Les trois Compagnies
du centre formerent la colonne du centre , et les
trois Compagnies de chaque aîle , celles de la
droite et de la gauche : chaque Compagnie mar- choit par neuf, les Timbales et Trompettes étant
à la tête de la colonne du centre, i
Les colonnes étant arrivées à une certaine dis
tance , les Compagnies marcherent par trois jusqu'à une place marquée , où au deuxième signal ,
Les Compagnies de chaque colonne ayant fait la
conversion à gauche par Brigades , les colonnes
formerent trois lignes à deux de hauteur , qui
marcherent en même tems enavant.
Au troisiéme signal , les trois lignes firent demi tour à droite , et au quatrième signal , la
Compa
2260 MERCURE DE FRANCE
•
Compagnie du centre de chaque ligne ayant
marché so pas en avant , les trois lignes se mirent en mouvement dans cet ordre , et marche.
rent jusqu'à ce que celle du centre se trouvarsur
la ligne du Pavillon qu'elles avoient à gauche où elles firent alte.*
Au cinquiéme signal, chaque Compagnie ayant
fait un quart de conversion à gauche , elles se
retrouverent sur trois lignes , faisant face au Pavillon ; et au sixième signal , elles se remirent comme elles étoient , par une conversion
àdroite.
Au septiéme signal, les Compagnies se mirent
sur deux lignes : la seconde , ayant fait un demi
tour à droite , elles marcherent en avant jusqu'ài
une certaine distance , se tournant le dos ; ayant ensuite fait demi tour à droite , elles se trouve
rent vis-à-vis l'une de l'autre pour la charge.
Au huitiéme signal , les deux lignes marche→
rent l'une contre-l'autre, les Lances baissées, s'entrepasserent dans les intervalles , firent defnit
tour à droite , se chargerent de nouveau , et s'é-*
tant remises sur leur premier terrain , elles se
chargerent encore une fois.
;
- Au neuviéme signal , les deux lignes marche rent l'une contre l'autre la deuxième ayant
rempli les intervalles de la premiere , elles s'ar rêterent et se mirent en état de faire la conversion sur le centre ; ce qui s'éxécuta au dixiéme³
signal ; et au onziéme signal , la droite ayant fait le demi tour sur la Place , les neuf Compagnies parurent sur une ligne , faisant face au Pa→→ villon. ซี เ
Au douziéme signal , les cinq Compagnies
ayant marché so pas en avant , les Lanciers se
trouverent- sur-deux lignes. Et au treiziéme si→→
gnal ,
OCTOBRE. 1732. 2261
gnal , la premiere ligne marcha au grand trot vers le Pavillon , comme pour charger , baissa
les lances , et ayant fait demi tour à droite , passa dans les intervalles de la seconde , qui avançoit
pour faire la même manœuvre : chaque ligne la
fit deux fois , après quoi la seconde étant ren
ée dans la premiere , les Officiers de toute la
ne saluerent en même-tems le Roi , et on
Daissa les Etendarts et les Lances. Les Lanciers
ayant mis ensuite leurs Lances dans les PorteLances , et tiré l'épée , ils passerent devant le
Pavillon , et par une marche en échelle elles re
tournerent au Camp.
Le sur-lendemain , 14 Août , toute l'Armée
fit divers mouvemens , et après qu'elle eut été
en bataille quelques tems,à la tête du Camp , sur
une seule ligne , P'Infanterie par une contremarche à gauche et à droite vers le centre , se
joignit sans laisser d'intervalle entre les bataillons ; la Cavalerie par les mêmes contre- marches se joignit aux aîles de l'Infanterie : celle- ci partagea ensuite ses bataillons en deux ; le Colonel et les deux Majors se mettant avec deux drapeaux à la tête du premier demi- bataillon , et
le Lieutenant, Colonel et les deux Aides- Majors
avec deux Drapeaux à la tête du deuxième. Les
Compagnies deRutowski et de Promnitz formoient un demi bataillon derriere celui du
Centre.
La Cavalerie se partagea aussi par Compa
gnies ou demi-Escadrons. Toutes les premieres
Compagnies de chaque Escadron , et chaque
premier demi bataillon , avec les deux du centre,
ayant marché cent pas en avant , l'Armée se
forma sur deux lignes , le demi- bataillon de
Lutowski , ayant marché en avant pour occuPS
2262 MERCURE DE FRANCE
per le terrain que les deux du centre venoient de
quitter.
L'Armée étant en bataille , et le signal donné du Pavillon , elle se mit en marche sur treize
colonnes ; sçavoir , 8. de Cavalerie , et 5. d'Infanterie , qui s'avancerent vers le Pavillon jusqu'à une certaine distance. Chaque colonne de
Cavalerie étoit composée de deux Compagnies de
la premiere ligne , et de deux de la seconde.
Chaque colonne d'Infanterie de quatre demi
bataillons de la premiere ligne , et de deux de la
seconde , excepté la colonne du centre , qui n'avoit que les deux demi-bataillons de Frise et celui
de Rutowski et de Promnitz : le Régimentai- re et le Comte de Denhoff marchoient à la tête
de cette derniere , et les autres Généraux étoient
distribués aux autres colonnes.
Au deuxième signal , l'Armée se remit sur
deux lignes , les têtes des colonnes restant , et
les suites par des contre- marches à droite et à
gauche , venant se remettre dans l'ordre où elles
étoient avant que de partir de la tête du
Camp.
Au troisiéme signal , le feu coulant commença à la droite de la premiere ligne , et finit à la droite de la seconde ; et au quatriéme signal , les
deux lignes formerent le premier ordre de bataille mêlé , ce qui s'éxécuta de la maniere suivante: les quatre Compagnies de la droite et de
la gauche de la Cavalerie de l'une et de l'autre
ligne , resterent en place , aussi bien que les
quatre demi-bataillons du centre de la premiere
ligne , et les trois du centre de la seconde , mais
les quatre Compagnies de Cavalerie qui joigroient la droite et la gauche de l'Infanterie de Pune et de l'autre ligne , ayant marché 20 pas
-
en
OCTOBRE. 1732. 2263
en avant , firent une contre-marche à droite et á
gauche pour se former à la tête des trois bataillons de la droite et de la gauche de l'une et de
l'autre ligne. Ceux- ci firent en même tems leur contre-marche pour occnper le terrain que la Cavalerie qui les joignoit , venoit de quitter , et
toute l'Infanterie aussi -bien que les aîles de Ca
valerie de l'une et de l'autre ligne , ayant aussi
marché 20 pas en avant , toute l'Armée se trou
va en ordre de bataille mêlé d'Infanterie et de
Cavalerie.
L'Armée étant ainsi rangée , on ordonna le
signal pour le feu , qui se fit ainsi : la premiere,
Compagnie qui fermoit l'aîle droite de la premiere ligne , et celle qui fermoit l'aîle gauche , tirerent en même-tems : le feu continua ainsi par
une troupe de la droite et une de la gauche de la
premiere ligne en venant vers le centre , et suivit
par le centre de la seconde ligne en s'étendant vers les aîles..
Le feu étant fini , on donna le cinquiéme signal pour faire le second ordre de bataille mêlé
qui s'éxécuta ainsi : les quatre Brigades d'Infan
terie de la droite et de la gauche de l'une et de
Pautre ligne , et les deux bataillons de la droite
et de la gauche de chaque Brigade , par une contre-marche changerent de place avec les deux
Compagnies de Cavalerie , qui les joignoient , de
sorte que l'Armée se trouva aux aîles de deux
Compagnies de Cavalerie , avec un demi- Bataillon , et un Corps d'Infanterie au centre de chaque ligne.
Au sixième signal , le feu de chaine commença par les demi-Escadrons de la droite de la pre- miere ligne , et étant venu à la droite de la se
conde ligne, il recommença par demi batail- Lons
1
1
' ,
54 MERCURE DE FRANCE
ons de la droite de la premiere jusqu'à la droite
de la seconde.
Au septième signal , l'Arméese remit dans son
ordre de bataille non-mêlé , par les mêmes con- tre- marches , dont chaque Troupe s'étoit servie
pour se mettre en ordre mêlé ; ensuite l'Infanterie de la premiere ligne fit feu sur la Place par divisions , et ayant fait demi-tour à droite , se
retira par les intervalles de la seconde , et se forma derriere ; les deux lignes- firent successivement
cette manœuvre jusqu'au Camp , en continuant
leur feu , et la Cavalerie de chaque ligne se retira en même-tems que l'Infanterie.
Le 16. Août on fit l'attaque d'un retranchement qui s'étendoit depuis la hauteur de la gauche du Pavillon du Roi , jusqu'à cent pas vers la tête du Camp. Les quatre Compagnies de Gre- nadiers Rutowski , Promnitz , Denhoff et Flemming , bordoient le retranchement dans les intervalles de cinq Batteries de quatre piéces de Canon chacune , outre lesquelles on en avoit
placé huit plus petites sur les aîles du Retranchement.
Au premier signal , la Cavalerie de la droite ,
rangée par Compagnies , et commandée par le
Major-Général Klingnberg , se mit en marche
sur deux colonnes pour venir soutenir le Retran- chement , et se forma derriere l'Infanterie sur
deux lignes ; la premiere , composée des quatre Escadrons de Nassau, étoit à cent pas du Retranchement ; et la deuxième , composée des quatre Escadrons de Grenadiers de Gotha , étoit à 80.
pas derriere la premiere , dès qu'elles furent rangées , le Major- Général fit mettre pied à terre
aux Grenadiers de Gotha , qui vinrent renforcerLe
OCTOBRE. 1732. 2265
JeRetranchement où le Lieutenant- ColonelFranckenberg commandoit.
Pendant cette manœuvre , les huit Escadrons
de la gauche vinrent se former sur deux lignes ,
à l'extrêmité de la gauche de la Place d'Armes ,
qui étoit la face opposée à celle du Retranchement , et resterent dans l'inaction jusqu'à l'attaque du Quarré.
Pendant que la Cavalerie se rangeoit ainsi ,
toute l'Infanterie , partagée comme le jour des
divers mouvemens de l'Armée ,
marcha par divisions sur sept colonnes , formant une Phalange qui pouvoit faire face de tous côtez , figurée
en lozange ; et lorsqu'elle fut arrivée à une certaine distance , elle fit alte.
Au deuxième signal toutes les divisions ayant fait la Conversion à droite, la phalange parut sur
sept lignes , faisant face au Retranchement :
deux Compagnies de Grenadiers rangées en trois divisions faisoient la pointe de l'attaque.
Au troisiéme signal , la Phalange marcha vers
le Retranchement ; et quand elle fut à deux cent
pas , les Batteries qui le défendoient , commencerent à tirer , et furent servies avec tant de
promptitude , que chaque piéce tiroit au moins
cinq coups par minute , de sorte que le feu se
soutint pendant toute l'attaque avec la même vivacité. La Phalange étant arrivée à cinquante pas
du Retranchement , l'Infanterie qui attaquoit et
-celle qui défendoit , commencerent leur fen
chaque ligne de la Phalange faisant le sien en
-même-tems demi- divisions ; et dès qu'une
ligne avoit tiré , toutes les divisions qui la com
posoient se coupoient par le milieu pour se retirer par les intervalles de toute la Phalange , et se
reformerent sur le terrain qu'elles avoient occupé H avant
par
266 MERCURE DE FRANCE
avant l'attaque , ce qui fut répeté une seconde
fois la Phalange étant ensuite- retournée à son
premier terrain , on distribua 96 Piques à cha- demi-Bataillon , et pendant ce tems là les
Grenadiers de Gotha remonterent à cheval.
que
Au quatriéme signal , la Phalange se rompit
et forma un grand quarré autour d'un petit , le
premier rang de chaque quarré étant garni de
Piques ; la Cavalerie qui étoit derriere le Retranchement , en sortit par les deux extrêmitez
et vint se former sur deux lignes devant le Retranchement , au moyen de quoi le Quarré se trouva entre la Cavalerie de la droite et de la
gauche , rangée sur deux lignes,
9
Au cinquième signal , la premiere ligne de la
Cavalerie de la gauche , chargea le Quarré par
la face et les angles qui étoient de leur côté , et
se retira par les intervalles de la deuxième ligne
ayant été repoussée par le feu du Quarré , les
Grenades et les Piques que les Piquiers tenoient
présentées. La deuxième ligne fit la même manoeuvre; ce qui fut pareillement éxécuté par la
Cavalerie de la droite , et répeté plusieurs fois
par l'un et par l'autre chaque Troupe de Cavalerie faisoit deux charges ; après quoi le Quarré fut attaqué par la Cavalerie des aîles tout
la fois.
Au sixième signál , l'Infanterie se mit en marche pour rentrer dans le Camp , en conservant
toujours son Quarré. Elle fut attaquée pendant
sa retraite par la Cavalerie ; le feu , pour repousser ces attaques , se faisoit par rangs. L'Armée ,
en faisant cette manceuvre , arriva à la tête du
Camp , où chaque Corps se forma sur la Place
d'Armes , et rentra.
Le 17 , le Roi donna dans son Pavillon un magnifique
OCTOBRE. 1732. 2267
gnifique Souper , suivi d'un Bal , à tout ce qu'il
y avoit de Seigneurs et de Dames.
Le 18. jour destiné pour la séparation de l'Armée , les Trouples plierent leurs Tentes , et s'étant mises en bataille à la tête du Camp , le Roi
fit tirer la grande Batterie qui étoit au bas du Pavillon de S. M. pour leur donner le signal de
leur séparation. L'Artillerie de campagne y répondit , et l'on fit ensuite le feu coulant , ce qui fut éxécuté une seconde fois ; et à la troisiéme
fois , la grande Batterie fit une salve de ses 18.
piéces l'Armée y répondit par une salve générale avec toute son Artillerie ; après quoi toute
l'Armée se mit en marche sur cinq colonnes
chaque aîle de Cavalerie en formoit une. Les
Grenadiers détachez qui formoient deux Batail
lons , étoient rentrez dans leurs Régimens. Les
colonnes d'Infanterie de la droite et de la gauche étoient composées de trois Bataillons chacune ; celle du centre avoit le Régiment de Frise
à la tête , qui étoit suivi de l'Artillerie de campagne , et elle étoit fermée par les deux Compagnies de Grenadiers de Lublin et de Compenhau- son. L'Armée se rendit dans cet ordre au nouveau Camp qu'elle devoit occuper sur la hauteur , à la droite et à la gauche du Pavillon ,
le 20 Août , le Roi ayant quitté son Pavillon
pour retourner à Warsovie , les Régimens du
Camp se mirent en marche pour retourner dans
leurs anciens Quartiers. On a appris depuis que
ces Troupes sont arrivées à leurs Garnisons, fort satisfaites des liberalitez du Roi de Pologne , qui
a fait de forts beaux présens aux Officiers , et
donné à chaque Soldat deux mois de solde audeà de leur paye ordinaire.
Fermer
Résumé : POLOGNE. SUITE du Journal du Camp de Villa-Nova.
En août 1732, au camp de Villa-Nova en Pologne, plusieurs mouvements militaires significatifs ont été observés. Le 1er août, les exercices des lanciers furent suspendus puis repris le lendemain. Neuf compagnies de lanciers, sous le commandement du Major Général Klingenberg, exécutèrent diverses manœuvres, incluant des marches en colonnes et en lignes, des conversions et des charges simulées. Les lanciers étaient équipés de cuirasses, de casques à ailes et de lances garnies de flammes. Le 14 août, toute l'armée effectua divers mouvements. L'infanterie et la cavalerie se rejoignirent pour former deux lignes, et l'armée se mit en marche sur treize colonnes. Des exercices de tir furent réalisés, suivis de manœuvres de bataille mêlée entre l'infanterie et la cavalerie. Le 16 août, une attaque simulée d'un retranchement fut organisée. La cavalerie et l'infanterie exécutèrent des manœuvres coordonnées, incluant des charges de cavalerie et des tirs d'artillerie. L'infanterie forma une phalange en lozange pour l'attaque et se transforma ensuite en carrés pour repousser les charges de cavalerie. Le 17 août, le roi offrit un somptueux souper suivi d'un bal dans son pavillon, auquel assistèrent de nombreux seigneurs et dames. Par la suite, le texte décrit la séparation d'une armée et son départ du camp. Le jour de la séparation, les troupes plient leurs tentes et se mettent en bataille. Le roi donna le signal de départ en faisant tirer la grande batterie, suivie par l'artillerie de campagne et un feu coulant. Après trois salves, l'armée se mit en marche en cinq colonnes, chaque aile de cavalerie formant une colonne. Les grenadiers détachés rejoignirent leurs régiments. Les colonnes d'infanterie de droite et de gauche étaient composées de trois bataillons chacune, tandis que la colonne du centre était menée par le régiment de Frise, suivi par l'artillerie de campagne et fermé par les compagnies de grenadiers de Lublin et de Compenhagen. L'armée se dirigea vers un nouveau camp. Le 20 août, après le départ du roi pour Varsovie, les régiments retournèrent à leurs anciens quartiers. Les troupes étaient satisfaites des libéralités du roi de Pologne, qui avait offert de beaux présents aux officiers et deux mois de solde supplémentaires à chaque soldat.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
24
p. 2268-2270
Diete Generale de Pologne, &c. [titre d'après la table]
Début :
Toutes les Séances de la Diéte Générale se sont passées en contestations, quoiqu'il y ait beaucoup [...]
Mots clefs :
Diète générale, Protestation, Lituanie, Négociations, Pologne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Diete Generale de Pologne, &c. [titre d'après la table]
Toutes les Séances de la Diéte Générale se sont
passées en contestations, quoiqu'il y ait beaucoup
de Nonces disposez à entrer dans les vûes du Roy
pour le bien du Royaume. Quelques uns prétendent que les Ordres de l'Etat se trouvant assemblez , le Roy peut disposer des Charges vacantes
de la Couronne, d'autres soutiennent le contraire
et proposent une Diette à Cheyal ou une Confédération.
Le
OCTOBRE. 1732. 2269
Le 27, il y eut un Nonce qui se leva et qui
protesta, sans donner aucune raison de sa pro- festation.
L'Acte de Protestation remis par les Nonces du
Duché de Lithuanie , porte en substance que ce
qui les a déterminez à protester contre la Diette
suivant leurs instructions ; n'est pas un dessein
formé de s'opposer aux intentions de S. M. mais
parce que dans la Diette convoquée extraordinairement pour 15 jours , il se trouve compris dans
cette quinzaine trois jours qui appartiennent
auterme ordinaire de la Diette Generale , qui se
lon l'alternative établie par les Constitutionrs de
P'Etat , doit se tenir à Grodno. Ils prétendent
d'ailleurs qu'il n'y a aucune necessité d'assembler
une Diette extraordinaire puisque le Royaume
est sans Guerre , et que l'on ne doit se servir de
ce remede que dans les cas de danger évident ;
non contents de protester contre la tenue de la
Diette , ils ont protesté aussi d'avance contre
tout ce que pourroit décider le Conseil d'Etat ow
des Sénateurs , sur des affaires qui demandent let
consentement unanime des Députez des deux Ná- tions.
Le 30 , il y eut plusieurs Négociations entre
les Sénateurs et les Nonces , au sujet de la nomination aux Charges vacantes de la Couronne
mais le nombre des opposans s'étant augmenté
jusqu'à 1zo.le Regent de la Couronne fit en leur
nom une protestation contre cette Nomination
et l'on ne doute pas que les Nonces ne se séparent le z de ce mois , qui est le dernier des quinze jours , sans que cette affaire soit terminée.
Les Commissaires du Roy et de la République ,
nommez pour conférer avec les Ministres Etrangers, ont fait remettre au Ministre du Roy de
Hiij Prusse,
2270 MERCURE DE FRANCE
Prusse, comme Marquis de Brandebourg , un
Mémoire, contenant les articles suivans : Qu'on
continuera les Négociations commencées l'année
derniere , au sujet du Titre de Roy que la République n'a pas encore accordé au Roy de Prusse;
que les Commissaires rendront à ce Ministre
Plénipotentiaire les mêmes honneurs qu'ils ontrendu à ses Prédecesseurs , et qu'ils lui donneront le Titre d'Excellence ; qu'on observera de
même à l'égard du Résident de Brandebourg
zout t ce qui a été observé avec ses Prédecesseurs ,
passées en contestations, quoiqu'il y ait beaucoup
de Nonces disposez à entrer dans les vûes du Roy
pour le bien du Royaume. Quelques uns prétendent que les Ordres de l'Etat se trouvant assemblez , le Roy peut disposer des Charges vacantes
de la Couronne, d'autres soutiennent le contraire
et proposent une Diette à Cheyal ou une Confédération.
Le
OCTOBRE. 1732. 2269
Le 27, il y eut un Nonce qui se leva et qui
protesta, sans donner aucune raison de sa pro- festation.
L'Acte de Protestation remis par les Nonces du
Duché de Lithuanie , porte en substance que ce
qui les a déterminez à protester contre la Diette
suivant leurs instructions ; n'est pas un dessein
formé de s'opposer aux intentions de S. M. mais
parce que dans la Diette convoquée extraordinairement pour 15 jours , il se trouve compris dans
cette quinzaine trois jours qui appartiennent
auterme ordinaire de la Diette Generale , qui se
lon l'alternative établie par les Constitutionrs de
P'Etat , doit se tenir à Grodno. Ils prétendent
d'ailleurs qu'il n'y a aucune necessité d'assembler
une Diette extraordinaire puisque le Royaume
est sans Guerre , et que l'on ne doit se servir de
ce remede que dans les cas de danger évident ;
non contents de protester contre la tenue de la
Diette , ils ont protesté aussi d'avance contre
tout ce que pourroit décider le Conseil d'Etat ow
des Sénateurs , sur des affaires qui demandent let
consentement unanime des Députez des deux Ná- tions.
Le 30 , il y eut plusieurs Négociations entre
les Sénateurs et les Nonces , au sujet de la nomination aux Charges vacantes de la Couronne
mais le nombre des opposans s'étant augmenté
jusqu'à 1zo.le Regent de la Couronne fit en leur
nom une protestation contre cette Nomination
et l'on ne doute pas que les Nonces ne se séparent le z de ce mois , qui est le dernier des quinze jours , sans que cette affaire soit terminée.
Les Commissaires du Roy et de la République ,
nommez pour conférer avec les Ministres Etrangers, ont fait remettre au Ministre du Roy de
Hiij Prusse,
2270 MERCURE DE FRANCE
Prusse, comme Marquis de Brandebourg , un
Mémoire, contenant les articles suivans : Qu'on
continuera les Négociations commencées l'année
derniere , au sujet du Titre de Roy que la République n'a pas encore accordé au Roy de Prusse;
que les Commissaires rendront à ce Ministre
Plénipotentiaire les mêmes honneurs qu'ils ontrendu à ses Prédecesseurs , et qu'ils lui donneront le Titre d'Excellence ; qu'on observera de
même à l'égard du Résident de Brandebourg
zout t ce qui a été observé avec ses Prédecesseurs ,
Fermer
Résumé : Diete Generale de Pologne, &c. [titre d'après la table]
En octobre 1732, les séances de la Diète Générale furent marquées par des contestations malgré le soutien de nombreux nonces au roi. Les débats portaient sur la gestion des charges vacantes de la Couronne. Le 27 octobre, un nonce protesta sans raison explicite, et les nonces de Lituanie remirent un acte de protestation contre l'inclusion de trois jours de la Diète ordinaire dans la période de la Diète extraordinaire. Ils s'opposaient également à toute décision du Conseil d'État sans consentement unanime des députés des deux nations. Le 30 octobre, des négociations sur la nomination aux charges vacantes échouèrent en raison de l'augmentation des opposants. Par ailleurs, les commissaires du roi et de la République remirent un mémoire au ministre du roi de Prusse, stipulant la continuation des négociations sur le titre de roi et le maintien des honneurs accordés aux prédécesseurs du ministre et du résident de Brandebourg.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
25
p. 2477-2478
POLOGNE.
Début :
On apprend de Warsovie que la Diette Génerale se separa le 2 du mois dernier, sans [...]
Mots clefs :
Pologne, Diète générale, Varsovie, Suède, Tsarine
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLO N E.
N apprend de Warsovie que la Diette Génerale se separa le 2 du mois dernier , sans
prendre aucune résolution , et dès le même jour
la plupart des Nonces partirent pour retourner dans leurs Terres.
Le même jour , le Roy fit remettre aux Sénateurs un Mémoire , au sujet de la nomination
aux Charges vacantes de Grand-General et dè Grand-Chancelier de la Couronne , afin de sçaH voir
2478 MERCURE DE FRANCE
voir s'il peut en disposer malgré les protestations de quelques Nonces.
Le 3 , les Sénateurs donnerent leurs avis par
écrit , et S. M. ayant vû qu'ils étoient partagez ,
Elle a résolu d'assembler un Conseil de Sénateurs avant son départ pour Dresde. On assure
que le Roy convoquera une nouvelle Diette extraordinaire pour le mois de Février prochain.
L'Envoyé extraordinaire de la Czarine se prépare à retourner à Petersbourg sans avoir pú réussir dans ses Négociations ; parce que les
Commissaires du Roy et de la République de
Pologne ont demandé que S. M. Cz. n'insistat
plus sur le payement des sommes qu'elle pré- tend lui être dûës par cette Couronne ; qu'elle cessat de s'interesser aux affaires du Duché de
' Curlande , et qu'elle retirat les Troupes Mosce .
vites qu'elle entretient depuis plusieurs années dans ce Duché.
On publia à Warsovie , après le départ du
Roy , une Déclaration de S. M. pour le rétablis
sement de la bonne intelligence entre la Pologne
et la Suede. Cette Déclaration à laquelle le Roy a
donné la même force que pourroient avoir des
Actes solemnels de Paix et d'Alliance, sera échangée contre une pareille Déclaration du Roy de
Suede , et des Etats , et après l'échange , tout
commerce sera rétabli entre les deux Royaumes.
Le Roy de Pologne partit le 15 du mois der- nier de Warsovie et arriva à Dresde le du
même mois , et S. M. doit revenir en Pologne
à la fin du mois de Janvier
N apprend de Warsovie que la Diette Génerale se separa le 2 du mois dernier , sans
prendre aucune résolution , et dès le même jour
la plupart des Nonces partirent pour retourner dans leurs Terres.
Le même jour , le Roy fit remettre aux Sénateurs un Mémoire , au sujet de la nomination
aux Charges vacantes de Grand-General et dè Grand-Chancelier de la Couronne , afin de sçaH voir
2478 MERCURE DE FRANCE
voir s'il peut en disposer malgré les protestations de quelques Nonces.
Le 3 , les Sénateurs donnerent leurs avis par
écrit , et S. M. ayant vû qu'ils étoient partagez ,
Elle a résolu d'assembler un Conseil de Sénateurs avant son départ pour Dresde. On assure
que le Roy convoquera une nouvelle Diette extraordinaire pour le mois de Février prochain.
L'Envoyé extraordinaire de la Czarine se prépare à retourner à Petersbourg sans avoir pú réussir dans ses Négociations ; parce que les
Commissaires du Roy et de la République de
Pologne ont demandé que S. M. Cz. n'insistat
plus sur le payement des sommes qu'elle pré- tend lui être dûës par cette Couronne ; qu'elle cessat de s'interesser aux affaires du Duché de
' Curlande , et qu'elle retirat les Troupes Mosce .
vites qu'elle entretient depuis plusieurs années dans ce Duché.
On publia à Warsovie , après le départ du
Roy , une Déclaration de S. M. pour le rétablis
sement de la bonne intelligence entre la Pologne
et la Suede. Cette Déclaration à laquelle le Roy a
donné la même force que pourroient avoir des
Actes solemnels de Paix et d'Alliance, sera échangée contre une pareille Déclaration du Roy de
Suede , et des Etats , et après l'échange , tout
commerce sera rétabli entre les deux Royaumes.
Le Roy de Pologne partit le 15 du mois der- nier de Warsovie et arriva à Dresde le du
même mois , et S. M. doit revenir en Pologne
à la fin du mois de Janvier
Fermer
Résumé : POLOGNE.
En Pologne, la Diète générale s'est dissoute le 2 du mois précédent sans décision. Le roi a proposé des nominations pour les postes de Grand-Général et de Grand-Chancelier, malgré les oppositions. Le 3, les sénateurs ont donné leurs avis par écrit, et le roi a convoqué un conseil avant son départ pour Dresde. Une nouvelle Diète extraordinaire est prévue pour février. L'envoyé de la czarine retourne à Petersbourg sans succès dans ses négociations. Les commissaires polonais ont demandé à la czarine de cesser d'insister sur des paiements et de retirer les troupes moscovites du Duché de Courlande. Après le départ du roi, une déclaration royale a été publiée pour rétablir la bonne intelligence avec la Suède, équivalente à des actes de paix et d'alliance. Le commerce entre les deux royaumes sera rétabli après l'échange de déclarations similaires. Le roi de Pologne est parti de Varsovie le 15 du mois précédent et est arrivé à Dresde le 21, prévoyant un retour en Pologne fin janvier.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
26
p. 2478-2479
SUEDE.
Début :
Le Roy a donné ses Ordres au Prince Guillaume de Hesse-Cassel son Frere, pour [...]
Mots clefs :
Suède, Guillaume de Hesse-Cassel, Traité d'alliance, Pologne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUEDE.
SUE DE.
E Roy a donné ses Ordres au Prince Guil
laume de Hesse- Cassel son Frere , pour augmenter les Troupes du Landgraviat , confor
mement
NOVEMBRE. 1732. 2479
hement aux conditions particulieres du nouveau Traité d'Alliance que le Roy de Suede ,
comme Landgrave de Hesse , a conclu avec le
Roy de Pologne , pour la deffense mutuelle de
leurs Etats d'Allemagne
E Roy a donné ses Ordres au Prince Guil
laume de Hesse- Cassel son Frere , pour augmenter les Troupes du Landgraviat , confor
mement
NOVEMBRE. 1732. 2479
hement aux conditions particulieres du nouveau Traité d'Alliance que le Roy de Suede ,
comme Landgrave de Hesse , a conclu avec le
Roy de Pologne , pour la deffense mutuelle de
leurs Etats d'Allemagne
Fermer
27
p. 2900-2901
POLOGNE.
Début :
Les Traitez entre l'Empereur et la République de Pologne ayant été renouvellés depuis le [...]
Mots clefs :
Pologne, Fièvre épidémique, Province
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE.
Es Traitez entre l'Empereur et la République LdePologne ayant de renouvel
départ du Roi , conformément aux Constitutions de la Diette generale de 1726. S. M. a envoyé des ordres au Major General de la Couronne qui est actuellement à Constantinople ,
d'en donner part au Grand-Seigneur , et de représenter à S. H. que le renouvellement de ces Traitez ne devoit lui causer aucune inquiétude
parce que ce n'étoit plus une alliance offensive
et qu'on en avoit retranché l'article du Traité
de 1677. qui concernoit la levée des Troupes.
Il régne à Léopold et dans toute la Pologne
une fiévre épidémique , accompagnée des mêmes
symptômes que la fiévre qui préceda la derniere
II. Vol.
ma-
DECEMBRE. 1732 1901
maladie contagieuse de cette Province , ce qui a
déterminé le Régimentaire de la Couronne à y
envoyer plusieurs Compagnies d'Infanterie et de
Cavalerie pour garder les passages , et empêcher
que personne ne sorte de la Province sans Certi ficats de santé
Es Traitez entre l'Empereur et la République LdePologne ayant de renouvel
départ du Roi , conformément aux Constitutions de la Diette generale de 1726. S. M. a envoyé des ordres au Major General de la Couronne qui est actuellement à Constantinople ,
d'en donner part au Grand-Seigneur , et de représenter à S. H. que le renouvellement de ces Traitez ne devoit lui causer aucune inquiétude
parce que ce n'étoit plus une alliance offensive
et qu'on en avoit retranché l'article du Traité
de 1677. qui concernoit la levée des Troupes.
Il régne à Léopold et dans toute la Pologne
une fiévre épidémique , accompagnée des mêmes
symptômes que la fiévre qui préceda la derniere
II. Vol.
ma-
DECEMBRE. 1732 1901
maladie contagieuse de cette Province , ce qui a
déterminé le Régimentaire de la Couronne à y
envoyer plusieurs Compagnies d'Infanterie et de
Cavalerie pour garder les passages , et empêcher
que personne ne sorte de la Province sans Certi ficats de santé
Fermer
Résumé : POLOGNE.
En décembre 1732, un traité entre l'Empereur et la Pologne a été renouvelé. L'Empereur a rassuré le Grand-Seigneur qu'il ne s'agissait plus d'une alliance offensive. Une fièvre épidémique sévissait en Pologne, conduisant à des mesures sanitaires strictes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
28
p. 378-379
ALLEMAGNE.
Début :
La nouvelle de la mort du Roy de Pologne étant arrivée à Dresde, on fit comme on avoit [...]
Mots clefs :
Serment, Prince, Tribunaux, Pologne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLE MAGNE.
Léntverlivé àDresden me on
A nouvelle de la mort du Roy de Pologne
fait à Warsovie après la mort de ce Prince on
ferma d'abord les Portes de la Ville , les Colléges
, les Tribunaux cesserent leurs fonctions , et
les habitans témoignerent par leurs regrets, combien
ils étoient pénétrez de la grande perte qu'ils
faisoient.
Le lendemain , 5 de ce mois , le Régiment de
Rutowski , fit hommage au nouvel Electeur
Frederic - Auguste , et prêta serment de fidelité
entre les mains du Prince Jean - Adolphe de Saxe-
Weissenfels. On ouvrit ensuite les Portes de la
Ville , et les Tribunaux reprirent leurs fonc¬
tions.
Le 6 , le Regiment de Solkowski , prêta pa
reillement hommage et serment entre les mains
du même Prince ; tous les autres Regimens doivent
en faire autant , et le General de Baudis a
reçu ordre d'aller recevoir le Serment de la Cava➡i
leric
FEVRIER . 1733. 379
lerie. Le nouvel Elecreur à reçu les complimens
de condoleance des principaux Officiers militai
res , de tous les Tribunaux et Coinmunautés du
Pays , S. A. R. les a fait assurer chacun en particulier
de sa protection , et Elle a confirmé dans
leurs Charges les principaux Officiers de sa Cour.
Les Rescripts et Ordonnances sont à present .
pour Préambule : Son Altesse Royale de Pologne
et de Lithuanie, Electeur de Saxe , & c , et ils sont
scellez des Armes de Pologne et de Lithuanie .
Léntverlivé àDresden me on
A nouvelle de la mort du Roy de Pologne
fait à Warsovie après la mort de ce Prince on
ferma d'abord les Portes de la Ville , les Colléges
, les Tribunaux cesserent leurs fonctions , et
les habitans témoignerent par leurs regrets, combien
ils étoient pénétrez de la grande perte qu'ils
faisoient.
Le lendemain , 5 de ce mois , le Régiment de
Rutowski , fit hommage au nouvel Electeur
Frederic - Auguste , et prêta serment de fidelité
entre les mains du Prince Jean - Adolphe de Saxe-
Weissenfels. On ouvrit ensuite les Portes de la
Ville , et les Tribunaux reprirent leurs fonc¬
tions.
Le 6 , le Regiment de Solkowski , prêta pa
reillement hommage et serment entre les mains
du même Prince ; tous les autres Regimens doivent
en faire autant , et le General de Baudis a
reçu ordre d'aller recevoir le Serment de la Cava➡i
leric
FEVRIER . 1733. 379
lerie. Le nouvel Elecreur à reçu les complimens
de condoleance des principaux Officiers militai
res , de tous les Tribunaux et Coinmunautés du
Pays , S. A. R. les a fait assurer chacun en particulier
de sa protection , et Elle a confirmé dans
leurs Charges les principaux Officiers de sa Cour.
Les Rescripts et Ordonnances sont à present .
pour Préambule : Son Altesse Royale de Pologne
et de Lithuanie, Electeur de Saxe , & c , et ils sont
scellez des Armes de Pologne et de Lithuanie .
Fermer
Résumé : ALLEMAGNE.
Après l'annonce de la mort du roi de Pologne à Varsovie, Dresde ferma ses portes et suspendit les activités des collèges et tribunaux. Les habitants manifestèrent leur deuil. Le 5 février 1733, le régiment de Rutowski prêta serment de fidélité au nouvel électeur de Saxe, Frédéric-Auguste, en présence du prince Jean-Adolphe de Saxe-Weissenfels. Les portes de la ville furent rouvertes et les tribunaux reprirent leurs fonctions. Le 6 février, le régiment de Solkowski fit de même. Tous les régiments devaient suivre cet exemple, et le général de Baudis reçut l'ordre de recevoir le serment de la cavalerie. Le nouvel électeur reçut les condoléances des principaux officiers militaires, tribunaux et communautés du pays. Il confirma les principaux officiers de sa cour dans leurs charges. Les documents officiels portaient désormais le titre de Son Altesse Royale de Pologne et de Lithuanie, Electeur de Saxe, et étaient scellés des armes de Pologne et de Lithuanie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
29
p. 1870-1871
LETTRE du Roy de France au Primat.
Début :
MON COUSIN, Je vois avec plaisir par votre Lettre du 10. [...]
Mots clefs :
République, Pologne, Sentiments, Gloire, Europe
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE du Roy de France au Primat.
LETTRE du Roy de France au Primat.
MON ON COUSIN ,
Je vois avec plaisir par votre Lettre du 10.
Juin , que la Sérenissime République de Pologne
attend de moi les mêmes sentimens d'amitié dont les
Rois mes prédecesseurs ont toujours cherché à lui
donner des marques les plus distinguées . Animé du
seul amour de la liberté qui est le droit naturel et
fondamental de votre Patrie , vous n'en desirez
pour elle que l'entiere jouissance, et vous lui préparés
une gloire immortelle en annonçant à toute l'Europe
que quelque choix que la Serenissime République
fasse , elle veut toujours observer exactement et religieusement
les Traitez d'Alliance faits et renouvellez
avec ses Voisins . Quel appui et quelle pro¬
tection ne doit pas esperer un Royaume qui se conduis
avec des sentimens aussi purs , et dont il n'est
pas
AOUST. 1732 . 1871
paspermis de douter lors u'un Prélat aussi bien instruit
des Maximes de sa Nation en porte l'assuran
ce aux yeux detoutes les Puissances de l'Europe. Jela
reçois personnellement avec une veritable satisfaction
, et prét à seconder et soutenir en toutes occasions
des principes si justes et si conformes au bon→
heur de la Couronne de Pologne et à la tranquillité
du Nord, j'en ferai avec joye le fondement de la
protection dont j'ai chargé le Marquis de Monti ,
de donner les plus fortes assurances à la Serenissime
Republique . Veville le Seigneur , par une suite
de benedictions qu'il a si souvent et si visiblement
répandues sur la Pologne , inspirer l'esprit d'union
et de concorde , et réunir les suffrages sur un sujet
dont les sentimens lui sorent assez connus pour
qu'elle puisse compter qu'il ne se souviendra que de
ce qu'il devra au bonheur et au maintien de sa
Patrie , aussi-bien qu'à la gloire et à la propaga
tion de notre sainte Foy . Sur ce , je prie Dieu qu'il
vous ait , Mon Cousin , en sa sainte et digne
garde. Signé, LOUIS.
Ecrit à Compiegne le 6. Juillet 1733 .
MON ON COUSIN ,
Je vois avec plaisir par votre Lettre du 10.
Juin , que la Sérenissime République de Pologne
attend de moi les mêmes sentimens d'amitié dont les
Rois mes prédecesseurs ont toujours cherché à lui
donner des marques les plus distinguées . Animé du
seul amour de la liberté qui est le droit naturel et
fondamental de votre Patrie , vous n'en desirez
pour elle que l'entiere jouissance, et vous lui préparés
une gloire immortelle en annonçant à toute l'Europe
que quelque choix que la Serenissime République
fasse , elle veut toujours observer exactement et religieusement
les Traitez d'Alliance faits et renouvellez
avec ses Voisins . Quel appui et quelle pro¬
tection ne doit pas esperer un Royaume qui se conduis
avec des sentimens aussi purs , et dont il n'est
pas
AOUST. 1732 . 1871
paspermis de douter lors u'un Prélat aussi bien instruit
des Maximes de sa Nation en porte l'assuran
ce aux yeux detoutes les Puissances de l'Europe. Jela
reçois personnellement avec une veritable satisfaction
, et prét à seconder et soutenir en toutes occasions
des principes si justes et si conformes au bon→
heur de la Couronne de Pologne et à la tranquillité
du Nord, j'en ferai avec joye le fondement de la
protection dont j'ai chargé le Marquis de Monti ,
de donner les plus fortes assurances à la Serenissime
Republique . Veville le Seigneur , par une suite
de benedictions qu'il a si souvent et si visiblement
répandues sur la Pologne , inspirer l'esprit d'union
et de concorde , et réunir les suffrages sur un sujet
dont les sentimens lui sorent assez connus pour
qu'elle puisse compter qu'il ne se souviendra que de
ce qu'il devra au bonheur et au maintien de sa
Patrie , aussi-bien qu'à la gloire et à la propaga
tion de notre sainte Foy . Sur ce , je prie Dieu qu'il
vous ait , Mon Cousin , en sa sainte et digne
garde. Signé, LOUIS.
Ecrit à Compiegne le 6. Juillet 1733 .
Fermer
Résumé : LETTRE du Roy de France au Primat.
Le roi de France écrit au Primat de Pologne pour exprimer sa satisfaction quant à l'amitié et à la liberté que la République de Pologne souhaite préserver. Il souligne l'importance de la liberté comme droit naturel et fondamental de la Pologne et approuve son désir de jouir pleinement de cette liberté. Le roi salue également l'engagement de la Pologne à respecter les traités d'alliance avec ses voisins. Il se déclare prêt à soutenir et protéger ces principes pour le bonheur de la Couronne de Pologne et la tranquillité du Nord. Le Marquis de Monti est chargé de transmettre ces assurances à la République. Le roi prie pour que l'union et la concorde soient inspirées en Pologne. La lettre est signée Louis et datée du 6 juillet 1733 à Compiègne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
30
p. 2060-2063
POLOGNE.
Début :
Le Primat a répondu à la Lettre de l'Electeur de Saxe, qu'il seroit fondé à demander [...]
Mots clefs :
Stanislaw Poniatowski, Diète, République, Varsovie, Caractère, Pologne, Ministre, Électeur, Maréchal de la Diète
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE.
E Primat a répondu à la Lettre de l'Electeur
de Saxe, qu'il seroit fondé à demander
une satisfaction à la République , si l'on avoit
violé le Droit des Gens en la personne de son
Ministre, que le Sénat est instruit de ce qui
est dû au caractere des Ministres des Princes ;
qu'il sçait qu'ils ne sont responsables de leurs
actions qu'à leurs Maîtres , lorsqu'ils n'abusent
point de leur caractere pour enfraindre les Loix
des Etats où ils résident , et pour en troubler la
tranquillité ; mais qu'il sçait aussi , et que plusieurs
exemples le lui ont appris , comment on
en doit user avec ces Ministres , quand ils ne se
tiennent point dans les bornes que la raison et
l'équité leur prescrivent ; que les Polonois prétendent
avoir des raisons suffisantes. pour croire
que le Comte de Wackerbart Salmour a fait régandre
dans le Public l'Eerit intitulé : Lettre
dun Nonce à son Ami , et qu'ainsi ils auroient
pû ne pas respecter le Droit des Gens dans la
personne d'un- Ministre qu'ils jugent ne l'avoir
pas respecté lui-même , que cependant la République
, sans se faire justice , comme l'Electeur
l'ent
SEPTEMBRE. 1733. 2061
Pen accuse , s'est contentée de lui porter ses
plaintes, que dans le Decret qui condamne au feu
l'Ecrit dont le Sénat se plaint , le Comte de Vackerbar
n'est pas nommé , si ce n'est dans la Déclaration
du Prêtre qui a été arreté pour l'avoir
distribué , qu'ainsi ce Ministre avance sans fondement
qu'on a blessé le respect dû à son caractere
, qu'il pourroit tout au plus , si la déclaration
du Prêtre étoit fausse , exiger qu'on le punît
comme un imposteur . Qu'au reste ce n'est pas
seulement sur la déposition de ce Témoin , mais
sur plusieurs autres indices que la République
appuye son accusation contre le Comte de Vackerbar
, et qu'elle persiste à demander justice de
Pabus qu'elle prétend qu'il a fait de son caractere
.
Il paroît à Warsovie une Réponse au Manifeste
, que la Czarine a fait répandre dans le
Royaume, et par lequel S. M. Czarienne assure les
Polonois,que si elle se détermine à faire entrer des
Troupes en Pologne , ce ne sera que pour leur
fournir les moyens d'élire librement un Roy ,
et que les Moscovites y observeront une si exacte
discipline , qu'aucun Sujet de la République
ne pourra se plaindre . L'Auteur de cette Répon
se remarque qu'on n'a jamais forcé une Nation
d'accepter un secours qu'elle ne demande pas ,
et que c'est mal prouver qu'on désire que les
Polonois soient libres , que de vouloir les proteger
malgré eux . Il ajoute que les instances que
les habitans de la Curlande ont fait à la Czarin e
pour qu'elle retirât ses Troupes de ce Duché ,
ne donnent pas lieu d'esperer qu'elles seront fort
disciplinées en Pologne. Le Comte de Lewolde ,
Ambassadeur Extraordinaire de la Czarine auprès
de la République , a fait entendre qu'il par
tiroit
2062 MERCURE DE FRANCE
tiroit de Warsovie pour se retirer à Konisberg
Le 13. Août , jour auquel on avoit fixé le
transport des Corps du Roy Jean III . et de celui
du feu Roy , du Château de Warsovie , au Palais
du Fauxbourg de Cracovie , on celebra dans la
Chapelle du Château , où ils étoient en dépôt
depuis trois jours , une Messe solemnelle de Requiem
, après laquelle M. Zaluski , Evêque de
Plocko , prononça l'Oraison Funebre du feu
Roy , et le Convoi se mit ensuite en marche
dans l'ordre suivant.
Les Décurions portant leurs Drapeaux cou
verts de crêpe , le Clergé Régulier , les Communautez
des Marchands , les Peres Missionnaires ,
les Evêques , un Maître et un Ayde des Cérémonies
, un Détachement des Gardes du Corps ; un
Carosse , dans lequel étoit le Corps du Roy
Jean III . les marques de sa dignité , portées
par
le Comte Szembeck , Palatin de Siradie, par
le Comte Plembocki , Palatin de Rava , et par
M.Lasceuscki, Castelan de Sochaczew ; les Gentilshommes-
Gardes , le Corps du feu Roy dans
un autre Carosse ; les marques de sa dignité ,
portées par le Comte Potoscki , Palatin de Kiovie
et par M. Rudzinski , Castelan de Czersk , le
Comte Pomatowsck , Régimentaire de la Cou-
'ronne , suivi des principaux Officiers Militaires ;
les Grands - Mousquetaires , ayant à leur tête
M. Potoscki, leur Colonel , fermoient la`marche.
Les Carosses étoient couverts de velours cramoisi
avec des galons et des crêpines d'or ; les
habits des Cochers , des Postillons et des Valets
de Pied , qui étoient aux Portieres , étoient de
velours de la même couleur , galonné d'or. Pendant
la marche du Convoi , il y eut plusieurs
décharges de l'Artillerie du Château et des Remparts
SEPTEMBRE . 1733. 2063
parts , et lorsqu'il fut arrivé au Palais du Fauxbourgs
de Cracovie , M. Kobielski , Suffragant
de l'Evêque de Cujavie , prononça une seconde
Oraison Funebre.
L'ouverture de la Diette d'Election se fit le 25.
Août , dans le Camp près de Warsovie. Le Pri- .
mat , M. Maschalski , Maréchal de la Diette générale
de Convocation , le Comte de Poniatowski
, Régimentaire de la Couronne , et plusieurs
Sénateurs , prononcerent des Discours
fort éloquens , pour déterminer la Noblesse à
ne point se laisser intimider par les menaces des
Puissances qui paroissent vouloir contraindre sa
liberté , et pour l'exhorter à ne connoître qu'el
le- même pour Interprete des Loix et des Conetitutions
du Royaume.
Dans la seconde Séance qui se tint le lendemain
, on commença à proceder à l'Election
du Maréchal de la Diette , et les Sujets proposez
furent Mrs Radziewski et Malachuski . La troi
siéme et la quatriéme Séance , qu ise sont tenuës
avant le 23. er le 24. ont été employées à
recueillir les suffrages ; M. Radziewski a cu
1422. voix , et M. Malachouski n'en ayant cu
que 67. s'est désisté de ses prétentions en fayeur
de son Concurrent , qui dans la huitiéme
Séance du 2. Septembre fut élû unanimement
Maréchal de la Dierre.
C
Quelques personnes ont affecté de publier que
les Troupes Moscovites , commandées par le
Général Lucci , s'étoient avancées en Lithuanie,
mais il ne paroît point que ce bruit donne beau
coup d'inquietude au Primat ni à la Noblesse."
E Primat a répondu à la Lettre de l'Electeur
de Saxe, qu'il seroit fondé à demander
une satisfaction à la République , si l'on avoit
violé le Droit des Gens en la personne de son
Ministre, que le Sénat est instruit de ce qui
est dû au caractere des Ministres des Princes ;
qu'il sçait qu'ils ne sont responsables de leurs
actions qu'à leurs Maîtres , lorsqu'ils n'abusent
point de leur caractere pour enfraindre les Loix
des Etats où ils résident , et pour en troubler la
tranquillité ; mais qu'il sçait aussi , et que plusieurs
exemples le lui ont appris , comment on
en doit user avec ces Ministres , quand ils ne se
tiennent point dans les bornes que la raison et
l'équité leur prescrivent ; que les Polonois prétendent
avoir des raisons suffisantes. pour croire
que le Comte de Wackerbart Salmour a fait régandre
dans le Public l'Eerit intitulé : Lettre
dun Nonce à son Ami , et qu'ainsi ils auroient
pû ne pas respecter le Droit des Gens dans la
personne d'un- Ministre qu'ils jugent ne l'avoir
pas respecté lui-même , que cependant la République
, sans se faire justice , comme l'Electeur
l'ent
SEPTEMBRE. 1733. 2061
Pen accuse , s'est contentée de lui porter ses
plaintes, que dans le Decret qui condamne au feu
l'Ecrit dont le Sénat se plaint , le Comte de Vackerbar
n'est pas nommé , si ce n'est dans la Déclaration
du Prêtre qui a été arreté pour l'avoir
distribué , qu'ainsi ce Ministre avance sans fondement
qu'on a blessé le respect dû à son caractere
, qu'il pourroit tout au plus , si la déclaration
du Prêtre étoit fausse , exiger qu'on le punît
comme un imposteur . Qu'au reste ce n'est pas
seulement sur la déposition de ce Témoin , mais
sur plusieurs autres indices que la République
appuye son accusation contre le Comte de Vackerbar
, et qu'elle persiste à demander justice de
Pabus qu'elle prétend qu'il a fait de son caractere
.
Il paroît à Warsovie une Réponse au Manifeste
, que la Czarine a fait répandre dans le
Royaume, et par lequel S. M. Czarienne assure les
Polonois,que si elle se détermine à faire entrer des
Troupes en Pologne , ce ne sera que pour leur
fournir les moyens d'élire librement un Roy ,
et que les Moscovites y observeront une si exacte
discipline , qu'aucun Sujet de la République
ne pourra se plaindre . L'Auteur de cette Répon
se remarque qu'on n'a jamais forcé une Nation
d'accepter un secours qu'elle ne demande pas ,
et que c'est mal prouver qu'on désire que les
Polonois soient libres , que de vouloir les proteger
malgré eux . Il ajoute que les instances que
les habitans de la Curlande ont fait à la Czarin e
pour qu'elle retirât ses Troupes de ce Duché ,
ne donnent pas lieu d'esperer qu'elles seront fort
disciplinées en Pologne. Le Comte de Lewolde ,
Ambassadeur Extraordinaire de la Czarine auprès
de la République , a fait entendre qu'il par
tiroit
2062 MERCURE DE FRANCE
tiroit de Warsovie pour se retirer à Konisberg
Le 13. Août , jour auquel on avoit fixé le
transport des Corps du Roy Jean III . et de celui
du feu Roy , du Château de Warsovie , au Palais
du Fauxbourg de Cracovie , on celebra dans la
Chapelle du Château , où ils étoient en dépôt
depuis trois jours , une Messe solemnelle de Requiem
, après laquelle M. Zaluski , Evêque de
Plocko , prononça l'Oraison Funebre du feu
Roy , et le Convoi se mit ensuite en marche
dans l'ordre suivant.
Les Décurions portant leurs Drapeaux cou
verts de crêpe , le Clergé Régulier , les Communautez
des Marchands , les Peres Missionnaires ,
les Evêques , un Maître et un Ayde des Cérémonies
, un Détachement des Gardes du Corps ; un
Carosse , dans lequel étoit le Corps du Roy
Jean III . les marques de sa dignité , portées
par
le Comte Szembeck , Palatin de Siradie, par
le Comte Plembocki , Palatin de Rava , et par
M.Lasceuscki, Castelan de Sochaczew ; les Gentilshommes-
Gardes , le Corps du feu Roy dans
un autre Carosse ; les marques de sa dignité ,
portées par le Comte Potoscki , Palatin de Kiovie
et par M. Rudzinski , Castelan de Czersk , le
Comte Pomatowsck , Régimentaire de la Cou-
'ronne , suivi des principaux Officiers Militaires ;
les Grands - Mousquetaires , ayant à leur tête
M. Potoscki, leur Colonel , fermoient la`marche.
Les Carosses étoient couverts de velours cramoisi
avec des galons et des crêpines d'or ; les
habits des Cochers , des Postillons et des Valets
de Pied , qui étoient aux Portieres , étoient de
velours de la même couleur , galonné d'or. Pendant
la marche du Convoi , il y eut plusieurs
décharges de l'Artillerie du Château et des Remparts
SEPTEMBRE . 1733. 2063
parts , et lorsqu'il fut arrivé au Palais du Fauxbourgs
de Cracovie , M. Kobielski , Suffragant
de l'Evêque de Cujavie , prononça une seconde
Oraison Funebre.
L'ouverture de la Diette d'Election se fit le 25.
Août , dans le Camp près de Warsovie. Le Pri- .
mat , M. Maschalski , Maréchal de la Diette générale
de Convocation , le Comte de Poniatowski
, Régimentaire de la Couronne , et plusieurs
Sénateurs , prononcerent des Discours
fort éloquens , pour déterminer la Noblesse à
ne point se laisser intimider par les menaces des
Puissances qui paroissent vouloir contraindre sa
liberté , et pour l'exhorter à ne connoître qu'el
le- même pour Interprete des Loix et des Conetitutions
du Royaume.
Dans la seconde Séance qui se tint le lendemain
, on commença à proceder à l'Election
du Maréchal de la Diette , et les Sujets proposez
furent Mrs Radziewski et Malachuski . La troi
siéme et la quatriéme Séance , qu ise sont tenuës
avant le 23. er le 24. ont été employées à
recueillir les suffrages ; M. Radziewski a cu
1422. voix , et M. Malachouski n'en ayant cu
que 67. s'est désisté de ses prétentions en fayeur
de son Concurrent , qui dans la huitiéme
Séance du 2. Septembre fut élû unanimement
Maréchal de la Dierre.
C
Quelques personnes ont affecté de publier que
les Troupes Moscovites , commandées par le
Général Lucci , s'étoient avancées en Lithuanie,
mais il ne paroît point que ce bruit donne beau
coup d'inquietude au Primat ni à la Noblesse."
Fermer
Résumé : POLOGNE.
En septembre 1733, le Primat de Pologne a répondu à une lettre de l'Électeur de Saxe concernant une affaire diplomatique. Il a souligné que la République polonaise respecte le droit des gens et le rôle des ministres des princes, mais peut prendre des mesures en cas d'abus de leur part. La République accuse le Comte de Wackerbarth Salmour d'avoir diffusé un écrit intitulé 'Lettre d'un Nonce à son Ami', justifiant ainsi une violation du droit des gens. Bien que le Comte n'ait pas été nommé dans le décret condamnant l'écrit, la République insiste sur la demande de justice pour les abus présumés. À Varsovie, une réponse au manifeste de la Czarine a été publiée, critiquant l'intervention militaire russe en Pologne. Le Comte de Lewolde, ambassadeur de la Czarine, a annoncé son départ pour Königsberg. Le 13 août, les corps du roi Jean III et du feu roi ont été transférés du Château de Varsovie au Palais du Faubourg de Cracovie, accompagnés d'une messe solennelle et d'oraisons funèbres. L'ouverture de la Diète d'Élection a eu lieu le 25 août près de Varsovie. Le Primat et plusieurs sénateurs ont prononcé des discours exhortant la noblesse à défendre sa liberté face aux menaces des puissances étrangères. Lors des séances suivantes, M. Radziewski a été élu Maréchal de la Diète. Quelques rumeurs ont circulé sur l'avancée des troupes moscovites en Lituanie, mais elles n'ont pas suscité d'inquiétude majeure.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
31
p. 2070-2072
« Les menaces de l'Empereur, ni même la marche des Troupes qu'il a envoyées pour forcer le [...] »
Début :
Les menaces de l'Empereur, ni même la marche des Troupes qu'il a envoyées pour forcer le [...]
Mots clefs :
Empereur, Troupes, Mois, Ville, Camp, Roi, Pologne, Électeur de Saxe
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Les menaces de l'Empereur, ni même la marche des Troupes qu'il a envoyées pour forcer le [...] »
Les menaces de l'Empereur , ni même la marche
des Troupes qu'il a envoyées pour forcer le
Duc Charles Leopold de Meckelbourg à ceder
l'administration de ses Etats au Duc Louis- Chrétien
son frere , n'ont pû le déterminer à șe sou- i
mettre au Decret Imperial. Il a déclaré par plusieurs
Manifestes qu'il ne reconnoissoit aucune
Puissance qui eût droit de le dépouiller d'une
autorité qu'il ne tenoit que de ses Ancêtres , et
qu'il étoit résolu de la soutenir jusqu'à la derniere
extremité. Il a pourvû en même- temps la
Ville de Schwerin de toutes les munitions nécessaires
pour une longue résistance , et il s'y est
rsnfermé dans le dessein de ne se rendre que lorsqu'il
ne lui restera plus aucune ressource . Une
partie des Habitans du Duché , et presque tous
les Païsans des environs de cette Ville , lui sont
demeurez fideles ; ce Prince ayant fait publier
que ses Sujets prissent les Armes , tous ceux qui
sont en état de les porter , obéirent . Ils se rendirent
le 14 Septembre par troupes dans la Plaine
vis-à- vis la principale Porte de la Ville, Quelquesuns
même se détacherent le lendemain pour al
ler reconnoître un Corps de 600. hommes que ›
la Commisson Impériale a déja fait entrer dans
ce Duché pour y faire mettre le Decret de l'Empereur
à execution , et qui a pris ses quartiers
dans quelques Villages voisins , mais qui ne pa-.
Loft plus dans la Place depuis que la Garnison
lui
SEPTEMBRE. 1733. 2701
lui a enlevé plusieurs Soldats dans une sortie
qu'elle fit la nuit du 10 au 11. de ce mois.
On apprend de Vienne, que le Comte Maurice.
Antoine Solari de Broglio , et M. de Heunisch ,
Ministres Plénipotentiaires du Roy de Sardai
gne , reçurent le 1o. de ce mois des mains de
P'Empereur , au nom du Roy leur Maître , l'investiture
de toutes les parties de ses Etats qui
sont Fiefs de l'Empire. Tous les Ministres d'Etat
et la plus grande partie de la principale Noblesse
assisterent à cette Cérémonie.
Le 13. S. M. I. assista à la Procession solemnelle
que le Clergé Séculier et Régulier a coûtume
de faire tous les ans à pareil jour , elle assista
ensnite dans l'Eglise Métropolitaine à la Messe
qui fut celebrée pontificalement par le Cardinal
Archevêque de Vienne , et au Te Deum qu'on
chanta , suivant l'usage , pour remercier Dieu de
la victoire que Jean Sobieski , Roy de Pologne ,
remporta sur les Turcs en 1683. et qui les obligea
de lever le Siege de devant cette Capitale.
Les Lettres de Glogaw , portent que le 30. du
mois dernier , le Prince Louis Wittemberg , avoit
fait la Revûë des Troupes qui sont campées près
de cette Place , et que le même jour les Troupes
que l'Electeur de Saxe devoit envoyer à ce Camp,
y étoient arrivées. Selon les derniers avis reçûs
de Pilsen , les Régimens de Hesse - Cassel et de
Marulli , se rendirent le 10. au Camp que l'Empereur
a formé entre cette Place et celle d'Egra.
Ceux de Konigseg et de Philippi , y arriverent
le lendemain , ils furent joints le 13. par le
Régiment de Lobkowitz , Cuirassiers , et par
celui du Comte de Soissons . Il y a actuellement
dans ce Camp 22000. hommes et 18. Pieces de
Canon.
Hij Од
107 MERCURE DE FRANCE
On écrit de Rome , que dans le Consistoite
secret que le Pape tint le 2. de ce mois , le Car
dinal Ottoboni proposa l'Evêché d'Acqs pour
PAbbé Dandigné , et préconisa le P. Charles
Martin pour l'Abbaye Réguliere de N. D. de
Cuicy, Ordre de Prémontré, Diocèse de Laon,
L'Electeur de Saxe a envoyé de magnifiques
présens au Cardinal Annibal Albani , chargé des
affaires de Pologne à la Cour de Rome.
des Troupes qu'il a envoyées pour forcer le
Duc Charles Leopold de Meckelbourg à ceder
l'administration de ses Etats au Duc Louis- Chrétien
son frere , n'ont pû le déterminer à șe sou- i
mettre au Decret Imperial. Il a déclaré par plusieurs
Manifestes qu'il ne reconnoissoit aucune
Puissance qui eût droit de le dépouiller d'une
autorité qu'il ne tenoit que de ses Ancêtres , et
qu'il étoit résolu de la soutenir jusqu'à la derniere
extremité. Il a pourvû en même- temps la
Ville de Schwerin de toutes les munitions nécessaires
pour une longue résistance , et il s'y est
rsnfermé dans le dessein de ne se rendre que lorsqu'il
ne lui restera plus aucune ressource . Une
partie des Habitans du Duché , et presque tous
les Païsans des environs de cette Ville , lui sont
demeurez fideles ; ce Prince ayant fait publier
que ses Sujets prissent les Armes , tous ceux qui
sont en état de les porter , obéirent . Ils se rendirent
le 14 Septembre par troupes dans la Plaine
vis-à- vis la principale Porte de la Ville, Quelquesuns
même se détacherent le lendemain pour al
ler reconnoître un Corps de 600. hommes que ›
la Commisson Impériale a déja fait entrer dans
ce Duché pour y faire mettre le Decret de l'Empereur
à execution , et qui a pris ses quartiers
dans quelques Villages voisins , mais qui ne pa-.
Loft plus dans la Place depuis que la Garnison
lui
SEPTEMBRE. 1733. 2701
lui a enlevé plusieurs Soldats dans une sortie
qu'elle fit la nuit du 10 au 11. de ce mois.
On apprend de Vienne, que le Comte Maurice.
Antoine Solari de Broglio , et M. de Heunisch ,
Ministres Plénipotentiaires du Roy de Sardai
gne , reçurent le 1o. de ce mois des mains de
P'Empereur , au nom du Roy leur Maître , l'investiture
de toutes les parties de ses Etats qui
sont Fiefs de l'Empire. Tous les Ministres d'Etat
et la plus grande partie de la principale Noblesse
assisterent à cette Cérémonie.
Le 13. S. M. I. assista à la Procession solemnelle
que le Clergé Séculier et Régulier a coûtume
de faire tous les ans à pareil jour , elle assista
ensnite dans l'Eglise Métropolitaine à la Messe
qui fut celebrée pontificalement par le Cardinal
Archevêque de Vienne , et au Te Deum qu'on
chanta , suivant l'usage , pour remercier Dieu de
la victoire que Jean Sobieski , Roy de Pologne ,
remporta sur les Turcs en 1683. et qui les obligea
de lever le Siege de devant cette Capitale.
Les Lettres de Glogaw , portent que le 30. du
mois dernier , le Prince Louis Wittemberg , avoit
fait la Revûë des Troupes qui sont campées près
de cette Place , et que le même jour les Troupes
que l'Electeur de Saxe devoit envoyer à ce Camp,
y étoient arrivées. Selon les derniers avis reçûs
de Pilsen , les Régimens de Hesse - Cassel et de
Marulli , se rendirent le 10. au Camp que l'Empereur
a formé entre cette Place et celle d'Egra.
Ceux de Konigseg et de Philippi , y arriverent
le lendemain , ils furent joints le 13. par le
Régiment de Lobkowitz , Cuirassiers , et par
celui du Comte de Soissons . Il y a actuellement
dans ce Camp 22000. hommes et 18. Pieces de
Canon.
Hij Од
107 MERCURE DE FRANCE
On écrit de Rome , que dans le Consistoite
secret que le Pape tint le 2. de ce mois , le Car
dinal Ottoboni proposa l'Evêché d'Acqs pour
PAbbé Dandigné , et préconisa le P. Charles
Martin pour l'Abbaye Réguliere de N. D. de
Cuicy, Ordre de Prémontré, Diocèse de Laon,
L'Electeur de Saxe a envoyé de magnifiques
présens au Cardinal Annibal Albani , chargé des
affaires de Pologne à la Cour de Rome.
Fermer
Résumé : « Les menaces de l'Empereur, ni même la marche des Troupes qu'il a envoyées pour forcer le [...] »
Le Duc Charles Léopold de Mecklembourg refuse de céder l'administration de ses États au Duc Louis-Chrétien, son frère, malgré les menaces et les troupes impériales. Il affirme ne reconnaître aucune autorité pouvant le dépouiller de son pouvoir héréditaire et se prépare à résister. Il fortifie la ville de Schwerin et y rassemble des munitions. Une partie des habitants et des paysans lui restent fidèles et prennent les armes. Le 14 septembre, ils se rassemblent près de la ville pour le soutenir. La garnison de Schwerin attaque un corps de troupes impériales, capturant plusieurs soldats. À Vienne, les ministres plénipotentiaires du Roi de Sardaigne reçoivent l'investiture impériale pour les fiefs impériaux. L'Empereur célèbre la victoire de Jean Sobieski sur les Turcs en 1683. À Glogau, le Prince Louis Wittemberg passe en revue les troupes, et plusieurs régiments rejoignent le camp impérial entre Pilsen et Egra, totalisant 22 000 hommes et 18 pièces de canon. À Rome, le Cardinal Ottoboni propose des nominations ecclésiastiques lors d'un consistoire secret, et l'Électeur de Saxe envoie des présents au Cardinal Annibal Albani, chargé des affaires de Pologne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
32
p. 2251-2255
MANIFESTE que les Etats de la République de Pologne, assemblez en Diette pour l'Election d'un Roy, ont publié à l'occasion de l'entrée des Troupes Russiennes dans le Grand-Duché de Lithuanie.
Début :
NOUS, les Sénateurs Spirituels et Séculiers, et toute la Noblesse de la Couronne de Pologne [...]
Mots clefs :
Élection, Royaume, République, Troupes étrangères, Libre, Patrie, Sang, Puissances, Grand-duché de Lituanie, Pologne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MANIFESTE que les Etats de la République de Pologne, assemblez en Diette pour l'Election d'un Roy, ont publié à l'occasion de l'entrée des Troupes Russiennes dans le Grand-Duché de Lithuanie.
MANIFESTE que les Etats de la
République de Pologne , assemblez en
Diette pour l'Election d'un Roy , one
publié à l'occasion de l'entrée des
Troupes Russiennes dans le Grand-
Duché de Lithuanie.
No
OUS , les Sénateurs Spirituels et Séculiers;
er toute la Noblesse de la Couronne de Polo-
Ene et du Grand-Duché de Lithuanie , voulant
derniser à jamais une Procedure aussi injuste , que
2262 MERCURE DE FRANCE
elle de l'entrée des Russiens , sçavoir faisons par la
Présente , a tous un chacun .
Nous avons toujours observé inviolablement es
saintement les Traitez d'Alliance et d'Amitié avec
les très - illustres Puissances voisines. Dans la derniere
Diette generale de Convocation , nous avons
non- seulement confirmé ces Traitez , mais nous y
avons donné , tant en notre nom , qu'au nom de
nos très - illustres Rois , les assurances les plus fortes
que nous entretiendrions religieusement et avecj oye
une amitié sincere avec lesdites Puissances .
Notre intention n'a jamais été de causer le moindre
préjudice à nos Voisins ; nous en prenons à témoin
le Grand-Dieu , notre Juge suprême : Nous
sommes assemblz ici au lieu ordinaire, entre Vvarsovie
et vola,selon l'ancienne pratique en usage depuis
le Regne du très- illustre Roy Sigismond Auguste ,
conformement aux Loix fondamentales et Constitutions
du Royaume et en vertu de nos Privileges et
des Pacta Conventa , faits avec nos très-illustres
Rois , afin d'y preceder d'un suffrage libre et una-
Aime , et de notre propre mouvement et volonté , à
l'Election d'un Roy , ainsi qu'il appartient à une
Nation libre , qui ne veut être contrainte ni dépendre
de qui que ce soit ; nous avons commencé pour
cet effet nos déliberations , en će qui regarde l'Election
et les affaires de notre Royaume, et nous l'avons
fait jusqu'à présent d'une maniere paisible , n'ayant
ni guerre ni aucun differend avec qui que ce soit, et
ne voulant pas nous méler des affaires étrangeres,
Mais comme nous avons appris que l'Armée de
la très-illustre Czarienne est entrée en Lithuanie es
qu'elle poursuit sa marche vers les Frontieres de
Pologne , dans le dessein d'opprimer , sous un pou
voir arbitraire notre libre Election , indépendante
de qui que ce soit; de violenter le premier et le plus
autheng
OCTOBRE. 17337 2253
Authentique de nos droits , qui est celui de l'Election;
de violer les Pacta et les Traitez conclus cy -devant
et en particulier celui du Pruth , de maîtriser notre
Patrie exempte de tout reproche , d'y faire couler des
ruisseaux de sang et de soüiller notre Pais d'un sang
innocent ; nous ne pouvons plus nous retenir ni nous
empêcher de manifester devant Dieu , les Puissances
voisines et le Monde entier , les injustices et les
violences qu'on commet envers nous , au moyen d'u
ne procedure aussi illégale que celle de l'entrée desdites
Troupes Czariennes dans ce Royaume , sans
que nous y ayons donné le moindre sujet , et qui no
rend qu'a ravager notre Pays par des attentats injustes
, et à opprimer les droits incontestables d'une
ibre Election , acquis par nos Ancêtres au prix de
feur sang et reconnus de tout temps par les Puissances
voisines,
- Nous nous adressons à tous les Potentats , et nous
Leur déclarons par la Présente , que notre intention
n'étant pas d'agir offensivement ( Dieu en est témoin )
nous avons résolu , selon le droit naturel , et permis
à un chacun pour sa propre deffense , de sacrifier notre
sang, nos vies et tout ce qui est en notre pouvoir
, à l'exemple de nos Ancêtres , pour le maintien
d'une Prérogative et d'un droit aussi précieux
que celui d'une libre Election , et d'appeller à notre
secours celui dont la vengeance poursuit les coupables
et dont la justice prend la defense des innocens
et les maintient dans leurs Droits , Libertez et Pré-
Kogatives : Ultima pro nobis vibrabit fulmina celum
, enfin le Ciel lancerases foudres en notre faveur.
par ··Comme nous avons appris , tant les Manifestes
des Moscovites, que par la voix publique , qu'il
se trouve quelques Membres de la République , tanı
de l'Ordre Ecclesiastique que de l'Ordre Séculier,
qui
254 MERCURE DE FRANCE
qui ont appellé lesdites Troupes étrangeres pour op➡
primer avec violence et à main armée la libre Elec
tion et troubler la tranquillité, tant interieure qu'exserieure
de la Patrie, la République les regarde com
me de veritables Monstres dégénérez de leur Race,
et une engeance de Vipere dénaturée et déchaînée
contre leur propre Mere ; Elle les desavoie et les
raye du Livre des vivans et de ceux qui sont éle
wex dans l'état de liberté , comme des gens indignes
de ce précieux gage ; elle les retranche et sépare du
Corps de la République comme des Membres pourris
et infectez du feu d'une rage infernale ; elle les déseste
comme des enfans illegitimes, qui n'appartienment
pas à l'héritage de leur commune Mere, parse
qu'ils ont osé lever leurs mains cruelles contre
elle. Elle les déclare ennemis de la Patrie , rebelles
infâmes et invindicabilia Capita , ainsi que tous
seux qui à l'avenir pourront les aller joindre , enwretenir
correspondance avec eux , ou qui les assisseront
directement ou indirectement , ces sortes de
gens étant véritablement des exnemis capitaux de
la Patrie, puisqu'ils ont entrepris d'y introduire des
Troupes ennemies et de l'inonder d'un Déluge da
sang et de larmes.
Les Etats de la République s'engagent de s'élever
Contre un tel ou tels , quelqu'en puisse être le
nombre ; de se saisir de leurs biens et de ceux de
Beurs Successeurs , pour les joindre au fisc , et s'em
servir ensuite pour dédommager ceux dont les biens
auront été ravagez par les Troupes étrangeres ,
introduites dans le Royaume d'une maniere så
impie.
La maison dans laquelle un tel ou tels ont habité,
sera razée, pour une marque éternelle de leur
trahison ; on ne leur accordera point d'Amnistie,
ils ne pourrons jamais être réhabilitez dans
Lesn
OCTOBRE. 1733. 2255
Teur précédente égalité ; leurs femmes même se
vont privées de leurs Privileges et prerogatives.
S'i arrive qu'un Evêque soit du nombre de tels
Sujets , il sera frustré de sa dignité , autorité et ac-
Sivité dans les Assemblées publiques , et les revenus
de ses biens seront mis en sequestre jusqu'à une dér
ision définitive à cet égard.
Il est expressément stipulé qu'aucun Evêque ni
Sénateur Séculier , ne pourra pendant ce temps de
rouble , sortir du Royaume ou envoyer quelqu'un
dans les Pays Etrangers , sous les peines portées cy
dessus contre les Rebelles , outre la confiscation de
ses biens et la perte de ses Charges , et ceux qui se
Prouveront actuellement hors du Royaume , seront
obligez d'y revenir sous les mêmes peines.
A cet effet , nous avons signé le présent Manifesta
dans tous ses points et clauses ; et si quelqu'un des
Evêques , Sénateurs , Ministres ou des Membres de
la Noblesse des deux Nations refusede le signerrfpa
reillement, il sera tenu , ipso facto , pour ennemi de
Ja Patrie. Fait au Camp Electoral , entre Vvar
sovie et Vvola, le 4. Septembre 1733.
République de Pologne , assemblez en
Diette pour l'Election d'un Roy , one
publié à l'occasion de l'entrée des
Troupes Russiennes dans le Grand-
Duché de Lithuanie.
No
OUS , les Sénateurs Spirituels et Séculiers;
er toute la Noblesse de la Couronne de Polo-
Ene et du Grand-Duché de Lithuanie , voulant
derniser à jamais une Procedure aussi injuste , que
2262 MERCURE DE FRANCE
elle de l'entrée des Russiens , sçavoir faisons par la
Présente , a tous un chacun .
Nous avons toujours observé inviolablement es
saintement les Traitez d'Alliance et d'Amitié avec
les très - illustres Puissances voisines. Dans la derniere
Diette generale de Convocation , nous avons
non- seulement confirmé ces Traitez , mais nous y
avons donné , tant en notre nom , qu'au nom de
nos très - illustres Rois , les assurances les plus fortes
que nous entretiendrions religieusement et avecj oye
une amitié sincere avec lesdites Puissances .
Notre intention n'a jamais été de causer le moindre
préjudice à nos Voisins ; nous en prenons à témoin
le Grand-Dieu , notre Juge suprême : Nous
sommes assemblz ici au lieu ordinaire, entre Vvarsovie
et vola,selon l'ancienne pratique en usage depuis
le Regne du très- illustre Roy Sigismond Auguste ,
conformement aux Loix fondamentales et Constitutions
du Royaume et en vertu de nos Privileges et
des Pacta Conventa , faits avec nos très-illustres
Rois , afin d'y preceder d'un suffrage libre et una-
Aime , et de notre propre mouvement et volonté , à
l'Election d'un Roy , ainsi qu'il appartient à une
Nation libre , qui ne veut être contrainte ni dépendre
de qui que ce soit ; nous avons commencé pour
cet effet nos déliberations , en će qui regarde l'Election
et les affaires de notre Royaume, et nous l'avons
fait jusqu'à présent d'une maniere paisible , n'ayant
ni guerre ni aucun differend avec qui que ce soit, et
ne voulant pas nous méler des affaires étrangeres,
Mais comme nous avons appris que l'Armée de
la très-illustre Czarienne est entrée en Lithuanie es
qu'elle poursuit sa marche vers les Frontieres de
Pologne , dans le dessein d'opprimer , sous un pou
voir arbitraire notre libre Election , indépendante
de qui que ce soit; de violenter le premier et le plus
autheng
OCTOBRE. 17337 2253
Authentique de nos droits , qui est celui de l'Election;
de violer les Pacta et les Traitez conclus cy -devant
et en particulier celui du Pruth , de maîtriser notre
Patrie exempte de tout reproche , d'y faire couler des
ruisseaux de sang et de soüiller notre Pais d'un sang
innocent ; nous ne pouvons plus nous retenir ni nous
empêcher de manifester devant Dieu , les Puissances
voisines et le Monde entier , les injustices et les
violences qu'on commet envers nous , au moyen d'u
ne procedure aussi illégale que celle de l'entrée desdites
Troupes Czariennes dans ce Royaume , sans
que nous y ayons donné le moindre sujet , et qui no
rend qu'a ravager notre Pays par des attentats injustes
, et à opprimer les droits incontestables d'une
ibre Election , acquis par nos Ancêtres au prix de
feur sang et reconnus de tout temps par les Puissances
voisines,
- Nous nous adressons à tous les Potentats , et nous
Leur déclarons par la Présente , que notre intention
n'étant pas d'agir offensivement ( Dieu en est témoin )
nous avons résolu , selon le droit naturel , et permis
à un chacun pour sa propre deffense , de sacrifier notre
sang, nos vies et tout ce qui est en notre pouvoir
, à l'exemple de nos Ancêtres , pour le maintien
d'une Prérogative et d'un droit aussi précieux
que celui d'une libre Election , et d'appeller à notre
secours celui dont la vengeance poursuit les coupables
et dont la justice prend la defense des innocens
et les maintient dans leurs Droits , Libertez et Pré-
Kogatives : Ultima pro nobis vibrabit fulmina celum
, enfin le Ciel lancerases foudres en notre faveur.
par ··Comme nous avons appris , tant les Manifestes
des Moscovites, que par la voix publique , qu'il
se trouve quelques Membres de la République , tanı
de l'Ordre Ecclesiastique que de l'Ordre Séculier,
qui
254 MERCURE DE FRANCE
qui ont appellé lesdites Troupes étrangeres pour op➡
primer avec violence et à main armée la libre Elec
tion et troubler la tranquillité, tant interieure qu'exserieure
de la Patrie, la République les regarde com
me de veritables Monstres dégénérez de leur Race,
et une engeance de Vipere dénaturée et déchaînée
contre leur propre Mere ; Elle les desavoie et les
raye du Livre des vivans et de ceux qui sont éle
wex dans l'état de liberté , comme des gens indignes
de ce précieux gage ; elle les retranche et sépare du
Corps de la République comme des Membres pourris
et infectez du feu d'une rage infernale ; elle les déseste
comme des enfans illegitimes, qui n'appartienment
pas à l'héritage de leur commune Mere, parse
qu'ils ont osé lever leurs mains cruelles contre
elle. Elle les déclare ennemis de la Patrie , rebelles
infâmes et invindicabilia Capita , ainsi que tous
seux qui à l'avenir pourront les aller joindre , enwretenir
correspondance avec eux , ou qui les assisseront
directement ou indirectement , ces sortes de
gens étant véritablement des exnemis capitaux de
la Patrie, puisqu'ils ont entrepris d'y introduire des
Troupes ennemies et de l'inonder d'un Déluge da
sang et de larmes.
Les Etats de la République s'engagent de s'élever
Contre un tel ou tels , quelqu'en puisse être le
nombre ; de se saisir de leurs biens et de ceux de
Beurs Successeurs , pour les joindre au fisc , et s'em
servir ensuite pour dédommager ceux dont les biens
auront été ravagez par les Troupes étrangeres ,
introduites dans le Royaume d'une maniere så
impie.
La maison dans laquelle un tel ou tels ont habité,
sera razée, pour une marque éternelle de leur
trahison ; on ne leur accordera point d'Amnistie,
ils ne pourrons jamais être réhabilitez dans
Lesn
OCTOBRE. 1733. 2255
Teur précédente égalité ; leurs femmes même se
vont privées de leurs Privileges et prerogatives.
S'i arrive qu'un Evêque soit du nombre de tels
Sujets , il sera frustré de sa dignité , autorité et ac-
Sivité dans les Assemblées publiques , et les revenus
de ses biens seront mis en sequestre jusqu'à une dér
ision définitive à cet égard.
Il est expressément stipulé qu'aucun Evêque ni
Sénateur Séculier , ne pourra pendant ce temps de
rouble , sortir du Royaume ou envoyer quelqu'un
dans les Pays Etrangers , sous les peines portées cy
dessus contre les Rebelles , outre la confiscation de
ses biens et la perte de ses Charges , et ceux qui se
Prouveront actuellement hors du Royaume , seront
obligez d'y revenir sous les mêmes peines.
A cet effet , nous avons signé le présent Manifesta
dans tous ses points et clauses ; et si quelqu'un des
Evêques , Sénateurs , Ministres ou des Membres de
la Noblesse des deux Nations refusede le signerrfpa
reillement, il sera tenu , ipso facto , pour ennemi de
Ja Patrie. Fait au Camp Electoral , entre Vvar
sovie et Vvola, le 4. Septembre 1733.
Fermer
Résumé : MANIFESTE que les Etats de la République de Pologne, assemblez en Diette pour l'Election d'un Roy, ont publié à l'occasion de l'entrée des Troupes Russiennes dans le Grand-Duché de Lithuanie.
En 1733, les États de la République de Pologne, réunis en Diète pour l'élection d'un roi, ont publié un manifeste en réponse à l'entrée des troupes russes dans le Grand-Duché de Lituanie. Les sénateurs spirituels et séculiers, ainsi que la noblesse des couronnes de Pologne et de Lituanie, expriment leur volonté de mettre fin à une procédure injuste déclenchée par cette intrusion. Ils affirment avoir toujours respecté les traités d'alliance et d'amitié avec les puissances voisines et déclarent que leur intention n'a jamais été de causer du préjudice à leurs voisins. Les États de Pologne soulignent qu'ils se sont réunis conformément aux lois fondamentales et aux constitutions du royaume pour procéder à l'élection libre d'un roi, sans guerre ni différend avec quiconque. Ils dénoncent l'entrée des troupes russes comme une violation de leurs droits et des traités antérieurs, notamment celui du Pruth, et comme une tentative d'opprimer leur élection libre et indépendante. Le manifeste appelle à la défense des droits et des libertés de la nation polonaise. Il stipule que ceux qui ont invité les troupes étrangères seront considérés comme des ennemis de la patrie et des rebelles. Les États s'engagent à confisquer les biens de ces individus et à les exclure de la République. Ils interdisent également aux évêques et sénateurs de quitter le royaume pendant cette période de trouble, sous peine de confiscation de leurs biens et de perte de leurs charges. Le manifeste est signé au camp électoral entre Varsovie et Vola, le 4 septembre 1733.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
33
p. 2267-2275
Motifs des Résolutions du Roy, &c. [titre d'après la table]
Début :
Le 15 de ce mois, on distribua à l'Imprimerie Royale, un imprimé, intitulé : Motifs [...]
Mots clefs :
Roi de Pologne, Pologne, Empereur, République, Prince, Cour de Vienne, Armes, Électeur de Saxe, Europe, Liberté, Troupes, Trône, Élection, Couronne, Paix, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Motifs des Résolutions du Roy, &c. [titre d'après la table]
L
E. 1s de ce mois , on distribua à l'Imprimerie
Royale , un imprimé , intitulé : Motifs
des Résolutions du Roy , dont voici la teneur.
LE ROY a donné depuis son avenement à la
Couronne , des preuves éclatantes de sa modération
et de son amour pour la Paix , peut- être
même pourroit-on lui imputer de les avoir portées
trop loin : Cependant il a préféré le repos et
la félicité de ses peuples , à la funeste ambition
d'étendre les Limites de son Empire. Mais la mo,"
dération a ses bornes comme les autres vertus , ét
l'Europe jouiroit encore d'une tranquillité profonde
, si lès Ennemis de la France n'avoient pas
G vj forcé
·
2263 MERCURE DE FRANCE
forcé Sa Majesté à prendre les armes pour def
fendre la dignité de sa Couronne , la gloire de
la Nation Françoise , l'honneur et la liberté de
la Pologne.
*
Depuis que le Thrône de Pologne a été va
cant , le Roy a constamment, respecté la liberte
Polonoise , il n'a rien cxigé d'un peuple libre , et
seul arbitre de son sort. La République elle- mê--
me a imploré son secours, elle a redoublé ses instances
, à mesure que ses allarmes croissoient ,
et qu'elle se voyoit environnée d'armées ennemies
; elle a cherché dans l'équité et dans les for,
ces de Sa Majesté , un azyle toujours ouvert aux
Puissances qui sont menacées d'être opprimées,
Le Roy, a l'exemple de ses Ancêtres , a assuré sa
protection à la Pologne , il l'a déclaré 1 à tous
fes Souverains, mais dans, les termes les plus mesurez
, et avec cette modération digne des grands .
Princes. Il a même , dès les premiers momens.
fait connoître à la Cour de Vienne ce qui pou
voit seul prévenir les troubles en Europe ; et tou--
tes les démarches qu'il a faites depuis , sont autant
de monumens illustres de son amour pour
le maintien de la tranquillité publique..
Une conduite aussi sage n'a pas empêché la
Cour de Vienne , d'éclater contre un Prince né
dans le sein de la Pologne , et attaché au Roy
par des liens aussi étroits. Cette Cour encoura
gée par tant de mesures antérieures , favorables
a ses projets particuliers, a prodigué pour répondre
2 à la déclaration de Sa Majesté , les termes
les plus offensans , et qui devroient être inconnus
entre Princes que leurs Sceptres rendent égaux.Le
Roy n'est point sorti des bornes que sa sagesse
1. Cette declaration est imprimée N. 1.
2.Cette réponse est imprimée N. a.
lui
OCTOBRE 135 2269
lui avoit prefcrites : Il ne s'est point pressé de
tirer la vengeance que demandoit une insulte qui
lui devenoit personnelle ; et si les préparatifs necessaires
ont annoncé son juste ressentiment , il
en a suspendu les effets jusqu'au moment où il
ne lui a plus été possible de conserver la paix
sans blesser la dignité de sa Couronne , et l'honneur
de son Sang..
Peut-on douter que l'interêt personnel de l'Empereur
n'ait décidé de sa conduite , et n'ait dé◄
terminé les engagemens qu'il avoit pris pour dis
poser d'une Couronne indépendante de l'Empi
re , et qui n'étoit pas même encore vacante ID
prétendoit exclure également le Roy. Stanislaa
par le seul motif de ses liaisons avec la Francel'Electeur
de Saxe , parce qu'il paroissoit alors
avoir des interêts opposez à ceux de la Maison
d'Autriche. La mort du Roy Auguste a donné
lieu à de nouveaux projets : Cet Electeur s'est
hâté d'entrer dans toutes les vûës de l'Empereur,
et dès- lors il a cessé de mériter l'exclusion que
çe Prince et la Czarine lui avoient donnée . Cette
exclusion a été levée ; l'on a promis par un nou
veau Traité , d'élever l'Electeur de Saxe sur le
Thrône de Pologne , et les Troupes ennemies se
sont rapprochées de la République , pour la forcer
à souscrire à ces arrangemens ..
Les Polonois ont crú necessaire à leur liberté ,
d'exclure tout Prince étranger de la Couronne
qui étoit vacante. Cette exclusion a été pronon
cée par la Dictte de convocation , et elle a para
si essentielle , qu'elle a été affermie par un serment
solemnel. La Cour de Vienne a voulu franchir
cette nouvelle Barriere ; il n'est rien qu'elle
n'ait tenté pour procurer l'absolution de ce ser
ment ; comme si les interêts , et les projets sans
bor2270
MERCURE DE FRANCE
bornes ; de la Maison d'Autriche , devoient dé
cider d'un engagement, consacré par la Religion.
L'Empereur a redoublé ses efforts ; il avoit annoncé:
Qu'il ne permettroit jamais que Scanis-
» las remontât sur le Throne , sous prétexee de
sa premiere Election , ou de quelqu'autre ma-
» niere que ce fut. Ses Ministres près de la République
ont agi dans une parfaite intelligence
avec ceux de Saxe et de Moscovie ; il ont même
fait trophée de leur union, ils l'ont publiée avec
éclat à Warsovie ; toutes leurs déclarations ont
été faites dans le même esprit , mêmes insultes
au Roy de Pologne , mêmes ordres à la Répu
blique ; les menaces , les intrigues , les supposi
tions les plus calomnieuses, la marche des Troupes
, tout a été concerté entr'eux , tout leur a été
commun. Les Ministres de Saxe et de Moscovie,
fors de l'Election , se sont retirez chez celui de
l'Empereur ; et afin qu'il ne restår plus aucun
doute de leur union , le Ministre de l'Empereur
s'est joint à celui de Moscovie , pour notifier pus
bliquement au Primat l'entrée des Moscovites en
Pologne , et pour montrer à la République as➡
semblée les Fers qu'on lui avoit préparez. 1
"
La Cour de Vienne a -t-elle pu penser en im
poser à l'Europe , et se flatter de dissiper l'oras
ge, en differant de faire entrer ses Troupes en Po
logne , lors même qu'elle détérminoit les Moscovites
à y faire une irruption ? Elle a esperé que
les armes des Moscovites suffiroient pour intimider
et asservir les Polonois et d'ailleurs les
Troupes Imperiales et Saxones'n'étoient- elles
pas toujours sur les Frontieres de la Pologne
prêtes à y entrer pour soutenir leur violence !
** Cette déclaration est imprimée Nutz& A
A
OCTOBR E. 1733. 2271
A tous ces traits , il est difficile de reconnof
tre l'aggresseur. Les Traitez, par lesquels l'Empereur
a voulu disposer en Maître absolu de la
Couronne de Pologne ; l'exclusion qu'il s'est ef-
' forcé de donner sans authorité et sans pouvoir,
à un Prince que ses vertus rendent digne du
Thrône ; les assurances données à l'Electeur de
Saxe, pour le récompenser de sa docilité; la marche
des Troupes Impériales , de concert avec
celles de Saxe et de Moscovie; l'hoftilité que les
Moscovites ont commise dans le temps même de :
l'Election , pour assûrer par la force des armes
l'execution des projets de l'Empereur; cette hostilité
approuvée , et même annoncée par son Mi--
nistre. Toute cette conduite sera à jamais un té---
moignage public que ce Prince est seul autheur
de la guerre ; qu'il a forcé le Roy à prendre les
armes , par l'outrage qu'il a voulu faire à S. M.
et par les violences exercées ou par lui , on de
-son aveu , contre la République de Pologne.
>
Si tous ces efforts ont été inutiles lors de l'E- -
lection , le Roy et le Royaume de Pologne en
sont uniquement redevables à celui à qui seul
appartient de disposer des Couronnes , et qui
tient en ses mains les coeurs des Peuples, comme
ceux des Rois. Le courage des Polonois les a af
franchis de la servitude dans laquelle la Cour
'de Vienne vouloit les précipiter ; mais le Roy
ne peut demander raison qu'à l'Empereur, de son
opposition au rétablissement du Roy de Pologne
, de ses déclarations injurieuses , répandues
dans toute l'Europe par les Ennemis qu'il a suscitez
à la France et à la Pologne qui ne désiroient
que la paix et la liberté , des conseils qu'il
a donnez à la Cour de Russie des esperances
dont il a flatté celle de Saxe ; enfin de tous less
efforts
»
2272 MERCURE DE FRANCE
1
afforts qu'il fait encore pour soûtenir ses premiers
projets.
Envain la Cour de Vienne espere de cacher ses
intrigues aux yeux de l'Europe. On retrouve par
tout ses conseils , ses principes , ses expressions
indécentes , ses desseins formez contre la liberté
Polonoise.
›
Le Prince respectable contre lequel l'Empereur
s'éleve , est le même en qui la plus grande partie
des Souverains de l'Europe , et nommément
P'Empereur Joseph avoient reconnu le sacré
caractere de la Rayauté . L'alliance que le Roy
Stanislas avoit contractée avec le Roy , a changé
les dispositions et le langage de la Cour de Vienne
: Ce Prince est devenu dèslors,selon l'expics
sion des Alliez , un Citoyen proscrit de sa
Patrie . Cette variation auroit de quoi surpren
dre , si l'on n'en voyoit pas le principe dans le
projet que l'Empereur a formé d'offenser S. M.
dans la personne d'un Prince qui lui est cher , er
de se rendre le dispenrateur des Couronnes.
La République de Pologne n'a point de pré-
10gative plus précieuse que celle de disposer de
son Throne , attribut éminent de sa liberté , et
pour la conservation duquel on l'a vu verser son
sang. L'Empereur a voulu y donner atteinte ; il
n'a pas craint de marquer et le Prince qu'il vou
Toit exclure , et celui qu'il vouloit porter sur le
Throne. Il a entrepris de prononcer sans autho
rité , sur ce qui s'étoit passé dans l'intérieur de
la République au sujet de la premiere Election du
Roy de Pologne , il a décidé en Legislateur sou
verain des Loix qui doivent subsister en Pologne,
et des fondemens de la liberté qu'il a voulu ren-.
verser. Le seul menagement qu'il a cû pour elle ,
a été de déguiser ses entreprises sous les appa
rences
OCTOBRE . 1733. 2273
rences d'une protection trompeuse , et sous le
voile d'un prétendu Traité que le tumulte des
armes enfanta avec précipitation , et que la Republique
rendue à elle- même n'a pas crû devoir
suivre .
1
L'Empereur et la Czarine se sont toujours expliquez
à la République , comme on parle à un
Royaume tributaire , ou à une Nation subjugée .
Leurs menaces ont été accompagnées de la marche
de leurs Troupes jusques sur les Frontieres
P'armée Moscovite est entrée en Pologne . afin
de remplir ses engagemens avec l'Empereur , dans
le temps même de l'Election , dans la vue et pour
étouffer par le bruit des armes les Loix et les suf
frages de la République .
Cependant la Nation Polonoise a délibéré sur
l'Election de son Roy , avec cette tranquillité
que la justice seule peut inspirer au milieu des
dangers . Les voeux de la République avoient prévenu
le retour du Roy de Pologne , sa presence
a réuni les esprits , le Champ d'Election n'a retenti
que d'une voix en sa faveur , et cette déliberation
a été consommée avec une unanimité
dont on n'a pas vû d'exemple dans les Faftes de
la Pologne.
C'est cette unanimité qui devoit imposer un
silence eternel à ses Ennemis , puisqu'elle annonçoit
la volonté du Maître des Rois ; et c'est cependant
ce qui les détermine à se porter aux derniers
excès. Le comble est mis à la violence ; l'ar-'
mée Moscovite,par le concert des Alliez,s'avance
vers Varsovie ; les Troupes de l'Empereur et
de l'Electeur de Saxe sont prêtes à marcher sur
les mêmes traces , si les armes Moscovites ne
suffisent pas pour accabler un Peuple libre , qui
reclame ses droits les plus incontestables , et le
glorieux usage de sa liberté.
•
2174 MERCURE DE FRANCE
Que les Cours de Vienne et de Russie cessent
d'usurper l'auguste titre de Protecteurs de lo Pologne
: A ce titre même auroient - elles le droit
d'ouvrir et de fermer les Barrieres qui deffendent
l'accès du Throne vacant ? Ce n'est point e
touffant les droits d'une Nation , qu'on merite
le nom de son Protecteur , mais en la deffendant
contre ceux qui la voudroient opprimer.Le Roy
en avoit donné l'exemple à l'Empereur : Il no
craint point d'en prendre à témoin la Républi
que même et toute l'Europe : Quoique S. M.
dut souhaiter le rétablissement d'un Prince que
la France avoit reçu dans ses malheurs , et qui
lui est uni par les liens les plus sacrez , Elle n'a
rien exigé des Polonois , persuadée qu'il n'ap
partient qu'à la Nation Polonoise de rappeller
un Prince que les malheurs des temps avoient
long- temps séparé d'elle. La Lettre i de S. M.
au Primat du... ne réspire que la juftice et la
paix : l'Europe y reconnoîtra la droiture des intentions
du Roy; elle y verra combien le Roy
est éloigné d'inspirer au Roy de Pologne des
sentimens opposez aux interêts de la Républi
que ; et que s'il a souhaité avec empressement le
rétablissement de ce Prince , c'est pour concou
rir avec lui à l'observation des Traitez qui interessent
la Pologne, et contribuer en même- temps
à la félicité et à la gloire de cette République
à la tranquillité du Nord .
Ce n'est donc point par des vues d'ambition
ou d'interêt que le Roy prend les armes . Contente
de posseder un Royaume florissant , et de
regner sur un Peuple fidelle , Sa Majesté ne cherthe
point à reculer les bornes de sa domination.
Cette Lettre est imprimée N. 4
Ex
OCTOBRE. 17337 2275
Envain l'Empereur , pour interesser l'Empire
dans ses projets , cherche - t - il à l'allarmer sur
les desseins qu'il attribuë faussement à Sa Marsté.
L'Empereur a voulu la guerre , qu'il a renue
necessaire en outrageant le Roy dans ce qui
doit être le plus sacré parmi les Souverains . S
M. se propose d'effacer jusques aux moindres
traces de l'outrage que la Cour de Vienne a cru
lui faire , et de soutenir l'honneur de la France.
D'aussi justes motifs redoubleront encore l'ar
deur des Troupes Françoises : Elles prennent les
armes avec empressement pour vanger leur
Roy, et pour empêcher d'illustres Alliez de succomber
sous les forces que l'Empereur a suscitées
contre eux.C'est au Dieu des armées à donner
la Victoire. Le Roy peut l'invoquer avec
confiance , et esperer que ses succès respondront
à sa modération , à sa patience et à la pureté de
ses sentimens.
E. 1s de ce mois , on distribua à l'Imprimerie
Royale , un imprimé , intitulé : Motifs
des Résolutions du Roy , dont voici la teneur.
LE ROY a donné depuis son avenement à la
Couronne , des preuves éclatantes de sa modération
et de son amour pour la Paix , peut- être
même pourroit-on lui imputer de les avoir portées
trop loin : Cependant il a préféré le repos et
la félicité de ses peuples , à la funeste ambition
d'étendre les Limites de son Empire. Mais la mo,"
dération a ses bornes comme les autres vertus , ét
l'Europe jouiroit encore d'une tranquillité profonde
, si lès Ennemis de la France n'avoient pas
G vj forcé
·
2263 MERCURE DE FRANCE
forcé Sa Majesté à prendre les armes pour def
fendre la dignité de sa Couronne , la gloire de
la Nation Françoise , l'honneur et la liberté de
la Pologne.
*
Depuis que le Thrône de Pologne a été va
cant , le Roy a constamment, respecté la liberte
Polonoise , il n'a rien cxigé d'un peuple libre , et
seul arbitre de son sort. La République elle- mê--
me a imploré son secours, elle a redoublé ses instances
, à mesure que ses allarmes croissoient ,
et qu'elle se voyoit environnée d'armées ennemies
; elle a cherché dans l'équité et dans les for,
ces de Sa Majesté , un azyle toujours ouvert aux
Puissances qui sont menacées d'être opprimées,
Le Roy, a l'exemple de ses Ancêtres , a assuré sa
protection à la Pologne , il l'a déclaré 1 à tous
fes Souverains, mais dans, les termes les plus mesurez
, et avec cette modération digne des grands .
Princes. Il a même , dès les premiers momens.
fait connoître à la Cour de Vienne ce qui pou
voit seul prévenir les troubles en Europe ; et tou--
tes les démarches qu'il a faites depuis , sont autant
de monumens illustres de son amour pour
le maintien de la tranquillité publique..
Une conduite aussi sage n'a pas empêché la
Cour de Vienne , d'éclater contre un Prince né
dans le sein de la Pologne , et attaché au Roy
par des liens aussi étroits. Cette Cour encoura
gée par tant de mesures antérieures , favorables
a ses projets particuliers, a prodigué pour répondre
2 à la déclaration de Sa Majesté , les termes
les plus offensans , et qui devroient être inconnus
entre Princes que leurs Sceptres rendent égaux.Le
Roy n'est point sorti des bornes que sa sagesse
1. Cette declaration est imprimée N. 1.
2.Cette réponse est imprimée N. a.
lui
OCTOBRE 135 2269
lui avoit prefcrites : Il ne s'est point pressé de
tirer la vengeance que demandoit une insulte qui
lui devenoit personnelle ; et si les préparatifs necessaires
ont annoncé son juste ressentiment , il
en a suspendu les effets jusqu'au moment où il
ne lui a plus été possible de conserver la paix
sans blesser la dignité de sa Couronne , et l'honneur
de son Sang..
Peut-on douter que l'interêt personnel de l'Empereur
n'ait décidé de sa conduite , et n'ait dé◄
terminé les engagemens qu'il avoit pris pour dis
poser d'une Couronne indépendante de l'Empi
re , et qui n'étoit pas même encore vacante ID
prétendoit exclure également le Roy. Stanislaa
par le seul motif de ses liaisons avec la Francel'Electeur
de Saxe , parce qu'il paroissoit alors
avoir des interêts opposez à ceux de la Maison
d'Autriche. La mort du Roy Auguste a donné
lieu à de nouveaux projets : Cet Electeur s'est
hâté d'entrer dans toutes les vûës de l'Empereur,
et dès- lors il a cessé de mériter l'exclusion que
çe Prince et la Czarine lui avoient donnée . Cette
exclusion a été levée ; l'on a promis par un nou
veau Traité , d'élever l'Electeur de Saxe sur le
Thrône de Pologne , et les Troupes ennemies se
sont rapprochées de la République , pour la forcer
à souscrire à ces arrangemens ..
Les Polonois ont crú necessaire à leur liberté ,
d'exclure tout Prince étranger de la Couronne
qui étoit vacante. Cette exclusion a été pronon
cée par la Dictte de convocation , et elle a para
si essentielle , qu'elle a été affermie par un serment
solemnel. La Cour de Vienne a voulu franchir
cette nouvelle Barriere ; il n'est rien qu'elle
n'ait tenté pour procurer l'absolution de ce ser
ment ; comme si les interêts , et les projets sans
bor2270
MERCURE DE FRANCE
bornes ; de la Maison d'Autriche , devoient dé
cider d'un engagement, consacré par la Religion.
L'Empereur a redoublé ses efforts ; il avoit annoncé:
Qu'il ne permettroit jamais que Scanis-
» las remontât sur le Throne , sous prétexee de
sa premiere Election , ou de quelqu'autre ma-
» niere que ce fut. Ses Ministres près de la République
ont agi dans une parfaite intelligence
avec ceux de Saxe et de Moscovie ; il ont même
fait trophée de leur union, ils l'ont publiée avec
éclat à Warsovie ; toutes leurs déclarations ont
été faites dans le même esprit , mêmes insultes
au Roy de Pologne , mêmes ordres à la Répu
blique ; les menaces , les intrigues , les supposi
tions les plus calomnieuses, la marche des Troupes
, tout a été concerté entr'eux , tout leur a été
commun. Les Ministres de Saxe et de Moscovie,
fors de l'Election , se sont retirez chez celui de
l'Empereur ; et afin qu'il ne restår plus aucun
doute de leur union , le Ministre de l'Empereur
s'est joint à celui de Moscovie , pour notifier pus
bliquement au Primat l'entrée des Moscovites en
Pologne , et pour montrer à la République as➡
semblée les Fers qu'on lui avoit préparez. 1
"
La Cour de Vienne a -t-elle pu penser en im
poser à l'Europe , et se flatter de dissiper l'oras
ge, en differant de faire entrer ses Troupes en Po
logne , lors même qu'elle détérminoit les Moscovites
à y faire une irruption ? Elle a esperé que
les armes des Moscovites suffiroient pour intimider
et asservir les Polonois et d'ailleurs les
Troupes Imperiales et Saxones'n'étoient- elles
pas toujours sur les Frontieres de la Pologne
prêtes à y entrer pour soutenir leur violence !
** Cette déclaration est imprimée Nutz& A
A
OCTOBR E. 1733. 2271
A tous ces traits , il est difficile de reconnof
tre l'aggresseur. Les Traitez, par lesquels l'Empereur
a voulu disposer en Maître absolu de la
Couronne de Pologne ; l'exclusion qu'il s'est ef-
' forcé de donner sans authorité et sans pouvoir,
à un Prince que ses vertus rendent digne du
Thrône ; les assurances données à l'Electeur de
Saxe, pour le récompenser de sa docilité; la marche
des Troupes Impériales , de concert avec
celles de Saxe et de Moscovie; l'hoftilité que les
Moscovites ont commise dans le temps même de :
l'Election , pour assûrer par la force des armes
l'execution des projets de l'Empereur; cette hostilité
approuvée , et même annoncée par son Mi--
nistre. Toute cette conduite sera à jamais un té---
moignage public que ce Prince est seul autheur
de la guerre ; qu'il a forcé le Roy à prendre les
armes , par l'outrage qu'il a voulu faire à S. M.
et par les violences exercées ou par lui , on de
-son aveu , contre la République de Pologne.
>
Si tous ces efforts ont été inutiles lors de l'E- -
lection , le Roy et le Royaume de Pologne en
sont uniquement redevables à celui à qui seul
appartient de disposer des Couronnes , et qui
tient en ses mains les coeurs des Peuples, comme
ceux des Rois. Le courage des Polonois les a af
franchis de la servitude dans laquelle la Cour
'de Vienne vouloit les précipiter ; mais le Roy
ne peut demander raison qu'à l'Empereur, de son
opposition au rétablissement du Roy de Pologne
, de ses déclarations injurieuses , répandues
dans toute l'Europe par les Ennemis qu'il a suscitez
à la France et à la Pologne qui ne désiroient
que la paix et la liberté , des conseils qu'il
a donnez à la Cour de Russie des esperances
dont il a flatté celle de Saxe ; enfin de tous less
efforts
»
2272 MERCURE DE FRANCE
1
afforts qu'il fait encore pour soûtenir ses premiers
projets.
Envain la Cour de Vienne espere de cacher ses
intrigues aux yeux de l'Europe. On retrouve par
tout ses conseils , ses principes , ses expressions
indécentes , ses desseins formez contre la liberté
Polonoise.
›
Le Prince respectable contre lequel l'Empereur
s'éleve , est le même en qui la plus grande partie
des Souverains de l'Europe , et nommément
P'Empereur Joseph avoient reconnu le sacré
caractere de la Rayauté . L'alliance que le Roy
Stanislas avoit contractée avec le Roy , a changé
les dispositions et le langage de la Cour de Vienne
: Ce Prince est devenu dèslors,selon l'expics
sion des Alliez , un Citoyen proscrit de sa
Patrie . Cette variation auroit de quoi surpren
dre , si l'on n'en voyoit pas le principe dans le
projet que l'Empereur a formé d'offenser S. M.
dans la personne d'un Prince qui lui est cher , er
de se rendre le dispenrateur des Couronnes.
La République de Pologne n'a point de pré-
10gative plus précieuse que celle de disposer de
son Throne , attribut éminent de sa liberté , et
pour la conservation duquel on l'a vu verser son
sang. L'Empereur a voulu y donner atteinte ; il
n'a pas craint de marquer et le Prince qu'il vou
Toit exclure , et celui qu'il vouloit porter sur le
Throne. Il a entrepris de prononcer sans autho
rité , sur ce qui s'étoit passé dans l'intérieur de
la République au sujet de la premiere Election du
Roy de Pologne , il a décidé en Legislateur sou
verain des Loix qui doivent subsister en Pologne,
et des fondemens de la liberté qu'il a voulu ren-.
verser. Le seul menagement qu'il a cû pour elle ,
a été de déguiser ses entreprises sous les appa
rences
OCTOBRE . 1733. 2273
rences d'une protection trompeuse , et sous le
voile d'un prétendu Traité que le tumulte des
armes enfanta avec précipitation , et que la Republique
rendue à elle- même n'a pas crû devoir
suivre .
1
L'Empereur et la Czarine se sont toujours expliquez
à la République , comme on parle à un
Royaume tributaire , ou à une Nation subjugée .
Leurs menaces ont été accompagnées de la marche
de leurs Troupes jusques sur les Frontieres
P'armée Moscovite est entrée en Pologne . afin
de remplir ses engagemens avec l'Empereur , dans
le temps même de l'Election , dans la vue et pour
étouffer par le bruit des armes les Loix et les suf
frages de la République .
Cependant la Nation Polonoise a délibéré sur
l'Election de son Roy , avec cette tranquillité
que la justice seule peut inspirer au milieu des
dangers . Les voeux de la République avoient prévenu
le retour du Roy de Pologne , sa presence
a réuni les esprits , le Champ d'Election n'a retenti
que d'une voix en sa faveur , et cette déliberation
a été consommée avec une unanimité
dont on n'a pas vû d'exemple dans les Faftes de
la Pologne.
C'est cette unanimité qui devoit imposer un
silence eternel à ses Ennemis , puisqu'elle annonçoit
la volonté du Maître des Rois ; et c'est cependant
ce qui les détermine à se porter aux derniers
excès. Le comble est mis à la violence ; l'ar-'
mée Moscovite,par le concert des Alliez,s'avance
vers Varsovie ; les Troupes de l'Empereur et
de l'Electeur de Saxe sont prêtes à marcher sur
les mêmes traces , si les armes Moscovites ne
suffisent pas pour accabler un Peuple libre , qui
reclame ses droits les plus incontestables , et le
glorieux usage de sa liberté.
•
2174 MERCURE DE FRANCE
Que les Cours de Vienne et de Russie cessent
d'usurper l'auguste titre de Protecteurs de lo Pologne
: A ce titre même auroient - elles le droit
d'ouvrir et de fermer les Barrieres qui deffendent
l'accès du Throne vacant ? Ce n'est point e
touffant les droits d'une Nation , qu'on merite
le nom de son Protecteur , mais en la deffendant
contre ceux qui la voudroient opprimer.Le Roy
en avoit donné l'exemple à l'Empereur : Il no
craint point d'en prendre à témoin la Républi
que même et toute l'Europe : Quoique S. M.
dut souhaiter le rétablissement d'un Prince que
la France avoit reçu dans ses malheurs , et qui
lui est uni par les liens les plus sacrez , Elle n'a
rien exigé des Polonois , persuadée qu'il n'ap
partient qu'à la Nation Polonoise de rappeller
un Prince que les malheurs des temps avoient
long- temps séparé d'elle. La Lettre i de S. M.
au Primat du... ne réspire que la juftice et la
paix : l'Europe y reconnoîtra la droiture des intentions
du Roy; elle y verra combien le Roy
est éloigné d'inspirer au Roy de Pologne des
sentimens opposez aux interêts de la Républi
que ; et que s'il a souhaité avec empressement le
rétablissement de ce Prince , c'est pour concou
rir avec lui à l'observation des Traitez qui interessent
la Pologne, et contribuer en même- temps
à la félicité et à la gloire de cette République
à la tranquillité du Nord .
Ce n'est donc point par des vues d'ambition
ou d'interêt que le Roy prend les armes . Contente
de posseder un Royaume florissant , et de
regner sur un Peuple fidelle , Sa Majesté ne cherthe
point à reculer les bornes de sa domination.
Cette Lettre est imprimée N. 4
Ex
OCTOBRE. 17337 2275
Envain l'Empereur , pour interesser l'Empire
dans ses projets , cherche - t - il à l'allarmer sur
les desseins qu'il attribuë faussement à Sa Marsté.
L'Empereur a voulu la guerre , qu'il a renue
necessaire en outrageant le Roy dans ce qui
doit être le plus sacré parmi les Souverains . S
M. se propose d'effacer jusques aux moindres
traces de l'outrage que la Cour de Vienne a cru
lui faire , et de soutenir l'honneur de la France.
D'aussi justes motifs redoubleront encore l'ar
deur des Troupes Françoises : Elles prennent les
armes avec empressement pour vanger leur
Roy, et pour empêcher d'illustres Alliez de succomber
sous les forces que l'Empereur a suscitées
contre eux.C'est au Dieu des armées à donner
la Victoire. Le Roy peut l'invoquer avec
confiance , et esperer que ses succès respondront
à sa modération , à sa patience et à la pureté de
ses sentimens.
Fermer
Résumé : Motifs des Résolutions du Roy, &c. [titre d'après la table]
En octobre 1733, un imprimé intitulé 'Motifs des Résolutions du Roy' est distribué à l'Imprimerie Royale. Le roi de France y expose sa modération et son amour pour la paix, tout en soulignant que les ennemis de la France l'ont contraint à prendre les armes. Cette décision vise à défendre la dignité de sa couronne, la gloire de la nation française, ainsi que l'honneur et la liberté de la Pologne. Depuis la vacance du trône de Pologne, le roi a respecté la liberté polonaise et a protégé la Pologne face aux menaces extérieures. Cependant, la Cour de Vienne, encouragée par des mesures favorables à ses projets, a adopté des termes offensants et a incité des troupes ennemies à menacer la Pologne. Le roi de France a suspendu ses préparatifs de vengeance jusqu'à ce qu'il ne puisse plus conserver la paix sans blesser sa dignité. L'Empereur et la Czarine ont tenté d'imposer leurs choix pour le trône de Pologne, malgré les serments et les lois polonaises. Les troupes moscovites, saxonnes et impériales ont menacé et envahi la Pologne pour imposer leurs projets. Le roi de France affirme que ces actions sont la preuve que l'Empereur est l'agresseur et que la France ne cherche pas à étendre son empire mais à défendre la liberté et la paix. Les troupes françaises sont déterminées à défendre l'honneur de la France et à soutenir leur roi. Elles prennent les armes avec empressement pour venger leur souverain et protéger leurs alliés illustres menacés par les forces de l'empereur. La victoire est confiée au 'Dieu des armées'. Le roi peut invoquer ce divin soutien avec confiance, espérant que ses succès refléteront sa modération, sa patience et la pureté de ses sentiments.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
34
p. 2275-2276
COPIE de la Déclaration faite au nom du Roy, au mois de Mars 1733.
Début :
No I. Le Roy suspendroit encore son jugement sur l'objet du corps considérable [...]
Mots clefs :
Roi, Pologne, Polonais, Dessein, Contraindre, Liberté, Europe
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : COPIE de la Déclaration faite au nom du Roy, au mois de Mars 1733.
COPIE de la Déclaration faite au nom
du Roy , au mois de Mars 1733.
No 1. T E Roy suspendroit encore son juge-
1.LE
ment sur l'objet du corps considérable
de Troupes que l'Empereur fait marcher vers la
Frontiére de Pologne , si les déclarations faites
par la plupart des Ministres Impériaux , pouvoient
permettre de douter du désir et même du
dessein de contraindre les Polonois. A la vûë d'un
-projet aussi hautement déclaré : Sa Majesté ne
peut dissimuler ,,
qu'outre l'interêt commun que
tous les Princes, ont de maintenir la liberté de la
Pologne, sa dignité et le rang qu'elle tient parmi
· les Puissances de l'Europe , la mettent en droit ,
›et l'obligent même à prendre part aux affaires
qui
2276 MERCURE DE FRANCE
qui peuvent troubler la tranquillité générale,
C'est dans cette vûe que le Roy a déja fait assúrer
les Polonois, qu'il maintiendroit autant qu'il
seroit en lui , la liberté entiere des suffrages , et
il ne se départira jamais de ces principes d'éq
té. Sa Majesté croit donc devoir déclarer qu'Elle
ne pourroit regarder toutes démarches ou entreprises
faites pour contraindre leurs suffrages , que
comme un dessein de troubler le repos de l'Europe:
Sa Majesté ne pourrait donc se dispenser
alors , d'agir avec le zele et la fermeté que l'im:
portance de la matière le requiert.
du Roy , au mois de Mars 1733.
No 1. T E Roy suspendroit encore son juge-
1.LE
ment sur l'objet du corps considérable
de Troupes que l'Empereur fait marcher vers la
Frontiére de Pologne , si les déclarations faites
par la plupart des Ministres Impériaux , pouvoient
permettre de douter du désir et même du
dessein de contraindre les Polonois. A la vûë d'un
-projet aussi hautement déclaré : Sa Majesté ne
peut dissimuler ,,
qu'outre l'interêt commun que
tous les Princes, ont de maintenir la liberté de la
Pologne, sa dignité et le rang qu'elle tient parmi
· les Puissances de l'Europe , la mettent en droit ,
›et l'obligent même à prendre part aux affaires
qui
2276 MERCURE DE FRANCE
qui peuvent troubler la tranquillité générale,
C'est dans cette vûe que le Roy a déja fait assúrer
les Polonois, qu'il maintiendroit autant qu'il
seroit en lui , la liberté entiere des suffrages , et
il ne se départira jamais de ces principes d'éq
té. Sa Majesté croit donc devoir déclarer qu'Elle
ne pourroit regarder toutes démarches ou entreprises
faites pour contraindre leurs suffrages , que
comme un dessein de troubler le repos de l'Europe:
Sa Majesté ne pourrait donc se dispenser
alors , d'agir avec le zele et la fermeté que l'im:
portance de la matière le requiert.
Fermer
Résumé : COPIE de la Déclaration faite au nom du Roy, au mois de Mars 1733.
En mars 1733, le roi de France suspend son jugement sur les troupes impériales se dirigeant vers la frontière polonaise, bien que les déclarations des ministres impériaux laissent peu de doute sur l'intention de contraindre les Polonais. Le roi souligne l'intérêt commun des princes européens à maintenir la liberté de la Pologne et son propre devoir de préserver la tranquillité générale. Il a déjà assuré aux Polonais qu'il soutiendra leur liberté de suffrage et ne dévira pas de ces principes d'égalité. Le roi déclare qu'il considérera toute tentative de contraindre les suffrages polonais comme une menace à la paix européenne et agira avec zèle et fermeté pour y répondre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
35
p. 2276-2277
DECLARATION de l'Empereur, en réponse de celle de Sa Majesté.
Début :
No 2. L'Empereur n'a pas jugé digne de son attention, les insinuations mal fondées, [...]
Mots clefs :
Empereur, République, Pologne, Droits, Alliés
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DECLARATION de l'Empereur, en réponse de celle de Sa Majesté.
·DECLARATION de l'Empereur.
réponse de celle de Sa Majesté.
N° 2.
"
en
L'Empereur n'a pas jugé digne de son
>
dées , qu'on employoit en Pologne pour détourner
les bons Patriotes à mettre leur confiance en
un Prince ami , voisin et allié , qui , à l'exemple
de ses augustes Prédécesseurs , bien loin de permettre
qu'on donne la moindre atteinte à la liberté
de la République , et à sa constitution
telle qu'elle se trouve établie par les Loix , en
sera toujours le plus ferme appuyy..Garant de cette
liberté , en vertu des Pacta conventa qui depuis
deux siécles subsistent entre l'auguste Maison
d'Austriche, et les Sérénissimes Rois de Pologne,
et la République de ce nom , le soin de la maintenir
contre les entreprises de qui que ce soit , le
touche principalement ; et bien loin que ses Ministres
ayent imité ceux qui prétendent borner
les suffrages d'une Nation libre , à un seul sujet,
ils ont déclaré dès le commencement de l'interregne
, tant de vive voix , que par écrit : Que
PEmpereur ne souffrira pas , qu'aucuns moyens.
con-
1
OCTOBRE . 1733 2277
contraires aux droits d'une libre Election , tels
qu'ils se trouvent établis par les constitutions du
Royaume , y soient employez , quand même on
voudroit s'en servir pour faire monter sur le
Trône de Pologne un Candidat , qui d'ailleurs
useroit agréable .
Tels étant donc les sentimens de ce Prince , et
tels étant encore ceux de ses Alliez , dont il est
inséparable , il ne pouvoit qu'être extrêmement
surpris , que par une déclaration conçue en des
termes peu mesurez , et répandue avec une affectation
indécente , on ait voulu faire tomber sur
lui un reproche qui conviendroit mieux à ceux
qui agissent par des voies et des principes opposez.
Souverain dans ses Etats hereditaires , il n'a
à rendre aucun compte de la marche de ses Troupes
en Silesie ; la justice qui regle toutes ses actions
, ne laisse aucun doute sur le but qu'il s'est
proposé , et il fera paroître en cette occasion
comme en toute autre , autant de droiture en ce
qui regarde les droits d'autrui , que de fermeté
à soutenir les siens et ceux de ses alliez.
réponse de celle de Sa Majesté.
N° 2.
"
en
L'Empereur n'a pas jugé digne de son
>
dées , qu'on employoit en Pologne pour détourner
les bons Patriotes à mettre leur confiance en
un Prince ami , voisin et allié , qui , à l'exemple
de ses augustes Prédécesseurs , bien loin de permettre
qu'on donne la moindre atteinte à la liberté
de la République , et à sa constitution
telle qu'elle se trouve établie par les Loix , en
sera toujours le plus ferme appuyy..Garant de cette
liberté , en vertu des Pacta conventa qui depuis
deux siécles subsistent entre l'auguste Maison
d'Austriche, et les Sérénissimes Rois de Pologne,
et la République de ce nom , le soin de la maintenir
contre les entreprises de qui que ce soit , le
touche principalement ; et bien loin que ses Ministres
ayent imité ceux qui prétendent borner
les suffrages d'une Nation libre , à un seul sujet,
ils ont déclaré dès le commencement de l'interregne
, tant de vive voix , que par écrit : Que
PEmpereur ne souffrira pas , qu'aucuns moyens.
con-
1
OCTOBRE . 1733 2277
contraires aux droits d'une libre Election , tels
qu'ils se trouvent établis par les constitutions du
Royaume , y soient employez , quand même on
voudroit s'en servir pour faire monter sur le
Trône de Pologne un Candidat , qui d'ailleurs
useroit agréable .
Tels étant donc les sentimens de ce Prince , et
tels étant encore ceux de ses Alliez , dont il est
inséparable , il ne pouvoit qu'être extrêmement
surpris , que par une déclaration conçue en des
termes peu mesurez , et répandue avec une affectation
indécente , on ait voulu faire tomber sur
lui un reproche qui conviendroit mieux à ceux
qui agissent par des voies et des principes opposez.
Souverain dans ses Etats hereditaires , il n'a
à rendre aucun compte de la marche de ses Troupes
en Silesie ; la justice qui regle toutes ses actions
, ne laisse aucun doute sur le but qu'il s'est
proposé , et il fera paroître en cette occasion
comme en toute autre , autant de droiture en ce
qui regarde les droits d'autrui , que de fermeté
à soutenir les siens et ceux de ses alliez.
Fermer
Résumé : DECLARATION de l'Empereur, en réponse de celle de Sa Majesté.
L'Empereur répond à une accusation concernant les événements en Pologne en affirmant qu'il n'a jamais cherché à restreindre la liberté de la République polonaise. Il se présente comme garant de cette liberté, conformément aux Pacta conventa, des accords existants depuis deux siècles entre la Maison d'Autriche et les rois de Pologne. L'Empereur souligne que ses ministres ont toujours soutenu le droit à une élection libre en Pologne, sans favoriser un candidat particulier. Il exprime sa surprise face à une déclaration hostile qui lui attribue des intentions contraires à ses principes. L'Empereur affirme également son droit souverain de déplacer ses troupes en Silésie et assure qu'il agira avec justice et fermeté pour défendre ses droits et ceux de ses alliés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
36
p. 2490-2491
ITALIE.
Début :
Le Pape a écrit au Roi de Pologne pour le féliciter sur son Avénement au Trône, et il a [...]
Mots clefs :
Pape, Pologne, Congrégation
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALIE.
E Pape a écrit au Roi de Pologne pour le féliciter
sur son Avénement au Trône , et il a
-envoyé ordre à M. Paulucci , son Nonce à Warsovie
, de se rendre à Dantzick auprès de S. M. P.
* Dans l'Assemblée de la Congrégation de Nonmullis
, qui se tint le 16 Octobre , il fut résolu
qu'on donneroit un mois à M. Coscia , Evêque
de Targa , pour répondre aux accusations formées
contre lui , et qu'il seroit constitué prisonnier
au Château de S. Ange jusqu'à la fin de
son Procès. On assure que le Cardinal son frete
est déterminé à se soumettre au jugement prononcé
par cette Congrégation, et qu'il acquitera
incessamment une partie des sommes au payement
desquelles il a été condamné.
La Congrégation établie pour examiner les
moyens de terminer les differens qui sont entre la
Cour de Rome et celle de Lisbonne , s'assembla
le 24. Octobre , et il y fut résolu qu'on accorderoit
au Roi de Portugal 4. pour 100. sur le
produit
NOVEMBRE. 1733. 2491
produit des Expéditions que la Datterie délivreroit
pour les Sujets de S. M. et que cet argent seroit
employé à faire rebâtir l'Eglise de S. Antoine
de la Nation Portugaise.
On a appris d'Ancone que le 19. et le 20 d'Octobre
, on y avoit senti deux nouvelles secousses
de tremblement de terre , qui avoient été très
violentes , et renversé plusieurs maisons tant de
la Ville que des environs.
On a appris à Genes le 10. de ce mois , par
L'Equipage d'un Bâtiment venu de Tunis , que
quelques jours avant son départ de ce Port , il y
étoit entré un Vaisseau Anglois , dont l'Equipa
ge s'érant soulevé contre son Commandant l'avoit
massacré , et avoit pris la résolution de courir
sur les Chrétiens ; que ces Pirates avoient fait
diverses prises assez considérables , et qu'ils s'étoient
empatés d'une Galiotte Venitienne , dont
ils avoient égorgé le Capitaine et tous les Matelots
ét à bord de laquelle ils avoient trouvé une som
me considérable d'argent ; qu'ils s'étoient rendus
ensuite à Tunis pour se mettre sous la protection
du Bey ; que le plus grand nombre avoit embrassé
le Mahométisme , et que celui , qu'ils avoient élu
pour leur Chef, avoit fait mettre aux fers ceux
qui avoient refusé de suivre l'exemple de leurs
camarades.
E Pape a écrit au Roi de Pologne pour le féliciter
sur son Avénement au Trône , et il a
-envoyé ordre à M. Paulucci , son Nonce à Warsovie
, de se rendre à Dantzick auprès de S. M. P.
* Dans l'Assemblée de la Congrégation de Nonmullis
, qui se tint le 16 Octobre , il fut résolu
qu'on donneroit un mois à M. Coscia , Evêque
de Targa , pour répondre aux accusations formées
contre lui , et qu'il seroit constitué prisonnier
au Château de S. Ange jusqu'à la fin de
son Procès. On assure que le Cardinal son frete
est déterminé à se soumettre au jugement prononcé
par cette Congrégation, et qu'il acquitera
incessamment une partie des sommes au payement
desquelles il a été condamné.
La Congrégation établie pour examiner les
moyens de terminer les differens qui sont entre la
Cour de Rome et celle de Lisbonne , s'assembla
le 24. Octobre , et il y fut résolu qu'on accorderoit
au Roi de Portugal 4. pour 100. sur le
produit
NOVEMBRE. 1733. 2491
produit des Expéditions que la Datterie délivreroit
pour les Sujets de S. M. et que cet argent seroit
employé à faire rebâtir l'Eglise de S. Antoine
de la Nation Portugaise.
On a appris d'Ancone que le 19. et le 20 d'Octobre
, on y avoit senti deux nouvelles secousses
de tremblement de terre , qui avoient été très
violentes , et renversé plusieurs maisons tant de
la Ville que des environs.
On a appris à Genes le 10. de ce mois , par
L'Equipage d'un Bâtiment venu de Tunis , que
quelques jours avant son départ de ce Port , il y
étoit entré un Vaisseau Anglois , dont l'Equipa
ge s'érant soulevé contre son Commandant l'avoit
massacré , et avoit pris la résolution de courir
sur les Chrétiens ; que ces Pirates avoient fait
diverses prises assez considérables , et qu'ils s'étoient
empatés d'une Galiotte Venitienne , dont
ils avoient égorgé le Capitaine et tous les Matelots
ét à bord de laquelle ils avoient trouvé une som
me considérable d'argent ; qu'ils s'étoient rendus
ensuite à Tunis pour se mettre sous la protection
du Bey ; que le plus grand nombre avoit embrassé
le Mahométisme , et que celui , qu'ils avoient élu
pour leur Chef, avoit fait mettre aux fers ceux
qui avoient refusé de suivre l'exemple de leurs
camarades.
Fermer
Résumé : ITALIE.
En octobre 1733, le Pape a félicité le Roi de Pologne pour son avènement au trône et a envoyé son nonce à Dantzig pour le rencontrer. La Congrégation de Nonmullis a accordé un mois à M. Coscia, évêque de Targa, pour répondre aux accusations contre lui et l'a maintenu prisonnier au Château Saint-Ange jusqu'à la fin de son procès. Le cardinal, frère de M. Coscia, a accepté de se soumettre au jugement de la Congrégation et de payer une partie des sommes pour lesquelles il a été condamné. Le 24 octobre, une réduction de 4 pour 100 sur les produits des expéditions délivrées par la Datérie a été accordée au Roi de Portugal pour financer la reconstruction de l'église Saint-Antoine de la Nation Portugaise. À Ancone, des secousses sismiques violentes ont détruit plusieurs maisons les 19 et 20 octobre. À Gênes, un équipage venu de Tunis a rapporté qu'un vaisseau anglais, dont l'équipage s'était mutiné, avait massacré son commandant et s'était attaqué aux chrétiens, se réfugiant à Tunis sous la protection du Bey. La majorité des mutins avait embrassé l'islam, les autres ayant été mis aux fers.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
37
p. 2693-2697
POLOGNE.
Début :
On a appris sur la fin du mois dernier, par un Courrier, arrivé de l'Ukraine à Dantzik, [...]
Mots clefs :
Troupes, Moscovites, Général, Comte, Pologne, Armée, Varsovie, Noblesse, Gdańsk, Élection
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE.
ONa sur la fin dernier, un Courrier , arrivé de l'Ukraine à Dantzik
, que le Kan de Budziack , qui étoit campé
près de Choczim , avec un Corps considérable
de Tartares , s'étoit avancé dans cette Province ;
qu'il avoit attaqué les Troupes , commandées
par le Général Wiesbach ; que la Victoire avoit
1. Vol Gy été
2694 MERCURE
DE FRANCE
été dispurée pendant long- temps ; mais qu'enfin
Jes Moscovites avoient été contraints de prendre
la fure , qu'ils avoient perdu beaucoup de monde
, et s étoient retirez sous le Canon de la Ville
de Kiow , avec le reste des Troupes Moscovites.
་
Le Comte Pocci a envoyé au Roy une Lettre
, dont un Officier Moscovite , qui a été arrêté
par quelques Soldats des Troupes de Lithuanie
etoit chargé pour le Général Lesci , et
par laquelle le Baron d'Osterman mande à ce
Général , que la Czarine ne lui envoyera pas
nouveau secours de Troupes qu'il avoit demandé.
le
Il arrive à Dantzick de temps en temps quelques
uns des Gentils- Hommes qui ont assisté à
la prétendue Election faite en faveur de l'Electeur
de Saxe , et qui ne pouvant se résoudre à
paroître avoir part aux violences que le Général
Moscovite exerce dans la Pologne , se dérobent
de son Camp pour se rendre auprès du Roy; ils
ont rapporté que l'Armée ennemie souffroit une
extrême disette , parce que la plupart des Villa- .
ges des environs de Warsovie avoient été abandonnez
par les Païsans , qui ayant eu la précau.
tion de faire voiturer leurs provisions en lieu de
sûreté , avant l'arrivée des Moscovites ,
retirez dans la Forêt d'Ostrolensko , pour ne pas
payer les contributions excessives que les Ennemis
exigeoient d'eux ; les mêmes Gentils hommes
assurent que si le Général Lesci décampe
des environs de Warsovie , ce sera pour trou
ver moyen de faire subsister ses Troupes plutôr
que pour former quelqu'entreprise ; tous confirment
qu'il n'y avoir pas un seul Gentil - homme
de la grande Pologne , parmi les Opposans , lorsque
les Moscovites les forcerent de prociames
I. Vol.
s'étoient
PEDECEMBR
E. 1733. 2695
L'Electeur de Saxe , et que le Prince Wienovieski
après la proclamation de ce Prince , avoit fait
signer l'Acte d'Election à deux jeunes gens de la
Maison de Dialenski , qui étudient les Humanitez
à Warsovie , et au fils du feu Comte Potocki
, âgé seulement de 7 ans , afin qu'on ne pût
dire que la Noblesse de la premiere et de la plus
grande partie du Royaume , n'avoit cu aucune
part à cette Election ; ils ajoûtent qu'elle a été
faite au milieu de l'Armée Moscovire , et que
c'est une Hôtellerie qui a servi de lieu d'Assemblée
pour recueillir les suffrages.
La Noblesse des Palatinats , de Prusse, de Mariemboug
et de Russie , qui est assemblée depuis
quelque- temps à Graudentz , selon les Or
dres portez par les Universaux ; a fait une Confédération
, par laquelle elle s'engage à ne point
quitter les Armes que les Troupes Moscovites et
Saxones ne soient sorties des Terres de la Ré
publique et l'on assure que la plus grande par
tie de la Noblesse des autres Palatinats entrera
dans cette Confédération .
;
Plusieurs Villes et diverses Abbayes de la
Prusse Polonoise , et des autres Provinces Sep
tentrionales de la Pologne , font lever des Troupes
à leurs dépens pour le service du Roy.
On a reçu avis que le Comte Potoski , Régi
mentaire de la Couronne, étoit campé entre Sandomir
et Ospatow avec l'Armée , qui est aug
mentée considérablement , et que le Palatin de
Lublin s'étoit avancé vers Cracovie , avec um
Corps considérable de Troupes , pour empêcher
les Ennemis de s'en rendre maîtres.
Le Comte Poniatowski , Palatin de Masovie ,
qui est allé à Berlin , a écrit au Roy , que le 23
1. Vol. Gv No
2696 MERCURE DE FRANCE
Novembre il avoit eu audience de S. M. Pruss
sienne.
On apprend par Lettre de Dantzică du commencement
du mois , que les Troupes Moscovires
ne pouvant plus demeurer près de Warsovie ,
à cause de la disette des Vivres et des Fourages,
sont a lées campet à Lowitz , où elles exercent
beaucoup de violences,mais qu'elles éprouveront
bien-tôt dans leur nouveau Camp les mêmes incommoditez
qu'elles souffroient dans celui qu'el
Jes ont quitté , parce que la plupart des Pay sans
ont suivi l'exemple de ceux des Villages voisins de
Warsovie, et se sont retirez avec leurs Provisions
dans des Bois et sur des Montagnes d'un accès
fort difficile.
Le Regimentaire de la Couronne est toujours
campé entre Ospatow et Sandomir , er son Armée
est actuellement d'environ 25000 hommes.
Les deux Corps de Troupes qui sont sous les or
dres du Palatin de Lublin et du Comte Pocci,sont
fort augmentez: Le premier est à présent dans le
voisinage de Cracovie , et le second s'est avancé
dans le Palat nat de Russie , pour être plus à por
rée d'arrêter les Convois des Moscovites .
On croit que ces trois Généraux ne réuniront
pas si - tôt leurs Troupes , et que leur dessein est
de détruire l'Armée Ennemie , en lui ôtant tout
de subsister et en l'affoiblissant par des moyen
Combats continuels.
Les Levées que la Ville de Danzick et quelquesautres
de la Prusse Polonoise ont ordonnées,
se font avec beaucoup de succès , et l'on compte
Passembler incessamment dans cette Province
10 ou 12000 hommes de Troupes réglées. Plusieurs
Seigneurs ont fait prendre les Armes à
leurs Vassaux , et ils incommodent extrêmement
1. Vol Les
DECEMBRE. 1733. 2697
les Moscovites , à qui ils enlevent presque tous
les jours quelque Parti ou quelque Convoi. Celui
d'Artillerie et d'Argent qui est arrivé depuis pea
de Moscovie , a été suivi pendant quelques jours
par le Comte Pocci , et l'Escorte a eu à soutenir
contre lui plusieurs Combats , dans lesquels les
Ennemis ont beaucoup perdu des leurs.
Le Général Lesci fait tous les jours de nou
velles instances auprès de la Czarine pour obte
nir un nouveau renfort de Troupes , mais on ne
croit pas que S. M. Czarienne soit en état de lui
en envoyer.
Le Roy a reçu une copie de l'Acte de confé
dération , par lequel la Noblesse de quelques
Palatinats s'est engagée à ne point quitter les
Armes , jusqu'à ce que la Pologne soit délivrée
des Troupes Etrangeres qui l'oppriment.
ONa sur la fin dernier, un Courrier , arrivé de l'Ukraine à Dantzik
, que le Kan de Budziack , qui étoit campé
près de Choczim , avec un Corps considérable
de Tartares , s'étoit avancé dans cette Province ;
qu'il avoit attaqué les Troupes , commandées
par le Général Wiesbach ; que la Victoire avoit
1. Vol Gy été
2694 MERCURE
DE FRANCE
été dispurée pendant long- temps ; mais qu'enfin
Jes Moscovites avoient été contraints de prendre
la fure , qu'ils avoient perdu beaucoup de monde
, et s étoient retirez sous le Canon de la Ville
de Kiow , avec le reste des Troupes Moscovites.
་
Le Comte Pocci a envoyé au Roy une Lettre
, dont un Officier Moscovite , qui a été arrêté
par quelques Soldats des Troupes de Lithuanie
etoit chargé pour le Général Lesci , et
par laquelle le Baron d'Osterman mande à ce
Général , que la Czarine ne lui envoyera pas
nouveau secours de Troupes qu'il avoit demandé.
le
Il arrive à Dantzick de temps en temps quelques
uns des Gentils- Hommes qui ont assisté à
la prétendue Election faite en faveur de l'Electeur
de Saxe , et qui ne pouvant se résoudre à
paroître avoir part aux violences que le Général
Moscovite exerce dans la Pologne , se dérobent
de son Camp pour se rendre auprès du Roy; ils
ont rapporté que l'Armée ennemie souffroit une
extrême disette , parce que la plupart des Villa- .
ges des environs de Warsovie avoient été abandonnez
par les Païsans , qui ayant eu la précau.
tion de faire voiturer leurs provisions en lieu de
sûreté , avant l'arrivée des Moscovites ,
retirez dans la Forêt d'Ostrolensko , pour ne pas
payer les contributions excessives que les Ennemis
exigeoient d'eux ; les mêmes Gentils hommes
assurent que si le Général Lesci décampe
des environs de Warsovie , ce sera pour trou
ver moyen de faire subsister ses Troupes plutôr
que pour former quelqu'entreprise ; tous confirment
qu'il n'y avoir pas un seul Gentil - homme
de la grande Pologne , parmi les Opposans , lorsque
les Moscovites les forcerent de prociames
I. Vol.
s'étoient
PEDECEMBR
E. 1733. 2695
L'Electeur de Saxe , et que le Prince Wienovieski
après la proclamation de ce Prince , avoit fait
signer l'Acte d'Election à deux jeunes gens de la
Maison de Dialenski , qui étudient les Humanitez
à Warsovie , et au fils du feu Comte Potocki
, âgé seulement de 7 ans , afin qu'on ne pût
dire que la Noblesse de la premiere et de la plus
grande partie du Royaume , n'avoit cu aucune
part à cette Election ; ils ajoûtent qu'elle a été
faite au milieu de l'Armée Moscovire , et que
c'est une Hôtellerie qui a servi de lieu d'Assemblée
pour recueillir les suffrages.
La Noblesse des Palatinats , de Prusse, de Mariemboug
et de Russie , qui est assemblée depuis
quelque- temps à Graudentz , selon les Or
dres portez par les Universaux ; a fait une Confédération
, par laquelle elle s'engage à ne point
quitter les Armes que les Troupes Moscovites et
Saxones ne soient sorties des Terres de la Ré
publique et l'on assure que la plus grande par
tie de la Noblesse des autres Palatinats entrera
dans cette Confédération .
;
Plusieurs Villes et diverses Abbayes de la
Prusse Polonoise , et des autres Provinces Sep
tentrionales de la Pologne , font lever des Troupes
à leurs dépens pour le service du Roy.
On a reçu avis que le Comte Potoski , Régi
mentaire de la Couronne, étoit campé entre Sandomir
et Ospatow avec l'Armée , qui est aug
mentée considérablement , et que le Palatin de
Lublin s'étoit avancé vers Cracovie , avec um
Corps considérable de Troupes , pour empêcher
les Ennemis de s'en rendre maîtres.
Le Comte Poniatowski , Palatin de Masovie ,
qui est allé à Berlin , a écrit au Roy , que le 23
1. Vol. Gv No
2696 MERCURE DE FRANCE
Novembre il avoit eu audience de S. M. Pruss
sienne.
On apprend par Lettre de Dantzică du commencement
du mois , que les Troupes Moscovires
ne pouvant plus demeurer près de Warsovie ,
à cause de la disette des Vivres et des Fourages,
sont a lées campet à Lowitz , où elles exercent
beaucoup de violences,mais qu'elles éprouveront
bien-tôt dans leur nouveau Camp les mêmes incommoditez
qu'elles souffroient dans celui qu'el
Jes ont quitté , parce que la plupart des Pay sans
ont suivi l'exemple de ceux des Villages voisins de
Warsovie, et se sont retirez avec leurs Provisions
dans des Bois et sur des Montagnes d'un accès
fort difficile.
Le Regimentaire de la Couronne est toujours
campé entre Ospatow et Sandomir , er son Armée
est actuellement d'environ 25000 hommes.
Les deux Corps de Troupes qui sont sous les or
dres du Palatin de Lublin et du Comte Pocci,sont
fort augmentez: Le premier est à présent dans le
voisinage de Cracovie , et le second s'est avancé
dans le Palat nat de Russie , pour être plus à por
rée d'arrêter les Convois des Moscovites .
On croit que ces trois Généraux ne réuniront
pas si - tôt leurs Troupes , et que leur dessein est
de détruire l'Armée Ennemie , en lui ôtant tout
de subsister et en l'affoiblissant par des moyen
Combats continuels.
Les Levées que la Ville de Danzick et quelquesautres
de la Prusse Polonoise ont ordonnées,
se font avec beaucoup de succès , et l'on compte
Passembler incessamment dans cette Province
10 ou 12000 hommes de Troupes réglées. Plusieurs
Seigneurs ont fait prendre les Armes à
leurs Vassaux , et ils incommodent extrêmement
1. Vol Les
DECEMBRE. 1733. 2697
les Moscovites , à qui ils enlevent presque tous
les jours quelque Parti ou quelque Convoi. Celui
d'Artillerie et d'Argent qui est arrivé depuis pea
de Moscovie , a été suivi pendant quelques jours
par le Comte Pocci , et l'Escorte a eu à soutenir
contre lui plusieurs Combats , dans lesquels les
Ennemis ont beaucoup perdu des leurs.
Le Général Lesci fait tous les jours de nou
velles instances auprès de la Czarine pour obte
nir un nouveau renfort de Troupes , mais on ne
croit pas que S. M. Czarienne soit en état de lui
en envoyer.
Le Roy a reçu une copie de l'Acte de confé
dération , par lequel la Noblesse de quelques
Palatinats s'est engagée à ne point quitter les
Armes , jusqu'à ce que la Pologne soit délivrée
des Troupes Etrangeres qui l'oppriment.
Fermer
Résumé : POLOGNE.
En Pologne, des rapports récents signalent que le Khan de Budziack, à la tête d'un corps de Tartares, a attaqué les troupes du Général Wiesbach en Ukraine. Après une bataille indécise, les Moscovites se sont retirés à Kiow. Le Comte Pocci a transmis une lettre révélant que la Czarine ne fournira pas de nouveaux secours au Général Lesci. Des nobles ayant assisté à l'élection de l'Électeur de Saxe en Pologne rapportent que l'armée ennemie souffre de disette, les paysans ayant caché leurs provisions. Ils confirment que l'élection a été faite sous la contrainte des Moscovites et que la noblesse n'y a pas participé. La noblesse de plusieurs palatinats a formé une confédération pour chasser les troupes moscovites et saxonnes. Des villes et abbayes lèvent des troupes pour le service du Roi. Le Comte Potoski, avec une armée de 25 000 hommes, est campé entre Sandomir et Ospatow, tandis que le Palatin de Lublin et le Comte Pocci avancent avec leurs troupes pour contrer les ennemis. Les Moscovites, ayant quitté Warsovie, campent à Lowitz mais continuent de subir des attaques. Les levées de troupes dans la Prusse Polonoise se font avec succès, et plusieurs seigneurs harcèlent les Moscovites en attaquant leurs convois. Le Général Lesci demande en vain des renforts à la Czarine. Le Roi a reçu une copie de l'acte de confédération de la noblesse polonaise.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
38
p. 2697-2704
PARALLELE, de l'Election à la Couronne de Pologne, faite en faveur du Serénissime STANISLAS LESZCZYNSKI, & du Sérénissime FREDERIC AUGUSTE.
Début :
1o. Le Serénissime Stanislas Leszczynski a eu pour lui les suffrages unanimes et prompts de [...]
Mots clefs :
Élection, Stanislas Leszczynski, Auguste III de Pologne, République, Royaume, Nomination, Constitution, Pologne, Diète de convocation, Suffrages
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PARALLELE, de l'Election à la Couronne de Pologne, faite en faveur du Serénissime STANISLAS LESZCZYNSKI, & du Sérénissime FREDERIC AUGUSTE.
PARALLELE , de l'Election à la
Couronne de Pologne , faite en faveur du
Serenissime STANISLAS LESZCZYNSKI ,
du Serénissime FREDERIC AUGUSTE.
de
1°. Le Serénissime Stanislas Leszczynski a en
pour lui les suffrages unanimes et prompts
la Republique entiere , assemblée légitimement ,
c'est- à-dire de tous les Palatinats , Territoires
et Districts , au nombre de plus de 60000 hommes,
après que S. A.le Primat leur a eu demandễ
qui on devoit nommer Roi de Pologne ; et le
Grand Maréchal de la Couronne a proclamé ce
Prince en cette qualité .
I. De tant de milliers d'Hommes qui étoient ,
dans le Camp Electoral , pas un n'a nommé le
Serenissime Frédéric Auguste , et par conséquent
s'il n'a été proposé ni à la République ni par la
L. Voli
Ré
2698 MERCURE DE FRANCE
République , il n'a på en aucune maniere êtrè
nommé.
En quel tems .
2°. Le S. Stanislas a été élû dans le terme fixé
par unc constitution de la Diette de convocation
tenue cette année. Ainsi , on s'est conformé en
l'élisant à cette constitution qui prescrit pour des
raisons très importantes de terminer sans délai
P'Election du Roy , outre que dans le tempsmême
de l'Election , les Palatinats demandoient
qu'on pressa la nomination , comme il s'étoit
pratiqué dans un cas semblable ; sçavoir à l'Election
d'Uladislas IV. à laquelle les Russiens vou
loient mettre obstacle .
II. Lorsque le S. Frédéric Auguste a été élû ,
le temps de l'Election étoit passé , parce que cel
le du S Stanislas étant légitimement terminée
par la même , la Dietre d'Election l'étoit aussi ,
et que tous les Palatinats, Territoires et Districts
s'étoient retirez du Champ d'Election , après
avoir reçu les adieux de leur Maréchal , sans
avoir limité l'Acte d'Election , de sorte que si la
premiere Election avoit été deffectueuse , il en
faudroit faire une nouvelle , indiquer une nouvelle
Diette de Convocation , assembler de nouveau
les Diettines, expédier pour ce sujet de noupeaux
Universaux , & c,
En quel lieu.
3 °. Le S. Stanislas a été élû dans le lieu désigné
par une foule de Constitutions du Royaume,
et dernierement encore par celle de la Distte de
Convocation , tenue cette année ; c'est - à-dire
dans le Champ Electoral , ainsi qu'on l'appelle
proprement , entre Warsovie et le Village de
I. Vol. Vuola
DECEMBRE. 1733. 2899.
Vvola , où de temps immémorial des Elections
ont coûtume de se faire selon les anciennes Cons◄
titutions.
III. Le S. Frédéric- Auguste a été élû de l'autre
côté de la Vistule , dans la Plaine de Praage
joignant un Bois , près d'un Village , nommé
Kamien ; et là un grand Chemin a servi de
Champ Electoral , et une Hôtellerie de Szopa .
pour les Sénateurs au mépris des Constitutions,
Usages et Coutumes , et quoique les Dieures de
Convocation fixent toujours le temps et le lieu
où de tels Actes se doivent passer; tellement qu'un
Acte célébré hors du lieu , marqué par la Loy
est déslois absolument nul.
Par qui él .
4°. Le S. Stanislas a eu dans son E'ection , ce
qui en fait le point le plus essentiel ; sçavoir , la,
présence de tous les Palatinats , Terres , et Disericts
, sans en excepter un seul , qui après les
solemnitez ordinaires , Pont élû librement et de
plein gré, tellement que pour lui se sont réunies
les voix de plus de 60000 hommes , et d'un Peu-,
ple Electeur , dont la conduite et le droit song
irreprochables.
IV. Il ne s'est trouvé à l'Election du S. Frédéric-
Auguste, aucun Palatinar , Territoire , ni
District. li n'a été élû que par un petit nombre
de Gens et par de simples Particuliers , à qui la,
République n'avoit point donné pouvoir de le.
faire. Il a été élû par des Gens qu'on arrêta
lorsqu'ils retournoient chez eux après l'Election
et dont les uns donnérent leurs voix , ‹ffrayez,
par les Universaux du Général Lesci , qui menaçoit
de mettre tout à feu et à sang , tandis que
les autres vendirent bien leurs suffrages.
J. Vol.
ป
2700 MERCURE DE FRANCE
Il a été élû par des Parjures , dont quelques
uns avoient juré deux ou trois fois , que , se con
formant à l'intention unanime de la République
et aux Instructions expresses de la plupart des
Palatinats , Terres et Districts , ils n'éliroient
point de Candidat qui ne fut né de pere et de
mere Catholiques Romains , et qui cût des Domaines
ou des Armées hots du Royaume.
Il a eu pour Electeurs des Proscrits et des Ennemis
de la Patrie , déclarez tels , en partie par la
Constitution de la Diette de Convocation , contre
ceux qui éliroient un Roy étranger et ayant
des Domaines hors du Royaume, et en partie par
le Decret de la République entiere , assemblée
dans le Champ Electoral, Décret qu'elle a inséré
dans son Manifeste , contre l'invasion des Russiens
, et que signérent ceux - là même qui ont
adhéré à ces Russiens dans l'Election du S. Fré
deric- Auguste.
Au reste , je dis par le Décret , parce qu'effec
tivement il comprend , non seulement ceux qui
ont attiré l'Armée Russienne , mais encore tous
ceux qui pourroient dans la suite adhérer aux
Russiens , et que la République les y a déclareztous
également Ennemis de la Patrie , abandonnez
à la vengeance d'un chacun , &c.
Il faut aussi remarquer que n'y ayant à l'E
Tection aucun Député de la Grande Pologne , on
ya appellé deux jeunes Seigneurs du nom de
Dzialynski , qui faisoient leurs Etudes à Varsovie.
Ce qu'il y a de plus étrange , c'est qu'ur
Enfant de sept ans , Fils de l'Illustrissime Seigneur
Potocki, Maréchal de la Cour du Royaume
, a été invité à l'Election , et qu'on lui en a
fait signer l'Acte, afin , sans doute , qu'en voyant
ce nom parmi les autres , on puisse croire que
I. Fol. quel
DECEMBRE. 1733. 2701
quelqu'un de la Maison Potocki adhére au parti
de l'Electeur de Saxe.
Par qui nommé.
s . Le S. Stanislas a été nommé par Monsei
gneur Théodore Potocki , Archevêque de Gnêsne,
Primat du Royaume , c'est - à dire , un Prélat à
qui les Loix du Royaume , les Bulles des Papes ,
et particulierement la Constitution de la Diette
de Convocation , Constitution confirmée par le
serment des Evêques , conférent expres ément
et privativement à tous autres Evêques , le droit
de nommer le Roy. Tous sont donc exclus par
leurs sermens et sous certaines peines du droit
de nommer les Rois. Il y a même une Bulle du
Pape Sixte V. qui porté que , si un Roy a été
nommé par un autre que par le Primat du
Royaume , non - seulement l'Evêque qui a fait la
nomination , encourt des peines exprimées dans
cette Bulle , mais encore que cette nomination
est nulle et sans force.
V. Le S. Frederic Auguste a été nommé , non
par le Primat , mais par M. Hostus , Evêque de
Posnanie , en quoi ce Prélat a violé p.emierement
le serment géneral qu'il a prêté comme
Sénateur , de détourner tout ce qui peut être préjudiciable
à la République , puisque par sa nomination
il a attiré sur elle les plus grands maux,
porté atteinte à la liberté des Elections , occasionné
le renversement de l'Etat et des Loix ,
procuré l'effusion du sang humain , la désolation
du Royaume , l'oppression des Pauvres , la vio
lation des immunitez Ecclesiastiques , et enfin
le pillage des biens appartenans au Clergé .
Il a violé en second lieu le serment general
par lequel il s'est obligé dans la Diette de Con-
L. Vol. Vocation
2702 MERCURE DE FRANCE
vocation , de ne point élire de Roy étranger , on
ayant ses Domaines hors du Royaume.
Il a violé enfin le serment particulier que les au
tres Evêques et lui - même ont fait dans la susdite
Diette, de ne point attenter au droit de nommer
le Roy , droit que les Loix ont attaché à la dignité
du Primat. En un mot , le S. Auguste s'est
trouvé n'avoir que la nomination d'un Prélat ,
qui par cette nomination - là même , violoit tout
la fois trois sermens , et qui en même temps
encouroit les peines exprimées par le Decret que
la République entiere a inseré dans son Manifeste
et auquel lui - même a souscrit,
De quelle maniere ?
6. Le S. Stanillas a été élû par la République
avec une entiere liberté , et sans qu'il y cûr ni
Armée ni Troupes qui arrachassent les suffrages
de qui que ce soit en faveur d'un Candidat. Il a
été élú avec le consentement unanime de tous
ceux qui étoient dans le Champ Electoral , et sans
la moindre contradiction : Car il ne faut pas regarder
comme telles ni les oppositions que
M. Kaminski commençoit à faire dans le lieu
de la nomination , ni la retraite du Staroste d'O
poczyn , qui la veille de l'Election sortit du
Champ Electoral; le premier ramené par des re
montrances amiables et par de bons conseils , ré.
voqua son opposition de bon coeur et sans qu'on
lui fit la moindre violence ; il la révoqua à l'instant
et sur le lieu même , et il cria Vive Stanislase
Le second marqua par une Lettre la joye qu'il
avoit de l'heureux succès de l'Election et félicita
le Prince , sur qui elle étoit tombée , et quant
aux autres Electeurs , le lendemain de l'Election
ils allerent saluer l'Elû et l'assurer d'une parfaite
soumission.
DECEMBRE. 1733. 2703.
VI. Le S. Frederic Auguste a été élû avec
tout ce qui marque la derniere violence, puisque
les Electeurs étoient environnez d'une Armée
nombreuse , et qu'on n'obtint leurs suffrages
que par des persuasions armées . L'Election n'a
donc pas été libre. Mais comment eût - ele pů
l'être , lorsqu'un petit nombre de Citoyens pri-"
vez partagez en quatre Candidats , et devant
élire un Roy par confédération , voyoient dans
le parti du S. Frederic Auguste , le General Lesci,
agissant avec une autorité souveraine , nommer
et proclamer le premier ce Prince ? entraînez par.
la force superieure , ils ont accedé à cette Election
avec moins de joye que d'apparence de respect
, et on en trouve les preuves dans une Let-'
tre originale du même General Lesci au Comte
d'Osterman , où il s'exprime en ces termes :
Les Seigneurs Polonois étant divisez entre eux
sur le choix d'un Candidat , je les ai obligez par
des promesses et plus encore par des menaces , à dé
ferer la Couronne à l'Electeur de Saxe. Il sera assez
puissant pour se maintenir sur le Trône et pour
deffendre ceux qui l'y ont élevé.
L'Election du Sérenissime Auguste II. de
glorieuse mémoire , quoique faite par une Session
, a de grands avantages sur la prétendue
Election du S. Frederic Auguste. La premiere
fut l'ouvrage d'une partie considerable de la République
, légitimement assemblée dans le lieu
accoûtumé et désigné par la Constitution et le
temps de l'Election n'étoit pas encore écoulé ,
de sorte qu'en même- temps et au même endroit,
on nomma les deux Candidats en présence de
tous les Palatinats , Terres et Districts . La se
conde n'a été faite ni dans le lieu ni au temps
que les Loix marquaient , ni à la face de la Ré
山
1. Vol. publique
2704 MERCURE DE FRANCE
publique assemblée , et le S. Frederic Augusté a
été proclamé par une poignée d'hommes desti ."
tuez de tout pouvoir et autorité , par des hommes
que les Loix ont notez , par des hommes"
Sujets aux peines décernées contre les Traîtres ,'
et enfin sans qu'il ait assisté à cet Acte aucun
Palatinat , Territoire ni District.
Sans y être mieux
autorisé
, on a transferé
de
Praage
à Warsovie
, les Séances
touchant
les
Pacta
Conventa
, et on les y a continuées
15.
jours de suite aprés cette fausse
Election
. Par les´
mêmes
Pacta-Conventa
, on a ouvert
aux Trou."
pes Russiennes
le passage
en Pologne
, et on leur
a permis
d'y aller en tels lieux qu'il leur plairoit.
On a bien voulu
fournir
par là une occasion
continuelle
à des troubles
domestiques
, et
de justes
raisons
aux Etrangers
de nous déclarer
la guerre
, et on s'est peu soucié
d'einbarasser
la République.
Nous soumettons ce fidelle et exact Parallele
au jugement de l'Univers . Qu'on juge qui il
faut reconnoître pour légitime Roy de Pologne,
ou d'un Prince élû contre toutes sortes de Loix
et Constitutions et par la seule force des Armes
ou d'un autre qui a été élû selon ces Loix er
Constitutions , et que les suffrages libres et unanimes
de tout ce qu'il y avoit d'Electeurs , ont
élevé sur le Trône.
Couronne de Pologne , faite en faveur du
Serenissime STANISLAS LESZCZYNSKI ,
du Serénissime FREDERIC AUGUSTE.
de
1°. Le Serénissime Stanislas Leszczynski a en
pour lui les suffrages unanimes et prompts
la Republique entiere , assemblée légitimement ,
c'est- à-dire de tous les Palatinats , Territoires
et Districts , au nombre de plus de 60000 hommes,
après que S. A.le Primat leur a eu demandễ
qui on devoit nommer Roi de Pologne ; et le
Grand Maréchal de la Couronne a proclamé ce
Prince en cette qualité .
I. De tant de milliers d'Hommes qui étoient ,
dans le Camp Electoral , pas un n'a nommé le
Serenissime Frédéric Auguste , et par conséquent
s'il n'a été proposé ni à la République ni par la
L. Voli
Ré
2698 MERCURE DE FRANCE
République , il n'a på en aucune maniere êtrè
nommé.
En quel tems .
2°. Le S. Stanislas a été élû dans le terme fixé
par unc constitution de la Diette de convocation
tenue cette année. Ainsi , on s'est conformé en
l'élisant à cette constitution qui prescrit pour des
raisons très importantes de terminer sans délai
P'Election du Roy , outre que dans le tempsmême
de l'Election , les Palatinats demandoient
qu'on pressa la nomination , comme il s'étoit
pratiqué dans un cas semblable ; sçavoir à l'Election
d'Uladislas IV. à laquelle les Russiens vou
loient mettre obstacle .
II. Lorsque le S. Frédéric Auguste a été élû ,
le temps de l'Election étoit passé , parce que cel
le du S Stanislas étant légitimement terminée
par la même , la Dietre d'Election l'étoit aussi ,
et que tous les Palatinats, Territoires et Districts
s'étoient retirez du Champ d'Election , après
avoir reçu les adieux de leur Maréchal , sans
avoir limité l'Acte d'Election , de sorte que si la
premiere Election avoit été deffectueuse , il en
faudroit faire une nouvelle , indiquer une nouvelle
Diette de Convocation , assembler de nouveau
les Diettines, expédier pour ce sujet de noupeaux
Universaux , & c,
En quel lieu.
3 °. Le S. Stanislas a été élû dans le lieu désigné
par une foule de Constitutions du Royaume,
et dernierement encore par celle de la Distte de
Convocation , tenue cette année ; c'est - à-dire
dans le Champ Electoral , ainsi qu'on l'appelle
proprement , entre Warsovie et le Village de
I. Vol. Vuola
DECEMBRE. 1733. 2899.
Vvola , où de temps immémorial des Elections
ont coûtume de se faire selon les anciennes Cons◄
titutions.
III. Le S. Frédéric- Auguste a été élû de l'autre
côté de la Vistule , dans la Plaine de Praage
joignant un Bois , près d'un Village , nommé
Kamien ; et là un grand Chemin a servi de
Champ Electoral , et une Hôtellerie de Szopa .
pour les Sénateurs au mépris des Constitutions,
Usages et Coutumes , et quoique les Dieures de
Convocation fixent toujours le temps et le lieu
où de tels Actes se doivent passer; tellement qu'un
Acte célébré hors du lieu , marqué par la Loy
est déslois absolument nul.
Par qui él .
4°. Le S. Stanislas a eu dans son E'ection , ce
qui en fait le point le plus essentiel ; sçavoir , la,
présence de tous les Palatinats , Terres , et Disericts
, sans en excepter un seul , qui après les
solemnitez ordinaires , Pont élû librement et de
plein gré, tellement que pour lui se sont réunies
les voix de plus de 60000 hommes , et d'un Peu-,
ple Electeur , dont la conduite et le droit song
irreprochables.
IV. Il ne s'est trouvé à l'Election du S. Frédéric-
Auguste, aucun Palatinar , Territoire , ni
District. li n'a été élû que par un petit nombre
de Gens et par de simples Particuliers , à qui la,
République n'avoit point donné pouvoir de le.
faire. Il a été élû par des Gens qu'on arrêta
lorsqu'ils retournoient chez eux après l'Election
et dont les uns donnérent leurs voix , ‹ffrayez,
par les Universaux du Général Lesci , qui menaçoit
de mettre tout à feu et à sang , tandis que
les autres vendirent bien leurs suffrages.
J. Vol.
ป
2700 MERCURE DE FRANCE
Il a été élû par des Parjures , dont quelques
uns avoient juré deux ou trois fois , que , se con
formant à l'intention unanime de la République
et aux Instructions expresses de la plupart des
Palatinats , Terres et Districts , ils n'éliroient
point de Candidat qui ne fut né de pere et de
mere Catholiques Romains , et qui cût des Domaines
ou des Armées hots du Royaume.
Il a eu pour Electeurs des Proscrits et des Ennemis
de la Patrie , déclarez tels , en partie par la
Constitution de la Diette de Convocation , contre
ceux qui éliroient un Roy étranger et ayant
des Domaines hors du Royaume, et en partie par
le Decret de la République entiere , assemblée
dans le Champ Electoral, Décret qu'elle a inséré
dans son Manifeste , contre l'invasion des Russiens
, et que signérent ceux - là même qui ont
adhéré à ces Russiens dans l'Election du S. Fré
deric- Auguste.
Au reste , je dis par le Décret , parce qu'effec
tivement il comprend , non seulement ceux qui
ont attiré l'Armée Russienne , mais encore tous
ceux qui pourroient dans la suite adhérer aux
Russiens , et que la République les y a déclareztous
également Ennemis de la Patrie , abandonnez
à la vengeance d'un chacun , &c.
Il faut aussi remarquer que n'y ayant à l'E
Tection aucun Député de la Grande Pologne , on
ya appellé deux jeunes Seigneurs du nom de
Dzialynski , qui faisoient leurs Etudes à Varsovie.
Ce qu'il y a de plus étrange , c'est qu'ur
Enfant de sept ans , Fils de l'Illustrissime Seigneur
Potocki, Maréchal de la Cour du Royaume
, a été invité à l'Election , et qu'on lui en a
fait signer l'Acte, afin , sans doute , qu'en voyant
ce nom parmi les autres , on puisse croire que
I. Fol. quel
DECEMBRE. 1733. 2701
quelqu'un de la Maison Potocki adhére au parti
de l'Electeur de Saxe.
Par qui nommé.
s . Le S. Stanislas a été nommé par Monsei
gneur Théodore Potocki , Archevêque de Gnêsne,
Primat du Royaume , c'est - à dire , un Prélat à
qui les Loix du Royaume , les Bulles des Papes ,
et particulierement la Constitution de la Diette
de Convocation , Constitution confirmée par le
serment des Evêques , conférent expres ément
et privativement à tous autres Evêques , le droit
de nommer le Roy. Tous sont donc exclus par
leurs sermens et sous certaines peines du droit
de nommer les Rois. Il y a même une Bulle du
Pape Sixte V. qui porté que , si un Roy a été
nommé par un autre que par le Primat du
Royaume , non - seulement l'Evêque qui a fait la
nomination , encourt des peines exprimées dans
cette Bulle , mais encore que cette nomination
est nulle et sans force.
V. Le S. Frederic Auguste a été nommé , non
par le Primat , mais par M. Hostus , Evêque de
Posnanie , en quoi ce Prélat a violé p.emierement
le serment géneral qu'il a prêté comme
Sénateur , de détourner tout ce qui peut être préjudiciable
à la République , puisque par sa nomination
il a attiré sur elle les plus grands maux,
porté atteinte à la liberté des Elections , occasionné
le renversement de l'Etat et des Loix ,
procuré l'effusion du sang humain , la désolation
du Royaume , l'oppression des Pauvres , la vio
lation des immunitez Ecclesiastiques , et enfin
le pillage des biens appartenans au Clergé .
Il a violé en second lieu le serment general
par lequel il s'est obligé dans la Diette de Con-
L. Vol. Vocation
2702 MERCURE DE FRANCE
vocation , de ne point élire de Roy étranger , on
ayant ses Domaines hors du Royaume.
Il a violé enfin le serment particulier que les au
tres Evêques et lui - même ont fait dans la susdite
Diette, de ne point attenter au droit de nommer
le Roy , droit que les Loix ont attaché à la dignité
du Primat. En un mot , le S. Auguste s'est
trouvé n'avoir que la nomination d'un Prélat ,
qui par cette nomination - là même , violoit tout
la fois trois sermens , et qui en même temps
encouroit les peines exprimées par le Decret que
la République entiere a inseré dans son Manifeste
et auquel lui - même a souscrit,
De quelle maniere ?
6. Le S. Stanillas a été élû par la République
avec une entiere liberté , et sans qu'il y cûr ni
Armée ni Troupes qui arrachassent les suffrages
de qui que ce soit en faveur d'un Candidat. Il a
été élú avec le consentement unanime de tous
ceux qui étoient dans le Champ Electoral , et sans
la moindre contradiction : Car il ne faut pas regarder
comme telles ni les oppositions que
M. Kaminski commençoit à faire dans le lieu
de la nomination , ni la retraite du Staroste d'O
poczyn , qui la veille de l'Election sortit du
Champ Electoral; le premier ramené par des re
montrances amiables et par de bons conseils , ré.
voqua son opposition de bon coeur et sans qu'on
lui fit la moindre violence ; il la révoqua à l'instant
et sur le lieu même , et il cria Vive Stanislase
Le second marqua par une Lettre la joye qu'il
avoit de l'heureux succès de l'Election et félicita
le Prince , sur qui elle étoit tombée , et quant
aux autres Electeurs , le lendemain de l'Election
ils allerent saluer l'Elû et l'assurer d'une parfaite
soumission.
DECEMBRE. 1733. 2703.
VI. Le S. Frederic Auguste a été élû avec
tout ce qui marque la derniere violence, puisque
les Electeurs étoient environnez d'une Armée
nombreuse , et qu'on n'obtint leurs suffrages
que par des persuasions armées . L'Election n'a
donc pas été libre. Mais comment eût - ele pů
l'être , lorsqu'un petit nombre de Citoyens pri-"
vez partagez en quatre Candidats , et devant
élire un Roy par confédération , voyoient dans
le parti du S. Frederic Auguste , le General Lesci,
agissant avec une autorité souveraine , nommer
et proclamer le premier ce Prince ? entraînez par.
la force superieure , ils ont accedé à cette Election
avec moins de joye que d'apparence de respect
, et on en trouve les preuves dans une Let-'
tre originale du même General Lesci au Comte
d'Osterman , où il s'exprime en ces termes :
Les Seigneurs Polonois étant divisez entre eux
sur le choix d'un Candidat , je les ai obligez par
des promesses et plus encore par des menaces , à dé
ferer la Couronne à l'Electeur de Saxe. Il sera assez
puissant pour se maintenir sur le Trône et pour
deffendre ceux qui l'y ont élevé.
L'Election du Sérenissime Auguste II. de
glorieuse mémoire , quoique faite par une Session
, a de grands avantages sur la prétendue
Election du S. Frederic Auguste. La premiere
fut l'ouvrage d'une partie considerable de la République
, légitimement assemblée dans le lieu
accoûtumé et désigné par la Constitution et le
temps de l'Election n'étoit pas encore écoulé ,
de sorte qu'en même- temps et au même endroit,
on nomma les deux Candidats en présence de
tous les Palatinats , Terres et Districts . La se
conde n'a été faite ni dans le lieu ni au temps
que les Loix marquaient , ni à la face de la Ré
山
1. Vol. publique
2704 MERCURE DE FRANCE
publique assemblée , et le S. Frederic Augusté a
été proclamé par une poignée d'hommes desti ."
tuez de tout pouvoir et autorité , par des hommes
que les Loix ont notez , par des hommes"
Sujets aux peines décernées contre les Traîtres ,'
et enfin sans qu'il ait assisté à cet Acte aucun
Palatinat , Territoire ni District.
Sans y être mieux
autorisé
, on a transferé
de
Praage
à Warsovie
, les Séances
touchant
les
Pacta
Conventa
, et on les y a continuées
15.
jours de suite aprés cette fausse
Election
. Par les´
mêmes
Pacta-Conventa
, on a ouvert
aux Trou."
pes Russiennes
le passage
en Pologne
, et on leur
a permis
d'y aller en tels lieux qu'il leur plairoit.
On a bien voulu
fournir
par là une occasion
continuelle
à des troubles
domestiques
, et
de justes
raisons
aux Etrangers
de nous déclarer
la guerre
, et on s'est peu soucié
d'einbarasser
la République.
Nous soumettons ce fidelle et exact Parallele
au jugement de l'Univers . Qu'on juge qui il
faut reconnoître pour légitime Roy de Pologne,
ou d'un Prince élû contre toutes sortes de Loix
et Constitutions et par la seule force des Armes
ou d'un autre qui a été élû selon ces Loix er
Constitutions , et que les suffrages libres et unanimes
de tout ce qu'il y avoit d'Electeurs , ont
élevé sur le Trône.
Fermer
Résumé : PARALLELE, de l'Election à la Couronne de Pologne, faite en faveur du Serénissime STANISLAS LESZCZYNSKI, & du Sérénissime FREDERIC AUGUSTE.
Le texte compare les élections de Stanislas Leszczynski et Frédéric Auguste au trône de Pologne. Stanislas Leszczynski a été élu de manière unanime par plus de 60 000 hommes représentant tous les palatinats, territoires et districts de la République. Cette élection a eu lieu dans le champ électoral entre Varsovie et le village de Wola, conformément aux usages traditionnels et aux constitutions. Elle s'est déroulée dans le lieu et le temps prescrits par les lois en vigueur. En revanche, l'élection de Frédéric Auguste a eu lieu après l'expiration du délai légal et dans un lieu non désigné par les constitutions. Elle n'a pas impliqué la présence des palatinats, territoires et districts. Frédéric Auguste a été élu par un petit nombre de particuliers, souvent sous la contrainte et la menace, notamment de l'armée russe. De plus, il a été nommé par un évêque qui a violé plusieurs serments et constitutions, contrairement à Stanislas Leszczynski, nommé par le Primat du Royaume, en conformité avec les lois. L'élection de Stanislas Leszczynski s'est faite librement et sans violence, tandis que celle de Frédéric Auguste a été marquée par la présence de l'armée et des menaces. Le texte conclut en soumettant ce parallèle au jugement de l'univers pour déterminer le roi légitime de Pologne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
39
p. 2900-2901
POLOGNE.
Début :
Le Roy a fait publier un Decret par lequel S. M. accorde une Amnistie generale aux [...]
Mots clefs :
Moscovites, Général, Pologne, Roi, Décret, Troupes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE.
E Roy a fait publier un Decret par lequel
5. M. accorde une Amnistie generale aux
Opposants , qui dans un terme prescrit lui rendront
l'hommage qu'ils lui doivent > et se joindront
à ses Troupes pour chasser les Moscovites
et les Saxons de la Pologne ; S. M. ajoute dans
ce Decret , que si après le terme qui est donné
aux Rebelles pour se soumettre,ils persistent dans
leur révolte , ils seront privez de tous les droits
de la Noblesse , et declarez infames , et que leurs
biens seront confisquez et leurs maisons rasées .
II. Vol. Plusieurs
Plusieurs des Opposans qui étoient restez à
Warsovie depuis que le General Lesci est allé
camper à Lowitz , ont profité du pardon qui
leur a été offert.
Les Moscovites souffrent toujours beaucoup
dans ce nouveau Camp qu'ils occupent , parce
que le Castellan de Czersko a ravagé tous les
environs de cette derniere Ville pour ôter aux
Ennemis les moyens de subsister , et qu'il n'a
pas même épargné les terres du Primat et les
siennes . Le Castellan, celui de Lublin et le "Comte
Pocci, Régimentaire de Lithuanie , sont toujours
près de Louwitz , et ils fatiguent par des
combats continuels les Moscovites qui sont
obligez d'être jour et nuit sur leurs gardes pour
se garantir des surprises . Les Castellans de Mariembourg
et de Plocko ne laissent pas plus
tranquilles les Troupes Saxones, qui depuis leur
entrée en Posnanie n'ont fait aucun mouvement
pour pénétrer plus avant dans le Royaume , er
il se passe peu de jour sans qu'on ait quelqu’-
avantage sur leurs détachements.
Le Comte Potocki Régimentaire de la Couronne
s'est retranché sur les bords de la Vistule ,
pour en disputer le passage aux Ennemts s'ils
marchent vers Cracovie. Quelques violences
que le General Lesci commette sur les Terres
des Seigneurs et des Gentilshommes attachez au
parti du Roy , aucun n'a trahi son devoir, et les
menaces de ce General, loin d'ébranler leur fidelité
, semblent augmenter leur empressement à
entrer dans la confédération faite par la Noblesse
des Palatinats de la Prusse Polonoise.
E Roy a fait publier un Decret par lequel
5. M. accorde une Amnistie generale aux
Opposants , qui dans un terme prescrit lui rendront
l'hommage qu'ils lui doivent > et se joindront
à ses Troupes pour chasser les Moscovites
et les Saxons de la Pologne ; S. M. ajoute dans
ce Decret , que si après le terme qui est donné
aux Rebelles pour se soumettre,ils persistent dans
leur révolte , ils seront privez de tous les droits
de la Noblesse , et declarez infames , et que leurs
biens seront confisquez et leurs maisons rasées .
II. Vol. Plusieurs
Plusieurs des Opposans qui étoient restez à
Warsovie depuis que le General Lesci est allé
camper à Lowitz , ont profité du pardon qui
leur a été offert.
Les Moscovites souffrent toujours beaucoup
dans ce nouveau Camp qu'ils occupent , parce
que le Castellan de Czersko a ravagé tous les
environs de cette derniere Ville pour ôter aux
Ennemis les moyens de subsister , et qu'il n'a
pas même épargné les terres du Primat et les
siennes . Le Castellan, celui de Lublin et le "Comte
Pocci, Régimentaire de Lithuanie , sont toujours
près de Louwitz , et ils fatiguent par des
combats continuels les Moscovites qui sont
obligez d'être jour et nuit sur leurs gardes pour
se garantir des surprises . Les Castellans de Mariembourg
et de Plocko ne laissent pas plus
tranquilles les Troupes Saxones, qui depuis leur
entrée en Posnanie n'ont fait aucun mouvement
pour pénétrer plus avant dans le Royaume , er
il se passe peu de jour sans qu'on ait quelqu’-
avantage sur leurs détachements.
Le Comte Potocki Régimentaire de la Couronne
s'est retranché sur les bords de la Vistule ,
pour en disputer le passage aux Ennemts s'ils
marchent vers Cracovie. Quelques violences
que le General Lesci commette sur les Terres
des Seigneurs et des Gentilshommes attachez au
parti du Roy , aucun n'a trahi son devoir, et les
menaces de ce General, loin d'ébranler leur fidelité
, semblent augmenter leur empressement à
entrer dans la confédération faite par la Noblesse
des Palatinats de la Prusse Polonoise.
Fermer
Résumé : POLOGNE.
Le roi de Pologne a publié un décret offrant une amnistie générale aux opposants, à condition qu'ils lui prêtent allégeance et rejoignent ses troupes pour expulser les Moscovites et les Saxons. Les réfractaires seront privés de leurs droits nobles, déclarés infâmes et leurs biens confisqués. Plusieurs opposants à Varsovie ont accepté cette amnistie. Les Moscovites, installés dans un nouveau camp, souffrent des destructions causées par le Castellan de Czersko, qui a ravagé les environs pour les priver de ressources. Les Castellans de Czersko, Lublin et le Comte Pocci harcèlent continuellement les Moscovites. Les Castellans de Mariembourg et de Plocko combattent les troupes saxones en Posnanie. Le Comte Potocki défend les rives de la Vistule pour empêcher les ennemis d'atteindre Cracovie. Malgré les violences du Général Lesci, les seigneurs et gentilshommes restent fidèles au roi et s'engagent dans la confédération de la noblesse des Palatinats de la Prusse Polonoise.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
40
p. 380-381
TRADUCTION de la Lettre du Nonce Apostolique, au Roy de Pologne.
Début :
Les troubles violents dont le Royaume est affligé sont tels, qu'ils ne me permettent pas [...]
Mots clefs :
Apostolique, Pologne, Exposer, Lettres, Charge, Ministère, Témoigner
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : TRADUCTION de la Lettre du Nonce Apostolique, au Roy de Pologne.
TRADUCTION de la Lettre du
Nonce Apostolique , au Roy de Pologne.
Es troubles violents dont le Royaume est
Laffligé sont tels , qu'ils ne me permettent pas
à moins que de m'exposer à beaucoup de dangers ,
d'aller présenter mes respects à V. M. et lui
remettre en même - temps les Lettres de notre
Très -Saint Pere en J. C. Monseigneur Clémentissime
FEVRIER 1734- 381
tissime , par lesquelles il félicite V. M. sur son
heureuse Election au Trône de Pologne , et répond
à celles que V. M. lui avoit écrites au sujet
de cet Evenement tant desiré . N'ayant donc
pû aller en personne , comme je le souhaitois
avec ardeur , et les Commissions dont j'avois été
chargé de la part de S. S. ayant été executées par
le Ministere de M. le Marquis de Monti , Ambassadeur
Extraordinaire de S. M. T. C. ainsi
que son Excellence m'en a assuré par les Lettres
que j'en ai reçûes avant hier seulement . V. M,
me permettra de lui témoigner par la présente
et respectueuse Lettre , combien je desire de voir
cesser les obstacles et les périls du voyage , afin
d'aller auprès de V. M. exposer plus au long les
sentimens du Souverain Pontife pour Elle , et
y faire les fonctions de mon Ministere , ce que
je regarde comme infiniment honorable et heureux
pour moi. Je ne puis m'empêcher de me
servir de l'occasion que me fournit l'Emploi
Apostolique dont je suis chargé , pour témoigner
à V.M. la joye que je ressens en mon particulier,
et d'être bien persuadé que je demande avec instance
au Pere de Misericorde , qu'il daigne benir
le commencement de votre Regue pour l'aug
mentation de la Religion Orthodoxe , et pour
bonheur de la celebre Nation que vous gouvernez.
J'espere que le Ciel exaucera mes voeux , et
que V. M. voudra bien agréer le parfait dévouement
avec lequel je suis , & c . Fait à Warsovie
le 3. Décembre 1733. Signé Camille Palucci .
Nonce Apostolique , au Roy de Pologne.
Es troubles violents dont le Royaume est
Laffligé sont tels , qu'ils ne me permettent pas
à moins que de m'exposer à beaucoup de dangers ,
d'aller présenter mes respects à V. M. et lui
remettre en même - temps les Lettres de notre
Très -Saint Pere en J. C. Monseigneur Clémentissime
FEVRIER 1734- 381
tissime , par lesquelles il félicite V. M. sur son
heureuse Election au Trône de Pologne , et répond
à celles que V. M. lui avoit écrites au sujet
de cet Evenement tant desiré . N'ayant donc
pû aller en personne , comme je le souhaitois
avec ardeur , et les Commissions dont j'avois été
chargé de la part de S. S. ayant été executées par
le Ministere de M. le Marquis de Monti , Ambassadeur
Extraordinaire de S. M. T. C. ainsi
que son Excellence m'en a assuré par les Lettres
que j'en ai reçûes avant hier seulement . V. M,
me permettra de lui témoigner par la présente
et respectueuse Lettre , combien je desire de voir
cesser les obstacles et les périls du voyage , afin
d'aller auprès de V. M. exposer plus au long les
sentimens du Souverain Pontife pour Elle , et
y faire les fonctions de mon Ministere , ce que
je regarde comme infiniment honorable et heureux
pour moi. Je ne puis m'empêcher de me
servir de l'occasion que me fournit l'Emploi
Apostolique dont je suis chargé , pour témoigner
à V.M. la joye que je ressens en mon particulier,
et d'être bien persuadé que je demande avec instance
au Pere de Misericorde , qu'il daigne benir
le commencement de votre Regue pour l'aug
mentation de la Religion Orthodoxe , et pour
bonheur de la celebre Nation que vous gouvernez.
J'espere que le Ciel exaucera mes voeux , et
que V. M. voudra bien agréer le parfait dévouement
avec lequel je suis , & c . Fait à Warsovie
le 3. Décembre 1733. Signé Camille Palucci .
Fermer
Résumé : TRADUCTION de la Lettre du Nonce Apostolique, au Roy de Pologne.
Le Nonce Apostolique adresse une lettre au Roi de Pologne le 3 décembre 1733, expliquant que les troubles violents dans le Royaume l'empêchent de se rendre en personne pour présenter ses respects et remettre les lettres du Pape. Ces lettres félicitent le Roi pour son élection au trône de Pologne et répondent à celles que le Roi avait envoyées. Les commissions du Nonce ont été exécutées par le Marquis de Monti, Ambassadeur Extraordinaire. Le Nonce exprime son désir de rencontrer le Roi pour exposer les sentiments du Souverain Pontife. Il témoigne sa joie et prie pour le succès du règne du Roi, afin d'augmenter la Religion Orthodoxe et le bonheur de la nation polonaise. Le Nonce conclut en espérant que ses vœux seront exaucés et en réaffirmant son dévouement.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
41
p. 972-979
EXTRAIT du Protocole de la Diete de l'Empire, contenant les raisons alleguées par les Ministres de Baviere, pour s'opposer à la Déclaration de guerre contre la France.
Début :
Quelque déplorable que soit la Guerre actuellement allumée entre Sa Majesté Imperiale et la [...]
Mots clefs :
Saint Empire romain, Guerre, États, Cercles, Défense, Déclaration de guerre, Couronne, France, Commission, Pologne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT du Protocole de la Diete de l'Empire, contenant les raisons alleguées par les Ministres de Baviere, pour s'opposer à la Déclaration de guerre contre la France.
EXTRAIT du Protocole de la Diete
de l'Empire , contenant les raisons alleguées
par les Ministres de Baviere ,
pour s'opposer à la Déclaration de
guerre contre la France.
Velque déplorable que soit la Guerre actuelle
Y
ment allumée entre Sa Majesté Imperiale et l'a
Couronne de France , il est néanmoins évident
même par la Déclaration qu'il a plû à S. M. Imp.
de faire à l'Empire au commencement de son Deeret
de Commission , ainsi que par la Piece intitulée,
Motifs de Résolution du Roy , jointe audit De
eret , que la présente Guerre survenue entre ces deux
Hautes-Puissances, prénd sa source dans l'affaire de
Election d'un Roy de Pologne, mais que quelque
soit l'affaire de cette Election , et quelque fondé et
incontestable qne puisse être tout ce qu'on a publié
touchant les intrigues pratiquées à ce sujet , ( car il
ne s'agit pas ici d'entrer dans aucune discussion par
rapport à l'agresseur , ni dans aucun examen par
rapport aux Traitez précedemment faits à l'insc
de l'Empire , avec des Puissances Etrangeres ) il
est toujours certain que l'Empire n'ayant ni allian.
ce ni engagement special avec le Royaume de Pologne
, doit regarder cette affaire én quelque façon
comme étrangere, et à laquelle il n'est point oblige
de prendre part. Il s'agit donc présentement de dé
liberer
MAY. 1734. 973
liberer si , vu les motifs representez par S. M. Im.
ala Diete , l'Empire doit generalement consentirà
une Déclaration de Guerre contre la France.
Les Loix de l'Empire établissent suffisamment
ce qu'il convient de faire pour sa deffense , en cas
de quelque attaque ennemie , personne ne l'ignore ;
mais comme le Saint Empire Romain est en paix
avec toutes les Puissances étrangeres , et que la
Couronne de France même, après s'être emparée du ..
Fort de Kell , afait déclarer par écrit le 14. Octobre
dernier à tous les Electeurs , Frinces et Etats
du Saint Empire Romain , par M. Blondel , son
Ministre,ainsi qu'il paroît par la Piece annexée au
Decret Imperial de Commission , qu'elle n'a rien
plus à coeur que de maintenir la Paix avec l'Empire
et d'observer les Traitez , sans vouloirfaire des
conquêtes , promettant en consequence de rendre ce
Fort de Kell ; on ne voit pas que l'Empire puisse
avoir aucune raison suffisante d'entrer en guerre ;
d'ailleurs c'est une chose notoire aux Electeurs ,
Princes et Etats , que pendant le peu d'années de
Paix dont on a joui , l'Empire , et en particulier les
Cercles , qui durant la derniere Guerre et tant d'au
tres qui l'ont précedée , se sont trouvez les plus èxposez
aux attaques ennemies , et n'ont pû éviter les
degâts et la destruction qui accompagnent toujours
les Armes , ne se sont pas encore assez bien rétablis
des pertes qu'ils ont soufertes , pour qu'on les expose
de nouveau aux mêmes inconveniens , et cela pour
une affaire étrangere à laquelle ils n'ont aucune
part , et pour qu'on exige d'eux qu'ils contribuent
aux frais d'une guerre qui durera peut -être plu
sieurs années ; car si l'on considere avec attention
les suites onereuses d'une rupture , on trouvera ,
l'experience nous le montre, que lorsqu'elle est entamée,
il est bien difficile d'en prévoir les évenemens et
dejuger de sa durée.
"
et
Après
974 MERCURE DE FRANCE
>
Apr's cela quelqu'heureuse que pût être cette
Guerre , et quand meme on pourroit obliger la Partie
adverse à consentir à une Paix durable et avantageuse
, la méme experience nous fait voir que
toute l'utilité qui en resultera aux Etats du Saint
Empire Romain , sera qu'on leur rende leurs Pays
mais désolez , et dans un état plus triste encore que
celui où leurs Sujets et leurs Pays se trouvent actuellement
sans pouvoir esperer aucun agrandissement
, puisqu'on a vu que tous les efforts qu'on a
faits jusqu'à pretent pour cela , ont toujours été infructueux.
C'est pourquoi , et dautant S. M. I.
par son Decret de Commission , a non seulement recommandé
le fait aux Etats , mais que méme elle
demande gracieusement leur conseil et avis , ilparoit
qu'on doit murement déliberer si avant que de
parler d'aucune Déclaration de Guerre , il ne seroit
pas con enable la Diette songeat aux moyens
d'éviter un aussigrand mal qu'est une Guerre offensive
; il paroit que c'est l'unique moyen de conserver
la tranquillitéparmi les Etats de l'Empire et de
les mettre en état de mieux servir S. MI. et la
Patrie
que
que
que
>
Aussi-tôt S. A. E. de Baviere comme
Membre du Cercle de Suabe, en vertu des Terres et
Seigneuries qu'elle y possede , eût appris que ce Cercle
et les autres Cercles associez devoient s'assembler
, elle donna ordre de leur representer la necessité
qu'il y avoit de mettre promptement leurs Pays
dans un état convenable de deffense , sans préjudice
de qui que ce fut.
C'est un pareil état de deffense conformement aux
résolutions prises dans l'Assemblée desdits Cercles
que S. A. E. souhaite de la part des Electeurs
Princes et Etats de l'Empire , et elle le regarde
comme un point si necessaire et si important dans la
circons
MAY 1724. 975
sirconstance présente des affaires , que bien loin de
vouloir s'en élo gner iant soit peu , elle est disposée ,
en conformité de sa Naissance et ae son devoir ,
contribuer de tout son pouvoir à tout ce qui peut
tendre à la conservation du Sant Empire Romain
en general, et de chaqueEtat en particulier,mais elle
croit qu'il faut éviter toute offense et qu'il est bien
piur convenable de songer un quement à la defense
et à la conservation dudit Saint Empire Romain et
de ses Etass particuliers .
I •. Parce que toute personne qui voudra se donner
la peine d'examiner sans partialité et sans prévention
la source et la cause de la presente Guerre
, verra facilement en consequence des raisons al.
leguées ci- dessus , qu'elle ne peut originairement regarder
en aucune maniere le Saint Empire Romain,
puisque les Hautes Parties Belligerantes ont pour
principal motif le soin de vanger reciproquement leur
honneur qu'elles croyent offensé.
·
>
2 Farce qu'on ne sçauroit conseiller ni approuver
que pour une cause étrangere , à laquelle le
Saint Empire Romain n'a aucune part , on veüil-
Le prizer de la douce Paix rétablie en dernier lieu
et acquise aux dépens de tant de sang répandu , et
qu'on cherche à l'engager dans une nouvelle Guerre
onereuse , dont l'is në et la durée sont si incertaines
et dont tout le poids tomberoit sur ces Cercles , qui
par leur situation se trouvent les plus exposés au danger
, et par consequent à une ruine inévitable sans
Pavoir meritée Les Pactes entre la très - Illustre
Maison Archiducale de l'Empereur et la Couronne
de Pologne , subsistent depuis plusieurs années ,
ayant été établis sous le gouvernement de l'Archiduc
Albert et du Roi Casimir , et confirmés dernie➡
rement par 1 En pereur Leopold,de glorieuse memoi-
Fe ; ils ont pour objet la défense mutuelle de leurs
Royaumes ,
976 MERCURE DE FRANCE
Royaumes , ainsi que de leur Commerce ; mais ce
n'est pas en qualité d'Empereurs et du consentement
de l'Empire , que les Princes de la Maison d'Autriche
ont contracté ces Alliances ; ils ne l'ontfait
que pour leur propre interêt , et à cause de la proximité
de leurs Terres et Provinces , par consequent
Le Saint Empire. Romain n'y a aucune part.
3°. Comme Sa Majeste Imperiale , pendant son
glorieux Regne , a donnéplusieurs preuves éclatantes
du desir qu'elle a de maintenir et de conserver
le repos et le salut du Saint Empire Romain , et
que de tout tems on a regardé la tranquillité genevale
comme le bien le plus desirable , Elle peut d'autant
moins trouver mauvais que les Etats se
mettent simplement dans un état de défense , qu'elle
a tout lieu d'avoir une entiere confiance dans le
Saint Empire Romain , et qu'elle n'ignore pas les
tristes suites que la Guerre entraîne après elle . Il est
d'ailleurs à remarquer que d'autres Puissances
quoiqu'étroitement unies et alliées avec Š. M. I.
auxquelles on aura sans doute communiqué tout ce
qui s'est passé dans l'affaire de Pologne , et qui par
consequent n'ignorent pas laquelle des deux Hautes
Parties doit être considerée comme l'Agresseur dans
la presente Guerre , n'ont pas encore jusqu'à present
jugé à propos de se déclarer contre la France ,
soit par le desir de conserver quelques uns de leurs
Etats et Sujets , ou pour d'autres raisons , quoique
quelques unes de ces Puissances se mettent sur
leurs gardes , ce n'est apparemment que pour mieux
maintenir et conserver la tranquillité.
Si le Saint Empire Romain se trouvoit frustré de
Passistance de ces Puissances, le poids de la presente
Guerre lui seroit difficile à supporter , et le danger
plus grand et plus évident sur tout si S. M. I.
alloit retirer en tout ou en partie , les Troupes qu'elle
a fur
MAY. 1734
977
vaisur
le Rhin pour les envoyer à la défense de ses
autres Etatt et qu'elle laissat aux Cercles le soin de
la défense de l'Empire. Cette crainte n'est pas
neni chimerique , elle est fondée sur l'experience de
se qui s'est passé pendant la derniere Guerre , où
P'on a vu les Troupes Imperiales quitter le Rhin , et
les Cercles seuls obligés de défendre leurs Terres ,
leur grand préjudice , et à la ruine de leurs Pays.
Deplus , les Actes de l'Empire font foi que d'un
côté les Etats ne voulurent pas dans la derniere
Guerre s'engager avant que les deux Puissances
Maritimes se fussent alliés avec Sa Majesté Imperiale
; et que d'un autre côté , aussi- tôt que lesdites
Puissances se furent separées de la grande Alliance
, les mêmes Etats jugerent à propos d'accepter
les conditions du Traité de Rastadt , donnant
par-1
-là clairement à connoître combien il leur étoit
impossible de continuer la Guerre sans la concurrence
des Puissances Maritimes. C'est pourquoi le
Saint Empire Romain , et en particulier les Cercles
les plus exposés , qui certainement ne se sont pas encore
rétablis des pertes souffertes , feroient bien de
senger à épargner et ménager leurs forces chancellantes
pour des occasions plus importantes qui pourroient
survenir , et qui dépendent de la viciffitude
des choses , sans quoi on pourroit bien s'en repentir ,
mais peut-être trop tard.
4°. La Couronnede France ne peut trouver mau
vais que l'Empire employe pour sa défense tous les
moyens necessaires et conformes au droit naturel ;
puisque dans la Déclaration qu'elle a fait faire par
son Ministre , et qui se trouve attachée au Decret
Imperial de Commission ci - desus mentionné , Elle
promet solemnellement sous la Foi publique qu'elle
se prêtera à tout ce qui peut maintenir la tranquil-
Jité du SaintEmpire Romain : Or , rien n'y pens
G plus
978 MERCURE DE FRANCE
plus contribuer qu'un Etat convenable de défense ?
d'ailleurs cette même Couronne У déclare qu'elle
fera bonifier , si cela n'a étéfait , les Contributions
qu'elle a été obligée d'exiger sur les Terres de l'Empire
, et qu'elle fera restituer le Fort de Kehl dont
elle s'est emparée , ou qu'elle le fera garder par des
Troupes Neutres jusqu'à la Paix , afin que le Saint
Empire Romain n'en prenne aucun ombrage.
›
Pour toutes les raisons alleguées ci- dessus , S. A.
E. quelque affectionnée et fidele qu'elle soit à S. M.
I. ne sçauroit conformément à son devoir conseiller
que le Saint Empire Remain doive s'engager
dans une Guerre generale si dangereuse et si ruineuse
, qui occasionnera dans la suite l'effusion de
tant de sang Chrétien et la désolation des Terres
qui pourront être foulées autant par les Troupes qui
viendront à son secours que par celles des Ennemis.
Elle espere au contraire , que S. M. I. qui a donné
tant de preuves de son amour pour la Justice et la
Paix , voudra bien en consequence de cet amour
et vú les presentes circonstances dangereuses approuver,
ainsi qu'on vient de le proposer , que le Saint
Empire Romain se mette dans un état naturel et
convenable de défense , et qu'elle regardera d'un
oil favorable tout ce qui a été allegué à ce sujet ,
comme provenant d'un coeur sincere et affectionné
pour le bien de la Patrie. S. A. E. souhaite de
plus , conformément aux Loix établies par la Paix
de Vestphalie , que les Etats de l'Empire , avani
que de prendre les Armes , tentent les voyes d'ac
commodement au moyen d'une mediation generale
du Saint Empire Romain , ainsi que cela s'est pratiqué
ci-devant , sous le Regne des Predecesseurs de
S. M. I. et en particulier en l'année 1673. on
pourroit peut-être par ce moyen terminer le tout à
Pamiable. Mais si cette proposition , quoique fondée
5267
MAY. 1734. 9-9
ser les Loix fondamental es du Traité de Paix n'est
point acceptée , S. A. E. de Baviere persiste toujours
dans son opinion , que dans la situation presente
des affaires il ne convient pas au Saint Empire
Romain de donner occasion à de nouvelles hostilités
de la part de la France ; et quoiqu'on doive
s'attendre que cette Couronne maintiendra la déclaration
faite par M. Blondel , son Miniftre , et
que conformément à ses promesses , Elle ne troublera
pas la paix et la tranquillité de l'Empire , à
moins qu'elle n'y soit provoquée. S. A. E. croit
néanmoins que le Saint Empire en general et chaque
Etat en particulier , doivent conformement à ce
qui a été résolu dans l'Assemblée des Cercles associés
, se mettre en bon état de se défendre , sans préjudice
de qui que ce soit. Ulteriora reservando.
de l'Empire , contenant les raisons alleguées
par les Ministres de Baviere ,
pour s'opposer à la Déclaration de
guerre contre la France.
Velque déplorable que soit la Guerre actuelle
Y
ment allumée entre Sa Majesté Imperiale et l'a
Couronne de France , il est néanmoins évident
même par la Déclaration qu'il a plû à S. M. Imp.
de faire à l'Empire au commencement de son Deeret
de Commission , ainsi que par la Piece intitulée,
Motifs de Résolution du Roy , jointe audit De
eret , que la présente Guerre survenue entre ces deux
Hautes-Puissances, prénd sa source dans l'affaire de
Election d'un Roy de Pologne, mais que quelque
soit l'affaire de cette Election , et quelque fondé et
incontestable qne puisse être tout ce qu'on a publié
touchant les intrigues pratiquées à ce sujet , ( car il
ne s'agit pas ici d'entrer dans aucune discussion par
rapport à l'agresseur , ni dans aucun examen par
rapport aux Traitez précedemment faits à l'insc
de l'Empire , avec des Puissances Etrangeres ) il
est toujours certain que l'Empire n'ayant ni allian.
ce ni engagement special avec le Royaume de Pologne
, doit regarder cette affaire én quelque façon
comme étrangere, et à laquelle il n'est point oblige
de prendre part. Il s'agit donc présentement de dé
liberer
MAY. 1734. 973
liberer si , vu les motifs representez par S. M. Im.
ala Diete , l'Empire doit generalement consentirà
une Déclaration de Guerre contre la France.
Les Loix de l'Empire établissent suffisamment
ce qu'il convient de faire pour sa deffense , en cas
de quelque attaque ennemie , personne ne l'ignore ;
mais comme le Saint Empire Romain est en paix
avec toutes les Puissances étrangeres , et que la
Couronne de France même, après s'être emparée du ..
Fort de Kell , afait déclarer par écrit le 14. Octobre
dernier à tous les Electeurs , Frinces et Etats
du Saint Empire Romain , par M. Blondel , son
Ministre,ainsi qu'il paroît par la Piece annexée au
Decret Imperial de Commission , qu'elle n'a rien
plus à coeur que de maintenir la Paix avec l'Empire
et d'observer les Traitez , sans vouloirfaire des
conquêtes , promettant en consequence de rendre ce
Fort de Kell ; on ne voit pas que l'Empire puisse
avoir aucune raison suffisante d'entrer en guerre ;
d'ailleurs c'est une chose notoire aux Electeurs ,
Princes et Etats , que pendant le peu d'années de
Paix dont on a joui , l'Empire , et en particulier les
Cercles , qui durant la derniere Guerre et tant d'au
tres qui l'ont précedée , se sont trouvez les plus èxposez
aux attaques ennemies , et n'ont pû éviter les
degâts et la destruction qui accompagnent toujours
les Armes , ne se sont pas encore assez bien rétablis
des pertes qu'ils ont soufertes , pour qu'on les expose
de nouveau aux mêmes inconveniens , et cela pour
une affaire étrangere à laquelle ils n'ont aucune
part , et pour qu'on exige d'eux qu'ils contribuent
aux frais d'une guerre qui durera peut -être plu
sieurs années ; car si l'on considere avec attention
les suites onereuses d'une rupture , on trouvera ,
l'experience nous le montre, que lorsqu'elle est entamée,
il est bien difficile d'en prévoir les évenemens et
dejuger de sa durée.
"
et
Après
974 MERCURE DE FRANCE
>
Apr's cela quelqu'heureuse que pût être cette
Guerre , et quand meme on pourroit obliger la Partie
adverse à consentir à une Paix durable et avantageuse
, la méme experience nous fait voir que
toute l'utilité qui en resultera aux Etats du Saint
Empire Romain , sera qu'on leur rende leurs Pays
mais désolez , et dans un état plus triste encore que
celui où leurs Sujets et leurs Pays se trouvent actuellement
sans pouvoir esperer aucun agrandissement
, puisqu'on a vu que tous les efforts qu'on a
faits jusqu'à pretent pour cela , ont toujours été infructueux.
C'est pourquoi , et dautant S. M. I.
par son Decret de Commission , a non seulement recommandé
le fait aux Etats , mais que méme elle
demande gracieusement leur conseil et avis , ilparoit
qu'on doit murement déliberer si avant que de
parler d'aucune Déclaration de Guerre , il ne seroit
pas con enable la Diette songeat aux moyens
d'éviter un aussigrand mal qu'est une Guerre offensive
; il paroit que c'est l'unique moyen de conserver
la tranquillitéparmi les Etats de l'Empire et de
les mettre en état de mieux servir S. MI. et la
Patrie
que
que
que
>
Aussi-tôt S. A. E. de Baviere comme
Membre du Cercle de Suabe, en vertu des Terres et
Seigneuries qu'elle y possede , eût appris que ce Cercle
et les autres Cercles associez devoient s'assembler
, elle donna ordre de leur representer la necessité
qu'il y avoit de mettre promptement leurs Pays
dans un état convenable de deffense , sans préjudice
de qui que ce fut.
C'est un pareil état de deffense conformement aux
résolutions prises dans l'Assemblée desdits Cercles
que S. A. E. souhaite de la part des Electeurs
Princes et Etats de l'Empire , et elle le regarde
comme un point si necessaire et si important dans la
circons
MAY 1724. 975
sirconstance présente des affaires , que bien loin de
vouloir s'en élo gner iant soit peu , elle est disposée ,
en conformité de sa Naissance et ae son devoir ,
contribuer de tout son pouvoir à tout ce qui peut
tendre à la conservation du Sant Empire Romain
en general, et de chaqueEtat en particulier,mais elle
croit qu'il faut éviter toute offense et qu'il est bien
piur convenable de songer un quement à la defense
et à la conservation dudit Saint Empire Romain et
de ses Etass particuliers .
I •. Parce que toute personne qui voudra se donner
la peine d'examiner sans partialité et sans prévention
la source et la cause de la presente Guerre
, verra facilement en consequence des raisons al.
leguées ci- dessus , qu'elle ne peut originairement regarder
en aucune maniere le Saint Empire Romain,
puisque les Hautes Parties Belligerantes ont pour
principal motif le soin de vanger reciproquement leur
honneur qu'elles croyent offensé.
·
>
2 Farce qu'on ne sçauroit conseiller ni approuver
que pour une cause étrangere , à laquelle le
Saint Empire Romain n'a aucune part , on veüil-
Le prizer de la douce Paix rétablie en dernier lieu
et acquise aux dépens de tant de sang répandu , et
qu'on cherche à l'engager dans une nouvelle Guerre
onereuse , dont l'is në et la durée sont si incertaines
et dont tout le poids tomberoit sur ces Cercles , qui
par leur situation se trouvent les plus exposés au danger
, et par consequent à une ruine inévitable sans
Pavoir meritée Les Pactes entre la très - Illustre
Maison Archiducale de l'Empereur et la Couronne
de Pologne , subsistent depuis plusieurs années ,
ayant été établis sous le gouvernement de l'Archiduc
Albert et du Roi Casimir , et confirmés dernie➡
rement par 1 En pereur Leopold,de glorieuse memoi-
Fe ; ils ont pour objet la défense mutuelle de leurs
Royaumes ,
976 MERCURE DE FRANCE
Royaumes , ainsi que de leur Commerce ; mais ce
n'est pas en qualité d'Empereurs et du consentement
de l'Empire , que les Princes de la Maison d'Autriche
ont contracté ces Alliances ; ils ne l'ontfait
que pour leur propre interêt , et à cause de la proximité
de leurs Terres et Provinces , par consequent
Le Saint Empire. Romain n'y a aucune part.
3°. Comme Sa Majeste Imperiale , pendant son
glorieux Regne , a donnéplusieurs preuves éclatantes
du desir qu'elle a de maintenir et de conserver
le repos et le salut du Saint Empire Romain , et
que de tout tems on a regardé la tranquillité genevale
comme le bien le plus desirable , Elle peut d'autant
moins trouver mauvais que les Etats se
mettent simplement dans un état de défense , qu'elle
a tout lieu d'avoir une entiere confiance dans le
Saint Empire Romain , et qu'elle n'ignore pas les
tristes suites que la Guerre entraîne après elle . Il est
d'ailleurs à remarquer que d'autres Puissances
quoiqu'étroitement unies et alliées avec Š. M. I.
auxquelles on aura sans doute communiqué tout ce
qui s'est passé dans l'affaire de Pologne , et qui par
consequent n'ignorent pas laquelle des deux Hautes
Parties doit être considerée comme l'Agresseur dans
la presente Guerre , n'ont pas encore jusqu'à present
jugé à propos de se déclarer contre la France ,
soit par le desir de conserver quelques uns de leurs
Etats et Sujets , ou pour d'autres raisons , quoique
quelques unes de ces Puissances se mettent sur
leurs gardes , ce n'est apparemment que pour mieux
maintenir et conserver la tranquillité.
Si le Saint Empire Romain se trouvoit frustré de
Passistance de ces Puissances, le poids de la presente
Guerre lui seroit difficile à supporter , et le danger
plus grand et plus évident sur tout si S. M. I.
alloit retirer en tout ou en partie , les Troupes qu'elle
a fur
MAY. 1734
977
vaisur
le Rhin pour les envoyer à la défense de ses
autres Etatt et qu'elle laissat aux Cercles le soin de
la défense de l'Empire. Cette crainte n'est pas
neni chimerique , elle est fondée sur l'experience de
se qui s'est passé pendant la derniere Guerre , où
P'on a vu les Troupes Imperiales quitter le Rhin , et
les Cercles seuls obligés de défendre leurs Terres ,
leur grand préjudice , et à la ruine de leurs Pays.
Deplus , les Actes de l'Empire font foi que d'un
côté les Etats ne voulurent pas dans la derniere
Guerre s'engager avant que les deux Puissances
Maritimes se fussent alliés avec Sa Majesté Imperiale
; et que d'un autre côté , aussi- tôt que lesdites
Puissances se furent separées de la grande Alliance
, les mêmes Etats jugerent à propos d'accepter
les conditions du Traité de Rastadt , donnant
par-1
-là clairement à connoître combien il leur étoit
impossible de continuer la Guerre sans la concurrence
des Puissances Maritimes. C'est pourquoi le
Saint Empire Romain , et en particulier les Cercles
les plus exposés , qui certainement ne se sont pas encore
rétablis des pertes souffertes , feroient bien de
senger à épargner et ménager leurs forces chancellantes
pour des occasions plus importantes qui pourroient
survenir , et qui dépendent de la viciffitude
des choses , sans quoi on pourroit bien s'en repentir ,
mais peut-être trop tard.
4°. La Couronnede France ne peut trouver mau
vais que l'Empire employe pour sa défense tous les
moyens necessaires et conformes au droit naturel ;
puisque dans la Déclaration qu'elle a fait faire par
son Ministre , et qui se trouve attachée au Decret
Imperial de Commission ci - desus mentionné , Elle
promet solemnellement sous la Foi publique qu'elle
se prêtera à tout ce qui peut maintenir la tranquil-
Jité du SaintEmpire Romain : Or , rien n'y pens
G plus
978 MERCURE DE FRANCE
plus contribuer qu'un Etat convenable de défense ?
d'ailleurs cette même Couronne У déclare qu'elle
fera bonifier , si cela n'a étéfait , les Contributions
qu'elle a été obligée d'exiger sur les Terres de l'Empire
, et qu'elle fera restituer le Fort de Kehl dont
elle s'est emparée , ou qu'elle le fera garder par des
Troupes Neutres jusqu'à la Paix , afin que le Saint
Empire Romain n'en prenne aucun ombrage.
›
Pour toutes les raisons alleguées ci- dessus , S. A.
E. quelque affectionnée et fidele qu'elle soit à S. M.
I. ne sçauroit conformément à son devoir conseiller
que le Saint Empire Remain doive s'engager
dans une Guerre generale si dangereuse et si ruineuse
, qui occasionnera dans la suite l'effusion de
tant de sang Chrétien et la désolation des Terres
qui pourront être foulées autant par les Troupes qui
viendront à son secours que par celles des Ennemis.
Elle espere au contraire , que S. M. I. qui a donné
tant de preuves de son amour pour la Justice et la
Paix , voudra bien en consequence de cet amour
et vú les presentes circonstances dangereuses approuver,
ainsi qu'on vient de le proposer , que le Saint
Empire Romain se mette dans un état naturel et
convenable de défense , et qu'elle regardera d'un
oil favorable tout ce qui a été allegué à ce sujet ,
comme provenant d'un coeur sincere et affectionné
pour le bien de la Patrie. S. A. E. souhaite de
plus , conformément aux Loix établies par la Paix
de Vestphalie , que les Etats de l'Empire , avani
que de prendre les Armes , tentent les voyes d'ac
commodement au moyen d'une mediation generale
du Saint Empire Romain , ainsi que cela s'est pratiqué
ci-devant , sous le Regne des Predecesseurs de
S. M. I. et en particulier en l'année 1673. on
pourroit peut-être par ce moyen terminer le tout à
Pamiable. Mais si cette proposition , quoique fondée
5267
MAY. 1734. 9-9
ser les Loix fondamental es du Traité de Paix n'est
point acceptée , S. A. E. de Baviere persiste toujours
dans son opinion , que dans la situation presente
des affaires il ne convient pas au Saint Empire
Romain de donner occasion à de nouvelles hostilités
de la part de la France ; et quoiqu'on doive
s'attendre que cette Couronne maintiendra la déclaration
faite par M. Blondel , son Miniftre , et
que conformément à ses promesses , Elle ne troublera
pas la paix et la tranquillité de l'Empire , à
moins qu'elle n'y soit provoquée. S. A. E. croit
néanmoins que le Saint Empire en general et chaque
Etat en particulier , doivent conformement à ce
qui a été résolu dans l'Assemblée des Cercles associés
, se mettre en bon état de se défendre , sans préjudice
de qui que ce soit. Ulteriora reservando.
Fermer
Résumé : EXTRAIT du Protocole de la Diete de l'Empire, contenant les raisons alleguées par les Ministres de Baviere, pour s'opposer à la Déclaration de guerre contre la France.
Le Protocole de la Diète de l'Empire présente les arguments des ministres de Bavière contre une déclaration de guerre contre la France. La guerre en cours entre l'Empire et la France résulte de l'élection d'un roi de Pologne, mais l'Empire n'a ni alliance ni engagement spécifique avec la Pologne, considérant donc cette affaire comme étrangère. Les ministres soulignent que l'Empire est en paix avec toutes les puissances étrangères et que la France a exprimé son désir de maintenir la paix et de respecter les traités, notamment en promettant de rendre le fort de Kehl. Les ministres estiment que l'Empire n'a aucune raison suffisante d'entrer en guerre, surtout que les États de l'Empire n'ont pas encore récupéré des pertes précédentes. Ils soulignent également que les conséquences d'une guerre sont incertaines et coûteuses. La Bavière recommande donc de se préparer à la défense sans provoquer de nouvelles hostilités et de chercher des voies d'accommodement par une médiation générale. Elle espère que l'Empereur approuvera cette position, visant à préserver la tranquillité au sein de l'Empire. Par ailleurs, une résolution adoptée lors de l'Assemblée des Cercles associés prévoit de se mettre en état de défense sans causer de préjudice à quiconque. La phrase 'Ulteriora reservando' indique que des points supplémentaires sont réservés pour une discussion ou une décision ultérieure.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
42
p. 979-980
ITALIE.
Début :
Le 9. Avril, le Comte Zaluschi, Ministre du Roi de Pologne à Rome, eut Audience du Pape, [...]
Mots clefs :
Pologne, Rome, Pape, Théologiens, Élection, Électeur de Saxe, Corse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALIE.
Le 9. Avril , le Comte Zaluschi , Ministre da
Roi de Pologne à Rome , eut Audience du Pape ,
à qui il demanda de la part de Sa Majesté Polonoise
, qu'on procedât contre les quatre Théologiens
qui ont approuvé et signé le faux Bref que
les Partisans de l'Electeur de Saxe avoient fait
répandre dans la Pologne , avant la prétendue
Election de ce Prince , et par lequel le Pape étoit
supposé délier les Evêques Polonois du serment
qu'ils avoient fait dans la Diete generale de Convocation
.
Le bruit court que le Pape a cité par un Bref
l'Evêque de Cracovie pour venir rendre compte
à Rome de sa conduite , au sujet de la prétendue
Election et du Couronnement de l'Electeur de
Saxe , mais on ne sçait pas encore les résolutions
que SaSainteté a prises par rapport aux quatre
Gij Théo980
MERCURE DE FRANCE
Théologiens , sur le procedé desquels le Roi de ·
Pologne demande satisfaction.
Il est défendu à Rome,sous des peines très- rigoureuses
par un Edit qu'on y a publié depuis peu , à
toutes personnes de quelque condition qu'elles
soient, de parler peu respectueusement d'aucun
Prince à l'occasion de la Guerre , et de former
des Assemblées tumultueuses.
On écrit de Genes que le Gouvernement a
donné ordre de faire de nouvelles levées qu'il destine
pour l'Ile de Corse , où on a été obligé d'envoyer
depuis peu un renfort de 3000. hommes
pour s'opposer aux progrès des Rebelles , dont
le nombre augmente tous les jours , et d'où on a
reçû avis que la Garnison de Corse , étant convenue
avec leurs Chefs de leur rendre cette Place
, si elle n'étoit pas secouruë dans un tems prescrit
, en étoit sortie après ce terme expiré; que le
Commandant et quatre autres Officiers avoient
eu seuls la liberté d'emporter leurs armes , et
qu'ils avoient été conduits , ainsi que le reste de
la Garnison , à San - Pelegrino,
Le 9. Avril , le Comte Zaluschi , Ministre da
Roi de Pologne à Rome , eut Audience du Pape ,
à qui il demanda de la part de Sa Majesté Polonoise
, qu'on procedât contre les quatre Théologiens
qui ont approuvé et signé le faux Bref que
les Partisans de l'Electeur de Saxe avoient fait
répandre dans la Pologne , avant la prétendue
Election de ce Prince , et par lequel le Pape étoit
supposé délier les Evêques Polonois du serment
qu'ils avoient fait dans la Diete generale de Convocation
.
Le bruit court que le Pape a cité par un Bref
l'Evêque de Cracovie pour venir rendre compte
à Rome de sa conduite , au sujet de la prétendue
Election et du Couronnement de l'Electeur de
Saxe , mais on ne sçait pas encore les résolutions
que SaSainteté a prises par rapport aux quatre
Gij Théo980
MERCURE DE FRANCE
Théologiens , sur le procedé desquels le Roi de ·
Pologne demande satisfaction.
Il est défendu à Rome,sous des peines très- rigoureuses
par un Edit qu'on y a publié depuis peu , à
toutes personnes de quelque condition qu'elles
soient, de parler peu respectueusement d'aucun
Prince à l'occasion de la Guerre , et de former
des Assemblées tumultueuses.
On écrit de Genes que le Gouvernement a
donné ordre de faire de nouvelles levées qu'il destine
pour l'Ile de Corse , où on a été obligé d'envoyer
depuis peu un renfort de 3000. hommes
pour s'opposer aux progrès des Rebelles , dont
le nombre augmente tous les jours , et d'où on a
reçû avis que la Garnison de Corse , étant convenue
avec leurs Chefs de leur rendre cette Place
, si elle n'étoit pas secouruë dans un tems prescrit
, en étoit sortie après ce terme expiré; que le
Commandant et quatre autres Officiers avoient
eu seuls la liberté d'emporter leurs armes , et
qu'ils avoient été conduits , ainsi que le reste de
la Garnison , à San - Pelegrino,
Fermer
Résumé : ITALIE.
Le 9 avril, le Comte Zaluschi, Ministre du Roi de Pologne à Rome, a rencontré le Pape pour demander son intervention contre quatre théologiens ayant approuvé et signé un faux bref en Pologne. Ce document prétendait que le Pape déliait les évêques polonais de leur serment lors de la Diète générale de Convocation. Des rumeurs évoquent une convocation de l'évêque de Cracovie pour expliquer sa conduite concernant l'élection et le couronnement de l'Électeur de Saxe, mais les décisions concernant les théologiens restent inconnues. À Rome, un édit récent interdit les propos irrespectueux sur les princes en lien avec la guerre et les rassemblements tumultueux, sous peine de sanctions sévères. De Gênes, des nouvelles rapportent l'ordre de lever de nouvelles troupes pour la Corse, où 3000 hommes ont été envoyés pour contrer les rebelles. La garnison de Corse a été transférée à San-Pélegrino, sauf le commandant et quatre officiers qui ont pu emporter leurs armes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
43
p. 204
DE BRESLAU, le 6 Mars.
Début :
Un corps de troupes composé de 6 Bataillons & de 15 Escadrons, est entré en Pologne [...]
Mots clefs :
Bataillons, Escadrons, Troupes, Pologne, Prince, Officiers, Roi de Prusse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE BRESLAU, le 6 Mars.
DE BRESLAU, le 6 Mars.
UN corps de troupes compoſt de 6 Bataillons
& de 15 Efcadrons , eft entré en Pologne fur deux
Colonnes . Ils ont arrêté à Veiffen le Prince Sulkowski
, qui a été conduit à Glogau . On a défarmé
les Grenadiers & fes Dragons au nombre
d'environ 300 & on les a forcé d'entrer au fervice
du Roi de Pruffe,, à l'exception des Officiers auxquels
on a laiffé la liberté.
UN corps de troupes compoſt de 6 Bataillons
& de 15 Efcadrons , eft entré en Pologne fur deux
Colonnes . Ils ont arrêté à Veiffen le Prince Sulkowski
, qui a été conduit à Glogau . On a défarmé
les Grenadiers & fes Dragons au nombre
d'environ 300 & on les a forcé d'entrer au fervice
du Roi de Pruffe,, à l'exception des Officiers auxquels
on a laiffé la liberté.
Fermer
44
p. 205
DE MARIENWERDER, le 25 Avril.
Début :
L'Armée des Russes se dispose à passer la Vistule. Elle a déjà établi deux [...]
Mots clefs :
Armée russe, Pologne, Vistule
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE MARIENWERDER, le 25 Avril.
DE
MARIENWERDER
,
le
25
Avril
.
'
Armée
des
Ruffes
fe
difpofe
à
paffer la
Vif
tule
.
Elle
a
déja
établi
deux
ponts fur ce
fleuve
à
Thorn
.
Elle
travaille
à en
établir
Schwetz
,
qui
fera
bientôt
achevé
.
MARIENWERDER
,
le
25
Avril
.
'
Armée
des
Ruffes
fe
difpofe
à
paffer la
Vif
tule
.
Elle
a
déja
établi
deux
ponts fur ce
fleuve
à
Thorn
.
Elle
travaille
à en
établir
Schwetz
,
qui
fera
bientôt
achevé
.
Fermer
45
p. 197
DE PETERSBOURG, le 15 Octobre.
Début :
L'Impératrice de Russie vient de rendre une Ordonnance par laquelle [...]
Mots clefs :
Impératrice de Russie, Ordonnance, Levée de soldats, Provinces, Pologne, Armée
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE PETERSBOURG, le 15 Octobre.
De PETERSBOURG , le 15 Octobre.
L'IMPERATRICE de Ruffie vient de rendre une
Ordonnance par laquelle il eft enjoint de lever
quarante-cinq mille hommes de recrues dans les
Provinces. On fe propofe de les faire partir pour
la Pologne avec fept mille hommes de troupes
réglées , qui doivent aller renforcer l'armée aux
ordres du Comte de Soltikoff.
L'IMPERATRICE de Ruffie vient de rendre une
Ordonnance par laquelle il eft enjoint de lever
quarante-cinq mille hommes de recrues dans les
Provinces. On fe propofe de les faire partir pour
la Pologne avec fept mille hommes de troupes
réglées , qui doivent aller renforcer l'armée aux
ordres du Comte de Soltikoff.
Fermer
46
p. 180-181
SUITE de l'Article de WARSOVIE.
Début :
Loin donc que Sa Majesté Impériale veuille usurper les droits de la République [...]
Mots clefs :
Majesté impériale, République, Pologne, Duc, Assemblée, Noblesse, Régence, Honneur, Universaux, Souverain, Lettres, Conseil
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUITE de l'Article de WARSOVIE.
SUITE de l'Article de WARSOVIE.
„ Loin donc que Sa Majefté Impériale veuille
> ufurper les droits de la République , Elle avoue
» hautement la Suzeraineté de la République de
Pologne fur lefdits Duchés , & elle ne le pro-
» pole pas moins de les maintenir conftamment
» dans leurs dépendances féodales avec la République.
Elle ne reconnoît & ne reconnoîtra
» jamais pour Duc légitime des Duchés de Cour-
>>lande & de Semigalle que le Duc Erneſt -Jean ,
>> invefti légalement du confentement de toute la
République.
כ כ
02
Par- là Sa Majefté Impériale remplit ce qu'exigent
la juftice & le droit du voisinage , & ne
> fait que fuivre les conftitutions & les loix de la
République , à l'exemple de toutes les Puiffances
» de l'Europe qui , en vertu de fes conftitutions ,
» ont reconnu Erneft - Jean , Duc légitime de
Courlande.
Le Duc de Biren, par desUniverfaux datés de Mittau,
oùila fait un voyage leiode ce mois ,a fixé leroe
du mois prochain pour l'affemblée qu'il annonce ,
& en preffant la Régence & la Nobleffe dontelle
fera compofée , de lui rendre hommage
il s'étend fur les fervices que lui rend l'Impératrice
Catherine , en le rétabliffant dans fon
honneur & dans fes biens , fans dire un mot
AVRIL. 1763.
181
ni du Roi ni de la République de Pologne
enfin il déclare que Samedi prochain 22 de ce
mois , il s'établira à Mittau avec toute fa famille.
Le fieur Simolin', Réfident de Ruffie , a
accompagné les Univerfaux du Duc de Biren
' d'une lettre circulaire , dans laquelle il recommande
de la part de fa Cour à la Nobleffe
Courlandoife de fe foumettre à l'ancien Souverain
rappellé. Il promet à ceux qui le reconnoîtront
aujourd'hui , la protection de l'Impératrice
fa maîtreffe , & menace au contraire de l'indignation
de cette Princeffe ceux qui voudroient lui
réfifter. Le Duc Charles , qui eft toujours à Mitrau
, a cru devoir envoyer ces deux Piéces au Roi
fon père , en lui écrivant , comme à fon Seigneur
Suzerain lui dénoncer ces procédés vio- > pour
lens , dont l'effet achévera de détruire fon établiffement
en Courlande : il réclame toujours la
protection du Roi , celle de la République , & les
ordres de Sa Majefté fur la conduite qu'il doit
tenir.
Sa Majesté Polonoiſe a répondu à ce Prince
que , ne pouvant lui rien préfcrire fans l'avis du
Sénat , elle a fait expédier fes Lettres néceffaires
pour le convoquer , & que le réfultat des délibérations
de cette Affemblée fixera le parti qu'il
aura à prendre. On compte que ce Confeil aura
lieu vers la fin du mois . prochain .
„ Loin donc que Sa Majefté Impériale veuille
> ufurper les droits de la République , Elle avoue
» hautement la Suzeraineté de la République de
Pologne fur lefdits Duchés , & elle ne le pro-
» pole pas moins de les maintenir conftamment
» dans leurs dépendances féodales avec la République.
Elle ne reconnoît & ne reconnoîtra
» jamais pour Duc légitime des Duchés de Cour-
>>lande & de Semigalle que le Duc Erneſt -Jean ,
>> invefti légalement du confentement de toute la
République.
כ כ
02
Par- là Sa Majefté Impériale remplit ce qu'exigent
la juftice & le droit du voisinage , & ne
> fait que fuivre les conftitutions & les loix de la
République , à l'exemple de toutes les Puiffances
» de l'Europe qui , en vertu de fes conftitutions ,
» ont reconnu Erneft - Jean , Duc légitime de
Courlande.
Le Duc de Biren, par desUniverfaux datés de Mittau,
oùila fait un voyage leiode ce mois ,a fixé leroe
du mois prochain pour l'affemblée qu'il annonce ,
& en preffant la Régence & la Nobleffe dontelle
fera compofée , de lui rendre hommage
il s'étend fur les fervices que lui rend l'Impératrice
Catherine , en le rétabliffant dans fon
honneur & dans fes biens , fans dire un mot
AVRIL. 1763.
181
ni du Roi ni de la République de Pologne
enfin il déclare que Samedi prochain 22 de ce
mois , il s'établira à Mittau avec toute fa famille.
Le fieur Simolin', Réfident de Ruffie , a
accompagné les Univerfaux du Duc de Biren
' d'une lettre circulaire , dans laquelle il recommande
de la part de fa Cour à la Nobleffe
Courlandoife de fe foumettre à l'ancien Souverain
rappellé. Il promet à ceux qui le reconnoîtront
aujourd'hui , la protection de l'Impératrice
fa maîtreffe , & menace au contraire de l'indignation
de cette Princeffe ceux qui voudroient lui
réfifter. Le Duc Charles , qui eft toujours à Mitrau
, a cru devoir envoyer ces deux Piéces au Roi
fon père , en lui écrivant , comme à fon Seigneur
Suzerain lui dénoncer ces procédés vio- > pour
lens , dont l'effet achévera de détruire fon établiffement
en Courlande : il réclame toujours la
protection du Roi , celle de la République , & les
ordres de Sa Majefté fur la conduite qu'il doit
tenir.
Sa Majesté Polonoiſe a répondu à ce Prince
que , ne pouvant lui rien préfcrire fans l'avis du
Sénat , elle a fait expédier fes Lettres néceffaires
pour le convoquer , & que le réfultat des délibérations
de cette Affemblée fixera le parti qu'il
aura à prendre. On compte que ce Confeil aura
lieu vers la fin du mois . prochain .
Fermer
Résumé : SUITE de l'Article de WARSOVIE.
Le texte aborde les relations entre l'Empire et la République de Pologne concernant les duchés de Courlande et de Semigalle. L'empereur reconnaît la suzeraineté de la République sur ces duchés et Ernest-Jean comme duc légitime, conformément aux constitutions et lois de la République ainsi qu'aux reconnaissances des autres puissances européennes. Le duc de Biren convoque une assemblée pour prêter hommage, mettant en avant les services de l'impératrice Catherine sans mentionner le roi ou la République de Pologne. Il annonce également son installation à Mittau avec sa famille. Le résident russe, Simolin, envoie une lettre circulaire exhortant la noblesse courlandaise à se soumettre à Biren, promettant la protection de l'impératrice et menaçant les résistants. Le duc Charles informe le roi de Pologne de ces procédés violents et réclame protection. Le roi convoque le Sénat pour délibérer et prendre une décision à la fin du mois prochain.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
47
p. 189-190
De WARSOVIE, le 9 Juin 1764.
Début :
Le Marquis de Paulmy s'est rendu le 7 au matin chez [...]
Mots clefs :
Marquis, Pologne, Sa Majesté, Ambassadeur, Déclarations
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De WARSOVIE, le 9 Juin 1764.
De WARSOVIE , le 9 Juin 1764.
Le Marquis de Paulmy s'eſt rendu le 7 au
matin chez le Primat , & lui a dit que le Roi
ſon Maître étant informé detout ce qui ſeſepaſſoit
en Pologne & voyant la République diviſée &
la Ville de Warſovie occupée par des troupes
Etrangères , Sa Majeſté avoit jugé que ſon Ambaſſadeur
ne pouvoit plus y reſter décemment
& qu'en conféquence Elle lui ordonnoit de ſe
retirer juſqu'à ce que le calme & le bon ordre
fuſſent rétablis dans le Royaume ; cet Ambaffadeur
a ajouté qu'en attendant un changement
fi defirable ; Sa Majesté ne ceſſeroit de prendre
une part finçère à la liberté & à la tranquillité
de la Pol Pologne , ainſi qu'Elle l'a fait connoître
190 MERCURE DE FRANCE.
par ſes déclarations. Le Marquis de Paulmy eft
parti le même jour pour retourner en France
Le Marquis de Paulmy s'eſt rendu le 7 au
matin chez le Primat , & lui a dit que le Roi
ſon Maître étant informé detout ce qui ſeſepaſſoit
en Pologne & voyant la République diviſée &
la Ville de Warſovie occupée par des troupes
Etrangères , Sa Majeſté avoit jugé que ſon Ambaſſadeur
ne pouvoit plus y reſter décemment
& qu'en conféquence Elle lui ordonnoit de ſe
retirer juſqu'à ce que le calme & le bon ordre
fuſſent rétablis dans le Royaume ; cet Ambaffadeur
a ajouté qu'en attendant un changement
fi defirable ; Sa Majesté ne ceſſeroit de prendre
une part finçère à la liberté & à la tranquillité
de la Pol Pologne , ainſi qu'Elle l'a fait connoître
190 MERCURE DE FRANCE.
par ſes déclarations. Le Marquis de Paulmy eft
parti le même jour pour retourner en France
Fermer
Résumé : De WARSOVIE, le 9 Juin 1764.
Le 9 juin 1764, le Marquis de Paulmy a informé le Primat de Pologne que le roi de France connaissait les troubles en Pologne et l'occupation de Varsovie. Considérant la situation, le roi a ordonné le retrait de l'ambassadeur jusqu'au rétablissement de l'ordre. Le Marquis de Paulmy a assuré que le roi continuerait de soutenir la liberté et la tranquillité de la Pologne. Il est ensuite reparti pour la France.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
48
p. 196-197
De WARSOVIE, le 13 Octobre 1764.
Début :
Le Décret rendu contre le Prince Radziwill, Palatin de Wilna, vient d'être [...]
Mots clefs :
Décret, Prince, Rigueur, Troupes russes, Pologne, Invasion, Roi de Prusse, Impératrice de Russie, Frontières
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De WARSOVIE, le 13 Octobre 1764.
De WARSOVIE , le 13 Octobre 1764.
Le Décret rendu contre le Prince Radziwill ,
Palatin de Wilna , vient d'être confirmé par la
Confédération générale réunie à celle de Warfovie
, fans égard aux inftances du Staroſte de Zio
low & aux preflantes follicitations de plufieurs
autres Magnats qui defiroient qu'au moins on
adoucît la rigueur de ce Décret qui adjuge la régie
de tous les biens du Prince Radziwill au ſieur
Czerneck , Caftellan de Braclaw.
On dit que les Troupes Ruffes ont mis
à contribution l'Evêché de Cracovie , les Terres
du Palatin de Volhinie & celles de quelques an
tres Magnats oppolés à la Confédération . On
ajoûte qu'un nouveau Corps de trois mille Rulles
s'eft mis en marche de Czanohyl vers la Volhinie.
Du 20 Octobre.
Le Prince Radziwill eft fommé par un Décret
de la Confédération réunie de Lithuanie de revenir
en Pologne dans le terme d'un mois.
On commence à être ralluré fur l'invasion
des Troupes Pruffiennes . Le Roi de Pruffe a fait
retirer les détachemens & a promis de nommer
DECEMBRE . 1764, 197
fune Commiffion pour examiner les faits , & de
Frendre juftice à qui elle appartiendra On préfume
que l'Impératrice de Ruffie s'eft intérellée
très-vivement à cette affaire , & l'on dit même
qu'Elle a écrit à ce fujet dans des termes très-
#forts à Sa Majeſté Pruſſienne .
On apprend des frontieres de la Turquie que
1 vingt mille Spahis & trente mille Janniffaires ,
tirés des Garnifons de Choczim , Widta , Oczakow
& Bender , fe font raffemblés en Corps , fans
que l'on en fçache encore le motif. Il paroît feulement
que la Cour Ottomane continue de donner
fon attention au féjour que les Troupes Ruffes
font en Pologne. Le fieur la Roche , qui eft
chargé ici des affaires du Prince de Moldavie , a
eu ordre de représenter au Prince Repnin l'inquiétude
de la Porte à ce fujet. Le Miniitre Ruffe
a promis de faire évacuer inceffamment les Places
de Stanislawow , Brodi & Szamoizc , & a
ajouté qu'il écriroit à fa Cour pour propofer de
faire retirer entiérement les Troupes Rulles du
Royaume.
Le Décret rendu contre le Prince Radziwill ,
Palatin de Wilna , vient d'être confirmé par la
Confédération générale réunie à celle de Warfovie
, fans égard aux inftances du Staroſte de Zio
low & aux preflantes follicitations de plufieurs
autres Magnats qui defiroient qu'au moins on
adoucît la rigueur de ce Décret qui adjuge la régie
de tous les biens du Prince Radziwill au ſieur
Czerneck , Caftellan de Braclaw.
On dit que les Troupes Ruffes ont mis
à contribution l'Evêché de Cracovie , les Terres
du Palatin de Volhinie & celles de quelques an
tres Magnats oppolés à la Confédération . On
ajoûte qu'un nouveau Corps de trois mille Rulles
s'eft mis en marche de Czanohyl vers la Volhinie.
Du 20 Octobre.
Le Prince Radziwill eft fommé par un Décret
de la Confédération réunie de Lithuanie de revenir
en Pologne dans le terme d'un mois.
On commence à être ralluré fur l'invasion
des Troupes Pruffiennes . Le Roi de Pruffe a fait
retirer les détachemens & a promis de nommer
DECEMBRE . 1764, 197
fune Commiffion pour examiner les faits , & de
Frendre juftice à qui elle appartiendra On préfume
que l'Impératrice de Ruffie s'eft intérellée
très-vivement à cette affaire , & l'on dit même
qu'Elle a écrit à ce fujet dans des termes très-
#forts à Sa Majeſté Pruſſienne .
On apprend des frontieres de la Turquie que
1 vingt mille Spahis & trente mille Janniffaires ,
tirés des Garnifons de Choczim , Widta , Oczakow
& Bender , fe font raffemblés en Corps , fans
que l'on en fçache encore le motif. Il paroît feulement
que la Cour Ottomane continue de donner
fon attention au féjour que les Troupes Ruffes
font en Pologne. Le fieur la Roche , qui eft
chargé ici des affaires du Prince de Moldavie , a
eu ordre de représenter au Prince Repnin l'inquiétude
de la Porte à ce fujet. Le Miniitre Ruffe
a promis de faire évacuer inceffamment les Places
de Stanislawow , Brodi & Szamoizc , & a
ajouté qu'il écriroit à fa Cour pour propofer de
faire retirer entiérement les Troupes Rulles du
Royaume.
Fermer
Résumé : De WARSOVIE, le 13 Octobre 1764.
Le 13 octobre 1764, un décret contre le Prince Radziwill, Palatin de Wilna, a été confirmé par la Confédération générale à Varsovie. Ce décret, soutenu par le Staroste de Ziolow et d'autres magnats, attribue la régie des biens du Prince Radziwill à Czerneck, Caftellan de Braclaw. Les troupes russes ont occupé l'Évêché de Cracovie, les terres du Palatin de Volhinie et celles de quelques autres magnats opposés à la Confédération. Un nouveau corps de trois mille Russes s'est dirigé vers la Volhinie. Le 20 octobre, un décret de la Confédération de Lituanie somme le Prince Radziwill de revenir en Pologne dans un mois. Les inquiétudes concernant l'invasion des troupes prussiennes ont commencé à s'apaiser, le Roi de Prusse ayant retiré ses détachements et promis de nommer une commission pour examiner les faits. L'Impératrice de Russie s'est vivement intéressée à cette affaire et a écrit au Roi de Prusse. À la frontière turque, vingt mille Spahis et trente mille Janissaires se sont rassemblés, suscitant l'inquiétude de la Cour ottomane face à l'intervention des troupes russes en Pologne. Le représentant du Prince de Moldavie a exprimé cette inquiétude au Prince Repnin, qui a proposé de retirer les troupes russes du Royaume.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
49
p. 197
De BERLIN, le 6 Octobre 1764.
Début :
Le Prince Czartoiski, Grand-Veneur de la Couronne de Pologne, est arrivé ici [...]
Mots clefs :
Prince, Pologne, Roi, Invasion, Prussiens
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De BERLIN, le 6 Octobre 1764.
De BERLIN , le 6 Q& ɔbre 1764.
Le Prince Czartoriski , Grand- Veneur de la
Couronne de Pologne , eft arrivé ici de Warſovie
le 3 , chargé des repréfentations du nouveau Roi
au fujet de l'invafion des Pruffiens fur le Territoire
de la Pologne.
Le Prince Czartoriski , Grand- Veneur de la
Couronne de Pologne , eft arrivé ici de Warſovie
le 3 , chargé des repréfentations du nouveau Roi
au fujet de l'invafion des Pruffiens fur le Territoire
de la Pologne.
Fermer