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1
p. 741-743
« HISTOIRE ECCLESIASTIQUE, pour servir de continuation à celle de M. [...] »
Début :
HISTOIRE ECCLESIASTIQUE, pour servir de continuation à celle de M. [...]
Mots clefs :
Histoire ecclésiastique, Contrariété des lois et des coutûmes, Flagellans, Etude des sciences et des Belles-Lettres, Cassandre, Compagnie de Jésus, Voyage
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texteReconnaissance textuelle : « HISTOIRE ECCLESIASTIQUE, pour servir de continuation à celle de M. [...] »
NOUVELLES LITTERAIRES
H
DES BEAUX ARTS , &c.
ISTOIRE ECCLESIASTIQUE, pour servir
de continuation à celle de M. l'Ab.
bé Fleury , Tome 29. depuis l'an 1545.
jusqu'en 1550. et Tome 30. depuis 1550.
jusqu'en 1555. A Paris , che Hyppolite
Louis Guerin , rue S. Jacques.
DISSERTATIONS Sur des Questions qui
naissent de la contrarieté des Loix et
des Coûtumes. Par M. Louis Boullenois
ancien Avocat au Parlement. A Paris ,
che Mesnier, rue S. Severin , 1732. in 4.
de 146. pages.
EXPOSITION ANATOMIQUE de la structure
42 MERCURE DE FRANCE
ture du Corps humain , par M. Winslow,
in 4. un vol. et 5. vol. in 12. Chez Guill
Desprez et Jean Desessarts , ruë S. Jacques , 1732.
HISTOIRE DES FLAGELLANS J où
l'on fait voir le bon et le mauvais usage
des Flagellations parmi les Chrétiens ;
traduite du Latin de M. l'Abbé Boileau ,
Docteur de Sorbonne , seconde Edition ,
revûë et corrigée. AParis , chez Musier,
Quay des Augustins , 1732. in 12.
INTRODUCTION GENERALE à l'Etude
des Sciences et des Belles- Lettres , en faveur des personnes qui ne sçavent que le
François. Ala Haye , chez Isaac Beanregard, et se vend à Paris , rue S. Jacques,
chez Briasson , 1731. in 12. de près de
700. pages , sans l'Epitre Dédicatoire à
M. Herault , Conseiller d'Etat , la Préface
et la Table.
TRAITE' de la Révocation des Donations , par la naissance ou survenance des
Enfans. Par M. A..D..L .. R.. Avocat
au Parlement de Provence. A Paris , au
Palais , chez Nic. Gosselin , 1732. in folie
de $7. pages.
CAS-
AVRIL. 17328 743
CASSANDRE , de M. de la Calprenede.
AParis , Quay des Augustins, chez Monalant , 10..vol. in 12.
Le même Libraire vient de réimprimer
de même les fameux Romans de Clelie ,
Cyrus , Pharamond, Cléopatre , Astrée, &c.
LE POLITIQUE DON FERDINAND le Catholique , traduit de l'Espagnol de Baltazar Gracien , avec des Notes. Chez Rolin , fils , Quay des Augustins , 1732. in 12.
RETRAITE du P. Salazar , de la Compagnie de Jesus , 14. Edition. Traduit de
I'Espagnol par le P. Marga , de la même
Compagnie , Missionnaire des Ifles de
P'Amerique. Chez Rollin , 1732. in 12.
>
VOYAGES en Anglois et en François ,
d'A. de la Motraye , en diverses Provinces et Places de la Prusse Ducale et
Royale ; de la Russie , de la Pologne ,
&c. Imprimé pour l'Auteur , et se vend
à la Haye, chez Moetjens ; à Londres ,
chez Round et Meighan , &c. 1732. in
folio de 480. pages , sans les Planches.
H
DES BEAUX ARTS , &c.
ISTOIRE ECCLESIASTIQUE, pour servir
de continuation à celle de M. l'Ab.
bé Fleury , Tome 29. depuis l'an 1545.
jusqu'en 1550. et Tome 30. depuis 1550.
jusqu'en 1555. A Paris , che Hyppolite
Louis Guerin , rue S. Jacques.
DISSERTATIONS Sur des Questions qui
naissent de la contrarieté des Loix et
des Coûtumes. Par M. Louis Boullenois
ancien Avocat au Parlement. A Paris ,
che Mesnier, rue S. Severin , 1732. in 4.
de 146. pages.
EXPOSITION ANATOMIQUE de la structure
42 MERCURE DE FRANCE
ture du Corps humain , par M. Winslow,
in 4. un vol. et 5. vol. in 12. Chez Guill
Desprez et Jean Desessarts , ruë S. Jacques , 1732.
HISTOIRE DES FLAGELLANS J où
l'on fait voir le bon et le mauvais usage
des Flagellations parmi les Chrétiens ;
traduite du Latin de M. l'Abbé Boileau ,
Docteur de Sorbonne , seconde Edition ,
revûë et corrigée. AParis , chez Musier,
Quay des Augustins , 1732. in 12.
INTRODUCTION GENERALE à l'Etude
des Sciences et des Belles- Lettres , en faveur des personnes qui ne sçavent que le
François. Ala Haye , chez Isaac Beanregard, et se vend à Paris , rue S. Jacques,
chez Briasson , 1731. in 12. de près de
700. pages , sans l'Epitre Dédicatoire à
M. Herault , Conseiller d'Etat , la Préface
et la Table.
TRAITE' de la Révocation des Donations , par la naissance ou survenance des
Enfans. Par M. A..D..L .. R.. Avocat
au Parlement de Provence. A Paris , au
Palais , chez Nic. Gosselin , 1732. in folie
de $7. pages.
CAS-
AVRIL. 17328 743
CASSANDRE , de M. de la Calprenede.
AParis , Quay des Augustins, chez Monalant , 10..vol. in 12.
Le même Libraire vient de réimprimer
de même les fameux Romans de Clelie ,
Cyrus , Pharamond, Cléopatre , Astrée, &c.
LE POLITIQUE DON FERDINAND le Catholique , traduit de l'Espagnol de Baltazar Gracien , avec des Notes. Chez Rolin , fils , Quay des Augustins , 1732. in 12.
RETRAITE du P. Salazar , de la Compagnie de Jesus , 14. Edition. Traduit de
I'Espagnol par le P. Marga , de la même
Compagnie , Missionnaire des Ifles de
P'Amerique. Chez Rollin , 1732. in 12.
>
VOYAGES en Anglois et en François ,
d'A. de la Motraye , en diverses Provinces et Places de la Prusse Ducale et
Royale ; de la Russie , de la Pologne ,
&c. Imprimé pour l'Auteur , et se vend
à la Haye, chez Moetjens ; à Londres ,
chez Round et Meighan , &c. 1732. in
folio de 480. pages , sans les Planches.
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Résumé : « HISTOIRE ECCLESIASTIQUE, pour servir de continuation à celle de M. [...] »
Le document recense des publications littéraires et scientifiques parues entre 1731 et 1732. Parmi les ouvrages mentionnés figurent 'Histoire Ecclésiastique' de l'abbé Fleury, prolongée jusqu'en 1555, et 'Dissertations Sur des Questions qui naissent de la contrarieté des Loix et des Coûtumes' par Louis Boullenois. D'autres publications incluent 'Exposition Anatomique de la structure du Corps humain' par Winslow, 'Histoire des Flagellans' traduite par l'abbé Boileau, et une 'Introduction Générale à l'Etude des Sciences et des Belles-Lettres'. Le document cite également des traités juridiques comme 'Traité de la Révocation des Donations' par un avocat du Parlement de Provence. Plusieurs œuvres littéraires sont également listées, telles que 'Cassandre' de La Calprenède, des réimpressions de romans célèbres, 'Le Politique Don Ferdinand le Catholique' traduit de l'espagnol, et 'Retraite' du Père Salazar. Enfin, il note les 'Voyages' d'A. de la Motraye en Prusse, Russie et Pologne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 743-752
Théâtre Critique, Universel, &c. [titre d'après la table]
Début :
THEATRO CRITICO UNIVERSAL, ò Discurso varios en tot genero de [...]
Mots clefs :
Théâtre, Critique, Ouvrage, Avis, Musique, Anti-théâtre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Théâtre Critique, Universel, &c. [titre d'après la table]
THEATRO CRITICO UNIVERSAL , ò Discurso varios entoto genero de Materias para
Desengano de Errores communes , &c. Tome
F Tercero
744 MERCURE DE FRANCE
Tercero , &c. c'est- à - dire : THEATRE CRITIQUE UNIVERSEL , ou Discours divers sur
toute sorte de sujets , pour désabuser des
Erreurs vulgaires. Dédié au Monastére
Royal de S. Julien de Samos , composé
par le R. P. Benoît- Jérôme Feijoo , Maître General des Etudes dans l'Ordre de
S. Benoît , et Professeur en Théologie, de
l'Université d'Oviedo.Tome 3.feconde Edition 1. vol. in 4. A Madrid , chez François
del Hierro , 1730. pag. 366. sans la Préface et la Table.
Cet Ouvrage est déja connu de nos
Lecteurs , par ce qui en a été dit dans le
premier vol, du Mercure de Juin dernier,
à l'égard des deux premiers Tomes. 11
nous reste à rendre compte des deux derniers , lesquels, comme les précédens, nous
ont été obligeamment communiqués par
M. Boyer , Médecin de la Faculté de
Montpellier et Docteur Regent en celle
de Paris , qui les a apportez de Madrid.
On trouve à la tête de ce 3 Tome une
Epître dédicatoire , adressée au R.P. Abbé et au Monastere de S. Julien , laquelle
contient l'éloge de ce Royal Monastere
l'un des plus celebres de toute l'Espagne
et des plus privilégiez par le S. Siége , auquel il est immédiatement soumis et sans
subordination à aucun Métropolitain.
Il
AVRIL 1732. 745
Il paroît par une Charte de Privilege du
Roy D. Ordon II . de l'année 922. que ce
fut dans cette Maison quele Roy D.Fruela
trouva dequoi former l'éducation du
Prince D. Alonse son Fils , surnommé le
Chaste. L'Auteur de l'Epître n'oublie pas
d'y faire remarquer comme un bonheur
singulier pour ce Monastere, de n'avoir
jamais eu d'Abbé Commandataire : La
singularfelicidal de no haver tenido jamas
Abad Comendatario esse Monasterso , &c.
Trois magnifiques Approbations des
Théologiens d'Oviedo et d'Alcala suivent
cette Dédicace , sans parler de la permission de l'Ordinaire et de celle du Général
des Bénédictins de la Congrégation de
S.Benoît , établie en Espagne et en Angle
terre.
:: Suit une Préface de plus de 30 pages ,
que notre Auteur a eu raison d'intitulers
Prologo Apologetico ; car il s'y défend avec
force , et dans le détail convenable, contre
quelques Ecrivains de son Païs , qui l'ont
attaqué assez rudement, faute , dit-il, d'a
voir bien entendu ses Ouvrages. Nous ne
le suivrons pas dans cette deffense , qui
roule principalement sur ce que le R. P.
Feijoo a dit au sujet de Savanorole , dans
le 1. vol. du Théatre Critique. On remar
quera seulement qu'il accable ses adverFij saires
MERCURE DE FRANCE
saires de raisons , de preuves et d'autoritez.
;
Treize Discours ou Dissertations , divisées en plusieurs Paragraphes , font la
matiere de ce troisiéme Tome. Nous en
Indiquerons seulement les Titres. 1. Les
Conjureurs ou Enchanteurs. 2. Les › Secrets de la Nature. 3. La Sympathie es
l'Antipathie. 4. Les Lutins ou Esprits familliers. 5. La Baguete devinatoire , et les
Yeux de Lynx. 6. Les Miracles supposez..
7. Paradoxes Mathématiques. 8. LaPierre
Philosophale. 9. Le Raisonnement des
Bêtes. 15. L'Amour de la Patrie. 11. La.
Balance d'Astrée , ou la droite Administration de la Justice. 12. L'Ambition des
Souverains. 13. Le Sceptisme Philosophi
que.
Tous ces Sujets sont parfaitement bien
traitez ; l'ordre et la clarté y accompa
gnent toujours une agréable érudition
et il y a beaucoup à profiter dans cette
lecture, Nous avons traduit le titre Saludadores , du 1. Discours, par les termes de
Conjureurs ou d'Enchanteurs ; parce qu'engeneral , c'est ce que signifie le nom Espagnol, quoiqu'il ne s'agisse icy que de
Hydrophobie , ou de la rage , qui inspire de l'horreur pour l'eau , &c. malgré la
prétention de quelques- uns qui croyent
ан
AVRIL 17320
au contraire, que l'eau est un remede assuré contre ce mal ; ce que notre Auteur
met au nombre des erreurs vulgaires.
C'est encore s'égarer , selon lui , de croire
qu'il y a des personnes qui ont la vertu
inhérante et particuliere de guérir l'affreuse maladie dont il s'agit dans cette
Dissertation ; et c'est ces mêmes personnes qu'il appelle Saludadores.
Le Titre du se Discours est : Vara divinatoriay Zabories , que nous avons rendu par la Baguete devinatoire , et les Yeux
de Lynx.
Pour justifier cette derniere expression,
le Lecteur sçaura que le P. Feijoo , après
avoir expédié tout ce qui regarde la Baguete devinatoire , qu'il croit chose - tresabusive , &c. traite aussi d'une espece
d'hommes, parmi les Espagnols , dont on
dit( a) que la vûë est si perçante, qu'elle
penetre les corps opaques , et distingue
même ce qui se trouve de caché dans la
terre à une certaine profondeur. Ces Homimes sont appellez Zabories , nom que
l'Auteur croit avec beaucoup de vraisemblance , être Arabe d'origine. Il croit
(a) De quienes se dice que con laperspicacia de
su vistapenetran los cuerpos opacos haciendose de
este modo patente quanto à algunas brazas debajo de laTierra esta ocultos s
Fiij aussi
748 MERCURE DE FRANCE
aussi que les Espagnols ont reçû cette
opinion, qu'il traite de chimere, des Maures qui avoient envahi l'Espagne : opinion qu'il observe ne se trouver répanduë que chez la Nation Espagnole.
و
Cette croyance est apparemment passée
dans le Portugal par proximité et par
conformité de génie , surquoi nous renvoyons les Lecteurs à ce que nous avons
publié dans quelques-uns de nos Journaux, au sujet d'une Femme Portugaise ,
à vûë de Lynx ou Zahorie:
Nous avons remarqué en rendant
compte des deux premiers Tomes de cet
ouvrage , que quelque temps après la publication du 1. vol. il parut une Critique
de ce que notre Auteur avoit écrit au sujet de la Medecine et des Medecins. Cette
Critique , écrite en latin , étoit intitulée
Medicina Vindicata. Le P. Feijoo у répondit dans la même langue , et fit imprimer sa Réponse dans le 2 Tome , promettant d'en donner une Traduction Espagnole dans le Volume suivant. Il a tenu
parole. Le 3 Tome finit par cette Traduction , intitulée : La Verdad Vindicada
contra la Medecina Vindicada, Respuesta
Apologetica , traducida de Latin en Castellano , y añadida por el Amor. Nous
n'avons rien à ajouter à l'égard de cette Piéce
AVRIL. 17320 749
Piece , à ce que nous en avons dit dans le
Mercure du mois de Juin dernier.
Les trois Tomes du Théatre Critique ,
dont nous avons rendu compte , sont suivis d'un 4 vol. qui porte pour Titre :
ILUSTRACION Apologetica al Primero y segundoTomo del Theatrocritico, & c.vol.4.de
207 pages. A Madrid , chez le même Libraire , 1729.
-
Une Préface de 9 à 10 pag. instruit le
Lecteur de ce qui a donné lieu à la composition de ce volume particulier , et au
Titre qu'il porte. Voici le précis de cette
instruction. A peine le 3 Tome duThéatre Critique eût-il été publié , qu'il parût
contre le 1 et 2 vol. un Livre intitulé :
Anti-Theatro Critico , imprimé à Madrid,
sous le nom de Don Salvador Joseph
Mañer. La premiere pensée qui vint à
notre Auteur , ce fut de répondre à cette
Critique , dès qu'elle lui seroit tombée
entre les mains ; mais il en fut détourné
par quelques amis , qui lui écrivirent de
Madrid , que l'Antithéatre n'étoit qu'un
amas d'inepties , de puerilitez , d'équivoques , d'ignorances , en un mot , d'im.
pertinences ( a) ; conseillant aur P.F. de ne
point perdre un temps , trop précieux
(2) Materialidades impertinentės.
Fiiij d'ail-
750 MERCURE DE FRANCE
d'ailleurs , pour la continuation de son
grand ouvrage , à réfuter un pareil Libelle ; l'Adversaire ne s'étant apparemment mis en campagne que , pour se procurer l'honneur d'une réponse , &c.
D'ailleurs , le sçavant Benedictin crût
voir un nom supposé dans celui de Don
Joseph Mañer , ses amis ne connoissant
personne à la Cour , ni ailleurs , qui porte ce nom- là. D'autres lui manderent que
l'Anti-Théatre étoit l'ouvrage de huit
Ecrivains , du nombre desquels est ce Don
Mañer , veritable ou supposé , lui marquant même la Maison où ces Mrs s'assemblent et tiennent leurs Conferences
litteraires au surplus , que cette ' Critique ne méritoit aucune réponse.
Cependant des avis posterieurs apprirent à notre Auteur que l'Ouvrage de Don
Mañer étoit applaudi à la Cour et ailleurs,
et que ceux à qui il étoit tombé en charge
de l'examiner , l'avoient loüé dans leurs
Approbations ; malgré le peu de cas qu'en
faisoient les Personnes intelligentes.Alors
le P. F. prit le sage parti d'attendre la reception de cet Ouvrage , et de l'examiner
par lui- même, pour se déterminer en connoissance de cause. Son étonnement ne
fût pas petit après avoir fait cet examen,
qui lui confirma ce qu'on lui avoit déja
mar-
AVRIL 1732 751
marqué du
en question.
peu de mérite de l'Ouvrage
Il fut , surtout , frapé de s'y voir accusé
d'avoir emprunté de D. Antoine de Literes tout ce qui est dit de la Musique et
du Docteur Martinez , tout ce qui concerne la Médecine dans le 1 vol. du Théatre Critique ; ce que notre Auteur soutient non seulement être tres- faux , mais
il démontre , en passant , dans cette Préface, la fausseté de l'accusation. Au reste ,
après avoir fait réfléxion que le Théatre
Critique n'a été entrepris que pour com
battre les erreurs vulgaires , et pour en
désabuser les hommes , il a crû enfin que
ce seroit mal-exécuter un tel projet s'il ne
faisoit pas une Réponse exacte et dans
l'étendue convenable à l'Auteur de l'Anti-Théatre, qui semble n'avoir mis la main
à la plume que pour se déclarer le Pros
tecteur des mêmes erreurs , et pour maintenir le vulgaire dans son ancienne possession ; outre que cette Apologie , dit le P. F. sera non seulement une deffense pu
blique contre les prétentions fausses et
abusives du Seigneur Mañer; mais elle
pourra devenir aussi un préservatifqui
empêchera peut- être la continuation d'un
pareil travail.
Le fruit de ce travail est icy appellé par
Fv Botrs
752 MERCURE DE FRANCE
notre Auteur un jeu de Théatre, uneChimere Critique , une Comédie de 8 Acteurs , une illusion des simples , un marché de petits enfans , une fabrique en
l'air , sans fondement , sans vérité , sans
raison. Il proteste enfin qu'au cas que le
même Ecrivain ou d'autres , continuent
d'attaquer le Théatre Critique , il continuera tranquillement son ouvrage , sans daigner répondre à des objections aussi frivoles que celles qui ont paru jusqu'icy.
1.
Cette Apologie est dédiée par une belle Epître , au R. P. François de Berganza,
General de la Congrégation de saint
Benoît , établie en Espagne et en Angle
terre. La Dédicace est suivie de plusieurs
Approbations raisonnées et remplies d'érudition , qui font également honneur
aux Docteurs qui les ont données , et à
l'Ouvrage qui en fait le sujet , et qui sans
doute les mérite bien.
Desengano de Errores communes , &c. Tome
F Tercero
744 MERCURE DE FRANCE
Tercero , &c. c'est- à - dire : THEATRE CRITIQUE UNIVERSEL , ou Discours divers sur
toute sorte de sujets , pour désabuser des
Erreurs vulgaires. Dédié au Monastére
Royal de S. Julien de Samos , composé
par le R. P. Benoît- Jérôme Feijoo , Maître General des Etudes dans l'Ordre de
S. Benoît , et Professeur en Théologie, de
l'Université d'Oviedo.Tome 3.feconde Edition 1. vol. in 4. A Madrid , chez François
del Hierro , 1730. pag. 366. sans la Préface et la Table.
Cet Ouvrage est déja connu de nos
Lecteurs , par ce qui en a été dit dans le
premier vol, du Mercure de Juin dernier,
à l'égard des deux premiers Tomes. 11
nous reste à rendre compte des deux derniers , lesquels, comme les précédens, nous
ont été obligeamment communiqués par
M. Boyer , Médecin de la Faculté de
Montpellier et Docteur Regent en celle
de Paris , qui les a apportez de Madrid.
On trouve à la tête de ce 3 Tome une
Epître dédicatoire , adressée au R.P. Abbé et au Monastere de S. Julien , laquelle
contient l'éloge de ce Royal Monastere
l'un des plus celebres de toute l'Espagne
et des plus privilégiez par le S. Siége , auquel il est immédiatement soumis et sans
subordination à aucun Métropolitain.
Il
AVRIL 1732. 745
Il paroît par une Charte de Privilege du
Roy D. Ordon II . de l'année 922. que ce
fut dans cette Maison quele Roy D.Fruela
trouva dequoi former l'éducation du
Prince D. Alonse son Fils , surnommé le
Chaste. L'Auteur de l'Epître n'oublie pas
d'y faire remarquer comme un bonheur
singulier pour ce Monastere, de n'avoir
jamais eu d'Abbé Commandataire : La
singularfelicidal de no haver tenido jamas
Abad Comendatario esse Monasterso , &c.
Trois magnifiques Approbations des
Théologiens d'Oviedo et d'Alcala suivent
cette Dédicace , sans parler de la permission de l'Ordinaire et de celle du Général
des Bénédictins de la Congrégation de
S.Benoît , établie en Espagne et en Angle
terre.
:: Suit une Préface de plus de 30 pages ,
que notre Auteur a eu raison d'intitulers
Prologo Apologetico ; car il s'y défend avec
force , et dans le détail convenable, contre
quelques Ecrivains de son Païs , qui l'ont
attaqué assez rudement, faute , dit-il, d'a
voir bien entendu ses Ouvrages. Nous ne
le suivrons pas dans cette deffense , qui
roule principalement sur ce que le R. P.
Feijoo a dit au sujet de Savanorole , dans
le 1. vol. du Théatre Critique. On remar
quera seulement qu'il accable ses adverFij saires
MERCURE DE FRANCE
saires de raisons , de preuves et d'autoritez.
;
Treize Discours ou Dissertations , divisées en plusieurs Paragraphes , font la
matiere de ce troisiéme Tome. Nous en
Indiquerons seulement les Titres. 1. Les
Conjureurs ou Enchanteurs. 2. Les › Secrets de la Nature. 3. La Sympathie es
l'Antipathie. 4. Les Lutins ou Esprits familliers. 5. La Baguete devinatoire , et les
Yeux de Lynx. 6. Les Miracles supposez..
7. Paradoxes Mathématiques. 8. LaPierre
Philosophale. 9. Le Raisonnement des
Bêtes. 15. L'Amour de la Patrie. 11. La.
Balance d'Astrée , ou la droite Administration de la Justice. 12. L'Ambition des
Souverains. 13. Le Sceptisme Philosophi
que.
Tous ces Sujets sont parfaitement bien
traitez ; l'ordre et la clarté y accompa
gnent toujours une agréable érudition
et il y a beaucoup à profiter dans cette
lecture, Nous avons traduit le titre Saludadores , du 1. Discours, par les termes de
Conjureurs ou d'Enchanteurs ; parce qu'engeneral , c'est ce que signifie le nom Espagnol, quoiqu'il ne s'agisse icy que de
Hydrophobie , ou de la rage , qui inspire de l'horreur pour l'eau , &c. malgré la
prétention de quelques- uns qui croyent
ан
AVRIL 17320
au contraire, que l'eau est un remede assuré contre ce mal ; ce que notre Auteur
met au nombre des erreurs vulgaires.
C'est encore s'égarer , selon lui , de croire
qu'il y a des personnes qui ont la vertu
inhérante et particuliere de guérir l'affreuse maladie dont il s'agit dans cette
Dissertation ; et c'est ces mêmes personnes qu'il appelle Saludadores.
Le Titre du se Discours est : Vara divinatoriay Zabories , que nous avons rendu par la Baguete devinatoire , et les Yeux
de Lynx.
Pour justifier cette derniere expression,
le Lecteur sçaura que le P. Feijoo , après
avoir expédié tout ce qui regarde la Baguete devinatoire , qu'il croit chose - tresabusive , &c. traite aussi d'une espece
d'hommes, parmi les Espagnols , dont on
dit( a) que la vûë est si perçante, qu'elle
penetre les corps opaques , et distingue
même ce qui se trouve de caché dans la
terre à une certaine profondeur. Ces Homimes sont appellez Zabories , nom que
l'Auteur croit avec beaucoup de vraisemblance , être Arabe d'origine. Il croit
(a) De quienes se dice que con laperspicacia de
su vistapenetran los cuerpos opacos haciendose de
este modo patente quanto à algunas brazas debajo de laTierra esta ocultos s
Fiij aussi
748 MERCURE DE FRANCE
aussi que les Espagnols ont reçû cette
opinion, qu'il traite de chimere, des Maures qui avoient envahi l'Espagne : opinion qu'il observe ne se trouver répanduë que chez la Nation Espagnole.
و
Cette croyance est apparemment passée
dans le Portugal par proximité et par
conformité de génie , surquoi nous renvoyons les Lecteurs à ce que nous avons
publié dans quelques-uns de nos Journaux, au sujet d'une Femme Portugaise ,
à vûë de Lynx ou Zahorie:
Nous avons remarqué en rendant
compte des deux premiers Tomes de cet
ouvrage , que quelque temps après la publication du 1. vol. il parut une Critique
de ce que notre Auteur avoit écrit au sujet de la Medecine et des Medecins. Cette
Critique , écrite en latin , étoit intitulée
Medicina Vindicata. Le P. Feijoo у répondit dans la même langue , et fit imprimer sa Réponse dans le 2 Tome , promettant d'en donner une Traduction Espagnole dans le Volume suivant. Il a tenu
parole. Le 3 Tome finit par cette Traduction , intitulée : La Verdad Vindicada
contra la Medecina Vindicada, Respuesta
Apologetica , traducida de Latin en Castellano , y añadida por el Amor. Nous
n'avons rien à ajouter à l'égard de cette Piéce
AVRIL. 17320 749
Piece , à ce que nous en avons dit dans le
Mercure du mois de Juin dernier.
Les trois Tomes du Théatre Critique ,
dont nous avons rendu compte , sont suivis d'un 4 vol. qui porte pour Titre :
ILUSTRACION Apologetica al Primero y segundoTomo del Theatrocritico, & c.vol.4.de
207 pages. A Madrid , chez le même Libraire , 1729.
-
Une Préface de 9 à 10 pag. instruit le
Lecteur de ce qui a donné lieu à la composition de ce volume particulier , et au
Titre qu'il porte. Voici le précis de cette
instruction. A peine le 3 Tome duThéatre Critique eût-il été publié , qu'il parût
contre le 1 et 2 vol. un Livre intitulé :
Anti-Theatro Critico , imprimé à Madrid,
sous le nom de Don Salvador Joseph
Mañer. La premiere pensée qui vint à
notre Auteur , ce fut de répondre à cette
Critique , dès qu'elle lui seroit tombée
entre les mains ; mais il en fut détourné
par quelques amis , qui lui écrivirent de
Madrid , que l'Antithéatre n'étoit qu'un
amas d'inepties , de puerilitez , d'équivoques , d'ignorances , en un mot , d'im.
pertinences ( a) ; conseillant aur P.F. de ne
point perdre un temps , trop précieux
(2) Materialidades impertinentės.
Fiiij d'ail-
750 MERCURE DE FRANCE
d'ailleurs , pour la continuation de son
grand ouvrage , à réfuter un pareil Libelle ; l'Adversaire ne s'étant apparemment mis en campagne que , pour se procurer l'honneur d'une réponse , &c.
D'ailleurs , le sçavant Benedictin crût
voir un nom supposé dans celui de Don
Joseph Mañer , ses amis ne connoissant
personne à la Cour , ni ailleurs , qui porte ce nom- là. D'autres lui manderent que
l'Anti-Théatre étoit l'ouvrage de huit
Ecrivains , du nombre desquels est ce Don
Mañer , veritable ou supposé , lui marquant même la Maison où ces Mrs s'assemblent et tiennent leurs Conferences
litteraires au surplus , que cette ' Critique ne méritoit aucune réponse.
Cependant des avis posterieurs apprirent à notre Auteur que l'Ouvrage de Don
Mañer étoit applaudi à la Cour et ailleurs,
et que ceux à qui il étoit tombé en charge
de l'examiner , l'avoient loüé dans leurs
Approbations ; malgré le peu de cas qu'en
faisoient les Personnes intelligentes.Alors
le P. F. prit le sage parti d'attendre la reception de cet Ouvrage , et de l'examiner
par lui- même, pour se déterminer en connoissance de cause. Son étonnement ne
fût pas petit après avoir fait cet examen,
qui lui confirma ce qu'on lui avoit déja
mar-
AVRIL 1732 751
marqué du
en question.
peu de mérite de l'Ouvrage
Il fut , surtout , frapé de s'y voir accusé
d'avoir emprunté de D. Antoine de Literes tout ce qui est dit de la Musique et
du Docteur Martinez , tout ce qui concerne la Médecine dans le 1 vol. du Théatre Critique ; ce que notre Auteur soutient non seulement être tres- faux , mais
il démontre , en passant , dans cette Préface, la fausseté de l'accusation. Au reste ,
après avoir fait réfléxion que le Théatre
Critique n'a été entrepris que pour com
battre les erreurs vulgaires , et pour en
désabuser les hommes , il a crû enfin que
ce seroit mal-exécuter un tel projet s'il ne
faisoit pas une Réponse exacte et dans
l'étendue convenable à l'Auteur de l'Anti-Théatre, qui semble n'avoir mis la main
à la plume que pour se déclarer le Pros
tecteur des mêmes erreurs , et pour maintenir le vulgaire dans son ancienne possession ; outre que cette Apologie , dit le P. F. sera non seulement une deffense pu
blique contre les prétentions fausses et
abusives du Seigneur Mañer; mais elle
pourra devenir aussi un préservatifqui
empêchera peut- être la continuation d'un
pareil travail.
Le fruit de ce travail est icy appellé par
Fv Botrs
752 MERCURE DE FRANCE
notre Auteur un jeu de Théatre, uneChimere Critique , une Comédie de 8 Acteurs , une illusion des simples , un marché de petits enfans , une fabrique en
l'air , sans fondement , sans vérité , sans
raison. Il proteste enfin qu'au cas que le
même Ecrivain ou d'autres , continuent
d'attaquer le Théatre Critique , il continuera tranquillement son ouvrage , sans daigner répondre à des objections aussi frivoles que celles qui ont paru jusqu'icy.
1.
Cette Apologie est dédiée par une belle Epître , au R. P. François de Berganza,
General de la Congrégation de saint
Benoît , établie en Espagne et en Angle
terre. La Dédicace est suivie de plusieurs
Approbations raisonnées et remplies d'érudition , qui font également honneur
aux Docteurs qui les ont données , et à
l'Ouvrage qui en fait le sujet , et qui sans
doute les mérite bien.
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Résumé : Théâtre Critique, Universel, &c. [titre d'après la table]
Le troisième tome du 'Théâtre Critique Universel' ou 'Discours divers sur toute sorte de sujets, pour désabuser des erreurs vulgaires' a été composé par le R. P. Benoît-Jérôme Feijoo, Maître Général des Études dans l'Ordre de Saint Benoît et Professeur en Théologie à l'Université d'Oviedo. Publié à Madrid en 1730, ce tome inclut une épître dédicatoire au Monastère Royal de Saint Julien de Samos, l'un des plus célèbres et privilégiés d'Espagne. Le texte comporte également trois approbations des théologiens d'Oviedo et d'Alcala, ainsi qu'une préface défensive contre des écrivains espagnols ayant critiqué les œuvres de Feijoo. Le tome comprend treize discours ou dissertations. Les titres incluent 'Les Conjureurs ou Enchanteurs', 'Les Secrets de la Nature', 'La Sympathie et l'Antipathie', 'Les Lutins ou Esprits familiers', 'La Baguette devinatoire, et les Yeux de Lynx', 'Les Miracles supposés', 'Paradoxes Mathématiques', 'La Pierre Philosophale', 'Le Raisonnement des Bêtes', 'L'Amour de la Patrie', 'La Balance d'Astrée, ou la droite Administration de la Justice', 'L'Ambition des Souverains', et 'Le Scepticisme Philosophique'. Ces sujets sont traités avec ordre, clarté et érudition. Le texte souligne également la réponse de Feijoo à une critique intitulée 'Medicina Vindicata', publiée dans le deuxième tome, et la traduction de cette réponse en espagnol dans le troisième tome. De plus, il mentionne un quatrième volume intitulé 'Ilustración Apologética al Primero y segundo Tomo del Teatro Crítico', publié en 1729, en réponse à une critique intitulée 'Anti-Théâtre Critique' par Don Salvador Joseph Mañer. Feijoo y réfute les accusations de plagiat et défend son œuvre contre les erreurs vulgaires.
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3
p. 752-753
« BIBLIOTHEQUE, contenant presque tous les Livres et les Ecrivains, dressée [...] »
Début :
BIBLIOTHEQUE, contenant presque tous les Livres et les Ecrivains, dressée [...]
Mots clefs :
Bibliothèque de Ciaconius
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texteReconnaissance textuelle : « BIBLIOTHEQUE, contenant presque tous les Livres et les Ecrivains, dressée [...] »
BIBLIOTHEQUE , contenant presque tous
les Livres et les Ecrivains , dressée par ordre alphabétique , depuis le commencement du monde , jusqu'en l'année 1533.
Recueillie par F. Alphonse Ciaconius
Docteur en Théologie , de l'Ordre des
FF. Précheurs , imprimé pour la premiere
fois par les soins et avec les Observations
de
AVRIL. 1732. 753
de François- Denis Camusat de Besançon.
AParis , chez la veuve George Jouvenel
1731. in fol. de 976 pag. Tout l'Ouvrage
est en latin
les Livres et les Ecrivains , dressée par ordre alphabétique , depuis le commencement du monde , jusqu'en l'année 1533.
Recueillie par F. Alphonse Ciaconius
Docteur en Théologie , de l'Ordre des
FF. Précheurs , imprimé pour la premiere
fois par les soins et avec les Observations
de
AVRIL. 1732. 753
de François- Denis Camusat de Besançon.
AParis , chez la veuve George Jouvenel
1731. in fol. de 976 pag. Tout l'Ouvrage
est en latin
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4
p. 753-755
Mythologie ou Histoire des Dieux, &c. [titre d'après la table]
Début :
MYTHOLOGIE, ou l'Histoire des Dieux, des Demi-Dieux et [...]
Mots clefs :
Mythologie ou histoire des dieux, Mythologue
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texteReconnaissance textuelle : Mythologie ou Histoire des Dieux, &c. [titre d'après la table]
MYTHOLOGIE , Ou l'Histoire des Dieux,
des Demi- Dieux et des plus illustres Héros de l'Antiquité Payenne , contenant
l'explication de la Fable et de la Métamorphose , avec la Relation de la destruction
de Troye. Par Darés Phrigien , nouvellement traduite en François , sur la traduction latine de Cornelius Nepos. Par M.
Dupuy, 2 vol. in 12. A Paris , rue S.Facques, chez Huart l'aîné.
Ce nouveau Mythologue avertit dans
une assez longue Préface , qu'il rapporte
tous les sentimens des Poëtes Grecs et Latins sur la naissance des Dieux et 7 des Hêros , et sur leursavantures, sans s'ériger eh
Juge de ces Auteurs.
Les Moralitez qu'il débite , en expliquant la Fable, paroissent sensées.Phaeton,
fils du Soleil , est , dit-il , l'image d'un
jeune Seigneur , témeraire et ambitieux ,
à qui le désir de regner , fait concevoir
une vaine idée de suffisance pour gouverner un Etat , et qui fait pour cela tout
ses efforts , nonobstant les sages remontrances de son Pere , qui lui représente le
F vj péril
754 MERCURE DE FRANCE
péril , et sa foiblesse , d'ailleurs trop iné
gal au pésant fardeau dont il veut se charger;il dit,l'ambition ne suffit pas pourentreprendre de regner,qu'il faut une longue
expérience pour sçavoir gouverner un
Etat,que faute de bien mesurer ses forces,
on perd la réputation ,et on s'ensevelit enfin dans les ruines d'une trop haute entreprise.
Les véritez historiques qu'il tire de son
sujet , ne sont pas à ometre : Il remarque
Phaeton fut un Prince de Ligurie, qui que
s'appliqua à étudier particulierement le
cours du Soleil ; que de son temps l'Italie
fut embrasée du côté du Pô , de chaleurs
si extraordinaires,que la terre en devint
séche et stérile pendant plusieurs années.
Pour prouver que les Fables , le Culte ,
et les Mysteres du Paganisme , sont des
copies des Histoires , des Usages et des Traditions des Hébreux , il compare le
Sacrifice d'Iphigénie avec celui de la Fille
de Jephté; l'Inondation arrivée sous Deu
calion avec le Déluge universel de Noé ;
Hercule avec Samson , & c..
Il décrit ensuite l'origine des Jeux , des
Fêtes et des Sacrifices, instituez en l'honneur des Faux-Dieux.
Il rapporte tous les differens noms.que
les Payens leur donnoient. Il joint au
même
AVRIL 1732. 755
même article les Etimologies de ces noms,
ce qui peut être fort utile à ceux qui lisent les Poëtes Grecs , Latins et François ,
&c.
Il nomme les Paï's où les différentes Divinitez ont été le plus honorées. Il paroit
que l'Auteur a employé tous ses soins
pour plaire au Public; on assure même
qu'il les continue, et qu'il veut augmen
ter son ouvrage de plusieurs Divinitez
qui y manquent ; en ajoutant quelques
Traitez également curieux et instructifs.
des Demi- Dieux et des plus illustres Héros de l'Antiquité Payenne , contenant
l'explication de la Fable et de la Métamorphose , avec la Relation de la destruction
de Troye. Par Darés Phrigien , nouvellement traduite en François , sur la traduction latine de Cornelius Nepos. Par M.
Dupuy, 2 vol. in 12. A Paris , rue S.Facques, chez Huart l'aîné.
Ce nouveau Mythologue avertit dans
une assez longue Préface , qu'il rapporte
tous les sentimens des Poëtes Grecs et Latins sur la naissance des Dieux et 7 des Hêros , et sur leursavantures, sans s'ériger eh
Juge de ces Auteurs.
Les Moralitez qu'il débite , en expliquant la Fable, paroissent sensées.Phaeton,
fils du Soleil , est , dit-il , l'image d'un
jeune Seigneur , témeraire et ambitieux ,
à qui le désir de regner , fait concevoir
une vaine idée de suffisance pour gouverner un Etat , et qui fait pour cela tout
ses efforts , nonobstant les sages remontrances de son Pere , qui lui représente le
F vj péril
754 MERCURE DE FRANCE
péril , et sa foiblesse , d'ailleurs trop iné
gal au pésant fardeau dont il veut se charger;il dit,l'ambition ne suffit pas pourentreprendre de regner,qu'il faut une longue
expérience pour sçavoir gouverner un
Etat,que faute de bien mesurer ses forces,
on perd la réputation ,et on s'ensevelit enfin dans les ruines d'une trop haute entreprise.
Les véritez historiques qu'il tire de son
sujet , ne sont pas à ometre : Il remarque
Phaeton fut un Prince de Ligurie, qui que
s'appliqua à étudier particulierement le
cours du Soleil ; que de son temps l'Italie
fut embrasée du côté du Pô , de chaleurs
si extraordinaires,que la terre en devint
séche et stérile pendant plusieurs années.
Pour prouver que les Fables , le Culte ,
et les Mysteres du Paganisme , sont des
copies des Histoires , des Usages et des Traditions des Hébreux , il compare le
Sacrifice d'Iphigénie avec celui de la Fille
de Jephté; l'Inondation arrivée sous Deu
calion avec le Déluge universel de Noé ;
Hercule avec Samson , & c..
Il décrit ensuite l'origine des Jeux , des
Fêtes et des Sacrifices, instituez en l'honneur des Faux-Dieux.
Il rapporte tous les differens noms.que
les Payens leur donnoient. Il joint au
même
AVRIL 1732. 755
même article les Etimologies de ces noms,
ce qui peut être fort utile à ceux qui lisent les Poëtes Grecs , Latins et François ,
&c.
Il nomme les Paï's où les différentes Divinitez ont été le plus honorées. Il paroit
que l'Auteur a employé tous ses soins
pour plaire au Public; on assure même
qu'il les continue, et qu'il veut augmen
ter son ouvrage de plusieurs Divinitez
qui y manquent ; en ajoutant quelques
Traitez également curieux et instructifs.
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Résumé : Mythologie ou Histoire des Dieux, &c. [titre d'après la table]
L'ouvrage 'MYTHOLOGIE, Ou l'Histoire des Dieux, des Demi-Dieux et des plus illustres Héros de l'Antiquité Payenne' est une traduction française par M. Dupuy de la version latine de Cornelius Nepos. Il explore les fables et métamorphoses de la mythologie antique et relate la destruction de Troie. L'auteur rapporte les sentiments des poètes grecs et latins sur la naissance des dieux et des héros sans les juger. Le texte inclut des moralités, comme l'exemple de Phaëton, fils du Soleil, symbolisant un jeune seigneur téméraire et ambitieux. Phaëton est décrit comme un prince de Ligurie ayant étudié le cours du Soleil à une époque de chaleurs extrêmes en Italie. L'auteur compare des éléments du paganisme avec des histoires hébraïques, comme le sacrifice d'Iphigénie avec celui de la fille de Jephté, et l'inondation sous Deucalion avec le Déluge de Noé. Il décrit l'origine des jeux, des fêtes et des sacrifices en l'honneur des faux-dieux et liste les noms et étymologies des divinités païennes, utiles pour la lecture des poètes grecs, latins et français. L'auteur mentionne également les pays où les différentes divinités ont été particulièrement honorées et indique qu'il continue de travailler pour améliorer son ouvrage.
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5
p. 755-756
« LETTRES EDIFIANTES ET CURIEUSES, écrites des Missions Etrangeres, par quelques [...] »
Début :
LETTRES EDIFIANTES ET CURIEUSES, écrites des Missions Etrangeres, par quelques [...]
Mots clefs :
Bibliothèque des gens de cour, Oraisons de Cicéron, Lettres édifiantes et curieuses
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « LETTRES EDIFIANTES ET CURIEUSES, écrites des Missions Etrangeres, par quelques [...] »
LETTRES EDIFIANTES ET CURIEUSES
écrites des Missions Etrangeres, par quelques Missionnaires de la Compagnie de
Jesus. 4.A Paris , rue de la Vieille Bouclerie,
et rue S. Jacques , chez M. le Clerc et P. G
Mercier, fils , 1731. in. 12. de 449 pages
sans l'Epître de 48. Tome XX,
BIBLIOTHEQUE des Gens de Cour , ou
Mélange curieux des bons mots d'Henry
IV. de Louis XIV. de plusieurs Princes et
Seigneurs de la Cour , et autres person
nes Illustres. Avec un choix des bons mots
des Anciens , et un assemblage amusant
de traits naifs , Gascons et Comiques , de
plusieurs petites Pieces de Poésie et de
pensées ingénieuses , propres à orner l'esprit
756 MERCURE DE FRANCE
prit et à le remplir d'idées vives et riantes. Dédié à S. A. S. Madame la Duchesse;
nouvelle Edition , considerablement augmentée. A Paris , chez Theod. le Gras
au Palais , 1732. 6 vol.in 12 .
LES ORAISONS DE CICERON , traduites en
François , sur la nouvelle édition d'Hollande , de 1724. avec des Remarques. Par
M. de Villefort. A Paris , Quai des Augustins , chez P. Gandoüin. 1732. 8 vol. in
12.
écrites des Missions Etrangeres, par quelques Missionnaires de la Compagnie de
Jesus. 4.A Paris , rue de la Vieille Bouclerie,
et rue S. Jacques , chez M. le Clerc et P. G
Mercier, fils , 1731. in. 12. de 449 pages
sans l'Epître de 48. Tome XX,
BIBLIOTHEQUE des Gens de Cour , ou
Mélange curieux des bons mots d'Henry
IV. de Louis XIV. de plusieurs Princes et
Seigneurs de la Cour , et autres person
nes Illustres. Avec un choix des bons mots
des Anciens , et un assemblage amusant
de traits naifs , Gascons et Comiques , de
plusieurs petites Pieces de Poésie et de
pensées ingénieuses , propres à orner l'esprit
756 MERCURE DE FRANCE
prit et à le remplir d'idées vives et riantes. Dédié à S. A. S. Madame la Duchesse;
nouvelle Edition , considerablement augmentée. A Paris , chez Theod. le Gras
au Palais , 1732. 6 vol.in 12 .
LES ORAISONS DE CICERON , traduites en
François , sur la nouvelle édition d'Hollande , de 1724. avec des Remarques. Par
M. de Villefort. A Paris , Quai des Augustins , chez P. Gandoüin. 1732. 8 vol. in
12.
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Résumé : « LETTRES EDIFIANTES ET CURIEUSES, écrites des Missions Etrangeres, par quelques [...] »
Le document décrit trois ouvrages distincts. Le premier, 'Lettres édifiantes et curieuses', est une compilation de lettres de missionnaires jésuites, publiée en 1731 à Paris par M. le Clerc et P. G. Mercier. Cet ouvrage de 449 pages, sans l'épître de 48 pages, constitue le tome XX. Le second ouvrage, 'Bibliothèque des Gens de Cour', est un recueil de bons mots de personnages illustres tels qu'Henri IV et Louis XIV, ainsi que des princes et seigneurs de la cour. Il inclut également des traits naifs, gascons et comiques, des poèmes et des pensées ingénieuses. Dédié à Madame la Duchesse, cette édition de 1732 est augmentée et publiée en six volumes in-12 par Theod. le Gras au Palais. Le troisième ouvrage est une traduction des 'Oraisons de Cicéron' en français, réalisée par M. de Villefort d'après l'édition hollandaise de 1724. Ce livre, publié en 1732 par P. Gandoüin au Quai des Augustins, est composé de huit volumes in-12.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 756-769
Discours de M. l'Evêque de Luçon à l'Académie Françoise, &c. [titre d'après la table]
Début :
M. l'Evêque de Luçon, (Michel Celse Roger de Rabutin [...]
Mots clefs :
Académie française, Discours, Éloquence grave, Évêque de Luçon, Fontenelle, Assemblée, Antoine Houdard de la Motte
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Discours de M. l'Evêque de Luçon à l'Académie Françoise, &c. [titre d'après la table]
M. l'Evêque de Luçon , ( Michel Celse
Roger de Rabutin de Bussy ) , ayant été
élu par Messieurs de l'Académie Françoise , à la place de feu M. Houdar de la
Motte; y prit séance le Jeudi , 6 Mars
1732, et prononça un Discours de remerciment , également convenable à sa dignité et à sa naissance ; un Discours dont le
caractére est une Eloquencé grave , noble
et simple. Ce Discours , quoique prononcé avec beaucoup de grace ,
fit moins de
plaisir aux Auditeurs , qu'il n'en a fait depuis aux Lecteurs. C'est le sort des Ouvrages excellens qui gagnent toujours à
être approfondis. La mesure d'attention
que peut donner l'Auditeur , ne suffit
pas pour sentir dans toute leur étendueJ
les.
AVRIL ' . 1732. 797
que
les beautez d'un certain ordre. M. l'Evêde Luçon commence en ces termes :
MESSIEURS ,
Ce n'est point avec des sentimens ordinaires que je reçois l'honneur que vous
me faites aujourd'hui. Attentif, dès mon
enfance , au récit de vos exercices , accoutumé à entendre exalter vos talens , né
dans une Maison où je croyois partager
vos avantages et votre gloire : Disciple de
ces Hommes celebres, qui formoient alors
l'Académie ; je n'ai jamais pensé que je
fusse étranger pour vous ; et quoique persuadé de mon insuffisance , je me suis fa
miliarisé avec l'idée , que je pourrois vous
appartenir quelque jour. Souffrez donc
Messieurs , que sans rien perdre de l'admiration que vous méritez , j'ose me présenter à Vous , avec la confiance d'un
homme.élevé sous vos auspices.
·
1
Ensuite M. l'Evêque de Luçon, par un
tour très heureux , fait l'éloge du Cardinal de Richelieu , comme d'après les
Grands Hommes qui l'ont souvent entretenu des qualitez éminentes de ce fameux Ministre et des merveilles de son
Ministere. Il saisit la circonstance de le
compter au nombre de ses Prédécesseurs
dans l'Evêché de Luçon , et le loue, comme
758 MERCURE DE FRANCE
me Evêque , après l'avoir loué comme
Ministre d'Etat.
Deux Monumens immortaliseront à jamais le C. de R. La Sorbonne et l'Académie. La Sorbonne , qui sera toujours la
Mere et la Maîtresse des Forts d'Israel ; la
Dépositaire fidelle de la saine Doctrine.
L'Académie Françoise , destinée , non à
L'unique emploi depolir le Langage, mais encore àformer le goût en tout genre de Litterature.
Tels furent , Messieurs , continue l'élo
quent Prélat, les nobles Emplois que vous ·
destina votre illustre Fondateur. Il voyoit
approcher les temps où vous deveniez
plus necessaires à la France ; il présageoit
les merveilles du Regne suivant , parce
qu'il les avoit préparées. il falloit donc
une Société d'Hommes choisis pour les
recueillir ; il falloit une juste proportion
entre ces merveilles et ceux qui devoient
les célébrer ; il falloit pour unnouvel Au
guste , des Ecrivains dignes du siécle
d'Auguste même.
Vous l'avez fait revivre, Messieurs , ce
siécle admirable. Eh ! qui pourroit exprimer aujourd'hui ce que la France vousdoit
d'éclat et de splendeur. Je ne parle pas
seulement de ces Ouvrages comparables à
ceux de la Grece et de l'ancienne Rome,
mais
AVRIL. 1732: 759
mais encore de ce nombre infini de grandes actions , que nous devons au désir de l'Immortalité , dont vous êtes les dispensateurs. Semblables à ce fameux Tribunal
des Egyptiens , où la vie des Princes mêmes étoit jugée après leur mort ; c'est
vous qui pesez les actions des plus grands personages ; c'est icy que le vrai merite
peut esperer le juste tribut qui lui est dû.
Noms celebres , réputations éclatantes
vous n'auriez jamais été sans l'amour de
la gloire. C'est cet amour qui a produit
les Héros ; et à la honte de la Nature hu
maine , c'est à ce même amourque la vertu
est souvent redevable de ses plus grands efforts.
A la fin de l'éloge du feu Roy, M. de
Luçon parle de sa mort en ces termes :
Courageux sans ostentation , tendre sans
foiblesse ; il fut occupé , comme Roy et
comme Pere , à préparer à ses sujets un
Regne qui , avec les avantages du sien
eut encore ceux ausquels il n'avoit pû
parvenir. Bien éloigné de cet Empereur
qui se ménagea le plaisir barbare de se
faire regretter par les défauts de son successeur, il ne fut point jaloux qu'un autre
rendit ses peuples plus heureux. Assuré
d'être à jamais célébré dans une Nation
qu'il avoit élevée au dessus des autres ; il
n'en-
760 MERCURE DE FRANCE
n'envia point à son successeur le bonheur
de la faire jouir de toutes les douceurs de
la paix. Dans ces derniers momens , où
l'on voit si nettement le faux des opinions des hommes , il connut que la
Guerre ne peut passer aux yeux du Sage
que pour un mal quelquefois nécessaire ,
et que la paix qui en doit étre l'unique
objet, est presque toujours trop achetée ,
même par la Guerre la plus heureuse.
Cependant vous n'étiez encore qu'un
bien stérile pour nous , poursuit l'Orateur plus bas , en parlant du Roy , et de
Louis XIV. Si ce grand Roy , qui connoissoit si parfaitement les talens necessaires à chaque place , n'avoit choisi le Ministre le plus digne pour être le dépositaire de l'éducation de cet Auguste Enfant , de ce gage précieux de la sureté de
toutes les Nations. Que ne devient point
le plus heureux naturel , cultivé par des
mains si habiles ? De là , toutes ces vertus , qui font aujourd'hui le bonheur de
la France ; cette piété tendre et égale, dont
l'exemple a plus de force que les Loix :
une justice qui garentit les Sujets de toutes oppression. De- là , cette Sagesse qui
contient les hommes , et cette douceur
qui les concilie ; enfin cette modération
qui fait l'assurance de nos voisins , et la
tranquillité de l'Europe,
Quelle
AVRIL 1732. 761
Quelle entreprise pour moi , ( dit M.de
Luçon sur la fin de son Discours , en parlant de M. de la Motte ) que l'éloge d'un
homme de tous les talens , et à qui ses
ennemis , ou plutôt ses envieux , ne refuseront pas l'excellence en plusieurs genres , et des places honorables en tous les
autres. Content de jetter quelques fleurs
sur son Tombeau , je ne m'attacherai
donc qu'à vous rappeller ici les qualitez
estimables qu'il possedoit..
Avant lui peu d'Auteurs avoient connu la moderation et la douceur dans la
dispute. On voyoit souvent l'homme de
Lettre écrire avec grossiereté , le Philosophe avec emportement , le Chrétien
même, en combattant pour la Religion ,
oublier la charité. M. de la Motte , Maître en cet Art presque inconnu , nous
apprit que dans les disputes les plus vives,
on peut conserver toute la grace et toute la moderation d'un homme du monde. Dans cette fameuse querelle , où il
entreprit d'élever les Modernes au- dessus
des Anciens , s'il ne remporta pas la victoire , du moins un jour ses Ouvrages devenus anciens , serviront à leur tour de
preuves à ceux qui soutiendront l'opinion
contraire à la sienne. Jamais la force de
ses raisons ne prit rien sur la politesse
qui
762 MERCURE DE FRANCE
qui les accompagnoit , son Adversaire négligea cet avantage et si leur cause avoit
été jugée sur leur maniere d'écrire , elle
ne seroit pas restée indécise , &c.
Après le Discours de M. l'Evêque de
Luçon , M. de Fontenelle , Directeur , répondit au nom de l'Académie.
MONSIEUR,
Il arrive quelquefois que sans examiner
les motifs de notre conduite , on nous
accuse d'avoir dans nos Elections beaucoup d'égard aux noms et aux dignitez ,
et de songer du moins autant à décorer
notre Liste , qu'à fortifier solidement la
Compagnie. Aujourd'hui nous n'avons
point cette injuste accusation à craindre ;
il est vrai que vous portez un beau nom,
il est vrai que vous êtes revêtu d'une
dignité respectable ; on ne nous reprochera cependant ni l'un ni l'autre. Le
nom vous donneroit presque un droit
hereditaire , la dignité vous a donné lieu
de fournir vos veritables titres , ces Ouvrages où vous avez traité des matieres
qui , très-épineuses par elles- mêmes , le
sont devenues encore davantage par les
circonstances présentes , &c.
t
3
Ici , Monsieur , je ne puis resister à la
vanité de dire que vous n'avez pas dédaigné
AVRIL. 1732. 75.3
gné de m'admettre au plaisir que votre›
commerce faisoit à un nombre de personnes mieux choisies, et je rendrois graces avec beaucoup de joye au sort qui m'a
place de vous en marquer publiquement ma reconnoissance , si ce même
sort ne me chargeoit aussi d'une autre
fonction très- douloureuse et très pénible.
Il fautque je parle de votre illustre Prédecesseur , d'un ami qui m'étoit extrémement cher, et que j'ai perdu ; il faut que
j'en parle , que j'appuye sur tout ce qui
cause mes regrets , et que je mette du
soin à rendre la playe de mon cœur encore plus profonde. Je conviens qu'il y
a toujours un certain plaisir à dire ce
que que l'on sent , mais il faudroit le dire
dans cette Assemblée d'une maniere digne
d'elle et digne du sujet , et c'est à quoi
je ne crols pas pouvoir suffire, quelque
aidé que je sois par un tendre souvenir,
par ma douleur même , et par mon zele
pour la memoire de mon ami.
Le plus souvent on est étrangement
borné par la Nature. On ne sera qu'un.
bon Poëte , c'est être déja assez réduit ,
mais de plus on ne le sera que dans un
certain genre; la Chanson même en est
un où on peut se trouver renfermé. M. de
la . Motre a traité presque tous les genres
de
764 MERCURE DE FRANCE
de Poësie. L'Ode étoit assez oubliée de
puis Malherbe , l'élevation qu'elle demande, les contraintes particulieres qu'elle impose , avoient causé sa disgrace
quand un jeune Inconnu parut subitement avec des Odes à la main , dont plusieurs étoient des Chef- d'œuvres , et les
plus foibles avoient de grandes beautez.
Pindare , dans les siennes , est toujours
Pindare , Anacreon toujours Anacreon
et ils sont tous deux très- opposez. M. de
la Motte, après avoir commencé par être
Pindare , sçut devenir Anacreon.
Il passa au Théatre Tragique , et il y
fut universellement applaudi dans trois
Pieces de caracteres differens. Les Machas
bées ont le sublime et le majestueux qu'exige une Religion divine ; Romulus réprésente la grandeur Romaine , naissante
et mêlée de quelque ferocité ; Inés de
Castro , exprime les sentimens les plus
tendres , les plus touchans , les plus adroitement puisez dans le sein de la Nature.
Aussi l'Histoire du Théatre n'a- t'elle
point d'exemple d'un succès pareil à celui
d'Inés. C'en est un grand pour une Piece
que d'avoir attiré une fois chacun de ceux
qui vont aux Spectacles ; Inés n'a peutêtre pas eu un seul Spectateur qui ne l'ait
été qu'une fois. Le desir de la voir renaissoit après la curiosité satisfaite.
AVRIL 1732 765
Un autre Théatre a encore plus souvent occupé le même Auteur , c'est celui
où la Musique , s'unissant à la Poësie , la
pare quelquefois et la tient toujours dans
un rigoureux esclavage. De grands Poëtes ont fierement méprisé ce genre , dont
leur génie trop roide et trop flexible , les
excluoit ; et quand ils ont voulu prouver
que leur mépris ne venoit pas d'incapacité , ils n'ont fait que prouver par des
efforts malheureux , que c'est un genre
très-difficile. M. de la Motte eût été aussi
en droit de le mépriser ; mais il a fait
mieux , il y a beaucoup reüssi , &c.
Lorsque ses premiers Ouvrages parurent , il n'avoit point passé par de foibles
Essais , propres seulement à donner des
esperances , on n'étoit point averti , et
on n'eut point le loisir de se précautionner contre l'admiration , mais dans la
suite on se tint sur ses gardes , on l'attendoit avec une indisposition secrette
contre lui. Il en eût coûté trop d'estime
pour lui rendre une justice entiere. Il fit
une Iliade , en suivant seulement le plan
general d'Homere , et on trouva mauvais
qu'il touchât au divin Homere sans l'adorer. Il donna un Recueil de Fables ,
dont il avoit inventé la plupart des sujets , et on demanda pourquoi il faisoit
des
66 MERCURE DE FRANCE
des Fables après la Fontaine. Sur ces raisons on prit la résolution de ne lire ni
I'lliade , ni les Fables , et de les condamner , &c.
Il n'a manqué, poursuit plus bas le célébre Académicien , à un Poëte si universel, qu'un seul genre , la Satyre , et il
est plus glorieux pour lui qu'elle lui manque , qu'il ne l'est d'avoir eu tout les
autres genres à sa disposition.
Malgré tout cela , M. de la M. n'étoit
pas Poëte ( ont dit quelques- uns, et mille
echos l'ont repeté, ) Ce n'étoit point un
enthousiasme involontaire qui le saisît,
une fureur divine qui l'agitât , c'étoit seulement une volonté de faire des Vers qu'il
executoit , parce qu'il avoit beaucoup
d'esprit. Quoi ce qu'il y aura de plus
estimable en nous , sera-ce donc ce qui
dépendra le moins de nous , ce qui agira
le plus en nous , sans nous- mêmes ? ce
qui aura le plus de conformité avec l'instinct des animaux? car cet enthousiasme ,
cette fureur bien expliquez , se réduiront
à de veritables instincts, &c.
Après avoir parlé éloquemment sur
cette foule de Censeurs que son mérite
lui avoit faits , et dont les coups partoient de trop bas pour aller jusqu'à lui,
dit M. de Fontenelle , il continuë en cette
maniere. Quand
AVRIL. 1732. 767
Quand on a été le plus avare de louanges sur son sujet , on lui a accordé un ,
premier rang dans la Prose , pour se dispenser de lui en donner un pareil dans
la Poësie ; et le moyen qu'il n'eût pas excellé en Prose ! lui , qui avec un esprit
• nourri de refléxions , plein d'idées bien
saines et bien ordonnées , avoit une force,
une noblesse et une élegance singuliere
d'expression , même dans son discours
ordinaire.
1
Cependant cette beauté d'expression ,
ces refléxions , ces idées , il ne les devoit
presque qu'à lui- même. Privé dès sa jeunesse de l'usage de ses yeux et de ses jambes , il n'avoit pû guere profiter ni du
grand commerce du monde , ni du secours des Livres. Il ne se servoit que des
yeux d'un Neveu , dont les soins constans et perpetuels pendant 24. années qu'il
a entierement sacrifiées à son Oncle , méritent l'estime , et en quelque sorte la reconnoissance de tous ceux qui aiment les
Lettres , ou qui sont sensibles à l'agréa
bleSpectacle que donnent des devoirs d'amitié bien remplis. Ce qu'on peut se faire,
lire , ne va pas foin ; et M. de la Motte
étoit donc bien éloigné d'être sçavants
Mais sa gloire en redouble. Il seroit luimême dans la dispute des Anciens et des
G Mo-
768 MERCURE DE FRANCE
Modernes , un assez fort argument contre
l'indispensable necessité dont on prétend
que soit la grande connoissance des Anciens, si ce n'est qu'on pourroit fort légi
timement répondre qu'un homme si rare
ne tire pas à conséquence.
Nousesperons que nos Lecteurs nedesapprouverontpas la longueur de ces Extraits
ou plutôt nous nous flattens qu'ils nous en
sçauront gré.Nous finirons par cet Article.
Un des plus celebres incidens de la
querelle sur Homere , fut celui où l'on
vit paroître dans la lice , d'un côté le
Sçavoir, sous la figure d'une Dame illustre; de l'autre l'Esprit , je ne veux pas
dire la Raison , car je ne pétens point
toucher au fond de la dispute , mais seulement à la maniere dont elle fut traitée.
En vain le Sçavoir voulut se contraindre
à quelques dehors de moderation dont
notre siecle impose la nécessité , il retomba malgré lui dans son ancien stile , et
laissa échapper de l'aigreur , de la hauteur et de l'emportement. L'Esprit au
-contraire fut doux , modeste , tranquille
même enjoi é , toûjours respectueux pour
le venerable Sçavoir , et encore plus pour
celle qui le représentoit.Si M.de la Morte
eût par art le ton qu'il prit , il eût fait
un Chef d'œuvre d'habileté ; mais les effets
AVRIL. 17320 789
forts7 de l'Art ne vont pas si loin , et
son caractere naturel eut beaucoup de
part à la victoire complette qu'il rem
porta.
Roger de Rabutin de Bussy ) , ayant été
élu par Messieurs de l'Académie Françoise , à la place de feu M. Houdar de la
Motte; y prit séance le Jeudi , 6 Mars
1732, et prononça un Discours de remerciment , également convenable à sa dignité et à sa naissance ; un Discours dont le
caractére est une Eloquencé grave , noble
et simple. Ce Discours , quoique prononcé avec beaucoup de grace ,
fit moins de
plaisir aux Auditeurs , qu'il n'en a fait depuis aux Lecteurs. C'est le sort des Ouvrages excellens qui gagnent toujours à
être approfondis. La mesure d'attention
que peut donner l'Auditeur , ne suffit
pas pour sentir dans toute leur étendueJ
les.
AVRIL ' . 1732. 797
que
les beautez d'un certain ordre. M. l'Evêde Luçon commence en ces termes :
MESSIEURS ,
Ce n'est point avec des sentimens ordinaires que je reçois l'honneur que vous
me faites aujourd'hui. Attentif, dès mon
enfance , au récit de vos exercices , accoutumé à entendre exalter vos talens , né
dans une Maison où je croyois partager
vos avantages et votre gloire : Disciple de
ces Hommes celebres, qui formoient alors
l'Académie ; je n'ai jamais pensé que je
fusse étranger pour vous ; et quoique persuadé de mon insuffisance , je me suis fa
miliarisé avec l'idée , que je pourrois vous
appartenir quelque jour. Souffrez donc
Messieurs , que sans rien perdre de l'admiration que vous méritez , j'ose me présenter à Vous , avec la confiance d'un
homme.élevé sous vos auspices.
·
1
Ensuite M. l'Evêque de Luçon, par un
tour très heureux , fait l'éloge du Cardinal de Richelieu , comme d'après les
Grands Hommes qui l'ont souvent entretenu des qualitez éminentes de ce fameux Ministre et des merveilles de son
Ministere. Il saisit la circonstance de le
compter au nombre de ses Prédécesseurs
dans l'Evêché de Luçon , et le loue, comme
758 MERCURE DE FRANCE
me Evêque , après l'avoir loué comme
Ministre d'Etat.
Deux Monumens immortaliseront à jamais le C. de R. La Sorbonne et l'Académie. La Sorbonne , qui sera toujours la
Mere et la Maîtresse des Forts d'Israel ; la
Dépositaire fidelle de la saine Doctrine.
L'Académie Françoise , destinée , non à
L'unique emploi depolir le Langage, mais encore àformer le goût en tout genre de Litterature.
Tels furent , Messieurs , continue l'élo
quent Prélat, les nobles Emplois que vous ·
destina votre illustre Fondateur. Il voyoit
approcher les temps où vous deveniez
plus necessaires à la France ; il présageoit
les merveilles du Regne suivant , parce
qu'il les avoit préparées. il falloit donc
une Société d'Hommes choisis pour les
recueillir ; il falloit une juste proportion
entre ces merveilles et ceux qui devoient
les célébrer ; il falloit pour unnouvel Au
guste , des Ecrivains dignes du siécle
d'Auguste même.
Vous l'avez fait revivre, Messieurs , ce
siécle admirable. Eh ! qui pourroit exprimer aujourd'hui ce que la France vousdoit
d'éclat et de splendeur. Je ne parle pas
seulement de ces Ouvrages comparables à
ceux de la Grece et de l'ancienne Rome,
mais
AVRIL. 1732: 759
mais encore de ce nombre infini de grandes actions , que nous devons au désir de l'Immortalité , dont vous êtes les dispensateurs. Semblables à ce fameux Tribunal
des Egyptiens , où la vie des Princes mêmes étoit jugée après leur mort ; c'est
vous qui pesez les actions des plus grands personages ; c'est icy que le vrai merite
peut esperer le juste tribut qui lui est dû.
Noms celebres , réputations éclatantes
vous n'auriez jamais été sans l'amour de
la gloire. C'est cet amour qui a produit
les Héros ; et à la honte de la Nature hu
maine , c'est à ce même amourque la vertu
est souvent redevable de ses plus grands efforts.
A la fin de l'éloge du feu Roy, M. de
Luçon parle de sa mort en ces termes :
Courageux sans ostentation , tendre sans
foiblesse ; il fut occupé , comme Roy et
comme Pere , à préparer à ses sujets un
Regne qui , avec les avantages du sien
eut encore ceux ausquels il n'avoit pû
parvenir. Bien éloigné de cet Empereur
qui se ménagea le plaisir barbare de se
faire regretter par les défauts de son successeur, il ne fut point jaloux qu'un autre
rendit ses peuples plus heureux. Assuré
d'être à jamais célébré dans une Nation
qu'il avoit élevée au dessus des autres ; il
n'en-
760 MERCURE DE FRANCE
n'envia point à son successeur le bonheur
de la faire jouir de toutes les douceurs de
la paix. Dans ces derniers momens , où
l'on voit si nettement le faux des opinions des hommes , il connut que la
Guerre ne peut passer aux yeux du Sage
que pour un mal quelquefois nécessaire ,
et que la paix qui en doit étre l'unique
objet, est presque toujours trop achetée ,
même par la Guerre la plus heureuse.
Cependant vous n'étiez encore qu'un
bien stérile pour nous , poursuit l'Orateur plus bas , en parlant du Roy , et de
Louis XIV. Si ce grand Roy , qui connoissoit si parfaitement les talens necessaires à chaque place , n'avoit choisi le Ministre le plus digne pour être le dépositaire de l'éducation de cet Auguste Enfant , de ce gage précieux de la sureté de
toutes les Nations. Que ne devient point
le plus heureux naturel , cultivé par des
mains si habiles ? De là , toutes ces vertus , qui font aujourd'hui le bonheur de
la France ; cette piété tendre et égale, dont
l'exemple a plus de force que les Loix :
une justice qui garentit les Sujets de toutes oppression. De- là , cette Sagesse qui
contient les hommes , et cette douceur
qui les concilie ; enfin cette modération
qui fait l'assurance de nos voisins , et la
tranquillité de l'Europe,
Quelle
AVRIL 1732. 761
Quelle entreprise pour moi , ( dit M.de
Luçon sur la fin de son Discours , en parlant de M. de la Motte ) que l'éloge d'un
homme de tous les talens , et à qui ses
ennemis , ou plutôt ses envieux , ne refuseront pas l'excellence en plusieurs genres , et des places honorables en tous les
autres. Content de jetter quelques fleurs
sur son Tombeau , je ne m'attacherai
donc qu'à vous rappeller ici les qualitez
estimables qu'il possedoit..
Avant lui peu d'Auteurs avoient connu la moderation et la douceur dans la
dispute. On voyoit souvent l'homme de
Lettre écrire avec grossiereté , le Philosophe avec emportement , le Chrétien
même, en combattant pour la Religion ,
oublier la charité. M. de la Motte , Maître en cet Art presque inconnu , nous
apprit que dans les disputes les plus vives,
on peut conserver toute la grace et toute la moderation d'un homme du monde. Dans cette fameuse querelle , où il
entreprit d'élever les Modernes au- dessus
des Anciens , s'il ne remporta pas la victoire , du moins un jour ses Ouvrages devenus anciens , serviront à leur tour de
preuves à ceux qui soutiendront l'opinion
contraire à la sienne. Jamais la force de
ses raisons ne prit rien sur la politesse
qui
762 MERCURE DE FRANCE
qui les accompagnoit , son Adversaire négligea cet avantage et si leur cause avoit
été jugée sur leur maniere d'écrire , elle
ne seroit pas restée indécise , &c.
Après le Discours de M. l'Evêque de
Luçon , M. de Fontenelle , Directeur , répondit au nom de l'Académie.
MONSIEUR,
Il arrive quelquefois que sans examiner
les motifs de notre conduite , on nous
accuse d'avoir dans nos Elections beaucoup d'égard aux noms et aux dignitez ,
et de songer du moins autant à décorer
notre Liste , qu'à fortifier solidement la
Compagnie. Aujourd'hui nous n'avons
point cette injuste accusation à craindre ;
il est vrai que vous portez un beau nom,
il est vrai que vous êtes revêtu d'une
dignité respectable ; on ne nous reprochera cependant ni l'un ni l'autre. Le
nom vous donneroit presque un droit
hereditaire , la dignité vous a donné lieu
de fournir vos veritables titres , ces Ouvrages où vous avez traité des matieres
qui , très-épineuses par elles- mêmes , le
sont devenues encore davantage par les
circonstances présentes , &c.
t
3
Ici , Monsieur , je ne puis resister à la
vanité de dire que vous n'avez pas dédaigné
AVRIL. 1732. 75.3
gné de m'admettre au plaisir que votre›
commerce faisoit à un nombre de personnes mieux choisies, et je rendrois graces avec beaucoup de joye au sort qui m'a
place de vous en marquer publiquement ma reconnoissance , si ce même
sort ne me chargeoit aussi d'une autre
fonction très- douloureuse et très pénible.
Il fautque je parle de votre illustre Prédecesseur , d'un ami qui m'étoit extrémement cher, et que j'ai perdu ; il faut que
j'en parle , que j'appuye sur tout ce qui
cause mes regrets , et que je mette du
soin à rendre la playe de mon cœur encore plus profonde. Je conviens qu'il y
a toujours un certain plaisir à dire ce
que que l'on sent , mais il faudroit le dire
dans cette Assemblée d'une maniere digne
d'elle et digne du sujet , et c'est à quoi
je ne crols pas pouvoir suffire, quelque
aidé que je sois par un tendre souvenir,
par ma douleur même , et par mon zele
pour la memoire de mon ami.
Le plus souvent on est étrangement
borné par la Nature. On ne sera qu'un.
bon Poëte , c'est être déja assez réduit ,
mais de plus on ne le sera que dans un
certain genre; la Chanson même en est
un où on peut se trouver renfermé. M. de
la . Motre a traité presque tous les genres
de
764 MERCURE DE FRANCE
de Poësie. L'Ode étoit assez oubliée de
puis Malherbe , l'élevation qu'elle demande, les contraintes particulieres qu'elle impose , avoient causé sa disgrace
quand un jeune Inconnu parut subitement avec des Odes à la main , dont plusieurs étoient des Chef- d'œuvres , et les
plus foibles avoient de grandes beautez.
Pindare , dans les siennes , est toujours
Pindare , Anacreon toujours Anacreon
et ils sont tous deux très- opposez. M. de
la Motte, après avoir commencé par être
Pindare , sçut devenir Anacreon.
Il passa au Théatre Tragique , et il y
fut universellement applaudi dans trois
Pieces de caracteres differens. Les Machas
bées ont le sublime et le majestueux qu'exige une Religion divine ; Romulus réprésente la grandeur Romaine , naissante
et mêlée de quelque ferocité ; Inés de
Castro , exprime les sentimens les plus
tendres , les plus touchans , les plus adroitement puisez dans le sein de la Nature.
Aussi l'Histoire du Théatre n'a- t'elle
point d'exemple d'un succès pareil à celui
d'Inés. C'en est un grand pour une Piece
que d'avoir attiré une fois chacun de ceux
qui vont aux Spectacles ; Inés n'a peutêtre pas eu un seul Spectateur qui ne l'ait
été qu'une fois. Le desir de la voir renaissoit après la curiosité satisfaite.
AVRIL 1732 765
Un autre Théatre a encore plus souvent occupé le même Auteur , c'est celui
où la Musique , s'unissant à la Poësie , la
pare quelquefois et la tient toujours dans
un rigoureux esclavage. De grands Poëtes ont fierement méprisé ce genre , dont
leur génie trop roide et trop flexible , les
excluoit ; et quand ils ont voulu prouver
que leur mépris ne venoit pas d'incapacité , ils n'ont fait que prouver par des
efforts malheureux , que c'est un genre
très-difficile. M. de la Motte eût été aussi
en droit de le mépriser ; mais il a fait
mieux , il y a beaucoup reüssi , &c.
Lorsque ses premiers Ouvrages parurent , il n'avoit point passé par de foibles
Essais , propres seulement à donner des
esperances , on n'étoit point averti , et
on n'eut point le loisir de se précautionner contre l'admiration , mais dans la
suite on se tint sur ses gardes , on l'attendoit avec une indisposition secrette
contre lui. Il en eût coûté trop d'estime
pour lui rendre une justice entiere. Il fit
une Iliade , en suivant seulement le plan
general d'Homere , et on trouva mauvais
qu'il touchât au divin Homere sans l'adorer. Il donna un Recueil de Fables ,
dont il avoit inventé la plupart des sujets , et on demanda pourquoi il faisoit
des
66 MERCURE DE FRANCE
des Fables après la Fontaine. Sur ces raisons on prit la résolution de ne lire ni
I'lliade , ni les Fables , et de les condamner , &c.
Il n'a manqué, poursuit plus bas le célébre Académicien , à un Poëte si universel, qu'un seul genre , la Satyre , et il
est plus glorieux pour lui qu'elle lui manque , qu'il ne l'est d'avoir eu tout les
autres genres à sa disposition.
Malgré tout cela , M. de la M. n'étoit
pas Poëte ( ont dit quelques- uns, et mille
echos l'ont repeté, ) Ce n'étoit point un
enthousiasme involontaire qui le saisît,
une fureur divine qui l'agitât , c'étoit seulement une volonté de faire des Vers qu'il
executoit , parce qu'il avoit beaucoup
d'esprit. Quoi ce qu'il y aura de plus
estimable en nous , sera-ce donc ce qui
dépendra le moins de nous , ce qui agira
le plus en nous , sans nous- mêmes ? ce
qui aura le plus de conformité avec l'instinct des animaux? car cet enthousiasme ,
cette fureur bien expliquez , se réduiront
à de veritables instincts, &c.
Après avoir parlé éloquemment sur
cette foule de Censeurs que son mérite
lui avoit faits , et dont les coups partoient de trop bas pour aller jusqu'à lui,
dit M. de Fontenelle , il continuë en cette
maniere. Quand
AVRIL. 1732. 767
Quand on a été le plus avare de louanges sur son sujet , on lui a accordé un ,
premier rang dans la Prose , pour se dispenser de lui en donner un pareil dans
la Poësie ; et le moyen qu'il n'eût pas excellé en Prose ! lui , qui avec un esprit
• nourri de refléxions , plein d'idées bien
saines et bien ordonnées , avoit une force,
une noblesse et une élegance singuliere
d'expression , même dans son discours
ordinaire.
1
Cependant cette beauté d'expression ,
ces refléxions , ces idées , il ne les devoit
presque qu'à lui- même. Privé dès sa jeunesse de l'usage de ses yeux et de ses jambes , il n'avoit pû guere profiter ni du
grand commerce du monde , ni du secours des Livres. Il ne se servoit que des
yeux d'un Neveu , dont les soins constans et perpetuels pendant 24. années qu'il
a entierement sacrifiées à son Oncle , méritent l'estime , et en quelque sorte la reconnoissance de tous ceux qui aiment les
Lettres , ou qui sont sensibles à l'agréa
bleSpectacle que donnent des devoirs d'amitié bien remplis. Ce qu'on peut se faire,
lire , ne va pas foin ; et M. de la Motte
étoit donc bien éloigné d'être sçavants
Mais sa gloire en redouble. Il seroit luimême dans la dispute des Anciens et des
G Mo-
768 MERCURE DE FRANCE
Modernes , un assez fort argument contre
l'indispensable necessité dont on prétend
que soit la grande connoissance des Anciens, si ce n'est qu'on pourroit fort légi
timement répondre qu'un homme si rare
ne tire pas à conséquence.
Nousesperons que nos Lecteurs nedesapprouverontpas la longueur de ces Extraits
ou plutôt nous nous flattens qu'ils nous en
sçauront gré.Nous finirons par cet Article.
Un des plus celebres incidens de la
querelle sur Homere , fut celui où l'on
vit paroître dans la lice , d'un côté le
Sçavoir, sous la figure d'une Dame illustre; de l'autre l'Esprit , je ne veux pas
dire la Raison , car je ne pétens point
toucher au fond de la dispute , mais seulement à la maniere dont elle fut traitée.
En vain le Sçavoir voulut se contraindre
à quelques dehors de moderation dont
notre siecle impose la nécessité , il retomba malgré lui dans son ancien stile , et
laissa échapper de l'aigreur , de la hauteur et de l'emportement. L'Esprit au
-contraire fut doux , modeste , tranquille
même enjoi é , toûjours respectueux pour
le venerable Sçavoir , et encore plus pour
celle qui le représentoit.Si M.de la Morte
eût par art le ton qu'il prit , il eût fait
un Chef d'œuvre d'habileté ; mais les effets
AVRIL. 17320 789
forts7 de l'Art ne vont pas si loin , et
son caractere naturel eut beaucoup de
part à la victoire complette qu'il rem
porta.
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Résumé : Discours de M. l'Evêque de Luçon à l'Académie Françoise, &c. [titre d'après la table]
Le 6 mars 1732, Michel Celse Roger de Rabutin de Bussy, évêque de Luçon, fut élu à l'Académie Française pour succéder à Houdar de la Motte. Lors de son discours de remerciement, il exprima son admiration pour l'Académie et son honneur de rejoindre ses rangs. Il loua le cardinal de Richelieu pour ses qualités de ministre d'État et son rôle d'évêque de Luçon. L'évêque de Luçon souligna l'importance de l'Académie Française, non seulement pour polir le langage, mais aussi pour former le goût littéraire. Il rendit hommage au siècle admirable que l'Académie avait contribué à revivre, en célébrant les grands écrivains et les actions héroïques. Il évoqua également la mort du roi, le décrivant comme courageux et sage, préoccupé par le bien-être de ses sujets et la paix en Europe. Enfin, il rendit hommage à Houdar de la Motte, louant sa modération et sa douceur dans les disputes littéraires. Après le discours de l'évêque de Luçon, M. de Fontenelle, directeur de l'Académie, répondit en soulignant les mérites de l'évêque et en évoquant la mémoire de Houdar de la Motte. Le texte traite de la figure de M. de la Motte, reconnu pour son excellence en prose et son potentiel en poésie. Doté d'un esprit riche en réflexions et idées bien ordonnées, il possédait une force, une noblesse et une élégance singulières dans son expression, même dans son discours ordinaire. Malgré une jeunesse marquée par la privation de l'usage de ses yeux et de ses jambes, il a développé ses compétences principalement par lui-même, sans bénéficier du grand commerce du monde ou du secours des livres. Il se servait des yeux de son neveu, qui a consacré 24 années à l'assister, méritant ainsi l'estime et la reconnaissance des amateurs de lettres et des sensibles aux devoirs d'amitié. Bien que M. de la Motte ne fût pas savant, sa gloire en est redoublée. Il aurait pu être un argument contre la nécessité absolue de la grande connaissance des Anciens. Le texte mentionne également un incident célèbre de la querelle sur Homère, opposant le Savoir et l'Esprit. Le Savoir, représenté par une dame illustre, a montré de l'aigreur et de l'emportement malgré des efforts de modération, tandis que l'Esprit a adopté une attitude douce, modeste et respectueuse. M. de la Motte, par son caractère naturel, a remporté une victoire complète dans cette dispute.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 769
« LA SOIRÉE DU LABYRINTE, Débauche d'Esprit, suivie du Portefeüille [...] »
Début :
LA SOIRÉE DU LABYRINTE, Débauche d'Esprit, suivie du Portefeüille [...]
Mots clefs :
Soirée du Labyrinthe, Hyacinte, Le Glorieux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « LA SOIRÉE DU LABYRINTE, Débauche d'Esprit, suivie du Portefeüille [...] »
LA SOIRE'E DU LABYRINTE , Débauche d'Esprit , suivie du Portefeuille Galant , avec figures. Cet Ouvrage est composé d'Histoires et Lettres critiques , mêlées de Vers. A Paris , chez Charles Guillaume Quay des Augustins , proche le Pont
S Michel, à S. Charles , et chez la veuve
Guillaume , à l'entrée de la rue Dauphine,
au Nom de Jesus.
HYACINTE , ou le Marquis de Celtas
Dirorgo , Histoire Espagnole. 2. vol . in
12. o née de figures. Chez les mêmes.·· .
DISSERTATION CRITIQUE Sur la Comédie du Glorieux. Chez les mêmes.
M. Aubert a fait paroître depuis peu sa quatriéme Suite de Concerts de Symphonie en Trio,
qui a un très gran i succès, Ón la vend 3 livres
2. sols , chez l'Auteur , rue S. Honoré , vis - avis la rue de Grenelle ; à la Regle d'Or , et à la
Croix d'or , rue S Honoré et ruë du Roule, ou
l'on trouve tous les Ouvrages de l'Auteur.
S Michel, à S. Charles , et chez la veuve
Guillaume , à l'entrée de la rue Dauphine,
au Nom de Jesus.
HYACINTE , ou le Marquis de Celtas
Dirorgo , Histoire Espagnole. 2. vol . in
12. o née de figures. Chez les mêmes.·· .
DISSERTATION CRITIQUE Sur la Comédie du Glorieux. Chez les mêmes.
M. Aubert a fait paroître depuis peu sa quatriéme Suite de Concerts de Symphonie en Trio,
qui a un très gran i succès, Ón la vend 3 livres
2. sols , chez l'Auteur , rue S. Honoré , vis - avis la rue de Grenelle ; à la Regle d'Or , et à la
Croix d'or , rue S Honoré et ruë du Roule, ou
l'on trouve tous les Ouvrages de l'Auteur.
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Résumé : « LA SOIRÉE DU LABYRINTE, Débauche d'Esprit, suivie du Portefeüille [...] »
Le document liste des ouvrages disponibles à Paris. 'La Soirée du Labyrinthe' est un recueil d'histoires et de lettres critiques, publié par Charles Guillaume Quay des Augustins et la veuve Guillaume. 'Hyacinthe, ou le Marquis de Celtas Dirorgo' est une histoire espagnole en deux volumes. M. Aubert a publié sa quatrième suite de 'Concerts de Symphonie en Trio', vendue 3 livres 2 sols. Ces œuvres sont disponibles chez divers éditeurs et vendeurs parisiens.
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8
p. 769-771
Cerémonie en Estampes du Sacre du Roy, &c. [titre d'après la table]
Début :
On a obmis dans les précedens Mercures de faire mention [...]
Mots clefs :
Tableaux, Estampes, Académie royale de peinture
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Cerémonie en Estampes du Sacre du Roy, &c. [titre d'après la table]
On a obmis dans les précedens Mercures de
faire mention du Volume contenant la Ceremonie,en Estampes , du Sacre du Roy , qui ut pré- Gijsenté
770 MERCURE DE FRANCE
1
senté à Sa Majesté le Lundi 24. Decembre der
nier , par le Duc de Trême , premier Gentilhom.
me de la Chambre , suivi de M. Dulin , Peintre
ordinaire du Roy et de l'Académie Royale de
Peinture , fequel en a fait les Desseins , d'après
lesquels 18. des meilleurs Graveurs de la même
Académie, ont travaillé. Ce Volume in folio , sur
du papier grand Aigle , représente les principaux
momens de l'Auguste Ceremonie du Sacre , tant
par les grandes Planches , que par les Lettres
Grises ; il a été enrichi de Sujets allegoriques et
de Devises qui répondent aux Momens histori
ques. Et comme dans ces Momens historiques les figures sont petites par rapport à leur multitude
de sieur Dulin a aussi dessiné 30. figures particu
lieres , de grandeur à pouvoir caracteriser tous
les differents habillemems que les Seigneurs,
Grands-Officiers et autres , portent dans leurs
fonctions , à cette Royale Céremonie.
Le Frontispice annonce le sujet du Volume ;
et tous les Discours qui expliquent chaque Estampe , ainsi que la Dédicace et l'Avertissement
sont renfermez dans des Bordures symboliques
très-riches et toutes differentes. L'Avertissement
qui est à la tête du Recueil , rend compte de la maniere dont l'Ouvrage a été conduit."
Il paroît une seconde Estampe du Portrait de
Ja Dlle Dangeville , dont le Public aura lieu d'ê
are plus satisfait que de la premiere.
Ce n'est pas sans fondement que le Public
avoit bien auguré de la capacité du sieur Grégoire, sur les Tableaux de la Croisée de NotreDame , qui viennent d'être posez , après avoir vû
de quelle maniere il s'étoit tiré de? ceux de da Nef
AVRÍL. 1732.® 771
Nef, applaudis universellement par tous les Con
noisseurs. On peut même dire qu'il a été au- delà de
ce qu'on pouvoit attendre de lui , principalement sur les Tableaux de Mr le Brun , et sur ceux de
Mrs Corneille , Höüasse et Jouvenet , parce qu'ils
avoient été si fort gâtez par de mauvaises drogues , qu'on avoit perdu toute esperance d'en
pouvoir jamais appercevoir aucun vestige ; d'autant que jamais personne n'avoit osé se hazarder
d'y retoucher , et qu'on les regardoit comme Ta bleaux abandonnez et perdus.
Cependant le sieur Grégoire , Eleve de M.Restout , dont ona parle à ce sujet dans le Mercure
de Janvier dernier , page 177. par un secret particulier qu'il a trouvé , vient de les rétablir entierement , et leur a rendu leur ancien lustre , en³
les rendant tels qu'ils sortirent jadis des main's de leurs celebres Auteurs.
Si le Public ne se lasse point d'admirer et d'ap
plaudir un Ouvrage regardé de tout le monde
comme une espece de Chef-d'œuvre , il a cela de
commun avec presque toute l'Académie Royale
de Peinture , puisque M. de Boullogne , premier
Peintre du Roy et Directeur de l'Académie , en a
été le premier surpris , et n'a pû lui refuser ses
suffrages , ainsi que Mrs Vancleve, de Largilliere,
Halle , Rigaud , Christophle , Restout , &c. qui
tous ont applaudi et loué le talent du sieur Grégoire sur le rétablissement de ces magnifiques Tableaux.
Au reste , le sieur Grégoire réussit également
sur tous les Tableaux de Cabinet , tant grands
que petits , quelques gâtez , défiguréz et troüez
qu'ils puiseent être. Sa demeure est Parvis de
Notre- Dame, à Paris , du côté de la grande Porte
duCloître, entre un Notaire et un Perruquier.
G iij LETT
faire mention du Volume contenant la Ceremonie,en Estampes , du Sacre du Roy , qui ut pré- Gijsenté
770 MERCURE DE FRANCE
1
senté à Sa Majesté le Lundi 24. Decembre der
nier , par le Duc de Trême , premier Gentilhom.
me de la Chambre , suivi de M. Dulin , Peintre
ordinaire du Roy et de l'Académie Royale de
Peinture , fequel en a fait les Desseins , d'après
lesquels 18. des meilleurs Graveurs de la même
Académie, ont travaillé. Ce Volume in folio , sur
du papier grand Aigle , représente les principaux
momens de l'Auguste Ceremonie du Sacre , tant
par les grandes Planches , que par les Lettres
Grises ; il a été enrichi de Sujets allegoriques et
de Devises qui répondent aux Momens histori
ques. Et comme dans ces Momens historiques les figures sont petites par rapport à leur multitude
de sieur Dulin a aussi dessiné 30. figures particu
lieres , de grandeur à pouvoir caracteriser tous
les differents habillemems que les Seigneurs,
Grands-Officiers et autres , portent dans leurs
fonctions , à cette Royale Céremonie.
Le Frontispice annonce le sujet du Volume ;
et tous les Discours qui expliquent chaque Estampe , ainsi que la Dédicace et l'Avertissement
sont renfermez dans des Bordures symboliques
très-riches et toutes differentes. L'Avertissement
qui est à la tête du Recueil , rend compte de la maniere dont l'Ouvrage a été conduit."
Il paroît une seconde Estampe du Portrait de
Ja Dlle Dangeville , dont le Public aura lieu d'ê
are plus satisfait que de la premiere.
Ce n'est pas sans fondement que le Public
avoit bien auguré de la capacité du sieur Grégoire, sur les Tableaux de la Croisée de NotreDame , qui viennent d'être posez , après avoir vû
de quelle maniere il s'étoit tiré de? ceux de da Nef
AVRÍL. 1732.® 771
Nef, applaudis universellement par tous les Con
noisseurs. On peut même dire qu'il a été au- delà de
ce qu'on pouvoit attendre de lui , principalement sur les Tableaux de Mr le Brun , et sur ceux de
Mrs Corneille , Höüasse et Jouvenet , parce qu'ils
avoient été si fort gâtez par de mauvaises drogues , qu'on avoit perdu toute esperance d'en
pouvoir jamais appercevoir aucun vestige ; d'autant que jamais personne n'avoit osé se hazarder
d'y retoucher , et qu'on les regardoit comme Ta bleaux abandonnez et perdus.
Cependant le sieur Grégoire , Eleve de M.Restout , dont ona parle à ce sujet dans le Mercure
de Janvier dernier , page 177. par un secret particulier qu'il a trouvé , vient de les rétablir entierement , et leur a rendu leur ancien lustre , en³
les rendant tels qu'ils sortirent jadis des main's de leurs celebres Auteurs.
Si le Public ne se lasse point d'admirer et d'ap
plaudir un Ouvrage regardé de tout le monde
comme une espece de Chef-d'œuvre , il a cela de
commun avec presque toute l'Académie Royale
de Peinture , puisque M. de Boullogne , premier
Peintre du Roy et Directeur de l'Académie , en a
été le premier surpris , et n'a pû lui refuser ses
suffrages , ainsi que Mrs Vancleve, de Largilliere,
Halle , Rigaud , Christophle , Restout , &c. qui
tous ont applaudi et loué le talent du sieur Grégoire sur le rétablissement de ces magnifiques Tableaux.
Au reste , le sieur Grégoire réussit également
sur tous les Tableaux de Cabinet , tant grands
que petits , quelques gâtez , défiguréz et troüez
qu'ils puiseent être. Sa demeure est Parvis de
Notre- Dame, à Paris , du côté de la grande Porte
duCloître, entre un Notaire et un Perruquier.
G iij LETT
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Résumé : Cerémonie en Estampes du Sacre du Roy, &c. [titre d'après la table]
Le texte décrit un volume illustrant la cérémonie du sacre du roi, offert à Sa Majesté le 24 décembre précédent par le Duc de Trême. Ce volume, en format in-folio sur papier grand Aigle, présente les moments clés de la cérémonie à travers des planches et des lettres grises, enrichies de sujets allégoriques et de devises. Il inclut 30 figures particulières dessinées par M. Dulin, représentant les habits portés lors de la cérémonie. Le frontispice annonce le sujet du volume, et les discours expliquant chaque estampe, ainsi que la dédicace et l'avertissement, sont encadrés dans des bordures symboliques. L'avertissement explique la réalisation de l'ouvrage. Par ailleurs, une seconde estampe du portrait de Mlle Dangeville a été publiée, suscitant une meilleure satisfaction que la première. Le texte mentionne également les travaux de restauration du sieur Grégoire sur les tableaux de la croisée de Notre-Dame. Après avoir restauré ceux de la nef, il a restauré les œuvres de M. Le Brun, M. Corneille, M. Houasse et M. Jouvenet, endommagées par de mauvaises drogues. Grâce à un secret particulier, il leur a rendu leur lustre originel, ce qui a été acclamé par l'Académie Royale de Peinture. Le sieur Grégoire réside à Paris, au Parvis de Notre-Dame, entre un notaire et un perruquier.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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9
p. 772-774
LETTRE écrite à l'Académie Royale de Peinture et de Sculpture, par M. Van Schuppen, Peintre du Roy, et Conseiller de la même Académie au sujet de l'Académie Impériale de Peinture et de Sculpture, de laquelle il est Directeur.
Début :
MESSIEURS, L'honneur que j'ai d'être Membre de [...]
Mots clefs :
Académie royale de peinture et de sculpture, Médailles, Directeur, Académie impériale de peinture et de sculpture
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite à l'Académie Royale de Peinture et de Sculpture, par M. Van Schuppen, Peintre du Roy, et Conseiller de la même Académie au sujet de l'Académie Impériale de Peinture et de Sculpture, de laquelle il est Directeur.
LETTRE écrite à l'Académie Royale
de Peinture et de Sculpture , par M.VanSchuppen , Peintre du Roy , et Conseiller
de la même Académie au sujet de l'Académie Impériale de Peinture et de Sculpti-·
re , de laquelle il est Directeur.
MESSIEURS,
L'honneur que j'ai d'être Membre de votre it
lustre Académie , me fait un devoir de vous informer de l'avancement de celle de Vienne. J'ai
été exact à vous apprendre que S. M. I. dans la
vue de contribuer au progrès des Arts Liberaux ,
ayant résolu de rétablir l'Académie publique de
Peinture et de Sculpture , telle qu'elle étoit du
temps de l'Empereur Joseph , m'avoit honoré de
la place de Directeur , avec les attributions des
Privileges, Prérogativés et Immunitez y annexés.
J'ai depuis conduit cette Académie avec succès;
mais elle n'avoit point encore de forme et manquoit de bien des choses. Cependant l'Empereur
qui aime les Beaux- Arts et qui en connoît l'agrément et l'utilité , s'en étant déclaré le Protecteur , j'ai fait de très humbles remontrances pour
obtenir un Logement et des augmentations qui
m'ont été accordés. L'Académie occupe présentement une maison convenable , qu'il m'a été
permis de choisir dans le plus beau quartier de la
Ville , et pour laquelle on paye cinq mille livres;
elle en a autant pour son entretien , avec quaran- te voyes de bois pour le chauffage ; ensorte que
la dépense de notre Académie passe quatorze mille
NERVA
AVC
mille
AVRIL. 1732. 773
mille francs , sans comprendre les appointemens
duDirecteur , qui ont été augmentés jusqu'a cinq
mille livres , non- plus que ceux du Secretaire ,
qui sont aujourd'hui de dix- huit cens livres. Ita
aussi été frappé des Médailles pour les Prix ,
elles ont d'un côté la tête de l'Empereur , avec
cette Legende , IMP. CAES. CAROLUS VI. P. FEL.
AUG. PATER. ARTIUM. et au Revers , Minerve
assise , tenant une Corne d'abondance , d'où il
sort des Médailles pour récompenser la Peinture
et la Sculpture , désignées par deux Enfans , dont
Pun tient des Pinceaux avec une Palette , et lautre un Compas , mesurant une Statue , on lit
autour AUGUSTA DONA MINERVA. En voici
l'empreinte en taille- douce.
La premiere distribution de ces Médailles , an
nombre de quatre ; sçavoir , deux d'or et deux
d'argent , se fit publiquement le jour de l'Octave
de S. Charles , Patron de l'Empereur , au bruit des Trompettes et des Timbales. L'Assemblée
fut très- nombreuse , notre Vice- Protecteur M. le
Comte d'Althan , Sur- Intendant des Bâtimens ,
et M. le Comte de Sinzendorff , Grand Chancelier , s'y trouverent avec les Ministres et les personnes les plus considerables de la Cour. L'Empereur a voulu voir les Ouvrages de Peinture et
de Sculpture qui ont remporté ces Prix , et j'ai
eu l'honneur de présenter à S. M. 1. les Eleves
qui les ont faits.
Je vous dois , Messieurs , ce détail , puisque
c'est dans votre sçavante Ecole que j'ai puisé les Principes de la Peinture , et que c'est l'honneur
d'être d'une Académie aussi celebre , qui m'a fait
connoître à la Cour de Vienne, et qui m'a pro- curé la Direction de la nouvelle Académie Imperiale de Peinture et de Sculpture. Je vous deGiiij mande
774 MERCURE DE FRANCE
mande la continuation de votre affection , et j'espere que vous voudrez bien me l'accorder , personne n'étant avec plus de respect et de veneration, Messieurs, Votre très-humble et très- obéissant serviteur, J. VAN-SCHUPPEN.
A Vienne le 9. de Janvier 1732.
de Peinture et de Sculpture , par M.VanSchuppen , Peintre du Roy , et Conseiller
de la même Académie au sujet de l'Académie Impériale de Peinture et de Sculpti-·
re , de laquelle il est Directeur.
MESSIEURS,
L'honneur que j'ai d'être Membre de votre it
lustre Académie , me fait un devoir de vous informer de l'avancement de celle de Vienne. J'ai
été exact à vous apprendre que S. M. I. dans la
vue de contribuer au progrès des Arts Liberaux ,
ayant résolu de rétablir l'Académie publique de
Peinture et de Sculpture , telle qu'elle étoit du
temps de l'Empereur Joseph , m'avoit honoré de
la place de Directeur , avec les attributions des
Privileges, Prérogativés et Immunitez y annexés.
J'ai depuis conduit cette Académie avec succès;
mais elle n'avoit point encore de forme et manquoit de bien des choses. Cependant l'Empereur
qui aime les Beaux- Arts et qui en connoît l'agrément et l'utilité , s'en étant déclaré le Protecteur , j'ai fait de très humbles remontrances pour
obtenir un Logement et des augmentations qui
m'ont été accordés. L'Académie occupe présentement une maison convenable , qu'il m'a été
permis de choisir dans le plus beau quartier de la
Ville , et pour laquelle on paye cinq mille livres;
elle en a autant pour son entretien , avec quaran- te voyes de bois pour le chauffage ; ensorte que
la dépense de notre Académie passe quatorze mille
NERVA
AVC
mille
AVRIL. 1732. 773
mille francs , sans comprendre les appointemens
duDirecteur , qui ont été augmentés jusqu'a cinq
mille livres , non- plus que ceux du Secretaire ,
qui sont aujourd'hui de dix- huit cens livres. Ita
aussi été frappé des Médailles pour les Prix ,
elles ont d'un côté la tête de l'Empereur , avec
cette Legende , IMP. CAES. CAROLUS VI. P. FEL.
AUG. PATER. ARTIUM. et au Revers , Minerve
assise , tenant une Corne d'abondance , d'où il
sort des Médailles pour récompenser la Peinture
et la Sculpture , désignées par deux Enfans , dont
Pun tient des Pinceaux avec une Palette , et lautre un Compas , mesurant une Statue , on lit
autour AUGUSTA DONA MINERVA. En voici
l'empreinte en taille- douce.
La premiere distribution de ces Médailles , an
nombre de quatre ; sçavoir , deux d'or et deux
d'argent , se fit publiquement le jour de l'Octave
de S. Charles , Patron de l'Empereur , au bruit des Trompettes et des Timbales. L'Assemblée
fut très- nombreuse , notre Vice- Protecteur M. le
Comte d'Althan , Sur- Intendant des Bâtimens ,
et M. le Comte de Sinzendorff , Grand Chancelier , s'y trouverent avec les Ministres et les personnes les plus considerables de la Cour. L'Empereur a voulu voir les Ouvrages de Peinture et
de Sculpture qui ont remporté ces Prix , et j'ai
eu l'honneur de présenter à S. M. 1. les Eleves
qui les ont faits.
Je vous dois , Messieurs , ce détail , puisque
c'est dans votre sçavante Ecole que j'ai puisé les Principes de la Peinture , et que c'est l'honneur
d'être d'une Académie aussi celebre , qui m'a fait
connoître à la Cour de Vienne, et qui m'a pro- curé la Direction de la nouvelle Académie Imperiale de Peinture et de Sculpture. Je vous deGiiij mande
774 MERCURE DE FRANCE
mande la continuation de votre affection , et j'espere que vous voudrez bien me l'accorder , personne n'étant avec plus de respect et de veneration, Messieurs, Votre très-humble et très- obéissant serviteur, J. VAN-SCHUPPEN.
A Vienne le 9. de Janvier 1732.
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Résumé : LETTRE écrite à l'Académie Royale de Peinture et de Sculpture, par M. Van Schuppen, Peintre du Roy, et Conseiller de la même Académie au sujet de l'Académie Impériale de Peinture et de Sculpture, de laquelle il est Directeur.
Dans une lettre à l'Académie Royale de Peinture et de Sculpture, M. Van-Schuppen, Peintre du Roi et Conseiller, informe de l'avancement de l'Académie Impériale de Peinture et de Sculpture de Vienne, dont il est Directeur. L'Empereur Charles VI a restauré cette Académie pour promouvoir les Arts Libéraux et a nommé Van-Schuppen à sa tête avec divers privilèges. L'Académie a obtenu un logement approprié à Vienne et des fonds pour son entretien et le chauffage. Les salaires du Directeur et du Secrétaire ont été augmentés. Des médailles ont été créées pour récompenser les lauréats en peinture et sculpture, avec des légendes honorant l'Empereur et les arts. La première distribution de ces médailles a eu lieu publiquement en présence de dignitaires et de l'Empereur, qui a montré son intérêt pour les œuvres primées. Van-Schuppen exprime sa gratitude envers l'Académie Royale pour les principes acquis et l'honneur de diriger l'Académie de Vienne.
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10
p. 774
« Le 15. du mois dernier, M. l'Abbé Terrasson, de [...] »
Début :
Le 15. du mois dernier, M. l'Abbé Terrasson, de [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Académie française, Académie royale des inscriptions et belles-lettres, Mines d'Antimoine, Académie des sciences de Moscou
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 15. du mois dernier, M. l'Abbé Terrasson, de [...] »
Le 15. du mois dernier, M. l'Abbé Terrasson;
de l'Académie Royale des Sciences , fut élu par
l'Académie Françoise , pour remplir la place vacante par la mort du Comte de Morville.
M. de la Nauze , de l'Académie Royale des
Inscriptions et Belles-Lettres , a été élû depuis
peu Membre de la Societé Royale de Londres.
On écrit de Luxembourg , qu'on a découvert
depuis peu aux environs de cette Ville , une Mine
d'Antimoine , aussi bon que celui qu'on tire de
Hongrie , qui a toûjours passé pour le meilleurs
il est , comme on sçait , d'un rouge obscur , et a
ses veines fort longues et fort huisantes.
On mande de Petersbourg , que la Czarine alla
au commencement du mois dernier , voir dans le
Jardin de l'Académie des Sciences de cette Ville ,
les nouvelles Plantes des Pays Etrangers qu'on y
cultive, et cette Princesse eut le plaisir d'y cueillir
elle-même deuxÀnanas dans leur parfaite maturité
de l'Académie Royale des Sciences , fut élu par
l'Académie Françoise , pour remplir la place vacante par la mort du Comte de Morville.
M. de la Nauze , de l'Académie Royale des
Inscriptions et Belles-Lettres , a été élû depuis
peu Membre de la Societé Royale de Londres.
On écrit de Luxembourg , qu'on a découvert
depuis peu aux environs de cette Ville , une Mine
d'Antimoine , aussi bon que celui qu'on tire de
Hongrie , qui a toûjours passé pour le meilleurs
il est , comme on sçait , d'un rouge obscur , et a
ses veines fort longues et fort huisantes.
On mande de Petersbourg , que la Czarine alla
au commencement du mois dernier , voir dans le
Jardin de l'Académie des Sciences de cette Ville ,
les nouvelles Plantes des Pays Etrangers qu'on y
cultive, et cette Princesse eut le plaisir d'y cueillir
elle-même deuxÀnanas dans leur parfaite maturité
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Résumé : « Le 15. du mois dernier, M. l'Abbé Terrasson, de [...] »
Le 15 du mois dernier, l'Abbé Terrasson a été élu à l'Académie Française pour succéder au Comte de Morville. M. de la Nauze a été élu à la Société Royale de Londres. À Luxembourg, une mine d'antimoine de qualité comparable à celle de Hongrie a été découverte. La Czarine a visité le jardin de l'Académie des Sciences à Petersbourg et y a cueilli deux ananas.
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