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1
p. 124-128
Acte de Resumpte soûtenu par M. l'Abbé de Noailles. [titre d'après la table]
Début :
Apres avoir parlé d'Evesques, disons quelque chose d'un illustre [...]
Mots clefs :
Arrêt du Conseil d'État, Docteurs, Abbé de Noailles, Nouveaux statuts, Sorbonne, Acte de Résumpte
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texteReconnaissance textuelle : Acte de Resumpte soûtenu par M. l'Abbé de Noailles. [titre d'après la table]
Apres avoir parlé d’Evefques, difons quelque choie
d’un illuftre Abbé, qui par
fa naifïance, fa grande nio>
deftie,fonefprit,fa làgeïîe;
& fa doctrine profonde,
mérite de tenir dans l’Eglife un rang des plus con-
G A L A N T , uy
fidérables, puisqu’il a toutes les qualitcz neceflaires
pour le remplir dignement.
Meilleurs de Sorbonne
ont obtenu un Arreft du
Confeil d’Etar, qui confirme leurs nouveaux Statuts,
parlefquels tous ceux qui
feront reçeus D odeurs à
l’avenir, ne pouront préfider aux A des, ny fe trouver aux Aflemble'es de la
Faculté, ou joüir d’aucun
autre de fes Privilèges, qu’-
apres l’Ade de Réfumpte
qui n’avoit point elle fait
n6 LE MERCURE
depuis Monficur Rofe Evefque de Senlis,qui fut le
dernier qui le fit le zy. de
May )6oz. Cet Aéte confifte à re'pondre à dix Docteurs, qui fèuls ont droit
de difpucer fur les plus difficiles Queftions du Vieil
& du Nouveau Teftament,
& fur les principales Matières de l’Ecriture qui font
en controvcrfe avec les
Hérétiques , depuis fept
heures du matin jufques a
midy. Il fe faifoic autrefois
f>ar les Docteurs, qui vouoient avoir le titre de DoI
G A L A N T . 117
Cteurs Regens, aufquels
feuls il eftoit permis de
faire l’Office de GrandsMaiftres, c’eft à dire de
gouverner les Bacheliers,
qui pourfuivoient les Degrez dans la Faculté; mais
ces nouveaux Statuts y alfujettiflans tous les Docteurs de la derniere Licence, Monfieur l’Abbé
de Noailles, Fils de Moniteur le Duc de Noailles,
n'a point voulu s’en difpenîer , & il s’eft acquité
de cet Aéte avec tant de
fuccés, que la grande AfL mj
n8 LE MERCURE
{emblée qu’attire ordinainairement une Perfonne
de fanaiirance,n’apvi aflez
admirer la capacité avec
laquelle il a réfolu les plus
fortes difficultez, & la modeftie qu’il a fait paroiftre
dans fes Réponfes.
d’un illuftre Abbé, qui par
fa naifïance, fa grande nio>
deftie,fonefprit,fa làgeïîe;
& fa doctrine profonde,
mérite de tenir dans l’Eglife un rang des plus con-
G A L A N T , uy
fidérables, puisqu’il a toutes les qualitcz neceflaires
pour le remplir dignement.
Meilleurs de Sorbonne
ont obtenu un Arreft du
Confeil d’Etar, qui confirme leurs nouveaux Statuts,
parlefquels tous ceux qui
feront reçeus D odeurs à
l’avenir, ne pouront préfider aux A des, ny fe trouver aux Aflemble'es de la
Faculté, ou joüir d’aucun
autre de fes Privilèges, qu’-
apres l’Ade de Réfumpte
qui n’avoit point elle fait
n6 LE MERCURE
depuis Monficur Rofe Evefque de Senlis,qui fut le
dernier qui le fit le zy. de
May )6oz. Cet Aéte confifte à re'pondre à dix Docteurs, qui fèuls ont droit
de difpucer fur les plus difficiles Queftions du Vieil
& du Nouveau Teftament,
& fur les principales Matières de l’Ecriture qui font
en controvcrfe avec les
Hérétiques , depuis fept
heures du matin jufques a
midy. Il fe faifoic autrefois
f>ar les Docteurs, qui vouoient avoir le titre de DoI
G A L A N T . 117
Cteurs Regens, aufquels
feuls il eftoit permis de
faire l’Office de GrandsMaiftres, c’eft à dire de
gouverner les Bacheliers,
qui pourfuivoient les Degrez dans la Faculté; mais
ces nouveaux Statuts y alfujettiflans tous les Docteurs de la derniere Licence, Monfieur l’Abbé
de Noailles, Fils de Moniteur le Duc de Noailles,
n'a point voulu s’en difpenîer , & il s’eft acquité
de cet Aéte avec tant de
fuccés, que la grande AfL mj
n8 LE MERCURE
{emblée qu’attire ordinainairement une Perfonne
de fanaiirance,n’apvi aflez
admirer la capacité avec
laquelle il a réfolu les plus
fortes difficultez, & la modeftie qu’il a fait paroiftre
dans fes Réponfes.
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Résumé : Acte de Resumpte soûtenu par M. l'Abbé de Noailles. [titre d'après la table]
Le texte présente deux sujets principaux. Premièrement, il met en lumière un abbé illustre, reconnu pour sa naïveté, son intelligence, son esprit, sa loyauté et sa doctrine profonde. Cet abbé mérite une place éminente dans l'Église en raison de ses qualités exceptionnelles. Deuxièmement, il évoque une décision des Meilleurs de Sorbonne, confirmée par un arrêt du Conseil d'État, concernant de nouveaux statuts. Ces statuts imposent aux futurs docteurs de passer l'acte de Réfumpte pour présider aux assemblées de la Faculté et jouir de ses privilèges. Cet acte, abandonné depuis 1692, consiste à répondre à dix docteurs sur des questions difficiles du Vieux et du Nouveau Testament, ainsi que sur des matières de l'Écriture en controverse avec les hérétiques. Il se déroule de sept heures du matin à midi et était autrefois requis pour obtenir le titre de Docteur Régent. Monseigneur l'Abbé de Noailles, fils du Duc de Noailles, a réussi cet acte, impressionnant l'assemblée par sa capacité à résoudre des difficultés complexes et sa modestie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 128-134
Reception de M. le President de Mesmes en l'Academie Françoise, & tout ce qui s'y est passé. [titre d'après la table]
Début :
En parlant de ceux dont le mérite est extraordinaire, je [...]
Mots clefs :
Monsieur de Mesmes, Académie française, Cardinal Richelieu, Langue latine, Charpentier, Inscriptions
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texteReconnaissance textuelle : Reception de M. le President de Mesmes en l'Academie Françoise, & tout ce qui s'y est passé. [titre d'après la table]
En parlant de ceux dont
le mérite eft extraordi.
naireje nedoypas oublier
que Moniteur de Mcfmes
Prefident au Mortier, illuftre par la gloire de fes
Peres qui ont pofTedé les
premières Charges de la
Robe, mais plus illuftre
G A L A N T . n 9
encor par les grandes qualitez qui le rendent digne
de fes Emplois, marchant
fur les pas de ces grands
Hommes, à qui leur intégrité, leur amour pour les
Sciences, & la protection
qu’ils ont toujours donnée
aux Gens de Lettres, ont
acquis une réputation qui
ne lailTera jamais mourir
les noms de de Mefmes &
d’Avaux, a efté reçeu dans
1‘Academie Françoife, pour
remplir la place de Moniteur Defmarets, un des
plus fameux Académiciens
I
3
o LE MERCURE
de nollre temps, & qui
mériteroit couce la gloire
que ces beaux Ouvrages
luy donnent, quand iln’auroit point eu d’autre avantage que celuy d’avoir efté
choiCy par le Cardinal de
Richelieu Fondateur de
l’Académie, pour rendre
Meilleurs fes Neveux dignes du grand Nom qu’il
leuralaifle. Une affluence
extraordinaire de monde
fe trouva dans la Salle du ' I
Louvre le jour de cette réception. Moniteur le Prefident de Mefmes fie un
■ G A L A N T . 151
remercîment digne de la
gravité de celuy qui leprononçoit, & de l’attention
de quantité de Perfonnes
qui l ’écouterent, & parla
avec une délicatefie merveiîleufe de l’honneur que
le Roy fait à cette célébré
Compagnie d ’en vouloir
eftre le Protecteur. Monfieur de Benferade qui en
eftoit le Directeur, luy répondit avec une grâce toute particulière, & n’oublia
rien pour luy marquer la
joye qu’ils avoient tous de
voir un fi grand Homme
iji LE MERCURE
dans leur Corps. Apres
quoy, Monfieur l ’Abbé
Tallemant le jeune prononça un Difcours dont la
netteté & l’éloquence furent admirées de tout le
monde-, il tâcha de prouver à l’avantage de noftre
Langue, qu’on s’en doit
fervir pour faire les Infcriptions des Monumens publics contre l’opinion du
R. P. Lucas Jefuite, qui a
pris le party du Latin avec
une force de raifons qui
lemblenc n ’avoir point
de répliqué. Cette
G A L A N T . 13J
tion avoir efté déjà agitée
par Monfïeur Charpentier
un des plus dignes Sujets
de l’Acade'mie Françoife,
qui a fait imprimer un
Livre fort fçavant fur cette
matière, par lequel il exclut la Langue Latine des
Infcriptions. Ce diférend
poura avoir encor de la
fuite , & nous aurions à
fouhaiter que chacun s'accordait pour prononcer en
faveur des François- mais
cependant on a fait depuis
peu de grandes dépenfes
pour les Portes deS.Denis,
I 5 4 LE M ERCURE
de S.D enys,de S. Martin;
& de S. Bernard, & pour le
uay Royal qui elt d une
{i grande utilité pourParis,
& nous n’y voyons par tout
tines
le mérite eft extraordi.
naireje nedoypas oublier
que Moniteur de Mcfmes
Prefident au Mortier, illuftre par la gloire de fes
Peres qui ont pofTedé les
premières Charges de la
Robe, mais plus illuftre
G A L A N T . n 9
encor par les grandes qualitez qui le rendent digne
de fes Emplois, marchant
fur les pas de ces grands
Hommes, à qui leur intégrité, leur amour pour les
Sciences, & la protection
qu’ils ont toujours donnée
aux Gens de Lettres, ont
acquis une réputation qui
ne lailTera jamais mourir
les noms de de Mefmes &
d’Avaux, a efté reçeu dans
1‘Academie Françoife, pour
remplir la place de Moniteur Defmarets, un des
plus fameux Académiciens
I
3
o LE MERCURE
de nollre temps, & qui
mériteroit couce la gloire
que ces beaux Ouvrages
luy donnent, quand iln’auroit point eu d’autre avantage que celuy d’avoir efté
choiCy par le Cardinal de
Richelieu Fondateur de
l’Académie, pour rendre
Meilleurs fes Neveux dignes du grand Nom qu’il
leuralaifle. Une affluence
extraordinaire de monde
fe trouva dans la Salle du ' I
Louvre le jour de cette réception. Moniteur le Prefident de Mefmes fie un
■ G A L A N T . 151
remercîment digne de la
gravité de celuy qui leprononçoit, & de l’attention
de quantité de Perfonnes
qui l ’écouterent, & parla
avec une délicatefie merveiîleufe de l’honneur que
le Roy fait à cette célébré
Compagnie d ’en vouloir
eftre le Protecteur. Monfieur de Benferade qui en
eftoit le Directeur, luy répondit avec une grâce toute particulière, & n’oublia
rien pour luy marquer la
joye qu’ils avoient tous de
voir un fi grand Homme
iji LE MERCURE
dans leur Corps. Apres
quoy, Monfieur l ’Abbé
Tallemant le jeune prononça un Difcours dont la
netteté & l’éloquence furent admirées de tout le
monde-, il tâcha de prouver à l’avantage de noftre
Langue, qu’on s’en doit
fervir pour faire les Infcriptions des Monumens publics contre l’opinion du
R. P. Lucas Jefuite, qui a
pris le party du Latin avec
une force de raifons qui
lemblenc n ’avoir point
de répliqué. Cette
G A L A N T . 13J
tion avoir efté déjà agitée
par Monfïeur Charpentier
un des plus dignes Sujets
de l’Acade'mie Françoife,
qui a fait imprimer un
Livre fort fçavant fur cette
matière, par lequel il exclut la Langue Latine des
Infcriptions. Ce diférend
poura avoir encor de la
fuite , & nous aurions à
fouhaiter que chacun s'accordait pour prononcer en
faveur des François- mais
cependant on a fait depuis
peu de grandes dépenfes
pour les Portes deS.Denis,
I 5 4 LE M ERCURE
de S.D enys,de S. Martin;
& de S. Bernard, & pour le
uay Royal qui elt d une
{i grande utilité pourParis,
& nous n’y voyons par tout
tines
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Résumé : Reception de M. le President de Mesmes en l'Academie Françoise, & tout ce qui s'y est passé. [titre d'après la table]
Le texte relate la réception de Monseigneur de Mesmes à l'Académie française, où il succède à Monseigneur Desmarets. Issu d'une famille illustre, Monseigneur de Mesmes est reconnu pour son intégrité et son amour des sciences. Il a été choisi par le Cardinal de Richelieu pour élever ses neveux à la hauteur de leur grand nom. La cérémonie, tenue au Louvre, a attiré une foule nombreuse. Monseigneur de Mesmes a exprimé son honneur de voir le roi protéger l'Académie. Monseigneur de Benserade, directeur de l'Académie, a salué l'arrivée d'un homme de grande valeur. L'abbé Tallemant le Jeune a prononcé un discours admiré pour sa netteté et son éloquence, défendant l'usage du français pour les inscriptions publiques contre l'avis du Père Lucas Jésuite, qui préférait le latin. Cette controverse avait déjà été abordée par Monseigneur Charpentier dans un livre excluant la langue latine des inscriptions. Le texte mentionne également des dépenses récentes pour des portes et des voies royales à Paris.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 134-136
Etablissemens de plusieurs Academies de Sculpture & de Peinture en France. [titre d'après la table]
Début :
Apres avoir parlé d'une Académie, nous pouvons parler de plusieurs [...]
Mots clefs :
Beaux Arts, Colbert, Lebrun, Académies de sculpture et de peinture
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texteReconnaissance textuelle : Etablissemens de plusieurs Academies de Sculpture & de Peinture en France. [titre d'après la table]
Apres avoir parlé dune
Académie, nous pouvons
parler de pluiieurs autres,
& dire qu encor qu’il ne
foit pas ordinaire de voir
fleurir les beaux Arts dans
un Etat dont le Souverain
doit ne fonger qu’à la Guerre , jamais ils n’ont pain
avec tant d’éclat qu’ils font
G A L A N T . i35
en France, & que le Roy
ne laiffe pas de travailler
pour leur gloire, encor qu’il
ait à foutenir les efforts •* w * • ' • • ‘
d’une grande partie de l’Europe , qu’on va par fes ordres & par les foins de
Monfieur Colbert, & de
Meilleurs le Brun & Regnaudin établir des Académies de Sculpture & de
Peinture dans les principales Villes du Royaume,
& que celle de Paris a efté
depuis peu unie à celle de
Rome. Il n’elt pas necef.
faire d ’en dire davantage
Hé le mercure
pour faire connoiftre quelle doit eftre remplie des
Monde pour ce qui regarde leur A rt
Académie, nous pouvons
parler de pluiieurs autres,
& dire qu encor qu’il ne
foit pas ordinaire de voir
fleurir les beaux Arts dans
un Etat dont le Souverain
doit ne fonger qu’à la Guerre , jamais ils n’ont pain
avec tant d’éclat qu’ils font
G A L A N T . i35
en France, & que le Roy
ne laiffe pas de travailler
pour leur gloire, encor qu’il
ait à foutenir les efforts •* w * • ' • • ‘
d’une grande partie de l’Europe , qu’on va par fes ordres & par les foins de
Monfieur Colbert, & de
Meilleurs le Brun & Regnaudin établir des Académies de Sculpture & de
Peinture dans les principales Villes du Royaume,
& que celle de Paris a efté
depuis peu unie à celle de
Rome. Il n’elt pas necef.
faire d ’en dire davantage
Hé le mercure
pour faire connoiftre quelle doit eftre remplie des
Monde pour ce qui regarde leur A rt
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Résumé : Etablissemens de plusieurs Academies de Sculpture & de Peinture en France. [titre d'après la table]
Sous le règne du roi, les beaux-arts florissent en France malgré les préoccupations militaires. Le roi et Colbert, avec des artistes comme Le Brun et Regnaudin, fondent des académies de sculpture et de peinture. L'Académie de Paris est unie à celle de Rome. Le Mercure de France rapporte ces activités artistiques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 205-206
Monseigneur le Dauphin va à l'Observatoire. [titre d'après la table]
Début :
Monseigneur le Dauphin a esté voir l'Observatoire. Il y a [...]
Mots clefs :
Dauphine, Observatoire, Académie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Monseigneur le Dauphin va à l'Observatoire. [titre d'après la table]
Monfeigneur le Dauphin a
efté voir l’Obfervatoire. Il y a
tant de chofes à dire fur ce fujer,
que je fuis obligé de les referver
xoé LE MERCURE
• . • •
pour le premier Volume, dans
lequel on apprendra tout ce que
l’on v voit de curieux, & les
Noms de tous les Illuftres qui
compofent cette e/pcced’Academie
efté voir l’Obfervatoire. Il y a
tant de chofes à dire fur ce fujer,
que je fuis obligé de les referver
xoé LE MERCURE
• . • •
pour le premier Volume, dans
lequel on apprendra tout ce que
l’on v voit de curieux, & les
Noms de tous les Illuftres qui
compofent cette e/pcced’Academie
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5
p. 79-80
« Ces Vers m'ont esté donnez comme estant du Pere Comire Jesuite [...] »
Début :
Ces Vers m'ont esté donnez comme estant du Pere Comire Jesuite [...]
Mots clefs :
Père Commire, Estime
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texteReconnaissance textuelle : « Ces Vers m'ont esté donnez comme estant du Pere Comire Jesuite [...] »
CesVersm'ont eſté donnez
comme eftant du Pere Comire
Jefuite , qui en fait ſi bien de Latins. C'eſt un Homme dont
le merite eft connu. Il n'en
faut point d'autre preuve que la correſpondance qu'il entre- tient avec tous les Sçavans, &
l'eſtime particuliere qu'a pour luyMe l'Eveſque de Paderbon.
Le fuffrage de ce grand Pré- lat eſt un titre incontestable
de gloire pour tous ceux à qui
GALANT. 59
il croit qu'il ſoit juſte de l'ac- corder.
comme eftant du Pere Comire
Jefuite , qui en fait ſi bien de Latins. C'eſt un Homme dont
le merite eft connu. Il n'en
faut point d'autre preuve que la correſpondance qu'il entre- tient avec tous les Sçavans, &
l'eſtime particuliere qu'a pour luyMe l'Eveſque de Paderbon.
Le fuffrage de ce grand Pré- lat eſt un titre incontestable
de gloire pour tous ceux à qui
GALANT. 59
il croit qu'il ſoit juſte de l'ac- corder.
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6
p. 161-163
M. l'Abbé Colbert éleu depuis peu Prieur de Sorbonne, fait un beau Discours à l'ouverture des Sorboniques. [titre d'après la table]
Début :
Monsieur l'Abbé Colbert, qui employe ses meilleures heures à [...]
Mots clefs :
Sorbonne, Discours, Abbé Colbert, Sciences ecclésiastiques
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texteReconnaissance textuelle : M. l'Abbé Colbert éleu depuis peu Prieur de Sorbonne, fait un beau Discours à l'ouverture des Sorboniques. [titre d'après la table]
Monfieur l'Abbé Colbert ,
qui employe ſes meilleures heures à l'étude , &qui en fait
GALANT. 117
1
fon plus agreable attachemét,
donna il y a quelques jours des marquesde ſa haute ſuffiſance par un excellent Difcours Latin qu'il fitdans la grande Salle de Sorbonne, à l'ouverturedes Sorboniques. La nombreuſe Aſſemblée qui s'ytrouva,com- poſée en partie de Cardinaux,
de Prélats ,&de Perſonnes de
la premiere Qualité, nepût af ſez admirer l éloquence avec laquelle il fit connoiſtre com- bien la protection que le Roy - donne aux Docteurs de la Faculté &de la Maisõ, leur eſtoit
avantageuſe &pour lemaintie
de leurs Privileges, &pour cõ-- ſerver les Sciences Eccleſiaſti-
- ques dans toute leur pureté. II - eſt Prieur de Sorbonne. Les
Docteurs & les Bacheliers de
118 LE MERCVRE
la Societé font ordinairement
cette élection par la voye du Scrutin; mais M l'AbbéColbert, dont le merite porte pour luy une recommandation toute particuliere,a eſté éleu de vive voix.Toutle monde le ſouhaitoit,&tout le monde le nomma
enmêmetemps.
qui employe ſes meilleures heures à l'étude , &qui en fait
GALANT. 117
1
fon plus agreable attachemét,
donna il y a quelques jours des marquesde ſa haute ſuffiſance par un excellent Difcours Latin qu'il fitdans la grande Salle de Sorbonne, à l'ouverturedes Sorboniques. La nombreuſe Aſſemblée qui s'ytrouva,com- poſée en partie de Cardinaux,
de Prélats ,&de Perſonnes de
la premiere Qualité, nepût af ſez admirer l éloquence avec laquelle il fit connoiſtre com- bien la protection que le Roy - donne aux Docteurs de la Faculté &de la Maisõ, leur eſtoit
avantageuſe &pour lemaintie
de leurs Privileges, &pour cõ-- ſerver les Sciences Eccleſiaſti-
- ques dans toute leur pureté. II - eſt Prieur de Sorbonne. Les
Docteurs & les Bacheliers de
118 LE MERCVRE
la Societé font ordinairement
cette élection par la voye du Scrutin; mais M l'AbbéColbert, dont le merite porte pour luy une recommandation toute particuliere,a eſté éleu de vive voix.Toutle monde le ſouhaitoit,&tout le monde le nomma
enmêmetemps.
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Résumé : M. l'Abbé Colbert éleu depuis peu Prieur de Sorbonne, fait un beau Discours à l'ouverture des Sorboniques. [titre d'après la table]
L'Abbé Colbert a prononcé un discours latin lors de l'ouverture des Sorboniques dans la grande salle de la Sorbonne. L'assemblée, composée de cardinaux, de prélats et de personnalités influentes, a été captivée par son allocution. Colbert a souligné la protection royale accordée aux docteurs de la Faculté et de la Maison, mettant en avant les avantages pour la préservation de leurs privilèges et la conservation des sciences ecclésiastiques dans leur pureté. En tant que Prieur de Sorbonne, Colbert a été élu de vive voix par les docteurs et les bacheliers, une procédure exceptionnelle reflétant l'unanimité et le souhait général de l'assemblée.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 163-164
« Si vos Provinciaux vous demandent ce que c'est qu'estre [...] »
Début :
Si vos Provinciaux vous demandent ce que c'est qu'estre [...]
Mots clefs :
Provinciaux, Prieur de Sorbonne, Élection
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Si vos Provinciaux vous demandent ce que c'est qu'estre [...] »
Si vosProvin- ciaux vous demandent ce que c'eſt qu'eſtrePrieurde Sorbon- ne, vous leurpourrez dire,Ma- dame , que c'eſt une élection
ququi ſe faitau commencement de chaqueLicence, que la Li- cence dure deux ans ; que le Prieur a le premier rang dans toutes les Affemblées
de Sorbonne , où il recueille
les fuffrages د
& conclut ;
qu'il préſide aux Sorboniques, enaffigne le jour , ouvre
GALANT. 119
la premiere par une Haran- gue , & ferme la derniere par
une autre. Je croy vous en- tendre dire en lifant cela , que n'ayant aucune envie de vous mettre du nombre des Bacheliers &des Docteurs,il ne vous
importe guére de ſçavoir ce qui les regarde ; vous voyez auſſi que je tranche court
ququi ſe faitau commencement de chaqueLicence, que la Li- cence dure deux ans ; que le Prieur a le premier rang dans toutes les Affemblées
de Sorbonne , où il recueille
les fuffrages د
& conclut ;
qu'il préſide aux Sorboniques, enaffigne le jour , ouvre
GALANT. 119
la premiere par une Haran- gue , & ferme la derniere par
une autre. Je croy vous en- tendre dire en lifant cela , que n'ayant aucune envie de vous mettre du nombre des Bacheliers &des Docteurs,il ne vous
importe guére de ſçavoir ce qui les regarde ; vous voyez auſſi que je tranche court
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Résumé : « Si vos Provinciaux vous demandent ce que c'est qu'estre [...] »
Le Prieur de Sorbonne est élu au début de chaque licence de deux ans. Il dirige les assemblées, recueille les votes et conclut les délibérations. Il préside aussi les réunions des Sorboniques, fixe les dates et prononce les discours d'ouverture et de clôture. Le narrateur juge ces détails moins pertinents pour son interlocuteur.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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8
p. 144-146
M. d'Ormoy quatriéme Fils de Monsieur Colbert, soûtint un Acte de toute la Philosophie, dédié à Monseigneur le Dauphin. [titre d'après la table]
Début :
Monsieur d'Ormoy, quatriéme Fils de Monsieur Colbert, en gagna beaucoup [...]
Mots clefs :
Assemblée, Acte de toute la Philosophie, Soutenir, M. d'Ormoy
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : M. d'Ormoy quatriéme Fils de Monsieur Colbert, soûtint un Acte de toute la Philosophie, dédié à Monseigneur le Dauphin. [titre d'après la table]
Monfieur
d'Ormoy , quatrième Fils de Monfieur Colbert , en gagna beaucoup dernierement , &ſe fit admirerd'un nombre infiny de Gens de la premiere Qua- lité , qui furent preſens à l'Acte detoute la Philofophie , dédié à Monſeigneur le Dauphin ,
qu'il ſoutint dans la Salle des Cordeliers,& auquel Monfieur l'Abbé Colbert fon Frere pré- fida. Onn'ajamais merité tant d'applaudiſſemensdansunâge
I ij
102 LE MERCURE
fi peu avancé , que ce jeune,
Soutenant en eut ce jour-là d'une grande & illuftre aſſem- blée. Ce qu'il diſoit ne paroif- ſoit point un effet de la Memoire , on eſtoit convaincu
qu'il l'entendoit , &que fon efprit & fon jugement par- loient.
d'Ormoy , quatrième Fils de Monfieur Colbert , en gagna beaucoup dernierement , &ſe fit admirerd'un nombre infiny de Gens de la premiere Qua- lité , qui furent preſens à l'Acte detoute la Philofophie , dédié à Monſeigneur le Dauphin ,
qu'il ſoutint dans la Salle des Cordeliers,& auquel Monfieur l'Abbé Colbert fon Frere pré- fida. Onn'ajamais merité tant d'applaudiſſemensdansunâge
I ij
102 LE MERCURE
fi peu avancé , que ce jeune,
Soutenant en eut ce jour-là d'une grande & illuftre aſſem- blée. Ce qu'il diſoit ne paroif- ſoit point un effet de la Memoire , on eſtoit convaincu
qu'il l'entendoit , &que fon efprit & fon jugement par- loient.
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Résumé : M. d'Ormoy quatriéme Fils de Monsieur Colbert, soûtint un Acte de toute la Philosophie, dédié à Monseigneur le Dauphin. [titre d'après la table]
Monsieur d'Ormoy, quatrième fils de Colbert, a impressionné lors d'un acte philosophique dédié au Dauphin, dans la Salle des Cordeliers. Présidé par l'Abbé Colbert, frère de d'Ormoy, l'événement a attiré des personnes de haute qualité. D'Ormoy a reçu de nombreux applaudissements, démontrant sa compréhension et son jugement du sujet.
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9
p. 146-150
ARGUMENT Proposé à Mr Colbert d'Ormoy, apres l'Acte public de Philosophie qu'il a soûtenu, n'ayant que treize ans, sous Monsieur l'Abbé Colbert son Frere.
Début :
Voicy des Vers qui ont esté faits sur ce sujet / Aimable Enfant, jeune Merveille, [...]
Mots clefs :
Esprit, Mémoire, Enfant, Philosophe, Jugement
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ARGUMENT Proposé à Mr Colbert d'Ormoy, apres l'Acte public de Philosophie qu'il a soûtenu, n'ayant que treize ans, sous Monsieur l'Abbé Colbert son Frere.
Voicydes Vers quiont eſté faits fur ce ſujet , & qui font dans une eſtime generale.
ARGUMENT
Propoſé à Monfieur Colbert d'Or- moy,apres l'Acte public de Phi- loſophie qu'il a ſoûtenu , n'ayant que treize ans : ſous Monfieur l'Abbé Colbert ſon Frere.
A
:
Imable Enfant , jeune Mer- veille
Vouss avez charmé tout Paris ,
I
GALANT 103 Etlesplus Sagesſontſurpris Devoſtre ActionSans pareille.
En vous l'esprites l'Agrément ,
LaMemoire &le lugement,
Font une parfaite harmonie :
Souffrezdoncqu'avec liberté ,
Lepropose àce beau Génie Encore une difficulté.
Faites moy , s'il vousplaist , com prendre
:
Parquel compduCiel ou du Sort
Vous avez un Efpritfifort Dans un Corpsſi jeune &fi tendre!
Eſtre Philosophe àtreize ans !
N'est-ce passemoquerdu temps ?
VnEnfantsçavoirtantde choses !
Lelevoy,maisj'ay beaule voir,
Ievous endemande les caufes,
Etje n'y puis rien concevoir ,
Dans tout ce que l'Histoire af
۲۰
femble
Etramaffede tous costez,
Succés,prodiges, nouveautez,
Ienevoy rienqui vous reſſemble.
Ieaberche dans le cours des temps I j
104 LE MERCVRE Quelque Philosophe à treize ans Enqui je trouve vos lumieres.
Ierencontre effez de vieux Fous ,
Mais pourdes Sages impuberes ,
On n'en vit jamais avant vous.
Quoy donc , vous aurez fçen ré- pondre Avantl'âge depuberté Atoute l'Univerſité ,
Et rien n'aura pù vousconfondre ?
Iefoûtiensque cette Action Eft une contradition ,
Etvoicy comment je raiſonne Voſtre Esprit en ce nouveau Cas ,
Napoint eu l'exemple qu'ildenne Doncildonne ce qu'il n'apas.
C
L
Avoſtre âgeparler en Maître Del' Ame &deſes mouvemens!
Voir le fonds des raiſonnemens !
Difcourir des Canſes de l'Etre !
Répondre à tout , &tout prouver !
Cela ne sçauroit arriver Queparquelque métempsicose.
Nousn'en croyons point parmy nous Maisenfin,quoy quel'onm'opose
1 ازو
GALANT. τος Vostre Esprit est plus vieuxquevous.
Mais pourquoy ( dit la voixpubli
que)
N'auroit-il pas toûjours raison ,
Puis qu'il est decette Maison
Où la Science eft domestique ?
Ilfautque fur tout il ſoit preft,
Estant Disciple comme it l'eft ,
D'unſi docte & fifage Frere... C'est ce qu'on dit de toutes parts
Outre que vostre Illustre Pere
Eftle Pere mesme des Arts.
C
Il est vray; maisje vous confeſſe Quejenesçaurois concevoir Comment si jeune on peut avoir Lesplus beaux fruits de la vieilleſſe,
Hé comment donc avez-vous fait ?
Quelest ce merveilleuxfecret ,
Dejoindre au Printemps un Automne?
Voilatonte ma Question ,
Etje ne croy pas que personne Enſcache laſolution.
ARGUMENT
Propoſé à Monfieur Colbert d'Or- moy,apres l'Acte public de Phi- loſophie qu'il a ſoûtenu , n'ayant que treize ans : ſous Monfieur l'Abbé Colbert ſon Frere.
A
:
Imable Enfant , jeune Mer- veille
Vouss avez charmé tout Paris ,
I
GALANT 103 Etlesplus Sagesſontſurpris Devoſtre ActionSans pareille.
En vous l'esprites l'Agrément ,
LaMemoire &le lugement,
Font une parfaite harmonie :
Souffrezdoncqu'avec liberté ,
Lepropose àce beau Génie Encore une difficulté.
Faites moy , s'il vousplaist , com prendre
:
Parquel compduCiel ou du Sort
Vous avez un Efpritfifort Dans un Corpsſi jeune &fi tendre!
Eſtre Philosophe àtreize ans !
N'est-ce passemoquerdu temps ?
VnEnfantsçavoirtantde choses !
Lelevoy,maisj'ay beaule voir,
Ievous endemande les caufes,
Etje n'y puis rien concevoir ,
Dans tout ce que l'Histoire af
۲۰
femble
Etramaffede tous costez,
Succés,prodiges, nouveautez,
Ienevoy rienqui vous reſſemble.
Ieaberche dans le cours des temps I j
104 LE MERCVRE Quelque Philosophe à treize ans Enqui je trouve vos lumieres.
Ierencontre effez de vieux Fous ,
Mais pourdes Sages impuberes ,
On n'en vit jamais avant vous.
Quoy donc , vous aurez fçen ré- pondre Avantl'âge depuberté Atoute l'Univerſité ,
Et rien n'aura pù vousconfondre ?
Iefoûtiensque cette Action Eft une contradition ,
Etvoicy comment je raiſonne Voſtre Esprit en ce nouveau Cas ,
Napoint eu l'exemple qu'ildenne Doncildonne ce qu'il n'apas.
C
L
Avoſtre âgeparler en Maître Del' Ame &deſes mouvemens!
Voir le fonds des raiſonnemens !
Difcourir des Canſes de l'Etre !
Répondre à tout , &tout prouver !
Cela ne sçauroit arriver Queparquelque métempsicose.
Nousn'en croyons point parmy nous Maisenfin,quoy quel'onm'opose
1 ازو
GALANT. τος Vostre Esprit est plus vieuxquevous.
Mais pourquoy ( dit la voixpubli
que)
N'auroit-il pas toûjours raison ,
Puis qu'il est decette Maison
Où la Science eft domestique ?
Ilfautque fur tout il ſoit preft,
Estant Disciple comme it l'eft ,
D'unſi docte & fifage Frere... C'est ce qu'on dit de toutes parts
Outre que vostre Illustre Pere
Eftle Pere mesme des Arts.
C
Il est vray; maisje vous confeſſe Quejenesçaurois concevoir Comment si jeune on peut avoir Lesplus beaux fruits de la vieilleſſe,
Hé comment donc avez-vous fait ?
Quelest ce merveilleuxfecret ,
Dejoindre au Printemps un Automne?
Voilatonte ma Question ,
Etje ne croy pas que personne Enſcache laſolution.
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Résumé : ARGUMENT Proposé à Mr Colbert d'Ormoy, apres l'Acte public de Philosophie qu'il a soûtenu, n'ayant que treize ans, sous Monsieur l'Abbé Colbert son Frere.
Le texte relate un dialogue admiratif et interrogatif concernant un jeune prodige, probablement issu de la famille Colbert, qui a soutenu un acte public de philosophie à l'âge de treize ans. L'interlocuteur exprime son étonnement face à cette performance intellectuelle, soulignant que l'enfant a charmé tout Paris et surpris même les plus sages. Il se demande comment un esprit si fort peut résider dans un corps si jeune et tendre, et s'interroge sur les causes de ce phénomène exceptionnel. L'interlocuteur explore l'histoire à la recherche de précédents similaires, mais ne trouve que des 'vieux fous' et aucun sage impubère comparable. Il exprime son incrédulité face à la capacité du jeune prodige de répondre à toute l'Université sans être confondu, qualifiant cette action de contradiction. Il suggère que cela pourrait être dû à une métempsycose, bien qu'il n'y croie pas. Le dialogue se poursuit en admettant que l'esprit du jeune prodige est plus vieux que lui, et que cela pourrait être dû à son environnement familial, où la science est domestique. L'interlocuteur reconnaît l'influence de son frère, l'abbé Colbert, et de son père, le père des Arts, mais reste perplexe quant à la manière dont un si jeune âge peut produire les fruits de la vieillesse. Il conclut en avouant qu'il ne croit pas que quelqu'un puisse résoudre cette énigme.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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10
p. 292-295
« Avoüez, Madame, qu'il y a de grandes beautez dans cette [...] »
Début :
Avoüez, Madame, qu'il y a de grandes beautez dans cette [...]
Mots clefs :
Prix, Académie, Mois prochain, Institution des prix et des cérémonies, Génies, Supériorité d'esprit
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texteReconnaissance textuelle : « Avoüez, Madame, qu'il y a de grandes beautez dans cette [...] »
Avoüez , Madame, qu'ilya de grandes beautez dans cette Piece , que la pompe des Vers s'y trouvejointe àla folidité dur Raiſonnement , que le tour en eft noble, la liaiſon juſte , &
qu'une Tragédie de cette force neferoit pas indigne de paroî- tre fur nos Theatres. Cepen- dant cette Piece , toute belle qu'elle eſt , n'a point emporté le Prix , & nous devons croire qu'il s'en est fait unemeilleure puis queMeffieursdel'Acadé- mie l'ont ainſi jugé. Ces ſubli- mes Eſprits ont des lumieres infaillibles qui ne les laiſſent pointfujetàl'erreur ; & laBri- gue ne pouvant rien aupres d'eux, on doitdire deleurs Arreſts , ils font donnez , ils font
juſtes. Préparez- vous , Mada- me, à recevoir un fort grand
GALANT. 207
plaiſirle Moisprochain,quand apres vous avoir entretenu de F'Inſtitutio des Prix, &des Cerémonies qui s'obſervent le jour qu'on les donne , je vous feray partdela Piece qui a me- rité cette Année celuy des Vers , car il y en a une autre pour la Profe. Vous l'auriez cuë dés aujourd'huy , fi je l'a- vois pû recouvrer. Conimeelle F'emporte fur celle queje vous envoye , & dont je ſuis afſuré que vous ferez tres-fatisfaite ,
je ne doute point que vous ne foyez charmée de ſa lecture.
Cequi me convainc.davantage des furprenantes beautez que vous ferez obligée d'y décou- vrir , c'eſt qu'à la reſerve de deux ou trois de ces Meſſieurs
qui ont donné leurs voix àMe
de Fontenelle , peut- eſtre à
208 LE MERCVRE
cauſe que leur âge les rend moins ſenſibles aubrillant,qu'a la majestédu Vers, &à la force dela Penſée , tous les autres ſe
sõtunanimemētdéclarez pour la Piece triomphante ; tant if eft vrayquelebonſens eft toû- jours un, qu'il eſt indiſpenſa- blement le meſimepour toutes les Perſonnes extraordinairement éclairées, &qu'ilnefou- fre aucune diverſité de ſentimens dans ces Génies élevez
qui ont une ſupériorité d'Ef- prit que nous admirons , ſans
que nousy puiffions atteindre.
qu'une Tragédie de cette force neferoit pas indigne de paroî- tre fur nos Theatres. Cepen- dant cette Piece , toute belle qu'elle eſt , n'a point emporté le Prix , & nous devons croire qu'il s'en est fait unemeilleure puis queMeffieursdel'Acadé- mie l'ont ainſi jugé. Ces ſubli- mes Eſprits ont des lumieres infaillibles qui ne les laiſſent pointfujetàl'erreur ; & laBri- gue ne pouvant rien aupres d'eux, on doitdire deleurs Arreſts , ils font donnez , ils font
juſtes. Préparez- vous , Mada- me, à recevoir un fort grand
GALANT. 207
plaiſirle Moisprochain,quand apres vous avoir entretenu de F'Inſtitutio des Prix, &des Cerémonies qui s'obſervent le jour qu'on les donne , je vous feray partdela Piece qui a me- rité cette Année celuy des Vers , car il y en a une autre pour la Profe. Vous l'auriez cuë dés aujourd'huy , fi je l'a- vois pû recouvrer. Conimeelle F'emporte fur celle queje vous envoye , & dont je ſuis afſuré que vous ferez tres-fatisfaite ,
je ne doute point que vous ne foyez charmée de ſa lecture.
Cequi me convainc.davantage des furprenantes beautez que vous ferez obligée d'y décou- vrir , c'eſt qu'à la reſerve de deux ou trois de ces Meſſieurs
qui ont donné leurs voix àMe
de Fontenelle , peut- eſtre à
208 LE MERCVRE
cauſe que leur âge les rend moins ſenſibles aubrillant,qu'a la majestédu Vers, &à la force dela Penſée , tous les autres ſe
sõtunanimemētdéclarez pour la Piece triomphante ; tant if eft vrayquelebonſens eft toû- jours un, qu'il eſt indiſpenſa- blement le meſimepour toutes les Perſonnes extraordinairement éclairées, &qu'ilnefou- fre aucune diverſité de ſentimens dans ces Génies élevez
qui ont une ſupériorité d'Ef- prit que nous admirons , ſans
que nousy puiffions atteindre.
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Résumé : « Avoüez, Madame, qu'il y a de grandes beautez dans cette [...] »
Le texte évoque une pièce de théâtre jugée belle et digne des théâtres, mais qui n'a pas remporté le prix de l'Académie. Les membres de l'Académie, dotés de lumières infaillibles, ont préféré une autre pièce. L'auteur annonce que la pièce lauréate sera révélée le mois suivant, après une explication des cérémonies des prix. Il assure que cette pièce surpassera celle envoyée et que sa lecture sera charmante. La majorité des membres de l'Académie, à l'exception de deux ou trois plus sensibles au style de Fontenelle, ont unanimement soutenu la pièce gagnante, démontrant ainsi l'unanimité du bon sens parmi les esprits éclairés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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11
p. 80-81
Académie de beaux Esprits établie à Turin par Madame Royale. [titre d'après la table]
Début :
Vos Amies se revolteront peut-estre contre deux Vers Latins [...]
Mots clefs :
Assemblées d'hommes, Turin, Académie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Académie de beaux Esprits établie à Turin par Madame Royale. [titre d'après la table]
Vos Amiesſe revolteront peut- eſtre contre deux Vers Latins
employez dans le Compliment;
mais elles doivent ſonger qu'ils
ont bonne grace avec des Sça- vans ,&je me raporte àce que vous leur direz ,fi elles vous en
demandentl'explication.
Ces Affemblées d'Hommes
choifis pour les belles Connoif- fances , font jugées ſi neceſſaires dans tous les Eſtats bien policez,
qu'à l'exemple de l'Academie Françoife ,Madame Royale en établituneàTurin
employez dans le Compliment;
mais elles doivent ſonger qu'ils
ont bonne grace avec des Sça- vans ,&je me raporte àce que vous leur direz ,fi elles vous en
demandentl'explication.
Ces Affemblées d'Hommes
choifis pour les belles Connoif- fances , font jugées ſi neceſſaires dans tous les Eſtats bien policez,
qu'à l'exemple de l'Academie Françoife ,Madame Royale en établituneàTurin
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12
p. 81-83
Autre Académie des Exercices du Corps, établie par la mesme. [titre d'après la table]
Début :
Les Séances s'en doivent tenir dans l'un de ses Palais [...]
Mots clefs :
Académie, Exercices du corps
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Autre Académie des Exercices du Corps, établie par la mesme. [titre d'après la table]
Les Séances
s'endoivent tenirdans l'unde fes Palais , oùSonAlteffe Royale in- ſtitue une autre Académie pour tous les exercices du Corps qui Cij
52 LE MERCVRE
peuvent perfectionner un Gen- til-homme. Elle choifitpourcela les plus habiles Maiſtres qu'on puiſſe trouver. Ce n'eſt pas la ſeule marque que cette grande Princeſſe donne à ſes Sujets du foin qu'elle a de leurs avantages.
La recoltedes Grains ayanteſté tres-médiocre cette année enPiémont, elle n'a pû voir ce que ſes Peuples auroient à foufrir de cette difette , ſans que fa bonté ſe foit intereſſéeàles fecourir. Les
groſſes ſommes d'argent qu'elle a répanduës pour faire venir des Grainsdedehors , ontrepare l'in- digence où ils ſe trouvoient &
par ſa genérofité accoûtumée elle a fait naître pour eux l'abondanceaumilieu dela ſterilité.
s'endoivent tenirdans l'unde fes Palais , oùSonAlteffe Royale in- ſtitue une autre Académie pour tous les exercices du Corps qui Cij
52 LE MERCVRE
peuvent perfectionner un Gen- til-homme. Elle choifitpourcela les plus habiles Maiſtres qu'on puiſſe trouver. Ce n'eſt pas la ſeule marque que cette grande Princeſſe donne à ſes Sujets du foin qu'elle a de leurs avantages.
La recoltedes Grains ayanteſté tres-médiocre cette année enPiémont, elle n'a pû voir ce que ſes Peuples auroient à foufrir de cette difette , ſans que fa bonté ſe foit intereſſéeàles fecourir. Les
groſſes ſommes d'argent qu'elle a répanduës pour faire venir des Grainsdedehors , ontrepare l'in- digence où ils ſe trouvoient &
par ſa genérofité accoûtumée elle a fait naître pour eux l'abondanceaumilieu dela ſterilité.
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Résumé : Autre Académie des Exercices du Corps, établie par la mesme. [titre d'après la table]
La princesse royale a créé une académie pour les exercices corporels des gentilshommes, choisissant les meilleurs maîtres. Elle a également secouru la population piémontaise en important des grains après une mauvaise récolte, démontrant ainsi sa générosité et son engagement pour le bien-être public.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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13
p. 212-228
Tout ce qui s'est passé dans l'Academie Françoise le jour de la Distribution des Prix, avec plusieurs particulartiez qui regardent l'Education de Monseigneur le Dauphin, & les grandes qualitez de ce Prince. [titre d'après la table]
Début :
Les Articles précedens vous ayant appris la mort & vous [...]
Mots clefs :
Académie française, Article, Prix, Médailles d'or, Excellents ouvrages, Grand homme, Abbé Tallement, Directeur, Compagnie, Lectures, Château de S. Germain, Monsieur de S. Aignan, Dauphin, Esprit, Graver
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Tout ce qui s'est passé dans l'Academie Françoise le jour de la Distribution des Prix, avec plusieurs particulartiez qui regardent l'Education de Monseigneur le Dauphin, & les grandes qualitez de ce Prince. [titre d'après la table]
Les Articles précedens vous ayant appris la mort , & vous ayant fait connoiſtre le merite dedeux Perſonnes auffi Illuſtres
par leur grande vertu que par Léclat de leur naiſſance,je vais dans un ſeul Article vous par- ler d'une partie de ce que la France a de plus conſidérable du coſté de l'Eſprit, &vous en tretenir de ce qu'elle a de plus
134 LE MERCVRE relevé du coſté de la Naiſſan
ce,&des merveilleuſes qualitez qui rendent les Grands Hom- mes recommandables. Vous ju- gez bien , Madame , que c'eſt de Article de l'Académie Françoiſe dont je vous vais entrete- nir pour m'acquiter de ma pa- role.
J'avois eu ſoin de prendre une Copie de la Piece deVers qu'elle a jugée digne du Prix,
mais je ne vous l'envoyeray point,puis que vous memandez que vous l'avez veüe. Je vous entretiendrayſeulementde l'In- ftitution de ces Prix(carje vous aydéja fait ſçavoir qu'il y en a
deux ) & des cerémonies qui s'obſervēt le jour qu'on les don- ne. Ils fontchacunde la valeur
de trente Piſtoles ,&confiftent
en deuxMedailles d'or,dont l'u
GALANT. 135 ne repreſente un Saint Loüis,&
: l'autre le Portrait du Roy. Lex Prix de Proſe a eſté fondé par
- feu Mr de Balzac qui estoit de cet Illuſtre Corps. Lesexcellens Ouvrages qu'il nous a laiſſez ſe liſenttous les jours avecadmira- tion , &c'eſt avec beaucoupde justice qu'on l'a fait paffer pour le plus EloquentHommede fon temps. Comme l'argent qu'il a
laiſſe pour cela, ne produitpas chaque annéeun intereſt affez fort pour remplir la valeur du Prix, on ne le donne que tous les deuxans ; &à l'imitation de ce Grand Homme , unAcadé- micien d'autant plus genéreux qu'il neveutpoint ſe faire con- noiſtre , a fourny juſqu'icy la mefme fomme pour le Prix des Vers.. Meffieurs de l'Académic
enchoiſiſſent le Sujet,auffi-bien
136 LE MERCVRE que de la Profe. Ils en avertif fent le Publicunan auparavant par quelques Affiches ; & ceux qui travaillentſur ces matieres,
font obligez d'envoyer leurs Piecesdans le dernier jourd'A-- vril, ſans ſe nommer, afin que n'en connoiſſant point lesAu- teurs , cesMeffieurs les puiſſent examiner ſans aucune préoccu- pation qui les faſſe plutoſt pan- cher vers fun que vers l'autre.. Les Prixſe donnent publique+
ment; & comme ils ont choify le Jourde S. Loüis pour en faire la diſtribution , le Roy a com mencé cette année d'en augmenter la folemnité pour eux,
endonnantſes ordres pour leur faire chanter la Meſſe en Mufi-.
que, &prononcer le Panegyri- quede ceGrand Saint..Ainſi la Meffe fut celebrée ce Jour-là
T
GALANT. 137
- pour leur Compagnie par M
l'Abbé du Pont Chapelain du Louvre.M' Oudotqui a faittant d'agreables chofes , y fit admi- rer fonGénie pour la Muſique.
Tout cequi s'y chanta eftoit de luy. M' L'Abbéde S. Martin fit lePanégyrique du Saint,&mar- qua d'une maniere fort ingé nieuſe tout ceque le Roy faifoit pour élever un Corps auffi Il- luſtre que celuy devant lequel il parloit. Il euſt eſté diffici- le de luy choiſirdes Auditeurs qui ſe connuſſent mieux aux belles Choſes; &puis qu'il les satisfit tous,on ne peut douter qu'il ne fuſtdignedes applaudif- ſemens qu'il reçeut. L'apreſdî- née on tint Affemblée publi- que , où se trouverent quantité d'Eveſques &deGensde la pré- miere Qualité. M' l'Abbé Tal
#38 LE MERCVR lemant le jeune , comme Dire- teur de la Compagnie, expli- qua d'abord en peudemots la maniere dont on s'eſtoit fervy pour juger des Pieces qui a- voientmerité le Prix, &les don na à lire àM l'Abbe Regnier. Il commença par celle de Profe,
&perſonne ne s'eſtant preſen- té pour en déclarer l'Autheur,
il leut en ſuite celle de Vers. El
le ſe trouvadigne de l'approba- tionquevous luy avez donnée;
&apres que la lecture en eur eſté faite ,Ml'AbbéTallemant fit connoiſtrequ'on venoitd'ap- prendre qu'elle estoit deM² de La Monnoye Correcteur des Comptes àDijon. Je croy ,Ma- dame , que les Prix n'ont encor eſté donnez que trois fois , &
e'eſt le trofiéme qu'il a déja remporté pourlesVers.. Il feroit
GALANT. 139
1
àſouhaiter pour ceux qui ont entré enconcurrence avec luy,
que Meſſieurs de l'Académie Luydonnaffent la premierePla- ee vacante. Comme la qualité de Juge ne laiſſeroit plus rece-- voir ſes Ouvrages , les autres auroient plus de courage àtravailler. Cesdeux Pieces ayant eſté leuës, Mª Cordemoy qui eft de leur Corps , & Lecteur de
Monseigneur le Dauphin leutdeux autres deProfe 2
CNTHEOUT
fur des
d'un SujetsPreſident diferens.&Elles d'un Avecat
de Soiſſons qu'on ne ma pû nommer , & avoient eſté en voyées par l'Académiede cette meſme Ville , qui doit ce tribut àcelledeParis par une des Loix de ſon Etabliſſement. Ilyen a une autre qui l'oblige àne pren- dre pour fon Protecteur qu'un
1780
140 LE MERCVRE
보
des Quarante qui compoſent l'Academie Françoiſe , &c'eſt ce qui luy a fait choifir Mon- ſieur le Cardinal d'Eſtrées qui en eſt. Ces Lectures furent fuivies d'un panegyrique du Roy que fit Me l'Abbé Tallemant,
en décrivant toute la Campa- gne. Il parla avec une liberté qui faiſoit voir qu'il eſtoit mai- ſtre de ſes penſées , &qu'il ne cherchoit point ce qu'il diſoit Il s'exprima par des termes fi choiſis , & tout ce qu'ildit fur prononcé avec tant de grace,
qu'il auroir pu faire valoir des choſes médiocres ; mais outre qu'on n'en peut dire ſur unefi éclatante matiere , jamais iln'y eut Difcours ſi éloquent. Les grandes Actions duRoy furent peintesavecles plus vives cou leurs. Tout estoit également
GALANT. 141
11
1
1
fort, rien d'ennuyeux , rien de languiſſant. La joye eſtoit mar- quée ſur le viſage de ſes Audi- teurs ; &il eut cellede ſe voir obligé plus d'une fois de s'in terrompre luy meſme pour laif- fer finir les applaudiſſemens qu'il recevoit. Enfin , Madame,
fi le Royne ſe rendoit tous les jours loiable par uue infinité d'endroits nouveaux qui fur- prennent autant qu'ils donnent fujet de l'admirer , je ne croy pas que perſonne oſaſt entre- prendre de le loüer apres M
IAbbéTallemant. Aufſi, quand il eut finy , il eut beau deman- der, comme on fait ordinairement, ſi quelqu'un des Acadé- miciens n'avoit rien àlire , chacun ſe leva , &dit tout haut,
qu'apres ce qu'on venoit d'en- tendre ,onnepourroit plus rien
142 LE MERCVRE trouver de beau ,&qu'il en falloit demeurer là. J'ay bien de la joye ,Mada- me, devoir par vos Remarques ſurl'Ouvrage de M'dela Mon- noye , que vous eſtes tombée dans mes ſentimens. Tous les
endroits que vous loüez m'a- voientextrémementplû, &j'ay trouvé comme vous ſa Poëfic
toute riante. Il eſt vray que la matiere en eſtoitbienfavorable,
&que l'Education deMonſei- gneur le Dauphin qu'on avoit choifie cette année pour Sujer de laPiece de Vers, offroit de grandes idées àl'Eſprit. Que ce jeunePrince ena ! &qu'il eſtoit difficile que la Nature aidée du fecours des plus habiles Maiſtres que laFranceluyaitpûdonner,
nefiſtpas enluyundeſesChef- d'œuvres les plus accomplis !
GALANT. 143 Ce n'eſt point aſſez de dire qu'il n'ignore rien , on peut adjoûter fans flaterie qu'il excelle dans tout ce qu'il ſçait. Il a une ſi par- faite connoiſſance des Fables,
que dés ſes premieres années il ne voyoit point de Tapifferie qui en repreſentaft quelqu'une,
qu'il ne l'expliquaſt auſſi -toſt. Il ſçait tres-bien les Matemati- ques, il deffigne & grave admi- rablement , & on fut furpris un jour qu'eſtant entré chez M Sylveftre , en paſſant par les Galleries du Louvre , il prit un Burin , & grava fur le champ un Païfage qui me- ritoit toutes les loüanges qu'il reçeut. Il a gravé le Chaſtean deS. Germain , dont ayantdon- né une Eſtampe à Monfieur de S.Aignan, ce Duc à qui la vi- vacité d'Eſprit n'a jamais man
144 LE MERCVRE que,fit cet Inpromptu pour luy rendre graces d'un fi agreable Préfent.
par leur grande vertu que par Léclat de leur naiſſance,je vais dans un ſeul Article vous par- ler d'une partie de ce que la France a de plus conſidérable du coſté de l'Eſprit, &vous en tretenir de ce qu'elle a de plus
134 LE MERCVRE relevé du coſté de la Naiſſan
ce,&des merveilleuſes qualitez qui rendent les Grands Hom- mes recommandables. Vous ju- gez bien , Madame , que c'eſt de Article de l'Académie Françoiſe dont je vous vais entrete- nir pour m'acquiter de ma pa- role.
J'avois eu ſoin de prendre une Copie de la Piece deVers qu'elle a jugée digne du Prix,
mais je ne vous l'envoyeray point,puis que vous memandez que vous l'avez veüe. Je vous entretiendrayſeulementde l'In- ftitution de ces Prix(carje vous aydéja fait ſçavoir qu'il y en a
deux ) & des cerémonies qui s'obſervēt le jour qu'on les don- ne. Ils fontchacunde la valeur
de trente Piſtoles ,&confiftent
en deuxMedailles d'or,dont l'u
GALANT. 135 ne repreſente un Saint Loüis,&
: l'autre le Portrait du Roy. Lex Prix de Proſe a eſté fondé par
- feu Mr de Balzac qui estoit de cet Illuſtre Corps. Lesexcellens Ouvrages qu'il nous a laiſſez ſe liſenttous les jours avecadmira- tion , &c'eſt avec beaucoupde justice qu'on l'a fait paffer pour le plus EloquentHommede fon temps. Comme l'argent qu'il a
laiſſe pour cela, ne produitpas chaque annéeun intereſt affez fort pour remplir la valeur du Prix, on ne le donne que tous les deuxans ; &à l'imitation de ce Grand Homme , unAcadé- micien d'autant plus genéreux qu'il neveutpoint ſe faire con- noiſtre , a fourny juſqu'icy la mefme fomme pour le Prix des Vers.. Meffieurs de l'Académic
enchoiſiſſent le Sujet,auffi-bien
136 LE MERCVRE que de la Profe. Ils en avertif fent le Publicunan auparavant par quelques Affiches ; & ceux qui travaillentſur ces matieres,
font obligez d'envoyer leurs Piecesdans le dernier jourd'A-- vril, ſans ſe nommer, afin que n'en connoiſſant point lesAu- teurs , cesMeffieurs les puiſſent examiner ſans aucune préoccu- pation qui les faſſe plutoſt pan- cher vers fun que vers l'autre.. Les Prixſe donnent publique+
ment; & comme ils ont choify le Jourde S. Loüis pour en faire la diſtribution , le Roy a com mencé cette année d'en augmenter la folemnité pour eux,
endonnantſes ordres pour leur faire chanter la Meſſe en Mufi-.
que, &prononcer le Panegyri- quede ceGrand Saint..Ainſi la Meffe fut celebrée ce Jour-là
T
GALANT. 137
- pour leur Compagnie par M
l'Abbé du Pont Chapelain du Louvre.M' Oudotqui a faittant d'agreables chofes , y fit admi- rer fonGénie pour la Muſique.
Tout cequi s'y chanta eftoit de luy. M' L'Abbéde S. Martin fit lePanégyrique du Saint,&mar- qua d'une maniere fort ingé nieuſe tout ceque le Roy faifoit pour élever un Corps auffi Il- luſtre que celuy devant lequel il parloit. Il euſt eſté diffici- le de luy choiſirdes Auditeurs qui ſe connuſſent mieux aux belles Choſes; &puis qu'il les satisfit tous,on ne peut douter qu'il ne fuſtdignedes applaudif- ſemens qu'il reçeut. L'apreſdî- née on tint Affemblée publi- que , où se trouverent quantité d'Eveſques &deGensde la pré- miere Qualité. M' l'Abbé Tal
#38 LE MERCVR lemant le jeune , comme Dire- teur de la Compagnie, expli- qua d'abord en peudemots la maniere dont on s'eſtoit fervy pour juger des Pieces qui a- voientmerité le Prix, &les don na à lire àM l'Abbe Regnier. Il commença par celle de Profe,
&perſonne ne s'eſtant preſen- té pour en déclarer l'Autheur,
il leut en ſuite celle de Vers. El
le ſe trouvadigne de l'approba- tionquevous luy avez donnée;
&apres que la lecture en eur eſté faite ,Ml'AbbéTallemant fit connoiſtrequ'on venoitd'ap- prendre qu'elle estoit deM² de La Monnoye Correcteur des Comptes àDijon. Je croy ,Ma- dame , que les Prix n'ont encor eſté donnez que trois fois , &
e'eſt le trofiéme qu'il a déja remporté pourlesVers.. Il feroit
GALANT. 139
1
àſouhaiter pour ceux qui ont entré enconcurrence avec luy,
que Meſſieurs de l'Académie Luydonnaffent la premierePla- ee vacante. Comme la qualité de Juge ne laiſſeroit plus rece-- voir ſes Ouvrages , les autres auroient plus de courage àtravailler. Cesdeux Pieces ayant eſté leuës, Mª Cordemoy qui eft de leur Corps , & Lecteur de
Monseigneur le Dauphin leutdeux autres deProfe 2
CNTHEOUT
fur des
d'un SujetsPreſident diferens.&Elles d'un Avecat
de Soiſſons qu'on ne ma pû nommer , & avoient eſté en voyées par l'Académiede cette meſme Ville , qui doit ce tribut àcelledeParis par une des Loix de ſon Etabliſſement. Ilyen a une autre qui l'oblige àne pren- dre pour fon Protecteur qu'un
1780
140 LE MERCVRE
보
des Quarante qui compoſent l'Academie Françoiſe , &c'eſt ce qui luy a fait choifir Mon- ſieur le Cardinal d'Eſtrées qui en eſt. Ces Lectures furent fuivies d'un panegyrique du Roy que fit Me l'Abbé Tallemant,
en décrivant toute la Campa- gne. Il parla avec une liberté qui faiſoit voir qu'il eſtoit mai- ſtre de ſes penſées , &qu'il ne cherchoit point ce qu'il diſoit Il s'exprima par des termes fi choiſis , & tout ce qu'ildit fur prononcé avec tant de grace,
qu'il auroir pu faire valoir des choſes médiocres ; mais outre qu'on n'en peut dire ſur unefi éclatante matiere , jamais iln'y eut Difcours ſi éloquent. Les grandes Actions duRoy furent peintesavecles plus vives cou leurs. Tout estoit également
GALANT. 141
11
1
1
fort, rien d'ennuyeux , rien de languiſſant. La joye eſtoit mar- quée ſur le viſage de ſes Audi- teurs ; &il eut cellede ſe voir obligé plus d'une fois de s'in terrompre luy meſme pour laif- fer finir les applaudiſſemens qu'il recevoit. Enfin , Madame,
fi le Royne ſe rendoit tous les jours loiable par uue infinité d'endroits nouveaux qui fur- prennent autant qu'ils donnent fujet de l'admirer , je ne croy pas que perſonne oſaſt entre- prendre de le loüer apres M
IAbbéTallemant. Aufſi, quand il eut finy , il eut beau deman- der, comme on fait ordinairement, ſi quelqu'un des Acadé- miciens n'avoit rien àlire , chacun ſe leva , &dit tout haut,
qu'apres ce qu'on venoit d'en- tendre ,onnepourroit plus rien
142 LE MERCVRE trouver de beau ,&qu'il en falloit demeurer là. J'ay bien de la joye ,Mada- me, devoir par vos Remarques ſurl'Ouvrage de M'dela Mon- noye , que vous eſtes tombée dans mes ſentimens. Tous les
endroits que vous loüez m'a- voientextrémementplû, &j'ay trouvé comme vous ſa Poëfic
toute riante. Il eſt vray que la matiere en eſtoitbienfavorable,
&que l'Education deMonſei- gneur le Dauphin qu'on avoit choifie cette année pour Sujer de laPiece de Vers, offroit de grandes idées àl'Eſprit. Que ce jeunePrince ena ! &qu'il eſtoit difficile que la Nature aidée du fecours des plus habiles Maiſtres que laFranceluyaitpûdonner,
nefiſtpas enluyundeſesChef- d'œuvres les plus accomplis !
GALANT. 143 Ce n'eſt point aſſez de dire qu'il n'ignore rien , on peut adjoûter fans flaterie qu'il excelle dans tout ce qu'il ſçait. Il a une ſi par- faite connoiſſance des Fables,
que dés ſes premieres années il ne voyoit point de Tapifferie qui en repreſentaft quelqu'une,
qu'il ne l'expliquaſt auſſi -toſt. Il ſçait tres-bien les Matemati- ques, il deffigne & grave admi- rablement , & on fut furpris un jour qu'eſtant entré chez M Sylveftre , en paſſant par les Galleries du Louvre , il prit un Burin , & grava fur le champ un Païfage qui me- ritoit toutes les loüanges qu'il reçeut. Il a gravé le Chaſtean deS. Germain , dont ayantdon- né une Eſtampe à Monfieur de S.Aignan, ce Duc à qui la vi- vacité d'Eſprit n'a jamais man
144 LE MERCVRE que,fit cet Inpromptu pour luy rendre graces d'un fi agreable Préfent.
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Résumé : Tout ce qui s'est passé dans l'Academie Françoise le jour de la Distribution des Prix, avec plusieurs particulartiez qui regardent l'Education de Monseigneur le Dauphin, & les grandes qualitez de ce Prince. [titre d'après la table]
Le texte décrit la remise des prix de l'Académie Française, qui récompense des œuvres littéraires en prose et en vers. Les prix se composent de deux médailles d'or et de trente pistoles, et sont remis lors d'une cérémonie solennelle le jour de la Saint-Louis. Le prix de prose, fondé par le défunt Monsieur de Balzac, est attribué tous les deux ans en raison des intérêts insuffisants générés par le fonds. Un académicien anonyme complète la somme nécessaire pour le prix de poésie. Les sujets des concours sont choisis par les académiciens et annoncés au public. Les œuvres doivent être soumises anonymement avant le dernier jour d'avril. La cérémonie de remise des prix inclut une messe en musique et un panégyrique du roi. En 1680, la messe a été célébrée par l'abbé du Pont, et la musique a été composée par Monsieur Oudot. L'abbé de Saint-Martin a prononcé le panégyrique, suivi d'une assemblée publique où les prix ont été annoncés. Les prix ont été décernés trois fois jusqu'alors. Monsieur de La Monnoye a remporté le prix de poésie pour la troisième fois consécutive. D'autres œuvres en prose ont été lues, dont celles de Monsieur Cordemoy et d'un avocat de Soissons. L'Académie de Soissons envoie des œuvres à l'Académie Française en vertu de ses lois d'établissement. L'abbé Tallemant a également prononcé un panégyrique du roi, décrivant ses actions militaires avec éloquence et liberté. Le texte se termine par des éloges sur l'éducation et les talents du Dauphin, soulignant ses compétences en fables, mathématiques, dessin et gravure.
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14
p. 191-198
M. l'Abbé de Boistel soûtient des Theses de Philosophie dediées à M. le Marquis de Louvoys, où plusieurs Dames se trouverent. [titre d'après la table]
Début :
Cependant apres vous avoir entretenuë de la grande Assemblée qui [...]
Mots clefs :
Thèses de philosophie, Abbé de Boistel, Soutenance, Gloire
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texteReconnaissance textuelle : M. l'Abbé de Boistel soûtient des Theses de Philosophie dediées à M. le Marquis de Louvoys, où plusieurs Dames se trouverent. [titre d'après la table]
Cependant apres vous avoir entretenuë de la grande Affem- blée qui s'eſt faite à Pezenas,je ne puis m'empefcher de vous dire quelque choſe de celle qui ſe fit icydernierement au Col- legeduPleſſis , où M. l'Abbé de Boiſtel foûtint des Theſes de
Philoſophie dédiées à M.le mar- quis de Louvois , qui honora l'Acte deſa prefence.Un nom- bre infiny de Gens de la pre- miere qualitéyaffiſta , quelques Dames meſme s'y trouverent, &
la capacité du Soûtenant y pa- rut avec éclat. Il eſt Fils deM.
leBoiftel, fr connu parl'impor- tant Employ qu'il exerce ſous ce miniſtre,mais plus encorpour eſtre un des plus obligeans &
Fiiij
128 LE MERCVRE
des plus honneſtes Hommes de France. Je ſoay que la matiere des Theſes eſt peu galante , &
que ce n'eſt pas un Article qui doive eſtre employé ſouvent dans mes Lettres ; mais quand les choſes ordinaires , & dontje n'ay pas accouſtumé de vous parler , font accompagnées de circonſtances extraordinaires ,
ellesmeritent bien que vous les ſçachiez. Ce qu'il y eutde nou- veaudas cet Acte ſouſtenu, c'eſt qu'ondonna en François à tou- tes les Dames le Compliment Latin quieſt au defſousduPor- trait de M. de Louvois , fans ce- la elles auroient eſté privées du plaifir que leur cauſal'Eloge de ceGrandMiniſtre. Je vous ay parlé de luy dans toutes mes Lettres,quoyque je ne l'aye pas toûjours nommé, il y'a fi peude
GALANT. 129
perſonnes qui luy reſſemblent ,
qu'ils ne vous a pas dû eſtre difficilede le reconnoiſtre.Apres les glorieuſes veritez que je vous en ay dites , il eſt bon que vous les entendiez d'une autre
bouche, & que je vous expli- que au moins en peu de mots le fujet du Compliment de M
F'Abbé le Boiſtel. Il commence parl'élevation de M. le Tellier à la Charge de Chancelier de France , qu'il regarde comme une preuve éclatante que le Roy a voulu donner à toute l'Europe de l'amour qu'il a pour ſes Peuples, il vient de la au me- rite de M' le Marquis de Lou- vois , que des travaux ſans rela- che ont entierement devoüé à
la gloire de ſon Maiſtre. II dit
quejamais Prince n'ayant cou- ru à l'immortalité à fi grands
Fv
130 LE MERCVRE pas, jamais Miniſtre n'avoit ſi promptement applany les diffi- cultez qui auroient pû l'arre- fter; Qu'il venoit plûtoſt àbout luy feulde fournir aux beſoins de quatre Armées , que plu- fieurs enſemble ne fourniſſoient
autrefois aux neceffitez d'une
feule ; que quelques deſſeins qu'on eut formez , les choſes ſe trouvoient toûjours executées avant qu'on eut ſçeu qu'elles le devoient entreprendre ; Que par les foins qu'il prenoit à
maintenir la Diſcipline Militai- re dans toute ſon exactitude,le
paffage des gens de guerre ne Tembloit eſtre par tout que ce- luy d'une Colonie d'Amis ; &
que le ſomptueux Baſtiment des Invalides , rendroit un eternell témoignage de ſa bonté pourles Soldats auſquels il avoit procu
GALAN T. 131 ré un azile glorieux, pour le re- ſte de leurs jours,quand l'âge ou les bleſſeures les rendoient incapables de continuer leurs fervices.
Philoſophie dédiées à M.le mar- quis de Louvois , qui honora l'Acte deſa prefence.Un nom- bre infiny de Gens de la pre- miere qualitéyaffiſta , quelques Dames meſme s'y trouverent, &
la capacité du Soûtenant y pa- rut avec éclat. Il eſt Fils deM.
leBoiftel, fr connu parl'impor- tant Employ qu'il exerce ſous ce miniſtre,mais plus encorpour eſtre un des plus obligeans &
Fiiij
128 LE MERCVRE
des plus honneſtes Hommes de France. Je ſoay que la matiere des Theſes eſt peu galante , &
que ce n'eſt pas un Article qui doive eſtre employé ſouvent dans mes Lettres ; mais quand les choſes ordinaires , & dontje n'ay pas accouſtumé de vous parler , font accompagnées de circonſtances extraordinaires ,
ellesmeritent bien que vous les ſçachiez. Ce qu'il y eutde nou- veaudas cet Acte ſouſtenu, c'eſt qu'ondonna en François à tou- tes les Dames le Compliment Latin quieſt au defſousduPor- trait de M. de Louvois , fans ce- la elles auroient eſté privées du plaifir que leur cauſal'Eloge de ceGrandMiniſtre. Je vous ay parlé de luy dans toutes mes Lettres,quoyque je ne l'aye pas toûjours nommé, il y'a fi peude
GALANT. 129
perſonnes qui luy reſſemblent ,
qu'ils ne vous a pas dû eſtre difficilede le reconnoiſtre.Apres les glorieuſes veritez que je vous en ay dites , il eſt bon que vous les entendiez d'une autre
bouche, & que je vous expli- que au moins en peu de mots le fujet du Compliment de M
F'Abbé le Boiſtel. Il commence parl'élevation de M. le Tellier à la Charge de Chancelier de France , qu'il regarde comme une preuve éclatante que le Roy a voulu donner à toute l'Europe de l'amour qu'il a pour ſes Peuples, il vient de la au me- rite de M' le Marquis de Lou- vois , que des travaux ſans rela- che ont entierement devoüé à
la gloire de ſon Maiſtre. II dit
quejamais Prince n'ayant cou- ru à l'immortalité à fi grands
Fv
130 LE MERCVRE pas, jamais Miniſtre n'avoit ſi promptement applany les diffi- cultez qui auroient pû l'arre- fter; Qu'il venoit plûtoſt àbout luy feulde fournir aux beſoins de quatre Armées , que plu- fieurs enſemble ne fourniſſoient
autrefois aux neceffitez d'une
feule ; que quelques deſſeins qu'on eut formez , les choſes ſe trouvoient toûjours executées avant qu'on eut ſçeu qu'elles le devoient entreprendre ; Que par les foins qu'il prenoit à
maintenir la Diſcipline Militai- re dans toute ſon exactitude,le
paffage des gens de guerre ne Tembloit eſtre par tout que ce- luy d'une Colonie d'Amis ; &
que le ſomptueux Baſtiment des Invalides , rendroit un eternell témoignage de ſa bonté pourles Soldats auſquels il avoit procu
GALAN T. 131 ré un azile glorieux, pour le re- ſte de leurs jours,quand l'âge ou les bleſſeures les rendoient incapables de continuer leurs fervices.
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Résumé : M. l'Abbé de Boistel soûtient des Theses de Philosophie dediées à M. le Marquis de Louvoys, où plusieurs Dames se trouverent. [titre d'après la table]
Le texte relate une cérémonie académique au Collège du Plessis, où l'abbé de Boistel a soutenu des thèses de philosophie en l'honneur du marquis de Louvois. L'événement a rassemblé une foule nombreuse, incluant des personnalités de haut rang et quelques dames. Boistel a été particulièrement remarqué pour son importance et son honnêteté. Bien que les thèses ne soient pas galantes, les circonstances exceptionnelles de l'événement méritaient d'être rapportées. Une innovation notable a été l'interprétation en français des compliments latins adressés aux dames, afin qu'elles puissent comprendre les éloges du ministre Louvois. Le texte met en avant les mérites de Louvois, soulignant son dévouement à la gloire de son maître, sa gestion efficace des besoins militaires et sa bonté envers les soldats, illustrée par la création des Invalides.
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15
p. 22-34
EPITRE CHAGRINE DE MADAME DES HOULIERES A MADEMOISELLE ***
Début :
Les disputes où le brillant de l'esprit se fait paroistre, / Quel espoir vous séduit ? Quelle gloire vous tente ? [...]
Mots clefs :
Bel esprit, Ouvrages, Cabinet, Lire, Auteur, Pièce, Renommée, Cour, Science, Savoir
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texteReconnaissance textuelle : EPITRE CHAGRINE DE MADAME DES HOULIERES A MADEMOISELLE ***
t qu'ils eftoient du bon
Party.
Les difputes où le brillant
de l'efprit fe fait paroiftre,
font toûjours fort agreables;
cepédant fi nous en croyons
une Illuftre de vostre fexe,
il n'y a rien qui foit plus à
craindre , que de s'acquérir
le nom de bel Efprit. Madame des Houlieres , dont
tous les Ouvrages font fi
eftimez , a traité cette matiere avec un agrément qui
vous charmera. C'eft affez
GALANT 23
que de vous l'avoir nommée,
pour vous faire attendre de
la lecture de ce dernier, tout
le plaifir que vous ont donné
les autres.
25522-52S2S32 23SS
EPITRE CHAGRINE
DE MADAME DES HOULIERES
AMADEMOISELLE ***
Velefpoir vous feduit? Quelle
Ordegloire voustente?
Quelcaprice! àquoypensez vous?
Voulez- vous devenirfçavante?
Hélas ! dubel Efpritfçavez vous les
dégoufts?
Cenomjadisfibeau,firevcréde tous,
24 MERCURE
N'a plus rien, aimable Amarante,
Ny d'honorable ny de doux.
22.
Si-toftqueparla voix commune
De ce titre odieux onſetrouve charge,
De toutes les vertus n'en manquaft- il
pas-une,
Suffit qu'en bel Esprit on vous ait:
érigé,
Pour ne pouvoirprétendre à la moindre Fortune.
$2
Jefeay bien quele Ciel afçû vous departir
Cequifoûtient l'éclat d'uneilluftre
naiſſance,
Quefans espoirde récompenſe
Vous ne travaillerez quepourvous
divertir.
C'est un malheurde moins, mais il en
eftiani d'autres,
Dont
GALANT 25
Donton nepeutfe garantir,
Queje vous verrayrepentir
D'avoirmoins écouté mes raisons que
les veftres.
S&
Pourrez- vous toûjours voir voſtre
Cabinetplein
Etde Pédans & de Poëtes,
Qui vousfatigueront avec unfront
ferein
Desfottifes qu'ils aurontfaites?
Pourrez- vousfupporter qu'un Fat de
qualité,
Quifçait à peine lire , &qu'un caprice guide,
De tous vos Ouvrages décide?
Vnefpr t demalignité
Dansle mondea fçûfe répandre.
On achete un bon Livre , afin de s'en
moquer,
Novembre 1684. C
26 MERCURE
C'eft des pluslongs travaux lefruit
qu'ilfautattendre;
Perfonne nelit pour apprendre,
On nelit quepour critiquer.
Vousricz ! vous croyez mafrayeur
chimérique.
L'amourpropre vous dit tout bas
Queje vousfais grand tort, que vous
ne devez pas
Du plus rude Cenfeur redouter la critique.
Eb- bien confiderez que dans chaque
Maifon
Où vous aura conduit un importun
ufage,
Dés qu'un Laquais aura prononcé
voftre nom,
C'eft unbel Efprit, dira- t- on,
Changeons de voix & de langage.
•
GALANT. 27.
$2
Alorsfur unprécieuxton,
Des plus grands mots faiſant un
affemblage,
On ne vous parlera que d'Ouvrages
nouveaux,
On vous demandera ce qu'il faut
qu'on enpenfe,
Enfaceon vous dira que les voftres
font beaux,
Et l'on pouffera l'imprudence
Infques àvouspreffer d'en dire des
morceaux.
S2
Si tout voflre difcours n'eft obfcur,
emphatique,
Onfe dira tout bas , C'eſt- là ce bel
Efprit!
Tout commeune autre elle s'explique,
On entend tout ce qu'elle dit.
Cij
28 MERCURE
Se
Irez- vous voirjouer une Piece nouvelle,
Ilfaudrapourl' Autheur eftre pleine
d'égards;
Il expliquera tout , mines , geftes,
regards;
Etfifa Piéce n'est pas belle,
Il vous imputera tout ce qu'on dira
d'elle,
Et defa colere immortelle
Il vous faudra courir tous les bazards.
Sa
Mais , me répondrez vous , fortez
d'inquiétude,
Neprenez point pour moy d'inu ,
tiles frayeurs;
Je me déroberayfans peine à ces
malheurs,
Enévitant la folle multitude.
GALANT. 29
$2
Ileft vray ; mais commentpourrezvous éviter
Les chagrins qu'à la Cour un bel
Esprit attire?
Vous ne voulez pas la quiters
Cependantl'air qu'on y respire
Eft mortelpourles Gens quife mêlent
d'écrire.
A réver dans un coin onfe trouve
réduit;
Cen'estpointun contepour rire.
Dés que la Renomée aurafemé le bruit
Que vousfçavez toucher la Lyre,
Hommes , Femmes , tout vous
craindra,
Hommes, Femmes,tout vousfuira,
Parce qu'ils nesçauront en mille ans
que vous dire.
C iij
30 MERCURE
$2
Ils ont là- defusdes travers
Quinepeuventfouffrir d'excuses;
Ilspenfent, quandon a commerce avec
les Mufes,
Qu'on nefçaitfaire que des Vers.
$2
Ce que prêtela Fable à lahaute Eloquence,
Ce que l'Hiftoire a consacré,
Ne vautjamais rien à leur grés
Ce qu'onfait plus qu'eux les
offenfe.
S&
On dirait àles voir, de l'airprésomptueux
Dont ils s'empreffent pour entědre
Des Vers qu'on ne lit pointpour
eux,
Qu'à déciderdetout ils ont droit de
prétendre.
GALANT 31
Surce dehors trompeur onne doitpoint
compter;
Bienfouventfans les écouter,
Plusfouventfansyrien coprendre,
On les voit les blâmer, on les voitles
défendre.
Quelquesfauxbrilläs bien placez
Toute la Piéce eft admirable;
Unmotleur déplaift, c'eft affez,
Toute la Piéce eft déteftable.
S&
Dans ladébanche & dans lejeu
nourris,
Onles voit avec m'fme audace
Parler&d'Homere & d'Horace,
Comparerleurs divins Ecrits,
Confondreleurs beautez, leurtour,
leurs caracteres
Siconnus&fidiférens,
Fraiter des Ouvrages fi grands
Debadinages, de chimeres,
Cüiij
32 MERCURE
Et cruels ennemis des Langues Etran
geres,
Eftre orgueilleux d'eftre ignorans.
S2
Quelques Seigneurs reftez d'une
Cour plus galante,
Etmoins dure aux Autheurs
d'aujourd'huy,
que celle
Sontencore, il est vray, legenéreux
appuy
Dela Science étonnée &mourante;
Maispourcombien detemps aurezvousleurfecours?
Hélas !j'enpâlis, j'enfriſſonne.
Les trois fitales Sœurs qui n'épargnentperfonne,
Sontpreftes à couper la trame deleurs
jours.
$2
Queferez- vous alors ? Vous rougirez
fansdoute
GALANT. 33
Detout l'efpritque vous aurcz.
Amarante, vous chanterez,
Sans queperfonne vous écoute.
Plus d'un exemple vous répond
Desmalheurs dont icy je vous ay menacée.
Lefçavoir nuit à tout, la mode en est
paffée;
Oncroit qu'unbel Efprit nefçauroit
eftre bon.
S2
Detant de veritez confervezla mémoire;
Qu'ellesfervent à vaincre un aveugle défir,
Necherchez plus unefrivolegloire
Quicaufe tant depeine, &fipeude
plaifir.
Fe la connois, &vous m'en pouvez
croire.
Jamais dinsHipocréne on nem'auroit
và boires
34 MERCURE
Si le Cielm'custlaiffée enpouvoirde
choifir;
Mais hélas! defonfortperfonnen'est
le Maistre,
Lepanchant denos cœurs est toûjours
violent.
J'ayfçufaire des Vers, avant quede
connoiftre
Les chagrins attachez à ce maudit
talent.
Vous que le Cicl n'a point fait
naiftre
Avecce talent queje hais,
Croyez- en mesconfeils, ne l'acqucrez
jamais.
Party.
Les difputes où le brillant
de l'efprit fe fait paroiftre,
font toûjours fort agreables;
cepédant fi nous en croyons
une Illuftre de vostre fexe,
il n'y a rien qui foit plus à
craindre , que de s'acquérir
le nom de bel Efprit. Madame des Houlieres , dont
tous les Ouvrages font fi
eftimez , a traité cette matiere avec un agrément qui
vous charmera. C'eft affez
GALANT 23
que de vous l'avoir nommée,
pour vous faire attendre de
la lecture de ce dernier, tout
le plaifir que vous ont donné
les autres.
25522-52S2S32 23SS
EPITRE CHAGRINE
DE MADAME DES HOULIERES
AMADEMOISELLE ***
Velefpoir vous feduit? Quelle
Ordegloire voustente?
Quelcaprice! àquoypensez vous?
Voulez- vous devenirfçavante?
Hélas ! dubel Efpritfçavez vous les
dégoufts?
Cenomjadisfibeau,firevcréde tous,
24 MERCURE
N'a plus rien, aimable Amarante,
Ny d'honorable ny de doux.
22.
Si-toftqueparla voix commune
De ce titre odieux onſetrouve charge,
De toutes les vertus n'en manquaft- il
pas-une,
Suffit qu'en bel Esprit on vous ait:
érigé,
Pour ne pouvoirprétendre à la moindre Fortune.
$2
Jefeay bien quele Ciel afçû vous departir
Cequifoûtient l'éclat d'uneilluftre
naiſſance,
Quefans espoirde récompenſe
Vous ne travaillerez quepourvous
divertir.
C'est un malheurde moins, mais il en
eftiani d'autres,
Dont
GALANT 25
Donton nepeutfe garantir,
Queje vous verrayrepentir
D'avoirmoins écouté mes raisons que
les veftres.
S&
Pourrez- vous toûjours voir voſtre
Cabinetplein
Etde Pédans & de Poëtes,
Qui vousfatigueront avec unfront
ferein
Desfottifes qu'ils aurontfaites?
Pourrez- vousfupporter qu'un Fat de
qualité,
Quifçait à peine lire , &qu'un caprice guide,
De tous vos Ouvrages décide?
Vnefpr t demalignité
Dansle mondea fçûfe répandre.
On achete un bon Livre , afin de s'en
moquer,
Novembre 1684. C
26 MERCURE
C'eft des pluslongs travaux lefruit
qu'ilfautattendre;
Perfonne nelit pour apprendre,
On nelit quepour critiquer.
Vousricz ! vous croyez mafrayeur
chimérique.
L'amourpropre vous dit tout bas
Queje vousfais grand tort, que vous
ne devez pas
Du plus rude Cenfeur redouter la critique.
Eb- bien confiderez que dans chaque
Maifon
Où vous aura conduit un importun
ufage,
Dés qu'un Laquais aura prononcé
voftre nom,
C'eft unbel Efprit, dira- t- on,
Changeons de voix & de langage.
•
GALANT. 27.
$2
Alorsfur unprécieuxton,
Des plus grands mots faiſant un
affemblage,
On ne vous parlera que d'Ouvrages
nouveaux,
On vous demandera ce qu'il faut
qu'on enpenfe,
Enfaceon vous dira que les voftres
font beaux,
Et l'on pouffera l'imprudence
Infques àvouspreffer d'en dire des
morceaux.
S2
Si tout voflre difcours n'eft obfcur,
emphatique,
Onfe dira tout bas , C'eſt- là ce bel
Efprit!
Tout commeune autre elle s'explique,
On entend tout ce qu'elle dit.
Cij
28 MERCURE
Se
Irez- vous voirjouer une Piece nouvelle,
Ilfaudrapourl' Autheur eftre pleine
d'égards;
Il expliquera tout , mines , geftes,
regards;
Etfifa Piéce n'est pas belle,
Il vous imputera tout ce qu'on dira
d'elle,
Et defa colere immortelle
Il vous faudra courir tous les bazards.
Sa
Mais , me répondrez vous , fortez
d'inquiétude,
Neprenez point pour moy d'inu ,
tiles frayeurs;
Je me déroberayfans peine à ces
malheurs,
Enévitant la folle multitude.
GALANT. 29
$2
Ileft vray ; mais commentpourrezvous éviter
Les chagrins qu'à la Cour un bel
Esprit attire?
Vous ne voulez pas la quiters
Cependantl'air qu'on y respire
Eft mortelpourles Gens quife mêlent
d'écrire.
A réver dans un coin onfe trouve
réduit;
Cen'estpointun contepour rire.
Dés que la Renomée aurafemé le bruit
Que vousfçavez toucher la Lyre,
Hommes , Femmes , tout vous
craindra,
Hommes, Femmes,tout vousfuira,
Parce qu'ils nesçauront en mille ans
que vous dire.
C iij
30 MERCURE
$2
Ils ont là- defusdes travers
Quinepeuventfouffrir d'excuses;
Ilspenfent, quandon a commerce avec
les Mufes,
Qu'on nefçaitfaire que des Vers.
$2
Ce que prêtela Fable à lahaute Eloquence,
Ce que l'Hiftoire a consacré,
Ne vautjamais rien à leur grés
Ce qu'onfait plus qu'eux les
offenfe.
S&
On dirait àles voir, de l'airprésomptueux
Dont ils s'empreffent pour entědre
Des Vers qu'on ne lit pointpour
eux,
Qu'à déciderdetout ils ont droit de
prétendre.
GALANT 31
Surce dehors trompeur onne doitpoint
compter;
Bienfouventfans les écouter,
Plusfouventfansyrien coprendre,
On les voit les blâmer, on les voitles
défendre.
Quelquesfauxbrilläs bien placez
Toute la Piéce eft admirable;
Unmotleur déplaift, c'eft affez,
Toute la Piéce eft déteftable.
S&
Dans ladébanche & dans lejeu
nourris,
Onles voit avec m'fme audace
Parler&d'Homere & d'Horace,
Comparerleurs divins Ecrits,
Confondreleurs beautez, leurtour,
leurs caracteres
Siconnus&fidiférens,
Fraiter des Ouvrages fi grands
Debadinages, de chimeres,
Cüiij
32 MERCURE
Et cruels ennemis des Langues Etran
geres,
Eftre orgueilleux d'eftre ignorans.
S2
Quelques Seigneurs reftez d'une
Cour plus galante,
Etmoins dure aux Autheurs
d'aujourd'huy,
que celle
Sontencore, il est vray, legenéreux
appuy
Dela Science étonnée &mourante;
Maispourcombien detemps aurezvousleurfecours?
Hélas !j'enpâlis, j'enfriſſonne.
Les trois fitales Sœurs qui n'épargnentperfonne,
Sontpreftes à couper la trame deleurs
jours.
$2
Queferez- vous alors ? Vous rougirez
fansdoute
GALANT. 33
Detout l'efpritque vous aurcz.
Amarante, vous chanterez,
Sans queperfonne vous écoute.
Plus d'un exemple vous répond
Desmalheurs dont icy je vous ay menacée.
Lefçavoir nuit à tout, la mode en est
paffée;
Oncroit qu'unbel Efprit nefçauroit
eftre bon.
S2
Detant de veritez confervezla mémoire;
Qu'ellesfervent à vaincre un aveugle défir,
Necherchez plus unefrivolegloire
Quicaufe tant depeine, &fipeude
plaifir.
Fe la connois, &vous m'en pouvez
croire.
Jamais dinsHipocréne on nem'auroit
và boires
34 MERCURE
Si le Cielm'custlaiffée enpouvoirde
choifir;
Mais hélas! defonfortperfonnen'est
le Maistre,
Lepanchant denos cœurs est toûjours
violent.
J'ayfçufaire des Vers, avant quede
connoiftre
Les chagrins attachez à ce maudit
talent.
Vous que le Cicl n'a point fait
naiftre
Avecce talent queje hais,
Croyez- en mesconfeils, ne l'acqucrez
jamais.
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Résumé : EPITRE CHAGRINE DE MADAME DES HOULIERES A MADEMOISELLE ***
Le texte aborde les dangers et les inconvénients liés à l'obtention du titre de 'bel esprit'. Madame des Houlières, dont les œuvres sont très appréciées, met en garde contre les disputes où l'esprit peut briller, mais qui peuvent s'avérer redoutables. Être considéré comme un bel esprit peut entraîner des critiques et des malheurs. Les personnes ainsi étiquetées sont souvent perçues comme manquant de vertus et ne peuvent prétendre à aucune fortune. Le texte décrit les désagréments de la vie d'un bel esprit, notamment les critiques constantes, les pédants et les poètes qui les fatiguent, et les décisions arbitraires des ignorants sur leurs œuvres. Il souligne également les difficultés rencontrées à la cour et les travers des gens qui se mêlent d'écrire. Madame des Houlières conseille de ne pas chercher cette gloire frivole, car elle cause beaucoup de peine et peu de plaisir. Elle regrette d'avoir elle-même acquis ce talent et met en garde contre les chagrins qu'il engendre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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16
p. 77-85
Ils vont chez M. de Montarsis voir ses Pierreries, ses Médailles, & ses Tableaux, [titre d'après la table]
Début :
Le lendemain ils allerent voir quantité de pierreries chez Mr [...]
Mots clefs :
Monsieur de Montarcis, Voir, Pierreries, Roi, Europe, Ambassadeur, Cabinet, Médailles, Tableaux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ils vont chez M. de Montarsis voir ses Pierreries, ses Médailles, & ses Tableaux, [titre d'après la table]
Le lendemain ils allerent
voir quantité de pierreries
chez
des Amb. de Siam. 73
oeuvre celchez
Monfieur de Montarfis
qui en a toujours des plus
belles de l'Europe , & qui
( ayant Thonneur d'eſtre au
Roy , en fournit ſouvent à Sa
Majesté , & fait mettre en
preſque toutes
Iles de la Couronne. Ils en
virét pour quelques millions,
a les examinerent toutes & en
demanderent le prix& comme
il y a desrubis de diver-
( ſes ſortes de couleurs , le Premier
Ambaſſadeur voulut
ſçavoir la diference qu'on
fait entre chaque couleur , &
et ceux que l'on eftime le plus.
Il apprit à quels ufages la
chi G
74 Suite du Voyage
&
pluſpart des pierreries qu'il
vit eſtoient deſtinées
marqua à quels endroits ſe
mettoient les pieces des dif
ferentes fortes de parures
qu'on luy montra. Ayant
aperçeu un Portrait du Roy
en miniature , & entouré de
pierreries , il le prit à diverſes
fois , dit qu'il eſtoit extrême
ment reſſemblant , & s'atacha
tellement à le confiderer , que
fon attention ceſſa pour les
pierreries qu'il examinoit auparavant
avec un ſoin ſi curieux.
Apres que Mr de Montarfis
leur cut fait voir la plus
des Amb. de Siam .
75
grande partie des pierreries
qui estoient alors chez luy
il leur montra fon cabinet de
Medailles , conſiſtant en plus
de quarante tiroirs , quicomprennent
la France , L'Eſpagne
, L'Allemagne , l'Italie,
l'Angleterre , la Pologne ,
la Suede , la Hollande , &
celles de pluſieurs autres Nations.
Il leur en expliqua
un fort grand nombre , &
fit voir dans toutes ces explications
beaucoup de prefence
d'eſprit , de memoire &
d'érudition , avec une grande
connoiſſance de l'Hiſtoi
re generale , ſans quoy il
Gij
76 Suite duVoyage
n'auroit pu répondre à diverſes
queſtions du Premier
Ambaſſadeur , qui eſt l'homme
du monde qui en faitle
plus , & de plusjuſtes. Me de
Montarſis luy expliqua tour
aulong une Medaille dont
le revers eſtoit tout remply
d'une fort longue infcription
, qui n'eſtoit pas avantageuſe
à la pluſpart des Souverains
de l'Europe. Ie ne
vous dis point le nom qu'on
donne à cette Medaille , ny
le Païs d'où elle venoit , il
ne faut point renouveller les
douleurs de ceux qui ſe font
repentis plus d'une fois de
des Amb: de siam. ブブ
1
l'avoir inventée & fait fraper.
On en fit l'hiſtoire à l'Ambafladeur
, & on luy dit que
cette medaille avoit eſté em
partie cauſe de la Guerre qui
s'eſtoit allumée en Europe
en 1672. Il la confidera attentivement
, mais avec un
air plein d'indignation , &
aprés l'avoir bien examinée ,
il la mit ſur la table , & la
pouſſa enſuite d'une maniere
mépriſante pour l'éloigner
de luy , ce qui merite d'eſtre
remarqué , puiſque l'on n'a
peut- eſtre jamais plus dit de
choſes ſans parler. On luy
montra pluſieurs Medailles
Giij
78 Suite du Voyage
f
du Roy , & aprés avoir regardé
la beauté de l'ouvrage,
& la reffemblance , il dit Que
L'imagination qu'on avoit euë de
faire des Medailles pour immortaliser
les hommes eftoit merveilleuse,
mais qu'elle estoit. inutile
pour le Roy , dont les grandes
actions feroient éternellement vi-
Fure la memoire, ſans que laposte.
vité euſt beſoin de pareils fecours
pour l'en faire souvenir. Aprés
avoir remercié Mª de Montarſis
de la peine qu'il s'eſtoit
donnée nonſeulement de luy
faire voir tant de belles choſes
, mais encore de les luy avoir
expliquées ſi nettement ,
des Amb. de Siam. 79
&de luy en avoir apris de ſi
curleuſes , il examina tous les
Tableaux de ſon cabinet les
uns aprés les autres , & fe fit
expliquer ce qu'ils reprefentoient.
Ces Tableaux donne
rent lieu à Mode Montarlis
de luy apprendre l'Hiftoire
de Christophe Colomb. La
curiofité de cet Ambaſſadeur
le porta juſques à vouloir ſçavoir
les noms , & le païs des
Peintres qui avoient fait de
fi beaux ouvrages , car il ſeeroit
difficile d'en trouver
beaucoup de plus beaux qu'il
y en a dans ce cabinet. Ce
fut ce qui l'engagea à voir le
Giiij
80 Suite du Voyage
reſte de l'apartement , où il
trouva une Pendulſe qui va
trois mois ſans eſtre montée.
Il fit enſuite civilité à
Madame de Montarfis , &
remercia encore Mr de Montarſis
à la portiere de fon
Caroſſe où il le reconduifit.
Comme les Ambaſſadeurs
n'avoient pû voir ny le Cha-
Iteau ny les Jardins de Ver-
Tailles le jour qu'ils eurent
Audience de Sa. Majesté , ils
partirent le lendemain pour
aller paffer quelques jours à
Clagny , qu'on leur avoit fait
meubler.
voir quantité de pierreries
chez
des Amb. de Siam. 73
oeuvre celchez
Monfieur de Montarfis
qui en a toujours des plus
belles de l'Europe , & qui
( ayant Thonneur d'eſtre au
Roy , en fournit ſouvent à Sa
Majesté , & fait mettre en
preſque toutes
Iles de la Couronne. Ils en
virét pour quelques millions,
a les examinerent toutes & en
demanderent le prix& comme
il y a desrubis de diver-
( ſes ſortes de couleurs , le Premier
Ambaſſadeur voulut
ſçavoir la diference qu'on
fait entre chaque couleur , &
et ceux que l'on eftime le plus.
Il apprit à quels ufages la
chi G
74 Suite du Voyage
&
pluſpart des pierreries qu'il
vit eſtoient deſtinées
marqua à quels endroits ſe
mettoient les pieces des dif
ferentes fortes de parures
qu'on luy montra. Ayant
aperçeu un Portrait du Roy
en miniature , & entouré de
pierreries , il le prit à diverſes
fois , dit qu'il eſtoit extrême
ment reſſemblant , & s'atacha
tellement à le confiderer , que
fon attention ceſſa pour les
pierreries qu'il examinoit auparavant
avec un ſoin ſi curieux.
Apres que Mr de Montarfis
leur cut fait voir la plus
des Amb. de Siam .
75
grande partie des pierreries
qui estoient alors chez luy
il leur montra fon cabinet de
Medailles , conſiſtant en plus
de quarante tiroirs , quicomprennent
la France , L'Eſpagne
, L'Allemagne , l'Italie,
l'Angleterre , la Pologne ,
la Suede , la Hollande , &
celles de pluſieurs autres Nations.
Il leur en expliqua
un fort grand nombre , &
fit voir dans toutes ces explications
beaucoup de prefence
d'eſprit , de memoire &
d'érudition , avec une grande
connoiſſance de l'Hiſtoi
re generale , ſans quoy il
Gij
76 Suite duVoyage
n'auroit pu répondre à diverſes
queſtions du Premier
Ambaſſadeur , qui eſt l'homme
du monde qui en faitle
plus , & de plusjuſtes. Me de
Montarſis luy expliqua tour
aulong une Medaille dont
le revers eſtoit tout remply
d'une fort longue infcription
, qui n'eſtoit pas avantageuſe
à la pluſpart des Souverains
de l'Europe. Ie ne
vous dis point le nom qu'on
donne à cette Medaille , ny
le Païs d'où elle venoit , il
ne faut point renouveller les
douleurs de ceux qui ſe font
repentis plus d'une fois de
des Amb: de siam. ブブ
1
l'avoir inventée & fait fraper.
On en fit l'hiſtoire à l'Ambafladeur
, & on luy dit que
cette medaille avoit eſté em
partie cauſe de la Guerre qui
s'eſtoit allumée en Europe
en 1672. Il la confidera attentivement
, mais avec un
air plein d'indignation , &
aprés l'avoir bien examinée ,
il la mit ſur la table , & la
pouſſa enſuite d'une maniere
mépriſante pour l'éloigner
de luy , ce qui merite d'eſtre
remarqué , puiſque l'on n'a
peut- eſtre jamais plus dit de
choſes ſans parler. On luy
montra pluſieurs Medailles
Giij
78 Suite du Voyage
f
du Roy , & aprés avoir regardé
la beauté de l'ouvrage,
& la reffemblance , il dit Que
L'imagination qu'on avoit euë de
faire des Medailles pour immortaliser
les hommes eftoit merveilleuse,
mais qu'elle estoit. inutile
pour le Roy , dont les grandes
actions feroient éternellement vi-
Fure la memoire, ſans que laposte.
vité euſt beſoin de pareils fecours
pour l'en faire souvenir. Aprés
avoir remercié Mª de Montarſis
de la peine qu'il s'eſtoit
donnée nonſeulement de luy
faire voir tant de belles choſes
, mais encore de les luy avoir
expliquées ſi nettement ,
des Amb. de Siam. 79
&de luy en avoir apris de ſi
curleuſes , il examina tous les
Tableaux de ſon cabinet les
uns aprés les autres , & fe fit
expliquer ce qu'ils reprefentoient.
Ces Tableaux donne
rent lieu à Mode Montarlis
de luy apprendre l'Hiftoire
de Christophe Colomb. La
curiofité de cet Ambaſſadeur
le porta juſques à vouloir ſçavoir
les noms , & le païs des
Peintres qui avoient fait de
fi beaux ouvrages , car il ſeeroit
difficile d'en trouver
beaucoup de plus beaux qu'il
y en a dans ce cabinet. Ce
fut ce qui l'engagea à voir le
Giiij
80 Suite du Voyage
reſte de l'apartement , où il
trouva une Pendulſe qui va
trois mois ſans eſtre montée.
Il fit enſuite civilité à
Madame de Montarfis , &
remercia encore Mr de Montarſis
à la portiere de fon
Caroſſe où il le reconduifit.
Comme les Ambaſſadeurs
n'avoient pû voir ny le Cha-
Iteau ny les Jardins de Ver-
Tailles le jour qu'ils eurent
Audience de Sa. Majesté , ils
partirent le lendemain pour
aller paffer quelques jours à
Clagny , qu'on leur avoit fait
meubler.
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Résumé : Ils vont chez M. de Montarsis voir ses Pierreries, ses Médailles, & ses Tableaux, [titre d'après la table]
Le lendemain, les ambassadeurs de Siam visitèrent des pierreries chez des ambassadeurs de Siam et chez Monsieur de Montarsis, connu pour posséder les plus belles pierres d'Europe et pour en fournir souvent au roi. Les ambassadeurs examinèrent les pierreries, s'intéressant particulièrement aux rubis et à leurs usages. Ils remarquèrent un portrait du roi en miniature entouré de pierreries, que le Premier Ambassadeur trouva extrêmement ressemblant. Après cette visite, Monsieur de Montarsis leur montra son cabinet de médailles, comprenant plus de quarante tiroirs avec des médailles de diverses nations. Il expliqua un grand nombre de médailles, démontrant une grande érudition et connaissance de l'histoire générale. Une médaille en particulier, dont l'inscription n'était pas avantageuse pour certains souverains européens, suscita l'indignation du Premier Ambassadeur. Ils examinèrent également plusieurs médailles du roi, et le Premier Ambassadeur exprima son admiration pour les grandes actions du roi, estimant que les médailles étaient inutiles pour immortaliser sa mémoire. Après avoir remercié Monsieur de Montarsis, ils examinèrent les tableaux de son cabinet, apprenant l'histoire de Christophe Colomb et s'intéressant aux peintres. Ils visitèrent ensuite le reste de l'appartement, où ils trouvèrent une pendule fonctionnant trois mois sans être remontée. Ils firent ensuite civilité à Madame de Montarsis et partirent pour Clagny, où ils passèrent quelques jours, n'ayant pas pu visiter le château et les jardins de Versailles lors de leur audience avec le roi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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17
p. 270-303
Tout ce qui s'est passé à l'Academie Françoise le jour de Saint Loüis. [titre d'après la table]
Début :
Le 25. du mois passé, l'Academie Françoise solemnisa à son [...]
Mots clefs :
Académie française, Place, Messe, Cardinal Richelieu, Assemblée, Duc de S. Aignan, Abbé de Choisy, Louis, Prix d'éloquence et de poésie, Fontenelle, Discours, M. Perrault
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Tout ce qui s'est passé à l'Academie Françoise le jour de Saint Loüis. [titre d'après la table]
Le 25. du mois passé, l'Academie Françoisesolemnisa
à son ordinaire la Feste de S.
Loüis Roy de France, dans la
Chapelle du Louvre. Mr l'Abbé de la Vau
,
l'un desquarante Academiciens, celebra
la Messe, pendant laquelle il
y eut une excellente Musique. Elle estoit dela composition de MrOudot qui fit
paroistre son habileté ce jourlà plus que jamais. Ensuite
Mr l'Abbé Courcier, Theolop-al de l'Eol
i
f
e
de Paris? prononça le Panegyriqne de S.
Loüis avec un succés qui
*
luy attira beaucoup de loüanges. Il remplit tout ce qu'on
pouvoit attendre d'un homme veritablement éloquent,
& lesrapports qu'il trouva des
achons de ce S. Roy à celles
deLOUIS LE GRAND,furent traitez avec tant d'esprit
& tant de delicatesse, qu'il n'y
eut personne qui n'en fust
charmé.L'Assemblée estoit
nombreuse mais en mesme
temps de gens choisis. Elle
ne le fut pas moins l'apresdinée dans la Seance publique
que tinrent Mrs de l'Académie, pour recevoir Mrl'Abbé deChoisy en la place de
Mr le Duc de Saint Aignan.
Vous connoissez son mérite,
& la Relation que je vous ay
envoyée de l'Ambassade de
MrleChevalier de Chaumont à Siam, vous a
fait voir,
combien Sa Majesté l'avoir
jugé propre aux négociations
qu'on avoit a y
traiter. Il
commença son remerciment
endisant
? que si les loix de
l'Academie le pouvoientper-
mettre, il garderoit le silence,
& ne songeroit qu'à se taire
jusqu'à ce que M" de l'Académie luy eussentappris à
bien parler. Il s'étendit enfuite sur les louanges de cette
sçavante Compagnie
,
dans
laquelle les premiers hommes de
l'Estatsedépoüillentde tout le
faste de la grandeur>(;) ne cherchent de distinction que par la
sublimité du genie é par la
profonde capacité, & dit agréablement, qu'il croyoit'- déja
sentir en luy l'esprit de l'Academie quil'élevoit au dessus de luy-mesme
,
& dont il
reconnnoissoit avoir besoin
pour reparer la perte de l'illustre Duc qu'elle regretoit.
Il prit de là occasion d'en
faire un portraitavantageux,
mais fort ressemblant,& après
avoir dit, que c~Af de
l'Academie
a marquer par des
traits immortels la gloire de ce
vrandHomme, dont la memoire
vivroit à jamais dans leurs Ouvrages
-'
puisque tout ce qui part
de leurs mains se sent du genie
sublime de leur Fondateur; il
ajouta quesil'on a
dit autrefois
que comme Cesar par ses Conquestes avoit augmentél'Empire
.le Rome
>
Ciceron par son e/o-~
quence avoitétendul'esprit des
Romains
5
on pouvoit dire que
le CardinaldeRichelieu seul,
avoit fait en France ce que Cesar £7- Ciceron anvoientfait à
Rome, & que si par les ressorts
d'unepolitiqueadmirable il avoit
reculé
nos Frontieres) il nous avoitélevé, poly
,
& si cela se
pouvoit dire, agrandy l'esprit
par l'établissement de l'Acade.
mie. Il poursuivit l'Eloge de
ce fameux Cardinal, parla de
la perte de M( le Chancelier
Seguier,qui fut après luy le
Protecteur del'Academie ,&
exagera ensuite la gloire dont
elle s'estoit Veuë comblée,
lors que le plus grand des
Rois, daignantagréerlemesme titre, avoit bien voulu
luy faire l'honneur de la recevoir dans son Palais, & de
l'égaler aux premieres Compagnies de son Royaume.
Par là, Messieurs
,
continuat-il, car je ne dois retrancher aucun des termes dont il
se servit en parlant de ce
grand Prince. ) Parlàdans
lesSieclesfuturs, vos noms devenus immortels marcheront à
lasuitedu sien
,
& vous pouue,-,
NOUS répondre avous-mesmes de
l'immortalité que vous sçavez
donnerauxautres. Vous lasçavez donner seurement
,
&vous
ladonnerezà LOUIS.Ilsefait
entre ce Prince & vous un
commerce de gloire, & si
sa protection vous fait tant
d'honneur
,
vous pouve% vous
flater de nestrepas inutiles afk
gloire. Oüy, Messieurs, ce prince
si necessaire à tous; à ses Sujets
qu'il a
rendus lesPeuples les plus
redoutables du monde, & qu'il
va achever de rendre plus
heureux
;
à ses Alliez à qui il
accorde par toutmeprotection si
puisante; àses Ennemis mesmes
dontilfaitle bonheurmalgréeux
enlesforçant à
demeureren paix,
ce Prince, qui à l'exemple de
Dieu dontilestl'image vivante
semblen'avoir besoinque de luymesme, il abesoindevouspour
sa gleire
,
&son nom, toutgrand
quil est
,
auroitpeine à passer
tout entierà la derniere posterite
sans vos Ouvrages. Vous y
travaillez, Messieurs. Déja plus
d'une fois vous l'ave^ montré
auxyeux des hommes également
granddans la Paix & dans la
Guerre. Mais qu'est-ce que la
valeur des plus grands Héros,
comparée à la pieté des verita
bles Chretiens? Il regne ce Roy
glorieux, & toujours attentifà
la reçonnoissance qu'il doit à
celuy dont iltient tout
>
ilsonge
continuellement à faireregner
dansson cœur &danssonRoyaume
,
ce Dieu qui depuis tant d'années répandsursapersonne une
si longue suite de prosperite
N'a-t-ilpasfait taire ces malheureux, qui malgré les lumieres
naturelles de l'ame, affectent
une impietéàlaquelle ilsnesçauroient parvenir? N'a-t-il pas
reprimé cette fureur de blasphême
assèz audacieusepouraller attaquerDieujusque dansson Tros-
m f Ilfaitplus; il s'embrase du
zele de la Maison de Dieu
,
il
n'épargne nysoins ny despense
four augmenter le Royaume du
Seigneur. Son zele traverse les
Mers, (jj* va chercher aux ex-
,tremitez de la Terre
,
desPeuples
ensevelis dans les tenebres de l'Idolatrie. Les premieres diffculte.-<
ne le rebutentpoint; ilsuit avec
constance un dessein
que le Ciel
luy a
inspiré
,
& si nos vœux
font exaucez
,
bien-tostfousses
auspices la foy du njray Dieu
fera triomphante dans les Royaumes de 1'0r1ent. Que diray-je
encore ? Ce Heros Chrestien at-
taque ouvertement ce Party
formidable de l'Heresie
,
qui
avoit fait trembler les Roisses
Predecesseurs.Ilacheve enmoins
d'uneannée, ce
quil/s n>a~
voient osé entreprendre depuis
prés de deux ~fc/,~rle Monstre infernal reduit aux abois
>
rentrepourjamais dans l'abisme,
d'où la malice des Novateurs,
&les mœurs corrompuës de nos
Ayeux l'avoient fait sortir.
Heureuse France,tu neverras plus tes Enfans déchirertes
entrailles.Une mesme Religion
leurfera prendre les mesmes in
teredts j&cejl à Louis -;
Grand que tu es redevable d'un
sigrand bien. Parlonsplusjuste,
c'est à Dieu,& le mesme Djetl
pour asseurernostrebonheur,vient
de nous conserver
ce Prince, &
de le rendre auxprieres ardente s
de toute l'Europe; car, Messieurs,lesfrancois ne font pas
les seuls qui s'interessent à
une
santési précieuse, &si quelques
Princes,jaloux de la gloire du
Roy
,
ont témoigné par de vains
projets de Ligues vouloirprofiter
de l'estatou ils le croyoient
,
leurs
Sujets mesmes
>
& tous les Peuples de l'Europe faisoient des
vœuxsecrets pour
luy
cachant
bien Men
saseulePersonne reside la tranquillitéuniverselleMais ou m'emporte mon
zele?
Apeine placé parmy vous,j'entreprens ce qui feroit trembler les
plus grands Orateurs,& sans
consulter mes forces,j'ose parler
d'un Roy dont il n'estpermis de
parler qu'à ceux3 qui comme
vous, Messieurs, le peuvent
faire d'une manieredigne de luy.
Aprés quelque temps laiïle
aux applaudissemens qui furent donnez à
ce Discours,
Mr deBergeret ,Secretaire du
Cabinet, & premier Commis
deMrdeCroissy,Ministre tk,
Secretaire d'Estat,pritlaparole pour y
répondre, & dit
à M l'Abbé de Choisy
,,
que
l'Academie ne luy pouvoit
donner
une marque plus honorable de l'estime qu'elle
faisoit de luy, qu'en le recevant en la place de Mrle Duc
pe S. Aignan. Dansle Portrait
qu'il fit de ce Duc, il fit voir,
Qu'ilaimoit les belles Lettres de
la mesme passion dont il aimoit
la gloire, & qu'ilavoit pris
tous les soinsnecessaires pour
avoir ce
qu'elles ont de plus utile
&deplusagreable. Il dit qu'il
çflyit bienéloigne de la vaine
erreur de ceux qui s'imaginent
que tout le meriteconsiste dans le
bazard d'estrené d'une ancienne
Maison, & qu'il ne regardoit
l'avantage d'avoirtantd'illustres
Ayeux, que comme une obligation indispensable J,'augmenter
l'éclat de leur nom par un merite
personnel; quese voyantattaché
au service d'un Prince,dont les
vertus beroiques donneront plus
d'employ auxLettres, que n'ont
fait tous les Heros de l'Antiquité,il en avoit pris encore plus
d'affection pourelles
;
qu'il s'estoit acquis une maniere de parler
&d'écrire noble,facile, élegante,
&qu'il avoit fait voir à la
France cette Urbanité Romaine,
qui estoit le caractere des Scipions &des plus illustres Romains. Jepasse beaucoup d'autres louanges qui furent écoutéesavec plaisir
,
& qu'il finit
en disant
>
Quesi M. le Duc de
S.Aignan estoit le Protecteur
d'une celebre Academiepar un
titre particulier
,
on pouvoir
dire encore qu'il l'estoit generalement de tous les
gens de
Lettres par une generosité qui
n'exceptoitpersonne; que lemerite, quelque étranger qu'ilfust,
Çy* de quelque part ~;//7~
Yiir„efloiiseur de trouveren luy
de l'appuy & de la protection;
qu'il recevoit avec des témoin
gnages d'affection tous ceux qui
avoient quelque talent
,
& qu'il
ne leurfaisoitsentirsourang èi;
sa dignité
,
que par les bons offices qu'ilseplaisoità leurrendre
Il parla ensuite de sa mort
chrestienne
,
&, de la confolation qu'il avoit euëen mou- lrant de laïsser après luy un
Fils illustre
,
qui s'estoit toujours dql-ingué' avec honneur &
sans affectation, dans lequel
onavoit toûjours veu decourageavecbeaucoupbeaucoup dedou-
crur, une admirable pureté de
mœurs, une parfaite uniformité
de conduite, de la penetration.
de l'application,de la ruigilancr.)
un cœur confiant pour la vérité
pour la justice, em sur tout
une solide pieté, qui le fait Agir
en secret & aux yeux de Dieu
seul,
comme s'il estoit veu de
tous les hommes. Il ajoûta, que
tantde vertus quiavoientmérité que dans un âge si peu avan~
cé, il eustestéfait Chef du Conseil d s
Finances, jufiifioient
chaque jour un si bon choix,(gjr
fdifoicn^ voir que le Royjufie
dijbenfateurde ses grâces "t'VO::
le don suprême de discernerles
esprits. Aprés cela Mr de Bergeret adressa de nouveau la
paroleàMrl'AbbédeChoi-
\yy&: luy dit, quequelque talent qu'il eust pour l'Eloquence
.J la nouvelle nouvelle obligationqu'il avoit o
bligationqu-'il
a-voit
de consacrerses veilles à lagloire de Louis le Grand, luy seroit
sentir de plus en plus combien il
est difficile de parler dignement
d'unPrince dont la vie est une
suite continuelle de prodiges. Les
Poëtes, poursuivit-il ,se plaignent den'avoir point d'expressionsassez fortes pourrepresenter
lemerveilleuxde sesexploits;
les Historiens au contraire de n'en
avoir point d'assi'{ simples, pour
empescher que tant de merveilles
ne passent pour autant defictions.
Quel art, quelle application,
quelle conduite ne faudra- t-il
point pour conserver la vraysemblance avec la grandeur des
choses qu.i! a
faites?Je
ne parle
point decette valeur étonnante,
qui a
pris comme en courant les
plusfortesVilles du monde, &
devant qui lesArmées les plus
nombreuses ont toujours fuy de
peur de * combattre. Je
ne pense
maintenant qu'à cette glorieuse
paix dont nous joueons., & qui
a tfl; faite dans un temps où l'on
ne voyoit de toutes parts que des
puissancesirritées de nos Viéloires, que des Estats ennemis declarez denosinterests, que des
Princesjaloux de nos avantages,
tous avec des pretentions différentes e- incompatibles. Comment donc parut tout d'un coup
cette Paix si heureuse ? C'est un
miracle de la sagesse de Louis le*
Grand
,
que la Politique neffau..
roit comprendre; & comme luy
seul a
pu la donner à toute 1"Euyope.) luy seul aussi peut la IUJl
conserver.Combien d*a£lion3de
pénétration, de prévoyance pour
faire que tant d'Etats libres, dm
dont les interestssontsi contraires,
demeurent dans les termes
qu'il leur a
prescrits? Il faut
voirégalement
ce qui •riefl plus
&ce quin'est pas encore, comme ce qui est. Il faut avoir un
genied'une force&d'une étenduë extraordinaire
,
que nulle affaire ne change, que nul objet
ne trompe, que nulle difficulté
n'arreste; telenfinqu'estle genie
de Louis le Grand
,
qui est répandu dans toutes les parties de
l'Estat, (fy qui n'yest pointrenfermé,agissant au dehors comme
au dedans avec une forceincon-
cevable. Il est jusque dans les
extrémitez du monde, où l'on a
-veit tant desaintesMissionssoutenues par les secours continuels
de sa puissance & de sa piété.
Il estsurlesFrontières duRoyalime
,
qu'il faitfortifier d'une maniere qui déconcerte ~(7 defj<:entous nos Ennemis. Il efi surles
Ports, ou il fait construire ces
Vaisseaux prodigieuxj qui portent par tout le monde la gloire
du nom François. Il est dans les
calemies de Guerre ~ù de Marine ,où la noble éducation jointe
à la Noblesse du sang,forme des
esprits & des courages également
capables du commandement v
de l'exécution dans les plus grandes entreprises Il est enfin par
tout, quifait que tout est reglé
cemme il doit l'estre.Les Garfiijbns toujours entretenues, les
Magasinstoujours pleins, les
Arsenaux toujours garnis
,
les
Troupes toujoursen baleine, v
aprésles travaux de laGuerre,
maintenant occupées à des Ouvragesmagnifiques, qui font les
fruits de la Paix.C'estainsi
que ce Grand Princeagissanten
mesmetempsde toutes parts,v
faisant des choses qui inspirent
continuellement de la terreur à
Jes Ennemis, de l'amour à Jes
Sujets de l'admiration à tout
le monde
,
il peut malgréleshaines
,
les jalousies, vles défiances, conserver la Paix qu'il a
faite3farce qu'il n'ya pointd'Etat
qui ne voye combien il seroit
dangereux de la vouloir rompre.
Quelques Princes de l'Empire
sembloient en avoir la prnsele)
& commencent à former des
Ligues nouvelles, mais le Roy
toujours également juste vsage,
ne voulant ny surprendre ny
estre surpris
:>
fit dire à l'Empereurj que si dans deux mois du
jourdesa Déclaration il ne rece-
voit de luy des asseurances poJiiives de l'observation de la Treve
,
il prendrait les mesuresqu'il
jugeroit necessaires pour le
bien
deson Efidt. Ses Troupes en même temps volentsur les Frontieres de l'Ailsnugne> (fff l'Empereur luy donne toutes les asseurancesqu'il pourvoit souhaiter.
Ainsil'Europe luy doit une seconde fois le repos & la tranquillité dont elle joüit.D'autre
part l'Espagneavoit fait une
mjujiice à nos
Marchands, (!Ï
les contraignoit de payer une taxeviolente
,
fous pretexte qu
'ils
negocioient dans les Indes contre
les Ordonnances. Le Roy3pour
arrester tout à coup ces commencemens de division
,
a
jugé à propos d'envoyer devant Cadix une
Flote capabledeconquérirtoutes
les Indes. dujfi-tost l'EJpdgne
alarmée, a
proYllÍs de rendre ce
qu'elle avoit pris e~ le Roy qui
s'en est contenté, a paru encore
plusgrand parsa moderationque
parsapuissance; car il est vray
que rienn'est si admirable sur la
Terre, que d'y voir un Prince,
qui pourvant tout ce
qu'il veuty
ne
veüille rien qui ne
soitjuste.
Maisc'est le caractere de Louis
le Grand. C'estlefond de cette
Ame heroiqne
>
où toutes les vertus font pures,sinceres
,
solides,
veritables, cm7ent toutesensemlie3 par une admirable union,
qu'il est non seulement le plus
grand de tous les Rois
,
mais encore
le plusparfait de tous les
Hommes.
Cette réponse fut interrompuëbeaucoup de fois par
des applaudissemens qui firent connoistre combien 1*ACsemblée estoit satisfaite de
l'Eloquence de MrdeBergeret. Il parut par là tres-digne
d'estre à la teile d'une si celebreCompagnie; & tout le
monde convint qu'il ne pouvoit mieux remplir la place
qu'iloccupoit. Mrl'Abbé de
Choisy a
fait connoistre par
un fort bel Ouvrage qu'il a
donné au Public depuissa reception,avec combien de justice il remplit la place qu'on
luy afait ocuper. Cet Ouvrage
est laViede Salomon. Il y
aquelquetemps qu'il fitaussiimprimer celle de David avec une
Paraphrase desPseaumes.Jene
vous dis rien de la beautéde
f- ses Livres. Vous pouvez juger
de quoy il est capable par ce
que vous venez de liredeson
Remerciment à PAcadeniieJ
Ces deuxDiscours ayantesté
prononcez ,
on distribua les
Prix d'Eloquence & dePoësie
& l'on declara que le premieravoir esté remporté par
Mrde Fontenelle,& le second
par Mademoiselle des Houlieres, Fille de l'illustre Ma..
dame desHoulieres,dontvous
avez veu tant de beauxOuvrages. Mrl'Abbé de la 'V'aU1
Secretaire de la Compagnie
en l'absence de Mr l'Abbé
Regnier des Marais, Secretaire perpetuel, leut ces deux
Pieces, dont l'uneestoit sur la
Patience, & l'autre sur l'Eduation de la jeune Noblesse
dans les Compagnies des Genilshommes
3
& dans la Maison de S. Cir, &toutes deux
furent écoutées avec l'artenion qu'elles meritoient. Je
vous en diray davantage une
autre fois. A cette lecture
ucceda celle d'un Discours
qu'avoit apporté M Hebert, le
l'Academie de Soissons,
pour sansfaire * 1à l'obligation
où sont ceux de cette Compagnie
,
suivant les Lettres
Patentes de leur établiffci-nelit,
d'enenvoyeruntous lesans,
en Prose ou en Vers,lejour de
S. Loüis
)
à l'Academie Françoise.On
y remarqua de grandes beautez
,
& M. Hébert
eut place parmy les Académiciens. Le sujet de ce Discours estoit, Que les Peuples
sont toujours heureux,lors qu'ils
sont gouvernez par un Prince,
qui a
dela pieté. Aprés cela,
on leut un Madrigal, à la
gloire de Mademoiselle des
Houliers,sur ce qu'elleavoit
remporté le Prix.M.leClerc
leut aussi quelqnes Ouvrages
dePoësie sur divers fujets>&j
la Scance finit par une
Lettré
en Vers de M. Perrault i,dans
laquelle le Siecle remercioit
le Roy de l'avantage qu'illuy
faisoit remportersur les autres Siec
à son ordinaire la Feste de S.
Loüis Roy de France, dans la
Chapelle du Louvre. Mr l'Abbé de la Vau
,
l'un desquarante Academiciens, celebra
la Messe, pendant laquelle il
y eut une excellente Musique. Elle estoit dela composition de MrOudot qui fit
paroistre son habileté ce jourlà plus que jamais. Ensuite
Mr l'Abbé Courcier, Theolop-al de l'Eol
i
f
e
de Paris? prononça le Panegyriqne de S.
Loüis avec un succés qui
*
luy attira beaucoup de loüanges. Il remplit tout ce qu'on
pouvoit attendre d'un homme veritablement éloquent,
& lesrapports qu'il trouva des
achons de ce S. Roy à celles
deLOUIS LE GRAND,furent traitez avec tant d'esprit
& tant de delicatesse, qu'il n'y
eut personne qui n'en fust
charmé.L'Assemblée estoit
nombreuse mais en mesme
temps de gens choisis. Elle
ne le fut pas moins l'apresdinée dans la Seance publique
que tinrent Mrs de l'Académie, pour recevoir Mrl'Abbé deChoisy en la place de
Mr le Duc de Saint Aignan.
Vous connoissez son mérite,
& la Relation que je vous ay
envoyée de l'Ambassade de
MrleChevalier de Chaumont à Siam, vous a
fait voir,
combien Sa Majesté l'avoir
jugé propre aux négociations
qu'on avoit a y
traiter. Il
commença son remerciment
endisant
? que si les loix de
l'Academie le pouvoientper-
mettre, il garderoit le silence,
& ne songeroit qu'à se taire
jusqu'à ce que M" de l'Académie luy eussentappris à
bien parler. Il s'étendit enfuite sur les louanges de cette
sçavante Compagnie
,
dans
laquelle les premiers hommes de
l'Estatsedépoüillentde tout le
faste de la grandeur>(;) ne cherchent de distinction que par la
sublimité du genie é par la
profonde capacité, & dit agréablement, qu'il croyoit'- déja
sentir en luy l'esprit de l'Academie quil'élevoit au dessus de luy-mesme
,
& dont il
reconnnoissoit avoir besoin
pour reparer la perte de l'illustre Duc qu'elle regretoit.
Il prit de là occasion d'en
faire un portraitavantageux,
mais fort ressemblant,& après
avoir dit, que c~Af de
l'Academie
a marquer par des
traits immortels la gloire de ce
vrandHomme, dont la memoire
vivroit à jamais dans leurs Ouvrages
-'
puisque tout ce qui part
de leurs mains se sent du genie
sublime de leur Fondateur; il
ajouta quesil'on a
dit autrefois
que comme Cesar par ses Conquestes avoit augmentél'Empire
.le Rome
>
Ciceron par son e/o-~
quence avoitétendul'esprit des
Romains
5
on pouvoit dire que
le CardinaldeRichelieu seul,
avoit fait en France ce que Cesar £7- Ciceron anvoientfait à
Rome, & que si par les ressorts
d'unepolitiqueadmirable il avoit
reculé
nos Frontieres) il nous avoitélevé, poly
,
& si cela se
pouvoit dire, agrandy l'esprit
par l'établissement de l'Acade.
mie. Il poursuivit l'Eloge de
ce fameux Cardinal, parla de
la perte de M( le Chancelier
Seguier,qui fut après luy le
Protecteur del'Academie ,&
exagera ensuite la gloire dont
elle s'estoit Veuë comblée,
lors que le plus grand des
Rois, daignantagréerlemesme titre, avoit bien voulu
luy faire l'honneur de la recevoir dans son Palais, & de
l'égaler aux premieres Compagnies de son Royaume.
Par là, Messieurs
,
continuat-il, car je ne dois retrancher aucun des termes dont il
se servit en parlant de ce
grand Prince. ) Parlàdans
lesSieclesfuturs, vos noms devenus immortels marcheront à
lasuitedu sien
,
& vous pouue,-,
NOUS répondre avous-mesmes de
l'immortalité que vous sçavez
donnerauxautres. Vous lasçavez donner seurement
,
&vous
ladonnerezà LOUIS.Ilsefait
entre ce Prince & vous un
commerce de gloire, & si
sa protection vous fait tant
d'honneur
,
vous pouve% vous
flater de nestrepas inutiles afk
gloire. Oüy, Messieurs, ce prince
si necessaire à tous; à ses Sujets
qu'il a
rendus lesPeuples les plus
redoutables du monde, & qu'il
va achever de rendre plus
heureux
;
à ses Alliez à qui il
accorde par toutmeprotection si
puisante; àses Ennemis mesmes
dontilfaitle bonheurmalgréeux
enlesforçant à
demeureren paix,
ce Prince, qui à l'exemple de
Dieu dontilestl'image vivante
semblen'avoir besoinque de luymesme, il abesoindevouspour
sa gleire
,
&son nom, toutgrand
quil est
,
auroitpeine à passer
tout entierà la derniere posterite
sans vos Ouvrages. Vous y
travaillez, Messieurs. Déja plus
d'une fois vous l'ave^ montré
auxyeux des hommes également
granddans la Paix & dans la
Guerre. Mais qu'est-ce que la
valeur des plus grands Héros,
comparée à la pieté des verita
bles Chretiens? Il regne ce Roy
glorieux, & toujours attentifà
la reçonnoissance qu'il doit à
celuy dont iltient tout
>
ilsonge
continuellement à faireregner
dansson cœur &danssonRoyaume
,
ce Dieu qui depuis tant d'années répandsursapersonne une
si longue suite de prosperite
N'a-t-ilpasfait taire ces malheureux, qui malgré les lumieres
naturelles de l'ame, affectent
une impietéàlaquelle ilsnesçauroient parvenir? N'a-t-il pas
reprimé cette fureur de blasphême
assèz audacieusepouraller attaquerDieujusque dansson Tros-
m f Ilfaitplus; il s'embrase du
zele de la Maison de Dieu
,
il
n'épargne nysoins ny despense
four augmenter le Royaume du
Seigneur. Son zele traverse les
Mers, (jj* va chercher aux ex-
,tremitez de la Terre
,
desPeuples
ensevelis dans les tenebres de l'Idolatrie. Les premieres diffculte.-<
ne le rebutentpoint; ilsuit avec
constance un dessein
que le Ciel
luy a
inspiré
,
& si nos vœux
font exaucez
,
bien-tostfousses
auspices la foy du njray Dieu
fera triomphante dans les Royaumes de 1'0r1ent. Que diray-je
encore ? Ce Heros Chrestien at-
taque ouvertement ce Party
formidable de l'Heresie
,
qui
avoit fait trembler les Roisses
Predecesseurs.Ilacheve enmoins
d'uneannée, ce
quil/s n>a~
voient osé entreprendre depuis
prés de deux ~fc/,~rle Monstre infernal reduit aux abois
>
rentrepourjamais dans l'abisme,
d'où la malice des Novateurs,
&les mœurs corrompuës de nos
Ayeux l'avoient fait sortir.
Heureuse France,tu neverras plus tes Enfans déchirertes
entrailles.Une mesme Religion
leurfera prendre les mesmes in
teredts j&cejl à Louis -;
Grand que tu es redevable d'un
sigrand bien. Parlonsplusjuste,
c'est à Dieu,& le mesme Djetl
pour asseurernostrebonheur,vient
de nous conserver
ce Prince, &
de le rendre auxprieres ardente s
de toute l'Europe; car, Messieurs,lesfrancois ne font pas
les seuls qui s'interessent à
une
santési précieuse, &si quelques
Princes,jaloux de la gloire du
Roy
,
ont témoigné par de vains
projets de Ligues vouloirprofiter
de l'estatou ils le croyoient
,
leurs
Sujets mesmes
>
& tous les Peuples de l'Europe faisoient des
vœuxsecrets pour
luy
cachant
bien Men
saseulePersonne reside la tranquillitéuniverselleMais ou m'emporte mon
zele?
Apeine placé parmy vous,j'entreprens ce qui feroit trembler les
plus grands Orateurs,& sans
consulter mes forces,j'ose parler
d'un Roy dont il n'estpermis de
parler qu'à ceux3 qui comme
vous, Messieurs, le peuvent
faire d'une manieredigne de luy.
Aprés quelque temps laiïle
aux applaudissemens qui furent donnez à
ce Discours,
Mr deBergeret ,Secretaire du
Cabinet, & premier Commis
deMrdeCroissy,Ministre tk,
Secretaire d'Estat,pritlaparole pour y
répondre, & dit
à M l'Abbé de Choisy
,,
que
l'Academie ne luy pouvoit
donner
une marque plus honorable de l'estime qu'elle
faisoit de luy, qu'en le recevant en la place de Mrle Duc
pe S. Aignan. Dansle Portrait
qu'il fit de ce Duc, il fit voir,
Qu'ilaimoit les belles Lettres de
la mesme passion dont il aimoit
la gloire, & qu'ilavoit pris
tous les soinsnecessaires pour
avoir ce
qu'elles ont de plus utile
&deplusagreable. Il dit qu'il
çflyit bienéloigne de la vaine
erreur de ceux qui s'imaginent
que tout le meriteconsiste dans le
bazard d'estrené d'une ancienne
Maison, & qu'il ne regardoit
l'avantage d'avoirtantd'illustres
Ayeux, que comme une obligation indispensable J,'augmenter
l'éclat de leur nom par un merite
personnel; quese voyantattaché
au service d'un Prince,dont les
vertus beroiques donneront plus
d'employ auxLettres, que n'ont
fait tous les Heros de l'Antiquité,il en avoit pris encore plus
d'affection pourelles
;
qu'il s'estoit acquis une maniere de parler
&d'écrire noble,facile, élegante,
&qu'il avoit fait voir à la
France cette Urbanité Romaine,
qui estoit le caractere des Scipions &des plus illustres Romains. Jepasse beaucoup d'autres louanges qui furent écoutéesavec plaisir
,
& qu'il finit
en disant
>
Quesi M. le Duc de
S.Aignan estoit le Protecteur
d'une celebre Academiepar un
titre particulier
,
on pouvoir
dire encore qu'il l'estoit generalement de tous les
gens de
Lettres par une generosité qui
n'exceptoitpersonne; que lemerite, quelque étranger qu'ilfust,
Çy* de quelque part ~;//7~
Yiir„efloiiseur de trouveren luy
de l'appuy & de la protection;
qu'il recevoit avec des témoin
gnages d'affection tous ceux qui
avoient quelque talent
,
& qu'il
ne leurfaisoitsentirsourang èi;
sa dignité
,
que par les bons offices qu'ilseplaisoità leurrendre
Il parla ensuite de sa mort
chrestienne
,
&, de la confolation qu'il avoit euëen mou- lrant de laïsser après luy un
Fils illustre
,
qui s'estoit toujours dql-ingué' avec honneur &
sans affectation, dans lequel
onavoit toûjours veu decourageavecbeaucoupbeaucoup dedou-
crur, une admirable pureté de
mœurs, une parfaite uniformité
de conduite, de la penetration.
de l'application,de la ruigilancr.)
un cœur confiant pour la vérité
pour la justice, em sur tout
une solide pieté, qui le fait Agir
en secret & aux yeux de Dieu
seul,
comme s'il estoit veu de
tous les hommes. Il ajoûta, que
tantde vertus quiavoientmérité que dans un âge si peu avan~
cé, il eustestéfait Chef du Conseil d s
Finances, jufiifioient
chaque jour un si bon choix,(gjr
fdifoicn^ voir que le Royjufie
dijbenfateurde ses grâces "t'VO::
le don suprême de discernerles
esprits. Aprés cela Mr de Bergeret adressa de nouveau la
paroleàMrl'AbbédeChoi-
\yy&: luy dit, quequelque talent qu'il eust pour l'Eloquence
.J la nouvelle nouvelle obligationqu'il avoit o
bligationqu-'il
a-voit
de consacrerses veilles à lagloire de Louis le Grand, luy seroit
sentir de plus en plus combien il
est difficile de parler dignement
d'unPrince dont la vie est une
suite continuelle de prodiges. Les
Poëtes, poursuivit-il ,se plaignent den'avoir point d'expressionsassez fortes pourrepresenter
lemerveilleuxde sesexploits;
les Historiens au contraire de n'en
avoir point d'assi'{ simples, pour
empescher que tant de merveilles
ne passent pour autant defictions.
Quel art, quelle application,
quelle conduite ne faudra- t-il
point pour conserver la vraysemblance avec la grandeur des
choses qu.i! a
faites?Je
ne parle
point decette valeur étonnante,
qui a
pris comme en courant les
plusfortesVilles du monde, &
devant qui lesArmées les plus
nombreuses ont toujours fuy de
peur de * combattre. Je
ne pense
maintenant qu'à cette glorieuse
paix dont nous joueons., & qui
a tfl; faite dans un temps où l'on
ne voyoit de toutes parts que des
puissancesirritées de nos Viéloires, que des Estats ennemis declarez denosinterests, que des
Princesjaloux de nos avantages,
tous avec des pretentions différentes e- incompatibles. Comment donc parut tout d'un coup
cette Paix si heureuse ? C'est un
miracle de la sagesse de Louis le*
Grand
,
que la Politique neffau..
roit comprendre; & comme luy
seul a
pu la donner à toute 1"Euyope.) luy seul aussi peut la IUJl
conserver.Combien d*a£lion3de
pénétration, de prévoyance pour
faire que tant d'Etats libres, dm
dont les interestssontsi contraires,
demeurent dans les termes
qu'il leur a
prescrits? Il faut
voirégalement
ce qui •riefl plus
&ce quin'est pas encore, comme ce qui est. Il faut avoir un
genied'une force&d'une étenduë extraordinaire
,
que nulle affaire ne change, que nul objet
ne trompe, que nulle difficulté
n'arreste; telenfinqu'estle genie
de Louis le Grand
,
qui est répandu dans toutes les parties de
l'Estat, (fy qui n'yest pointrenfermé,agissant au dehors comme
au dedans avec une forceincon-
cevable. Il est jusque dans les
extrémitez du monde, où l'on a
-veit tant desaintesMissionssoutenues par les secours continuels
de sa puissance & de sa piété.
Il estsurlesFrontières duRoyalime
,
qu'il faitfortifier d'une maniere qui déconcerte ~(7 defj<:entous nos Ennemis. Il efi surles
Ports, ou il fait construire ces
Vaisseaux prodigieuxj qui portent par tout le monde la gloire
du nom François. Il est dans les
calemies de Guerre ~ù de Marine ,où la noble éducation jointe
à la Noblesse du sang,forme des
esprits & des courages également
capables du commandement v
de l'exécution dans les plus grandes entreprises Il est enfin par
tout, quifait que tout est reglé
cemme il doit l'estre.Les Garfiijbns toujours entretenues, les
Magasinstoujours pleins, les
Arsenaux toujours garnis
,
les
Troupes toujoursen baleine, v
aprésles travaux de laGuerre,
maintenant occupées à des Ouvragesmagnifiques, qui font les
fruits de la Paix.C'estainsi
que ce Grand Princeagissanten
mesmetempsde toutes parts,v
faisant des choses qui inspirent
continuellement de la terreur à
Jes Ennemis, de l'amour à Jes
Sujets de l'admiration à tout
le monde
,
il peut malgréleshaines
,
les jalousies, vles défiances, conserver la Paix qu'il a
faite3farce qu'il n'ya pointd'Etat
qui ne voye combien il seroit
dangereux de la vouloir rompre.
Quelques Princes de l'Empire
sembloient en avoir la prnsele)
& commencent à former des
Ligues nouvelles, mais le Roy
toujours également juste vsage,
ne voulant ny surprendre ny
estre surpris
:>
fit dire à l'Empereurj que si dans deux mois du
jourdesa Déclaration il ne rece-
voit de luy des asseurances poJiiives de l'observation de la Treve
,
il prendrait les mesuresqu'il
jugeroit necessaires pour le
bien
deson Efidt. Ses Troupes en même temps volentsur les Frontieres de l'Ailsnugne> (fff l'Empereur luy donne toutes les asseurancesqu'il pourvoit souhaiter.
Ainsil'Europe luy doit une seconde fois le repos & la tranquillité dont elle joüit.D'autre
part l'Espagneavoit fait une
mjujiice à nos
Marchands, (!Ï
les contraignoit de payer une taxeviolente
,
fous pretexte qu
'ils
negocioient dans les Indes contre
les Ordonnances. Le Roy3pour
arrester tout à coup ces commencemens de division
,
a
jugé à propos d'envoyer devant Cadix une
Flote capabledeconquérirtoutes
les Indes. dujfi-tost l'EJpdgne
alarmée, a
proYllÍs de rendre ce
qu'elle avoit pris e~ le Roy qui
s'en est contenté, a paru encore
plusgrand parsa moderationque
parsapuissance; car il est vray
que rienn'est si admirable sur la
Terre, que d'y voir un Prince,
qui pourvant tout ce
qu'il veuty
ne
veüille rien qui ne
soitjuste.
Maisc'est le caractere de Louis
le Grand. C'estlefond de cette
Ame heroiqne
>
où toutes les vertus font pures,sinceres
,
solides,
veritables, cm7ent toutesensemlie3 par une admirable union,
qu'il est non seulement le plus
grand de tous les Rois
,
mais encore
le plusparfait de tous les
Hommes.
Cette réponse fut interrompuëbeaucoup de fois par
des applaudissemens qui firent connoistre combien 1*ACsemblée estoit satisfaite de
l'Eloquence de MrdeBergeret. Il parut par là tres-digne
d'estre à la teile d'une si celebreCompagnie; & tout le
monde convint qu'il ne pouvoit mieux remplir la place
qu'iloccupoit. Mrl'Abbé de
Choisy a
fait connoistre par
un fort bel Ouvrage qu'il a
donné au Public depuissa reception,avec combien de justice il remplit la place qu'on
luy afait ocuper. Cet Ouvrage
est laViede Salomon. Il y
aquelquetemps qu'il fitaussiimprimer celle de David avec une
Paraphrase desPseaumes.Jene
vous dis rien de la beautéde
f- ses Livres. Vous pouvez juger
de quoy il est capable par ce
que vous venez de liredeson
Remerciment à PAcadeniieJ
Ces deuxDiscours ayantesté
prononcez ,
on distribua les
Prix d'Eloquence & dePoësie
& l'on declara que le premieravoir esté remporté par
Mrde Fontenelle,& le second
par Mademoiselle des Houlieres, Fille de l'illustre Ma..
dame desHoulieres,dontvous
avez veu tant de beauxOuvrages. Mrl'Abbé de la 'V'aU1
Secretaire de la Compagnie
en l'absence de Mr l'Abbé
Regnier des Marais, Secretaire perpetuel, leut ces deux
Pieces, dont l'uneestoit sur la
Patience, & l'autre sur l'Eduation de la jeune Noblesse
dans les Compagnies des Genilshommes
3
& dans la Maison de S. Cir, &toutes deux
furent écoutées avec l'artenion qu'elles meritoient. Je
vous en diray davantage une
autre fois. A cette lecture
ucceda celle d'un Discours
qu'avoit apporté M Hebert, le
l'Academie de Soissons,
pour sansfaire * 1à l'obligation
où sont ceux de cette Compagnie
,
suivant les Lettres
Patentes de leur établiffci-nelit,
d'enenvoyeruntous lesans,
en Prose ou en Vers,lejour de
S. Loüis
)
à l'Academie Françoise.On
y remarqua de grandes beautez
,
& M. Hébert
eut place parmy les Académiciens. Le sujet de ce Discours estoit, Que les Peuples
sont toujours heureux,lors qu'ils
sont gouvernez par un Prince,
qui a
dela pieté. Aprés cela,
on leut un Madrigal, à la
gloire de Mademoiselle des
Houliers,sur ce qu'elleavoit
remporté le Prix.M.leClerc
leut aussi quelqnes Ouvrages
dePoësie sur divers fujets>&j
la Scance finit par une
Lettré
en Vers de M. Perrault i,dans
laquelle le Siecle remercioit
le Roy de l'avantage qu'illuy
faisoit remportersur les autres Siec
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Résumé : Tout ce qui s'est passé à l'Academie Françoise le jour de Saint Loüis. [titre d'après la table]
Le 25 du mois précédent, l'Académie Française a célébré la fête de Saint Louis, roi de France, dans la chapelle du Louvre. La messe, célébrée par l'abbé de la Vau, a été accompagnée d'une musique composée par Mr Oudot. L'abbé Courcier a prononcé un panégyrique de Saint Louis, comparant ses actions à celles de Louis le Grand avec esprit et délicatesse, ce qui a été très apprécié. L'après-midi, l'Académie a tenu une séance publique pour accueillir l'abbé de Choisy à la place du duc de Saint Aignan. L'abbé de Choisy a remercié l'Académie en soulignant son mérite et en évoquant son rôle dans l'ambassade du chevalier de Chaumont à Siam. Il a également rendu hommage au duc de Saint Aignan, louant son soutien aux lettres et son mérite personnel. L'abbé de Choisy a comparé le Cardinal de Richelieu à César et Cicéron, soulignant son rôle dans l'établissement de l'Académie et son influence sur l'esprit français. Mr de Bergeret, secrétaire du Cabinet, a répondu en soulignant les qualités du duc de Saint Aignan, notamment son soutien aux gens de lettres et sa générosité. Il a également parlé de la mort chrétienne du duc et de la continuation de son héritage par son fils. Mr de Bergeret a ensuite adressé un éloge à Louis le Grand, soulignant sa valeur, sa sagesse et sa capacité à maintenir la paix en Europe malgré les tensions. Il a également mentionné les missions saintes soutenues par le roi et les fortifications des frontières du royaume. Le texte décrit les actions et les qualités du roi Louis XIV, présenté comme un grand prince qui maintient la paix en Europe malgré les défis. Il agit avec justice et modération, inspirant admiration et respect. Par exemple, il menace de prendre des mesures contre l'empereur s'il ne respecte pas la trêve, mais accepte les excuses de l'Espagne concernant une injustice faite aux marchands français. Louis XIV est loué pour sa capacité à vouloir uniquement ce qui est juste, ce qui le distingue comme le plus grand et le plus parfait des hommes. Lors de la séance à l'Académie française, Monsieur de Bergerey est acclamé pour son éloquence. L'abbé de Choisy est félicité pour son ouvrage sur la vie de Salomon. Les prix d'éloquence et de poésie sont décernés à Monsieur de Fontenelle et à Mademoiselle des Houlières, respectivement. Un discours de Monsieur Hébert, envoyé par l'Académie de Soissons, est également lu et apprécié. La séance se termine par des lectures de poèmes et une lettre en vers de Monsieur Perrault, remerciant le roi pour les avantages qu'il apporte à son siècle.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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18
p. 154-157
Reception de Madame de Saliez à l'Academie des Ricovrati. [titre d'après la table]
Début :
L'Académie des Ricovrati de Padouë est si cel[ebr]e, qu'on [...]
Mots clefs :
Académie des Ricovrati de Padoue, Femmes illustres, Antoinette de Saliès, Honneur
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texteReconnaissance textuelle : Reception de Madame de Saliez à l'Academie des Ricovrati. [titre d'après la table]
L'Academie des Ricovrati
GALANT. 155
de Padouë eft fi celelebre ,
qu'on peut dire à la gloire
des perfonnes qui la compofent qu'il fuffit d'en eftre
pour fe voir univerfellement
eftimé. Cette fçavante Compagnie n'a aucun égard an
Sexe. Elle eft perfuadée avec
I
beaucoup de juftice que le
merite & l'efprit font des
deux Sexes. C'eft auffi pour
cette raison qu'elle reçoit également les Hommes & les
Femmes Illuftres. Telles font
Mademoiſelle de Scudery ,
Madame des Houlieres , Ma
dame Daffier , Madame de
156 MERCURE
Châte ; celle- cy autrefois fi
connue fous le nom de Ma
dame de Ville- Dieu ,& cellelà fous celuy deMademoiſelle
le Fevre. Cet honneur eftoit
bien deu à Madamede Saliez,
Viguiere d'Alby. Elle a efté
proclamée depuis peu de
temps Academicienne par
tous les fuffrages de la Compagnie. Le docte M Patin ,
dont la Fille eft auffi Academicienne , fit publiquement
l'éloge de cette Heroine, &
parla de fa naiffance de fa
vertu , de fon genie & de fes
Ouvrages , d'une maniere qui
GALANT. 157
fit admirer fon éloquence
GALANT. 155
de Padouë eft fi celelebre ,
qu'on peut dire à la gloire
des perfonnes qui la compofent qu'il fuffit d'en eftre
pour fe voir univerfellement
eftimé. Cette fçavante Compagnie n'a aucun égard an
Sexe. Elle eft perfuadée avec
I
beaucoup de juftice que le
merite & l'efprit font des
deux Sexes. C'eft auffi pour
cette raison qu'elle reçoit également les Hommes & les
Femmes Illuftres. Telles font
Mademoiſelle de Scudery ,
Madame des Houlieres , Ma
dame Daffier , Madame de
156 MERCURE
Châte ; celle- cy autrefois fi
connue fous le nom de Ma
dame de Ville- Dieu ,& cellelà fous celuy deMademoiſelle
le Fevre. Cet honneur eftoit
bien deu à Madamede Saliez,
Viguiere d'Alby. Elle a efté
proclamée depuis peu de
temps Academicienne par
tous les fuffrages de la Compagnie. Le docte M Patin ,
dont la Fille eft auffi Academicienne , fit publiquement
l'éloge de cette Heroine, &
parla de fa naiffance de fa
vertu , de fon genie & de fes
Ouvrages , d'une maniere qui
GALANT. 157
fit admirer fon éloquence
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Résumé : Reception de Madame de Saliez à l'Academie des Ricovrati. [titre d'après la table]
L'Académie des Ricovrati de Padoue est célèbre pour son respect des membres, indépendamment de leur sexe, valorisant ainsi le mérite et l'esprit. Cette institution accueille des hommes et des femmes illustres. Parmi les femmes membres figurent Mademoiselle de Scudery, Madame des Houlières, Madame Daffier, Madame de Châteauneuf, autrefois connue sous le nom de Madame de Ville-Dieu, et Mademoiselle le Fèvre. Madame de Saliez, Viguière d'Alby, a récemment été élue académicienne à l'unanimité. Le docteur Patin, dont la fille est également académicienne, a publiquement loué Madame de Saliez, mettant en avant sa naissance vertueuse, son génie et ses œuvres, ce qui a suscité l'admiration pour son éloquence.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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19
p. 258-267
« J'ay une nouvelle à vous dire, dont vous me devez [...] »
Début :
J'ay une nouvelle à vous dire, dont vous me devez [...]
Mots clefs :
Lettres d'académicienne, Académie royale d'Arles, Célèbre, Grand sceau, Académie des Ricovrati de Padoue
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « J'ay une nouvelle à vous dire, dont vous me devez [...] »
J'ay une nouvelle à vous
dire, dont vous me devez
assurement sçavoir gré puisqu'elle eH à l'honneur de vôtre Sexe. L'Academie Royale d'Arles a
envoyé des lettres d'Academicienneàl'illustreMadame des Houlieres que ses excellens Ouvrages ont renduë si celebre,
ce qui n'avoit point encore
esté fait en faveur des Da-
mes dans pas une des Academies, qui font presentement
en France. Ces lettres ont
estéadressées à M Charpentier, Doyen de l'Academie
Françoise, Académicien ho.
noraire de celle d'Arles,&
Député perpetuel de cette
Compagnie, qui les a
renduës
ï Madame des Houlieres avec
Mr le Marquis de Chasteau
Renard qui est aussi de l'Academie d'Arles, & dont le
10m est. si connu e par le
nerite de l'esprit, & par ses
ervices pendant 18. campagnes dans l'employ de Capi-
taine au Regiment Royal,
où il s'est acquis la réputation d'un des meilleurs Ossiciers d'infanterie & d'un des
plus braves hommes de nostre
temps, ce qui est affezconfirmé par le nombre de ses bieffures. Ces lettres qui font en
parchemin &. scellées du
Grand Sceau de PAcadémiei
Royale, estoient dans un sa-;
chet de satin bleu galonné ô&j
frangé d'or. Le sceau qui eflf
de cire bleuë est enfermé dans
une boëtte d'argent attachée;
au bas deslettres avec un
clou..
ble lacs de soye bleue.Le,
--- -
Roy y
est representéassis sur
son Thrône environné de trophéesd'armes fous un pavillon ouvert des deux costez,
avec ces mots latins en haut,
AcademiaRegia Aeelatenfis.Le
tout estoit dans une boëtte
couverte de maroquin de levant incarnat semé defleurs
delys d'or,& doublée de satin
de mesme couleur. Les raisons
qui ont porté cette celebre
Academie à rendre un honneur si singulier à Madame
des Houlieresfont expliquées
dans ces Lettres avec beaucoup d'éloquence & de di-
gnité & je croirois vous dérober une partie du plaisir
que vous en devez ressentir si
je ne vous en envoyois la copie que j'ay ,
trouve moyen
d'avoir, car assurement elle est
digne de vostre curiosité.
L'Academie Royale d'Arles, à tous ceux qui ces
presentes Lettres verront, Salut.
L'établissement de nostre Compagnie par Lettres patentes du
Roy, estant
un effet dessoins que
Sa Majecté veut bien prendre
pourfaire fleurir les belles Lettres dans sonRoyaume
,
nous
avons estimé que peur répondre
efficacementàsesRoyales intentions, nous devions non seulement remplir les places des Académiciens de Personnes d'une
naissance distinguée & d'une
capacité reconnuë,residentesen
cette Ville pour djfijfer 4
nos
djjemblêes ordinaires ; mais encore que nous devions nous ajjorierd'autres personnes de dehors,
pi par une érudition singulierese
soient acquis une réputation éclatante.Nous nous sommes persuar,zque cette ~t;~ alliance quiseferoit olu,e cette a
l
qui
«
fio feroit
entre eux ü nouslesattacheoitd'amitié cm d'interejî à naflrc-
Corps que nous ne pourrions
recevoir que de tresgrands avantages d'unesemblableunion.
Nous avons creu mesmeque nous
ne devions pas en
exclurre
les
Dames, puis quily en a eu de
tout temps qui se font renduës
tres celebresparlagloire desLettres. Les Ecrits de Sapho> d'Erinne
3
de Telesilla, de Corinne
3
de Zenobie parmilesAnciens,
ceux d'Olympia Fulvia Wor4-
ta,de Cassandra Fedele,de Loren-
%a Stro':{':{i,des deux incomparables Reynes de Navarre Marguerite de Valois, de la Demoiselle de Schurman ,de laComtesse
de la Suze, ont bienfait njoir
s'il n'y a
rien
desisublime
dans
s
sciences où les Dames ne puisnt penetrer, & qu'elles partilent à toutes les richesses du
us
beau duplus noble Genie.
exemple des Academies d'Itae
où elles font receuës, nous a
tjji déterminez à les admettre
ins la nostre, & comme la Remmée (7 la IlElure des [Júëfirs
Madame des Houlieres nous
t
faitconnoistre les excellentes
!alltek de son esprit qui efi au
ssus de toute Iciïange» nous
vons resolu de luy donnerune
arque publique de nojlreeCume,*
en l'aggregeantànostre Compagnie, &faisant pour elle ce qu'a
déj-t fait l'Academie des Rico
rati de Padoüequi luy ont envoyé des lettres d'Academicienne. C'est pourquoy aprés notA
estreassemblez & avoir meurement délibéré sur ce
sujet, nom
avons d'un commun consente
ment éleu c- nommé comme par
ces presentes nous êlisons enommons ladite Dame des HOM
lieres Academicienne de l'AcadémieRoyale d'Arles. Mandom
au Secretaire perpetuel de I!
Compagnie d'ajouter son nom
selon l'ordre de sa reception a,
Catalogue des Academiciens &
qu'ilfasse registrerces Presentes
dans les registres de la Compagnie
3
Car ielle eji nojlre intention. Pourtémoignagede laquelle nous avons fait expedier ces
Lettres signées du Directeur &
duditSecretaire perpetuel ~&y
apposer le sceaude tcAcademie.
Fait à Arles le 28. Mars 1689.
Ainsifigné D'ARBAUDDocteur, ROBIAS ESTOUBLON,
Secretaire perpetuel de l'^Acade~
mie Royale
dire, dont vous me devez
assurement sçavoir gré puisqu'elle eH à l'honneur de vôtre Sexe. L'Academie Royale d'Arles a
envoyé des lettres d'Academicienneàl'illustreMadame des Houlieres que ses excellens Ouvrages ont renduë si celebre,
ce qui n'avoit point encore
esté fait en faveur des Da-
mes dans pas une des Academies, qui font presentement
en France. Ces lettres ont
estéadressées à M Charpentier, Doyen de l'Academie
Françoise, Académicien ho.
noraire de celle d'Arles,&
Député perpetuel de cette
Compagnie, qui les a
renduës
ï Madame des Houlieres avec
Mr le Marquis de Chasteau
Renard qui est aussi de l'Academie d'Arles, & dont le
10m est. si connu e par le
nerite de l'esprit, & par ses
ervices pendant 18. campagnes dans l'employ de Capi-
taine au Regiment Royal,
où il s'est acquis la réputation d'un des meilleurs Ossiciers d'infanterie & d'un des
plus braves hommes de nostre
temps, ce qui est affezconfirmé par le nombre de ses bieffures. Ces lettres qui font en
parchemin &. scellées du
Grand Sceau de PAcadémiei
Royale, estoient dans un sa-;
chet de satin bleu galonné ô&j
frangé d'or. Le sceau qui eflf
de cire bleuë est enfermé dans
une boëtte d'argent attachée;
au bas deslettres avec un
clou..
ble lacs de soye bleue.Le,
--- -
Roy y
est representéassis sur
son Thrône environné de trophéesd'armes fous un pavillon ouvert des deux costez,
avec ces mots latins en haut,
AcademiaRegia Aeelatenfis.Le
tout estoit dans une boëtte
couverte de maroquin de levant incarnat semé defleurs
delys d'or,& doublée de satin
de mesme couleur. Les raisons
qui ont porté cette celebre
Academie à rendre un honneur si singulier à Madame
des Houlieresfont expliquées
dans ces Lettres avec beaucoup d'éloquence & de di-
gnité & je croirois vous dérober une partie du plaisir
que vous en devez ressentir si
je ne vous en envoyois la copie que j'ay ,
trouve moyen
d'avoir, car assurement elle est
digne de vostre curiosité.
L'Academie Royale d'Arles, à tous ceux qui ces
presentes Lettres verront, Salut.
L'établissement de nostre Compagnie par Lettres patentes du
Roy, estant
un effet dessoins que
Sa Majecté veut bien prendre
pourfaire fleurir les belles Lettres dans sonRoyaume
,
nous
avons estimé que peur répondre
efficacementàsesRoyales intentions, nous devions non seulement remplir les places des Académiciens de Personnes d'une
naissance distinguée & d'une
capacité reconnuë,residentesen
cette Ville pour djfijfer 4
nos
djjemblêes ordinaires ; mais encore que nous devions nous ajjorierd'autres personnes de dehors,
pi par une érudition singulierese
soient acquis une réputation éclatante.Nous nous sommes persuar,zque cette ~t;~ alliance quiseferoit olu,e cette a
l
qui
«
fio feroit
entre eux ü nouslesattacheoitd'amitié cm d'interejî à naflrc-
Corps que nous ne pourrions
recevoir que de tresgrands avantages d'unesemblableunion.
Nous avons creu mesmeque nous
ne devions pas en
exclurre
les
Dames, puis quily en a eu de
tout temps qui se font renduës
tres celebresparlagloire desLettres. Les Ecrits de Sapho> d'Erinne
3
de Telesilla, de Corinne
3
de Zenobie parmilesAnciens,
ceux d'Olympia Fulvia Wor4-
ta,de Cassandra Fedele,de Loren-
%a Stro':{':{i,des deux incomparables Reynes de Navarre Marguerite de Valois, de la Demoiselle de Schurman ,de laComtesse
de la Suze, ont bienfait njoir
s'il n'y a
rien
desisublime
dans
s
sciences où les Dames ne puisnt penetrer, & qu'elles partilent à toutes les richesses du
us
beau duplus noble Genie.
exemple des Academies d'Itae
où elles font receuës, nous a
tjji déterminez à les admettre
ins la nostre, & comme la Remmée (7 la IlElure des [Júëfirs
Madame des Houlieres nous
t
faitconnoistre les excellentes
!alltek de son esprit qui efi au
ssus de toute Iciïange» nous
vons resolu de luy donnerune
arque publique de nojlreeCume,*
en l'aggregeantànostre Compagnie, &faisant pour elle ce qu'a
déj-t fait l'Academie des Rico
rati de Padoüequi luy ont envoyé des lettres d'Academicienne. C'est pourquoy aprés notA
estreassemblez & avoir meurement délibéré sur ce
sujet, nom
avons d'un commun consente
ment éleu c- nommé comme par
ces presentes nous êlisons enommons ladite Dame des HOM
lieres Academicienne de l'AcadémieRoyale d'Arles. Mandom
au Secretaire perpetuel de I!
Compagnie d'ajouter son nom
selon l'ordre de sa reception a,
Catalogue des Academiciens &
qu'ilfasse registrerces Presentes
dans les registres de la Compagnie
3
Car ielle eji nojlre intention. Pourtémoignagede laquelle nous avons fait expedier ces
Lettres signées du Directeur &
duditSecretaire perpetuel ~&y
apposer le sceaude tcAcademie.
Fait à Arles le 28. Mars 1689.
Ainsifigné D'ARBAUDDocteur, ROBIAS ESTOUBLON,
Secretaire perpetuel de l'^Acade~
mie Royale
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Résumé : « J'ay une nouvelle à vous dire, dont vous me devez [...] »
L'Académie Royale d'Arles a décerné des lettres d'Académicienne à Madame des Houlières, marquant une première pour une femme dans les académies françaises. Ces lettres, adressées à Monsieur Charpentier, Doyen de l'Académie Française, ont été remises par le Marquis de Chasteau-Renard. Elles sont scellées du Grand Sceau de l'Académie et présentées dans un coffret de maroquin incarnat. L'Académie a justifié cet honneur en soulignant l'excellence des œuvres de Madame des Houlières et en citant des exemples historiques de femmes célèbres pour leurs écrits. Elle a également exprimé son intention de favoriser les belles-lettres et d'inclure des personnes distinguées, y compris des femmes, pour enrichir ses rangs. La décision a été prise lors d'une assemblée le 28 mars 1689. Les lettres sont signées par le Docteur d'Arbaud et Robias Estoublon, Secrétaire perpétuel de l'Académie Royale.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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20
p. 66-76
LETTRE DE MADAME de Saliez, à Mrs l'Academie des Ricovrati de Padouë.
Début :
Je croy vous avoir mandé que l'Academie des Ricovrati / Messieurs, Les Lettres Patentes que vous avez fait expedier en ma [...]
Mots clefs :
Académie des Ricovrati de Padoue, Monde, Langue, Sexe, Écrits, Dames, Académie française, Siècle, Académie royale d'Arles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE DE MADAME de Saliez, à Mrs l'Academie des Ricovrati de Padouë.
Jecroy vous avoir mandé-
-;
que l'Academie des Ricovrati
de Padoüe
,
ayant donné des
Lettres d'association à beaucou p
de Dames d'un fore
grand merite, ceux qui composent cet illustre Corps, en
avoient aussi envoyé à Madame de Saliez,Viguiere
d'Albi. Il y a
long-temps
que ses Ouvrages vous l'ont
fait connoistre. La réponse
qu'elle a
faite à cette gavante Compagnie) est tres-digned'elle, & ellevous doit plaire
d'autant plus, qu'outre qu'elle y
soûtient noblement
les avantages de son Sexe,
elle a
trouvé moyen d'y
meslerl'éloge denostre Auguste Monarque. En voicyles termes.
LETTRE -1
DE MADAM,E3
de Saliez, à Mrs de PAca*- -i
demie des Ricovrati de al
Padouë. M
ESSIEVRS,
Les Lettres Patentes quenjour in
ave;~ fait expr
dier en. ma fà- ave% -3 fait expedier en. ma fiieveur.,,pour medonnerune place ~;
dans voflre celelre Academie"
«_
!
efiant en Langue Italienne, il U
semble que les très-humbles r.t- -y
merciemens que je vous jaisr
devraientejlre auJji en Italien
>
mais outre que Jenen connais
pas aetez toutes les delicateffis
y
CJT1 qu'il efl indiffèrent en quelle
Langue l'on parle a des personnes qui les pojJedcllttOUks.) quel
moyen, quand on a
le bonheur
d'êtreSujette de LOVIS LE
GRANDt de preferer un
Autre Langage à celuy qui régne dans ses Etats> C4 duquel
ilJefertpour nous donner desi
juste-s & de si douces Loixî
Tandis que toutes les Nations
du monde qui aimentses vertus,
ofi qui craignent sa ptfijjknce
>
apprennent à parler comme nous,
<
je ne puis m'attacher qu'à une'
Langue qui va devenir universelle
p
& que nojlresçavants
AcademieFrançoift a
mise en
un si haut point de perfection>
quelle eflplussevere
,
plusmoaejie
,
*
presque aussiferrée &
aujft fécondé que la Latine.
f*avouéyMoeurs, quemts
Ecrits ne peuvent pas vous prouruer cette vérité.Née dans la
Province, & n'ayant pointejlé
à Paris corriger les défauts de
mon Langage, comme Yonalloit
autrefoisL) corriger <->àAt-henes ceux
de la LangueAsiatique> je rit
q
puis ecrireavec la mesme jufa
l
teJJè que Mesdames de Scudery
,
)
des Houlieres, Dacier) &
i
de Ville-Dieu9qui font si diJ
» gnes du rang que vous leur ave^
donnéparmy vous. La hauteur
de leur e/prit a
eslé fecondéc
d'une jïtuation heureuse
au milieu de n?aris> & animée par la
'Ueué. er par lufage du grand
& du beau monde. taujfi ces
'Dames font-dles devenues un
des miracles de ce
SiecleJ& leurs
Ecrits étonneront bien plus la
pofleritéyque ceux des Femmes
dessieclespa/fez
ne nous étonnent.Je
croy quïlm'eji permis
de vous dire
,
^Hcffieurs
>
afin
que vous ne vous repentIez pas
de l'honneur
que vous m'ave%
faity que bien que mes écrits
joient infiniment au dejjous des
leursy ils ont fouveHt d'heureux
succés. Von y voit la nature
toutepure>&ce caraflere aisé ne
déplaift point. Enfin puis que
mes Ouvrages mont attirévofirf
estime,personnen'efl plus en
droit de les condamner. Vous tenez dans le monde la place de
ces fameux Grecs qui décidoient
du merite des Auteurs, aujJibien que de celuy des Heros.
Fous les furpajfie^mesme pas
une
Une droiture de cœur qui vous
fait rendrejuflice à mon Sexe,
en me recevant dans vojlre illttstre Academie
3
& naffefiant
point une diftinElion que le Ciel
e la Nature nont jamais ett
dejjein de mettre entre les hommcs & nous. Leur jalousie la
fitnaijlre> nostre modeflie l'a
souffertey & sans que nous
ayons troublé le monde par nos
plaintes, les hommes commencent
àse repentir de leur usurpation
3 & lever empire tirannique va
tomber de luy-mesme. Déjàl*Academie Royale d'Arles afuinjy
njoftre exemple à noflre érard,
Cm- de nos meilleurs Scrivainé
ont traité à fond de l'égalité
des Sexes
,
qui ne si contesse
plus en France depuis que
nojlre jufle Monarqueeflirne c5r
récompense le mente de l'un &
de l'attire Sexe. NtoublicZ pas
MejJieurs, cette marque deÇon
équité dans les Eloges que vous
luy 7 donnez. J JeT Jçay que cet
auguste fujct remplit jouvent
'Vos gavantes veilles. Quelle
occupation -" pourrie^-vous ,trouver plus digne de vous; & quels
Homeres peut trouver ce
JÈJeros
plus dignes de luy? Mais quelques idées que la Renommée vous
donne de fis vertus> vous rien
comprendrez jamais quunepartie; le bonheur de lesconnoiflre
toutes en reservé à [es heureux
Sujetssurlesquels il regne par
amourplusœbfolument que tous
les autres Rois ne regnentsur les
leurs par la terreur & par la
crainte. Il gouverne avec tant
t
de douceur un Peuple naturelle
t ment fournis a ses Monarques,
>
& dont il fait les delices
y
que
j
chacun sacrifieroit avec plaifr
\pour luyses biens £7*sa vie. Il
h
Aime ses Sujets autant qu'il en
est aimé7 & cejl sans doute en
à
cela que confîfle la plus veritable st) la plus feure félicité da
Rois. Vous voyez, Messieurss
que je confirme mon caraéhrc
doux eJimple, en ne vous parlant que de la honte de [on toeur. Je laisse au flde sublime à le representer telqu'il cft à la resse
de Jes yérméesiportant la frayeur
che% ses EnnemÚ. Cependant»
MessieursJ toute la France vous
eftobligée del'ïnterst que mous
prenez. à sa gloire) C' cette raison nesspasmoins puyfante que
la f!lrace que vous mame%faite>
pour mengagera ejlre pour m'engagerA, toute ma eprc toute ma
'Vie, Moeurs
>
voflre»&c
A Albi lezs. Sept. 1689
-;
que l'Academie des Ricovrati
de Padoüe
,
ayant donné des
Lettres d'association à beaucou p
de Dames d'un fore
grand merite, ceux qui composent cet illustre Corps, en
avoient aussi envoyé à Madame de Saliez,Viguiere
d'Albi. Il y a
long-temps
que ses Ouvrages vous l'ont
fait connoistre. La réponse
qu'elle a
faite à cette gavante Compagnie) est tres-digned'elle, & ellevous doit plaire
d'autant plus, qu'outre qu'elle y
soûtient noblement
les avantages de son Sexe,
elle a
trouvé moyen d'y
meslerl'éloge denostre Auguste Monarque. En voicyles termes.
LETTRE -1
DE MADAM,E3
de Saliez, à Mrs de PAca*- -i
demie des Ricovrati de al
Padouë. M
ESSIEVRS,
Les Lettres Patentes quenjour in
ave;~ fait expr
dier en. ma fà- ave% -3 fait expedier en. ma fiieveur.,,pour medonnerune place ~;
dans voflre celelre Academie"
«_
!
efiant en Langue Italienne, il U
semble que les très-humbles r.t- -y
merciemens que je vous jaisr
devraientejlre auJji en Italien
>
mais outre que Jenen connais
pas aetez toutes les delicateffis
y
CJT1 qu'il efl indiffèrent en quelle
Langue l'on parle a des personnes qui les pojJedcllttOUks.) quel
moyen, quand on a
le bonheur
d'êtreSujette de LOVIS LE
GRANDt de preferer un
Autre Langage à celuy qui régne dans ses Etats> C4 duquel
ilJefertpour nous donner desi
juste-s & de si douces Loixî
Tandis que toutes les Nations
du monde qui aimentses vertus,
ofi qui craignent sa ptfijjknce
>
apprennent à parler comme nous,
<
je ne puis m'attacher qu'à une'
Langue qui va devenir universelle
p
& que nojlresçavants
AcademieFrançoift a
mise en
un si haut point de perfection>
quelle eflplussevere
,
plusmoaejie
,
*
presque aussiferrée &
aujft fécondé que la Latine.
f*avouéyMoeurs, quemts
Ecrits ne peuvent pas vous prouruer cette vérité.Née dans la
Province, & n'ayant pointejlé
à Paris corriger les défauts de
mon Langage, comme Yonalloit
autrefoisL) corriger <->àAt-henes ceux
de la LangueAsiatique> je rit
q
puis ecrireavec la mesme jufa
l
teJJè que Mesdames de Scudery
,
)
des Houlieres, Dacier) &
i
de Ville-Dieu9qui font si diJ
» gnes du rang que vous leur ave^
donnéparmy vous. La hauteur
de leur e/prit a
eslé fecondéc
d'une jïtuation heureuse
au milieu de n?aris> & animée par la
'Ueué. er par lufage du grand
& du beau monde. taujfi ces
'Dames font-dles devenues un
des miracles de ce
SiecleJ& leurs
Ecrits étonneront bien plus la
pofleritéyque ceux des Femmes
dessieclespa/fez
ne nous étonnent.Je
croy quïlm'eji permis
de vous dire
,
^Hcffieurs
>
afin
que vous ne vous repentIez pas
de l'honneur
que vous m'ave%
faity que bien que mes écrits
joient infiniment au dejjous des
leursy ils ont fouveHt d'heureux
succés. Von y voit la nature
toutepure>&ce caraflere aisé ne
déplaift point. Enfin puis que
mes Ouvrages mont attirévofirf
estime,personnen'efl plus en
droit de les condamner. Vous tenez dans le monde la place de
ces fameux Grecs qui décidoient
du merite des Auteurs, aujJibien que de celuy des Heros.
Fous les furpajfie^mesme pas
une
Une droiture de cœur qui vous
fait rendrejuflice à mon Sexe,
en me recevant dans vojlre illttstre Academie
3
& naffefiant
point une diftinElion que le Ciel
e la Nature nont jamais ett
dejjein de mettre entre les hommcs & nous. Leur jalousie la
fitnaijlre> nostre modeflie l'a
souffertey & sans que nous
ayons troublé le monde par nos
plaintes, les hommes commencent
àse repentir de leur usurpation
3 & lever empire tirannique va
tomber de luy-mesme. Déjàl*Academie Royale d'Arles afuinjy
njoftre exemple à noflre érard,
Cm- de nos meilleurs Scrivainé
ont traité à fond de l'égalité
des Sexes
,
qui ne si contesse
plus en France depuis que
nojlre jufle Monarqueeflirne c5r
récompense le mente de l'un &
de l'attire Sexe. NtoublicZ pas
MejJieurs, cette marque deÇon
équité dans les Eloges que vous
luy 7 donnez. J JeT Jçay que cet
auguste fujct remplit jouvent
'Vos gavantes veilles. Quelle
occupation -" pourrie^-vous ,trouver plus digne de vous; & quels
Homeres peut trouver ce
JÈJeros
plus dignes de luy? Mais quelques idées que la Renommée vous
donne de fis vertus> vous rien
comprendrez jamais quunepartie; le bonheur de lesconnoiflre
toutes en reservé à [es heureux
Sujetssurlesquels il regne par
amourplusœbfolument que tous
les autres Rois ne regnentsur les
leurs par la terreur & par la
crainte. Il gouverne avec tant
t
de douceur un Peuple naturelle
t ment fournis a ses Monarques,
>
& dont il fait les delices
y
que
j
chacun sacrifieroit avec plaifr
\pour luyses biens £7*sa vie. Il
h
Aime ses Sujets autant qu'il en
est aimé7 & cejl sans doute en
à
cela que confîfle la plus veritable st) la plus feure félicité da
Rois. Vous voyez, Messieurss
que je confirme mon caraéhrc
doux eJimple, en ne vous parlant que de la honte de [on toeur. Je laisse au flde sublime à le representer telqu'il cft à la resse
de Jes yérméesiportant la frayeur
che% ses EnnemÚ. Cependant»
MessieursJ toute la France vous
eftobligée del'ïnterst que mous
prenez. à sa gloire) C' cette raison nesspasmoins puyfante que
la f!lrace que vous mame%faite>
pour mengagera ejlre pour m'engagerA, toute ma eprc toute ma
'Vie, Moeurs
>
voflre»&c
A Albi lezs. Sept. 1689
Fermer
Résumé : LETTRE DE MADAME de Saliez, à Mrs l'Academie des Ricovrati de Padouë.
L'Académie des Ricovrati de Padoue a adressé des lettres d'association à Madame de Saliez, vicomtesse d'Albi, en reconnaissance de ses œuvres. Madame de Saliez a répondu à cette distinction en mettant en avant les mérites de son sexe et en louant Louis le Grand. Elle exprime sa gratitude en français, langue qu'elle préfère en tant que sujette du roi de France et qu'elle considère comme universelle grâce à l'Académie française. Elle cite également des femmes écrivaines françaises telles que Madame de Scudéry et Madame Dacier, dont les œuvres sont dignes d'admiration. Madame de Saliez affirme que ses propres écrits, bien que modestes, ont été bien accueillis et qu'elle mérite sa place au sein de l'Académie des Ricovrati. Elle souligne la droiture de cœur de l'Académie, qui reconnaît les mérites des femmes sans discrimination. Elle conclut en louant les vertus du roi Louis XIV, dont la justice et la douceur sont exemplaires, et en exprimant sa gratitude pour l'honneur qui lui a été fait.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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21
p. 91-128
Reception de M. de Fontenelle à l'Academie Françoise, & tout ce qui s'est passé en cette occasion. [titre d'après la table]
Début :
Le Samedy 5. de ce mois, Mr de Fontenelle fut receu à [...]
Mots clefs :
Fontenelle, Académie française, Corneille, Éloge, Anciens, Modernes, Louis, Discours, Charpentier, Harangue, Lecture, Académie d'Arles, Académie des Ricovrati de Padoue, Madame Deshoulières, Abbé de Lavau
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Reception de M. de Fontenelle à l'Academie Françoise, & tout ce qui s'est passé en cette occasion. [titre d'après la table]
e Samedy.5. de ce mois
M' de Fontenelle fut receu à
l'Academie Françoife, & s'attira de grands applaudiffemens par le remerciement
qu'il y fit . Il dit d'abord
fi jamais il avoir efté capable
de fe laiffer furprendre aux
douces illufions de la vanité,
il n'auroit pû s'en défendre
dans l'occafion cù il fe trouvoit, s'il n'avoit confideré
qu'on avoit bien voulu luy
faire un merite de ce qu'il
avoit prouvé par fa conduite
qu'il fçavoit parfaitement le
prix du bienfait qu'il recevoir.
Hij
92 MERCURE
Il ajoûta qu'il ne pouvoit
d'ailleurs fe cacher qu'il devoit l'honneur qu'on luy avoit fait de l'admettre dans
un fi celebre Corps , au bonheur de fa naiTance qui le
faifoit tenir à un Nom qu'un
illuftre Mort avoit ennobly,
& qui eftoit demeuré en veneration dans la Compagnie.
Tout le monde connut bien
qu'il vouloit parler du grand
Corneille, donr il fit l'Eloge
en peu de mots , auffi bien
que de M' de Villayer, Doyen
du Confeil d'Etat , auquel il a
fuccedé dans la place qu'il
GALANT. 93
avoit laiffée vacante. Il paffa
de là au grand fpectacle qui
devoit le plus intereffer toute
l'Affemblée , & parla de la
conquefte de Mons , d'une
maniere fi vive , fi fine , & fi
éloquente , qu'on peut affurer
que dans tout ce qu'il en dit
il y avoit prefque autant de
penfées que de paroles. Son
tile fut ferré & plein de
force , & aprés que la
peinture qu'il fit de la prife
de cette importante Place ,
cut fait paroistre tout ce qu'-
elle avoit de furprenant , il
n'eut pas de peine à fe faire
94 MERCURE
croire lors qu'il ajoûta, que fi
le grand Cardinal de Richelieu , à qui l'Academie Françoife devoit le bonheur de
fon établiffement, & qui avoit
commencé à travailler avec
de fi grands fuccés à la grandeur de la France , revenoit
au monde , il auroit peine à
s'imaginer que LOUIS LE
GRAND cult pû l'élever
à un fi haut degré de gloire.
C'eftoit à M' l'Abbé Teftu,
commeDirecteur de la Compagnie , à répondre à ce Difcours , mais fon peu de fanté
ne luy permettant alors au-
GALANT. 95
cune application , M' de Corneille qui en eftoit Chancelier , fut obligé de parler au
lieu de luy , ce qui caufoit
quelque curiofité parmyceux
quicompofoient l'Affemblée,
puis qu'eftant Oncle de M'de
Fontenelle , la bien . feance
vouloit qu'il cherchaft un
tour particulier pour fe difpenfer de luy donner des
louanges. Comme l'amitié
qui eft entre nous me défend
de vous rien dire à fon avantage , je me contenteray de
vous faire part de fa réponſe,
telle qu'il l'a prononcée ,
96 MERCURE
ainfi vous en allez juger par
yous mefme. Voicy les termes dontil fe fervit.
MONSONSIEUR,
Nousfommes traitez vous &
moy bien differemment dans le
mefme jour. L'Academie a be
foin d'un digne Sujet pour remplirle nombre qui luy eft prefcrit
par fes Statuts. Pleine de difcernement , n'ayant en veuë que
le feul merite, & dans l'entiere liberté de fes fuffrages , elle
vous choisit pour vous donner ,
non feulement une place dans
Son
GALANT.
97
fonCorps , mais celle d'un Magistrat éclairé , qui dans une noble
concurrence ayant eu l'honneur
d'etre declaré Doyen du Confeil
d'Estat par le jugement meſme
de Sa Majefté, faifoit fon plus
grand plaifir de fe dérober à ſes
importantes fonctions , pour nous
venir quelquefois faire part de
fes lumieres ; que pouvoit- il arriver de plus glorieux pour vous?
Dans le mefme temps , cette
mefme Academie change d'Officiers ,felon fa coutume. Le Sort
qui décide de leur choix, n'auroit
pu qu'eftre applaudy, s'il l'euft
fait tomber fur tout autre que
May 1691.
I
98 MERCURE
fur moy, & quoy qu'incapable
de foutenir le poids qu'il impofe,.
c'eft moy qui le dois porter. Il eft
vray qu'il a fait voir fa justice
par l'illuftre Directeur qu'il nous
a donné. La joye que chacun de
nous en fit paroiftre, luy marqua
affez que le hazard n'avoitfait .
s'accommoder ànos fouhaits,
je n'enfçaurois douter , vous
ne le pustes apprendre fans vous.
fentir auffi - toft flatéde ce qui auroit faifi le cœur le plus détachés
de l'amour propre. La qualité des
Chefde la Compagnie l'engageant
dans la place qu'il occupe , à vous
repondre pour Elle , il vous auroit
que
P
GALANT. 99
esté doux qu'un homme, dont l'éloquence s'eftfait admirer en tant
d'actions publiques, vous eustfait
connoiftre fur quels fentimens.
d'eftime pour vous l'Academie
s'eft determinée à fe declarer en
vostrefaveur.
Son peu defanté l'ayant obligé de s'en repofer fur moy, vous
prive de cette gloire , & quand
le défir de repondre dignement à
l'honneur quej'ay de portericy!
parole à fondefaut , pourroit n'animer affez pour me donner la
force d'efprit qui meferoit neceffaire dans un fi glorieux pofte, ce
que je vous fuis me fermant la
I ij
100 MERCURE
bouche fur toutes les choſes qui
feroient trop à votre avantage ,
vous ne devez attendre de moy
qu'un épanchement de cœur qui
vousfaffe voir la part que je
prens au bonheur qui vous arrive , des fentimens & non des
lou
inges.
M'abandonnerai
-je à ce
qu'ils
m'inſpirent
? La
proximité
du
Sang
, la
tendre
amitié
quej'ay
pour
vous
, lafuperiorité
que me
"donne
l'âge
,toutfemble
me lepermettre
, vous
le devez
fouffrir
,
j'iray
jufques
à vous
donner
des
confeils
. Au lieu
de vous
dire que
celuy
qui afi bienfait
parler
les
GALANT. ΙΟΙ
Morts n'eftoit pas indigne d'entrer en commerce avec d'illuftres
Vivans ; au lieu de vous applau
dirfur cet agréable arrangemens
de differens Mondes dont vous
nous avez offert le spectacle ,
furcet Art fidifficile , & qu'ilme
paroift que le Public trouve en
vous fi- naturel , de donner de
l'agrément aux matieres les plus
feches , je vous diray que quelque
gloire que vous ayent acquife dés
vos plus jeunes années les talens
qui vous diftinguent, vous devez
les regarder, non pas comme des
dons affez forts de la nature pour
vous faire atteindre , fans autre
Í iij
102 MERCURE
a
fecours que de vous mefme , à la
perfection du merite que je vous
fouhaite ; mais comme d'heureufes difpofitions qui vous y peuvent conduire. Cherchez avec
fin pour y parvenir les lumieres
qui vous manquentile choix qu'on
fait de vous vous met en eftat
de lespuifer dans leur fource.
En effet , rien ne vous les peut
fournir fi abondamment que les
Conferences d'une Compagnie ,
oùfi vous m'en exceptez , vous
ne trouverez que de ces Genies
fublimes à qui l'immortalité eſt
deue. Tout ce qu'on peut acquerir de connoiffances utiles par les
1
GALANT. · 103
aura
belles Lettres , l'Eloquence , la
Poëfie , l'Art de bien traiter
l'Histoire , ils le poffedent dans
le degré le plus éminent › &
quand un peu de pratique vous
facilité les moyens de connoistre a fond tout le merite de
- ces celebres Modernes , peut eftre
ferez- vous autorisé , je ne dis pas
à les préferer , mais à ne les pas
trouver indignes d'eftre comparez
aux Anciens. Ce n'est pas que
toutejufte que cette loüange puiffe
eſtre pour eux, ils ne la regardent
comme une loüange qui ne leur
Sçauroit appartenir. Ils ne l'écoutent qu'avec repugnance , &la
I iiij
104 MERCURE
veneration qui eft deue à ceux
qui nous ont tracé la voye dans
le chemin de l'esprit , s'il m'eſt
permis de me fervir de ces termes, prévaut en eux contre euxmefmes , enfaveur de ces grands
Hommes, dont les excellens Ouvrages toûjours admire de toutes les Nations, ont paffejuſques
à nous malgré un nombre infiny
d'années, comme des Originaux
qu'on ne peut trop eftimer. Mais
pourquoy nous fera-t- il défendu
de croire que dans les Arts &
dans les Sciences les Modernes
puiffent aller auffi- loin , &mêplus loin que les Anciens , puis
GALANT. 105
qu'il eft certain , en matiere de
Heros , que toute l'Antiquité,
cette Antiquitéfi venerable, n'a
l'on puiffe comparer à
rien que
celuy de noftre Siecle?
Quel amas de gloirefe prefente
à vous, Meffieurs , à la fimple,
idée que je vous en donne !
Nentrons point dans cette foule
d'actions brillantes dont l'éclat
trop vifnepeut que nous ébloüir.
N'examinons point tous ces furprenans prodiges dont chaque
année de fon regne fe trouve
marquée. Les Cefars , les Ale
xandres ont befoin que l'on
rap
pelle tout ce qu'ils ont fait pen-
106 MERCURE
"
dant leur vie pour paroiftre di
gnes de leur reputation , mais il
n'en est pas de mefme de Louis
le Grand. Quand nous pourrions
oublier cette longue fuite d'évenemens merveilleux qui font
l'effet d'une intelligence incomprehenfible, l'Hertfie détruite ,
la protection qu'il donne feul
aux Rois opprimez , trois Ba
tailles gagnées encore depuis
peu dans une mefme Campagne,
il nous fuffiroit de regarder ce
qu'il vient defaire, pour demeurer convaincus qu'il est le plus
grand de tous les hommes.
Seur des conqueftes qu'il vou-
GALANT. 107
› y renonce pour dra tenter il
donner la paix à toute l'Europe.
L'Envie en fremit ; la Faloufie
qui faifit de redoutables Puiffances ne peut fouffrir le triomphe que luy affure une fi haute
vertu. Sa grandeur les bleffe , il
faut l'affaiblir. Un nombre infiny de Princes qui ne poffedent
encore leurs Etats queparce qu'il
dédaigné de les attaquer , ofent
oublier ce qu'ils luy doivent pour
entrer dans une Ligue, où ils s'imaginent que leursforces jointes
feront en eftat d'ébranler une
Puiffance qui a jufque là refifte
à tout. Que les Ennemis de la
a
108 MERCURE
Chreftienté fe refaififfent de tour
un Royaume qu'ils n'ont perdu
que par cette Paix, qui a donné
lieu aux avantages qu'on a remportez fur eux, n'importe,il n'y a
rien qui ne foit à préferer au chagrin infupportable de voir le Roy
jouir de fa gloire.LesAlliezfe refolvent àprendre les armes des
Princes Catholiques , l'Espagne
mefme que fa fevere Inquifition
rend fi renommée furfon exactitude à punir les moindres fautes
qui puiffent bleffer la Religion ,
ne font point difficulté de renouveller la guerre,pour appuyer les
deffeins d'un Princesà qui toutes
1
GALANT.
109
les Religions paroiffent indiffe
rentes , pourveu qu'il nuife à la
veritable ; d'un Prince qui pour
fe placer au Trône ofe violer les
plusfaintes loix de la nature, &
qui ne s'eft rendu redoutable qu'à
cauſe qu'il a trouvé autant d'a¬
veuglement dans ceux qui l'élevent, qu'il a d'injuſtice dans tous
les projets qu'il forme.
Voyons les fruits de cette
union ; des pertes continuelles.
tous les jours des malheurs à
craindre plus grands que ceux
qu'ils ont déja éprouvez. Il faut
pourtant faire un dernier effort ,
pour arteter les gemiffemens des
Peuples, à qui de dures exactions.
110 MERCURE
"
font ouvrir les yeux fur leur efclavage. Onmarque le temps
le lieu d'une Affemblée. Des
Souverains , que la grandeur de
leur caractere devroit retenir › y
viennent de toutes parts rendre
dehonteux hommages à ce témeraire Ambitieux, que le crime a
couronné, & qui n'est au deffus
d'eux, qu'autant qu'ils ont bien
voulu by mettre. Il les entre
tient d'efperances chimeriques.
Leur formidable puiffance ne
trouvera rien qui luy puiffe refifter. S'ils l'en ofent croire, le Roy
qui veut demeurer tranquille
ne fe fait plus un plaifir d'aller
GALANT. III
animerfes Armées parfa prefen-·
ce; & dès que le tempsfera venu
d'entrer en campagne , ils font
affure de nous accabler.
Il est vray que le Roy garde
beaucoup de tranquillité ; mais
qu'ils ne s'y trompent pas. Son
repos eft agiffant , fon calme l'emporte fur toute l'inquietude de
leur vigilance , & la regle des
faifons n'eft point une regle pour
ce qu'il luy plaift de faire. Nos
Ennemis confument le temps
examiner ce qu'ils doivent entreprendre , Louis eft preft
à
d'executer. Il n'a point fait de
menaces mais fes ordres font
112 MERCURE
donnez ; il part , Mons eft inwesty , fes plus forts remparts
ne peuvent tenir enfa prefence,
&en peu de jours fa prife nous
delivre des alarmes où il nous
jettoit en s'expofant. Que de
glorieufes circonstances relevent
cette conqueste! C'est peu qu'elle
foit rapide , c'est peu qu'elle ne
nous coute aucune, perte qu'on
puiffe trouverconfiderable. Ellefe
fait auxyeux mefmes de ce Chef
de tant de Ligues , qui avoitjuré
la ruine de la France. Il devoit
venir nous attaquer , on va au
devant de luy, & il ne sçauroit
défendre laplus importante Place
GALANT. 113
qu'on pouvoit êter à fes Alliez.
S'il ofe approcher, c'est feulement pour voir de plusprés l'heureux triomphedefon augufte Ennemy.
Nos avantages ne font pas
moins grands du cofté de
l'Italie . Une des Places qui
vient d'y efire conquife , avoit
bravé, il y a cent cinquante ans,
les efforts de deux Ármées , &
dés la premiere attaque de nos
Troupes elle est contrainte de capituler. Gloire par tout pour le
Roy !
Confufion par tout pourfes
Ennemis ! Ils fe retirent tout
couverts de honte ; le Royrevient
May 1691.
K
114 MERCURE
couronné par la Victoire , & lå
Campagne s'ouvrira dansfafaifon. Quelles merveilles n'avonsnous pas lieu de croire qu'elle produira , quand nous voyons celles
qui l'ont precedée.
Voilà, Meffieurs, une brillante
matiere pour employer vos rares
talens. Vous avez une occafion
bien avantageuse de les faire
voirdans toute leurforce , fipourtant il vous eft poffible de trouver
des expreffions qui répondent à la
grandeur du Sujet. Quelques
foins que nous prenions de chercher l'ufage de tous les mots de la
"Langue , nous ne sçaurions nous
GALANT.
cacher que les Actions du Roy
font au deffus de toutes fortes de
termes. Nous croyons les grandes
chofes qu'il afaites, parce que nos
yeux en ont efte les témoins, mais
fur le rapport que nous en ferons,
quoy qu'imparfait , quoy quefoible, quoy qu'infiniment au deffous
de ce que nous voudrons dire ,
pofterite ne les croira pas.
la
Vous nous aidere de vos lumieres , vous , Monfieur, que
l'Academie reçoit en focieté pour
le travail qu'elle a entrepris. Elle
pense avec plaifir que vous luy
ferez utile ; je luy ay répondu
de voftre zele , & j'espere que
Kij
116 MERCURE
vosfoins àdégagermaparole luy
feront connoistre qu'elle ne s'eft
point trompée dans fon choix.
de
Ces deux Difcours ayantefté
prononcez , M' Charpentier,
Doyen, prit la parole , & dit
que devant avoir l'honneur
complimenter le Royfur
fes nouvelles conqueftes.comme le plus ancien de la Com、
pagnie , fi la modeftie de Sa
Majefté ne luy cuſt
refuſer toutes fortes de Harangues , il alloit lire ce qu'il
avoit préparé pour s'acquitter
d'un devoir fi glorieux. Vous
pas fait
GALANT. 117
connoiffez la beauté de fon
genic & fa profonde érudition, & il vous eft aifé de
"
juger par là des graces qu'il
donne à tout ce qui part de
luy. Aprés qu'il eut lû cette
harangue , il dit que le refte
de la Seance ayant à eftre employé , felon la coutume, à
la lecture des Ouvrages de
ceux de la Compagnie qui en
voudroient faire part à l'Af
femblée , il croyoit qu'on ne
-feroit pas faché d'entendreune Epiftre de l'illuftre Madame des Houlieres à Monfeigneur le Duc de Bourgo-
118 MERCURE
gne , fur les Conqueftes du
Roy, puis qu'outre un merite
tout particulier qui diftinguoit cette Dame , elle avoit
l'avantage d'eftre affociée à
l'Academie d'Arles , & à celle
dè i Ricourati de Padouë , &
qu'ainfi ce feroit une digne
Academicienne qui paroiftroit parmy des Academiciens. La propofition fut receue avec applaudiffement, &
l'Epiftre de Madame des Houlieres fut donnée à M' l'Abbé de Lavau , qui avoit déja
entre les mains quelques Ougraves qu'il avoit bien voulu
GALANT. 11g
fe charger de lire. Avant que
de commencer il dit qu'il
auroit bien voulu contribuer
à la folemnité de cette journée , enfaisant quelque autre
chofe que de lire les Ouvrages des autres, mais qu'il n'ctoit
pas aifé de bien parler
de ce qui
faifoit
l'éronnement
de l'Europe
; que
les productions
de tant
de rares
genies
qui
avoient
paru
jufque
- là ,
loin
de frayer
le chemin
, le
faifoient
paroiftre
plus
difficile
, &
que
mefme
il le paroiffoit
encore
davantage
aprés
les Difcours
qu'on
venoit
Ï20 MERCURE
d'entendre , fur tout celuy de
M' de Fontenelle , qui avoit
parlé de l'Augufte Protecteur
de la Compagnie , d'une maniere qui faifoit connoiſtre
qu'il eftoit déja parfaitement
inftruit des devoirs d'un Academicien, & qui donnoit de
grandes idées de ce qu'il fçauroit faire àl'avenir ; que fi fes
Ouvrages eftoient pleins d'un
agrément qui montroit la dé.
licateffe de fon efprit , il avoit
de grands exemples dans fa
Famille , & qu'il venoit de
leur renouveller la memoire
du grand Corneille , fon Oncle,
GALANT. ` 121
cle, un des principaux orne?
mens du fiecle & de l'Academie Françoiſe , generalement
eftimé & honoré de toutes
les Nations où il fe trouve des
gens qui aiment les Lettres.
Il pourfuivit en difant , que
fi cet excellent homme ne
nous manquoit pas , il auroit
bien fceu faire påffer à la pofterité noftre incomparable
Monarque, finon tel qu'il eft,
au moins tel qu'il eft permis aux hommes de le concevoir ; que nous en avions
de feurs garants dans les Heros des ficcles paffez , qu'il a
May1691.
L
122 MERCURE
fait revivre d'une maniere fi
glorieufe pour l'Antiquité,
& qu'il femble n'avoir rame.
nez juſques à nous avec tour
leur éclat , que pour faire pa
roistre encore davantage la
gloire de fon Souverain. Mr
Abbéde Lavau dit encore ,
qu'il auroit cu à parler des
prifes de Mons , de Villefranche & de Nice, mais que
connoiffant par experience
combien il eftoit. difficile
d'en parler d'une maniere qui
convint à de fi grandes conqueftes , il croyoit devoit fe
retrancher à ce qu'il avoit en-
GALANT. 123
tendu dire à un des plus
grands Prelats du monde, que
nos voix en devoient eftre étoufees, qu'elles eftoient trop foibles,
qu'ilfalloit laiffer agir nos cœurs
& noftre joye , & lever les
mains au Ciel pour le remercier
de tant de prodiges. Ce qu'il
ajoûta , que la reputation de
ce Prelar n'avoit point de bornes, & qu'on ne pouvoit le
connoiftre fans avouer qu'il
eftoit impoffible d'occuper
plus dignement le premier
rang dans l'Eglife de France,
c'est à dire , le fecond de l'Eglife Univerſelle, fit nommer
7
Lij
124 MERCURE
à tout le monde Mr l'Archevefque de Paris. Il finit en difant que puis qu'un fi grand
homne, quia fceu fi fouvent
& fi excellemment parler de
fon Maistre & des évenemens
de fon Regne , faifoit entendre qu'en cette derniere occafion , le party du filence
eftoit à fuivre, &qu'il falloit
s'abandonner à la joye , fouvent plus éloquente que les
paroles , c'eftoit à luy plus
qu'à un autre de fe conformer à ce confeil ; qu'il falloit
attendre que le Ciel , à qui
l'on ne pouvoit douter que
GALANT. 125
Louis le Grand ne fuft précieux, donnaft de ces hommes
merveilleux, dont il luy plaift
quelquefois d'enrichir les ficcles , qui fçauroient peindre
ce grand évenement auffi
grand qu'il l'eft , & recueillir
tout ce que fait & dit ce Roy
invincible , pour l'apprendre
à nos Neveux d'une maniere
qui puft les perfuader , Ouvrage qui n'appartenoit pas
des hommes ordinaires , &
d'autant plus difficile , que
depuis plufieurs années nous
voyons des prodiges fe fuccéder continuellement les uns
à
Liij
126 MERCURE
aux autres. Si nous ne les
des exemcroyons qu'avec peine , continua- t-il , quoy que nous en
foyons convaincus , que feront
ceux qui verront un jour tout
d'un coup tant de merveilles
dans toute leur étenduë, fans y
avoir efté preparez par
plés qui auroient pú les difpofer
à croine ce que la valeur, la
juftice , la clemence , la bonté, la
magnificence , la fageffe ,
gloire enfin , & plus que tout
cela la Religion font executer
chaque jourà Louis, leplusgrand
des Rois.
Aprés que M de Lavau
GALANT. 127
une
eut parlé de cette forte , il
leut un Ouvrage de M' Boyer
fur la prise de Mons ,
Lettre familiere en Vers de
M' Perrault, adreffée à M' le
Prefident Rofe , fur les alarmesoù l'on eftoit à Paris de
ce que le Roy s'expoſoit tous
les jours pendant le Siege , &
l'Epitre auffi en Vers de Madáme des Houlieres à Monfeigneur le Duc de Bourgogne. M' le Clerc leut enfuite
une Ode , qui eftoit la Paraphrafe d'un Pleaume fur cette
mefme conquefte , & M' de
Benferade finit la feance par
Lij
128 MERCURE
3
une Piece toute en quadrains,
dont chaque dernier Vers ,
qui eftoit feulement de quatre fillabes , faifoit une cheute tres- agreable. Je ne vous
dis rien de la beauté de tous
ces Ouvrages, puis que vous
pourrez les lire bien- toft dans
un recueil qne doit debiter
au premier jour le S Coi
gnard , Libraire de l'Academic.
M' de Fontenelle fut receu à
l'Academie Françoife, & s'attira de grands applaudiffemens par le remerciement
qu'il y fit . Il dit d'abord
fi jamais il avoir efté capable
de fe laiffer furprendre aux
douces illufions de la vanité,
il n'auroit pû s'en défendre
dans l'occafion cù il fe trouvoit, s'il n'avoit confideré
qu'on avoit bien voulu luy
faire un merite de ce qu'il
avoit prouvé par fa conduite
qu'il fçavoit parfaitement le
prix du bienfait qu'il recevoir.
Hij
92 MERCURE
Il ajoûta qu'il ne pouvoit
d'ailleurs fe cacher qu'il devoit l'honneur qu'on luy avoit fait de l'admettre dans
un fi celebre Corps , au bonheur de fa naiTance qui le
faifoit tenir à un Nom qu'un
illuftre Mort avoit ennobly,
& qui eftoit demeuré en veneration dans la Compagnie.
Tout le monde connut bien
qu'il vouloit parler du grand
Corneille, donr il fit l'Eloge
en peu de mots , auffi bien
que de M' de Villayer, Doyen
du Confeil d'Etat , auquel il a
fuccedé dans la place qu'il
GALANT. 93
avoit laiffée vacante. Il paffa
de là au grand fpectacle qui
devoit le plus intereffer toute
l'Affemblée , & parla de la
conquefte de Mons , d'une
maniere fi vive , fi fine , & fi
éloquente , qu'on peut affurer
que dans tout ce qu'il en dit
il y avoit prefque autant de
penfées que de paroles. Son
tile fut ferré & plein de
force , & aprés que la
peinture qu'il fit de la prife
de cette importante Place ,
cut fait paroistre tout ce qu'-
elle avoit de furprenant , il
n'eut pas de peine à fe faire
94 MERCURE
croire lors qu'il ajoûta, que fi
le grand Cardinal de Richelieu , à qui l'Academie Françoife devoit le bonheur de
fon établiffement, & qui avoit
commencé à travailler avec
de fi grands fuccés à la grandeur de la France , revenoit
au monde , il auroit peine à
s'imaginer que LOUIS LE
GRAND cult pû l'élever
à un fi haut degré de gloire.
C'eftoit à M' l'Abbé Teftu,
commeDirecteur de la Compagnie , à répondre à ce Difcours , mais fon peu de fanté
ne luy permettant alors au-
GALANT. 95
cune application , M' de Corneille qui en eftoit Chancelier , fut obligé de parler au
lieu de luy , ce qui caufoit
quelque curiofité parmyceux
quicompofoient l'Affemblée,
puis qu'eftant Oncle de M'de
Fontenelle , la bien . feance
vouloit qu'il cherchaft un
tour particulier pour fe difpenfer de luy donner des
louanges. Comme l'amitié
qui eft entre nous me défend
de vous rien dire à fon avantage , je me contenteray de
vous faire part de fa réponſe,
telle qu'il l'a prononcée ,
96 MERCURE
ainfi vous en allez juger par
yous mefme. Voicy les termes dontil fe fervit.
MONSONSIEUR,
Nousfommes traitez vous &
moy bien differemment dans le
mefme jour. L'Academie a be
foin d'un digne Sujet pour remplirle nombre qui luy eft prefcrit
par fes Statuts. Pleine de difcernement , n'ayant en veuë que
le feul merite, & dans l'entiere liberté de fes fuffrages , elle
vous choisit pour vous donner ,
non feulement une place dans
Son
GALANT.
97
fonCorps , mais celle d'un Magistrat éclairé , qui dans une noble
concurrence ayant eu l'honneur
d'etre declaré Doyen du Confeil
d'Estat par le jugement meſme
de Sa Majefté, faifoit fon plus
grand plaifir de fe dérober à ſes
importantes fonctions , pour nous
venir quelquefois faire part de
fes lumieres ; que pouvoit- il arriver de plus glorieux pour vous?
Dans le mefme temps , cette
mefme Academie change d'Officiers ,felon fa coutume. Le Sort
qui décide de leur choix, n'auroit
pu qu'eftre applaudy, s'il l'euft
fait tomber fur tout autre que
May 1691.
I
98 MERCURE
fur moy, & quoy qu'incapable
de foutenir le poids qu'il impofe,.
c'eft moy qui le dois porter. Il eft
vray qu'il a fait voir fa justice
par l'illuftre Directeur qu'il nous
a donné. La joye que chacun de
nous en fit paroiftre, luy marqua
affez que le hazard n'avoitfait .
s'accommoder ànos fouhaits,
je n'enfçaurois douter , vous
ne le pustes apprendre fans vous.
fentir auffi - toft flatéde ce qui auroit faifi le cœur le plus détachés
de l'amour propre. La qualité des
Chefde la Compagnie l'engageant
dans la place qu'il occupe , à vous
repondre pour Elle , il vous auroit
que
P
GALANT. 99
esté doux qu'un homme, dont l'éloquence s'eftfait admirer en tant
d'actions publiques, vous eustfait
connoiftre fur quels fentimens.
d'eftime pour vous l'Academie
s'eft determinée à fe declarer en
vostrefaveur.
Son peu defanté l'ayant obligé de s'en repofer fur moy, vous
prive de cette gloire , & quand
le défir de repondre dignement à
l'honneur quej'ay de portericy!
parole à fondefaut , pourroit n'animer affez pour me donner la
force d'efprit qui meferoit neceffaire dans un fi glorieux pofte, ce
que je vous fuis me fermant la
I ij
100 MERCURE
bouche fur toutes les choſes qui
feroient trop à votre avantage ,
vous ne devez attendre de moy
qu'un épanchement de cœur qui
vousfaffe voir la part que je
prens au bonheur qui vous arrive , des fentimens & non des
lou
inges.
M'abandonnerai
-je à ce
qu'ils
m'inſpirent
? La
proximité
du
Sang
, la
tendre
amitié
quej'ay
pour
vous
, lafuperiorité
que me
"donne
l'âge
,toutfemble
me lepermettre
, vous
le devez
fouffrir
,
j'iray
jufques
à vous
donner
des
confeils
. Au lieu
de vous
dire que
celuy
qui afi bienfait
parler
les
GALANT. ΙΟΙ
Morts n'eftoit pas indigne d'entrer en commerce avec d'illuftres
Vivans ; au lieu de vous applau
dirfur cet agréable arrangemens
de differens Mondes dont vous
nous avez offert le spectacle ,
furcet Art fidifficile , & qu'ilme
paroift que le Public trouve en
vous fi- naturel , de donner de
l'agrément aux matieres les plus
feches , je vous diray que quelque
gloire que vous ayent acquife dés
vos plus jeunes années les talens
qui vous diftinguent, vous devez
les regarder, non pas comme des
dons affez forts de la nature pour
vous faire atteindre , fans autre
Í iij
102 MERCURE
a
fecours que de vous mefme , à la
perfection du merite que je vous
fouhaite ; mais comme d'heureufes difpofitions qui vous y peuvent conduire. Cherchez avec
fin pour y parvenir les lumieres
qui vous manquentile choix qu'on
fait de vous vous met en eftat
de lespuifer dans leur fource.
En effet , rien ne vous les peut
fournir fi abondamment que les
Conferences d'une Compagnie ,
oùfi vous m'en exceptez , vous
ne trouverez que de ces Genies
fublimes à qui l'immortalité eſt
deue. Tout ce qu'on peut acquerir de connoiffances utiles par les
1
GALANT. · 103
aura
belles Lettres , l'Eloquence , la
Poëfie , l'Art de bien traiter
l'Histoire , ils le poffedent dans
le degré le plus éminent › &
quand un peu de pratique vous
facilité les moyens de connoistre a fond tout le merite de
- ces celebres Modernes , peut eftre
ferez- vous autorisé , je ne dis pas
à les préferer , mais à ne les pas
trouver indignes d'eftre comparez
aux Anciens. Ce n'est pas que
toutejufte que cette loüange puiffe
eſtre pour eux, ils ne la regardent
comme une loüange qui ne leur
Sçauroit appartenir. Ils ne l'écoutent qu'avec repugnance , &la
I iiij
104 MERCURE
veneration qui eft deue à ceux
qui nous ont tracé la voye dans
le chemin de l'esprit , s'il m'eſt
permis de me fervir de ces termes, prévaut en eux contre euxmefmes , enfaveur de ces grands
Hommes, dont les excellens Ouvrages toûjours admire de toutes les Nations, ont paffejuſques
à nous malgré un nombre infiny
d'années, comme des Originaux
qu'on ne peut trop eftimer. Mais
pourquoy nous fera-t- il défendu
de croire que dans les Arts &
dans les Sciences les Modernes
puiffent aller auffi- loin , &mêplus loin que les Anciens , puis
GALANT. 105
qu'il eft certain , en matiere de
Heros , que toute l'Antiquité,
cette Antiquitéfi venerable, n'a
l'on puiffe comparer à
rien que
celuy de noftre Siecle?
Quel amas de gloirefe prefente
à vous, Meffieurs , à la fimple,
idée que je vous en donne !
Nentrons point dans cette foule
d'actions brillantes dont l'éclat
trop vifnepeut que nous ébloüir.
N'examinons point tous ces furprenans prodiges dont chaque
année de fon regne fe trouve
marquée. Les Cefars , les Ale
xandres ont befoin que l'on
rap
pelle tout ce qu'ils ont fait pen-
106 MERCURE
"
dant leur vie pour paroiftre di
gnes de leur reputation , mais il
n'en est pas de mefme de Louis
le Grand. Quand nous pourrions
oublier cette longue fuite d'évenemens merveilleux qui font
l'effet d'une intelligence incomprehenfible, l'Hertfie détruite ,
la protection qu'il donne feul
aux Rois opprimez , trois Ba
tailles gagnées encore depuis
peu dans une mefme Campagne,
il nous fuffiroit de regarder ce
qu'il vient defaire, pour demeurer convaincus qu'il est le plus
grand de tous les hommes.
Seur des conqueftes qu'il vou-
GALANT. 107
› y renonce pour dra tenter il
donner la paix à toute l'Europe.
L'Envie en fremit ; la Faloufie
qui faifit de redoutables Puiffances ne peut fouffrir le triomphe que luy affure une fi haute
vertu. Sa grandeur les bleffe , il
faut l'affaiblir. Un nombre infiny de Princes qui ne poffedent
encore leurs Etats queparce qu'il
dédaigné de les attaquer , ofent
oublier ce qu'ils luy doivent pour
entrer dans une Ligue, où ils s'imaginent que leursforces jointes
feront en eftat d'ébranler une
Puiffance qui a jufque là refifte
à tout. Que les Ennemis de la
a
108 MERCURE
Chreftienté fe refaififfent de tour
un Royaume qu'ils n'ont perdu
que par cette Paix, qui a donné
lieu aux avantages qu'on a remportez fur eux, n'importe,il n'y a
rien qui ne foit à préferer au chagrin infupportable de voir le Roy
jouir de fa gloire.LesAlliezfe refolvent àprendre les armes des
Princes Catholiques , l'Espagne
mefme que fa fevere Inquifition
rend fi renommée furfon exactitude à punir les moindres fautes
qui puiffent bleffer la Religion ,
ne font point difficulté de renouveller la guerre,pour appuyer les
deffeins d'un Princesà qui toutes
1
GALANT.
109
les Religions paroiffent indiffe
rentes , pourveu qu'il nuife à la
veritable ; d'un Prince qui pour
fe placer au Trône ofe violer les
plusfaintes loix de la nature, &
qui ne s'eft rendu redoutable qu'à
cauſe qu'il a trouvé autant d'a¬
veuglement dans ceux qui l'élevent, qu'il a d'injuſtice dans tous
les projets qu'il forme.
Voyons les fruits de cette
union ; des pertes continuelles.
tous les jours des malheurs à
craindre plus grands que ceux
qu'ils ont déja éprouvez. Il faut
pourtant faire un dernier effort ,
pour arteter les gemiffemens des
Peuples, à qui de dures exactions.
110 MERCURE
"
font ouvrir les yeux fur leur efclavage. Onmarque le temps
le lieu d'une Affemblée. Des
Souverains , que la grandeur de
leur caractere devroit retenir › y
viennent de toutes parts rendre
dehonteux hommages à ce témeraire Ambitieux, que le crime a
couronné, & qui n'est au deffus
d'eux, qu'autant qu'ils ont bien
voulu by mettre. Il les entre
tient d'efperances chimeriques.
Leur formidable puiffance ne
trouvera rien qui luy puiffe refifter. S'ils l'en ofent croire, le Roy
qui veut demeurer tranquille
ne fe fait plus un plaifir d'aller
GALANT. III
animerfes Armées parfa prefen-·
ce; & dès que le tempsfera venu
d'entrer en campagne , ils font
affure de nous accabler.
Il est vray que le Roy garde
beaucoup de tranquillité ; mais
qu'ils ne s'y trompent pas. Son
repos eft agiffant , fon calme l'emporte fur toute l'inquietude de
leur vigilance , & la regle des
faifons n'eft point une regle pour
ce qu'il luy plaift de faire. Nos
Ennemis confument le temps
examiner ce qu'ils doivent entreprendre , Louis eft preft
à
d'executer. Il n'a point fait de
menaces mais fes ordres font
112 MERCURE
donnez ; il part , Mons eft inwesty , fes plus forts remparts
ne peuvent tenir enfa prefence,
&en peu de jours fa prife nous
delivre des alarmes où il nous
jettoit en s'expofant. Que de
glorieufes circonstances relevent
cette conqueste! C'est peu qu'elle
foit rapide , c'est peu qu'elle ne
nous coute aucune, perte qu'on
puiffe trouverconfiderable. Ellefe
fait auxyeux mefmes de ce Chef
de tant de Ligues , qui avoitjuré
la ruine de la France. Il devoit
venir nous attaquer , on va au
devant de luy, & il ne sçauroit
défendre laplus importante Place
GALANT. 113
qu'on pouvoit êter à fes Alliez.
S'il ofe approcher, c'est feulement pour voir de plusprés l'heureux triomphedefon augufte Ennemy.
Nos avantages ne font pas
moins grands du cofté de
l'Italie . Une des Places qui
vient d'y efire conquife , avoit
bravé, il y a cent cinquante ans,
les efforts de deux Ármées , &
dés la premiere attaque de nos
Troupes elle est contrainte de capituler. Gloire par tout pour le
Roy !
Confufion par tout pourfes
Ennemis ! Ils fe retirent tout
couverts de honte ; le Royrevient
May 1691.
K
114 MERCURE
couronné par la Victoire , & lå
Campagne s'ouvrira dansfafaifon. Quelles merveilles n'avonsnous pas lieu de croire qu'elle produira , quand nous voyons celles
qui l'ont precedée.
Voilà, Meffieurs, une brillante
matiere pour employer vos rares
talens. Vous avez une occafion
bien avantageuse de les faire
voirdans toute leurforce , fipourtant il vous eft poffible de trouver
des expreffions qui répondent à la
grandeur du Sujet. Quelques
foins que nous prenions de chercher l'ufage de tous les mots de la
"Langue , nous ne sçaurions nous
GALANT.
cacher que les Actions du Roy
font au deffus de toutes fortes de
termes. Nous croyons les grandes
chofes qu'il afaites, parce que nos
yeux en ont efte les témoins, mais
fur le rapport que nous en ferons,
quoy qu'imparfait , quoy quefoible, quoy qu'infiniment au deffous
de ce que nous voudrons dire ,
pofterite ne les croira pas.
la
Vous nous aidere de vos lumieres , vous , Monfieur, que
l'Academie reçoit en focieté pour
le travail qu'elle a entrepris. Elle
pense avec plaifir que vous luy
ferez utile ; je luy ay répondu
de voftre zele , & j'espere que
Kij
116 MERCURE
vosfoins àdégagermaparole luy
feront connoistre qu'elle ne s'eft
point trompée dans fon choix.
de
Ces deux Difcours ayantefté
prononcez , M' Charpentier,
Doyen, prit la parole , & dit
que devant avoir l'honneur
complimenter le Royfur
fes nouvelles conqueftes.comme le plus ancien de la Com、
pagnie , fi la modeftie de Sa
Majefté ne luy cuſt
refuſer toutes fortes de Harangues , il alloit lire ce qu'il
avoit préparé pour s'acquitter
d'un devoir fi glorieux. Vous
pas fait
GALANT. 117
connoiffez la beauté de fon
genic & fa profonde érudition, & il vous eft aifé de
"
juger par là des graces qu'il
donne à tout ce qui part de
luy. Aprés qu'il eut lû cette
harangue , il dit que le refte
de la Seance ayant à eftre employé , felon la coutume, à
la lecture des Ouvrages de
ceux de la Compagnie qui en
voudroient faire part à l'Af
femblée , il croyoit qu'on ne
-feroit pas faché d'entendreune Epiftre de l'illuftre Madame des Houlieres à Monfeigneur le Duc de Bourgo-
118 MERCURE
gne , fur les Conqueftes du
Roy, puis qu'outre un merite
tout particulier qui diftinguoit cette Dame , elle avoit
l'avantage d'eftre affociée à
l'Academie d'Arles , & à celle
dè i Ricourati de Padouë , &
qu'ainfi ce feroit une digne
Academicienne qui paroiftroit parmy des Academiciens. La propofition fut receue avec applaudiffement, &
l'Epiftre de Madame des Houlieres fut donnée à M' l'Abbé de Lavau , qui avoit déja
entre les mains quelques Ougraves qu'il avoit bien voulu
GALANT. 11g
fe charger de lire. Avant que
de commencer il dit qu'il
auroit bien voulu contribuer
à la folemnité de cette journée , enfaisant quelque autre
chofe que de lire les Ouvrages des autres, mais qu'il n'ctoit
pas aifé de bien parler
de ce qui
faifoit
l'éronnement
de l'Europe
; que
les productions
de tant
de rares
genies
qui
avoient
paru
jufque
- là ,
loin
de frayer
le chemin
, le
faifoient
paroiftre
plus
difficile
, &
que
mefme
il le paroiffoit
encore
davantage
aprés
les Difcours
qu'on
venoit
Ï20 MERCURE
d'entendre , fur tout celuy de
M' de Fontenelle , qui avoit
parlé de l'Augufte Protecteur
de la Compagnie , d'une maniere qui faifoit connoiſtre
qu'il eftoit déja parfaitement
inftruit des devoirs d'un Academicien, & qui donnoit de
grandes idées de ce qu'il fçauroit faire àl'avenir ; que fi fes
Ouvrages eftoient pleins d'un
agrément qui montroit la dé.
licateffe de fon efprit , il avoit
de grands exemples dans fa
Famille , & qu'il venoit de
leur renouveller la memoire
du grand Corneille , fon Oncle,
GALANT. ` 121
cle, un des principaux orne?
mens du fiecle & de l'Academie Françoiſe , generalement
eftimé & honoré de toutes
les Nations où il fe trouve des
gens qui aiment les Lettres.
Il pourfuivit en difant , que
fi cet excellent homme ne
nous manquoit pas , il auroit
bien fceu faire påffer à la pofterité noftre incomparable
Monarque, finon tel qu'il eft,
au moins tel qu'il eft permis aux hommes de le concevoir ; que nous en avions
de feurs garants dans les Heros des ficcles paffez , qu'il a
May1691.
L
122 MERCURE
fait revivre d'une maniere fi
glorieufe pour l'Antiquité,
& qu'il femble n'avoir rame.
nez juſques à nous avec tour
leur éclat , que pour faire pa
roistre encore davantage la
gloire de fon Souverain. Mr
Abbéde Lavau dit encore ,
qu'il auroit cu à parler des
prifes de Mons , de Villefranche & de Nice, mais que
connoiffant par experience
combien il eftoit. difficile
d'en parler d'une maniere qui
convint à de fi grandes conqueftes , il croyoit devoit fe
retrancher à ce qu'il avoit en-
GALANT. 123
tendu dire à un des plus
grands Prelats du monde, que
nos voix en devoient eftre étoufees, qu'elles eftoient trop foibles,
qu'ilfalloit laiffer agir nos cœurs
& noftre joye , & lever les
mains au Ciel pour le remercier
de tant de prodiges. Ce qu'il
ajoûta , que la reputation de
ce Prelar n'avoit point de bornes, & qu'on ne pouvoit le
connoiftre fans avouer qu'il
eftoit impoffible d'occuper
plus dignement le premier
rang dans l'Eglife de France,
c'est à dire , le fecond de l'Eglife Univerſelle, fit nommer
7
Lij
124 MERCURE
à tout le monde Mr l'Archevefque de Paris. Il finit en difant que puis qu'un fi grand
homne, quia fceu fi fouvent
& fi excellemment parler de
fon Maistre & des évenemens
de fon Regne , faifoit entendre qu'en cette derniere occafion , le party du filence
eftoit à fuivre, &qu'il falloit
s'abandonner à la joye , fouvent plus éloquente que les
paroles , c'eftoit à luy plus
qu'à un autre de fe conformer à ce confeil ; qu'il falloit
attendre que le Ciel , à qui
l'on ne pouvoit douter que
GALANT. 125
Louis le Grand ne fuft précieux, donnaft de ces hommes
merveilleux, dont il luy plaift
quelquefois d'enrichir les ficcles , qui fçauroient peindre
ce grand évenement auffi
grand qu'il l'eft , & recueillir
tout ce que fait & dit ce Roy
invincible , pour l'apprendre
à nos Neveux d'une maniere
qui puft les perfuader , Ouvrage qui n'appartenoit pas
des hommes ordinaires , &
d'autant plus difficile , que
depuis plufieurs années nous
voyons des prodiges fe fuccéder continuellement les uns
à
Liij
126 MERCURE
aux autres. Si nous ne les
des exemcroyons qu'avec peine , continua- t-il , quoy que nous en
foyons convaincus , que feront
ceux qui verront un jour tout
d'un coup tant de merveilles
dans toute leur étenduë, fans y
avoir efté preparez par
plés qui auroient pú les difpofer
à croine ce que la valeur, la
juftice , la clemence , la bonté, la
magnificence , la fageffe ,
gloire enfin , & plus que tout
cela la Religion font executer
chaque jourà Louis, leplusgrand
des Rois.
Aprés que M de Lavau
GALANT. 127
une
eut parlé de cette forte , il
leut un Ouvrage de M' Boyer
fur la prise de Mons ,
Lettre familiere en Vers de
M' Perrault, adreffée à M' le
Prefident Rofe , fur les alarmesoù l'on eftoit à Paris de
ce que le Roy s'expoſoit tous
les jours pendant le Siege , &
l'Epitre auffi en Vers de Madáme des Houlieres à Monfeigneur le Duc de Bourgogne. M' le Clerc leut enfuite
une Ode , qui eftoit la Paraphrafe d'un Pleaume fur cette
mefme conquefte , & M' de
Benferade finit la feance par
Lij
128 MERCURE
3
une Piece toute en quadrains,
dont chaque dernier Vers ,
qui eftoit feulement de quatre fillabes , faifoit une cheute tres- agreable. Je ne vous
dis rien de la beauté de tous
ces Ouvrages, puis que vous
pourrez les lire bien- toft dans
un recueil qne doit debiter
au premier jour le S Coi
gnard , Libraire de l'Academic.
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Résumé : Reception de M. de Fontenelle à l'Academie Françoise, & tout ce qui s'est passé en cette occasion. [titre d'après la table]
Le 5 mai, Bernard Le Bouyer de Fontenelle fut accueilli à l'Académie française et reçut des applaudissements pour son discours de remerciement. Fontenelle exprima sa surprise et sa gratitude, attribuant cette reconnaissance à sa naissance, qui le liait au nom illustre de Pierre Corneille. Il rendit hommage à Michel Le Tellier, Doyen du Conseil d'État, dont il avait pris la succession. Fontenelle décrivit avec vivacité et éloquence la conquête de Mons, évoquant l'admiration que le cardinal Richelieu aurait eue pour les exploits de Louis XIV. L'abbé Testu, directeur de la Compagnie, étant indisposé, Pierre Corneille, chancelier et oncle de Fontenelle, prit la parole. Corneille souligna le mérite de Fontenelle et l'honneur de sa nomination. Il compara les conquêtes de Louis XIV à celles des grands hommes de l'Antiquité et exhorta Fontenelle à développer ses talents et à tirer profit des échanges au sein de l'Académie. Lors de la même séance, l'Académie accueillit un nouveau membre et espéra qu'il contribuerait utilement. Le doyen, M. Charpentier, complimenta le roi pour ses nouvelles conquêtes et lut une harangue préparée à cet effet. Une épître de Madame des Houlières à Monsieur le Duc de Bourgogne fut ensuite lue, suivie de divers ouvrages littéraires. L'abbé de Lavau exprima l'admiration pour les conquêtes du roi et la difficulté de les décrire adéquatement. Il mentionna également les œuvres de grands écrivains et la gloire du roi, comparée à celle des héros des siècles passés. La séance se termina par la lecture de plusieurs poèmes et œuvres littéraires célébrant les conquêtes du roi.
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22
p. 128-138
Tout ce qui s'est passé touchant la reception de Mr de Nismes à l'Academie des Ricovrati de Padoue. [titre d'après la table]
Début :
Ce n'est pas sans raison qu'on donne à Padouë le surnom [...]
Mots clefs :
Padoue, Académie française, Académie des Ricovrati de Padoue, Académie royale d'Arles, Compliment, Evêque de Nîmes, Mr Guyonnet de Vertron, Mr Fléchier, Distique
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texteReconnaissance textuelle : Tout ce qui s'est passé touchant la reception de Mr de Nismes à l'Academie des Ricovrati de Padoue. [titre d'après la table]
Ce n'eft pas fans raifon
qu'on donne à Padouë le furnom de docte , puifqu'elle eft
fameufe, non feulement par
fon Univerfité , mais encore
par fon Academie , qui eft
aujourd'hui l'une des plus
Auriffantes de toute l'Italie ,
tant par le merite des perfon
nes diftinguées de l'un & de
l'autre fexe qui la compoſent,
que par les grands hommes
qui en font fortis. La Sapho
GALANT. 129
dufiecle, connuë fous le nom
de Mademoiſelle de Scudery,
l'admirableMadame des Houlieres , la fçavante Madame
Dacier , fille de M' le Fevre ,
& la fpirituelle Madame de
Saliez, Viguiere d'Alby, font
de cette fameufe Academic
Italienne , qui dans fa dernie
re affemblée publique a reçû
l'illuftre Me Flechier , Evê
que de Nifmes , l'un des ornemens de l'Academic Françoife , & le digne Protecteur
de celle deNifmes.M Guyonnet de Vertron , qui écrit
' Hiftoire du Roy en profe
130 MERCURE
Latine , & qui eft Academi
cien de l'Academic Royale
d'Arles, & de celle des Ricovrati de Padouë, a accompagné les Lettres Patentes d'un
compliment àM' de Nifmes,
qui luy a fait réponſe en luy
envoyant ce qu'il a écrit à
Meffieurs fes Confreres. Voicy de fidelles copies de ces
honneftetez reciproques que
je vous envoye.
GALANT. 131
A Mr L'EVESQUE
DE NISMES.
MONSEIGNEUR.
Paris Nifmes n'auront
plus feuls l'avantage de vous
avoir dans leurs illuftres Academies. Padouë jalouse d'un fi
grand bonheur, a voulu vous
donner une place dans la fienne;
ainfi vous voyez que la France
l'Italie , qui font les Etats de
l'Europe les plus florians
beaux Efprits , rendent égale
ment justice à vostre rare merite.
?
122 MERCURE
C'euft efté pour moy , Monfeigneur , un plaifir tres -fenfible de
vous prefenter moy- mefme au
nom de Mis mes Confreres les
Ricovrati, ces premieres marques
d'eftime & de diftinction : mais
la diftance des lieux me prive de
cette fatisfaction. Fe prie le fçavant MrGraverol de vous mettre en mains ce nouveau Steau
d'immortalité, que vous meritez
par vos éclatantes vertus , par
voftre éloquence admirable , &
par vos excellens Ecrits. C'est un
dépoft qui ne m'a esté confié que
depuis peu de jours. Pour me
confoler de ne pouvoir accompa-
GALANT.
133
gner ce digne Academicien¸ agréez que je vous affure de ma
joye de lacontinuation de
mes refpects , nonfeulement comme Deputé, & en cette qualité
ayant l'honneur d'eftre vostre
Confrere, mais encore comme une
perfonne qui vous honore infiniment, & quifait fa principale
gloire d'eftre ,
Monseigneur,
Voftre tres-humble &
tres-obeiffanr Serviteur,
GUYƆNNET DE VERTRON,
134 MERCURE
Voicy la réponfe que M
l'Evefque de Nifmes a faite à
M' Guyonnet de Vertron.
Je ne m'eftois pas attendu, Monfieur, à l'honneur que m'ont fait
Meffieurs de l'Academie de Par
douë, en m'affociant à leurCompagnie.Fe connois a Bezleur merite,
pour voir avec plaifir mon nom
meflé avec le leur, je vous prie
de leurfaire tenir la Lettre de remerciement queje leur écris. Je
n'ayreceu que depuis peu dejours
celles qu'ils ont fait expedier
pour ma reception , quoy qu'elles
foient datées du mois de Mars.
GALANT. 135
Vous aurez la bonté de leurfaire
connoiftre que je n'ay manquény
d'exactitude , ny de reconnoiſſance, & de croire qu'à voſtre égard
je fuis avec une eftime , & une
confideration particuliece,
Monfieur,
Voftre tres-humble & tresobeiflantServiteur, ESPRIT,
Evefque de Nifmes.
A Narbonne ce 12.
Decembre 1693.
Avant que de vous parler
du Remerciement de Mr Ficchier, il faut vous faire part
d'un Diftique de M' de Ver-
?
136 MERCURE
tron , pour mettre au bas d'un
Portrait de cet Illuftre Prelat.
Ce Diftique a du raport àfes
noms & à fon merite.
Hic vir hic eft , pietate fuâ qui
pectora flectit,
Atque animos mirâ Spiritus
arte movet.
Le remerciment de M'l'Ers vêque de Nifmes à M's de
l'Academie des Ricovrati de
Padouë , a cfté fait en ces termes.
MESSIEURS ,
Fay efté agreablement furpris
de me trouver affocié à voftre
illuftre Compagnie par les ſuf-
GALANT. 137
frages de tant de grands Hommes qui la compofent. Mr Patin donne volontiers aux Perfonnes qu'il eftime, les louanges
qu'il merite luy- mefme; & vous
croyez aifement le bien qu'on
vous dit des autres , parce que
l'on n'en ſçauroit aſſez dire de
vous . Vous avez écoutefavorablement le témoignage qu'il vous
arendu de moy , & je reçois avec beaucoup de reconnoiffance
La grace que vous m'avezfaite..
L'inclination que j'ay euë dés
monenfance pour les belles Lettres , m'a toujours fait honorer
ceux qui les cultivent , comme
Fevrier 1694.
M
138 MERCURE
vous avec tant defuccés , &
tant de gloire. La reputation que
vous avez acquife par voftre
érudition & par voftre éloquence a paßé jusqu'à nous, & la
connoiffance que nous avons du
merite de voftre Academie nous
fait voir avec joye nos noms
mêlez avec les vofires. Agreez
donc , Meffieurs , que je vous en
faffe mes remercimens , que
je vous affure de l'eftime & de
lareconnoiffance fincere avec la
quelle jefuis,
Meffieurs ,
Voftre tres- humble & tresobeiffant ferviteur, ESPRIT,
Evêqne de Nifmes.
qu'on donne à Padouë le furnom de docte , puifqu'elle eft
fameufe, non feulement par
fon Univerfité , mais encore
par fon Academie , qui eft
aujourd'hui l'une des plus
Auriffantes de toute l'Italie ,
tant par le merite des perfon
nes diftinguées de l'un & de
l'autre fexe qui la compoſent,
que par les grands hommes
qui en font fortis. La Sapho
GALANT. 129
dufiecle, connuë fous le nom
de Mademoiſelle de Scudery,
l'admirableMadame des Houlieres , la fçavante Madame
Dacier , fille de M' le Fevre ,
& la fpirituelle Madame de
Saliez, Viguiere d'Alby, font
de cette fameufe Academic
Italienne , qui dans fa dernie
re affemblée publique a reçû
l'illuftre Me Flechier , Evê
que de Nifmes , l'un des ornemens de l'Academic Françoife , & le digne Protecteur
de celle deNifmes.M Guyonnet de Vertron , qui écrit
' Hiftoire du Roy en profe
130 MERCURE
Latine , & qui eft Academi
cien de l'Academic Royale
d'Arles, & de celle des Ricovrati de Padouë, a accompagné les Lettres Patentes d'un
compliment àM' de Nifmes,
qui luy a fait réponſe en luy
envoyant ce qu'il a écrit à
Meffieurs fes Confreres. Voicy de fidelles copies de ces
honneftetez reciproques que
je vous envoye.
GALANT. 131
A Mr L'EVESQUE
DE NISMES.
MONSEIGNEUR.
Paris Nifmes n'auront
plus feuls l'avantage de vous
avoir dans leurs illuftres Academies. Padouë jalouse d'un fi
grand bonheur, a voulu vous
donner une place dans la fienne;
ainfi vous voyez que la France
l'Italie , qui font les Etats de
l'Europe les plus florians
beaux Efprits , rendent égale
ment justice à vostre rare merite.
?
122 MERCURE
C'euft efté pour moy , Monfeigneur , un plaifir tres -fenfible de
vous prefenter moy- mefme au
nom de Mis mes Confreres les
Ricovrati, ces premieres marques
d'eftime & de diftinction : mais
la diftance des lieux me prive de
cette fatisfaction. Fe prie le fçavant MrGraverol de vous mettre en mains ce nouveau Steau
d'immortalité, que vous meritez
par vos éclatantes vertus , par
voftre éloquence admirable , &
par vos excellens Ecrits. C'est un
dépoft qui ne m'a esté confié que
depuis peu de jours. Pour me
confoler de ne pouvoir accompa-
GALANT.
133
gner ce digne Academicien¸ agréez que je vous affure de ma
joye de lacontinuation de
mes refpects , nonfeulement comme Deputé, & en cette qualité
ayant l'honneur d'eftre vostre
Confrere, mais encore comme une
perfonne qui vous honore infiniment, & quifait fa principale
gloire d'eftre ,
Monseigneur,
Voftre tres-humble &
tres-obeiffanr Serviteur,
GUYƆNNET DE VERTRON,
134 MERCURE
Voicy la réponfe que M
l'Evefque de Nifmes a faite à
M' Guyonnet de Vertron.
Je ne m'eftois pas attendu, Monfieur, à l'honneur que m'ont fait
Meffieurs de l'Academie de Par
douë, en m'affociant à leurCompagnie.Fe connois a Bezleur merite,
pour voir avec plaifir mon nom
meflé avec le leur, je vous prie
de leurfaire tenir la Lettre de remerciement queje leur écris. Je
n'ayreceu que depuis peu dejours
celles qu'ils ont fait expedier
pour ma reception , quoy qu'elles
foient datées du mois de Mars.
GALANT. 135
Vous aurez la bonté de leurfaire
connoiftre que je n'ay manquény
d'exactitude , ny de reconnoiſſance, & de croire qu'à voſtre égard
je fuis avec une eftime , & une
confideration particuliece,
Monfieur,
Voftre tres-humble & tresobeiflantServiteur, ESPRIT,
Evefque de Nifmes.
A Narbonne ce 12.
Decembre 1693.
Avant que de vous parler
du Remerciement de Mr Ficchier, il faut vous faire part
d'un Diftique de M' de Ver-
?
136 MERCURE
tron , pour mettre au bas d'un
Portrait de cet Illuftre Prelat.
Ce Diftique a du raport àfes
noms & à fon merite.
Hic vir hic eft , pietate fuâ qui
pectora flectit,
Atque animos mirâ Spiritus
arte movet.
Le remerciment de M'l'Ers vêque de Nifmes à M's de
l'Academie des Ricovrati de
Padouë , a cfté fait en ces termes.
MESSIEURS ,
Fay efté agreablement furpris
de me trouver affocié à voftre
illuftre Compagnie par les ſuf-
GALANT. 137
frages de tant de grands Hommes qui la compofent. Mr Patin donne volontiers aux Perfonnes qu'il eftime, les louanges
qu'il merite luy- mefme; & vous
croyez aifement le bien qu'on
vous dit des autres , parce que
l'on n'en ſçauroit aſſez dire de
vous . Vous avez écoutefavorablement le témoignage qu'il vous
arendu de moy , & je reçois avec beaucoup de reconnoiffance
La grace que vous m'avezfaite..
L'inclination que j'ay euë dés
monenfance pour les belles Lettres , m'a toujours fait honorer
ceux qui les cultivent , comme
Fevrier 1694.
M
138 MERCURE
vous avec tant defuccés , &
tant de gloire. La reputation que
vous avez acquife par voftre
érudition & par voftre éloquence a paßé jusqu'à nous, & la
connoiffance que nous avons du
merite de voftre Academie nous
fait voir avec joye nos noms
mêlez avec les vofires. Agreez
donc , Meffieurs , que je vous en
faffe mes remercimens , que
je vous affure de l'eftime & de
lareconnoiffance fincere avec la
quelle jefuis,
Meffieurs ,
Voftre tres- humble & tresobeiffant ferviteur, ESPRIT,
Evêqne de Nifmes.
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Résumé : Tout ce qui s'est passé touchant la reception de Mr de Nismes à l'Academie des Ricovrati de Padoue. [titre d'après la table]
Le texte relate l'honneur accordé à l'évêque de Nîmes, Me Flechier, par l'Académie des Ricovrati de Padoue. Padoue est renommée pour son université et son académie, qui compte parmi ses membres distingués des figures telles que Mademoiselle de Scudéry, Madame Deshoulières, Madame Dacier et Madame de Saliez. Lors de sa dernière assemblée publique, l'Académie de Padoue a accueilli Me Flechier, également membre de l'Académie française. Guyonnet de Vertron, académicien à Arles et Padoue, a transmis les lettres patentes à Me Flechier, accompagnées de compliments. Me Flechier a exprimé sa gratitude pour cette distinction, soulignant que la France et l'Italie reconnaissent son mérite. Il a également remercié les membres de l'Académie des Ricovrati pour cet honneur. Le texte inclut des échanges épistolaires entre Guyonnet de Vertron et Me Flechier, ainsi qu'un distique composé par Guyonnet de Vertron en l'honneur de Me Flechier.
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23
p. 183-186
Compliment fait à Mr le Marquis de Dangeau, de la part de Mrs de l'Academie des Ricovrati. [titre d'après la table]
Début :
Aussi tost que Mr de Vertron eut receu le dernier paquet [...]
Mots clefs :
Compliment, Académie des Ricovrati de Padoue, Parnasse italien
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texteReconnaissance textuelle : Compliment fait à Mr le Marquis de Dangeau, de la part de Mrs de l'Academie des Ricovrati. [titre d'après la table]
Auffi toft que Mr de Vertron cut receu le dernier paquet de feu M' Patin , il mit
la main à la plume , & fit un
184 MERCURE
compliment en Italien , pour
M' le Marquis de Dangeau
alla à fon Hoftel , & à fon retour le mit en François , à la
priere d'un de fes Confreres.
Je vous envoye la traduction
de ce compliment , que fon
Amy m'a donnée.
MONSIEUR,
Ce n'est point comme Député
de l'Academie Royale d'Arles ,
que je viens vous faluër aujourd'huy. Je viens m'acquiter d'une
Commiffion fort agreable . Meffieurs les Ricovrati m'ont honoré de leur choix , pour vous
GALANT. 18
prefenter ces preuves éclatantes
de la diftinction particuliere
qu'ils font de voftre illuftre Per
fonne. La celebre Academie de
Padoue en vous donnant une
place parmi les grands hommes ,
lesfublimes Genies qui la compofent , n'a point eu égard à la
noblesse de vostre fang, à l'éclat
de vos Dignitez à la grandeur de
vos emplois,ny aurang élevé que
vous tenez dans la Cour la plus
polie laplus augufte du Monde. Elle n'a confideré, Monfieur ,
que vostre efprit feul , qui peut
remplir fi dignement toutes les
vues que l'on doit avoir pour
Fevrier 1694.
186 MERCURE
•
former un Academicien parfait.
Elle a voulu joindre fon estime
à celle mefme des Teftes Couronnées , qui dans plufieurs occa
fions ont rendu juftice à vos qualitez excellentes. Enfin , Monfieur , ce Parnaffe Italien pouvoit fe vanter avant voftre reception , d'avoir de grands ornemens,poffedant des MuſesFrançoifes , les Scudery, les des- Houlieres, les Dacier, & les Saliez,
mais il lui manquoit un Apollon
la main à la plume , & fit un
184 MERCURE
compliment en Italien , pour
M' le Marquis de Dangeau
alla à fon Hoftel , & à fon retour le mit en François , à la
priere d'un de fes Confreres.
Je vous envoye la traduction
de ce compliment , que fon
Amy m'a donnée.
MONSIEUR,
Ce n'est point comme Député
de l'Academie Royale d'Arles ,
que je viens vous faluër aujourd'huy. Je viens m'acquiter d'une
Commiffion fort agreable . Meffieurs les Ricovrati m'ont honoré de leur choix , pour vous
GALANT. 18
prefenter ces preuves éclatantes
de la diftinction particuliere
qu'ils font de voftre illuftre Per
fonne. La celebre Academie de
Padoue en vous donnant une
place parmi les grands hommes ,
lesfublimes Genies qui la compofent , n'a point eu égard à la
noblesse de vostre fang, à l'éclat
de vos Dignitez à la grandeur de
vos emplois,ny aurang élevé que
vous tenez dans la Cour la plus
polie laplus augufte du Monde. Elle n'a confideré, Monfieur ,
que vostre efprit feul , qui peut
remplir fi dignement toutes les
vues que l'on doit avoir pour
Fevrier 1694.
186 MERCURE
•
former un Academicien parfait.
Elle a voulu joindre fon estime
à celle mefme des Teftes Couronnées , qui dans plufieurs occa
fions ont rendu juftice à vos qualitez excellentes. Enfin , Monfieur , ce Parnaffe Italien pouvoit fe vanter avant voftre reception , d'avoir de grands ornemens,poffedant des MuſesFrançoifes , les Scudery, les des- Houlieres, les Dacier, & les Saliez,
mais il lui manquoit un Apollon
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Résumé : Compliment fait à Mr le Marquis de Dangeau, de la part de Mrs de l'Academie des Ricovrati. [titre d'après la table]
Monsieur de Vertron reçoit un paquet de feu Monsieur Patin et rédige un compliment en italien pour le Marquis de Dangeau, qu'il traduit ensuite en français. Ce compliment est une mission confiée par les Ricovrati, une académie italienne, pour honorer le Marquis de Dangeau. L'Académie de Padoue lui offre une place parmi les grands hommes, reconnaissant la valeur de son esprit plutôt que sa noblesse ou ses dignités. Cette reconnaissance rejoint celle des têtes couronnées qui ont déjà salué ses qualités. Le texte mentionne également que le Parnasse italien comptait des Muses françaises comme Scudéry, Deshoulières, Dacier et Salliez, mais manquait d'un Apollon, une figure éminente dans les arts ou les lettres.
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24
p. 312-336
Article tres-curieux qui regarde ce qui s'est passé à la Seance publique de la Societé Royale de Montpellier, qui s'est faite pendant la tenuë des Etats de Languedoc. [titre d'après la table]
Début :
Je passe à un Article que vous n'attendiez pas sans doute [...]
Mots clefs :
Société royale des sciences de Montpellier, Assemblée des États de Languedoc, Sciences, Mr. de Basville, Gouttes puantes, Confrères, Académiciens, Aiguille, Aimant, Pôles, Satellites, Discours
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Article tres-curieux qui regarde ce qui s'est passé à la Seance publique de la Societé Royale de Montpellier, qui s'est faite pendant la tenuë des Etats de Languedoc. [titre d'après la table]
e paffe à un Article que
vous n'attendiez pas fans doute
ce mois-cy ; mais fçachant
voftre curiofité fur ce qui regarde la Societé Royale des
Sciences de Montpellier , j'ay
fi bien pris mes mefures que
je vous en envoye un Article
digne
GALANT 313
digne de voftre curiofité &
de celle de tout le Public. Cette Societé a tenu fa Seance publique pendant l'Affemblée
des Etats de Languedoc , qui
l'ont honorée de leur prefence.
Mr de Bafville Confeiller d'Etat &Intendant de Languedoc
y prefida comme Academicien
Honoraire; & il en fit l'ouverture par un Difcours qui reçûr de grands aplaudiffemens.
Il parla des Sciences en general
& de l'utilité que les hommes
recevoient à s'y attacher ; il
s'apliqua fur tout à prouver
le bien que fit l'étude de la
Fanvier 1710.
Dd
314 MERCURE
Philofophie. Dans les premiers
fiecles du Paganifme , dit-il ,
cette étude faifoit les délices des
grands hommes de ces temps éloignez e même dans la naiffance
du Chriftianifme l'estime fut fi
prodigieufe pour Platon qu'on
regardoit alors comme l'Oracle de
la Philofophie , qu'on le mettoit
prefque enparallele avec les Prophetes,& qu'on pritfe:Ouvrages
pour des Commentaires de l'E
criture , puifqu'on conçut longtemps la nature du Verbe, comme
il l'avoit conçue. Il remarqua
enfuite que rien ne pouvoit .
tant contribuer au progrés
GALANT 315
des Sciences que les Affemblées des gens de Lettres ; il
parcourut tous les ficcles où
l'on en avoit vû ; & il dit qu'il
y avoit du temps des Empereurs
Romains diverfes Chapelles de
Minerve à Rome qui fervoient à
fortes d'Affemblées , & où
les Orateurs recitoient leurspieces,
& c'eſt ce que le Scholiafte d'Horace nomme Athenæa , felon la
coûtume defon temps , auquel ce
mot fignifioit un Auditoire.
L'Empereur Adrien dans le
deuxième fiecle fit bâtir un Auditoire qu'on nomma auſſi. Athenæum , & il continua d'avoir
Ddij
316 MERCURE
foin des Ecoles publiques à l'imi
·tation & Augufte le fecond des
Cefars qui avoit fait bâtir l'Ecole d'Octavie jointe à unportique ainsi que le R. P. Ardouin
Jefuite nous l'aprend dans fes
Stavantes notes fur Pline
avantluy le celebre GerardJean
Voffius , dansfon Lirure de l'Imitation. En parlant enfuite des.
travaux de la Societé Royale,
il dit qu'elle ne prononce point de
decifions , & qu'elle ne forme
point de fyfteme ; mais qu'elle
propofe des experiences & des
obfervations, laiffant aupublic le
foin de les rectifier , & la liberté
GALANT 317
de les contre-dire pour aller plus
loin dans le Pays des découvertes.
Rien en effect, ajouta- t - il n'eſt
pluspropre à contribuerau progrés
des Sciences , que des experiences
repetées réiterées. Par là on
avance par degrez ; l'on marche
àpas lents , il eft vray ; mais
auffi ils fontplus furs
Mr de Bafville après avoir
fait un détail des travaux de la
Societé Royale pendant l'année derniere , & de ceux auf
quels elle s'attacheroit dans le
cours de celle cy , finit par
l'Eloge du Roy à qui cette
Compagnie doit fon établiſſeDd iij
318 MERCURE
ment & le nom qu'elle s'eft
déja faite parmi tous les Sçavans de l'Europe. Ce Monarque , dit-il , parmi les foins &
lesfatigues d'une guerre onereuſe
& dans laquelle la plus grande
partie de l'Europe eft conjurée contre luy, n'a pas perdu pour cela
le defir qu'il a eu depuis les premieres années de fonregne defaire
fleurirles Sciences dans fes États.
On a sú fe former fous ce regne
glorieux , àjamais memorable
un grand nombre d'Academies
oùſe forment tous les jours lés
jeunes nourriffons des Mules
quis'y exercent pour immortali-
GALANT 319
fer le nom François. Ce grand
Monarque ne fe contente pas ,
ajouta t -il , d'accorder des Privileges , & des établiſſemens confiderables aux Compagnies dont
la culture des Sciences fait tout
L'objet, il les anime encore au travail par fes bienfaits & parſa
Royale liberalité. Le titre de Sçavant en eft un legitime auprés de
ce grandPrince , pour avoir part
àfesgraces & àfes faveurs. On
fe contentoit dans les fiecles precedens d'admirer ces grands genies
pour qui la nature ſembloit s'eſtre
épuisée , mais comme fi on eut
craint qu'une honnefte abondance
320 MERCURE
eut fait perdre la moitié de leur
merite , on les laiffoit dans une
honteuse indigence ; des paroles
des paroles flattenfes eftoient tout
le prixde leurs travaux ; on n'alloitpasplus loin, on auroit crû
en leur faifant du bien les expofer à la tentation de ne plus rien
faire de tomber dans un repos
oifife plein de molleffe . Mais
aujourd'buy graces au grand
Prince qui gouverne la France,les
chofes font bien changées. La récompenfe fuit toujours à prefent
le travail , elle eft accordée fi
à propos & avec tant de prudence
que bien loin de former une ten-
GALANT 321
tation délicate pour celuy qui l'ob
tient , elle ne luyfert que d'aiguil
lon pour avancer dans le progrés
des Sciences. Piquez d'une noble
émulation par les bienfaits du
Prince , ceux qui en font l'objet
ne s'appliquent qu'à les meriter
encore davantage.
Mr Bon le fils , premier
Prefident, en furvivance de Mr
fon pere, de la Cour des Aydes
de Montpellier , parla enfuite;
& aprés avoir loué en peu de
mots Mrde Bafville , qui venoit de parler fi fçavamment
de l'utilité des Sciences , il entretint l'auguſte Aſſemblée qui
322 MERCURE
l'entendoit , d'une découverte
qu'il avoit faite , & dont il
rapporta plufieurs experiences.
Ce fut fur les araignées qu'il
parla long- temps. Ces petits
animaux , dit cet habile Magiſtrat , & ſçavant Academicien , filent une foye qui eft propre aux mefmes usages que celle
des vers , vulgairement appellez
vers à foye ; & il prouva fenfiblement que la føye des araignées eft beaucoup plus abondante celle des vers , pufqu'outre que ceux- cy , dit-il , ne
font que so. œufs , qu'on appelle
vulgairement cocons , les arail
que
GALANT 323
gnées en font 400. Il est vray
qu'à l'égard des araignées , la
moitié franche de leurs œufs fe
perd à caufe de leur petiteffe , &
qu'elles n'achevent leurfoye qu'en
2. ans ; mais enfin quand on reduiroit , à cause de la diminution
causée par la perte ou inutilité de
ces œufs , les 400. à la moitié,
il en refteroit toujours 200.
qu'à cause de la longueur du
temps que les araignées mettent à
filer leurføye , on reduiſe encore
ces 200. œufs à 100. pour faire
quelque comparaison avec ceux
des vers , il fuivra toûjours toutes chofes égaless il en concludque
324 MERCURE
par
les versfaifant so. œufs les araignées 100. celles - cy produisent le
double des vers. Que d'ailleurs
l'avantage que la foye des araignées a pardeffus celle des vers ,
eft qu'elle eft plus fine ,
confequent incomparablement plus
belle. On en a filé par ordre de
Mr le Duc de Noailles pour
faire une paire de bas de foye ,
qui ont efté faits en Languedoc,
&que ce Ducaprefentez à Madame la Ducheffe de Bourgogne.
Cette Princeffe, ainfi que toute la
Cour,les ont trouvez d'une grande beauté &on a avoué qu'on
ne pouvoit rien ajoûter à la fr
GALANT 325
neffe de cet Ouvrage. D'ailleurs
il faut remarquer qu'il n'eft icy
queftion quedes araignées des jardins de celles qui travaillent
en pleine campagne , & les plus
groffes font les meilleures. Mais
la foye n'est pas la feule richeffe
qu'on tire de ces petits animaux,
& MrBon n'apas borné là fes
recherches. On a fait une Analyfe
exacte de ces petits animaux , &
on en a voulu découurir toutes les
proprietez , & ce n'a pas eftéfans
une grande ſurpriſe mêlée de
beaucoup de joye qu'on a éprouvéaprès une Analyfe faite avec
tous les foins imaginables qu'on
土
326 MERCURE
peut tirer des araignées une cau
qui a des vertus admirables , &
dont on peutfaire des gouttes qui
pafferont mefme en bonté celles
d'Angleterre, qui font fi vantées,
dont onfait unfi grand nombre d'ufages. Ce feront des
gouttes aromatiques , reprit ce
fçavant Magiftrat , qui feront
admirables pour la gravelle &
pour les retentions d'urine
faifant vuider le fable. Elles
feront auffi admirables pour fortifier les poulmons foibles ; & ce
feront d'excellentes eaux pulmonaires on pretend , & ce
n'eft pas fans l'avoir éprouvé,
. ,
en
GALANT 327
qu'elles feront auffi bonnes pour
tapoplexie que l'eau des Carmes
fi vantéejufqu'icy. On a décou
vert à l'égard de deux Paralytiques & d'un Epileptique , qu'elLes font tres-propres à ces maladies dangereufes , & contre lef
quelles il y afi peu de remedes.
Tous ceux qui font fujets aux
coliques & aux maux qui les
caufent,ferontfoulagez en ufant
de ces gouttes , avecquelqué methode un certain regime que
la Societe Royale preferira dans
une petite Differtation qu'un habile Medecin de fon Corps fera
fur ce fujet. A l'égard des per-
328 MERCURE
fonnes qui jouiffent d'une fanté
parfaite , elles en peuvent auffi
ufer; elles purifient le fang, &
Le font circuler ; elles fortifient
l'eftomach , elles facilitent la
digeftion. Ceux qui font fujets
à la migraine en peuvent user,
& ils peuvent compter d'eftre
foulagezfur le champ, en obfervant cependant le regime qui fera
marqué dans la Differtation qui
paroiftra au premier jour. Enfin
pour marquer les effets merveilleux de ces gouttes , il n'y a qu'à
dire qu'elles operent & avec autant de fuccés & avec autant de
promptitude que les gouttes d'An-
GALANT 329
gleterre,qu'on nomme les Gouttes
puantes, dont on nefefert cependant que dans les maux defefperez. Mr Bon a donné à ces
gouttes le nom de Gouttes de
Montpellier, & diverfes experiences qu'on a faites de leurs
vertus & de leurs qualitez, leur
ont déja attiré ce nom. Mr
Bon finit fon Difcours en applaudiffant tous les Academiciens fes Confreres , d'avoir
fait une fi belle découverte
dans la naiffance de leur Societé; & il dit qu'un fecret fifalutaire luy faifoit bien augurer
des travaux de tant de fçavans
Janvier 1710. E e
330 MERCURE
hommes qui compofent cette ilLuftre Compagnie. Ce difcours
fut generalement applaudi.
Le P. Vanier Jefuite , habile Poëte, & qui fait imprimer à Lyon un Dictionnaire
Poëtique , a fait une Eglogue
adreffée à Mr Bon , dont je
viens de parler ; dans laquelle
il le felicite fur la belle découverte qu'il vient de faire.
Cette Eglogue eft Latine , ce
qui m'empefche de vous l'envoyer. Elle eft parfaitement
belle.
La declinaifon de l'Aiguille
aimantée fit la matiere d'un
GALANT 331
Difcours qui fuivit celuy de
Mr Bon; & qui fut prononcé
par Mr Clopinel. Cette Declinaiſon eſt un Phenomene des
plus étonnans & dont la connoiffance est en même temps
tres neceffaire pour la Navigation , puifque fi elle varie felon les lieux & felon les temps ,
les Pilotes peuvent fe tromper confiderablement dans le
coursd'une Navigation &dans
la route, qu'ils font tenir aux
Vaiffeaux. On n'embraffa pas
tout-à-fait dans ce Difcours le
Systême de Mr Defcartes , qui
prétend qu'il fort des Poles de
Ecij
33²´MERCURE
la terre une matiere fubtile ime
palpable & inviſible qui circulant autour d'elle fur le plan
des Meridiens y rentre par les
Pole oppofé à celuy d'où elle
eft fortie. La matiere canelée
trouvant dans la ficuation
des pores de l'Aiman un paf
fage pour le traverler , fait
que l'Aiman a deux Poles auffi bien que la Terre ; ainfi
cette matiere rentrant par un
Pole attire le fer. Mais elle
peut changer fon cours felon
la difpofition des parties à travers lefquelles elle s'ouvre un
paffage , & elle en peut eſtre
GALANI 333
détournée felon la figure & la
difpofition de l'Aiguille qui ent
eft touchée. D'ailleurs on a re
marqué que les Obfervations
qu'on peut faire de la variation de l'Aiguille dans les Vaifſeaux font fujettes à beaucoup
d'erreurs à cauſe du fer qui y
eft en grande quantité. Ce Dif
cours fut trouvé plein de recherches & d'érudition.
Le Difcours fuivant & qui
termina l'Aſſemblée , regarda
les Satellites de Saturne , & fut
prononcé par Mr Aftruc. Les
Anciens , dit-il , ne comptoient
que fept Planettes dans noſtre
334 MERCURE
a
Tourbillon , & nous en avons
neuf, quatre Satellites de Fupiter
& cingde Saturne. Galileé à dé
couvert ceux deJupiter, MrCaſ
fini quatre & Mr Huiguens at
taché aufeu Roy Guillaume , un.
Ce dernier foupçonnoit qu'ily
avoit unfixiéme entre la quatriéme e la cinquième , parce que
diftance entre ces Satellites eft trop
grande à proportion des autres.
C'est par les Satellites de Jupiter
que les Aftronomes ont eu le bonheur de trouver les Longitudes
par leurs emerfions & leurs immerfions. L'ufage qu'on tirera de
ceux de Saturne ne fera pas moins
la
1
GALANT 335
confiderable , parce quefiJupiter
n'eſt pas fur l'horiſon pendant la
nuit Saturne y pourra eftre , & en
ce cas les Satellites fuperieurs feront trouver les Longitudes , les
deux premiers eftant fi proches de
la Planette qu'ilsfont prefque im
perceptibles. D'ailleurs leurs revolutions fontficourtes &leurs ċerclesſipreſſez qu'à noftre égard , il
eft rare qu'ilsfortent des rayons de
Saturne étant de plus dans unéloignement du Soleil double de ceux
de Jupiter. Ce Difcours renfermoit plufieurs autres Remarques d'Aftronomie qui plurent
fort à l'illuftre Affemblée. Mi
336 MERCURE
de Bafville refuma à la fin de
chaque Difcours tout ce qui
avoit eſté dit de plus curieux &
de plus intereffant , & il fit admirer en cette occafion la netteté de fon efprit
vous n'attendiez pas fans doute
ce mois-cy ; mais fçachant
voftre curiofité fur ce qui regarde la Societé Royale des
Sciences de Montpellier , j'ay
fi bien pris mes mefures que
je vous en envoye un Article
digne
GALANT 313
digne de voftre curiofité &
de celle de tout le Public. Cette Societé a tenu fa Seance publique pendant l'Affemblée
des Etats de Languedoc , qui
l'ont honorée de leur prefence.
Mr de Bafville Confeiller d'Etat &Intendant de Languedoc
y prefida comme Academicien
Honoraire; & il en fit l'ouverture par un Difcours qui reçûr de grands aplaudiffemens.
Il parla des Sciences en general
& de l'utilité que les hommes
recevoient à s'y attacher ; il
s'apliqua fur tout à prouver
le bien que fit l'étude de la
Fanvier 1710.
Dd
314 MERCURE
Philofophie. Dans les premiers
fiecles du Paganifme , dit-il ,
cette étude faifoit les délices des
grands hommes de ces temps éloignez e même dans la naiffance
du Chriftianifme l'estime fut fi
prodigieufe pour Platon qu'on
regardoit alors comme l'Oracle de
la Philofophie , qu'on le mettoit
prefque enparallele avec les Prophetes,& qu'on pritfe:Ouvrages
pour des Commentaires de l'E
criture , puifqu'on conçut longtemps la nature du Verbe, comme
il l'avoit conçue. Il remarqua
enfuite que rien ne pouvoit .
tant contribuer au progrés
GALANT 315
des Sciences que les Affemblées des gens de Lettres ; il
parcourut tous les ficcles où
l'on en avoit vû ; & il dit qu'il
y avoit du temps des Empereurs
Romains diverfes Chapelles de
Minerve à Rome qui fervoient à
fortes d'Affemblées , & où
les Orateurs recitoient leurspieces,
& c'eſt ce que le Scholiafte d'Horace nomme Athenæa , felon la
coûtume defon temps , auquel ce
mot fignifioit un Auditoire.
L'Empereur Adrien dans le
deuxième fiecle fit bâtir un Auditoire qu'on nomma auſſi. Athenæum , & il continua d'avoir
Ddij
316 MERCURE
foin des Ecoles publiques à l'imi
·tation & Augufte le fecond des
Cefars qui avoit fait bâtir l'Ecole d'Octavie jointe à unportique ainsi que le R. P. Ardouin
Jefuite nous l'aprend dans fes
Stavantes notes fur Pline
avantluy le celebre GerardJean
Voffius , dansfon Lirure de l'Imitation. En parlant enfuite des.
travaux de la Societé Royale,
il dit qu'elle ne prononce point de
decifions , & qu'elle ne forme
point de fyfteme ; mais qu'elle
propofe des experiences & des
obfervations, laiffant aupublic le
foin de les rectifier , & la liberté
GALANT 317
de les contre-dire pour aller plus
loin dans le Pays des découvertes.
Rien en effect, ajouta- t - il n'eſt
pluspropre à contribuerau progrés
des Sciences , que des experiences
repetées réiterées. Par là on
avance par degrez ; l'on marche
àpas lents , il eft vray ; mais
auffi ils fontplus furs
Mr de Bafville après avoir
fait un détail des travaux de la
Societé Royale pendant l'année derniere , & de ceux auf
quels elle s'attacheroit dans le
cours de celle cy , finit par
l'Eloge du Roy à qui cette
Compagnie doit fon établiſſeDd iij
318 MERCURE
ment & le nom qu'elle s'eft
déja faite parmi tous les Sçavans de l'Europe. Ce Monarque , dit-il , parmi les foins &
lesfatigues d'une guerre onereuſe
& dans laquelle la plus grande
partie de l'Europe eft conjurée contre luy, n'a pas perdu pour cela
le defir qu'il a eu depuis les premieres années de fonregne defaire
fleurirles Sciences dans fes États.
On a sú fe former fous ce regne
glorieux , àjamais memorable
un grand nombre d'Academies
oùſe forment tous les jours lés
jeunes nourriffons des Mules
quis'y exercent pour immortali-
GALANT 319
fer le nom François. Ce grand
Monarque ne fe contente pas ,
ajouta t -il , d'accorder des Privileges , & des établiſſemens confiderables aux Compagnies dont
la culture des Sciences fait tout
L'objet, il les anime encore au travail par fes bienfaits & parſa
Royale liberalité. Le titre de Sçavant en eft un legitime auprés de
ce grandPrince , pour avoir part
àfesgraces & àfes faveurs. On
fe contentoit dans les fiecles precedens d'admirer ces grands genies
pour qui la nature ſembloit s'eſtre
épuisée , mais comme fi on eut
craint qu'une honnefte abondance
320 MERCURE
eut fait perdre la moitié de leur
merite , on les laiffoit dans une
honteuse indigence ; des paroles
des paroles flattenfes eftoient tout
le prixde leurs travaux ; on n'alloitpasplus loin, on auroit crû
en leur faifant du bien les expofer à la tentation de ne plus rien
faire de tomber dans un repos
oifife plein de molleffe . Mais
aujourd'buy graces au grand
Prince qui gouverne la France,les
chofes font bien changées. La récompenfe fuit toujours à prefent
le travail , elle eft accordée fi
à propos & avec tant de prudence
que bien loin de former une ten-
GALANT 321
tation délicate pour celuy qui l'ob
tient , elle ne luyfert que d'aiguil
lon pour avancer dans le progrés
des Sciences. Piquez d'une noble
émulation par les bienfaits du
Prince , ceux qui en font l'objet
ne s'appliquent qu'à les meriter
encore davantage.
Mr Bon le fils , premier
Prefident, en furvivance de Mr
fon pere, de la Cour des Aydes
de Montpellier , parla enfuite;
& aprés avoir loué en peu de
mots Mrde Bafville , qui venoit de parler fi fçavamment
de l'utilité des Sciences , il entretint l'auguſte Aſſemblée qui
322 MERCURE
l'entendoit , d'une découverte
qu'il avoit faite , & dont il
rapporta plufieurs experiences.
Ce fut fur les araignées qu'il
parla long- temps. Ces petits
animaux , dit cet habile Magiſtrat , & ſçavant Academicien , filent une foye qui eft propre aux mefmes usages que celle
des vers , vulgairement appellez
vers à foye ; & il prouva fenfiblement que la føye des araignées eft beaucoup plus abondante celle des vers , pufqu'outre que ceux- cy , dit-il , ne
font que so. œufs , qu'on appelle
vulgairement cocons , les arail
que
GALANT 323
gnées en font 400. Il est vray
qu'à l'égard des araignées , la
moitié franche de leurs œufs fe
perd à caufe de leur petiteffe , &
qu'elles n'achevent leurfoye qu'en
2. ans ; mais enfin quand on reduiroit , à cause de la diminution
causée par la perte ou inutilité de
ces œufs , les 400. à la moitié,
il en refteroit toujours 200.
qu'à cause de la longueur du
temps que les araignées mettent à
filer leurføye , on reduiſe encore
ces 200. œufs à 100. pour faire
quelque comparaison avec ceux
des vers , il fuivra toûjours toutes chofes égaless il en concludque
324 MERCURE
par
les versfaifant so. œufs les araignées 100. celles - cy produisent le
double des vers. Que d'ailleurs
l'avantage que la foye des araignées a pardeffus celle des vers ,
eft qu'elle eft plus fine ,
confequent incomparablement plus
belle. On en a filé par ordre de
Mr le Duc de Noailles pour
faire une paire de bas de foye ,
qui ont efté faits en Languedoc,
&que ce Ducaprefentez à Madame la Ducheffe de Bourgogne.
Cette Princeffe, ainfi que toute la
Cour,les ont trouvez d'une grande beauté &on a avoué qu'on
ne pouvoit rien ajoûter à la fr
GALANT 325
neffe de cet Ouvrage. D'ailleurs
il faut remarquer qu'il n'eft icy
queftion quedes araignées des jardins de celles qui travaillent
en pleine campagne , & les plus
groffes font les meilleures. Mais
la foye n'est pas la feule richeffe
qu'on tire de ces petits animaux,
& MrBon n'apas borné là fes
recherches. On a fait une Analyfe
exacte de ces petits animaux , &
on en a voulu découurir toutes les
proprietez , & ce n'a pas eftéfans
une grande ſurpriſe mêlée de
beaucoup de joye qu'on a éprouvéaprès une Analyfe faite avec
tous les foins imaginables qu'on
土
326 MERCURE
peut tirer des araignées une cau
qui a des vertus admirables , &
dont on peutfaire des gouttes qui
pafferont mefme en bonté celles
d'Angleterre, qui font fi vantées,
dont onfait unfi grand nombre d'ufages. Ce feront des
gouttes aromatiques , reprit ce
fçavant Magiftrat , qui feront
admirables pour la gravelle &
pour les retentions d'urine
faifant vuider le fable. Elles
feront auffi admirables pour fortifier les poulmons foibles ; & ce
feront d'excellentes eaux pulmonaires on pretend , & ce
n'eft pas fans l'avoir éprouvé,
. ,
en
GALANT 327
qu'elles feront auffi bonnes pour
tapoplexie que l'eau des Carmes
fi vantéejufqu'icy. On a décou
vert à l'égard de deux Paralytiques & d'un Epileptique , qu'elLes font tres-propres à ces maladies dangereufes , & contre lef
quelles il y afi peu de remedes.
Tous ceux qui font fujets aux
coliques & aux maux qui les
caufent,ferontfoulagez en ufant
de ces gouttes , avecquelqué methode un certain regime que
la Societe Royale preferira dans
une petite Differtation qu'un habile Medecin de fon Corps fera
fur ce fujet. A l'égard des per-
328 MERCURE
fonnes qui jouiffent d'une fanté
parfaite , elles en peuvent auffi
ufer; elles purifient le fang, &
Le font circuler ; elles fortifient
l'eftomach , elles facilitent la
digeftion. Ceux qui font fujets
à la migraine en peuvent user,
& ils peuvent compter d'eftre
foulagezfur le champ, en obfervant cependant le regime qui fera
marqué dans la Differtation qui
paroiftra au premier jour. Enfin
pour marquer les effets merveilleux de ces gouttes , il n'y a qu'à
dire qu'elles operent & avec autant de fuccés & avec autant de
promptitude que les gouttes d'An-
GALANT 329
gleterre,qu'on nomme les Gouttes
puantes, dont on nefefert cependant que dans les maux defefperez. Mr Bon a donné à ces
gouttes le nom de Gouttes de
Montpellier, & diverfes experiences qu'on a faites de leurs
vertus & de leurs qualitez, leur
ont déja attiré ce nom. Mr
Bon finit fon Difcours en applaudiffant tous les Academiciens fes Confreres , d'avoir
fait une fi belle découverte
dans la naiffance de leur Societé; & il dit qu'un fecret fifalutaire luy faifoit bien augurer
des travaux de tant de fçavans
Janvier 1710. E e
330 MERCURE
hommes qui compofent cette ilLuftre Compagnie. Ce difcours
fut generalement applaudi.
Le P. Vanier Jefuite , habile Poëte, & qui fait imprimer à Lyon un Dictionnaire
Poëtique , a fait une Eglogue
adreffée à Mr Bon , dont je
viens de parler ; dans laquelle
il le felicite fur la belle découverte qu'il vient de faire.
Cette Eglogue eft Latine , ce
qui m'empefche de vous l'envoyer. Elle eft parfaitement
belle.
La declinaifon de l'Aiguille
aimantée fit la matiere d'un
GALANT 331
Difcours qui fuivit celuy de
Mr Bon; & qui fut prononcé
par Mr Clopinel. Cette Declinaiſon eſt un Phenomene des
plus étonnans & dont la connoiffance est en même temps
tres neceffaire pour la Navigation , puifque fi elle varie felon les lieux & felon les temps ,
les Pilotes peuvent fe tromper confiderablement dans le
coursd'une Navigation &dans
la route, qu'ils font tenir aux
Vaiffeaux. On n'embraffa pas
tout-à-fait dans ce Difcours le
Systême de Mr Defcartes , qui
prétend qu'il fort des Poles de
Ecij
33²´MERCURE
la terre une matiere fubtile ime
palpable & inviſible qui circulant autour d'elle fur le plan
des Meridiens y rentre par les
Pole oppofé à celuy d'où elle
eft fortie. La matiere canelée
trouvant dans la ficuation
des pores de l'Aiman un paf
fage pour le traverler , fait
que l'Aiman a deux Poles auffi bien que la Terre ; ainfi
cette matiere rentrant par un
Pole attire le fer. Mais elle
peut changer fon cours felon
la difpofition des parties à travers lefquelles elle s'ouvre un
paffage , & elle en peut eſtre
GALANI 333
détournée felon la figure & la
difpofition de l'Aiguille qui ent
eft touchée. D'ailleurs on a re
marqué que les Obfervations
qu'on peut faire de la variation de l'Aiguille dans les Vaifſeaux font fujettes à beaucoup
d'erreurs à cauſe du fer qui y
eft en grande quantité. Ce Dif
cours fut trouvé plein de recherches & d'érudition.
Le Difcours fuivant & qui
termina l'Aſſemblée , regarda
les Satellites de Saturne , & fut
prononcé par Mr Aftruc. Les
Anciens , dit-il , ne comptoient
que fept Planettes dans noſtre
334 MERCURE
a
Tourbillon , & nous en avons
neuf, quatre Satellites de Fupiter
& cingde Saturne. Galileé à dé
couvert ceux deJupiter, MrCaſ
fini quatre & Mr Huiguens at
taché aufeu Roy Guillaume , un.
Ce dernier foupçonnoit qu'ily
avoit unfixiéme entre la quatriéme e la cinquième , parce que
diftance entre ces Satellites eft trop
grande à proportion des autres.
C'est par les Satellites de Jupiter
que les Aftronomes ont eu le bonheur de trouver les Longitudes
par leurs emerfions & leurs immerfions. L'ufage qu'on tirera de
ceux de Saturne ne fera pas moins
la
1
GALANT 335
confiderable , parce quefiJupiter
n'eſt pas fur l'horiſon pendant la
nuit Saturne y pourra eftre , & en
ce cas les Satellites fuperieurs feront trouver les Longitudes , les
deux premiers eftant fi proches de
la Planette qu'ilsfont prefque im
perceptibles. D'ailleurs leurs revolutions fontficourtes &leurs ċerclesſipreſſez qu'à noftre égard , il
eft rare qu'ilsfortent des rayons de
Saturne étant de plus dans unéloignement du Soleil double de ceux
de Jupiter. Ce Difcours renfermoit plufieurs autres Remarques d'Aftronomie qui plurent
fort à l'illuftre Affemblée. Mi
336 MERCURE
de Bafville refuma à la fin de
chaque Difcours tout ce qui
avoit eſté dit de plus curieux &
de plus intereffant , & il fit admirer en cette occafion la netteté de fon efprit
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Résumé : Article tres-curieux qui regarde ce qui s'est passé à la Seance publique de la Societé Royale de Montpellier, qui s'est faite pendant la tenuë des Etats de Languedoc. [titre d'après la table]
Lors d'une séance publique de la Société Royale des Sciences de Montpellier, tenue pendant l'Assemblée des États de Languedoc, Monsieur de Basville, Conseiller d'État et Intendant de Languedoc, présida la séance en tant qu'Académicien Honoraire. Il prononça un discours sur l'utilité des sciences, soulignant l'importance des assemblées de gens de lettres pour le progrès scientifique. Il cita des exemples historiques comme les chapelles de Minerve à Rome et l'Athénée construit par l'empereur Adrien. Monsieur de Basville évoqua également les travaux de la Société Royale, qui se concentrent sur des expériences et des observations, laissant au public le soin de les rectifier. Il loua le roi pour son soutien aux sciences et aux académies, ainsi que pour les privilèges accordés aux savants. Monsieur Bon, fils du premier président de la Cour des Aides de Montpellier, présenta ensuite ses découvertes sur les araignées. Il démontra que la soie des araignées est plus abondante et fine que celle des vers à soie, et rapporta des expériences menées sur ordre du duc de Noailles. Il mentionna également une huile extraite des araignées, utilisée pour fabriquer des gouttes médicinales efficaces contre diverses maladies. Le Père Vanier, jésuite et poète, composa une églogue en latin pour féliciter Monsieur Bon. La séance se poursuivit avec des discours de Monsieur Clopinel sur la déclinaison de l'aiguille aimantée et de Monsieur Astruc sur les satellites de Saturne. Ces discours apportèrent des connaissances essentielles pour la navigation et l'astronomie. À la fin de chaque discours, une personne nommée Bafville résumait les points les plus intéressants et marquants abordés, mettant en évidence la clarté et la vivacité de son esprit.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
25
p. 216-252
Reception de Mr Houdart de la Motte à l'Academie Françoise, [titre d'après la table]
Début :
Vous attendez sans doute que je vous parle de la reception [...]
Mots clefs :
Antoine Houdard de la Motte, Abbé Tallement, Discours, Ouvrages, Réception, Académie française, Éloge, Messieurs, Esprit, Directeur de l'Académie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Reception de Mr Houdart de la Motte à l'Academie Françoise, [titre d'après la table]
ous attendez fans doute
que je vous parle de la reception de Mr Houdart de la
Motte à l'Academie Françoiſe,
à la place de feu Mr. de Corneille , mort le 8. de Decem
bre de l'année derniere , &
voftre
GALANT 117
voftre impatience redouble
lorfque vous croyez qu'un
homme qui n'a point diſputé
de Prix qu'il n'ait emportez ,
qui a fouvent travaillé pour
meriter cette gloire , & qui
s'eft diftingué par un grand
nombred'Ouvrages de toutes
fortes de caracteres , & qui
ont attiré l'attention & les applaudiffemens de tout le Public, doit s'eftre furpaffé dans
le remerciement qu'il a fait à
l'Academic , en le nommant
pour remplir la place de Mr
de Corneille. Vous ne vous
trompez pas ; mais quoy qu'il
Février 1710. T
218 MERCURE
foit fort connupar tous les ou
vrages qu'il a donnez au Public , l'admiration que vous
avéz pour luy s'augmenteroit
encore fi vous fçaviez le fond
de la galanterie de fon efprit ,
& vous avouëriez que Voiture
n'a jamais badiné plus agreablement & plus noblement
dans une infinité de pieces que
nousavons de cet homme tout
fingulier , &qui a fait l'un des
principaux ornemens de fon
fiecle , ce que perfonne ne luy
difpute. Mrde la Motte a fait
quantité d'ouvrages de certe
nature, fous les noms de plu-
GALANT 219
fieurs perfonnes de fes Amis ,
tant hommes que femmes , &
qui ont efté admirez , fans
qu'on fçut dans le monde qu'ils
venoient de luy , & peut- eftre
en avez-vous vû beaucoup que
vous avez fort applaudis fans
enfçavoir le veritable Auteur.
Je n'avance rien contre la verité , ayant vû moy - même.
beaucoup de ces ouvrages que
ceux qui les produifoient fous
leur nom , m'ont avoüé eſtre
de luy. Enfin c'eſt un genie
univerfel , & quiferoit capable
de remporter toûjours les Prix
fur tous les fujets quel'on proTij
220 MERCURE
poferoit , de quelque nature
qu'ils puffent eftre. La grande
-idée que le Public a de luy fut
caufe que le jour de fa reception , l'Affemblée fut des plus
nombreuſes ; ce fut le 8. de
Fevrier , & tous ceux qui s'y
trouverent curent lieu d'eftre
contens de tout ce qu'il dit . Il
faut neceffairement que tous
ceux qui font reçus faffent l'éloge du Roy ; celuy de Mr le
Cardinal de Richelieu , & ceux
de Mr le Chancelier Seguier &
de l'Academicien decedé, dont
ils rempliffent la place , ce qui
eft d'autant plus difficile , que
GALANT 221
depuis un fort grand nombre
d'années tous ceux qui font reçus à l'Academie yfont indif
penfablement obligez : de maniere qu'il faut avoir beaucoup
de genie pour donner differens
tours à leurs difcours , & faire
paroiftre nouveaux des fujets
épuifez depuis long- temps , &
cependant ce font par ces endroits que doivent briller le
plus tous les Academiciens qui
fontreçus , & c'eft en quoy Mr
de la Motte fe fit admirer le
jour de fa reception.
Il eft temps de vous parler
duDifcours qu'il prononça &
Tiij
222 MERCURE
qui luy attira tant d'applaudif
femens , & c'eft ce qui m'embaraffe extrêmement. Je ne
dois vous enenvoyer qu'un extrait , & vous devez deviner les
raifons qui m'empêchent de
vous l'envoyer entier. Si ce
Difcours eftoit mediocre je
pourrois faire une peinture des
moindres endroits que je ne
rapporterois pas entiers, & en
donner fans parler contre la
verité , une idée qui les feroit
croire plus beaux qu'ils ne feroient ; mais lors qu'un Dif
cours eft parfait en toutes fes
parties , de quels termes puis- je
GALANT 223
me fervir pour parler des endroits que je ne rapporteray
pas entiers , & en pourray - je
donner une idée qui en puiffe
faire affez bien concevoir la
beauté : & quel choix feray je
de ceux que je vous rapporteray entiers ? puis que ce Difcours a paru également beau
à tous ceux qui l'ont entendu.
Ainfi ne comptez pas que je
vous en puifle faire concevoir
les beautez dans tout ce que
vous allez lire. Vous connoiffez l'efprit de Mr de la Motte,
&fon genie : vous fçavez dequoy il eft capable , & cela doir
Tiiij
224 'MERCURE
vous donner lieu de fuppléer
à tout ce queje vous rappor
teray de ce Difcours. huomis .
Il commença par une peinture qu'il fit de l'embarras où
il fe trouvoit d'eftre obligé de
trouver untour nouveau pour
parler fur une matiere rebatuë par tous ceux qui avoient
efté reçus à l'Academie avant
luy, &fit voir la difficulté qu'il
y avoit de s'en bien acquitters
il demanda pourquoy il falloit
des expreffions differentes pour
des fentimens femblables , & il
dir beaucoup de chofes ingenieufes là deffus. Ce qu'il dit
GALANT 225
enfuite fit paroître fa modeftie,
&aprés avoir dit que cet uſage
auroit dû eftre changé , il dit en
s'adreffant à fes Confreres ; Je
metrompe, Meffieurs, mon infuffifance merend injufte , maintenez
un usage qui n'humiliera que
moy ; fadmireray avec plaisir
dans ceux qui me fuivront , les
reffources qui m'ont manqué. Il
parla enfuite de la haute idée
qu'il avoit de la place où il
eftoit élevé , & fit connoiftre
que le defir qu'il avoit eu de fe
voir reçu parmi eux avoit eſté
fi vif en naiffant , que tout chimerique qu'il l'avoit cru , il luy
?
226 MERCURE
avoit tenu licu de genie , & il
ajoûta que ce defir luy avoit
dicté ces EffaisLyriques dontils
avoient agreé l'hommage , &
qui fous leurs aufpices avoient
trouvé grace devant le Public ;
que ce defir qui induſtrieux à
fe fervir luy même, l'avoit fait
tantoft Orateur , & tantoft
Poëte , pour meriter tous leurs
Lauriers ; qu'il l'avoit même
enhardi plus d'une fois à les
remercier d'un fuffrage unanime qu'il ofoir regarder alors
comme un préfage de celuy
dont il leur rendoit graces en
ce moment ; ce defir enfin ,
GALANT 227
qui du moindre de leurs Eleves , le faifoit devenir un de
leurs Confreres. Il ajoûta qu'il
prononçoit ce mot avec tranfport, & qu'il oublioit un moment ce qu'il eftoit pour ne
voir que le merite de ceux à
qui ils daignoient l'affocier.
Il fit voir enfuite que la
naiſſance &les dignitez qui dif
tinguoient la plupart des Academiciens , ne l'ébloüiffoient
pas, & qu'on ne regardoit parmi cux qu'un éclat plus réel &
plus indépendant ; qu'on n'honoroit à l'Academie que les
talens & la vertu , & qu'on n'y
228 MERCURE
rendoit que ces refpects finceres , d'autant plus flateurs pour
ceux qui les recevoient , qu'ils
faifoientle plaifir mêmedeceux
qui les rendoient , & il pourfuivit par ces paroles. Je fens ce
plaifir , Meffieurs , dans toute fon
étendue: iln'y en apas un de vous,
carj'ay brigué l'honneur de vous
approcher de vous étudier
avant le temps ; il n'y en apas un
de vous en qui je n'ayefenti cette
fuperiorité d'efpritfifüre dansfon
Empire ; mais dont la politeffe
fçait rendrela domination fidouce.
Ouy,j'ofe le dire , les Titres font
icy de trop ; le meriteperfonnel ar
Aliasun
GALANT 229
de
tire àluy toute l'attention. On remarque àpeine que vous réuniffez
dans voftre Corps ce qu'il y a
plus refpectable dans les differens
Ordres de l'Etat ; on fonge feulement , & c'est - là voftre Eloge,
que vous y raffemblez le fçavoir ,
la delicateffe , les talens , le genie
fur tout lafaine critique , plus
rare encore que les talens , auffi
neceffaire à l'avancement des Lettres que le Genie même. Mais à
ne regarder que vos ouvrages ,
Meffieurs , quelle fource d'admiration ! Peut- eftre enfommes- nous
encore trop prés pour en jugerfainement ; on n'estjamais affez tou-
230 MERCURE
ché de ce qu'on voit naifire & de
ce qu'on poffede ; onfe familiarife avec le merite defes contemporains ; l'Antiquitéfeuley met le
fceau de la veneration & de l'eftime publique. Plaçons donc l'Academie dansfon veritable point de
vûë, &voyons- la , s'il.fe peut ,
avec lesyeux de la Pofterité. Il
pourfuivit la peinture de Meffeurs de l'Academic , & parla
des divers talens de ceux qui la
compofent , &finit en diſant : -
Voila l'Academie, Meffieurs, telle
qu'elleparoiflra aujugement de l'avenir. Il parla enfuite des deffauts de tous ceux qui bril-
GALANT 231
loient le plus par leurs ouvragres avant l'établiſſement de
l'Academie , & il fit remarquer
en quoy avoient confifté ces
deffauts , & il finit ce qu'il en
rapporta en difant : Il falloit
une Compagnie , qui par le concours des lumieres , établift des
principes certains , rendift le gouft
plus fixe , difciplinaft le genie même, & en affujettit les fougues à
la raifon
Il parla enfuite de ce que
le Cardinal de Richelieu , &
le Chancelier Seguier , avoient
fait pour l'Academie , & en
finiffant de parler du Chance-
232 MERCURE
lier Seguier , il dit ens'adreſſant
à Meffieurs de l'Academie ;
ce qui fait voftre gloire & la
fienne , Louis , luy- même n'a pas
dédaigné de luyfucceder. Ceft
de ce jour, Mrs, que voftre fortune eut toutfonéclat ; les Mufes
vinrent s'affeoir aupied du Trône,
& le Palais des Rois devint
l'azile des Sçavans. Vous ne
fongeates alors qu'à immortalifer
vostre reconnoiffance
tribut que vous exigeâtes de
vos nouveaux Confreres , fut
l'Eloge du Prince dont ils alloient
partager la protection. Ainfi par
autant de plumes immortelles fuو
Ele
GALANT 233
rent écrites les Annales de fon
regne Monument precieux
d'équité , de valeur , de moderation , & de conftance , modelle
dans les divers évenements de
cet Heroïfme éclairé où le fage
feulpeut ateindre. Mais quelque grand que Loüis paroiſſe àla
pofterité parfes actions , & par
Les vertus ne craignons point
de le dire. Il luy fera encore plus
cher par la protection qu'il vous
a donnée. Tout ce qu'il a fait
d'ailleurs n'alloit qu'à procurer
fes Peuples ,à fes Voifins , & à
fes Ennemis même, un bonheur
fajet aux viciffitudes humaines ;
V
,
Février 1710.
à
you 234 MERCURE
par la protection des Lettres , il
s'eft rendu à jamais le Bienfaicteur du Monde. Il a preparé
des plaifirs utiles à l'avenir le plus
reculé , & les Ouvrages de noftre
fiecle , qui feront alors l'éducation du genre humain , feront
mis au rang de fes plus folides
bien faits. Multipliez- donc vos
Ouvrages , Mrs , par reconnoiffance pour vostre augufte Protecteur ; quelque fujet que vous
traitiez vous travaillerez toujourspourſa gloire , & l'on ne
poura lire nos Philofophes , nos
Hiftoriens , nos Orateurs
mos Poëtes ,fans benir le nom
GALANT 235
*
de l'Augufte qui les a fait naître.
Fe brule déja de contribuerfelon
mes forces aux obligations que
luy aura l'Univers ; heureuxfi
mon genie pouvoit croître jusqu'à
·égaler mon zele.
Avant que d'entrer enfuite
dans l'Elogede feu Mr de Corneille dont il rempliffoit la
place , il parla de quelques uns
des Academiciens qui l'avoient
precedé ; aprés quoy il en fic
un portrait qui reffembloit
parfaitement à l'Original. Il
fit voir qu'il connoiffoit les
beautez de l'une & de l'autre
Scene, & que la France le com-
*
a
*
V ij
236 MERCURE
pteroit toujours entre fes Sophocles & fes Menandres. Il
s'étendit enfuite fur les merveilleux effets que produifoient
encoretousles jours ces fortes
d'Ouvrages , aprés quoy il
parla des autres Ouvrages que
l'on devoit à fon heureufe
fecondité ; de fes Traductions; ·
de fes remarques fur la Langue;
de fes Dictionnaires , travaux
immenfes , qui demandoient
d'autant plus de courage dans
ceux qui les entreprenoient ,
qu'ils ne pouvoient s'en promettre unfuccés bien éclatant
& quele Public qui prodigue
GALANY 237
toujours fes aclamations à l'agreable jouiffoit d'ordinaire
zavec indiference de ce qui n'étoit qu'utile. Et aprés avoir
parlé de fes talents , il fit une
peinture de fes vertus , & dit.
qu'elles eftoient l'objet indifpenfable de fon émulation. Le
portrait qu'il fit des vertus de
cegrand homme fut tres- beau
& tres- reffemblant. Il ajoûta
enparlant de la perte de la
vue de Mr de Corneille , que
ce que l'âge avoit ravi à fon
Predeceffeur , il l'avoit perdu
dés fa jeuneffe , que cette malheureufe conformité qu'il
238 MERCURE
avoit avec luy , leur en rapelleroit fouvent le fouvenir , &
qu'il ne ferviroit d'ailleurs qu'à
leur faire fentir fa perte. Il dit
enfuite. Il faut l'avouer cependant , cette privation dont je
plains , ne fera plus deformais
pour moy un pretexte d'ignorance. Vous m'avez rendu la vuë,
vous m'avez ouvert tous les
Livres en m'affociant à voftre
Compagnie. Aurai - je beſoin de
faits ? je trouveray icy des Scavans à quiil n'en eft point écha
pé. Mefaudra-t -ildes preceptes ?
je m'adrefferay aux Maiftres de
l'Art. Chercheray- je des exem-
GALANT 239
ples ? j'apprendray les beautezdes
Anciensde la bouche même de leurs
Rivaux. Faydroit enfin à toutce
que vous fçavez ; puifque jepuis
vous entendre , je n'envie plus le
bonheur de ceux qui peuvent lire.
Jugez, Meffieurs , de ma reconnoiffance par l'idée juſte & vive
que je me forme de vos bienfaits.
Mr Houdart de la Motte ,
ayant ceffé de parler , Mr de
Callieres prit la parole , en qualité de Directeur de l'Academie , & dit que fi l'uſage de
faire l'Eloge de chaque Academicien que l'on perdoit , n'és
240 MERCURE
fa toit déja introduit dans
Compagnie , Mr de Corneille
auroit merité qu'on eut commencé par luy à faire un
loüable établiſſement , & que
le nom qu'il portoit s'eftoit
rendu fi celebre qu'il avoit fait
honneur non- feulement àl'Academie Françoife; mais même
à toute la Nation : & aprés
avoir fait un Eloge de feu Mr
de Corneille , frere du dernier
mort , & du paralelle qu'on en
pouvoit faire , il parla des Pieces de Theatre de ce dernier
dont il fit en general une pein- 3
ture fort avantageufe. Il paffa
de là
~
GALANT 241
delà à fon Dictionaire des Arts,
&à fon Dictionnaire Geographique & Hiftorique, & dit que
Fon pourroit regarder ces deux
grands ouvrages comme des
trefors toûjours ouverts à la
Nation Françoife, & à tous les
Etrangers qui fçavent noftre
langue, oùils pouvoient puifer
une infinité de connoiffances
utiles & agreables , fans avoir
la peine de les chercher dans
les diverfes fources d'où il les
avoit tirées. Il parla enfuite de
toutes les qualitez de l'honnefte. homme qui avoient fait
admirer Mr de Corneille pen.
Février 1710.
X
242 MERCURE
1
dant fa vie , puis adreffant la
parole à Mrdela Motte, il dit :
Vous avez merité , Monfieur ,
par la beauté de vos ouvrages de
remplir la place d'un ſi excellent
homme , ce fontces heureufes productions de vostre efprit qui vous
ontfaitjour au travers delafoule des Auteurs mediocres , & qui
ont brillé aux yeux - mêmes de
vas Juges. Ils ont couronné plu
feurs de vos excellentes Pieces de
Poefie , endernier lieu celle de
Profe où vous avez égalé les
grands Maiftres de l'Eloquence:
dans l'Art de traiter les matieres
les plus faintes les plus rele-
GALANT 243
vées. Ceftfur ces titres incontestables que vos mêmesJuges vous
ont trouvé digne de leur eftre Af
focié pour partager avec eux
l'honneur des fonctions & des
exercices Academiques. Loind'étre obligez dejuftifier leur choix ,
vous leur avez donné une ample
matiere de le faireciterpour exem
ple de leur équité , de leur bon
gouft , de la jufteffe de leur dif
cernement. Voftre élection faite
le concours unanime de tous par
les fuffrages , fervira de preuve
convaincante que l'Academie ne
peut errer dans fes jugemens ,
lorfqu'elle fe conduit par fes proXij
244 MERCURE
pres lumieres ,fanségard à la brigue & auxfollicitations ,fuivant
l'ordre exprés qu'elle en a defon
augufte Protecteur. Nousfommes
perfuadez , Monfieur , que vous
allez redoubler vos efforts pour
celebrer avec nous cette longue
fuite d'actions glorieufes dont la
vie eft un tiffu continuel , &
pour le reprefenter à la pofterité
auffi grand qu'il l'eft ànosyeux ;
Clement & modere dans les
profperitez les plus brillantes
intrepide dans les plus grands
dangers ; toujours égal dans l'une
dans l'autre fortune , d'une
fermeté inébranlable & d'une
GALANT 245
tranquillité qui nepeut eftre troubice blé par aucun évenement.
N'ayant
point de plus chers interefts que ceux dela raye Reli
gion , dont il est l'infatigable
appuy , preferant toujours à
la gloire de fes juftes conquêtes
celle d'eftre l'auteur du bonheur
public ,fifouventtroublé par les
jaloufes terreurs de fes voifins
ftfouvent rétably par les grands
facrifices qu'il leur a faits , &
qu'il eft encorepreft de leur faire
pour affurerlerepos defes Peuples
celuy même de fes ennemis s
dignes objets des foins, paternels
d'un Roy , grand ,fage , jufte
X iij
246MERCURE
bien faifant , & veritablement
tres- Chreftien. Voilà, Monfieur,
unepartie des riches & preticufes
matieres que vous avez à mettre
en œuvre ; c'eſt le tribut que nous
impofons à votre reconnoiffance
pour l'honneur que vousrecevez
aujourd'huy. Honneur brillant
parluy-même, plus brillant encore
par les temoignages unanimes que
nous rendons au Public , que
vous en eftes veritablement digne.
Mr l'Abbé Tallemant , prit
enfuite la parole , & en s'adreffant à Mr de la Morte
recita Epigramme qui fuit.
GALANT 247
qu'il avoit faite à la gloire de
ce nouvel Academicien , &
qui reçut beaucoup d'applaudiffements.
La Motte par l'effort de ton vafte
genie
Tu répares du fort l'injuſte tirannie
»
Ce n'est point par les yeux que
l'efprit vient àbout,
De bienconnoiftre la nature,
Argus avec centyeux ne connut
point Mercure,
Homere fans yeux voyoit
tout..
Xiij
248 MERCURE
pas
Comme le temps auquel
doivent finir les Affemblées
de l'Academie , chaque jour
qu'elles tiennent , n'eftoir
encore remply ; & que cing!
heures n'eftoient pas fonnées ,
on lut , felon l'ufage , l'Ouvrage d'un Academicien , &
l'on avoit choisi pour ce jourlà , en cas qu'il reftaft du
temps , un Ouvrage de Mr
de Callieres qui fut lû par Mr
l'Abbé Tallemant. Il confiftoit en des Eloges fort courts
&en Vers , de quatorze Homi
mes Illuftres , & de fept Fem- &
mes Sçavantes. Les Hommes.
GALANT 249
dont on lut les Eloges font
MCorneille l'aîné ; Racine
Moliere; la Fontaine ; Voitu
re ; Sarrafin ; la Chapelle
Defpreaux; Pavillon ; Peliffon;
Benferade ; Quinault ; Segrais ; le Duc de Nevers. Et
les Dames qui furent loüées
enfuite , font Mlle de Scudery , fous le nom de Sapho ; la
Fayette ; la Suze ; la Sabliere ;
Deshoulieres ; Villedieu ; Dacier.
Toute l'Affemblée donna
les louanges qui eftoient duës
à ces Portraits , & ils en regurent beaucoup.
250 MERCURE
Je crois devoir ajoûter icy
les noms des Opera qui ont efté
Laits par Mr de la Motte ; ce
font ,
L'Europe galante ,
Iffé ,.
Oinphale ,
Amadis de Grece
Ceyx & Alcione ,
Canente,3
Les Arts , Ballet.
Jupiter & Semelé.
Les fuccés que ces Opera ont
eu dans leur temps vous font
connus , & fur tout celuy de
l'Europe galante quia efté fou
vent remis au Theatre , & que
GALANT 250
le Public ne s'eft jamais laffe
de voir, bab
Le même Auteur a fait auffi
quelques Pieces de Theatre
& plufieurs ouvrages auffi ingenieux que galans qui n'ont
pas paru fous fon nom .
Je ne vous dis rien du grand
nombre de Prix qu'il a remportez par tout où on luy a
permis d'en difputer , en forte
que pour laiffer lieu aux autres.
de meriter à leur tour de ces
Couronnes de Lauriers , il ne
loy a plus efté permis d'entrer
dans la Carriere pour en cücillir de nouveaux.
252 MERCURE
ig
Vous avez vû le Recueil de
fes Odes. Cet Ouvrage eft ge
neralement applaudi , & l'on
vient d'en donner une nouvelle Edition. Tant d'ouvrages
differens luy ont fait meriter la
place que tout le Public , & les
Academiciens même luy fouhaitoient depuis long temps.
Il y alieu de croire qu'eftanc
encore jeune il pourra la remplir auffi dignement que fon
Predeceffeur , & faire autant
d'honneur à cet illuftre Corps.
que je vous parle de la reception de Mr Houdart de la
Motte à l'Academie Françoiſe,
à la place de feu Mr. de Corneille , mort le 8. de Decem
bre de l'année derniere , &
voftre
GALANT 117
voftre impatience redouble
lorfque vous croyez qu'un
homme qui n'a point diſputé
de Prix qu'il n'ait emportez ,
qui a fouvent travaillé pour
meriter cette gloire , & qui
s'eft diftingué par un grand
nombred'Ouvrages de toutes
fortes de caracteres , & qui
ont attiré l'attention & les applaudiffemens de tout le Public, doit s'eftre furpaffé dans
le remerciement qu'il a fait à
l'Academic , en le nommant
pour remplir la place de Mr
de Corneille. Vous ne vous
trompez pas ; mais quoy qu'il
Février 1710. T
218 MERCURE
foit fort connupar tous les ou
vrages qu'il a donnez au Public , l'admiration que vous
avéz pour luy s'augmenteroit
encore fi vous fçaviez le fond
de la galanterie de fon efprit ,
& vous avouëriez que Voiture
n'a jamais badiné plus agreablement & plus noblement
dans une infinité de pieces que
nousavons de cet homme tout
fingulier , &qui a fait l'un des
principaux ornemens de fon
fiecle , ce que perfonne ne luy
difpute. Mrde la Motte a fait
quantité d'ouvrages de certe
nature, fous les noms de plu-
GALANT 219
fieurs perfonnes de fes Amis ,
tant hommes que femmes , &
qui ont efté admirez , fans
qu'on fçut dans le monde qu'ils
venoient de luy , & peut- eftre
en avez-vous vû beaucoup que
vous avez fort applaudis fans
enfçavoir le veritable Auteur.
Je n'avance rien contre la verité , ayant vû moy - même.
beaucoup de ces ouvrages que
ceux qui les produifoient fous
leur nom , m'ont avoüé eſtre
de luy. Enfin c'eſt un genie
univerfel , & quiferoit capable
de remporter toûjours les Prix
fur tous les fujets quel'on proTij
220 MERCURE
poferoit , de quelque nature
qu'ils puffent eftre. La grande
-idée que le Public a de luy fut
caufe que le jour de fa reception , l'Affemblée fut des plus
nombreuſes ; ce fut le 8. de
Fevrier , & tous ceux qui s'y
trouverent curent lieu d'eftre
contens de tout ce qu'il dit . Il
faut neceffairement que tous
ceux qui font reçus faffent l'éloge du Roy ; celuy de Mr le
Cardinal de Richelieu , & ceux
de Mr le Chancelier Seguier &
de l'Academicien decedé, dont
ils rempliffent la place , ce qui
eft d'autant plus difficile , que
GALANT 221
depuis un fort grand nombre
d'années tous ceux qui font reçus à l'Academie yfont indif
penfablement obligez : de maniere qu'il faut avoir beaucoup
de genie pour donner differens
tours à leurs difcours , & faire
paroiftre nouveaux des fujets
épuifez depuis long- temps , &
cependant ce font par ces endroits que doivent briller le
plus tous les Academiciens qui
fontreçus , & c'eft en quoy Mr
de la Motte fe fit admirer le
jour de fa reception.
Il eft temps de vous parler
duDifcours qu'il prononça &
Tiij
222 MERCURE
qui luy attira tant d'applaudif
femens , & c'eft ce qui m'embaraffe extrêmement. Je ne
dois vous enenvoyer qu'un extrait , & vous devez deviner les
raifons qui m'empêchent de
vous l'envoyer entier. Si ce
Difcours eftoit mediocre je
pourrois faire une peinture des
moindres endroits que je ne
rapporterois pas entiers, & en
donner fans parler contre la
verité , une idée qui les feroit
croire plus beaux qu'ils ne feroient ; mais lors qu'un Dif
cours eft parfait en toutes fes
parties , de quels termes puis- je
GALANT 223
me fervir pour parler des endroits que je ne rapporteray
pas entiers , & en pourray - je
donner une idée qui en puiffe
faire affez bien concevoir la
beauté : & quel choix feray je
de ceux que je vous rapporteray entiers ? puis que ce Difcours a paru également beau
à tous ceux qui l'ont entendu.
Ainfi ne comptez pas que je
vous en puifle faire concevoir
les beautez dans tout ce que
vous allez lire. Vous connoiffez l'efprit de Mr de la Motte,
&fon genie : vous fçavez dequoy il eft capable , & cela doir
Tiiij
224 'MERCURE
vous donner lieu de fuppléer
à tout ce queje vous rappor
teray de ce Difcours. huomis .
Il commença par une peinture qu'il fit de l'embarras où
il fe trouvoit d'eftre obligé de
trouver untour nouveau pour
parler fur une matiere rebatuë par tous ceux qui avoient
efté reçus à l'Academie avant
luy, &fit voir la difficulté qu'il
y avoit de s'en bien acquitters
il demanda pourquoy il falloit
des expreffions differentes pour
des fentimens femblables , & il
dir beaucoup de chofes ingenieufes là deffus. Ce qu'il dit
GALANT 225
enfuite fit paroître fa modeftie,
&aprés avoir dit que cet uſage
auroit dû eftre changé , il dit en
s'adreffant à fes Confreres ; Je
metrompe, Meffieurs, mon infuffifance merend injufte , maintenez
un usage qui n'humiliera que
moy ; fadmireray avec plaisir
dans ceux qui me fuivront , les
reffources qui m'ont manqué. Il
parla enfuite de la haute idée
qu'il avoit de la place où il
eftoit élevé , & fit connoiftre
que le defir qu'il avoit eu de fe
voir reçu parmi eux avoit eſté
fi vif en naiffant , que tout chimerique qu'il l'avoit cru , il luy
?
226 MERCURE
avoit tenu licu de genie , & il
ajoûta que ce defir luy avoit
dicté ces EffaisLyriques dontils
avoient agreé l'hommage , &
qui fous leurs aufpices avoient
trouvé grace devant le Public ;
que ce defir qui induſtrieux à
fe fervir luy même, l'avoit fait
tantoft Orateur , & tantoft
Poëte , pour meriter tous leurs
Lauriers ; qu'il l'avoit même
enhardi plus d'une fois à les
remercier d'un fuffrage unanime qu'il ofoir regarder alors
comme un préfage de celuy
dont il leur rendoit graces en
ce moment ; ce defir enfin ,
GALANT 227
qui du moindre de leurs Eleves , le faifoit devenir un de
leurs Confreres. Il ajoûta qu'il
prononçoit ce mot avec tranfport, & qu'il oublioit un moment ce qu'il eftoit pour ne
voir que le merite de ceux à
qui ils daignoient l'affocier.
Il fit voir enfuite que la
naiſſance &les dignitez qui dif
tinguoient la plupart des Academiciens , ne l'ébloüiffoient
pas, & qu'on ne regardoit parmi cux qu'un éclat plus réel &
plus indépendant ; qu'on n'honoroit à l'Academie que les
talens & la vertu , & qu'on n'y
228 MERCURE
rendoit que ces refpects finceres , d'autant plus flateurs pour
ceux qui les recevoient , qu'ils
faifoientle plaifir mêmedeceux
qui les rendoient , & il pourfuivit par ces paroles. Je fens ce
plaifir , Meffieurs , dans toute fon
étendue: iln'y en apas un de vous,
carj'ay brigué l'honneur de vous
approcher de vous étudier
avant le temps ; il n'y en apas un
de vous en qui je n'ayefenti cette
fuperiorité d'efpritfifüre dansfon
Empire ; mais dont la politeffe
fçait rendrela domination fidouce.
Ouy,j'ofe le dire , les Titres font
icy de trop ; le meriteperfonnel ar
Aliasun
GALANT 229
de
tire àluy toute l'attention. On remarque àpeine que vous réuniffez
dans voftre Corps ce qu'il y a
plus refpectable dans les differens
Ordres de l'Etat ; on fonge feulement , & c'est - là voftre Eloge,
que vous y raffemblez le fçavoir ,
la delicateffe , les talens , le genie
fur tout lafaine critique , plus
rare encore que les talens , auffi
neceffaire à l'avancement des Lettres que le Genie même. Mais à
ne regarder que vos ouvrages ,
Meffieurs , quelle fource d'admiration ! Peut- eftre enfommes- nous
encore trop prés pour en jugerfainement ; on n'estjamais affez tou-
230 MERCURE
ché de ce qu'on voit naifire & de
ce qu'on poffede ; onfe familiarife avec le merite defes contemporains ; l'Antiquitéfeuley met le
fceau de la veneration & de l'eftime publique. Plaçons donc l'Academie dansfon veritable point de
vûë, &voyons- la , s'il.fe peut ,
avec lesyeux de la Pofterité. Il
pourfuivit la peinture de Meffeurs de l'Academic , & parla
des divers talens de ceux qui la
compofent , &finit en diſant : -
Voila l'Academie, Meffieurs, telle
qu'elleparoiflra aujugement de l'avenir. Il parla enfuite des deffauts de tous ceux qui bril-
GALANT 231
loient le plus par leurs ouvragres avant l'établiſſement de
l'Academie , & il fit remarquer
en quoy avoient confifté ces
deffauts , & il finit ce qu'il en
rapporta en difant : Il falloit
une Compagnie , qui par le concours des lumieres , établift des
principes certains , rendift le gouft
plus fixe , difciplinaft le genie même, & en affujettit les fougues à
la raifon
Il parla enfuite de ce que
le Cardinal de Richelieu , &
le Chancelier Seguier , avoient
fait pour l'Academie , & en
finiffant de parler du Chance-
232 MERCURE
lier Seguier , il dit ens'adreſſant
à Meffieurs de l'Academie ;
ce qui fait voftre gloire & la
fienne , Louis , luy- même n'a pas
dédaigné de luyfucceder. Ceft
de ce jour, Mrs, que voftre fortune eut toutfonéclat ; les Mufes
vinrent s'affeoir aupied du Trône,
& le Palais des Rois devint
l'azile des Sçavans. Vous ne
fongeates alors qu'à immortalifer
vostre reconnoiffance
tribut que vous exigeâtes de
vos nouveaux Confreres , fut
l'Eloge du Prince dont ils alloient
partager la protection. Ainfi par
autant de plumes immortelles fuو
Ele
GALANT 233
rent écrites les Annales de fon
regne Monument precieux
d'équité , de valeur , de moderation , & de conftance , modelle
dans les divers évenements de
cet Heroïfme éclairé où le fage
feulpeut ateindre. Mais quelque grand que Loüis paroiſſe àla
pofterité parfes actions , & par
Les vertus ne craignons point
de le dire. Il luy fera encore plus
cher par la protection qu'il vous
a donnée. Tout ce qu'il a fait
d'ailleurs n'alloit qu'à procurer
fes Peuples ,à fes Voifins , & à
fes Ennemis même, un bonheur
fajet aux viciffitudes humaines ;
V
,
Février 1710.
à
you 234 MERCURE
par la protection des Lettres , il
s'eft rendu à jamais le Bienfaicteur du Monde. Il a preparé
des plaifirs utiles à l'avenir le plus
reculé , & les Ouvrages de noftre
fiecle , qui feront alors l'éducation du genre humain , feront
mis au rang de fes plus folides
bien faits. Multipliez- donc vos
Ouvrages , Mrs , par reconnoiffance pour vostre augufte Protecteur ; quelque fujet que vous
traitiez vous travaillerez toujourspourſa gloire , & l'on ne
poura lire nos Philofophes , nos
Hiftoriens , nos Orateurs
mos Poëtes ,fans benir le nom
GALANT 235
*
de l'Augufte qui les a fait naître.
Fe brule déja de contribuerfelon
mes forces aux obligations que
luy aura l'Univers ; heureuxfi
mon genie pouvoit croître jusqu'à
·égaler mon zele.
Avant que d'entrer enfuite
dans l'Elogede feu Mr de Corneille dont il rempliffoit la
place , il parla de quelques uns
des Academiciens qui l'avoient
precedé ; aprés quoy il en fic
un portrait qui reffembloit
parfaitement à l'Original. Il
fit voir qu'il connoiffoit les
beautez de l'une & de l'autre
Scene, & que la France le com-
*
a
*
V ij
236 MERCURE
pteroit toujours entre fes Sophocles & fes Menandres. Il
s'étendit enfuite fur les merveilleux effets que produifoient
encoretousles jours ces fortes
d'Ouvrages , aprés quoy il
parla des autres Ouvrages que
l'on devoit à fon heureufe
fecondité ; de fes Traductions; ·
de fes remarques fur la Langue;
de fes Dictionnaires , travaux
immenfes , qui demandoient
d'autant plus de courage dans
ceux qui les entreprenoient ,
qu'ils ne pouvoient s'en promettre unfuccés bien éclatant
& quele Public qui prodigue
GALANY 237
toujours fes aclamations à l'agreable jouiffoit d'ordinaire
zavec indiference de ce qui n'étoit qu'utile. Et aprés avoir
parlé de fes talents , il fit une
peinture de fes vertus , & dit.
qu'elles eftoient l'objet indifpenfable de fon émulation. Le
portrait qu'il fit des vertus de
cegrand homme fut tres- beau
& tres- reffemblant. Il ajoûta
enparlant de la perte de la
vue de Mr de Corneille , que
ce que l'âge avoit ravi à fon
Predeceffeur , il l'avoit perdu
dés fa jeuneffe , que cette malheureufe conformité qu'il
238 MERCURE
avoit avec luy , leur en rapelleroit fouvent le fouvenir , &
qu'il ne ferviroit d'ailleurs qu'à
leur faire fentir fa perte. Il dit
enfuite. Il faut l'avouer cependant , cette privation dont je
plains , ne fera plus deformais
pour moy un pretexte d'ignorance. Vous m'avez rendu la vuë,
vous m'avez ouvert tous les
Livres en m'affociant à voftre
Compagnie. Aurai - je beſoin de
faits ? je trouveray icy des Scavans à quiil n'en eft point écha
pé. Mefaudra-t -ildes preceptes ?
je m'adrefferay aux Maiftres de
l'Art. Chercheray- je des exem-
GALANT 239
ples ? j'apprendray les beautezdes
Anciensde la bouche même de leurs
Rivaux. Faydroit enfin à toutce
que vous fçavez ; puifque jepuis
vous entendre , je n'envie plus le
bonheur de ceux qui peuvent lire.
Jugez, Meffieurs , de ma reconnoiffance par l'idée juſte & vive
que je me forme de vos bienfaits.
Mr Houdart de la Motte ,
ayant ceffé de parler , Mr de
Callieres prit la parole , en qualité de Directeur de l'Academie , & dit que fi l'uſage de
faire l'Eloge de chaque Academicien que l'on perdoit , n'és
240 MERCURE
fa toit déja introduit dans
Compagnie , Mr de Corneille
auroit merité qu'on eut commencé par luy à faire un
loüable établiſſement , & que
le nom qu'il portoit s'eftoit
rendu fi celebre qu'il avoit fait
honneur non- feulement àl'Academie Françoife; mais même
à toute la Nation : & aprés
avoir fait un Eloge de feu Mr
de Corneille , frere du dernier
mort , & du paralelle qu'on en
pouvoit faire , il parla des Pieces de Theatre de ce dernier
dont il fit en general une pein- 3
ture fort avantageufe. Il paffa
de là
~
GALANT 241
delà à fon Dictionaire des Arts,
&à fon Dictionnaire Geographique & Hiftorique, & dit que
Fon pourroit regarder ces deux
grands ouvrages comme des
trefors toûjours ouverts à la
Nation Françoife, & à tous les
Etrangers qui fçavent noftre
langue, oùils pouvoient puifer
une infinité de connoiffances
utiles & agreables , fans avoir
la peine de les chercher dans
les diverfes fources d'où il les
avoit tirées. Il parla enfuite de
toutes les qualitez de l'honnefte. homme qui avoient fait
admirer Mr de Corneille pen.
Février 1710.
X
242 MERCURE
1
dant fa vie , puis adreffant la
parole à Mrdela Motte, il dit :
Vous avez merité , Monfieur ,
par la beauté de vos ouvrages de
remplir la place d'un ſi excellent
homme , ce fontces heureufes productions de vostre efprit qui vous
ontfaitjour au travers delafoule des Auteurs mediocres , & qui
ont brillé aux yeux - mêmes de
vas Juges. Ils ont couronné plu
feurs de vos excellentes Pieces de
Poefie , endernier lieu celle de
Profe où vous avez égalé les
grands Maiftres de l'Eloquence:
dans l'Art de traiter les matieres
les plus faintes les plus rele-
GALANT 243
vées. Ceftfur ces titres incontestables que vos mêmesJuges vous
ont trouvé digne de leur eftre Af
focié pour partager avec eux
l'honneur des fonctions & des
exercices Academiques. Loind'étre obligez dejuftifier leur choix ,
vous leur avez donné une ample
matiere de le faireciterpour exem
ple de leur équité , de leur bon
gouft , de la jufteffe de leur dif
cernement. Voftre élection faite
le concours unanime de tous par
les fuffrages , fervira de preuve
convaincante que l'Academie ne
peut errer dans fes jugemens ,
lorfqu'elle fe conduit par fes proXij
244 MERCURE
pres lumieres ,fanségard à la brigue & auxfollicitations ,fuivant
l'ordre exprés qu'elle en a defon
augufte Protecteur. Nousfommes
perfuadez , Monfieur , que vous
allez redoubler vos efforts pour
celebrer avec nous cette longue
fuite d'actions glorieufes dont la
vie eft un tiffu continuel , &
pour le reprefenter à la pofterité
auffi grand qu'il l'eft ànosyeux ;
Clement & modere dans les
profperitez les plus brillantes
intrepide dans les plus grands
dangers ; toujours égal dans l'une
dans l'autre fortune , d'une
fermeté inébranlable & d'une
GALANT 245
tranquillité qui nepeut eftre troubice blé par aucun évenement.
N'ayant
point de plus chers interefts que ceux dela raye Reli
gion , dont il est l'infatigable
appuy , preferant toujours à
la gloire de fes juftes conquêtes
celle d'eftre l'auteur du bonheur
public ,fifouventtroublé par les
jaloufes terreurs de fes voifins
ftfouvent rétably par les grands
facrifices qu'il leur a faits , &
qu'il eft encorepreft de leur faire
pour affurerlerepos defes Peuples
celuy même de fes ennemis s
dignes objets des foins, paternels
d'un Roy , grand ,fage , jufte
X iij
246MERCURE
bien faifant , & veritablement
tres- Chreftien. Voilà, Monfieur,
unepartie des riches & preticufes
matieres que vous avez à mettre
en œuvre ; c'eſt le tribut que nous
impofons à votre reconnoiffance
pour l'honneur que vousrecevez
aujourd'huy. Honneur brillant
parluy-même, plus brillant encore
par les temoignages unanimes que
nous rendons au Public , que
vous en eftes veritablement digne.
Mr l'Abbé Tallemant , prit
enfuite la parole , & en s'adreffant à Mr de la Morte
recita Epigramme qui fuit.
GALANT 247
qu'il avoit faite à la gloire de
ce nouvel Academicien , &
qui reçut beaucoup d'applaudiffements.
La Motte par l'effort de ton vafte
genie
Tu répares du fort l'injuſte tirannie
»
Ce n'est point par les yeux que
l'efprit vient àbout,
De bienconnoiftre la nature,
Argus avec centyeux ne connut
point Mercure,
Homere fans yeux voyoit
tout..
Xiij
248 MERCURE
pas
Comme le temps auquel
doivent finir les Affemblées
de l'Academie , chaque jour
qu'elles tiennent , n'eftoir
encore remply ; & que cing!
heures n'eftoient pas fonnées ,
on lut , felon l'ufage , l'Ouvrage d'un Academicien , &
l'on avoit choisi pour ce jourlà , en cas qu'il reftaft du
temps , un Ouvrage de Mr
de Callieres qui fut lû par Mr
l'Abbé Tallemant. Il confiftoit en des Eloges fort courts
&en Vers , de quatorze Homi
mes Illuftres , & de fept Fem- &
mes Sçavantes. Les Hommes.
GALANT 249
dont on lut les Eloges font
MCorneille l'aîné ; Racine
Moliere; la Fontaine ; Voitu
re ; Sarrafin ; la Chapelle
Defpreaux; Pavillon ; Peliffon;
Benferade ; Quinault ; Segrais ; le Duc de Nevers. Et
les Dames qui furent loüées
enfuite , font Mlle de Scudery , fous le nom de Sapho ; la
Fayette ; la Suze ; la Sabliere ;
Deshoulieres ; Villedieu ; Dacier.
Toute l'Affemblée donna
les louanges qui eftoient duës
à ces Portraits , & ils en regurent beaucoup.
250 MERCURE
Je crois devoir ajoûter icy
les noms des Opera qui ont efté
Laits par Mr de la Motte ; ce
font ,
L'Europe galante ,
Iffé ,.
Oinphale ,
Amadis de Grece
Ceyx & Alcione ,
Canente,3
Les Arts , Ballet.
Jupiter & Semelé.
Les fuccés que ces Opera ont
eu dans leur temps vous font
connus , & fur tout celuy de
l'Europe galante quia efté fou
vent remis au Theatre , & que
GALANT 250
le Public ne s'eft jamais laffe
de voir, bab
Le même Auteur a fait auffi
quelques Pieces de Theatre
& plufieurs ouvrages auffi ingenieux que galans qui n'ont
pas paru fous fon nom .
Je ne vous dis rien du grand
nombre de Prix qu'il a remportez par tout où on luy a
permis d'en difputer , en forte
que pour laiffer lieu aux autres.
de meriter à leur tour de ces
Couronnes de Lauriers , il ne
loy a plus efté permis d'entrer
dans la Carriere pour en cücillir de nouveaux.
252 MERCURE
ig
Vous avez vû le Recueil de
fes Odes. Cet Ouvrage eft ge
neralement applaudi , & l'on
vient d'en donner une nouvelle Edition. Tant d'ouvrages
differens luy ont fait meriter la
place que tout le Public , & les
Academiciens même luy fouhaitoient depuis long temps.
Il y alieu de croire qu'eftanc
encore jeune il pourra la remplir auffi dignement que fon
Predeceffeur , & faire autant
d'honneur à cet illuftre Corps.
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Résumé : Reception de Mr Houdart de la Motte à l'Academie Françoise, [titre d'après la table]
Le 8 février 1710, Houdart de la Motte est reçu à l'Académie Française pour succéder à Pierre Corneille, décédé le 8 décembre précédent. La Motte est reconnu pour ses nombreux ouvrages et son esprit galant, souvent admirés sans que leur véritable auteur soit connu. Son discours de réception est très apprécié, malgré la difficulté de traiter des sujets déjà abordés par ses prédécesseurs. Il exprime sa modestie et son admiration pour l'Académie, soulignant que seul le mérite personnel compte parmi les académiciens. La Motte rend également hommage au roi Louis XIV pour sa protection des lettres et des savants. Avant de prononcer l'éloge de Corneille, La Motte parle des talents et des vertus de plusieurs académiciens, incluant Corneille, et exprime sa reconnaissance pour l'honneur de faire partie de l'Académie. Le texte mentionne également une séance de l'Académie française où un éloge est rendu à Pierre Corneille, frère du célèbre dramaturge. L'orateur vante les pièces de théâtre de Corneille et ses dictionnaires des Arts et Géographique et Historique, qualifiés de trésors pour la Nation française et les étrangers connaissant la langue française. Il loue ensuite les qualités de Corneille, soulignant sa fermeté, sa tranquillité et son dévouement à la religion et au bonheur public. L'orateur s'adresse ensuite à Antoine de La Motte, nouvellement élu à l'Académie, en reconnaissant la beauté de ses œuvres qui l'ont distingué parmi les auteurs médiocres. Il mentionne notamment son succès dans la poésie et l'éloquence, et salue son élection unanime. La Motte est encouragé à continuer ses efforts pour célébrer les actions glorieuses et à représenter dignement la postérité. L'Abbé Tallemant récite une épigramme en l'honneur de La Motte, qui est applaudie. La séance se poursuit avec la lecture d'un ouvrage de Callières, contenant des éloges de quatorze hommes illustres et sept femmes savantes, parmi lesquels Corneille l'aîné, Racine, Molière, et La Fontaine. Le texte mentionne également les succès des opéras de La Motte, tels que 'L'Europe galante' et 'Iphigénie', ainsi que ses pièces de théâtre et autres ouvrages ingénieux. Il conclut en soulignant les nombreux prix remportés par La Motte et l'attente du public et des académiciens pour qu'il remplisse dignement sa nouvelle fonction.
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26
p. 255-259
Theses soutenuës en Sorbonne, [titre d'après la table]
Début :
On vient de soûtenir en Sorbonne deux Theses appellées Tentatives, [...]
Mots clefs :
Sorbonne, Soutenance de thèse, Éclat
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Theses soutenuës en Sorbonne, [titre d'après la table]
On vient de foûtenir en Sorbonne deux Thefes appellées
2 56MERCURE
Tentatives , ce qui s'est fait avec
beaucoup des Allemblées d'éclat , & devant
avant
que nombreuſes.
illuftres
La premiere a efté foutenue
parMr deCotte, Chanoine de
N. Dame, &fils de M' de Corte
premier Architecte du Roy ;
& cet Abbé , quoy que fort
jeune encore , a autant brillé
dans cette action que s'il avoit
efté dans un âge plus avancé.
Mr Dreux, Preftre, Sous-Chan
tre & Chanoine de la même
Eglife ; Docteur de Sorbonne
& Confeiller au grand Confeil,
prefidoit à certe Thefe , qui
A
GALANT 257
2 S
fut honorée de la prefence de
S. E. Monfieur le Cardinal de
Noailles.
Mr Molé, frerede Mr Molé
de Champlaftreux, Prefident à
Mortier, & Abbéde S. Riquier
en Picardie , a auffi foûtenu
une Tentative, à laquelle a prefidé Mr le Prince de Rohan ,
Evêque & Prince de Strafbourg ; Landgrave d'Alface ;
Prince du S. Empire ; Docteur
en Theologie de la Faculté de
Paris , & de la Societé de Sorbonne. La grandeur de la naiffance & du merite du Prefident , & les qualitez ; le merite
Février 1710. Y
158 MERCURE
& la naiffance du Soutenant
furent caufeque l'Affemblée fe
trouva fi nombreuſe , qu'il fut
prefque impoffible d'approcher du lieu où elle fe tenoit
& de bien remarquer tout ce
qui s'y paffa. Comme l'Affemblée qui eftoit auffi illuſtre que
nombreuſe dura encore longtemps aprés la nuit fermée
on avoit allumé beaucoup de
Luftres qui donnerent un nouvel éclat à cette Affemblée
compofée des premieres perfonnes de la Cour & de la Ville , & deprefque tout le Parlement. Son Eminence Mon-
GALANT 259
fieur le Cardinal de Noailles ,
Archevêquede Paris , & quantité d'autres Archevêques &
Evêques s'y trouverent auffi
de maniere qu'il eftoit impoffible que l'on putvoir une Affemblée plus illuftre , & mieux
templie. Le Soutenant feffit
admirer dans cette action publique , qui fut regardée com
me une des plus complettes &
des plus éclatantes qui fe foient
faites depuis long- temps.
2 56MERCURE
Tentatives , ce qui s'est fait avec
beaucoup des Allemblées d'éclat , & devant
avant
que nombreuſes.
illuftres
La premiere a efté foutenue
parMr deCotte, Chanoine de
N. Dame, &fils de M' de Corte
premier Architecte du Roy ;
& cet Abbé , quoy que fort
jeune encore , a autant brillé
dans cette action que s'il avoit
efté dans un âge plus avancé.
Mr Dreux, Preftre, Sous-Chan
tre & Chanoine de la même
Eglife ; Docteur de Sorbonne
& Confeiller au grand Confeil,
prefidoit à certe Thefe , qui
A
GALANT 257
2 S
fut honorée de la prefence de
S. E. Monfieur le Cardinal de
Noailles.
Mr Molé, frerede Mr Molé
de Champlaftreux, Prefident à
Mortier, & Abbéde S. Riquier
en Picardie , a auffi foûtenu
une Tentative, à laquelle a prefidé Mr le Prince de Rohan ,
Evêque & Prince de Strafbourg ; Landgrave d'Alface ;
Prince du S. Empire ; Docteur
en Theologie de la Faculté de
Paris , & de la Societé de Sorbonne. La grandeur de la naiffance & du merite du Prefident , & les qualitez ; le merite
Février 1710. Y
158 MERCURE
& la naiffance du Soutenant
furent caufeque l'Affemblée fe
trouva fi nombreuſe , qu'il fut
prefque impoffible d'approcher du lieu où elle fe tenoit
& de bien remarquer tout ce
qui s'y paffa. Comme l'Affemblée qui eftoit auffi illuſtre que
nombreuſe dura encore longtemps aprés la nuit fermée
on avoit allumé beaucoup de
Luftres qui donnerent un nouvel éclat à cette Affemblée
compofée des premieres perfonnes de la Cour & de la Ville , & deprefque tout le Parlement. Son Eminence Mon-
GALANT 259
fieur le Cardinal de Noailles ,
Archevêquede Paris , & quantité d'autres Archevêques &
Evêques s'y trouverent auffi
de maniere qu'il eftoit impoffible que l'on putvoir une Affemblée plus illuftre , & mieux
templie. Le Soutenant feffit
admirer dans cette action publique , qui fut regardée com
me une des plus complettes &
des plus éclatantes qui fe foient
faites depuis long- temps.
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Résumé : Theses soutenuës en Sorbonne, [titre d'après la table]
En février 1710, deux thèses ont été soutenues à la Sorbonne avec un grand éclat et en présence de nombreuses personnalités. La première thèse a été présentée par Monsieur de Cotte, chanoine de Notre-Dame et fils de l'architecte du roi, sous la présidence de Monsieur Dreux, prêtre, sous-chantre et chanoine de la même église, docteur de Sorbonne et conseiller au grand conseil, en présence du Cardinal de Noailles. La seconde thèse a été soutenue par Monsieur Molé, frère de Monsieur Molé de Champlâtreux et abbé de Saint-Riquier, sous la présidence de Monsieur le Prince de Rohan, évêque et prince de Strasbourg, landgrave d'Alsace, prince du Saint-Empire et docteur en théologie. La grandeur des présidents et les qualités des soutenants ont attiré une assemblée nombreuse et illustre, incluant des membres de la cour, de la ville et du parlement. La soutenance a duré longtemps après la tombée de la nuit, éclairée par de nombreux lustres.
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27
p. 216-218
Theses soutenuës dans les Ecoles de Droit où Mr l'Abbé du Gué de Launay reçoit le Bonnet de Docteur, [titre d'après la table]
Début :
Mr l'Abbé du Gué de Launay, fils aîné de Mr Aunillon, [...]
Mots clefs :
Docteur, Thèse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Theses soutenuës dans les Ecoles de Droit où Mr l'Abbé du Gué de Launay reçoit le Bonnet de Docteur, [titre d'après la table]
Mr l'Abbé du Gué de Launay , fils aîné de Mr Aunillon ,
premier Prefident de l'Election
de Paris , prit le Bonner de
de Docteur dans les Ecoles de
Droit au commencement de
ce mois. Ily foûtint une Thefe dediée à Mr l'Evêque de Soiffons. Ce Prelat y affifta , &
l'Affemblée fut fort nombreu
Lc,
GALANT 217
fe , & compofée de plufieurs
perfonnes de diftinction. Le
nouveau Docteur y reçut des
applaudiffemens de tous ceux
qui l'entendirent à cauſe de la
jufteffe de fes réponſes & de la
grace avec laquelle il parla. On
peut dire qu'il recueillit en cette occafion les fruits de fon
éducation au College de Louis
le Grand. Aprés s'y eftre diftingué , dans l'étude des belles
Lettres & dans le Cours de
de Theologie qu'il y a fait ,
il a fini une fi penible &figlorieufe carriere par les honneurs
du Doctorat en Droit Canon
Mars 1710.
T
218 MERCURE
& Civil , qui luy donnent le
même rang dans la fameule
Univerfité de Paris , que le degré de Docteur de Sorbonne,
qui eft un privilege digne d'êtreremarqué, & qui n'eft peuteftre pas generalement connu.
Le Difcours qu'il prononça
pour remercier la Faculté à la
fin de la Ceremonie de fa reception , fait efperer qu'il peut
eftre un jour un Orateur auffi
accomply qu'il eft bon Theologien & habile Canoniſte.
premier Prefident de l'Election
de Paris , prit le Bonner de
de Docteur dans les Ecoles de
Droit au commencement de
ce mois. Ily foûtint une Thefe dediée à Mr l'Evêque de Soiffons. Ce Prelat y affifta , &
l'Affemblée fut fort nombreu
Lc,
GALANT 217
fe , & compofée de plufieurs
perfonnes de diftinction. Le
nouveau Docteur y reçut des
applaudiffemens de tous ceux
qui l'entendirent à cauſe de la
jufteffe de fes réponſes & de la
grace avec laquelle il parla. On
peut dire qu'il recueillit en cette occafion les fruits de fon
éducation au College de Louis
le Grand. Aprés s'y eftre diftingué , dans l'étude des belles
Lettres & dans le Cours de
de Theologie qu'il y a fait ,
il a fini une fi penible &figlorieufe carriere par les honneurs
du Doctorat en Droit Canon
Mars 1710.
T
218 MERCURE
& Civil , qui luy donnent le
même rang dans la fameule
Univerfité de Paris , que le degré de Docteur de Sorbonne,
qui eft un privilege digne d'êtreremarqué, & qui n'eft peuteftre pas generalement connu.
Le Difcours qu'il prononça
pour remercier la Faculté à la
fin de la Ceremonie de fa reception , fait efperer qu'il peut
eftre un jour un Orateur auffi
accomply qu'il eft bon Theologien & habile Canoniſte.
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Résumé : Theses soutenuës dans les Ecoles de Droit où Mr l'Abbé du Gué de Launay reçoit le Bonnet de Docteur, [titre d'après la table]
Le texte décrit l'obtention du titre de Docteur en Droit par Monsieur l'Abbé du Gué de Launay, fils aîné de Monsieur Aunillon, premier Président de l'Élection de Paris. Cette cérémonie a eu lieu au début du mois de mars 1710. Monsieur l'Abbé du Gué de Launay a présenté une thèse dédiée à Monsieur l'Évêque de Soissons devant une assemblée nombreuse et distinguée. Il a été félicité pour la justesse de ses réponses et l'élégance de son discours, reflétant son éducation au Collège de Louis le Grand, où il s'est distingué en lettres et en théologie. Le Doctorat en Droit Canon et Civil lui confère un rang équivalent à celui du Docteur de Sorbonne, un privilège notable. Son discours de remerciement à la Faculté suggère qu'il pourrait devenir un orateur accompli, en plus d'être un théologien et un canoniste compétent.
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28
p. 266-268
Reception de Mr le President de Mesmes, à l'Academie Françoise, [titre d'après la table]
Début :
La mort de cet Evêque a laissé une place vacante à l'Academie [...]
Mots clefs :
Académie française, Place vacante, Mr le Président de Mesmes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Reception de Mr le President de Mesmes, à l'Academie Françoise, [titre d'après la table]
La mort de cet Evêque a
GALANT 267
$
laiſſe une place vacante à l'Academie Françoife qu'il fera
difficile de remplir d'un auffi
bon fujet , & d'un homme
auffi univerfel. En attendant
que je puiffe vous parler de celuy fur lequel l'Academic aura jetté les yeux , je dois vous
dire que Mr le Prefident de
Meſmes, qui avoit eſté nommé
pour remplir celle de M le
Comtede Crecyyvient d'eftre
reçû ; mais comme il faut du
temps pourvousfaire unfidele
portrait de ce qui s'eſt paſſé à
cette reception j'ay cru devoir
remettre au mois prochain à
Zij
268 MERCURE
vous en entretenir. Vous ne
perdrez rien pour attendre , &
je fuis perfuadé que vostre
curiofité fera fatisfaite.
GALANT 267
$
laiſſe une place vacante à l'Academie Françoife qu'il fera
difficile de remplir d'un auffi
bon fujet , & d'un homme
auffi univerfel. En attendant
que je puiffe vous parler de celuy fur lequel l'Academic aura jetté les yeux , je dois vous
dire que Mr le Prefident de
Meſmes, qui avoit eſté nommé
pour remplir celle de M le
Comtede Crecyyvient d'eftre
reçû ; mais comme il faut du
temps pourvousfaire unfidele
portrait de ce qui s'eſt paſſé à
cette reception j'ay cru devoir
remettre au mois prochain à
Zij
268 MERCURE
vous en entretenir. Vous ne
perdrez rien pour attendre , &
je fuis perfuadé que vostre
curiofité fera fatisfaite.
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Résumé : Reception de Mr le President de Mesmes, à l'Academie Françoise, [titre d'après la table]
La mort d'un évêque crée une vacance à l'Académie française. Monsieur de Mesmes remplace le Comte de Créquy. L'auteur ne peut pas encore fournir de détails sur la réception de Monsieur de Mesmes, mais promet de les donner le mois suivant.
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29
p. 36-55
Diverses Theses curieuses soûtenuës à Stragbourg qui apprendront plusieurs faits historiques aussi sçavans que curieux. [titre d'après la table]
Début :
Avant que de quitter l'Allemagne, je dois vous parler de [...]
Mots clefs :
Thèses, Strasbourg, Université, Soutenance de thèse, Ecole de Médecine
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texteReconnaissance textuelle : Diverses Theses curieuses soûtenuës à Stragbourg qui apprendront plusieurs faits historiques aussi sçavans que curieux. [titre d'après la table]
Avant que de quitter l'Allemagne , je dois vous parlerde
plufieurs Thefes qui ont elté
GALANT 37
foutenues à Strasbourg en divers temps. Vous en verrez les
fujets en les lifant , & vous y
apprendrez beaucoup de chofes qui regardent voſtre fexe ,
& plufieurs autres qui regardant la Medecine , peuvent
eftre utiles à tout le monde.
Mr Abraham Stadet foûtint il y a quelque temps une
Thefe dans l'Univerfité de
Strasbourg fur un fujet affez
fingulier , puifque c'eſt fur le
droit que peuvent avoir les
femmes de fucceder aux Fiefs :
De jure fucced endi mulierum in
feodis. Il fit d'abord voir qu'au-›
38 MERCURE
trefois il leur eftoit deffendu
d'y prétendre , parce que c'étoit le partage des mâles , qui
feuls font capables du fervice
militaire , en récompenfe duquel on donnoit ces terres . Mr
Stadet fe declara dans la difpure publique de l'opinion de
ceux qui excluënt la femme
fans retour , de la fucceffion
des Fiefs. Il s'agiffoit dans une
difficulté que propofa un Ecclefiaftique nommé Auxi , de
fçavoir fi une femme qui par
l'exiſtence d'un mâle a perdu
legitimement le droit de fuccéder à unFiefdoit en eftre pri-
GALANT 39
vée pour toûjours. Mr Stadẹt
fonda fon fentiment fur cé
paffage du Livre des Fiefs : Relicto mafculo ulteriusfœminæ non
admittuntur : & il foutine quê
le mot alteriùs emporte une exclufion perpetuelle quelque
changement qui puiffe arriver
dans la fuite. La feconde queftion & qui fut long- temps &
vivement agitée , fur tout parMr Mordat , fut de fçavoir fi
les femmes fuccedent & peuvent fucceder aux Fiefs qu'on
appelle Féminins , quelque favorable que foit aux femmes
la dénomination de ces fortes
40 MERCURE
de Fiefs , plufieurs Docteurs
penfent qu'aprés la mort de
ceile qui a eu originairement
un droit acquis par l'infcodation , le Fief retombe dans le
droit commun, &ne peut plus
appartenir qu'aux mâles. Mr
Stader ne fut pas de ce ſentiment , & il declara que la deftination primitive du titre d'infeodation decide de la qualité
des perfonnes qui font appelées
dans la fuite à la fucceffion du
fief. Ondifputa enfuite fur une
autre queftion fçavoir fi les
femmes doivent fucceder aux
Franc- Fiefs ; on entend par le
GALANT 41
mot de Franc. Fiefs , ceux qui
ne font chargez d'aucuns fervices. Ce Jurifconfulte foû- .
tint qu'il falloit en cela fuivre
la loy generale qui exclut les
femmes des Fiefs , tant qu'il y
a des mâles , à moins qu'elles
n'y foient appellées d'une maniere expreffe par l'inveftiture.
Il y eutune quatrième queſtion
qui fut vivement debattuë ,
une femmeau defaut de mâles,
a efté admife à la fucceffion
d'un Fief, un mâle qui malheureuſement furvient dans le
temps qu'on ne l'attendoit pas,
la prive- t- il de fon droit ? non
Avril 1710.
D
42 MERCURE
répond Mr Stadet , quelques
fois contraire, quelquefois auffi
favorable aux Dames; la femme en ce cas là , dit-il , conferve le droit qui luy a efté legi
timement acquis , parce que la
durée d'une proprieté jufte
dans fon principe , ne doit pas
dépendre du hazard & de l'incertitude des fuites. Decifion
qui fut applaudie par toute
l'affemblée. Un Fief eft acquis
pour un mâle ou pour une
fille feulement; toutes les filles
d'une même famille y ont elles
également part ? le choix , répondit Mr Stadet , appartient
4
GALANT 43
au Seigneur , il a droit de don,
ner l'inveftiture fur les Cenft
ves. Get Auteur diftingue les
heritages purement Cenfiers,
& ceux qui outre, le cons exigent encorela foy &hommage. Les femmes, felon luy, peuvent fucceder aux premiers ,
où il ne s'agit que d'un fimple
payement , mais elles ne peu
vent fucceder aux,feconds, qui
oblige au Service militaire. Les
femmes font elles capables
des Fiefs Ecclefiaftiques & doiron le demander , répondit Mr
Stadet : ici peu courtois , mais
on luy répondit que les TerDij
44 MERCURE
res Ecclefiaftiques fe défendent plus par les prieres & par
les larmes , que par les armes ;
& qu'ainfi ce moyen eft plus
propre aux femmes qu'aux
hommes. Il repliqua qu'il falloit s'en tenir au droit commun, qui n'admet les femmes
aux Fiefs que lorfque la conceffion eft en faveur de ce fexe,
ou que les deux fexes y font
également appellez.
MrPhilippe Frederic de Berckheim ſoutint auffi il y a quel
que temps dans l'Univerfité de
la mefme Ville, des Thefes pu
bliques fur les Affemblées de
GALANT 45
Nobleffe. Les titres de ces Thefes font tournez en Allemagne
d'une autre maniere qu'on ne
les tourne en France. Cet Auteur avoit déja traité de la
Nobleffe en general dans une
• autre Thefe ; & il traita en particulier dans celle- ci des Diettes qui fe tiennent parmi la
Nobleffe Allemande. Il exami
na d'abord fi les Nobles de
l'Empire peuvent s'affembler
fans le confentement de l'Empereur; il conclut pour l'affirmative ; mais il n'étendit pas
cerre liberté aux Affemblées
des Electeurs & des Princes de
1
46 MERCURE
I Empire. Il foutint qu'il n'y a
point de diftinction ny de fuperiorité entre eux , & il cita
à ce fujer ce qu'avoit dit Hen
ry IV. Roy de France : De ma.
brave & genereufe Nobleffe , je
ne diftinguepoint mes Princes pour
eftre notre plus beau titre , for de
Gentilhomme. Mr. Berckheim
parla enfuite de la convocation
des Nobles , les qualitez qu'il
faut avoir pour eftre convoqué , & les raifons qui peuvent
difpenfer de fe rendre au lieu
de la convocation. Qu'il faut
eftre Noble de race pour eftre
convoqué ; qu'il ne fuffit pas
GALANT 47
A
"
sd'eftre ennobly , & qu'il ne
fuffit pas auffi d'acheter & de
poffeder une Terre noble;l'Autour convine cependant qu'il y
Ja certains Ficfs qui ont le privilege d'ennoblir ceux qui les
poffedent , & qu'il n'y a que la
maladie ou d'autres raiſons indifpenfables qui les exemprent
de fe rendre eux- mêmes dans
-les Affemblées convoquées , &
-il dit que le temps & le lieu de
l'Affemblée des Nobles dépendent de l'ufage & des occa
hons , & que les matieres que
Pontraite dans ces Affemblées,
font generalement toutes col-
$14
48 MERCURE
les qui regardent le public, foit
pour la Religion , foit pour la
Police , & foit pour les contributions aux charges de l'Etat. Ces propofitions furent
attaquées par plufieurs perfonnes qui donnerent lieu à
Mr de Berckeim de faire briller fon érudition ; un jeune
Jurifconfulte , prétendit dans
Ja difpute qu'un Noble, chargé de la procuration d'un autre Noble pour la Diette, perd
fa qualité de Noble ; fondant
fon opinion fur la prevention
trop outrée contre la fonction
de Procureur.
Mr
GALANT 49
Mr Jean Martin Aulber a
foutenu dans le même lieu des
Thefes de Medecine fur l'épilepfie vermineufe , ayant pour
prefident Mr Jean - Valentin
Scheidius Docteur & Profeffeur en Medecine , & un des
Medecins de toute l'Allemagne le plus confulté. Mr Aul
ber un des plus doctes Candidats de l'Ecole de Strasbourg,
fit d'abord voir que les vers
font la caufe la plus ordinaire
de l'épilepfic des enfans ; fentiment dont il a pour garants
le celebre Mr Baglivi & l'Auteur du traité de la generation
Avril 1710. E
50 MERCURE
des vers ( Mr Andri. ) Il prouva d'ailleurs ce fentiment par
la femence des inteftins dont
les vers peuvent eftre aisément
picotés par une humeur vermincufe & par les vers. De là
il paffa au détail des fymptomes particuliers à l'épilepfic
vermineuſe , comme la démangeaifon du nez , la toux feche , les dejections de couleur
de cendres , le hocquet , l'haleine aigre, les terreurs fubites
pendant le fommeil , la dou- .
leur de ventre &c. Mr.Aulber
attribua la production des
vers dans les corps des enfans,
A
GALANT SI
à des mouches qui fe pofent ,
tantôt fur la boüillie des enfans , tantôt fur leur bouche,
qu elles laiffent quantité d'œufs
que les enfans avallent , & d'ou
naiffent des vers. Mr Redi , Mr
Raderus & le fçavant Auteur
du Livre de la generation des
Vers dans le corps humain,
ont traité avec étendue le mêmefajer, & Mr Aulber les cita tous avec éloge. Ce qu'il dit
enfuite du prognoftic qu'on
faire dans l'épilepfic verincufe fur écouté avec plaifir Ilremarqua qu'elle eft rarement dangereuse , hors qu'elle
peut
E ij
52 MERCURF
ne foit inveterée. Les moyens
qu'il indiqua pour la guerir fu
rent autant de preuves de l'érudition du Soutenant , & du
progrés qu'il a fait en Mede
cine.
Mr Gabriel Daniel Bartenf
tein a foutenu dans l'Ecole de
Medecine de Strasbourg des
Thefes publiques , dans lefquelles il y avoit cent pofitions
fur toutes fortes de ſujets qui
peuvent regarderla Medecine.
Mr. Jean Sigifmond Henninger Docteur & Profeffeur en
Medecine dans la même Univerfité , & fous lequel Mr Bar-
GALANT 53
tenftein a fait fon Cours , prefidoit à cet Acte. Mr Bartenftein commença d'abord par
découvrir l'origine de la Medecine ; il parla enfuite de l'ame
& du corps , de la nature des
temperamens, & il parcourut
enfuite toute la Phifiologie. De
là il paffa à la Pathologie , &
expliqua les caufes des fiévres,
& en difant quelque chofe de
la pratique , il donna des preuyes éclatantes du progrés qu'il a
fait dans fes études , parce que
Mr Bartenftein dit dans la cinquante-fixième pofition fur les
fiévres malignes en particulier
E iij
54 MERCURE
il fit voir que les émulfions
&les acides font fouvent plus
les cordiaux & les
с
efficaces que
alexiteres. Dans la 57 il avan
ce que l'abus des remedes volatils peut fouvent changer les
petites veroles en fiévre pourpreufe & maligne. Il fe declara
en quelque maniere dans la 66*
contre la racine de l'Hipecacuana , &il prétend que quoiqu'elle foit fpecifique dans les dyffenteries , il eft pourtant quelquefois dangereux de s'en fervir à caufe des ravages & du
defordre que fa vertu émetique peut caufer. Mrd'Obrecht
* GALANT 55
le fils , fils du celebre Preteur de
Strafbourg de ce nom , argumenta avec force contre cette derniere pofition. Mr l'Evêque de Strasbourg atlilta à ces
Thefes avec un grand concours de Nobleſſe.
plufieurs Thefes qui ont elté
GALANT 37
foutenues à Strasbourg en divers temps. Vous en verrez les
fujets en les lifant , & vous y
apprendrez beaucoup de chofes qui regardent voſtre fexe ,
& plufieurs autres qui regardant la Medecine , peuvent
eftre utiles à tout le monde.
Mr Abraham Stadet foûtint il y a quelque temps une
Thefe dans l'Univerfité de
Strasbourg fur un fujet affez
fingulier , puifque c'eſt fur le
droit que peuvent avoir les
femmes de fucceder aux Fiefs :
De jure fucced endi mulierum in
feodis. Il fit d'abord voir qu'au-›
38 MERCURE
trefois il leur eftoit deffendu
d'y prétendre , parce que c'étoit le partage des mâles , qui
feuls font capables du fervice
militaire , en récompenfe duquel on donnoit ces terres . Mr
Stadet fe declara dans la difpure publique de l'opinion de
ceux qui excluënt la femme
fans retour , de la fucceffion
des Fiefs. Il s'agiffoit dans une
difficulté que propofa un Ecclefiaftique nommé Auxi , de
fçavoir fi une femme qui par
l'exiſtence d'un mâle a perdu
legitimement le droit de fuccéder à unFiefdoit en eftre pri-
GALANT 39
vée pour toûjours. Mr Stadẹt
fonda fon fentiment fur cé
paffage du Livre des Fiefs : Relicto mafculo ulteriusfœminæ non
admittuntur : & il foutine quê
le mot alteriùs emporte une exclufion perpetuelle quelque
changement qui puiffe arriver
dans la fuite. La feconde queftion & qui fut long- temps &
vivement agitée , fur tout parMr Mordat , fut de fçavoir fi
les femmes fuccedent & peuvent fucceder aux Fiefs qu'on
appelle Féminins , quelque favorable que foit aux femmes
la dénomination de ces fortes
40 MERCURE
de Fiefs , plufieurs Docteurs
penfent qu'aprés la mort de
ceile qui a eu originairement
un droit acquis par l'infcodation , le Fief retombe dans le
droit commun, &ne peut plus
appartenir qu'aux mâles. Mr
Stader ne fut pas de ce ſentiment , & il declara que la deftination primitive du titre d'infeodation decide de la qualité
des perfonnes qui font appelées
dans la fuite à la fucceffion du
fief. Ondifputa enfuite fur une
autre queftion fçavoir fi les
femmes doivent fucceder aux
Franc- Fiefs ; on entend par le
GALANT 41
mot de Franc. Fiefs , ceux qui
ne font chargez d'aucuns fervices. Ce Jurifconfulte foû- .
tint qu'il falloit en cela fuivre
la loy generale qui exclut les
femmes des Fiefs , tant qu'il y
a des mâles , à moins qu'elles
n'y foient appellées d'une maniere expreffe par l'inveftiture.
Il y eutune quatrième queſtion
qui fut vivement debattuë ,
une femmeau defaut de mâles,
a efté admife à la fucceffion
d'un Fief, un mâle qui malheureuſement furvient dans le
temps qu'on ne l'attendoit pas,
la prive- t- il de fon droit ? non
Avril 1710.
D
42 MERCURE
répond Mr Stadet , quelques
fois contraire, quelquefois auffi
favorable aux Dames; la femme en ce cas là , dit-il , conferve le droit qui luy a efté legi
timement acquis , parce que la
durée d'une proprieté jufte
dans fon principe , ne doit pas
dépendre du hazard & de l'incertitude des fuites. Decifion
qui fut applaudie par toute
l'affemblée. Un Fief eft acquis
pour un mâle ou pour une
fille feulement; toutes les filles
d'une même famille y ont elles
également part ? le choix , répondit Mr Stadet , appartient
4
GALANT 43
au Seigneur , il a droit de don,
ner l'inveftiture fur les Cenft
ves. Get Auteur diftingue les
heritages purement Cenfiers,
& ceux qui outre, le cons exigent encorela foy &hommage. Les femmes, felon luy, peuvent fucceder aux premiers ,
où il ne s'agit que d'un fimple
payement , mais elles ne peu
vent fucceder aux,feconds, qui
oblige au Service militaire. Les
femmes font elles capables
des Fiefs Ecclefiaftiques & doiron le demander , répondit Mr
Stadet : ici peu courtois , mais
on luy répondit que les TerDij
44 MERCURE
res Ecclefiaftiques fe défendent plus par les prieres & par
les larmes , que par les armes ;
& qu'ainfi ce moyen eft plus
propre aux femmes qu'aux
hommes. Il repliqua qu'il falloit s'en tenir au droit commun, qui n'admet les femmes
aux Fiefs que lorfque la conceffion eft en faveur de ce fexe,
ou que les deux fexes y font
également appellez.
MrPhilippe Frederic de Berckheim ſoutint auffi il y a quel
que temps dans l'Univerfité de
la mefme Ville, des Thefes pu
bliques fur les Affemblées de
GALANT 45
Nobleffe. Les titres de ces Thefes font tournez en Allemagne
d'une autre maniere qu'on ne
les tourne en France. Cet Auteur avoit déja traité de la
Nobleffe en general dans une
• autre Thefe ; & il traita en particulier dans celle- ci des Diettes qui fe tiennent parmi la
Nobleffe Allemande. Il exami
na d'abord fi les Nobles de
l'Empire peuvent s'affembler
fans le confentement de l'Empereur; il conclut pour l'affirmative ; mais il n'étendit pas
cerre liberté aux Affemblées
des Electeurs & des Princes de
1
46 MERCURE
I Empire. Il foutint qu'il n'y a
point de diftinction ny de fuperiorité entre eux , & il cita
à ce fujer ce qu'avoit dit Hen
ry IV. Roy de France : De ma.
brave & genereufe Nobleffe , je
ne diftinguepoint mes Princes pour
eftre notre plus beau titre , for de
Gentilhomme. Mr. Berckheim
parla enfuite de la convocation
des Nobles , les qualitez qu'il
faut avoir pour eftre convoqué , & les raifons qui peuvent
difpenfer de fe rendre au lieu
de la convocation. Qu'il faut
eftre Noble de race pour eftre
convoqué ; qu'il ne fuffit pas
GALANT 47
A
"
sd'eftre ennobly , & qu'il ne
fuffit pas auffi d'acheter & de
poffeder une Terre noble;l'Autour convine cependant qu'il y
Ja certains Ficfs qui ont le privilege d'ennoblir ceux qui les
poffedent , & qu'il n'y a que la
maladie ou d'autres raiſons indifpenfables qui les exemprent
de fe rendre eux- mêmes dans
-les Affemblées convoquées , &
-il dit que le temps & le lieu de
l'Affemblée des Nobles dépendent de l'ufage & des occa
hons , & que les matieres que
Pontraite dans ces Affemblées,
font generalement toutes col-
$14
48 MERCURE
les qui regardent le public, foit
pour la Religion , foit pour la
Police , & foit pour les contributions aux charges de l'Etat. Ces propofitions furent
attaquées par plufieurs perfonnes qui donnerent lieu à
Mr de Berckeim de faire briller fon érudition ; un jeune
Jurifconfulte , prétendit dans
Ja difpute qu'un Noble, chargé de la procuration d'un autre Noble pour la Diette, perd
fa qualité de Noble ; fondant
fon opinion fur la prevention
trop outrée contre la fonction
de Procureur.
Mr
GALANT 49
Mr Jean Martin Aulber a
foutenu dans le même lieu des
Thefes de Medecine fur l'épilepfie vermineufe , ayant pour
prefident Mr Jean - Valentin
Scheidius Docteur & Profeffeur en Medecine , & un des
Medecins de toute l'Allemagne le plus confulté. Mr Aul
ber un des plus doctes Candidats de l'Ecole de Strasbourg,
fit d'abord voir que les vers
font la caufe la plus ordinaire
de l'épilepfic des enfans ; fentiment dont il a pour garants
le celebre Mr Baglivi & l'Auteur du traité de la generation
Avril 1710. E
50 MERCURE
des vers ( Mr Andri. ) Il prouva d'ailleurs ce fentiment par
la femence des inteftins dont
les vers peuvent eftre aisément
picotés par une humeur vermincufe & par les vers. De là
il paffa au détail des fymptomes particuliers à l'épilepfic
vermineuſe , comme la démangeaifon du nez , la toux feche , les dejections de couleur
de cendres , le hocquet , l'haleine aigre, les terreurs fubites
pendant le fommeil , la dou- .
leur de ventre &c. Mr.Aulber
attribua la production des
vers dans les corps des enfans,
A
GALANT SI
à des mouches qui fe pofent ,
tantôt fur la boüillie des enfans , tantôt fur leur bouche,
qu elles laiffent quantité d'œufs
que les enfans avallent , & d'ou
naiffent des vers. Mr Redi , Mr
Raderus & le fçavant Auteur
du Livre de la generation des
Vers dans le corps humain,
ont traité avec étendue le mêmefajer, & Mr Aulber les cita tous avec éloge. Ce qu'il dit
enfuite du prognoftic qu'on
faire dans l'épilepfic verincufe fur écouté avec plaifir Ilremarqua qu'elle eft rarement dangereuse , hors qu'elle
peut
E ij
52 MERCURF
ne foit inveterée. Les moyens
qu'il indiqua pour la guerir fu
rent autant de preuves de l'érudition du Soutenant , & du
progrés qu'il a fait en Mede
cine.
Mr Gabriel Daniel Bartenf
tein a foutenu dans l'Ecole de
Medecine de Strasbourg des
Thefes publiques , dans lefquelles il y avoit cent pofitions
fur toutes fortes de ſujets qui
peuvent regarderla Medecine.
Mr. Jean Sigifmond Henninger Docteur & Profeffeur en
Medecine dans la même Univerfité , & fous lequel Mr Bar-
GALANT 53
tenftein a fait fon Cours , prefidoit à cet Acte. Mr Bartenftein commença d'abord par
découvrir l'origine de la Medecine ; il parla enfuite de l'ame
& du corps , de la nature des
temperamens, & il parcourut
enfuite toute la Phifiologie. De
là il paffa à la Pathologie , &
expliqua les caufes des fiévres,
& en difant quelque chofe de
la pratique , il donna des preuyes éclatantes du progrés qu'il a
fait dans fes études , parce que
Mr Bartenftein dit dans la cinquante-fixième pofition fur les
fiévres malignes en particulier
E iij
54 MERCURE
il fit voir que les émulfions
&les acides font fouvent plus
les cordiaux & les
с
efficaces que
alexiteres. Dans la 57 il avan
ce que l'abus des remedes volatils peut fouvent changer les
petites veroles en fiévre pourpreufe & maligne. Il fe declara
en quelque maniere dans la 66*
contre la racine de l'Hipecacuana , &il prétend que quoiqu'elle foit fpecifique dans les dyffenteries , il eft pourtant quelquefois dangereux de s'en fervir à caufe des ravages & du
defordre que fa vertu émetique peut caufer. Mrd'Obrecht
* GALANT 55
le fils , fils du celebre Preteur de
Strafbourg de ce nom , argumenta avec force contre cette derniere pofition. Mr l'Evêque de Strasbourg atlilta à ces
Thefes avec un grand concours de Nobleſſe.
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Résumé : Diverses Theses curieuses soûtenuës à Stragbourg qui apprendront plusieurs faits historiques aussi sçavans que curieux. [titre d'après la table]
Le texte présente plusieurs thèses soutenues à l'Université de Strasbourg. Abraham Stadet a exploré le droit des femmes à succéder aux fiefs. Il a souligné que les femmes étaient historiquement exclues en raison de leur incapacité à servir militairement. Stadet a distingué entre les fiefs féminins et les francs-fiefs, concluant que les femmes peuvent succéder aux premiers mais pas aux seconds, qui nécessitent un service militaire. Il a également abordé la succession aux fiefs ecclésiastiques, suggérant que les femmes peuvent y succéder si la concession le permet. Philippe Frédéric de Berckheim a soutenu des thèses sur les assemblées de noblesse. Il a conclu que les nobles de l'Empire peuvent s'assembler sans le consentement de l'Empereur, contrairement aux électeurs et aux princes. Il a également discuté des qualifications nécessaires pour être convoqué et des raisons valables pour ne pas se rendre à une convocation. Jean Martin Aulber a soutenu une thèse sur l'épilepsie vermineuse, affirmant que les vers sont la cause principale de cette maladie chez les enfants. Il a détaillé les symptômes et les moyens de traitement, citant des auteurs célèbres comme Baglivi et Andri. Gabriel Daniel Bartenstein a présenté des thèses sur divers sujets médicaux, couvrant l'origine de la médecine, la physiologie, la pathologie, et les traitements des fièvres. Il a discuté de l'efficacité des émulsions et des acides, ainsi que des dangers de l'abus des remèdes volatils et de la racine de l'Ipecacuana.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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30
p. 93-94
Mr l'Archevêque d'Alby, nommé pour remplir la place qu'occupoit à l'Academie Françoise, feu Mr l'Evêque de Nismes. [titre d'après la table]
Début :
Je dosi ajoûter icy, en vous parlant du dernier Ouvrage du [...]
Mots clefs :
Evêque d'Alby, Académie française, Nomination
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texteReconnaissance textuelle : Mr l'Archevêque d'Alby, nommé pour remplir la place qu'occupoit à l'Academie Françoise, feu Mr l'Evêque de Nismes. [titre d'après la table]
Je dois ajoûter icy , envous
parlant du dernier Ouvrage du
Prelat qui en eft l'Auteur ,
Mrl'Evefque d'Alby vient d'êstre nommé pour remplir la
place qu'il occupoit à l'Academie Françoife. J'aurois beaucoup de chofes à vous en dire;
mais je remets à vous en parler
94 MERCURE
lorfqu'il fera reçû dans cet ilJuftre & fçavant Corps , puif
que felon l'ufage , fon Elogey
fera prononcé publiquement,
ce qui me fournira des moyens
plus feurs de vous apprendre
avec plus de certitude toutes
les grandes qualitez , & tous
les grands talens qui le font
admirer & eftimer.
parlant du dernier Ouvrage du
Prelat qui en eft l'Auteur ,
Mrl'Evefque d'Alby vient d'êstre nommé pour remplir la
place qu'il occupoit à l'Academie Françoife. J'aurois beaucoup de chofes à vous en dire;
mais je remets à vous en parler
94 MERCURE
lorfqu'il fera reçû dans cet ilJuftre & fçavant Corps , puif
que felon l'ufage , fon Elogey
fera prononcé publiquement,
ce qui me fournira des moyens
plus feurs de vous apprendre
avec plus de certitude toutes
les grandes qualitez , & tous
les grands talens qui le font
admirer & eftimer.
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Résumé : Mr l'Archevêque d'Alby, nommé pour remplir la place qu'occupoit à l'Academie Françoise, feu Mr l'Evêque de Nismes. [titre d'après la table]
L'Évêque d'Alby est nommé pour succéder à un prélat décédé à l'Académie Française. L'auteur préfère attendre la réception officielle de l'Évêque pour détailler ses qualités et talents lors de l'éloge public.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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31
p. 146-164
Détail curieux, contenant tout ce qui s'est passé en Sorbonne lorsque Monsieur le Cardinal de Noailles a esté receu Proviseur de cette Societé. [titre d'après la table]
Début :
Je passe à un Article bien digne de la curiosité publique, [...]
Mots clefs :
Sorbonne, Cardinal de Noailles, Doyens, Faculté, Recteur, Église, Maison, Université, Docteurs, Société
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texteReconnaissance textuelle : Détail curieux, contenant tout ce qui s'est passé en Sorbonne lorsque Monsieur le Cardinal de Noailles a esté receu Proviseur de cette Societé. [titre d'après la table]
Je paffe à un Article bien
digne de la curiofité publique ,
& de l'attention de ceux qui le
liront. Il eft de la nature de
ceux dont on ne parle pas fouvent , parce qu'il ſe paſſe preſque toûjours un grand nom-
GALANT 147
bre d'années d'un de ces Articles à l'autre. Vous y trouverez quantité de faits hiftoriques
tres- curieux , & fept Difcours
differens prononcez dans la
même Affemblée , dans lef
quels vous trouverez un tour
finguliet , & beaucoup de finéffe d'efprit. Enfin ce font de
ces fortes de Difcours qui réveillent l'attention , qui inſtruifent les Lecteurs de beaucoup
de chofes qui regardent le Ceremonial , & dont on parle fi
rarement qu'on doit avoir toû
jours beaucoup d'empreffement pour les lire.
Nij
148 MERCURE
Vous avez fçû que les Docteurs de la Maifon & Societé
de Sorbonne avoient au mois
de Mars nommé d'un confentement unanime Monfieur le
Cardinal de Noailles Archevêque de Paris pour leur Provifeur , à la place de feu Mr
F'Archevêque de Reims . Le
neuvième du mois paffé cette
nomination fut folemnellement confirmée dans la grande Salle des Actes de la même Maifon. Le Recteur de
l'Univerfité , invité quelques
jours auparavant par des Députez de ladite Societé , s'y
*
GALANT 149
rendit fur les quatre heures
aprés midy , accompagné des
trois Doyens des Facultez , des
quatreProcureurs des Nations,
du Syndic , du Greffier de l'Univerfité & de fes autres Offciers. L'Archidiacre &le Chan--
celier de l'Eglife de Paris s'y
trouverent pareillement felon
l'ancien ufage. L'Affemblée fut
des plus nombreuſes. Outre
les Docteurs de la Maifon dont
il ne manqua que les malades
& ceux qui font abfens , un
tres grand nombre de Mrs de
Noftre-Dame & de l'Univerfité fe firent un plaifir d'y avoir
N iij
150 MERCURE
place. Au fond de la Salle , devant un grand Bureau eftoient
rangez onze fieges de front.
Le Recteur de Univerfité
eftoit au milieu , ayant à fa
droite l'Archidiacre, le Chancelier de l'Eglife de Paris , le
Doyen de la Faculté de Medecine , & les Procureurs des Nations de Picardie & d'Allema→
gne. Sur les cinq autres Sieges.
a fa gauche cftoient les Doyens
de Theologie , & des Droits ;
les Procureurs des Nations de
France & de Normandie &
le Syndic de l'Univerfité. Le
Greffer avoit unBureau fepa-
GALANT 151
ré vis - à- vis le Recteur.
37 Mr Vivant l'aîné, Chanoine
de Nôtre Dame & Docteur de
la Maifon de Sorbonne , fit
l'ouverture. Il adreffa la parole au Recteur , fur quoy l'Archidiacre fit fes proteftations
à l'ordinaire , ce qui n'empêcha point l'Orateur de continuër. Il fit un éloge achevé de
Monfieur le Cardinal. La pieté,
la vigilance , la ſcience , la fermeté, & la fuperiorité d'efprit
de cé Prelat furent mifes dans
leur jour , par les traits de la
plus vive éloquence. La netteté de la compofition fut foûteN iiij
152 MERCURE
nuë par une prononciation naturelle & diftincte. Les loüanges de feu Mr de Reims , ne
furent pas oubliées. Enfin les
Auditeurs eurent lieu d'être
pleinement fatisfaits , puifqu'il
leur fut aifé d'entendre , defuivre & de retenir tout le Dif
cours.
Aprés qu'il eut fini , le Recteur propofa le fujet de l'Af
femblée. L'Archidiacre l'interrompit pour réiterer encore
fes proteftations , & le Syndic
de l'Univerfité proteſta reciproquementcontre l'interrup
tion de l'Archidiacre. Tout ce
GALANT 153
fes
Ceremonial eft de l'ancien ufage. Le Difcours du Recteur
fut tel qu'on le devoit attendre d'un homme confommé
dans l'éloquence qu'il a profeffée long- temps avec éclar.
Ses expreffions furent de la
Latinité le plus pure
penfées les plus délicates , l'ordre & le tour qu'il donna à
tout ce qu'il dit parut plein
d'efprit & de jufteffe. Il commença par les louanges de la
Maifon de Sorbonne. Il s'étendit fur l'efprit de fimplicité
& de defintereffement qui
yregne aujourd'huy comme
154 MERCURE
dans les temps de fon Inftitu
tion. Il fit voir que les Docteurs de cette Societé fe confacroient tous felon leurs talens differens , au fervice de
l'Eglife & du Public. Les uns
à compofer des Livres , les au
tres à refoudre les Cas , les autres à diriger les confciences ,
ceux-là à élever une infinité de
pauvres Ecoliers pour lesquels
ils prodiguent tous leurs biens
& tous leurs foins , & tous à
veiller continuellement à la
confervation de l'ancienne &
pure Doctrine. Il dit qu'il eftoit
important dedonner à de fidi-
GALANT 155
gnes Ouvriers un Provifeur
fous la protection duquel ils
continuaffent leurs travaux en
fûreté. Il paffa enfuite à l'éloge
de Mr de Reims dernier Provifeur. Ille reprefenta comme
une des plus vives lumieres de
l'Eglife , le Deffenfeur des Loix
Canoniques, &l'ennemi de la
fourberie & des flatteurs. Il
parla de tous fes beaux Reglemens pour fon Dioceſe , & de
fes fçavantes Ordonnances. Il
dit que ce Prelat avoit efté dans
l'Eglife , ce que fon illuftre pere Mr le Chancelier le Tellier
& Mr de Louvois fon frere ,
156 MERCURE
que
avoient efté dans les premiers
Emplois de l'Etat. Il s'étendit
enfuite fur les louanges de
Monfieur le Cardinal. Il dit
la Sorbonne n'avoit pas eu
longtemps à delibererfur le choix
qu'elle avoit àfe faire d'un nouveau Provifeur. Que l'affabilité
de ce Prelat , fes manieres aimablese bienfaifantes avoient attiré
furluy lesfuffrages de tant d'bommes de Lettres , bien plus fortement que la confideration de fa
haute naiffance &defes éminentes dignitez. Quefon éducation
prife dans le fein de l'Univerfué
avoit eftéfortifiée par la pratique
GALANT 157
affiduë de toutes les vertus convenables àfonétat; & quefes mœurs
irreprochables ,fon zele ardent
éclairé l'avoientélevéfurle Siege
le plus important de l'Eglife de
France. Comme Mrle Recteur
eft du Dioceſe de Chalons, il ne
pût s'empêcher de parler de ce
que la charité de Monfieur le
Cardinal , luy fit faire eſtant Evêque de cette Ville. La maladie fe mit entre les prifonniers
de la Bataille de Fleurus , qui
eftoient en fort grand nombre
à Chalons. Monfieur le Cardinal ne ceffoit de les voir &
de les affifter en perfonne , il
158 MERCURE
en tomba malade fa dangereufement qu'on le crut mort. Ce
fic eft à prefent ancien , mais
Mr le Recteur luy donna un
tour nouveau qui plut extrêmement.
Mt Pirot le Chancelier parla
enfuite avec la facilité qui luy
eft fi connue.Il nommatous les
Provifeurs que la Sorbonne a
cus ; fçavoir quinze Cardinaux,
autant d'Archevêques ou Evêques, &il fit voir que Monfieur
le Cardinal étoit le feul qui cuft
efté en même temps Proviſeur
de Sorbonne, Cardinal, Archevêque, &Archevêque de Paris.
GALANT 159
Les uns eftoient Cardinaux ,
mais ils n'eftoient pas Archevêd'autres eftoient Archevêques ,
mais ils n'eftoient pas Car
dinaux & d'autres n'estoient
qu'Evêques & Cardinaux. Il raporta fort à propos l'exemple
de l'Eglife de Sarragoffe en Efpagne , & cita avec la Doctrine
ordinaire , un Concile tenu à
Troyes. Il s'étendit ſur la naiffance illuftre de Monfieur le
Cardinal , & fic efperer aux
Docteurs de Sorbonne qu'ils
feroient protegez en tout à
caufe du credit que Son Eminence a l'honneur d'avoir au-
160 MERCURE
prés du Roy. Il finit par quelques proteftations contre le
premier falut fait au Recteur,
de méme qu'avoit fait l'Archidiacre.
Les trois Doyens des Facultez & les quatre Procureurs des
Nations en donnant leurs fuf.
frages , ajoûtérent chacun un
éloge de Monfieur le Cardinal.
Celuy de Theologie témoigna
la reconnoiffance de la Faculté ·
envers S, E. à cauſe de la protection dont elle l'honore >
& qu'elle employe les Docteurs
lors qu'elle a beſoin de fecours pour le gouvernement
GALANT 161
A
d'un fi grand Dioceſe. Celuy
des Droits à caufe que Monfieur le Cardinal a bien voulu
eftre Docteur honoraire de fa
Faculté. Celuy de Medecine
promit que la Faculté épuiferoit les fecrets de fon Art, afin
que Son Eminence joüît long .
temps du Titre de Provifeur
de Sorbonne.
le
Le Procureur de la Nation
de France felicita la Sorbonne
fur fon nouveau choix par
concours & les fuffrages unanimes de tous les Docteurs qui
avoient pû fe rendre à l'Affemblée , où s'eftoient trouvez
Avril 1710.
O
162 MERCURE
deux Archevêques & fix Eveques , & par la fatisfaction que
que Son Eminence en avoir
témoignée ; celuy de Picardie
affura la Sorbonne que fon
nouveau Proviſeur luy donneroit fon attention. Que fa vie
laborieuſe & ennemie des plaifirs luy ménagoit du temps
pour fournir à tous fes Emplois ; celuy de Normandie dit
qu'il venoit moins pour don
donner fon fuffrage que pour
applaudir à la fageffe de la Sorbonne.Que cette Societé ne fe
trompoit jamais , &que le Public eftoit d'autant plus con-
GALANT 103
tent de fon choix , qu'il avoit
prévû qu'elle le feroit , & qu'il
aimoit generalementMonfieur
le Cardinal ; celuy d'Allema
gne témoigna la reconnoiffance de fa Nation pour les feCours que Monfieur le Cardinal accorde charitablement à
une partie de ceux qui la compofent. Ces fept diſcours furent les uns plus longs les autres plus courts , mais tous d'u
ne Latinité exquife & d'une
grande fineffe d'efprit. Le
Recteur aprés avoir recueilli
les voix conclut felon la coû
tume , fans qu'il y euft de proOij
164 MERCURE
teftation & d'interruption
digne de la curiofité publique ,
& de l'attention de ceux qui le
liront. Il eft de la nature de
ceux dont on ne parle pas fouvent , parce qu'il ſe paſſe preſque toûjours un grand nom-
GALANT 147
bre d'années d'un de ces Articles à l'autre. Vous y trouverez quantité de faits hiftoriques
tres- curieux , & fept Difcours
differens prononcez dans la
même Affemblée , dans lef
quels vous trouverez un tour
finguliet , & beaucoup de finéffe d'efprit. Enfin ce font de
ces fortes de Difcours qui réveillent l'attention , qui inſtruifent les Lecteurs de beaucoup
de chofes qui regardent le Ceremonial , & dont on parle fi
rarement qu'on doit avoir toû
jours beaucoup d'empreffement pour les lire.
Nij
148 MERCURE
Vous avez fçû que les Docteurs de la Maifon & Societé
de Sorbonne avoient au mois
de Mars nommé d'un confentement unanime Monfieur le
Cardinal de Noailles Archevêque de Paris pour leur Provifeur , à la place de feu Mr
F'Archevêque de Reims . Le
neuvième du mois paffé cette
nomination fut folemnellement confirmée dans la grande Salle des Actes de la même Maifon. Le Recteur de
l'Univerfité , invité quelques
jours auparavant par des Députez de ladite Societé , s'y
*
GALANT 149
rendit fur les quatre heures
aprés midy , accompagné des
trois Doyens des Facultez , des
quatreProcureurs des Nations,
du Syndic , du Greffier de l'Univerfité & de fes autres Offciers. L'Archidiacre &le Chan--
celier de l'Eglife de Paris s'y
trouverent pareillement felon
l'ancien ufage. L'Affemblée fut
des plus nombreuſes. Outre
les Docteurs de la Maifon dont
il ne manqua que les malades
& ceux qui font abfens , un
tres grand nombre de Mrs de
Noftre-Dame & de l'Univerfité fe firent un plaifir d'y avoir
N iij
150 MERCURE
place. Au fond de la Salle , devant un grand Bureau eftoient
rangez onze fieges de front.
Le Recteur de Univerfité
eftoit au milieu , ayant à fa
droite l'Archidiacre, le Chancelier de l'Eglife de Paris , le
Doyen de la Faculté de Medecine , & les Procureurs des Nations de Picardie & d'Allema→
gne. Sur les cinq autres Sieges.
a fa gauche cftoient les Doyens
de Theologie , & des Droits ;
les Procureurs des Nations de
France & de Normandie &
le Syndic de l'Univerfité. Le
Greffer avoit unBureau fepa-
GALANT 151
ré vis - à- vis le Recteur.
37 Mr Vivant l'aîné, Chanoine
de Nôtre Dame & Docteur de
la Maifon de Sorbonne , fit
l'ouverture. Il adreffa la parole au Recteur , fur quoy l'Archidiacre fit fes proteftations
à l'ordinaire , ce qui n'empêcha point l'Orateur de continuër. Il fit un éloge achevé de
Monfieur le Cardinal. La pieté,
la vigilance , la ſcience , la fermeté, & la fuperiorité d'efprit
de cé Prelat furent mifes dans
leur jour , par les traits de la
plus vive éloquence. La netteté de la compofition fut foûteN iiij
152 MERCURE
nuë par une prononciation naturelle & diftincte. Les loüanges de feu Mr de Reims , ne
furent pas oubliées. Enfin les
Auditeurs eurent lieu d'être
pleinement fatisfaits , puifqu'il
leur fut aifé d'entendre , defuivre & de retenir tout le Dif
cours.
Aprés qu'il eut fini , le Recteur propofa le fujet de l'Af
femblée. L'Archidiacre l'interrompit pour réiterer encore
fes proteftations , & le Syndic
de l'Univerfité proteſta reciproquementcontre l'interrup
tion de l'Archidiacre. Tout ce
GALANT 153
fes
Ceremonial eft de l'ancien ufage. Le Difcours du Recteur
fut tel qu'on le devoit attendre d'un homme confommé
dans l'éloquence qu'il a profeffée long- temps avec éclar.
Ses expreffions furent de la
Latinité le plus pure
penfées les plus délicates , l'ordre & le tour qu'il donna à
tout ce qu'il dit parut plein
d'efprit & de jufteffe. Il commença par les louanges de la
Maifon de Sorbonne. Il s'étendit fur l'efprit de fimplicité
& de defintereffement qui
yregne aujourd'huy comme
154 MERCURE
dans les temps de fon Inftitu
tion. Il fit voir que les Docteurs de cette Societé fe confacroient tous felon leurs talens differens , au fervice de
l'Eglife & du Public. Les uns
à compofer des Livres , les au
tres à refoudre les Cas , les autres à diriger les confciences ,
ceux-là à élever une infinité de
pauvres Ecoliers pour lesquels
ils prodiguent tous leurs biens
& tous leurs foins , & tous à
veiller continuellement à la
confervation de l'ancienne &
pure Doctrine. Il dit qu'il eftoit
important dedonner à de fidi-
GALANT 155
gnes Ouvriers un Provifeur
fous la protection duquel ils
continuaffent leurs travaux en
fûreté. Il paffa enfuite à l'éloge
de Mr de Reims dernier Provifeur. Ille reprefenta comme
une des plus vives lumieres de
l'Eglife , le Deffenfeur des Loix
Canoniques, &l'ennemi de la
fourberie & des flatteurs. Il
parla de tous fes beaux Reglemens pour fon Dioceſe , & de
fes fçavantes Ordonnances. Il
dit que ce Prelat avoit efté dans
l'Eglife , ce que fon illuftre pere Mr le Chancelier le Tellier
& Mr de Louvois fon frere ,
156 MERCURE
que
avoient efté dans les premiers
Emplois de l'Etat. Il s'étendit
enfuite fur les louanges de
Monfieur le Cardinal. Il dit
la Sorbonne n'avoit pas eu
longtemps à delibererfur le choix
qu'elle avoit àfe faire d'un nouveau Provifeur. Que l'affabilité
de ce Prelat , fes manieres aimablese bienfaifantes avoient attiré
furluy lesfuffrages de tant d'bommes de Lettres , bien plus fortement que la confideration de fa
haute naiffance &defes éminentes dignitez. Quefon éducation
prife dans le fein de l'Univerfué
avoit eftéfortifiée par la pratique
GALANT 157
affiduë de toutes les vertus convenables àfonétat; & quefes mœurs
irreprochables ,fon zele ardent
éclairé l'avoientélevéfurle Siege
le plus important de l'Eglife de
France. Comme Mrle Recteur
eft du Dioceſe de Chalons, il ne
pût s'empêcher de parler de ce
que la charité de Monfieur le
Cardinal , luy fit faire eſtant Evêque de cette Ville. La maladie fe mit entre les prifonniers
de la Bataille de Fleurus , qui
eftoient en fort grand nombre
à Chalons. Monfieur le Cardinal ne ceffoit de les voir &
de les affifter en perfonne , il
158 MERCURE
en tomba malade fa dangereufement qu'on le crut mort. Ce
fic eft à prefent ancien , mais
Mr le Recteur luy donna un
tour nouveau qui plut extrêmement.
Mt Pirot le Chancelier parla
enfuite avec la facilité qui luy
eft fi connue.Il nommatous les
Provifeurs que la Sorbonne a
cus ; fçavoir quinze Cardinaux,
autant d'Archevêques ou Evêques, &il fit voir que Monfieur
le Cardinal étoit le feul qui cuft
efté en même temps Proviſeur
de Sorbonne, Cardinal, Archevêque, &Archevêque de Paris.
GALANT 159
Les uns eftoient Cardinaux ,
mais ils n'eftoient pas Archevêd'autres eftoient Archevêques ,
mais ils n'eftoient pas Car
dinaux & d'autres n'estoient
qu'Evêques & Cardinaux. Il raporta fort à propos l'exemple
de l'Eglife de Sarragoffe en Efpagne , & cita avec la Doctrine
ordinaire , un Concile tenu à
Troyes. Il s'étendit ſur la naiffance illuftre de Monfieur le
Cardinal , & fic efperer aux
Docteurs de Sorbonne qu'ils
feroient protegez en tout à
caufe du credit que Son Eminence a l'honneur d'avoir au-
160 MERCURE
prés du Roy. Il finit par quelques proteftations contre le
premier falut fait au Recteur,
de méme qu'avoit fait l'Archidiacre.
Les trois Doyens des Facultez & les quatre Procureurs des
Nations en donnant leurs fuf.
frages , ajoûtérent chacun un
éloge de Monfieur le Cardinal.
Celuy de Theologie témoigna
la reconnoiffance de la Faculté ·
envers S, E. à cauſe de la protection dont elle l'honore >
& qu'elle employe les Docteurs
lors qu'elle a beſoin de fecours pour le gouvernement
GALANT 161
A
d'un fi grand Dioceſe. Celuy
des Droits à caufe que Monfieur le Cardinal a bien voulu
eftre Docteur honoraire de fa
Faculté. Celuy de Medecine
promit que la Faculté épuiferoit les fecrets de fon Art, afin
que Son Eminence joüît long .
temps du Titre de Provifeur
de Sorbonne.
le
Le Procureur de la Nation
de France felicita la Sorbonne
fur fon nouveau choix par
concours & les fuffrages unanimes de tous les Docteurs qui
avoient pû fe rendre à l'Affemblée , où s'eftoient trouvez
Avril 1710.
O
162 MERCURE
deux Archevêques & fix Eveques , & par la fatisfaction que
que Son Eminence en avoir
témoignée ; celuy de Picardie
affura la Sorbonne que fon
nouveau Proviſeur luy donneroit fon attention. Que fa vie
laborieuſe & ennemie des plaifirs luy ménagoit du temps
pour fournir à tous fes Emplois ; celuy de Normandie dit
qu'il venoit moins pour don
donner fon fuffrage que pour
applaudir à la fageffe de la Sorbonne.Que cette Societé ne fe
trompoit jamais , &que le Public eftoit d'autant plus con-
GALANT 103
tent de fon choix , qu'il avoit
prévû qu'elle le feroit , & qu'il
aimoit generalementMonfieur
le Cardinal ; celuy d'Allema
gne témoigna la reconnoiffance de fa Nation pour les feCours que Monfieur le Cardinal accorde charitablement à
une partie de ceux qui la compofent. Ces fept diſcours furent les uns plus longs les autres plus courts , mais tous d'u
ne Latinité exquife & d'une
grande fineffe d'efprit. Le
Recteur aprés avoir recueilli
les voix conclut felon la coû
tume , fans qu'il y euft de proOij
164 MERCURE
teftation & d'interruption
Fermer
Résumé : Détail curieux, contenant tout ce qui s'est passé en Sorbonne lorsque Monsieur le Cardinal de Noailles a esté receu Proviseur de cette Societé. [titre d'après la table]
Le texte relate la nomination du Cardinal de Noailles au poste de Proviseur de la Maison et Société de Sorbonne. En mars 1710, les Docteurs de la Sorbonne ont unanimement choisi le Cardinal de Noailles pour succéder à l'Archevêque de Reims. Cette nomination a été confirmée solennellement le 9 avril 1710 dans la grande Salle des Actes de la Sorbonne. L'assemblée, présidée par le Recteur de l'Université, a réuni de nombreux Docteurs, ainsi que des représentants de Notre-Dame et de l'Université. L'Archidiacre et le Chancelier de l'Église de Paris étaient présents, conformément à l'ancien usage. Monsieur Vivant l'aîné, Chanoine de Notre-Dame, a ouvert la séance en élogeant le Cardinal de Noailles, mettant en avant sa piété, sa vigilance, sa science et sa supériorité d'esprit. Le Recteur a ensuite pris la parole pour louer la Sorbonne pour son esprit de simplicité et de désintéressement, et pour souligner l'importance de la nomination d'un Proviseur pour protéger les travaux des Docteurs. Le Chancelier Pirot a ensuite parlé, mentionnant les précédents Proviseurs de la Sorbonne et soulignant l'unicité du Cardinal de Noailles, qui cumule les titres de Cardinal, Archevêque et Proviseur. Les Doyens des Facultés et les Procureurs des Nations ont également exprimé leur soutien et leur reconnaissance envers le Cardinal, promettant leur dévouement et leur protection. Les discours, tous prononcés en latin, ont été marqués par une grande finesse d'esprit et une élégance rhétorique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
32
p. 219-220
Obmissions faites à l'Article de Mr l'Archevêque d'Alby. [titre d'après la table]
Début :
Je vous ay déja dit que Mr l'Archevêque d'Alby avoit [...]
Mots clefs :
Archevêque d'Albi, Harangue, Académie française
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Obmissions faites à l'Article de Mr l'Archevêque d'Alby. [titre d'après la table]
Je vous ay déja dit que
Mrl'Archevêque d'Alby avoit
cfté nommé pour remplir la
place de l'Academie Françoiſe
qu'occupoit feu Mr l'Evêque
de Nifmes ; je dois ajoûter icy
qu'il eft de la Maiſon de Nefmond , frere du Lieutenant
General de Marine , & oncle
de Me la Comteffe de Cefane,
fille unique de ce Lieutenant
General. Il a cfté Evêque
de Montauban , & fous ce
nom il a harangué deux fois
de Royen differentes occafions
à la tefte du Clergé. Mais ce
qui l'a le plus diftingué eft une
Tij
220 MERCURE
Harangue qu'il fit au feu Roy
d'Angleterre Jacques II. lors
de l'Affemblée generale du
Clergé , tenuë à ſaint Germain
en Laye en l'année 1700. &
à laquelle Mr l'Archevêque de
Reims prefida. Cette Harangue fut fi touchante , qu'elle
fit pleurer toute la Cour d'Angleterre. C'eft un Prelat treséloquent , & qui a prêché dans
une Affemblée du Clergé avec
grand applaudiffement
Mrl'Archevêque d'Alby avoit
cfté nommé pour remplir la
place de l'Academie Françoiſe
qu'occupoit feu Mr l'Evêque
de Nifmes ; je dois ajoûter icy
qu'il eft de la Maiſon de Nefmond , frere du Lieutenant
General de Marine , & oncle
de Me la Comteffe de Cefane,
fille unique de ce Lieutenant
General. Il a cfté Evêque
de Montauban , & fous ce
nom il a harangué deux fois
de Royen differentes occafions
à la tefte du Clergé. Mais ce
qui l'a le plus diftingué eft une
Tij
220 MERCURE
Harangue qu'il fit au feu Roy
d'Angleterre Jacques II. lors
de l'Affemblée generale du
Clergé , tenuë à ſaint Germain
en Laye en l'année 1700. &
à laquelle Mr l'Archevêque de
Reims prefida. Cette Harangue fut fi touchante , qu'elle
fit pleurer toute la Cour d'Angleterre. C'eft un Prelat treséloquent , & qui a prêché dans
une Affemblée du Clergé avec
grand applaudiffement
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Résumé : Obmissions faites à l'Article de Mr l'Archevêque d'Alby. [titre d'après la table]
L'Archevêque d'Alby, de la Maison de Nesmond, a été nommé pour succéder à l'Évêque de Nîmes à l'Académie Française. Il est le frère du Lieutenant Général de Marine et l'oncle de la Comtesse de Cessane. Il a été Évêque de Montauban et a harangué le roi Jacques II en 1700, émouvant toute la cour d'Angleterre par son éloquence.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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33
p. 314-322
Deputation faite à Mr le Cardinal de Noailles pour congratuler S. E. de son Election à la dignité de Proviseur de Sorbonne. [titre d'après la table]
Début :
Je vous ay donné dans cette Lettre un curieux & ample détail [...]
Mots clefs :
Sorbonne, Proviseur, Cardinal de Noailles, Docteurs, Élection, Députation, Abbé d'Etouilly
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Deputation faite à Mr le Cardinal de Noailles pour congratuler S. E. de son Election à la dignité de Proviseur de Sorbonne. [titre d'après la table]
Je vous ay donné dans cette
Lettre un curieux & ample détail de tout ce qui s'eft paffé en
Sorbonne le jour que Mr le
Cardinal de Noailles y a efté
nommé Provifeur ; mais je ne
vous ay rien dit du Compli- .
ment que Mrs les Docteurs de
cette fameufe Societé jugerent
GALANT 315
à propos de luy envoyer faire
fur cette Election. Ils députerent Mr l'Abbé d'Etoüilly ,
Senieur de cette Maifon , avec
les fix Anciens , & ils inviterent les autres à s'y joindre.
Mr. l'Abbé d'Etoüilly , accoûtumé à bien parler, s'acquitta
du Compliment qu'il avoit à
faire à peu prés de la maniere
fuivante.
Il dit à S. E que par ordre de
la Compagnie , & enfuivant les
mouvemens de leur cœur , ils ve
noientfefeliciter auprés d'Elle de
l'avoir pour Provifeur , par un
choix où la liberté avoit eftéfans
Dd ij
316 MERCURE
perte
atteinte, l'inclinationfanspar
tage ; qu'un choixfibeau qui mettoit à leur tefte tant defageffe , de
religion & d'autorité, les dédommageoit abondamment de la
qu'ils avoient faite ; & qu'il leur
eftoit d'autant plus cher , qu'its
eftoient bien informez qu'Elle l'avoit appris avecplaiſir, &même
qu'Elle s'en honoroit ; que ce terme, cefentiment de bonte leur
rappelloit la memoire du grand
Cardinal de Lorraine qui s'honoroit de mefme de la qualité de
Proviſeur de Sorbonne , & qui
repetoit fouvent devant les Peres
de Trente , que dans la neceffité
GALANT 317
d'opter , il eût preferé cette
qualité à la Pourpre du Sacré
College ; que ce qui augmentoit
leur joye & qui préfageoit à leur
Maifon plus de fplendeur & de
reputation que jamais , eftoit que
fe trouvant par je nefçay qu'elle
beureufe combinaifon le trentiéme
de fes Provifeurs , & le quinziéme des Cardinaux qui l'ont
efté; Elle eftoit comme un diamant
de prix inestimable , qui fermoit
la Couronneformée de ces grands
illuftres Perfonnages , & qui
jettoit de nouveaux_brillans fur
eux tous.
Il ajoûta , qu'auſſi lagloire de
Dd iij
318 MERCURE
Sorbonne étant attachée à l'eſprit
de paix d'où elle avoit acquis le
titre defainte & pacifique Societé,
&à l'obfervation de fes Statuts
que le grand Armand ſon Reſtaurateur luy avoit tant de fuis recommandez ils fe promettoient
de voir cette paix & ces Statuts
fleurir à l'ombre de la pourpre de
S. E. & parlà croître de jour en
jour la glorieufe acquifition des
travaux : des vertus de leurs
Peres ; qu'ilfera dit de Sorbonne
fous la protection de S. E. comme
de Ferufalem fous le Pontificat
d'Onias , qu'on y a gouté fans
trouble les delices de la paix, &
GALANT 319
gardé les loix du Seigneur avec
exactitude à caufe de la pieté du
Pontife , & defon amour pour le
bien.
Il finit en difant , que c'estoient
là enfin leurs efperances & leurs
vaux , & en fouhaitant que le
Ciel voulut les benir àla louange érernelle de S. E. & de leur
Maifon à prefent la fienne.
S. E. parut extrêmement fa
tisfaite du Compliment de Mr
l'Abbé d'Erouilly.
Voicy à peu prés ce qu'Elle વે
y répondit , avec l'air gracieux
& modefte qui luy eft naturel;
& ce que je vais vous en rapDd iiij
320 MERCURE
porter , cft peut- eftre moins
beau que ce que l'on n'en a pu
rerenir.
Elle répondit donc , qu'Elle reffentoit vivement l'honneur
qu'on avoit bien voulu luy
faire que cette diftinction luy
eftoit d'autant plus chere , qu'ellevenoit de Sorbonne , Maifon celebre dans tout le monde Chrétien ,
& qu'Elle la recevoit aprés tant
d'éminentes Perfonnes , aprés des
Princes , & des Princes mefmes
du fang Royal. Qu'aprés tout le
Provifeur qu'on s'étoit donné
n'étoit pas un indifferent ; mais un
ancien Difciple , un ancien Amy,
qui avoit dés fes premiers ans
GALANT 321
;
fuccé le lait de Sorbonne , ayant
efté nourry & élevé dans un de
fes Colleges , & puifé la fcience
& la fageffe à la fource de fon
Ecole qu'il avoit toûjours tendrement aimé Sorbonne , luy ayant
dés long-temps donné dans les
faintesfollicitudes du Miniftere,
Son eftime & fa confiance , &
hors de là , fa familiarité & fa
tendreffe ; qu'il n'y avoit pas d'apparence que luy eftant redevable
& plus uni , il eutdeformais pour
elle le cœur moins ouvert ; & au
refte que s'il fe trouvoit aujour
d'huy élevé auec tant d'affection
defi bonnegrace à la premiere
322 MERCURE
le
place d'un Corps fi éclairé & fi
celebre , ce ne feroit pas pour
dominer ; mais pour luy eftre plus
utile , en procurantplus de bien à
fesMembres, & non en les afferviffant.
Cette réponſe fpirituelle finie , S. E. fit de grandes careffes à Mr l'Abbé d'Eroüilly ,
&fir beaucoup d'honnêtetezà
tous ces Meffieurs , en parlant
feparément à chacun. Ainfi,
Elle les renvoya tous contens
de la fageffe de leur élection ;
mais plus encore de la bonté
de leur Provifeur
Lettre un curieux & ample détail de tout ce qui s'eft paffé en
Sorbonne le jour que Mr le
Cardinal de Noailles y a efté
nommé Provifeur ; mais je ne
vous ay rien dit du Compli- .
ment que Mrs les Docteurs de
cette fameufe Societé jugerent
GALANT 315
à propos de luy envoyer faire
fur cette Election. Ils députerent Mr l'Abbé d'Etoüilly ,
Senieur de cette Maifon , avec
les fix Anciens , & ils inviterent les autres à s'y joindre.
Mr. l'Abbé d'Etoüilly , accoûtumé à bien parler, s'acquitta
du Compliment qu'il avoit à
faire à peu prés de la maniere
fuivante.
Il dit à S. E que par ordre de
la Compagnie , & enfuivant les
mouvemens de leur cœur , ils ve
noientfefeliciter auprés d'Elle de
l'avoir pour Provifeur , par un
choix où la liberté avoit eftéfans
Dd ij
316 MERCURE
perte
atteinte, l'inclinationfanspar
tage ; qu'un choixfibeau qui mettoit à leur tefte tant defageffe , de
religion & d'autorité, les dédommageoit abondamment de la
qu'ils avoient faite ; & qu'il leur
eftoit d'autant plus cher , qu'its
eftoient bien informez qu'Elle l'avoit appris avecplaiſir, &même
qu'Elle s'en honoroit ; que ce terme, cefentiment de bonte leur
rappelloit la memoire du grand
Cardinal de Lorraine qui s'honoroit de mefme de la qualité de
Proviſeur de Sorbonne , & qui
repetoit fouvent devant les Peres
de Trente , que dans la neceffité
GALANT 317
d'opter , il eût preferé cette
qualité à la Pourpre du Sacré
College ; que ce qui augmentoit
leur joye & qui préfageoit à leur
Maifon plus de fplendeur & de
reputation que jamais , eftoit que
fe trouvant par je nefçay qu'elle
beureufe combinaifon le trentiéme
de fes Provifeurs , & le quinziéme des Cardinaux qui l'ont
efté; Elle eftoit comme un diamant
de prix inestimable , qui fermoit
la Couronneformée de ces grands
illuftres Perfonnages , & qui
jettoit de nouveaux_brillans fur
eux tous.
Il ajoûta , qu'auſſi lagloire de
Dd iij
318 MERCURE
Sorbonne étant attachée à l'eſprit
de paix d'où elle avoit acquis le
titre defainte & pacifique Societé,
&à l'obfervation de fes Statuts
que le grand Armand ſon Reſtaurateur luy avoit tant de fuis recommandez ils fe promettoient
de voir cette paix & ces Statuts
fleurir à l'ombre de la pourpre de
S. E. & parlà croître de jour en
jour la glorieufe acquifition des
travaux : des vertus de leurs
Peres ; qu'ilfera dit de Sorbonne
fous la protection de S. E. comme
de Ferufalem fous le Pontificat
d'Onias , qu'on y a gouté fans
trouble les delices de la paix, &
GALANT 319
gardé les loix du Seigneur avec
exactitude à caufe de la pieté du
Pontife , & defon amour pour le
bien.
Il finit en difant , que c'estoient
là enfin leurs efperances & leurs
vaux , & en fouhaitant que le
Ciel voulut les benir àla louange érernelle de S. E. & de leur
Maifon à prefent la fienne.
S. E. parut extrêmement fa
tisfaite du Compliment de Mr
l'Abbé d'Erouilly.
Voicy à peu prés ce qu'Elle વે
y répondit , avec l'air gracieux
& modefte qui luy eft naturel;
& ce que je vais vous en rapDd iiij
320 MERCURE
porter , cft peut- eftre moins
beau que ce que l'on n'en a pu
rerenir.
Elle répondit donc , qu'Elle reffentoit vivement l'honneur
qu'on avoit bien voulu luy
faire que cette diftinction luy
eftoit d'autant plus chere , qu'ellevenoit de Sorbonne , Maifon celebre dans tout le monde Chrétien ,
& qu'Elle la recevoit aprés tant
d'éminentes Perfonnes , aprés des
Princes , & des Princes mefmes
du fang Royal. Qu'aprés tout le
Provifeur qu'on s'étoit donné
n'étoit pas un indifferent ; mais un
ancien Difciple , un ancien Amy,
qui avoit dés fes premiers ans
GALANT 321
;
fuccé le lait de Sorbonne , ayant
efté nourry & élevé dans un de
fes Colleges , & puifé la fcience
& la fageffe à la fource de fon
Ecole qu'il avoit toûjours tendrement aimé Sorbonne , luy ayant
dés long-temps donné dans les
faintesfollicitudes du Miniftere,
Son eftime & fa confiance , &
hors de là , fa familiarité & fa
tendreffe ; qu'il n'y avoit pas d'apparence que luy eftant redevable
& plus uni , il eutdeformais pour
elle le cœur moins ouvert ; & au
refte que s'il fe trouvoit aujour
d'huy élevé auec tant d'affection
defi bonnegrace à la premiere
322 MERCURE
le
place d'un Corps fi éclairé & fi
celebre , ce ne feroit pas pour
dominer ; mais pour luy eftre plus
utile , en procurantplus de bien à
fesMembres, & non en les afferviffant.
Cette réponſe fpirituelle finie , S. E. fit de grandes careffes à Mr l'Abbé d'Eroüilly ,
&fir beaucoup d'honnêtetezà
tous ces Meffieurs , en parlant
feparément à chacun. Ainfi,
Elle les renvoya tous contens
de la fageffe de leur élection ;
mais plus encore de la bonté
de leur Provifeur
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Résumé : Deputation faite à Mr le Cardinal de Noailles pour congratuler S. E. de son Election à la dignité de Proviseur de Sorbonne. [titre d'après la table]
Le texte relate la nomination du Cardinal de Noailles au poste de Proviseur de la Sorbonne. Les Docteurs de la Sorbonne ont adressé leurs félicitations au Cardinal par l'intermédiaire de l'Abbé d'Étoüilly, accompagné des six Anciens et d'autres membres. L'Abbé a souligné que l'élection du Cardinal était le résultat de la liberté et de l'inclination des membres, compensant largement les sacrifices consentis. Il a également mentionné que le Cardinal était le trentième Proviseur et le quinzième Cardinal à occuper cette fonction, comparant cette situation à un diamant précieux couronnant une série de grands personnages. L'Abbé a insisté sur le fait que la gloire de la Sorbonne reposait sur l'esprit de paix et le respect des statuts, espérant voir ces valeurs prospérer sous la protection du Cardinal. Il a conclu en souhaitant que le Ciel bénisse ces vœux pour la louange éternelle du Cardinal et de la Sorbonne. En réponse, le Cardinal a exprimé sa gratitude pour cet honneur, soulignant que cette distinction lui était chère car elle provenait de la Sorbonne, une institution renommée dans le monde chrétien. Il a rappelé son attachement à la Sorbonne, ayant été élevé et formé dans l'un de ses collèges. Le Cardinal a assuré qu'il utiliserait sa position pour apporter plus de bien aux membres de la Sorbonne, et non pour les asservir. Il a également adressé des compliments à l'Abbé et aux autres membres, les renvoyant satisfaits de leur élection et de la bonté de leur Proviseur.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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34
p. 9-56
Discours prononcez à l'ouverture de l'Academie Royale des Inscriptions, d'aprés Pasques, [titre d'après la table]
Début :
Je passe aux Discours prononcez dans l'Academie des [...]
Mots clefs :
Discours, Académie des inscriptions, Académie des sciences, Analyse, Inscription sépulcrale, Pontife, Empire, Religion, Parallèle d'Homère et de Platon, Chrétiens
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Discours prononcez à l'ouverture de l'Academie Royale des Inscriptions, d'aprés Pasques, [titre d'après la table]
Jï passe aux Discours prononcez dansl'Academie des
Inscriptions, & dans celle des
Sciences, le jour de l'ouverture
de ces deux Academies Royales à leur rentrée d'après Pâques. L'Académie des Inferiprions s'ouvrit le Mardy zg.
du mois dernier par Mr de
Boze qui en est Secretaire perJ
petuel, qui fait toûjours l'Eloge des Académiciens morts j
dans le cours de l'année, & il
s'attira de grands applaudisse- j
mens en faisant celuy de feu
Mr de Corneille
;
Eloge d'autant plusdifficile à faire, que
j'avois fort étendu cette Matiere
>
& que Mr de la Motte j
en avoit fait un
très- beau le
jour desa reception à l'Academie Françoise. Mr de Boze dit
d'abord que Thomas Corneille étoit né à Roüen le 20e
d'Aoust 162 5. de Pierre Corneille Avocat du Roy à la Table de Mar bre
,
& de Marthe
le Pesant fille d'un Maistre des
Comptes, de qui estoientaussi
descendus Mrs le Pesant de
Bois Guilbert, donc l'un estoit
Conseiller en la Grand'Chambre du Parlement de Roüen,
& l'autre Lieutenant General
& Prcfident au Presidial de la
;
même Ville; que le jeune Mr
de Corneille avoit fait fcs
Classes aux Jesuites, & qu'il y
avoit apparence qu'il les fit
bien; que ce que l'on sçavoit
de plus particulier estoit, qu'étant en Rhetorique il avoit
composé en Vers Latins une
Piece que son Regent avoit
trouvée si fort à son gré qu'il
l'avoitadoptée, & qu'ill'avoit
substituée à celle qu'il devoit
faire representer à ses Ecoliers
pour la distribution du Prix de
l'année,& que lors qu'il eut
fini ses Etudes, il estoit venu à
Paris
,
où l'exemple de Pierre
Corneille son aîné), l'avoit
tourné du côté du Theatre,
1
exemple, quipour eflrc suivy,
*demandoit une affinité de gcnie que les liaisons du fang ne
donnoient point, & que l'on
ne comptoir gueres, entre les
Titres de famille.
f
Il parla ensuite de tous ses
Ouvrages, tant de Poësie que
de Prose, & quoy que l'on eût
déjà parlé à fond de tous ces
;
Ouvrages, on peut dire que Mr
* de Boze y
donna un tour nouveau, qui fit autant de plaisir
à ses Auditeurs que si la Matie-
| re eut elle nouvelle.
1 Mr l'Abbé Massieu, Pro-
fesseur Royal en Langue Grecque, qui à l'Assemblée publique du mois de Novembre avoit lû une Dissertation sur les
Sermens, dont je vous donnai
alors une Analyse, lût cette
fois.cy un Discours, dont le
sujetestoit, Paralelle d'Homere
&dePlaton. Il commença par
s'cxcufer sur ce qu'il entreprenoir de comparer deux grands
lionimes,qu'on avoit courume de concevoir sous des idées
fort différentes, & dit: Que si
au premier coup d'œil, l'opinion qu'il alloit avancer paroifloïcifnguliere, du moins
elle n'estoit pas nouvelle. En
effet, elle a, dit-il, eu d'illustres
Défenseurs dans l'Antiquité,
Ciceron, Denisd'Halicarnasse,
Quintilien, HeraclidedePont,
Longin, &c. Mais ces excellens Critiques se sont contentez de nous apprendre qu'ils
trouvoient une grande conformité entre Homere &Platon; & ne nous ont point laissé
les raisons sur lesquelles ils se
fondoient. Mr l'Abbé Massieu
tâcha de suppléer à leur silence, & representa que s'il ne
parvenoit pas à bienétablirce
qu'ils avoient crû, on ne de-
vroit point en tirer de consequence desavantageuse contre
le sentiment, qui est d'eux;
mais seulement contre les preuves qui étoient de luy.
Ensuite venant au détail, il
remarqua que deux Ecrivains
peuvent principalement seressembler par trois endroits; par
le fonds de la doctrine, par la
maniere d'enseigner, & par le
style.
Pour ce qui regarde ladoctrine, il fit voir que les principas d'Homere & de Platon
estoientà peu prés les mêmes.
1. Sur la Religion, 2. Sur la
Politique. 3. Sur TOcconomie & sur les autres parties de
la Morale.
Quant à la maniere d'enseigner,ilss'estoient,dit-il, proL
posezl'un& l'autre dinstruire
en divertissant, & de cacher le
precepte fous l'appas du plaisir. Et parce qu'entre tous les
genres d'écrire ,iln'yen avoie
point de plus propre adonner
du plaisir aux Lecteurs, que
celuy où il entroit le plus &
d'imitation & de fixion; c'eil
à celui-là, poursuivit-il
,
qu'ils
s'estoient principalement atiachez. Homere & Platon é-
toient,continua-til, premierement les deux plus grands
Peintres qu'ait euë l'antiquité:
& en second lieu, les deux
Ecrivains qui dans leurs Ouvrages avoient le plus frequemment & avec le plus de succés
employé les fyrnboles & les allégories.
Enfin pour ce qui concernoit le style. 1. Platon cite continuellement Homere. 2. Il
ne se contentoit pas de le citer,
il tâchoit de transformer son
style en celuy de ce Poëte, empruntant de luy des expressions qu'il enchassoit dans les
siennes propres y
de telle forte
que les unes & les autres ne
faisoient plus ensemble qu'un
mefmc tiuu. 3. Dans les endroits où il ne citoit ny necopioit Homere, son style ne
laissoit pas d'estre tout poétique. On sçait, dit-il, que ce
qui faisoit l'essence de la Poësie,
n'estoit pas precisement la mesure, ny un certain arrangement de mots; que c'estoit
principalement la pompe de
l'expression, la hardiesse des
figures, la vivacité des defcri-
< 3
ptions,& sur toutje ne fçp.is
quelle chaleur heureuse qui se
répandoit dans tout le discours
&quil'animoit.Ortoutesces
qualitez Ce trouvoient dans
Platon au souverain degré.
Mr l'Abbé Massieufinit par
rassembler les traits principaux
qui formoient une vraye ressemblance entre Homere &
Platon, & par dire que de ces
deux Ecrivains presque égaux
en tout, le premier n'avoic
peut-estre sur le second d'autre
avantage, que celuy que tout
1 Original avoic necessairement
sur sa Copie.
Je dois a
joûter icy, que
Mr l'Abbé Massieu, possede
parfaitement trois Langues, 6c
qu'il sçait dans ses Ecrits, joindre l'Atticisme des Grecs,
l'Urbanité des Romains,& la
politesse des François.
Mr l'Abbé de Tilladet parla
aprés Mr l'Abbé Massieu, &
fit une Dissertationdans laquelle après avoirexpliqué la
prééminence du Souverain
Pontificat des anciens Romains, il en tira un avantage
pour prouver que les premiers
Empereurs Chrestiens avoient
pris, & avoient Ineflne dû
prendre la qualité de Souverain Pontife; de forte que la
premiere partie de sonconcours
forma une espece de preuve
&de prejugé en faveur de la
seconde partie,qu'on pouvoit
regarder pour cette raison
comme une consequence de la
- premiere. Car s'il est vrJY
,
dit il, ainsiqu'on le démontre
par les Medailles, par une foule de passages d'excellens Auteurs
,
que le grand Sacerdoce
ait toûjours esté une dignité
éminente; que chez les Grecs
&chez les Latins elleaitsifort
approché de la Royauté, qu'on
les y
ait souvent confonduës
ensemble; qu'à Rome durant
la Republique le grand Pontife quiestoit perpetuel ait esté
constamment superieur aux
principaux Magistrats, parmy
lesquels il y avoit une continuelle revolution; que cette
puissance si distinguées'étendit, selonFestus, sur toutes
les choses divines & humaines;
s'il eftvray que par là le grand
Pontife se fut acquisun souverain empire sur les Citoyens,
non pas à la vérité en toutes
occasions,& à touségards;unempire absolu qu'il pût exercer immédiatement; mais un
empire indirect,qui par le
mélange de la Religion avec la
Politique, par la liaison des affaires, la correspondance des
personnes
,
la subordination
des Charges. & la combinaison des évenemens, ramenoit
la Republique entiere aux vûës
& aux fins du Ch\.f de la Religion; s'il est vray que Cesar
n'eut tant ambitionné le souverain Pontificar, qu'à cause
que cettedignitéestoit seule
propre à couvrir son usurpation, &à rendre moins odieux:
l'exercice d'une autorité sans
bornes; que de tous les titres '1
de ce premier Empereur Romain.:
main, celuy cy fut l'unique
qui luyeût conservé les honneurs de la scpulture, & du
respect à sa memoire immédiatement après sa mort: s'il
est vray enfin que ses successeurs ne l'eussent esté qua la
faveur du Titre de grand Pontife,auquel étoit attachée principalement la souveraine puissance, il s'ensuivoit que les
Empereurs Chrétiens n avoient pû s'assurer le droit inconte stable de régner, qu'en
acceptant cetre mesme qualité de ceux qui la leur conferoient, comme une qualité in-
dispensable en les élevant à
l'Empire.
Ce fut ce que Mr l'Abbé
de Tilladet rendit plus sensible par deux exemples. Le
premier fut de Macrin, qui
qupyque déja ëlù & proclamé
Empereur, ne fut neanmoins
avoüé pour tel qu'après que le
Sénat l'eut declaré & salué Souverain,Pontife, voulant que
cette formalité; que cette nouvelle reconnoissance futconsiderée comme une condition
essentielle, & comme une espece d'investirure; en forte
que de mesme qu'aujourd'huy
la qualité de Roy des Romains
doic necessairement preceder la
dignité Impériale, le Souverain
Pontificat ne dût pas moins
accompagner alors la Majesté
des Empereurs.
Le second exemple fut pris
de Gratien, qui refusa la Robe Pontificale que luy presentaleColege des Pontifes,estimant ce refus convenable à sa
qualité de ChreHien. Il méprisele grand Ponnficat, dit le
plus distingué d'entre les Prêtres
,
dans peu un autre pourroit bien devenir en sa place
Souverain Pontise;il vouloit
dire aussi, & par conlequent
Empereur: Si Princeps nonvult
appellari Pontifex, admodum breUi Pontifex Maximusfiet. Expreluon ambiguë & équivoque, jeu de paroles ingenieux,
qui faisoit allusion au Tyran
Maxime, dont le nom répond
au terme qui exprime en Latin
le suprême Pontificat; maniéré
de menace audacieuse, quoy
qu'envdopée, espece de prédJébon énigmatique, qui fut
bien rôt suivie de l'évenemenr;
car peu de temps après Maxime ayant fait tuer Grarien,
usurpa 1 Empire&apparem-
ment ne fut il si entreprenant
& si hardy qu'à cause qu'il se
sentitappuyédesPayens,& sur
tout de la factiondes Pontifes
indignez, qui sçavoient bien
que ce nouvel Empereurne
refuseroit pas d'eux, comme
avoit fait Gratien, les signes
éclatans du Souverain Pontificat.
A ces motifspressans qu'avoient les premiers Empereurs
Chrestiens d'accepter pour se
maintenir, le Titre de Souverain Pontife, Mr l'Abbé de
Tilladct joignit d'autres preuves plus positives, tirées des
Auteurs & des Monumens. Il
cira Zozime, L. 4. p. 761. Au.
sone dans son Action de graces a Gratien, un Edit de Valentinicn & de Marcien, Edit
inseré dans la troisiémeSession
du Concile de Calcédoine. Il
raporra les acclamations d'Empereur Pontise, faites pour
Theodose dansle Concile de
Constantinople, fous le Patriarche Flavien; il fit venir à
son secours le PapeGregoire,
qui reprochant à l'Empereur
Leon Iconomaque, de s'estre
renommé Pontife, ne l'en reprit qu'en ce qu'il n'en soûte-
noie pas assez dignementle
caractëre. Vous avez écrit,
luy dit-il, je fuis Empereur &
Pontife. Ce sont vos predecesseurs, ajoûta le saint Pere, qui
avoient prouvé par leurs paroles& par leurs actions qu'ils
estoient appeliez Pontifes à
juste titre.Tels estoientle
grand Constantin, le grand
Theodose & le grand Valentinien, dignes Empereurs &
Pontifes, parce qu'ils gouvernoient l'Empire religieusement, & qu'ils avoient foin
desEglises.
Sur ce qu'on objeéte que
Zozimeestsuspect, parce qu'il
haïssoit les Chrerstiens, Mr
l'Abbé de Tilladet entrant
dans le détail des circonstances du témoignage de cet Auteur,
fit voir l'espece d'impossibilité morale qu'il y
avoir,
que Zozime eût Ole, ny me..
me voulu entreprendre d'imposer au public; & ce qui rendit encore à Mr l'Abbé de
Tilladetletémoignage de ce
Payen plus digne defoy, ce
fut qu'il avoit esté suivy en
dernier lieu par Baronius, qui
l'avoit dû examiner d'autant
plus exactement avant que de
l'adopter, qu'il n'avoir pas
craint de lè traiter de calomnie
dans CeS" Notes sur le Martyrologeau 22. dAousta& que
depuis, mieux insiruitilnous
declare dans ses Annales 312.
qu'il n'a pas honte d'avouer
qu'en soûcenant que les Empereurs Chrestiensn'avoient
pas esté nommez Souverains
Pontifes, il estoit tombé dans
une erreur grossiere parlaforte envie d'épurer trop scrupaleusement leur Religion, &
faute ou d'avoir vu les Monumens qu'il avoit recouvrez
depuis, ou d'avoir fait assèz
d'attention à
ceux qu'il avoie
eus autrefois entre les mains.
Ce fut de ces mêmes Monumens, de ces Inscriptions ou
les premiers Empereurs Chrétiens font nommez Souverains
Pontises, que Mr l'Abbé de
Tîlladettira une nouvelle preuve, & quand on luydit ou que
ces Monumens avoiencesté
érigez par des Gentils, ou
qu'ayanr esté faits d'abord
pour des Empereurs payens,
ils avoient esté ensuite, au
moyen de quelque ch angement appliquez & transferez
à leurs Successeurs il répond
qu'il suffit que les Empereurs
CChrétiens hrétiensn'ayeni n'ayentpupû ~norer ignorer
que ces Inscriptions où ils
estoient appeliez Souverains
Pontises, paroissoientpubliquemenr à leur gloire, Se
qu'ayant pû l'empêcher, ils
r
ayent toutefois permis qu'elles
subsistassent, & qu'elles passasI
sent à laposterité.
-
Si par la difficulté deresister
à de si fortes preuves, on se
t retranche à s'écrier que les prcmiers Empereurs Chrétiens
n'estoient
pas vrayement Ponsises
,
& qu'ilsn'ont esté ap-
[ pellez tels qu'abusivement, que
par Métaphore & par allusion
à des vertus, ou à des pouvoirs convenables à
ceux qui
portoient dignement cette
qualité, Mr l Abbé de Tillader se contenta qu'on luy abandonnât le titre, duquel seul il
s'agissoit
,
déclarant qu'il ne
prétendoit pas non plus que
Baronius, que Constantin, Valentinien, Valens, Gratien, &c.
eussent esté Pontifeseneffet,
de qu'afin de se faire consacrer
tels, ils fussent descendus dans
une fosse pour y
répandre en
sacrifice le fang des Taureaux,
pour en boire, s'en faire arro-
Fer, & y
observEr les autres
ceremoniesdécrites sur ce suet par Prudence dans une de
ses Hymnes. Mais il persevera
"a soutenir qu'ils avoient porté
le nom de Pontife, & qu'ils
avoient pu l'accepter sans prévarication; du moins par là,
reprit il, n'eussent ils pas renMu leur foy suspecte, fous les
auspicesdecette même dignité,n'eussentils pas autorisé la
Religion payenne
,
à laquelle
cette même dignité devoit son
o
établissement ? oüy, poursuivitil,siles Empereurs Chrétiens
appeliez Pontifes, n'eussent pas
fait ouvertement profession
authentique d'une Religion
contraire qui profcrivoit les
faux Dieux, & renversoit les
Idoles? Mais ils avoient,ajouta t-il, besoin du titre pour se
conserver la souveraine puissance qui yavoit toûjours esté
attachée,&sur tout pour pallier sagement certaines Canai..
tutions propres à reprimer les
libertez du Paganisme qu'ils
estoient obligez de tolcrer encore
,
& lequel par cette souveraineautoritépalliée du titre de Pontife ils ne laissoient
pas de trouver moyen de rui-
;ocr insensiblement. Les Princes comme les autres hommes,
ajouraà ce propos Mr l Abbé
ide Tilladet, doivent user de
icondefcendance & de ménagement ; par l'attention & la
longanimitéils viennent à
bout des plus difficiles entreprises: au lieu qu'un zele indifcret & une conduite précipitée, gâtent les meilleures affaires, & les plus faintes œuvres.
On sçait,poursuivit-il, ce que
des gens de ce dernier caraéèc.
re ont tant de fois couté à l'E-
-
glise, & ce qu'ils peuvent luy
coûter encore.
Falloit-il donc, continua t
il,
que les premiers Empereurs
Chrétiens abjurant par une
outrée delicatesse de Religion
mal-entendue
5
cette dignité
devenuë si indifférente en ellemêmeàl'égard du culte, mis
-
sent en danger tout à la fois,
& leur Empire, & l'Empire de
Jesus-Christ?Mr l'Abbé de
Tilladet parcourut les inconvénients qui en feroient arrivez, & qu'il feroit trop long
de rapporter icy. Il parcourut
demême les avantages qui revenoient au Christianisme, de
l'acceptation du titre desou-
verain Pontife par les Empereurs Chrétiens, &ilfinit par
montrer évidemment que le
grand Pontificat s'étant trouvé dés le commencement de
l'Empire dégagé dans les Em-
: pereurs de toutes fonctions sacrées, il ne leur estoit resté de
cette dignité suprême que le
nom, accompagné du souverain pouvoir, encore moins
aux Empereurs Chrétiens, qui
par leur profession du Christianisme inseparable. du renoncementàl'Idolâtrie, declaroient à
toute la terre que le
titre de souverain Pontife né-
toit pas davantage en eux, un
titre de superstition
,
que le
Titre de Roy de Pologne a
esté
depuis un titre de Domination
sur les Polonois dans Henry
IIIeaprès qu'il eut renoncé au
Royaume de Pologne. De là
Mr l'Abbé de Tilladet conclut
que si la Minerve & le Pantlicon, deux Temples des faux
Dieux, avoient pû avec leur
nom) leurs matériaux
,
leur
:
forme, & une partie de leurs
ornements, retenir leur ancienne magnificence, sans conserver pourtant le caratfterc
d'idolâtrie, dont par là ils fem-
bloient encore porter les traits,
toute tâche& tout soupçon,
en ayant esté effacez par leur
publique translation & con secration à la vraye divinité, il
fautreconnoître demême que
les idées ayant varié suivant la
diversité des temps
&des circonstances, que le titre de souverain Pontife ayantchangé
de nature & de signification erspassant aux Empereurs, bien
davantage en passant à des Empereurs Chrétiens avoit pû le
conserver sur leurs têtes avec
toute sa splendeur &toute son
autorité sans aucun reste de
superstition, attendu le nouvel
usage qu'ilsfaisoient de cette
souveraine puissance, le besoin
qu'ils en avoient, & le devoüement public de leur perron..
ne & de toute leur grandeur,
à la Religion Chrétienne. La
prudence demandoit qu'ilsattendirent à cesser d'estre nommez Pontifes que les Romains
presquetous convertisen dussent estre moins allarmez, que
la foy ne fut plus si exposée
aux mauvais effets des Révolutions humaines, & que de
tous les grands titres, celuy
qui estoit le plus ancien & le
puis reveré dans Rome payenne, devint dans Rome chrétienne par une nouvelle application, le nom du monde le
plus venerable & le plus saint.
Mr Henrion -
lut ensuite un
Discours qui regardoit lesInscriptions sepulchrales Antiques dont il avoit déjà parlé
dans une autre Assemblée, &
fit connoistre que les sujetsqui
avoient quelque rapport effentiel à quelque partie de la Jurisprudence)& les Inscriptions
sepulchrales, comme les nomme l'Empereur Alexandredonnant un très- grand jour à nos
Titres tant Civils que Canoniques, devoient avoir le plus
d'attraits & de charmes pour
luy.
Il ajouta que personne ne
s'étonneroit sans doute qu'il
eust choisi une matiere convenable aux deux Compagnies
dont il avoit l'honneur d'estre
Membre
,
& que peut
-
estre
même ce choix paroîtroit d'autant plus sage qu'ayant déja
deux sçavantes Introductions
à la Sciences des Medailles, l'un
des deux objets qui avoient
donné leurs noms à cette
Compagnie, l'autre objet de
la même Compagnie, ou les
Inscriptions devoient ce semble d'aurant moins estre négligées,qu'elles estoient, s'il osoit
le dire, d'une plus vaste étendue
& d'une plus grande utilité que
les Médaillesmêmes, comme
il feroit aisé d'en juger par la
feule espece dInscriptions antiques dont il entreprenoie de
parler, en attendant qu'une
plus habile main se chargeait
d'un Corps d'ouvrage entier
sur les Inscriptions antiques
en general.
Il dit ensuite, que le but
qu'il s'estoit proposé dans cette
tentative se reduisoit à
deux
points ; que dans le premier il
avoir entrepris dedécouvrir,
quel avoir esté l'esprit des anciens Grecs & Romains dans
l'apposition des Inscriptions
sepulchrales
,
& d'examiner
avec foin en quoy consistoit
chez eux le droir d'Inscriptions
sepulchrales
; que le second
consistoit à développer quel
estoie chez les anciens Grecs
& Romains l'artifice des Inscriptions sepulchrales, & à
reduire en Art, la Doctrine &
la Composition decesInscriptions; qu'il avoit reduit dans
une
une Dissertation precedente
loue ce qui regardoit le droit
des Inscriptions sepulchrales,
& l'esprit des Anciens dans
leur position aux sept chefs
suivans. Aux différents motifs
quiavoient donné la naissance
aux Inscriptions Sepulchrales;
à l'antiquité & à l'usage universes des Inscriptions Sepulchrales chez tous les Peuples
Je la terreun peu civilisez; aux
personnes qui avoient droit
d'Inscriptions Sepulchrales
;
à
celles à qui appartenoit le foin
de les faire & de les poser aux
lieux où elles avoient coutûme
d êcre placées; aux matieres sur
lesquelles elles étoient gravées;
& enfin aux caracteres, par la
beauté,la grandeur& la profondeur desquels on tâchoit
d'en rendre la durée éternelle.
Et qu'ainsi il ne luy restoit
qu'àdéveloper à la Compa.
gnie l'ingenieux artifice avec
lequel les anciens Grecs & Romains composoient leurs Epitaphcs;a rassembler dans un
Corps la Doctrine de ces pretieux Monumens, & à tâcher
de réduire en Art uneconnoifsance dont les Recüeils de Gruter & les autres choses ne nous
presentoient les principes & les
réglés que par lambeaux, &
par exemples détachez; que
c'estoit de lïnduébon générale
de ces exemples, qu'à force de
meditation & d'observations,
il avoit levé le plan qu'il alloit
avoir l'honneur de proposer à
la Compagnie sur la Science
des Inscriptions sepulchrales.
Il ajouta qu'il examineroit
d'abord, ce qu'on devoit entendre par Inscriptionsepulchrale; quelle estoit la simplicité
des Inscriptions sepulchrales
dans leur naissance; la prodigieuse multitude de branches
qui pullulerent de certe ancien-
ne simplicité;le point de plenitude&de perfection où l'Art
& l'Invention avoient amené
la composition des Epitaphes,
& enfin l'elocution des Epitaphes & les divers avantages
que l'on pouvoit en tirer pour
tous les divers genres d'Arts
& de Sciences; que s'il estoit
échapé quelque chose d'cdcntiel à sa premiere vûe
,
il esperoit qu'on luy seroit grâce en
faveur de la nouveauté de son
d.flein, & que s'il ne faisoit
qu'indiquer en courant c
hacune des parties de cet Art, il
seroitaisé de s'en prendre à la
briéveté du temps qui ne permettoit que de donner une
idée generale& legcre de tout
ce qui regardent cette Science.
Mr Henrion tint parole, & fit
le détail de tout ce qu'il avoit
promis, & finit en disant, qu'il
Lissoit à quelque Spanheim futur à donner un Traité sur ce
sujet,& qu'en attendant illuy
fust permis de se plaindre des
injures du temps impitoyable
qui nous avoit enlevé la plus
grande partie de ces Monumens precieux; mais plus encore des injures des hommes
qui sans respect pour la Reli-
gion des Tombeaux, pour leur
propre instruction & pour la
nostre, avoient souvent employé les Tables des Inscriptions sepulchrales à l'indigne
usage de faire de la Chaux;
que peut estremême le zele du
Christianisme nous avoir encoreplus enlevé que le temps
& l'ignorance
;
mais que du
moins il en estoit assezresté
pour essayer d'en tirer une Introduction à la Science des
Inscriprions fcpulchrales
,
&
qu'il avoüoit que ce seroit la
faute non des Matériaux, mais
de l'Ouvrier, si dans la Diifcr.
tation qu'il avoit déja donnée
sur cette matiere, il n'avoir pas
assez bien développé quel estoit
l'esprit des anciens Grecs &
Romains dans t'appotnion des
Inscriptions sepulchrales ,ou
si danscelle qu'il donnoit alors
il n'avoit pas montré dans tout
son jour, l'ingenieux artifice
avec lequel les anciens Grecs
& Romains composoient leurs
Epitaphes, les deux seuls points
où il avoit réduit l'Art & la
Doctrine des Inscriptions sepulchrales.
Mr Foucaulr, Conseiller d'Etat, & l'un des Presidens ho-
notaires de cette Academie
ayant pris la parole après que
chaque Académicien eut parlé,
resumaleurs Discours d'une
manière rout à faitingenieuse,
&qui fit beaucoup de plaisir
à toute l'Assemblée.
Inscriptions, & dans celle des
Sciences, le jour de l'ouverture
de ces deux Academies Royales à leur rentrée d'après Pâques. L'Académie des Inferiprions s'ouvrit le Mardy zg.
du mois dernier par Mr de
Boze qui en est Secretaire perJ
petuel, qui fait toûjours l'Eloge des Académiciens morts j
dans le cours de l'année, & il
s'attira de grands applaudisse- j
mens en faisant celuy de feu
Mr de Corneille
;
Eloge d'autant plusdifficile à faire, que
j'avois fort étendu cette Matiere
>
& que Mr de la Motte j
en avoit fait un
très- beau le
jour desa reception à l'Academie Françoise. Mr de Boze dit
d'abord que Thomas Corneille étoit né à Roüen le 20e
d'Aoust 162 5. de Pierre Corneille Avocat du Roy à la Table de Mar bre
,
& de Marthe
le Pesant fille d'un Maistre des
Comptes, de qui estoientaussi
descendus Mrs le Pesant de
Bois Guilbert, donc l'un estoit
Conseiller en la Grand'Chambre du Parlement de Roüen,
& l'autre Lieutenant General
& Prcfident au Presidial de la
;
même Ville; que le jeune Mr
de Corneille avoit fait fcs
Classes aux Jesuites, & qu'il y
avoit apparence qu'il les fit
bien; que ce que l'on sçavoit
de plus particulier estoit, qu'étant en Rhetorique il avoit
composé en Vers Latins une
Piece que son Regent avoit
trouvée si fort à son gré qu'il
l'avoitadoptée, & qu'ill'avoit
substituée à celle qu'il devoit
faire representer à ses Ecoliers
pour la distribution du Prix de
l'année,& que lors qu'il eut
fini ses Etudes, il estoit venu à
Paris
,
où l'exemple de Pierre
Corneille son aîné), l'avoit
tourné du côté du Theatre,
1
exemple, quipour eflrc suivy,
*demandoit une affinité de gcnie que les liaisons du fang ne
donnoient point, & que l'on
ne comptoir gueres, entre les
Titres de famille.
f
Il parla ensuite de tous ses
Ouvrages, tant de Poësie que
de Prose, & quoy que l'on eût
déjà parlé à fond de tous ces
;
Ouvrages, on peut dire que Mr
* de Boze y
donna un tour nouveau, qui fit autant de plaisir
à ses Auditeurs que si la Matie-
| re eut elle nouvelle.
1 Mr l'Abbé Massieu, Pro-
fesseur Royal en Langue Grecque, qui à l'Assemblée publique du mois de Novembre avoit lû une Dissertation sur les
Sermens, dont je vous donnai
alors une Analyse, lût cette
fois.cy un Discours, dont le
sujetestoit, Paralelle d'Homere
&dePlaton. Il commença par
s'cxcufer sur ce qu'il entreprenoir de comparer deux grands
lionimes,qu'on avoit courume de concevoir sous des idées
fort différentes, & dit: Que si
au premier coup d'œil, l'opinion qu'il alloit avancer paroifloïcifnguliere, du moins
elle n'estoit pas nouvelle. En
effet, elle a, dit-il, eu d'illustres
Défenseurs dans l'Antiquité,
Ciceron, Denisd'Halicarnasse,
Quintilien, HeraclidedePont,
Longin, &c. Mais ces excellens Critiques se sont contentez de nous apprendre qu'ils
trouvoient une grande conformité entre Homere &Platon; & ne nous ont point laissé
les raisons sur lesquelles ils se
fondoient. Mr l'Abbé Massieu
tâcha de suppléer à leur silence, & representa que s'il ne
parvenoit pas à bienétablirce
qu'ils avoient crû, on ne de-
vroit point en tirer de consequence desavantageuse contre
le sentiment, qui est d'eux;
mais seulement contre les preuves qui étoient de luy.
Ensuite venant au détail, il
remarqua que deux Ecrivains
peuvent principalement seressembler par trois endroits; par
le fonds de la doctrine, par la
maniere d'enseigner, & par le
style.
Pour ce qui regarde ladoctrine, il fit voir que les principas d'Homere & de Platon
estoientà peu prés les mêmes.
1. Sur la Religion, 2. Sur la
Politique. 3. Sur TOcconomie & sur les autres parties de
la Morale.
Quant à la maniere d'enseigner,ilss'estoient,dit-il, proL
posezl'un& l'autre dinstruire
en divertissant, & de cacher le
precepte fous l'appas du plaisir. Et parce qu'entre tous les
genres d'écrire ,iln'yen avoie
point de plus propre adonner
du plaisir aux Lecteurs, que
celuy où il entroit le plus &
d'imitation & de fixion; c'eil
à celui-là, poursuivit-il
,
qu'ils
s'estoient principalement atiachez. Homere & Platon é-
toient,continua-til, premierement les deux plus grands
Peintres qu'ait euë l'antiquité:
& en second lieu, les deux
Ecrivains qui dans leurs Ouvrages avoient le plus frequemment & avec le plus de succés
employé les fyrnboles & les allégories.
Enfin pour ce qui concernoit le style. 1. Platon cite continuellement Homere. 2. Il
ne se contentoit pas de le citer,
il tâchoit de transformer son
style en celuy de ce Poëte, empruntant de luy des expressions qu'il enchassoit dans les
siennes propres y
de telle forte
que les unes & les autres ne
faisoient plus ensemble qu'un
mefmc tiuu. 3. Dans les endroits où il ne citoit ny necopioit Homere, son style ne
laissoit pas d'estre tout poétique. On sçait, dit-il, que ce
qui faisoit l'essence de la Poësie,
n'estoit pas precisement la mesure, ny un certain arrangement de mots; que c'estoit
principalement la pompe de
l'expression, la hardiesse des
figures, la vivacité des defcri-
< 3
ptions,& sur toutje ne fçp.is
quelle chaleur heureuse qui se
répandoit dans tout le discours
&quil'animoit.Ortoutesces
qualitez Ce trouvoient dans
Platon au souverain degré.
Mr l'Abbé Massieufinit par
rassembler les traits principaux
qui formoient une vraye ressemblance entre Homere &
Platon, & par dire que de ces
deux Ecrivains presque égaux
en tout, le premier n'avoic
peut-estre sur le second d'autre
avantage, que celuy que tout
1 Original avoic necessairement
sur sa Copie.
Je dois a
joûter icy, que
Mr l'Abbé Massieu, possede
parfaitement trois Langues, 6c
qu'il sçait dans ses Ecrits, joindre l'Atticisme des Grecs,
l'Urbanité des Romains,& la
politesse des François.
Mr l'Abbé de Tilladet parla
aprés Mr l'Abbé Massieu, &
fit une Dissertationdans laquelle après avoirexpliqué la
prééminence du Souverain
Pontificat des anciens Romains, il en tira un avantage
pour prouver que les premiers
Empereurs Chrestiens avoient
pris, & avoient Ineflne dû
prendre la qualité de Souverain Pontife; de forte que la
premiere partie de sonconcours
forma une espece de preuve
&de prejugé en faveur de la
seconde partie,qu'on pouvoit
regarder pour cette raison
comme une consequence de la
- premiere. Car s'il est vrJY
,
dit il, ainsiqu'on le démontre
par les Medailles, par une foule de passages d'excellens Auteurs
,
que le grand Sacerdoce
ait toûjours esté une dignité
éminente; que chez les Grecs
&chez les Latins elleaitsifort
approché de la Royauté, qu'on
les y
ait souvent confonduës
ensemble; qu'à Rome durant
la Republique le grand Pontife quiestoit perpetuel ait esté
constamment superieur aux
principaux Magistrats, parmy
lesquels il y avoit une continuelle revolution; que cette
puissance si distinguées'étendit, selonFestus, sur toutes
les choses divines & humaines;
s'il eftvray que par là le grand
Pontife se fut acquisun souverain empire sur les Citoyens,
non pas à la vérité en toutes
occasions,& à touségards;unempire absolu qu'il pût exercer immédiatement; mais un
empire indirect,qui par le
mélange de la Religion avec la
Politique, par la liaison des affaires, la correspondance des
personnes
,
la subordination
des Charges. & la combinaison des évenemens, ramenoit
la Republique entiere aux vûës
& aux fins du Ch\.f de la Religion; s'il est vray que Cesar
n'eut tant ambitionné le souverain Pontificar, qu'à cause
que cettedignitéestoit seule
propre à couvrir son usurpation, &à rendre moins odieux:
l'exercice d'une autorité sans
bornes; que de tous les titres '1
de ce premier Empereur Romain.:
main, celuy cy fut l'unique
qui luyeût conservé les honneurs de la scpulture, & du
respect à sa memoire immédiatement après sa mort: s'il
est vray enfin que ses successeurs ne l'eussent esté qua la
faveur du Titre de grand Pontife,auquel étoit attachée principalement la souveraine puissance, il s'ensuivoit que les
Empereurs Chrétiens n avoient pû s'assurer le droit inconte stable de régner, qu'en
acceptant cetre mesme qualité de ceux qui la leur conferoient, comme une qualité in-
dispensable en les élevant à
l'Empire.
Ce fut ce que Mr l'Abbé
de Tilladet rendit plus sensible par deux exemples. Le
premier fut de Macrin, qui
qupyque déja ëlù & proclamé
Empereur, ne fut neanmoins
avoüé pour tel qu'après que le
Sénat l'eut declaré & salué Souverain,Pontife, voulant que
cette formalité; que cette nouvelle reconnoissance futconsiderée comme une condition
essentielle, & comme une espece d'investirure; en forte
que de mesme qu'aujourd'huy
la qualité de Roy des Romains
doic necessairement preceder la
dignité Impériale, le Souverain
Pontificat ne dût pas moins
accompagner alors la Majesté
des Empereurs.
Le second exemple fut pris
de Gratien, qui refusa la Robe Pontificale que luy presentaleColege des Pontifes,estimant ce refus convenable à sa
qualité de ChreHien. Il méprisele grand Ponnficat, dit le
plus distingué d'entre les Prêtres
,
dans peu un autre pourroit bien devenir en sa place
Souverain Pontise;il vouloit
dire aussi, & par conlequent
Empereur: Si Princeps nonvult
appellari Pontifex, admodum breUi Pontifex Maximusfiet. Expreluon ambiguë & équivoque, jeu de paroles ingenieux,
qui faisoit allusion au Tyran
Maxime, dont le nom répond
au terme qui exprime en Latin
le suprême Pontificat; maniéré
de menace audacieuse, quoy
qu'envdopée, espece de prédJébon énigmatique, qui fut
bien rôt suivie de l'évenemenr;
car peu de temps après Maxime ayant fait tuer Grarien,
usurpa 1 Empire&apparem-
ment ne fut il si entreprenant
& si hardy qu'à cause qu'il se
sentitappuyédesPayens,& sur
tout de la factiondes Pontifes
indignez, qui sçavoient bien
que ce nouvel Empereurne
refuseroit pas d'eux, comme
avoit fait Gratien, les signes
éclatans du Souverain Pontificat.
A ces motifspressans qu'avoient les premiers Empereurs
Chrestiens d'accepter pour se
maintenir, le Titre de Souverain Pontife, Mr l'Abbé de
Tilladct joignit d'autres preuves plus positives, tirées des
Auteurs & des Monumens. Il
cira Zozime, L. 4. p. 761. Au.
sone dans son Action de graces a Gratien, un Edit de Valentinicn & de Marcien, Edit
inseré dans la troisiémeSession
du Concile de Calcédoine. Il
raporra les acclamations d'Empereur Pontise, faites pour
Theodose dansle Concile de
Constantinople, fous le Patriarche Flavien; il fit venir à
son secours le PapeGregoire,
qui reprochant à l'Empereur
Leon Iconomaque, de s'estre
renommé Pontife, ne l'en reprit qu'en ce qu'il n'en soûte-
noie pas assez dignementle
caractëre. Vous avez écrit,
luy dit-il, je fuis Empereur &
Pontife. Ce sont vos predecesseurs, ajoûta le saint Pere, qui
avoient prouvé par leurs paroles& par leurs actions qu'ils
estoient appeliez Pontifes à
juste titre.Tels estoientle
grand Constantin, le grand
Theodose & le grand Valentinien, dignes Empereurs &
Pontifes, parce qu'ils gouvernoient l'Empire religieusement, & qu'ils avoient foin
desEglises.
Sur ce qu'on objeéte que
Zozimeestsuspect, parce qu'il
haïssoit les Chrerstiens, Mr
l'Abbé de Tilladet entrant
dans le détail des circonstances du témoignage de cet Auteur,
fit voir l'espece d'impossibilité morale qu'il y
avoir,
que Zozime eût Ole, ny me..
me voulu entreprendre d'imposer au public; & ce qui rendit encore à Mr l'Abbé de
Tilladetletémoignage de ce
Payen plus digne defoy, ce
fut qu'il avoit esté suivy en
dernier lieu par Baronius, qui
l'avoit dû examiner d'autant
plus exactement avant que de
l'adopter, qu'il n'avoir pas
craint de lè traiter de calomnie
dans CeS" Notes sur le Martyrologeau 22. dAousta& que
depuis, mieux insiruitilnous
declare dans ses Annales 312.
qu'il n'a pas honte d'avouer
qu'en soûcenant que les Empereurs Chrestiensn'avoient
pas esté nommez Souverains
Pontifes, il estoit tombé dans
une erreur grossiere parlaforte envie d'épurer trop scrupaleusement leur Religion, &
faute ou d'avoir vu les Monumens qu'il avoit recouvrez
depuis, ou d'avoir fait assèz
d'attention à
ceux qu'il avoie
eus autrefois entre les mains.
Ce fut de ces mêmes Monumens, de ces Inscriptions ou
les premiers Empereurs Chrétiens font nommez Souverains
Pontises, que Mr l'Abbé de
Tîlladettira une nouvelle preuve, & quand on luydit ou que
ces Monumens avoiencesté
érigez par des Gentils, ou
qu'ayanr esté faits d'abord
pour des Empereurs payens,
ils avoient esté ensuite, au
moyen de quelque ch angement appliquez & transferez
à leurs Successeurs il répond
qu'il suffit que les Empereurs
CChrétiens hrétiensn'ayeni n'ayentpupû ~norer ignorer
que ces Inscriptions où ils
estoient appeliez Souverains
Pontises, paroissoientpubliquemenr à leur gloire, Se
qu'ayant pû l'empêcher, ils
r
ayent toutefois permis qu'elles
subsistassent, & qu'elles passasI
sent à laposterité.
-
Si par la difficulté deresister
à de si fortes preuves, on se
t retranche à s'écrier que les prcmiers Empereurs Chrétiens
n'estoient
pas vrayement Ponsises
,
& qu'ilsn'ont esté ap-
[ pellez tels qu'abusivement, que
par Métaphore & par allusion
à des vertus, ou à des pouvoirs convenables à
ceux qui
portoient dignement cette
qualité, Mr l Abbé de Tillader se contenta qu'on luy abandonnât le titre, duquel seul il
s'agissoit
,
déclarant qu'il ne
prétendoit pas non plus que
Baronius, que Constantin, Valentinien, Valens, Gratien, &c.
eussent esté Pontifeseneffet,
de qu'afin de se faire consacrer
tels, ils fussent descendus dans
une fosse pour y
répandre en
sacrifice le fang des Taureaux,
pour en boire, s'en faire arro-
Fer, & y
observEr les autres
ceremoniesdécrites sur ce suet par Prudence dans une de
ses Hymnes. Mais il persevera
"a soutenir qu'ils avoient porté
le nom de Pontife, & qu'ils
avoient pu l'accepter sans prévarication; du moins par là,
reprit il, n'eussent ils pas renMu leur foy suspecte, fous les
auspicesdecette même dignité,n'eussentils pas autorisé la
Religion payenne
,
à laquelle
cette même dignité devoit son
o
établissement ? oüy, poursuivitil,siles Empereurs Chrétiens
appeliez Pontifes, n'eussent pas
fait ouvertement profession
authentique d'une Religion
contraire qui profcrivoit les
faux Dieux, & renversoit les
Idoles? Mais ils avoient,ajouta t-il, besoin du titre pour se
conserver la souveraine puissance qui yavoit toûjours esté
attachée,&sur tout pour pallier sagement certaines Canai..
tutions propres à reprimer les
libertez du Paganisme qu'ils
estoient obligez de tolcrer encore
,
& lequel par cette souveraineautoritépalliée du titre de Pontife ils ne laissoient
pas de trouver moyen de rui-
;ocr insensiblement. Les Princes comme les autres hommes,
ajouraà ce propos Mr l Abbé
ide Tilladet, doivent user de
icondefcendance & de ménagement ; par l'attention & la
longanimitéils viennent à
bout des plus difficiles entreprises: au lieu qu'un zele indifcret & une conduite précipitée, gâtent les meilleures affaires, & les plus faintes œuvres.
On sçait,poursuivit-il, ce que
des gens de ce dernier caraéèc.
re ont tant de fois couté à l'E-
-
glise, & ce qu'ils peuvent luy
coûter encore.
Falloit-il donc, continua t
il,
que les premiers Empereurs
Chrétiens abjurant par une
outrée delicatesse de Religion
mal-entendue
5
cette dignité
devenuë si indifférente en ellemêmeàl'égard du culte, mis
-
sent en danger tout à la fois,
& leur Empire, & l'Empire de
Jesus-Christ?Mr l'Abbé de
Tilladet parcourut les inconvénients qui en feroient arrivez, & qu'il feroit trop long
de rapporter icy. Il parcourut
demême les avantages qui revenoient au Christianisme, de
l'acceptation du titre desou-
verain Pontife par les Empereurs Chrétiens, &ilfinit par
montrer évidemment que le
grand Pontificat s'étant trouvé dés le commencement de
l'Empire dégagé dans les Em-
: pereurs de toutes fonctions sacrées, il ne leur estoit resté de
cette dignité suprême que le
nom, accompagné du souverain pouvoir, encore moins
aux Empereurs Chrétiens, qui
par leur profession du Christianisme inseparable. du renoncementàl'Idolâtrie, declaroient à
toute la terre que le
titre de souverain Pontife né-
toit pas davantage en eux, un
titre de superstition
,
que le
Titre de Roy de Pologne a
esté
depuis un titre de Domination
sur les Polonois dans Henry
IIIeaprès qu'il eut renoncé au
Royaume de Pologne. De là
Mr l'Abbé de Tilladet conclut
que si la Minerve & le Pantlicon, deux Temples des faux
Dieux, avoient pû avec leur
nom) leurs matériaux
,
leur
:
forme, & une partie de leurs
ornements, retenir leur ancienne magnificence, sans conserver pourtant le caratfterc
d'idolâtrie, dont par là ils fem-
bloient encore porter les traits,
toute tâche& tout soupçon,
en ayant esté effacez par leur
publique translation & con secration à la vraye divinité, il
fautreconnoître demême que
les idées ayant varié suivant la
diversité des temps
&des circonstances, que le titre de souverain Pontife ayantchangé
de nature & de signification erspassant aux Empereurs, bien
davantage en passant à des Empereurs Chrétiens avoit pû le
conserver sur leurs têtes avec
toute sa splendeur &toute son
autorité sans aucun reste de
superstition, attendu le nouvel
usage qu'ilsfaisoient de cette
souveraine puissance, le besoin
qu'ils en avoient, & le devoüement public de leur perron..
ne & de toute leur grandeur,
à la Religion Chrétienne. La
prudence demandoit qu'ilsattendirent à cesser d'estre nommez Pontifes que les Romains
presquetous convertisen dussent estre moins allarmez, que
la foy ne fut plus si exposée
aux mauvais effets des Révolutions humaines, & que de
tous les grands titres, celuy
qui estoit le plus ancien & le
puis reveré dans Rome payenne, devint dans Rome chrétienne par une nouvelle application, le nom du monde le
plus venerable & le plus saint.
Mr Henrion -
lut ensuite un
Discours qui regardoit lesInscriptions sepulchrales Antiques dont il avoit déjà parlé
dans une autre Assemblée, &
fit connoistre que les sujetsqui
avoient quelque rapport effentiel à quelque partie de la Jurisprudence)& les Inscriptions
sepulchrales, comme les nomme l'Empereur Alexandredonnant un très- grand jour à nos
Titres tant Civils que Canoniques, devoient avoir le plus
d'attraits & de charmes pour
luy.
Il ajouta que personne ne
s'étonneroit sans doute qu'il
eust choisi une matiere convenable aux deux Compagnies
dont il avoit l'honneur d'estre
Membre
,
& que peut
-
estre
même ce choix paroîtroit d'autant plus sage qu'ayant déja
deux sçavantes Introductions
à la Sciences des Medailles, l'un
des deux objets qui avoient
donné leurs noms à cette
Compagnie, l'autre objet de
la même Compagnie, ou les
Inscriptions devoient ce semble d'aurant moins estre négligées,qu'elles estoient, s'il osoit
le dire, d'une plus vaste étendue
& d'une plus grande utilité que
les Médaillesmêmes, comme
il feroit aisé d'en juger par la
feule espece dInscriptions antiques dont il entreprenoie de
parler, en attendant qu'une
plus habile main se chargeait
d'un Corps d'ouvrage entier
sur les Inscriptions antiques
en general.
Il dit ensuite, que le but
qu'il s'estoit proposé dans cette
tentative se reduisoit à
deux
points ; que dans le premier il
avoir entrepris dedécouvrir,
quel avoir esté l'esprit des anciens Grecs & Romains dans
l'apposition des Inscriptions
sepulchrales
,
& d'examiner
avec foin en quoy consistoit
chez eux le droir d'Inscriptions
sepulchrales
; que le second
consistoit à développer quel
estoie chez les anciens Grecs
& Romains l'artifice des Inscriptions sepulchrales, & à
reduire en Art, la Doctrine &
la Composition decesInscriptions; qu'il avoit reduit dans
une
une Dissertation precedente
loue ce qui regardoit le droit
des Inscriptions sepulchrales,
& l'esprit des Anciens dans
leur position aux sept chefs
suivans. Aux différents motifs
quiavoient donné la naissance
aux Inscriptions Sepulchrales;
à l'antiquité & à l'usage universes des Inscriptions Sepulchrales chez tous les Peuples
Je la terreun peu civilisez; aux
personnes qui avoient droit
d'Inscriptions Sepulchrales
;
à
celles à qui appartenoit le foin
de les faire & de les poser aux
lieux où elles avoient coutûme
d êcre placées; aux matieres sur
lesquelles elles étoient gravées;
& enfin aux caracteres, par la
beauté,la grandeur& la profondeur desquels on tâchoit
d'en rendre la durée éternelle.
Et qu'ainsi il ne luy restoit
qu'àdéveloper à la Compa.
gnie l'ingenieux artifice avec
lequel les anciens Grecs & Romains composoient leurs Epitaphcs;a rassembler dans un
Corps la Doctrine de ces pretieux Monumens, & à tâcher
de réduire en Art uneconnoifsance dont les Recüeils de Gruter & les autres choses ne nous
presentoient les principes & les
réglés que par lambeaux, &
par exemples détachez; que
c'estoit de lïnduébon générale
de ces exemples, qu'à force de
meditation & d'observations,
il avoit levé le plan qu'il alloit
avoir l'honneur de proposer à
la Compagnie sur la Science
des Inscriptions sepulchrales.
Il ajouta qu'il examineroit
d'abord, ce qu'on devoit entendre par Inscriptionsepulchrale; quelle estoit la simplicité
des Inscriptions sepulchrales
dans leur naissance; la prodigieuse multitude de branches
qui pullulerent de certe ancien-
ne simplicité;le point de plenitude&de perfection où l'Art
& l'Invention avoient amené
la composition des Epitaphes,
& enfin l'elocution des Epitaphes & les divers avantages
que l'on pouvoit en tirer pour
tous les divers genres d'Arts
& de Sciences; que s'il estoit
échapé quelque chose d'cdcntiel à sa premiere vûe
,
il esperoit qu'on luy seroit grâce en
faveur de la nouveauté de son
d.flein, & que s'il ne faisoit
qu'indiquer en courant c
hacune des parties de cet Art, il
seroitaisé de s'en prendre à la
briéveté du temps qui ne permettoit que de donner une
idée generale& legcre de tout
ce qui regardent cette Science.
Mr Henrion tint parole, & fit
le détail de tout ce qu'il avoit
promis, & finit en disant, qu'il
Lissoit à quelque Spanheim futur à donner un Traité sur ce
sujet,& qu'en attendant illuy
fust permis de se plaindre des
injures du temps impitoyable
qui nous avoit enlevé la plus
grande partie de ces Monumens precieux; mais plus encore des injures des hommes
qui sans respect pour la Reli-
gion des Tombeaux, pour leur
propre instruction & pour la
nostre, avoient souvent employé les Tables des Inscriptions sepulchrales à l'indigne
usage de faire de la Chaux;
que peut estremême le zele du
Christianisme nous avoir encoreplus enlevé que le temps
& l'ignorance
;
mais que du
moins il en estoit assezresté
pour essayer d'en tirer une Introduction à la Science des
Inscriprions fcpulchrales
,
&
qu'il avoüoit que ce seroit la
faute non des Matériaux, mais
de l'Ouvrier, si dans la Diifcr.
tation qu'il avoit déja donnée
sur cette matiere, il n'avoir pas
assez bien développé quel estoit
l'esprit des anciens Grecs &
Romains dans t'appotnion des
Inscriptions sepulchrales ,ou
si danscelle qu'il donnoit alors
il n'avoit pas montré dans tout
son jour, l'ingenieux artifice
avec lequel les anciens Grecs
& Romains composoient leurs
Epitaphes, les deux seuls points
où il avoit réduit l'Art & la
Doctrine des Inscriptions sepulchrales.
Mr Foucaulr, Conseiller d'Etat, & l'un des Presidens ho-
notaires de cette Academie
ayant pris la parole après que
chaque Académicien eut parlé,
resumaleurs Discours d'une
manière rout à faitingenieuse,
&qui fit beaucoup de plaisir
à toute l'Assemblée.
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Résumé : Discours prononcez à l'ouverture de l'Academie Royale des Inscriptions, d'aprés Pasques, [titre d'après la table]
Le texte relate les discours prononcés lors de l'ouverture des Académies Royales après Pâques. L'Académie des Inscriptions s'est ouverte le 29 mars avec un éloge de Thomas Corneille par Mr de Boze, secrétaire perpétuel. Cet éloge était particulièrement difficile car Mr de la Motte avait déjà traité le sujet lors de sa réception à l'Académie Française. Mr de Boze a mentionné que Thomas Corneille est né à Rouen le 20 août 1625, fils de Pierre Corneille, avocat du roi, et de Marthe Le Pesant. Il a étudié chez les Jésuites et a composé une pièce en vers latins remarquée par son régent. Après ses études, il s'est tourné vers le théâtre, influencé par son aîné Pierre Corneille. L'Abbé Massieu a lu un discours sur le parallèle entre Homère et Platon, soulignant leurs similitudes dans la doctrine, la manière d'enseigner et le style. Il a noté que Platon citait souvent Homère et empruntait son style, et que les deux auteurs utilisaient des symboles et des allégories. Massieu a conclu que Homère avait peut-être un léger avantage sur Platon en tant qu'original. L'Abbé de Tilladet a ensuite parlé de la prééminence du souverain pontificat des anciens Romains, prouvant que les premiers empereurs chrétiens avaient adopté cette qualité pour légitimer leur pouvoir. Il a cité des exemples comme Macrin et Gratien pour illustrer l'importance de ce titre. Tilladet a également présenté des preuves tirées d'auteurs et de monuments, comme Zozime et le Pape Grégoire, pour soutenir son argumentation. Il a conclu que les empereurs chrétiens avaient permis que des inscriptions les désignant comme souverains pontifes subsistent, montrant ainsi leur acceptation de ce titre. L'Abbé de Tilladet a également soutenu que les premiers Empereurs Chrétiens ont porté le titre de Pontife sans prévarication, car ce titre leur permettait de conserver leur souveraineté et de réprimer les libertés du paganisme. Il a argumenté que les empereurs chrétiens n'ont pas ouvertement professé une religion contraire, mais ont utilisé ce titre pour des raisons politiques et religieuses. Tilladet a comparé cette situation à celle du titre de Roy de Pologne, qui a changé de signification après la renonciation au royaume. Il a conclu que le titre de souverain Pontife a pu être conservé par les empereurs chrétiens sans connotation superstitieuse, grâce à leur dévouement à la religion chrétienne. Mr. Henrion a présenté un discours sur les inscriptions sépulcrales antiques, soulignant leur importance pour les titres civils et canoniques. Il a expliqué que son but était de découvrir l'esprit des anciens Grecs et Romains dans l'apposition de ces inscriptions et de développer l'artifice de leur composition. Henrion a détaillé les motifs, l'antiquité, et les usages des inscriptions sépulcrales, ainsi que les personnes ayant droit à ces inscriptions et les matériaux utilisés. Il a regretté la perte de nombreux monuments précieux et les dommages causés par l'ignorance et le zèle excessif du christianisme. Enfin, Mr. Foucaulr a résumé les discours de manière ingénieuse, plaisant à toute l'Assemblée.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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35
p. 56-102
Discours prononcez le lendemain à l'ouverture de celle des Sciences, [titre d'après la table]
Début :
Le lendemain 30e. l'Academie Royale des Sciences ayant [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Fontenelle, Discours, Plantes, Baromètre, Animaux, Matière, Malades, Médecine, Mercure, Assemblée, Botanique, Métal, Minéral
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Discours prononcez le lendemain à l'ouverture de celle des Sciences, [titre d'après la table]
Le lendemain 30e. l'Academie Royale des Sciences ayant
tenu aussi sa premiere Assemblée publique d'aprèsPasques,
fut ouverte par M' de Fontenelle Secretaire perpetuel de
la Compagnie, qui estant eagagé par la coûtume à faire un
Eloge historique de tous les
Académiciens - morts, fit celuy
de M de Chazelles Proresseur
en Hidrographie à Marseille. ,.
Il dit qu'il excelloit dans l'Art
de lever des Plans
y
& de dresser
der Cartes par le moyen des
Observations Astronomiques,
ausquelles il s'estoit fort exercé à l'Observatoire sous Mr
Cassini, éc qu'il avoir fait un
grand nombre de Campagnes
sur les Galeres, & avoit couru
toute la Mediterannée en faisant. des Descriptions exactes
des Ports,des Rades, des Côtes, &c.
Mr Reneaume, lûtun Difcours
de sa composition sur la
découverte d'un nouveau Febrifuge.
Il dit que si la Botanique se
bornoit àlanomenclature des
Plantes, & à la critique des
Auteurs, ce ne seroit qu'une
Science sterile, quoyque
tres-étenduë, dont le travail
& les fatigues ne produiroient
aucune utilité; mais que le
dessein des Botanistes estoit
bien plus vaste, puisque non
seulement ils pretendoient rassembler fous un certain point
de vûë, tout ce ce que l'Univers contient de Plantes, ils
vouloient encore rechercher
soigneusement l'usage & la
la vertu de chacune en particulier; que c'estoit par cet endroit que la Botanique devenoit une partie essentielle de la
Medecine; que ce grand dessein ne pouvoir s'exccuter que
par parties, & pour ainsi dire
piece à piece,tantôtenrecherchant curieusement ce que
chaque Contrée produisoitde
Plantes, tantôt en examinant avec exactitude, & par
différentes routes, leurs bonnes ou mauvaises qualitez.
Il ajoûta, qu'entre ces soins,
celuy de découvrir de nouvel-
lesPlantes,& çeluy de mettre à profit les experiences des
Etrangers
,
estoient devenus
dans les derniers temps la passion dominante desBotanstes
qu'ils y
avoient mesme si heureusement réüssi, qu'on pouvoir dire que jamais le nombre des Plantes connuës n'avoit eite si grand, ny la matiere Medecinale plus abont dance; qu'on pourroit cependant dourer avec raiCon)fices
rîchesses estoient aussi avanrageusesà la Medicine, que tout
le monde se l'imaçinoit;qu'elle en avoit sans doute ressenty
le contrecoup; que comme il
arrivoit que dans la construction de la plûpart des nouvelles Machines,on perdoit d'un
côté ce que l'on gagnoit de
l'autre, de mesme à force d'avoir trop de remedes, d'un
côté on negligeoit la Methode si necessaire pour en bien
user, de l'autre le trop grand
empressement que l'on avoit
eu pour connaître les Plantes
étrangeres, avoit presque fait
abandonner l'étude de celles
qui croissoient fous nos pieds.
Il fit voir que cela se remarquoic particulièrement dans le
genre des Febrifuges, & il fit
une peinture par laquelle il fit
connoîtrc que la connoissance
du Kinkina qui fut d'abord
élevé jusqu'aux Cieux, fit auffitôc disparoître la plûpart des
remedes qui l'avoient précédé,
& il nomma plusieurs remedes
mis en oubly, quilorsqu'on
les sçavoit bien employer, fai-
,
soient des effets qui n'eftoienc
ny moins feurs ny moins fur-'
prenans que ceux du Kinkina;
& il fit connoître qu'il estoit
peu de Medecins qui n'eussent
trouvé plusieurs Malades rebutez du Kankina, ou pleins
d'aversion pour ce remede, cc
qui luy avoit donné occasion
de découvrir le nouveau Febrisuge, dont il entretint ensuite la Compagnie:il dit toutes les raisons que les Malades
avoient de s'en plaindre, & il
fit beaucoup de reflexions làdessus. Ilparla de plusieurs experiences d'Alexandre Pascoli
faites en France sur la vertu sebrifuge de la noix de Cyprès,
affirmant qu'il les avoit verifiées avec succés, & il dit que
tout le monde connoissoiit cette noix pour un Astringent;
qu'il trouvoit dans cc remede
dequoysurvenir à tous les inconveniens dont il venoit de
parler ; qu'outre cela l'idée
nouvelle, & peut-estre veritable, de la digestion faite par latritutation, luy avoit sourny beaucoup de raisons pour
appuyer ce remede, & pour
luy en faire esperer une heureuseréussîte. Mais que bien
loin, comme il arrive souvent
à
ceux qui raisonnent ainsi,
que ses espennces sussent vau
nés
,
lévenement avoir furpnffe son attente.
Il dit qu'il commença à se
se servir de la noix de Cyprès
en 1704. qu'en Essé & pendant l'Automne il y eut beaucoup de Malades; que la plûpart n'estoient attaquez que
de fievresintermitentes de
toute espece & de différent caraétere; mais beaucoup plus
de tierces trregutieres & doubles tierces, qui estoient souvent accompagnées de dévoyemenr; que plusieurs de
ces Maladesqui avoienc esté
préparez par ces remedes géneraux, ayant pris de cette
noix avec succés, il arriva une
occasion dans laquelle la personne qui preparoit les reme-
des donna la noix de Galle au
lieu de celle de Cyprés qu'il
avoir ordonnée; que ce remede ayant eu tout le succés qu'il
en auendoit, & qu'il avoic
éprouvé de l'autre, il ne se feroit point apperçû de l'erreur
sans le fait qui fuit. Qu'entre
les Malades qui furent guéris
par la mesme méprise, il s'en
trouva un qui se plaignit, quoique guery
,
d'avoir esté resserré pendant trois jours,& d'avoir rendu des excrcmens noirs
comme de l'encre après un lavement,ce qui épouventa fore
le Malade, & luy fit craindre
que l'on ne se fût trompé
y
&
que l'on n'eut mêlé quelque
chose de vitriolique, ou de serrugineux avec cette poudre;
que pour s'en éclaircir il demanda ce que l'on avoir donné à
ce malade; qu'il remarqua
dans la réponse l'heureuse meprise qui luydécouvrit un nouveau remede; qu'il dissunula
la chose,estant bienaise d'observer le fait de plus prés; que
la noirceur des digestions ne
l'embarassa pas quand il fit reflexion que lorsqu'on laisse ces
fortes d'artringens dans quelque liqueur,& qu'il s'y ren-
contre quelque acide, ou partie serrugineuse,ils ne manquoient point de senoircit, &
de communiquer leur teinture,
& que l'usage qu'en saisoient
les Teinturiers prouvoit ce
fair.
Il fit ensuite une description
de toutes les noix de galle, &
du bien qu'elles avoient fait à
tous ceux à qui il en avoit donné, ce qui luy reiïffit si bien,
que Mr Collot Docteur en
Medecine de la Faculté de Pa.
ris, auquel il avoit fait part de
ces faits, s'en voulut aussi servir
:
Et il ajoüca, quel'expe-
rience répondit à
souhais, que
quelques personnes charitables
surprises de la bonté d'un Remede qui coutoit si
peu, s'épargnerent ladépense du Kinkina dont elles ne se servirent
prcfque plus dans la fuire, donnant en sa place le nouveau
fébrifuge dans toutes les incermitentes. Il nomma deux autres Medecins de la Faculré qui
avoient fait la mesme chose,
& dit, que ce grand nombre
de guerisons ne laissoit aucun
scrupule sur l'efficacité de ce
Rcmede; & l'obligeoit à\cn
faire part à la Compagnie.
Il décrivitensuite la maniere
dont on dévoie préparer les
Malades pour bien faire operer
ce remede, & la maniere de le
mettre en usage. Il poursuivit
en disant qu'il estoit confiant
que les fièvres inrermitentes,
dépendoicnt uniquement de la
mauvaise qualité duchyle; que
ce feroit si l'on vouloit l'aigreur comme quelques-uns
l'assurent
;
qu'il falloit une certaine quantité de ce chyle aigre
dans le fang pour y
causer le
trouble ou fermentation que
l'on nomme siévre; que cette
quantités'accumuloit plus ou
moins promptemenr à proportion que lesalimensétoient
plus ou moins bien digérez, ce
qui cau foit ladistancedifférente des accès, & rendoit raison
de leur retour si regulier
,
que
les vices de la digestion pouvoient venir tantôt de la disposition de lestomac
,
tantôt
de celles des parties voisines, ce
qui donnoit à
ces fiévres un caractere & des accidents différents qui servoient alesdistinguer, & montroient qu'elles
devoient estre traitéesdifferemment,quoy qu'elles parussent
assez semblables aux yeux du
vulg aire.
Il continua en disant si on
ne pouvoir pas attribuer ces
vices de la digestion à trois choses princi pales
,
sçvoir, pour
ce qui regardoit l'estomac, ses
si')res relâchées, ou irregutierement tendues ; & pour ce qui
regardoit l'estomac étantchargé & rempli d'alimens plus
qu'il ne devoit l'estre, ses fibres
qui se trouvoient trop tenduës
pendantuncertain temps, perdoient leur ressort & ne se
contractoient plusassez pour
broyer les alimens aussiparfaitement qu'il étoit necessaire;
que les fruits, par exemple, qui
souvent
souvent n'estoient îndigestes
que par la trop grande quantité que l'on en mangeoir,
pouvoient facilement caufcr ce
relâchemenr des fibres par leur
volumeou par leur humidité,
& par consequent empêcher la
digestion, ce qui donnoit lieu
au chyle de s'aigrir, & causoit
enfin la fiévre
> que d'un autre
côté le trop grand usage du
vin & des liqueurs ardentes &
spiritueuses pouvoient alrerer
le tissu des fibres & leur causer
une tensionvicieuse&irreguliere;&untenesme si l'onvouloit
,
ou irritation qui enlpê::
choit l'égalité du broyemenç
& la parfaite digestion; de fou
te que cette disposition, quoy
qu'opposée aurelâchement,
produiroit néanmoins des ef.
fcts a(kz semblables; mais lors
que le cours de la bile eftoic
interrompu
,
le chyle qui tendoit toûjours à s'aigrir, dénué
de cet amer huileux & balsa.
mique
,
n'avoit plus rien qui
corrigeât son aigreur
,
& réunît ses principes; de maniere
qu'il ne manquoit point en se
mêlant au fang de le faire fer-,
menter, & decauser une fièvre
intermitente. Hltermncore.. - -
Il dit encore plusieurs choses pour prouver que le nouveau febrifuge dans les fiévres
produites par les deux premie-
,
res causes, devoit estrepréféré
au Kinkina, ce qu'il prouva par
beaucoup de raisons, & il finit
en disant
,
que si l'on faisoit
attention à tout ce qu'il venoit
de dire,ilseroit facile dediscerner les occasions dans lesquclles on devoir employer le nouveau febrifuge,d'avec celles qui
,
demandoient l'usage du Kinkina, auquel on pouvoir nean-
[ moins le substituer en toute
! rencontre.
Mrde laHireleCadet,lût
un beau Discours touchant
l'Analogie qu'il y a entre les
plantes & les animaux- & l'utilité que l'on en peut tirer. Il
commença par faire voir les
raisons pour lesquelles l'étude
de la Botanique&de la Physique des plantes, avoit paru
jusqu'icy la plus sterile qu'il y
ait dans toute la nature. Il fit
voir après,que quoique laBotanique parut fournir si peu,elle
estoit neanmoins toute remplie de faits curieux IIdit,qu'il
n'étoit pas aisé de rendre raison
de tous les faits qu'on y pou-
voit observer sur tout si l'on
demandoit que les preuves que
l'on en rapporteroit
,
fussent
tirées immédiatement des plantes; que si l'on ne trouvoit pas
dans une plante l'effet quel'on
y
recherchait, on le trouvoit
dans un autre; il en rapporra
les raisons
;
3c il fit voir qu'on
fc pouvoit servir de la connoissance que l'on avoit des
animaux
,
pour en faire une
application aux plantes. Il fit
voir aussi que comme chaque
Pays a
ses animaux qui luy
font propres, & qui ne peuvent vivre ailleurs,il n'yavoit
aussi point delieu sur la terre
quin'eût ses plantes particu- -
lières qui ne peuvent vivre en
aucun autre endroit que dans
celuy qui leurest naturel.Il
donna des exemples pour fai-
*reconnaître que les plantes
transplantées en d'autres pays
souffroient, & dit en quoy elles
souffroient.
Il parla d'une espece de Plante que les naturels du Pays où
elle croît, regardent comme
un veritable animal.Il dit qu'ils
l'appellent Baromets, ou Boranets,
qiêïucut dire, un Agneau; que
cette plantevientdans la Tartarie
&dans leprincipal Horde qu'on
appelle Zavolha
;
qu'elle a toute
lafigure d'un Mouton
; que cette
cjj>cce d'Agneaua quatre pieds;
que sa teste a
deux oreilles; qu'il
rfl couvert d'une peau très-délicateJ
dont les Habitansse couvrent
la tesse & la poitrine; que sa
chair
a
du rapport a celle des Ecrevisses de Mer,&mesme que lors
qu'ony fait une incision , il
en
sort une liqueur comme dusang;
qu'il a un goût fort agréable;
que laTigequi le soûtients'éleve
en sortant de
terre à
la hauteur de
trois pieds, & qu'ily est attaché
à l'endroit du nombril. Que ce qui
est encore deplus merveilleux, efl
que tant qu'ily a
del'herbe autour de luy
3
il se porte bien;
mais qu'ilsiseche&périt quand
elle vient à luy manquer; ce qui
confirme que cette herbe luy est
absolument necessaire pour vivre,
est que l'on a
experimenté que si
on
l'arrache, il nepeutplussubso.Ilajouta, qu'on disoit
que les Loups en estoient sort
friands, & il fit voir qu'on ne
pouvoir douter que ce ne fût
une veritable plante, puisqu'il
venoit d'une graine qui ressembloit à celle du Melon, excepté
qu'elle estoit un peu moins
longue, & qu'on la cultivoit
dansce pays-là. Il fit voir que
quoy que ce recit parust fabuleux >il estoit attesté par plusieurs Auteurs dignes de foy,
& que l'on dévoieconsiderer
cette plante animale commé
une espece de grand Champignon qui auroir cette figure.
Il parla ensuite des Plantes
de ce Pays-cy
,
dont les graines
ont des figuressingulieres, &
particulièrement de celle qui
ressemble à
un mufle de veau,
& il fit voir que les fondions
qui se font dans les Plantes se
faisoient pareillement dans les
Animaux, & que les uns & les
autres estoient su jets aux mêmes accidens. Il fit voir que
cestoit à
ces dernierstemps que
l'on devoit la découverte des
œufs dans les Plantes, en forte
que les Plantes aussi bien que
les Animaux prenoientnaissance d'un œuf, & dit plusieurs
choses curieuses sur ce sujet.
Il parla ensuite de l'âge plus
avancé des Plantes, & il fit
voir que le temps auquel elles
commencent à estre secondes,
avoit du rapport avec l'âge de
puberté dans les Animaux. Il
dit que dans une même espece
9
de graine
,
il y en avoir qui
produifoient des Plantes qui
donnoient du fruit, & d'autres qui n'en donnoient point,
ce qui avoir du rapport aux
differens sexes dans les Animaux. Il fit voir aussi qu'il y
avoit des Plantes & des Animaux plus ou moins tardifs à
produire,& qu'en general routes les Plantes hcrbacécs der,^
noient beaucoup plutost du
fruit que tous les Ar bres
>
il
parla de la variété des especes des Plantes & des Animaux, & il dit beaucoup de
choses curieuses sur ce sujet. Il
fit voir aussi le rapport des
Plantes annuelles avec les Infectes, & il parla des moyens
de faire vivre les Plantes qui
ne sont pas naturellement vivaces. Il parla aussides alimens
particuliers que demandoient
les unes & les autres, & il expliqua ce quiregardoit leur
'fue nourricier, & celuy des
animmiir
Il passa de là aux Maladies
des Plantes
,
& fit voir que
chaque especede Plante & d'Animal avoit son temperamment. Il fit connoistre qu'il y
avoir des moyens pour guérir
des Arbres maladesmais que la
plûpart des Jardiniers aimoient
mieux les arracher, que de [c
donner la peine de faire les choses necessaires pourles guérir. Il
fit voir que la sterilité estoit un
mal ordinaire à
tous les Animaux,& que ce mal estoit fort
commun parmi les Plantes,&:
il dit que l'experience faisoit
connoistre que l'on y
pouvoir
remedier& qu'on pouvoit même les rendre plus secondesqu'-
elles ne l'estoient au paravant.
Il dit ensuite,qu'après avoir
montré le rapport qu'il yavoit
entre les Plantes & les Ani-
maux depuis leur origine juLqu'à leur fin, qu'après les avoir
considerez lorsqu'ils eftoienc
encore enfermez dans leurs
œufs, & lorsque la Narureles
développoit & les en faisoit
sortir, il les avoir suivis dans
un âge plus avancé;illes avoit
confi derez dans le temps qu'ils
commençoient à devenir seconds, & dansceluy auquel ils]
cessoient naturellement de le- j
tre; qu'il avoit ensuite couché]
quelque chose de la vieillesse
des Plantes & des Animaux &
de la durée de leurs jours, &
qu'enfin il avoit passé aux mai
ladies quiles affigeoient & aux
remedes qu'on y pouvoit apporter, il sembloit qu'on ne
devoit plus douter qu'il n'y
eustbeaucoup d'analogie entre
les Plantes & les Animaux, &
il dit qu'à l'égard de l'utilité
qu'on pouvoit tirer de cette
comparaison
,
il l'avoit déja
fait sentir en quelques endroits,
lorsqu'il s'estoit servi des Animaux pour tirer quelques consequences touchant les Plantes) ce qui pouvoit suffire pour
prouver ce qu'ils'estoit propofé
; que cependant il expliqueroit encore un fait beaucoup
t'.
[
plus sensible que tous les precedens, & il finit par cet endroit, qui fut l'explication de
la raison pour laquelle en l'année 1709. il n'y eut presque
que les vieux Arbres quigelerent. La lecturedece Discours
fut trouvéetrès-curieuse
,
&
fut écoutée avec beaucoup
d'attention.
Mr Hombert lût un Discours sur les MatieresSulphureu ses, & sur la facilité de les
changer d'une espèce de soufre en une autre.
Ce Discours estoit la fuite
d'un autre Discours qu'il avoic
déjà lu sur la mesme matiere.
-
Il dit qu'il avoit oppellé dans
ses Mémoires precedens, Matïcrc Sulpbureuse ou
Soufre,
toutes les Matieres huileuses
- ou graffes, que l'onconnoissoit, & qu'il en avoit usé
ainsi pour la distinguer d'avec
le soufre principe; qu'ensuite
il avoit supposé, & croyoit
mesme avoir en quelque façon
prouvé que ce soufre principe
n'estoit autre chose que la matiere de lalumiere qui n'estoit
pas encore déterminée à
aucunes des especes de soufres ou
i de matieres sulphureuses que
l'on connoissoit; mais qui les
produisoit en s'arrestant en
quantité convenable dans les
differens corps ou elle s'estoit
introduite; car quoy qu'avant
ce temps elle ne parût pas une
matiere qui fût évidemment
huileuse, elle ne laissoit pas
d'en donner quelques marques
qu'il avoit raportées ailleurs.
Il ajoûta qu'il avoir divisé
les matières fulphureufes en
trois classes; que la premiere
estoit lorsque le soufre principe s'arrestoit principalement
dans les matières terreuses, &
que pour lors il produisoit un
soufre bylumineux sec, comme font le soufre commun,
les Char bons de terre, le Jayet,
l'Aspbalte,l'Ambre jaune, &
autres; que la secondé estoit
lorsqu'il s'arrestoitoit principalement dans une matièreaqueuse, & qu'en ce cas il produisoit
une graisse ou une huile qui
estoit animale ouvegetale, séion qu'elle se tiroit d'une partie animale ou d'une Plante;
que la troisiémeestoit quand
il s'arrefioit principalement
dans une matière mercurielle,-
& que pour lors il produisoit
! un soufre métallique.
Il continua en allant; qu'il
avoit supposé aussi que le soufre principe, ainsi devenu maticre sulphureuse de quelque
cfpece qu'elle pût estre, ne
changeoit point de nature;
qu'il pouvoit donc non seulement Te dégager des matières
fulphureufes qu'il avoir produites, & alors redevenir fimplement Matière de la lumiere; mais aussi qu'il pouvoir encore en restant mesmematiere
fulphureufe changer d'état;
c'està-dire, passer d'une espece de soufre en une autre espece, sans se dépouiller du
corps qui l'avoit caracterisé en
premier lieu, ce qu'il faisoit
en s'introduisant simplement
dans un autre mixte, qui par
quelque accident avoit perdu
sa propre matiere fulphureuse; qu'il avoit commencé
dans un Memoire precedent àf
prouver cette supposition par
quelques exemples des huiles
vegetales & des graisses animales, que l'on pouvoit faire rentrer dans les matieres minérales dessechées par la calcination au point qu'elles ne fc
fondoient plus, ou qu'elles se
vitrisioent seulement en une
maticre scorieuse; que si l'on
ajoûtoit quelque huile que ce
sût à
ces Minéraux ainsi détruits,ilsreprenoient dans un
moment au grand feu, la même forme de Mineral ou de
Metal qu'ils avoient auparavant; que laraison en estoit
que l'huile du végétal se mettoit à la place de la matiere huileuse ou sulpbureuse du Mine-
-
rai, que le feu de la calcination
en avoit fait évaporer ce
qui
fevoyoit dans toutesles chaux
4
des moindres métaux; mais
plus évidemment dans celle
qui se saisoit de lecain, au
Verreardent. !
Il expliqua toutes ceschoses en homme qui possedoit
parfaitement bien ces matieres,
& les rendit tressensibles par
un grand nombre d'experiences qu'il raporta; en forte que
ses Auditeurs eurent beaucoup
de plaisir à l'entendre.
Mr de Bernoüilly
,
Professeur àBasle, ayant envoyé à
Mrs de l'Academie une Lettre
sur un nouveauBaromètre fort
sensible qu'il a
inventé, Mr de
Varignon en fit la lecture, &
voicy à peu prés sur quoy elle
roul
a.
Il dit qu'à l'occasiondune
lecture il s'estoit souvenu d'un
Barometre qu'il avoit imaginé
il y
avoit plus de douze ans,
& que Mr de Leibnitz qui il
avoit communiqué dés-lors
cette invention s'en fouviendroit sans doute. Ilajoûta qu'il
sir construire en Hollande ce
Barometre, qui ne réussit pas
mal, & qu'illuy paroissoit preferable aux autres pour plusieurs raisons, n'estant pas sujet à leurs défauts,&ayant des
perfections qu'ils nont pas. Il
continua en disant, qu'avec
une mesme quantité de vifargent il pouvait estre rendu
deux
deux fois plussensible que le
plus parfait des autres; que le
tuyau de ceux là sur lequel se
marquent les variations causées par les différentes pesanteurs de l'Atmosphere, devant
estre d'autant plus longs qu'on
les y veut rendre plus sensibles; que par exemple, d'environ 40. pieds pour lesy rendre
ILy. fois plus sensibles que
dans le Barometre fitnple étant droit & vertical, les rendroit toûjours incommodes,
& souvent intraitables
,
au
lieu que dans son Barometre,
pouvant citrereplié en mille
manières différentes n'y causoit rien de cet embaras,
ny
aucun autre qui en approchât
quelque longueur qu'il eût. Il
dit aussi que quelques liqueurs
qu'on employât dans les autres Barometres pour y marquer ces variations, ces liqueurs
feroient toujours sujetesàlevaporation qui en troubleroit
J'tff.tJ ce qui estoit encore un
grand Inconvenient, auquelle
sien n'estoit pas su jet, n'ayant
besoin que de Mercure qui ne
s'évapore pas sensiblement. Il
fit ensuite une peinture, par le
moyen de laquelle il sit connoître que son Barometre étoit si simple qu'il pouvoit
-
estre construit sans beaucoup
d'adroite, remply presque aussï
facilement que celuy de Toricclli, & porté à
telle étendue
desensibilité qu'on voudroit,
& ildit que son Barometre étoit si simple, qu'il estoit étonné que personne avant luy n'y
eûtpensé. Il continua,en disant
:
Vous sçavezqu'un tuyau
étroit estant remply à moitié
d'une liqueur, & puis incliné
peu à
peu jusquà la situation
horisontale, la surfacedecette
liqueur ( felon les Loix Hydroltaciques ) devroits'étendre en Eclypse, comme nous
voyons qu'il arrive dans un
Vaisseau
,
ou dans un tuyau îargCi Cependant dans un
tuyau étroit, la surfacedu
Mercure ne s'étend pas ainsi
pourconserver son niveau, elle demeure toûjours perpendiculaire à l'axe du tuyau, quoi
qu'incliné jusqu"a Ihorifon/
ce qui m'a donné lieu de penser à
ce Barometre. Il fit enfuite une Description tres-senlîble de la figure & des effets
de ce Barometre, par laquelleil
fit connoître qu'il n'estoit
point sujet aux inconveniens
que peuvent causerl'évaporation, la raresaction & la con-
- denfation des liqueurs par le
chaud & par le froid,excepté
celle à laquelle le Mercureest
sujet, laquelle est incomparablement moins considerable
que celle des autres liqueurs;
de forte que ce nouveau Barometre pourroit aisément être rectifié à la maniere de feu
Mr Amontons L'Assemblée
fut fort satisfaite de cette lecture.»
Mrl'Abbé Bignon resuma
à son ordinaire tous les Discours de ceux qui parlerent
dans cette Assemblée. Je vous
ai déja fait voir le plaisir qu'il
y a
à l'entendre en cette occasion; qu'il releve d'une maniére si spirituelle tout ce que l'on
dit;qu'il y
fait voir de nouvelles beautez
,
& qu'il fait aussi
connoître ce que l'on pourroic
dire de plus. De manière qu'il
y a toujours beaucoup a prositer dans tout ce qu'il dit, &
l'on allùre que jamais son esprit n'avoit brillé davantage
qu'il fit dans la dcrnicre Séance dans laquelle il a
parlé
tenu aussi sa premiere Assemblée publique d'aprèsPasques,
fut ouverte par M' de Fontenelle Secretaire perpetuel de
la Compagnie, qui estant eagagé par la coûtume à faire un
Eloge historique de tous les
Académiciens - morts, fit celuy
de M de Chazelles Proresseur
en Hidrographie à Marseille. ,.
Il dit qu'il excelloit dans l'Art
de lever des Plans
y
& de dresser
der Cartes par le moyen des
Observations Astronomiques,
ausquelles il s'estoit fort exercé à l'Observatoire sous Mr
Cassini, éc qu'il avoir fait un
grand nombre de Campagnes
sur les Galeres, & avoit couru
toute la Mediterannée en faisant. des Descriptions exactes
des Ports,des Rades, des Côtes, &c.
Mr Reneaume, lûtun Difcours
de sa composition sur la
découverte d'un nouveau Febrifuge.
Il dit que si la Botanique se
bornoit àlanomenclature des
Plantes, & à la critique des
Auteurs, ce ne seroit qu'une
Science sterile, quoyque
tres-étenduë, dont le travail
& les fatigues ne produiroient
aucune utilité; mais que le
dessein des Botanistes estoit
bien plus vaste, puisque non
seulement ils pretendoient rassembler fous un certain point
de vûë, tout ce ce que l'Univers contient de Plantes, ils
vouloient encore rechercher
soigneusement l'usage & la
la vertu de chacune en particulier; que c'estoit par cet endroit que la Botanique devenoit une partie essentielle de la
Medecine; que ce grand dessein ne pouvoir s'exccuter que
par parties, & pour ainsi dire
piece à piece,tantôtenrecherchant curieusement ce que
chaque Contrée produisoitde
Plantes, tantôt en examinant avec exactitude, & par
différentes routes, leurs bonnes ou mauvaises qualitez.
Il ajoûta, qu'entre ces soins,
celuy de découvrir de nouvel-
lesPlantes,& çeluy de mettre à profit les experiences des
Etrangers
,
estoient devenus
dans les derniers temps la passion dominante desBotanstes
qu'ils y
avoient mesme si heureusement réüssi, qu'on pouvoir dire que jamais le nombre des Plantes connuës n'avoit eite si grand, ny la matiere Medecinale plus abont dance; qu'on pourroit cependant dourer avec raiCon)fices
rîchesses estoient aussi avanrageusesà la Medicine, que tout
le monde se l'imaçinoit;qu'elle en avoit sans doute ressenty
le contrecoup; que comme il
arrivoit que dans la construction de la plûpart des nouvelles Machines,on perdoit d'un
côté ce que l'on gagnoit de
l'autre, de mesme à force d'avoir trop de remedes, d'un
côté on negligeoit la Methode si necessaire pour en bien
user, de l'autre le trop grand
empressement que l'on avoit
eu pour connaître les Plantes
étrangeres, avoit presque fait
abandonner l'étude de celles
qui croissoient fous nos pieds.
Il fit voir que cela se remarquoic particulièrement dans le
genre des Febrifuges, & il fit
une peinture par laquelle il fit
connoîtrc que la connoissance
du Kinkina qui fut d'abord
élevé jusqu'aux Cieux, fit auffitôc disparoître la plûpart des
remedes qui l'avoient précédé,
& il nomma plusieurs remedes
mis en oubly, quilorsqu'on
les sçavoit bien employer, fai-
,
soient des effets qui n'eftoienc
ny moins feurs ny moins fur-'
prenans que ceux du Kinkina;
& il fit connoître qu'il estoit
peu de Medecins qui n'eussent
trouvé plusieurs Malades rebutez du Kankina, ou pleins
d'aversion pour ce remede, cc
qui luy avoit donné occasion
de découvrir le nouveau Febrisuge, dont il entretint ensuite la Compagnie:il dit toutes les raisons que les Malades
avoient de s'en plaindre, & il
fit beaucoup de reflexions làdessus. Ilparla de plusieurs experiences d'Alexandre Pascoli
faites en France sur la vertu sebrifuge de la noix de Cyprès,
affirmant qu'il les avoit verifiées avec succés, & il dit que
tout le monde connoissoiit cette noix pour un Astringent;
qu'il trouvoit dans cc remede
dequoysurvenir à tous les inconveniens dont il venoit de
parler ; qu'outre cela l'idée
nouvelle, & peut-estre veritable, de la digestion faite par latritutation, luy avoit sourny beaucoup de raisons pour
appuyer ce remede, & pour
luy en faire esperer une heureuseréussîte. Mais que bien
loin, comme il arrive souvent
à
ceux qui raisonnent ainsi,
que ses espennces sussent vau
nés
,
lévenement avoir furpnffe son attente.
Il dit qu'il commença à se
se servir de la noix de Cyprès
en 1704. qu'en Essé & pendant l'Automne il y eut beaucoup de Malades; que la plûpart n'estoient attaquez que
de fievresintermitentes de
toute espece & de différent caraétere; mais beaucoup plus
de tierces trregutieres & doubles tierces, qui estoient souvent accompagnées de dévoyemenr; que plusieurs de
ces Maladesqui avoienc esté
préparez par ces remedes géneraux, ayant pris de cette
noix avec succés, il arriva une
occasion dans laquelle la personne qui preparoit les reme-
des donna la noix de Galle au
lieu de celle de Cyprés qu'il
avoir ordonnée; que ce remede ayant eu tout le succés qu'il
en auendoit, & qu'il avoic
éprouvé de l'autre, il ne se feroit point apperçû de l'erreur
sans le fait qui fuit. Qu'entre
les Malades qui furent guéris
par la mesme méprise, il s'en
trouva un qui se plaignit, quoique guery
,
d'avoir esté resserré pendant trois jours,& d'avoir rendu des excrcmens noirs
comme de l'encre après un lavement,ce qui épouventa fore
le Malade, & luy fit craindre
que l'on ne se fût trompé
y
&
que l'on n'eut mêlé quelque
chose de vitriolique, ou de serrugineux avec cette poudre;
que pour s'en éclaircir il demanda ce que l'on avoir donné à
ce malade; qu'il remarqua
dans la réponse l'heureuse meprise qui luydécouvrit un nouveau remede; qu'il dissunula
la chose,estant bienaise d'observer le fait de plus prés; que
la noirceur des digestions ne
l'embarassa pas quand il fit reflexion que lorsqu'on laisse ces
fortes d'artringens dans quelque liqueur,& qu'il s'y ren-
contre quelque acide, ou partie serrugineuse,ils ne manquoient point de senoircit, &
de communiquer leur teinture,
& que l'usage qu'en saisoient
les Teinturiers prouvoit ce
fair.
Il fit ensuite une description
de toutes les noix de galle, &
du bien qu'elles avoient fait à
tous ceux à qui il en avoit donné, ce qui luy reiïffit si bien,
que Mr Collot Docteur en
Medecine de la Faculté de Pa.
ris, auquel il avoit fait part de
ces faits, s'en voulut aussi servir
:
Et il ajoüca, quel'expe-
rience répondit à
souhais, que
quelques personnes charitables
surprises de la bonté d'un Remede qui coutoit si
peu, s'épargnerent ladépense du Kinkina dont elles ne se servirent
prcfque plus dans la fuire, donnant en sa place le nouveau
fébrifuge dans toutes les incermitentes. Il nomma deux autres Medecins de la Faculré qui
avoient fait la mesme chose,
& dit, que ce grand nombre
de guerisons ne laissoit aucun
scrupule sur l'efficacité de ce
Rcmede; & l'obligeoit à\cn
faire part à la Compagnie.
Il décrivitensuite la maniere
dont on dévoie préparer les
Malades pour bien faire operer
ce remede, & la maniere de le
mettre en usage. Il poursuivit
en disant qu'il estoit confiant
que les fièvres inrermitentes,
dépendoicnt uniquement de la
mauvaise qualité duchyle; que
ce feroit si l'on vouloit l'aigreur comme quelques-uns
l'assurent
;
qu'il falloit une certaine quantité de ce chyle aigre
dans le fang pour y
causer le
trouble ou fermentation que
l'on nomme siévre; que cette
quantités'accumuloit plus ou
moins promptemenr à proportion que lesalimensétoient
plus ou moins bien digérez, ce
qui cau foit ladistancedifférente des accès, & rendoit raison
de leur retour si regulier
,
que
les vices de la digestion pouvoient venir tantôt de la disposition de lestomac
,
tantôt
de celles des parties voisines, ce
qui donnoit à
ces fiévres un caractere & des accidents différents qui servoient alesdistinguer, & montroient qu'elles
devoient estre traitéesdifferemment,quoy qu'elles parussent
assez semblables aux yeux du
vulg aire.
Il continua en disant si on
ne pouvoir pas attribuer ces
vices de la digestion à trois choses princi pales
,
sçvoir, pour
ce qui regardoit l'estomac, ses
si')res relâchées, ou irregutierement tendues ; & pour ce qui
regardoit l'estomac étantchargé & rempli d'alimens plus
qu'il ne devoit l'estre, ses fibres
qui se trouvoient trop tenduës
pendantuncertain temps, perdoient leur ressort & ne se
contractoient plusassez pour
broyer les alimens aussiparfaitement qu'il étoit necessaire;
que les fruits, par exemple, qui
souvent
souvent n'estoient îndigestes
que par la trop grande quantité que l'on en mangeoir,
pouvoient facilement caufcr ce
relâchemenr des fibres par leur
volumeou par leur humidité,
& par consequent empêcher la
digestion, ce qui donnoit lieu
au chyle de s'aigrir, & causoit
enfin la fiévre
> que d'un autre
côté le trop grand usage du
vin & des liqueurs ardentes &
spiritueuses pouvoient alrerer
le tissu des fibres & leur causer
une tensionvicieuse&irreguliere;&untenesme si l'onvouloit
,
ou irritation qui enlpê::
choit l'égalité du broyemenç
& la parfaite digestion; de fou
te que cette disposition, quoy
qu'opposée aurelâchement,
produiroit néanmoins des ef.
fcts a(kz semblables; mais lors
que le cours de la bile eftoic
interrompu
,
le chyle qui tendoit toûjours à s'aigrir, dénué
de cet amer huileux & balsa.
mique
,
n'avoit plus rien qui
corrigeât son aigreur
,
& réunît ses principes; de maniere
qu'il ne manquoit point en se
mêlant au fang de le faire fer-,
menter, & decauser une fièvre
intermitente. Hltermncore.. - -
Il dit encore plusieurs choses pour prouver que le nouveau febrifuge dans les fiévres
produites par les deux premie-
,
res causes, devoit estrepréféré
au Kinkina, ce qu'il prouva par
beaucoup de raisons, & il finit
en disant
,
que si l'on faisoit
attention à tout ce qu'il venoit
de dire,ilseroit facile dediscerner les occasions dans lesquclles on devoir employer le nouveau febrifuge,d'avec celles qui
,
demandoient l'usage du Kinkina, auquel on pouvoir nean-
[ moins le substituer en toute
! rencontre.
Mrde laHireleCadet,lût
un beau Discours touchant
l'Analogie qu'il y a entre les
plantes & les animaux- & l'utilité que l'on en peut tirer. Il
commença par faire voir les
raisons pour lesquelles l'étude
de la Botanique&de la Physique des plantes, avoit paru
jusqu'icy la plus sterile qu'il y
ait dans toute la nature. Il fit
voir après,que quoique laBotanique parut fournir si peu,elle
estoit neanmoins toute remplie de faits curieux IIdit,qu'il
n'étoit pas aisé de rendre raison
de tous les faits qu'on y pou-
voit observer sur tout si l'on
demandoit que les preuves que
l'on en rapporteroit
,
fussent
tirées immédiatement des plantes; que si l'on ne trouvoit pas
dans une plante l'effet quel'on
y
recherchait, on le trouvoit
dans un autre; il en rapporra
les raisons
;
3c il fit voir qu'on
fc pouvoit servir de la connoissance que l'on avoit des
animaux
,
pour en faire une
application aux plantes. Il fit
voir aussi que comme chaque
Pays a
ses animaux qui luy
font propres, & qui ne peuvent vivre ailleurs,il n'yavoit
aussi point delieu sur la terre
quin'eût ses plantes particu- -
lières qui ne peuvent vivre en
aucun autre endroit que dans
celuy qui leurest naturel.Il
donna des exemples pour fai-
*reconnaître que les plantes
transplantées en d'autres pays
souffroient, & dit en quoy elles
souffroient.
Il parla d'une espece de Plante que les naturels du Pays où
elle croît, regardent comme
un veritable animal.Il dit qu'ils
l'appellent Baromets, ou Boranets,
qiêïucut dire, un Agneau; que
cette plantevientdans la Tartarie
&dans leprincipal Horde qu'on
appelle Zavolha
;
qu'elle a toute
lafigure d'un Mouton
; que cette
cjj>cce d'Agneaua quatre pieds;
que sa teste a
deux oreilles; qu'il
rfl couvert d'une peau très-délicateJ
dont les Habitansse couvrent
la tesse & la poitrine; que sa
chair
a
du rapport a celle des Ecrevisses de Mer,&mesme que lors
qu'ony fait une incision , il
en
sort une liqueur comme dusang;
qu'il a un goût fort agréable;
que laTigequi le soûtients'éleve
en sortant de
terre à
la hauteur de
trois pieds, & qu'ily est attaché
à l'endroit du nombril. Que ce qui
est encore deplus merveilleux, efl
que tant qu'ily a
del'herbe autour de luy
3
il se porte bien;
mais qu'ilsiseche&périt quand
elle vient à luy manquer; ce qui
confirme que cette herbe luy est
absolument necessaire pour vivre,
est que l'on a
experimenté que si
on
l'arrache, il nepeutplussubso.Ilajouta, qu'on disoit
que les Loups en estoient sort
friands, & il fit voir qu'on ne
pouvoir douter que ce ne fût
une veritable plante, puisqu'il
venoit d'une graine qui ressembloit à celle du Melon, excepté
qu'elle estoit un peu moins
longue, & qu'on la cultivoit
dansce pays-là. Il fit voir que
quoy que ce recit parust fabuleux >il estoit attesté par plusieurs Auteurs dignes de foy,
& que l'on dévoieconsiderer
cette plante animale commé
une espece de grand Champignon qui auroir cette figure.
Il parla ensuite des Plantes
de ce Pays-cy
,
dont les graines
ont des figuressingulieres, &
particulièrement de celle qui
ressemble à
un mufle de veau,
& il fit voir que les fondions
qui se font dans les Plantes se
faisoient pareillement dans les
Animaux, & que les uns & les
autres estoient su jets aux mêmes accidens. Il fit voir que
cestoit à
ces dernierstemps que
l'on devoit la découverte des
œufs dans les Plantes, en forte
que les Plantes aussi bien que
les Animaux prenoientnaissance d'un œuf, & dit plusieurs
choses curieuses sur ce sujet.
Il parla ensuite de l'âge plus
avancé des Plantes, & il fit
voir que le temps auquel elles
commencent à estre secondes,
avoit du rapport avec l'âge de
puberté dans les Animaux. Il
dit que dans une même espece
9
de graine
,
il y en avoir qui
produifoient des Plantes qui
donnoient du fruit, & d'autres qui n'en donnoient point,
ce qui avoir du rapport aux
differens sexes dans les Animaux. Il fit voir aussi qu'il y
avoit des Plantes & des Animaux plus ou moins tardifs à
produire,& qu'en general routes les Plantes hcrbacécs der,^
noient beaucoup plutost du
fruit que tous les Ar bres
>
il
parla de la variété des especes des Plantes & des Animaux, & il dit beaucoup de
choses curieuses sur ce sujet. Il
fit voir aussi le rapport des
Plantes annuelles avec les Infectes, & il parla des moyens
de faire vivre les Plantes qui
ne sont pas naturellement vivaces. Il parla aussides alimens
particuliers que demandoient
les unes & les autres, & il expliqua ce quiregardoit leur
'fue nourricier, & celuy des
animmiir
Il passa de là aux Maladies
des Plantes
,
& fit voir que
chaque especede Plante & d'Animal avoit son temperamment. Il fit connoistre qu'il y
avoir des moyens pour guérir
des Arbres maladesmais que la
plûpart des Jardiniers aimoient
mieux les arracher, que de [c
donner la peine de faire les choses necessaires pourles guérir. Il
fit voir que la sterilité estoit un
mal ordinaire à
tous les Animaux,& que ce mal estoit fort
commun parmi les Plantes,&:
il dit que l'experience faisoit
connoistre que l'on y
pouvoir
remedier& qu'on pouvoit même les rendre plus secondesqu'-
elles ne l'estoient au paravant.
Il dit ensuite,qu'après avoir
montré le rapport qu'il yavoit
entre les Plantes & les Ani-
maux depuis leur origine juLqu'à leur fin, qu'après les avoir
considerez lorsqu'ils eftoienc
encore enfermez dans leurs
œufs, & lorsque la Narureles
développoit & les en faisoit
sortir, il les avoir suivis dans
un âge plus avancé;illes avoit
confi derez dans le temps qu'ils
commençoient à devenir seconds, & dansceluy auquel ils]
cessoient naturellement de le- j
tre; qu'il avoit ensuite couché]
quelque chose de la vieillesse
des Plantes & des Animaux &
de la durée de leurs jours, &
qu'enfin il avoit passé aux mai
ladies quiles affigeoient & aux
remedes qu'on y pouvoit apporter, il sembloit qu'on ne
devoit plus douter qu'il n'y
eustbeaucoup d'analogie entre
les Plantes & les Animaux, &
il dit qu'à l'égard de l'utilité
qu'on pouvoit tirer de cette
comparaison
,
il l'avoit déja
fait sentir en quelques endroits,
lorsqu'il s'estoit servi des Animaux pour tirer quelques consequences touchant les Plantes) ce qui pouvoit suffire pour
prouver ce qu'ils'estoit propofé
; que cependant il expliqueroit encore un fait beaucoup
t'.
[
plus sensible que tous les precedens, & il finit par cet endroit, qui fut l'explication de
la raison pour laquelle en l'année 1709. il n'y eut presque
que les vieux Arbres quigelerent. La lecturedece Discours
fut trouvéetrès-curieuse
,
&
fut écoutée avec beaucoup
d'attention.
Mr Hombert lût un Discours sur les MatieresSulphureu ses, & sur la facilité de les
changer d'une espèce de soufre en une autre.
Ce Discours estoit la fuite
d'un autre Discours qu'il avoic
déjà lu sur la mesme matiere.
-
Il dit qu'il avoit oppellé dans
ses Mémoires precedens, Matïcrc Sulpbureuse ou
Soufre,
toutes les Matieres huileuses
- ou graffes, que l'onconnoissoit, & qu'il en avoit usé
ainsi pour la distinguer d'avec
le soufre principe; qu'ensuite
il avoit supposé, & croyoit
mesme avoir en quelque façon
prouvé que ce soufre principe
n'estoit autre chose que la matiere de lalumiere qui n'estoit
pas encore déterminée à
aucunes des especes de soufres ou
i de matieres sulphureuses que
l'on connoissoit; mais qui les
produisoit en s'arrestant en
quantité convenable dans les
differens corps ou elle s'estoit
introduite; car quoy qu'avant
ce temps elle ne parût pas une
matiere qui fût évidemment
huileuse, elle ne laissoit pas
d'en donner quelques marques
qu'il avoit raportées ailleurs.
Il ajoûta qu'il avoir divisé
les matières fulphureufes en
trois classes; que la premiere
estoit lorsque le soufre principe s'arrestoit principalement
dans les matières terreuses, &
que pour lors il produisoit un
soufre bylumineux sec, comme font le soufre commun,
les Char bons de terre, le Jayet,
l'Aspbalte,l'Ambre jaune, &
autres; que la secondé estoit
lorsqu'il s'arrestoitoit principalement dans une matièreaqueuse, & qu'en ce cas il produisoit
une graisse ou une huile qui
estoit animale ouvegetale, séion qu'elle se tiroit d'une partie animale ou d'une Plante;
que la troisiémeestoit quand
il s'arrefioit principalement
dans une matière mercurielle,-
& que pour lors il produisoit
! un soufre métallique.
Il continua en allant; qu'il
avoit supposé aussi que le soufre principe, ainsi devenu maticre sulphureuse de quelque
cfpece qu'elle pût estre, ne
changeoit point de nature;
qu'il pouvoit donc non seulement Te dégager des matières
fulphureufes qu'il avoir produites, & alors redevenir fimplement Matière de la lumiere; mais aussi qu'il pouvoir encore en restant mesmematiere
fulphureufe changer d'état;
c'està-dire, passer d'une espece de soufre en une autre espece, sans se dépouiller du
corps qui l'avoit caracterisé en
premier lieu, ce qu'il faisoit
en s'introduisant simplement
dans un autre mixte, qui par
quelque accident avoit perdu
sa propre matiere fulphureuse; qu'il avoit commencé
dans un Memoire precedent àf
prouver cette supposition par
quelques exemples des huiles
vegetales & des graisses animales, que l'on pouvoit faire rentrer dans les matieres minérales dessechées par la calcination au point qu'elles ne fc
fondoient plus, ou qu'elles se
vitrisioent seulement en une
maticre scorieuse; que si l'on
ajoûtoit quelque huile que ce
sût à
ces Minéraux ainsi détruits,ilsreprenoient dans un
moment au grand feu, la même forme de Mineral ou de
Metal qu'ils avoient auparavant; que laraison en estoit
que l'huile du végétal se mettoit à la place de la matiere huileuse ou sulpbureuse du Mine-
-
rai, que le feu de la calcination
en avoit fait évaporer ce
qui
fevoyoit dans toutesles chaux
4
des moindres métaux; mais
plus évidemment dans celle
qui se saisoit de lecain, au
Verreardent. !
Il expliqua toutes ceschoses en homme qui possedoit
parfaitement bien ces matieres,
& les rendit tressensibles par
un grand nombre d'experiences qu'il raporta; en forte que
ses Auditeurs eurent beaucoup
de plaisir à l'entendre.
Mr de Bernoüilly
,
Professeur àBasle, ayant envoyé à
Mrs de l'Academie une Lettre
sur un nouveauBaromètre fort
sensible qu'il a
inventé, Mr de
Varignon en fit la lecture, &
voicy à peu prés sur quoy elle
roul
a.
Il dit qu'à l'occasiondune
lecture il s'estoit souvenu d'un
Barometre qu'il avoit imaginé
il y
avoit plus de douze ans,
& que Mr de Leibnitz qui il
avoit communiqué dés-lors
cette invention s'en fouviendroit sans doute. Ilajoûta qu'il
sir construire en Hollande ce
Barometre, qui ne réussit pas
mal, & qu'illuy paroissoit preferable aux autres pour plusieurs raisons, n'estant pas sujet à leurs défauts,&ayant des
perfections qu'ils nont pas. Il
continua en disant, qu'avec
une mesme quantité de vifargent il pouvait estre rendu
deux
deux fois plussensible que le
plus parfait des autres; que le
tuyau de ceux là sur lequel se
marquent les variations causées par les différentes pesanteurs de l'Atmosphere, devant
estre d'autant plus longs qu'on
les y veut rendre plus sensibles; que par exemple, d'environ 40. pieds pour lesy rendre
ILy. fois plus sensibles que
dans le Barometre fitnple étant droit & vertical, les rendroit toûjours incommodes,
& souvent intraitables
,
au
lieu que dans son Barometre,
pouvant citrereplié en mille
manières différentes n'y causoit rien de cet embaras,
ny
aucun autre qui en approchât
quelque longueur qu'il eût. Il
dit aussi que quelques liqueurs
qu'on employât dans les autres Barometres pour y marquer ces variations, ces liqueurs
feroient toujours sujetesàlevaporation qui en troubleroit
J'tff.tJ ce qui estoit encore un
grand Inconvenient, auquelle
sien n'estoit pas su jet, n'ayant
besoin que de Mercure qui ne
s'évapore pas sensiblement. Il
fit ensuite une peinture, par le
moyen de laquelle il sit connoître que son Barometre étoit si simple qu'il pouvoit
-
estre construit sans beaucoup
d'adroite, remply presque aussï
facilement que celuy de Toricclli, & porté à
telle étendue
desensibilité qu'on voudroit,
& ildit que son Barometre étoit si simple, qu'il estoit étonné que personne avant luy n'y
eûtpensé. Il continua,en disant
:
Vous sçavezqu'un tuyau
étroit estant remply à moitié
d'une liqueur, & puis incliné
peu à
peu jusquà la situation
horisontale, la surfacedecette
liqueur ( felon les Loix Hydroltaciques ) devroits'étendre en Eclypse, comme nous
voyons qu'il arrive dans un
Vaisseau
,
ou dans un tuyau îargCi Cependant dans un
tuyau étroit, la surfacedu
Mercure ne s'étend pas ainsi
pourconserver son niveau, elle demeure toûjours perpendiculaire à l'axe du tuyau, quoi
qu'incliné jusqu"a Ihorifon/
ce qui m'a donné lieu de penser à
ce Barometre. Il fit enfuite une Description tres-senlîble de la figure & des effets
de ce Barometre, par laquelleil
fit connoître qu'il n'estoit
point sujet aux inconveniens
que peuvent causerl'évaporation, la raresaction & la con-
- denfation des liqueurs par le
chaud & par le froid,excepté
celle à laquelle le Mercureest
sujet, laquelle est incomparablement moins considerable
que celle des autres liqueurs;
de forte que ce nouveau Barometre pourroit aisément être rectifié à la maniere de feu
Mr Amontons L'Assemblée
fut fort satisfaite de cette lecture.»
Mrl'Abbé Bignon resuma
à son ordinaire tous les Discours de ceux qui parlerent
dans cette Assemblée. Je vous
ai déja fait voir le plaisir qu'il
y a
à l'entendre en cette occasion; qu'il releve d'une maniére si spirituelle tout ce que l'on
dit;qu'il y
fait voir de nouvelles beautez
,
& qu'il fait aussi
connoître ce que l'on pourroic
dire de plus. De manière qu'il
y a toujours beaucoup a prositer dans tout ce qu'il dit, &
l'on allùre que jamais son esprit n'avoit brillé davantage
qu'il fit dans la dcrnicre Séance dans laquelle il a
parlé
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Résumé : Discours prononcez le lendemain à l'ouverture de celle des Sciences, [titre d'après la table]
Le 30 avril, l'Académie Royale des Sciences organisa sa première assemblée publique après Pâques. M. de Fontenelle, secrétaire perpétuel, ouvrit la séance en rendant hommage à M. de Chazelles, professeur en hydrographie à Marseille. Chazelles est reconnu pour son expertise dans la création de plans et de cartes grâce à des observations astronomiques, compétences acquises à l'Observatoire sous la direction de M. Cassini. Il a mené de nombreuses campagnes en Méditerranée, décrivant avec précision les ports, rades et côtes. M. Renéaume présenta ensuite un discours sur la découverte d'un nouveau fébrifuge. Il souligna que la botanique ne se limite pas à la nomenclature des plantes mais vise à en découvrir les usages médicaux. Renéaume critiqua l'abandon des remèdes locaux au profit de plantes étrangères, comme la quinquina, qui avait éclipsé de nombreux remèdes efficaces. Il présenta la noix de galle comme un nouveau fébrifuge, découvert par erreur, et décrivit ses propriétés et son efficacité, confirmée par plusieurs guérisons. M. de la Hire, le cadet, lut un discours sur l'analogie entre les plantes et les animaux, et l'utilité de cette étude. Il expliqua que, bien que la botanique puisse sembler stérile, elle est riche en faits curieux et peut bénéficier des connaissances sur les animaux. Il donna des exemples de plantes spécifiques à certains pays et de leur comportement lorsqu'elles sont transplantées. Il mentionna également une plante appelée Baromets ou Boranets, ressemblant à un agneau, qui pousse en Tartarie et nécessite de l'herbe pour survivre. Un autre orateur discuta des similitudes entre les plantes et les animaux, soulignant que les processus de croissance et de reproduction sont comparables. Il mentionna la découverte des œufs dans les plantes, la puberté des plantes comparée à celle des animaux, et la variété des espèces. Il aborda également les maladies des plantes, les moyens de les guérir, et la stérilité. Il conclut en affirmant une forte analogie entre les plantes et les animaux. Mr. Hombert présenta un discours sur les matières sulphureuses, expliquant leur transformation et classification en trois classes selon leur état (terreux, aqueux, ou mercuriel). Il décrivit comment ces matières peuvent changer d'état sans perdre leur nature sulphureuse, illustrant ses propos par des expériences. Mr. de Bernouilly, professeur à Bâle, envoya une lettre sur un nouveau baromètre sensible qu'il a inventé. Mr. de Varignon lut cette lettre, décrivant les avantages de ce baromètre, notamment sa sensibilité accrue, son absence de problèmes liés à l'évaporation, et sa simplicité de construction. Il expliqua le principe de fonctionnement du baromètre et sa résistance aux variations de température. Enfin, l'Abbé Bignon résuma les discours avec esprit et pertinence, soulignant les beautés et les nouvelles perspectives apportées par chaque intervention.
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36
p. 121-132
Theses soûtenuë au grand Convent des Augustins devant Messieurs de l'Assemblée du Clergé, [titre d'après la table]
Début :
On a soûtenu le 16e de ce mois au grand Convent des [...]
Mots clefs :
Soutenance de thèse, Couvent des augustins, Père Picoté, Assemblée, Discours
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texteReconnaissance textuelle : Theses soûtenuë au grand Convent des Augustins devant Messieurs de l'Assemblée du Clergé, [titre d'après la table]
On a
soûtenu le16e de ce
mois au grand Convent des
Augustins de cette Ville
,
une
These dont je ne dois pas oublier de vous parler; ce qui
s'est passe à cet Acte étant
digne de la curiosité du public.
Le Pere Picoté Religieux de
ce Convent, & Licentié en
Theologie de la Faculté de
Paris, eut l'honneur de dédier
cette These à Messieurs de
l'Assemblée Generale du Clergé de France;l'Estampe de la
These convenait cres bien aux
Affaires du temps ;
elle representoit Moyse sur la Montagne, priant Dieu Icî mains &
les bras levez vers le Ciel, &
soûtenus des deux costez par
Aaron son frere, & Hur, tandis que Josué combattoit contre les Amalecites.
Cette These qu'on appelle
Vesperie, & qui efl; le dernier
Acte que l'on fait pour prendre le Bonnet de Dodteur, fut
soûtenuë l'aprés-midy dans la
Salle des Actes du Convent,
qui estoit magnisquement ornée. Sur les cinq heures S. E.
Monsieur le Cardinal de Noailles, President de l'Assemblée
générale du Clergé de France, s'y rendit avec Messieurs
les Archevêques, Evêques, &
Abbez; les Prclats étoient tous
cn Rochet & Camail, & les
Abbcz Deputez du second
Ordre en Manteau long. Ils
marcherent deux à deux depuis la grande Salle de leur
Assemblée, jusques à celle où
serépondoit laThcfc;le Porte- Croix de S. E. & les Suisses
du Roy quisont destinez pour
leur Garde avec leurs Hallebardeslesprécedoient &marchoient devant eux:le Prieur
du Convent à la telle de sa
Communauté les reçût à la
porte de la Salle. A peine fu-
rent-ils tous entrez & placez,
queMonsieur le Cardinal d'Estréesarriva; Monsieur le Cardinal de Noailles luy ceda la
premiere place comme plusancien Cardinal. Il y eut encore
d'autres Evêques qui n'estoient
pas de l'AssembléeduClergé
qui s'y trouverent, &plusieurs
Abbez de qualité, outreun
grand nombre de personnes dt
distinction & de Lettre; en
forte que la Salle estoit toute
pleine.
Alors le Pere Picotéayant
salué profondément cette auguste Compagnie, expliqua ses
sentimens avec toute la netteté
& la solidité possible sur les
grandes difficultez que le Pere
Orceau Docteur de Sorbonne
luy proposa touchant le vœu
de Jephté
:
l'argument estant
fini le R. Pere le Torr Docteur
de Sorbonne, ancien Prieur du
grand Convent, & Professeur
en Theologie qui presidoit en
qualité de grand Maître, fit
un tres beau,très-sçavant, &
tres éloquent Discours en Latin sur les qualitez necessaires
pour remplir dignement les
devoirs d'un parfait Docteur.
Il fit entrer en peu de mots
l'éloge de son Eminence Monsieur le Cardinal de Noailles,
& de tous les Prelats qui composent l'Assembléegenerale du
Clergé; mais avec un tour aussi
naturel, qu'il estoit propre &
convenable à son sujet. Il dit
entre autres choses en parlant
du Clergé, que Tout l'éclat e
la majesté des vertus paroissoient
avoir établi leur demeure &fixé
leur Siege dans cette auguste.Af
semblée; que non seulement la
Ville Capitale du Royaume, mais
la France & toute la Terre regardoient avec admiration cm tejpeél
leur '{fie ardent 0* infatigable
pourl'accroissement de la Religion,
la défense du Royaume
3
&l'entiere extirpation des Heresies, &
des Nouveautez de quelque nature quellesfussent,cju'ilsefloient
les vrais Dépositaires de la Foy,
Ausquels le Seigneur avoitconfié
la Regle de la ine&de la doctrine pour instruire les Puissances de ne pour inflrui
re les Pui ances de
savolonté, & pour apprendreà
leurs Sujets l'observance exacte de
ses Commandemens. Qu'enfin la
memoire des grandsservices qu'ils
venoient de rendre à l'Etat, & à
rEglifi) neseperdroitjamais,&
que lagloire de leur nom feroit
rappellée degénération en generation.
Lors qu'il s'adressa aMon-,
sieurleCardinal de Noailles,
il dit, que laprefence de sonEminence luy donnoit de nouvelles
forces pour representervivement
l'étroite& indispensableunion de
la pieté avec la science
,
particulierementdans un Docteur
:
quU
le l'encourageoit d'autant plus de
s'estendre principalement sur ces
deux qualitcz quisçavoit,&
que personnen'ignoroit que rien
au monde n'estoitpluscher à son
Eminence que ces deux vertus,
&pourparlervéritablement, que
rien n'avoitplus de rapport ede
liaison avec les loüanges quiluy
estoientsijustementdûës,car, ditil, qui est-ce qui peut aimer &
s'attacher avec plus d'ardeur Ëe
d'assiduité que son Eminence 31
une pieté plussincere & plussolide, & à
une
doctrineplussaine
&plus pure, cc. Il fit voir cDfuite que toute fciencc
-
estoit
prophane, que ce n'étoit qu'un
arbre sec, &un feu solet,sielle
n'estoit pas soûtenuë,& assaisonnée des divines douceurs de
la pieté; mais que la pieté estoit
aussïtrès inutile,& que même
elle estoit pernicieuse, si elle
ne se trouvoit pas éclairée par
le flambeau de la science.
Versla fin du Discours, aprés
avoir élevé la vigilance, le merite & la capacité du répondant, il finit par ces belles pa- -
roles, HOCUNUM VELIM,
MERITISSIME LICENTIATE IN ORE ATQUE IN MENTE SEMPER HABEAS, PARUM
ESSE
-
ARDERE,
-
LUCERE VANUM; ARDERE VERO ET LUCEM PERFECTUM; qui veulent
dire,Je vous prie mon très-digne
Licentié,d'avoir continuellement
dans la bouche & dans l'esprit,
Xjue c'estpeu dechose à
un Docteur
d'avoirseulementdelapieté,que
lascienceestabsolument necessai-
re ; mais que quelque brillante
qu'ellefoit> elle est vainesansla
pieté; & qu'ainsi pour estreun
parfaitDocteur,ilfautavoir ensemble l'une (y l'autre vertu. --
Tout le Discours fut universellement approuvé & applaudy, tant à cause de la clarté, de la finesse & de l'affinité,
que d'un grand nombre de
pcnfées choisies& bienappliquées tirées del'Ecriture &des
Saints Peres.
soûtenu le16e de ce
mois au grand Convent des
Augustins de cette Ville
,
une
These dont je ne dois pas oublier de vous parler; ce qui
s'est passe à cet Acte étant
digne de la curiosité du public.
Le Pere Picoté Religieux de
ce Convent, & Licentié en
Theologie de la Faculté de
Paris, eut l'honneur de dédier
cette These à Messieurs de
l'Assemblée Generale du Clergé de France;l'Estampe de la
These convenait cres bien aux
Affaires du temps ;
elle representoit Moyse sur la Montagne, priant Dieu Icî mains &
les bras levez vers le Ciel, &
soûtenus des deux costez par
Aaron son frere, & Hur, tandis que Josué combattoit contre les Amalecites.
Cette These qu'on appelle
Vesperie, & qui efl; le dernier
Acte que l'on fait pour prendre le Bonnet de Dodteur, fut
soûtenuë l'aprés-midy dans la
Salle des Actes du Convent,
qui estoit magnisquement ornée. Sur les cinq heures S. E.
Monsieur le Cardinal de Noailles, President de l'Assemblée
générale du Clergé de France, s'y rendit avec Messieurs
les Archevêques, Evêques, &
Abbez; les Prclats étoient tous
cn Rochet & Camail, & les
Abbcz Deputez du second
Ordre en Manteau long. Ils
marcherent deux à deux depuis la grande Salle de leur
Assemblée, jusques à celle où
serépondoit laThcfc;le Porte- Croix de S. E. & les Suisses
du Roy quisont destinez pour
leur Garde avec leurs Hallebardeslesprécedoient &marchoient devant eux:le Prieur
du Convent à la telle de sa
Communauté les reçût à la
porte de la Salle. A peine fu-
rent-ils tous entrez & placez,
queMonsieur le Cardinal d'Estréesarriva; Monsieur le Cardinal de Noailles luy ceda la
premiere place comme plusancien Cardinal. Il y eut encore
d'autres Evêques qui n'estoient
pas de l'AssembléeduClergé
qui s'y trouverent, &plusieurs
Abbez de qualité, outreun
grand nombre de personnes dt
distinction & de Lettre; en
forte que la Salle estoit toute
pleine.
Alors le Pere Picotéayant
salué profondément cette auguste Compagnie, expliqua ses
sentimens avec toute la netteté
& la solidité possible sur les
grandes difficultez que le Pere
Orceau Docteur de Sorbonne
luy proposa touchant le vœu
de Jephté
:
l'argument estant
fini le R. Pere le Torr Docteur
de Sorbonne, ancien Prieur du
grand Convent, & Professeur
en Theologie qui presidoit en
qualité de grand Maître, fit
un tres beau,très-sçavant, &
tres éloquent Discours en Latin sur les qualitez necessaires
pour remplir dignement les
devoirs d'un parfait Docteur.
Il fit entrer en peu de mots
l'éloge de son Eminence Monsieur le Cardinal de Noailles,
& de tous les Prelats qui composent l'Assembléegenerale du
Clergé; mais avec un tour aussi
naturel, qu'il estoit propre &
convenable à son sujet. Il dit
entre autres choses en parlant
du Clergé, que Tout l'éclat e
la majesté des vertus paroissoient
avoir établi leur demeure &fixé
leur Siege dans cette auguste.Af
semblée; que non seulement la
Ville Capitale du Royaume, mais
la France & toute la Terre regardoient avec admiration cm tejpeél
leur '{fie ardent 0* infatigable
pourl'accroissement de la Religion,
la défense du Royaume
3
&l'entiere extirpation des Heresies, &
des Nouveautez de quelque nature quellesfussent,cju'ilsefloient
les vrais Dépositaires de la Foy,
Ausquels le Seigneur avoitconfié
la Regle de la ine&de la doctrine pour instruire les Puissances de ne pour inflrui
re les Pui ances de
savolonté, & pour apprendreà
leurs Sujets l'observance exacte de
ses Commandemens. Qu'enfin la
memoire des grandsservices qu'ils
venoient de rendre à l'Etat, & à
rEglifi) neseperdroitjamais,&
que lagloire de leur nom feroit
rappellée degénération en generation.
Lors qu'il s'adressa aMon-,
sieurleCardinal de Noailles,
il dit, que laprefence de sonEminence luy donnoit de nouvelles
forces pour representervivement
l'étroite& indispensableunion de
la pieté avec la science
,
particulierementdans un Docteur
:
quU
le l'encourageoit d'autant plus de
s'estendre principalement sur ces
deux qualitcz quisçavoit,&
que personnen'ignoroit que rien
au monde n'estoitpluscher à son
Eminence que ces deux vertus,
&pourparlervéritablement, que
rien n'avoitplus de rapport ede
liaison avec les loüanges quiluy
estoientsijustementdûës,car, ditil, qui est-ce qui peut aimer &
s'attacher avec plus d'ardeur Ëe
d'assiduité que son Eminence 31
une pieté plussincere & plussolide, & à
une
doctrineplussaine
&plus pure, cc. Il fit voir cDfuite que toute fciencc
-
estoit
prophane, que ce n'étoit qu'un
arbre sec, &un feu solet,sielle
n'estoit pas soûtenuë,& assaisonnée des divines douceurs de
la pieté; mais que la pieté estoit
aussïtrès inutile,& que même
elle estoit pernicieuse, si elle
ne se trouvoit pas éclairée par
le flambeau de la science.
Versla fin du Discours, aprés
avoir élevé la vigilance, le merite & la capacité du répondant, il finit par ces belles pa- -
roles, HOCUNUM VELIM,
MERITISSIME LICENTIATE IN ORE ATQUE IN MENTE SEMPER HABEAS, PARUM
ESSE
-
ARDERE,
-
LUCERE VANUM; ARDERE VERO ET LUCEM PERFECTUM; qui veulent
dire,Je vous prie mon très-digne
Licentié,d'avoir continuellement
dans la bouche & dans l'esprit,
Xjue c'estpeu dechose à
un Docteur
d'avoirseulementdelapieté,que
lascienceestabsolument necessai-
re ; mais que quelque brillante
qu'ellefoit> elle est vainesansla
pieté; & qu'ainsi pour estreun
parfaitDocteur,ilfautavoir ensemble l'une (y l'autre vertu. --
Tout le Discours fut universellement approuvé & applaudy, tant à cause de la clarté, de la finesse & de l'affinité,
que d'un grand nombre de
pcnfées choisies& bienappliquées tirées del'Ecriture &des
Saints Peres.
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Résumé : Theses soûtenuë au grand Convent des Augustins devant Messieurs de l'Assemblée du Clergé, [titre d'après la table]
Le 16 du mois, le Père Picoté, religieux du grand couvent des Augustins et licencié en théologie de la Faculté de Paris, a soutenu sa thèse intitulée 'Vesperie' devant l'Assemblée générale du Clergé de France. Cette thèse, dédiée à l'Assemblée, représentait Moïse priant sur la montagne, soutenu par Aaron et Hur, tandis que Josué combattait les Amalécites. La soutenance a eu lieu l'après-midi dans la salle des actes du couvent, magnifiquement ornée. Vers cinq heures, le Cardinal de Noailles, président de l'Assemblée générale du Clergé, est arrivé accompagné d'autres prélats, tous vêtus de rochet et camail. Le Prieur du couvent les a accueillis à la porte de la salle. Plusieurs évêques et abbés de qualité étaient également présents, remplissant la salle. Le Père Picoté a présenté ses réflexions sur les difficultés soulevées par le Père Orceau concernant le vœu de Jephté. Ensuite, le Père le Torr, docteur de Sorbonne et ancien prieur du couvent, a prononcé un discours en latin sur les qualités nécessaires pour devenir un parfait docteur. Il a loué le Cardinal de Noailles et les prélats pour leur dévotion et leur science, insistant sur l'importance de l'union de la piété et de la science. Le Père le Torr a conclu en affirmant qu'un docteur doit posséder à la fois la piété et la science pour être parfait. Le discours a été universellement approuvé et applaudi pour sa clarté et ses références aux Écritures et aux Saints Pères.
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37
p. 207-210
Distribution des Prix des Jeux Floraux, [titre d'après la table]
Début :
Je passe à un Article dont depuis quelques années j'ay accoûtumé [...]
Mots clefs :
Prix, Jeux floraux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Distribution des Prix des Jeux Floraux, [titre d'après la table]
Je passe à un Article dont
depuis quelques annéesj'ayaccoûtumé de vous faire part,
& qui fait plaisir au Public, &
particulièrement aux personnes de Lettres. C'est de la distribution des Prix des Jeux
Floraux qui aestefaite àTou-
louse le 3ede May. Jamais,selon ce qu'on écrit de cette
Ville, on n'a vu tant & de 1i
beaux ouvrages, cequi a
estê
cause de la difficulté que l'on a
trouvée à jugerles Prix;de maniéré que les Juges se font trouvez embarassez presque jusques au dernier jour.
r
Le Prix de l'Ode a
esté
adjugé à une Piece intitulée
le Sisteme de Descartes
3
de la
composition d'un Pere de la
Doctrine Chrestienne. Celuy
du Poëme, a
esté donné à Mr.
l'Abbé Asselin qui avoit. déja
remporté plusieurs autres Prix
dans la même Academie. Il
est de Vire en Basse- Normandie. Le sujet de ce Poemc
estoit la Verité. Le troisiéme
Prix qui estceluy de l'Eglogue
a
esté remporté par Me la -
Presidente Dreütllet. A l'égard du quatriéme qui est
celuy de l'Eloquence, les
Académiciens ayant trouvé
que l'on s'estoit écarté du
sujet,ils ont donné ce Prix à
une Ode intitulée larcblteélure, dont Mr Roy est crû l'Auteur. Lors que j'en feray
mieux éclaircy
,
je vous en
feray part, & j'espere que je
vous enverray )
comme j'ay
fait en plusieurs occasions ,
quelques unes de ces Pieces
,
pour donner lieu aux Sçavans
d'étudier le tour que l'on
peuc donner à
ces forces de
Pieces.
depuis quelques annéesj'ayaccoûtumé de vous faire part,
& qui fait plaisir au Public, &
particulièrement aux personnes de Lettres. C'est de la distribution des Prix des Jeux
Floraux qui aestefaite àTou-
louse le 3ede May. Jamais,selon ce qu'on écrit de cette
Ville, on n'a vu tant & de 1i
beaux ouvrages, cequi a
estê
cause de la difficulté que l'on a
trouvée à jugerles Prix;de maniéré que les Juges se font trouvez embarassez presque jusques au dernier jour.
r
Le Prix de l'Ode a
esté
adjugé à une Piece intitulée
le Sisteme de Descartes
3
de la
composition d'un Pere de la
Doctrine Chrestienne. Celuy
du Poëme, a
esté donné à Mr.
l'Abbé Asselin qui avoit. déja
remporté plusieurs autres Prix
dans la même Academie. Il
est de Vire en Basse- Normandie. Le sujet de ce Poemc
estoit la Verité. Le troisiéme
Prix qui estceluy de l'Eglogue
a
esté remporté par Me la -
Presidente Dreütllet. A l'égard du quatriéme qui est
celuy de l'Eloquence, les
Académiciens ayant trouvé
que l'on s'estoit écarté du
sujet,ils ont donné ce Prix à
une Ode intitulée larcblteélure, dont Mr Roy est crû l'Auteur. Lors que j'en feray
mieux éclaircy
,
je vous en
feray part, & j'espere que je
vous enverray )
comme j'ay
fait en plusieurs occasions ,
quelques unes de ces Pieces
,
pour donner lieu aux Sçavans
d'étudier le tour que l'on
peuc donner à
ces forces de
Pieces.
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Résumé : Distribution des Prix des Jeux Floraux, [titre d'après la table]
Le 3 mai, la distribution des prix des Jeux Floraux à Toulouse a attiré une grande attention en raison de la qualité des œuvres présentées, compliquant ainsi le jugement des juges. Le prix de l'ode a été attribué à une pièce intitulée 'Le Système de Descartes', composée par un Père de la Doctrine Chrétienne. L'Abbé Asselin, originaire de Vire en Basse-Normandie, a remporté le prix du poème avec une œuvre sur 'La Vérité', ayant déjà gagné plusieurs prix dans la même académie. Madame la Présidente Dreuillet a remporté le prix de l'églogue. Pour le prix de l'éloquence, les académiciens ont jugé que les œuvres s'étaient écartées du sujet et ont attribué le prix à une ode intitulée 'L'Arche Électrique', dont Monsieur Roy est présumé être l'auteur. L'auteur du texte promet de fournir plus d'informations et d'envoyer certaines de ces pièces aux savants pour qu'ils puissent étudier leur style.
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38
p. 79-80
Emulation. [titre d'après la table]
Début :
Critiques sçavantes, Réponses opiniâtres, vives Epigrammes pour attaquer, plus vives [...]
Mots clefs :
Courage, Poètes, Savants
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Emulation. [titre d'après la table]
Ce petit trait de satyre
m'estéchapé:j'endemande
pardon,sur tout
aux Poëtes. Je crainsencore
plus de me brouiller
avec eux qu'avec les.
Musiciens.
Ilest un certain nombre
d'Auteurs dont je
Toudrois estre airrçé fraternellement
comme je
les aime. Qui dit fraternellement
n'exclut point
les petites noises poëtiques
: tous les freres
ne font pas d'accord.
Deux ou trois disputes
par mois feroient un
fond pour mes Mercures
y ., A j'y mettrois même
jusquaux Critiquesqu'
on en feroit.
Courage Messieurs les
Auteurs, courage Messieurs
les Sçavants, animez-
vous un peu les
uns contre les autres, je
profiteray devos combats.
Critiques sçavantes,
Réponses opiniâtres, vives
Epigrammespourattaquer
,plus vives encore
pour se deffendre;
mais tour cela lans ma- lignité; point d'aigreur
dans vos ouvrages: 4
vous voulez que je les
imprime,je n'admettray
que de l'émulation.
Je voudroisque les
Poëtes & les Sçavants
disputassent noblement
Se poliment commelest
grands Guerriers font la
guerre. Voila le modele :
êtreennemis sans sehaïr9
aller au combat sans colere,
ôc s'entre- égorger
àl'amiable.
On ne devroit disputer
que contre ceuxqu'-
on eftline-,& ne critiquer
que dans la vûë de
/a-rtirer des réponsesinstructives
& curieuses.
m'estéchapé:j'endemande
pardon,sur tout
aux Poëtes. Je crainsencore
plus de me brouiller
avec eux qu'avec les.
Musiciens.
Ilest un certain nombre
d'Auteurs dont je
Toudrois estre airrçé fraternellement
comme je
les aime. Qui dit fraternellement
n'exclut point
les petites noises poëtiques
: tous les freres
ne font pas d'accord.
Deux ou trois disputes
par mois feroient un
fond pour mes Mercures
y ., A j'y mettrois même
jusquaux Critiquesqu'
on en feroit.
Courage Messieurs les
Auteurs, courage Messieurs
les Sçavants, animez-
vous un peu les
uns contre les autres, je
profiteray devos combats.
Critiques sçavantes,
Réponses opiniâtres, vives
Epigrammespourattaquer
,plus vives encore
pour se deffendre;
mais tour cela lans ma- lignité; point d'aigreur
dans vos ouvrages: 4
vous voulez que je les
imprime,je n'admettray
que de l'émulation.
Je voudroisque les
Poëtes & les Sçavants
disputassent noblement
Se poliment commelest
grands Guerriers font la
guerre. Voila le modele :
êtreennemis sans sehaïr9
aller au combat sans colere,
ôc s'entre- égorger
àl'amiable.
On ne devroit disputer
que contre ceuxqu'-
on eftline-,& ne critiquer
que dans la vûë de
/a-rtirer des réponsesinstructives
& curieuses.
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Résumé : Emulation. [titre d'après la table]
Le texte explore les relations entre auteurs, poètes et savants. L'auteur aspire à des liens fraternels tout en acceptant les disputes littéraires. Il encourage l'émulation entre auteurs et savants, mais sans aigreur. Les échanges doivent être nobles et polis, comme des guerriers respectueux. Les critiques et réponses doivent être instructives et curieuses, et les disputes doivent se faire contre des adversaires dignes de respect. La dignité et l'absence d'aigreur sont essentielles dans les débats littéraires.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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39
p. 45-48
EXTRAIT.
Début :
Monsieur Cousin, President en la Cour des Monnoyes, & l'un des [...]
Mots clefs :
Discours, Abbaye, Latin, Bibliothèques
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT.
EXTRAIT.
Monsieur Cousin, Prefident
en la Cour des Monnoyes,
& l'un des quarante
de l'Academie Françoise
, a laissé en mourant à
l'Abbaye S. Victor, saBibliotheque
qui estoit nombreuse
,,
choisie, & dont il
avoit fait un excellent usage
durant sa vie. Il a fondé
dans la mesme Abbaye un
Discours Latin qui se fait
tous les ans par un Chanoine
de cette Abbaye. Mr
l'Abbé deLonguëil acquita
cette Fondation le 2 4.
Février jour de saint Matthias
, & fit un Discours
très-éloquent
,
& qui fut
prononcé avec beaucoup
de grace. Aprés avoir fait
unExordesur l'utilité des
Bibliotheques dans lequel
il fit entrer l'éloge des personnes
qui ont augmenté
celle de S. Victor
, ôcen
particulier celuy de Mr le
President Cousin. Il divisa
son Discours en deux propositions.
Il prouva dans la.
premiere que pour tirer ura
veritable fruit de ses estudes,
il ne falloiressentiellement
embrasser qu'un seul
genre de science dans lequel
il estoit plus à propos
d'exceller que d'estre mediocre
& superficiel en tout
genre, & il ajousta que
pour le choix on devoit
consulter sa vocation & ses
talents, sanstenter de forcer
la nature, & sans (a
rendre esclave du nom, du
rang & de la profession de
ses peres.
"I Dans la ic partie de son
Discours il donna des regles
particulieres pour Te-
Rude
, & prescrivit l'ordre
,la méthode, l'arangement
& les gradations, &
mesme les relaschementsqu'il
falloit observer en
travaillant. Il finitenexhortant
ceux qui se dessinoient
àl'estuded'enconsacrer
l'usage
,
& de s'ap-
- pliquer par preference aux
sujets qui pouvoient instruire
& édifier.
L'élegance du Latin,les
graces de
-
l'Orateur , & la
maniere ingenieuse avec
laquelleMr l'Abbé deLon-
,
guëil traita son su jet contribuèrentégalement
au
succez de son Discours.
Monsieur Cousin, Prefident
en la Cour des Monnoyes,
& l'un des quarante
de l'Academie Françoise
, a laissé en mourant à
l'Abbaye S. Victor, saBibliotheque
qui estoit nombreuse
,,
choisie, & dont il
avoit fait un excellent usage
durant sa vie. Il a fondé
dans la mesme Abbaye un
Discours Latin qui se fait
tous les ans par un Chanoine
de cette Abbaye. Mr
l'Abbé deLonguëil acquita
cette Fondation le 2 4.
Février jour de saint Matthias
, & fit un Discours
très-éloquent
,
& qui fut
prononcé avec beaucoup
de grace. Aprés avoir fait
unExordesur l'utilité des
Bibliotheques dans lequel
il fit entrer l'éloge des personnes
qui ont augmenté
celle de S. Victor
, ôcen
particulier celuy de Mr le
President Cousin. Il divisa
son Discours en deux propositions.
Il prouva dans la.
premiere que pour tirer ura
veritable fruit de ses estudes,
il ne falloiressentiellement
embrasser qu'un seul
genre de science dans lequel
il estoit plus à propos
d'exceller que d'estre mediocre
& superficiel en tout
genre, & il ajousta que
pour le choix on devoit
consulter sa vocation & ses
talents, sanstenter de forcer
la nature, & sans (a
rendre esclave du nom, du
rang & de la profession de
ses peres.
"I Dans la ic partie de son
Discours il donna des regles
particulieres pour Te-
Rude
, & prescrivit l'ordre
,la méthode, l'arangement
& les gradations, &
mesme les relaschementsqu'il
falloit observer en
travaillant. Il finitenexhortant
ceux qui se dessinoient
àl'estuded'enconsacrer
l'usage
,
& de s'ap-
- pliquer par preference aux
sujets qui pouvoient instruire
& édifier.
L'élegance du Latin,les
graces de
-
l'Orateur , & la
maniere ingenieuse avec
laquelleMr l'Abbé deLon-
,
guëil traita son su jet contribuèrentégalement
au
succez de son Discours.
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Résumé : EXTRAIT.
Le texte décrit la donation de la bibliothèque de Victor Cousin, Président à la Cour des Monnoyes et membre de l'Académie Française, à l'Abbaye Saint-Victor. Cousin avait fondé un discours latin annuel à prononcer par un chanoine de l'abbaye. Le 24 février, l'Abbé de Longuëil acquit cette fondation et prononça un discours élogieux. Il souligna l'utilité des bibliothèques et rendit hommage à Cousin. Son discours se structurait en deux propositions : la première insistait sur l'importance de se concentrer sur un seul genre de science en fonction de sa vocation et de ses talents. La seconde proposait des règles spécifiques pour l'étude, incluant l'ordre, la méthode, l'arrangement, les gradations et les moments de repos. L'Abbé exhorta les étudiants à se consacrer à des sujets instructifs et édifiants. Son élocution en latin, ses grâces oratoires et son traitement ingénieux du sujet contribuèrent au succès de son discours.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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40
p. 49-57
ELOGE de Mr de Tschirnhaus, de l'Academie Royale des Sciences. Par Mr de Fontenelle.
Début :
Mr de Tschirnhaus étant mort le 11 Octobre 1708. Mr [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Ehrenfried Walther von Tschirnhaus, Éloge
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ELOGE de Mr de Tschirnhaus, de l'Academie Royale des Sciences. Par Mr de Fontenelle.
ELOGE de Mr de
Tschirnhaus, de ¡J,A.
1demie Royale des
Sciences,
ParMrde Fontcnelle.
Mr deTschirnhausétant
mort le xi Octobre 1708;
Mr de Fontenelle fit son
éloge à l'Academie des
Sciences.
:
,
Mr de Fontenelle après
avoir parlé de l'illustre extra&
ionde M, de Tfchirnhaus
; de son inclinationdominante
pour les Lettres
& pour la Géométrie des
sa plus grande jeunesse; du
fruit de ses voyages; de soncaractere
d'esprit vif, hardi,
original; des découvertes
qu'il a faites dans les
Mathématiques, qui luiont
acquis une si grande réputation
parmi les Sçavans;
de son Traité de Medecina
mentis & corporis: lui donne
du costé des sentimens &
des moeurs les louanges qu'il
mérité. Voici entr'autres
çhçfcs ce qùef dit Mrde
Fontenelle sur k dcfintç*.
reornentphiiofophtqucde
Mr de Tfehirnhaus.
.(;' Cette passion ardenreCe
pourl'étude doie natu- €f
relieraient:doftiier l'idée -
d'unhomme éxtrètncmcntf
evide de gloire;carenfin ic
il riy a point de grands
travaux sans âtgrands"
motifs^ lesSçàvans font <p
dès ambitieux )de cabinet. u
Cependant Mr de Tfchjr. «C'
nhausne l'était point; il cf
n'aspirait point partou-fC
tessesveilles à cette im- Cç
mortalité qui nous tou-1{
„
che, tant & nous appartient
si peu ; iladit à ses „amisque dés l'âge de 24 ans il croyoit s'être af-
»franchi de l'amour des
;,.
plaisirs, des richesses, &
même de la gloire. Il y a
des hommes qui ont droit de rendre témoignage
,,
d'eux mêmes. Il aimoic
,, donc les Sçiences de cet
"amour pur & desinteressé
„ qui fait tant d'honneur, »&àl'objetquil'inspire,&
„ au coeur qui le ressent;
„ la maniere dont il s'exl'
prime en quelques endroits
( de son Livre) sur u
le ravissement que cause
la joüissance de la vericé <c
est si vive & si animée, cc
qu'il auraitété inexcufa- cc
bledese proposeruneau-"
tre récompense.
On voit par là à quel
point Mr de Tschirnhaus
estoit Philosophe;
on en jugera demême
par la fin deson eloge.
Ilavaitdonne une par-"
tieconsiderablede son pa-<c
trimoineàson plaisir,c'eGcC
à dire auxLettres. Il pro- [i
"pole dans ion ouvrage le
„ plan d'une Société de gens
„ de condition,& amateurs „des Sciences, qui fourniyi
raiént à des ~sçavans plus
appliqués tout cequi
,, leur seraitnecessaire &
,,
pourleurs sciences & pour
„ eux;& l'on sent bien avec
„ quel plaisir il auroit porté
ses charges de cette Com-
,, munauté. Il les porroit dé- là sans l'avoirformée. Il
cherchoit des gens qui eussent
des talens, soit pour
„ lesSciencesutiles,soit pour
ks Arts; illestirait des tenebres
où ils habitent or- <c
dinairement, & était en c(
même-temps leur compagnon,
leur Directeur, &(<
leur Bienfacteur. Il s'est as- t€
sez souvent chargé du foincC
& de la dépense de fàirecC
imprimer les Livres d'au- cC
truy, dont il esperoit deCI
l'utilité pour le Public, en- (<
tr'autres le Cours de Chy- ct
mie de Mr Lemery, qu'il
avoit fait traduire en Alle- cc
mand, & cela sans se faire <c
rendre, ou sans se rendre
à lui même dans les Pre- cC
faces l'honneur qui luy/î
,,- était dû, & qu'un autre"
3>
n'auroit pas negligé. Dans
des occasions plus impoiv?
tantes, si cependantelles
ne le font pas toutes égament
pour la vanité, H
;, n'était pas moins éloigné
„deloflentatibil. Il faisoit
,,du bien à Ces ennemis avec chaleur, & sans qu'ilslé?'
~fçûssent,ce qu'à peine le
Christianisme ose exiger.
* Il n'était point Philosophe
par des conoiflances*
,,rares & homme vulgaire
?) par ses passions & par ses
faiblesses.La vraye Philosophie
avait penetré Conte
coeur, & y avait établi cette
delicieuse tranquillité,
qui est le plus grand & le c,
moins recherché de tous
les biens.
Tschirnhaus, de ¡J,A.
1demie Royale des
Sciences,
ParMrde Fontcnelle.
Mr deTschirnhausétant
mort le xi Octobre 1708;
Mr de Fontenelle fit son
éloge à l'Academie des
Sciences.
:
,
Mr de Fontenelle après
avoir parlé de l'illustre extra&
ionde M, de Tfchirnhaus
; de son inclinationdominante
pour les Lettres
& pour la Géométrie des
sa plus grande jeunesse; du
fruit de ses voyages; de soncaractere
d'esprit vif, hardi,
original; des découvertes
qu'il a faites dans les
Mathématiques, qui luiont
acquis une si grande réputation
parmi les Sçavans;
de son Traité de Medecina
mentis & corporis: lui donne
du costé des sentimens &
des moeurs les louanges qu'il
mérité. Voici entr'autres
çhçfcs ce qùef dit Mrde
Fontenelle sur k dcfintç*.
reornentphiiofophtqucde
Mr de Tfehirnhaus.
.(;' Cette passion ardenreCe
pourl'étude doie natu- €f
relieraient:doftiier l'idée -
d'unhomme éxtrètncmcntf
evide de gloire;carenfin ic
il riy a point de grands
travaux sans âtgrands"
motifs^ lesSçàvans font <p
dès ambitieux )de cabinet. u
Cependant Mr de Tfchjr. «C'
nhausne l'était point; il cf
n'aspirait point partou-fC
tessesveilles à cette im- Cç
mortalité qui nous tou-1{
„
che, tant & nous appartient
si peu ; iladit à ses „amisque dés l'âge de 24 ans il croyoit s'être af-
»franchi de l'amour des
;,.
plaisirs, des richesses, &
même de la gloire. Il y a
des hommes qui ont droit de rendre témoignage
,,
d'eux mêmes. Il aimoic
,, donc les Sçiences de cet
"amour pur & desinteressé
„ qui fait tant d'honneur, »&àl'objetquil'inspire,&
„ au coeur qui le ressent;
„ la maniere dont il s'exl'
prime en quelques endroits
( de son Livre) sur u
le ravissement que cause
la joüissance de la vericé <c
est si vive & si animée, cc
qu'il auraitété inexcufa- cc
bledese proposeruneau-"
tre récompense.
On voit par là à quel
point Mr de Tschirnhaus
estoit Philosophe;
on en jugera demême
par la fin deson eloge.
Ilavaitdonne une par-"
tieconsiderablede son pa-<c
trimoineàson plaisir,c'eGcC
à dire auxLettres. Il pro- [i
"pole dans ion ouvrage le
„ plan d'une Société de gens
„ de condition,& amateurs „des Sciences, qui fourniyi
raiént à des ~sçavans plus
appliqués tout cequi
,, leur seraitnecessaire &
,,
pourleurs sciences & pour
„ eux;& l'on sent bien avec
„ quel plaisir il auroit porté
ses charges de cette Com-
,, munauté. Il les porroit dé- là sans l'avoirformée. Il
cherchoit des gens qui eussent
des talens, soit pour
„ lesSciencesutiles,soit pour
ks Arts; illestirait des tenebres
où ils habitent or- <c
dinairement, & était en c(
même-temps leur compagnon,
leur Directeur, &(<
leur Bienfacteur. Il s'est as- t€
sez souvent chargé du foincC
& de la dépense de fàirecC
imprimer les Livres d'au- cC
truy, dont il esperoit deCI
l'utilité pour le Public, en- (<
tr'autres le Cours de Chy- ct
mie de Mr Lemery, qu'il
avoit fait traduire en Alle- cc
mand, & cela sans se faire <c
rendre, ou sans se rendre
à lui même dans les Pre- cC
faces l'honneur qui luy/î
,,- était dû, & qu'un autre"
3>
n'auroit pas negligé. Dans
des occasions plus impoiv?
tantes, si cependantelles
ne le font pas toutes égament
pour la vanité, H
;, n'était pas moins éloigné
„deloflentatibil. Il faisoit
,,du bien à Ces ennemis avec chaleur, & sans qu'ilslé?'
~fçûssent,ce qu'à peine le
Christianisme ose exiger.
* Il n'était point Philosophe
par des conoiflances*
,,rares & homme vulgaire
?) par ses passions & par ses
faiblesses.La vraye Philosophie
avait penetré Conte
coeur, & y avait établi cette
delicieuse tranquillité,
qui est le plus grand & le c,
moins recherché de tous
les biens.
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Résumé : ELOGE de Mr de Tschirnhaus, de l'Academie Royale des Sciences. Par Mr de Fontenelle.
Lors d'une séance à l'Académie des Sciences, Mr de Fontenelle a rendu hommage à Mr de Tschirnhaus, décédé le 11 octobre 1708. Il a souligné l'inclination précoce de Tschirnhaus pour les lettres et la géométrie, ainsi que les fruits de ses voyages. Tschirnhaus était reconnu pour son esprit vif, hardi et original, et pour ses découvertes en mathématiques, qui lui ont valu une grande réputation parmi les savants. Fontenelle a également mentionné le traité de médecine de Tschirnhaus, intitulé 'Medicina mentis & corporis'. Il a loué les sentiments et les mœurs de Tschirnhaus, le décrivant comme un homme passionné par l'étude, motivé par la gloire et les grands motifs. Tschirnhaus n'était pas guidé par la vanité et faisait du bien à ses ennemis avec chaleur et discrétion. Il n'était ni un philosophe par des connaissances rares ni un homme vulgaire par ses passions et ses faiblesses. La véritable philosophie avait pénétré son cœur, y établissant une tranquillité délicieuse, considérée comme le plus grand et le moins recherché des biens.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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41
p. 173-185
EXTRAIT de ce qui s'est passé à l'ouverture de l'Academie des Sciences, le 16. Novembre 1712.
Début :
L'Académie Royale des Sciences fit l'ouverture de ses [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Assemblée publique, Fontenelles, Cassini, Éloges, Mémoires, Machine, Réaumur, Abeilles, Crabes, Écrevisses
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT de ce qui s'est passé à l'ouverture de l'Academie des Sciences, le 16. Novembre 1712.
AIT
de ce qui s'est pallé à
lowjcrture de l'Academie des Sciences, le
16. Novembre 1712.
L Académie Royale des
Sciences fie l'ouverture de
ses Exercices par une assem-
blée publique qui se tint le
Mercredy iG. de Novembre. Monsieur de Fonrenelles y
fit l'éloge de deux
Académiciens morts pendant le cours de l'année.
L'un estoit Monsieur Berger Medecin, & Eleve de
Monsieur Rombery, pour
la Chymie
;
l'autre estoit
Monsieur Cassini celebre
par ses découvertes astronomiques. Jamais Panegyjfiite n'avoit peuc-estre eu
un si beau cha-rr,p, & peutestre jamais aussi Panegyriste n'a-t'il mieux rempli
l'attente du public. On fou,
haitteroit pouvoir donner
au public l'extrait del'éloge queMonsieur de Foncenelles fit de cegrand homme ; mais ce font de ces
choses qui perdent trop de
leurs graces dans unExtrait.
D'ailleurs on espere que les
amis de Monsieur Cassini
engagerent Monsieur de
Fontenelles à prévenirl'empressement du public sur cela
,
& à laisser imprimer cet
Eloge avant les Memoires
de l'Académie qui ne pa4*
roistront pas de quelqaeé
a
nées d'icy.
Monsieurde la Hire l'aisné lut enfuire la description
d'une machine par le moyen de laquelle un homme
dans (on carrosse peut détacher les chevaux qui tirent le carrosse loriqu'ils
prennent le mors aux dents,
& cela très promptemenc
& sans embarras.
Apres luy Monsieur Maraldi lut un Memoire contenant des observationstrés
curieuses sur les Abeilles.
Il les divise en trois classes,
les masles, les femelles ôc
les fieslons. Il raconta la
maniere dontelles s'y prennent pour construire leurs
cellules avec la cire, comment les femelles escortées
chacune de cinq ou six autres abeilles vont pondre
un œuf dans chaque cellule, comment celles qui les
accompagnent fermentla
cellule avec de la cire dans
un certain temps & la r'ouvrent ensuite pour en laisser
sortir la nouvelle mouche
qui vient d'éclorre
; comment au bout de quelque
temps elles chassent ou
tuent tous lesfreslons; comment elles chargent leurs
cuisses de cire qu'elles recueillent sur lesfleurs,avec
quel artificecelles qui sont
dans la ruche déchargent
celles qui viennent chargées, comment ellesremplissent de miel leurs magasins pour l'hyver, & plusieurs autres pareilles obfervations.
La (canee finit par la lecture d'un Memoire deMonsieur de Reaumur
,
sur la
reproduction des pattes des
Ecrevisses & des Crables. Il
fit voir que les Sçavants,
tout sçavants qu'ils sont,
font sujets à de faux préjugez de mesme que le vulgaire ignorant. Les paysans
qui ont coustume de pescher desEcrevisses,remarquent qu'ils en trouvent
tres-souvent dont les pattes
ou l'une des serres de devant sont plus courtes &
plus petites l'une que l'aurre. La premiere idée qui
leur vientsurcela, est que
c'estune jeune patte qui repouffe à la place d'une autre qu'elles ont perduë, &
cela leur avoit paru d'autant plus vray semblable
que la crouste ou espece
d'écaille qui couvre cette
jeune patte, est beaucoup
plus tendre que la crouste
du reste du corps. Un Sçavant vient qui prétend convaincre mon paysan par un
argument ex absurdo.Cela
n'est pas,luy dit-il,carcela ne se peut pas; la patte
de l'Ecrevisse est composée
demuscles, d'arteres, de
veines, de nerfs, tous rangez & disposez d'une certaine maniere, pour pou-
voir accomplir les mouvements de cette partie. Or
toute cettestructure organique ne peut estre l'effet
que d'un developpement,&
non point l'effet d'une reproduction. Ce n'est point
l'effet d'une reproduction
,
car il faudroit il) pposerune
infinité de chacune des parties propres à former les
differents organes de l'Ecrevisse, & renferméestoutes dans l'Ecrevisse,
ce qui
est absurde.Ce ne peut donc
estre que l'effet d'un developpement. Mais ce deve-
loppement ne se peurfaire
qu'une fois à la sortie de
l'œuf qui renferme l'Ecrevisse en raccourci, & par
consequent lapatteunefois
coupée ne se reproduit
plus. Le paysan ne sceut
que respondre à cet argument dans lequel il se
perd ,& il est tout prest de
croire quil a tort. Monsieur
de Reaumur termine la diC.
pute par l'experiencequi eflr
le juste Juge dans cette affaire comme dans beaucoup d'autres qui se trouvent vrayes sans estre vray-
semblables. Il enferme des
Ecrevisses après leur avoir
coupé les serres ou les pattes, & au bout de six sermaines on en voit reparoistre de nouvelles, qui dans
l'espace de quelques mois
acquierent la grosseur & la
perfeaion des premieres.
Voila le Sçavant confondu
avec tout son raisonnement. Monsieur de Reaumur cherche à le sauver par
quelque conjecture; mais
toutes ces conjectures font
fort foibles, & il faut convenir que sur la formation
j<
des corps organisez nous
sommes encore tres
-
ignorans. Il seroit feulement à
souhaitter que tant de braves gens qui ont perdu dans
ces dernieres guerres leurs
bras & leursjambes pussent
les voir renaistre de la mesme maniere.
A la fin de chaque le£tu-'
re Monsieur l'Abbé Bignon
Président de rAssemble'e,
donna des loüanges tresobligeantes à l'autheur de
chaque Memoire, & fit sentir au public avec beaucoup
de netteté & d'élegance
tout
tout ce qu'il y
avoir de beau
& d'utile dans ce qu'on venoit de lire.
On donnera separement dans
les kltrcures suivants les Extraits des Discours les plus curieux ~& les plus solides entre
ceux qu'on a prononcez dans
cette djemblée.
de ce qui s'est pallé à
lowjcrture de l'Academie des Sciences, le
16. Novembre 1712.
L Académie Royale des
Sciences fie l'ouverture de
ses Exercices par une assem-
blée publique qui se tint le
Mercredy iG. de Novembre. Monsieur de Fonrenelles y
fit l'éloge de deux
Académiciens morts pendant le cours de l'année.
L'un estoit Monsieur Berger Medecin, & Eleve de
Monsieur Rombery, pour
la Chymie
;
l'autre estoit
Monsieur Cassini celebre
par ses découvertes astronomiques. Jamais Panegyjfiite n'avoit peuc-estre eu
un si beau cha-rr,p, & peutestre jamais aussi Panegyriste n'a-t'il mieux rempli
l'attente du public. On fou,
haitteroit pouvoir donner
au public l'extrait del'éloge queMonsieur de Foncenelles fit de cegrand homme ; mais ce font de ces
choses qui perdent trop de
leurs graces dans unExtrait.
D'ailleurs on espere que les
amis de Monsieur Cassini
engagerent Monsieur de
Fontenelles à prévenirl'empressement du public sur cela
,
& à laisser imprimer cet
Eloge avant les Memoires
de l'Académie qui ne pa4*
roistront pas de quelqaeé
a
nées d'icy.
Monsieurde la Hire l'aisné lut enfuire la description
d'une machine par le moyen de laquelle un homme
dans (on carrosse peut détacher les chevaux qui tirent le carrosse loriqu'ils
prennent le mors aux dents,
& cela très promptemenc
& sans embarras.
Apres luy Monsieur Maraldi lut un Memoire contenant des observationstrés
curieuses sur les Abeilles.
Il les divise en trois classes,
les masles, les femelles ôc
les fieslons. Il raconta la
maniere dontelles s'y prennent pour construire leurs
cellules avec la cire, comment les femelles escortées
chacune de cinq ou six autres abeilles vont pondre
un œuf dans chaque cellule, comment celles qui les
accompagnent fermentla
cellule avec de la cire dans
un certain temps & la r'ouvrent ensuite pour en laisser
sortir la nouvelle mouche
qui vient d'éclorre
; comment au bout de quelque
temps elles chassent ou
tuent tous lesfreslons; comment elles chargent leurs
cuisses de cire qu'elles recueillent sur lesfleurs,avec
quel artificecelles qui sont
dans la ruche déchargent
celles qui viennent chargées, comment ellesremplissent de miel leurs magasins pour l'hyver, & plusieurs autres pareilles obfervations.
La (canee finit par la lecture d'un Memoire deMonsieur de Reaumur
,
sur la
reproduction des pattes des
Ecrevisses & des Crables. Il
fit voir que les Sçavants,
tout sçavants qu'ils sont,
font sujets à de faux préjugez de mesme que le vulgaire ignorant. Les paysans
qui ont coustume de pescher desEcrevisses,remarquent qu'ils en trouvent
tres-souvent dont les pattes
ou l'une des serres de devant sont plus courtes &
plus petites l'une que l'aurre. La premiere idée qui
leur vientsurcela, est que
c'estune jeune patte qui repouffe à la place d'une autre qu'elles ont perduë, &
cela leur avoit paru d'autant plus vray semblable
que la crouste ou espece
d'écaille qui couvre cette
jeune patte, est beaucoup
plus tendre que la crouste
du reste du corps. Un Sçavant vient qui prétend convaincre mon paysan par un
argument ex absurdo.Cela
n'est pas,luy dit-il,carcela ne se peut pas; la patte
de l'Ecrevisse est composée
demuscles, d'arteres, de
veines, de nerfs, tous rangez & disposez d'une certaine maniere, pour pou-
voir accomplir les mouvements de cette partie. Or
toute cettestructure organique ne peut estre l'effet
que d'un developpement,&
non point l'effet d'une reproduction. Ce n'est point
l'effet d'une reproduction
,
car il faudroit il) pposerune
infinité de chacune des parties propres à former les
differents organes de l'Ecrevisse, & renferméestoutes dans l'Ecrevisse,
ce qui
est absurde.Ce ne peut donc
estre que l'effet d'un developpement. Mais ce deve-
loppement ne se peurfaire
qu'une fois à la sortie de
l'œuf qui renferme l'Ecrevisse en raccourci, & par
consequent lapatteunefois
coupée ne se reproduit
plus. Le paysan ne sceut
que respondre à cet argument dans lequel il se
perd ,& il est tout prest de
croire quil a tort. Monsieur
de Reaumur termine la diC.
pute par l'experiencequi eflr
le juste Juge dans cette affaire comme dans beaucoup d'autres qui se trouvent vrayes sans estre vray-
semblables. Il enferme des
Ecrevisses après leur avoir
coupé les serres ou les pattes, & au bout de six sermaines on en voit reparoistre de nouvelles, qui dans
l'espace de quelques mois
acquierent la grosseur & la
perfeaion des premieres.
Voila le Sçavant confondu
avec tout son raisonnement. Monsieur de Reaumur cherche à le sauver par
quelque conjecture; mais
toutes ces conjectures font
fort foibles, & il faut convenir que sur la formation
j<
des corps organisez nous
sommes encore tres
-
ignorans. Il seroit feulement à
souhaitter que tant de braves gens qui ont perdu dans
ces dernieres guerres leurs
bras & leursjambes pussent
les voir renaistre de la mesme maniere.
A la fin de chaque le£tu-'
re Monsieur l'Abbé Bignon
Président de rAssemble'e,
donna des loüanges tresobligeantes à l'autheur de
chaque Memoire, & fit sentir au public avec beaucoup
de netteté & d'élegance
tout
tout ce qu'il y
avoir de beau
& d'utile dans ce qu'on venoit de lire.
On donnera separement dans
les kltrcures suivants les Extraits des Discours les plus curieux ~& les plus solides entre
ceux qu'on a prononcez dans
cette djemblée.
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Résumé : EXTRAIT de ce qui s'est passé à l'ouverture de l'Academie des Sciences, le 16. Novembre 1712.
Le 16 novembre 1712, l'Académie Royale des Sciences inaugura ses exercices par une assemblée publique. Monsieur de Fontenelle prononça l'éloge de deux académiciens décédés : Monsieur Berger, médecin et chimiste, et Monsieur Cassini, renommé pour ses découvertes astronomiques. L'éloge de Cassini fut particulièrement apprécié mais ne fut pas publié pour en préserver l'intégralité. Monsieur de la Hire présenta une machine permettant à un homme dans son carrosse de détacher rapidement les chevaux qui prennent le mors aux dents. Monsieur Maraldi exposa un mémoire sur les abeilles, les classant en mâles, femelles et faussaires. Il décrivit leur mode de construction des cellules, la ponte des œufs, la fermeture et l'ouverture des cellules, l'élimination des faussaires, et le stockage de miel pour l'hiver. Monsieur de Reaumur lut un mémoire sur la reproduction des pattes des écrevisses et des crabes. Il démontra que les savants, comme le vulgaire, peuvent avoir des préjugés. Les paysans observaient souvent des écrevisses avec des pattes plus courtes, pensant qu'elles repoussaient. Un savant contesta cette idée, affirmant que la structure des pattes ne permettait pas leur reproduction. Reaumur prouva par expérience que les pattes coupées repoussaient effectivement, confondant ainsi le savant et son raisonnement. L'abbé Bignon, président de l'assemblée, conclut en louant les auteurs des mémoires et en soulignant la beauté et l'utilité des discours présentés. Les extraits des discours les plus curieux et solides seront publiés séparément dans les lettres suivantes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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42
p. 73-87
ANTIQUITEZ. LETTRE.
Début :
MONSIEUR, Ceux qui croyent que les anciens avoient le secret de [...]
Mots clefs :
Antiquité, Cercueils, Seine, Pierre, Coteau, Autel, Pouces, Romains, Village, Gaulois
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texteReconnaissance textuelle : ANTIQUITEZ. LETTRE.
ANTIQUITEZ,
LETTRE.
MONSIEUR,
Ceux qui croyent que les
anciensavoient le secret de
fondre les pierres, pourroient
appuyer leur opinion
sur une petite découverte
que j'ai faite il y a six mois.
En creusant une cave chez
moyontrouvaune boule ou
globe de pierre, d'environ
4pieds de diametreCe globe
était creux comme un
boulet de canon: on remarquoitune
espece de soudure
en cercle ; & comme on la
brifa en la tirant, je vis dans
l'épaisseur,qui étoit de quatre
pouces, quantité depetits
morceaux de fer enfermez
dans la matiere
,
qui
étoient comme de petits
liens qu'on avoit apparemment
mis exprés en la fondant
, pour entretenir la
liaison. Au reste cette matiere
étoit presque pourrie
par le temps; en forte que
tout s'enalla par morceaux,
dont j'ai reservé feulement
quelques-uns par curiosité.
Cela me fait souvenir d'une
autre découvertequi se
fit il y a environ vingr années
dans le même lieu,
qui est Bar sur Seine, Õc où
on trouva un autel qui pa-
, roissoit de pierre fonduë.
M. Perel,Avocat du Roy
à Bar sur Seine, faisant provigner
une de ses vignes,
& ses ouvriers creusant
leurs fossesassez à fond
commencerent , par hazard
cette découverte, qui fut
ensuite continuée par ses
ordres. On trouva dans
cette vigne, qui est à un
bon quart de lieuë de Bar
sur Seine, sur le penchant
d'un coteau, neuf cercüeils
de pierre, rangez trois à
trois de bout en bout, en
travers de la vigne & du
coteau, & vers le milieu,
sans presque aucun espace
vuide entr'eux, avec des
murailles à leurs côtez &
à l'un de leurs bouts; &
cette grosse pierre faite
comme un ancien autel a
l'autre bout, qui paroissoit,
commeje vous dis, de morceaux
fondus, avec des ornemens
moulez
,
& non
sculptez. J'ai vû cinq de
ces cercüeils en leur entier,
les autres ont étérompus
en les tirant de leur
place. Ils étoient d'une pierre
blanche, mêlée de petits
brillans
:
ils étoient tous de
même grandeur & de même
figure, & ont dans oeuvre
cinq pieds & demi de
long
, un pied & demi de
large,avec un pied de creux
à l'un des bouts, huit pouces
de large & de creux à
l'autre bout, & deux pouces
d'épaisseur par-tout.
Leurs couvertures étoient
de lamême pierre ôc du
même travail
,
figurées en
rond par le dehors, ôc
creuses de six pouces par le
dedans:mais toutes ont été
rompuës, & l'on n'en voit
que des morceaux, par où
l'on juge de leur nature &
de leur façon. Quant à l'autel,
il est en son entier,
tour d'une piece: il a quatre
pieds & demi de long,
vingt pouces de large, &
quarante de hauteur.Il s'est
trouvé des têtes & des os
dans tous ces cercüeils., qui
étoient pointez vers lorient,
& avoient l'autel à
leur pied, & c'est apparemment
pour les tourner de la
forte, que les cereüeils »-
voient été rangez, non pas
du haut en bas du coteau,
mais en travers, comme
je l'ai observé. Ce coteau senomme Devoye
,
&
est du finagedeMesrey,
village autrefois l'un des
fauxbourgs de Bar sur Seine
, d'une situation trésbelle
& trés-avantageuse,
sur le penchant d'une colline,
qui a l'Ourse d'un côté
, & l'Arce de l'autre
)
avec la Seine à ses pied.)
où ces deux rivieres se jettent
en moins de mil pas
de distance. Quelques-uns
disent que le nom de Mefrey
vient de Mesraint, l'un
des petits-fils de Noë :
mais les autres ne remontant
pas si haut, à cause
de la difficulté de la preuve,
se contentent de l'attribuer
à Mithra, Dieu ou
Décesse des Gaulois; comme
ils attribuent celui de
Baleno village voisin
,
à
Balenus,autre Dieu de nos
ancêtres; & ceux de Polis,
appellé Choiseüil depuis
quelques années, & de Pô"
lise, terre du même voisinage,
à Isis & à Osiris, en
joignant le nom de ces deux
Divinicez au mot Pol ou
Polus, qui signifie ciel ou
residence. Peut-être que
ce coteau étoit un hospice
ou une habitation des
Dieux, & que les corps
que contenoient les cercüeils,
avec l'autel à leur
tête,étoient ceux de quelques
Divinitez du pays; ou
plutôt, comme ce coteau
produit du vin trés-bon, il
étoit feulement consacré à
Baccus & aux Dieux de sa
suite, & que les morts des
cercüeils n'étoient que
quelques Sacrificateurs de
ces Divinitez Bachiques,
Druides ou autres. Et voila
ce que j'en sçai, & ce que
j'en juge. Al'égard du mot
de Ricci, qui se trouve sur
tous ces tombeaux
P
c'est
apparemment le nom du
bourg de Ricci, où ils ont
été fabriquez. Il y a trois
bourgs nommez Ricci, qui
ont reçu ce nom d'un Chef
des Helvetiens, c'est à dire
Suisses, appellé Rie. Les
troupes qu'il commandoit
étoient de trois differens
cantons. Elles inonderent
nos campagnes;Cesar,
qui les repoussa,ayant permis
à quelques-uns de ces
peuples vaincus d'habiter
cette contrée, ils bâtirent
trois grands bourgs, qui
sont ceux dont je vous par-
};
le. Ce que l'on croit de l'origine
des Ristous, ou Vicelois,
a de grandes apparences
de verité, & Confir-
I me bien ce qu'on dit de
: Bar sur Seine & de Bar sur
Aube, que ces deux villesassises
sur deux rivieres,
étoient les barres
ou barrièresdesHeduens,
ou anciens Autunois, &
les Ambobarriens, ouAmbarriens
deCesar, contre
le sentiment ordinaire de
ses interprétés. Jully Surfarce
,
village de ce voisinage,
oùsont lesrestes d'un
ancien & fort château, qu'-
en attribuë à cet Empereur,
aussi bien que ie nom de ce
lieu appelle en latin Juliafume
Et l'on peut dire encore
que les chemins Romains
qui traversent ce
pays de toutes parts, & les
medailles que l'on y rencontre,
en sont de fûres
marques. Ce qui pourroit
aussi faire croire que les
cercüeils de Devoye contenoient
plûtôt des corps,
de Romains, que des corps
de nos ancêtres:mais ce ne
sont peut-être ni des uns,
ni des autres, parce que les
Gaulois brûloient leurs
morts, au rapport même
de Cesar
,
& que les Romains
mettoient en la bouche
de ceux qu'ils enterroient
de petites pieces
d'or, d'argent &de cuivre,
pour payer à Caron le passage
du fleuve d'oubli; 6c
enfermoient quelquefois
des lampes ardentes avec
eux, pour servir à leurconduite
dans les tenebres
de l'autre monde:& l'on
n'a trouvé dans tous ces
cercüeils que des os & de
la terre, suivant l'observation
quej'en ai faite. Nean.
moins on peut penser que,
comme les Romains brûloient
par honneur quelques-
uns de leurs morts,
les Gaulois par la même
raison enterroient quelquesuns
des leurs, & que
ceux des cercueils étoient
de ce nombre, & apparemment
de quelque illustre
famille de Bar sur Seine,
qui avoir choisi la sepulture
dans sa vigne, comme
le bon pere Abraham
avoit choisi la sienne &
celle de Ces enfans dans son
champ.
LETTRE.
MONSIEUR,
Ceux qui croyent que les
anciensavoient le secret de
fondre les pierres, pourroient
appuyer leur opinion
sur une petite découverte
que j'ai faite il y a six mois.
En creusant une cave chez
moyontrouvaune boule ou
globe de pierre, d'environ
4pieds de diametreCe globe
était creux comme un
boulet de canon: on remarquoitune
espece de soudure
en cercle ; & comme on la
brifa en la tirant, je vis dans
l'épaisseur,qui étoit de quatre
pouces, quantité depetits
morceaux de fer enfermez
dans la matiere
,
qui
étoient comme de petits
liens qu'on avoit apparemment
mis exprés en la fondant
, pour entretenir la
liaison. Au reste cette matiere
étoit presque pourrie
par le temps; en forte que
tout s'enalla par morceaux,
dont j'ai reservé feulement
quelques-uns par curiosité.
Cela me fait souvenir d'une
autre découvertequi se
fit il y a environ vingr années
dans le même lieu,
qui est Bar sur Seine, Õc où
on trouva un autel qui pa-
, roissoit de pierre fonduë.
M. Perel,Avocat du Roy
à Bar sur Seine, faisant provigner
une de ses vignes,
& ses ouvriers creusant
leurs fossesassez à fond
commencerent , par hazard
cette découverte, qui fut
ensuite continuée par ses
ordres. On trouva dans
cette vigne, qui est à un
bon quart de lieuë de Bar
sur Seine, sur le penchant
d'un coteau, neuf cercüeils
de pierre, rangez trois à
trois de bout en bout, en
travers de la vigne & du
coteau, & vers le milieu,
sans presque aucun espace
vuide entr'eux, avec des
murailles à leurs côtez &
à l'un de leurs bouts; &
cette grosse pierre faite
comme un ancien autel a
l'autre bout, qui paroissoit,
commeje vous dis, de morceaux
fondus, avec des ornemens
moulez
,
& non
sculptez. J'ai vû cinq de
ces cercüeils en leur entier,
les autres ont étérompus
en les tirant de leur
place. Ils étoient d'une pierre
blanche, mêlée de petits
brillans
:
ils étoient tous de
même grandeur & de même
figure, & ont dans oeuvre
cinq pieds & demi de
long
, un pied & demi de
large,avec un pied de creux
à l'un des bouts, huit pouces
de large & de creux à
l'autre bout, & deux pouces
d'épaisseur par-tout.
Leurs couvertures étoient
de lamême pierre ôc du
même travail
,
figurées en
rond par le dehors, ôc
creuses de six pouces par le
dedans:mais toutes ont été
rompuës, & l'on n'en voit
que des morceaux, par où
l'on juge de leur nature &
de leur façon. Quant à l'autel,
il est en son entier,
tour d'une piece: il a quatre
pieds & demi de long,
vingt pouces de large, &
quarante de hauteur.Il s'est
trouvé des têtes & des os
dans tous ces cercüeils., qui
étoient pointez vers lorient,
& avoient l'autel à
leur pied, & c'est apparemment
pour les tourner de la
forte, que les cereüeils »-
voient été rangez, non pas
du haut en bas du coteau,
mais en travers, comme
je l'ai observé. Ce coteau senomme Devoye
,
&
est du finagedeMesrey,
village autrefois l'un des
fauxbourgs de Bar sur Seine
, d'une situation trésbelle
& trés-avantageuse,
sur le penchant d'une colline,
qui a l'Ourse d'un côté
, & l'Arce de l'autre
)
avec la Seine à ses pied.)
où ces deux rivieres se jettent
en moins de mil pas
de distance. Quelques-uns
disent que le nom de Mefrey
vient de Mesraint, l'un
des petits-fils de Noë :
mais les autres ne remontant
pas si haut, à cause
de la difficulté de la preuve,
se contentent de l'attribuer
à Mithra, Dieu ou
Décesse des Gaulois; comme
ils attribuent celui de
Baleno village voisin
,
à
Balenus,autre Dieu de nos
ancêtres; & ceux de Polis,
appellé Choiseüil depuis
quelques années, & de Pô"
lise, terre du même voisinage,
à Isis & à Osiris, en
joignant le nom de ces deux
Divinicez au mot Pol ou
Polus, qui signifie ciel ou
residence. Peut-être que
ce coteau étoit un hospice
ou une habitation des
Dieux, & que les corps
que contenoient les cercüeils,
avec l'autel à leur
tête,étoient ceux de quelques
Divinitez du pays; ou
plutôt, comme ce coteau
produit du vin trés-bon, il
étoit feulement consacré à
Baccus & aux Dieux de sa
suite, & que les morts des
cercüeils n'étoient que
quelques Sacrificateurs de
ces Divinitez Bachiques,
Druides ou autres. Et voila
ce que j'en sçai, & ce que
j'en juge. Al'égard du mot
de Ricci, qui se trouve sur
tous ces tombeaux
P
c'est
apparemment le nom du
bourg de Ricci, où ils ont
été fabriquez. Il y a trois
bourgs nommez Ricci, qui
ont reçu ce nom d'un Chef
des Helvetiens, c'est à dire
Suisses, appellé Rie. Les
troupes qu'il commandoit
étoient de trois differens
cantons. Elles inonderent
nos campagnes;Cesar,
qui les repoussa,ayant permis
à quelques-uns de ces
peuples vaincus d'habiter
cette contrée, ils bâtirent
trois grands bourgs, qui
sont ceux dont je vous par-
};
le. Ce que l'on croit de l'origine
des Ristous, ou Vicelois,
a de grandes apparences
de verité, & Confir-
I me bien ce qu'on dit de
: Bar sur Seine & de Bar sur
Aube, que ces deux villesassises
sur deux rivieres,
étoient les barres
ou barrièresdesHeduens,
ou anciens Autunois, &
les Ambobarriens, ouAmbarriens
deCesar, contre
le sentiment ordinaire de
ses interprétés. Jully Surfarce
,
village de ce voisinage,
oùsont lesrestes d'un
ancien & fort château, qu'-
en attribuë à cet Empereur,
aussi bien que ie nom de ce
lieu appelle en latin Juliafume
Et l'on peut dire encore
que les chemins Romains
qui traversent ce
pays de toutes parts, & les
medailles que l'on y rencontre,
en sont de fûres
marques. Ce qui pourroit
aussi faire croire que les
cercüeils de Devoye contenoient
plûtôt des corps,
de Romains, que des corps
de nos ancêtres:mais ce ne
sont peut-être ni des uns,
ni des autres, parce que les
Gaulois brûloient leurs
morts, au rapport même
de Cesar
,
& que les Romains
mettoient en la bouche
de ceux qu'ils enterroient
de petites pieces
d'or, d'argent &de cuivre,
pour payer à Caron le passage
du fleuve d'oubli; 6c
enfermoient quelquefois
des lampes ardentes avec
eux, pour servir à leurconduite
dans les tenebres
de l'autre monde:& l'on
n'a trouvé dans tous ces
cercüeils que des os & de
la terre, suivant l'observation
quej'en ai faite. Nean.
moins on peut penser que,
comme les Romains brûloient
par honneur quelques-
uns de leurs morts,
les Gaulois par la même
raison enterroient quelquesuns
des leurs, & que
ceux des cercueils étoient
de ce nombre, & apparemment
de quelque illustre
famille de Bar sur Seine,
qui avoir choisi la sepulture
dans sa vigne, comme
le bon pere Abraham
avoit choisi la sienne &
celle de Ces enfans dans son
champ.
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Résumé : ANTIQUITEZ. LETTRE.
Le texte décrit deux découvertes archéologiques à Bar-sur-Seine. La première concerne une boule de pierre creuse, découverte lors du creusement d'une cave. Cette boule présente une soudure et des morceaux de fer à l'intérieur. Environ vingt ans auparavant, une autre découverte avait été faite dans la même région. Elle comprenait neuf cercueils de pierre, disposés en rangées dans une vigne, ainsi qu'un autel de pierre fondue. Les cercueils, de dimensions identiques, contenaient des os et étaient orientés vers l'est, avec l'autel à leurs pieds. Le coteau où ces objets ont été trouvés, nommé Devoye, est situé entre les rivières Ourse et Arce, près de la Seine. Le texte mentionne également diverses hypothèses sur l'origine des noms des villages voisins et sur la possible signification religieuse ou historique des découvertes. Il évoque la présence de chemins romains et de médailles, suggérant une influence romaine. Cependant, il est noté que les Gaulois avaient généralement l'habitude de brûler leurs morts, tandis que les Romains plaçaient des objets spécifiques dans les tombes. Ces éléments soulèvent des questions sur les pratiques funéraires et les influences culturelles dans la région.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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43
p. 155-173
LETTRE à Monsieur B ....
Début :
Puisque vous souhaitez, Monsieur, que je vous apprenne l'Histoire de [...]
Mots clefs :
Académie, Lyon, Égypte, Syrie, Sciences, Belles-lettres, Conférences, Érudition, Académiciens, Publications
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE à Monsieur B ....
LETTRE
- àMonsieurB.
Puisque
vous souhaitez,
Monsieur,que je vous apprenne
l'Histoire de l'Académieétablie
à Lyon, je
vais tascher de satisfaire
vôtre curiosité.
Cette Académie est digne
de cette Villecélébre,
elle a pour objet les Sciences
& les belles Lettres:
elle aété formée au mois
de Janvier de l'année1708.
& n'estoit d'abord composée
que de six personnes
quisont les Reverends
Peres Jesuites Brun & de
Colonia
,
Mr Dugas le
Président, Mr Villemot
Curé de la Guillotiere, Mr
de Puget, & Mr Falconnet.
La maison de ce dernier
Academicienétait le lieu
des conferences;ils joüissaient
des plaisirs les plus
purs que peut produire la
societé des esprits, lorsque
MrTrudaine Intendant de
cette Ville, sollicité par
l'amour qu'il a pour les
Sciences & les beaux Arts,
souhaita d'entrer dans ces
conferences. On s'assembla
chez lui, mais le gran d
concours du monde qui
sabordait chez ce Magistrat
) troublant la liberté
des assem blées
) on jugea
sa propos de se rendre chez
[Mr de la Valette en Belleà
cour, qui a une très- bell
Bibliothèque. Le nombr
des Académiciens s'aug
mentaalors, on reçut NI
de la Valecte le Pere & M
de la Valette le fils, Mr d
Serre, Mr Brossette, M
l'Abbé de Gouverner, M
Mahudel&Mrl'AbbéTi^
caut de Bellont. L'anné
suivante 1 710. on recei
Mr de Sainsonds.
Mr de Trudaine ~ayan été appellé à rintendanc
de Bourgogne, Mr de M^
lian qui fut nommé à
place ,succeda à l'inclind
tion que Mr de Trudaine
avait pour l'Académie, il
est fort assidu aux conférences.
On a receu depuis en
1711 Mr Aubert&Mrde
Glatigni. Je ne garde aucun
ordre encre les Académiciens
,
je les nommeà
mesure qu'ils se presentent
à mon esprit Je ferois ravi
de les faire connaîtrepar
des éloges personnels: mais
ennemis des loüanges les
plus legitimes,ils me de£.-
fendent de leur payer un
tribut auquel l'équité ellemême
m'avait assujetti.
J'ay la liberté de parler de
Mr dePuget que la mort
a ravi à la Republique des
Lettres; il estoit connu de
tous les Sçavans par ses
experiences sur l'Aymanc,
& par ses découvertes dans
cette partie de la Physique.
J'exprimerais ici son caractere
si tous les Journalistes
ne m'avaientprévenu.
Ils ont saisi tous les
traits de ce Sçavant celebre,
ils n'en ont laissé aucun
à peindre.
On sJalfenlbIe régulierement
rement tous les Lundis sur
les trois heures du soir, la
conférence dure environ
trois heures. Les Académiciens
y exercent leur érudition
sur toutes fortes
de sujets.
Mr de Villemot a parlé
premièrement des erreurs
populaires en matiere de
Physique & de Mathématique.
Secondement de l'Idolatrie,
de son origine & de
son progrez.
Troisièmement de 'la
force des nerfs.
Quatrièmement des pré-
Adamites
,
du Deluge ôc
de son universalité.
Cinquièmement, de la
confession publique qui se
faisoit dans les premiers
siecles de l'Eglise.
Mr Brossette a fait deux
discours, le premier de la
Peinture, dela Sculpture,
de l'Architecture, de leur
origine, de leur progrès,
& de leur perfection.
Le fecond
,
de la sepulture
des Anciens.
Mr le Président Dugas
a fait un discours sur le bon
goût en matiere de belles
Lettres.
Le Pere Brun a fait quatre
Dissertations.
La premiere, sur les fausses
Decretales.
La seconde, sur l'unité,
qui, selon les Platoniciens,
est le principe de la beauté.
La troisième,sur les vents.
La quatrième
,
sur les
vrais miracles.
- Mr Mahudel a traité prémièrement
desMomies&
des superstitions des Egyptiens.
Secondement, des quesrions
Philologiques sur la
Paillon deJesusChrist.
Troisiémement.,des Talismans.
Quatrièmement
,
des
Fontaines.
Mr Aubert, lejourdesa
reception
,
fit un discours
sur le Bejaune ou sur la
Bienvenuë.
Il a encore fait deux autres
discours.
Le premier, sur la Manumission
des Esclaves.
Et le second sur un Canon
du Concile d'Elvire.
LePere de Colonia a fait
plusieurs Disserrations.
Premierement
,
sur les
Textes originaux de l'Ecrirure
fainte.
Secondement, sur la verion
des Septante.
Troisiémement,sur les
choses vrayes qui ne sont
pas vraisemblables.
Quatrièmement, sur le
l'Infini créé.
Cinquièmement, sur l'origine
& les variations du
jeusne du Caresme.
Sixiémement, sur la Rcgale,
la Pragmatique Sandion
& le Concordat.
Septiememcnt,sur les plus
beaux endroits des Auteurs
du siecle d'Auguste.
Huitièmement, sur les
plus belles Epitaphes des
Grecs, des Latins& des
François.
Neuvièmement
,
sur la
Cabale &surla Massore.
Dixiémement, sur l'antiquité
des Temps.
Onzièmement, sur les
Catacombes.
Mr l'Abbé de Gouver.
net a fait deux discours.
Le premier, sur Cassiodore
e Apollonius de
Thiane.
Le [econd) sur laverité
les Miracles.
Mr l'Abbé Tricaut a
arlé fut les persecutions
e FEgliic.
L'on voit que toutes les
ciences,l'antique,le moerne,
le sacre, & le profane
J tout est embrasse par
ces nouveaux Académiciens.
Ils agitent plusieurs
questions fut la Langue
Françoise.
Quoyque je doive ceder
du moins pour un temps
à la loy qu'ils m'ont prescrite
de ne les point louer,
je ne puis m'empescher d^
dire icy que plusieurs d'entr'eux
ont donné des ouvrages
au public, qui leur
ont acquis de la reputa.
tion parmy les Sçavans.
Mr de Villemor a don.
né un nouveau Systeme,
ou une nouvelle Explication
des mouvemens des
Planettes. Cet ouvrage qui
est rempli de vûës ingenieufès
fait honneur à la
Philosophie de Descartes.
Mr Brofetreacomposé
une Table des Titres des
Livres du Droite une Histoire
stoireparticulière de Lyon,
comme il estoit fore lié
avec Despreaux,ce fameux
Auteur luy a découvert
confidemment les secrets
de son stile, & il la conduit
souvent à lasource où
il puisoit toutes ses pensées
heureuses.
Mr l'Abbé de Gouvernet
qui est fort distingué
par sa naissance,est grand
Vicaire de ce Diocese ; il
a donné au public un Commentaire
sur laGenere. Je
succomberois facilementà
la tentation de le louer, si
je m'arrestois davantage
surce sujet. -4..
Le Pere de Colonia a mis
en lumiere des ouvrages
dans plusieurs genres d'érudition
; il a composé plusieurs
Tragedies Françoises
qu'il a alliées avec la
faintere de son estat. Il a
fait present au public d'une
Rhetoriquelatine. Il presensa
àMonfeigneur leDuc
de Bourgogne decedéDauphin
de France,un ouvrage
qui a pour titre les Annquitez
sacrées & profanes
d{.; Lyon. Il a fait une Die:
fertation sur le Taurobole
découvertàLyon en 1704.
Il a fait encore plusieurs
dissèrtations sur divers moninnens
antiques.C'est un
genie vasse & universel , Sce trait delouange m'échape.
Il a un des plus
beaux cabinets de Medailes
que la curiosité la plus
riche & la plus fçavance
uifJè assembler ; il. a une
suite de Médaillés Consuaires
de Rome en argent; il a la fuite des Empereurs
Romains en grand, moyen
m petit bronze une fuite
des Rois de SyrieJune luite
des Rois d'Egypte, une
fuite des Medailles de laSicile&
de la grande Grece
en argent & en bronze. Il
a plusieurs Idoles de l'Egypte,
de la Grece, de Rome;
des Lampes antiques
en bronze; une Histoire
métallique des Papes en
argent&en or;une partie
de la vie du Roy en argent,
desmonnoyesdargent des
trois races de nos Rois.
Je m'interromps moy.
mesme,& jecesse de 1erdecette par
lerdecetteAAccaaddéémmiieeasi
des sujets qui la composent
: car malgré la loy
qu'on m'a imposée je serois
porté à louër le rare
sçavoir & la profondemodeftie
du Pere Brun & le
mérité de Mr Dugas, du
Président & des autres Academiciens.
RELATION
- àMonsieurB.
Puisque
vous souhaitez,
Monsieur,que je vous apprenne
l'Histoire de l'Académieétablie
à Lyon, je
vais tascher de satisfaire
vôtre curiosité.
Cette Académie est digne
de cette Villecélébre,
elle a pour objet les Sciences
& les belles Lettres:
elle aété formée au mois
de Janvier de l'année1708.
& n'estoit d'abord composée
que de six personnes
quisont les Reverends
Peres Jesuites Brun & de
Colonia
,
Mr Dugas le
Président, Mr Villemot
Curé de la Guillotiere, Mr
de Puget, & Mr Falconnet.
La maison de ce dernier
Academicienétait le lieu
des conferences;ils joüissaient
des plaisirs les plus
purs que peut produire la
societé des esprits, lorsque
MrTrudaine Intendant de
cette Ville, sollicité par
l'amour qu'il a pour les
Sciences & les beaux Arts,
souhaita d'entrer dans ces
conferences. On s'assembla
chez lui, mais le gran d
concours du monde qui
sabordait chez ce Magistrat
) troublant la liberté
des assem blées
) on jugea
sa propos de se rendre chez
[Mr de la Valette en Belleà
cour, qui a une très- bell
Bibliothèque. Le nombr
des Académiciens s'aug
mentaalors, on reçut NI
de la Valecte le Pere & M
de la Valette le fils, Mr d
Serre, Mr Brossette, M
l'Abbé de Gouverner, M
Mahudel&Mrl'AbbéTi^
caut de Bellont. L'anné
suivante 1 710. on recei
Mr de Sainsonds.
Mr de Trudaine ~ayan été appellé à rintendanc
de Bourgogne, Mr de M^
lian qui fut nommé à
place ,succeda à l'inclind
tion que Mr de Trudaine
avait pour l'Académie, il
est fort assidu aux conférences.
On a receu depuis en
1711 Mr Aubert&Mrde
Glatigni. Je ne garde aucun
ordre encre les Académiciens
,
je les nommeà
mesure qu'ils se presentent
à mon esprit Je ferois ravi
de les faire connaîtrepar
des éloges personnels: mais
ennemis des loüanges les
plus legitimes,ils me de£.-
fendent de leur payer un
tribut auquel l'équité ellemême
m'avait assujetti.
J'ay la liberté de parler de
Mr dePuget que la mort
a ravi à la Republique des
Lettres; il estoit connu de
tous les Sçavans par ses
experiences sur l'Aymanc,
& par ses découvertes dans
cette partie de la Physique.
J'exprimerais ici son caractere
si tous les Journalistes
ne m'avaientprévenu.
Ils ont saisi tous les
traits de ce Sçavant celebre,
ils n'en ont laissé aucun
à peindre.
On sJalfenlbIe régulierement
rement tous les Lundis sur
les trois heures du soir, la
conférence dure environ
trois heures. Les Académiciens
y exercent leur érudition
sur toutes fortes
de sujets.
Mr de Villemot a parlé
premièrement des erreurs
populaires en matiere de
Physique & de Mathématique.
Secondement de l'Idolatrie,
de son origine & de
son progrez.
Troisièmement de 'la
force des nerfs.
Quatrièmement des pré-
Adamites
,
du Deluge ôc
de son universalité.
Cinquièmement, de la
confession publique qui se
faisoit dans les premiers
siecles de l'Eglise.
Mr Brossette a fait deux
discours, le premier de la
Peinture, dela Sculpture,
de l'Architecture, de leur
origine, de leur progrès,
& de leur perfection.
Le fecond
,
de la sepulture
des Anciens.
Mr le Président Dugas
a fait un discours sur le bon
goût en matiere de belles
Lettres.
Le Pere Brun a fait quatre
Dissertations.
La premiere, sur les fausses
Decretales.
La seconde, sur l'unité,
qui, selon les Platoniciens,
est le principe de la beauté.
La troisième,sur les vents.
La quatrième
,
sur les
vrais miracles.
- Mr Mahudel a traité prémièrement
desMomies&
des superstitions des Egyptiens.
Secondement, des quesrions
Philologiques sur la
Paillon deJesusChrist.
Troisiémement.,des Talismans.
Quatrièmement
,
des
Fontaines.
Mr Aubert, lejourdesa
reception
,
fit un discours
sur le Bejaune ou sur la
Bienvenuë.
Il a encore fait deux autres
discours.
Le premier, sur la Manumission
des Esclaves.
Et le second sur un Canon
du Concile d'Elvire.
LePere de Colonia a fait
plusieurs Disserrations.
Premierement
,
sur les
Textes originaux de l'Ecrirure
fainte.
Secondement, sur la verion
des Septante.
Troisiémement,sur les
choses vrayes qui ne sont
pas vraisemblables.
Quatrièmement, sur le
l'Infini créé.
Cinquièmement, sur l'origine
& les variations du
jeusne du Caresme.
Sixiémement, sur la Rcgale,
la Pragmatique Sandion
& le Concordat.
Septiememcnt,sur les plus
beaux endroits des Auteurs
du siecle d'Auguste.
Huitièmement, sur les
plus belles Epitaphes des
Grecs, des Latins& des
François.
Neuvièmement
,
sur la
Cabale &surla Massore.
Dixiémement, sur l'antiquité
des Temps.
Onzièmement, sur les
Catacombes.
Mr l'Abbé de Gouver.
net a fait deux discours.
Le premier, sur Cassiodore
e Apollonius de
Thiane.
Le [econd) sur laverité
les Miracles.
Mr l'Abbé Tricaut a
arlé fut les persecutions
e FEgliic.
L'on voit que toutes les
ciences,l'antique,le moerne,
le sacre, & le profane
J tout est embrasse par
ces nouveaux Académiciens.
Ils agitent plusieurs
questions fut la Langue
Françoise.
Quoyque je doive ceder
du moins pour un temps
à la loy qu'ils m'ont prescrite
de ne les point louer,
je ne puis m'empescher d^
dire icy que plusieurs d'entr'eux
ont donné des ouvrages
au public, qui leur
ont acquis de la reputa.
tion parmy les Sçavans.
Mr de Villemor a don.
né un nouveau Systeme,
ou une nouvelle Explication
des mouvemens des
Planettes. Cet ouvrage qui
est rempli de vûës ingenieufès
fait honneur à la
Philosophie de Descartes.
Mr Brofetreacomposé
une Table des Titres des
Livres du Droite une Histoire
stoireparticulière de Lyon,
comme il estoit fore lié
avec Despreaux,ce fameux
Auteur luy a découvert
confidemment les secrets
de son stile, & il la conduit
souvent à lasource où
il puisoit toutes ses pensées
heureuses.
Mr l'Abbé de Gouvernet
qui est fort distingué
par sa naissance,est grand
Vicaire de ce Diocese ; il
a donné au public un Commentaire
sur laGenere. Je
succomberois facilementà
la tentation de le louer, si
je m'arrestois davantage
surce sujet. -4..
Le Pere de Colonia a mis
en lumiere des ouvrages
dans plusieurs genres d'érudition
; il a composé plusieurs
Tragedies Françoises
qu'il a alliées avec la
faintere de son estat. Il a
fait present au public d'une
Rhetoriquelatine. Il presensa
àMonfeigneur leDuc
de Bourgogne decedéDauphin
de France,un ouvrage
qui a pour titre les Annquitez
sacrées & profanes
d{.; Lyon. Il a fait une Die:
fertation sur le Taurobole
découvertàLyon en 1704.
Il a fait encore plusieurs
dissèrtations sur divers moninnens
antiques.C'est un
genie vasse & universel , Sce trait delouange m'échape.
Il a un des plus
beaux cabinets de Medailes
que la curiosité la plus
riche & la plus fçavance
uifJè assembler ; il. a une
suite de Médaillés Consuaires
de Rome en argent; il a la fuite des Empereurs
Romains en grand, moyen
m petit bronze une fuite
des Rois de SyrieJune luite
des Rois d'Egypte, une
fuite des Medailles de laSicile&
de la grande Grece
en argent & en bronze. Il
a plusieurs Idoles de l'Egypte,
de la Grece, de Rome;
des Lampes antiques
en bronze; une Histoire
métallique des Papes en
argent&en or;une partie
de la vie du Roy en argent,
desmonnoyesdargent des
trois races de nos Rois.
Je m'interromps moy.
mesme,& jecesse de 1erdecette par
lerdecetteAAccaaddéémmiieeasi
des sujets qui la composent
: car malgré la loy
qu'on m'a imposée je serois
porté à louër le rare
sçavoir & la profondemodeftie
du Pere Brun & le
mérité de Mr Dugas, du
Président & des autres Academiciens.
RELATION
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Résumé : LETTRE à Monsieur B ....
L'Académie de Lyon, fondée en janvier 1708, se consacre aux sciences et aux belles-lettres. Initialement composée de six membres, dont les Pères Jésuites Brun et de Colonia, Mr Dugas, Mr Villemot, Mr de Puget et Mr Falconnet, elle se réunissait chez ce dernier. À la demande de Mr Trudaine, Intendant de Lyon, les réunions se tinrent ensuite chez lui avant de se déplacer chez Mr de La Valette en raison de l'affluence croissante. L'Académie s'agrandit avec l'ajout de nouveaux membres tels que Mr de La Valette père et fils, Mr de Serre, Mr Brossette, l'Abbé de Gouvernet, Mr Mahudel et l'Abbé Tricaut de Bellont. En 1710, Mr de Sainsonds et en 1711, Mr Aubert et Mr de Glatigni rejoignirent l'Académie. Les académiciens se réunissent régulièrement chaque lundi à 15 heures pour des conférences durants trois heures, abordant divers sujets. Parmi les contributions notables, Mr de Villemot parla des erreurs populaires en physique et mathématiques, de l'idolâtrie, de la force des nerfs, des pré-adamites, du déluge et de la confession publique dans les premiers siècles de l'Église. Mr Brossette discourut sur la peinture, la sculpture, l'architecture et les sépultures des Anciens. Mr Dugas traita du bon goût en matière de belles-lettres. Le Père Brun disserta sur les fausses décrétales, l'unité selon les Platoniciens, les vents et les vrais miracles. Mr Mahudel aborda les momies, les superstitions égyptiennes, les questions philologiques sur le paillon de Jésus-Christ, les talismans et les fontaines. Mr Aubert parla du bejaune, de la manumission des esclaves et d'un canon du Concile d'Elvire. Le Père de Colonia fit plusieurs dissertations sur des sujets variés, allant des textes originaux de l'Écriture sainte aux catacombes. L'Académie embrasse toutes les sciences, anciennes et modernes, sacrées et profanes. Plusieurs membres ont publié des ouvrages notables, comme Mr de Villemot sur les mouvements des planètes, Mr Brossette sur le droit et l'histoire de Lyon, et le Père de Colonia sur divers sujets d'érudition. L'Académie possède également une riche collection de médailles et d'objets antiques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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44
p. 217-232
RELATION de ce qui s'est passé de plus considérable é Fontainebleau depuis le 31. Aoust jusques au 11. Octobre.
Début :
Le Roy estant parti le 30. de Marly alla coucher [...]
Mots clefs :
Fontainebleau, Roi, Duchesse de Berry, Cérémonies, Chasse, Jeux, Audiences, Capucins
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texteReconnaissance textuelle : RELATION de ce qui s'est passé de plus considérable é Fontainebleau depuis le 31. Aoust jusques au 11. Octobre.
RELATION
de ce qui s'efl passé de plus
consîderable à Fontainebleau
adeupu1is1l.eO3Û1.oAbroeu.jljufqucs
» LE Roy estant parti le
30. de Marly alla couch
r à Petitbourg
,
& le 31.
à Fontainebleau, accompa-
,
gné de Monseigneur le
Duc & de Madame la Duchesse
de Berry
,
des autres
Pinces &PnnccflV$!3 Cour
y a esté tres-nombruse &
tres-magnifique. Il y a capresque
tous les jours chatte
de Cerf
,
duSanglier ou du
Loup
,
trois fois la fClTIJÍnc
Comedie, les autres jours an
a joüé chez Madame la Duchesse
de Berry un fort gros
jeu depuis sept heurcs
soir jusques à dit. Il y avoit
ordinairement douze ou
quinzeCoupeurs, Monseigneur
leDuc& Madamela
Duchesse de Berry, Madame
la Duchesse, Monsieur PE.--
lecteur de Baviere, Monsieur
le Comte de Toulouse
étoient de ce nombre: Il y
a eu deux fois la semaine
pesche des Cormorans &
promenade Royale le long
du Canal. Le Roy menoit
lui-mêmesaCalèche,ainsi
que Madame la Duchesse de
Berry la sienne, qui marchoit
toujours à costé de celle du
Roy, & qui estoit route dorée
,
de même que les harnois
des chevaux. L'habit de
cette Princesseestoit toujour
d'une étoffe fort riche,
& tout couvert de rubis
d'émeraudes, ou de diamanso
Sa coëssure en estoit si remplie,
qu'on peut dire sans
exageration que la vûë en
pouvoic à peine supporter
l'éclat. Ces deux Caléches
estoient entourées de Monseigneur
le Duc de Berry, de
Monsieur le Duc d'Orléans,
de Monsieur le Conue de
Charolois, de Madame .si
Princesse de Conti, de Mademoicelle
de Charolois, de
pbluesmieeunrtsvaêuttureëss Dames superen
habit de
Chasse à cheval
,
de même
que la pluspartdes Seigneurs
de la Cour. Immédiatement
après fuivoicnt plus de cent
Carosses à six & à huit chevaux,
dans lesquels on voyoit
Madame,Madame la Ducheflc
d'Orléans, Madame
la Duchesse
,
Madame la
Princesse de Conti ancienne
Doüairiere, Madame la Princesse
de Conti, Monsieur
l'Electeur de Baviere, Monsieur
le Prince Ragotzi, Mr
le Grand, Mr le Prince de
Vaudemont
j
Mr le Prince
d'Enrichement
,
Mrs les
Cardinaux Gualtieri, de
Rohan & de Polignac, Mrs
le Nonce, Mrsles Ambassadeurs,
Mrs les Envoyez
ou Ministres qui sont en
France, & pluficurs autres
Seigneurs & Dames de la
Cour.
Je n'entreprendray point
la description de la ric hesse
& de la diversité des habits;
il suffit de vous dire que l'imagination
ne peut aller plus
loin, & que les yeux en
estoient ébloüis, & à mesure
que le Roy montoit ou descendoit
, on voyoit deux
gondolestoutes dorées que
des Matelots habillez d'un
gros dma.. bleu avec une
frange d,'or) faisoit suivre
cette Royale Troupe. La
fouledes Spectateurs estoit
tres grande. oLe 7. Sa Majesté donna
Audiance aux Dépurez des
jiratsdc la Province de LangwApç.
, ayans à leur reste
Monsieur le Duc du Maine,
Gouverneur de la Province,
& Mr le Marquis de la Vnl-P
liere, Secrétaired'Etat Mr
l'Evesque de Mande harangua.
Ils allerent en fuite chez
Monseigneur le Duc de Berry.
Le8. jour de la Nativité
de la Vierge, le Roy fit rendre
le Pain bénit al'Eglise Paroissiale
de Fontainebleau par
MMrrl'lAAbbbbéédd'E'EnDtragues, l'un , de ses Aumôniers,en Rochet.
Cet Abbé estoit precedé de
douze Suisses de la Garde qui
portoient six Pains bénits
sur lesquels estoient plusieurs
Banderolles aux Armes de
..f'ance,
ayans à leur reste les
Hauts bois, Trompcttes &
autres Instrumens, & estant
arrivé à I'Eglise, à l'Offertoire,
il allaàl'Offrande renant
un cierge où estoient
- huitdemi Louis d'or. Le même
jour à midy & demi, les
Députez des Etats de Languedoc
curent Audience de
Madame la DuchessedeBerry
,
qui porroit ce jour-là un
habit d'étoffe d'argent chamarré
derubis,de perles&de
diamants. La juppe étoit chamarréeenplein
d'un Point
d'Espagne d'argent, sa coef*
fure estoit toute couverte dè
pierreries. Le Cercle estoit
tres grand ce jour-là, où se
trouva un grand nombre de
Duchesses, &quantité de Seigneurs
&de Dames fuperbcment
vêtuës, & routes brillantes
de pierreries sur leurs
habits & dansleurs coëffures.
L'Evesquede Mandeharang
™:
Le 1 0. Monseigneur le Duc
de Berry fit rendre le Painbenit
par Monsieurl'Abbé
Berard, l'un de ses Aumôniers.
Le même jour le Generaldes
Capucins qui eil venu
faire lavisirede sonOrdreen
France eur Audiance du Roy,
acompngnéde 2 5. Religieux
de son Ordre, ensuite Ill) ut
de Monseigneur le Duc ÔC
de Madame la Duchesse de
Beiry. L'habit decettePrin-r
te..Ífe étoit ce jour-là d'une
étosse d'or avec une garniture
de diamants, dans laquelle
ainsi que dans sa coeffure entroienc
les plus belles pierreries
qu'on puisse voir,le Cercle
étoit des plus beaux, &
les Dames qui le composoit
étoient generalement habillées
ou d'étoffes d'or garnis
d'agréments d'or & d'argent
ou de soye de routes couleurs
brodez, & elles estoient brillantes
de pierreries sur leurs
habits & dans leurs coëffures.
L'Evesque de Mande harangua.
Le Dimanche 17. Madame
la Duchesse de Berry fit
rendre le Pain benit àl'Eglise
Paroissiale de Fontainebleau
par Mr l'Abbé Rouget l'un
de ses Aumoniers, en rochet.
Cet Abbé traversala Cour
des cuisines & la granderuë,
précedé de douze Suisses qui
portoient six Pains, sur les-
-
quels estoient plusieurs banderoles
aux Armes decette
Princesse, à la teste marchoit
plusieurs Haut- bois, Tromperes
& autres Instrumens
qui se firent entendre pendant
toute la marche jusques
mêmedansl'Eglise où ccc
Abbé alla à l'Offrande, tenant
un cierge à la main où
estoient plusieurs demi Louis
d'or: Madame fit faire la
même Ceremonie le 21.jour
de S. Mathieu par Mr l'Abbé
Lagors, un de ses Aumo.
niers,
Le 24- on presenta à l'issuë
de la Messe un homme
au Roy,âgé de cent un an
& huit mois, né en 1612.
au mois de Février, & fait
Capitaine en 1636. comme
il paroist par le Brevet. Le
même jour à midy & demi
Mr de Boiffieux porta la
nouvelle que nous avions forcé
les retranchemens des ennemis
prés Fribourg.
Le a.. Octobre Don Félix
Corneïo, Secrétaire de
l'Ambassade d'Espagne arriva
avec l'agréable nouvelle que
la Reine d'Espagne étoit accouchée
d'un Prince, & le
4. on apprit par un Courier
qu'on avoit ouvert la tranchée
devant Fribourg la nuit
du dernier Septembre au i'
Octobre.
Le 11. le Roy accompagné
de Monseigneur le Duc
&de Madame la Duchcffc de
Bcrry partit de Fontaines
bleau pour aller coucher à
Petit- bourg & le 12 à Versailles:
On peut dire que la
Cour n'a jamais cité ny plus
nombreuse ny plus brillante
& quelle ne s'est jamais
mieux divertie à Fontainebleau.
La Saison qui y a esté
tres belle, & le nombre des
Ecrangers tres- grand. Ils ne
pouvoient se lasser d'admirer
la grandeur dela Cour de
France. Ils estoient charmez
de voir tous les jours Madame
la Duchesse de Berry,
Madame la Princesse de Conti,
MademoiselledeCharollois
& les autres DJHICSvêtuës
en habit de chasse ayans
des just au - corps tous chamarrez
ou brodez d'or &
d'argent, avec des chapeaux
couverts de plumes, courir le
Cei fou le Sanglier, comme
les plus adroits Cavaliers.
de ce qui s'efl passé de plus
consîderable à Fontainebleau
adeupu1is1l.eO3Û1.oAbroeu.jljufqucs
» LE Roy estant parti le
30. de Marly alla couch
r à Petitbourg
,
& le 31.
à Fontainebleau, accompa-
,
gné de Monseigneur le
Duc & de Madame la Duchesse
de Berry
,
des autres
Pinces &PnnccflV$!3 Cour
y a esté tres-nombruse &
tres-magnifique. Il y a capresque
tous les jours chatte
de Cerf
,
duSanglier ou du
Loup
,
trois fois la fClTIJÍnc
Comedie, les autres jours an
a joüé chez Madame la Duchesse
de Berry un fort gros
jeu depuis sept heurcs
soir jusques à dit. Il y avoit
ordinairement douze ou
quinzeCoupeurs, Monseigneur
leDuc& Madamela
Duchesse de Berry, Madame
la Duchesse, Monsieur PE.--
lecteur de Baviere, Monsieur
le Comte de Toulouse
étoient de ce nombre: Il y
a eu deux fois la semaine
pesche des Cormorans &
promenade Royale le long
du Canal. Le Roy menoit
lui-mêmesaCalèche,ainsi
que Madame la Duchesse de
Berry la sienne, qui marchoit
toujours à costé de celle du
Roy, & qui estoit route dorée
,
de même que les harnois
des chevaux. L'habit de
cette Princesseestoit toujour
d'une étoffe fort riche,
& tout couvert de rubis
d'émeraudes, ou de diamanso
Sa coëssure en estoit si remplie,
qu'on peut dire sans
exageration que la vûë en
pouvoic à peine supporter
l'éclat. Ces deux Caléches
estoient entourées de Monseigneur
le Duc de Berry, de
Monsieur le Duc d'Orléans,
de Monsieur le Conue de
Charolois, de Madame .si
Princesse de Conti, de Mademoicelle
de Charolois, de
pbluesmieeunrtsvaêuttureëss Dames superen
habit de
Chasse à cheval
,
de même
que la pluspartdes Seigneurs
de la Cour. Immédiatement
après fuivoicnt plus de cent
Carosses à six & à huit chevaux,
dans lesquels on voyoit
Madame,Madame la Ducheflc
d'Orléans, Madame
la Duchesse
,
Madame la
Princesse de Conti ancienne
Doüairiere, Madame la Princesse
de Conti, Monsieur
l'Electeur de Baviere, Monsieur
le Prince Ragotzi, Mr
le Grand, Mr le Prince de
Vaudemont
j
Mr le Prince
d'Enrichement
,
Mrs les
Cardinaux Gualtieri, de
Rohan & de Polignac, Mrs
le Nonce, Mrsles Ambassadeurs,
Mrs les Envoyez
ou Ministres qui sont en
France, & pluficurs autres
Seigneurs & Dames de la
Cour.
Je n'entreprendray point
la description de la ric hesse
& de la diversité des habits;
il suffit de vous dire que l'imagination
ne peut aller plus
loin, & que les yeux en
estoient ébloüis, & à mesure
que le Roy montoit ou descendoit
, on voyoit deux
gondolestoutes dorées que
des Matelots habillez d'un
gros dma.. bleu avec une
frange d,'or) faisoit suivre
cette Royale Troupe. La
fouledes Spectateurs estoit
tres grande. oLe 7. Sa Majesté donna
Audiance aux Dépurez des
jiratsdc la Province de LangwApç.
, ayans à leur reste
Monsieur le Duc du Maine,
Gouverneur de la Province,
& Mr le Marquis de la Vnl-P
liere, Secrétaired'Etat Mr
l'Evesque de Mande harangua.
Ils allerent en fuite chez
Monseigneur le Duc de Berry.
Le8. jour de la Nativité
de la Vierge, le Roy fit rendre
le Pain bénit al'Eglise Paroissiale
de Fontainebleau par
MMrrl'lAAbbbbéédd'E'EnDtragues, l'un , de ses Aumôniers,en Rochet.
Cet Abbé estoit precedé de
douze Suisses de la Garde qui
portoient six Pains bénits
sur lesquels estoient plusieurs
Banderolles aux Armes de
..f'ance,
ayans à leur reste les
Hauts bois, Trompcttes &
autres Instrumens, & estant
arrivé à I'Eglise, à l'Offertoire,
il allaàl'Offrande renant
un cierge où estoient
- huitdemi Louis d'or. Le même
jour à midy & demi, les
Députez des Etats de Languedoc
curent Audience de
Madame la DuchessedeBerry
,
qui porroit ce jour-là un
habit d'étoffe d'argent chamarré
derubis,de perles&de
diamants. La juppe étoit chamarréeenplein
d'un Point
d'Espagne d'argent, sa coef*
fure estoit toute couverte dè
pierreries. Le Cercle estoit
tres grand ce jour-là, où se
trouva un grand nombre de
Duchesses, &quantité de Seigneurs
&de Dames fuperbcment
vêtuës, & routes brillantes
de pierreries sur leurs
habits & dansleurs coëffures.
L'Evesquede Mandeharang
™:
Le 1 0. Monseigneur le Duc
de Berry fit rendre le Painbenit
par Monsieurl'Abbé
Berard, l'un de ses Aumôniers.
Le même jour le Generaldes
Capucins qui eil venu
faire lavisirede sonOrdreen
France eur Audiance du Roy,
acompngnéde 2 5. Religieux
de son Ordre, ensuite Ill) ut
de Monseigneur le Duc ÔC
de Madame la Duchesse de
Beiry. L'habit decettePrin-r
te..Ífe étoit ce jour-là d'une
étosse d'or avec une garniture
de diamants, dans laquelle
ainsi que dans sa coeffure entroienc
les plus belles pierreries
qu'on puisse voir,le Cercle
étoit des plus beaux, &
les Dames qui le composoit
étoient generalement habillées
ou d'étoffes d'or garnis
d'agréments d'or & d'argent
ou de soye de routes couleurs
brodez, & elles estoient brillantes
de pierreries sur leurs
habits & dans leurs coëffures.
L'Evesque de Mande harangua.
Le Dimanche 17. Madame
la Duchesse de Berry fit
rendre le Pain benit àl'Eglise
Paroissiale de Fontainebleau
par Mr l'Abbé Rouget l'un
de ses Aumoniers, en rochet.
Cet Abbé traversala Cour
des cuisines & la granderuë,
précedé de douze Suisses qui
portoient six Pains, sur les-
-
quels estoient plusieurs banderoles
aux Armes decette
Princesse, à la teste marchoit
plusieurs Haut- bois, Tromperes
& autres Instrumens
qui se firent entendre pendant
toute la marche jusques
mêmedansl'Eglise où ccc
Abbé alla à l'Offrande, tenant
un cierge à la main où
estoient plusieurs demi Louis
d'or: Madame fit faire la
même Ceremonie le 21.jour
de S. Mathieu par Mr l'Abbé
Lagors, un de ses Aumo.
niers,
Le 24- on presenta à l'issuë
de la Messe un homme
au Roy,âgé de cent un an
& huit mois, né en 1612.
au mois de Février, & fait
Capitaine en 1636. comme
il paroist par le Brevet. Le
même jour à midy & demi
Mr de Boiffieux porta la
nouvelle que nous avions forcé
les retranchemens des ennemis
prés Fribourg.
Le a.. Octobre Don Félix
Corneïo, Secrétaire de
l'Ambassade d'Espagne arriva
avec l'agréable nouvelle que
la Reine d'Espagne étoit accouchée
d'un Prince, & le
4. on apprit par un Courier
qu'on avoit ouvert la tranchée
devant Fribourg la nuit
du dernier Septembre au i'
Octobre.
Le 11. le Roy accompagné
de Monseigneur le Duc
&de Madame la Duchcffc de
Bcrry partit de Fontaines
bleau pour aller coucher à
Petit- bourg & le 12 à Versailles:
On peut dire que la
Cour n'a jamais cité ny plus
nombreuse ny plus brillante
& quelle ne s'est jamais
mieux divertie à Fontainebleau.
La Saison qui y a esté
tres belle, & le nombre des
Ecrangers tres- grand. Ils ne
pouvoient se lasser d'admirer
la grandeur dela Cour de
France. Ils estoient charmez
de voir tous les jours Madame
la Duchesse de Berry,
Madame la Princesse de Conti,
MademoiselledeCharollois
& les autres DJHICSvêtuës
en habit de chasse ayans
des just au - corps tous chamarrez
ou brodez d'or &
d'argent, avec des chapeaux
couverts de plumes, courir le
Cei fou le Sanglier, comme
les plus adroits Cavaliers.
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Résumé : RELATION de ce qui s'est passé de plus considérable é Fontainebleau depuis le 31. Aoust jusques au 11. Octobre.
Du 31 mars au 11 octobre, le roi séjourna à Fontainebleau en compagnie de Monseigneur le Duc et de Madame la Duchesse de Berry, ainsi que d'autres princes et princesses de la cour. La cour, très nombreuse et magnifiquement vêtue, se livra à diverses activités quotidiennes telles que des chasses au cerf, au sanglier ou au loup, des représentations de comédie, et des jeux chez Madame la Duchesse de Berry. Des promenades royales en calèche le long du canal étaient également organisées, accompagnées d'une escorte impressionnante de carrosses et de personnalités notables. Le 7 avril, le roi reçut les députés des États de la province de Languedoc. Le 8 avril, à l'occasion de la Nativité de la Vierge, le roi assista à la distribution du pain bénit à l'église paroissiale de Fontainebleau. Le 10 avril, le Duc de Berry organisa une cérémonie similaire et le général des Capucins fut reçu par le roi. Le 17 avril, Madame la Duchesse de Berry fit rendre le pain bénit. Le 24 avril, un homme âgé de cent un ans et huit mois fut présenté au roi. Des nouvelles militaires et diplomatiques furent également annoncées, notamment la prise de Fribourg et la naissance d'un prince en Espagne. Le 11 octobre, le roi quitta Fontainebleau pour Versailles, marquant la fin d'un séjour caractérisé par la grandeur et la brillance de la cour.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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45
p. 101-121
Rentrée de l'Academie.
Début :
Le Mercredi 15. Novembre l'Academie Royale des Sciences reprit ses [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Fontenelle, Éloge, Botaniste, Poudre, Chimiste, Extensibilité, Matériaux , M. Homberg, Charité
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texteReconnaissance textuelle : Rentrée de l'Academie.
Rentrée de l' Academie.
Le Mercredi 15. Novembre
l'Academie Royale des
Sciences reprit ses exercices
ordinaires, donc elle fie
l'ouverture par uneassemblée
publique, où Monsieur
de Fontenelles, Secretaire
de ladite Academie
,
fit avec son éloquence
ordinaire l'éloge de Monsieur
Blondin, éleve Botaniste,
quiétoit mort pendant
l'année. Aprés luy le
Sieur Martino Poli, Romain,
associé étranger de
l'Academie, &qui setrou,
voit pour lors à Paris, donna
une maniere de faire
une poudre qui imitoit par
sa couleur & son éclat les
plus belles perlesOrientales.
En voici le procedé.Il prend
égalés parties de bismuth
ou étain de glace,& de sublimé
cotrosif, pulverisez
chacun à part. Il les mêle
ensemble dans une cornuë
Je verre, puis les distille
comme les Chymistes ont
coutumededistiller le beurre
d'antimoine, Il en sort
en effet, avec dumercure
coulant, une liqueur saline
qui se fige en consistance
de beurre. Il prend ce beurre
,
qu'il distille de nouveau.
Il luy reste dans la
cornuë une poudre fort fine,
talqueuse ou composée
de plusieurs parcelles plattes,
argentine ou de couleur
de perle, que le feu ni
rien ne peut alterar. Il continuë
à distiller de nouveau
ce beurre, jusqu'à ce qu'il
ne laisse plus de poudre à
la fin de la distillation, &
la derniere poudre est plus
belle que la premiere.
Il rendit ensuite raison
de ce qui se passoit dans
cette operation, dont il expliqua
fort bien toutes les
cirçonstances.Il y joignit
quelques reflexions générales
, & il dit entr'autres,
que toutes, ou la plûpart
desvolatilisations,oudes fixations
- qu'on faisoit en
Chymien'étoient point de
veritables volatilisations &
fixations; que nonobstant
toutes les prétenduës fixations
du mercure, ce mineral
restoit toûjours volatil,
& que nonobstant toutes
les prétendues volatilisations
des métaux & du
sel de tartre, ils restoient
toûjours fixes. Il dit qu'il
ne pretendoit pas cependantqu'ells
fussent impossibles,
au contraire; ôc
qu'il donneroit quelque
jour un memoire touchant
la maniere d'en venir à
bout. Enfinil passa aux usages
de sa poudre, dont il
dit qu'on pouvoit faire de
fort belles perles; qu'on
pouvoit l'employer dans la
peinture ou avec le vernis,
pour peindre desévantails,
des tabatieres
,
des boëtes
detoilette,&c.
Ensuite M. de Reaumur
lut un mémoiresur la divisibilité
& l'extensibilité
de la matiere, qu'il demontra
dans les feüilles d'or
battu, dans le fil d'or, ou
plûtôt le fil d'argent dore,
& dans les filets des araignées.
Ce discours, quoyque
long, ne fut point du
tout ennuyeux, tant à cause
de la varieté des choses
curieuses dont il étoit rempli,
que par rapport à l'élegance
du style.Outreles
calculs de l'extensibilité de
l'or dans les feüilles & dans
l'or trait, il dit que le verre
pouvoit se tirer en un fil
assez fin pour se plier &
par consequent pour se travailler
;ce qui est aussi beau
& aussi curieux que la malleabilité
du verre que les
Chymistes cherchent avec
tant d'empressement. A
cette occasion je dirai ici
ce qui m'a été affuré par
un Chymiste qui étoit auprès
de moy, que cette
malleabilité du verre n'étoit
pas impossible;qu'elle
étoit decrite dans un livre
de Becher, intitulé
,
Physica
subterranea,où il decrivoit
la maniere de forger
le verre. Je donne cet avis
en passant, afin que les curieux
en puissent profiter.
Mais revenons au discours
de M. de Reaumur. Il donna
de plus l'anaromie des
parties de l'araignée qui
fervent à préparer la matiere
de ses fils & à les filer,
qui est d'autant plus curieuse
, que ces organes sont
fort petits, que personne
ne les avoit encore décrits,
&qu'on a naturellement
de l'horreur de travailler
sur unsi vilain animal.
MonsieurHomberg lut
ensuite un memoire sur la
facilité qu'ont les métaux
de se laisser penetrer par
certaines substances. Il en.
apporta beaucoup d'exemples;
comme la matière
magnétique qui pénétre
tous les corps, & même
les metaux au travers desquels
l'aiman attire le fer.
L'encre de sympathie faite
avec la chaux&l'orpiment,
qui laisseéchaper de petites
particules ,qui passeau
traversdesbois, des pierres
& des lames de metal,
pour aller colorer l'écriture
faiteavec l'impregnation
de saturne, autrement dite
vinaigre de plomb. 1: Les
émanations qui partent de
la pierre de Boulogne,&
qu'on apperçoit aisément a
l'odeur, qui penetrent de
même la plûpart des corps,
& apportent quelques petits
changemens aux metaux.
Il dit qu'ayant tenu
dans un tiroir une pierre
deBoulogne nouvellement
calcinée, avec une montre
à boëte d'argent,quelque
temps après il trouva la
boëte d'argent dorée par
cettevapeur, & toutes les
rouës de ladite boëte, qui
étoient de cuivre jaune,
argentées. Il ajoûtaqu'un
morceau de soufre mis sur
,
une plaque de fer rouge se
fondpromptement
, penetre
la plaque, fond les
parties dufer qu'il touche,
qu'il entraîne, & laisse un
trou à la plaque. Qu'un
morceau de sublimé corrosiffait
la même chose
sur l'argent, avec cette
difference que l'argent dissous
par le sublimé se rapproche
& laisse un trou à
la plaque, bordé tout autour
d'une éminence ou
bourlet d'argent.
Il donna ensuite la maniere
de faire un sel qui
passe au travers d'un fer
rouge, comme l'eau au travers
d'un drap,sans l'alterer.
Ce sel se fait ainsi.
Il prend une livre de
chaud vive ôc quatrelivres
de vinaigredistillé, Illaisse
»
digerer
digerer le tout ensemble
dans un matras pendant
deux jours, aprés quoy il
verse la liqueur par inclination
, & il la garde.
Ensuite il prend une partie
de soufre, deux parties
de salpêtre, & trois parties
de sel commun decrepité,
dont il fait un mélange
exact, qu'il jette par cüeillerée
dans un creu set rougi
entre les charbons ardens,
où il pousse le feu jusqu'à
ce que le tout soit fondu.
Il jette la matiere fonduë
dans une bassine où elle se
durcir bientôtenunemasse
saline. On prend une -pa-r..
tie de ce sel, on le fait rom
dre dans six parties de vinaigre
distillé ,preparé
comme nous avons dit cidessus.
On fait évaporer Ja
dissolutionjusques à pellicule,
& on la laisse cristalsiser
en un lieu frais. C'est
le sel dont il est question;
quiétant fondu dans une
cuilliere de fer ou autre
vaisseau de fer à grandfeu,
passe au travets des' pores
de la cuilliere, sans alterer
en aucunemaniere la subfiance
du metal. Sionlaisse
ce même sel dans la cuillierc
de fer dans un -
lieu
humide, il se fond peu à
peu, & coule au bout d'un
certain temps au travers du
même fer,quonapperçoit
moüillé au dehors à mesure
que la liqueur qui est au
dedans diminuë :mais cette
filtration se fait bien plus
lentement à froid qu'au
grand feu.
Il decrivit encore une
autreoperation, qui n'est
gueres moins curieuse que
la precedente.C'est une e spece
de bitume metallique
ou de cinabre, d'argent,
dont onmet un morceau
de lagrosseur d'un pois sur
une lame d'argent mediocrement
épaisse & placée
entre les charbons. Cette
matieremetalliquese fond
§>& passeau travers de la lame
,de même que l'eau au
traversdu papier gris. Elle
ne perce point la lame,
maiselle la laisse tachéedes
deux côtez d'une couleur
livide commeduplomb;
&cettecouleur n'occupe
pasfeulement les deux surfaces
exterieures : mais elle
penetre encore toute la substance
de l'argent, qu'on
prendroit pour du plomb,
sans qu'il soit pour cela ni
plus aigre ni plus cassant.
-
Cette experience donna
occasion au R. P. Gouyer,
qui presidoit à l'assemblée,
&quiresumoit en peu de
mots ce que chacun avoit
dit, de reprocher aux Chymisses
en la personnede
M. Homberg
,
qu'au lieu
des richesses qu'ils nous
promettent, il ne nous avoit
encore appris qu'à convertir
l'or en verre dans quelques
experiences des années
precedentes
,
& l'arglenet
en-plocmbida.ns cel- M. Imbert termina l'assemblée
par une observation
d'un homme qui a été
pendant quatre mois endormi
à la Charité des hommes.
Cet homme, qui étoit
garçon Charpentier, ayant
eu querelle avec un de ses
camarades, apprend peu
de temps après que son ennemi
vient de tomber du
haut d'un bâtiment & de 1
se tuer tout roide. Un mélange
de differentespassions
de joye, de surprise,
de frayeur, de compassion,
le rendent immobile, il
tombe par terre & y reste
comme endormi.On le
releve, on le tourmente è
rien ne le réveille. On le
porte à la Charité des hommes,
on le livre aux Medecins,
qui le font saigner,
vomir, purger, suer, ventouser,
&c. & le tout inutilement.
Il dort toûjours,
& dort d'un profond sommeil.
On lui fait prendre
cependant un peu de nourriture
, en luy passantle
doigtmoüillé de vin &de
boüillon sur le bord des levres,
il ouvre les levres ôc
la bouchepour laisser passer
la nourriture, sans se reveiller.
Il dort ainsi depuis
quatre. mois; à la verité
depuis, quelque temps le
sommeil estmoins profond,
ôc il commence à donner
quelques signes de sentiment
& de connoissance.
M. Imbert rapporta en meZ.
me temps une autre observationd'unhommeenHollande
lande qui avoit dormi pendant
plus d'un an. Il accompagna
ces observations de
beaucoup de belles - reflexions,&
d'explications physiques
d'effets si extraordinaires.
Le Mercredi 15. Novembre
l'Academie Royale des
Sciences reprit ses exercices
ordinaires, donc elle fie
l'ouverture par uneassemblée
publique, où Monsieur
de Fontenelles, Secretaire
de ladite Academie
,
fit avec son éloquence
ordinaire l'éloge de Monsieur
Blondin, éleve Botaniste,
quiétoit mort pendant
l'année. Aprés luy le
Sieur Martino Poli, Romain,
associé étranger de
l'Academie, &qui setrou,
voit pour lors à Paris, donna
une maniere de faire
une poudre qui imitoit par
sa couleur & son éclat les
plus belles perlesOrientales.
En voici le procedé.Il prend
égalés parties de bismuth
ou étain de glace,& de sublimé
cotrosif, pulverisez
chacun à part. Il les mêle
ensemble dans une cornuë
Je verre, puis les distille
comme les Chymistes ont
coutumededistiller le beurre
d'antimoine, Il en sort
en effet, avec dumercure
coulant, une liqueur saline
qui se fige en consistance
de beurre. Il prend ce beurre
,
qu'il distille de nouveau.
Il luy reste dans la
cornuë une poudre fort fine,
talqueuse ou composée
de plusieurs parcelles plattes,
argentine ou de couleur
de perle, que le feu ni
rien ne peut alterar. Il continuë
à distiller de nouveau
ce beurre, jusqu'à ce qu'il
ne laisse plus de poudre à
la fin de la distillation, &
la derniere poudre est plus
belle que la premiere.
Il rendit ensuite raison
de ce qui se passoit dans
cette operation, dont il expliqua
fort bien toutes les
cirçonstances.Il y joignit
quelques reflexions générales
, & il dit entr'autres,
que toutes, ou la plûpart
desvolatilisations,oudes fixations
- qu'on faisoit en
Chymien'étoient point de
veritables volatilisations &
fixations; que nonobstant
toutes les prétenduës fixations
du mercure, ce mineral
restoit toûjours volatil,
& que nonobstant toutes
les prétendues volatilisations
des métaux & du
sel de tartre, ils restoient
toûjours fixes. Il dit qu'il
ne pretendoit pas cependantqu'ells
fussent impossibles,
au contraire; ôc
qu'il donneroit quelque
jour un memoire touchant
la maniere d'en venir à
bout. Enfinil passa aux usages
de sa poudre, dont il
dit qu'on pouvoit faire de
fort belles perles; qu'on
pouvoit l'employer dans la
peinture ou avec le vernis,
pour peindre desévantails,
des tabatieres
,
des boëtes
detoilette,&c.
Ensuite M. de Reaumur
lut un mémoiresur la divisibilité
& l'extensibilité
de la matiere, qu'il demontra
dans les feüilles d'or
battu, dans le fil d'or, ou
plûtôt le fil d'argent dore,
& dans les filets des araignées.
Ce discours, quoyque
long, ne fut point du
tout ennuyeux, tant à cause
de la varieté des choses
curieuses dont il étoit rempli,
que par rapport à l'élegance
du style.Outreles
calculs de l'extensibilité de
l'or dans les feüilles & dans
l'or trait, il dit que le verre
pouvoit se tirer en un fil
assez fin pour se plier &
par consequent pour se travailler
;ce qui est aussi beau
& aussi curieux que la malleabilité
du verre que les
Chymistes cherchent avec
tant d'empressement. A
cette occasion je dirai ici
ce qui m'a été affuré par
un Chymiste qui étoit auprès
de moy, que cette
malleabilité du verre n'étoit
pas impossible;qu'elle
étoit decrite dans un livre
de Becher, intitulé
,
Physica
subterranea,où il decrivoit
la maniere de forger
le verre. Je donne cet avis
en passant, afin que les curieux
en puissent profiter.
Mais revenons au discours
de M. de Reaumur. Il donna
de plus l'anaromie des
parties de l'araignée qui
fervent à préparer la matiere
de ses fils & à les filer,
qui est d'autant plus curieuse
, que ces organes sont
fort petits, que personne
ne les avoit encore décrits,
&qu'on a naturellement
de l'horreur de travailler
sur unsi vilain animal.
MonsieurHomberg lut
ensuite un memoire sur la
facilité qu'ont les métaux
de se laisser penetrer par
certaines substances. Il en.
apporta beaucoup d'exemples;
comme la matière
magnétique qui pénétre
tous les corps, & même
les metaux au travers desquels
l'aiman attire le fer.
L'encre de sympathie faite
avec la chaux&l'orpiment,
qui laisseéchaper de petites
particules ,qui passeau
traversdesbois, des pierres
& des lames de metal,
pour aller colorer l'écriture
faiteavec l'impregnation
de saturne, autrement dite
vinaigre de plomb. 1: Les
émanations qui partent de
la pierre de Boulogne,&
qu'on apperçoit aisément a
l'odeur, qui penetrent de
même la plûpart des corps,
& apportent quelques petits
changemens aux metaux.
Il dit qu'ayant tenu
dans un tiroir une pierre
deBoulogne nouvellement
calcinée, avec une montre
à boëte d'argent,quelque
temps après il trouva la
boëte d'argent dorée par
cettevapeur, & toutes les
rouës de ladite boëte, qui
étoient de cuivre jaune,
argentées. Il ajoûtaqu'un
morceau de soufre mis sur
,
une plaque de fer rouge se
fondpromptement
, penetre
la plaque, fond les
parties dufer qu'il touche,
qu'il entraîne, & laisse un
trou à la plaque. Qu'un
morceau de sublimé corrosiffait
la même chose
sur l'argent, avec cette
difference que l'argent dissous
par le sublimé se rapproche
& laisse un trou à
la plaque, bordé tout autour
d'une éminence ou
bourlet d'argent.
Il donna ensuite la maniere
de faire un sel qui
passe au travers d'un fer
rouge, comme l'eau au travers
d'un drap,sans l'alterer.
Ce sel se fait ainsi.
Il prend une livre de
chaud vive ôc quatrelivres
de vinaigredistillé, Illaisse
»
digerer
digerer le tout ensemble
dans un matras pendant
deux jours, aprés quoy il
verse la liqueur par inclination
, & il la garde.
Ensuite il prend une partie
de soufre, deux parties
de salpêtre, & trois parties
de sel commun decrepité,
dont il fait un mélange
exact, qu'il jette par cüeillerée
dans un creu set rougi
entre les charbons ardens,
où il pousse le feu jusqu'à
ce que le tout soit fondu.
Il jette la matiere fonduë
dans une bassine où elle se
durcir bientôtenunemasse
saline. On prend une -pa-r..
tie de ce sel, on le fait rom
dre dans six parties de vinaigre
distillé ,preparé
comme nous avons dit cidessus.
On fait évaporer Ja
dissolutionjusques à pellicule,
& on la laisse cristalsiser
en un lieu frais. C'est
le sel dont il est question;
quiétant fondu dans une
cuilliere de fer ou autre
vaisseau de fer à grandfeu,
passe au travets des' pores
de la cuilliere, sans alterer
en aucunemaniere la subfiance
du metal. Sionlaisse
ce même sel dans la cuillierc
de fer dans un -
lieu
humide, il se fond peu à
peu, & coule au bout d'un
certain temps au travers du
même fer,quonapperçoit
moüillé au dehors à mesure
que la liqueur qui est au
dedans diminuë :mais cette
filtration se fait bien plus
lentement à froid qu'au
grand feu.
Il decrivit encore une
autreoperation, qui n'est
gueres moins curieuse que
la precedente.C'est une e spece
de bitume metallique
ou de cinabre, d'argent,
dont onmet un morceau
de lagrosseur d'un pois sur
une lame d'argent mediocrement
épaisse & placée
entre les charbons. Cette
matieremetalliquese fond
§>& passeau travers de la lame
,de même que l'eau au
traversdu papier gris. Elle
ne perce point la lame,
maiselle la laisse tachéedes
deux côtez d'une couleur
livide commeduplomb;
&cettecouleur n'occupe
pasfeulement les deux surfaces
exterieures : mais elle
penetre encore toute la substance
de l'argent, qu'on
prendroit pour du plomb,
sans qu'il soit pour cela ni
plus aigre ni plus cassant.
-
Cette experience donna
occasion au R. P. Gouyer,
qui presidoit à l'assemblée,
&quiresumoit en peu de
mots ce que chacun avoit
dit, de reprocher aux Chymisses
en la personnede
M. Homberg
,
qu'au lieu
des richesses qu'ils nous
promettent, il ne nous avoit
encore appris qu'à convertir
l'or en verre dans quelques
experiences des années
precedentes
,
& l'arglenet
en-plocmbida.ns cel- M. Imbert termina l'assemblée
par une observation
d'un homme qui a été
pendant quatre mois endormi
à la Charité des hommes.
Cet homme, qui étoit
garçon Charpentier, ayant
eu querelle avec un de ses
camarades, apprend peu
de temps après que son ennemi
vient de tomber du
haut d'un bâtiment & de 1
se tuer tout roide. Un mélange
de differentespassions
de joye, de surprise,
de frayeur, de compassion,
le rendent immobile, il
tombe par terre & y reste
comme endormi.On le
releve, on le tourmente è
rien ne le réveille. On le
porte à la Charité des hommes,
on le livre aux Medecins,
qui le font saigner,
vomir, purger, suer, ventouser,
&c. & le tout inutilement.
Il dort toûjours,
& dort d'un profond sommeil.
On lui fait prendre
cependant un peu de nourriture
, en luy passantle
doigtmoüillé de vin &de
boüillon sur le bord des levres,
il ouvre les levres ôc
la bouchepour laisser passer
la nourriture, sans se reveiller.
Il dort ainsi depuis
quatre. mois; à la verité
depuis, quelque temps le
sommeil estmoins profond,
ôc il commence à donner
quelques signes de sentiment
& de connoissance.
M. Imbert rapporta en meZ.
me temps une autre observationd'unhommeenHollande
lande qui avoit dormi pendant
plus d'un an. Il accompagna
ces observations de
beaucoup de belles - reflexions,&
d'explications physiques
d'effets si extraordinaires.
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Résumé : Rentrée de l'Academie.
Le 15 novembre, l'Académie Royale des Sciences reprit ses activités avec une assemblée publique. Monsieur de Fontenelle, secrétaire de l'Académie, rendit hommage à Monsieur Blondin, un botaniste récemment décédé. Ensuite, le Sieur Martino Poli, associé étranger, présenta une méthode pour créer une poudre imitant les perles orientales. Il utilisa du bismuth ou de l'étain de glace et du sublimé corrosif, distillés pour obtenir une poudre fine et résistante au feu. Poli discuta des volatilisations et fixations en chimie, affirmant que beaucoup de ces processus ne sont pas véritables et promettant un mémoire sur le sujet. Il mentionna les usages de sa poudre, notamment pour créer des perles et dans la peinture. Monsieur de Reaumur lut ensuite un mémoire sur la divisibilité et l'extensibilité de la matière, illustré par des exemples comme les feuilles d'or battu et les fils d'araignée. Il mentionna également la possibilité de tirer le verre en un fil fin et flexible, et décrivit l'anatomie des organes des araignées produisant leurs fils. Monsieur Homberg présenta un mémoire sur la pénétration des métaux par certaines substances, comme la matière magnétique, l'encre de sympathie, et les émanations de la pierre de Boulogne. Il décrivit plusieurs expériences, dont une où un sel passe à travers une cuillère de fer sans l'altérer. L'assemblée se conclut par des observations médicales rapportées par M. Imbert. La première concernait un charpentier resté endormi pendant quatre mois après un choc émotionnel. La seconde portait sur un homme en Hollande ayant dormi plus d'un an. M. Imbert accompagna ces observations de réflexions et d'explications physiques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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46
p. 134-143
Traduction d'un Poëme Anglois, Sur le Bal que M. le D** d** a donné à Londres le 17. Août 1713.
Début :
Pour connoître les moeurs, les goûts, les habitudes [...]
Mots clefs :
Mœurs , Habitudes , Peuples, Voyage, Palais, Dieux, Héros, Beauté, Festin, Divinité
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texteReconnaissance textuelle : Traduction d'un Poëme Anglois, Sur le Bal que M. le D** d** a donné à Londres le 17. Août 1713.
Traduction d'unPoëme
Anglois,
Sur le Bal que M. le n**'d**
a donnéà Londres le17.
:' , £" :, ,4 U I?IJ. ,"",'-;.\1 ï;'Aout>1713.>;
P our conoître les moeurs,
les goûts, les habitudes
De cent & cent peuples di-
~\W\*Â\V-,\ ^crs,* ,',' "',
iVU grédeleurs inquietudes
Les mortelsinconstans parcourent
l'univers: 9 Pourmoy, libre des foins
qu'entraînent les voyages
,
Loin de vouloir braver les
flots capricieux, 1
Et sans m'exposer aux orages,
Ici je satisfais mes desirs curieux.
Daumont dans son Palais
represente à nos yeux
Les Heros & les mêmes
Dieux
Dont autrefois dansleurs
ouvrages
Les Poëtes ingenieux
J Ne tracerent quelesimages.
Par-toutvous yvoyezer, rans
Les habitans du ciel, de la
terre & de l'onde,
Ettous les hommes differens
Dont les Dieux ont peuplé
tous les climats du
monde.
Suivi de sa brillante cour
Jqupuitierttpéour s'y rendre a l'empirée;
Alecton fort du noir séjour
Avec sa cohorte effarée;
Des humides Tritons Amphitrite
entourée
Reçoit
Reçoit les voeux du Dieu
dont elle est ado-
-
rée,
Et l'on voit errer à l'entour
Les jeunes filles de Nerée.
Mars aux genoux de Citerée
Se laisse dérober ses armes
par l'Amour;
Dans le sein de Thetis le
brillant Dieu du
jour
Fixe sa course mesurée.
Là Dianeparoît artifte-,
: ment parée, -i *v4
L'Amour n'est plusfon ennemi;
Et si j'en croisles soins où
je la voislivrée,
Sa fiere vertumoderée
Cherche un Endimion qui
soit moins endormi.
»
A chaque beauté qui s'avance
Mercure offreà l'instant
des secours seduccteurs,
Par des traits galans & flateurs
Ilsignaleson éloquence.
De toutes parts sont répandus
Princes,Dieux, Rois, mêlez
& confondus
Avec Démons, Bergers,
Nymphes, Geans,
Pigmées.
-
<
L'implacable Nocher des
ondes enflamees*
Soûrit à des objets & plus
doux & plus beaux;
Les Morts suiventses pasy
couverts de leurs
lambeaux.
Ici c'estle Hibou, là c'est
l'Aigle iraraor-•
- iC lierai.*-• J'
On voit le Corbeau, trop
fidele, SJ
D'un noir plumage revê-
,
tu,
Et les oiseaux par leur ramage
.PPoouurrlleessbbeelllleessffoonnttuunnpprreé--
,: ,- sage --,q
De la chûte de leur ver-
,.' tu.
On y voit folâtrer des No-
,- nes peu severes,
Sans reliques Çc sans rosaires.
r Le grave senateur prend
un air gracieux,
De l'austere Themis ou,
bliant le langage,
De son art desormais il ne
veut faire usage
Qu'au tribunal de deux
beaux yeux.
Le triste Medecin déguise
sa presence
Sous un appareil affecp
té.
Le luxe avec la volupté
Empruntent un habit de
pieuse apparence.
Ici cette jeune beauté,
Qui de mille galans tour
a tour est maîtrèfle.-,
Affeâcla(implicite t 1 D'unevertueule Koacresse.
On-voit dans le Palais chacunse
transfor-
.,>; mer,
Daumont seul n'y prend
point une formeem-
*
pruntée.
Quelleautre lui seroit prêtée,
Qui? G: bienquela sienne
eût le don de char- -* mefï1'*
Ainsi dans un festin quand
laTroupe immorîtelle^
Autour de Jupiter se range
avec splendeur,
Il se déguise point sa forme
naturelle;
Ce Dieu s'offre dans sa
grandeur:
Mais lorsque fous le tendre
empire
Dequelque mortelle beauté
Ce Souverain des Dieux
soûpire,
Il voile sa Divinité.
Anglois,
Sur le Bal que M. le n**'d**
a donnéà Londres le17.
:' , £" :, ,4 U I?IJ. ,"",'-;.\1 ï;'Aout>1713.>;
P our conoître les moeurs,
les goûts, les habitudes
De cent & cent peuples di-
~\W\*Â\V-,\ ^crs,* ,',' "',
iVU grédeleurs inquietudes
Les mortelsinconstans parcourent
l'univers: 9 Pourmoy, libre des foins
qu'entraînent les voyages
,
Loin de vouloir braver les
flots capricieux, 1
Et sans m'exposer aux orages,
Ici je satisfais mes desirs curieux.
Daumont dans son Palais
represente à nos yeux
Les Heros & les mêmes
Dieux
Dont autrefois dansleurs
ouvrages
Les Poëtes ingenieux
J Ne tracerent quelesimages.
Par-toutvous yvoyezer, rans
Les habitans du ciel, de la
terre & de l'onde,
Ettous les hommes differens
Dont les Dieux ont peuplé
tous les climats du
monde.
Suivi de sa brillante cour
Jqupuitierttpéour s'y rendre a l'empirée;
Alecton fort du noir séjour
Avec sa cohorte effarée;
Des humides Tritons Amphitrite
entourée
Reçoit
Reçoit les voeux du Dieu
dont elle est ado-
-
rée,
Et l'on voit errer à l'entour
Les jeunes filles de Nerée.
Mars aux genoux de Citerée
Se laisse dérober ses armes
par l'Amour;
Dans le sein de Thetis le
brillant Dieu du
jour
Fixe sa course mesurée.
Là Dianeparoît artifte-,
: ment parée, -i *v4
L'Amour n'est plusfon ennemi;
Et si j'en croisles soins où
je la voislivrée,
Sa fiere vertumoderée
Cherche un Endimion qui
soit moins endormi.
»
A chaque beauté qui s'avance
Mercure offreà l'instant
des secours seduccteurs,
Par des traits galans & flateurs
Ilsignaleson éloquence.
De toutes parts sont répandus
Princes,Dieux, Rois, mêlez
& confondus
Avec Démons, Bergers,
Nymphes, Geans,
Pigmées.
-
<
L'implacable Nocher des
ondes enflamees*
Soûrit à des objets & plus
doux & plus beaux;
Les Morts suiventses pasy
couverts de leurs
lambeaux.
Ici c'estle Hibou, là c'est
l'Aigle iraraor-•
- iC lierai.*-• J'
On voit le Corbeau, trop
fidele, SJ
D'un noir plumage revê-
,
tu,
Et les oiseaux par leur ramage
.PPoouurrlleessbbeelllleessffoonnttuunnpprreé--
,: ,- sage --,q
De la chûte de leur ver-
,.' tu.
On y voit folâtrer des No-
,- nes peu severes,
Sans reliques Çc sans rosaires.
r Le grave senateur prend
un air gracieux,
De l'austere Themis ou,
bliant le langage,
De son art desormais il ne
veut faire usage
Qu'au tribunal de deux
beaux yeux.
Le triste Medecin déguise
sa presence
Sous un appareil affecp
té.
Le luxe avec la volupté
Empruntent un habit de
pieuse apparence.
Ici cette jeune beauté,
Qui de mille galans tour
a tour est maîtrèfle.-,
Affeâcla(implicite t 1 D'unevertueule Koacresse.
On-voit dans le Palais chacunse
transfor-
.,>; mer,
Daumont seul n'y prend
point une formeem-
*
pruntée.
Quelleautre lui seroit prêtée,
Qui? G: bienquela sienne
eût le don de char- -* mefï1'*
Ainsi dans un festin quand
laTroupe immorîtelle^
Autour de Jupiter se range
avec splendeur,
Il se déguise point sa forme
naturelle;
Ce Dieu s'offre dans sa
grandeur:
Mais lorsque fous le tendre
empire
Dequelque mortelle beauté
Ce Souverain des Dieux
soûpire,
Il voile sa Divinité.
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Résumé : Traduction d'un Poëme Anglois, Sur le Bal que M. le D** d** a donné à Londres le 17. Août 1713.
Le texte est une traduction d'un poème anglais décrivant un bal organisé par un noble à Londres le 17 août 1713. Le poète souhaite découvrir les mœurs et les habitudes de divers peuples sans voyager. Le bal se déroule au palais de Daumont, où sont représentés des héros, des dieux, ainsi que des habitants du ciel, de la terre et des mers. Le poème mentionne plusieurs personnages mythologiques et divins, tels que Jupiter, Alecton, les Tritons, Amphitrite, Mars, Thétis, Diane et l'Amour. Mercure offre son éloquence à chaque beauté présente. Le bal rassemble princes, dieux, rois, démons, bergers, nymphes, géants et pygmées. Les invités, comme le sénateur, le médecin et une jeune beauté, adoptent des comportements et des apparences différents. Daumont, quant à lui, ne change pas d'apparence, contrairement à Jupiter qui se déguise sous l'empire d'une mortelle beauté.
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47
p. 337-338
« Le 31. Janvier, l'Académie Royale des Sciences fit l'élection [...] »
Début :
Le 31. Janvier, l'Académie Royale des Sciences fit l'élection [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Élection, Pensionnaire chimiste, Estampe, Essence, Savon, Se laver, Lait virginal, Liqueurs, Sirops
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texteReconnaissance textuelle : « Le 31. Janvier, l'Académie Royale des Sciences fit l'élection [...] »
Le31.Janvierl'AcadémieRoyale
des Sciences fit l'élection des trois sujets ,
dont un , au choix du Roi , doit remplir
la place de Pensionaire Chimiste , vacante
par la mort de M. Geoffroi. Les trois sujets
qui ont été élus sont M M. Boulduc
et Dufay , tous deux associés Chimistes
et M. Imbert Externe .
Le 14. Fevrier , le Comte de Maurepas
écrivit à l'Académie , pour lui ap
prendre que le Roi avoit choisi M. Du
fay pour remplir cette place.
L'Estampe de la Dile Camargo que le
Public désire si fort , et dont nous avons
parlé le mois passé , sera en vente dans
les premiers jours du mois de Mars chez
les Auteurs et chez la Veuve Chereau ,
rue S. Jacques , aux deux Piliers d'or.
BRIART demeurant Cour Abbatiale de Saint
Germain des Prez , rue Cardinale , vis - à- vis le
Bailliage , à Paris , fait depuis peu une Essence
appellée d'ogni fiori , ou de toute fleurs , dont un
Parfumeur Napolitain lui a donné le secret..
On.
338 MERCURE DE FRANCE
On en met quelques goutes dans l'eau , dont or
se lave aprés avoir été rasé ; elle produit le mê
me effet que le lait virginal , mais elle est plus
agréable , et a de meilleures qualités , sur tout
pour décrasser , rendre la peau unie , et en ôter
les taches et boutons. On là vend 15. sols l'once.
Il continue avec succès à faire la veritable Essence
de Savon à la Bergamotte et autres odeurs
douces , dont on se sert pour la barbe , au lieu
de Savonnetes ; les Dames s'en servent aussi pour
se laver le visage et les mains. Les bouteilles sont
cachetées de son adresse.
M M. Giraudeau le jeune et Felz , Marchands
à Montpellier , qui font depuis long- tems un
commerce considerable en gros de liqueurs , sirops
, Eau de la Reine d'Hongrie et autres Marchandises
, donnent avis au Public qu'ils ont inventé
depuis peu une nouvelle liqueur fine , à la
quelle ils ont donné le nom d'Eau Dauphine
Cette liqueur est genéralement goutée et reconnue
pour supérieure en bonté à toutes celles qui
ont parû jusqu'à présent. Ceux qui en auront
besoin pourront leur écrire à Montpelier . Ils
vont ordinairement à la Foire de Beaucaire , et
y ont leur Magasin dans la grande rue. Pout
distinguer la liqueur de leur fabrique d'avec celle
qu'on pourroit contrefaire et débiter sous leur
nom , ils avertissent que les étiquetes qu'ils y font
mettre sont gravées en Taille- douce , qu'elles
sont signées d'eux , & qu'elles sont en ces termes:
Eau Dauphine inventée en 1730. par Girau
Leau , lejeune , et Felz , de Montpeliers
des Sciences fit l'élection des trois sujets ,
dont un , au choix du Roi , doit remplir
la place de Pensionaire Chimiste , vacante
par la mort de M. Geoffroi. Les trois sujets
qui ont été élus sont M M. Boulduc
et Dufay , tous deux associés Chimistes
et M. Imbert Externe .
Le 14. Fevrier , le Comte de Maurepas
écrivit à l'Académie , pour lui ap
prendre que le Roi avoit choisi M. Du
fay pour remplir cette place.
L'Estampe de la Dile Camargo que le
Public désire si fort , et dont nous avons
parlé le mois passé , sera en vente dans
les premiers jours du mois de Mars chez
les Auteurs et chez la Veuve Chereau ,
rue S. Jacques , aux deux Piliers d'or.
BRIART demeurant Cour Abbatiale de Saint
Germain des Prez , rue Cardinale , vis - à- vis le
Bailliage , à Paris , fait depuis peu une Essence
appellée d'ogni fiori , ou de toute fleurs , dont un
Parfumeur Napolitain lui a donné le secret..
On.
338 MERCURE DE FRANCE
On en met quelques goutes dans l'eau , dont or
se lave aprés avoir été rasé ; elle produit le mê
me effet que le lait virginal , mais elle est plus
agréable , et a de meilleures qualités , sur tout
pour décrasser , rendre la peau unie , et en ôter
les taches et boutons. On là vend 15. sols l'once.
Il continue avec succès à faire la veritable Essence
de Savon à la Bergamotte et autres odeurs
douces , dont on se sert pour la barbe , au lieu
de Savonnetes ; les Dames s'en servent aussi pour
se laver le visage et les mains. Les bouteilles sont
cachetées de son adresse.
M M. Giraudeau le jeune et Felz , Marchands
à Montpellier , qui font depuis long- tems un
commerce considerable en gros de liqueurs , sirops
, Eau de la Reine d'Hongrie et autres Marchandises
, donnent avis au Public qu'ils ont inventé
depuis peu une nouvelle liqueur fine , à la
quelle ils ont donné le nom d'Eau Dauphine
Cette liqueur est genéralement goutée et reconnue
pour supérieure en bonté à toutes celles qui
ont parû jusqu'à présent. Ceux qui en auront
besoin pourront leur écrire à Montpelier . Ils
vont ordinairement à la Foire de Beaucaire , et
y ont leur Magasin dans la grande rue. Pout
distinguer la liqueur de leur fabrique d'avec celle
qu'on pourroit contrefaire et débiter sous leur
nom , ils avertissent que les étiquetes qu'ils y font
mettre sont gravées en Taille- douce , qu'elles
sont signées d'eux , & qu'elles sont en ces termes:
Eau Dauphine inventée en 1730. par Girau
Leau , lejeune , et Felz , de Montpeliers
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Résumé : « Le 31. Janvier, l'Académie Royale des Sciences fit l'élection [...] »
Le 31 janvier, l'Académie Royale des Sciences élit MM. Boulduc, Dufay et Imbert pour remplacer M. Geoffroi au poste de Pensionaire Chimiste. Le 14 février, le Comte de Maurepas annonce que le Roi a choisi M. Dufay. Par ailleurs, une estampe de la danseuse La Camargo sera disponible en mars chez les auteurs et la Veuve Chereau, rue Saint-Jacques. Briart, résidant à Paris, propose une nouvelle essence appelée 'd'ogni fiori' ou 'de toute fleurs', utilisée pour le lavage après le rasage, comparable au lait virginal mais plus agréable et efficace. Cette essence est vendue 15 sols l'once. Briart continue de produire des essences de savon à la bergamote et autres odeurs douces, utilisées pour la barbe et par les dames pour le visage et les mains. À Montpellier, MM. Giraudeau le jeune et Felz, commerçants en liqueurs et sirops, annoncent l'invention d'une nouvelle liqueur fine nommée 'Eau Dauphine', reconnue pour sa supériorité. Ils précisent que leurs étiquettes sont gravées en taille-douce et signées pour éviter les contrefaçons.
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48
p. 753-755
Rentrée des Académies.
Début :
MR l'Abbé Bannier, Directeur de l'Académie des Inscriptions [...]
Mots clefs :
Académie, Belles-lettres, Inscriptions, Dissertation, Conquête, Sciences, Géographie, Prix, Mémoire, Chirurgie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Rentrée des Académies.
Rentrée des Academies.
l'Abbé Bannier , Directeur de l'Acadé-
Mimie des Inscriptions et Belles - Lettres , présida
à l'Assemblée publique qui se tient à l'ordinaire
au Louvre , le Mardi 3. Avril .
La Seance commença par la lecture d'une Dissertation
de M. de Chamborty sur la Vie et sur la
Famille de Labienus , l'un des Lieutenans Geneneraux
de Cesar , et celui qui eut le plus de part
F v
754 MERCURE DE FRANCE
à la Conquête des Gaules , dans laquelle il com→
mandoit l'Armée Romaine , sous les ordres de
Cesar. Cette Dissertation fut suivie d'une autre
de M. Bonami , sur le Musaum et sur la Bibliotheque
d'Alexandrie. Ce Museum étoit un espece
de College ou Académie de Gens de Lettre , rassemblez
de toutes les parties de la Grece , par les
soins de Ptolemée , Fondateur du Royaume d'E→
gypte.
La Séance fut terminée par la lecture que fir
M. l'Abbé Fourmont , de la Relation du Voyage
qu'il a fait dans la Grece , par l'ordre du Roi.
Comme il a parcouru avec soin et en homme de
Lettre l'Attique , l'Argolide , la Messenie et le
Pays de Lacedemone , il en a rapporté un trèsgrand
nombre d'Inscriptions qu'il a déterrées
lui-même , et dont le Recueil sera très - interes
cant pour la République des Lettres.
Le Mercredy 19. Avril , l'Académie Royale des
Sciences tint son Assemblée publique , à laquelle
présida M. d'Argenson . M. de Fontenelle ouvrit
la Seance par déclarer que la Piece qui a remporté
le Prix de cette année , est celle de M. Bouguer,
Professeur d'Hydrographie.
M. de Fontenelle lût ensuite l'Eloge de M Géofroy
, Pensionnaire Chimiste , mort dans le dernier
semestre. M. Petit , le Chirurgien , lût après
gela une Dissertation sur les differens moyens
que la Chirurgie a employez jusqu'à present pour
arrêter les Emorragies dans les grandes emputa
tions ; ces moyens sont les Stiptiques , les Escarotiques
, les Caustiques et la compression ; il
préfère à toutes les autres cette derniere qu'il a
perfectionnée,en inventant un Instrument qui sert
de bandage , et dont il donne la description.
M. Buache lût ensuite une Dssertation qui a
pour
AVRIL: 1731. 755
pour titre , Recherches Géographiques sur l'étendue
de l'Empire d'Alexandre et sur les routes
parcourues par ce Prince dans ses differentes Expeditions
, pour servir à la Carte de cet Empire ,
dressée à l'usage du Roi , par feu M. de Lisle.
M. Morand finit la Séance par la lecture d'un'
Memoire sur la maniere de faire l'operation de là
Taille , pratiquée anciennement par Frere Jac
ques , et depuis quelques années rétablie et perfectionnée
par M. Cheselden , celebre Chirurgien-
Anglois , et par M. Morand à Paris , qui depuis
D8. mois la pratique avec grand succès.
On donnera des Extraits de ces Memoires.
l'Abbé Bannier , Directeur de l'Acadé-
Mimie des Inscriptions et Belles - Lettres , présida
à l'Assemblée publique qui se tient à l'ordinaire
au Louvre , le Mardi 3. Avril .
La Seance commença par la lecture d'une Dissertation
de M. de Chamborty sur la Vie et sur la
Famille de Labienus , l'un des Lieutenans Geneneraux
de Cesar , et celui qui eut le plus de part
F v
754 MERCURE DE FRANCE
à la Conquête des Gaules , dans laquelle il com→
mandoit l'Armée Romaine , sous les ordres de
Cesar. Cette Dissertation fut suivie d'une autre
de M. Bonami , sur le Musaum et sur la Bibliotheque
d'Alexandrie. Ce Museum étoit un espece
de College ou Académie de Gens de Lettre , rassemblez
de toutes les parties de la Grece , par les
soins de Ptolemée , Fondateur du Royaume d'E→
gypte.
La Séance fut terminée par la lecture que fir
M. l'Abbé Fourmont , de la Relation du Voyage
qu'il a fait dans la Grece , par l'ordre du Roi.
Comme il a parcouru avec soin et en homme de
Lettre l'Attique , l'Argolide , la Messenie et le
Pays de Lacedemone , il en a rapporté un trèsgrand
nombre d'Inscriptions qu'il a déterrées
lui-même , et dont le Recueil sera très - interes
cant pour la République des Lettres.
Le Mercredy 19. Avril , l'Académie Royale des
Sciences tint son Assemblée publique , à laquelle
présida M. d'Argenson . M. de Fontenelle ouvrit
la Seance par déclarer que la Piece qui a remporté
le Prix de cette année , est celle de M. Bouguer,
Professeur d'Hydrographie.
M. de Fontenelle lût ensuite l'Eloge de M Géofroy
, Pensionnaire Chimiste , mort dans le dernier
semestre. M. Petit , le Chirurgien , lût après
gela une Dissertation sur les differens moyens
que la Chirurgie a employez jusqu'à present pour
arrêter les Emorragies dans les grandes emputa
tions ; ces moyens sont les Stiptiques , les Escarotiques
, les Caustiques et la compression ; il
préfère à toutes les autres cette derniere qu'il a
perfectionnée,en inventant un Instrument qui sert
de bandage , et dont il donne la description.
M. Buache lût ensuite une Dssertation qui a
pour
AVRIL: 1731. 755
pour titre , Recherches Géographiques sur l'étendue
de l'Empire d'Alexandre et sur les routes
parcourues par ce Prince dans ses differentes Expeditions
, pour servir à la Carte de cet Empire ,
dressée à l'usage du Roi , par feu M. de Lisle.
M. Morand finit la Séance par la lecture d'un'
Memoire sur la maniere de faire l'operation de là
Taille , pratiquée anciennement par Frere Jac
ques , et depuis quelques années rétablie et perfectionnée
par M. Cheselden , celebre Chirurgien-
Anglois , et par M. Morand à Paris , qui depuis
D8. mois la pratique avec grand succès.
On donnera des Extraits de ces Memoires.
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Résumé : Rentrée des Académies.
Le 3 avril, l'Abbé Bannier présida l'Assemblée publique des Académies au Louvre. La séance débuta par la lecture d'une dissertation de M. de Chamborty sur la vie et la famille de Labienus, lieutenant général de César, qui joua un rôle crucial dans la conquête des Gaules. M. Bonami présenta ensuite une dissertation sur le Musée et la Bibliothèque d'Alexandrie, un collège ou académie de gens de lettres réunis par Ptolémée. La séance se conclut par la lecture de M. l'Abbé Fourmont, relatant son voyage en Grèce, où il a recueilli de nombreuses inscriptions. Le 19 avril, l'Académie Royale des Sciences tint son assemblée publique sous la présidence de M. d'Argenson. M. de Fontenelle annonça que M. Bouguer avait remporté le prix de l'année et lut l'éloge de M. Géofroy, chimiste pensionnaire récemment décédé. M. Petit, chirurgien, présenta une dissertation sur les moyens d'arrêter les hémorragies dans les grandes amputations, préférant la compression grâce à un instrument qu'il a inventé. M. Buache lut une dissertation sur les recherches géographiques concernant l'Empire d'Alexandre. Enfin, M. Morand conclut la séance avec un mémoire sur l'opération de la taille, pratiquée par M. Cheselden et lui-même à Paris.
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49
p. 755-758
PRIX proposé par l'Académie Royale des Sciences, pour l'année 1733.
Début :
Feu M. Roüillé de Meslay, ancien Conseiller au Parlement de Paris, ayant conçû le noble [...]
Mots clefs :
Académie, Sciences, Prix, Navigation, Astronomie, Tremblement de terre, Médecin, Manuscrit
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texteReconnaissance textuelle : PRIX proposé par l'Académie Royale des Sciences, pour l'année 1733.
PRIX proposé par l'Académie Royale
des Sciences , pour l'année 1733.
Eu M. Rouillé de Meslay , ancien Conseiller
au Parlement de Paris , ayant conçu le noble
dessein de contribuer au progrés des Sciences , et
Putilité que le Public en doit retirer , a legué à
P'Académie Royale des Sciences un fonds pour
deux Prix , qui seront distribuez à ceux , qui au
jugement de cette Compagnie auront le mieux
réussi sur deux differentes sortes de Sujets qu'il a
indiquez dans son Testament , et dont il a donné
des exemples.
Les Sujets du premier Prix regardent le Sistê
me general du Monde et l'Astronomie Phisique.
Ce Prix devroit être de 2000. livres , aux ter
mes du Testament , et se distribuer tous les ansi
Mais la diminution des Rentes a obligé de ne le
donner que tous les deux ans , afin de le rendre
plus considerable , il sera de z çoo. livres.
Les Sujets du second Prix regardent la Navigation
& le Commerce,
E vj II
756 MERCURE DE FRANCE.
Il ne se donnera que tous les deux ans , et sera
'de 2000. livres.
L'Académie se conformant aux vûës et aux
intentions du Testateur , propose pour Sujet du
second Prix , qui tombe dans l'année 1733 .
Quelle est la meilleure maniere de mesurer
sur Mer le chemin ou le sillage du Vaisseau ,
indépendamment des observations astronomiques.
Les Sçavans de toutes les Nations sont invitez
à travailler sur ces Sujets , et même les Associez
étrangers de l'Académie. Elle s'est fait la Loi
d'exclure les Académiciens regnicoles de prétendre
aux Prix.
Ceux qui composeront sont invitez à écrire en
François ou en Latin , mais sans aucune obligation.
Ils pourront écrire en telle Langue qu'ils.
voudront , et l'Académie fera traduire leurs Ouvrages.
On les prie que leurs Ecrits soient fort lisibles ,
sur tout quand il y aura des Calculs d'Algébre.
Ils ne mettront point leur nom à leurs Ouvrages
,
mais seulement une Sentence ou Devise. Ils
pourront , s'ils veulent , attacher à leur Ecrit un.
Billet séparé , et cacheté par eux ,
cette même Sentence , leur nom , leurs qualitez
et leur adresse , et ce Billet ne sera ouvert par
l'Académie , qu'en cas que la Piece ait remporté
le Prix.
où seront avec.
Ceux qui travailleront pour le Prix , adresseront
leurs Ouvrages à Paris au Secretaire perpetuel
de l'Académie , ou les lui feront remettre entre
les mains. Dans ce second cas , le Secretaire
en donnera en même tems à celui qui les lui aura.
remis , son Recepissé , où sera marquée la Sentence
de l'Ouvrage et son numero , selon l'ordre
ou lé tems dans lequel il aura été reçû ,
Les
AVRIL:
1731. 757
Les Ouvrages ne seront reçûs que jusqu'au premier
Septembre 1732. exclusivement.
L'Académie à son Assemblée publique d'aprés
Pâques 1733. proclamera la Piece qui aura remporté
ce Prix..
S'il y a un Recepissé du Secretaire pour la
Piece qui aura remporté le Prix , le Trésorier de
l'Académie délivrera la somme du Prix à celui
qui lui rapportera ce Recepissé . Il n'y aura à cela. ~
Inulle autre formalité.
Sil n'y a pas de Recepissé du Secretaire , le
Trésorier ne délivrera le Prix qu'à l'Auteur même
, qui se fera connoître , ou au Porteur d'une
Procuration de sa part.
M. Bouguer, Hidrographe du Roi , au Croisie
en Bretagne , a remporté le Prix de 1731 .
On a reçû par un Bâtiment Anglois arrivé depuist
peu à Genes , des Lettres de S. Christoval de la
Laguna , Capitale de l'Isle . Tenerife , l'une des
Isles Canaries , dattées du 8. Decembre dernier ,
qui portent en substance que le 30. du mois
de Novembre précedent , on avoit ressenti deux
violentes secousses de Tremblement de terre dans
l'Isle Graciosa , située à l'Orient ; qu'à peine eurent-
elles cessé , que la terre s'étoit ouverte en
cinq endroits differens , qu'il en étoit sorti des
tourbillons de flammes , mêlez de pierres calcinées
et de matieres bitumeuses , que le feu s'étant
communiqué aux habitations , elles avoient été
réduites en cendres en moins d'une demie heure ;
que
le premier Decembre vers les neuf heures du
foir , ces Gouffres avoient cessé de jetter du feu
mais que le 2. l'embrasement avoit recommencé
avec tant de violence, que les maisons épargnées
par le premier , avoient été détruites , et que le
vent ayant porté le feu dans une grande Forêt.
voisineelle bruloit encore au départ des Lettres;
que
78 MERCURE DE FRANCE
que le 6. un nouveau Tremblement de terre s'étoit
fait sentir à la pointe Occidentale de l'Isle de
Tenerife , qu'il s'étoit fait une ouverture dans une
Plaine située à dix lieues de la Ville Capitale de
PIsle ; que ce Gouffre s'étant agrandi les jours
suivans , une petite Montagne qui étoit sur le
bord , avoit été ébranlée et étoit tombée dedans,
et qu'il continuoit de sortir beaucoup de fumée
de cette ouverture .
On écrit de Rome , que la Princesse Giustiniani
étant dangereusement malade , sa Famille avoit
fait venir de Bologne le Docteur Pozzi , celebre
Medecin , qui lui avoit ordonné un Bain d'huile,
cette Dame l'a pris deux fois , et la petite Verole
qui étoit presque rentrée , a cû son progrès ordi,
naire , desorte qu'elle est presentement hors de
danger .
des Sciences , pour l'année 1733.
Eu M. Rouillé de Meslay , ancien Conseiller
au Parlement de Paris , ayant conçu le noble
dessein de contribuer au progrés des Sciences , et
Putilité que le Public en doit retirer , a legué à
P'Académie Royale des Sciences un fonds pour
deux Prix , qui seront distribuez à ceux , qui au
jugement de cette Compagnie auront le mieux
réussi sur deux differentes sortes de Sujets qu'il a
indiquez dans son Testament , et dont il a donné
des exemples.
Les Sujets du premier Prix regardent le Sistê
me general du Monde et l'Astronomie Phisique.
Ce Prix devroit être de 2000. livres , aux ter
mes du Testament , et se distribuer tous les ansi
Mais la diminution des Rentes a obligé de ne le
donner que tous les deux ans , afin de le rendre
plus considerable , il sera de z çoo. livres.
Les Sujets du second Prix regardent la Navigation
& le Commerce,
E vj II
756 MERCURE DE FRANCE.
Il ne se donnera que tous les deux ans , et sera
'de 2000. livres.
L'Académie se conformant aux vûës et aux
intentions du Testateur , propose pour Sujet du
second Prix , qui tombe dans l'année 1733 .
Quelle est la meilleure maniere de mesurer
sur Mer le chemin ou le sillage du Vaisseau ,
indépendamment des observations astronomiques.
Les Sçavans de toutes les Nations sont invitez
à travailler sur ces Sujets , et même les Associez
étrangers de l'Académie. Elle s'est fait la Loi
d'exclure les Académiciens regnicoles de prétendre
aux Prix.
Ceux qui composeront sont invitez à écrire en
François ou en Latin , mais sans aucune obligation.
Ils pourront écrire en telle Langue qu'ils.
voudront , et l'Académie fera traduire leurs Ouvrages.
On les prie que leurs Ecrits soient fort lisibles ,
sur tout quand il y aura des Calculs d'Algébre.
Ils ne mettront point leur nom à leurs Ouvrages
,
mais seulement une Sentence ou Devise. Ils
pourront , s'ils veulent , attacher à leur Ecrit un.
Billet séparé , et cacheté par eux ,
cette même Sentence , leur nom , leurs qualitez
et leur adresse , et ce Billet ne sera ouvert par
l'Académie , qu'en cas que la Piece ait remporté
le Prix.
où seront avec.
Ceux qui travailleront pour le Prix , adresseront
leurs Ouvrages à Paris au Secretaire perpetuel
de l'Académie , ou les lui feront remettre entre
les mains. Dans ce second cas , le Secretaire
en donnera en même tems à celui qui les lui aura.
remis , son Recepissé , où sera marquée la Sentence
de l'Ouvrage et son numero , selon l'ordre
ou lé tems dans lequel il aura été reçû ,
Les
AVRIL:
1731. 757
Les Ouvrages ne seront reçûs que jusqu'au premier
Septembre 1732. exclusivement.
L'Académie à son Assemblée publique d'aprés
Pâques 1733. proclamera la Piece qui aura remporté
ce Prix..
S'il y a un Recepissé du Secretaire pour la
Piece qui aura remporté le Prix , le Trésorier de
l'Académie délivrera la somme du Prix à celui
qui lui rapportera ce Recepissé . Il n'y aura à cela. ~
Inulle autre formalité.
Sil n'y a pas de Recepissé du Secretaire , le
Trésorier ne délivrera le Prix qu'à l'Auteur même
, qui se fera connoître , ou au Porteur d'une
Procuration de sa part.
M. Bouguer, Hidrographe du Roi , au Croisie
en Bretagne , a remporté le Prix de 1731 .
On a reçû par un Bâtiment Anglois arrivé depuist
peu à Genes , des Lettres de S. Christoval de la
Laguna , Capitale de l'Isle . Tenerife , l'une des
Isles Canaries , dattées du 8. Decembre dernier ,
qui portent en substance que le 30. du mois
de Novembre précedent , on avoit ressenti deux
violentes secousses de Tremblement de terre dans
l'Isle Graciosa , située à l'Orient ; qu'à peine eurent-
elles cessé , que la terre s'étoit ouverte en
cinq endroits differens , qu'il en étoit sorti des
tourbillons de flammes , mêlez de pierres calcinées
et de matieres bitumeuses , que le feu s'étant
communiqué aux habitations , elles avoient été
réduites en cendres en moins d'une demie heure ;
que
le premier Decembre vers les neuf heures du
foir , ces Gouffres avoient cessé de jetter du feu
mais que le 2. l'embrasement avoit recommencé
avec tant de violence, que les maisons épargnées
par le premier , avoient été détruites , et que le
vent ayant porté le feu dans une grande Forêt.
voisineelle bruloit encore au départ des Lettres;
que
78 MERCURE DE FRANCE
que le 6. un nouveau Tremblement de terre s'étoit
fait sentir à la pointe Occidentale de l'Isle de
Tenerife , qu'il s'étoit fait une ouverture dans une
Plaine située à dix lieues de la Ville Capitale de
PIsle ; que ce Gouffre s'étant agrandi les jours
suivans , une petite Montagne qui étoit sur le
bord , avoit été ébranlée et étoit tombée dedans,
et qu'il continuoit de sortir beaucoup de fumée
de cette ouverture .
On écrit de Rome , que la Princesse Giustiniani
étant dangereusement malade , sa Famille avoit
fait venir de Bologne le Docteur Pozzi , celebre
Medecin , qui lui avoit ordonné un Bain d'huile,
cette Dame l'a pris deux fois , et la petite Verole
qui étoit presque rentrée , a cû son progrès ordi,
naire , desorte qu'elle est presentement hors de
danger .
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Résumé : PRIX proposé par l'Académie Royale des Sciences, pour l'année 1733.
En 1733, l'Académie Royale des Sciences annonça deux prix, financés par un legs de M. Rouillé de Meslay, ancien conseiller au Parlement de Paris. Le premier prix, doté de 2 000 livres tous les deux ans, portait sur le système général du monde et l'astronomie physique. Le second prix, également de 2 000 livres, concernait la navigation et le commerce. Pour l'année 1733, le sujet du second prix était la meilleure manière de mesurer sur mer le chemin ou le sillage d'un vaisseau, indépendamment des observations astronomiques. L'Académie invita les savants de toutes les nations à soumettre leurs travaux, en français ou en latin, sans obligation de langue. Les auteurs devaient utiliser une devise anonyme et pouvaient inclure un billet cacheté avec leur identité, à ouvrir en cas de victoire. Les œuvres devaient être soumises au secrétaire perpétuel de l'Académie avant le 1er septembre 1732. Le prix serait attribué lors de l'assemblée publique après Pâques 1733. En 1731, M. Bouguer, hydrographe du Roi, avait remporté le prix. Par ailleurs, des lettres de Tenerife rapportaient des tremblements de terre et des éruptions volcaniques dans les îles Canaries. À Rome, la princesse Giustiniani, soignée par le docteur Pozzi, était hors de danger après avoir contracté la petite vérole.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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50
p. 1951-1954
Bibliotheque raisonnée des Ouvrages des Sçavans, &c. [titre d'après la table]
Début :
BIBLIOTHEQUE RAISONNÉE des Ouvrages des Sçavans de l'Europe, pour les [...]
Mots clefs :
Bibliothèque raisonnée, Ancienne religion, Théologie, Résurrection
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texteReconnaissance textuelle : Bibliotheque raisonnée des Ouvrages des Sçavans, &c. [titre d'après la table]
BIBLIOTHEQUE RAISONNE'E des Ouvrages
des Sçavans de l'Europe , pour les
mois de Juillet , Aoust et Septembre
1728. Tome premier , premiere Partie.
A Amsterdam , chez les Wetsteins et Smith
1728. deuxième Partie pour les mois
d'Octobre , Novembre et Decembre.
vol. in 12. de 465. pages , sans les Tables
et l'Avertissement, dans lequel on apprend
que ce nouveau Journal , qui est bien
et
1952 MERCURE DE FRANCE
et vivement écrit , paroîtra tous les trois
mois. Voici quelques - uns des Livres dont
il est parlé dans ce premier volume.
L'ANCIENNE RELIGION DE LAGERMANIE,
des Gaules , de la Bretagne et des Vandales
, par Elie Scedius , avec les Notes de
M. Jark , une Preface de M. Fabricius ,
Docteur en Théologie et Professeur pur
blic à Hambourg , et une Dissertation de
M. Keysler , de la Societé Royale d'Angleterre
, sur le culte du Soleil , us les
noms de Frey et d'Othin , pour servir de
Supplement à l'Ouvrage . A Hall. 1728
in 12. pages 771. Cet Ouvrage est en
Latin.
LA RELIGION CHRETIE INE démontrée
par la Résurrection de N. S. Jes. Chs.
en trois parties , dont la premiere expose
aux yeux des Deistes les consequences
d'un examen négligé. La deuxième explique
la nature et l'obligation de l'Evidence
morale , et la troisiéme fournit les
preuves de la Resurrection de nôtre Sauveur
avec un Supplement , où l'on dévelope
les principaux points de la Religion
naturelle , par M. Homfroi Ditton , en son
vivant Maître des Mathématiques dans
l'Ecole de l'Hopital de Christ , à Lon
dres ;
AOUST.
1731. 1953
Ares , et traduit de l'Anglois par A. D.
L. C. A Amsterdam , chez les Westeins et
´Smith, 1728. 2. vol . 8 ° . Tom.1 . 260.pag.
Le II. 305. outre la Preface et les
Tables .
Il s'est fait plusieurs Editions de cet
Ouvrage en Angleterre ,
Angleterre , où il a été extrêmement
goûté.
LES ANTIQUITEZ DE L'ASIE , anterieures
à l'Ere chrétienne , copiées sur les plus
considerables Monumens de la Grece ,
traduites en latin , éclaircies par des Notes
ets Commentaires , et auxquelles
on a joint le Monument d'Ancyre. Par
Edmon Chishul , Bachelier en Theologic
A Londres. fol. pp. 207. et un Appendix
de six pages, 1728. en Latin.
C'est un Ouvrage des plus curieux
qu'on puisse trouyer en ce genre, et plein
d'Erudition,
LA VIE D'ERASME , considerée surtout
par rapport au tems qu'il passa en Angleterre
, et contenant ainsi P'Histoire des
Sçavans qu'il y eut pour amis , de même
que l'Etat , où le sçavoir et la Religion
étoient alors dans les Universités d'Oxfott
, et de Cambridge ; avec un Supplement
où l'on trouve plusieurs Pieces ori- .
ginales,
1954 MERCURE DE FRANCE
ginales. Par Samuel Knight , Docteur en
Theologie et Prebendaire d'Ely. A Cambridge.
1726.8 °. pp. 386. pour laVie . 31 .
pour l'Introduction , et 144. pour le
Supplement , en Anglois.
des Sçavans de l'Europe , pour les
mois de Juillet , Aoust et Septembre
1728. Tome premier , premiere Partie.
A Amsterdam , chez les Wetsteins et Smith
1728. deuxième Partie pour les mois
d'Octobre , Novembre et Decembre.
vol. in 12. de 465. pages , sans les Tables
et l'Avertissement, dans lequel on apprend
que ce nouveau Journal , qui est bien
et
1952 MERCURE DE FRANCE
et vivement écrit , paroîtra tous les trois
mois. Voici quelques - uns des Livres dont
il est parlé dans ce premier volume.
L'ANCIENNE RELIGION DE LAGERMANIE,
des Gaules , de la Bretagne et des Vandales
, par Elie Scedius , avec les Notes de
M. Jark , une Preface de M. Fabricius ,
Docteur en Théologie et Professeur pur
blic à Hambourg , et une Dissertation de
M. Keysler , de la Societé Royale d'Angleterre
, sur le culte du Soleil , us les
noms de Frey et d'Othin , pour servir de
Supplement à l'Ouvrage . A Hall. 1728
in 12. pages 771. Cet Ouvrage est en
Latin.
LA RELIGION CHRETIE INE démontrée
par la Résurrection de N. S. Jes. Chs.
en trois parties , dont la premiere expose
aux yeux des Deistes les consequences
d'un examen négligé. La deuxième explique
la nature et l'obligation de l'Evidence
morale , et la troisiéme fournit les
preuves de la Resurrection de nôtre Sauveur
avec un Supplement , où l'on dévelope
les principaux points de la Religion
naturelle , par M. Homfroi Ditton , en son
vivant Maître des Mathématiques dans
l'Ecole de l'Hopital de Christ , à Lon
dres ;
AOUST.
1731. 1953
Ares , et traduit de l'Anglois par A. D.
L. C. A Amsterdam , chez les Westeins et
´Smith, 1728. 2. vol . 8 ° . Tom.1 . 260.pag.
Le II. 305. outre la Preface et les
Tables .
Il s'est fait plusieurs Editions de cet
Ouvrage en Angleterre ,
Angleterre , où il a été extrêmement
goûté.
LES ANTIQUITEZ DE L'ASIE , anterieures
à l'Ere chrétienne , copiées sur les plus
considerables Monumens de la Grece ,
traduites en latin , éclaircies par des Notes
ets Commentaires , et auxquelles
on a joint le Monument d'Ancyre. Par
Edmon Chishul , Bachelier en Theologic
A Londres. fol. pp. 207. et un Appendix
de six pages, 1728. en Latin.
C'est un Ouvrage des plus curieux
qu'on puisse trouyer en ce genre, et plein
d'Erudition,
LA VIE D'ERASME , considerée surtout
par rapport au tems qu'il passa en Angleterre
, et contenant ainsi P'Histoire des
Sçavans qu'il y eut pour amis , de même
que l'Etat , où le sçavoir et la Religion
étoient alors dans les Universités d'Oxfott
, et de Cambridge ; avec un Supplement
où l'on trouve plusieurs Pieces ori- .
ginales,
1954 MERCURE DE FRANCE
ginales. Par Samuel Knight , Docteur en
Theologie et Prebendaire d'Ely. A Cambridge.
1726.8 °. pp. 386. pour laVie . 31 .
pour l'Introduction , et 144. pour le
Supplement , en Anglois.
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Résumé : Bibliotheque raisonnée des Ouvrages des Sçavans, &c. [titre d'après la table]
Le document présente un résumé de la 'Bibliothèque Raisonnée des Ouvrages des Sçavans de l'Europe' pour les mois de juillet à décembre 1728. Cette publication, éditée par les Wetsteins et Smith à Amsterdam, est un journal trimestriel bien écrit et vivement rédigé. Le premier volume, composé de 465 pages, mentionne plusieurs ouvrages notables. Parmi ceux-ci, 'L'Ancienne Religion de la Germanie, des Gaules, de la Bretagne et des Vandales' par Elie Scedius, enrichi de notes de M. Jark, une préface de M. Fabricius et une dissertation de M. Keysler. Cet ouvrage, en latin, compte 771 pages. Un autre ouvrage mentionné est 'La Religion Chrétienne démontrée par la Résurrection de N. S. Jes. Chs.' en trois parties, traduit de l'anglais par A. D. L. C. et publié en deux volumes. Cet ouvrage a connu plusieurs éditions en Angleterre et a été très apprécié. 'Les Antiquités de l'Asie, antérieures à l'ère chrétienne' par Edmon Chishul est également mentionné. Cet ouvrage, traduit en latin et enrichi de notes et de commentaires, est considéré comme très érudit et curieux. Enfin, 'La Vie d'Érasme' par Samuel Knight, qui se concentre sur la période qu'Érasme a passée en Angleterre, est également mentionné. Cet ouvrage, en anglais, inclut des pièces originales et des informations sur l'état du savoir et de la religion dans les universités d'Oxford et de Cambridge.
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